ne Es » Pédwel Loin NE ÿ Ve , f L pi l * #" Ë Ra se Ê - . u À |. [l [M J . 2 à k { (A + , eu {| 14 | 114 | (Um | À À Lal./ ! À t AL FL 14 | il L 1 } « ll j a À ! "APT 1 Ÿ Û fl { f { Le " | } ù \ pe ’ LEA! b À inf ll nr \ | À th er 4 , no V4f ! W [a \ un | (HAL ed ANAL 14 û It ETS hi k ANT ARE . 2 9 | L Lai | n np 2 té th FN TEA . Û 1h &.4 Le ; k | à "sf CAR MID Lo LA" { \ "a ; 4 ' jt FN À TRALS fl NAT AMAR PEUT UT A $ PEN [A | EN CAT HAL RE 4 APR TC M | RQ TU fl A\LEA \ A7 À PA n en »| il Pi ‘où U ARE enr à PARENT Pa ANNE à Vd jus à IS Le LM © LA) FH RS ! ti hs à à ù pt Mae BULLETINS DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES, BULLETINS DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. TOME XI. — Ilr: PARTIE. — 1844. BRUXELLES , M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE. 1844. RS ENT ELA up ( ‘#Èv SR LEA VAS RER 4 " de 17 VE x u t. + PRES LD ie TAN ME À tea De D CIS TJ SEE a is M A ESS Can 20 MAD er à NPE as F RUE PAL 3 he Ps ÉOTUE £ STE, UNE te TO PRET A M $ LULU ; na 2 0 | GE 2 d» 134 BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1844. — No 7. ———— — Séance du 6 juillet. M. le baron De Gerlache, directeur; M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. L'académie apprend avec douleur qu’elle vient de per- dre l’un de ses membres correspondants dans la classe des sciences, M. Geoffroy de Saint-Hilaire, décédé à Paris à la fin du mois dernier. — Le congrès scientifique de France fait connaître que sa prochaine réunion aura lieu à Nimes, le 1% septem- bre 1844. Tom. xr. 1. (2) — M. le ministre de l’intérieur communique une no- tice de M. l’ingénieur en chef Groetaers, sur divers objets d’antiquité trouvés dans le déblai de la route en construc- tion, d'Assche vers Enghien. Ces objets sont déposés au musée de l'État. — L’'académie reçoit encore plusieurs autres communi- cations au sujet de la carte archéologique du royaume, de même que les ouvrages manuscrits suivants : 1° Cosmogénie ou système de formation de l'univers, par M. Delobel. Commissaires MM. Pagani, Crahay et Dan- delin ; 2 Recherches sur la potasse à l'alcool et le carbonate de potasse , par M. Louyet. Commissaires MM. De Hemptinne, Stas et Martens; 3° Description architectonographique de la crypte souter- raine de l'église de Saint-Pierre à Anderlecht-lez-Bruæelles , par M. Frédéric Vander Rit. Commissaires MM. le baron De Reïffenberg, Roulez et le baron De Gerlache. RAPPORTS. Rapport fait par M. J.-J. D'Omalius d'Halloy, sur un mé- moire de M, Marcel de Serres , professeur à la faculté de Montpellier, intitulé : NOTES GÉOLOGIQUES SUR LA PROVENCE. Ce mémoire contient, sur la géologie de la Provence occidentale, des détails intéressants, disposés en forme de journal de voyage et terminés par un résumé, (8) L'auteur range les terrains de la contrée qui fait le sujet de ses notes , dans trois groupes principaux, qu’il désigne par les épithètes de quaternaires, tertiaires et secondaires. Il subdivise les terrains quaternaires, c'est-à-dire, selon sa définition , ceux déposés après la rentrée des mers dans leurs bassins respectifs, en deux catégories selon qu'ils ont été formés dans des eaux courantes ou stagnantes, qu'il considère, les unes et les autres, comme des eaux douces. Les dépôts de la première catégorie, ou terrains diluviens, sont assez généralement répandus sur toute la Provence orientale; ils recouvrent notamment la célèbre plaine de la Crau, qui présente une surface horizontale de près de huit myriamètres carrés, jonchée de gros cailloux roulés et composés, pour la plus grande partie, de quarzite. On sait que l’origine de ces cailloux a beaucoup occupé les géologues; M. Marcel de Serres réfute l'opinion de ceux qui y ont vu le résultat de la désagrégation des roches pou- dingiformes inférieures, en faisant remarquer que les noyaux qui entrent dans la composition de ces dernières sont d’une nature différente des cailloux superficiels ; mais il ne cherche pas à expliquer pourquoi ces cailloux sont plus généralement quarzeux que les roches qui composent les montagnes dont on peut supposer qu’ils proviennent. Les dépôts de la seconde catégorie sont peu abondants; ils se composent de calcaire d'eau douce sédimentaire dis- tinctement stratifié, présentant des empreintes de végé- aux et recélant un assez grand nombre de coquilles lacus- tres ou terrestres, généralement peu altérées et d'espèces presque toujours analogues à celles qui vivent actuellement sur les lieux, L'auteur décrit quelques petits lambeaux de ce terrain situés à Paradeau, au nord de Roquevaire et au- près des Martigues. (6+;) Il croit aussi pouvoir rapporter à cette catégorie des roches poudingiformes, soit de caleaire, soit de gompho- lite, qui reposent en stratification discordante sur les dépôts tertiaires, et que l’on voit notamment dans la Crau, im- médiatement en dessous des dépôts diluviens. Les terrains tertiaires, c'est-à-dire, d'après la définition de l’auteur, ceux déposés avant la rentrée des mers dans leurs bassins respectifs, mais après la séparation de l'océan des mers intérieures , sont extrêmement développés dans la Provence occidentale, où ils présentent un ensemble de dépôts faits les uns dans les eaux douces, les autres dans les eaux salées, souvent nettement séparés, d’autres fois enchevêtrés ou alternant entre eux. L'auteur les subdivise en trois étages. L’étage supérieur, outre un grand nombre de fossiles des classes animales inférieures, présente des débris de mammifères, notamment d’éléphants, de rhinocéros et de tapirs. On peut y distinguer quatre systèmes principaux; le plus superficiel se compose de sables marins, de grès en général peu puissants, et de marnes argileuses jaunâtres. Un autre système aussi marin, mais plus important, con- siste en un calcaire à texture souvent grossière, passant au grès calcarifère que l’auteur nomme, d’après les ouvriers du pays, calcaire moellon ; cette roche, qui est très-répan- due dans les contrées avoisinant la Méditerranée, est re- cherchée pour la bâtisse et a notamment servi à construire les monuments anciens que l’on admire encore à Orange, à Aix, à Arles, etc. D’autres dépôts que l’on observe entre autres aux environs d'Aix, sont formés d’un grès calcari- fère renfermant beaucoup d’hélices et de cyclostomes. Le système le plus inférieur se compose de marnes bleues sem- blables à celles des collines subapennines, et renfermant les mêmes fossiles. (5) L'auteur distingue dans l'étage tertiaire moyen deux sys- tèmes différents. Le plus superficiel est composé de marnes, de caleaire et de gypse. Il forme notamment les plätrières d'Aix, cé- lèbres par leurs produits industriels, ainsi que par l’abon- dance et par la nature des fossiles qu’elles recèlent. Le mémoire qui nous occupe contient une liste de ces fossiles, qui semble plus complète que celles qui ont été publiées jusqu’à présent, et dans laquelle on trouve l'indication de 216 espèces réparties dans 184 genres de la manière sui- vante : Oiseaux , quelques empreintes de plumes d'espèces indéterminées. Reptiles, DhESpecEn me 20 0 APP 2 genres. Poissons, 21 — L Poe y R espLesslih = Insectes, 158 — SU HE SE FAIT RE Crustacés , 1 — il —— Arachnides, 5 — es NE ae es 5 — BASIELODOUES ARE ES); Ai LUN Y PAU u 4 — Conchifères, 5 — OR LA D TI 4 — Végétaux , A7 — DURS PRE VE CAN SERA Ter Le système inférieur se distingue du système gypseux par l'absence de corps organisés. Il se compose d’une série de couches de marnes généralement colorées, de macigno, de grès, de gompholite et de caleaire; il atteint quelque- fois une épaisseur de 160 à 170 mètres. Il parait que c’est à ce système qu'appartient la brèche du Tholonet, fort re- cherchée maintenant comme marbre. L'auteur range dans l'étage tertiaire inférieur divers dé- pôts remarquables par la présence du charbon, que l'on exploite en divers lieux de la Provence, et composés, outre ce combustible, qui est en général rapporté à l'espèce li- (6) gnite, de marnes, de macigno, de gompholite, de calcaire, d'argile ferrugineuse. Il renferme une grande quantité de cyclades et de mélanopsides avec quelques cyrènes, quel- ques mulettes et quelques débris de sauriens et de chélo- niens. L'auteur insiste à cette occasion sur les différences qui existent entre les bassins tertiaires méditerranéens et océa- niques. D'un autre côté, on voit pär ce qui précède qu'il adopte l'opinion, assez répandue maintenant parmi les géologues du midi de la France, que ces dépôts de eom- bustibles appartiennent à l'étage tertiaire inférieur et non à l'étage moyen. Il eût été à désirer, vu la considération dont jouissent les géologues qui avaient adopté cette der- nière opinion, que M. Marcel de Serres fût entré dans quelques discussions à ce sujet. Il est en général à regretter qu'il ait pour ainsi dire banni de son travail toute diseus- sion littéraire, et que le plus souvent même il n'indique pas qu’il existe des opinions différentes des siennes. Les terrains secondaires , c’est-à-dire, d’après la défini- tion de l’autéur, ceux qui ont été déposés lorsque les mers intérieures n’en formaient qu'une seule avec l'Océan, se mon- trent peu à découvert dans la Provence occidentale, où ils ne présentent que les deux divisions désignées par les épi- thètes de crétacée et de jurassique. Le terrain crétacé se compose de deux étages, dont le supérieur présente quatre assises distinctes. La plus élevée est formée d’une série de couches calcaires et marneuses renfermant une grande quantité d'hippurites, de sphéru- lites et de foraminifères. L'auteur trouve que ce dépôt n’a aucune analogie avec la craie blanche du bassin de Paris, mais il rapporte à la craie chloritée de ce bassin Passise suivante, qui se compose de grès calcarifère et de calcaire (7) plus ou moins ferrugineux, ordinairement d’un jaune rous- sâtre, Elle atteint quelquefois l’épaisseur de 500 à 600 mè- tres. Cette assise est suivie par des marnes et des calcaires qui sont aussi ordinairement colorés par l’hydrate ferrique, et renferment quelquefois des dépôts de lignites assez abondants pour être exploités. L'auteur croit notamment pouvoir y rapporter les mines de la Cadière et des Marti- gues. Enfin l’assise inférieure est composée de calcaire plus ou moins ferrugineux, de grès fort cohérents, et de sables plus ou moins pulvérulents; elle est, comme les assises supérieures, très-riche en fossiles. L'étage crétacé inférieur, nommé maintenant terrain néocomien, se compose , dans la Provence occidentale, de calcaire argileux et de marnes le plus généralement grisà- trés, quelquefois d’un gris bleuûtre. Le terrain jurassique est peu développé dans cette con- trée, et l’auteur n’en parle que d’une manière transitoire; il y indique cependant cinq étages qu’il désigne par les noms de Corallien, d'Oxfordien , de grande Oolite, d'Oolite infé- rieure et de Lias , lesquels se composent principalement de calcaire et de marnes, et renferment quelquefois du gypse, notamment à Roquevaire. En résumé, le nouveau mémoire de M. Marcel de Serres contient des matériaux utiles pour la description géognos- tique de la Provence, mais, comme les notes qui le com- posent ne forment pas un ensemble méthodique analogue à celui sur le Rouergue que l’auteur a communiqué à la- cadémie il y a quelques mois, et qu’il s’agit d’une contrée éloignée, assez bien connue par les nombreuses publica- tions dont elle a déjà été le sujet, notamment par celles insérées dans le Bulletin de la société géologique de France pour 1842, je crois devoir me borner à proposer à l’aca- (8) démie de témoigner à M. Marcel de Serres sa reconnais- sance pour la nouvelle preuve de zèle et de déférence que ce savant vient de lui donner. L'académie adopte les conclusions de ce rapport, aux- quelles a souscrit M. Dumont, second commissaire. Rapport sur le travail de M. Vloeberghs, concernant la teinture par la garance. Le mémoire qui a été présenté à l'académie par M. Vloe- berghs, et que nous avons été chargés d'examiner, ne présente aucun objet scientique dont nous puissions en- tretenir la compagnie. Il ne consiste, en grande partie, qu’en une liste de recettes et descriptions de procédés pour teindre la laine en jaune , avec toutes les nuances qui en dépendent, en utilisant les résidus des bains d’avivages des cotons garancés , qui sont ordinairement rejetés par les teinturiers. La nuance jaune de la laine, teinte par le procédé de M. Vloebergbhs, est belle, vive, et nous paraît solide à l'air et au soleil. Nous croyons que cette laine peut ainsi servir avantageusement pour broderie , tapis ettricot, mais qu’elle n'offre pas le même avantage pour la draperie, parce qu’elle n’a pas assez de fond pour ce genre d'étoffe. Nous désirons que M. Vloeberghs obtienne l'avantage qu'il peut espérer de son travail, et nous proposons que son mémoire soit déposé aux archives de la compagnie. (9) * L’académie adopte les conclusions de ce rapport, pré- senté par MM. De Hemptinne et de Koninck. — Après avoir entendu ses commissaires , l'académie ordonne ensuite l'impression du mémoire de M. le profes- seur Schwann, intitulé : Expériences pour constater si la bilejoue dans l’économie animale un rôle essentiel pour la vie. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Recherches sur la quantité d'acide carbonique contenu dans l'air des salles de spectacle, par P. Loppens, professeur de chimie à l’athénée de Gand. Depuis quelques années les belles recherches entrepri- ses dans le but de déterminer avec exactitude les éléments de l'air atmosphérique, ont éveillé l'attention des savants. C’est ainsi que M. Thénard , après lui M. Th. de Saussure et ensuite M. Brünner essayèrent de doser avec précision la quantité d'acide carbonique qui s’y trouve mélé ; bien- tôt MM. Dumas et Boussingault, en modifiant les appa- reils employés, parvinrent à la détermination rigoureuse des éléments de sa composition. Depuis lors une foule de faits nouveaux ont été acquis à la science : ces illustres savants, avec la louable persévérance à laquelle la chimie organique doit déjà tant de belles et d'importantes décou- vertes, ont continué dans la voie qu'ils s'étaient tracée. Le problème des altérations de Pair, grand par le rang (10) qu'il occupe parmi les questions de physique du globe, plus grand encore peut-être par les conséquences qui doi- vent découler de sa solution pour l'hygiène publique et pour la physique d'application; ce problème s’enrichit chaque jour de nouveaux documents, fruits des infati- gables recherches de ces illustres observateurs. J'ai voulu ajouter aussi quelques détails à cel imposant ensemble de faits recueillis, mais agissant dans un cadre plus restreint, j'ai borné mes recherches à la détermina- tion de l’acide carbonique contenu dans l’air confiné, placé dans des circonstances diverses : dans les lieux de réu- nions publiques; dans les salles de spectacle, où la com- bustion du gaz ajoute ses produits à ceux de la respiration. Déjà , il est vrai, des expériences ont été faites dans ce sens : MM. Peclet et Leblanc ont analysé, à différentes reprises , l’air atmosphérique altéré par la combustion ou par la respiration; mais, outre que dans une question aussi importante les éléments desolution ne sauraient être trop nombreux , une foule de circonstances, futiles en apparence, peuvent amener des différences notables dans le résultat des observations. Une première série d'expériences, objet de la présente note, ont été entreprises dans la salle de spectacle à Gand; elles ont eu pour but de constater : 4° Si la quantité d’acide carbonique dans l’intérieur de la salle, pendant les représentations, dépassait la moyenne de celui contenu dans l’air libre; 2° Si, l’altération étant établie, elle était constante dans toutes les parties de la salle; 3° Quelles causes peuvent modifier cette altération. Cest le résultat de ces premières recherches que j'ai l’honneur de soumettre à l'appréciation de l’académie. (11) La capacité de la salle, jusqu'aux murs intérieurs et à la scène, est d'environ 6,500 mètres cubes, elle est éclairée par 150 becs de gaz de 12 jets : la consommation de chacun d’eux par heure étant de . . 140! il vient pour tout le gaz brûlé par heure. 246,00 soit en 5 heures (temps calculé jusqu’au milieu de chaque exp.) . . k 73,5 Ce gaz, d'une densité fnoybiné de 0, Fa a donné à l’analyse par l’oxyde cuivrique pour 400 volumes brülés 50,4 vol. acide carbonique; soit en 5 5 heures . . . 376,044 En y joignant la moyenne de celui pro- duit par la respiration . . . : 38"c,928 On obtient pour la somme dé 1 ‘acide Pr duit en 5 5 heures . . . Far 75,970 Soit au volume total de l'air : +42: 1000 environ. Cette grande quantité d'acide carbonique paraît devoir offrir, après quelque temps, de graves dangers, mais comme on le verra par le résultat des expériences, l’écou- lement s’en fait d’une manière aussi rapide que la produc- tion. Deux appareils, montés d’après le système de Brünner modifié par MM. Dumas et Boussingault, ont été placés, l'un à la partie la plus basse de la salle, la prise d'air étant à 0,40 au-dessus du plancher des stalles; l'autre à lamphithéâtre du paradis, et prenant l'air à la naissance du plafond. Les tonneaux aspirateurs avaient une capacité de 40 litres, et l'expérience commencée chaque fois 2 heures après l'ouverture des salles, a régulièrement duré pendant 3 heures. (12) Le volume d'air aspiré a donné les résultats consignés dans le tableau suivant : APPAREIL INFÉRIEUR. * APPAREIL SUPÉRIEUR. | JOUR || ——] ] ———_—_———————_—_—]_—_— EE ————]— des a 09, Étrique ré- iré à 0° et métri duite 6 cent*, Rapport 10,000 vol. d'air. OBSERVATIONS. Pression baro- Volume d'air Température de l'air Aciderecueilli. Volume d’air aspiré à 0° et 76 cent”. Acide recueilli. Rapport 10,000 vol. d’air. Personnes pré- sentes aux ex- périences. Acide carbon. produit parla respiration. “7 à Avril 3... MOYENNE. Les quantités d’acide carbonique, consignées dans la dernière colonne, ont été calculées sur une moyenne de 9 grammes de carbone brülé par heure et fournissant 16!,6 acide carbonique par individu. Cette moyenne a été admise d’après les belles recherches sur la respiration par MM. Andral et Gavarret. Des résultats obtenus on peut conclure : 1° Que la quantité d'acide carbonique n’est pas plus considérable dans la partie basse de la salle pendant les représentations que dans l'air extérieur ; 2 Qu'elle est sensiblement plus grande à la partie su- périeure; | | 3° Que cette augmentation d'acide est indépendante de (15) la température; les expériences simultanées ayant eu lieu à des températures différentes , plus élevées tantôt au pa- radis tantôt au parquet et donnant la même relation; 4° Qu'elle est de plus indépendante du nombre des per- sonnes présentes, puisqu'au maximum d'auditeurs (14 avril) répond une des plus faibles proportions d’acide ob- servées au paradis. Le premier résultat est contraire à ceux de Lavoisier, qui obtint dans une analyse semblable de 0,015 à 0,05 d'acide carbonique dans l'air, et à ceux de M. Leblanc, lequel, dans la salle Favart à Paris, 1841, trouva au parterre 0,0025 et aux cintres 0,0045 d'acide; il paraît d’un autre côté être peu d'accord avec la quantité d’acide produit par la combustion et la respiration. Cependant il peut jusqu'à un certain point s'expliquer par la facilité avec laquelle l’air peut se renouveler dans cette vaste salle, dont la capacité est presque double de celle citée par Le- blanc (5500), et ne contient pas ordinairement plus d'auditeurs que celle-ci. D'ailleurs la grande différence de température entre la salle et la scène , différence qui est parfois de 7 à 8°, amène à chaque lever du rideau un rapide courant d'air froid , et cette circulation est encore favorisée par le déplacement de la plus grande partie des spectateurs dans les entr'actes. L’excès d'acide observé aux cintres, ne peut pas tenir à la différence de température, ni à l'écoulement, par cette voie, de l'air vicié, car, contrairement à l'usage, cette Salle est dépourvue d'une cheminée d'appel. I résulte de cette disposition que les courants d'air produits au bas de la salle ne se propagent pas assez facilement pour pro- duire le renouvellement des couches supérieures. Néanmoins , il est à remarquer que cet excès d'acide n'a ( 14) aucun rapport avec la différence du nombre des auditeurs, puisque, à l'expérience du 14 avril en présence de 1089 personnes, la quantité d’aeide recueilli n’a été que de 4,51 pour 10,000 volumes d'air, tandis qu’elle a été de 5,57 en présence de 428 personnes (3 avril) et de 5,63 pour 840 personnes (30 avril}, et cependant on remarquera que l'augmentation de l'acide ainsi produit forme, pendant la durée de la première expérience, environ + du volume total de l'air. La cause de cette augmentation doit donc résider ailleurs, et probablement dans la combustion du gaz, où l'acide produit à une température très-élevée , monte avec les autres produits de la combustion vers la partie supérieure de la salle. Qu'ensuite l'équilibre s'étant rétabli entre ces produits et les autres gaz, l'acide, en vertu de sa plus grande densité, tende à descendre, il n’en est pas moins vrai que, pendant toute la durée des repré- sentations , la même cause agissant toujours, doit produire constamment un effet semblable, tandis que les gaz exha- lés dans l'acte de la respiration, sont à une température trop peu élevée pour qu’elle compense la différence de densité et les fasse ainsi monter vers la partie supérieure de la salle. Il résulte de ces observations que cette salle se trouve dans des conditions de salubrité convenables, bien que dépourvue de tout moyen spécial de ventilation. Les larges couloirs garnis de vastes fenêtres , sur lesquels s'ouvrent les portes du parterre et des stalles, suffisent , avec celles du paradis, dont l’escalier s'ouvre immédiatement sur la rue, à l'écoulement de tout l’air vicié. Il à paru nécessaire de renoncer, dans l'emploi de lap- pareil modifié de Brünner , aux tubes de fragments de ponce imprégné de dissolution potassique , car chaque fois ( 15 ) le courant d'aspiration , quoique très-faible, amenait des vapeurs aqueuses d’un tube dans un autre, ce qui rendait les pesées incertaines et le dosage de l'acide très-douteux. Pour obvier à ce grave inconvénient, on a remplacé la dissolution par des fragments d’hydrate potassique, de manière à s'assurer de l'absorption totale de l'acide, Pour rendre les recherches indépendantes de la marche des appareils, les trois premières expériences ont été faites en conservant aux appareils leur place respective, et les quatre autres en transportant l'appareil des stalles aux cin- tres et réciproquement. De cette manière il est impossible d'attribuer les résultats obtenus à des erreurs d’obserya- tions, car, bien que les expériences aient été faites en trop petit nombre sans doute, et qu’elles soient d’ailleurs in- complètes sous d’autres rapports, chacune d'elles n’en à pas moins donné le même résultat relatif. HISTOIRE DES ARTS. — PHILOLOGIE. Nouvelles recherches sur Rubens. — Observation sur Publius Victor ; par M. le baron De Reiffenberg. Il est des noms qui ne relèvent que d'eux-mêmes, des renommées auxquelles il est inutile de demander compte de leurs précédents, chênes augustes dont on admire la force et la hauteur, sans songer au gland qui les a produits. Et cependant il est rare que la curiosité de connaître leurs origines ne se mêle pas au culte que l’on rend à cer- taines célébrités; plus même ce culte est fervent, plus la curiosité est active et indiscrète. On dirait que ce sentiment (16) qui dégénère aisément en une préoccupation ridicule, a sa souree dans notre cœur ; si c'est une absurdité, l'espèce hu- maine tout entière en est coupable : le passé est encore moins que le présent à l’abri du reproche. Les anciens s’inquiétaient vivement de la généalogie de leurs hommes célèbres : de nos jours les hommes les plus étrangers à la célébrité vont chercher dans l’héraldique un aliment pour leur futile orgueil, et les guerriers des tribus les plus sauvages ont toujours quelque prétention de descendre de je ne sais quel mystérieux fétiche plutôt que d'un simple mortel. Dans les tomes VI et X des Nouveaux Mémoires de l’A- cadémie j'ai inséré des recherches sur la famille de Ru- bens, de cet artiste étonnant dont MM. Alfred Michiels et André Van Hasselt vont nous faire mieux apprécier en- core la supériorité, dans les ouvrages qu'ils préparent. J'y avais adopté l’opinion qui fait venir Rubens d’une famille noble originaire de Styrie. Depuis M. Verachter a établi qu'il ne fallait pas aller si loin , que le nom de Ru- bens, entouré depuis de tant d'éclat, remontait à des com- mencements très-humbles , et que la Styrie n'avait été ap- pelée en aide que par la bourgeoise vanité de l'abbé Van Parys. Tout semble prouver que M. Verachter a eu raison. Dans les pièces qui vont suivre, nulle mention de cette descendancestyrienne, quoique Rubens eût trouvé l’occa- sion de l’invoquer en demandant aux archidues un diplôme d'anoblissement. Quand le 10 juillet 1756, André-François- Joseph Jaerens , conseiller de l’impératrice-reine, exerçant l'état de premier roi d'armes dit Toison d'or, délivra à la famille de Rubens un certificat de noblesse, il se contenta , malgré la complaisance habituelle des rois d’armes , de dire (17) que cette famille, originaire de la province et duché de Bra- bant , était ancienne noble. Dans un autre certificat du 14 septembre de la même année, il ajoute qu’elle était noble et pour telle connue depuis plus de cent ans. Ces attestations font partie d’un dossier de la collection manuscrite du comte de Coloma, acquise presque en to- talité par la bibliothèque royale; il devait servir de preuve pour faire admettre le quartier de Rubens à l’ordre de Malthe. A ces pièces sont jointes : 1° Des lettres patentes d’anoblissement accordées par le roi Philippe IV à Pierre-Paul Rubens, le 5 juin 1624. On y voit que Rubens était depuis 1609 attaché à la cour comme peintre des archiducs , au traitement de 500 florins par an; 2 Une patente de chevalier feques auratus) donnée le 15 décembre 1650, par le roi d'Angleterre Charles 1°, à Rubens, envoyé en Angleterre pour traiter de la paix. Le monarque ajoute à ses armoiries une pièce de l’écu royal d'Angleterre , c’est-à-dire un lion d’or ; 3° Des patentes de chevalier, en date du 20 août 1651 et non du 21 août 1650, comme le dit De Vegiano (suile du suppl. au nobiliaire des Pays-Bas, 1614-1630, p. 268). Si ces documents n'avaient qu'un simple intérêt héral- dique, je les aurais laissés dans le volume où ils dorment en manuscrit. Mais ils montrent comment on comprenait au XVII: siècle la manière d’honorer le mérite, et à ce titre ils méritent quelque attention. Un anoblissement n'était pas uniquement une affaire de vanité, c'était, dans l’état social d'alors, une réalité profitable, une position privilé- giée à laquelle s’attachaient de nombreux avantages maté- riels, indépendamment de l'influence morale et de la con- Tow. x1. 2. (18) sidération personnelle. C’est une chose qu'il ne faut pas perdre de vue avant d'appliquer à ces faits les mépris de notre philosophie moderne. Patente d’anoblissement pour Rusens. Pauvre, par la grâce de Dieu, roy de Castille, etc... à tous présens et à venir qui ces présentes verront , salut. De la part de nostre très-cher et bien amé Pierre-Paur Ru- gens, nous a esté très-humblement remontré qu'il seroit issu de parens fort honorables qui auroient tousjours esté fidèles vas- saux et servi à nos prédécesseurs, leurs princes naturels, de glorieuse mémoire, en offices et charges principales , avec beau- coup d'intégrité, particulièrement son père Jax Rugens , docteur ès droicts, en celle d’eschevin de nostre ville d'Anvers, et Pnr- uvre Rugens , son frère , de secrétaire de laditte ville, et que le remonstrant, suivant leurs gestes et vestiges, s’auroit dès sa jeunesse appliqué à la vertu, bonnes lettres et peinture , fré- quentant plusieurs royaumes et provinces pour se rendre plus capable et habile, et que, pour sa grande et rare expérience, feu nostre très-cher et très-amé bon oncle l’archiduc Albert, de très-haute-mémoire , et nostre très-chère et très-amée bonne tante madame Isabel-Clara-Eugénia , par la grâce de Dieu in- fante d’Espagne , etc., l’auroient, par leurs lettres patentes du 23me jour de septembre l’an 1609 , receu et retenu à l’office de peintre de leur hostel, aux gages et tractement de cinc cens florins par an, et autres priviléges , franchises et libertez plus au loing déduites ès dittes lettres patentes ; duquel il s’étoit tousjours acquitté avec particulière satisfaction de leurs altes- ses ; et désirant le continuer à l’avenir, afin aussy d'estre en- couragé à nous servir avecq plus de lustre, il s’est retiré devers nous et nous a supplié très-humblement que nostre bon plaisir (19) soil de l’honorer du titre et privilége de noblesse pour iui et sa postérité née et à naïstre , sans payer finance, veu qu'il est serviteur domestique de l’hostel de nostre ditte très-chère et très-amée bonne tante , et sur ce luy faire despècher nos lettres patentes en tel cas pertinentes : savoir faisons que nous, les choses susdittes considérées et eu égard à la grande renommée que le suppliant at mérité et acquis par l’excellence de l’art de peinture et rare expérience en icelle, comme aussy par la science qu'il a des histoires et langues et autres belles qualitez et parties qu’il possède et le rendent digne de nostre royale fa- veur, avons pour nous, nos hoirs et successeurs, de nostre certaine science, authorité souveraine et grâce spéciale, par ces présentes, audit Prerre-Pauz Rugens suppliant et à ses en- fans et postérité mâle et femelle, nés et à naistre en léal ma- riage , accordé et octroyé, accordons et octroyons à tousjours ledit titre et degré de noblesse, voulons et ordonnons que le- dit suppliant , ses enfans et postérité, et les descendans d’eux, nés et à naistre en léal mariage, comme dict est , ayent à jouyr et user ,jouyssent et usent d’icy en avant et à tousjours comme vrais nobles , en tous lieux , actes et besoignes , des honneurs, prérogatives , prééminences, libertez , franchises etexemptions de noblesse dont les autres nobles de tous nos pays et seigneu- ries, signament en nos Pays-Bas, ont accoustumé de jouyr, jouyssent et jouyront ; et qu’il et sa postérité soyent en tous leurs faicts et actes tenus et reputés pour nobles, en toutes places, soit en jugement ou dehors, comme les déclarons et créons tels par ces mesmes présentes; et que semblablement ledit suppliant soit et sera capable et qualifié pour estre eslevé et establi ès dignitez soit de chevalier ou autres; et qu’il et sa postérité puissent en tout temps acquérir , tenir et posséder en tous nos pays et seigneuries, signament en nos dictz Pays-Bas, rentes, revenus , possessions et autres choses mouvantes de nos fiefs, arrière fiefs et tous autres nobles tenemens, et iceux prendre et tenir de nous et d’autres seigneurs féodaux , de qui ils seront dépendans. Et si aucunes des choses susdittes ils ont ( 20 ) jà acquis, les tenir et posséder sans estre constraints de par nous ou d’autres les mettre hors de leurs mains, à quoy nous les habilitons et rendons suflisans et idoines; et de nostre plus ample libéralité et munificence , avons pour les dittes raisons audit Prerre-Pauz Rusews suppliant, quitté, dispensé et remis, quittons, dispensons et remettons de grâce spéciale par ces pré- sentes, la finance et somme de deniers qui se paye ordinaire- ment une fois pour et à cause de semblables octroys el ano- blissemens; faisant en outre vers nous et nosdits hoirs et successeurs les devoirs y appartenans, selon la nature et con- dition d’iceux fiefs et biens acquis ou à acquérir , et la coustume du pays où ils sont situez. Et afin que l’estat de noblesse dudit suppliant, desdits enfans et postérité soit plus notoire, cognu et authorisé, leur avons donné, octroyé et permis, donnons, octroyons et permettons qu’il, ses dits enfants et postérité nés et à naistre en léal ma- riage, comme dict est, puissent et pourront doresnavant et perpétuellement en-tous et quelsconques leurs faictz, gestes et autres actes licites'et honnestes, avoir et porter les armes et les blasons qui s’ensuyvent, scavoir est un escu parti en face, le dessus d’or à un cornet de sable , et deux quintefeuilles aux can- tons, percées d’or, le dessous d’azur à une fleur de his d’or, l’heaume ouvert et treillé, les hachements et borlet d’or et d’ar- gent , et pour le cimier la mesme fleur de lis d’or, comme elles sont peintes et figurées au milieu de ces dittes présentes. Si donnons en mandement à nos très-chers et féaux les chef-pré- sident et gens de nos privé et grand-conseil, chef-trésorier- général et commis de nos domaines et finances, chancelier et consaux de nostre conseil en Brabant , président et consaux de nostre chambre des comptes illecq, et à tous autres nos justi- ciers et officiers , présens et à venir , leurs lieutenanset chascun d'eux en droit soy ,.et si comme à luy appertiendra, et autres nos subjects , que sans le payement de ladite finance et somme d'argent , lesdits de nos comptes procèdent bien et deuement à la vérification et entérinement de ces dittes présentes, selon leur ÉD (21) forme et teneur, et, ce fait, ils facent, souffrent et laissent ledit Prerre-Pauz Rugens, lesdits enfans et postérité en léal ma- riage, de nostre présente grâce, octroy et anoblissement et de tout le contenu en ces dittes présentes, pleinement, paisible- ment et perpétuellement jouyr et user, sans leur faire, mettre ou donner ny souffrir estre fait, mis ou donné à aucun d’eux, contre la teneur de ces présentes, contredict, destourbier ou empeschement quelconque ; car ainsy nous plaist-il et voulons estre fait, nonobstant quelsconques ordonnances, statuts, coustumes et autres choses au contraire, desquelles nous avons relevé et dispensé , relevons et dispensons les dits de nos finan- ces et de nos dits comptes en Brabant, et tous autres à qui ce peut toucher ou regarder. Et afin que ce soit chose ferme et stable à tousjours, nous avons signé ces présentes de nostre nom et à icelles fait mettre nostre grand scel, sauf en autre chose nostre droit et celuy d’autruy en toutes. Donné en nostre ville de Madrid , royaume de Castille, le cinquième jour du mois de juin , l’an de grâce 1624 , et de nos règnes le quatriesme , etc. PHILIPPE. Par le roy : Bruneau. Enregistré le 2 fév. 1680, à Bruxelles, par le premier roi d’ar- mes provincial, P. de Lannoy (de Launay ). IT. Diplôme de chevalier. Canozus, Dei gratia Magnae Britanniae, Franciae et Hiber - niae Rex, Fidei defensor, etc., universis et singulis regibus , principibus, ducibus, marchionibus, comitibus, baronibus, (22) proceribus ; dominis et nobilibus quibuscumque ad quos prae- sentes litterae pervenerint , salutem. Quum nihil habeat nec natura nostra melius quam ut veli- mus, nec fortuna nostra majus, quam ut possimus virtutem condignis praemiis afficere, et eo dignitatis nos sciamus a di- vina bonitate evectos ut habeant boni quem suscipiant meri- torum humanorum remuneratorem publicum et a summo proximum , nos ex bonorum numero exegimus Perrum- Paurum Rosenium , urbe Antverpia oriundum, serenissimi regis Hispa- niarum Philippi secretarium et ejusdem senatus privati in Flandria consiliarium , serenissimae infantae Isabellae-Clarae- Eugeniae ex famulitio aulico nobilem, etc. ; virum cum magno erga nos et subditos nostros affectu et meritis nobis apprime charum, tum vero maxime insigni erga Regem, Dominum suum, fide et morum sapientia scientiaque rerum , quibus in- genii et generis sui nobilitatem illustravit, regiae nostrae curae commendabilem ; quin etiam memores sumus quanta integri- tate et industria sese publicae tranquillitatis nec non pacis in- ter nos et regem suum felicissime sancitae studiosum apud nos praestiterit. Quamobrem nos in affectus nostri et virtutis suae monumentum supra dicto Perro-PauLo Rugenio ad avitam no- bilitatem insuper equitis aurati gradum contulimus eaque il- lum dignitate lubentes merentem insignivimus, tum gladium quo equitem creavimus ipsi dono dedimus , atque ut gratiae nostrae etiam ad posteros ejus luculentum aliquod argumen- tum derivetur, maturo consilio, certa scientia et plenitudine regiae nostrae potestatis, ejusdem Permi-Paur Rugenir clypeo armorum gentiliarum (gentilitiarum) additamentum ex insi- gnibus nostris regiis decerptum, videlicet leonem aureum in cantone rubro , sicut in margine praesentium clarius depictum cernitur , adjunximus, volentes et confirmantes quod praefatus Perrus-PauLus Rugenius ac heredes ejus masculi, e corpore suo legitime procreati, additamentum praedictum in clypeis et insignibus suis gestare atque uti possint in perpetuum ; eadem- que haec omnia et singula serenissimos regem Hispaniarum et ( 25 ) archiducissam Austriae praefatos grata habituros minime du- bitamus. In quorum testimonium has litteras nostras fieri feci- mus patentes. Datum apud palatium nostrum Westmonasteriense , decimo quinto die decembris, anno regni nostri sexto, verum a vir- ginis partu salutifero, supra millesimum sexcentesimum tri- gesimo (1630). CAROLUS Rer. LIT. Autre diplôme de chevalier. Pape par la grâce de Dieu , roi de Castille, etc. Sçavoir faisons que pour la bonne relation que fait nous a esté de nostre cher et féal Paur-Rurews, secrétaire de nostre conseil privé ès Pays-Bas, et des bons et agsréables services qu'il nous a rendus en différentes occasions, tant en nosditz Pays-Bas, en ceste notre court qu’en Angleterre, où il a esté envoyé de nostre part pour affaires concernans grandement nostre service et le bien public, s’estant en tout honorablement et utilement acquitté de son debvoir , à nostre entière satisfac- tion et avecq particulier tesmoignage de son zèle, dextérité et souflisance : pour ces causes, et tout ce que dessus considéré , mesmes afin de le stimuler davantage et luy donner occasion par quelque marque d'honneur, de s’esvertuer de plus en plus en nostre service, nous, desirans favorablement le traicter, décorer et eslever , avons à l’advis et favorable intercession de nostre très-chère et très-amée bonne tante madame [sabel-Clara Eugenia, par la grâce de Dieu infante d’Espagne, etc. , ledit Pauz Rupens faict et créé , faisons et créons chevalier par les présentes, voulans et entendans que doresnavant il soit tenu et réputé pour tel en tous ses actes et besoignes , et jouissance des droicts, libertez et franchises dont jouyssent et ont accous- (24) tumé de jouyr tous autres chevaliers par touttes nos terres et seigneuries, signament en nos Pays-Bas, tout ainsy et en la mesme forme et manière comme s’il eust esté fait et créé cheva- lier de nostre propre main. Mandons et commandons à tous nos lieutenans et gouver- neurs, mareschaux et autres nos justiciers, officiers et sub- jects, à qui ce peult toucher en quelque manière que ce soit, que ledit Pauz Rusens ils souffrent et laissent dudict titre de chevalier et de tout le contenu en ces dittes patentes plaine- ment et paisiblement jouyr et user, sans luy faire, mettre ou donner ni souffrir estre fait, mis ou donné aucun trouble, des- tourbier ou empeschement , au contraire, car ainsy nous plaist-il, pour ce qu’au préalable ces dittes présentes soient présentées à Don Juan de Castille , nostre secrétaire du registre des mer- cèdes, afin d’en estre tenue note et mémoire ès livres de sa charge. En tesmoignage de quoy nous avons signé ces pré- sentes de nostre main, et à icelles faict mettre nostre grand scel. Donné en nostre ville de Madrid , royaume de Castille, le vingtième jour du mois d’aoust , l’an de grâce 1631 et de nos règnes le onzième. PHILIPPE. — Dans le bulletin de l'académie des 7 et 8 mai dernier, j'ai inséré, d’après le Liber Guidonis, un texte de la des- cription de Rome, de Publius Victor. Il n’est pas trop tard pour ajouter que cet auteur, que quelques-uns placent encore sous Constantin , est apocryphe de même que Festus, auteur prétendu d’une autre description de Rome qu’on a cru rédigée vers la même époque. La seule description an- cienne de Rome qui soit authentique, est celle qui se trouve à la suite de la Notice de l'empire, publiée par Pan- cirolle et Labbe. On peut consulter à ce sujet le bel ou- (25 ) vrage que M. Bunsen, avec la collaboration de Niebubr, de Platner, de Gerhard et de Rôstell, a consacré à la capi- tale du monde catholique, qui est aussi celle du monde littéraire. — M. le directeur, en levant la séance, a fixé la pro- chaine réunion au samedi 5 août. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Mémoires couronnés et mémoires des savants étrangers, pu- bliés par l’académie royale des sciences et belles-lettres de Bru- elles, tome XVI; 1843. Bruxelles, 1844, 1 vol. in-4°. Bulletins de l'académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles , tome XI, 1° partie, 1844. Bruxelles , 1 vol. in-8°. Cataloque systématique de la bibliothèque de la Chambre des Feprésentants. Bruxelles, 1844, 1 vol. in-8°. — De la part de MM. les Questeurs. Bulletin de la commission centrale de statistique, 1"° partie du tome II. Bruxelles, 1844, 1 vol. in-8. Catalogue des accroissements de la bibliothèque royale en livres imprimés, etc., 4% partie. Bruxelles, 1844, in-8o. Recherches statistiques , par M. A. Quetelet. Bruxelles, 1844, in-4°. Histoire de l’ancien pays de Liége, par M. L. Polain. Liége, 1844, tome [:r, 1 vol. in-8°. Gazette médicale belge, mois de mai et de juin 1844. Bru- xelles, in-fol. Journal de médecine , de chirurgie et de pharmacologie, pu- blié par la société des sciences médicales et naturelles de - Bruxelles; 2%° année , cahier de juin 1844. Bruxelles, in-8°. Tom. x1. 5. ( 26 ) Trésor national, 2 série, 10° livr. , février 1844. Bruxelles, in-8°. Annales d’oculistique, publiées par M. le docteur FI. Cunier; 7° année, tome XI, 5° livr., mai 1844. Bruxelles, in-6°. Annales du conseil de salubrité publique de la province de Liége, tome I. Liége, in-8°. La revue de Liége, 6° livr., juin 1844. Liége, in-8e. Journal historique et littéraire de Liége, tome XI, livr. 8°. Liége, in-8°. Histoire politique, civile et monumentale de la ville de Bru- zelles, par MM. Alex. Henne et Alph. Wauters, livr. 90 à 100. Bruxelles, 1844, in-8c. Eenige woorden over het galvanismus, deszelfs toepassingen en de electro-beweegkracht, door J. Stein. Antwerpen, 1844, in-8°, Flora Batava, of afbeelding en beschrijving van Nederland- sche gewassen, door J. Kops, enz.; met platen. Amsterdam, 1832-1836, livr. 86-131 , avec les titres et les tables des ma- tières, ensemble 47 cahiers in-4°. Bijdragen tot de geschiedenis, oudheden, letteren, statistiek en beeldende kunsten der provincie Noord-Braband, door D C.-R. Hermans, 2% stuk. Te ’s Hertogenbosch, 1843, in-8°. Extrait du programme de la société des sciences à Harlem, pour l’année 1844. Feuille in-fol. L’investigateur, journal de l’institut historique, 11° année, tome IV, 2° série, 117€ livr. Paris, in-8°. Revue zoologique par la société Cuviérienne, 1844, n°° 8 et 4. Paris, in-8°. Journal d'agriculture pratique et de jardinage , publié sous la direction de M. le docteur Bixio ; 2° série, tome Fu n° 11, mai 1844. Paris , in-8°. Assemblée générale annuelle de la société de la morale chré- tienne. Séance générale du 13 avril 1844. Paris, in-8°. Le Christ et les langues (par M. Pierquin de Gembloux). Paris , 1844, in-8o. (27 ) Mémoires de la société géologique de France, 2° série, tom. F, 1'° partie. Paris, 1844, 1 vol. in-4°. Bulletin de la société géologique de France, 2° série, tom. Fr, feuilles 19 à 25. Paris, 1843-1844, in-8°. apport adressé à S. M. Guillaume IT, roi des Pays-Bas, sur les suites déplorables de l’ophthalmie militaire, par M. A. Boissonneau ; 1844, in-8°. Bulletin de la société industrielle d’ Angers et du département de Maine-et-Loire, n°° 5 et 6, 14° année ; n°° 1 à 3, 15° année. Angers , 1843-1844, in-8°. Transactions de la société Linéenne de Londres, année 1844 , 2° partie. Londres, in-8°. An essay on solid meteors, and aërolites or meteoric stones, by Peter A. Browne. Philadelphia, 1844, in-8°. Archiv der Mathematik und Physik, mit besonderer Rücksicht auf die Bediürfnisse der Lehrer und hôhern Unterrichtsanstalten, herausgegeben von J.-A. Grunnert, #4 Theil, 4° Heft. Greifswald , 1844, in-8°. Annalen für Meteorologie, Erdmagnetismus und verwandite Gegenstände, herausgegeben von D' J. Lamont. Jahrgang 1844, 9tes Heft. München, in-8°. Quadro elementar das relacües politicas e diplomaticas de Portugal com as diversas potencias do mundo , desde o principio da monarchia portugueza até nos nossos dias ; ordenado e com- posto pelo visconde de Santarem. Tomo IV, parte 1°, Pariz, 1843, 1 vol. in-8°. ERRATA POUR LE BULLETIN N° 5. Page 389, ligne 1, pére, lisez : frère, BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1844. — No 8. = —— 4 Séance du 5 août. M. le baron De Gerlache, directeur; M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. M. le docteur Forster écrit que, pendant la soirée du 27 juillet dernier, vers9 h. 29 m. (t. m.), il a vu, à Bruges, un météore de couleur rougeàtre, semblable à une brillante étoile filante, qui descendait d’un point situé à 5° environ nord-est de la polaire et qui se dirigeait directement vers l'horizon en décrivant une ligne sinueuse. Le secrétaire rappelle qu'un brillant météore a aussi été observé à Nuremberg et à Bamberg, le 20 juillet, vers Tom. xi. 4. (30 ) 11 heures 10 m. du soir ; il se dirigeait du NO. au SE, et répandait des étincelles sur son passage. Une détonation fut entendue environ quatre minutes après cette appari- tion. D’après la correspondance de l'observatoire de Bruxelles, le même météore a été aperçu à Parme vers 4 heures 4 m. du soir (temps vrai). « J'ai vu un bolide d'une grosseur apparente presque égale à la lune, écrit M. Colla; la lumière en était si vive que la terre en était éclairée comme au moment du coucher du soleil. Ce mé- téore partait de près de la Chèvre et s’est éteint, sans bruit, après quelques secondes, dans le voisinage de l'horizon. » M. Quetelet dit avoir observé lui-même un bolide, à Bruxelles, dans la soirée du 24 juillet, vers 9 heures du soir. Comme il descendait le boulevard du jardin botani- que avec M. Amici, directeur de l'observatoire de Florence, et M. V. Amici, professeur à Pise, ils aperçurent tous trois le météore dans la direction NO. et à 10 degrés environ au- dessus de l’horizon ; ce météore avait peu d'éclat et un dia- mètre apparent de 45 à 20 minutes. Sa course à peu près horizontale et dirigée du N. à l’O., ne fut pas longue; le bolide fut caché en partie, au moment de s’éteindre, par un léger nuage qui se trouvait dans sa direction. L'académie reçoit : 1° Un mémoire manuscrit sur les étoiles filantes pério- diques du mois d'août et en particulier sur leur apparition en 1842, par M. Houzeau. (Commissaires, MM. Quetelet et Crahay) ; 2 De la part de M. le ministre de l’intérieur, différentes réponses à la circulaire de l'académie concernant la carte archéologique de Belgique. (31) RAPPORTS. Essai de coordination des causes qui précèdent , produisent et accompagnent les phénomènes électriques, par M. Peltier. (Commissaires, MM. Crahay et Quetelet, rapporteur.) « Le mémoire que M. Peltier a présenté à l'académie, a pour objet de faire connaître les idées théoriques de l’au- teur sur la nature de l'électricité et sur Les causes qui pro- duisent les phénomènes électriques. » M. Peltier pense que, dans l’état actuel de la science, les théories admises sont insuflisantes pour expliquer les divers phénomènes de l'électricité dynamique, et parti- culièrement ceux produits par les courants d'induction. Son projet était donc de présenter une théorie plus géné- rale et qui püt rendre compte des différents ordres de faits qui ont été reconnus jusqu'à présent. Ce travail, exécuté en partie, est immense, mais la santé de l’auteur ne per- met pas d'en prévoir le prochain achèvement. Dans cet état de choses, M. Peltier a cru utile de donner un ré- sumé de ses recherches et de le soumettre à l'examen des savants sous la forme d’une série de propositions. On conçoit dès lors qu'il serait impossible, dans un rapport, de rendre complétement compte des idées de l’auteur et de résumer clairement ce qui se trouve déjà réduit à sa forme la plus simple. Nous ne pouvons donner qu’une in- dication très-sommaire de la manière dont M. Peltier en- visage les phénomènes électriques. » Selon lui, chaque particule élémentaire des corps est entourée d’une petite atmosphère éthéréce, laquelle s'y (32) trouve retenue par une affinité propre qui déeroît avec la distance dans une progression extrêmement rapide. Le plus ou moins d’accumulation de l’éther autour des atomes con- stitue les deux états électriques positif et négatif; le che- minement d’atome à atome forme l'électricité dynamique; la pesanteur, les affinités chimiques , etc., sont les résul- tats de la manière d'être de l'éther. Les phénomènes lumi- neux continuent du reste à subsister avec l'interprétation qu’on leur donne dans la théorie des ondulations. » Après avoir posé les fondements de sa nouvelle théo- rie, M. Peltier traite successivement des sujets suivants : 4° Des altérations dans l'équilibre des sphères éthérées qui constituent le phénomène d'électricité statique; 2° Des altérations dans l'équilibre des sphères éthérées qui constituent les phénomènes d'électricité dynamique ; 5° De l'induction électrique; 4 De l'induction magnétique ; 5° De l'induction animale ou des poissons électriques ; 6° Du rayonnement électrique. » L'auteur ne se borne pas à poser une théorie nouvelle, il propose une réforme de toute la nomenclature scienti- fique , en ce qui concerne les phénomènes de l'électricité. Quelle que soit l’idée qu’on se formera de la théorie nou- velle, on trouvera peut-être que la réforme de la nomen- clature scientifique n’était pas absolument nécessaire et qu’elle peut jeter jusqu’à un certain point de la confusion dans les idées. D'une autre part, les esprits se prêteront difficilement à considérer comme positifs les états élec- triques que, dans la théorie ancienne, on regardait comme négatifs et vice-versa, malgré les arguments que M. Pel- tier présente en faveur de ce changement. On pourra se demander, par exemple, si les atomes d'oxygène seront (33 ) bien effectivement les plus richement pourvus d’éther. Ne devrait-il pas s’en suivre que le pouvoir réfringent du gaz oxygène (=) serait le plus fort? il se trouve au con- traire, plus faible que celui de tous les autres gaz. L'état électrique positif ou négatif ne consistant, d'après l'au- teur, que dans une coërcilion plus ou moins grande d'éther, ne devrait-il pas en résulter que, selon l’état électri- que du corps, la lumière subirait des modifications sensi- bles? Cependant l'expérience n'offre rien de semblable. » En vous présentant un aperçu de la nouvelle théorie de M. Peltier, nous n’avons pas le dessein de la préconiser ni de la combattre, bien moins encore d'engager l’acadé- mie à se prononcer dans une question aussi délicate. Si même M. Peltier n’appuyait ses idées réformatrices par l'autorité d’une longue expérience et par des services réels rendus à la science de l'électricité, nous ne croirions pas devoir demander à l'académie de donner de la publicité à son travail. Mais les meilleurs esprits reconnaissent au- jourd'hui qu'une multiplicité de faits nouveaux, surtout ceux de l'induction, exigent au moins une révision des théories admises, sinon une réforme; quelques innova- tions même ont été tentées par des savants du premier ordre ; il peut alors être utile de soumettre à l’apprécia- tion du public une théorie qui est le fruit d'une longue expérience, avec l'espoir que sa critique même peut être avantageuse à la science. » C’est sous ce rapport que nous proposons à l’acadé- mie d'imprimer le mémoire de M. Pellier, de saisir cette occasion pour remercier l’auteur des communications di- verses qu'il nous a faites, et de lui exprimer en même temps tout l'intérêt que l'académie prend à ses utiles tra- vaux sur l'électricité atmosphérique. (34) Les conclusions de ce rapport sont adoptées. — L'académie entend ensuite un rapport verbal sur le mémoire de M. Delobel, concernant une nouvelle cos- mogonie. Les commissaires s'accordent à reconnaître que l’auteur est entièrement étranger aux principes des scien- ces, et que, par conséquent , ses idées sur l’origine de l'univers ne peuvent avoir aucune valeur scientifique. LECTURES ET COMMUNICATIONS. Lettre de M. Peltier à M. le baron De Gerlache, direc- teur de l'académie, sur l'électricité de la vapeur produite par les locomotives. MonsIEUR LE PRÉSIDENT, « Depuis la découverte de l'électricité dans la vapeur sortant d’un bouilleur, on a cherché naturellement à con- naître quelle en était la cause et quel était le lieu où elle se produisait : on a cherché aussi à se rendre compte des anomalies nombreuses qu'on y observait, et enfin on s’est demandé si cette puissance concourait à l'explosion des chaudières. » Mes recherches antérieures sur la cause de l'électricité des vapeurs atmosphériques, me permirent de donner l'explication de ce phénomène, aussitôt qu'on en eut connaissance en France. Je prouvai qu'il n’y avait pas de manifestation électrique, lorsque la vapeur se séparait len- VTT (35) tement du liquide dont elle provenait et qu’une tempéra- ture de 112° et au-dessous, était trop faible pour donner à la vapeur une tension élastique sufisante pour la séparer brusquement du liquide; tandis que sousl’impression d’une température de 120 ct au-dessus, la vapeur acquérantune tension élastique de plusieurs atmosphères, elle se sépa- rait rapidement du liquide, et plaçait ainsi entre elle et lui un espace isolant qui lui permettait de conserver l’électri- cité qu’elle avait prise au moment de sa formation. » MM. Armstrong et Faraday ont pensé que c'était dans la friction de l’eau contre les parois de l’éjaculateur que ré- sidait la cause de ce phénomène, mais nous avons déjà eu l'honneur de communiquer à cette académie, une note dans laquelle nous avons cherché à prouver que cela ne pouvait être. (Bullet. 1845, tom. X, pag. 518). » Pour que l'électricité apparaisse, il faut : » 1° Que la vapeur soit chassée par une pression inté- rieure de plusieurs atmosphères ; » 2° Que la vapeur ne soit pas sèche, c’est-à-dire, qu'elle ne soit pas dans un état qui ne comporte pas une nouvelle transformation. » 5° Il faut qu'elle soit accompagnée de goutelettes d’eau qui puissent, en sortant, passer à l’état de vapeur. » Ces trois points constatés par l’expérience, démon- trent que ce n’est pas la vapeur formée dans le bouilleur qui sort chargée d'électricité positive, puisqu'elle n’en donne aucun signe à sa sortie, si elle est sèche, si elle n’est pas accompagnée d’eau. Ce fait démontre en outre que, puisque l'électricité n’est pas conservée dans l'intérieur de la chaudière, elle ne peut concourir aux explosions. » La nécessité d’une haute pression dans le bouilleur, démontre également qu'il faut que l’eau projetée possède ( 36 ) une température telle, qu'elle puisse à sa sortie, donner naissance à une vapeur ayant une tension élastique de plu- sieurs atmosphères. En résumé, une manifestation perma- nente d'électricité n’a pas lieu, sans qu'il y ait une sépara- tion brusque, instantanée, entre le liquide et la vapeur, sans qu'il y ait un intervalle isolant qui s'oppose à la neu- tralisation de l'électricité vitrée qu’emporte la vapeur, au moment de sa formation, avec l'électricité résineuse que prend l’eau restée liquide. » Pour obtenir cette vapeur à haute tension à l’air libre , on est obligé de se servir de dissolutions salines, proje- tées dans une capsule incandescente, afin d'obtenir un contact à une température supérieure à celle de l’eau bouil- lante. On sait que l’eau projetée dans une capsule chauffée à 700 ou 800 degrés, se caléfie, et que, pendant le tempsdesa caléfaction , la goutte d’eau est isolée de la capsule et ne la touche par aucun point. Cette goutte d’eau caléfiée ne dé- passe jamais la température de 90 à 92 degrés; la vapeur qui s’en élève n’a pas alors de tension supérieure à celle de l'atmosphère; elle s'élève lentement et donne au phéno- mène électrique le temps de s'accomplir, en se neutralisant avant qu’il y ait une séparation isolante, suffisante, entre le liquide et la vapeur. » Plus tard, lorsque la sursaturation de la dissolution laisse déposer de petits cristaux de sel, ces derniers ser- vent d’intermédiaires entre l’eau et le vase; le contact peut s'effectuer alors dans quelques points. La vapeur produite dans ces points possède une tension élastique correspon- dante à leur température. Cette vapeur à haute tension est projetée au loin et produit une sorte d’explosion. À ce mo- ment seul l'électricité provenant de la transformation d'état, est gardée et elle se manifeste au moyen de nos ap- PE (37) pareils. Lorsque le vase est assez refroidi pour ne plus pro- duire qu’une vapeur d’une atmosphère ou une atmosphère et demie de tension élastique, tout signe d'électricité dis- paraît, l'électricité de la vapeur se neutralise avant qu'il y ait un espace isolant. » On voit qu’à l'air libre il faut des dissolutions salines pour favoriser le contact de la goutte d’eau caléfiée (1) avec le vase ayant au moins 120 degrés ; mais lorsque l’on em- ploie des moyens de compression , les eaux salines ne sont plus nécessaires, l’eau distillée devient même préférable par sa moindre conduction électrique. » Les gouttes d’eau projetées par un bouilleur à haute pression, ont à leur sortie la température élevée propre à produire une vapeur à haute tension élastique qui se sépare brusquement du reste du liquide et de la colonne ascen- dante. L’électricité développée dans le changement d'état est alors gardée dans les vapeurs où on la recueille. » J'ai trouvé dans ces derniers jours que le moyen pu- rement mécanique de la rapide progression du bouilleur d’une locomotive, suffisait pour établir l’espace nécessaire à la conservation de l'électricité produite. Les 8,9, 11 et 15 de ce mois, j'ai constaté qu’un électromètre , placé sous la colonne de vapeur d’une locomotive en marche, se char- geait d'électricité par influence, tandis que, si la locomotive était en repos et l'air calme, je n’obtenais que rarement quelques faibles signes qui cessaient bientôt de paraître au milieu de l'air ambiant saturé d'humidité et trop conduc- teur. Plus la marche de la locomotive est rapide, plus les (1) Voyez ma note dansles #nnales de chim. etphys., 1840, 1.75, p. 550, et les divers Mémoires de M. Boutigny d'Évreux. (38 ) signes électriques sont puissants, et l’on voit les feuilles d’or frapper plusieurs fois de suite les armatures. » La quantité d'électricité conservée par la vapeur varie avec la quantité de projections aqueuses, avec leur tempé- ralure , avec leur rapide évaporation favorisée ou retardée par un air sec ou humide, avec le mamelonage de la co- lonne de vapeur, etc. Ces diverses circonstances influent sur l'étendue des signes électriques et les font varier consi- dérablement. Il arrive même souvent que le reste des gouttes d’eau non vaporisées, chargées de l'électricité ré- sineuse , en s’'approchant et mouillant l'instrument, lui font prendre l'électricité contraire à celle de la vapeur. Le 9, sur le rail-way de Gand, j'ai pu constater ce fait devant M. Quetelet, votre savant secrétaire perpétuel. » En opérant sur le bateau à vapeur, le John Cockerill, j'ai constaté la différence qu’il y a entre une vapeur sèche et une vapeur humide. Sous l'influence de la colonne de la fumée, l’électromètre ne pouvait donner ce jour-là aucun signe électrique, même en l’élevant de deux mètres au- dessus de son point d’équilibration , tandis qu’en dehors de l'influence de cette colonne de fumée, l'instrument don- nait 10 degrés de divergence. La fumée agissait done de haut en bas avec une tension d'électricité négative égale à celle que la terre opérait de bas en haut, et l'instrument électrique, n'indiquant que des différences, restait à zéro sous ces influences égales et en sens contraires. » Lorsqu'on lächait la vapeur, le contraire se manifes- tait à l'instant; il n’était nullement besoin d'élever l’instru- ment au-dessus de son point d’équilibration, il suffisait de le présenter sous l'influence de la colonne de vapeur qu'un fort vent d’amont chassait rapidement dans le sens du cours de la Meuse, pour obtenir de nombreuses décharges (39 ) sur les armatures. Ces expériences confirmant l'explication que j'avais déjà eu l'honneur d'adresser à l'académie, j'ai pensé qu'il était utile de les faire connaître. Il suflit d’avoir un électromètre à feuilles d’or, surmonté d’une tige de 5 à 4 décimètres , terminée par une boule de cuivre poli, afin de séparer plus facilement le phénomène d'influence de celui du rayonnement électrique que donnent les pointes. » Recevez, Monsieur le Président, l'assurance de la haute considération avec laquelle j'ai l'honneur d’être votre dévoué serviteur. » PELTIER. » Bruxelles, le 16 juillet 1844. » Recherches sur la potasse à l'alcool et le carbonate de potasse, par M. Louvyet. Dans un procès célèbre récent, dont les débats eurent beaucoup de retentissement dans la presse scientifique, des doutes s’élevèrent sur la pureté des réactifs employés par les experts-chimistes, appelés les premiers pour donner leur opinion sur le principal chef d'accusation de la cause. Nous voulons parler ici du procès Ponchon, d’une aceu- sation d’empoisonnement par le plomb, drame lugubre - qui vient de se dénouer devant la cour d'assises du Puy- de-Dôme. MM. Dupasquier et Orfila furent successivement appelés pour contrôler les résultats des premiers experts, MM. Rey- naud, Porral et Barse, qui avaient trouvé du plomb dans lesparties du cadavre de Ponchon, soumises à leur examen. M. Orfila, le premier, vint jeter des doutes sur la pureté | des réactifs employés par les experts du Puy, et notam- ( 40 ) ment sur la potasse, qui contient quelquefois du plomb, disait-il (1). Conformément à la proposition faite par M. Orfila, la cour ordonna que MM. Reynaud, Porral, Barse, Dupasquier et Orfila, seraient chargés de vérifier si la potasse employée par les experts du Puy, contenait du plomb. II résulta des recherches faites par ces cinq experts que la potasse à l’alcool dont MM. Reynaud , Porral et Barse avaient fait usage dans la première expertise, leur fournit une certaine quantité de plomb; mais ils ne pou- vaient affirmer que ce métal provenait de l’alcali; attendu qu’ils reconnurent que l’eau distillée dont ils pouvaient dis- poser pour leurs opérations, renfermait une quantité sen- sible de plomb (2). M. Dupasquier examina ensuite la potasse dont les experts s'étaient servis : elle fut dissoute, saturée par de l'acide sulfurique pur, que le préparateur de la faculté de médecine avait remis à M. Orfila. Cette po- tasse, ainsi saturée , traitée ensuite par un courant d’a- cide sulfhydrique, brunit immédiatement et ne tarda pas à présenter un dépôt abondant de sulfure métallique. M. Du- pasquier analysa ce sulfure, et il le trouva composé de beaucoup de plomb et d’un peu d’étain, ce qu'il fit cons- tater par les autres experts. Ainsi, continue M. Dupas- quier, la potasse employée par les experts, avait fourni du (1) Voir la Revue scientifique du D' Quesneville, 1845. Tom. XVe, pag. 555 et suivantes. (2) L’eau employée par les experts, pour la distillation, était de l’eau de citerne ; par suite de la décomposition des matières organiques qu’elle ren- ferme , il est probable que cette eau peut contenir des principes acides ou autres , volatils, et pouvant exercer une influence dissolvante sur l'étain du serpentin et les soudures de l’alambic. Car l’eau de source distillée dans un alambic étamé ordinaire, avec serpentin en étain, ne contient absolument aucune substance métallique, ainsi que je l'ai constaté plus d’une fois. SE SP PT (4 ) plomb et de l’étain , et le métal obtenu par eux dans la pre- mière expertise, paraissait identique à celui de la potasse. M. Barse, l’un des premiers experts, émit l'opinion, que ce plomb provenait de l’acide sulfurique employé pour saturer la potasse et apporté par M. Orfila. On examina cet acide; mais une partie du mastic qui entourait le bouchon y était tombée; cet acide fut essayé, et l’on y trouva beau- coup de plomb, métal que M. Dupasquier regarda comme ayant été introduit par la chute du mastie, car il n’était pas possible, suivant lui, de supposer que le préparateur de la faculté de médecine de Paris, eût fourni à M. Orfila comme acide sulfurique pur, et pour des recherches si dé- licates auquel il était destiné , un acide bien plus impur encore que l'acide ordinaire du commerce (1). (1) Avant d’aller plus loin , je dois faire remarquer que j'ai examiné un fla- con d’acide sulfurique dit pur, parfaitement limpide et transparent, et pro- venant d’un des principaux magasins de produits chimiques de Paris. Cet acide donnait immédiatement lieu à un dépôt de sulfate de plomb , quand on l'étendait d’eau distillée. Ne serait-il pas possible que l'acide sulfurique pur fourni par le préparateur de la faculté de médecine , n’ait pas été préparé par lui, mais qu’il se le fût procuré chez un fabricant, dans la pureté des produits duquel il croyait avoir toute confiance. On trouve quelquefois dans le commerce des drogueries, à Bruxelles, un acide sulfurique contenant une si petite quantité de sulfate de plomb, qu’il ne se trouble pas par la dilution , bien qu’il brunisse lorsque , après l'avoir sur- saturé avec de l’ammoniaque, on le traite par quelques gouttes de sulfhy- drate d’ammoniaque. Tel est un acide sulfurique que j’ai examiné, dont je possède encore quelques kilogrammes, et qui provient de la fabrique de M. Capellemans , à Laeken. La première purification à faire subir à l’acide sulfurique que l’on destine à des recherches analytiques , c’est de le distiller dans une cornue de verre ou de platine. Or, cette opération le prive de sulfate de plomb d'une manière complète. Il fallait donc que l’acide sulfurique, envoyé de Paris comme pur, et examiné par moi, n’eût pas même été distillé. Ce fait prouve qu’on ne doit jamais avoir de confiance que dans des réactifs essayés préalablement , ou dans ceux que l’on a préparés soi-même. (42) M. Dupasquier dit que des recherches qu'il fit postérieu- rement établirent d'ailleurs une presque certitude, que les matières métalliques provenaient de la potasse. Il s’est pro- curé, dit-il, quatre flacons de potasse à l'alcool, vendue comme absolument pure et provenant de quatre magasins différents de produits chimiques, choisis parmi les plus renommés de Paris. Ces quatre potasses, d’origine diverse, dissoutes dans une petite quantité d’eau distillée pure et traitées directement (c’est-à-dire, sans avoir été saturées par un acide) au moyen d’un courant d'hydrogène sul- furé soigneusement lavé, ont toutes quatre fourni un abon- dant précipité de sulfure métallique d’an brun noirûtre, qui a donné à M. Dupasquier une quantité très-notable de plomb. Dans le sulfure d’une de ces potasses, M. Dupas- quier a cherché s’il ne se trouvait pas un autre métal que le plomb, et il a pu y reconnaître une très-petile quantité d’é- tain. Ainsi, cespotasses, vendues comme absolument pures par les premiers fabricants de produits chimiques de Paris, contenaient toutes une quantité très-notable de plomb, associé au moins dans l’une d'elles, à un peu d’étain. Tout se réunit donc, suivant M. Dupasquier, pour démontrer que la potasse employée par les premiers experts, conte- nait du plomb, et que le métal obtenu dans leurs expé- riences, pouvait provenir, et provenait sans doute de cette origine. — Enfin, M. Dupasquier résumant son opinion, dit que la présence du plomb, et même de l’étain , dans la potasse à l'alcool vendue comme absolument pure, parait être un fait presque général, puisque toutes celles qu'il a essayées, lui ont présenté cette impureté à un degré très- prononcé. A l’époque où les débats scientifiques de ce procès me tombèrent sous les yeux, je m'occupais précisément de Fe (43 ) l'analyse d'un minéral nouveau, et je devais me servir, pour cette opération, d’une certaine quantité de potasse à l'alcool. La potasse que je possédais , provenait de la maison Ro- biquet, Boyveau et Pelletier, l’une des plus estimées de Paris, en sorte que j'avais tout lieu de croire que cette potasse avait été examinée par M. Dupasquier , puisqu'il s'en était procuré dans différents magasins de produits chimiques, choisis parmi les plus renommés de Paris. Ce que je lus du procès Ponchon m'engagea à examiner ma polasse avec attention, et c’est ce qui donna lieu aux recherches suivantes, recherches qui m'ont paru offrir assez d'intérêt pour être présentées à l'académie. 1" EXPÉRIENCE. — Trente grammes de potasse à l’alcool, furent dissous dans de l’eau distillée. J'observerai en pas- sant que la solution exhale une odeur singulière indéfinis- sable, qui excite la toux, et qui disparaît après quelques minutes d’agitation. La solution n'est pas limpide, et ne s'éclaircit pas avec le temps, ainsi que je l’ai déjà remarqué sur des solutions de potasse à l’alcool, conservées depuis plusieurs mois. On la sature par de l'acide chlorhydrique pur (1). Lorsque le point de saturation est près d’être at- (1) Je purifie l’acide chlorbydrique du commerce par un procédé qui n’a pas été décrit. J'y ajoute d’abord un peu d’eau , puis une solution concen- trée de cyanoferrure de potassium en excès. Il se forme un précipité blanc, qui bleuit peu à peu. Je laisse la réaction s'effectuer pendant un jour ou deux, puis je filtre l’acide sur un tampon d'amiante ; je le distille ensuite dans une cornue bouchée à l’émeri, chauffée au bain de sable, et dans laquelle j'ai placé quelques spires de fil de platine. Je rejette les premières portions de l'acide distillé qui contiennent un peu d’acide cyanhydrique, et j'arrête l'opération quand les trois quarts du liquide sont passés dans le récipient. Pour éviter que le mouvement d’ébullition ne projette des gouttelettes du (44) teint, la liqueur se trouble fortement, par suite de la pro- duetion d’un précipité d’un blane légèrement jaunûtre, floconneux, assez analogue à de l’hydrate d’alumine. Ce précipité disparaît par l'addition d’un excès d’acide chlor- hydrique, et la liqueur devient parfaitement limpide et incolore, quoique ne rougissant pas le tournesol; l’addi- tion d’une nouvelle quantité d'acide chlorhydrique et l’a- gitation y font naître une assez forte effervescence. On rend la liqueur acide : elle rougit fortement le tournesol. On y fait passer pendant longiemps un courant de gaz sulfhy- drique, qu'on a soin de faire circuler dans un tube rempli d'amiante, avant de le faire arriver au sein de la liqueur; celle-ci se colore en jaune brun, par suite de la formation d'un précipité; on fait légèrement chauffer la liqueur , puis on la filtre sur du papier Berzélius (2) : 1° au précipité on ajoute un peu d’'ammoniaque, puis du sulfhydrate d’am- moniaque , qui ne dissout rien; on lave alors le précipité, et on le fait digérer avec le filtre dans une capsule, avec de l'acide azotique étendu , qui le dissout complétement; on filtre la liqueur dans un très-petit filtre, et l’on exprime liquide dans le récipient (car ce liquide contient un peu de bleu de Prusse en solution), je chauffe le col de la cornue en n'’interposant pas d'écran entre ce col ct le fourneau qui supporte le bain de sable. Dès lors, les gouttelettes qui arrivent dans le col s’y dessèchent immédiatement. L’acide obtenu par ce procédé est parfaitement pur et incolore. (2) Le papier Berzélius que j’ai employé dans ces expériences, était bien le papier à filtrer de Suède , que l’on vend sous ce nom. Bouilli avec de l’acide azotique , il ne lui cède aucune matière inorganique. J’insiste sur cette cir- constance, par suite du passage suivant, qui se trouve dans un travail de M. Barse, intitulé : De l’existence du plomb et du cuivre contenus dans le corps de l’homme, en dehors du cas d’empoisonnement. (JourNAL DE Caimie mÉpicace. Octobre 1845). « On vend à Paris, dit M. Barse, chez un fabricant de produits chimiques, | (45 ) bien celui sur lequel se trouvait le précipité , après l'avoir délayé dans de l'eau disüllée; on concentre ensuite la li- queur, de manière à chasser l'excès d'acide azotique. A une partie de cette liqueur on ajoute de l’ammoniaque en excès, il se sépare un faible précipité, floconneux, tirant très-légèrement sur le verdätre. — L’addition d’une goutte d'acide sulfurique étendu à une autre partie de cette li- queur, n’y fait pas naître de précipité, preuve qu'elle ne contient pas de plomb. Je n’y ai pas recherché la présence du bismuth et du cadmium, car, dans cette première expé- rience, je n'avais en vue que la constatation de l’absence du plomb. Cette liqueur contenait du fer, plus un peu de matière organique provenant de l’action de l'acide azotique sur le papier du filtre. Elle donnait un précipité bleu par le cyanoferrure de potassium. Ce précipité avait un aspect beaucoup plus floconneux que celui que fait naître le eya- noferrure dans une solution très-étendue de sulfate de sesquioxyde de fer; mais je me suis assuré qu’on obtenait un précipité bleu identique, en faisant digérer des mor- ceaux de papier Berzélius avec de l’acide azotique étendu, » un papier dit de Berzélius , qui peut entraîner les toxicologistes dans des » erreurs funestes. Ce papier est fait à la mécanique; lorsqu'on fait glisser » les rayons visuels sur sa surface , il a un reflet rouge ; il pèse environ huit à » neuf grammes par feuille. J'ai fait l'analyse de ce papier : 10 grammes » donnent 80 milligrammes de cendres, dans lesquelles j'ai trouvé G milli- » grammes d’oxyde de cuivre. Je suis prêt à donner la preuve de ce fait, » attendu que j’ai eu le soin de faire apposer par le marchand lui-même, » sur l'enveloppe d’un paquet de ce papier , dit de Berzélius , le sceau de la » maison où se débite cette contrefaçon. Je ne saurais comment qualifier » celte étrange manière de faire, de la part d’un fabricant de produits chi- » miques, qui ne peut pas ignorer que les papiers à filtrer ne peuvent pas » être préparés dans des cuves en cuivre, étalés sur des châssis en laiton, » desséchés sur des cylindres en cuivre chauffés à la vapeur. » Tom. x1. ÿ. ( 46 ) filtrant la liqueur et y ajoutant une goutte de solution de sulfate de sesquioxyde de fer, puis précipitant par le cya- noferrure. Le précipité formé par le gaz sulfhydrique dans le sein de la solution de potasse à l'alcool , sursaturée par l'acide chlorhydrique, contenait donc du fer , ce qui m'é- tonna, car il est généralement admis que le fer ne se pré- cipite pas par le gaz sulfhydrique d’une dissolution un peu acide. : 2 Examen de la liqueur qui a été traitée par le gaz acid sulfhydrique. — On la sursature avec de l’'ammoniaque, eton y ajoute du sulfhydrate d’ammoniaque; la liqueur prend une teinte verte, et il se produit un précipité floconneux vert clair. On filtre et on lave le précipité avec de l'eau dis- tillée contenant quelques gouttes de sulfhydrate d’ammo- niaque; on traite ensuite le précipité par l’acide chlorhy- drique étendu ; il se dissout complétement; on filtre; on ajoute un peu d'acide azotique à la liqueur et on chauffe; on ajoute ensuite au liquide acide de l’'ammoniaque en excès; il se forme un précipité blanc qu’on sépare par la filtration; on lave le précipité sur le filtre avec de Paeide chlorhydrique étendu, qui le dissout complétement; on ajoute à la liqueur un excès de solution de potasse; il se forme un précipité qui se redissout en partie; on filtre de nouveau la liqueur, puis on y ajoute une solution de sel ammoniac, qui produit un précipité blane; c’est de l'alu- mine. On prépare deux filtres de papier Berzélius, pesant chacun 568 milligrammes; on brüle l’un de ces filtres dans une capsule de platine; le poids de sa cendre est de 3 milli- grammes; on filtre la liqueur d’où l’alumine à été préci- pitée sur l’autre filtre ; on la lave bien à l’eau distillée bouil- lante; puis on la calcine avec le filtre dans une capsule de platine; la cendre pèse 28 milligrammes, d’où l’on retranche TS I TP PO AL, (47) 3 milligrammes pour le poids du filtre ; ilreste donc 25 milli- grammes pour la quantité d’alumine contenue dans 50 grammes de potasse à l’alcool examinée. La petite quan- tité du précipité non dissoute par la potasse est traitée par l'acide chlorhydrique, qui la dissout en entier; on ajoute à cette solution quelques gouttes de cyanoferrure de potas- sium ; la liqueur bleuit fortement par suite de la formation du bleu de Prusse (1). La liqueur d’où l’alumine et l’oxyde ferrique ont été précipités, est traitée par une solution de potasse qui n’y occasionne plus de précipité, preuve qu’elle ne contient pas d'oxydes de nickel, de cobalt et de manganèse ; on y ajoute alors du sulfhydrate d’ammoniaque, qui n’y forme pas de précipité, preuve qu’elle ne contient pas d'oxyde de zinc. 5° Examen de la liqueur qui a été traitée par l'ammo- niaque et le sulfhydrate d'ammoniaque. — On la sursature avec de l'acide chlorhydrique, on chauffe jusqu’à ce qu’elle n’exhale plus l'odeur de gaz sulfhydrique; on en filtre pour séparer le soufre. Alors on verse dans la dissolution, une solution de carbonate d’ammoniaque en excès, et on fait chauffer le tout pour chasser l'acide carbonique. fl se pro- duit un faible précipité grisätre que l’on sépare par le filtre; on lave ce précipité avec de l’eau aiguisée d'acide chlorhy- drique, qui le dissout avec effervescence; on verse dans cette liqueur un peu de solution de sulfate de potasse; il ne se produit pas de précipité; on neutralise alors la liqueur par de l’ammoniaque et on y ajoute une solution d’oxalate d'ammoniaque ; il se forme ainsi un très-faible précipité (1) Ce fait prouve que Rose à tort de dire que, sile précipité d'alumine est blanc, ilne contient que de l’alumine sans oxyde ferrique. Une petite quan- tité d'oxyde ferrique n’altère pas la blancheur de l’alumine. ( 48 ) brunâtre. Il suit done de là qu'il y a des traces de chaux, sans strontiane ni baryte, dans la potasse à l'alcool exa- minée. La liqueur qui a été traitée par le carbonate d’am- moniaque est examinée par le phosphate de soude; ce réactif n’y produit pas de précipité; la liqueur prend seulement un aspect louche, opalin, ce qui provient de traces de magnésie. Le chlorure de potassium obtenu colorait la flamme extérieure du chalumeau en violet; il suit de cette expé- rience que, s'il contenait du chlorure de sodium , il devait y en avoir fort peu, sans quoi la flamme serait devenue jaune. Le chlorure de potassium obtenu en dernier lieu a été évaporé à sec; la masse fut ensuite arrosée d'acide chlorhydrique, puis laissée en repos pendant quelque temps. On la traite ensuite par l’eau distillée, qui laisse in- dissous un faible résidu grisätre, de silice colorée par un peu de matières organiques provenant de l'eau distillée et ayant subi un commencement de carbonisation. Cette silice se dissout bien quand on la traite par une petite quantité de solution de potasse caustique, qu'on évapore à sec, et qu'on reprend par l'eau; elle devient parfaitement blanche au chalumeau. Qme exPÉRIENCE. — On a repris {rente grammes de po- tasse à l'alcool ; ils ont été dissous dans de l’eau distillée, neutralisés par l'acide chlorhydrique pur, que l’on a mis en léger excès. On a fait passer dans la solution pendant une demi-heure, un courant de gaz sulfhydrique, en suivant les précautions indiquées dans l'expérience précédente. La liqueur exbalait fortement l'odeur hépatique; on l'a fait chauffer légèrement, puis on a laissé le précipité se ras- sembler par le repos. Au lieu de filtrer, comme dans l'ex- périence précédente, on a décanté le liquide de dessus le si. de. Pts ‘Éd de de à PS ET ET CN NP PORT mn oui dti tend ni tt ee pe dé Sd D ES NS Sd st tt (4) précipité qui se rassemblait bien au fond du vase et qui était d'un brun clair. Le précipité a été mis en digestion avec de l’ammoniaque et du sulfhydrate d’ammoniaque; mais ces réactifs n’ont rien dissous, malgré une longue digestion; car en filtrant et évaporant le liquide à siccité dans une capsule de platine que l'on fit ensuite fortement rougir, on n'obtint qu'un résidu salin excessivement faible qui fut reconnu pour être du chlorure de potassium. Le préci- pité fut alors mis en digestion, sans le détacher du petit filtre avec de l'acide azotique étendu, dans une capsule; il ne disparut complétement qu’à l’aide de la chaleur et d’une digestion assez prolongée; le liquide fut filtré; puis on lava bien le filtre avec lequel le précipité avait été mis en diges- tion, et toutes les eaux de lavage furent rapprochées par l’évaporation. Le liquide parfaitement incolore et transpa- rent fut mis ensuite en contact avec de l'acide sulfurique étendu; ce réactif n’y produisit pas de précipité, même au bout d’un temps assez long; par l'addition de quelques gouttes de cyanoferrure de potassium, la liqueur donna un précipité bleu. 5° EXPÉRIENCE. — J'ai fait dissoudre dix milligrammes de plomb ordinaire dans l’eau régale; la solution est étendue de beaucoup d’eau et mêlée avec quelques gouttes d’une solution de sulfate de sesquioxyde de fer; je l'ai ensuite ajoutée à une solution de trente grammes de potasse à l'al- cool dans l’acide chlorhydrique; la dissolution fut rendue légèrement acide, et j'y fis ensuite passer un courant de gaz sulfhydrique qui travérsait d’abord un long tube rempli d'amiante. Il se forme dans la liqueur un précipité d'un gris clair; on filtre et on lave le précipité à grande eau; on le fait ensuite digérer avec le filtre dans une cap- sule avec une petite quantité d'acide azotique étendu; on ( 50 ) filtre la liqueur, que l’on concentre ensuite par l’évapora- tion; on y ajoute alors une goutte d'acide sulfurique; il se forme un faible précipité blanc de sulfate de plomb. 4° EXPÉRIENCE. — J'ai repris encore la première expé- -rience, mais j'ai opéré sur une quantité double de matière, c’est-à-dire sur soixante grammes de potasse à l'alcool. Cette potasse fut dissoute dans de l’eau distillée, neutra- lisée par l'acide chlorhydrique pur. Puis, après avoir rendu la liqueur légérement acide, j'y ai fait passer un courant de gaz acide sulfhydrique, en prenant les précautions in- diquées plus haut; on chauffe légèrement la liqueur, on la filtre, pour séparer un faible précipité brun clair qui ne noircit nullement. On traite ce précipité par l'acide azoti- que, à chaud , on filtre la liqueur, on lave soigneusement le filtre, et l’on concentre la solution ; par l'addition de quelques gouttes d'acide sulfurique étendu, il ne s’y produit aucun trouble ou précipité. La liqueur bleuit fortement par le cyanoferrure de potassium. Cependant une seuie goutte d’une solution d’acétate de plomb, étendue d’eau distillée, précipite fortement par l'addition d’une goutte ‘d'acide sulfurique étendu. La dernière liqueur colorée en bleu par le cyanoferrure de potassium, fut filtrée; la li- queur filtrée, traitée par lammoniaque et le sulfhydrate d’'ammoniaque, ne donnait aucun précipité; quant au pré- cipité bleu rassemblé sur le filtre, il donnait toutes les réactions qui caractérisent le bleu de Prusse. D° EXPÉRIENCE. — Examen du carbonate de potasse. — Ce carbonate de potasse avait été préparé par moi, en brülant un mélange, en proportions convenables, de crême de tar- tre du commerce et de salpêtre purifié de chlorures; lessi- vant la masse, filtrant la liqueur et l’évaporant à see dans une capsule de porcelaine. La déflagration se faisait dans (51) une bassine en fonte. Trente grammes de ce carbonate de potasse furent dissous dans de l'eau distillée; la liqueur fut légèrement sursaturée par l'acide chlorhydrique; on y fit ensuite passer un courant de gaz sulfhydrique qui tra- versait d’abord un long tube rempli d'amiante ; il s'y forma un précipité Jjaunâtre peu abondant; le précipité fut ras- semblé sur un filtre, lavé, puis mis à digérer, sans être détaché du filtre, avec de l'acide azotique étendu. La li- queur fut filtrée; on lava bien le filtre qui avait été mis en digestion avec le précipité, et l’on concentra la solution acide; cette liqueur ne précipitait nullement par l'acide sulfurique étendu, mais elle donnait un faible précipité bleu par le cyanoferrure de potassium. On sursature la liqueur qui a été traitée par le gaz sulfhydrique, par l’'ammoniaque, puis on y ajoute du sulfhydrate d’'ammo- niaque; il ne se produisit pas de précipité; on sursature ensuite par l'acide chlorhydrique, on chauffe légèrement, puis on filtre pour séparer le soufre; puis on ajoute à la liqueur un excès de solution de carbonate d’ammoniaque, et on la chauffe de nouveau; on obtient ainsi un très-fai- ble précipité grisätre; on filtre, on lave le précipité, puis on le traite par l'acide chlorhydrique étendu; cette der- nière liqueur sursaturée d’ammoniaque ne donne qu'un pré- cipité très-faible par l’oxalate d’ammoniaque. La liqueur qui a été séparée du précipité auquel le carbonate d’am- moniaque avait donné lieu, ne se trouble aucunement par le phosphate de soude. Il résulte donc de cette dernière expérience que l'alu- mine, l'oxyde de fer et les traces de magnésie contenues dans la potasse à l'alcool examinée, provenaient sans aucun doute de la chaux employée pour caustifier le carbonate de potasse; j'admis donc immédiatement que la chaux, (52) destinée à cet usage, était de la chaux ordinaire, et non une chaux préparée avec un calcaire pur , tel que le mar- bre blanc, ainsi que le conseille Berzélius (1). G"° EXPÉRIENCE. — Chaque fois que je m'étais servi d’un courant de gaz sulfhydrique pour les expériences précédentes , j'avais fait rendre le gaz en excès dans de l'ammoniaque caustique; je remarquai qu'il se produisit bientôt un précipité noir dans cet alcali. Je supposais d’a- bord qu'il n'était pas parfaitement pur et qu'il contenait une certaine quantité de fer; mais lorsque, dans des ex- périences subséquentes , ayant éprouvé cette ammoniaque liquide, en en évaporant une certaine quantité dans une capsule de platine, elle ne donna point de résidu, j'avoue que je fus d’abord fort embarrassé pour m'expliquer la pro- duction du précipité noir de sulfure métallique, et ce ne fut qu'à la suite de müres réflexions que je parvins à me rendre compte decette formation. Dans ces derniers temps, M. Dupasquier a annoncé l'existence d’une combinaison gazeuse de fer et d'hydrogène, l'hydrogène ferré, qui se pro- duit quand on traite le fer par un acide étendu. Or, le sulfure de fer qui sert à préparer le gaz sulfhydrique, con- tient ordinairement du fer libre, lequel donne de l’hydro- gène ferré avec l'acide sulfurique étendu; c'est cet hydro- gène ferré qui, en se décomposant au contact de l’ammo- niaque, produit ce précipité noir, qui est du sulfure de fer. Je l'ai recueilli; il se dissolvait dans l'acide chlorhy- drique avec odeur hépatique; la solution bleuissait par le cyanoferrure de potassium. Il suit donc de l'expérience précédente que, si la potasse (1) Le marbre saccharoïde contient un peu de silice, qui reste indissoute quand on le traite par l'acide chlorhydrique. Il ( (58 ) à l'alcool examinée et le carbonate de potasse, contenaient du fer, la quantité trouvée avait été trop forte, car l'hydro- gène ferré avait dû se décomposer dans la solution acide de chlorure de potassium. J'avais déjà remarqué qu’en rendant la liqueur sur laquelle on opérait fortement acide, le précipité formé était beaucoup plus faible. Cela s'explique maintenant; car plus il y avait d'acide chlorhydrique libre, plus grande était la quantité de fer contenu dans l'hy- drogène ferré, susceptible d’être dissoute par cet acide. Quand il n’y avait que quelques gouttes d’acide libre dans la liqueur, cette faible quantité devait être bientôt saturée par le fer de l'hydrogène ferré. Je voulus m’assurer d’un fait qui paraissait découler de mes premières expériences, savoir, la précipitation d’une petite quantité de fer par le gaz sulfhydrique au sein d’une solution acide, fait qui se trouve en contradiction avec tous les manuels d'analyse chimique. Je fis une solution acide étendue de fer dans l’eau régale, et j'y fis passer un courant de gaz sulfhydrique; il s’y forma un précipité, mais il était blanchâtre et tel qu'il se pro- duit toujours par la réaction du gaz sulfhydrique sur les sels de sesquioxyde de fer. Ce précipité fut rassemblé sur un filtre de papier Berzélius (papier qui a été le seul employé dans le cours de ces recherches) et lavé jusqu’à ce que les eaux de lavage ne se colorassent plus par le cyanoferrure de potassium. Le précipité fut mis ensuite à digérer, sans le détacher du filtre, avec de l'acide azotique pur; la liqueur fut filtrée, puis concentrée pour chasser l'excès d'acide; elle donnait un précipité bleu bien caractérisé par le eya- noferrure. On pourrait dire, à la vérité, que le filtre avait retenu de la dissolution de fer dans ses pores , malgré les lavages; cependant, en répétant l'expérience, le filtre (54) fut mis à digérer pendant longtemps avec de l’eau bouil- lante; la liqueur qui en résultait ne bleuissait pas par le cyanoferrure. En outre, pour contrôler cette expérience, je fis bouillir du papier Berzélius avec de l'acide azotique, jusqu’à ce qu'il en fût presqu’entièrement dissous; la li- queur fut filtrée, puis concentrée; elle ne donnait pas de précipité bleu par le cyanoferrure de potassium; elle ver- dissait simplement. J'ai de nouveau fait passer un cou- rant de gaz acide sulfhydrique à travers une solution très-acide de fer dans l’eau régale; il en est résulté un précipité brun clair. La liqueur fut filtrée , et le précipité lavé à l’eau froide, puis, pendant longtemps, à l’eau dis- tillée bouillante; la liqueur filtrée en dernier lieu ne don- nait pas de réaction au cyanoferrure. Je détachaiï, autant que possible, le précipité du filtre ; il fut ensuite traité par l'acide azotique étendu, qui le dissolvait en partie. La li- queur filtrée fut évaporée à sec; le résidu repris par quel- ques gouttes d'acide chlorhydrique; la liqueur précipitait en bleu noir par le cyanoferrure de potassium. On voit donc par là qu'il s’est précipité une très-petite quantité de fer par le gaz sulfhydrique, et qu'il était mélangé avec une petite quantité d’autres sulfures provenant des métaux étrangers contenus dans la solution du fer ordinaire dans l'eau régale. Comme expérience de contrôle j'ai filtré sur du papier Berzélius une solution de fer à l’eau régale, préalablement filtrée, afin d’être bien certain qu'elle ne contenait pas de particules de fer indissoutes ; j'ai lavé le filtre plusieurs fois à l’eau distillée bouillante, jusqu'à ce que la liqueur n’eût plus de réaction sur le cyanoferrure; le filtre fut traité par l'acide azotique étendu à chaud; la liqueur filtrée et évaporée à sec. Le résidu fut repris par quelques gouttes d'acide chlorhydrique étendu ; il bleuissait I I PE ( 55 ) à peine par la solution de eyanoferrure de potassium (4). 7% EXPÉRIENCE. — Trente grammes de potasse à l’al- cool furent dissous dans de l’eau distillée. La solution fut sursaturée par l'acide chlorhydrique pur. On fit passer dans la liqueur un courant de gaz sulfhydrique, produit par la réaction de l'acide chlorhydrique sur le persulfure de potassium. La liqueur se trouble par suite de la produc- tion d’un précipité rougeûtre que l’on rassemble sur un filtre. Le précipité était peu abondant; on le fit digérer sans le détacher du filtre avec de l'acide azotique étendu; le tout fut dissous, et des flocons de soufre nageaient dans la liqueur ; on filtre; les débris du filtre furent bouillis avec de l’eau distillée, puis la liqueur fut rapprochée par l’éva- poration et l'excès d'acide chassé par la chaleur. La liqueur étendue d’eau ne bleuissait pas par le cyanoferrure de po- tassium; elle prenait seulement une teinte verte. La li- queur qui avait été traitée par le gaz sulfhydrique fut sursaturée par l’ammoniaque et traitée par le sulfhydrate d’ammoniaque. Il se forma ainsi un précipité que l’on re- cueillit sur un filtre, où il fut lavé, puis dissous par l'acide chlorhydrique; la liqueur obtenue se colorait en bleu in- tense par le cyanoferrure de potassium. Il suivait donc de là : 1° que jene pouvais encore me prononcer sur la na- ture du précipité formé dans la potasse à l'alcool par le (1) Comme on pourrait supposer que le cyanoferrure de potassium versé dans un liquide acidulé par l'acide chlorhydrique ou l'acide azotique, peut donner un précipité de bleu de Prusse, sans qu'il y ait du fer dans ce liquide, par suite d’une réaction de l’acide sur le cyanoferrure à l'air libre, j'ai eu soin d’écarter ce reproche d'erreur par les expériences suivantes. En ajoutant une solution de cyanoferrure de potassium à de l'acide chlorhydrique pur et étendu , la liqueur prend une teinte bleu vert extrémement faible, sans pré- ( 56 ) gaz sulfhydrique pur ; mais que, si dans mes premières ex- périences, ce précipité contenait du fer , ce métal provenait de l'hydrogène ferré; 2 que, dans tous les cas , la potasse à l'alcool contenait des traces de fer. 8° EXPÉRIENCE. — Trente grammes de carbonate de potasse (semblable à celui employé dans la 5° expérience) furent neutralisés par l'acide chlorhydrique ; la liqueur sursaturée par l’ammoniaque , puis traitée par le sulfhydrate d'am- moniaque, donnait un léger précipité noir de sulfure de fer. Le carbonate de potasse contient donc réellement du fer, indépendamment de celui qui y avait pu être amené par l'hydrogène ferré dans la 5° expérience. 9° ExXPÉRIENCE.— J'ai préparé du sulfure de fer avec soin, en chauffant au rouge dans une bassine de fonte une cer- taine quantité de limaille de fer bien nette et pure, et y projetant du soufre en fleurs, remuant le mélange et répé- tant l'addition de soufre, jusqu’à ce que le fer en fût sursa- turé à la température rouge; en traitant ce sulfure par l'acide chlorhydrique, conduisant le gaz sulfhydrique qui en résultait dans un tube rempli d'amiante, puis le faisant passer dans de l'acide azotique étendu, il en résulta un li- quide épais , par suite de la grande quantité de soufre qui s'était déposé ; ce soufre fut séparé par la filtration. Le liquide acide sursaturé par l’'ammoniaque ne précipitait pas par le cipiter ; au bout de vingt-quatre heures d'exposition à l’air, son aspect ne change pas. Avec l'acide chlorhydrique pur et concentré, la liqueur prend la même teinte, et il se dépose un faible précipité blanc; les choses restent dans le même état au bout de vingt-quatre heures d’exposition à l’air. Enfin, en ajoutant une solution de cyanoferrure de potassium à de l’acide azotique pur et concentré, la liqueur prend une teinte brune opaque et ne donne pas de précipité, même au bout de vingt-quatre heures. (57 ) sulfhydrate d’ammoniaque; sursaturé par l’'ammoniaque, puis acidulé par l'acide chlorhydrique, il ne se colorait pas en bleu par le cyanoferrure de potassium. I suit de là qu’en employant un sulfure de fer bien préparé, le gaz sulfhy- drique qu’il donne par la réaction d’un acide étendu, ne contient pas de gaz hydrogène ferré. En répétant l'expérience précédente avec le même sul- fure auquel j'avais mélangé un peu de limaille de fer, con- duisant le gaz sulfhydrique à travers un tube rempli d'amiante, puis le faisant passer à travers de l’acide chlor- hydrique pur et étendu, cet acide, soumis à l’évaporation partielle, donnait une liqueur qui précipitait en bleu par le cyanoferrure de potassium. J'ai encore répété l'expérience en faisant barboter le gaz sulfhydrique mêlé d'hydrogène ferré, dans de l'acide azotique, évaporant la liqueur à sec, reprenant le résidu par de l'acide chlorhydrique; la liqueur qui en résultait, précipitait abondamment en bleu par le cyanoferrure de potassium. 10° EXPÉRIENCE. — Trente grammes de potasse à l’alcoot furent dissous dans de l’eau distillée; la solution fut sur- saturée par l'acide sulfurique pur et étendu; sans être trouble, la liqueur n’est pas d’une limpidité absolue; on l'étend de beaucoup d’eau et on yfait passer un courant de gaz acide sulfhydrique pur traversant d’abord un long tube rempli d'amiante; la liqueur prend un aspect louche par suite de la formation d'un précipité blanc jaunûâtre très-faible (1). On filtre la dissolution; il reste sur le filtre (1) Quand on fait passer un courant de gaz sulfhydrique dans un quart de litre d'acide sulfurique étendu , où se trouve le sulfate de plomb produit par une seule goutte d'acétate de plomb , elle noërcit immédiatement , et le pré- cipité noir finit pas se rassembler au fond du vase. (58 ) un précipité brun clair; ce précipité est extrêmement fai- ble, aussi ne peut-on le détacher du tiltre; on le lave plu- sieurs fois à l’eau distillée bouillante, et on le rassemble à l’aide d’une pipette sur le plus petit espace possible; on le fait digérer avec de l'acide azotique étendu; on filtre la liqueur et on lave le filtre à l’eau bouillante; on évaporele tout à sec, et l’on caleine le résidu; celui-ei est noir, irisé et forme des anneaux concentriques au fond de la capsule; on le fait digérer avec de l'acide chlorhydrique étendu qui ne le dissout nullement, car sursaturant cet acide par l’'ammoniaque et y ajoutantune goutte de sulfhydrate d’am- moniaque, on n'obtient aucun précipité ; on traite alors le résidu métallique par quelques gouttes d’eau régale qui le dissout parfaitement. Ayant ensuite neutralisé la solution par l’ammoniaque, j'y ajoutai quelques gouttes d’une solu- tion de chlorhydrate d’ammoniaque, et j'obtins un préci- pité jaune. C'étaient done des traces de platine que le gaz sulfhydrique précipitait de la potasse à l'alcool, sursaturée par l’acide sulfurique (1). Dans cette dernière expérience, ayant opéré sur une liqueur fortement acide et avec un acide sulfhydrique ne contenant plus d'hydrogène ferré, le résidu de la calcination du précipité ne contenait plus de traces de fer. Conczusions. — Il résulte done des expériences sui- vantes : 4° Que la potasse à l’alcool examinée , provenant d’un des (1) Si, dans mes premières expériences, je n’avais pas été conduit à re- chercher le platine dans le précipité des sulfures, c’est parce que le sulfhydrate d’ammoniaque n’en avait rien dissous. Au reste, il est possible que le sulfure de platine s'étant décomposé à l'air, avait perdu sa solubilité dans ce réactif. pr ( 59 ) magasins de produits chimiques les plus renommés de Paris, ne contenait pas un atome de plomb ; 2 Qu'il s’y trouvait des traces de fer, de platine, de chaux, de magnésie, une petite quantité d’alumine (un peu moins de ‘/1000), plus un peu de carbonate de potasse, et un peu de silice; 3° Que les réactifs décèlent parfaitement la présence d’une dissolution de 10 milligrammes de plomb à l’état de chlorure, mêlé à une solution de trente grammes de potasse à l'alcool sursaturée par l'acide chlorhydrique ; 4 Que le carbonate de potasse, préparé par les procédés indiqués dans les traités de chimie, ne contient pas d'alu- mine; que, par conséquent, l’alumine trouvée dans la potasse à l'alcool, devait provenir de la chaux employée à sa caustification ; 5° Que l'alcool (non pas de l’alcooï absolu) peut dis- soudre avec la potasse pure de petites quantités d’alumi- nate de potasse et d’oxydes de fer et de platine dissous dans la potasse; 6° Que le gaz sulfhydrique que l’on prépare dans les laboratoires, contient souvent du gaz hydrogène ferré; 7° Enfin que le précipité formé par le gaz sulfhydrique dans la solution légèrement acide d’un sel de peroxyde de fer, soit seul, soit mêlé avec d’autres sels métalliques pré- cipitables de leurs solutions acides par le gaz sulfhydri- que, retient (mécaniquement peut-être) de faibles traces du sel de fer (1). (1) J'ai fait encore une nouvelle expérience à ce sujet. J’ai filtré une solu- tion très-acide de sulfate de protoxyde et sesquioxyde de fer (sulfate ferroso- ferrique), puis j'y ai fait passer pendant trois quarts d'heure un courant de gaz acide sulfhydrique traversant d'abord un long tube rempli d’amian- ( 60 ) Ce travail était terminé quand je reçus une lettre de M. Veron , éx-préparateur de l’école de pharmacie de Paris, qui dirige actuellement les travaux chimiques de la maison Robiquet, Boyveau et Pelletier, à laquelle j'avais écrit pour avoir quelques renseignements sur leur procédé de fabrication de potasse à l'alcool. Voici le passage de la lettre de M. Veron qui se rapporte à cet objet; on verra qu'il confirme mes conjectures : TRACE Le procédé que nous employons pour la prépa- » ration de la potasse à l'alcool consiste à faire brüler un » mélange en proportions convenables de nitre et de » crême de tartre, à lessiver le produit par de l’eau dis- » tillée, à traiter la liqueur bouillante par de la chaux » caustique ordinaire. Mais celte chaux caustique a été » éteinte dans de l’eau distillée et le lait de chaux lavé » par plusieurs eaux. La déflagration se fait dans une bas- » sine en platine. Le traitement par la chaux se fait dans » une chaudière en fer. L'évaporation de la lessive de po- » tasse se fait jusqu’à 56° dans une chaudière en fer, et à » partir de ce point, elle est achevée dans une bassine d’ar- » gent au 1* titre. La potasse solide est ensuite reprise te ; le liquide ne s’est pas troublé immédiatement ; à la longue il s’y est formé un précipité jaunâtre; celui-ci a été recueilli sur un filtre double de papier Berzélius ; il était d’un jaune légèrement rougeûtre; au liquide filtré j'ai ajouté quelques gouttes d’une solution de bichlorure de platine, et j'y ai fait passer de nouveau un courant de gaz acide sulfhydrique pendant une demi- heure environ ; il s’y est produit cette fois un précipité noir qui a été aussi rassemblé sur un filtre double. Les deux précipités ont été longuement lavés à l’eau distillée bouillante. Le premier précipité (celui qui ne contenait pas de sulfure de platine) a été mis à digérer avec le filtre dans une capsule avec un peu d’acide azotique pur et étendu ; la liqueur filtrée a été neutralisée par de l’ammoniaque pur , puis évaporée à siccité ; le résidu a été repris par quelques gouttes d'acide chlorhydrique pur et étendu , la petite quantité du liquide qui en résultait donnait un faiblé précipité bleu fonce par la solu- (61) par l'alcool jusqu'à dissolution dans des vases en verre. Après un repos suflisant, la solution est décantée et évaporée dans une cornue de verre pour retirer la plus grande partie de l'alcool par distillation, et enfin l’éva- poration est achevée dans une bassine d'argent. » 5 + re 0 _ 2 | à M. Wesmael présente un mémoire manuserit intitulé : Tentamen enumerationis criticæ Ichneumonum Belgüi.(Com- missaires, MM. Van Bencden et Cantraine.) BOTANIQUE. Enumeratio synoptica plantarum phanerogamicarum ab Henrico Galeotti in regionibus mexicanis collectarum , auctoribus M. Martens et H. Galeotti. LABIATÆ. (Juss. Enouicn.) SALVIA Z. 4. Sarvia canpicans.Wobis. (Coll. I. Gal. N° 641.) Frutex , ramulis foliis calycibusque candido-tomentosis , fo- tion de cyanoferrure. Le filtre inférieur fut traité absolument de la même manière et par les mêmes réactifs; la liqueur obtenue, traitée par le cyano- ferrure, se colorait en bleu clair verdâtre, sans précipiter ; de plus, elle était transparente, tandis que la première liqueur, où s'était formé le précipité bleu, était opaque. Le second précipité, contenant du sulfure de platine, fut traité avec le filtre supérieur auquel il adhérait, à chaud par l'acide azotique pur et étendu ; la liqueur filtrée fut neutralisée par l'ammoniaque pure et éva- porée à sec; le résidu fut repris par quelques gouttes d'acide chlorbydrique étendu ; par l'addition de la solution de cyanoferrure de potassium; il s’y produisit un très-faible précipité bleu sale. En répétant les mêmes expé- riences avec le filtre inférieur, la liqueur acide obtenue se colorait légère- ment en bleu sans précipiter. Tom. xt. 6. (62) liis brevè petiolatis confertis cordato-ovatis obtusis integerri- mis margine revolulis utrinque cano-pubescenti-tomentosis, floribus verticillato-spicatis, verticillis sub-6-floris approxi- matis, bracteolis ovatis acuminatis calyce tridentato breviori- bus, corollis coeruleis calyce duplo majoribus intus tomen- toso-hirtellis. — Petioli 3-lineares, folia 5-pollicaria, flores +-pollicares. 5. Setrouve sur les flancs des montagnes calcaires arides de Tehuacan de las Granadas (département de Pue- bla), de 5,500 à 6,500 pieds. FI. bleues. Août. 2. SaLvia SCORODONIA? Benth. (Coll. H. Gal. Nes 639 et 670.) Caule pubescenti-hirto subscabro , foliis basi subcordatis ovatis acutis crenatis supra rugosis viridibus pilosiusculis subtus canescenti-villoso-tomentosis internodio minoribus, verticillis sub6-floris distantibus spicatis, corolla calyce glan- duloso-hirto majori, labio superiore brevi hirto, floribus coe- ruleis. — Affinis Salviae nepetoides, H BK. @.— Dans les champs de Tehuacan , à 5,000 pieds, et dans ceux de Talea et de Villa-Alta (cordillère orientale d'Oaxaca), de 4 à 5,000 pieds. FI. bleues. Août-novem- bre. 5. SALvIA PROxIMA. Vobrs. (Coll. H. Gal. N° 651.) Herbacea hirsuta; foliis longè petiolatis deltoideis subangu- latis inaequaliter crenatis obtusis utrinque hirsutis, superiori- bus subhastatis, bracteis lineari-lanceolatis pedicellos aequan- tibus, verticillis bifloris approximatis subspicato -racemosis, calycibus glanduloso-pilosis, labio utroque bisetaceo-aristato, corolla coerulea calyce quadruplo majori , limbo patente, labio superiori falcato , inferiori lato obovato, lacinia intermedia emarginala , staminibus inclusis, stylo brevè exserto glabro. PP PI PE SE PE ( 63 ) — Petioli 3-4-pollicares , folia late deltoidea sub2-polliearia , flores subpollicares. — Affinis Salviae vitifoliae Benth.; sed bracteis sublinearibus, calyce setaceo-aristato diversa. Proximè quoque accedit ad Salviam patentem Cav.; sed bracteis flori- busque minoribus , foliis longius petiolatis non hastatis grosse el inaequaliter crenatis differt. Z. — Habite les forêts alpines de la cordillère orientale d'Oaxaca, aux Cerros de San Felipe, de Capulalpan, ete., de 6,500 à 8,000 pieds. FI. bleu vif. Septembre. A. SALVIA LAVANDULOÏDES. ZPX. (Coll. H. Gal. Nos 654 et 707.) @. — Se trouve dans les endroits peu boisés de la cor- dillère occidentale d'Oaxaca (juquila del Sur), de 4,000 à 6,000 pieds; dans les montagnes de la Sierra de Yavezia (département d'Oaxaca), à 6,000 pieds, et dans les ré- gions tempérées du Michoacan, à 5,000 pieds. FI. bleues. Août-novembre. 5. SALVIA AMARISSIMA. Ortega. (Coll. H. Gal. Nos 652, 668 et 718.) @e. — Dans les champs et les savanes de Talea et de Tanetze (cordillère orientale d'Oaxaca) , à 4,000 pieds, et dans les prairies de Juquila (ecordillère occidentale), de 4,000 à 6,000 pieds. FT. bleuâtres. Août-décembre. G. Sarvia ciNNamarniNA. ÂVobis. (Coll. H. Gal. Ne 655.) Caule herbaceo apice pubescenti, foliis petiolatis serratis basi integerrima cuneatis subrhombeo-ovatis acuminatis supra glabris subtus subpubescentibus, verticillis spicatis distanti- bus sub&-floris, bracteis caducis, calycibus piloso-glandulosis tubuloso-campanulatis striatis bilabiatis, labio superiore integro subulato-aristato , inferiori tridendato dentibus acuminatis, (64) corolla coccinea recta elongata calyce sextuplo longiore pubes- centi-hirta, labio superiore recto truncato , genitalibus longè exsertis glabris.— Folia 2-pollicaria, petioli pollicares, corolla pollicaris,. — Habitu proximè accedit ad Salviam pseudo-coc- cineam ; sed fohis petiolatis, floribus glanduloso-hirtis, calyce subaristato staminibusque exsertis diversa. — Afflinis quoque Salviae incarnatae Cav., a qua labio calycis superiori integro aristato facile distinguitur. @. — Croit dans les endroits humides du Cerro de San Felipe, près d'Oaxaca, et dans la cordillère orientale d'Oaxaca, de 6,500 à 7,500 pieds. FI. rouge vif. Sep- tembre. 7. SaLvIA RETICULATA. MVobis. (Goll. H. Gal. N° 646.) Glabra ; caule herbaceo? simplici apice nudo, foliis petiolatis ovatis obtusis crenatis basi subcuneatis subtus reticulato-ve- nosis pallidis, verticillis 4-6floris spicatis, inferioribus remotis, bracteis caducis, calycis campanulati bilabiati striati labio su- periori integro 1-3-apiculato , inferiori bifido laciniis setaceo- acuminatis , tubo corollae inflato calyce duplo longiori , labio superiori recto galeato , inferiori trilobato amplo priori duplo longiore, staminibus inclusis, stigmate brevè exserto glabro.— Caulis subpedalis, petioli 6-8lineares , folia pollicaria, corolla coerulea glabriuscula fpollicaris , calix striatus coerulescens glaber, spica terminalis tripollicaris longè pedunculata. — Proxima Salviae glechomaefoliae HBK.; sed glabritie, caule altiore magis folioso praesertim diversa. @ ? — Croit dans les savanes et les prairies des régions froides de la cordillère orientale d'Oaxaca, de 8,000 à 9,000 pieds. FI. bleues. Mai-septembre. 8. SALVIA DECIPIENS. MVobis. (Coll. H. Gal. N° 688.) Glanduloso-hirta ; caule herbaceo simplici, foliis longè pe- (65 ) tiolatis ovato-triangularibus obtusis crenulatis basi subsagit- tato-cordatis supra adpressè pilosis subtus canescenti-villosis , bracteis sessilibus ovato-oblongis obtusis calyce majoribus persistentibus , verticillis bifloris remotis , calyce campanulato labio superiori setaceo-tridentato , inferiori bifido laciniis se- taceo-acuminatis, corolla coerulea magna pubescenti, labio superiori falcato elongato, labio inferiori trilobo. — Caulis 1-2pedalis, petioli 1-2{pollicares, folia 2 pollices longa 14 pol- licem et amplius ad basim lata , calix et corolla ut in Salvia patenti Cav.; sed limbo corollae minus patenti , antherisque exserlis diversa species ; differt adhuc a Salvia patenti foliis non hastatis longiusque petiolatis. @. — Dans les bois de chênes et de pins de Moran, près Real del Monte (cordillère au N. de Mexico) , de 7,500 8,000 pieds. FI. bleu vif. Septembre. 9. Sazvia STAMINEA. Mobis. (Coll. H. Gal. N° 687.) Caule herbaceo glanduloso-hirto , foliis breve petiolatis cor- dato-ovatis obtusis crenato-serratis supra hirsutis subtus ca- nescenti-villosis subtomentosis, bracteis ovato-oblonois obtusis sessilibus densè hirsuto-pilosis , floribus oppositis peduncula- tis , calyce campanulato bilabiato, labio superiori lanceolato acuminato integerrimo , inferiori bifido laciniis setaceo-acumi- natis, corolla ampla coerulea pubescenti, labiis longitudine subaequalibus, staminibus styloque longè exsertis glabris, — Folia 2 pollices longa, 15 pollicem lata, corolla bipollicaris, — Aflinis Salviae patenti Cav., a qua differt foliis non hastatis la- bioque superiori calycis integro. 9. — Se trouve avec l'espèce précédente. FI. bleu vif. Septembre. 10. Sacvia PUNICEA. MNobis. (Coll, H. Gal. N° 685) Caule herbaceo erecto hirto , foliis breve petiolatis ovato- (66) lanccolatis acuminatis crénato-serratis basi rotundatis apice longè attenuatis utrinque hirsutis, petiolis fulvo-hirsuto-lana- tis, bracteis deciduis parvulis ovatis subulato - acuminatis, verticillis spicatis 4-G-foris, calyce glanduloso-hirto campa- nulato , labio superiori subtridentato, inferiori bifido laciniis selaceis, tubo corollae puniceae hirtae calyce sextuplo lon- giore , limbo abbreviato patenti, staminibus exsertis, stylo elongato piloso. — Folia inferiora 2-3-pollicaria, corolla semi- pollicaris, — Affinis Salviae incarnatae Cav.; sed hirsutie foliisque acuminatis basi non attenuatis diversa. @.— Croit aux bords des ruisseaux du pic d'Orizaba, de 8,500 à 9,500 pieds d’élévation absolue. FI. rouge ear- min. Août. 11. Sanvia FULGENS? Cav. (Coll. H. Gal, N° 715.) Caule herbaceo canescenti-hirto, foliis petiolatis ovatis ob- tusis serrulato-crenatis basi cuneatis, supra pubescentibus subtus canescenti-subtomentosis , verticillis bifloris spicatis remotis, @.— Croit dans les forêts de la Sierra de Yavezia, dans la cordillère au N. d'Oaxaca , de 5,000 à 6,060 pieds. El. rouges. Aoû. A2. Sazvia BISERRATA. MVobis. (Coll. H. Gal. No 684.) Caule herbaceo elato pubescenti, foliis petiolatis ovato-cor- datis acuminatis grosse et inaequaliter biserratis glabriuseulis, verticillis laxis 8-10-floris remotis longè spicatis, calyce glan- duloso-hirto campanulato-bilabiato , labio superiori integro selaceo-acuminalo, inferiori bifido bicuspidato , fauce ciliato, corolla coerulea calyce triplo longiore, tubo inflato, labio superiori hirto, inferiori longiore trilobo , lobo intermedio lato creuulato, genitalibus inelusis, bracteis deciduis. — Pe- (67 ) tioli bipollicares, folia 5 pollices longa , 3-4 pollices lata, flores pedicellati pollicares , spica subpedalis. — Affinis Sal- viae cyaneae Benth. e. — Se trouve dans les bois et aux bords des ruisseaux des régions élevées du pic d'Orizaba, à 9,500 pieds. F1. bleues. Août. 15. SAaïvia ARISTULATA. Vobis. (Coll. H. Gal. No 717.) Caule herbaceo elato pubescenti apice glanduloso -hirto, foliis petiolatis ovatis acuminatis grossè dentato-serratis basi emarginato-cordatis lobis incumbentibus, supra glabris subtus ad venas pubescentibus, verticillis laxis 8-i0-floris approxi- matis racemoso-spicatis, floribus longè pedicellatis, calyce glanduloso-hirto tubuloso elongato striato apice profunde bifido , limbi labiis subparallelis subaequalibus , superiori lan- ceolato integro apice subaristato-subulato , inferiori bidentato dentibus aristato-subulatis, corolla subtubulosa incurva vio- laceo-purpurea calyce duplo longiore, genitalibus exsertis glabris. — Folia 3 pollices longa, 2 pollices et amplius lata, petioli sesquipollicares , pedicelli ?-pollicares, calyces subpolli- cares. — Aflinis Salviae purpureae Cav. 9.— On trouve cette jolie espèce dans les forêts et près des ruisseaux de Capulalpan et de la Sierra de Llano- Verde, dans la cordillère orientale d'Oaxaca, de 6,000 à 7,000 pieds. FI. violet velouté. Septembre, 14. SaLwvia siDÆFOLIA. MVobis, (Coll. H, Gal. No 716.) Caule herbaceo erecto pubescenti, foliis petiolatis ovato-cor- datis acuminatis aequaliter serratis basi rotundatis emargi- nato-cordatis lobis incumbentibus, supra glabris subtus ad venas pubescentibus , verticillis sub 8-floris approximatis, pedicellis calycibusque pubescentibus, calycis campanulati ( 68 ) labio superiori integro acuminato , inferiori bifido acuminato , corolla coerulea calyce duplo majore , labio superiori galeato hirto, inferiori trilobo longiori. — Petioli inferiores 8-polli- cares, folia hpollices longa , 3pollices lata profunde cordata sinu angusto, corolla semipollicaris. — Affinis Salviae biser- ratae Nobis; sed foliis profunde cordatis aequaliter serratis, verlicillis approximatis floribusque minoribus distincta. e. — Se trouve avec l'espèce précédente. FI. bleuûtres. Septembre. 45. SaLvia GLABRA. Vobis. (Coll. H. Gal. No 714.) Glabra; caule herbaceo erecto, foliis longe petiolatis mem- branaceis ovatis aculis serratis basi subcordatis, spica termi- nali densa brevi bracteata , calycis glabri campanulati labio superiori integro acuminato, inferiori bifido acuminato, co- rolla coerulea calyce duplo longiori, bracteis persistentibus ovalis apice longè attenuato-acuminatis. — Folia 3 pollices longa, fere 2 pollices lata, bracteae semipoliicares, flores 5-pol- licares, spica pollicaris glabra, verticillis sub Gfloris. e. — Se trouve également avec la Salvia aristulata. F1. bleu violet. Septembre. 16. SaLvia INCANA. Âobis. (Coll. II. Gal. N° 643.) Caule suffruticoso erecto canescenti-hirsuto, foliis petiolatis parvis cordato-ovatis acutiusculis crenatis supra pubescenti- bus subtus molliter albido-tomentosis, racemo spicato termi- nali breve, verticillis sub 6-floris approximatis, calyce amplo campanulato striato, labio superiori integro acuminato , infe- riori bifido acuminato elongato , corolla coccinea elongata, labio superiori hirto emarginato elongato, labio inferiori de- pendente , genitalibus subexsertis, bracteis deciduis. — Caulis villoso-hirtus ad insertionem foliorum ac florum lanatus, folia sn dubn à ét ( 69 ) pollicaria longitudine petioli , internodio breviora, pedicelli 2-8-lineares, calyx 8-10 lineas longus, corolla sesquipolli- caris coccinea, spica sesquipollicaris. — Aflinis Salviae longi- florae Ruiz. et Pavon. 2]. — On trouve cette espèce aux bords des ruisseaux et dans les endroits humides de Tehuacan de las Granadas (département de Puebla), à 5,250 pieds. FI. rouge vif. Août. 47. SaLvia PURPURASCENS. ÂVobis. (Coll. H. Gal. N° 683.) Caule herbaceo gracili glabro , foliis longè petiolatis mem- branaceis ovato -lanceolatis acuminatis grosse serratis basi subcordatis, petiolis pubescentibus, floribus verticillato-spi- calis Lerminalibus ebracteatis, verticillis approximatis sub 8-floris , calyce glabro striato tubuloso, labio superiori integro breve acuminato, inferiori bidentato dentibus acuminatis , coroilae tubo incurvo calyce duplo longiore, labio superiori galeato pubescenti-hirto , inferiori trilobo, lobo intermedio obcordato lateralibus duplo majori , pistillo subexserto. — Folia 8-4 pollices longa , 2 pollices lata , petioli 2-3-pollicares, pedicelli 2-3-lineares graciles , corolla semipollicaris purpuras- cens , lobo inferiori sub4lobo , spica laxa 4-poilicaris. — Affinis Salviae amoenae Sims ; sed caule herbaceo labioque corollae inferiori diversa. — Proximè quoque accedit ad Salviam mem- branaceam Benth.; sed corollae tubo multum longiori dis- lincta. e.— Se trouve aux bords des ruisseaux du pie d'Ori- zaba , dans les forêts de chênes et de pins, à 9,500 pieds. FI. rose pourpré. Août. 18. SALVIA LANTANAEFOLIA, MWobis. (Coll. H. Gal, N° 644.) Caule fruticoso divaricato-ramoso, ramulis peliolis calyci- (70 ) busque molliter villoso-lanatis, foliis ovatis acutis crenatis supra rugosis pilosiuseulis subtus albo-tomentosis, spica densa ovata terminali, floribus sessilibus verticillatis, bracteis ova- tis acuminatis deciduis calyci aequalibus, labio superiori ca- lycis integro obtuso, inferiori tridentato , corollae tubo cylin- drico calyce dimidio longiore , labio superiori porrecto extus villoso , pistillo exserto glabro, — Petioli 3-4-lineares, folia pollicaria, corolla semipollicaris. — Affinis Salviae leucoce- phalae HBK. $.— Croît sur les montagnes calcaires , arides et cac- tifères, près de Tehuacan de las Granadas (Puebla), à 5,500 pieds. FI. rouge velouté. Août. 49. Sazvia riniroria. ÂVobis. (Coll. H. Gal. N° 694.) Caule herbaceo erecto retrorsum pilosulo ad nodos barbato- piloso, foliis angustè linearibus integerrimis approximatis ad margines et nervos piloso-hispidis, bracteis parvis lanceolatis acuminatis , verticillis 4-6-floris remotis spicatis, calycibus brevè pedicellatis striatis pilosiusculis, labio superiori inte- gro, inferiori bidentato dentibus obtusiusculis, corollae tubo calyce dimidio longiore. — Folia sesquipollicaria internodio longiora, flores semipollicares rosei. — Aflinis Salviae angus- tifoliae HBX.; sed in bac calix dentibus inferioribus acumi- natis, folia apice subserrata , flores coerulei. o. — Se trouve sur les versants basaltiques du Cerro de Quinzeo, près de Morelia de Michoacan , à 8,000 pieds. FI. roses. Août. 20. Sazvia ANGUSTIFOZIA. ZPBX. (Coll. H. Gal. Ne 695.) @.— Cette espèce se trouve en abondance près de Regla et de Moran (district de Real del Monte) et dans les fo- rêts de El Sabino, près d'Izmiquilpan, de 6,000 à 7,000 pieds. F1. bleues. Septembre. RE te 24. SaLvia ASPERA. Vobis. (Coll, H, G21. No 642.) Caule suffruticoso , ramulis pubescenti-villosis , foliis petio- latis latè cordato-ovatis obtusis crenatis supra rugoso-bullatis asperis pilosiuseulis subtus albo-tomentosis , floribus axillari- bus solitariis brevè pedicellatis , calyce tubuloso-campanulato elongato nervis pilosis, labio superiori ovato lanceolato integro, inferiori bifido, corolla calyce duplo longiore lutea, labio su- periori galeato hirto inferiori sublongiore, stylo exserto glabro. — Folia semipollicem longa lataque, maxime rugosa, calix semipollicaris. $.— On trouve cette espèce sur les montagnes cacti- fères de Tehuacan (Puebla), de 5,500 à 7,500 pieds. FI. jaunes odorantes. Août. 22. Sarvia moLrissimA. Mobis. (Coll. H. Gal. No 657.) Caule herbaceo erecto hirsuto, foliis petiolatis ovato-lan- ceolatis acuminatis serrulato-crenatis supra viridibus molliter villosis subtus albo-tomentosis mollissimis , Verlicillis remotis sub6floris in spicam longam laxam bracteatam terminalem dispositis , bracteis parallele nervosis calyce majoribus ovatis medio serratis apice longè attenuato-acuminatis, calyce pedi- cellato hirto subulato 10-nervio , labio superiori ovalo integro, inferiori bidentato, corollae coccineae tubo calyce duplo lon- giore , labio superiori emarginato hirlo , inferiori longiori glabro , staminibus exsertis glabris, stylo villoso. — Petioli 3 -2-pollicares hirti, folia 3-pollicaria basi ovata non cordata : bracteae pollicares persistentes , calix 4-8 lineas longus , flores pollicares. — Aflinis Salviae pseudo-coccineae L. 9. — Croit dans les endroits humides de Juquila del Sur (cordillère occidentale d'Oaxaca), près de l'Océan pa- cilique, à 4,500 pieds. FL. rose velouté. Septembre. (72) 25. SALVIA CHRYSANTHA. Mobis. (Coll. H. Gal. Nos 666 et 667.) Caule fruticoso ramoso pubescenti , ramulis fulvo-lanatis, fois petiolatis ovatis obtusis inaequaliter crenato-dentatis su- pra pubescentibus subtus pubescenti-tomentosis , verticillis 6-Bfloris distantibus racemoso-spicatis ebracteatis, calyce aureo tomentoso mollissimo campanulato, labio superiori lan- ceolato acuminato integro , inferiori simili sed brevissimè bidentato, corollae tubo inflato calyce duplo longiore , labio superiori elongato porrecto extus tomentoso-hirto , inferiori breviori trilobo, genitalibus exsertis glabris. — Caulis ramo- sus 8-Jpedalis, petioli semipollicares pubescenti-hirti, folia bipollicaria , calix lana brevi lutea obductus limbo patenti labïis aequalibus , corolla pollicaris luteo-aurantiaca labio su- periori elongato erecto. — Affinis Salviae luteae HBK, sed calyce abunde distincta. $. — On trouve cette belle espèce de Sauge arbores- cente près des ruisseaux et sur les rochers calcaires hu- mides de la Sierra de Yavezia, surtout près de l’Hacienda del Socorro (cordillère orientale d'Oaxaca), de 6,000 à 7,000 pieds. FI. jaune et rougeâtre. Novembre-février. 24. SALVIA OBTUSA. (Coll. H. Gal. N° 715.) Caule herbaceo bifariam pubescenti, foliis petiolatis oppo- silis ovatis obtusis crenato-serratis basi cuneatis supra gla- briusculis subtus cano-pubescentibus , verticillis bifloris dis- tantibus ebracteatis, calyce tubuloso-campanulato pubescenti - striato, labio superiori integro ovato acuto, inferiori bifido laciniis acuminatis, tubo corollae inflato calyce duplo lon- giore, labio superiori falcato pubescenti-hirto, inferiori lato trilobo, staminibus inclusis, pistillo brevè exserto piloso. — Folia pollicaria , flores coccinei pollicares. — Proximè accedit ad Salviam fulgentem Cav.; sed foliis brevioribus non cor- datis, verticillis paucifloris floribusque minoribus diversa. (78 ) a. — Se trouve dans les forêts de la cordillère orientale d'Oaxaca , près de Yavezia , Castrasana et Capulalpan, de 5,000 à 7,000 pieds. FI. rouges. Septembre. 25. SALVIA MEXICANA. L. (Coll. H. Gal. N° 699.) @.—- Dans les forêts de chênes des montagnes de El Sabino, près d'Izmiquilpan, au NNO. de Mexico, à 6,500 pieds. FI. bleu violet. Septembre. 26. SaLviA PRUNELLOÏDEs ÆPK. (Coll. H. Gal. No 700.) @.— Dans les bois de Real del Monte, au N. de Mexico, de 7,500 à 8,000 pieds. F1. bleuâtres. Août-novembre. 27. SALVIA LONGISPICATA. Vobis. (Coll. II. Gal. N° 766) Caule elato pubescenti, foliis petiolatis rhombeo-ovatis ser- ralis acutis glabris, verticillis 10-12-floris approximatis longè spicatis, calycibus pedicellatis campanulatis, labio superiori integro acuminato , inferiori tridentato , corolla coerulea, tubo gracili calyce vix duplo longiori, labio superiori galeato hirto, stylo brevè exserto piloso , stigmate inaequaliter bifido. Petioli £-1-pollicares pubescentes , folia 2-3 pollices longa , 2 pollices lata basi attenuata , flores 4-5 lineas longi. — Affinis Salviae amarissimae Orteg. 9. — Se trouve dans les champs, près du beau village d’Ario, entre Patzcuaro et le volcan de Jorullo ( Michoa- can), à 4,000 pieds. FI. bleu roseâtre. Août. 28. Sazvia microPnYLLA? HBK. (Coll. H. Gal. Ne 702.) Caule erecto pubescenti-glanduloso , foliis remotis brevè petiolatis ovatis acutiusculis crenato-serratis pubescentibus, verticillis bifloris remotis brevè spicatis, calyce corollaque glan- duloso-pubescentibus , corolla coccinea tubo gracili elongato calyce Stuplo longiore. — Folia 4-10 lineas longa. 9. — Dans les bois de Real del Monte et de Moran, au N. de Mexico, de 7,500 à 8,000 pieds. FI. rouge carmin. Août. 29. SALVIA GRENATA. ÂVobis. (Coll. H. Gal. N° 704.) Caule suffruticoso bifariam pubescenti, foliis petiolatis cor- dato-rotundatis obtusis grossè crenatis rugulosis pubescenti- bus, calyce tubuloso-campanulato, limbi bilabiati, labio supe- riori integro obtuso , inferiori bifido, laciniis obtusis, corolla coccinea calyce triplo longiore, — Specimen mancum , folia pollicaria, corolla pollicaris. 2. — Dans les bois de chêne de EI Sabino (au N. de Mexico) , à 6,500 pieds. FI. vermillonnées. Septembre. 50. Sarvia nypToïpes. ÂVobis (Micranthae PBenth.) (Coll. H. Gal. Nos 629 ct 664.) Caule herbaceo elato pubescenti, foliis longè petiolatis re- motis ovatis acutis serratis basi cuneatis utrinque pilosius- culis, floribus verticillato-spicatis , verticillis multifloris densis secundis supernè approximatis, bracteis persistentibus sub- scariosis cordato -rotundatis acuminatis denticulatis flores aequantibus, calyce tubulato striato villoso, labio superiori integro lanceolato, inferiori bifido , corolla parva coerulea calycem paulo excedente, — Petioli sesquipollicares, folia 2 pollices longa lipollicem et ultra lata, spicae longè pedun- culatae ex verticillis densis subglobosis secundifloris compo- sitae. @. — Dans les champs de la colonie allemande de Mi- rador , à 5,000 pieds, et dans les prairies de la Sierra de Yavezia, près Oaxaca , à 6,000 pieds. FI. bleuàtres. Dé- cembre. (75 ) 54. SALVIA GRACILIFLORA, ÂVobis. (Longillorac coccineae Benth.) (Coll. H. Gal, N° 630.) Caule suffruticoso erecto, ramulis petiolisque canescenti- velutinis, foliis longè petiolatis ovatis acuminatis serratis laevigatis basi rotundata integerrima , verticillis bifloris ap- proximatis brevè spicatis, bracteis ovatis acutis sublus candi- cantibus calyce brevioribus, calyce tubuloso canescenti-1o- mentoso , labio superiori lanceolato integro , inferiori bifido, corolla gracili elongata calyce 4tuplo longiore, labio superiore porrecto pubescenti, genitalibus inclusis. — Petioli sesquipol- licares, folia bipollicaria, corolla subpollicaris recta incar- nata, spica brevis terminalis pauciflora. — Affinis Salviae in- carnatae Cav. 2. — Dans les ravins de Mendoza, près de la colonie de Zacuapan , à 5,000 pieds. FI. roses. Novembre. 92. Sazvia GaLrOTTu. Martens. (Coll. H. Gal. No 611.) Caule herbaceo pilosissimo, foliis petiolatis ovatis obtusis crenato-serratis ciliatis basi truncata integerrima supra viri- dibus adpressè pilosulis sublus albido-pubescenti-tomentosis, verlicillis Jaxis 4-floris remotis spicatis, bracteis deciduis calyce tubuloso glabriusculo striato , labio superiori ovato obtuso, inferiori bidentato dentibus ovatis obtusis, corolla gracili pubescenti rubro-purpurea calyce triplo longiore , ge- nitalibus longè exsertis.— Caulis pedalis adscendens pilis albis 3lineas longis dense vestitus, petioli subpollicares pilosi, folia pollicaria discoloria , spica terminalis subbipollicaris, corollae subpollicares labio superiori inferius vix excedente. e.— Se trouve dans les champs et les prairies deXalapa. à 4,000 pieds. FI. rouges. Juin. 55. SaLvia ELONxGaTA. Mobis. (Brachyanthae Benth ) (Coll. H, Gal, No 712.) Caule herbaceo erecto ramoso pubescenti, ramis elongatis (76) gracilibus, foliis brevè petivlatis ovato-lanceolatis acuminatis serralis basi subcordato-rotundatis utrinque pubescenti-pilo- sulis , verticillis ebracteatis G-8floris laxis inferne remotis longè spicatis, bracteis deciduis lineari-subulatis longitudine pedi- cellorum, calyce tubuloso striato labiis abbreviatis obtusis aequalibus subintegris, tubo corollae calyce sesquilongiore , labio superiori recto hirto , inferiori duplo longiore porrecto trilobato, stylo brevè exserto glabriusculo.—Petioli 3-6-linea- res, folia 2-3-pollicaria, flores rosei £-pollicares. 6. — Croît aux bords des ruisseaux dans la région tem- pérée du Rincon (cordillère au N. d'Oaxaca), de 5,000 à 4,000 pieds. FI. roses. Juin. 34. SALVIA PURPUREA ? Cav. (Coll. H. Gal. N° 618.) Obs. Species propter specimen incompletum vix recognoscenda. — Ver- ticilli approximati densè spicati, corolla violacea pollicaris incurva pubes- cens, calix albido-tomentosus labiis setaceo-acuminatis, folia ovato-lanceo- lata acuminata serrata , stylus pilosus longe exsertus. — Affinis Salviae farinosae Nobis. 2. — Se trouve dans les haies et les savanes de Xalapa et de la colonie allemande de Mirador , de 5,000 à 4,000 pieds. FI. violacées. Mai-septembre. — Cette espèce atteint $ à 10 pieds de hauteur. 35. SALVIA ALBIFLORA. ÂVobis. (\ Brachyanthae Penth.) (Coll. H. Gal. N° 612.) Caule herbaceo erecto glabro , foliis longè petiolatis ovato- rhomboideis acuminatis grossè serratis basi attenuatis gla- briusculis, verticillis Gfloris laxis remotis longè spicatis glabris, bracteolis lanceolato-linearibus minutis pedicello vix longio- ribus, calyce striato glabro labio superiori ovato-acuminato, inferiori bifido-setaceo-acuminato, corollae tubo calyce vix- longiore, labio superiori hirto, antheris inclisis. — Petioli 1-pollicares glabri, folia 2-3-pollicaria, flores {-pollicares albi, spica terminalis subpedalis. (77) &:— Dans les champs de la colonie allemande de Za- cuapan, à 5,000 pieds. FI. blanches. Juillet. 56. SALVIA POLYSTCHAYA? Ortega. (Coll. H. Gal. N° 713.) Caule herbaceo ramoso fulvo-pubescenti-hirto , foliis brevè petiolatis ovatis utrinque attenuatis acutis serratis supra pilo- siusculis subtus molliter pubescenti-tomentosis, verticillis multifloris laxiusculis approximatis spicatis, spicis secundis paniculatis, calyce striato piloso , labio superiori lanceolato acuto , inferiori bidentato dentibus setaceo-acuminatis , flore coeruleo parvo. @. — Dans les champs de Xalapa, à 4,000 pieds. FI. bleues. Juin. 57. Sazvia Martensu. Gal. ( Longiflorae Benth.) (Coll. H. Gal. N° 648.) Caule glabro herbaceo erecto , foliis petiolatis cordato-ovatis acuminalis crenalo-serratis supra pubescentibus subtüs glabris, verticillis 6-8-floris approximatis spicatis , bracteis ovato-lan- ceolatis acuminatis deciduis, calyce tubuloso pubescenti-glan- duloso labio superiori lanceolato, inferiori biacuminato , co- rollae tubo calyce 2-3plo longiore, labio superiori galeato pubescenti-hirto , staminibus inclusis. — Flores purpurei :-pollicares racemoso-spicati, spica 3-pollicaris simplex, pe- tioli 1-1{pollicares glabri ; folia 1£ pollicem longa, 1{ poll. basi lata, apice longe acuminata. — Accedit ad Salviam incarna- tam HBEK. @. — Croit aux bords des ruisseaux et dans les bois hu- mides des régions froides du Cerro de San Felipe, au N.. d'Oaxaca, de 8,000 à 9,500 pieds. FI. roses. Septembre. 38. SaLvia nenvarAa. Mobis. (Ÿ Longiflorae coccineae Benth.) (Coll. H, Gal, N° 650.) Caule herbaceo ? erecto subtereti pubescenti, foliis petiolatis Tom. xr. r (78) ovato-lanceolatis acuminatis serratis basi rotundatis supra pu- bescentibus subtus pubescenti-velutinis , verticillis laxis 6-8- floris parum remotis , calyce longè pedicellato tubuloso glabro 9-nervio, labio superiori latè ovato integro , corollae calyce triplo longiore molliter villosa purpurea. — Flores subpolli- cares, folia bipollicaria, petioli pollicares. — Affinis Salviae fulgenti Cav.; sed foliis non cordatis , flore purpureo velutino tubo corollae non inflato diversa. @.— Croit avec l'espèce précédente. FI. violettes ve- loutées. Septembre. 59. SaLviA FARINOSA. ÂVobis. (( Erianthae Benth.) (Coll. H. Gal. N° 663.) Caule glabro suffruticoso erecto, foliis petiolatis ovato-lan- ceolatis dentato-serratis apice longè attenuato-acuminatis basi rotundatis supra glabris sublus punctatis nervis pubescen- übus, verticillis mullifloris contiguis spicatis, spicis subsecun- dis paniculatis, calyce densè albo-tomentoso subfarinoso labiis subulato-aristatis, superiori lanceolato inteoro, inferiori bi- fido , corolla purpurea villosa calyce triplo longiore. — Petioli 2-pollicares, folia 25-pollicaria, flores À-pollicares et amplius. — Aflinis Salviae farinaceae Benth. 2. — Croit aux bords des ruisseaux de la Sierra de Yavezia (cordillère orientale d'Oaxaca), de 6,000 à 7,000 pieds. F1. violettes. Novembre. 40. SALVIA TRICUSPIDATA. MVobis. (( Brachyanthae Benth.) (Coll. H. Gal. No 649.) Caule suffruticoso subsimplici pubescenti apice canescenti- tomentoso , foliis petiolatis latè ovatis obtusis crenatis pubes- centibus subtus densè punctatis villosiusculis internodio bre- vioribus , verlicillis approximatis sub 8-floris brevè racemoso- spicatis, calycis glanduloso-pilosi tubo campanulato , labio superiori lanceolato apice breviter tricuspidato , inferiori bi- (79) dentato acuminato, corolla coerulea, tubo ventricoso calyce sesquilongiore limbo patenti, stylo barbato brevè exserto. — Petioli 3-4-lincares, folia pollicaria basi subcuneata integer- rima , spica terminalis 2-pollicaris ebracteata, pedicelli glan- dulo-pilosi, flores coerulei 4-blineas longi. — Aflinis Salviae cuspidatae R. et Par. 2, —_ Croit dans les bois humides du Cerro de San Fe- lipe au N. d'Oaxaca, de 7,500 à 9,000 pieds. F1. bleues. Septembre. A. SaLviA OBLONGIFOLIA. MVobis. ( Brachyanthae Benth.) (Coll. H. Gal. N° 660.) Caule herbaceo adscendente pubescenti apice aphyllo basi ramoso ramis procumbentibus, foliis brevè petiolatis oblongis obtusis crenato-serratis basi attenuatis utrinque glanduloso- punctatis, verticillis laxis multifloris remotis, calyce campa- nulato, labio superiori late ovato obtusiusculo integro, infe- riori bidentato , corolla coerulea tubo inflato calyce dimidio longiore , limbi labio superiori porrecto galeato pubescenti, stigmate inaequaliter bifido, — Caulis pedalis basi ramosus et foliosus coeterum subaphyllus , folia subpollicaria obovato- oblonga , verticilli ebracteati longè spicato-racemosi , verticil- lum inferius a foliis proximis internodio semipedali distans. ae. — Se trouve avec l'espèce précédente. FI. bleues. Septembre. Obs. Restant specimina quaedam incompleta sub numeris 654, 690, 697, quorum species haud determinari possunt. ( 80 ) HISTOIRE LITTÉRAIRE. Bibliothèque Tournaisienne. — Recueil de proverbes imprimé au XV° siècle; par le baron de Reiffenberg. J'ai déjà eu l’occasion de le remarquer, on a fait beau- coup moins pour les provinces wallonnes de la Belgique, sous le rapport de l’histoire civile et littéraire, que pour les provinces flamandes. Il faut convenir que celles-ci ont été plus attentives à enregistrer leurs titres, à perpétuer leurs souvenirs, peut-être aussi parce que leur rôle avait été plus important et plus considérable. C'est une raison, selon nous, de redoubler de soin pour recueillir les ren- seignements qui concernent des provinces trop négligées. Nous avons essayé de remplir une partie de cette tâche, et le désir de ne pas rester en arrière nous engage à publier aujourd'hui, par parties, un petit ouvrage de Nicolas Du Fief, qui pourra servir de supplément à Foppens et à Pa- quot, et qui concerne Tournay et le Tournésis. Le fonds Van Hulthem , à la bibliothèque royale, en possède une copie très-incorrecte, sous le n° 17658 de l'inventaire et sous ce titre : Bibliotheca Tornacena seu auctores Tornaci, aut in finibus Tornacesii et ditionum adnexarum, orti, vel qui ibidem domaci. lium aut beneficium ecclesiasticum habuere, auctore Adm. Rev. (81) et Ampliss. D. Nicolao Du Fief, ad episcopatum Atrebatensenr nominato. Autographum MS. exstat in bibliotheca cathedralis capituli Tornacensis. Petit in-4° de 159 pp. Voici le texte même : Bibliotheca Tornacena seu auctores Tornaci, aut in finibus Tor- nacesii et ditionum adnexarum orti, vel qui ibidem domici- lium aut beneficium ecclesiasticum habuere. Hoc syntagmate popularibus meis munus exhibebo, in sce- nam producturus viros eruditione perornatos, qui ingenii sui monumentis editis aut manuscriptis effloruere, quos Nervia nostra, vel sinu suo protulit, aut incolas seu aedis sacrae a- lumnos et beneficiarios, aut in vicinia ortos vel degentes im- perio suo obnoxios habuit. Hic theologorum conspicientur examina , hic sese prodent aliarum scientiarum sublimiorum cultores , hic musarum politiorum peramoena vireta se expan- dent , ut, cur aliis locis hanc litterarum oloriam invideant Ner- vii, nihil causae reperire queant. Sane theologiae doctores a pluribus saeculis ex canonum scitis in ecclesiae cathedralis pe- netralibus, in litterarum vero politiorum qua graecarum , qua romanarum amore adeo exarserunt, nostri ut collegium lin- guarum anno 1521 instituerint, teste Erasmo, libro 17 Episto- larum, ad Bernardum Buchonem, fol. 542, ex qua pariter liquet Jacobum Ceratinum , utriusque litteraturae calentissimum, ibidem professum fuisse ; nec non ex Opmeero, in opere chro- nographico, ad annum 1520. Sed et Miraeus in £logüts, classe 8», Valerius Andreas in Bibliotheca, Swertius in Athenis belgicis, scribunt Ceratinum Tornaci idioma graecum edocuisse, cujus doctrinam juxta ac morum praestantiam , eo, quem dixi loco, Erasmus prodit. « Agit nunc Lovanii, inquit, Jacobus Ceratinus, » vir utriusque litteraturae pulchre doctus, moribus probis » el integris, quod scio te non minus spectare quam erudi- » tionem, » Eum pestis ac bellum, duo maxima vitae huma- (82) nae mala Tornaco expulerunt, nam illic in collegio linguarum quod institui coepit, profitebatur. Nec non epistola ad ducem Saxoniae anno 1525, scripta, quae libro 20°, fol. 722, legitur, sic infit : « venit huc meis litteris evocatus Jacobus Ceratinus » graecanicae litteraturae tam exacte callens, ut vix unum aut » alterum habeat Italia, quocum dubitem hunc committere; » nec in latinis sui dissimilis est. ad haec philosophiae non » ignarus et addes eum esse immodice modestum et vere- » cundum ut paene pubidulus sit. « Haec ille. » Qui, deinde Lo- vanii sacerdos, vivere desiit anno 1530, in juventutis flore, post- quam luci quaedam opera donasset , quae ab auctoribus supra laudatis recensentur. In eadem urbe Petrus Opmeerus , opere chronographico Coloniae excuso perillustris, artem mathema- ücam perdidicit, ut in vita illi praefixa Valerius Andreas an- notavit, Eodem loco Melchior de Vienne, theologus, Petrus de Renaix, jureconsultus , aliique juventutem , ille theologiae, hic jJureconsultorum praeceptis publico minervali imbuerunt. Quod cum academiae Lovaniensis antecessoribus gnarum esset, magno consilio imperatoris Caroli V, Mechliniae, anno 1525, supplicarunt, vellet, juberet, omnibus magistris talem do- cendi facultatem , et senatui populoque Tornacensi illis stipen- dia erogandi potestatem interdictam esse, in academiae suae et urbis fraudem id vergere dictitantes. Verum Tornacenses , licet infelici exitu , quo insitum sibi scientiarum amorem pate- facerent , easque alis nudari cuperent , ut olim victoriae sta- tuam Athenienses , ne a se avolarent , postulatis non acquieve- runt , causantes Tornacum esse civitatem amplam et spectabi- lem, perantiquo episcopatu et cathedrali canonicorum collegio illustrem, in ea canonicatus oneri sacram theologiam vel jus decretorum publice explanandi subditos reperiri, idque usu receptum fuisse ubilibet leges edoceri licitum esse, dummodo honorum insignia, quos gradus vocant , extra academias non deferantur. Hac ratione intra Belgium mansuros nummos quos alioquin liberis in Galliam studiorum et idiomatis ergo mitten- dis, parentes erogant. Adversus quae academici doctores nite- ( 88 ) bantur contendentes et si nullus post emensum studiorum curri- culum Tornaci doctor aut aliotitulo insignitus remuneraretur , metum tamen falsi et adulterini dogmatis quod eo modo spargi posset, efficere ne ullatenus, si litteras quae ab humanitate no- men sortitae sunt, exceperis, facultates ullae extra academiarum septa auditoribus palam praelegantur. Senatum Tornacensem lectoribus didacticum statum constituisse, eos ad id muneris capaces habuisse ad enarrandam publice theologiam et jus scriptum admisisse, eaque ratione studium generale, propria auctoritate et in contemptu principis, qui id solum Lovanii agi intenderit erexisse nec mutare. Tornacum amplitudine et episcopatu virisque eruditione ornatis florere, cum singulis id genus urbibus , docendi auctoritas minime competat. Novitates dogmatum hac tempestate gliscere , verendum ne magis magis- que diffundantur. Senatus Mechliniensis secundum Lovanien- ses 8 octobris 1530 pronunciavit, cujus sententiae exemplum inter schedas meas adservo , et decreti serenissimi archiducis Ferdinandi XVI, decembris 1639 , lati huic sententiae consen- tanei, cujus decreti Mechliniensis anni 1530 meminit in Fastis academicis studii Lovaniensis Andreas Desselius, fol. 358 , et vppositiones in academiae Duacensis erectione per Lovanien- ses. Nec eo minus studiorum litterariorum curis nostrates in- cubuerunt , ut ab eo tempore luci donata ab ïis monumenta dicunt, et seriei scriptorum, quam ordimur, pars palam faciet. THEOLOGI ET ASCETICI. Agmen inter auctores theologos et pietalis sectatores , qui- bus primas deferre verum est, ducat ). Eceurnenius, episcopus noster, domo Tornacensis , cujus vitam Guibertus de Tornaco, Surius , Cognatus , aliiq. lilteris consignarunt. Is, ut non verbo saltem sed et scriptis gregem suum pasceret, regnante Ache- phalorum haeresi, sermones de SS. Trinitate, de incarnatione Christi , de ejusdem nativitate et de annunciatione dominica et habuit et conscripsit; qui in coenobio Martiniano Tornaci et ( 84 ) Bonae Spei in Hannonia manuscripti reperiuntur. Fato conces- sit anno 529, et a D. Medardo, Tornacensium et Noviomensium praesule, Blandinii tumulatus jacuit, unde ad S. ecclesiam D. Virginis translatus Tornaci, piis incolarum et accolarum votis precibusque colitur. Hunc excipit Sanctus Eligius Lemovix et ipse Tornacensium praesul juxta ac Noviomensis , cujus-ad cle- rum ,plebem sacram ac poenitentes exstant homiliae sexdecim, tomo IL editione 2, ait Bellarminus de scriptoribus ecclesias- ticis, ab anno 600 ad 700, et Possevinus in apparatu sacro et Miraeus in auctario de script. eccles., cap. 179. Obiit anno 665 (alii 666), teste Sigeberto. Vila ejus scripta ab Audoeno, epis- copo Rothomagensi, exstat apud Surium, ad diem j decembris , el in gallicum sermonem versam a............. bibliotheca mea complectitur. S. Amaxoun , Gandensium apostolum , inter Gandenses erudi- tionis fama claros recenset Sanderus, eo libro quo eos comme- morat. Verum nostrates ut praesulem suum et D, Acharii suffra- ganeum sibi quoque vindicare jure queunt : cujus testamentum latine scriptum 15 kal. maii, anno 2 Theodorici regis, exhibet Philippus de Harveng, alias ab Eleemosyna , abbas bonae Spei in Hannonia, B. Bernardi aequalis, in ejus vita, capite 50, etex illo Aubertus Miraeus in Fastis Belgicis, fol. 79, subscriptum extra testatorem a Noele, Metropolitano Rhemensi , Mommoleno Noviomensi , Vindiciano Cameracensi episcopis, Bertino et Alde- berto abbatibus, Joanne Blandiniensis coenobii pastore et Bau- demundo scriptore, in quo lotus est ut vetel corpus suum, cujusvis occasionis obtentu , sub puena offensae Trinitatis et anathematis , necnon ea , qua Core, Dathan et Abiron damnati fuerunt, amoveri. Fasti abbatiae Elnonensis ferant eum diversa edidisse posteris opuscula , et ad beatum Martinum , pontificem summum , plures epistolas scripsisse, quibus ille praesertim de episcopatu non dimittendo, et subditis a pestifera haeretico- rum doctrina arcendis, responsum dederit. Obiit Elnonae, anno 671, ut Sigebertus et alii, aut 672, ut Cognatus, tomo 2° historiae Tornacensis, cap. 34, contendit. Opoex Aurelianensem patre Gerardo, Caecilia matre editum, ( 85 ) ecclesia Tornacensis canonicum et scholasticum habuit, ut patet ex lilteris Rabbodi episcopi anno 1090 datis, quas Floren- tius Vanderhaer de Castellanis Insulensibus, lib. 2, cap. 1, in- seruit. Mullos erudiit, mox ipse , a Deo eruditus, aliam vitae rationem iniit, et Gerberto , Rodulpho, Wilelmo , Lamfrido et alio qui desertor emansit, discipulis suis adscitis, locum in colle exiguo in quo olim coenobium D. Martini steterat, tum ad vasti- tatem a Normannis redactum, instante Rabbodo episcopo, anno 1072, incolere, et auspicia illustris abbatiae quae etiamnum virtutibus floret, abbas dictus jacere coepit. In regulae canoni- corumS. Augustini verba cum reliquis juratus, exacto triennio, persuadente Haymerico Aquicinctensi coenobiarcha , S. Bene- dicti institutum amplexus est. Demum ejus virtutum et erudi- tionis fama vicinas regiones pervagata eum ad infulas Camera- censis ecclesiae evocavit. Consecratus episcopus anno 1105, a Manasse, Rhemorum archipraesule , coram septem cumprovin- cialibus episcopis, Cameracum ingredi, cathedrae proventu potiri non valuit, Gualtero licet sacris interdictis et dignitate exauctorato, Henrici IV imperatoris auctoritate fulto, superbe resistente , a quo imperatore noster Odo, baculum et annulum accipere detrectavit. Verum mihi non est animus ejus vitam pertexere, quae in monumentis Martinianis Herimanni abbatis, ét alibi leoitur. Hlud addam ipsum Odonem, in libro de blas- phemia spiritus sancti, praedicare Aquicinctum esse dulce exilii sui refugium, dum potestate regia a sede Cameracensi rejectus, quia virgam et annulum quae consecrata ab ecclesia habuerat, dono imperatoris denuo recipere recusasset, ut refert Molanus in natalibus SS,. Belgii , ad 7 octobris diem. Elenchus ejus operum sequitur quorum ex parte meminerunt Henricus de Gandavo, de scriptoribus eccles., cap. 4, et ibid. in scholiis Miraeus et Simphorianus Champerius de viris Galliae illustribus. Opus de septem Sucramentis et Sancti Canonis missae expo- silio quae exstant in calce Manualis Cameracensis , recognili et aucti a Maximiliano a Bergis, episcopo Caweracensi, editi anno 1562. ( 86 ) De blasphemia in spiritum sanctum Homiliae aliquot, qua- rum una est de villico iniquitatis. De peccato originali libri tres. Dialogorum liber. Disputatio quam cum Leone judaeo habuit de adventu et in- carnatione Christi, ad Vulbodonem monachum Afflegemensem , collationum liber. Parabola manuscripta , liber epistolarum, quae opera adnexa sunt bibliothecae Patrum Margarini sub nomine Odonis , abbatis Cluniacensis, Ait in apparatu suo Possevinus : Odonem Trithe- mius de scriptor. ecclesiast., fol. 273, virum in scripturis sanc- ts eruditum et in litteris humanitatis nobiliter doctum, ingenio subtilem et clarum eloquio nominat ; ad haec, teste Herimanno abbate, ut erat in dialectica versatissimus, de ea duos libros conscripsit, quorum uni titulum fecit, Sophistes, alteri, liber complexionum, et librum de re et ente, in quo se Odoardum, ut tunc ab omnibus vocabatur, appellat. Ejus meminit pariter AdolphusMetkerchus, de pronunciatione linguae graecae, cap. 6, de quodam psalterio quadripartito agens : est autem, inquit, descriptum anno MCV, ex vetusto exemplari, jussu Odonis primi abbatis S. Martini Tornaci, qui eodem anno ad episcopatum Cameracensem evectus est. Hoc psalterium gallicum, romanum hebraïcum et graecum servat abbatia S. Martini, ante 500 annos jussu Odonis scriptum , quo D. Lindanus, episcopus Ruremundensis, in castigando psalterio usus est, inquit index librorum MSS. dicti coenobii. Exul in monasterio Aquicinctino vivere desiit anno 1113, in cujus templo imago illiusex marmore sepulchro apposita fuit, quae eliamnum in ejus vestiario visi- tur, ut habent annales Martiniani. Amandus prior Aquicincten- sis uberem scripsit epistolam de hujus episcopi vita et obitu, quae manuscripta legitur Aquicinceti et excusa apud Raissium, in Belgica christiana, in 36° episcopo Cameracensi, hoc initio : « Aquicinctensis coenobii humilis congregatio.…... ,» ut recitat Valerius Andreas in Bibliotheca Belgica, Swertius in Athenis, -ad nomen dicti Amandi, Sanderus in Hagiologio Flandriae, verbo (87 ) Odo , post Molanum in natalibus ad 9 octobris. Hic lubet quae- dam de Odone nostro ab Herimanno in chronico, fol. 2, pro- dita adnectere. « Odo, ait, scholae canonicorum praefuit, cum ante ejus adventum milites et cives ad audiendas et ter- minandas forenses causas, ex consuetudine, claustro cano- nicorum abuti soliti essent, ita jam eos omnes penitus inde eliminaverat, ut ne ipsum quidem Everardum , potenissi- mum ejusdem urbis castellanum , qui castellum Moritaniae antea prorsus inexpugnabile , eodem tempore militari strenui- late violenter captum , dominio Tornacensi addiderat, pro bujusmodi causis nec ad horam quidem residere in eo permit- teret. Quae facta Rabodo episcopo fuere , quem ille ipse auctor fol. 4. memorat, tradidisse Odoni ecclesiam S. Martini libe- ram et episcopali privilegio confirmatam sicque eos ibidem sub regula S. Augustini (ait) canonice Deo servituros dimisit anno 1092 dominicae incarnationis, sub Papa Urbano I, Rhemensi archiepiscopo Reginaldo, Tornacensi ac Noviomensi episcopo Rabodo, Francorum regnum regente Philippo, Romanorum imperium Henrico, Anglis etiam principante inclito rege Gui- lelmo, Roberti Normannorum comitis filio, qui, Heraldo rege cum exercitu suo devicto , violenter sibi Angliam subjecerat , Flan- drensium comitatum tenente juniore Roberto, Frisionis filio, » Haec ille. Floruit anno 1130 Guerricus, canonicus Tornacensis, dein abbas Igniacensis , Miraeo referente in chronico Cisterciensi ad eumdem annum et Arnoldo Wion, lib. L. Ligni vitae, cap. 48. Scholastici ecclesiae Tornacensis etiam munere functum scribit eodem loco Miraeus et Landtmeter, Tongerloensis asceta, de vetere cultu et habitu clericorum, epistola liminari, in edit. Lovaniensi, Valerius Andreas et Swertius; qui etiam ab iis et Possevino in apparatu sacro, D. Bernardi discipulus perhibetur. In opere sermonum Parisiis excusorum anno 1547, quos habeo, hic Guerricus vocatur domnus in frontispicio el in praefatione ad lectorem et fol. verso. N.B. Igniacum, /gny, ordinis Cister., dioecaesis Rhemensis, distans a Durocurto 5 leucis, ait Claudius ( 86 ) Robertus, in Gallia christiana, in abbatiis Galliarum , libro 9. Inter cujus opera est Guerrici Sermo de purificatione ; exstant ejus Sermones de tempore et Sanctis a Joanne Costerio emendati et editi Parisiis, Antwerpiae typis Nutii, anno 1576, et Lova- ni anno 1555; quos sermones habco Parisiis excusos anno 1547. Nec non epistolue ad fratres, ut habetTrithemius de Script. ecclesiasticis , eum laudans ut ingenio facilem , eloquio dulcem et compositum , et ad persuadendum satis idoneum , conversa- tione et scientia scripturarum insignem. Valerius hune, ex Sixto Senensi, anno 1030, claruisse asserit, non videns quo pacto potuerit D. Bernardum , ut qui obierit anno 1153 , 20 augusti , doctorem habere. Sed illi dubio locus esse nequit, si quoad Guerrici aevum Arnoldum Wion et Miraeum sectemur, De Guer- rico vide Raissium in auctario SS, Beloii, ad 19 augusti. Arurpnus sive ALazpaus Tornacensis , ordinis S. Benedicti ad Sanctum Martinum Tornaci religiosus, ex scriptis D. Gregorii opus exceplionum in novum lestamentum collegit, quod Gre- gorianum inscribitur, Parisiis editum in 4° et Argentinae, 1516. Ita Possevinus in apparatu , Landimeter de clericorum cultu, in epistola dedicatoria, fol. 29, Arnoldus Wion Ligni vitae, lib. 9, cap. 62; Valerius Andreas, Swertius, Gazetus in bibliotheca , Sanderus, Cognatus lib. 4, cap. 45, qui eum fato functum anno 1143 retur. Srernanus, ad Ligerim Aureliae natus et in ecclesia S. Crucis Aurelianensis à puero educatus, primo B. Enurtii Aureliae, dein Sanctae Genovefae, Parisiis, abbas, tandem Tornacensium praesul, scripsit sermonum volumen quod in bibliotheca col- legii Navarrici Parisiis MS. adservatur, et epistolas quas ex bibliotheca Papirii Massoni Joannes Massonus, archidiaconus Cadomensis , in ecclesia Baiocensi , anno 1621 vulgavit, cum aliis Gerberti pontificis et Joannis Sarisberiensis editas, quas auctiores apud Dionisium Villerium, cancellarium et canonicum ecclesiae Tornacensis, vidissi me memini. Obiit Tornaci anno 1203; testibus Massono quem dixi in epistola dedicatoria, Sausseio , in annalibus ecclesiae Aurelianensis, lib. x, art. 30, ( 39) 37 , fol. 463 et 471; Meyero in annalibus Flandriae ad eumdem annum , Raissio in Belgica christiana aliisque. Primo, saecula- rium canonicorum S. Enurtii tempore , canonicum et cantorem egit, et cum canonici in ordinem regularem S. Augustini transiissent, quod ille ipse Stephanus, epistola 118, notat, illum amplexus est, ait Sausseius, art. 73 supra memorato. Renun- ciatum se praesulem Tornacensem , loco et anima remotum et ignarum nihilque minus spirantem quam cathedram Caelestino pontifici, epistola 202, scribit. « Cur excessi, inquit, si accessi ? Quid peccavi , si non peccavi? An deliqui, quia non dereliqui? Divinare certe non potui placeretne an displiceret summo pontifici , etc. » Capitulo suo cathedrali parum aequus fuit, ut patet ex lepido et autem contra digno, si Deo placet, dicterio. Scribens Dno Rhemensi, epistola 193, sic loquitur : « tria sunt murmurantia super terram , et quartum quod non facile quies- cit. Communia rusticorum dominantium, coetus faeminarum litigantium, grex porcorum ad unius clamorem grunnientium, et capitulum diversa vota sectantium. Cum primo pugnamus, secundum irridemus, tertium contemnimus, quartum sustine- mus. Et a primo et quarto libera nos, domine. » Verum cum Ste- phanus scribat Aurelianuensi episcopo, se sui Garnandi deli- ciosas nugas apponere (uti vere haec insueta et infrunila com- menta, nugae et germanae gerrae sunt) quid ea adhaeret, exponit et venditat? Quid cum rusticis et faeminis litigantibus, uno cum porcis grunnientibus cathedrales proceres compo- nit ? Idem : epistola 85 ad Alexandrum summum pontificem, “oritur, inquit, juxla cos et utinam non contra quaedam plan- tatio singularium seu saecularium canonicorum, quos utrum pater coelestis plantaverit, necdum scimus. Placeat oculis be- nevolentiae vestrae, pater, ut jura regularium (canonicorumS. Mariae Blesensis) non minuant saeculares et filiorum panes non comedant alieni.» Et epistola 118, lubricos canonicorum saecu- larium gressus nominat , imo ipsos pontifices et principes per- stringit. « Aculius intuentes, ait, et intelligentes astutius ponti- fices et principes temporis nostri, plantalionem, quam nescio ( 920 ) an pater coelestis approbet, inducunt, et clericos hujus mo- dernae viae viros arrogant, qui domus et vineolas suas ad informem praebendarum formam conferant, qui sanctis in via Dei gradientibus objiciant et offendiculum in verbo et la- queum in exemplo, etc. » Regularis regulares canonicos fovet, saeculares carpit. Ingeminat epistola 191 quartum illud genus murmurantium super Lerram, a quo liberari et defendi se saepe deprecatum dicit. « Incoeperunt , inquit, a murmure et jurgio terminarunt. Qui corrigi digni erant , non timuerunt erigi, qui virgadigni erant, abstulerunt festucam. » Agnoscere eadem epis- tola videtur, exemptionem capituli Tornacensis, supplicando Dno Rhemensi, decanum et capitulum Tornacense roget ut socium suum, quem magna vicaria privaverant , injuste spo- liatum restituant, et si aliquid deliquerit unde puniri meruerit, ordine judiciario tractent. Superiorem et ordinarium capituli hac causa non adivisset ipse ordinarius, verum ad imperium non preces decurrisset. Joannes Savaro, ad lib. 7 Epistolarum Sidonii Apollinaris, epistola 17, dicit hunc auctorem exstare in bibliotheca Nicolai Fabri, viri optimi eruditissimi, ejusque elogia opusculis ejusdem Fabri praefixa continentur. Stephani nostri etiam doctor Flesaeus in Selectis, fol. 354, meminit. Vixit anno 1203. Miraeus in auctario de script. eccles., cap. 378. Sermones ejus MS. exstant in collesio Navarraeo Parisiis, ANSELMUS RAOE tempore Stephanum praeisse debuit. Fuit is primus ecclesiae Tornacensis a Noviomensi distractae episcopus et non nulla (scribit Arnoldus Wion, lib. 2° Ligni vitae, cap 54) ingenii sui monumenta posteris reliquit. obiit anno 1150, Tor- naci sepultus. Laudant Demochares, Belloforestus et Trithe- mius, lib. 4, cap. 240. Hujus vita inter episcopos legitur. Simon ve Torxaco, theologiae doctor, pluribus annis illam Pa- risiis frequentissimae concioni cum subtilitatis gloria explana- vit, sed dum Aristotelis vestigiis nimium insistit, a non nemine haereseos arguitur , ut tradunt Henricus de Gandavo de scrip- toribus eccles., 8 cap. 24 et Possevinus in apparatu sacro. Scripsit sententiarum suarum librum unum , nec non in sym- (91) bolum Anastasii , et quaestiones varias, ut Symphorianus Cham- perius aliiq. referunt. Marchantius in Flandriae descriptione, capite de Tornaco, librum ejus de doctrina Christiana adjicit, et Harduinus, Gazetus, in bibliotheca belgica , Possevinus in appa- ratu, addunt eum in Boëtium de Trinitate librum unum com- mentatum ; referente Sandero , libro de scriptoribus Flandriae. Verum scriptorum Britanniae catalogus exhibet auctorem ali- quot operum quae hic designantur, Simonem Thurnacum praes- byterum anglum, quem Polydorus Vergilius historiae anglicae lib. 15, memorat. Tamen Oxoniae et alibi, hi libri nomen Simo- nis Tornacensis prae se ferunt. Sane nobis hunc asserunt tam cognomen, quam Trithemius Germanus de ecclesiae scriptori- bus, Symphorianus Champerius de viris Galliae illustribus, Thomas Cantipratanus, Swertius, Marchantius, Gazetus, Co- gnatus lib. 4, histor. Tornacensis cap. 1, qui Cantipratanum, lib. 2 Apum, cap. 48 , secutus, hunce superbiae, blasphemiae , execrandae luxuriae reum agit , ut ejus actiones ac doctrina dissonae ei infamiae notam non vulgarem inusserint. Frede- rico IT, imperatori, saepe in ore erat , tres insignes impostores genus humanum seduxisse, Moysen, Christum , Mahometem, ut in Monitis Politicis tradit Lipsius lib. 1, cap. 4; hic pres- byter et doctor theologus, Moysen judaeos, Christum chris- tianos , Mahumetem gentiles infatuasse , impuro ore debla- terare sustinuit. Claruit circa annum 1220 Possevinus ex Eysingrenio Simonem hunc in vivis fuisse anno 1284 scrip- tum reliquit. Guigertum pe rornaco seu Gilbertum e Franciscana familia, hujus libri cap. 26 edidimus; Guibertum alium a Gilberto in bibliotheca sacra Gazetus perperam reddere studet. Ex Bunderio, scriptores nobis producunt Guirecmun pe Tor- xAco, dominicani ordinis theologum eruditissimum, qui in uni- versa biblia, in libros 4 sententiarum, in Mathaeum , in epistolas Pauli, sermones de tempore et sanctis, nec non de modo do- cendi pueros scripsit, Claruit anno 1292. Sic Valerius Andreas, (92) Swertius, Gazetus, Sanderus. Possevinus tantum ejus commen- taria in epistolas D. Pauli memorat, Gurceimus À Torvaco sive Tornacensis , alius a priore, ad S. Martinum relisiosus, collegit flores de operibus S. Bernardi, qui manuscripti exstant in asceterio Rubeae Vallis, juxta Bruxellas ut ex Bunderio Valerius, Swertius, Sanderus scrip- tum reliquere. Tempus quo vixit non proditur. IL. Je viens d'acquérir pour la bibliothèque royale, dans une vente faite à Francfort, un nouveau recueil de pro- verbes latins-flamands ou bas-allemands, imprimé dans le courant du XV° siècle. Il est intitulé : Incipiunt proverbia seriosa in theutonico pma deinde in latino sibi ynvice consonantia. Indicio collis gentis (colligentis) pulcherrima ac in hominu colloquiis comunia. À la fin: Finintur proverbia comunia, et sur un feuillet blanc, qui probablement devait servir de titre, en gros ca- racltère: Proverbia comunia metrice conscripla. Cette édition, petit in-4° de 25 feuillets et de 56 lignes à la page, est sans date, sans nom d'imprimeur et sans ré- clames, mais elle a des signatures. La dernière est CV. Elle est distincte de l'édition indiquée par Hain, dans son Reportorium bibliographicum, et de celle que nous avons décrite dans le tom. VI de ces bulletins et dans l'Annuaire de la bibliothèque royale pour 1840, pp. 189-192. M. Le Roux de Liney, qui a publié le Livre des proverbes français, recueil très-bien fait et qui suppose d'immenses investigations, indique page ex du 1° volume, un recueil intitulé : Les proverbes communs, petit in-4° gothique sans (93 ) date, de 12 feuillets; mais ne dit rien de nos textes latins et flamands qui, au surplus, n’appartenaient pas directe- rent à son sujet. La marque du papier, qui est très-fort et à 7 pontuseaux dans une page, est un p gothique surmonté d’un trèfle. Notre exemplaire a gardé toutes ses marges. Le style en est moins flamand que dans l'édition décrite précédemment par nous. Ainsi, dans cette dernière, le proverbe Tant va la cruche à l'eau, etc., est rendu par Also lanck gaet die kruick to water dan si brickt, et, dans la dernière, par Als lang geyt der kroich tzowasser his dat he brichL. Dans la première on lit : Alle riviren lopen in die ze. . 0 Na èté dFbeRe come dick Mi HR Ce qui, dans la seconde, se rend de cette manière : Alle reveren louffen in die see. w RER et PA pue Re Il semblerait, d'après le proverbe suivant, qu'alors le fromage était moins cher que le beurre : Knaeft is kees, de butter is duer. Caseus est carum comedendus namque butyrum. To I. 8. (94) ARCHÉOLOGIE. Persée recevant la harpé de Minerve; peinture de vase ex- pliquée par M. Roulez. Le vase dont j'ai l'honneur d'offrir un dessin à l'académie provient des fouilles de la Basilicate, dans le royaume de Naples; il a fait partie de la collection Durand (1) et se trouve aujourd’hui au musée britannique. La peinture d'un des côtés représente Minerve debouten présence de Persée, qui est assis sur un rocher. La déesse casquée et vêtue d’une double tunique pose la main gauche sur son bouclier et tient la harpé dans la droite. Le héros est coiflé d’une riche mitre phrygienne, à laquelle sont attachées des ailes. On aperçoit également des ailes à sa chaussure. Sa chla- myde, rattachée par une agrafe sur sa poitrine, retombe par derrière; il s'appuie de la main droite sur deux javelots. Cette représentation se rapporte évidemment à l'expédition de Persée contre les Gorgones , mais c’est une scène anté- rieure à la décapitation de Méduse. Minerve, avant de re- mettre au fils de Danaë l'instrument meurtrier qui doit trancher la tête de la terrible Gorgone, semble lui donner les avertissements nécessaires pour mener à bonne fin sa périlleuse entreprise (2). (1) Voy.De Witte, Catalogue Durand, n° 242. (2) Sur un vase de la collection Candelori ( Bulletin de l’instit. archéol., 1829, p.85), Minerve , qui accompagne Persée, est armée comme lui d’une harpé; mais cet exemple ne m'a pas paru assez concluant pour inférer de là que sur notre peinture la déesse ne se dispose pas à remettre cette arme au héros argien. (95 ) Les rapports de Minerve avec Persée et son intervention dans l'expédition en question, sont suffisamment confirmés par les traditions mythologiques. Hygin (1) raconte que Polydectès, roi de Sériphe , fit élever le fils de Danaë dans le temple de Minerve. Selon le récit le plus généralement répandu (2), c'est en exécution des ordres du même prince que Persée s’aventura à la conquête de la tête de Méduse, sous la conduite de Mercure et de Minerve; mais une ver- sion particulière, qui nous a été conservée par le scoliaste de Lycophron (5), porte que Méduse ayant disputé à Mi- nerve le prix de la beauté, celle-ci irritée envoya le héros argien contre sa rivale ; et afin qu'il pût distinguer Méduse de ses sœurs, la déesse lui en retraça elle-même le por- trait, dans le voisinage de Samos, à un endroit appelé de- puis , pour cette raison , Deictérion. M. le duc de Luynes (4) a fait une heureuse application de la dernière circonstance de ce récit à un miroir étrusque (5), où l’on avait vu, avant lui, Athéné perçant de sa lance la tête de la fille de Phorcys, tandis qu’elle est occupée à en tracer l’image sur le sable du rivage de Samos. Je proposerai plus bas la même interprétation pour une peinture de vase. Outre le témoi- gnage des monuments écrits, nous avons encore une preuve (1) Fab. 65. Cf. Creuzer, Symbolik und Mytholog., Th. IV, s. 245, not. 2, 5 Ausg. (2) Pherecydes ap. Schol. Apollon. Rhod. IV, 1515 (Fragm. p. 9, ed. Sturz). Apollodor. 11, 4, 2. Zenob. Proverb., I, 41. (3) Cassandr., v. 838 , p. 824 , ed. Müller. (4) Cette explication , communiquée par lui à M. Guigniaut , a été pübliée par celui-ci dans sa traduction de la Symbolique de Creuzer , t. IV, explica- tion des planches , p. 261. (5) Chez Dempster, Ætrur. regal., 11, 4; Millin,, Galerie mytholog., 386 , Guigniaut, ouv. c., pl. CLXI , 610. ( 96 ) des rapports d'Athéné avec Persée dans quelques types des médailles d'Amastris (1), de Sinope (2), d'Amisus (5), et de Cabire (4), où l'on voit d’un côté la tête de Pallas, et de l’autre le héros vainqueur de la Gorgone. La harpé que le peintre de notre vase fait remettre au héros par Athéné, lui aurait été donnée, selon quelques au- teurs (5), par Hermès, d'après Eschyle (6) par Vuleain. Servius (7) en attribue l'invention à Persée même. Tous les monuments ne présentent pas cette arme figurée d'une manière uniforme. Sur les uns (8) elle imite la forme de la (1) Voy. Mionnet, Description des médailles antiques, t. IL, p. 589, n° 7 ; Supplém.,t.1IV, p.552,n*9 et 10. (2) Zbid.,t. II , p. 401 , n° 84 suiv. (5) Zbid., t. Il, p. 581 sv., n° 46 svv., Supplém., t. IV, p. 556, n° 105 svv. (4) Zbid., t. II, p.348, n°99. — Peut-être faut-il ajouter aussi l’as ita- lique publié dans l_Æ5s grave del Museo Kircheriano , Tav. VII, 2. (5) Apollodor., 1. c., Ovid., Metam., V,176; Lucan., Pharsal., IX, 662. Ce dernier écrivain ajoute que c’est la même dont Hermès avait fait usage contre Argus. (6) 4p. Eratosthen. Catasterism., c. 22 (_Æschyli frag., 266, p. 245. ed. Ahrens, ap. Didot). Cf. Hygin, Poetic. astron. , 11, 12. (7) Ad. Æn.,IX, 505, p.551, Lion: Æarpen, i. e. curvum gladium in modum falcis a Perseo inventum multi dixerunt. (8) Voy. deux scarabées étrusques chez Lanzi, Saggio di ling. etrusca, IT, tav. IV, n° 5 et 6. Winkelmann, Monum. inediti, n° 84. Le miroir étr. précité chez Dempster , II, 4; un as de Volterra dans l’Æs grave del Mus. Kircher., Tav. VII, 2. Cf. Tav. XII, 12-15; une médaille d’Arpi chez Millingen , Recueil de quelques médailles grecques inédites. Rom. 1812, Tav. I, 10; une terre cuite de l'ile de Milo, publiée par le même, Æncient unedited. mon. , IE, pl. Il ; vases peints chez Millin, Peintures de vases, 1, 34. Gerhard, Æuserl. Gr. Vasenbilder, 11, Taf. LXXXIX, 4. Panofka, Musée Blacas, pl. XI. Le même, Ucber verlegene Mythen., Taf. II. Sur ce dernier vase la harpé est dentelée comme une scie. (97) faucille (1), telle que nous la voyons attribuée à Cérès (2), avec le culte de laquelle Persée a des rapports intimes (3). Sur d’autres (4) au contraire, elle a comme sur notre vase, une extrémité droite ct une extrémité recourbée; cette forme paraît être d'origine asiatique (5). On pourrait dou- ter que la harpé ait été attribuée à Persée dès le principe : Hésiode (6), l’auteur le plus ancien que nous sachions, qui (1) Voy. le passage précité de Servius. On croirait que c’est cette forme que décrit Ovide, Metam. , IV , 726 : Falcato verberat ense. Cependant un vers précédent (tb. 719 : Ferrum curvo tenus abdidit hamo) ne semble pou- voir s'appliquer qu’à la forme figurée sur notre vase. (2) Apollon. Ærgonaut., IV, 986. AyoDs xaAauyTouos «pry, ct dans l'hymne homérique (v. 4), la déesse reçoit le surnom de puoxôpos, C'est d’a- près cette faucille , présent de Vuleain , que l’île de Samothrace s'appelait en- core Drépané. Voy. Schol. Apollon, IV, 984. Etymol. magn. , v. Aperéyy p. 260 , ed. Lips. Schol. Lycophr. , 869. (5) Yoy. Creuzer, Religions de l’antiquité, trad. par M. Guigniaut, t. IL, P.IL, p. 255. (4) Médailles de Tarse, d’Argos, de Sériphe, etc. Gori, Mus. etrusc., vol. IT, Tab. CXXIII. Inghirami , Monumenti etrusc., 1, Tav. LV et LVI. Raoul-Rochette, Mon. inéd. d’antiquitéfigurée , pl. XLI , Gerhard, Ausert. Gr. Vas., LXXXIX, 1. (5) Achilles Tatius, d'Alexandrie, nous donne une description très-détaillée de cette forme de la harpé , laquelle avait été adoptée pour les médailles de sa ville natale ; De Leucippes et Clitoph. amorib., II, 7, p. 65. Jacobs : oriora Jè nai Tyy détity diquël oidÿpe, Eis dpérayoy na) Éizo; Ecyi- Guédo, "Apyeta pèy yàp ÿ nômy nÉdwTEY dupoty Èx pus, Kai ÉdTIS CT aise Toù oidpou Élpos, Évreddey dè droppayéy, td pèy dEdyereu, rà dè érindunrere. Kai rù pèy GrwËvouéyoy méves Élpos, &: ypËaro® Tù dè kaumrômeroy dpérasoy yiyera, 192 put mAyyy Tù mèy Épeldy Ty cpuyy, T0 JÈ mpary Ty Tomy. (6) Scut. Herc., 221. Le poëte se sert du mot générique 40p, bien qu’il con- naisse larme nommée &pr# , voy. Theogon , 175. A la vérité on peut soutenir avec Heinrich (#4. scut. Herc., p. 172), que le premier de ces mots est em- ployé dans la même acception que le second ; opinion que semble appuyer le rapprochement des deux passages cités ci-dessus , not. 2. (98 ) parle de l'expédition du héros argien contre les Gorgones, ne la nomme pas, et nousen trouvons la première mention chez Phérécyde. Quoi qu'il en soit, beaucoup de monu- ments figurés (1) nous montrent une épée ordinaire aux mains du fils de Danaë,etily a lieu de croire que c’est aussi la forme que devait adopter la tradition suivant laquelle le nom de Mycènes viendrait du fourreau de l'épée de Persée, tombé dans le lieu où s'élève cette ville (2). Du reste, la harpé, qui paraît être identique avec le Drépa- LA non (3), était une épée en usage chez divers peuples de l'Asie (4). Il est probable que c’est la forme qu'avait le glaive d’or du Jupiter Chrysaorus des Cariens (5), et je suis disposé à croire que c'était aussi dans l'Asie, celle du glaive de Mithras (6) avec lequel Persée semble s’iden- üfier (7). Des motifs astronomiques ont encore fait attri- (1) Monnaie de Sébasté chez Eckel, Vum. Anecd., p. 54. Gori, Mus. Etrusc., vol. IT, tab. CXLV. Micali, Monumenti per servire alla storia degli ant. popoli ital., tav. XXII. De Witte, Catalogue étrusque , n° 87. In- gbirami , Monum. Etruschi, 1, tav. LIV. W. Gell, Pompejana, etc. pl. 42, Millin, J’oyage dans le midi de la France, pl. LXXII. (2) Plutarch., De fluminib., XVIII, G. Pausan. II, 16, 5. Cf. Creuzer, Relig. de l’antiq. , trad. par M. Guigniaut, t. III, P. 11, p.161. (5) Stephan, Thesaur. L. Græc., voc. Apérasoy, t. II, p. 1677. Didot. (4) Hérodote attribue le drépanon aux Cariens de l’armée de Xerxès, lib. V, 112. T. II, p. 217. Bæbr. (5) Strabon., Geogr., XIV, %5, p. 660 (t. III, p. 43. Coray). Ælian., Hist. animal, XII, 50, p.278, ed. Jacobs. (6) Je sais que les représentations mithriaques arrivées jusqu’à nous offrent le glaive droit. Mais ce fait prouve peu contre ma conjecture ; car tous ces monuments appartiennent à l’époque romaine. Un autre monument également romain mais relatifà un culte oriental, je veux parler d’un autel trouvé à Lyon, montre la harpé servant de couteau de sacrifice pour un taurobole. Voy. Millin, Galerie mythologique, IV, 11. (7) Voir surl’identité de ces deux personnages Creuzer, Symbolik , etc. , 1.1,s. 267, fg. 5 Ausg., 1.11, P. 1, p. 157, svv., de la trad, de M. Gui- gniaut. (99 ) buer la harpé à d’autres dieux ou héros grecs : c’est avec cette arme que Cronos mutile Vranus (1), que Mercure tue Argus le gardien d'Io (2), et qu'Hercule coupe les têtes de l’hydre de Lerne (5). Avant d'aller attaquer les Gorgones, Persée se rendit chez les nymphes et en reçut trois objets indispensables à la réussite de son entreprise, à savoir : les talonnières qui devaient le transporter au delà des mers, la cibise destinée à renfermer la tête de Méduse, et le casque d'Hadès, qui devait le rendre invisible (4) et le soustraire à la poursuite des sœurs de la Gorgone (5). Au revers d’une amphore à inscriptions représentant le combat d'Hercule avec Gé- ryon (6), on voit les nymphes, NEIAEZ, faisant la re- mise des objets en question au héros argien, IHEPZEVES, accompagné de Minerve, AOENAIE. On remarquera (1) Hesiod., Theogon. , 179. Voyez une pierre gravée de Stosch chez Millin, Galerie myth., pl. 1,1. Un denier de la famille Sentia, ébid., 4, etune médaille d'Alexandrie, ébid., 3. Sur ce dernier monument , qui appartient à l'Orient, la harpé a une extrémité droite et l’autre recourbée , tandis que sur les premiers , qui sont romains , elle a la forme de la faucille. (2) Lucan. Pharsal., IX, 665. Cf. une pâte en verre du musée royal de Berlin , publiée par M. Panofka, Ærgos Panoptes, taf. III, 1. (5) Voy. un vase du musée du Louvre chez Millin, Peënt. de vases, II, pl. LXXV, et un autre du musée de Berlin, publié dans les Bulletins de l’a- cadémie royale de Bruxelles, 1840 , n° 8, t. VII, P. IT, p. 122. (4) Voy. sur cette propriété du casque d'Hadès les observations de M. le duc de Luynes, Études numismatiques sur quelques types relatifs au culte d’Hécaté , p. 48 sv. Ce casque, pour cette raison , était devenu proverbial ; voy. Zenob. Cent. , 1, 41, et d’autres textes cités dans la note sur ce passage (Corp. Paræmiograph. græc. , 1. 1, p.15, ed. Leutsch et Schneidewin). (5) Pherecyd. L., e., p. 91. Sturz. Apollodor., IT, 4, 2. Schol. Lyco- phron, L.,c., p. 825. Müller. (6) Ce vase appartenant à M, Millingen, est cité par M. De Witte, Étude sur le mythe de Géryon , p. 13. ( 100 ) que sur notre vase, Persée n’est muni que des ailes et du casque. Quelques auteurs (1), s’éloignant de la tradition vulgaire, les lui font donner par Mercure, tandis que sur un vase du musée grégorien au Vatican, vase dont l’inter- prétation toutefois reste toujours problématique, on (2) a eru reconnaîtrele fils de Danaë allant, sous la conduite du messager des dieux, recevoir le casque des mains d'Hadès lui-même. La coiffure de Persée sur les monuments de l’art, offre des différences de forme qui méritent d’être remarquées. Quelques-uns (5) nous montrent le héros argien coiffé du petase de voyage avec ou sans ailes. Il est difficile de croire que, dans ce cas, lesartistesaienteuen vuela fable del’em- prunt du casque d’Hadès; particularité qui a été également négligée ailleurs (4) où Persée nous apparaît la tête nue. Mais sur d’autres monuments (5) ce casque est figuré de la (1) Eratosthen, Z., c., Hygin, L., c. — Mercure avait [ui-même emprunté le casque d’Hadès dans la guerre contre les géants, Apollodor. 1, 6, 2. (2) G. Abeken, dans l’Ærchæologische Intelligenzblatt der all. Lit. xei- tung , Halle, 1857 , s.587 , fg. (5) Voy. le scarabée chez Lanzi, Saggio, etc., II, tav. IV, n°5; des mé- dailles de Sériphe chez Cadalvène, Recueil de médailles grecques inédites, pl. IV , 24 svv.; des peintures de vases chez Gerhard, Æuserl. G. Vasenb., Taf. LXXXIX, 4,et Taf. LXXX VIII. Millin, Peintures de vases, Il, 34, avec l’explication de M. Guigniaut (Religions de l'antiquité, pl. CLX; 612, tom. IV, p. 262), que je suis d'autant plus porté à approuver , qu'avant de la connaître , j'avais eu exactement la même idée. (4) Un scarabée chez Lanzi, L., c., n° 6; une monnaie de Sébasté, ap. Eckel, Num. Anecd., p. 174. Une pierre gravée chez Millin, 7’oyage dans le midi de la France, pl. LXXII, 5. Une peinture de vase chez Gerhard , Va- senbild., Taf. LXXXIX , 1. (5) Voy. Dempster, £trur. Reg., 11, 4. Micali, ouv. c., LXXXVIIL, 5. Panofka , Museo Bartoldiano, p.77. De Witte, Catalogue étrusque ; n°87. - sprl ( 101 ) manière ordinaire, quoiqu'avec des détails différents : il est quelquefois muni d'ailes et surmonté d’une tête de vau- tour ou plutôt d'aigle (4), oiseau qui sert d'attribut aussi bien au Zeus Chthonius (2) qu'au maître de l’'Olympe. Enfin des monuments d’une troisième catégorie nous présentent Persée avec la mitre phrygienne ou asiatique : ce sont principalement des médailles de divers peuples de l'Asie mineure , les mêmes précisément qui nous ont fait voir la harpé avec une extrémité droite et une extrémité recour- bée. Dans la classe des vases peints, la même coiffure ne se rencontre pas seulement sur celui qui est publié ici, mais sur deux autres encore, dont l’un provient égale- ment de la Basilicate (5) et l’autre de Chiusi (4). Le bonnet asiatique nous ramène de nouveau à Persée-Mithras. Mais nul doute que dans la pensée des artistes, il ne fasse en même temps allusion au casque d'Hadès. Ce point résul- (1) Sur des médailles d’Iconium en Lycaonie (Mionnet, t. III, p. 554, n° 7), de Sériphe (Mionnet, Supplément, t. IV, p. 400 , n° 258), d’Aly- patea (/bid., Supplément, t. VI, p.563), des rois de Macédoine (/bid., t. 1, p. 587-590 , n° 944), etc. (2) Plusieurs peintures de vases présentent le sceptre d'Hadès surmonté d’un aigle. Foy. De Witte, Catalogue Durand, n° 208. Gerhard, 4rchacolo- gische Zeitung, Taf. XI et XII. Mysterienbilder , Taf. I, IT, IV. (3) De Witte, Catalogue Durand , n°245.— La rencontre de Persée coiffé du bonnet phrygien sur deux vases peints de la Basilicate , pourrait suggérer l'idée , que c’est également ce héros que représente l’antéfixe découvert dans la même contrée , notamment à Métaponte , et publié par M. le duc de Luynes (Métaponte , pl. 11). Cette conjecture, qui paraîtra sans doute bien hasardée , tire cependant quelque vraisemblance de la circonstance qu’un second antéfixe trouvé avec celui-ci représente Isis ou Lo. Or, il est connu que Persée se rap- proche beaucoup d'Osiris (Cf. Creuzer , Symbolik, t. IV, 8,242, [g., 5" Ausg.), et qu'il a une descendance commune avec Jo, (4) Micali , ouv, e., Tav. XXII. ( 102 ) tant déjà de la simple considération que l’un était l'arme défensive de la tête en Asie, comme l’autre l'était chez les Grecs, se trouve en outre confirmé par un passage d’A- chilles Tatius (1). Suivant Apollodore (2), Persée, afin de ne pas être pé- trifié par la vue de Méduse, fut obligé pour lui trancher la tête de suivre des yeux son image réfléchie dans un bou- clier d’airain (5). Ce fait se trouve figuré sur deux monu- ments anciens (4), dont l’un montre le bouclier porté par Minerve même. Il est évident que celui que tient la déesse sur notre vase à la même destination. Dans le récit de Phérécyde (5) au contraire, ce n’est point un bouclier, mais un miroir que Minerve donne à Persée. Une peinture de vase que j'ai déjà eu occasion de mentionner plus haut (6), parait offrir le miroir en question. Je vais décrire ici ce monument d'après M. De Witte, en essayant toutefois de réformer l'explication qu’il en a donnée (7). Persée, vêtu d'une chlamyde, est assis sur un rocher. La mitre phry- gienne orne sa tête, et ses pieds sont chaussés de bottines. Il s'appuie de la main droite sur une lance, que plus tard (1) Z. c. : IfAos D adroD Tÿy eoulÿy nuÜmTer 6 mThcc dÈ ÜTYYITTETO Ty “Aldbe xuyÉYY. (2) II, 4,2. (3) Selon d’autres, ce bouclier était de verre; Mythographi Vatic., W, 112, p.115. Bode : Accepto a Minerva, ne a Gorgone posset videri, Virreo clypeo. (4) La pierre gravée précitée chez Millin, Voyage, etc., pl. LXXII, 5, et la médaille de Sébasté en Galatie , chez Eckel, NW, À. p. 174. Cf. Guigniaut , Religions de l’antiquité, etc., tom. IV. Explication des planches (CLXX, 609 sv.), p. 261. (5) 4p. Schol. Apollon., IV, 1515. (P.91, Sturz). Cf. Tzetzes ad Lycophr., L. c., p.825, Müller. (6) P. 101, not. 5. (7) Catalogue Durand, p.75 sv. ( 103 ) il échangera, comme sur notre vase, contre la harpé. En face de lui est Minerve debout, tenant d’une main sa lance et portant de l’autre non pas la tête de Méduse, car rien n’annonce que le fils de Danaë est déjà vainqueur, mais l'image de la Gorgone qu’elle vient présenter au héros ar- gien, afin de la lui faire connaître (1). En arrière de celui-ci, on voit une femme vêtue, de même que Minerve, d’une tunique talaire; elle appuie le pied gauche sur un rocher et tient en main un miroir. Selon moi, cette femme serait en tout cas Danaë plutôt qu'Andromède ; mais je préfère y reconnaître une des nymphes, de qui Persée reçut la ci- bise, les talonnières et le casque d’Hadès, et par qui le peintre du vase lui fait remettre également le miroir des- tiné à réfléchir l’image de la Gorgone. La peinture du revers de notre vase offre une scène de bacchanale. Un satyre nu et une bacchante dansent en face l’un de l’autre, aux sons du tympanum dont joue le pre- mier. Cette représentation bachique se trouve en rapport convenable avec la composition de la peinture principale. Lorsque, dans le cours de ses conquêtes, Bacchus arriva à Argos, Persée tenta de l'en repousser par la force des armes, et il fallut l'intervention de Mercure pour mettre fin à la guerre (2). Pausanias vit encore dans cette ville plusieurs tombeaux des femmes de l’armée de Bacchus, qui étaient restées sur le champ de bataille (3). On a reconnu avec rai- (1) Tzetzes, L. c., p. 824 : droypäbasa aa ÜrodeiËura Toûta Ëy &wypx- glas Ty Vopyéva. Voy. ci-dessus, p. 95. (2) Nonous, Dionys., XLVIT, 498, sqq. Cf. Pausan., II , 20, 5. Selon une autre version, Bacchus aurait même été tué par Persée; Voy. Euseb., Chron. L. post DCCXX , August, de Civit. Dei, XVII, 12, et d’autres textes cités par Lobeck, Æglaophamus, p. 575 , sq. (3) 11, 22, 1. ( 104) son dans cet événement mythologiqne, l'expression de l'opposition que rencontra l'introduction du culte bachi- que à Argos (1). L'ensemble des peintures de notre vase (2) rappelle donc l’antagonisme du culte de ces deux divinités solaires (5). Notice sur la géographie de l'Europe, selon le système des Phéniciens, par M. Marchal, membre de l’académie. Lue dans la séance du 6 juillet 1844. Des colonies phéniciennes, mélange de deux nations, 1° les Sidoniens et les Tyriens ou Chananéens, 2° les Israélites, s’établirent sur tous les rivages de la mer Médi- terranée et sur la côte de l'Océan atlantique. Des intérêts commerciaux unissaient les deux nations; le même lan- gage leur était commun; nous pouvons en conclure que leurs connaissances géographiques étaient également com- munes. Pour le constater, en ce qui concerne la partie de l'Europe où ils formèrent des établissements, nous allons faire usage principalement de la Bible. Notre intention est donc d'expliquer le système géogra- phique des descendants de Noé, sans chercher à faire coïncider ce système avec les opinions des écrivains mo- (1) Voy. Raoul-Rochette, Æist. de l’établissement des colonies grecques , tom. I, pag. 68, not. 1. Creuzer, Religions de l’antiquité , etc., trad. par 1.-D. Guigniaut, tom. III, p. 5 svv. et 452. (2) Cf. une médaille d’Iconium en Lycaonie, offrant, d’un côté, la tête de Bacchus ceinte de lierre, et de l’autre, Persée avec la harpé et la tête de Méduse. Mionnet, t. IL, p.554, no 5. (5) Voir sur Persée comme héros solaire, Creuzer, ouv, c., t. III, Part. IH, p. 455 svv. Cf. le duc de Luynes, Études numismatiques , etc., p. 48 svv. Éd Bulletin de Tome XI. LE Partie; Page 10.4. PDegobert. Litéi dus Rov et de VAcadente L ion de bachi- vase (2) vinités me des le. Lue lions, EE e que / / com- | lie de | | | llons | Ogra- / A | = faire | | me | - f < ques, | d: par Léte de ( À L éduse 8 su» ) e Légee cette a bah bn unter: ( 105 ) dernes , sur les différentes races du genre humain , et sans examiner si ces races étaient aborigènes, ou bien si elles sont venues de proche en proche, s'établir de la haute Asie dans leurs contrées respectives. Selon Bochart, auteur d’une géographie sacrée, intitulée : Phaleg et Canaan (Leyde, 1692, in-fol.), ouvrage de la plus profonde érudition, le point de départ de la géogra- phie noachite est sur les rives supérieures du Tygre, vers la Chaldée. Bochart divise le monde primitif en deux par- ties, l'Orient ou Kadem, et l'Occident ou Aäreb, d'où vient le nom de l'Europe. Le mot Kadem (p.50), en langue hébraïque, signifie ce qui est en avant , ou antérieur, relativement à la marche diurne du soleil. Tous les lexiques sont d'accord sur cette traduction. De là le nom propre de Cadmus et l'adjectif Cadmeus, l'un et l’autre donnés aux colonies provenant de l'Orient, telles que la ville de Thèbes en Béotie, fondée par Cad- mus le Phénicien, et la ville de Carthage, surnommée Cad- meia par Silius Italicus, Étienne de Bysance et d'autres auteurs. (Voir aussi Hendreich, Historia Carthaginiensium , p. 56.) Le mot Aûreb, ou Gharb, la lettre G étant très-fortement gutturale , comme dans la langue flamande, signifie donc l'Occident, dans les langues orientales. C'est encore actuel- lement le surnom des Maugrebins ou des Algériens, des Maures et des Marocains. On lit au dictionnaire hébraïque de Simon (Lipsiae, 1757, p. 757) : Obscuratus, obtenebra- tus, corvus niger, etc. De là provient le nom de l'Arabie, contrée occidentale relativement aux rives du Tygre et de l'Euphrate, entre lesquelles la Bible a placé le premier foyer de la civilisation. Montes Ararat , dit Bochart, ad aquilo- (106 ) nem Babyloniae, Chaldaei MEKOUDEM reddunt (du participe passé de Kadem), a principio, alii orientem versus. Capellus reddit ex KEDMIO , seu orientem dici, quicquid trans Tygrim et AAREB, occasus, quicquid cis Tygrim. C’est d’après cette division, qu’au chapitre XIII de la Ge- nèse, Abraham se sépare de Loth, dans l'intention de n'avoir plus aucune relation avec lui. On comprend d’a- près cela, selon Bochart (p. 46), le sens des premiers versets du chapitre XI de la même Genèse, où les hom- mes commencent à se séparer : Cum proficiscerentur de Oriente, etc. , etc. Telle était l’idée vague donnée au mot géographique Aäreb, Gharb, Europe chez les Chaldéens. Chez les Grecs celui de l'Asie, qui était primitivement aussi vague, ne s’adaptait qu’à l’Anatolie. Selon le géographe Agathémère, la limite de l'Asie et de l’Europe fut primitivement au eours du Phase et à la mer Caspienne : Acag dE za Edpornc oi ue apyouor Dasw rorTauoy nai Te ec Kasmec, etc. Il ajoute que le mot Asie vient de &75ev , c’est-à-dire la voilure qui fait avancer l’Eu- rope. Scylax qui voyagea sur les côtes de l'Europe et de l'Asie, par ordre de Darius, fils d’Hystape, est le premier qui place la séparation vague de l’Europe et de l'Asie au cours du Tanaïs. Hérodote faisaitusage du nom d’Asie, c'était surtout pour désigner l'empire des Mèdes et des Perses qui commençait à l’Anatolie, c'était de la même manière que les Phéniciens désignaient l’Aäreb, l'Europe ou l'Occident, pour faire con- naître le bassin de la mer Méditerranée qui est à leur occi- dent; comprenant sous ce même nom notre Europe et la côte d'Afrique. Celle-ci était appelée Libye, du mot hébreu Lebie, selon la prononciation d'Houbigan, qui signifie Lion, pays des lions. (V. les lexiques.) nn. (107 ) Ni Hérodote, ni les anciens Grecs, en général, ne con- naissent le nom d'Afrique ; Hérodote qui rapportait tout son récit à la confédération hellénique, se sert du nom de Libye pour désigner l'Afrique. Il disait que la Libye est coupée en deux sections par le Nil (V. Euterpe) , de même, ajoute-il, que l’Europe est aussi divisée en deux sections par l’Ister : mais il n’a aucune idée précise sur ce qu’ac- tuellemént on appelle les trois parties du monde ancien. Aristote, dont l'esprit méthodique a établi tant de clas- sifications dans les sciences et les arts, est lepremier, dans son traité sur le Monde, qui distribue en trois grandes sec- tions la terre habitable, l'Europe, l'Asie et la Libye; il considère toujours ces troissections relativement à la domi- nation grecque. Cest seulement sous la domination ro- maine que le nom de la province consulaire d'Afrique fut substitué à celui de Libye, et s’étendit à toute la partie du monde qui le porte. Insensiblement, vers la fin de l'empire romain, la géographie adopta, comme idée normale, la di- vision des trois parties de l’ancien monde. L’insuffisance, en y comprenant l’Amérique, se démontre plus que ja- mais, depuis la découverte des vastes régions océaniques et arctiques, qui pourraient faireaussi plusieurs autres parties du monde, car les noms d'Océanie, d'Australie, de Poly- nésie sont trop vagues. Revenons à la dislocation noachite, pour arriver chez les Gaulois, nos ancêtres. Sem, aïeul des Hébreux, était dans les terres de l'Orient ou du Kadem ; Japhet, le troi- sième fils de Noé, s'étendit sur les terres de l'Occident ou du Aäreb par l'Archipel. Cham, second fils de Noé, fut maudit, tandis que ses deux autres frères étaient bénis. Cette malédiction s'explique aisément : Cham était, relati- vement aux Iraélites ou Hébreux, qui sont les descendants { 108 ) de Sem, le père des Égyptiens, des Chananéens , des As- syriens, tous ennemis naturels des Hébreux. Il ne fut donc point d’une nature inférieure à ses frères, parcequ'il était la tige de la race nègre de l’intérieur de l'Afrique, esclave des races blanches, car les Chananéens, les Assyriens et les Phéniciens sont de notre race caucasique ou arabe-euro- péenne. Les enfants de Japhet (Audax lapeti genus, selon l’ex- pression poétique d'Horace) nous intéressent uniquement. L'ainé est appelé Gomer où Gomar; il y a deux autres fils qui le suivent; viennentaprès eux Javan, son quatrième fils, et d’autres qui nous sont totalement étrangers. La Genèse, d’ailleurs, qui ne fait mention que de la postérité deGomer et de Javan , au 10° chapitre, parle isolément plus loin de la postérité de Sem , à un autre chapitre, ce qui prouve que le nord de l'Europe fut toujours inconnu des anciens; mais on sait que Gomer est le père des Cimbres ou Germains. Nous allons expliquer la postérité des enfants de Javan, qui peuplèrent par leur arrivée nomade, selon la Bible, le midi de l’Europe. Nous verrons à la fin de cette notice, qu'il nous semble que c’est une erreur de considérer Gomer pour le père des Gaulois : Javan nous paraît être le chef de la population de cette contrée. On lit au 4° verset du même chapitre X de la Genèse, que les filsde Javan étaient Élisa et Tharsis, Cethim et Dodanim. Tel est le texte de ce passage; on y remarque deux grou- pes : 4e Élisa et Tharsis; 2° Cethim et Dodanim. Le mot Javan, dans la version des Septante, est Zoùan, Loûn ; cesont les Joniens ou Grecs de toute la péninsule d’A- natolie, limitrophe au territoire syrien et aux peuples qui parlent la langue hébraïque et chaldaïque. C’est une chose superflue de dire que le mot Joùneh, dans toutes les lan- (109 ) gues orientales, ayant pour base l'arabe et l'hébreu , signifie les Grecs asiatiques depuis la Cilicie, la Carie, Chypre, etc. C’est au delà des eaux, c'est-à-dire sur les ri- vages de la Méditerranée et de l’Archipel, que se trouve le point de départ pour l’Aäreb des Phéniciens etdes Hébreux. Le même chapitre X de la Genèse porte, verset 5° : Ab his divisae sunt inter insulas gentium, in regienibus suis, unusquisque secundum linguam suam et familias suas, in nalionibus suis. La linguistique doit donc être consi- dérée dans cette dislocation. Selon Dom Calmet, com- mentateur de la Bible (1-100), le mot insulae signifie les pays d'outre-mer, séparés de la Palestine, qui est la contrée habitée par les Phéniciens et les Hébreux, ayant sur les côtes du bassin de la Méditerranée, des comp- toirs où ils ne pouvaient aller que par mer. Dom Calmet en ajouté la nomenclature: il dit : « Comme les Espagnes, » les Gaules, l'Italie, la Grèce et l’Asie mineure; » ce qui est conforme à tout ce que nous avançons. Dom Calmet nous conduit donc sur les traces de la géographie noachite. Élisa est l'aîné des quatre fils de Javan ; c’est la dénomi- nation des Hellènes dans les îles de lArchipel et dans la Grèce européenne, qui fait suite à la Grèce asiatique. L'Élide en paraît être le plus ancien térritoire, depuis la fondation phénicienne d’Argos dans le Péloponèse. Telle est l'opinion de Bochart (Phaleg., 158), qui est conforme à celle de Volney. Elisa , aliis Hellas, potius Elis, in genere Peloponesus. Le nom d'Élisa, pour l'Archipel, était connu vulgairement à l'époque de la prise de Tyr par Nabuchodonosor. Ézé- chiel en conserve le souvenir, dans une lamentation sur la destruction du commerce tyrien (XXXVII-7). Il dit : « Vous n'aurez plus le fin lin d'Égypte, ni les étoffes de couleur Tom. x1. 9. (110 ) hyacinthe ou pourpre des îles d'Élisa, pour vos pavillons. Et purpura deinsulis Elisa. Bochart, explique ainsi ce mot (514-78) : Ex insulis Aegei et Cretici Maris, ce qui est con- forme aux opinions encore existantes actuellement sur l'industrie des Grecs; car chacun sait que si la Phénicie fournissait la pourpre animale, c’est-à-dire, provenant du Murex, la Grèce a toujours fourni des étoffes de couleur végétale, rouge et hyacinthe. Cette teinture est encore en ce moment connue sous le nom de Rouge d'Andrinople, qui provient de la garance (Rubea tinctorum), plante origi- naire dela Grèce, selon Duhamel, p. 5 , et selon Decaisne, (Mémoirecouronné par notre Académie). On sait que Colbert fit cultiver la garance provenant de Smyrne, dans la Pro- venceet la Normandie, et que de là cette culture est passée en Zélande et en Belgique. Le mot Élisa doit s'étendre sur la Sicile et l'Italie méri- dionale ou la Grande-Grèce, ces deux contrées étaient cou- vertes de colonies helléniques, qui en avaient la souve- raineté. Ce mot doit même s'étendre jusqu'à Rome. Car, selon Denys d'Halicarnasse, chez les anciens, Niebuhr, chez nos contemporains, et selon toute la critique philo- logique, Rome était une colonie grecque; elle était une forteresse par excellence, selon son étymologie. Son nom le signifie; car Poun se traduit: Vis et Robur (V. Platon, de legibus et ro Poux, Vis, impetus), selon le lexique de Crispinus, publié en 4566, qui nous paraît être le meil- leur ouvrage sur cette spécialité. Après le mot Élisa, qui s'étend depuis l’île de Crète jus- que’à la Sicile, ayant au nord les deux péninsules hel- lénique et italique, vient le nom de Tharsis, qui est le second fils de Javan. IL est après Élisa , il est le second frère de ces deux personnages, Élisa et Tharsis; il est (ab ») donc plus loin. C'est la troisième des grandes Péninsules du Aäreb. Ce ne peut être la ville de Tarse en Cilicie, comme le prétend Flave-Josephe, presque toujours bien informé, mais qui s'explique ici d'une manière problématique, en faisant remarquer que Tharsis , fils de Javan, s'écrit par un Th, tandis que le nom de la ville de Tarse sécrit par un 7, dont la prononciation grecque est fort différente. Saint Jérôme, Béda, le glossaire critique du Mamotrectus, sont en faveur de la ville de Tarse; Volney suit leur opi- nion. Le dictionnaire d'Étienne de Byzance renverse toutes ces opinions ; il dit à l’article de la ville de Tarse, qu’elle fut bâtie par Sardanapale, et ensuite colonisée par les Grecs d'Argos : Kzsua Ecpoavaras…. ancinos Apyawv, etc., etc. Strabon indique cette colonie (p. 675 et 750). Eusèbe est d’une opinion, sur Tharsis, qui me paraît être la véritable. Voici mon raisonnement contre Volney et les autres. Il ne s’agit pas d’une ville dans cette dislocation, mais d’une contrée. D'ailleurs, le nom de Tharsis avec Th est souvent répété dans la Bible; il se rapporte toujours à une grande contrée fort éloignée, relativement à la Phénicie, et riche en métaux. Or, la ville de Tarse ne fai- sait pas le commerce des métaux. Le mot Tharsis signifie la péninsule espagnole, vers laquelle les Tyriens et les Israélites naviguaient continuellement. L’homonymie est incontestable; on litau livre 3"° des Rois (X-22) que la flotte de Salomon avec celle d'Hiram, allait tous les trois ansen Tharsis, d’où elle rapportait l’or et l'argent, etc. {Se- mel per tres annos ibat in Tharsis). On apporte de Tharsis le meilleur argent, dit Jérémie, (X, 9) : Argentum involutum de Tharsis defertur. Une preuve plus convaincante est le commerce de l'étain, pro- (112) duction exportée uniquement des îles Britanniques et qui s’expédiait par l’entrepôt de Cadix. Voici, concernant ces métaux, le passage d'Ézéchiel (XXVIT, 15) : Carthaginienses, negociatores lui, argento, ferro , STANNO, plumboque reple- verunt nundinas tuas. Bochart l’interprétait ainsi (Canaan, 165 et 166) : Tharsis describitur omnibus metallis dives, argento, ferro, etc. Il cite ensuite spécialement létain, stannum. Les mots hébreux Bret-Anac, selon lui, signifient : pays de l'étain. Selon Agathémère, le Bret-Ania se composait de deux iles, Albion et Hibernie. Dom Calmet suit l'opinion de Bochart, qui dit que Tharsisest l'Espagne, selon Eusèbe (Praep. evangel.) : Unus veterum mihi videlur rem acute tetigisse, Eusebius scilicet, cujus haec verba : Oxpaeus , &ë # Iénpes. Tharsis ex quolIberia seu Hispania. Enfin Bochart démontre que le mot Tharsis est une con- traction de Thartessus: Tharsis in pro Thartesso, in tabulis foederis inter Romanos et Poenos (p. 607). Cette citation est exacte de toute manière. Je l’ai retrouvée dans Polybe (LV, 5), qui cite le traité que voici: « Entre les Romains et » leurs alliés et les Carthaginois, les Tyriens, les Uticiens » et les alliés de tous ces peuples, il y aura alliance, à con- » dition que les Romains ne pilleront plus, ni ne trafique- » ront, ni ne bâtiront aucune ville au delà du beau pro- » montoire et du Tharseium : Le premier est le cap le plus » rapproché entre la Sicile et l'Afrique. » (Voir Trad. franc. de Polybe. Paris , 1857). Quant au Tharseium, Strabon (pag. 159) désigne la Turdetanie, ou (p. 390 trad. Coray) c'est Tartesse pour la Bétique ou l'Espagne méridionale. Ce littoral s’étendait jusqu’à Malaga, l’un des entrepôts des Phéniciens, selon le même Strabon, p. 156. (113) Le cap Tarseium est à l'occident de Malaga, selon les vers suivants de Festus Avienus, dans le poëme intitulé : Ora maritima ; ce poëme fut composé d'après les plus anciens documents géographiques, comme le démontre M. Walckenaer, dans sa Géographie des Gaules (E, p. 105). Voici l'explication de ce passage : le poëte, après avoir conduit le voyageur depuis les îles Britanniques jusqu'aux colonnes d'Hercule, lui fait parcourir la côte espagnole de la mer Méditerranée : Et rursus inde si petat quisquam pede, Tanressiorum littus exsuperet viam , Vix haec quarta, si quis ad nostrum mare Malaccaeque portum semitam tetendit , In quinque soles est iter.… Il y a effectivement, selon la note à ce passage, dans la collection des Poetae latini minores (tom. V, p. 1196), cinq journées d'étape maritime de Cadix à Malaga ; le cap de Tharsis ou du Tarseium est donc le point principal. Si l'on considère le promontoire, c’est la partie la plus avancée de la côte d'Espagne; si l’on considère le fleuve, c’est le Bétis ou la Guadiana. C'est une chose superflue de remarquer que ce passage adapté aux Carthaginois, se réfère aux Tyriens ; les pre- miers apportaient l’étain et le plomb à la métropole. Ézéchiel le dit en parlant de la destruction de Tyr par Na- buchodonosor, comme on vient de le citer (XXVIT, 12), Carthaginienses, negociatores tui, a multitudine cunctarum diviliarum argento, ferro, stanno, plumboque repleverunt nundinas tuas. Homère lui-même, d'après l'interprétation du judicieux Strabon (p.149), aurait connu cette contrée. 1 lui donne le nom de Tartesse (Iiade, VIF, 485 et 486). Tartesse, où va ( 114 ) se perdre dans l'Océan , la brillante lumière du soleil, trai- nant après lui la sombre nuit sur la surface de la terre fé- conde. » (T.I, p.429, dela traduction deStrabon, par Coray). Strabon nous apprend aussi que de ce mot, Homère a fait le Tartare : « On à pu présumer, dit-il (p.149 du texte grec), » que le poëte ayant entendu parler de Tartesse, en aura » voulu tirer le nom du Tartare, pour désigner le lieu le » plus reculé de la terre, et y aura ajouté les fictions que » lui permettaient les priviléges de la poésie. » En effet, l'Erèbe ou le Aäreb, est le lieu des ténèbres occidentales, comme on l’a dit au commencement de cette notice. Homère et les anciens s’imaginaient que l'Océan est un fleuve autour de l'Europe; Strabon ajoute que les Cim- mériens d'Homère sont voisins de l’enfer. Ce sont ceux du Bosphore de Crimée, parce que pour aller jusqu’à la côte de la mer du Nord, habitée par ces Cimmériens, il fallait traverser les colonnes d'Hercule et ranger ensuite l’Ibérie, la Gaule, etc. Nous l’expliquerons en parlant des enfants de Gomer à la fin de cette notice. Enfin l’abréviateur Justin, celui des écrivains anciens de l’histoire universelle qui nous paraît le mieux informé, désigne les Tartesiens, juxta fluvium Tagum, dans la Lu- sitanie (XLIV, 5 et 4.) : Saltus vero Tartessiorum , in quibus Titanes bellum adversus deos gessisse proditur. Il indique plus loin cette contrée près de l'Océan, in Oceano. Ainsi le groupe des deux fils aînés de Javan, placés en- semble, Élisa et Tharsis, représente les trois péninsules de l'Europe méridionale : Quisque secundum linguam suam , et comme dit aussi la Bible (Gen., X,52) : juxta populos el nationes suas. Passons à l'explication du second groupe, Cethim et Do- danim, qui sont les 5° et 4° fils de Javan; chacun de ces Messe. ( 115 ) deux groupes présente la désinence im, qui marque le plu- riel hébraïque : il y avait deux nations formant les Cethim et deux autres nations formant les Dodanim. Selon saint Jérôme et Volney, Cethim serait l'ile de Chy- pre; leur opinion nous paraît avancée sur une fausse hypo- thèse de Flave-Josephe, qui présume que de son temps en- core, il yavait la ville de Kition, dans l’ilede Chypre. Je dis : hypothèse, parce que Flave-Josephe lui-même fait remar- quer que les Grecs ont altéré tous ces noms. ( Antiquités judaïques , T, cap. VI.) Il est lui-même entrainé souvent par cette fausse école. Mais laissons la subtilité des étymologies aux linguistes philellènes, cherchons les noms dans l’his- toire. On lit aux premières lignes des Machabées, « après » qu'Alexandre, roi de Macédoine, fils de Philippe, fut sorti » du pays de Cethim (egressus de terrà Cethim), et qu'il eut » vaincu Darius, roi des Perses et des Mèdes. » Le mot Cethim est employé ici dans un sens et dans un temps qui ne laissent aucun doute sur la traduction de ce nom géo- graphique, par celui de la Macédoine, car les deux livres des Machabées furent écrits plus de cent ans après la ver- sion des Septante. Si c’est un des motifs qui font exclure ces deux livres de la Bible des protestants, je ne discute point ces motifs qui sont étrangers à la philologie; mais je fais observer que ces deux livres ont tous les caractères de la certitude historique ; ils sont écrits avec beaucoup de talent et de précision. Le mot Cethim, pays que les républiques de la Grèce regardèrent à peu près comme étranger et qu’elles ne re- connurent que forcément , dans leur conseil fédéral des ampbhictyons, sous Philippe, père d'Alexandre , était donc le nom vulgaire de la Macédoine, chez les peuples de la Palestine, à l'époque où les Machabées contractèrent al- ( 116 ) liance avec le sénat et le peuple romain. D'ailleurs ce mot Cethim, se reproduit plusieurs fois dans Ézéchiel et dans plusieurs autres livres de l'antiquité biblique; toutes ses in- terprétations se rapportent au nord de la Grèce, qui est la Macédoine, et au nord des îles d'Élisa. Nous donnons, pour dernière remarque, le passage suivant des mêmes Macha- bées (E, ch. VIII-7.): « Ils font un traité avec les Romains, parce que ceux-ci sont les maîtres de l'Espagne, ou Thar- sis. » Ils ont réduit en leur puissance, dit le texte, les mines d’or et d'argent qui sont en ce pays-là (1, Mach., VIT, 5). 11 y a plus loin : « Ils (les Romains) ont vaincu Philippe et Persée, rois des Cethéens. » Ce sont les deux guerres de Macédoine et le triomphe de Panl Émile. Le nom de Macédoine est agrégé à celui de l'Hlyrie, eon- trée tellement annexée à la Macédoine, que les Grecs ne donnent point l'épithète de barbares aux Illyriens. L'Illyrie et la Macédoine, c’est-à-dire les deux jumeaux qui sont le pluriel hébreu Cethim , commencent aux derniers chaîinons des Alpes. La langue illyrique ou slave pénètre jusqu’en Macédoine; elle y est même celle de la plus grande partie de la population; je puis en parler avec d'autant plus de confiance que j'ai parcouru ces contrées, lorsque j'étais fonctionnaire français, sous l'Empire. Le texte de Bochart (Canaan, 157, etc.) reconnait, d'a- près des commentateurs tant rabbins que chrétiens , que Cethim s'étend jusque à la côte de Liburnie (Liburnia le- gendum). C'est une partie du littoral hongrois et dalmate de l’Adriatique; je l’ai habitée. Après avoir démontré que Cethim doit être la Macédoine avec l'Ellyrie, il faut prouver que ce ne peut être l'ile de Chypre, qui d’ailleurs ne serait qu'une parcelle, tandis qu’il faut une grande contrée, Bo- chart nous apprend (Canaan, 554) que Chypre étaitappelé (117) Kophar et Kyniros, par les Hébreux. Il cite un passage du Cantique des Cantiques (F, 15) : Botrus Cypri, dilectus meus, « mon bien-aimé est comme une grappe de raisin de » Chypre.» Voir la traduction de la Bible catholique de Sacy. Je la préfère ici à la traduction de Martin ou Bible protestante, qui dit: le troësne. Des hébraïsans décideront la question. Le troisième fils de Javan étant au nord d'Élisa, et se trouvant colonisateur (qu’on nous permette cette expres- sion) de la Macédoine et de l'Illyrie, au pied des Alpes, ses frères jumeaux, aussi au pluriel, sont les Dodanim ; ils doi- vent être plus loin, au pied de cette chaine de montagnes qui couvre l'Italie septentrionale et qui se prolonge dans le midi de la Gaule orientale, en Dauphiné et en Provence, formant le complément d’un angle droit dont le sommet se trouve dans le Piémont. Ce mot Dodanim est un pluriel hébreu; en effet il dési- gne les deux sections de la même nation, dont l’une est les Gaulois, dits cisalpins, relativement à la ville de Rome, et qui habitaient la fertile vallée de l'Éridan jusqu’au rivage de la mer Adriatique; c'était une exubérance de l’autre section, qui portait le nom de Gaule transalpine, com- mençant au rivage de la mer Méditerranée. Ces deux Gaules touchent vers l'Orient aux colonies grecques de l’Adriati- que, et aussi aux Illyriens ou Cethim ; à l'Occident aux ré- gions Ibériques ou Tharsis. Mais on nous fera deux objections, la première, que dans plusieurs passages de la Bible, le mot Dedan se rapproche de Dodanim, et la seconde, que la version des Septante à la Genèse et aux Paralipomènes ou Chroniques, porte Pox, les Rhodiens, au lieu de Dodanim ; car au fac-simile de la Bible, dite d'Alexandrie, transcrite en l'année 787 , époque ( 116 ) du second concile de Nicée, publiée à Londres, en 1816, il y a effectivement POAIOI. Voici la réponse : 1° Le mot Dedan n’est pas confondu avec Dodanim par les hébraïsans. « Dedan, prope Regmam , hodie Daden , selon Bochart (Canaan, p. 219). C’est une localité démontrée du golfe Persique; on y échangeait des marchandises pour de l'ivoire et de l’ébène. Filii Dedan , negociatores tui, dentes eburneos et hebeninos, commutaverunt in proetio tuo. (Ézé- chiel, XXVIT, 15.) Dedan est de la postérité d'Abraham , selon le chapitre XXV,5, de la Génèse, car Abraham épousa Cetura; il eut pour lilsZamran, Jacsan, etc. Jacsan quoque genuit Saba et Dadan, filii Dadan fuerunt Assurim et Latusim , etc. Par consé- quent, il n’y a pas même une entière homonymie. La poly- glotte de Walton porte à l’onkelos chaldaïque : Dodanim, pour le fils de Javan, à la dislocation noachite, selon la Genèse et les Paralipomènes, et non pas Dedan, petit-fils d'Abraham. 2° Maisles Septanteet les Paralipomènes,commeon vient de le dire, portent PoXa, l'hébreu et le samaritain à la po- lygotte de Walton portent Rhodanim, la Vulgate porte Do- danim. Ge n’est pas l’île de Rhodes. Le mot Rhodioi, le peuple des Rhodiens, pour signifier les Gaulois, confirme notre opinion et la synonymie avec Dodanim. Cette objection est loin de détruire cette syno- nymie. Laissons à part la facilité des copistes de substituer à l’hébreu le daleth au resch, ou à la Vulgate la lettre D à la lettre R. C’est un pauvre moyen, qui est d'ailleurs to- talement inutile. Nous ne dirons également point que l’île de Rhodes fût appelée primitivement Oowssa, l'ile aux serpents, selon Strabon, XIV, 655, et Pline, V, 5. ( 249 ) Mais plusieurs vers d'Homère (Iliade, XI, 656, etc.) por- tant la description de Rhodes : nomen a rosis factum (Bo- chart, p.161), donneraient un démenti sur le nom de cette ile dans des temps très-anciens. Homère redit plusieurs fois le même nom de Rhodes et des Rhodiens. Ils ont co- lonisé primitivement les bouches du Rhône. En effet si l’on considère que le Rhône (Rhodanus) est le maître-fleuve de la Gaule, au rivage de la Méditerranée , et que les Marseillais s’établirent plus tard, avec leurs colonies et dépendances, aux deux côtés de cemême rivage, on verra queles Rhodioi sont les peuples des embouchures du Rhône, tant en Provence qu’en Languedoc. Pline le dit en termes formels en parlant de Marseille (HE, 4) : Æique ubi Rhoda, Rhodionus fuit, unde dictus multo Galliarum fertilisimus amnis. Le vieux périple de Scylax, composé par ordre de Darius, fils d'Hystaspe, vers le temps synchronique de la bataille de Marathon, le dit aussi, en parlant de la Ligurie. Le mot de Rodanousiens, signifie donc les Gaulois; ce mot antique n’était pas encore en désuétude au second siècle de l'èrechrétienne, carsaint Irénée, qui fut martyr à Lyon, dans laGaule, ledit formellement: (Bochart), quas tas Podavecias, nos régions rhodanousiennes. Ce mot existait encore au mi- lieu du cinquième siècle de l'ère vulgaire. Sidoine Apolli- naire, évêque de Clermont en Auvergne, disait : Egresso mihi Rhodanusiae nostrae moenibus (Epist. 1, 5). En résumé Rhodanium est synonyme de Dodanim. Je termine en invoquant le passage suivant de Bochart (Ca- naan , 164) : Rhodanim igitur seu Rhodani ex Javane oriundi , cum in eam ipsam Galliae oram appulissent, quam deinceps saeculis occuperunt Massilienses , fluviumque inse- derunt de suo nomine Rhodani et oram jacentem Rhoda- nusiam appellarunt. ( 120 ) Je n’épuiserai point ce passage par la remarque étymolo- gique de Bochart, que Radani signifie roux, parce que parmi les Gaulois, il y a beaucoup d'individus ayant la chevelure de cette couleur. On pourrait nous faire une autre objec- üon, en prétendant que Dodanim signifie Teutones, les Teutons. Nous répondrons que ce dernier mot était inconnu de toute l'antiquité, avant la victoire remportée par Marius sur les Teutons, dans la Provence, cinquante ans seule- ment avant les campagnes de César, gendre de Marius. Sans doute César aurait fait observer que les Teutonsétaient Gaulois; il leur attribue au contraire une origine germa- nique au livre VI, etc., de la guerre des Gaules. D'ailleurs, selon Cluverius, né à Dantzig et favorable aux opinions de supériorité des Germains sur les Gaulois, le vrai nom des Teutons était Teutisci (voir Germania antiqua, p. TT, etc.), ce qui est conforme à l'opinion de Tacite, plus amplement informé que César, sur les mœurs des Germains. Tacite ap- pelle Tuisto leur Dieu principal. (Morib. Germ.) : Celebrant carminibus antiquis Tuistonem Deum, terrû editum et fi- lium manu, du mot allemand : Der Mann (l'homme , selon Cluverius, p. 72). De là ce nom national, conservé jusqu’à présent : Teutsch en allemand, Duitsch, en flamand, Te- deschi en italien; Tudesque en français. Le texte de César ne laisse aucun doute. Il dit au liv. VE, chap. 8, dans ses explications comparatives des mœurs et des lois de la Gaule d’un côté et de la Germanie de l’autre, qu'il met en parallèle : Galli se omnes ab Dile patre pro- gnatos praedicunt. « Tous les Gaulois (omnes) se prétendent » descendre de Dite, leur père.» Les deux consonnes D et T de ce mot sont trop analogues à celles de Dodan pour s’y méprendre. César, nous le redisons, n’ajoute aucune re- marque sur les Teutons ou Germains, vaincus par Marius, ne ( A2 ) son beau-père, qui sont hors de cause dans ce paragraphe. Il ne confond point les deux nations; tout au contraire, il les différencie à tous les passages qui leur sont relatifs, dans ses Commentaires ; mais il faut bien se convaincre que les Grecs et les Romains rapportaient tout à leur my- thologie et à leur histoire. Dodanim leur est done inconnu; il faut faire des recherches parmi leurs divinités ou leurs héros. Les traducteurs français disent ordinairement « les Gau- lois assurent descendre de Pluton (Dite patre) ; » mais il me semble que c’est une erreur. Freret (Acad. inscrip., XXIV, 415) s’en était déjà aperçu. Dis, ablatif Dite, n’est pas ici le dieu des enfers, mais Plutus, le dieu des ri- chesses , la Gaule méridionale, ayant des mines exploitées, jadis à légal des mines d'Espagne. Tous les dictionnaires latins nous apprennent, quoi- qu'en y ajoutant l’'homonyme de Pluton, dieu des enfers, que Dis, sacraria ditis , signifie l'enfer, etc., ete. Mais notre opinion qui traduit Dite par Plutus, dieu des richesses, ou le second de ces deux homonymes, est appuyée de la traduction grecque de César qui a été faite par Planude, moine byzantin du XIV* siècle, sur un manuscrit oriental dont les leçons offrent de nombreuses rectifications au manuscrit de notre César, transerit en Occident. On lit dans cette traduction grecque (p.157, éd. Francf., 1669), z2 IDare, C'est-à-dire de Plutus, car le mot Pluton doit se traduire par Iarwcs. d'en atteste le savant lexicon de Crispinus {éd. 1566) que je consulte de préférence aux Étienne et à des dictionnaires plus modernes. On lit dans ce lexicon la différence entre Haas, divitiae, Iatos, 8, Dis, Dilis, et immédiatement au-dessous Iaruv , vs , Pluto, et plus haut : IMarew, 70 dilor, dives sum, ( 122 ) Une autre preuve à l’appui de notre opinion, c'est que ni dans les écrits de César, ni dans aucun autre auteur de l'antiquité helléno-romaine, Pluton n’est compté parmi les dieux gaulois, qui étaient au nombre de cinq, formellement nommés et décrits par César. La divinité de Pluton était incompatible avec les idées religieuses des Gaules, puisque l'on y admettait qu'après la mort, il y a translation des âmes dans d’autres corps. Non interire animas (ax amo- Ovnoneor ai Luyex) , sed ab alüis post mortem transire ad alios, dit César (VI-14). Valère Maxime (VI, 10, Externa) explique ce dogme en disant que les Gaulois, pour faire payer leurs dettes, con- fiaient de l'argent à ceux qui sont morts. Quia persuasio- nem habuerunt animas immortales esse. Dicerem stultos, ajoute-t-il avec ironie, nisi idem braccati sensissent quod palliatus Pythagoras credidit. « Je croirais insensés ces » gens portant des brayettes, s'ils n'avaient la même pensée » que Pythagore portant un manteau. » Nous expliquerons dans une autre notice qu’il y a une autre erreur sur la métempsycose de Pythagore, d’après les idées gauloises. Les âmes ne passaient point dans les bêtes, mais dans d’autres hommes. (V. Anacharsis.) À l'appui de notre interprétation de César, qui distingue Dite, Plutus, le dieu des richesses, et non pas Dis, Pluton, ce qui doit rejeter la divinité plutonnienne, on peut citer ce passage de Lucain : Et vos barbaricos rilus, moremque sinistrum Sacrorum , Druidae , positis repetistis ab armis Miche vobis auctoribus umbrae Non tacitas Erebi sedes, Dirisque PRoruNP1 (Enfer profond.) Pallida regna petunt, regitque spiritus artus Orbe alio (Pharsal, 1, 454, etc.) RS ae TS 2 te D ( 133 ) Freret, dont je prends cette citation, que j'ai d’ailleurs vérifiée dans la Pharsale, dit que selon ce système, les âmes ne passaient point dans le royaume de Pluton (c’est ici le mot Dite), selon la croyance druidique. On doit conclure de nouveau, d’après le raisonnement de Freret, que la divi- nité de Pluton était inconnue des Gaulois. Un poëte encore plus correct et plus éloquent que Lucain, décide la question, c'est Virgile, dans l'épisode d'Orphée et d'Eurydice : Tænarias etiam fauces, alta ostia Diris (Les portes de l'enfer.) Et caligantem nigrà fermidine lucum, Ingressus, manesque adiit, REGEMQUE tremendum. (Son roi redoutable.) L'expression Ostia dilis n’est pas le nom de Pluton, mais signifie l'entrée des enfers; car deux vers plus loin Virgile cite : regemque tremendum. Ainsi Dis, Ditis, en français Dite, en hébreu Dodan, est le père des Gaulois. César ajoute, sans s'expliquer plus clairement, que c’est à cause de cette paternité que les Gaulois, dans le calcul de la période diurne, font précéder la nuit au jour. Si l'on considère, comme on le voit au commencement de celle notice, que notre civilisation vienten grandepartie des Phéniciens et des Hébreux, nous verrons que ce mode de supputation de la période diurne provient de ces mêmes Hébreux et des Phéniciens, associés entre.eux au temps de Salomon et d'Hiram. La Bible dit au 4* chapitre de la Genèse, verset 5°, « et du soir et du matin se fit le premier » jour », factum est vespere et mane dies unus. Elle ne dit pas comme nous autres modernes, du matin au soir. Non dierum numerum ut nos Romani sed noctium computant, disait Tacite en parlant des Germains, qui ont adopté une grande ( 124 ) partie de la civilisation gauloise, comme nous l’expliquons. Les Babyloniens commençaient la période diurne avec le lever du soleil. Ce sont les Romains qui ont fixé le com- mencement de celte période à minuit, qui était le commen- cement de leur 5° veille, la 41'° étant au coucher du soleil. On objectera peut-être encore ce passage de Cicéron , De natura deorum (IX, $ 67.) : Ut essent ex fabulis tria regna , divisa Jovis, Neptuni, PLUTONIS, terrena autem vis omnis alque naturae Diri praedicarunt, quia Dis est apud graecos IDazwy (Pluton). Mais l'homonymie de Dis, qui se traduit aussi par [Moures, Plutus, dieu des richesses, n'est point détruite par le passage, puisque ce mot grec est employé par Démosthène (v. Cripinus). Dite, dénomination du père des Gaulois, selon César, nous paraît donc être le même que Do- dan, fils de Javan, selon la géographie noachite. Trois auto- rités modernes, qui sont prépondérantes, l'ont assuré avant nous. C’est 1° Gosselin, Veterum Gallorum historia. Parisiis, 1638; 2 Pezron, Antiquités de la nature et de la langue des Celtes. Paris, 4705 , et 5° Dom Calmet, qui réunit toutes les critiques sur la Bible, dans un commentaire publié au mi- lieu du XVII: siècle. « Je ne sais, dit ce dernier, si les Ti- » tans, que la fable fait fils du Ciel et de la Terre, ne sont » pas du nombre des descendants de Dodanus; le nom de » Titan, ajoute-t-il, n’est pas fort différent de celui de » Dodanim. Dis avait pris naissance et avait régné près de » Dodone. » (D. Calmet, I, 100, etc.) Examinons les opinions de Gosselin et de Pezron. Quant au premier, je ne puis comprendre comment Bo- chart, dans un autre travail que son Phaleg et Canaan, s'est acharné contre Gosselin, qu'il déchire sans donner de preuves, pas même concernant les Teutons, dans l'ouvrage : De Gosselini veterum Gallorum historia judicium. Je pré- mat ide à Ca (2125 ) sume que Bochart étant calviniste et Gosselin, catholique, ayant été protégé par Richelieu, ce fut la différence de religion, dans un temps où c'élait une cause d’antipathie, qui a excité Bochart contre Gosselin. Mais Pezron, 70 ans plus tard, a vengé Gosselin, en ra- tfiant ses ouvrages au nom de la postérité. Le témoignage de Pezron va nous servir pour établir l'identité entre les Titans et les Gaulois. Il cite le poëte Callimaque , descen- dant de la race des rois macédoniens de Cyrène, et l'ami de Ptolémée Philadelphe, le second des rois Lagides de l'Égypte. C'était dans un siècle de lumières, où la science de l'histoire était profondément cultivée. Callimaque fut envoyé par Ptolémée Philadelphe, en l’année 279 avant l'ère chrétienne, au secours d'Antigonus Gonatas, roi de Macédoine, dont les états étaient envahis par les Gaulois, sous la conduite d’un Brennus. Ceux-ci, comme chacun le sait, assiégèrent la ville de Delphes pour faire le pillage du temple d’Apollon; un orage leur inspira une terreur panique; ils s'enfuirent croyant que le Dieu, avec Castor et Pollux, étaient à leur poursuite. Callimaque dans l'hymne délien , qui a rapport à cet événement, dit : O7zror dy oi mey ep EAAYYEcoI mayalpxy BapCrpixyy «ad KeAtoy ayacyoaytec Apya Oavosa Tiryves, av Forepous eyarowyres. (Y. 175.) (Tandis que les descendants des Titans accourent de l'Occident, en excitant contre les Grecs l'épée barbare et le dieu Mars celtique.) Ces termes d’un poëte bien informé, concernant la sy- nonymie des Titans et des Celtes ou Gaulois, sont expli- qués si clairement, qu'ils n’ont pas besoin de commen- Tom. x1. 10 ( 126 ) taires. Un scoliaste grec antique de ce passage, imprimé 52 ans après Pezron, qui écrivait en 1705, ne laisse aucun doute, il dit : Bpeyvoc, & roy l'oloy Basieuc, Avruyovos, tic puos Te guhadehoe IIrokeuoucv. (Brennus, roi des Gaulois, etc.) (Éd. Leipzig, 4741 , p. 78.) Apollonius de Rhodes, élève de Callimaque et ensuite son ennemi, loin de le contredire en ce qui concerne les Titans, le confirme au contraire. Il dit qu'ils étaient fils de l'Océan, qui est le rivage de la Gaule. Muni de cette explication, parcourons l'antiquité grecque et romaine, nous y verrons la synonymie des Titans et des Gaulois. Déjà nous avons émis cette opinion dans le prospectus d’un ouvrage que nous espérionspublieren 1841, intitulé : Histoire des Pays-Bas Autrichiens. Titan, selon un poëme attribué à un homonyme d'Or- phée, poëme savant et aux couleurs de l’antiquité hé- roïque, Titan, disons-nous, conduit ses bœufs de l’Asie en Europe. Il arrive en Europe par le Palus Méotides. Qui ne reconnaît point ici la géographie noachite? Il va se plonger dans les flots de l'Océan. AAorey Qvyeayoié pooy Barricero Tira. (Vers 510 , p.78, ed. Gesneri, 1764, et un MS. de la bibliothèque de Bourgogne.) Il y a plus loin : Taupo epsèouesos Bpiapo Tiray Eos Aluyys. (V. 1055.) Par conséquent, Dodan des Hébreux est le Titan des Grecs. Les deux géographies, noachite et hellénique, vien- nent de l’Asie; Titan se plonge dans l'Océan, qui est le rivage occidental de Ja Gaule et que les anciens s’imaginaient être ( 127 ) un fleuve qui entoure le monde (Homère, XIV, 201 et 244). Les Titans, selon le même Orphée, sont des barbares de haute stature, qui étaient, plus tard , accourus de l'Oc- cident vers l’Hellespont pour s'opposer au passage du na- vire Argo et des Argonautes. Ces hommes sont les satel- lites du dieu Mars, Aprçara. Ils viennent des montagnes du Nord , Apzrous wpesar , qui sont les Alpes dont la chaine se prolonge jusqu’en Macédoine, au nord de la Grèce. Elle y est encore actuellement sous ce nom. C'est de là sans doute que les Macédoniens, mêlés aux colonies celtiques, disaient : Huetepoy mooyovor rarepov. (Les ancétres de nos péres.) (Callimaq., Hymn., 56, p. 220.) Nous allons les retrouver avec le Japhet biblique au bord de l'Océan , selon le témoignage hellénique d’'Hésiode ({Théog.), que nous invoquons de préférence à celui d'Ovide, parce qu'il lui est antérieur de huit siècles et par conséquent plus rapproché des temps de la géographie noachite. On lit dans sa théogonie, verset 507 et suiv. : Kapyy d'Taretos xaAAcopupey Qxeayidyy , etc. C'est-à-dire, la belle fille Océanide, épouse de Japhet; c’est de Clymène qu’il veut parler. Ils eurent pour fils les Titans, et entre autres Atlas (l'Afrique) et Prométhée (l'Espagne et la Gaule). Celui-ci, ayant ravi le feu du ciel, selon le mythe hellénique , fut attaché à un rocher, tandis qu'un vautour lui rongeait le foie, c'est peut-être l’allégorie des mines d'or d'Espagne et des Cévennes, qui s’exploitaient depuis une haute antiquité, selon le témoignage de Strabon (p. 146). Meroda ta de ev ro Keupeyw wpet. (Les monts Cé- vennes.) En effet, la fonte des métaux est un art qui a de l’analogie avec l'enlèvement du feu du ciel : le mineur est en quelque sorte attaché à la terre; le vautour est l’avarice ( 198 ) qui le ronge; la couleur des métaux bruts est celle du foie (jecur). Dans ce passage, comme dans tout le reste du poëme, on reconnait qu'Hésiode cache sous le voile de l’allégorie les vérités historiques et géographiques , sans doute afin que dans la célébration des mystères, la vérité ne soit pas connue des profanes et ne soit révélée qu'aux adeptes. Homère, avant Hésiode, avait énoncé à peu près la même opinion sur les Titans qui habitaient au pied des Alpes; il les désigne comme voisins du Tartare. Junon , en s'a- dressant au dieu du sommeil, dans l'épisode très-connue de la Ceinture de Venus, dit : Troraprapis: Tiryye:. (Les Titans, sous-tartariens.) (/liad., XIV, v. 271.) Nous verrons dans une autre notice qu'il ne confond pas les Titans avec les Cimmériens, aussi au bord d’un fleuve qui entoure la terre, c’est-à-dire au bord de l'Océan. Dans un hymne à Apollon, qui lui est attribuée, on lit : Ticyyes TE 801 Toi UTOY SOU VAE PAYTES TapTapoy duo mEVay. (Les dieux Titans qui habitaient sous la terre vers le grand Tartare.) Nous avons reconnu plus haut que c’est l'opinion primitive, parce que pour aller vers la Cel- tique, les Phéniciens passaient les colonnes d’Hercule ; c'est longtemps après Homère que la route des Phocéens de Marseille s’est établie par l’intérieur de la Gaule. Nous réitérons que les Titans sont connus encore sous le nom de Gaulois dans les quatre siècles qui précèdent l'ère chrétienne, lorsqu'ils firent des irruptions en Grèce et en Italie. (129 ) Le texte de Callimaque nous l’apprend pour la Grèce : ce poëte dans l'hymne n° 56, pag. 250, ayant ces mots : Ternes youns, etc. (de la terre des Titans), les désignait pour les ancêtres des colonies thraces et des peuples situés au nord de la Grèce. TUETEPOY Tp0V0Y0I TATEPEY. Il dit qu’ils habitent dans des rochers qui ont l'aspect du Tartare : las uravepSey Quxois Taprapiousi, etc. Chacun peut les reconnaître à ces descriptions. Faisons concorder les opinions latines ou italiques avec toutes les idées helléniques que nous venons d'exprimer. Voyons l'Espagne. Les Titans ou Dodanim, firent aussi la guerre au delà des Pyrénées, sous leur nom oriental, chez les Tartesiens ou dans l'héritage de Tharsis. L’historien Justin, né gau- lois et par conséquent digne de croyance sur notre na- tionalité (nous en avons cité un passage précédent), nous informe (t. XLIV, 4): Saltus vero Tartesiorum in quibus Titanes bellum adversus deos gessisse prodi- tur. (On dit que les Titans firent la guerre dans les mon- tagnes des Tartesiens contre les dieux.) Voyons l'Italie. Les Titans étaient des géants, Pyavroy Tepy dre (les faits pernicieux des géants) , dit le poëte Orphée, déjà cité; ils gravirent les Alpes pour pénétrer en Italie, selon les idées vulgaires au temps où Tite-Live de Padoue, habitant de la Gaule cisalpine , écrivait les expéditions des Gaulois, après le règne de Tarquin l’ancien : In Alpes insuperabiles visas, juncta cœlo juga (t. V, 5%). (Dans les Alpes d’un aspect insurmontable, leurs cimes ( 130 ) jointes au ciel.) L'Italie était, Saturnia tellus, la terre de Saturne; les Titans étaient les ennemis de Saturne, comme Hésiode nous l’apprend. Ils sont des géants, l'yavrov epya aidara (les actions pernicieuses des géants), nous l’avons dit, selon Orphée. C’est ainsi que l'antiquité représente les soldats Gaulois. Les Titans entassent des montagnes pour escalader le ciel, ce mythe signifie qu’ils gravissent les Alpes, coelo juncta juga. Les Titans ou Dodanim, vont pénétrer sur le territoire de la belle Italie, véritable Olympe ou paradis terrestre. Les dieux eux-mêmes en furent effrayés; ils se métamor- phosent en diverses figures d'animaux brutes. C’est la peur qui avilit les hommes. Mais les Titans, ayant pénétré jusqu’en Sicile, sont écrasés. Encelade, l’un des géants titaniens , est renversé sous l'Ethna, monument colossal qui atteste l’énormité de son désastre par des tremblements de terre. C’est Jupi- ter, le dieu des phénomènes du ciel, qui les foudroie, c'est-à-dire qu'ils périssent sous le climat de la Sicile par des épidémies. Si les poëtes de la péninsule italique et de la Sicile ont déversé leur haine sur l’envahissement de leur patrie, si l'entreprise des Titans fut réputée criminelle, parce qué ses résultats furent malheureux , est-ce à nous à partager cetteopinion hostile à nos pères? C’est à nous à réhabiliter leur mémoire, parce que notre siècle, quoique admirateur des chefs-d'œuvre de l'antiquité classique, n’est plus en- trainé à leur remorque. Si l’on veut s'appuyer sur une étymologie peu certaine, il paraît que tous les Titans n’ont pas succombé, car on apprend par Servius dans le Commentaire de l'Énéide (X, 479), et par Pline (HI, 8), qui cite le témoignage D'UN die Ne ( 131 ) de Caton (Origines), qu'une petite nation d'Italie, aux environs de Pise, avait le nom de Teutanes, que leur établissement est antérieur à l’arrivée des Tyrrhéniens et qu'ils étaient distincts des aborigènes. Enfin, si l’on ajoute le témoignage de Flave Josephe contre Appion d'Alexandrie , à l’époque où cette ancienne capitale des Ptolémées possédait les plus riches collec- tions bibliographiques du monde civilisé, nous remar- quons ($ 48 et 49) que l'Occident du bassin de la mer Méditerranée, composé du Aäreb ou Europe et du Garb ou de la Mauritanie, était si imparfaitement connu d'Hérodote et de Thucydide, que l’un et l’autre quoique ayant décrit l'ile de Sicile, ne font aucune mention de la ville de Rome, et que les écrivains les plus instruits s’imaginaient que la Gaule et l'Espagne étaient une seule cité; j'y ajouterai que le Danube prenait sa source dans les Pyrénées, selon Héro- dote; les grands noms de l’Elbe, du Rhin, de l'Escaut, de la Seine, de la Loire, du Tage, leur sont inconnus avant les Romains. Tels sont les détails que, sans doute, on considèrera comme de notre opinion personnelle, sur la géographie israélite des quatre fils de Javan, qui sont Élisa et Tharsis, père de la population aborigène des deux pénin- sules helléniques ou de la Grèce proprement dite, et de la péninsule italique avec les îles adjacentes, et de la popu- tion de la péninsule ibérique; Cethem et Dodanim, pères des Macédoniens et des Slaves méridionaux et des Gaulois cisalpins et transalpins. A la suite des données que nous avançons, concernant les quatre races de la descendance de Javan, quatrième fils de Japhet, races primitives établies dans la partie de l'Eu- rope qui était connue des anciens, au sud des Alpes, nous (132) dirons que Japhet, selon le chapitre X, verset 2, de la Ge- nèse, avait pour fils aîné Gomer, que l’on dit vulgaire- ment le père des Gaulois. Tous les commentateurs de la Bible, depuis saint Jérôme jusqu’à Volney, notre contempo- rain, sont unanimes sur cette paternité : mais il nous semble que c’est une erreur qui provient du texte de Flave Josephe. Gomer est le père des Germains au nord des Alpes, et non des Gaulois. Gomar, dit Flave Josephe ([, 6), est le père de ceux que les Grecs appellent aujourd’hui Galates et que l’on appelait Gomériens : Tes prey Yep vUy vp Elmvoy l'alatas rakemevoue, Pouapas exrise. Ce sont les Galates de l'Asie mineure. Voici comme je démontre mon opinion. L'on ne peut douter que des aventuriers appelés Galates ou Gaulois, qui se jetèrent dans la Péninsule hellénique, sous le nom de Titans , et descendant des Titans, comme nous l'avons expliqué ci-dessus, par un passage de Callimaque, aient traversé l’Hellespont et se soient établis au milieu de l'Asie mineure. Ils y donnèrent le nom de Galatie ou Gallo-Grèce, à la contrée qu'ils y avaient conquise. Le témoignage de l'histoire, entre autres celui de l’abréviateur Justin, est formel sur cette invasion; mais l’on sait également que ces aventuriers étaient primitivement des Gaulois qui pas- sèrent le Rhin et qui vinrent s'établir en Germanie. Ils s’y mélèrent aux régnicoles. Après un long séjour dans la Germanie, ils n'étaient Gaulois que d’origine étant deve- nus véritables Germains par leurs alliances. Ils descendi- rent le Danube, traversèrent la Thrace et pénétrèrent chez les Grecs. On ne peut douter, je le réitère, qu’ils ne fussent devenus de véritables Germains, car Jules César le fait con- naître au sixième livre de la guerre des Gaules, en donnant les détails sur l’'émigration gauloise qui passa le Rhin long- PT PT UT I EN NS PP TN PE PE ( 133 ) temps avant lui, et sur ceux de leurs descendants qui exis- taient encore en Germanie à l’époque où il y pénétra. Il dit: Nunc quoque in eâdem inopià , egestate, patientià, quà Ger- mani permanent, eodem victu et cultu corporis utuntur (Cæs., VI, 24). Le nom de Germains fut celui des Cimmériens, Cim- bres, Kimris et Gomériens, selon tous les auteurs moder- nes qui se sont occupés de linguistique. Diodore de Sicile (p. 509) le dit formellement parmi les auteurs anciens, en ce qui concerne la synonymie des Cimbres et des Cim- mériens : Kippepuss, rakauevoy Ku6puv. D'un autre côté, l’on doit considérer que saint Jérôme avait également habité chez les Galates de l'Asie mineure et dans la ville de Trèves en Belgique : il déclare, dans une de ses épitres, que le langage des deux peuples est le même, c'est encore actuellement la langue allemande. Ainsi les Galates visités par ce même saint Jérôme et qui furent bien connus de Flave Josephe, écrivain juif, habi- tant une contrée voisine de la Galatie, étaient de véritables Germains par la naissance, les mœurs et le langage, ne portant plus le nom des Gaulois, leurs ancêtres. Gomer, fils aîné de Japhet et frère de Javan , était par conséquent le véritable père de ces peuples originaires de la Gaule, mais immatriculés à la race cimbrique, kimrique, cimmérienne ou gomérienne, qui est la race tudesque ou teutonique. Cette race forma aussi des établissements dans la partie occidentale de l'ile de Bretagne, tandis que la partie orien- tale de cette île, c’est-à-dire la Cornouaille britanique, était habitée par une autre race, dont la seconde moitié habitait la Cornouaille gauloise sur le continent. L'on ne doit point confondre ces deux sections des Cornouailliens avec les descendantgæ des Dodanim, c'est-à-dire avec les ( 134) véritables Gaulois appelés Celtes par les Grecs de Marseille, longtemps après les Phéniciens. La démonstration de ces problèmes, par le témoignage de l’histoire et par celui de la linguistique, me conduirait trop loin ; c’est un travail que j'ai achevé et que je me pro- pose de soumettre à l'académie dans une prochaine notice. Je réiterai seulement que la Germanie ou patrie des Cim- bres, c’est-à-dire tout ce qui est au nord des Alpes, était in- connu des écrivains anciens avant les Romains. Homère et Hérodote ne connaissaient que les Cimmériens ou Cimbres du Bosphore Méotide et ceux de Naples. Les fils de Gomer, nommés dans la Genèse (X, 5) Ascenes, Riphath et Tho- gorma, sont des peuples asiatiques, parlant la langue tu- desque, selon que les savants ouvrages de Wilson et ceux de Bopp, notre contemporain, l’ont constaté, c’est-à-dire les Sanscrits, les Persans, les peuples de la Cappadoce avec la Caramanie. De ce dernier nom viennent peut-être les Tho-Gorma de la Bible, les Ty-Gramma de Flave Josephe, ces Tho-Gorma, sortis des contrées de l’Aquilon et situés au nord de la Judée, selon un grand nombre de passages de la Bible, envoyaient des chevaux au marché de Tyr, Terra illa, dit Pomponius Mela , XLVIT, d'accord avec la Bible, ante alias altrix equorum et proventui equino accommoda- tissima. Chez eux étaient les haras des empereurs romains. Je ne dis rien des Cimmériens du Bosphore de Crimée, qui étaient connus par Homère et Hérodote et que Busbeek , notre compatriote flamand, a retrouvés parlant à peu près le flamand, à la fin du seizième siècle : je doute qu'ils aient été connus des Hébreux. — M. le directeur, en levant la séance, a fixé l’époque de la prochaine réunion au 5 octobre prochain. ( 135 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Bulletin de l'académie royale de médecine de Belgique. Année 1841-1842, n° 5; année 1842-1843, tome IL, titres et table des matières; année 1843-1844, tome III, n° 7. Bruxelles, 1843-1844, in-8°. Notice sur Étienne-Joseph Henaux, par M. le baron de Stas- sart. Bruxelles , 1844, in-8°. Monument élevé à la mémoire de Van Hulthem à Gand, par M. N. Cornelissen. Gand, 1844, in-8°. Énumération des insectes Lépidoptères de la Belgique, par M. Edm. de Selys-Longchamps. Liége, 1844, in-8°. Journal vétérinaire et agricole de Belgique, 3° année, avril et mai 1844. Bruxelles, in-8°, Annales et bulletin de la société de médecine de Gand. Année 1844, mois de juin et de juillet, 14° vol., 6° et 7° livr, Gand, in-8°. Annales de la société médico-chirurgicale de Bruges. Tom. V, aunée 1844, 2° livr. Bruges, in-8°. Sujets proposés par la société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut, pour 1844. Mons, une feuille in-8°. 77° exposition de la société royale d'agriculture et de botanique de Gand, 23 à 25 juin 1844. Gand, in-8, Salon de Gand, 1844. Gand, in-8°, Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, pu- blié par la société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, 2° année, cahier de juillet 1844. Bruxelles , in-8°. Messager des sciences historiques de Belgique. Année 1844, 2e livr, Gand, in-8°. Mémoire sur les appareils appliqués à la ventilation des mines, par M. Gabriel Glépin, Mons, 1844, 1 vol, in-4°. (136) Annales d’oculistique, publiées par M. le docteur FL. Cunier. Tome XI, 6° livr., juin 1844. Bruxelles , in-8°. Annales de la société de médecine d'Anvers. Année 1844, livr. de juillet. Anvers, in-8°. Essai linguistiqne sur les éléments germaniques du diction- naire français, par M. Auguste Scheler. Bruxelles, 1844, in-8°. Recherches sur la vie et les travaux de quelques imprimeurs belges, établis à l'étranger, pendant les XV° et XV L° siècles, par M. P.-C. Vander Meersch. IT. Antonius Mathias d'Anvers. Gand, 1844, in-8°. Kronyk der Rederykhamers van Audenaerde, van de vroegsle tyden af tot omtrent den jare 1830; door D" D.-J. Vander Meersch. Gent, 1844, in-8ev. Extraits des procès-verbaux des séances de la société philo- malique de Paris, pendant les années 1836 à 1843. Paris, 4 vol. in-8°. Revue zoologique, par la société Cuviérienne , 1844, n° 5. Paris, in-8°. Journal d'agriculture pratique et de jardinage, publié sous la direction du Dr Bixio. 2 série, tome Ier, n° 12, juin 1844. Paris, in-8°. Rapport annuel sur les travaux de la société médicale du canton de Genève, pour l’année 1843; par le D' Marc d’Espine, Genève, in-0°, Histoire de Quarrée-les-Tombes chez les Éduens fédérés (par M. Pierquin de Gembloux). Bourges, 1843, in-8°. Histoire et antiquités de Gergovia Boïorum chez les Éduens fédérés, par le mème. Bourges, 1843, in-8°. L’Investigateur , journal de l'institut historique. 11° année, tome IV, 2 série, 118° livr., juin 1844. Paris, in-8°. Journal de la société de la morale chrétienne. 3° série, L. Fr, n° 6. Paris, in-8°. Annales des sciences physiques et naturelles, d'agriculture et d'industrie, publiées par la société royale d'agriculture , etc., Monbé st (137) de Lyon. Tome IV , année 1841 ; tome VI, année 1843. Lyon et Paris, 2 vol. in-8°. Programme des concours ouverts pour les années 1845-1846, par la société royale et centrale d'agriculture, sciences et arts du département du Nord , séant à Douai. Douai, feuillet in-8°. De la véritable loi de la population, par M. Thomas Double- day. Rapport fait à l’académie des sciences morales et politiques, par M. Villermé. Paris, 1843, in-8°. Bulletin de la société zoologique de France. 2° série, tome 1, feuilles 26 et 27. Paris, 1844, in-8°. Statistique administrative de la société géologique de France, depuis l’époque de sa fondation, en 1830, jusqu’au 31 décem- bre 1843, par M. Auguste Viquesnel. Paris, 1844, in-8o. The electrical magazine, conducted by M". Charles V. Wal- ker. Vol. I, n° 5, july 1844. London, in-8°. The annals and magazine of natural history. Vol. XI, n° 74-60; vol. XIII, n°° 81-87. London, in-8°. Transactions of the Cambrigde philosophical society. Vol. VIL, part 1 and 2. Cambrigde, 1644, 2 vol. in-4°. Philosophical transactions of the royal society of London, for the year 1844. London, 1844, 1 vol. in-4°, — Fellows of the society. Nov. 1843, in-4°. Handelingen van het provinciaal genootschap van kunsten en wetenschappen in Noord-Braband. 8% deel, 1‘° en 2% stuk. ’sHertogenbosch, 1844, 2 vol. in-6°. Bydragen tot de geschiedenis, oudheden, letteren , enz , der provincie Noord-Braband, door D' C.-R. Hermans, 3% stuk. Te'’sHertogenbosch, 1844, in-8°. Noord-brabandsche volks-almanak voor het jaar 1841. Eerste jaargang. Te s’Hertogenbosch, 1 vol. in-18. Algemeene geschiedenis der wereld, door M. S. Polak, 47° tot 49° aflevering, Amsterdam, 1844, in-8°. Isis. Encyclopädische Zeitschrift, von Oken. 1844. Heft IV. Leipzig, in-4, (138) Beweis der von der Begattung unabhängigen periodischen Reifung und Loslüssung der Eïier der Süugethiere und des Menschen , als der ersten Bedinqung ihrer Fortpflanzung, von Th.-L.-W. Bischoff. Giessen , 1844, in 4°. Jahrbuch für praktische Pharmacie und verwandte Fächer, herausgegeben von der Pfälzischen Gesellschaft für Pharmacie, uw. 3. 0. Unter Redaction von D: J.-E. Herberger und D'F.-L, Winckler. Band VIIT, Heft 3-5. Landau, 1844, in-8°. Archiv der Mathematik und Physik, herausgegeben von J.-A. Grunnert, Btr Theil, 1st Heft, Greifswald, 1844, in-6°. Observationes astronomicae in specula regia Monachensi, ins- titutae a J, Lamont. Voll, XI, XII et XIII. Monachii, 1843-1844, 3 vol. in-4°. Estudios estadisticos sobre Madrid, por D. Ramon de la Sa- gra. Primera parte. Pohlacion. Madrid, 1844, in-8°. Riposte del dott. Ambrogio Fusinieri alle cose del dott. Bartol. Bizio, contro à di lui scritti su la forza repulsiva della materia attenuata. In Padova , 1844, in-4°. Metodo originale italiano di elettrodoratura, esposto dal prof. Geminiano Grimelli, Modena , 1844, in-8°. Sull’azione chimica del calorico, sperienze del prof, G.-A. Ma- jocchi. Milano, 1841, in-8°. Cenni storictiintorno all elettro-magnetismo considerato come forza motrice, del medesimo- Milano, in-8°. Galvanometro universale o a forza variabile. Memoria del medesimo. Milano , in-8°. Nuovo igrometro. Memoria del medesimo. Milano, 1841, in-8°, BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1844. — No 9. —— a —— Séance du 5 octobre. M. le baron De Gerlache, directeur ; M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. M. le ministre de l’intérieur fait parvenir trente-deux nouvelles réponses des communes à la circulaire de l’aca- démie, relative aux antiquités du royaume. L'académie reçoit encore : 1° Un billet cacheté adressé au secrétaire par M. Mel- sens , sous la date du 11 septembre 1844; le dépôt en est ordonné aux archives. Tom. x1. 11. (140) 2% Une notice de M. Houzeau contenant les résultats de quelques expériences thermométriques et magnétiques, faites dans la fosse n° 2 du charbonnage du couchant du Flénu. Commissaires, MM. Stas et Quetelet. 5° Une note sur les oscillations du niveau à bulle d'air et sur les erreurs qui peuvent en résulter dans les mesures de précision , par M. Liagre, lieutenant du génie. Commis- saires, MM. Crahay et Quetelet. Le secrétaire annonce qu’il a reçu pour les collections de l'académie une caisse de minéraux de la Hongrie , qui lui a été envoyée par M. Zipser, par l'intermédiaire de M. le doc- teur Gluge. Des remerciments seront adressés à M. Zipser. Prix extraordinaire. Le congrès scientifique de Liége de 1836 ayant arrêté que la somme de 1000 francs dont il pouvait disposer, serait destinée à fonder un prix pour un travail sur les institutions liégeoises, les délégués de cette assemblée se sont concer- tés avec l'académie, qui a consenti à régler le programme et à intervenir comme juge du concours. En conséquence, elle ajoute sa médaille d’or à cette somme, et propose la question suivante : Retracer l'histoire de la constitution de l’ancien pays de Liége; indiquer ses origines, ses transformations successives, en y ajoutant un aperçu rapide des causes et des événements qui l'ont modifiée d'âge en âge, et en montrant, au moyen d'une comparaison sommaire, quel était le degré de liberté ( 141 ) politique où étaient arrivés quelques autres pays à l'époque où la cité de Liége jetait les bases principales de sa consti- tution. Ce résumé historique, rédigé selon l’ordre des temps, de- vra être suivi d’un exposé général de la constitution lié- geoise, qui sera présentée dans son ensemble, telle qu’elle se trouvait définitivement organisée dans les derniers temps, en passant en revue, en autant de chapitres dis- tincts, les institutions politiques, administratives, judi- ciaires , etc. Les membres du congrès recevront chacun un exem- plaire du mémoire couronné. L'auteur en recevra cent exemplaires. Les réponses devront être envoyées franches de port au secrétaire perpétuel avant le 1° janvier 1847. Les auteurs ne mettront pas leurs noms à leurs ouvrages, mais seulement une devise, qu'ils répèteront dans un billet cacheté, renfermant leur nom et leur adresse. Ceux qui se feront connaître de quelque manière que ce soit, ainsi que ceux dont les mémoires seront remis après le terme pres- crit, seront absolument exclus du concours. L’académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont déposés dans ses archives comme étant devenus sa propriété, sauf aux intéressés à en faire tirer des copies à leurs frais, s'ils le trouvent convenable, en s'adressant à cet effet au secrétaire perpétuel. RAPPORTS. Rapport sur le mémoire de M. Houzeau, concernant les éloiles filantes périodiques du mois d'août , et, en parti- culier, sur leur apparition de 1842. — Commissaires, MM. Crahay et Quetelet, rapporteur. Les étoiles filantes ont été longtemps négligées ; ce n’est que dans ces dernier$ temps qu’on a cherché à soulever le voile mystérieux qui couvre leur origine; et, par une espèce de dédommagement pour ce long oubli, on les a élevées d'abord à la dignité de corps planétaires : on a calculé même les éléments des orbites elliptiques qu’elles parcou- rent, quand elles nous reviennent en abondance aux épo- ques périodiques des mois d'août et de novembre. Cependant, quelque probable que puisse paraître l’hypo- thèse admise, elle donne lieu encore à bien des objections. On doit donc savoir gré à ceux qui s'occupent sérieusement d'examiner la valeur de ces objections et celle de l’hypo- thèse même sur laquelle on s'appuie pour expliquer la na- ture des étoiles filantes, et particulièrement la périodicité qui préside au retour des grandes apparitions de ces sin- guliers phénomènes. On pourra juger par l'analyse rapide que nous donnerons du travail de M. Houzeau, que l’auteur a parfaitement compris la position dans laquelle il devait se placer, et qu’il a su se dégager de toute préoccupation hypothétique, pour n’aborder que la partie positive de la question. M. Houzeau, en discutant les observations des physiciens né. Le ( 143 ) qui se sont occupés des étoiles filantes, et en examinant les siennes propres, s'occupe de déterminer d’abord les erreurs probables auxquelles elles peuvent donner lieu ; et il est conduit à admettre que l'erreur qu’on est exposé à commettre dans l'observation de chaque point de la tra- jectoire, peut être estimée à 1 degré. Cette estimation nous paraît généralement bonne, et une prétention à une exac- ütude plus grande, quand il s’agit d’un phénomène aussi fugitif, est nécessairement illusoire (1). L'auteur passe ensuite à la détermination des coordon- nées du centre d'émanation qu'on a reconnu dans les grandes apparitions d'étoiles filantes. « Si toutes les tra- -jectoires, dit-il, passaient rigoureusement par le centre d’émanation , il suffirait de deux de ces trajectoires pour trouver les coordonnées de ce point. Celui-ci coïneiderait alors avec l'intersection des deux grands cercles décrits par les deux météores; mais il est loin d'en être ainsi. Les tra- jectoires ne partent pas rigoureusement du centre d'éma- nation ; elles passent à plusieurs degrés, dans la plupart des cas, du point désigné comme tel par l'ensemble des observations. Il faut donc pouvoir combiner celles-ci dans le plus grand nombre possible, pour déterminer la situa- tion la plus probable du centre d’émanation. Chaque étoile filante doit, par conséquent, fournir une équation de con- dition qu’on puisse combiner avec toutes les autres par la méthode des moindres carrés. Comme les coordonnées du centre d’'émanation sont au nombre de deux, l'ascension droite et la déclinaison, ces équations offrent deux imcon- (1) Dans le cours de son mémoire, M. Houzeau suppose , avec tous les ob- servateurs , que les étoiles filantes dérivent des grands cercles de la sphére. ( 144) nues. » M. Houzeau donne aussi les formules qui le con- duisent aux équations qu'il s’agit de combiner ensemble; mais, avant de passer au calcul, il remarque avec raison qu'il faudrait séparer préalablement les étoiles filantes sporadiques de celles qui appartiennent à l'apparition extraordinaire, et qui seules doivent entrer ici en considé- ration. La règle qu'il adopte à ce sujet est la suivante : on décrit sur une sphère céleste un petit cercle d'environ, 15° de rayon, autour du point approximativement connu comme centre d'émanation, et on élimine dans le calcul des coor- données de ce point les trajectoires qui ne passent pas à l'intérieur de ce cercle. Il est assez remarquable qu'en faisant l'application de cette méthode aux étoiles filantes du mois d'août 1842, l'auteur compte par heure 7,4 étoiles filantes qu'il doit ranger parmi les étoiles filantes sporadiques; et, comme il le rappelle, ce nombre est à peu près identiquement le même que celui obtenu par l’un de nous, d’après l'ensem- ble des observations faites sur un grand nombre de nuits ordinaires. Malgré la précaution qui vient d’être indiquée, il se trouve encore quelques étoiles filantes sporadiques qui res- tent mêlées à celles qui constituent le phénomène périodi- que; ce sont celles qui accidentellement ont pu passer par le petit cercle tracé autour du point d’émanation; mais leur nombre est toujours très-faible, comme l'indique la théorie. La troisième partie du mémoire qui traite du centre d'émanation des étoiles filantes extraordinaires d'août, dans différentes années, est incontestablement la plus im- portante; elle a dû occasionner de longs et pénibles cal- culs, que M. Houzeau a conduits avec beaucoup d'intel- ligence. De tous ses calculs comparés entre eux et à ceux PURES ( 145 ) donnés par d’autres physiciens, l'auteur croit pouvoir conelure : 4° Qu'on n’a pas raison de supposer un déplacement progressif du centre d’émanation de l’averse d'août, soit aux différentes heures du jour, soit par la suite des années; 2° Que la situation de ce point est mieux définie par les intersections mutuelles des trajectoires des météores, lors- que le phénomène a acquis une certaine intensité; 5° Qu'on peut admettre pour les coordonnées du centre d'émanation, tant pour l'Europe occidentale que pour l'Amérique du nord : a ou l’asc. dr. — 85°; d ou la déclin. — + 55°. L'auteur, dureste,appellel'attention desphysiciens sur un point que nous avons déjà signalé nous-même et qui semble pouvoir jeter de grandes lumières sur l'origine probable des étoiles filantes. Pour les observations de l'Europe et de l'Amérique du nord , le phénomène présente un point d'é- manation ; dans les lieux au contraire où la convergence des trajectoires est visible, le phénomène au contraire doit offrir un point de concours. Dans les deux derniers chapitres de son travail, M. Hou- zeau s'occupe de rechercher successivement la direction prédominante suivant laquelle les météores partent du centre d’émanation, et la détermination du moment où une apparition extraordinaire d'étoiles filantes atteint son maæimum d'intensité. En résumé, ce travail, bien qu'il n’ajoute pas de faits essentiellement nouveaux à ceux que l’on connaissait déjà sur les étoiles filantes, mérite cependant d’être remar- qué sous le point de vue de la théorie, de la sagesse qui règne dans la discussion, et de la précision. plus grande (146) apportée dans certaines déterminations numériques qui avaient besoin d’être confirmées. Ces motifs justifieront sans doute la proposition que nous avons l'honneur de faire à l'académie , d'insérer le mémoire de M. Houzeau dans le recueil des Mémoires des savants étrangers, et de remer- cier l’auteur pour son intéressante communication. Les conclusions de ce rapport sont adoptées. — Conformément aux conclusions de ses commissaires, MM. Cantraine et Van Beneden, l'académie ordonne éga- lement l'impression du mémoire de M. Wesmael, intitulé : Tentamen enumerationis criticæ Ichneumonum Belgüi. Description architectonographique de la crypte souterraine de l'église de Saint-Pierre à Anderlecht-lez-Bruæelles, par M. F. Vander Rit. Commissaires, MM. le baron de Ger- lache, le baron de Reiffenberg et Roulez. M. le baron de Reiffenberg résume dans les termes sui- vants l'opinion qu'il s’est formée sur le travail soumis à son examen. . « Cette notice décrit un monument précieux et trop né- gligé; elle le décrit avec une exactitude minutieuse et des détails dont l'architecture historique ne peut manquer de profiter. L'auteur a rassemblé des particularités et fait cer- taines comparaisons qui méritent d’être connues. Il estime que la crypte d’Anderlecht remonte au IX° siècle. J'ai quelque peine à le croire, mais les raisons que donne M. Vander Rit ne me semblent pas moins dignes d’être pesées. Les mesures architectoniques qu'il donne sont bonnes à conserver. » Au total, j'estime que sa notice mérite d’être impri- “voasstnis à ( 147 ) mée et les plans qui l’'accompagnent, reproduits par la lithographie. Il sera bon seulement d'engager l’auteur à corriger certaines fautes de langue, dont j'ai remarqué plusieurs, et à mettre plus de simplicité dans certains passages. Il semble avoir trop de solidité et des connaissan- ces trop positives pour se laisser aller à la phrase , qui n’est propre qu’à déguiser l'ignorance ou le manque d'idées. » Après ce rapport, auquel adhère M. le baron de Ger- lache, second commissaire, M. Roulez présente les consi- dérations suivantes : « Je me plais à rendre justice , avec MM. de Reiffenberg et de Gerlache, au travail consciencieux de M. Vander Rit. Les détails achitectoniques qu'il fournit sur la crypte d’An- derlecht sont des données précieuses pour l’histoire monu- mentale de notre pays. Mais je partage le doute de mes honorables confrères sur l’époque que l’auteur assigne à cet édifice, lequel, selon moi, ne remonte pas plus haut que le onzième siècle, ou même le commencement du dou- zième. En effet, la crypte d’Anderlecht n’offre-t-elle pas une architecture trop riche déjà pour les temps carlovin- giens, surtout dans une localité qui , à cette époque, n’était pas un centre de civilisation? On peut se demander en outre si l’âge de tous ces monuments que l’auteur a pris pour termes de comparaison est bien constaté. Quant à l’assertion que, depuis Charlemagne , la croix latine était le caractère distinctif des monuments religieux, il semble qu’elle ait encore besoin d’être prouvée. » Je ne me joins pas moins à mes honorables collègues pour proposer l'impression dans nos mémoires de la notice de M. Vander Rit; je voudrais seulement qu'il en élaguàt les détails inutiles ou peu fondés : comme, par exemple, la ( 148 ) comparaison avec les monumentsreligieux des Égyptiens, des Grecs et des Romains. » Je proposeraien outre à l'académied’attirer l'attention de l’auteur sur l'utilité qu’il yaurait à rechercher la valeur du pied employé par l'architecte. La connaissance de cette valeur, reconnue par Boisserée pour quelques édifices, si elle était constatée pour un grand nombre, pourrait jeter beaucoup de jour sur la chronologie des monuments d’ar- chitecture du moyen âge. » Conformément aux conclusions de ses commissaires, l’académie ordonne l'impression de la notice de M. Vander Rit dans le recueil des Mémoires des savants étrangers. Rapport sur un mémoire de M. le professeur Koene, inti- lulé : DE LA NATURE DE L'EAU RÉGALE, DE L'ACIDE HYPO-AZO- TIQUE CONSIDÉRÉ COMME OXYDANT, DE LA CONSTITUTION DE CET ACIDE ET DU RÔLE QU'IL JOUE A L'ÉGARD DES CORPS ORGA- NIQUES. Commissaires, MM. De Hemptinne, De Koninck et Slas, rapporteur. L'auteur examine d’abord lesdifférentes hypothèses émi- ses sur les pouvoirs oxydants des acides azotique, hypo- azotique et azoteux; il est ainsi amené à rechercher si l'acide hypo-azotique se conduit comme un radical et est susceptible de s'unir au chlore, pour former un acide chlor-azotique. A cet effet, il a fait réagir de l'acide chlorhy- drique sur de l'acide azotique concentré; il n’a obtenu qu'une réaction incomplète, à cause de l’eau qui se produit dans celte circonstance. Il a mis alors en contact de l'acide naiss ve ( 149 ) chlorhydrique et de l'acide azotique dissous dans de l'acide sulfurique concentré. Dans ce cas, il a trouvé que les acides chlorhydrique et azotique se décomposaient mutuellement, qu'il se produi- sait du chlore qui devenait libre et se dégageait, et que de l'acide azoteux restait uni à l'acide sulfurique. L'auteur à également démontré que l'acide chlorhydri- que réduisait ainsi l'acide hypo-azotique dissous dans l’a- cide sulfurique, à l’état dechlore et d'acide azoteux. Selon nous, ces faits ne montrent que ceci : que l’acide chlorhydrique, en présence de l'acide sulfurique, n’a pas d'action sur l’acide azoteux; que le chlore, dans les circon- stances où il s'est placé, ne s’unit point à l'acide hypo- azotique ni à l'acide azoteux ; mais ils sont insuflisants pour prouver que l’acide hypo-azotique et le chlore, dans aucune circonstance , ne sont susceptibles de se combiner. Ces faits établis, il cherche la nature de l’eau régale. D’a- près ses expériences, il considère, contrairement à l'avis de M. Baudrimont , l’eau régale active comme un mélange de chlore et d'acide azoteux. Les expériences de M. Koene ne détruisent en aucun point la découverte que M. Baudri- montprétend avoir faite, c’est-à-dire celle de l'existence d’un acide chlor-azotique qui a pour formule Az0°CA?. Nous ad- mettons volontiers avec l’auteur de ce mémoire que cette découverte mérite confimation. L'auteur, d'après les expériences dont nous venons de parler, conclut que l’acide azoteux est le composé le plus stable des combinaisons oxygénées de l’azote, et que l'acide hypo-azotique qui s’y convertit, est un corps plus oxydant que l'acide azoteux, et même que c’est l’oxydant le plus énergique de ces acides. Ces considérations sont vraies dans les circonstances où s’est trouvé l’auteur , mais pour- raicnt très-bien être en défaut ailleurs. (150 ) L'auteur termine son mémoire par des considérations sur le rôle que joue l'acide hypo-azotique à l'égard des corps organiques et sur la nature de cet acide. De ce que l’auteur n'est pas parvenu à combiner le chlore à l'acide hypo-azotique, il conclut que cet acide ne se conduit pas à la manière des radicaux composés. II se pose ensuite cette question : Peut-on admettre qu'il joue le rôle de corps simple dans quelques combinaisons orga- niques ? Il résout cette question négativement, se basant sur le fait de la réaction qu’exerce l'acide chlorhydrique sur l’azotate de potasse. Cette conséquence est évidemment forcée, le fait ne le légitime point, il n’y a aucune analo- gie d'action , il n’y a aucune analogie de propriété entre les manières d'agir de l'acide chlorhydrique sur l’azotate de potasse et de l'acide azotique sur les matières organi- ques. Nous ne suivrons pas l’auteur dans les considérations trop longues à notre avis, qu’il expose à l’appui de sa ma- nière de voir. Cependant nous avouerons volontiers que l'hypothèse de M. Dumas n’est pas rigoureusement démon- trée, que, sous ce rapport, elle n’est pas à l'abri du reproche; mais déduire de ce que le chlore ne se combine point dans des circonstances données à l’acide hypo-azotique, que ce dernier ne pourrait contracter d'union avec une molécule qui aurait perdu de l'hydrogène, me parait manquer de logique. L'auteur admettant et généralisant sa proposition, que l'acide hypo-azotique est un corps oxydant et déshydrogé- nant, est amené à conclure que ce corps joue ce rôle vis-à- vis des matières organiques, et se range ainsi de l'avis de M. Berzelius , qui considère, comme tout le monde le sait, les produits de l'action de l'acide azotique sur certaines TT ( 151 ) matières organiques comme des azotites d’oxydes organi- ques. Nousdisions à l'instant que l'hypothèse de M. Dumas n’est pas à l'abri de tout reproche, parce que jusqu'ici il n’a pas démontré expérimentalement l'existence de l'acide hypo- azotique dans la nitro-benzine de M. Mitcherlich. Mais en revanche l'hypothèse de l’illustre chimiste de Stockholm est positivement contraire aux faits. Ni la nitro-benzine, ni les composés nitro-oxygénés de la napthaline, ne se con- duisent comme des sels. Jamais on n’a extrait ni de l'acide azoteux, ni un oxyde organique de ces corps. L'action qu’exerce l'acide sulfhydrique sur quelques-unes de ces substances semble prouver que l'azote y est plus intime- ment engagé, et qu'il fait partie intégrante de la molécule organique. L'auteur, en admettant les vues de M. Berzelius, ne s’est pas bien rendu compte des raisons qui ont forcé celui-ci à considérer ces corps comme des sels. C'était une nécessité absolue d'existence pour la théorie électro-chimique, qui veut que toute molécule composée soit formée par des ten- dances opposées des molécules qui en font partie. L'admis- sion de l'hypothèse de M. Dumas mettait ainsi la théorie électro-chimique en défaut. L'auteur a accompagné ce mémoire d’une note qui con- cerne la constitution des cristaux qui se produisent dans les chambres de plomb lors de la fabrication de l'acide sul- furique. I y donne une démonstration expérimentale de la non-existence de l'acide hypo-azotique dans ces cristaux. Nous avons refait ces expériences ainsi que quelques-unes de celles qui se trouvent consignées dans le premier mé- moire, et nous les avons trouvées parfaitement exactes. En résumé, quoique à beaucoup près nous ne puissions ( 152 ) pas partager ni approuver toutes les idées théoriques de l’auteur , nous estimons que son mémoire peut figurer ho- norablement dans les bulletins de l'académie ; nous avons donc l'honneur de proposer à l'assemblée de vouloir voter des remerciments à l’auteur et l’impression de son mémoire | dans les bulletins, quoique par sa longueur il dépasse les limites. Ces conclusions sont adoptées. | | — COMMUNICATIONS ET LECTURES. De la nature de l'eau régale, de l'acide hypoazotique consi- déré comme oxydant, de la constitution de cet acide, et du rôle qu'il joue à l'égard des corps organiques, par le docteur Koene, professeur à l’université de Bruxelles. 1. Parmi les agents les plus énergiques pour oxyder, acidifier ou dissoudre un grand nombre de corps simples ou composés , l’eau régale occupe le premier rang. Néanmoins cette liqueur si importante par l'usage qu’on en fait, si intéressante par les phénomènes qui en accom- pagnent l'action, est l’une de celles dont la nature n’est connue que d’une manière incomplète. Hypothèse de Ber- 2. Berthollet attribuait les propriétés que l’eau régale Det possède à la formation du chlore et de l’acide azoteux. 3. Gette manière de voir a été adoptée par H. Davy, qui, en ajoutant de l'acide chlorhydrique à de l'acide azoteux, obtenait une liqueur ne possédant pas les propriétés de l'eau régale. his to ns = ( 153 ) Mais à l’époque où Davy faisait cette expérience, on ne connaissait pas l'acide hypoazotique. Le chimiste anglais a donc pu opérer sur cet acide, d'autant plus qu’à l'exemple de M. Dumas, plusieurs chimistes français l’envisagent comme un radical composé, comme un oxydant moins énergique que l'acide azotique, susceptible de se substituer à l'hydrogène de quelques corps organiques qui contien- nent plus d’un équivalent de ce métalloide. 4. Enfin, M. Millon considère l’acide azoteax comme l'oxydant le plus énergique des différents degrés d’oxyda- tion de l'azote; hypothèse qui conduit à admettre que l’hy- drogène de l'acide chlorhydrique peut détruire l'acide azo- teux , vu que le même métalloïde désoxyde l'acide azotique. 5. Il s’agit donc de savoir si l'acide chlorhydrique ré- duit l’acide azotique à l’état d'acide hypoazotique, d'acide azoteux ou d'oxyde azotique. 6. S'il était bien prouvé que l’acide azoteux est des trois oxacides de l’azote l’oxydant le plus énergique, on pour- rait mettre en avant la dernière hypothèse. Mais en con- sidérant les observations qui ont été faites par Davy (5), et en ayant égard au pouvoir oxydant de l'acide hypoazo- tique , dont la formation précède celle de l'acide azoteux pendant la réaction de l’oxyde azotique sur l'acide du même nom, on arrive à la conclusion que l'acide chlorydrique ne saurait réduire l'acide azotique qu’à l’état d'acide azo- teux. 7. Cependant la constitution de l'acide oxy-sulfo-sulfu- rique et des acides analogues, l'hypothèse qui envisage l'acide hypoazotique comme un radical, et la formation des acides chlorhydrique et azotique lorsqu'on ajoute de l’eau à une solution de chlore dans l'acide hypoazotique, con- duisent plutôt à envisager l’eau régale comme le résultat Hypothèse déduite du pouvoiroxydant de l’acide azoteux. Hypothèse déduite de la théorie des radicaux, ( 154 ) d’une action réciproque, s'établissant entre les éléments de l'hydracide et ceux de l’oxacide, de manière à former (H+ Ci) + (Ax0! + 0)= (H + 0) + (Az04 + Ci) de l’eau et de l'acide oxy-chloro-azotique peu stable et ayant, à l'instar des acides analogues, la propriété de se décomposer en présence de l’eau. Cette dernière hypothèse ayant été admise de préférence aux deux autres (2, 4), on s’est proposé de faire réagir un excès d'acide chlorhydrique gazeux sur de l’acide azotique concentré. Mais comme dans la réaction de ces acides il se forme de l’eau, et que ce liquide, dont la quantité croit constamment, s'oppose à ce que les acides se détruisent complétement, il importait pour la détermination quantita- tive de l'acide chlorhydrique, dont les éléments s'associent à ceux de l'acide azotique, que l’on fit réagir les acides à l'abri de l'influence de l’eau; c’est-à-dire, en présence d’un liquide pouvant se combiner avec l’eau au fur et à mesure que celle-ci se formerait, et sans que ce liquide avide d’eau eût assez d'influence sur les produits de la réaction, pour empêcher qu’elle ne se fit d’une manière incomplète. 8. L’acide sulfurique pouvait satisfaire à ces conditions. Ce composé, s’il est en grand excès, possède en outre le pouvoir de tenir en dissolution les acides hypoazotique et azoteux à la température où l’acide chlorhydrique s’en dé- gage, propriété qui est indispensable à la démonstration, attendu qu'on doit se servir d’un excès d'acide chlorhy- drique pour détruire la totalité d'acide azotique employé, et que conséquemment on doit savoir déterminer cet excès. 9. Cette détermination exige qu’on sache se mettre à l'abri de l'influence du chlore, dont on ne saurait, dans Th SE nd e" ( 155 ) celte circonstance, constater la quantité qui en devient libre; parce qu'avant que le chlore libre se soit dégagé en totalité de sa solution dans l'acide sulfurique sous l’in- fluence de la chaleur, des vapeurs rutilantes commencent à se dégager. Ces vapeurs, en arrivant dans une dissolution aqueuse de chlore, formeraient de l'acide chlorhydrique et de l’acide azotique régénérés. Il suit de là que, dans le cas dont il s’agit, on doit dé- terminer l'acide chlorhydrique. 10. Pour atteindre à ce but, on a fait arriver dans une solution de mono-sulfate potassique le chlore et l'acide chlorhydrique qui se dégegeaient simultanément de la solu- tion acide. On sait que le chlore n’a pas d'action sur un pa- reil sel, tandis que l'acide chlorhydrique forme avec les mono-sulfates alcalins en dissolution dans l’eau, des bi- sulfates et des chlorures. On sait de plus qu’au moyen d’un courant d'air on peut chasser entièrement le chlore de sa solution aqueuse. Conséquemment, si l’on fait passer pen- dant une heure au moins, un courant d’air dans une solu- tion contenant du chlore libre, du bi-sulfate potassique et du chlorure du même métal, on sera à même d'évaluer exactement le chlore du chlorure, si l'opération a été exé- eutée à l'abri de la lumière du jour. Ceci étant posé, on pourrait passer à la description de l'appareil dont on s’est servi, au procédé auquel on a eu recours, et à une infinité de précautions qu’on a prises pour la détermination exacte de la quantité d'acide chlorhy- drique qui a échappé à l’action de l'acide azotique, et dont le contenu en acide réel avait été préalablement déterminé; mais les analyses qui ont été faites au moyen de quantités différentes de matières n'ayant point conduit à des résul- tats conformes à ceux que la théorie indique, cette des- Tom. x1. 12. ( 156 ) cription serait superflue; car quoiqu'il soit incontestable- ment vrai que dans les analyses de ce genre on doit éprouver des pertes très-sensibles, il n’est pas moins vrai que, quand il s’agit de la perte de plus d’un demi-équivalent d'acide chlorhydrique, on doit chercher la cause ailleurs que dans la complication de l'appareil ou dans celle de l'analyse. 14. Cette cause pouvant être attribuée à la désoxyda- tion qu'éprouve l'acide hypoazotique quand il est sous lin- fluence de l’action de l’acide chlorhydrique, on a fait arriver dans cent grammes d'acide sulfurique pur et concentré des Les composés nez VaPeurs d'acide hypoazotique provenant de l'action de la cha- Ace dt leur sur cinq grammes d'azotate plombique bien sec. On à fait arriver ensuite de l’acide chlorhydrique gazeux dans la solution acide, et il s'est dégagé une abondante quantité de chlore de la solution de mono-sulfate potassique (10). | Afin de savoir si l’acide azoteux serait à son tour détruit par l'acide chlorhydrique, on a procédé de la manière sui- vante. 42. Dans une solution de cent grammes d'acide sulfu- rique pur et de 2%",1 d'acide hypoazotique, on a fait passer pendant une heure et demie un courant d'acide chlorhy- drique, et après avoir chassé le chlore et l'acide chlorhy- drique par la chaleur, on en a exposé la moitié derechef à l’action de l'acide chlorhydrique, mais cette fois-ci il ne Il n'y a pas d'action S 6St point formé de chlore. Une partie de l'autre moitié a entre HCZ et À. été mélangée avec un sixième de son volume d’eau purgée d'air. Cette eau avait été introduite dans un flacon plein d'acide carbonique (‘). On a ajouté l'acide à l’eau, et lorsque le vase en était plein, on l’a fermé hermétiquement. L’acide | 1 | | (*) La non-existence du sulfate d’oxyde azotique n'ayant pas encore été prouvée , cette précaution était nécessaire à prendre. ('AST ) aqueux s'étant refroidi, on y a ajouté deux gouttes d'acide chlorhydrique, et après avoir fermé le vase, on a agité. En ouvrant le flacon au bout d’une demi-heure, il se dégageait du chlore reconnaissable par l'odeur. Dans cet essai, on doit 1° ajouter l'acide à l’eau, pour qu'au premier moment de l’addition il puisse se former de l'acide azotique; 2 faire en sorte que le flacon plein du mélange acide contienne à peu près six parties d'acide sur une partie d’eau, afin qu'il n’y ait pas trop d’eau, et que par là l’action de l'acide chlorhydrique sur l'acide azotique formé au premier moment, ne soit point contre-balancé (7). 15. De l'acide sulfurique qui avait servi à concentrer de L'acide sulfurique l'acide azotique du commerce, a été chauffé jusqu’à ce que le point d'ébullition en fût devenu constant. L’acide traité comme précédemment avec de l’eau et de l’acide chlorhy- drique a présenté les mêmes phénomènes, mais avec l'acide chlorhydrique seul il ne s’est point formé du chlore. 14. À 150 grammes d'acide sulfurique concentré de l'expérience (15), on a ajouté dix grammes d'acide azotique rouge. Ce dernier, en sedissolvant, perdait sa couleur rouge intense; mais en chauffant le mélange acide dans une cornue à col eflilé et courbé à angle droit, les vapeurs rutilantes apparaissaient de nouveau. Entre 170 et 180 degrés il s’é- tablissait une effervescence qui était essentiellement due à un dégagement d'oxygène. À 190° le dégagement de gaz était tel que la liqueur paraissait être en pleine ébullition ; mais à partir de ce degré de température, la formation d'oxygène diminuait sensiblement, et à 250° il ne s’en for- mait plus du tout, En même temps que de l’oxygène il pas- sait à la distillation de l'acide azotique rouge dont la quan- tité était à peu près égale au tiers de l'acide qu'on avait ajouté à l'acide sulfurique. bouillant transfor- me de petites quan- tités de ( À: + H) à l'état de Az. ( 158 ) Lorsque la température de l'acide était arrivée à 526°, on a placé le col de la cornue dans un vase où il se déga- geait constamment de l'acide carbonique, et l'on a diminué peu à peu la flamme de la lampe à esprit-de-vin. Pendant le refroidissement l'acide, qui à la température de l’ébullition affectait une couleur jaune intense, se décolorait entiè- . . æément: Lana oser 13. Arrivé à la température ambiante, l'acide ne for- er méme a Mait point de chlore avec l'acide chlorhydrique. (Àz+ h). Traité préalablement avec de l’eau comme dans les expériences (12, 15), l'acide donnait lieu à la formation de chlore par l'addition d’un peu d’acide chlorhydrique. Une autre partie de l'acide formait de l’azotite éthylique en la mélangeant avec de l'alcool à l'abri du contact de l'air. Le cuivre s'y dissolvait avec une couleur violette et avec dégagement d'oxyde azotique. Ayant adapté un entonnoir à robinet à la tubulure d’une cornue contenant de l’eau, on à introduit dans l’entonnoir d’abord de l'acide carbonique, puis 26 grammes de l'acide, et l’on a chauffé ensuite. Lorsque l’eau était en pleine ébul- lition, on a ouvert le robinet. La température de l’eau montait considérablement par l'addition de l'acide; il se dégageait en même temps des vapeurs rutilantes qu'on a reçues dans de l’eau tenant du carbonate calcique en sus- pension. Ensuite on a chaulfé jusqu’à ce que la température de l'acide fût arrivée au point d’ébullition de l'acide sulfu- rique. La liqueur, décantée du carbonate calcique, a été évaporée à siccité, et le résidu épuisé par de l'alcool. Éva- porée à siccité, la solution alcoolique a donné un reste, lequel, après la calcination, a laissé 0,21 de chaux. Ces faits étant établis, nous allons les appliquer à l’eau PPS ( 159 ) régale et à l’acide hypoazotique, pour mieux connaitre la nature de ces liquides. De la nature de l'eau régale. 16. L'eau régale ne se caractérise, ne fonctionne bien que dans des conditions toutes spéciales. Les circonstances qui influent particulièrement sur la formation de ce liquide sont : le degré de température, le degré de concentration des deux acides qui la forment, et la présence d’un corps susceptible de se combiner avec le chlore. 17. Dans un mélange d'acide chlorhydrique et d'acide azotique concentrés , il ne s'établit pas d'action à une très- basse température; les liqueurs froides se mélangent sans se colorer , sans donner lieu à la formation de chlore. Mais si l’on retire le mélange du bain frigorifique et qu'on l’a- bandonne dans un lieu où la température est à zéro, il se colore peu à peu et dégage du chlore. 18. Un mélange de deux volumes d’acide chlorhydrique de 37,60 centièmes et d’un volume d'acide azotique rouge bisconstances dans ne forme du chlore qu'à partir de —12. De l'acide azotique File former contenant 74,50 % d’acide réel, ne commence à se colo- rer et à former du chlore avec le même acide chlorhydrique qu'à une température voisine de —6°. La présence d'une plus grande quantité d’eau retarde davantage la réaction. Enfin si les acides sont très-dilués, il ne s'établit d'action, pas même en chauffant; mais si dans ce dernier cas on ajoute un métal à la liqueur, la réaction s’établira et de l’eau se formera. Bientôt après ce liquide affaiblit les affinités au point que la réaction cesserait si l’on s'était servi d’un mélal de la 6° section , de l'or par exemple. 19. Ces phénomènes prouvent que la formation de l'eau ( 160 ) régale n'est point la suite d’une action réciproque entre les éléments de l'acide chlorhydrique et de l'acide azotique (la constitution de ce dernier étant considérée comme l'in- dique la formule Az0O*+ O), mais qu'elle résulte de l’action de l'hydrogène de l’un sur l'oxygène de l’autre. En effet, il faut pour que l’action s’établisse, que la chaleur, ou un corps ayant de l’affinité pour le chlore, ou les deux à la fois, conspirent tant pour diminuer l’aflinité du chlore pour l'hydrogène de l'acide chlorhydrique, et contre-balancer celle du même métalloide pour l'hydrogène de l'eau, que pour rendre plus efficace l’action déshydrogénante de l’a- cide azotique. Or si la réaction avait lieu sous l'influence d'une double affinité (7), ces phénomenes ne devraient se présenter, le chlore ne devrait se dégager ou contracter une combinaison alors précisément qu'il se forme pour s'unir à l'acide hypoazotique. En faisant ces remarques, nous n'avons point perdu de vue les différentes circonstances où une action chimique s'établit au moment où les affinités qui les mettent en jeu s’anéantissent. Nous avons même mis en avant l'hypothèse qui envisage l’acide hypoazotique comme un radical. Nous avons essayé d'appuyer cette hypothèse en faisant réagir à une basse température et à l'abri de l'influence de l’eau, l'acide chlorhydrique gazeux sur l'acide azotique concentré; mais au lieu d'obtenir le composé (AzO“ + C!), nous nous sommes aperçu, et nous avons prouvé, que ces acides se Produits de l'action l'éduisent à l’état d’eau de chlore et d’acide azoteux (11, 12, mutuelle des acides 14), Ce sont là les produits que fournit l’eau régale ac- ER tive (). Quant aux causes qui les font naître , elles peuvent (‘) M. Baudrimont dit avoir obtenu un gaz particulier en faisant réagir les acides chlorhydrique et azotique du commerce à la température de 86”. (161) être dues : 4° à la tendance qu'a le chlore à prendre l'état gazeux ou à s'unir à un métal; 2° au peu de stabilité de l'acide azotique et au pouvoir déshydrogénant du même acide; 5° à la tendance de l'acide azoteux à se volatiliser ou à contracter une combinaison. De l'acide hypoazotique considéré comme oxydant. 20. Nous venons de voir que l’action entre les acides chlorhydrique et azotique s'arrête dès que celui-ci se trouve réduit à l'état d'acide azoteux. Cela tient évidemment à ce que, dans ce dernier acide, l'oxygène se trouve plus inti- mement combiné que dans les acides azotique et hypoazo- tique. L’acide azoteux est donc le composé le plus stable de Ce gaz, qu’il envisage comme le principe actif de l’eau régale, serait le cor- respondant de l'acide azotique et aurait pour formule AzO‘CF. M. Baudrimont s’est-il laissé guider par l'hypothèse de E. Davy ; qui con- siste à envisager comme le principe actif de l’eau régale, le produit de l’action de l'acide azotique sur le sel marin fondu ? voilà ce que j'ignore. Ce qui est certain, c’est que l'acide chlorazotique, s’il existe, possède des propriétés toutes spéciales, celles entre autres d'abandonner l'acide azoteux à l'acide sulfurique (voyez les détails de mes expériences) ; de ne point s’associer les éléments de l’eau , mais de former avec les oxydes métalliques des azotates et des chlorures ; d'attaquer l’or et de produire une explosion avec l’argent en poudre, mais de n’agir que lentement sur le potassium; de produire avec de la poudre d’antimoine ou d’arsenic un dégagement intense de calo- rique et de lumière , sans donner lieu à de pareils phénomènes avec le phos- phore fondu (Ann. der Ch. u. Pharm. BXLVIII, s. 202, et Traité de chimie générale , etc., par A. Baudrimont, t. I, p. 616.) Si au lieu de se servir de produits bruts du commerce, le chimiste français avait opéré avec de l’acide chlorhydrique sec et de l’azotate mono-hydrique ; si de plus il avait desséché le gaz chlorazotique et qu'il se fût assuré de l’ab- sence de l'acide chlorhydrique , on aurait été à même de se prononcer sur le mérite d’un travail dont les données réclament une étude plus approfondie. ( 162 ) et conséquemment l’oxydant le moins énergique des trois oxacides de l'azote. Cette conclusion, déduite de la réaction à laquelle don- nent lieu les acides chlorhydrique azotique et hypoazotique dans l'acide sulfurique concentré , est loin d’être conforme à celle que M. Millon à tirée de ses expériences. Suivant ce chimiste, la marche générale des oxydations au moyen de l'acide azotique est, que l'acide azoteux qui naît en premier lieu, forme des azotites de cuivre, de mercure , d'argent , etc., qui sont détruits par l'acide azotique à me- sure qu’ils se forment; cette destruction donne naissance à de l’oxyde azotique qui, retrouvant de l'acide azotique, refait de l'acide azoteux; d’où résulte une nouvelle atta- que et une nouvelle destruction ("). 21. Nous ne savons pas si, par la réaction d’un métal sur l’acide azotique, la formation de l’azotite précède tou- jours celle de l’azotate; mais il ne nous semble pas que la naissance d’un azotite par l’action d’un alcali sur une so- lution saturée d'oxyde azotique dans l’acide du même nom, permet d'adopter la théorie de M. Millon (”), attendu que la formation de l'acide hypoazotique précède celle de l'acide azoteux , et que, si l'acide azotique est en excès, ce qui est le cas le plus fréquent, il ne se forme que de l'acide hypoa- zotique. Nous ne concevons pas non plus comment l'acide azoteux, considéré comme l’un des oxydants les plus éner- giques, puisse se combiner avec l’oxyde mercureux. L'exi- stence de l’azotite mercureux, les circonstances de sa for- mation, la propriété que possède l'acide phosphoreux de (*) Comptes rendus, t. XIV, p. 912. (5) Ibid. p. 911. ( 163 ) résister à l’action oxydante de l'acide azoteux (‘), la for- mation de l'acide azoteux par l’action de l'acide chlorhy- drique sur les acides azotique et hypoazotique, celle de l'acide hypoazotique par l’action de l’oxyde azotique sur un excès d'acide azotique, les circonstances de la formation de l’azotite éthylique et l'influence qu’exerce la chaleur sur les azotates alcalins , sont des faits incompatibles avec l’hy- pothèse de M. Millon, et les importantes observations qu’a faites l’auteur même, prouvent à l'évidence que l'acide hy- poazotique est l’oxydant le plus énergique de tous les de- grès d'oxydation de l’azote (”). S'il en était autrement, si l’acide hypoazotique était un oxydant moins énergique que l'acide azoteux, il s’établirait une anomalie dans le pouvoir oxydant de ces degrés , car ceux-ci constituent des oxydants d'autant plus énergiques qu’ils contiennent plus d'oxygène. Ainsi l’oxyde azotique, qui, en présence du fer, du zinc ou du phosphure tri-hy- drique, se transforme à l’état d'oxyde azoteux, résiste à l’action désoxydante du cuivre. L’acide azoteux qui cède au cuivre le tiers de l'oxygène qu'il contient, n’éprouve pas d’altération en présence des acides phosphoreux et chlor- hydrique, acides qui transforment l'acide hypoazotique à Vétat d'acide azoteux. Quant à l'acide azotique, il consti- tuerait sans nul doute un oxydant plus énergique que l’a- cide hypoazotique s’il pouvait exister isolément. Du rôle que joue l'acide hypoazotique à l'égard des corps organiques. 22, La propriété que l'acide hypoazotique possède au (*) Berzelius, Rapport ann., 1841, p. 51. (**) L'acide azotique étant supposé Ni l'état de (Az + ag). Àz est relativement à Az un oxydant peu énergique. Az nefonctionne pas comme radical à l'égard du chlore. ( 164 ) plus haut degré d’oxyder la plupart des corps, dépend du peu de stabilité dont il est doué. C’est là aussi l’une des causes qui le privent de ce qui caractérise essentiellement les acides. Il n’a donc d'autre fonction que celle d'oxyder, car il ne peut se combiner avec le chlore dans quelques circonstances qu'on place ces deux corps; qu'on les mette en regard à l’état naissant , en présence ou en l'absence de l’eau, à une température modérée ou basse, même en pré- sence d’une base énergique (‘), il se développe du chlore à l’instant où l’action s'établit entre l'hydrogène de l'acide chlorhydrique et l'oxygène de l'acide azotique (19). On ne connaît aucune combinaison de cet acide avec un corps simple autre que l'oxygène, et il est à supposer qu'on ne parviendra jamais à en former, eu égard à l'impossibilité qu'il y a à en déterminer une avec lechlore, lequel, par sa grande analogie avec l'oxygène sous le rapport de la pola- rilé, est susceptible de jouer un rôle analogue à celle de ce métalloïde. L’acide hypoazotique ne fonctionne donc pas à la ma- nière des radicaux composés. Peut-on admettre qu’il joue le rôle de corps simple dans quelques combinaisons orga- niques ? C’est là, dans l’état actuel de la science, une ques- tion de la plus haute importance, et il est même à sup- poser que l'avenir de la chimie des radicaux composés dépend en grande partie de la solution nette de cette question. (*) On satisfait à cette dernière condition en faisant passer de l'acide chlo- rbydrique sur du nitre. Si ce sel est bien sec, il ne s'établit pas d’action à la température ordinaire; mais si l’on chauffe légèrement ou qu'on se sert de nitre qui n’est pas sec, il se forme du chlore, de l’eau , des vapeurs nitreuses, des produits qui résultent de l'influence de l’eau sur ces vapeurs, et il reste fi- nalement du chlorure potassique. Caen. À cs. ( 165 ) 25. En eflet , d’après les partisans de la théorie des sub- stitutions l'acide azotique, en réagissant sur une substance organique et en oxydant un équivalent d'hydrogène, forme (M—H + À2), si l'analyse constate dans le nouveau com- posé que M en perdant H s’est associé à (Az + 40 ). Se- lon M. Berzelius, au contraire , le nouveau corps affecte la formule [(M+0O-—H)+ Âz], et il arriverait même que l’on obtiendrait des composés [ (M +20 —H + 2Àz] | [(M +50 —2H)+3Az] ('). Ainsi d’après la première hypothèse le nouveau composé est le correspondant de celui sur lequel l'acide azotique a réagi. Suivant la seconde, au contraire, ce composé est une combinaison d'acide azoteux et d’un oxyde à radical com- posé. Ce sont là deux hypothèses conduisant à des considéra- tions théoriques différentes, car elles partent d’un ordre de composés qui n’est pas le même. Les recherches qui ont pour objet d'appuyer lune ou l’autre de ces deux hypo- thèses sont donc d'autant plus importantes que, dans l’état actuel de la science , la confirmation de l’une d’entre elles contribuera puissamment à la connaissance de la consti- tution des composés organiques, et à élever au rang des sciences exactes celle qui a pour objet l'étude de ces com- posés. 24. Que l'acide hypoazotique ne joue pas le rôle de ra- dical dans les corps organiques, c'est une conséquence qu'on (") Ne pouvant entrer dans les détails de ces deux hypothèses , nous ferons abstraction des circonstances où les choses paraissent se passer autrement , où l'azote ou l'oxyde azotique entrent dans le radical composé ; notre but n'étant que de mettre en parallèle les principes fondamentaux de ces deux manières de voir. ( 166 ) peut déduire des expériences et des considérations qui pré- cèdent, et surtout de l'action qu'exerce l'acide chlorhydri- que sur l'azotate potassique. Avant d’avoir établi ces faits, je penchais pour l’hypo- thèse de MM. Dumas et Couerbe. Les résultats auxquels j'ai été conduit dans mes recherches sur la nature de l'a- cide oxy-sulfo-sulfurique , n’ont pas été sans influence sur ma manière d'envisager celle de l'acide hypoazotique. Ne connaissant d’ailleurs à cet acide aucun rôle bien déter- miné , et l’envisageant comme un déshydrogénant du genre chlore, j'étais naturellement conduit à le considérer comme un radical qui, à l’instar de ce dernier métal- loïde , est susceptible de se substituer dans plusieurs cir- constances à l'hydrogène des corps organiques. C’est même au pouvoir déshydrogénant de l'acide hypoazotique qu'on doit d’avoir trouvé les éléments de cet acide dans quel- ques-uns de ces composés qui se forment sous son in- fluence; de même qu'on trouve du chlore dans un corps qui, par substitution, a cédé de l'hydrogène à ce métal- loïde. Mais quoique l’acide hypoazotique en présence de quel- ques corps organiques puisse fonctionner d’une manière analogue à celle du chlore, il n’a jamais été prouvé qu'il fonctionne comme ce métalloïde dans les circonstances où il devait se comporter comme corps simple. Ne se fon- dant donc que sur des considérations théoriques n'ayant aucun fait bien établi en sa faveur, l'hypothèse sur la fonc- tion de cet acide avait besoin d’être appuyée par des faits rigoureux. Mais les recherches auxquelles nous nous som- mes livré ayant constaté que l’acide hypoazotique ne fonc- tionne pas même comme radical à l'égard du corps qui, sous le rapport de la polarité, a la plus grande analogie ( 167 ) avec l'oxygène, nous avons essayé d'expliquer autrement l'action qu'exerce cet acide sur les corps organiques, en l'envisageant à la fois comme oxydant et comme déshy- drogénant; et c’est ainsi que, libre de toute idée précon- çue, nous avons été conduit à examiner la théorie de Berzelius, et nous avons trouvé que cette théorie est si bien en rapport avec l’état de la science, et qu’elle permet de se rendre un compte tellement satisfaisant de la plupart des faits qui viennent d'être établis, que nous n'avons pas hésité à l’adopter à quelques restrictions près. 25. Que l'acide hypoazotique joue le rôle d'oxydant et de déshydrogénant à l'égard des corps organiques, c'est une conséquence que l’on peut déduire de son pouvoir oxydant même; car un corps organique en s’altérant donne nais- sance à un composé d'autant plus stable, que l’altération a été plus profonde. Or, l'acide hypoazotique en déshydro- génant partiellement un corps et en donnant naissance à un composé sur lequel il n’a plus d'action déshydrogénante dans les circonstances où il se trouve , peut, comme oxy- dant, transformer ce corps en un oxyde, un acide, quel- quefois même en un sel. 26. L'oxyde à l'instant de sa formation peut se combi- ner avec l'acide azoteux, dont le pouvoir oxydant est moins prononcé que celui des deux autres oxacides de l'azote (+). Si l'oxyde formé ne contracte pas de combinaison, il reste sous l'influence de l’oxydant, s'oxyde davantage et se transforme en un acide simple non-azoté (action des acides azotique et hypoazotique sur les essences exemptes ————_—_—_——— (*) On verra par les exemples que nous citons plus bas, que les choses se passent réellement de telle manière. L'acide Az ne joue pas le rôle de ra- dical dans les com- binaisons organi- ques. ( 168 ) d'oxygène, sur la parafine, etc.), ou en un acide azoté double (acide nitronaphtalique, ete.). Enfin si le même acide réagit sur un oxy-sel qui s’est formé sous son influence, il pourrait se former un sel plus oxygénéencore (action de l'acide azotique sur la naphtaline, la benzine, etc.) ; l'oxydation pourrait même avoir lieu avec des sels autres que ceux qui se forment sous l'influence de ces acides (action de l'acide hypoazotique sur les corps gras neutres). La formation des acides organiques non-azotés dans ces circonstances, et l’action qu'exerce l'acide hypoazotique sur les corps gras, sont des faits ayant une valeur de pre- mier ordre pour prouver que cet acide joue en effet le rôle d’oxydant et de déshydrogénant. Mais si un oxacide à radical composé contenant de l'hydrogène peut se for- mer par l’action oxydante de l'acide hypoazotique, il peut arriver tout aussi bien que, par l’action du même acide ou de l’acide azotique sur un autre corps organique, il se forme des bases, puisque l'acidité ou les propriétés basi- ques des corps dépendent de la tendance opposée, résul- tant du groupement des molécules , des circonstances dans lesquelles ce groupement a lieu, du rapport dans lesquels les éléments se sont associés, ete. Rien n'empêche donc qu'une base se forme et que, contractant une combinaison avec l’oxydant moins énergique, résultant de la désoxy- dation partielle de l’acide azotique ou hypoazotique, cette base donne naissance à un azotite (26). 27. Ainsi en faisant réagir l'acide azotique concen- tré sur lacétone, CSH60?, on obtient deux composés (CSH50 + Àz), (CSH5O + H), résultant de l'action dés- hydrogénante de cet acide; les éléments de la base CSH°O existants dans l’acétone. Mais si l’on fait réagir cet acide ( 169 ) sur le mésitylène , il fonctionne aussi comme oxydant ; CHA + Àz = (CSH5O Æ H) + Âz ; AZ joue le rôle d'oxy- dant et de déshy- drogénant, parce que le radical CSH5 exige de l'oxygène pour former une base; et la preuve que la réaction a lieu comme l’in- dique cette équation, c’est que le chlore forme avec la même substance un composé correspondant à la base de l'azotite ptéléylique en fonctionnant comme déshydrogé- nant et comme chlorurant. C’est à cause de l'existence du radical ptéléyle , suscep- tible de former avec l'oxygène un oxyde pouvant se com- biner tantôt avec l'acide azoteux, d'autre fois avec l’eau s que le chlore et l'acide azotique forment avec le mésyli- lène des composés qui ne sont point comparables, quoi- qu'au fond la réaction de ces agents soit la même; bien entendu dans l'hypothèse de Berzelius, car dans celle qui envisage l'acide hypoazotique comme un radical, on ne saurait s'en rendre compte; l'acide azotique par sa réaction sur le mésitylène ne donnant pas naissance à un composé, dans lequel l'acide hypoazotique entre comme consti- tuant, et ne formant conséquemment point de composé ayant une constitution analogue au produit de la réaction du chlore sur le mésitylène. 28. En ajoutant de l’eau à une solution chaude de ben- 42 forme souvent des azotites avec les zine dans l'acide azotique rouge , il se forme radicaux composés. CH5 + Âz—(C2H50 + À). Et la preuve que cette nouvelle combinaison n’est point le correspondant du composé (C'?H5+ $), mais qu'elle constitue un sel, formé par l'union de l’oxyde benzideux avec l'acide azoteux, c’est qu'en soumettant à l’ébullition ( 170 ) la solution de ce sel dans l'acide azotique rouge , l’oxyde benzideux se transforme en oxyde benzidique en formant le sel (C'2H°0? + 2Âz). 29. La toluine forme également de l’azotite toluidique, par l’action de l'acide azotique rouge bouillant. Il se forme au contraire de l’azotite toluideux si l’on opère à la tem- pérature ordinaire (Deville). 50. En traitant la naphtaline par de l'acide azotique bouillant, jusqu’à ce que l'huile qui se forme à la surface du liquide ait perdu les propriétés de la naphtaline, on ob- tient, d’après M. Laurent, un composé (C2H7+ Âz). A cette manière de voir M. Berzelius objecte, que si telle était la constitution de ce composé, l’azotite éthylique de- vrait être envisagé comme constitué d’après la formule (C4H5 + ÀÂz). J'ajouterai que la paranaphtaline forme dans la même circonstance un composé oxydé ne conte- nant pas d'azote, et que par l’action un peu prolongée de l'acide azotique bouillant, la nitronaphtalase se trans- forme en azotite naphtalique , x — (C2FI7 La nitronaphtalase (CH ( ) + 2Az) —= (C HO? + 2Az) , et la nitronaphta- lèse sont des azoti- « : ; : tes contenant lemé- e Même que les azotites benzideux et tolindeux se trans- me radical dans Ja base, forment dans la même circonstance en azotites benzidique et toluidique. La nitronaphtalase (C2H°0 + Âz) et la nitronaphta- lèse (C2H°0? + 2Az) sont donc des composés salins, (*) L'analyse de ce composé a donné 2,90 d'hydrogène. D’après le calcul, on n’en aurait dû obtenir que 2,41, en admettant que le composé ne contient que 6 at. d'hydrogène sur 10 at. de carbone. Mais 2,41 étant à 2,90 : : G : 7,22, il s’en suit que la formule empirique n'est point C'°HS Az O*, mais C?0H7 Az? O8. (A7 ) que l’on peut indiquer par les dénominations d’azotite naphtyleux et d'azotite naphtylique, en désignant par le nom de naphtyle le radical CH de la naphtaline. 51. Les exemples précédents ont fait voir que, par l’in- tervention de la chaleur et de l'acide azotique ou hypoa- zotique, un oxyde d’un radical peut passer à un degré d’oxydation plus élevé. Mais puisque ce radical se forme par l’action déshydrogénante de ces acides, et que les oxydes se forment par l’action oxydante des mêmes agents, il est aisé de concevoir que, si l’on prolonge davantage l'action ou qu'on en rend l'effet plus intense, le radical pourrait se modifier en même temps qu'il se forme des oxydes contenant plus d'oxygène que ceux qui s'étaient formés en premier lieu. M. Laurent a en effet observé qu’en prolongeant l’ébul- lition de la solution acide d’azotite naphtylique, jusqu’à ce qu'il se dépose un corps oléagineux, il se forme un composé que le chimiste français désigne par le nom de nitronaphtaléise, mais auquel le nom d’azotite naphta- léisique conviendrait mieux, en ayant égard à la formule (C#H205+ 5Âz), qui en indique la constitution probable. Quand on prolonge pendant quatre à cinq jours l’ébul- lition de la naphtaline avec l'acide azotique, le composé précédent se transforme en nitronaphtalise ou en un com- posé (C2H%05 + 3ÂZz) qui , à l'instar de ceux dont il vient d’être question, contient autant d’équivalents d'acide qu'il y à d’équivalents d'oxygène dans la base. Ce nouveau sel est donc de l’azotite naphtalisique. 32. Les composés que nous venons de considérer au lieu d'être formés par la combinaison d’une oxy-base avec Tom. x1. 15. ( 172 ) l'acide azotique, contiennent au contraire pour composé électronégatif l'oxydant le moins énergique des trois oxa- cides de l'azote, parce que l'acide azotique, comme oxydant plus énergique, ne saurait chasser l’acide azoteux de sa combinaison sans altérer le radical de la base (). Mais Par l'altération pro- Quand cette altération a lieu, alors que l'acide azotique fonde q£ Bit aoit avec une énergie plus intense, le nouveau radical est En de toujours plus stable que le premier (25), il est susceptible nero des de former avec l'oxygène une base plus stable, et dès lors Re l'oxyde naissant peut se combiner avec un acide plus éner- gique, quoique cet acide soit un oxydant plus puissant. C’est ainsi que par l’altération profonde qu’éprouve lin- digo en présence de l'acide azotique, il se forme deux acides dans lesquels l’existence de l'acide azotique a été rendu probable; et que par l’altération profonde qu'éprouve la naphtaline par l’action du même acide, il se forme un acide double à (CI6H5O® + Àz) + 2H. C'est pour la même raison que, par l’action directe de l'acide azotique sur l’esprit de bois, l’oxyde méthylique, comme base stable, se combine avec cet acide sans éprou- ver d’altération ; tandis que la base moins stable de l’al- cool réduit l’acide azotique à l’état d’un oxydant moins puissant, à celui d'acide azoteux (21), qui est susceptible de se combiner avec une autre partie non décomposée d'oxyde éthylique. (*) Comme les éthers composés, les sels de cette nature ne peuvent être assimilés à la loi de Berthollet; l'acide azotique, pour chasser l’acide azoteux de sa combinaison, devant agir avec une énergie qui entraîne la destruction partielle ou totale du radical. La découverte de la cause de cette anomalie est, sans contredit l’une des plus importantes que l’on puisse faire en chimie organiqne, ( 173 ) 53. Jusqu'ici aucune difficulté ne s’est présentée dans l'explication des phénomènes auxquels les acides azotique et hypoazotique donnent généralement lieu par leur réac- tion sur les corps organiques. La raison en est que nous avons admis comme vraie l'hypothèse de Berzelius, d’après laquelle les composés organiques, contenant de l'oxygène, sont des combinaisons de ce métalloïde avec des radicaux composés. Mais cette hypothèse, loin d’être en opposition avec les faits nombreux dont la chimie organique s’est enri- chie dans ces dernières années, trouve, au contraire, sa con- firmation dans la constitution et les propriétés des produits de l’action de plusieurs oxydants sur un grand nombre de carbures hydrogénés, dans la constitution des composés éthérés et leurs analogues, dans les degrés d’oxydation de lacétyle, du formyle, etc., dans les circonstances de la formation de l’acide valérique artificiel, dans l’analogie de constitution des acides margarylique et hypomargarylique, dans celle de la protéine et des deux degrés d’oxydation supérieurs à celui de cette substance régénératrice, dans celle des acides œnanthique et azoléique, dans celle de l'essence d'amandes amères et du sulfure picramylique, dans la composition les propriétés et les circonstances de la formation de l'oxyde xanthique et de l'acide urique, dans l’analogie de constitution de plusieurs chlorures à radicaux composés ne contenant pas d'oxygène et les oxy- des des mêmes radicaux, dans celle des oxydes indéneux et indénique, dans les degrés d’oxydation de l’isatène, ete. ; dans l’action de l'acide sulfhydrique sur les azotites naph- tyleux et benzideux, d’où résulte : (C#H70 + Àz) + GHS = (CH? + Ad) + AH + 6S (C'2H50 + Âz) + GHS = (CH + Ad) + 4H + 6S Les combinaisons organiques conte- nant de l'oxygène, sont des oxydes d'un ou de deux radicaux compo- sés ( 174) des amidures des radicaux des bases de ces sels, Enfin, aucun chimiste n’ignore que la constitution des composés dérivés du kakodyle a été prévue par l’illustre chimiste sué- dois, à l’époque où l’on envisageait ces composés comme constitués tout autrement qu’on ne les considère mainte- nant, et que c’est à ses instigations que le célèbre Bunsen a essayé d'isoler ce radical. 54. Cependant cette hypothèse, quoiqu’elle ait une foule de faits en sa faveur, pourrait bien n'être pas généralement juste, puisqu'elle découle du principe posé en chimie inor- ganique : que toute combinaison oxygénée du premier ordre est l’oxyde d'un radical, lequel principe est en défaut de- vant les composés WoCt, UCI, Cri, (KGr + CrCt), SCI, (SCI + S). et devant plusieurs autres. Aussi, M. Berzelius, pour n'être pas en contradiction avec l'hypothèse qu'il a établie, a, malgré les plus belles analogies, considéré ces corps comme des composés du second ou du troisième ordre. La combi- naison de M. H. Rose, par exemple, est, d’après le savant suédois, un composé d'acide sulfurique et d'acide chloro- sulfurique 5(SCI+S) = (SCF + 5). Et le sel de M. Peligot serait constitué comme il suit: (KCr + Cr) = (KCI+ 2Cr). Quant à l'acide de M. Pelouze, on aurait pu l'envisager comme copstitué d’une manière analogue à celle du sul- dont fontaine di dite (175 ) fate d'oxyde azotique; mais depuis que j'ai prouvé que l'acide sulfurique ne contracte pas de combinaison avec l'oxyde azotique, et que l'acide sulfureux joue le rôle de radical à l'égard du soufre, on est obligé d'envisager ces composés ainsi que l'acide oxy-nitro-sulfurique, comme constitués d’une manière analogue à l’acide oxy-sulfo-sul- furique. 35. De même que les composés oxydés de cette nature, la benzamide, l’oxamide, la salicylamide, la phtalamide et plusieurs composés oxydés analogues sont des combinai- sons de deux radicaux. L’oxygène peut conséquemment concourir à la formation de radicaux composés, lesquels, en se combinant avec l'oxygène, le chlore, le soufre, ete., peuvent former des oxacides, des oxy-chloracides, des oxy- sulfacides, des oxy-bases, des oxy-chloro-bases, des oxy- sulfo-bases, des composés enfin dans lesquels l'oxygène ou le chlore, ou le soufre fonctionnent soit comme acidifica- teurs, soit comme régénérateurs des bases. Mais puisque le chlore ou le soufre peut se compor- ter comme élément électronégatif à l'égard d’un radical contenant de l'oxygène, et que ce dernier métalloïde peut jouer le même rôle envers le même radical, il s’en suit que toute la quantité d'oxygène d’un composé organique ne contribuera pas toujours à la formation des bases et des acides dans lesquels il n’entre ni chlore, ni soufre, ni au- cun corps fonctionnant comme élément électronégatif par rapport au radical. L'hypothèse de Berzelius, de même que le principe d’où elle a été déduite, peut donc quelquefois être en défaut. Singulier rapprochement entre deux sciences qui s’occu- pent de l'étude de corps qui, sans être de même nature, se forment et se mélamorphosent néanmoins d'après les Toutes les combi- naisOns organiques contenant de l’oxy- gène, ne sont point des oxydes d'un ou de deux radicaux composés, (176) mêmes lois, les mêmes principes, souvent d'après les mé- mes théories. C’est là aussi ce qui imprime à l'hypothèse du chimiste suédois, un caractère de vraisemblance qui n'est point dévolu à l'hypothèse contraire, à celle qui admet que l'acide hypoazotique peut se substituer à l’hy- drogène d’un radical composé, sans que l’on soit parvenu à prouver que cet acide joue le rôle de corps simple. De la constitution de l'acide hypoazotique. 56. En assimilant la propriété qu’a l'acide azoteux de se combiner avec l’acide sulfurique, à celle que possède le même acide de former avec l'acide azotique de l'acide hy- poazotique, et, en ayant égard à la décomposition qu'éprouve Pense. acide en présence des bases, M. Berzelius admettait d’abord que ce composé est une combinaison d’acide azo- teux et d'acide azotique, ou un acide nitroso-nitrique (‘). Hypoth. de H. Rose, 57. Mais lorsque M. H. Rose croyait avoir formé du sul- fate d'oxyde azotique, le chimiste suédois, conjointement avec le chimiste allemand, envisageait l'acide hypoazoti- que comme ayant une constitution analogue à celle de celui-là. Ces deux manières de voir étant peu conformes à la loi des proportions multiples, il reste à savoir si l’acide hy- (*) Dans le rapport ann. de 1844, p. 18, M. Berzelius dit que le nom de nitrogène est préférable à celui d'azote, et il en donne la raison. Qu'il me soit permis de faire observer à M. Berzelius que, si la dérivation du nom d’azote est mal choisie, celui de nitrogène ne l’est pas moins, par la raison que l'azote n’engendre pas le nitre. En outre, si la propriété asphyxique d’un des éléments du gaz que nous aspirons constamment, ne permettait point de le désigner par un nom qui en rappelle cette propriété, toute dénomination tirée d’une seule propriété physique ou organoleptique serait impropre. ( 177 ) poazotique est ou non un degré particulier d’oxydation de l'azote. 58. Si pour des raisons sur lesquelles se base la première hypothèse , l'acide hypoazotique était constitué d’après la formule (Âz+ Àz), il faudrait que l'acide azoteux fût con- stitué selon la formule (2Âz+ Âz), eu égard à l’action qu'exerce un excès d'oxyde azotique sur l'acide du même nom, et à la propriété que possède l'acide qui résulte de cette action de se décomposer dans les composés binaires qui l'avaient formé, quand on le met en contact avec l'eau ou avec une base quelconque. Cependant, l'acide azo- teux ne forme pas de chlore avec l'acide chlorhydrique. Il ne contient donc point d'acide azotique, et de là on peut conclure que l'acide hypoazotique n’en renferme pas non plus. 59. Si l'acide hypoazotique était constitué d’après la for- mule (Âz-+2À2) , 1l faudrait que par la réaction de l'acide chlorhydrique sur une solution de cet acide dans l'acide sulfurique concentré, il se dégageût de l’oxyde azotique, ce qui cependant n’a point lieu. 40. On pent résoudre cette question autrement en par- tant de la stabilité, et alors il y a deux choses à observer. La première, c’est la stabilité relative des composés Âz et ÀÂz;etla seconde, c’est celle des acides (H+ À) et (Az+ À) ou (Âz+2Âz). JA La stabilité plus grande de Âz, par rapport à Az, peut être attribuée à une cause analogue à celle qui détermine la stabilité relative des composés Âz, Âz, Âz, Àz. Elle peut aussi être attribuée à l’aflinité de Àz pour Àz ou pour Az. Dans le premier cas, l'acide hypoazotique est un degré particulier d’oxydation de l'azote; dans le second, il ne l'est pas. (178) Si cet acide est constitué d’après la formule (Âz+ À) ou (Âz +922), il doit être plus stable que (H + Àz), attendu que le premier peut se former par l’action de l’oxyde azo- tique sur le second, et que la stabilité d’une combinaison dé- pend de l’affinité; ou en d’autres termes, qu’elle est propor- tionnelle à l’aflinité des composés binaires qui constituent les composés (1). Or, les observations et les considérations qui précèdent prouvent que l'acide hypoazotique est moins stable que l’azotate hydrique; donc cet acide n’est point une combinaison d'acide azotique et d’acide azoteux ou d'oxyde azotique. Considérations sur la nature du produit qui résulte de l’ac- {ion réciproque des acides sulfureux et hypoazotique, suivies d'une démonstration expérimentale de la non- existence de ce dernier acide dans les cristaux qui se for- ment pendant la fabrication de l'acide sulfurique. Par le docteur Koene, professeur à l’université de Bruxelles. Les recherches de MM. Gay-Lussac (2), Bussy (3), Gaul- tier de Claubry (4) et W. Henry (5), nous ont appris que les cristaux qui se forment pendant la fabrication de l'acide sulfurique contiennent un degré d’oxydation de l’azote su- périeur à l’oxyde azotique. Suivant M. Gay-Lussac, le com- (1) En supposant que les corps se trouvent dans la même condition d’exis- tence, comme cela a lieu dans le cas dont il s’agit. (2) Ænn. de chim. et de phys., t. I, p. 407. (5) Journ. de pharmacie , t. XIIE, p. 115. (4) Ann. de chim. et de phys., t. XLV, p. 284. (5) Ann. of philos. Mai 1826. (179 ) posé qui entre en combinaison avec l'acide sulfurique pour former ces cristaux , est le même que celui auquel donne naissance l’azotate plombique par l’action de la chaleur. Selon les trois autres chimistes, les mêmes cristaux se composent d'acide sulfurique, d'acide azoteux et d’eau. « Dans la formation de ce composé cristallin, dit M. » Gaultier de Claubry, l'acide sulfureux décompose com- » plétement une partie de l’acide hypoazotique, en dégage » de l'azote, et se transforme en acide sulfurique qui s’unit » à l'acide nitreux et à une portion d’eau, pour former le » composé S°Àz2H. » Ce composé, d’après le docteur W. Henry, a pour formule S’AzH5. Si l’on avait égard aux considérations dans lesquelles est entré M. de la Provostaye (1), l'incertitude de la com- position des cristaux déduite des analyses de ces chimistes, se serait accrue par suite des progrès récents de la science. Jusque là, dit le chimiste français, on n'avait pu produire la combinaison de l’acide sulfureux avec l'acide hypoazo- tique, mais en partant de l'hypothèse de M. Dumas sur la nature de cet axacide de l’azote, et en considérant la consti- tution des composés (SO?+ 0), (SO? + CI), (SO? +Jo), (S0?+ Az0°), on arrive à admettre l'existence du com- posé (SO? + AzO!‘). Afin de prouver qu'une pareille combinaison existe, M. de la Provostaye a enfermé dans un tube, entouré d’un mélange frigorifique, de l'acide sulfureux et de l'acide hy- poazotique. Le tube se rompit plusieurs fois avec explosion. Lorsqu'il n’arrivait pas d'accident, on trouvait , au bout de trois jours, une masse cristalline dans un liquide affectant (1) Znn. de chim. et de phys., 1. LXXHI, p. 562. ( 180 ) une couleur bleuàtre. En ouvrant le tube, il y avait tou- jours une petite explosion, et la partie liquide disparaissait au bout de peu de temps, laissant une substance eristal- line ayant sensiblement les mêmes propriétés que le pré- tendu sulfate d'oxyde azotique. Cette matière, d’après M. de la Provostaye, est consti- tuée selon la formule (SO? + 0) + (SO? + Az0O‘) Et la réaction qui lui donne naissance est celle-ci : S0° + 0 (04 G MS, 2A z0! + 250? — SO? +- À z0 + AzO®. Quant à l'explosion, le même chimiste l’attribue à l’a- cide azoteux lequel, comme étant libre de toute combi- naison, détermine souvent la fracture du tube. Il est aisé de prouver par le raisonnement seul que les choses ne se passent point ainsi. En effet, il faudrait pour qu'un gaz püt déterminer une explosion, qu'il eût une tension considérable, et telle qu'elle surpassät plusieurs fois la pression atmosphérique, avant qu'il en résultàt la rupture d'un tube à parois épais- ses. Or, l'acide azoteux est un gaz coërcible à une basse température et à la pression atmosphérique ordinaire; donc cet acide ne peut point déterminer la rupture d’un tube épais entouré d’un mélange frigorifique. Il y a une autre cause qui présente un phénomène que ne peuvent produire, dans les circonstances données, les corps que nous indiquons souvent par la dénomination de vapeur. Cette cause c'est la désoxydation complète qu'éprouve une partie de l'acide hypoazotique et la forma- cond bd dut St is tes ot tot te M à nil. (181 ) tion de l'azote qui en résulte. Ce métalloïde, que l'acide sulfureux fait naître pendant la purification de l'acide sul- furique, d’après le procédé de M. Jacquelin (1), que M. Gaultier de Claubry a constamment observé pendant la formation des cristaux, ce corps a pu déterminer l’explo- sion comme gaz permanent absolu, et l'acide sulfurique résultant de la désoxydation partielle ou complète de l'oxy- dant le plus énergique des différents degrés d'oxydation de l'azote, au lieu de se combiner avec À, a pu contrac- ter une combinaison avec Âz, et former le composé Àz$?; car, si une pareille combinaison n'existait point, comment expliquerait-on l’action qu'exerce l'acide azoteux sur l'acide sulfurique. Admettra-t-on jamais avec M. de la Provostaye que Àz désoxyde $ pour former Âz + 98 — [(S0? + 0) -+ (S0?+Az0")], tout en admettant que $ peut désoxyder Àz? Il y a, à la vérité, une circonstance qui n’est point à négliger quand il s'agit des pouvoirs oxydant et désoxy- dant relatifs des corps dont il s’agit. On sait qu’en l’absence de l’eau ou de l'acide sulfurique, l'acide sulfureux n’a pas d'action sensible sur les acides azoteux et hypoazotique que dans des circonstances spé- ciales, et qu'en présence de l’un ou de l’autre de ces com- posés ou des deux à la fois, il s'établit à l'instant une réaction. Ce sont aussi ces phénomènes qui ont contribué à la créaction des nouvelles théories, dont M. de la Pro- vostaye est l’auteur, ainsi qu'à l'explication de la forma- tion des cristaux des chambres de plomb, lesquels cristaux ee (1) Journ. de chim. et de pharm., 1. V°, p.537. ( 182 ) seraient constitués, d’après le même chimiste, d’une ma- nière analogue à la combinaison cristalline, dont il vient d'être question. Ainsi, quoiqu'elles laissent beaucoup à désirer, les ex- plications que le chimiste français a données de la forma- tion du composé cristallin résultant de l’action réciproque des acides hypoazotique et sulfureux, ou de celles des acides azoteux et sulfurique, quoique la théorie du même savant sur la formation de l'acide sulfurique dans les chambres de plomb, ne nous paraît être ni plus complète ni plus exacte que celle qu'ont établie MM. Gay-Lussac et Gaultier de Claubry; il reste cependant encore à prouver que dans le produit de la réaction des acides sulfureux et hypoazotique, ce dernier acide n'existe pas tout formé. C'est dans le but de vérifier et de contrôler ce qu’elles ont de vrai, les conclusions que nous avons tirées tant des considérations dans lesquelles nous sommes entré sur la vature de l'acide hypoazotique (1), que de celles qui se trouvent consignées dans cette notice, que l'expérience sui- vanle a été entreprise. Dans un flacon de Woulff, entouré de glace et contenant quelques gouttes d’eau, on a fait arriver simultanément de l'acide sulfureux et de l’acide hypoazotique. Quelques minules après, on a enlevé le tube qui conduisait les va- peurs rutilantes, et l’on a chassé l'excès d'acide hypoazo- tique par un courant d'acide sulfureux. Après avoir chassé ce dernier acide par de l'acide carbonique sec, on a dis- sous dans de l'acide sulfurique pur et concentré les cris- (1) Considérations qui se trouvent exposées dans Ic Mémoire sur la nature de l’eau régale et de l’acide hypoazotique. ( 183 ) aux qui s'étaient formés; ensuite, on à fait passer de l'acide chlorhydrique gazeux dans un vase contenant cette solution acide, et se trouvant en communication avec un condensateur de Liebig, renfermant une solution aqueuse de sulfate mono-potassique. Le gaz chlorhydrique, en arrivant dans la solution acide, n'y exerçait pas d'action, ne donnait point naissance à du chlore, ne communiquait à la solution de sulfate po- tassique aucune odeur, par la raison: que les cristaux ne contenaient de l'acide hypoazotique pas plus que ceux des chambres de plomb n'en contiennent (1). Quant à la constitution de ces cristaux, on peut la re- présenter par la formule {(S+Àz)+(S+ 1H), si l'on a égard aux résultats des analyses qui ont été faites par MM. Gaultier de Claubry, W. Henry et de la Provostaye, et si l’on rétablit l'erreur dans laquelle M. H. Rose s’est laissé entrainer relativement au sulfate d'oxyde azotique. — Réflexions sur un travail de M. Beetz, concernant la pas- sivité du fer, par M. Martens, membre de l'académie. Dans le n° 6 du tom. LXII, p. 258 et suiv. des Annalen de Poggendorff, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt une notice de M. Beetz, dans laquelle ce physicien a reconnu, comme M. Ryke et moi (Annalen, tom. 62), et Bulletin de l Aca- démie de Bruxelles, t. X), que le fer pouvait devenir passif à chaud dans un courant d'hydrogène sec, et y acquérir (1) Voyez les paragraphes 10 , 11 et 12 du même Mémoire sur la nature de l’eau régale, etc. ( 184 ) même cette teinte bleuâtre qu'on avait jusqu'ici attribuée toujours à l'oxydation; mais M. Beetz pense, contrairement à l'opinion que j'ai émise, que ce changement de teinte doit être attribué à une mince pellicule d'oxyde, paree qu'il a reconnu que cette teinte ne se produisait dans l'hydro- gène qu'à la chaleur rouge, et se perdait dans une atmos- phère d'hydrogène à une température moins élevée; ce que M. Beetz explique en admettant que l'oxyde de fer, formé à une haute température aux dépens de quelques traces d’eau que l'hydrogène peut avoir entraînées, est décomposé par ce gaz à une température moindre. Cette explication ne me semble guère admissible, puisque l'hydrogène réduit loxyde de fer non-seulement à la chaleur rouge obscure, mais aussi à la chaleur rouge vive, et du reste en l’admettant comme exacte, il resterait à expliquer comment, dans notre expérience, le fil de fer que nous avions laissé se refroidir dans un courant d'hydrogène sec avant de le mettre en con- tact avec l'air, ne se soit pas présenté avec sa couleur pri- mitive et dans son état actif ordinaire. M. Beetz, pour prouver que la teinte terne ou bleuâtre que la chaleur communique au fer, ne peut être que le résultat de l'oxydation, observe que cette teinte ne se pro- duit jamais quand on plonge le fer dans de l'huile ou du mercure bouillant, ou dans du zinc même incandescent; mais il est aisé de concevoir que, dans l’huile bouillante, le fer ne saurait bleuir, puisque la température n’y est point assez élevée pour que l’état moléculaire ou physique du métal soit modifié de manière à ce que cette teinte se produise. Ce phénomène n’arrivera pas non plus quand le fer se trouvera dans un bain métallique, soit parce qu'il s’alliera à ce métal, soit parce que le contact de ce dernier s’oppo- sera peut-être à l’action modifiante de la chaleur. LR, (185) . Si, d’après moi, la teinte bleuûtre du fer chauffé ou rouge n’est pas toujours un résultat de l'oxydation du métal, de même je ne la regarde pas comme nécessaire à consti- tuer le fer dans l’état de passivité; car le fer doué de cette couleur terne ou bleuñtre, la perd dans l'acide nitrique, tout en restant dans l’état passif, et on réussit aussi souvent à la lui enlever en le frictionnant légèrement et pendant très- peu de temps avec du papier sablé, sans que pour cela il ait perdu entièrement son état de passivité par rapport à l'acide nitrique à 38° (0,1360). — M. Van Beneden présente un mémoire qui à pour tre: Recherches sur l'Anatomie, la Physiologie et le déve- loppement des Bryozoaires qui habitent la côte d'Ostende. Ce mémoire fait suite aux précédents, présentés par le même auteur. M. Van Beneden y fait mention des genres Valke- ria, Vesicularia, Bowerbanksia, Gemellaria, Cellularia , Scrupocellaria (nov. g.), Crisia, Membranipura, Flustra , Anguinella (nov. gen.) et Halodactyle. (Commissaires, MM. Cantraine, Wesmael et Kickx.) Enumeratio synoptica plantarum phanerogamicarum ab Henrico Galeotti in regionibus mexicanis collectarum , auctoribus M. Martens et H. Galeotti. LABIATÆ. (Conrinuario). II. MARSYPIANTHES. Hart. A2. MARSYPIANTHES SECUNDIFLORA. Îobis. (Coll. H. Gal. N° 659.) Caule herbaceo subsimplici hirsuto, foliis subsessilibus ovatis obtusiusculis serratis appressè pilosulis , capitulis axillaribus (186 ) secundis brevè pedunculatis villosissimis densifloris , bracteis lineari-subulatis. — Achaenia ovoidea compressa, intüs con- cavo-cymbiformia margine involuto non fimbriato, folia pol- licaria, capitula folio breviora multibracteata pilosissima , calyces fructiferi inflati membranaceo-scariosi. e. — Se trouve sur les rochers granitiques au bord de l'Océan pacifique, dans le département d'Oaxaca. F1. lilas. Octobre. III. HYPTIS. Jacgq. 45. Hypris PUNCTATA. ÎVobis. (\ Menthidium. Benth.) (Coll. H. Gal. No 7137.) Caule suffruticoso pubescenti ramoso, foliis petiolatis ovato- lanceolatis acuminatis serratis utrinque nigro-punctatis suprà scabriusculis subpilosulis subtüs rufo-pubescenti-villosis, ver- ticillis densis globosis multifloris distinctis racemoso-spicatis, bracteis setaceis, calyce ovato villoso nigro-punctato, dentibus setaceis stellato-patulis. — Folia 2-3-pollicaria, petioli polli- cares. — Affinis Æyptidi stellulatae Benth., sed caulis suffru- ticosus, folia ovato-lanceolata punctis nigris lentis ope conspi- cuis undique aspersa. 5. — Dans les taillis de Juquila del Sur (cordillère occidentale d’Oaxaca), à 4,000 pieds. FI. blanches. Sep- tembre. 44. HyYPTIS TOMENTOSA. Benth. (Coll. H. Gal. No 7155.) 2. — Dans les plaines de Tehuacan et dans les petits bois de Don Dominguillo (route de Tehuacan à Oaxaca), de 5,000 à 4,500 pieds. FI. lilas. Avril. 45. HypTIS MAGROCEPHALA. Mobis. ( Cephalohyptis. Benth.) (Coll. H. Gal. No 705.) Caule herbaceo crasso tetragono angulis pilosis , foliis remo- tis ovato-oblongis acutis utrinque ds os basi integerrimis ( 187 ) caeterum serratis utrinque pilosiusculis, capitulis semi-globo- sis, pedunculis internodio longioribus, bracteis ovato-oblon- gis nervosis , calyce glabriusculo reticulato dentibus subulatis pilosis tubum vix aequantibus. — Caulis erectus, folia sub- 8-pollicaria internodium aequantia, pedunculi tetragoni axil- lares hirti, capitula diametro subpollicari, bracteae subsemi- pollicares. — Affinis Hyptidi lantanaefoliae Poit. ; sed foliis et pedunculis longioribus diversa. + — Se trouve sur les rochers basaltiques d'Uruapan, près du pic de Tancitaro (département du Michoacan), à 4,000 pieds. F1. blanc lilas. Septembre. 46. HyPTIS PROCUMBENS. Schlecht. Syn. Æ. atrorubens. Poit. (Coll. H. Gal. N° 621.) @. — On trouve cette espèce rampante dans les savanes de Mirador, près de Vera-Cruz, à 3,000 pieds. F1. blan- ches. Octobre. 47. HyPTIS CANESCENS. ÆBK. (Coll. H. Gal. N° 625.) + — Se trouve avec l'espèce précédente. FI, blanches. Octobre-décembre. 48. Hypris PARVIFLORA. Mobis. ($ Spicaria. Benth.) (Coll. H. Gal. No 677.) Glabra, verticillis multifloris densis distinctis subspicatis pa- niculatisque , foliis petiolatis ovato-lanceolatis serratis glabris, floralibus lanceolatis integerrimis verticillo duplo longioribus. — Petioli semipollicares , folia çcaulina bipollicaria , flores parvi violacei , rami floriferi ad apicem caulis paniculatim congesti. Affinis Hyptidi verticillatae Jacq.; sed foliis longius petiolatis praesertim diversa. 8. — Se trouve dans les dunes de Vera-Cruz. FI. violet- tes. Septembre. Tom. xr. 14. (188) 49. HyPTIS RHOMBOÏDEA. ÂVobis. (( Xylodontes. Benth.) (Coll. H. Gal. Ne 679.) Caule herbaceo erecto rufo-pubescenti-hirsuto , foliis petio- latis ovato-rhomboïdeo-lanceolatis crenato-serratis acutis basi cuneatis integerrimis, capitulis longè pedunculatis oppositis, bracteis oblongis obtusis nervosis alternatim majoribus capi- tulo multum longioribus, calycis laciniis lineari-subulatis ci- liatis. — Petioli 3-4-lineares , folia 3-pollicaria , pedunculi 2-3pollicares. — Affinis Æyptidi radiatae Willd,; sed hirsutie bracteisque majoribus praesertim diversa. e. — Se trouve avec l'espèce précédente. FI. violettes. Septembre. 50. HypTis PECTINATA ? Poit. (Coll, H. Gal. N° 628.) Cymis secundis pectinato-racemosis , racemis in paniculam terminalem dispositis, foliis petiolatis subcordato-ovatis serra- tis obtusiusculis supra pubescentibus subtus subtomentoso-vil- losis. @. — Dans les savanes de la colonie allemande de Mi- rador , de 2,500 à 5,500 pieds. FI. violettes. Octobre. 51. Hypris ExCELSA. Vobis. (S Cephalohyptis. Benth.) (Coll. H. Gal. N° 624.) Caule suffruticoso elongato nigrescenti glabro angulis pube- rulis , foliis petiolatis ovato-oblongis acutis utrinque attenuatis inaequaliter serratis basi cuneata integerrima supra glabrius- culis subtus rufo-villosiusculis, pedunculis axillaribus folio internodioque brevioribus , capitulis semiglobosis , bracteis lanceolatis acutis integerrimis subtus trinerviis villosis capi- tulo sublongioribus , calycis dentibus subulatis elongatis pilo- siusculis rufis apice subuncinatis. — Caulis ramosus elatus, petioli semipollicares, folia tripollicaria , capitula florum dia- metro Spollicari. — Affinis Æyptidimacrocephalae Nob.; sed gla- britie caulis, foliis petiolatis et pedunculis brevioribus diversa. ( 189 ) 2. — Se trouve dans les prairies de Mirador, à 5,000 pieds. FI. blanches. Août-octobre. 52. Hypris ASPERA. MVobis. ( Ÿ Mesosphaeria. Benth.) (Coll. H. Gal. N° 620.) Caule erecto pilosulo, angulis subaculeato-asperis, foliis brevè petiolatis ovatis acuminatis serratis basi cuneatis utrin- que pilosiusculis, capitulis paucifloris brevè pedunculatis laxè racemosis, bracteis ovatis acuminatis longitudine calycis, ca- lyce tubuloso campanulato, fauce piloso dentibus setaceis lon- gitudine tubi, corollae tubo calyce duplo longiori., — Caulis ramosus purpurascens, folia pollicaria, racemi bipollicares laxè paniculato-congesti, bracteolae purpurae, corolla coeru- lea. — Affinis Æyptidi urticoides HBK. @. — Dans les haies et savanes boisées de Ja colonie al- lemande de Mirador et Zacuapan , de 2,500 à 5,000 pieds. FI. violettes. Octobre. 53, Hypris niripa. MNobis. ($ Brachydontes? Benth.) (Coll. H. Gal, No 658.) Obs. Species propter specimen incompletum vix recognoscenda. Glabra, herbacea; foliis brevè petiolatis ovato-lanceolatis subcordatis subserratis supra nitidis, capitulis terminalibus spicato-racemosis , bracteis ovato-rotundatis acuminatis con- duplicatis flore majoribus, calyce pubescenti dentibus ovatis obtusis, corolla vix exserta. — Folia pollicaria remote serrata. 2. — Dans les bois et au bord des chemins, dans le sol gneissique de Juquila et de Zacatepeque, près de l'Océan Pacifique (département d'Oaxaca), de 3,000 à 6,000 pieds. FI. bleues. Septembre. IV. MENTHA. Z. 54. MentTua mExICANA. MNobis. (Coll. H. Gal. Ne 640.) Verticillis confertis spicatis terminalibus, pedicellis calyci- busque hirsutiusculis, caule subtomentoso-hirsuto, foliis ses- ( 190 ) silibus subrotundo - cordatis dentatis cuspidato - acuminatis supra rugosis viridibus hirsutiusculis subtus incanis laxè to- mentosis. — Folia pollicaria, in apice caulis praesertim cuspi- data.— Maxime affinis Menthae rotundifoliae L.; sed foliis bre- vioribus spinuloso-acuminatis diversa. @. — On trouve cette espèce, qui possède les mêmes propriétés officinales que notre menthe ordinaire, au bord des ruisseaux, près de Tehuacan de las Granadas, à 5,000 pieds. F1. blanches très-odorantes. Août. 55. MENTHA CANADENSIS. Z. var. Mexicana. Nob. (Coll. H. Gal. N° 633.) Caule adscendente pubescenti-villoso , foliis petiolatis ovato- lanceolatis glabris serratis basi attenuatis subtus glanduloso- punctatis, verticillis globosis multifloris remotis, bracteis lineari-subulatis calyce longioribus. — Folia 2pollicaria, pe- tioli semipollicares pilosiusculi. e. — Se trouve aux bords des ruisseaux de la Misteca Alta (département d'Oaxaca), près de Penoles, etc., et dans la Sierra de Yavezia et de Castra-Sana, au NE. d'Oaxaca , de 6,500 à 7,500 pieds. F1. blanches odorantes. Avril-octobre. V. CUNILA. Z. 56. Cuwica ? sracaxoïnes. lVobis. (Coll. H. Gal. N° 711.) Caule herbaceo erecto pubescenti-hirto, foliis brevè petio- latis ovato-oblongis acutis serrulatis supra pubescentibus sub- tus albido-tomentosis, verticillis multifloris densis contiguis spicatis, calyce striato piloso fauce barbato dentibus acumi- natis, corolla calyce vix duplo longiore extus villosa, labio superiori recto ovato emarginato, inferiori trilobo lobis ovatis. planis subaequalibus , genitalibus exsertis. — Folia 2pollicaria, spica terminalis villosisissima, bracteolae lineari-subulatae, héhé À (191) stamina 2 brevè exserta , stylus paulo longior apicè bifidus. — Habitus Stachydis germanicae L. @. — Se trouve dans les forêts de chênes et de pias du pic d’Orizaba , de 9,000 à 10,000 pieds de hauteur abso- lue. FI. roses. Août. VI. MAJORANA. HMônch. 57. MasOnANA MEXICANA. MVobis. (Coll. H. Gal. N° 617.) Caule herbaceo erecto pubescenti, foliis petiolatis ovato- ellipticis obtusis integerrimis utrinque pubescentibus , pedun- culis trifidis, spiculis oblongis ternis paniculatis, bracteis pu- bescentibus ovatis densè imbricatis. — Folia semi-pollicaria , petioli 2-lineares, caulis apice floribundus subtrichotomus, spiculae 8-10 lineas longae, 3-4 lineas latae, saepius tres in apice pedunculi subpollicaris. @- — Dans les savanes de Mirador , à 3,000 pieds. FL. blanches odorantes. Juillet. VII. PRUNELLA, Z. 58. PRUNELLA ÆQUINOCTIALIS. APK. (Coll. H. Gal. Nos 613, 692, 693 et 709.) @. Dans les champs et les prairies de Xalapa, de 5,500 à 5,500 pieds ; dans les savanes de la Jordana (près Toluca), à 9,000 pieds; sur les rochers trachytiques de Jesus del Monte, près de Morelia de Michoacan, à 6,500 pieds; enfin, dans les forêts et sur les rochers de San Pedro, près Real del Monte, à 8,000 pieds. FI. violettes. Mai-juin-octobre. 59. PRUNELLA. (Coll, H, Gal, Ne 675.) Obs. Specimen mancum non recognoscendum, 6. — Sur les versants du pic d'Orizaba, à 9,000 pieds. FI, rouges, Août. ( 192 ) VIII. SCUTELLARIA. Z. 60. ScUTELLARIA COERULEA ? Moc et Sessé. (Coll. H. Gal. N° 681.) Foliis subrhombeo-ovatis obtusis pubescentibus crenato- serratis basi integerrima brevè petiolatis, floribus axillaribus brevè pedicellatis, calyce pubescenti, corolla pubescenti-coe- rulea calyce 6tuplo longiori. — Folia pollicaria, flores ;polli- cares. 0. — Se trouve dans les forêts du pic d’Orizaba , à 9,500 pieds. FI. bleuâtres. Août. GI. ScuTELLARIA COERULEA? Moc et Sessé. var. Minor. Nob. (Coll. H. Gal. N° 671.) Caulé humili subhirto, foliis ovato-rotundatis obtusis cre- natis pilosiusculis. e. — Croît dans les endroits humides du Cerro de San Felipe, au N. d'Oaxaca, à 8,000 pieds. F1. bleues. Décem- bre. IX. PERILOMIA. ZPK. 62. PERILOMIA TOMENTOSA? Bentham. (Coll. H. Gal. N° 622.) Caule fruticoso tomentoso-pubescenti , foliis petiolatis ovatis crenatis basi subcuneatis supra pubescentibus subtus molliter canescenti-tomentoso-pubescentibus , corolla gracili elongata calyce tomentoso-pubescenti sextuplo longiore, achaenis ru- guloso-punctatis. — Folia semipollicaria, corolla coccinea 6-8 lineas longa. @.— Dans les bois de Consoquitla : ferme dépendante de la colonie allemande de Mirador , à 2,000 pieds. FI. rouges. Août, XL /STACHNSAZ: 65. Sracuys GazeoTru. Martens. (\ Stachyotypus, Agrestes.Benth.) (Coll. H. Gal. No 698.) Caule annuo decumbenti simplici hirsuto , foliis peuiolatis (193) ovato-oblongis obtusis dentato-serratis utrinque pilosis, ver- ticillis Gfloris infernè remotis, calyce tubuloso-campanulato piloso dentibus spinulosis, corolla calyce duplo longiore. — Caulis pedalis, petioli marginati 3-{0lineares, folia inferiora pollicaria ovata in petiolum attenuata, superiora ovato-oblonga 1-24-pollicaria brevè petiolata, flores 3-Alineares. — Affinis Stachydi agrariae Schlecht; sed hirsutie floribusque longiori- bus praesertim diversa. @. — Dans les bois de Moran, près Real del Monte, de 7,500 à 8,000 pieds. F1. rosätres. Septembre. GA. Sracnys PARVIFOLIA. Mobis, (Ÿ Agrestes. Benth.) (Coll. H. Gal. N° 701.) Caule herbaceo pubescenti-hirto, foliis petiolatis cordato- oyatis obtusis crenatis pilosiusculis , verticillis 4-floris remotis, calycis pilosi laciniis lanceolato-subulatis tubo aequalibus , co- rolla calyce duplo longiore , labio superiori integro ovato con- cavo, inferiore late trilobo duplo longiore. — Folia 6-9 lineas longa , semipollicem lata , floralia ovata brevè petiolata calyce duplo longiora. — Affinis Stachydi Drummondii Benth. @.— Se trouve avec l'espèce précédente. FI. roses. Août- novembre. G5. STacys BORAGINOÏDES. Cham. et Schlecht. (Coll. H. Gal. N° 623.) e.— Dans les forêts de Mirador, Totutla, Huatusco, etc., près de Vera-Cruz, de 3,000 à 4,500 pieds. FI. roses. Août. GG. Sracuys cOCCINEA. Jacq. (Coll. H. Gal. Nos 636 et 661.) @.— Dans les forêts alpines de la cordillère orientale d'Oaxaca , près de Yavezia, au Cerro de San Felipe, etc., de 7,000 à 9,000 pieds. FI. rouges. Juin-septembre. ( 194 j 67. Sracuys REPENS. Mobis. (Goll. H. Gal. N° 682.) Stachys eriantha ? Benth. Caule herbaceo repente pubescenti, foliis petiolatis cor- dato-ovatis oblongis obtusis crenatis glabriusculis, verticillis sub-6floris apice in spicam ovoideam approximatis , calyce sub- sessili piloso aequaliter 5dentato, dentibus ovatis obtusis, co- rolla calycem brevi excedente, petioli semi-pollicares, folia &-lpollicaria , floralia pilosiuscula , calix 3-4-linearis. @. — Dans les forêts de chênes et de pins du pie d’Ori- zaba, de 8,500 à 9,500 pieds de hauteur absolue. FI. ro- sâtres. Août. 68. Sracnys AGRARIA. Schiede, Cham. et Schlecht. (Coll. H. Gal. No 669.) @.— Dans les champs des régions tempérées, près de Xalapa (Vera-Cruz), de Talea (département d’Oaxaca), etc., de 5,500 à 4,500 pieds. FI. rosâtres. Décembre. 69. Sracuyxs ExCELSA. Mobis. (\ Stachyotypus. Benth.) (Coll. H. Gal. N° 662.) Caule erecto herbaceo hirsuto apice glanduloso, foliis brevè petiolatis ovato-oblongis obtusis serratis, supra densè adpressè pilosis subtus pubescentibus, verticillis sub 5-floris distantibus longè spicato-racemosis, calyce breviter pedicellato glanduloso- hirsuto spinoso-dentato , corollae tubo vix exserto, galea inte- gerrima extus hirsuta. — Folia caulina pollicaria in petiolum brevem attenuata. @. — Dans les savanes de Juquila del Sur, près de l'Océan Pacifique ( département d'Oaxaca ), à 5,000 pieds. FI. violettes. Septembre. 70. Sracuys pILOSISSIMA. MVobis. (Coll. H. Gal. No 647.) Hirsutissima, cauli humili erecto , foliis longè petiolatis ovato-ellipticis basi cordatis apice obtusis crenatis, verticillis ( 195 ) contiguis brevè spicatis , calycibus spinuloso-mucronatis, co- rolla rosea calyce duplo longiore. Caulis brevis erectus densè hirsutus, petioli pollicares, folia pollicaria utrinque et praeserlim supra densè hirsuto-pilosa, spica brevis subcapi- tata terminalis. — Habitu accedit ad Betonicam hirsutam L. e- — Habite les lisières des bois et des prairies des ré- gions alpines de la cordillère orientale d'Oaxaca , surtout le Cerro de San Felipe, près d'Oaxaca , à 8,000 pieds. FI. roses. Mai-septembre. 71, Sracays? (Coll. H. Gal. No 689.) Obs. Specimen defectu floris dubium. XI. LEPECHINIA. W'illd. Spreng. 72. LEPECHINIA sPicATA. ZPKX. (Coll. H. Gal. Nos 686 et 708.) @- — Dans les prairies et bois de Moran , près de Real del Monte , à 7,500 pieds, et près d’Ario (département du Michoacan) , à 5,000 pieds. F1. blanches. Août. XII. DEKINIA. Gen. Nov. (1). Car. gen. — Calix inflato-campanulatus 15nervius subbila- biatus , labio superiori bifido, inferiori trifido, laciniis omnibus lineari-subulatis aristatis subaequalibus, fauce intus nuda ; corolla calyce parum longior tubo intus nudo, limbi bilabiati labio superiori recto lato emarginato-bifido , labio inferiori trilobo , lobo medio lato crenato; stamina 4 subaequalia sub- exserta, filamenta glabra, antherae approximatae loculis pa- rallelis, stylus glaber apice aequaliter bifidus; achaenia loevia subtrigona. — Herba mexicana foliis oppositis subcordato- (1) Divimus in honorem CL. Dekin, botanographi belgici ; Gui florulam PBruxellensem anno 1814 edidit. ( 196 ) ovatis, verticillis densè multifloris arctè spicatis. — Genus affine Lepechiniae ; sed lobo corollae inferiori caeterisque notis diversum. 73 DEKINIA COCCINEA. Vobis. (Coll. H. Gal. Nv 676.) Caule herbaceo pubescenti erecto , foliis petiolatis ovatis acuminatis serratis basi subcordatis utrinque pubescentibus, foliis floralibus ovato-lanceolatis, bracteolis linearibus calyce brevioribus, verticillis densis multifloris, inferiori remoto , cae- teris spicam densam contraclam ovoiïdeam terminalem effor- mantibus, calycibus subscariosis, corolla coccinea. — Folia sesquipollicaria, petioli 8-Slineares , spica terminalis crassa sesquipollicaris, calyces semipollicares. — Habitus Lophanti nepetoïdes Benth ; sed spica breviori calycinisque laciniis elon- gatis aristatis ac corolla coccinea abundè diversa. ©. — Dans les prairies du hameau de Totozinapa (route de Coscomatepeque à la Vaqueria del Jacal), situé sur le flanc du pic d'Orizaba , à 8,000 pieds. FI. rouges. Août. XIII. MARRUBIUM. Z. 724. MaRRUBIUM HAMATUM. ZPBKX. (Coll. H. Gal. Nos 614, 672 et 703.) @.— Dans les champs et près des endroits cultivés de Xalapa , à 4,000 pieds ; de Yavezia (cordillère orientale d'Oaxaca), à 7,000 pieds , et dans les rues de Real del Monte, à 8,000 pieds. FI. blanches. Août-décembre. Obs. Restant Labiatae plurimae propter specimina incompleta non reco- gnoscendae, scilicet n°° 610, 615, 626, 627, 655, 645 et 7,200. (197 ) Note sur les divisions géographiques, par J.-J. d'Omalius d'Halloy, membre de l'académie. On sait que les divisions dont on se sert pour distinguer les diverses portions de la surface de la terre peuvent se ranger dans deux catégories principales, selon qu'elles se rapportent à des considérations politiques ou purement géographiques. Les premières sont celles qui résultent du pouvoir que certains hommes exercent sur d’autres hommes; ce sont les plus en usage, parce que les rapports qui dérivent de la soumission à un pouvoir commun, ainsi que les entraves établies dans les communications entre les pays soumis à des pouvoirs différents, sont cause que ces divisions déter- minent ou empêchent une foule de relations sociales ; mais ces divisions ont l'inconvénient d’être extrêmement varia- bles, puisqu'elles changent chaque fois qu'un état augmente ou diminue, ou chaque fois qu'il modifie son système d’ad- ministration; elles sont extrêmement irrégulières: certains états enlaçant pour ainsi dire tout le globe terrestre, tandis que d’autres ne consistent que dans des points pres- que imperceptibles ; elles ne sont pas non plus applicables à toute la terre: certaines contrées inhabitées ou occupées par des hordes nomades ne ressortissant à aucun état ou ne présentant aucune subdivision fixe. I résulte de cet état de choses que l’on se sert, dans beaucoup de circonstances, de divisions géographiques, c’est-à-dire déterminées, ou censées déterminées, par des circonstances géographiques. Celles-ci sont notamment les seules en usage pour les très- ( 198 ) grandes divisions de la terre, c’est-à-dire pour celles qui la partagent en cinq parties et pour celles qui établissent dans chacune de ces parties deux, trois ou quatre subdi- visions; mais aussitôt que l’on passe à des subdivisions en dessous de ces deux premiers rangs, il n’y a plus rien d'uniforme, et l’on se sert à peu près indistinctement de divisions géographiques et politiques. Ces dernières sont en général exclusivement employées lorsqu'il s’agit d'états ou de fractions d'états qui réunissent une longue existence à une configuration régulière, tandis que l’on se sert plus souvent d'une dénomination géographique lorsqu'il s’agit de désigner une portion de la surface terrestre déterminée par quelques circonstances naturelles et qui ne coïncide pas avec une division politique; c’est ainsi, par exemple, que l’on emploie généralement le nom d'Italie pour dési- gner une région géographique qui, depuis des siècles, ne se rapporte avec aucune division politique. fl semble done qu’il serait avantageux pour la description de la terre que l'on fit pour les divisions inférieures ce que l’on a fait pour celles des deux premiers rangs, et c'est ce qui a déjà été tenté pour les divisions de troisième rang; mais on conçoit qu'il est impossible qu’une seule personne, ou qu'une réu- nion de personnes habitant un même pays, fassent, pour les subdivisions plus basses, un travail qui s'applique à beaucoup de contrées, et que l'on n'obtiendra quelque chose de complet sur cette matière qu'après que des habitants de chaque pays auront concouru à ce travail, Or, pour at- teindre ce but, il faut appeler l'attention sur ce genre de recherches en présentant des exemples de semblables divi- sions, en stimulant, en quelque manière, le zèle des habi- tants d’un pays par l’imperfection de celles de ces divisions que l’on propose pour les régions qu’ils connaissent et en (199 ) relevant, s'il est permis de s'exprimer de la sorte, les con- trées géographiques de la défaveur dont elles sont frappées aux yeux des géographes; défaveur qui est telle, que quand ils éprouvent la nécessité de citer une division de cette nature , ils se croient obligés d'employer un correctif et de dire la contrée vulgairement désignée par tel nom. Cepen- dant, bien loin de voir dans cette application du mot vul- gaire une cause de mépris, on devrait, au contraire, y voir un titre d'illustration, car si une dénomination qui n’est soutenue par aucune disposition du pouvoir, peut s'établir ou se maintenir dans l'usage vulgaire, c’est qu’elle satis- fait à un besoin en donnant un moyen plus facile de dési- gnation ou en établissant une division plus naturelle que ce qui est consacré par les dénominations ou les démarca- tions politiques. Je pense donc que c’est à ces subdivisions vulgaires que l’on doit donner la préférence pour les des- eriptions géographiques, et qu’il serait , en conséquence, à désirer que l’on parvint, non-seulement à connaître toutes les divisions de ce genre qui sont en usage, mais aussi que l'on cherchât à les régulariser et à les rendre applicables à toute la terre. Les meilleures de ces divisions sont sans contredit celles qui sont déterminées par quelques circonstances naturel- les, comme celles qui correspondent à un groupe d'îles, à une péninsule , à une chaîne de montagnes, à un pla- teau, à un désert de sable, etc.; mais toutes les portions de la surface de la terre ne sont pas assez nettement tran- chées pour que l’on puisse y appliquer un semblable sys- tème, et souvent ces divisions rompent d'autre rapports qui doivent être conservés. L'usage souscrirait-il jamais, par exemple , à faire deux régions séparées de la péninsule scan- dinave et des îles qui bordent cette péninsule lesquelles s’y ( 200 ) trouvent tellement attachées, que telle terre forme une île à marée haute et une péninsule à marée basse. La chaîne des Alpes forme sans contredit un trait trop remarquable de la configuration de l'Europe, pour ne point être traitée séparément dans l'étude orographique de cette partie de la terre; mais doil-on la considérer comme une région parti- culière, et l'usage s’astreindra-t-il jamais à admettre que l'Italie, la France, l'Allemagne, la Hongrie ne contien- nent aucune portion de cette vaste chaîne de montagnes? D'un autre côté, quelque difficile que soit la détermination du faîte d’une chaîne de montagnes, elle l’est moins que le pied; aussi est-il bien rare qu’une délimitation soit éta- blie d’après ce pied , et quel est le géographe, par exemple, qui ait pensé à établir la démarcation entre l'Europe et l'Asie par le pied plutôt que par le faîte de l’Oural? Jecrois, en conséquence, que, outre la nécessité de signaler dans les descriptions de la surface de la terre les grands traits as- tronomiques, hydrographiques, orographiques, minéralo- giques , géognostiques , agricoles et politiques, qui nous font connaître ses divisions en zones glaciales, tempérées ou torrides; en mers, îles ou continents; en plaines, pla- teaux, collines ou montagnes; en pays sableux, argileux ou calcaires ; en terrains primaires, secondaires, tertiaires ou modernes; en pays cultivés, boisés ou déserts; en états ou subdivisions administratives; il convient d’avoir aussi des divisions qui, n’élant pas déterminées par un principe exclusif, puissent mieux se prêter aux divers besoins de l'usage et que j'appelle géographiques, parce qu’elles n’ont d’autres caractères constants que d'exprimer une portion déterminée de la surface de la terre. Il serait certainement à désirer que ces divisions pussent toujours coincider avec une considération naturelle; mais on vient de voir que la nature ne se prête pas à ce résultat, aussi he cp té nl a de en ne ( 201 ) l'usage a-t-il souvent conservé, comme divisions géogra- phiques, d'anciennes divisions politiques, lorsque leurs dé- limitations et leurs dénominations les rendaient plus commodes que celles qu'on leur a substituées. Ces ancien- nes divisions politiques ainsi conservées par l'usage, ont même , en général , sur celles qui ont encore une existence officielle, l'avantage de réunir à une terminologie plus commode la faculté de prendre dans leur application usuelle des délimitations plus régulières ou plus naturelles que celles qui leur étaient assignées lorsqu'elles avaient une circonscription légale (1). (1) De toutes les dénominations employées pour désigner des divisions ad- ministratives les plus malheureusement choisies sont celles tirées de circon- stances géographiques, lorsque ces divisions ne coïncident pas avec l’acception donnée originairement à ces dénominations ; car, comme elles réveillent une idée différente, on ne peut en général s'en servir qu’en faisant précéder le nom particulier du nom générique de la division administrative. Comment est-il possible, par exemple, que le mot Vosges , prononcé isolément, donne l’idée d’une circonscription territoriale qui ne comprend qu’un quart de la chaîne de montagnes de ce nom et dont près des trois quarts de la surface n’appar- tiennent pas à cette chaîne ? La personne qui dirait qu’él y a beaucoup de ri- chesse dans la Seine, ne porterait-elle pas à croire qu’elle veut parler des objets enfouis dans le lit de la rivière de ce nom , plutôt que des richesses existantes dans le département dont Paris est le chef-lieu? Aussi, sauf quelques excep- tions appliquées à des dénominations univoques dont le sens originaire est presque oublié, les noms des départements français ne sont pas employés dans les relations usuelles , et ils n’ont laissé aucune trace dans certains pays, ou, comme en Belgique et en Piémont, ils ont été abandonnés après avoir été consacrés pendant vingt ans par le langage officiel, Les dénominations tirées du nom d’une ville chef-lieu présentent aussi des inconvénients quand elles ne peuvent pas prendre une forme adjective, ou bien quand elles n'ont pas fait oublier le nom originaire, et que l’usage n’a pas au- torisé leur emploi avec un article , car des dénominations telles que le Soës- sonnais et le Mecklenbourg sont aussi commodes que les noms triviaux pro- prement dits. ( 202 ) Telles sont les considérations qui me portent, non pas à présenter le tableau des contrées géographiques de la terre, car de longtemps il ne sera permis de penser à faire un semblable travail, mais à joindre à la présente note quelques noms disposés de manière à donner l’idée d’un tableau de ce genre. J’ai laissé dans cette énumération des dénominations qui ne s'accordent pas avec les principes que je viens d'exposer, mais il m'a paru que quand il n’était pas à ma connaissance que l'usage eût consacré quelque chose de convenable, il valait mieux me servir d’une dé- nomination vicieuse existante ou modifier une circonscrip- tion déjà admise plutôt que de créer des mots nouveaux, puisque la communication que je hasarde ici n’a, comme on vient de le voir, d'autre but que d'engager les personnes qui s'occupent de ce genre de recherches à faire connaître leurs vues sur les moyens de remplir quelques lacunes ou de rectifier le petit nombre de divisions que j'indique. Par la même raison j'ai reproduit, dans cette esquisse , la dis- tribution en régions que j'avais proposées il y a plusieurs années, sans chercher à y faire d'amélioration, et, afin de ne pas donner trop d'extension à cette note, je n’y ajoute aucun détail sur les délimitations et les caractères des di- visions qui figurent dans le tableau, non plus que sur les motifs qui m'ont porté à adopter ou à rejeter certaines dénominations plus ou moins en usage, et je renvoie, pour ce qui concerne les divisions de 2° et de 5° rang, aux ren- seignements contenus dans la 5° édition de mes Éléments de géologie. PR PR ( 203 ) Idée d’un tableau qui présenterait la division de la terre en régions et contrées géographiques. EUROPE OCCIDENTALE. SPITZBERG. ILES FEROE. Angleterre. Grande-Bretagne. 2 ' ILES BRITANNIQUES, Ecosse. Irlande. ILES AÇORES, Castille, Andalousie. Algarves. Portugal. Galice. ESPAGNE . Asturies. Biscaie. Navarre. Aragon. Catalogne. Royaume de Valence. | Iles Éoliennes. Sardaigne, Corse, Hes Baléares, | Insulaire , Sicile. Malle. Calabre. Apulie. Campanie. ITALIE . Péninsulairel., }'Abruzze. Latium. Marches, Romagne. Toscane. Vénétie. bardie , Septentrionale, Lormbari Ligurie. Piémont. Tom, xx, 15. Plateau central. / | ] FRANCE, . . ( Bassin de Paris. ( 204 ) Auvergne . . d. Bourbonnais. Marche. Limousin , Rouergue. Gévaudan. Vivarais. Lyonnais. Haute- Bourgogne. Basse-Bourgogne. | Gâtinais. Nivernais Berry le. Sologne. Beauce. Perche. = Parisis . Brie. Champagne | ‘ Montagne de Reims. Haute, Basse, Haut. Bas. Maconnais. Charolais. Morvan. Auxois. Dijonnais. Châtillonnais. Auxerrois. Senonnais. Septentrional. Propre. Puysaie. Oriental. Occidental. Basse. Haute. Chartrain. Hurepoix. Mantais. Plaine de St-Denis. Propre. Perthois. Réthelois. ( 205 ) Bassin de Paris, / Tardenois. (Se) Valois. nr Beauvaisis. Méridionale. Noyonnais. Soissonnais. Laonnais. Picardie , Septentrio- } Santerre. nale, .. Amiénois. Ponthieu. Vimeux. Pays de Bray. Vexin. | | Pays de Caux. | Haute-Normandie. Roumois. Pays d’Ouche dv N Neubourg. Lieuvain. Thiérache. Vermandois. Campagne de Caen. Basse-Normandie , pes Houlme. | Pays d’Auge. \ Bessin. Cotentin. Bocage. Finisterre. Basse, ( Morbihan. Bretagne, 8 | Septentrionale. | Haute Orientale. Ouest . { Méridionale. Haut. Maine. Bas Anjou. Touraine. ; Haut, PODON Ta x Le Lo Moyen. | Vendée. Saintonge. Augoumois. FRANCE . . . (Snile.) Sud-Ouest Pays entre le Rhône et les Alpes. . .. ( 206 ) | Gascogne. Languedoc . Roussillon, Provence, Dauphiné. Savoie. » Périgord. nd Bordelais. Landes. Chalosse. Béarn. . Rs Propre. Bigorre. Armagnac. Quercy. Agénois. Haut. Bas, Albigeois. Toulousain. Comminges. Arriége . Aude, Hérault. Gard. Sud-Ouest. Sud-Est (Var). Pays de Nice. Nord-Est. Nord-Ouest (Vaucluse). Bas. Haut. Maurienne. Tarentaise. Propre. Gènevois. F'aucigny. Chablais. Couserans. Pays deFoix. ( 207 ) | Haute (Oberland.) | Î Sissene Basse. Jurassienne, Bugey. Bresse, Méridionale. | Franche-Comté . | Orientale. Septentrionale. | Bassigny. Pays entre les Méridionale. Alpeset l'Ar- € Centrale. dennes | Toulois. | Barrois. Lorraine. . À Argoune. Voivre, | Septentrionale. Messin. \ Pays de la Sarre. FRANCE : | Sunigau, (Suite.) \ Alsace, Haute, ” Basse. | Palatinat. Hundsrück. | Eifel. | | Ardenne. | \ Famenne. | Condros . , Propre. | | Pays de Herve. Heshaie. Hageland, Brabant . : | Environs de Bruxelles, Wallon. Entre Sambre et Meuse. Hainaut , , . Propre. Cambrésis. | Propre. | AE PERS Le } Artois , . | Boulonais. de-Calais, , Calaisis, ( 208 ) Flandre , Campine. Pays de Juliers. Gueldre. Zélande. | Hollande. Overyssel. ERISe LME; Ostphalie. : | Westphalie , . | Wéteravie. Hesse. Saxe . Brandebourg. Mecklenbourg. Holstein. Poméranie. Posnanie, FRANCE Pays entre le (Suite. Rhinetle Pas- de-Calais .. (Suite.) | | Septentrionale . ALLEMAGNE , : À L1SiTéE et TU l | Méridionale. Occidentale. Septentrionale. Orientale. Mcridionale. Septentrionale. Pays de Drenthe. — de Leuwarde, — de Groningue. — d’Aurich. — d'Oldenbourg. Pays de Stade. — de Lunebourg. — d'Hanovre, — de Magdebourg. Harz. Pays d’Hildesheim, Pays de Minden. — d’Osnabrück. — de Münster. Sauerland. Pays de Berg. Thuringe. Voigtland. Misnie, Lusace. Haute. Basse, td nn cs à ( 209 ) ALLEMAGNE . | Moravie. (Suite.) | Bohémel Autriche. Stirie. Carinthie. Méridionale. . / \ Tirol. | Grisons. | Bavière, | Souabe. | \ Franconie. Continental . j DEN | Jutland. DANEMARCK. : Secland. , Insulaire . Fonte. Laaland. Etc., etc. Ile de Bornholm. Ile d'OEland. Ile de Gothland. Archipel de Stockholnr. Scanie. | Insulaire . Bleckingie. Smaland. Halland. Gothie propre. Dalie. Gothie Sudermanie. AUS. { Uppland. Westmanie. Svealand . ER Vermeland. Dalécarlie. Gestricie, EE Helsingie. Medelpadie. Angermanic. \ Norland . Herjedalie. Jemptie. } SCANDINAVIF. . { om, Bothnie. ( 210 ) SCANDINAVIE . (Suite.) Norvege . Laponie ( Méridionale. | Septentrionale. Septentrionale. Méridionale. Orientale. EUROPE ORIENTALE. Septentrionale, Entre la Néva et la Berézina . . Centrale . Permienne, . , . | Sud-Est. . . 2 | RUSSIE. Nouvelle Zemble. Gouvnt d'Archangel (non compris la partie lapone.) de Vologda. d’Olonetz (non compris la par- tie lapone.) Finlande. Ingrie. Esthonie. Livonie. Gouvnt de Pskov. de Vitepsk. de Mohilev. de Smolensk. de Tver, de Novogorod. d'Iaroslav. de Vladimir. de Moscou. de Riazan. de Toula. de Kalouga. d'Orel. de Koursk. de Voroneje. de Tambov. de Penza, de Nijni novogorod. de Kostroma. Gouvnt de Viatka. de Perm, d’Orenbourg, de Kasan. de Simbirsk. de Saratof. d’Astrakhan. de Stavropol. Pays des Cosaques de la Mer-Noire, du Don. Parties européennes, RUSSIE . (Suite.) POLOGNE HONGRIE SLAVOGRÉCE Sud-Ouest . Orientale Occidentale (211 ) Gouvnt d'Ekaterinoslav. Bessarabie. de de de de de de Moldavie. Poldolie. Volhynie. Samogitie. Courlande. Prusse. Kharkov. Poltava. Tchernigoy. Kiev. Kherson. Tauride. Pologne propre. Galicie, Hongrie propre. Transylvanie. Valachie. ; Polésie. Lithuanie. Syrmie, | Esclavonie . Propre. Croatie. Carniole. lstrie. Dalmatie , Bosnie, Servie. Bulgarie. Thrace. Macédoine, Albanie Thessalie. \ Grèce , Warasdin. Propre. Herzegovine. Livadie. Morte. Iles Ionniennes. Candie. Archipel grec. ASIE SEPTENTRIONALE. Sibérie . { Occidentale. Orientale. ASIE MÉDIANE. lles Kouriles. Japon. Corée. Mandchourie. Mongolie. Chine. Tibet. T'angut. Dzoungarie. Turkestau. Perse, Chaldarménie . Analolie Kurdistan. Chaldée. Mésopotamie. Syrie. Arménie. Azerbaydjan. Shirvan. Géorgie. Abasie. , Pont. Papblagonie. Bithynie. Mysie. Lydie. Carie. Lycie. Pamphylic. Pisidie. Phrygie. Cappadoce. Cilicie. \ Chypre. (212) ASIE MÉRIDIONALE. Arabie. Hindoustan. Septentrional ou Hindoustan prop. dit . . ED | Méridional ou / \ Dékan Indochine. les Philippines. Iles de la Sonde. / Kohistan. Penjab. Multan. Sind. Cutch. Guzerate. Adjemir. Delhy. Gurwal. Agra. Oude. Népal. Boutan. Assam. Bengale. Babar. | Allahabad. Malwa. Kandish. Bérar. Gandwana, Orissa. Bider. Aurungabad. Béjapour. Hyderabad. Balagat. FT. Canara. Mysore. Coïmhatour. Malahbar. Carnalic. Ceylan. Iles Maldives. Archipel des Moluques. \ Iles Lacquedives. (213) AFRIQUE SEPTENTRIONALE. Iles Madères. Iles Canaries. Iles du Cap-Vert. Barbarie. Égypte. Nubie. Sahara. Sénégambie. Soudan. Abyssinie. AFRIQUE MÉRIDIONALE. Ajan. Zanguebar. Cafrérie. Capland. Cimbébasie, Congo. Iles Australes. Archipel de Madagascar. AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. Islande. Groenland. Nouvelle-Bretagne. | Béringie. | Orégonic. | ( Pays à l'est des Apa- laches. : ‘ Pays entre les Apala- Washingtonie. ches et le Mississipi. Pays entrele Mississipi etles Rocky mountains, Mexique. Gualimala. Antilles. AMÉRIQUE MÉRIDIONALE. Nouvelle-Grenade. Guyane. Quito. Pérou. Bolivie. Brésil. Platarie. Chili. Patagonie. Iles Australes. POLYNÉSIE. Archipel de Magellan. Archipel d’Anson. Iles Mariannes. Iles Carolines. Archipel de Mulgrave. Iles Sandwich. Archipel des Marquises. Archipel de Pomotou. iles de la Société. Archipel de Cook. . Archipel de Bougainville. Iles des Amis. Iles Fidji. AUSTRALIE. Nouvelle-Hollande. Nouvelle-Guinée. Archipel de Salomon. Nouvelles-Hébrides. Nouvelle-Calédonie. Nouvelle-Zélande. ANTARCTIE. Terres de Wilkes, Terres d'Enderby. Terres de Gerrits. (214) Nole sur une figurine de bronze trouvée à Casterlé (Province d'Anvers); par M. De Witte, correspondant de l’acadé- mie. L’académie a publié dans le tome XI de ses Bulletins, 1° partie, p. 58 , une statuette de bronze trouvée. en 1841, dans les environs d'Anvers. On a regardé longtemps ces sortes de figurines comme représentant l’Hercule gaulois. Notre savant confrère, M. le chanoine De Ram, rappelant un article inséré dans les Mémoires de la société des anti- quaires de la Morinie (tome V, p. 551), semble porté à partager cette opinion. S'appuyant sur les raisonnements d’un antiquaire de Saint-Omer, M. Pagart, qui, dans l’ar- ticle cité, donne la description d’une statuette du même genre trouvée en 1859, dans le port de Calais , M. De Ram a rassemblé quelques passages relatifs à l'Hercule-Ogmios, tirés des auteurs classiques. On sait aujourd’hui d’une ma- uière certaine que toutes ces figurines d’un travail gros- sier et barbare, représentant la plupart du temps une es- pèce d'Hercule d’un caractère sauvage, loin de remonter à l'époque des anciens Gaulois, appartiennent toutes sans exception à l'art peu avancé du XIV° et du XV° siècle. On connaît un assez graud nombre de statuettes de bronze et même de fer, analogues à celle de Casterlé. Les unes ont les pieds perforés, d’autres ont au dos des attaches ou te- nons percés de trous, servant à fixer ces figurines aux murs ou à quelque meuble. On rencontre des figurines d’un ca- ractère et d’un travail peu différent des statuettes de Calais et d'Anvers, non-seulement en France, mais encore dans ne ns ( 215 ) plusieurs endroits de l'Allemagne. II serait très-possible que la figurine trouvée dans les environs d'Anvers, et qui semble représenter un Hercule, eût été considérée au moyen âge comme une représentation du géant Antigone, dont la légende fabuleuse, comme on sait, appartient aux traditions de la fondation d'Anvers. En fait d'antiquités gauloises, on a souvent considéré comme telles des objets qui appartiennent aux âges de la dé- cadence, quand l’art de la sculpture et de la peinture était retourné au point d’où il était parti. Et c’est précisement là ce qui a occasionné l'erreur , partagée d’ailleurs par une foule de savants, de regarder comme produits d’une haute antiquité des figurines qui ne remontent qu'à quelques siècles. M. le chanoine De Ram répond à ces observations. « Je dois des remerciments à M. De Witte, pour la bonté qu'il a eue de s'occuper de ma note sur la statuette de Casterlé. Je lui serais infiniment reconnaissant s’il voulait me fournir les preuves qui établissent que les statuettes , considérées jusqu'ici par plusieurs archéologues comme la représentation de l’Hercule-Ogmios des Gaulois, n'appar- tiennent pas à la période gauloise, mais au XIIIe où XIV° siècle. » La statuette de Casterlé diffère beaucoup de celles que j'ai vues à Paris au musée du Louvre et ailleurs; elle a été trouvée dans une localité où l’on a découvert , à peu près vers la même époque, des urnes et d’autres objets qui ap- partiennent évidemment à la période gauloise ou romaine. » Dans ma note je n'ai fait que soulever une question. Il ne m'appartient pas de la décider. Je me féliciterai de la voir traitée par un archéologue aussi distingué que ( 216 ) M. De Witte, qui me permettra de lui faire remarquer que je ne puis trouver aucun rapport entre la statuette en ques- tion et la légende d’un géant Antigone. » Sur une notice de M. Willems , concernant d'anciennes chan- sons françaises ; par le baron de Stassart, vice-directeur de l'académie. En lisant le compte rendu de notre séance du 1° juin, j'ai fait quelques observations que je crois devoir vous sou- mettre : Dans sa notice sur un recueil d'anciennes chansons françaises, notice très-intéressante, mais dont nous ne dirons cependant point : « La mère en prescrira la lecture à sa fille. » Notre honorable confrère, M. Willems, accuse Henri IV d’une sorte de plagiat, à propos de ce refrain qui termine chaque couplet de la chanson : Charmante Gabrielle : Cruelle départie, Malheureux jour ! Que ne suis-je sans vie Ou sans amour ! Le recueil qui renferme ces vers est, dit-on, de 4608, et dès-lors, bien qu’on le suppose écrit en Flandre, rien n'empêche, me semble-t-il, d'admettre que ce soit ici le refrain même de cette délicieuse romance, composée (air et paroles) par le bon roi, de 1590, que commencèrent ses liaison, avec Gabrielle d'Estrées , à 1594, époque de la prise de Paris, bientôt suivie de la pacification de la France (217 ) entière. Certes, quoique les locomotives à la vapeur et les télégraphes ne fussent pas encore inventés, il est permis de croire que quatorze ans peuvent avoir sufli pour qu'un refrain, rempli de charme et jouissant d’un succès popu- laire en France, parvint aux oreilles d’un flamand, amateur de chansons françaises. Mon ingénieux et savant confrère m’excusera sans doute de protester contre une assertion qui me paraît trop ha- sardée, disons-le, contre une injuste spoliation : on ne doit pas aussi facilement désenchanter l’histoire littéraire, qui se plaît à voir, pour ainsi dire au nombre de nos trou- badours, un grand prince dont la gloire, en ce moment, reçoit un nouvel éclat par la publication de ses lettres si spirituelles , si gracieuses et si bien en harmonie avec les pièces de vers qui lui sont généralement attribuées (1). HISTOIRE LITTÉRAIRE. Pierre Stockmans. — Suite de la BIBLIOTHECA TORNACENSIS de Du Fief; par M. le baron de Reiïffenberg, membre de l'académie. L, L'événement le plus considérable du dix-septième siècle est certainement la succession d'Espagne. Ce grand débat a embrassé environ soixante-dix-neuf années, si l’on tient (1) Recueil des lettres missives de Henri IF, publié (sous le patronage du gouvernement français), par M. Berger de Xivrey, membre de l'institut de France. Paris, imprimerie royale , in-40. Les deux premiers volumes ont paru en 1843. ( 218 ) compte du temps où se sont fait sentir ses résultats. Il a exercé la politique la plus forte, mis en jeu les intérêts les plus hauts et les hommes les plus habiles. Au milieu de ces querelles , dont M. Mignet a exposé le côté diplomatique avec une finesse merveilleuse et une rare étendue de coup d'œil, apparaît un jurisconsulte belge qui, les lois et les vieilles constitutions à la main, vient faire tête à Louis XIV et aux jurisconsultes français suivant la cour. Le nom de Stockmans est inséparablement uni au droit de dévolution , à cette coutume du Brabant, suivie dans quelques pro- vinces des Pays-Bas et d’après laquelle les biens patrimo- niaux étaient dévolus aux enfants du premier lit, sans égard aux enfants du second, coutume que Louis XIV voulut faire passer dans l’ordre politique, attendu qu'il avait épousé Marie-Thérèse d'Autriche, issue du mariage de Philippe IV, roi d'Espagne, avec Élisabeth de France et fille unique du premier lit. Stockmans était un esprit calme et prudent, auquel convenait parfaitement la devise Tranquillé qu'il avait ajoutée à ses armes et qui se peint sur sa grave physiono- mie, dans son portrait gravé par Harrewyn. Professeur distingué à l’université de Louvain , il remplit successive- ment des fonctions élevées dans la magistrature et emporta la réputation d’un jurisconsulte instruit, d’un magistrat intègre , d'un homme d'état plein de fermeté et de sagesse. La Cour d'appel de Bruxelles a entendu dernièrement l'éloge de ce belge si distingué dans la bouche de son pro- cureur général, et nous applaudissons de tout notre pou- voir à l'innovation introduite par M. De Bavay dans les discours de rentrée. L'histoire des hommes qui ont honoré la robe vaut infiniment mieux que les lieux communs les plus ingénieux. ( 219 ) Le grand père de Stockmans, nommé Sébastien, maître de police de la ville d'Anvers, épousa Jeanne Van Goinlle; son père, Henri Stockmans, surintendant des fortifica- tions de la même ville, mort en 1628 , avait eu pour femme Cornélie Knyf, décédée en 1650. Quant à Pierre Stockmans, il épousa Anne-Marie Scho- rebrott, morte en 1654. Son frère, Jean Stockmans, sei- gneur de Herve, deS'-Laurent etde Bouchout , conseiller de l'amirauté à Ostende, cessa de vivre en 1659. Pétronille Stockmans, petite-fille de ce dernier, fit une alliance illustre et bien au-dessus de sa condition, puisqu'elle contracta mariage avec Frédéric , landgrave de Hesse-Darmstadt, liéutenant-général au service du Czar Pierre I*. Aujourd’hui le nom de Stockmans se trouve généalogi- quement éteint. Le dernier qui l'ait porté, messire Jérôme- Benoit de Stockmans, marié à dame Josèphe-Charlotte- Hyacinthe d’Hannossetde Bruxelles, est décédé dans cette ca- pitale, sans postérité, dans le courant du mois de mars 1855. Dame Éléonore-Victoire de Stockmans avait épousé mes- sire Jean-François Van Meldert de Devaal. Le petit-fils de celui-ci, M. Eugène Van Meldert, conseiller provincial de la Flandre orientale, résidant au chäteau de Zele, vient de déposer à la bibliothèque royale, avec une noble générosité qui mérite des imitateurs, 55 pièces provenant de la fa- mille de Stockmans et dont la plupart concernent le célè- bre conseiller. En voici l'analyse par ordre chronologique. NL 1601 , 10 septembre, à Magdebourg, en latin. Lettres par lesquelles Frédéric Neukirchen de Hall , est élu cha- noine du chapitre de Magdebourg. (Authentique.) FOM:-xI. 16, ( 220 }) N°2. 1616, 51 août, à Bruxelles, en flamand. Lettres patentes d'Albert et Isabelle, accordant aux magistrats de Vilvorde une augmentation de salaire, pour chaque affaire dont ils auront à s'occuper. (Original, sceau perdu.) N°5. 1630 , 11 février, à Anvers, en latin. Lettre par laquelle Jean Melderus, évêque d'Anvers, déclare que Pierre Stockmans, fils de Henri, et de Cornelie Knyf, du dio- cèse d'Anvers, étudiant, a reçu la tonsure cléricale. (Orig., cachet sur papier , Signé : P. CoExe.) N° 4. 1650, 9 mars , en latin , à Louvain. Serment, contenant toute la profession de foi catholique, prêté par Pierre Stockmans, dans le chœur de l’église collégiale de Saint- Pierre, à Louvain, en qualité de docteur en droit. (Orig., imprimé, Signé : ZanGrius, sceau de la fa- culté de droit, enfermé dans une boîte de fer-blanc. N° 5. 16335, 7 novembre, à Bruxelles, en français. Lettres par lesquelles Philippe, roi d’Espagne, mande au conseiller et receveur de Brabant, au quartier de Louvain, qu'ayant nommé Pierre Stockmans , docteur ès-lois, à la place de maître Théodore Tuldenus , à la chaire de professeur de paratitles, à l’université de Louvain , ils auront à lui payer, en deux semestres, les mêmes gages dont jouissait ce professeur, à savoir, 50 livres d'ordinaire, el 50 li- vres de crue et d'augmentation, en tout 80livres (à 40 gros mon. de F1.) (Orig., sceau perdu , Signé : VERREYCKEN.) ( 221 ) ND: 1656, 29 juillet, à Louvain, en latin. Reconnaissance par laquelle Balthazar Hildebrand déclare de- voir la somme de fl. 101 10 s. à Pierre Stockmans , docteur en droit, etc. , recteur de l’université de Louvain. (Orig. , signé et cachet.) N°7: 1640, 28 novembre, en flamand , à Bruxelles. Lettres par lesquelles Philippe , roi d'Espagne , mande que, sur la proposition du marquis de Castel Rodrigo , gouverneur général des Pays-Bas, il a nommé à la place de Philippe Steenhuyse , che- valier, baron de Poederlé , etc., etc., Pierre Stockmans , conseiller ordinaire du conseil privé, aux fonctions de garde des chartres de Brabant , conservées dans la trésorerie de Brabant , Limbourg, ete. (Orig. , sceau enlevé, Signé : VERREYCKEN..) N° 8. 1645, 27 mars, à Bruxelles, en flamand. Lettres par lesquelles le même déclare que, sur le bon rapport qui lui a été fait de Pierre Stockmans , docteur en droit, professeur à l’université de Louvain, et sur la proposition de don Fr. de Mello, gouverneur général des Pays-Bas, il l’a nommé aux fonc- tions de conseiller ordinaire du conseil de Brabant. (Orig., sceau perdu, signé sur le pli au dos, VERREYKEN.) N°°9, 1644, 16 mai, à Bruxelles, en français. Lettres patentes par lesquelles don Francisco de Mello, gouver- neur général des Pays-Bas, nomme Jean Stockmans, licencié eu (22 ) droit, aux fonctions d'avocat fiscal, au siége de l’amirauté, à Dunkerke, en remplacement de Godefroid Mortel. (Original, Signé : De Merco; plus bas: VERREYCKEN. Sceau perdu.) N° 10. 1651, 15 septembre, à Bruxelles , en flamand. Lettres par lesquelles Philippe, roi de Castille, etc. , accorde à Jean Stockmans , conseiller d’amirauté, seigneur de Bouchaut , de disposer de tous ses biens , tel qu'il l’entendra dans un testament olographe ou public. (Original, sceau perdu, Signé sur le pli : RappART.) CNE br 1652 , 21 juin, à Bruxelles, en français. Lettres par lesquelles Philippe , roi d'Espagne, déclare nommer, sur la proposition de Léopold Guillaume, gouverneur général des Pays-Bas, aux fonctions de membre de la chambre mi-partie , in- slituée en exécution de l’art. 21 de la paix de Munster du 21 jan- vier 1648, messire Pierre Stockmans, conseiller ordinaire du conseil de Brabant. (Orig. , sceau perdu , signé sur le pli, au dos : VERREYKEN.) N° 42. 1652, 5 décembre, à Bruxelles, en français. Lettres par lesquelles le même mande que, par la mort de Jean- Baptiste Maes, conseiller ordinaire de son conseil, le tour de la livraison de bois et charbons, appartenant à un conseiller ordi- naire de la première et de la vieille retenue dudit conseil, est de- venu vacant, Sur l'avis de Léopold Guillaume , gouverneur général des Pays-Bas, il accorde, qu’à partir du 24 juin 1655, Pierre Stockmans jouira de 200 esalins de bois, et de 48 sacs de char- bons. (Orig., sceau perdu, Signé : VERREYCKEN.) ( 223 ) N°: 15. 1653, 14 novembre, à Bruxelles, en français. Lettres par lesquelles le même nomme messire Pierre Stock- mans, sieur de Lathuy, et Pieter Bays, conseiller ordinaire du conseil de Brabant, aux fonctions de juge délégué à la chambre mi-partie, dont il est parlé dans le n° 11. (Orig., sceau perdu, signé au dos, sur le pli : VERREYCKEN.) N° 144. 1655, 24 novembre , en flamand. Lettres par lesquelles les états-pénéraux des Pays-Bas déclarent nommer Prerre Stockmans, sieur de Lathuy, etc., conseiller or- dinaire du roi d'Espagne en Brabant, aux fonctions de juge délé- gué de la chambre mi-partie. (Orig., sceau perdu, signé de la part des états : Muyse.) N° 145. 4655, 24 novembre, à Bruxelles , en français. . Lettres par lesquelles le roi mande que sur l’avis de Léopold Guillaume, gouverneur général des Pays-Bas, il a nommé aux fonc- tions de juge délégué de la chambre mi-partie , dont s’agit plus haut, messire Jean Stockmans , frère de Pierre, conseiller ordinaire du conseil de Brabant, qui prêtera en cette qualité serment à Malines aux deux parties. (Original, sceau perdu, Signé : VERREYCKEN .) N° 16. 1658, 12 novembre , à Bruxelles, en français. Ordonnance de payement de 1000 livres, délivrée à Aurèle-Au- gustin Malinez, pour les dépenses et frais de route qu'il a supportés en allant aux diètes de Francfort et de Ratisbonne. (Copie authentique.) ( 224 ) N° Te 1660, 15 décembre , en flamand. Lettres par lesquelles Guillaume De Haen et Guillaume Vanden Dyck, échevins du haut-banc de Deurne , font connaître que Ma- thieu Janssens a déclaré en leur présence avoir vendu à Lenart Van Uffels, brasseur à Anvers , tuteur , et au profit des enfants de feu Jean Stockmans, avocat à Anvers, et à sa femme, Madeleine Pauwels , quelques bonniers de prairies. N° 18. 1665 , 50 avril, à Bruxelles, en flamand. Octroi de Charles , roi d'Espagne, contre L. Van Uffels. (Sans intérêt, orig., sceau perdu.) N° 19. 1663, 12 mai, à Madrid , en français. Lettres patentes par lesquelles Philippe, roi d'Espagne , nomme Pierre Stockmans, conseiller du conseil de Brabant, aux fonctions de conseiller et maître de requêtes du conseil privé du roi aux Pays-Bas, pour le récompenser des services qu’il a rendus dans ses divers emplois, et eu égard àses connaissances dans les lettres, à son expérience et à sa prudence. (Signé : Purcrpre , sceau perdu.) N° 20. 1664, 3 mai, à Ratisbonne, en latin. Lettres par lesquelles l’empereur Léopold écrit à Walderode, relativement au subside fourni par le cercle de Bourgogne, pour la défense de la foi chrétienne et la guerre qui avait lieu en Hon- grie ; il lui mande que Pierre Stockmans lui a fail rapport de sa bonne conduite en cette occasion. (Copie authentique et certifiée, #atlderode ,7 mai 1664, sur papier.) ns ibn (225 ) NF24. 1664, 11 septembre, à Bruxelles , en espagnol. Certificat donné par le gouverneur général des Pays-Bas, don Louis Benavides, comte de Pinto, etc., constatant que Pierre Stockmans a rendu de grands services, à la diète de Ratisbonne, au cercle de Bourgogne qu’il représente. (Original, Signé : pe Pinto.) N° 22. 1670, 10 août, à Bruxelles, en espagnol. Pierre Stockmuns félicite le gouverneur général, récemment nommé , sur son arrivée aux Pays-Bas; il en prend occasion pour lui rappeler les services qu’il a rendus à S. M. et pour lui deman- der pour son gendre Ignace Heymans, la place vacante de con- seiller de Brabant. (Orig., Signé : P. Srockmans.) N° 23. 1670, 24 septembre , à Bruxelles , en espagnol. Sur l’apostille du gouverneur général, écrite en marge de la pièce précédente , Pierre Stockmans prend la liberté de prier le- dit gouverneur de nommer son gendre susdit , à la place de prévôt de la cour (alcade de Corte), s’il y avait impossibilité de lui con- férer les fonctions de conseiller , ci-dessus demandées. (Original, Signé : Srockmans.) N° 24. Même pièce, copie. Ne 95. 1672, 5 décembre, à Dôle, en latin. Lettres patentes par lesquelles Hermanfred de Marenches , cha- ( 226 ) noine de Sainte-Marie à Dôle, remplaçant A. De Grammont, ar- chevêque in partibus de Constantinople , conservateur des priviléges de l’univesité de Dôle, déclare conférer à Sebastien Slockmans , d'Anvers, le titre de licencié en droit. (Signé : G. Laurenr et CI. Tazserr, doyen de l’université.) Encadrement de fleurs en couleur. Parchemin original. N° 26. 1680 , 2 mai, à Bruxelles , en flamand. Lettres patentes par lesquelles Charles, roi de Castille, ete., déclare que, sur le rapport favorable qui lui a été fait de Sébastien Stockmans , licencié en droit, et sur la présentation du duc de Villa-Hermosa, gouverneur général des Pays-Bas, il a nommé le- dit Stockmans aux fonctions de chef-mayeur de Rode, en rempla- cement de François Brisart, auquel il a payé, pour l’indemniser de cetterésignalion, la somme de 2400 florins. (Signé sur le pli VERREYCKEN , au dos , comte DE Sair- Prerre el Vanper Bonpr. Sceau détruit.) NP 1680, 26 septembre , à Bruæelles, en flamand. Mèêmes lettres qu’au n° 26, à l’exception que le démissionnaire est Claudio Gerardo. (Original. ) N° 98. 1686, 5 février , en français. Quittance des conseillers et receveurs des finances d’une somme de 257 liv. 125. reçue de (Pierre) Stockmans, grand mayeur de Vilvorde, pour prix de chevaux malades, elc. (Original signé des conseillers et receveurs ; cachet.) (227 ) Le pb ci 1691, 9 juillet , en flamand. Lettres patentes par lesquelles Charles , roi d’Espagne, sur la demande de Marie Florence Nicolartz, Ve de Pierre Stockmans, en son vivant grand mayeur de Vilvorde, accorde la permission de créer une rente perpétuelle au profit des deux fils de ladite dame, du chef du legs fait à ces derniers, par Sébastien Stockmans, grand mayeur de Rode. (Orig., sceau perdu , signé au dos : VERREYCKEN.) N° 50. 1700, 21 octobre, à Bruxelles, en flamand. Lettres du même accordant la permission de vendre des biens au profit de Cécile Stockmans, fille de feu Pierre Stockmans, et de Marie-Florentine Nicolaerts , religieuse carmélite , à Vilvorde. (Orig., signé sur le pli : SCHRYNMAKER.) N° 51. Deux crayons généalogiques , constatant les belles alliances de la famille Stockmans. N° 32. Une lettre et deux notes adressées à messire Philippe Paul Stockmans, etc., par lesquelles on lui fait parvenir : 1° l'inscrip- tion sépulcrale de Pierre Stockmans, enterré aux dominicains , à Bruxelles, décédé dans cette ville, le7 mai 1671; 2° le dessin de ses armoiries. (228 ) IL. Suite de la BirLioTHECA ToRNACENSIS de Du Fier. Verum qui Henricux pe Gaxpavo archidiaconum el canonicum ecclesiae Tornacensis praeteream cui mira eruditio Doctoris Solemnis titulum peperit? Vir fuit (inquit Trithemius de scrip- toribus ecclesiasticis)in divinis scripturis inter omnes doctores sui temporis eruditissimus , et in philosophia aristotelica valde subtilis; tantae auctoritatis in gymnasio Parisiorum exstitit, ut Doctor Solemnis per universum orbem christianum vocatus sit. Cognomen ei fuit de Muda , si Meyero in Flandriae annalibus, ad annum 1273, Marchantio in Flandriae descriptione , capite de Gandavo , Christiano Mapaeo in chronicis, Gramaio in Gan- davo , cap. 34, fides est. Fratrem nactus est Joannem de Muda Philippo pulchro Galliarum regi familiarem, Meyero et Mar- chantio ibidem scribentibus. Is Gandavi primum vitales auras bausit , et nobili stemmate Eutrachelorum, Goethalsiorum seu Bonicolorum, ortum trahens, Lutetiae Parisiorum sacras litteras doctor Sorbonicus explanavit, quem nemo unus Archangelo Granio Florentino accuratiore penicillo expresserit. Is in anna- libus ordinis servitarum seu fratrum servorum B. Virginis cen- turia , Henricum nostrorum servorum ordini luculenter, lib. 5, cap. 14, asserit. Hic, ait Granius, ex Bonicollorum , quos Ger- mani Belgica lingua Goethalsios Eutrachelorum vocant, nobili genere ortus 1223, puer deinde altae indolis, post liberales dis- ciplinas quas, praecipuo ingenii acumine, brevi imbiberat, Co- loniae Alberto magno cujus diu exstitit auditor, operam dedit; quo magistro tantum profecit, ut cum domum reversus admi- rabile de sua doctrina specimen dedissel, magistri et doctoris nomen cum cathedra primaria gloriose fuerit adeptus. Inde ad Parisiense gymnasium , quod eo tempore Ludovici sanctissimi ( 229 ) regis, studio florentissimum habebatur , evocatus, Sorbonicique collegii, omnium certe academiarum celeberrimi, tunc praefec- tus, cum in eo mirifice profecisset, doctissimorum (praecipue Joannis Scoti) judicio, Doctor Solemnis nuncupari meruit. Hujus certe ingenii acumen saepe in concertaminibus theolo- gicis phoenix ille Franciscanorum Joannes Dominus Scotus ex- pertus, unum Henricum inter strenuos viros dignum existi- mavit, cum quo in theologicis studiis, quemadmodum cum sancto magistro Aquinate, doctas manus consereret.Verum Hen- ricus non minus religionis zelo quam litterarum studio incen- sus, cum multos Germanos proceres novum gloriosae Dei ma- iris, cui fuerat ab infantia vehementer addictus, ordinem servorum illis in partibus ex Italia detulisse cognosceret, et tandem gymnasii consortibus et divitiis posthabitis, floren- tissimo aetatis suae anno 83 , plenitudinis Christi 1256 , festo die Assumptionis ejusdem Beatae Mariae, coenobium ordinis ser- vorum , quod Gandavi habebatur, summa cum admiratione in- gressus fuit. Religiosus igitur cum evasisset, adeo divini verbi interpretandi studio applicuit animum, ut brevi ex assidua con- cione praeclarum ediderit homiliarum volumen, quod adhuc post tot diuturna tempora MS. in bibliotheca archiepiscopa- tus Salsburgensis asservatur. Secundo scripsit egregiam sacrae theologiae summam ; tertio sup. 4 libros Magistri sententiarum quem publice fuerat Parisiis interpretatus ; quarto quaestion- nes quodlibeticas tam varia profundaque ductrina refertas ut jure aureas dixeris ; quinto sermones luculentos de poenitentia ; sexto illustrem tractatum de vera virginitate; septimo de lau- dibus gloriosae virginis deiparae; octavo tractatus octo super libros Aristotelis de physico auditu ; nono libros 14 super me- physicam Aristotelis ; decimo catalogum scriptorum illustrium, quem auctor noster de scriptoribus ecclesiasticis vocat, et cum Geunadio, Sigeberto aliisque edidit scholiisque illustravit Miraeus. Adhuc Granius superaddit Henricum nostrum apud pontifices Martioum et Honorium IV patresque purpuratos or- dinem suum, cui refragari concilium Lugdunense obtendebat , ( 230 ) egregie tutatum , et illius procuratorem in curia constitutum , et generali praeposito socium adhibitum fuisse. Sed quomodo, inquies, homo religiosis votis adstrictus archidiaconatum Tor- nacensem adipiscere potuit ? Respondet Granius eadem centuria et libro, cap. 8 : « accidit autem, ait, ut ex Belgio Romam adven- » taret, qui nomine cleri Tornacensis Honorio nunciaret ar- » chidiaconatum illius ecclesiae nuper vacasse, alioque admi- » nistratore ad libitum pontificis dignitatem illam indigere. » Quam occasionem nactus ex animo pontifex (etsi non dees- » sent viri primarii qui dignitatem illam affectarent), cum su- » blimem Henrici doctrinam , peracutum ingenium, religiosos » mores probe fuisset expertus, hunc censuit pro suarum » virtutum splendore, ea dignitate condecorare , quae fortasse » post B. Philippum prior et praecipua fuit, qua servorum ordo » hujusmodi ecclesiasticis praelaturis et dignitatibus primo » in loco cohonestari mereretur.» Haec ille; annus tum age- batur rite 1286. Qua ratione autem pontificii juris collatio hujus dignitatis fuerit, non liquet. Certe Miraeus in elogiis, classe TIT , recitat Henricum ab episcopo Tornacensi ad canonici et archidiaconi dignitatem adscitum, quod usui nostri aevi conforme est. Dum archidiaconatu Tornaci summa cum laude fungeretur, gravi morbo 4 calendas Augusti oppressus , post decimum diem religiose occubuit ad 6 idus septembris, eo ferme die quem, cum natalitius esset B. Virginis, cui servus fi- delis et prudens Henricus annos 43 toto corde famulatus fuerat, eidem quoque arbitrandum est principium aeternae vitae natali- tium fuisse. Haec dicto loco, ad annum 1299, Granius, licet alias ejus exitum ad annum 1293 referre fateatur. At Possevinus in apparatu sacro, littera H, Claudius Robertus ubi de Joanne de Wassonia, episcopo Tornacensi, agit, Miraeus in elogiis, Bellar- minus de scriptoribus ecclesiasticis, Sanderus de Gandensibus eruditione claris, Gazetus, Sweertius et Meyerus in annalibus Flandriae ad eundem annum, eum anno 1293 fato functum (ut ipse quidem Robertus 29 junii) scribunt. Denatus fait anno aetatis 76 et honorifico sepulchro conditus cum meritis elogiis ON ST 2 ( 231 ) hodie obliteratis, teste eodem Granio ,quod in ambitu, retro cho- rum esse ait Cognatus tomo 4, cap. 15, historiae Tornacensis. Ejus plura dogmata convellere aliqui sategerunt , verum pro- pugnatores avexit, sui ejusdem instituti sectatores nactus qui illa sarta tecta esse voluerunt. Quae etiamnum adeo invaluerunt ut in comitiis generalibus Romae habitis anno 1609, Antoni Coroneti generalis et patrum decreto denuo Magister agnitus Solemnis servorum receptus fuerit, et lectoribus et auditori- bus ordinis mandatum ut (anteriorum ) exemplo omnes, ejus doctrinae explicandae intenderent. Male illi convenit cum or- dinibus mendicantibus, de quo dissidio Aegidius li Muisis, abbas Martinianus, agens , de Philippo de Gandavo , episcopo Torna- censi , in hunc modum infit : « Hujus temporibus fuit canonicus » et archidiaconus Henricus de Gandavo doctor nominatissimus, » qui sustinuit opinionem praelatorum contra opinionem ordi- » num mendicantium dicentium quod illi qui sibi confiteban- » tur, non tenebantur suis curatis de hoc iterato confiteri, » quod ipse impugnat lib. 7. L. 24, dum de privilegio a Mar- » tino IV, fratribus praedicatoribus et minoribus indulto con- » fessiones excipiendi in haec verba eloquitur. « Si privilegium » unum talé quale est illud concessum fratribus, mihi esset con- » cessum a summo pontifice, non auderem eo uti excipiendo » confessiones ; de quo recurre ad mantissam num, 12. » Ex quibus aliqui adstruere nisi fuerunt Henricum fratrum numeris inscriptum non fuisse , cum saltem de fratribus praedicatori- bus et minoritis sermonem instituat , et forte dum archidiaco- num ageret. Alii eo argumento ducebantur quod vir in eccle- siastica dignitate constitutus non fuerit censendus frater, quasi id quotidie non contingat (inquit Granius rem hanc fusius evolvens) ut ecclesiae dignitates usque ad summum pontifica- tum , eremitis, anachoretis , monacbhis et fratribus conferantur. Fundator fuit Henricus capellae S. Magdalenae in D. Piati, ad- juncto hebdomadatim unius missae onere, testibus Cognato, P'e 4, cap. 15, et Phl° Meuzio seu Gandensi, Tornacensi prae- sule , licet annus 1275, iis quae supra scripta sunt quadrare non ( 232 ) videatur. Fuere quidam qui Henricum non Gandavi sed Tor- naci ortum volunt ex eo quod nonnullae ibi familiae exstite- rint eo cognomine; sic in porticu templi cathedralis legitur aut lecta fuit sepulchralis inscriplio Joannis a Gandavo , consiliarii Tornacensis, anno 1885 , 14 maiïi, et Mathiae a Gandavo, anno 1422 , 22 februarii obitus diem designans. Quin et Henrici Goe- thals, canonici Tornacensis , praepositi Insulensis et decani Leo- diensis, ante chori ingressum epitaphium conspicitur, in quo obiisse anno 1433, die 14 decembris dicitur. Quae sunt argu- menta in hanc partem a Valerio Andraea proposita. Verum communibus suffragiis , in eam itum est sententiam ut a natali solo Gandavensis cognomen traxisse censeatur. Illius indicem librorum, extra chronographum servitarum ediderunt Sym- phorianus Champerius de viris Galliae illustribus , Bellarminus de script. ecclesiasticis, Valerius Andraeas in Bibliotheca Belgica ubi etiam eum vitam D. Eleutherii descripsisse narrat , aliisque hujus operis pariter meminit Meyerus in Flandriae annalibus, ad annum 1293, quibus recitatis, ait , quos quidem libros quamvis tunc erant in pretio, nunce tamen tineas puto pascere cos. Falsa opinione delusus fuit, nam et hodie in bibliothecis cernuntur, et lesuntur ab eruditis , in scholis allegantur et non ita pridem Venetiis excusa denuo fuere anno 1613 , apud Jacobum de Franciscis, ubi ejus vita luculenter conscripta a Ré P, magistro Archangelo Piccionio de Venetiis ordinis servila- rum, monasterii S.Jacobi a Judaïca priore legitur, quae parum ab hic scriptis abit, cujus exemplum cum titulis in folio , quod res Nerviorum spectat , ibi videndum. Nicozaus Gorranus, seu Nicoraus Tornacensis , sive mavis, Ni- cozaus GazLus, diversis enim nominibus censetur , Nicolaum Gallum nuneupat Sixtus Senensis, Bibliothecae Sanctae lib. 4; Gorranum Bellarminus de scriptoribus ecclesiasticis ad annum 1350, Sanderus de Gandensibus eruditione claris , Sweertius in Athenis Belgicis, Cognatus in historia Tornacensi, tomo #, cap. 35, Tornacensem, Gazetus in Bibliotheca sacra , biblio- theca Martiniana Tornaci, et Sanderus, lib. 3, de Scriptoribus RS nn. ( 233 ) Flandriae. Sixtus Senensis, Nicolaum Gorranum et Nicolaum Gallum, Sweertius, Nicolaum et Nicolaum Tornacensem di- versos auctores reputant : uterque male, ut liquido Cognatus lib. 4, historiae Tornacensis, cap. 43, convincit. Fuit domini- canae disciplinae sectator, regi Galliae a confessionibus ; scrip- sit, inquit Bellarminus, commentaria in Pentateuchum, in Psalmos, in Cantica, in Ecclesiasten, in Ecclesiasticum, in Hie- remiam , in 4 Evangelia, in Epistolas Pauli, in Epistolas cano- nicas , in Apocalypsin, in libros sententiarum Magistri. Vivebat anno 1350. Haecille, de quo Possevinus in apparatu sacro vi- dendus ,et Miraeus in auctario auctorum de scriptoribus eccle- siasticis, cap. 432. Willot, in Athenis sodalitii franciscani , eum ordini suo vindicat, ministrum provincialem Franciae fuisse et quaedam docta in librum sententiarum et in sacram scriptu- ram scripsisse tradens. Sed et adversaria amandina exhibent Joannem pe Favr, reli- giosum Elnonensem, qui postmodum in abbatem Sancti Bavonis juxta Gandavum erectus fuit , quem antequam votis se manci- paret, doctoris theologi lauream adeptum, et manipulum exemplorum compilasse referunt, Cujus meminit Trithemius in catalogo virorum illustrium , quem libellum notabilem de esu carnium scripsisse memorat, in quo subtiliter disputans con- cludit , secundum regulam benedictinam et juris sanctiones : esum carnium sano monacho illicitum esse. Erat autem, in- quit , hic Joannes doctor et professor divinarum scripturarum, ingenio subtilis et clarus eloquio, non minus religiosa conver- satione qua scientia venerabilis ; hunc Sanderus de Ganden- sibus eruditione claris Joannem de S. Amando cognomento Faium appellat , 53°” abbatem S. Bavonis fuisse, ab academia Parisiensi ad Clementem papam missum contra sectam Flagel- latorum, coram quo saepius orationes quibus illum ad ejus extirpationem impulit, habuit , multis legationibus pro sede apostolica ad Eburones aliosque functum, scripsisse homilias varias , quaestiones super libro sententiarum, de esu carnium , (234 ) declarationem in regulam S. Benedicti ; decimo Februarii anno 1595, obiisse refert , ut et in Athenis Belgicis Sweertius. Joawes Tivcroris Santo -Coloniensis (ut inquit Trithemius de Scriptoribus ecclesiasticis, fol, 871) vir litterarum divina- rum et philosophiae callentissimus, in gymnasio Coloniensi theologiam multo tempore explicuit; quem scripsisse notat : De dissentionibus D. Thomae et Scoti, Quaestiones in libros sententiarum , Collationes varias et alia. Addunt alii, De vitio proprietatis contra Waldenses , De confessionis integrifate consultationem , Item alteram adversus Bonetum et Franciscum, De maronitis asserentes S. Joannem evangelistam fuisse verum ac naturalem virginis filium. Necnon in partem D. Thomae primam, etc. Haec ejus opera quae potissimum manuscripta sunt, ex Bun- derio designant Valerius Andraeas , Franciscus Sweertius et Antonius Sanderus , qui uno ore ei canonici Tornacensis titu- lum tribuunt. Claruit in praefato gymnasio, Paulo Il pontifice, et Frederico II imperatore, 1470, inquit Trithemius. Fuit alius ab hoc Joannes Tinctoris Brabantus ex urbe Nivellensi oriundus , ibidemque canonicus, juris doctor, Ferdinandi Neapolitani regis archicapellanus et cantor, mathematicus et musicus, qui de arte contrapuncti, de tonis, de origine musi- cae, figuram quoque edidit in qua oratione vetustissimos musicos comprehendit, et salvatorem nostrum Jesum Christum summum cantorum aperit , teste Trithemio eodem libro; qui illum, anno 1495 floruisse tradit et ex 1llo Sweertius in Athénis Belgicis. Ad nostros quoque pertinet: Junocus Cricnrnovarus Flander , Neoportuensis, Sorbonicus doctor, ut qui, emensis philoso- phiae spatiis et libata Lovanii theologia , Tornaci in D. Jacobi parochus fuerit , ut memoriae tradunt Valerius , Sweertius , AP Sanderus qui indicem ejus operum promulgarunt, el ante eos Trithemius in additionibus illustrium scriptorum fol. 408. Lutheri et Oecolampadii mastix fuit. Obiit in Gallia canonicus ecclesiae Carnotensis. Facultatem suam popularibus in studiis alendis, testamenti tabulis reliquit. Floruit anno 1534, inquit in elogiis Aubertus Miraeus. Lunovicus Fipects vernaculo idiomate FEAgLE , Tornaci ortus, Lutetiae sanctae theologiae laurea doctorali insignitus fuit et in patria canonicus et Nosocomii B. virginis praefectus , hos- Pitalarii titulo , a capitulo dictus. Vir fuit placidus et studiis deditus ut opera ab eo fluido et terso sermone scripta com- monent ; sunt autem : De mundi structura seu de sex dierum opificio, libri 7, Parisiis cditi apud Morellium anno 1556, De humana restauratione seu incarnatione Domini. Antuerpiae apud Nutium, De militia spirituali libri 4. Obiit diem suum Tornaci anno supra sesquimillesimum 62, in Nosocomio, cui praefuerat, humatus ; condito testamento, quod mihi legere contigit, charitatem , humilitatem pietatem- que spirante, quo inter alia duodecim studiosis litterarum juve- nibus subsidia e fortunis suis annuatim dedit, legavit. Hujus, operumque Possevinus in apparatu sacro, Gazetus in Biblio- theca, Valerius Andraeas , Sweertius , Sanderus meminere, Gervasius TornAcENsIS , canonicus Suessionensis, scripsit de divina 4 energumenorum liberatione , apud Suessiones, anno 1582 , in qua sacro-sanctae Eucharistiae vis et veritas eluxit, Parisiis anno 1583, typis Guilelmi Chaudoire, ut Possevinus, in apparatu sacro aliique testantur, Gazetus in bibliotheca sacra. Joaxes Coterezius sive Correau theologiae doctor Parisiis renunciatus fuit, dein Tornaci canonicus et archidiaconus, vir totus virtutis, candoris, elegantiarum , doctrinae , eccle- siasticum egit pluribus lustris Tornaci, temporibus obscoenis et inauspicatis in quibus sub pondere bellorum populus ge- Tom. x1. 17. ( 236 ) mens fatiscebat et cum haereicis clerus bonique civés depugna- bant. Noster hic doctor continenter in illos e cathredra et passim detonabat , ubi erat bellum illis erat, et quocumque loco in acie constiterat, pugnabant aut cedebant. Synodo ad haec so- lemni ab episcopo Gilberto D'Oignies habitae anno 1574 in- terfuit. Sic Coterellus hic in sectarios exarsit quos dixeris antiquis Coterellis quodammodo similes, de quibus Guilelmus Brito libro primo Philippidos : Nec mora Biturnas exercitus ibat in oras, Ut Cotrellorum vim saevitiamque retundat, À quibus ecclesiis, aut vasis ecclesiarum Personisque sacris, rebusque , locisque sacratis , Nullus praestabatur honos , reverentia nulla, + + + . . . Apud quos nil sacer ordo Prodest praesbyteris, quin decollentur ab ipsis, Si modo praevaleant illi vel fraude vel armis. Hi Cotereaux ab antiquis nominabantur historicis, quorum facinoribus praedicti paria haeretici patravere. Venerandam apud posteros tanti viri memoriam esse verum est, qui etiam obsidionis tempore qua Tornacum Alexander Parmensis prin- ceps, anno 1581, premebat, non siluit, non voci animoque pepercit,quin cum fratre Gaugerico franciscanae familiaeibidem praefateretur et fratre V. Pistoris Augustiniano , inter medios Calvini asseclas et rebelles, veritatem orthodoxam obsequium- que regi debitum propugnaret, instillaret, inculcaret. Antea etiam publice perorans Petrum Melodunensem Espinensem prin- cipem, Tornacensium gubernatorem, obtestabatur, cum rege in gratiam rediret , ettot clades, vastitates , ruinas averruncaret , ut ex ejus oratione in funere D. Petri Pintaflour, praesulis Tor- nacensis quae lucem adspexit, ni fallor, liquet. Verum infes- tus regi animus ad has voces obsurduit, fax et pestis patriae , in se et prole noxius, quae a rege bonorum potissima parte res- tituta, honoribus etiam summis aucta, proditionis el perduel- lionis a magno senatu Belgico damnata est ; utriusque infamiae ( 237 ) À virus immane quum recruduit, superioris aevi infelicitas in- dicia dedit quantum rebellium filiis sit fidendum. Provincia Hannoniae ad ejus cognomen et principatum alludens, sic queritatur. Quem mihi moerebat fit spina cruenta Melunus, Beigarum nervum laeserat ante pater, Nervios quorum parti praefuerat , ditioni nempe Tornacensi et Tornacesii designans. Nostrum Cotereau , cum ex ephebis non- dum excessissem, in templi cathedralis ambone conciones ha- bentem audiisse et alias saepius vidisse, memoria teneo : quem ejus nunc in ambitu epitaphium junctum perbelle refert et exprimit. Ut autem non solum verbo sed et cala mo rem catho- licam promoveret, edidit : Conciones de Decalogi praeceptis , Nec non de Jona propheta, de dominicis, de plagis Aegypti, quas Tornaci per adyentum habuit et principi Parmensi dicavit, Parisiis Apud Guil. Chaudoire anno 1588. Item : Librum de tranquillitate animae, Concionem de Cerea Tortili, quam Soignies lingua nostra nuncu- pamus, Orationes aliquot funebres. Alia opera infecta reliquit. Ejus symbolum erat ex propheta Job desumptum : quis dedit Gallo intelligentiam? Insignia gallus cum sagitta et allio occupat, ex his enim tribus, si Walloni- cum idioma attendamus , nomen ejus conflatum est (coq, trait, aulx), quod clarius carmen hoc subjunctum tabulae ordinario loco adfixae, explicat. Nocte intempesta lucis praenuncius ales Praemonet a sumno surgere saepe canens. Trajicit infensos hostes alata sagitta , Immanes etiam sternit acuta feras. (238 ) Allia desiceant stomachum , cerebroque molestum Dissolvunt crudum phlegma calore suo. Acterni verbi quo condita cuncta trahuntur , Divino Cotreau munere praeco vigil. Doctrina exemploque, Dei munimine fultus Exsolvi studuit corda sopore gravi ; Atque hostes fidei eloquii stridente sagitta Transfixit, mores edomuitque feros. Ardore ejusdem succendit pectora verbi Exonerans animos phlegmate lethiferos. Orat pro vivo lectorem fundere vota Et pro defuncto , ut mens celer astra petat. Obiit anno D. 1592, mensis Novembris, die 4. Epitaphium ejus aeneum sequitur : Cy-devant gist feu vénér. personne M° Jean Cotreau, docteur en théologie de la faculté de Paris, chanoine et archidiacre en ceste église, où par l’espace de 25 ans n’ayant cessé par bonne vie, prédications de la parole de Dieu et doctes escrits d’édifier le peuple, il a par après fondé sermon les di- menches et festes du matin et messe en la chapelle Saint-Louis, ordonnant pour ce au prédicateur célébrant douze patars. Les- quels trespassa le } novembre 1592. Priez Dieu pour son âme. Joanxes Lexsæus Hanno-Belliolanus , theologiae in academia Lovaniensi doctor et professor , canonicus Tornacensis. Com- plura opera vulgavit quorum index apud Valerium Andraeam, Gazetum et Sweertium cernitur. Inter ea sunt de libertate chris- tiana libri 15, quos decano et capitulo ecclesiae Tornacensis dedicavit, et in epistola praevia ejus encomia depraedicavit, in qua tantam divini cultus rationem haberi asserit, ut quoti- diana officii gravitas, ecclesiarum aliarum sane permultarum celebriores vincat et obscuret. Diem fatalem Lovanii complevit 2 julii, anno a Christo nato 1593, aetatis 52, et in Domini Petri aede humo mandatus. ns ee à ( 239 ) Notice sur la ville gauloise de Majerou, près de Virton. M. Marchal, membre de l'académie, donne lecture d’une lettre qu'il a adressée à M. le ministre de l’intérieur, con- cernant la découverte des traces d’une ville gauloise à Majerou, près de Virton, dans l’ancien comté de Chini, province actuelle de Luxembourg. « Bruxelles , le 26 septembre 1844. » Monsieur LE MINISTRE, » J'ai eu l'honneur de vous informer, au mois de no- vembre dernier, que selon toute probabilité, les découvertes archéologiques faites au Vieux-Virton, dans la partie mé- ridionale de la province actuelle de Luxembourg, par M. l'ingénieur en chef Guyoth, devaient conduire à des ré- sultats plus importants qu'on ne le présumait. J'en ai rendu compte à l'académie, en donnant lecture de mon rapport sur ces découvertes ; j'avais été nommé un des commissaires pour analyser le travail de M. Guyoth. » En conséquence, je vous ai prié de m’autoriser de faire le voyage de Virton, ville de l’ancien comté de Chini ; ce que vous m'avez accordé par une lettre du 9 décem- bre 1845, en ces termes. « La saison actuelle n’est pas » favorable pour une pareille excursion , mais je vous au- » torise volontiers de l’entreprendre au printemps pro- » chain. » » L'automne, après l'ouverture de la chasse, me parut ( 24 ) étre plus favorable encore que le printemps. On peut alors parcourir librement les campagnes, parce que les récoltes sont rentrées. » Avant de partir, j'avais fait dessiner tous les objets découverts par M. Guyoth, qui ont été déposés au musée des armures, à Bruxelles. Étant muni de ces dessins et d’autres matériaux, j'ai fait le voyage de Virton ces jours derniers. Je ne présumais point pouvoir constater autre chose que les vestiges d’un camp romain (castra stativa). J'avais apporté avec moi les plans des camps légionnaires sous la république et sous les empereurs; car pendant ces deux périodes, cette partie défensive de la stratégie romaine a été modifiée. J'avais fait usage des plans gravés de la nou- velle traduction de Polybe, publiée pendant ces dernières années. » Mais quel a été mon étonnement, lorsque j'ai re- trouvé au lieu d’un camp, les traces incontestables d’une ville antique qui me paraît être jusqu’à présent inconnue. Son circuit doit être aussi étendu que celui de la ville de Halle, dans la province actuelle de Brabant, qui est d’une population de 5,000 à 4,000 habitants. .» Le nom de Majerou, que porte actuellement un vaste tertre, ou pour mieux dire le plateau d’une campagne en- tièrement rase, quoique bien cultivée, est-il celui de la ville ancienne, dont la surface du terrain actuel recouvre les ruines? je l’ignore. Cependant cela me parait probable, parce qu'il n’y a aucune habitation, ni aucun bois, aux- quels ce nom puisse appartenir. » Ce tertre, comme on le remarque dans un grand nom- bre de localités des Gaules, est un sol élevé en mamelon, choisi de préférence pour la construction des villes an- ciennes. Les camps, au contraire , élaient ou sur une sur- ( 241 ) face horizontale ou sur un plan incliné, s'élevant jusqu'au côté culminant du carré palissadé au-dessus, et aboutissant à l’eau potable ou courante , au-dessous. Il n’en est pas de méme de la position de Majerou. » Parmi les objets exhumés et ceux qu'on découvre en- core chaque jour , il y en a beaucoup qui portent le carac- tère de débris de grands édifices urbains, comme je vais l'expliquer. » Le tertre de Majerou est séparé d’un autre tertre si- tué au nord-est, sur lequel est bâtie la ville actuelle de Virton. Une vallée, dans laquelle serpentent deux gros ruis- seaux, est entre les deux tertres; elle est couverte par les édifices du Vieux-Virton et de S'-Mard, commune adjacente à la ville de Virton. » L'antique Majerou, par opposition à Virton, est donc au sud-ouest de la ville moderne. En effet, généralement dans les villes antiques, les grandes agglomérations ont voyagé, ce qui signifie que les habitants abandonnent un sol couvert de décombres, pour s'établir sur un sol vierge, dans les environs. Cette explication doit être donnée, pour comprendre la suite de ce récit. » Outre la coopération de MM. les bourgmesires de Vir- ton et de St-Mard, qui eurent pour moi la plus grande obligeance, j'ai eu le bonheur de rencontrer dans la com- mune de St-Mard, M. Maus, substitut du procureur du roi à Bruxelles, alors en vacances dans sa famille. C’est avec lui et avec un de ses frères, inspecteur cantonal de l'ins- truction primaire, que nous parcourûmes tout le terri- toire, Je ne pouvais y trouver fortuitement de meilleurs guides. » La position de toute cette localité, ou pour mieux dire, du canton de Virton, est généralement d'une admi- ( 242 ) rable aménité: ce sont des plaines ondulées et fertiles, peu élevées, découpées en tertres, elles sont ici au milieu de la sinuosité des deux gros ruisseaux que nous avons indiqués ci-dessus et qui ont çà et là l'aspect d’une rivière, Les mon- tagnes , couvertes de bois et de villages, bornent au loin la circonférence d'un horizon pittoresque fort étendu. La na- ture, dans les temps primitifs de la colonisation des Gaules, a offert ici tout ce qu'il fallait pour encourager la con- struction d’une ville entourée de hameaux et de villages, à la sortie méridionale de la forêt des Ardennes. » M. l'ingénieur en chef Guyoth fut chargé, pendant ces dernières années, de la confection d’une route entre Virton et la frontière de France, se dirigeant vers le sud-ouest, pour aboutir à Montmédy, qui est à 5 lieues de là, dans le département de la Meuse. En résumé, cette route descen- dant de la ville de Virton, traversant la vallée de Vieux Virton et de St-Mard, s'élève sur le tertre de Majerou à la sortie de S'-Mard, laissant à la gauche les sinuosités des ruisseaux. » Pour adoucir la pente, il fallut creuser le terrain de Majerou à deux ou trois mètres de profondeur. J'indique la route creusée par les deux parallèles AA—-AA. (Voir la figure n° 1, de la planche). C’est dans cet espace déblayé que M. Guyoth trouva la plupart des objets qu'il a en- voyés. » M. Maus, substitut, me fit observer (c’est un devoir pour moi de rendre justice à ceux à qui elle appartient), M. Maus, dis-je, me fit observer que la route coupe par un angle très-aigu une rue antique, ce qu'il m’a démontré par les empierrements, qui sont les restes de murailles bien reconnaissables, aux côtés B, B, B, etc. de la figure 1°, et par les tuiles brisées et les ardoises caleinées qu'on ren- Tom .AXZ, 27€ part, pag, 242. 4 Bulletin de l'Academie. ; | n Antiquités de Virton. h dot À où La bas dûoë sil ob 24981 PE raser 2o1t 5h 2fitpd 29h sristibte ab Bfootyqér Da fiob supiitié one off als so vê PT {0 op) ons renal liiy ing 58 Pmiys EUON QUE, biliut 259 Fafndazo op | | Mo 10 emo San, skis Es ts ie oMNE Ab. 201 are acte PET asEnntsst 29f Hhéba0s Lusb. 208 | ayuiéits so end eux aslq ‘61 29% nos 1404 nantes (dure fl s60 ,159 tatote) led le sors 299 OU | CE OO AST UT 0 octo CET RUE 56est a RE E To hotes 2af tire, Puel po Ag bo 20 see Y LE 2100 Hey yo 380% 1 Sons free at, dirons: OtE ah #61 sh OR 4 SPC ur TL DENT Jung 20e ny 29 laoû Sptée "106 IGAUGE É aupres db INODIYER e9fr Hroë4Ù ME ou ro he aidant toto CET mp anior of Lg fs ;orteurgilos nisf eq este LUC st n0 Din? _ ofto8 8Û É , rot sl ri TOI ES TR À PTE ufr DAYS tré par ruhtols JaiéqitaUr TEA AT Et lite, Mt, immo) FOOT sh NE À TO eo) text ati al 300b EHtONIÉ et TA 20i-n0 oder ir 28 EEE" Ab 2 dot cb and i nl -fans ts d excisie 28e à st us sd irog Grone émionnt sl iso hou: TI CARE ARR) ADO UNE AD 2 vob ET ÿ hole malt tirs puise 9: iotbus 153 mofevs Mia 20101 vaprEEpe EE 0 200, ETUI PA 4 | L ‘ ( 243 ) contre, dans la plus grande abondance, aux deux accote- ments de la route. Ces traces de murailles sont posées à des distances de la largeur ordinaire des façades de nos maisons. » Ainsi l’axe de cette rue antique doit se rapprocher de l'axe de la route qui vient d’être construite. Quoique je man- quasse de moyens pour exécuter ces fouilles , ne vous ayant demandé, Monsieur le Ministre, aucune somme pour cette opération, les recherches que j'ai faites avec les deux messieurs Maus, dans les champs, aux deux côtés de la route, ont suffi amplement pour constater avec la plus grande évidence toutes ces ruines d'habitations; car, non- seulement les tas de pierres recueillies par les cantonniers des ponts et chaussées, sur les accotements pour l’entre- tien de la route nouvelle, mais la campagne tout entière, dans un rayon de plus de 200 mètres, est surchargée de débris antiques, dont les paysans purgent le terrain chaque jour. Ce sont des fragments de matériaux à bâtir et sur- tout des morceaux d'objets mobiliers de poterie, bien re- connaissables par leur configuration, et par le vernis que j'appelle classique. » En montant à la route, à la sortie de S'-Mard, on re- connaît à n’en point douter, des débris de pierres équarries à filets et même de grosses colonnes, qui sont les ruines d'anciens bâtiments, dont les dernières constructions ont disparu pendant ces dernières années. On les distingue si aisément des pierres à demi-brutes des murs modernes de jardins, que l'œil le moins exercé peut établir cette dis- tinction. » Ce n’est donc pas un camp romain, mais une ville qu'il y avait en cet endroit; le camp serait d’ailleurs, selon les deux stratégies romaines de la répubiique et des em- ( 244 ) pereurs , trop loin de l’eau potable ou courante. Je partage donc entièrement l'opinion de M. Maus, le substitut, qui m'a fait remarquer l'alignement de la rue antique. » Je n’ai retrouvé aucune indication de cette ville, dont le nom de Majerou me paraît conserver la tradition, ni dans les itinéraires et les géographies de l'antiquité, ni dans Berthelius , ni dans les manuserits des frères Wiltheim, dans la bibliothèque de Bourgogne, ni les dessins de ces manuscrits, récemment imprimés par M. le D' Neyen (voir la notice ci-après) , ni dans Bertholet ou d’autres écrivains modernes du duché de Luxembourg et du comté de Chini. » Cette ville de Majerou doit avoir été détruite par l’in- cendie, entre les années 406 à 409 de l'ère chrétienne, comme je le démontrerai plus loin par la numismatique. Elle était située sur une des grandes routes de Trèves à la Meuse , dont la ville d'Orolaunum (Arlon) était un sommet d'embranchement, vers Majerou. Il y a actuellement 25 ki- lomètres de distance entre Arlon et Virton. De ce point-là, c'est-à-dire de Majerou, cette route continuait au sud- ouest vers Villers-Bälon, qui est actuellement un village français entre Montmédy et Stenay, à 2 lieues à l’ouest de Montmédy , à 1 lieue à l’est de Stenay; il y a encore en- viron 25 kilomètres de Virton et Majerou à Villers-Bälon. Cette dernière localité renferme aussi un grand nombre d'objets archéologiques et surtout des médailles impériales, dont la découverte a été faite au commencement de ce siècle. J'y ai vu entre autres, un caveau qui a l'aspect d’une forge. La distance réciproque de 25 kilomètres, c’est-à-dire d'environ 5 lieues, est la journée d'étape ordinaire des voya- geurs. Cette distance sépare le plus grand nombre des villes et des bourgades, dans tous les pays. Il y à de Bälon à Stenay (Satanacum) , au passage de la Meuse, une petite lieue. ( 245 ) » Je reprends la description de Virton. » La maison de famille de M. Maus est un véritable musée, provenant des découvertes qui se font chaque jour dans les environs. J'ai vu dans ses jardins, plusieurs monu- ments antiques; ils sont tous de la pierre du pays. Ce sont des tables de forme ronde, soutenues sur un pilier à l'instar de nos tables actuelles de salon, des bas-reliefs , dont les draperies suavement dessinées et les figures humaines ont la finesse des contours, le large ciseau des beaux ouvrages de Rome et d'Athènes; tel est surtout un groupe, dont malheureusement la partie supérieure est détruite; tels sont aussi une tête de guerrier romain et d’autres figures dra- pées , ainsi que des fragments de colonnes d'un module qui me paraît indiquer 50 à 40 pieds de hauteur. » Dans les appartements, il y a d’autres bas-reliefs d’une grande beauté, tels qu'une figure ayant à ses pieds un bélier, reconnaissable par ses cornes d'Ammon; une autre figure, qui est une femme assise, devant laquelle est une seconde femme qui tient un disque à demi détruit, c'est sans doute un miroir. Derrière elle (si j'ai bon sou- venir) est une troisième femme ou servante; elle est de- bout. 11 me semble avoir vu dans les appartements de MM. Maus, une figure de femme au schàl flottant sur sa tête, comme il y en a sur un petit monument de pierre, décou- vert par M. Guyoth, à Majerou. (V. la pl., fig. 2. V. aussi dans notre notice ci-après les doutes des frères Wiltheim con- cernant ces dessins d’Arlon.)Jene partage pas beaucoup l'ha- bitude des archéologues des siècles derniers, qui voyaient partout des dieux et des déesses dans les figures humaines. Pourquoi les anciens n’auraient-ils pas eu comme les mo- dérnes, une masse de portraits, soit de fantaisie, soit de famille, dans leurs habitations? Les siècles païens n'étaient ( 246 ) pas aussi religieux qu'on se l’imagine vulgairement. La sculpture chez les anciens était plus commune que la pein- ture, que nous autres modernes, nous avons adoptée de préférence, parce que la peinture à l'huile est d’une exé- eution plus facile, plus économique que l’encaustique. » La collection des médailles et monnaies de bronze, d'argent et d'or de MM. Maus, est un assemblage complet de la numismatique impériale, jusqu’à la fin du règne de Théodose-le-Grand ; il y a aussi des monnaies gauloises très-bien conservées, et, parmi cette collection, il ÿ en à qui portent des insignes du christianisme, outre le labarum. J'ai remarqué plusieurs Tétricus et d'autres qui sont très- rares; mais n'ayant pas assez d'étude pratique de la nu- mismatique, et n'ayant pas eu à Virton des livres assez détaillés (quoique MM. Maus en aient quelques-uns), je ne puis rien spécialiser; M. Maus, le substitut, se propose, d’ailleurs, de publier un ouvrage sur tous les objets qui sont en sa possession; cependant , comme cette collection numismatique, en grande partie d’une belle conservation, se termine avec le IV° siècle, je dois en conclure que la ville aura élé détruite pendant l'invasion définitive des barba- res en deçà du Rhin, sous l'empire d’'Honorius, de 406 à 409. Elle avait éprouvé en 556 une catastrophe sem- blable, avant l'empire de Julien (V. la notice.) » MM. Maus possèdent le dessin d’un magnifique tom- beau de pierre du pays, qui fut détruit récemment pour servir à la construction d’un bâtiment, que je crois être un moulin. Ces messieurs possèdent aussi un grand nombre de vases , tels que des amphores dont les fragments sont d’une encolure et d’un orifice que je puis appeler gigantes- que. Is ont des éperons, des molettes, un grand nombre d'autres objets hippiques, des ustensiles d'économie do- ( 247 ) mestique, rurale et agricole; enfin tout ce qui démontre le séjour antique d'une population nombreuse. » Il ya entre autres de petites croix latines , signes évi- dents de christianisme : ce qui s'explique aisément. La ville de Trèves était devenue une des capitales de l'empire, à son déclin, le christianisme y fut propagé par l’influence de la dynastie flavienne ou constantine et par les dynasties valentinienne et théodosienne. C’est à Trèves que saint Jérôme, le plus érudit des écrivains ecclésiastiques de cette période, vint séjourner pour s'instruire. » Je dois faire une mention spéciale d’une magnifique soucoupe, c'est-à-dire d’une patère en argent d’un diamètre d'au delà de 50 centimètres, qui a été récemment décou- verte : la circonférence est bordée inférieurement par des ovales ou olives dans le genre des ornements ioniques. Au milieu il y aun dessin guilloché, d’un diamètre plus graud que celui d’une pièce de cinq franes. Cette soucoupe est dans le plus parfait état de conservation. Un orfévre en ferait aisément disparaître le vert-de-gris, qui n’a écaillé le métal en aucun endroit. J'ignore le titre que peut avoir l'argent ; mais celte soucoupe doit être du poids de 200 à 250 fr. , en pièces de monnaie actuelle. » Le propriétaire, chez qui MM. Maus m'ont conduit, m'a chargé de proposer de la vendre au gouvernement. Ce se- rait une des plus belles acquisitions du musée de l'État, car on pourrait lui rendre, sans aucune altération quelcon- que, toute la fraîcheur d’un meuble qui sort d’un atelier. Une soucoupe aussi précieuse dénote que celui qui en était le possesseur antique et primitif, devait avoir un riche mo- bilier. Il y en a peut-être des restes enfouis dans la loca- lité où la soucoupe a été trouvée. C’est un motif d'y faire des recherches. ( 248 ) » Ainsi tout porte à croire que si l’on faisait des fouilles dans les champs qui aboutissent aux deux accotements de la route, l’on découvrirait en abondance, à l'endroit où était la ville de Majerou,une masse d'objets archéologiques ; mais ces fouilles devraient être dirigées d’après un plan organi- sé : il me semble qu'il faudrait d’abord les commencer de manière à s'assurer de la partie centrale de cette ville antique. D'ailleurs au centre des villes, se trouvent les plus grandes agglomérations d'habitations. » L'on devrait aussi fouiller sans retard, aux environs de l'endroit où la soucoupe a été trouvée, et aux environs du vieil édifice, actuellement tout à fait démoli, dont il y avait des traces pendant ces dernières années. M. Maus, substitut-procureur du Roi à Bruxelles, aidé par M. son frère, me paraît être plus capable que tout autre, pour diriger cette opération, parce qu'ils jouissent tous les deux d’une grande confiance chez les paysans des environs et qu'ils donneront peu d'éveil à la cupidité. » Il me semble enfin, que l’on devrait se borner à faire connaître ces premiers renseignements dans des journaux littéraires , en s’abstenant du retentissement dans les jour- naux politiques, qui sont lus par toutes les classes de régni- coles , car les propriétaires des champs à explorer pourraient devenir exigeants, et il en coûterait fort cher au gouverne- ment, pour des objets qu'on peut recueillir sans bruit et sans y donner une grande importance. » Daignez agréer, Monsieur le Ministre , l'hommage de mon respect. Le Conservateur des manuscrits de l’État , membre de l’Académie royale des sciences et belles-lettres , (signé) J. MarRCHAL. » ( 249 ) Après la lecture de cette lettre, M. Marchal a reproduit sa nolice sur les objets découverts par M. l'ingénieur en chef Guyoth, à Majerou ; la voici : L'ouvrage le plus complet, pour le temps où il fut ré- digé, le plus judicieux et le plus consciencieux sur les anti- quités romaines de l'ancien duché de Luxembourg et de l’ancien comté de Chini, est incontestablement le recueil d'Alexandre Wiltheim et de ses frères, tous luxembourgeois qui écrivaient au milieu du XVII° siècle. Cet ouvrage a pour ütre : Luciliburgensia seu Luxemburgum romanum. Le manuscrit autographe , rempli de dessins, est à la biblio- thèque de Bourgogne, n° 7146 de l'inventaire général. Il provient des Jésuites de Luxembourg, Alexandre Wiltheim ayant été de leur compagnie. Il y en a encore deux autres exemplaires en copie dans cette bibliothèque; l’un, qui provient de Cobentz! , fait partie de la collection Le Candele de Ghieseghem, achetée en 1835; l’autre, de la collection Van Hulthem, acquise en 1857, avait appartenu à Nelis. M. le docteur Neyen vient de publier cet important ou- vrage à Luxembourg, en 1842; il a fait usage principale- ment d’un autre manuscrit qui avait appartenu à l'abbaye d'Orval en ladite province. M. le docteur Neyen a fait don d’un exemplaire de sa publication à l'académie. Il y a 2 volumes in-4°, l'un pour le texte, l’autre pour la carte géographique et les planches, qui sont au nombre de 484 dessins. Quelles que soient les recherches que nous ayons faites dans ce bel ouvrage du Zuxemburgum romanum de Wil- theim , concernant les antiquités romaines de Virton, nous n'y avons rien trouvé : à peine le nom d’un latin douteux de cette commune ( Virtunum), y est-il indiqué. Avant Wiltheim, l'histoire de la province de Luxembourg ( 250 ) par Berthelius, garde le même silence , excepté que, selon la mode du commencement du XVI: siècle, l’auteur fait venir l’étymologie de Virton des mots Vir tonans, c'est-à- dire Jupiter tonnant ; c'est le reproche qui lui est adressé par Bertholet, autre historien du Luxembourg (t. V, p. 116). Mais, en réalité, Berthels ou Berthelius (p. 195), fait usage de l’étymologie de la Thonne, petite rivière qui arrose Vir- ton , traverse Somptonne, Thonne-la-Long, Thonne-le- Thil, Thonnelle et Thonne-les-Prés, et se jette dans le Chiers (l'antique Carus), au-dessous de Montmédy, ville qui serait appelée en latin Mons Medius, ou bien Mons Mercurii, à cause d’un autel de Mercure, selon le même Berthelius. Wastelain (Description de la Gaule Belgique) garde le si- lence le plus absolu sur Virton. Je ne dirai rien de Vale- sius, ni de d'Anville, car leurs ouvrages d’une profonde érudition et d'une grande utilité, en ce qui concerne la France actuelle, ne sont pas exempts d'erreurs sur notre royaume. Bertholet est le plus étendu des auteurs belges qui ont publié de grands ouvrages sur le Luxembourg. Il écrivait sous le règne de Marie-Thérèse. Il ne nous instruit pas mieux que ses devanciers et que les autres philologues concernant Virton. Par conséquent l’on doit apprécier les avantages de la découverte qui est l'objet d’un rapport fait le 19 mars 1845, par M. l'ingénieur en chef Guioth, qui dirigeait la construction d’une route nouvelle de Virton à Montmédy. Avant d'entrer dans des détails sur les fouilles faites à Virton, par les soins de M. Guioth, il faut établir quelques principes de généralité historique. Tout porte à croire qu'antérieurement au dernier tiers du II: siècle de l'ère vulgaire , le gouvernement de l’em- ( 251 ) pire romain faisait peu attention au territoire trévirien où se trouve Virton , excepté pour y comprimer des insurrec- tions, telles que celles d'Ambiorix au moment de la con- quête par Jules César, et de Civilis et Ceréalis, plus de cent ans après la conquête, sous l'empire de Néron et celui de Vespasien et quelques autres. Quelle importance pouvaient-ils attacher à la forêt et aux rochers des Ardennes? La résidence de Mayence, fondée pendant l'empire des premiers Césars, et ensuite celle de Cologne (Colonia Agrippina) , fondée vers le même temps, toutes deux sur la grande barrière hydraugraphique du Rhin, étaient le lieu de l'habitation de préférence des gou- verneurs romains , pour surveiller également les deux Germanies gauloises et la grande Germanie transrhénane. Mais lorsque les barbares, ou pour mieux dire les Ger- mains transrhénans , encouragés par les succès de Varus ; élevé dans les légions romaines, et les tentatives inutiles de Tibère, de Vespasien , de Marc-Aurèle, etc., se furent ren- dus redoutabies, en repoussant les Romains des rives de l'Elbe et en les comprimant sur la frontière naturelle de l'empire, à la rive droite du Rhin, les Romains reconnurent que pour résister aux barbares, l'emplacement de la plaine où ils avaient bâti la ville de Trèves (Augusta Trevirorum) était le plus favorable de tout le nord des Gaules. Trèves devint un camp immense, une métropole de l'empire et de la civilisation ; sa prospérité rejaillit sur la contrée tout entière. On ne doit donc point s'étonner que les mo- numents romains sur la ligne d'Igel près de Trèves, d'Ar- lon et de Virton, à Mousson et à la Meuse, aient tous un aspect d'analogie, qui est la preuve qu'ils proviennent d'un centre commun. Dans une notice précédente, nous avons démontré que Tom. xr. 18. (252) les Romains choisirent cet emplacement où est la ville au- gustale de Trèves, à cause de la vaste étendue de la plaine au milieu de laquelle elle est construite. Trèves est à la rive droite de la Moselle; cette rivière est la corde de cette plaine en forme d'arc, entourée par les escarpements des Ardennes. La distance de Trèves à la rive gauche du Rhin, c'est-à-dire à Coblenz, où est le confluent de la Moselle, est de 24 lieues. La Moselle est un moyen facile pour faire descendre les transports militaires à cette frontière natu- turelle de l'empire romain. Mais, selon les lois hydrauli- ques, la navigation, en remontant la rivière, est aussi pé- nible que de longue durée. Il en résultait que tout l'avantage était du côté des Romains, maîtres du pays, et tout le désa- vantage du côté des barbares, s'ils envahissaient le pays. Wiltheim (p. 115) donne la liste des empereurs qui ont habité la ville de Trèves. Nous pourrions nous étonner de ce qu'il ne les a point tous placés chronologiquement, si l'on ne savait qu'au XVI[- siècle on aimait à mettre de l’es- prit dans des phrases périodiques. Praecipue frequentarunt ut adeo etiam incoluerunt, mul- tum, minusve ali, atque alii Consranrinus CHLORUS, Maximi4- nus Hercuzius , CONSTANTINUS Maximus , CONSTANTINUS et Consrans filii ejus, Macnenrius ac Decenrius , JuLIANUS, VaLeNTINIANUS et VALENs fratres, GRATIANUS et VALENTI- NIANUS junior, Maximus cum Vicrore filio, THeonosius magnus ANITUS. Après cette phrase, Wiltheim appuie sur celle que voiei : Et ante hos Tyranni Posrumus, imperante GaLLieno, Vic- TORINUS AURELIANO, TETRICI duo pater et filius. Wiltheim donne ensuite des détails biographiques sur les deux Té- tricus, mais ces détails ne sont que des citations sans cri- tique. ( 253 ) C'est effectivement vers le temps de l'empire ou, pour nous servir d'une expression romaine, de la tyrannie de Tétricus le père, que cesse l'influence des villes de Cologne et de Mayence, et que commence celle de la ville de Trèves, qui devint insensiblement une des métropoles du vaste em- pire romain et la résidence fréquente de l'empereur. Mais chacun sait qu’il ne faut pas attacher ici aux noms de tyrans et de tyrannie, l’idée défavorable qu'on y donne aujour- d'hui. Les annales impériales appellent tyrans (tyranni) les empereurs qui n’avaient pas été reconnus dans Rome, par le sénat, et qui comptaient parmi les usurpateurs et non parmi les prinecs de l'État. Plusieurs de ces tyrans furent de grands hommes et des souverains bienfaisants. Postumus et surtout Tétricus, le libérateur momentané des Gaules, en sont la preuve. M. De Bose a réhabilité la mémoire de Tétricus dans un des sa- vants écrits de la collection de l'académie des inscriptions, tom. XX VI, p. 504. Pour arriver à cette spécialité essen- tiellement belge, expliquons-nous plus amplement, quoi- que la généralité de ces événements soit très-connue. L'an de Rome 1015 (260 de l'ère. v.), l'empereur Valérien faisait la guerre aux Perses, sur les rives de l'Eupbrate:il ; demande une entrevue à Sapor, leur roi; celui-ex le fait cerner par trahison, pendant l’entrevue, et le retient captif. On ignore le sort et le genre de mort de Valérien dans sa captivité. L'empire privé de son chef, était alors attaqué sur toutes les frontières européennes par les barbares, et sur- tout à la frontière du Rhin, entre Mayence et Cologne : c'était le côté le plus éloigné de l'Euphrate. Valérien, avant son départ, avait associé à l'empire le fai- ble et voluptueux Gallien, son fils, et lui avait laissé le com- mandementdes Gaules. Gallien habitait la ville de Cologne. ( 254 ) Est-ce par une conséquence de cette résidence que, dans la collection des monnaies romaines découvertes par M. Guyoth, il y en a neuf de Gallien, tandis qu'il y en a très-peu des empereurs précédents? je l’ignore. Ont-elles été frappées dans les ateliers monétaires gaulois, et notam- ment à Cologne ou à Trèves dont on va parler? je l'ignore également; dans leur état de détérioration l’on ne peut y voir si la lettre T. ou TR., signe de l’atelier trévirien, s'y trouve. M. Guyoth ne la désigne que pour quelques-unes. Gallien, quoique sa présence à Cologne fût nécessaire pour contenir les Germains qui venaient de passer le Rhin, partit pour se faire reconnaître dans Rome; son assocra- tion cependant n’a jamais été contestée; mais il préférait les délices de la capitale du monde aux fatigues des camps et au commandement des légions. Il laissa dans Cologne, Salonin son fils, qu'il nomma César, et le tribun Syl- vain. Il continua néanmoins le commandement militaire à Postumus, qui était dans la Belgique. Valérien avait en- voyé dans les Gaules ce Postumus qui avait été consul l'an de Rome 1010, parce que c’était le plus honnête admini- strateur de son siècle. Virum quem præ cœteris stupeo, di- sait Valérien. Postumus repoussa les Germains, les Bructères et les Chamaves, qui avaient passé le Rhin et qui avaient ravagé nos provinces actuelles du milieu de la Belgique. Il aban- donna le butin des barbares fugitifs aux soldats de ses lé- gions. L'on sait qu'à cette malheureuse époque, l’avarice était un stimulant plus fort que l'honneur dans les armées romaines. Mais le jeune César écrivit de Cologne une lettre de réprimande à Postumus. L'armée exaspérée se révolte, ( 255 ) s'empare de la ville de Cologne, y massacre le César Sa- lonin et le tribun Sylvanus : elle proclame empereur Pos- tumus, malgré sa répugnance. Car on sait par l'exemple de Pertinax que rien ne pouvait résister aux caprices de la soldatesque. D'ailleurs, il y avait une insurrection générale contre Gallien dans toutes les autres provinces. Trente tyrans surgissaient , tandis que Gallien s’abandonnait aux plus ignobles plaisirs dans la ville de Rome. Lui annon- çait-on la révolte d'Alexandrie, seconde capitale de l’em- pire, il disait : Qu’avons-nous besoin du lin d'Égypte? Lui annonçait-on celle de l'Asie : Que nous importent, disait- il, les fines étoffes syriennes. Il se consolait d’avoir perdu les Gaules, en faisant la remarque qu’on pouvait se passer de la draperie des Atrébates. L'élection de Postumus fut généralement applaudie par les Gaulois. Il y avait un espoir fondé que l’ancienne in- dépendance celtique allait renaître. Voici ce que dit Tre- bellius Pollio sur cet événement : Nimius amor erga Pos- tumum omnium erat in Gallica gente populorum , quod submotis omnibus Germanicis gentibus, Romanorum in pristinam securilatem revocasset imperium. Cependant Gallien voulut combattre les Gaulois réunis sous cet autre Vercingetorix ; mais il n’était César que de nom. !l vient en-deçà des Alpes au siége d’une ville que les historiens n'ont pas nommée : il est blessé d’un coup de flèche; il se hâte de retourner dans la capitale, abandon- nant au tyran Postumus toutes les provinces qui étaient transalpines pour la ville de Rome. Cependant les Germains venaient encore une fois de passer le Rhin. Postumus les cerne dans les murs de Mayence. Ils obtiennent par une capitulation, la liberté d'évacuer avec tout ce qu'ils possédaient, le territoire Gau- ( 256 ) lois; mais l'armée romaine veut s'emparer de leur butin : en vain Postumus veut faire observer la capitulaton. I est massacré par ses soldats. Il avait environ 70 ans; c'était l'an de Rome 1040 (267 de l'ère vulgaire). Aucune monnaie de Postumus ne s’est trouvée dans les fouilles de Virton, quoique, par les ouvrages qui ont été écrits sur la numismatique impériale, on sache qu'il en existe plusieurs qui furent frappées incontestablement dans les Gaules, car Mionnet, dans sa Description des médailles antiques , 1, 8, B, désigne une médaille du 4*° consulat de Postumus, frappée à Cologne, Co. CL, AGRIP. GOs. mH1., qui représente l'Équité debont avec ses attributs. Victorine, femme de Postumus, dont le mérite était égal à celui de Zénobie, femme du tyran Odenat, qui dans le même temps régnait à Palmyre, propose Victorinus, son fils, pour empereur. Elle en avait le droit ayant elle-même le titre et les prérogatives d’Auguste, selon l'usage établi depuis Trajan , c’est-à-dire depuis un sièele et demi. Victorinus ne régna pas longtemps. Ælien était son concurrent; ils périrent tous les deux. Il y a plusieurs monnaies de l'empire de Victorinus dans les fouilles de Virton. Mais, comme je n’ai pu consulter que le catalogue du musée impérial de Vienne en Autriche (pag. 588, Mu- sæi, etc.), je n’en ai pu confronter que huit. Parmi ces découvertes trois portent la légende: Sazus AuG., avec une figure de la déesse Hygia. Une quatrième porte la lé- gende : Virrus AuG., avec la figure du dieu Mars ; les au- tres sont fort détériorées. Ces médailles, incontestablement gauloises sont peut- étre de l'atelier monétaire trévirien. Elles sont assez rares. Il faut remarquer que si au Catalogue numismatique donné par Wiltheim (p. 14), il y a plusieurs monnaies de ( 257 ) Gallien, on n’en trouve aucune de Postumus, de Victorinus, de Marius, ni des deux Tétricus dont nous allons parler. Une autre remarque numismatique doit encore être faite, d'après le même Wiltheim, sur le commencement probable des travaux monétaires à l'atelier de Trèves. Voiei ce qu'il dit page 15 : Officinæ monetariæ Treveris inslitutæ tempus obscurum est. Lugduni jam Augusti im- perio signata moneta Treviris. Les lettres qui désignent l'atelier de Trèves , selon Gérard Jacob K..., sont : tom. IT, p. 109, TR. (Treviris) , TR. OBS. (Treviris obsignata vel Treviris officina secunda signata), TR. P. Treviris percusa, Victorino tyranno cusi sunt (tel est le texte), Victorinæ conjugis (il veut dire matris) ejus, minimi œres , aurei et et argentei quorum hodieque forma extat apud Treviros in- quit Trebellius Pollio. Ainsi, d'après Wiltheim, qui s’ap- puie de l'autorité antique de Trebellius Pollio, il était sorti del’atelier trévirien des monnaies d’or, d'argent et de bronze de Victorinus. Je signale ce fait concernant M. Guyoth, parce qu’on n’a trouvé des monnaies de ces divers métaux à Virton; j'en ai vu un grand nombre chez M. Maus. Je re- grette beaucoup de ne pas en avoir demandé la liste. Je ne dirai rien de C.-Aur. Marius, armurier (fabri- censis), qui fut à peine proclamé empereur à Cologne et aussitôt massacré. J'ajoute tous ces détails pour faire connaître les derniers temps de la résidence impériale de Cologne et le commen- cement de la résidence impériale de Trèves. Cependant Victorinus proposa aux légions à Cologne, l'élection de Tétricus, sénateur, gouverneur des deux Aqui- taines, qui était à Bordeaux (præsidatum in Gallia regen- tem) , disent les historiens. Ici commence, pour la posté- rité, la carrière historique de Tétricus; j'ai dit qu’il était déjà ( 258 ) célèbre parmi ses contemporains, par une administration aussi sage el aussi bienfaisante que celle de Postumus. Ce libérateur des Gaules fut prociamé lorsque l’on ap- prenait la nouvelle que Gallien venait de périr au siége de Milan , où il avait bloqué le tyrau Auréolus. Le sénat choisit Claude pour succéder à Gallien; mais celui-ci, ne pouvant s'occuper de faire rentrer les Gaules sous sa puissance, parce qu’il devait employer toutes ses légions pour repous- ser les Goths qui avaient traversé le Danube inférieur, fit un traité secret avec Tétricus qui venait d'accepter l’em- pire. M. De Boze démontre l'existence de ce traité par une médaille qui est dans le recueil de Baudricus, qui nous apprend d’ailleurs ({, p. 407) que si les monnaies de troi- sième bronze de Tétricus sont rares en Italie, elles sont communes dans la Gaule, c’est-à-dire en France et en Belgique. Les deux princes , dit-il, sont représentés au revers l’un de l’autre. La légende porte ces mots : SaLus AUGG. Trois médailles avec cette légende ont été découver- tes par M. Guyoth dans les fouilles de Virton. Sur une autre médaille de Claude, qui est dans la liste de Virton, il y a Provin auG., et dans le champ la lettre T , signe de l'atelier trévirien. Tétricus avait consacré à la paix divers temples, dit encore M. De Boze, page 515. Il y a en effet parmi les fouilles de Virton, 14 médailles avec la légende Pax Auc. « Le commerce, dit ensuite M. De Boze, qu’une situa- » lion avantageuse el une fertilité naturelle devaient rendre » florissant , ne l'était pas assez ; il fut considérablement » étendu, par le soin que prit Tétricus d'y faire ouvrir ou » réparer les chemins propres à l’augmenter , en le ren- » dant plus facile, et ce fut son propre fils qu’il chargea » de ces travaux pénibles. » Les médailles trouvées à Virton, concordent avec ce ré- (259 ) cit; leurs légendes en donnent la preuve. I y a : Læriria AucG.; Hicariras AUG.; PROVIDENTIA AUG.; Virus Auc.;et sur les autres médailles de Virton, concernant Tétrieus fils , associé à son père, il y a : Pax Auc.; Preras AuGc.; PRiINc. JUVENTUTIS; celle-ci est remarquable parce que le portrait du jeune prince y est en pied; il y a aussi Sazus Auc.; SpEs PUBLICA. Je regrette de n'avoir pu consulter, d’après le savant ouvrage de Rasche , deux dissertations d'Hardouin, impri- mées à Luxembourg , sur les monnaies de Tétricus père et fils, l'une d'Hardouin , publiées en 4701 et 1704. Cependant Claude, après avoir exterminé sur le Danube une armée, dit-on, de 520,000 Goths, venait demourir d’une maladie épidémiqueaprès un règne qui ne dura quetrois ans. En vain le sénat avait voulu assurer l'empire à son frère, qui ne régna que peu de jours, la soldatesque s'y opposa et le fit périr. Il fallait un autre Sylla , un bras de fer, une fermeté inexorable pour être empereur et pour comprimer l'arrogance des légions; le sénat choisit Aurélien, qui est le véritable successeur de Claude. Aurélien soumit l'Asie et il y reconquit la ville de Palmyre. Mais si Aurélien était cruel sur le champ de bataille, il était d’une correspon- dance facile lorsqu'il pouvait remporter quelque avantage sans combattre. Il fut plus généreux envers Tétricus que César, dictateur triomphant qui permit au pied du capitole que le grand Vercingetorix , ennemi de la république, cessät d'exister. « Tétricus, comme le dit encore M. De Boze, informa » Aurélien du dessein qu'il avait de lui restituer l'empire des Gaules ; il ne lui cacha aucune des raisons qui l'y dé- » terminaient; il l'exhorta de venir en personne avec des forces capables de soutenir une guerre sérieuse. Jugez, » ajouta-t-il, de ma confiance par le danger auquel je > = ( 260 ) » m'expose si ce projet transpire. Je serai immolé à la » fureur des soldats. » Ce conseil était d’une générosité sans exemple, si ce n’est peut-être dans les temps à demi-fabuleux des Valérius Publicola, des Coriolan et des Camille. Aurélien passe les Alpes; il arrive sans obstacles jus- que dans les champs catalauniques où deux siècles plus tard les armées d’Attila furent complétement vaineues par d’autres légions romaines. Les Gaulois se rangent en bataille : il paraît, selon notre opinion, que Faustinus , qui commandait une partie de l'armée, voulait soutenir l'indépendance gauloise avec un acharnement fanatique, car il y avait impossibilité de ré- sister à Aurélien. Cet acharnement fut la cause de la des- truction de l’armée, tandis que Tétricus et son fils se ren- daient volontairement à Aurélien. On blâme la prétendue trahison de Tétricus et la cruauté du vainqueur ; mais pour bien juger des événements, il faut en examiner les circonstances, Si l’on doit employer les plus violents remèdes pour les maladies aiguës, ilen est de même dans la politique. Sans la dureté d'Aurélien, qui a versé plus de sang que personne n’a bu de vin , comme le disaient ses contemporains, il y avait impossibilité de rétablir l'unité de la puissance romaine. Cet empereur, manu ad ferrum , comme disent les historiens, est le premier des Romains qui ceignit le diadème oriental pour mieux se rendre redouta- ble. Mais s’il réunit les Gaules sous le joug de Rome, il n’é- tait pas toujours cruel, car il fit paraître à son triomphe, et Zénobie, reine de Palmyre , et Tétricus, empereur des Gaules. Après le triomphe , il leur accorda à tous les deux un asile et une heureuse existence dans de riches domaines en Italie. Aurélien est plus grand que Sylla : il ne versa que le sang de ses ennemis sur le champ de bataille. ( 261 ) En résumé, les quatre règnes de Postumus, de Victorinus et des deux Tétricus appartiennent à l’histoire gauloise en général et à l’histoire de Belgique en particulier. Une der- nière observation nous reste à faire : Peut-être la Gaule n’eül pas été conquise par les barbares du Ve siècle, et se- rait-elle devenue une puissante monarchie ; peut-être la civilisation n'aurait pas élé dans l’état de torpeur où elle fut sous les Mérovingiens, si les deux Tétricus avaient eu des successeurs exclusivement régnicoles. Une seule monnaie de Constantin [ se trouve sur la liste de M. Guyoth , avec légende cLoria ExERCITuS. Cette monnaie est gauloise, tar, selon le lexique de Rasch, il y a : Gloriæ exercitüs Gallici. Celles de Constantin IT, Cæsarem nostrum, sont égale- ment gauloises, ce jeune prince ayant eu la Gaule dans son partage de l'empire. Après ces considéralions, nous devons commencer à re- connaitre la voie romaine qui arrivait de Trèves à Virton, (via consularis) , selon l'opinion de Wiltheim. L’itinéraire attribué à Antonin, antérieur par conséquent au règne des Tétricus, donne la route depuis Reims jusqu'à Trèves ; elle part de Durocortorum ou Reims, traverse Époissus (Ivoi), Orolaunum (Arlon). Mais l'inscription de Tongres donne la même route en partant de Trèves, ce qui est un signe que Reims avait perdu son influence principale, et que Trèves était devenue la véritable métropole Treviri, Orolauno , Epoisso. La carte géographique construite par Wiltheim donne du développement à cette route. On y voit Treviri, Orolau- num (Arlon), Stabulum (Étalle) , laissant au sud la localité appelée Turris Brunichildis au moyen àge. La route tra- verse le Chiers (Carus), à Epoissus (Ivoi ou Carignan), et ( 262 ) aboutit à la Meuse près de Mosomagum (Mouson). Cette roule se dirige de l’est à l’ouest. Sur cette même carte il y a des indices qui font conjec- turer qu'à Stabulum (Étalle), il y avait un embranchement de route vers Satanacum, ou Stenai, aussi sur la Meuse. Cet embranchement se dirige vers le sud-ouest. En effet, il y a la longueur, que je calcule être une étape, selon les marches légionnaires, d'après les mémoires de Lebeau, Acad. insc., de Stabulum à l'endroit désigné sous le nom de Castra-Romanorum , un peu au sud de Virton. De là à Bälon, qui est à une lieue de Stenay, il y a la distance d’une autre étape, selon nos calculs. Or, comme il n'existe point de localité sans une voie établie, on ne peut douter de la communication romaine entre Arlon, Étalle, Virton et Stenay, qui n’est indiquée sur aucun itinéraire. Ce qui corrobore cette opinion, c'est qu'on a découvert depuis plusieurs années un grand nombre de médailles de trois espèces de métaux à Bàlon, surtout des Probus et des Constantins, ainsi que des vestiges de bâtiments, tels qu'une vaste salle d'atelier; j'en ai eu de fragments en ma possession lorsque j'étais fort jeune. (Voir ma lettre à M. le Ministre.) Wiltheim, avons-nous dit au commencement de ce rap- port, fait à peine mention de Virton; il ne dit rien de Bà- lon; la raison en est facile à donner: l'existence de ces deux localités était encore souterraine au XVIF"® sièle; mais il donne les plus grands détails sur une découverte impor- tante qui avait été faite à Arlon en 1671, au moment où il rédigeait son Luxemburgum romanum, c'était celle d’une grande quantité d'objets archéologiques trouvés dans des fouilles. En donner les détails, en indiquer les dessins, serait la reproduction de son ouvrage, c'est une chose superflue. (263 ) Mais nous pouvons les examiner pour les comparer avec les découvertes que M. Guyoth à faites à Virton au mois de mars dernier et avec le musée de MM. Maus, et nous Y trouverons de grandes ressemblances. Pour constater l'époque où Virton fut probablement abandonnée par ses habitants, à cause de l'irruption des barbares et qui eut pour résultat l'incendie de ses monu- ments et de ses rues, observons que la liste numismatique * rédigée par M. Guyoth avec autant € érudition que de clarté, désigne 21 empereurs et femmes d'empereurs , 7 médailles d'argent et 157 de bronze, et, qu'il soit dit en passant, M. Guyoth a d'autant plus de mérite dans son travail que les pièces sont généralement très-détériorées et les légendes très-difficiles à constater. Cette série de M. Guyoth finit à l'empire de Constance , c'est-à-dire, vers l'année 558 de l’ère vulgaire, au moment où Julien , jeune César, neveu de Constance, arrivait dans les Gaules. Or, Ammien Marcellin nous apprend qu'avant l’arrivée de Julien, les barbares avaient traversé le Rhin, et s'étaient tellement établis dans les deux Belgiques, qu'ils y étaient devenus laboureurs. Mais la série de MM. Maus finit à Théodose, cinquante ans plus tard. On doit en conclure qu'une partie de la destruction de Virton doit dater de cette première époque, puisqu'il n'y à point de médailles de Valentinien et encore moins de Théo- dose. L'autre partie fut après Théodose. Si j'ai bonne mé- moire, les médailles trouvées à Bàlon cessèrent également à l'empire de Constance. Cela peut se vérifier. Après ces détails sur la numismatique, je vais donner quelques renseignements sur les autres monuments trouvés par M. Guyoth; je les ai fait dessiner, afin qu'ils puissent devenir un supplément des 484 dessins joints à l’ouvrage ( 264 ) de Wiltheim, parce que ce savant archéologue n'a rien connu concernant Virton. On y verra le même genre de dessin qu’à Arlon, la même coupe d'architecture et de cos- tume. Quoique je les aie fait établir sur une très -grande dimension, on peut les réduire à celle des planches de Wiltheim , tant du manuscrit de Cobentzl, que de la pu- blication du D' Neyen. Je me bornerai à faire quelques notes éparses sur la liste de M. Guyoth, où se trouvent tous les renseignements désirables et la mesure des grandeurs. No 4. (Voir fig. n°2.) Autel. Nous le présentons sous son aspect de côté. En le comparant aux dessins de Wil- theim on y trouve quelque rapport avec la Junon n° 193 et 194, la Fortune n° 319, la Vénus n° 565. Wiltheim soupçonne que le voile qui flotte autour de la divinité est la ceinture de Vénus, Juno cinxia. Il en fait plusieurs fois l'observation. Nous avons eu soin de faire dessiner le frag- ment À, où cet autel était scellé à un piédestal. 2 Fragment d’un autre monument qui était peut-être un autel. On y reconnaît un Mercure dont le caducée est analogue à celui dun° 479 de Wiltheim et à une des figu- res trouvées dans la cathédrale de Notre-Dame de Paris, qui ont été décrites dans plusieurs mémoires académiques et récemment dans l'ouvrage de Du Laure. N° 5. Lampes. Il y en à un grand nombre d'analogues dans le texte de Wiltheim, n° 527, etc., etc. N° 4, 5,6. Vases de diverses formes. N° 7. Tuyau cylindrique. Remarquons qu'il est de terre de brique. Je me souviens parfaitement avoir vu des tuyaux analogues trouvés dans une chambre souterraine à Bälon; mais ils étaient d’une ouverture rectangle. IE y en a chez MM. Maus. N° 8, 9. 35 épingles; stylets pour écrire, etc. J'en ai vu plusieurs semblables à Bàlon. ( 265 ) N°: 10 à 12. La plupart de ces agrafes en forme de bouclier à doubles boutons, me paraissent être, selon l’opi- nion de plusieurs armuriers que j'ai consultés, des objets de buffeterie ou de harnais. N° 145, etc., etc. Parmi ces trois sonnettes, il y en a une qui est analogue à celles qu'on pend encore aujourd'hui en Ardennes, au col des bestiaux pour le retrouver dans les taillis; les petites sonnettes étaient probablement pour les chèvres. — M. le directeur , en levant la séance, a fixé l’époque de la prochaine réunion au samedi 2 novembre. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Mouvement de l'état civil pendant l’année 1842, publié par le ministre de l’intérieur. Bruxelles, 1844, 1 vol. in-fol. De la part de M. le ministre de l’intérieur. Catalogue des accroissements de la bibliothèque royale, 5° partie. Bruxelles, 1844, in-8°. De la part du même. Bulletin de l'académie royale de médecine de Belgique, année 1843-1844, tome III, n° 8. Bruxelles, 1844, in-8°. Compte-rendu des séances de la commission royale d'histoire, tome VIII, n° 2, séance du 6 juillet 1844. Bruxelles, in-8°. Commission royale d'histoire. — Monuments pour servir à l'histoire des provinces de Namur, de Hainaut et de Luxem- bourg, par M. le baron de Reiffenberg, tome I. Bruxelles, 1844, 1 vol. in-4°. Annales de l'observatoire royal de Bruxelles, publiées, aux frais de l'État, par le directeur A. Quetelet, tome HT, Bruxelles, 1844, 1 vol. in-4°. ( 266 ) Le comte de Gages, par M. le baron de Stassart, in-4°. Hulde aen de nagedachtenis van M. Anton Reinhart Falck, vrij gevolgd naer het fransch van den heer Quetelet, met een naschrift en bijlagen voorzien, door M. J. L. Kerteloot, in-8°. Journal historique et littéraire de Liége, tome XE, livr. 4 el 5. Liége, 1844, in-6°. Journal vétérinaire et agricole de Belgique, 3° année, juin et juillet 1844. Bruxelles, in-8°. Trésor national, 2 série, 11° livr. mars 1844. Bruxelles, in-8°, La revue de Liége, 7°, 8° et 9° livr., juillet, août et sep- tembre 1844. Liége, in-8°. : Histoire des médecins juifs, anciens et modernes, par M. E. Carmoly. Bruxelles, 1844, 1 vol. in-8°, Revue orientale. Recueil périodique d'histoire, de géographie et de littérature, publié par le même, 5° année, n° 1. Bruxel- les, 1844, in-8°. Annales d’oculistique, publiées par M. le docteur F1. Cunier, 7° année , tome XII, 1"° et 2° livr. 1844. Bruxelles, in-8°, Gazette médicale Belge, 2° année, juillet à septembre 1844. Bruxelles. in-4°. Belgisch museum, 1844, 2% aflevering. Gent, in-8°. Essai sur le défrichement des terres incultes de la Belgique, par M. J.-B. Bivort, Bruxelles, 1844, in-8°. Annales de la société de médecine d’Anvers, année 1844, livr. d'août. Anvers, in-8°. Histoire politique, civile et monumentale de la ville de Bruxel- les, par MM. Alex. Henne et Alphonse Wauters, livr. 100° à 120°, Bruxelles, 1844, in-6°. Annales et bulletin de la société de médecine de Gand, année 1844, mois d'août, 14° vol., 8° livr. Gand, in-6°. Archives tournaisiennes, historiques et littéraires, complé- ment du tome Ier, Tournai, 1844, in-8°. Précis de l’histoire des chambres de rhétorique et des sociétés dramatiques belges, par M. T.-L.H. Popeliers, Bruxelles, 1844, in-18. ( 267 ) Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, pu- blié par la société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, 2% année, cahiers d’août et de septembre 1844. Bruxelles, in-8°. Messager des sciences historiques de Belgique, année 1644, 3° livr. Gand, in-8°. Notice analytique sur les travaux zoologiques et paléontologi- ques de M. Alcide d'Orbigny, 1844. Paris, in-4°. Bulletin de la société des antiquaires de Picardie, année 1844, nv 2. Amiens, in-6°. Fésumé analytique des travaux de la société Havraise, 9° et 10° années. Havre, 1844 , in 8°. Revue zoologique, par la société Cuviérienne, 1844, n° 6 à 8. Paris, in-8°. Discours prononcé dans la séance générale annuelle de la société nationale de Vaccine, du 2 juin 1844, par M. Jullien, de Paris. Paris, in-8°. Petit code philosophique et moral. Exposé sommaire de douze lois générales qui se reproduisent dans toutes les œuvres de la nature, par le même. Paris, 1844, in-8°. Congrès de la paix, par le même. Paris, 1843, in-8°. Journal d'agriculture pratique et de jardinage, publié sous la direction du Dr Bixio, 2° série , tome IT, n°“ 1 et 2. Paris, 1844, in-80. Cours de géométrie descriptive, par M. Théodore Olivier. Texte, 1° et 2° parties; Atlas, 1'° et 2° parties. Paris, 1844, 4 vol. in-4°, Mémoire sur les surfaces gauches à plan directeur, par M. E. Catalan. Paris, 1843, in-4, Journal de la société de la morale chrétienne, 3° série, tome If, n° 1 à 3, Paris, 1844, in-@°. Séance générale, publique et solonnelle de la société royale d’horticulture, à la suite de la 15° exposition de produits de jardinage; le 16 juin 1844. Paris, in-8°. Compte rendu des travaux de la même société, depuis l'expo- Tom. xr, 149, ( 268 ) sition de 1813, par M. C. Bailly de Merlieux. Paris, 1844, in-8. Mémoires de la société royale des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, année 1842. Lille, 1843, 1 vol. in-&e. Notice sur les arbres remarquables du département du Gard, par M. le baron d'Hombres-Firmas , in-8°. Recueil de mémoires et d'observations de physique , de météo- rologie, etc., par le même. Nismes, 1841, 1 vol. in-8o, Météorologie électrique, par M. Ath. Peltier, 1" partie. Genève, in-8°, L’Investigateur, journal de l’institut historique, 11° année, tome IV, 2° série, juillet et août 1844. Paris, in-8°. Expériences sur les piles sèches, par M. Delezenne. Lille, in-0°, Extraits d’une lettre de M. Fresnel à M. Jomard, sur certains quadrupèdes réputés fabuleux. Paris, 1844, in-8°. De la part de M. Jomard. Collection géographique de la bibliothèque royale, année 1843. Paris, in-8°. De la part du même. Rapport au nom de la commission du prix annuel pour la découverte la plus importante en géographie en 1841. Paris, in-8°. De la part du même. Bulletin de la société géologique de France , 2° série, tome [°, feuilles 28-33, mai et juin 1844. Paris, in-8°. Bulletin de la société industrielle d’ Angers et du département de Maine et Loire, n°° 4 et 5, 15° année. Angers, 1844, in-8°. Les romans en prose des cycles de la table ronde et de Charle- magne, par J.-W. Schmidt. Traduit de l’allemand et annoté par M. le baron Ferd. de Roisin (extrait des mémoires de la société des antiquaires de la Morinie), in-8°. Actes de la société helvétique des sciences naturelles, 28° ses- sion. Lausanne 1843, 1 vol. in-12. Voyage autour du monde exécuté pendant les années 1836 et 1837, sur la corvette la Bonîte. c$oLoGIE et miNÉRaLoGIE. Par M. E, Chevalier. Paris, 1844, 1 vol. in-8°. ( 269 ) Observations météorologiques horaires faites pendant l'é- quinoxe du printemps 1844 (extrait des 4nnales de météorologie et de magnétisme terrestre, publiées par M. 3. Lamont). Munich , in-8°, Annalen für Meteorologie und Erdmagnetismus. Jahrgang 1844,X Heft. Herausgegeben von D' J. Lamont. München, in 8°. Disputatio de causis regni Francorum a Merovingis ad Car- lingos translati. Scripsit J.-G. Loebell. Bonnae, 1644, in-4°. Isis. Encyclopädische Zeitschrift, von Oken , 1844. Heft V- VII, Leipzig, in-4°. Annalen der Staats- Arzneikunde, herausgegeben von Schnei- der, Schürmayer und Hergt, 9% Jahrgang, 2! und 3 Heft. Freiburg im Breisoau, 1844, in-8°. Jahrbuch für praktische Pharmacie und verwandte Fächer. Herausgegeben von D° J.-E. Herberger und D'F.-L. Winckler. Band VIIF, Heft VI, Band IX, Heft I. Landau, 1844, in-8°. Behram-Gur und die Russische Fürstendochter. — Muham- med Niszamind-Din, dem Gendscher, nachgebildet und durch historisch-philologische Anmerkungen erläutert von Franz von Erdmann dem Ludwigluster. Kasan, 1843, 1 vol. in-6v. Ucber eine bei jeder Rotation des Fortpflanzungsmittels ein- trelende eigenthümliche Ablenkung der Licht-und Schall- strahlen, von Chr. Doppler. Prag, 1844, in-4°. Versuch einer objectiven Begründung der Lehre von den Dimensionen des Raumes, von D' Bernard Bolzano. Prag, 1845, in-4°. Versuch einer Erweiterung der analytischen Geometrie auf Grundlage eines neu einzuführenden Algorithmus, von Chr. Doppler. Prag, 1843, in-4°. Magnetische und meteorologische Beobachtungen zu Prag, von Karl Kreil, 4% Jahrgang, Aug. 1842 bis Dec. 1843. Prag, 1844, 1 vol. in-4°. Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern. n° 13-33, mars-juillet 1844, in-8°. Proceedings of the American philosophical society. vol. H. n° 26; vol. I, n° 27; vol. IV, n°° 28 and 29, in-8e. ( 270 ) Transactions of the american philosophical society, vol. IX, new series, part [. Philadelphia, 1844, 1 vol. in-4e. Fifty-seventh annual report of the regents of the university of the state of New-York, made to the legislature, febr. 28, 1844. Albany, 1 vol. in-8°. Human Physiology, with upiwards of three hundred illustra- tions, by Robley Dunglison. Philadelphia, 1844, 2 vol. in-8°. The numismatic chronicle, and journal of the numismatic So- ciely, edited by John Fonge Akerman. July, 1844. London ,in-8°. Proceedings of the academy of natural sciences of Phaladel- phia. vol. Il, n° 3, may and june 1844, in-8°. Collection of letters on early education , and its influence in the prevention of crime. D' Forster. London, in-8°. Bouwkundige bijdragen, uitgegeven door de maatschappij tot becordering der bouwkunst. Tweede jaargang, 2% stuk. Amsterdam, 1844, in-4°. Algemcene geschiedents der wereld (door M. S. Polak), laatste stuk van het 4d en 1st° stuk van het Bd deel. Amsterdam, 1844, in-4°. Det kongelige Danske videnskabernes selskhabs naturvidens- kabelige og mathematiske afhandlingar. Tiende deel. Kjoben- havn, 1843, 1 vol. in-4°. Oversigt over det kgl. Danske videnskabernes selskabs For- handliger, of H.-C. Oersted. Kjübenhavn, 1844, in-8°. Programme des questions proposées pour l’année 1844, par la société royale des sciences de Copenhague , feuillet in-12. Riposte del dottore Ambrogio Fusinieri, su la rugiada, su la comparsa della neve, ec., ad articoli dei signori Macedonio Melloni ed Angelo Bellani, in-4°. Document riguardanti la Rotta di Piero Strozzi in Wal-di- Chiana (1554), pubblicati dal capitano Oreste Brizi. In Arezzo, 1844, in-8°. Annali di fisica , chimica e matematiche, diretti dal dottore G.-A. Majocchi. Volume XII, f° trimestre 1844. Milano , in-8e. BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1844. — No 10. Séance du 2 novembre. M. le baron De Gerlache, directeur; M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE, L'académie apprend avec douleur la perte qu’elle vient de faire par la mort de Don Martin Fernandez Navarette, correspondant de la classe des lettres, décédé à Madrid, le 8 octobre dernier. Tom. x. 20. (272 ) M. Ferdinand Henaux, de Liége, adresse à l'académie la lettre suivante au sujet d’une pierre tumulaire qui se trouve à Metz. « Une pierre tumulaire élevée à la mémoire d’un ébu- ron, mort à Metz, est le monument unique de ce genre qui rappelle le nom des ancêtres des Liégeois, et à ce titre, il est infiniment précieux. Il consiste en un cippe en marbre, orné d’une inscription encadrée dans un double listel oc- cupant la face antérieure. D. M. M TEREN TI. M. F. SOSIO Inxl Vir EBVRON SOTER Cette inscription, assez abrégée, peut se lire de cette manière : DIIS MANIBVS MARCO TEREN TI MARCI FILIO SOSIO SE VIRO EBVRONVM SOTERI. Aux dieux mânes. A Marc Térence, fils de Mare, et à Sosius Sévir, conservateur des Éburons. L’élégance de ce monument, l'absence de lettres accou- ( 273 ) plées ou intercalées , indiquent qu'il a dû être élevé vers la fin du FF° siècle. L'interprétation de l'inscription est pleine de difficultés. Toutefois, elle semble prouver que les Éburons avaient à Metz, où ce cippe a été trouvé, un défenseur de leurs in- térêts et de leurs priviléges, ou, ce qui est en quelque sorte lemême , un agent consulaire pour protéger leur commerce. Ce monument méritant d'attirer l'attention des sa- vants (1), nous osons recourir à l'académie, pour savoir : 1° La date qu'on peut lui assigner ; 2° Et comment l'inscription doit être interprétée. » Commissaires, MM. Roulez et le baron de Reiffenberg. — L'académie reçoit les ouvrages manuscrits suivanis : 4° Recherches sur les causes des variations barométri- ques, par M. Ath. Peltier. Commissaires, MM. Quetelet, Crahay et D'Omalius; 20 Le verbe français, considéré sous le rapport étymolo- gique, par Aug. Scheler, bibliothécaire adjoint de S. M. le Roi des Belges. Commissaires , MM. le baron De Reiffen- berg, le baron de Stassart et le chanoine De Ram. — L'académie reçoit encore les observations sur la florai- son faites en 1844, à Bruxelles, par M. Quetelet; à Bruges, (1) L'inscription n’a encore attiré les regards d'aucun érudit belge ; elle n’est point mentionnée même dans les ouvrages de MM. De Reiffenberg , Roulez, Schayes, Dewez. Elle a été publiée par Gruter, Znscript. antiq. orbis Romani, p. 475, n°5, et par Dom François, Aistoire de Metz , tome I , page 80, et pl. VIII. — Steiner, dans son Codex inscript. Romanarum Rheni (Darmstadt , 1857), L. II, p.174, cite cette inscription et traduit erronément £Eburo par Embrun. ( 274) par M. Forster, et à Parme, par M. Scherer; elle a reçu éga- lement, par l'intermédiaire de M. Colla, les observations sur l'apparition des insectes, faites à Parme par M. Rondani. RAPPORTS. L'académie, après avoir entendu les rapports de ses commissaires, MM. Quetelet , Crahay et Stas, ordonne l’im- pression des écrits suivants : 4° Notesur les oscillations du niveau à bulle d'air, par M. Liagre, lieutenant du génie ; 2 Résultats de quelques expériences thermométriques et magnétiques exécutées dans la fosse n° 2 du charbonnage du couchant du Flénu, par M. Houzeau; 5° Un mémoire relatif aux tremblements de terre res- sentis en France et en Belgique, par M. Perrey. Ce dernier travail sera imprimé dans les mémoires des savants étrangers, et les notices de MM. Liagre et Houzeau, dans le bulletin de la séance. COMMUNICATIONS ET LECTURES. PHYSIQUE. Sur les oscillations du niveau à bulle d'air , par M. Liagre, lieutenant du génie. J'ai l'honneur de soumettre à l'académie quelques re- marques relatives aux déplacements qu'éprouve la bulle mn nat PE ll Bulletin de L'Académie: À Éhmat 8. 9 40. 11. Midi LAS 2. 3. BELL DT PEN PEREEDITT TT TN BETA T CTET Tome 2‘parke page 274. | ne ENT A LE EEREPPE NIET EVE ET ET EE JU DE L- IS ES EmE2 4 BL LATEATTNA TON EENTONTINNNT WTTIIITITITANTITTPMNNTNNTITITITINN DAITTOTEIINMNITTTIATITENTITNTININTUT HE HE ANIIILEITIIITIMTIITT HI TTITITNINNMMIIT I IUNITITI TI DUPELLI EL LITT LIT TIEIRPINTITINNNTUN “RRANRRRRRRNBBPE SANT DRANERNERNNRRRE BIT TITI VTT PTE PP NTI MTMNUTTT RESTE] Eu LEE ON BELIIT ITU PTIT LEE ee) IT TT PELEEMER EPA TTC OM TITTTTTTITTITTTITIT TNT DAME PENERP EPP PEPEPETTPN TETTTI PPT AE LNIDIITTOMINTTTTITITINTITTTTTTITTITT BBA LETTTINNNTITTIININTNT PAL Ar LIL PEL O LUE L I TELLE È AE LT AIT | | | / S 12 & ! \ À £ \ LI} | \- | 4 | CP d 3 l 1 * TH ATTENTENTTIT PT PTITIPEEEENTT RRRRRRRERN ZAR 10. * 10. SU IITAITTITNTIITINTTENY TT TER BRREE ÉÉLUPLATT PE PILE TEETITE NN TTTTTTPPT EEE TETE EDR PEL TONI), 5. 4 LA QUFE ; tt a vus 14 Mo Tr Mad'eifs ab, - A! ty} sh CET à LE LH ge dé LIVRES he taë Per eau RTS Ua Mt Po fre on es LT Dééier sida. b't pas ei reartftrm brasse trad “Phi r É éhee Ps Béam Jdotns OBoT sbéter 4 PANLLOTE TEE À ohfitlist Ships ta Dre " L lu rat î Er rs a #5 ié ANT TETE io at a : tléonéannadéé pivdi 2 À drasatie D à | Free ES MADE à Lcd Niue time dde dite eût Aborhiy afnas à 4 wdi WE st ad upsage, Designs 0330 ur -# neo AS St Juste Jia aa us E hrrpteradigét s, AG fe qu Hi (CE HT tu ue trous ions ao ie Rial mare à ws star uf à Bityocesil) BR ani OR ste situ HE 5} à sh rruch if 6 ray hyite #iqus Aer Pre Vus Li SEP “ “ st ETS : de we re bons SD ZWAT E : ls 22$ ie . ee) GR sata af Tate ui néétafes-7E@ of é A : DÙ 1e nduafion fit 06 eniob: «as st tas PS z% A as A & Ÿ De med: M CEE" mnt . ie 3e MALE do se Ne Lol Au Lee ana Cadre PU a FAR TOR A af 41 pie dti al + af Se #1 ON UE 162 Hoi ae RQ Are AE. © fn fr ds LL #] ques, 2h ut Aeiera vifs AQU ZE sa is im Ah. 1 vo DAT ls de nf ‘+ AT ut ." AT TU VIP TE ENV. AA on MSN ES F { ? mi … ; CR EPA té u LE ; # 1. ‘2 + £ de k LT LM LL - PA $ "A ca, } Te LA . 2 Us Lt" à Li r à s : v à è # " fr. r “ =. , … Fan j N } , 4 ; . ts Lx ET à eo L FAT j 2 ; £ #Æ Su 1 dl _— ( 27 ) d'un niveau fixé sur un plan horizontal immobile, lorsque l’une des extrémités de cette bulle vient à recevoir une tem- pérature supérieure à celle de l’autre. J’ignore si des ob- servations analogues ont déjà été publiées, mais, dans ce cas, elles doivent être très-peu connues, car je n’ai vu cette particularité mentionnée dans aucun ouvrage (1), et l’on est généralement d'accord aujourd'hui, lorsque l’on ob- serve un changement quelconque dans l'indication du ni- veau adapté à un instrument, à en rendre responsable l'instrument lui-même, regardant comme infaillible la marche de la bulle. M. Quetelet, lorsque je lui ai parlé du fait en question, m'a appris qu'il avait observé le même phénomène il y a dix ans, pendant qu'il était occupé à déterminer la latitude de Bruxelles au moyen du cercle répétiteur, mais qu’il n’a- vait pas insisté sur cette singularité, parce qu’il croyait lavoir vue rapportée dans un écrit dont le titre lui échappe aujourd'hui. Quoi qu’il en soit, mon but, en présentant à l'académie cette communication , n’est nullement d'établir mes droits de priorité dans la découverte du phénomène que je signale, mais simplement de donner de la publicité à un fait que j'ai constaté pour ma part, et qui mérite d’être connu. Mon désir est d’être utile à ceux qui se servent du niveau à bulle d'air comme instrument de précision, en leur inspirant de la défiance dans son maniement, ct de les (1) J’ai consulté inutilement sur ce sujet les traités de physique et d'astro- nomie les plus récents et les plus estimés, notamment le Physikalisches Würterbuch de Gebler, et l’ Astronomie physique de M. Biot, qui a consacré quarante pages de son excellent ouvrage (tome 11, 1844, chap. IX , sect. 2) à développer la construction . le maniement et les propriétés du niveau à bulle d'air, ( 276 ) mettre en garde contre des erreurs qui, dans des circon- stances ordinaires, s'élèvent facilement à plusieurs secon- des, et, dans des cas extrêmes, à une minute et au delà. En substance, ma remarque peut se formuler en ces quelques mots. « Un niveau à bulle d’air très-bon et très- sensible étant calé sur un plan invariable, si l’une des ex- trémités de sa bulle vient à se trouver en présence d’une température supérieure à celle de l’autre extrémité, la bulle tout entière marche du côté d’où émane la chaleur. » Cette expérience est extrêmement facile à répéter, lors- que l’on possède un niveau un peu sensible. Il suffit de le caler , et de placer ensuite la main à un centimètre environ au-dessus d’une extrémité de la bulle. Au bout de cinq à six secondes (plus ou moins suivant la chaleur de la main et la sensibilité du niveau) on verra la bulle se déplacer len- tement, marcher vers la main et suivre celle-ci dans tous ses mouvements. On rend cette action plus énergique en dirigeant l’haleine vers celui des deux bouts que l’on veut faire avancer. En moins de cinq secondes, j'ai déplacé ainsi de douze millimètres la bulle d’un niveau : chaque milli- mètre de l'échelle correspondait à un angle de quatre se- condes. Cette observation est bien simple, et cependant je ne crois pas qu’on en ait jamais tiré aucune conséquence. Ne voit-on pas en effet tous les jours des ingénieurs, chargés de nivellements très-précis , opérer avec le niveau cercle, sans même prendre la précaution de soustraire leur instrument à l'action directe des rayons du soleil, en sorte que tantôt l’une des extrémités de la bulle, tantôt l’autre est la plus échauffée. Si les erreurs que l’on commet forcément ainsi deviennent trop palpables , on se rejette alors sur les dila- tations inégales de la monture de l'instrument, on s’en ( 277 ) prend au mécanicien (1), tandis que les mêmes irrégularités se seraient manifestées, si l’on avait pu se servir d’une simple fiole sans aucune monture. Tout le monde connaît les écarts inexplicables aux- quels sont sujettes les observations de latitude faites à l’aide du cercle répétiteur. On voit, dans la Base du sys- tème métrique (2° vol., pages 262 et suiv. ) des discordances frappantes entre des séries d'observations de latitude faites par Delambre avec des soins scrupuleux. Cet habile obser- vateur se demande s’il est possible de les expliquer par des réfractions extraordinaires dues au grand froid qu'il faisait alors. Ces derniers mots suffisent pour me rendre compte des erreurs d'environ dix secondes, que Delambre a pu faire sur des distances zénithales conclues à l’aide du niveau. Sans parler d’un feu de bivouac qui, par un temps si ri- goureux , brülait probablement à quelque distance de la station , ni des deux bougies qui servaient à éclairer le réti- eule et le niveau du cercle répétiteur, la chaleur rayonnée par le corps de l'observateur, dans un temps très-froid, peut facilement dévier la bulle de 10”, d'autant plus que la disposition du niveau, pour la détermination des lati- tudes , est telle que l’un de ses bouts est tourné vers l’ob- servateur, et l’autre dans une direction opposée. Ajoutons enfin que, par un grand froid , la bulle devient plus sensi- ble, et que l'allongement considérable qu'elle prend permet (1) M. Beaulieu, mécanicien de l'observatoire de Bruxelles, auquel je par- lais derniérement de ce fait, m'a dit que plusieurs ingénieurs s'étaient plaints à lui de ce que ses niveaux se dérangeaient au soleil. J'ai montré à M. Beau- lieu qu'un excellent niveau de Fortin , attaché au cercle répétiteur de l'obser- valoire , se dérangeait à la chaleur de sa main. ( 278 ) aisément qu'une deses extrémités s’'échauffe plus que Fautre. Il faut donc éviter de faire de pareilles observations dans un lieu fermé, à travers une ouverture étroite; car il s’éta- blit alors un courant d'air qui, venant frapper l’une des ex- trémités de la bulle du niveau , la déplace nécessairement. Pour bien m'assurer de l'effet que les variations de la température peuvent avoir sur un niveau exposé à l'air, j'ai opéré de la manière suivante. Sur une forte pierre de taille servant d'appui extérieur à une fenêtre de premier étage , j'ai placé deux niveaux à bulle d'air. La figure 3 de la planche indique leur disposition et l'orientation du bâtiment. Les deux instruments étaient situés sur le prolongement l’un de l’autre, et séparés par un intervalle de vingt centimètres environ. L’extrémité de chacun d’eux était distante de 22 cent. du montant le plus voisin. Ils étaient exposés vers le Sud, mais la direction de leur axe faisait avec la méridienne un angle de 40° comptés du Nord en passant par l'Ouest. Le niveau n° 1 a une longueur de 22 centimètres et un diamètre intérieur de 19"°*,4; la plus petite longueur de sa bulle a été de 22°°,5 par une température de 56° environ; sa plus grande longueur, de 74°" par 12°,5. On voit qu'il renferme très-peu d'air et que la majeure partie de sa bulle est formée de vapeur d’alcool. Le niveau n° 2 a la même longueur que le précédent, mais son diamètre n’est que de 14"%,7. Sa bulle varie de 177,5 à 50°" aux températures respectives de 56° et 122,5. Les fioles en verre n'étaient garnies d'aucune armature ni support : je m'affranchissais par là de toute cause d’er- reur due aux dilatations inégales du métal par la chaleur, ou du bois par l'humidité. Elles étaient posées sur la pierre formant l'appui de la fenêtre, mais, pour les fixer, j'avais (279 ) placé au-dessous de leurs extrémités, deux petites couches de cire, épaisses d’un demi-millimètre environ, adhérentes à la fois à la pierre et aux fioles. Pour éviter qu’on attribue les oscillations de la bulle à un mouvement périodique de la pierre de support ou du bâtiment, causé par la chaleur du soleil, je ferai remarquer de suite que les deux bulles marchaient en sens inverse, c'est-à-dire, qu’elles se rapprochaient pendant le jour et se fuyaient pendant la nuit. Ce fait, que j'avais prévu, est ce qui m'a engagé à opérer avec deux niveaux au lieu d'un seul. En effet, pendant la journée, les rayons solaires réfléchis par la couleur blanche du montant a, concentraient la cha- leur vers le milieu de l'appui horizontal, et attiraient les deux bulles vers ce point milieu. La nuit, au contraire, les deux montants conservaient une température supérieure à celle de l'air ambiant, et attiraient les bulles à leur tour. Mes observations ont commencé le 5 septembre et fini le 16 : j'ai noté chaque jour, à 45 ou 16 époques diffé- rentes, la position du milieu de la bulle de chacun des deux niveaux. En regard de chaque résultat, j'indiquais la tem- pérature donnée par un thermomètre centigrade placé à l'ombre du montant b. J'ai formé ainsi des tableaux où la marche des niveaux est comparée à celle du thermomètre, et je les ai trouvées toutes deux parfaitement concordantes. Enfin , pour permettre de mieux saisir d'un seul coup d'œil la liaison intime qui existe entre les variations de la tem- pérature et les déplacements des bulles, j'ai traduit graphi- quement les résultats de mes tableaux. Je donne comme extrait, à la fin de cette note, les nombres correspondant à la journée du 9 septembre pour le niveau n° 1, et à la journée du 12 pour le n° 2. La figure 4 se rapporte au premier de ces tableaux : la courbe pleine représente la marche de la bulle du niveau ; ( 280 ) celle qui est ponctuée indique les variations correspon- dantes de la température. La hauteur d’une division vaut C°,5 du thermomètre, et un millimètre de l'échelle du ni- veau. Chaque millimètre de celle-ci répond à un angle de quatre secondes. La figure 2 montre la marche du niveau n° 2 : j'ai tracé la courbe pleine de manière qu'elle s’'emboitàt dans celle de la température : par là j'ai épargné l’espace et mieux fait voir la coïncidence qui règne entre les inflexions des deux courbes; mais pour être conséquent avec la figure précé- dente, j'aurais dù construire une courbe symétrique de celle que j'ai tracée, parce que la marche du niveau auquel elle se rapporte est inverse de celle du premier. J'ai cherché vainement à me donner à moi-même une explication complétement satisfaisante du phénomène qui fait l’objet de cette communication : c’est un sujet de re- cherche très-intéressant, et qui, suivi avee soin et discuté avec sagacité, pourrait peut-être jeter un jour nouveau sur la théorie des ondes calorifiques. Je me suis donc borné, après avoir bien constaté le fait, à tâcher de remédier à un défaut qui enlève une grande partie de ses avantages à un instrument précieux. Le moyen que je vais proposer me semble résoudre le problème aussi complétement que possible. Un niveau à bulle d'air, dont la section est représentée par a, b, c, d (fig. 4), est enveloppé d’une seconde fiole, a, f,g, h, d'un diamètre double de la première. Les deux cylindres se touchent tout le long de la génératrice infé- rieure, en sorte que la génératrice supérieure b du vérita- ble niveau, se confond avec l’axe de la fiole enveloppante. Celle-ci est remplie entièrement d'eau colorée en bleu : la teinte que l’on donne à l’eau doit être aussi foncée que possible , mais permettre cependant de faire la lecture des Lei pis ( 281 ) divisions tracées sur le niveau intérieur. Enfin, l’une des extrémités du tube enveloppant est fermée à l’aide d’un bou- chon en caoutchouc, qui, par son élasticité, suit le liquide coloré dans ses contractions et dilatations, et empêche que la grande fiole éclate en été, ou qu’il s’y forme un vide en hiver. Par ce moyen, la bulle b se trouve entourée de tous les côtés d’une égale quantité de liquide, au milieu duquel elle peut être considérée comme nageant, et elle est sous- traite, dans toute sa longueur , aux brusques inégalités de température, par la conductibilité du liquide ambiant : la couleur bleue donnée à l’eau sert à absorber davantage le calorique rayonnant. Pour m'assurer de l'efficacité du moyen que je viens d’in- diquer, j'ai commencé par exposer un niveau ordinaire à la chaleur artificielle provenant d’une lampe à mèche cy- lindrique. Un écran, percé d’un trou circulaire, et interposé entre la lampe et le niveau, permettait de diriger la cha- leur sur l’une des extrémités de la bulle. Je l’ai déplacée ainsi de 11 divisions en deux minutes. J'ai ensuite enfermé le niveau dans une enveloppe sem- blable à celle que je viens de décrire, mais sans y introduire de liquide : l'effet de la chaleur a été plus énergique que dans le premier cas; la bulle s’est déplacée de 14 divisions en deux minutes. En effet, l'enveloppe cylindrique faisait fonction de lentille. En troisième lieu, j'ai rempli d’eau claire la grande fiole, et j'ai replacé tout le système dans les mêmes conditions que précédemment, c’est-à-dire, que la même distance existait entre l'axe de la mèche et celui de la bulle, Un ther- momètre placé près du niveau, mais soustrait par l'écran à l'action de la lampe, et un autre, exposé directement à celle action, indiquaient dans les deux cas les mêmes dif- ( 282 ) férences de température. Après quatre minutes, la bulle ne s'était déplacée que d’une division et un quart. Enfin j'ai coloré le liquide en bleu à l’aide du sulfate de cuivre ammoniacal , et j'ai dirigé pendant cinq minutes la chaleur de la lampe sur la même extrémité de la bulle. Au bout de ce temps, j'ai pu voir, en m'aidant de la loupe, que la bulle avait marché de huit dixièmes de division au plus. Ainsi, l'effet produit par la chaleur n'est plus, dans ce cas, que les trois centièmes de ce qu'il était sur le ni- veau ordinaire. Je crois donc devoir conseiller d'adapter la modification que je viens d'indiquer aux niveaux destinés à des mesures de précision : si elle rend l'instrument un peu plus lourd, elle a l'avantage de le rendre moins fragile; lorsqu'il lui arrivera un accident, presque toujours la fiole sera préser- vée, ce sera l'enveloppe qui se brisera, et celle-ci est bien facilement remplacée, car elle n’a pas besoin d’avoir une forme cylindrique parfaite. Je terminerai en recommandant à ceux qui se servent du niveau comme instrument de précision, non-seulement d'éviter qu'une des extrémités de sa bulle soit soumise à une température supérieure à celle de l’autre, mais encore de ne pas l’employer lorsqu'il vient d'être transporté d’un lieu chaud dans un lieu froid ou réciproquement. J'ai re- marqué en effet que lorsque l'alcool de la fiole subit des dilatations ou des contractions rapides, la bulle paraît ne pas se contracter ou se dilater également des deux côtés à partir de son point milieu, en sorte que son centre est réellement déplacé; et ce mouvement de transport de la bulle continue jusqu’à ce qu’elle ait acquis une longueur constante. J'attribue ce fait à des courants intérieurs qui s'établissent dans le liquide, pendant qu’il s’'échaufle ou qu'il se refroidit. (283) Variations du niveau à bulle d'air comparées à celles de la température. NIVEAU N° A. NIVEAU N° 2. nn ES D ET — : DATES. . À MILIEU [TEMPÉR. MIL EU [TEMPÉR. dela bulle.| centig. de la bulle.| centig. 12 sept., 6: 15m. mat, .» 7 " + [=] tn D À & © D LD 15 PHYSIQUE DU GLOBE. Résultats de quelques expériences thermométriques el magne- tiques exécutées dans la fosse n° 2 du charbonnage du couchant du Flénu, par M. Houzeau. [. Expériences thermométriques. Les thermomètres employés étaient à réservoirs cylin- driques et au mercure. Ils étaient construits en verre ( 284 ) commun, et afin de les rendre moins fragiles en diminuant la longueur du tube, ils ne donnaient d'indications que entre 15° environ et 25° à 28° centigrades. Des points fixes étaient marqués sur les tubes, et la distance de la têle de la colonne mercurielle à l’un quelconque de ces points fixes se mesurait en millimètres. La distance rela- tive des différents points fixes d’un même thermomètre avait été déterminée très-soigneusement. On pouvait donc ramener immédiatement chaque lecture à partir du point de répère adopté comme zéro. Par huit comparaisons effectuées avec tous les soins possibles, on avait établi le rapport des différents zéros, afin que les lectures d’un thermomètre qui viendrait à être brisé , fussent encore de quelque utilité. Enfin l’on a com- paré huit fois aussi tous les thermomètres à un thermo- mètre étalon, récemment vérifié dans la glace fondante. On a donc pu déterminer à quelle température centigrade correspond le zéro de chaque thermomètre. De plus, les comparaisons ayant eu lieu en divers points éloignés de l'échelle, on a déterminé l'amplitude de chaque degré centigrade en millimètres, et l'on s’est assuré que les tubes étaient suffisamment bien calibrés, du moins dans la par- tie comprise entre 15° et 20°, qui ne nécessite à cet égard aucune correction. La table de réduction pour exprimer en degrés centi- grades les lectures des thermomètres employés , se trouve rapportée Ici. ( 285 ) AMPLITUDE NUMÉROS POSITION DU POINT # DES TIHERMOMÈTRES. 15° centigrades. la marche du mercure pour 41° centigrade. Dans la houillère, les thermomètres étaient placés dans les parois des galeries. Les trous que l’on creusait à cet effet avaient environ un décimètre de profondeur. On avait soin de choisir constamment les endroits où l’eau ne pou- vait pas s’introduire. Le thermomètre n° 5 est demeuré à poste fixe dans la station n° 1. Les autres ont été portés successivement dans les différentes stations, et chaque fois on a attendu pour inscrire leurs indications que deux lectures faites à plu- sieurs minutes d'intervalle ne différassent plus sensible- ment. Pour procéder à ces lectures, on plaçait une lumière à deux mètres au moins de l'instrument, et l’on examinait le tube par transparence en se plaçant du côté opposé. Aucun thermomètre n’a été brisé. Je consigne ici les résultats des expériences : Station n° 4. Veine à mouches. Couloir de communica- tion entre le puits aux échelles et la bure aux cufats. Pro- fondeur 115,0 : Thermomètre n° 3 ,... 9v",4 15:52 centig. ( 286 }) . Station n° 2. Veine de Belle et Bonne. Profondeur 199% 7" Dans les parois du puits aux échelles, sous l'influence de l’aérage : Thermomètre n02 .... 1m",0 14227 Dans des débris de houille, hors de l'influence de l’aé- rage, mais sous celle peut-être d’une certaine décomposi- tion des matières qui entouraient le réservoir de thermo- mètres : _— FO MR ME 28,5 17,56 — ONE M Mie LÉREE Ne Le 36,8 17,17 MOYENNE. 422000 17,34 Station n° 5. Veine dite Carlier. Profondeur 276",8 : Thermomètre n02. .... .... 49,8 18:02 — LUE lERRMERT METRE ES 43,0 19,15 = MO Aa LOSC TIARS 59,5 18,60 MOYENNE. . . . . .. 18,58 Station n° 4. Grande veine à l’aune. Profondeur 5328",6. Dans l'écurie qui sert aux chevaux des travaux du fond. Aérage frais, venant immédiatement du puits qui l'amène du jour : mm. Thermomètre n° 2. ...,...... 28,5 16:70 — DT sa ee PE 95,5 17,15 MOYENNE. . . . . . . 16,91 Station n° 5. Petite veine à l’aune. Profondeur 553,5. Dans une excavation latérale; thermomètres placés toujours Thermomètre n°2..:,...... 84,5 20:29 — MR Tes louer entr 55,0 20,43 — Do 05 els RE 86,5 20,51 MOYENNE. . : : : . . 20,32 Dans la galerie même où l’aérage passait, on a obtenu : Thermomètre n° 1. . . . . : .. 38mm,0 17267 Si l’on écarte les expériences faites sous l'influence du courant d'air, on formera le tableau suivant : : ÉLÉVATION NOMBRE DE MÈTRES PROFONDEUR. TEMPERATURE. de température. pour 1° centig. Toutes les expériences s'accordent donc à donner 55 à 35 mètres pour la profondeur correspondante à une éléva- tion du thermomètre de 1° centigrade; il faut en excepter toutefois celles de la station n° 2, dont on avait prévu la surélévation de température par la cause indiquée plus haut. La moyenne générale donnerait, pour la différence de niveau qui correspond à une différence de température de 4°c., 35,95 ; et la comparaison de la station n° 5 seule donne 55,35. J'ai supposé la température moyenne de la surface égale à 10°,5. Tom. x1. 21. ( 288 ) M. Stas, avait trouvé, en 1841, à la fosse de St°-Cécile, le chiffre 38 mètres. EL. Expériences magnétiques. Un instrument propre à la mesure des intensités hori- zontales m'avait été obligeamment confié par M. Quetelet. Il était muni de deux aiguilles que j'ai désignées par les lettres À et B. Les observations ont été faites de la manière suivante. L’intervalle de temps compris entre l’oscillation 0 et l'oscillation 100, donnait une première durée de cent oscillations. L’intervalle entre les oscillations 10 et 110 en donnait une seconde; celui entre 20 et 120 une troi- sième ; et ainsi de suite jusque entre 60 et 160. La moyenne des sept durées, divisée par cent, fournissait la durée d'une oscillation. On avait toujours soin de commencer à comp- ter les oscillations à l'instant où l'arc décrit par l'aiguille égalait + 30°. Le thermomètre joint à l'instrument étaitgradué suivant le système de Réaumur. Toutes les expériences ont été ra- menées à 15° de ce thermomètre, au moyen du coefficient de Moser et Riess. Bruæelles. Pavillon magnétique de l'Observatoire. Le 15 septembre 1844, par un ciel couvert et une pluie légère qui tombait par intervalles. Aiguille Z (10 h. mat.). . . . 95,549 6 1524 R. — _ Ro RE ist an lle sig — — 1.071.019: 54710401 5;4 = — . . . «+ 9,542 8 15,4 Durée de l’oscill. à15R. 9,547 9 13:40 95,551 8 ( 289 ) Aiguille B (1 h. après-midi) . 8,043 1 1520 2 — .- 8,046 7 15,5 Durée de l’oscill. à15°R. —— 8,045 9 15,25 8,044 4 Au retour, dans le même lieu le 26 septembre, par un ciel entièrement serein. Aiguille 4 (10 h. mat.). . .. 95,624 3 10,0 — _ + « . + 9,624 9 9,9 9,624 6 9,95 9°,636 9 Aiguille B (11 h. mat.). . . . 8,048 7 928 = æ .…. « 8,050 9 9,8 ————— 8,049 8 9,80 8,060 4 Si l'on compare les observations du 13 et du 26 septem- bre, on reconnaît que chaque aiguille, mais surtout l’ai- guille À, a éprouvé une perte de force coëreitive. On trouve : Intensité de Vaiguille 4 au retour, . . . . . . .. 0,982 42 Perte par jour. . .: . . , . .. 0,001 598 Intensité de l'aiguille Z au retour. , . .. .. . + 0,996 03 Perte par jour. . . ...... 0,000 361 J'ai tenu compte partout de cette perte, en la supposant proportionnelle au temps. Au reste, pour l'aiguille B, elle est à peu près insignifiante, relativement au très-grand accroissement que nous allons trouver au fond de la mine. Mons. Hors de la ville, au levant. Dans le jardin de l’ha- bitation nommée l'Ermitage. Le 20 septembre 1844; cu- mulus, soleil couvert par intervalles. Aiguille 4 (midi) . .. 95185 150R. 9:,518 5,a15%R. Aiguille B (10 h.mat.). 7,971 8 135,2 … ru me 207 0e 15 À : — _, 79692 15,7 _ —" . 7,9760 148 —— 7,972 6 14,27 7,974 1,à 15 R. ( 290 ) On tire de ces nombres : Intensité à Mons . . , . . - - + + - À. 1,004 90 B. 1,020 06 Intensité contemp. à Bruxelles. . . . . 0,992 01 0,998 20 RAPPORTS. . » - 1,015 12 1,021 90 A, Moyenne en tenant compte du nombre des expér. 1,020 54 Fosse n° 2 du couchant du Flénu. Le 24 septembre, dans la galerie au recoupage de Braise , à distance des chemins de fer qui parcourent la mine. Profondeur 525,8. Aiguille À (midi)... ... 9,488 2 190 R. LE ad RANÉES. LE 9,486 5 19,0 9,487 3 19,00 9,477 7à15°R. Aiguille B (1 h. après-midi). 75,934 0 19,0 — — . 7,937 8 19,0 7,935 9 19,00 7:,927 9 àa15eR. Intensité à la surface, en tenant compte de la perte des aiguilles : 9v D'APRÈS EA MOYENNE DES OBSERVAT* 1° D'APRÈS L'AIGUILLE EMPLOYÉE. FAITES A MONS. D PO A. 1,008 75 LB. 1,020 46 A. 1,014 15 B. 1,019 10 1,023 88 1,031 46 1,025 88 1,031 46 Augmentations. 0,015 15 0,071 00 0,009 73 0,012 56 Moxenxe d’après la première combinaison . - . . 0,013 07 _ la deuxième — Mere 1030110 MoxENNE GÉNÉRALE. , + + + « + + 0,012 06, l’intens. à Bruxelles! étant de 1 ou 0,011 82 de l'intens. à la surf D'après les registres de l'Observatoire, l'intensité ma- gnétique horizontale était réellement plus considérabledans ( 291 ) la journée du 24 septembre que dans celle du 20, aux heu- res où j'ai observé. La moyenne des observations faites à Bruxelles le 20 septembre, à 10 heures du matin et à 1 heure de l'après-midi, donne : Divisions. TEMPÉRAT. F. 3,95 6624 La moyenne des observations de 10 heures et de midi, le 24 septembre, fournit : Divisions. TEmPÉRAT. F. 5,20 59°1 Si l’on réduit les deux nombres cités à la température commune de 60° F, on obtient : Le 20 septembre . . ., . . . . . . . « .. 4,59 TOC Gale À RS ALAN En SES 5,11 Cette différence est plus considérable que celle que l'on observe ordinairement entre des jours aussi rapprochés. Elle peut donc jeter des doutes sur la cause de l’accroisse- ment d'intensité magnétique observé au fond de la mine. Quant à la réduction à une température uniforme des intensités mesurées avec l'appareil de voyage, on remar- quera que la valeur du coefficient employé peut influer, il est vrai , sur la grandeur de l'augmentation observée dans l'intensité, mais non pas la faire disparaitre. En effet , les expériences faites au jour ont eu lieu par une température de 15° R environ. Les expériences exécutées au fond l'ont été par une température de 19° R. En supposant la correc- tion due à la température aussi petite que possible, en la réduisant même à zéro, il y aurait encore augmentation dans l'intensité magnétique, puisque les aiguilles oscil- ( 292 ) laient à 19°, dans la mine, plus rapidement qu'à 15° à la surface. En admettant éventuellement les résultats consignés plus haut, on en conclurait que, pour 100 mètres de profon- deur, l'augmentation d'intensité horizontale est 0,005 65 ; et qu'il faut seulement 27",6 d’enfoncement pour une augmentation de 0,001 dans cette intensité. Sur le Caucase, Kupffer avait trouvé une diminution de 0,001 pour 500 d'altitude, et Forbes, dans les Pyrénées, une diminution de 0,001 pour 4009 mètres. GÉOLOGIE. Note sur le grès de Luxembourg , par M. J.-J. d'Omalius d'Halloy, membre de l'académie. Le grès de Luxembourg est un dépôt sur les relations géognostiques duquel les opinions des géologues ont beau- coup varié. En 1822, M. de Humboldt (1) l’a rangé avec le grès de Kænigstein, qui figurait dans la géognosie alle- mande sous le nom industriel de Quadersandstein , et il a placé ce groupe entre le muschelkalk et le calcaire du Jura. Cette association à présenté cela de particulier que depuis lors le type du groupe a été remonté dans la série au niveau de la craie, tandis que l’on n’a jamais varié sur la position générale assignée au grès de Luxembourg, mais il n’en a ARE ET ER Ce à M ee AU UN Le (1) Essai géognostique sur le gisement des roches dans les deux hémas- phères. MPa UT TC TT HE (293 ) pas été de même sur ses relations avec les systèmes voisins, ainsi qu'on va le voir. En 1825, MM. d'OEynhausen, de Dechen et de La Roche (1) ont considéré ce dépôt comme le dernier terme de la formation du keuper, mais, en 1828, M. Steininger (2) a fait voir que les fossiles du grès de Luxembourg étant analogues à ceux du lias, c'était dans ce groupe et non dans le terrain keuprique que l'on devait le ranger; toutefois des circonstances que j'indique- rai tout à l'heure l'ont porté à le considérer comme in- férieur au lias proprement dit, ou calcaire à Gryphæa arcuata. En 1829, Puillon-Boblaye (5) a reconnu que le calcaire sableux d'Orval est supérieur au lias proprement dit, mais n'ayant pas poussé ses observations jusqu'à Luxembourg, et ayant perdu de vue que M. Steininger étendait son grès de Luxembourg jusqu'au delà d’Orval, il a cru pouvoir mettre ses observations en harmonie avec l'opinion de M. Steininger, en supposant que le calcaire sableux d'Orval était un dépôt différent du grès de Luxem- bourg, et il a vu le représentant de ce dernier dans quel- ques petites masses sableuses qui forment, à Florenville, la partie inférieure des marnes liasiques bleues, ou calcaire à Gryphœa arcuata. Cette manière de voir , tout en établis- sant la véritable position d’une partie du massif du grès de Luxembourg , était plus erronée que celles qui l'ont pré- cédée, puisqu'elle séparait en deux un même dépôt, et créait un système imaginaire dans la série des terrains. (1) Geognostische Umrisse der Rheinlænder. (2) Essai d’une description géognostique du grand duché de Luxem- bourg , tome VII des MÉMOIRES COURONNÉS PAR L'ACADÉMIE DE BRUXELLES, (3) Mémoire sur la formation jurassique du nord de la France, ANNALES DES SCIENCES NATURELLES , tome XVII. ( 294 ) Cette erreur, comme beaucoup d’autres, a été accueillie avec empressement ; je l’ai notamment adoptée dans mes Éléments de géologie, et elle se trouve reproduite dans un des plus beaux monuments élevés à la science dans ces derniers temps, c’est-à-dire dans la magnifique Carte géo- logique de la France par MM Dufrénoy et Élie de Beaumont, En 1841, M. Dumont (1) a rétabli l'identité du grès de Luxembourg avec le calcaire sableux d’Orval, et il a an- noncé que la position assignée à ce dernier est réellement celle de tout le système. Cependant , comme on à élevé des doutes sur cette assertion, et que M. Bennigsen Fœrder a encore reproduit postérieurement (2) l'idée de deux dépôts sableux, j'ai désiré former mon opinion sur les lieux, et j'ai non-seulement reconnu que les observations de M. Du- mont étaient parfaitement exactes, mais j'ai compris com- ment d'aussi bons observateurs que ceux que je viens de citer avaient pu se former des opinions différentes. On sait que les terrains secondaires qui s'étendent au nord de Montmédy et de Thionville forment une pointe du grand massif de la Lorraine, qui s’avance entre les ter- rains primaires de l’Ardenne et du Hundsrück, pointe qui probablement représente un golfe ou un détroit de la mer qui couvrait tout le bassin de Paris lors de la formation de ces terrains. On sait également que les dépôts qui com- posent de semblables appendices sont souvent moins puis- sants que ceux qui se trouvent dans des espaces plus étendus, On sait encore qu'il arrive souvent que les dépôts se développent en quelque manière aux dépens les uns des (1) Mémoire sur les terrains triasique et jurassique de la province de Luxembourg. Tome XV des MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE DE RRUXELLES. (2) Karsten : #rchiv für Mineralogie, Geognosie, etc., 1842. ( 29 ) autres , C'est-à-dire, que quand certains dépôts soat très- puissants dans un lieu, d'autres au contraire y sont très- minces. Or la réunion de ces deux circonstances, c'est-à- dire le resserrement du massif et le développement du système sableux , semble avoir réduit dans les environs de Luxembourg le système du lias inférieur, ou calcaire à Gryphœa arcuata, ou marne de Jamoigne selon la nomen- clature de M. Dumont, à une assise fort mince de marnes grises qui ne contiennent presque pas de fossiles, et cette assise étant placée au-dessus du terrain keuprique, qui est principalement composé de marnes ordinairement bigar- rées de rouge et de gris, mais où ces couleurs s'isolent quelquefois, on conçoit que les observateurs arrivés dans cette contrée par le nord ou l’est auront pris la petite assise grise pour un membre du terrain keuprique, plutôt que comme représentant le calcaire à Gryphœæa arcuata, système si célèbre parmi les géoloques et si bien caracté- risé un peu plus au sud. Une autre circonstance appuyait encore cette manière de voir, c'est qu’au-dessus du grès se trouve, dans quelques localités, notamment à Strassen, près de Luxembourg , une assise de calcaires argileux et de marnes bleuâtres qui contiennent quelquefois une grande quantité de Gryphæa arcuala et que, pour cette raison, on a considérée comme le représentant du lias proprement dit. En effet, si l’on était réduit aux seules observations faites dans les environs de Luxembourg on n'aurait peut-être pas la possibilité de contredire ces con- clusions (1) ;mais les observateurs arrivés au massif du ESC RSS (1) I y a cependant un petit caractère paléontologique que l'on pourrait invoquer pour dire que le calcaire de Strassen n'est pasle lias inférieur C’est la présence d’une gryphée plus large que la G. arcuata, et qui, dans L ( 296 ) grès de Luxembourg par lesud et l’ouest, ont présenté la chose sous un autre point de vue, et l’on ne peut contester l'exactitude de leurs conclusions, car, outre les garanties qu'offrent des géologues tels que Boblaye, MM. Sauvage, Buvignier (1) et Dumont, il est à remarquer que les trois premiers avaient eu l’occasion de se familiariser avec les caractères du lias inférieur dans l'étude de localité où ce dépôt est très-bien prononcé, et qu'ils étaient si peu partis d’une idée préconçue , que l’on a vu ci-dessus com- ment Boblaye avait été en quelque manière forcé de tor- turer ses observations pour les faire cadrer avec l'opinion de M. Steininger. Quant à MM. Sauvage et Buvignier , s'ils avaient eu à s'occuper de ce qui existe au delà des limites du département qui fait le sujet de leur travail, il leur aurait sufli de rapprocher leur carte de celle de M. Stei- ninger pour proclamer l'identité du calcaire sableux de Mézières avec le grès de Luxembourg, et annoncer que M. Steininger avait méconnu la véritable position de ce dernier. Enfin, s’il était permis de s'appuyer sur des rapproche- ments tirés d’une contrée assez éloignée, mais qui est clas- sique pour l'étude des terrains secondaires , je ferais re- marquer que le classement du grès de Luxembourg dans le lias moyen est beaucoup plus en harmonie avec l’état nos contrées, paraît ne pas se trouver dans le lias inférieur. Mais je mets peu d'importance à cette observation , d'autant plus que l’on n’est pas d’ac- cord sur la détermination de cette coquille que Boblaye, MM. Sauvage et Buvignier rapportent à la G. cymbium de Lamark, tandis que M. Du- mont l’a rapporte à la G. obliquata de Sowerby. (1) Statistique minéralogique et géologique du département des Arden- nes, par MM. Sauvage et Buvignier. Mézières , 1842. ( 297 ) . des choses en Angleterre. On trouve, en effet, les plus grands rapports entre le lias supérieur ou alum shale de Yorkshire et les marnes de Flize, d'Amblimont (1), de Grand-Court. On trouve également que le calcaire ferru- gineux de Margut (2) , les schistes et macigno d’Aubange et le grès de Luxembourg, rappellent le lias moyen, c’est-à-dire l'ironstone (pierre de fer) etle sandstone (grès) de l'Yorkshire ou le marlsione (grès marneux) du Northamptonshire ; et qu'enfin la marne de Jamoigne et autres marnes grises infé- rieures au grès de Luxembourg, présentent les principaux caractères du lias inférieur (lower lias shale) de l'Yorkshire, ou du lias proprement dit du midi de l'Angleterre. (1) Suivant la marche adoptée par Boblaye et par M. Dumont , j'avais indi- qué , dans mes Éléments de Géologie et dans le Coup-d’œil sur la géologie de la Belgique , la marne d’Amblimont ou de Grand-Court, comme appar- tenant à l'étage bathonien ou oolithique , mais depuis lors a paru l'ouvrage cité ci-dessus de MM. Sauvage et Buvignier, qui rangent ce dépôt dans l’é- tage liasique, et je considère cette manière de voir comme plus conforme à la nature des choses et aux classements adoptés en Angleterre. (2) L'ouvrage de MM. Sauvage et Buvignier , ainsi qu’un examen plus com- plet du mémoire de M. Dumont, dont j'avais seulement vu le manuscrit lors de l'impression du Coup-d’œil sur la Géologie de la Belgique, m'ont fait reconnaître que j'avais eu tort de soupconner qu’il y avait identité entre l'oolithe ferrugineuse de Margut, décrite par Boblaye, et celle du Mont Saint- Martin , prise par M. Dumont comme type d’une de ses divisions; ce sont deux dépôts différents, séparés par la marne d’Amblimont, et qui doivent être respectivement placés dans les étages liasique et bathonien, ainsi que l’a fait M. Dumont. Le plus élevé de ces dépôts avait échappé à Boblaye, soit qu’il lait confondu avec l’autre , soit qu’il ne l'ait pas rencontré dans le territoire qu’il a exploré, ce qui est d'autant plus probable que les dépôts ferrugineux de cette contrée , ainsi que ceux de beaucoup d’autres pays, sont plutôt des masses subordonnées que de véritables systèmes de terrains. , ( 298 ) ORNITHOLOGIE. Note sur une migration de Cassenoix (Nucifraga), par Edm. de Selys-Longchamps, correspondant de l'Académie. Le Cassenoix (Corvus caryocatactes L.) passe très-rare- ment en Belgique. Dans la Faune belge je n’ai pu donner que peu de détails sur son apparition. Quelques exemplai- res seulement avaient été pris aux lacets tendus pour les grives en Ardenne et en Campine, notamment en septem- bre 1856. Cet automne (1844) a été remarquable par une émigra- tion considérable de ces oiseaux, qui, en temps ordinaire, n'habitent que les Alpes, les Pyrénées et quelques hautes montagnes de l'Allemagne. (On verra plus bas pourquoi je ne parle pas ici de la Scandinavie.) Le 20 septembre dernier je fus surpris de voir chez moi, à Longchamps sur Geer, c’est-à-dire au milieu des plaines découvertes de la Hesbaye, deux Cassenoix se promenant paisiblement dans une prairie dont le foin était fauché, et j'observai leur manière d’être avant de tirer sur eux. Ils marchaïient à terre comme les geais ou le pic vert, et sau- taient tantôt sur les tas de foin, tantôt sur les haies d’épi- nes, puis se perchaient sur les branches les plus basses des pommiers et des noyers. Ils étaient tout-à-fait sans défian- ce, au point de se laisser approcher à dix pas. Un coup de fusil ne les effraya pas; ils se bornèrent à changer de bran- che. Leur cri est très-analogue à celui du geai, mais plus faible; ils le font entendre en volant lourdement à la ma- mière de cet oiseau, quoique leurs ailes soient grandes. Je ne les ai pas vus escalader les arbres comme les pics, mal- gré ce qui a été dit à cet égard, et il me semble que la très- Pulls de l'acadernie Tome 2 fartie p.29. Nucifraga brachÿandeur naturelle. Fim, de Sys Longchamps del Lih ae #Pessuin, à Lrsge lon. 4° idem en 1822 par le même observateur. 5° pour la Lorraine M. H0- landre indique les automnes de 1805 , 1821 et 1836. ( 299 ) légère usure, ou plus exactement la souillure du bout ex- trême des deux pennes médianes de la queue, qui ne sont d'ailleurs nullement rigides, provient plutôt de ce qu'ils cherchent leur nourriture à terre ou dans les forêts d’ar- bres résineux, ou bien encore de ce qu'ils cherchent les insectes et nichent dans les arbres creux. Peu de jours après, j'en ai reçu un autre de Gingelom, puis de l’Ardenne et du Condroz, où ils avaient été pris aux lacets. La quantité de ceux qui ont paru en Belgique du 15 sep- tembre au 20 octobre a dû être fort considérable, car soixante au moins ont été apportés au marché de Liége, et l’on en a observé et tiré un grand nombre dans le Lim- bourg , le Brabant, les Flandres et le Hainaut. M. le baron de Lafresnaye, ornithologiste bien connu, m'écrit qu'à la fin de septembre un Cassenoix avait été observé pour la première fois et tué dans son parce près de Falaise, en Normandie; de sorte que l'on peut avancer que le passage s’est étendu non-seulement sur toute la Belgique, mais aussi sur une partie du nord et de l’ouest de la France (1), car M. Baillon d'Abbeville m'annonce que ces oiseaux ont paru également dans la Picardie. Les Cassenoix que j'avais reçus de Suède et de Laponie, par les soins de M. le professeur Sundevall, de Stockholm, RE — (1) Parmi les migrations les plus considérables on doit citer : 1° celle de 1754, en Lorraine , observée par le docteur Lottinger et mentionnée par Gueneau de Montbelliard dans les œuvres de Buffon. Les bois et les campa- gnes en furent remplis en septembre et octobre. Ils se laissaient approcher et tuer à coups de bâton. Ils reparurent en 1763. 2 celle de 1793. Ils arrivè- rent en Hollande par bandes, et de mémoire d'homme on n’en avait Vu au- tant , dit Nozeman. 3° celle d'octobre 1814 signalée en Picardie par M. Bail- lon. 4° idem en 1822 par le même observateur. 5° pour la Lorraine M. Ho- landre indique les automnes de 1805, 1821 et 1830. ( 300 ) m'avaient semblé différer notablement des nôtres par leur bec plus fort et plus renflé. Le grand nombre d’exemplai- res que j'ai observés dans les collections, et en dernier lieu én Belgique, et le témoignage des naturalistes auxquels j’en ai parlé, me donnent tout lieu de croire que l'espèce des montagnes de l’Europe centrale, qui nous arrive acciden- tellement à environ six ou neuf ans de distance, diffère con- stamment par le bec de celle de la Scandinavie. Le bec est, il est vrai, variable dans sa grosseur et surtout dans sa longueur, mais il n’atteint jamais la force ni la convexité des quatre exemplaires que j'ai reçus du Nord. Je profite- rai donc de la circonstance pour dire quelques mots à cet égard. Le premier auteur qui ait parlé de deux races distinctes dans ce genre, est Klein; mais les caractères qu’il donne ne permettent pas d'affirmer si ce sont bien les deux espè- ces que je signalerai. L’une aurait, selon lui, « le bec angu- » leux et fort, et la langue longue et fourchue comme tou- » tes les espèces de pies. » L'autre « moins grosse, aurait le bec plus menu, plus arrondi, composé de deux pièces » inégales, dont la supérieure est la plus longue , et la lan- » gue très-courte, divisée profondément et comme perdue » dans le gosier. » Ce dernier pourrait être notre Casse- noix, et le premier celui de Scandinavie, mais je doute que la langue diffère autant. Le pasteur Brehm a aussi établi deux espèces : à la pre- mière, Nucifraga brachyrhynchos , il attribue les caractè- res suivants : « bec fort, court, épais à la pointe, tête » épaisse, l’occiput pas plus élevé que le front. Se trouve » dans les montagnes de l'Allemagne, dans les Alpes du » Tyrol, surtout où il existe des forêts de pin à pignon » (Pinus pinea). Son cri est bruyant. I se nourrit de graines Y (301) de pin, de noix, de noisettes et d'insectes, et arrive par- » fois dans les plaines en septembre et octobre, jusqu’au » nord du Greifswald en Poméranie. » La seconde espèce est caractérisée : « Nucifraga macro- » rhynchos, bec long, mince, très-bas à la pointe; tête pe- » tite, l'occiput plus haut que le front. Il se distingue du » précédent : 4° par le bec plus long , plus mince, beau- » coup moins élevé, à mandibule supérieure dépassant or- » dinairement l’inférieure considérablement , tandis que » chez le précédent elle est presque toujours de même lon- » gueur ; 2° par la tête beaucoup plus petite et l’occiput » plus haut. — Arrive quelquefois chez nous pendant les » mois de septembre et d'octobre, du Nord vraisemblable- » ment. J'en reçus une peau d'Helsingôr (Danemarck). — » » L4 Mange principalement des scarabées et d’autres insectes. Il est fort peu sauvage et s’apprivoise de suite. » Quoique ces diagnoses ne soient pas concluantes, puis- qu'il ne parle pas de la convexité des mandibules, et que la longueur absolue du bee, ainsi que la longueur relative des deux mandibules varient d’individu à individu, l'expression bec fort d’une part, mise en opposition avec bec mince, moins élevé, font supposer qu'il s’agit de la 1"° et de la 2me race de Klein , et plus probablement encore de la 4° et de la 2e espèce que je vais signaler, sauf que les localités d'où Brehm les croit originaires seraient précisément in- verses de celles que j'ai constatées d’après des renseigne- ments authentiques (1). Je conserverai done le nom de Nuci- (1) Je dois toutefois faire observer que M. Baillon (qui adopte aussi les deux espèces de Brehm) me prévient qu’elles parurent l’une et l’autre en nombre à peu près égal en Picardie pendant la grande migration de 1814. Il ajoute : ( 302 ) fraga caryocatactes à l'espèce la plus répandue en Europe, et dont les synonymes , notamment la planche enluminée de Buffon , sont cités par Linné, et celui de Nucifraga bra- chyrhynchos (Brehm?) au Cassenoix du Nord. NUCIFRAGA CARYOCATACTES, L. Tem. (partim.) Nucifraga guttata. Vieiïll. Nucifraga macrorhynchos. Brehm. Le Cassenoix. Buffon, Caractères essentiels. Bec droit cunéiforme, moins épais. — Les deuxmandibules non renflées nibom- bées. — La pointe de la supérieure, aplatie, très-mince, (Ce bec tient à la fois de celui de l’étourneau, de la sittèle et des pics. — Il ressemble aussi à un bec de crave qui ne serait pas arqué.) Caractères accessoires. Le bec varie en longueur, la mandibule supérieure dépassesouvent d'uneou deux lignes. — Les plumes sétacées qui cachent les narines s'étendent davantage sur les côtés, et se réunissent au front. Les mou- chetures de la gorge et du haut de la poitrine sont blanches. Les pieds sont un peu moins robustes. Parfois l’arête de la mandibule supérieure est un peu ar- quée, mais alors le dessous du bec est un peu fléchi dans le même sens et nul- lement bombé,. NUCIFRAGA BRACHYRHYNCHOS. Brelm. Corvus caryocatactes L. (partim.) Caryocatactes nucifraga. Nilss. Caryocatactes guttatus. Sundevall, in litteris (partim.) Caractères essentiels. Bec droit plus fort, un peu convexe. — Les deux mandibules étant un peu ar- quées dans leur milieu de part et d'autre, la pointe de la supéricureaplatie, épaisse. (Ce bec a la plus grande ressemblance avec celui du freux (C./frugilegus L.) Quant à la forme, il est même un peu plusé pais et proportionnellement moins long.) Caractères accessoires. Le bec varie en longueur. — La man- dibule supérieure dépasse moins en gé- néral.— Les plumes sétacées qui cachent les narines laissent l'arête découverte sur le front. Les mouchetures de la gorge et du haut de la poitrine sont très-lavées de couleur de rouille chez trois exem- plaires, blanches chez un quatrième, en apparence jeune, — Les pieds sont plus robustes. « les mâles et les femelles étaient semblables dans les deux espèces et iln’y avait » pas d'individus intermédiaires, j’en ai recueilli beaucoup. » M. Baillou en a conservé un à gros bec et trouve son bec en tout semblable à celui n5 2 de la présente notice. Depuis il ne revit plus le Brachyrhynchos en Picardie. ( 303) Dimensions du bec chez les exemplaires les plus différents : Longueur Hauteur Longueur Hauteur DEPUIS LE FRONT. A LA BASE, DEPUIS LE FRONT, A LA BASE. 4° Jura. . . . 18 lignes. 5 lignes1. 1° ) Lapponie 16 lignes. 7 lignes. 20 Pyrénées. . 184 » 65 » D et 19 » 74 » 5° Belgique(1). 25 » 6 » 5 } Suède. 21 » 8 » Il résulte de ces dimensions que, quelle que soit la lon- gueur du bec, il est toujours proportionnellement plus haut dans l'espèce de Scandinavie, car vus en dessus ces becs offrent quelquefois une apparence presque semblable en longueur et en largeur, par exemple , chez les deux indi- vidus numérotés 2; mais la hauteur dénote une différence remarquable, puisque d’un côté elle est de 6 lignes ‘2 et de 7 ‘je chez l'autre, sans parler du profil, qui offre des lignes presque droites chez l’un et arquées chez l’autre. Encore faut-il ajouter qu'il ne serait pas impossible que le n° 2 du Caryocatactes formât une race distincte, car il vient des Pyrénées, et dans la famille des corbeaux on voit souvent le plumage presque sembable chez plusieurs espèces qui ne diffèrent que par la forme du bec.— Les deux espèces de Cassenoïix découvertes en Asie, ne diffèrent déjà presque pas des nôtres sous le rapport du plumage. Celle nommée Nucifraga hemispila , par Gould, et figurée dans sa cen- turie des oiseaux de l'Himalaya, est un peu moins tachetée que nos européennes et sa queue a plus de blanc sur les (1) Je répète que les individus de Belgique sont variables et qu’on en trouve qui se rapprochent des n° 1 et2, mais point des trois numéros du Cassenoix brachyrhynque. Tom. xi. 2.2.4 ( 304 ) côtés, mais par la forme de son bec elle se rapproche de notre Brachyrhynchos, à en juger du moins par l'individu du musée de Bruxelles. Il n’en est pas de même de la longueur du bec. Il varie d'individu à individu. J'ai choisi exprès les extrêmes dans chaque race pour les signaler. La pointe du bee varie aussi en longueur ; chez un exemplaire du Caryocatactes elle dé- passe de plus de deux lignes la mandibule inférieure, chez d’autres les deux parties sont presqu'égales. La langue du Caryocatactes est courte, mince, plate, extrêmement fourchue. Les deux lanières qui forment cette fourche, peuvent sans doute se placer aux deux côtés d’une arête saillante qui se trouve au milieu de la mandibule inférieure, et qui correspond à la cavité du palais (4). En ajoutant le Corvus columbianus (Wils.) que le prince Bonaparte rapporte à ce genre, on trouve qu'il se compose jusqu’à présent de cinq espèces reléguées dans les parties froides ou dans les hautes montagnes de l’Europe, de l'Asie et de l'Amérique septentrionale. (1) Je donne un dessin de cette langue de grandeur naturelle, parce qu’elle diffère beaucoup de celle figurée par M. le professeur Duvernoy , dans son excellent Hémoire sur lesorganes de la déglutition. Cette figure représente-t- elle la langue d’un autre genre ou bien celle d’une autre espèce ? c’est ce que je ne puis dire. S'il s’agit d’un Cassenoix , cela viendrait à l’appui de l’obser- ation de Klein. Quoi qu’il en soit, cette figure indique l'extrémité comme simplement échancrée, en un mot, comme si l’on retranchait les deux pointes au croquis que je donne. Je ne puis croire que M. Duvernoy, toujours si exact, ait laissé passer une figure incorrecte. ( 305 ) Sur les genres Eleuthérie et Synhydre, par P.-J. Van Beneden. :. Relever une erreur ne nous semble pas plus glorieux qu’il n’a été déshonorant de la commettre, et cela surtout quand le sujet de l'erreur peut encore être con- testé. (DE BLAINVILLE.) Si les recherches physiologiques font avancer rapidement l'état de nos connaissances en zoologie, ce ne peut être que pour autant que l’on fixe bien les limites des genres et des espèces qui composent l'échelle des êtres. Connaître l’ani- mal dans les différentes phases de son développement doit être le but du naturaliste. Un célèbre professeur l’a dit: on ne connaît pas une espèce, si on ne l’a étudiée depuis sa sortie de l'œuf jusqu’à l’époque de sa décrépitude. M. de Quatrefages a communiqué à l’académie des scien- ces de Paris, un mémoire sur un animal nouveau qu'il a appelé Eleuthérie. Pendant l'impression de notre travail sur les Tubulaires, ce mémoire nous est parvenu (1), et nous n'avons pu nous empêcher d'exprimer notre doute sur Ja valeur zoologique de ce nouveau genre. Il pourrait bien être, disions-nous, un jeune animal qui, à l’état adulte, doit venir prendre place parmi les Tubulaires (2). Ce sujet nous parait assez important pour y revenir. L'opinion que nous avons émise a été fortifiée encore par les recherches que nous avons faites depuis. La première idée de ce savant zoologiste, à la vue des (1) Annales des sciences naturelles, 2: série, tom. 18, pag. 270. (2) Mémoire sur l'Embryogénie des Tubulaires. Bruxelles , 1844, p. 54. ( 306 ) êtres qu'il a appelés Eleuthéries, était, qu'il observait des animaux à l’état de larves; mais après avoir aperçu des œufs chez la plupart d’entre eux, il n’a plus eu de doute sur l’état parfait du nouveau polype; ce n’est en effet qu'à l’état adulte que, généralement, ou plutôt chez les animaux supérieurs, la reproduction a lieu. Si on n'avait que l'observation de M. Sars sur les Médu- ses (1), qui se reproduisent par bourgeon à l’état de larve, l'importance de ce caractère serait déjà considérablement amoindrie, mais on connait des larves qui produisent et qui pondent des œufs : plusieurs auteurs en ont signalé des exemples; toutefois, il faut en convenir, ces faits étaient mal interprétés. Dans notre Mémoire sur les Campanulaires et surtout dans celui sur les Tubulaires, nous avons tâché de donner l'explication de ces phénomènes, en comparant ces faits avec nos recherches propres. M. R. Wagner (2), le naturaliste le plus fécond de lAI- lemagne, a consigné dans l’'Isis, en 1853, une observation de ce genre, qu'il a faite sur une coryne de l’Adriatique. Sur le côté du corps, M. Wagner vit se développer une jeune Coryne , d’une forme toute différente de la mère, et qui donna naissance à des œufs. M. Lowen (5) qui a fait tant de belles observations dans ces dernières années, sur les animaux inférieurs de la Bal- tique, a fourni aussi un exemple de ce genre de repro- duction; mais au lieu de prendre l’animal, contenant des œufs, pour un jeune âge, il le regarda avec M. Ehrenberg comme une femelle adulte. Les fig. 12 et 13 À représentent (1) Ann. sc. natur , vol. 16 , 2° série. (2) Zsis, 1855, pl. XII, fig. 4, 6, 8. (3) Ferhand. der Künigl. Schwed. Academie, 1855. Wiegmann’s Archiv., t. V,1837. Annal. des sciences natur., 2 serie, vol. 15, 1841. ( 307 ) des loges dans lesquelles se sont formées des larves médu- siformes, et au milieu même de ces larves, on voit des œufs ciliés; les fig. 2 et 7 Ben fournissent un autre exem- ple : la première contient aussi des œufs, la seconde re- présenteune larve seule. Puis Cavolini (1)a observé lemême phénomène ; il a vu une jeune Pennaria donner naissance aussi à des œufs ciliés. PI. 5, fig. 5. Nous voyons ainsi plusieurs polypes dans leur jeune âge contenir des œufs, et la raison principale qui a porté le savant auteur de ce genre à croire son animal parfait, perd toute son importance. Nous répèterons avec M. de Quatre- fages qu'il faut se tenir en garde contre les conclusions gé- nérales prématurées, puisque nous voyons à tout moment de nouvelles preuves de cette infinie variété que l’observa- teur rencontre à chaque pas dans les œuvres de la nature. De ce que les animaux supérieurs ne se reproduisent qu'a- près leur complet développement, on n’était pas encore en droit de conclure que les animaux inférieurs sont dans le même cas. Nous ne doutons aucunement que le nouvel animal nommé Eleuthérie ne soit un premier àge d’un polype voisin des Tubulaires. Voyons maintenant quels sont les autres caractères propres à ce genre; ils fournissent de nouvelles preuves en faveur de ce que nous venons de dire. L'Eleuthérie porte des yeux à la base de chacun des ten- tacules. I1 y a quelques années, on eût pu attacher de l'im- portance à ce caractère, puisqu’en général les larves ne possèdent point encore ces organes de sens; mais l'organe de la vision a été observé maintenant chez plusieurs de ces (1) Cavolini, Polyp. mar., Napoli, 1785. ( 308 ) animaux et même seulement dans ce premier âge. Dans les Campanulaires, nous avons vu des yeux au nombre de huit pendant tout le temps que le polype.est libre, mais avec les caractères de méduse s’en vont aussi les organes de relation. C’est qu'il arrive ici l'inverse de ce qui se passe généralement dans les autres classes. Étant jeunes, ces polypes jouissent de leur pleine et entière liberté; ils vont et viennent aussi longtemps qu'ils sont larves, mais dès qu'ils deviennent parfaits, ils ne font plus que végéter; ils se fixent sur l’un ou l’autre corps, leur rôle devient tout à fait passif; toutes les fonctions se bornent, comme dans les plantes , à la nutrition et à la reproduction. Les bras ou les tentacules ont été étudiés avec beaucoup de soins par M. de Quatrefages. Comme l’auteur le recon- naît lui-même, ils sont tout à fait semblables, quant à leur composition, à ceux des Syncorynes. Ces tentacules sont bifurqués , et c’est là un rapprochement de plus que nous trouvons avec les Eudendrium. Ces appendices se sont en effet échancrés sous nos yeux dans ce genre, et des quatre il s'en est formé huit. Pour la forme générale, les Eleuthé- ries se rapprochent de la larve des Syncorynes, mais nous n'avons observé la division des tentacules que dans les Eudendrium. Chaque bras se termine par une espèce de pelote arron- die, que nous avons observée dans les mêmes genres que nous venonsde citer; mais ce renflement n’a, d’après nous, d'autre but que de permettre l'extension de ce même ten- tacule. En effet, nous avons toujours vu ces pelotes dispa- raitre lorsque cet organe s’épanouit complétement. Elles ne sont que l'effet de la contraction et de l’agglomération des cellules; c’est du moins ce que nous avons cru pouvoir admettre. ( 309 ) Une différence que nous avons à signaler c'est que nous n'avons aperçu dans aucun des genres des poches à stylels que M. de Quatrefages a reconnues sur les bras des Eleu- theries. Il les a représentées vues à un grossissement de 900 diamètres. Nous avons rarement employé un grossissement de plus de 500 ou 400 fois, et c’est probablement la raison pour laquelle nous ne les avons pas reconnues. Quelle que soit la différence, il ne nous paraît pas im- possible que les Eleuthéries ne soient le jeune âge des Syn- hydres ou d’un genre voisin. Dans ces dernières années, nous avons vu plusieurs exem- ples d'animaux qui, après avoir échappé aux recherches des naturalistes les plus minutieux, se découvrent tout d'un coup et presqu’en même temps dans des contrées fort éloignées les unes des autres; nous en avons vu encore dernièrement un exemple fort remarquable : le Branchios- toma lubricum , l'organisme le plus curieux peut-être de toute la série animale, fut découvert par Costa dans le golfe de Naples, presqu'en même temps que MM. Sun- dewall et Lowen le reconnurent dans la mer Baltique, et Yarrell sur la côte d'Angleterre. On doit se demander si ces animaux font tout d’un coup apparition dans différentes localités comme quelques-uns semblent le croire, ou bien si c’est l’état de la science qui amène ce résultat. Nous avouons que nous sommes forte- ment disposé à croire que c’est un résultat inévitable des progrès que la science fait tous les jours. Toute l'attention des naturalistes est aujourd’hui concentrée sur ces organis- mes infimes, si longtemps dédaignés; leur organisation et leur développement doivent en effet jeter une vive lumière sur les appareils si obscurs des animaux élevés. ( 310 ) Nous avons à signaler ici un nouvel exemple de ce que nous venons de dire. Dans mon Mémoire sur les Tubulaires, j'ai établi un nouveau genre dans cette famille. Au mois de janvier 1859, je le découvris après une forte tempête au milieu de plusieurs objets rejetés sur notre côte. Dans la séance du 6 janvier 1841, j'en fis mention; je le désignai sous le nom de Hydractinie. Après la publication de ma notice, mon ami M. Gervais me rappela que nous avions observé pendant notre séjour à Cette en 1858, un polype très-voisin, probablement du même genre et dont il avait conservé un croquis fait à la hâte. Il l'avait observé pendant que j'étudiais de mon côté lembryogénie des Aplysies. Il en a parlé à Particle Zoo- phyte du Dictionn. pittoresque d'histoire naturelle. En 1842, M. Philippi publia dans les Archives de Wieg- mann, un polype nouveau sous le nom de Dysmorphosa conchicola , provenant du golfe de Naples : on n’a qu'à jeter les yeux sur la figure pour voir que c’est le même animal que nous avions observé à Ostende. A l'association britannique tenue à Corck en 1845, M. Allmann parle d'un zoophyte hydroïde nouveau, qui tient le milieu entre les Corynes et les Hermies. Il l'appelle Cordylophora. Le peu de mots que l’auteur en dit ne laisse point de doute : c’est le même animal que nous avions figuré. Tout à la fin de l'impression de mon mémoire, J'ai reçu le cahier des Annales des sciences naturelles du mois d'octobre 4845 , dans lequel se trouve un mémoire de M. de Quatrefages, sur la Synhydre parasite, nouveau genre de polypes voisin des Hydres. M. de Quatrefages a observé ce polype plusieurs fois à Saint-Vast-la-Houque (côtes de Nor- mandie) et une seule fois à Brehat (côtes de Bretagne). Cest encore le même animal que notre Hydractinie, et ( 311 ) nous sommes étonné que cette identité avec l'animal que nous avions figuré déjà en 1841, ait échappé à M. de Quatrefages. S'il est vrai , et nous n’en doutons pas pour notre part, que dans les Synhydres, les prétendus individus ovigères n’ont pas de bouche, ce n’est du reste que la répétition de ce que l’on voit dans les Campanulaires et dans d’autres po- lypes. Il y a en effet dans ce genre des loges qui ne contien- nent qu’une partie de la substance commune dans laquelle se forment les œufs, et cette partie a été regardée aussi, mais à tort, comme des individus femelles sans tentacules. La seule différence, dans ce cas, c’est que la tige au lieu d’être debout et ramifiée comme dans les Campanulaires, est éten- due horizontalement en formantune croûte de la surface de laquelle s'élèvent et les polypes à tentacules et les corps charnus qui produisent les œufs. C’est M. de Quatrefages qui a reconnu que la bouche manque chez ceux qui portent des œufs. Mais ce fait n’est pas général chez les polypes de cette famille; dans les Corynes, les individus qui portent des œufs sont aussi complets que les autres. Nosobservations sur les Hydractinies nes’accordentguère avec celles de M. de Quatrefages sur les Synhydres, quoique ce soit le même animal, surtout pour tout ce qui regarde Ja reproduction. Nous aurons bientôt l’occasion de revenir sur ce sujet; la différence dans nos résultats provient pro- bablement de ce que j'ai consacré plus de temps à étudier lembryogénie de ces animaux, et cela dansdifférents genres. Sous ces différentes dénominations, on désigne le même animal ; nous donnons la synonymie suivante du nouveau genre : HYDRACTINIE. Hydractinie. Van Beneden. Recherches sur la stucture de l'œuf dans un nouveau genre de polype. ( Hydracti- (312) nie). (BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DE BRUXELLES, tom. VIII. 1841, pag. 89 , pl. 1-5). — Re- cherches sur l’embryogénie des Tubulaires. ( Mémormes DE L’ACADÉMIE ROYALE DE BRUXELLES , tom. XVII, pl. 6). Dysmorphosa. Philippi. Zoologische Beobachtungen. Wiec- manws Arcaiv., 1842, pag. 33, pl. I, fig. 2-3. Cordylophora. Allmann. Synopsis des genres et des espèces de Zoophytes qui habitent les eaux douces de l'Irlande. AssocrATION BRITANNIQUE , XIII ses- sion , tenue à Corck en 1843. Edimb. philos. Journal, 1843 ; Bibliothèque universelle , 1844 ; Journal de l'institut, 1844, p. 118. Synhydra. De Quatrefages. Mémoire sur la Synhydre para- site, nouveau genre de polypes voisin des hydres ; Annales des sciences naturelles , oc- tobre 1843. Nous proposons de diviser les genres et les espèces des Tubulaires comme suit : Les Hydres n’appartiennent point à cette famille, à cause de leurs bras ou tentacules qui sont creux et en com- munication directe avec la cavité digestive. Les tenta- cules sont pleins dans toutes les Tubulaires. Il y a en outre des différences dans l'embryon. Les Campanulaires sont beaucoup plus rapprochés des Tubulaires que des Sertulaires. Leur mode de reproduction est le même. I. Genre Pexwarta. Goldf. Polypes à polypier ; tentacules de deux sortes, dont les supé- rieurs épars et à plusieurs rangées : P, cAvVOLINIT. — SERTULARIA PENNARIA. Cavol. Golfe de Naples. (313) Il. Genre Tugurarta. Pallas, Polypes à polypier ; tentacules de deux sortes, en deux rangées : T. cazamanis. Pall, — TuBuLARIA INDIVISA. Côte d'Angleterre et de Belgique. T. coronara. 4bildg. Côte de Belgique et Helgoland. T. puxortiEern. an Ben., nov. spec. Côte de Belgique. II. Genre Syxcoryna. Ehrenb. Polypes à polypier; tentacules tous semblables, à plusieurs rangées : S. pussiLa. Ehr. — Coryna pusILLA. Gærtner. Côte d'Angleterre et de Belgique. S. usrernu. Van Ben. — Conyne. Lister. Côte d’Angleterre et de Belgique. S. namosa. Sars. — STiPuLA RAMOSA. Sars. Côte de Norwége. S, Sans. Zoven. Côte de Suède. S. Cramissonis. hr. — Coryna Ramosa, Cham. et Eysenh. Côte d'Angleterre. IV. Genre Corypexprium. Nov. gen. Polypes à polypier ; tentacules tous semblables, épars : C. PARASITICUM, — SERTULARIA PARASITICA, Cavol. Golfe de Naples. V. Genre Euvenoriuu. Ehrenb. Polypes à polypier ; tentacules en une rangée : E. namosum. Ehr. = TuBuLaRIA RAMOSsA, Côte d’Ostende et d’Angleterre,. E. prmioïves, £hr.— TuguLaRiA MUSCOÏDES, Côte d’Ostende et d'Angleterre, ( 314) E. spPLENDIDUM. Ehr. Côte de Norwége , par Ehrenberg. E. nacemosum. Æhr. — SERTULARIA RACEMOSA. Cavolini. Golfe de Naples. VI. Genre Conyra. Gærtner. Polypes sans polypier ; tentacules tous semblables , épars : C. squauarTa. Muller. Côte de Belgique, d'Angleterre , dans la mer Baltique , etc. C. aAcuLEATA. agner. Côte de l’Adriatique. VIT. Genre HypracrixiA. Nov. gen. Polypes sans polypier ; tentacules à une rangée : H. racrea. Van Bened.— Synuypnra parAsiTEs. De Quatref. Côte de Belgique, de Normandie, de Bretagne , port de Cette ? Golfe de Naples. H. nosea. Van Bened. Côte de Belgique. Les genres Echinochorium (1) de Hassal et Corimorpha de Sars (2) ne nous sont pas suffisamment connus pour leur assigner leur place. Nous préférons en faire simple- ment mention. Si nous ne nous trompons , les deux genres proposés (Eleutherie et Synhydre) ne devraient donc point être ins- crits dans le cadre zoologique, l’un étant une forme tran- sitoire, une larve, l’autre ayant déjà été décrit sous un autre nom. (1) Annals of natural history, vol. VII , pag. 571. (2) Beskivelser og jagttagelser. Bergen , 1855. (315) BOTANIQUE. Note sur les Anthérides et les Spores de quelques Fucus, par MM. G. Thuret et J. Decaisne. L'existence des sexes dans les Algues fut admise autre- fois sur de simples hypothèses, ou d’après des observations incomplètes. Abandonnée pendant longtemps, cette opi- nion était presque tombée dans l’oubli, quand M. Agardh fils vint, dans ces dernières années, rappeler sur ce sujet l'attention des botanistes. Le désir d'étudier sur des Algues vivantes, ce point obscur de la science, nous a engagés à entreprendre une excursion sur les côtes de la Manche. Di- vers faits nouveaux s'étant présentés à nous durant le cours de nos observations, nous croyons devoir indiquer très- succinctement les principaux résultats de nos recherches. Notre examen a eu surtout pour objet les Fucus serratus, vesiculosus , nodosus et canaliculatus. Les deux premiers nous ont paru dioïques; les deux au- tres monoïques. Dans les fucus dioïques les frondes mâles se reconnaissent , à la première vue, par une teinte d’un jaune orangé plus vif, surtout dans la partie supérieure munie de conceptacles. Ceux-ci sont remplis de poils ou filaments articulés qui portent de nombreuses anthéridies sous forme de vésicules ovoides contenant des granules rouges. Chaque anthé- ridie est elle-même renfermée dans une autre vésicule parfaitement transparente, insérée sur le filament, et qu'elle crève pour se répandre dans le fluide ambiant. Lorsque les frondes mâles sont exposées quelque temps à (316) l'action de l'air, les anthéridies sont expulsées par l’orifice des conceptacles sous forme de substance mucilagineuse de couleur orangée : si on les examine au microscope, on verra sortir par leurs extrémités des corpuscules transparents, à peu près pyriformes, renfermant chacun un seul granule rouge qui semble former une protubérance sur le côté : chacun de ces corpuscules est muni de deux cils très-ténus, au moyen desquels il se meut avec une extrême vivacité. L’analogie de ces corpuscules avec ce que l’on a nommé les animalcules spermatiques des Chara, des Mousses et des Hépatiques, est fort remarquable. L’un de nous a long- temps étudié ces êtres singuliers ; partout dans les Chara comme dans les Mousses, dans les Marchantia , les Targio- nia, les Jungermannia, etc., il a constaté la présence des deux cils locomoteurs insérés vers l’extrémité d’un corps filiforme ordinairement roulé en tirebouchon. D'après ces observations, d'après la promptitude avec laquelle les cor- puscules du Fucus se décomposent et vont former au fond du vase où on les a recueillis, une couche de granules inertes qui bientôt disparaissent complétement , nous croyons ne pas nous tromper en regardant les vésicules qui les renferment comme analogues aux anthéridies des autres eryptogames, et nous ne saurions admettre l’opi- nion qui attribuerait à ces vésicules les fonctions de spo- ranges , aux corpuscules celles de spores. Les frondes femelles des Fucus dioïques se distinguent par leur couleur olivâtre. Si on les examine au moment où le flot cesse de les agiter et dans des flaques où la fronde est légèrement baignée par l’eau de mer , on verra les spores sortir brusquement une à une des conceptacles, et former à l'orifice de petits amas qui ne tardent pas à tomber sur les corpsenvironnants auxquels ils adhèrent avec force. Chaque ( 317 ) spore est simple, ovale ou pyriforme, revêtue d’un épispore cilié semblable à celui du Vaucheria; mais jamais nous n’y avons remarqué de mouvement. Les conceptacles sont tapissés à ce moment d’un nombre plus ou moins considé- rable de périspores vides et ouverts au sommet , et dont le diamètre semble moindre que celui de la spore elle-même lorsqu'elle s’en échappe. Les spores peu après leur sortie du conceptacle , présen- tent un phénomène extrêmement curieux. D'abord sim- ples, comme nous l'avons dit, et parfaitement indivises , elles se partagent en huit sporules qui s’isolent peu à peu, deviennent parfaitement sphériques et commencent enfin chacune à germer. Observée dans les sporules des Fucus serratus, la ger- mination nous a présenté les phases suivantes. Vingt- quatre heures environ après la division de la spore, on distingue un léger mamelon sur un des points de la spo- rule. Au bout de quaranté-huit heures le mamelon s’est allongé en un tube cylindrique rempli de granules d’un jaune olivâtre : une cloison transversale s’est formée dans la sporule, et la coupe en deux hémisphères. Après trois jours une seconde cloison se montre à la naissance du tube : la couleur des sporules ne présente aucun change- ment. Le quatrième jour une nouvelle cloison partage la masse en quatre parties égales, dans chacune desquelles on remarque une sorte de noyau plus dense. Le cinquième jour les divisions se sont multipliées de façon à partager la sporule en six parties. Pendant ces divers changements le tube s’est constamment allongé, mais sans se diviser. Dans les Fucus nodosus et canaliculatus, les concepta- cles renferment à la fois des spores et des anthéridies. Dans le premier, la spore, revêtue d’un épispore cilié, se partage en quatre sporules, ainsi que l'ont déjà observé ( 318 ) MM. Crouan; mais, comme dans les deux espèces précé- dentes, elle est simple dans le conceptacle. La spore du Fucus canaliculatus est également simple à cette époque, toutefois elle présente déjà deux légères dé- pressions latérales qui indiquent la division prochaine de la spore en deux sporules. L'épispore a une structure qui mérite d'être signalée. On remarque sur tout son contour des plis très-fins et très-nombreux qui disparaissent peu après que la spore est tombée au fond de l’eau : l'épispore se dilate alors rapidement et dessine autour de chaque spo- rule un large limbe transparent tout parsemé de cils. Nous n'yavonsobservé aucun mouvement. Les corpuscules renfer- més dans les anthéridies de ce Fucus sont hyalins et ne pré- sentent pas le granule rouge que nous avons signalé dans ceux des Fucus serratus et vesiculosus. D'après les observations qui précèdent, nous croyons pouvoir conclure : Que les Fucus de nos côtes renferment des espèces dioï- ques et d’autres monoïques ; Que les spores des fucacées, si simples qu’elles soient dans le principe, suivent dans leur division le nombre deux ou un de ses multiples; Que dans l’état actuel de la science, ces caractères de fructification venant s'ajouter à ceux de la végétation, mo- tivent l'établissement de genres distincts pour lesquels nous proposons les noms et les caractères suivants : Fucus. Dioïcus. Sporae in sporulas 8 divisae. (F. serratus, vesicu- losus.) Ozoruazta. Monoïca. Sporae in sporulas 4 divisae. (O. vulgaris = F. no- dosus.) Peuverta. Monoïca. Sporae in sporulas 2 divisae. (P. canaliculata = F. canaliculatus. (319) Enumeratio synoptica plantarum phanerogamicarum ab Henrico Galeotti in regionibus Mexicanis collectarum , auctoribus M. Martens et H. Galeotti. VERBENACEAE. (Juss. Enpr,) I. LIPPIA. Z. 1. LiPPIA UMBELLATA. Cav. (Coll. H. Gal. Nos 768 et 787.) $. — Sur les rochers de la Sierra de Yavezia (cordillère orientale d'Oxaca), de 5,500 à 7,500 pieds, et dans les ravins volcaniques près de Guadalajara (département de Jalisco), à 3,000 pieds. FI. jaunâtres. Nov.-janvier, 2. LiPPiA QUERETARENSIS. APK. (Coll. H. Gal, N° 785.) @- — Sur les rochers calcaires de Zimapan, au nord de Mexico, à 5,000 pieds. FI. jaunes et blanches, Juin. 3. LiPPIA GRAVEOLENS. PK. (Coll. H. Gal. Nos 752 et 770.) 2, — Dans les bois peu épais de Zacuapan et de Mira- dor, à 5,000 pieds, et dans les savanes de Tanetze (dépar- tement d'Oaxaca), à 4,000 pieds, FI. jaunes. Novembre. 4. LiPPIA PURPUREA. Jacq. (Coll. H. Gal. N° 762.) $&-— Dans les endroits sablonneux de Juquila et de Sola {au sud de la ville d'Oaxaca) et dans les environs d'Oaxaca, de 4,000 à 5,000 pieds. FI. rosées. Septembre. 5. Lippia SrRiGuLosa. Mobis. (Coll. H. Gal. N° 748.) Caule herbaceo repente substriguloso, foliis petiolatis ovatis Tom. x1. 23. ( 320 ) obtusis dentatis in petiolum attenuatis utrinque strigulosis , peduneulis folio subtriplo longioribus , capitulis hemisphaeri- cis, bracteis ovalis acuminauis hirtis. e. — Se trouve dans les endroits humides près de la Antigua (côte de Vera-Cruz), FI. bleuâtres. Juin. G. LipprA MYRIOCEPHALA ? Cham. et Schlecht. (Coll. H. Gal. No 775.) Capitulis subglobosis longe pedunculatis axillaribus fascicu- latis, bracteis reflexis, foliis petiolatis ovato-lanceolatis acu- minatis serratis supra parce hirtellis sublus pilosiusculis. Ca- pitula magnitudine pis, folia 4 pollices longa, 1- ( 301 ) Journal de la société de la morale chrétienne, 8° série , tome If, n° 4. Paris, 1844, in-8°. Revue zoologique, par la société cuviérienne, 1844, ne 9. Paris, in-8°. The electrical magazine, conducted by M'. Charles-V. Wal- ker, vol. 1, n° 6. London, 1844, in-8°. Logarithinic tables to seven places of decimals, by Robert Shortrede. Edinburgh, 1844, 1 vol. in-8°. Compen dious logarithmic tables, by the Same. Edinburgh 1844, in-8°. Isis. Encyclopüdische Zeitschrift, von Oken. 1844, Heft VITE und IX. Leipzig, in-4°, Bericht über die zur Bekanntmachung geeigneten Ferhand- lungen der künigl. Preuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin, Juli-December 1843 ; Januar-Juli 1844. Berlin, in-8°. Abhandlungen der künigl. Akademie der Wissenschaften zu Berlin. Aus dem Jahre 1842. Berlin, 1844, 1 vol. in-4°. Jahrbuch fir praktische Pharmacie und verwandte Fächer, unter Redaction von Dr J.-E. Herberger und D'F.-L. Winckler. Band IX, Heft 2. Landau, 1844, in-8°. Jahresbericht des physikalischen Vereins in Frankfurt am Main, für das Rechnungsjahr 1842-43, in-8°. Das Lymphgefäfssystem und seine V'errichtung. Nach eigenen Untersuchungen dargestellt von D' Gustav Herbst. Güttingen, 1844, 1 vol. in-8°. Différentes thèses et dissertations des professeurs et des élèves de l’université de Marbourg , in-4° et in-8°. {nitia monetae Svecanae sub examen revocata a Joan. Henr. Schrüder. Upsaliae, 1844, in-4°. Het Instituut, of verslagen en mededeelingen, uitgegeven door de vier klassen van het koninklijhk Nederlandsche Instituut, over den jare 1843 , n°° 3 en 4 ; over den jare 1844, n°* 1 en 2. Amsterdam, 1844, in-8°. Nieuwe verhandelingen der cerste klasse van het koninklhjk ( 362 ) Nederlandsche Instituut, tiende deel, 1° tot 3de stuk. Am- sterdam, 1843-44 , in-4°. Verslag van proeren op het indringen cener oplossing vun bijtend kwiksublimaat in boomen, door den hoogleeraar G. Vrolik. Amsterdam, 1843, in-4°. Plan en grondwetten van het bataafsch genootschap der proef- ondervindelijke wijsbegeerte te Rotterdam. Rotterdam, 1843, in-4°. Nieuwe verhandelingen van het bataafsch genootschap der proefondervindelijke wijsbegeerte te Rotterdam, negende deel, eerste stuk. Rotterdam, 1844, 1 vol. in-4°. Memorie della reale Accademia delle scienze di Torino. Serie seconda , tomo V. Torino, 1843, 1 vol. in-4°, BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 1844. — No 11. ———— Séance du 30 novembre. M. le baron De Gerlache, directeur ; M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. M. le ministre de l’intérieur adresse à l'académie une copie d’un rapport de M. Wesmael, sur une nouvelle excur- sion scientifique faite dans le royaume. Tom. xi. 26. ( 364 ) L'académie reçoit encore : 1° Une note manuscrite de M. Louyet, sur l'absorption des poisons métalliques par les plantes. Commissaires : MM. Martens, de Hemptinne et Stas; 2 Une note de M. Gérard, horloger à Liége, avec le modèle d’un compas pour la division des plateaux cireu- laires. Commissaires MM. Crahay et Quetelet ; 5° Un appendice au mémoire de M. Vander Rit, sur la crypte d'Anderlecht. Commissaires MM. de Reiffenberg , Roulez et de Gerlache ; 4° Une balance de précision sur laquelle M. Ed. Sacré appelle l'attention de l'académie. Commissaires MM. Stas et De Koninck ; 5° Les résultats des observations sur la feuillaison et la floraison des plantes, faites à Utrecht en 1845 et 1844, par M. Breitenstein. Au sujet des phénomènes périodiques, M. Wesmael fait connaître que le 40 de ce mois, M. 4. Meulenberg, se trouvant à S'-Job, village situé à une lieue de Bruxelles, y à vu passer une vingtaine d'hirondelles qui sedirigeaient vers le Sud. M. Verloren, dont le mémoiresur la circulation du sang chez les insectes a été couronné par l'académie, écrit que c’est par erreur que les planches de ce travail lui ont été attribuées. Le dessin en est dû à M. F.-D. Schubart, pro- secteur d'anatomie à l'université et à l'école vétérinaire d'Utrecht. ( 365 ) RAPPORTS. ANTIQUITÉS. Rapport sur une communication faite à l'académie, par M. Ferd. Henaux , touchant un monument funéraire at- tribué à un éburon; par M. Roulez. « M. Henaux a bien voulu attirer l'attention de l'acadé- mie sur une inscription funéraire qui, selon lui, ferait mention des Éburons , et qui, par conséquent, serait d’une haute importance pour l’histoire de ce peuple. Cette in- scription qui a existé à Metz (1), a été publiée déjà dans plusieurs recueils (2) ; elle est de la teneur suivante : D. M. 4 M. TEREN TI. M.F. SOSIO. Il VIR EBVRON SOTER » M. Henaux la lit et la traduit de cette manière : Dis manibus Marco Terenti(!) Marci filio Sosio Seviro Eburonum (1) On lit dans Gruter : Hetis in ara ædium Claravant ; mais le lieu de la découverte n’est pas indiqué. (2) Gruter, /nscript., p. 475, 5. Histoire de Metz, tome I, p. 8. pl. VII, 4. Hüpsch, £pigrammatographie oder Sammlung von Inschrif- ten der niederdeutschen Provinzen, p.68, 10. Steiner, Codex inscr. Rom. Rheni. W, s. 174, n° 995. ( 366 ) soteri; Aux dieux mânes. À Marc Térence, fils de Marc, et à Sosius Sévir, conservateur des Éburons ; puis il ajoute : « Elle (l'inscription) semble prouver que les Éburons avaient à Metz, où ce cippe a été trouvé, un défenseur de leurs intérêts et de leurs priviléges , ou, ce qui est en quel- que sorte le même, un agent consulaire pour protéger leur commerce. » » L'auteur de la communication faite à l'académie, té- moignant le désir d’avoir son avis sur l'interprétation à donner au document en question, mon devoir est d’expo- ser d'abord les raisons pour lesquelles je ne puis accorder mon assentiment à l'explication proposée par lui. » Avant d'aborder les points principaux de notre désac- cord, on me permettra de redresser une erreur légère, résultat, sans aucun doute, d’une inadvertance, c’est que le monument n’est pas consacré à la mémoire de deux per- sonnes, mais d’un seul individu dont le prénom, le nom et le surnom sont Marcus Terentius Sosius. M. Henaux interprète les mots Eburon. Soter. par conservateur des Éburons. La qualification desauveur (SOTER , SERVATOR) était ordinairement attribuée par les Romains aux divinités, à Jupiter, par exemple, etaux empereurs; et si Cicéron (1) signale comme un trait de sot orgueil chez Verrès, propré- teur de la Sicile, d’avoir joint le titre de soter à celui de patronus, sur une inscription qui se lisait à Syracuse, ne devenait-il pas du dernier ridicule de le donner à un simple sévir d’une ville de province? Le nom de patronus (1) Cic. 7err.Il,65, p.589, éd. Zumpt. : Eum non solum patronum istius insulae, sed etiam sotera inscriptum vidi Syracusis. Hoc quantum est ? ita magnum, ut Latino uno verbo exprimi non possit : is est nimi- rum soter qui salutem dedit. CF. Ernesti Clav. Ciceron. su voc. (367 ) était le mot consacré par l'usage et devenu officiel à Rome pour désigner le citoyen qui s'était constitué le défenseur des intérêts en général, mais plutôt des intérêts politiques que commerciaux d’une cité ou d’un peuple ; car pour ce qui est d’une institution analogue à nos agences consu- laires, je n’en connais aucune trace dans l'empire romain. Je crois que Soter ou Soterius est simplement le nom de l'individu qui a élevé le monument. D'après cette expli- cation, Eburon. devra se rapporter à Seviro. Maintenant le premier de ces noms désigne-t-il une ville ou le peuple éburon ? La dernière de ces deux suppositions ne paraît pas soutenable. D'abord tous les témoignages historiques sont contraires à l'existence des Éburons sous l'empire; puis le sévirat, qu’on lui attribue, étant un caractère purement ci- vil ou religieux, ou bien un caractère mixte (1), ne consti- tue pas moins des fonctions exclusivement municipales , qui ne s’étendaient pas à tout un peuple. Il résulte de ces observations que le mot Eburon. désigne nécessairement ici un municipe qu'on n’est pas plus autorisé à placer dans le pays des anciens Éburons que partout ailleurs; et l'opi- nion de Steiner, qui suppose qu'il s’agit d'Embrun est loin de me paraître erronée comme à M. Henaux. Ebrodunum , l'ancien nom de cette localité, est écrit dans l'Itinéraire d'Antonin Eburodonum, et dans la table de Peutinger (éd. de Mannert) Eburunum; jugera-t-on dès lors impossible que l'auteur ou le graveur de l'inscription funéraire ait écrit Eburonum ? Cet habitant d’Embrun , décédé à Metz, s'y trou- vait sans doute momentanément de passage ou pour affaires. RE (1) Voir sur les sévirs ma dissertation insérée dans les Bulletins de l’aca- démie de Bruselles , 1840 , tome VII, part. 1 , p. 248. sv. v. ( 368 ) » Sans soulever ici la question de l'authenticité de cette inscription ou de la fidélité de sa transcription , je me bornerai à indiquer la manière dont, selon moi, elle doit être lue et interprétée, et que voici : » Dis Manibus Marco Terentio, Marci filio, Sosio, seviro Eburoni (1) Soterius. Aux Dieux Mänes; à Marcus Teren- tius, fils de Marcus (surnommé) Sosius, sévir à Eburo- num, Soterius (a consacré ce monument. » Telle est l'interprétation que j'ai l'honneur de proposer à l'approbation de l’académie; je ne sais si les raisons sur lesquelles elle repose parviendront à y rallier M. Henaux, mais dans le cas contraire, la pierre funéraire de Metz n’en restera pas moins une base bien peu solide pour re- construire l'édifice de la nationalité éburonne, renversé par l'épée exterminatrice de Jules César. » M. le baron de Reiffenberg, second commissaire, fait les remarques suivantes au sujet de la même inscrip- tion : « Dans l'inscription publiée par Gruter et M. Steiner, et qui a fixé l'attention de M.F. Henaux, si prompt à recueillir tout ce qui peut intéresser sa province, deux mots seule- ment offrent des difficultés, Soter… et Éburon…Le premier, comme on sait, signifie sauveur el non protecteur , el cel hellénisme solennel n’a pu servir à désigner une obscure fonction municipale. Le second représente-t-il le peuple intrépide exterminé par César? Après qu'Ambiorix eut remporté sur Sabinus et Cotta une victoire sanglante, César jura de ne se laisser couper la barbe et les cheveux que (1) On pourrait lire aussi Seviro Eburonensi. ( 269 ) lorsqu'il aurait anéanti la nation entière des Éburons, projet qu'il exécuta dès la campagne suivante. Les mal- heureux Éburons tombèrent à la fois sous l'épée des Ro- mains etsous celle des Sicambres. Dès ce moment leur nom disparaît de l’histoire pour faire place à celui de Tungri. Je penche done plutôt pour Embrun que pour toute autre ville, et j'adopte en son entier l'interprétation de M. Roulez. » Cependant, en rejetant l'explication proposée par M.F. Henaux, je le remercie d’avoir soulevé cette question. Il me fournit ainsi une occasion naturelle de soumettre à l'académie un projet qui rentre d’ailleurs dans le plan de ses travaux archéologiques. Parmi les ouvrages que je regarde comme étant de son domaine, je me permettrai de ranger, à l'exemple de ce qui s'exécute à l’Institut de France, un recueil de toutes les inscriptions curieuses ayant un rapport plus ou moins direct avec la Belgique. Ce recueil, quoique accompagné d’éclaircissements et de com- mentaires , ne serait pas bien long, mais son utilité l’em- porterait sur son étendue. » M. Schayes, correspondant de l'académie, présente de son côté les observations suivantes au sujet du peuple Éburon. « César nous apprend que, pour venger la mort de ses lieutenants Q. Titurius Sabinus et L. Aurunculeius Cotta, qui avaient péri avec toutes leurs troupes (une légion et cinq cohortes } au siége de leur camp d’Atuatuca par les Éburons, il procéda à l’extermination complète de ce peuple belge « de sorte, dit-il, que si quelques fugitifs parvinrent à se soustraire à la mort en se cachant, il pa- rait certain qu'après la retraite de l’armée romaine, la faim et la misère ne purent les dérober longtemps au sort de (370 ) leurs compatriotes : ut si qui etiam in praesentia se oc- cultassent, tamen is, deducto exercitu, rerum omnium inopia pereundum videatur. » ( Cæs., Bell. Gall, 1. VIE, c. 45.) Aussi, depuis cette catastrophe, le peuple Éburon disparut -il totalement de l'histoire , et le territoire qu'il occupait resta-t-il désert jusqu’au règne d’Auguste, qui y transféra une nouvelle peuplade germanique, les Tongrois, auxquels se joignirent plus tard les Toxandres. Il serait donc étonnant, tandis que tous les écrivains romains pos- térieurs à César , qui ont parlé de la Belgique, Tacite, Pline, Ptolémée, Ammien-Marcellin, ete., passent sous si- lence les Éburons , de voir reparaître ces derniers dansun monument funéraire du second siècle de l’ère chrétienne. Mais outre les Éburons de la province actuelle de Liége , il yavait une autrepeuplade gauloise portant le même nom et habitant le territoire de laville d'Évreux en Normandie. César les appelle, au liv. VIT, c. 75, de ses Commentaires, Aulerci Eburones, et au livre IT, c. 17, Aulerci Eburovi- ces. Pline les nomme Aulerci qui cognominantur Eguroni- ces, ou d’après une autre leçon , Eburones (His. uni, lib. IV. c. 18), Ptolémée ailepuor EBouparo et Ausone Ebores ou Ebures. Puisque la disparition et l’anéantissement des Éburons belges , dès l’année 55 de l’ère vulgaire, est un fait constaté par des documents historiques d’une authen- ticité irrécusable, l'inscription tumulaire publiée par Gruter pourrait, si elle a été lue exactement et si elle est authentique, se rapporter, me semble-t-il, aux Eburones, Eburonices ou Eburovices de la Normandie. M. Henaux dit que ce monument a été découvert à Metz, mais, d’après Steiner, on ignore l'endroit où il a été déterré. » — Sur l'avis de ses commissaires, MM. Cantraine, Kickx mal En à mé (371) et Wesmael, l'académie ordonne l'impression du Mémoire de M. Van Beneden, sur l'anatomie, la physiologie et le développement des Bryozoaires qui habitent la côte d'Os- tende. | LECTURES ET COMMUNICATIONS. — M. Verhulst, membre de l'académie , présente un tra- vail manuscrit intitulé : Recherches mathématiques sur la loi d’accroissement de la population. Commissaires : MM. Pagani, Dandelin et Quetelet. Notice sur le STEATORNIS CARIPENSIS (Guacharo incolarum), par N. Funck. Pendant mon voyage à travers la province de Cumana , je n’ai pu m'abstenir de visiter cette célèbre caverne des Guacharos, tant vantée dans le pays même, et qui a acquis une si grande célébrité depuis le voyage du baron De Humboldt dans ces contrées. Depuis cette époque jusqu’à ce jour, aucun naturaliste n'avait visité cette caverne; je pouvais donc avec raison es- pérer de faire quelques nouvelles découvertes utiles à la science (1). ———————— (1) Dans le troisième volume des Nouvelles Annales du Museum de Paris se trouve une notice de M. l’Herminier de la Guadeloupe, sur cet oiseau, dont trois individus lui furent envoyés par un français de Maturin. Comme cette notice laisse encore beaucoup à désirer , et surtout qu’il est mis en doute si le Guacharo est effectivement frugivore , je m’empresse de lever ce doute. ( 372 ) Pour être plus à même d'étudier les mœurs de ce curieux oiseau , j'avais établi mon quartier général à l'entrée de la caverne, d’où je faisais aussi mes excursions à travers ces belles et majestueuses forêts qui tapissent les flanes des montagnes calcaires au milieu desquelles serpente la ca- verne des Guacharos. A part les nombreuses plantes dont s’est enrichi mon herbier , j'ai découvert deux nouvelles espèces de Bulimus récemment décrites par M. Nyst (le B. Fundkii et le B. Ful- minans. ) En visitant plus minutieusement l’intérieur de ces sou- terrains, j'ai découvertégalement deuxnouveaux habitants jusqu'alors ignorés : le premier est un carabique noir , vi- vant sous les débris des graines qui ont servi à la nourri- ture des Guacharos et qui jonchent l’intérieur; le second est une nouvelle espèce de musaraigne, de la grosseur d’un rat ordinaire, à museau carré et à oreilles bordées d’un liseré orange. Malheureusement j'ai à regretter la perte de cet intéressant quadrupède , qui me fut enlevé pendant la dernière nuit que je passai dans la caverne. Les observations que j'ai recueillies sur le Steatornis cari- pensis, et qui fort l’objet de la présente notice , auront j'es- père le mérite de compléter les notions sur ce singulier oiseau. Observations anatomiques d'un individu mäle et vieux.— Muscles pectoraux très-développés; œsophage membra- neux, mince el large ; long de 12 centimètres. Estomac en partie distendu par les fruits et leurs noyaux, 6 centimètres en largeur et en longueur, placé très en ar- rière presqu'à toucher l'anus. Intestins longs de 67 centimètres, grêles, à membrane molle ,mais épaisse et facile à se dilater. s + donnant é déni bed TPE | ( 373 ) Gros intestin de 8 centimètres de longueur, foie bilobé , à lobes égaux. Chez un Guacharo, individu femelle, l'estomac, vide d'aliments, était musculeux, contracté, et offrait des rides prononcées à sa surface. La vésicule biliaire est beaucoup plus développée chez les jeunes individus. Les os et particulièrement ceux du crâne sont spon- gieux. La pupille est bleue et très-grande, l'iris étroit et brun; le globe oculaire offre une conformation extérieure sem- blable à celui des oiseaux de proie nocturnes. Leur peau est épaisse, la chair très-coriace; leurs mem- bres inférieurs sont très-faibles ; les supérieurs sont forts et musculeux, ce qui leur donne un vol puissant et rapide. Le corps des jeunes Guacharos, dont les plumes ne sont pas encore développées, est presque entièrement composé de graisse. Observations sur les mœurs. — Aussitôt que le soleil a disparu sous l’horizon, les Guacharos s’approchent de l’en- trée de la caverne où ils attendent la tombée de la nuit pour s'élancer au dehors. Leur vol est accompagné d'un bruit continuel, ayant beaucoup d’analogie avec celui des castagnettes ; ce bruit est produit par le choc de leurs mandibules frappées l’une contre l’autre. Leur cri ressemble à celui de nos corbeaux. Leur nour- riture consiste en fruits de différentes espèces, selon la saison ; j'ai rencontré dans leur estomac des fruits de pal- mier de la grosseur d’un œuf de pigeon; des fruits de PAi- phanas praga (de Humboldt, Syn. Plant.); du Psicho- tria en arbre de Caripe, ainsi que des graines de Laurus (374) et d’Achras. Après avoir absorbé la partie charnue de ces fruits, ils rejettent les noyaux par dégurgitation. La fiente est liquide et très-corrosive. Les femelles pondent de deux à quatre œufs de la grosseur des œufs de pigeons, dansun nid en forme d’écuelle, composé d’une boue argileuse qui devient fort dure. Cette ponte a lieu depuis le mois de mai jusqu'au mois de juin. Le Guacharo ne perche pas. Des Indiens m'apprirent qu'ils avaient rencontré quel- ques-uns de ces oiseaux que le jour avait surpris au milieu des bois, accrochés par leurs pattes à des branches d’ar- bres, le corps renversé, et attendant sans doute dans cette position l'approche de la nuit pour regagner leur caverne. La pesanteur de leur corps, ainsi que la faiblesse de leur membres inférieurs, placés très en arrière, les empêchent de garder l'équilibre soit en perchant soit en marchant; j'ai pourtant observé quelques-uns de ces oiseaux pris vi- vants, qui marchaient, mais avec beaucoup de difficultés, en imprimant à leur corps un mouvement de droite à gau- che. À en juger par différents fruits que j'ai trouvés dans leur estomac, et qui appartenaient à quelques espèces d'arbres que j'ai remarqués plus tard, pour la première fois, sur les bords de l’Orénoque, il est à présumer que dans l'espace d’une nuit ilsse transportent jusqu'aux confins de la Guyanne, à plus de quatre-vingts lieues de distance de leur demeure. La couleur du Guacharo varie selon l’âge et le sexe. Les femelles ont le dessus du corps d’une couleur bois d’acajou claire, ce qui les distingue des mâles, dont la cou- leur est plus foncée et légèrement cendrée ; il serait pour- tant difficile de distinguer une femelle d’un jeune mâle. Le beau dessin colorié qui accompagne la description HS Eodhest À bed dl te SE jf ( 375 ) de M. l'Herminier dans les Annales du Muséum , a sans doute été fait d’après un exemplaire femelle. Les Indiens de la tribu des Chaimas (sous-tribu de la tribu des Caraïbes) qui habitent le village de Caripe, à proximité de la caverne des Guacharos, considèrent cette caverne comme leur propriété. Chaque année, vers la Saint- Jean, ces Indiens, sous la conduite des plus anciens ou de leurs chefs, se transportent avec leurs femmes et leurs en- fants au milieu de ces souterrains pour y faire, comme ils l'appellent, la récolte des Guacharos. Cette récolte a pour but de se procurer la graisse hui- leuse qui compose le corps des jeunes individus. Comme l’observe très-bien M.,l'Herminier dans sa no- tice: cette graisse se liquéfie et jouit de la propriété de ne pas se coaguler. On l'extrait par l’action du feu; et con- servée dans des bouteilles, elle se garde des années sans rancir. » Elle est très-recherchée dans tout le pays à cause de la saveur agréable qu’elle communique aux mets. L'entrée majestueuse et de plein pied avec la forêt, permet aux Indiens d'y établir un camp spacieux et com- mode. À droite de l’entrée sont placées leurs huttes con- struites déjà plusieurs jours d'avance avec des perches liées ensemble au moyen de lianes ; le toit est recouvert avec les feuilles d’une nouvelle espèce de palmier ( Jraze des Indiens) qui croît en abondance aux environs dela caverne. Chaqueindien est muni d’un hamac qu'ilsuspend à volonté sous sa hutte. À gauche circule un ruisseau d’une eau fraiche et eri- slalline, qui parcourt la caverne dans sa plus grande lon- gueur, et qui prend sa source dans le plus profond corridor, à 1250 mètres de distance de l'entrée, où elle forme un puits de 45 à 20 pieds de profondeur. ( 376 ) Lorsque les Indiens sont installés, les chefs les divisent par section ; chaque section a une tâche différente à rem- plir. Les uns sont chargés d'apporter des troncs d'arbres et de longues perches pour établir les échafaudages dans l'intérieur de la caverne, afin de parvenir jusqu'aux voûtes les plus élevées; d’autres rassemblent de fortes lianes qui doivent servir de ponts suspendus pour passer d’une voûte à l’autre au milieu des stalactites dont chaque creux, chaque sallie recèle un nid de Guacharo; d’autres enfin sont employés à la recherche du palmier Praga (Aiphanas Praga) dont le stipe, fendu en plusieurs morceaux, séché au feu ou au soleil, leur sert de flambeaux pour éclairer l’inté- rieur de la caverne. C'est là, au milieu des oiseaux épouvantés qui jettent des cris étourdissants, qu'ils installent leurs échafaudages. Les jeunes sont enlevés de leurs nids et transportés par les enfants vers l’entrée de la caverne, où les femmes les dé- pouillent de leur graisse; trois jeunes Guacharos fournis- sent jusqu’à deux bouteilles de graisse liquide d’une sa- veur se rapprochant de celle d’un jambon fumé. Les Guacharos ne commencent à se montrer qu'au se- cond détour de la caverne, à 400 mètres de profondeur, là où il fait nuit complète, et peuplent l’intérieur jusqu’à une distance de 780 mètres , où finit le premier corridor , séparé du reste de la caverne par une ouverture à peine assez large pour permettre le passage d’un homme; de l'autre côté de cette ouverture on n'entend plus que le léger bruissement du ruisseau, qui avait disparu sous les rochers à 600 mètres de profondeur de l’entrée de la ca- verne, et qui reparaît ici, se dirigeant dans la direction du N.E. aus. O. Dans toute la partie de la caverne habitée par les Gua- mé dévttée uit fie dl : Éd nt ide “à ( 377 ) charos , le sol est couvert des noyaux des différentes espe- ces de fruits qui leur ont servi de nourriture; on y re- marque pourtant une espèce de graine qui domine, et qui semble être leur principal aliment, c’est celle ‘du Psicho- tria en arbre, qui croît en abondance aux environs de Ca- ripe. La plupart de ces graines germent dans l’intérieur; leurs pousses étiolées s'élèvent jusqu'à un ou deux pieds au-dessus du sol et puis périssent. Les graines du Psichotria, communément appelées Se- milla de Guacharo, sont réputées dans toute la province comme spécifique contre les fièvres, les gastrites , les coli- ques , etc., etc.; mais elles n'acquièrent, au dire des habi- tants, ces précieuses qualités, qu'après avoir passé par l'estomac du Guacharo. Sur le sexe des Anodontes et la signification des Spermato- zoaires, par P. 3. Van Beneden. Dans les Anodontes et la plupart des mollusques acé- phales, il existe un organe qui a été tour à tour regardé par les anatomistes comme poumon, comme rein et en der- nier lieu comme testicule. C’est M. Neuwyler qui est l’au- teur de cette dernière détermination (1). Nous préparons depuis quelques années déjà un travail sur l'anatomie et le développement de ces mollusques d’eau douce; en attendant que ce travail soit terminé, nous en ex- trairons quelques mots relativement à leur appareil sexuel. (1) sis , 1841. ( 378 ) Dans le courant de cette année on s'est oceupé aussi de l’organisation et de la signification des spermatozoaires; M. Pouchet a communiqué à l'académie des sciences (1) le résultat de ses recherches : ce savant pense que les spermatozoaires sont des animaleules , et il revient à l'o- pinion déjà abandonnée par leurs auteurs, qu'ils sont orga- nisés, et que leur corps est couvert d’un épithelium. Nos observations, si nous ne nous trompons, pourront jeter quelque jour sur ce point; si on connaît leur signification, la question de leur animalité et de leur organisation sera facilement tranchée. Dans le corps spongieux qui tapisse le prétendu pou- mon de Bojanus, et que M. Neuvwyler regarde comme tes- ticule ,on voit à un certain grossissement (200) des cellules frétiller comme le produit de l'organe mâle; c’est sans doute ce mouvement qui en a imposé à cet auteur. Mais il leur est évidemment communiqué par les membranes couver- tes de cils vibratils qui les entourent; ces cellules sont sans filament caudal, et plus loin nous verrons les spermatozoaï- res se développer avec les œufs dans un tout autre organe. Le pied des Anodontes est composé outre la peau : 1° d'une couche musculaire qui forme l’enveloppe, et de fibres transverses qui passent d’un côté à l’autre; 2° de l'appareil générateur et 5° du foie avec le canal intestinal. L'appareil générateur s'étend dans tout le pied, même autour du foie et dans quelques acéphales, comme les mou- les, dans l'épaisseur même du manteau. Il est composé de tubes courts, terminés en cul-de-sac comme dans toutes les glandes , quelquefois adossés, mais qui plus souvent par- tent d’un centre et forment une palmure. Ces cæœcums sont (1; Comptes rendus de l'académie des sciences. 1844. ( 379 ) colorés en jaune clair, tandis que ceux du foie sont d’un brun sale. Ils ne sont jamais nettement séparés les uns des autres ; à l'œil nu ils forment une masse homogène. Les œufs se forment dans la longueur de ces cœcums; ils sortent par une ouverture distincte! à droite et à gauche de la base du pied et de la branchie interne. Ces cœcums sont maintenus en place par les fibres musculaires trans- verses dont nous parlions plus haut, ainsi que par un tissu qui présente au microscope exactement le même aspect que le tissu cellulaire végétal. A côté et en dehors de l’ouverture dont nous venons de parler, on en voit une autre qui conduit au prétendu pou- mon de Bojanus et que Pfeiffer considère à tort comme l'ou- verture génitale conduisant les œufs à la branchie externe. J'ai vu sortir les œufs spontanément de cette première ouverture ; ils sont allés se loger d’abord entre les feuillets de la branchie interne (sic) et seulement plus tard ils vont occuper la branchie externe. Dans l'ovaire ces œufs présentent les caractères qui les font reconnaître facilement; mais dans la branchie in- terne ils ont l’aspect d’infusoires; on les a décrits et figurés comme tels dans les principaux ouvrages qui traitent de cette partie de la zoologie. Dans la branchie externe, ces embryons changent complétement d'aspect ; ils perdent leurs cils vibratils à la surface du corps, et se plient au milieu avec leur coquille rudimentaire; un énorme cordon se développe qui les fixe comme un byssus, et les valves s'écartent et se rapprochent comme dans des acéphales adultes. M. R. Wagner a regardé comme zoospermes de très- petites cellules ovales et arrondies, répandues dans l'inté- rieur de l'ovaire. Ces cellulesexaminées à un fort grossisse- Tom. xr. 27. ( 380 ) ment, présentent en effet un frétillement semblable à celui que produisent des spermatozoaires, mais qui ressemble encore davantage à celui que l’on aperçoit dans les cellules du vitellus de plusieurs œufs. Nous y reviendrons plus loin. À notre avis, M. Henle, dans le compte rendu des archives de J. Muller, a eu raison de dire que M. R. Wagner n'avait pas vu de véritables zoospermes dans les anodontes, mais il a prétendu à tort, selon nous, que le frétillement était communiqué à ces cellules par le mouvement des portions branchiales vibratiles qui les entourent. Ce mou- vement ne leur est point communiqué, il leur est propre. Il y a cependant de véritables zoospermes dans les ano- dontes, conformés comme ceux des autres classes; ils con- sistent dans un long appendice sous forme de queue, au bout duquel on aperçoit une sorte de bouton ou une tête. Cette queue frétille constamment en serpentant, et tout le zoosperme est dans un mouvement continuel, tantôt en s'avançant, tantôt en reculant. Il n’est guère possible de se méprendre sur leur nature. Voici dans quel cas nous les avons trouvés. Pour étudier les œufs dans les différentes phases de leur développement, nous étions obligé de prendre une portion très-petite de l'ovaire pour le mettre sur le porte-objet du microscope. Nous enlevions cette portion ou avec des ciseaux ou avec un scalpel fort tranchant. Nous ne tardàmes pas à trouver les œufs contenus encore dans leurs cœcums glandulaires. Autour des ces œufs, nous avons fini par trouver des sper- malozoaires, et cela sans avoir touché avec nos instruments aucune autre partie de l'animal. Bientôt nous eûmes la cer- titude, après avoir trouvé plusieurs fois la même chose, que les prétendus animaleules se forment non-seulement dans les mêmes individus, mais dans le même organe que les œufs. Alors il nous arriva d’avoir sous les yeux un nom- (381) bre considérable de spermatozoaires frétillant autour de quelques œufs; et pendant quelque temps, ensuite, il ne nous fut pas possible d’en trouver un seul. Ces spermato- zoaires sont logés aussi dans des cœcums semblables à ceux qui produisent les œufs, mais malgré tous les soins que nous yavons mis, il ne nous a pas été possible de reconnaître si telle ou telle portion de l'appareil générateur, en dessus ou en dessous, en avant ou en arrière, n’est pas le testi- cule. Aussi considérons-nous cette glande génitale comme composée d'un certain nombre de cæœcums produisant des zoospermes, et un certain nombre d’autres produisant des œufs. C’est bien l’hermaphrodisme le plus complet que l'on connaisse. À mesure qu'ils se forment, les œufs et les sper- matozoaires viennent en contact, et la fécondation s'opère. Nous regardons ainsi les anodontes comme hermaphro- dites complets. L’ovaire et le testicule sont confondus, ils ue forment qu'un seul organe, logé dans le pied, avec une seule ouverture de chaque côté. Aussi les œufs sont-ils fé- condés dans l’intérieur de l'ovaire. Par là, nous ne pouvons donc point nous rallier à l'opi- nion de M. Neuwyler; nous différons aussi de tous ceux qui croient à des anodontes mâles et à des anodontes femel- les, et nous sommes heureux de voir nos résultats s’accor- der avec ceux de M. Milne Edwards qui a observé aussi des acéphales hermaphrodites. Le savant professeur du jardin des plantes a étudié avec M. Lallemand, pendant son séjour à Cette, les clovisses ( Venus virginea) et le Peigne glabre, et il a trouvé les sexes séparés sur deux individus dans la première espèce, tandis que le peigne était hermaphrodite. Du reste, on connaissait déjà la réunion des sexes dans les Cyclas. Dans un autre travail sur les phénomènes de la circula- ( 382 ) tion dans les animaux sans vertèbres, nous nous occupons de la signification de l’organe que M. Neuwyler a pris pour le testicule; les corps spongieux, flottant au milieu du pré- tendu poumon de Bojanus (péricarde pour nous), seraient analogues aux corps spongieux des veines chez les cépha- lopodes et chez les gastéropodes, et il y aurait souvent une communication du liquide ambiant avec le liquide qui cir- cule dans les vaisseaux, sans corps intermédiaires. Pour connaitre la signification d’un organe ou d’un pro- duit, il faut avant tout l’étudier dans son début, il faut le voir dans sa forme primitive, avant que l’accessoire ne mas- que le fond. Voici ce que nous avons observé dans quelques polypes bryozoaires. De la même manière qu'il se forme des œufs dans une gangue quelconque que l’on peut appeler ovaire, de la même manière 1l se forme au milieu d’une partie organi- que toute semblable, une vésicule qui donnera naissance à des zoospermes. Il y a un moment où l’on ne peut pas distinguer avec certitude ce qui donnera naissance à un œuf et ce qui donnnera naissance au produit mâle. Il ÿ a un œuf pour la forme au moins dans l’un et l’au- tre cas. Au milieu de cet œuf, cellule ou vésicule, on voit apparaitre ensuite un grand nombre de petites cellules qui, par leur réunion, forment le vitellus pour le produit femelle, et qui, dans le produit mâle, se répandent au de- hors, séparément, en déchirant la vésicule qui les conte- nait. C’est un spermocyste dans le dernier cas, et un vitello ou embryocyste dans le second cas. Nous avons vu des spermatozoaires pourvus d’appendices de longueur diffé- rente, et nous croyons même avoir vu poindre cet appen- dice chez quelques-uns. La paroi de la cellule s'étend d’un côté, sous forme d’un court bouton qui s’allonge et s’effile de plus en plus, jusqu'à ce qu'à la fin il soit converti en (383) un filament sous l'apparence d’un appendice caudal. Dans l'intérieur de la cellule ou du corps on voit le noyau, comme dans les globules du sang. Nous ne savons s’il se forme dans le produit mâle ou le spermocyste, des vésicules au centre, analogues aux vési- cules de Purkinje et de Wagner, nous avons cru le voir dans quelques cas, mais nous n’en avons pas la certitude. Si donc nous avons bien observé, les cellules vitellines sont analogues aux spermatozoaires, et on ne doit point regarder ces derniers comme des animaleules. Par là tom- berait aussi leur prétendue organisation; on pourrait bien les désigner avec M. Duvernoy, comme nous l'avons déjà fait, sous le nom de spermatozoïdes. M. Pouchet a parlé aussi d’épithelium qui recouvrirait ces corps; mais leur petitesse même ne s’oppose-t-elle pas à l'admission de cette couche; pour être épithelium il faut une réunion ou une couche de cellules, et quelle serait leur dimension ici? elles qui recouvrent les spermatozoaires. La grandeur des cellules ne diminue pas à Pinfini. fl y a, croyons-nous, un terme au delà duquel il n’y a plus de cellules, et la queue des spermatozoaires aurait déjà bien atteint la dernière limite. Ce prétendu épithelium que lon a vu pourrait bien être des portions du spermocyste. Maintenant nous ajouterons encore ce qui milite en fa- veur de notre détermination. Si le mouvement des sperma- tozoïdes est connu, il n’en est pas de même de celui des cellules vitellines. Cependant elles frétillent aussi, quand elles sont répandues au dehors comme quand elles sont encore renfermées dans l'œuf. Nousavons remarqué ce phénomène au moins depuis deux ans et nous l'avons revu plusieurs fois depuis; on trouve également plus d’un exemple d'erreurs commises par des hommes très-habiles qui ont pris les cellules vitellines pour des spermatozoïdes. ( 384 ) Nous en voyons plus haut un exemple chez les anodontes, et tout récemment M. Rathke vient de publier une note sur une coryne qu'il a étudiée à Zoppot, non loin de Danzig; il s'étonne de ce que M. R. Wagner n'ait pas reconnu les sper- matozoïdes dans ces polypes. M. R. Wagner en effet doit avoir une si grande habitude du microscope; et lui qui à fait tant de belles découvertes à ce sujet n'a pas reconnu les spermatozoaires dans les corynes où il serait si facile d'après M. Rathke de les distinguer. Il nous suffirait de mettre ces observations en regard, car la réunion des spermatozoïdes de M. Rathke n’est autre chose que l'œuf de M. R. Wagner. Ici nous nous rangeons tout à fait de l'avis de ce dernier savant. C’est bien un œuf que M. R. Wagner a vu; nous avons fait voir dans un autre travail à combien d’erreurs on a déjà été exposé, par suite de ces variations dans les modes de reproduction chez ces curieux polypes. M. Rathke n’est pas le seul qui parle d’organe mâle dans les polypes de cette famille; il y a peu de temps M. Krohn a parlé aussi de ce sexe qu'il aurait trouvé dans une tubulaire; mais au lieu de cellules vitellines se seraient ici, pensons-nous, les globules du sang qui auraient donné le change. Contrairement à ce que l’on pense en général , les ano- dontes n'ont point une époque déterminée pour la ponte des œufs, comme la plupart de mollusques ; nous avons observé des œufs à tous les degrés de développement et des spermatozoïdes, dans chaque mois de l’année ; les Acarus qui vivent sur ces acéphales se développent aussi pendant toute l’année , tandis que leurs nombreux entozoaires ne s'y trouvent qu’à une époque fixe. Il y a aussi des anodontes adultes en tout semblables aux autres, et se trouvant dans les mêmes circonstances, qui n’ont ni œufs ni z00spermes. Y aurait-il des individus neutres ? En résumé , nous croyons que le prétendu poumon de (385 ) Bojanus est le péricarde, et les corps flottants de l’inté- rieur , les analogues des corps spongieux des veines caves des céphalopodes. Il y a des anodontes hermaphrodites : les œufs et les spermatozoïdes se développent dans des cæœcums sembla- bles entre eux, et qui sont en communication directe les uns avec les autres ; l'appareil de génération mâle et fe- melle a le même aspect; il est logé dans le pied. Les zoospermes sont analogues aux cellules vitellines ; ce ne sont pas des animalcules, et, par conséquent, il n’y a pas d'organisation. Les cellules vitellines qui composent le vitellus et qui sont isolées à une certaine époque dans l'intérieur même de l’œuf, sont souvent douées de mouve- ment semblable à celui des spermatozoïdes. Histoire naturelle du crINOMORPHA, nouveau genre de la classe des bryozoaires , de la côte d'Ostende , par P.-J. Van Beneden. Dans une série de mémoires, nous nous proposons de faire l’histoire des différents animaux qui vivent sur nos côtes ; nous avons commencé par les polypes. Déjà nous avons eu l’honneur de présenter le résultat de quelques re- cherches sur les bryozoaires, encore si imparfaitement con- nus malgré les beaux travaux publiés dans ces dernières années sur ce sujet; et dans le mémoire que nous avons l'honneur de présenter aujourd’hui, nous donnons l'histoire d’un nouveau bryozoaire qui doit devenir le type d’une fa- mille. Les crinomorphes en effet sont aux bryozoaires ce que les vorticelles sont aux infusoires , les encrines aux échinodermes en général , et les anatifs aux balanes. Il existait déjà quelques figures de semblables animaux dans les archives de la science, mais qui n'étaient intelli- ( 386 ) gibles que pour les auteurs eux-mêmes. La figure de Ellis (pl.56, fig. 5 et 6) pas plus que celle de Bose et celle même de Lister, n'étaient suffisantes pour s’en faire une idée. Nous avons trouvé heureusement et en abondance sur nos côtes un polype par l'histoire duquel nous pourrons combler ce vide. Cet animal s’est parfaitement prêté à la dissection, et nous l'avons étudié dans un moment favorable pour con- naître son développement complet par bourgeons et par œufs. M. Sars, qui a fait mention d’un animal qui n’en est pas fort éloigné, n’a rien connu, pas plus que ses prédé- cesseurs, des organes de reproduction et de leur embryo- génie. Nousaurons l'honneur de présenter dansune des séances prochaines un mémoire sur l’organisation et l'embryogénie des ascidies simples. Nous n'avons plus qu’à coordonner les matériaux que nous avons recueillis sur notre côte, pendant les dernières vacances du mois d'août et de septem- bre. On y trouve plusieurs espèces d’ascidies simples et en assez grande abondance. Qu'il nous soit permis de mettre les planches qui doi- vent accompagner ce travail, sous les yeux de l’académie. MM. Cantraine , Kickx et Wesmael sont désignés pour l'examen de ce mémoire. Sur les changements faits à la constitution flamande , sous le règne de Marie-Thérèse ; Par M. le chanoine J.-J. De Smet, membre de l'académie. Il y à plus de cinq ans que j'annonçai à l'académie un travail sur les changements apportés, sous le règne de ( 387 ) Marie-Thérèse , aux constitutions de la Flandre (1). Je m'en occupais effectivement avec soin, mais des travaux plus urgents et l'absence de quelques matériaux indispensables, à mon avis, ne me permirent pas de réaliser plus tôt ma promesse. Cependant notre savant confrère, M. Gachard, qui n'avait pas vu ma notice et l'annonce qu’elle conténait, publia sur le même sujet des renseignements officiels dans nos Bulletins (2). Je ne pus qu'être charmé sans doute de me voir prévenu par l'honorable archiviste, beaucoup plus capable que moi sous tous les rapports de nous don- ner des notions exactes sur une pareille matière. Je renon- çai donc volontiers à mon projet, mais je me surpris plus tard à regretter de n’avoir eu aucune connaissance du sien, et de m'être vu ainsi dans l'impossibilité de lui communi- quer quelques notes utiles. Ne pourraient-elles trouver à leur tour une petite place dans nos Bulletins? M. Gachard paraît n'avoir considéré la chose que du côté favorable au gouvernement autrichien, en oubliant quelque peu l’audiatur et altera pars; on n’a pas lieu d’en être surpris, puisque les documents du côté de l'opposition lui ont fait défaut. En les employant, je ne puis, sans manquer à l’impartialité, négliger ceux qu'il a puisés dans les archives de l'État. Les villes, pays, châtellenies et métiers, qu’on quali- fiait d’administrations subalternes, souffraient sans doute, en Flandre comme ailleurs (5), de l’état d'infériorité dans (1) Voyez Bulletin de l’académie, tome VI, L'e part , pag. 329. (2) Ibidem , tome VII, Ie part. , pag. 224. (3) Jusqu'au XVI: siècle les états de Flandre se composaient du clergé, de la noblesse et du tiers-état , représentés par les députés de Gand, d'Ypres , de Bruges et du Franc de Bruges, La noblesse n'y reparut plus depuis les ! ( 388 ) lequel elles étaient placées, mais cette position, dont elles se plaignaient, n'avait rien de nouveau et leur appartenait depuis des siècles. Avant l’échauffourée de 1539, que Charles-Quint exploita au profit de sa politique peu libé- rale, la plupart des villes et châtellenies reconnaissaient même l'autorité et la juridiction de la ville de Gand; la sentence impériale en donne une preuve péremptoire (1). Elles prétendaient, il est vrai, aussi que les affaires de la province étaient mal conduites et que l'intérêt général y était souvent sacrifié aux avantages particuliers des villes de Gand et de Bruges. Si le fait était aussi notoire qu'on le supposait, il y avait assurément d’autres moyens d’y porter remède qu'un bouleversement de l’ancienne consti- tution du pays ; mais il y a d’ailleurs des motifs de croire que la chose était au moins exagérée. Un honorable séna- teur, décédé l’année dernière, et ancien haut-pointre de la guerres de religion, et le quartier d’Ypres ou West-Flandre, appelé aussi pays retrocédé, se gouyernait, on ne sait de quel droit, d’une manière absolue. Restaient donc les ecclésiastiques etles trois membres , parmi les- quels la pluralité des voix se formait de deux suffrages pour l’affirmative, d’après un décret donné par l'électeur de Bavière, au nom du duc d’Anjou ou Philippe V, le 9 octobre 1704. (1) Art. 65. Par-dessus ce , pour le bien , repos el tranquillité de nostredit pays de Flandres, et affin d'éviter pour lesdictes divisions et commotions passées plus n’adviengnent , ordonnons et déclairons par lesdis de nostredicte ville de Gand n’ont ny auront doresnavant jurisdiction, auctorité, préémi- nence ne supériorité sur le viésbourg , les villes, chastellenyes de Courtray , Audenarde, Tenremonde , Alost, Grandmont, Ninove, Quatre-Mestiers et pays de Waze , et générallement tout ce que l’on avoit accoustumé dire et appeler les chastellenyes et quartier de Gand, lesquelz sont et à perpétuité demuereront séparez et distraitz desdis de Gand, sans povoir avoir recours à iceulx, et sans ce que lesdis de Gand les puissent appeler ou évoquer vers eulx , soit pour le faict d’ayde, ou aultres. (Gachard, Troubles de Gand , pag. 148.) ( 389 ) châtellenie d'Audenarde, me parlait, il y a quelques an- nées, des charges qui pesaient sur Audenarde en 1754, et voilà que je lis dans un document contemporain : Ter. reserve van de stadt Audenarde, die, om haere insolven- thede notoire, haere quote in alle publique lasten weygert te draeghen (1); de sorte que cette ville prétendûment sur- chargée, ne contribuait en rien, sous prétexte d’insolva- bilité, aux charges de la province. Quoiqu'il en fùt de même dans le Brabant et ailleurs, il faut avouer que les colléges subalternes avaient une part trop légère au maniement des affaires provinciales : ils auraient dû en appeler à l'équité du prince et des chefs- colléges, pour faire redresser un grief aussi grave que fondé (2). Ils n’y songeaient même pas d’abord; les principes constitutionnels étaient si peu étudiés à cette époque ! Le gouvernement de Bruxelles connaissait le mécon- tentement des subalternes; il résolut d’en profiter pour se délivrer à l'avenir de toute crainte d'opposition de la part des états de Flandre. Il fit demander à toutes les pro- vinces un subside de 1,400,000 florins pour dix ans, afin de couvrir les frais qu'occasionnaient, disait-il, les négo- ciations qui avaient lieu pour le bien du pays avec les puissances maritimes. Le comte de Lalaing, surintendant des gens de guerre en Flandre, et le vicomte de Patin, président du conseil de la même province, demandèrent en conséquence aux États de Flandre d'accorder leur D EEE (1) Registrum resol. cleri, 1751-1768. rés. du 12 mars 1754. Archives de l'évêché de Gand. (2) On n'en jugeait pas ainsi en Brabant, où les villes inférieures qui avaient eu le droit d'envoyer des députés aux états, s'étaient aisément laissé dépouiller de ce privilége. ( 390 ) quote-part du subside, fixée à la somme annuelle de fl. 546,671 18 c. M. Gachard avance que le prévôt de Gand, Crom- brugge (1), le premier échevin et le pensionnaire de la même ville, Dellafaille d’Assenede et Pycke, ainsi que le bourgmestre de Bruges, De la Coste, avaient promis de seconder les vues du gouvernement pour l'obtention du subside. Cette assertion peut être fondée, si elle n’accuse point les intentions de ces députés. Le prévôt de S'-Bavon au moins, qui refusa la même année l'évêché de Bruges et dont le caractère était irréprochable, ne saurait être atteint d’un soupçon de vénalité. Il m'est plus difficile d'admettre ce qu'affirme encore le savant archiviste, que le gouver- nement s'était assuré du suffrage des châtellenies et autres administrations subalternes de la province. Comment en effet concilier cette assertion avec ce que je lis dans le document déjà cité, que les subalternes ont rejeté à l’una- nimité la taxe personnelle, seul moyen de trouver les fonds demandés (2) ? Il y a moyen toutefois de concilier ces deux assertions ; on n’a qu’à songer au vieil axiome : distingue tempora et concordabunt facta , légèrement amendé, comme on voit, ou selon l'expression d'Horace, parce detortum. Au com- mencement de mars, les subalternes n'avaient consulté que l'intérêt de la province, et le triste état de ses finances leur avait dicté un vote négatif, mais de là au 10 mai, jour (1) Alexandre-Bernard Van Crombrugghe, scigneur de Boelaere, né à Heusden , près de Gand , en 1698. (2) Gelyck die by cenpacrige stemmen van de subalterne gerejeteert en verworpen is geworden. ( 391 ) où se répandit le bruit de leurs démarches à Bruxelles (1), deux mois s'étaient écoulés et le gouvernement avait su les mettre à profit, pour avancer les intrigues que M. Ga- chard a si bien vues au travers des paroles mesurées des formes officielles. Je suis porté à croire que le gouvernement de Bruxelles comptait bien, qu'après quelques observations, les états de Flandre finiraient par accorder leur part du subside. Si l'accord des subsides extraordinaires souffrit quelquefois des difficultés dans nos provinces, ce n’était communé- ment que par rapport à la quotité de la somme deman- dée (2) : le règne même de Marie-Thérèse en offrit plu- sieurs exemples. Mais il était facile de prévoir, pour qui connaissait les charges qui accablaient la province, que les ecclésiastiques et membres de Flandre commenceraient par s’excuser : le ministère le désirait, car il avait besoin d'un prétexte pour frapper le coup d'état qu'il méditait. En effet, après un sermo collegiis, tenu le 14 février, les principaux ou chefs-colléges accordèrentaux conditions ordinaires la somme de 215,000 florins, pour la part an- nuelle de la province dans l'entretien de la maison du prince gouverneur général; mais ils prièrent le gouver- nement de les excuser, quant au subside de dix ans. Bientôt ils apprirent ce qui se tramait entre les agents du pouvoir et les subalternes, et l'assemblée du clergé de Gand n'eut rien de plus pressé que de mander à ses députés de faire tous les efforts imaginables pour prévenir, « que » par le concours des subalternes on ne portât atteinte (1) Bulletins de l’académie , tome VI, 1° part. , pag, 528. (2) Gachard , Documents inédits, tome [°", pag. 67. ( 392 ) » aux lois fondamentales et aux constitutions du pays; » et surtout pour empêcher qu'on n'établit un subside » fixe (1). » Le ministère ne tint aucun compte de cette opposition. Le 5 juillet 1754, l’impératrice -reine donna un premier rescrit dans l'affaire. Le préambule s'appuie sur les plain- tes réitérées et sérieuses des subalternes de l’administra- tion de la province , dont les moyens sont épuisés, et sur leur peu d'influence , contrairement au règlement provisoire des archiducs Albert et Isabelle (2), qui leur avait accordé voix délibérative aux états. S'emparant de l'épithète provisoire , accolée à ce règlement, et de la con- cession Caroline, dont les stipulations ne semblaient pas cependant pouvoir s'étendre à tout le comté de Flandre, l’impératrice convoque une assemblée générale des dé- putés du clergé, des villes, pays, châtellenies, métiers et districts, qui interviennent d'ordinaire dans les de- mandes d'aides et subsides. Cette assemblée est appelée à délibérer sur les moyens de donner une meilleure direc- tion aux affaires de la province, et de les rétablir sur un bon pied. Mais préalablement on publie une ordonnance en XIX articles, qui déjà statue d’une manière absolue sur quelques-uns des points qui auraient dû, ce semble, être d'abord soumis aux délibérations de l'assemblée générale indiquée. Ainsi l’article 1° déclare et ordonne que doré- (1) Datter door de subalterne steden, casselryen ende ambachten deser provincie niet g’attenteert en worde contrarie aen de fondementele wetten ende constitutien van den lande, ende wel namentlyk ten effecte van te beletten datter geen staende subsidie gefixeert en worde. Resol. du clergé du 16 mai 1754. (2) Portant la date du 19 septembre 1614. ( 393 ) navant, et dès la réunion la plus prochaine, toutes Îles villes, châtellenies, pays et métiers auront voix délibé- rative et décisive, et qu’en tout cas leur assemblée devra donner un résultat avant de se séparer. L'article 2° or- donne aux membres de ces différentes corporations et du clergé de se rendre ponctuellement à l'assemblée au jour fixé; en cas d'absence de quelque membre, dit-il, le ré- sultat sera formé d’après les votes des membres présents, et l’abstention ou le refus de voter sera regardé comme un consentement à la demande ou proposition du gouver- nement. L'article 3 décide que, pour le service journalier de la province, il sera nommé une commission composée de deux députés du clergé , à élire pour trois ans, d'après les anciens usages , et de députés des villes , chà- tellenies et métiers, conformément à l’arrangement qui sera pris dans l'assemblée générale prochaine. Les autres articles , parmi lesquels on trouve quelques mesures sages d'administration, sont d’un moindre intérêt sous le rapport constitutionnel. Ne pouvait-on pas dire avec justice que le rédacteur de cet acte avait oublié qu'il regardait un pays où le pou- voir du souverain était limité par les lois et les consti- tutions ? En effet , l'ordonnance est terminée par les mots solennels : Want het ons alsoo gelieft, car tel est notre bon plaisir, qu'on trouverait bien étranges aujourd’hui dans un état constitutionnel. Et que dirait-on si, rap- pelant quelque loi bien vieille et bien dûment oblitérée , le gouvernement déclarait sans même daigner consulter les chambres, que les membres du barreau et du clergé sont de droit éligibles à la chambre des représentants et au sénat ? Le règlement des archiducs qu'on exhume était sans doute depuis longtemps sans valeur aucune , et d’ail- ( 394 ) leurs il me paraît dire à peu près le contraire de ce que les conseillers de Marie-Thérèse lui font dire; écoutons-le: « Premièrement, dit-il, sur ce que les députez desdits villes » et châtellenies subalternes prétendent d’avoir voix déci- » sive avec lesdits ecclésiastiques et quatre membres de » notre pays de Flandres, ou bien avec le membre par- » ticulier soubz lequel elles ressortissent, nous entendons » que ceux desdites villes et châtellenies subalternes se » devront contenter, quant à présent, de donner par escrit » leurs avis et opinions délibératives sur les propositions » qui se feront auxdits ecclésiastiques et quatre membres. » Sur lesquelles propositions et avis iceux ecclésiasti- » ques et quatre membres prendront les résolutions qu'ils » trouveront convenir, à la pluralité de voix, etc. (4) ». De bonne foi, peut-on conclure de cet article que les archiducs ont accordé une voix décisive aux subalternes ? Aussi M. Gachard nous apprend-il que, plus conscien- cieux que son auguste épouse, l’empereur François [° avait mal accueilli les premières overtures que le gouver- nement de Bruxelles lui avait faites à ce sujet; le judi- cieux monarque y avait vu une violation du serment qu'il avait fait à l'inauguration de son épouse comme comtesse de Flandre. Le clergé en jugea de même. Le lendemain de la pu- blication du placard, l’évêque de Gand, cédant aux priè- res du chapitre de Saint-Bavon , convoqua son clergé en assemblée générale , l’évêque de Bruges en fit de même, et l’une et l’autre réunion résolurent de faire les représenta- tions les plus énergiques contre l'ordonnance impériale, (1) Placcaten van Vlanderen, VIN deel, bladz. 547. (395 ) et en particulier contre le premier article. Un mémoire qu’on dit se trouver à la fin du registre des résolutions du clergé (1), mais que j'y ai vainement cherché, fut discuté et approuvé par le clergé de Gand, le 18 juillet , et l'on chargea le prélat de Baudeloo et le doyen de S'-Bavon, du district de Gand , le doyen et l’archidiacre de S'-Donat , du district de Bruges, de le présenter à la cour de Bruxelles. Une circulaire du conseil de Flandre invita peu après le clergé, les villes et corporations de la province, à désigner leurs députés pour assister à une réunion indiquée au 24 du mois, et y ouir lescommunications et les propositions, que le ministre plénipotentiaire, comte de Cobenzl, devait y faire au nom et de la part de S. M. I. et A. Le clergé nomma ses députés, mais il leur donna le mandat exprès de demander qu'avant de passer outre à l’ou- verture de l’assemblée générale, où l’on se proposait de faire un changement essentiel aux constitutions et aux lois fondamentales du comté (2), on reconnüt qu'il était de toute manière convenable et nécessaire de prier d'abord respectueusement S. M. d'envoyer ses commissaires pour examiner , en présence des chefs-colléges et des ecclésias- tiques de la province, la direction et la conduite des dépu- tés aux états. « Ce n’est qu'après cetexamen, dit-on, qu’on pourra juger avec connaissance de cause des points et ma- tières que signale l’édit du 5 juillet ; on verra alors s’il y a des changements à faire et de quelle manière ils de- vront s'effectuer. Car il est naturel qu’on s'attache à connaître le mal avant d'y vouloir trouver un remède. CD CR y (1) Résolution du 18 juillet 1754. (2) Alwaer aen de constitutien in fondementale wetten van den staet eene essentiele veranderinge soude toegebracht worden. Rés. du 24 juil. Tom. x1. 28. ( 396 ) » Cette demande est d'autant plus équitable que le clergé » et les autres chefs-colléges n’ont été entendus ni sur » les réclamations des subalternes, ni sur les mesures » ordonnées par le placard. Cet examen prouvera d’ail- » leurs si les plaintes des corporations, qui ont motivé cet édit, sont fondées ou non, et si les griefs allégués subsistent réellement. L'examen fait-il découvrir des abus? le clergé s’empressera volontiers de travailler à les extirper et à les prévenir pour la suite (1). » Ces demandes, dont on ne saurait raisonnablement contester la justice, demeurèrent toutefois sans aucun effet. Après quelque hésitation , le gouvernement autri- chien avait formellement promis aux villes, pays et corpo- rations subalternes de leur accorder voix délibérative dans les affaires de la province, et de n’accepter de résultat que d’après la pluralité des voix, mais il n'avait fait celte con- cession, qui, à notre avis, ne dépendait pas de lui seul, qu'aux conditions suivantes : 4° Que l’on consentit au payement d’un subside fixe et permanent de dix-huit mille rations par jour ou de 1,642,500 florins par an (2) ; 2° que l’on consentit également à l'entretien de la cour du prince Charles de Lorraine pendant toute la durée de son gou- vernement, et finalement 5° au payement du contingent de la Flandre dans le subside extraordinaire et décennal de 4,400,000 florins. On a vu que ces négociations avaient transpiré dès leur commencement; le gouvernement avait rempli sa promesse par le placard du 5 juillet, mais il n'avait eu garde de faire F 04: w © (1) Zbidem. (2) 250,000 florins de plus que ne portait auparavant le subside ordinaire. (397 ) dans cette pièce officielle la moindre allusion aux condi- tions inconstitutionnelles, qu'il avait stipulées pour prix de sa protection aux subalternes. Il fallait cependant en venir à leur publication. C'était là le but principal du mi- nistère bruxellois, dans la convocation de l'assemblée du 24juillet. Le comte de Cobenzl s'y présenta accompagné du président Cordeys (1), et, après avoir exhibé ses lettres de créance, il engagea par un discours étudié les ecclésiasti- ques et les membres à souscrire à leur tour aux articles proposés par les subalternes et adoptés par le gouverne- ment. Si l’on accédait à cette demande, le ministre dési- rait qu’on passät promptement à la désignation des corpora- tions qui composeraient d’abord la députation permanente, instituée par le troisième article du placard du 5 juillet, et à la nomination des membres qui seraient chargés de rédiger le règlement, ainsi que du greffier ou actuaire. On ne fit aucune difficulté quant à ces derniers points, mais quant aux articles convenus entre les subalternes et le gou- vernement, les ecclésiastiques et les membres les prirent ad referendum , pour les discuter dans une autre assemblée. M. Gachard a trouvé qu'il fat arrêté en même temps qu'une autre assemblée aurait lieu le 42 août suivant; il y en eut une en effet ce jour-là , mais j'ai lieu de croire qu'on en avait indiqué une aussi à une époque plus rapprochée. Je lis dans une résolution du clergé, datée du 29 juillet : Le député du clergé de Gand à l'assemblée provinciale rapporte que les députés des subalternes se présenteront probablement aujourd'hui, waerschynlyk op heden, à l'assemblée des ecclésiastiques et des membres pour y A V Y (1) Conseiller d'état et président de Ja chambre des comptes à Bruxelles. ( 398 ) » prendre séance avec eux. » Rien ne prouve si cette as- semblée s’est effectivement réunie, mais la réponse faite à ce rapport montre que le clergé avait à cœur de se tenir dans les bornes d’une opposition juste et modérée. IT per- met de recevoir à siéger les représentants des subalternes , mais sans vouloir par là préjudicier aux droits anciens et reconnus, dont il avait demandé le maintien dans les récla- mations qu'il avait portées au pied du trône. Le gouvernement ne négligeait rien cependant pour at- teindre son but. Il changea les magistrats de Gand, de Bruges et du Franc, dont le dévouement à la cour lui avait paru douteux; il fit insinuer aux pensionnaires de Bruges et du Franc, qui perdaient des émoluments considérables par le nouvel ordre de choses , qu'ils en seraient indemni- nisés , si leurs corps votaient pour l'acceptation; enfin, il fit prévenir sous main les abbés et les chapitres que leur opposition donnerait lieu d'appliquer rigoureusement à leur égard les dispositions du récent édit concernant les mainmortes (1). Ces moyens, peu dignes d’une souveraine aussi puissante et aussi magnanime que Marie-Thérèse, réussirent au gré du gouvernement de Bruxelles; à l’aide des subalternes, qui n'auraient pas dû être admis à voter, ce semble, il fit pas- ser toules ses propositions à une assez forte majorité. Les ecclésiastiques persistèrent dans leur opposition, mais afin de prouver que les infractions aux constitutions de la pro- vince causaient seules ce refus, ils accordèrent le subside de dix-huit mille rations par jour, pour un an, le contin- gent de la Flandre dans l'entretien de la cour du prince (1) Gachard, Bullet, de V’acad., tom. VII, 1"° part., pag. 251. ( 399 ) gouverneur général, aussi longtemps qu'il résiderait comme tel dans le pays, et la quote-part de la province dans le sub- side extraordinaire de 1,400,000 florins (1). Au mois de janvier, une offre semblable de la part des ecclésiastiques et des membres eût probablement tout pré- venu, mais l’idée d’un subside fixe avait paru si séduisante aux ministres, qu'il aurait fallu plusieurs millions pour les y faire renoncer. Le 18 octobre 1755 , on reçut à la fois trois actes du gouvernement, tous relatifs à la nouvelle administration qu’on venait d'introduire en Flandre. Le premier était un règlement provisoire pour les députés à l'assemblée générale; il fixait leur traitement et celui de leur actuaire , établissait un receveur général pour toute la province et prescrivait des dispositions excellentes pour redresser les griefs, qu’on avait signalés dans l’administra- tion des finances. Le second, d’une plus haute portée, dé- terminait l'influence des différentes corporations dans les états provinciaux, mais il ne faisait pas mention de la commission permanente : « Il y aura, dit l’art. 1°, huit voix principales dans la province : le clergé de Gand en aura une, celui de Bruges une, la généralité des villes trois, et la généralité des châtellenies encore trois; en cas de pa- rité de voix dans cette assemblée, composée de huit dé- putés, dit l’art. 5, celui qui aura la semonce aura la voix décisive. » Par le dernier article, le gouvernement se réserve de modifier cette ordonnance, comme celle du 5 juillet, si le bien-être du pays ou le service du souverain l'exige , c’est-à-dire, s'il le juge à propos. Une semblable clause ne mettait-elle pas pour l’avenir la constitution du comté à la (1) Résol. du clergé du 11 août. ( 400 ) merci des vicissitudes du gouvernement et des caprices ministériels? Le troisième placard est relatif aux commis des impositions, auxquels on conserve la charge, leur vie durant, et dont on règle les traitements. Plus de quinze mois s'étaient écoulés depuis que les chefs-colléges avaient adressé leurs réclamations au gou- vernement contre les changements constitutionnels qu'il avait décrétés, et la cour de Vienne, comme le cabinet de Bruxelles avait gardé le plus profond silence à ce sujet. L'opposition conservait cependant l'espérance d'obtenir une apostille favorable sur la requête, appuyée qu’elle était sur d'excellentes pièces justificatives, mais les édits du 18 octobre n'étaient pas de nature à entretenir ces illusions. Les pièces officielles, consultées par M. Gachard, sup- posent que le gouvernement reçut avis, vers la fin de 1755 , que le clergé de Gand et celui de Bruges avaient tenu des assemblées dont l’objet était d'adresser à l'impé- ratrice même, par députation, de nouvelles remontrances. Elles assurent que le prévôt de la cathédrale de Gand et l'abbé de S'-André étaient les instigateurs de ce projet (1), et qu'on apprit bientôt après qu’on avait attiré au même parti la ville et le Franc de Bruges. Ce qui porterait à douter de l'exactitude de ces assertions , c’est la résolu- tion du clergé de Gand, datée du 40 novembre 1755, et de la teneur suivante : « On met en délibération si les rév. membres du clergé » sont d'avis de se réunir avec les rév, membres du clergé » de Bruges , ainsi qu'aves la ville et le Franc de Bruges , (1) La dépêche citée plus loin (pag. 402) ne parle pas d’une maniere si positive : « Ceux du clergé ou autres, y est-il dit, qui peuvent en avoir été les auteurs. » ( 401 ) afin de faire une représentation à l'impératrice-reine , notre auguste souveraine, avec le consentement préala- ble de S. A. R. le gouverneur de ces Pays-Bas, pour la conservation des anciens priviléges des quatre états de Flandre (der vier staeten van Vlaenderen) , que l'on croit aujourd’hui lésés par plusieurs placards, de- puis le 5 juillet 1754. » Il est trouvé bon et résolu de se réunir auxdites cor- » porations à celte fin. » On doit inférer de là , ce semble, qu'il n'existait au- cune idée d'envoyer une députation à Vienne, que la pensée de présenter une nouvelle requête ne partait pas de Gand, et qu’on n'avait aucunement besoin d’influencer ceux de la ville et du Franc de Bruges, pour la leur faire adopter, puisqu'ils l'avaient signée plusieurs jours avant le clergé de Gand. L’intrigue était d’ailleurs bien inno- cente, là où l’on se proposait de ne pas même se permettre de faire une représentation, sans le consentement préa- lable du prince gouverneur général , et la police du gouvernement de Bruxelles devait être bien mal servie pour ignorer jusqu’à la fin de l’année ce qui était décidé au commencement de novembre à Bruges et à Gand. Ce dernier point paraît d'autant plus étonnant , que le clergé de Gand, qui voulait naïvement combattre l'arbitraire « à la clarté des cieux», avait résolu, le 50 novembre, de dé- puter un de ses membres au magistrat de Gand, pour l'in- former de la démarche qu'il allait faire conjointement avec ceux de Bruges et du France, et ne lui demandait nullement le secret (1). UK OS CR CN ES DR) (1) Wäert geresolvcert daer van kennisse te geven aen het magistraet van Ghent, ende daer toe te deputeren , gelyck sy deputeren by desen , ( 402 ) Ne serait-il pas permis de croire que le ministère, embarrassé de répondre à des représentations très-fondées, s’est plu à imaginer lui-même des manœuvres et des in- trigues ténébreuses , pour en accuser des gens, qui ne péchaient au contraire que par trop de simplesse, et se fournir ainsi des prétextes d’une réponse dédaigneuse et menaçante ? La suite au moins ne détruit pas ces conjec- tures. Le 19 décembre, le prince gouverneur général répondit par un refus positif à la demande qu’on lui avait faite d'autoriser une nouvelle représentation à l’impé- ratrice; et le 25 avril suivant (1756), il adressa au clergé de Flandre, ainsi qu’au magistrat de Bruges et du Franc, une dépêche ab irato (1), qui n’est pas favorable à la ré- putation d’indulgente générosité et de noble bonhomie dont jouissent Marie-Thérèse et le prince Charles. On y remarquera le passage suivant : « Elle (l’impé- » ratrice) déclare vos prétentions mal fondées, contraires » à sa dignité suprême , à son autorité législative et à ses » droits souverains, dont elle veut et entend continuer de » faire usage suivant les occurrences pour le bien et l’a- » vantage de la généralité de ses bons et fidèles sujets (2). » Sa royale volonté étant au surplus que vous obéissiez, » comme il est essentiellement de votre devoir , à tout ce den seer eerw. heer Van Crombrugge de Boelaere, proost van de cathe- draele kerke van S'-Baefs tot Ghent, onsen gedeputeerden ter vergae- deringe deser provinceie. (1) Placcaten van Vlaendere, tom. V, pag. 560. (2) Il y a longtemps qu’on sait que les noms spécieux de liberté et de bonheur du peuple ont servi à établir la tyrannie ; Céréalis ne disait-il pas : « Libertas et speciosa nomina prætexuntur : nec quisquam alienum » servilium , et dominationem sibi concupevit , ut non eadem ista voca- » bula usurparet? Taciti Hist,, lib, IV. c. 75. ( 403 ) qui a déjà été émané de sa part, ainsi qu'à ce qui pourra encore l'étre par nous , en son nom royal, sur l'objet du nouveau système, dont il s'agit ; sur lequel d’ailleurs S. M. s'explique aussi en termes positifs, qu'elle est bien décidée à ne plus admettre aucune représentation ul- térieure. » C'est bien là le langage d’une souveraine absolue dans sa plus naïve expression, mais Marie-Thérèse était-elle souveraine absolue en Flandre ? Le nouveau système se trouva ainsi introduit , non d’une manière légale et ré- gulière, mais par un véritable abus de pouvoir. L'opposition avait raison sans doute et défendait des droits consacrés par le temps et les lois du pays, mais elle défendait malheureusement aussi avec eux ses intérêts particuliers , et trouvait par là peu d'appui dans l'opinion publique, très -indifférente d’ailleurs à cette époque aux intérêts politiques de la province. On n’en a pas moins peine à comprendre comment les villes et châtellenies su- balternes ont pu faire un véritable marché de dupes. Elles avaient raison sans doute de désirer et de pour- suivre par toutes les voies légales l'admission de leurs dé- putés, avec voix décisive, à l'assemblée générale de la province, et, avec l'appui du gouvernement qui ne pou- vait leur manquer, elles y seraient assurément parvenues; mais devaient-elles acheter ce droit au prix de si grands sacrifices ? La province est obérée , disent-elles , et elles consentent à la grever d’une charge nouvelle de 250,009 florins par an et pour toujours : voilà pour les intérêts matériels. Et pour les intérêts politiques, que deviendront les états de la province , quand on leur aura ôté ledroit de voter le subside ? « La ressource des états, leér ultima Y | 0 SR ( 404 ) ratio, dit fort bien M. Gachard (1), lorsque, après avoir porté leurs plaintes au gouvernement contre des actes qu'ils regardaient comme des infractions aux pri- viléges du pays ou à leurs droits, ils ne pouvaient en » obtenir le redressement, était le refus du subside. » L’honorable archiviste remarque, il est vrai, que le gou- vernement contestait le droit de refuser le subside, mais la dépêche de Marie-Thérèse qui prouve cette allégation, prouve aussi que le gouvernement autrichien oubliait d'ordinaire entièrement qu'il ne s'agissait pas d’un pays placé sous le régime du bon plaisir, mais de provinces dans tous les temps jalouses de leurs priviléges et de leurs libertés constitutionnelles. Les Flamands n'avaient jamais refusé le subside au souverain, quand ils en avaient re- connu la nécessité (2), mais il avait toujours dû le de- mander ,et dans tous les siècles ontrouve des exemples de refus. Quand les Gantois refusèrent , en 1559, l’aide que Charles - Quint avait demandée à la Flandre, ce puissant monarque ne leur en contestait pas le droit, mais il pré- tendait que le consentement de Bruges, du Franc et d'Ypres devait entraîner celui de Gand. Dix ans plus tard, le même empereur demanda une aide par accise sur le vin, mais les états de Flandre n’y consentirent que sous la réserve « si les autres provinces la consentent pareille- ment », et le gouvernement trouva très-conforme aux lois ce vote conditionnel. L’axiome prétendu moderne « point de redressement de griefs, point de subsides », était de gd VW vw (1) Documents inédits, tom. 1°°, pag. 67. (2) Non invenio unquam a Flandris denegatum subsidium pecunia- rium , quando urgebat necessitas. Meyeri Annales Flandr., ad an. MCCCXCF1I. ( 405 temps immémorial connu et pratiqué en Belgique, et l’on a peine à croire que des hommes sensés et instruits aient voulu devenir membres d’une assemblée qu’ils dépouil- laient eux-mêmes, pour y entrer, de son droit le plus précieux. M. Borgnet n’a point touché à cette discussion dans son Histoire des Belges à la fin du dix-huitième siècle, proba- blement parce qu’il ne plaçait les événements qui ont pré- cédé les innovations à Joseph IT qu’en avant-scène dans son ouvrage; mais M. Dewez a consacré quelques lignes aux changements constitutionnels que nous venons d’exa- miner. Il trouve aussi que l'ordonnance d'Albert et d’Isa- belle ne donne pas aux subalternes une voix décisive, comme l’édit du 5 juillet le donne à entendre, mais il trouve tout simple que l’impératrice l'ait changé d’après son bon plaisir. La constitution de la Flandre, dit-il, ne subit point par là des changements notables, ce n’était qu’une affaire de règlement : opinion commode assurément pour les ministres, mais qu'ils n’auraient garde de soutenir au- jourd’hui dans un état constitutionnel. Quant à l’établisse- ment d’un subside permanent et fixe, changement essentiel s'il en fut jamais, l'historien n’y attache aucune espèce d'importance, et le laisse passer entièrement inaperçu. II juge cependant plus sévèrement que nous la dépêche du 25 avril (v. pag. 402); il la regarde comme peu fondée en droit et en raison, d’un ton peu mesuré, peu décent même et plus digne d’un visir que d’un ministre d'un état libre : il avoue « que le comte de Cobenzl se faisait assez peu de scrupule de méconnaître et de braver les lois constitution- nelles, qu’il paraissait regarder comme de vains titres qui ne pouvaient gêner ni limiter l'exercice de la puissance’ab- ( 406 ) solue du souverain (1) ».Ce langage paraît sévère, mais les faits prouvent qu'il est juste. Quelle que fût à cette époque l’apathie du peuple fla- mand pour ses libertés politiques, le coup d'état de 1754 ne fut pas oublié de si tôt, et quand la province déclara la déchéance de Joseph IT, elle ne manqua point de le signa- ler comme un de ses griefs principaux contre la maison d'Autriche. On lit dans le manifeste des états, où sié- geaient cependant les anciens subalternes, ce passage re- marquable : « Le gouvernement profita des moments de calme pour former un système de corruption , à l'appui duquel il put parvenir à nous arracher les points les plus précieux de notre liberté. De ce nombre était la faculté de voter annuellement les subsides. Nos pères avaient conservé avec soin cette arme la plus propre à repousser les atteintes qu'on pouvait porter à nos droits, et les coups du despotisme : on nous en dépouilla en 1754, en y substituant un subside fixe, et dès lors les esprits sa- ges prévirent que les choses allaient mener à une révo- tion inévitable ». 169. 182 SAS ETES O7 Sur une fausse bulle ; par le baron De Reïffenberg. Malgré les précautions minutieuses prescrites par la lé- gislation moderne, le faux est un délit qui se renouvelle fréquemment. Ne devait-il pas être bien plus facile à per- pétrer autrefois, quand la surveillance de l'administration était à la fois moins active et moins éclairée, qu'il n’y (1) Æist. gén., tom. VII, pag. 171. ( 407 ) avait point d'unité dans l’action du pouvoir, que le défaut de connaissances rendait la vérification presque impossible, et que d’ailleurs la fraude était mise sous la protection de corporations puissantes ou d'individus en crédit? Aussi quelle prodigieuse quantité de titres apocryphes infectent l'histoire, que de piéges ont été tendus à la bonne foi des écrivains! Beaucoup de ces pièces subreptrices ont été re- connues, mais combien dont les auteurs n'ont pu encore être démasqués. Voyez le diplôme prétendûment donné par Chilpérie à l’évêque de Tournay Chrusmare, la charte de fondation de l’abbaye d'Hastiers, dans le pays de Namur, le testament de S'-Remi , qui a été l’occasion d’une vive polémique entre Des Roches et un savant bollandiste, et tant d’autres monuments suspects ou dont la supposition est démontrée! Plus près de nous Louis XI, très-peu scru- puleux lui-même, reprochait à Maximilien d'être un faus- saire. Butkens et Carpentier mettaient en œuvre de faux documents qui leur étaient communiqués, les frères De- launay fabriquaient impudemment des diplômes et des généalogies , et, sous nos yeux même, n’existe-t-il pas encore à Paris et ailleurs des ateliers de fausses preuves his- toriques, en plein exercice? Il est donc intéressant de ras- sembler ces pièces mensongères , d’abord pour les exclure à tout jamais du domaine de l’histoire, ensuite pour étu- dier dans leur teneur et leur contexture, le procédé de la fraude. Simon Leboucq, qui sortait d’une famille à laquelle les lettres ont plus d’une obligation, est auteur d’une histoire inédite ou d’une description des églises de Notre-Dame-la- Grande et de Saint-Jean de Valenciennes, dont j'ai acquis le manuscrit autographe , rédigé vers l'an 1616. Au feuillet 44 recto il y raconte un faux qui se pratiqua ( 408 ) à Valenciennes, vers le milieu du douzième siècle. Je vais le laisser parler : « Au commencement de l’an 1145, l'abbé de S'-Jean et ses re- ligieux , d’une part, et le prieur et religieux de S'-Saulve, d’aultre , feirent un certain accord entre eulx touchant le droict paroischial , comme le tout appert par la lettre de Ni- colas , évesque de Cambray ; mais n’estant iceluy au conten- tement de ceulx de S'-Jean, ils commencèrent de rechef à remuer mesnage, et aiant la cause esté hastée, elle fut ju- giée peu après au profit de ceulx de S'-Saulve. D’aultant que l'abbé de S'-Jean avait dict en la présence du pape Lucius se- cond , qu’il monstreroit certain privilége authenticque ser- vant à son profict , et le dict saint Père l’aiant sur ce renvoyé à Sampson, archevesque de Reims pour le luy exhiber , ainsi qu'il appert par une bulle donnée l’an devant diet 1145 , et puis décider dela cause , iceluy abbé ne sceut rien montrer, ce que voiant le dict archevesque, il le renvoya par devant son évesque de Cambray , ainsi qu’il appert aussi par lettres du dict an; mais le dict abbé n’exhiba non plus devant l’é- vesque qu’il n'avoit faict devant l’archevesque. » Du depuis le prieur du diet S'-Jean , feignant d’avoir esté la mesme année à Rome, feit une fausse bulle sur le nom du pape Eugène , successeur du second dict Lucius. Par icelle apparoissoit qu'il permectoit aux dicts de S'-Jean d’avoir des fons baptismaux en leur église et y faire office pastoral, en suile qu'est requis , et icelle se commençant : Zugenius.… datées du dict an 1145. En suite de laquelle feirent inconti- nent faire des fons baptismaux en leur église. Mais le pape en aiant eu rapport, dépescha incontinent sa bulle apostoli - que à Nicolas , évesque de Cambray , par laquelle il déclaroit que tous ceulx qui seroient trouvés coupables d’avoir aict et apporté ceste faulse bulle, fuistil chanoine ou clerc, fussent à tous jours privés de toute office et bénéfice ecclésiastique , commandant en oultre d’abattre les dicts fons, comme le tout appert plus amplement par icelle bulle. » ( 409 ) Cette querelle n’en resta pas là, mais elle cesse d’appar- tenir à l'objet que nous nous sommes proposé. Il ne nous reste qu’à donner le texte même de la fausse bulle, tel qu'il .se trouve plus loin (fol. 70 verso), dans le manuscrit de Simon Leboucq. Eugenius episcopus , servus servorum Dei, venerabili fratri Nicolao, Cameracensium episcopo , salutem et apostolicam be- nedictionem. De compositione inter dilectos filios nostros mona- chos Cluniacenses et canonicos Sancti Joannis de Vallencenis, de qua scripsistis michi, nullam habui certitudinem, praeter breve vestrum et venerabilis fratris nostri Remensis archiepiscopi. Canonici iterum testimonio parochianorum monachorum ejus- dem villae argumenta sua confirmare videntur ; nos itaque in- Ler utrumque de certitudine incerti, fratrum nostrorum ad- monilioni et judicio, canonicis indixi (us) silentium ita ta- men qued fontem suum, nullo prohibente, in pace habeant crisma et oleum a nobis sive a decano nostro secundum jus liberum accipiant, concessimus ; itaque eis pueros quolibet baptizare, quocumque vero modo se res habeat, decernat vestra discretio , ne ecclesia canonicorum sui juris dignitatem, nec ecclesia monachorum justitiam amittat. Data Trans Tibe- rim , XIX calendas Marti. M. le chanoine De Ram présente une note biographique sur les docteurs Van Rossum et Vounck, membres de l’an- cienne académie de Bruxelles. Cette note sera insérée dans l'Annuaire de 1845. — Le secrétaire perpétuel présente ensuite le tome XVII des Mémoires de l'académie, qui vient d'être publié. Ce vo- lume contient les écrits suivants : 1. Mémoire sur quelques points de métaphysique géo- métrique, par M. G.-P. Dandelin. ( #10 ) 2. Mémoire sur les composés décolorants formés par le chlore avec les oxydes alcalins, par M. Martens. 5. Analyse des eaux minérales de Spa, par M. Plateau. 4. Recherches pour servir à la flore cryptogamique des Flandres, par M. 3. Kickx, 2° centurie. 5. Mémoire sur les Campanulaires de la côte d’Ostende, par M. Van Beneden. 6. Mémoire sur les magistrats romains de la Belgique, par M. E.-G. Roulez. 7. Notice sur une peinture ancienne découverte à Nieu- port, par M. Kesteloot. 8. Étude sur le règne de Charles-le-Simple, par M. Bor- gnet. 9. Phénomènes périodiques. Introduction , par A. Que- telet. 10. Résumé des observations sur la météorologie, le magnétisme et la température de la terre, faites à l'obser- vatoire de Bruxelles, par le même. Observations météorologiques faites à Gand, par M. Du- prez. 114. Observations sur la floraison et les phénomènes périodiques que présentent les animaux , faites à Bruxelles, Gand, Louvain, Liége, en Hollande, en Angleterre, en Allemagne et en Italie. 12. Observations magnétiques faites à Bruxelles en 1843. 15. Observations météorologiques horaires faites dans 42 stations de l'Europe. — M. le directeur, en levant la séance, a fixé l'époque de la prochaine réunion au samedi 14 décembre. La séance publique aura lieu le lendemain 15, à 1 heure de relevée, dans la grande salle de la société philharmonique. BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES ET BELLES -LETTRES DE BRUXELLES. 1844. — No 12. Séance générale du 14 décembre. M. le baron de Gerlache, directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. CORRESPONDANCE. M. Dés. Leclercq, de Liége, adresse à l’académie une note manuscrite sur la formation de la glace dans les eaux courantes. Commissaires : MM. Crahay, Dandelin et Que- telet. — M. le baron de Selys Longchamps transmet ses obser- Tom. xr. 29, ( 412) vations faites à Liége et à Waremme, sur les migrations des oiseaux. MM. Blancquart, Martini de Geffen et Jona- than Couch envoient également les observations qu'ils ont faites près de Gand, près de Bois-le-Duc et dans le Cor- nouailles , sur la floraison et la feuillaison des plantes. — M. le prefesseur Koene demande que l'académie veuille bien accepter le dépôt d’un paquet cacheté. Ac- cordé. M. Van Beneden annonce qu’on vient de tuer à Rot- selaer, à peu de distance de Louvain, un magnifique oiseau d'Afrique et d'Arabie, très-rare dans le midi de l'Europe, l'Outarde Houbara. (Otis Houbara , Gm.). Les belles plumes allongées sur le côté du cou ont tout leur développement. — M. De Koninck, membre de l'académie, fait homma- ge des deux dernières livraisons de son ouvrage intitulé : Description des animaux fossiles du terrain carbonifére de Belgique. « Ce travail, dit M. De Koninck, joint à celui de M. Nyst, que l’académie a couronné l’année dernière, forme la pre- mière partie du complément de la carte géologique belge, dont la compagnie a provoqué la confection, et que M. Du- mont fait graver en ce moment, aux frais du Gouverne- ment. » Mon ouvrage comprend la description de 454 espèces d'animaux fossiles (dont 210 espèces nouvelles), réparties entre 85 genres (dont 11 nouveaux); toutes proviennent des diverses couches carbonifères de notre pays, dans les- quelles elles sont distribuées ainsi que l'indique le tableau ci-joint. » Tableau résumé de la Faune du système carbonifère de Belgique. "saoppuoq s10d -ap xne soxdoud s209ds4 -Éeuanoz ap 12 951A ap sasgypruoques s30d9 xne sunmuo) s209dS4 -Seuano L 2p soxajruoq 182 A[ISIE,T E 19 21189 -1o ne sosdord saaodsx “2SIA 2P 91JIUOqe) 1189 -çe ne soadoid s909ds4 -sanarodas sonbrozoæted siod9p xnap sap sa99ds4 *suaiou sanbrozoæçed siodop xnop sap 5209ds4 -sanonaqur sanbrozoæped siodop story sap s9ads4 *sanb10z -oæçed siodap orienb xne qjueuaaedde s209ds4 “SD JIUOIE quamuaAIsnpIX9 5909d$4 *S494ASA _—_—_—__——__——————| “SAUNA9 CLASSES. 16 [a » » D] z AMIGULIS & (-) = YO = © Li] ee © Radiaires. ñr D © = 5 A A, 40 #7 Ro — CE OC COS [ol Lin] — GU © 30 = et = © Ye QG [où] — GI © Ro = 1 = © = OS 1 [er] — Co RTC NT CRE RNA BTS SDL ER OU (ete LEURS Rs) = < GS lea = = = 2 Annélides iopodes . . ITES ete brach dimya monomyaires, . 1 Mollusques ac phalése… » » » re NT 23 on LS mn D A d < 3 2 = DATE US £ a ° = ABOETE n, LE ci QUE Su. = On = © dE SU AU © bb = © rai LÉ SL LÉ D] © he D « =] re 22 22 Crustacés Poissons . Lin] 85 (414) SÉANCE PUBLIQUE Du dimanche 15 décembre 1844 (dans la grande salle de la Société Philharinonique). M. le baron de Gerlache, directeur. M. le baron de Stassart, vice-directeur. M. Quetelet, secrétaire perpétuel. RAPPORT Sur les travaux de l'académie pendant l'année 1844, par M. le secrétaire perpétuel. L’académie célèbre aujourd’hui le 72° anniversaire de sa fondation ; c’est la dixième fois qu'elle consacre publi- quement celle solennité. Pour se réunir , elle a dû recourir encore cette fois à une généreuse hospitalité (1). Sije rap- pelle cette circonstance, ce n’est pas pour en faire un reprocheau Gouvernement, qui lui a suffisamment témoi- gné sa sympathie dans toutes les occasions qui se sont présentées pour la faire éclater; mais je voudrais faire comprendre que l'académie a toujours été plus occupée (1) M. le ministre de l’intérieur a promis un local convenable dans le bä- timent de l’ancienne cour où siégeait l'académie impériale, et où | nouvelle académie a été réinstallée en 1817. ( 415 ) de ses travaux que du soin de se procurer des avantages, que l’on aurait pu considérer comme des faveurs. Si ces mêmes travaux deviennent utiles, que la patrie ait à nous remercier autant pour les avoir produits, que pour y avoir attaché des noms honorables. Les sciences aujourd’hui avancent à grands pas; jamais peut-être leurs conquêtes n’ont été plus rapides. Si, dans ce mouvement intellectuel , il devient difficile de suivre les marches forcées qu’on est obligé de faire, il est plus difii- cile encore de briller aux premiers rangs. Il n’est peut-être pas de nation en Europe, qui, si l'on considère son point de départ, se soit élancée avec plus d'ardeur que la Belgique, dans toutes les voies qui étaient ouvertes devant elle. Cette activité aventureuse luia souvent réussi, et lui a mérité même plus d’une fois les applaudis- sements des autres peuples; mais, pour que des progrès soient réels, il faut qu'une nation marche avec ensemble et que toutes ses parties fonctionnent avec unité. L'académie a son rang déterminé dans ce mouvement général. Elle doit chercher surtout à ne pas se placer en dehors des grandes questions qui s'agitent autour d'elle, et juger si la sphère dans laquelle elle se renferme n’est pas trop resserrée. C’est pour faciliter un pareil jugement, que son secrétaire est chargé de lui présenter périodiquement un tableau rapide des travaux qui ont été exécutés dans le cours de l'année. Vous le savez, Messieurs, les attributions de l'académie sont fort étendues ; elles embrassent d’une part les sciences mathématiques, physiques et naturelles , et de l’autre, les sciences historiques, philosophiques et politiques; elles ne sont pas moins importantes, si l’on considère qu’elles s'étendent à une foule de questions qui concernent notre ( #16 ) agriculture, notre industrie, nos travaux publics, ainsi que les besoins qu'ont fait naître nos institutionsnouvelles. L’académie, d’ailleurs, n’a pas seulement des devoirs à remplir envers le pays; elle en a encore à l'extérieur, si elle veut occuper dignement un rang parmi les corps sa- vants de l'Europe, qui, placés à un point de vue plus élevé, travaillent, en dehors des temps et des lieux, pour arriver à la connaissance des grandes lois de la nature. Depuis sa dernière séance publique, l'académie a reçu les quatre mémoires suivants, qui appartiennent à la classe des sciences : Un résumé des expériences faites par M. le professeur Schwann, pour reconnaître si la bile joue dans l’écono- mie animale un rôle essentiel pour la vie ; Deux mémoires de M. Van Beneden sur les différents po- lypes bryozoaires qui habitent la côte d’Ostende ; Un essai d'énumération critique des ichneumons de la Belgique, par M. Wesmal. L’académie a également ordonné l’impression des ou- vrages suivants, qui lui ont été adressés par des savants nationaux et étrangers : Notice géologique sur le département de l’Aveyron, par M. Marcel de Serres ; Mémoire relatif aux tremblements de terre ressentis en France et en Belgique depuis le IV° siècle, par M. Alexis Perrey ; Mémoire relatif à la cohésion des liquides et à leur ad- hésion aux corps solides , par M. Donny ; Essai de coordination des causes qui précèdent, produi- duisent et accompagnent les phénomènes électriques , par M. Peltier ; Mémoire concernant les étoiles filantes périodiques du ( 417 ) mois d'août ; et, en particulier, sur leur apparition de 1842 , par M. Houzeau ; Description architectonographique de la crypte souter- raine de l’église de St.-Pierre à Anderlecht-lez-Bruxelles, par M. Vander Rit. Ces différents ouvrages sont destinés à paraître dans le recueil des Mémoires couronnés et Mémoires des savants élrangers, avec les trois écrits suivants, aux auteurs desquels nous aurons à remettre tout à l'heure les médailles qui leur ont été décernées à notre dernier concours : Un travail sur l’origine de la famille des Berthout, les progrès de sa puissance et l'influence qu’elle a exercée sur les affaires du pays, par M. le chevalier Vanden Branden de Reeth ; Un Mémoire sur la circulation dans les insectes, avec des recherches pour la reconnaître dans les larves desdiffé- rents ordres de ces animaux, par M. Verloren, d'Utrecht; Un écrit ayant pour objet d'étendre aux surfaces la théorie des points singuliers des courbes, par M. Simonis. L'académie a reçu , en outre, un grand nombre de no- tices et de renseignements qu’elle a insérés dans les diffé- rents Bulletins de ses séances. Il me serait impossible de les énumérer ici sans dépasser les limites que je dois né- cessairement m'imposer, pour ne pas abuser de l’atten- tion que vous voulez bien m’'accorder. Je dois également passer sous silence les nombreux rap- ports qui ont été faits dans le cours de cette année, bien que ce genre de travail très-pénible et parfois très-ingrat, rentre essentiellement dans les attributions d’une académie qui apprécie convenablement sa position. C’est en effet vers elle, quand elle à su mériter la confiance publique, que les amis des sciences aiment à tourner leurs regards pour re- (418) cevoir des conseils et des ‘encouragements; et c’est de la manière dont elle répond à cet appel, que dépendent les services qu'elle peut rendre. Les rapports permettent encore aux membres de s’éclai- rer des lumières de leurs confrères et de provoquer sur leurs travaux un examen consciencieux de la part de juges compétents, en même temps qu'ils fournissent à l’acadé- mie des garanties sur la valeur des écrits qu’elle destine à ses collections. Supprimer les rapports, ce serait mécon- naître un des principaux avantages qu'on est en droit d’at- tendre des corps savants. Le recueil des Mémoires et celui des Mémoires couronnes, qui se composent maintenant de trente-trois volumes, formaient autrefois les seules publications de l’Académie; et le format in-4° dominait encore exclusivement, sans paraître trop incommode. A côté de ces collections est venue se placer , depuis, celle des Bulletins, dont l'allure dégagée et le laisser-aller semblent se prêter mieux aux idées actuelles. Aujourd’hui plus que jamais on s’effraie des longs travaux, müris dans le silence du cabinet. Il est du reste des observations utiles, des remarques intéressantes qui ne sont pas de nature à former l’objet d'un mémoire, et qui méritent cependant d'être portées à la connaissance du public. Il est avanta- seux aussi de mettreles corps savants plus en contaet avec le reste de la nation. Les Bulletins semblent done répondre à un besoin de l'époque, et l'académie de Bruxelles a été l’une des premières à le sentir. A la fin de cette année, la collection,commencéeen 1852, comptera 17 volumes in-8°. On a pu craindre que ce genre de publication ne portàt préjudice à la collection des mémoires, et ne fût un en- couragement pour travailler avec précipitation. On y à ( 419 ) trouvé les mêmes avantages et les mêmes inconvénients qu’à la presse périodique, ce nouveau Protée de notre âge, qui emprunte mille formes, non pour échapper à l’auteur, mais pour l’enlacer plus sûrement dans ses étreintes séduisantes. Un des principaux obstacles à la création des grandes choses, c'est le défaut de centralisation; comment former des institutions utiles et qui présentent des chances de durée, quand on rencontre partout des éléments intellec- tuels , qui , loin de chercher à s'unir, semblent obéir à des forces répulsives. Les travaux particuliers mêmes devien- nent à peu près impossibles, au milieu des préoccupations qui nous entourent; et l’on conserve rarement la persévé- rance nécessaire pour terminer de grandes entreprises. L’académie saura éviter de pareils écueils et réaliser le vaste plan qu’elle a conçu de doter le royaume d’une carte archéologique. Son appel a été entendu dans toutes nos communes, l'appui qu’elle a reçu du Gouvernement, et les nombreuses réponses que les autorités civiles et ecclésias- tiques se sont empressées de lui communiquer, sont de nouvelles garanties pour la réussite de cette œuvre vérita- blement nationale. Je vous ai fait connaitre, l’année dernière, Messieurs, le succès qu’obtenait un autre plan, également conçu par l'académie, et qui a pour objet l'étude de tous les phéno- mènes pémodiques qui se rattachent à la connaissance de notre planète. Celle vaste entreprise a reçu l’assentiment des principaux savants de l'Europe ; mais, contrairement à ce qui arrive d'ordinaire , c’est son succès même qui lui est devenu fatal. Les travaux qu'elle nécessitait n’ont pas permis de la continuer (1). (1) Munich est devenu, depuis, le centre du système des observations qui se rapportent à la météorologie, ( 420 ) De ces observations, du reste, surgissent déjà quelques résultats intéressants, et spécialement pour Bruxelles. Ainsi, d'après Herschel, notre ville serait un des points les plus remarquables du continent, pour ce qui concerne la pression atmosphérique et la marche annuelle des vents. Combien ne devrions-nous pas attacher de prix à vérifier et à constater un pareil résultat? Plus heureux que l’année précédente, nous n’avons à regretter, depuis notre dernière réunion publique, aucun de nos confrères dans ce royaume; mais il n’en est pas de même à l'extérieur. La classe des lettres et celle des sciences ont chacune été frappées dans l’une de leurs illustrations. La classe des sciences a perdu M. Geoffroy de Saint-Hi- laire, au mois de juin dernier. Vous savez tous, Messieurs, quel prix ce célèbre naturaliste attachait aux liens qui l’u- nissaient à notre académie et l’intérêt qu'il prenait à nos travaux. En inscrivant, il y a dix ans, son nom parmi ceux de nos correspondants, ce n’était pas seulement un hom- mage que nous rendions à ses talents, ©’était encore un témoignage de reconnaissance que nous voulions lui donner. Les distinctions académiques doivent en effet avoir ce double caractère; et le titre de correspondant indique assez qu'il ne s’agit pas d’un stérile honneur que l’on confère. Envisagé sous ce dernier point de vue, il serait dédaigné de celui qui le reçoit, et ne porterait aucun fruit à celui qui le donne. M. de Navarette, que la classe des lettres a perdu le 8 oc- tobre dernier , avait été nommé à la fin de 1842, et n'avait pu nous rendre encore les services que nous étions en droit d'attendre de lui. Placé à la tête de l'académie royale d’his- toire de Madrid, ce vénérable savant pouvait, par sa posi- ( 421 ) Lion et son savoir , contribuer à répandre les plus grandes lumières sur l’époque à jamais mémorable, où des pages de notre histoire se sont mêlées aux annales de l'Espagne. La science, en interrogeant aujourd’hui ces pages, ne voit plus, à travers le sang qui les souille, que les utiles leçons qu'on en peut recueillir. Pour les nations comme pour les individus, il vient un temps où les choses se jugent sans passion ; où les haines et les vengeances personnelles se taisent, et où la justice seule élève enfin la voix. C’est sur cette époque qu'il con- vient de fixer toujours les yeux; mais, s’il est nécessaire de savoir vers où l’on marche, il ne l’est pas moins de savoir par où l'on a passé, et de s'arrêter de loin en loin sur la route, pour s’en rendre compte. Les fonctions dont vous m'avez honoré , Messieurs, m’o- bligent à vous présenter, annuellement, un tableau sem- blable; d’autres le traceraient avec éloquence; mais per- sonne, j'en suis persuadé , avec un désir plus sincère d'être vrai et de n’avoir à rappeler en même temps que des souvenirs nonorables. — M. le baron de Reiffenberg a pris ensuite la parole et a lu une notice intitulée : Une existence de grand seigneur au XVI° siècle. Notice lue par M. le baron de Reiffenberg. J'en demande pardon à mes maitres, il n’y a plus, il ne peut plus y avoir de grands seigneurs. Le grand seigneur est relégué parmi ces énormités fossiles que la nature s’est fatiguée de produire ; c’est une espèce de mastodonte so- cial que contrefont les géants-nains d'aujourd'hui. Disons- ( 422 ) le hardiment : il n’y a plus de grands seigneurs : à peine reste-t-il des rois. Quelques réclamations s'élèvent de temps à autre contre cette dure vérité: protestations passagères et inutiles; quelques tentatives d'imitation du passé attirent en courant les regards : parodies frivoles et souvent bur- lesques. Quant aux papiers timbrés qui, se chargeant d’en- registrer à tant la ligne les diners, les raouts et les bals, peuplent les moindres salons , les plus humbles mansardes de personnages de distinction, on sait à quoi s’en tenir sur leur témoignage et leur exquise connaissance du monde. Le grand seigneur suppose quatre ehoses : le nom, le privilége , la puissance et la richesse. Avec notre noblesse verbale et sans racines, avec notre aristocratie financière et bureaucratique , l'égalité devant la loi et le partage iné- vitable des fortunes, surtout avec nos mœurs et les idées qui nous dominent, pouvons-nous réaliser encore ce rêve de notre orgueil ? Où sont ces races qui, par la transmis- sion séculaire d’un rang exceptionnel , par la précaution fanatique d'éviter les mésalliances, par l'habitude d'une élévation continue et incontestée , par la possession enfin d'une fortune inaliénable et toujours croissante, pouvant croire qu'un sang plus pur coulait dans leurs veines, qu'elles étaient nées pour la domination, que leur supé- riorité était de droit divin, manifestaient dans tous les actes de la vie une fierté tranquille et protectrice, une di- gnité imposante et naturelle, une confiance parfaite, une libéralité magnifique ? Rien de tout cela n'existe à présent. Les races se mêlent et se croisent; les plus anciennes , les plus illustres , pactisent avec le besoin , l'intérêt , l'opinion, la peur. Le pouvoir est flottant, passager et timide; il n’est point de position qu’on n’attaque, point de grandeur que l'envie, la malignité, l'esprit de nivellement ne met- ( 4233 ) tent en question, ne flétrissent et n’abaissent. Le sol se morcelle à l'infini ; l'or passe de mains en mains, les crispe et les salit; la prodigalité est spéculatrice, le luxe parci- monieux, le faste égoiste : quelque chose de marchand et de pharisaïique perce jusque dans les splendeurs les plus éblouissantes; on veut de l'éclat à bon marché, de l’aris- tocratie à la Rumford ; on serait volontiers fier et digne, on n'est que vain et impertinent , qui se targue d'être grand n’est que guindé. Le plus sûr est de rester dans la foule. Pour ne parler que de la manière de tenir maison, voyez quelle différence! Olivier de la Marche nous a transmis l'état de celle des ducs de Bourgogne, et M. Michelet a peint des plus vives couleurs la magnificence effrénée de ce Warwick, qui faisait et défaisait des rois, mais que défit enfin le fer d’un obscur archer. Nos plus opulents souve- rains craindraient à bon droit de se ruiner en suivant de pareils exemples. N’ont-ils pas gagné à s’en éloigner? C’est là une autre question. Il est certain que le comfort et la liberté ont remplacé le luxe massif, le cérémonial tyran- nique. Ces rois, en effet, qui passaient leur journée la couronne en tête et le sceptre à la main, dormaient sans chemise : une armée de serviteurs ne les abordait qu’à ge- noux, et ils étaient mal servis; une étiquette imposante réglait tous leurs mouvements, et ils périssaient de fatigue et d’ennui. Ces maîtres absolus étaient esclaves d’un vain formulaire. Que conclure de ce qui précède? que la vie intérieure a dû changer comme la vie publique; qu'une aristocratie forte, permanente, superbe, étant devenue impossible, il faut se résigner à une existence commode, unie et bour- geoise, sans viser à une copie maladroite et risible d’un ( 424 ) régime à jamais détruit. Une médiocrité facile, une éga- lité jalouse, tel est le caractère du siècle. Ne nous en plai- gnons pas trop : il a aussi ses avantages si on le prend dans son air ; l'abus, c’est d’en vouloir sortir. Gonfondre un plat à barbe avec l’armet de Mambrin, un méchant cabaret avec les châteaux des Amadis et des Galaor, est une aberration qui n'est permise qu'à Don Quichotte, le plus sensé des fous, le plus aimable des rêveurs. Mais si la réalisation pratique d’un temps qui n’est plus serait une entreprise absurde, il est curieux et instructif de bien connaître cette époque et d’en rechercher les ima- ges fidèles. Pour comprendre et accepter franchement le résultat où nous avons été conduits, il est nécessaire d’en connaître les prémisses. L'histoire des transformations de la société et des vicissitudes morales est une des plus abon- dantes en leçons de modération et de sagesse. Les mémoires du due Charles de Croy sont un de ces tableaux vivants et animés des mœurs anciennes, où l’art n’a mis aucun de ses artifices. Ils sont naïfs par le fait seul de toute absence de précautions littéraires, par l’expres- sion d’un orgueil sincère et convaincu. Un hasard heureux nous en ayant fait rencontrer le manuscrit original, nous avons pensé que leur publication éclairerait d’une lumière nouvelle la situation de la Belgique à la fin du XVF° siècle. Éditeur, nous abdiquons le droit de surfaire l'ouvrage que nous exposons en lumière. Füût-1il cent fois meilleur, nous redouterions les inconvénients d'un éloge exagéré. Prenons garde : le ridicule atteint les renommées les plus vénérables, et Gœthe, par exemple, est presque comique à travers les adorations en faux toupet et les ingénuités ridées de sa Bettina. La révolution qui éelata au sein des Pays-Bas, et qui ( 425 ) devait hâter l’anéantissement de la féodalité, rendit mo- mentanément à celle-ci de la vigueur et de l'importance; car chacun, lorsque l’autorité centrale ne se faisait plus sentir, recouvrait son indépendance individuelle, et pesait à son choix dans la balance des partis. Ceux qui jouis- saient à la fois de l'autorité du rang et de celle de la ri- chesse étaient recherchés par les factions contraires et devenaient, dans ce désordre et ce conflit, une fraction agissante de la souveraineté. Le due de Croy est le haut baron du moyen âge; le seigneur féodal dans son altière majesté. Dès qu'il s’est retiré de l'insurrection, il recon- naît un roi, mais ce roi est plutôt son cousin que son maître; quant à lui, il ne possède pas de simples domai- nes, il a des états, il ne les administre pas en propriétaire, il règne. Il était le chef de nom et d'armes de cette colossale maison de Croy qui, depuis un siècle et demi, par les ser- vices et les talents de ses membres, par une faveur habi- lement ménagée, par des alliances éclatantes et des acqui- sitions opportunes, était devenue une des plus puissantes et des plus illustres de l’Europe. L'empereur Maximilien [°, dans le diplôme d’érection de la terre de Chimai en prin- cipauté, l'an 1486, et dans un autre de l'année 1510 en faveur de l’évêque de Cambrai, déclare que la famille de Croy tire son origine des rois de Hongrie (1). Ce sont les premières mentions officielles de cette descendance que (1) £Zx illustribus de Croy descendentibus ex vera et legitima progente seu origine Regum Hungariae. — Cum et origo nobilitatis tuae (Jacobi de Croy , episcopi Cameracensis), a Serenissimis Regibus Hungariae originem trahat. { 426 ) nous ne révoquerons pas en doute, mais sur laquelle les documents historiques jettent quelque nuage, des écrivains de poids ne donnant qu'une fille à André IT, surnommé le Vénitien, sans parler de Félix ni de Marc dont se récla- ment les Crouy-Chanel et les princes de Croy. Cette ques- tion généalogique, que nous laissons intacte, a suscité un procès dans lequel les Crouy-Chanel ont refusé à leurs adversaires tout partage dans la parenté royale de Hon- grie, tandis qu’un gros volume, publié en 1790 à Grenoble, à une époque où la révolution française, qui marchait à grands pas, rendait moins attentif aux prétentions nobi- liaires, adopte un autre système suivant lequel les Crouy- Chanel et les princes de Croy seraient de même souche (1). Nous nous contenterons de remarquer que, si un examen (1) Chronologie historique des ducs de Croy. Grenoble, J. M. Guchet, 1790, in-8°. Cf. Isaac de Malmedi, Traëlé ou brief discours de l’origine et descente de la maison de Crouy ou de Croy, en Picardie , ducs d’Arschot. Paris 1566, in-8o; le livre de Jean Scohier, cité tout à l'heure; Jacques de Bie et non de Brie, comme dans Fontette, n° 42064 : Généalogie et descente de la maison de Croy, avec les portraits en pied des principaux de cette maison. Anvers, in-fol. Ce livre est rare et cher. Il contient : 1° les arbres généalogiques de la famille , en commençant à Adam et Êve ; 20 les portraits en pied des seigneurs et dames de la maison de Croy , gravés à Anvers, par Jacques de Bie, vers 1620 ; 5° les châteaux qui leur appartenaient. Cet ou- vrage paraît ne pas avoir été mis dans le commerce; les cuivres appartenant à la famille, il est probable qu’on n’a fait présent que de peu d'exemplaires. On ne trouve pas dans chacun le même nombre de planches. Celui de la bi- bliothèque royale (F. V. H., n° 25709) en a 44. Une légende remplace le portrait de Charles de Croy, mais on y voit celui de sa première femme, Marie de Brimeu , dont la physionomie n’annonce pas la bonté. Elle y est avec les titres suivants : illustrissime et excellentissime dame Marie de Brimeu , héri- tière de ladite maison, comtesse de Meghem, vicomtesse de Dourlens , ba- ronnesse d’Humbercourt, dame de Housdain, Coullemont, Cousturelle, Mondricourt, Famechon , Pumerasse , Hurtebise, Gorgeson , Rochefay , Es- ( 427 ) plus approfondi à pu établir ensuite la postérité de saint Étienne, George Chastelain, qui passait pour très-versé dans le blason , ne semble pas en avoir eu connaissance (1), et que, vers la fin du XV: siècle ou le commencement du XVI° siècle, des généalogistes intéressés et flatteurs imagi- nèrent, pour plusieurs familles éminentes, des romans héraldiques qui leur attribuaient des ancêtres couronnés au lieu des dignes et braves chevaliers d'où elles étaient perlecques, Gezincourt, Gorges, Youcourt, Montigny, Noli-L’Hospital, Houdicq, Sorus, Zelucques , Brimeu , etc. Après ce portrait, dans l’exemplaire de la bibliothèque royale, vient celui en buste de Marie-Claire de Croy , duchesse d’Havré , gravé d’après Van Dyck, par Conrad Waumans. Généalogie de Mailly, 1757, page 191: Pontus Heuterus, page 48 ; Étienne de Cypre. Les généalogies des soixante-sept très-nobles et très-illus- tres maisons, etc. Paris, 1587; p. 113, Butkens, Trophées de Brabant, IL, pp. 251 et suiv.; Christyn, Jurisprud. heroica, 1, 247 ; Chevillard , Généalogie et descendance de noble maison de Croy. Paris, 1715, en une seule planche de5 feuilles in-8°; Adr. La Morlière, Antiquités d'Amiens, etc. Paris, 1642, in-fol.; Carpentier, Æist. de Cambrai, passim; notre édition des Mémoires de J. Du Clercq, 2° édition, t. IV , pages 511 et suivantes. Sur les anciennes sépultures du cloître des Célestins d'Héverlé, aujourd’hui détruit , voir pages 281 et 282. Voici comment en parle Abraham Goeltnitz, p. 114 de son Ulysses Belgico Gallicus. Lugd. Batav. ex. off. Elzeviriana, 1651 : Æmplius ibi, res miranda : marmorea principum Croyorum et affinium singulorum monumenta : ibi genealogiam ducum de Arescot ab Adamo usque ad praesentes ultimos videbis in choro ad latera, cum eorum iconibus et nominibus. Res non Belgio sed Europae admiranda. Inter cætera, en epitaphium Caroli ducis in lapide, litteris circumcirca ex orichalco, quod ipsus sibi dicitur composuisse. (Elle est insérée p. 247 des Mémoires.) Ce passage de Goelnitz est rappelé par l’auteur de la Charlata- nerie des savants, J.-B. Mencken , 5° édition latine, Amsterdam, 1747, p. 140 ; trad. française de Durand, La Haye, 1721, p.160. (1) J'ai allégué ailleurs ces deux passages de George Chastelain , Mémoires sur le séjour que Louis XI fitaux Pays-Bas, p. 25, note. « Sije voulois ou sçavois dire , écrit-il, l'autorité, le degré et le haut estat Tom. x1. 30. ( 428 ) effectivement issues. Au surplus, les Croy sont en mesure de se passer de ce genre de gloire. Quand on à le droit, comme eux, de citer une longue suite de guerriers intré- pides, d'hommes d'état du premier mérite, quand, à partir du XIV: siècle, on compte d’une manière avérée, parmi ses alliances, les maisons de Craon, de Soissons, de Péquigny, de Lorraine, de Luxembourg , d’Albret, de Bavière, etc., on se dispense aisément d’invoquer d’autres titres. On ne s’est pas borné aux rois de Hongrie, en ce qui concerne les Croy; au moyen de Félix, fils d'André ITT, on est remonté à Attila. Mais arrivé à ce point, au lieu de crier holà! on a éprouvé quelque honte de s'arrêter en si beau chemin, et l’on est passé tout bonnement au déluge; que dis-je ? jusqu'à Nembrod , jusqu’au père des hommes, Adam! Chacun sait l’anecdote de cette prétendue peinture de la submersion du globe, dans laquelle un personnage nageant autour de l'arche, et soulevant un rouleau de pa- pier au-dessus des vagues, comme on a représenté César avec ses commentaires, criait de tous ses poumons : Sauvez les titres de la maison de Croy! Ce petit conte, qui rap- pelle celui du duc de Lévis ordonnant à son cocher de le conduire chez sa cousine, chaque fois qu'il allait à la messe dans l’église de Notre-Dame, ne messied pas à une race décorée de tant de solides réalités. Dans les fastes domestiques des Croy, on lit les noms de ce Croy et des suites ou dependans de luy , ce seroit à peine chose créable. Et n’a point esté veu en ce royaulme homme pareil à luy , ni si accollé depuis deux cents ans. » Chronique, ch. CCIX. Plus haut le sire de la Roche-Nolay , répétant au même seigneur les propos du peuple, dit: « Croy recognoit bien le bénéfice qu’il a receu en ceste maison , l’eæaltation de sa linée par son bon maître. il n’est ni de l’estat royal ni de princial ventre; il est simple chevalier.» 1bid., ch. CHI. De ne te à D dan mé Se à ( 429 ) de Jean, grand boutillier de France, tué à la bataille d’Azincourt avec son fils aîné; d'Antoine, surnommé {e Grand, un des premiers chevaliers de la Toison d’or et dont une des filles épousa un comte palatin de Deux- Ponts; de Guillaume, sire de Chièvres, surnommé le Sage, gouverneur de Charles-Quint (1), et de quantités de fem- mes spirituelles et gracieuses, d'hommes distingués à la guerre et pendant la paix. Le duc Charles était le fils aîné du troisième due d’Ar- schot, de ce Philippe de Croy si hautain et si fidèle, qui portait une médaille de la Vierge à son chapeau, quand les ennemis de Granvelle avaient adopté pour devise une ma- rotte de fou et un faisceau de flèches, et qui représentait à la fois le principe monarchique et catholique. On a discuté sérieusement si les mots célèbres : Ce ne sont que des queux, avaient été dits à l’occasion des confé- dérés et qui les avaient prononcés, le comte de Berlaimont ou le duc d'Arschot. Non-seulement ces paroles ont été proférées, mais elles ont dû l'être. On les répète même à cha- que révolution et on a sujet de les répéter, car dans toute crise de cette espèce se lancent d’abord des hommes obé- rés, des hommes sans fortune et qui aspirent à s’en créer une. Ce spectacle frappe plus la multitude que la pensée politique, cause efficiente du mouvement. D'ailleurs ces (1) Le musée de Bruxelles possède un portrait contemporain du seigneur de Chièvres, porté, dans les catalogues de 1821, 1837 et 1859, sous les no* 287 bis et 284. Ces catalogues annoncent d'abord qu'il est peint dans la manière de Van Orley , puis on y présume que c’est l'ouvrage d’Holbein. Nous nous proposons de donner ce portrait, avec beaucoup d’autres, dans une édition entiérement refondue etcomplétée de notre Æstoire de la Toison d’or. ( 430 ) mots sont caractéristiques, c’est en quelque sorte la voix du sang. Les ancêtres du duc d’Arschot préférèrent des étrangers au duc de Bourgogne qui les comblait de biens; mais ce n'étaient pas des gueux : sur les descendants d’un cadet de France, ils avaient donné le pas au roi de France. Dans cette circonstance encore, leur petit-fils croyait de son honneur de ne pas déserter le roi des Espagnes et des Indes, le roi catholique, pour une tourbe qu'il méprisait et dont les meneurs, malgré leur qualité, lui paraissaient à peine des égaux. Presque à la veille de l'insurrection, le 11 juillet 1560, naquit à Beaumont Charles de Croy. Marié à l’âge de vingt ans (1) et, comme il le dit lui-même, dans sa jeunesse bouillonnante, à Marie de Brimeu, qui avait environ dix ans de plus que lui; il se laissa gouverner par cette femme maladive et impérieuse, et poussa la faiblesse jusqu’à em- brasser le calvinisme à son instigation. Le duc d’Arschot, qui avait exigé ce mariage sans tenir compte des répugnan- ces de sa famille, en éprouva bientôt un amer repentir, et sa douleur ne fit que s’accroître en voyant son héritier passer à l'ennemi. Marie de Brimeu , à en juger par ce qu’en écrit son mari (les maris ne sont pas toujours des autorités en ces ma- tières) , était d’une humeur acariâtre et despotique. Ajou- tons un correctif à cette censure. Elle aimait les plantes et les fleurs, passion douce qui s'allie mal avec la dureté du cœur, et Clusius lanomme dans ses Plantae rariores (2). (1) En 1580, le Suppl. au Nobiliaire des Pays-Bas, p. 152, met 1585. (2) Clusius avait vu à La Haye , en 1594, la plus grande espèce d’oranger- limonnier qu’il connüt ; elle avait été envoyée par le savant médecin Bernard | | | ( 431 ) Cependant, malgré son ascendant et les eflorts du prince d'Orange pour retenir Charles dans le parti de la révolution , il tàchait secrètement de briser un joug qui lui était odieux et d’expier une double défection dont il rougissait. Il souffrait avec peine que les Français se fus- sent introduits en Belgique à la suite du duc d'Anjou; il gémissait de l’anarchie et se sentait humilié de plier sous le prince d'Orange. Ayant traité secrètement avec le due de Parme, il se mit à la tête des malcontents et parvint à ramener une partie de la Flandre à l'obéissance. L’excuserons-nous de s'être ligué contre la liberté de son pays ? Ceux qui professent , avec MM. Balmes et Romo, l'opinion que depuis le XV[° siècle le protestantisme a été en Europe le seul ennemi de la liberté, répondront sans hésiter par la négative. Mais ces sentences absolues rendent rarement l’exacte vérité, et la synthèse des deux spirituels espagnols ne nous paraît pas plus admissible que celle qui ne fait entrer la liberté dans l'Europe moderne qu'avec la réforme. Cette liberté, qu'on n’extirpera jamais, puis- qu’elle a sa racine dans les profondeurs de l’âme et qu’elle est une des conditions nécessaires de notre existence, se développait depuis des siècles dans le gouvernement des nations , et elleest loin d’avoir encore atteint sa forme dé- finitive, si jamais rien de définitif existe dans les choses de la terre. Certes, le duc de Croy ne la comprenait pas Paludanus, à la princesse de Chimai (Marie de Brimeu). Plantar. rarior. lib, 1, 1601, in-fol., p. 6. Il ne faut pas confondre Marie de Brimeu avec Marie de Brimeur , femme de Conrad Schetz, et dont Clusius parle souvent, pp. 53,66, 137, etc. Voy. l’Æistoire des lis, narcisses, fritilaires , ete., de M. Morren, et les Notions élémentaires sur les sciences naturelles et physiques (Botanique), par le méme, ( 432 ) comme nous; mais tout prouve qu’en reniant l'opposition armée, il ne se constituait aucunement l’auxiliaire de l'oppression. Son amour de la règle, sa passion de l’ordre et du droit se seraient-ils accommodés de l'arbitraire? Un auteur calviniste, qui vécut au milieu des événe- ments qu'il raconte, François Le Petit, le juge avec beaucoup de sévérité, et, de l’aveu de Charles de Croy, il s'éleva alors contre lui un violent orage : ses proches mêmes crièrent à la perfidie , à la trahison; mais son père approuva hautement sa conduite. « Ce seigneur, dès sa jeunesse, dit Le Petit (1), avoit été bien instruit et étoit d’un entendement vif, que toute- fois il appliqua depuis fort mal : étant poussé d’un esprit ambitieux à se faire grand, il quitta le parti que tenoit son père, à savoir celui de l'Espagnol. Premièrement sous le manteau de la religion , à laquelle il se montroit ar- demment zélé (2) (l'issue de ses desseins ayant depuis montré quel pouvoit être le cœur) , il ne laissoit pas échap- per un seul prêche qu’il ne s’y trouvàt, communiant plus souvent à la scène que nul autre. Même écrivit un livret par lequel il louoit la religion protestante et élevoit le due d'Anjou jusqu’au ciel, au blâme et suppression de l’Espa- gnol qu'il dénigroit autant qu'il pouvoit (5). Tellement que si ce n’eüt été que sa mère, issue de la maison de Halewin, ennemie jurée de la religion, du prince d'Orange (1) La grande chronique ancienne et moderne de Hollande. Dordrecht , 1601. in-fol., IT, 484. (2) Haraeus ( Annales, 11, 562) : Orangianis et calvinianis mille mo- dis Chimaïum execrantibus, ac specie reliogionis reformatae se ab eo de- ceptos clamilantibus. (5) L'existence de cette brochure est au moins fort équivoque. one ‘= à ( 433 ) et de tous ceux de la maison de Nasseau, il eût bien pu parvenir au mariage de la fille aînée dudit sieur prince d'Orange. Or, sous ce masque de religion, ayant épousé madame Marie de Brimeu, comtesse de Meghem, veuve de Lancelot de Berlaimont , dame fort affectée à ladite reli- gion, il alla premièrement à Bruges, où il fut aussitôt fait gouverneur, et guère de temps après aveuglissant le monde par sa belle parade de religion, reçut pareillement le gou- vernement de toute la Flandre. Durant lequel, et signam- ment depuis la retraite du duc d'Anjou, les affaires étant ainsi brouillées par toute la Flandre, à quoi tout le plus il tenoit la main, ses déportements commencèrent à être suspects au prince d'Orange , auquel toutes ses manières de faire si bigottes ne pouvoient plaire, tant qu'une fois il lui écrivit de vouloir autrement régler et modérer la dévotion qu’il montroit porter à Dieu, l'affection à la pa- trie et le respect à son honneur propre : ce qui toutefois eut peu de crédit et moins d'effet en son endroit, comme est assez à appercevoir par un petit discours qui lui a été dédié, imprimé à Dusseldorf, auquel tous ses déporte- ments lui sont par ordre remis au devant (1). » Cet écrit, qui n’a été imprimé qu'en 1588 , au lieu (1) « Histoire véritable des choses les plus signalées (sic) et mémorables qui se sont passées en la ville de Bruges , et presque par toute la Flandre, » sous le gouvernement de très-illustre prince Charles de Croy, prince de » Chimay. etc. , où bien amplement sont contenus les causes et les moyens » par lesquels , sous la conduite et authorité dudit seigneur prince, les villes » deBruges et de Dam, ensemble le territoire et pays du Franc , se sont ré- » conciliés avec leur prince et seigneur naturel. Traicté très-utile pour des- » couvrir les practiques et sinistres versations de ceux qui , soubs prétexte de » defliance, empeschent aujourd’hui la paix et le repos des Pays-Bas. Anno »n 1588, » (La dédicace est datée de Dusseldorf, le 12 mars.) Petitin-12 , de ( 434 ) d'être une satire du due Charles, alors prince de Chimai, est une apologie ouverte à laquelle il semble avoir eu une part directe, puisqu'elle se trouve reproduite presque en entier dans les mémoires que nous publions. Charles de Croy ne rentra point à la légère dans le gi- ron de l’église catholique, sa conversion ne fut pas un de ces brusques revirements , de ces retours inopinés, si fré- quents en politique , et qui sont inspirés par l'intérêt plu- tôt que par la conviction. Il rend compte avec beaucoup de bonne foi des motifs qui l'avaient porté à abandonner la croyance de ses pères et de ceux qui finirent par l’y rame- ner (1). Il est difficile de croire, en pesant ses paroles, que Le Petit ait été impartial à son égard. Une fois rallié à la cause royale, il ne s'en détacha plus #*, la servit avec zèle. On apprendra dans ses mémoires quelle fut la nature de ses services. Il passe sous-silence , lui qui se plaît tant à tout particulariser , le repas donné en 1581 sur le pont élevé devant Anvers, par le duc de Parme, et destiné à être détruit le lendemain par ceux mêmes qui l'avaient construit. Circonstance petite, si l’on veut, mais martiale et pittoresque. Il faisait beau voir , en effet , sur cette terrible machine, ouvrage de leur audace et de leur persévérance , tant de nobles et braves capitaines , les Croy, les Renty, les Varembon, les Mansfeldt, les Manrique, les Del Guasto , les Cajetan, vider joyeusement leurs verres en face de ces canons qu'ils avaient réduits au silence, et chanter, sur des airs soldatesques la victoire et le triom- 35 feuillets non chiffrés. Réimprimé dans les /nnales de la société d’émula- tion pour l’étude de l’histoire et des antiquités de la Flandre , t. IX, 2 série, n° 1-2, pp. 119-179. (1) Page 56. cmt tif Éd coiffe. ( 435 ) phe de leur général (1)! En 1588, il alla au secours de l'archevêque de Cologne avec un corps d'armée dont il eut commandement en chef, portant la cornette générale dé- ployée derrière lui, et quesaluaient tous les étendards, cor- nettes , guidons et enseignes : point sur lequel il insiste et revient à plus d’une reprise. Nommé en 1597 gouverneur du comté d’Artois et investi du commandement de l’armée opposée au maréchal de Biron , il n'oublie pas de rappeler qu'il reçut tous les honneurs qui appartenaient à un géné- ral, excepté pourtant, paraît-il ajouter avec un profond soupir , cette bienheureuse cornette déployée derrière lui. Précédemment, en 1595 (2), il avait été établi grand bailli de Hainaut. En 1595 il devint le chef de sa maison, par la mort de son père , arrivée à Venise. Des lettres du roi de France, Henri IV, du mois de juillet 1598, érigèrent en duché sa terre de Croy. L'année 1599 lui valut le collier de la Toison d’or (5). Ce fut une des dernières faveurs accordées par le roi Philippe IT, qui avait supprimé de fait les chapitres de l'ordre et changé sa constitution primitive. Le 18 avril 4605, la mort de Marie de Brimeu le délivra de la captivité, des peines et des travaux qu’il avait endurés avec elle (4). IT en était séparé depuis longtemps. Il ne prolongea pas son veuvage. Environ huit mois après le décès de M"° de Brimeu, il épousait sa cousine germaine Dorothée de Croy, fille aînée du marquis d'Havré, (1) Strada , Decad. altera , lib. VIT. (2) Page 254. Le Suppl. au Nobiliaire des Pays-Bas , 151, dit 1592. (5) Maurice, la Toison d’or , page 322. (4) Page , 72. ( 436 ) son oncle, et la ville de Mons retentissait du bruit des fêtes. Il avait alors quarante-cinq ans. Antoine Vierex grava son portrait quand il n’en avait encore que trente-neuf. Ainsi qu'on peut le voir dans la copie qui orne ce volume, son front est large, son œil vif et bien fendu, son air noble, sérieux et péné- trant. Le poëte montois Alexandre Bosquet, qui signe A. B., a orné cette gravure du quatrain suivant : Vertu, savoir, noblesse, esprit, force et courage, Vivent au crayon vif de cette morte image : L’artisan au burin rapporte ici ses yeux, Et Bosquet ses valeurs d’un vers industrieux. csnisitr Des vers wallons d'Alexandre Bosquet, je rapprocherai tout de suite le madrigal latin de Jean-Baptise de Gramaye. Il ne faut pas séparer les grands hommes. Il se trouve à la fin de l’Andromede Belgica (1), dans le bocage illustre (Lucus Belgicus illustris), où le duc de Croy a le laurier pour symbole. Caroli de Croy, duci Darscot (sic). Phœbum laurus amat, a Phœbo laurus amatur ; Tu Grudios, et te Grudii. Juncti ambo virentes Martia perpetua ridetis fulmina fronde. Ce mariage se célébra avec une pompe extraordinaire. Le duc de Croy avait demandé d’abord des dispenses au (1) Joannis Baptistæ de Gramaye Anversani Andromade Belgica dicta...… acta a pædagogii Falconis alumnis tertia ab inauguratis prin- cipibus die. Lovaniüi, apud Laurentium Kellam, 1600 ; in-4°, dern. sig. M.2. Sur cet ouvrage rare de Gramaye el un autre de ses écrits presque entièrement inconnu aux bibliographes, voir le Bulletin du bibliophile belge , t. Le, 9° livr. (437) pape et l'agrément du roi d'Espagne, des archidues, et comme parents, de l’empereur, des rois de France et d'Angleterre, ainsi que de quantité de princes et de poten- tats, tant d'Allemagne que de France et d'Italie. Ces augustes alliés le traitèrent en souverain, et envoyé- rent des ambassadeurs pour assister à ses noces. Il en vint de la part du pape, de l’empereur, de l’archiduc Mathias, de l’infante Isabelle et de l’archiduc Albert, du roi catho- lique , de l’éclecteur de Cologne, de l'électeur de Trèves, des ducs de Lorraine et de Bar, du cardinal de Lorraine, du comte de Vaudemont, de la duchesse douairière de Brunswick, du duc de Juliers, du duc de Mantoue, etc. Les états de Brabant, de Flandre, de Hainaut, se firent représenter à la cérémonie; les magistrats des villes, les officiers des domaines du duc grossirent cette brillante compagnie, où toute la haute noblesse s'était donné rendez- vous. La poésie, aurait-elle été excusable de manquer à la fête ? le rimeur douaisien Jean Loys, composa un mytho- logique épithalame, imprimé dans ses œuvres, et dans le- quel, malgré l'hyperbole, il y a quelques vers dignes d’éloges. En voici la fin : Mais (muse) en quel Madril, en quel Louvre doré M’as-tu conduict ce soir pour me voir honoré, Ainsi qu’un Apollon au milieu de la trope Des plus grands demi-dieux et princes de l’Europe , Pour me voir honoré d’entrer en ce festin Où les rares présents du soir et du matin, Des forêts et de l’air, de la terre et de l'onde, Font leur table roïale en délices fécondes ? Je conteroy plustot tant de beaux lamperons, Qui redorent la nuiet de leurs estoillés fronts . (438 ) Que les illustres rances de ces grandes princesses, En port et majesté pareilles aux déesses, Qui ornent cest hymen de leurs riches joyaux Et ternissent l’esclair des plus luysans tableaux, Que de conter aussi toutes les masquarades , De tant de chevaliers, faunes et oréades, Les honnestes esbas qu’avoient à tous propos, Soubs les faveurs du bal, les dames et héros! Et toy , heureuse nuict , tesmoing la plus fidelle Des plaisirs attendus par ceste couple belle , Ne l’aperçois-tu pas que tant d’esbatements Ne sont que trop doublés au gré de ces amans ? Ne vois-tu qu’il est tard et qu’ores le guide-Ourse À tantost achevé la moitié de sa course ? Que Cyprine se face ( fdche) et que ne veut Amour Remettre ce trofé jusques au nouveau jour ? Sus (donc) viens commander que chacun se retire, L’attente à ces amans ne sert que de martyre : « Car le bien désiré chèrement est vandu » Quand plus par ses délais est de nous attendu (1). » Parmi les curateurs et mambours des enfants qui pour- raient provenir de ce mariage, on remarque avec plaisir Juste-Lipse, professeur de l’université de Louvain et con- seiller des archiducs (2). Il était bienséant que la science prit place dans cette réunion de. toutes les aristocraties, surtout chez ce seigneur qui, ami et protecteur des let- tres, épousait une jeune femme appliquée à les cultiver. On sait, en effet, que Dorothée de Croy, placée par Philippe Brasseur parmi les astres du Hainaut, s’exerçait à l’art de rimer, qu’elle a laissé beaucoup de vers fran- (1) Les Œuvres poétiques de Jean et de Jacques Loys, père et fils douysiens. Douay , Auvroy , 1612 ; in-8°, pages 950, 104. (2) Page 91. Il est vrai qu'on a attribué à Juste-Lipse la fameuse gé- néalogie des Croy depuis Adam. Chorogr. sacra Brab., IL, 155. ( 439 ) çais de sa composition, dont on garde la plupart dans la bibliothèque du due d’Arenberg, à Bruxelles, et qu'Érycius Puteanus , dont elle avait tenu une des filles sur les fonts, était un de ses confidents littéraires. Entre les manuscrits de M. G.-J. Gérard , qui ont été déposés à la bibliothèque royale de La Haye (1), il yen a un sous ce titre : OEuvres en vers de Dorothée de Croy, duchesse de Groy et d'Arschot , divisées en deux parties , l’une contenant des quatrains, l’autre des poésies sacrées. MS. de 254 pages in-fol. (2). La duchesse de Croy survécut de longues années à son mari. Sa dévotion déjà extrême alla jusqu'à l'exaltation. Sur la fin de sa vie, elle renouvela le spectacle funèbre donné par Charles-Quint. « Elle voulut, dit le Guide fidèle, être enterrée à Heverlé, dans l'endroit où le prêtre se üent lorsqu'il dit l’introit de la messe. Elle s’y fit conduire (1) Voyez l'inventaire que nous avons fait de ces manuscrits, dans les Bull. de la commission rogale d'histoire, tom Ie, 2° édit., p. 545, n° 458; (2) 11 y a des lettres originales de cette princesse parmi la correspondance de Puteanus , conservée à la bibliothèque royale de Bruxelles, section des ma- nuscrits. Voir notre notice sur ces papiers, Pulletin de l’académie, t. VIII, n° 1. Ces lettres sont malheureusement peu intéressantes. J'ai transcrit les vers de Philippe Brasseur en son honneur, page 134 des MVotices et extraits des manuscrits de la bibliothèque de Bourgogne , et j’ai inséré, page 59, le compliment qu’elle envoya à Puteanus , le 6 de février de 1614, le jour de sainte Dorothée , sa patronne. Blâmera qui voudra, le style de ta voix Et tes divins écrits d’où NAISSENT l'ambroisie, Elle n'a pas de goût pour l'ignare el l'envie : Ains agace leurs dents et cause tant d'abois, Abois qui n'ont pouvoir que d’honorer ta fame Et accroistre ton los, en accroissant leur blasme, ( 440 ) en procession en 1656, tous les religieux chantant de pieuses antiennes, pendant que, dans la cave où elle de- vait être enterrée un jour, elle adressait à Dieu ses prières, mêlées d’un torrent de larmes. » Elle mourut en 1662, âgée de près de 87 ans (1). : Ce mariage procura au duc de Croy le calme et le bon- heur. Il se livra alors sans entrave à son génie réglemen- taire ; il gouverna tout à son aise. Il mit de l’ordre dans son immense fortune, fit des lois et des statuts, et rédi- gea pour sa maison une espèce de charte d’ æ il imposa la stricte observation à ses successeurs. Un seul détail donnera une idée de son luxe. Il n'était encoreque prince de Chimai, lorsqu'il alla à l'entrée de l’é- lecteur de Cologne dans la ville de Liége. Is y montra avec trois cents chevaux et plus de cinquante gentilshommes. Duc de Croy et d’Archot, prince de Chimai, de Por- céan (terre qu’il vendit, en 1608 , à Charles de Gonzague, duc de Nevers) et du Saint-Empire, marquis de Mont- cornet, comte de Beaumont, baron de Hallewin, etc. , il tint principalement sa cour à Beaumont, où était sa cham- bre générale des comptes. Ses mémoires nous instruisent minutieusement de la manière dont toutes choses se passaient. Nous savons combien de gens étaient attachés à sa personne, quelles étaient leurs fonctions, leurs émoluments ; nous n’igno- rons pas les noms des serviteurs d'extraction noble, des personnes de condition qui tenaient à honneur de lui ap- partenir. La chambre, la table , l'écurie, la chasse, tout (1) M. E. Gens a répété le passage du Guide fidèle dans sa jolie nouvelle intitulée : Æeverlé. Brux., 1844, in-18. satiété. ne. (441) défile en détail devant nos yeux. Avec un peu de patience et un grain d’arihtmétique, nous supputerions même sa dé- pense de tous les jours. Elle effacerait celle de bien des monarques actuels. Et puis, au milieu de ces statuts d'intérieur, on ramasse par-ci par-là quelques traits qui peignent un temps de trouble, la féodalité qui se respecte, la noblesse qui a cons- cience d'elle-même. Ainsi le duc ordonne expressément qu’aussitôt qu'il se sera mis à table, le maître d'hôtel (parmi ceux qui furent revêtus de cette charge nous trouvons un sieur Van Halle, ou de Schal, et leseigneur François de Harchies), tant au souper qu’au diner, fera fermer les portes, lever le pont-levis et exigera que le portier lui apporte les clefs pour les garder. Le duc n'oublie rien. Le cadastre, la statistique de ses terres étaient tenus avec une exactitude merveilleuse. On conserve encore dans les archives du marquis de Caraman, à Beaumont, le Besogné du grand duc Croy du 11 dé- cembre 1604. D’autres besognés , indiqués dans l’inven- taire des archives de Boussu , sont rédigés avec le même soin et concernent des seigneuries différentes (1). A Beaumont, un de ces donjons gothiques, élégants et guerriers , une tour chenue, nommée la Salamandre, sans doute parce qu’elle était à l'épreuve de la flamme, contenait les archives héréditaires, les diplômes émanés des empe- reurs , des rois, des ducs et des comtes, les pieuses dona- tions aux églises et aux couventssur parchemin jauni, avec sceau appendus, les chirographes inviolablement observés, sans n0s soupçonneuses, malhonnêtes etfiscales précautions (1) Compte-rendu des séances de la commission royale d'histoire , 1. I, p. 285. Article de M. E. Gachet. ( 442 ) de timbre et d'enregistrement , et les annales de la famille. Le château d'Héverlé était aussi une des habitations fa- vorites du due de Croy. Cette terre, après la mort de Rasse Van Grave, fat achetée par Antoine de Croy (1). Le sire de Chièvre renouvela les constructions et les agrandit. Le duc Charles, ainsi que Brasseur le donne à entendre, s’occupa surtout des jardins, des vergers, des bois, des fontaines et des chemins, et y fit exécuter des travaux prodigieux (2). Mais indépendamment de ces dépenses, il rebâtit le cloître des Célestins, qui avait beaucoup souffert pendant la guerre civile, l’orna des monuments, portraits et épitaphes de plusieurs de ses ancêtres, dont il suspendit les bannières à la voûte, avec ce cri si bravache et si chevaleresque : Je maintiendray, adopté par une autre race bien plus illustre encore (5); il consacrait aussi beaucoup d'argent à ses col- lections d’art. L'élève deCornelius Valerius et du collége des trois langues (4) , l'ami de Juste Lipse et d'Erycius Putea- nus (5), recherchait les livres (6), les médailles, les (1) Voyez la table que nous avons ajoutée aux Mémoires. (2) Justi Lipsii Lovanium , p. 116. (5) Supplément aux trophées de Butkens, 1. 1, p. 269. (4) Le duc de Croy, dont la mémoire est si bonne, et qui nomme ses gouverneurs, omet le nom de Philippe Le Boucq , de Valenciennes. Cepen- dant l’épitaphe de celui-ci dans l’église de Saint-Jean, en cette ville, lui donne formellement cette qualité : Prier: Le Bouc ossa hic sita sunt, qui postquam in regendo Caro pe Croy, préncipis Chimacensis pueritia, deinde apud Philippum, co- mitem de Lalaing, hujus provinciæ gubernatorem , secretarii, etc. Voir cette épitaphe entière pp. 1453-44 de l'Annuaire de la bibliothèque royale pour 1845. (5) On lit des lettres du duc d’Arschot à Puteanus dans la correspondance manuscrite de ce dernier, citée plus haut. (6) Un des Croy qui méritent le plus l’épithète de bibliophile est Charles, le ( 443 ) pierres gravées, les tableaux, les estampes, les antiquités de toute espèce. Vinchant, dans son Histoire du Hainaut s'exprime ainsi : « Charles de Crouy, duc d’Arschot, fil en son temps grand amas de ces médailles et d’autres an- tiquailles, ce qui donna occasion à Justus Lipsius de le nommer Lucullus Belgicus (4). » Son csprit ordonnateur éclatait encore en ceci. Toutes les euriosités qu’il possédait étaient ponctuellement inven- toriées. Il en avait fait faire la description et l’histoire. C'est pour obéir à sa dernière volonté qu'on publia, à Anvers, en 1654, un in-folio intitulé : Regum et impera- torum romanorum numismata , a Romulo et C. J. Cœsare ad Justinianuin Aug., cura et impensis Caroli, ducis Croyiaci et Arschotani, olim congesta ærique incisa ; nunc locupletata et brevi commentario illustrata, etc. L'éditeur de ce beau volume est Gaspar Gevartius, qui a composé la dédicace à l'empereur Ferdinand IV, où, par parenthèse, il se tait sur le due de Croy. Mais Pavis du typographe au lecteur rappelle ce qu’en dit Juste Lipse dans la dédicace de son Syntagma de bibliothecis : « Isille est cujus (ox) vir summus Justus Lipsius commen- dat, et eximium inter Belgii proceres vocat , qui rerum an- tiquarum elegantia et studio caperetur, nummosque pris- premier prince de Chimai. Plusieurs manuscrits de la bibliothèque de Bour- gogne offrent son seing manuel. Entre les manuscrits de sir Thomas W....., baronnet , vendus le 27 avril 1857 , catalogue, p. 58, n° 10, on distinguait le Livre des faits d'armes et de chevalerie de Christine de Pisan, terminé par la souscription ordinaire : Ce livre... est à nous, Charles de Croy, comte de Chimay. I était donc antérieur à l'an 1486, où Charles fut créé prince. Zntroduction aux mémoires de J, Du Clercq,t. 1, p.112. (1) Page 33. Tom. x1. 51. ( 444) cos et bibliothecas usui publico instrueret et adornaret (4). » Les planches de Jacques de Bie furent publiées pour la première fois en 1617. L'édition de 1654, augmentée de 180 pièces nouvelles, parut par les soins de Nicolas Roccoex, chevalier et bourgmestre d'Anvers. Albert Ru- bens y a ajouté un long commentaire explicatif, à la de- mande de son ami Gevartius et de limprimeur Henri Aertssens. Les dialogues d'Antoine Augustin sur les mé- dailles et les inscriptions antiques, traduits du latin par le savant jésuite André Schott, et qui déjà accompagnent la première édition, y sont reproduits à la fin. Une troisième édition sortit des presses de Cologne en 1700, avec des observations nouvelles de Laurent Berger. Philippe Brasseur, qui défère le second rang au due de Croy dans ses Sydera illustrium Hannoniae scriptorum (2) et le met immédiatement après Baudouin , empereur de Constantinople et comte de Hainaut , fait allusion dans ces vers, à son inclination pour la numismatique et lui at- tribue la rédaction principale du livre qu'on vient de citer: CaroLus DE CROY, DUX ARSCHOTANUS, S. R. I. princeps, Eques aurei velleris, Hannoniae Gubernator, etc., vene- randae antiquitatis admirator et diligens perscrutator. Mirum opus Hevraeos (3) montes secuisse, viator Ut foret ad castrum semita recta tibi. (1) Le Syntagma de bibliothecis est dédié au duc de Croy , au mois de juin 1602. L’épitre dédicatoire, indépendamment des éloges que l’on vient de transcrire, offre encore ces lignes : Stirpem tuam video? a regibus est. Opes? pene regiae ; animum ? plane regius. Et quid nisi altum ac ma- gnificum illo concipis, factis promis ? Ici est l'éloge d’Heverlé qu’on trou- vera en son lieu. Voyez la table alphabétique à la fin des mémoires. (2) Montibus , 1657, in-12, page 2. (3) Juxta Lovanium. P.B,. ( 445 ) Magnum etiam magnique oneris donante Philippo Supremam (1) Monti constituisse togam ; Induperatorum sed gesta (2) incisa figuris Tot curas inter scribere , majus opus. An potuit meliore modo sibi quaerere laudem ? O mirum docti principis ingenium ! (Osrir 1612.) Dans les archives de Beaumont on conserve aujourd’hui deux petits registres in-4° où sont expliquées par ordre toutes les médailles déposées jadis au château de Hèvre (Heverlé) , laquelle collection appartenait à la maison de Chimay (5). Le duc Charles nourrissait de plus un goût prononcé pour la musique; il en avait hérité de son grand-père Philippe, deuxième duc d’Arschot, qui bâtit le palais de Beaumont, où Charles-Quint fut reçu en 4540 et dont la chapelle était conduite par le célèbre Clemens non papa (4). Déçu dans ses espérances et n’ayant pas eu d’enfants de son second mariage, il songea à faire son testament. Cette pièce , rédigée à Beaumont, et datée du 1° juillet 1610, est d’une prolixité extraordinaire. Le duc com- mence par y jeter un regard sur sa vie passée ct en rend compte à peu près dans les mêmes termes que ses Mé- moires ; puis il règle ses obsèques et se regarde presque mourir avec un sang-froid imperturbable. Il veut que son corps, après avoir été exposé publiquement avec (1) Curiam an. 1612. P.B. (2) Antiwerpiae. P. B. (3) Compte rendu des séances de la commis. royale d'hist., t. II, p.279. (4) Scohier, la Généalogie et descente de la très-illustre maison de Croy. 1589, in-fol., page 28. ( 446 ) ses plus beaux habits, le manteau et la couronne de duc, soit accoustré en vestement de capuschin (1), afin de prouver le néant desgrandeurs de ce monde. Il donne le modèle de sa sépulture, et, pour ne rien laisser à faire après lui, il compose son épitaphe (2). Cela posé, il partage ses biens , et pourvoit d’abord au sort de son bâtard François de Croy, dont il n'hésite pas à nommer la mère, une noble et puissante dame, Marie de Boussu, duchesse de Brunswick et de Lunebourg , sil vous plaît. Ce bàtard épousa Dorothée de Raville, veuve de Godefroid , baron d’'Eltz. Il fait, en second lieu, la part de Dorothée de Croy, sa femme ; et, sans oublier cependant les autres membres de sa famille , laisse le fond de sa succession à sa sœur Anne de Croy, qui le porta dans la maison d’Arenberg avec les titres de duc de Croy et d’Arschot. I est remarquable qu’en appuyant sur ses ancêtres (5) il ne dise pas un mot des rois de Hongrie. Le testament est accompagné de trois codicilles. C’est dans le troisième qu’il ordonne de faire imprimer la des- cription de son cabinet archéologique (4). Sa dernière pensée fut pour la science. Ce codicille est daté du 2 janvier 1611, et il mourut le 45 janvier 1612. 11 continua donc jusqu’à la fin de se tenir à jour, des’an- (1) Page 243. (2) Une autre épitaphe en français , et qui offre un résumé des Mémoires , se lisait aussi aux Célestins d'Heverlé. Elle es{ rapportée mot à mot dans le premier volume du Supplément. (5) Supplément au Nobiliaire , page 152. (4) Page 504. I ( 34m) noter pour ainsi dire et faire son bilan quotidien. Voilà ce qui donne à ces mémoires un intérêt particulier. Ils sont écrits d'un style incorrect, wallon , rouchi, je le veux bien; la phrase y est souvent embarrassée, suspendue, mal construite, inachevée; on y rencontre de fréquentes ré- pétitions; mais c’est une épreuve d’après nature, un ori- ginal dont on préfère les défauts aux grâces étudiées d’une copie infidèle ou suspecte. Le manuscrit, signé et certifié en plusieurs endroits de de la main tremblante du due , offre néanmoins dans l’or- thographe des noms de personnes et de lieux, des fautes souvent grossières dont nous avons essayé de corriger la plupart au moyen d’une table où nous avons rassemblé quelques renseignements qui rendront la lecture de ses mé- moires plus coulanteet plus nette. Des travestissements du copiste, en petit nombre, sont restés des énigmes sans mot. Nous avons voulu ranimer une grande existence d’au- trefois, montrer ce qu'était la puissance féodale au mo- ment de sa ruine et de sa décadence, et c’est encore en Belgique, sur cetteterre, constant de nos études et de nos plus douces affections que, tout ignorants que nous som- mes, nous avons placé notre appareil galvanique. Toujours est-il qu'un fait nous demeure acquis : il n’y a plus de grands seigneurs (1). (1) Les publications de la société des bibliophiles de Belgique, quoique adressées à un public très-restreint, ont été accueillies avec une indulgence et même un empressement dont nous avons été surpris. La presse , j'entends la presse sérieuse, a montré à leur égard une rare courtoisie. Nous devons surtout remercier, en France, la Bibliothèque de l’école des chartes , en Allemagne, les Goettingische Gelehrte Anseigen. Dans le numéro du G mai 1845, pages 709-717, le savant critique Hav. a annoncé la Corres- ( 448 ) = M. Baron à donné ensuite lecture d’un écrit inti- tulé : De l’Invention dans l'art d'écrire , faisant partie d’un ouvrage inédit. Je dois d’abord, Messieurs, réclamer votre indulgence pour le morceau que j'ai l'honneur de vous soumettre. C’est un extrait d'un ouvrage inédit sur l’art d'écrire, et ces sortes de fragments , pour être convenablement appréciés, demandent la connaissance de ce qui précède, ou du moins du caractère général de l'ouvrage. Mais académie a pensé qu'il n’est pas inopportun, dans ses séances solennelles , de donner au public une idée des études qui occupent ses membres, en dehors même de ses travaux communs. Quelque modestes qu’elles puissent être, elles prouvent du moins qu'ils comprennent tous la mission qu'ils ont reçue de contribuer, chacun dans son genre, aux progrès de l’in- telligence nationale Il s’agit ici de l'invention dans l’art d'écrire, c’est-à-dire des procédés qui peuvent faciliter l'acquisition des idées. En dépit du mot de M. de Bonald : « L'éducation de l'homme doit finir par des pensées », le jeune homme peut être initié de bonne heure à l'invention. C’est là le but réel de l'instruction, et le maître ni l'élève ne doivent jamais le perdre de vue. Tout en s'appliquant à l'étude de la langue maternelle et des langues anciennes , que le futur écrivain s'exerce à saisir les rapports des choses à lui et des choses entre elles; qu'il apprenne, à mesure que ses facultés s’étendront , à pondance de Marguerite de Parme avec Philippe ZI. On nous y édifie sur un personnage qui y est cité page 132, sous le nom de Girrich Von Holl. M. Hav. pense que ce ne peut être que Jürgen Fon Holl, ce capitaine brunswickois si connu. ( 449 ) s’observer lui-même, à observer la nature et les hommes qui l’entourent; puis, à l’aide de l’histoire politique et lit- téraire, les diverses sociétés qui ont tour à tour passé sur la terre; et enfin, par la philosophie, l'humanité en général, le monde physique et moral dans son vaste ensemble. Qu'il s'interroge souvent sur ses propres impressions, qu'il s’habitue à s’en rendre compte, à rechercher en tout les causes et les effets, à ne point voir d’un esprit distrait et avec indifférence les objets même les plus indifférents en apparence. Car, tout ce qui peut occuper l’homme appar- tient à l'écrivain , et lui est, à l’occasion, sujet de compo- sition : Quicquid agunt homines , votum , timor, ira , voluptas, Gaudia , discursus , nostri est farrago libelli. On sera surpris des résultats que produira, proportion- nellement à l’âge de l'élève, cette méthode suivie avec persévérance et discernement. Ainsi , premier moyen de parvenir à l'invention: obser- vation attentive, assidue, et, autant que possible, intelli- gente, de soi, des hommes et des choses. Second moyen : la science. On peut blämer l'emploi des sciences exactes, histori- ques ou naturelles, comme base unique et universelle de l'instruction, comme préparation exclusive à la carrière de l'écrivain; mais une fois qu’elle n’ambitionne pas la domi- nation absolue de l'intelligence, une fois qu'elle se con- tente de la place que lui assignent les besoins de l'esprit , la science présente de grands avantages. D'abord, elle est extrêmement utile comme exercice mental. Condorcet a dit avec raison : « Sur quelque genre que lon s'exerce, celui qui a dans un autre des lumières éten- ( 450 ) dues et profondes aura toujours un avantage immense. Ce n'est pas seulement en augmentant le nombre des idées que ces études étrangères sont utiles, elles perfection- nent l'esprit même, parce qu’elles en exercent d’une ma- nière plus égale les diverses facultés. » Puis, toute science n’est qu'une collection d'idées labo- rieusement accumulées et coordonnées par les générations successives. Or, il est aisé de comprendre que, plus on aura acquis de sciences diverses , plus on aura ouvert de sources à l'invention. « Connaître, a dit M"° de Staël, sert beaucoup pour inventer. » Et Buffon : « L'esprit humain ne produit qu'après avoir été fécondé par l'expérience et la méditation ; ses connaissances sont les germes de ses pro- ductions. » Une nouvelle science acquise est une somme de pensées ajoutées à celles que l’on possédait déjà. On peut en dire autant des langues, des lectures de toute espèce , si l’on se borne, avare de son temps, à des ouvrages instructifs ou originaux en leur genre; des voya- ges, quand l’occasion s’en présente, si on sait les utiliser , voir, écouter, étudier la nature et ses merveilles , l’homme, ses mœurs et ses œuvres. Toutcela fournit des faits, des ob- servations , des images à combiner, et l'invention n’est rien autre chose. Plus riche est la mine, plus l'exploitation est facile et productive. Je demande à tout écrivain ce que Fénelon demandait à l'orateur, « qu'il se prépare long- temps en général pour acquérir un fonds de connaissan- ces, et pour se rendre capable de faire de bons ouvrages, et que celte préparation générale le mette en état de se préparer moins pour chaque discours particulier. » Le mot de Buffon : « La méditation féconde l'esprit humain, » el un autre non moins juste de Rousseau : « L’ha- bitude de réfléchir ouvre l’entéendement, » nous condui- ( 451 ) sent au troisième élément de l'invention : la méditation. Pour inventer, apprenez à méditer. La méditation s’ap- prend comme tout le reste. Habituez-vous d’abord à vous faire une idée vive et précise du sujet que vous allez trai- ter. Puis, quand vous l'aurez dégagé de tout ce qui n’est pas lui, attachez-vous, obstinez-vous à sa contemplation, de façon que rien ne vous en puisse distraire, qu’il absorbe toutes vos facultés, qu'il devienne une de ces pensées do- minantes, produites parfois en nous soit par une passion, soit par un événement qui met en jeu notre existence ou nos plus chers intérêts. On ne sait pas assez ce que peut cette habitude de s'identifier avec un sujet. Quand l'esprit se l’est ainsi assimilé, pour ainsi dire, qu'il en a fait comme une parlie de sa substance, alors il s’'éprend pour lui d’un amour presque fanatique, et ce qu’on appelle va- guement l'inspiration n’est rien que cet amour, et cet amour, secondé par les circonstances, crée des prodiges. Combien ne cite-t-on pas d'écrivains qui se sont élevés dans certains sujets, et quelquefois du premier bond, à une hauteur qu'il ne leur a plus été donné d’atteindre par la suite! On crie alors à l'inspiration , mais que l’on en soit bien convaincu , le secret de cette heureuse chance a été, le plus souvent, la méditation, instinctive peut-être, mais toujours obstinée. Par elle, l'imagination a été émue, le cœur échauffé, l'âme exaltée jusqu'à l’état de passion; un travail intime, mystérieux, puissant , a fécondé le sujet. Quand vient alors ce qu’on appelle l'inspiration, elle n’est que le coup de hache de Vulcain sur le front de Jupiter. Elle révèle le point précis de maturité de la pensée. Le coup de hache fait sans doute jaillir Minerve, grande, adulte, armée de toutes pièces; mais avant ce coup déci- sif, c’est la méditation qui avait conçu, nourri, équipé, ( 492 ) en quelque sorte, ce mythe puissant de la pensée dans la tête endolorie du dieu. La science de la méditation une fois acquise, étudiez laborieusement les livres, les discours, les traités bien pensés et bien écrits; exercez-vous à en faire l'analyse, c’est-à-dire, à ressaisir par la décomposition les sentences capitales , les idées mères, et à les dégager successivement de tout ce qui ne sert qu’à les développer et à les embellir. Ce premier travail fait avec conscience et intelligence, le jeune écrivain fermera le livre original pour le refaire à son tour, et s’essaiera à reconstruire ainsi l'édifice, dont il n'aura plus rien sous les yeux, si ce n’est les fonde- ments que lui-même vient de découvrir. Quatrième moyen d'invention : étude analytique et syn- thétique des ouvrages bien pensés. Plus tard viendra en aide tout ce que fournissent d'idées l'expérience personnelle du monde, la participation active à la vie sociale et politique, et toujours les retours sur soi- même et les méditations solitaires. Tant d'éléments sont nécessaires , dans notre état actuel de société, à la forma- tion d’un penseur, d’un écrivain inventif ! Schlegel voulait voir réunis dans le littérateur l’érudition du savant , le coup d'œil prompt et la décision sûre de l'homme actif, l’en- thousiasme sérieux de artiste solitaire , et cet échange fa- cile et rapide des impressions intellectuelles, cette indéli- nissable finesse d'esprit qu'on ne trouve et qu'on n’apprend à trouver que dans la vie sociale. * Sans espérer que notre jeune écrivain sera un de ces phénix qui suflit à la gloire d’un demi-siècle, nous croyons que, bien dirigé dans la voie tracée plus haut, il aura sin- gulièrement ajouté à la somme de génie inventif que lui à départie la nature. Le voilà en état de traiter un sujet. ( 453 ) Le sujet est tout donné par les circonstances, ou l'écri- vain le tire de son propre fonds. Dans le premier cas, c'est une nécessité qu'il faut subir ; il ne reste plus qu’à le traiter dignement. Dans le second, vous êtes libre, et alors le choix est-il indifférent? Assurément , répondent quelques auteurs de notresiècle. « Nous ne reconnaissons pas à la critique, disent-ils (1), le droit de questionner l'écrivain sur sa fantaisie, et de lui demander pourquoi il a choisi tel sujet, broyé telle couleur, cueilli à tel arbre, puisé à telle source. L'ouvrage est-il bon ou est-il mauvais? Voilà tout le domaine de la critique. Du reste, ni louange, ni reproche pour les cou- leurs employées, mais seulement pour la façon dont elles sont employées. À voir les choses d’un peu haut, il n'ya ni bons, ni mauvais sujets, mais de bons et de mauvais écri- vains. D'ailleurs, tout est sujet, tout relève de l’art. Ne nous enquérons donc point du motif qui vousa fait prendre ce sujet tristeou gai, horrible ou gracieux, éclatant ou som- bre , étrange ou simple, plutôt que cet autre. Examinons comment vous avez travaillé , non sur quoi et pourquoi. » Nous ne saurions admettre cette théorie , nous ne songe- rions pas même à la réfuter, si nous ne pensions que , SOu- tenue par l'autorité de quelques hommes d'esprit , elle peut égarer les jeunes gens dont elle flatte les caprices et l'irré- flexion. Non. La question du choix du sujet n’est pas interdite à la critique. Lorsque le génie peutélever et épurer nos âmes , nous faire aimer la vertu, la patrie, la liberté, la gloire, il serait défendu de lui demander pourquoi il se gaspille lui- (1) Victor Hugo . préface des Orientales. ( 454 ) même dans des sujets insignifiants, ou se prostitue à des sujets ignobles? Le talent n'est-il pas le bloc de marbre entre les mains du statuaire? Depuis quand n’a-t-on plus le droit d'interroger le statuaire sur la fantaisie qui lui fait tirer de ce marbre si blanc et si pur un vase, par exemple, quelque admirable qu’en soit le travail, plutôt que la tête de Jupiter? Avant que l'écrivain mette la main à l’œuvre, ne se rappelle-t-il pas le monologue du sculpteur : Qu'en fera, dit-il, mon ciseau ? Sera-t-il dieu , table ou cuvette ? Et celui qui répond : Il sera cuvette ou table, a-t-il, tout mérite d'exécution à part, les mêmes droits à notre estime et à notre admiration que l’homme qui, sentant la haute mission de l'artiste, s’écrie : Il sera dieu ! même je veux Qu'il ait dans sa main le tonnerre. Supposez le pinceau de Teniers égal à celui de Raphaël, mettrez-vous sur la même ligne les magots de lun et la Transfiguration de l'autre? Que l'inventeur de l’'Iliade in- vente aussi la Batrachomyomachie, rien de mieux; mais si, devant se prononcer entre ces deux sujets, il eût choisi le second à l’exclusion du premier, le lui aurait-on pardonné? L'éloge de la folie ou de la paresse, la diatribe contre la goutte ou la peste, tant d’autres sujets favoris des savants et des moines du seizième siècle, imaginez-les écrits par Cicéron même, vous intéresseront-ils autant que l'éloge de Caton ou les Philippiques? Le sur quoi et le pourquoi inter- dits à la critique! Mais, une fois cette idée admise, qui pour- rait, en bonne logique, reprocher à un écrivain le choix ( 455 ) d'un sujet même contraire à la morale, au désintéressement, à tout ce qu'il y a de grand et de pur parmi les hommes ? Sans doute, il faut une grande latitude à lartiste; sa carrière doit être vaste, variée, ses allures franches et libres; il est le meilleur juge de sa capacité et de sa spécia- lité; généralement nul ne sait mieux que lui .. . |. Quid ferre recusent Quid valeant humeri Je vais plus loin; on pardonnera bien des folies à l'ima- gination, bien des débauches à l’esprit, Scimus , et hanc veniam petimusque damusque vicissim. Mais que ce soit une faveur, veniam, et non pas un droit. L'art, il est vrai, est aussi une religion ; mais le fanatisme ne vaut pas mieux dans celle-là que dans toute autre; des autels, des fleurs, de l'encens pour l’art; mais qu'on n’aille pas le cacher par delà les nuages, au-dessus de tout con- trôle humain , en dehors de toute société humaine. En vain nous crie-t-on que « l'on ne sait pas en quoi sont faites les limites de l'art; que de géographie précise du monde intellectuel, on n’en connaît pas; qu'on n’a pas encore vu les cartes routières de l’art avec les frontières du possible et de l'impossible tracées en rouge et en bleu; qu'enfin on a fait cela parce qu’on à fait cela. » Sophismes! l’art a ses limites, les maîtres les lui ont tracées et leur voix ne fut que l'écho de la raison et de la justice éter- nelle. « L'homme digne d’être écouté, dit Fénélon, est celui qui ne se sert de la parole que pour la pensée, et de la pen- sée que pour la vérité et la vertu. » Le sujet doit donc être moral, ou du moins n'avoir rien de contraire à la moralité. ( 456 ) Nous pouvons dire du sujet ce que La Bruyère dit de l'ou- vrage : « Quand une lecture vous élève l'esprit et qu’elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cher- chez pas une autre règle pour juger de l'ouvrage; il est bon et fait de main d’ouvrier. » Le mot de La Bruyère explique ce que j'entends par ce précepte : Le sujet doit être moral. On voit assez qu'en exigeant la moralité, je ne demande pas un sermon. Le sujet d'une fable, d’un roman, d’un drame, d’une comé- die, peut avoir ce mérite de moralité. Quelle moralité plus haute que celle du Prométhée, de l'OEdipe à Colonne, du Cid, d'Athalie, d’'Alzire ? Plus pure et plus touchante que celle du Vicaire de Wakefield, de Jeannot et Colin, de Paul et Virginie , de Picciola, de Consuelo ? « Je me souviens, dit quelque part Montesquieu, qu’en sortant d’une pièce inti- tulée Ésope à la cour, je fus si pénétré du désir d’être plus honnête homme, que je ne sache pas avoir formé une réso- lution plus forte. » Honneur à Boursault qui sut choisir un sujet assez moral pour inspirer un si beau désir à une si belle àme! Le sujet doit être en rapport avec le talent de l'écrivain. Tout le monde connaît la maxime d'Horace : Sumite materiem vestris, qui scribitis, æquam Viribus..… Ce précepte est surtout dans l'intérêt du jeune auteur, La vieille allégorie d'Icare ne trouve que trop d’applica- tions. Encore un avis d’une utilité non moins directe : que le sujet soit fécond. Quel fruit tirer d’un sol aride? On y perd son capital, son temps et ses sueurs. Ainsi , moral , fécond , proportionné aux forces de l’écri- ( 457 ) vain, trois qualités essentielles du sujet, auxquelles on peut en ajouter d’autres, qu'il soit instructif, d’un intérêt gé- néral , qu'il ait un caractère bien tranché, qu'il ne repose pas sur une donnée fausse, puérile ou disproportionnée avec les moyens d'exécution. Sans toutes ces qualités, le plus beau talent échouera souvent contre la matière. Mais, répondra-t-on, tout le monde est d'accord. Seu- lement vous voulez qu’on dise : sujet immoral, ou stérile, ou disproportionné à l'écrivain ; et nous, nous disons : ou- vrage pernicieux, manière sèche, développement défec- tueux. Ceci devient une logomachie , et, de toute façon, la rai- son est de mon côté. La critique, en effet, ne doit pas seulement formuler sa sentence, elle doit la motiver. Il ne s’agit pas de dire : cet ouvrage est mauvais; il faut ajouter le pourquoi. Vous qui savez, dira-t-elle, combien la mo- ralité, outre sa valeur intrinsèque, contribue puissamment à l'effet d’un écrit, pourquoi vous être privé de cet élément de succès si énergique auprès des véritables juges? ou bien : vous avez de l'imagination; mais quelle imagination, si féconde qu’on la suppose, pourrait tirer quelque chose d'un argument si sec et si maigre? ou encore : vous ne manquez pas de talent, mais vous n'êtes pas à la hauteur de la question que vous avez entrepris de résoudre. Un sujet moins élevé eût été plus à votre portée. Tel est le devoir du critique et surtout du rhéteur. Avant la fin de la séance, le secrétaire perpétuel a pro- clamé les noms des savants qui ont obtenu des distinctions au concours de 1844. ( 458 ) Une médaille d'or avait été décernée à M. le chevalier Félix Vanden Braden de Reeth de Malines, pour son mé- moire en réponse à la question : La famille des Berthout a joué, dans nos annales, un rôle important. On demande quels ont été l’origine de cette maison, les progrès de sa puissance et l'influence qu'elle a exercée sur les affaires du pays. La médaille porte l'inscription (1) : QuOD DE ILLUSTRI BERTHOLDOR. FAMILIA EJUSQUE ORTU ET PROGRESSU , ELEGANTISS. ET DOCTISSIMAM DISSERTATIONEM CONSCRIPSIT ; FELICI VANDEN BRANDEN DE REETH, EQ. CONSILIAR. MUNIC. MECHLIN. Une autre médaille d'or avait été décernée à M. Verloren d'Utrecht, pour son mémoire sur la question : Éclaircir par des observations nouvelles le phénomène de de la circulation dans les insectes , en recherchant si on peut la reconnaître dans les larves des différents ordres de ces animaux. (1) Les inscriptions ont été faites, à la demande de l'académie, par M. Cornelissen. ; ( 459 ) La médaille porte l'inscription : QUOD ABDUAM QUÆSTION. NUM SANGUINIS MOTUS IN INSECTIS PHÆNOMENON ET IN LARVIS TALIUM ANIMALCULOR. OBSERVARI POSSIT DOCTISS. DISSERTATIONE NOVISQUE ARGUMENTIS FIRMAVIT ; M. C. VERLOREN TRAJ. AD RHEN. BATAVO. MM. le chevalier Vanden Branden de Reethet Verloren, présents à la séance, sont venus recevoir les médailles qui leur étaient destinées. Une troisième médaille en argent avait été décernée à M. Simonis, professeur à Gand, pour son mémoire ayant pour objet d'étendre aux surfaces la théorie des points sin- guliers des courbes. L'inscription porte : QUO» THEORETHICEN DE PUNCTOR. SINGULAR. LINEIS CURVIS AREIS EXTENDEND. ERUDITA DISSERTATIONE EXPLICARE ELABORAVIT : H. SIMONIS , ATHEN. GAND. PROF. Tom. xr. 12, ( 460 ) M. Simonis n’assistait pas à la séance; la médaille lui sera envoyée par les soins du secrétaire. M. le directeur a fixé l’époque de la prochaine séance au samedi 41 janvier prochain. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Annales des travaux publics de Belgique, tome III, 1° ca- hier. Bruxelles, 1844, in-8°, 3 exemplaires. — De la part de M. le ministre des travaux publics. Un exemplaire des procès-verbaux des séances des conseils provinciaux, pendant la session de 1844. 9 vol, in-8°. — De la part de M. le ministre de l'intérieur. Annuaire de l'observatoire royal de Bruxelles, par M. A. Que- telet, directeur de cet établissement. 1845. 12° année. Brux. 1844, in-18. Quelques mots sur feu Antoine Reinhard Falck, par M. le baron de Reiffenberg. Bruxelles, 1844, in-8°. Subsidia ad illustrandam veterem et recentiorem Belqgii topo- graphiam ex decreto collegir historici regii Belgü, edidit P.-F.-X. De Ram. Fasciculus secundus. Bruxellis , 1844, in-8°. Histoire des Belges, à la fin du XVITT° siècle, par M. Ad. Borgnet. Bruxelles, 1844, 2 vol. in-8°. Gazette médicale belge, nov. et déc. 1844. Bruxelles, in-4°. Journal historique et littéraire de Liége, tome XI, livr. 7. Liége, 1844 , in-6°. Anatomie pathologique, par M. Gluge, Bruxelles , in-8°, Recherches expérimentales relatives à l’action des huiles grasses sur l’économie animale, par MM. Gluge et Thiernesse. Brux. in-8°. ( 461 ) Annales et bulletin de la société de médecine de Gand , année 1844, 14° vol., 10e et 11° livr. Gand, in-8e. Annales d’oculistique, publiées par le D' F1. Cunier, 7° année, tome XII, 4° et 5° livr. , oct. 1844. Bruxelles, in-8°. Journal vétérinaire et agricole de Belgique, 3° année , sept. et oct. 1844. Bruxelles, in-8°. Cours élémentaire de chimie générale inorganique, théorique et pratique, par M. P. Louyet, tome III. Paris, 1844, L vol. in-8°. Bulletin de l'académie royale de médecine de Belgique, année 1841-42, n° 6; année 1843-44, tome IIL, n°° 9 et 10. Bruxelles, 1844, in-8°. Journal de médecine, publié par la société des sciences nédi- cales et naturelles de Bruxelles, 2 année, nov. 1844. Bruxelles, in-8°. Annales de la société royale des beaux-arts et de littérature de Gand. 1844-1845, 1° livr. Gand, in-8°. Programme de la société royale des beaux-arts et de littérature de Gand, pour 1845, in-8o, Du traitement de la rupture du tendon d'Achille, par M. de Lavacherie, in-8°. Maximiliaen van Oostenryk, door Michiel J.-T. Vandervoort. Antwerpen, 1844, in-8°. Description des animaux fossiles qui se trouvent dans le ter- rain houiller et dans le système supérieur du terrain anthraxi- fère de la Belgique, par M. L. De Koninck. 18 et 14° livr, Liége, 1842, in-4°, Histoire numismatique de la révolution belge, par M. Guioth, avec planches. 1'° et 2° livraisons. Hasselt, 1844, in-fol. Messager des sciences historiques de Belgique, année 1844, 4° livr. Gand, in-8°, La comédie des Nuées d’Aristophane, par M. Ch. A. Beving. Bruxelles, 1844, in-8°, Narwreïez numismatographiquez so Lige rameneïez , par D.-T. Lige , 1844, in-8°, ( 462 ) Rapports de la société littéraire de l’université catholique de Louvain , sur les années 1841-1843, Louvain, 1844, in-8°. Dissertatio chirurgica, auctore H.-J. Ketelbant. Lovanü, 1844, in-8°. Histoire politique, civile et monumentale de la ville de Bruxelles, par MM. Alex. Henne et Alph. Wauters. livr. 120 à 140. Bruxelles, 1844, in-8°. Journal d'agriculture pratique et de jardinage. Publié sous la direction du D' Bixio. 2° série, tome IL, n°® 4 et 5. Paris, 1844, in-8°. Actes de l'académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, 6° année, 8° trimestre. Bordeaux, 1844, in-8°. Recueil de lettres et de mémoires adressés à l’académie des sciences pendant les années 1842 et 1843, par M. Leroy-d'É- tiolles. Paris, 1844, 1 vol. in-8°. Journal de la société de la morale chrétienne, 8° série, t. Il, , n° 5. Paris, in-8°. Programme des prix proposés par la société royale des sciences, de l’agriculture et des arts de Lille, feuille in-4°. L’investigateur , journal de l'institut historique, 11° année, tome IV, 2 série, oct. 1844. Paris , in-8°. Revue zoologique, par la société cuviérienne, 1844, n° 10. Paris, in-8°. Flurétas, par Monssu Dé Gibloux. Paris, 1844, in-18. L’ami des sourds-muets , journal de leurs parents et de leurs instituteurs, rédigé par M. Piroux, tome [, 1r° à 5° années, Paris et Nancy , 1838-1844, in-6°. Journal du ministère de l’instruction publique en Russie. Saint-Pétersbourg , 1843 , 12 vol. in-8°. Dissertations sur les rapports mutuels des courants galvani- ques et des aimants, par M. Wladimir Kaidanow. Saint-Péters- bourg, 1 vol. in-8°. Sur le développement de la fleur et du germe, par N. Jelesnow. Saint-Pétersbourg, 1840 , in-8°. ( 463 ) Sur le genre Picus dans le système ornithologique, par K. Kesler. Saint-Pétersbourg, 1842, in-&°. Classification des oiseaux , basée sur la différence de leurs pieds, par le même. Saint-Pétersbourg , 1840, in-8°. Emendationes et observationes in Quinti Smyrnaei Postho- merica. Scripsit J. Th. Struve. Petropoli, 1843, in-6°. Th. Fr. Freytagii oratio de litterarum studiis bene pruden- terque instituendis. Petropoli, 1839 , in-8°. Ueber Grundsteuer und die Methoden ihrer Umlage, von Herrman Schmalz. S'-Petersburg, 1840 , in-4°. Beitrag zur Kenntniss der organischen Ueberreste des Kupfer- sandsteins am westlichen Abhange des Urals. Von D" St Ku- torga. S'-Petersb., 1838, in-8°. Ueberblick der Theorien der Geologie W'erner’s und Huttons. S'-Petersb., 1834, in-8°. Schriften der in S'-Petersburg gestifteten Russisch- Kaïser- lichen Gesellschaft für die gesammte Mineralogie, 1 Band, 15t und 2 Abth. St-Pétersb., 1842, 2 vol. in-6°. Etwas über die Naturwunder in Nordamerika , zusammen- getragen von Ch. Cramer. S'-Petersburg , 1837, in-8°. Erläuterung der Zusammensetzung chemischer und minera- logischer Formeln, vou Nils von Nordenskiold. S'-Peterb., 1837, in-8°. Ueber das Wachsthum des Eisens, zur Erôrterung der Frage : ob dieses Metall erschôpflich scy? von D' H.-U. L. v. Roos. S!- Petersburg, 1837, in-6°. Beitrag zur Geognosie und Palaeontologie Dorpat’s und seiner nächsien Umgebungen, von D' Steph. Katorga. S'-Petersb., 1835, in-0°. Verhandlungen der Russ.-Kaiserlichen Mineralischen Gesell- schaft in S'-Petersburg. Jahr 1842. Saint-Pétersbourg, in-8°. Die Urwelt Russlands, durch Abbildungen erläutert von Eduard Eichwald, 1°t** Heft, Saint-Pétersb., 1840 , in-8°. Plusieurs dissertations en russe, de la société minéralogique de Saint-Pétersbourg , in-4° et in-8°, le tout de la part de ( 464 ) l’Université impériale de Saint-Pétersbourg. — Un volume en langue russe, in-8°, — De la part de l’université de Casan. Astronomical observations made of the Radcliffe observatory, Oxford, in te year 1842, by Manuel J. Johnson. Oxford, 1844, 1 vol. in-&. Proceedings of the zoological society of London, part. IX, 1843, 2 exemplaires in-8°, — January-March 1844, 2 feuilles in-8°, — Reports of the council and auditors of the same so- ciety. April 29 1844. London , in-8°. Transactions of the zoological society of London, vol. IT, part. 2 and. 3. London, 1843, in-4°. Jahrbuch für praktische Pharmacie und verwandte Fächer, unter Redaction von D' J.-E. Herberger und D' F.-L. Winckler. Band IX, Heft 8-5. Landau, 1844, in-8e. De fide uranometriae Bayeri dissertatio academica. Scripsit D. Frid. Guil. Aug. Argelander. Bonnae, 1842, in-4°. Almae academiae Albertinae tria saecula gratulatur preca- turque F.-G.-A. Argelander. Inest de stella B Lyrae variabili disquisitio. Bonnae, 1844, in-4°. Archiv. der Mathematik und Physik, heraussegeben von J.-A. Grunert. Greifswald, 1844, 5ter Theil, 2! Heft, in-8°. Franzsôsische Nationalliteratur von den Zeiten der Kreuz- züge bis auf Franz I, 1096-1515, von Ferd. Wolf, in-8°. Isis. Encyclopädische Zeitschrift, von Oken. 1844. Heft X. Leipzig, in-4°. Gelehrte Anzeigen, herausgeseben von Mitgliedern der K. bayer. Akademie der Wissenschaften, 16, 17 und 18‘ Band. München , 8 vol. in-4°. Abhandlungen der philosophisch-philolog. Classe der K. bayer. Akademie der Wissenschaften , IV Band, 15° Abth. München, 1844, 1 vol. in-4e, Die Geologie in ihrem Verhältnisse zu den übrigen Natur- wissenschaften, von D' Karl Schafhäutl. München, 1843, in-4°. Der Fortschritt der Sprachenkunde und ihre gegenwärtige ( 465 ) Aufqabe, von Fried. Windischmann. München, 1844, in-4°. Almanach der K. bayer. Akademie der Wissenschaften für das Jahr 1844. München, in-18. Programma van het genootschap voor landbouw en kruid- kunde te Utrecht, in-8°. Flora Batava. Afleveringen 132 en 133. Amsterdam , in-4. M. C. Verloren Commentatio de organis generationis in mol- luscis gasteropodis pneumonicis. Lugd. Bat., 1837, in-4°. Antwoord aan M. C. Van Hall, door M. Groen Van Prins- terer. Leiden , 1844, in-8°. Natuurkundige Verhandelingen van de hollandsche Maat- schappij der Wetenschappen te Haarlem, 2% verzameling, 84e deel, 15t° stuk. Haarlem, 1844, 1 vol. in-4°. Mémoires de l’académie impériale des sciences de Saint-Pé- tersbourg. Sciences mathématiques, physiques et naturelles, 6° série , tomes 3 et 6. Sciences politiques , histoire, philologie, 6° série , tome 6 et 7. Saint-Pétersbourg, 1844, in-4°. Recueil des actes de la séance publique de l’académie impé- riale des sciences de Saint-Pétersbourg, tenue le 29 décembre 1843 , in-4°. Del trasporto della materia pesante nelle due opposte correnti dell apparato voltiano, dal!” ab. Fr. Zantedeschi. Vicenza, 1844, in-4°. Memorie sperimentali di mecanica molecolare e di una forza repulsiva novamente scoperta nella materia attenuata dell dottore Ambrogio Fusinieri. Padova, 1844, 1 vol. in-4°. Aersberättelse om framstegen à kemi och mineralogi afgiven af Jac. Berzelius. Stockholm , 1844, 1 vol. in-8°. Aersberättelse om Botaniska arbeten och Upptäckter for àär 1838, af Joh. Em. Wikstrom. Stockholm, 1842, 1 vol. in-8°. Aersberättelse om zoologiens framsteg under üren 1840-42. Tredje Delen af S. Loven. Stockholm , 1844, 1 vol. in-8°. Kongl. Vetenskaps-academiens Handlingar, für är 1842. Stockholm, 1843, 1 vol. in-8°. ( 466 ) Ofversigt of kongl. Vetenskaps -academiens forhandlingar 1844 ,n% 1à7. Tal af kongl. Vetenskaps-akademiens praeses Herr Hans Järta, hället den 31 mars 1839. Stockholm , 1843, in-8°. Tal af akademiens praeses herr Friherre C.-G. von Brinkman, den 31 mars 1843. Stockholm, in-8°, FIN DU ONZIÈME VOLUME. OO TABLE DES MATIÈRES DU TOME XI DES BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BRUXELLES. (Le chiffre I se rapporte à la Ire partie et Le chiffre IL à la 2e partie.) A. Antinori. Nouvelle association établie à Florence pour l'étude dela météoro- logie, etc. , I, 197. Antiquités nationales , 1, 1,5, 36, 37, 286, 554; [Il,2, 50, 139. Association britannique pour l'avancement des sciences. Quatorzième réunion à York, L, 285. Association des savants italiens. Sixième réunion à Milan, I, 285. B. Baron. De l'invention dans l’art d'écrire, IL, 448. Bergsma. Envoie les graines de dix espèces de plantes annuelles, I, 26. Blanquaert. Périodicité des phénomènes naturels, I, 2. Brants. Observations ornithologiques faites dans les environs de Deventer , 1, 198. Tom. x1. 99, 468 TABLE DES MATIÈRES. Bravais. Communique quelques observations de M. Lortet sur les départs des oiseaux voyageurs, 1, 197. Breitenstein. Observations sur la feuillaison et la floraison, faites à Utrecht, IT, 564. C. Cantraine. Commissaire pour la note de M. Westendorp sur le mode de pro- pagation des nédulaires, 1, 26. Commissaire pour le mémoire de M. Sommé sur les lois naturelles inhérentes à l’organisation animale, 286. Commis- saire pour le mémoire de M. Wesmael, intitulé : Tentamen enumera- tionis criticae Zchneumonum Belgii, 11, 61. Commissaire pour le mémoire de M. Van Beneden, intitulé : Recherches sur l’anatomie, la physiologie et le développement des Bryozoaires qui habitent la côte d’Os- tende , 185. Commissaire pour le mémoire de M. Van Beneden, sur l’or- ganisation et l’embryogénie des Ascidies simples , 586. Carte archéologique du royaume, II, 2, 50. Colla, Météore observé à Parme , le 20 juillet 1844, II, 29. Concours de 1844, I, 27 , 286; II, 457. Congrès scientifique de France. Sa réunion à Nîmes , II, 1. Congrès scientifique de Liége. Prix extraordinaire pour un travail sur les institutions liégeoises , I1, 140. 5 Crahay. Nommé membre de la commission chargée d’aviser aux moyens de continuer les observations météorologiques , L, 5. Antiquités trouvées près de Virton , 5. Commissaire pour le mémoire de M. A. Perrey sur les tremblements de terre ressentis en France et en Belgique, 198. Com- missaire pour le mémoire de M. Peltier, intitulé : Essai de coordination des causes qui précèdent , produisent et accompagnent les phénomènes élec- triques , ibid. Considérations sur le psychromètre , 212, 280. Rapport sur le mémoire de M. Donny sur la cohésion des liquides , 511. Commissaire pour l'ouvrage de M. Delobel sur la cosmogonie , ou système de formation de l'univers , II, 2. Commissaire pour le mémoire de M. Houzeau sur les étoiles filantes périodiques du mois d’août 1842, 50. Rapport sur l’essai de coordination des causes qui précèdent, produisent et accompagnent les phénomènes électriques , par M. Peltier, 51. Commissaire pour la note de M. Liagre sur les oscillations du niveau à bulle d’air, 140. Rapport sur le mémoire de M. Houzeau , concernant les étoiles filantes périodiques du mois d'août 1842, 142. Commissaire pour le mémoire de M. Peltier, intitulé : Recherches sur les causes des variations barométriques , 275. Commissaire pour la note et le modèle d'un compas pour la division des plateaux circulaires , par M. Gérard, 564. ; = [ec] oO TABLE DES MATIÈRES. D. Dandelin. Commissaire pour l'ouvrage de M. Delobel sur la cosmogonie, ou système de formation de l'univers, II, 2. Commissaire pour le mémoire de M. Verhulst , intitulé : Recherches mathématiques sur la loi d’accroisse- ment de la population , 371. Decaisne, Note sur les anthérides et les spores de quelques Fucus, II, 515. Decloet. Fait hommage de son herbier de la Belgique , I, 26. De Hemptinne. Commissaire pour le mémoire de M. Koene sur la non-exis- tence du sulfate d'oxyde azotique, 1, 26. Commissaire pour le mémoire de M. Vlocberghs sur la garance , ibid. Commissaire pour le mémoire de M. Koene sur la nature du produit qui résulte de l’action réciproque des acides sulfureux et hypoazotique, 286. Commissaire pour le mémoire de M. Louyet sur la potasse à l’alcool et le carbonate de potasse, II, 2. Rap- port sur le travail de Vloeberghs, concernant la teinture par la garance, 8. Rapport sur un mémoire M. Koene, intitulé : De la nature de l’eau ré- gale, 148. Commissaire pour la note de M. Louyet sur l’absorption des poisons métalliques par les plantes , 364. De Koninck. Nommé membre de la commission chargée d’aviser aux moyens de continuer les observations météorologiques , 1, 3. Commissaire pour le mémoire de M. Koene sur la non-existence du sulfalte d'oxyde azotique, 26. Commissaire pour le mémoire de M. Vloeberghs sur la garance, ibid. Fait mention de l’acide hyppurique découvert par M. Liebig dans les urines humaines fraiches, ibid. Rapport sur le mémoire de M. Koene sur l’action réciproque de l’acide sulfureux et du zinc ou du fer, etc., 29. Commissaire pour le mémoire de M. Koene sur la nature du produit qui résulte de l’ac- tion réciproque des acides sulfureux et hypoazotique , 286. Rapport sur le travail de M. Vloeberghs, concernant la teinture par la garance, II, 8. Rapport sur un mémoire de M. Koene, intitulé : De la nature de l’eau ré- gale , 148. Commissaire pour la balance de précision de M. Sacré, 364. Fait hommage des deux dernières livraisons de sa description des animaux fossiles du terrain carbonifère de Belgique, 412. Delobel. Cosmogonie ou système de formation de l’univers , II, 2, 54. De Ram. Note sur une statuette antique trouvée à Casterlé, I, 38. Commis- saire pour la notice de M. Scheler , intitulée : Le verbe français, considéré sous le rapport étymologique , IL, 273. Notice sur le prévôt de Marci, 558. Note biographique sur les docteurs Van Rossum et Vounck , 409. De Smet. Note sur les armoiries des chevaliers de la toison d'or, qui sont conservées dans la cathédrale de S'-Bavon à Gand, 1, 157. Révolution 470 TABLE DES MATIÈRES. brabançonne. Collace de Gand, II, 341. Sur les changements faits à la constitution flamande sous le règne de Marie-Thérèse , 386. De Witte. Notice sur l'ouvrage Museum étruscum Gregorianum , 1, 244. Note sur une figurine de bronze trouvée à Casterlé , II , 214. Dumont. Commissaire pour la notice géologique sur le département de l’A- veyron , par M. Marcel de Serres, I, 25. Commissaire pour les notes géo- logiques sur la Provence, par M. Marcel de Serres , 286. Duprez. Observations météorologiques faites à Gand en 1843, 1 , 26. Falck. Médaille consacrée à sa mémoire par M. Wiener , 1 , 198. Fabry Rossius. Note sur la technologie archéologique , I, 148. Forster. Météore observé à Bruges le 27 juillet 1844, II, 29. Observations sur la floraison faites à Bruges , en 1844, 275. Funck. Notice sur le Steatornis Caripensis, Il, 371. Galeotti. Enumeratio synoptica plantarum phanerogamicarum , 1, 121, 297, 355 ; II, 61, 185 , 519. Galesloot. Antiquités du royaume , I, 286. Geoffroy de Saint-Hilaire. Sa mort , I, 1. Gérard. Note et modèle d’un compas pour la division des plateaux cireu- laires, II, 564. Gerlache (de). Commissaire pour la description architectonographique de la crypte souterraine de l’église d’Anderlecht, par M. Vander Rit, 11, 2. Lettre de M. Peltier sur l'électricité de la vapeur produite par les locomo- tives, 54. Rapport sur la description architectonographique de M. Vander Rit, 146. Commissaire pour l’appendice au mémoire de M. Vander Rit , 364. Gluge. Collection des minéraux de la Hongrie, I, 26 ; IL, 140. Grandgagnage. Rapport sur un mémoire relatif à l'ancien droit civil et poli- tique de la Belgique , présenté au concours de 1844, I, 286. Groetaers. Objets d’antiquité trouvés sur la route d'Assche vers Enghien, I, 2. Guioth. Découverte numismatique faite à Mopertingen , J, 1. TABLE DES MATIÈRES. 471 H. Henaux. Lettre au sujet d’une pierre tumulaire qui se trouve à Metz, II, 272. Houzeau. Mémoire sur les étoiles filantes périodiques du mois d'août, et en particulier sur leur apparition en 1842, II, 30. Notice, contenant les ré- sultats de quelques expériences thermométriques et magnétiques, faites dans la fosse du charbonnage du couchant du Flénu, 140 , 274, 285. Jenyns. Périodicité des phénomènes naturels , I , 2. K. Kickx. Commissaire pour la note de M. Westendorp sur le mode de pro- pagation des nédulaires, 1, 26. Communique les observations sur la flo- raison faites à Gand , et celles faites à Ostende par M. Mac-Leod , 198. Rapport sur une note de M. Westendorp , concernant le mode de propa- gation des nédulaires , 199. Commissaire pour le mémoire de M. Van Be- neden , intitulé : Recherches sur l’anatomie, la physiologie et le déve- loppement des Bryozoaires qui habitent la côte d’Ostende, II, 185. Commissaire pour le mémoire de M. Van Beneden sur l’organisation et l’embryogénie des Ascidies simples, 586. Koene. Mémoire sur la non-existence du sulfate d'oxyde azotique, I , 26, 87. Demande à pouvoir déposer un paquet cacheté , 198. Considérations sur la nature du produit qui résulte de l’action réciproque des acides sulfureux et hypoazotique , 286. Mémoire intitulé : De la nature de l’eau régale , IT, 148, 152. Considérations sur la nature du produit qui résulte de l’action réciproque des acides sulfureux et bypoazotique , 178. Demande que l'aca- démie veuille bien accepter le dépôt d’un paquet cacheté , 412. L. Lamont. Se charge de diriger les observations météorologiques, faites jus- qu'ici à Bruxelles , I, 82. Leclereq. Sur la formation de la glace dans les eaux courantes, 11, 411. 472 TABLE DES MATIÈRES. Liagre. Note sur les oscillations du niveau à bulle d’air et sur les erreurs qui peuvent en résulter dans les mesures de précision , II, 140, 274. Liebig. Découvre l’acide hyppurique dans les urines humaines fraiches , I, 26. Loppens. Recherches sur la quantité d'acide carbonique contenue dans l'air des salles de spectacle , II, 9. Lortet. Observations sur les départs des oiseaux voyageurs , 1, 197. Louyet. Recherches sur la potasse à l'alcool et le carbonate de potasse, II, 2, 59. Note sur l'absorption des poisons métalliques par les plantes , 364. M. Mac-Leod. Observations sur la floraison faites à Ostende ,1, 198. Marcel de Serres. Notice géologique sur le département de l'Aveyron, I , 25. Notes géologiques sur la Provence, 286. Marchal. Note sur les relations commerciales des Flamands avec le port d'Alexandrie d'Égypte,1 , 152. Notice sur Brunetto-Latini, 265. Notice sur l'étude de la langue grecque dans l'empire des Carlovingiens, et sur la miniature grecque d’un évangéliaire latin, 550. Notice sur un livre d'heures , 407. Notice sur la géographie de l’Europe selon le système des Phéniciens, 11, 104. Notice sur la ville gauloise de Majerou , 239. Martens. Remarques sur une réclamation de M. Vrolik au sujet dela notice de M. Martens sur les causes de la mort naturelle , 1,5. Commissaire pour le mémoire de M. Schwann sur la bile, 45. Enumeratio synoptica planta- rum phanerogamicarum , 121, 227, 555. Commissaire pour le mé- moire de M. Louyet sur la potasse à l'alcool et le carbonate de potasse, IF, 2. Enumeratio synoptica plantarum phanerogamicarum , IL, 61, Ré- flexions sur un travail de M. Beetz, concernant la passivité du fer , 183. Enumeratio synoptica plantarum phanerogamicarum, 185, 319. Com- missaire pour la note de M. Louyet sur l'absorption des poisons métalli- ques par les plantes, 564. Matthes. Communique des observations ornithologiques, faites dans les en- virons de Deventer , par M. Brants , I, 198. Melsens. Billet cacheté adressé à l'académie, II , 159. Migrations des oiseaux , I, 26. Ministre de l’intérieur. Rapport de M. Guioth sur une découverte numisma- tique, 1, 1. Requête du S' Toulmond relative à des fouilles à faire dans les ruines d’un ancien château, à Géronville , 36. Antiquités nationales , 286, Annonce que la colonne milliaire romaine de Tongres sera déposée TABLE DES MATIÈRES. 473 au musée de l’état, 553. Communique une notice de M. Groetaers sur des objets d’antiquité, II, 2. Envoie différentes réponses à la ciculaire de l’aca- démie, concernant la carte archéologique de Belgique, 50. Antiquités nationales , 286. Adresse une copie d’un rapport de M. Wesmael sur une nouvelle excursion scientifique faite dans le royaume, 365. Morren (Aug. ). Observations horaires , I, 2. Morren. Dessin d’un cercle lunaire, observé à Bruxelles, 1 , 26. Rapport sur le mémoire de M. Verloren, présenté au concours de 1844, 294. Navarette. Sa mort, II, 271. 0. Observations météorologique horaires , 1, 2,5, 26 ; II, 29. Observations sur la floraison , 1, 26, 198 ; II, 275, 564. Observations sur les départs des oiseaux voyageurs, 1, 198; II, 564, 412. Omalius d’'Halloy (d’). Commissaire pour la notice géologique sur le dépar- tement de l'Aveyron, par M. Marcel de Serres , 1, 25. Rapport sur cette notice, 85. Deuxième note sur la classification des races humaines, 97. Commissaire pour les notes géologiques sur la Provence, par M. Marcel de Serres, 286. Rapport sur le mémoire de M. Marcel de Serres, intitulé : Notes géologiques sur la Provence, II, 2. Note sur les divisions géogra- phiques, 197. Commissaire pour le mémoire de M. Peltier, intitulé : Recherches sur les causes des variations barométriques, 275. Note sur le grès de Luxembourg, 292. Ouvrages présentés, 1, 22, 77 , 192, 282, 548, 495; II, 25, 155, 265, 359 , 460. P. Pagani. Rapport sur le mémoire de M. Simonis, présenté au concours de 1844 ,1, 291. Commissaire pour l'ouvrage de M. Delobel sur la cosmogo- nie, ou système de formation de l'univers, II, 2. Commissaire pour le mé- moire de M. Verbulst, intitulé : Recherches mathématique sur la loi d’accroissement de la population , 371. Peltier. Essai de coordination des causes qui précèdent, produisent et accom- pagnent les phénomènes électriques , 1, 198. Lettre à M. le baron de 474 TABLE DES MATIÈRES. Gerlache , sur l'électricité de la vapeur produite par les locomotives, II, 54. Recherches sur les causes des variations barométriques , 275. Perrey (Alexis). Mémoire sur les tremblements de terre ressentis en France et en Belgique, I, 198 ; II, 274. Q. Ouetelet. Annonce que Munich remplacera désormais Bruxelles, comme centre des observations météorologiques, 1, 81. Communique le programme d’une nouvelle association établie à Florence par M. Antinori, 197. Com- munique un grand nombre de réponses à la circulaire de l'académie, sur les antiquités nationales, 198. Commissaire pour lemémoire de M. A. Perrey sur les tremblements de terre ressentis en France et en Belgique, ibid. Commissaire pour le mémoire de M, Peltier, intitulé : Essai de coordination des causes qui précèdent, produisent et accompagnent les phénomènes élec- triques, ibid. Rapport sur le mémoire de M. A..Perrey sur les tremblements de terre ressentis en France et en Belgique, 508. Annonce la réunion des naturalistes scandinaves, 355. Éclipse de lune , 554. Météore observé à Nuremberg , à Bamberg et à Parme, le 20 juillet 1844, 11, 29. Bolide observé à Bruxelles, le 24 juillet, 50. Commissaire pour le mémoire de M. Houzeau sur les étoiles filantes périodiques du mois d’août 1842, ibid. Rapport sur l’essai de coordination des causes qui précèdent , produisent et accompagnent les phénomnèes électriques, par M. Peltier, 51. Commis- saire pour la notice de M, Houzeau, contenant les résultats de quelques expé- riences thermométriques et magnétiques, faites dans la fosse du charbonnage du couchant du Flénu , 140. Commissaire pour la note de M. Liagre sur les oscillations duniveau à bulle d’air, 140. Annonce l’envoi d’une caissede mi- néraux de la Hongrie, ibid. Rapport sur le mémoire de M, Houzeau sur les étoiles filantes périodiques du mois d’août 1842, 142. Commissaire pour le mémoire de M. Peltier, intitulé : Recherches sur les causes des varia- tions barométriques , 275. Observations sur la floraison faites à Bruxelles en 1844, ibid. Commissaire pour la note et le modèle d’un compas pour la division des plateaux circulaires, par M. Gérard , 364. Commissaire pour le mémoire de M. Verhulst, intitulé : Recherches mathématiques sur la loi d’accroissement de la population , 571. Présente le tome XVII des Mé- moires de l'académie , 409. Rapport sur les travaux de l’académie pendant l’année 1844, 414. Questions proposées pour le concours de 1845, I, 301. TABLE DES MATIÈRES. 475 R. KReiffenberg (de). Commissaire pour une découverte numismatique faite par M. Guioth à Mopertingen , 1, 1. Le dominicain Brochart et la Terre- Sainte ; Barlaam et Josaphat, G. Rapport sur les monnaies anciennes trou- vées à Mopertingen, 57. Turpin. Prise de Jérusalem par Saladin, et croisade de l’empereur Frédéric I: Barberousse. Itinéraire de la Terre-Sainte , de Brochart,45. Addition au faux Turpin. Légende relative à St-Jacques le mi- neur. Voyage de Guillaume Bolunzele à la Terre-Sainte, 176. Diversa- rum lectionum historicarum ct antiquarum farrago de Nicolas du Fief. Un mot sur les Stampien, 265. Rapport sur le mémoire de M. Van den Branden de Reeth, 287. Publius Victor De regionibus urbis Romae. Petite chronique d'Italie. Addition relative à la légende de Josaphat, 514. Ancien manuscrit de Priscien. Vie de S: Vulfilaïc. Lettre de Sismond sur le Chronicon Centulense. Guillaume Wiltheim. Catalogue des abbés deSaint-Vit, Rit de la Séquestration d’un lépreux dans l’ancien diocèse de Trèves, 386. Commis- saire pour la description architectonographique de la crypte souterraine de l’église d’Anderlecht , par M. Vander Rit, II, 2. Nouvelles recherches sur Rubens. Observation sur Publius Victor, 15. Bibliothèque tournai- sienne. Recucil de proverbes imprimé au XV: siècle, 80. Rapport sur la description architectonographique de M. Vander Rit : 146. Pierre Stock- mans. Suite de la Bibliotheca Tornacensis de Du Fief, 217. Commis- saire pour la lettre de M. Henaux > au sujet d’une pierre tumulaire qui se trouve à Metz , 272. Commissaire pour la notice de M. Scheler , intitulée : Le verbe français , considéré sous le rapport étymologique , 275. Commis- saire pour l’appendice au mémoire de M. Vander Rit, 364. Rapport sur la communication de M. Henaux , touchant un monument funéraire attribué à un Éburon , 368. Sur une fausse bulle » 406. Une existence de grand seigneur au XVI: siècle , 421. Kiondani, Observations sur l'apparition des insectes , faites à Parme ; 11,274. Koulez. Commissaire pour une découverte numismatique faite par M. Guioth à Mopertingen , 1, 1. Rapport sur les monnaies anciennes trouvées à Mo- pertingen , 57. Combat de Thésée et de l’amazone Molpadie, 67. Lutte d'Hercule et de Triton, 403. Commissaire pour la description architectono- graphique de la crypte souterraine de l’église d’Anderlecht, par M. Vander kit, IL, 2. Persée recevant la barpé de Minerve , 94. Rapport sur la des- cription architectonographique de M. Vander Rit ; 146. Commissaire pour la lettre de M. Henaux, au sujet d'une pierre tumulaire qui se trouve à 476 TABLE DES MATIÈRES, Metz , 272. Commissaire pour l'appendice au mémoire de M. Vander Rit, 364. Rapport sur la communication de M. Henaux , touchant un monu- ment funéraire attribué à un Éburon, 565. S. Sacré. Balance de précision , IL, 364. Sauveur. Commissaire pour le mémoire de M. Schwann sur la bile, [, 45. Schayes. Observations sur le peuple éburon , II, 569. Scheler. Le verbe français , considéré sous le rapport étymologique, IL, 275. Scherer. Observations sur le floraison faites à Parme en 1844, 11 , 274. Schwann. Mesure des organes internes de l’homme, 1, 2. Mémoire sur la bile, 49 ; IL, 9. Selys-Longchamps (de). Observations sur les migrations des oiseaux en 1845, I, 26. Note sur une migration de Cassenoix, IL, 298. Observations faites à Liége et à Waremme, sur les migrations des oiseaux, 412. Simonis. Mention honorable pour un mémoire présenté au concours de 1844,1, 295; II , 459. Sommé. Mémoire sur les lois naturelles inhérentes à l’organisation animale , I, 286. Staring. Observations sur la floraison en 1843 , I, 26. Stas. Nommé membre de la commission chargée d’aviser aux moyens de continuer les observations météorologiques, I , 5. Commissaire pour le mémoire de M. Koene sur la non-existence du sulfate d'oxyde azotique, 26. Commissaire pour le mémoire de M. Schwann sur la bile, 45. Rapport sur le mémoire de M. Koene, sur la non-existence du sulfate d’oxyde azoti- que , 85. Commissaire pour le mémoire de M. Koene sur la nature du produit qui résulte de l’action réciproque des acides sulfureux et bypoa- zotique , 286. Commissaire pour le mémoire de M. Louyet sur la patasse à l'alcool et le carbonate de potasse, II, 2. Commissaire pour la notice de M. Houzeau , contenant les résultats de quelques expériences thermomé- triques et magnétiques , faites dans la fosse du charbonnage du couchant du Flénu , 140. Rapport sur le mémoire de M. Koene , intitulé : De la na- ture de l’eau régale, 148. Commissaire pour la note de M. Louyet sur l'absorption des poisons métalliques par les plantes, 564. Commissaire pour la balance de précision de M. Sacré , 564. Stassart (de). Commissaire pour la notice de M. Scheler, intitulée : Le verbe français , considéré sous le rapport étymologique , IT, 273. 1 TABLE DES MATIÈRES, 47 Thuret. Note sur les anthérides et les spores de quelques Fucus, II, 515. Timmermans. Rapport sur le mémoire de M. Simonis, présenté au concours de 1844, I, 291. Toulmond. Requête relative à des fouilles à faire dans les ruines d’un ancien château , à Géronville , I , 56. V. Van Beneden. Commissaire pour le mémoire de M. Sommé sur les lois natu- relles inhérentes à l’organisation animale, 1, 286. Rapport sur le mémoire de M. Verloren , présenté au concours de 1844, 298. Commissaire pour le mémoire de M. Wesmael, intitulé : Tentamen enumerationis criticae Ichneumonum Belgiüi , IL, 61. Recherches sur anatomie, la physiologie et le développement des Bryozoaires qui habitent la côte d’Ostende, 185. Sur les genres Eleuthérie et Synhydre , 505. Sur le sexe des Anodontes et la signification des Spermatozoaires, 577. Histoire naturelle du Crinomorpha, 385. Mémoire sur l’organisation et l’embryogénie des Ascidies simples, 586. L'Outarde ÆZoubara, 412. Vanden Branden de Reeth (le chevalier). Couronné au concours de 1844, IL, 458. Vander Rit. Description architectonographique de la crypte souterraine de l’église d’Anderlecht, IT, 2, 146. Appendice à cette description , 564. Verbulst. Rapport sur le mémoire de M. Simonis , présenté au concours de 1844, 1, 291. Recherches mathématiques sur la loi d’accroissement de la population , IE, 371. Verloren. Couronné au concours de 1844, 1, 501 ; II , 564, 458. Vlocbergbs. Mémoire sur la garance , L , 26. Vrolik. Réclamation au sujet de la notice de M. Martens sur les causes de la mort natutrelle , L, 3. W. Wesmael. Rapport sur le mémoire de M. Verloren , couronné au concours de 1844, 1, 501. Mémoire intitulé : Tentamen enumerationis criticae Ichneumonum Belgii, XI, 61, 146. Commissaire pour le mémoire de M. Van Beneden , intitulé : Recherches sur l'anatomie , la physiologie et 478 TABLE DES MATIÈRES. le développement des Bryozoaires qui habitent la côte d'Ostende , 185. Hirondelles observées à St-Job par M. Meulenberg, 364. Commissaire pour le mémoire de M. Van Beneden sur l’organisation et l’embryogénie des Ascidies simples , 586. Westendorp. Note sur le mode de propagation des nédulaires , L , 25, 204. Wiener. Hommage d’un exemplaire de la médaille consacrée à la mémoire de M. Falck, I, 198. Willems. Notice sur un recueil d'anciennes chansons françaises , I , 376. Z. Zipser. Collection des minéraux de la Hongrie, 1, 26 ; IL, 140. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES, ERRATA. Dans le 11me no de ce volume, p. 367, ligne 14, au lieu de : puis le sévirat, qu'on lui attribue, étant un. caractère purement civil ou religieux : lisez : puis Le sévirat, qu'on lui attribue un caractère purement civil ou religieux. Dans le 12me n°, page 407, ligne 10 : Chrusmare, lisez : Chrasmare. — 447, — 20; constant, lisez : objet constant. - “ dar 4 Me ni a SU 1 x NV Per | Sie TR ok 1 LL RER Ê 4 n » M j Ce Le; Vi jU Lt À A LAN, js A d 2 19 RUE 0 [a \ 2 t 2%, à # ÿ É.