FE QE y ue on HAT ’ NA TS " i ‘ 4 k ‘ CN 1 : jh 1. ; UN | 4 LKR, +” # A + RS ne | \l: Pan _ Là Le Leg PTE Les sit BULLETINS DE _ L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. _ var DATE PAIN TS gs hr M n RUN *% v È BULEETINS ELENN à) L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. ANNÉE 1840. TOME VIE. — 1 PARTIE. BRUXELLES, M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE. 1340. BULLETIN « DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1840. — No 1. Séance du 11 janvier. M. le baron de Stassart , directeur. M. Quetelel, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. M. Eugène Simonis, statuaire à Bruxelles, adresse à l’a- cadémie un paquet cacheté avec dessins, contenant la description d’une nouvelle méthode dont il est l’inventeur et qui a pour objet de mettre les statues aux points: le dépôt est accepté. L'académie reçoit aussi deux notes manuscrites de M. le docteur Biver, savoir : 1° Sur des expériences des températures de la terre à de grandes profondeurs faites dans le Luxembourg , au forage de Cessingen. (Commissaires MM. Crahay et Quetelet.) 2° Sur deux défenses fossiles d’éléphant, trouvées dans les environs d'Ettelbruck, (Commissaires MM. Cauchy et D'Omalius d'Halloy.) Tom. vu. il (2) RAPPORTS. FONCTIONS ELLIPTIQUES, M. Garnier fait le rapport suivant sur l'ouvrage pré- senté par M. Verhulst, à la séance du 3 août dernier, sous le titre Traité élémentaire des fonctions elliptiques. « L'auteur de l'ouvrage que nous venons d'examiner , a mis à la portée de la majorité des géomètres, une théo- rie qui, jusqu’à présent, était restée presqu’inabordable par son extrême difficulté , el, on peut le dire, par quelques ob- scurités. À ce mérite, qui suffisait pour lui assurer notre attention et notre intérêt , il a joint celui de l'invention, par la découverte de plusieurs théorèmes qui donnent à l'analyse des transcendantes elliptiques, un nouveau de- gré de clarté et de rigueur: en sorte qu’on trouve dans ce fémoire un perfectionnement d’algorithme qui, dans l’ou- vrage de Legendre , laissait quelques difficultés d'interpré- tation ; des figures propres à éclaircir les idées et à mettre les conclusions sous un nouveau jour ; des perfectionne- ments essentiels et de nouvelles théories qui fondront en- semble les profondes recherches de Jacobi , de'son émule l'ingénieux Abel, enlevé aux sciences, et de Legendre, et qui les rendront accessibles à tout lectéur suflisamment préparé. Disons enfin qu’on a fait pour les fonctions elip- tiques, ce que les successeurs de Népér ont fait pour les fonctions logarithmiques et trigonométriques. » Les deux autres commissaires, MM. Timmermans et Que- telet , d'accord avec le rapporteur, expriment le désir de voir imprimer l'ouvrage remarquable qui à été soumis à leur examen, et invitent l'académie à en favoriser la publi- cation de tous ses moyens. à Ç Ces conclusions sont adoptées. (3) ASTRONOMIE. M. Quetelet fait un rapport verbal sur les cartes figura- tives de deux éclipses de 1840, construites par M. J. Van de Cotte, et-présentées à la séance précédente. Deux de ces cartes se rapportent à l’éclipse lunaire du 13 août prochain, qui sera invisible en Europe; la troisième con- cerne l’éclipse solaire du 27 du même mois, qui sera éga- lement invisible pour nous. Les dessins, du reste, ne présentent rien de remarquable ni sous le rapport de l'exécution ni sous le rapport scientifique ; ils ont été faits d’après les méthodes indiquées dans les traités ordinaires d'astronomie. BIBLIOGRAPHIE. MM. le chanoine De Ram, le baron de Reïffenberg et Marchal] font leur rapport sur le projet présenté par M. Voi- sin (1), concernant la formation d'un catalogue général pour toutes les bibliothèques publiques de la Belgique , et sur le projet d’une loi à proposer aux chambres relativement au dépôt légal des imprimés. MM. Les commissaires , tout en approuvant les vues de l'auteur, trouvent que les moyens d’exéculion ne seraient pas sans diflicultés, surtout sous le rapport pécuniaire. M. Voisin s’est livré à des considérations assez étendues. L’académie a jugé utile d'extraire de son mémoire les passages suivants : «A l'appui du projet d’un catalogue général pour toutes les bibliothèques de la Belgique, dit M. Voisin, j'ai l’a- (1) Tom. VI des Bulletins, 2° partie, pages 106—191—463. Ce vantage de pouvoir fournir aujourd’hui des renseigne- ments précieux sur le mode d'exécution suivi pour un travail analogue , le magnifique et utile catalogue des onze bibliothèques maritimes de la France. Ces renseignements, je les dois à l’obligeance de M. Bajot, conservateur géné- ral des bibliothèques du département de la marine et des colonies de France, ainsi qu'à celle de M. Levot , bibliothé- caire de Brest, auxquels revient Ja plus grande part de mérite de ce beau travail, qui ne tardera pas à être imilé en Europe; le premier comme en ayant conçu le plan et ar- rêté les bases , le second comme ayant surlout présidé à la classification scientifique. M. Bajot a poussé l’obligeance au point, non-seulement de nous faire oblenir du minis- tère de la marine de France un exemplaire de ce catalogue, qui n’est pas dans le commerce, mais encore de mettre à uotre disposition des modèles des différentes cartes biblio- graphiques dont il s’est servi pour obtenir la connaissance de tous les ouvrages existants dans les bibliothèques des différents ports, système qu’il croit complétement appli- cable à celles de notre pays. » Voici un extrait de ces lettres: « Chaque bibliothécaire a levé et adressé à Paris les cartes des ouvrages dont la bibliothèque se compose : lors- que les cartes des onze bibliothèques ont été réunies à Paris, j'ai eu l'honneur d’y être appelé. Alors a commencé le travail de centralisation , travail long et extrêmement pénible, en ce que devant être le résultat d’une fusion de 24,000 cartes en arlicles communs, il fallait préalable- ment réunir et extraire de cette masse les articles identi- ques pour n’en faire qu'un seul, sauf à indiquer dans un tableau synoptique les bibliothèques qui le possédaient. En faisant ces articles, il fallait s’assurer de la régularité EN PAR S 04 (5) des articles partiels, et en cas d’inexactitude , d'omission ou d'indication inexacte (loutes choses que vous trouverez dans l'immense majorité des cas), il fallait relever l'erreur et ne faire article que de la carle reconnue exacte. Ces diverses opérations devaient nécessairement précéder celle du classement méthodique, etc.; vous le savez, celle-ci ne paraîl facile qu'à ceux qui ne s’en sont jamais occupés. Mais pour qui réfléchira un instant , il ne semblera pas si aisé d’assigner à chaque production de l'esprit la place qu’elle doit occuper dans l'arbre généalogique des connais- sances humaines. » Après avoir arrêté notre classement, nous faisions imprimer ces placards où paquets , à larges marges, pour que chacun d'eux pût recevoir les corrections de chaque bibliothécaire, et pour que l’un de ces mêmes placards contint toutes les corrections. Par ces moyens, nous avons suppléé autant qu'il était possible, à l'absence des livres sur lesquels la correction , pour être rigoureusement exacte, devrait indispensablement se faire. Toutefois votre pays s’est acquis un juste renom par l'importance et la régularité de ses travaux bibliographiques : aussi suis-je convaincu que MM. vos collègues vous ofriraient par leur seule correspondance, une exactitude que je n’oserais me flatter d'avoir obtenue. » Un catalogue central exigera des colonnes renfermant les initiales de chaque bibliothèque. Le nôtre vous don- nera à cet égard quelques idées ; mais je doute que vous puissiez les adopter sans modification. Ainsi, la même co- lonne ne pourrait contenir la même lettre répétée deux fois, à moins d’une adjonction de lettre ou de signe qui évitât la confusion ; si, contre mon attente , toutes vos bibliothèques pouvaient se distinguer par des initiales (6) différentes , une seule colonne vous sufhrait, et il en ré- sulterait pour le travail et ses suites une très-grande clarté et économie de temps et de frais. Vous pourriez adopter le format in-8°: dans le cas contraire, vous seriez contraint d'adopter l’in-4°, en consacrant un côté de chaque feuillet à l'inscription de l'article, et l’autre côté figurerait un tableau divisé en onze colonnes, dont chacune formerait ainsi le catalogue d’une de vos bibliothèques, etc., etc. » « Une autre question, continue M. Voisin, non moins intéressante pour nos bibliothèques publiques, et qui pourrait aussi appeler l'attention de l'académie , est celle du dépôt légal des livres, des gravures, etc., qui existait déjà chez nous à la fin du XV[ siècle. En 1594, l’archiduc Ernest, gouverneur des Pays-Bas, avait ordonné à tous les imprimeurs de délivrer au garde-joyaux de la Bibliothèque de Bourgogne un exemplaire, bien relié en cuir, de tous les ouvrages qui sortiraient de leurs presses. En 1595, le comte de Fuentes, par supplément à l'acte de son prédé- cesseur, fit une nouvelle ordonnance par laquelle il obli- geait tous les imprimeurs à fournir, pour la bibliothèque royale de l’Escurial en Espagne, deux autres exemplaires, bien reliés en cuir noir, rouge, ou jaune. De la Serna Santander, qui cile ces deux ordonnances (1), croit que la première enrichit de livres précieux l’ancienne librairie, comme on l'appelait, des ducs de Bourgogne; c’est une erreur. Si ce savant bibliographe avait eu connaissance de trois pièces, dont nous avons déposé les originaux aux ar- chives de la ville de Gand, il aurait vu que ces ordonnan- ces si favorables à l'accroissement de la bibliothèque, et (1) Mém, surla Bibliothèque de Bourgogne, pag. 44-45. PS (7) par conséquent au développement intellectuel de la na- tion, ne furent point exéculées, et que les secrétaires du conseil de Brabant en abusèrent au contraire pour se faire livrer à leur profit quatre, cinq ou six exemplaires ; ainsi que nous le lisons dans une de ces pièces, en date de juillet 1599, et signée par Groonendaele, chef trésorier général. Sous l’administration du comte de Cobenlz, d’au- tres ordonnances au sujet du dépôt légal ont également été publiées dans le but bien louable d'augmenter, sans frais pour le trésor, la bibliothèque royale de Bruxelles. » D'après Île rapport des mêmes commissaires , l'académie a ordonné l'impression de l'extrait suivant d’une note sur le système d'échange des doubles des bibliothèques , mis en pratique par le Ministère de l’instruction publique en France , présentée par M. Gachard , dans la séance du 8 juin 1839. 2 FFE L'idée d'organiser cet échange est due, comme tant d’autres idées fécondes en grands résultats scienti- fiques et littéraires, à M. Guizot. Dans une circulaire du mois de noyembre 1833 , adressée aux préfets, le Ministre s’exprimait ainsi : « Les bibliothèques publiques des dé- » partements sont, depuis quarante ans, dans une silua- » lion qu’on peut appeler provisoire : formées en général » par le hasard, sans but, sans méthode, collections pré- » cieuses mais presque Loujours incohérentes , d'ouvrages » de tout genre, amoncelés autrefois dans les monastères, » et transportés pêle-mêle dans chaque district du dépar- » tement; ce sont bien souvent des dépôts de livres plu- ». tôt que des bibliothèques. » Un tel état de choses doit cesser : je me propose de | (8) prendre ou de provoquer des mesures qui me permettent de vivifier ces établissements et d’en faire un puissant moyen d'instruction, non-seulement en coordonnant leurs richesses , mais en les augmentant et surtout en les appropriant aux besoins spéciaux des populations... » Un fait m'est signalé presque partout : c'est que la plupart des bibliothèques ne sont fréquentées que par un très-petit nombre de lecteurs. Cette indifférence peut bien provenir en partie de l'indifférence pour l'étude elle-même ; mais elle a encore une autre cause, savoir : le défaut d'harmonie entre les besoins, la direction d'esprit des lecteurs, et le genre d'ouvrages qu’on peut leur offrir en lecture. Dans telle ville, où l’on étudie la médecine, la bibliothèque n’est riche qu’en théologie ; dans telle autre, où fleurissent les sciences exactes , on n’a que des livres de belles-lettres. On me cite des ports de mer qui ne possèdent pas un livre d'hydrographie, pas une carle marine; des villes manufacturières qui manquent lolalement de traités de chimie et de méca- nique. » La premiére chose à faire est de corriger autant qu'il se pourra, par un système d'échange bien entendu, celle répartition vicieuse des richesses littéraires locales. Dans la plupart des bibliothèques, les mêmes ouvrages el souvent les mêmes éditions existent deux et trois fois. I y a plus : on trouve, dans quelques-unes, les premiers volumes d'ouvrages dont un autre dépôt possède les der- niers. Enfin , il est certaines raretés typographiques qui n'ont aucun prix dans telle bibliothèque obscure, tan- dis qu'elles seraient facilement échangées contre d'’ex- cellents ouvrages moins précieux sous le rapport Lypo- graphique. » (9) Le ministre annoncait l'intention de faire faire ces échanges par l'entremise de son département même; les conseils municipaux , quelles que fussent leur intelligence et leur bonne volonté, ne pouvant accomplir seuls ce diffi- cile travail. Il demandait en conséquence aux préfets une série de documents qui passent lui fournir les lumières dont il avait besoin sur l’état des bibliothèques, et entre autres, la liste exacte de tous les ouvrages doubles ou triples , et la liste des ouvrages dépareillés. Un petit nombre de bibliothèques ayant fourni les in- dications réclamées par cette circulaire, M. De Salvandy, successeur de M. Guizot au ministère de l'instruction publique, adressa , au mois de juillet 1837 , une deuxième lettre aux préfets, pour leur en rappeler le contenu et leur en recommander vivement l’exécution : «Je vous prie, » leur disait-il, de prévenir les bibliothécaires ainsi que » MM. les maires des communes intéressées, qu'a l'avenir » aucun ouvrage acquis par souscription ou provenant » du dépôt légal, ne sera accordé aux bibliothèques » qui n'auront point satisfait a l'appel réitéré du mi- » nistre.» Il disait plus loin : « Je me propose d'établir » immédiatement , par la publication des listes d'incom- » plets et de doubles , non-seulement entre les différentes » bibliothèques publiques, communales, universitaires » du royaume, mais aussi avec l'étranger, des échanges » réguliers , à l’aide desquels chacune d'elles puisse s’as- » surer de notables accroissements, » Cette fois, les bibliothécaires et les administrations mu- nicipales desquelles ils dépendent ont montré plus de zèle ; la menace de n’accorder plus d'ouvrages provenant des sous- criptions faites par le Ministère ou du dépôt légal, aux biblio- thèques récalcitrantes, a produit son eflet. On lisait,1l y à (10) trois semaines , dans les journaux officiels de Paris, l’ar- ticle suivant : «A peine quelques mois se sont écoulés » depuis qu'on a pu mettre à exécution les menaces re- latives à l'échange des doubles entre les bibliothèques publiques des départements, et déjà les mesures don- nent les meilleurs résultats. Avranches, Saint-Lô , Cou- tances, Laon, Douai, Perpignan, Charleville, ont effectué leurs envois, et près de quatre mille volumes sont en- trés dans le dépôt général, au Ministère de l’instruc- tion publique. Ces livres sont destinés soit à fonder des bibliothèques nouvelles, soit à compléter celles qui exis- tent, Le ministère donne principalement en échange aux établissements qui se dessaisissent de leurs doubles, les meilleurs ouvrages modernes auxquels il souscrit. Parmi les grands corps d'ouvrages que la Provence a expédiés, on remarque des bibles polygloltes , la collec- tion des conciles, de nombreuses dissertations histori- ques, une curieuse réunion de traités relatifs au droit coutumier des provinces , les recueils historiques des bénédictins, etc. (1). » L'opération des échanges a été, dès l’année dernière, commencée au département de l'instruction publique. Comme l'on a jugé impraticable de la faire porter sur plu- sieurs départements à la fois, c’est de celui de l’Aïn qu’on s'est occupé d’abord : les antres ont dû suivre à leur tour, dans l’ordre alphabétique. Deux moyens se présentaient pour cette opération : faire faire directement les échangesentre les bibliothèques elles- mêmes, ou les faire faire directement entre les villes et l'administration, au moyen du dépôt des souscriptions el (1) Cet article a été reproduit dans le Moniteur belge du 9 mai. ( Re du dépôt légal. C’est le dernier qui, sur le rapport de M. Désiré Nisard , chef de la disision des établissements scientifiques et littéraires, a été adopté par le ministre, comme susceptible de moins de complication et de len- teurs. Le 25 juillet 1838, M. de Salvandy a pris un arrêté qui . ordonne la formation, au ministère de l'instruction pu- blique d'un grand livre des bibliothèques de France, où seront déposés les catalogues de toutes les bibliothèques des villes, des facultés , des collèges, et de ceux des établis- sements publics dépendants des autres administrations pour lesquelles seront demandées des distributions du ministère de l'instruction publique. L'article 2 de cet arrêté veut que les catalogues contiennent l’état total et détaillé des ouvrages, des manuscrits, des médailles ou objets d'art, des doubles et des incomplets. L'article 3 porte que les bibliothèques qui auront obtempéré à ces prescriptions profiteront seules des distributions du ministère. L'ar- ticle 4 statue : « Les doubles seront mis à la disposition » du ministre, qui enverra en échange des ouvrages pro- » venant des souscriptions, des publications du ministère, » ou du dépôt légal; ces doubles seront répartis par le » ministre entre les autres bibliothèques du département » ou du royaume ; » et l’article 6 : « Le même travail sera » fait sur les incomplets. Les distributions du ministre » seront également employées à indemniser les biblio- » thèques des livres dépareillés qui leur seront empruntés » pour compléter des collections. » Plusieurs de ces dispositions ont été renouvelées dans l'ordonnance royale du 22 février 1859, sur l’organisation des bibliothèques publiques, ordonnance qui porte, en outre (article 40) que « toute aliénation par les villes et (12) » facullés, des livres, manuscrits , chartes , diplômes , mé- » dailles , contenus en leurs bibliothèques , est et demeure » interdite, et que les échanges ne peuvent avoir lieu » que sous l'autorité des maires et recleurs , avec l’appro- » bation du ministre. » Tel est, dans son ensemble, le système qui a été adopté par l'administration francaise, et qu’elle paraît résolue à suivre avec persévérance, pour améliorer la situation des bibliothèques publiques, en opérant l'échange de leurs doubles , et en complélant, autant que possible, les ou- vrages dépareillés qu’elles possédent. Ces sages mesures ne pourraient-elles être imitées avec fruit dans d’autres pays ? Ne le seraient-elles pas spécialement dans le nôtre, où les bibliothèques ont la même origine, où elles ont été for- mées des mêmes éléments que celles de la France? C’est un point dont j'abandonne la décision aux lumières de l’aca- démie, Elle jugera si la sollicitude qu’elle doit aux intérêts des sciences et des lettres ne l’autoriserait pas à prendre l'initiative d’une proposition sur cet objet au gouverne- ment. Elle aura remarqué, du reste, que le département de l'instruction publique en France est disposé à faire des échanges, même avec les bibliothèques étrangères, et que, sous ce rapport, des relations avantageuses aux deux pays pourraient être établies. LECTURES ET COMMUNICATIONS. MÉTÉOROLOGIE. Le secrétaire communique à l'académie les observations météorologiques horaires qui suivent : ac Satin dé) Si Observations horaires de la pression atmosphérique au solstice d'hiver de1839 . Janerer: Tome IT, Page. 13. _55mn Balletin.de lAradémie Tete I \ 787 RONON TITLE EN EC CENLS 1) IS i idi Minuit Midi 20 Decembre. 21 Décembre. AAC (13) Observations barométriques horaires faites au solstice d'hiver de 1839. BAROMÈTRE RÉDUIT A Oo. DATE > EE BRUXELLES. FOLIES ALOST. GAND. 20 DÉCEMBÉE. mm, mm, mm, mm, 6 heures du matin, . 744.89 746.83 747.51 747.35 Doug | 74475 | 746.62 | 747.63 | 747.35 lg _ . . . | 74478 | 746.70 | 747.48 | 747.26 | 9 © _ . . . .| 744.62 | 9746.70 | 747.30 | 747.27 RD nc | Oil fie 40 | 747 te 747.03 BLEU te gas do tlrdie7 |: 74078 746.75 Die — . . . . | 743.54 | 745.56 | 746.48 | 746.31 Dette au tons. || 43.60 | ‘745.80 | 746.30 | 746 10 DR cos ilot) Lis de |: 4018 |. 740.0 Dos 0 — © : . . | 743.61 | 745.48 | 746.37 | 746.04 | 4 — . . . | 743.65 | 745.71 | 746.69 | 746.16 Ds — ... .1) 74402 | 746.06 | 746.08 | 746.58 RSC —: 744.31 | 746.21 | 747.36 | 747.18 7 — . .. .| 74.07 | 746.70 | 747.06 | 747.55 8 — ,. ... .| 745.15 | 747.13 | 748.35 | 748.07 9 — . . . .| 746.62 | 747.45 | 748.55 | 748.11 10 — . . . .] 745.70 | 747.63 | 748.70 | 748.32 Dan — . . . .| 746:18 | 747.00 | 748.05 | 748.00 21. LE 28% + 749.27 | 749.15 (14) BAROMÈTRE RÉDUIT À O, BRUXELLES,| LOUVAIN. ALOST. 21 DÉCEMBRE. mm, mm, mm, mm, 1 heure du matin. . 746.46 — 749.42 749.15 2 EE a ete 746.74 — 749.56 749.45 3 ES dr 0e 747.06 — 749.99 749.72 | 4 ER DU € 747.27 | — 750.12 750.14 5 2 ER CNRS 747.51 — 750.16 750.24 6 ere ME 747.77 749.57 750.68 750.63 LPS PETER E 748.22 750.09 751.13 | ,751.03 8 er Lotrette 748.92 750.70 751.78 | 751.52 9 =D NSDSE de 749.30 751.16 752.35 752.19 10 — 749.85 751.67 752.83 752.87 11 — 750.07 751.81 753.35 752.99 12 — 750.21 751.86 753.22 | 752.88 1 heure du soir . 750.09 751.97 753.28 752.97 2 — 750.22 752.09 753.26 753.13 3 — 750.32 752.19 753.34 753.13 4 — 750 .40 752.27 753.57 753.04 5 — 750.20 752.06 753.28 752.70 6 — 750.02 751.94 | 763.13 r 1% (15) Observations thermométriques horaires , faites au solstice d'hiver de 1839. TEMPÉRATURE. BRUXELLES.| LOUVAIN. ALOST, 20) DÉCEMBRE. © CS 6 heures du matin . 1 heure du soir . © & © & à à N = D à À © à à © à À à 1 .3 5 .6 8 .6 5 .8 5 .9 4 .0 3 .6 3 .6 9 27 è .6 .b 21 DÉCEMBRE. 1 heure du matin. ne" TEMPÉRATURE. BRUXELLES.| LOUVAIN: ALOST. 4 heures du matin”. Ü +10°6 = +-1000 5 — MARS - 10.5 - 10.4 6 — : 10.2 + 903 10.3 7 — . 5 10.0 9.3 10.3 8 — : , 10.0 9.1 9.7 9 _— Se 10.2 8.7 9.5 10 Ke, Je, 10.9 9.3 9.8 11 — . 10.5 10.3 10.0 12 — . . 10.4 10.3 10.1 1 heure du soir . . 11.0 9.4 10.7 è — SES 11.4 9.8 10.6 3 ts 11.1 9.1 10.1 4 = 10.2 8.4 9.1 5 _— = 9.5 8.3 8.6 6 = . 8.b 7.8 8.9 EXTRÊMES DE TEMPÉRATURE. Maxima. Du 19 au 20 décembre, à midi. . , + 1000 BRUXELLES:. Du 20 au 21 — — : 11.7 Du 21 au 22 — — 12.0 LOUVAIN Nuit du 20 au 21 — — _ | Le 20 décembre . 11.8 ALOST RTE AMEN SU. FOX 11 { Du 19 au 20 décembre, à midi. 10.2 GAND,. : Du 20 au 21 _ = 11.6 { Du 21 au 22 — — 14,7 _ Le] © Qt 5 © © © & © à & OU © w Minima. + 603 9.8 8.3 8.7 1.3 8.4 6.0 8.0 TA ( 17 ) Observations horaires de l’hygromètre et de la derection des vents, faites au solstice d'hiver de 1839. HYGROM. DE SAUSSURE. VENTS. ss EE ALOST. | GAND, À BRUX, LOUV. | ALOST, | GAND.{ .5 .0 .0 .0 .0 .0 .0 .0 .0 .0 .0 .0 21 DÉCEMBRE, 1h. matin, 95.0 © Tom. vu. 2. er = © © I S Où À ww BRUXELLES. LOUVAIN. . ALOSE GAND, ,. : .5 .5 .0 .0 .0 .0 .5 .5 .0 .0 .0 .0 .0 .0 .0 .5 91.765 QUANTITÉ D'EAU TOMBÉE. Du 19 au 20 décembre, à midi . Du 20 au 21 —— — Du 21 au 22 — — Le 20 décembre. A PCI ENS Le 20 décembre de 6 h. matin à 6 h. soir Du 20 _ à 6 h. soir au 21 à 6 h. matin. Du 19 à midi au 20 à 6 h. matin . Le 20 de 6 h. matin à midi . Du 20 au 21, à midi, (19) "SEIOAIBTO TI “21809 ‘bO — ‘Sen ‘snynwn) -nS-"unn "snqun) — ‘oue0a "bÔ °119 19 Soie: ‘04 —"eNnN ‘PI “amd op nod un ‘q G 39 % onu — "SNQUIN ‘PI *179 99 Soara OH EN N ‘PI *sastadox ‘pp e amd ‘4 £ 19 & AU —"an09 ‘PI *soSenn ‘JaAn0" ‘SUQUIN — ‘F19AN07 ‘24009 “2NIQ-"SUQUIN— "AND “PI ‘ufu09 aINTT — AN0) ‘PI *sasardox ‘pip e omyd °7 6 19 8 SAUT —*AN0T9 "SUQUIN — ‘J19AN0 ‘eur 2InJd ‘I2AN 0") “oAnotd r souour -W0991 TJ — ‘J2AN0") ‘PI ‘amd — ‘J194n09 ‘out and ‘ANv9 *LSO'IV "PI "SAIEX S901P T0 ‘2}0J MIX — ‘JI9AN0T) ‘PI "SOI HETOT D ‘PI PI ‘J2An0) ‘PI TI PE ‘amd — ‘19AN07 “104007 ‘our and — ‘112AN0N *NIVANO"' "TA NC LVLT ‘SE *snyeus ‘SOIT H SEE ‘sayeng ‘satoitepoo sorex bD PI “JaAnoD “our arnyd 40T ‘A I V — ‘yean07y np 2m2q *syu94 9p Sdnoo ,cy "y aI v'as520 e amd ej ,0€ ‘4 TI S19A — ‘aMIX — ‘AN0O7 ‘AMI — ‘104007 “a1oy sud onu24ap 159 amd er 08 401 S12 —"194n09 *soppeadoqur 1ed aug 2MIX — ‘HoANO) ‘se soSenN — ‘yeAnor ‘1194009 — “oMId — ‘}2An09 unewu np Sama ‘ANANIIAG 0% *SA'TIAXQUT ( 20 ) 2 ae = ETAT O ER TES 2p MOME 920$ EI SUP ISSNE NA & UO SOJOXNIY VY — ‘SOUISIP 2J100-5 ount € Ju Fr quowmo|u saque p ‘oue]q 219400 20 91/9 ‘o£G Ÿ 0SG 2P 11EJ2 2/0190 NP ae er { SoouogajuoDa e[ 27n07 ans gouououd =) J1u)9 ofeq 2 (1) “açuoa onaed ug ‘PI ‘PI “sapmuno-oquu D * * : = 9 ‘snjess-0qn un) "2TIOA -sa$enN “nod ‘snyexs-qpaung D * * * : — c OT + sens ; ‘PI O1 & ‘Seuu simod'bpond pr “Nnesngens | + + : + + ‘SR quuIN ‘(2106 ‘soSenu sonbponû) “PI "PI CE ee € ‘PI *_‘saqnuno-oqul) ‘PI -xnorodeA — ‘snyeng À * * — £ "19 9 Soxex ‘PA—'SenN "SOA *soSennN “dea-saug—"sens-"umn, D + - * xosnpoimo j “PI *snurr) ‘104009 ‘PI COR _ &I ‘snjanumo sonbjont) ‘2 AN0!) 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La pression moyenne a été déduite des observations faites quatre fois par jour, à 9 heures du matin, à midi, à 4 heures et à 9 heures du soir. PRESSION DIFFERENCE A MOYENNE. f 9h MATIN. MIDI, 4h soir. 9h som, I. Température. La température moyenne est exprimée en degrés de l'échelle centigrade, et déduite des maxima et des minima : (22) moyens. L'on a fait les corrections nécessaires pour l'é- chelle des thermomètres qui ont servi aux observations. DIFFÉRENCE A EXT. DE L'ANNÉE. 2" | 9h rar.| mr. |4bsorm.|9hsorr.! Maxim. | Minim. 100,3 280,8 +-12 ,1 +-33 ,1 +10 ,6 +29 8 +-10 ,6 +-30 ,1 + 9,1 + 8,6 10 ,0 e Moyenne. | +10 ,2 Il. Æumaidité. Les observations hygrométriques feront l'objet d’un travail particulier. Au mois de mai 1839, l’on a joint à lhygromètre de Saussure , le psychromètre d’August. IV. Quantité d'eau recueillie. Dans le tableau suivant, la quantité d’eau recueillie comprend celle qui provient de la pluie et de la fonte de la neige et de la grêle. Désormais, l’on donnera séparément la quantité de pluie et la quantité de neige. J 4 D 3 mt Lo Moyenne . . .. 690,37 182 a) La pluie du 4 au 5 juin a donné seule 112mm,78, V. Pluie, grêle, neige, etc. NOMBRE 1833,| 1834,| 1836.| 1836.| 1837.| 1838.| 1839.| moYEnNe. DE JOURS DE Pluie. 154 |184(a 168 Éréle, : -. 10 9 8 Neige. . .. 30 | 28 21 Gelée. - . 77 | 50 47 Tonnerre. . 7 12 | 12 10 Brouillard . 25 ë 53 | 61 37 a) Nombre de jours de pluie en y comprenant ceux où la quantité d'eau tom- bée était trop faible pour pouvoir étre recueillie. (24) Le secrétaire communique en même temps les résultats qu’il vient de recevoir, des observations météorologiques faites en 1839, à Louvain et à Alost, par MM. Crahay, Willaert et Harra. Les observations d’Alost seront impri- mées dans les Annales de l'observatoire royal, et les ré- sumés des observations de MM. Crahay et Quetelet , d’après la décision de l'académie, seront publiés dans le tome XIE des nouveaux mémoires. , Il résulte des tableaux de M. Crahay, que «la tempéra- ture moyenne de l’année 1839, au collége des Prémontrés à Lonvain, déduite des maxima et minima de température diurne , s'élève à + 9°,55 de l'échelle centigrade. En 1838 elle n’était que de + 8°,04; la différence est due surtout aux grands froids des mois de janvier et de février de celle dernière année. » La plus haute température de l’année 1839 est arrivée le 18 juin, elle a été de + 31°,5. La moindre a régné dans la nuit du 31 janvier au 1*% février , et a fait baisser la co- lonne thermométrique à 10°,1 au-dessous du point de la glace fondante. » Les observations de température, faites à trois époques fixes du jour, pendant, tout le courant de l’année, don- nent, pour moyennes : à 9 heures du matin + 9,72, à midi + 11°,58, et à 3 heures aprés midi + 11°,83. » La hauteur moyenne annuelle du baromètre, à l'heure de midi, a été trouvée de 757"%,17, loutes corrections faites; elle est plus élevée de 0®M%,65 que celle de l’année précédente à la même heure. » Les extrêmes hauteurs du baromètre ont élé de 773%M,37 le 10 février , et 736,14 le 30 janvier. » L'année 1839 est remarquable par la grande quantité d'eau tombée du ciel ; cette quantité s'élève à 902,35 mil- (25) limètres de hauteur. Le mois de juin y a contribué pour 269,70. Mais ce qui est plus extraordinaire, c’est que la pluie tombée le 4 de ce mois, et principalement depuis 5 heures du soir jusqu'a une heure et demie de la nuit, a produit la quantité énorme d’eau de 150,80 de hauteur. » Les jours de tonnerre ont été plus nombreux que pen- dant les trois années précédentes. Le tonnerre s’est fait en- tendre le 15 janvier , à 61: 50% du soir, ce qui est rare à celte époque de l’année. » Un autre orage, celui arrivé à Louvain dans la nuit du 10 au 11 octobre, vers 1 heure du matin, a été remar- quable , moins par son intensité (du moins dans nos envi- rons), que par l'étendue considérable sur laquelle il s’est manifesté dans le court espace de temps compris entre 11 heures du soir et envirou une heure de la nuit. Il a été signalé non-seulement sur plusieurs points de la Belgique, mais , d'aprés des renseignements transmis à l'académie de Paris, de plusieurs endroits de la France, il s’est étendu depuis le Département de la Charente jusqu'a celui de la - Seine , et enfin jusqu’en Belgique; par conséquent sur une distance de plus de 180 lieues. — Eu France il a marqué son passage sur une largeur de 3 à 4 kilomètres, par de grands ravages causés par la grêle dont il était accom- pagné. » CHIMIE ORGANIQUE. Notice sur là populine, par L. de Koninck, correspondant de l'académie, profess. de chimie à l’univer. de Liége. Parmi les substances organiques , les composés indiflé- rents ont depuis quelque temps particulièrement fixé (26) l'attention des chimistes. Guidé par la clarté que les tra- vaux récents des Liebig, des Pelouze, des Dumas, des Graham, des Berzelius, ont répandue sur les ténèbres qui entouraient encore la véritable constitution de la plupart des corps organiques, on est parvenu à déterminer la com- position exacte d’un grand nombre de ces composés. Parmi ceux-ci se distinguent surtout la salicine, la phloridzine, le sucre , etc. Cependant tout n’est pas fait, et il reste en- core un vaste champ à parcourir. Au nombre des produits déjà connus, et dont l'examen peut offrir quelqu'intérêt, se font remarquer le principe amer du chardon bénit et la populine. Depuis la décou- verle de cette dernière, dont nous sommes redevables à M. Braconnot , elle n’a été l'objet d'aucun travail spécial , et on n’en connaît aujourd’hui que ce que cet habile chimiste en a publié. Les propriétés remarquables que M. Piria a reconnues à la salicine, celles que M. Stas, marchant sur les traces de celui-ci, a constatées pour la phloridzine, sont venues aug- menter le désir que j'avais formé depuis longtemps de faire une étude plus approfondie de la populine. Jusqu'ici néanmoins je n'ai pu étendre mes recherches aussi loin que je l'aurais voulu : le cours dont je suis chargé et les nombreuses occupalions qu’il entraine m'ont empêché de les compléter. Je ne me suis décidé à commu- niquer à l'académie les observations qui font l’objet de cette notice, qu’afin de prendre date et d'empêcher qu’une autre personne qui s'occupe du même sujet ne vienne m’enlever le fruit de mon travail, auquel je donnerai suite le plus tôt possible. La populine a été extraite par M. Braconnot des feuilles fraîches du tremble { populus tremula). Elle y est accom- (27) pagnée par la salicine. Le procédé qu'il a indiqué est long, assez difficile et très-dispendieux. J'avais remarqué que les feuilles de pommier renfermaient une quantité de phlorid- zine de beaucoup inférieure à celle contenue dans l'écorce des arbres et surtout dans celle que l’on peut extraire des racines fraîches. Cette observalion a conduit M. E. Van den Gheyn (1) à rechercher la populine dans l'écorce fraîche des racines du tremble. Ses tentatives ont été cou- ronnées d’un plein succés. Aujourd’hui aucune prépara- tion n’est à la fois plus simple et moins coûteuse que celle de la populine. Son procédé est presqu’identique à celui que j'ai indiqué pour l'extraction de la phloridzine. D'après M. E. Vanden Gheyn, on obtient la populine, en lavant avec soin des racines de tremble afin d’écarter aulant que possible toute matière étrangère, en enlevant l'écorce au couteau et en la plongeant immédiatement dans l'eau dont on n’emploie qu’une quantité suffisante pour la recouvrir de quelques lignes. On porte rapidement à l’ébul- lition et on la prolonge pendant une heure environ. On décante et on renouvelle l’eau. On laisse bouillir pendant une demi-heure. Après avoir réuni les deux liqueurs, on filtre avec soin à travers le papier (2) et on concentre rapi- dement jusqu’à ce que le liquide soit réduit au vingtiéme de son volume primitif ; ensuite on l’abandonne à lui-même dans un endroit frais. Au bout de quelques jours la populine . (1) C’est à la complaisance de ce jeune chimiste, qu’un goût et des dispositions toutes spéciales entraînent vers les études chimiques, que je dois la populine qui m’a servie à mes expériences. Qu’il reçoive ici mes remerciments et le témoignage de ma reconnaissance. (2) Cette opération est très-lente, D’après M, Van den Gheyn, elle est indispensable à la bonne réussite de l'opération. (28 ) se sépare et vient nager à la surface sous forme de petits cristaux aiguillés, qu’il suffit de recueillir , d'exprimer , de traiter à deux ou trois reprises différentes au charbon ani- mal et à l'alcool, pour qu'ils soient à l’état de pureté par- faite. Les eaux mères ne contiennent guères que de la salicine el des matières extractives et colorantes. Je n'ai pas grand’chose à ajouter aux propriélés physi- ques que M. Braconuot attribue à la populine. Ce chimiste paraît ne l'avoir connue que sous forme de petites aiguilles blanches el soyeuses ; elle se dépose cependant de sa dis- solution alcoolique sous forme de petites lames incolores extrêmement minces et triangulaires ; l’un des angles se rapproche d'ordinaire d’un angle droit; en même temps les bords du vase se recouvrent d’une couche mince de populine soyeuse. C'est cette première modification que MM. Van Mons et Hensmans se sont trop empressés à con- sidérer comme substance nouvelle, à laquelle ils appliquè- rent le nom de tremuline (1). Les propriétés chimiques de la populine sont plus i 1m- portantes à connaître ; déjà une partie en a élé observée par son inventeur. C’est ainsi qu'il a reconnu que les solu- tions aqueuses de la plupart des sels métalliques n’exercent aucune action chimique sur la populine. Le plus grand nombre la dissolvent à l’aide de la chaleur et la laissent déposer par refroidissement, Parmi ceux-ci, se font sur- tout remarquer l’azotale argentique, les acétates plom- bique et triplombique. Je suis cependant parvenu à com- biner la populine à l’oxyde plombique, avec lequel elle (1) Voyez Bulletin de l’Académie, année 1839, 1re partie, pages 46 et 243, (2) forme un composé blanc, à peine soluble dans l'eau, et dont l'analyse m'aidera à déterminer le poids atomique de la populine. | Jusqu’àa présent , je n’ai pas obtenu d'autre composé mé- tallique analogue. L'action que les acides exercent sur la populine est éga- lement d’un grand intérêt. La plupart de leurs dissolutions aqueuses et suffisamment étendues dissolvent la populine à la température ordinaire ou à une température peu éle- vée. Les alcalis la précipitent de nouveau avec toutes ses propriétés. C’est ainsi qu’agissent les acides acélique, phos- phorique, azotique et sulfurique. Par l'emploi d’une tem- pérature élevée, ou d'acides concentrés , la populine se décompose ou se modifie. C'est ainsi que l'acide azotique la conyertit en acide picrique et en acide oxalique (1); que l'acide sulfurique concentré la rougit à froid, et la charbonne à l’aide de la chaleur, sous dégagement d’acide sulfureux; que l'acide sulfurique dilué et bouillant la convertit en sucre de rai- sin et en une substance blanche, résineuse et insoluble dans l’eau. Je la nomme poplétine. Cette action est ana- logue à celle qu’exerce le même acide, dans les mêmes circonstances , sur la salicine et sur la phloridzine. La distillation de la populine avec l'acide sulfurique et le bichromate potassique, ne m'a fourni qu’un liquide jaunâtre , très-soluble dans l’eau et dans l'alcool , et dans lequel j'ai constaté la présence d’une assez forte quantité d'acide formique. (1) M, Braconnot ne parle que de l’acide picrique. ( 30 ) Le chloride hydrique froid , tant concentré que dilué, ne paraît avoir aucune action sur la populine. A chaud, le pre- mier la dissout complétement d’abord , puis, au bout de quelques instants, il se dépose un précipité blane , qui ne se redissout plus dans le même liquide. Je n’ai pas eu le temps d'examiner la nalure de ce composé. Le chloride hydrique dilué dissout complétement la po- puline à la température de l’eau bouillante. Aussi long- temps que la liqueur est maintenue à cette température, elle ne se trouble point. Par le refroidissement il s’y dépose également un précipité blanc, qui est probablement le même que celui dont je viens de parler, et qui se redissout à chaud. Les solutions alcalines favorisent la dissolution de la po- puline , laquelle se dépose sans altération aucune, par l’ad- dition d’un acide. Ilest probable qu’en ce cas, elle joue le rôle d’un acide faible. Soumise à l’action simultanée de l'oxygène ou de l'air atmosphérique humide et du gaz ammoniaque, la populine n’a pas semblé éprouver le moindre changement. Je n'ai employé à celle expérience qu’une petite quantité de ma- tiére. La populine cristallisée et desséchée à la température ordinaire, soit à l'air libre, soit dans le vide, retient de l’eau de cristallisation , qu’elle abandonne à la température de l’eau bouillante. Dans la seule expérience que j'ai faite à l’aide de l'appareil à dessécher de M. Liebig, j'ai constaté une perte de 5,43 parties, sur cent parties de substance employée. Dans un mémoire plus étendu , que j'aurai l'honneur de soumettre bientôt au jugement de l'académie, je ferai connaître le résultat de mes recherches ultérieures, et j'in- (31) diquerai l'analyse et les propriétés caractéristiques des dif- férents produits qui se forment dans les différentes circons- tances dans lesquelles on place la populine. ENTOMOLOGIE, C Énumération des Libellulidées de la Belgique, par Edm. De Selys Longchamps. J'ai publié déjà en 1837 un Tableau des Libellulines de la Belgique, dans lequel se trouvent plusieurs ren- seignements que je répéterai malgré moi dans la Mono- graphie des Libellulidées d'Europe, qui est sous presse en ce moment. On pourrait donc me demander si le cata- logue raisonné que j'adresse à l'académie, ne forme pas double emploi avee les deux ouvrages précités: or, voici les raisons qui m'ont déterminé à encourir ce soupçon, qui disparaîtra , j'aime à le croire, si l’on veut bien lire et com- parer deux mémoires écrits, je l'avoue, sur une partie de l'entomologie dont peu de personnes s'occupent : 1° plus d’un tiers de nouvelles espèces sont à intercaler dans le premier catalogue qui n’élait qu’une sorte d'essai; je me suis trompé sur la détermination de quelques-unes; des observations exactes et répélées me manquaient sur les localités et les époques d’apparilion , notamment pour le genre Agrion; enfin la classification était très-imparfaite et défectueuse; 2° Ces renseignements peuvent avoir une sorte d'utilité en les réunissant sous le rapport de la connaissance de la Faune belge dont je m'occupe continuellement, et ne pour- raient guère trouver place dans un ouvrage général comme celui que je viens de terminer. (32) ORDRE DES NEVROPTÈRES. — FAMILLE DES LIBELLULIDÉES. Trisu. I. — LIBELLULINES. Division 1. LiperruLoïres. Genre 1.—LiBerLura (Z.) A. Abdomen déprimé. * Une tache brune à la base des ailes inférieures au moins. 1. QuaprimacuEaTA (Z.). Dans les prairies depuis le 20 mai jusqu’à la fin de juin. Je l'ai prise en Ardenne jusqu’au 15 juillet. Var. «. Tache cubitale petite. Var. 8. Tache ae large, carrée. 2. Derressa (Z.). Trés-commune sur les étangs depuis le 10 mai jusqu'à la fin de juillet. Les mâles commencent à être bleus vers le 10 juin. 3. Conspurcara. (Æabr.). Se trouve dans les bois en juin. Rare. Var. z. Le bout des ailes brun. Var. 8. Le bout des ailes sans taches. Cette dernière variété est la Zib. bimaculata de Stephens. * La base des quatre ailes sans taches brunes. LM. à 4. CancELLATA (Z.). Très-commune sur les étangs depuis le 30 mai jusqu’à la fin de juillet. Les mâles bleus paraissent vers le 15 juin. 5. CÆRULESCENS (Fabr.). Paraît depuis le 15 juin jusqu’à la fin de juillet, sou- vent loin de l’eau, dans les bois, ou au milieu des champs de seigle. 6. +. OLvwpra (Fonscol.) (1). J'avais confondu cette espèce avec la précédente. Je l’ai prise dans les bois des bords de l’Ourthe à la fin de juin, dans ceux de St-Hubert le 15 juillet. Elle est rare. B. Abdomen cylindrique ou comprimé. .* La base des quatre ailes sans taches brunes. 7. +. PArDEMONTANA (4llioni). Je puis ajouter cette espèce remarquable à la Faune belge, grâce à M. Putzeys , procureur du roi à Arlon, qui en prit deux individus sur des tourbières près d’Arlon , au mois d'août et au commencement de septembre de cette année 1839. C'est une découverte très-importante pour la géographie des insectes. 8. Fraveoca (Z.). Commune dans les bois, dans les prairies et les champs, depuis la fiu de juillet jusqu’en septembre et même en octobre. (1) J'indique par une + les espèces qui ne faisaient pas partie du ca- talogue publié en mars 1837. Tom. var. 3 (34) 9. +. Rorsern (Curtis). Je l'avais prise à tort pour une variété de la Flaveola. Je l'ai surtout remarquée dans les dunes d'Ostende, vers le 10 août , et dans la province de Liëge, de juillet à sep- tembre. LA 10. +. Fonscozomgir (Wobis). Cette espèce, décrite par M. de Fonscolombe, sous Île nom de Flaveola, est rare en Belgique. Je l'ai prise à St-Hubert, le 15 juillet. Aussi aux environs de Liége près du Geer. 11. Vurcara (2). Très-communeé partout depuis le mois de juillet jusqu'en octobre, mais surtout vers la fin d’août. Celle espèce et les autres de la section 2 n'ont pas l'habitude de voltiger ordinairement sur les eaux comme celle de la seclion À. 12. Scorica (Leach). C'est la même que j'ai indiquée à tort comme étant la Nigra de Vander Linden. Elle est trés-rare dans les prairies humides à Longchamps-sur-Geer, mais je lai observée assez communément dans les tourbières et les genêts à Bastogne, le 16 juillet de cette année. À cette époque je ne vis que des femelles, la plupart nouvellement écloses. Dans ce dernier état on reconnaît la Z. pallidistigma de quelques auteurs anglais. * Une tache noirâtre à la base des secondes ailes. (39 ) 13. Rusiconpa (Z). C'est celle que j'ai citée d’après Vander Linden, sous le nom de Z. dubia. On ne connait toujours que le seul in- dividu pris à Gheel, par M. Robyns. Cette espèce rare paraît à la fin de juillet dans les Alpes. Genre 2. — LiBezca (Wobis). +. Bimacurara (7. de Charp.). M. Robyns a pris un individu mâle de cette superbe espèce, découverte en Silésie, par Toussaint de Charpentier. Genre 5. — Corpusra (Zeach.). A. Appeudice anal inférieur du mäle triangulaire. 1. FLavomacuLaTa (J’ander L.). Le 1° juin de cette année 1839, j'ai pris la femelle, qui était inconnue jusqu'ici. Elle voltigeait sur un étang à Longchamps-sur-Geer. Le mâle a été capturé à Gheel par M. Robyns. Trés-rare. 2, Merazuca (Fander L.). Je l'ai observée à S'-Hubert le 20 juillet ; elle se trouve aussi dans le Brabant, Rare. NB. L'espèce n’a pas ordinairement les ailes jaunâtres comme le dit Vander Linden. Cette nuance n’existe que rarement, et presqu’unique- ment chez les individus des environs de Bruxelles. (36 ) B . Appendice anal inférieur du mâle fourchu. 5. ÆNEA (Z.). Observée sur les étangs, depuis le 20 mai jusqu'au 10 juillet. Peu commune. Division 2. — Æsanoïipes. Genre 4. — Gompuus (Zeach.). A. Appendices anales des mâles très-grandes, en crochets. 1. Uxcurcurarus (7’ander L.). Se trouve dans les bois de la province de Liége, depuis le 15 juin jusqu’à la fin de juillet. C'est l'Æ. hamata de T. de Charpentier. Peut-être la variété locale du midi de l'Europe , sur laquelle Vander Linden a établi son Æ. un- guiculata, forme-t-elle une espèce distincte. Dans ce cas il faudrait restituer à l'espèce de Belgique, le nom de Gomphus hamatus. B. Appendices anales des mâles courtes , divergentes. : 2. PuzcueLvus (Stephens.). Se trouve dans les prairies en juin. Peu commune. C'est l’espèce que j'avais nommée Petalura flavipes , en 1837. 3. Forciparus (Z.). Très-commune dans les prairies humides en mai. Plus rare en juin. (37) Genre 5. — CorDuULÆGASTER. (ZLeach.) AnvuLarus (Zatr.). Se trouve particuliérement dans les bois en juin et juillet le long des ruisseaux. Genre 6. — Æsana (Fabr.). A. Une tache noire en forme de T sur le vertex. * Les yeux peu contigus. 1. Verwauis (J’ander L.). Dans les prairies en juin. Peu commune. On trouve près de Bruxelles une variété à ailes jaunâtres. "* Les yeux très-contigus. 2, Mixra (Latr.). Dans les bois en été, surtout en juillet. Peu commune. Var. «. Les taches abdominales du mâle bleues. Var. 8. Les taches abdominales du mâle pourprées. 5. + Arrinis (/’ander L.). Dans les bois en juillet. Rare. On croyait cette espèce propre au Midi. Je l’ai prise cette année en Belgique , mais seulement une variélé roussâtre à taches jaunes. Je n'ai pas encore pris ici la variété typique à taches bleues sur laquelle Vander Linden a établi l'espèce. 4. MacurarissimA (Zatr.). Très-commune depuis la fin de juillet jusqu'au com- (38 ) mencement d'octobre. Quelquefois même en novembre: PB. Point de tache noire en T sur le vertex. * Bord anal des secondes ailes très-anguleux chez le mâle. 5. Grannis (Z.). Peu commune. Paraît en août et septembre. ** Bord anal des secondes ailes peu anguleux chez le mâle. 6. Rurescexs (7’ander L.). Vole en juin. Très-rare aux environs de Liége. M. Robyns en possède une variété prise aux environs de Bruxelles, dont les ailes sont presqu’aussi lavées de roussâtre que chez l'Æ. grandis. Genre 7. — Anax (Zeach.). Foruosa. (Jarder L.). Sur les étangs du 15 juin à la fin de juillet. Rare aux environs de Bruxelles. Dans un précédent mémoire, je n'avais considéré cette coupe que comme un sous-genre. Dans la Monographie des Libellulidées d'Europe, je détaille les raisons qui me font revenir sur celte opinion. Trisu II. — AGRIONINES. Division 1. — NornoPTÉROÏDES. Genre 8. — Carerreryx (Zeach). 1. Virco (Z.). Commune partout depuis le 10 mai jusqu’en juillet. La (39) variété brune du mâle paraît la première ; l'érisée el la bleue opaque ensuite. Si la variété brune est distincte on pourrait la nommer C. inornata. 2, +. Lupovicrana (Zeach.). Ainsi que je le prévoyais dans mon précédent mémoire , _ je crois pouvoir séparer cette espèce de la Yirgo et me rallier ainsi à l'opinion des auteurs anglais. La Zudovi- ciana paraît un peu plus tard, et fréquente plus particu- lièrement le bord des eaux. Division 2. — HéTÉROPTÉROÏDES, Genre 9. — Lesrtes (Zeach.). A. Lestès proprement dites. 1. Vininis (Y’ander L.). Rare. Se trouve isolément près des étangs en mai et juin. 2. +. Nyupna- (Kirby). Peu commune dans les bois, les prairies et les dunes en juillet et août. Ce n’est assez probablement qu'une variété plus grande de la Sponsa. 3. +. Spoxsa (Zanseman). Assez rare. Se trouve dans les bois et le long des étangs pendant le mois de septembre. 4, +. Bansara (Fabr.). Prise aux environs de Bruxelles, par M. Robyns et le (4) professeur Wesmael ; observée près d'Arlon, le 24 août par M. Putzeys. B. Sympecma (T. de Charp.). 5. Fusca (Y’ander L.). Assez commune dans les bois vers le 1° août. Genre 10 et dernier. — AcGriox (Fabr.). A. Toutes les jambes simples, semblables. * Point de tache derrière les yeux. 1. Naras (ansem.). Sur les étangs depuis le 30 mai jusqu’à la fin d'août. Commune vers le 15 juin. Cest l’Ænalis de Vander Linden , mais le nom de Naias est antérieur. 2. Sancüinea (J'ander L.). Dans les jardins et les bois, depuis la fin d'avril jusqu’au milieu d'août , selon les localités et les années. ** Une tache plus claire derrière chaque œil. 5. Purirra (Hansem.). Très-commune depuis la fin de mai jusqu’à la fin d'août, je l’ai même observée une fois en octobre. C’est l’_Ægrion elegans de la collection de Vander Linden ; mais ce nom ne peut êlre maintenu, parce que la description se rapporte à l’Ægrion pumilio de T. de Charpentier. Var. violette. Var. femelle orangée. 4. Aunanriaca (De Selys 1837). Je ne possède toujours que l'individu femelle , pris par (41) M. Alex. Carlier, près de Liége , au commencement d'août. C'est le même que le Xanthopterum de M. Stephens. Je suis tenté de croire que ce n'est qu'une variété femelle très-prononcée de |’ 4. pupilla. 5. Purcuezza (Vander L.). À la fin de mai et au commencement de juin. Commune. Quelquefois en juillet. 6. Puezra (Vander L.). Très-commune depuis le mois de juin jusqu'à la fin de juillet. Observée quelquefois jusqu’au 1* septembre. 7. + Hasruzara (7°. de Charp.). Observée seulement à Bruxelles en été par MM. le pro- fesseur Wesmael et Robyns. Assez rare. Var. . roussâtre. 8. +. Linpennr (WVobis 1859). à Je la décris dans l’ouvrage que je publie en ce moment d'après un seul individu mâle. J'ignore à quelle époque il a été pris. Je lai dédié à feu Vander Linden, pour rendre hommage à la mémoire d’un savant qui a singulièrement éclairci l'histoire des Libellules d'Europe. B. Les quatre jambes postérieures dilatées sur les côtés. 9. Praryropa (J'ander L.). Commune dans les prairies, la variété blanchätre depuis le 20 mai jusqu’au 10 juin; la var. bleuâtre depuis le 15 jusqu’à la fin de juin. Je l'ai vue reparaître une seconde fois au mois d'août et j'en ai même observé un individu le 1% septembre. (72) Nous connaissons donc quarante-quatre espèces de Libellulidées en Belgique. La Monographie de Vander Linden n’en indique que 37 dans toute l'Europe, dont 26 seulement en Belgique. En 1837 j'en connaissais 32, il y a donc une augmentation de 12 espèces reconnues depuis trois années , et la mine de l’entomologie indigène est loin d'être épuisée; je suis même convaincu qu'avec des recherches assidues, on pourra rencontrer encore chez nous la Cordulia Curtisii, les Gomphus simillimus, Se- lysii et flavipes, V'Æshna juncea et les ÆAgrion ru- bella et pumilio. LITTÉRATURE GRECQUE. Correction d’un texte de Dion Chrysostôme , d’après un manuscrit du Vatican.—Note de M. Roulez, membre de l'académie. Il résulte d’un texte de la huitième oraison de Dion Chrysostôme, tel qu’il existe dans toutes les éditions de cet auteur, que le célèbre Diogéne de Sinope, surnommé de Cynique, aurait combattu dans les rangs de l’armée de Cyrus le jeune, lors de l’expédition de ce prince, contre son frère ÂAriaxerce, roi de Perse, et que ce serait même la raison qui obligea à quitter sa patrie et à se réfugier à Athènes. Je rapporterai ici ce passage (1) de l'orateur grec : Auoyéyns o-Zuvomeus Éxnecuy ên Ts ratpidos (1) Pag. 130, B-C; out. 1, p.276, éd. Reiske, ou p. 1, éd Baguet. | (43) cÜdevoc dtorpé pv TOY Tovu pad} , "ASyvats GDAETO HAL KA rahaufGavez | auyvodc ETL TOY Zompatous ÉTAEOY HA AP IDarova za: Apistinnoy rai Aicyivny noi ‘AvasSémp | za roy Meyäpée Eure. Oÿrce d EqUyE da Th era Küpcu 3Tpateixy. Les mois en parenthèse manquent dans les édi- tions de Venise et de Morell, ainsi que dans celle de Reiïske. Morell, qui les avait lus dans un manuscrit de la bibliothèque royale de Paris, les rapporta simplement dans ses annotalions sur cel auleur, et Reiske se con- tenta également de les reproduire en note, au bas de la marge. Mon honorable ami, M. le professeur Baguet, à qui nous devons une édition particulière de ce discours (1), a, le premier, reçu ces mols dans le texte, conformément à l'avis énoncé par Schneider dans son commentaire sur l'Anabase de Xénophon (2). Maintenant on peut être d’au- lant mieux convaincu de la bonté de la leçon du manus- crit de Paris, que je l'ai retrouvée dans deux autres ma- nuscrits dignes de confiance, à savoir le manuscrit n° 22 (Plut., 59) de la bibliothèque Laurentienne à Florence, et le manuscrit n° 99 de la bibliothèque du Vatican à Rome. Dans la phrase qui termine le passage transcrit ci-des- sus, le pronom to doit nécessairement être rapporté à _Diogène et non pas à Euclide (3). Cependant il est constaté par le témoignage de plusieurs auteurs (4) que la fuite ou mr (1) Specimen literarium inaugurale, exhibens Dionis Chrysostomi, orat. VIIT, animadversionibus illustratam, quod pro adipiscendo gradu doctoris , elc., publico examini submittit F. N. G. Baguet. Lovanii, 1823, in-8. (2) VIX, 7, 57. (3) Voy. la note de Baguet, p. 14. (4) Voy Diogène de Laërte, De vitis philosophor., VE, 2 init., vol. H, p. 15, éd. Huchner, (942 l'exil du philosophe de Sincpe eut une tout autre cause que celle d’avoir porté les armes en faveur de Cyrus. Le manuscrit précité du Vatican lève la difficulté : au lieu de œTcc, qui est là assez équivoque, on y lit Æevopév. Le sens de la phrase de Dion est donc : que Diogène, arrivé à Athènes, y trouva encore un grand nombre de disciples de Socrate, à savoir : Platon , Aristippe, Eschine , Antisthène et Euclide de Mégare; mais que, quant à Xénophon, il était alors exilé à cause de sa participation à l'expédition de Cyrus. C’est là effectivement le motif que donne Pau- sanias (1) de l'exil de Xénophon, et son témoignage, qui est en contradiction avec celui de Diogène de Laërte (2), se trouve ainsi corroboré de l'autorité de Dion. L’excel- lence de la leçon du manuscrit du Vatican est trop évi- dente, pour avoir besoin d’êlre démontrée. Quoi de plus naturel en effet que la mention du fils de Gryllus, parmi les principaux disciples de Socrate ? Il est à remarquer en outre que par la correction que je viens d'indiquer , nous gagnons une nouvelle date certaine pour la chronologie de la vie de Diogène, puisque , suivant Dion, l’arrivée du phi- losophe cynique à Athènes coïncida avec le bannissement de Xénophon de cette ville. | (1) Græciæ descriptio, V, 6, 4.T. II, p. 331, éd. Siebelis. — Relative- ment à l’exil de Xénophon, voir Schneider, £pémetr. obss. ad Anabas. V,3,8, p. 469, sqq. C. G. Krueger, Quæstiones criticæ de Xenophontis , Vita, Hal, Saxon, 1822, (2, p.20, sqq. Letronne , art. Xénophon, dans la Biographie univers. T. LI, p. 380. (2) 11,6, 8. Vol. 1, p.129, éd. Huebner. (4) J LITTÉRATURE ROMAINE. Quelques textes des Commentaires de César, relatifs à l’ancienne Belgique, collationnés sur trois manuscrits de la bibliothèque Laurentienne a Florence. — Note communiquée par le même. Lors de la visite que j'ai faite dernièrement à la célébre bibliothèque Laurentienne de Florence, il m’est tombé sous la main trois manuscrits de César, remontant au XI siècle. Ces manuscrits, sur parchemin, marqués des n° 6,7 et 8 (case 68, historiens latins), sont les plus an- ciens que la bibliothèque possède de cet auteur. Comme il n’entrait pas dans mes vues, et que d’ailleurs je n'avais pas le temps d’en entreprendre une collation complète, je me suis borné à vérifier quelques passages, concernant notre ancienne histoire, et dont il est à désirer que le texte soit un jour fixé d’une manière certaine. Je communique ici Le résultat de ma vérification. Au livre IT, chap. 4, où César donne un tableau statis- tique des forces militaires des divers peuples belges ligués contre lui, le manuscrit 7, porte : (Suessiones ) polliceri milia armata L: totidem Nervios.……… : Quindecim mi- lia Atrebates : Ambianos X milia : Morinos XX mi- dia Menapios VII milia : Caletos IX milia : Velocasses et Veromanduos totidem : Camatos decem et IX milia : Condrusos , Eburones, Ceresos, Pemanos , qui uno no- mine Germani appellantur , arbitrari ad XL milia. Les deux autres manuscrits s'accordent avec celui-ci, si ce n’est que le n°6 a : Calenos X au lieu de Caletos IX, et le n° 8, Camatos X à la place de Camatos decem et IX. (46 ) Outre les variantes dans les chiffres de 7,000 Ménapiens au lieu des 9,000, et de 9,000 Calètes au lieu des 10,000 , que l’on trouve dans d’autres manuscrits et dans la plupart des éditions , il est à remarquer dans les manuscrits 7 et 8, le nom de Camatos substitué à celui d’{duatucos. Du reste, il est probable que c’est là une erreur de copiste. De telles erreurs par rapport à des noms propres étran- gers, se rencontrent fréquemment dans les manuscrits. ‘Il s’est élevé dernièrement au sein de notre compagnie des discussions (1), sur l’authenticité du passage des Com- mentaires (V, 39) où l'historien fait mention de cinq peu- ples soumis aux Nerviens. Les trois manuscrits de Florence donnent ce passage comme toutes les éditions, sinon qu’au lieu de Pleumosios et Gordunos, les n° 7 et 8 portent Pleumoximos et Geidumnos. On remarquera la ressem- blance de ces variantes avec celles (Pleumoximos et Gei- _ dunos) que j'ai tirées précédemment (Bulletins. Tome IV, pag. 354) d’un manuscrit du XI[ siècle, manuscrit (Codex Lovaniensis) qui, quoi qu'en ait pu dire Oudendorp, doit être regardé comme un des meilleurs parmi ceux dont cet éditeur s’est servi. Cæsar, de B. G. VI, 32 : Zmpedimenta omnium legio- num Aduatucam contulit. Telle est la leçon des trois ma- nuscrits. Je crois avoir prouvé ailleurs (2) que c’est la seule bonne et admissible. JIbid., 33 : Zpse cum reliquis tribus (legionibus) ad flumen Sealdem, quod influit in Mosam extremasque {1) Voy. Bulletins des séances. Tome IV, pages 342 et 353. (2) Nouvel examen de quelques questions de géographie ancienne de da Beigique. Pag. 7, (Tome XI des Nouveaux mémoires de l’académie.) (47 Arduennæ partes , ire constituit. Les manuscrits de Flo- rence, de même que tous les autres consultés jusqu'au- jourd’hui, offrent Sealdem au lieu de Sabin. Pour mon comple je suis convaincu que si ce n’est pas une faute de copiste déjà trés-ancienne , ce ne peut être qu'un lapsus calami de auteur même; car la teneur de tout le passage et les mots suivants extremasque ÆArduennæ partes , lesquels sont explicatifs des premiers, démontrent que César n’a pu avoir dans l’idée que le confluent de la Sambre et de la Meuse. La supposition que la forêt des Ardennes se serait étendue jusqu’au lieu où autrefois l’Es- - caut se réunissait à la Meuse, est une hypothèse tout à fait gratuite et ne s'appuyant sur aucun témoignage ancien. Lorsque Dewez (1), a avancé que d’après le calcul qui présente la longueur de cette forêt (500 milles romains selon César), son extrémité élait précisément à l'endroit où le second lit de la Meuse faisait sa jonction avec l'Escaut, il n’a pas fait attention que ce n’est pas dans cette direction que César a entendu parler de la longueur des Ardennes, mais dans le sens tout opposé, à partir du Rhin jusqu'aux confins des Nerviens et des Rémois (2). Le secrétaire dépose sur le bureau le tom. XII des (1) Mémoire dans lequel on examine quelle peut être la situatioR des différents endroits de l’ancienne Belgique, devenus célèbres duns les Com- menñtaires de César. $ 5, p. 266. ( Nouveaux MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE DE Bauxezes. Tome IL.) (2) Cæsar de Bell G, VI, 29. Per Arduennam siloam, que est totius Galliæ mazima atque ab ripis Rheni finibusque Trevirorum ad Nervios portinet , milibusque amplius D. in longitudinem patet. Le même V, 3: In siloam Arduennam.…, quæ ingenti magnitudine per medios fines Trevirorum a flumine Rheno ad initium Remorum pertinet. e" (48 ) mémoires de l'académie, contenant les mémoires suivants: Casse pes SCIENCES. — Mémoire sur quelques transformations générales, par M. Pagani. — Sur la longitude de l’observa- toire royal de Bruxelles, par M. Quetelet. — Sur l’état du magnétisme terrestre à Bruxelles, par le mème. — Catalogue des principales apparitions d'étoiles filantes , par le même. — Résumé des observations météorologiques et des observations sur les températures de la terre, faites en 1838 à l'observatoire royal de Bruxelles, par le même. — Résumé des observations météorologiques, faites en 1838 au collége des Prémontrés à Louvain, par M. Crahay. — Observations météorologiques, par M. Minkelers, Mémoire sur la pile galvanique, par M. Martens. — Tableaux analytiques des minéraux, par M. Dumont. — Mémoire sur un Delphinorhynque, par M. Du- mortier. — Mémoire sur le Goldfussia anisophylla, par M. Morren. — Mémoire sur la formation de l’indigo, par le même, — Exercices zootomiques , par M. Van Beneden. CLASSE DES LETTRES. Mémoire sur la nonciature de l évêque d’Acqui, par M. le chanoine De Ram. qu, P M. le directeur en levant la séance a fixé l’époque de la prochaine réunion au samedi, 1° février. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Nouveaux mémoires de l’académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles. Tom. XII. Bruxelles, 1839. 1 vol. in-4e, Bulletins de l'académie royale des sciences et belles- lettres de Druxelles. Tom. VI, 1"° et 2° partie. Bruxelles, 1839. 2 vol. in-&, Annuaire de l'observatoire de Bruxelles pour l'an ( 49) 1840, par le directeur A. Quetelet. Bruxelles, 1839. 1 vol. in-18. The american journal of science and arts. Conducted by Benjamin Silliman, vol. 1 à XXXVIL — N° 1 à 76. New-Haven , 1819 à 1839. 73 volumes in-8&. De la part de M. J. Vaughan. Indian treaties, and lars and regulations relating to indian affairs : to which is added an appendix , etc. By S. S, Hamilton. Washington city, 1826. 1 vol. in-&, De la part de M. J. Vaughan. Statements of the commerce and navigation of the Uni- ted States, for the year ending 30th september 1837, etc. 1 vol. in-8°, 1838. De la part de M. J. Vaughan. Thermometrical navigation, by Jonathan Williams. Philadelphia , 1799, 1 vol. in-8°. De la part de M. J. Vau- ghan. Cinco meses en los Estados-Unidos de la America del norte , desde el 20 de abril al 23 de setiembre de 1835. Diario de Viaje de D. Ramon de la Sagra. Paris, 1836. 1 vol. in-&, Notice sur les Gallas de Limmou, par M. Jomard. Paris , 1839. Broch. in-8c. Remarques sur le nombre de Jours de pluie observés au Caire; par M. Jomard. (Extrait des Comptes rendus de l'académie des sciences pour 1836). Paris, broch. in-4°, Rapport fait à l'académie royale des inscriplions et belles-lettres de l'institut de France, par MM. Jomard et Walckenaër, au sujet du pied romain trouvé dans la forêt de Maulevrier (près de Caudebec), et communiqué par M. Deville. Paris, 1839, broch. in-4°. Mémoires de la société royale des sciences, de l’agri- Tom. vir. 4 ( 50 ) culture et des arts, de Lille. Année 1838. — 3% partie. Lille, 1839, 1 vol. in-&. Discours prononcé à la société de médecine d'An- vers , le 17 décembre 1838, par J. Jacques. Anvers, 1839. " Broch. in-4°. Annales de la société de sciences naturelles, de Bruges. Aunée 1840. 1° vol. (Feuilles 22 à 25). Bruges, 4 feuilles in-8°. Messager des sciences historiques de Belgique. Année 1839. 4% livr. Gand. Broch. in-8&, | Annuaire magnétique et météorologique du corps des ingénieurs des mines de Russie ou Recueil d’observa- tions magnétiques et météorologiques faites dans l'éten- due de l'empire de Russie et publiées par A. T. Kupffer. Année 1837. S'-Petersbourg, 1839. 1 vol. in-4°. Biographie liégeoise ou Précis historique et chronolo- gique de toutes les personnes qui se sont rendues célébres , dans l’ancien diocèse et pays de Liége, les duchés de Lim- bourg et de Bouillon, le pays de Stavelot et la ville de Maestricht. Par le comte De Becdelièvre-Hamal. Tom. I (en 6 livr.) et IT (en 4 livr. et un supplément). Liège , 1836 à 1839. 10 broch. in-&. _ Difformités du système osseux : six mémoires sur divers cas de difformités, par le docteur Jules Guérin. Paris, 1838 et 1839. 6 broch. in-8. 5/0 5.0 LC a At Palletir de l'Acadenue-, Tome VII, N° 12 02 RSR ER ==) RE RH HET BREL EEE EE EEEEEE ER ERA EEE À SR EEE EEE IEEE RE BEBE PPAEREE EE PEER AEEEE ke fs HRHRRHnnE AT) ETES “+ SR sense SRE Rss ss ji en ei) Le = Ë EE Û D ii EEE ÉPEE HE 41.0 500 49.0 & de Pagobare Æ Spelle | >) ? 2 , PAPE, 2 7 LÉ. C2 rap reebe ce clsetrers L AA y Aus CL. : ou > Pulletire dés Vlcadenze, Tome FI, N° | 4 70 T Il I Il f TS 5e JÉADBAE LE GE e INODBE fe — F FT A RECENT EEE HET \EEE FÉEEEE FES FE HE 5 Il |__| BE [l 7 LT a] Il à Ï T CÈQUBE PRE CE A [ SRE Re 30 BASS SRB ES RRS NE) D Dr Senenle 22.0 Î + BE ER [1 O En ES I 117 [i] on _- HE pe SIT sr - - + L j pres LEET h SORTE LELTI à E ! ji Ë rie : S f (s mi Ï [ EI est L I JE Dis I Ï x 2 1 Er Ê= 72777772 L Re : ÉÉHREEEN CF 772 50 ] ] GETE Ba ER HR HET | à pe Il = - EEE ï ASE Î T Î T ci NT : El RE, (: ; 220 } I EL Î RS : l Î TI | ET | Î ji u 1 | PE Er Base \ L L— l ++ - T0 L ! 1 | FL EE ! z J ! Ï 7 Ÿ [ail H Î I ee 7 î Î & E . see | Y j Ï | 490 - ES EE ei El EE EE E1| a BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES E ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1840. — No 2. Séance du 1* février. M. le baron De Stassart, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. Le secrétaire présente quelques renseignements sur la comète qui a été aperçue à la fin de 1839 et au mois de janvier de cette année, Il communique à ce sujet les ex- traits de deux lettres qu’il a reçues, l’une de M. Schu- macher d’Altona et l’autre de M. Wartmann de Genève (1), (1) Après la séance de l’académie, il nous est parvenu, par l’inter- médiaire de M. Schumacher , une lettre de M. Galle, aide de l’observa- toire royal de Berlin, concernant la découverte d’une nouvelle comète, dans la soirée du 25 janvier, Cet astre a été vu dans la constellation du dragon, et dans le voisinage de l’étoile e; il est d’une lumière moins vive encore que la comète découverte le 2 décembre dernier; il n’a pas Tom. vu. 5 (52) « Les éléments de la comète de M. Petersen, que je vous envoie, écrit M. Schumacher, sont si approchés que, pour l'observation du 28 décembre (ils sont calculés sur les observations entre le 2 et le 14), ils n’ont donné que de légères corrections. Il s'occupe en ce moment de les corri- ger encore sur l'observation du 28. Passage 1840, janvier 4, 49676, temps moyen d’Altona, LOG qu. 1.000, 19,701259 FT . . . . . . 19201157” } Comptant de l’équinoxe moyen Nœud asc. . . . 1195720 À 1840 , janvier 0. BR M RTE 03 28 40" Mouvement direct. M. Wartmann écrit de son côté : « La petite comète dé- couverte le 2 décembre dernier, par M. Galle, astronome adjoint à l'observatoire de Berlin, a élé vue à l’observa- toire de Genève dans la nuit du 3 au 4 janvier. Voici, d’après M. Plantamour, ses positions observées : Le 3 janvier 1840, à 18h36m48:, temps moyen de Genève. Ascension droite 17h20m85,4. Déclinaison boréale 2042'38/’,6 « La cométe n’offrait pas de noyau distinct :la nébulosité avait un peu plus de ; minute de diamètre , et l'on aperce- de queue apparente ; sa forme est celle d’une nébulosité arrondie ; la partie la plus lumineuse est un peu excentrique. MM. Galle et Encke, par 11 comparaisons avec une étoile du catalogue de Piazzi, ont donné pour sa position au 25 janvier, 11h, 4m, 54s temps moyen de Berlin : 304024/13//,8 en ascension droite. + 63 728 ,6 en déclinaison. Son mouvement, en une heure, semblerait donner un mouvement diurne de + 3° 64’ en ascension droite, et 00 0’ en déclinaison, A. Q. (58 ) vait une queue longue de 1° à 1° 3 dont l’angle de position était de 315° environ , ainsi la direction se trouvait à peu près cpposée au soleil. » — M. Verhulst, professeur à l’école militaire de Belgi- que, adresse à l'académie la note suivante sur une nou- velle manière de trouver à priori la différentielle de la fonction y — log. +. « Soit l'équation à différentier RE DOTE APT OCT 1 5 j'écris l'équation hypothétique dy = 1Q à | ne SV AU LCA) dans laquelle f(x) désigne une fonction de x entièrement inconnue. » désignant un nombre quelconque, on a par la propriété des logarithmes 1 de log. (z") d'où my —log. (r"). « Il suit de cette dernière équation, que l’on peut, dans les équations (1) et (2), changer y en my, pourvu qu’on change x en x"; par conséquent may = 12) d(æ) < a dx S 1 remplaçant dy par sa valeur, donnée par l'équation (2), il reste fa) =f(a"). (544 » Le premier membre de cette identité ne contient pas m ; donc le second ne peut le contenir non plus : mais m est inséparable de +, puisque c’est l’exposant de cette variable, donc f(æ") doit se réduire à une constante que nous dénoterons par M; d'où Md: À A Pa ce qu’il fallait trouver. » De la différentielle de y — log. +, on déduit celle de y = a* d’une manière trop simple pour qu'il soit besoin de l'indiquer. » — Un anonyme écrit pour demander la conservation au programme du concours pour 1841, de la question relative à la description des coquilles et des polypiers fos- siles des terrains tertiaires et crétacés de la Belgique, attendu que le temps lui a manqué pour terminer un grand travail qu'il à entrepris sur ce sujet. Une décision sera prise à cet égard dans la séance générale du mois de mai. CONCOURS DE 1840. L'académie avait proposé, pour le concours de 1840, cinq questions dans la classe des lettres, et huit dans la classe des sciences. Le secrétaire annonce qu’il a reçu , en réponse à ces queslions, les mémoires suivants : CLASSE DES LETTRES. 1° Sur la 1"° question : Quels furent les changements apportés par le prince Maxi- | i : 4 ; ter Fat (55) milien-Henri de Bavière (en 1684) à l’ancienne constitution liégeoise; et quels furent les résultats de ces changements sur l’état social du pays de Liége, jusqu’à l’époque de sa réunion à la France. Un mémoire portant l'inscription : Un prince de Liége ne donne sentence que par ses justices, et ne fait ordonnances contre les lois du pays que du consentement des états. (Le prince GÉRARD). Commissaires : MM. De Gerlache, le baron De Reïffen- berge, Grangagnage. 2° Sur la troisième question : Quel a été l’état de la population, des fabriques, des manu- factures et du commerce dans les provinces des Pays-Bas, depuis Albert et Isabelle jusqu’à la fin du siècle dernier ? Un mémoire portant l’inscriplion : Tllustrabit, mihi crede, tuam umplitudinem hominum inju- ria. (Cro.) Commissaires : MM. Dumortier, le baron De Reiffen- berg , Cornelissen. 3° Sur la 4% question : Vers quel temps l’architecture ogivale, appelée improprement gothique, a-t-elle fait son apparition en Belgique? quel carac- tère spécial cette architecture y a-t-elle pris aux différentes époques ? quels sont les artistes les plus célèbres qui l'ont em- ployée, les monuments les plus remarquables qu’ils ont élevés ? Deux mémoires, l’un avec planches, portant l'inscrip- tion : ; L'art de la bâtisse a suivi la marche de la langue, etc, (M. le baron De RETFFENBERG.) (5 Et l’autre portant l'inscription : L'étude de toutes les œuvres et de toutes les variations de l’ar- chitecture , est à la fois le commencement et le résumé de tous les arts. (Guizor.) Commissaires : MM. le baron De Reiflenberg, le duc d'Ursel et Cornelissen. CLASSE DES SCIENCES. 1° Sur la 1°° question : Un mémoire sur l'analyse algébrique, dont le sujet est laissé au choix des concurrents. Trois mémoires : Le 1° sur la transformation des variables dans les inté- grales multiples, avec la devise : On le peut , je l’essaie, un plus savant le fasse. Le 2%e sur les produits continus, avec la devise : Sœpe stylum vertas. Le 3% sur la théorie élémentaire des logarithmes, avec la devise : J'ai souvent trouvé plus d’enseignements, et surtout d’ensei- gnements simples dans la véritable philosophie de la science, que dans les formules algébriques. ; Commissaires : MM. Pagani, Timmermans et Dandelin. 2° Sur la 2%° question : Déterminer par des expériences si les poisons métalliques , tels que l’arsenic blanc (acide arsénieux), enfouis dans un ter- rain cultivé, pénètrent également dans toutes les parties des végé- | | (57 ) taux qui y croissent , et entre autres dans les graines des cé- réales, et s’ily a, d’après cela, du danger pour la santé publique de répandre de l'acide arsénieux et d’autres poisons analogues. dans les champs, pour détruire les animaux nuisibles. Un mémoire portant la devise : Experientiu docet. Commissaires : MM. Martens, De Hemptione et Van Mons. 3° Sur la 3me question : Rechercher et discuter les moyens de soustraire les travaux d'exploitation des mines de houille aux chances d’explosion. Treize mémoires : . 1° Un mémoire avec la devise : Aide-toi, Dieu t'aidera ; 2° Un mémoire, divisé en quatre parties, sous les n°‘ 1, 2,8 el 4, et ne portant pas d'inscription. 3° Un mémoire avec l'inscription : Le génie est le triomphe des peuples ; 4° Un mémoire avec billet cacheté sans devise. 5° Un mémoire avec la devise : Divide , vinces ; 6° Un mémoire avec l'inscription è Felix, quem fuciunt aliena pericula cautum ; 7° Un mémoire avec l'inscription : Le génie de Davy, n’eût-il inventé que la lampe de sûreté, ce serait encore un titre suflisaut à la reconnaissence du genre humain. (H.-T. DE La Bèone.) 8° Un mémoire avec l'inscriplion : La pratique fait naître la théorie ; (58) 9° Un mémoire signé : Expertus ; 10° Un mémoire avec la devise : Le travail, c’est la vie; 11° Un mémoire avec l'inscription : Le travail fait la richesse des nations, attachons-nous à conser- ver la vie de l’ouvrier, comme le plus précieux des trésors ; 12° Un mémoire intitulé : Des moyens de prévenir les explosions dans les houillères, et du sauvetage après les coups-de-feu ; 13° Un ouvrage manuscrit en deux volumes avec l’ins- cription : / Nisi utile est quod facimus, stulta est gloria. L'académie a reçu aussi de M. Morand de Rouen une lettre signée , et qui, par là, ne pourra être admise comme pièce du concours. Commissaires : MM. Cauchy, D'Omalius d'Halloy, Du- mont et De Hemptinne. RAPPORTS. ACOUSTIQUE. M. Dandelin hit le rapport suivant sur un mémoire de M. l'abbé comte De Robiano, intitulé : Positions d'harmonie. « L’art des accordset de leur succession dans les marches , Q A . = ‘ d harmonie, paraît, sous le rapport pratique, laisser peu à désirer, et quelques formulaires parmi lesquels on peut citer (59 ) celui de Catel, suffisent pour presque lous les cas ; je dis presque tous, car depuis quelques années on a introduit dans les compositions musicales des accords quelquefois si étranges, qu’il est bien difficile de les classer parmi ceux déjà régulièrement et généralement adoptés ; mais il est assez douteux qu'ils puissent jamais êlre considérés autre- ment que comme des exceptions aux règles admises, en sorte qu’on peut considérer celles-ci comme rigoureuse- ment sufhisantes et applicables. : » Mais quant à l’origine rationnelle de ces règles, il s'en faut de beaucoup qu’on ait réussi à établir quelque chose de tout à fait satisfaisant; et, en cela, il n’y a rien qui puisse étonner, si on considère l'immense échelle de sons que l'oreille peut saisir ef apprécier, soit isolés , soit groupés ; les modulations si inattendues et si dissemblables dont elle goûle la/marche et la succession ; el enfin la complète ignorance où nous SOMINESs sur la structure même de cet organe et sur ses moyens de percevoir les sons et d'en res- tituer les effets au cerveau. » La question a néanmoins par elle-même, el peut-être parsa difficulté, un allrait véritable; aussi plusieurs arlistes distingués et quelques savants s’en sont-ils sérieusement oceupés : tels sont Rameau , Mersenne, Tarlini et plusieurs autres assez connus pour qu'il soit superflu de les men- tionner ici. On doit à la plupart de ces recherches des notions précieuses sur le son et des résultats qui sont encore conservés par la science; mais, sous le rapport de l’art lui-même, elles n’ont pas produit ce qu’en altendaient leurs auteurs. » D'ailleurs, les livres où ils ont exposé leurs déductions sont en général écrits d’une manière si obscure, on y trouve un si singulier mélange de formes géométriques ( 60 ) et de faits pratiques qui n’y on! aucun rapport apparent ou vrai, que le lecteur artiste ou autre est bientôt rebuté et forcé de reculer devant une lecture fatigante et stérile pour l'application ou la science. Ceux qui ont essayé de lire Rameau ou Tartini peuvent rendre témoignage à la vérilé de notre assertion , quoique l’un ait été traduit par Rousseau et l’autre exposé par D'Alembert. » Or le mémoire présenté par M. De Robianoest l'extrait, ou plutôt le programme d’un traité dans lequel cet ingé- nicux auteur s’est mis à son tour aux prises avec les diffi- cullés de la question qui nous occupe; et autant qu’il est possible de juger sur un extrait, il me semble qu'il l'a fait avec bonheur. » Le système de M. De Robiano repose sur ce double fait : savoir que le son grave 1 ne peutse faire entendre sans être accompagné en même temps des sons 2,3, 4,5, 6,.... etc., qu’on nomme ses harmoniques ;etréciproquement qu’en fai- sant résonner simultanément plusieursde ces harmoniques, on reproduit pour l'oreille le son 1. En outre il admet, ce qui paraît douteux, que chacun des harmoniques reproduit par lui-même des harmoniques qui lui sont propres ; mais cela ne fait rien pour la suite de ses raisonnements, puis- que ces harmoniques secondaires se trouvent réellement au nombre des harmoniques du son 1, et existent ainsi, comme le dit l’auteur, quoiqu’ils doivent leur origine à un autre son. » Il est facile de voir, d’après ces idées, qu'après les sons 1, 2, 4, 8,... elc., qui sont les octaves à différents degrés de la tonique, les plus répétés dans l'échelle des harmoniques sont d’abord les sons 3, 6, 12, etc., puis 5, 10, 20,...... et ainsi de suite, les premiers étant les oclaves à différents degrés du son 3, les autres du son 5, (61) et cette observation conduit à conclure qu'après les octaves du son fondamental, ceux qui en rappellent le plus l’idée sont la quinte et la tierce majeure, et enfin qu’en joignant ces trois sons on reproduit presque toutes les harmoniques du son fondamental, et par suite le son fondamental lui- même; c'est la l’origine de l'accord parfait : on conçoit facilement comment on peut établir d’uue façon analogue les divers accords qui, tout en dérivant du même son fonda- tal, le rappellent plus ou moins à l'oreille. On aura ainsi une série d'accords différents, mais ressortant tous d’une même origine et pouvant se succéder sans rompre l’unité harmonique. » Maïs si les limites dans lesquelles doivent se renfermer les accords, étaient restreintes à ces seuls accords, il ne pourrait, en derniére analyse, s’en déduire qu’une mélodie uniforme et monotone, sans modulation, et pareille aux chants sauvages des peuples primitifs. » Pour arriver à la nôtre, M. De Robiano établit d’abord qu'une note seule n’est qu’un son ou du bruit, deux notes tendent à restreindre le vague de ce son, trois notes diffé- rentes donnent un ton el rappellent une fondamentale. L’o- reille sait alors où elle en est, et l’accord donné n’acceptera plus avec indifférence la succession ou la simultanéité de résonnance d’un autre accord quelconque : il y aura des conditions à observer, et ces condilions forment la science de l'harmonie. » Ainsi, par exemple,en même Lemps qu’un accord de trois notes, qu'on en fasse vibrer une quatrième; il pourra à la vérilé arriver que celle-ci fasse partie de la même échelle d'harmoniques que les autres, et alors il y aura conservation du ton fondamental, c’est-à-dire consonnance; mais le plus souvent cela n'arrivera pas ainsi; alors, dans cet assem- (62) blage de quatre notes, trois prises à part correspondront à un ton fondamental, et l’accord formé par deux d’entre . elles et la quatrième appartliendra à un autre ton fonda- mental : l'unité sera rompue, et il y aura dissonnance. Or si la dissonnance par elle-même est insupporta- ble à l'oreille par la fausse situation dans laquelle elle la place, elle devient tolérable et même flatteuse quand elle est employée à passer d’un ton fondamental à un autre. Alors précisément la duplication de son ton fondamental, la rend propre, sans perdre la suite et le motif de la mélodie, à faire succéder par l'addition d’une nole à un accord qui accusait un lon fondamental déterminé, un autre accord qui, sans abandonner tout à fait ce ton fondamental, en appelle en même temps un second dans lequel, par la sup- pression où le mouvement d’une autre note, il vient se résoudre tout à fait. » Arrivée là, la question des marches harmoniques devient vraiment une question de nombre, etiln'est pas étonnant que M. De Robiano en ait tiré bon parti pour expliquer les successions d’accord et les résolutions des mouvements harmoniques employés par la pratique. Nous renverrons pour ces détails à son écrit même , où ils ne sont d’ailleurs que dessinés. » Nous ne pouvons cependant passer sous silence quel- ques idées justes et ingénieuses qui nous ont frappé. Tout le monde connaît la teinte mélancolique et la richesse des modulations el des mélodies en mode mineur :or M. De Robiano observe que l’accord parfait mineur appartient à deux échelles d'harmonie différentes; ainsi, quoique con- sonnance , il appelle deux toniques fondamentales distinc- tes; de là, à coup sûr, un champ bien plus vaste pour l'har- moniste, puisque les ressources de modulation et de passage “oi né “à EG eo roc nn mn Mn 2 cn à mue ( 68 ) sont doublées ; de là aussi, suivant M. De Robiano, cette incertitude dans le ton, source de modulations plaintives et douteuses qui finit par affecter l'âme et la disposer à l’extase ou à la mélancolie. Nous ne saurions dire que là se trouve le mot de l'énigme; mais il est à penser que l’écri- vain en est bien prés. __» Aïlleurs, en différentiant avec netleté le chant ou la mélodie de l'harmonie, ce qui ressort assez bien de ses principes, M. De Robiano exprime en quelques mots une idée bien juste sur les effets de l'harmonie seule: «Seule, » dit-il, et ne procédant que par de simples accords, » l'harmonie ne produit que de grandeset vagues effusions: » elle répond aux rêveries grandioses et incirconscrites, » préludes ou conclusions diversement senties de silua- » tions d'âme plus ou moins profondes ou légères, drama- » tiques ou simplement sensuelles ou vitales. » Cela est vrai, et j'ai cité ici les paroles de l’auteur, parce qu'il est difficile de mieux rendre cette vérité. » M. de Robiano, outre le mode majeur et mineur, consi- dérés dans l'harmonie et la mélodie ou le chant, a encore traité de ce qu’on appelle le mode mixte. Comme suivant moi ce mode n’exisle pas, el qu’il peut être présenté comme l’entrelacement des deux autres, je n’en parlerai pas ici. » En résumé, l'ouvrage de M. De Robiano présente des considérations nettes et précises sur l'harmonie, sur l’en- trelacement et la succession des accords. Son travail est celui d'un musicien habile et d’un homme d'esprit et de raison, el mon opinion, autant que j'ai pu la former sur l'extrait ci-joint, est que l'ouvrage dont il est tiré sera d'une véritable importance pour ceux qui cultivent la musique non pas en manœuvres, mais en philosophes. » (64) Après la lecture de ce rapport, l'académie décide que des remerciments seront adressés à M. l’abbé, comte De Robiano, pour son intéressante commanication. PALÉONTOLOGIE, M. D'Omalius d'Halloy présente le rapport qui suit sur une lettre adressée à l'académie par M. Biver, docteur en médecine, demeurant actuellement à Bruxelles, concernant des fossiles trouvés dans le. Luxembourg. (Commissaires MM. D'Omalius et Cauchy.) « L'auteur annonce qu'étant au mois de juin dernier aux environs d’Ettelbrück, dans le Luxembourg, contrée qu'il habitait alors, il rencontra des ouvriers qui venaient de recueillir une matière blanche, friable, qu'ils avaient prise pour du gypse, mais qu’il reconnu bientôt être de ivoire fossile. M. Biver se fit conduire au lieu où l’on avait trouvée celte malière, eLil vit encore les restes d’une défense d'éléphant, qui, d’après le rapport des ouvriers, devait avoir plus de deux mètres de long. M. Biver pensant que cette défense ne devait pas avoir été seule, fit exécuter des fouilles, et trouva une seconde défense placée à douze décimètres de la première, disposée parallèlement à celle-ci et ayant de même la convexité de sa courbure vers le haut, d'où M. Biver conclut que quand ces défenses ont été enfouies, elles tenaient encore au corps de l'animal dont, toutefois, il n’a retrouvé aucune trace. Les défenses elles- mêmes étaient tellement friables, qu’elles sont tombées en poussière par le contact de l'air. Elles se trouvaient dans ( 65 la vallée de l’Alzette, enfoncées d'environ deux mètres, dans un dépôt de débris, et à quinze décimétres au-dessus du niveau de la rivière. » La découverte de M. Biver étant la premiére preuve pa- léontologique, du moins de notre connaissance, apportée à l’appui de l'existence du terrain diluvien dans le Luxem- bourg, mérite d'être consignée dans les fastes de la science, et nous avons en conséquence l'honneur de proposer à l'a- cadémie de remercier l’auteur de son intéressante com- municalion. » TEMPÉRATURE DE LA TERRE. MM. Crahay et Quetelet font ensuite leur rapport sur une seconde note communiquée à l'académie par M. le D: Biver, sur la température de la terre à de grandes pro- fondeurs. Ces expériences ont été faites dans le Luxem- bourg , et bien qu'elles ne présentent pas toutes les garan- Les nécessaires, cependant les commissaires ont pensé qu’il pouvait être utile de les publier, parce que ce sont les premières, à leur connaissance, qui aient été faites dans celte partie du royaume, el qu'il serait à désirer qu’on les répétât. Voici la partie de la note qui se rapporte à ces expériences. «Un tube coupé à la hauteur de 15 degrés cenligrades fut introduit dans un autre plus large, fermé en haut par une plaque en cuivre; il fut fortement mastiqué au-dessus de la boule contenant le mercure; le tout appliqué à une échelle centigrade en concordance parfaite avec un second thermomètre ordinaire, mais capillaire comme le premier ; ( 66 ) la boule du thermomètre à déversement est placée dans un cylindre en cuivre ouvert en bas et en haut, de manière à permettre le contact immédiat de l’eau, et à le garantir de tout choc. : » Sur le tube coupé se trouve un petit morceau de hiége appliqué à plat, et maintenu en place par un ressort en spirale fixé à la plaque supérieure du tube extérieur. » Muni de ces instruments, je me suis rendu au forage de Cessingen, le dimanche 10 juin 1838 , à 8 heures du ma- tin , accompagné du docteur Théodore Würth et du sieur Lion , opticien. » Les travaux du forage élaient en repos, el tous les instru- ments retirés depuis six heures du matin ; l’eau avait repris toute sa limpidité. » Le forage, commencé dans le terrain liassique, à 313 mé- tres au-dessus du niveau de la mer, selon MM. Sfeininger et de Dechen , est plein d’eau jusqu’à cinq mètres au- dessous du niveau du sol. » En présence du chef mineur Kind , nous commencàmes à prendre le degré de la lemipéralure de l'air ambiant, + 11°, et celui de l’eau à la surface du puits, + 95°. » Ayant calculé l'augmentation de la chaleur à raison d'un degré pour 31 métres de profondeur, d’après le dernier rapport de M. Walferding, sur les expériences faites à l'école militaire de Paris, je crus devoir faire des- cendre mon thermomètre à la profondeur de 180 mètres, dans les marnes verles, sous le grès de Luxembourg, pour obtenir un commencement de déversement; le ther- momètre , bien fixé dans la cloche à reprises, fut descendu à l’aide de la corde qui contient la cloche à soupape : ar- rivé à 180 mètres de profondeur je le laissai séjourner pen- dant 10 minutes, au bout desquelles il fut relevé; il était ( 67 ) 9 heures 15 minutes, mais quel fut notre étonnement lorsque, ayant plongé le thermomètre à déversement avec le thermomètre étalon dans de l’eau à + 11° celui à dé- versement, qui auparavant marchait d'accord avec l’autre, ne monta plus que de 4°, donnant par conséquent + 22°, ou 1 degré pour 14 mètres de profondeur. » Le thermomètre fut fixé une seconde fois de la même manière et descendu à 230 mètres, dans les gypses des marnes du Keuper ; aprés un séjour de 10 minutes il fut relevé , et présenta, plongé avec le thermomètre étalon dans de l’eau à + 20°, une différence de 20 à 9 degrés, par conséquent 11 degrés en plus ; décomptant des 11 degrés les 7 de la première expérience , il me resta # degrés pour 50 mètres de profondeur , ou un degré par 12 1/2 mètres, moyenne tolale un degré par 13 2/3 mètres. » Le thermomètre fut fixé une troisième fois et descendu à 280 mètres, dans le calcaire marneux du Keuper, je le laissai séjourner 10 minutes dans une saumure de 1/2 0, ; au bout de ce temps il fut retiré et plongé dans de l’eau à + 18 degrés; cetle fois il donna une augmentalion de tempéralnre de 8°,75 pour les 50 mètres, ou un degré pour 13, 5/13 mètres. » Le thermomètre fut descendu une quatrième fois et parvint au fond du puits daus lequel il se trouvait encore de la vase, et il marqua, après le même laps de temps, + 10° dans de l’eau à + 30°; cette fois on opérait sur 57 mètres en plus, ou une profondeur totale de 337 mètres, dans les marnes saliféres avec saumure de 2 1/4 °4,, dans une masse de gypses anhydres ; la différence fut par conséquent de 20 degrés d'avec le thermomètre étalon, lesquels 20 degrés ajoutés aux 15 du point déversement, donnent 35° pour la profondeur totale de 337 mètres! Tom. vu. 6 (68, ) où 5,75 degrés pour 57 mêtres; moyenne générale environ un degré pour 13 mètres de profondeur. . » Ce qui me frappa le plus, ce fut la progression | constante d'environ 4 degrés, par 50 mètres de profon- deur. » L'expérience achevée, je vérifiai de nouveau mon ther- momètre à déversement , en le plongeant avec l'étalon dans de l’eau à + 35°, el le mercure monta jusle au point du déversement. » Ce résultat, si peu en harmonie avec les observations faites par les savants, nous a fort surpris, et je me suis résolu à tenter de nouvelles expérience en présence. de M. Welter, qui avait annoncé son arrivée prochaine. » Je conclus que le terrain anhydre ne recevant l’eau - que par l'ouverture du puits même, cetle eau plus froide n'avait pas le degré réel du sol à cause des courants; que la progression à peu près égale ne se trouvait dépassée que dans la vase du fond, laquelle, à cause qu'elle est moins accessible aux courants, se rapproche davantage de la chaleur réelle, sans qu'on puisse en tirer la conséquence qu’il y a progression plus forte sur ce point. » J'attribuai enfin cette grande différence de la chaleur dans le puits de Cessingen , à la nature du terrain beaucoup plus ancien que celui de Paris, duquel il est séparé par tout le groupe des terrains jurassiques, et à sa qualité complétement anhydre. , » Deuxième expérience. — Le quinze juillet 1838, en présence de MM. Welter, chimiste à Paris, T. Wäürth, docteur en médecine, Lion, opticien et mécanicien, Hel- denstein , pharmacien , Kœæmpff, orfèvre mécanicien, Fis- « cher-Garnier, agent comptable de la société de recher- ches, tous de Luxembourg, et du chef mineur Kind, je fis | Ë sn mt io Done dt 0 don de bases a! TL MS fée (69 ) descendre au fond du puits de Cessingen, parvenu à une profondeur de 343 mètres, deux thermomètres à déver- sement attachés tous deux dans la cloche à reprises; les deux thermomètres étaient construits comme suit : le pre- mier élait le même qui avait servi à la première expé- rience , le sieur Lion lui avait rendu son mercure; le second était également coupé à + 15 degrés, mais ouvert et sans être comme le premier enfermé dans un cylindre; à la demande de M. Welier, ils furent descendus tout d’un coup jusqu’au fond. x » Après avoir séjourné pendant 20 minutes au fond du puits , ils furent relevés; le premier marquait + 33, et le thermomètre ouvert ne marquail que + 25° 1/2, dix de moins que le résultat de la première expérience, et 7 1/2 de moins que le thermomètre n° 1. » La différence de ce résultat nous a fait faire les ques- tions suivantes : Pourquoi, avecune profondeur plus grande, le premier thermomètre a-t-il donné 2 degrés de moins ? Pourquoi le second thermomètre a-1-il donné un résultat différent de 7 1/2 degrés du premier ? » La première question me semblait devoir être résolue comme suil : » Lors de la première expérience, le puits foré n'avait re- posé que quelques heures, et la vase ( ou les matières broyées ) n'avait pas été retirée , de façon que le thermo- mètre plongé dans une vase, où il ne pouvait y avoir de circulation de la colonne d’eau , avait conservé un degré de chaleur plus élevé et plus rapproché de la chaleur na- turelle à ce Lerrain et à cette profondeur. » Lors de la seconde expérience , le forage avait cessé de- puis plusieurs semaines, et le puits nettoyé avec le plus grand soin pour y descendre une série de tubes en tôle (RE était, jusqu'a 337 mètres. comblé d'éboulements , de sorte que la circulation de haut en bas et de bas en haut de la colonne d’eau, n’élail empêchée par ancun obstacle à celte profondeur. » Cette explication me semble prendre quelque force dans le résultat de la précédente expérience, dans laquelle 50 mé- tres ont toujours donné régulièrement une augmentalion d'environ 4 degrés, tandis que les 57 derniers ont donné un progrès subit plus considérable. D'après cetle observalion, les deux expériences peuvenL être regardées comme iden- liques. » L’explication donnée ie la différence observée entre les deux thermomètres est plus difficile , et diverses opinions ont été soulevées par les personnes présentes ; presque loutes révoquérent en doule l'existence d’une chaleur quelconque plus élevée au fond du puits ; pour elles la pression exercée par une colonne d’eau Ge 337 mètres étail tout. » Pour moi celle pensée ne pouvait avoir aucune valeur, el le chef mineur Kind, qui, comme moi, avait souvent observé les ouvriers se chauffant les mains avec la vase re- tirée de la cloche à soupape, avait eu mainte occasion de se convaincre matéricllement de l'existence d’une chaleur plus développée. Voici , après plusieurs recherches el mé- ditations , l’explicalion à laquelle je me suis arrêté, en at- tendant une nouvelleexpérience , qui sera lentée avec trois thermomètres , dont le troisième, à déversement comme les deux précédents , sera enliérement introduit daus un cy- lindre de verre herméliquement fermé aux deux extré- milés. » La pression exercée sur le thermomètre ouvert était égale sur tous les points de la surface, tant intérieure qu'extérieure, tandis que la pression exercée sur le ther- (71) momètre qui avait servi à la première expérience, n'avait eu lieu que sur la boule renfermant le mercure. Or quelle est la pression exercée sur cette boule? La différence d’en- viron 8 degrés semble l'indiquer, mais elle me parut ex- cessive, et je ne pus croire le verre capable de céder à ce point sans se briser sur un point d'une surface toujours plus ou moins inégale, et surtout pas complétement sphé- rique. D'un autre côté, le mercure contenu dans le thermomètre ouvert pouvait-il être comprimé de, toute celle différence ? Non, car il n’est compressible que de 1/4000000 , dès lors la cause de cette différence dut être expliquée différemment; je le fis comme suit : » Le mercure, si peu compressible , est susceptible d’une dilatabilité très-grande. » Or le mercure contenu dans la boule et dans le tube du thermomètre n° 2, est sous une pression de 337 mètres d’eau sur la colonne même , et sur le restant de la surface qu'il présente, la pression est la même , moins la résistance opposée par le verre sur lequel la pression est nulle, étant contrebalancée sur tous les points ; eh bien, cette pression d’une colonne d’eau de 337 mètres représente une force capable d'empêcher la dilatabilité du mercure, force égale à 7 1/2 degrés; mais la différence produite par la pression exercée sur la boule du thermomètre n° 1 me paraît être très-faible, et j'en laisse l'appréciation aux sa- vants. » Il résulte de ce qui précède, qne mon raisonnement différe de celui des personnes présentes , de toute la diffé- rence qui sépare la compressibilité d’avec la dilatabilité du mercure. » Quelle est la force nécessaire pour comprimer le mer- eure à l'état ordinaire ? Comment peut-on la faire agir ? (72) » Quelle est la force requise pour s'opposer à la dilata- bilité du mercure dans le même état ? Cette force est-elle la même, ou, sinon, en quoi consiste la différence ? » Toute dilatabilité peut-elle être vaincue jusqu'à l’ex- plosion ? s ÿ » Voilà trois problèmes dont s'emparera sans doute quelque physicien. » Des remercîiments seront adressés à M. le docteur Biver , pour ses deux communications. ANATOMIE. MM. Cantraine et Martens font le rapport suivant sur le mémoire concernant les fonctions du corps thyroïde, pré- senté par M. Fossion à la séance du 7 décembre dernier. « Les recherches auxquelles s’est livré le D' Fossion sur. les fonctions du corps thyroïde, de la rate, du thymus et des capsules surrénales nous paraissent mériter une atten- lion spéciale, par le secours qu’elles doivent fournir aux physiologistes pour expliquer plusieurs phénomènes dans l'économie animale. Elles sont aussi d’un grand intérêt dans l’art de guérir. L'auteur cesse de considérer ces corps comme étant des glandes, soit agglomérées, soit con- globées ; ils sont, selon lui, formés d’un tissu parenchyma- teux d’une densité variable, ce qui est conforme aux- observations que Desault, Ribes et Andral ont faites sur la rate. Il considère ces corps comme des organes en quelque sorte supplémentaires ou accessoires, destinés à dériver Ve sang de divers viscères importants pendant les intervalles de repos auxquels ils sont soumis dans l'exercice Eee (73) SE SEA de leurs fonctions. « Il est en physiologie, dit l’auteur, une loi qui ne souffre aucune exceplion, c'est que tous les organes de l’économie animale, pendant qu'ils remplis- sent les fonctions qui leur sont dévolues , consomment une quantité de sang plus considérable que dans les périodes de repos, qui, si l'on en juge par la généralité de leur existence, semblent nécessaires à tout ce qui vit. Les ar- tères des viscères ne pouvant changer d'équilibre d’un moment à l’autre, auraient dû recevoir dans tous Îles instants la même colonne de sang, si la nature, pour exécu- ter le plan qu’elle s’est tracé, n’avait annexé aux viscères soumis à de longues alternatives d'action et de repos , des organes parenchymaleux destinés à détourner par leurs artères la partie du sang en plus que ces viscères appellent pendant leurs stimulations fonctionnelles. » Gette opinion avait déjà été émise en partie pour la rate; mais M. Fossion a, à ce qu’il paraît, le mérite d’être le premier à la généra- liser, à l’étendre au corps thyroïde, au thymus et aux capsules surrénales, et surtout de l’appuyer d’une foule de considérations exposées avec clarté et précision. Il trouve des indices en faveur de sa manière de voir dans le nombre et la forme des organes dont il est question , dans la grande quantité de sang qu'ils reçoivent et la disposition des vaisseaux sanguins qui s’y rendent , dans la marche que suit leur développement aux diverses époques de la vie, dans les résultats qui ont été la suite de l’extirpation de la rate chez les animaux vivants , enfin dans le mode de struc- ture de ces corps. » Nous ne pouvons mieux faire, pour donner une idée exacte du travail de l’auteur, que de reproduire ici le résumé qui termine son mémoire. « Le thymus est un organe annexé aux poumons, qui (442 sont inaclifs chez le fœtus, pour absorber uge certaine quantité de sang, et préparer ainsi à la naissance le déve- loppement des poumons, qui n'auraient pas trouvé dans la masse sanguine de quoi pourvoir au surcroît de subsis- tance qu’entraîne nécessairement leur entrée en fonc- tion. | _ » Chez le fœtus, l'urine n’est pas sécrétée. Elle le sera, aprés la naissance, sans interruption pendant toute la vie. Une partie du sang qui plus tard devra se porter aux reins, est distribuée pendant la vie fœtale aux capsules surré- nales. » Cela est fondé sur les raisons suivantes : » 1° Parce que, comme les poumons, les deux portions du thymus sont dissemblables , qu'il y a deux reins et deux- capsules surrénales ; » 2° Parce que les poumons et les reins sont lesseuls vis- cères qui, étant dans l’aîtente de l'acte chez le fœtus, auront des fonctions qui s’exécuteront sans interruplion pendant toute la vie, et que le thymus et les capsules surrénales commencent à se flétrir et à se désorganiser à la nais- sance, moment de l'entrée en fonetion des poumons et des reins ; » 3° Que les poumons et les reins n’ont pas besoin , pen- dant la vie fœtale, d'une quantité de sang aussi considé- rable que celle qui leur sera nécessaire après la naissance. » Le corps thyroïde sert à la vie fœtale et à la vie extra- utérine. Pendant la vie fœtale le corps thyroïde doil attirer une partie du sang qui, lorsque l'enfant aura vu le jour, se portera au cerveau pour l'exécution de ses fonctions. » Après la naissance , la thyroïde est nécessaire à l'encé- phale, pour détourner dans sa substance le sang, qui est ., da a ( 75 ) inutile à ce viscère dans son état de repos et indispensable dans son état d'action. » Et ce pour les raisons suivantes : » 1° Parce que, comme le cerveau, le corps thyroïde est formé de deux porlions symétriques ; » 2° Parce que la thyroïde reçoit ses artères des troncs qui vont distribuer le sang au cerveau; » 3° Parce que le cerveau étant inactif chez le fœtus a des fonctions intermittentes après la naissance, et que la thyroïde persiste aussi longtemps que ce viscère ; » 4° Parce que, pour son action, le cerveau consomme une quantité fort considérable de sang, qui n’y aborderait pas impunément dans son élat de repos ou pendant la vie fœtale. » La rate allire à soi, pendant le repos de l'estomac, une partie du sang que ce dernier viscère doit nécessairement absorber en plus pour la sécrétion du suc gastrique pen- dant la digestion. » Cela est fondé sur les motifs qui suivent : » 1° Que, comme l'estomac, la rate est un organe umi- que. irrégulier dans sa forme ; » 2° Que la rate et l'estomac reçoivent leurs artères d’un même tronc ; » 8° Que le foie atlire à soi pendant la vie fœtale la plus grande partie du sang de la cœliaque , et rend inutile l’exis- tence de la rate, quise trouve à l’état rudimentaire chez le fœtus. » 4° Que l'estomac a des fonctions intermittentes après la naissance, el que la rale persiste aussi longtemps que ce viscére, » 5° Que l'estomac consomme une quantité fort considé- - ( 76 ) rable de sang, qui n’y aborderait pas impunément dans son état de repos ou pendant la vie fœtale. » 6° Parce que chez les animaux lués un certain temps après l’extirpation de la rate, on a trouvé le foie hypertro- phié ou la bile plus épaisse, ce qui annonce le transport au foie du sang, qui n'allait plus à la rate. Conclusion générale. » 1° Tous les viscères inactifs chez le fœtus étant accom- pagnés d'organes spongieux ; » 2° Le cœur et le foie, qui sont les seuls organes qui, à cet âge, ont des fonctions continues , n’en possédant pas; _» 8° Deux de ces viscéres chargés, après la naissance, de fonctions qui se continueront sans interruption pendant toule la vie, perdant leurs organes spongieux, au moment de leur entrée en fonction; » 4° Les deux autres, qui sont soumis à des alternatives assez longues d'action et de repos, les conservant; » 5° Les organes en action consommant une quantité plus considérable de sang que ceux qui sont dans l'inac- tivité, on doit en conclure que le corps thyroïde, la rate, le thymus, les capsules surrénales, sont des organes dérivateurs du sang. » » Le mémoire dont nous venons de donner une courte analyse n’est qu'un prélude à un travail plus étendu que l’auteur se propose de publier sur cette matière, et pour lequel il a besoin encore de se livrer à beaucoup de recher- ches anatomiques. L'intérêt et l'importance qu'un pareil travail ne peut manquer d'offrir, nous engagent à proposer à l'académie de vouloir bien inviter l’auteur à poursuivre "TE IIS T7 | | | | (77) ses recherches et à le remercier en même temps de l'inté- ressante communication qu’il nous a soumise. » Par suite de ce rapport, l'académie décide que des re- merciments seront adressés à M. Fossion. LECTURES ET COMMUNICATIONS. TEMPÉRATURE DE LA TERRE. Notice sur l'infériorité de la température des galeries souterraines de la montagne de St-Pierre, près de Maestricht, par rapport a la température moyenne de l'atmosphère , par J.-G. Crahay , membre de l'académie. Dans mon mémoire sur la météorologie, qui a été inséré au tome X des Nouveaux Mémoires de l’académie, jairap- porté lés observations thermométriques que j'ai faites dans la montagne de St-Pierre, près de Maestricht ; leurs résul- tais, qui sont assez bien d'accord avec ceux obtenus dans la même carrière par Van Swinden, en 1782et 1792, m'ont conduit à la conclusion que la température de ces galeries souterraines est inférieure d'environ 1 # degré à la tempé- ralure moyenne de l'atmosphère du dehors, dans la même localité (1). J'ai demandé dans mon mémoire s’il ne fallait (1) Van Swinden, ainsi que Faujas-Saint-Fond firent déjà la remarque que la température du soutérrain de St-Pierre était inférieure de (23 R ) (78 ) pas attribuer cette différence en moins au refroidissement causé par l'évaporation continuelle qui a lieu sur les parois des galeries : « L'eau du terrain supérieur , ai-je ajouté, » filtrant à travers la masse poreuse de la pierre, se réduit » en vapeur dans les galeries, et en maintient constam- » ment l'air à un point voisin de l'humidité extrême, ainsi » que me l’a prouvé l'hygromètre à cheveu, qui y mar- » quait 989,9, La dissipation de cette vapeur au dehors, » par les nombreuses ouvertures par lesquelles le souter- » rain est en communication avec l’espace libre , déter- » mine une évaporalion non interrompue. Bien que cette » évaporalion soit lente, comme elle est continuelle , elle » suffit peut-être pour rendre raison de la différence qu'il v » a entre la température du souterrain et celle à la sur- » face du sol, » Le nouveau dictionnaire de physique de Gehler fait men- tion de ces observations, à l’article Température , tome9, page 291, en rapportant celles faites par M. Quetelet, à Bruxelles, à diverses profondeurs sous le sol, en 1834, 1855 el 1836, et où l’on remarque qu'à 0,58 pied de pro- fondeur , la température moyenne, conclue du maximum et du minimum , est moindre que celle qui règne soit au-dessus de la surface du sol, soit à de plus grandes pro- fondeurs. L'auteur de l’article cilé du dictionnaire ajoute: « Il est remarquable que M. Crahay trouva pareillement , » dans les grolles de la montagne de St.-Pierre, prés de » Maestricht, une température inférieure à celle moyenne U 3012 c., à celle des caves de l’observatoire de Paris , laquelle est cons- tanment de 11982, tandis que la température moyenne de Paris est de 109,8, | (79) » de l'air dans cette contrée. » Aprés avoir donné le détail de mes obsersalions, l’auteur continue: «M. Crahay trouve » la cause principale de celte anomalie dans la forte éva- » poration de l'humidité qui afflue dans ces Heux ; mais », comme la vapeur qui s'y forme n’est pas entraînée par » un courant d'air, l'équilibre devrait être bientôt réta- » bli. Il me semble » poursuit l'anteur « que la cause » doit en être attribuée à ce que l'air froid entre dans ces » cavilés souterraines, en y descendant par son excés de » pesanteur spécifique , tandis que l’air chaud , plus léger, » en sort, mais n'y redescend pas. » Ou voit clairement d’après ce passage, que l’auteur de l'article Température a une idée erronée sur la dis- position des souterrains de la montagne de St.-Pierre ; il se figure que les ouvertures par lesquelles ils communi- quent avec le dehors sont des puits, comme dans la plu- part des carrières, Landis que dans celles de la montagne de S'-Pierre il n’y a pas de puits d'extraction; toutes les entrées sont praliquées dans les flancs de la montague, sur les deux revers ; elles sont de plein-pied avec le sol des galeries, qui est partout à peu près de niveau , de sorte que les charrettes attelées de chevaux entrent dans les sou- terrains avec la plus grande facilité, et peuvent les par- courir dans toute leur étendue. D'après cela, il ne peut pas être question d'air froid entrant par son excès de den- silé, ni d'air chaud qui sort et ne peut redescendre. Par conséquent, l'explicalion que donne l'auteur de l'ar- ticle du dictionnaire ne s'applique pas au cas présent , et il faut en chercher une autre. Je suis toujours d'opinion que la cause de cette moindre lempéralure des galeries se trouve, du moins en parie, dans l'évaporalion continuelle de l'eau qui se propage à ( 80 ) travers la roche, dont la contexture est extrêmement po- ‘reuse ; indépendamment des eaux de pluie qui entrent quelquefois dans la carrière en quantité telle, que certaines galeries en sont inondées (1). Quoiqu'il n'y ait pas de courant d’air perceptible dans les galeries éloignées des issues, il n’en est pas de même dans celles qui en sont rapprochées : dans ces dernières, on observe un mouvement d'air qui est d'autant plus fort qu’on est plus près du jour. Dans tous les cas, la théorie des vapeurs montre que, lorsque dans deux espaces qui communiquent ensemble , il y a des vapeurs à des degrés différents de saturation, la température élant la même, il s'établit un passage de vapeur de l’espace qui en contient plus dans celui qui en a moins , et en d'autant plus grande quantité que la différence entre les degrés de saturation est plus grande. Or, l’intérieur de la montagne étant main- tenu constamment trés-près de l'humidité extrême par les (1) Ces eaux pénètrent dans la montagne par quelques entrées de galeries, mais surtout par plusieurs de ces puits ou tuyaux naturels, propres aux formations crayeuses, et dont la montagne de St-Pierre offre un très-grand nombre de toutes les dimensions , depuis un décimè- tre jusqu’à deux mètres et au delà, de diamètre. Ces tuyaux, qui se prolongent à des profondeurs inconnues, aboutissent vers le haut à la surface de la roche, et sont remplis de cailloux roulés et de terre dont une couche de plusieurs mètres de puissance recouvre le tuffeau. Ces substances, peu cohérentes, s’éboulent de la plupart des tuyaux qui sont traversés par les galeries , et se répandent dans celles-ci jusqu’à ce que le sommet du tas conique qu’elles y forment ait atteint la voûte, et empêche de descendre ce qui était resté dans le tuyau. Par cet ébou- lement , le terrain supérieur s’affaisse, et laisse un creux plus ou moins large, en forme d’entonnoir, qui rassemble les eaux pluviales et les conduit dans la carrière à travers le gravier qui continue à obstruer le tuyau. san me RTS nr dut ds ) (81) eaux d'infiltration , landis que l'air libre est rarement à ce poinL, il en résulte qu'à égalité de température, les gale- ries enverront continuellement des vapeurs au dehors par les ouvertures distribuées sur un grand uombre de points; et le refroidissement qui en sera la conséquence se pro- pagera partout dans l'intérieur du souterrain ; car, à cause de la faible conductibilité pour la chaleur dont est douée la roche poreuse, l'équilibre de température ne pourra guère se rétablir par la chaleur transmise à travers le massif. Lorsque, en hiver , la température du dehors est inférieure a celle des galeries, la sortie des vapeurs en sera favorisée ; aussi est-elle considérable alors et se montre-t-elle au loin pendant les grands froids, sous forme d’une fumée abon- dante qui sort des ouvertures. En été, au contraire, il pourra se faire que l'air du dehors, lors même qu'il serait plus éloigné du point de saluration que celui du souter- rain, conlin!t néanmoins , à l’état de vapeur, une quantité absolue d’eau plus grande que ce dernier, de sorte que si la température de l'air du dehors était abaissée à celle du souterrain, une partie de sa vapeur se précipitât. Dans ce cas, les galeries n’enverraient point de leur humidité au dehors, elles en recevraient au contraire. Mais il est une circonstance qui doit beaucoup diminuer l'action échauf- fante de ce flux en sens contraire, sinon l’emporter sur elle, Elle consiste en ce que pendant les chaleurs de l'été un courant d'air très-marqué sort des galeries, en rasant la Lerre, el se fait apercevoir, à des distances très-notables des issues , par sa fraîcheur, son humidité, et par l'odeur propre à la caverne. La sortie de cet air me semble occa- sionnée par son excès de densité sur l'air du dehors, et elle doit être beaucoup favorisée par la disposition des ouver- tures des galeries sur les pentes de la montagne, ce qui (82 ) permel à l'air de descendre dans les vallées. La température du dehors , en pénétrant plus ou moins dans les galeries, à travers les ouvertures, dilate aussi l’air qui s’y trouve, et fait qu'une partie s'en répand dans l'atmosphère: D'après cela, il est à croire que, même au plus chand de l'été,une parlie des vapeurs de l’intérieur est encore entrainée au dehors. Aussi résulte-t-il de nos observations que, par toutes les causes d’échauffement qui agissent en été, la température de l'air des galeries, dans les profondeurs de la montagne , n'excède alors que de 0°,4 celle qui y règne en hiver. Examinons dans quelles circonstances météorologiques le souterrain peut recevoir des vapeurs du dehors. L'atmosphère, dans son état moyen, pendant les mois les plus chauds, contient une quantilé absolue de vapeur d’eau moindre que celle comprise dans l'air de la mon- tagne. En effet, nous pouvons admeltre que l’état hvgro- métrique de l'atmosphère, à Maestricht, est sensiblement le même qu’à Paris; or, Bouvard a trouvé, d’après onze années d'observations faites dans cette dernière ville, que le degré moyen de l’hygromètre de Saussure, pris sur les quatre époques du jour, savoir : 9 heures du malin, midi, 3 heures et 9 heures du soir, pendant les mois de mai, juin, juillet et août, est de 69°,13 ; et la température moyenne, déduite de ces mêmes époques, et durant les mêmes quatre mois, est de 19°,1 du thermomètre centésimal. Avec ces données, el en faisant usage des tables hygrométriques de Gay-Lussac , on trouve que, dans les circonstances posées, la tension de la vapeur d’eau n’est que 7,57; landis qu’à l'état de saturation, à la température de 19,1, sa tension serait de 16%,39, — Supposons maintenant que l'air, chargé de vapeur à 69°,13 de l'hygromètre et à la ( 83 ) température de 1%,1, vienne à se refroidir jusqu'a 8,7, température de la carrière, ses vapeurs s’approcheront de l'état de saturalion, mais ne l’atteindront pas ; car à 8°,7 correspond une tension maximum de 8,75 ; ainsi les vapeurs dans Pair refroidi n’arriveront qu’à ee — 0,865 de la tension maximum qui correspond à la saturation ; elles ne feront marcher l’hygromètre que jusqu’à 939,8. Ainsi, non-seulement rien de cette vapeur ne se précipi- tera en entrant dans la carrière, mais au contraire , comme dans celle-ci l’hygromètre est à 98°,9, l'air venant du de- hors sera comparalivement sec, enlèvera des vapeurs à celui de la carrière, et y déterminera une nouvelle éva- poralion correspondante à une tension de gmm 7] — 7mm 57 — {um 18 (1). La moyenne pour les huit autres mois de l'année, dé- duite des quatre époques du jour mentionnées, s'élève à 79,9 de l’hygromètre à cheveu , et à 8°,94 de température. De là les tables de Gay-Lussac conduisent à 5"M,42 pour la tension moyenne de la vapeur à l’air libre pendant ce temps. Celte tension est inférieure de 3,29 à celle 8mm, 71 dans la carrière; différence plus grande encore que pendant les quatre mois chauds. La théorie de l'hygrométrie, et toujours en se basant sur les tables de Gay-Lussac, conduit à la conclusion que pour que, durant les quatre mois chauds, c’est-à-dire quand la température est de 19°,1 , l'air du dehors laisse précipiter (1) L’hygromètre, dans la montagne, étant supposé à 980,9 , la tension correspondante de la vapeur est de 8mm,71, c’est-à-dire un peu moins qu’à la saturation pour laquelle elle serait de 8mm,76, Tom. vur. 7 (84) de la vapeur en se refroidissant jusqu’à la température des galeries, il faut que l'hygromètre à cheveu y marque aw dela de 75°,7; et pour que cela arrive durant les 8 autres mois, c'est-à-dire quand la température est à 8°,94, l'hy- gromètre doit avoir dépassé les 98°,5. Il résulte de tous ces détails que, dans les circonstances moyennes de température et de degré de saturation, l'air extérieur contient une quantité absolue de vapeur d’eau moindre que l'air de la carrière , par conséquent que, dans cet élat de choses, les vapeurs de celle-ci tendent à se ré- pandre au dehors. En regardant l’évaporation comme une cause de l’abais- sement de la température du souterrain au-dessous de celle qui règne moyennement dans l'atmosphère, je n’ai pas prétendu qu’elle fût seule à produire cet effet; au con- traire, j'ai ajouté dans mon mémoire : « S'il est incontes- » table qu'un refroidissement doive être le résultat de » l’évaporation qui a lieu dans les galeries , je ne voudrais » pas assurer que la différence de leur température d'avec » celle du dehors fül due uniquement à cette cause, et » qu’une autre n’y concourût jusqu’à un cerlain point, » savoir celle encore imparfaitement connue qui produit » et qui maintient dans quelques grottes un abaïssement » notable de température, même jusqu'a y faire congeler » l’eau et la conserver à l'état de glace pendant l’année » enlière. » Les différentes explications qui ont été données jusqu'ici du phénomène des glacières naturelles, me semblent insuf- fisantes ; les unes sont basées sur des hypothèses difficiles à justifier , les autres sont adaptées à des circonstances lo- cales que présentent certaines glacières, et sont en défaut par rapport à d’autres glacières où ces circonstances n’exis- (85 ) tent pas. Les glacières naturelles offrent cependant une particularité qui leur est commune et qui, par cela même, _semble être essentielle; c’est celle d’être creusées dans des roches à contexture poreuse, condition que réalise à un haut degré le tuffeau de la montagne de St-Pierre, La po- rosité influe-t-elle simplement sur la facilité avec laquelle la roche est traversée par les eaux d'infiltration, et avec laquelle elle permet au liquide de s’évaporer dans les ca- vités; ou agit-elle également en modifiant la conductibi- lité pour la chaleur? La nature chimique de la roche y est-elle aussi pour quelque chose ? Ces questions ne sont pas encore résolues. L'influence de la disposition de l'ou- verture par rapport à la direction du vent, paraît être grande, mais ne suffit pas, au moins dans plusieurs cas, pour rendre raison de la conservation durant toute l’an- née de la glace formée pendant le petit nombre de jours de gelée que nous comptons dans nos climats, et moins encore pour expliquer l'accroissement de la glace que l’on assure avoir lieu en été dans quelques glacières. ( 86 ) TEMPÉRATURE DE LA TERRE. M. Quetelet présente les résultats des observations sur la température de la terre à différentes profondeurs, fai- tes à l'observatoire royal de Bruxelles, pendant l’année 1839 (1) : 1° au moyen des thermomètres centigrades à esprit de vin placés au nord, et dont les Liges graduées s'élèvent au-dessus de la surface du sol; 2° au moyen de thermomètres centigrades exposés au midi et accessibles aux rayonssolaires pendant lesdifférentes saisons de l’année. M. Quetelet se réserve de présenter plus tard la discussion de ces dernières observalions, qui ont élé commencées en 1836, dans le but de déterminer les variations diurnes et annuelles de la tempéralure jusqu’à la profondeur d’un mètre. Quant à la première série d'observations, elles com- prennent déjà une période de six années, dont les rois pre- mières ont été discutées d’une manière complète dans le tome X des Nouveaux Mémoires. Le lableau n° 1 qui suit , donne pour 1839 , l'époque et la valeur du maximum el du minimum de température, et la variation annuelle aux profondeurs de 0,19; 0®,45; 0m,75 ; 1M,00; 3,90; 7,80 ; le tableau n° 2 donne les mêmes éléments pour les moyennes des six années qui sont présentées dans le tableau n° 3, avec la correction pour l'inégalité des tem- pératures dans l'étendue des thermomètres (2). (1) Voyez, pour les années précédentes les tomes X, XI et XII des Nouveaux Mémoires , et les Annales de l’ Observatoire royal. (2) Nouveaux Mémoires, tom. X. | | ( 87 ) TABLEAU N° 1. TEMPÉRATURE. EE — — PROFONDEURS. ATEUR nu VAR. ANN Époque. | Valeur. | Époque. | Valeur. m. pes o ô 0,19 8,0 juill.| 15,18 |21,4 janv.| 3,83 11,35 0,45 |195 » 15,19 |28,6 » 4,26 10,93 0,75 285 » 14,93 |21,2 févr.| 5,06 9,87 1,00 9,3 août.| 15,28 | 2,5 mars.| 6,00 9,28 3,90 21,0 octo.| 14,51 |23,8 13e 9,81 4,70 7,80 V19,8 déce.| 12,32 |17,3 juin.| 10,78 1,54 TABLEAU N° 2. TEMPÉRATURE. I PROFONDEURS, MAXIMUM. MINIMUM. VAR. ANN. 2 mm | — Époque. Valeur. Époque. Valeur. 23,7 juill. 31,8 janv.| 2,98 29,1 » 8,9 févr.| 3,78 4,1 août. 20,1 » 4,44 9,5 » 27,2 » 5,95 13,9 octo. 22,1 avril. 9,72 13,6 déce. 18,2 juin.| 11,07 ( 86 ) TABLEAU N° 5. Moyennes de six années d’observations , de 1834 à 1839 inclus. 0,19 | 0v,45 | 0,75 | 4,00 | 5,90 | 7,80 o o Janvier. . .| 3,14 | 4,22 | 6,16 | 6,83 | 11,89 | 12,52 Février, . .| 3,72 | 4,36 | 5,03 | 6,53 | 10,92 | 12,22 MAIS. R cos 4,94 6,24 | , Avril . . .| 6,19 | 6,30 | 6,44 | 7,21 | 9,80 | ‘11,55 Mai. . . . | 10,21 | 10,01 | 9,64 | 9,74 | 9,88 |‘ 11,25 Juin . . . | 14,60 | 14,20 | 13,37 | 13,20 | 10,53 | 11,06 Juillet. . .| 16,02 | 15,86 | 15,38 | 15,36 | 11,64 | 11,16 Août . . .| 16,72 | 15,81 | 15,86 | 16,04 | 13,11 | 11,44 Septembre. . | 13,58 | 14,20 | 14,48 | 15,05 | 13,94 | 11,84 Octobre . . | 11,06 | 11,99 | 12,68 | 13,54 | 14,21 | 12,20 l Novembre. .| 6,94 | 8,02 | 9,12 | 10,42 | 13,91 | 12,50 Décembre. . 5,27 6,20 7,25 8,50 | 13,01 | 12,55 || - Année. . | 9,30 | 9,70 | 10,00 | 19,75 | 11,91 | 11,85 (1) Les nombres donnés ponr ces thermomèétres ne sont que les moyennes de cinq années, ces thermomètres n'ayant été placés qu’au mois de juin 1834. Un autre thermomètre qui avait élé placé en même temps à la profondeur de 1m,95 ayant été cassé au commencement de 1836, nous n’avons pas cru devoir en présenter ici les résultats, qui ont été d’ailleurs publiés dans le tome X des mémoires, Les tableaux de 1839 seront imprimés dans le tome XII. ( 89 ) MÉTÉOROLOGIE. M. Quetelet communique les résumés des observations météorologiques qui ont été faites dans le cours de l’an- née 1839 , par MM. C. Willaert et B. Harra, à Alost, et par M. Duprez à Gand (1). Les résultats de ces observations, rapprochés de ceux obtenus à Bruxelles et à Louvain (voir le Bulletin de la séance précédente), sont donnés en partie dans les tableaux ci-après. On a rendu plus sensibles par une figure, les variations de la pression atmosphérique dans les quatre villes en 1839 , et on y a représenté, de plus, la marche du baro- mètre en 1838. La différence que l’on remarque au mois de septembre 1838 , dans la courbe d’Alost comparée à celles des autres villes ne tiendrait-elle pas au changement de l’observateur ? (C'est au commencement de septembre que M. Willaert a remplacé M. De Staercke au collége d’Alost); nous ajou- terons que la moyenne du moïs d'août n'a été prise que d’après les observations des 15 premiers jours? I n’est pas hors de propos de faire remarquer que, lors- que les baromètres, qui servent aux observations de la pression atmosphérique, auront élé de nouveau comparés avec soin, ces observations, qui sont déjà très-nombreuses, pourront être mises à profit pour déterminer la différence de niveau entre les stations de Louvain, Bruxelles, Alost et Gand. (1) Ces résumés seront publiés dans les Annales de l Observatoire. 1839. Janvier Février Mars Avril . | Mai. qui)" Juin Juillet, Août Septembre Octobre . Novembre Décembre ANNÉE. (1805) HAUTEUR MOYENNE, TEMP, MOYENNE CENT, À midi, du baromètre réduit à 0°.}d'après les max. et min. moy. a — BRUX. | LOUV. | ALOST. | GAND, JBRUX.|LOUV.|ALOST.| GAND. [ mm. | mm. mm, | mm. 755,06|756,39 758,65|758,27 +2,7/+1,9+3,3| +26 758,54/760,29/761,95/761,90! 4,1| 3,0] 4,6! 3,5 754,26/755,99.757,30/757,271 4,9] 4,1] 5,4] 5,0 759,01/760,53/762,31/762,50! 6,4] 6,2! 7,9| 6,7 755,35/756,97|758,61/758,91| 12,5] 12,5] 15,0| 12,9 355,40|757,16,758,61|758,73; 18,5) 17,3] 19,7) 19,3 756,68|758,32|760,02|759,77 757,48/759,17|761,05| 760,83 751,30|753,08|754,27| 754,32 758,19/760,111761,58|761,71 152,83 /754,75|755,57| 756,00 751,49/753,31|754,76 ne 6,8| 8,3| 7,4 ns 9,5| 11,3] 10,4 75,46 CA TE 758,74 : (91) NOMBRE de jours de pluie. mm Ye HAUTEUR de l’eau tombée en millimètres. 1839. LOUV. | ALOST. BRUX.| LOUV.|ALOST.| GAND.|$ BRUX. GAND. ! mm. mm. um. mm. û Janvier. . . } 86,23|100,02|102,65| 86,85] 24 | 23 11 16 | Février. . . } 72,51] 91,13| 62,76| 69,30) 18 | 16 | 12 | 14 |} Mars. . . . | 63,26| 54,77| 32,94) 51,66) 13 | 21 | 11 | 13 Avril . . . | 37,66| 35,54] 32,93] 30,96] 14 | 16 | 9 | 11 Maervrie 7, 22,48| 25,40| 30,84] 33,12] 10 14 | 12 12 || Juin . . . !179,96/269,70/167,26/188,01) 16 | 20 | 15 | 16 | Juillet. . . | 27,57| 39,32| 63,51| 61,83] 16 | 18 | 19 | 20 À Août . . . | 63,31| 55,491102,94] 80,10) 11 18 15 17 Septembre . | 68,87| 68,87| 69,711102,78) 17 | 17 | 18 | 19 Octobre . . | 35,01| 34,17| 33,28| 52,56! 15 | 16 | 7 | 16 Novembre. . | 46,34| 50,10! 55,71] 36,63] 14 | 16 | 11 | 16 Décembre, . À 74,97| 77,55/120,06/101,970 13 | 16 | 14 | 18 Anxée. . |778,17/902,35/875,06|895,770 181 | 211 | 154 | 188 (92) La température moyenne de l’année, à Bruxelles et à Gand, se rapproche assez de la moyenne générale qui est de 10°5 ; mais la moyenne d’Alost est plus élevée de près d'un degré, tandis que celle de Louvain est au contraire inférieure. Les extrêmes de température se rapprochent beaucoup dans les quatre localités, et il est remarquable que les mazxima et les minima se soient présentés respectivement à la même date. DATE DATE du maximum. du minimum. Bruxelles , . |-32,60|— 9/60| 42,2 | Le 18juin. |31 janv.—1er fé. Louvain. . . |+31,45|—10,05| 41,5 Id. Id. Alost . .. . |+33,60|— 8,90| 42,5 Id. 1er février. Gand . ... |-+33,40|— 7,50| 40,9 Id. Id. La quantité de pluie tombée en 1839 surpasse de beau- coup celle tombée l’année précédente. C’est à Louvain qu'il en est tombé le plus, et à Bruxelles le moins. La hauteur de l’eau tombée à Louvain , au mois de juin, est plus élevée de 100 millimètres environ que celle des au- tres villes, et c’est par conséquent ce mois qui contribue presque seul à donner à Louvain le maximum de pluie tombée en 1839. Les nombres de jours de pluie donnés pour Alost et Gand sont probablement trop faibles, car il ne semble pas que l’on y ait joint, comme à Bruxelles et à Louvain, les scie: à de. à Éd (9 ) jours où l’on a recueilli de l'eau provenant de la fonte de la neige ou de la grêle. Dans les deux dernières villes on a distingué le nombre de jours où 4/ est tombé de la pluie, de ceux où l’on a recueilli de l'eau, et ce sont ces derniers qui ont été donnés. La période diurne de-la pression atmosphérique s'est manifestée d’une manière à peu près semblable à Bruxelles et à Louvain; à Gand, elle a été, comme en 1838, un peu différente, tandis qu’à Alost où, en 1838, elle était identiquement la même qu'à Bruxelles, elle s’en éloigne beaucoup cette année; ce qui paraît tenir surtout aux ob- servations des derniers mois. En prenant pour pression moyenne , la pression déduite des observations faites 4 fois par jour, à 9 heures du matin, à midi, à 4 heures et à 9 beures du soir (1) on trouve : BRUXELLES. | LOUVAIN, Pression moyenne . Différence : 9h du mat. Midi 4b du soir. 9h du soir. (1) Les observations de Louvain ne comprennent pas l’observation de 9 heures du soir. On a pris pour pression moyenne celle de midi, dimi- muée de 0%,05, d’après les observations d’Alost el de Bruxelles, (94) Les extrêmes de la pression atmosphérique de même que les maxima et minima de température , se sont présentés à la même époque, sauf à Alost, ou le maximum est tombé le 23 janvier, tandis que dans les autres villes il a eu lieu le 10 février. MAXIMUM. | MINIMUM. DIFFÉR, du maxim. | du minim. mm Bruxelles . | 771,94 Louvain . . | 773,37 Alost. . .. | 774,27 ; Le 23 janv. Gandi 775,17 É Le 10 fév. AURORE BORÉALE, ÉTOILES FILANTES. M. Quetelet fait connaître qu'aux observations de M. Du- prez, se trouvait jointe la note suivante sur les étoiles filantes qui ont été observées à Gand dans la nuit du 2 au 3 janvier dernier, nuit recommandée à l'attention des observateurs pour la fréquence de ce genre de phéno- mènes (1). « Les étoiles filantes ont apparu en plus grand nombre (1) Voyez le Catalogue des principales apparitions d’étoiles filantes, inséré par M, Quetelet dans le tome XI des Mémoires de l'académie, Bulletin de lAcadernre.. 1859. Jévrier: Lome FH Page gs. 5 : s x ES Z See OMR D LORS: à È E É à à 3 E 2 Es Ê È 765 2 & € 5 = = = 2 LS G = D ; -Alpst. Ÿ S ae RE: Tee S | 750 | | 4 4 | PEL Ÿ 7r7 722 de Degcbert & Spelle Tandandacen. Cup ê 58 et 1859, bst et Gand. { 2 4 Age Petites lon fe UT. 0 Bulletin de lArademie. 1838 1859 Lébréer Tome VU Laye 98. — 3 a : = Es $ = + 3 ci =] $ 3 : 2 Er Rep ÿ ÿ 3 à 3 SE S H à È El Fl ÿ 3 à à Du à $ ÿ H El ES RS. NOR Te DOTE EN So RM NMENS t À Es Ë 5 ä £ À ä È É Ê CE ël Ë A é £ à À ë À È É È 7 n Lonvaurr. ( 95 ) qu'a l'ordinaire dans la nuit du 2 au 3 janvier, époque signalée par M. Wartmann comme remarquable par les apparitions de 1835 et de 1838. Je n’ai observé que de 4 à 6 heures du matin, et dans cet intervalle de temps, j'ai complé 50 méléores très-brillants; savoir : 27 de 4 à 5 heures, et 23 de 5 à 6 heures. Ces météores se sont fait remarquer par un parallélisme très-prononcé dans leur direction, car en rapportant celle direction à une ligne parallèle passant par le point d'observation , on trouve les résultats suivants : DULNS aN SN SG Shen he DANET ARSU Tr. 4020.76 De l'ENE à l’OS0. | . . 8 Dee HO xamtant 20 De l'ESE, à l’ONO. 3 Du SE. au NO. 2 Du S. au N. Aid à à Indéterminée . . . . . 2 50 » Quelques-uns, mais en petit nombre, se sont montrés dans les constellations du lion, du petit chien et dans la tête de l'hydre; tous les autres se sont détachés de la partie du ciel occupée par les constellations des gemeaux et du cocher. La direction de ces derniers a présenté une parti- cularité qui tend également à annoncer une origine com- mune à ces méléores, c'est qu'elle était très-inclinée vers la surface de la terre, au point que pour quelques-uns elle paraissait être perpendiculaire au plan de l'horizon. En outre , ils se succédaient à des intervalles de temps plus ou moins considérables, et quelquefois deux météores, avec des directions égales, partaient au même instant d'un même point du ciel. » : ( %6 ) M. Quetelet fait remarquer encore que M. Wartmann, en lui transmettant les détails qui suivent sur divers phé- nomènes météorologiques, lui indique la nuit du 3 jan- vier comme ayant été remarquable par une aurore boréale. Cette singulière coïncidence avec ce que M. Duprez obser- vait vers la même époque, vient à l’appui de ce que : M. Quetelet a dit dans son mémoire concernant les étoiles filantes et leur apparition souvent fréquente aux époques des aurores boréales, pag. 7 de son mémoire sur les étoiles filantes, tom. XI des Mémoires. « Cette même nuit (le 3 janvier), une très-belle aurore boréale a élé vue à Genève, entre 11 heures et minuit; à 11h. 35% elle était dans son plus grand éclat ; le ciel, vers le nord-ouest, élait fortement coloré en rouge, et l’on voyait se détacher sur ce fond des jets de lumière blanche qui parlaient de l’horizon et s’élevaient jusqu’à une hau- teur de 20°. À minuit, le phénomène avait presque entié- rement cessé. » Déjà plus d’une fois j'ai fait voir combien est illu- soire la chute jusqu’à terre des météores connus sous le nom d'étoiles filantes. Voici un nouvel exemple, bien re- marquable et des plus frappants de cette apparence trom- peuse, qu'il me paraît utile d'enregistrer pour éclairer le jugement des nouveaux observateurs. » Le beau météore lumineux qui fut remarqué le 6 juin 1839 à Cambray, à Évreux et à Chambéry (Comptes rendus des séances de l’académie des sciences de Paris, tom. VIIL, pag. 980), a aussi été vu à Genève et à Lau- sanne. Il ne peut y avoir aucun doute sur l'identité de l'apparition, puisqu'elle a été remarquée au même instant physique à Cambray et à Genève, savoir dans le premier lieu vers 9 heures 174 du soir et dans le second à 9 heures ENT OS TT TP I : CE à 2h Rhin tete Le hr à 2e D De SET rte ( 97 ) 34 minutes, c’est-à-dire à un intervalle de 19 minates, qui est justement la différence des méridiens. » À Genève, le 6 juin, le ciel avait été couvert toute la journée, mais il commença à s’éclaircir un peu avant le coucher du soleil, et fut très-pur dés 9 heures du soir. Je me trouvais en plein air, sur la terrasse de l'observatoire, accompagné de sept personnes, lorsqu'une vive lumière blanche, qui éclaira soudainement le sol à 9 heures 34 mi- nutes temps moyen, nous avertit de la venue de ce bril- lant météore, qui fixa aussitôt les regards de tous. C'était un globe sphérique très-lumineux , d’une couleur blanche tirant sur le bleu, qui cheminait non du sud-ouest à l'ouest comme on l’a remarqué à Cambrai, mais qui pa- raissait descendre verticalement à l'horizon , avec assez de lenteur, en se projetant devant la constellation de la ba- lance, qu'on voyait au sud de l'observatoire, près du mé- ridien. Ce météore, dont la grosseur apparente égalait au moins huit ou dix fois celle de Vénus, laissait après lui des aigrettes lumineuses bleues qui formaient comme une espèce de queue ; la durée de sa visibilité a été d'environ 4 secondes , puis il a disparu subitement en l'air sans avoir fait entendre ni bruit ni détonation appréciables. Eh bien! les observateurs du nord de la France , ainsi que ceux de Chambéry et de Genève, que 140 lieues environ sépa- raient , ont cru , les uns comme les autres , voir le météore descendre près de leur propre horizon. » Voici un petit résumé desobservations d’éloilesfilantes faites à l'observatoire de Genève, en août el en no- vembre 1839. La nuit du 10 au 11 août, le ciel a été ici parfaitement beaw; les obsérvations ont commencé à 8 heures 35 minutes du soir, temps moyen, et ont élé con- linuées sans interruption jusqu'à 3 heures 45 minutes du | (98 ) malin , naissance du jour. De 8 heures 35 minutes à 10 heures, il y a eu cinq observateurs, placés sur la terrasse de l'observatoire de manière à pouvoir explorer la presque totalité de la voûte céleste, et depuis 10 heures jusqu’au matin , il n'y en a eu que trois, M. Ch. Gammethaler, mon fils Marc et moi: ee qui esl cause que les zones du ciel nord-ouest et sud-ouest ont été dès-lors un peu né- gligées. Malgré cela nous avons inscrit, en sept heures et dix minutes d'observation, 453 étoiles filantes, -en notant pour chacune l'instant et le lieu de l'apparition, la durée de la visibilité, le lieu de la disparition, l'éclat, comparé à celui des étoiles fixes ou des planètes, et les caractères physiques particuliers que quelques-unes ont présentés. La marche du baromètre, du thermomètre et de l'hygromètre a aussi été notée d'heure en heure. Parmi ces météores, les plus brillants égalaient Vénus en éclat et en grandeur, tantôt avec une teinte blanche trés-vive, tantôt en présen- tant une couleur rouge, jaune ou bleue, et en laissant après eux une traînée lumineuse plus ou moins persis- tante ; leur durée a varié de 15 à 3°, tandis que les moins apparents, ceux de 4ème, 5ème et Gème grandeur, parexemple, ne duraient guère que 0,2 à 0°,5.:Quelques-uns ont par- couru, sur la sphère céleste, un arc de 15° et même de 20° en une seconde. Tous se sont effacés en l’air avant d’a- voir atteint le sol. » Quoique le nombre 453 soit plus élevé que celui de l’année 1838, qui est, comme vous le savez, de 372, on peut estimer qu'il en a élé omis environ la moitié , parce que , fréquemment, plusieurs météores se montraient à la fois en divers points du ciel et à des intervalles de temps si rapprochés, qu'il était impossible de les suivre tous avec exactitude, les observateurs n’élant pasen nombre suffisant. (99) » Il y a eu dans le ciel, outre les étoiles filantes, deux lueurs fort remarquables qui ont apparu à l'horizon; la première à 11 heures 40 minutes, vers l’ouest-sud-ouest : c'élail une lumière diffuse pale, blanche, analogue à la nébulosité des comètes, et qui s'élevait tout au plus de trois ou quatre degrés au-dessus de l'horizon; sa durée a été d'environ six minutes, La seconde lueur a paru à 2 heures 12 minutes du matin , aussi à l’horizon , et directement au sud-sud-est : elle avait le même aspect que la précédente , seulement sa teinte élait sensiblement rosée, et son éléya- tion au-dessus de l'horizon ne dépassait pas deux degrés; elle à duré deux ou trois minutes. Ces deux lueurs se sont graduellement affaiblies et ont disparu sans qu’on ait en- tendu le moindre bruit dans l'air, qui était parfaitement calme et le ciel d’une grande pureté, » Un faîl remarquable, et qui doit surtout fixer l'attention des météorologistes , c'est que les trajectoires parcourues par les étoiles filantes paraissent avoir subi un changement de direction assez notable. La nuit du 10 au 11 août 1838, la plupart des météores cheminaient de l’est à l’ouest à peu près, tandis que ceux du 9-12 août 1839, se dirigeaient , en grand nombre du moins , du nord-est au sud-ouest, c’est-à- dire presque perpeéndiculairement à la route précédem- ment suivie. M. le professeur Trechsel, directeur de l'observatoire de Berne, m'a transmis une liste qui montre que la nuit du 9 au 10 août 1839, de 9 heures et demie du soir à 1 heure du matin, par conséquent en trois heures et demie , il a observé, avec un seul aide, 99 étoiles filantes , lesquel- les se dirigeaient en général du nord-est au sud-ouest. M. Trechsel ajoute qu'il lui en est échappé un grand nom- bre, parce que les apparitions se renouvelaient parfois Tom. vu. 8 ( 100 ) à des intervalles trop rapprochés pour pouvoir être suivies et notées. » À Genève, j'aiaussi observé ,conjointement avec deux aides, et seulement de 9 heures à 11 heures et demie du soir , les deux nuils qui ont précédé et suivi celle si remar- quable du 10 au 11 août, et nous avons reconnu, soit la nuit du 9 au 10 ,soit celle du 11 au 12 ,-une apparition inaccoutumée d'éloiles filantes presque aussi riche que celle du 10 au 11. Ainsi l'existence d’un retour périodique et régulier de ce phénomène, vers le 9-12 août de chaque année, paraîl se confirmer de plus en plus, et même il semble présenter un caractère d’évidence mieux marqué que celui du 11-14 novembre. » Malheureusement, je n'ai que peu de chose à vousdire de nos observalions de novembre de la même année, qui ne sont rien moins que riches. Le ciel fut couvert torite la journée du 11, mais vers la nuit il y eut des éclaircies ; et, à 9 heures du soir, les vapeurs brumeuses qui avaient suc- cédé aux nuages , et qui se trouvaient inégalement rénan- dues. laissaient à déconvert un assez grand espace du ciel. Mon fils Marc et moi nous nous mimes alors à l’observa- tion , et, depuis 9 heures jusqu’à 10 heures et demie, nous n’apercûmes, dans tout le ciel sisible, que #rots étoiles filantes très-faibles el peu lumineuses. À 10 heures et demie les vapeurs envahirent le ciel, qui demeura voilé tont le reste de la nuit, et fut complétement couvert les nuits du 12 au 13 et du 13 au 14. M. le pasteur Revnier, au zèle duquel on doit déjà des observations utiles , et qui avait bien voulu , à ma demande, se charger d’épier la venue des étoiles filantes les nuits du 11 au {4 novembre aux mêmes heures qu'a Genève, m'a envoyé le tableau de ses observations, faites aux, Plan- PR EE PTT DE qu ge mé ( 101 ) chettes , canton de Neuchâtel, d’où il résulte que la nuit du 1{, de 8 heures à 10 heures, il a enregistré sep éloiles filantes, par un ciel demeuré assez clair jusqu’à 10 heures ; et que la nuit du 12, de 8 heures à 10 heures et un quarl, il en a enregistré cing par un ciel légèrement vaporeux , qui s'est complétement voilé vers 10 heures et demie. La nuit du 13 un épais brouillard a empêché les observations. — M. Reynier accompagne son tableau d’une remarque fort judicieuse, c’est qu'au lieu de la pluie mé- téorique attendue les nuits du 11 au 12 et du 12 au 13 no- vembre, ces nuits n'ont rien offert de remarquable sinon que les étoiles filantes se sont montrées fort au-dessous de la moyenne de leur fréquence ordinaire. » Je suis bien curieux d’apprendresi, en Belgique, vous avez élé plus favorisés que nous. On sait déja qu’en France les apparilions n’ont pas été trés-riches. » Je viens de recevoir le n° 1 des Comptes rendus de l'aca- démie des sciences de Paris, séance du 6de ce mois , où se trouve une lettre sur les étoiles filantes périodiques des mois d'août et de novembre, par M. Erman, professeur à l’université de Berlin. Le savant auteur de cet écrit avance deux hypothèses nouvelles, fort ingénieuses, pour prouver que les éloiles filantes sont de véritables astéroïdes. Il cherche d’abord à établir, par d'anciennes observations, l'existence d'effets optiques provenant des conjonctions du soleil avec les astéroïdes , effets qui se manifesteraient , selon lui , en février par les astéroïdes du mois d'août, et en mai par ceux de novembre, el qui auraient pour résultat immédiat d'obscurcir considérablement le disque du soleil à ces deux époques. Il s'applique ensuile à démontrer, à l'appui d'un grand nombre d'observations, qu'il existe sur la terre un abaîïssement de température, vers le 7 février, ( 102 ) lors de la conjonction du soleil avec les astéroïdes du 10: août, et vers le 11 mai, lors de la conjonction du soleil avec les astéroïdes du 13 novembre. » La lecture rapideque je viens de faire de cet intéressant mémoire me suggère les réflexions suivantes, que je sou- mets à l'appréciation des météorologistes. » 1° Si les astéroïdes du 10 août et du 13 novembre se projettent sur le disque du soleil vers le 7 février et vers le 11 mai de chaque année, en si grand nombre qu'ils obs- curcissent la lumière de cet astre en nous inlerceptant une partie deses rayons, comment se fait-il que ces passages, dont la durée selon ce que rapporte M. Erman serait d'environ six heures, n’aienl été aperçus par aucun astronome mo- derne? Cependant ces myriades de pelits corps auraient dû, sans aucun doute, présenter sur la surface du soleil l'as- pect de taches extraordinaires, que leur nombre et surtout leur mobilité eussent rendues bien faciles à reconnaître. » 2° L'obscurité du soleil, produite par linterposition des astéroïdes , se continuant pendant environ la moïlié de la durée du jour, aurait dû être fréquemment remarquée en divers lieux de la terre; et , loutefois, l'accomplisse- ment d’un tel phénomène , propre à frapper lous les yeux, est loin d’être constaté d’une manière salisfaisante. » 3° L'abaissement de température vers le 7 février et vers le 11 mai, s'il était causé par le passage des astéroïdes de- vant le soleil, constituerait un phénomène général qui se ferait remarquer sur tous les points éclairés du globe. Or, en consultant les tableaux météorologiques de Genève et du St-Bernard , on ne voit pas, relativement à une diminu- tion de tempéralure atmosphérique à ces époques, le même accord que M. Erman a remarqué dans les tableaux météorologiques de Berlin et de quelques autres lieux. » 4° Enfin, les astronomes savent aujourd'hui, et votre ( 103 ) catalogue des principales apparitions d'étoiles filantes est là pour le démontrer, que le 10 août et le 13 novembre ne sont plus les seules époques de l’année où l’on observe une manifestation inusitée et périodique d'étoiles filantes. Il devrait donc y avoir, si l’'ingénieuse hypothèse de M. Erman était fondée, non pas deux mais de fréquentes répélitions annuelles des singuliers phénomènes qu'il si- gnale. » MAGNÉTISME TERRESTRE. Le 22 janvier dernier était la première époque désignée par la société royale de Londres, pour Jes observations simultanées du magnétisme terrestre. Les observations ont élé faites à l'observatoire royal de Bruxelles, avec un appa- reil construit à Gœættingue, sous les eux du célèbre pro- fesseur Gauss. Le tableau ci-joint présente le résultat de ces observations, faites de 5 en 5 minutes, et pendant l’es- pace de 24 heures, par MM. Quetelet, Mailly et Bouvy. Une carte figurative indique les variations de l'aiguille : le point 50 correspond à peu près à l'axe magnétique du barreau , et le point 0 est situé à l’ouest. Les divisions de l'échelle sont d'un centim., et le miroir du barreau aimanté se trouvant à 10 mêt. environ de l'objectif du théodolite, il en résulte qu'elles soutendent un angle d'environ 20”,59. La différence des méridiens entre Gœættingue et Bruxelles, est de 22" [85 environ; de sorte que les observations, pour être simultanées, devaient commencer à 9h. 37® 495 dans cette dernière ville, quand elles commençaient à 10 h. à Gættingue. Le chronomètre dont on a fait usage retar- dail de 1% 25°; de manière que l'on a commencé les ob- servations à 9® 36° de ce chronomètre, en négligeant les 17 secondes. . (104) Observations magnétiques, faites de 5 en 5 minutes du 22 aw 23 janvier 1840. | 22 JANVIER. | 22 JANVIER, 23 JANVIER. 36m soir. 51,89 | 1ih 31m soir 61,76 160 mat. 51,48 52,18 36. 51,81 21 51,42 52,68 41 51,86 26 51,35 53,21 | 46 51,85 51,44 53,27 61 51,84 51,60 52,97 56 51,76 51,42 52,72 23 JANVIER. 51,37 52,52 Fr 51,16 52,57 1m matin 61,71 - 51,07 52,61 51,70 50,95 | 52,57 51,72 50,94 52,38 51,70 50,98 52,37 51,62 50,82 52,35 51,63 50,85 52,19 51,57 50,89 52,20 ||: 51,55 52,40 51,63 52,35 51,45 52,18 51,31 51,98 51,40 51,96 | 1 51,39 51,89 51,42 51,81 51,54 (105 ) 23 JANVIER. | 23 JANVIER. 23 JANVIER. = | — _ 3h 11m mat, 61,52 | 5h 21m mat. 51,16 || 7h 31m mat. 61,24 16 51,50 26 51,17 36 51,23 21 51,25 31 51,10 | 41 51,26 26 50,92 36 51,14 46 51,26 31 50,86 41 51,16 51 51,25 36 50,92 46 51,40 56 51,22 41 51,13 51 51,40 | 8 1 51,27 46 51,24 56 51,47 6 51,25 51 51,34 | 6 1 51,34 11 51,31 56 51,49 6 51,35 16 51,32 4 1 51,55 || il 51,35 21 61,29 6 51,60 16 51,23 26 51,40 11 51,48 21 51,31 31 51,38 16 51,52 26 51,31 36 51,37 2t 51,52 31 51,26 41 51,33 26 51,52 36 51,25 46 51,30 3l 51,46 4l 51,24 51 51,27 36 51,48 | 46 61,21 56 51,21 41 51,44 51 51,17 | 9 1 51,20 46 51,37 || 56 51,15 6 51,20 51 61,26 | 7 1 51,21 11 51,06 58 51,27 6 51,22 16 51,09 5; 04 51,26 11 51,19 21 50,96 6 51,27 16 51,19 26 50,94 11 51,23 21 51,24 31 50,96 16 51,27 26 51,25 36 51,01 (106) 23 JANVIER. 9h 41m mat. 51,02 .10 11 46 51 51,03 50,96 50,86 50,87 50,86 50,82 50,77 50,65 50,67 50,60 50,47 50,45 50,26 50,24 50,30 50,22 50,15 50,14 50,22 50,26 50,21 50,25 50,27 50,23 50,29 | 23 JANVIER. 11h 5im mat. 60,19 12 66 1 6 il 16 21 26 31 36 41 46 56 sojr, 50,26 50,20 50,09 50,12 50,04 50,03 49,95 49,97 50,03 50,11 50,15 50,13 50,10 50,12 50,11 60,08 50,08 © 50,01 50,02 49,94 50,01 50,04 50,04 50,07 50,01 2h 23 JANVIER. 1m soir. 60,02 6 11 16 21 26 81 36 41 46 49,99 || 50,04 50,06 || 50,05 50,03 |} 50,09 || 50,14 50,24 50,23 50,21 50,37 50,48 50,44 50,55 50,79 50,83 50,85 50,87 50,87 50,79 50,80 50,81 50,71 50,62 50,62 cata tnott-tasbedénn sis tit t it ut né 1-5 7 : : = L L 1 L - L LL) e F4 * ” ' 1? DC2272277/2 #7 F2222IU4 Y £T OK Hp S9ANHU OLP' CZ UVUTOPUOTHE mbsnl'on$utws pur og np sounoy ot v'o#gr Hraubp 77 »1 smdop ‘soppoxmig DPp JUAOY 9A0YVAUD SqO,T L Sony ‘ onbaeuSvur uosbuI9p 2p SUOTVIIVA Sp SAUIVIOU SUOQEAHISA() L “201 obny TA 207 Dy ENUIP0ID } 2 019) IT 23 JANVIER. 23 JANVIER: | 23 JANVIER. 4h 11m soir. 50,60 16 50,60 21 50,67 26 50,64 31 50,60 36 50,58 41 50,63 50,61 50,64 50,69 50,67 50,66 6m soir. 60,62 || 8h Im soir. 50,79 il 50,63 6 50,91 16 50,64 21 50,58 26 50,57 31 50,60 11 50,89 16 50,92 || 21 50,96 || 26 50,97 | 31 51,02 36 51,02 || 36 50,70 ai 50,67 |. 46 50,62 41 51,11 51 50,68 56 50,69 la 50,68 46 51,13 || 56 51,20 | | 51 51,14 | | 50,64 6 50,78 | 9 1 51,20 50,62 | 11 50,78 6 51,19 21 50,62 16 50,75 11 51,26 50,65 | 21 50,81 16 51,26 31 50,66 26 50,88 21 51,28 50,68 81 50,85 26 51,29 41 50,64 | 36 50,84 31 51,26 50,71 | 41 50,79 36 51,24 ‘51 50,72 | 46 50,77 41 51,26 | 56 50,73 | ‘ 61 50,81 || 1 50,67 | 56 60,78 | Chaque observation, conformément À la marche indiquée par Gauss, pag. 37 du tom, 1 des Resultate, etc., 1837, est la moyenne de six observations indi- viduelles ; la durée d'une oscillation du barreau surpasse un peu 24, ( 108 ) CHIMIE. M. Van Mons adresse la nole suivante pour servir de confirmation à son article : Encre de poudre spontanée, pag. 369, 2° partie du lome 6 des Bulletins. « J'ai fait connaître à l’académie la chute spontanée en une poudre d'éclat argentin de matériaux pour la confec- tion d'encre , grossièrement conlusés comme ils le sont tou- jours, aprés avoir séjourné pendant peu de mois dans leur enveloppe de papier, sur la planchette d’une chemi- née où on fait habituellement un feu de poêle, et j'ai ajouté qu'avec l’eau, pareille poudre donnait de l’encre immédia- tement noire. J'ai de nouveau obtenu cette efflorescence spontanée sur deux paquets de matériaux. Quand on fait digérer à froid de cette poudre avec du phlegme (vlagge) de la rectification de l’eau-de-vie de grain (1 paquet du coût d’un 1/2 franc, avec 1 litre de phlegme), on a del’encre dont , après 24 heures, on peut faire usage. On n’en filtre, ainsi que je lai dit, que pour le besoin , et on laisse le marc sur le filtre, qui peut être de gaze. Ce phlegme n'est pas mieux que del’eau, mais celle eau a passé par la cha- leur d'une distillation répétée, et dans la première des- quelles elle était retenue par le marc du fermenté , ce qui a suffi pour la faire changer de caractère, et lui donner une qualité que n'a pas l’eau qui n’a fait que monter dans l'atmosphère el en descendre, et qu'a encore moins de l'eau qui, pour la première fois, voit le jour. Il dépend, pour cetle composition d'encre, comme sans doule pour toute autre composition de la même, que le phlegme, ne conlienne que sa propre eau pour que l'encre persiste sans altéralion où sans s'épaissimou se moisir. » Lin. É 4 Ve f : : d HOPNOT JE CP ON \ &) à / ( 17 ©) J "As / . PA Le f \ s À > x F4 / Es 4 à | / ù \ / , KI C ' > : mA ." cs ) Ge 5 de 78 : 2\ n° D 0 ue sa f # “0 #2 \ dr 4 FLE) SA PSE : ques CPR Z C è É \ À ko NN / / À ? ne 27/21 DOM) EL 22171 Lg Se V5 Shès: ( 109 ) BIBLIOGRAPHIE. M. Gachard lit une notice sur les manuscrits relatifs & l'histoire de la Belgique, conservés dans la bibliothèque de feu M. Goethals Vercruysse à Courtrai. (Commissaires MM. le baron Falck, le baron De Stassart, De Gerlache.) ÂRCHÉOLOGIE. Achille et Ajax jouant aux dés. — Le départ de Castor. — Explication d'une peinture de vase, par M. Roulez, membre de l'académie. Le vase à peintures noires, de style archaïque, qui est figuré sur les planches ci-jointes, fait partie de la belle collection de M. le chevalier Pizzati de Florence. Il nous montre, quoiqu’avec des variantes fort notables, les mêmes sujets que la magnifique amphore de Vulci, qui fut offerte en présent par MM. Campanari à S. S. Grégoire XVI, et qui, maintenant, fait un des ornements du Musée étrusque au Vatican (i). (1) Ce vase est publié dans les Monuments inédits de l’Institut ar- chéologique, vol. 1, tav. XXII, avec une explication de M. Panofka, dans les Annales, t. VIL, p. 228 et sniv, Cf. Gerhard, Zulletino, 1834, p. 179. Il existe en outre sur la même amphore deux monographies, dont je ne connais que les titres : À. Nibby, Dichiarazsione del dipinto di un antico vuso fittile Vulcente, etc. Roma, 1834, fol. Sec. Campa- mari, Dellu grande anfora tirrena Volcente rappresentante Achille ed Æjaco che giuocano ugli astragali. Rom., 1834, 4. ( 110 ) Du côté principal on voit deux guerriers assis sur des cubes près d'une petite lable, derrière laquelle Minerve se tient debout. La déesse, vêlue d’une tunique et d’un pé- plus parsemé d'étoiles, porte une lance dans la main droite el lève la gauche en même lemps qu'elle relourne la tête vers l’un des guerriers. Ceux-ci sont barbus, munis de cui- rasses et de cnémides , et Liennent deux lances de la main gauche. En arrière de chacun d’eux sont leurs casques et leurs boucliers béotiens, ornés de deux globules. Les deux héros ont l'air grave et sérieux, et prêtent au jeu une atten- lion presque religieuse ; celui qui est assis à gauche, et que nous nommerons Achille, paraît occupé à compter les points des dés déja jetés sur la table, mais qui ne sont pas figurés ici. (7/oy. la pl. I.) La scène des joueurs de dés et d'échecs avec ou sans la présence de Minerve nous est connue aujourd’hui, grâce aux fouilles de Vulci, par un assez bon nombre de vases (1). (1) Un des plus remarquables et, si je ne me trompe, le premier venu à notre connaissance, est le vase de Nola, actuellement au Musée Bour- bon de Naples. Voy.Panofka, Kunstblatt, 1825 , p.160. Il y en ayait aussi un dans le Musée Bartoldy, aujourd’hui à Berlin Voy. Panofka , Museo Bartoldiano. Berlino, 1827, p. 85. Un autre provenant d’Athènes, se trouve dans la collection de M. Révil. Voy. Bulictino dell? Instit. arch., 1831, p. 95. Le cabinet Durand en contenait jusqu’à huit; voy. J. De Witte, Description des antiquités et objets d’art qui composent le cabinet de feu M. le chevalier E. Durand. Paris, 1836, pp. 112, 137, 146 et suiv. Relativement à ceux de Vulci, voir Gerhard, Rapporto vol- cente (Annazr DEuL’ Exstiruro ARcueoLOG. , vol. LIL), p. 133 et suiv., not. 189. Quelques-uns de ces vases ont été publiés : outre celui dout il est fait mention dans la note précédente, nous en avons un dans les A/onu- menti ined. dell Inst. arch., vol. LE. tav. XXVI, 2 ; un autre chez Dubois- Maisonneuve, Zntroduction à l’étude des vases peints , pl. XXIX, 3, et un troisième chez Raoul Rochette, Monuments inédits d’antiquité fiqu- rée, pl. LVI, où, à la vérité, au lieu de la scène des joueurs, l’illustre ( 111) On a nommé d’abord ces deux joueurs Palamède (1) et Thersite où Protésilas (2); dénominations qui ne man- quent cerlainement pas de fondement , puisque Euripide dans son Zphigénie en Aulide (3) a introduit Palaméde et Protésilas jouant aux dames où échecs, et que Polygnote dans la Lesché de Delphes, avait peint le premier de ces héros occupé d’une partie de dés avec Thersite (4). Cepen- dant, maintenant que le vase du Musée Grégorien, dont nous avons parlé plus haut , nous offre les noms d’Æchille et d'Ajax écrits fort distinctement à côté des deux person- sages, Je pense avec M. Gerhard (5) qu'il convient de reconnaître ces deux héros dans loutes les répétitions de la scène des joueurs. Si l'on fait attention à la teneur des inscriplions de l’amphore du Vatican, lesquelles portent : AXIAEOZ TESAPA; AIANTOZ TPIA (quatre points antiquaire ( p. 293), voit Diomède et Ulysse se disposant à enlever le Palladium , mais je ne doute pas qu'aujourd’hui il n’ait abandonné cette interprétation , dont M. Welcker, dans la savante critique de son ou- rage, a montré toute l’invraisemblance. Voy. Hheïnisches Museum für Philologie, herausgeg. von Welcker und Naeke , tom. III, p. 600. (1) On lui attribuait l'invention du jeu de dés (Pausanias, II, 20, P. 287, etX,31, p.307, éd. Sichelis), et de celui d'échecs (Sophocle, Pulumedes , ap. Eustath, ad Iliad., 1, 308, p. 228, Philostrat. , Heroic., 10, p. 142, éd. Boissonade), Consult. Souterius, De aleatoribus 1x Gru- Novit T'hesaur, antiquit. Græc. T. VIL, p 1028. (2) Panofka , dans le Kunstblait, 1825, no 40, p. 160, Hyperboreisch- LRœmische Studien für Archæologie, Th. 1, S. 167. Bulletino dell Inst. arch., 1832, p 70. J. De Witte, aux endroits cités supra. On peut lire du reste contre cette indication d’individus déterminés, les objections de M. Gerhard, Rapportu volcente, p. 133 et suiv. (3) V. 190 et suiv. (4) Pausanias, X, 31, (5) Archeologisches Tatelligenzblatt der Hallischen allgemeinen Lite- » satur-Zoitung. Julius, 1826, p. 331, ( 112 ) d'Achille ; trois points d'Ajax ), on sera amené à croire que l'artiste a eu en vue ce vers qu’Aristophane (1) met dans la bouche de Bacchus: | BéGmx ‘Aydeds do x0Bw ai TétTapa, et voici une circonslance qui me confirme dans cette opinion. Le vers tourné en ridicule par le comique Athé- uien est tiré probablement d’une tragédie d'Euripide. Il est vrai que les grammairiens d'Alexandrie ne le trouvèrent plus dans aucune des pièces de ce poète, mais Aristoxène , l'un d’entre eux, soupçonne qu'il avait exislé dans le Télèphe , et qu'Euripide l’en avait effacé à cause du per- siflage dont il avait été l'objet (2). Or, le tableau des deux joueurs se trouve répélé sur un vase (3), qui montre en même temps, Téléphe fuyant devant Achille, qui le pour- suit. Un pareil rapprochement est remarquable, et je ne pense nullement qu’on doive le regarder comme un pur effet du hasard. La scène que nous avons devant les yeux n’est pas un simple amusement; car, dans ce cas, il serail difficile de rendre compte de la présence de Minerve, identifiée même (1) Aristophan., Ran., v 1437, éd, Invernizi. (2) Zenobius , Proverb., Cent. IL, pr. 85. Ka) ‘AosrréSeyss dè wyoiy CTI Edprridye diop%éy rôy TyAepoy ÉEeThe ty rerteiay. Comp. le scholiaste d’Aristophane sur le vers cité, vol I, p. 401, éd. Dindorf. Voy. aussi Welcker, Die griechischen Tragoedien mit Rücksicht auf den epischen Cyclus geordnet. Abth. , IL, p. 491. Bonn., 1839, 8. (3) Dans la colleciion de feu M. le chev. Durand; Voy. De Witte;, Description, etc., p. 136 et suiv. (113 ) avec Tyché ou la Fortune (1); et, selon moi, on ne peut pas supposer non plus que l'artiste, en plaçant la déesse dans sa composition, ait voulu simplement faire allusion à l'usage d'invoquer une divinité tutélaire ou un ami avant de jeter les dés (2). C'est un fait hors de doute qu'il existait dans l'antiquité un mode particulier d'oracle par les dés ; iln’est pas moins eerlain , que les guerriers, avant d’aller au combat ; consultaient le destin sur son issue (3); et il paraîlrail même qu'ils le faisaient au moven de dés : témoin ces mots d'Euripide (4) : . Xp J'ér délais royeiy Yuynv npoBiNovr y #0(Boust datuovoc. el, ces autres d'Eschyle (5) : "Epyov d'éy xs Apns xpuvet. Ces considérations me portent à reconnaître sur notre vase Achille et Ajax, se disposant à marcher contre l’en- neni, et consultant Minerve touchant le sort qui les attend (1) Afthéné Sciras ; Athéné Alea. Voy. Panofka, Bulletino dell Inst. arch., 1832, p. 73 (2) Je crois pouvoir inférer l’existence d’un pareil usage du passage suivant de Plaute, Curcul., 11, 3, 364 : Invocat Planesium. Ibid. v_ 366: Talos arripio , invoco almam meam nutricem Herculem. (3) Voy: Welcker, Rheinisches Museum für Philologie, tom. I, p. 602. (4) Æhesus, v. 183 et suiv. n (5) Suppliantes, v. 396. Voyez d’autres textes encore cités par M: Welcker, 1. c., p. 608. ( 114) sur le champ de bataille, La pose de la déesse, son geste, le regard qu’elle jette sur le fils de Pélée, Lout annonce nn heureux pronostic pour le héros : ne semble-t-il pas que Minerve lui dise : Le destin t'est propice, allons! je veillerai sur Loi (1). Nous avons donc dans ce petit tableau une scène de départ, une de ces nombreuses allusions à la vie réelle empruntées au monde idéal de la mythologie. Le revers (pl. IL.) nous montre Castor conduisant son che- val d’une main et portant dans l’autre deux lances ; il est vêtu d’une chlæna , et coiffé d’un pétase, indice du voyage. Derrière lui se trouve un personnage plus âgé , également vêlu d'une chlæna; c’est sans doute Tyndare son pére. À son geste, on le croirait occupé à faire des remontrances, ou plutôt à donner des conseils à son fils qui va s'éloigner de lui. Devant Castor se tient debout un autre jeune homme, dans lequel il faut reconnaitre, je pense, son frère Pollux , quoique ce fameux lutteur ne soit pas, comme de coutume, entièrement nu. Pollux avance les deux mains et tient quelques doigts élevés, tandis qu’il ferme les autres. Castor semble prêter la plus grande attention à cet acte. Je puis me tromper , mais je crois que les deux frères sont occupés à pronostiquer l'avenir avec les doigts. Ce mode de consuller le sort, qui paraît n'être autre chose que le jeu que nous appelons la mication ou la mourre (2), n’a pas (1) C’est une chose généralement connue que Minerve est la com- pagne ordinaire des héros. Dans l’Z/iade, elle vient à diverses reprises en aide à Achille. Voy. Z£., 1, 206, sqq. XVIII, 203, sqq. XXT, 284, sqq., etc, (2) C’est ce qui se nommait chez les Romains micare, Cic., de Divi- nat., Il, 4: Quid enim est sors ? Item propemodum quod micare, quod talos jacere , quod tesseras, Sueton. August., c. 13, avec la note de NV EST Pulletirr de l'Acudernie Tlanche, 1, Tome VI, Page 114 . Lai Note. de M7 Roulez_. ( 115 ) été choisi par artiste au hasard et sans intention, puisque, selon Ptolémée Héphæstion (1), l'invention en serait due à Hélène, sœur des Dioscures. 11 s’en suit donc que les deux compositions qui décorent notre vase, présentent la concordance la plus parfaite : d’un côté comme de l’autre, un départ précédé d’une consultation du sort. Le cheval que conduit Castor, c'est Cyllarus , que, selon Stésichore (2), le Dioscure avait reçu en présent de Junon (3). — M. le directeur , en levant la séance, a fixé l’époque de la prochaine réunion au samedi 7 mars prochain. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Annuaire de l'académie royale des sciences et belles- lettres de Bruxelles. 6 année. Bruxelles, 1840. 1 vol. in-18. Hase, t. I, p. 177; chez les Grecs duxrÜAcwy £réAAaËc. Aristotel. de Insomn., c. 2, Voy. Stephani, Thesaur. græc. ling., sub. v. p. 1391, sq. , édit. de Didot; et ce que les Italiens appellent aujourd’hui fare al tocco, (1) Lib. V init., p.22 de mon édition : Ge "EAéyy mpôry éreydyoe rèy diè danrÜhuwy x Aÿpoy. (2) Chez Suidas, voe, KuAAzp06, t. Il, p. 392 Kuster, et dans l’£ty- mologie, Magn:, 8. v., p. 493 de l’édit. de Leipsic, Consultez ma note sur Ptolém. Hephæst., p. 1386. sq. ; (3) Et non pas de Mercure, comme l’avance par erreur M. Panofka, Annali dell’ Tnst, arch.,t, VIT, p.330. To. vur. 9 ( 116 ) Annuaîre de l’université catholique de Louvain. 1840. 4° année. Louvain, { vol. in-12, | Mémoire sur les étoiles filantes observées a Genève, dans la nuit du 10 au 11 août 1838, par M. Louis- François Wartmann. (Extrait de la Correspondance ma- thématique et physique.) Bruxelles, 1839. broch, in-8°. Considérations sur l'emploi de la compression cireu- laire permanente amovible ; dans les maladies chirurgi- cales. Par Ph.-J. Van Meerbeeck. Louvain, 1839, 1 vol. in-8°. Dissertation médico-pscycholoyique , par C. Cromme- linck. Bruges ; 1840. Broch.in-8°, Annales et bulletin de la société de médecine de (and. Janvier 1840. 6° vol., {°° livr. Gand, broch. in-8°. Recherches sur différentes pièces du squelette des ani- maux vertébrés , encore peu connues , et sur plusieurs vices de conformation des os, par G. Breschet. Paris, 1838. Broch. in-4°, | Æperçu descriptif de l'organe auditif du Marsouin. (Delphinus phocæna L.), par G. Breschet. Paris, 1838, Broch. in-4. Proceedings of the geological society of London. vol. 3, 1839. N° 63 et 64. 2 feuilles in-8&. Comptes rendus des séances de l’académié des sciences de Paris. Tables du tome VIII (1° sem. 1839. ). — 2e sem. 1839, n° 25 à 27.— 1er sem. 1840, n° 1 à 4. Paris, 8 broch. in-4°. | Journal historique et littéraire. Tome VE, 69° et 70: livr, (Janvier et févr. 1840.) Liége, 2 broch. in-8°, Remarques critiques sur le mémoire de R: Courtois, inséré dans les actes de l’Académie des curieux de la na- ture (vol, XVIII, partie Il°), sous le titre : Commenta- TO sn à Po mhe do ASE. ( 117 ) rius in Remberti Dodonæi Pemptades. Par A.-L.-S. Le Jeune. Présenté à l'académie le 30 juin 1836. ( Acta acad. Ces. Leop. Carol. Nat. Cur. Vol. XIX, pag. 1.) 5 feuilles in-4°. Du traitement médical et préservatif de la pierre et de la gravelle avec un mémoire sur les culculs de cys- tine, par le docteur Civiale. Paris, 1840. 1 vol. in-&. Annalen der Staats-Arzneikunde. Herausgegeben von Schneider , Schürmayer und Hergt. 4% Jahrgang. 4° Heft. Freiburg im Breisgau . 1839. 1 vol. in-8°, Annales de la société des sciences médicales et natu- relles de Bruxelles. Année 1839. Bruxelles, 1 vol. grand in-8°, Salon d'hiver 1840. 40% exposition publique de la société d'agriculture et de botanique de la ville de Lou- vain. Louvain, 1840. Broch. in-&. Société royale des antiquaires du Nord. Rapport des séances annuelles de 1838 et de 1839. Copenhague, 1839, broch. in-8°. Bulletin de la société géologique de France. Tom. X. — Feuilles 24-29. 1838 à 1839. Paris, broch. in-&e. Le magnétophile. 26 janvier et 9 février 1840. Bruxel- les, 2 feuilles in-4°, | BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1840. — No 3. Séance du 7 mars. M. le baron De Stassart, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. M. le ministre des travaux publics informe l'académie que la législature venant de voter, au budget de son dé- parlement, une somme pour la publication de plans et de mémoires relatifs à l’art de l'exploitation, il ne croit pas pouvoir faire meilleur usage de la latitude laissée au gouvernement que d'offrir à la compagnie de contribuer à l'impression de quelques-uns des mémoires relatifs aux Tom. vur. 10 ( 120 }) moyens de prévenir les explosions dans les mines, au cas où plusieurs de ces mémoires seraient jugés dignes de celte faveur. Des remerciments seront adressés à M. le mi- nistre des travaux publics. —- M. le ministre de l’intérieur annonce que M. Blon- deel, consul général de Belgique à Alexandrie, en l’infor- mant qu'il lui serait possible de disposer de quelque temps pour se livrer à des recherches scientifiques , a exprimé le désir de recevoir à cet eflet une direction du gouverne- ment. M. le ministre demande en conséquence un rapport sur les objets dont M. Blondeel pourrait s'occuper avec le plus d'avantage. — M. le directeur fait connaître qu'une pareille de- mande a élé faite par M. Henry, atiaché à la légation belge à Constantinople, comme interprète des langues orientales. Commissaires, MM. Roulez, le baron de Reïffenberg, Marchal, Dumortier et le secrétaire perpétuel. — L'association britannique pour l'avancement des sciences annonce que sa prochaine réunion aura lieu à Glasgow , pendant la semaine qui commencera le 17 sep- tembre prochain. f — Le secrétaire communique deux lettres qu'il a reçues sur la météorologie, l’une de M. Navez, peintre d'histoire à Bruxelles, et l’autre de M. le professeur Colla de l’uni- versité de Parme. M. Navez, dans la nuit du 6 au 7 février dernier, a vu un bolide ou globe de feu qui, vers l'heure de minuit, a traversé lentement les airs dans la direction du sud-est au nord-ouest. «A un tiers de son cours il s’est entouré d’une flamme roussâtre, laquelle a disparu peu avant la chute du météore. II jetait nombre d’élincelles, comme une belle ( 12) fusée, el n’a pas atteint la terre. » M. Crahay, membre de l'académie, dit avoir remarqué à Louvain la lueur que répandait le même météore, et en avoir fait mention dans son journal méléorologique. M. Colla donne quelques renseignements sur l'élat mé- téorologique des derniers mois à Parme. Le temps était assez extraordinaire, c’est-à-dire qu’on avait la tempéra- ture, l’état atmosphérique et les phénomènes du printemps; la moyenne thermométrique pendant les derniers jours (la lettre est du 17 février), était de + 7° Réaumur; et, pendant la nuit, de + 4°,0. L’atmosphère, dans de courts intervalles , présentait les phases les plus variées, et passait de la transparence la plus parfaite à l'aspect le plus tempé- tueux, avec des vents de sud , de la pluie, du grésil et même des coups de tonnerre et des éclairs trés-brillants, comme il arriva dans la soirée du 5. Parmi les phénomènes extraordinaires dans cette saison, on a remarqué un pas- sage de grues considérable et fréquent , une grande quan- tité d'insectes, el un commencement de végétation dans les plantes les plus tardives. De tout cet hiver, l’on n’a eu qu'un seul jour de neige! Dans la soirée du 31 janvier, quelques minutes avant 8 heures , on ressentit une légère secousse de tremblement de terre, ayant une direction du SE. au NO. M. Quetelet fait remarquer qu’à Bruxelles aussi, la tem- pérature de la fin de janvier el du commencement de fé- yrier a été remarquablement douce ; cette température avait eu une valeur moyenne de 6 à 8 degrés centigrades, lorsque les gelées ont commencé dans la nuit du 14 au 15, et depuis cette époque elles ont continué à peu près sans interruption. Le thermomètre, dans la nuit du 19 au 20, æst descendu même jusqu'a 8 degrés environ au-dessous de (122) zéro. Avant ces gelées, plusieurs plantes se développatïent- avec activité, quelques-unes même étaient en fleur. — Le secrétaire présente encore les mémoires suivants qui lui ont été adressés : 1° Précis des principaux points de la chimie inorgani- que, par M. Pasquier, pharmacien en chef de l'hôpital mi- litaire de Liége, (Commissaires, MM. Martens, De Hemptinne et Crahay); 2° La cryptographie dévoilée, ou l’art de traduire ou dé- chiffrer toutes les écritures par Gh.-F. Vesin, professeur à l'école centrale du commerce et de l’industrie de Bruxelles. (Commissaires, MM. le baron de Reiffenberg, le chanoine De Ram et Willems); 3° Sur les différentes manières dont on a envisagé la question de l'intelligence des animaux , depuis Descartes jusqu'aujourd’hui, par M. Léonard de Lille. (Commissaires, MM. le chanoine de Ram, le baron de Reïffenberg, Du- mortier ); 4 Une note de M. le docteur Gluge, concernant des recherches microscopiques sur une nouvelle altération du tissu des reins ( cirrhose). (Commissaires, MM. Martens et Morren.) ( 123 ) LETTRES ET COMMUNICATIONS. ASTRONOMIE. M. le colonel Dandelin , membre de l’académie, envoie un mémoire sur les moyens de déterminer graphique- ment les orbites des cometes. L'auteur annonce qu'il n’a eu en vue que d'arriver rapidement aux premiers éléments approchés de ces astres, et qu'il n’a considéré le pro- bléme que réduit à ses conditions vraiment théoriques et dégagé des perturbations de toute espéce. Il s'occupe d’a- bord de la détermination de toutes les parties de l'orbite d’une comète ou d’une planète, quand on connaît la si- tuation du plan de cet orbite, et qu’on a trois bonnes observations assez dislantes l’une de l’autre. Il s'appuie à cet effet sur la propriété suivante des coniques qu'il à démontrée depuis longtemps : sé l'on décrit du foyer d'une conique , pris pour centre, un cercle, et qu'on prenne, par rapport à ce cercle, la courbe polaire réci- proque de la conique, cette polaire sera un cercle. M. Dandelin s'occupe ensuite de déterminer le plan dans lequel se ment la comète ou la planète, et aborde le problème dans sa plus grande généralité. Commissaires, MM. Quetelet et Pagani. MAGNÉTISME TERRESTRE. , Le 28 et le 29 février formaieul la seconde époque désignée par la société royale de Londres , pour les obser- ( 124 ) 3 valions simultanées du magnétisme terrestre. Les obser- vations concernant les variations de la déclinaison magné- tique ont été faites, à l'observatoire royal de Bruxelles, par MM. Quetelet, Mailly, Bouvy et Liagre, sous-lieutenant du génie. On a commencé à observer à 10 heures du soir, temps moyen de Gæltingue, en tenant compte de la diffé- rence des méridiens et de la marche du chronomètre; les observations ont élé continuées ensuite de 5 en 5 minutes, jusqu’au lendemain à dix heures du soir. Chaque obser- valion est la moyenne de six observations individuelles , conformément à la marche indiquée par MM. Gauss et Weber, page 37 du tome I des Resultate. La durée d’une oscillation du barreau surpasse un peu 24 secondes; les divisions de l'échelle sont d’un centimètre, et le miroir du barreau aimanté se trouvant à 10 mètres et 51 millimè- tres de l'objectif du théodolite, il en résulte qu’elles soutendent un angle d'environ 20”52. La carte figurative ci-jointe indique les variations de l'aiguille : le point 50 correspond à peu près à l'axe magnélique du barreau , et le point zéro est silué à l’ouest. Le théodolite est placé du côté nord du barreau. Pendant qu'on faisait, dans le pavillon magnétique du jardin, les observations dont on présente ici les résultats, “un second appareil semblable à celui qui a servi , monté dans l’une des salles de l'observatoire, était observé à des intervalles plus éloignés ; et la marche des deux appareils a constamment présenté l'accord le plus satisfaisant. En com- parant les résullals des observalions à ceux obtenus en jan- vier, on trouve que les varialions de la déclinaison ont été beaucoup plus marquées pendant celte dernière période de février, 28 FEVRIER. 10h Om soir 51,39 11 5 51,41 51,41 51,40 51,38 51,43 51,44 51,49 51,57 51,52 51,72 51,83 51,93 51,92 51,92 51,98 52,08 52,34 52,89 53,61 54,14 54,37 54,44 54,74 (125) Observations de la déclinaison magnétique, faites de 5 en 5 minutes , depuis le 28 février 1840, à 10 heures du soir, temps moyen de Gættinque, jusqu’au lendemain 29 à la même heure. 29 FÉVRIER. 12h Om min. 54,80 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 mat, 54,69 54,38 54,06 54,10 54,11 54,01 53,93 54,08 54,20 54,20 54,31 54,19 54,07 54,28 54,28 54,21 54,18 54,09 53,97 53,79 53,65 53,55 53,22 29 FÉVRIER. 2h Où mat. 53,01 5 10 15 20 25 30 35 40 45 55 52,84 52,68 52,61 52,45 52,37 52,16 52,03 51,85 51,85 51,93 - 52,07 52,10 52,18 52,49 52,61 52,66 52,70 52,79 52,72 52,70 52,73 52,60 52,53 29 FÉVRIER. 4h Om mat. 62,41 5 10 52,45 52,43 52,36 52,27 52,16 52,09 52,01 51,92 51,95 51,95 51,85 51,54 51,82 52,16 52,20 52,15 52,14 52,09 | 52,03 52,10 51,91 51,99 52,06 6h ( 126 ) 29 FÉVRIER. Om mat. 52,12 5 10 52,17 52,12 52,12 52,09 52,15 52,07 52,01 51,95 51,85 51,80 51,92 52,00 51,95 51,71 51,62 51,59 51,67 51,67 51,78 51,67 51,78 52,03 51,81 sh 29 FÉVRIER. Om mat. 51,93 5 10 15 20 55 51,97 51,84 51,89 51,87 51,82 51,86 _ 51,86 51,89 51,89 51,91 52,12 52,11 52,11 52,15 52,16 51,92 51,90 51,95 51,96 52,04 52,14 52,16 52,14 PR RE RO Léo né Éd SE 10h 11 29 FÉVRIER., Om mat, 52,12 5 10 15 20 30 50 52,05 52,07 51,89 51,76 51,72 51,89 51,99 51,90 51,88 51,76 51,80 51,69 51,51 51,48 51,44 51,05 50,98 50,88 50,96 51,05 50,87 50,59 50,16 12k (04273) 29 FÉVRIER. Om mid. 50,27 5 10 4) 55 soir. 50,07 50,01 50,16 50,12 50,08 49,83 49,88 49,78 49,74 49,42 49,67 49,39 49,40 49,40 49,27 49,21 49,43 49,26 49,32 49,49 49,52 49,27 49,43 29 FÉVRIER, 2h Om soir. 49,38 5 10 15 20 25 30 35 40 49,23 | 49,26 49,40 49,32 49,21 49,14 |} 48,91 49,04 || 49,05 49,07 49,13 49,05 49,12 49,08 48,98 || 48,84 48,84 48,83 48,84 48,99 49,11 49,08 49,14 29 FÉVRIER. 29 FÉVRIER, _29 FÉVRIER. 4h Om soir. 49,37 On soir. 650,58 | 8h Om soir. 61,27 5 49,45 5 50,71 6 51,30 10 49,67 10 50,93 | 10 51,27 49,88 15 50,89 15 51,30 50,04 20 50,81 20 51,28 50,34 25 51,09 25 51,21 50,33 30 50,95 30 51,28 50,33 35 50,89 35 51,32 50,39 40 50,91 40 51,35 50,43 45 50,97 51,28 50,36 51,08 51,31 50,43 51,12 51,21 50,44 51,26 51,24 50,50 51,19 51,22 50,52 51,19 51,30 50,59 51,23 51,33 50,58 51,20 51,34 50,49 51,17 51,29 50,59 | 51,24 51,34 50,51 | 51,21 51,31 50,59 51,28 51,25 50,67 51,26 51,21 50,51 51,30 51,28 50,63 51,38 51,31 51,36 nn. à à » sn dÉbtis és 7/4 2 crqgues 1 SLo. Lome VA. Peuge 128, Je a Fe 204 matin. Luth de Legobert & Spelle : ? À D 2) A ; Le ; Dr lore CC decltrtacdert Drict. OC RD 72 douce ZOLo Budletire de VAcaderire Tome 1H De 128, ii 1 — 1 —} i 2 Ef el | ri jee ] ete un eat EC EEE it 2] I El 1 DB RENE Ie 22.0 à Ï me ju | Hit EE fr JE PTT 777772 24 7: OA. 4 74 T Û2.0 l No ir . ++ Hi nn a u HE) n Fi Ï 3.0 : Î | Ï [ 0.0) MÉTÉOROLOGIE. Les observations météorologiques horaires qui suivent, ont été faites à Maestricht, par M. le professeur Ryke, simultanément avec les observations analogues faites à Bruxelles, Louvain, Gand et Alost. Ces dernières observa- tions , auxquelles on pourra comparer celles de Maestricht, ont élé publiées dans les Bulletins de l'académie pour les mois d'octobre et de janvier dernier. Les observations de M. Ryke se rapportent au baro- mètre, au psychromètre d’August, c’est-a-dire aux ther- momètres à boules sèche et humide, à la direction du vent et à l’état du ciel; l’auteur a calculé d’après les indica- tions des thermomètres la tension de la vapeur contenue dans l'atmosphère et la tension de la vapeur que l’air au- rail pu contenir. En construisant la courbe qui représente la marche du baromètre à Maestricht, on trouve qu'elle offre à peu près les mêmes inflexions que celles qui ont été données dans les Bulletins pour Bruxelles, Louvain, Alost et Gand; cependant il semblerait que les oscillations barométriques se sont généralement manifeslées un peu plus tôt dans ces dernières villes. ( 150 ) Observations météorologiques horaires, faites à Maestricht , par M. le professeur Ryke, le 21 septembre 1839 et le 20 décem- bre de la inême année. ë o Ë à E ro a THERM. ee | cs BARO- } PAU lei 8 DIRECTION | DATES. A ST CENTS Ga , MÈTRE. EN PE 2 £ © |du vent et état du ciel. 8 JERs|Ses SU MENU ET ME mm mm mm 6 h. mat. | 749,42 À 14,6 | 12,8 À 10,181 | 12,552 |S. Couvert. 7 — .|750,02 À 14,4 | 13,4 À 11,073 | 12,332 |SO. Couvert et pluie. 8 — ,| 749,37 | 14,5 | 13,6 | 11,266 | 12,457 |S. Gouvert. | 9 — | 749,06 À 16,2 | 14,7 À 11,726 | 13,793 Id. | 10 — .|748,18} 17,9 | 15,4 À 11,680 | 15,262 Id. 11 — . | 747,76 À 21,5 | 17,1 À 11,971 | 18,859 |S. Couv. avec éclaire. | 12 — .|747,28 À 22,0 | 16,8 } 11,266 | 19,416 |SO. Quelques nuages. 1 h. soir. | 747,03 À 19,7 | 15,8 À 11,487 | 16,973 |SO. Couvert. D te 747,51 À 19,2 | 14,8 | 10,118 | 16,488 Id, 3 — .| 747,36 À 17,9 | 14,6 À 10,608 | 15,262 Id. 4 0. | 747,06 | 17,1 | 14,4 À 10,804 | 14,554 Id. 5 — . | 748,15 À 17,0 | 13,6 À 10,550 | 14,467 |SO. couv. avec qq. écl. 6 — . | 748,26! 15,6 | 12,4 | 9,094 | 13,307 |S. Nuageux. — . | 749,31 À 14,0 | 12,2 À 9,779 | 12,087 |SO: Nuageux: 8 — .| 749,51 13,0 | 11,4 À 9,383 | 11,378 | Pluie. 9 — . | 749,67 £ 13,2 | 11,8 À 9,756 | 11,516 |S, Nuageux. 10 — .| 750,45 À 11,7 | 10,1 À 8,593 | 10,513 |SO. Quelques nuages. 11 — . | 750,53 | 10,8 | 10,2 À 9,239 | 9,951 Id 12 — .| 750,46 À 11,0 | 10,3 | 9,238 | 10,073 |O. Nuages. 22 SEP 1 bh. mat. | 750,31 À 10,6 | 10,2 9,358 9,830 |O. Nuageux. — ,| 750,41 À 10,2 | 10,0 | 9,300 | 9,592 Id. 12 (A LÉ n ee SR (131) Il ere. \ THERM. i DIRECTION DATES. du vent et état du ciel. “ peur contenue peur que l'air aurait pu contenir. } dans l’atmosuh Tension de la va- Tension de la va- Mouillé. Nuageux. Vaporeux et couvert. » » O. Couvert. O. Nuageux. 0.Qq. nuag. avecsoleil. 14,296 |O. Nuages. 14,816 |SO. Nuag. avec soleil. 14,993 Id. id. 13,793 |SSO. Nuageux. 13,149 | OSO. Qq. nuages. 12,992 Id. 11,378 |SSO. Qq. nuages. 746,69 5 |Couvert et pluie. 746,39 Couvert. 746,19 7 OS0O. Couvert. 746,184 , 7 7 2 |OSO. C., un peu de pl. 746,37 11 — . » » » » » » » 12 — . | 745,44 9,8 8,8 8,323 9,359 |SSO. Couvert. 1 Li. soir. | 745,25 9,3 8,8 8,508 9,076 |SSO. Couv. et pluie. 2 — . |744,90 9,8 9,0 8,439 9,359 Id. 8 — , | 744,96 | 10,0 9,2 8,556 9,475 |OSO, Cour. et pluie. 4 — . | 745,03 À 10,0 9,4 8,781 9,475 |OSO. Couvert, M Lulu THERM. > BA. Pt Ê PRES BARO- e È ë se 8 DIRECTION x MÈTRE. £ Ë E Le $ se du vent et état du ciel. mm mm mm 5 h.soir. | 745,05 À 10,2 9,6 8,894 9,592 | Couvert. 6, —..:|:745,52,}10;4 9,6 8,775 9,710 |OSO. Couvert. 7 — . | 746,18 À 10,7 | 9,4 À 8,662 | 9,890 Id. 8 — .|74648| 9,6 | 9,2 8,788 | 9,245 |OSO. Nuageux. 9 — . 747,5 | 10,0 | 9,4 À 8,781 | 9,475 Id. 10 — . |747,50 ! 10,2 9,6 8,894 9,592 |O. Très-nuageux. 11 — . | 747,66 | 10,3 | 9.7 | 8,951 | 9,651 |OSO. Nuageux. 12 — .|747;83 | 10,2 | 9,5 À 8,777 | 9,592 | Couvert. 1 h: mat. | 747,78 | 10,2 9,7 9,010 | 9,592 |O. Couvert, _— , | 748,06 | 10,0 9,6 9,013 9,475 ‘|Couvert et pluie. 12 3 -—.1u21748,25/17 9/8 9,4 | 8,900 | 9,359 |OSO. Nuageux. A ES 748,25 | 9,7 | 9,4 | 8,957 | 9,302 » Bot, ..1110748,25 9,6 9,4 9,017 9,245 |SSO. Très-nuageux. 6 — .|748,44) 9,0 | 8,8 | 8,685 | 8,909 |OSO. Très-nuageux. 7 — .|748,641 8,9 8,7 | 8,630 | 8,854 |SO. Très-nuageux. pures 749,15 | 9,0 8,6 À 8,458 | 8,909 |SO. Nuageux, 9 — : |749,241 9,8 | 9,3 | 8,782 | 9,359 Id. 10 — . | 749,24} 10,3 9,7 À 8,748 | 9,651 |SSO. Très-Nuageux. 11 — . | 749,98 À 10,8 | 10,0 À 9,003 | 9,951 |SSO. Nuageux. DU, 751,07 À 10,6 | 10,0 À 9,122 | 9,830 |OSO. Pluie. 1 b. soir. | 751,12 | 10,9 | 10,3 | 9,298 | 10,012 |OSO. Couvert. 2 — ,|751,34] 10,8 | 9,8 | 8,770 | 9,951 Id. 3 — .|751,54) 10,4 | 9,6 | 8,773 | 9,710 Id. 4 or 751,57 9,3 8,7 8,745 9,076 |OSO. Qq. nuages. 5 — .|751,57À 8,7 | 8,2 | 8,165 | 6,745 |Serein. 6 — . | 751,67 8,0 7,2 7,497 8,375 Id, (133) GÉOLOGIE. Notice sur le gisement et l'exploitation du diamant dans la province de Minas-Geraes au Brésil, par Sébastien-Joseph Dexis de Herve (province de Liége), ex-administrateur-ingénieur de la compagnie brésilienne, Uniäo-Mineira (union des mines). Avant d'entrer dans les détails du gisement du diamant, il ne sera peut-être pas hors de propos de donner une idée sommaire de la nature et de la qualité du terrain en général. Toute la province de Minas-Geraes au Brésil peut être considérée comme un terrain élevé, coupé par des chaînes de montagnes se dirigeant du sud au nord, qui, tantôt se rapprochent, tantôt s’éloignent, laissant entre elles des terres montagneuses dont la superficie est toute crépée et inégale, formant le lit de grandes rivières et de grands fleuves. Ces montagnes , recouvertes d’une terre argileuse rougeâtre, couleur due au fer oxydé, très-fertiles et cou- vertes de forêts à haute futaie, dominent de la sorte, sur un développement de plusieurs lieues, toute la partie orientale de ces cordons de chaînes de montagnes jusqu'à la dernière élévation du littoral, d’où les rivières et les fleuves se précipitent en grandes cascades, el laquelle di- vise le terrain bas de l'élevé, qui conslilue celui de la pro- vince. Toute la partie orientale peut s'appeler un district de mines par excellence : partout on y trouve plus ou moins de formations d’or, de fer et de beaucoup d’autres métaux, oulre une grande quantité de pierres précieuses; mais le point tout à fait Esi reste encore peu connu et peu peuplé, ( 134 ) À l’ouest de ces chaînes, s'étend le vaste bassin du fleuve San Francisco, qui forme le plus grand plateau de la pro- vince (1). De ce côté, se trouvent les vastes pâlurages ; on n'y a pas encore exploité l'or, mais on y rencontre des mi- nerais de fer, de plomb, etc. L’or reparaîl dans une autre chaîne de montagnes à l’ouest et à gauche du même fleuve , où sont les mines des environs de Paracatü , si re- nommées par leurs richesses déjà extraites et qui conli- nuent encore à être très-productives. Ces chaînes de montagnes sont en grande partie recou- vertes de beaux verts pâturages ou de forêts; leurs som- mets sont arrondis ,en partie nus, stériles, d’autres sont à faîtes aigus , déchirés et à pentes rapides, la plus grande partie formés de gneiïss, de schisle talqueux, d'itacolumite, de roches sideroxvdées , et de schiste argileux. Le granite ne se rencontre pas sur ces pics élevés des montagnes ; on le remarque encore dans peu d’endroits, dans les vallées, avec le gneiss servant de base à ces immenses formations d'itacolumite ; le schiste argileux se montre incosté sur le versant ou au pied de celles-ci, formant lui-même des montagnes et des chaînons comme celui qui divise cette province de celle de Goyaz qui s'appelle, forêt de la Corde, (1) Cette plaine, quoique s'étendant sur une superficie de plusieurs lieues, ne peut être regardée comme un plateau de terre basse, mais bien de terrain élevé, car le fleuve, dans son cours, va en se précipitant de cascade en cascade, jusqu’enfin à sa chute dans les terres basses qui avoisinent la mer, offrant une cataracte admirée par ceux qui voyagent dans ces contrées, et connue sous le nom de Paulo Affonso (Paul Al- phonse), peut-être aussi admirable et aussi majestueuse par son éléva- tion , sa masse d’eau projetant au loin et avec fracas son jet que la tant vantée et tenue pour unique du St-Laurent dans le Canada. ( 135 ) toute composée de schiste argileux couvert d'une forêt noire, qui n'est pas d’une grande élévation (1). Ce sont là les roches dominantes de la province ; on rencontre par-ci par-là des roches subordonnées et acci- dentelles, comme les roches amphiboliques, le calcaire , la serpentine, le quarz, le talc ollaire, etc. On n’a pas encore rencontré de pétrifications du règne animal ; on à trouvé quelques végétanx pétrifiés dans les argiles ferrugineuses et siliceuses d’une date moderne , et qui semblent se former encore tous les jours. Dans les grottes calcaires da Lapa do maquiné acima et de Lagoa santa, on trouve beaucoup d’incrustations d'animaux , d'espèces éncore vivantes, et d’autres qu’on n’a pas encore su y rap- porter, et qui appartiennent probablement à des espèces qui n'existent plus dans ces parages. Il y a deux sources d'eaux thermales connues : ce sont celles des environs da Villa da Campanha (ville de la campagne), et du Morro d’Agoa quente (montagne d’eau chaude). Il n'existe pas de volcan et on ne voit aucune trace qui pourrail indiquer qu'il en ait exislé autrefois. On n’a jamais entendu parler de tremblement de terre, Gisement du diamant. — Après avoir jeté un coup d'œil rapide sur la province que j'ai habitée pendant prés de 8 ans, lantôt comme naturalisle voyageur, tantôt comme exploitant les mines en qualité d'administrateur et d’in- génieur, après quoi je me suis occupé du tracé d’une (1) Les chaînes de montagnes, quoique se dirigeant parallèlement aux grandes Cordillières, patrie des plus hautes montagnes du globe, en exceptant peut-être le Tibet, ne sont pas hautes, car un des pics les plus élevés, qui est l’Itambé, dans le S'erro do Frio , n’arrive pas à 7000 pieds au-dessus du niveau de la mer. Tom. vrr. 11 ( 136 ) route plus courte au milieu des forêts vierges, pour relier la capitale de la provinee avec le littoral, je me suis décidé à revenir dans ma patrie après neuf ans d'absence. Aujour- d’hui je me permets de vous adresser ce qui fut l’objet de mes premières recherches. Ce fut dans l'intention de rechercher le gisement du dia- mant que je partis pour le distriel diamantin en avril 1832. Aussitôt arrivé dans la Cidade Diamantina (autrefois Tijuco) je me rendis chez les autorités et les principaux exploitants, qui s’empressèrent de me donner Lous les ren- seignements qui étaient à leur connaissance, et me permi- rent de visiter leurs travaux et ceux du gouvernement. Aprés avoir travaillé pendant 6 mois, lorsque je me dé- cidai à quitter pour visiter d’autres parties du pays, je n'avais pas encore eu le bonheur de rencontrer le diamant dans la roche, mais j'avais supposé son véritable gisement, et en janvier 1839, une personne qui savait que je m'élais sérieusement occupé de cetterecherche, s'empressa de me faire passer un échantillon de la roche que j'avais présumé être sa gangue avec un diamant implanté, qu'on avait trouvé par l'effet du hasard, Un gros bloc de pierre se trouvait au milieu d’un service, il élait nécessaire de l’en tirer, mais élant trop volumineux, on fut obligé de donner quelques coups de mines, et on trouva des diamants très- bien cristallisés et très-brillants implantés dans les frag- ments, ce qui fit aller rechercher la roche d’où venait le bloe détaché. Le diamant s’est trouvé au Brésil jusqu’à ce jour entre le 16 et le 20°30' de latitude australe, où sont les exploi- -tations du district diamantin (trop restreint à la vérité), à Minas-Novas, à l'Abaeté ou (nouvelle Loraine), dans la province de Goyar. (437 ) Dans les Grandes-Indes, on l’a trouvé entre le 15 et le 25° de latitude boréale, excepté à Bornéo qui est sous la ligne équinoxiale. On l’a aussi découvert en Sibérie sur la pente occidentale des monts Ourals. En disant un mot, en général, sur la géologie, j'ai parlé de l’étacolumite (roche composée de quarz et de tale) reposant sur le schiste talqueux, ou pour mieux dire la première couche d’itacolumite qui vient après le gneiss, et que je regarde comme un schiste talqueux, remplaçant le micaschiste, semble n'être que le passage entre le gneiss et l’itacolumite dans laquelle le talc prédomine, et où le quarz est très-rare et en grains excessivement fins. Le tale diminuant et le quarz devenant prédominant , nous arrivons aux roches qu’on appelle itacolumite (pedra de amolar) pierres à repasser : (/agem) dalle ou carreau de pierre , qui est celle dans laquelle s’est trouvé le diamant et qu'on doit regarder comme son véritable gisement. L'itacolumite est une roche de texture schisteuse, composée de lalc et de quarz ; mais on observe une infinité de nuances dans cette roche : à sa partie inférieure, elle est très-talqueuse, perd continuellement de son talc et arrive au point supérieur à ne former que des masses de quarz à grains fins liés entre eux, ce qui la rend compacte, et d'autres fois à texture grenue ou granuleuse, Ordinaire- ment le quarz est de couleur blanche, grise ou rougeâtre ; le talc offre une grande variété de couleur. La cassure est ou écailleuse ou presque terne, d’autres fois d’un aspect vitreux. Ces roches, qui sont bien stratifiées, sont parfois recou- vertes de la même roche en masses, mais qui ne présente plus alors pour ainsi dire aucune paillette de tale ; elles sont coupées par une grande quantité de veines et de f- (138) lons de quarz hyalin amorphe et cristallisé de différentes couleurs, blanc laiteux, rougeâtre, gris, noïrâtre ou foncé, jaunâtre, renfermant diverses espèces minérales, telles que l'or natif, les pyrites martiales , arsénicales, cuivreuses; le tellure , le bismuth sulfuré et oxydé, tous aurifères; le plomb sulfuré et carbonaté argentifére ; le titane anatase, le rutile, le sphène, le disthène, les tourmalines, le schorl, l'amphibole, les manganèses, le fer oligiste spéculaire, lamellaire, cristallisé, irisé, le fer titané, les hématites de fer, le fer oxydulé en octaëèdres, l'arseniate de fer, la chaux carbonatée ferrifère, etc. On rencontre encore de temps à autre des lignes de lydienne ou pierre de touche ; on y trouve aussi des géodes tapissées de quarz hyalin prismatique très-bien cristallisé, et dans une galerie d'écoulement que je faisais percer à l'Uniäo Mineira , j'ai trouvé des géodes remplies de beaux cristaux de chaux carbonatée en têtes de clous, de quarz et de pyrites sulfureuses. Il y a plusieurs couches de ces formalions qui sont très-riches en or, et qui renferment une grande parlie des espèces précitées et les grenats. On y rencontre quelques amas couchés et beaucoup de veines. Ces roches, quoique très-fendillées, résistent encore le plus à l’action destructive et décomposante des éléments, et forment des escarpements et des pentes très-rapides. Des réunions considérables de blocs et de couches qui se trou- vent en saillie au milieu des champs, font reconnaître d’a- vance la nature du terrain; son aspect sévère el agreste contraste avec l’aspect souple, uni el mamelonné des for- mations plus talqueuses et argileuses qui constituent les régions basses. Ces roches cédant plus facilement aux agents destructeurs , recouvrent la surface du sol d’une certaine épaisseur de terre végétale, ne présentant pas de blocs ( 139 ) épars, ou seulement quelques-uns arrivés des hauteurs environnantes, et rarement des roches saillantes, si ce n’est quelques filons quarzeux qui se montrent par-ci par-là. Les terrains d’itacolumite sont les plus étendus dans cette province : dans les parties nord et ouest, ils forment pres- que la totalité des chaînes de montagnes appelées : Serro do Frio, Serra da Lapa, Serra do [tumbé, de Minas- Novas, Serra da Piedade , Serra de Ouro Branco, do Ttacolumi, do Caragça, Serra de Capanema , de Cocaes, Serra do Ttabira , do Campo, etc.; enfin on peut les re- garder comme la roche dominante de la province. Cette roche est très-bien stratifiée, a toutes les inclinai- sons depuis la verticale jusqu’à l'horizontale , formant des pics, des plateaux et des crêtes élevées, tels que le pic d’Ztacolumi , d'Ouro Preto et d'Itambé, la Chapada da Cidade Diamantina, le C'araga, le grand Mojol de Minas- Novas, la Serra da Lapa , les environs da Cidade Dia- mantina , etc., etc. ñ Les Brésiliens qui exploitent le diamant, divisent les dé- pôts qui le contiennent en deux espèces , qui sont bien les mêmes, mais d'aspect différent : le premier, qu'ils appellent gurquiho (charançon), se trouve à la superficie du ter- rain , recouvert par une mince couche de sable ou de terre végétale dans des plaines élevées ou basses le plus souvent marécageuses, appelées vargens , est composé de quarz amorphe , brisé en fragments plus ou moins gros, non rou- lés , ni agglutinés, mêlé de beaucoup de sable ; il s’y ren- contrede l’or en grains, en paillettes, quelquefois du platine, du fer oligiste , du fer oxydulé , enfin toutes les espèces mi- nérales qui se rencontrent dans le cascalho ( blocaille et poudingue ), sauf que ces substances ne sont pas roulées , mais seulement détachées ou concassées. Ici les diamants ( 140 ) sont plus élairs, c’est-à-dire , ne sont pas, généralement parlant , recouverts d’une croûte, ou au moins pas aussi épaise, les arêtes et les angles sont moins émarginés, ce qui paraîl démontrer qu'ils n’ont pas roulé comme ceux qu’on trouve dans les rivières et les bas- fonds. Autrefois on croyait qu’il ne s’en trouvait que dans ces dernières loca- lités, lorsque tout à coup le hasard en fit découvrir sur des montagnes élevées, et sans être accompagnés des autres minerais et minéraux qu’on appelle formation du dia- mant , lesquels font plus ou moins bien augurer du cas- calho. L’antre dépôt nommé eascalho esl composé de cailloux roulés quarzeux, parfois liés entre eux par une argile ferru- gineuse, d’autres fois amassés sans aucune conhérence, ren- fermant de l'or, quelquefois des grains de platine, du fer oligiste , du fer oxydulé en octaëdres, du fer hydraté, des oxydes bruns et rouges (esmeril de ferro) , du tilane ana- tase en octaèdre (eativos), du rutile (esmeril d’ A qulho), du disthène en petites plaques imilant la paille de riz, des gros morceaux de lydienne en forme de fèves (favas), en petits morceaux imitant les haricots noirs (feyoens pre- tos); ete. Cet assemblage repose ordinairement sur des argiles talqueuses diversemeut colorées, ou de gneiss en- tièrement décomposés, que l’on appelle piçarra. Ge même poudingue, qui contient le diamant, en est quelquefois re- couvert, et il s'élève jusqu'a 15 mètres dans quelques endroits, Le plus souvent, ec n'estqu'un sable mouvant ou des débris de roches roultes qui le recouvrent, el parfois il se trouve tont à fait à la superficie. Dans certaines ri- viéres et ruisseaux , il en forme le lit, et on le voit rouler continuellement. Dans le cascalho proprement dit, on ne rencontre pas (141) de restes ni du règne animal , ni végétal; seulement dans la couche qui le recouvre, parfois on trouve des arbres entiers avec leurs racines, mais de la manière qu’ils sont mutilés, on voit qu’ils ont été amenés de loin par les eaux. La découverte d’une localité diamantifère est presque toujours due au hasard ; ce sont le plus souvent des nègres appellés grimpeiros (contrebandiers), et quelques crimi- nels échappés à la justice qui se sont enfuis dans les lieux deserts qui ont fait les principales découvertes. Presque toutes les rivières , ruisseaux et bas-fonds sont plus ou moins exploités, sauf ceux qui présentent de trop grandes difhicultés, ou bien la où il ya manque d’eau, chose indispensable pour le travail; sur les montagnes, on ne le recherche que pendant la saison des pluies, et alors on y creuse des réservoirs pour réunir les eaux des averses. Quand on voit combien de travail demande la recherche de cette pierre , et combien de personnes y perdent leur fortune, on ne doit plus s'étonner de sa cherté, laissant même de côté ses propriétés particulières et la valeur d’es- timation qu’on lui accorde. Je donnerai un court aperçu du mode d’exploiter le diamant. Lorsqu'on a découvert un endroit où il se trouve du cascalho où du gurgulho, on procède comme suit, d’après les localités : ce qui divise les méthodes, en services dans le lit des rivières, sur les rives, et en plein champ. Si l’on veut travailler le lit d'une rivière, on commence par détourner son cours , s’il est possible, ou en lui for- mant un nouveau lit, on la suspend au moyen d’aquéducs en planches. Ce premier travail achevé, on enlève la couche qui recouvre le cascalho; mais comme c’est un terrain imbibé d’eau, on est bientôt chassé de l’enfoncement qu’on a creusé par les eaux qui viennent s'y accumuler; il faut (14) \ alors recourir à des moyens d’épuisement: les uns la puisent à bras avec des seaux (travail pénible et digne de pitié). Des nègres dans celte eau, le plus souvent exhalant une odeur infecte, produite par les broussailles et les fougères, dont on a lapissé les bords pour empêcher les éboullements, remplissent les seaux, les font passer à d'autres qui for- ment une chaîne ascendente jusqu’à l’endroit où l'on veut Ja verser, tandis que d’autres font repasser les seaux vides en sens opposé. Il est visible que ce mode d’épuisement est trés-préjudiciable, car il ruine la santé des ouvriers, 40 à 50 personnes ne font pas plus de travail que n’en feraient 4 à 6 avec un simple machine. Quelques exploitants plus intelligents, ayant appris qu'ils travaillaient sans entendre leurs intérêts, ont com- mencé à travailler avec la pompe à chapelet Noria (Roza- rio) et la pompe aspirante, mais leurs machines sont encore très-imparfaites, et ils ne les perfectionnent pas, tenant beaucoup à la routine el appréhendant toute innovation. Un travail qui est encore curieux à voir, c’est le mode de transporter les terres qui recouvrent le cascalho et le cascalho lui-même. Lorsqu'ils travaillent un terrain plus élevé que le niveau d'une rivière , et qu'ils ont à leur dis- posilion un courant d'eau suffisant, ils l’amènent sur le point où ils veuleni travailler, y placent des nègres qui, avec des leviers en fer , terminés en pointe à un bout et en tranchant en forme de ciseau de menuisier de l'autre, com- mencent à ébranler le terrain, tandis que d’autres le re- muent continuellement dans le courant d'eau qui a été amené sur ce point, lequel entraîne les déblais les plus légers dans le lit de la rivière , ou dans des endroits plus bas déjà exploités. Ge mode de travailler forme une espèce de service en gradins ; mais il arrive souvent que le terrain | | | | | ( 143 ) u’offre pas de chute, et alors ce moyen devient impossible, et c’est ce qui arrive lorsqu'ils explorent le lit des rivières. Dans ce cas, après avoir délourné les eaux, 1ls altaquent une cerlaine quantité de terrain (20 mètres environ ) sui- vant le plus ou moins d'ouvriers qu'ils ont à leur disposition ; ils enlèvent la couche supérieure qu'ils font transporter dans un endroit déterminé; mais comment la transpor- tentils ? Ici des nègres avec des leviers et des pioches comme ci-dessus commenceut par ébranler le terrain, ceux qui travaillent avec la pioche, chargent 4 à 5 pelletées ( : pied cube) environ de déblais dans une espèce de sé- bile en forme de cône aplati (carumbé) de 6 décimètres, de diamètre el de 15 centimètres de profondeur, que d’autres portent sur leur tête à l'endroit désigné. Lors- qu'ils arrivent au cascalho , ils suivent le même procédé, en portant celui-ci aux endroits de lavage. Quand cette place est épuisée, on labandonne et on recommence un autre service à côté, en remplissant le premier avec les dé- blais du second. On s'étonne de voir ce mode de transport si pénible ei si dispendieux encore en pratique, tandis qu'il enexisle tant d'autres plus économiques et moins faligants ; mais 1l est bon de faire observer qu'ils mettent une espèce de luxe dans cette chaîne de 50, 100 ou 200 nègres qui se suivent avec leurs gamelles sur la tête, les uns venant d’un côté et les autres allant en sens opposé, formant une double haie qui leur plaît beaucoup, au point que l'administrateur auquel je m'élais permis de faire remarquer la perte de temps et de force que ce mode de travail lui occasionnait, me répondit tout simplement : « Vous ne trouvez pas cela joli ? Vous eussiez dû voir, il y à 5 ans, lorsqu'il y avait ici 4 à 500 nègres qui se suivaient comme c'élait beau! » Sans avoir l'air de faire attention à l'observalion que (144) je Ii faisais , ce qui me démontra que j'avais parlé @n vain et qu'il tenait à la routine. Il est vrai que quelques-uns _ont voulu introduire l'usage de quelques machines simples pour l'extraction , mais je ne sais quelle fatalité les pour- suivail : soit faute de bons ouvriers pour exécuter les plans , soit qu'ils ne pussent se procurer les matériaux né- cessaires , le plus souvent l'exécution n’a pas du tout coïn- cidé avec l'attente, ce qui malheureusement a découragé les exploitants au point qu'actuellement il y en a qui re- connaissent et qui avouent l'imperfection de leur mode de travailler, mais ils tiennent à leur ancienne méthode et ne se fient nullement à ce qu'on leur assure, craignant d’être dupes une deuxième fois. Ils n’écoutent les avis qu’on leur donne qu'avec un air de dédain; ils disent parfois qu'ils voudraient bien que des étrangers vinssent diriger leurs travaux, maisils n’ont pas le courage d’en appeler, et si par hasard , il s’en présente , ils les engagent parfois, ils leur promettent monts et montagnes, et après quelque temps, lorsque les travaux sont à moitié en train et qu'ils croient pouvoir les continuer, ils tâchent de les décou- rager , soit en ne remplissant pas leur contrat, soit en leur cherchant chicane, ce qui , par parenthèse , n’est pas arrivé à une personne, mais mainte el mainte fois. Ceux qui travaillent dans les rivières ou dans les bas- fonds tirent du cascalho pendant tout le temps de la sécheresse, pour le laver pendant les pluies, saison pen- dant laquelle ils ne pourraient exploiter à cause des gran- des crues d’eau qui , à chaque instant, viendraient combler ou faire ébouler leurs travaux. Les cascalho ou le gurgulho séparé, est lavé de diver- ses manières, dont les principales sont : 1° à la hulinete ou canoa (au canal ); 2° à la bateia (à la sébile ); 8° au ha- que (à la chute. ) (14 ) La bulinete on canoa est un canal dont les côtés sont formés de deux planches ou de pierres rangées parallèle- ment, en murailles de la longueur de 3 à 4 mètres, dis- tantes l’une de l’autre d'un mètre environ, une troisième planche ou pierre de la largeur du canal le traverse et forme Ja tête de la bulinete d'où tombe l’eau en forme de cascade sur toute la largeur servant à laver le cascalho. La profondeur est très-variable , le fond est fait en argile battue ou en cupim {espèce d’argile très-liante travaillée par les fourmis blanches). Un ou deux nègres remuent continuellement le minerai en le ramenant dans la partie supérieure, tandis que d’autres en apportent dans le cou- rant d’eau. Ils se servent pour l’agiter d’une espèce de pioche (almucafa) qui , au lieu d’être carrée et tranchante à l'extrémité , se termine en une pointe plus grosse que le reste, formant la pointe d’un triangle isocèle. Le manche a 1 mètre environ de longueur ; ils le tiennent à peu près verticalement , et enfoncent la pointe de la pioche à peu près horizontalement de l'arrière en avant , pour ramener le cascalho à la tête de la bulinete , sous la chute d’eau , et ainsi exposer les parties légères an courant d'eau qui les entraîne , et donner passage aux corps plus pesants comme le diamants, l'or, etc., qui vont se déposer au fond. De temps à autre, ils quittent la pioche, rassemblent les plus gros cailloux qu'ils poussent derrière eux, où se trouve parfois un troisième nègre qui les emporte. Les sables les plus gros, qui contiennent encore souvent de pelits dia- mans, se rendent dans un réservoir où ils se déposent , el d’où on les retire pour les laver à la sébile ou à la chute, Dans les établissements un peu soignés, et où l'on compile travailler pendant longtemps, ces bulinetes sont mieux arrangées : il y a une vinglaine de canaux réunis ; ( 146 ) ils n’ont que 0,60 à 0®,70 de largeur ; un seul nègre tra- vaille dans chaque canal, à la tête duquel passe un con- duit d’eau, et à chacune se trouve une ouverture en forme de demi-lune au milieu, qu’on ouvre ou ferme à volonté. Ils ont l'habitude de placer un cailloux devant le centre de l'ouverture, pour faire passer l’eau par les côtés, en lui faisant former une nappe mince qui se répand sur toute la largeur du canal. Sur le conduit d’eau qui est recouvert, est déposé le cascalho que l’ouvrier tire à volonté, n'ayant pas besoin qu'on le lui apporte, il peut mieux diriger son travail. Lorsqu'on a lavé une certaine quantité de minerai, ou le plus souvent au bout de quelques jours, on épure, c’est-à-dire, on rassemble le fond des bulinetes qu’on lave à la sébile, pour recueillir les petits diamants et autres qui auraient pu échapper , ainsi que l'or qui s'est rassemblé ou précipité à la tête de la bulinete ; la plus grande partie des diamants sont retirés pendant le 1° tra- vail. Leur éclat les fait facilement découvrir sous la nappe d’eau. Ces canaux sont sous un hangar, où un ou deux sur- veillants (feitores), assis sur des banquettes élevées, ont continuellement les veux fixés sur les ouvriers pour diri- ger le travail et les empêcher de voler les diamants ( ce qui arrive malgré toute la surveillance imaginable ). Aussitôt qu'un nègre a décoûvert un diamant, il frappe des mains, le prend entre l'index et le pouce et le remet à l’un des surveillants qui le dépose dans une gamelle suspendue dans le hangar, jusqu’à ce qu'il se retire. Ce mode de tra- vail est bon, en ce qu’on lave une grande quantité de minerai en peu de temps, et que les plus gros diamants échappent difficilement; quant aux pelits, qui passent presque loujours dans les sables, ils se retrouvent dans le lavage à la sébile qui se répète jusqu’à 3 et 4 fois. ( 147 ) 2° Le lavage à la sébile (bateia) se fait comme sui : la sébile est un cône peu profond en bois, d'environ 0%,75 de diamètre et de 0,20 de profondeur; les nègres, dans un réservoir d’eau formant un canal d'une longueur proporbionnée au nombre d'individus, d'environ 1",50 de largeur et de 0,36 à 0,50 de profondeur, rempli d’eau qui arrive continuellement par une extrémité et dont le trop plein se dégorge par l'autre, tiennent chacun dans leurs mains une sébile. Sur un des bords se trouve le tas de cascalho où ils arrivent pour en prendre une portion, qu'ils commencent à laver grossiérement pour en tirer la terre, qui.est entraînée en plongeant la sébile dans l'eau où ils sont jusqu'aux genoux, en remuant continuel- lement le contenu avec une main, en soutenant la sébile de l’autre à peu près à fleur d’eau, ensuite la reprenant des deux mains, ils lui impriment deux mouvements, un de rolation et un autre de bascule ; après quoi ils se reli- rent vers le bord opposé, où ils recherchent le diamant en examinant les cailloux lavés de la superficie, lançant en- suile ceux-ci derrière eux et continuant le même travail jusqu'a ce qu'ils arrivent au fond où se trouvent les petits diamants et l'or, le fer, le litane, elc., et toutes les sub- stances les plus pesantes. Ceite première opération finie, ils s'avancent en poussant devant eux la sébile sur l’eau en battant des mains et vont reprendre une nouvelle charge de minerai. 3° Le lavage à la chute ( bague) se rapproche beaucoup de celui de la canoa ou bulinete. C'est un canal incliné, formé en planches ou en pierres comme l'autre, mais au pied duquel se trouve un réservoir d'eau où se place un ouvrier en pied , avec une sébile d'où il lance continuelle- ment de l’eau du bas vers la partie supérieure du canal sur ( 148 ) le minerai qu'il y a déposé, et le fait ainsi refouler vers la partie supérieure où se déposent les substances les plus pesantes. Le sable même ainsi que la terre sont entraînés par le courant d’eau dans le réservoir d’où il les lance. De temps à autre il entre dans le bague , et tout en recher- chant le diamant , il ramasse les plus gros cailloux pour les lancer au dehors. A la fin il lave ce qui est resté dans le fond à la hateia , comme cela se pratique pour les restes de la bulinete. Ce mode de travail n’est employé que lorsqu'on n’a pas une suffisante quantité d’eau à sa disposition, ou aucun courant, comme dans les lieux élevés el où on est obligé de se servir plusieurs fois de la même eau, parce qu’il ne s’en perd presque pas ; mais il faut que l’ouvrier soit bien exercé pour qu’il ne lui échappe pas de diamants , car cette eau, qui devient trouble après avoir lavé une certaine quantité de minerai, par les terres qu'elle entraîne et qu'elle tient en suspension, par l'agitation continuelle qu'il lui fait subir avec la sébile, masque une partie de l'éclat du diamant. Aussi n’emploie-t-on ce moyen qu’en désespoir de cause, et l’on répète plusieurs fois cette opéra- tion sur le même minerai avant de l’abandonner , si on a eu la chance de trouver quelques chose dans un 1° essai. HISTOIRE LITTÉRAIRE. Sur le projet de nomination de Dodonée a une chaire de médecine à l'université de Louvain, en 1554. — Note de M. le chanoine De Ram , membre de l’académie. Un fait qui a beaucoup occupé quelques-uns de nos Bulletin de l'Academie: Tome V11. Page 148. Coupe générale des formations de la Province de Minas-Geraes au Bresil. CT Guaise, | | D 2 5 orge, Sitroctriste. PE] Schiste argileux. ( 149 ) biographes , et au sujet duquel ils ont formé des conjec- tures peu fondées, c'est le molif qui fit échouer la nomi- nation de Dodonée à une chaire de médecine à l’université de Louvain. Selon les uns, un obstacle à ceHe nomination se serait trouvé dans les opinions politiques et religieuses du célèbre botaniste; d’autres ont paru croire que l'uni- versité même aurait eu le tort d’avoir éloigné de l’ensei- gnement un homme qui était en état de rendre, dans cette nouvelle carrière , des services éminents à la science. Mais d’abord il n’est guère probable que Dodonée ait eu les opinions qu’on veut lui supposer, à une époque où il se dirigeait entiérement par les conseils de ses protecteurs, Viglius et Hopperus, auxquels les liens de l'amitié et de la parenté l’attachaïent intimement. Ensuite, l’université ne pouvail exercer qu'une faible influence sur la nomina- lion ; car la chaire de médecine, que l'on destinait à Dodonée, avait été fondée'et dotée par la ville , et le ma- gistrat s’en était réservé exclusivement le droit de nomi- nation (1). Les lettres que Dodonée adressa au président Viglius, renferment à cet égard des révélations curieuses ; on y découvre les motifs qui dirigèrent le magistrat de Louvain et son candidat. Trop d'hésitation et peut être trop d’exi- gence de part et d'autre émpêchèrent Dodonée de se vouer à l’enséignement, lorsqu'il était dans toute la vigueur de l’âge. Ce ne fut que vers la fin de ses jours qu'il accepta les fonctions qu'il avait recherchées autrefois. Ayant refusé la placée de médecin de Philippe If, que son ami Hopperus lui avait fait offrir, il se rendit en Allemagne auprès de (1) Valerit Andreæ Pusti acad., p.219’, et MSS. de L. Bax. ( 150 ) Maximilien IL, qui le nomma son médecin. Après la mort de ce prince, arrivée en 1576, son fils Rodolphe II le con- tinua dans son emploi et lui conserva le titre de conseiller aulique. Mais préférant le calme de la vie privée aux agi- tations de la cour, Dodonée demanda sa démission et se rendit à Anvers pour publier son grand ouvrage latin sur les plantes, qui sortit des presses de Plantin , en 1583 (1). Vers celle époque, l’université de Leyde le nomma à une chaire de médecine qu'il ne remplit que pendant environ deux ans et demi, car la mort le surprit au milieu de ses travaux , le 10 mars 1585, à l’âge de 67 ans. Les autographes des trois lettres de Dodonée, que nous publions, se trouvent à la bibliothèque royale, et provien- nent de celle de M. Van Hulihem. Ces lettres, en éclaircis- sant une question qui se raltache à notre histoire littéraire, nous donnent en même temps quelques renseignements sur l'état de l’enseignement médical à Louvain vers le milieu du XVIe siècle. « 5. P. Non satis memini, clarissime domine præsidens, an in postremo conventu, cum audisse me Lovanienses hinc inde alium professorem quærere referrem, causam cur hoc non solum me sed et D. Hopperum in admiratio- nem duxerit , satis explicaverim ; hinc inter nos acta latius declarare institui. Non male siquidem me habet alium queri doctiorem ac in universa medicina magis exercita- (1) V. Van Hulthem , Discours sur l’état ancien et moderne de l’agri- culture et de la botanique dans les Pags-Bas ; p. 81, édit, de 1837. (199 tum , in docendo diligentius versatum f quod alteri hanc conditionem vel studiosis insignem professorem inviderem, nam oplavi studiosæ juventuli virum inveniri raræ ac eximiæ eruditionis, in omnibus medicinæ partibus abso- lutissimum, in analomia et botanica exercitatissimum, sed quod velim hoc eos fecisse prius quam secretarius Heetvel- dius (1) rem omnem mecum non solum traclasset, sed eliam pertractassel atque absolvisset , ila ut nihil restare visom fuerit, quam ut magistratus significaret, quando me venire vellet. » De omnibus conditionibus inter nos convenit, neque ulla quæstio erat de eo quod postea domino præsidi retu- lerunt (2), quod videlicet voluerint me obligare, ut per- petuo in urbe manerem, quum ipsorum secrelarius quatuor tantum lecliones singulis hebdomadis desideraverit, easque diebus ordinartis vel, si negotia non sinerent, quibus com- modissimum mihi foret. » De honorario se in mandatis a magistratu habere dicebat , ut ducentos philippeos offerret, ego aliquam diu insleti ut Lantumdem magistralus ac rex numeraret. Verum quum id impetrare ab eo non possem, libertatem- que quo amici et negolia vocarent proficiscendi relictam existimarem , stipendio quod offerebatur professionis onus recepi; verum ea lege ut secretarius anniteretur, quo ad 280 augeretur, id si impetrare posse diffideret, tum demum me 200 philippeorum stipendio cententum diceret. Atque (1) Barthélemi Van den Heetvelde, secrétaire de la ville de Louvain, fils de Jean Van den Heetvelde, professeur en médecine. V. Falerii Andreæ Fasti acad. p.230, et l’etri Divei Rerum Lov. lib. IT , p.92. (2) Lovanienses. Tom. vrr. 12 ( 152 ) horum omnium testem habeo D. Hopperum, qui conventui huic interfuit. Adventus tempus cupiebam in autumnum differri, verum postridie singulis diligentius expensis, vide- batur utilius futuram , ut ad proximum D. Johannis nata- lem (1) eo commigrarem, vacantiarum lempore de cursu , ut vocant , seu ordine professionis medicæ instituendo cum collegis deliberaturus , et præleclione alicujus compendii, morborum eurationes tractanlis, studiosos ac provectiores medicinæ candidatos præparalurus ad ægrolorum in hos- pitali visitationem , quod intra sesqui annum ordinaria lec- tione fieri non posse existimo, cum febrium, morborum locis addiciorum, symptomatum genera, differentiæ, causæ, signa et prædicliones prius explicanda veniant , quam ad particulares morborum ceuraliones perveniri queat (2). Hanc ob causam rogavi D. Hopperum cognatum meum, ut per eum, quem ad manum babebat, ad Heetveldium secretarium scriberet, me omnibus diligentius pensiculatis melius judicasse, ne adventum diutius differrem, sed primo ‘quaque tempore ad D: Johannis natalem venirem , modo id placere magistratui intelligeret, id quod cupiebam quan- tocius possibile foret significari. Verum ad hasce litteras, quas scimus tradilas fuisse , nihil umquam responsum, licet. interea Heetveldius ais de rebus ad D. Hopperum scripserit , atque ita de eo, quod peractum plene videba- tur, bactenus altum silentinm, rumore interim vano (quod doleo) per valgus pluribus locis sparso. Cur autem non res- ponderunt, non possumus conjectura assequi quid causæ subesse potuerit (si non alium quærant) nisi forte quod me ———_—_——————————————————————————————— (1) Le 24 juin. (2) Dodonée paraissait convaincu de la nécessité d’un cours de patho- logie et de thérapeutique générale des maladies internes. ( 153 ) in primo secrelarii congressu nimis facilem reddiderim, quod quidem non fecissem , nisi cum D. Hoppero sæpius hac de re prius contulissem, qui et autor mibi fuit, ut ducentorum philippeorum stipendio (si majus impetrari non possel) provinciam eam subirem; seit enim popularem praxim , qua nunc etiam implicor, licet satis questuosam ingenio meo repugnare, molestam alque causam indu- biam morborum satis gravium conlinuis aliquot annis mihi fuisse. » Responsum autem me frustra expectante , ab amico quodam accepi sedulo eos (1) atque anxie alium quærere, Id qaum D. Hoppero referrem, ipse mecum admiratus fuit, jamque (nisi litieræ tuæ supervenissent) cogitabat ad te scribere ; verum ubi ex tuis intellexit eos illam solum difficultatem causare , quod noluerim pollicert, ut semper in civitate manerem, obiter ejus tantum merminit, alioquin scripturus me sententia mutata non receplurum conditio- nem minori quam trecentorum aureorum honorario, quod et mihi dandum fore, si nullo alio reperto post tot dierum a peracto et plene, ut videbatur, negotio tractato revertamur, non dubilo quin D. præsidens judicaverit. Sed quum ego me lotum judicio atque arbitrio domini præsidis submi- serim, nihil addo amplius, illius benevolentiæ me totum commendans. » Vale, ornatissime domine præses. — Mechliniæ sexto calendis junii (2). » Tibi perpetuo addictissimus, » Reus. Donoxæus, Medicus.» (1) Lovanienses . (2) Les trois lettres de Dodonée, qui se rapportent à l’année 1654, sont sans date. IL. « S. P. Venerunt heri ad me, domine præsidens, domi- nus Johannes Van den Tempel eques (1) et Bartholomæus Heetveldius secretarius, Lovanienses, non ul id, quod semel mecum agere cœperant, perficerent, sed (quantum colli- gere polui) ut irrita omnia redderent , ac si quid videretur antea tractatum , turbarent. Nam cum prius ducentos philippeos obtulissent , hesterna die veluti immemores et nullius anteactorum conscii, tæperunt primum centum el quinquaginta offerre , tandem ad 200 pervenere, quod dicebant et summum et extremum fore, quod posset aut vellet magistratus numerare. Conditiones quoque scriptas mihi legerunt, quæ tales erant, ut neque tu, domine præsidens, in omnibus sis laudaturus, neque mihi potue- runt placere. Descriplæ alque conceplæ erant ea forma, ut ulerque professor, Guillelmus Bernartius (2), qui nunc profitetur, et alius novus qui desideratur, æquis et paribus legibus viderentur obstringi, atque sic opera et diligentia laboreque utriusque paribus, existimabant se salisfacturos si uni lantumdem ac alleri stipendit addi- cerent; scientes enim se facturos injuriam Guillelmo (3), cui se jam pollicitos dicebant nulli plus quam illi nume- raturos, cui paulo plus dandum videretur, quod aliunde accerserelur. Utrumque professorem voluerunt singulis diebus non festis legere, juventutem in stirpium medi- cæque materiæ cognitione instituere, atque alternalis vici- (1) V. Petri Divæi Rerum Lov. lib. IT, p. 62. (2) V. Valerii Andreæ Fusti acad., 219 et 235. (3) Bernartio. ( 155) bus , comitantibus studiosis, hospitale visitare, anatomiam exhibere , atque disputationibus singulis quindenis præsi- dere. Absque consensu magistratus aut Burgimagistri non permiserunt extra civitalem proficisci nisi diebus vacantia- rum, quos paucissimos reliquerunt, sublatis illis canicula- rium dierum, vindemiarum, et plerisque aliis circa nalalem dominicum et pascha, aliquot tantum dierum ferias ad- miserunt. Ad certum tempus videlicel sex annorum volue- runt professorem se obligare, neque ipsi diutius teneri volebant , ea Lamen adhuc lege ut trienuio renunciare liceret. Et pleraque alia hujusmodi in scriptis habebant , quæ ut tibi ostenderent admonui; nam me injussu tuo hæc non posse probare respondi, neque minori quam trecen- torum aureorum stipendio lectionis onus accepturum. » Displicuit in his (præter alia quædam) et hoc, quod a Guillelmo hospitalis visitationem, in stirpium notilia institutionem ac anatomiæ exhibitionem quoque require- rent; ideoque ipsis dixi, si eum parem his omnibus exis- timarent, non opus fore, ut aliunde alium professorem quærerent ; si non, fore frustra alternatam operam ab utroque sumendam. Sed hoc colore, ut existimo, volue- runt anteactis renunciare. Atque ita, re infecla, dis- cessum. » Vale, domine præsidens. — Mechliniæ junii 14. » Tuus semper, Remserrus Dononæus. » ILE. « S. P. Quandoquidem, domine præsidens, nihil absque tuo arbitrio, cui me submisi, agere mihi proposuerim, quid ( 156 ) postremo , quo apud te fui , mecum Lovanienses egerint , ti perscribendum putavi, deinde, ut si ad te venirent aut scriberent, omnium actoram seriem haberes : quod me facere domino Hoppero quoque non displicuit. » Accepi litteras Heetveldii festo divi Johannis, quibus obtulerunt ducentos quinquaginta florenos el conditiones quas nulla ratione (ut seribilur) mutare queunt, quarum transcriptum una cum Heetveldii litteras ad te mitto. Res- pondi me non minori quam trecentornm aureorum hono- rarro prælectionis onus acceplurum, posteaquam jam tanti stipendii rumor sparsus sit, et aliis tantumdem oblatum sciam. De conditionibus scripti tertio, quarto, quinto et sexto articulis, paueiores vacantiarum dies relictos esse, uec videre me quomodo conlinuis illis prælectionibus, qui probe fancturus sit officio, par esse possit , præsertim diebus camicularibus et aetumme , quum acris constitulio per se insalwbris sitet studiis parmm idonea. » Ad decimum servile mmis fore ab utroque burghi- magistro foras proficiscendi veniam poslulare ; satis fore el plus quam satis, si ad magnos illos evocalus (1), um burghimagistrorum profectionem meam indicem. Ultmno negavi me posse consenlire, iniquum fore yudicans si reliclis stipendiis, praxi, ædibus, Lovanium magno cum sumplu commigrassem, et post triennium forte repulsum paterer; id quod ex eo articulo sequi posse, et domino Hoppero et mihi visum fuit. His adjeci me absque tuo consilio milril posse, ut qui de nonnullis tuo arbitrio et judicio*lotum me submiserim : el æquum præterea esse, ut el tu conveniaris, quandoquidem et rex sit ad hoc 41) Ad visitandos maynutes crocatus. 157 ) stipendium contributurus. Rogavi ut cilo responderent , si convenire mecum animo haberent. Hæc quidem ego, domine præsidens, litteris meis complexus sum, quarum exemplar, quod servo ; si placuerit, transmittam. Salutat te D. Hopperus. » Vale, D. præsidens, — Kalendis juliis Mechliniæ. » Tibi perpetuo addictissimus , Reus. Doponzæus. » HISTOIRE NATIONALE. Notice sur Jean de Bourgogne, évêque de Cambray , L . par M. Marchal, membre de l'académie. Les ducs de Bourgogne-Valois ont élevé nos provinces belgiques, déjà très-florissantes avant leur règne, à un si haut degré de prospérité, de gloire et de puissance, que tont ce qui concerne leur maison , intéresse nos historiens nationaux. Nous pensons done, que nous pouvons offrir sans être désapprouvé, la notice suivante sur un des en- fants naturels du duc Jean-sans-Peur, appelé Jean de Bourgogne , qui avait été marié légitimément avant de de- venir évêque de Cambray. I paraît que ce fils naturel naquit vers l'an 1403, dans le 1emps où Jean-sans-Peur avait encore le titre de comte de Nevers, avant la mort du duc Philippe-le-Hardi, son père, qui décéda en l’année 1404. On dit que Jean-sans-Peur avait eu ce fils d'Agnés de Croy, qui était fille de Jean de Croy, seigneur de Renty, (158) grand - maître d'hôtel du roi Charles VE, et l’un des cham- bellans du duc de Bourgogne; ce Jean de Croy, périt en 1415 à la bataille d’Azincourt, avec l'élite de la noblesse française, comme l’attestent Meyerus et d’autres historiens belges. Le manuscrit 16618 de l’ancienne bibliothèque royale des ducs de Bourgogne, dont l'écriture est du commence- ment du XVIII siècle, fait connaître dans de grands dé- tails, toute la biographie presque entièrement inédite ou défectueuse de l'évêque Jean de Bourgogne. Voici ce qu’on y lit sur sa naissance : Johannes de Burgundi& , Johannis intrepidi Burgundiæ du- cis filius naturalis , id est nothus ac Agnetis de Croy, filiæ Johannis de Croy, domini a Renty, seu ab aliis Margaretæ Borsalie. Hæœc enim Margareta dicitur mater Johannis epis- _copi Cameracensis et fertur sepulta, anno 1420 in œde Sti-Sal- vatoris Brugensis. Que sa mère ait été de la maison de Croy ou d’une au- tre maison, son origine palernelle et maternelle n’en est pas moins illustre , selon les opinions peu sévères du XVe siècle, qui sont fort différentes du siècle actuel, sous le rapport de la naissance illégitime des enfants de la famille du souverain. En comparant ce passage avec le texte du tom. IT, p. 336 des Mémoires pour servir a l’histoire du comté de Bour- gogne, par Dunod de Charnage, et avec le texte d’autres généalogistes el d'anciens historiens, on reconnait que Jean-sans-Peur avait eu trois enfants naturels, qui ne sont pas indiqués dans Pontus-Heuterus, Rerum Burgundi- carum. 1. Jeax ne BourGoGxe, que l’on dit être fils d'Agnès de ( 159 ) Croy, né probablement en 1403, dont nous faisons ici meu- tion : sa naissance est constatée dans les ouvrages relatifs à l'histoire de la maison de Bourgogne. 2. Guy, seigneur de Cruybeek. 3. Pire, mariée au seigneur de la Roche-Baron. Jean de Bourgogne épousa Marguerite ou Jeanne Absa- lons, elle était native de Louvain. La date du décès de la femme de Jean de Bourgogne n’est pas connue : quelques écrivains prétendent, mais sans preuves, que le duc Phi- lippe-le-Bon, frère de Jean de Bourgogne, en ligne natu- relle, força celui-ci à se divorcer. Nous ne pouvons admettre cette opinion, parce que ce divorce n'aurait pas eu lieu sans écritures soit légales , soit théologiques. Le silence des his- toriens et l'absence des actes diplomatiques (si nos recher- ches sont exactes), nous portent à faire croire que la femme de Jean de Bourgogne avait cessé d'exister avant qu'il fût promu dans les ordres sacrés et à l'épiscopat. Quoi qu'il en soit, le duc Philippe-le-Bon , après et peut- être même avant que son frère naturel eût été dégagé des liens du mariage, le combla de bénéfices ecclésiastiques , la liste en serait facile à établir en compulsant les nom- breux écrits du XV: siècle. Mais il nous semble que le duc Philippe-le-Bon fit encore davantage, el que ses faveurs n'étaient pas désintéressées, il nous semble donc qu'il se servit de son frère naturel pour instrument de sa politique absolutisle , en l'élevant au siége épiscopal de Cambray. Je vais expliquer ma pensée en reproduisant ici le sens d'une nole que j'ai faite à une édition de l'histoire des Ducs de Bourgogne- Valois, par M. De Barante, laquelle édition fut publiée en 1839. Le duc Philippe-le-Bon était souverain defla Flandre et de l'Artois, du Brabant et du Limbourg, d'Anvers et de ( 160 ) Malines, du Hainaut et de la Hollande, Zélande et Frise. Il cherchait à former une monarchie compacte de tous ses états de par deçà, mais comme il ne pouvait mettre sa main lemporelle sur les domaines épiscopaux et souve- rains de Tournayÿ , de Liége, d'Utrecht, de Cambray, qui étaient en grande partie enclavés dans les terres de la maison de Bourgogne, il parvint à y placer ses officiers et ses parents. Guillaume, évêque de Tournay, fut nommé par lui, chancelier de son ordre de la toison-d’or, dont l’instilution était fortement attachée à la haute adminis- tration polilique des Pays-Bas, Louis de Bourbon, cousin du duc, fut évêque de l’ancienne église de Tongres , trans- férée à Maestricht et considérablement agrandie dans ses fiefs et domaines, depuis sa translation définitive à Liége. Ce Louis de Bourbon est devenu malheureusement célébre par la juste opposition’ et les désasires des Liégeois. Longtemps aprés l'élection de Jean de Bourgogne à Cambray et par une conséquence de cette même politique, David de Bour- gogne, l’un des nombreux fils naturels de Philippe-le-Bon, fut évêque d’Utrecht, malgré une opposition qui avait été redoutable et schismatique pendant quelque temps; les domaines de cet évêché, tant en deçà qu’au delà de l'Yssel (Over-Yssel), entraient profondément dans les états du comlé de Hollande d’un côté, et confinaient à l'empire germanique de l’autre côté. Ils étaient donc à la conve- nance de Philippe-le-Bon. Une circonstance naturelle de cette marche politique et centralisante , avait fait élever sur le siége épiscopal de Cambray, le frére naturel du duc Philippe-le-Bon, qui est, comme nous l'avons dit, Jean de Bourgogne. Mais on doit re- marquer relativement à ces qualre évêques , que Guillaume de Tournay fut loujours soumis à la volonté du due, qui ( 161 ) était chef et souverain de l’ordre de la toïson-d'or, que Louis de Bourbon, cousin de ce duc, David son fils, et Jean son frère, furent des princes légers , peu doués des talents d'une profonde administration et incapables de toute opposilion envers le chef de la famille, ce qui convenait sans doute a Philippe-le-Bon , qui travaillait par d’autres moyens que Louis XI, plus jeune que lui, employa plus tard, pour éta- bhr une grande monarchie sur les débris des libertés mu- nicipales et du régime féodal. Qui nous assurera d'ailleurs que les conseils et l'exemple de Philippe-le-Bon n'aient pas servi d'instructions à Louis XI, pendant le séjour de celui-ci à Genappe , en Brabant? Mais avec celte différence que Philippe-le-Bon préparait la monarchie absolutiste de Charles-le-Téméraire , son fils, de Charles-Quint et de Phi- hippe LE, par le grandiose de sa cour , tandis que Louis XI préférait les ruses de la finasserie. Avant l'épiscopat de Jean de Bourgogne, le siége de l'église de Cambray avait été occupé par deux prélats ; quel- ques actes intéressants el inédits de leur temps, sont en la bibliothèque de Bourgogne. C'est pour attirer l'attention sur ces acles manuscrits, que nous en faisons mention. Le plus ancien des deux prélats fut Robert de Genève, qui avait élé protonotaire el ensuite évêque de Térouenne, et qui fut évêque de Cambray en 1368. Il fut cardinal en 1371, et devint pape en 1376, sous le nom de Clément VI, en concurrence avec Urbain VE, à l'élection duquel il avait cependant coopéré dans le conclave par un libre suffrage dont les expressions textuelles sont consignées au MSS. intitulé : Schisma. Chacun sait que Robert de Genève, Clément VI, alla établir sou siége pontifical à Avignon, parce qu'Urbain VI occupait celui de Rome , ce qui fut la cause du grand schisme d'Occident. ( 162 ) L'autre prélat célèbre, qui gouverna l’église de Cambray, quelque temps après Robert de Genève, est le savant Pierre d'Ailly (Petrus de Alliaco). Il avait été archidiacre de Cambray en 1391 ; il fut chancelier de l'université de Paris, grand-aumônier du roi Charles VI el enfin cardinal. Il avait été envoyé en Italie et en Allemagne pour faire cesser le schisme ; les historiens contemporains disent qu’il fut «le premier et le plus puissant pilote qui mit la main » à la rame pour suppléer au défaut de gouvernail, pen- » dant les funestes querelles des papes. » Nous avons trans- crit ce passage de l’histoire de Cambray, de Lecarpentier, tom. I, pag. 402. Il y a dans la bibliothèque de Bourgogne plusieurs ma- nuscrits de Pierre d’Aïlly, il était aussi célébre par son érudition et par l'administration de son église; après lui, Jean de Gavre ou de Liedekerque, fut évêque de Cambray vers l'an 1425, selon Lecarpentier, il mourut en 1439 (nouveau style). Il fut inhumé auprés de ses frères, qui avaient péri à Azincourt. Aussitôt que le siége épiscopal de Cambray fut vacant, le duc Philippe-le-Bon saisit avec empressement celle oc- casion pour établir, comme nous l'avons dit, sa juridiction sur les domaines temporels de cel évêché, dont le titulaire était duc de Cambray et l’un des princes du Sainte-Empire romain ( Cæsare donante , Flandriä protegente ). L'élection capitulaire de Jean de Bourgogne eut lieu à Cambray, sans opposition, le samedi 20 avril 1439 (nouv. style). Les bulles papales de confirmation, octroyées par Eugène IV, furent expédiées le cinq des ides de mai sui- vant ; l'investilure impériale de Frédéric IT fut également accordée presque dans le même temps. On reconnaît ici l'habilité et l'activité du duc Philippe-le-Bon ; il devait se ( 163 ) hâter, dans la crainte qu'un concurrent se présentät pour déjouer ou du moins pour entraver ses opéralions poli- tiques. Le duc de Bourgogne avait su mettre dans ses in- térêts le pape et l’empereur par des promesses qui ne se réalisérent jamais, pour coopérer à l'extinction du schisme des Grecs et pour entreprendre une croisade contre les Turcs qui menaçaient d'envahir l’Italie, la Hongrie et même l'Allemagne. [ls s'empressèrent l'un et l’autre de complaire au duc de Bourgogne, par une prompte approbation à cette élection. D L'évêque Jean de Bourgogne préféra le séjour de Bru- xelles à celui de Cambray; on attribue vulgairement cette prédilection aux plaisirs que la cour du duc, son frère, offrait à un prélat , qui avait passé sa jeunesse dans le monde et dans l’état conjugal, et dont les mœurs étaient plus mon- daines que sacerdotales; la vie privée de Jean de Bourgogne fut presque aussi décriée que celle de Louis de Bourbon. Mais il nous semble que le duc de Bourgogne contribua pour beancoup à l’attirer, pour de prétendus services, sous ses yeux à Bruxelles, en l’attachant à sa cour, si at- trayante pour un prince voluptueux. En effet, en 1441, ce duc, dont la prévoyance s'étendait * jusque sur un avenir plus où moins éloigné, fit un lesta- ment qu'il data de Rethel, le 8 de décembre; il y institua l'évêque de Tournay , l'archevêque de Besançon, l’évêque de Cambray qui était son proche parent, le sire de Croy et de Renty et d’autres, pour aider la duchesse de Bourgogne pendant la régence éventuelle de la minorité de Charles, comte de Gharolais, qui fut Charles-le-Téméraire. Get acte est au MSS. 16618 et dans Miræus , pag. 1256, el au sup- plément pag. 152. Ledit MSS. n° 16618 donne, par ordre chronologique, À ( 164 ) beauconp de détails sur l'administration de l’état et de l'évêché de Cambray ; il nous semble que ces détails sont intéressants pour l’histoire politique et ecclésiastique des Pays-Bas. Nous remarquerons entre autres, en ce qui con- cerne les MSS. de la bibliothèque de Bourgogne, qu'un concile provincial fut assemblé le 27 juin 1456, à Rheims, sur convocation de l'archevêque, qui était alors métropo- htain de Carmbray. L'évêque Jean de Bourgogne, v envoya Jean Rodolphe dit Flaming, chantre de sa cathédrale; le chapitre y en- voya le célèbre controversiste Ægidius Carlerius, doyen de cette cathédrale, qui a laissé un grand nombre de sa- vantes dissertations polémiques et historiques, sous le nom de Sportulæ. Elles sont en MSS., en partie inédites, à la bibliothèque de Bourgogne. Pour terminer cette notice, nous dirons que pendant la durée de l’occupation militaire de Cambray et du Cambré- sis, en 1477, par les troupes françaises du roi Louis XE, l’évêque Jean de Bourgogne; ou peut-être son chapitre, eut la dextérité, comme l’atteste le MSS. 16618 , de conserver hors de la dépendance de ce roi tout ce qui était à la rive droite de l’Escaut, faisant valoir que la couronne de France n'avait aucun droit sur les fiefs impériaux de Cam- bray et du Gambrésis, ce fleuve étant la limite du royaume de France et de l'empire. Ce fait est resté inaperçu dans les nombreux détails de la guerre de la succession de Char- les-le-Téméraire. Enfin, l'évêque Jean de Bourgogne mourut à Malines, le 27 avril 1480, selon le MSS. précité n° 16618 , et non à Bruxelles en 1479, selon Lecarpentier, p. 405. Il avait ordonné par disposition testamentaire, que son corps fût provisoirement déposé à St-Rombaut de Malines, on à ( 165 4) St-Gudule de Bruxelles, jusqu'à ce que les événements de la guerre contre Louis XI eussent permis la translation de son corps en l’église cathédrale de Cambray. Déposé au tombeau des ducs de Brabant à Ste. Gudule de Bruxelles, son corps fut solennellement tranféré à Cambray le 7 juillet de la même année. ARCHÉOLOGIE. Notice sur deux tombeaux découverts récemment à Monterone , par M. Roulez, membre de l'académie. Sur la route de Gività Vecchia à Rome, à proximité du relais de poste de Monterone, on aperçoit à gauche plu- sieurs monticules qui s'élèvent au milieu de la plaine. Pendant l'été dernier, Me De Rossi-Gaëlani, duchesse de Sermoneta, dans les Mio de laquelle ces éminences se trouvent, fi exécuter des fouilles sur la plus élevée d'entre elles. Après beaucoup de tranchées pratiquées inu- tilement à diverses hauteurs et en sens divers, on décou- vrit au nord-ouest, le tombeau dont le plan est tracé sur la planche ci-jointe, fig. 2. Une allée ou gallerie découverte conduit à l’unique chambre qu'offre cette sépulture. La chambre a 19 pieds 2 pouces (mesure romaine ancienne) de longueur, sur 5 pieds G pouces de largeur et 9 pieds 4 pouces de hauteur. La porte qui v donne accès, va en se rélrécissant vers la partie supérieure : elle est large à sa base de 3 pieds 7 172 pouces, tandis qu’à son sommet elle n'a que 1 pied 9 pouces. Sa hauteur est de 6 pieds 7 pou- ( 166 ) ces (1). On à employé pour la construction du tombeau des pierres de tuf exactement taillées. Les deux murs latéraux de la chambre se composent de six à sept assises au-dessus du sol, lesquelles ressortent toujours davantage à mesure qu’elles sont plus élevées, de façon que les dernières se trouvent assez rapprochées pour être recouvertes par une seule pierre mise à plat. Une particularité de construction que je ne dois pas passer sous silence, c’est que la pierre de couronnement présente deux arêtes qui servent de point d'appui aux angles supérieurs des pierres qu’elle recouvre. Deux niches ou trouées ont été pratiquées dans le mur latéral à gauche, une autre dans le mur opposé, et une quatrième dans la partie supérieure de celui du fond. Je ne crois pas qu'elles appartiennent , pour la totalité du moins, à la construction primilive. Il est évident que le tombeau que je viens de décrire remonte à une époque ou la coupe de la pierre en ligne circulaire, nécessaire pour l'arc et pour la voûte, n’était pas encore connue. Par son système de construclion, il prend place à côté du prétendu trésor d’Atrée à Mycène, du ré- servoir d’eau à Tusculum, ainsi que du célèbre tombeau découvert en 1836 à Cerveteri, l’ancien Cære, dans le voi- sinage même de Monterone (2). Nous pouvons , en consé- (1) J'ai pris ces mesures en commun avec MM. Otfried Müller de Got- tingue et Schoell' de Berlin. Nous avons fait usage d’un mêtre apparte- nant au premier et dressé par lui. (2) Voy. Descrizione di Cere antica ed in particolare del monumento sepolcrale scoperto nell’anno MDCCCXXXVI, da S. E.ùl S° generale Vicenzso Gualassie Repmmo Arciprete, D. Alessandro Regulini, per servire di preliminare illustrazione degli oggetti in esso rinvenuti e collocati nel nuovo museo Gregoriano del Vaticano. Dell architetto caval, Luigi Canina. Roma , 1838. 4. ( 167 ) quence, le regarder comme un des plus anciens monuments de ce genre qui existent. Lorsqu’en novembre dernier, je fus sur les lieux, il n’y avait encore que cette seule sépulture découverte dans le tumulus , et tous les travaux d'exploration étaient suspendus , mais il restait encore à explorer la partie sud-est, et les fouilles ont dû être reprises depuis. J'attendrai que je sois informé de leur résultat pour entretenir l'académie d’une autre construction mise également au jour dans la partie sud-ouest , et dont la des- tination est fort énigmatique. Selon toute apparence, le tombeau en question avait déja été spolié anciennement ; cependant on a irouvé en- core quelques objets que j'ai pu examiner à Rome, chez Mr: la duchesse de Sermoneta. Ils consistent en une patère de smalt vert avec un trépied pour la placer, un collier d’ambre,une petite caryatide de terre cuite noire, une hache de pierre verdâtre, des débris d'œufs d’autruche peints, enfin, en plusieurs objels d’or, tels qu’une agrafe, une épingle, etc. Je tiens en outre de la bouche de cette dame qu'on a remarqué quelques légères parcelles du même métal , adhérentes aux clous fixés dans les murs. Ces objets ont un caractère commun avec ceux de la tombe de Cerve- teri mentionnée plus haut, lesquels ornent aujourd’hui le musée étrusque du Vatican (1), ainsi qu'avec ceux que le prince de Canino a déterrés dernièrement à la Polledrara, et que j'ai eu occasion de voir à son habitation de Musi- gnano (2). Ainsi, envisagée tant sous le rapport du monu- (1) Voyez relativement à ces objets le rapport du Dr Braun, dans le Bulletin de l'institut archéologique, 1836, p. Bet suiv. (2) M. le Dr Urlichs , qui avait visité le musée du prince de Canino To. vi. 13 ( 168 ) ment que sous celui des objets qu'il renfermait , la décou- verle du tombeau de Monterone se rattache à la série des faits importants qui viennent jeler un nouveau jour sur les époques de l'art en Étrurie. Au sud-ouest de notre tumulus et à quelques pas seu- lement de sa base, les mêmes fouilles mireñt au jour un autre tombeau , mais d’un genre tout différent. Comme la plupart de ceux de Vulci, et cu général du pays de plaines, il est souterrain et creusé dans le tuf vif. On sait que les chambres sépulcrales qui se rencontrent en Étrurie , pré- sentent , dans leurs formes et dans leurs dispositions , une variété qui tient aux localités où elles se trouvent plutôt qu'à un système d'exécution d'une époque plus où moins reculée ou à des temps divers. Le principe qui fit creuser une chambre ayant conduit naturellement à en joindre plusieurs entre elles, le nombre plus ou moins grand de celles que nous découvrons a dû dépendre du besoin des familles, et la plupart auront été creusées successivement, sans plan général arrêté dés le principe. Les réflexions qui précèdent me semblent pouvoir s'appliquer à la sépulture dont il me reste à donner la description (voy. la fig. 3 de la pl.). Lorsqu'on est descendu dans le vestibule qui est dé- couvert, l’on aperçoit troïs portes, l’une en face , l'autre à droite et la troisième à gauche. Cette dernière donne entrée à une chambre carrée où l'on remarque, au pied des murs latéraux et de celui du fond , des bancs, dont la destination fut de recevoir des sarcophages ou des cadavres laissés à découvert. En sortant de cette chambre et après quelques mois avant moi, a décrit les objets trouvés à la Polledrara, dans la relation de son voyage, insérée au Bulletin de l'institut archéol., 1839, p. 70 et suiv - UN UT en POV SN PRES SR CS si un ( 169 ) avoir franchi le seuil de la porte du côté opposé, on se trouve dans une chambre circulaire , autour de laquelle règnent deux gradins. Cette pièce a une seconde porte qui commu- nique avec la chambre du milieu , celle à laquelle conduit la porte du fond du vestibule, Cetle crypte, la plus spa- cieuse de toutes, forme un carré. À main droite en entrant, il y a un banc auquel on monte par un gradin et sur lequel se trouve un sarcophage adhérent au tuf. Ce sarcophage, revêtu à l'extérieur d’une couche de chaux peinte en rouge, est actuellement découvert , mais les deux tympans qui le surmontent semblent indiquer qu'autrefois il avait un cou- vercle à double inclinaison, À main gauche s'élève également un large banc ou lit, devant lequel se trouvent sur une même ligne une banquette et un gradin. Daus le fond une porte mène à une autre chambre carrée plus petite que la pré- cédente; un gradin surmonté d’une banquette en fait le tour ; ils sont comme ceux des autres chambres réservés dans le tuf. Le mur de séparation des deux pièces est percé de deux fenêtres ; particularité fort remarquable, que je n'ai rencontrée que là, el dont je ne vois citer ailleurs qu'un seul exemple (1). La partie supérieure ou voûte de ces mêmes cryptes offre , au moyen du travail opéré dans le tuf, deux rampants très-inclinés, au milieu desquels on voit la représentation d'une poutre qui semble les sou- tenir. C'est l’imitation de la pièce de construction en char- pente nommée faîtage, parce qu’en effet, elle forme le faîte de la pente de l’un et de l’autre côté, La chambre du mi- lieu a en longueur 11 pieds 2 > pouces, et celle du fond (1) Voyez Albert Lenoir, MOonNUMENTS SÉPULURAUX DE L'ÉTRURIE MOYENNE (Annales de l'institut archéol.), vol. IV, p. 26. u ( 170 ) 9 pieds 4 pouces; la largeur du tombeau, prise du fond des deux chambres latérales en traversant le vestibule, est de 28 pieds 6 4 pouces. Les détails architectoniques de ce tombeau prouvent suffisamment qu’il appartient à une époque postérieure à celui que renferme le tumulus. Je ne sache pas qu'on y ait trouvé autre chose que quelques grands vases (cadi) de terre cuite avec des ornements tracés à la pointe. Les tumuli de Monterone faisaient probablement partie de la nécropole de la petite ville maritime d’Alsium, la- quelle, suivant le témoignage de Denys d'Halicarnasse (1), fut fondée par les Pélasges, et, dans la suite, fut soumise successivement aux Étrusques et aux Romains. EXPLICATION DE LA PLANCHE, Fig. 1. Carte des environs de Monterone, d’après la Carta de’ intorni dè Roma secondo le osservaziont di sir William Gell , e det professore Ant. Nibby. Fig. 2. Plan du tombeau découvert dans le tumulus. aa. Galerie. 8. Porte. ce. Chambre sépulcrale. dd. Épaisseur des murs latéraux. Fig. 3. Plan des chambres sépulcrales taillées dans le tuf, sans être surmontées d’un tumulus. A. Vestibule. B. Chambre carrée à gauche du vestibule. aaa. Bancs faisant le tour de la chambre. (1) Rom. Ant. 1., 20. Cf. Niebuhr Ræmische Geschichte, B. I. S. 39. 4ter, Ausg. Raoul Rochette, Histoire de l’établissement des colonies grecques , 4.1, p. 308. Tome VII. Page 171. | E TN ENU TYRRH MARE Bulletin de l'Academrie. (171) €. Chambre ronde à droite du vestibule. aaaa. Double gradin autour de la chambre. D. Chambre du milieu, a. Banc avec le sarcophage. 5. Gradin en avant du banc. e. Large banc ou lit. d, Banquette, e, gradin en avant du lit. £. Dernière chambre en face du vestibule, aaa. Banquette, bb, gradin régnant autour de la chambre. Fig. 4. Vue de l'entrée au fond du vestibule notée par les lettres FHIG de la fig. 3. Fig. 5. Coupe sur la ligne XL de la fig. 3. M. Dumortier donne ensuite lecture de la première par- tie d’un mémoire sur l’état de la Belgique après la mort de Charles-le-Téméraire, et sur le supplice d'Hugonet et d'Humbercourt. M. le directeur, en levant la séance, a fixé l’époque de la prochaine réunion au samedi 4 avril. OUVRAGES PRÉSENTÉS. V'erhandelingen der eerste klusse van het koninklijk- nederlandsche Instituut van wetenschappen, letter- kunde, en schoone kunsten te Amsterdam. IV deel. Te Amsterdam, 1818, 1 vol. in-#. Nieuwve verhandelingen der eerste klasse van het koninklijk-nederlandsche Instituut van wetenschappen, letterkunde en schoone kunsten. Te Amsterdam. VUI:'° ( 172) (in 2 stuken) en IX deelen, Te Amsterdam, 1839 en 1840, 3 vol. in-4°. V'erhandelingq over het verschil tusschen de algemeene grondkrachten der natuur en de levenskracht. Door C.-G. Ontyd. Uitgegeven door de 1°t° klasse van het Iusti- tuut, Te Amsterdam, 1840, 1 vol. in-8. Histoire de la Belgique , par H.-G. Moke. Gand, 1840, 1 vol. in-8°, De l'unité de l’église ou du prineipe du catholicisme, d’après l'esprit des pères des trois premiers siècles de l’église. Par J.-A. Moehler. Traduit de l'allemand par Ph. Bernard. Bruxelles, 1839, 1 vol. in-8&. Chrestomathie latine de Fr. Jacobs et de Fr.-G. Doering, avec des remarques et un lexique, traduits de l'allemand sur la dixième édition, par Pb. Bernard. Cours prépara- loire. Bruxelles, 1840, 1 vol. in-12. A few notes on the history of the discovery of the com- position of water. By J.-0. Halliwell. London, 1840, 1 feuille in-8°, Compte-rendu des séances de la commission royale d'histoire, ou recueil de ses bulletins. Tome ILE, 3° bul- letin. Bruxelles, 1839, broch. in-&. Le biblioloque de la Belgique et du nord de la France, publié par Fréd. Hennebert. N°: 2 et 3. Tournay, broch. in-8°, Journal historique et littéraire. Tome VI, 71% livrai- son.( mars 1840 ). Liége, broch. in-8°. Journal de la société de la morale chrétienne. T. XVIL Ne 1er (janvier 1840). Paris, broch. in-8°. Comptes rendus des séances de l'académie des sciences de Paris. 1% sem., 1840. N°5 à 8. Paris, 4 broch. in-4°. Belgisch museum, uitgegeven door J.-F. Willems. (173) IVäæ deel. — 1*t° aflevering. Gent, 1840, broch. in-&e. Trouvères, jongleurs et ménestrels du nord de la France et du midi de la Belgique, par M. Arthur Dinaux, II. Trouvères de la Flandre et du Tournaisis. Paris et Va- lenciennes, 1839, 1 vol. grand in-8&e. Essai sur l'établissement des Burqunden dans la Gaule et sur le partage des terres entr'eux et les régni- coles, par le baron F. de Gingins-la-Sarraz (extrait des Mém. de l’acad. roy. des sc. de Turin. — CI. sc. mor., hist. et philol. Tome XL.) Broch. in-4°. Athénée historique ou recueil de mémoires et traités sur l’histoire politique, civile et religieuse ; etc.; publié sous la direction de MM. Alphonse Wauters et André Warzée. Années 1840. 1r° liv. Bruxelles, broch. grand in-8°. Des dragons du moyen äge. Par le baron Jules de Saint-Genois. Gand , 1840, broch. in-8°. Notice sur la vie et les ouvrages de Henri-Joseph Rega, par M. Martens. Louvain, 1840, broch. in-12. Manifeste philosophique à l’occasion de la prochaine ouverture du musée phrénologique de Bruxelles, par N.-A. Barthel. Bruxelles, 1839, broch. in-&. Programme des cours de l’université de Liége. Semes- tre d'été, 1839—1840. Tableau. | Dire , “UNE e vApTre 4ù KA ni ET alad à Vi | 32 Hs3à Wu ar Me ahtrin Le AE xls, 5: tale 4 Las (4 fi bn: f ÿ A: Ki vu SAS eus” TE il ns 44; PAT L AU So lient: 1 k #7 DAS A Pare Q " ENT HT it à #: LES y Arabes We LS PURE NS L'e t SE 2, 4 Ut RAI PAULOE 2 ALIEN Le +j PL À Fe} Lite ne # ja re 4 pet ‘4 op? du on DATA CL BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1840. — No 4. Séance du 4 avril. M. le baron de Stassart, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. i CORRESPONDANCE. Le secrétaire présente les extraits suivants de sa corres- pondance : Moisissure des plantes bulbeuses. — M. John Ro- bison, secrélaire de la société royale d'Edimbourg, fait connaître qu'il s’est occupé des moyens de remédier aux effets de la moisissure dans les racines bulbeuses. Ses es- sais se sont étendus sur plusieurs centaines de plantes qui avaient été altaquées par celte maladie ; il eut l’idée de répandre sur les racines de la poudre de gingembre, et il trouva que, dans Loutes les plantes où la moisissure était d’une teinte bleue , le mal avait été arrêté; mais qu'il ne se produisait aucun effet apparent, quand le fungus avait Tom. vur, 14 ( 176 ) une forme cotonneuse. Toutes les hyacinthes, parexemple, produisirent des fleurs remarquablement grandes. M. J. Robison a répété, depuis, ses expériences sur de la graine de navets , et quand déjà la germinalion et la moisis- sure avaient fait des progrès considérables ; il l’arrosa d’eau dans laquelle il avait ajouté quelques gouttes d'huile es- sentielle de menthe. Li semblerait, ajoute M. J. Robison, que les aromaliques sont de puissants agents pour la des- truction de certains fungus. = Dorure par l'électricité. — M. Gautier de Genève écrit que M. Aug. De la Rive est parvenu à trouver un nouveau procédé de dorure par l'électricité voltaïque, qui paraît avoir sur le procédé ordinaire par un amalgame de mercure, l'avantage de la salubrité, de la simplicité et de l'économie. Il a doré ainsi en 2 ou 3 minutes , dans une séance de la société de physique de Genève, une petite cuiller d'argent, et il en évalue les frais à 30 ou 40 cen- times , tandis qu’ils sont de près de 2 francs par le procédé ordinaire. On peut dorer aussi fortement qu’on veut, en répétant l'opération un plus grand nombre de fois, et la dorure résisle au frottement le plus fort. Longitude de l'observatoire de Bruxelles.—M. Sheeps- hanks, membre de la société royale de Londres, qui, en 1838 , a établi, au moyen de 12 chronomètres , des obser- vations comparatives entre les observatoires royaux de Greenwich et de Bruxelles, avec le concours des directeurs de ces établissements, ponr déterminer la différence des longitudes entre ces deux stations importantes, transmet les premiers résultats de ses caleuls, qui s'accordent à placer observatoire de Bruxelles à 1728" ,24 à l’est de arr» celui de Greenwich; «cependant , » écrit M. Sheepshanks à M. Quetelet, «si je tiens compte de votre équation person- nelle qui est d'environ 0”,5, j'estime que votre longitude est de 17'27/,8 ou 1727 9. Cette détermination s'accorde fort bien avec les résultats que vous avez déduits de vos observations des étoiles lunaires comparées aux observa- tions de Greenwich, de Cambridge et d'Édimbourg , et qui donnent 17'27/,87 (1).» Sur l’empoisonnement par l’acide cyanhydrique. — M. Louyet ; professeur de chimie à l’école de commerce, écrit : « Il y a plusieurs mois qu'un journal de cette ville publiait l’article suivant. » Dans une réunion de chimistes anglais, qui a eu lieu à Sunderland, il y a quelques jours, le docteur Robinson fit, en présence de ses collègues, une expérience qui excita l’'étonnement et l'approbation générale. Il prit deux lapins vivants, et leur versa sur la langue quatre gouttes d’acide hydro-cyanique ; les résultats de l'emploi de cette terrible liqueur furent immédiats. Les animaux tombérent sur-le-champ et ne se relevérent plus. Alors le savant docteur fit usage de son contre-poison, aussi simple qu'efficace. Il versa verticale ment sur l'occiput et l'épine dorsale des lapins de l’eau froide, dans laquelle se trouvait un mélange de nitrate de potasse et de sel marin. L'effet fut magique : il s’ensuivit une résurrection subite ; et les deux lapins, après quelques minutes, gambadaient en pleine santé. On sait également que le lapin est l'animal qui tombe le plus facilement en (1) Voyezle Mémoire sur la longitude de l'observatoire de Bruxelles, tome XIL des Mémoires de l'académie. (178) convulsion. Il est inutile de faire observer combien il est urgent de reproduire au plus tôt des découvertes aussi im- portantes à la sécurité publique. » » Gelte expérience, poursuit M. Louyet, me parul assez remarquable , pour la répéter afin de m'assurer de son au- thenticité. | » Je pris deux lapins de moyenne taille, jeunes, robustes el paraissant en bonne santé; j'introduisis dans la gueule de l’un d’eux, et à l’aide d’un tube , deux gouttes d’un mé- lange d’une partie d'acide cyanhydrique pur ( préparé ré- cemment ) et de quatre parties d'alcool; au contact du poison, l'animal tomba, comme frappé de la foudre, et ne se releva plus. L'expérience fut faite de la même manière sur l’autre lapin, mais aussitôt après l'introduction de l'a- cide, je versai sur la tête de l’animal et le long du dos, une solution de sel marin , refroidie à — 15°; quelques minutes après Le lapin était complétement ranimé , et il ne tarda pas à se remettre entiérement. » Il suit donc de ces expériences que l’eau très-froide est un moyen de rétablir la sensibilité el la contractilité volontairedes muscles ,en produisant l’effet inverse de celui de l'acide cyanhydrique, qui les anéantit entièrement; aussi ce remède bien simple doit-il être conseillé dans le cas d’empoisonnement par ce composé dangereux. » L'académie reçoit les ouvrages manuscrits suivants : 1° Sur les courants électro-physiologiques observés dans les animaux à sang chaud ; mémoire écrit en italien, par MM. le professeur Zantedeschi et le docteur Favio de Venise. (Commissaires, MM. Pagani, Cantraine et Quetelet.) 2° Sur la musique des anciens Grecs, par M. l'abbé comte de Robiano. Commissaire M. Dandelin. 3° Notice historique sur les grandes confédérations (1799) : des peuples germaniques, à dater du premier siècle de l’ére vulgaire, par M. Ph. Bernard, docteur en philosophie et lettres. (Commissaires , MM. Grangagnage et le baron de Reiïffenberg.) 4 Théorie des parallèles, basée sur les premières pro- positions du 1° livre de Legendre, par M. Ant. Seghers. (Commissaires, MM. Pagani et Dandelin.) 5° Remarque sur le gaz inflammable qui se trouve dans les mines à charbon, par M. J.-G. Vloeberghs, pharma- cien. Cette note sera renvoyée aux commissaires pour le concours sur la question relative aux explosions dans les mines. M. Henri Lambotte , docteur en sciences naturelles, fait parvenir, par l'intermédiaire de M. Cauchy, un paquet cacheté dont il demande le dépôt aux archives. Le dépôt est accepté. RAPPORTS. Après avoir entendu ses.commissaires, l'académie or- donne l'impression dans le recueil de ses mémoires des deux ouvrages suivants : Mémoire sur la détermination graphique des orbes cométaires par M. le lieutenant-colonel Dandelin, membre de l'académie ; Recherches pour servir à la flore cryptogamique des Flandres, 1°° centurie, par M. le professeur Kickx, membre de l'académie. (180 ) Rapport sur un mémoire de M. E. T. andel , professeur a l'université de Liége, intitulé : NOUVEL EXAMEN D’ux PHÉNOMÈNE PSYGHOLOGIQUE DU SOMNAMBULISME , par M. le chanoine De Ram. « Le phénomène psychologique que M. Tandel s'est pro- posé d'examiner et d'expliquer, c'est le phénomène remar- quable de l’oubli qui enveloppe, pour les personnes sujeltes au somnambulisme, une fois qu’elles sont éveillées, tout ce qu’elles ont fail, tout ce qu’elles ont dit , tout ce qu'elles ont éprouvé dans cet élal extraordinaire. Son travail est divisé en deux parties: dans la première il exa- mine les théories par lesquelles divers savants, soit philo- sophes , soit physiologistes, ont tenté de rendre compte du phénomène en question ; aprèsen avoir fait ressortir l'in- suffisance, il expose dans la seconde partie ses propres vues sur cette matière. Les auteurs qui se sont occupés de ce problème avant M. Tandel, sont ceux qui ont recherché les causes du somnambulisme en général. Les principes par lesquels ils l'expliquaient , durent expliquer aussi le phénomène par- ticulier que nous considérons ici. La tâche que M. Tandel s’est imposée est plus restreinte; il n’envisage qu'un des phénomènes du somnambulisme : maïs si la théorie qu'il expose à ce sujet est satisfaisante , elle ne peut manquer de répandre quelque lumière sur la nature du somnam- bulisme en général. Les doctrines, passées en revue dans la première partie 4 ( 181 ) du mémoire , nous présentent toutes les solutions hypothé- tiques qu'il était à peu près possible de concevoir pour expliquer le phénomène en question. Ces hypothèses sont les unes psychologiques ; les autres purement physiologi- ques; celles-ci appartiennent à l’ordre surnaturel, celles-là sont empruntées à une métaphysique de la nature. Le dernier travail publié sur cette matière en France est un mémoire posthume de Maine de Biran, lu en 1834 à l'académie royale des sciences morales et politiques par M. Cousin, et intitulé : Nouvelles considérations sur le sommeil , les songes et le somnambulisme. C'est par la théorie de Maine de Biran que M. Tandel commence son examen critique. Le sommeil , les songes et le somnambu- lisme, pour M. de Biran, se rapportent à une seule et même cause ; ils s'expliquent par une modification fondamentale que subit l'âme humaine , par l’affaiblissement ou l’aboli- tion de l'élément personnel ou volontaire , par l’oblitéra- tion du moi, par l'absence de l’homme, de l'être moral, de l’être libre. La plus forte preuve de cette théorie est, aux yeux de M. de Biran, cet l'oubli même, dont il s’agit ici de rechercher la cause , au point que, selon sa manière de voir, les songes dont on se souvient ne peuvent appartenir au sommeil parfait. M. Tandel ne peut pas apprécier ici cette doctrine dans son ensemble : en supposant qu’elle puisse expliquer le sommeil et les songes , il la trouve insuffisante en ce qui concerne les phénomènes du somnambulisme, que M. de Biran a eu tort de placer sur la même ligne: Ses raisons sont puisées dans des faits, appartenant les uns au somnambulisme lui-même, les autres à l’état de veille. Vous êtes par exemple plongé, abimé pour ainsi dire dans une méditation profonde, les idées vous viennent avec une facilité et une rapidité étonnantes, vous n'avez ( 182 ) pas le temps de les fixer par l'écriture ; vous semblez err même temps ne rien voir, ne rien entendre, du moins vous êles insensible aux impressions ordinaires de vos sens; qu’une impression assez vive néanmoins vous éveille comme en sursaut , vous arrache brusquement au cercle d'idées où vous étiez enfermé, et vous ferez de vains efforts pour vous les rappeler, elles sont complétement effacées. Cet oubli est aussi profond que celui qui enveloppe, pour le somnam- bule, les phénomènes du somnambulisme, et cependant cette méditation profonde, loin d’être un état involontaire de l'âme, n'avait pu être amenée que par un développe- ment extraordinaire de l’énergie de la volonté, D'un autre côté, l’observalion des cas de somnambu- hsme, soit spontané, soit artificiel , prouve que les person- nes qui se trouvent dans cet état se souviennent loutes de ce qu’elles ont fait, dit et éprouvé dans l’état de veille et dans les accès précédents de somnambulisme , et que les somnambules magnétiques, qui ne différent des autres que par les circonstances qui ont déterminé le somnambu- Hsme , conservent souvent et peuvent conserver quand ils veulent, dans l’état de veille, le souvenir des faits somnam- buliques. | M. Tandel s'appuie, quant à ces faits, sur des autorités imposautes et sur des expériences personnelles dont il fait part. T1 n’est donc pas permis de dire avec Maine de Biran que le somnambulisme et l’état de veille sont « si différents » el si parfaitement étrangers l’un à l’autre, que l'être au- » quel ils s'appliquent semble divisé en deux personnes » distinctes, dont l’une ne s’approprie rien de ce que l’au- » tre a fait ou senti, n’en conserve pas le moindre sou- » venir, n’y joint pas le même mot (p. 59); » car d’un côlé , le même oubli peut se présenter à la suite d’un état et de ét ( 183 ) éminemment volontaire , et d’un autre côté cet oubli n’est rien moins qu’essentiel au somnambulisme. Ce dernier fait, convenablement établi, suffit pour réfu- ter toutes les hypothèses qui ne s'appuient que sur la don- ble personnalité que semblait attester l'oubli en question. De ce nombre est celle de M. le chanoine Frère, qui, dans son Examen du magnétisme animal , rapporte les phé- nomènes du somnambulisme à des interventions surnatu- relles. Les physiologistes français, et surtout le docteur Brous- sais, ne considèrent que la modification cérébrale qui accompagne la production des phénomènes du somnambu- lisme ; ils croient avoir tout expliqué en disant que ces phénomènes sont dus à une surexcitation du cerveau , à une érection nerveuse de cet organe. Le délire, disent-ils, est suivi du même oubli que le somnambulisme ; or dans le délire il y a surexcitation du cerveau, donc cette surex- citation esl cause de l'oubli des somnambules. M. Tandel ne trouve pas qu'il y ait la matière à une discussion psy- chologique. D'ailleurs cette explication, si c'en était une, tomberait aussi devant les faits analysés par lui. Les théories que M. Tanäel examine ensuile, semblent exiger une discussion beaucoup plus approfondie, parce qu'elles sont elles-mêmes plus profondes, plus vastes et surtout parce qu’elles tiennent compte de deux faits né- gligés par les auteurs précédents, du fait que le somnam- bule se souvient fort bien de tout ce qui est relatif à l'é- veillé , et du fait plus important encore que l’éveillé peut se souvenir de ce qui est relatif au somnambule. Ces théo- vies sont celles des philosophes naturalistes de l'Allema- gne. Le représentant le plus complet et le plus explicite de ces théories, M. Tandel croit le voir dans Kieser, qui a ( 184 ) écrit un traité ex professo sur le sommeil et le somnambu- lisme, en deux volumes in-8°, intitulé System des Tellu- rismus , et qui d’ailleurs semble être le seul qui ait connu le second des faits mentionnés tout à l'heure , du moins le seul qui en ait parlé et qui ait cherché à le concilier avec sa doctrine. | Pourquoi le somnambule se souvient-il parfaitement de ce qu'il a fait, dit ou éprouvé étant éveillé , tandis que dans l’état de veille il n’a généralement aucun souvenir de ce qu’il a éprouvé comme somnambule ? Comment se fait-il que le somnambule puisse néanmoins transporter par le souvenir dans l'état de veille les faits qui appartiennent au somnambulisme ? Voila les deux questions dont M. Tan- del devait apprécier la solution telle que la fournit l’auteur du Système du Tellurisme. L'analyse complète de la théorie de Kieser sur les causes du somnambulisme serait l'analyse d’un système de philo- sophie tout entier ; elle exigerait un travail plus long que le mémoire soumis à notre examen. Il suffira de dire que Kieser, comprenant qu'il faut chercher la cause du som- nambulisme au delà de la circonstance organique la plus prochaine , telle qu’une surexcitation du cerveau, s'efforce d’assigner à ce phénomène la place qui lui appartient dans l’ensemble des phénomènes de la nature, et de l'expliquer par la loi une qui, selon lui, gouverne l'univers tout entier et régit loutes les existences. Cette loi c’est la polarité. Tous les phénomènes psychologiques sont le résultat de l'action réciproque et alternativement prépondérante des deux pôles de l’âme , du pôle positif ou actif, représenté par l'intelligence et la liberté morale, et du pôle négatif ou passif, représenté par la sensitivité. Chacun de ces pôles n'est pas une fraction de l'âme; l’âme est tout en- ( 185 ) tière dans l’un et dans l’autre, mais elle nous présente allernativement ses deux faces opposées; elle agit tantôt avec conscience de soi et liberté, ce qui constitue l’état de veille, tantôt son activité est automatique; elle est tout aussi complète, quant à ses rapports avec le monde exté- rieur , seulement l'âme ne la dirige pas elle-même ; l'âme est passive quanl à ce principe directeur, elle agit machi- nalement comme l'abeille (1). C’est à ce dernier étal qu’ap- partient le somnambulisme et le sommeil. Pourquoi les idées et les faits du somnambulisme ne peuvent-ils se trans- mettre par le souvenir à l’état de veille, tandis que ceux de ce dernier passent dans le somnambulisme ? La prin- cipale raison de cette différence se trouve, selon Kieser, dans Ja supériorité de l’état de veille, où l’âme jouit de son autocratie, sur le somnambulisme, où elle exerce les mêmes facullés, mais machinalement ; les idées de la veille, qui se sont développées librement, dominent celles du somnambulisme ; ce n’est pas le somnambule qui se souvient volontairement de ces idées, ce sont elles qui viennent spontanément se joindre à celles du somnambule; et c'est parce que celles-ci, produites par une aclivité automatique, ne possèdent pas cette spontanéité, que l'homme éveillé ne se souvient pas des faits du somnambule. M. Tandel n’admet pas cette explication. 1] lui semble qu'il y a contradiction à priver l’état de veille, à raison même de sa supériorité sur l’état opposé, d'une perfection propre à ce dernier. Comment concevoir d’ailleurs que les idées de l’état de veille, qui d'aprés Kieser portent essen- (1) Le mot passivité n’est pas synonyme d'inertie. C’est ce que n’a pas compris Broussais, en argumentant contre Maine de Biran, dans son Mé- moire sur l'association du physique et du morul, ( 186 ) tiellement le cachet de la personnalité, puissent de leur propre mouvement communiquer avec le somnambulisme, sans que cependant la personne éveillée en sache rien, en ait la moindre conscience ? À coup sûr, les idées et le moi ne sont pas deux choses distinctes, qui puissent tantôt ne faire qu’un et tantôt se trouver séparées. À ces considérations M. Tandel ajoute l'autorité des faits. Celte activité pour ainsi dire automatique de l’âme n’apparlient pas exclusivement au somnambulisme; M. Tandel la retrouve dans les rêveries de l’état de veille, qui ne différent du somnambulisme que par un moindre degré d'isolement de l'âme à l'égard du monde extérieur, c'est-à-dire quantitativement et non qualitativement : l’a- nalyse psychologique de ces rêveries lui apprend, que très-souvent elles se trouvent complétement effacées de la mémoire, comme les faits somnambuliques, mais que sou- vent aussi nous nous en souvenons parfaitement bien , d’où il tire pour le moment cette conclusion, que cet oubli ainsi que ce souvenir doivent avoir une autre cause que celle assignée par Kieser. Quant au fait que les somnambules , rendus à l’état de veille , peuvent néanmoins se rappeler tel ou tel fait de leur existence somnambulique , Kieser cherche à l’expli- quer en admettant que pendant le somnambulisme l’âme peut avoir des moments de conscience propre et de liberté morale, c’est-à-dire que dans sa période de passivité elle peut avoir des éclairs d'autonomie, et qu’alors usant de l'empire que, par son pôle positif, elle exerce sur le pôle négatif, elle associe les idées dont elle veut garder le sou- venir à certains signes matériels qui se représenteront après le réveil, ou bien qu’elle prend simplement la réso- lution de s’en souvenir, et que cela suffit. Ce souvenir (187) prouve en effet, suivant M. Tandel, que la conscience de soi, la conscience de sa personnalité, n’esl pas incompatible avec l’élat somnambulique , mais il remarque que Kieser n'en fait que reculer la difficulté. Car si le propre du som- nambulisme c’est la prépondérance ou la domination de la sensitivité Loule passive, il faut une cause extraordinaire pour que ce développement purement machinal de l’âme soit traversé de Lemps en temps par des éclairs de liberté, non pas au hasard, mais pour tel ou tel détail, auquel le somnambule attache un intérêt particulier. Kieser ne s’ex- plique pas sur ces causes; mais comme le fait de ce souve- nir n'a été observé jusqu'ici que sur des somnambules magnétiques , les autres n'ayant pas élé l’objet d’expéri- mentations assez nombreuses, il paraît très-probable à M. Tandel que ces causes se trouvent pour Kieser dans l’in- fluence du magnéliseur. Mais à cette hypothèse M. Tandel oppose un fait qu'il a eu lui-même occasion d'observer avec d’autres personnes, fait qui paraît avoir été inconnu jus- qu’alors : c'est que le somnambule magnétique peut à l'insu de son magnétiseur se souvenir de ce qu'il lui plaît. Il faut donc renoncer à voir la cause du phénomène qui nous oc- cupe dans la différence psychologique qui distingue l’état de veille de l’état de somnambulisme, telle du moins qu’on a présenté celte différence jusqu’à présent. Du reste, lous les autres philosophes qui ont voulu, comme Kieser, se rendre compte des phénomènes extra- ordinaires du somnambulisme, s'accordent en ce point avec lui, qu'ils expliquent l'oubli en question par l’oppo- silion tranchée que cet état forme avec l’état de veille, soit qu'ils attribuent celte opposition à une supériorité quali- lative de l’un de ces états sur l’autre, soit qu'ils en voient la cause dans une migration de l'âme entre les deux pôles ( 188 ) du système nerveux, entre l’encéphale et le système gan- glionaire. Tel est le résumé de la première partie du mémoire de M. Tandel; cette partie n'étant elle-même qu’une analyse, il était impossible de l’abréger beaucoup. Nous pourrons être plus vourt en analysant la seconde partie, où l’auteur développe ses propres vues. IL. Dans les observations sur les théories de ses devanciers, M. Tandel avait promis de nous rendre compte du fait, qu'il s’agit d'expliquer , sans recourir à aucune hypothèse, au moyen des seules lois de l'association des idées, telle que chacun peut les constater dans les phénomènes psy- chologiques de l’état de veille. A cet effet, il soumet ces lois à une nouvelle analyse , il les applique à des faits très- connus de l’état de veille, et montre la parfaite analogie qui existe, selon lui, entre ces faits, quant à leurs causes et leurs circonstances, avec les phénomènes du somnambu- lisme. Et ce rapprochement semble combler, à ses yeux, l'espèce d'abime qui sépare le somnambulisme de l’état de veille ordinaire. M. Tandel trouve les conditions fondamentales du sou- venir ou de l'association des idées dans deux circonstances essentielles du mouvement de nos idées. Pour qu’un mo- ment donné de l'existence se lie par le souvenir à un moment précédent, il ne faut pas que l'âme passe brus- quement d’un état donné à un état totalement différent ; il faut que cette transition soit insensible, et que deux états consécutifs soient toujours unis par quelque élément - commun. ( 189 C'est ce qui a lieu dans le cours ordinaire des choses. Les psychologistes ont, jusqu'ici, presque exclusivement insisté sur l'unité de l'âme. M. Tandel fait remarquer que l'âme est toujours multiple en même temps qu’une, et que son unité ne se conçoit que comme unité d’un multiple. Prenez-la dans un moment quelconque de son développe- ment, et vous ne la trouverez jamais isolée dans un seul fait, dans une seule idée, une seule sensation, un seul désir; elle sera toujours représentée par un ensemble, un groupe d'idées, avec les sensations, les volitions, les ac- tions qui y tiennent. Cet ensemble , qui constitue la con- science dans un moment donné, varie continuellement ; il est toujours en mouvement ; c’est une scène qui change insensiblement , et de façoA que deux groupes ou deux scènes consécutives se tiennent toujours par quelque élé- ment, par quelque fait commun à l’un et à l'autre. Cette évolution graduée, celte transformation toujours partielle de lâme, jointe au rapport de l'unité au multiple, est cause qu’un des éléments d’un de ces groupes étant repro- duit plus tard, après un intervalle plus ou moins long, par une cause quelconque ; il reproduira en même temps non-seulement le groupe entier auquel il a primitivement appartenu, cest-a-dire tous les autres éléments de ce groupe avec lesquels il n'a fait qu'un, et que par consé- quent il contient, mais encore les groupes qui auront im- médiatement précédé et suivi celui-là. Supposez maintenant que celle communauté d'éléments n'existe pas entre deux élats consécutifs de l'âme, et que celle-ci passe brusquement d'un état donné À, par exemple, =mnop, à un état B—rstu, lotalement différent du pre- mier, et vous concevrez que dans le second de ces élals elle ne pourra se souvenir en rien du premier. ( 190 ) Cette Lransition brusque est-elle possible ? Elle est réelle et elle a lieu nécessairement toutes les fois que l'âme, après s'être repliée sur elle-même el avoir fait compléte- ment abstraction du monde extérieur, se trouve subite- ment, par une impression extérieure assez forte, arrachée à elle-même et replacée au milieu de ce monde sensible, dont aucun élément n'était associé aux phénomènes qui se passaient en elle. Car dans l'état de veille ordinaire, les choses extérieures , alors même qu’elles ne sont pas l’objet d’une attention réfléchie, s'associent néanmoins à tous les phénomènes de l’âme par l’action qu'ils exercent conti- nuellement sur les sens ouverts à leurs impressions, elles se mêlent à la trame de nos pensées et offrent ainsi un fil à la réminiscence. Cet isolement de l'âme est tantôt amené volontairement , avec effort, et tantôt il est le produit de circonstances involontaires. Vous pouvez l’observer dans les rêveries et les distractions involontaires aussi bien que dans les moments de profonde méditation , d'inspiration, de contemplation. Mais tous les trésors que l’àâme aura dé- couverts dans ces états exceptionnels, bien que très-naturels, lui échapperont, nul souvenir ne les reproduira , comme l'expérience l’atteste, si une interruption importune vient, comme dans un panorama , la transporter en un clin d'œil d’un bout du monde à l’autre. Si l'oubli, qui nous enlève souvent les produits volon- taires de nos méditations les plus profondes, aussi bien que les images créées par une imagination rêveuse, s'explique par l'isolement où l'âme se trouve alors à l’égard du monde extérieur et par le mode de transition qui l'y replace subi- tement , ces deux données expliqueront à plus forte raison l'oubli des somnambules. M. Tandel fait ressortir ici quel- ques traits essentiels du somnambulisme. — Les actions et 1 (159 les paroles des somnambules portent le caractère de la veille la plus lucide ; en second lieu, leur isolement à l'égard des choses extérieures est complet; c’est celui du sommeil le plus profond; ils sont donc dans la position d’un penseur qui serait à l'abri de toute interruption inat- tendue, car ils ne communiquent avec les objets extérieurs qu'à mesure que leur attention volontaire se porte sur eux, nul autre n’a le pouvoir de se faire remarquer : enfin, ils sortent de cet état, comme on passe du sommeil ordi- naire à l’état de veille, c’est-à-dire, par une transition immédiate. Ici se présente une difficulté, et elle fournit à M. Tandel l'occasion de démontrer la seconde condition essentielle du sommeil, prise dans les lois de l'association des idées. Les somnambules, rendus à l’état de veille ordinaire, retrouvent souvent dans le cercle de leur existence habi- tuelle des traces matérielles de ce qu’ils ont fait dans leur élat de somnambulisme; ils trouveront par exemple, sur leur table, une feuille de papier pleine de vers composés par eux pendant la nuit et écrits de leur main, et ils ne comprendront pas comment cette chose s’est passée. Pour- quoi, dans ce cas, ce fait isolé ne reproduit-il pas la scène tout entière dont il a fait partie ? M. Tandel fait d’abord remarquer que cette difficulté ne porte pas seulement sur le somnambulisme , mais sur plu- sieurs phénomènes de l'état de veille: tel l'oubli de tout ce qui est relatif aux premières années de notre existence; telle cette modification du souvenir que les psychologistes appellent souvenir simple ; telles les distractions, etc., etc. J'ai, par exemple, fermé une porte à clef; un quart d’heure après je me retrouve devant cette porte, je m'étonne qu’elle soit fermée, et je ne me souviens aucunement de lavoir Tom. vrr. 15 ( 192 ) fermée moi-même.La cause de ce fait ne peut donc setrouver en rien qui tienne à la nature spéciale du somnambulisme. Voici l'explication proposée par M. Tandel. — Pour qu'une idée, un fait psychologique quelconque, produit dans un moment donné et reproduit dans un moment plus ou moins éloigné de celui-là, puisse établir un hien entre ces deux moments, il faut qu'il soit dans les deux circon- stances à peu près identiquement le même. Si c'est une idée, il faut qu’elle ait depart et d'autre la même clarté ; une sensation, qu’elle soit également vive; un désir, qu'il ait la même intensité ; une action , qu’elle soit faite avec la même énergie. Pour que cet élément, isolément repro- duit, ramène avec lui tout le groupe dont il a fait partie, il faut que tous les éléments de ce groupe aient joui à peu près de la même clarté ; de la même vivacité , de la même intensité. Si quelques-uns, comme il arrive ordinairement, ont dominé les autres, ils se reproduiront mutuellement avec plus de facilité qu’ils ne reproduiront les autres ou qu’ils ne seront reproduits par eux. Or, ces divers degrés de clarté, par exemple, qui peuvent faire qu’une idée relative au même objet m'apparaisse comme deux idées différentes, que cette idée , produite une seconde fois avec une clarté beaucoup plus grande ou beaucoup plus faible que la première fois, ne se présente pas comme souvenir mais comme idée nouvelle , ces divers degrés de clarté dé- pendent , comme on sait, de l'attention volontaire ou in+ volontaire de l’âme, et celle-ci dépend à son tour du plus ou moins de distractions qui sont venues assaillir l'âme par les sens forcément exposés à l’action du dehors, où que l’âme a été impuissante à repousser. Il s’en suit que l’at- tention sera d'autant plus grande et les idées d’autant plus claires, que l’âme sera plus isolée du monde extérieur, plus ( 193 ) à l'abri des distractions causées par des idées, des sensa- tions, eic., elc., qui n'ont rien de commun avec les re cherches dont.elle s'occupe pour le moment. Cela explique la facilité avee laquelle la pensée se déroule dans nos ré- veriés de l’état de veille, dans nos moments heureux d’ab- straction volontaire et surtout dansle somnambulisme. Les idées, les sensations, etc., du somnambule, doivent done former par leur clarté et leur vivacité un grand contraste avec celles de l’homme éveillé, et cela suffit pour que ces derniéres , quoique relatives aux mêmes objets, ne puis- sent pas évoquer les autres, Mais rendez-leur leur pléni- tude primitive, c’est-à-dire rétablissez le somnambulisme ou l'isolement, et le souvenir se formera. Les somnambules se souviennent parfaitement de tous les détails de leurs accès précédents de somnambulisme. Ils se souviennent même de l’état de veille, et beaucoup mieux que s'ils étaient éveillés , parce que leur attention est plus libre. Reste à expliquer par les mêmes lois le souvenir, assez rare jusqu'ici, qui démontre que le somnambulisme n’est pas plus étranger à l’état de veille que deux moments quel- conques pris dans ce même état ne le sont entre eux. Que faut-il, suivant M. Tandel, pour que nous n’ou- blions pas nos rêves de la veille, pour que nous ne perdions pas les fruits d’un moment d'inspiration? I faut qu'avant de rentrer complétement dans l’état de veille commune, nous nous rendions compte à nous-mêmes de l’état où nous nous trouvons, ce que nous ne pouvons faire sans avoir eu la conscience yague de l’état opposé. Voilà le commencement d’une associalion graduelle qui se fait entre l’état d’isole- ment ou d’abstraction de l’âme et son état de distraction, qui est la veille vulgaire ; la transition n’est plus une tran- sition soudaine, et les conditions du souvenir sont données. ( 194 ) Ilenest de même du somnambulisme. Pour que le som- nambule se souvienne, il suffit qu’il le veuille; mais pour le vouloir, il fant qu’il se dise qu’il est somnambule, et qu’il ait la conscience de l'état opposé. Voilà encore une fois l'association faite; ses conditions sont réalisées. Pour- quoi ce souvenir est-il si rare ? Parce qu’on en fournit plus rarement l’occasion aux somnambules, et ils ne la provo- quent guère eux-mêmes parce que, grâce à leur isolement, ils sont beaucoup plus absorbés par leur objet que le pen- seur volontairement abstrait, et que le somnambulisme spontané se termine toujours par le sommeil ordinaire. Voilà l’ensemble de la doctrine que M. Tandel expose dans la seconde partie de son mémoire. Elle renferme peut- être des points secondaires , qui pourraient souffrir quel- que contestation, lorsqu'on ne se place pas au point de vue de l’auteur. Ceux-là même qui seraient peu disposés à affirmer que l'explication donnée par M. Tandel soit la seule vraie, la seule admissible, devront néanmoins recon- naître que l’ensemble du mémoire suppose dans son auteur une étude approfondie de la matière qu’il traite, et qu'il prouve une rare intelligence des plus hautes questions philosophiques. En conséquence, j'ai l'honneur de pro- poser à l’académie que des remerciments soient adressés à M. Tandel , et que dans le cas où elle imprimerait les mé- moires des savants étrangers, son travail fût inséré dans les recueils de la compagnie. » Conformément aux conclusions du rapport, auxquelles ont adhéré les deux autres commissaires, MM. le baron De Reiffenberg et Roulez, des remerciments seront adres- sés à M. Tandel pour sa communication. (195) COMMUNICATIONS ET LECTURES. * MAGNÉTISME TERRESTRE. M. Quetelet communique le résultat des observations qu'il a faites, le 27 mars dernier, dans le pavillon magné- tique de l'observatoire, sur la déclinaison et l'inclinaison de l'aiguille aimantée. La déclinaison a été observée, comme les années précé- dentes, au moyen d’un appareil construit à Londres , par MM. Troughton et Simms; une première série d’observa- tions a donné pour valeur 21°51’,6 ; et une seconde série 21°52’,3; la moyenne 21°51/,9 s'éloigne peu de la décli- naison observée , le 2 avril, avec le même appareil qui a donné pour valeur 21°48"1. L'inclinaison de l'aiguille, déterminée également avec un appareil de MM. Troughton et Simms, a donné successi- vement 68°21',4 et 68°21’,8. Une troisième détermina- tion, prise au moyen d’un instrument de Robinson, dont M. Quetelet s’est servi pendant un voyage qu'il a fait en Italie, dans le courant de l’année dernière, a donné 68°21/,0 : on peut donc regarder l'inclinaison comme ayant pour valeur moyenne 68°21/,4. Les résultats précédents confirment la tendance qu'a l'aiguille magnétique , à Bruxelles, à se rapprocher du mé- ridien du lieu. Le tableau suivant, qui renferme toutes les déterminations prises à l'observatoire , depuis son origine, fera mieux ressortir cette tendance. (196 ) ÉPOQUES DES OBSERVATIONS. DÉCLINAISON. | INCLINAISON. 1827, octobre . . . . . . . .| 220288 68056/5 1890" Hn' de mars Pr RE TTE ve 22 25,6 68 52,6 8) LAS HERVORUAET IA IENTS 0 68 49,1 Co rr en TL CT RETIRE 68 42,8 1834, commencement d'avril . . . 22 15,2 68 38,4 1835, fin demars . . . . . . . | 22 6,2 68 35,0 TSb ALT DNS este 68 32,2 1837, ee ui Que Li I PÉDECUES 68 28,8 1838, SHARE LE PPTON 1 an 68 26,1 1839, MSN UT NAS 68 22,4 1840, RE Tec PE 68 21,4 Les observations ont été faites vers les mêmes époques de l’année et vers la même heure du jour, pour éliminer, autant que possible , les effets des variations annuelles et diurnes du magnétisme terrestre. — M. Quetelet a aussi donné communication des ré- sultats des observalions concernant les variations de la déclinaison magnétique qu’il a faites, à l'observatoire royal, avec ses deux aides MM. Mailly et Bouvy, el avec MM. Liagre et Marneffe, sous-lieutenants du génie. Ces ob- servations qui rentrent dans les deux systèmes d’observa- tions simultanées proposées par la sociélé royalede Londres, et par l'association magnétique de Gættingue, ont eu lieu, de 5 en 5 minutes, et pendant 24 heures, à partir du 18 mars dernier, 10 heures du soir, temps moyen de Gœættin- gue. On pourra voir, dans les bulletins précédents, ce qui | | | | (4497, ) se rapporte aux instruments et à la marche qui a été suivie. A côté des résultats qu’il présente, M. Quetelet a donné ceux qui ont été obtenus à Vaujours près de Paris, par MM. Bravais, Martins, Walferdin et Lottin, avec l’appa- reil magnélique qui a servi aux deux premiers physiciens dans la dernière expédition scientifique du nord, dirigée par M. Gaimard, Pour rendre les résultats plus facilement comparables, M. Quetelet a fait réduire autant que possible . à une échelle commune les nombres de Bruxelles et ceux de Paris, que M. Bravais a eu l’obligeance de lui transmettre. Aïnsi les nombres de Paris ont été divisés par 6,6 et on a ajoulé au quotient le nombre constant 43,5 ; ce qui revient à supposer que les deux échelles avaient la même position moyenne et étaient vues par réflexion à la même distance. Les courbes construites d’après les nombres observés, présentent à peu près exactement les mêmes inflexions, et donnent ainsi une nouvelle preuve du synchronisme re- marquable des varialions de la déclinaison magnétique. ( 198 ) ’ Variations de la déclinaison magnétique observées à Bruxelles, de 5 en 5 minutes, depuis le 18 mars 1840, à 10 heures du soir, temps moyen de Gaættinque, jusqu’au lendemain 19 à la même heure. HEURES. 51.60151.56151.60/51.55]151.53 51.50|51.48|51.52 51,59151.60|51.59 51.66151.59151.58 51.58/51.58151.61 51.58151.57|51.59 51.68151.75151.65 51.86/51.86151.90 52,00152.05|52.10 52.55152.67152.69 53.07153.09153.08|: 52.73152.68|52.61 51.66,51.64151.58151.42151.31 50.18|49.95|49.85|49.87|49.69 48.78|48.72|48.65|48.68|48.61 48.38|48.3S)148.37|48 51 48.61 48,66|48.26|48.39| 2 49.56|49.65|49.68 50.40|50.51|50.59 51.00,51.01,51.02 50.94 ; 50.73150.82|50.81 50.44 . 51.16,50.99/50.9115 51.55 4 51.77151.79/51.91151.98|52.03 52.38 . 52.70|52.52152.84|53.29|54.14 55.10 ( 199 ) Variations de la déclinaison magnétique observées à Vaujours , près de Paris , le 18 et le 19 mars 1840. (Les heures sont en temps moyen de Gættingue. ) HEURES. 10 h, s. 11 — Minuit . 1h. m. .78?|51.78 .78 |51.78 .70 [51.65 .70 |51.67 T2 151.72 .80 |51.80 .78 |51.87 .00 |52.02 .33 [52.38 53.00 |53.00 .08 |53.13 .28 152.23 .07 [50.93 .42 |49.22 .53 |48.50 .70 |48.73 3 .18 | 49.25 4 .15 [50.18 Cu .78|50. .93150.97 |50.82 prieE } ; .82/50 82 |50,77 do F .30/50.28150.48 [50.77 s— * j .40151.42 |51.45 9 — . ; -05152,00 |52.,00 51.82 51.77 51.77 51.67 51.68 51.73 51.80 51.87 52.05 52.51 53.12 52.97 52.08 50.53 » 48.47 48.67 49.47 50.32 50.98 50.72 50.95 51.38 52.13 51.83|51.82 51.75 51.75 51.63 2151.67 51.77 51.78 53.22 52,78 7151.65 50.12 48.80 48.43 48.38 49.65 50,53 50.97 50.80 50.72 51.77 51.75 51.67 51.75 51.78 51.80 » 52.15 52.75 53.12 52,70 51.62 50.00 48.80? 48.52 48.62 49.73 50.62 50.93 50.57 50.92 51.63|51.75 52.57 53.02 ( 200 ) MÉTÉOROLOGIE. L'académie reçoit communication des observations mé- téorologiques horaires faites le 20 et le 21 mars der- nier, à l'observatoire royal de Bruxelles, à Louvain par M. Crahay, à Gand par M. Duprez, à Alost par M. Harra, à Maestricht par M. Ryke, à Utrecht par M. Van Rees et à Londres par M. Roberton. M. Quetelet annonce que les ob- servations , faites primitivement à la demande de sir John Herschel, vont recevoir une nouvelle extension, et que plusieurs savants étrangers ont manifesté l'intention d'y prendre part. La carte figuralive qui accompagne les ta- bleaux des observations barométriques montre un synchro- nisme assez remarquable dans les variations de la pression atmosphérique. Il sera très-curieux de pouvoir reconnaître jusqu'où cette espèce de synchronisme peut s'étendre par des temps calmes ; et il était à désirer que des observateurs suffisamment éloignés pussent prendre part à ce genre de recherches. C’est ce que l’on est en droit d’espérer pour la suite. On doit regretter toutefois qu’un malentendu, provenant de ce que le dimanche se présentait le 22 mars, n'ait pas fait coïncider entièrement les observations de Londres et d'Utrecht , avec celles de Bruxelles, de Louvain, de Gand, d’Alost et de Maestricht. Comme le même in- convénient pourrait se reproduire à l’époque du prochain solstice , il sera bon de prévenir les observateurs que les observalions commenceront, le 22 juin, à 6 heures du matin , pour finir le 23, à 6 heures du soir. és —— - — ( 201 ) Observations barométriques horaires, faites à l'équinoxe du printemps de 1840. BAROMÈTRE RÉDUIT A O°. LOUVY, ALOST, GAND. | MAEST. |UTRECHT | LONDRES) 20 wars. ES mm. 6h. mat, 767.37 767.40 767.51 767.60 767.51 767.10 766.56 766.30 765.95 765.72 765.53 765.56 765.42 765.58 765,80 761. 765.58 761.40 765.86 761,55 765.88 761.70 765.78 762.25° * 11 semble résulter de la comparaison des courbes dessinées sur la planclie que ce nombre est trop fort. ( 202 ) BAROMÈTRE RÉDUIT A Oo. DATE, RRUX. | LOUV. | ALOST. | GAND. | MAEST. [UTRECHT| LONDRES 21 mars. pen mm. mm. mm, mm. mm. 1 h. mat. | 762.28 » 766.00 | 766.03 | 761.55 » » 21" 1761-90 » 765.77 | 765.88 | 761.50 » » SRE A] AT TO » 765.40 | 765.56 | 761.05 » » 4 — . 1761.64 | 762.66 | 765.35 | 765.80 | 761.20 » » 5 — , 1761.63 | 762.95 | 765.27 | 765.48 | 761.25 » » 6 — . 7621 | 763.37 | 765.77 | 766.03 | 761.40 | 763.40 770.68 7 — . 1762.43 | 763.74 | 766.13 | 766.30 | 762.00 763.60 770.98 8 — . | 762.79 | 763.95 | 766.46 | 766.58 | 762.20 | 763.90 | 771.06 9 — . 1763.16 | 764.34 | 766.76 | 767.11 | 762.45 | 764.09 | 771.26 10 — . | 763.43 | 764.58 | 767.18 | 767.40 | 762,95 | 764.67 | 771.49 11 — . [763.61 | 764.75 | 766.94 | 767.62 | 762.95 | 764.77 | 771.54 12 — . | 763.63 » 767.27 | 767.78 | 762.95 | 765.14 | 771.52 1 bh. soir. | 763.40 | 764.52 | 767.33 | 767.76 | 762.85 | 765.40 | 771.36 2 — . 1763.43 | 764.52 | 767.38 | 767.87 | 762,75 | 765.19 | 771.16 | 3 — . 1763.64 | 764.58 | 767.55 | 768.07 | 763.15 | 765.44 | 771.31 4 — 763.97 | 765.21 | 767.95 | 768,32 | 763.30 | 765.38 | 771.39 5 — . |764.19 | 765.33 768.36 | 768.47 | 763.70 | 765.59 | 771,36 6 — . | 764.34 | 765.32 | 768.14 | 768.59 { 763.70 | 765.65 | 771.31 À Londres les observations ont été failes au moyen de deux baromètres, \ l'un en flint glass et l'autre en crown glass; on a pris ici les moyennes des deux instruments. A Utrecht on a observé, au moyen d'un baromètre étalon | de Newmann, construit d’après le principe de Fortin. Le tube a un diamètre | iutérieur de 0,566 pouce anglais. Il porte deux échelles, l'une en pouces an- glais, l’autre en millimètres. Le vernier de cette dernière indique les 20mes de millimètres. ( 203 ) Observations thermométriques horaires faites à l’équinoxe du printemps de 1840. TEMPÉRATURE CENTIGRADE. DATE. BRUX, LOUY. ALOST, GAND. MAEST. |UTRECHT| LONDRES 20 wars. A o o o o o 6 h.mat, D —1.1 | —1.6 | —0.9 | —2.1 | —3.6 » » TU 1.00 = 0.70 — 0.701,20 14 » » SOL NP ET AU 0.10) 2.90 | +2,50! 0.3 » » 9 — +23 | +23 3.4 4.4 | +0.4 » » 10 —/ 29 2.3 3,6 6.2 2.7 » » 1 — 3.0 2.8 4,4 T2 2,5 » » 12 — . 3.7 3.0 5.3 8.5 he » » 1 h. soir. 4.6 3.8 5.3 6.6 3.5 » » 201 | 4.9 4.3 5.4 6.7 3.2 » » an — 4.9 4,7 6.1 7,0 4.0 » » 4 — . 5.4 5.2 6.5 6.7 3.8 » » GO 1 à 5.2 5.0 4.3 3.4 2.6 » » 6 — 3.1 3.3 4.6 4.2 3.8 » » To — 2.0 3.3 3.1 2.9 3.2 » » 8 — . 2.0 2.4 2.9 2.2 PE: » » 9 — 27 1,6 2,7 1.9 2,1 » » 10 — , 0,1 1,3 2,9 0.9 1.0 » » 11, — 0.2 114 1,8 0.0 0.2 » » à a | © © = ëx | S io | ® o ( 204 ) TEMPÉRATURE CENTIGRADE. BRUX. LOUV. ALOST. GAND, | MAEST. |UTRECHT| LONDRES 21 mars. 1 h. mat. a) +-0.6 +0.9 2.0 +-2.5 — 0.6 +1.4 3.2 10: — . 1.5 2.3 4.1 3.7 | +1.6 2.7 4.3 in ES 0.9 2:3 3.6 4.4 3.2 3.7 4.3 LLC EEE AA 2.2 » 4.0 41 3.3 4.2 5.1 1 h, soir. 3.1 4.2 4.1 5.2 4.2 1.7 5.9 CNRS 3.6 4.3 4.4 4.7 4.2 3.2 6.3 pes ME 4.0 4.6 5.1 5.1 3.7 3.0 6.5 PUS 0e 4.0 2.9 4.3 4.9 3.8 3.7 6.3 Re MA 3.1 3.2 2.8 5.2 3.3 2.7 6.1 ae 1.6 2.2 1.9 3.1 2.3 1.5 54 EXTRÊMES DE TEMPÉRATURE. maxima, Minima, Du 19 au 20 mars, à midi. +406 —106 BruXELLES.{ Du 20 au 21 — 22 5.5 1.4 Du 21 au 22 — — +-5.6 —0.0 Louvain. . Nuit du 20 au 21 mars. . — 1,7 Le 20 murs !. . ‘11 0 +-7.9 —1.7 OST "1 Te =). OPEN L0 Du 19 au 20 mars, à midi. +8.5 —2,5 GAND . : Du 20 au 21 — — +9.1 —2. Du 21 au 22 — — +7.4 —0 ( 205 } Observations horaires de l’hygromètre, faites à l’équinoxe du printemps de 1840. HYGROMÈTRE DE SAUSSURE. BRUXELLES. 20 mans. 6 heures du matin. . . 96.5 99.12 90.0 7 — LITE 97.0 96.36 90.5 8 — DS NE 93.5 74,95 83.0 9 _— CPS Ve 86,5 74.65 75.0 10 — TER - 88.0 75.05 70.5 CARS HE 87.5 78.68 70.0 12 — gr a Ge 87.5 78.18 73.0 1 heure du soir. , . . 86.5 87.91 78.5 2 _— Kg 91.5 91.57 81.5 3 — Ye 95.0 91.45 81.5 4 _— FAUS « 92.5 88.77 74.5 5 — sh 89.0 86.07 85.5 6 _ . 92.5 88.41 81.0 7 — dE 95.0 89.41 88.0 8 — CEE 0 93.5 91.66 85.0 9 — sn te 93.5 87.41 77,0 10 _— . 95,5 89.69 85.5 el mi | eo de © 92.05 93.0 91.85 79.0 ui Lo | . o = © 21 MARS. heure du matin . heure du soir. . 82,72 82,82 91.37 QUANTITÉ D'EAU TOMBÉE. Du 19 au 20 mars, À midi BRUXELLES. . Du 20 au 21 » » Du 21 au 22 » » LouvaAIN. . « . Le20etle21 » EN SATA { Le 20 mars, de 6 h. matin à 6 h. soir. . . AxOST 7. € Du20 » à 6 h. soir au 21 à 6 h. matin. | Le21 » deGh. matin à 6 h. du soir Du 20 au 21 mars, à midi à LES | Du2lau22 » » É LONDRES. . .- . . Le 21, de 6 h, du matin à 6 h. du soir. ( 207 ) Observations horaires de la direction du vent, faites à l’équinoxe du printemps 1640. VENTS. ALOST. | GAND. UTRECHt| LONDRES 20 mars. La direction du vent a été prise d'après le mouvement des nuages; la girouette changeait continuellement de position en passant par tous les rumbs ; pendant la journée du 21 elle marquait le plus souvent Ouest, Tom. vrr. 16 DATE, 21 mars. L'h: 15 D OO à du mat. soir. BRUX. NNO. NNCO, NNO. 18 #4 au 2 2 22 e 0. LOUV. 2/2 2121212118 ( 208 ) ALOST. VENTS. GAND. NNO. 2 82/2/2122 12 MAEST, UTRECH| LONDRES NO. NO. ( 209) “amyd op nod “qui, suep nqd eyy un so4e -jou8 “bb — “oneppo ‘hpont)|,çr ‘4 y — ‘An09 ‘ça18 “pi |'empa—"'11a4n09 "2121 —" 1124009 ‘PI Pi ‘PI ‘PI ‘PI ‘PI “ruraed'1a—"an09 ‘PI "2AN07 ‘PI ‘PI ‘PI *AJOTULT Suep 98rou & J]—"An0) ‘PI ‘PI ‘PI *110S np 21094 ‘PI ‘PI ‘HI2AN0") ‘PI US = “and op ‘PI "qAN0T) ‘1040079 “m08"b—"Aan09 *H2AN09 “amyd ap ‘m08 "08 q6roswuop |"8y'10IE,98 OI “1104009 “bond — "Ano “o8reN—"anon |'oted‘b—"anon |op o$1aN — ‘an0o9 “enu “bb 4e uiarag *1104N07 *WOANO *MOANOE) *Bueqo ‘A 8T—"104 “PI *ZNOU,[ & S2SenN :supnunr) “so$ena ‘hponQ | ‘109 7 8 “üimo RQ) ‘pl ‘PI ‘u1910S PTPAIL Elc ‘2104 { & ‘Inn "xno8enN ‘sapnuno=-oquio | ‘Snpnuno-oquar |'H'6 ne ‘PP? S9T | ‘piou ne “uepog J'IPR Rp “ANoU 9 ‘SUVK 03 *SAUGNO'I “LHOIUL 1 ‘aNv)9 *ZSO'TV ‘AIVANO'I *“SATIAXAQUL* “"LSI9 QU EVA "OrgI op sduoquud np oxouimbo v sopunf ‘joro np 1079,7 9P S041040ÿ SU0r70a498q() (210 ) _ 1 Vire {UC 1 Ÿ ‘PI ‘PI S18 À — * UN9 - ‘HI "2810N “PI - "SAS PDU? 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Séance générale du 6 et du 7 mar. M. le baron de Stassart, directeur. M. Quetelet , secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. Le secrétaire communique une lettre qu'il vient de re- cevoir de M. Kupfler , au sujet des nouveaux observatoires magnétiques que l’on doit établir en Russie, pour faire, dans toute l'étendue de ce vaste empire, des observations correspondantes à celles demandées par la société royale de Londres. Les observatoires magnétiques de Russie se- ront ainsi au nombre de huit , et le personnel sera suffi- sant pour observer dans chacun d’eux, à des intervalles de deux heures, jour et nuit , les varialions de la déclinaison, de l'intensité horizontale et de l'intensité verticale, outre les observalions qui doivent être faites de 5 en 5 minulesaux Tom. vrr. 20 ( 260 ) périodes prescriles par la société royale. C’est M. Kupffer qui est chargé de la direction de ces divers établissements, - et du soin de donner aux observateurs les instructions né- cessaires pour opérer sur un plan uniforme. Le même savant écril que son intention est d'établir à S'-Pétersbourg, comme cela se pratique à l'observatoire de Bruxelles , des observations suivies sur les tempéralures de la terre à différentes profondeurs, mais qu'il rencontre d'assez grandes difficultés dans l'exécution de son plan, surlout à cause du terrain marécageux de S'-Pétersbourg, où l’on trouve l’eau à de trés-petites profondeurs, et où, pendant l'hiver, la gelée peut facilement briser les ther- momèélres. — M. Dutront fait connaître, par l'intermédiaire de M. le baron de Stassart, qu'il a trouvé, dans les environs de Beaumont, et dans une maçonnerie ancienne , une urne d'environ un pied de haut, en même temps qu’un petit vase qu’il fait parvenir à l'académie avec un anneau de cuivre el quelques pièces de monnaie dont les empreintes sont à peu prés effacées. Le grand vase n'était pas d’une matière aussi solide que le petit; il était cassé et l’on n’a pas trouvé de fragment remarquable. — M. Van Mons adresse, de Louvain , quelques obser- vations au sujet d’un brouillard, ayant l'odeur de tourbe brûlée , qui a régné vers la fin du mois dernier. Le même brouillard a été remarqué à Bruxelles, et particuliérement dans la soirée du 27 et le 28 avril. — M. Colla, directeur de l'observatoire de Parme, com- munique ses observations météorologiques des mois de mars (261) et d'avril, en même temps que les résultats des observations horaires qu’il a faites, au dernier équinoxe, en corres- pondance avec les observations de Bruxelles, de Louvain, de Gand, d’Alost, de Maestricht, d'Utrecht et de Lon- dres (voyez le bulletin précédent). Le 4 mars, les mou- vements de l'aiguille aimantée étaient très-prononcés; le soir du même jour la lumière zodiacale était trés-appa- rente ; le même phénomène se reproduisit le 20 et pen- dant toute la fin du mois. Le 22, le 23 et le 24, vers 7 heures du soir, la planète Mercure était trés-visible à œil nu, Pendant le mois d'avril, et notamment dans les soirées du 10 et du 17, on remarqua des perturbations magné- tiques. — M. Quetelet communique une leltre qu'il a reçue de M. Chasles, au sujet d’un théorème de statique, pré- senté par M. Pagani, dans le n° 12 des bulletins de 1839, p. 497. « J'ai démontré ce théorème depuis longtemps, dit M. Chasles, dans la correspondance mathématique(t. V, p. 106-108 année 1829). Je l'ai présenté comme corol- laire d’un théorème beaucoup plus général, concernant des systèmes de forces équivalentes appliquées à un corps solide libre dans l’espace, et qui consiste en ce qui suit : La droite qui joint le centre des moyennes distances des points d'application des forces de chaque système , au centredes moyennes distances des extrémités de ces forces, est toujours parallèle à un axe fixe, et la lonqueur de cette droite est en raison inverse du nombre des forces. | Cet axe fixe est la résultante de toutes les forces primitives trans- portées parallèlement à elles-mêmes en un même point de l'espace. J'ai Liré de là les deux corollaires suivants : 1° Dans le cas particulier où toutes les forces sont appliquées à un point , le centre des moyennes distances de leurs extrémités ( 202 se trouve sur la résultante, à une distance du point d'application égale à cette résultante divisée par le nombre des forces. 2 Si, dans le théorème général, les forces de chaque sys- tème se font équilibre , le centre des moyennes distances de leurs points d'application se confondra avec le centre des moyennes distances de leurs extrémités. Le premier de ces deux corollaires est précisément le théorème que M. Pagani a présenté à l'académie. Les systèmes de forces appliquées à un corps solide libre dans l’espace jouissent d’un grand nombre d’autres pro- priétés générales dont j'ai fait le sujet d'un mémoire que vous avez inséré dans le t, VI de la correspondance (p. 92- 120 ; année 1830). J'ai rappelé dans ce mémoire le théorème en question (p. 118-119), et j'en ai fait quelques applications. J'en ai conclu notamment un autre théorème qui se rapporte encore au centre des moyennes distances d’un système de points, et qu’on peut énoncer ainsi : Quand plusieurs forces sont appliquées à un même point, la somme de leurs carrés, plus le double de la somme des produits de ces forces multipliées deux à deux et par le cosinus de l’angle qu’elles comprennent, est égale au carré de la distance du point d'application au centre des moyennes distances des extrémités des forces, multiplié par le carré du nombre des forces. — M. Cornelissen fait hommage à l'académie du qua- irième volume de ses opuscules, dans lequel il a inséré différentes notes manuscrites qui se rapportent aux pièces dont se compose ce recueil. Il présente en même temps, de la part de M. Fr. Den Duyts, conservateur des collec- tions et directeur du cabinet des monnaies et médailles de l’université de Gand, un fac simile, fidèlement re- produit par la lithographie, des anciennes monnaies des ( 263 ) comtes de Flandre, conservées dans le cabinet de l’uni- versité. L'académie reçoit en outre deux mémoires manuscrils : 1° De M. Ch. Defooz, docteur en médecine à Liëége , sur la mortalité de cette ville (commissaires, MM. Quetelet et Sauveur ); 20 De M. le Dr. Biver, sur la physique terrestre (com- missaires , MM. Crahay et Quetelet. ) CONCOURS DE 1840. L'académie avait proposé, pour le concours de 1840, cinq questions dans la classe des lettres, et huit dans la classe des sciences. L'examen des mémoires reçus en ré- ponse à six de ces questions , a présenté les résultals sui- vants. CLASSE DES LETTRES. Quels furent les changements apportés par le prince Maximi- . lien-Henri de Bavière (en 1684) à l’ancienne constitution lié- geoise; et quels furent les résultats de ces changements sur l'état social du pays de Liége, jusqu’à l'époque de sa réunion à la France ? L'académie désirait que cet exposé fût précédé, par forme d'introduction, d’un tableau succinct, historique et critique , de l’ancien gouvernement liégeois , sans toute- fois que l’auteur fût tenu de remonter au delà du règne d'Albert de Cuick. Un seul mémoire portant pour épigraphe : Un prince de Liége ne donne sentence que par ses jus tices , etc. (Le prince GÉRARD.) ( 264 ) a été envoyé en réponse à cette question. L’académie, aprés avoir entendu ses commissaires (MM. Grangagnage, le baron De Reiïffenberg et de Gerlache), a décerné, à titre d’en- couragement, une médaille d'argent à son auteur, M. Fer- dinand Henaux de Liége; et elle s’est bornée à ordonner l'impression du rapport suivant de M. Grangagnage. «La question relative aux institutions du prince Maximi- lien Henri de Bavière est remise pour la seconde fois au concours. Un seul mémoire est de nouveau présenté ; c’est le même qui le fut déjà l'an dernier , et sur lequel un rap- port a été fait à l’académie. «L'auteur, dans quelques pages d'introduction, s'attache à réfuter indirectement certaines parties de ce rapport. Je pe répondrai qu'un mot : c’est que la question proposée avait pour objet les changements apportés par le prince Maximilien à l’ancienne constitution liégeoise; or, je per- sisle à croire que, pour bien apprécier ces changements, il faut posséder parfaitement l’ensemble de celte constitu- tion ; et je continue également à partager l'opinion que M. De Reiflenberg avail émise avant moi dans le sein de l'académie , à savoir que le mémoire présenté ne donne pas une idée nette des anciennes institutions du pays de Liége. Qui faut-il en accuser, si ce n’est la méthode exclusivement employée par l'auteur, c’est-à-dire le récit chronologique des faits, entremêlé d’une foule de détails plus ou moins étrangers au sujet ? Il dit quelque part qu'entre la paix de Fexhe et la création du tribunal des vingt-deux se trouve la promulgation d’un si grand nombre de lois, qu’un ancien auteur à pu dire avec raison qu'au milieu de tant de lois, Liége n'avait pas de lois : Legibus in mediis Legià Lege caret. ( 265 ) » Cette pensée est rendue on ne peut plus saillante par la lecture du mémoire. C'est un véritable déluge de lois, de paix , d'ordonnances, de règlements , de statuts ; qui se suc- cèdent pendant neuf siècles, qui se détruisent, se modi- fient, se réforment, se confirment, et dont les parties survivantes, si je puis m'exprimer ainsi, ne se lrouvent résumées nulle part ni réunies en un seul tableau. » Du reste, tous les éléments d’une bonnesolution de la question proposée se trouvent dans le mémoire. C'est une histoire à peu près complète des révolutions politiques du pays de Liége. Un mérite qu’il faut lui reconnaître encore c'est que l’auteur n’a pas suivi la grande masse des histo- riens liégeois , en se constituant , à leur exemple, le cham- pion déterminé du pouvoir. Il s’est placé de prime abord sous la bannière du peuple, dans le camp de ceux qui fu- rent définilivement vaincus ; et si ce parti pris l’a quelque- fois entraîné trop loin , il n’en résulte pas moins plusieurs aperçus nouveaux sur différents points de l'histoire des ré- volutions liégeoises. Sous ce rapport , le mémoire présenté pourra servir de coatrepoids à l'influence qu'ont exercée dans ces derniers temps les écrits de M. de Villenfagne, partisan déclaré du système contraire. » Je dois dire aussi que l’auteur à fait à son travail quel- ques corrections. Des parties essenlielles ont reçu des déve- loppements ; des parties inutiles ont été retranchées ou du moins abrégées; maïs, selon moi, trop sobrement encore; et je pense que, si le mémoire doit s’imprimer un jour, l’auteur fera bien de rejeter dans des notes, placées à la fin du volume, bon nombre de détails qui peuvent offrir de l'intérêt, mais que l’exposé d’une constitution politique ne me paraît pas comporter. » Le mémoire est volumineux ; il comprend plus de 400 ( 266 ) pages in-4°. Un travail de ce genre, puisé dans les sources que l’auteur semble avoir consullées avec soin, où plus d’une fois il rectifie des textes , où même il rapporte quel- ques documents qui paraissent inédits, un tel travail mérite à coup sûr les encouragements de l'académie. On lui a, l'an dernier , accordé une mention honorable, en remet- tant la question au concours; et telle est la proposition que j'avais faite dans l’espoir surtout que de nouveaux concur- rents viendraient à se présenter. Cet espoir a été déçu. Je ne sache pas non plus que d’autres écrivains s'occupent de la question. Dans cel état de choses, j'estime que l’on pour- rait, celte année, décerner à l’auteur une médaille d'argent à titre d'encouragement, en supposant toutefois que les usages de l'académie permettent d'accorder la médaille sans voter l'impression ; car, je le dis à regret, si le mémoire a reçu sous quelques rapports des améliorations , il est resté, quant au style, extrêmement défectueux. L'auteur, dans son inlroduclion, nous demande une grâce : c’est d’approu- ver ou de condamner le livre entier, et non pas quelques phrases. Mais il est malheureusement trop vrai que le livre entier est écrit d’un style faible, incorrect, Il contient, comme je l’ai dit, plus de 400 pages; et il en est bien peu qui n’offrent soit une expression vicieuse ou un terme impropre, soit une phrase mal construite ou une locution par trop familière, quelquefois même triviale : défauts rendus beau- coup plus saillants encore par des phrâses à effet que l’au- teur paraît affeclionner, mais que jecomparerais volontiers, si je ne craignais moi-même d'employer une comparaison quelque peu prétentieuse, que je comparerais, dis-je, à des fleurs artificielles mal faites, attachées à un buisson d’épines où à un arbre mort. » Je propose, je le répète, d'accorder une médaille d’ar- ne. ne — (. 267 ) gent à l’auteur, sous condition que le mémoire ne sera im- primé qu'après avoir subi un nouvel examen de l'académie sous le rapport du style et même de certaines idées. » Sur la question : < Quel a été l'état de la population , des fabriques, des manu- factures èt du commerce dans les provinces des Pays-Bas, depuis Albert et Isabelle jusqu’à la fin du siècle dernier ? l'académie n’a reçu également qu'un seul mémoire, et elle a décerné la médaille d’or à son auteur, M. Nat. Bria- voine, conformément aux conclusions de ses commissaires MM. Dumortier, le baron De Reiffenberg et Cornelissen. L'académie a, en même temps, ordonné l'impression du rapport de M. Dumortier. « Dès l’époque de son origine, l'académie impériale et royale des sciences et belles-letires conçut le projet de proposer en concours une suite de mémoires sur l’état de l'industrie et de la population de la Belgique, depuis les temps les plus reculés jusqu'a nos jours. La série de ces mémoires devait présenter une histoire complète du pro- grès, de la décadence et des vicissiludes de la prospérité publique. Interrompue lors de la suspension des travaux de la société, à l’époque de la révolution française, cette série de questions fut reprise à la suite de la réorganisa- tion de l'académie, et poussée jusqu’au règne d'Albert el d'Isabelle. Il manquait pour la terminer, le Lableau de l’in- dustrie depuis ces grands princes jusqu’à la fin du siècle dernier, et c’est pour combler cette lacune que vous avez proposé, en concours, la-question suivante : Quel a été l’état de la population, des fabriques, des manu- factures et du commerce dans les provinces des Pays-Bas, depuis Albert ct Isabelle jusqu'à la fin du siècle dernier ? ( 268 )” » Un seul mémoire a été envoyé en concours ; il porte pour épigraphe : Tllustrabit, mihi crede, tuam amplitudinem hominum injuria. » Voici les observations que m'a suggérées la lecture de ce mémoire. » L'époque des guerres de religion fut pour la Belgique un temps de désastres et de malheurs, un temps d'épreuves tel que peu de nations en ont subi, et qui eût à jamais ruiné tout peuple où l’industrie eût été moins inhérente au sol, moins profondément imprégnée dans les mœurs. » En effet, aussi loin que nous pouvons nous éclairer du flambeau des lumières hi$toriques, nous reconnaissons, dans nos provinces, des marques d’une industrie très- avancée. Ainsi, déjà avant l'invasion romaine, on ne peul méconnaîlre que l’agriculture fût très-florissante dans nos contrées, puisque nous voyons les nations germaniques s'emparer de notre pays à cause de la fertilité du sol: Prop- ter loci fertilitatem (Cæs., Belg. Gal., lih. 2, cap. IV). » Pendant la domination de l'empire, les manufactures de drap durent être bien florissantes en Belgique, puisque les Romains élablirent dans la cité de Tournay une des quatre manufaclures impériales d’étoffes de laine existantes dans Jes Gaules : gynecium tornacense (Notitia imperii). C'est de celte institution romaine que date l’époque de la fabrica- tion des étoffes de laine dans les Flandres. Tournay, par ses écoles déjà existantes du temps de St Eleuthère et de St Mé- dard, par sa situation sur le grand fleuve de notre pays, par son évêché et son chapitre, devint, sous la période franque, le centre de la civilisation de la Belgique occidentale (1); (1) M. Warnkœnig s’est grandement trompé en montrant Arras comme le berceau de la civilisation des Flandres. | | ( 269) et cette civilisation trainant à sa suite les manufactures de laine , s’étendit et se développa dans toute la Flandre. » C'est ainsi qu’au moyen âge on voit les grandes villes de ce pays présenter un développement industriel qui, aujour- d'hui encore, étonne l'imagination. Gand, Bruges, Ypres, Tournay, occupaient des milliers de métiers battants. Par- tout l'importance des corporations des tisserands de drap et des foulons prouve que ces industries étaient la principale branche de la prospérité du pays. » Sous les ducs de Bourgogne et les premiers princes de la maison d'Autriche, la paix dont jouit la Belgique pen- dant que les autres nations élaient en guerre, contribua puissamment à étendre et à développer les sources de la richesse publique. Elle était arrivée à son plus haut période lorsqu'éclata la révolution du XVI siècle, mais alors l'in- dustrie se resseutil vivement de celte grande secousse. En peu de temps plus d’un demi-million d'habitants émigrè- rent, emmenant avec eux leurs capitaux et leur industrie, et lés transplantant en Allemagne et en Angleterre. » Cependant, malgré ces émigrations , les manufactures étaient encore d’une importance majeure, nous en avons la preuve par un document précieux conservé par Renom de France, dans son Histoire des troubles des Pays-Bas (1). A l'occasion de l'établissement du 10e denier sur la vente des marchandises manufacturées , le duc d’Albe ordonna une espèce d'enquête. « A ces fins, dit Renom de France, le duc donna charge » à Pedrode Arcauty de visiter toutes les villes et villages » de pardeçcà, pour savoir à plus près l'importance des (1) Renom de France, Hist. des causes de la désunion, révoltes et altération des Pays-Bas, ivre 2 , chap. X. » » » » » » » » » » » » » ( 270 ) manufactures pour en après faire le calcul du 10° denier. Par le besoigné duquel se voit particuliérement qu'en l’an 1570 les manufactures revenaient en tout à 44,864,883 florins selon l'estimation faite, en quoi les duchés de Limbourg, Gueldres et pays d'Outre-Meuse ni Zélande ne furent compris, à savoir : Brabant. is. ee, 11197416 Flandres... ... . = . .: 10,407,891 Malines serre tee 262,880 Lille, Douay et Orchies . 8,883,698 Tournay AE te t 2,369,200 Arlon ur de 1,718,790 Hainaut . . 1,982,540 Valenciennes . . . 5,223,980 Hollande . . . . 2,029,148 Utrecht 734,900 Over-Yssel rue, 150 Le .11,610,260 MEIDG urs dre Le 2 de US TIRE 196,200 Namur . . . 454,980 (1) Ores, ajoute Renom de France, le duc considérant par ce calcul l'importance du 10° denier ,espérant fut de gré ou de force le pouvoir mettre en pratique, chatouillé douce- ment de l'espérance ou de l'imagination du profit, pressa fort les états sur le 10° denier, et décréta, le 19 juin, le placard contenant la forme qu’il entendait et voulait le faire lever, modératif des précédents plus rigoureux. » » On voit par ce qui précède combien, eu égard surtout à la valeur du numéraire, les manufactures étaient encore _— (1) Le total des chiffres énoncés s'élève à la somme de 47,071,883 flo- rins; il y a donc entre ce total et celui énoncé plus haut une erreur de 2,207,000 florins. Il serait bien à désirer que l’on recherchât dans les archives de l’État le travail qui a servi de base au précieux exposé con- servé par Renom de France. Ilest très-probable qu’il doit se trouver parmi les pièces relatives à l’élablissement du 10e denier. ( 203 considérables à celle époque. La guerre civile les fit suc- cessivement déchoir, et lorsqu'Albert et Isabelle prirent le gouvernement, la misère la plus grande régnait dans tout le pays. Les villes étaient dépeuplées, les artisans sans ateliers , les champs sans culture, et sous le rapport com- mercial l'Océan était pour nous sans ports et l’Escaut sans embouchure. » Le règne des archiducs arrêta les progrès de cet état fu- nesle, et y porta même quelque remède. La libération d'Os- tende, le traité de 1604 et la pacification de 1609 permirent à l’industrie de commencer à se relever. C’est à cetle époque que commence l'exposé présenté par l’auteur du mémoire. » Aprés avoir indiqué l’état de détresse de l’industrie à l’arrivée d'Albert et Isabelle, l’auteur expose successive- ment les mesures principales que ces princes établirent, la prohibition de l'importation des drapset de l'exportation du lin ; l'institution des monts-de-piété dans le but de faire bais- ser le taux de l'intérêt; le projet d’unir l’Escaut au Rhin par un canal. À côté de ces mesures parties du gouvernement, il cite les travaux entrepris par les provinces, tels que les canaux de Plasschendael à Ostende, de Bergue à Dunkerke et de Dunkerke à Nieuport, de manière à relier tous ces points avec Gand et Bruges. La simplicité de la cour des archiducs amena la chute du faste introduit par la maison de Bourgogne, et rendit, en ramenant le peuple à des mœurs simples, un service qu’on ne peut assez apprécier. » À Albert et Isabelle succéda le gouvernement espagnol, époque la plus funeste de toutes pour la Belgique. C’est de cette époque que datent les trailés à jamais funestes de Munster et de la Barrière, qui consacrèrent la ruine de l'in- dustrie et de la prospérité commerciale du pays, au profit de la Hollande et de l'Angleterre. Indifférents à la prospé- ( 2729 rité d'an pays qu'ils se hornaient à exploiter , les Espagnols n’opposèrent aucune résislänce à l’avidité de puissances qui avaient un si haut intérêt à notre ruine, et la Belgique vit consacrer la fermeture de l’Escaut par la honteuse fai- blesse de ses gouvernants, » L'auteur du mémoire expose avec soin les mesures qui signalèrent cette époque funeste ; il montre que de cette, période date Ja plus grande décadence du pays. Quelques mesures de détail prises de loin en loin semblent indiquer que le gouvernement espagnol n'avait pas perdu tout inté- rêt à l’industrie, mais ces mesures furent toujours ineff- caces, parce que le grand ressort manquait, l'impulsion et l’activité du gouvernement, Et ce qui finit par achever les manufactures, fut le tarif à jamais déplorable de 1680, qui semble entièrement fait dans l'intérêt de l'étranger et dans le but de détruire les restes du commerce du pays. Sans entrer dans les détails de ce tarif, il suffira de dire que les étofles de laine fines ne payaient que 8 pour cent à l’entrée et que, sur les qualités communes, le droit des- cendaii jusqu’à deux sols de brabant la pièce. Pendant 50 ans, le pays subit cet affreux système; alors les ma- nufactures cessérent , tout fut anéanli. » Cependant la Belgique passa sous la domination autri- chienne. Les Flamands, pour relever leur pays, imaginérent la création de la compagnie d'Ostende, que l’empereur ne sut soutenir. » Afin de faciliter la production des capitaux , un édit perpétuel du 13 juin 1736 autorisa les nobles à régocier en gros, tant par terre que par mer, sans déroger à l'élat de noblesse : l'effet de cet édit fut considérable sur le dévelop- pement de l'industrie, Bientôt arriva le règne de Marie-Thé- rèse, et de cette époque date une ère nouvelle pour l'in- (275 ) dustrie, surtout quand le gouvernement des Pays-Bas eut été confié au prince Charles de Lorraine ; sous lui commence l’âge d’or, qui dura jusqu’à la révolution brabançonne. » Le tarif existant tuait l’industrie, une suite de modi- fications sages et protectrices y porta remède; enfin le gouvernement ne négligea aucune occasion pour vivifier le commerce. De leur côté les villes et les provinces appuyé- rent fortement ce mouvement. Les canaux de Gand vers Bruges et vers le Sas furent nettoyés et approfondis; celui de Bruges à Ostende fut agrandi et complété par la con- struclion de l’écluse de Slykens, qui coûta à elle seule 2 millions de florins; le canal de Louvain commencé en 1750, fut lerminé en 1753 : de toutes paris on construisit des grandes routes dont on admire encore aujourd’hui la ma- gnificence, aussi le travail se développa considérablement, L'auteur en fournit la preuve par trois faits généraux : 1° l’'augmentalion du prix des terres; 2° l'amélioration des revenus des douanes; 3° l'abondance des capitaux. » Cet état dura jusqu’à la révolution brabançonne, qui amena une crise momentanée, à laquelle succéda la révo- lution française. L'auteur, dans un exposé parfaitement tracé, décrit toutes les phases de ce siècle. Il'assigne les causes et indique leurs inévitables résultats. » En comparant à l'époque actuelle le siècle que nous venons d'indiquer , on peut voir que depuis lors l’industrie a réalisé une amélioration immense, résultat de nos instilu- tions et de la liberté. L'esprit d'association et d’aclivité se sont développés, et en maintenant le premier dans de sages limites, qui empêchent des crises toujours funestes, on peut prévoir un grand avenir pour l'industrie de notre pays. » En résumé, le mémoire présente un exposé remarquable des différentes phases de l’industrie pendant les deux siécles (274) précédents ; il mérite d'être lu et médité par les hommes d'État qui veulent la prospérité du pays, et sera pour eux d’une grande instruction; il termine dignement la série des concours posés par l'académie, et me paraît, sous tous les rapports, digne du prix proposé par la compagnie. » Sur la question : Vers quel temps l’architecture ogivale , appelée improprement gothique, a-t-elle fait son apparition en Belgique ? quel carac- tère spécial cette architecture y a-t-elle pris aux différentes épo- ques ? quels sont les artistes les plus célèbres qui l’ont employée , les monuments les plus remarquables qu’ils ont élevés ? il est parvenu à l'académie deux mémoires. L'un en fla- mand (A) avec cette épigraphe : L'art de la bâtisse a suivi la marche de la langue , etc. L'autre en français (B) portant pour devise: L'étude de toutes les œuvres, etc. Aprés avoir entendu ses commissaires , MM. le duc d'Ursel, Cornelissen et le baron De Reïffenberg, rappor- teur, l'académie a décerné une médaille d’or à l’auteur du dernier mémoire, M. Antoine Guill. Bern. Schayes , attaché aux archives de l’élat et correspondant de l'académie; et elle a décerné, à litre d'encouragement, une médaille d’ar- gent à l’auteur du mémoire flamand, M. Félix Devigne, peintre d'histoire à Gand. L’académie a ordonné en outre l'impression du rapport suivant de M. De Reiffenberg. « Ces deux mémoires sont rédigés avec clarté el attestent une connaissance élendue de la malière; mais le second l'emporte incontestablement sur le premier par l'esprit mé- (. 279%) thodique , le savoir, la précision et la nouveauté des détails et des vues. » Les deux auteurs ont très-bien compris qu’il ne s’agis- sait pas de remonter à l’origine de l’ogive en elle-même; celle origine , en effet , n’a point de date , elle est aussi an- cienne que le monde. L’ogive a été donnée par la nature, on la retrouve dans les forêts, dans les templés de l'Inde, dans les œuvres de l'architecture cyclopéenne et pélasgique. Ce qu'on demandait, c'était de déterminer quand a pris naissance en Belgique le style ogival, qui a élancé les édi- fices vers le ciel et a permis de percer les murs de fenêtres immenses, de rosaces gigantesques. Il fallait surtout re- chercher quel caractère particulier ce style a pris en Bel- gique, el quelles modifications il a subies. Or c’est princi- palement en cela que le mémoire français l'emporte sur le mémoire flamand. Celui-ci est resté dans les généralités ; ce qu'il dit s'applique aussi bien à l'Italie, à l'Allemagne, à la France, à l'Angleterre, qu’à la Belgique ; ses inven- taires de monuments sont des listes chronologiques, ses planches ne retracent que des choses connues, et sont infini- meut moins probantes que celles que M. de Caumont a join- tes à son excellent ouvrage ; tandis que l’auteur du mémoire français, au contraire, s’est eflorcé de caractériser notre architecture nationale. Il à parcouru le pays avec alten- tion, il a exploré des localilés négligées, retrouvé, pour ainsi dire, des constructions intéressantes oubliées, elexpli- qué ce qui constitue leur individualité, ce qu'ils doivent aux différentes époques et aux divers systèmes qu’il appelle style ogival primaire ou à lancette, style ogival secon- daire ou rayonnant, style ogival tertiaire ou flamboyant, el que j'avais nommés gothique ancien, gothique mo- derne et gothique corrompu. N y ajoute avec raison un Ton. vu. 21 (276 ) style de transition, formé du mélange de l'architecture romane et de l'architecture gothique. » Dans le mémoire À on énumère toutes sortes de monu- ments. Le mémoire B s'attache principalement aux églises et aux hôtels-de-ville, où l'architecture ogivale resplendit avec le plus de pompe et de grandeur. » Quant à la diction du dernier, elle est simple et précise. On n'’exigeait pas de l’auteur une description pittoresque, mais une descriplion technique et concluante. Or c’est là, suivant moi, son grand mérite. S'il existe encore un peu de vague dans ses explications, ce vague tient à la difficulté du sujet, qui n’a pas encore étésuffisamment étudié. Le mé- moire flamand , bien moins étendu, bien moins raisonné, est presque nul sous le point de vue que je viens de signaler. » Si l'académie juge à propos que je fasse un rapport sur ce concours à la séance publique de cette année, je dévelop- perai davantage ces rapides considérations. En attendant, je me borne à dire que le mémoire français me semble mériter la médaille d’or. J’allais oublier de remarquer qu’on y trouve la preuve que l’auteur, pour fixer les dates de con- struction et découvrir les noms des architectes, a fouillé dans les archives avec succès, et qu'il a rectifié plusieurs assertions que l’on répétait depuis longtemps sans examen. » Mais comme le mémoire flamand offre aussides parties estimables , /ongo licet proximus intervallo, je sollici- terai pour lui une médaille d'argent, comme encourage- ment et légitime récompense. » Avant de finir ce rapport , je ferai observer qu'il me semble qu’une des causes qui individualisent les édifices de certains pays, est dans les matériaux qu’on y peut employer. Ainsi là où une pierre molle à la fois et solide est abondante, les délicates sculptures, les broderies, les rampes, les den- (277) telles seront prodiguées, tandis que dans le cas contraire on s'en montrera économe. Là les édifices seront ornés, pim- pants, ici ils étaleront une simplicité sévère. Il me semble que cette réflexion aurait pa mettre les auteurs des deux dis- serlations dont je viens de parler sur la voie de quelques dé- couvertes, ou leur suggérer quelques aperçus intéressants. » CLASSE DES SCIENCES. L'académie avait proposé pour première question : Un mémoire sur l'analyse algébrique, dont le sujet est laissé au choix des concurrents. M. Pagani a rendu compte, dans le rapport suivant, des résultats de ce concours. « L'académie a reçu trois mémoires en réponse à la “premiére question pour la classe des stiences. Le premier de ces ouvrages , ayant pour épigraphe : a P = mio) 4 On le peut, je l’essaie : un plus savant le fasse, est relalif à la transformation des variables dans les inté- grales multiples. Le second, dont la devise est celle-ci : J'ai souvent trouvé plus d'enseignement, etc., a pour objet la théorie élémentaire des logarithmes. Le troisième , dont l’épigraphe est : Sœpe stylum vertas, a pour titre : Essai sur les produites continues. » Ces mémoires, comme on voit, n’ont aucune analogie entre eux ; el il devient par là plus difficile de prononcer un jugement sur leur mérite relatif; d'autant plus que tous trois ils sont remarquables sous plusieurs rapports, et dignes des éloges de l'académie. Le premier et le deuxième ( 278 ) se distinguent païticulièrement par la méthode d’après la- quelle ils ont été élaborés, et par la clarté et l'ordre qui ont présidé à leur rédaction. » Pour se former une idée exacte du premier travail, il suffit de lire l'introduction que l'auteur a mise en tête du mé- moire, et qui contient une exposition précise des choses qui sont démontrées dans la suite de l'ouvrage. Nousne pourrions mieux faire que de transcrire ici celle introduction, si l'aca- démie n’avaitlemoven dela trouver aisément dans l'original. » Nous en dirons autant du second mémoire, puisque son auteur l’a fait précéder d’une table des matières qui donne une idée complète de loutes les parties successivement développées dans l'ouvrage. Nous ferons remarquer cepen- dant que le premier travail l'emporte sur le second en ce sens, que l’objet en est plus relevé et que les résultats aux- quels parvient son auteur sont plus importants pour les progrès ultérieurs de la science. » Relativementau troisième mémoire, l'académie pourra facilement s’en former une idée par les rapports des com- missaires qui ont examiné l’année dernière un travail tout à fait analogue à celui-ci , et auquel la médaille d’argent a éié adjugée. Il est vrai de dire que l’auteur a retouché son ouvrage, et qu’il a donné une forme plus générale à ses expressions analytiques. Malgré cela, vu le mérite in- conteslable des deux premiers mémoires , et la supériorité du premier sur les deux autres, el attendu que l'académie a donné à l’auteur du troisième mémoire une marque suf. fisante de son estime, il me semble qu’on pourrait décerner la médaille d’or à l’auteur du premier travail, la médaille d'argent à celui du second, et une mention honorable à l’auteur du troisième. » Après avoir entendu ses deux autres commmissaires, ( 279 ) MM. Dandelin et Timmermans, l'académie a décerné la médaille d’or à l’auteur du Mémoire sur la transforma- tion des variables dans les intégrales multiples, M. Eu- gène Charles Catalan , né à Bruges , ancien élève de l’école polytechnique, el actuellement répétiteur à cette école. Une médaille d'argent a été décernée à l’auteur du Mémoire sur Les logarithmes M. 3. Vallès , ingénieur des ponts et chaus- sées à Paris ; l'académie a ordonné , en outre, l'impression dans ses mémoires du travail Sur les produites continues, en regrettant de ne pouvoir décerner une médaille d'argent à l’auteur, M. Ed. Lefrançois, professeur à l’athénée de Gand, attendu qu’une semblable distinction lui a déjà été accordée, l’année dernière, pour avoir traité le même sujet. La seconde question de la classe des sciences était : Déterminer par des expériences si les poisons métalliques, tels que l’arsenic blanc ( acide arsénieux ), enfouis dans un terrain cultivé, pénètrent également dans toutes les parties des végétaux qui y croissent, et entre autres dans les graines des céréales, et s’il y a, d’après cela, du danger pour la santé publique à ré- pandre de l’acide arsénieux et d’autres poisons analogues dans les champs, pour détruire les animaux nuisibles. L'académie n'a reçu pour réponse qu’un seul mémoire portant la devise : Experientia docet. M. Martens a rendu compte de ce travail dans le rap- port suivant : « On sait depuis longtemps que la plupart des matières inorganiques solubles peuvent être absorbées à l'état de dissolution par les végétaux, et s’y déposer en plus ou moins grande quantité lors de l’exhalation de l’eau qui ( 260 ) les a entraînées dans le tissu de la plante. Les expériences de MM. Marcet, Macaire, De Saussure, Jaeger , etc., ont démontré que les substances vénéneuses pouvaient péné- irer ainsi dans les végétaux aussi bien que les matières qui leur servent de nourriture, et il paraît que lorsqu'elles ne sont absorbées qu’en très-petite quanlité à la fois, la plante n’en souffre pas notablement. Il est donc permis de croire que lorsque des poisons métalliques contenus dans le sol ne pénètrent qu’en très-petile dose avec la séve as- cendante dans les végélaux, ceux-ci pourront continuer à végéler comme à l'ordinaire , et que si le poison continue à être absorbé pendant un temps plus ou moins long, il finira par se déposer dans telle ou telle partie du végétal, en quantilé suffisante pour que l’usage habituel de ce der- nier comme aliment puisse devenir nuisible. D'après ces considéralions, on est tenté de croire qu’il n’est peut-être pas sans danger de répandre dans les champs des quan- tilés considérables d'acide arsénieux, pour la destruction des animaux nuisibles, d'autant plus que ce poison ne su- bissant aucune altération avec le temps, doit, si la pra- lique en question se continue pendant une longue série d'années , s’'accumuler en assez grande quanlilé dans les sols cultivés pour inspirer quelques craintes sur l’élat des végélaux qui y croissent, Il n'était donc pas sans intérêt pour la santé publique d'examiner si des végétaux cultivés dans des sols plus ou moins imprégnés d'acide arsénieux ou d'autres poisons métalliques, pouvaient en recéler en quantité assez sensible pour que leur usage comme comes- libles devint dangereux. Il importait surtout d'examiner si les poisons métalliques pénètreraient également par la séve dans loules les parties des végétaux, el entre autres dans les graines des céréales ; car il n’est pas constalé' jusqu'ici ( 281 ) que les substances étrangères peuvent pénétrer avec Ia même facilité dans lous les organes ou dans les diverses parties d’un végétal. Ainsi on a reconnu qu’en plongeant des tiges de vigne dans des décoclions de sassafras , les tiges et leurs feuilles acquièrent l’odeur de la décoction, mais les fruits ne l’acquièrent point; de sorte queles molécules de sassafras ne peuvent y pénétrer. Îl est donc possible que lors même que des céréales auraient crû dans un sol empoisonné, leurs graines ou le blé ne contint pas de poison, quoique celui-ci eût pénétré dans les tiges de la plante. L'expérience seule pouvait résoudre cette question , et la perfection que l'analyse chimique a atteinte de nos jours devait en rendre la solution assez facile. C’est pourquoi l'académie a jugé à propos d'attirer l'attention des chimistes sur un sujet qui intéresse à un si haut point la santé publique. Un seul mé- moire a élé envoyé au concours, sous la devise : Ezxperientia docet. Quoique l’auteur y fasse preuve de connaissances chimi- ques assez étendues, il n’a point complétement résolu la question, faute de n’avoir pas dirigé ses recherches d’une manière convenable. Il a fait ses expériences sur des plantes qui ont végété dans des pots dont la terre avait été mélangée avec divers-poisons métalliques, tels que l'acide arsénieux, l'arsenic métallique , le sulfure rouge d’arsenic, le sous- acétate de cuivre et le sulfate de cuivre. Il a opéré sur le froment , le seigle , l'avoine , l'orge, le maïs, les pois ordi- naires (pisum sativum), le cresson de fontaine et la mou- tarde blanche. Il reconnut d'abord que lorsque la proportion du composé arsenical mélangé à la terre était trop consi- dérable, les graines refusèrent de germer, ce que les expé- riences de MM. De Humboldt et Carradori nous avaient ( 282 ) déjà appris. Il obserya ensuite qu’en opérant sur une terre qui ne contenait par décimèlre cube que 50 grammes d'acide arsénieux ou de Fun ou de l’autre des poisons pré- cédents, la germination et la végétation s’y firent assez bien, de manière que les plantes qui y furent cultivées parvinrent à mûrir leurs graines. Ayant soumis séparément à l’analyse les racines, les tiges avec les feuilles et les graines de ces végétaux, il ne trouva dans aucune de ces parties des traces du poison qui avait été mêlé à la terre des pots. Nous devons observer ici que ceux-ci avaient élé exposés, pendant toute la durée de la végétation des plantes, dans ur jardin à l'air libre, de manière à êlre exposés à la pluie el au soleil. » D'après les expériences précédentes, on serait tenté d'admettre, avec l’auteur du mémoire, que les poisons mé- talliques, même solubles, ne peuvent pas pénétrer dans un végélal, lorsqu'il sont simplement mêlés à la terre dans laquelle il croît; mais ce résultat esl trop contraire à ce que nous savons sur l'absorption, par les végétaux, des substances inorganiques solubles du sol, pour que nous puissions l'admettre d’après les seules expériences de l’au- teur, qui ne nous paraissent pas assez concluantes et lais- sent quelque chose à désirer. L'auteur a négligé, en effet, d'examiner si la terre des pots dont il venait de retirer les végétaux qu'il a soumis à l’analyse contenait encore le poison soluble qu'il y avait mélé quelques mois aupara- vant. À défaut de cet examen , ne pourrait-on pas supposer que les eaux de pluie et d'arrosement auront entraîné le poison soluble avant qu'il n'ait pu-être absorbé par les plantes en quantité notable ? Ne pourrait-on pas aussi se demander si les poisons solubles employés par l’auteur ne peuvent pas avoir éprouvé de la part de quelques ingré- diens du sol, une réaction chimique qui les aura trans- ns ( 283 ) formés en composés insolubles, impropres à être absorbés par les végétaux? Pour savoir jusqu’à quel point cette dernière conjecture serait fondée, j'ai mêlé une solution d'acide arsénieux avec un excès de craie ( carbonate de chaux ) en poudre fine, el j'ai trouvé qu’au bout de trois mois l'acide arsénieux se trouvait encore intact et n’était pas transformé en arsénile de chaux. D’un autre côté, j'ai mélangé de l'acide arsénieux avec de la terre de jardin et de l’eau , de manière à en faire une espèce de bouillie, et au bout de trois mois le liquide filtré contenait encore presque tout l'acide arsénieux employé. Le sulfate de cuivre seul, dans son contact prolongé avec de la terre de jardin el de l’eau, s’est peu à peu décomposé. Rien ne peut donc faire présumer jusqu'ici que l'acide arsénieux mis en terre finirait à la longue par passer à l’élat d’arsénite de chaux et à devenir ainsi insoluble et impropre à péné- trer avec l’eau du sol dans le parenchyme des végétaux. C'est donc à l'analyse chimique qu'il faudra avoir recours pour nous éclairer sur le plus ou moins de danger de ré- pandre dans le sol de l'acide arsénieux, employé souvent dans les campagnes pour la destruction des animaux nui- sibles aux récoltes. Mais pour que les essais chimiques soient concluants, ils doivent être faits assez en grand et dans les mêmes circonstances où les poisons se trouvent souvent présentés aux végélaux comeslibles dans les champs. » L'auteur a fait aussi une série d'expériences consistant à plonger diverses plantes coupées au collet de la racine dans des solutions d'acide arsénieux, de sulfate de cuivre, d’acétate de plomb, et enfin de sulfate de fer ; et après six semaines d'immersion däns ces liquides , il les a soumises à l'examen chimique, et a reconnu que les substances mélalliques dissoutes avaient pénétré dans les tiges, les { 284 ) feuilles el mème les fleurs des végétaux. Ces expériences ne nous apprennent rien qui ne soit déjà connu, Elles auraient pu offrir beaucoup plus d'intérêt si l’auteur avait eu soin de plonger dans les solutions de ces divers composés métal- liques des végélaux parfaits, déjà en graines ou en fruits, et s'il avait ensuite examiné séparément les graines et les fruits de ces végétaux, afin de constater si les substances métalliques pénètrent aussi bien dans les graines et dans les fruils que dans les tiges et les feuilles des plantes; car il reste des doutes sur la possibilité de la pénétration des substances vénéneuses dans les graines ou les fruits, et c'était là ce qne l'auteur aurait dû chercher à éclaircir par ses expériences. » D'après ces considérations nous croyons que la question proposée par l'académie n’a point élé résolue par l’auteur du mémoire expertentia docet ; mais comme la méthode d’ana- lyse chimique qu’il a suivie prouve qu'il est au courant de la science, et qu'il est seulement à regretter qu’il n’ait pas suivi une meilleure marche dans la disposition de ses expé- riences , nous proposerons à l'académie de lui accorder une mention honorable et de remettre la question au concours pour l’année 1841 ou même 1842, afin de laisser le temps aux concurrents de multiplier les expériences autant qu'il est nécessaire pour la solution pleine et entière d’une ques- Uon qui intéresse à un haut degré la santé publique. » L'académie, après avoir entendu ses deux autres com- missaires , MM. De Hemptinne et Van Mons, a été d'avis qu'il n’y avait pas lieu à décerner de récompense. Sur la troisième question de la classe des sciences : Rechercher et discuter les moyens de soustraire les travaux d'exploitation des mines de houille aux chances d’explosion. — Les concurrents rechercheront en outre un moyen sûr et d’une tarde mt ( 265 ) application facile de pénétrer au loin, de séjourner, de s’éclai- rer et d'agir librement dans les galeries souterraines envahies par un air vicié, l'académie a reçu quatorze mémoires dont il est rendu compte dans le rapport suivant de M. Cauchy. « Lorsque l'académie a proposé la question précédente, il m’existail point encore, que je sache, de traité spécial sur l'aérage et sur l'éclairage des mines. Les notions que l’on possédait sur cette parlie si importante de l'exploitation, étaient disséminées dans des ouvrages qui ne la traitaient que d’une manière secondaire el toujours assez incomplète ; les personnes qui s'occupent, par devoir ou par élat, de cette branche d'industrie , en étaient donc à peu près réduites à : suivre les errements que leur avaient légués leurs devan- ciers, dans chaque genre et dans chaque groupe de mines, ou des systèmes qui ne leur inspiraient pas toujours une entière confiance ; sauf à modifier les uns et les autres, lors- que ces désastreux événements, qui déciment trop souvent l'intéressante classe des mineurs, venaient les avertir qu'ils ne devaienl point se livrer à une trompeuse sécurilé. » Les mémoires et le traité sur l’aérage, que M. Combes a publiés depuis , ont comblé en grande partie celle lacune. En appliquant à la théorie de la conduite de l'air, dans les travaux souterrains, les principes de la physique et de la mécanique, en soumettant au contrôle de l'observation, du raisonnement et du calcul, les données que fournit la pratique, cet habile professeur a déblayé la route que doi- vent suivre désormais tout ceux qni essaieront de complé- ter ses recherches, y a planté tous les jalons sur lesquels ils doivent se diriger, et ne leur a guère laissé d’autre soin que celui d’aplanir les légères aspérités qui en couvrent encore quelques parties. ( 286 ) » Ces réflexions germaient dans mon esprit, bien avant que je n’eusse entrepris l'examen des quatorze mémoires ou noles que l'académie a reçus, en réponse à la troisième question de la classe des sciences; et la conséquence que je devais naturellement en tirer, c’est qu’il n’y aurait pro- bablement pas lieu de décerner le prix qu’elle a offert aux concurrents, et auquel le Roi a, sur la proposition de M. No- thomb, alors ministre des travaux publics, ajouté une somme de fr. 2000; la lecture attentive de ces écrits n’a point modifié cette opinion. Je vais présenter brièvement les observations qu’elle m'a suggérées, en suivant l’ordre de leur réceplion, qui est aussi celui dans lequel je les ai examinés. » T. Mémoire ayant pour épigraphe : Aide-toi, et Dieu t'aidera. » Le moyen proposé par l’auteur de ce mémoire consiste à enfermer chacun des becs d'éclairage de la mine dans un globe de verre, à faire arriver dans ce globe : d’une part, du gaz hydrogène carboné préparé au jour; de l’autre, la quantité d’air atmosphérique nécessaire à la combustion de ce gaz, et à conduire les produits fluides élastiques de la combustion de chaque bec par un troisième tuyau mon- tant jusqu'à la superficie du sol. Je ne m'arrêterai point à discuter les dispositions qu’il indique pouratteindre le but, ni à rechercher si elles sont les plus simples et les plus con- venables que l’on puisse adopter, parce que ce système ne peul, je pense, êlre approuvé par aucun de ceux qui ont visité quelques travaux de mines. Peu de mots suffiront pour justifier cette assertion. » La condition essentielle est de préserver entièrement 4 + ‘ $ ( 287 ) à l'air d'une mine à grisou du contact des flammes destinées à éclairer les ouvriers. Pour obtenir cet isolement complet, dans le système proposé , il faut que les tubes conducteurs des gaz. et les globes de verre qui entourent les becs soient hermétiquement fermés. Mais à combien de chances d’ac- cident ne sont pas exposés ces tubes qui longent appa- remment les parois des puits, des galeries, et surtout ces globes de verre qui seront certainement placés dans les galeries et aux tailles où un grand nombre d'ouvriers, en- tassés dans un petit espace, exécutent des travaux pénibles, dans une position génante , pour détacher des blocs plus ou moins volumineux de roches, dont ils ne peuvent point toujours diriger la chute? En outre, les lumières ne peu- vent point, dans une mine comme dans une manufacture, être établies à des points fixes ; elles doivent être déplacées assez souvent, et au moins tous les jours. Je ne conçois pas trop comment on pourra exéculer ces déplacements conti- nuels, sans des frais considérables ou sans des chances iné- vitables d’explosion. » IT. Mémoire sans épigraphe. » L'auteur, qui n’a que des notions très-superfcielles de physique et de chimie, commence par citer les plus remar- quables des prétendues vérités qu'il admet, afin, dit-il, qu'on puisse voir la cause et le fondement deses inventions. Pour apprécier le mérite de celles-ci , il suffirait peul-être de rappeler une de ces vérités remarquables sur lesquelles il les fonde. « Le gaz oxygène, dit l'auteur, est très-répandu » dans les mines de charbon où il détonne souvent sous le » nom de feu brisson.» Je signalerai toutefois une inven- tion prise au hasard dans la première de ses huit catégories, qui en renferment chacune plusieurs : « Comme on arrose » les ruesenété, pour se protéger contre certaines maladies, ( 288 ) » on devrait aussi essayer le même moyen dans les mines, » ce qui serait Lrès-facile avec une pompe à feu, à l’aide de » laquelle un ou deux garçons feraient sortir de l’eau pure » etfraîcheà travers une boule creuse qui a les trous si petits » comme les œils des plus fines aiguilles, afin que l’eau sor- » lisse comme la poussière du soleil. » Ces deux citations suffisent pour prouver que cet écril ne mérite pas la plus légère attention. » IIL Mémoire ayant pour épigraphe : « Le génie est le triomphe des peuples. et mémoire supplémentaire ayant pour épigraphe : La prudence est La voie du salut. » Ces deux mémoires, rédigés avec méthode et clarté, par un homme qui a bien éludié son sujet, renferment quel- ques aperçus dont la publication pourrait être utile, » Dans le premier, l’auteur indique successivement les trois moyens d’aérage dont je vais donner une idée som- maire. » 1. L'auteur prescrit la division de l'air en autant de courants qu’il y a de tailles; il motive bien son opinion, qu'admettent, depuis longtemps , toutes les personnes qui se sont occupées sérieusement de l'exploitation des mines, mais que repoussent encore quelques directeurs de houil- lères, les uns parce que ce système serait, selon eux, moins efficace que le système opposé, les autres parce que son application présente , dans cerlains cas, quelques difficul- tés, ou plutôt exige quelques dépenses dont ils exagèrent l'importance. Si donc l’auteur avait montré que ce der- nier motif d’opposilion est tout aussi spécieux que le pre- NT PE PATES ( 289 ) mier, il aurait pu contribuer à propager une vérité que l’on voit à regret méconnue dans un assez grand nombre de-nos houillères, et notamment dans quelques-unes de celles qui ont été récemment le théâtre d'événements dé- plorables ; mais il n’a nullement envisagé la question sous ce point de vue. » De ce que les anciens travaux sont une source d'éma- nations de gaz inflammables et d’air vicié, l’auteur conclut qu'il faut faire sortir, mais non point entrer l'air, par le puits d'extraction. Il m'est impossible de comprendre les molifs d’un pareil changement au mode ordinaire de cir- culation de l'air; et je pense que toutes les considérations qu'il fait valoir, pour appuyer celte idée, peuvent être invo- quées par ceux qui veulent continuer à faire entrer l’air par le puits d'extraction, et à le faire sortir par celui dit d’aérage: » 2. L'auteur essaie de faire une nouvelle application du principe sur lequel repose la construction des lampes de sûrelé ; il donne le plan et la description d’un foyer de sûreté qui offre réellement, en théorie, les mêmes sécurités que les lampes dont les mineurs sont redevables à Davy; mais l'auteur, ignorant sans doute l'inefficacité des toiles métalliques fortement chauflées, n’a point paré à toutes les difficultés qui en ont fait abandonner l'emploi autour des grands foyers d’aérage. Je dois pourtant à la vérité de décla- rer qu'il en prévient une partie, en renouvelant ses foyers qu'il fait visiter, nettoyer et charger plusieurs fois par jour, hors de la mine, faisant ainsi une nouvelle appli- cation du principe par suite duquel on remonte au jour, dans quelques houillères bien conduites, loutes les lampes suspectes ou éleintes , sans jamais les ouvrir dans la mine, même au pied du bure d'extraction par lequel entre l'air, dans le système ordinaire. ( 290 ) » L'auteur aurait-il prévu que ses foyers de sûreté ne don- neront pas lieu à un très-grand dégagement de chaleur ? On est porté à le croire, lorsqu'on voit qu’il les multiplie, non-seulement dans les parlies des travaux souterrains les plus favorables à leur action, mais encore à la surface du sol, au bas d’une cheminée qu’il met en communication avec le bure d'extraction. » Ici il a à résoudre une difficulté qui résulte de son sys- tème de conduite de l’air. A cet effet, il fait communiquer le bure d'extraction, par sa partie supérieure, avec un au- tre surmonté d’une cheminée; puis il ferme le premier par un plancher présentant au centre deux soupapes semi- circulaires, garnies de peau de mouton, qui se soulé- vent pour donner passage aux cuffats, el apparemment une ouverture constamment ouverle pour recevoir la corde. Mais il est facile de reconnaître que ce moyen de clôture serait insuffisant dans une mine où il règne quelque peu d’aclivité. » 3. Letroisième moyen qu’il propose pour activer l'aérage est connu depuis longtemps: c’est celui qui consiste à in- jécter de la vapeur d’eau dans la cheminée d'aérage. » 4. Le quatrième, aussi bon, mais aussi connu, consiste à amener l'air le plus près possible du front de taille. » Le second mémoire du même auleur a pour but prin- cipal de faire connaître une nouvelle lampe de sûreté dont il a joint un modèle: voici les dispositions principales par lesquelles elle diffère des appareils analogues proposés par MM. Roberts et Du Mesnil. » 1. Le tube qui porte la mèche est soudé à celui qui sert de réservoir à l'huile, et celui-ci est constamment alimenté par un second tube renfermant une soupape à lige et ren- versé sur le premier dans lequel il s’emboîte. Cette dispo- dt ares à C1) Silion n’est point nouvelle, comme chacun le sait, mais son application aux lampes de sûreté est ingénieuse et doit procurer tous les avantages que signale l’auteur. » 2. L'air extérieur n’est admis autour de la mèche qu'a- près avoir traversé deux ou plusieurs toiles métalliques tendues horizontalement au-dessus d’un plateau plein, en cuivre, de manière à former un deuxième plateau assez étendu pour donner accès à une quantilé d'air suffisante. L'auteur a supprimé les pelits ajulages au moyen desquels MM. Roberts et Du Mesnil amènent l'air sur la mêche; mais ne perdra-t-il pas ainsi l'avantage d’interposer, entre la mèche et les parois de la lampe , une couche épaisse d'un mélange gazeux , impropre à l'entretien de la com- bustion ? C'est ce que l'expérience seule pourra démontrer. » 3. Au licu de composer la partie inférieure de sa lampe d'un tube de verre, dans lequel est enchässé un cylindre de toile métallique, comme Roberts l'a fait dans la sienne, ou d'un tube de verre garanti exlérieurement par de simples tiges de fer, comme le fait M. Du Mesnil, l'auteur met le tube de verre dans le cylindre de toile métallique, place au-dessus un second cylindre en forte tôle, et surmonte celui-ci d'un cylindre en toile métallique. Il assure qu'il peut, au moyen de cetle disposition, faire son cylindre de verre plus étroit, et augmenter ainsi l'intensité de la lu- miére qui était fort affaiblie dans la première des lampes à laquelle je compare ici celle de l’auteur. Il dit aussi que le verre brisé, fendillé, par une injection d’eau froide, a été maintenu dans son enveloppe de toile métallique, de sorte qu'il servait encore après comme avant. » 4. Il protége toutes les pièces de son appareil par un système de tiges de fer qu'il dispose adroïlement, de ma- nière à pouvoir fermer sa lampe avec autant de facilité que Tom. vur. | 22 (292 ) l'on ferme celles de Davy, et il dit qu'il a pu l’agiter, la jeter par terre et l’y faire rouler dans tous les sens, sans l'éteindre et sans la briser. » Je le répète, ilimporte d’autant plus de soumettre cette lampe à des essais comparatifs avec celle de Du Mesnil, que notre confrère, M. Devaux, est occupé à perfectionner, que, s’il faut en croire l’auteur, sa lampe ne coûterait que fr. 4,50, tandis que celle de Du Mesnil en coûte 7, à Liége. » L'auteur présente ensuile plusieurs moyens pour péné- trer dans des parties de mines envahies par un air vicié; mais, comme il se borne à indiquer quelques perfectionne- ments à des systèmes connus, je crois inutile de m'occu- per de cette parlie du mémoire, à laquelle on n’a guère donné de développements. » IV. Mémoire, sans devise. » L'auteur qui est, dit-il lui-même, un simple amateur de chimie et d'expériences physiques, sans en avoir la moin- dre théorie, se borne à indiquer, d’une maniére excessi- vement générale, la voie dans laquelle il faudrait entrer, selon lui, pour découvrir un paragrisou. Sa leltre n'étant point susceptible d'analyse, je crois être d'autant mieux au- torisé à m'en abstenir que l’auteur s’est fait connaître. » V. Mémoire ayant pour épigraphe: Divide, vinces. » Ces lignes sont le chant du cygne d’un ancien mineur » qui a voué toute sa vie aux mines et qui s'estimerait infi- » niment heureuxsi, au bout de ses jours, il pouvait encore » leur être ulile! » Elles terminent la petile nole dans la- quelle l’auteur explique la manière dont il conçoit la possi- bilité d'allumer, par peliles parties, le gaz inflammable des ( 293 ) - houillères, au moyen du fluide électrique conduit par des fils métalliques présentant des solutions de continuité. -» Îlne serait point difficile d'établir que l'adoption de ce système présenterait, dans la plupärt dés mines, des diffi- cullés qui le feraient bientôt abandonner; mais il vaut micux le saper par sa base, 'én rappelant que chaque élincelle électrique produira, dans le mélange détonnänt, le même effet qu’une lampe allumée, c’est-à-dire déter- minera une combinaison accompagnée dé chaleur qui pro- pagera, de proche en proche, la combustion dans tout le mélange explosif. » Le système de l’auteur est donc inadmissiblé, dans son principe comme dans son application. » VI. Mémoire ayant pour épigraphé : Felix quem faciunt aliena periculu cautum. » C'est à la chimie que l’auteur de ce mémoire a demandé des armes contre le redoutable ennemi aux étreintes du- quel le mineur ne peut pas loujours se soustraire. Admet- tant, comme un fait démontré , que le chlore décompose le gaz hydrogène carboné, sous l'influence de l'eau, il a imaginé un appareil dont il donne le dessin et la descrip- tion, pour produire, dans les circonstances qu'il croit être les büs convenables, un dégagement de chlore humide au j milieu d'une atmosphère chargée de gaz hydrogène car- … boné. Je crois inulile de discuter son procédé, puisque je dois faire ressortir l'erreur fondamentale dans laquelle est … tombé le concurrent. … » On connait depuis longtemps l’action remarquable du chlore, à la température ordinaire , avec ou sans l'influence de la lumière, sur le composé CH? , gaz oléfiant des chi- à ( 294 ) mistes hollandais, gaz hydrogène dento- ou bi-carboné de la plupart des chimistes français, hydrogèue carboné de Dumas, carbure dihydrique de Berzélius (Tr. de ch., éd. de 1829), bicarbure hydrique du même auteur (Théorie des prop. chim., éd. de 1835); mais on sail aussi que ce gaz n'entre que pour une faible proportion dans le mélange de gaz détonnants qu'exhalent les mines de houille. » Ce mélange est essentiellement formé du composé CH4, gaz hydrogène proto-carboné de la plupart des chimistes français, hydrogène demi- ou prolo-carboné de Dumas, car- bure téirahydrique de Berzélius (T7. de ch., éd. de 1829), carbure hydrique du même auteur (Théorie des prop.chim., éd. de 1835).L'action du chlore sur ce gaz, éludiée principa- lement par le docteur Henry (Ænn. ch. ph., 1. XVILE, p. 72), est loute différente de celle qu'il exerce sur le premier composé. (On peut regarder comme certain, dit cet ha- bile observateur , que l'action de la lumière est essentielle à l’action réciproque de ce gaz et du chlore, Toutefois, il n’est point nécessaire que le mélange soit exposé aux rayons directs du soleil; il suffit de la lumière d’un jour sombre et nuageux pour que l'absorption des deux gaz fasse des progrès rapides. » Mais 11 n’a observé aucune diminution de volume dans des mélanges, en différentes proportions, qu’il a examinés à divers intervalles, pendant trente-neuf. jours, en opérant dans des bouteilles qu’il garantissait de la lumière avec des couvercles opaques, c’est-à-dire dans des conditions moins défavorables encore que celles qui se rencontrent dans les mines. » Mais, lors même que le chlore agirait aussi énergique- « ment, sur le gaz hydrogène carboné des houillères que sur le gaz oléfiant, on ne pourrait encore accorder à son inter « vention un degré de confiance suffisant que dans les cas de y LFv D. = x (26h production ordinaire du mélange délonnant ; et toul porte à croire qu'elle serait inefhicace contre les sou/fleurs et contre tous les autres dégagements instantanés et abon- dants de ce mélange. La chimie, qui a rendu et qui rend encore, tous les jours, à toutes les branches de l’industrie, tant et de si éminents services, serait-elle donc impuissante contre le plus redoutable des fléaux auxquels est exposée une des classes les plus nombreuses de la population ou- vrière de la Belgique? Et doit-elle abandonner entièrement à la mécanique la gloire de lui fournir les moyens de se mettre à l'abri de ses cruelles atleintes ? » Les considérations qui précèdent suflisent pour mo- tiver l'opinion que le mémoire dont il s’agit ne peut être pris en considération. » VIL Mémoire ayant pour épigraphe : Le génie de Davy, n’eût-il inventé que la lumpe de séreté, ce serait encore un titre suffisant à la reconnaissance du genre humain. » Cemémoire est un exposé très-complet, très-méthodique. et trés-clair, des principes de l’aérage et de l'éclairage des mines, et de lout ce qui a été proposé, tenté ou pratiqué pour les mettre à exécution. On conçoit, d’après cela, qu'il est impossible d'en donner une idée, même générale, dans un rapport, autrement qu’en y présentant une espèce de table des matières. » Le corps de l'ouvrage est divisé en trois parties. » Dans la première, l’auteur expose des considérations générales sur les causes et sur les effets des explosions, dans les mines de houille. » Laseconde, qui traite des moyens propres à prévenir les (:296 ) explosions, dans les mines de houille, est subdivisée en deux chapitres intitulés : » L'un: moyens d'empêcher la formation des mélan- ges détonnants ; » L'autre : mesures propres à prévenir l'inflammation du grisou dans les mines de houille. » La troisième parlie est consacrée à l'examen des disposi- tions que l’on doit adopter, dans les mines sujettes au gaz inflammable, pour atténuer et réparer les effets des explo- sions. » Vient ensuile un résumé général qui présente, dans un ordre parfait, toutes les matières traitées précédem- ment, É » Le mémoire est précédé d’un avant-propos et lerminé par des conclusions, qui ne déparent nullement, le corps de l'ouvrage. » Mais, si ce beau mémoire ne laisse rien à désirer, sous le rapport des recherches dont l’auteur y a consigné le fruit, on peut encore regrelter que les discussions auxquelles elles donnent lieu, de sa part, n’amènent pas une solution plus complète, plus décisive du problème. Aprés l'avoir lu, après l'avoir même relu, comme je l'ai fait, avec un nou- “veau plaisir, on restera encore indécis sur plusieurs points importants ; on n’adopliera point encore, avec une entière sécurilé, un projet d'aérage pour une mine à grisou que l'on voudrait exploiter; on demandera encore au praticien éclairé ce qu’il pense de tel et tel moyen que le théoricien nous présente comme bons, ou dont il préfère l’un à l’autre. Pour citer quelques exemples, à l'appui de cette opinion, je ferai observer qu'ilen dit assez (p. 43 du manuscrit) pour faire proscrire les foyers d'aérage des mines à grisou; cl pourtant M. Combes, dont il invoque l’aulorité, est revenu (207) de cet avis, peut-être un peu trop exclusif. Je dirai encore qu'attachant une importance probablement exagérée à la pression barométrique, qui retient, selon lui, plus fortement le gaz emprisonné dans les cellules de la houille et dans les cavités plus considérables qui le recèlent , il donne, (p. 48 et 49) la préférence aux machines foulantes sur les aspi- rantes. Mais n'est-ce pas trancher un peu légérement une question de celte nature, que d’en déduire la solution d’une manière tout à fait hypothétique d'expliquer le dégage- ment du grisou du sein de la houille ? » La publication de ce mémoire rendrait, j'en suis con- vaincu , un service signalé aux personnes qui s'occupent de l’exploilalion des mines, et pourrait ainsi exercer indi- rectement une grande influence sur les progrès de l’art; mais, comme il ne lui fait pas faire immédiatement un pas bien marqué, je ne pense pas qu'il y ait lieu de lui décerner le prix. » VIIL. Mémoire ayant pour épigraphe : La pratique fait nuître la théorie. » Ce mémoire, rédigé par un homme qui connaît certai- nement très-bien l'exploitation des mines de houille du bassin de Liége, n’est guère, l’auteur en convient lui- même , à diverses reprises, que la paraphrase de celui de M. Combes. Il est d’ailleurs rédigé avec si peu d'ordre et de clarté, qu'il faudrait le relire plusieurs fois pour pouvoir l'analyser. Je me bornerai à en signaler quelques passages que j'ai notés, à une première lecture, et sur lesquels j'ai reporté une seconde fois mon attention. » Il avance (p.21) que, dans les mines de houille de Liége, on ne trouve guère de grisou qu'au-dessous de 200 mètres, ( 298 ) et qu'’au-dessus de ce niveau, c'est de l'acide carbonique que l'on a rencontré. J'ai tout lieu de croire que c’est là une de ces erreurs qu'enfantent et que propagent des obser- vations décevantes et un défaut de connaissances suffisantes des sciences qui se rattachent à l’exploitalion des mines. » Il désapprouve (p. 27 et 52) l'emploi des machines preumaliques, au moins pour les mines nouvelles ; mais les motifs sur lesquels il appuie son opinion sont si fai- bles, qu’ils n’augmenteront probablement pas beaucoup le nombre de ceux qui la partagent. » 11 rappelle, adopte et explique ( p. 35 et 36) un fait assez généralement observé, savoir que, lors d’un coup de feu, inflammation du grisou se propage en amont, mais non point en aval, du courant d'air. Il dit (p. 59) que le même phénomène se manifeste dans la lampe de Davy, et base, sur celte observation intéressante, la construction d’une lampe de sûreté dont il donne un dessin et une description fort détaillée, mais qui rappelle trop, dans la principale de ses dispositions, la lampe de Roberts, pour que je la croie digne d’une attention bien sérieuse. » Il combat(p. 37) l'opinion de M. Combes sur la possi- bililé de faire servir les puits d'extraction à la sortie de l'air ; mais il ne fait qu’effleurer cette importante question. » Il conseille (p. 54 et 57) l'emploi du ventilateur qu'il propose; mais il ne donne aucune indication propre à le comparer avec les autres appareils de ce genre, et se borne à dire que les expériences en grand qu'il a faites, dans le courant de 1829, ne laissent aucun doute sur l'efficacité de ce moyen. » Tout bien considéré, ce mémoire, qui n’est point pour- tant sans mérite, ne me paraît pas mériter les honneurs de l'impression. mn di ë ( 299 ) » IX. Mémoire sans devise et signé experlus. » Quoique l’auteur de ce mémoirenesesoit pas conformé strictement aux indications relatives au mode de pré- sentalion des réponses aux questions que propose l'aca- démie, comme il ne se fait pas connaître, je pense qu'il n’est point absolument exclus du concours; et je crois en conséquence devoir rendre un comple succinct de son travail. » Il établit la ventilation par le procédé qu’il dit être dû à M. Taylor, et qui consiste à faire arriver, au fond du puits d’aérage , de la vapeur à haute tension produite par deux chaudières. Il n’est guère possible de révoquer en doute le parti que l’on peut tirer de la vapeur d’eau pour déterminer la formation d'un courant d’air, dans une mine, lorsqu'on fait attention que cette vapeur, à + 100°C, pèse à peine les deux liers de l'air échauffé au même de- gré, sous le même volume ; qu’elle ne peut se dépouiller que d’une petite partie de sa chaleur, dans un puits dont les parois sont d’une épaisseur indéfinie, et composées de roches qui conduisent très-mal la chaleur, et que, lors même qu’elle en perdrait assez pour se condenser, elle laisserait dégager une quantité énorme de calorique qui servirait immédiatement à accélérer le tirage. Il faut bien admettre pourtant que ce procédé présente quelque diffi- -culté dans l'application ; car, s’il a élé essajé, ce que j'ignore , il n’est encore employé, à ma connaissance , dans aucune mine. Quoi qu’il en soit , l'auteur reconnais- sant qu’il ne l'a point inventé, et ne faisant connaître au- cune observation , aucune régle qui puisse en propager, en faciliter, le moins du monde, l'adoption, on ne peut lui tenir aucun comple de celte simple cilalion. » Partant , ensuite, du principe qui méritait bien d’être ( 300 ) démontré, pour être admis, que la difficulié de la venti- lation ne s'accroît pas avec l'accroissement de distance, lorsque la puissance ventilatrice est un courant mon- tant d'air léger où une pompe aspirante , et que la conduite a uu moins un mètre carré de section, il propose un systéme d'exploitation au moyen duquel il prétend déhouiller, par une seule couple de bures, une surface de 500.000 , et même de 2.000.000 mètres carrés. Il nous parait inulile de réfuter un mode d’exploitalion basé sur le principe énoncé , mais nuliement démontré, et très-probablement erroné. » Ce mémoire, ne fût-il point entaché d’un défaut de formes, ne mériterait point, selon moi, une attention sé- rieuse. » X. Mémoire ayant pour épigraphe : - Le travail c’est la vie. » L'auteur de ce mémoire a eu l'idée d'appliquer, à l’aé- rage des mines, la vis d’Archimède, que M. Cagniard Latour a déjà imaginé d'employer comme machine soufflante, en la faisant tourner en sens contraire à celui qui ferait mon- ter l’eau dans la vis. Ce moyen de déterminer ou d'activer le courant d'air dans les mines paraîl d'autant plus digne d'attention, qu'ilse rapproche davantage de celui que nous fournissent les ventilateurs auxquels on commence à accor- der la préférence sur les cylindres à pistons , pour l’aérage des mines. Il n’est guère possible de méconnaître les avan- tages de la machine proposée, sous le rapport de la sim- plicité et de l'économie; mais il est permis de craindre qu’elle ne produise un refoulement de la masse d'air con- tenue dans la capacité qui renferme la vis, contre les pa- (301) rois de ce cylindre et celui des différentes parties de cet air les unes contre les autres, circonstance qui pourrait influer d’une manière fâcheuse sur son effet utile: L'au- teur donne , pour l’apprécier, des calculs fondés sur une expérience ; mais on doit regretter qu'il n’ait pas expliqué, d'une manière plus détaillée et plus intelligible , le détail de cette expérience. Quoi qu'il en soit, la publication de ce mémoire devant avoir pour résultat un essai de la ma- chine qui y est conscillée, pour la ventilation des mines, je n’hésiterai point à proposer celte publication. » XI. Mémoire ayant pour épigraphe : Le travail fuit la richesse des nations ; attachons-nous à con- server la vie de l’ouvrier, comme le plus précieux des trésors. » Ce mémoire est divisé en trois chapitres. » Le premier nousoffre un résumé des propriétés parti- culières et générales des fluides élastiques, dont la con- naissance est nécessaire à l'intelligence de la théorie de l’aérage, et en outre, une discussion trés-bien faite, mais peut-être un peu trop longue, du principe de la diffusion des gaz ; nous pensons, depuis longlemps, comme l'auteur, que l’on a trop généralisé ce principe, et qu'il n'est vrai que pour les fluides élastiques qui diffèrent peu de den- sités ou qui ont quelque affimté l’un pour l’autre, » Je pourrais aussi présenter quelques observalions sur ce que l’auteur admet, d’après M. Peclet, relativement au pouvoir calorifique moyen de la houille ; mais, celte propo- sition incidenle n'ayant qu’un rapport assez éloigné avec la question principale, je crois devoir passer immédiate- men à l'examen du chap. IT, qui est le plus important. » Il est intitulé : Théorie générale de l’aérage. Après ( 302 ) ; avoir rappelé , d'une manière très-succinete et très-claire, les principes généraux de l’aérage, qui sont aujourd'hui bien connus, l’auteur cherche à en tirer toutes les consé- quences praliques sur Jesquelles on est loin jusqu'ici d'être d’accord ; à cet effet, il prend la formule que donne M. Peclet pour déterminer la vitesse de l'air pur dans les cheminées en terre cuite; et, après lui avoir fait subir quelques modifications qu'il justifie très-bien, il en obtient une bien plus simple et bien plus facilement applicable que celle de M. Combes. Pour en vérifier l'exactitude, il J'applique à quelques cas spéciaux, bien étudiés par M. Combes, et montre que les résultats qu’elle fournit sont très-voisins de ceux qu'a oblenus, par l'expérience, cel habile observateur. » Alors, faisant varier successivement les divers éléments d'activité du courant et de résistance des parois des con- duits, il tire de sa formule une foule de résultats qu'il réunit dans un tableau dont il déduit les conditions géné- rales d’un bon aérage. Cette partie du mémoire est la plus intéressante el contribuera puissamment, nousne craignons pas de l’avancer, à fixer les incertitudes qui régnaient en- core sur plusieurs points importants de l'établissement d’un bon système d’aérage. Ne pouvant la faire connaître par une ‘analyse, nous nous bornerons à signaler une des consé- quences les plus remarquables, en ce moment, auxquelles parvient l’auleur : c’est que les hautes cheminées dont on a coutume, en Belgique, de surmonter les puits dits d’aé- rage, ne sont point aussi inuliles que le pense M. Combes. » Le chapitre IIT a pour but d'exposer sa manière d’appli- quer aux mines de houille de la Belgique, sujettes au déga- gement du gaz hydrogène carboné, les principes de l’aérage développés dans le chapitre précédent ; il montre très-clai- ( 503 ) rement, en s’aidant au besoin de figures, comment, par une combinaison de puits et de galeries, on peut diviser l'air en autant de courants qu’il y a de tailles, forcer ceux- ci à parcourir, sans jamais descendre, toutes ces tailles ; et, en même temps que l'on dépouille celles-ci de leur mélange détonnant, utiliser ces gaz, spécifiquement plus légers que l'air, pour faciliter la marche des courants. » Examinant et discutant les divers moyens connus de chauffer artificiellement l'air, pour provoquer son mou- vement conlinuel et suffisamment rapide dans les mines, l'auteur se prononce formellement en faveur de celui de M. Taylor, qui consiste à introduire de la vapeur d’eau à une assez grande profondeur {200 mèt, par exemple), dans les puits d'expiration. » L'auteur repousse, peut-être d’une manière trop exclu- sive, l'emploi des foyers d’aérage, même alimentés par de l'air pur. Les motifs sur lesquels il appuie son opinion, sont assurément fort plausibles; mais, comme ils ne peu- vent avoir une exaclitude mathématique, il aurait bien fait, selon moi, d'adoucir la rigueur de l’arrêt dont il frappe ces foyers; car c’est en industrie, surtout, que le mieux est souvent l'ennemi du bien. » Des considérations du même genre le portent à réduire le rôle des lampes de sûreté à celui d'indiquer , mais non de prévenir, le danger. Ce jugement, lrop sévère, selon moi, est motivé, je le sais, sur des faits trop frappants pour qu'il soit encore possible de conserver aux lampes de Davy la confiance un peu aveugle qu’on leur avait accordée , mal- gré les avis du célébre chimiste qui en a doté la population ouvrière des mines; mais, outre qu’elles préviennent réel- lement l'explosion, dans les circonstances ordinaires, il y a lieu d'espérer que, perfectionnées comme elles le sont ou ( 304 ) comme elles le seront bientôt, elles pourront rendre aux mineurs les plus éminents services. -» L'auteur a, dans son système de conduite de l’aérage, une telle confiance, qu'il effleure à peine la partie de la question relative au moyen de pénéirer et de séjourner dans les parties des mines envahies par un air vicié. Qu’'a- vail-il en effet besoin de s’en occuper, convaincu , comme il l'est, que, si même une délonalion éclatait (ce qui lui paraît à peu près impossible) dans une mine aérée d’a- près ce syslème, rien n'empécherait de pénétrer dans les travaux immédiatement aprés l'accident, et de porter se- cours aux ouvriers qui en auraient élé les victimes. » En résumé, ce mémoire me paraît, sinon le plus remar- quable, du moins le plus utile de tous ceux qui ont été présentés en réponse à la 3Me question de la classe des sciences; et je n’hésiterais point à proposer d'accorder le prix à son auteur, si l'académie n’accueillait pas les con- sidérations générales qui me portent à croire qu'il n'y a plus lieu de décerner ce prix, depuis la publication des mémoires de M. Combes sur l’aérage des mines. » XIL Mémoire sans épigraphe. » Ce mémoire se distingue par l'élégance du style, plutôt que par la nettelé des idées; par son étendue, plutôt que par sa profondeur; par la variété, platôt que par la solidité des connaissances dont l'auteur y fait preuve, en matitre d'exploïlalion. Il est divisé en cinq chapitres : » Les deux premiers sont modestement présentés par l'auteur comme de simples notes historiques sur les deux parties bien distinctes de la question proposée par l’aca- démie, mais ne laissent pas de renfermer des discussions qu'on lit avec plaisir, lors même qu’on n'adopte point les conclusions qu’en tire l’auteur. Celte première moi- | ésunt ÉÉNEÉ d S t ( 305 ) tié du mémoire en est, selon nous, la plus intéressante, et nous en aurions peut-être proposé l’impression, si nous ne trouvions pas, dans le mémoire n° VII, un histo- rique bien plus complet de celte partie importante de l'exploitation des mines, en même temps qu'une dis- cussion bien plus approfondie des moyens propres à les aérer. Dans les chap. HI et IV, l’auteur s’occupe des moyens de décider à priori si une houillère est sujette aux coups de feu, et d'éviter plus complétement les explosions. Ici l’auteur émet plusieurs opinions fondamentales que la plupart des exploitants instruils considéreront comme des paradoxes. Ne connaissant ou n’admettant pas la com- position si variée des couches de houille, et l'influence de celle composilion sur la formation, suivant les uns, le dégagement, suivant les autres, du gaz inflammable auquel donnent naissance quelques-unes de ces couches, il suppose, contrairement aux faits les mieux établis, que toutes les houillères laissent dégager du grison ; — que la quantité de ce gaz varie seulement de l’une à l’autre; — que les cou- ches tendres et terreuses laissent échapper plus de grisou que les couches dures et serrées; — que « chaque couche de houille, coupée transversalement, présente clairement l’aspect de trois couches différentes, superposées. Les deux couches extrêmes sont composées d’une houille dure et compacte, la couche du milieu est au contraire friable et terreuse. . . . . . . . le grisou est bien plus abondant dans les tailles où la veine que l’on exploite est presque toujours Lerreuse ; c’est en quelque sorte de l'épaisseur de la couche friable que dépend le dégagement du gaz. » » Adoptant, peut-être un peu trop tôt, l'opinion de M. Buddlerelative à l'influence de la pression barométrique (306 ) sur le dégagement du grisou, il conseille, comme moyen exclusif d’aérage, la pompe foulante, dont il calcule l'effet utile par le diamètre, la volée et la vitesse des pistons, el insiste pour que cette machine soil mise en relalion immé- diate et exclusive avec celle qui sert à l'extraction de la houille. Tous les mécaniciens se réuniront sans doute aux exploitants pour proscrire ce dernier système. » Il fait reposerses calculs, pour déterminer les quantités d'air qu'il faut faire arriver aux tailles, sur le principe absorbant du charbon de bois pour le gaz hydrogène car- boné, et modifie arbitrairement, pour l'appliquer à la houille , le chiffre qui exprime, suivant De Saussure , le volume de je ne sais quel gaz hydrogène carboné qu'ab- sorbe le charbon de bois pulvérisé. » On peut, du reste, se faire une idée assez exacte des idées de l'auteur, sur la matière de ses chap. IL et IV, en lisant le résumé qu'il en présente p. 149-152. » Dans le cinquième et dernier chapitre, l’auteur indique les moyens de remédier plus efficacement aux accidents causés par les coups de feu ; mais je crois devoir me borner à dire que ceile partie du mémoire n’est pas plus satisfai- sante que les deux précédentes. » C'est donc à regret que j'exprime l’avis que cet immense travail ne peut, dans l’état d’imperfection où il se trouve, être livré à l'impression. » XIII. Mémoire ayant pour épigraphe : MNisi utile est quod facimus, stulta est gloria. » Ce mémoire, fort remarquable, sous le point de vue qui ressortira suffisamment du présent rapport, est divisé en sept chapitres. étend À ( 307 ) » Le chapitre premier, intitulé : Dégagement et forma- tion des gaz inflammables des mines, pourrait être consi- déré comme un hors d'œuvre; l’auteur y réunit les exemples les plus saillants, mais bien connus , de dégagement de gaz inflammables, non-seulement dans les exploitations de mines de houille, mais encore dans un grand nombre de lieux où rien n’autorise à admettre l'existence de ces mines. Il discute , en chimiste et en géologue, les diverses opinions qui'ont été émises à ce sujet, ct en présente une fondée sur des phénomènes géogéniques dans lesquels il fait jouer à l’eau un rôle tellement important, qu’il va jusqu’à dire qu'on empêcherait ou qu'on limiterait vraisemblablement la formation des gaz inflammables, dans les couches de houille, s’il était possible d'empêcher que l’eau pénétrât jusqu’à ces couches. Je doute que cette théorie fasse beau- coup de prosélytes ; mais, indépendamment de ce qu’elle est présentée avec autant de conviction que de talent, elle donne à l’auteur l’occasion de combattre l'opinion de M. Buddle relative à l'influence de la pression atmosphé- rique sur le dégagement des gaz inflammables des houil- lères, opinion que l’on peut s’élonner de voir adoptée, comme définilivement acquise à l'art de l'exploitation, par plusieurs des concurrents. Celui-ci la considère comme er-- ronée, et donne des explications plausibles de la coïnci- dence de plusieurs coups de feu avec la dépression du mer- cure dans le baromètre. » Le chap. IL, intitulé: Propriétés physiques des gaz inflammables des mines, est un des plus intéressants de l'ouvrage. L'auteur ÿ donne les résultats des analyses qu'il a failes des gaz inflammables purs qu'il a recueillis dans trois mines du continent, et qu'il a trouvés composés, en grande partie, d'hydrogène proto carboné, auquel sont as- Tom. vu. 23 ( 308 ) sociés du gaz hydrogène bi-carboné et un gaz qu'il croit être l'azote, ces deux derniers en proportions très-petites et variables entre elles, comme par rapport au premier ; il s'est assuré qu'ils ne contiennent ni oxygène, dout Davy avait admis l’existence dans le gaz de la houille , ni hydro- gène, comme l'ont avancé depuis plusieurs chimistes. » Dans le chap. HE, qui a pour titre : Combustibilité et nature détonnante des gaz inflammables des mines, l'au- teur fait preuve d’un lalent d’observalion non moins re- marquable que celui qu'il a montré comme chimiste, dans les deux chapitres précédents. Les moyens qu'il y indique pour reconnaître la présence, la combustibilité et la déton- nabilité des grisoux, comme il les appelle avec raison, en se fondant sur les résultals de ses expériences, sont aussi simples que sûrs. » Dans le chap. IV, l’auteur a pour but d'indiquer les moyens d’éloigner des mines les grisoux, aussilôt après leur naissance. Il reconnaît qu’un parfait aérage est le seul vé- ritablement efficace; mais il ne croit pas devoir décrire la manière de l'obtenir, parce qu'il existe, dit-il, beaucoup d'ouvrages qui enseignent les règles propres à guider, dans chaque cas particulier. Nous sommes bien éloignés de par- tager son avis sur ce dernier point; et, persuadés, comme lui, que la solution de la question est tout entière dans l'établissement d’un aérage parfait, nous regrettons vive- ment que l’auteur n'ait point approfondi cette partie de son sujet comme les autres. » Examinant, dans son chap. V, les moyens de détruire les gaz inflammables des mines , par voie chimique , ” l'auteur montre qu'il ne faut plus songer au mode d’assai- nissement que l'on a appelé procédé par le feu , et pré- sente, à ce sujet, des observalions judicieuses dont la Re art ns ”, ,. (309) connaissance pourra contribuer à faire abandonner dé- finitivement ce moyen, dangereux dans le plus grand nom- bre de cas. Il montre aussi l'impuissance de la chimie pour prévenir ou pour dénaturer les gaz inflammables. Cetaveu, de la part d’un homme qui paraît si bien connaître cette science, suflira-t-il pour prévenir des tentatives inutiles, de la part de ceux qui la prostituent à la recherche de toutes sortes de pierres philosophales ? » Les chap. VI et VII ont pour but de faire connaître les moyens de pénétrer au loin , de séjourner , de s’éclairer et d'agir librement dans les galeries souterraines enva- hies par un air vicié , et les expériences que l’auteur a faites dans les grisoux, avec des tissus de fil et des lam- - pes de sûreté. L'auteur a compris la seconde partie de la question proposée par l'académie en ce sens, qu'il s'agit simplement de pénétrer dans un air chargé de gaz inflam- mable. IL s’est donc exclusivement occupé, dans ces deux derniers chapitres, des lampes de sûreté auxquelles il ac- corde peut-être un peu trop de confiance; mais, comme il existe, en ce moment , une certaine tendance à leur en attribuer une peut-être trop faible, on lit, avec le plus vif intérêt, l'historique assez complet qu’il donne de ces lampes ; depuis la découverte du principe dont Davy a fait une si heureuse application, et la description des expériences et des observations faites avec elles, dans un assez grand nombre de houillères, mais principalement dans celles de Prusse; expériences dues en grande partie à l'auteur du mémoire, el qui peuvent être éminemment utiles au perfectionnement des lampes dont il s’agit. » L'ouvrage est terminé par un résumé général qui, avec Ja table des matières placée au commencement ,Sufliraient Pour montrer l'étendue et la profondeur des recherches (310 ) dont l’auteur a consigné les résultats dans ce beau mé- moire ; recherches qu'il continue, et dont il pourrait join- dre, dès à présent, d’après ce qu'il dit, aux pages 264 et 358, une nouvellesérie à celles qu’il nous a fail connaître. Il serait à désirer qu’il pût les communiquer avant que l’on ne commence l'impression de ce mémoire, si elle est décidée par l'académie , conformément à la proposition formelle que j'en fais ici. » Il serait bien intéressant aussi de les faire suivre, dans le même volume, de la description des expériences aux- quelles se livre, depuis plusieurs années, à Liége, une commission d'ingénieurs , de savants et d’exploitants. Le Gouvernement, qui les a provoquées, pourra, s’il se charge de l'impression des mémoires présentés à l'académie, enri- chir celle précieuse collection de documents , par l’adjonc- tion de ceux dont je viens de parler. » Il sera nécessaire aussi de remplir, daùs le mémoire que je viens d'examiner, les blancs que l’auteur y a laissés, pour ne point se faire connaître d’une manière quelcon- que, ce qui sera facile, puisqu'il annonce que les indica- tions omises sont consignées dans le billet cacheté qu'il a joint à son mémoire. » Enfin , il conviendra de l’inviter à faire connaître la valeur exacte , en mesures métriques, de toutes celles qu’il a employées dans son mémoire et même de lui deman- der l'autorisation de faire suivre, sinon de remplacer, toutes ces données numériques par leurs équivalents dans le système décimal des poids et mesures. » XIV. Lettre signée. » L'auteur s'étant fait connaître, je crois pouvoir me dis- penser de présenter l'analyse et la critique de la lettre qu'il a rédigée sur un sujet qui doit être peu familier à (311) un humaniste bachelier és lettres, professeur particulier, à Rouen. Conclusion. » D'après toutes ces considérations, j'estime qu'il n’y a pas lieu de décerner le prix et la récompense offerts par l'académie et par le Gouvernement, pour la troisième ques- tion de la classe des sciences mise au concours de 1840; —que le mémoire n° XI, portant pour devise : Le travail fait la richesse des nations, elc., est celui qui aurait le mieux mérilé ce prix et celle récompense, s'il avait été présenté avant la publication du traité sur l’aérage de M. Combes; — que les mémoires n° VII et XIIL, portant respeclivement pour épigraphes : Le génie de Davy n’eüt- il'inventé que la lampe de sûreté , etc.; Nisi utile est quod facimus , stulta est gloria, auraient pu lui disputer la palme ; — que ces trois mémoires peuvent être considérés comme le complément de ceux de M. Combes ; — que leur publication pourra, par conséquent, rendre de grands ser- vices à l’art des mines ;—que le même honneur peut être décerné très-convenablement et très-utilement à deux au- tres mémoires, portant respectivement les n° IIL et X et les épigraphes: Le génie est le triomphe des peuples ; Le tra- vail c’est la vie; —que l'on augmenterait l'intérêt et l'utilité de cette publication en insérant , dans le même recueil, les nouvelles observations que doit être à même de fournir à présent l’auteur du mémoire n° XIII et le rapport, en date du 25 avril 1846, de la commission instituée à Liége pour l'essai des lampes des mines, rapport qui vient d'être adressé à l'académie par M. le Ministre des trayaux publics. — Enfin , que l'ordre le plus convenable à suivre dans cette (312) publicalion est celui que présente la liste ci-après des épi- graphes ou du titre des écrits. Le génie de Davy n’eût-il inventé que la lampe de sûreté, ce serait encore un titre suffisant à la reconnaissance du genre humain. Le travail fuit la richesse des nations ; attachons-nous à conser- ver la vie de l’ouvrier comme le plus précieux des trésors. Nisi utile est quod facimus, stulta est gloria. Rapport, en date du 25 avril 1840 , de la commission instituée à Liége, pour l'essai des lampes des mines. Le génie est le triomphe des peuples. La prudence est la voie du salut. Le travail, c’est la vie. » Je demande donc que l'académie s’entende avec le dé- partement des travaux publics, qui a offert si généreuse- ment de contribuer à la publication de quelques-uns des mémoires qu’elle en aurait jugés dignes, à l'effet de faire imprimer, dans le format in-8, au nombre de 2000 exem- plaires, dans un bref délai et avec tous les soins que mérite une semblable publication, un recueil ayant pour titre: Des moyens de soustraire l'exploitation des mines de houille aux chances d’explosion. — Recueil de cinq mémoires présentés à l'académie royale des scuences et belles-lettres de Bruxelles, em réponse à l’une des questions qu’elle a proposées, pour le con- cours de 1840, et d’un rapport à M. le ministre des travaux publics, de la commission instituée à Liége pour l'essai des lampes de mines. » Cinquante exemplaires de ce recueil devraient, selon moi, être adressés, avec des remerciments, à chacun des auleurs des mémoires imprimés, et les autres devraient (313) être livrés au commerce , au plus bas prix possible, afin de contribuer, par sa prompte et facile diffusion, à diminuer le nombre ou du moins la gravité de ces épouvantables catastrophes qui viennent, à chaque instant, émouvoir la pilié publique pour leurs malheureuses victimes. » Aprés avoir entendu ses autres commissaires, MM. d’O- malius, Dumont et De Hemptinne, l'académie n’a pas cru devoir accorder la médaille d’or, à laquelle le Gouvernement avait ajouté un prix de fr. 2000; mais elle a jugé à propos d'en diviser la valeur, en accordant trois médailles d’or de 800 francs, chacune, aux auteurs des mémoires n°° XI, XIIL et VII, et deux médailles d'argent aux auteurs des mémoires n° IIT et X. L'académie a ordonné, en outre, que les cinq mémoires qui viennent d’être désignés seraient imprimés dans ses recueils. L'ouverture des billets cachetés a fait connaitre ensuite les noms des auteurs des mémoires à qui ont été décernées des médailles d’or, savoir : M. Gonot, ingénieur en chef des mines à Mons, auteur du mémoire n° XI, portant pour épigraphe : Le travail fait la richesse des nations, etc. M. le docteur Gustave Bischoff , professeur de chimie et de technologie à l’université de Bonn , auteur du mémoire n° XIIE, portant pour devise : Mist utile est quod facimus, stulta est gloria. M. Adolphe-André-Marie Boisse, ingénieur des mines, à Carmeaux (Tarn) , auteur du mémoire n° VII, portant pour épigraphe : Le génie de Davy n'eût-il inventé que la lampe de sureté, etc. ÿ y q p 1 (314) Les auteurs des mémoires à qui l'académie a décerné tes deux médailles d'argent sont : M. Théodore Lemielle de Namur, auteur du mémoire n° LIL, portant les inscriptions : Le génie est le triomphe des peuples. La prudence est la voie du salut. M. Motte, ingénieur mécanicien, à Marchiennes-au-Pont, auteur du mémoire n° X, portant l'épigraphe : Le travail c’est la vie. Un quinzième mémoire sur la question des explosions dans les mines a été adressé à l'académie, le 1° mai, par l'intermédiaire de M. le Ministre des travaux publics, et n’a pu être admis au concours pour avoir dépassé le terme de rigueur; auteur d’ailleurs s’est fait connaître. Cet auteur, M. Lecompte, calligraphe à Ath, modifie, pour composer le projet de sa machine grisoliene atmos- phérique, la machine pneumatique déja employée dans plusieurs de nos mines, de manière à extraire l'air vicié, par le mouvement ascendant du piston, et à fouler l'air pur, par le mouvement descendant du même piston; il aurait bien dû démontrer les avantages de cette double fonclion imposée au piston, puisque l’une d'elles peut, par les seules forces de la pesanteur, être la conséquence de l'autre. L'auteur annonce aussi qu'il a étudié une théorie sur les causes probables des accidents produits par l'influence du grisou, el sur les moyens de s’en préserver, mais il est impossible de s’en faire la moindre idée par les explica- lions qu'ilen donne. uni (315) Il n'y a donc pas lieu de prendre en considération la notice de M. Lecompte. L'académie a aussi voté l'impression dans le recueil qui contiendra les cinq mémoires auxquels elle a décerné des récompeuses, du rapport de la commission ministérielle instituée en 1836 pour examiner le mérite des différentes lampes de sûreté dont l’on pourrail faire usage dans les mines. M. l'ingénieur Devaux, membre de la commission dont il vient d’être parlé, présente à l’académie deux lampes de sûreté, l’une de M. Du Mesnil, ingénieur des mines en France, et l’autre construite dans le même système, mais avec des perfectionnements qu’il y a apportés. M. Devaux communique, en même temps, à l'académie l'extrait sui- vant d’une lettre de M. Du Mesnil sur la forme et l'emploi de sa lampe. » J'ai craint que Lefebvre, ferblantier à St-Étienne, ne pûL vous expédier les deux lampes assez promptement, el j'ai pensé que l’académie de Bruxelles verrait avec infi- nement plus d'intérêt celle que j'ai l'honneur de vous adresser, si elle était présentée par vous après des expé-" riences faites dans des mines. » Elle a 16 pouces de hauteur et 5 à 6 millimètres d’ou- verture dans les becs à air. C’est avec une lampe de 15 pou- ces et des becs à air de huit millimétres, que j'ai fait des expériences dans les galeries des mines de S'°-Étienne. » La première fois, je l'ai éteinte dans une couche de gaz hydrogène carboné presque pur; la seconde fois, elle s’est rallumée en la descendant avec précaution. : » Vous verrez que la flamme grandit à mesure que l'hy- drogène augmente de proportion. Lorsque tout l'oxygène intérieur est consumé, la flamme pâlit, un feu bleu cou- ( 316 ) ronne les becs à air avec un cri assez fort. Enfin, sila pro- portion d'hydrogène est encore plus grande, le cristal entier se remplit d’une espèce de feu follet. » Toute la sécurité dépend d’une certaine proportion en- tre le haut air de la lampe et la dimension des becs à air. » J'ai traversé avec cette lampe des couloirs où il fal- lait marcher avec la main. » Je pense que dans une exploitation bien entendue, on trouvera une économie à éclairer les galeries des traîneurs avec des mèches de deux lignes au lieu de huit, ne don- nant que la lumière d’une veilleuse, en les plaçant aux angles des chemins... » J'avais mis une toile métallique sur la cheminée, pour obtenir une transaction, mais elle éteignait la lampe dans la mine, et tous les expédients pour la remplacer par quel- que chose d’analogue n’ont pas réussi, pendant 50 jours que je suis resté à Se-Étienne. à » Je joins à cette lampe une griffe que vous connaissez probablement , qui lui a été ajoutée par les mineurs d’Au- tun, qui sont parfaitement contents de ma lampe. Il suffit d'un coup de marteau pour la fixer ou d’un trou dans le mur, » L'académie propose, pour le concours de 1840, les ques- lions suivantes : CLASSE DES LETTRES. PREMIÈRE QUESTION. Quelles ont été, jusqu’à la fin du règne de Charles-Quint , les 4 nt et OC Éd de US SR nn (317) relations politiques, commerciales et littéraires des Belges avec les peuples habitant les bords de la Mer Baltique ? DEUXIÈME QUESTION. Les anciens Pays-Bas Autrichiens ont produit des juris- consultes distingués qui ont publié des traités sur l’ancien droit belgique , mais qui sont, pour la plupart, peu connus ou négligés. Ces traités soni non-seulement précieux pour l'histoire de l’ancienne législation nationale, mais con- tiennent encore des nolions intéressantes sur notre ancien droit politique ; et, sous ce double rapport, le juriscon- sulte et le publiciste y trouveront des documents utiles à l'histoire nationale. L’académie demande donc qu’on lui présente une analyse rai- sonnée et substantielle, par ordre chronologique et de matières, de ce que ces divers ouvrages renferment de plus remarquable pour l'ancien droit civil et politique de la Belgique. TROISIÈME QUESTION. On demande un mémoire sur la vie et les écrits de Jean-Louis Wivès, professeur de belles-lettres à l’université de Louvain, et l’un des savants les plus célèbres du XV 1e siècle. En rattachant ce sujet à l'histoire littéraire de la Belgique, à ceite époque. QUATRIÈME QUESTION. Quel était l’état des écoles et autres établissements d'instruc- tion publique en Belgique, depuis Charlemagne jusqu’à la fin du XVII"< siècle? Quelles étaient les matières qu'on y ensei- guait, les méthodes qu’on y suivait, les livres élémentaires qu'on y employait, et quels professeurs s’y distinguèrent le plus aux différentes époques ? (318) CINQUIÈME QUESTION. Faire l'histoire de l'état militaire en Belgique, sous les trois périodes bourguignone, espagnole et autrichienne, jusqu’en 1794, en donnant des détails sur les diverses parties de l’admi- nistration de l’armée, en temps de querre et en temps de paix. L’académie désire que le mémoire soit précédé, par forme d'introduction, d’un exposé succinct de l’état mili- taire en Belgique dans les temps antérieurs, jusqu'à la maison de Bourgogne. CLASSE DES SCIENCES. PREMIÈRE QUESTION. Un mémoire d'analyse mathématique dont le sujet est laissé aw choix des concurrents. DEUXIÈME QUESTION. Déterminer par des expériences si les poisons métalliques, tels que l’arsenic blanc ( acide arsénieux), enfouis dans un ter- rain cultivé, pénètrent également dans toutes les parties des végétaux qui y croissent, et entre autres dans les graines des céréales, et s’il y a , d’après cela , du danger pour la santé pu- blique de répandre de l'acide arsénieux et d’autres poisons ana- loques dans les champs, pour détruire les animaux nuisibles. TROISIÈME QUESTION. Faire la description des coquilles et des polypiers fossiles des terrains crétacé et tertiaire de la Belgique, et donner l'indication précise des localités et des systèmes de roches dans lesquels ils se trouvent. ( 319 ) La synonymie des espèces déjà connues devra être soi- gneusement établie, et la description des nouvelles espèces accompagnée de figures. QUATRIÈME QUESTION. Exposer la théorie de la formation des odeurs dans les fleurs. L'auteur déterminera les organes où se forment les odeurs des fleurs; il exposera la structure anatomique et les fonctions physiologiques de ces organes. Il examinera le mode d’exhalation el spécialement à quoi on doit at- tribuer que plusieurs fleurs sont odoriférantes à certaines heures de la journée et inodores pendant d’autres. Les ob- servalions devront, autant que possible, se rapporter à des plantes de familles différentes. (Le mémoire devra être accompagné de planches.) CINQUIÈME QUESTION. Déterminer, par des expériences, les anomalies que peuvent subir les mouvements du sang dans les vaisseaux capillaires des animaux vertébrés, ainsi que les transformations des parties constituantes du sang chez ces animaux. Indiquer les causes qui 4 donnent naissance. SIXIÈME QUESTION. Faire la description des coquilles et des polypiers fossiles des terrains ardoïsier, anthraxifère et houiller de la Belgique, et donner l'indication précise des localités et des systèmes de roches dans lesquels ils se trouvent. La synonymie des espèces déjà connues devra être soi- ( 320 ) gneusement établie, et la description des nouvelles espèces accompagnée de figures. SEPTIÈME QUESTION. Un mémoire sur les vapeurs qu’émettent les métaux, et sur le rôle que quelques physiciens prêtent à ces vapeurs dans certains phénomènes météorologiques. HUITIÈME QUESTION. Exposer et discuter les moyens les plis convenables pour éta- blir, dans les lieux habités, une ventilation appropriée à leur destination et à la température qui doit y être maintenue. L'auteur devra donner la description et les dessins très- détaillés du système en faveur duquel il se prononcera. Le prix de chacune de ces questions sera une médaille d’or de la valeur de six cents francs. Les mémoires doivent être écrits lisiblement en latin, français ou flamand, et seront adressés, francs de port, avant le 1° février 1841, à M. Quetelet, secrétaire perpétuel. — L’académie propose dès à présent, pour le concours de 1842, les questions suivantes : CLASSE DES LETTRES. PREMIÈRE QUESTION. Quels sont les changements que l'établissement des abbayes et des autres institutions religieuses au VIIe siècle, ainsi que D PT TS PT VUE Le. She Es RS Ar “ « ( 321 ) l’invasion des Normands, au IX°, ont introduits dans l’état social de la Belgique. DEUXIÈME QUESTION. Il existe un grand nombre de documents écrits dans les dia- lectes de l Allemagne et appartenants aux VII°, VIIIe, IXe, Xe et XI° siècles; ils sont indiqués par la préface de l’Althoch- deutscher Sprachschatz de Graf; mais on ne connaît quère d’écrits rédigés en lanque teutonique usitée en Belgique antérieu- rement au XII° siècle. On demande : 1° Quelle est la cause de cette absence de manuscrits belgico-germaniques ? 2 Quelle a été la langue écrite des Belges-Germains avant le XII° siècle? 3° Peut-on admettre que les Niederdeutsche Psalmen aus der karolinger Zeit, publiés par Vonder Hagen, le Heliand récem- ment mis au jour par Schmeller, et quelques autres ouvrages, appartiennent à la lanque écrite dont on faisait usage en Bel- gique? CLASSE DES LETTRES. PREMIÈRE QUESTION. On demande un examen approfondi de l’état de nos connais- sances sur l'électricité de l’air et des moyens employés jusqu’à ce jour pour apprécier les phénomènes électriques qui se passent dans l'atmosphère. DEUXIÈME QUESTION. Rechercher, par de nouvelles expériences et par de nouvelles observations, l'influence que paraissent exercer sur la forme cris- talline des corps, la nature et la température des milieux dans lesquels ces corps ont cristallisé. L'auteur fera précéder son mémoire d'un exposé suc- ( 322 ) cinct de l’état de nos connaissances sur le sujet de la ques- tion , au moment où il remeltra sa réponse. Il joindra à son mémoire des figures et des échantillons des principales modifications qu'il aura obtenues. RAPPORTS. ANALYSE MATHÉMATIQUE. M. Garnier présente à l'académie l'analyse suivante du Traité élémentaire des fonctions elliptiques de M. Ver- hulst , pour servir de complément au rapport sur le même travail, qu’il a lu à la séance du 11 janvier dernier (voyez p.2 dut. VII des Pulletins). Dans le premier chapitre, l’auteur fait voir comment la formule / * dans laquelle P désigne une fonction ralion- nelle de + et R la racine d’un polynome complet du qua- trième degré en x, se réduit à trois transcendantes élé- = mentaires de la forme HER = ER" Dans le chapitre suivant, il e CAG ces transcen- dantes en Lrois autres qui ont pour origine commune l’in- tégrale Ve sin. 2? d? l+nsin.?? /1_c2sin, 2? type des fonctions elliptiques. Cette marche, aussi simple que rigoureuse, n'est sujelte à aucune exceplion, tandis LL. oc » (323 ) qu’en suivant celle de Legendre , on est obligé de faire abstraction du cas où le radical R ne peut pas se décomposer en facteurs réels du second degré de la formey/z+3>, d'où l'on tire la conclusion erronée que, dans ce cas, la fonc- tion proposée n’est pas réductible aux fonctions elliptiques. Il est singulier que Legendre, qui avait fait quelques ob- servations sur ce cas dificultueux, dans la première édition de son grand traité, les ait supprimées dans la seconde. L'auteur démontre ensuite une nouvelle formule générale commune à toutes les fonctions elliptiques, et dont il dé- duit, comme corollaires, une multitude d'intégrales par- ticuhières que Legendre à rapportées, sans indiquer la manière dont il y est parvenu, bien que plusieurs de ces intégrales ne puissent s’obtenir, a priori, que par des ar- tifices de calcul qui exigent des recherches plus ou moins laborieuses. » Le troisième chapitre est consacré à l’examen des pro- priétés des fonctions elliptiques de la premiére espèce, que l’auteur regarde comme des secteurs d’une courbe fermée semblable à l'ellipse, et qu'il nomme pour ce motif, Za fausse ellipse. Gelte représentation géométrique , qu'il a étendue aux fonclions elliptiques des deux autres espèces, en la modifiant, a l'avantage d'offrir à l'esprit une peinture sensible des résultats abstraïts de l’analyse, peinture qui permet de s'en rendre compte avec plus de facilité. L'au- teur démontre ensuite plusieurs propriétés curieuses de la courbe dont il s’agit, puis il donne une manière trés-simple de la construire par points. » Le quatrième chapitre traite des fonctions elliptiques de la seconde espèce. Après avoir démontré que ces fonc- tions représentent des arcs d’ellipse, l’auteur donne une démonstration nouvelle du théorème de Fagnani, ainsi Tow. vir. 24 ( 324 ) que du théorème suivant, dont la découverte lui appar- tient: Si deux arcs d’ellipse sont tels que le rectangle des rayons vecteurs correspondants, équivaut à celui des demi-axes, les deux arcs valent en somme le quart de l’ellipse, plus une droite géométriquement assignable. » Les chapitres V et VI sont consacrés aux fonctions el- liptiques de la troisième espèce, et contiennent un grand nombre de formules nouvelles dont il nous serait impossible de rendre corapte sans entrer dans des considérations théo- riques trop étendues pour trouver place dans ce rapport qui ne comporte que des généralités. » La matière du chapitre VII est fournie par la trans- cendante Y, dont la découverte est due à M. Jacobi de Kœnisberg. Celte transcendante se rattache à la théorie des fonctions elliptiques par la propriété dont elle jouit de ré- duire les fonctions de troisième espèce à paramètre lo- garithmique, à des fonclions qui ne contiennent que deux arguments. M. Verhalst, qui s’est beaucoup occupé de cette transcendante , l’a représentée géométriquement par un héliçoïde à base de fausse ellipse, et il est même parvenu, par des considérations purement géométriques, à en démon- trer une propriété fondamentale, Nous ferons observer que cette transcendante est d’une nature assez compliquée, car elle est exprimée par une intégrale double. » Le chap. VII contient tous les développements des fonctions elliptiques en séries: ces séries, trés-convergentes, dont le plus grand nombre est dû à l’auteur du mémoire ; constituent à elles seules un algorithme complet des fonc- tions ellipliques, dont on pourrait se contenter s’il ne le cédait à la méthode des modules croissants et décroissants dont l’idée premiére doit être attribuée à l'illustre La- grange, et à une méthode encore supérieure, à celle des ( 825 ) modules que M. Verhulst a nommée méthode des nomes, et dont il est l'inventeur. Cette dernière , dont nous parle- rons bientôt, est peut-être la plus remarquable parmi celles qu'on connaît, par la nature singulière des séries sur les- quelles elle est fondée , el par l'étendue de l’approximation qu’elle fournit. » Les chap. IX, X et XI, portent sur la transformation du module dans les transcendantes elliptiques , par la mé- thode de Lagrange, perfeclionnée par Legendre. M. Verhulst a élendu cette méthode à la transcendante Y, et par des décompositions et des transformations algébriques aussi sa- vanles qu'ingénieuses, il est parvenu, en prenant pour point de départ l'expression de celte transcendante, au moyen d’une intégrale définie qu’il assigne, à trouver le même développement qu’en partant de son expression par une in- tégrale double; ce qui lui a donné la confirmation des résullats précédemment obtenus, et la vérification de ses formules. » Le chap. XIT contient le théorème de M. Jacobi; ce beau morceau d’analyse , développé et éclairci successive- ment par Legendre et Poisson , a alteint, sous la plume de M. Verbulst, le dernier degré de clarté et de rigueur. Aux raisonnements abstraits qui composent la première par- tie de la démonstration de Poisson, notre auteur a sub- stitué la langue si claire et si concise de l’algébre. De plus, il a suppléé un grand nombre de théorèmes sub- sidiaires que Poisson n'avait pas démontrés. Enfin, ce théorème célèbre, qui jusqu'ici n’était guère accessible qu'aux géomètres consommés, pourra être entendu désor- mais par quiconque possèdera Îles éléments du calcul in- tégral. » Le théorème de M. Jacobi a donné naissance à trois ( 326 ) transcendantes g, © et A dont les propriétés forment la ma- tière du XII chapitre. L'auteur y a fondu une grande partie des suppléments de Legendre, en y ajoutant des éclaircissements et une formule nouvelle d’une grande im- poriance, relalive à la transcendante Y. Ge chapitre est re- marquable par les séries singuliéres qu’on y trouve, séries dont quelques-unes procèdent suivant les puissances de la variable marquées par les carrés des nombres naturels. » Le chap. XIV est consacré à l'exposition d’une méthode nouvelle pour le calcul des fonctions elliptiques, dans la- quelle l'approximation a pour base unique la transcen- dante g. Legendre avait déja eu occasion de remarquer , à propos d’une formule due à M. Jacobi , combien les séries qui procèdent suivant les puissances de g, ont une con- vergence rapide; mais il n'avait tiré de cette observation aucun résultat d’une utilité pratique: M. Verhulst en a dé- duit presqu'immédiatement une méthode d’approximation pour les fonctions des deux premières espèces el de Ja troi- sième espèce, à paramètre logarithmique. De plus, par un de ces hasards heureux, mais qui n'arrivent qu'à ceux qui savent les faire naître, il s’est trouvé que les fonctions à paramètre circulaire étaient exclusivement susceptibles de se décomposer en deux intégrales plus simples, à l'aide d'une transformation imaginée par l'auteur; de manière que ces fonctions qui, jusqu’à présent, ont fait le déses- poir des analystes par l'impossibilité où l’on se trouve de les réduire en table, sont ramenées à de simples arcs de cercle , avec un degré d'approximation qui dépasse tous les besoins de l'analyse, et que l’on peut même augmenter indéfiniment par l'application de la méthode des modules. L'exposition de l'algorithme de M. Verhulst exige une connaissance telle des parties les plus élevées de la théorie ( 327 ) des fonctions elliptiques, qu’il nous serait impossible d'en donner une idée même imparfaite, sans reproduire une grande partie de l'ouvrage que nous analysons. Nous nous bornerons à dire que cet algorithme sufhrait pour assurer à l’auteur du mémoire un rang distingué parmi les géo- mètres créaleurs de la théorie en question, lors même qu’il n'aurait que ce seul titre à produire. » Dans le chap. XV, l’auteur a emprunté au grand calcul différentiel de M. Lacroix, toutes les notions de calcul aux différences finies, que réclament l’usage et la construction des tables à simple et à double entrée. Cependant la théorie de l’interpolation nous a paru mériter une attention par- ticulière pour la manière simple et lumineuse dont elle est présentée. M. Verhulst a également emprunté à M. de Pontécoulant, l'exposition de la méthode des quadratures mécaniques dont il a fait nne application à la transcen- dante Y. » Enfin, le chap. XVI est un recueil d'intégrales réduc- Libles aux fonctions elliptiques, à l’aide de transformations particulières déja mentionnées dans l'ouvrage de Legendre. » M. Verhulst a terminé son livre par une table de la fonc- tion g, et par des notes dans lesquelles il a exposé toutes les théories qui ne se trouvent pas dans les traités de calcul in- tégral les plus élémentaires : parmi ces notes, nous en avons remarqué deux, l’une relative à la règle de fausse position, et l’autre à la différentiation, sous le signe jé qui nous ont paru mériter une atlention particulière. On trouve aussi au commencement du volume, des notices sur la vie et les ouvrages d’Abel et de Legendre. Nous ajouterons que , dans sa préface, l’auteur a pleinement justifié les innovations qu'il a introduites dans la langue et la notation des trans- cendantes elliptiques, innovati ons qui constituent un vé- ( 326 ) rilable perfectionnement, et qui permettent l'introduction de la théorie de ces fonctions dans l’enseignement du calcul intégral. Disons qu’il a fait pour cette théorie ce que les suc- cesseurs de Neper ont fait pour celle des logarithmes et des lignes trigonométriques, et n’hésilons pas à prédire que la langue des fonctions elliptiques, telle que l’a faite M. Ver- hulst, sera universellement adoptée par les géomètres. » HISTOIRE, M. Grangagnage lit le rapport suivant sur l'ouvrage pré- senté par M. le docteur Bernard, et intitulé : Vote histo- rique sur les grandes confédérations des peuples ger- maniques , a dater du I® siècle de l’ère vulgaire. « L'histoire des anciens peuples de la Germanie, de ces hordes errantes et belliqueuses qui renversérent le monde romain el vinrent jeter sur les divers points de l’Europe les fondements informes de la moderne civilisation, cette his- toire excile nalurellement un puissant intérêt; mais elle offre encore bien des doutes à dissiper, bien des mystères à éclaircir. On comprend, en effet, que ces nations bar- bares n’ont rien laissé qui puisse tenir lieu d’annales. Les Romains, qu’elles vinrent attaquer du fond de leurs forêts, des sommets du Caucase ou des steppes de la haute Asie, ont pu seuls nous transmettre quelques notions sur leur origine, leurs invasions successives el leurs institulions. Mais quand les Romains eux-mêmes commencent à con- naître ces nations , déjà de grands mouvements el de grands déplacements se sont opérés parmi elles. Des tribus diverses ( 329 ) se sont mêlées et confondues. Les hordes se pressent, se succédent , se précipilent pêle-mêle sur les frontières de l'empire. La Germanie devient comme une vaste mer, dont la tempête pousse en Lous sens les vagues. Dans un tel chaos, les renseignements que nous ont laissés les historiens de Rome ou de la Grèce, sont nécessairement imparfaits, incomplets, parfois même contradictoires, ou du moins fort difiiciles à concilier entre eux. Aussi n'est-il pas de mine plus féconde ouverte à l'exploitation des savants. » M. Philippe Bernard , dans la Notice historique qu’il adresse à l'académie, vient à son tour , non pas établir sur la question des races germaniques une discussion large et approfondie (les bornes d’une simple notice ne le compor- taient pas), mais présenter dans un cadre infiniment borné quelques faits relatifs à l’histoire de ces peuples, et le ré- sumé des opinions qu'il considère comme les plus plau- sibles sur leurs diverses dénominations et sur leur position géographique. L'auteur s'occupe principalement des puis- santes tribus qui figurent en première ligne dans la lutte avec les Romains ; et prenant pour base de son travail un des traits caractéristiques des races de la Germanie, c’est- à-dire l'association, il passe successivement en revue les grandes confédérations de ces peuples à dater du premier siècle de l'ère vulgaire. » Nous voyons d'abord la confédération des Suèves- Mar- comans, s'élendant aux rives du Danube, et signalée sur- tout dans l'histoire par son chef Marobodicus, contempo- rain et ami d'Auguste, qui, après avoir passé plusieurs années à Rome , voulut reporter au milieu de ses peupla- des les fortes institutions romaines, Nous voyons ensuite la confédération des Ælemanni, qui des bords du Necker s'avança peu à peu sur les deux rives du Rhin et du Danube. (330 ) L'auteur expose enfin les confédérations des, Burgundi, des Francs, des Saxons et des Goths, ne faisant qu'une simple mention des Thuringiens et des Frisons, tribus considérables, mais qui ne formèrent pas de ces ligues puissantes et ne jouérent qu'un rôle secondaire dans la chute de l'empire. » Je ne sais pas si, comme ledit l’auteur, ce fut le besoin qui les tourmentait dans leur patrie, et le désir de se pro- curer unc existence plus commode et plus agréable sous un climat plus doux, qui portèrent les Germains vers le sud de l'Europe et les mirent en contacl avec les Romains. Je doute que le climat de la patrie soit jamais dur à l’homme ; et je crois plutôt que le monde barbare, fatigué de la pesante domination de Rome, se leva contre elle pour briser le joug, poussé surtout par l’ardeur du pillage et la soif du butin. On conçoit combien des hordes presque sauvages devaient s’acharner à une proie telle que l'empire romain, où elles voyaient enlassées les richesses de tant de siècles et de tant de nations, el où l'or même qu’on leur offrit parfois pour obtenir la paix ne faisait que les attirer da- vanliage. » Après avoir signalé les principales confédérations des Germains, après avoir indiqué les différentes peuplades qui les composaient , apprécié leurs dénominations, discuté les posilions qu'elles occupérent successivement, et présenté cerlains détails de leur histoire qui se rattachent soit à leurs guerres intestines soit à leurs luttes avec les Romains, l'auteur annonce qu'il lui reste à jeter un coup d'œil sur leur origine et sur leur constitution... travail , ajoute-il, plus intéressant et plus important que de s'occuper de l’étymologie.. — Sur ce dernier point, je partage enlière- ment l'opinion de l’auteur ; mais il me semble qu'il ne REP (EaS 14) remplit pas ce qu'il annonce d’une manière tout à fait salisfaisante. En effet , il n’a consacré que deux pages à cet examen ; el encore dans ces deux pages il s’est borné à men- tionner les trois causes principales qui, selon lui, ont pro- duit le développement des grandes confédérations germa- niques, à savoir : 1° la nécessité de se défendre contre les conquêtes de Rome ; 2° l'établissement d’un chef commun (ambacti, comites ); 3° les institulions même des Sueves et des Ælemanni , d’après lesquelles un certain nombre de tribus formait de droit une confédération. On le voit, la parlie philosophique et réellement historique est le côté faible de l'ouvrage. Les recherches philologiques en con- sliluent la partie essentielle. Ces recherches me paraissent consciencieuses ; l’auteur y fait preuve de science; il a puisé aux meilleures sources, dans César, dans Ptolémée, dans Strabon, dans Tacite surtout ; et ces diverses autorités, il manque rarement de les citer avec un soin minutieux, souvent même par extrait. Je ne puis dire si la notice de M. Philippe Bernard est destinée à répandre de nouvelles lumières sur la question obscure qu’elle avait pour objet; de plus savants pourront en décider ; mais je pense toute- fois qu’il y a lieu de remercier l’auteur de sa communica- lion, » L'académie , conformément aux conclusions du rappor- teur et de M. De Reiffenberg, second commissaire , décide que des remerciements seront adressés à M. Bernard pour sa communicalion. (332) CRYPTOGRAPHIE, M. le baron De Reïffenberg lit le rapport suivant, auquel a adhéré M. le chanoine De Ram, second commissaire, sur l'ouvrage présenté par M. Vesin, à la séance du 7 mars, sous le titre de Cryptographie dévoilée, ou l'art de tra- duire et de déchiffrer toutes les écritures. « La cryptographie de M. Vesin me paraît un développe- ment et une application fort ingéuieuse des principes de l'art conjectural dont Viète, S’ Grevesande et d’autres ont fait connaître les bases et enseigné la pratique. Moi-même , s'il est permis de le dire, j'ai indiqué dans ma logique ce qu'on pouvail essayer en ce genre. Mais M. Vesin n'en est pas moins un OEdipe très-expert et d’une sagacité surpre- nante. Je crois donc sa cryptographie trés-ulile, mais je n'ai pas aussi bien saisi les avantages de sa glossophingie. Ou j'ai mal compris, ou cette division de son travail ne répond pas au titre dont il l’a décorée, et qui, suivant lui, signifie l'art de deviner et de traduire toutes les langues sans en avoir aucune connaissance préalable. La première partie est la résolution d’un équation toute remplie d’inconnues, où il y a cependant quelques valeurs données; dans la se- conde, si je ne me trompe, il s’agit de résoudre une équa- lion où je ne vois que des inconnues , du moins à s’en tenir à l'éliquette du livre. Je ne sais pas si l'algèbre des idées peut aller jusque là. Heureusement que la première partie (qui pourtant n’est pas absolument une découverte) a un mérite indépendant du traité qui la suit. » Des remerciments seront adressés à l’auteur pour sa communication. ne D en En pe ae à (333) ÉDUCATION DES ANIMAUX, M. le baron De Reiffenberg fait le rapport suivant ap- prouvé par M. le chanoine De Ram, sur le mémoire de M. Léonard, présenté à la séance du 7 mars dernier, et ayant pour objet l'étude de l'intelligence des animaux. « Il y a dans M. Léonard deux choses : le théoriste et l'homme pratique. » Le premier a grand’peur de la métaphysique, qui en effet est souvent plus prodigue de paroles que de lumières ; ce nonobstant , il pose des principes et déduit une doctrine comme le ferail un métaphysicien ; mais on sent qu'il y a de l'embarras et de l'incertitude dans sa croyance philoso- phique, car tantôt il semble mettre la bête sur le même rang que l'homme, tantôt il sent qu'il a été trop loin et il fait à l'animal une part beaucoup plus modeste. = » Personnenelui contestera, je pense, que la bête a une âme, une intelligence, non pas différentes en qualité de celle de l'homme , ainsi qu'il paraît le penser , mais différen- tes en nature. Un abime les sépare. » Que cet instinct , ou, si on l'aime mieux, cette intelli- gence , soit dans beaucoup d'espèces susceptible d’éduca- tion, c'est là une opinion généralement reçue. » Ce qui fait le mérite de M. Léonard, c’est l'adresse mer- veilleuse avec laquelle il procède à cette éducation. Toute- fois je la regarde plutôt comme une habileté personnelle qu'une science générale. C’est sa patience, sa sagacilé que j'admire : je suis charmé du fait plutôt que du système écrit, si le mémoire de M. Léonard est un système. Aprés cela j'adopte de Lous points l’imposante opinion de M. Arago. Il est possible que M. Léonard nous apprenne à perfection- ( 334 ) ner les animaux domestiques , et qu'il ouvre la voie à la psychologie comparée, science neuve encore, que Bâcon n'avait pas même rangée parmi ses desiderata , et qui a un modèle dans l’ordre matériel. » Des remerciments seront adressés à l’auteur pour sa communicalion. LECTURES ET COMMUNICATIONS. MAGNÉTISME TERRESTRE. M. Quetelet met sous les yeux de l'académie les résul- tats des observations faites de 5 en 5 minutes, sur les va- riations de la déclinaison magnétique, le 22 et le 23 avril dernier, pour réponüre à la demande de la société royale de Londres. Ces observalions, comme celles des mois précé- dents, ont été faites à l'observatoire royal, avec un appareil construit à Goettingue ; les observateurs étaient MM. Mailly, Bouvy, Liagre, Marnefle et Quetelet. Comme les résultats sont destinés à être publiés en Angleterre, avec ceux recueil- lis simultanément sur différents points du globe, M. Quete- let a pensé qu'il serait superflu d’en continuer la publica- tion dans les Bulletins de l’académie. (335) HISTOIRE NATIONALE, Des Cours d'Amour en Belgique, par le baron De Reiffenberg , membre de l'académie. Si les cours d'amour n'avaient élé qu’un passe-temps frivole, sans liaison avec les mœurs, elles seraient dignes au plus, malgré les idées gracieuses qu’elles réveillent, d’une rapide menlion dans l’histoire. Mais elles contri- buent à faire connaître l'état social du moyen-âge, et les idées morales qui réglaient les plus vives passions du cœur humain: à ce titre, elles méritent l'attention des graves penseurs. Vers quelle époque peut-on fixer l’origine des cours d'amour ? Vollaire en rassemble nne autour de la reine Berthe, sans doute celle bonne Berthe au grand pied, dont le nom est devenu proverbial; mais Voltaire faisait un conte (1) et son autorité ne Lire pas à conséquence. M. Raynouard, en alléguant les décisions recueillies par le chapelain André, place l'existence des cours d'amour antérieurement à l’année 1170, dans laquelle vivait cet écrivain , selon Fabricius. Celle circonstance toutefois n’est pas décisive, car dans une trés-ancienne édition del’ Ært d'aimer d'André, la plus ancienne peut-être, édition sans date et sans lieu d'impres- sion, André est désigné comme chapelain du pape Inno- cents IV. Or, ce pontife gouverna l’église de 1243 à 1254. Quelques écrivains mettent l’institution des cours d’a= (1) Ce qui plait aux dames. (336) mour sous le règne de Charles VI, et l’attribuent à la reine Isabeau , à qui la métaphysique amoureuse convenait peu, j'imagine. Le livre d'André et les poésies des troubadours donnent un démenti formel à cette opinion. Les cours d'amour sont nées avec la vie de château, l'émancipation de la femme et la chevalerie. Dans les loisirs des vieux castels, lorsque la poésie eut adouci les mœurs, de nobles dames, pour tromper l'ennui de leur captivilé forcée au fonds de leurs sombres manoirs, ont pu, en riant, improviser un tribunal pour résoudre les ques- tions auxquelles leur sexe a de tout temps attaché le plus d'importance. De beaux esprits, admis dans leur intimité, auront donné à celte distraction un certain raffinement, et l'intervention des idées religieuses dans les plaisirs les plus mondains , celle des clercs au milieu des courlisans, aura soumis ces simples jeux aux formes de la scolas- tique. Si l’on se figurait que les cours d'amour étaient des insti- tulions sérieuses, exerçant une juridiction réelle el perma- nenle, on serait, je crois, dans l'erreur. Ges cours n'avaient probablement dans le principe qu'une existence passagère ; une fèle, un tournoi, les jours de plaid en étaient l’occa- sion. Plus tard l’agrément qu’elles procuraient aura inspiré le désir de les organiser d’une manière durable; de là ces confréries amoureuses pareilles à tant d’autres sociétés qui remontent aussi à une époque reculée. Une fois insta- lées, la vanité aura fait des efforts pour y introduire des personnes de tous rangs, les cours d'amour auront dégé- néré, et, au moment où expirail la chevalerie, elles n'auront plus été que des associations bourgeoises, comme les ser- ments dans lesquels l'aristocratie ne s'inscrivait que par condescendance et pour mémoire, ‘(337 ) Les cours d'amour attestent trois choses : l’empire pro- gressif des plaisirs intelligents ; l'influence croissante de la femme ; une législation morale du mariage, qu’on croirait toute moderne à bien des égards. Il était curieux de voir des hommes ignorants et bardés de fer s'intéresser à des sublilités de sentiment. Il ne l'était pas moins d'observer comment la galanterie, en s’exaltant, tempérait la grossièreté des mœurs. Voilà sans doute pourquoi de respectables ecclésiastiques, loin de condamner ces relations nouvelles, semblaient au con- traire les approuver. Le chapelain André formait un code amoureux, le bon Philippe Mouskes, alors chanoine et depuis évêque de Tournay, regrettait ces siéeles où l'on aimait par amour, c'est-à-dire avec élévation el délicatesse. Ils appréciaient les effets d’un penchant qui, renfermé dans des bornes convenables, peut servir de frein à de mau- vaises passions, et semblaient avoir deviné confusément la pensée de Sterne, qui dit quelque part qu’il ne s'était jamais glissé dans son âme de sentiment-bas ou condamna- ble, que s’il cessait d’être épris d'une princesse inconnue ou imaginaire. Aussi , point de paladin accompli sans amour : Froissart, voulant faire l'éloge du duc Wenceslas de Bra- bant et de Luxembourg, n’a garde de ne pas répéter qu'il était frisque, courtois et amoureux (1). Toutefois cet amour, malgré ses conséquences salutaires, ne se réduisait pas, il s’en faut, à un pur plalonisme, et même, dans sa dialectique déliée, il obscurcissait quelque- fois les plus claires notions du devoir. La plupart des sen- tences compilées par le chapelain André, donnent tort aux a ——————————————— ——. (1) Voy. les mémoires et les poésies de Froissart, (338) maris : en vérité, l'auteur de Jacques ne fait pas mieux. Que les cours d'amour aient pris naissance dans la patrie des troubadours, cela est possible et même probable. Tou- jours est-il qu'elles ont élé connues en Belgique dés leur origine ou à peu prés. Le chapelain André rapporte deux jugements de la comtesse de Flandre. On avait posé cette grande et importante question : € Un amant déja lié par un attachement convenable, re- » quit d'amour une dame, comme s’il n'eût pas promis sa » foi à une autre ; il fut heureux; dégouté de son bonheur, » il revint à sa première amante, il chercha querelle à » la seconde. Comment cet infidèle doil-il être puni ? » La comtesse de Flandre prononça souverainement : « Ce » méchant doit être privé des bontés des deux dames ; » aucune femme honnête ne peut plus lui accorder de » l'amour, » + Admirablement jugé, n'est-ce pas ? Quelle était celte sage comtesse? M. Raynouard n'hésite pas à désigner Sibylle, fille de Foulques d'Anjou, laquelle, en 1134, épousa Thierry d'Alsace, comte de Flandre (1). Beaucoup de Belges s'étaient affiliés à la confrérie de la court amoureuse, qui, sous Charles VI, a existé à la cour de France. Le manuscrit n° 626°de la bibliothèque royale de Paris est cité par M. Raynouard (2), et M. Lucien de Rosny en a fait une copie pour la bibliothèque du royaume, à Bruxelles. Il a appartenu à Moreau de Mautour. (1) Choix des poésies originales des Troubadours. Paris, 1817, Il, LXXXI—XC, CXVI. Cf. nos MVouvelles Archives hist, des Pays-Bas, V, 264—268, (2) Zd. exxxur. ( 339 ) Dans cetle court, dont le roi était souverain, les femmes ne siégeaient pas; marque évidente de dégénération. Ceux qui la composaient élaient divisés par classes. La première n’a point de désignation ; ceux qui y sont portés reçoivent tous la qualification de messire, que l’on donnait aux chevaliers et aux plus grands seigneurs , même aux princes du sang, car les titres n’ont été prodigués qu'à mesure qu'ils perdaient de leur valeur. L’altesse d'aujourd'hui est moins honorifique que le monsieur d'autrefois. Clovis se contentail du titre de noble homme, dont un simple anobli aurait de la répugnance à s’accommoder. La seconde classe est celle des grands veneurs de la court. La troisième des trésoriers des chartres et registres. La quatrième des auditeurs. La cinquième des chevaliers d'honneur, conseillers de la court amoureuse. La sixième des chevaliers-trésoriers. La seplième des maîtres des requêtes. La huitième des trois présidents de l’ordre. La neuvième des secrétaires. La dixième des concierges des jardins et vergers amou- reux. , | La onzième, enfin, des veneurs. Une autre organisation se remarque dans une cour d'amour, postérieure de quelques années. Parmi les archives de l’ordre de la Toison d’or à Vienne, il se trouve un livre d'armoiries sur lequel est écrit : Ce livre appartient et est a Gilles Rebecques, roi d'armes de Hainaut, de Hollande et de Zélande, de la Basse- Frise, de Namur et de Cambrésis. Les armoiries sont celles des membres d’une cour d'amour Tom. vur. 25 ( 340 ) établie en France en 1400. Le même volume contient une copie de la charte de cette cour, publiée cette année même à Paris, dans l'hôtel d'Artois ; le jour de S'-Valentin, épo- que assez connue dans les annales amoureuses. On y a in- séré les règlements de cette institulion. Cette cour, fondée sur l'humilité et la fidélité et insti- tuée à l'honneur des dames, était composée : 1° d’un chef nommé prince de la cour d'amour ; 2° de trois grands conservateurs qui furent, au temps de la création, Char- les VE, roi de France, Philippe, duc de Bourgogne, et Louis, duc de Bourbon ; 3° de plusieurs autres personnes du premier rang, qualifiées seulement de conservateurs ; 4 de vingt-quatre chevaliers, écuyers et autres possédant la rhétorique et la poésie, appelés ministres de la cour, lesquels avaient la principale autorité après les grands conservateurs , et élaient chargés de présenter aux assem- blées, que cette cour était obligée de tenir à certaines épo- ques de l’année, des ballades et autres pièces de poésie, suivant ce qui était réglé par les statuts; 5° enfin de quelques officiers , tels que trésoriers des chartres , secré- taires, concierges et huissiers (1). Pour en revenir à la première cour amoureuse de Char- les VI, elle s'était associé grand nombre de belges, tels que : Messire Robert, seigneur de Waurin. Messire Gilles, seigneur de Chyn, de la maison de Ber- laimont, dont il portait les armes pleines. Messire Guillaume , seigneur de Ligne. (1) Nouv. archives hist. des Pays-Bas, V. 340—341. hs ( 341 ) Messire Jehan, seigneur de Ghystelle. Messire Jehan , seigneur de la Hamede ( Hamaïide ). Messire Hues de Lannoy. s Messire Ramaïige (?) ; chevalier, seigneur de Lannoy. Messire prince de Steehus ( Steenhuyse), souverain {grand bailli) de Flandre. Messire Jehan Weltin , prévôt de la ville de Tournay. Pierre De Rosembos, écuyer, prévôt de la ville de Lille, écuyer d’écurie de monseigneur le duc de Bourgogne. Sandra Leboucq, écuyer échanson du comte de Haïnaut, probablement de la famille de l’historien-poëte. Galiffer de Jumelle, écuyer, huissier d'armes du roi ( d'argent à trois bandes de gueules); Palliot., p. 671, dit & quatre bandes. Pierre Le Musy, seigneur d'Esquelmes, échanson du roi. Nous avions dit, dans les Bulletins de la commission royale d'histoire (1), que nous ne connaïssions pas les émaux héraldiques de la famille de Zi Muisis. On voit ici qu'ils étaient de gueules à la bande d’or, accompagnée de six quintefeuilles d'argent trois et trois. La bande était chargée de différentes brisures , suivant les branches. Celle de Pierre Le Musy offre un double aigle de sable en chef. Arnoult Le Musy, la bande d’or chargée d’une étoile à cinq rais, marqués d'argent, sans doute par erreur, Guillaume Le Musy, bourgeois de Tournay, la bande chargée en chef d’un aigle de sable au vol abaïssé. Guillebin de Lannoy , écuyer. Guillaume Picard de Hainaut , écuyer. (1) 11, 232, ( 342 ) Jacques de Renty, écuyer, chambellan de M. le duc d'Orléans. Jehan de Wassenaer. Maître Hues de Quogen, prévôt de l’église de St-Omer, chantre de Coutances, maître des requêtes de la cour du roi, grand auditeur de la court amoureuse. Messire Roland d'Utquerque. Robert le Courtraisien ; écuyer (d’or à quatre chevrons de gueules). Le Bègue de Lannoy. ; Jacquemart Petit, bourgeois de Tournay (de sable au massacre de cerf d’or, chevillé de cinq pièces de chaque côté). Maître Jehan de Ferries, chantre et chanoine de Lille. Maître Thierry Palene, prévôt de S'-Pierre de Douai (d'azur à trois croissants d’or ). Pierre d'Outervoysin , dit Gournay, sergent d'armes du roi (les mêmes armes que les Roisin ). Indépendamment du recueil d'André, plusieurs docu- ments peuvent nous faire connaître les objets qui exerçaient en Belgique les cours d'amour. M. Hécart a donné au pu- blic les sirventois du puis d'amour de Valenciennes, in- stitué en 1229, transformation de ces cours brillantes qui florissaient dans les palais des princes. De son côté M. Wil- lems a communiqué à la commission d'histoire un extrait curieux d’un manuscrit composé au XV: siècle, où les problèmes amoureux les plus ardus sont résolus en prose et en vers (1). Les arrêts d'amour de Martial d'Auvergne ont été com- (1) Bulletins , n° 217233. ( 343 ) mentés en latin par un jurisconsulle, Benoît de Court (1), qui a pris la chose au sérieux et n'aurait pas traité autre- ment les Pandectes ou le Digeste (2). M. Dellac, trompé par le titre latin des éditions de ce commentaire, s’est imaginé que les arrêts mêmes avaient pris la forme latine, et M. Vil- lemain, trompé par M. Dellac, a avancé que les sentences de la vicomtesse de Bésiers élaient rendues en latin presque aussi bon que celui de St-Thomas (3). C'est ainsi que les bévues se répèlent et ont pour échos les hommes les plus habiles. Les advineaux amoureux, imprimés deux fois par Colard Mansion, ont beaucoup de ressemblance avec le recueil de M. Willems, du moins à en juger par son extrait. L'au- teur, dans le prologue, affirme avoir fait ce recueil à l'insti- galion de noble et gentil chevalier le seigneur de la Marche, qui même lui fournit quelques-unes des demandes. Elles ne se trouvent point réimprimées, comme l’assure l’abhé Mercier, dans le livre des Évangiles des Conoilles ni dans V'Abusé en cour (4). Voici une de ces énigmes : . (1) M. Du Petit Thouars, Piogr. Univ. X, 104, l’appelle Benoît Cour ou de Courtil, Sallengre, Ze Court, Lenglet De Court. (2) Sur l'édition de Paris 1555, voir le Ducatiana, 1, 104—105, et sur l'ouvrage même les HMémuires de Littérature de Sallengre, IL, 104—116, Michault, Mémoirs sur Lenglet du Fresnoy, n° 158, le marquis du Roure, Analectabiblion , L, 206—208. La bibliothèque royale, fonds Van Hul- them , no 12787, possède une édition des Arresta, de Paris , Charles Langelier , 1544 , in-8, Elle n’est pas indiquée par M. Brunet, (3) Biogr. Universelle, XXVII, 286. — Littérature du moyen âge, 1re édition de Paris, 1, 15. (4) Van Praet MVotice sur Collard Mansion , 47—50. ( 344 ) LA DAMOISELLE, Sire chevalier , ils sont deux hommes qui tous deux aimentune damoiselle, et chacun d'eux lui requiert avoir querredon de son service. La damoiselle, veuillant user de courtoisie, ottroye à l’un qu’il prengne d’elle ung seul baisier, et de l’autre elle seuffre qu'il l’accole tant seulement. Or vous demande auquel elle montre plus grand signe d'amour ? LE CHEVALIER, Damoiselle | sachiez que c'est à cellui auquel elle ottroye le baisier, car cent mille accolers n’attaindroient pas à un baisier ottroyé d'une dame en amour. Ces entretiens peuvent être futiles, je n’en disconvien- drai pas, mais leur frivolité ne vaut-elle pas l'ennui pesant de notre politique de salon et de nos parlements d’anti- chambre ? Marguerite d'Autriche, la gente damoiselle , tenait sou- vent une espèce de cour amoureuse et poétique. L'intéressante publication de M. Le Glay qui a tiré de l'oubli une partie de la correspondance de celte princesse, et l'excellente notice qu'il lui a consacrée, ont rappelé mon attention sur un manuscrit de la bibliothèque royale, qui lui a appartenu , et où l’on voit des traces de sa main et de son esprit. C’est un livre de ballades dont j'ai parlé ailleurs (1), et que M. Van Hasselt a signalé de son côté. Ge (1} Worices et extruits des MSS. de la bibli. de Bourgogne, 1, 17—24. Le NS. est coté 10572 (610). —Æssai sur la poésie française en Belgique, pag. 161, 284 et suiv. | ( 345 ) petit volume est de nature à faire connaître le cercle in- time de Marguerite, où l’on s’occupait de politique, de vers, de musique, de dévotion et de galanterie. Ce qui le rend remarquable, indépendamment du mérite des chansons amoureuses qu’il contient, c’est qu'elles sont presque toutes sous des dénominations bizarres, qui cachent, comme l’a deviné M. Van Hasselt, les noms véritables de quelques da- mes, seigneurs, favoris ou familiers de l’archiduchesse, à l’aide d’anagrammes chargés de lettres et de syllabes para- sites , afin de dérouter les OEdipes. On ne sera peut-être pas fàché de trouver ici la clefde ces logogryphes : je suis l’ordre du livre. Vlednora truopa zamo hemady. Rondel pour Madame (/’archiduchesse). Tindez, Knidep, Znidep, Edin. Jean d’Ostin, dit Hesdin ou Edin, maître d'hôtel de Marguerite, gouverneur de Béthune, eut une mission en Angleterre l’an 1515. Le Glay, Correspondance de Maximilien, etc. Il, 318. Ttocipu, Etocipi, Dtocipo, Dtocipi, Siocipo, Stocipu, tocipo, Ttacipa, Utocipi, Stacipu, Stocipi, Otocipo, Ytocipa. Picot. Pierre Picot, médecin de Marguerite. Zamo Temadi, Semadams , Dama Temado. Madame. Pertsonh Kemado. Nostre Dame (/’archiduchesse). Bingibuaz, Lingibuap. Lingibuaz, Lingibuam. Lingibuat, Kingibuaz, Pingibuan. Aubigni. Pamo Hellisiomeda zicnalpo. Mademoiselle Planci. Il est parlé d’une famille de Plancy dans les mémoires du feldmaréchal de Mérode-Westerloo , [, 223. Grucingisnomo sedz tussuoba. Monseigneur de Boussut. (346) Kamo pellesiomedi Vmalcuho. Mademoiselle Huclam. Dnotuobz, Vnotuoba. Bouton. Sans doute l’écuyer Bouton qui présenta Anne de Boleyn à Marguerite. Notice de M. Le Glay, pag. 77. Il s'appelait Claude. Fama Bellesiomedi, Camo Zellesiomeda. Mademoiselle (nièce de Marguerite ?). Dsez osellify. Ses filles (d'honneur, de l’archiduchesse ). T'aly Spofo. La Fop, personnage qui avait peut-être quelque analogie avec la gen- tille Fosseuse de la Cour de Navarre, dans Tristram Shandy. Dossnana. Nansso (le comte de Vassau). Dnomo Truectiuresa. Mon serviteur (ce qui semble annoncer quelque amourette). Fely Stuedisrepo Zedz Pelodz, Otnediserpi Sedz Meloda. Le président de Dôle. Trionaebz. Beanoir (Beauvoir ?). Las pellesiomeda seds ferevo. La demoiselle de Vère, de la maison de Montfort ou de celle déBorselen. En 1784, l'auteur de la Défense des Pelges confédérés, I, 40, exprimait le regret qu’en Zélande le corps des nobles ne fût représenté que par le prince d'Orange, alors mar- quis de Vère et de Flessingue. (Il y a encore, disait-il, » dans celte province, au moins quatre maisons {rès-an- » ciennes et auxquelles on ne pourraît contester sans in- » justice une illustre et antique noblesse. Celle de Borselen » y existe encore, et cette maison ne le cède certainement » pas à aucune des plus anciennes de toute la république.» Zely adratsabo sedz Inobruoba. Le Bastard de Bourbon. Tali lemuabs, Malo kemuaba, Naly femuabo, Tuly nemuaba , Laly pemuabo , Halo kemuabi. Gui de La Baume, comte de Montrevel, chevalier de la Toison d'Or, chevalier d'honneur de Marguerite, cinquième fils de Pierre de La Baume, (347) seigneur de S!-Sorlin. 1l est appelé Marc dans la table de la Correspon- dance de Maximilien et de Marguerite, publiée par M. Le Glay. Claude de La Baume était chef du conseil privé. Las pami bellesiomedi sedz ceduubo , pami bellesiomedo bedz ceduabo, Pami bellesiomedi heduaba. ; (La) Mademoiselle de Baude (Zade ?); le jeune marquis de Bade était en effet pensionnaire de Philippe-le-Beau et fréquentait sa cour. Fruengisnomo bellesudi. Monseigneur (sic) Duselle (D’Utzelle). M. de Duselle est compté parmi les chevaliers d'honneur de Marie de Bourgogne. Suppl. aux Troph.de Brab., 1, 45. Le seigneur de Dutselles est chambellan de Philippe-le- Beau, Zb., p. 46. Dsenrotem , Dseurotem. Etorues , Etornes, Hornes? Veugreuqilo. Liquerque (Liedzkerxe?) BRegiauase Izsifo Kudr Atnediserpa Zudz Umabarba. Sauvaige, fils du président de Brabant. 1l portait d’azur à trois têtes de licornes d’argent,. | Brucingisnomo sedz stepuopa. Monseigneur de Poupet. Guillaume de Poupet fut maitre d’hôtel de Marie de Bourgogne et commis des finances en 1449. Ces personnages tiennent encore aux cours d'amour qui s'en allaient mourant comme l’héroïsme chevaleresque et la vieille foi religieuse. Nous rassurerons M. Le Glay en lui annonçant que le MS. dont il parle à la page 78 de sa notice, se conserve lou- jours à la bibliothèque royale. C'est un bel in-fol. en par- chemin , contenant des hymnes latines et des chansons françaises. Il est orné d’encadrements Lout diaprés de mar- guerites allégoriques , el présente même le portrait de la princesse. J'en ai fail faire uu fac-simile fidèle pour le roi de Sardaigne. Après Marguerite il n'existait plus personne en Belgique qui pâl sauver les cours d'amour du ridicule. Aujour- d'hui il n’y a plus d'amour, il reste à peine des femmes, (348 ) mais nous avons le régime constitutionnel, les sociétés en commandite et les romans de Georges Sand. ARCIÉOLOGIE. Sur quelques inscriptions latines , suite (voyez le Bulletin précédent, p. 247), par M. Roulez, membre de l’aca- démie. 2. T. FLAVIO T. FIL. TRO AGRICOLAE DECVR. COL. SAL AEDILI, ÏI VIR. IVRE DIC. DEC. COL. AEQUI TATIS II VIR. QQ. DISP. MVNICIPI. RIDITAR PRAEF. ET PATRON. COLL FABR. OB. MERITA EIUS COLL FABR. EX. AERE CONLATO CVRATORI REIPVB. SPLONIS STARVM. TRIB, LEG. X, G. P. F. Cette inscription fait actuellement partie du musée la- pidaire de Padoue. Elle fut publiée d’abord, mais incorrec- tement, par Muratori (1) et ensuite par Morelli, d’après Le ‘ (1) Woo. Thesaur, Inscript,, p. 1116, 6. ( 349 ) lequel Orelli l'a reproduite dans sa collection (1). Ma copie se trouve exactement conforme au texle de ce dernier. Nous avons dans ce monument lapidaire, de même que dans celui du n° 1, des remerciments publics adressés par le collége des Fabri de Salone, à l'un de ses patrons et préfets. Titus Flavius Agricola (c’est le nom de ce per- sonnage) appartenait à Ja Gens flavia, qui a donné à Rome les empereurs Vespasien, Tilus et Domitien , et fai- sait partie de la tribu Tromentina. Outre ces fonctions qu’il devait à la confiance de particuliers , il occupa divers emplois publics non-seulement à Salone, mais encore dans d’autres localités, nommément dans la colonie d’_Æ- quitas, dans le municipe de Riditae, et dans la cité des Splonistes (le marbre porte SploniSStarum par erreur du graveur). De ces quatre villes, la première est bien connue; on croit, non sans raison, que la seconde est l'Æquum (Aïro5o) de Ptolémée (2) et de quelques autres inscriptions, aujourd’hui //an. Le nom de la troisième, que Morelli soupçonne être la même que l'endroit appelé Rider par le géographe de Ravenne (3), ne s’élait conservé que dans notre inseriplion ; il vient de se produire de nou- veau sur une pierre déterrée tout récemment à Danillo dans la vallée de Sibenico en Dalmatie. Le docteur Lanza, qui a communiqué cette inscription à l'institul archéolo- gique (4) fait remarquer qu’à l’endroit des fouilles on voit (1) Morelli, Operetie. Venezia, 1820, Il, p. 162. Je n’ai pas cet ou- vrage sous la main, je le cite d'après Orelli, /nscript. lat., etc., t. X, p. 139, no 502. (2) 6. , pag, 66, éd, Amstel., 1618. Cf, Muratori, loc, cit. (3) Z6,, V, 14. (4) Bulletino dell’ Instituto archeolog. Dicember 1839, pag. 179 : ( 350 }) des vestiges d'anciens murs, qui appartiennent peut-être à la cité en question. Quant à la quatrième ville men- tionnée sur notre marbre, si important sous le rapport géographique, elle ne nous est pas connue d’ailleurs. Nous remerquons que T. Flavius Agricola , fut à la fois membre de la curie dans deux colonies; cumul que per- mettaient les lois (1); et en outre qu'il exerça des magis- tratures dans plusieurs cités ; ce qui était également licite, pourvu que cet exercice ne fûl pas simultané (2). Édile et duumvir, à Salone, quinquennalis à Æquitas, il rem- plit à Riditæ les fonctions de dispensator. Je n'ose dé- cider si ce dernier titre désigne un emploi confié par l'empereur ou bien une charge municipale équivalente à la questure dans d’autres municipes; je pencherais assez pour cette dernière opinion. Au reste c’est ici le troisième exemple connu (3) d’un dispensator de condition et d’o- D. M. || @. RVTItIO || Q. Fr. mirrano [| nivim. Q. Q. [| Et {| Q. avrixio || Q. r. PROGVLO |] 1iV1R. Q. Q. || rizto || etvs || eancuer uv || acier m1 || miranva. Selon moi, il faut entendre ici par princeps le président de la curie, que lon appelait aussi préucipalis. (Savigny, Histoire du droit romuin au moyen äge, trad. de l’allem.,t.1,p. 68.) Je pense, en outre, qu'il con- vient d'étendre la même interprétation aux mots prènceps coloniæ des n°s 512 et 643 dans le recueil d'Orelli, ainsi qu’à ceux de prénceps ci- vitatis que nous trouvons dans deux inscriptions rapportées , l’une par Orelli, n° 3758, et l’autre par Gruter, 472, 4. (1) Le recueil d’Orelli nous fournit, sous le n° 3744, l’exemple plus remarquable encore d’un même individu , décurion dans quatre localités différentes. (2) Fr. 17,6 4, Dic., Ad municipalen (50.1) : Sed codem tempore non sunt honores in duabus civitatibus ab eodem gerendi. Les inscriptions en fournissent d’autres exemples, Orelli, 3805. 3885. 3952. (3) Voyez les deux autres dans Muratori, p.907, 8. et p. 910, 7. Cf, Orelli, vol, IL, p. 211 sq. (351) # rigine libre ( éngenuus ). Enfin dans la cité! des Splonistes , Flavius Agricola fut élevé à la charge de curator. |Ce nom, ainsi que ceux de quinquennalis el de, censor ‘ne sont que trois qualifications différentes d'une même magis- trature municipale, qui correspond à la censure à Rome, en y ajoutant quelques attributions du questeur. La pre- mière de ces dénominations est même la plus usitée, sur- tout dans les sources du droit (1). L'importance de la charge de curator élait telle que l’empereur se réserva souvent le droit d'y nommer (2), et que le jurisconsulte Ulpien écrivit un traité spécial pour en expliquer les at- tributions et les devoirs (3). Plusieurs savants entre autres Marini (4) et M. de Savigny (5) ont reconnu et démontré la nature de ces fonctions, et je m'explique à peine, par l'effet de quelle préoccupation, un anliquaire d’un aussi grand savoir que M. Dureau de la Malle, ait pu élever des doutes et avouer son ignorance à cet égard (6). Observons / (1) Fr. 6, Dic., De officio assessorum (1.22), Fr 3,6 4, Dic., Quod oi aut clam ( 43.24). Fr 3,(61et 3. Fr.9, (2, Dic., De administratione rerum ad civitatem pertinentium (50. 8). L. 20, Con. Tueonos., De de- curionibus (12. 1), avec le commentaire de Gothofredus, (2) Capitolinus, Vit. M. Aurel., C. XI: Curatores multis civitati- bus, quo latius senatorias tenderet dignitutes e senatu dedit. Marini (p. 781 de l’ouvrage cité ci-après) indique plusieurs inscriptions qui parlent de semblables nominations par l’empereur avant et après Marc- Aurèle. (3) Fr. 4, Dic , De decretis ab ordine faciendis (50.9) : Ulpianus Li- bro singulari de officio curatoris reipublicæ. Cf. fr. 5, Dic., De operib, publicis (50. 10) Fr. 1 et 15, Di, de pollicitationibus (50. 12). (4) Gli atti e monumenti de’ fratelli Arvali, t. , p. 780 sq., 786 sq. (5) Histoire du droit romain au moyen âge, t.X, p. 38 suiv. Cf. Walter, Roemische Rechtsgeschichte , kap. XXX , p. 307. * (6) Sur les inscriptions découvertes en décembre 1829 dans Les thermes (48921) : encore ; pour en finir avec cette inscription , que FI. Agri- cola avait servi en qualité de tribun militaire dans la dixième légion surnommée, gemina , pia , fidelis. = oo, FORTVNAE. SACRVN P. OPSIDIVS. P, F. RVEFVS III VIR TR. MIL. LEG. LIT. SCYTHICAE PRAEFECTVS. FABR Autre marbre du musée de Padoue, publié dans Gruter (92,9), où au lieu d'Opsidius que porte ma copie on lit Obsidius. La dénomination de quatuorvir s'applique à plusieurs espèces de magistrats, nommément aux édiles, aux fonctionnaires chargés spécialement de l'administra- tion de la justice et aux quinguennales. Mais quand elle est employée absolument , à laquelle de ces magistratures faut-il la rapporter? M. le comte Orti (1) qui a examiné cette question et à l’érudition duquel notre inscription n’a pas échappé, croit que dans ces cas il convient d’en- tendre les quatuorviri jure dicundo. Tout en reconnais- sant que celte opinion peut souvent être vraie, je ne voudrais pas l’adopter comme règle générale; je pense que de Tarquinies (Anar pezr Insrir. ARoNEOLOG. , vol. IV , p. 166 sv.). L'une d’elles parle d’un curateur de Cære ( curator Pyrgensium et Ceretano- rum); un autre curateur de la même ville est mentionné dans une in- scription rapportée par Gruter, 214, et par Orelli, 3787, et, chose remarquable, l’un des successeurs de celui-ci, peut-être même son suc- cesseur immédiat, est appelé duumuvir quinquennalis. (Voyez Gruter, 485, 6). (1) G. Orti di Manara, Di alcune antichita di Garda e di Bardolino, dell antica Arilicu ec, Verona, 1836, p. 18 suiv. À (353) lorsqu'on ne connaît pas la cité à laquelle l'inscription se rapporte, ni les magistratures qui y existaient, la saine critique commande de s'abstenir. La préfecture des Fabri, dont fut investi Obsidius Rufus ne doit pas se prendre pour une charge civile, mais pour un emploi militaire (1). Le placement de ce titre après,celui de tribun militaire semble justifier suffisamment l'interprétation que jadopte (2). APOLLINI SANCTO L. MINICIVS NATALIS COS. PROCOS AFRICAE AVGVR. LEG AVG. PROPR MOESIAE INFERIORIS Cette inscription est gravée sur un autel qui sert ac- tuellement de piédestal à une statue antique dans une antichambre du prince de Canino , à Musignano. Elle offre un intérêt particulier à cause de la mention du consul L. Minicius Natalis, dont les fastes consulaires ne donnent pas lé nom. L’épithète de Sanctus attribuée à Apollon, s'est déjà rencontrée dans d’autres inscriptions (3). a ———————————————— (1) Corn. Nepos, Attie., 12. Plin,, Æ. N., XXXVI, 6, 7. Cf. J. Lip- sius, Poliorcet., I, 6. (2) Voyez Urlichs, Bulletino dell Inst. arch., 1839, p. 66 sv. (3) Muratori, Voo, Thesaur. inscript., t, 1, p.23, 11 et 12. (354) Q. POENA APER. III. VIR AED. D. S. P. F. C. (1) Inscription qui se lit sur un cadran solaire existant dans le musée public des antiquités , à Volterra. 6. LICINIA P. F. MINOR MVNICIPES. CVM. CONIVGIBVS ET. LIBERIS, EX. AERE, CONLATO J'ai copié cette inscription , intéressante pour la con- naissance des mœurs antiques, d’après une pierre encas- trée dans un mur de la cour de M. Campanari à Toscanella. Elle nous apprend que non-seulement les pères de famille, habitants d’un municipe, mais encore leurs femmes et leurs enfants s'étaient colisés pour élever une statue ou pour faire une offrande quelconque à Licinia Minor, fille de Publius Licinius , soit comme un hommage à ses vertus personnelles, soit en reconnaissance des services que son père avait rendus à la cité (2). (1) Ve sua pecunia faciendum curavit. (2) Cette dernière supposition peut s’étayer d’une inscription dé- terrée à Gabies, en 1792, et placée aujourd’hui dans le portique du musée de la villa Borghèse à Rome : FL. T. FIL. VARIANE || 0B. MERITA || CRESCEN- TIS. AYGVSTOR. LIB, PATRIS EIVS || QUI OMNES HONORES || MYNICIRIT. N. DELATOS. IBI || SINCERA FIDE GESSIT || DEC. POPYLVSQ. (355 ) ATILIA. SEVERA SIBI ET L. SATTIO. CRETICO VIRO. SVO SEX. VIR MAG. AVG Inscription dans la cour du palais Buonarotti à Flo- rence, où nous avons un nouvel exemple à ajouter à ceux qui ont élé cités plus haut, touchant les Magistri auqus- tales. Puisque je me trouve ramené aux Æugustales je - rapporterai un fragment d’inscriplion découvert dans les dernières fouilles de Véies, et qui remonte au temps de Tibére , bien que le nom de cet empereur en ait disparu. Cette pièce curieuse nous donne les noms des Seviri au- gustales de la cité, et nous remarquons que tous les six sont des affranchis; circonstance qui apporte une entière confirmation à ce qui a été dit de la condition politique des membres de ce collége. Voici l'inscription reproduite d’après Nibby (1) : 8. à PONTIF mar. 0 07: "ete AU PRIBVNIEA poteshe si D CRE PAÏPRIUNE Q. NVMISIVS. Q. L. L. MESSIVS. L. L. THYRSVS SALVIVS M, NVMISIVS. 9. L C. VOLVSIVS. C, L ACASTYS BELLO L. POSTVMIVS, L. L Q. MARIVS. Q L EROS. MAIOR STABILIS SEVIRI AVGVSTALES (1) Analisi storico-topografico-antiquaria della carta de’ dintorni di Tom. vur. 26 ( 396 ) Un sarcophage du musée de la villa Borghèse à Rome, trouvé à Ostie, offre une représentation du plus grand in- térêt ; au milieu est un port de mer dans lequel sont trois vaisseaux et un canot; plusieurs dauphins se jouent sur la surface des ondes ; à gauche, au bord de l'eau, s'élève un édifice , ayant une espèce de balcon sur lequel deux per- sonnages se tiennent debout ; un troisième personnage sort d’une porle qui se trouve au-dessous, Du côté droit, on aperçoit un phare, qui, on peut en être presque cer- tain, représente l’image fidèle de celui qui existait à Ostie. Si mes informalions sont exactes , M. Braun doit publier ce monument encore inédit , et nous pouvons attendre de son érudition ingénieuse une explicalion satisfaisante du sujet que je viens de décrire. En attendant, je communique ici l'inscription qui se lit sur le bord du couvercle : HN D. A. EGRILI. CALLISTIONIS SEVIR, AVG. EIDE. Q, Q. M COMINIA, SECVNDINA. CONIVGI. INCOMPARABILI Je la lis ainsi : Domus wterna (1) Egrili Callistionis Roma , t. HI, p. 416. Rom. , 1837. In-8, Dans cet endroit et dans plu- . sieurs du même ouvrage, l’auteur avance que le collége des sevirt au- gustales, dans les municipes, correspond à celui des pontifes à Rome. C’est là évidemment une erreur : il est impossible que la direction des ffaires religieuses de la cité ait été confiée à des prêtres d’un ordre tout à fait secondaire, comme l’étaient les augustales. J'observerai à cette occasion, ce que j'ai négligé de faire en son lieu, que le conseil supé- rieur des auyustales ne se composait pas nécessairement de six per- sonnes, mais qu'il pouvait en comprendre un nombre plus ou moins grand. Ainsi des inscriptions mentionnent des octaviri augustales. (Orel- li,t. Il, p 205, Bulletino dell’ Instituto arch. , 1839 , p. 58 sqq.) Je re- marquerai encore qu’outre des magistri, il y avait aussi des præfecti augustales. (Voyez Marini, Atti de’ fratelli Arvali,t.X, p.251.) (1) J'ai cherché en vain ailleurs les abréviations D, A,; l’interpréta- ( 357 ) seviri auqustalis. eidem quinquennali municipii Co- minia Secundinà conjugi incomparabili. Voici donc un sevir augustalis parvenu à la dignité de quinqguennalis. La chose est toute simple; elle le serait moins à la vé- . rité si l’on voulait conclure de l'emploi du pronom idem qu'Egrilus Callislion a géré ces deux charges en même temps. Mais ce qui mérite surtout notre attention, c’est le titre de. municipe donné à Ostie, qui était une colonie ro- maine , et qui ailleurs (1) est toujours désignée comme telle, Je n'ignore pas que sous l'empire il s’opéra quelquefois un échange entre ces litres, mais c’est en sens contraire qu'il eut ordinairement lieu. L'existence à Ostie de la famille Cominia est attestée par d’autres monuments lapidaires. 40. (2) D. N. FLAVIO. VALE RIO SEVERO. NO BILISSIMO CAESARI ORDO ET POPYLVS VVLCENTIVM D. N. M. Q Elus (3). tion que j’en donne, je la fonde sur l'inscription suivante , rapportée par Muratori, p. 1128, 4, et par Orelli, 4525 : Domus œterna Caiæ Al- binæ , que vixit annos XV integros integra. Miseræ matris dolor œternus. (1) Je choisis pour exemple une inscription déterrée également à Ostie, et qui mérite d’être rapprochée de la nôtre; je l’emprunte à l’ou- vrage déjà cité de feu Nibby, Analisi, etc., t. IL, p. 453 : 1, LerID10. evrycno || sevrRo, AVG. 1DEM || QUINQ. 1N coLonta || ostrenst |] Er 1N mvnr- cip10 || ruscuzaNORUM || ET. QVINQ. PERPETVO. CORPOR || FABRVM NAVALLV_ || OSTIENSIVM || FORTVNATVS. LIB, ET. ALEXA. ACT, (2) Domino nostro. (3) Devoti numini majestatique ejus. ( 358 ) Inscription d'une pierre déposée dans le musée étrusque au Vatican , et provenant des fouilles de Vulci, localité de- venue célèbre, depuis quelques années, par les milliers de vases peints et par les autres antiquités qu’elle a fournis. L'an 473 avant J.-C. les Romains fondèrent la colonie de Cosa, qu'ils peuplérent d'habitants de Vulci ou Folsi- nium (1), comme on l’appelait alors. Depuis cette époque le nom de ce peuple disparaît de l'histoire, et l’on avait conclu de cette circonstance que les colons de Cosa en formaient les restes (2); notre inscription vient nous ré- véler qu'au commencement du quatrième siécle de l'ère vulgaire, Volsiniwm exislait encore comme municipe. En effet , le Flavius Valerius Severus, dont elle fait men- tion , est le même qui, après l’abdication de Dioclétien et de Maximien , fut élevé au rang de César par Galerius (3). HISTOIRE NATIONALE. Sur les Mémoires historiques et politiques du chef et résident de Nény, par M. Gachard, correspondant de E Ys P ) P l'académie. Il n’est pas d'ouvrage relatif à l’histoire de la Belgique, qui ait obtenu plus de succès que les Mémoires du chef (1) Plin., Æ. N,, LUI, 8. Cf. Hopfensack, Sfaatsrecht der Untertha- nen der Roemer, p.157. (2) Voyez Ed. Gerhard, Rapporto Volcente dans les Annali dell Insti- tut. archeol., vol IET, p. 104 et 212 (979). (8) Eutrop., X, 1 et 2. Cf. Manso, Leben Constantins des Grossen, p.16. ( 359 ) et président de Nény : réimprimé plusieurs fois, traduit en différentes langues, ce livre conserve encore aujourd’hui la vogue qu'il eut à son apparition, il y aura bientôt soixante aus; il n’a pas cessé de faire autorité dans les matières qui y sont trailées, el il est toujours la source où vont puiser de préférence les écrivains qui s'occupent de l'ancienne constitution de notre pays, et des événements dont il fut le théâtre dans les deux derniers siècles. La parlie politique des Mémoires est surtout celle qui leur a acquis la réputation méritée dont ils jouissent ; en effet, sans les notions qu’elle contient, nous nous serions trouvés, — à la suite du bouleversement social qui mar- qua la fin du dernier siècle, et dont la violence fut telle qu'elle effaça un moment jusqu'au souvenir du passé, — dans une ignorance presque complète de nos anciennes institutions nationales, ou il eût fallu péniblement en rechercher les traces dansles archives. Cette partie du livre ne fut pourtant pas celle qui coûta le plus de travail à son auteur; rien ne lui était aussi aisé , dans sa position, que d'en réunir les éléments; il avait d’ailleurs sous les veux les mémoires rédigés sur la même matière par le chef et président Hovine et par le comte de Wynants, conseiller du conseil suprême des Pays-Bas à Vienne. Pour la partie diplomatique, où sont exposés les sujets de contestations avec les puissances étrangères, il put aussi s’aider d’une foule de rapports et de noles que les archives renfer- maient. Mais la partie historique fut l'ouvrage propre de M. de Nény, et l’on doit convenir qu’elle offre un résumé substantiel de notre histoire depuis la réunion des dix-sept provinces jusqu’au règne de Marie-Thérèse : elle est écrite d’un style clair et précis ; elle décèle dans son auteur des connaissances qui font vivement regrelter qu'il n'ait pas entrepris un (ravail plus étendu sur ce sujet. ( 360 ) Les Mémoires de Nény n'étaient pas destinés à voir le jour; le secret avait même été expressément recommandé à leur auteur, ainsi qu'aux personnes auxquelles il en avait été donné communication. Voici, d’après des documents ofhciels (1), dans quelles circonstances et pour quel objet ils furent composés. On sait que Marie-Thérèse s'occupait avec une tendre sollicitude de l'éducation de ses enfants : son fils aîné, l'archiduc Joseph, était surtout l’objet de ses soins assidus ; elle ne négligeait rien pour inculquer dans le cœur du jeune prince ses principes d'équilé, de douceur et de sagesse; dans celle vue, elle voulut qu’il apprît de bonne heure à connaître les lois, les usages, le génie, les besoins, les ressources des divers états qu'il serait appelé à gouver- ner un jour. Le comte, depüis prince de Kaunitz, chancelier de cour et d’état de Marie-Thérèse, se montra jaloux de secon- der les nobles intentions de sa souveraine. Outre la direc- tion des relations extérieures de toute la monarchie, ce principal ministre avait dans son département, depuis 1757, les affaires de la Lombardie et celles des Pays-Bas. 11 chargea le ministère de Bruxelles de faire rédiger trois mémoires pour l'instruction de l’archiduc : Le premier, sur l’état ecclésiastique des Pays-Bas ; Le deuxième, sur leur état politique ; Et le dernier, sur leur état économique. ( Le chancelier prenait le soin d'expliquer les matières qui devaient être traitées dans chacun de ces mémoires. « Sous le titre général du premier mémoire, disait-il, (1) Ces documents reposent aux archives du royaume. » ( 361 ) j'entends l’état de la religion dominante; les prérogatives de l’église belgique ; le clergé considéré comme un corps indépendant de la puissance laïque ; les droits et les prérogatives attachés à cet état, contestés ou avoués. » Je comprends, sous le second mémoire, la conslitu- tion externe et interne de ces provinces; l’externe con- sidérée sous les rapports qu'elles ont avec les princes voisins, leurs prétentions, leurs contestations: le tout , à déterminer parles traités. La constitution interne est fon- dée sur les lois fondamentales du pays; le gouvernement général, son organisation; la législation, les priviléges des États et villes, l'administration de la police et jus- tice. j » Enfin, dans le troisième mémoire, il s'agira de dé- velopper l'administration mécanique et politique des finances, d'expliquer la nature, l’origine, les accroisse- mens et décroissemens des subsides ; l’état des domai- nes ; la régie des droits d'entrée et de sortie; la partie de la comptabilité, les règles qu'observe la chambre des comptes; le commerce, ses aliments domestiques et étrangers, je veux dire les productions naturelles du pays, ses manufactures et fabriques , et la consomma- tion des denrées qu’on tire de l'étranger. » Le comte de Kaunitz désignait, comme les hommes les plus capabies de rédiger les mémoires qu’il demandait, le conseiller privé de Wavrans, pour la partie ecclésias- tique; le chef et président de Nény, pour la partie peli- tique, et le baron de Cazier , président de la chambre des comptes, depuis trésorier général des finances, pour la partie économique (1). (1) Lettre au comte de Cobenzl, du 17 novembre 1758. ( 362 ) M. de Nény mit immédiatement la main à l'œuvre. Dès ke commencement de 1760 , il avait fait parvenir à Vienne toute la partie de l’état politique externe des Pays-Bas, qui comprend les quinze premiers chapitres de ses Mémoires (1): dans le courant de la même année, il acheva entièrement son ouvrage (2). Les rapports du prince de Kaunitz à l'im- péralrice nous révèlent une particularilé assez curieuse : c'est que ce ministre lui-même fit rédiger sous ses yeux l'art. 6 du chap. IL, intitulé: Changement de l’ancien système , par l’ulliance entre l’impératrice et la France, du 1° mai 1756, et l’art. 1°° du chap. II, où il est traité des avantages de cette alliance (3). Certes, nul mieux que l'homme d'état qui avait été l'artisan de cette grande révo- lution politique , n'était capable d'en exposer les causes, el d’en faire ressortir les conséquences. M. Gocthals, dans ses Lectures relatives à l’histoire des sciences , des arts, des lettres, des mœurs et de la poli- tique en Belgique (4), assure que le comte de Gobenzl se montra peu ‘satisfait des Mémoires de Nény, et il cite une lettre fort intéressante que le chef et président écrivit au ministre plénipotentiaire à ce sujet. Il paraît qu’on repro- chait à l’auteur des Mémoires d’y avoir fait entrer trop d’es- prit républicain, de n’y avoir pas assez bien développé, nt avec l’impartialité convenable, les causes de la révolution du XVE siécle, enfin d'y laisser à désirer plus de senti- ments délicats d’un sujel qui aimerail autant son souverain. (1) Rapport du prince de Raunitz à Marie-Thérèse, du 24 térriee 1760: (2) Rapport du même, du 20 décembre 1760. (3) Rapport du 17 mars 1760. (4) Tom, LV, p. 274-276. ( 363 ) qu'il chérirait sa patrie; reproche dont il se disculpe vie- torieusement. Je n'ai rien trouvé qui ait trait à celte diseussion, ni dans les rapports du prince de Kaunitz à Marie-Thérèse, nt dans les correspondances du comte de Cobenzl avec Nény, qui sont aux archives : cette dernière collection contient seulement quelques billets par lesquels Nény envoyait au ministre les cahiers de son ouvrage, à mesure qu'il les achevait (1). On ne peut s'empêcher de reconnaître , après avoir lu les Mémoires historiques et politiques , que M. de Nény y fit preuve d’une entière indépendance, d’un amour sincère de la vérité et de la justice, et ce n’est pas la le moindre mérite de son livre. Quelle plus belle maxime que celle-ci, ex- traite de l’article 1° du chap. XXI relatif à la législation : « Comme il est de la gloire d’un prince de ne rien établir » qui ne mérite de durer toujours, la prudence exige qu’il » consulle bien avant que d’ordonner, qu'il écoute pour » être obéi sans représentation, et qu’il donne une autorité » solide à ses ordonnances, par sa sagesse el sa justice ? » Et qu'ajouter à ce passage de l’article 17 du même chapitre, consacré aux jugements par commissions : «Rien n’est plus » cher aux peuples d’un état civilisé, que d’être jugés par » leurs juges naturels, chargés de ladministralion ordi- » maire de la justice, et rien n’est plus digne d’un bon » prince, que de maintenir cette parlie de l’ordre public. (1) On lit, dansun de ces billets, daté du 1 mars 1760 : « Commeje nesuis » pas absolument au fait des différents changements arrivés dans la Flan- » dre, depuis l’an 1754, oserais-je supplier votre excellence de jeter les » yeux sur le croquis, ci-joint, d’un article qui doit entrer dans mon « ouvrage, et d’y faire les changements qu’elle jugera convenables ? » ( 364 ) » Ses attentions sur cet objet sont toujours le moyen le » plus efficace de mettre les petits à couvert de la violence » des grands, et de les garantir contre les effets dangereux » de la passion ou du caprice ? » Il sera permis de le dire et de s’en enorgueillir, puisqu'il s’agit de l'ouvrage d’un Belge : D'Aguesseau ni l’Hopital ne fit jamais entendre de plus nobles paroles. Au surplus, tout le monde , même parmi les courtisans et les hommes du pouvoir, ne partageait pas, sur l'ouvrage de M. de Nény, le sentiment du comte de Cobenzl. Le con- seiller aulique de Weiss, secrétaire intime du prince Charles de Lorraine, écrivait au chef et président , le 5 septembre 1759: « J'ai lu avec un plaisir indicible les cahiers que »' vous m'avez fait la grâce de me communiquer de la par- » tie historique de l'ouvrage dont la cour vous a chargé. » Cet ouvrage est bien le vôtre, monsieur; il ne serait » guère possible de s’y tromper. Mais c’est là aussi Lout ce » que je me crois permis d'en dire ; on risquerail d'en af- » faiblir le mérite, en en disant davantage : Nec enim » historia solum est, sed velut hortus et seminarium » præceptorum. Vous savez que ce fut là l'éloge que fit » Juste-Lipse des annales de Tacile; agréez-en, s’il vous » plaît, l’application que j'en fais à votre histoire poli- » tique des Pays-Bas : elle est également digne de son » auteur et du prince royal, auquel on la destine (1). » Un assez grand nombre de copies des Mémoires histori- ques et politiques s'étaient répandues dans le public, avant qu'ils fussent livrés à l'impression; une lettre de M. de Nény au secrétaire d'état, Henri de Crumpipen, nous apprend qu'il (1) Archives du Royaume. te. te se ( 365 ) était entièrement étranger à ce fait ; voici comment il s’y exprime : «J'ignore, monsieur, si notre cour attache tou- » jours du secret à l'ouvrage que je fis, il y a vingt-deux ou » viugt-trois ans, par lesordres de feue S.M., pour l'instruc- » tion de notre auguste maître actuel; mais.je trouve, dans » le catalogue des livres de feu S. A. R. {le prince Charles »: de Lorraine), pag. 241 , n° 2080, un livre intitulé : Mé- » moire sur l’état politique du Pays-Bas et la consti- »! tution tant externe qu’interne des provinces , MS. de » 435 feuilles in-fol°. C'est probablement mon ouvrage, » dont je n’ai d'ailleurs gardé que la minute, sans copie. »: Je sais qu'il en a été répandu beaucoup dans le public, » maïs ce n'est pas de moi que ces copies viennent. » Cette lettre est du 2 juillet 1781 (1). La première édition des Mémoires de Nény parut en 1784, quelques mois après sa mort; elle est in-8°, et porte le:titre de Neufehâtel. La même année, il s’en fit une seconde éditionà Bruxelles, en deux volumes in-8°. Une troisième édition, aussi en deux volumes in-8, fut mise au jour l’année suivante dans la même ville. Enfin, le libraire Lefrancq, à Bruxelles, en publia, en 1786, une quatrième édition, en deux volumes in-12. L'ouvrage fut traduit en allemand et en flamand (2). Avant de terminer, je dirai quelques mots touchant les mémoires que la cour de Vienne avait demandés sur l'état ecclésiastique et sur l'état économique des Pays- Bas. (1) Archives du Royaume, (2) Lectures relatives à l'histoire des sciences, etc., par M. Goethals, tom, IV, pag. 288-289, ( 366 ) Le conseiller privé de Wavrans, auquel avait été confiée la rédaction du premier, ne tarda pas à en soumettre le plan au ministre plénipotentiaire, par chapitres et par articles. Le préambule en était ainsi conçu : «Pour renfermer dans ce mémoire ce qu’il ÿ ad’important sur la matière , on se propose de le diviser en trois parties : » De donner, dans la première, un précis historique de l'établissement du christianisme dans ce pays, et de tout ce qui s’y est passé jusqu’aujourd'hui d'intéressant relati- vement à la religion catholique, la seule dont l’exercice public a lieu dans les provinces belgiques de S. M. ; » De passer, dans la seconde partie, à une description de l'élat ecclésiastique des mêmes provinces, et de chaque diocèse en particulier, à l’'énumération des églises métro- poles, cathédrales et collégiales, ainsi que des maisons qui composent le clergé régulier, et de faire connaître de suite la juridiction et l'immunité ecclésiastiques, la source d’où elles sont émanées, de constater leur étendue et leurs bornes en suite des concordats, des ordonnances de nos souverains et des usages du pays, el finalement les préroga- tives du clergé belgique; » De traiter particulièrement , dans la troisième partie, de l'indépendance de la puissance souveraine ; de l'autorité du souverain en matière de religion ; de son droit et de ses obligations, comme protecteur de la religion et des canons reçus dans son état, de veiller à leur exécution ; de la légitimité du recours au souverain contre l'oppression des supérieurs ecclésiastiques ; de l'insuffisance de la promul- galion faile à Rome des bulles du pape, el de la nécessité du placel ou du visa du souverain sur toutes espèces de bulles, provisions, etc., de la cour de Rome, avant qu’elles puissent être publiées ou exécutées dans ces pays; de ( 367 ) l'autorité souveraine sur le temporel des bénéfices ; de la régale ; du droit de patronage; des indulis; de la nomina- tion aux évêchés; de la nomination aux abbayes; des oblats ou pains d’abbaye à l’inauguralion du souverain ; des pensions, etc. » Soit que le comte de Cobenzl ne jugeât pas le con- seiller de Wavrans assez versé dans ces malières, soit qu'il craignît que ce membre du gouvernement manquât du loisir nécessaire pour les traiter, il crut devoir réclamer encore, pour le même ouvrage, le concours d'une autre personne, et ce fut sur le conseiller ecclésiastique au grand conseil et doyen de la collégiale de Lierre, Brenart (1), qu'il jeta les yeux. Brenart jouissait d’une grande réputation de savoir, et Cobenzl l’honorait d’une bienveillance particulière: il était donc permis au ministre de compter sur son empressement et son zèle à répondre aux intentions de Ja cour impériale. Cet ecclésiastique, en effet, se montra flatté de la con- fiance qu'on plaçait en lui. Nous avons aux archives le canevas qu'il forma immédiatement pour le travail qu’on désirait qu'il entreprit; il est très-détaillé. Le conseiller Brenart divisait son sujet en neuf paragraphes, auxquels il donnait les titres suivants : GE Religion dominante aux Pays-Bas. SIL. De l'église belgique. S HU Gouvernement de l’église belgique. (1) Félix-Guillaume-Antoine Brenart fut nommé doyen de l’église collégiale de St.-Gomar, à Lierre, par Marie-Thérèse, le 16 janvier 1751, et conseiller ecclésiastique au grand conseil de Malines par le gouver- nement des Pays-Bas, le 26 janvier 1758 L'impératrice, à la recomman- dation du comte de Cobenzl, permit qu'il cumulât les deux charges. ( 368 ) N IV. Du clergé en général. $S V. Du clergé séculier. $ VE Du clergé réguler. S VII Prérogatives du clergé. 6 VIII. De la. juridiction ecclésiastique. S IX. Des biens de l’église. On voit, dans un rapport du prince de Kaunitz à Marie- Thérèse, en date du 31 octobre 1768, qu’à cette époque le chancelier n'avait rien reçu encore des travaux confiés aux conseillers Wavrans et Brenart : « Malgré que je les ai » » fait presser bien des fois, dit-il à l'impératrice, ni l'un ni l'autre n’a jamais satisfait à ce qu’ils avaient promis, et ilserait assez inutile d'attendre plus longtemps d’eux un ouvrage qui paraît au-dessus de leur portée. Il serait néanmoins d'une très-grande ulilité, dans ce moment-ci, où il s’agit de rétablir, aux Pays-Bas comme ailleurs, surun pied solide, les droits de la puissance temporelle circa sacra ; d'avoir sous les yeux un ouvrage où tout ce qui a trait aux Pays-Bas à cette matière fût exposé dans son vrai jour, et il n’y a assurément aux Pays-Bas personne que le comte de Nény, qui ait les talents, les lumières, les connaissances et le goût du travail qu'il faut pour composer un pareil ouvrage dans les vrais et grands principes. Je l'en ai donc chargé... » Remarquons, en passant, que le choix de M. de Nény n'annonçait pas, dans le premier ministre de Marie-Thérèse, des dispositions bien favorables aù clergé, car c'était au chef et président que s’appliquaient ces paroles consignées dans un rapport qu'il adressait à l'impératrice, en 1758, sur Ja situation des provinces belgiques : « J'ai observé, en » » différentes occasions, qu'il est des gens aux Pays-Bas qui n’affectionnent pas le clergé, et qui, sous prétexte de ( 369 ) » réformer des abus, ne se soucieraient peut-être pas de » porter le trouble dans l’église belgique... (1) » Mais, en 1768, Kaunitz avait bien changé de manière de voir: c’est dans le cours de celle année, qu'il faisait adopter par l'impératrice ces fameux principes destinés à servir de règle aux tribunaux et magistrats de ses pays héréditaires dans les matières ecclésiastiques (2). Il y a aux Archives quelques fragments qui paraissent ayoir été rédigés par M. de Nény, pour l'ouvrage dont il ve- nait d'être chargé en dernier lieu ; mais je doute: qu'il ait Jamais achevé cet ouvrage : la multiplicité des occupations que lui donnait sa place, la grande confiance que la cour de Vienne, aussi bien que le ministère impérial à Bruxelles, plaçait dans ses lumières, et qui faisait qu’on le consultait sur toutes les questions importantes ou épineuses, enfin les négociations des deux traités des limites avecla France, qu'il eut à diriger, lui laissaient peù de moments à consa- crer à d'autres travaux. » Le conseiller Brenart n’avail pas, comme le supposait le prince de Kaunilz, renoncé à accomplir la tâche qu'il avait consenti à entreprendre; mais il y mit de la lenteur, et peut-être ainsi ne compril-il pas bien ce qu'on désirait de lui. Dans le temps même où le chancelier de cour et d'état présentait à Marie-Thérèse le rapport dont j'ai donné un extrait, cet ecclésiastique terminait la première partie de son mémoire : nous en ayons aux Archives le manuscrit original; il forme un magnifique volume in-folio doré sur tranche , orné d’un frontispice et de vignettes dessinés par (1) Voy. mes Analectes Belgiques, p. 459. (2) Zbid., p. 463. 5 ( 370 ) G. Herreyns ;il est offert à Marie-Thérèse , à qui cet exem- plaire même élail destiné, par une dédicace revêtue de la signature de l’auteur , el datée de Malines le 31 décembre 1768. Il porte pour titre : Mémoire sur l'état de l’église belgique, ses droits et ses prérogatives, tome I®. Cette premiére partie, où l’auteur traite de l’état de l'église belgique depuis son origine jusqu’à la mort de Charlemagne , ne remplit pas moins de 822 pages de texte; on peut juger par là de l'étendue qu’aurait eue l'ouvrage entier. D'après une note placée dans le volume, le tome II devait retracer l’étal de l'église belgique depuis Charle- magne jusqu’au temps de l'association de l’empereur Jo- seph IT à la co-régence des états de l’impératrice, sa mère, et la troisième et dernière partie aurait traité des droits et des prérogatives de la même église. Dans une introduc- tion, Brenart explique, en ces termes, ce qu’il a entendu par l’église belgique : « Quoique l’église dont j'ai à parler, » dit-il, soit qualifiée d'église belgique , il ne faut pas » s'imaginer qu'il s’y agisse de l’église belgique entière, » telle qu’elle se comprend d’un côté entre la Moselle, le » Rhin et l'Océan, et de l’autre entre la Marne, la Seine » et la mer de Frise : le but ne s’en étend pas au delà des » provinces belgiques qui apparliennent à la domination » de l’auguste maison que j'ai l'honneur de servir, ou qui » yont appartenu autrefois, lesquelles, sans ÿ comprendre » la ville de Cambray et son territoire, sont au nombre de » dix-sept, el composent ce que l'étranger appelait au » XVI siècle les Pays-Bas espagnols : de sorte que le des- » sein que J'ai de suivre se réduit proprement à la consi- » dération de l'église belgique, circonscrite aux bornes » desdites provinces, entre lesquelles il est cependant » nécessaire de remarquer qu’il y en a quelques-unes, sa- (371) » voir : celles situées entre le Rhin et les bords de l'Ems, » qui n’appartiennent à la Belgique que par manière d’ac- » cession, et qui composent néanmoins, avec les autres, de » même qu'avec le pays de Cleves, de Liége et quelques » autres lerres princières qui y sont enclavées, la lotalité » de la contrée qui a reçu le nom de Pays-Bas. » J'ai fait connaître le plan que forma le conseiller de Wavrans, et qui fut envoyé à Vienne; c’est le seul docu- ment que j'aie rencontré, dans les archives, sur le mémoire dont on lui avait confié la rédaction. Je n’ai pu , malgré toutes mes recherches , parvenir à en trouver davantage sur le travail demandé au baron De Ca- zier ; je suis persuadé cependant que ce dernier satisfit à tout ce qu’on s’élait promis de lui, et ce qui m’autorise à émettre cette opinion , ce sont les témoignages sans nombre de son activité, de sa capacité et de son intelligence, que les archives renferment; ce sont surlout ses rapports an- uuels sur les finances (1), adressés au prince Charles de Lorraine dans les années 1761 à 1780 : l'administration de la Belgique, qui sous le règne de Marie-Thérèse compta tant d'hommes distingués dans son sein, n’eut certaine- ment pas de membre plus habile que M. De Cazier. On doit d'autant plus regretter qu’il ne soit pas resté de traces de son ouvrage, au moins dans les dépôts publics ; peut-être des recherches dans les papiers de sa famille en feraient- elles découvrir le manuscrit. D'après le plan envoyé à Vienne , M. De Cazier se propo- sait de diviser en cinq parties le mémoire sur l’état écono- (1) 11 fut nommé trésorier général des finances, par lettres-patentes de Marie-Thérèse, données à Vienne le 13 juillet 1759. Tom. vu. 27 (372) mique des Pays-Bas : la première partie aurait eu pour objet l'administration politique et supérieure des finances ; dans la deuxième, il aurait traité des domaines ; dans la troi- sième, des droits d'entrée et de sorlie ; dans la quatrième, des aides et subsides; dans la dernière, des monnaies. Une dissertation préliminaire sur les finances aurait servi d’in- troduction à l'ouvrage. M. le baron de Stassart, directeur sortant , communique à l'académie le rapport annuel qu’il vient d'adresser à M. le ministre des travaux publics , sur les travaux de l’a- cadémie , pendant l’année 1839—1840 (1). L’académie s’est ensuite constituée en comité secret , et a procédé à différentes élections. Elle a d'abord nommé dans la classe des leltres, aux places devenues vacantes par la mort de MM. Raoux, Van Heusde et Belpaire: MM. Nothomb ; Vandeweyer ; Moke. Ces trois nominations seront communiquées à M. le ministre des travaux publics, avec prière de les soumettre à l'agrément du Roi, conformément à l’article 6 du rè- glement. L'académie a encore nommé, dans la classe des lettres, M. le professeur Mohne , comme correspondant étranger : MM. Dewitte et Dehaut , comme correspondants régni- coles. Les différentes commissions de l'académie ont été con- servées, pour 1840, telles qu’elles étaient en 1839. (1) Voir plus loin, pag. 377. ( 373 ) La séance a été terminée par l'élection du vice-directeur, et M. le baron de Stassart a élé réélu pour 1841. M. de Gerlache, directeur pour 1840, est ensuite entré en fonctions et a fixé l’époque de la prochaine séance au samedi 6 juin. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Compte de l’administration de la justice civile en Bel- gique pendant les années judiciaires 1836-37 à 1838-39. Présenté au Roi par le Ministre de la justice. Bruxelles chez Deltombe, 1840. 1 vol. in-4°. . Statistique de la France, publiée par le Ministre de l'agriculture et du commerce. AGRIGULTURE. (Les 6 pre- mières feuilles contenant le Rapport au Roi et la Table des matières). Paris, 1840. 6 feuilles in-4°. De la part de M. Moreau de Jonnés. Memorie della reale accademia delle scienze di Torino. Serie seconda, tomo I. Torino , 1839. 1 vol. in-4°. Transactions of the geological society of London. Se- cond series. Volume V. Part the second. London, 1840. 1 vol. in-4°. Third geological report to the twenty-first general as- sembly of the state of Tennessee, made oct. 1835. By G. Troost. Nashville, 1835, broch. in-8°. | Fourth geological report to the twenty-second general assembly of the state of Tennessee, made oct. 1837. By G. Troost. Nashville, 1837, broch. , in-8. ( 374 ) Mécanique céleste. By the Marquis de la Place. Trans- lated, with a commentary, by Nathaniel Bowditch. Vol. IV. With a memoir of the translator, by his son, Nathaniel Ingersoll Bowditch. Boston 1839, 1 gros vol. in-4°. De la part de la famille du traducteur. Fisica de’ corpi ponderabili ossia trattato della cos- tituzione generale de’ corpi del Cavaliere Amedeo Avoga- dro. Tomo IL. Torino, 1838. 1 gros vol. in-8°. P. Hofmanni Peerlkamp liber de vita doctrina et fa- cultate Nederlandorum qui carmina latina composue- runt. Editio altera emendata et aucta. Harlemi, 1838. 1 vol. in-8°. Six mois de séjour en Angleterre, pendant l'année 1836, par Sirus Pirondi. Marseille, 1839. 1 vol. in-8°. . Recueil de mémoires et d’observatiohs de physique, de météorologie, d'agriculture et d'histoire naturelle, par le baron L.-A. d'Hombres-Firmas. Nismes, 1838. 1 vol. in-8°. Description de la collection d'antiquités de M. le vi- comte Beugnot, par J. De Witte. Paris, 1840. 1 vol. in-&. Constitution belge expliquée et interprétée par les dis- cussions du pouvoir législatif, elc., par J.-B. Bivort. Bruxelles, chez Deprez-Parant, 1840. 1 vol. in-&e. Géographie de la Belgique , par J.-B. Bivortet A. Win- kell.'Mons, chez Manceaux-Hoyois , 1838. 1 vol. in-12. Répertoire administratif du Hainaut, par J. B. Bivort et précédé d’une introduction par Ch. Delecourt. Mons, chez Leroux, 1839. 1 vol. in-8°. Vues d'amélioration de l'instruction primaire dans le Hainaut, présentées au conseil provincial dans sa ses- sion de 1839, par J.-B. Bivort. Mons, chez Monjot. 1 feuille in-4°. Monographie des libellulidées d'Europe, par Edm. De ( 375 ) Selys-Longchamps, Bruxelles, chez Ch. Muquardt, 1840. 1 vol. in-&, Recherches microscopiques et expérimentales sur le ramollissement du cerveau; par le prof. Glage. Broch. in-8°, Sur la question de l’origine de notre numération vul- gaire , et particulièrement sur la signification du pas- sage de Boece. ( Extrait des Comptes rendus des séances de lacad. des sciences , 1839.) Brochure in-4°. De la part de M. Chasles. Histoire d’une héméralopie héréditaire depuis deux siècles dans une famille de la commune de Vendémian , pres Montpellier; par M. Florent Cunier. Gand, chez F. et E. Gyselynck, broch. in-8. Annales d’oculistique, publiées par Florent Cunier, 2e année. Tome II. Bruxelles, chez Tircher, 1839. 1 vol. in-8°, * Société royale d’horticulture de Liége. Salon d'hiver. 22e exposilion, les 15, 16 et 17 mars, 1840. Liége, chez N. Redouté, broch. in-&. Annuaire de la société philotechnique. Tome premier, année 1840. Paris, 1 vol. in-18. Compte-rendu des séances de la commission royale d'histoire, ou recueil de ses bulletins. Tome LIL, 4% bulle- tin, Bruxelles , chez M. Hayez, 1840, broch. in-8e. Messager des sciencès historiques de Belyique. An- née 1840. 1°’ liv. Gand , chez L. HebbelynckK, broch, in-8°, Journal historique et littéraire. Tome VIL Livre 1. Mai 1840. Liége, chez P. Kersten, broch. in-&. Journal de la société de la morale chrétienne. Tom. XVIL. No 3. Mars 1840. Paris, broch. in-&, Comptes rendus des séances de l'académie des scien- ces de Paris. 1° sem. 1840, N°5 11 à 16. — Tables du ( 376 ) tome IX. 2Me semestre de 1839. Paris, 7 broch. in-4°. Annales de la société de médecine d'Anvers. An- née 1840. 3 et 4° livr. Broch. in-8°. Miscellanées par M' Cornelissen. Tome IV. Esthéti- que, etc. 1 vol. in-8°. Gand. Collection d’opuscules philosophiques et littéraires, publiées en Belgique depuis 1815. Contenant : 1° Dis- cours sur l'histoire de la philosophie, par Sylvain Van de Weyer, 1827; 2° De lu direction actuellement nécessaire aux études philosophiques , par le baron De Reiffenberg, 1828 ; 3° De la philosophie en Belgique, par Victor Cou- sin, 1830. Précédés d’un avant-proposde l'éditeur M° A. Ba- ron. Bruxelles, chez A. Wahlen et Ce, 1840. 1 vol. in-18. - Noch einige Worte über den Pefruchtungsakt und die Polyembryonie bei den Hôüheren Pflanzen von F. J. F. Meyen. Berlin, 1840, broch. in-8&. Zum Andenken an Joh. Friedrich Blumenbach von K. F. H. Marx. Güttingen, 1840, broch. in-4°. De la part de la société royale des sciences de Gütllingue. Commentatio de usu experientiarum metallurgica- rum ad disquisitiones geologicas adiuvandas auctore Jo. Frid. Lud. Hausmann. Gottingæ , 1838, broch. in-4°. Notice des anciennes monnoies des comtes de Flan- dres, ducs de Brabant et comtes de Hainaut, faisant partie de la collection des médailles, etc., de l'université de Gand. 1839. Par F. Den Duyts, broch. grand in-8° avec planches. Over de ambachtsgilden of neringen te Gent, door Jonkheer Ph5. Blommaert, Gent, by F. en E. Gyselynck, 1840 , broch. in-8e, Faits et vues détachées , etc. Par J. B. Van Mons. Feuil- les 29 à 31 et le Litre du tome 1°, (377) RAPPORT A monsieur leministre des travaux publics , des scien- ces et des arts, sur les travaux de l’ucadémie des sciences et belles-lettres de Bruxelles, pendant l'an- née 1839—1840. Monsieur LE MinISTRE , Pour qu’un pays conserve son indépendance, il fautnéces- sairement qu'il s’en montre digne; la prospérité matérielle ne lui suffit point; il doit y joindre non-seulement l'amour de la vertu, condition indispensable de toute société con- stituée, mais encore la culture des lettres, des sciences et des arts : la vie intellectuelle est en quelque sorte le ther- momètre de la civilisation. La Belgique se pénètre chaque jour davantage de cette vérité : deux cent quatre vingt-dix ouvrages indigènes sont sortis des presses belges pendant l'année 1839 , et dans ce nombre figurent quarante sept volumes ou brochures sur notre histoire , ce qui prouve le haut prix qu’on attache à rappeler nos anciens souvenirs, nos anciens titres de gloire. Cette chaîne morale qui réunit les temps passés au siècle actuel, et qui forme, pour ainsi dire, de toutes les générations un ensemble compacte, peut être considérée comme une des meilleures garanties d'avenir et de nationalité. Toutefois il importe que l'élan soit dirigé d’une façon convenable ; il est essentiel de ne pas éparpiller ses ressources. Que nos jeunes gens le sa- chent bien , le renom ne s’acquiert que par des travaux ( 378 ) sérieux. Des productions éphémères ne sont point des richesses réelles. Je voudrais, el je l'ai dit ailleurs, mais j'aime à le répéter au Ministre qui saura me comprendre, je voudrais qu’au lieu de ces insignifiantes faveurs arra- chées souvent par l’importunité et que le vrai talent répu- gne à solliciter, on inslituât des prix décennaux ou du moins quinquennaux ; leur distribution solennelle exercerait sur les esprits la plus heureuse influence ; elle contribue- rait à placer plus haut, dans l'estime publique, les littéra- teurs, les savants et les artisles, parce qu’elle prouverait d’une manière éclatante combien le gouvernement appré- cie ces hommes d'élite qui se sont généreusement voués au culte des muses. Si l'exécution d’un pareil projet présente des difficultés, ces difficultés ne sont pas insurmontables. Quoi qu'il en soit, Monsieur le Ministre ; l’académie s’esti- mera toujours heureuse de seronder vos vues patrioliques. Fidéle à sa mission , elle continuera d'encourager tous les efforts qui lendront à nous classer parmi les nations les plus avancées dans la route du progrès ; j'entends parler ici de ce progrès véritable qui repose, non sur des ab- straclions fantastiques, mais sur des bases solides et que l'expérience ne désavoue point. | Le quatorzième volume des Nouveaux Mémoires de l’Académie , le seul qui ait paru en 1839, est consacré presque entièrement aux sciences; il se compose des mé- moires de M. Pagani sur quelques transformations géné- rales ; de M. Quetelet sur la longitude de l’observatoire de Bruxelles , sur l'état du magnétisme terrestre, sur les principales apparitions d'étoiles filantes, sur les observations météorologiques de l'observatoire de Bruxel- les en 1838 ; de M. Crahay sur les observations météoro- logiques faites pendant la même année à Louvain, et des _ die (379 ) observations météorologiques faites à Maestricht, de 1805 à 1812, par le professeur Minckelers, académicien mort le 4 juillet 1824; d’un mémoire de M. Martens sur la pile galvanique ; des tableaux analytiques des minéraux par M. Dumont; d'une notice sur un delphinorhynque microptère par M. Dumortier ; de dissertations sur Le Goldfussia anisophylla et sur la formation de l’indigo par M. Morren , finalement des exercices zootomiques par M. Van Beneden. Lorsqu'on n'y voit, pour la classe des lettres, que le journal (écrit en latin) de la nonciature de l’évêque d'A cqui, Pierre V'andervorst d'Anvers,en Alle- maägne et dans les Pays-Bas , pendant les années 1536 et 1537 , précédé d’une nolice, à la vérité fort intéressante de M. l'abbé De Ram , il est impossible de ne pas faire la réflexion que cette classe se trouve considérablement af- faiblie par la création d’une commission royale d'histoire en dehors de l'académie (1). Au lieu de disséminer ses for- ces, ne serait-il pas mieux, dans un pays aussi restreint que la Belgique, dans un pays où la littérature lutte encore contre tant d'obstacles , de les resserrer en faisceau ? C'est une observalion que vous serez à même d'examiner, Mon- sieur le Ministre, quand il s'agira d’asseoir l'académie de Belgique sur des bases définitives ; c'est alors également qu'on pourra songer à nous adjoindre une classe des beaux- arts, (1) Je suis loin de révoquer en doute les services que rend cette com- mission aux études historiques, mais ces services auraient-ils moins d'importance parce qu’elle ferait partie d’un corps académique large- ment constitué , et dont une pareille adjonction accroitrait beaucoup, sans contredit, la force morale ? ( 380 ) Le concours de 1839 ne nous a procuré, pour les lettres, qu'un seul mémoire, et ce mémoire n’a mérité qu’une mention honorable ; les solutions qu'ont provoquées deux questions de la classe des sciences n’ont valu que la mé- daille d'argent à leurs auteurs, M. Lefrançois, professeur à l’athénée de Gand , et M. le docteur Auguste Trinchinetti de Monza, qui habite Milan. Le concours de 1840, dont nous n'avons pas encore à vous rendre compte, promet d'être plus brillant dans ses résultats : trois des cinq ques- lions proposées par la classe des lettres et trois des huit questions de la classe des sciences ont été traitées; qua- torze concurrents se sont présentés pour l’importante ques- Uon relative aux moyens de soustraire les travaux d'ex- ploitation des mines de houille aux chances d'explosion. Le vainqueur, outre la médaille académique, recevra deux mille francs accordés par l’état. Les volumes de Zulletins, mis sous vos yeux, vous au- ront déja permis d'apprécier l’activité toujours croissante de l'académie et l'importance des relations qui l'unissent aux principales sociétés savantes des deux mondes; notre secrélaire perpétuel, M. Quetelet, ne contribue pas mé- diocrement à nos succès. Pendant un séjour à Paris où (conjointement avec MM. Teichmann, Dumortier et les com- missaires du gouvernement français) il a constaté l’exacti- tude des étalons belges, ensuite pendant un voyage en Italie et dans le Tyrol, il n’a cessé, par une correspondance fréquente avec son suppléant M. Wesmael, de suivre les travaux de l'académie; le procès-verbal de chacune de nos séances alleste assez sa constante sollicitude. Il a profité de son dernier voyage pour se livrer à des expériences ma- guéliques destinées à compléter ce qu’il avait déja publié sur celle malière ainsi que les observations faites par ( 381 ) MM. de Humboldt et Gay-Lussae en 1805 et 1806; il em adresse l’ensemble à la société royale de Londres. Notre vénérable doyen, M. Van Mons, nous a fourni dif- férentes notes et distribué quelques feuilles d'un ouvrage intitulé : Æ'aits et vues détachées sur certains points de théorie chimique. M. Garnier, qui emploie ses utiles loisirs à mettre en ordre ses ouvrages manuscrits, s’est occupé , de même que MM. Kesteloot, Thiry, d'Omalius, Dandelin , Pagani, Cau- chy, Damortier, Sauveur, Timmermans, De Hemptinne, Lejeune, Crahay, Wesmael, Martens, Plateau, Dumont, Cantraine, Kickx et Morren, de l'examen d’assez nombreux mémoires soumis à l'académie tant par ses membres que par des savants étrangers et belges. Indépendamment de leurs rapports qui, pour la plupart, ont exigé de laborieuses recherches, ces académiciens ont, presque tous, fait d'im- portantes communications à l'académie. M. Dumont, à qui la société royale de géologie de Londres vient de décerner la médaille d’or (prix fondé par le célèbre physicien Wollaston), donne toujoursses soins les plus actifs à la carte géologique du royaume dont le gouvernement, sur la proposition de l'académie , lui a confié le travail. M. Philippe Vander Maelen continue la publication des cartes géographiques de nos provinces, et les jeunes savants qu'il a dirigés vers l'Océanie ont fait un envoi qui n’est pas sans intérêt pour la zcologie et la botanique. La classe des lettres à libéralement fourni sa quote-part à nos Bulletins ; vous y trouverez, Monsieur le Ministre, des preuves mullipliées du zèle de MM. De Reiïffenberg (dont la fécondité ne se ralentit jamais), Cornelissen , Mar- chal, Pycke, De Gerlache, Grangagnage, Willems, De Smet, De Ram , Roulez , Lesbroussart, el de nos correspondants, ( 382 ) parmi lesquels je désignerai particulièrement , à raison de la part assidue qu'ils ont prise à nos séances, MM. Vande Weyer, Gachard, de St-Genois, Schayes et Voisin. M. le baron Falck et M. le duc d'Ursel , membres hono- raires, ont bien voulu se charger de quelques rapports. Une intéressante discussion sur le procès d'Hugonet et d'Humbercourt s’est élevée à l'académie; elle nous a valu d'excellents factums, non-seulement de la part de MM. De Smet, de Saint-Genois et Gachard , de la classe des lettres, mais aussi de M. Dumortier qui sait unir les palmes litté- raires à celles de l’orateur politique, du publiciste et du savant. Grâces aux recherches qu'ils ont faites, grâces aux lumières qu'ils ont répandues, le public pourra bientôt fixer son jugement sur un des problèmes historiques les plus difficiles à résoudre. Plusieurs ouvrages, publiés en dernier lieu par des aca- démiciens et des correspondants de l'académie , ont élé favorablement accueillis. Les Souvenirs d'un pèlerinage en l'honneur de Schiller, par M. le baron De Reiffenberg, présentent une foule de ces piquantes oppositions, de ces heureux rapprochements dont Voltaire semblait avoir em- porté le secret ; ce livre est écrit de maniére à ne pas oble- nir moins de vogue auprés des gens du monde que chez les érudits. L'Annuaire de l'observatoire de Bruxelles, par M. Que- telet, renferme, celte année comme les années précédentes, des faits et des renseignements forl remarquables. M. De Gerlache vient, par son Aistoire du royaume des Pays-Bas, depuis 1814 jusqu'en 1830, d'ajouter un brillant fleuron à sa couronne littéraire. M. D'Omalius à donné une troisième édition de ses Élé- ments de géologie, et fait paraître un volume in-Se sous le (383 ) titre de Division de la terre en régions géographiques , d’après les éléments de géologie. M. l'abbé De Ram a publié le quatrième volume de la Collection des synodes de la Belgique. Le premier tome du Catalogue de la bibliothèque de Bourgogne, par M. Marchal, est complétement imprimé. Un de nos confrères, dont la modestie aime à se couvrir du voile de l’anonyme (1), a consacré aux objets d’art de la dernière exposition de Bruxelles ( dans un de nos jour- naux) quelques articles marqués au coin de cette spiri- tuelle originalité qui ne permet pas d'en méconnaître l'auteur. M. Moke, que des romans historiques à la manière de Walter Scott et un volume sur les Francs avaient fait connaître avantageusement , nous promet une grande his- toire de la Belgique. L'abrégé, par lequel il prélude à cet immense travail, annonce ce coup d'œil rapide el sûr qui n'est jamais l'apanage d’un historien vulgaire. M. De Koninck à fait preuve d’un esprit sage et métho- dique dans ses Éléments de chimie inorganique. M. Gachard, archiviste général du royaume, qui ne néglige aucune occasion de mettre en valeur les trésors qu'on lui confie, a fait imprimer le tome second des Do- cuments inédits concernant les troubles de la Belgique sous le règne de l’empereur Charles VI. Deux livraisons d’un Voyage aux bords de la Meuse, par M. Vanhasselt, ont déjà paru ; l'élégance du style ré- pond au luxe typographique de cette édition qui fait hon- neur à la sociélé des beaux-arts. (1) M, Grangagnage. ( 384 ) Un nouveau roman historique de M. le baron De Saint- Genois, Le faux Baudouin, se fait lire avec le même inté- rêt qu’Aembyse et les autres productions de cet auteur. Enfin l’on doit à M. Voisin deux volumes qui ne peuvent manquer de fortifier encore sa réputation de bibliographe distingué : le Catalogue méthodique de la bibliothèque de l'université de Gand, et les documents pour servir à l'his- toire des bibliothèques de Belgique et de leurs principales curiosités littéraires, L'académie a perdu trois membres, non moins recomman- dables par les qualités du cœur que par des connaissances étendues et des talents peu communs : M. Raoux, savant ju- risconsulte et profondément versé dans l’histoire nationale ; M. Van Heusde , professeur à l’université d'Utreeht, judi- cieux philosophe et philologue habile ; M. Belpaire, cou- ronné par l'académie avant d’être admis dans son sein, et qui, parvenu seulement à la fleur de l’âge, semblait des- tiné longtemps encore à cultiver les sciences. Pour les rem- placer, se présentent des candidats dont les preuves sont faites, et nous éprouverons de nouveau, dans cette circon- stance, l'embarras du choix. Je terminerai ce rapport, comme les précédents, Mon- sieur le Ministre, en faisant des vœux pour que vous mettiez de plus en plus l'académie à portée de remplir son hono- rable tâche et, par là, de répondre à la confiance du Mo- narque éclairé qui préside aux destinées de la Belgique. Bruxelles ,le 6 mai 1840. Le Baron DE STASSART, Directeur de l'académie. I JUN D 7 BULLETIN. DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES,. . 1840. — Nc 6. Séance du 6 juin. M. le baron de Stassart , vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Quetelet , secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. 2 Le secrétaire donne lecture de l'arrêté royal en date du 22 mai 1840, qui approuve l'élection faite par l’acadé- mie de : M. Nothomb, ministre près la Confédération Germa- nique ; M. Vande Weyer, ministre près le gouvernement britan- nique ; M. Moke , professeur à l’université de Gand, en qualité de membres de l'académie ( classe des lettres ). MM. Nothomb et Moke assistent à la séance. Tom. vu. 28 ( 386 ) MM. Monce, Dewitte et Dehaut écrivent à l'académie pour la remercier de leur nomination de correspondant. M. Catalan, répétiteur à l’école polytechnique de France, envoie un supplément à son Mémoire sur les transforma- tions des variables dans les intégrales multiples , auquel l'académie a décerné la médaille d’or, dans sa séance du 7 mai dernier. | M. Lefrançois envoie également un supplément à son Mémoire sur les produites continues. M. Motte, à qui l'académie a décerné une médaille d'ar- gent pour son Mémoire sur les explosions dans les houil- lères, demande qu’on n'imprime pas la partie de son travail qui établit les dimensions à donner à une vis d’aérage pour obtenir un effet proposé , afin d'éviter le danger de contesta- tions auxquelles est exposée la propriété qui lui est conférée par un brevet d'invention. Renvoyé à l'avis des juges du concours. | Un anonyme demande que l'académie fasse l'ouverture du billet cacheté qui accompagne le mémoire du concours portant la devise : Experientia docet, et dont il sedit l'au- teur. Il ne peut être accédé à cette demande. M. le ministre des travaux publics fait connaître que, pour couvrir les frais d'impression des cinq mémoires sur les explosions dans les mines, que l'académie a distingués dans son dernier concours, il Liendra les promesses conte- nues dans la lettre du 14 février, adressée par son prédé- cesseur. La société zoologique de Londres , répondant aux propo- sitions de l'académie royale de Bruxelles, au sujet d’un échange de publications , lui adresse la collection complète de ses mémoires et des résumés de ses séances. M. le comte Alex. de Saluzzo informe l'académie que la __— ns ne. ee. ot es. De né (387 ) seconde réuion des savants italiens aura lieu, cette année, à Turin, du 15 au 30 septembre prochain. M. le baron de Stassart fait connaître que M. le Ministre des travaux publics, en lui accusant réception du rapport sur l'état de l'académie en 1839-1840, lui a exprimé tout l'intérêt qu'il prend aux travaux de la compagnie. LECTURES ET COMMUNICATIONS. PHYSIQUE. Description d’une machine servant à la démonstration expérimentale du théorème du parallélogramme des forces ; par J.-G. Crahay, membre de l'académie. L'utilité de confirmer par des expériences le théorème im- portant du parallélogramme des forces, a fait imaginer di- versappareils, parmi lesquels celui conçu par S'Gravesande, donne les résultats les plus satisfaisants. Il consiste, comme on sait, en une tablette fixée dans une position horizontale, parallèlement à laquelle sont dirigés trois cordons qui vien- vent aboutir à un même nœud, et dont les autres bouts, ren- voyés par des poulies, sont chargés de poids qui remplissent les fonctions des forces qui se font équilibre autour du nœud. Un parallélogramme, tracé sur la tablette avec les dimensions convenables, montre, par la coïncidence de ses côtés et du prolongement de sa diagonale avec les trois cordons , et par l'égalité du rapport entre les longueurs de ( 388 ) ces lignes et entre les unités de poids attachées aux cor- dons, que les relations énoncées entre la figure géométrique el les forces existent réellement. Cetle machine présente quelques imperfections, parmi lesquelles on peut citer comme la plus grande, celle de ne donner la démonstration que pour les cas particuliers qui sont figurés sur la tablette. Dans le but de la rendre d’une application plus générale, je l'ai fait exécuter sur un nouveau plan, dans lequel la partie essentielle est un parallélogramme à dimensions variables, afin de pouvoir représenter des forces dans un grand nombre de rapports différents ; ses angles peuvent également être changés pour montrer l'influence de leur grandeur sur l'intensité de la résultante ; enfin, sa posilion verticale permet que tous les élèves d’un grand auditoire, jugent avec une égale facilité de l'exactitude de ses démonstrations. L’exécution de ce plan ayant parfaitement répondu à mon attente, j'ai pensé que sa publication pourrait être utile à l’enseignement , et c'esl dans celte vue que je viens prier l'académie de vouloir en ordonner l'insertion dans son Bulletin. Le dessin qui accompagne la présente notice est tracé au ;° de la grandeur réelle d’un modéle exécuté supérieure- ment, pour le cabinet de physique de l’université catholi- que, par M. Bernaert, préparateur de physique et de chimie de l’université de Gand. Le parallélogramme est formé par quatre règles en bois, CB, CD, AE, AF, épaisses de 6 millimètres, percées de trous ronds, également espacés à partir de A et de C, et disposés sur des droites passant par le milieu de la largeur des règles. En A el en G celles-ci sont réunies invariable- ment par des pivots sur lesquels elles peuvent tourner pour former des angles variables ; elles sont réunies , en outre, à RÉ >: ( 389 ) l'aide de chevilles amovibles, G, H, passées par les trous correspondants des deux règles superposées; par cette dis- posilion , on peut donner aux deux côtés adjacents du pa- rallélogramme autant de rapports de longueur qu’il y a de combinaisons à faire entre les trous des règles. Les compo- santes ont leur point de concours au centre du pivot G, et leurs directions sont parallèles aux droites tracées sur le milieu des règles. L'angle qu’elles forment entre elles est mesuré par un demi-cercle divisé en degrés, attaché à la règle CB, de manière que son zéro coïncide avec le milieu de cette règle, tandis qu’une ouverture rectangulaire pra- tiquée dans la règle CD permet d'apprécier la division à laquelle répond la ligne médiane de celle-ci. Le pivot A est attaché à un collet de métal qui embrasse une régle prismatique IK, en boïs, épaisse de 18 millimé- tres, sur laquelle il peut glisser à frottement dur, à l’aide d’un ressort. Cette régle est fixée verticalement et à demeure à la tête de la colonne qui sert de support à l'appareil , de manière que le prolongement du milieu de sa largeur passe par le centre du pivot C. Par celte disposition, la diagonale du parallélogramme formé par les 4 règles CB, CD, AE, AF, et par suite la résultante des forces représentées par les côtés adjacents au sommet C, sont toujours verticales. Sur cette règle IK , et à partir du centre C, sont tracées des divi- sions de même grandeur que les distances qui séparent entre eux les trous des règles CB, CD, AE, AF ; elles servent à mesurer la longueur de la diagonale dans les diverses modifications soit des angles, soit des côtés du parallélo- gramme. Comme le centre À n’est pas percé à jour, et que, par conséquent , l'on ne peut pas voir directement à quelle division de la règle IK il correspond, on pourrait pratiquer sur le côté postérieur du collet une ouverture à la hauteur ( 390 ) du centre À, et lire à travers celte ouverture les divisions que l’on aurait tracées sur le revers de la règle ; mais j'ai eru qu'il était préférable de placer toutes les divisions sur la face antérieure de la machine, et, à cel effet, j'ai gradué la règle diagonale IK de telle manière que toutes ses divisions se trouvent exhaussées d’une quantité constante et égale à celle qui sépare le centre À du bord supérieur du collet M, par là la division rasée par ce bord exprime la longueur de la diagonale CA. Des masses pesantes P, Q, tiennent lieu de forces compo- sanles, ces masses consistent en disques de lailon, de poids égaux; ces disques, percés à leurs centres, s’enfilent sur des tiges fixées perpendiculairement à des rondelles sem- blables aux disques , auxquels elles servent de support ; les disques sont en outre fendus suivant les rayons, afin de pouvoir être dégagés des tiges sans décrocher celles-ci des fils auxquels elles sont suspendues ; pour cela, les fentes, plus étroites que l’épaissenr des tiges, sont suffisantes pour livrer passage aux fils. Ces fils de suspension, minces et flexibles, passent par dessus des poulies de renvoi, B et D, dont les plans sont parallèles à celui du parallélogramme, et viennent se réunir à un petit anneau de cuivre dont le milieu est le point de concours des composantes, et doit coïncider avec le centre du pivot G. Une troisième masse R, formée de disques semblables à ceux des masses P et Q ; est attachée également au pelit anneau par un fil mince. Cette force verticale , agissant de haut en bas, doit faire équilibre à la résultante des forces P et Q, dont la direction est éga- lement verticale, mais qui tend à porter l'anneau du bas en haut. Tout l'appareil est assujelti à une colonne massive, supportée par un pied triangulaire , pourvu de trois vis à caler. ( 392) Cela posé, veut-on prouver à l’aide de cette machine les propriélés du parallélogramme des forces, on commence par la caler de manière que la règle diagonale IK soit verti- cale; ce qui aura lieu quand un fil-à-plomb, appliqué con- tre le centre À, passe également par celui C. Supposons que les intensités des composantes données soient exprimées par p et g unités, on assemblera les règles CB, CD , AE, AF, à l'aide des chevilles mobiles G, H, de manière à former un parallélogramme dont les côtés CG, CH comprennent res- pectivement p et g divisions marquées par les ouvertures | pratiquées dans les règles. Puis, saisissant le collet M, on le fera glisser sur la règle verticale jusqu’à ce que l’angle GCH, indiqué par le demi-cercle divisé, soit égal à l'angle donné «, cela fait, on suspendra respectivement en P et en Q les p et qg unités de poids, et l’on en atlachera en R un nombre r (accompagné de subdivisions s’il y a lieu ), égal à celui qui exprime la longueur de la diagonale CA , et qui est indiqué sur la règle verticale IK par le bord supérieur du collet M. L'appareil étant ensuite abandonné à lui-même, l'anneau , point de réunion des forces, va se placer de ma- nière que son milieu coïncide avec le centre du pivot C. Lorsqu'on l’on dérange il y revient après quelques oscilla- tions de part et d'autre ; ce qui montre bien que la force r est égale et opposée à la résultante de p et g. La figure représente le cas où p—12,q=8, r — 17; alors a — 65°37. Pour faire voir l'influence de la grandeur de l'angle x, sur l'intensité de la résultante, il n’y a qu’à faire glisser le collet M sur la règle, afin d'agrandir ou de diminuer l’an- gle GCH des composantes; dans le premier cas le poids > l'emporte, l'anneau descend ; dans le deuxième cas il monte au-dessus du centre C. Enfin , pour chaque nouvel angle, il ( 392 ) suffit de charger R d’un nombre d'unités de poids égal à celui des unités de division de la diagonale, pour que l’an- neau revienne au point C. Si, laissant l'angle invariable, on change la valeur de l'une des deux forces p ou g, on voit aussitôt l’anneau quitter la position centrale, et se rapprocher de celle des deux for- ces qui a reçu un accroissement relatif. Se propose-t-on de mesurer les angles que fait la résul- tante avec les composantes, quand l'équilibre a lieu, on accroche à l'anneau unfil mince dont on lient l’autre bout en main, et en tendant légèrement ce fil on l’applique au centre du pivot À, la projection du fil sur le cadran divisé donnera la valeur des angles demandés. La tête de la colonne est percée horizontalement d’ou- tre en outre, el à travers le pivot C, d’un canal cylindrique, dont l'axe coïncide avec celui du pivot; on y enfonce par la face postérieure une broche cylindrique munie d’un bou- ton, quand la broche est entièrement poussée dans le ca- nal cylindrique, jusqu’au bouton, l’autre extrémité fait saillie de un ou deux centimètres sur le pivot G, c’est sur cette tige saillante que l’on enfile l’anneau pendant que l'on change les disques-poids, afin de prévenir que les fils ne se dérangent par cette opération et ne causent de l'embarras. Quand les poids sont placés on tire la broche en arrière, à l’aide du bouton, et l’anneau est libre. al ds (393 ) CHIMIE. Sur la passivité du fer, par M. Martens, membre de la- cadémie. Les chimistes se sont beaucoup occupés dans ces der- niers temps de l’examen d’un phénomène très-remarquable que nous présentent divers métaux dans leur contact avec l'acide nitrique, phénomène qui consiste dans le défaut d'action chimique de l'acide sur ces métaux dans des cir- constances données, ou , réciproquement, dans l’état passif des métaux à l'égard de l’acide; c’est ce qu’on appelle la passivité des métaux. Comme les phénomènes relatifs à celle passivité sont encore mal connus, et que divers au- teurs en ont donné, en quelque wrle, des résultats contra- dictoires, je crois qu’il ne sera pas sans intérêt de faire connaître les observations que j'ai été dans le cas de faire en étudiant ce singulier phénoméne. On sait que le fer est vivement attaqué par l'acide ni- trique du commerce marquant 36 à 37° au pèse-acide, et qu'il ne l’est point par de l'acide à 48°, c’est-à-dire qu'il est passif par rapport à ce dernier, Si au sortir de cet acide très-fort, on le porte dans l'acide ordinaire du commerce, ou dans de l'acide à 35°, il est aussi devenu passif à l'é- gard de celui-ci; il est, comme on dit, préparé. Le fer peut aussi étre préparé, comme on sait, en le chauffant jusqu'au rouge obscur, Si on le plonge ensuite, après refroidissement, dans l'acide nitrique du commerce, ou même dans de l'acide à 33°, il reste inatlaqué ou passif. Celle inertie du fer parait pouvoir s'expliquer , d’après les observations de Herschel , en admettant que le fer passif ( 394 ) est beaucoup moins électro-positif que le fer non préparé, et a perdu ainsi, en grande parlie , sa facilité à s’oxygéner. Ce qui tend à confirmer cette idée, c’est l'observation faite par M. Maas, professeur de physique au collège de la Paix à Namur, que le fer préparé, en présence du platine et plongé avec lui dans l'acide nitrique du commerce, ne donne qu’un faible courant faisant seulement dévier de 4... 10° l'aiguille d’un galvanomètre très-sensible, tandis qu'en substituant au fer passif du fer non préparé, qui est vivement attaqué par l’acide en question, on obtient une déviation de l'aiguille de plus de 100°, le courant allant dans les deux cas du fer au platine à travers le liquide (Bulletin de l’Académie, 1839, n° 11, p. 440). Il est donc naturel d'admettre que si le fer préparé est moins attaquable par l'acide nitrique que le fer ordinaire, c’est que son état électrique sæst rapproché de celui du platine. Une ancienne expérience de Kirwan vient encore à l'appui de cette manière de voir. Ge chimiste reconnut que le fer plongé dans une dissolution nitrique et acide d'argent , cesse de précipiter ce dernier au bout d’un certain temps, le fer est alors préparé, el l'argent est même redissous. Ce phéno- mène montre qu’au bout d’un certain temps de contact du fer avec la solution acide, le fer est devenu négatif par rap- port à l'argent, puisqu'il a cessé de précipiter ce dernier malgré son affinité prépondérante pour l'oxygène. Il paraît donc cerlain que l’état électrique du fer peut se modifier par son contact avec l’acide nitrique, et d'au- tant plus que celui-ci est plus fort. La chaleur exerce sur lui une influence analogue. Jusque là tout s'explique faci- lement ; mais il n'en est plus de même des phénomènes qui vont suivre, Si après avoir plongé dans l'acide nitrique marquant 38 à 39°, le bout préparé d’un fil de fer, on le ne. Li — 6. cé débit Dinde de, ( 395 ) recourbe de manière à faire plonger également dans l'a- cide l’autre bout non préparé , celui-ci se trouve préservé de toute action de l'acide par l'influence du bout préparé, lors même que le fil aurait une lohgueur de plus de quatre mètres; et, ce qui plus est, ce bout se trouve aussi main- tenant préparé ; de sorte qu’en le plongeant seul, 1l reste encore inattaqué, même dans l'acide à 35°. On sait aussi que si on lie entre-eux, en les entorlillant par une de leurs extrémités, deux fils de fer, que l’on prépare le bout libre de l’un, soit par la chaleur, soil par son immersion dans de l'acide nitrique à 48°, si on vient ensuile à plonger simul- tanément les extrémités libres du système des deux fils dans de l’acide nitrique du commerce, elles sont toutes deux réservées et rendues passives, lors même, comme je l'ai observé, que le fil non préparé aurait une longueur de plusieurs mètres. 4 Le fer est encore, comme on le sait, rendu passif si on le combine avec un fil de platine et que l’on plonge les deux bouts du système restés libres, dans l'acide nitrique ordi- naire. On explique ainsi comment il se fait qu’en plongeant un fil de fer dans de l'acide nitrique du commerce, mème étendu d'eau, contenu dans une capsule de platine, il y a ac- tion vivetant que le fil netouche pasà la capsule; mais vient- on à toucher celte derniére avec l'extrémité du fil, l’action de l'acide sur le fer cesse à l'instant même. En éloignant alors le fil du fond de la capsule, il reste encore passif pen- dant quelque temps, mais bientôt il redevient actif pour reprendre encore sa passivité lorsqu'on le remet en contact avec le platine. Le platine agit donc par rapport au fer or- dinaire comme le fait du fer préparé; ce qui lend à mon trer que l’état électrique de ce dernier doit se rapprocher de celui du platine, comme nous l'avons déjà dit plus haut. ( 396 ) Comme il est naturel de présumer que la passivité que contracte instantanément un fil de fer dans l'acide nitrique de 36 à 40° lorsqu'il est en communication médiate ou immédiate avec un fil de fer préparé, est due à l’établisse- ment d'un courant galvanique à travers l'acide nitrique, qui, comme on sait, est de tous les fluides non métalliques celui qui conduit peut-être le mieux le courant galvanique, j'ai voulu m’assurer si, en rendant l'établissement du cou- rant plus difficile par l'augmentation de longueur de la colonne liquide à traverser, je ne parviendrais pas à modi- fier ce phénomène, et à empêcher le fer ordinaire de de- venir passif sous l'influence du fer préparé. Je pris un siphon de verre rempli d'acide nitrique, dont la colonne offrait une longueur de 30 centimètres; je plongeai dans les deux branches de ce siphon les extrémités d’un fil de fer préparé à l’un de ses bouts seulement; l’autre bout fut encore rendu passif par l'influence du bout préparé, malgré la longueur de la colonne acide interposée. Je pris alors deux fils de fer ,liésentre eux par un de leurs bouts, et ayant préparé l'extrémité libre de l’un d'eux par la chaleur, je plongeai les bouts de ce système dans les deux branches de mon siphon plein d'acide. Gette fois-ci le bout préparé n’exerça plus aucune influence préservatrice sur l’autre bout, qui fut attaqué immédiatement comme s’il avait élé plongé isolément dans l'acide. Ce résultat semble indiquer qu'en rendant l'établissement d’un courant galvanique dou- blement difficile, et par la longueur de la colonne liquide interposée entre les deux bouts métalliques qui sont dans des conditions physiques différentes , et par l'interruption du conducteur métallique par lequel ils communiquent entre eux, on empêche le fer ordinaire de devenir passif par l'influence du fer préparé. ( 397 ) Si ou lie entre eux, à la suite l’un de l'autre, quatre fils de fer, qu’on prépare un des bouts libres de ce système et qu’on plonge ce bout en même temps que l’autre, dans l'acide nitrique , le bout ordinaire est encore rendu passif, malgré la triple interruption du conducteur métallique, si la colonne liquide interposée entre les deux fils a moins de 10 centimètres de longueur; mais si on la rend plus longue, le fil ordinaire se prépare plus difficilement et il y a action de l'acide sur lui dans les premiers moments qui suivent l'immersion. Enfin lorsque la colonne li- quide a prés de 30 centimètres de longueur, le fil ordi- naire est soustrait à toute influence de la part du fil pré- paré. Le platine, combiné ou lié au fer, nous présente des résullals analogues. Ainsi loutes les fois que la longueur de la colonne d’acide interposée entre le bout de platine et le bout du fil de fer non préparé esl moindre que 10 centi- mètres, le platine continue à exercer son influence préser- vatrice sur le fer et à le rendre passif. Si on lie entre eux par un de leurs bouts un fil de fer et un fil de zinc, qu’on prépare le bout resté libre du premier, et qu'on le plonge ensuite avec le bout libre du fil de zinc dans de l'acide nitrique de 38 à 40° contenu dans un verre A à vin, on remarque que le zinc est attaqué presqu'aussi fortement que lorsqu'il est seul, et que le fer préparé est surtout très-vivement attaqué, en dégageant beaucoup de deutoxyde d’azole. Si on laisse durer l'action quelque temps, une minute environ, le fer est complétement dépréparé , c'est-à-dire que, plongé ensuite isolément dans l'acide nitri- que, il n’est plus passif. f Si la colonne liquide, interposée entre le fil de fer pré- paré et le fil de zinc, excède 12 ou 15 centimètres , les deux ( 398 ) métaux n’ont plus d'influence l'un sur l’autre , le zinc est attaqué comme s’il était seul , et le fer reste passif. Si on lie un fil de zinc à deux fils de fer contigus ou qui se suivent, de manière à ce qu'il y ait deux interruplions dans le conducteur métallique, si le bout extrême de fer est préparé et plongé avec le bout libre du zinc dans l'acide nitrique, on remarque que le zinc ne peut rendre le fer actif que pour autant que la colonne liquide interposée ait moins de 3 centimètres de longueur. Ces résullats remarquables, et qui avaient échappé jus- qu'ici, je pense, à l'attention des observateurs, nous montrent suffisamment que c’est à un courant galvanique ou à une action électriqueanalogue, qu’il faut attribuer l'influence que le zinc lié à du fer préparé exerce sur ce dernier, lors- qu’il est plongé avec lui dans l'acide nitrique. Pour vérifier l'exactitude de cette idée, je pris une pile à auges de 30 couples et mis en communication , d'une part avec le pôle négatif de la pile, un fil de fer préparé, et, d'autre part, avec le pôle positif, un fil de fer ordinaire; les deux fils ayant été plongés dans l'acide nitrique du com- merce , assez près l’un de l’autre pour que le courant pût s'établir à travers l'acide, il n’y eut qu’une faible action au fil de fer ordinaire avec légère effervescence d'oxygène, tandis que’le fil préparé était fortement attaqué avec vif dégagement gazeux, et au bout de quelques instants le bout de fil de fer ordinaire se trouvait préparé ou rendu passif par rapport à l'acide nitrique. Si on éloigne les deux fils dans l'acide à une distance de 14 à 15 centimètres , de manière à ce que le courant de la pile ne puisse plus s'établir, le fer préparé reste passif comme s'il était isolé, tandis que le fer ordinaire est vive- ment attaqué. (399 ) Ainsi en rehaussant l’état électro-positif du fer ordinaire et le mettant, en quelque sorte, à la hauteur de celui du zinc en le faisant communiquer avec le pôle positif d’une pile en activité, ou plutôt en déterminant entre le fer ordinaire et le fer préparé , un courant pareil à celui que provoque le contact du zinc avec ce dernier, on fait pro- duire au fer ordinaire sur le fer préparé , dans l’acide ni- trique, la même influence que celle qu’exerce le zinc combiné ou lié à un pareil fil de fer. Si l’on termine le pôle négatif d’une pile de 15 à 30 cou- ples par un fil de platine, et le pôle positif par un fil de fer non préparé , en plongeant ces deux fils assez près l’un de l'autre dans l'acide nitrique, le fer ordinaire est bientôt rendu passif sous l'influence du courant (1), comme le fait un fil de platine lié avec lui et plongé conjointement dans l'acide nitrique. L'identité du résultat semble indiquer une cause identique, c’est-à-dire que la passivité que con- tracte le fer dans son contact avec le platine, lorsqu'ils sont plongés dans l'acide nitrique, semble devoir se rattacher à un Courant galvanique, qui s'établit dans cette circon- stance. Si on lie un fil de cuivre à un fil de fer , qu’on prépare le bout libre de ce dernier, qu’on le plonge ensuite dans (1) Lorsque le courant de la pile estnn peu fort, le fer est attaqué pendant le passage du courant ; mais en interceptant l’action de la pile, onle trouve devenu passif. En n’employant pour liquide conducteur de la pile que de l’eau acidulée' par un 40e en volume d’un mélange à volumes égaux d’acide nitrique et d’acide sulfurique, et plongeant les deux fils servant de pôles dans de l’acide nitrique à 320 ou 349 au plus, il n’y a qu’une très-faible effervescence au fer ordinaire pendant le passage du courant, de même qu'au platine , et dès qu’on intercepte le courant, le fer est préparé. ( 400 ) l'acide nitrique de 38° à 40°; en y immergeant après cela le bout libre du fil de cuivre, on voit que ce dernier est légèrement altaqué, et dès ce moment le fer préparé com- mence aussi à l'être. L'action, une fois commencée autour de celui-ci , s'accroît très-rapidement et devient très-vive, tandis qu’autour du cuivre elle reste sensiblement plus faible. Si on laisse l’action de l'acide se continuer pendant 1 à 2 minutes, le fer est complétement dépréparé. Si le cuivre uni au fer préparé, se trouve plongé avec lui dans l'acide nitrique, de manière que leurs extrémités soient distantes, dans l'acide, de 12 à 15 centimètres, le courant galvanique ne pouvant plus s'établir, les deux mé- taux se comportent chacun de leur côté comme s'ils étaient isolés , c'est-à-dire que le cuivre est atlaqué et le fer reste passif. Le cuivre se comporte donc avec le fer préparé à l'instar du zinc, c'est-à-dire qu’il donne naissance, dans l'acide nitrique, à un courant analogue, où le fer préparé joue le rôle de pôle négatif et le cuivre celui de pôle positif. Le fer préparé paraît donc être électro-négatif par rapport au cui- vre, au moins dans l'acide nitrique (1). oo (1) On peut expliquer d’après ce qui précède une anomalie que l’on remarque quelquefois en voulant rendre le fer passif par l'influence du fer préparé, plongé avec lui dans l’acide nitrique. Si on plonge dans de Vacide faible ne marquant que 330 à 360, le bout préparé d’un fil de fer et qu’on y plonge ensuite l’autre bout non préparé, celui-ci n’est plus préservé comme lorsqu'on emploie de l’acide à 39° ou 400. Bien plus, dès que l’action de l’acide faiblea commencé au bout non préparé, elle se manifeste aussi et même avec plus de vivacité au bout préparé, qui bientôt se trouve dépréparé comme s’il avait été associé au zinc. C’est que dans l’acide nitrique faible le fer étant plus électro-positif, il forme un couple galvanique plus puissant avec le fer passif, et ce dernier, sous ( 401 ) Les observations précédentes confirment la manière de voir de MM. Faraday et Schoenbein, qui admettent que toutes les fois que le fer se comporte comme pôle posilif d'un courant dans l'acide nitrique, il est rendu passif par rapport à ce dernier. Elles montrent aussi que si le fer fait les fonctions de pôle négatif, son activité par rapport à l'acide nitrique augmente, el il devient alors susceptible d’être attaqué par ce dernier avec plus de violence. Le fer est non-seulement rendu passif sous l'influence d'un faible courant qui va du métal au liquide acide, mais il con- serve encore longtemps celte passivilé après que le courant qui l’a produite a cessé d'agir. Il est doncalors dans l’état du fer rendu passif par l’action de la chaleur ou par son immersion dans de l'acide nitrique très-concentré. Comment le courant peut-il produire ce phénomène ou cette modification dans l'élatélectrique naturel au fer? C'est ce qu'on ignore, Il sem- ble que le pôle positif d'une pile ou d'un couple galvanique en activité devrait plutôt modifier l'état électrique du fer dans un sens favorable à son oxydalion, tandis que le con- traire a lieu ; c’est une anomalie jusqu'ici inexpliquée, Le fer, rendu passif de quelque manière que ce soit, est aussi impropre aux précipilalions métalliques ; telles que celle du cuivre. Il ne faut pas croire cependant que le fer préparé ne puisse précipiter aucune trace de cuivre; au con- traire , il se recouvre d’abord d'une très-mince pellicule de ———]—— l'influence de ce courant, dont il constitue le pôle négatif, se trouve ainsi dépréparé ; au lieu qu’en opérant avec de l'acide plus concentré, le fer ordinaire y étant muins électro-positif, ne formera qu’un faible couple avec le fer passif; celui-ci ne sera donc pas dépréparé, et l’autre sera en même temps rendu passif par l'influence combinée de l'acide et du faible courant dont il est l’électrode positif. Tow. vit. 29 ( 402 ) cuivre, qui lui donne l’aspect de ce métal; mais dès qu'il se trouve ainsi cuivré à la surface , toute précipilationulté- rieure cesse; tandis que le fer ordinaire précipite complé- tement le cuivre, en prenant sa place dans la dissolution. Si l'on examine un fil de fer préparé au sortir d'une so- lution cuivreuse, on trouve, chose remarquable, que le peu de cuivre dont il est uniformément recouvert y adhère très- fortement , lui est comme allié et ne peut être enlevé que par une friction rude et prolongée au sable, tandis que le frottement le plus léger détache complétement et instan: tanément le cuivre de la surface du fer non préparé. Le cuivre qui a élé précipité par ce dernier n’y est, en quelque sorte, qu'apposé sous forme pulvérulente, sans éclat métal- lique , tandis que le cuivre précipité sur le fer préparé, y forme un enduit excessivement mince, à éclat métallique et d'une adhésion très-forte. D'après cela, on pourrait peut-être mettre cette propriété à profit dans les arts pour cuivrer le fer; ce qui lui donne- rait l'aspect du cuivre rouge, et le préserverait de l'oxyda- tion. Celte préparation du fer serait bien peu coûteuse ; puisqu'il ne faul qu’une pelite quantité de sulfate de cuivre pour cuivrer ainsi une grande quantilé de fer préparé, C'est à l’expérience à prononcer sur les avantages de ce procédé. + Il n’est point difficile de concevoir comment il se fait que le fer préparé ne puisse pas précipiter entièrement le cuivre de ses dissolutions ; il suffit de se rappeler qu’une précipitation métallique est d’abord le résultat de l’affinité prépondéranie du métal précipitant pour l'oxygène, et qu’ensuite , savoir dès que Le métal précipitant s'est recou- vert d'une pellicule du métal précipité, elle se continue ‘uniquement par une action galvanique, qui exige, pour (403 ) produire la précipitalion, que le métal précipitant soit suffisamment électro-positif par rapport au métal précipité, Or , nous avons vu que le fer passif offrait un état électrique beaucoup moins électro-positif que le fer ordinaire, un élat électrique voisin de celui du platine et par conséquent aussi de celui du cuivre. Il est donc naturel d'admettre que le contact mutuel du fer préparé et du cuivre ne pourra pas développer une action galvaniqne propre à ‘opérer la réduction du sel cuivreux. Il est, au reste, impossible que celte action galvanique puisse déterminer la précipitation du cuivre, puisque le fer préparé est électro-négatif par rapport au cuivre, comme le montre la manière dont le cuivre se comporte vis-à-vis du fer préparé auquel il est lié, et avec lequel il se trouve plongé dans l’acide nitrique. Ce couple galvanique nous offre, en effet, la même réaction que celui de zinc et de fer préparé ; de sorte que le cuivre doit être électro-positif par rapport au fer préparé, quoique plus faiblement que le zinc. Voici, au reste, une expé- rience qui ne laisse aucun doule à cel égard. Après m'être assuré qu'un fil de fer préparé ne précipi- tait pas l'argent , tandis que le fer ordinaire le précipite, j'ai Jié un fil de fer préparé avec un fil de cuivre et j'ai plongé les bouts restés libres du système des deux fils dans une solution très-faible de nitrate d'argent. Le fer s’est cou- vert d'argent précipilé sous forme pulvérulente, aussi bien que le cuivre, tandis qu’en opérant de la même maniére avec du cuivre combiné à un fil de fer non préparé, ce dernier n’a point précipilé l’argent. Ces résultats montrent, que si le fer préparé , uni au cuivre, a pu précipiter l'ar- gent, c'est qu'il forme le pôle négatif du couple qu'il con- slitue avec le cuivre, et qu'ainsi il a dû recevoir l'argent provenu de la réduction du sel métallique par l'action gal- ( 404 ) vanique. Au contraire dans le couple formé par le cuivre avec le fer non préparé, ce dernier est électro-posilif, et voila pour quoi il ne précipite pas l'argent. Comme le fer se prépare sous l'influence d’un faible courant dont il forme le pôle positif, on conçoit que, par ce moyen,on devra pouvoir paralyser sa faculié de précipiter le cuivre de ses dissolulions. Aussi en plongeant dans une solulion de sulfate de cuivre les deux bouts libres de deux fils de fer liés entre cux, dont l'un est préparé et l’autre pas, j'ai observé que ni l'un ni l'autre ne précipitaient le cuivre de sa dissolution ; ils ne font que se recouvrir Lous deux, à la manière du fer passif, d’une pellicule excessivement mince de cuivre, fortement adhérente et qui y est comme alliée. C'est que le fer ordinaire se trouve ici rendu passif sous l'influence de l’autre, comme nous l'avons vu plus haut. Si on lie un fil de fer préparé avec un fil de platine et qu’on plonge les bouts restés libres des deux fils dans une solution de sulfate de cuivre, on ne voit se précipiter du cuivre ni sur le platine négatif ni sur le fer passif, comme l’a observé M. Schoenbein. Ce résultat est facile à concevoir, Le fer passif ayant un élal électrique très-voisin de celui du platine, ne pourra-former avec lui qu’un couple galvanique excessivement faible, ainsi que M. Maas l'a, au reste, constaté directement à l’aide du galvanomètre. D'où il suit que ce courant devra être insuffisant à la décomposition et à la réduction du sel cuivreux, dont le métal ne ponrra ainsi se déposer sur l'élément négatif du couple en question, comme cela a lieu, en général, avec d’autres couples métalliques. Les résultats des diverses -expériences auxquelles nous nous sommes livré, joints à ceux connus déjà antlérieure- ment , nous permeltent, je crois, d'établir les propositions suivantes : ( 405 ) 1° Le fer chauffé au rouge ou au rouge obscur ; ou mis en contact avec de l'acide nitrique à 1,48 de densité, se trouve modifié dans son état électrique naturel. Son nou- vel état électrique se rapproche beaucoup de celui du pla- tire ; ce qui diminue son oxydabilité et le rend moins propre à être attaqué par divers acides oxygénés, et entre autres par l’acide nitrique, vis-à-vis duquelil est devenu passif ; 2° Le fer devient aussi passif lorsqu'il a fonctionné quel- que Lemps comme pôle positif d’un courant galvanique, même très-faible ; : 3° Lorsque le fer est devenu passif, on peut de nouveau le rendre actif en le faisant fonctionner comme pôle né- gatif d'un courant galvanique, et lorsqu'il a fonctionné quelque temps de cette manière, il est entièrement dépré- paré, c'est-à-dire qu'il est encore actif lorsque le courant galvanique a cessé d'agir sur lui. Il a repris alors tout à fait l’état physique ou électrique du fer ordinaire ; 4 La passivité que contracte le fer par l'influence d’un courant galvanique dont il forme le pôle positif, est de même nature que celle que la chaleur , ou le contact d'un acide nitrique très-concentré, excile en lui; elle produit des résultats identiques. 5° Le fer préparé ou rendu passif est électro-négatif par rapport au cuivre el même par rapport à l'argent, et ne peut par suite précipiter ces métaux de leurs dissolutions ; 6° Le fer passif plongé dans une solution d’un sel de cuivre peul cependant précipiter quelques traces de ce mé- tal , ou se cuivrer légèrement à la surface , en vertu de son affinité prépondérante pour l'oxygène ; mais comme il ne peut s'établir entre le fer et le cuivre précipité une acl:on galvanique favorable à une précipitation ultérieure, la pré- cipitation cesse dès que le fer, recouvert d'une pellicule ( 406 ) très-mince de cuivre, n’est plus en conlact immédiat avec la solution saline, eine peut plus ainsi agir sur elle chimi- quement ; 7° Les métaux déposés, par précipitation , en pellicule excessivement mince à la surface du fer préparé, s'y sont comme alliés ou y adhèrent très-inlimement; ce qui pour- rait bien être dû au changement de son état électrique, qui peut influer sur sa facilité à s’allier ou à contracter adhérence avec d’autres métaux ; car on sait que le cuivre et l’argent , l'argent et l’or, qui différent peu par leur état électrique naturel, s’allient avec une extrême facilité ou coulractent trés-aisément entre-eux une adhérence intime. Note sur quelques causes d'erreur qui peuvent provenir de l'emploi de l'appareil de Marsh, pour reconnaître la présence d'un composé arsenical quelconque, par M. Louyet, professeur à l’école de commerce. Si l'on chauffe, à l’aide du chalumeau, un fragment de fioles à médecine qui se trouvent dans le commerce à Bruxelles, le point chauffé ne tarde pas à devenir rouge, car les parois de ces fioles sont fort minces; ensuite; si on laisse refroidir ce fragment , on y verra apparaître une ta- che circulaire, plus ou moins foncée, brillante , miroitante, tout à fait analogue à celles que produit la flamme de l’ap- pareil de Marsh sur le verre ou sur la porcelaine, lorsqu'il renferme des matières arsenicales, décomposables par l'hy- drogène ou l'acide sulfurique. Si, au fragment de verre de fioles à médecine, on substitue un morceau d'un autre verre quelconque, tel que verre à vitre, tube, verre de mon- RS PR VS ( 407 ) tre, etc., efc., le phénomène ne se reproduit plus ; il est bon de remarquer, en outre , que ces taches se forment au feu de réduction et disparaissent au feu d’oxydation. Si, au chalumeau et à la lampe ou bougie, on substitue un appa- reil de Marsh , contenant de l'eau distillée, du zinc on de l'acide sulfurique purs, et qu'on fasse arriver la flamme de l'hydrogène produit sur un même fragment de fioles à mé- decine, les taches brillantes apparaissent encore ; comme dans l'expérience précédente, elles se forment au feu de réduction et disparaissent au feu d’oxydation. On peut ainsi, en appliquant alternativement le feu de réduction et le feu d'oxydation , faire réapparaître et disparaître la tache bril- lante formée sur le verre. La flamme du gaz hydrogène, appliquée à des fragments de verre autres que ceux des fio- les à médecine, produit le même effet négalif que celle d’une bougie alimentée par le chalumeau. Je crus d’abord que le verre des fioles contenait de l’acide arsénieux, substance d'un emploi assez fréquent dans les verreries , et que cet acide se trouvait décomposé soil par l'influence de la chaleur et des malières contenues dans le verre ,soit par le gaz hydrogène carboné que peut contenir la flammeintérieure de l'appareil de Marsh, et que contient tou- jours celle d’une bougie ou d’une lampe, mais je dois renon- cer à celte hypothèse, par suile des expériences suivantes : 10 grammes de verre des fioles furent pulvérisés et placés dans un creuset de platine avec 30 grammes de potasse à l'alcool; le tout fut exposé à une chaleur rouge dans uu fourneau à réverbère. Le creusel ayant été retiré du feu, la matière refroidie fut dissoute dans une certaine quantité d’eau distillée. La silice fut précipilée par de l’acide sulfu- rique pur , séparée du liquide par la filtration et lavée à différentes reprises par de l’eau distillée ; les eaux du la- (408 ) vage furent réunies au liquide filtré, et le tout fut exposé a une douce chaleur jusqu'à réduction des deux tiers. Il fut mis ensuite dans un appareil de Marsh, d'un litre de capacité, renfermant de l’eau distillée, du zinc et de l'acide sulfurique pur. Le gaz hydrogène qui se dégageait fut al- lumé, mais sa flamme ne laissa rien déposer sur une assiette de porcelaine. Deux gouttes d’une solution de bi-arséniate de potasse furent introduites dans l'appareil, et de suite j'obtins une vingtaine de taches brillantes, irisées d’arse- nic métallique. Le verre des fioles ne contenait donc pas d'acide arsénicux, car alors ce corps se serait combiné à la potasse et sa présénce aurait élé décélée par la flamme du gaz hydrogène. Quoique ne pouvant donner une explication plausible de la formation de ces taches, j'ai noté ce fait, parce qu'il peut arriver qu’en se servant de l'appareil de Marsh, pour reconnaître la présence des matières arsénicales, on se serve de fragments des fioles à médecine pour condenser l’arse- nice qu'on croirait ensuite par la présence des taches, avoir trouvé là où il n'existait pas. Je sais bien qu'on ne peut se tenir au seul caractère de la formation des taches brillantes pour constater avec cerlilude la présence de l’arsenic dans la malière que l’on examine, et qu'il faut, en outre, que ces taches soient solubles dans l’acide azolique; formant ainsi un liquide qui précipile en jaune la solution d’azo- tate d'argent, elc., etc., mais ilse pourrait pourtant que des personnes inexpérimentées s’y trompassent. J'ajouterai, en outre, qu'ayant fait bouillir une vingtaine de fragments de fioles couverts de taches, avec de l'acide azotique , pen- dant deux heures environ, le liquide concentré ne donna pas le moindre précipité par une solution d’azotate d’ar- gent. (409 ) BOTANIQUE. Sur les caractères de quelques Thalassiophytes, par M. J. Decaisne , aide-naturaliste au muséum d'histoire paturelle de Paris, correspondant de l'académie. Je viens de terminer la révision de la plupart des genres de Thalassiophytes appartenant aux premières familles de celle. grande classe du règne végétal; afin de me rendre bien compte de la similitude de l’organisation générique, j'ai éludié souvent monographiquement toutes les espèces d’un genre ou au moins plusieurs de celles de chacun des sous-genres. Pour donner une idée de mon travail, je dirai quesur les 40 genres appartenantaux Fucacées, Lichinées, Laminariées, Sporochnoïdées, Chordariées, Dictyotées,etc., trois genres seulement me sont restés inconnus. Le groupe auquel on a donné le nom de Floridées a été étudié sur d’aussi riches matériaux, el si l’on en excepte les Algues tout à fail inférieures et les Conferves, qu’il est indispensable d'examiner sur le frais, il n’existe dans mon travail qu'un très-pelit nombre de genres dont je ne puisse produire au moins les dessins de quelques parties de leur structure. Je vais me borner à énoncer ici le résumé de mes observa- tions en ce qui se rallachera principalemeut aux caractères envisagés sous le rapport de la classification. Fucacées. s Malgré la facilité de se procurer toujours en bon état les plantes appartenant à celte famille, les caractères tirés de la fructification sont encore pour ainsi dire inconnus : on ( 410 ) sail seulement que les corps reproducteurs ( spores ) sont renfermés dans des conceplacles particuliers , creusés dans l'épaisseur de la plante, que ces spores sont entremêlées de filaments; on ajoute qu'à l'époque de la maturité ; les spores et les filaments sortent du conceptacle par un orifice particulier qu'ils présentent à l'extérieur. D'après mes observations, ces spores sont fixées sur toute la paroi interne du conceptacle; elles sont sessiles, coni- ques ou ovoïdes et revêtues d’une membrane spéciale très- transparente. À l'époque de la malurilé elles se détachent des parois où elles se trouvaient fixées , et sont rejetées au dehors par l’orifice du conceptacle. Les filaments qui les accompagnent sont au contraire persistants; en général ils s’accroissent après la sortie des spores; tanlôt ils se rami- fient en se renflant à l'extrémité libre, et dans ce cas ils finissent souvent par remplir à eux seuls toute la cavité qu'ils occupaient avec les spores, tantôt au contraire, ils restent simples, font saillie en dehors par l’orifice du con- ceptacle et se présentent sons forme de filaments confer- voïdes. Dans le premier cas, on les a fréquemment décrits soit comme corps reproducteurs, soit comme des poils naissant de l'épiderme, soit enfin comme des conferves , où des productions du tissu propre de la plante. Avec un peu d'attention on verra que ces filaments occupent toujours une place déterminée, l’orifice d’un conceptacle. Le genre Durvillea , placé dans les Laminariées, doit être réuni aux Fucacées dont il a les caractères de fructificalion. Je divise le genre Cystoseira , en prenant pour base de ces divisions la disposition des réceptacles portés sur des ramificalions des frondes ou plongés dans les frondes elles- mêmes ; je donne le nom de Zlosvillea à toutes les espèces de l'Océan austral : elles sont caractérisées par la courbure ( 411 ) et le mode d'insertion des rameaux sur la face plane de la tige principale, et par la structure des réceptacles , dans les- quels les conceptacles forment deux séries parallèles , tandis que dans les vrais Cystoseira , ces conceptacles sont placés sans ordre apparent. . Le genre Carpodesmia s'enrichit d’une seconde espèce C. Serrusata Decain. Rhodomela Ag. Je réunis aux Moniliformia les Cystoseiru Triquetra et Nodularia. Le Splachnidium , présente un caractère unique, à ce que je sache, dans le règne végétal. Les frondes tubuleuses sont divisées intérieurement par des mailles régulières, constiluées par des faisceaux de filaments qui prennent naissance de la paroi interne. Le Polyphacum , Osmundaria, Castraltia, et peut- être le Scaberia', sont synonymes. Ce genre doit faire partie des Floridées , comme j'ai pu m'en assurer par l'examen de la fructification. Lichinees. M. Montagne ‘a déjà appelé l'attention sur le genre Zi- china qu'il considère comme appartenant à la famille des Lichens. Je suis porté, d’après mes observations, à en faire un pelit groupe intermédiaire entre cette famille et les Algues : il diffère des Lichens , par la soudure intime des spores avec la thèque qui les contient. Ces spores sont souvent cloisonnées dans le Lichina , et constamment dans les Urceolaria perforata, Pers., et d'autres espèces recueil- lies sur les roches marines de Rawack par M. Gaudichaud, el qui doivent former un nouveau genre dans la famille des Lichinées ( Päsithoe ). (412) Furcellariées. M. Greville a adopté, à tort, l’idée de Lyngbye; les ob- servations de M. Agardh me paraissent beaucoup plus près de la vérité en ce qui regarde la fructification du Fur- cellaria. La description qu’il en donne dans son Species est assez exacte, sauf ce qu'il dit des capsules sphériques noires, à bord transparent, très-minces , qui remplissent le lissu intérieur. Ces capsules ne sont rien autre que les utri- cules du tissu de la plante remplies de granules amylacés. Je ne conçois pas comment Lyngbye a pu réunir le Po- lyides lumbricalis au genre Furcellaria. Enfin on voit par une nole additionnelle des Æ{gæ Britannicæ que M. Greville n’a pu concilier ses premières observations avec celles qu’il rapporte dans cette note. D'après mes observa- lions, la fructificalion du Furcellaria consiste en agglo- méralions arrondies de spores de couleur rose placées à la circonférence des fourches. Le genre Polyides diffère du Furcellaria par la place qu'occupent ces aggloméralions de spores. Le Gigartina Griffithsiæ, que Guillon rap- proche des deux genres précédents, doit au contraire en être éloigné , car le mode de fructification n’a rien de com- parable. Dictyotées. On devra exclure de cette famille les Padina squa- maria , et Rosea , qui, par la couleur rosée des spores et leur réunion par 2 ou 4 dans une seule utricule, doivent faire ranger ces plantes parmi les Floridées où elles con- slitueront un genre distinct, voisin de l’Æymenena. Qnant (413) au P. deusta ( Hildenbruntia), ses caractères restent en- core à élablir d’une manière rigoureuse. Laminariées. La fructificalion de cette famille consiste en spores ses- siles, obovoïdes, turbinées ou claviformes, accompagnées en général de filaments naissant sur la surface des frondes et recouvertes , avant leur parfait élat de maturilé, par la membrane épidermique. Ces spores différent de celles des Fucacées par leur petitesse; elles sont vertes et entourées d’une membrane transparente. Les Lessonia, Macrocystis, Laminaria, Alaria , Costaria ,et Zonaria offrent tous les mêmes caractères. | Sporochnoïdées. \ Je suis porté à réunir à celte famille les Chordariées et une partie des Dictyotées telles que M. Grexille les a com- prises : ces trois familles se confondent par des caractères communs. Les spores ne sont point recouverles par la mem- brane épidermique. Dans les Sporochnus on trouve une agglomération de filaments claviformes, simples ou arti- culés, vers la base desquels naissent les spores. On recon- naît facilement ces dernières à la membrane qui les entoure ainsi qu’à leur forme ovoïde. Dans le Desmarestia caudata, ces spores sont accompagnées, à leur naissance sur le fila- ment claviforme, de soies extrêmement fines qui peuvent se comparer à des paraphyses. Les Seytosiphon, Chor- daria , Cutlera, quelques Mesogloia, Asperococcus ; pré- sentent, à de légères différences près, la même organisation, Ces différences portent.principalement sur la forme des : | ( #14 ) filaments sporifères, le nombre des spores et leur point d'insertion plus ou moins élevé sur ce filament. Les /Zaly- seris et Dictyosiphon ont les spores dépourvues de fila- ments. En les considérant comme dernier échelon des Thalassiophytes à spores vertes, ces deux genres nous con- duiraient à l’Æsperococcus, de manière qu’en passant par les degrés intermédiaires on pourrait peut-être regarder les trois familles que je viens de citer et les Laminariées comme ne devant constituer qu’an seul et même groupe: Floridées. Je conserve provisoirement ce nom, généralement admis, pour désigner la famille des Thalassiophytes colorées en rouge. Il me paraît d'autant plus nécessaire de diviser ce groupe, qu'il renferme des associations de genres bien na- turelles. On sait que les Floridées présentent des corps reproducteurs de plusieurs sorles. Je crois pouvoir , en rapprochant tous les genres caractérisés par des récéptacles qui offrent dans leur longueur deux séries parallèles d’u- tricules à 4 spores, en former une famille distincte sous le nom de Rytiphléées ; famille qui comprendrait les genres ÂAmansia, Dictyomenia, Rytiphlaea, Rhodomela, Osmundaria (Polyphacum). Les Leveillea et Polyzonia, chez lesquels le réceptacle est arqué, par suite de l’avor- tement de l’une des séries d’utricules, formeront une tribu dans cette famille. Tous ces genres ne présentent qu'une seule espèce de fructification. L'Odonthalia, par ses récep- tacles semblables à ceux des Rytiphléées et par ses concep- tacles globuleux contenant des sporesclaviformes, indiquera la transition de cette famille aux Delesseriées auxquelles il doit être réuni. __ SÉRÉÉR RS Le. ( 415 Le Claudea qui, jusqu'a ce jour, présente seul une orga- nisalion loute particulière dans ses frondes el ses fructifi- cations, doit également constituer une famille particulière, à laquelle viendrait peut-être se réunir le Calidictyon Grev. | En prenant pour base de classification la forme du ré- ceptacle et surlout la disposition quaternée des spores dans des utricules spéciales , on arrive à rapprocher des genres éloignés , jusqu’à ce jour, les uns des autres uniquement parce que chez les uns la fronde est filiforme, tandis que chez d’autres ce même organe est foliacé. Dans les Ceramiées , les conceptacles globuleux sont” partagés à l’intérieur en plusieurs utricules à parois plus ou moins délicates, qui finissent même par disparaitre com- plétement pour laisser, à l’époque de la maturité, les spores libres dans le conceptacle. Dans quelques genres voisins des Sphærococcus, chez lesquels on observe des spores claviformes renfermées dans des conceptacles coriaces , ces spores sont réunies par groupes et entourées de filaments transparents d’une ex- trême lénuité. Cette disposilion se retrouve dans certains genres de Lichens, quoiqu’elle n’y ait pas encore été signa- lée ; elle est très-évidente dans le Porviesia etle Zonaria squammaria , elc., qui, par ce caractère, ainsi que je l'ai déja fait remarquer , doit former un genre dislinct, en dehors des Dictyotées. La structure des liges du Dasycladus est semblable à celle des Caulerpa, c'est-a-dire qu’elles offrent à l'intérieur des couches successives d’accroissement déterminées par une substance incolore, cornée, comparable à celle qui revêt les fibres des végétaux d’un ordre plus élevé. La division des Algues en deux classes, l’une ayant les (416) frondes et les spores colorées en vert, et l’autre chez les- quelles ces mêmes organes sont colorés en rouge, quoi- qu’en apparence systématique, se trouve cependant être naturelle, parce qu'elle repose en même temps sur des ca- ractères d'un ordre beaucoup plus important, mais dont on n'a pas assez tenu compte. Chez les premières, les spores, entourées d'une membrane transparente, sont toujours in- dépendantes les unes des autres, même dans les Conferves, où elles se forment dans des articles séparés, tandis que dans les secondes les spores, quand elles sont arrondies, proviennent de la division d’une masse, unique dans le ‘principe, divisée plus tard en quatre parties distinctes. Les corps reproducteurs claviformes ou ovales des Algues colorées en rouge, doivent être considérés, ainsi qu’on l’a déjà dit, comme analogues aux bulbilles. D'après cel aperçu, il s’agil de savoir quels seront les ca- ractères les plus importants dont il faudra faire la base des premières divisions des Algues ; jusqu’à ce jour on s'est appuyé surtout sur la structure des organes végétatifs con- tinus ou articulés. Je crois au contraire qu'ici , comme dans les autres classes du règne végétal, ceux qui se Lirent des organes de la reproduction doivent être placés en pre- mière ligne, et dans ce cas, les Algues , chez lesquelles ces organes seront à nu, et d'une structure tellement simple qu’ils se confondront pour ainsi dire avec les organes de la végétation, devront être placées au rang inférieur, malgré les grandes dimensions que ces derniers organes pourront acquérir. Les Floridées seront réellement plus élevées que les Fucacées et les autres familles colorées en vert, comme les Lycopodiacées à l'égard des Fougères parmi les cryp=+ togames vasculaires. Je sais qu'on pourra m’objecter, en admettant rigoureusement la division des Algues en deux _. ni tin ( 417 ) grandes classes, que certains genres renferment des espèces colorées en ronge ou en vert tels que les Bangia, Meso- gloia , ete.; mais qu’on veuille bien se rappeler alors que dans le plus grand nombre des genres les espèces y sont classées uniquement d'après certains facies el souvent même , il faut l’avouer, tout à fait au hasard. On n’arrivera à une classification naturelle et satisfaisante des Algues que lorsqu'on possèdera une connaissance précise des or- ganes de la reproduction. ANATOMIE MIGROSGOPIQUE. Recherches expérimentales sur l’inoculation du cancer, par le Dr Gluge, professeur à l’université de Bruxelles. PREMIÈRE PARTIE, $ 1. {ntroduction. — Les maladies cancéreuses de- mandent encore des études profondes et variées. La con- fusion des idées sur ces dégénérescences des tissus est tellement grande, que M. Andral a même voulu en ban- nir le nom de la science. Cancer encéphaloïde, squirre, cancer colloïde , car tout est confondu, et tantôt un au- teur considère le tout comme le développement d’une seule maladie, tantôt un autre établit des divisions innombra- bles. Pour arriver à un diagnostic plus sûr el peut-être à des idées utiles sur la nature des maladies cancéreuses, nous avons cru qu'il fallait avant tout étudier la structure intime et le développement de ces dégénérescences. La chimie ne pouvail être jusqu'ici que d’un secours médio- cre, car nous apprendre que le cancer encéphaloïde con- Tom. vir. 30 ( 418 ) tient de la gélatine, de l’albumine, eic., c'était nous dire très-peu, el découvrir l’augmentalion ou la diminution d’une telle substance ne peut pas avoir une grande in- fluence sur l'extension de nos connaissances. Plusieurs anatomistes se sont occupés depuis quelques années de faire connaître la struclure intime de différentes dégénérescences. M. Mueller de Berlin, a publié en 1838 la première partie d’un excellent ouvrage «sur la struc- ture intime des tumeurs » et nous ayons nous même déjà communiqué le résultat de recherches nombreuses sur ce sujet (1). En établissant les caractères distinctifs de quel- ques dégénérescences telles que le cancer encéphaloïde, nous avons cru faciliter le diagnostic, et notre propre ex- périence pratique a confirmé cette prévision (2). De même, l'observalion que nous avions faite sur la formation du cancer encéphaloïde dans le sang (3), et qui vient de nou- veau d’être constatée par M. Langenbeck, a pu donner quelques idées sur le mode de développement de cette dé- générescence. Nous venons aujourd’hui exposer le résultat de nos observations sur l’inoculation de la malière cancé- reuse, et sur son développement dans les différents tissus. Les tentatives de faire des inoculations de la matière can- céreuse ont déjà élé faites plusieurs fois. En effet, MM. Ali- (1) Gluge, Anatomisch mikroscopische Untersuchungen , pag. 106. (2) Dans un cas de cancer encéphaloïde de lutérus, nous avons pu prédire l’issue funeste de la maladie à l’aide du microscope à une époque où le diagnostic par les autres moyens était encore obscur; dans un autre cas de notre pratique où le médecin croyait apercevoir un ulcère can- céreux, nous avons, par le même moyen, pu prouver le contraire et la guérison de la malade vient de prouver la justesse du diagnostic. (3) Gluge, Anatomisch mikroscopische Untersuchungen , pag. 106. » | ff ELLES nt nt bé * ( 419 ) bert et Bielt (1) ont fait avaler à des chiens de la sanie cancéreuse, qu'ils se sont aussi inoculée à eux-mêmes sans résullat, M. Dupuytren (2) a injecté à des chiens du pus cancéreux dans les veines et dans les cavités splanchniques sans obtenir d’autres résultats que ceux qu’auraient pro- duits l'injection de toute autre matière irritante, Depuis ces expériences, on paraît avoir renoncé à toute autre tentative et c'est seulement dans les derniers temps que M. Langen- beck a de nouveau tenté l'injection (3). (1) Alibert, Description des maladies de la peau. (2) Dupuytren, Dictionnaire des sciences médicales, t. IL, pag. 677. (3) Schmidt, Jahrbuch, 1840, janvier. Voiei l'extrait communiqué par la Gazette médicale de Paris : « M. Langenbeck a renouvelé, à plusieurs reprises, sur des chiens et des lapins, des expériences de M. Alibert, pour savoir s’il ne serait pas possible de transporter quelques cellules carcinomateuses dans le torrent circulatoire de ces animaux, et d’y faire développer le cancer : il échoua d’abord parce qu’il s’était servi de sanie écoulée d’ulcères cancéreux , mais dans laquelle les cellules cancéreuses n'étaient plus dans leur état d’intégrité; il résolut donc de prendre des cellules frai- ches de cancers récemment extirpés sur des individus vivants et de les introduire dans des veines d’animaux, quelque différente que soit l’or- ganisation de ceux-ci d'avec celle de l’homme. Plusieurs lapins, sur lesquels furent faites les expériences, en injectant de la matière dans les jugulaires, moururent au bout de 12 à 24 jours, avec tous les symp- tômes de suffocation, parce que la matière cancéreuse avait probable- ment obstrué les vaisseaux capillaires du poumon ; mais une autre expé- rience , pratiquée sur un chien, eut un résultat des plus remarquables. OBSERVATION. — On fit, le 8 juin 1839, sur un chien fort, âgé de 2 ans , en présence de plusieurs personnes, l'ouverture de l’artère fémorale gauche et on retira environ 240 grammes de sang, qu’on débarrassa de sa fibrine en le battant, et l’on y méla ensuite environ 15 grammes de suc cancéreux blanchâtre , pris sur une tumeur encore toute chaude, qui avait été enlevée deux heures auparavant, en désarticulant l’'humé- rus. Ce sang fut ensuite injecté dans la veine fémorale gauche ; immé- diatement après, l'animal respira avec difficulté, mais il se remit bientôt. ( 420 ) On voit que cette observation trés-curieuse peut cepen- dant donner lieu à de nombreuses objections que plusieurs journaux en effet lui ont déjà adressées. L'introduction dans la circulation d’une matière étrangère devait amener des désordres graves dans l'organe de la respiration. J'ai donc cru devoir tenter d’abord une autre voie. En présen- tant ces observalions, j'avertirai seulement que prouver la contagion ou non-contagion de la matière cancéreuse n’est nullement le but principal de mes recherches; mon but principal, en faisant ces expériences, est de poursuivre dans le plus grand détail le développement du cancer, et d'examiner les différentes conditions de sa formation. Sous ce rapport, les observations suivantes offrent déjà un grand intérêt. En les complétant, on parviendra peul-être à des indications uliles pour la pratique. L'inoculalion rendra peut-être possible la division des cancers en deux classes, quant au traitement : en ceux dont l'inoculation est possi- ble et l'opération en même temps inutile et dangereuse, parce qu’elleeporte la mort au malade, et en ceux qui Pendant deux jours, le chien parut malade et eut la fièvre; la respira- tion était libre et l’animal était en apparence rétabli au bout de huit jours; plus tard, il maigrit considérablement, malgré une grande vo- racité. Le 10 août on le tua en lui coupant la moelle allongée et on le disséqua en présence de ceux qui avaient assisté à l'expérience. En ouvrant le thorax, les deux poumons paraissaient sains; ceperdant à la face antérieure des deux poumons , on remarqua deux ou trois petites saillies lenticulaires , qui ressemblaient en tout aux carcinômes récents du poumon humain, et dont la texture fut vérifiée au microscope; on trouva aussi dans l’intérieur du poumon gauche un noyau tuberculeux du volume d’une fève, de nature cancéreuse, en ce que les cellules qui ont été trouvées et observées au microscope étaient identiques avec celles prises dans la tumeur de l’humérus désarticulé. » ( 421 ) peuvent être opérés avec quelque garantie de succès. Mais je le répète, nous sommes encore loin de pouvoir établir de telles propositions d’une maniére scientifique. Appro- fondir la nature et le développement de la maladie, nous paraît, dans la voie expérimentale, le premier besoin. $ 2. Expériences. — 1° Expérience. — Je recueillis du pus trés-liquide d’un blanc grisâtre, d’une odeur fétide, provenant d’un cancer de l'utérus d’une femme qui se trouve encore à l'hôpital St-Pierre (service de M. Seutin); un peu de détritus grisâtre, qui s'était détaché du col par suite d'une cautérisation pratiquée la veille était mêlé au pus. L'inspection microscopique me démontrait des globules, mais dont les contours n'étaient pas trés-nets, et qui paraissaient comme rongés par un corrosif. Une matière granuleuse d’une forme non déterminée était mê- lée en grande quantité aux globules de pus. Outre ces globules, je trouvai des globules de sang et des globules blanes, petits, plus irréguliers, dont il me paraît diffi- cile de dire si ce sont des globules de sang décolorés ou de nouveaux globules, comme l'expérience que nous allons décrire le rend probable. Je pratiquai le 24 mars, en présence des élèves qui suivent le cours d'anatomie pathologique, une petite in- cision dans la peau de la cuisse droite d’une très-forte lapine. J'introduisis dans la plaie à peu près # d’une cuil- lerée à thé de la sanie cancéreuse, ainsi que quelques grains des débris mentionnés, Les contractions des muscles déterminérent la fermeture immédiate de la plaie par la peau, à laquelle je n’appliquai aucun bandage. Dans les premiers huit jours, l'animal ne se montrait nullement affecté, mais la plaie sécrélait un pus très-fluide comme de la sanie, les bords de l’ulcère qui y était établi étaient ( 422 } trés-durs. (Les globules du pus avaient du reste l'aspect normal.) L’ulcere saignait beaucoup , spontanément, et ce suintement d’un sang liquide augmentait par la plus légère pression. Dans la semaine suivante, jusqu’au 8, l'état général de l'animal changea : il perdait l'appétit, maigrissait beaucoup, perdait toule sa vivacité et ses mou- vements devenaient faibles et lents; il était attaqué d'une diarrhée aqueuse et verdâtre. L’ulcère était rempli d'une exsudation blanchâtre, les bords étaient durs. Mais ce qui excitait le plus mon étonnement, c'était cinq tumeurs assez dures, inégales, qui pour la plupart s'étaient développées dans l'épaisseur même des mamelles dont on voyait sortir le bouton. Une incision faite laissait suinter à peine une goutte de sang et un peu d’eau. Il se montrait alors sur la coupe une substance blanche grisâtre et dure. À cet endroit les poils se délachaïent avec la plus grande facilité de la peau. Pendant l'incision , l'animal ne donnait aucun signe de douleur : elle avait cependant été assez vive lorsque je pratiquai la première incision au commencement de l’expérience (1). Depuis celte époque l'appétit se perdit, la peau devint froide , la marche pénible; maigrissement au plus haut de- gré ,odeur pénétrante de la plaie ; l'animal allait toujours endépérissant, les tumeurs devenaienténormes, les extrémi- tés postérieures étaient comme paralysées , quelques jours avant sa mort, qui arriva le 20 avril. Autopsie faite le jour même de la mort. — Quoique (1) J'ai dû noter cette circonstance sans y attacher une grande im- portance ; quiconque a souvent fait des expériences sur des lapins, sait que ces animaux sont quelquefois tellement effrayés qu’ils ne bougent pas pendant des opérations très-douloureuses. tué { 423 } l'aspect extérieur me donnât quelque espoir que notre expérience offrirait de l'intérêt, j'étais cependant loin d’es- pérer une reproduction aussi complète du cancer et une désorganisation aussi grande que celles dont nous donne- rons la description fidèle. 1. Les intestins, depuis le commencement de l’œso- phage jusqu'au rectum étaient sains, à l'exception de l’esto- mac, qui offrait à l'extérieur et à l'endroit du cardia un épaississement de la membrane musculaire. Plusieurs glan- des du mésentère sont considérablement agrandies, quel- ques-unes ont le volume d’une amande, elles sont assez dureset contiennent une matière blanchätre comme du lait. 2. Le foie, qui est formé chez les lapins par trois grands lobes (abstraction faite des petits lobules) , a subi la trans- formation la plus considérable. À la surface supérieure du grand lobe, danslequel est logée ‘Ja vésicule biliaire , on distingue l’une près de l’autre deux petites tumeurs de la grandeur des petits pois , assez dures, et d’un blanc mat. À sa surface inférieure se trouve une tu- meur blanchâtre assez dure de 18 millimètres de longueur, de 5 millim. de largeur , dans son plus grand diamètre , et de 5 millim. de profondeur , de manière qu’elle perce pres- que toute l'épaisseur du foie. Un des deux autres lobes présente à sa surface inférieure une tumeur tout à fait analogue à la première, quant à la consistance et à la couleur, diam. long. 15 millim. diam. transversal 9 millim., traversant également l'épaisseur du foie sans le percer ; celle tumeur était bosselée et plus ir- régulière que la première. Le troisième lobe enfin se trouve presque entièrement transformé. Il forme un kyste du volume d’une orange, qui , dans ses deux tiers , offre au doigt une espèce de fluc- ( 424 ) luation. Le reste du kyste est formé par une tumeur bosselée. Ici une petite portion seulement du foie est restée saine dans quelques centimètres d'épaisseur. Cetle tumeur est égale à celles des autres lobes et des glandes mésenté- riques, le kyste a le diam. Jongitud. de 30 millim. , le trans- versal de 25 millim. 3. Les reins et la rate sont parfaitement sains. 4. Le cerveau, le cervelet , la moelle épinière, n’offrent aucune altération. 5. Organe circulatoire.—Les poumons sont parfaitement sains et crépitants, le ventricule gauche contient assez de’ caillots, une partie de la fibrine est d’un aspect normal, l’autre d’un blanc mat. L'aorte paraît à l'extérieur comme un cordon blanchâtre jusqu’à sa division en artères iliaques. Sa membrane interne présente quelques élévations granu- leuses très-blanches et dures. 6. Organes du mouvement.— Entre les muscles de la poi- trine et ceux du dos se trouvent des tumeurs molles pres- que diffluentes, et une matière blanchâtre. La tumeur de 35 millim. de longueur à peu près est d’un gris mêlé de points rouges et blancs , la matière blanchätres’étend dans la moitié de la largeur des côtes et jusqu'aux fausses côtes. 7. Peau. — A l'endroit où j'avais pratiqué l'incision pour faire l’inoculation , la plaie élait remplie d’une couche épaisse d’une masse demi-liquide et blanche, semblable au liquide que nous venons de mentionner plus haut. Cette malière reposait sur une membrane d’une couleur grise mêlée de points rouges. Celle matière se prolongeait de la cuisse droile jusqu'a la mamelle voisine. C’est là où com- mençaient cinq lumeurs de volume inégal. Quelques-unes sont molles ei donnant la sensation comme d'une fluctua- tion, ou elles sont dures, bosselées, el alors la matière qu’elles hote. he ( 425 ) conliennent est encore blanchâtre , mais de plus de consis- tance que dans les précédentes. La tumeur la plus grande a 30 millim. de longueur et 10 de largeur. 8. Les ovaires sont sains. Analyse microscopique el réaction de quelques agents chimiques. 1. Globules du sang parfaitement comme dans l'état sain. Fibrine de même et très-élastique. 2. Matière blanchâtre sécrétée par la plaie. Globules innombrables d’une forme très-irrégulière, comme rongés par un acide corrosif, plus petits que les globules de sang; on y trouve mêlés des globules trois fois plus grands, jaunà- tres, et une matière granuleuse. Nulle trace de globules de pus. Cette observation était déjà vérifiée sur l'animal vivant. 3. La même matière blanchâtre très-visqueuse, épaisse, est renfermée dans la grande tumeur. La fluctuation est due à cette matière demi-liquide renfermée dans les kystes; elle contient les mêmes éléments microscopiques. Les au- tres tumeurs ainsi que celles du foie offrent absolument les mêmes globules et forment la même masse. Ils ont une assez grande ressemblance, quant à la couleur et à l'aspect extérieur, avec les globules qui caractérisent le cancer en- céphaloïde; mais leur volume est seulement de :% jusqu'à 4 d'un millimètre; ils sont donc beaucoup plus petits que les globules de pus, et se rapprochent, quant au volume, des globules sanguins. Leur couleur d’un blanc mat donne à la matière la couleur blanchâtre. La matière est coagulée par l'alcool, sans que les globules soient changés; l'éther coagule aussi sans dissoudre les globules, dont il rend seulement l'intérieur d'une couleur plus foncée. ( 426 ) à L'acide acétique produit une faible coagulation sans changer les globules. L'acide nitrique coagule la matière et lui donne une teinte d’un rouge pâle sans changer leur forme. En ajoutant la potasse caustique liquide, les globules se prennent en pelites maSses, leurs formes deviennent moins distinctes sans disparaître tout à fait, et le tout ap- paraît comme une surface granulée. L'ammoniaque caustique liquide produit bien une lé- gère coagulation, mais ne change pas les globules. 2me Exvpérience. — 21 avril. — Après avoir fait des inci- sions dans les deux cuisses d’un lapin, je nris immédia- tement en contact avec la plaie de la cuisse gauche, la matière provenant de l'endroit d’inoculation de l’animal de l'expérience précédente. La matière du grand kyste externe fut incculée de la même manière dans la cuisse droite. L'animal mange quelques heures après. 23 avril. — La plaie gauche est fermée, mais je remar- que dans la peau, au même endroit, une tumeur ronde bosselée ; une des plaies droites est aussi presque fermée, mais la cicatrice est dure , l’autre, où la réunion est plus difficile à cause de la grandeur de la plaie, est encore ou- verte, couverte de pelits vaisseaux, etsupure très-peu. L’ani- mal mange avec beaucoup d’appétit et ne paraît pas souffrir. 24 avril. — La tuméfaction des deux plaies a augmenté, elle s’est un peu étendue vers l'abdomen. 28 avril. — À droite et à gauche les tumeurs augmen- tent, dans la plaie gauche on apperçoit tout de suite une matière d’un blanc jaunâtre dont la couche supérieure est séchée au contact de l'air. Cette substance ne contient pas de globules de pus, elle est composée de globules analo- gues aux globules blancs décrits dans la première expé- rience. L'animal a beaucoup maigri. (427 ) 30 avril. — L’aninal ne peut plus se servir des extrémités postérieures. Amaigrissement considérable, Abattement ; cependant il mange encore un peu. 1% mai. — Mort. Autopsie faite le même jour. — Deux tumeurs entou- rent les deux tibia, une enflure plus large occupe presque tout le bas-ventre, et un endroit de la peau abdominale, de la grandeur d’une pièce de 5 francs, est noir et dénué de poils; cet endroit correspond au développement de la ma- tière cancéreuse dans l'épaisseur de la peau abdominale. Les plaies antérieures sont sèches. Après avoir fait une incision dans la peau, la même matière blanchâtre que j'ai décrite dans l'expérience précédente se présente. À droite la matière part de la plaie comme d’un centre et s'étend le long de la cuisse jusqu’à l'articulation pelvienne et en bas le long du tubia. Elle est adhérente aux aponévroses, pé- pètre quelquefois jusqu'aux muscles et alors ceux-là appa- raissent comme gélatineux. À gauche, la matière occupe à peu prés la même étendue qu’à droite. En ouvrant l'abdomen , après avoir enlevé les intestins, on aperçoit déjà, à travers le péritoine qui revêt les parois ‘abdominales, que la matière morbide est également déposée sur les muscles abdominaux; en enlevant la membrane séreuse, on découvre une couche très-épaisse de la matière cancéreuse occupant les aponévroses des muscles et les pé- nétrant quelquefois. Cette couche va à gauche, mais en diminuant d'épaisseur jusque sous la plèvre costale et jus- qu'à la troisième côle à peu près, à droite elle n’atteint pas celte hauteur, et de ce côté les muscles intercostaux appa- raissent avec leurs aponévroses sous l'aspect naturel. Les autres organes n’offrent aucune altération , le foie seule- ment contient quelques hydatides. ( 438 ) 3Me Expérience. — 24 avril. — La matière cancéreuse qui provenait de l'utérus de la même femme dont j'ai parlé tout à l'heure, et qui se trouve encore à l'hôpital St-Pierre, fut inoculée sur un lapin (male). Je pratiquai une incision pénétrante jusqu'aux muscles de la cuisse gauche, et je versai quelques gouttes de la sanie cancéreuse sur la plaie. Une incision plus superficielle et devisant seulement un peu la peau, fut pratiquée à la cuisse droite et l’inocu- lation faite de la même manière. 25 avril. — La plaie de la cuisse gauche sécrète déjà une matière d’un mauvais aspect ; aucune apparence d’une bonne suppuration. 26 avril. — Une matière blanchâtre occupe le fond de la plaie qui sécrète un liquide incolore. 28 avril. — L'ulcère continue de s’agrandir lentement, est sec, au-dessous une matière concrète blanchâtre. Sous le microscope la matière blanchâtre contient des globules comme dans les tumeurs de la première expérience ef au- cune trace de globules de pus ! 30 avril, — L'animal est mort hier (probablement dans la nuit). Autopsie.—CGerveau, intestins, reins, foie : sains. Le der- . nier présente seulement une strie blanchâtre dure , à son bord inférieur. Les testicules sont normaux mais la tunique vaginale contient un liquide incolore, plus abondant dans le testicule gauche que dans le droit. Les testicules des- cendus dans le scrotum présentent de véritables hydrocèles, la gauche de la grosseur d’un œuf de poule, la droite la moilié aussi grande, la tunique vaginale du côlé gauche est épaissie et rouge. La plaie droite, où l’inoculation étail seulement super- ficielle est sèche , et n'offre aucun produit morbide , ni à ( 429 ) la surface ni dans l’intérieur des muscles. La plaie gauche présente l’altération suivante : Les muscles du fémur, de- puis l'articulation pelvienne jusqu'au genou sont couverts d’une membrane demi-liquide, assez tenace, blanchâtre; elle se laisse détacher avec facilité des aponévroses qui ne pré- sentent au dessous aucune altération. Là, d’un côté, elle s’é- tend sur la cuisse, elle s'étend, de l’autre, jusqu’au deuxième tiers des muscles de la poitrine. Le tissu cellulaire souscu- tané est en plusieurs endroits infiltré d’eau , et paraît comme gélatineux. Examinée au microscope , cette matière pré- sente les mêmes globules que dans les tumeurs du foie, de la peau et des mamelles du lapin, qui font l'objet de la première expérience. Aucune trace de globules de pus. Les yeux sont baignés par un liquide blanchâtre qui paraît sécrété par la conjonctive et qui n'offre aucune trace d’inflammalion. Ce liquide se présente au microscope com- posé de globules blancs plus petits que ceux décrits au- paravant ; ils ressemblent presque aux globules de lait. Les globules de sang n'offrent aucune altération , le sang est liquide dans le cœur. L'inoculation avait dont encore une fois réussi ; seule- ment l'animal succomba après six jours. Je ferai remarquer que le lapin inoculé le même jour avec du pus simple, se porte parfailement bien. (Voir la 4me expérience ). Là cuisse droite n’offre comme lout le côté droit aucune altération, j'avais fait avec intention l'incision superficielle. Peut-être les inoculalions failes par nos prédécesseurs ont-elles échoué par celte même cause , et les inoculalions sur l’homme surtout, n’ont dû être que trés-superficielles. 4m Expérience. — 24 avril. — Du pus simple prove- nant d'une escarre qui avait élé pratiquée au dos d’une * (430 ) jeune fille, fut inoculé de la même manière que dans les expériences précédentes, dans les deux cuisses d’un lapin. 25 avril. — Les plaies sont déjà en voie de guérison, (comparez la 3e expérience ). 28 avril. — L'animal se porte très-bien. 5 mai. — Les plaies sont cicatrisées. L'animal se porte très-bien. (L'animal de la 3° ex- périence est mort le 30 avril, ils avaient élé inoculés en même temps.) (1). Je me borne pour le moment à présenter seulement les faits tels que je les ai observés; ils me paraissent assez impor- tants pour exciter l’attention des médecins physiologisles. Je ferai seulement remarquer les points suivants : 1° L'inoculation du pus ordinaire est bénigne, ne pro- duit aucune altération ni locale ni générale. 2° En inoculant la matière cancéreuse, l'effet reste d’abord local ; il s'établit d’abord une suppuration qui das- paraût bientôt entièrement, et alors commence la sécré- tion de la matière cancéreuse, qui bientôt gagne les tissus environnants et quelquefois les organes internes. Celte der- nière condition n’est pas même nécessaire pour que l’ani- mal succombe, la mort est arrivée dans les trois expériences. 3° La malière cancéreuse est sécrétée comme liquide; il dépend de la résistance des tissus, qui sont détruits par la matière cancéreuse et de la quantité de cette dernière, qu'ils présentent des tumeurs ou de simples infiltrations de matiére cancéreuse. 4° Dans nos trois expériences, la matière cancéreuse se (1) Comparez aussi Miescher, De inflammatione ossium, et le résultat de ses expériences sur l’irritation mécanique. mn. ‘2 sméfés née out. és ( 431 ) présentait comme la même à l'œil nu, au microscope et aux réactifs chimiques. 5° La matière cancéreuse provenant d’un lapin inoculé a été inoculée à un deuxième avec plein succés. 6° Pour que l’inoculation réussisse , il me semble néces- saire d'appliquer la sanie cancéreuse au moins au tissu cellulaire souscutané. EXPLICATION DES PLANCHES. PI. let IL. Présentent les cancers du lapin de la première expé- rience. PI. III. Le cancer de celui qui a servi dans la troisième expérience, PI. I. Surface concave de deux lobes du foie. a. Première tumeur cancéreuse. b, Deuxième tumeur cancéreuse dans laquelle j'ai fait une incision pour montrer la matière blanche qui la compose, c. Vésicule biliaire. PI. II. Le troisième lobe du foie transformé en grande partie en kyste rempli de matière cancéreuse et en tumeurs cancéreuses. Fig. 1. Surface supérieure du lobe se présentant tout à fait en forme de kyste, surtout à l’endroit d. 11 n’y existe plus aucune trace du tissu du foie. Il en reste encore une petite portion a l’endroit c. à. Tumeur cancéreuse divisée par une coupe. a. Matière cancéreuse sortant du kyste par une incision, Fig. 2. Surface supérieure du même lobe, On y distingue encore une plus grande partie du tissu du foie conservé, cependant ce, tissu sain ne forme qu’une couche très-mince, et l’on voit distinctement la transition du tissu sain en tissu morbide. ab. Deux petites tumeurs cancéreuses logées dans le tissu du foie encore intact. c. Tumeur cancéreuse où le tissu du foie a entièrement disparu. Pig. 3. Globules qui composent la matière cancéreuse. Ils avaient la même forme partout où la matière cancéreuse était déposée, et nous aurions dû les reproduire trois fois exactement sous (432 ) la mème forme, si nous avions voulu les dessiner à chaque - expérience. PI. IL. Matière cancéreuse sur les aponévroses et les muscles de la cuisse. (Voir la troisième expérience ). On y distingue quel- ques parties des muscles intactes, d’autres entièrement couvertes par la masse cancéreuse. à Articulation du fémur, d jambe, ee peau repliée, aa ma- tière cancéreuse , a 2 endroit où cette matière s'étend jusqu'aux muscles abdominaux et intercostaux. ( Voyez l'observation 8.) GÉOLOGIE. Sur les fossiles d'Ettelbruck, extrait d’une lettre de M. le docteur Biver, au secrétaire perpétuel. Dans la notice que j'ai eu l'honneur de vous remettre en décembre dernier, sur la découverte de deux défenses fossiles (Bulletins, t. VIL, p. 64), j'avais cru utile de donner la situation d’Ettelbruck , d'indiquer le cours des rivières qui se réunissent sur ce point , et d'énumérer les groupes géologiques traversés par elles; je m'exprimais à peu près ainsi : « C’est dans une alluvion formée par ces divers cours » d’eau que se trouvait le fossile, à une très-petite profon- » deur; il paraît avoir été transporté en cet endroit par le » dernier grand mouvement qui a eu lieu dans le Luxem- » bourg, mouvement qui correspond à l'époque jurassique; » Ja chaîne des terrains de ce groupe s'étend depuis le mont » St-Michel près Thionville, par ceux de S'-Jean de So- » Jeurreetde Titus vers Montmédy; elle s'élance en pins. Sa » partie inférieure est formée de grès jaunes et blancs dans Re ( 433 ) » lesquels on rencontre une prodigieuse quantité de be- » lemnites et des empreintes de divers poissons fossiles, » de très-belles ammonites, depuis l’'ammonite Walcotii » jusqu'aux Cylindricus, Biformis, Catenatus, des téré- » bratules, des pectenides, etc.; ce terrain, dans la partie » calcaire, esttrés-riche en minerai; on s'en serl comme fon- » dant, et sur plusieurs points on y exploite une excellente » mine de fer hydraté. Les grands courants ont entrainé » des débris de ces terrains dans une direction nord- » nord-esl; les lits des rivières sont creusés dans ce sens, » et les montagnes démontrent par leurs ravins, que telle » aélé la direction des eaux, et les dépôts de mine de fer » roulé sont Lous placés en amont des montagnes marneu- » ses, et en aval de celies de grès de Luxembourg plus éle- » vées. » Mon intention était de mettre les savants à même d’ap- précier les circonstances et l'époque à laquelle ces fossiles avaient pu être charriés par les eaux. Mon opinion à cet égard se trouve en quelque sorte corroborée par une découverte semblable, que le Journal d’Arlon annonce avoir élé faile récemment dans les bois de la commune de Niederkorn, village situé à environ 11 lieues sud-sud-ouest d'Ettelbruck, au pied de la chaîne des montagnes jurassiques ; la mine de fer hydraté y est abondante, et c’est de ce plateau que descend l'Allzette, qui se jelte dans la Sure à Ettelbruck, Le groupe auquel appartient le terrain de Niederkorn, renferme une quantité immense de fossiles; il est à nu jusque dans les environs de Rethel, où il est recouvert par le groupe crélacé de la Champagne. Les fossiles que j'y ai rencontrés dans mes excursions sont les : 1° Serpula tricarinata, 2 Aptychus elasma , Tom. vur. 31 ( 434 ) 3° Terebratula bidens, 4 T. triplicata, 5° T. tetrædra, 6° T. subrotunda, 7° T. media ; & T. tetrandra, ® Os- trea palmetta, 10° ©. acuminata, 11° O. pectinata, 12° O. pennaria, 13° Gryphea dilatata , 14° G. nana, 15° G. obliqua , 16° G. cymbium, 17° G. lituola, 18° Pli- catula spinosa, 19° P. tubifera, 20° Pecten abjectus, 21° P. inœquicostatus, 22° P. demissus, 23° P. lens, 24° P. fibrosus, 25° P. arcuaius, 26° Plagiostoma cor- diforme, 27° P. giganteum, 28° Avicula bramburien- sis, 29° Pinna lanceolata, 30° Isocardia concentrica, 31° Æstarte planata, 32° Cytherea cornea , 83° Amphi- derma donaciforme , 34° Pholadomya fidicula, 35° Me- lania striata, 36° M. ampullaria, 37° M. turritella, 38° M. nerinea, 39° Belemnites semisulcatus, 40° B. di- gitalis, 41° B. trisulcatus, 42° B. compressus, 43 B. giganteum, et aramoniles de plusieurs espèces. Ces Ler- rains, en parlie très-sablonneux, sont placés en aval du pla- teau jurassique, ctserapprochent des groupes plus modernes qui ont fourni les premiers produits paléontologiques. Le Luxembourg ayant été parcouru par MM. D'Omalius d'Halloy et Cauchy, géologues irès-dislingués, j'ai cru bien faire de vous adresser les renseignements ci-dessus. HISTOIRE NATIONALE. Note sur la bataille de Lutter, gagnée par le comte de Tilly , le 28 août 1626; par M. Jules de S'-Genois , cor- respondant de l'académie. De Godefroi de Bouillon aux temps modernes plus d’un grand nom a retenti chez nous dans la carrière militaire. ( 439 ) La gloire des armes à eu dans chaque siècle de dignes re- présentants en Belgique. Qui n’est fier de pouvoir procla- mer belges Baudouin de Constantinople, Jean Ir, le héros de Woeringen , Robert de Béthune, Charles-Quint! Puis à côlé de ces réputations hors de ligne méritent de prendre place le comte d'Egmont, Jean de Weert, le feld-maréchal de Mérode, le prince de Ligne, Vandermeersch, Dumonceau, Jardonet tant d’autres,que nous nous abstenons d’énumérer. Au XVIE siècle, quand Espagnols et Lialiens occupaient tous les commandements militaires en Belgique, quand les hommes de génie et de courage se voyant mal appréciés dans leur patrie, allaient offrir leur bras aux princes étrangers, ce fut notre pays qui fournit à l'Empire le plus brave capitaine qui existât alors en Europe. Nous voulons parler de Jean de T'Serclaes, comte de Tilly, dont les exploits sont deve- nus si célèbres. On sait que ce général fut tour à tour exalté et calomnié par les partis. Bien des préventions s’élevaient contre lui, mais la vérité finil toujours par triompher. Ainsi aujourd’hui, pour l'historien impartial, il est certain que Tilly ne fut point l’auteur de l’horrible sac de Magde- bourg, qui imprimait une tache si sanglante sur sa réputa- tion militaire. Le temps et la lumière parviennent seuls à dissiper les préjugés accrédités par l'esprit de parti. Nous renvoyons ici à une note intéressante publiée dans le Bul- letin de la commission d'histoire, L. VIE, p. 83, par no- tre savant collègue M. l'abbé De Ram , et à un autre travail qui a paru dans la Revue de Bruxelles, novembre 1839, sur la prise de Magdebourg. Comme tout ce qui concerne un grand homme qui ap- partient à la Belgique par sa naissance, mérite d'attirer l'attention , nous croyons qu'il ne sera pas sans utilité de communiquer à l'honorable compagnie des détails nou- ( 436 ) veaux sur la bataille de Lutter, une des plus célèbres que Tilly ait gagnées sur les protestants. L’électeur Frédéric, Christian de Brunswick et Mansfeld, furieux d'être sans cesse battus par T'Serclaes, atlirérent le roi de Danemarck, Christiern IV, dans le parti des protes- lants, et vinrent livrer bataille au général de l'empereur près du château de Lutter, dans le duché de Brunswick. La relation que nous donnons ici fut envoyée probablement le soir même de la bataille à l’infante Isabelle, à Bruxelles, pour qu'elle instruisit le roi d'Espagne de cette célèbre vic- toire. Nous laisserons parler le général lui-même. Relation du comte de Tylly, envoyée à la sérénissime infante (Isabelle) pour faire part à sa Majesté catho- lique (1). « La ville de Gottinghen s’estant rendue l'onziesme jour » de ce mois d’aoust, je esté retardé par quelque mienne » indisposition et certaines incommodilés de troupes jus- » ques au 15%, que je me suis rendu aux environs de la » ville de Northem avecq intention de l'assiéger , mais le » roi de Denemarcq (2), qui avoit assemblé toute son ar- » mée pour secourir ledit Gottinghen, voyant son dessein » failly, et se doutant du mien, m'est, dès lendemain, venu » sur les bras avec tant de forces que je n’ay sceu empes- » cher de mettre de gens et de vivres dans ladicte ville » de Northem, devant laquelle je n’avois prins aucun quar- » tier: sentant donc l'ennemi si acreu et que sa cavallerie (1) Nous avons conservé l'orthographe de la pièce même. (2) Christiern LV. On ( 437 ) surpassoil de plus de la moitié du nombre de la mienne, j'ay trouvé convenable de prendre l’advantage de certain post qui esloit à une demy lieu de là : el après avoir sous- tenu l’ennemy jusques à la nuict, au passage de certaine pelite rivière qui passait proche de ladite ville, je me suis sans aulcune perte, retiré audit post en attendant l'arrivée d’une partie des trouppes que le ducq de Freid- landt, lors qui partit envers la Silésie à la suite de Mans- feldt, avait laissé dever l'Elbe et évesché de Magdeburgh et Halberstadt. Cependant l’ennemy sa bougé le 22%, et selon que je sceu super de son dessein par la route qu'il print , ilsalloit jettersur les pays de princes catholiques, et de faict il avoit desia mis le pied dans PEysfeldt, ap- partenant à l'électeur de Mayence, et estoil proposé d’at- taquer la ville du Duderstadt, de quoy ayant eu advis, je me suis avancé avec toute diligence pour le prévenir, el m'’estant renforcé desdictes trouppes du ducq de Freid- landt, en nombre de deux régiments d'infanterie et qua- tre de cavallerie, soubs la condaitte du baron du Fours, je me suis mis à acosler l’ennemy de si près qu’au lieu de pousser son dessein il a commencé de se retirer , ce qu’il m'a faict resouldre de le suivre encore plus:vivement et en sorte que le 25° envers le soir, j'ay descouvert son arrière garde, avec laquelle mes avantcoureurs ont faict quelque légère escarmouche jusques à ce que la nuict est survenue. » Le lendemain 26°, l'ennemy a mis le feu en divers vil- lages pour favoriser sa retraite, nonobstant quoy ceux de mon avantgarde l'ont talonné de si près qu'après avoir taillé en pièces quelques six cent mosquettaires et dra- gons qu'il avoit derrière, il a esté contraint de faire tourner Leslie à Loute son armée, avec laquelle marchant » » (438 ) en pleine bataille, il se relire sur une grande montagne qu'il avoit à dos. Quant que touttes mes trouppes ont sceu arriver el après nous estre, entre salves de quelques canonades , je me suis logé vis à vis de luy. La nuict sui- vaut, l'ennemy a continué sa retraicte; et moy de le suivre dés la pointe du jour 27%, La contrée estoit étroite et entrecoupéede divers passages parlesquellesayant poussé l’ennenry, nous sommes venus à des planures ouvertes entre Backenem et Goslaer, prache du château nommé Lutter, où l'ennemy s’est autrefois demeuré obligé de tourner teste comme il a faict avec toute son armée, se prévalant de l'avantage de la campagne, laquelle estoit plus baulte de son costé , et faisoit un vallon maresca- geux de l’aultre où j'estois. Icy notre avantgarde a faict halle, attendant l’arrivée de toutes nostres trouppes, et entre tant (temps) le canon a joué de part et d'autre, et vers le midi les deux armées se sont trouvées rangées en bataille. Estant donc question de l’approcher, et voyant que l’ennemy ne faisoit mine de bouger le premier j'ay commencé de faire avancer et descendre l'infanterie, bien avec incommodité dans ledit vallon et la cavallerie aux aisles par deux passages estroicts , c’esloit assez selon l'avantage que l’ennemy nous attendoit, car prenant ce temps , il nous vient charger avecq une grande résolu- tion : mais nosire infanterie le soustient avec beaucoup de courage, et après quelque balancement, elle eust en- fin le dessus, et le repoussant, le mit en désordre. » Toute l'infanterie de l’ennemy a esté défaicte et taillée en pièces et presque touts les principaux officiers d’icelle tuez ou prisonniers; on a recognu parmy les tuez le land- grave Philippes de Hesse, le couronel Fuchx, général de l'artillerie, le commissaire général Pobitzy, le eouronel » (439) Marc Pinbz et le lieutenant couronels Bersabe et Enge- bucht. On doubte du comte de Solins, parce qu'aucun croales ont apporté son cachet, affirmants d’avoir tué celui qui le porloit. Entre les prisonniers sont le couronel et commissaire général Loshausen, les couronels Lensdorff, Frenquin , Gurtsghen, Gheest et Courville, le commis- saire général Ranson, le lieutenant couronel Crix, le maieur Einterot et le commissaire général de la pro- viande, oultre ung très grand nombre des capitaines et aultres moindres officiers qu'ils ont esté tuéz ou faits prisonniers, desquels l'on n’a si tost peu dresser liste. » L’artillerie que l’on a gaignée, monte au nombre de 22 pièces et les drapeaux qui ont desia esté delivrés entre mes mains passent les 60 avec six corneltes. Il y a eu fort de simples soldats prisonniers horsmis quelques deux mille qui s’estoient retirez au chasteau de Lutter avecq 29 drappeaux, lesquels se sont aussy tost rendus à driscré- tion , et l’on en a fait auleunes compagnies qui sont esté reparties parmy nos régimens. Nous avons perdu quelque 4 ou 5 capitaines, mais nul aultre plus haut officier. » En haste, du camp proche du Lutter, le 28e d’aoust 1626. » Cette relation, fort curieuse comme. on le voit, d’un des principaux faits d'armes de Tilly, est conservée, en copie contemporaine , aux archives de la Flandre orientale. Nous avons tout lieu de croire que les détails que renferme cette pièce sont encore inédils. La description des manœuvres militaires du général donne une parfaite idée des positions respectives des deux armées. Nous ferons une dernière ob- servalion, c'est que la simplicité qui caractérise cette rela- tion contraste étrangement avec le récit ronflant et exagéré que l'on remarque dans les bulletins d'armée de nos jours. ( 440 ) E ARCHÉOLOGIE. Un combat de cogs. Explication d'une peinture de vase, par M. Roulez, membre de l'académie. « Les hommes, dit Buffon (1), qui tirent parti de tout, pour leur amusement , ont bien su mettre en œuvre cette antipatbie invincible que la nature a établie entre un coq et un coq, ils ont cultivé cette haine innée avec tant d’art que les combals de deux oiseaux de basse-eour sont de- venus des spectacles dignes d’intéresser la curiosité des peuples, même des peuples polis, et en même temps des moyens de développer ou entretenir dans les âmes cette précieuse férocité qui est, dit-on, le germe de l’héroïsme. On a vu, on voit encore tous les jours, dans plus d’une contrée , des hommes de tous états accourir en foule à ces grolesques tournois, se diviser en deux partis, chacun des partis s’'échauffer pour son combaltant, joindre la fureur des gageures les plus outrées à l'intérêt d’un si beau spec- tacle, et le dernier coup de bec de l'oiseau vainqueur, renverser la fortune de plusieurs familles. C'était autrefois la folie des Rhodiens (?), des Taragréens (?), de ceux de Pergame. C'est aujourd'hui celle des Chinois, des habi- tants des Philippines, de Java, de lIsthme , de l’Amé- rique et de quelques autres nations des deux continents. » Ajoutons que ce ful aussi (et c'est encore dans quelques localités) celle des Anglais, des Allemands et des Belges ; mais nous n'avons à nous occuper ici que des Grecs, et principalement des Athéniens, (1) Histoire naturelle des oiseaux , tom. EL, pag. 71, éd. in-4e, | ( 441 ) Les combats de coqs paraissent avoir élé un amuse- ment assez généralement répandu parmi les nations hellé- niques (1). Il y en avait de deux espèces , les uns publics, c'est-à-dire donnés par ordre de l'autorité, les autres privés, soit qu'ils eussent lieu chez les particuliers ou sur une place publique. L'existence des premiers nous est altestée pour Athènes (2) et pour Pergame (3), et bien que ce soient les seules localités dont les auteurs anciens fassent ex- pressément mention , il est de toute probabilité qu'ils ont été en usage dans d’autres cités encore ; c’est ainsi que la représentalion de deux cogs en regard sur le revers de mé- dailles de Dardanus (4) et d'Ophrynium (5) nous semble faire allusion à l'institution de combats publics de ces oiseaux, dans ces deux villes de la Troade, Nous n'ose- rions en dire autant à l'égard des villes sur les monnaies desquelles figure un coq seulement, bien que Heyne et Boeckh (6) en aient tiré cette conclusion relativement à Himère en Sicile : La tradition fixe au temps de Thémistocle l'introduction des combats publics de coqs à Athènes. Ëlien (7) rap- (1) Cela résulte du passage capital de Columella, De re rustica, VIT, 2. (Scriptor. R. R. Vet. lat. ,t. A, P. IL, p. 386, éd. Schneïder.) (2) Ælian, Var, Hist., I, 28, t. I, p. 102, éd. Kuhn. (3) Plin., ist. nat., X, 25 (21). Il est à croire sans doute que Rho- des et Tanagre, qui nourrissaient une race de coqs excellents pour le combat, connurent ces luttes d’oiseaux, sinon comme spectacle public, du moins comme amusement particulier; nous remarquerons toutefois qu'aucun texte formel ne donne la preuve de ce fait. (4) Mionnet, Description de médailles antiques grecques et romaines , vol. Il, p. 654. (5) Mionnet, Supplément, etc., vol. V, p. 578. (6) Dans leurs commentaires sur Pindare, Olymp. XI, 14. (7) Loc. cit. Je n’oserais répondre que le récit d’Élien soit entièrement (442) porte que le général athénien marchant contre les Perses, et voyant le peu d'ardeur de ses soldats , leur fit remarquer l’acharnement avec lequel deux coqs se battaient. Ayant relevé ainsi le courage de son armée, il remporta la vic- toire, En mémoire de cet événement les Athéniens porté- rent une loi qui instituait une fêle annuelle, laquelle se célébrait par des combats de coqs sur le théâtre. Dans un dialogue de Lucien (1) où les interlocuteurs sont Solon et Anacharsis, le législateur athénien , aprés avoir défendu les exercices gymnasliques, en usage dans sa patrie, contre les plaisanteries du philosophe scythe, ajoute : Que diriez-vous donc si vous voyiez chez nous les combats de cogs et de cailles , et tout l'intérêt que l’on porte à ces spectacles? Vous allez rire sans doute, surtout quand vous saurez que cela se pratique en vertu d’une loi, laquelle oblige tous les Jeunes gens à y assister et à repaîlre leurs yeux de la vue du combat à mort de ces oiseaux. Cependant il n'y a là rien de risible; ces spectacles font naître insensiblement dans les âmes le désir d'affronter les dangers et la crainte de le céder à ces oiseaux en courage et en audace , et de se laisser vaincre plus vite qu'eux par les blessures, les fatigues et les difficultés de tout genre. Sans s'inquiéter de l’anachro- nisme qui résulte de la confrontation du passage de Lucien avec celui d'Élien, on peut admettre qu'il ne s'agit dans conforme à la vérité, mais celui que nous trouvons dans Julius Africanus (De cestis, c. 6) n’est qu’un conte inventé à plaisir. Selon cet auteur, Thé- mistocle proposa une loi pour l'institution des combats de coqs, parce que dans la guerre des Perses, il s’était muni d’une pierre trouvée dans le ventre d’un de ces oiseaux courageux et avait en outre mangé un coq vain- queur : deux choses qui suflisaient pour assurer la victoire à la guerre. (1) Lucian, De Gymnasiis, c. 37; t, VIL, p. 186, éd. Lehmann. (- 443 ) tous les deux que d’une seule et même loi (1). Cependant nous ne serions pas éloigné de croire qu'outre le tournois annuel au théâtre, il y eût encore dans les gymnases de pareils combats prescrits par les lois sur ces élablissements. Le but äu législateur athénien fut donc moins de procurer un amusement au peuple qu'un enseignement à la jeunesse. La philosophie sanclionna plus tard le principe qui servait de base à la loi. Le stoïcien Chrysippe enseigna que le coq esi propre à exciter dans les àmes une ardeur belli- queuse (2) ét nous lisons dans Diogène de Laërce (3) que Socrate aiguillonna le courage du célébre général athé- nien Iphicrate en lui montraut un combat entre les coqs du barbier Midas et ceux de Callias. Nous ne pouvons nous empêcher de faire ici un rapprochement lrès-cu- rieux : au dix-seplième et même encore au dix-huitième siècle, dans quelques contrées de l'Allemagne, et no- tamment en Silésie, on donnait chaque année dans les écoles , le spectacle de combats de coqs, afin d’exciter l’é- mulation parmi les élèves (4). Nous ne possédons aucun renseignement sur l’origine des combats de coqs organisés par les particuliers, mais nul doute qu'ils ne fussent très-anciens et que partout ils n'aient précédé ceux qu'établirent les gouvernements. Ils se donnèrent non-seulement dans le domicile des particu- (1) C£,S. Petitus, Leg. Atticæ, p.84, Perizonius ad Ælian. ], c.p. 108. Kuhn. (2) Dans Plutarque, De Stoicor. repugnantiis, p. 1049. A.; Baguet, De Chrysippo , p. 279. (3) De vitis philosoph., W, 6,12. Vol. I, p. 115, éd. Huebner. (4) Voir les autorités citées par M, H. Schroeder , Dissert, de Gallor. vario ap. veteres usu, p. 51, syq. Rostochii et Lips. 1743, In-4o. ( 444.) liers même (1), mais aussi dans des lieux publics; à Athènes, par exemple, leur théâtre ordinaire était l'endroit nommé Sciros (2) où l’on dressait à cet effet des tables carrées (3). On ne se contentlait pas de laisser ces oiseaux se déchirer avec leurs armès naturelles; on jugea apparem- ment que le sang ne coulait ni assez vite ni assez abon- damment , il fallut appeler l'art au secoursde la nature , et les athlètes furent armés d’éperons d’airain (4). Ce qui alimentait la passion pour celte sorte de lutte, ce n'était pas Lant le plaisir du spectacle en lui-même, que la fureur des paris qui s’engageaient à cette occasion , et dont l'issue eutraînail souvent la ruine de familles entières (5). Quand on voulait faire battre des coqs on ne prenait (1) C’est à cette circonstance que paraît faire allusion l’expression suivante de Pindare £vdouévas at dhéxrop. Olymp., XI, 12, avec la note de Dissen, P. Il, p. 141 ; expression dont les commentateurs ont rapproché avec raison ce vers d'Eschyle, Euménid, , 846 (870) : "Evoxiou d'opiSos où Aéy@ méy#y. (2) Eschine, contra Timarchum , p. 8. Steph. ( Orator. Attic., t. LI, p.267 Bekker), avance que ces combats avaient lieu dans l’endroit où se tenaient les jeux de hasard, £» r& xuBciw ; or cet endroit se nommait Sciros ,suivant le témoignage de Pollux, Gnomastivon, 1X,6, seom. 96, et de Suidas, voc, Zx/007, t ALL, p. 332, Kuster. (3) Suidas, voc. TyAfz, t. II, p. 461, rÿyua verpdyovoy Ëw ob... ahertpüoyes cuuBärhoytTe. Cf. Etymologicum magn. sub eàd. voc. Es- chines, 1. cit. (4) Schol. Aristophan. Avib , v. 759 (t. I, p. 454 sq., éd. Dindorf) : Trhfatpu dE eisi EuBonz qyadxi Tà_ EuDxANUENX Toi; rhurpois Ty dhextouéyey. Suidas, voe. 7AÿxTp07, t. III, p. 130 (5) Columella, L. cit.: Cujus (lanistæ) plerumque totum patrimonium ds pignus aleæ, victor gallinuceus ; pyctes abstulit. ( 445 ) pas les premiers venus; mais on choisissait les athlètes de profession, c’est-à-dire ceux qui avaient été élevés d’une manière parliculière pour le combat et convenablement exercés (1). Les Déliens excellaient entre tous les Grecs pour l'éducation de ces oiseaux de basse - cour (2). À Athènes quelques personnes, avant de les lancer dans l’a- rène, les nourrissaient d’ail, afin de stimuler leur ar- deur (3). Un passage de Platon (4) peut donner à juger du prix que l'on attachait à la possession d’un coq bien aguerri : Ctésippe , un des personnages du dialogue, après avoir dit qu'ici bas chacun a ses goûts, que l’un aime Îles chevaux , l’autre les chiens, un troisième les richesses, un quatrième les honneurs, quant à moi, ajoute-t-il, je suis indifférent à toutes ces choses, mais je ne désire rien tant que la possession d’un ami , et je préférerais un bon ami à la meilleure caille et au meilleur coq du monde, à plus forte raison à un cheval ou à un chien. Les coqs de quelques contrées particulières étaient surtout renommés et recherchés à cause de leur grandeur et de leur force. De (1) Plato, De Legg., VI, p 789, B(t. VIT, p.6, Ast.) : TPÉYOUGI VÉp d'4 rap hui 0 pv raidés, àARd na rpeoBütepei rives dpyiSay Spéu- para mt vès pacs Ts mpès ah yha Grncbyres Tà Toubta t@y Syploy. Cf. Aristoteles, De generatione, 1, 21. (2) Columella, 1. cit., avéc la note de Schneider, t. 11, P. IT, p. 426. Varron, De re rustica, I, 9, p.296, Schneider. (3) Aristophane fait allusion à cette coutume dans ses Chevaliers, V, 492 (497) 1» œuewcr, à Ty, Écaopodiouyos uéyy. Voy. le scoliaste sur ce passage, p. 562, ainsi que sur le vers 165 (166) des Acharn., p.769. Dindorf, Xénophon , Sympos, c. IV, 69. Saidas, voc £cxopodis- wéyes ,t 1, p. 887 Etymoloyic. Magn. sub eâd. voc. (4) Plat, Lysis, p. 211, Et. VII, p. 554, Ast.). Pétrone, Satyrie., ( 446 ) ce nombre étaient ceux de Tanagre , de Rhodes , de Chalcis et de la Médie (1). On vantait aussi une espèce qui nais- sait à Alexandrie en Égypte (2). Mais ceux de Tanagre pa- *raissent avoir tenu le premier rang (3). L'ardeur belliqueuse innée chez le coq, le fit regarder comme l'emblème du courage à la guerre, et il fut donné comme attribut à Mars (4) et à Minerve (5). L’athlète vain- queur l’offrit aux divinités dont la protection lui avait pro- curé la victoire (6). Sur les vases panathénaïques les deux coqs au haut de colonnes sont le symbole des luttes gymnas- tiques (7). Il n'entre point dans notre sujet de passer en revue les monuments de l’art, médailles et autres, où le coq figure dans des intentions et avec une signification différentes, il c. 46 : Si hunc (puerum), nquam , tractavero improba manu et ille non senscrit, gallos gallinaceos pugnacissimos duos donabo patienti. (1) Varron et Columella aux endroits cités plus haut. (2) Geoponicor., lib. XIV, c. 7, 6 30 , éuoi dè êy A AEËaydpela Ty æpès AsvurToy opye Moydoipor ÉË y oi mésimol dAExTpUdyES vEvYGYTEI. . (3) Pausanias, IX, 22, ( 4, avec la note de Sicbelis, vol. IV, p. 71. Suidas, voc. dhextpuèra, t. I, p. 102, voc. Tayæypxiot, t. IL, p. 428. Lucian., Somnium, c. 4,t. VE, p. 312, éd. Lehmann. Cf. Otfr. Müller, Orchomenos, p. 26. Bochart (Geogr. sacra, P. IL, Chanaan, I, 16, p. 473), prétend que Tanagra vient du mot phénicien Tarnegal, qui signifie la ville des coqs. (4) Aristophan. Avib., v. 834, sq. (Gpv16) ooxep Aéyetau dtivétatog give rayTavod, Apeos veorrou. Voy. le scoliaste sur ce vers, t. I, p 460. Dindorf, Lucian., Somnium seu Gallus, c.3, p.309, sq. (5) Pausanias, VI, 26, p.123, sq. Siebelis. (6) L’Anthologie grecque (t. 1, p. 218, éd. Jacobs) renferme une épi- gramme sur un coq d’airain, offert aux Dioscures par Euænetus, fils de Phèdre, en reconnaissance de la victoire qu’il avait obtenue. (7) Voy. Gerhard, Vasi Panatenaici, dans les Annali dell’ Instituto archeolog., vol. I, p. 214. CN RC ( 447 ) nous suffit de citer ceux à notre connaissance qui repré- sentent des combats de ces oiseaux. Telle est une belle mo- saïque découverte à Pompéi en 1835, derrière la maison dite du Faune. Le lien de la scène est indiqué par un Hermes peiat sur le plan supérieur. On voit les maîtres des oiseaux accompagnés de leurs esclaves. L'artiste a choisi le moment où le combat est terminé. L'un des cogs incline la tête vers la terre et le sang s'échappe avec abondance des deux blessures qu'il a reçues. L’attitude et la figure du maître auquel il appartient ainsi que de son esclave an- noncent la plus grande tristesse, tandis que la joie éclate _sur le visage de son adversaire , qui d’une main tient une couronne cet de l’autre prend une branche de palmier que lui apporte son esclave (1). Un bas-vrelief sépulcral du musée du Louvre montre deux génies occupés à faire battre des cogs (2). Nous avons cité plus haut deux exemples de combats de coqs sur des médailles. Les pierres gravées nous en fournissent aussi plusieurs. On voit sur deux cornalines du musée de Berlin un jeune garçon faisant battre deux de ces oiseaux et tenant une palme au-dessus du plus grand (3). Une autre cornaline nous montre deux coqs dont l’un est couronné par une victoire (4); enfin sur une qua- trième pierre de la même espèce et de la même collection, (1) Zulletino dell Instituto archeologico, 1836, p. 8. (2) Voy. Description des antiques du musée royal, commencée par le chevalier Visconti et continuée pur le comte de Clarac. Paris, 1820, p- 167, n° 392. (3) £rklarendes Verzeichniss der antiken vertieft geschnittenen Sleine der koenigl. Preussischen Gemmensammlung, von E.-H. Toelken, p: 352, n° 82, 83. (4) Zbid., p. 418, n° 237, cf. Le yemme antiche figurate di Michel Angelo Causeo de la chausse. Roma , 1700, in-do, p. 59, tav. 146. ( 448 ) pous remarquons un coq vainqueur, battant des ailes et tenant une palme dans son bec, tandis que son adversaire baisse la tête en signe de défaite (1). Les monuments de la céramographie, si riches en représentations d'exercices gymnasliques , offrent également quelques scènes de Inttes entre athlètes de basse-cour. Nous citerons un vase peint du musée impérial de Vienne (2), ainsi que plusieurs coupes trouvées à Vulci(3). Sur une œnochoé du musée des antiqui- tés étrusques au Vatican, deux femmes accroupies tiennent chacune dans les mains un coq qu’elles excitent l’un contre l'autre. Derrière elles deux autres femmes se tiennent de- bout (4). La peinture inédite dont la planche ci-jointe re- produit le dessin, décore le col d’une hydrie provenant des fouilles de Vulei, et qui a élé pendant quelque temps dans le magasin de M. Bassegio à Rome. Les figures sont peintes en noir rehaussé de rouge sur fond jaune. Deux coqs occupent le centre de la composition. En arrière, de chaque côté, se trouvent trois personnages , dont les deux qui ont un genou à terre viennent de lancer les deux oiseaux. Tons les six paraissent prendre le plus vif intérêt à la lutte qui L (1) Toelken, ouv. c., nos 235 et 236. Un texte de Pline (X, 25) peut servir en quelque sorte de commentaire à cette représentation : Quod si palma contigit statim in victoria canunt, seque ipsi principes testan- tur. Victus occultatur silens, œgreque servitium patitur. Cf. Manuel Phile, De proprietate animalium, c. 12. (2) Nous empruntons cette citation à M. Of. Müller, Zandbuchi der Archæologie der Kunst, $ 423, 3, p. 682, éd. 2. (3) Od. Gerhard, Rapporto Volcente (Annari verc’ Ixsriroro ancu., vol. IL), p.158, hot. 482, L'une de ces coupes, appartenant aujourd’hui au musée de Berlin, montre deux éphèbes nus en face l’un de l’autre ; Jun porte un coq, l’autre une poule. Voy. Gerhard, Zerlin’s antike Bildwerke, Th.1, p. 197, n° 623. (4) Ce vase est inédit, nous en parlons de visu. Cyr OP HA wWor ( 419 ) s'engage et animent par leurs cris et leurs gestes le courage des combaltants. On sait que la plupart des représentations des vases peints trouvés à Vulci, sont tirées de la vie, de la religion, des jeux publics, etc., de la Grèce et d'Athènes. Il est tout paturel par conséquent que nous ÿ retrouvions un des jeux qui firent les délices des Grecs et particulièrement des Athéniens. Mémoires politiques de Neny. — M. De Reiffenberg fait remarquer'à propos de la dissertation lue dans la derniére séance , par M. Gachard, sur ces mémoires, que Neny en avait rédigé d’autres sur les affaires ecclésiastiques, lesquels sont annoncés à la fin de l’article XIX du vingt-deuxième chapitre, et qui sont restés inédits. M. Dotrenge en possé- dait une copie qui provenait de son père, et qui , sous le n° 975 de son catalogue est intitulée : Le droit ecclésias- tique des Pays-Bas, ou celui que l'on suit pour le qou- vernement de l’église belgique. I à élé acquis au mois de mars 1838 pour la bibliothèque royale. M. P. Dehulstere af- firmait, quelque temps avant sa mort, savoir de M. Dotrenge que ce travail avait Neny pour auteur. On s’est trompé toute- fois en annonçant dans le catalogue, que ce gros in-folio avait élé copié par M. Théodore Dotrenge lui-même. M. Le vice-directeur, en levant la séance, a fixé l'époque de la prochaine réunion au samedi #4 juiliet. To. vur. 32 ( 450 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Documents statistiques sur le Royaume de Belgique, recueillis et publiés par le Ministre de l'Intérieur. Cin- quième publication officielle. Bruxelles, chez Vandooren frères, 1840, 1 vol. in-4°. Mémoires de l'Institut royal de France. Académie des inscriptions et belles-lettres. Tom. XI et XII. Paris, 1839, 2 vol. in-4°. Transactions of the zoological society of London. Vol. I (en 4 parties) et vol. IL (en 3 parties). Londres, 1833-1839, 7 vol. in-4°, Proceedings of the zoological Society of London. Part 1 (1833) to part VI (1838). Londres, 6 vol. in-8°. Memorie dell? imperiale regio istituto del regno Lombardo- Veneto. Vol. V. Milano, 1838, 1 vol. in-4. Bulletin de la société impériale des naturalistes de Moscou. Années 1837 (n° V à VIII) et 1838 (n° I). Mos- cou, 5 vol. in-8°. — ARéglement confirmé le 13 mars 1837. Broch. in-8&. Annales de la société des sciences médicales et na- turelles de Bruxelles. Année 1840. 1% et 2% cahiers. Bruxelles, société encyclogr. des sciences médic., 1840. Broch. in-&. Annales et bulletin de la société de médecine de Gand. Avril et mai 1840. 6e vol., 4me et 5me livr. Gand, chez F. et E. Gyselynck. 2 broch. in-8e. Annales de la société des sciences naturelles de Bruges. Tom. II (feuilles 10 à 22). Bruges, chez Bogaert- Dumortier et fils. 1840-1841. 2 broch. in-8. RS, cn Gé av ( 451 ) Annales d’oculistique, publiées par Florent Cunier. äme année, tom. III; 1°, 2me, 3me et 4e Jivraisons. Bruxelles, 1840. 2 broch. in-8&e. Annalen der Staats - Arzneikunde. Merausgegeben von Schneider, Schürmayer und Hergt. V' Jahrgang. 1 Heft, Freiburg im Breisgau, 1840, 1 vol. in-&. An examination of the ancient orthography of the Jews, ete. — Part the second, on the propagation of alphabets and on ideagraphic writing, etc. By Charles William Wall. Vol. IL. London, 1840, 1 vol. in-&e. Memoria sui terrenti stratificati delle Alpi di Angelo Sismonda (Mem. della R. Accad. delle scien, di Torino. Série IL, tom. III). Turin, broch. in-4°, Calcul de la densité de lu terre, suivi d’un mémoire sur un cas spécial du mouvement d’un pendule, par L.-F. Menabrea (Mem. della R. Accad. delle scien. di To- rino. Série IT, tom. IT). Turin , broch. in-4°. Leerboek van de voornaemste regels der nederduyt- sche versificatie en dichtkunst ; etc. Met een voorwoort van J.-F. Willems. Turnhout, by Glénisson en Vange- nechten, 1840, 1 vol. in-8. Mémoires et observations pratiques de chirurgie et d’obstétricie; par le D J.-P. Hoebeke. Bruxelles, soc. encyclogr. des scienc. méd., 1840, 1 vol. in-8°. Cours de grammaire, de logique et de belles-lettres, professé à l’école polytechnique , par M. Andrieux. Liége, chez H. Dessain, 1839, 3 vol. in-12. De la part de l’édi- teur M. Ch. De Chénedollé. Observations sur l’article 14 du projet de loi relatif à la propriété littéraire en France, par Ch. De Chène- dollé. Liége, chez Jeunehomme frères, 1840, broch. in-8°. Mesures proposées dans l'intérêt des lettres, de la ( 452 ) librairie et des bibliothèques de l’état en Belgique, par Ch. De Chénedollé. Liége , 1840 , 1 feuille in-8°. Note sur la mention que font les livres conservés au Japon, des satellites de Jupiter, marqués aussi dans les monuments égypliens; et nouvelle note, à l'égard de l’an- neau de Salurne, connu aussi des anciens, par M. le chev. De Paravey. Paris, 1840 , 1 feuille in-8°. Revue scientifique et industrielle, sous la direction du D: Quesneville. Avril et mai 1840. Paris, 2 broch. in-8». Bulletin de la société géologique de France, tom. IV, feuilles 1 à 5, 28 à 29 , et table des matières et des auteurs. — Tom. V, table des noms des auteurs, ete. — Tom. VIEIL. Table des matières et des auteurs. — Tom. XI, feuilles 10 à 13. Paris, 1833 à 1840, G broch. in-&. On the older stratified rocks of North Devon, with correlative remarks concerning transition of protozoic ‘ regions in general. By Thomas Weaver. London, 1839, broclr. in-8°. On the mineral structure of the south of freland, with correlalive matter in Devon and Cornwall, Belgium, the Eifel , etc. By Th. Weaver. London, 1840, broch. in-8°. An essay on the state of literature and learning un- der the Anglo-Saxons ; introductory to the first section of the biographia britannica literaria of the royal so- ciely of literature. By Thomas Wright. London, 1839, 1 vol. in-&. Magnétophile, 2% année. N° du 24 et 31 mai 1840, 2 feuilles in-4°. Comptes rendus des séances de l'académie des sciences de Paris. 1% sem. 1840. N17-21. Paris, 4 broch. in-&e. Pa ù | #1 * HE FIN DELA À) NS er $ VE Tax uletin de l’Acadernie Tome VIL PLI N° Jun ——— | | | Le De HT, ne D 4 NS Zacrour fecil Etabliss! Luh. de Degobert an de l'Acadernte . Tome VIL, PLAIT VE Juin Btabl{Lith.de Degobert & Spelle. RES Hs es , n f 1 : ne 1 . LL Ti | hi Fra 52 ARC A U PTT TE TUOAUT LL TENNIS ER CNE ulletin de l'Acadternte . EE —————."—"————————————— ———————————————————— ns Lecu . Torne VIL PL HLN° Juin = RE | Ltabliss! Lith de Degobert - f 1 tte . nn ia | Wu D'AIr Pr FA ; LAR ; Ut L JA t HAT FYAU AR Lit ni (a vu s Vnue AT