4 re ÉRRE Sd Us on un Te ne on ns ae Ve sde. RRPRTES CHR RTE ie Ü = D] sé ui de Pt | . » ( * meufs ta d: “> à 3 BULLETINS et TA L’ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, 0 DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. \ BULLETINS DE L’'ACADÈMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. TOME XXI. — Ie PARTIE. — 1854. BRUXELLES, M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 1854. BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1854. — No 1. CLASSE DES SCIENCES. Séance du T janvier 1854. M. Sras, directeur. M. Querezer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Sauveur , Tim- mermans , Crahay, Wesmael, Martens, Dumont, De Ko- ninck, Van Beneden, A. De Vaux, le baron Ed. de Selys- Longchamps, le vicomte B. Du Bus, Nerenburger, Gluge, Schaar, membres; Schwann, associé; Liagre, correspon- dant. MM. Lesbroussart, membre de la classe des lettres, et Ed. Fétis, membre de la classe des beaux-arts, assistent à la séance. TomE xx1, — ['° PART. 1 (2) La classe apprend avec douleur la perte de l’un de ses membres, M. Auguste-Donat De Hemptinne, trésorier de l'Académie, décédé le 5 janvier. Elle décide qu’on se bor- nera à prendre connaissance de la correspondance ; les autres pièces seront renvoyées à la séance suivante, afin que les membres puissent se rendre en corps à la maison mortuaire, el assister aux funérailles. CORRESPONDANCE. M. Liagre remercie l’Académie pour sa nomination de membre. M. le secrétaire perpétuel annonce qu'il a écrit à M. le Ministre de l’intérieur pour obtenir la sanction royale de cette nomination, mais qu'il n’a pas encore reçu de réponse. M. Flourens, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences de Paris, et M. Airy, directeur de l'Obsérvatoire royal de Greenwich, remercient également l’Académie d’avoir inscrit leurs noms parmi ceux de ses associés. —- M. Licberkuhn, docteur à Berlin, exprime sa re- connaissance pour la distinction accordée à son travail d'anatomie comparée, lors du dernier concours. — M. Schwann, professeur à l’université de Liége et associé de l’Académie, demande à pouvoir déposer un pa- quet cacheté. Ce dépôt est accepté. — S. À. le prince de Ligne, président du Sénat, pré- (3) sente les remerciments de cette assemblée pour l'envoi des publications de l’Académie. — M. Bellynck, professeur au collége de la Paix à Namur, fait parvenir les résultats de ses observations sur les phé- nomènes périodiques des plantes et des animaux en 1855. — M. Colla, directeur de l'Observatoire météorologique de Parme, fait connaître qu’il a observé un orage magne- tique, dans le barreau aimanté de déclinaison, pendant les journées des 5, 6 et 7 décembre dernier , et particulière- ment dans la deuxième. — M. Quetelet fait hommage d’un exemplaire de l’An- nuaire de l'Observatoire royal de Bruxelles pour 1854. — Le même membre cite un extrait d’une lettre particu- lière qu’il a reçue de M. le colonel Sabine, associé de l’Aca- démie , au sujet de l'influence de la lune sur la direction magnétique à Toronto, Sainte-Hélène et Hobarton. D’après ses observations faites à Milan et à Prague, M. Kreil à cru reconnaître une influence lunaire sur la surface du globe, qui se manifeste par une variation dans la déclinaison magnétique; elle dépend de l'angle horaire de la lune et se termine dans l’espace d’un jour lunaire ; M. Sabine a voulu vérifier cette loi et a fait usage des ob- servations horaires de six années à Toronto, et de cinq à Sainte-Hélène et à Hobarton; il a trouvé en effet, dans chacune des trois stations, une variation lunaire diurne dont le caractère est le même. Abaissement extraordinaire de la température le 26 de- cembre 1855. — M. Montigny, professeur de physique à lAthénée de Namur, écrit que, le 26 décembre dernier, le thermomètre centigrade est descendu, au faubourg (æ) d'Heuvy, à — 19,4; il n'avait pu, à cause d’une absence, observer du 24 au 26; mais M. Maas, professeur au collége de la Paix, avait obtenu dans l’intérieur de la ville un abaissement de — 22°. M. Quetelet a observé, également le 26 décembre, un peu avant 9 heures du matin, une température minimum de — 199,4, à l’aide de deux thermomètres exposés sur la ter- rasse de l'Observatoire au rayonnement d’un ciel parfaite- ment serein. Le thermomètre, placé au Nord et abrité contre le rayonnement nocturne, n’était descendu qu’à —16°,5; à Tirlemont, M. Vanden Berghen a obtenu pres- que le même nombre, — 16°,5. M. Crahay, à Louvain, a constaté également un mint- mum de température, mais beaucoup plus extraordinaire : encore qu'à Bruxelles : dans la matinée du 26 décembre, le thermomètre centigrade indiquait — 23°,2. M. Crahay fait observer que les températures extrêmes sont généralement plus sensibles à Louvain qu’à Bruxelles. M. Quetelet ajoute que la température minimum —25°,2 observée à Louvain , le 26 décembre dernier, est la plus basse qu'il ait constatée pour notre pays depuis qu'on y observe. Les trois plus forts minima qu’il ait recueillis dans son ouvrage Sur le climat de la Belgique, sont— 210,1 pour Bruxelles en 1776; —292°,9 pour Maestricht en 1895, et — 20°,9 pour Louvain en 1858. On trouve bien — 24°,4 pour Malines en 1825, mais les observations faites dans cette ville méritent peu de confiance. Quant au baromètre, dit M. Quetelet, après avoir atteint à Bruxelles, le 9 décembre, à 10 heures du soir, un maxi- mum de 766"%,9, il est descendu progressivement jusqu’à 755,5 le 15 (à 8 heures du matin), pour remonter ensuite à 75#%,0 le 18 (à 10 heures du matin). Après quelques oscillations, il s'était élevé de nouveau le 25 (à 8 heures du ss ; (5) matin) jusqu’à 764"",8, pour retomber encore à 752"",9, le 28 (à 4 heures du matin). Le lendemain (à 40 heures du matin), il atteint brusquement 762"",5. Des vents très-vio- lents de SO., accompagnés de neiges, provoquèrent, le 50, une chute barométrique très-rapide, et à 6 heures du soir, le mercure était descendu à 742"",5 ; il remonta ensuite un peu, et marquait 747"",8 le 51, à 10 heures du matin. M. Montigny écrit de Namur que « le baromètre s’est maintenu assez élevé pendant la première dizaine de dé- cembre; mais, vers le 40, il commence de descendre pour atteindre un minimum de 726"",10, le 15, à 9 heures du matin, sous l'influence d’un vent du NE., accompagné d’une neige légère et qui passe ensuite au NO. Le 50, la colonne barométrique descendit de 747"",05 (8 heures du matin) à 757"",17 (9 heures du soir), pen- dant que régnait un vent du NO. très-violent accompagné de tourbillons de neige. » MM. Crahay à Louvain et Vanden Berghen à Tirlemont, donnent, de leur côté, respectivement les nombres sui- vants : LOUVAIN. TIRLEMONT. Le. 9, » cie » Le 9, à Midi. . .:. 766,75 21B; 2 84/2 h°m. . ..1 737,55 » 145, à 9h. mat. ... 735,85 » 48, à 9h. mat. ... 754,75 » 18, à 9h. mat. ... 753,175 » 25, à 9h. mat. ... 766,41 » 925, à 9h.mat, ... 764,15 D26, à 9h. mat. .:., 761,78 » 26, à 9h.mat. ... 761,80 » 27, à 9h: mat. ... 754,20 » 97, à 9h. mat. ... 754,35 » 28, » a NS » » 928, à 9h.mat. ... 755,50 » 29, à 9h.mat. ... 763,00 » 99, à 9h. mat. ... 761,75 » 30, à 4h,.soir. ... 744,10 » 30, à Midi. . ... 746,25 » 31, à 9h.mat. ... 748,70 » 31 » AMC METRE C7 D Dans le tableau suivant, on a mis en regard des tempé- ratures recueillies à l'observatoire de Bruxelles, pendant le mois de décembre dernier, celles observées à Louvain, par M. Crahay, à Tirlemont, par M, Vanden Berghen , et à Namur, par M. Montigny. UXELLES. 1855. BR Es Es TEMPÉRATURE centigrade, au Nord. DÉCEMBRE. — mm | PAÉÉNAUNN TEMPÉR, ÉTAT DU CIEL PENDANT LA NUIT, Marimum.| Minimum. e Qt e ee > Id. Couvert, pluie. Couvert, brouillard. Id. id. Couvert , puis serein. D D QUE à DE GE à Ge æ 19 KO Ge à © © re GI © © 2 19 1 Serein ; puis couv., vent et neige. Couvert et neige. Couvert, neige; puis serein. Couvert, brouillard. Serein. Couvert. Éclaircies. Couvert , vent. Serein, puis couvert et neige. Couvert , bruine. Couvert, puis serein. Serein. Couvert , brouillard. Couvert, neige et brouillard. Eclaireies. | Serein; puis couv., vent et neige. | Couvert, brouillard. IAE LL JT bd nie em DRHDSNWOQOeUT==Ie l] 19 QU I QE à © © 00 21 à KO QT 21 WE 19 © © © = > QU . LosNoou1boruoweeouoouowWobouus | | owoorobeor ro io © 6 io 0 = ü: = | = nn me © hr CHE | = uuwe st oo to tr m1 ü os Gi © © H'ût 1 © ig to & ©: 1 6 7 1 0. 0. 4. ÿ. 0. 0. 0. 1 0. 1 8. 2 2. 4. al = ie © & C1 (4) La température minimum au sud, à Bruxelles , est donnée d’après un thermomël] non abrité contre le rayonnement nocturne, la pluie ou la neige; on a eu soin d'in quer dans une colonne spéciale l’état du ciel pendant la nuit , pour connaître les causes q} avaient modifié ses indications. (2) D’après l'observation de midi , le maximum étant fautif. ‘ (5) D'après M. Maas, professeur au collége de la Paix, M. Montigny ayant été abself (4) LOUVAIN. TIRLEMONT. NAMUR. fEMPÉRATURE | TEMPÉRATURE ‘ TEMPÉRATURE centigrade. | VENT centigrade. VENT centigrade, dominant. Fer ue dominant. "Ar um. Minimum. Maximum. Minimum. Minimum. to.2 — 50,1 » 20,6 — 30,6 S. » 1.8 — 5,1 » 1.8 — 3.8 S. » 1.5 — 3.8 » 4.0 — 53.8 SS0. » !,0 — 4.2 » 4.2 — 3.1 N. » 5.8 — 4.2 » 2.9 — 3.5 U » 5.5 — 0.2 0. 5.0 0.1 ï » 5.0 1.5 SE. 2.5 1.5 S.-SSO » [5 OT UE UN. #5 0.8 S.-SSO » 1.5 — 0.7 | N. 0.0 — 0.7 N.-NNE “ {.9 — 4.9 | NE. —1.5 — 5.8 ENE.-NE » ).5 — 6.9 | NE. 0.5 — 6.0 NNE -E. » 1.6 — 4.0 E. DD — 27 N.-E. » 5.7 — 35 SSE 3.1 — 4.1 à SSO.-S. » 1.5 — 3.5 E. 0.2 — 4.0 S.-N. » 2 5.5 | NNO — 0.8 — 4.9 NNO.-0. » 1.3 — 8.0 E. —0.1 — 6.7 S.-SE. » 5,7 de il ONO — 5.0(°)| — 7.0 O.-NO. — 90.2 (613 —, 9.3 | SSE —7.0{(?)| — 9.2 0: ART rl 213.6 | E. —2.5 —13.5 ONO.-N — 19.9 ).5 — 45 | E. —1.2 — 6.7 N. — 5.2 ),7 — D.3 E. —1.5 — 5.4 NNE. — 5.0 ),7 — 18 | ENE. 24 | — 2.9 NE. 15.0 .6 — 73 0. 0.0 — 6.7 050. — ,9.0 ).8 — 14° | NE —1.4() — 9,5 N. ? 1 7 —415.4 NE —6.5 —10.9 | N.-0 —22.0 (5) 9 | —9235.2 | . NNE —53.5 —16.3 | O.-SO. — 19.4 .6 —15.1 AO — 3.1 —115 | N —14.3 4 —11.4 : — 5.3 — "9.0 | 29% .0 —11.4 NNE. —5.3 —10.0 N.-S0O —13.0 ).1 —16.2 0. — 1.0 — 12.9 S.-S0 12.0 .0 — 6.0 NNO. » » 0S0.-0 — 4.8 B. Pour Bruxelles et Tirlemont , la température maximum, inserite à chaque date, Île qui a régné depuis midi de ce jour jusqu’au lendemain à la même heure, tandis pour Louvain, c’est celle comprise entre 9 heures du matin de ce: jour et la même e du lendemain; quant au minimum, c'est la plus basse température qui s'est fait rentre midi de la veille et midi du jour aüquel le nombre est inscrit dans les diffé- s stations ; l’état du ciel correspond également à la nuit précédente. (8) CONCOURS EXTRAORDINAIRE POUR LE SAUVETAGE DANS LES MINES, Au mois de juillet 1850 , la classe des sciences a mis au concours la question suivante : Indiquer un procédé pratique d'un emploi commode et sûr, qui permette à l'homme de pénétrer, sans délai, à de grandes distances, de séjourner, de $’éclairer et d'agir libre- ment dans des excavations envahies par des gaz nuisibles. M. le Ministre des Travaux publics a promis, en même temps, de joindre à la médaille académique une récom- pense pécuniaire de la valeur de 2,000 francs en faveur du meilleur mémoire envoyé au concours. Le terme fatal était le 51 décembre 1855. M. le secrétaire perpétuel fait connaitre qu'il a reçu neuf écrits en réponse à la question proposée; savoir : N° 1. Une note portant la devise : Les hommes doivent s'entr'aider. N° 2. Une note avec l'inscription grecque : Où coppoyiouoi yiyvoyleu rois aySporois Tu Toy TEA; duoluyyuoiler, N° 5, Un mémoire avec l'inscription : Le sentiment qu'on éprouve à sauver son semblable, est pour tout homme de cœur la plus douce des récom- penses. H N° 4. Un mémoire avec la devise : Du choc des opinions jaillit la lumiere. N° 5. Une neteavec l'inscription ; C'est l'œuf de Colomb. (9) N° 6. Une note ayant pour devise : L'expérience éclaire. N° 7. Un mémoire portant les lettres X, Y, Z. N° 8. Un mémoire sans devise et intitulé : Appareil pour la descente dans les souterrains remplis de gaz délétère. N° 9. Une note avec l'inscription : Fiat lux. (Commissaires : MM. De Vaux, Stas et De Koninck.) — La lecture des rapports de MM. les commissaires chargés de l'examen du mémoire de paléontologie de MM. De Koninck et Lehon, ainsi que des mémoires mathé- matiques de MM. Carbonelle et Genocchi, est renvoyée à une prochaine séance ; il en est de même de la communi- cation d'une notice de M. Quetelet, Sur les proportions du corps humain chez la race noire. Il a fallu remettre également à une autre séance la ré- daetion du programme du concours pour l’année 1855. — M. le colonel Nerenburger a été désigné pour remplir les fonctions de directeur pendant l’année 4855. M. le ba- ron de Selys-Longchamps, directeur pour l’année actuelle, adresse, au nom de la classe, des remerciments à M. Stas, le directeur sortant. (10) CLASSE DES LETTRES. Séance du 9 janvier 1854. M. le baron pe Srassarr, président de l'Académie. M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le chevalier Marchal, le baron de Gerlache, Grandgagnage , De Ram, Roulez, Lesbroussart : Gachard, Borgnet, le baron Jules de Saint- Genois, David, Van Meenen, Paul Devaux, De Decker, Schayes, Snellaërt, Bormans, Baguet, membres ; Nolet de Brauwere Van Stee- landt, associé; Arendt, Chalon, correspondants. MM. Sauveur, Alvin et Ed. Fétis, membre de l'Académie, assistent à la séance. M. le secrétaire perpétuel donne connaissance de la mort de M. Philippe Bernard, correspondant de la classe, décédé à Saint-Gilles, le 6 décembre dernier; il annonce qu’une députation de l’Académie a assisté aux funérailles, et que, d'après l'invitation de M. le président, il s'est rendu l'interprète des regrets de la compagnie. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur demande un projet d’inserip- tion tant pour l’avers que pour le revers d'une médaille commémorative du mariage de S. A. R. le duc de Brabant. (11) (Commissaires : MM. le baron de Gerlache, Roulez et Chalon.) — M. le docteur Heffner, de Wurzbourg, remercie l’Académie pour l'accueil qu'elle a fait à sa notice sur Auger de Busbecq, dont elle a ordonné l'impression. — M. de Ram fait hommage de l'Annuaire de l'université de Louvain pour 1854, et M. Chalon de deux brochures sur la numismatique. Remerciments. — M. le Ministre de l’intérieur communique une pro- position qui luïr a été adressée, relativement à l’encoura- gement de l’art dramatique en Belgique. Cette proposition est renvoyée à la commission mixte formée de commis- saires nommés par la classe des lettres et par celle des beaux-arts. Les commissaires, pour la classe des lettres, sont MM. Gachard , le baron J. de Saint-Genois et Grand- gagnage. ÉLECTIONS. Après la lecture de la correspondance, la classe procède à l'élection de son directeur pour 4855; M. Leclercq est nommé à la majorité des suffrages. MM. le baron de Stassart, de Ram, Quetelet, le baron de Gerlache et Gachard sont désignés pour faire partie de la commission mixte, chargée d'examiner la demande faite par M. le Ministre de l’intérieur, « Sur le mode actuelle- ment suivi dans la répartition d'une partie des fonds’ al- loués par la Législature pour l’encouragement des sciences et des lettres. » (12) RAPPORTS. M. Roulez donne lecture des inscriptions suivantes pour deux médailles décernées au dernier concours : F, Decive PROFESSORI THENENSI quon QUÆNAM SIT OPTIMA IN ATHENÆIS COLLEGIISQUE DOCENDI RATIO NON SINE LAUDE INDAGAVIT MDCCCLIII Vicrort GAILLARD GANDAVENSI QUOD QUAM VIM NOSTRATES A CAROLO V AD FINEM SÆCULI XVIII HABUERINT IN FOEDERATO BELGIO AD STABILIENDAM REMPUBLICAM PROMOVENDAQUE COMMERCIA LITERAS ET ARTES NON SINE LAUDE EXPOSUIT MDCCCLIIT 2e Loti ee LS is ht (15) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Deux lettres inédites sur les derniers moments de Charles- Quint; par M. Gachard, membre de l’Académie. A mon retour d'Espagne, en 1845 , j'eus l'honneur d’en- tretenir l’Académie de quelques particularités relatives à la retraite de Charles-Quint dans le monastère où il finit ses jours (1); et la Compagnie se rappellera peut-être qu’à cette occasion, je rectifiai le nom improprement donné à ce monastère par les historiens. La rectification a porté ses fruits : aujourd’hui, en France, en Angleterre, en Al- lemagne, en Hollande, aussi bien qu'en Belgique, dans tout ce qui se publie sur les deux dernières anneés de la vie du grand Empereur, le couvent de Saint-Juste à fait place à celui de Yuste, nom véritable de la maison de l’or- dre de Saint-Jérôme que Charles choisit, pour y fixer sa dernière résidence. J'annonçai en même temps à l’Académie que j'avais rap- porté, des archives royales de Simancas, sur cet épisode si intéressant et si mal connu de l’histoire de Charles-Quint, des documents d’une grande valeur, dont la publication ne tarderait pas à faire l’objet de mes soins (2). Telle était, en effet, mon intention; mais d’autres travaux vinrent mettre (1) Note sur les commentaires de Charles-Quint (Burzerins de l’Aca- tdémie, t XII, 1°° partie, pp. 29-58); Sur le séjour de Charles-Quint au monastère de Fuste (Ibid., pp. 241-261. ) (2) Zbid., p.56. (14) obstacle à ce que j'y donnasse suite, et, il y a deux mois, les documents étaient encore enfouis dans mes cartons. Cependant des ouvrages venaient de paraître, ou étaient en cours de publication, en Angleterre et en France (1), qui excitaient vivement l'attention du monde lettré : la retraite et la mort de Charles-Quint étaient le sujet de ces ouvrages; le manuscrit Gonzalez, du dépôt des affaires étrangères , à Paris, en avait fourni les matériaux (2). La Commission royale d'histoire, dont la sollicitude pour les intérêts qui lui sont confiés ne s’est jamais dé- mentie, jugea qu'il fallait ne plus différer de mettre à la portée des hommes d'étude de tous les pays les précieux documents qui étaient entre nos mains: dans sa séance du 7 novembre dernier, elle m'invita à m'occuper sans délai d'en préparer l'impression ; elle décida, dans la même séance, qu'ils formeraient un recueil distinct, qui serait distribué comme annexe à ses Bulletins. Je me suis efforcé de répondre à l'attente de mes collè- gues ; et, l’imprimeur de la Commission m'ayant bien se- condé, nos documents auraient pu déjà être livrés au public, s’il n'avait paru nécessaire de demander aux ar- (1) En Angleterre : The cloister life of the emperor Charles te fifih, par William Sürling; Londres, J. Parker et fils, 1853. Ge livre en est déjà à sa 3° édition. En France: Charles-Quint dans le cloître, par M. Amédée Pichot (Revue Britannique, livraisons de février, mars, avril, mai et juin 1853); Charles- Quint, son abdication , sa retraite, son séjour et sa mort au monastère hiéronymite de Yuste, par M. Mignet (Journal des savants, cahiers de novembre et décembre 1852, de janvier, mars et avril 1853). M. Mignet n’a pas encore terminé son ouyrage, au moment où nous écrivons ces lignes. (2) J'ai donné la description de ce manuscrit, dans ma notice, ci-dessus citée, Sur le séjour de Charles-Quint au monastère de Vuste. RL (15) chives de Simancas quelques nouvelles pièces, que nous attendons de jour en jour. Notre recueil comprend une dizaine de lettres sur les derniers moments de Charles-Quint ; il y en a de presque tous ceux qui étaient présents : du docteur Heuri Mathys, de Bruges, qui donna ses soins à l’auguste malade, pen- dant tout son séjour à Yuste; de Luis Quijada, majordome de l'Empereur ; de Marüin de Gaztelû, son secrétaire; de l’archevêque de Tolède; du comte d’Oropesa, qui s'appelait, comme le duc d’Albe, Fernando Alvarez de Tolède; du grand commandeur d'Alcantara, don Luis de Avila y Züñiga, ce compagnon de Charles-Quint dans ses cam- pagnes de 1546 et 1547 contre les protestants d'Allema- gne, ét qui en à écrit une relation, traduite de l'espagnol en latin par Guillaume Van Male, cet autre compagnon de l'Empereur. Entre ces lettres, il en est deux qui offrent un intérêt tout particulier : c’est pourquoi j'ai pensé que l’Académie me saurait gré de les mettre sous ses yeux , traduites dans notre idiome. La Commission d'histoire, en votant l’im- pression des documents extraits des archives de Simancas, n'a pas cru qu’ils dussent être accompagnés de traductions, qui, indépendamment des diflicultés qu’elles présentent, auraient considérablement augmenté la dépense : seule- nent, selon son désir, j'ai placé, en tête des pièces, des sommaires qui font connaître tout ce qu’elles renferment d'essentiel. Les deux lettres dont je veux parler sont écrites : l’une par larchevêque de Tolède à la princesse dona Juana, fille de Charles-Quint , gouvernante des royaumes d’'Espa- gne; l’autre par Luis Quijada à Philippe IE. L'archevèque de Tolède était ce savant et infortuné do- (16) minicain, fray Bartolomé de Carranza, qui, l’année sui- vante, accusé d’hérésie par l’inquisition et poursuivi avec acharnement par le grand inquisiteur Valdès, fut enfermé dans les prisons du Saint-Office, à Valladolid , où il subit une détention de plus de sept années ; qui ensuite, à la de- mande de Pie V, fut transporté à Rome, où, après une nouvelle détention au château Saint-Ange, il obtint enfin de Grégoire XIII, en 1576, une sentence par laquelle il était absous de la plupart des chefs d'accusation intentés contre lui. Carranza, élevé au siége primatial de Tolède par Philippe IT, avait été sacré à Bruxelles, le 27 fé- vrier 4558, par notre fameux cardinal de Granvelle, An- toine Perrenot, qui était alors évêque d'Arras. Peu de temps après, le roi l'avait envoyé en Espagne, avec une mission pour l'Empereur, son père. Deux objets étaient recommandés à ses soins : il devait solliciter l'Empereur d'employer toute son influence sur la reine Marie de Hon- grie, afin de la déterminer à se charger de nouveau du gouvernement des Pays-Bas; il devait le prier de faire des représentations à son gendre, l’archiduc Maximilien, sur des motifs de plaintes qu’il donnait à sa femme. L’arche- vêque, ayant mis quelque retard dans son voyage à Yuste, n’y arriva que la veille de la mort de l'Empereur, le 20 septembre. Luis Quijada était attaché, depuis trente-sept ans, à la personne de Charles-Quint : il lavait suivi partout, et l'Empereur avait en lui une entière confiance; aussi ce fut entre ses mains qu'il remit cet enfant qui fut depuis si cé- lèbre sous le nom de don Juan d'Autriche, en le rendant dépositaire d'un secret que, par un sentiment de pudeur digne de louange, il voulait cacher à tous les yeux. Lors- qu'il vint en Espagne, il choisit Quijada, pour le placer à N) la tête de sa maison; et, au moment de quitter la vie, ce fut encore lui qu'il chargea de transmettre à son fils Phi- lippe H ses volontés dernières et ses pensées les plus in- times. Quijada justifia la faveur de son maître par un dé- vouement sans bornes, mais surtout par les soins qu'il lui prodigua dans les deux dernières années de sa vie. Toutes ses lettres respirent un amour, un respect, une vénération pour J'Empereur, dont on ne pourrait, sans les avoir lues, se faire une juste idée; et la sincérité de ces sentiments est attestée par tous les témoignages : elle l’est par les lettres du secrétaire Martin de Gaztelü, aussi bien que par la relation du séjour de Charles-Quint à Yuste trouvée, il y a deux ans, dans nos archives judiciaires. Voici maintenant les deux missives que j'ai annoncées : je crois devoir prévenir que je me suis attaché à en don- ner une traduction aussi liltérale que possible. Lettre de l'archevèque de Tolède à la princesse doña Juana. Très-haute et très-puissante dame, ayant appris en route que la maladie de l'Empereur s'aggravait, je me hâtai, et Dieu vou- lut que je vinsse à temps, pour traiter avec lui l'affaire la plus im- portante : celle de son salut. J'arrivai ici mardi matin, et tout de suite je me transportai au monastère. Je trouvai l'Empereur dans tout son bon sens, et parlant aux personnes qui l'entou- raient. Je fus avec lui un instant; puis, sur son ordre, j'allai me reposer. L'après-diner, je retournai auprès de lui. Quoiqu'il sût qu'il allait mourir, nous le lui répétâmes, et il se réjouit beaucoup de l'entendre. Je l’entretins ainsi de temps en temps sur ce sujet, jusqu'à — huit heures du soir, qu'il commença à défaillir. Il conserva néan- — moins son sens entier, prononçant toujours quelques paroles, TOME xx1. — I'° PART. 2 2% Londres Fr f) ES _ (18 ) jusqu'à plus de deux heures après minuit; il ordonna qu’on allu- mât les chandelles bénites qu'il avait; il me demanda ensuite un crucifix que je tenais et avec lequel était morte l'Impératrice, notre souveraine; il le prit, et le plaça deux fois en travers de sa poitrine. Quand je m'aperçus qu'il faiblissait, je le lui repris, pour le mettre devant ses yeux. Il expira en le regardant, entre deux et trois heures, entouré de quelques-uns des religieux de cette maison, qui l’assistaient, du comte d'Oropesa, du grand commandeur d’Alcantara, de Luis Quijada, de ses domestiques, de don Francisco et de don Diégo de Tolède. Il avait reçu tous les sacrements avec une grande piété, et néanmoins il voulut communier de nouveau la veille de sa mort. Il étonna et consola tous ceux qui étaient présents, par les sen- timents religieux, la tranquillité et le contentement qu'il montra jusqu'à son dernier soupir. Je dis cela, parce que, l'ayant plu- sieurs fois interrogé là-dessus, il me répondit ainsi, le faisant par des signes de tête, lorsque la parole lui manqua; et je le dis à Votre Altesse, afin que la douleur qu'elle ressentira jus- tement de la perte de son père, soit adoucie par la pensée qu'il est mort si chrétiennement et avec tant d'espoir de son salut, espoir que partagèrent ceux qui furent témoins de ses derniers instants. Je demeurerai en ce lieu jusqu’à ce que nous ayons déposé son corps, ainsi qu'il l'a ordonné, et trois jours ensuite, pendant lesquels on dira trois messes avec solennité, et autant de messes basses qu'il sera possible. Si, dans cet intervalle, Votre Altesse à des ordres à me donner, je les attendra, pour les remplir. L'Empereur avait voulu d'abord être enterré ici, et qu'on y apportât le corps de l'Impératrice; mais, depuis, il remit ce point à Ja volonté du roi, notre seigneur; et ainsi on le déposera, jus- qu'à ce que Sa Majesté ait fait connaître ses intentions. Il convient que Votre Altesse expédie de suite un courrier au roi, pour l'informer de cet événement, dont il importe que Sa Majesté ait connaissance dans le plus bref délai possible, quelque CRE ie 2 (19) malheureux qu'il soit ; qu'elle en donne de même avis en Portugal, et qu'elle ordonne de faire dans tout le royaume ce que nous sommes obligés et avons coutume de faire en des cas semblables. Pour le moment, je ne veux rien dire de plus à Votre Altesse, sinon qu’elle reçoive cette affliction , que Dieu lui a envoyée, avec la constance que tous nous nous promettons de ses sentiments religieux. Notre-Seigneur la lui donne comme je le désire. Amen. Du monastère de Yuste, le jour de Saint-Mathieu 1558, à cinq heures du matin. Serviteur et chapelain de Votre Altesse, dont il baise les mains, Fr. B., ARCHEVÈQUE DE TOLÈDE. Lettre de Luis Quijada à Philippe IL. Sacrée, Catholique et Royale Majesté, le 21 de ce mois, au point du jour, j'informai Votre Majesté de la mort de l'Empe- reur, qui est au ciel. Peu de jours auparavant, j'avais adressé à Votre Majesté une relation succincte de ce qui était arrivé jus- qu'au 17 du même mois, m'en remettant à celle qu'envoyaient les docteurs Corneille et Mathys (1). Ainsi tout ce que j'aurai à dire sur la maladie de l'Empereur, c’est que, depuis qu’eile éclata , elle alla toujours en augmentant; et, quoique les méde- cins prétendissent que quelquefois la fièvre le quittait, je crois qu'il n’en fut pas libre un seul instant. S'il avait pu prendre des aliments, ou du moins quelques bouillons ou autres choses sub- (1) Corneille de Baersdorp, ancien médecin de l'Empereur , était venu en Espagne, pour donner ses soins aux deux reines douairières de France et de Hongrie. Corneille-Henri Mathys était médecin de Philippe IL, qui avait consenti qu'il accompagnät l'Empereur en Espagne. (20) stantielles, nous l’eussions conservé plus longtemps : mais telle était la violence du mal, qu'elle ne le lui permit pas, et son dé- goût fut extrême jusqu'au moment où il rendit le dernier soupir. Votre Majesté a de grandes obligations à Dieu, pour la faveur qu'il a faite à son père de le laisser mourir avec tout son bon sens : car c'était une chose que l'Empereur craignait toujours, de s'en voir privé à cette heure suprême; et cela je le sais, parce que souvent il m'en parlait, disant qu'il n’y avait rien qu'il appré- hendàt davantage, et que, si une fièvre lui survenait, il se eon- fesserait, recevrait le saint sacrement, et ferait les dispositions qu'il avait à faire. En effet, aussitôt après que la première fièvre l'eut quitté, il se confessa, communia, et, le même jour, il or- donna la rédaction du codicille que Votre Majesté trouvera joint à la présente. La fièvre étant devenue quarte, il lui sembla qu'il n'en serait jamais délivré, et dès lors sa maladie fit de tels pro- grès que, le lundi, à midi, les médecins voulurent qu'on lui administrât l'extrême-onction. Je crus que c'était trop tôt, parce que l'Empereur avait encore bon visage, et qu'il aurait pu en être troublé. Je n'y consentis donc pas : mais, à neuf heures du soir, les médecins l'ayant presque exigé, l'extrême-onction lui fut administrée par son confesseur; il la reçut avec la connaissance qu'il conserva jusqu'à la fin, et avec une dévotion exemplaire. À partir de ce moment, son confesseur (1) et fray Francisco de Villalba, prédicateur de ce monastère, qu'il écoutait avec plaisir, ne le quittèrent plus : ils lui parlaient comme il est d'usage de le faire en de pareilles circonstances, et lui récitaient des oraisons et des psaumes. Lui-même le leur demandait, di- sant : « Récitez-moi tel psaume, ou telle prière : » c'était ceux auxquels il avait le plus de foi. Alors ils les lui récitaient, et, quand il s’y offrait quelque passage qui füt applicable à la situa- tion, ils s’y arrêtaient, pour l’interpréter, Ils lui récitaient aussi (1) Fray Juan Regla, de l'ordre des Hiéronymites. Il était venu, à la de- mande de l'Empereur, du monastère de Santa Engracia, de Saragosse. (ZE ) ’ la Passion , en s’arrêtant de même sur les endroits convenables : ce qu'il écoutait avec beaucoup d'attention et de contrition, joignant les mains, tournant ses regards vers le ciel, ainsi que vers un crucifix et une image de la Vierge que l'Impératrice, notre souveraine, avait eus à l'instant de sa mort : il me les avait montrés, et m'avait fait connaître sa volonté de les avoir, quand il arriverait à ce moment suprême. Et ainsi se passa toute la nuit. Le jour suivant, il se confessa et communia de nouveau. Comme je l’avertis que l'hostie sainte ne pourrait peut-être point passer, il me répondit que si, et il ordonna qu'on la lui apportât du tabernacle, de crainte que la messe ne tardât trop, pour qu'il pût la recevoir alors. Ce fut avec peine, en effet, qu'il parvint à la prendre : mais son sens était si entier, qu'il ouvrit la bouche de lui-même, pour qu'on s’assurât que rien n’en res- tait en dehors. Plus tard, il entendit la messe avec la plus grande piété, se frappant la poitrine, quand on disait les agnus. Pen- dant toute la journée, il agit de cette manière en prince très- chrétien. A midi, arriva l'archevêque de Tolède : ce prélat lui tint un discours approprié à la situation où il se trouvait. Il écoutait les uns et les autres avec une componction extrême, et il con- servait tellement son bon sens, qu'un peu avant la nuit, il me . demanda si j'avais là quelque chandelle bénite. Je lui répondis affirmativement; et, bien que quelquefois il fermât les yeux, il les ouvrait et se montrait attentif, dès qu'on l’entretenait de Dieu. Lorsqu'il me parut que son dernier moment approchait, je fis appeler l'archevêque de Tolède, qui était dans sa chambre. Le prélat vint, et lui adressa quelques paroles qu'il entendit. À deux heures du matin, on lui mit la chandelle bénite dans la main droite, que je lui tenais, tandis qu’il étendait le bras gauche, pour prendre de l'autre main le crucifix, en disant : « Il est » temps (1) »; il prononça encore le nom de Jésus, et il rendit (22) son âme à Dieu, sans plus faire d'autre mouvement que de re- muer deux ou trois fois les lèvres. Votre Majesté doit remercier Dieu d'une telle fin, car certes, jamais an ne vil personne mourir avec plus de connaissance, ni plus de dévotion, de contrition et de repentir. Je crois, comme chrétien, qu'il est allé droit au ciel. J'ai vu mourir la reine de France (1) : sa fin fut très-chrétienne: mais l'Empereur l'a sur- passée en tout, car je ne le vis pas un seul instant craindre la mort, ni s'en inquiéter, quoiqu'on lui en parlât assez souvent. Le mardi, avant de recevoir le saint sacrement, il m'appela, et fit sortir de sa chambre son confesseur, ainsi que les autres personnes qui y étaient. M'étant agenouillé devant son lit, il me dit : « Luis Quijada, je sens que je m'en vais peu à peu, et j'en » rends grâces à Dieu, puisque c’est sa volonté. Vous direz au » roi, mon fils, que je le prie d’avoir soin de tous ceux généra- » lement qui m'ont servi ici jusqu'à ma dernière heure; d'em- » ployer Guillaume le barbier à ce à quoi il le trouvera propre, .» et de ne permettre que personne ne loge dans cette maison. » En ce qui me concerne personnellement, je ne veux pas, comme intéressé, répéter ce qu'il me chargea de déclarer à Votre Majesté. Il m'ordonna encore de dire à Votre Majesté d'autres choses que je lui dirai, lorsqu'elle reviendra en Espagne; plaise à Dieu que ce soit avec le bonheur que tous nous lui souhaitons! Quant à ce qui touche l'enterrement et le dépôt du corps, j'en envoie le détail à Erasso (2), qui en rendra compte à Votre Majesté. L'Empereur regretta beaucoup de n’avoir pu entretenir du fait du roi de Bohême, l'archevèque de Tolède, à qui Votre Majesté avait donné ses instructions sur ce point : il était déterminé à (1) Éléonore, sœur de Charles-Quint et veuve de François Ie", qui était morte, le 18 février précédent, au village de Talaveruela, en revenant de Ba- dajoz ,où elle avait eu une entrevue avec la princesse Marie de Portugal, sa fille. (2) Francisco de Erasso, secrétaire d’État de Philippe IT, et qui se trou- vait auprès de lui, aux Pays-Bas. AT (25) envoyer un personnage de qualité audit roi, pour lui faire savoir ce qu'il pensait de sa conduite : mais le retard que l'archevêque mit dans son voyage fut cause que la chose en resta là. Je ré- serve, pour quand Votre Majesté arrivera, ce qu'il m'a dit de plus touchant le même point, et sur ce que Votre Majesté sait que j'ai à ma charge (1). Je terminerai, en suppliant Votre Majesté de me pardonner la longueur de cette lettre, et la peine qu’elle lui causera, puisque je ne pouvais me dispenser de l'instruire de ce qui s'était passé. J'envoie au secrétaire Erasso la liste des dépêches qui nous manquent encore pour licencier les gens de la maison de l'Em- pereur, en conformité de ce qui est déclaré dans l’état nominatif arrêté par lui (2); et, quoique je sois assuré que Votre Majesté fera exécuter les intentions de son père, néanmoins, pour obéir aux ordres de l'Empereur, je ne puis laisser de l'en entretenir, et de la supplier qu'elle fasse expédier les provisions nécessaires : car la plupart desdites gens, ayant peu de moyens, souffriraient, s’il y avait du retard dans cette expédition. De moi, je ne veux pas en importuner Votre Majesté : je me borne à la supplier de vouloir se ressouvenir que j'ai servi, le mieux que j'ai pu, pendant trente-sept ans, et que j'aurais servi de même pendant le reste de ma vie. Notre-Seigneur garde la Sacrée, Catholique et Royale personne de Votre Majesté comme tous nous le désirons! De Yuste, le 30 septembre 1558. De Votre Sacrée, Catholique et Royale Majesté vassal, Luis Quisana. (1) .…. Sobre lo que P. M sabe que est à mi cargo. C’est une allusion à D. Juan d'Autriche, dont la naissance n’avait pas en- core été divulguée alors. (2) Cet état était annexé au codicille de Charles-Quint : il a été publié par Sandoval, Historia de Carlos F ,1. , pp. 661 et suiv., édit, de 1681. (24) À en croire un historien trop vanté, Charles-Quint, dans les six derniers mois de son existence, aurait perdu cette raison saine et mâle qui l'avait distingué de ses con- temporains; il se serait assujetti à toute l’austérité de la règle monastique; il n'aurait cessé d’être en proie à l'in- quiétude, la défiance et la crainte qui accompagnent tou- jours la superstition (1). Les détails précis, authentiques, que fournissent les deux lettres dont je viens de présenter la traduction à l'Académie, donnent ici encore un démenti à Robertson: ils prouvent que Charles couronna une glo- rieuse vie par une fin admirable. Me sera-t-il permis, à ce propos, de faire part à l'Acadé- mie d’une réflexion qui w’attriste? Depuis que la Belgique a recouvré son indépendance, nous avons vu le Gouverne- ment, les Chambres, les provinces, les villes, les citoyens rivaliser à l’envi pour élever des statues aux hommes qui, dans le passé, illustrèrent le pays; nos places publiques se sont ornées ainsi de monuments qui attestent à la fois le patriotisme de la nation et le génie de nos artistes. Comment se fait-il done que les yeux cherchent vaine- ment (2) l’image de Charles-Quint? Je le dirai sans dé- tour : les étrangers s’étonnent de cette indifférence pour la mémoire du vainqueur de Pavie et de Mühlberg, du conqué- rant de Tunis, du rival de François [* et de Soliman If; du prince qui, régnant sur tant de peuples divers, plaçait au premier rang, dans son affection et son intimité, les Belges, ses compatriotes; de celui enfin que l’ambassadeur (1) Robertson, Æistoire de Charles-Quint, traduction de Suard; Paris, 1844, t. II, p. 464. (2) Une statue de Charles-Quint existait à Gand, avant 1794; elle fut renversée lors de l’entrée des Français dans cette ville. | D chi ls mt Se ho DES + (2) vénitien Tiepolo proclamait « le plus grand Empereur que » la chrétienté eût eu depuis Charlemagne (14)! » I serait temps de réparer un oubli qui pourrait être taxé d’injustice ou d'ingratitude : les nations, plus encore que les indi- vidus, sont tenues d’être justes el reconnaissantes. De l'enseignement de la langue maternelle, en ce qui concerne l'art d'écrire; par M. Baguet, membre de l’Académie. Dans le rapport que j'ai eu l'honneur de présenter à la classe, au sujet d’un mémoire relatif à l’enseignement, j'ai cité quelques paroles de M. le baron de Gerlache, ayant pour but d'appeler l'attention des écrivains de notre pays sur la nécessité de perfectionner la forme de leurs produc- tions littéraires. Reconnaissant avec notre savant confrère que le style peut seul assurer ue succès durable aux œuvres même d'un mérite éminent, j'ai réclamé pour la culture de la langue maternelle une large place dans le cadre des études moyennes. Cependant, ce serait peu d’assigner à l'étude de notre langue plus de temps qu'on n’y consacre généralement dans les établissements d'instruction. Il importe surtout que les élèves sachent par quels procédés ils parviendront le plus sûrement à se former un style pur et correct. La classe me permettra de lui soumettre, à ce sujet, quelques simples considérations. (1) Voy., dans le t. XXVII des Mémoires de l’Académie, mon Mémoire sur les Monuments de la diplomatie vénitienne, p. 71. (26 ) [ est un défaut capital contre lequel le maître ne saurait trop tôt ni trop soigneusement prémunir l'élève, parce que, selon nous, c’est le défaut qui arrête le plus les pro- grès dans les études en général et qui doit infailliblement rendre impossible le perfectionnement du style. Nous vou- lons parler de la précipitation du travail, de la négligence à observer ce sage précepte de Boileau : Vingt fois sur le mélier remettez votre ouvrage. La classe n’a pas oublié que, dans notre dernière séance publique, le président de l’Académie, M. le baron de Stas- sarl, a cru devoir rappeler cel important précepte, en ter- minant la revue des principales œuvres littéraires que notre pays à produites pendant la période quinquennale qui vient de s’écouler. C’est dans la même pensée que depuis longtemps le poëte de la raison et du bon goût, Horace (1), a dit des Romains que, s'ils avaient eu la patience de limer, de perfectionner leurs œuvres poétiques, ils eussent été non moins puissants par les lettres que par les armes. Chose étonnante! personne n’ignore que, pour avancer dans l'étude d’une science, il faut une application soute- nue, des efloris persévérants, en un mot, une patience qui ne se laisse rebuter par aucun obstacle, et, lorsqu'il s’agit d'œuvres littéraires, trop souvent on se persuade que le travail n’est pas également indispensable, qu'il est inutile. Loin de soupçonner que l’art d'écrire exige, peut- être plus que tout autre art, une étude longue et sérieuse, on s'imagine qu'il est aisé de faire usage d'une langue qui nous est familière depuis notre enfance, et l'on paraît croire qu'il suffit d’avoir rassemblé quelques idées sur une (1) Épître aux Pisons , y. 289. (27) matière quelconque, pour être, à l'instant, capable de les exprimer convenablement par éerit et de les produire, avec succès, au grand jour. D'où vient cette contradiction ? Évidemment de ce que l'on confond deux choses distinctes, la parole et le style. On ne songe pas que parler c’est simplement rendre sa pensée au moyen de l'expression qui se présente instanta- nément à l'esprit, tandis que l’art d'écrire suppose la re- cherche et la connaissance de la forme qu'il convient de donner à ses idées pour les faire pénétrer dans l'âme du lecteur. Mais, d'abord, l'illusion qu'on se fait à cet égard se dissiperait sans peine, si on remarquait que dans la con- versation même, où le ton et le geste nous viennent si puissamment en aide, les questions ou les objections d'un interlocuteur nous mettent souvent dans la nécessité de développer notre pensée et de la présenter sous une forme nouvelle, pour qu’elle soit bien saisie. Cette simple re- marque ferait comprendre que ce n’est pas sans un travail long et opiniâtre-que l'écrivain parvient à découvrir la forme essentielle dont ses idées doivent être revêtues. D'un autre côté, la raison vient ici à l'appui de l'expé- rience. On conçoit aisément qu'il faut que celui qui veut écrire et mériter le nom d'écrivain apprenne comment le style acquiert la clarté et la précision, qualités sans les- quelles l'expression de la pensée ne peut être qu'imparfai- tement comprise, ne peut qu'imparfaitement atteindre son but. Il faut aussi qu’il sache de quels ornements, de quelles couleurs il doit parer son langage, par quelles images il représentera les traits de sa pensée, pour frapper ou char- mer l'imagination du lecteur et éveiller en lui les senti- ments divers qu'il veut lui inspirer. Et, lorsqu'il a acquis (28 ) ces connaissances, lorsque déjà ses écrits portent l’em- preinte du talent, il faut encore qu'il chätie, qu’il corrige son style, à l'exemple des grands écrivains, dont les aveux, ainsi que les manuscrits couverts de ratures, attestent qu'ils ne se croyaient nullement dispensés du soin de polir leurs meilleures productions littéraires. Si l’on objecte que tel écrivain possède le talent d'écrire d’un seul jet, nous répondrons que c’est au moyen d’une pratique éclairée et de nombreux exercices qu’il est par- venu à identifier, en quelque sorte, sa pensée avec la forme rigoureuse qui lui convient et à établir ainsi une parfaite harmonie, une équation exacte entre ses idées et les termes propres à les représenter. Nous ferons, en outre, remar- quer, avec les maîtres de l’art (4), qu’alors même que l’ex- pression jaillit avec l'idée du cerveau de l'homme de génie, ce n'est qu'en bloc qu’elle jaillit et qu’elle a, par conséquent, toujours besoin d'être retouchée, ciselée, polie. Concluons de ce qui précède que, si le maitre doit ac- coutumer de bonne heure ses élèves à faire avec le plus grand soin tout ce qu’il leur impose comme devoir, c’est surtout dans les exercices de style qu'il est tenu d'exiger d'eux l'attention la plus scrupuleuse, le travail le plus assidu. Toute négligence sur ce point entrainerait les suites les plus funestes. Que les jeunes gens, de leur côté, soient bien convaincus que la première condition de leur succès dans l’art d'écrire est de s’habituer à contrôler eux-mêmes leur travail, à se rendre compile des mots et des expres- sions dont ils ont fait choix et à ne rien écrire sans véri- (1) Victor Hugo, Préface de l'ouvrage intitulé : Littérature et philosophie mélées. (29) fier si leur pensée est exactement rendue, si leurs idées sont enchaînées avec ordre et surtout si le langage qu'ils emploient se distingue par la lucidité et par la précision. Qu'ils n’oublient jamais qu'il faut satisfaire son propre es- prit, si l’on veut satisfaire celui des lecteurs. Il resterait, après cela, à tracer la marche directe à sui- vre pour se former un bon style. Nous indiquerons seule- ment quelques exercices propres à mettre les jeunes gens sur [a voie. Il est évident que, pour bien écrire, 1l faut avoir à sa disposition la langue, telle qu’elle est fixée par l’usage que les bons écrivains en ont fait. Or, il y a dans tous ces écrivains, quel que soit, d’ailleurs , le caractère individuel et distinctif de leur diction, un fond commun qui n’ap- partient à aucun d’eux en particulier; c’est là ce que l'élève doit, avant tout, s’efforcer de bien connaître et d'appro- prier à son usage. Ce fond se compose non-seulement des mots usités, considérés isolément, mais aussi des expres- sions, des locutions et des tours de phrase qui sont con- formes au génie de la langue envisagée dans son ensemble. Mais faudra-t-il que l’élève commence par la lecture d’un certain nombre d'auteurs, afin qu’en les comparant entre eux, il puisse distinguer ce qu’ils ont de commun ? Malgré l'utilité apparente de ce procédé, nous n’hésitons pas à le proscrire du début des études. L'expérience à démontré que la méthode la plus avantageuse est de ne choisir, dès labord, qu'un seul livre, de l’étudier sans cesse et sous toutes ses faces, de chercher à se rendre compte des vues de l'écrivain , des intentions qui l’ont guidé dans les moin- dres détails de sa composition, afin d'apprécier la valeur et la portée de tout ce qui constitue sa diction. A Paide d'exercices de tout genre, tant synthétiques qu'analytiques, ( 50 ) qu'un maitre habile ne manquera pas de prescrire, l'élève s'appliquera à connaître, d’une manière intime, le style dans lequel est écrit l’ouvrage dont il fait une étude spé- ciale. Il adaptera aussi ce style à l'expression de ses propres pensées, et, pour mieux réussir dans cet exercice d’imita- tion, il essaiera souvent de reproduire par écrit, après une lecture attentive, diverses pages de son auteur, ayant soin de comparer ensuite avec le texte même la rédaction qu’il aura faite et de tenir compte des différences qu’elle pré- sentera. On objectera peut-être qu'en procédant de cette ma- nière, l'élève acquerra, il est vrai, la connaissance de ce qui forme le fond de la langue, mais sans discerner ce qui est particulier à l’auteur qu'il étudie exclusivement , et que, par conséquent, il court risque d’avoir un style iden- tique à celui de son modèle. Je pourrais répondre que je ne verrais dans un tel résultat aucun sujet de s’alarmer. Qui ne voudrait, en effet, s'exposer au danger d'écrire comme ceux qui écrivent le mieux? Mais il n'en est pas ainsi. Quoi qu'on fasse, l'identité parfaite, qui n’existe nulle part dans la nature, n’est pas plus réalisable en fait de style que sous aucun autre rapport. Sans invoquer, à l'appui de cette assertion , le sentiment que nous avons tous de notre personnalité, il suffit, au point de vue qui nous occupe, d’en appeler au témoignage de l’histoire lit- téraire. Les travaux qui ont été entrepris pour mettre en parallèle des auteurs, dont les uns ont évidemment formé leur style sur celui des autres, n’ont abouti qu'à nous montrer des traces d'imitation qui n’ôtent à aucun de ces écrivains son cachet particulier. Au reste, j'aurais pu passer sous silence l’objection à laquelle je viens de m’arrêter, puisque à l'étude suivie d’un (51) premier auteur l'élève, pour continuer son instruction , doit joindre plus tard la lecture et l'étude d’autres auteurs. Cette lecture, en effet, n’est nullement incompatible avec le procédé que nous avons recommandé en premier lieu ; au contraire, elle en est le complément nécessaire. Ce que vous demandons seulement, c’est que l’élève ait soin de ne comparer d'abord à l’œuvre dont il fait une étude par- üiculière que des œuvres également bien écrites. Cette comparaison, ontre qu’elle est propre à procurer une con- naissance de plus en plus intime de l’auteur qui sert de point de départ, met l'élève à même de distinguer ce qui caractérise, d’une manière spéciale, le style de chaque écrivain. En même temps, elle fait découvrir tout ce qui, dans la diction, est de nature à produire de l'effet, c'est-à- dire ces nombreux secrets de style que la science est im- puissante à formuler en règles et qui ne se révèlent qu’à l'œil exercé. Est-il nécessaire d'ajouter que l'élève qui aura fait soi- gneusement l'étude que nous venons d'indiquer pourra, sans crainte de nuire à la pureté de son style, comparer aussi aux écrivains de premier ordre les écrivains d'un ta- lent inférieur, même ceux dont le langage est incorrect ? Au moyen de ce travail, il apercevra mieux les écueils qu'il doit éviter, les écarts qu'il ne peut se permettre. D'ailleurs, cette nouvelle étude comparée , faite à l’instar des exercices de cacographie, n’offrirait du danger qu'aux élèves accoutumés à employer eux-mêmes ou à entendre autour d'eux un langage toujours pur. Or, on ne peut en disconvenir, uu pareil danger n’est nullement à craindre. En résumé, quelles que soient les considérations aux- quelles nous nous arrêtions, elles nous semblent de na- ture à faire regarder comme le plus important de tous (52) les exercices de l’art d'écrire, l'habitude de vérifier, de corriger ses propres compositions, en prenant pour type le style d’un bon écrivain. Cet exercice procurera à l'élève un moyen efficace de poursuivre sans cesse le double but qu'il ne doit jamais perdre de vue: se connaître soi-même et connaître l'écrivain qui lui sert de modèle. Mais, pour arriver à un tel résultat, on le comprend sans peine, il faut un travail constant, assidu, une attention soutenue et bien dirigée. Ces observations sont fort simples, sans doute; mais J'ai cru que les personnes qui ont la mission de guider la jeunesse dans l'étude de la langue maternelle y trouve- raient peut-être matière à d’utiles développements. C’est cette pensée qui m'a engagé à les communiquer à la classe. Notice sur les droits du comte d'Egmond à la succession de la souveraineté du duché de Gueldre et du comté de Zut- phen; par le chevalier Marchal, membre de l’Académie. Si Mithridate sut résister aux Romains pendant qua- rante ans, Charles d'Egmond, duc de Gueldre et comte de Zutphen, qui décéda sans postérité, cousin germain du célèbre comte Lamoral d'Egmond, résista pendant qua- ran£e-six ans à la puissance de la maison d’Autriche-Bour- sogne, après être rentré dans les États de feu son père le duc Adolfe et de feu son aïeul le due Arnould d’Egmond, États que Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, avait usur- pés le 51 décembre 1472, ce qui sera expliqué plus loin. Charles d'Egmond, leur légitime héritier et successeur, fut reçu, en 1492, par les acclamations et avec le soutien (38) des peuples de la Gueldre et de Zutphen, qui le maintinrent dans sa souveraineté jusqu’à son décès, en 1558. Ni l’em- pereur Maximilien, ni l'archiduc Philippe, ni l’empereur Charles-Quint ne purent l’expulser. Les rois de France Charles VITE, Louis XII et François I“ furent ses protec- teurs et ses constants alliés. Je ne décrirai point les événements glorieux et mémo- rables du long règne du duc Charles d'Egmond, qui était le dernier rejeton de la branche aînée de la maison d'Egmond, et qui fut surnommé, par ses contemporains, l'Achille de la Gueldre. Je n’expliquerai point les faveurs dont la branche cadette de cette maison fut comblée par la maison d’Autriche : plusieurs d’entre eux furent che- valiers de la Toison d’or, entre autres le célèbre comte Lamoral; ces faveurs me paraissent avoir eu pour objet de leur faire oublier leurs droits à la succession du duc Charles de Gueldre; mais je démontrerai que ces droits à la souveraineté de la Gueldre et Zutphen revenaient légi- timement, par héritage, au comte Lamoral d'Egmond. Je vais présenter une notice aniquement généalogique pour les constater. Peu de temps avant et après le décès du duc Charles d'Egmond, en 1538, plusieurs mémoires furent publiés pour faire croire que la maison d'Egmond, régnant en Gueldre depuis l’année 1425 , n'avait jamais eu de droit à cette souveraineté; que c'était un fief vacant de l'Empire depuis la même année 1425, et un fief masculin. Tout cela était allégué malgré une possession de 115 années, depuis 1423 jusqu'en 4558. On disait que les femmes w'avaient pu y succéder, quoiqu'en l’année 1372, avant la maison d'Egmond, le quatrième duc, descendant par les femmes, eùt succédé. On oubliait que, selon un prin- ToME xx1. — ['° PART. 5 (54) cipeféodal des constitutions germaniques et d’autres États, si le prince régnant devait être héritier masculin, sa lignée pouvait descendre par la représentation généalogique des femmes : on se souvenait seulement que le principe de la descendance masculine non interrompue existait en France par la loi salique; on en faisait une fausse application à la Gueldre. Bien plus encore, on oubliait qu’en Brabant, la duchesse Jeanne, en 1555, en Flandre la comtesse Marguerite, en 1582, avaient succédé à la souveraineté. On confondait les fiefs masculins avec les apanages, qui n’admettaient point les femmes. Parmi ces mémoires contemporains tendant à démon- trer l'ancienneté de la vacature du duché de Gueldre uni au comté de Zutphen , et le droit de l’empereur Charles- Quint d’en disposer après le duc Charles qui, selon le texte de ces mémoires, s’en disait être souverain, il faut en dis- tinguer trois, en flamand, en français et en espagnol. Ils sont, en copie du XVI° siècle, dans la bibliothèque de Bourgogne, si riche en documents historiques. Le premier que j'ai enregistré, n°12270 de l'inventaire général, est totalement rédigé en langue flamande, quoi- que son litre, que voici, soit en langue française : « Sen- » suyvent aulcuns articles faicz par un secrétaire de la » chancellerie de Brabant, au mois de juillet 1538, après » avoir été vu par ordonnance de la royne de Hongrie, à » Vilvorde, et y visité aulcuns lettrages y reposants con- » cernant les duchés de Gueldre et comté de Zutphen » demonstrant, par iceux articles, le bon droit et légitime » titre de l'Empereur audit duché et conté. » Le deuxième, en langue française, que j'ai enregistré, n°15048, a pour titre: « Sensuyt la lignée des ducs de » Gueldre, et comment il appartient à juste et sainte titre A PE (39 ) » à l'Empereur, notre sire, et que nul droit compète à la- » ditte duché à feu Charles d'Egmond, soit tenant pour » rai dire, ni aussi à aucuns de la lignée ou maison d'Eg- » mond, et commence certennement depuis le premier » duc de Gueldre et conte de Zutphen jusqu’à l'Empereur, » notre sire. » Je fais observer que ce mémoire est le plus détaillé des trois. Le troisième mémoire, n° 15927, est en langue espa- gnole: Verdadera relacion por laqual se vee como los condes de Egmond ne pueden pretender al ducado de Gueldro. Ces trois articles de l’Inventaire sont à la page 627 du Répertoire méthodique. Le seul fait de leur publication, à la fin du règne du due Charles d'Egmond, est un indice que les droits de Ja maison d'Autriche étaient problématiques. En effet, à quoi auraient abouti ces publications, d’après des recher- ches ordonnées par la reine de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, si réellement les ducs de Gueldre s’éteignaient en la personne de Charles d'Egmond , et si les comtes d’Egmond, branche cadette, n'avaient aucun droit? Les auteurs de l’Art de vérifier les dates, bien instruits en ce qui concerne les généalogies de nos princes, car leurs principaux collaborateurs, le père Danthine et le curé Ernst et autres, étaient nés dans nos provinces, assurent que la maison d'Egmond a toujours protesté contre les droits allégués par la maison d'Autriche. Je n’ai pas besoin de rechercher ces protestations; il me suffit seulement d'établir l'arbre généalogique des deux branches de la maison d'Egmond. Le tableau en est ci-joint. L’explication de son crayon sera la preuve que le comte Lamoral d'Egmond était, par descendance masculine, selon l'acte d’inféodation de l'an (56) 1559, v. st., le plus proche héritier du sang du dernier duc de Gueldre. Le duché de Gueldre fut érigé, comme je viens de le dire, le 19 mars 1559 (vieux style), par l'empereur Louis de Bavière, comte de Hollande, en faveur de Renaud, jus- qu'alors comte de Gueldre, qui avait rendu d'importants services à l'Empire germanique. Ce diplôme, daté de Franc- fort, est imprimé dans la collection : Codex Germaniae diplomaticus, par Lünig. Le duché de Gueldre y est re- connu fief masculin, inséparable du comté de Zutphen. Le duc Renaud avait épousé Sophie de Malines, fille de Florent Berthould , seigneur de Malines, dont les riches- ses, selon Froissart, étaient immenses. Le duc Renaud mourut en 1545, laissant deux fils et deux filles. Renaud l'aîné, ayant le même nom que son père, fut le deuxième duc. Il mourut sans postérité en 1582. Édouard , frère de Renaud IT, fut le troisième duc, par usurpalion, et mourut, en 1571, aussi sans postérité. Marie de Malines, l’ainée des deux filles, avait épousé Guillaume, duc de Juliers; Mathilde, l’autre fille, avait épousé Jean de Châtillon : c'est la seule mention que je ferai de Mathilde, parce qu’en 1579, elle renonça à la suc- cession de Gueldre. Guillaume , duc de Juliers, et Marie de Malines eurent trois fils et une fille. La Gueldre étant un fief masculin de l'Empire, Charles IV, alors Empereur régnant, déclara, par un diplôme de l’an 1372, quelques mois après la mort du troisième duc (ce diplôme est imprimé dans le Code de Lünig), que Guillaume, duc de Juliers, administrerait le duché de Gueldre par intérim (telle est l'expression du diplôme), jusqu’à ce que son fils, aussi appelé Guillaume, fût majeur (propler juvenilem aetatem) : c'était reconnaitre dem tt D à. en de baditannih. LE nee ie AD Ds de: Te (37) que la Gueldre était un fief masculin, et admettre la repré- sentation généalogique de Marie de Malines, mère de ce jeune prince : il fut duc de Gueldre en 1582, à sa majorité, sans aucune opposition : il devint, quelques années plus tard, duc de Juliers, après le décès de son père. Ce Guillaume IT fut le quatrième duc de Gueldre, et en même temps duc de Juliers. Ii mourut en 1402 sans postérité. Renaud IT, son frère, lui succéda dans les deux duchés; il mourut aussi sans postérité en 1425. Gérard, le plus jeune de la famille, avait le titre de seigneur de Juliers. Au décès de Renaud IT, il y eut séparation de la Gueldre et de Juliers. Adolfe, petit-fils de Gérard, fut duc de Juliers, et Arnould d'Egmond , son cousin, fut duc de Gueldre : celui-ci par représentation généalogique. En effet, Jeanne de Gueldre, sœur des ducs Guillaume et Renaud I], et l’aînée de Gérard, avait épousé Jean, sei- gneur d’Arkel, selon l'historien Pontanus, ou d'Erkelens, selon les mémoires que j'ai cités; mais elle était morte avant les ducs Guillaume et Renaud, ses frères. Elle avait laissé une fille appelée Marie d’Arkel ou d'Er- kelens, qui avait épousé Jean, seigneur d'Egmond, institué comte, en 1421, par l’empereur Sigismond. Marie d'Arkel était décédée en 1415, c’est-à-dire huit ans avant la mort du duc Renaud II, en 1425, qui décéda sans postérité, comme nous l'avons dit. Du mariage de Jean d'Egmond et de Marie d'Arkel étaient nés deux fils. Arnould d'Egmond, l’ainé, fut duc de Gueldre par le diplôme d'investiture, du 45 août 1425, de l'empereur Sigismond ; Guillaume, leur deuxième fils, fut comte d'Egmond, en 1452, par décès de son père. C'était donc reconnaitre, pour une deuxième fois, dans la maison ducale de Gueldre, la représentation généalogique en fa- (58 ) veur d’un héritier masculin. Arnould d'Egmond était mi- eur; Jean d'Egmond, son père, avait été son tuteur. Mais, deux ans après l'investiture, Adolfe, duc de Juliers et de Berg, prétendit que la succession du duché de Guel- dre lui appartenait, faisant valoir auprès de l'empereur Sigismond un accord qui s'était fait, le 1° avril 1420, entre lui et Renaud, duc de Gueldre défunt, son oncle, qui n'avait point de postérité. L'empereur Sigismond ordonna en conséquence de cet accord et par diplôme daté de la semaine après la Pentecôte de l’an 1495 (voir Codex de Lünig), aux habitants de la Gueldre et Zutphen, de reconnaître pour leur souverain Adolfe, duc de Berg et de Juliers, et délia de leur ser- ment de fidélité les sujets du jeune Arnould , qui n’était pas encore majeur ; mais ceux-ci ne voulurent point reconnai- tre Adolfe, qui d’ailleurs leur déplaisait par son caractère remuaut et belliqueux, ce qui est attesté par Slickenhorst et par les autres historiens de la Gueldre. [ls résistèrent à plusieurs injonctions de l’empereur Sigismond , depuis l'an 1451 jusqu’à l'an 1457. Adolfe ne put conquérir la Gueldre. Sa domination restait donc renfermée dans le duché de Juliers. En cette dernière année , le duc de Bourgogne Philippe le Bon, oncle de la mère d’Adolfe, se déclara l'arbitre des deux princes. Il décida, au mois de mai 1457, que chacun garderait ce qu'il possédait. Le texte de l’arbitrage dit : Ratum ac firmum utrinque haberetur. (Pontanus, Hist. Gueld., 469). Depuis lors, le duc Arnould demeura, pendant plus de trente ans, paisible souverain de la Guel- dre et de Zutphen, ce qui est une preuve incontestable que ce fief n’était pas vacant depuis l’année 1425, quoi qu'en disent les trois mémoires que je viens de citer. IL y serait (59 ) même resté souverain Jusqu'à sa mort, si la conduite déna- turée de son fils, aussi appelé Adolfe, n’eût interrompu son gouvernement. On sait qu'Adolfe fit enlever, pendant une nuit, aux fêtes de Noël, en 1467, son vieux père, et le fit emprisonner au château de Buren, invoquant, pour seul droit, ces paroles scandaleuses : « Il y a assez longtemps » que mon père est duc, il faut que je le sois à mon tour. » A l’intercession du pape et de l’empereur Frédérie HE, alors régnant , Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, ordonna, en 1472, à Adolfe, de remettre en liberté le duc Arnould, son vieux père, et de lui restituer ses États. L'histoire a conservé le triste souvenir de leur conférence, mêlée d'invectives, à S'-Omer, en présence de Charles le Téméraire. Après la conférence, Adolfe s'enfuit vers l’Ar- denne; il fut arrêté au pont de la Meuse, à Namur, et en- voyé prisonnier au château de Courtrai. Alors Charles le Téméraire se fit céder par engagère la Gueldre et Zutphen, que le duc Arnould et transporta, mais seulement pendant sa vie. De plus amples détails se trouvent au texte de l'Histoire des ducs de Bourgogne. par M. De Barante. Les diplômes en ont été imprimés au Codex diplomati- cus de Lünig, que j'ai déjà cité, ils sont au nombre de trois : ils portent la date du 51 décembre 1472. Par le premier diplôme, Charles le Téméraire fait une pension annuelle de 92,000 florins du Rhin au duc Ar- nould, qui cède et transporte, comme je l'ai dit, au due de Bourgogne, l’engagère de son duché, sa vie durant. Par le deuxième diplôme, le duc Charles accepte la Guel- dre et Zutphen en usufruit, pendant la vie du duc Arnould. Par le troisième, il excepte de l’usufruit les biens per- sonnellement patrimoniaux appartenant au même due Arnould. (40 ) Ce malheureux prince mourut quelques mois plus tard, en 14753. C'est en conformité de ces trois titres diplomatiques qu'après la mort de Charles le Téméraire,en 1477, Adolfe, délivré de sa prison de Courtrai par les Gantois, rentra, sans difliculté dans la souveraineté du duché de Gueldre et du comté de Zutphen. Il espérait épouser Marie de Bour- gogne; il prit, pour la défendre, le commandement des troupes bourguignonnes contre le roi Louis XI. Il fut tué en combattant devant Tournai. Il laissait un fils et une fille, Charles d'Egmond, âgé de dix ans, et Philippine d'Egmond. Ces deux enfants étaient élevés à la cour de Marie de Bourgogne. Rien ne fut plus facile à Maximi- lien et Marie de se maintenir et même de se faire inau- gurer en Gueldre. En effet, Catherine, sœur d'Adolfe, n’avait été reconnue que comme gouvernante, et elle avait été forcée de se retirer par suite d’un arrangement. Mais lorsqu'en 1492, le jeune Charles d'Egmond, qui avait ap- pris l’art de la guerre sous les ordres des vieux capitaines de Charles le Téméraire, en combattant contre Louis XI et Charles VIIT, eut été fait prisonnier de guerre des Fran- çais, la dame de Beaujeu, sœur aînée de Charles VII et qui avait conservé toute l’influence de sa régence pendant la majorité du roi, son frère, fit comprendre au jeune Charles d'Egmond que ses droits sur l'héritage d’Adolfe, son père, et d'Arnould, son aïeul, étaient incontestables : c'est alors qu’il revint dans la Gueldre. C'est depuis cette année, 1492, qu'il s'y maintint, et qu'il fut impossible à l'empereur Maximilien de l’en expulser, malgré les chan- ces diverses de la guerre. Après une longue suite d'années, le roi Louis XIT, son allié, fit, pour lui, un traité de paix, en 1509, à Cambrai, (#1) mais il n’y est reconnu que sous le titre de Charles de Gueldre, sans désignation de sa qualité ducale. Malgré une soumission si apparente, il resta dans la Gueldre; il en con- serva le gouvernement. Enfin, par l’autre paix de Cambrai, signée, en 1529, pour l’empereur Charles-Quint et le roi François I‘, le titre de duc, refusé pendant si longtemps, lui est accordé , et la succession du duché est déclarée re- venir à ses enfants (liberis suis); mais il mourut sans pos- térité. Il avait désigné pour son successeur, en 1552, Guil- laume, duc de Clèves, de Berg et de Juliers, malgré l’op- position de la reine de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, et les protestations de la branche comtale de la maison d'Egmond. Antoine, due de Lorraine, fils de Philippine de Gueldre, qui avait épousé René Il, renonça à ses prétentions sur ce duché en faveur de Charles-Quint, lorsque François de Lorraine, son fils, épousa Christine de Danemarck, nièce de cet Empereur (voy. Don Calmet, V, 554). La clause d'admission des fils du duc Charles d'Egmond était une preuve que la succession était reconnue, quoi- qu’elle ne fût point désignée, car aucune clause n'était stipulée en faveur de la maison d'Autriche. Ainsi Lamoral comte d'Egmond, chef de la branche comtale de cette maison, était le plus proche héritier du sang. Il ne pouvait, au moment de sa procédure, en 1568, l'avoir oublié, car il ne s'était écoulé que 50 ans depuis la date de la mort du duc Charles; son cousin, et les mémoires que j'ai cités. Il me semble que ce droit à la souveraineté du duché de Gueldre avec Zutphen a pu être le motif véritable et oc- culte de sa condamnation à la peine capitale, avant même d'être mis en jugement; car le roi Philippe IT ne pouvait pas non plus ignorer les droits de la maison d'Egmond à (42) la souveraineté de la Gueldre et Zutphen ; il ne pouvait, sans une indiscrétion préjudiciable à son autorité, en donner l'éveil dans la procédure qu’il fit intenter contre lui. Si j'ose en avancer la conjecture, c’est après avoir exa- miné les griefs dont le comte d'Egmond était accusé. Il me semble qu’il ne s’y trouve rien qui püt lui faire encourir la peine capitale; mais seulement, si les accusations étaient fondées, ce qui est douteux, la disgraäce du souverain pour n'avoir pas déployé assez de fermeté contre ceux que le roi Philippe IT appelait les rebelles. Je le demande, n’aurait-il pas été possible que ces prétendus rebelles eus- sent reconnu pour duc de Gueldre et comte de Zutphen, le comte d'Egmond, redoutable à un roi ombrageux par ses victoires de S'-Quentin et de Gravelines, et par consé- quent aussi capable que Charles d'Egmond, son parent collatéral, de soutenir ses droits par la force des armes, ce qui aurait mis en danger la domination espagnole aux Pays-Bas. J'ajoute, à l'appui de ma conjecture, que Philippe If, dans son atroce politique, a fait mourir Montigny, et, dans la même année 1568, son propre fils don Carlos. ( A49bis ) Rexaun, l'ainé. 2me duc en 1345. Jines ou de Gueldre et N Prisonnier de son frère en 1361.+ 1382. son mari, prétendent Sans postérité. iché, et y renoncent Jeanne de Gueldre épousa Jean, sei- ur de Juliers. gneur d’Arkel ou d’Erkelens. Elle dé- céda ayant ses frères. ar SEIGNRURS , DEPUI 1421, par l'empereur Sigismond. Il? 3. + 1408. Jean, institué comte d'Egmond en) Juliers, qui fut duc mourut en 1452, Es Guirraune , 2€ comte de Berg et de Juliers , Gueldre en 1425, par Branche comtale cadette. rond; renonce en 4437. | Ecmonp - Buren. 1 i Frépéric, second fils, etc. , etc. ivernante de Gueldre Adolphe , son frère. ourgogne sont inaugu- en ne put se maintenir [RE épousa René I, dont le fs , le duc An- la succession du duché ilen conserve le titre; aire : duc de Calabre, Bar, de Gueldre, etc. pouvait, rité, en 7 Contre voir exa- ecusé. II encourir Sélaient ouverain ‘eux que mande , Iles eus- utphen, eux par r consé- parent armes, ole aux ppe IE, 1, dans GÉNÉALOGIE DES DUCS DE GUELDRE, FIEF MASCULIN DE L'EMPIRE GERMANIQUE ee RENAUD, comte de Gueldre, institué due le 49 mars 1339 (y. st), par l'empereur Louis de Bavière, comte de Guelüre. I épousa Sophie Berthoud de Ma- lines, la plus riche héritière lle cette “qu il mourut le 2 octobre 1343. Evovaur, 3me due en 1361. + 1371. Usurpateur. Sans postérité. Maries de Malines, épousa Guillaume, duc de Juliers. Ils renoncent, en 1372, en faveur de Guillaume, leur fils aîné, Rexaup, l'ainé. 20e duc en 13 Prisonnier de son frère en 1561. + 15 Sans postérité Mathilde de Malines ou de Gueldre et Jean de Chatillon son mari, prétendent à une part du duché, et ÿ renoncent en 1379, Guicvaune, 4mt duc en 1372, par di- Rexaon IL, Bme duc en 1402, succéda Jeanne de Gueldre épousa Jean, sci gueur d’Arkel ou d'Erkelens. Elle dé- plème de l'empereur Charles IV et duc à son frère aux deux duches de Gueldre ceda avant ses frères, de Julicrs, régne en 1382, + 1402. et Juliers. + 1425. | Sans postérité. Sans postérité. Suicxxuns, verois coures »'Ecmoxo Marie d'Arkel, héritière de la Gueldre énhsa Jar Jeanne, sa mére; elle décéda en Qépousa {415 avant le due Renaud 11, son oncle Jean, institué comte d'Egmond en} 1421, par l'empereur Sigismond. Il mourut en 1452, | AnnouLo al l'ainé, ue due de Gueldre , investi par l'empereur Si- gismond le 15 août 1 , réconnu dé- fipitivement en mai 4437 par arbitrage de Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, en 1472, il engage la Gueldre et Zutphen Jean LIT, l'aîné, 5e comte d'Egmond, au due Charles le Téméraire; il meurt 4485 + 1615. en 1475. | Guirause, 206 comte d'Egmond 1452. + 1485 | Branche comtale cadette Branche comtale aînce Ecmonv-Bunen Ecuonr-Ecmonv». Fnfoiric, second fils, ete. , etc Génauo, seigneur do Juliers Guiutaums de Juliers, qui fut due de Berg, en 1360. + 1408. Avosrns , duc de Berg et de Juliers, reconnu due de Gueldre en 1425, par l'empereur Sigismond; renonce en 4437. + 1458. Avozrue d'Eginond, 7ne duc de Guel- dre, reconnu en 1477. Il meurt pendant | la même année | Jean LV, Ant comte, 1818. + 182 | En 1482, Maximilien n rés ducs de Gueldre, mais Maximilien ne put se maintenir après la mort de sa femm Catherine, gouvernante de Gueldre depuis la mort d'Adolple , son frère Marie de Bourgogne sont inaug, Cuanues d'Egmond, 8e Quc de Guel- Csanus, l'aîné, LamonAL, né en gue comte, 1528. . ôme comte dre, reconnu parles États de Gueldre et + 1541. d'Egmond, apres Zutphen, en qualité de fils et héritier Sans postérité son frère ainé, en d'Adolphe d'Egmond, en 4492. + 1538, 1541. + 1508 Sans postérité Philippine d'Egmond, épousa René I, duc de DATES dont le fils, le duc An- toine, renonce à lu succession du duché de Gueldre, mais il en conserve le titre; voici son formulaire: duc de Calabre, de Lorraine, de Bar, de Gueldre, etc, ( 49h ) ( 45 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 5 janvier 1854. M. ROELANDT, directeur. M. QuereLer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, F. Fétis, Hanssens, Madou, Eug. Simonis, Suys, Van Hasselt, Eug. Verboeck- hoven, Jos. Geefs, Érin Corr, Snel, Fraikin, Partoes, Ed. Fétis, membres ; L. Calamatta, associé. Après la lecture du procès-verbal, M. Ed. Fétis fait ob- server qu'il n’y est pas fait mention de la lettre ministé- rielle relative aux encouragements des beaux-arts. Il est répondu que cette mention est faite non dans la partie manuscrite du procès-verbal, mais dans la partie impri- mée, c'est-à-dire dans le Bulletin actuellement sous presse; que, du reste, d'après l’art. 25 du règlement, ce Bulletin n'est considéré comme appendice au procès-verbal que pour autant qu’il aura été approuvé, et que, par consé- quent , les observations auxquelles son contenu pourrait donner lieu devront être présentées dans la séance qui sui- vra la publication de ce recueil. — La classe reçoit quelques détails sur les funérailles d'un de ses membres les plus distingués, M. Van Eycken, qu'elle à perdu depuis la dernière séance. Le décès a eu lieu dans la matinée du 19 décembre dernier, à la suite (#4 } d’une longue et douloureuse maladie. La députation de PAcadémie se composait du bureau de la classe et des membres de la section de peinture qui résident à Bruxelles; MM. Navez, vice-directeur ; Quetelet, secrétaire perpétuel; Gallait, Madou et Eug. Verboeckhoven. M. Navez, ayant dû prendre la parole, en sa qualité de directeur de l’Académie royale de dessin et de peinture, dont M. Van Eycken était professeur, M. Quetelet s'est rendu l'interprète des regrets de l’Académie des sciences, des lettres et des beaux-arts. Ce dernier membre fait connaître qu'il a reçu de la fa- mille Van Eycken une notice biographique, composée par le défunt même. Cette notice sera insérée dans l'Annuaire, avec les paroles prononcées sur la tombe, au nom de l’Académie ; on y joindra un portrait de M. Van Eycken, gravé sous la direction de M. Calamatta. — M. Smekens, secrétaire de la Société royale d’encou- ragement des beaux-arts, à Anvers, a fait connaître que la somme de 1,068 francs, prélevée pendant la dernière ex- position, en faveur de la Caisse centrale des artistes belges, était à la disposition de l’Académie. Cette somme a été re- çue depuis. — Remerciments. — M. Quetelet communique une lettre particulière qu'il a reçue de M. Baron, sur une question typographico-litté- raire : « On prépare, dit M. Baron, pour 1855, une exposi- tion universelle à Paris, on assure que, d’une part, l’im- primerie impériale de France et des commissions de gens de lettres de l’autre, s’évertuent pour ajouter à tous les échantillons de l’industrie nationale, un spécimen de la littérature et de Ja typographie française, etc. Sans enten- (4) dre positivement lutter avec la grande nation, nous qui avons si longtemps partagé avec la Hollande un certain renom philologique et typographique, nous les hommes de Plautin et de Juste Lipse, ne pourrions-nous pas avoir aussi notre spécimen? » Le reste de la lettre développe cette idée, sur laquelle les membres sont invités à porter leur attention. Sur les encouragements accordés aux beaux-arts. M. le secrétaire perpétuel fait connaître que, selon ce qui avait été convenu dans la séance précédente, les sec- tions de la classe se sont réunies extraordinairement, afin d'élaborer un projet pour l'encouragement et le développe- ment des beaux-arts en Belgique; mais qu’elles ont été saisies en même temps d'une nouvelle lettre de M. le Mi- nistre de l’intérieur, qui exprime la crainte que sa de- mande n’ait été mal comprise, et qui ajoute que « sa lettre du 14 novembre doit seule être considérée comme l'expres- sion de la pensée du Gouvernement. » Or, comme dans cette dernière lettre, il n’est parlé de la classe des beaux-arts qu’au sujet de la littérature drama- tique, l'assemblée se regarde comme dessaisie; elle se ré- serve toutefois de présenter spontanément ses propres vues sur les moyens de développer les beaux-arts en Belgique et d'en assurer les progrès. C’est ainsi que M. Fétis père annonce dès à présent que, dans une séance ultérieure, la section de musique aura à déposer une proposition en fa- veur de l’art qu’elle représente. (46) Cette même section s'étant réunie pour s'occuper de l'examen de plusieurs questions soumises à la classe par M. le Ministre de l'intérieur et concernant l’organisation des grands concours de musique, M. Fétis, organe de la commission, donne lecture du rapport suivant, dont les conclusions sont adoptées : « Votre commission, après avoir pris connaissance de la lettre de M. le Ministre de l’intérieur, relative aux modi- fications qui pourraient être introduites dans le règlement des grands concours de composition musicale, est d'avis : » 4° Qu'il n’y a pas de motifs pour mettre un intervalle de plus de deux années entre chacun de ces concours; car il n’est pas exact que les derniers concours n’aient pas été satisfaisants, puisque c’est dans ces mêmes concours qu'ont été décernés les premiers prix à MM. Gevaert, Stadtfeldt et Lassen, en 1847, 1849 et 4851. A l'égard du concours de 1855, il a été démontré que si les ouvrages des concurrents ne satisfont pas aux conditions posées, le premier prix n’est pas décerné ; » 2% Qu'il est utile aux lauréats de voyager dans les pays étrangers, où ils peuvent toujours trouver des sujets d'étude, faire des comparaisons qui tournent au profit de leur expérience, former leur jugement et se créer des rela- tions avantageuses; que s'il peut être nécessaire, en cer- taines circonstances, de restreindre la durée de ces voyages, le Gouvernement peut accorder des exemptions, comme il l’a fait par le passé; » 5° Qu'il est vrai que le règlement n’a pas été exécuté précédemment, en ce qui concerne les travaux auxquels les lauréats doivent se livrer pendant la durée de la pension dontils jouissent; mais qu'il n'appartient qu’au Gouverne- ment de mettre un terme à cet abus, en exigeant l'envoi (41) des ouvrages de ces lauréats aux époques prescrites, el en suspendant le payement de la pension jusqu'à ce qu'ils aient satisfait aux obligations qui leur sont imposées. » En conséquence, votre commission conclut à ce qu'il ne soit point apporté de modifications au règlement des grands concours de composition musicale. » — MM. Hanssens, Fétis père, Snel, Quetelet, Baron, Van Hasselt et Alvin sont désignés pour représenter la classe des beaux-arts dans la commission mixte, chargée d'examiner la question posée par M. le Ministre de l’inté- rieur, relativement à l’encouragement de la poésie dra- matique. — La classe entend ensuite la lecture du rapport tri- mestriel de M. de Bock, lauréat du grand concours de sculpture, de 1851, rapport qui lui avait été transmis par lettre ministérielle. ÉLECTIONS. M. Fétis père, est élu directeur de la classe pour 1855. M. Edm. de Busscher est nommé membre, au premier tour de scrutin, sauf l'agrément du Roi. MM. Quaranta, de Naples, et Louis Fôrster, de Vienne, sont élus associés étrangers, le premier dans la section des sciences et des lettres, et le second dans la section d'architecture. — En venant prendre place au bureau, M. Fétis remer- cie, au nom de la classe, M. Roelandt, directeur sortant. ns — (48 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Compte rendu des séances de la Commission royale d'histoire ou recueil de ses Bulletins. 2° série. Tome V, 5° et 4° bulletins. Bruxelles, 1853; 1 vol. in-8°. Monnaies de Reckheim. Second supplément à la notice de M. Wolters. — Ærnest de Mansfeld ; par R. Chalon. Bruxelles, 1853 ; 2 broch. in-8°. Annuaire de l'université catholique de Louvain. 18° année. Louvain, 1854; 1 vol. in-18. Bulletin administratif du Ministère de l'intérieur. N° 12. Dé- cembre. Bruxelles, 14853; 1 broch. in-8°. Annales de la Société archéologique de Namur. Tome T°. 2e livraison. Namur, 1853; 4 vol. in-8&. Messager des sciences historiques, des arts et de la bibliogra- phie de Belgique. Année 18553, 4° livraison. Gand ,1853; 1 broch. in-8°. Journal belge de l'architecture et de la science des construc- tions, publié sous la direction de MM. C. Versluys et Ch. Vande- rauwera. 6° année, 5° livraison. Bruxelles, 1854; 1 broch. in-8°. La renaissance illustrée, chronique des beaux-arts et de la littérature, par une Société de gens de lettres. XN° volume. Feuilles 7 à 10. Bruxelles, 1833 ; in-4°. Moniteur de l'enseignement, publié par Fréd. Hennebert. Nou- velle série. Tome IV, n°% 13 et 14. Janvier. Tournai, 1854; 2 broch. in-8. | Moniteur des intérêts matériels. 4"° année, n°° 1 à 4. Bruxelles, 1853; 4 feuilles in-plano. Annales de médecine vétérinaire, publiées à Bruxelles par MM. Delwart, Thiernesse, Demarbaix et Husson. 3° année, 4° cahier. Janvier. Bruxelles, 1854; 1 broch. in-8°. (49) La santé, journal d'hygiène publique et privée. 5° année, n° 13 et 14. Bruxelles, 1854; 2 broch. in-8°. La presse médicale belge; rédacteur : M. J. Hannon. 6° année, n° 4 à 5. Bruxelles, 1854; 5 feuilles in-4°. Annales et bulletin de la Société de médecine de Gand. 19° année, novembre et décembre. Gand, 1853 ; 1 vol. in-8°. Annales médicales de La Flandre occidentale ; publiées par les D' R. Van Oye et J. Ossieur. 3° année, 1*° livraison. Roulers, 1854; 1 broch. in-8°. Annales de la Société de médecine d'Anvers. 14%* année, dé- cembre. Anvers, 4853; 1 broch. in-8°. Le scalpel, 6% année, n° 15 à 17. Liége, 1854; 3 feuilles in-4°. Le cordonnier. 2% année, n° 7, janvier. Bruxelles, 1854. 4 feuille in-4°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, par MM. les Secrétaires perpétuels. Tome XXXVIT, n° 26; tome XXXVIIL, n° 1 et 2. Paris, 1853; 5 broch. in-4°. - Archives du Muséum d'histoire naturelle, publiées par les professeurs-administrateurs de cet établissement. Tome VI, liv. 3 et 4. Paris, 1853; 4 vol. in-4°. Bulletin de l'Académie impériale de médecine. Tome XVII. Paris, 4852-1853 ; 1 vol. in-8°. Notions élémentaires sur le Code civil ; par Félix Berriat-Saint- Prix. Paris, 14853, 1 vol. in-8°. Théorie du droit constitutionnel français; par Félix Berriat- Saint-Prix. Paris, 4845-1855; 3 vol. in-8°. Suite de la monographie du coffret de M. le duc de Blacas, ou preuves du manichéisme de l'ordre du temple; par Mignard. Paris, 1855, 1 vol. in-4. L'Athenaeum français. 3"° année, n° À à 5. Paris, 1854, 3 doubles feuilles in-4°. Revue de l'instruction publique. 12° année, n° 40 à 42. Paris, 1853; 3 doubles feuilles in-4°. Tome xx1. — ['° PART. 4 ( 50 ) Expériences et observations sur les cordes des instruments à archet, par M. Delezenne. (Extrait des mémoires de la Société des sciences de Lille.) Lille, 1853; 1 broch. in-8°. Société des antiquaires de Picardie. Programme du concours pour la construction du musée Napoléon à Amiens. Amiens, 1853; 1 broch. in-8°. Recueil des actes de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. 15° aunée, 3° trimestre. Bordeaux, 1853; 4 vol. in-8°. Philosophical transactions of the royal Society of London. Vol. 145, part. 2. — Proceedings. vol. VI, n° 95 à 97. Londres, 1853; 1 vol. in-4° et 3 feuilles in-8°. — Address of the right honourable the Earl Rosse, the president read at the anniversary meeting of the royal Society. Londres, 1853; 1 broch. in-8°. The journal of the royal Asiatic Society of Great-Britain and Zreland. Vol. XIV, part. 2, 1852; vol. XV , part. 1, 1853. Lon- dres ; 2 vol. in-8°. Transactions of the zoological Society of London. Vol. IV, Part. 2, 3. — Proceedings. N° 214 à 234. Londres, 1853; 2 vol. in-4° et 4 vol. in-8°. The quarterly Journal of the geological Society. Vol. IX, part. 3, août, 1853, n° 55. Londres; 1 vol. in-8°. The quarterly Journal of the chemical Society. Vol. VE, part. I, n° 25, octobre. Londres, 1853; 1 broch. in-8°. Observations made at the magnetical and meteorological obser- vatory at Toronto in Canada. By colonel Edward Sabine. Vol. II. Londres, 1853; 4 vol. in-4°. Aedes Hartwellianae or Notices of the manor and mansion of Hartwell. By captain W. H. Smyth. Londres, 1851; 1 vol. in-4°. On the impregnation of the ovum in the Amphibia. By George Newport. Londres, 1853; 4 vol. in-8°. Dialogues, and a small portion of the new Testament, in the English, Arabic, Haussa and Bornu languages. Londres, 1853; 4 cahier in-4°. (ot ) Grammar of the Bornu or Kanuri language ; with dialogues, translations, and vocabulary. Londres, 1853; 1 vol. in-8°. The twentieth annual report of the royal cornwall polytechnic Society; 1852. Falmouth, 1 vol. in-8°. Kaiserlichen Akademie der Wissenschäften in Wien. — Philo- sophisch-historische Classe. Sitzungsberichte. X°'® Band, 5 Heft, und XI Band, 1-2 Heft; 5 vol. in-80 — Mathematisch- naturwissenschaftliche Classe. Sitzungsberichte. XIS®" Band, 4-2 Heft; 2 vol. in-8°. — Denkschrifien. IV% Band, erste Liefe- rung, Vi Band. Zweite Lieferung ; 4 vol. in-fol. et À vol. in-4°. — Archiv für Kunde ôsterreichischer Geschichts- Quellen. XSter Band, 2 Heft , und XHISten Band. 1-2 Heft; 5 vol. in-8°. — JNoti- zenblatt. Beilage zum Archiv für Kunde üsterreichisches Ges- chits- Quellen. N°5 1 à 20. Année 1853; 20 feuilles in-8°. — Alimanach der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften in Wien. Vierter‘Jahrgang. 1854; 4 vol. in-8°. — Tafeln zur Ab- _ handlung: Beitrage zur Naturgeschichte von Chile. Von Frei- herrn, V. Bibra ; 4 cahier in-plano. Zeitschrift für allgemeine Erdkunde. Mit Unterstukkung der Gesellschaft für Erdkunde zu Berlin. Herausgegeben von D' T.-E. Gumprecht. 1 Band, 1-6 Heft. Berlin, 1853; 6 broch. in-8°. Zur Erinnerung an die Feier des Fünf und zwanzigjährigen Stifitungsfestes der geographischen Gesellschaft in Berlin, am | 24 April 4855. Berlin, 1853; 1 vol. in-6°. Die Fortsehritte des Physik im Jahre 1849. V® Jahrgang. Berlin, 1853; 4 vol. in-8°. Ueber den männlichen Geschlechts apparat bei Spirogyra und eïigen anderen Conferven, von Herman Itzigsohn. Berlin, 1853; 4 broch. in-8°. Abhandlungen der mathemath.-physikal. Classe der koeniglich- bayerischen Akademie der Wissenschaften. VI Bandes. Eerste Abtheïlung.— Bulletin der künigl. Academie der Wissenschafien. N° 1. Munich, 1853; 2 vol. in-4°. Verhandlungen der kaiserlichen Leopoldinisch- Carolinischen (52) Akademie der Naturforscher. Volume 23, 1° partie. Breslau, 4851; 1 vol. in-4°. Concours de l Académie impériale Léopoldo-Caroline des na- turalistes de Breslau, proposé par le prince Anatole Demidoff, membre de l’Académie sous le nom de Francklin, à l’occasion de la fête auguste de S. M. l'impératrice Alexandra de Russie, le 17 juin (n. st.) 4854, Breslau, 1853; 1 broch. in-4. Dreissigster Jahres- Bericht des schlesischen Gesellschaft für vaterländische Kültur , im Jahre 1852. Breslau ; 4 vol. in-4°. Das Geheimnits der Farben. Von J.-W. Schmits. Cologne, 4855; 1 broch. in-12. Würtembergische natur-wissenchaftliche Jahreshefte. Zehntes Jahrgang. 1° Heft. Stuttgart, 4855; 1 broch. in-8°. Juristische Encyclopüdie oder organische Darstellung der Rechtswissenschaft, mit vorherrschender Rücksicht auf Deutsch- land. Von D' Warnkôning. Erlangen, 1853; 1 vol. in-4. Heidelberger Jahrbücher der Literatur, unter Mitwirkung der vier Facultäten. Fünftes Doppelheft. September und october. Heïdelberg, 1853; 1 broch. in-8°. Archiv der Mathematik und Physik. Herausgegeben von Johann-August Grunert. XXIS* Theil, 2-3-4 Heft. XXIIS' Theil, 4 Heft. Greifswald, 1855; 4 vol. in-8°. Université de Marburg. Collection de 26 thèses inaugurales, — Indices lectionum et publicarum et privatarum per 1853-54. — Verzeichniss der Vorlesungen auf der Universitat zu Marburg. 28 broch. in-8° et 8 in-4°. Diplomatarium Norvegicum. af Chr. Lange og Carl Unger. Auden sambing. Christiania, 1852; 4 vol. in-8°. Det Kongelige Norse Frederiks Universitets. Aarsberetning for 4851. Christiania, 14853 ; 4 broch. in-18. Nyt magazin for naturvidenskaberne. Udgives of den physio- graphiske Forening à Christiania ved Chr. Langherg, tome VII, N°S 2, 5, 4, et tome VIII, n° 4. Christiania, 4853; 4 vol. in-8°. a Æmnt de Re (55) Om den spedalske sygdom elephantiasis graecorum, af W. Boeck. Christiania, 1852; 1 broch. in-S&. Indberetning om en med stipendium foretagen videnskabeling Reise à Udlandet. Christiania, 1855; 1 broch. in-8°. Jury-Institutionem à stor Britanien. Canada og de forenede Stater af Amerika, af Munch Rœder. Unhang (2% Hefte). 2 Binds, 2 Hefte. Christiania, 1852; 2 vol. in-8°. Olaf den helliges saga ved snorre sturlassôn. Christiania, 18553; 1 vol. in-S°. Olaf Tryggvesôns saga ved Odd. Munk. Christiania, 1853, 1 vol. in-8°. Syphilisations forsôg, foretagne af W. Boeck. Christiana, 1855; 1 broch. in-8°. Bidrag til pectinibranchiernes udviklingshistorie of J. Koren og D. Danielssen.— (Supplément). Bergen, 1851 ; 2 broch. in-8°. Oversigt over det kgl. danske Videnskabernes selskabs For- handlinger og dets Medlemmers Arbeider à Aaret, 1842. Kjô- benhavn ; 1 vol. in-S°. Mémoire de l'Académie impériale des sciences de S'-Péters- bourg. VL° série, sciences mathématiques, physiques et naturelles. Tome V, 5° et G° livraisons. St-Pétersbourg, 1853; in-4°. Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, publié sous la direction du D' Renard. Année 1852, n° 3 et 4, et année 1853, n° 1 et 2. Moscou, 4852-1853; 4 vol. in-8°. Nortons Literary register and Book Buyer's Almanac for 4853. New-York, 1 vol. in-12. Whale chart of the world, by M. Maury. Washington, 1852; 4 grandes feuilles in-plano. Report on the geology of the lake superior district; by J. Foster and Whitney. Part. II. — Maps. Washington, 1851; 2 vol. in-8°. Cinq cartes des différentes parties des États-Unis d'Amérique; publiées par l'Amirauté à Washington; 5 grandes feuilles in- plano. — Annual report of the superintendant of the Coast sur- (54) vey, 1852. — Sketches accompanying the annual report of the superintendant of the United States Coast survey, 1851. Was- hington, 2 vol. in-8°. Report of the Commissioners of patents, for the year 1851. Part. L. Arts and Manufactures. — Part. I. Agriculture. Was- hington, 1852, 2 vol. in-8°. Report of the officers constituting the light house Board. Was- hington, 1852; 4 vol. in-8°. Explanations and sailing directions to accompany the wind and current charts. By lieut. M. Maury. Fourth edition. Was- hington, 1852; 1 vol. in-4. Transactions of the american philosophical Society. Vol. X. Part. IL — Proceedings. Vol. 5, n° 48; Philadelphie, 1852; 4 vol. in-4 et 1 broch. in-8. Journal of the Academy of natural sciences of Philadelphia. Vol. If, part. IL. — Proceedings. Vol. VI, n° II à VII, pages 71 à 300. Philadelphie, 5 broch. in-8° et 4 vol. in-4. Illustrations to the geological report of Wisconsin, Jowa, and Minnesota. — Report of a geological survey of Wisconsin, ete. , of a portion of Nebraska Territory. By David Dale Owen. Phila- delphie, 1852; 2 vol. in-4°. Information respecling the history, condition and prospects of the indian tribes of the United States. Part. IN. Philadelphie, 4 vol. in-4. The american Journal of Science and Arts. Vol. XVI, n° 47. September. New-Haven , 1853; 1 vol. in-8e. Official report of the United States Expedition. By lieut. Lynch. Baltimore, 1852 ; 4 vol. in-4°. Description of a Skeleton of the Mastodon giganteus of North America, by John Warren. Boston, 1852; 1 vol. in-4°. À collection of tables astronomical, meteorological, and ma- gnetical, also, for determining the altitudes of mountains ; by lieut.-colonel T.-J. Boileau. Umballa, 1850; 4 vol, in-4°, BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1854. — No 2. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 4 février 1854. M. le baron de Sezys-Lonccaawrs, directeur. M. Querezer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Pagani, Sauveur, Timmermans, Crahay, Wesmael, Martens, And. Dumont, Cantraine, Stas, De Koninck, A. De Vaux, Nerenburger, Gluge, Mel- sens, Schaar, Liagre, membres ; Sommé, Spring, Schwann, associés ; Mareska , correspondant. à M. Éd. F étis, membre de la classe des beaux-arts, assiste à la séance, ToME xx1. — Ï”° paRT. 5) (56) CORRESPONDANCE. — M. le Ministre de l’intérieur transmet les copies de deux arrêtés royaux du 51 décembre dernier, le premier approu- vant l'élection de M. Liagre, comme membre de la classe des sciences ; le second nommant le jury chargé de décer- ner le prix quinquennal pour les sciences physiques et mathématiques, lequel se compose de MM. Brasseur, La- marle, Steichen, Quetelet, Valerius, Martens et Melsens. — La Société royale de Gôttingue, l’Académie royale des sciences de Stockholm, l’Académie américaine de Boston, l’Académie royale de Bavière, etc., remercient l’Académie pour l'envoi de ses publications. — La Société des Naturalistes de Francfort annonce qu'elle se propose de célébrer, le 10 mars prochain, le cinquantième anniversaire du doctorat de M. le profes- seur Frédéric Tiedemann. — La classe reçoit les résullats des observations faites, en 1853, sur les phénomènes périodiques des plantes et des animaux, à Bruxelles, par M. Quetelet; à Anvers, par M. le docteur Sommé; à Waremme, par MM. de Selys- Longchamps et Ghaye; à Ostende, par M. Mac-Leod; à Vienne, par M. Ch. Fritsch; à Venise, par M. le profes- seur Zantedeschi. M. le conseiller de Martius écrit qu’il ne tarderà pas à faire parvenir les observations recueillies dans le Jardin des Plantes de Munich. (57) — M. De Koninck, membre de l’Académie, présente une note manuscrite sur un nouveau geure de Cri- noïde du terrain carbonifère de l'Angleterre. (Commissaire: M. Nyst.) M. G. Dewalque transmet également une note manu- serite sur les divers étages de la partie inférieure du lias dans le Luxembourg et dans les contrées voisines. Com- missaires : MM. Dumont et De Koninck.) CONCOURS DE 1854. PREMIÈRE QUESTION. Exposer d'une manière méthodique l'état de nos connais- sances dans l'intégration des équations aux dérivées par- tielles des deux premiers ordres, el déduire d'une méthode générale les différents procédés employés dans des cas par- ticuliers. DEUXIÈME QUESTION. Les géomètres ne sont pas d'accord sur la question de savoir s'il convient d'exposer la mécanique, comme on l'a lait jusqu'ici, en commençant par la théorie de l'équilibre , ou s'il est préférable, comme le prétendent quelques savants, que les notions du mouvement précédent celles de l'équilibre. On demande une discussion approfondie des deux opinions, el Un canevas comptet d'un cours de mécanique , exposé dans le second système, avec les démonstrations que né- cessile ce nouveau plan. (58) TROISIÈME QUESTION. Déterminer, par des recherches nouvelles, la nature des acides organiques annydres. QUATRIÈME QUESTION. Étudier, au moyen de nouvelles expériences , l'influence que le nerf grand sympathique exerce sur les phénomènes de la nutrilion. CINQUIÈME QUESTION. On demande la description des Infusoires vivant en Belgique. La réponse à cette question devra être accompagnée de figures représentant les nouvelles espèces décrites. SIXIÈME QUESTION. On demande un mémoire approfondi sur la coloration des algues. Le prix de chacune de ces questions sera une médaille d'or de la valeur de six cents francs. Les mémoires de- vront être écrits lisiblement, en latin, français ou flamand, et 1ls seront adressés, francs de port, avant le 20 sep- tembre 1854, à M. Quetelet, secrétaire perpétuel. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations; à cet effet, les auteurs auront soin d'indiquer les éditions et les pages des ouvrages cités. On n’admettra que des planches manuscrites. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage, mais seulement une devise, qu'ils répéteront sur un billet cacheté, renfermant leur nom et leur adresse. Les mé- ( 59 ) moires remis après le terme prescrit ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont déposés dans ses archives, comme étant devenus sa propriété. Toutefois les intéressés peuvent en faire prendre des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet , au secrétaire perpétuel. CONCOURS DE 1855. La classe propose, dès à présent, la question suivante : Déterminer, par des expériences nouvelles, la composition et la nature des matières albuminoïdes. Les conditions sont les mêmes que pour le concours de 1854. RAPPORTS. La classe entend successivement les rapports de ses commissaires, MM. Nyst, d'Omalius d'Halloy et A. Du- mont, sur un mémoire de MM. De Koninck et Lehon, inti- tulé : Recherches sur les Crinoïides du terrain carboniféère de Belgique ; et elle ordonne l'impression de ce travail dans le recueil de ses Mémoires. ( 60 ) Sur un mémoire présenté par M. Montigny, et intitulé : ESsar SUR DES EFFETS DE RÉFRACTION ET DE DISPERSION PRODUITS PAR L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. Happort de M, Plateau. « Cette première partie du travail a pour objet l'étude des ondulations apparentes que présentent les objets éloi- gnés et peu élevés au-dessus de l'horizon, lorsque la tempé- rature du sol est notablement plus haute que celle des cou- ches atmosphériques voisines. L'auteur annonce que, dans une seconde partie, il traitera de la dispersion de la lumière qui , venant d’un astre, traverse les couches infé- rieures de l'atmosphère. Après des considérations générales , l’auteur décrit la position du lieu d'observation, et donne quelques détails sur le télescope qu’il a employé, ainsi que sur le procédé micrométrique dont il a fait usage pour la mesure des phénomènes. Il passe ensuite à la forme de ce qu’il appelle les ondes aériennes, c’est-à-dire des masses d'air qui s’élè- vent du sol échauffé et à travers lesquelles les rayons lu- mineux sont déviés : il admet, d’après certaines analogies, que les surfaces de séparation entre ces ondes et l’air am- biant sont nettement tranchées, et, partant de l'aspect qu’offrent les ombres des ondes occasionnées par une barre de fer fortement chauffée, il attribue aux ondes aé- riennes en général des formes telles, qu'en supposant l’une de ces ondes coupée par un plan contenant le rayon lumi- neux, la section serait ordinairement limitée par deux courbes sinueuses, de manière que l’espace compris entre celles-ci présenterait des renflements et des étranglements. tie Thai (61) Enfin, il cherche une formule exprimant la déviation du rayon lumineux en fonction des angles d'incidence et d'émergence aux deux surfaces de l'onde, de l'angle des deux plans tangents à ces surfaces aux points d'incidence et d'émergence, et des distances du point lumineux et de l'œil à ces mêmes points d'incidence et d’émergence. L'auteur à constaté, comme on devait s’y attendre, que les ondulations les plus fortes se montrent en été; mais il en a observé aussi en décembre et en janvier. Il a constaté également qu'en été les ondulations ne deviennent ordi- nairement sensibles que longtemps après le lever du soleil, même par un ciel serein; mais, en hiver, il en a vu se manifester avant le lever du soleil, et ce dernier effet doit être attribué, selon lui, à des ondes plus froides que V'air ambiant. D'après ses observations, l'amplitude des déplacements apparents des objets augmente généralement jusqu’à une certaine heure de la matinée; mais le plus souvent elle atteint son maximum plusieurs heures avant celui de la température du jour. La formule dont il a été question plus haut montre que, toutes choses égales d’ailleurs, les effets de déviation doivent être d'autant plus prononcés que l’onde qui les produit est plus près de l'œil; or, le lieu d’où se faisaient les observations et l'objet vers lequel le télescope était dirigé se trouvaient dans des conditions telles, que les rayons solaires échauffaient plus fortement tantôt une partie du sol plus voisine de l'objet, tantôt une autre partie plus voisine de l'œil, et l’auteur s’est en effet assuré que les on- dulations avaient le plus d'amplitude dans cette dernière circonstance. Il a reconnu que les ondulations persistent après le cou- cher du soleil, même en toute saison, par suite de l’abais- (62) sement de la température du sol, surtout quand la séré- nité du ciel favorise le rayonnement. L'auteur dit aussi quelques mots des observations qu'il a faites relativement à l'influence que le vent et l’'interpo- sition passagère des nuages exercent sur les phénomènes. Il a constaté que les déplacements des images dans le sens horizontal sont généralement, comme on devait le pré- voir, beaucoup plus petits que dans le sens vertical; le plus grand déplacement qu’il ait mesuré dans ce dernier sens a été de 25 secondes; cette mesure a été prise le 45 juin. L'auteur examine ensuite les circonstances qui rendent plus ou moins confuse la perception télescopique des objets vus au travers des ondes aériennes. Il fait voir d’abord, par le raisonnement, que les images doivent être d'autant moins nettes, abstraction faite de l'étendue de leurs dépla- cements, que l'ouverture du télescope est plus grande, etil obtient en effet, la perception distincte d'images qui éprou- vaient cependant des déplacements très-considérables, en adaptant à l'instrument un diaphragme à ouverture étroite. Mais il signale d’autres causes plus puissantes de confu- sion dans les images; ces causes sont : d’une part, la dimi- nution d'intensité résultant de ce que l’image, dans ses déplacements rapides, n’a pas le temps de produire une impression complète sur la rétine, et, d’une autre part, la Superposition, au même lieu de la rétine, des impressions de différents points de cette image. En déterminant artificiellement des oscillations régu- lières dans l’image d’un objet vu au télescope, image dont son procédé lui permettait de faire varier l'éclat, l'auteur constate, conformément à une loi qui se déduit de mes propres expériences, que la rapidité d'oscillation néces- saire pour que l’image cesse d’être distinctement perçue (65 ) est d'autant plus grande que cette image a plus d'éclat; ses observations sur les effets produits par les ondes aériennes sont d'accord avec ce résultat. Les expériences ci-dessus le conduisent à reconnaître qu’au moment où, par l'effet d'ondes naturelles, l’image télescopique d’un objet éclairé par le soleil cesse d’être vue avec netteté dans ses détails, les mêmes phases de déplacement de cette image doivent se représenter après des intervalles de temps moindres que 1h10 de seconde. Il a remarqué que, les circonstances étant les mêmes, les ondulations des objets fortement éclairés paraissent avoir plus d'amplitude que celles des objets plus sombres; mais ses mesures lui ont montré que c’est là une simple illusion. Enfin l’auteur mentionne un dernier fait : quelquefois des parties d’une image plus ou moins déformée par les ondulations font défaut, lors même que les mouvements apparents sont assez lents pour qu'il n’y ait pas de confu- sion. Il explique ce phénomène singulier en faisant voir que, dans certains cas, les rayons lumineux doivent être réfléchis en totalité soit à la première, soit à la seconde surface de l'onde, et ne peuvent ainsi parvenir à l'œil. En résumé, quoique le phénomène fondamental qui fait l'objet du mémoire soit bien connu et que la cause en soit évidente, M. Montigny a étudié ce phénomène avec soin dans ses détails, et une semblable étude est toujours profitable à la science; le travail me paraît bien fait, et d’ailleurs la seconde partie annoncée par l’auteur est relative à des phénomènes d’un plus haut intérêt. En con- séquence, J'ai l'honneur de proposer l'insertion du mé- moire actuel dans le récueil des savants étrangers. » Les conclusions de ce rapport, appuyées par M. Duprez, second commissaire, sont adoptées, (64) Mémoire sur l'alternation des fonctions et des équations ; par M. Ign. Carbonnelle. ‘Rapport de M. Schaar. « Le mémoire que M. Carbonnelle a soumis au juge- ment de l’Académie, a pour objet le développement des principes qui doivent servir de base à une nouvelle mé- thode d'analyse qu'il désigne sous le nom de Méthode d'al- tération. Voici en quoi elle consiste : soit f(x, a) une fonction quelconque de la variable x et du paramètre constant a, et F (a) une fonction entière de a du degré n—1; supposons la fonction / (x, a) développable en série convergente, suivant les puissances de a, on aura f{zæ, a) =X+X,a + X,a° ... Or, l’altération de cette fonction consiste à remplacer dans ce développement a" par F (a), ce qui ramène néces- sairement le second membre à une fonction entière de a du degré n—1, de la forme ? (x) TH Pr (x) à” CEA (x) Se a" Pn—1 (x), ? (x), #, (x) ... étant des fonctions de x, exprimées au moyen de séries qui sont convergentes , ainsi que le dé- montre l’auteur, pour toutes les valeurs de x qui rendent convergent ce développement, en y substituant pour a une quelconque des racines de l'équation a — F{a) = 0. (65) Pour tirer parti de cette transformation, l’auteur s'appuie sur cette proposition, que si la fonction f(x, a) devient nulle pour toutes les valeurs de a qui vérifient l'équation a"— F (a) =0, le résultat de l’altération sera identique en a, c’est-à-dire que l’on aura g(t) = 0, #,(x) — 0, etc. Il est aisé de se convaincre que les fonctions 9? (x), y, (x), ete., qui naissent de cette transformation sont des fonctions symétriques des racines de léquation a"— F (a) — 0; cette considération pourra, dans certains cas (rès- particuliers, faciliter la recherche de ces fonctions; mais, en général, leur détermination sous forme finie est impos- sible, et leur détermination sous forme de série présen- tera, même pour les fonctions les plus simples, des difi- cultés qui me semblent ôter toute importance à la méthode de M. Carbonnelle. Je ne conteste pas que les transforma- tions employées par l’auteur ne puissent, dans quelques cas particuliers, conduire à certains résultats; mais j'ai la conviction que les méthodes ordinaires sont susceptibles d'y conduire d’une manière beaucoup plus simple et plus expéditive; l’auteur à, d’ailleurs, pris la peine de justifier cette assertion par toutes les applications qu'il a faites de sa méthode. Je crois donc devoir proposer à l’Académie de suspendre l'impression du mémoire de M. Carbonnelle jusqu'à ce qu'il ait fourni les nouveaux développements de sa mé- thode , qu'il annonce dans son travail. » M. Tinimermans , second commissaire, appuie ces con- clusions, qui sont adoptées. ( 66 ) Sur une note de M. le professeur Poelman, concernant le système circulatoire des Crocodiliens. Rapport de M. le D' Gluge. « On sait, depuis la découverte faite par Panizza, que les deux aortes, qui naissent du cœur des crocodiles, l’une du ventricule gauche, l’autre du ventricule droit, commu- niquent entre elles par une ouverture située à leur origine, au-dessus des valvales. Ce fait a été confirmé entre autres par Bischoff (Archives de Muller, 1856, p. 5), et cet auteur indique, en outre, un rebord cartilagineux à l'ouverture, M. Poelman a voulu de nouveau démontrer la permanence de cette ouverture chez les crocodiles adultes, et il ajoute à sa note un dessin du cœur de Crocodilus lucius, dont M. Bischoff avait déjà donné de très-bonnes figures. Mais comme le fait de la permanence de la communication me paraît tellement acquis à la science, qu’il est enseigné dans les livres classiques d'anatomie comparée, je propose d'adresser des remerciments à l’auteur, dont j'estime hau- tement le zèle infatigable, et de déposer la note aux ar- chives. » Kapport de M. Van Beneden. « Je suis d'accord avec notre savant confrère M. Gluge, quand il dit que la communication entre les deux aortes chez les crocodiles n’est pas un fait nouveau; que cette communication est connue depuis fort longtemps et en- seignée même dans les livres classiques; mais je me de- mande si c'est une raison de ne pas imprimer cette note? S'il ne s'agissait pas d’une disposition aussi remarquable d'un cœur de reptile qui est presque mammifère, je par- (67) tagerais son. avis. Que M. Poelman imprime, dans le Bul- letin bien entendu, sa notice, avec l'indication des travaux publiés sur ce sujet, je n’y vois aucun inconvénient. Il en est juge, et lui seul est responsable. Je me sépare donc à regret de mon confrère et demande l'insertion dans le Bulletin de la note sans la planche, en considérant surtout que le successeur de Cuvier, M. Duvernoy, doutait encore, il y à quelques années, de la permanence de l’orifice. » La classe se rallie aux conclusions du rapport de M. Van Beneden. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Note sur le système circulatoire des Crocodiliens ; par M. le D' C. Poelman, correspondant de l’Académie. Malgré les recherches nombreuses auxquelles la circula- tion chez les Crocodiliens a donné lieu, les physiologistes ne sont pas encore bien d’accord sur la manière dont cette fonction s'exécute. Comme chez tous les reptiles, il y a ici mélange de sang veineux et de sang artériel, mais ce mélange ne se fait pas dans le cœur chez le crocodile; il a lieu en dehors de ce viscère. D'après les uns (1), une première communication exis- terait à l’origine des deux aortes, dont l’une sort du ventri- cule droit (aorte veineuse ou gauche des auteurs), et l’autre du ventricule gauche (aorte artérielle ou droite des auteurs): (1) Hentz, Mayer de Bonn, Panizza, Harlan, Bisschoff, G. Vrolik , etc. (68 ) d’après d’autrés (1), cette communication, espèce de trou de Botal, s’oblitérerait avec l’âge. La solution de cette question nous paraît avoir une cer- taine valeur scientifique, en ce sens que si cette ouverture s’oblitère réellement avec l’âge, comme le pensent Cuvier et Duvernoy, la tête et les membres antérieurs doivent nécessairement recevoir du sang artériel pur, tandis qué toutes les autres parties du corps recevraient du sang plus ou moins mélangé. Depuis quelques années, ayant eu l’occasion d'examiner un certain nombre de crocodiles (Lac. crocodilus, L.) et caïimans (Crocodilus lucius, Cuv.) , dont plusieurs parfaite- ment adultes, le cœur à été la partie de l'animal qui nous a spécialement intéressé. Nous devons à la vérité de dire que chez tous ces reptiles, aussi bien chez les adultes que chez les jeunes individus, nous avons trouvé une commu- nication à l’origine et dans la paroi des deux aortes; disons encore que chez aucun nous n'avons remarqué de tendance à l’oblitération. Mais, pour ne pas être induit en erreur, quand on pro- cède à cette recherche, il est bon d'ouvrir largement le ventricule droit et de diviser la valvule semi-lunaire pos- térieure, derrière laquelle cette communication se trouve. Quant à une opinion, même erronée, s'attache l'autorité d’un grand nom, et quand celle-ci a été en quelque sorte acceptée dans la science, ce n’est que par des observations répétées qu’on peut essayer de la combattre. Or, c’est le cas de la disposition anatomique dont nous nous occupons ici. [l nous paraît qu'au moment actuel, les investigations faites sont assez nombreuses pour qu'il soit permis d’être (1) Cuvier, Duvernoy. (69) fixé sur la valeur de l’opinion professée par Cuvier et Du- vérnoy. Non-seulement l’observation directe n’est pas venue confirmer la manière de voir de ces deux anatomistes dis- tingués, mais nous pensons que quand on examine l'en- semble de Pappareil de la circulation et quand on veut se réndre compte du mécanisme de cette fonction, on est en quelque sorte amené à admettre que l'ouverture, considé- rée comme transitoire par Cuvier, Duvernoy et, après eux, par d’autres physiologistes, doit exister chez tous les cro- codiles et à toutes les périodes du développement. En effet, sans elle la circulation viscérale nous paraît difficile à expliquer, et nous ne sommes pas éloigné de croire que, par cette ouverture, il se fait un mélange de sang artériel et veineux, beaucoup plus prononcé que par le canal de communication, qui existe plus loin entre les deux aortes. En effet, l'aorte gauche, à laquelle nous préférons don- ner le nom de veineuse ou viscérale, eu égard à son origine et à sa destination, après s'être contournée, se rend en entier aux viscères de l'abdomen; elle présente à la vérité une anastomose avec l'aorte droite ou artérielle, mais ce vaisseau de communication, peu volumineux et dirigé obliquement, ne peut pas permettre à l'aorte veineuse de recevoir une proportion de sang artériel en rapport avec le volume des viscères abdominaux. Or, s’il n'y avait pas de communication entre les deux aortes à leur sortie du cœur, le vaisseau qui vient du ventricule droit et que, sous lé rapport de ses usages, Cuvier a comparé avec raison à un long tronc cœliaque, n’amènerait aux viscères abdo- minaux , et notamment à l'estomac et au foie, que du sang veineux presque pur, chose incompatible avec l'importance dés fonctions dévolues à ces organes. (70) Ce qui nous a confirmé dans cette manière de voir, c'est la dissection, faite il y a peu de temps, d’un caïman à mu- seau de brochet (Crocodilus lucius, Cuv.), bien adulte, de plus de deux mètres et demi de long, que la collection d'anatomie comparée de notre université doit à l’obligeance de la direction du jardin zoologique de cette ville. Le cœur de cet animal est peu volumineux. Il mesure 0",06 dans le sens de son diamètre vertical (depuis la pointe jusqu’à l'origine des deux aortes), et 0",07 dans le sens du diamètre transversal; la circonférence à la base est de 0",18. De même que chez tous les reptiles, l’oreil- lette droite présente une prédominance marquée sur la gauche. L'ouverture qui fait communiquer les deux aortes, à leur sortie du cœur, est entourée d’un cercle cartilagineux qui doit avoir pour effet de la tenir béante et d'empêcher son oblitération ; sa forme est ovalaire et sa direction oblique; le diamètre transverse de ce conduit est de 0",007, et le vertical de 0",005. Comme il est situé immédiatement au- dessus des valvules semi-lunaires, l’occ'usion de ces der- nières doit favoriser en cet endroit le mélange de sang veineux et de sang artériel. Chez le même animal, le canal de communication présente une direction oblique, une longueur de 0",008 et un diamètre d'environ 0,002; il est placé à 0,24 de l’origine des deux aortes. Or, comme ces dernières sont en quelque sorte parallèles, et qu'il ne se trouve, à l'endroit où aboutit le vaisseau trans- versal aucune disposition anatomique qui puisse faciliter le mélange des deux espèces de sang, celui-ci, possible dans certaines circonstances, doit être insignifiant quand la fonction circulatoire s'exécute normalement. Ce canal de communication que, chez un crocodile adulte, nous avons trouvé une fois complétement oblitéré, nous le con- | (A) sidérons plutôt comme destiné à servir de diverticulum, quand la circulation a été troublée, qu’à opérer un mélange permanent de sang veineux et artériel. Nous croyons, en dé- finitive, que le principal mélange se fait à l’origine des deux aortes et, contrairement à l'opinion généralement admise, nous pensons que le sang, que les extrémités postérieures et la queue reçoivent, ne diffère pas sensiblement de celui qui est dirigé vers la tête et les extrémités antérieures. Quant à l'aorte artérielle, ce tronc, après avoir fourni les branches pour la tête et les membres antérieurs, se contourne et devient la véritable aorte descendante, qui ne diffère guère de celle des mammifères. Considérée de cette manière, la circulation des croco- diliens présente beaucoup d’analogie avec celle des autres reptiles. La principale différence consiste en ce que le mé- lange de sang chez ces derniers se fait dans le ventricule, plus ou moins imparfaitement cloisonné, tandis que, chez le crocodile, le cœur droit étant complétement séparé du cœur gauche, le mélange se fait à l’origine des aortes. D'un autre côté, cette circulation présente peu d’ana- logie avec celle du fœtus, avec laquelle on la compare souvent, tant sous le rapport de la forme de l'appareil que sous celui du jeu fonctionnel. Sans parler du système de la veine-porte du crocodile, qui ne ressemble nullement à celui du fœtus, l'appareil central diffère notablement chez les deux individus, et la comparaison que l’on a voulu établir nous paraît peu heureuse. En eflet, chez le fœtus, le ventricule droit ne donne paissance qu’à l'artère pulmonaire qui, au moyen du canal artériel , établit une communication entre ce ventricule et l'aorte proprement dite. Il résulte de là que presque tout le sang veineux que contient ce ventricule passe directe- ment dans ce dernier vaisseau. TomE xx1. — Î"° PART 6 | (72) Chez le crocodile, au contraire, le ventricule droit donne constamment naissance à l’artère pulmonaire et à une aorte veincuse. Celle-ci ne nous paraît pas pouvoir être comparée au canal artériel du fœtus , attendu que, au lieu de se diriger vers l'aorte, comme le canal artériel, elle se rend directement aux viscères abdominaux. Chez le fœtus, il n'existe en réalité aucun vaisseau comparable à l'aorte veineuse ou gauche du crocodile. Le trou de Botal, qui fait communiquer les deux oreil- lettes chez le fœtus et qui s'oblitère après la naïssance, pourrait être comparé à la communication qui existe chez le crocodile entre les deux aortes à leur sortie du cœur, mais sous le rapport de la position et de l’état permanent chez l'un et transitoire chez l’autre, il y a une différence dont il convient de tenir compte. Sur la dépression barométrique observée à la hauteur du cap Horn. (Extrait d’une lettre de M. Maury à M. Quetelet.) M. Maury, directeur de l'Observatoire national de Was- hington, fait connaître que le gouvernement des États-Unis a adopté toutes les conclusions de la Conférence maritime, récemment tenue à Bruxelles, et les a rendues applicables à ses vaisseaux. Ce savant mentionne, en même temps, quelques résul- tats curieux sur la pression atmosphérique, déduits de l’exa- men attentif qu'il continue à faire des livres de bord des vaisseaux américains. « Je vous envoie, dit-il, un exemple de la nécessité d’une association météorologique; c’est un tableau des hau- teurs barométriques dans la région des vents périodiques du cap Horn. Ces résultats sont obtenus à l’aide du baro- ( 75 ) mètre à mercure ordinairement employé dans la marine. C’est pourquoi les lectures n’ont pas subi de corrections ; mais, comme les observations ont été faites avec les mêmes instruments , d’abord dans les vents alizés, puis à la hau- teur du cap Horn, et puis de nouveau dans les vents alizés, les différences peuvent être considérées comme très-près d’être exactes. » Ne pensez-vous pas que nous devrions avoir des sta- tions météorologiques dans les régions de l'Amérique du Sud, pour pouvoir rendre compte de cette dépression barométrique de 0,82 pouce, à la hauteur du cap Horn? HAUTEUR MOYENNE DU BAROMÈTRE DANS LES VENTS ALIZÉS NE |A LA HAUTEUR! DANS LES VENTS ALIZÉS SE —— 7 du —— DEL'ATLANTIQUE.| DU PACIFIQUE. CAP HORN. ÎDE case | DU PACIFIQUE. Pression ’ en-pouces ang Jours d'observations. Pression eu pouces angl. Jours d'observations. Pression en pouces angl. Jours d'observations, Pression en pouces angl. Jours d'observations, Pression en pouces angl. Jours d'observations. Janvier. . . Février. . . Mars . .. Ayñl. : .. Mb. Juin . Juillet. .. Aoùt.., Septembre . Octobre . . Novembre . | Décembre . Moveme . . | 29,971475 | 29,96/517 [29,23 |490 | ES Sur le nouvel Observatoire magnétique de Rome. (Extrait d’une lettre de M. Secchi, directeur de l'Observatoire, à M. Quetelet.) « Vous apprendrez, avec plaisir, sans doute, que j'ai réussi enfin à établir un observatoire magnétique à Rome, mais incomplet encore pour le moment, car nous n'avons que les instruments relatifs à la déclinaison; cependant j'espère avoir bientôt les autres. Le déclinatoire principal consiste en un barreau d'acier de 0",614 de longueur, 0",037 de largeur, et 0",0088 d'épaisseur, fabriqué par Ertel, à Munich. Le barreau a ses accessoires pour la dé- clinaison absolue et pour les variations : il est muni d'un collimateur, comme celui de Greenwich, ce qui est très- commode pour la détermination de la déclinaison absolue; pour les variations, jai préféré me servir du miroir; j'en ai obtenu un excellent de Munich. Un très-beau théodolite d’Ertel, construit expressément sans acier pour ces obser- vations, avec un cercle azimutal de 24 centimètres muni de quatre verniers pour les 10”, sert à mesurer les angles absolus. Pour les variations, j'ai conservé l'échelle, mais construite d’une manière que je trouve assez avantageuse; elle est en métal argenté mat, et divisée par lignes trans- versales comme les anciennes règles tychoniennes : avec dix lignes horizontales coupées par des obliques, on peut lire très-facilement les vingtièmes des divisions principales, c'est-à-dire les dixièmes de millimètre, quoique le barreau oscille assez rapidement; on peut même estimer des frac- tions plus petites. Dans la pratique, on est sûr de l’ob- (7) servation à un dixième de minute près, ce qui est suffisant. Le télescope est terrestre et construit en sorte que l’axe de rotation et le foyer commun à l'objectif et à l’oculaire ter- restre tombent sur un même point, qui répond au-dessous du milieu de l'échelle graduée; de ce point milieu de l'échelle on suspend un petit poids à un fil de soie; ce fil passant par un trou pratiqué dans l’axe de rotation de la lunette, devient visible dans le champ de l’oculaire, et peut servir lui-même à mesurer les positions du barreau, en le comparant aux divisions de l'échelle, réfléchies par le mi- roir sur lui-même. Vous voyez que la centralisation par- faite de l'échelle et de l'axe optique de la lunette peut se faire ainsi avec la plus grande précision. » Nous ne pouvons pas nous charger d’un système régu- lier d'observations magnétiques, qui nous détournerait trop de nos devoirs astronomiques ; cependant on fera autant d'observations que le permettront les autres travaux, et on aura soin de surveiller le barreau dans les heures cri- tiques du maximum el du minimum de déviation diurne et dans les perturbations extraordinaires. » J'ai profité du nouvel instrument pour déterminer la déclinaison magnétique à Rome, qu’on ne connaissait encore qu'au degré près. J’ai trouvé, le 50 octobre 1855, la déclinaison = 14° 5’ 55” à l’ouest. Le petit tableau sui- vant montre la marche de cette déclinaison dans les années antérieures : A640-"Kircker es !, :. ,.:.:.: .: 245! ouest. O7 PANZOUtES EL 0e "0, 2,60 1702 PAIE" 00 7. 1) 016 0 TOMRECONERRR TL 7 717 D 1812. MR Es Pa tn tie ta 10100 1885. "Pioncan 26027", 2401116 '5b 18001 Sec ER DUR 0 143; 55! (76 ) » On voit que nous suivons uné marche décroissante d'environ 4‘ par année. Dans l'ouvrage de Kircker, De arte magnetica, il y à un grand nombre de déclinaisons de l'aiguille observées, vers l’année 1640, sur presque tous les points les plus remarquables du globe. Cette table pourra être consultée avec avantage pour lhistoire dé la variation séculaire de cet élément magnétique. | » Nous avons recueilli aussi un assez grand nombre d'observations pour la variation diurne et annuelle, que l’on connaît très-peu chez nous. » Le magnétomètre nous donne un moyen facile de re- connaître les aurores boréalés qui peuvent se produire dans nos climats. Le 2 de ce mois (janvier), une forte perturba- tion se manifesta dans le magnétomètre; entre 3 h. 45 m. et 41 h. 16 m., on observa trois fortes oscillations, à l'Est, de presque 15° chacune (1). Après la première, j'obser- vai le ciel pour voir s’il y avait quelque vestige d’aurore boréale, mais le clair de lune empêcha de la distinguer. À la troisième oscillation maximum (9 h. 56 m.), le ciel était couvert de légers cirrho-eumuli qui avaient les bords luisants ; la lune était couchée depuis plus d’une heure, et la lumière ne pouvait être produite par les étoiles, car, (1) Perturbation magnétique du 2 janvier 1854. A 1h49m du soir. . ,. . . . . . 160 divisions de l'échelle, 4 53 = Pr, to +. L.95 — 5 50 — : 4217 — 6 54 _— + 3.90 — 8 44 —_ . 13.40 — 9 16 — A) — 9 36 — . 10.00 — 10 358 — 1.21 — 10 58 — A Ne ENS PL LU — 11 16 = Si Ta PS Dh Es ME ES 1 — Chaque division de l'échelle — 2/,05. La déclinaison diminue lorsque les chif- fres augmentent. L2 (71) peu de temps après, celte lumière disparut, et le magné- tomètre reprit sa position ordinaire. Ce phénomène de lu- mière aux bords des nuages se répéta encore à 10 h. 40 m., et à 41 h. il y avait même quelques traces de lueur rou- geàtre au nord-ouest. On ne peut done pas douter du caractère auroral de ces nuages, qui était exactement tel que je l'ai observé quelquefois en Angleterre. » Le 6 décembre dernier, vers 9 h. 22 m., le maximum de perturbation eut lieu à l'instant de apparition d’un très- beau bolide de la grandeur apparente de Saturne, et allant du zénith au SSE. A-t-on jamais étudié les perturbations magnétiques en rapport avec l'apparition de ces corps (1)? Comme les holides sont accompagnés quelquefois de la chute de matières ferrugineuses, il n’est pas improbable qu'une masse considérable de cette nature, en passant près du globe terrestre, puisse altérer pour quelque temps son élat magnétique et se manifester par une perturbation. Vous qui connaissez mieux que moi les travaux magnétiques, vous trouverez peut-être quelque réponse à cette demande. » Afin de ne pas déplacer le grand magnétomètre, j'ai fait construire un petit magnétomètre portatif pour déter- miner la déclinaison absolue sur différents points des en- irons de Rome qui méritent une attention particulière, leur sol étant composé de matériaux volcaniques; j'ignore quand je pourrai faire ces observations, de même que celles de l'intensité. (1) Les publications de l'Observatoire royal de Bruxelles et de l’Académie de Belgique renferment de nombreuses recherches sur les rapports qui peu- vent exister entre les perturbations magnétiques et les grands phénomènes du globe et de l'atmosphère, tels que les tremblements de terre, les aurores boréales, les étoiles filantes , les bolides, les tempêtes, etc. A. Q. (78) » Notre nouvel observatoire est déjà en état de recevoir les instruments, mais le mauvais temps empêche l’arrivée des blocs de granit destinés à leur emplacement, la navi- gation étant maintenant assez difficile. M. Merz a promis d'achever cet hiver le grand réfracteur. Alors nous pourrons faire quelque chose de plus; pour le moment, chaque obser- vation des petites planètes nous coûte au moins 4 heures de temps, en comptant ce qui se perd dans l'observation matérielle et dans les nombreuses réductions nécessaires. » J'ai appris avec plaisir que votre observatoire est en communication avec celui de Greenwich. J'avais obtenu que le nôtre füt mis en rapport avec la ligne télégraphique de Naples; et, l’’automne passé, j'étais allé dans cette ville pour arranger la communication télégraphique entre les deux observatoires; j'en étais parti avec de grandes espé- rances, mais jusqu'ici rien n’a été fait de ce côté. Il paraît que l’on n’a pas encore décidé qui doit faire la dépense des fils de jonction entre la station et les observatoires. Îl ne faut pas désespérer encore. » Mon projet, outre la détermination de la longitude, était encore l'étude des étoiles filantes, que les astronomes ne devraient pas négliger autant qu’ils le font. Comme je ne puis réaliser moi-même ce projet pour le présent, je désire vous le communiquer. Le télégraphe électrique nous donne le moyen pour qu’une étoile filante observée en un lieu soit immédiatement signalée en un autre; alors on peut sur-le-champ constater deux choses : 1° si l'étoile est apparue dans les deux places au même instant (je erois qu'on trouvera les temps assez différents); et 2° si elle s’est montrée dans le même lieu du ciel. On doit marquer la place avec soin, lorsqu'on est sûr que la même étoile a été observée dans les deux localités. Avec la connaissance de (79) ces deux éléments, je crois que l’on pourra résoudre plu- sieurs doutes qui restent sur ce sujel. La simultanéité de l'apparition dans différentes places a été supposée, mais pas prouvée directement, et les observations faites autrefois entre Rome et Naples me font soupçonner que cela n’est pas toujours vrai. » Sur le principe électrostatique de Palagi et ses expériences. Lettre de M. le professeur Zantedeschi, de Padoue, à M. Quetelet. « Vous m'avez demandé obligeamment ce que je pense du principe de Palagi et de ses expériences, et je m’en suis référé à mon article inséré dans Je n° 47 de la Cor- respondance scientifique de Rome, pour 1855, dans lequel je réduisais le principe de Palagi au principe électrosta- tique d’induction de Cigna , de Beccaria et de Volta, et les expériences de Bologne à la classe des phénomènes d’élec- tricité inductive. Je ne manquai pas, comme je le fais encore, d'attribuer les succès bien marqués à l’infatigable expérimentateur, ainsi qu'à l'excellent professeur Volpi- celli, qui, par de nouvelles et intéressantes recherches, a puissamment contribué à éclaircir cette partie de la physi- que où beaucoup reste à faire encore, en ce qui concerne les lois de la distribution de l’électricité dans le sein de l'atmosphère, à différentes hauteurs au-dessus du sol et sous les différentes latitudes. C'est un champ dans lequel vous pourrez cueillir de nouvelles palmes à joindre à celles qui vous ont fait un nom. (80) » Sur l'appui d’une fenêtre, je fixai avec de fortes vis, en AB, une tablette de bois ABC d’une longueur formant saillie d'un mètre et demi par rapport au mur et repré- sentée par BC. D E A B C Cette tablette porte une cannelure longitudinale au cen- tre, et permet à un petit chariot de la parcourir dans toute sa longueur BC. Ce chariot porte avec lui une tige surmontée d’une sphère de cuivre isolée E, du diamètre de 0",125. Au moyen d’une ficelle et d’un système de poulies, la tige peut s'élever et s’abaisser de 1°,56 par rapport au plan de la tablette BC, qui se trouve au-dessus d’une cour dont le sol est plus bas de 8",56. Par ce moyen, la sphère E qui, par un fil métallique flexible et bien isolé, a communication des deux côtés avec un bon électromètre de Bouhenberger, se prête à différentes expériences. » En élevant et en abaissant en l’air la sphère E, on voit se manifester les phénomènes de tension électrique dans les feuilles d’or de l’électromètre , c’est-à-dire d'électricité positive en élevant la sphère au-dessus de son niveau ordinaire, et d'électricité négative en l’abaissant au-des- sous de ce même niveau, dans les circonstances où l’at- mosphère est positive. Les phénomènes se présentent dans l’ordre inverse quand l’atmosphère est négative. Ainsi, l’on a une tension électrique négative dans les feuilles de l'électromètre en élevant la sphère et une tension élec- trique positive en l’abaissant. Ces phénomènes sont une conséquence nécessaire des lois bien connues de l’électri- cité de l’air. Les couches aériennes, dans les limites où j'ai (81) expérimenté , ayant une tension électrique positive crois- sante au-dessus du plan BC, et décroissante au-dessous de ce même plan, dans les circonstances ordinaires de l'atmosphère, la sphère élevée ou abaissée doit se trouver plus ou moins négative, et, par ce motif, la feuille d’or de l'électromètre doit être plus ou moins positive. Les phé- nomènes doivent se présenter dans un ordre renversé dans les cas exceptionnels où l'air est négatif, comme dans le fait cela est arrivé. Lei, la théorie prévoit les phé- nomènes , et les phénomènes observés sont en harmonie parfaite avec la théorie. Je rapporte à cette classe de phé- nomènes lous les résultats des physiciens qui ont expéri- menté en faisant mouvoir les corps dans un plan vertical au sein de l'air, comme l'ont fait Nicholson, Peltier, Que- telet, Lamont, Palmieri, Palagi et Volpicelli. » Dans le cas du mouvement horizontal, en approchant la sphère E de la sphère D, également isolée, la petite feuille de l'électromètre, dans l’état électrique positif de l'air, manifesta une tension négative, et, en l’éloignant jusqu’au point de départ, elle rentra dans l'état naturel. Dans le eas exceptionnel d’une électricité négative de l'air, en approchant la sphère E de la sphère D, la feuille d’or de l’électromètre manifesta une tension positive, et, en éloignant la sphère E de la sphère D, la feuille d’or se remit dans la position verticale. En éloignant, je n’ai point trouvé d'électricité opposée à celle obtenue en rapprochant, mais un retour à l’état neutre, excepté les cas dans les- quels serait arrivé un rétablissement d'équilibre relatif ou d'état naturel apparent dans les deux sphères, pendant le temps où elles demeuraient en présence, ce qui était indi- qué par le mouvement de la feuille d’or de l’électromètre qui se remettait dans sa position verticale. D: (82) » Ce rétablissement d'équilibre relatif ou d'état naturel apparent , je l'obtenais successivement par la décharge de l'électromètre, et les phénomènes se produisirent d’une manière constante et invariable, comme on pouvait ou devait s’y attendre par la théorie. Supposons, d'abord, le cas de l'état électrique positif de l’air; approchez la sphère E de la sphère D, tension négative dans la feuille; déchar- gez l’électromètre, la feuille étant dans la position verti- cale, et éloignez la sphère £ de la sphère D, il se manifeste une tension positive. Déchargez l’électromètre, et ramenez la sphère E en présence de la sphère D, retour de la ten- sion négative dans la feuille d'or, et ainsi de suite. Dans les cas exceptionnels pour lesquels l’air était négatif, les tensions électriques se présentèrent en ordre inverse, c'est-à-dire positives par le rapprochement et négatives par l'éloignement, en admettant qu’on eût fait la décharge comme je l'ai indiqué dans le premier cas. Dans les jours froids et rigoureux des mois de novembre et de décembre 1855, ces phénomènes se sont manifestés de la manière la plus distincte. » Îci encore, la théorie prévoit les phénomènes, et les phénomènes observés confirment la théorie. Les deux sphères, bien que soutenues sur des isoloirs, participent de l’état électrique de la terre. Avant cette disposition, elles étaient en communication avec le sol, et avaient avec lui un état électrique commun. Ayons donc deux corps électrisés négativement et mettons-les en présence, ils devront, quand on les rapprochera, avoir leurs atmo- sphères à l’état négatif; ainsi donc tension négative dans la feuille d’or de l’électromètre au moment de l'approche de la sphère Æ et de la sphère D, et retour de la feuille d’or à la position verticale, en remettant la sphère E dans sa is À (85) position primitive; mais dans le cas des décharges succes- sives, comme dans les électromètres d'Erman, en éloi- gnant la sphère E de la sphère D, il doit se manifester une charge positive. La sphère E est enlevée à l'atmosphère électrique négative de la sphère D. La charge positive de la sphère E se trouve enlevée, on ramène cette sphère en présence de la sphère D, la tension négative doit repa- raître, comme l'expérience l'a fait voir en effet, et ainsi de suite : dans les circonstances exceptionnelles, et dans les- quelles l’air est négatif et la terre positive, les tensions élec- triques doivent être interveries, ce qui a effectivement lieu. » Ainsi, dans le cas du mouvement des corps dans un plan vertical, nous avons des conducteurs isolés qui s’équi- librent successivement dans des couches aériennes d’élec- tricité de tension croissante ou décroissante, selon qu’on les élève ou les abaisse, et qui, par ce motif, doivent ma- nifester des phénomènes d'attraction électrique de signe contraire dans leur ascension ou descente. Les couches d’air sont des conducteurs isolés; ils forment les isolants d'un nouvel électrophore qui, dans son plan vertical, a une tension électrique décroissante de haut en bas, et croissante de bas en haut. » Dans le cas de mouvement horizontal, nous avons des corps électrisés négativement ou positivement dans les circonstances exceptionnelles, qui se mettent en présence et qui s'influencent mutuellement par leurs atmosphères électriques négatives ou positives. Je rapporte à cette classe de phénomènes ceux d'Erman et quelques-uns de Palagi et de Volpicelli, qui a réussi à charger une petite bouteille et à en tirer des étincelles en la déchargeant. » Dans le mouvement vertical, l'air ambiant influence donc le corps isolé, et dans le mouvement horizontal, ce (84) sont les corps mêmes qui s’influencent; par exemple, les deux corps dans les expériences que j'ai relatées, et l'air ambiant ne fait que l’oflice d’isolant. » Il me semble avoir montré, par ces nouvelles expérien- ces, que le principe de Palagi se ramène au principe élec- trostatique inductif de Cigna, Beccaria et Volta, et les expériences de Bologne, de Pise, de Florence et de Rome à ceux de l'électricité statico-inductive ou d'influence. » Sur quelques particularités de formules d'analyse mathé- matique. (Lettre de M. Genocchi à M. Quetelet.) & .... J'ai reçu aussi deux exemplaires du rapport de M. Schaar, où je vois que ce savant distingué a signalé une lacune dans mon analyse. Sa remarque sur la nature de l'arbitraire C est très-juste : il y a une infinité de fonc- tions qui vérifient l'équation fiæ +1) — f(x) = los x, et, suivant la forme de la fonction qu'on choisit pour > log x, la quantité C peut être constante ou variable, Aussi, en m'occupant d’un travail assez étendu sur diverses expressions des fonctions r (x), log l (x) et (x), je m'étais aperçu que la méthode suivie par M. Binet était défec- tueuse en ce point particulier, el j'étais parvenu à démon- trer directement, en m'appuyant sur d’autres considé- rations, que © est une simple constante lorsqu'on a choisi la fonction log r (x) pour remplacer l'intégrale Z log x. Mais, comme il fallait avoir recours aux propriétés spé- (85) ciales de la fonction r'(x), ce qui me semblait sortir tout à fait des éléments, je n’ai pas cru devoir insérer cette démonstration dans la note dont l’Académie vient d’or- donner l'impression ; je m'en rapportai simplement au procédé qu'on emploie, d'après Euler, dans les traités élémentaires, pour la série de Surling, et qui a été repro- duit aussi par M. Liouville dans les Comptes rendus de 4859 (t. IX, p. 107): c’est-à-dire que je supposais qu’on se bornait aux valeurs entières de x ou qu’on adoptait, comme définition de la fonction log T (x), l'expression obtenue pour le cas des valeurs entières de cette variable. Voici, au reste, la marche qui m'avait conduit , après quel- que autre formule , à la détermination de C. » J'ai démontré la formule Z log æ —C+(x—17)log x — x + w(x); prenant dans les deux membres les différences finies pour A x— 1, on aura w(x)—w(x+1) = (2 +2) log (1+ 1) —1, équation qui a été donnée par M. Binet (Journal de l'Éc. polyt., 27° cahier, p. 228). Faisons successivement Œ—=p, p+A4, p+2, ...p+n, p étant un nombre positif quelconque et r un nombre entier positif : ajoutant tons les résultats, on trouvera m(p)—#(p+n+1) [m3 og (1 + i ]—11: p+m de plus, si l’on fait croître n indéfiniment, la fontion MEN m0 ( 86 ) u(p + n + 1) convergera vers zéro, et s'évanouira enfin, lorsque n — æ; à celte limite, la formule précédente de- vient nm= CR) A + Lp+mests(t+ = formule de Gudermann , sur laquelle M. Liouville vient de rappeler l'attention des géomètres (Comptes rendus , t. XXXV, p. 520), et qui est, comme on voit, une consé- quence presque immédiate de l'équation ci-dessus rap- portée de M. Binet. » Maintenant, avec MM. Gauss et Liouville, nous défi- nirons la fonction rx) comme la limite vers laquelle con- verge, pour des valeurs indéfiniment croissantes de k, l'expression ABS A RUE Are æ(x+1) (x +2). @+k—1) » On tire de là k r 1,k)=2 Er), Bet T+k si et par suite T(r+1)=xr(x), logr(æ+1) —logr(x) = log x, en passant à la limite &= + ; d'où l'on voit, que log r'(x) est une valeur particulière de l'intégrale Z log x. Il vient aussi log r(x,k) = log (1.2.5 ... k) + (x—1) log — log[x(x+1) (x+2) …. (æ+k—1)]. » Mais on a, d’un autre côté, a (x) — #(x+h) = PE Terme 3) log(1 “ — 1 m= Oo (87) el comme RER — 1 + sil Lens (r+ 2) m=0 T+Mm Le 1 [= z+2 x +k de in æ s+i xc+k—1 x +k —(a+4) og | à Je 5h [mn log (: + m 1 =. x+2 ei) fn) c+k fe = (2) airs NUITS ] — (4—1) log (x +4) — log [(x+1) (@+-2) … (x +k—1)], on en conclut ut) —u(x+k)=(x + k—14) log (x+k) —(x+H#) log x — log [(x+1) (&+2) ... (2+k—1)] — À En faisant pour abréger 9 (D = log (1.2.3 … k) —(k+4) log k+4, on trouvera donc log T(x,k) —(x—7) log m+(æ+ 5) log |! + à — px) + u(s+k) = ?(h) Or, la limite de log r (x, Æ), pour k— æ, est log r'(æ), celle de m(x+ k) est zéro : on a d’ailleurs, k étant supposé > &, (x + k— #4) log (: +°) = (x — &) log (: ee HI = — Toug xx1. — Î'* PART. 7 (88) qui se réduit à + x lorsqu'on fait k— + . Ainsi, le premier membre de l'équation précédente converge, pour des valeurs croissantes de k, vers la limite log T(x) — (x — +) log x + x — w(x), c'est-à-dire vers la quantité C, et comme le second mem- bre @(k) doit avoir la même limite, et qu'il est indépen- dant de x, il s'ensuit que la quantité C sera aussi indépen- dante de x. » [l ne reste qu’à déterminer sa valeur, ce qu’on effec- tue aisément , soit par le théorème de Wallis, soit à l’aide de la formule suivante, dont se sert M. Binet : Pt T(p)T(p+i) = T(2p). V7. » J'observerai qu’en développant log (1 He =] sui- vant les Loue de ou la fonction jUNAIEntS — log [1 + an suivant les puissances de pee et représentant les sommes — 1 (14 1 De | par S—, M9 \x+m zx" on tire de la formule de Gudermann ces deux séries, dues aussi à M. Binet: ; Fa son ce L Hp) 25 1p2 CHE p° Fe 45 p ? Éd “ht 3 0 ES ss + SERRES PAP SAP GA (ed) 2 qui subsistent, la première pour p > 1, la seconde pour toute valeur positive de p. » J'ai dit que je ne croyais pas complétement satisfai- (89) sante la méthode de M. Binet. En effet, ayant obtenu l'é- quation aux différences finies p p + il pose, pour l'intégrer, M, (p)—=b—p + u(p), où b dési- gne une quantité arbitraire indépendante de p , et 4 (p) une fonction s'évanouissant avec =. Or, l'intégrale générale de cette équation doit renfermer une fonction périodique ar- bitraire, et l’on ne peut, sans démonstration, remplacer celle-ci par une simple constante b. Il est facile, d’ailleurs, de se convaincre que cette méthode conduirait aux mêmes résultats pour des fonctions différentes de T'{p), par exem- ple, pour la fonction r'(p). (2 sin p r)°. (Voir le Mémoire cité, p. 220-295.) » On peut faire des remarques semblables sur le pro- cédé par lequel M. Binet établit un théorème de M. Gauss, dont on doit deux démonstrations nouvelles à M. Schaar (1b., p. 209-212). II s’agit de la fonction T(p)r(p+3)T(p+5)..l(p+%) T (Ap) qui vérifie l'équation aux diflérences finies AQ (p+;) = (p) : M. Binet pose Q (p)—b.a?, a et b étant des con- stantes indépendantes de p, trouve a= [ i 14 et détermine M,(p+1)—M,(p)+1={(a+p+1)log : + 1: Q(p) = b, dans le cas de k—9, en faisant P=;, d’où il déduit ensuite la valeur de b pour k quelconque. Mais il est visi- ble que, dans l'intégrale générale, b serait une fonction de p ne changeant pas de valeur lorsque p devient p +75 et l'on obtiendrait le même résultat dans le cas de h —9%, en substituant à r (p) le produit de cette fonction par cos 4pr, et, pour ! quelconque, en remplaçant Tr (p) par T'(p)? (sin 2hpr, cos 2hpr). ( 90 ) Je erois de même insuffisantes les démonstrations qu'il a données (pag. 247, 262) des formules 1 TE © dx lgr(p)= f | ein LCR AE + dp s log x LEUR o M. Binet part de l'équation | AD 0 4 JS sf PJ A et en l’'intégrant par >, à l'aide de l'intégrale particulière xx'=— _ Un ébliert la première formule; en prenant au contraire, les différences successives et les substituant dans la formule d’Euler du — — (au — FX Au + A5u — ...), dp ap el il obtient la seconde. Mais en exécutant l'intégration indi- quée , il suppose, sans le démontrer, que l'arbitraire qui doit compléter l'intégrale, se réduit à une simple con- stante; et quant à la formule d'Euler, elle n’est pas géné- rale dans le cas où l’on atiribue à Ap une valeur déter- minée, telle que 4, mais il faut alors remplacer le premier membre par 7 _— #, ® étant une fonction périodique ar- bitraire de p. Cette abrite observation peut aussi être faite relativement à la méthode que M. Binet indique, à la p. 187, pour développer en série les dérivées de la fonction B (p, q) = fat dr (ia (91) » Avant M. Binet, M. Paoli avait tenté d'appliquer le caleul des différences finies à la théorie des intégrales eulé- riennes (Memorie della Società Italiana, 1. XX) : il rédui- sait aussi à de simples constantes les fonctions arbitraires amenées par l'intégration , mais en avouant expressément celte induetion , il croyait la justifier par le principe de continuité (voir son Mémoire, pp. 259-260). M. Binet ré- prouve avec raison comme une espèce de paralogisme toute extension analogique des formules, qui se fonde sur de simples inductions et sur des procédés d'interpolation; il s'en explique dans plusieurs endroits, el €’est son autorité qui m’a encouragé à exposer mes doutes sur quelques-unes de ses démonstrations. Peut-être jugerez-vous, Monsieur, que les remarques précédentes, s'adressant à un ouvrage dont la réputation est si grande et si méritée, ne sont pas tout à fait dépourvues d'importance. Cette même considé- râtion m'engage à relever une autre inadvertance, qui a conduit M. Binet à un résultat inexact dans la détermina- tion des limites de la quantité g(p). : - : / è 5 - 1 » [la pris (mais sans démonstration) la fraction ==; n (p+ 2) pour une limite inférieure de la somme S SES tandis qu'elle en est, au coniraire, une limite supérieure. On peut démontrer cette proposition de la manière suivante, sans emprunter le secours du calcul intégral. » On à par la formule du binôme, q étant censé > :, 1 1 n nin+1)n+2) 1 De, et ee ou) (ut OP T is 2,3 LT et par conséquent L 1 ñ GP Gr 7 (92) si l’exposant n est positif. Faisant successivement, dans cette formule, g—=p+1,p+2,...p--m, et ajoutant, on ob- tient 1 4 L r[ 1 1 ———© — —— ————— HE (p+)" (p+m+:) (p+1)*t (p+2)*" 1 + a ——————— ——— (p+ 5] à ce qui montre que la ne d’un nombre quelconque des . us , 1 termes de la série sa ———— est inférieure à ———;— , lors- n(p+3) quonap>oen > : et fournit ainsi une démonstration nouvelle et fort simple de la convergence de cette série; supposant ensuite m—%, on en déduit 1 1 —— > SE, n(p+5) ist GE et on trouve ainsi une limite supérieure pour la somme de la même série, limite qui est égale à la fraction comme nous l'avons affirmé. » Cette formule peut servir pour reconnaître la con- vergence des AÉNClOnEE Rens de 2u (p) ordonnés suivant les sommes se - Ou S E-: et que j'ai rapportés : si lon suppose p > +, on tirera du second développement n(p+35 ? 1 1 3(p+9). 34(p+i 45{p+lÿ et, en sommant celte série, P) ip (pt 9) to (1 Si n — log (—)]. de sorte qu'on aura une limite supérieure de la valeur de a (p). M. Binet donne cette expression pour une limite inférieure. 2w(p) SE (95 ) » On a 1 sas 1 Fe 1 . 1 se RE | 1 _— 0 np” (p+ 1)" +" BA p ° (p+3) de là on déduit une autre limite supérieure, qui est don- née comme telle par M. Binet. » En développant les puissances 4 —n 1 —#—i TES —n os $ NA — +1 (s LE : P (+1) ( — P Fo) p+1 on irouve (n+1)(n+92) (n+3) ne METTENT Las p étant > 0, et l’on a, par conséquent, 1 1 44" DOS TETE » Remplaçons p successivement par p+1, p+2, … p +-m, et ajoutons : il viendra 1 1 4 4 l mp nfpematp Sp pape (pempti d'où, en posant m= +, on conclut DR APRES (pe ? n(p+t) » Cette inégalité nous fournit une limite inférieure de k.(p), car on trouve 1 æ(p) > 4(p+5) — 3 (p?+p) log ( a ) (94) » On pourra développer ces limites suivant les puis- sances descendantes de p, si p Ssurpasse l'unité, et la Rene entre la limite supérieure et l’inférieure sera D — # + etc. Les limites [toutes deux supérieures à u(p)], ho par M. Binet, diffèrent d’une quantité de l'ordre de =, c'est-à-dire que le His terme du dé- MORHERERE de leur différence est ——, double du premier terme 3 qui répond à nos limites. (Voy. le Mémoire de M. Binet, p.228.) » J'indiquerai, en finissant, une manière simple d’éta- blir (la définition de M. Gauss étant admise) l'identité de la fonction r (x) avec l'intégrale eulérienne. » Onaëet > 1 + t, t désignant un nombre positif, d'où, faisant = 1, on tire log cat — É — x V'x On : aussi, lorsque t est un nombre AUS entreoet1, log - > 1 — 6, et, par suite, log = > m (1— y), en Ro Ve) Il s'ensuit que, si p désigne un exposant réel, et æ une variable renfermée entre les limites o et 1, la valeur de | log) sera renfermée entre celles des quantités not He me F et mt (1— 4/3), HA m et n élant deux exposants positifs : par conséquent, la —! x valeur de l’intégrale Ja dx [log : J sera renfermée en- tre les expressions 4 À Er ND fr de (1—y/3)" "y Æ 0 (95 ) en posant =", On transforme la première expres- sion en n° / z"*d3(1—:})""; en posant x = 2", on trans- forme la seconde en in? [ a" dz(1— 2)" ". Soit p positif, m entier, A=Mm Lie 1 : DOUS aurons 4 42% —1 » [7 "ds (1—2)" "= CRE, / p(p+1).…(p-+m—1) m? n 1 ne {2 dz(1—2) = (m+p—1) [2 d3(1—2)7""; : LE : ; done la valeur de f dx [log<) sera renfermée entre r(p,m) et [1 + gp "T(p,m), quantités qui sappro- chent indéfiniment de l'égalité, et convergent par suite vers la quantité intermédiaire /. dx [log sig pour des valeurs indéfiniment croissantes de m, p restant fini; dont l'intégrale /' dx [log =) sera la limite de l'expression L'(p, "”n) pour m—%. » Ayez la bonté, Monsieur, si vous le jugez convena- ble, de communiquer à l'Académie ces observations sur quelques points de la théorie des fonctions r, que j'ai l'honneur de vous adresser au sujet de ma note de juin dernier (°). » J'ai l'honneur d’être, etc. » (") J'étais aussi parvenu à tirer de la formule de Gudermann, l’expres- sion remarquable du reste de la série de Stirling découverte par M. Schaar et reproduite récemment par M. Liouville, dans son Journal (1852, p. 451), et j'avais déduit de cette expression quelques conséquentes intéressantes. Jé me propose d'exposer ces recherches dans une autre occasion. (96) ETHNOGRAPHIE. — Sur les proportions de la race noire. Note par M. A. Quetelet. La présence à Bruxelles d’un certain nombre de Cafres m'a porté à continuer mes études sur les proportions cor- porelles des différentes races d'hommes : ce sont les ré- sultats des mesures que j'ai prises sur les deux individus qui m'ont paru le mieux conformés, que je viens mettre sous les yeux de l’Académie. J’y ai joint les proportions d’un nègre qui a servi de modèle dans les ateliers de pein- ture de Paris, et qui me semble, en effet, présenter tous les caractères du nègre proprement dit. Ces études sont de nature, je pense, à présenter plus d'un genre d'intérêt; elles peuvent surtout jeter beaucoup de lumière sur la partie la plus intéressante de l’ethno- logie, la question de l'unité de l'espèce humaine. En général, les dénominations employées pour dési- gner les races noires, sont extrêmement vagues. « Les ob- servations les plus récentes , dit Malte-Brun (1), ont dé- montré que les peuples épars sur la côte du sud-est de l'Afrique, depuis la baie Algoa jusqu'à Quiloa et peut- être au delà, se ressemblent entre eux par des traits physiques qui les distinguent de la race nègre. Le crâne de ces peuples présente, comme celui des Européens, une voûte élevée; leur nez, loin d’être déprimé, s'approche de la forme arquée; mais ils ont les lèvres épaisses du nègre; ils ont les pommettes saillantes du Hottentot; leur chevelure crépye est moins laineuse que celle du nègre; leur barbe est plus forte que celle du Hottentot; un teint (1) Précis de Géographie universelle, livre 92e, au commencement, (97) brun ou gris de fer semble encore les séparer de la race nègre. » Les caractères que Malte-Brun donne aux Cafres conviennent, en effet, aux individus que le publie a pu voir à Bruxelles, vers la fin de décembre 1855. Ces hommes étaient, en général, d’une belle conforma- tion ; le buste était bien développé; la poitrine large et dessinée avec une certaine élégance. Les parties inférieures du corps laissaient peut-être à désirer dans leur agence- ment; la démarche était peu gracieuse, quoique la jambe fût bien prise et n’eût rien de commun avec celle du nègre. Ces Cafres, disait-on, appartenaient à la tribu de Zulu; cependant le plus grand d’entre eux, Honswenga, était d’une tribu différente , celle d'Amaponda. Ce dernier por- tait une chevelure crépue, d’une disposition toute particu- lière; les cheveux étaient enlacés dans une série d’anneaux el formaient, au sommet de la tête, une espèce de corbeille cylindrique d’une hauteur et d’une ouverture d’un déci- mêtre environ. Cet ornement, que l’on ne soupçonnerait d'abord pas formé au moyen de la chevelure, peut servir à recevoir des objets de petite dimension, et 1l constitue en même temps une sorte de privilége qui ne s'obtient que du chef de la tribu. Honswenga , malgré sa taille élevée, était bien propor- tionné dans toutes ses parties; seulement sa démarche élait un peu embarrassée, et ses genoux se portaient en dedans. J'ai eu le regret de ne pouvoir mesurer le chef, qui se trouvait légèrement indisposé : Madadaza, l’un des plus jeunes de la troupe et le mieux proportionné, a suppléé à cette lacune. Rien de plus élégant que son torse qui, sous sa couleur noircie par le soleil africain, semblait d'un bronze antique. Sa figure, belle et régulière, malgré l'épaisseur des lèvres et un léger épanouissement des na- (98 ) rines, avait beaucoup de charme et de douceur : son coup d'œil était plein de vivacité et annonçait , avec de la gaieté, une grande égalité de caractère. Il avait la conscience de sa beauté physique, parce que sans doute elle avait été plus d’une fois l’objet de l'admiration du public; aussi aimait-il à en faire étalage et à se surcharger d’ornements. Il est assez remarquable que ces hommes, d’un climat extrêmement chaud, comparativement au nôtre, n’eussent point l'air de souffrir de la température fort basse du mois de décembre dernier, bien qu'ils fussent plus qu’à moitié nus. Je les ai mesurés, le 26 décembre dernier, vers onze heures du matin, dans une grande chambre dont la température pouvait être à zéro degré, tandis qu’à l’ex- térieur elle descendait à plus de 10 degrés centigrades au- dessons de zéro, à la suite d’une des nuits les plus froides certainement qu’on ait jamais eues en Belgique. Malgré ce froid, ils ne témoignaient nullement d'en être incommodés. Pour permettre des comparaisons, j'ai placé, dars le tableau suivant, à côté des mesures prises sur Honswenga, celles de deux autres hommes à peu près de même taille, mais de races différentes : l'un est le chef d’une tribu amé- ricaine des O-Jib-be-Was, que lon a vu à Bruxelles; et l’autre est un modèle qui a servi à quelques peintres de la même ville. J'ai aussi rapproché des mesures prises sur Madadaza, celles données par trois jeunes gens de la tribu des O-Jib- be-Was, qui étaient de la structure la plus élégante; et, d’un autre côté, les moyennes d’après dix soldats belges. J'y ai joint aussi les mesures prises sur l'athlète américain Cantfield, homme d’une force et d'une agilité extraordi- naires, qui se faisait remarquer en même temps par une grande élégance de formes. PARTIES DU CORPS. Honswenga, calre. Chef des O-Jib-be-Wass, .| 42 ans. | m m Île ou hauteur totale . : 1,828|1,852 geurdes bras étendus horizontalement. |1,914| 1,900 teur de la tête. . CLÉS DE . 10,244|0,225 grand diamètre de la tête . |0,250 0,255 conférence parles sinus frontaux . . 0,610 0,595 tance intérieure des yeux. 0,038 — Douce NE | 0,098 geur du nez aux narines. : lo,048 ndeur de la bouche : |0,032 conférence du cou. . . 0,378 ee de la poitrine. 10,940 |0,968 — à la ceinture . 0,850 1e œue sprl les apophyses Rte 2 rgeur de la poitrine (aisselles) . 0,342 |0,372 stance des deux seins 3 . 10,240 0,260 amétre entre les trochanters . $ 10,365 0,558 puis le trochanter jusqu'à terre . 0,952|0,96S stanee du vertex au nombril . . | | — dusol — ” | — — au milieu de la rotule. l0,520/0,528 rconférence au genou : Lou _ au mollet . 0,410 - au-dessus des chevilles. 0,227! andeur du pied . |0,2x0| 10,237 andeur de la main . amétre de la main — du bras au-dessus du poignet. réonférence du bras au biceps. 4] du bras depuisl'apophyseacrom. . 10,097! 0,855.0,840 0,203 0,200 | 10,063! — : à ra ä . Se 0 ET 5 = : 5 1Ss.|%z | & = e- = Ÿ pb a Te À & % e = = 3 & £ E] £ s 425152] S = G=| S = = ra] Sn aies LS 1 2 £ 25 ans.t21 ans.|20 ans. |20 à 25 |21 ans. |38 ans. m m m m m m 1,860/1,750|1,755 [1,730 |1,730|1,555 1,910/1,790|1,818/1,864/1,800 |1,620 0,24210,245| 0,252 |0,256 0,226 0,958 0,252]0,260 0,578[0,560 0,058/0,042 0,102/0,110 0,036/0,046 0,255 0,235 0,577 0,569 0,035 0,098 [0,094 0,058 0,036 0,061/0,061|0,051 [0,053 0,566/0,555 0,551 0,964[0,902| 0,925 0,928 0,855[0,738 0,788 } 0.3 0,094[0,108 0,053 10,045 0,047 10,065 0,570 [0,566 1,007|0,845 0,855 [0,742 10,420[0,420 0,520/0,550 0,205/0,220 0,370/0,315 :0,960/0,923 10,732|0,690 1,128 1,060 0,410/0,400 |0, 0,549/0,301 0,234 |0,202 0,538 0,552 0,899 |0,920 0,704 1,060 120 |0,588 0,530 [0,507 0,230|0,180 0,520 |0,292 0,887 0,825 0,615 0,953 0,51010,54710,47910,294|0,508 0,450 (0,385 0,560 0,362/0,364|0,350 0,581/0,563 0,535 0,582 [0,528 10,22010,220 0,216 0,194 0,27510,258/0,242/0,268 [0,260 |0,235 0,850/0,800|0,772|0,805 [0,748 |0,698 0,211[0,182/0,192 0,196 10,198 0,180 0,09510,090 0,093 0,098 | 0,090 0,072/0,060! 0,066 0,068 |0,058 0,280/0,273 0,262 |0,298]0,270 (100 ) Si l’on examine attentivement les nombres concernant les proportions des trois hommes les plus grands, on de- meurera convaincu que de simples mesures seraient ab- solument insuffisantes pour caractériser les trois races d'hommes mises en présence, surtout si l’on tient compte de la difficulté d'obtenir des mesures un peu exactes sur le corps vivant. Il en est de même si l’on établit des rap- - prochements entre les nombres du second groupe. Les grands linéaments de l’espèce humaine paraissent à peu près les mêmes pour les différents pays, et pour les diffé- rentes races ; les caractères qui les séparent se trouvent dans des parties d’une appréciation moins facile : l’angle facial, la largeur du nez, l'épaisseur des lèvres, la couleur, la chevelure, la barbe, etc. Nous retrouvons, encore ici, un caractère que nousavions déjà signalé chez les O-Jib-be-Was, et qui semble appar- tenir à l’homme quand il se développe sans contrainte et par des exercices soutenus, c’est la largeur de la poitrine et la distance des seins. Ce qui prouve que ces belles proportions n’appartiennent pas spécialement à la race, mais qu’elles sont l'effet d'exercices gymnastiques bien dirigés et d’un libre développement des muscles, c’est qu’on les retrouve aussi chez l’athlète américain. Les dimensions de son torse, en effet, sont à peu près identiquement les mêmes que celles des O-Jib-be-Was et des Cafres. Ces élégantes proportions ne se rencontrent point chez le nègre, dont le corps portait encore l'empreinte des rigueurs du plus dur esclavage. On trouve ici une nature pauvre; seulement les muscles des bras et ceux du cou étaient assez fortement développés, à cause des charges que le malheureux nègre avait dû por- ter, soit dans les mains, soit sur la tête. bee 101 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du G février 1854. M. le baron DE SrassarT occupe le fauteuil. M. Querezer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le chevalier Marchal, Steur, le cha- noine De Smet, Roulez, Lesbroussart, Gachard, David, Van Meenen, Paul Devaux, P. De Decker, Schayes, Snel- laert, Haus, Polain , Baguet, membres; Nolet de Brauwere Nan Steelandt, associé; Arendt, Ducpetiaux, Mathieu, Kervyn de Lettenhove, Chalon, correspondants. M. Sauveur, membre de la classe des sciences; MM. Alvin et Éd. Fétis, membres de la classe des beaux-arts, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait connaître que M. Wage- ner, professeur agrégé à la faculté de philosophie et let- tres de l’Université de Gand, fait en ce moment un voyage en Grèce et dans l’Asie Mineure, et que ce savant lui à envoyé un premier rapport sur les résultats de son voyage. ( 402 ) M. le Ministre désire connaître l'opinion de l’Académie sur ce travail. (Commissaires : MM. De Witte et Roule.) — M. Desnoyers fait parvenir, pour la bibliothèque de ! l'Académie, et de la part de la Société de l’histoire de France, la riche collection des ouvrages publiés par cette société savante, depuis sa fondation, en 1854. Remerci- ments. — M. Kervyn de Lettenhove fait également hommage du troisième volume de la seconde édition de son Histoire de Flandre. — M. Mittermaier, associé de l’Académie, fait connaître qu’il s'occupe d'un travail sur la législation en Allemagne, et qu'il se propose de l’offrir à la Compagnie, pour faire partie de ses publications. “ — La Commission royale d'histoire, consultée sur une proposition faite par M. Le Glay, de donner une nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée, de Miræus, exprime l'opinion que l’on pourrait se borner à publier un supplé- ment rectificatif de cet auteur. La commission pense que, réduite à ces termes, la proposition du savant archiviste du département du Nord mérite d'être accueillie. Il fau- drait nécessairement, pour qu'il y fût donné suite, que le Gouvernement accordät un subside spécial. Ce supplément à Miræus s'imprimerait en Belgique, et sous la direction de la Commission royale d'histoire. (105 ) CONCOURS DE 1854. La classe avait mis au concours six questions; elle a reçu des réponses à trois d’entre elles, savoir : PREMIÈRE QUESTION. Faire sommairement l'histoire des doctrines qui ont influé sur l'état social, principalement en Belgique, depuis le com- mencement du XVIe siècle jusqu'à nos jours. Un mémoire portant l'inscription : Gloire à la dynastie de Léopold Ie. (Commissaires : MM. de Ram, Paul Devaux et P. De Decker.) CINQUIÈME QUESTION. Un mémoire sur la vie et les travaux d'Érasme , dans leurs rapports avec la Belgique. Deux mémoires, l’un en français, portant inscription: Adeo haec lues opinionum corrupit studia. L'autre, en flamand, avec l'inscription : UE surgat mar- mor, non Lamen ipse redit. (Commissaires : MM. de Ram, le baron de Saint-Genois et de Smet.) SIXIÈME QUESTION. Quelle influence la Belgique a-t-elle exercée sur les Pro- vinces-Unies, sous le rapport politique , commercial, indus- triel, artistique et littéraire, depuis l'abdication de Charles- Quint jusqu'à la fin du XVII" siècle. Un mémoire, avec les vers flamands, at stat, wat velt, wat vremde lant, Etc. (Commissaires : MM. le baron de Saint-Genois, De Smet el Borgnet.) TOME xx1. — I par. 8 (104) COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Roulez communique l'inscription qui lui a été de- mandée pour la médaille en argent décernée, à l'époque du dernier concours, à M. Eugène Rotier, pour son mémoire sur Érasme.:Cette inscription est adoptée après une légère modification : EUGENIO ROTIER, GANDAVENSI Quop DE VITA ET SCRIPTIS ERASMI NOSTRATIUM PRÆSERTIM HABITA RATIONE NON SINE LAUDE DISPUTAVIT MDCCCLIII. Une lettre inédite de Marie de Bourgogne et de Marguerite d'York à Louis XI; par M. Kervyn de Lettenhove, cor- respondant de l’Académie. (18 janvier 1476, v. s.) Lorsque Marie de Bourgogne fut baptisée à Caudem- berghe, au mois de février 1457, le ciel était sombre et brumeux, On racontait que le due Philippe avait refusé de se rendre à cette cérémonie, parce qu'il trouvait, dans le sexe de cet enfant, un vague pressentiment de la fin de sa dynastie, et c'était un prince étranger, le dauphin de tr tnt RENE REN ( 4105 ) France, qui lui avait donné le nom de sa mère, Marie d'Anjou , reine délaissée et malheureuse. Cependant un poëte (et ce poëte était François Villon) demandait à sa muse reconnaissante ses vers les plus élé- gants et les plus pompeux pour chanter la naissance de l'héritière des ducs de Bourgogne : Glorieuse ymage en tous fais Du hault ciel créée et pourtraicte Pour esjouir et donner paix, Noble enfant de bonne heure né, A toute doulceur destiné ; Manne du ciel, céleste don Et de nos maulx le vray pardon. Quelques années après, un autre poëte, dont le nom n’est point parvenu jusqu'à nous, célébrait aussi l’arrivée de Marguerite d'York à Bruges, où elle venait épouser Charles le Hardi : Bien vienne la belle bergere! C’est la source, c’est la minière De nostre force grande et fière ; C’est nostre paix et asseurance. Rien n'égalait la splendeur des fêtes et des banquets auxquels présida maître Guillaume Biche, premier maître d'hôtel du duc; mais d’autres soins préoccupaient le suc- cesseur de Philippe le Bon : l’archiduc Sigismond d’Au- triche allait arriver à Saint-Omer, secrètement chargé par Louis XI de lui offrir ces territoires du comté de Ferrette et du Brisgau qui avaient toujours été une Source de con- testations avec les ligues suisses. La politique habile de Louis XI triompbha, et le courant impétueux de la puissance bourguignonne se détourna des (106 ) frontières de la Picardie pour aller se briser contre les rochers helvétiques. Granson annonça Morat, et l'œuvre de Morat fut complétée à Nancy. Une désolation profonde avait succédé à l’enivrement de l’orgueil et de l'ambition. Il n’y avait plus de poëtes pour lire dans l’avenir les brillantes illusions de la gloire, ou les tranquilles jouissances de la paix; et Guillaume Biche, le maitre d'hôtel de 1468, devenu capitaine de Péronne, se préparait à donner le signal de la trahison en se vendant à Louis XI. , La lettre de Marie de Bourgogne au roi de France, qui fait l’objet de cette notice, est antérieure à la reddition de Péronne, et même à la conférence où le seigneur ‘lu Lude, maistre Jehan des habiletez, soutint, contre les sages avis de Philippe de Commines, la politique grossière et vio- lentes d'Olivier le Dain. Si je ne me trompe, elle est restée inconnue à tous les historiens (1), et j'ai cru devoir la comprendre au nombre des documents qu'il est intéressant de retirer de la poussière et de l'oubli. Cet appel, adressé par la faiblesse et le malheur à la force et à la puissance, ne saurait être conçu en des termes plus touchants, et (1) C’est évidemment au document que je publie aujourd’hui que se rap- porte ce passage de la lettre adressée, le 25 janvier 1476 (v. s.), au président de Bourgogne : « J’ay envoyé devers le roy, et se mettront les choses en communication et appointement, car le roy fait sçavoir qu’il ne me veut rien oster de mon héritage, pour quoy et autres moyens contendrez à déclarer la matière. » Marie avait toutefois si peu de confiance dans l'issue des négo- ciations, qu’elle ajouta de sa propre main, quelques lignes plus bas : «Recom- mandez-moi aux prélats, nobleset villes de par delà, auxquels je prie qu’ils retiennent tousjours en leurs courages la foy de Bourgogne, quand ores ils seroient constrains de autrement en parler. (Prenves des Mémoires de Philippe de Commines, édition de Lenglet-Dufresnoy, IL, p. 501.) (107) nous y retrouvons dans Marie de Bourgogne la povre et jeune princesse, telle que nous l’a peinte dans ses beaux récits le sire de Commines, qui, tout en concourant à la dépouiller de son héritage, ne pouvait s'empêcher de la plaindre. Nostre très redoubté et souverain seigneur, tant et sy hum- blement que plus povons, nous nous recommandons à vostre bonne grâce et vous plaise savoir, nostre très redoubté et sou- verain seigneur, que après que avons entendu la dure fortune qu'il a plu à Dieu nostre créateur permettre sur monseigneur el son armée à la journée qui a esté entre luy et le duc Renyer de Lorreine, laquelle nous a esté de si très grant deuil et tristesse et angoisse que plus ne pourroit, réservé en tant que avons esté et encorres sommes en espoir et confidence par plusieurs ensei- gnes que en avons, que la personne de mondit seigneur soit demouré en vye sauve de ches ennemys, nous avons en ferme foy et crédence que vostre bonté et clémence est et serra telle envers nos désolées personnes et ceste maison de Bourgogne, laquelle, par espécialle et singulière dilection, vous avez tant amée et honnourée et y estes volu venir et vous y tenir en dé- monstrant la fiance et amour que vous y aviez par-dessus toutes les maisons de la crestienté, que, sans avoir regard aux ques- tions et différences que l'ennemy de tous biens a semez de sa malice et mis par aucun tamps entre vous et mondit seigneur, vous garderés et défendrez de toute oppression et nous et ladite maison et les pays et signouries d’icelle; par quoy jasoit ce que nous ayons entendu que aucuns de vos gens de guerre se soient avanciés de sommer la ville de Saint-Quintin, en affremant mondit seigneur estre desconfit et mort et que autres se tyrent ès pays de Bourgogne pour les occuper, nous tenons fermement que ce ne procède de vostre sceu, ordonnanche et bon plaisir; car, nostre très redoubté et souverain seigneu r, NOUS avons veu et cogneu que ches deux précédentes fortunes que mondit seigneur ( 108 ) avoit eu à Granson et à Morat, vous qui estiez lors prochain de luy et en très grande puissanche, et qu'il vous estoit chose facile de luy porter grant et irréparable dommage, l'avez delaissiet de faire, en entretenant la trève estant emprinse entre vous et luy, à vostre très grant louange et exaltation de vostre très noble re- nommée, qui doit à chascun desmontrer que en ceste tierce for- tune qui samble la plus grande, vous vouleriés tant moins souf- frir par voz gens faire chose qui fust à la diminucion de si grande louenge et renommée que avez conquise au moyen des bons et vertueux termes par vous tenus après lesdites deux journées et contre l’entretenement et observation de ladite trêve, et meisme- ment sur nous qui sommes désolées femmes, attendant et estant en crédence de la vie, bonne santé et retour de mondit seigneur, desquelles comme de voz très humbles petites parentes, vous estes protecteur, et ne nous porroit cheoir en pensée que en voulsissiez estre le persécuteur, meismement de moi Marie, à quy vous avez tant fait de bien et honneur que m'avez levée de saintz fontz de baptesme; aussy, nostre très redoubté seigneur, la trêve qu'il vous a plu prendre avecque mondit seigneur, pour neuf ans, a esté faitte non seulement pour la personne de mondit seigneur, mais aussy expressément pour ses hoirs et ses successeurs, en la- quelle, quant ores Dieu, pour nostre plus grande adversité, ce que ne povons exprimer sans grande amertume de cuer, auroit permis que mondit seigneur fust mort et hors de che monde, je Margarite comme sa veusve et je Marie comme sa seulle fille et héritière, sommes expressément comprinses, et devons, comme ‘il nous samble, soubz vostre très noble supportacion, joir de l’effect d’icelle, en demourant en entier des pays et signouries qu'il tenoit, combien que en ce cas mous ne voulons, ne enten- dons estre, ne demourer en aucune guérre ou inimitié à l'encon- tre de vous, mais de tout nostre cuer et povoir, en toute obéis- sance, amour et bonne voulenté, sans difficulté, faire envers vous tout le devoir qu'il appartient. Et s'il y a aucunes choses, soient signouries ou villes dont ou dit cas, je Marie, comme (109 ) vostre très humble filleule, me dois départir et dont vostre très noble plaisir soyt me faire par vostre très grande clémence ad- vertir, Je le ferray sans aueun contredit. Et entendons bien en la conduite de tous nos affaires et de ceste maison, tant au nom de mondit seigneur et durant son absence, que en che qui nous tousche et touschera, vous supplyer que puissons par vostre bonne grâce user de vostre conseil, ayde et confort, ainsy que, en attendant que par vostre bon plaisir, nous puissons envoyer devers vous en forme d’ambassade, nous avons chargié à nostre bien amé esquier Jaques de Tinteville et maistre Tybaut Baradot, secrétaire de mondit seigneur et le nostre, porteurs de ceste, vous dire et déclarer de nostre part. Si vous supplions, nostre très redoubté et souverain seigneur, en la plus grande humilité que possible nous est, que vostre plaisir soyt de faire cesser et dep- porter voz gens de guerre de aucune chose entreprendre sur les pays, villes et signouries de mondit seigneur et lesquelles il a tenu jusques à ores, en démonstrant et déclarant que vostre vouloir et intencion n’est pas de y aucune chose faire faire par voye de fayt, mais en che cas que mondit seigneur seroit alé de vie à trespas, ce que ne créons point, de nous vouloir aydier et eunforter comme celles quy de tout leur cuer vous désirent de obéyr, servyr et amer. Et se vostre très-noble plaisir est de nous imander et signifier aucun jour et lieu à vous agréable esquelz puissons envoyer plus grand nombre de gens instruys et informés des affaires de mondit seigneur et de nous pour ouyr et entendre les choses qu'il vous plaira prétendre ou maintenir, touschant lesdits pays et signouries, nous y envoierons gens par lesquels vous congnoistrés que en tout et par tout voulons obéyr et ac- quiescer à vostre bonne voulenté et vouloir, et en riens aler au contraire de rayson, mais et nous et nos affaires vouloir conduire et dresser par vostre bon conseil, confort et assistence, comme aussy avons chargé aux dessusdits de vous dire, en vous sup- pliant humblement de les vouloir oyr et croyre de ce que sur ces matières, ilz vous diront de nostre part à ceste foys, en in- ( 110 ) treprenant le tout selon nostre bon vouloir et clère intencion et par che faisant et extendant plus amplement envers nous vostre bonne grasce, et pour le dueil et desplaisir où nous sommes, ne savons pour le présent supplier, ne demander. Nostre très redoubté et souverain seigneur, nous prions au benoît fils de Dieu, qu'il vous ayt en sa sainte garde, doint bonne vie et longue et accomplissement de vos très nobles et vertueulx désirs. Escript à Gand, le xvin* jour de janvier, l'an LXXVI. Vos très humbles subjectes et povres parentes, Marçarire, duchesse, Marie DE BOURGOGNE, À nostre très redoublé et souverain seigneur, monseigneur le Roy (1). Jacques de Tinteville et Thibaut Barradot rencontrèrent Louis XT au milieu de l’armée qui s’avançait vers Péronne. À peine avaient-ils commencé à exposer leur message que le roi de France les interrompit en leur disant qu’ils eussent à poursuivre leur voyage vers Paris, où ils trouveraient son conseil, Mais ils ne réussirent pas mieux à Paris; on était bien décidé à ne pas les entendre : on leur donna même des gardes qui ne les quittaient ni la nuit, ni le jour. Enfin quand on les eut retenus environ trois semaines, on leur permit d’aller rejoindre Louis XI à Péronne : ils y trouvè- rent d’autres ambassadeurs, ceux dont la lettre du 48 jan- vier annonçait l'envoi prochain, chargés de répéter au roi que les deux princesses « vouloient en tout et pour tout » conduire leurs affaires par son bon conseil. » Philippe (1) MS. de Colard de la Bye ( Bibliothèque de Bruges). (IH) de Commines nous apprend que le chancelier Hugonet et le sire d'Humbercourt devaient ajouter « que ce qui lui » plairoit faire conduire passast par leurs mains (1). » En ce moment, le roi de France ne songeait qu’à pour- suivre ses conquêtes, et la terreur qu'il inspirait semblait devoir renverser les remparts que la corruption ne lui avait pas ouverts. Si Marie de Bourgogne, écrivant à Louis XI, ne savait « pour le deuil et desplaisir où elle » estoit, ne supplier, ne demander, » ses envoyés à Pé- ronne étaient eux-mêmes si désolés et si effrayés qu'ils ne savaient aussi « ne que dire, ne que demander (2). » La lettre que je viens de reproduire n’a sans doute pas été rédigée par Marie de Bourgogne; mais je crois qu’elle peut être attribuée avec quelque vraisemblance à Margue- rite d'York, princesse habile qui prit une grande part aux négociations de son époque. Jeretrouve du moins à peu près les mêmes termes dans une lettre écrite par cette princesse au roi Édouard IV, où elle le supplie de prendre pitié de « sa povre sœur et servante, povre veufve esloignée de tout » lignage et amys (5). » Entre ces deux lettres, il y a à peine l’espace d’une année. Louis XI avait repoussé les humbles prières de sa lilleule : Marguerite d'York ne devait pas trouver plus d'ap- pui dans son frère. (1) Philippe de Commines, V, 16. (2) Philippe de Commines, V, 15. J'ai publié, dans mon #istoire de Flan- dre, 1"° édition, tome V, p. 515 (d’après un manuscrit de Gand), la relation si importante de l'ambassade que Louis XI reçut à Arras. A cette époque, Louis XI était déjà moins disposé à continuer la guerre. (5) Aist. génér. de Bourgogne, IV, preuves, p. 401. (112) Sur l'inféodation de la seigneurie de Jever au duché de Bra- bant et au comté de Hollande; par M. Gachard, membre de l'Académie. A l’occasion de l'achat, fait récemment par la Prusse, d'un territoire qui doit lui donner le moyen de créer un port de guerre sur la Jahde, les journaux allemands se sont occupés de la seigneurie de Jever, où le territoire en question est silué, et ils ont rappelé que cette seigneurie appartünt autrefois au Brabant. Quelques éclaircissements sur ce fait généralement peu connu m'ont paru de nature à offrir un certain intérêt. Ceux que je vais donner sont puisés à des sources authen- tiques (1). En 1552, les ville, château, seigneurie et pays de Jever étaient possédés par deux sœurs, Anne et Marie, qui les tenaient de leur frère Christophe, lequel les avait héri- tés de leur père, Edon Wimecken (2). Les deux dames de Jever, ayant sans doute besoin d’un protecteur qui les ga- rantit des entreprises de leurs voisins, offrirent à l’empe- reur Charles-Quint de mettre leurs personnes, leurs biens (1) Les documents qui me les ont fournis, reposent aux Archives du royaume. (2) « Les habitants de ce pays avoient vécu dans l'indépendance jusqu’à » Fan 1559, qu'ils choïsirent pour leur seigneur Edon Wimecken Papinga » lancien, de qui déscendirent les seigneurs de Jever. Un de ceux-là, Edon » Wimecken le jeune, étant mort l'an 1511, et son fils Christophe en 1515, » ce dernier eut pour successeur sa sœur, qui mourut l'an 1575. » La Mar- TINIÈRE, Le grand dictionnaire géographique, historique et critique. » (115) et leurs sujets sous son obéissance, comme duc de Brabant et comte de Hollande; de le reconnaître, ainsi que tous ses hoirs et descendants, dues et comtes, pour leurs sei- gneurs féodaux et supérieurs (1), et, dès lors en avant, de relever et tenir en fief héréditaire d’eux leurs ville, château, seigneurie, appartenances et dépendances; de leur en faire foi et hommage, ainsi que leurs vassaux de Brabant et de Hollande y étaient obligés; de les ouvrir à leurs troupes, chaque fois qu'ils le demanderaient; enfin de les servir perpétuellement, à leur réquisition, avec dix hommes à cheval bien montés et équipés, auxquels elles ajouteraient, si elles en étaient également requises, 50 autres hommes à cheval et 500 hommes de pied, pourvu que la solde de ceux-ci ne fût pas à leur charge. En échange, elles demandaient, d’abord, que l'Empe- reur, pour lui, ses hoirs et héritiers, les reçüût et les laissät dans la jouissance et possession des ville, château, sei- gneurie, pays de Jever, appartenances et dépendances, avec tous droits, hauteurs, seigneuries et prééminences, tels que elles et leurs prédécesseurs en avaient joui et les avaient possédés justement jusqu'alors, sauf et réservé à S. M. I., ses hoirs et héritiers, ducs de Brabant et comtes de Hollande, l’inféodation et service ci-dessus énoncés, et, en outre, le son de cloche et supériorité, tant seulement ; ensuite, que Sadite Majesté les prit, avec leurs biens et sujets, en sa protection et sauvegarde, et s'engageñt à les défendre contre toute force, violence, oppression et in- jure, de quelque part qu’elles vinssent. Charles-Quint accepta l'offre qui lui était faite, et s’obli- (1) Foor hunne landtvorsten ende overste erffheeren. ( 114) gea à remplir les conditions auxquelles elle était subor- donnée. Des lettres patentes, qui donnaient à cette conven- tion la forme la plus solennelle, furent expédiées sous son nom, le 48 avril 1552. Les dames de Jever, pour elles et leurs successeurs, les ratifièrent par acte du 8 mai sui- vant (1). Telle est l'origine du droit de suzeraineté que les princes des Pays-Bas exercèrent sur la seigneurie de Jever. Après l’avénement de Philippe IE à la souveraineté de ces provinces, Marie, qui, par la mort de sa sœur, était restée seule dame de Jever, envoya à Bruxelles son secré- taire Statius Brüninek, pour prêter, en son nom, foi et hommage au nouveau monarque. Brüninck remplit cette formalité, le 45 mai 1556, entre les mains de Jean de Ligne, comte d’Arenberg, stathouder et capitaine général de Frise, Overyssel, Groningue et Lingen, assisté de Vi- glius de Zwichem, président, et Pierre Asseliers, membre du conseil privé, comme hommes de fief de Brabant, et des conseillers de Hollande Corneille Suys et Arnold Sas- bout, comme hommes de fief de ce pays. Marie de Jever mourut en 1575, laissant pour son hé- rilier, par testament, le comte Jean d'Oldenbourg. Ce sei- gneur sollicita, du grand commandeur de Castille, des lettres d'investiture, qui lui furent délivrées, sous le nom du Roi, le 7 décembre de la même année. | Cependant le comte Edzart d'Oost-Frise élevait aussi des prétentions sur la succession de Marie de Jever. Il les fondait sur ce que son grand-père et son bisaïeul avaient (1) Les originaux de ces deux actes doivent être aux Chartes de Hollande, à La Haye: il y en a des copies dans nos archives. f (115) possédé longtemps la seigneurie de Jever; que les habi- tants du pays leur avaient fait serment de fidélité; qu'il existait un traité, conclu en 1540, entre le comte Enno, son père, et la dernière dame de Jever, en vertu duquel la terre de Jever devait être à perpétuité annexée au comté d'Oost-Frise ; que cette terre, d’ailleurs, était située en Oost-Frise, et qu’on ne pouvait y entrer, ni en sortir, que par ce pays, dont il formait une véritable dépendance. Une des clauses de la convention de 1552, dont je n'ai point parlé, portait que, s’il arrivait qu'on demandât quel- que chose aux dames de Jever, ou à leurs hoirs, à cause des ville, château et seigneurie de Jever, elles se soumet- taient, ainsi que leurs hoirs, à répondre par-devant l'Em- pereur et ses successeurs, ou par-devant les gouverneurs des Pays-Bas. Le comte d'Oost-Frise s’adressa done, pour faire valoir ses droits, au grand commandeur de Castille. De son côté, le comte d’Oldenbourg nomma des procu- reurs, chargés de défendre les siens. Cette affaire traina jusque sous le gouvernement d'A- lexandre Farnèse, qui commit le conseil privé, auquel furent adjoints des hommes féodaux de Brabant et de Hol- lande, à l'effet d'en connaître, tant en première instance qu'en révision. Le conseil privé donna définitivement gain de cause au comte d'Oldenbourg (1). Notons que, à la fa- . (1) La Martinière, après avoir rapporté que le comte Jean d'Oldenbourg succéda , en 1575, à la dame Marie de Jever, et que le comte d'Oost-Frise y mit opposition, dit : « De là vint un procès qui fut porté devant l’empereur » Charles V, à Bruxelles, dès lan 1532; ce prince prononça en faveur du » comte d'Oldenbourg, à qui la succession fut confirmée par une sentence » de révision, l’an 1591. » On ne peut s'expliquer de pareilles bévues : un procès mu en 1575, qu'on porte devant Charles V en 1532!!! ( 116 ) veur des troubles, le comte d'Oost-Frise s'était, en 14577, fait investir, par les cours féodales de Brabant et de Hol- lande, de la seigneurie en litige. Philippe IE ayant cédé les Pays-Bas aux archidues Al- bert et Isabelle, le comte Jean d'Oldenbourg leur rendit foi et hommage le 24 décembre 1599. Le comte Jean mourut le 2 novembre 1605 (st. v.). Son fils et son héritier, Antoine-Gunther, sollicita, l’année suivante, des Archidues, l'investiture de la seigneurie de Jever, qui lui fut conférée. | Je n'ai pu découvrir si les comtes d’Oldenbourg, ses successeurs, Ou quelqu'un d’entre eux, s’acquittèrent du même devoir. Il est certain que les événements politiques favorisèrent singulièrement l'envie, qui dut leur passer par la tête, de s’en affranchir. On a vu que les dames Anne et Marie de Jever s'étaient placées sous la suzeraineté des princes des Pays-Bas, comme ducs de Brabant et comtes de Hollande conjuncte : or. déjà par la trêve de 1609, les Archiducs avaient reconnu les états généraux des Pro- vinces-Unies en qualité de pays, provinces et États libres, et Philippe IV, en signant la paix de Munster, confirma l'indépendance de ces provinces. Les rois d'Espagne ayant cessé d’être comtes de Hollande, la maison d’Oldenbourg fut en droit, peut-être, de soutenir qu’elle ne leur devait plus, au titre seul de ducs de Brabant, foi et hommage pour la seigneurie de Jever. Il ne paraît pas, du reste, qu’en aucun temps les sei- gneurs de Jever aient fourni au gouvernement des Pays- Bas le secours en hommes de cheval et de pied stipulé dans la convention de 1552. Je lis, dans une consulte du conseil privé, adressée aux Archiducs le 21 novembre 1612, et dans d’autres pièces encore, qu’en 1575, le grand commandeur : (117) de Castille fit sommer le comte Jean d'Oldenbourg , par le syndic de Groningue, George de Westendorp, de remplir ses obligations à cet égard, mais que le comte le supplia de l’en excuser, jusqu’à ce que la paix, ou une trêve, eùt été conclue avec les Hollandais, alors révollés contre Philippe I, promettant qu’à cette époque, il se libérerait, au moyen d'une bonne contribution en argent. En 1610, il fut proposé aux Archiducs d'envoyer des commissaires au comte Antoine-Gunther, afin de réclamer de lui le règlement de l'indemnité promise par son père, trente-cinq années auparavant. On trouve, à la marge d’un projet d'instructions qui furent rédigées pour ces commis- saires, l’apostille suivante , écrite de la main d’un des se- crétaires d'État : « Son Altèze (l'archiduc Albert) ne trouve » convenir, pour maintenant, que l’on fasse les debvoirs » dont traicte ceste instruction. Faict à Marimont, le 1“ » novembre 1610. » Notice sur la découverte d'un cimetière franc au village d'Haulchin, dans la province de Hainaut ; par M.Schayes, membre de l’Académie. L'étude des antiquités germaniques des IV", V"° et VI" siècles de l'ère chrétienne, a, comme celle de toutes les autres branches de la vaste science de l'archéologie, fait de grands progrès depuis les quinze ou vingt dernières années. Antérieurement on ne distinguait guère, en France et en Belgique surtout, les objets de cette prove- nance d'avec les antiquités romaines. Aujourd'hui tout ar- ; ( 118 ) chéologue un peu instruit ne confondra plus une urne ou une arme franque avec une urne où une arme romaine (1). En 1847, j'ai rendu compte à l’Académie du résultat des fouilles qui furent alors exécutées au bourg de Lede, près d’Alost (2) ; aujourd’hui j'aurai l'honneur de lui adres- ser un rapport succinet sur une découverte de la même catégorie qui a été faite au village d'Haulchin, situé à deux lieues de Binche, près de la grande voie romaine de Bavai à Tongres. Elle est due également à des fouilles entreprises par ordre du Gouvernement, d'après les indications don- nées par M. le comte François de Robiano, sénateur, et le rapport que je fus chargé d'adresser, à ce sujet, à M. le Ministre de l'intérieur. Ces fouilles datent déjà des an- nées 1850 et 1851, aussi en aurais-je entretenu la classe plus tôt, s’il n'avait été question de les continuer; ce qui n’a pas eu lieu jusqu'ici. L'emplacement de la découverte, qui est celle de tout un cimetière franc, est une petite prairie appelée les Tom- bois, dépendante de la ferme du sieur Honorez et éloignée d'environ deux cents pas de la chaussée romaine. L'espace occupé par les tombeaux est long d'environ 180 mètres et large de 57 : celui qui a été déblayé de 38 mètres sur 55. Les tombeaux, au nombre d’une vingtaine, qui ont élé mis au jour, étaient placés sur plusieurs rangs parallèles, distants entre eux de 4",50. La distance d’une tombe à l’autre était de 0",60. Tous ces tombeaux, absolu- (1) Voir surtout la savante et judicieuse Votice sur les tombes gallo- frankes du duché de Luxembourg, par M. A. Namur, dans les Publications de la Société pour la recherche et la conservation des monuments histo- riques dans le grand-duché de Luxembourg. Année 1852. (2) Bulletins de l’Académie, t. XIII et XIV. T2 '6n a “jund., AIX OUL0 T OTULIP DIF. 97 1 2279777 (119) ment semblables à ceux trouvés, en 1845 et 1846, près de Selzen, dans la Hesse rhénane (1), sont de forme oblongue, plus étroits aux pieds qu'à la tête, et mesuraient en lon- gueur 1”,87 à 1",88, en largeur 0°,50, au sommet 0,47, au centre et à la base 0,40". Is étaient parfaitement orien- tés, solidement construits en pierres brutes et en débris de pierres de taille, maçonnés à sec (2). Le plus souvent le roc, couvert d’une couche de sable jaune, en constituait le lit; d’autres fois le fond était composé de tuileaux ro- mains noyés dans le mortier. Ils étaient fermés par de grandes pierres, dont plusieurs présentaient des moulures et provenaient évidemment de l’une ou l’autre bâtisse an- tique (3). De faibles élévations de terre en recouvraient Pextérieur. Comme à Selzen, chaque tombe contenait un squelette, les pieds tournés vers l'Orient (4). On y a re- eueilli trois urnes, pareilles à celles de Lede, dont une en terre rouge et deux en terre noire (5); deux francisques (6); de gros grains de collier en ambre, en verre et en terre cuite émaillée de diverses couleurs (7); une belle agrafe ; {1} W. und L. Lindenschmit, Das germanische Todtenlager bei Selzen in der Provinz Rheinhessen. Mainz, 1848 ; grand in-8°, avec planches. (2) Voir Planche I, les plans et coupes, fig. 1. (5) Trois de ces pierres étaient bordées d’une moulure cintrée et, réunies, formaient une espèce de base ronde de trois mètres de diamètre. Un de ces fragments est figuré sur planche T, fig. 2, à côté d’une autre pierre servant de couvercle, fig. 2!. (4) J'ai fait transporter au musée quelques têtes, tibia et fémurs des sque- lettes les mieux conservés. (5) Planche I, fig. 5. (6) Planche I, fig. 4. (7) Planche 11, fig. 5. Les grains de collier de cette espèce et les plaques d’agrafe ou de ceinturon en or, en argent ou en cuivre, incrustés de verre, ap- Partiennent essentiellement à l’époque franque et mérovingienne. TOME xx. — [°° parr. 9 ( 420 ) une boucle en bronze (1); une petite plaque de bronze, ear- rée et percée aux extrémités de deux trous (2); une autre plaque de bronze, ronde, mince et gravée (3) ; une mon- uaie romaine de moyen bronze et très-fruste; une monnaie gauloise muette, en or et fourrée (4); enfin, les fragments d’une bague-cachet en argent sur lesquels j'ai pu lire les lettres WABVETVSVS (5). Tous ces objets sont déposés au Musée d’armures et d'antiquités. Resterait maintenant à connaitre la cause de la pré- sence de ces sépultures dans cette localité et le siècle au- quel elles remontent. Peut-être ces questions auraient pu être résolues d’une manière plus ou moins certaine, si le cimetière entier avait été déblayé; encore aurait-il fallu que les tombeaux fussent restés tous intacts, ce qui malheu- reusement n’élait pas le cas, car plusieurs étaient entiè- rement bouleversés, preuve qu'on avait déjà tenté anté- rieurement quelques fouilles partielles; c’est même pour ce motif qu’on a discontinué les recherches (6). Dans l’état (1) Planche IT, fig. 6. (2) Planche IT, fig. 7. (5) Planche IT, fig. 8. Elle est représentée au tiers de sa grandeur. (4) Planche IT, fig. 9. Trois monnaies gauloises ont été trouvées, en 1836, dans un tombeau romain, à Châlons-sur-Marne (Mémoires de la So- ciété royale des Antiquaires de France, % série, t. IV, p. 81). (5) Planche IT, fig. 10. (6) Dans sa Deuxième notice sur des antiquités découvertes dans le Hainaut, M. D. Toilliez parle d’un puits antique situé près d’un endroit appelé les Tombeaux (sans nul doute, l'emplacement de notre cimetière), dans lequel on a trouvé des noisettes, une tête de cheval et une pièce d’or. « On a encore rencontré, dit-il, sur la commune d’Aulchin des ossements, des pièces de monnaie et des armes en bronze. » (Bulletins de l’Académie, t. XVI, 1r partie, p. 667.) Le curé de la commune possède un fer de pique trouvé aux Tomboiïs, Bulletin de l'Acaderue. Tome XXI, 1" part., p.120. PL.I] (421) actuel des choses, je me permettrai de hasarder une simple conjecture. Si les tombeaux d'Haulchin étaient ceux de ouerriers francs tués dans un combat à la suite d’une invasion, ils n'auraient certainement pas élé construits avec autant de soin ni placés d’une manière si régulière; les cadavres auraient été ensevelis à la hâte et sans ordre. Il me paraît done indubitable qu'ils appartenaient à une population sédentaire et fixée dans ce lieu. D'un autre côté, l'absence de monnaies du V"° ou du VI" siècle ferait supposer qu’ils sont antérieurs à l’époque mérovin- gienne. Je ne serai donc pas éloigné de croire que ces tom- beaux doivent leur existence à l’un ou l’autre de ces corps francs formés des prisonniers de guerre que les empereurs Probus et Maximien avaient transférés dans la Nervie et qui, sous le nom de laeti Nervi, avaient été chargés de défendre la contrée contre les irruptions des Germains transrhénans (1). Dans un des voyages que j'ai faits à Haulchin pour in- specter les fouilles, je me suis rendu au village des Estines qu'il a fait durcir au feu pour l'appliquer au bout d’un bâton. Queïques autres objets antiques déterrés dans ce lieu se conservent au musée du petit sémi- naire diocésain, établi dans l’ancienne abbaye de Bonne-Espérance. (1) Tuo, Maximiane, nutu, Nervorum et Treverorum arva jacentia luetus postliminio restitutus , et receptus tn leges Francus excoluit. (Eu- men. Paneg. Constantio Caesari dictus , c. 21.) Voir aussi £Zumentii Paneg. Constantino Magno dict., c. G. Vopisc. in Probo, c. 15. Zosymus, Æist. rom. liv. IL. Il est vrai que MM. de Caumont et Lindenschmit prétendent que lorien- tation est-ouest des lombes franques est un signe évident du christianisme que professaient ceux qui y étaient enterrés, mais cette assertion a besoin de preuves plus positives. Une autre question qui reste à résoudre, c’est celle de savoir si la fabrication des grains de collier en ambre, en verre, et sur- tout en terre cuite émaillée, est antérieure à l’époque mérovingienne, (122 ) pour examiner les débris que M. Vander Rit, dans son Mémoire archéologique sur les anciennes chaussées romaines de la Belgique, croyait être celles de thermes romains, auxquels aurait succédé la villa carlovingienne, où, à ce que l’on suppose, s’est tenu le concile de Leptinae. J'ai trouvé qu'ils présentaient une simple muraille, aujour- d'hui peu élevée, empiétant sur la chaussée romaine et coupée d'équerre à son extrémilé par un autre mur qui s'étend assez loin dans la campagne. La maçonnerie n’est nullement romaine ; elle est composée de blocaille liée par de la chaux ordinaire. Des fouilles faites dans l’espace qu'embrasse celte enceinte n’ont produit, d'après ce qui m'a été assuré sur les lieux, que quelques monnaies du moyen âge. Je ne pense donc pas m'être trompé en émet- tant l'opinion qu'il ne fallait voir dans ces débris que les restes de quelque léproserie, comme l'indique le nom de maladrerie qu'ils portent encore aujourd’hui (1). Quant à la villa carlovingienne, la tradition locale la place dans le village même des Estinnes. On m’a promis, à ce sujet, des renseignements que je communiquerai à l'Académie, s'ils offrent quelque intérêt. — Une omission a eu lieu dans le Bulletin de la séance de janvier, à la fin de laquelle M. le chanoine De Ram, en prenant place au fauteuil de la présidence, a remercié, au nom de la classe, M. le baron de Stassart, directeur sortant, pour la sollicitude qu'il n’a cessé de montrer pour les intérêts de l’Académie. (1) Bulletins de l Academie, t. XVI. CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 2 février 1854. M. Navez, président de l’Académie. M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, Madou, Roelandit, Simonis, Suys, le baron Wappers, Erin Corr, Snel, Frai- kin, Partoes, Baron, Ed. Fétis, De Busscher, membres ; L. Calamatta, associé ; Alph. Balat, correspondant. M. Chalon, correspondant de la classe des lettres, assiste à la séance. CORRESPONDANCE, M. le Ministre de l’intérieur fait connaitre que, par arrêté du 51 décembre dernier, le Roi a nommé président de l’Académie pour l'anaée 1854, M. Navez, directeur de la classe des beaux-arts. — Par une seconde lettre, ce haut fonctionnaire trans- met à l’Académie les deux pièces suivantes, relatives à la restauration des grands tableaux de Rubens. 4°. — Lettre de M. le Gouverneur de la province d'Anvers. « J'ai l'honneur de vous communiquer le rapport de la com- mission de surveillance sur le degré d'avancement des travaux de restauration des tableaux de Rubens, à la cathédrale d'Anvers, et sur le résultat donné par cette difficile opération. La commis- sion et la fabrique d'église se sont concertées avec la commission des monuments pour arrêter les mesures de précaution à pren- dre avant le replacement des tableaux dans l'intérêt de leur bonne conservation. » Ces mesures consistent dans le dépolissage des carreaux des fenêtres qui font face aux tableaux, afin de neutraliser l'action du soleil sur les peintures; dans la position d'un deuxième fond en chêne derrière les grands panneaux pour les isoler du mur et les garantir contre l'humidité, et, enfin, dans la construction de deux portails intérieurs pour couper le courant d'air qui dirige souvent des flots de poussière sur les tableaux. » Ce dernier point, qui doit occasionner une dépense assez considérable, fait,en ce moment, l'objet d'un examen particulier. » Le projet d'encadrement, pour l'exécution duquel une entrée a été prélevée sur les visiteurs des chefs-d’œuvre de Rubens, a été soumis à la Commission royale des monuments, qui l'a ap- prouvé, sauf quelques simplifications qu'elle a indiquées verba- lement sur les lieux mêmes. » 2, — Rapport de la commission de surveillance pour la restau- ration des grands tableaux de Rubens, adressé à M. le Gouverneur. « La commission de surveillance a l'honneur de vous accuser la réception de votre lettre en date du 19 décembre dernier, ° 29,496, et elle s'empresse de satisfaire à la demande de M. le Ministre de l'intérieur, en vous faisant parvenir un rapport sur (425 ) le résultat des travaux de restauration des tableaux de Rubens. » Depuis les derniers renseignements que nous avons eu l’hon- neur de vous adresser, au sujet de cette restauration, il a fallu tout ce temps pour mener cet important travail au point de pou- voir le considérer, aujourd'hui, à peu près comme terminé. Tous les dégâts de diverses natures signalés dans notre rapport du 4 avril 41849, concernant la Descente de Croix et ses volets, ont été restaurés. » Les mauvais vernis qui couvraient les tableaux ont été enle- vés avec la plus grande précaution, de manière à respecter les glacis primitifs du maitre, les repeints dont on avait maladroite- ment, et en plusieurs endroits, recouvert la peinture, et notam- ment au corps du Christ, au bras de la Madeleine, ainsi qu'au ciel du tableau, ont également disparu pour faire place à la cou- leur primitive. Quant aux nombreuses parties de couleur qui s'écaillaient, puis se détachaiïent du panneau, elles ont été refixées et n'offrent plus aujourd'hui qu'une surface unie et solide. » La restauration des parties endommagées et des joints des panneaux a été exécutée ensuite avec une scrupuleuse attention et ävec tout le respect dà à ces admirables peintures. \insi, Monsieur le Gouverneur, toutes les dégradations qui existaient dans ce chef-d'œuvre, sont actuellement réparées, de même que celles qui se remarquaient aux deux volets de cette composition repré- sentant : la Visitation et la Présentation au Temple. Seulement les peintures qui se trouvent sur le revers des deux volets men- tionnés et qui représentent : Saint Christophe et l'Ermite, ont besoin encore en partie d'être refixées, et réclament, de la part de M. Le Roy, la dernière main. Ce travail ne peut se faire dans cetle saison, et ce ne sera qu'au commencement d'avril prochain qu'il conviendra de l'exécuüter. Ce détail, joint à une révision générale de la restauration, comprendra tout au plus trois ou quatre Semaines, de manière que nous espérons que, dans le cou- rant du mois de mai, ces chefs-d'œuvre seront entièrement res- taurés et brilleront de tout leur éclat. ( 426.) » La commission est heureuse, Monsieur le Gouverneur, de pouvoir vous communiquer ce beau résultat, et nous vous prions de vouloir bien agréer l'assurance de notre parfaite considéra- tion. » FerpinanD DE BRARKELEER, président, N. De Keyser, secrétaire. M. le Ministre exprime le désir de voir la classe des beaux-arts, qui a voué, dit-il, un intérêt tout particulier à la restauration des deux chefs-d'œuvre dont il s'agit, déléguer quelques-uns de ses membres, à l'effet de faire une inspection de ces tableaux et de lui communiquer ensuite ses observations. Les commissaires désignés sont MM. Navez, Gallait, Leys, Madou, Verboeckhoven et le baron Wappers. — M. Ed. de Busscher remercie la classe pour sa no- mination de membre effectif; M. Louis Forster, de Vienne, remercie également, pour sa nomination d’associé dans la section d'architecture. — Un anonyme demande que le terme fatal pour la remise des pièces destinées à concourir sur la question relative à l'école flamande de peinture, fixé au 6 octobre prochain, puisse être différé de quatre mois. Cette demande n'est pas admise. — La classe reçoit communication d’une notice ma- nuscrite de M. Alexandre Pinchart sur Liévin Van den Clite, peintre gantois du XVe siècle. (Commissaires : MM. Ed. Fétis et Edm. de Busscher.) (427) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Aux termes de l’article 5 du règlement de la Caisse cen- trale des artistes, le comité administratif se compose du bureau de la classe des beaux-arts, auquel sont adjoints six membres de la classe, nommés par elle. Le mandat de ces six membres, élus en 1849 est de cinq ans et expirait, par conséquent , en 4854. Les membres nouvellement élus sont MM. Fétis père, Braemt, Partoes, Daussoigne-Méhutl, Corr et De Busscher. Le même article porte que, si l’un des académiciens désignés pour faire partie du comité, vient à être nommé du bureau de la classe, il lui est donné un suppléant, pour la durée de son mandat de membre du bureau. MM. Navez et Alvin ont été désignés comme suppléants. — M. Baron est admis à développer sa proposition que M. le secrétaire perpétuel avait communiquée, dans la séance précédente, et il la résume dans les termes suivants: « Un membre demande à la classe de vouloir bien aider de ses sympathies et de son appui auprès du Gouverne- ment, s’il est nécessaire, la confection d’un ouvrage qui puisse figurer, comme spécimen de l’art typographique en Belgique, à l'exposition universelle de 14855. » Cette proposition est favorablement accueillie et sera appuyée auprès du Gouvernement. Un membre fait obser- ver que l’ouvrage en question est à la fois du domaine des beaux-arts et de la littérature, puisqu'il s’agit de repro- duire les quatre poétiques d’Aristote, d'Horace, de la Fres- naye de Vauquelin et de Boileau; et qu’il serait convenable ( 128 ) de communiquer également ce projet à la classe des lettres de l'Académie. Cette communication sera faite à l’autre classe. Notice sur la gravure en taille-douce; par M. Érin Corr. Le désir exprimé par le Gouvernement de recevoir l'opinion de l’Académie, à l'égard des moyens les plus efficaces pour développer les beaux-arts en général , ayant fait l'objet d’une communication oflicieuse due aux inten- tions honorables de M. le secrétaire perpétuel, et la position exceptionnelle de la gravure, d’une exécution lente et laborieuse et qui opère en ce moment sa renais- sance en Belgique, me font un devoir de soumettre à l'Académie des observations qui peuvent jeter quelque lamière sur le moyen de faire prospérer cet art et de lui rendre l’éelat dont il jouissait jadis dans notre pays. Il n’est pas besoin de vous dire quelle est la noble mis- sion de la gravure à laquelle nous devons la transmission de tant de chefs-d'œuvre détruits par le temps ou l’incen- die, et dont la reproduction contribue si puissamment au progrès de l’art moderne : reproduire et vulgariser les œuvres et étendre au loin la réputation des maîtres de l'art en peinture, sculpture et architecture; contribuer à l'illustration des œuvres scientifiques et littéraires, voilà sa tâche. Considérée comme branche de commerce et alimentant plusieurs industries ; elle a aussi une grañde importance, et tous ces litres lui dounent des droits au patronage de la nation. A: ce propos, il est bon de jeter d'abord'un coup d'œil (129) sur la marche progressive de la gravure en France et sur les moyens employés par les divers gouvernements qui se sont suecédé dans ce pays, pour lui assurer cette supré- matie que personne ne lui conteste aujourd'hui. Sans remonter à des temps plus reculés, nous rap- pellerons qu'après être resté longtemps stationnaire, cet art fut porté, grâce à la munificence de Louis XIV, à un très-haut degré de perfection par les Audrans, les Nanteuil, les Drevet, les Wille, et surtout par notre célèbre compa- triote Edelinek, que le ministre Colbert parvint à fixer en France, puis par les élèves distingués de ces maîtres, tels que Bervic, Massard, Tardieu, ele.; mais cet aït qui brilla d'un si vif éclat jusqu'en 4789, disparut en quelque sorte à dater de cette époque, pour renaître plus tard sous l'empire. Des travaux considérables furent commandés alors à la gravure. Pour donner une idée de ces commandes, il suffit de citer le grand ouvrage connu sous le titre de Musée Napo- léon, l'illustration du Voyage en Espagne par Alex. Dela- borde, la Galerie de Florence; l'Iconographie grecque et romaine de Visconti, l'illustration des OEuvres de Camoens, la publication des prix décennaux; aussi la gravure, qui né comptait alors que peu d'artistes d’un mérite supé- rieur, en vit-elle bientôt augmenter le nombre. Sous les gouvernements qui suivirent, non-seulement l'État four- nit les fonds pour la continuation de ces grands travaux, mais il vint en aide aux graveurs de talent, pour mainte- nir la réputation de l’école française, en tête de laquelle figurent encore Forster, le baron Desnoyer, Dupont, etc. Depuis cette époque jusqu'aujourd’hui, nous retrouvons toujours les mêmes traditions. C'est ainsi que pendant le courant de l’année dernière (1855), le Gouvernement (150 ) français a commandé, pour une somme d'environ 275 mille francs, à des artistes éminents, la reproduction par la gra- vure de divers tableaux du Musée de Paris, qui n'avaient pas encore été reproduits ou qui ne l’auraient été qu’im- parfaitement : ce sont, entre autres, les Pélerins d'Emmaüs de Paul Véronèse, l’Antiope du Corége, la Charité d'André del Sarto, l'Herodiate de Luini, le Grand Perugin, acheté à la vente du roi de Hollande. Tout ce qui précède prouve jusqu’à l'évidence que donner aux artistes des travaux importants, c’est faire progresser l’art. L'exemple de la France est décisif; mais il y a plus, si pour obtenir de si brillants résultats, l'État a fait de grands sacrifices, il en est largement indemnisé aussi par le revenu considérable que lui procure la calcographie impériale : cet établissement ne renferme pas moins de 4,000 planches, et les marchands d’estampes viennent s’y approvisionner. J'ajouterai que, stimulés par l’état prospère de la gra- vure, des éditeurs entreprenants, tels que Goupil, Gache, Beinard , reconnaissant les avantages de relations directes avec les artistes que renferme cette école supérieure, qui doit son existence à la sollicitude de l’État, leur comman- dent des planches importantes dont la publication offre des chances de succès. La gravure ne prit naissance en Angleterre que vers l'an 1710, période avant laquelle ce pays était tributaire de la Belgique, non-seulement pour cette spécialité, mais encore pour la fabrication des papiers d'impression (1). ° (1) Zn 1705, MT Tonson, the celebrated publisher, went to Holland, to procure paper, and get plates engraved , for the splendid folio edition of Cæsar’s Comwenranies. (Parronace or Bririsn art, by John Pye.) ( 151 ) Néanmoins cet art s’y développa d'une manière prodigieuse vers le milieu du XVIIF”"* siècle, de 1740 à 1760, sous le règne de Georges IF, grand appréciateur des arts, et le talent des célèbres Woollett, Strange, Ryland, Sharp, Boydell, etc., imprimérent un nouvel essor à la gravure d'histoire, qui mit en relief un grand nombre de célébrités en peinture et en staluaire. ’ - L'intervention du Gouvernement anglais étant de peu d'importance en faveur des arts en général, le nombre d'estampes de format devint conséquemment très-res- treint; cependant le génie d'entreprise et l’affluence des capitaux firent prospérer la vignette et l'illustration. Cette spécialité de gravures réduites s’y maintint à un très-haut degré de perfection par les graveurs renommés Heath, Burnet, Finden, Pye, Robinson, qui font paraitre par- fois des œuvres remarquables de dimension. Quelle que soit la supériorité de l’école française sur ses rivales, son commerce de gravures, pas plus aujourd’hui qu'à aucune autre époque, ne peut être comparé à celui que faisait Anvers au XV"* et au XVI" siècle, alors que la peinture flamande, dirigée par les Rubens et les Van Dyck, attirait les regards et l'admiration du monde entier, alors que l’art de la gravure était cultivé par une longue série de grands artistes, tels que Vosterman, Pontius, Bols- wert, Galle, Goltzius, Sadeler, De Bruyn et tant d’autres. Cet immense mouvement commercial, favorisé par leurs relations étendues et l’heureuse situation du port d'An- vers, Où se trouvaient réunis les navires de toutes les na- lions, ne commença à décroître qu'après la domination espagnole, au XVIF"* siècle. Depuis cette époque et malgré les somptueuses publica- tions illustrées à grands frais par M. le baron Leroy, qui (132) tenta généreusement, vers la moitié du XVILI®* siècle, de venir en aide à la gravure, la Belgique ne produisit plus que de rares graveurs, qui furent obligés de s’expatrier pour tirer parti de leur talent : c’étaient Claessens, Car- don, Jehotte, Demeulemeester. Enfin, il y a environ une quinzaine d'années, lorsqu'il n’en restait plus un seul en Belgique, le Gouvernement eut l’idée heureuse, quoiqu'un peu tardive, d'établir deux écoles de gravure, l’une à Bruxelles, l’autre à Anvers. Dans un si court espace de temps, ces institutions ont formé de jeunes graveurs habiles, auxquels 1l ne manque que l'occasion d'exercer leur talent. Quelques-uns d’entre eux ont déjà produit des œuvres remarquables; et ce noyau, on peut le dire, n’est pas inférieur à celui qui existait en France, lorsque le Gouvernement prit à tâche, par ses encouragements, de donner une nouvelle impul- sion à cet art qu'il voulait faire coopérer à la gloire na- tionale. Une large protection aurait donc pour résultat, d’abord, d'empêcher l'émigration des talents déjà formés, ensuite, d’affermir les fondements de notre jeune école, et consé- quemment , d'augmenter le nombre de bons graveurs. Les éditeurs continueraient l'œuvre de l'État, et les artistes qui, aujourd'hui, sont souvent pressés par la né- cessité de produire promptement des estampes de circon- slance, aidés des procédés secondaires de reproduction, seraient mis à même d'exécuter des œuvres sérieuses , propres à représenter dignement l’art belge à l'étranger et à la postérité. Il n'est pas douteux que, secondé par les lumières que le Gouvernement est à même de puiser à l'Académie royale de Belgique, ce but ne soit atteint par les mesures ci- ( 133 ) après indiquées et dont le mode d'exécution détermine- rail la réussite : 1° La création d'un grand ouvrage national, faisant suite, et comprenant la reproduction en gravure des œu- vres de nos sommités de l’art; 2 Un prix, dont la valeur serait déterminée ultérieu- rement, à accorder tous les cinq ans à l’auteur de la meilleure gravure d’une œuvre belge exécutée pendant cette période et qui n’aurait été l’objet d’une commande spéciale; 5° Souscription, selon leur importance, à accorder aux projets de gravure d’après des œuvres d'art indigènes qui eu auraient élé trouvés dignes, et par suite une intelli- gente distribution des épreuves ; 4 La commande à chacune des diverses expositions générales, de la gravure de deux œuvres nationales, dont les estampes seraient distribuées aux souscripteurs à l’ou- verture de l'exposition suivante. Cette mesure est de la plus haute importance en ce qu’elle favorise efficacement les arts en général et l’aug- mentation des ressources des expositions des beaux-arts. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Traité des sections du cône, considérées dans le solide, par J.-F. Le Poivre; réimpression avec notices par MM. A. Quetelet et Camille Wins. Mons, 1854; 1 vol. in-19, Histoire de Flundre, par M. Kervyn de Lettenhove, 2° édi- tion, tomes IL et IL. Bruges, 1853-1854 ; 2 vol. in-12. ( 154 ) Bulletin de l'Académie royale de médecine de Belgique. Année 1855-1854. Tome XIIT, n° 2 et 5. — Mémoires. 1° fascicule du tome IT. Bruxelles, 4854; 2 broch. in-$° et { vol. in-4°. Le bourreau de Vérone, par le baron A. de Peellaert. Bruxelles, 1854; 1 vol. in-12. Inventaire analytique des chartres et documents appartenant aux archives de la ville de Gand, par Prudent Van Duyse, 1ret 2e livraisons. Gand, 1849 et 1853; 2 broch. in-4°. Simon Stevin naer Worduin's bekroond werk. — De koningin der Belgen, twee gedichten ingezonden ten brusselschen pris- kampe. — Everaerd T Serclaes, 1587. — Notice biographique sur M. Alfred Motte. — Droits du maitre fauconnier de Flandre. — Ordonnance au sujet des veneurs. — Une élégie de Burger. — Sur les registres des archives de la ville de Gand que Charles V aurait fait détruire. — Belegering van Dendermonde door Lo- dewyk XIV. — Tableau de l'époque des troubles religieux à Gand, du 18 août 1565 au 7 mai 1367. — La commune de Loo. — Les chemins de fer, considérés sous le rapport de leur enfluence sur l'industrie et la civilisation. — La Confédération de Termonde, ou le 4 octobre 1566. — Kunst plaet over de over- winningen van den aertshertog Leopold, vooral in West- Vlaen- deren. — Mathieu de Layens. — De zang der germaenschen slaefs. — Levensschets van J.-L. Kesteloot; par Prudent Van Duyse. Gand, 4859 à 1853; 16 brochures in-8°. Notice sur Louis Overdatz, par C. Broeckx. (Extrait des Annales de la Société de médecine d'Anvers.) Anvers, 1854; 1 broch. in-8°. Journal de pharmacie, publié par la Société de pharmacie d'Anvers. 10"° année. Janvier et février. Anvers, 1854; 2 broch. in-8°. Fictions et réalités ou Essai de tablettes liégeoïses; nouvel hom- mage à la Société libre d'émulation de Liége, par son secrétaire général Alb. d'Otreppe de Bouvette. 10° livraison, janvier. Liége, 1854; 1 broch. in-12. ( 155 ) Archives belges de médecine militaire, tome XII, 5° et 6° cahiers. Novembre et décembre. Bruxelles, 1853; 4 vol. in-Se. Traité de mécanique élémentaire. — Premières lecons de chimie, appliquées à l'agriculture; par J. Hodges. Ouvrages traduits de l'anglais, par P. Baes. (Extrait du Panthéon clas- sique.) Bruxelles, 1853; 2 vol. in-18. Journal belge de l'architecture et de la science des constructions, publié sous la direction de MM. C.-D. Versluys et Ch. Vanderau- wera. 6° année. 4° et 5° livraisons. Bruxelles, 4854; 2 broch. in-4°. Journal d'horticulture pratique de la Belgique, par M. Ga- leotti, 11° année, n° 44. Janvier. Bruxelles, 1854; 1 broch. in-12. Journal d'agriculture pratique, d'économie forestière, d'éco- nomie rurale et d'éducation des animaux domestiques du royaume de Belgique, publié sous la direction et par la rédaction princi- pale de M. Charles Morren. Mai 1853 à février 1854 inelus. Liége; 10 broch. in-£°. La Belgique horticole, journal des jardins, par M. Ch. Mor- ren, avril à décembre 4853; Bruxelles; 9 broch. in-8°. Le jardin fleuriste, journal général des progrès et des intérèts botaniques et horticoles, rédigé par Ch. Lemaire, 4° volume, 488 et 49° livraisons. Gand, 18553; 1 broch. in-8°. Le scalpel, rédacteur M. Festraerts. 6° année, n° 48 à 20. Liége, 1854 ; 5 feuilles in-4°. La presse médicale belge, rédacteur M. Hannon. 6° année, n® 6 à9. Bruxelles, 1854; 4 feuilles in-4°. Moniteur des intérêts matériels. 4° année, n° 5 à 8. Bruxelles, 1854; 4 feuilles in-plano. Moniteur de l'enseignement, publié par F. Hennebert. Tom. IV, n° 45 et 16. Tournay, 4853; 2 broch. in-8°. Le cordonnier, 2° année. N° 8. Février. Bruxelles, 14854 ; 1 feuille in-4°. Vlaemsch Midden-Comiteit. Algemeene omzendbrief, aen al wie ToME xx1, — Ï'° parT. 10 (136 ) in de vlaemsche zaet belang stelt. Bruxelles, 1853; £ feuille in-12. Flora Batava of afbeelding en beschrijving van nederland- sche gewassen, door wijlen Jan Kops, vervolgd door P.-M. Ge- # vers Deijnoot; 1745 afflevering. — Tijtel en register, XK® deel. : Amsterdam, 1853; 2 broch. in-4°. Publications de la Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques dans le grand duché de Luxembourg. Année 1852, tome VII. Luxembourg, 1853; 4 vol. in-4°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, par MM. les secrétaires perpétuels. Tome XXXVIN, n® 5 à 6. Paris, 1854; 4 broch. in-4°. Annuaire de l'Institut des provinces et des congrès scientifi- ques, 4854. Paris; À vol. in-12. Bulletins de la Société de l'histoire de France. Paris, 1854 et 1835; 2 vol. et 12 broch. gr. in-8. Publications de la Société de l’histoire de France : — L'Istorie de li Normant, etc.; 1 vol. gr. in-8°, 1835. — Histoire ecclésiastique des Francs, par Grégoire de Tours, texte latin, 2 vol. gr. in-8°, 1836 à 1838. — Leitres du cardinal Mazarin à la reine, etc.; À vol. in-8°, 1856. — Mémoires de Pierre de Fenin; À vol. gr. in-8°, 1837. — De la conqueste de Constantinople; par Villehardouin; À vol gr. in-8°, 1838. — Orderici Vitalis Historia ecclesiastica. Tomes 1 à IV; gr. in-8°, 1838 à 1852. — Correspondance de l'empereur Maximilien et de Margue- rite, sa fille ; 2 vol. gr. in-8°, 1839. — Histoire des ducs de Normandie, ete.; 1 vol. gr. in-8°, 1840, — OEuvres complètes d'Eginhard; 2 vol. gr. in-8°, 1840 et 1843. — Mémoires de Philippe de Commynes; 3 vol. gr. in-8°, 1840 à 1847. — Préface et notice sur Philippe de Commynes ; 4 vol. gr. in-8°, 1848. (137 ) — Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc; 5 vol. gr. in-8°, 1841 à 1849. — Coutumes du Beauvoisis ; 2 vol. gr. in-8°, 1842, — Mémoires et lettres de Marguerite de Valois; 1 vol. gr. in-8°, 1842. — Chronique latine de Guillaume de Nangis ; 2 vol. gr. in-8°. 1845. — Mémoires du comte de Coligny-Saligny, etc. ; À vol. gr. in-8°, 1844. — Histoire des Francs, par Richer; 2 vol. gr. in-8°, 1845. — Registres de l'hôtel de ville de Paris, pendant la Fronde; 2 vol. gr. in-8°, 1846 à 1848. f — Vie de saint Louis, par le Nain de Tillemont; 6 vol. gr. in-8°, 1846 à 1848. — Journal du règne de Louis XV, par E.-J.-E. Barbier, tomes II et III; 2 vol. gr. in-8°. — Bibliographie des Mazarinades, par M. Moreau; 5 vol. gr. in-8°, 1850 et 1851. — Compte de l'argenterie des rois dé" France, au XIV: siècle ; 4 vol. gr. in-8°. — Mémoires de Daniel de Cosnac , évêque de Valence; 2 vol. gr. in-8°. — Choix de Mazarinades, par M. Moreau; 2 vol. gr. in-8°, 1853. Annuaires de la Société de l'histoire de France, 1837 à 1844 et 1848 à 14853; 14 vol. in-18. Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d'a- griculture, compte rendu mensuel, rédigé par M. Payen, se- crétaire perpétuel. 2 série. Tome IX, n° 1. Paris, 4853; 1 vol. in-8°. Bulletin de la Société géologique de France. 2"° série. Tome X, feuilles 47-22. Paris, 4852-1853; 1 vol. in-8°. L'Athenaeum français. 3° année, n° 4 à 7. Paris, 1854; 4 doubles feuilles in-4°. LA Ad ' ( 138 ) Le Spectateur, revue encyclopédique des sciences, des lettres et des arts. N° 4. Paris, 1854; 1 vol. gr. in-8°. Revue de l'instruction publique. 13° année, n°° 43 à 46. Paris, 4834 ; À doubles feuilles in-4°. Revue et magasin de zoologie pure et appliquée, par M. F.-E. : Guérin-Méneville, n° 42, 1855, et n° 4, 1854. Paris ; 2 broch. : in-8°. ; Quelques mots sur l'inoculation du bétail adressés à M. le docteur Didot, par J. De Saive. Paris, 1853; 1 broch. in-8°. Navigation aérienne ou direction des Aérostats, par J.-B. Carrié, curé de Barbast (Lot-et-Garonne). Paris, 4853; 1 broch. : in-8°. Archives historiques et liltéraires du nord de la France et du midi de la Belgique. 3"° série. Tome IIL. 5° livraison. Valen- ciennes, 1854; 1 vol. gr. in-8°. Mémoires de la Sociélé dunkerquoise pour l'encouragement des. « sciences, des lettres et des arts. — Rapport du secrétaire de la commission de l'exposition de Dunkerque. — Catalogue des ou- vrages de peinture et de l'exposition de Dunkerque. Dunkerque, 4855; 1 vol. et 2 broch. in-8&. Mémoire sur les Crustacés de la famille des Cloportides qui habitent les environs de Strasbourg, par A. Lereboullet. (Extrait des Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg.) Strasbourg, 1853; 1 vol. in-4°. Mémoire sur le drainage; par M. le baron d'Hombres-Firmas. (Extrait du Bulletin de la Société d'agriculture de l'Hérault.) Montpellier, 1853; 4 feuilles in-8°. Société Vaudoise des sciences naiurelles. Bulletin n° 530. Tome III. Année 18553. Lauzanne, 1855; 1 broch. in-8°. Bulletin de la Société des sciences naturelles de Neuchatel. Tome III. Neuchâtel, 14853; 4 broch. in-8°. | Johann-Baptist Cysat von Luzern. Ein Beitrag zur Ge- schichte der Mathematik und Physik in der Schweiz. Von Rudolf Wolf. Berne, 1853; 1 broch. in-8°. ; (139) The Royal Institution of Great-Britain : — Notices of the mee- tings of the members. Part. HI. Nov. 1852.-July 1853. — À list of the members, officers, etc., with the report of the visitors for the year 1852. Londres, 1853; 2 broch. in-8°. The Annals and magazine of natural history, including z00- logy, botany, and geology. N°% 67 à 72; juillet à décembre 1855. Londres, 1853; 6 broch. in-8°. Proceedings of the Royal Society of Edinburgh. Session 1852- 1855. — Transactions. Vol. XX. Edinbourg, 1853; 1 broch. in-8° et 1 vol. in-4°. Antikenkranz zum dreizehnten berliner Winckelmannsfest. Geweiht von Theodor Panofka. Berlin, 4853; 1 vol. in-4°. Programm des archüologisch-numismatichen Instituts im Güttingen zum Winkelmannstage 1855. Von D'.Karl Friedrich Hermann. Gôttingue, 1853; 1 vol. in-8°. Die Mineral-Regionen der obern halberisel Michigan’s (N.-A.) am Lake superior und die Isle Royal, von Fr. Roch. Gôttingue, 1851 ; 5 vol. in-8°. Handbuch der Pathologie und Therapie, von D" C.-A. Wun- derlich. Il% Band, 4% Abhtheïlung. Stuttgart, 1853; 1 vol. in-8°. Heidelberger Jahrbücher der Lieratur. 64 Jahrgang , 9° Hälfte. Juhi bis December. Heidelberg, 1853; 1 vol. in-8°. Atti dell Accademia pontifica de Nuovi Lincei compilati dal segrelario. Anno V. Sessione IV* del 23 maggio 1852. Rome; 1853; 1 vol. in-4°, Progetto di un Teatro municipale del conte Antonio Lovatti. Pubblicato per cura di Romualdo Gentilucci. Rome; 1 vol. in- plano. Elenco delle opere esequite dallo scultore cavaliere Alessandro- Muassimiliano Laboureur. Rome, 1847 ; 4 vol. in-4°. Rendiconti delle adunanze della R. Accademia economico- agrario dei Georgofili di Firenze. Octobre à décembre 1855. Florence, 14853; 1 broch, in-8°. ( 140 ) Saggio d'inscrizioni. — Notizia intorno Luigi Raballia. — Ricordanze intorno à meriti e la persona del dottore consigliere. ducale Nicola Pellegrini. Per el dottor Enrico Adorni. Milan, 1845 et 1846; 5 broch. in-8°. Kongl. Vetenskaps- Akademiens for ür 1851. — Berättelse om framstegen à vertebrerade Djurens Natural- Historia och Ethnografien under üren 1845-1850. Afsifven till kongl. Ve- tenskaps-Akademien af Carl o. Sundevall. — Ofversigt af kongl. Vetenskaps-Akademiens forhandlingar. Nionde ärgängen, 1852. Stockholm, 1853; 3 vol in-8&. Register üfven de till kongl. Vetenskaps- Akademien af Joh. Em. Wikstrôm afgifna àrs-Berättelsen à Botanik für àren 1820 till och med 1838. Pà kongl. Vetenskaps-Akademiens füranstal- tande upprältade af N.-J. Anderson. Stockholm, 1852; 1 vol. in-8°. Annales de l'Observatoire physique central de Russie; publiées par A.-C. Kupffer. N° 1, année 1850. N° 2, Correspondance météorologique pour l'année 1852; S'-Pétersbourg, 1853; 2 vol. in-4°. Compte rendu annuel; supplément aux Annales de l'Observa- toire, pour l’année 1850; S'-Pétersbourg , 14853; 1 broch. in-4°. Articles omis dans l'ouvrage qui a pour titre : Philosophie, par Victor Jubien. Ile Maurice, 4853; 1 vol. in-8. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, | DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1854. — No 5. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 4 mars 1854. M. le baron pe SEezys-LonGcHamps, directeur. M. Querezer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius, Pagani, Sauveur , Tim- mermans, Wesmael, Martens, Dumont, Cantraine, Kickx, Stas, De Koninck, Van Beneden, De Vaux, le vicomte B. Du Bus, Nerenburger, Gluge, Melsens, Liagre , Schaar, membres ; Sommé, Lacordaire, associés. M. Éd. Fétis, membre de la classe des beaux-arts , assiste à la séance. TOME xx1. — ["° paART. 41 (14 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir à l’Académie différents ouvrages pour la bibliothèque. M. Lacordaire fait hommage du 1° volume de l'Histoire naturelle des insectes qu’il vient de publier. Remerciments. __ L'Académie des sciences de Paris, l'École polytech- nique de France, la Société suisse pour les sciences natu- relles, la Société havraise d’études diverses, etc., remer- cient l'Académie pour l'envoi de ses publications. — M. le secrétaire perpétuel communique des lettres de M. Maury, directeur de l’observatoire de Washington, de M. le capitaine James, de M. Jansen, lieutenant de la marine hollandaise , de M. Buys-Ballot, directeur de l’In- stitut météorologique d’Utrecht, etc., qui donnent des renseignements sur le développement que prend l'Asso- ciation météorologique, dont les bases ont été posées, à Bruxelles, en septembre dernier. La plupart des États de l'Amérique du Nord et du Sud se sont ralliés à cette asso- ciation; en Angleterre, le système d'observations organisé par le génie militaire se consolide de plus en plus. En Hollande, les études météorologiques, pour le royaume et les colonies, viennent d’être concentrées à l’Institut mé- téorologique d'Utrecht, qui sera chargé désormais de la direction et de la publication des travaux. ( 145 ) — L'Académie reçoit sur les phénomènes périodiques des animaux et des plantes, pendant l’année 1855, les documents suivants : 1° Observations sur la floraison, la feuillaison, etc., faites par M. A. Quetelet, dans le jardin de l'Observatoire; 2% Observations ornithologiques, faites par M. Vincent, à Bruxelles ; 5° Observations sur la floraison, la feuillaison, etc., faites au Jardin Botanique de Gand, par M. Donkelaer; 4 Observations sur la végétation et les températures à Munich, communiquées par M. De Martius. — M. L. Palmieri, professeur de physique à Naples, écrit que ses observations sur l'électricité de l’air confir- ment celles de Bruxelles et communique ses dernières recherches à ce sujet. — M. Leroy, ancien géomètre à Jamoïigne , canton de Florenville, écrit au sujet des températures de l’hiver der- nier. Le 26 décembre 1855, à 8 heures du matin, le thermomètre centigrade marquait—21°,0, et le 14 février 1854, à 7 ‘2 heures du matin, il marquait — 12°,0. — M. le secrétaire perpétuel communique aussi, au sujet des températures de l'hiver dernier, la lettre sui- vante de M. Du Ponthois, à Tournay, en date du 7 février : « J'ai désiré vous signaler un fait, qui, s’il peut four- nir matière à observation, ne saurait parvenir à meilleure adresse. Je vous soumettrai mes propres réflexions. » Pendant la dernière forte gelée, tous les propriétaires des environs de Tournay, à plusieurs lieues de distance, ont perdu la plus grande partie du poisson de leurs étangs, ( 144 ) la presque totalité des carpes. Un seul, à ma connaissance, y fait exception. » Une glace épaisse recouverte d’une forte couche de peige aidant à l’interception de l’air, a-t-elle été la cause efficiente de cette mortalité générale? je ne le crois pas. Je pense qu’elle n’a pu être que la cause contingente ou venant en aide à la cause première. L'on conçoit, en effet, qu'elle aurait pu suflire pour produire un tel résultat dans les étangs peu profonds et pleins de boues ou sur lesquels, en marchant beaucoup, on aurait fait décuver le poisson, mais il n’en est nullement ainsi. Or, comme tous les 15 ou 20 ans, si pas plus souvent, il y a une aussi forte gelée avec autant de neige, comme toutes les meilleures prati- ques et conditions n’ont rien fait, il s’ensuivrait que per- sonne ne pourrait avoir de poisson ni gros, ni petit, l’évé- nement devenant périodique. » Voici des exemples : A une demi-lieue de Tournay (rive gauche de l’Escaut), un bel étang qui a de la pro- fondeur, des eaux claires alimentées par une fontaine située à proximité et qui communique avec un canal de jar- din, avait toutes les conditions pour échapper au désastre. L'habitation n'était pas occupée; l'on avait fait des lu- mières, ou l’on avait introduit des tiges de féveroles sui- vant une méthode du canton. Il y est mort une grande quantité de poisson. » À une demi-lieue sur la rive droite, je possède un étang de 55 ares, qui entoure ma maison de campagne. Je ne fais pas de lumières, personne ne marche sur la glace. J'avais mis les eaux basses avant la gelée, fait enlever les feuilles, et renouvelé l’eau avec celle prove- nant de trois fontaines ferrugineuses. L’étang est profond et il y a des cuves de plus de deux mètres. J'ai perdu 250 ( 145 ) carpes, plus de 100 perches, 6 anguilles, dont deux fort grosses de 90 centimètres de long, seulement une tanche et point de brochets, dont il s’introduit tous les ans quel- ques-uns. Les poissons pris par la gelée s’attachent par le dos à la glace, tandis que tous venaient à plat à la surface, et c'était à l'endroit des cuves profondes où il y avait le plus de morts. Il me parait d'autant plus évident que l’eau a été corrompue, que jamais les anguilles , qui restent dans la boue, ne sont prises par la gelée, et que cette fois, il y a des mares ou toutes les anguilles et toutes les grenouilles sont mortes. Ce résultat me semble donc devoir être attri- bué à des émanations délétères, provenant de l'intérieur du globe et dont la glace et la neige ont empêché l'évapo- ration dans l'air; cela pourrait bien avoir quelque analo- gie avec la cause réelle de la maladie des pommes de terre et celle de la vigne, avec ce qui en quatre jours, en 1849, a fait devenir toutes noires les feuilles des pru- niers du village où je passe l'été, et a fait mourir, il y a 4 ou 5 ans, en Bourgogne, une bonne partie des ceri- siers. » La seule personne qui, à ma connaissance, n'ait pas perdu de poisson, a dans ses étangs une fontaine assez jaillissante pour déterminer un jet d’eau de 5 à 4 pieds de haut. » Le dernier résultat est que, si je n’avais que de gros poisson , le frai ne produisant pas chez moi, il n’y aurait plus pour personne de moyen de réparation; il faudrait 50 années, puisque partout le fretin est anéanti. » Il reste la fécondation artificielle des boîtes, dont on nous promet merveille et dont ce canton aurait plus be- soin que tout autre d’avoir les prémices. » ( 146 ) Plusieurs membres font des communications analogues et promettent de mieux préciser les faits dans une pro- chaine séance. — M. le D' Heffner, de Wurtzbourg, écrit qu'il a trouvé, tout récemment, un manuscrit en latin de l’astronome Tycho Brahé , adressé au landgrave Guillaume de Hesse, et qui contient une relation très-étendue sur la comète qui fut visible depuis la fin de février jusqu'au commencement de mars 4590. M. Heffner croit cette relation inédite et: demande s'il conviendrait à l’Académie de la publier. Quelques nouveaux renseignements seront demandés au savant allemand. — M. C. Mathieu communique une notice manuscrite Sur ce qu'on appelle espèces et variélés en histoire naturelle. (Commissaires : MM. Spring, Kickx et Martens.) RAPPORTS. A la suite du rapport de M. Nyst, la classe ordonne l’im- pression d’une notice de M. De Koninck, Sur un nouveau genre de Crinoïde du terrain carbonifére de l'Angleterre. — La classe ordonne également l'impression d’une no- tice de M. Nathanaël Lieberkühn , de Berlin, Sur les pso- rospermies , conformément aux conclusions du rapport de M. Van Beneden. (147) « M. Lieberkühn a parlé, dans son mémoire couronné par l’Académie, sur l’évolution des grégarines, du passage de ces parasites par l’état d’amibes, dit M. Van Beneden. C’est une observation d’une haute importance et sur la- quelle j'ai cru devoir faire des réserves dans mon rapport. M. Lieberkühn a continué ses recherches sur ce sujet important ; c’est le résultat de ses dernières observations qu'il m'a prié de communiquer à l’Académie et dont j'ai l'honneur de demander l'impression dans les Bulletins. » — Dans la séance du 4 février dernier, M. G. Dewalque avait présenté une note Sur les divers étages de la partie inférieure du lias dans le Luxembourg et les contrées voi- sines. M. Dumont, premier commissaire, émet sur cet écrit l'avis suivant : « La notice de M. Dewalque est une excellente discus- sion sur ce qui à été fait et dit dans ces derniers temps sur la position de ces dépôts, et particulièrement sur celle des grès de Luxembourg et d'Hettange, qui, en sep- tembre 1852, a fixé l'attention de la Société géologique de France. » Je pense que cette notice sera lue avec intérêt par tous les géologues qui se sont occupés de ces terrains, et j'en propose l'impression dans nos Bulletins. » M. De Koninck, second commissaire, exprime, à son tour, son opinion dans les termes suivants : « J'ai lu avec beaucoup d'intérêt la notice de M. De- walque. C’est une discussion approfondie et parfaitement raisonnée de toutes les opinions qui ont été émises sur l’âge relatif et le synchronisme de ces étages. J'ai vu avec plaisir que les conclusions auxquelles l'auteur arrive sont dues, en grande partie, à l’application des caractères paléonto- (148) logiques des roches qui ont fait l’objet de ses recherches et des comparaisons qu’il a établies. » Je suis d'accord avec mon savant collègue, M. Du- mont, pour proposer l'insertion de la notice de M. De- walque dans le Bulletin de nos séances. » Conformément aux conclusions de ses commissaires, la classe ordonne l'impression de la note de M. Dewalque. — La classe adopte ensuite les deux projets d'inscription suivants, présentés par M. Roulez, pour les médailles de MM. d’Udekem et N. Lieberkühn, entre lesquels elle a partagé le prix pour la question de zoologie, à l’époque de son dernier concours. JULIO AB UDEKEM LOVANIENSI SCIENTIARUM NATURALIUM ET MEDICINAE DOGTORI QuoD LUMBRICI TERRESTRIS EVOLUTIONEM ACUTE PERSPEXIT LUCULENTER EXPOSUIT MDCCCLIII, NATHANAELI LIEBERKUHN MEDICINAE APUD BEROLINENSES DOCTORI QuoD GREGARINARUM EVOLUTIONEM DOCTE ET SAGACITER INDAGAVIT MDCCCLIII. (149 COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur l'origine ou la nature du calorique; par M. Martens, membre de l’Académie. Parmi les diverses hypothèses qui ont été successive- ment émises sur Ja nature du calorique, une des plus in- génieuses est celle qui le regarde comme constituant le fluide électrique complexe ou naturel, répandu dans tous les corps matériels : et en eflet, quand on voit un fil de platine, interposé entre les deux pôles d’une pile voltaïque, se maintenir pendant plusieurs heures à l’état de vive incandescence par le seul passage du courant galvanique, on est bien tenté de considérer la chaleur, incessamment produite dans le fil, comme résultant de la réunion con- tinuelle des fluides électriques de nature opposée, réunion qui constitue le courant en question. . On est d'autant plus porté à admettre cette manière de xoir, qui établit une certaine analogie de nature entre l'électricité et la chaleur, que nous trouvons généralement un rapport constant entre la conductibilité des corps pour la chaleur et leur conductibilité pour l'électricité; à tel point que ce qui rehausse la conductibilité calorifique d'un corps, rehausse en même temps sa conductibilité élec- trique : témoin le charbon organique qui, après avoir été calciné à une haute température, est devenu à la fois bon conducteur de la chaleur et bon conducteur de l'électricité. Il ya, à la vérité, une grande différence entre le mode (130 ) de propagation de la chaleur et celui de l'électricité dans les corps; mais ceci peut tenir aux différences qui existent nécessairement entre les fluides électriques, vitré et rési- neux, à l’état libre, et le fluide calorifique , qui semble ré- sulter de leur combinaison. Si l'agent de la chaleur a des rapports avec celui qui produit les phénomènes électriques, il doit en avoir aussi avec le principe de la lumière. Il paraît même n’être qu'une modification de ce fluide subtil et impondérable, désigné sous le nom d’éther, aux ondulations duquel on attribue les phénomènes lumineux; car nous savons que la chaleur peut rayonner à l’instar de la lumière, et M. Melloni à parfaitement prouvé que les radiations de la chaleur obscure sont, en quelque sorte, des radiations invisibles de lumière. Tous les faits tendent à établir une extrême analogie, si pas une identité de nature, entre le principe de la cha- leur et celui de la lumière, de même qu'ils nous portent à admettre que l'agent des phénomènes électriques pour- rait bien aussi se rattacher à l’existence d'un fluide sem- blable à celui qui produit les phénomènes calorifiques; et ce serait là encore une confirmation de cette extrême sim- plicité de la nature qui partout, avec un petit nombre de causes premières, produit une infinité d'effets divers. Quoi qu'il en soit, les phénomènes de la chaleur s’expli- quent beaucoup mieux en les attribuant à un fluide exces- sivement subul, répandu dans tous les corps et même dans l'espace, qu'en les attribuant, avec quelques physi- ciens, à un simple mouvement ondulatoire ou vibratoire des molécules des corps; car ce mouvement suppose né- cessairement qu'il existe entre ces molécules des espaces vides ou des pores dans lesquels elles peuvent subir ces CAT } mouvements vibratoires. Mais l'existence des pores, qui est d’ailleurs démontrée par l'observation, suppose celle d'une force répulsive entre les molécules, et comme il est im- possible de concevoir que les mêmes molécules puissent à la fois s’attirer et se repousser, vu que ces deux qualités s'excluent mutuellement, force nous est d'attribuer la ré- pulsion qui se manifeste entre les molécules d’un corps, et qui les tient écartées, à un agent distinct de leur substance propre, qui ne saurait être que le calorique, eu égard à la dépendance intime que l’on remarque entre la dilatation des corps et leur échauffement. Il n’est d’ailleurs guère douteux que le calorique ne soit effectivement l’agent ré- pulsif des molécules matérielles, s’il est vrai, comme l’as- sure le célèbre Berzelius, que des corps légers, librement suspendus dans un vide parfait, se repoussent quand on les chauffe. Il y a done dans la nature des substances douées d’une puissance d'attraction réciproque, ce sont les substances matérielles pondérables, et d’autres douées d’une puissance répulsive, ce sont des substances impalpables et impon- dérables. C'est à ce dernier ordre de substances que se rattachent les phénomènes calorifiques, lumineux et élec- triques. Ce qui doit nous porter surtout à attribuer la chaleur à un fluide subtil, distinct de la matière pondérable des corps, ce sont les phénomènes relatifs au calorique spéci- fique : car le calorique semble parfois S'unir si intimement aux corps, qu'il y est masqué à l'instar d’une substance qui entre en combinaison avec une autre et qui, perdant alors les qualités qui la distinguent, devient également latente. Aussi les chimistes ont généralement considéré le calo- rique latent comme du calorique de combinaison; et en (132) eflet, le calorique latent reparaït ou redevient libre lorsque la combinaison dans laquelle il est engagé vient à se dé- faire. Mais comment, me demandera-t-on, concevoir le calorique à l’état de combinaison ou plutôt d'union intime avec une substance matérielle? Pour cela, nous n’avons qu’à supposer que le calorique latent fait partie des groupes atomiques qui constituent les molécules intégrantes ou les particules physiques des corps; qu'il est, en quelque sorte, inhérent à ces groupes et plus ou moins condensé à la surface de leurs atomes par l'effet d’une force attractive, tandis que le calorique libre est simplement répandu dans l'espace et dans les pores des corps, ou plutôt entre les groupes atomiques, sans faire partie constituante de ces derniers ou sans adhérer à la surface des atomes. Au reste, on peut se représenter le calorique latent comme existant dans les corps à l'instar des gaz qui se trouvent conudensés en plus ou moins grande quantité dans les pores du charbon de bois; et de même qu'une partie de ces gaz devient libre, lorsque le gaz environnant le charbon vieut à perdre de sa tension; de même lorsque le calorique libre diminue dans un corps ou dans l’espace qui l’environne, le calorique latent s'échappe aussi en partie des groupes atomiques ou des particules du corps; ce qui affaiblit la force répulsive de ces particules, et dé- termine ainsi la contraction du corps. Les principaux phénomènes relatifs à la chaleur s’ex- pliquent donc naturellement en admettant que le calo- rique est un fluide sui generis susceptible de s'unir inti- mement à la matière ou de s'y incorporer, et de lui communiquer ainsi des propriétés nouvelles, et entre autres une puissance répulsive qui contre-balance plus ou moins l'attraction moléculaire. Rien ne s'oppose non plus (155) à ce que, pour ne pas multiplier outre mesure l'existence de ces fluides spéciaux impondérables, nous considérions le calorique comme n'étant autre que le fluide électrique naturel ou latent, dont la décomposition est nécessaire pour produire les phénomènes électriques. En effet, comme tous les corps renferment ce fluide électrique complexe, on concevrait ainsi que tous doivent renfermer aussi du calorique; et si, pendant que ce fluide vient à se décompo- ser ou à se dédoubler dans les corps pour les rendre élec- triques , leur température ne s’abaisse point, on peut l’at- tribuer à ce que le même fluide afflue du dehors, soit par radiation , soit de toute autre manière, avec autant de ra- pidité qu’il se décompose. Nous sommes loin d'affirmer cependant que l'hypothèse que nous cherchons à défendre sur la nature du calorique salisfasse à tous les phénomènes produits par ce dernier. Il règne sur cette matière encore beaucoup d’obscurité, et jusqu'ici nous ne pouvons pas expliquer encore d’une ma- nière complétement satisfaisante la production du calorique dans diverses circonstances données, et entre autres par le frottement (1). Mais sil’hypothèse en question laisse encore beaucoup à désirer, quant à la possibilité d'expliquer par son (1) Quelques-uns ont cru pouvoir expliquer le développement de chaleur par le frottement, en supposant que le calorique peut se modifier de manière à acquérir plus d'intensité d'action sans que pour cela sa quantité soit aug- mentée. Ils admettent aussi que lorsqu'un corps devient lumineux par l’action de la chaleur, il y a transformation du calorique en lumière; et en effet, plus la température d’un corps s'élève, plus les rayons calorifiques qui en émanent semblent se rapprocher, quant à leur vitesse et autres qualités, de celles qui sont propres aux rayons lumineux. De même, disent-ils, la lumière la plus Mive peut se transformer en calorique obscur, lorsqu'étant absorbée par les Corps opaques, surtout à surface noire, elle en émane ensuite sous forme de (154) moyen tous les phénomènes de la chaleur, du moins nous ne connaissons aucun fait précis qui lui soit directement contraire ou qui puisse servir à en démontrer la fausseté. Il est vrai que, tout récemment, deux physiciens français très- distingués sont venus annoncer à l’Académie des sciences de Paris qu'il pouvait y avoir réunion de fluides électriques de nom contraire sans production de chaleur, ce qui ne permettrait plus de considérer le calorique comme un résultat immédiat de cette réunion; mais les expériences sur lesquelles ils se sont basés pour établir leur proposition sont loin de conduire à une pareille conséquence, comme il me sera facile de le prouver. MM. de la Provostaye et Desains ont lu à l’Académie des sciences, dans sa séance du 14 novembre 1855 (1), une notice où ils tendent à prouver que lorsque deux courants galvaniques passent simultanément à travers un fil métal- lique suivant des directions opposées, ils ne produisent aucune chaleur dans le fil; ce qui renverserait compléte- ment l'hypothèse que le calorique füt un produit immédiat de la réunion des électricités contraires, quelle que soit la direction suivant laquelle se fait cette réunion. Voici l'expérience fondamentale sur laquelle s'appuient les deux rayons calorifiques obscurs, ne pouvant plus traverser le verre. Ces sortes de modifications d’une seule et même substance ne présentent rien d’invraisem- blable, depuis que nous connaissons les nombreuses modifications allotro- piques dont sont susceptibles plusieurs substances matérielles, telles que le soufre, le phosphore, le carbone, etc. Au reste, je crois inutile de m’appesan- tir sur ces considérations, plus ou moins étrangères à l’objet de cette notice, qui a pour principal but de montrer que le courant galvanique est une source constante de chaleur. (1) Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, t. XXXVII, pp. 749 et suiv. CA (155) physiciens français. Il ont pris deux piles pareilles, P N et P'N' (fig. 1), disposées parallèlement l’une à l’autre avec opposition de pôles, comme dans la figure ci-jointe, et HAE TR ENAUNG TTL le / \ | @ . LA Po Le ayant leurs pôles en communication par les fils métalli- ques a c d b et a’ c’ d'b'. Ces fils sont évidemment le siége de deux courants distincts dirigés en sens contraire, elmon- trent par cela même, tous deux, une élévation de tempéra- ture en rapport avec la force respective de chaque pile. Si l’on vient ensuite à rapprocher ces fils de manière à ce qu'ils coïncident dans leurs portions moyennes c d, €’ d'; à l'instant même toute chaleur cesse de se faire sentir dans la partie du fil, où il est devenu double et où, d’après MM. de la Provostaye et Desains, il est le siége de deux courants dirigés en sens contraire, tandis que la chaleur continue à se faire sentir, et est même devenue plus forte dans les parties des fils qui sont restées séparées, savoir : ac, ac, db, db' (fig. 2). 7 Fig. 1. P EP TIOUE CFE & 4 NES né NX ‘4 £ \V 3 Fig. 2 BIFTITNUUNd Kn \5', (156) De prime abord cette expérience semblerait indiquer que lorsque deux courants semblables, dirigés en sens in- verse, traversent à la fois un fil métallique, ils n’en élèvent pas la température. Mais il est facile de voir avec un peu d'attention que lorsque les portions c d et c’ d’ des deux fils conducteurs de la fig. 1 viennent à coincider, comme dans la fig. 2, il ne passe plus aucun courant par cette partie des fils; car alors le pôle P de Ja première pile est mis en commu- nication directe avec le pôle opposé N'de la deuxième pile par le fil métallique a e a’, et le pôle négatif N de la pre- mière pile communique de même avec le pôle P’ de la deuxième pile par le fil b d b’. Les deux piles se trouvent ainsi combinées entre elles de manière à produire un seul système galvanique, siége d’un courant unique passant du pôle P au pôle N° par le fil a c a’; du pôle N° le courant se rend, par l’intérieur de la deuxième pile, au pôle P'; de celui-ci au pôle N de la première pile par le fil b’ d b, et du pôle N le courant se porte à travers la pile au pôle P. II n'y à donc ici pour les deux piles qu’un seul et même cou- rant, dont la direction suit le trajet que nous venons d’in- diquer; et ce courant unique, résultat de la combinaison des deux piles, étant plus intense que celui que peut pro- duire chacune des deux piles prises isolément, l’éléva- tion de température qu'il détermine dans les fils a c, a’ c (fig. 2) sera plus forte que lorsque ces fils ne donnent pas- sage qu'aux courants séparés de l’une ou de l’autre des deux piles, comme dans la fig. 1. Ce qui prouve, au reste, que les fils a c et a’ c sont par- courus par un seul et même courant dans l’appareil repré- senté fig. 2 et non par des courants distincts appartenant à des piles différentes, comme le supposent les physiciens susdits, c’est que lors même que les deux piles sont iné- (487) gales en force, si on place un voltamètre sur le trajet de a c et un deuxième sur le trajet de a’ c ou deb’ d (en y interrompant à cet effet le fil conducteur), on trouve, dans l'état des choses indiqué par la fig. 2, que les deux volta- mètres accusent identiquement le même courant et pré- sentent une égale décomposition d’eau dans le même temps; ce qui n’a pas lieu lorsque les deux fils a bet a’ b’ ne se touchent pas dans leur partie moyenne. Il est facile aussi de montrer que, dans cette dernière partie, il n'y a plus, lors de la coïncidence des fils, le moindre courant, el partant il ne saurait y avoir élévation de température. Pour cela, il suffit de disposer les fils conducteurs des ë PA # \ \g Fig. 3. PL FCI ET EN le ae À *SRRRRREREE deux piles comme l'indique la fig. 5. Ici il y a encore coin- cidence des deux fils aux points correspondants aux lettres cet d; mais dans l'intervalle des points c et d, le fil a b se trouve relevé en arc e f g, de manière à ce que cette partie courbe ne coïncide plus avec le fil a’ L'. Or, si les deux fils coincidant en c et d étaient traversés par des cou- rants en sens contraire dans leurs portions moyennes ou entre les points de coïncidence c et d; en plaçant un vol- tamètre en f, celui-ci devrait accuser un courant tant après la coïncidence des fils en c et d qu'avant leur coïncidence. Or, il n’en est rien, et dès l'instant où l’on vient à établir ToME xx1. — J'° PART. 12 ( 158 ) la coïncidence des fils conducteurs aux points indiqués ei- dessus , tout dégagement de gaz s'arrête au voltamètre que l'on a placé au point f de manière à faire partie du cireuit du fil conducteur a b; c’est ce que j'ai constaté par des expériences faites avec le plus grand soin, en me servant de deux piles composées chacune de 40 éléments zinc et cuivre soudés et mastiqués dans une auge en bois, comme dans le système de Cruickshanks. MM. de la Provostaye et Desains ne sont donc pas par- venus, dans l'expérience qu’ils ont imaginée, à faire tra- verser un fil métallique simultanément par deux courants opposés; et par conséquent, ils n’ont pas démontré, comme ils le supposent, que lorsque deux courants marchent en sens contraire à travers le même corps, ils ne produisent pas d’élévation de température. Lorsque les deux piles sont disposées de manière à ce que leurs pôles soient dirigés du même côté, comme dans la fig. 4, et que l’on fasse coincider dans leur partie moyenne c d les deux fils conducteurs, on observe dans LA S “ N Ne 3 Fig. 4. fr LION | V: “à ddl ed: 04 PTIT LI I ls cette partie que la température s'élève davantage qu'avant la coïncidence; ce qui est très-simple, puisqu’alors il y a deux courants passant simultanément par cette partie moyenne des deux fils. Il est vrai que le conducteur métal- lique dans les points de coïncidence des deux fils ayant ( 159 ) une masse double de chacun de ceux-ci, que je suppose d'égale épaisseur, 1l semblerait qu’un courant d’une inten- sité double ne devrait pas l’échauffer davantage; mais il faut observer que les deux fils, à l'endroit de leur coincidence, s’abriteront mutuellement contre le refroidissement pro- duit par l'air environnant, et que, par conséquent, leur température s’élèvera davantage dans cet endroit que dans les points où ils sont séparés. En me résumant, je conclus que puisque tout courant galvanique, quel que soit le sens dans lequel il est dirigé, produit une élévation de température en rapport avec l’in- tensité du courant, il est permis de voir dans le fluide, dit électrique naturel, résultant du courant, c’est-à-dire de la réunion des électricités de nom contraire, la source de la chaleur que le courant développe constamment. Cette Opinion , qui toutefois n’est qu'hypothétique, est d'autant plus rationnelle et plus admissible, qu’elle nous permet d'expliquer la chaleur qui se développe dans les combinai- sons chimiques, toujours accompagnées, comme on sait, de la neutralisation des électricités de nom contraire dont sont chargés les corps hétérogènes au moment de leur con- tact ouimmédiatement avant leur combinaison. Touteautre explication, imaginée pour rendre raison du développement de chaleur lié aux combinaisons chimiques, est reconnue insuflisante; vu surtout que l’on sait que la chaleur spéci- fique d’un corps composé n’a pas avec les chaleurs spécifi- ques de ses éléments ou parties constituantes un rapport tel qu’on puisse en déduire la production de chaleur qui a lieu au moment de la formation du corps composé. (160 ) Sur les psorospermies ; par Nathanaël Lieberkühn. Dans les reins de certaines grenouilles, j'ai découvert des kysles, qui, par leur contenu, rappellent vivement cer- taine espèce des kystes de grégarines, dont j'ai donné une description détaillée dans mon Mémoire sur le développe- ment des Grégarines. Quelques-uns de ces kystes des reins contenaient une masse granuleuse régulièrement répartie à travers une substance glaireuse; d’autres avaient la masse granuleuse répartie dans de petits amas globulaires ou en forme de fuseau; dans d’autres, ces agglomérations étaient entourées d’une membrane fine, diaphane sans structure et avaient une forme semblable aux psorospermies les plus grands des lombrics ; dans d’autres, ces formations sem- blables aux psorospermies avaient la masse granuleuse partagée en diverses portions distinctes, et parfois ces portions avaient perdu leurs grains et formaient des corps diaphanes en forme de bâtons; dans d’autres se trouvaient des corps psorospermoïdes fusiformes et complétement développés, qui paraissaient être d’une même grandeur, c’est-à-dire, le diamètre longitudinal , d'environ de 0,02” et celui de la largeur de 0,01”. Ordinairement il se trouvait à la fois dans les kystes toutes ou plusieurs des formations mentionnées. La gran- deur des kystes varie de ‘/ à ‘25"° de diamètre. Ils se dis- tinguent des kystes des trématodes, qui paraissent dans l'enveloppe péritonéale des reins, nommément par l’aspect moins limpide et par la résistance moindre qu'ils oppo- sent à la pression. Les corps psorospermoïides complétement développés (161 ) contiennent dans leur membrane sans structure trois ou quatre corpuscules de la limpidité du verre, qui ne mon- trent aucune organisation et apparaissent sous la forme cylindrique , globulaire ou ovalaire; ce n’est que rarement qu'on rencontre plus que quatre de ces corpuscules. Dans un et même corps psorospermoide, ils ont, pour la plu- part, la même forme, mais l’on rencontre aussi toutes les combinaisons possibles de corpuscules globulaires avec les corps diaphanes de bâton ; en outre, on y trouve ordinai- rement un corps globulaire granuleux qui atteint la gran- deur des autres; ou bien on trouve à sa place une foule de grains bien petits qui possèdent un mouvement moléeu- laire bien vif. Cette forme des corps psorospermoïdes est la plus fré- quente; voici les principaux phénomènes que j'ai observés dans leur mode de formation : les bàtonnets diaphanes commençaient un mouvement lent d'en haut et d'en bas; arrivés au sommet de l'enveloppe, ils se recourbaient pour rebrousser chemin jusqu'au sommet opposé; le globule granuleux fut de la sorte serré de côté et d'autre sans jamais se contracter. Revenus en repos, les bâtonnets grandissaient peu à peu, prenaient la forme de globules et remplissaient tellement l'enveloppe du psorospermie qu’on ne pouvait plus les distinguer l’un de l’autre. C'est alors que l'enveloppe crevait et que le globule granuleux sortait suivi des corps diaphanes, qui avaient pris la forme glo- bulaire et se succédaient l’un à l’autre. Cette fois-ci, il y en avait trois qui, sortis de l'enveloppe vide, se contractaient avec une extrême lenteur, mais se dilataient après; l’un d'eux formait à plusieurs reprises des appendices, puis tout mouvement s'éleignit. Le globule granuleux ne se contrac- tait pas. Des enveloppes vides se trouvaient fréquemment. (162) Bien des fois une grande partie du rein est tellement remplie de kystes qu'on ne peut plus s’apercevoir de la substance rénale. Si l’on en prend quelque petite portion et qu’on la déchire pour la porter sous le microscope, on y découvre ordinairement un grand nombre de corps qui ressemblent aux amibes, dont les uns contiennent des grains, tandis que les autres n’en possèdent pas. Beau- coup d'entre eux exécutent encore leur mouvement, d’au- tres n’en montrent pas de trace. Les premiers avancent des appendices tronqués et diaphanes; ces appendices sont tantôt seuls, tantôt au nombre de plusieurs, par- tant à la fois de divers endroits; ils retirent ensuite ces appendices l’un après l’autre, en forment de nouveaux et les retirent encore. En attendant, on voit aussi quel- quefois se former des vacuoles qui disparaissent dans la suite. Les plus petits de ces corps amiboïdes ont la grandeur de ceux qui sont contenus dans les psorospermies. Dans ceux qui contiennent des grains, on voit les derniers de grandeur bien différente; ils sont quelquefois si petits qu'on ne les reconnaît qu’à peine avec les plus forts gros- sissements; d’autres fois, au contraire, ils sont si grands, qu'ils ressemblent de fort près à ceux des kystes que nous avons décrits plus haut. Les corpuscules amiboïdes sont ou bien sans couleur, ouils ont une teinte légèrement jaunà- tre ou rougeâtre. Souvent ils sont pressés étroitement les uns contre les autres et forment une grande masse dans une formation semblable à un kyste. On n’y peut découvrir aucune trace d'organisation. Parmi les corpuseules ami- boïdes qui contiennent des crains, il y en a qui possèdent un nucléus distinct. C’est par cette raison qu'ils sont ana- logues à certaines grégarines du lombric que j'ai décrites (163) dans mon mémoire, c’est-à-dire à celles qui possèdent le nueléus distinct; ils ont, en outre, les mouvements des amibes. De même qu'ailleurs, je n'ai pu isoler aucune membrane enveloppante. Le nucléus, qui parfois, comme dans quelques amibes du lombric, paraît contenir des nucléolus, n’est pas inséré dans une place fixe; au con- traire, il change de place dans les diverses contractions de tout le corps. Les contractions se font quelquefois avec une telle lenteur qu'on ne peut plus les voir, mais il faut les déduire du changement de forme qu'ont subi les cor- puscules grégarinaires, après un certain laps de temps. Je trouvais plusieurs fois, dans les testicules d’un seul et même lombric, dix à douze kystes remplis de pseudo- navicules, avec quatre, cinq ou six globules diaphanes distincts dans l’intérieur, et un corpuscule granuleux. Dans aucun d’eux, je n’ai vu ni plus ni moins de globules, tandis que j'en ai décrit, dans le mémoire, qui se trou- vaient simultanément dans un seul et même kyste et dont le contenu était simple, double, quadruple ou multiple, ou qui ne contenaient qu’un seul globule finement granuleux. Le premier cas offre l’analogie complète de ce que j'ai observé dans les corpuscules psorospermoïdes des gre- nouilles, avec cette différence que je n’ai pas encore vu l'éclosion des globules diaphanes. Quant au développement ultérieur des psorospermies des poissons, je viens de faire les observations suivantes : m'étant aperçu à plusieurs reprises qu'il y avait sur les branchies de l'Esox lucius de petits corpuscules diaphanes à peu près de la grandeur des corpuscules de sang de ce pois- son, qui formaient des appendices tronqués et les retiraient comme font les amibes, je réussis à trouver dans l'œil du (164 ) Cyprinus tinca un kyste collé à la surface interne de la cornée, qui offrait quelques éclaircissements. J'en fis sortir le contenu par la pression, et je le trouvais composé : 4° de psorospermies ordinaires; 2 de psorospermies à membrane relàchée et avec les deux formations qui ressemblent à des nucléus; 5° de psorospermies à membrane enveloppante relàächée et avec une formation de nucléus ; 4° des forma- tions de nucléus libres ; 5° d’un grand nombre de corpus- cules amiboïdes , qui se mouvaient et avaient environ la grandeur des corpuscules de sang. Sur les branchies du Cyprinus brama, j'ai trouvé quelquefois, avec des kystes à psorospermies, encore des kystes à corpuscules amiboïdes, qui, chassés du kyste par la pression, exécutaient les mou- vements des amibes. La bifurcation des psorospermies des lapins, comme l’a vue Kauffmann, est juste; mais la suite de mes recherches m'a prouvé que les psorospermies, provenant du nueléus, forment une espèce toute particulière, qui, par leurs pro- priétés, s’'éloignent tout à fait des autres. Après les avoir laissés dans de l'eau pendant trois mois, ils offraient ordi- nairement dans leur centre un corps granuleux globualaire ou lenticulaire, et dans chaque sommet encore un globule diaphane. On voit que, pour la forme, ceci est la même chose que ce que nous avons vu dans les psorospermies des grenouilles, excepté que les derniers montrent, outre le globule granuleux, encore trois ou plusieurs globules diaphanes, qui n’offrent pas la même régularité pour la position. J'observais encore un autre changement dans les psoro- spermies des lapins que j'avais laissés dans de l’eau pendant plusieurs mois, cependant je ne puis prouver que ce chan- gement soit survenu dans l’eau. A la surface du nucléus se ( 165 ) voient un grand nombre de globules diaphanes sans structure aucune. J'en comptais parfois jusqu'à seize, sou- vent il n'y en avait pas autant, mais pourtant au moins six. Dans d’autres psorospermies le nucléus s'était partagé en deux, trois, quatre ou cinq formations globulaires, et chacune d'elles contenait deux, trois, quatre ou cinq globules diaphanes. Dans ces deux cas, je n’ai pu m'aper- cevoir de l'éclosion des globules diaphanes, comme je l'ai fait connaître chez les psorospermies des grenouilles. Dans le sang, il y a un grand nombre de corpuscules de la grandeur et de la forme des corps amiboïdes que nous venons de décrire; ils ont également la faculté d'exécuter des mouvements comme ceux-là. Ils ont été souvent le sujet de descriptions sous le nom de corpuscules de sang incolores. Henle parle, dans son Allgemeine Anatomie, p. 442, de ceux des grenouilles comme suit : Sie sind kleiner als die farbigen Kôrperchen , beim Frosche 0,005” im Durchmesser, aber fast um das Doppelte groësser als die Kerne der letztern, kugelig jedoch nicht vollkommen kreis- rund, sondern etwas platt gedrückt, auch unregelmässig , keulenfürmig, mitunter fast noch einmal so lang als breit ; sie haben eine schwach kürnige Oberfläche, ähnlich den grôs- sern Kügelchen der Lymphe und gleich diesen verändern sie sich im wasser nicht oder nur langsam. Voilà ce qui est parfaitement juste, car c’est ainsi qu’on les trouve, mais ils changent pendant qu’on fixe l’attention sur eux. Si, par exemple, on regarde attentivement pendant quelque temps un corpuscule en forme de massue, on le verra reprendre sa forme globulaire sans qu'on puisse voir di- rectement le mouvement, seulement on peut conclure qu’il à eu lieu par suite des différences d'aspect ; après, ( 166 ) il peut reprendre de nouveau la forme de massue, ou le globule avance peu à peu un appendice et le retire, - en avance un autre dans une autre place et le retire en- core, ou bien il avance en même temps plusieurs appen- dices pour les retirer ensuite. Ce que Nasse raconte, pour montrer les formes transitoires des globules de lymphe aux globules de sang, on peut parfois les voir dans l’espace de quelques minutes : an den Lymphkôrperchen wächst auf zwei gegenüberstehenden Seiten ein platter abgerundeter Flügel heraus, der allmählig das ganze Kügelchen umfasst ; Je grôsser, breiter und dicker die Flügel werden, desto mehr verkleinert sich der kern. Comme ici la masse centrale et dense diminue toujours à mesure: que les ailes croissent, on peut voir, quelques minutes après, arriver le contraire, c’est-à-dire que les ailes diminuent et que le globule re- prend sa grandeur originaire. Pour les corpuseules de sang incolores du Cyprinus brama , j'ai observé les mêmes phénomènes. Aussi bien dans ce poisson que dans les grenouilles, il y a des corpus- cules amiboïdes avec ou sans contenu finement granuleux sur les branchies. Ces animaux ont des corpuscules de sang incolores, dont le contenu est granuleux ou non, qui exécutent aussi les mouvements décrits. Je n'ai pu trouver de différence entre les corps amiboïdes des reins des grenouilles et des branchies des poissons, ni entre les corpuscules de sang incolores, du même animal, qui se meuvent. Dans le sang des lapins, des chiens, des chats et de l’homme, j'ai observé la même faculté de se mouvoir dans les corpuscules de sang incolores, mais il est plus difficile de l’apercevoir que dans la grenouille, à cause de la petitesse des objets. Kôlliker, dans son Handbuch der Gervebelehre, p. 566, explique la déchiqueture des corpus- (167) cules de sang incolores par l'effet de la grande concen- tration des liqueurs, causée par l’évaporation de l'eau. Pour éliminer totalement l'influence de l’évaporation, je portais une gouttelette de sang sur un porte-objet du mi- croscope, dans le moment où je venais de le tirer d'une grenouille vivante; je le couvrais à l'instant d’un verre et j'entourais les bords communs d’une couche de graisse. Lorsque, cinq heures après, je regardais par le micros- cope, les corpuseules de sang rouges étaient encore pour la plus grande partie sans aucun changement, tandis que les corpuscules incolores avaient encore leurs appendices et les retiraient, ou s'étranglaient au milieu comme pour former deux globules ; ils reprenaient ensuite leur forme globulaire. Une preuve que, par cette méthode, le liquide était à l'abri de l’évaporation , c’est qu'après quatre-vingl- dix heures, la sérosité se trouvait encore sous le verre, tandis que les globules de sang incolores n'étaient plus reconnaissables; les globules rouges étaient pour la plu- part ridés, des autres il ne restait plus que les nucléus. Cette expérience ne s'accorde pas avec l’explication de Külliker. Le terme de corpuscule de sang incolore, d’après l’expé- rience précédente, n’a pas d'autre signification que de distinguer les corpuscules incolores, des corpuscules co- lorés et des autres formations connues. Jusqu'à présent, aucun observateur n’a prouvé que des corpuscules inco- lores donnent naissance aux corpuscules colorés, aussi jusqu'ici ignore-t-on leur origine. Dans l'embryon, on n’a pas pu les trouver. Aussi dans la lymphe de la grenouille, recueillie d’a- près le procédé de J. Müller, par incision de la peau de la cuisse, je trouvais des corpuscules incolores qui exécu- (168) taient les mêmes mouvements que les corpuscules inco- - lores du sang. EXPLICATION DE LA PLANCHE, Fig. 1. Une pseudonavicule du lombric, contenant cinq globules diaphanes et un globule granuleux; gross. 1140. 2. Un psorospermion du lapin; à la surface du nucléus se voient six globules diaphanes, sans structure aucune; gross. 1140. . Un psorospermion du lapin contenant trois psorospermies, avec un corps granuleux au centre et un globule diaphane dans chaque sommet; gr. 1140. 4. Un corps grégarinaire de la grenouille; gross. 570. . . Un corps amiboïde de la grenouille; gross. 570. 6. Un corps psorospermoïde de la grenouille; gross. 1140. (2 | ot — M. Wesmael communique une notice écrite en latin, pour faire suite à celle qu'il a insérée dans le Bulletin de décembre dernier; elle est intitulée : Jchneumones ambly- pygi europaeiae. Descriptiones et adnotaliones novae. Cette notice sera publiée dans l’Appendice aux Bulletins de 1855. — M, Van Beneden communique la note suivante : « M. Max. Schultze vient de publier, dans une lettre écrite à M. Külliker, le résultat de ses observations z00- logiques faites, à la fin de 1852, à Trieste, à Venise et à Ancône (1). » Parmi ces curieuses recherches se trouvent quelques (1) 7erhand. d. Wür:b. phys. med, Ges. Bd. IV, 1855. k à 1 ull. de /: lead. loy. Tor. > 7 6 part. page 106. \KE | \TE \ 4 53 Ô.. 4. D ( 169 ) nouveaux détails sur l’anatomie des cestoides à l’état de proglottis, et comme ce résultat s'accorde parfaitement avec celui que j'avais obtenu déjà au commencement de 1852, et qui est consigné dans un billet cacheté déposé à la séance de mars de 18592, j'ai l'honneur de prier Mon- sieur le directeur de la classe de vouloir bien décacheter ce billet et d’ordonner l’impression du contenu dans le Bulletin de cette séance. » Je pense qu'il est inutile de faire reproduire la planche qui accompagne cette note; il suffit qu'elle reste déposée dans les archives. » Conformément au désir de M. Van Beneden, la classe a ordonné l'impression de la note suivante, contenue dans le billet cacheté déposé dans la séance du 6 mars 1852, et portant la date du 15 février de la même année : « D’après mes dernières recherches sur les Trématodes, » et à juger par analogie, l'appareil sexuel des cestoïdes » est composé comme suit : » Les grandes vésicules que l’on découvre de très-bonne » heure et qui sont logées au milieu du corps, sont les tes- » ticules, et le cordon flexueux unique, le canal déférent. » J'avais pris ce dernier pour le testicule. » Les glandes noires, qui s'étendent dans toute la lon- » gueur du proglottis, ne sont pas des glandes cutanées, » mais bien le vitellogène; cet organe est situé lout à fait » de même dans le distome téréticolle. Le canal que » J'avais regardé pour le vitellogène est le vitelloducte. » P.-J, Van BENEDEN. » Louvain, 45 février 14852. » _—.+—— (170) CLASSE DES LETTRES. Séance du 6 mars 1854. M. »E Ra, directeur. M. QuereLer , secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le chevalier Marchal , Grandgagnage, Roulez, Lesbroussart, Gachard, Borgnet, le baron Jules de Saint-Genois, Van Meenen, Paul Devaux, De Decker, Schayes, Snellaert, Bormans, Polain, Baguet, membres ; Nolet de Brauwere Van Steelandt , associé ; Arendt, Ser- rure, Chalon, correspondants. MM. Éd. Fétis et Alvin, membres de la classe des beaux- arts , assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur écrit au sujet du projet présenté par M. Le Glay, conservateur des archives du département du Nord, à Lille, de joindre à la collection diplomatique de Miræus un supplément rectificatif dont l'impression se ferait aux frais du gouvernement belge et sous la direction de la Commission royale d'histoire : « Tout en reconnaissant l'utilité de cette proposition, dit M. le Ministre, je désire, avant de prendre une déci- ME OR, comes a Se CEE SE de ES EE | | (171) sion, recevoir un aperçu approximatif de la dépense que nécessiterait l'exécution du projet de M. Le Glay. » Il sera satisfait à cette demande. — M. le secrétaire perpétuel communique une lettre de M. le baron de Hammer-Purgstall de Vienne, associé de l'Académie , au sujet d’un article de M. le chev. Marchal, inséré dans le tome I° des Bulletins de la Compagnie pour 1852, page 461. « Je n'ai point dit, remarque M. de Hammer, ce que M. Michaud me fait dire, que le mot de Baphomet n’est que celui de Mahomet. J'ai dit au con- traire, que Nicolaï a eu fort raison de prétendre que ce n'est que le Gays Mare où Myzx, ce dont il n'y a pas le moindre doute depuis que j'ai retrouvé ce même mot dans l'inscription de l’un des deux coffrets baphométiques de M. le duc de Blacas. « M. Mignard de Dijon, ayant donné les pièces Jus- lificatives qui prouvent que l’un de ces deux coffrets a été effectivement trouvé dans les ruines d’un couvent des Templiers, près d'Éperois, en Bourgogne, je commencerai, dans la séance du 4 janvier, la lecture d'un mémoire destiné au recueil de l’Académie (de Vienne) sur les trois ouvrages de M. Mignard, qui ne s’est occupé que du coffret, | de Bourgogne. Mon mémoire sur les deux coffrets de M. de L Blacas, ayant été distribué par feu M. le duc de Blacas, sans qu'il ait été jamais dans la librairie; je donnerai à cetle occasion , une notice très-détaillée de l’autre coffret qui a été trouvé en Toscane, et je citerai des actes du procès publiés par M. Michelet, les passages qui sont d’ac- cord avec les sculptures du coffret. Cette justification de mon opinion émise dans le Mysterium Baphomelis reve- latum , il y a vingt-cinq ans, vient un peu tard... » (172) — M. Gachard présente de la part de M. le baron de Brochausen , ministre de Prusse, un fac-simile d’une lettre autographe du roi de Prusse Frédéric IL, à son ministre d'État et de cabinet le comte de Finckenstein. Cette lettre, datée du 40 janvier 1757 , indique quelles sont les disposi- | tions à prendre pour le cas où des revers frapperaient les armées prussiennes, ou bien dans celui où le roi, lui- même, viendrait à être fait prisonnier ou à succomber. Des remerciments seront adressés à M. le baron de Brochausen. RAPPORTS. L'administration communale de Malines avait soumis à l’avis de l’Académie des projets d'inscription pour Îles quatre faces du piédestal de la statue de Marguerite d’Au- triche, érigé sur la grande place de la ville. M. Roulez, à l'examen de qui ces projets avaient été renvoyés , propose quelques modifications ; et, après mûr examen , la classe adopte l'inscription suivante : MARGARETAE AUSTRIACAE BELGIO PRAEFECTAE LITERARUM ET ARTIUM QUAS ET IPSA COLUIT FAUTRICI PACIS CAMERACENSIS AUCTORI ( 17 ) CUI MECHLINIA ALTERA PATRIA FUIT REGNANTE LEOPOLDO I S. P, Q. M. PP. MDCCCXLIX. Cette nouvelle rédaction sera proposée à l’administra- tion commuñale de Malines. —_ M. Van Meenen présente, de la part de M"° Louisa Stappaerts, une pièce de vers manuscrite, à la mémoire de M. De Hemptinne, membre de l'Académie, décédé au mois de décembre dernier. — Remerciments. __ La classe s'est occupée ensuite de différentes aflaires d'intérieur. | ToME xx1, — F° PART. 45 (174 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 2 mars 1854. M. Navez, président de l’Académie. M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, F. Fétis, G. Geefs, Hanssens, Madou, Suys, Jos. Geefs, Erin Corr, Snel, Fraikin, Partoes, Baron, Éd. Fétis, Edm. de Busscher, membres; L. Calamatta, associé; Bosselet, Balat, Corres- pondants. M. le baron J. de Saint-Genois, membre de la classe des lettres, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur transmet uve expédition de l'arrêté royal du 51 janvier dernier, qui approuve l'élec- tion de M. de Busscher, en qualité de membre de la classe des beaux-arts. Par une seconde lettre, M. le Ministre de l’intérieur communique les rapports trimestriels de MM. Carlier peintre, et Debock, sculpteur, lauréats du grand concours me — ( 175 ) de l’Académie royale des beaux-arts d'Anvers. Il est donné lecture de ces rapports. — M. le baron A. de Peellaert fait hommage d’un nouvel ouvrage de sa composition. — Remerciments. RAPPORTS. M. Madou fait connaître que, conformément aux instruc- tions de l’Académie, il a examiné, avec MM. Leys et Ver- boeckhoven, les grands tableaux de Rubens, nouvellement restaurés, et il donne lecture du rapport suivant : « La commission nommée par vous pour se rendre à Anvers , afin de donner son avis sur l’état de restauration des tableaux de Rubens, s'y est trouvée réunie, au jour et à l'heure indiqués par la lettre de convocation, au nombre de trois de ses membres, et après un certain temps d'attente de-ses collègues, elle s’est occupée de l'examen scrupuleux des travaux de restauration de ces peintures. » La commission a regretté que M. Leroy, chargé de ces travaux, ne se soit pas trouvé sur les lieux pour l'éclai- rer de ses renseignements sur plusieurs points, Cependant un de ses membres, faisant également partie de la com- mission de surveillance et qui était présent, a pu fournir quelques éclaircissements essentiels. » La Descente de croix, de même que l’Élévation, avec leurs deux volets, étaient exposées à la vue de la commis- Sion , el l'examen consciencieux qui a été fait des travaux ( 176 ) de restauration de ces tableaux a été tout favorable à la personne qui en était chargée. Ces travaux nous montrent actuellement les chefs-d'œuvre de Rubens dans tout leur éclat et dans toute leur pureté primitive. Ces magnifiques peintures, naguère si endommagées, présentent mainte- nant à la vue une surface unie, et les parties qui se déla- chaient de certains endroits des panneaux, y paraissent parfaitement adhérentes. Plus aucune trace de repeints, les touches du grand artiste ont toutes reparu ; plus d'ou- vertures des joints; elles ont été complétement fermées, et Ja commission déclare avec plaisir, Messieurs, qu’on n’a qu'à se louer d’avoir employé à ce travail difficile l’homme qui a consacré tout son talent à redonner la vie aux mer- veilles de l’art flamand. » La restauration des deux volets de l'Élévation de la croix n’est pas terminée, mais bien que ce travail ne soit pas achevé, on peut constater d'avance qu'il ne laissera rien à désirer, si on en juge par ce qui à été fait précé- demment. » Quant aux revers des volets de la Descente de croix, la commission n’a pas pu en juger, vu que, dans ce mo- ment, les tableaux sont fixés de manière à ne pouvoir être retournés. Ces restaurations, d’ailleurs, ne sont pas encore achevées. » Îlest un point essentiel qui à fait l’objet de la préoc- cupation constante de la commission, c’est celui de la durée du travail de restauration. » Bien que l’opinion, à l'égard des moyens employés par l’auteur, puisse varier chez les membres de la commis- sion, elle a cependant été unanime pour déclarer qu'il est difiicile de juger présentement de ce que l'avenir pourra nous apprendre dans un temps plus ou moins reculé. CAM ) » La commission termine, en témoignant le désir qu’une commission permanente, composée d'artistes an- versois (la commission actuelle de surveillance, par exemple) soit chargée, par la suite, de l'entretien de ces tableaux, et soit constamment occupée du soin de les con- server dans leur état de fraicheur actuelle. » M. Navez fait connaître que l’état de sa santé ne lui a pas permis de se joindre à ses confrères, dont il approuve, d’ailleurs, entièrement le rapport. Il avait examiné déjà les grands tableaux de Rubens, depuis leur restauration , et les avait trouvés dans le meilleur état. Les conclusions du rapport sont approuvées, et il en sera donné communication au Gouvernemeut. — Il est rendu compte des résultats de la séance tenue dans la matinée, par la commission, pour l'encourage- ment de la littérature et de l'art dramatiques en Belgique. Les membres présents étaient MM. Gachard, le baron Jules de Saint-Genois, Quetelet, Alvin et Snel. — La classe reçoit également communication des résul- tats de la dernière séance du comité administratif de la Caisse centrale des artistes belges, et des mesures qui ont été prises dans l'intérêt de cette institution. MM. Zulich, chef de musique du 5° régiment de ligne, Heïnevetter, chef de musique du 2”° régiment de chasseurs à cheval, et Vanden Eycken, peintre à Gand, ont été nommés mem- bres de l'association. (178) Notice sur Liévin Van den Clile, peintre gantois du XVre siècle ; par M. Alex. Pinchart. Rapport de PI. Ed. N'élis. « Le titre de la notice adressée à la classe par M. Alexan- dre Pinchart fait concevoir une espérance que la lecture de ce travail, curieux d’ailleurs sous plusieurs rapports, ne réalise pas. On s'attend à voir exhumer la physionomie complète de l’un des maîtres de notre ancienne école, laissé jusqu’à ce jour dans un injuste oubli; on compte sur des détails biographiques qui feront connaître l’homme et l’ar- tiste, sur un aperçu de ses travaux et sur une appréciation de leur valeur relativement à la situation de l'art flamand avant la brillante époque des Van Eyck. Malheureusement les renseignements recueillis par M. Pinchart sur le pein- tre dont un document des archives lui a révélé le nom, ne lui ont pas permis de donner cette satisfaction à la cu- riosité des archéologues. Une seule indication certaine lui a été fournie par un registre de la chambre des comp- tes. Pour tout le reste, il en est réduit aux conjectures. » L'auteur de la notice sur Liévin Van den Clite fait remarquer que les écrivains qui, depuis trois siècles, se sont occupés de l’histoire de la peinture flamande, ont pris pour point de départ la période marquée par l’appa- rition des frères Van Eyck. Ces écrivains, dit-il, ont fait preuve d'ignorance ou bien ont craint de fouiller dans le chaos des temps antérieurs. Les torts qu'il leur reproche furent ceux de tous les auteurs d'histoires générales et particulières publiées jusqu’à nos jours. Ce n’est que de- (179 ) puis peu qu'on s’est avisé de remonter aux sources origi- nales, de fouiller dans les archives, de dépouiller des comptes, d'extraire d’une foule de documents d’une appa- rente aridité des particularités curieuses pour l’histoire politique, ainsi que pour celle des mœurs, des sciences, des lettres et des beaux-arts. Les historiens des derniers siècles sont restés dans le domaine des idées de leur temps. Il ne faut pas trop se presser de les condamner, en les jugeant au point de vue des nouvelles méthodes d'investigation archéologique. Ils ont eu leurs défauts; nous avons les nôtres. S'ils ont trop généralisé toutes choses, peut-être nous attachons-nons trop à la recherche des petits faits particuliers. Disons plutôt qu’ils ont fait leur besogne et que nous faisons la nôtre. En ce qui concerne les études historiques, notre époque est une époque de transition. Nous rassemblons, en exploitant des mines vierges, des matériaux qui pour- ront être plus tard rattachés à une même pensée et former les éléments d’un travail d'ensemble. La notice de M. Pinchart ne contient, comme je viens de le dire, qu’un seul fait relatif à Liévin Van den Clite; c'est l'indication d’un tableau que peignit cet artiste, en 1415, pour l’une des salles du conseil de Flandre. Une cir- constance assez piquante, dont il est fait mention dans le registre de la chambre des comptes, savoir qu'une partie du prix du tableau en question fut payée au moyen d’une amende imposée au bailli de Hulst comme punition de sa désobéissance envers le duc de Bourgogne, a donné lieu à M. Pinchart de citer un grand nombre de cas semblables, où l’exécution d'une œuvre d'art avait été le résultat de condamnations judiciaires ou fiscales. C’est là le véritable sujet de sa notice dont Liévin Van den Clite n’est, à propre- ( 180 ) ment parler, que le prétexte. Les faits rapportés sont pré- cis et curieux. L'histoire des mœurs en fera son profit, aussi bien que celle des arts. Le tableau de Van den Clite, dont le compte relevé par M. Pinchart indique le sujet et qui représentait le Jugement du Christ, a disparu. Peut-être fut-il détruit aux époques de troubles politiques et religieux, peut-être se trouve-t-il dans quelque collection particulière, et les renseignements contenus dans la notice qui vous est soumise aideront-ils à le faire reconnaître. Ce n’est pas là un des effets les moins utiles des recherches qui se font de nos jours dans les dépôts d'archives. Il existe dans les galeries privées et dans les musées publics des productions remarquables des anciennes écoles dont les auteurs sont inconnus ou aux- quelles on a attribué une paternité présomptive en procé- dant par assimilation. 1l pourra suflire d’un extrait de compte, d'un inventaire, d’une charte ou, comme le prou- vent les faits rapportés dans la notice de M. Pinchart, du texle d'une condamnation judiciaire pour fixer leur véri- table origine. J'ai l'honneur de proposer à la classe l'impression du travail de M. Pinchart, non comme étant une notice sur le peintre dont un doeument inédit des archives de l'État vient de révéler l'existence, mais comme offrant un véri- table intérêt par des détails relatifs à l’histoire des mœurs et des arts dans nos provinces. » (181) Rapport de M. De Busscher. | « La notice de M. Alex. Pinchart sur Liévin de le Clite ou Van den Clite, peintre gantois au XV" siècle, nous prouve combien de découvertes il nous reste à faire dans le do- maine archéologique, pour arriver à la pleine connaissance de l’histoire primitive de la peinture en Belgique, et par- ticulièrement dans les Flandres, le berceau d’une école justement renommée. Malgré la liste nombreuse des pein- tres affiliés à la corporation gantoise de 1358 à 1559 (1), liste publiée récemment dans les Annales de la Société royale des Beaux-arts et de Littérature de Gand (2), il est hors de doute que bien des noms inconnus, révélés for- tuitement peut-être, viendront grossir encore les rangs des peintres qui, durant cette période, ont travaillé à Gand et pour Gand. | Comme l’auteur de la notice, nous avons la conviction que la liste susdite présente des lacunes, des omissions : un acte du 25 août 1461, extrait du registre annal des échevins de la keure à Gand, porte, par exemple, qu'à celle date a été reçu franc-maitre peintre Æenri Scelline , sous le doyenné de Guillaume le Ritzere. Ni Henri Scelline, ni Guillaume le Ritzere ne sont annotés sur le livre de la première corporation gantoise; mais nous savons aussi que fréquemment des peintres étrangers à la ville de Gand (1) Voyez le n° 2 du tome XX: des Bulletins de Académie de Belgi- que et le journal artistique de Bruxelles, Za Renaissance, tome XIV, pp. 153-156. (2) Tome IV, 1851-1859, pp. 291-598, "(482 } y Séjournèrent, pour y exécuter des tableaux ou autres peintures commandés par les comtes de Flandre, par la magistrature communale ou judiciaire, par des corpora- « tions de métiers, des institutions religieuses, des particu- liers donateurs de semblables cadeaux ou ex voto. Nulle part nous n'avons rencontré la défense d'appeler à Gand des artistes étrangers, maîtres peintres ou sculpteurs affi- liés aux corporations de leur résidence habituelle. Seule- « ment, ils n'obtenaient l'entière franchise de profession , c’est-à-dire la faculté de tenir atelier et apprentissage, | qu'en se conformant aux priviléges et prérogatives du mé- tier gantois. u Les peintres et les sculpteurs étrangers, appelés dans une ville pour l'exécution de travaux artistiques, el ceux qui, voyageant de cité en cité, s’arrêtaient là où des com- mandes leur assuraient l'exercice momentané de leur pro- fession, n’y pouvaient d’ailleurs prendre la franche mai- trise qu'après un séjour dont la durée était déterminée. A Gand, il fallait avoir acquis le droit de bourgeoisie, et ce droit ne se conférait, sauf exemplion, qu'après une année de domicile réel. Ceci nous portera à rechercher quelles exemptions pouvaient être accordées à Gand aux artistes, résidents ou étrangers, de par le comte, le magistrat , le conseil de Flandre, de par le métier même, et sous quelles conditions. De 1552 à 1567, nous rencontrons dans les comptes du magistrat de Gand le peintre Siger vander Woestyne. Il exécuta chaque année les ornements des bannières et du riche couvre-chàsse /cappe tonser Vrouwe fierter bouf van Doornicke) qu'une députation gantoise allait offrir solennellement à Notre-Dame la Brune ou Notre-Dame Flamande, à Tournai, lors de la fête de l'Exaltation de la (183) S®-Croix. Ce Siger vander Woestyne n’est pas cité comme franc-maître du métier de Gand, et il en est de même de Pierre van Beercvelt, de Jean van Bassevelde, elc., que mentionnent les comptes. Aux années 1410, 11, 42, 15, 14 et 15, nous avons le peintre Roger (Roegerre), qui ne s’affilia à la corporation gantoise qu'en 1414. Il y est enregistré sous le nom de Roger de Bruxelles {Roegier van Brusele). Le magistrat de Gand paya, en 1417, à ses héritiers et à sa veuve, pour reliquat de compte, xvus escalins de gros (1). En 1585, Jean van Hasselt, dont parle M. Pinchart dans sa notice, fit un tableau d'autel pour l’église des cordeliers à Gand, et il paraît qu'il travailla aussi au château comtal de Ten Walle (la cour du prince) en cette ville. Le livre de la corporation ne fait pas mention de Jean van Hasselt, mais on y voit figurer, en 1404, Roland vander Hasselt, peintre, qui probablement était son fils, et s'établit dans la métropole flamande. L'indication de « peintre demeurant à Gand » ne prouve donc pas que Lievin de le Clite ou van den Clite soit gan- tois de naissance. Si M. Pinchart n’a pas d’autres rensei- gnements à cet égard que ceux qu'il rapporte dans sa notice, nous croyons pouvoir surseoir notre opinion quant au lieu natal du peintre qui exécuta pour le conseil de Flandre, en 1415, le Jugement du Christ. « Liévin van den Clite, dit M. Pinchart, fut un des » derniers représentants de l'école flamande qui précéda » celle des frères Van Eyck. La somme de Lxns & parisis (1) Nous signalons ce Roger de Bruxelles et ces deux dates, 1414 et 1417, à l'attention de M. Alphonse Wauters. (184) | payée pour son tableau de 1415, et la circonstance de. sa restauration en 1482, par Augustin de Brune, au. prix de xxx & parisis, témoignent que le Jugement du Christ était une œuvre de mérite. » | A défaut de données plus précises, le mérite des an- ciennes œuvres d'art, aujourd’hui disparues, ne peut guère être estimé que par le prix qu’elles ont coûté primitive- ment. La somme de Lxu14 & parisis nous semble, en effet, « assez élevée. Jean van Hasselt ne reçut du duc de Bour- gogne, Philippe le Hardi, que Lx francs pour son tableau | de l’église des cordeliers de Gand. Aux XIV" et XV" siè- . cles la livre parisis et le franc avaient la même valeur (1). Si les détails que fournit la notice de M. Pinchart sur « Liévin van den Clite sont incomplets, il en est ainsi le plus souvent des indications que nous trouvons dans les vieux documents de nos archives. Jls nous livrent à l'improviste le nom d’un artiste peintre ou sculpteur, la mention d’une production plastique ignorée ou détruite, en nous refu- sant lout autre renseignement. Sans cesse notre curiosité est excitée, rarement elle est entièrement satisfaite. Sous un autre point de vue, la notice présente un véri- table intérêt historico-artistique. Les exemples que M. Pin- chart nous cite de condamnations judiciaires, amendes et punitions, libérées ou rachetées au moyen du payement intégral ou partiel d'œuvres d’art (Lableaux, vitraux peints, statues et sculptures) données à des églises ou destinées à décorer des monuments publics, nous révèlent une source non tarie, une nouvelle route à parcourir. MC ES EN 2 (1) La ivre parisis et le franc de l'année 1400 répondent à environ douze francs de la monnaie actuelle. ‘(18 ) Plus nous avancerons dans cette voie, plus l'horizon s'étendra; mais aussi, plus il s’'éclaircira. Partant de l'exis- tence de cette catégorie de productions plastiques, de leur date certaine, nous parviendrons sans doute à connaitre les artistes qui les ont exécutées. Ces explorations se com- pléteront d’ailleurs par les renseignements déjà recueillis dans d’autres documents, par les indices que nous four- niront encore les archives locales et spéciales. Un jour peut-être ce faisceau de découvertes archéologiques nous permettra d'asseoir l’histoire de l’école flamande sur des bases précises. J'ai l'honneur de me joindre à mon honorable collègue, M. Ed. Fétis, et de proposer à la classe l'impression de la notice soumise à notre appréciation. Je partage le sentiment de M. Fétis sur l'utilité de cette insertion dans nos Bulletins, et comme lui, je ne puis admettre les reproches adressés aux premiers écrivains esthétiques. L'auteur de la notice n’ignore pas combien il était difiicile jadis de se renseigner aux sources authen- tiques. Si nos archéologues et nos écrivains modernes, grâces à leurs investigations historiques et artistiques, S'initient aux particularités les plus intimes du passé, c'est qu'ils ont le libre accès aux vieilles archives, si long- temps enfouies, si longtemps inaccessibles. » Les conclusions des deux rapports précédents sont adoptées. ( 486 ). COMMUNICATIONS ET LECTURES. Notice sur Liévin Van den Clite, peintre gantois du XVre siècle; par M. Alexandre Pinchart. ] : Liévin Van den Clite est un des derniers représentants * de l’école flamande qui précéda celle des frères Van Eyck. « Il habitait Gand au moment où ces illustres fondateurs | de l’école nouvelle appliquaient pour la première fois à Bruges les procédés d’une méthode qui devait bientôt ré- volutionner complétement l’art de la peinture. Son nom est un de ceux qui étaient alors très-répandus en Flandre, et notamment à Bruges (1) : peut-être sa famille et celle des Van den Clite, seigneurs de Commines sous les ducs de Bourgogne, ont-elles une origine commune. Quant à ses œuvres, elles ont disparu comme la plupart des produc- tions de ces nombreux artistes du XIV”"* siècle, tels que Jean Van Hasselt, Jean Coene, Melchior Broederlain, Jean Van Woluwe, etc., qui enrichissaient les hôtels et les châteaux des comtes de Flandre et des ducs de Brabant, et les hôtels de ville des opulentes cités de Gand, d'Ypres et de Bruges. Les noms de ces peintres ont partagé le sort (1) Voy., entre autres, le compte de la ville de Bruges de 1409-1410, aux Archives du royaume, qui mentionne l'admission d’un Vietor Van den Clite, comme bourgeois de cette ville. Nous avons écrit Liévin Van den Clite et non de le Clite, comme dans le document qui nous mentionne ce peintre, parce que ce n’est évidemment qu’une traduction française de son nom. (487) des tableaux et des fresques. Les documents nous en ont conservé quelques-uns; combien d’autres ne resteront pas éternellement cachés! Mais à quoi bon s’efforcer de leur donner de la publi- cité, nous objectera-t-on, puisque leurs travaux sont perdus pour la postérité? A ceux qui diraient que nous pourrions nous contenter de connaître les auteurs des peintures encore aujourd’hui existantes dans nos églises, dans nos chapelles et dans nos musées, nous répondrons qu'il ne suflit point, pour se rendre compte de la marche progressive de l’art sous les règnes de Jean sans Peur et de Philippe le Bon, et de sa décadence peu d'années après la mort de ce dernier prince, de posséder des échantillons du talent et de l’habileté des quelques peintres dont la renommée et les œuvres sont venues jusqu'à nous. Il faut y ajouter tous les renseigne- ments qu'il est possible de recueillir sur les tableaux dé- truits, pour se faire une idée exacte de ce que fut l’école flamande avant et après la découverte de la peinture à l'huile. Et puis, d’ailleurs, qui nous assure que dans ce chiffre énorme d'ouvrages attribués aux Van Eyck, à Stuerbout, aux Van der Weyde, à Hemling, à Van der Goes et à d’autres célébrités du XV” siècle, tous ont bien été peints par ces maîtres, malgré le cachet de l'école dont ils sont revêtus? Qui oserait aflirmer que plusieurs, que beaucoup d’entre eux peut-être, dont l'origine n’est pas dûment constatée d’une manière quelconque, ne sont point dus au pinceau d'autres peintres, leurs élèves sans aucun doute, qui se sont souvent élevés à la hanteur de ces grands maitres, et en ont parfaitement imité la manière. La confusion est née en majeure partie de ce que les (188 ) artistes du XV" pas plus que ceux du XIV” siècle ne si- gnaient leurs œuvres, à de rares exceptions près. Il faut" attribuer à cette négligence l'oubli dans lequel sont restés » tant d'artistes qui auraient dû en sortir. L'éclat de ces” étoiles fixes a réduit au néant le rayonnement des astres qui les environnaient. Les écrivains qui, depuis trois siècles, se sont occupés d'écrire l'histoire de la peinture flamande commencent . tous aux frères Van Eyck : M. Alfred Michiels seul à re- monté plus haut. Les premiers ont fait preuve d’ignorance, ou bien ils ont craint de fouiller dans le chaos des temps » antérieurs. Celui-ci n’a pas reculé devant une tâche aussi # rude : il a demandé au passé des enseignements pour des # siècles plus rapprochés de notre époque, alors que les « documents sont assez abondants pour ne point marcher à « tâtons. M. Michiels s’est efforcé de nous dérouler, dans une esquisse rapide, le tableau de l’histoire de l'art depuis le X"° siècle. Miniatures et fresques, tableaux faits à la détrempe ou à l’encaustique, antérieurs à l’invention de la peinture à l'huile, tout a été par lui passé en revue. Rare- ment, il est vrai, il à pu enregistrer un nom dans ces temps reculés. Ne lui en faisons pas un reproche. Bien d'intéressantes recherches sur nos anciens artistes en tous genres n'avaient point vu le jour, lorsque l’auteur de l’His- toire de la peinture flamande publia le premier volume de son curieux ouvrage. Il nous a prouvé, dans une produc- tion plus récente (l'Architecture et la Peinture en Europe; Bruxelles, 1855), qu’elles ne lui sont pas restées in- connues. Nous croyons done avoir le droit de faire passer le nom de Liévin Van den Clite à la postérité. Lorsque MM. de Busscher et E. De Vigne eurent publié la liste des pein- | | | ( 189 ) tres et sculpteurs de Gand, depuis 1538 jusqu'à 1559, nous nous empressàmes de la parcourir, pour trouver la date de l'admission de notre artiste dans la corporation, et dans l'espoir d'apprendre qu'il y avait occupé la charge de doyen ou de juré. Mais nos recherches furent vaines. Ce peintre n’est point le seul, au reste, dont le nom ne figure pas dans la liste dont nous parlons, et, pour notre part, nous avons suffisamment acquis la preuve qu’elle est loin d’être complète. _ Liévin Van den Clite peignit, en 1415, un tableau re- présentant le Jugement du Christ, pour orner une des salles du conseil de Flandre ou de la chambre du conseil ordonnée en Flandre, comme on l’appelait alors. 64 livres parisis, prix convenu d'avance, furent la récompense de ce travail. Une partie de cette somme fut payée par Josse de Valmerbeke, baïlli de Hulst et d’Axel, que le conseil avait condamné, par sentence du 25 août 1411, à une amende de 40 livres parisis, pour certaine désobéissance ebmeshuus (abus) envers Jean sans Peur, son souverain. Le sujet du tableau faisait allusion au motif de sa condam- nation, car il avait injustement fait bannir, pour dix ans, Jean le Pelt, de Hughersluys, malgré des ordres supé- rieurs Jui enjoignant de cesser toute poursuite. Ce n’était pas chose rare au moyen âge et même au XVI": siècle, que de voir des cours ou conseils de justice prononcer des amendes destinées à payer, comme expia- tion, soit le prix d’un tableau, soit souvent. aussi celui d'une statue ou d’un vitrail. Plusieurs objets d'art qui ornent ou ont orné nos églises et nos édifices civils n’ont pas d'autre origine; en voici des exemples. En 1567, les habitants de Dixmude furent condamnés à faire placer quelques sculptures à l'église Saint-Donat , à TOME xx1. — ['° PART 14 (190 ) Bruges, pour leur irrévérence (1). Une autre sentence de 1576, prononcée contre les habitants de l'Écluse, leur enjoignit de livrer dix statues de pierre pour orner l’hôtel de ville de cette localité (2). Un nommé Jean Blancquaert qui, en 1578, s'était mal comporté dans l'hôtel de ville de Gand, et y avait commis toutes sortes d’insolences , fut puni de son inconduite par les échevins et condamné à faire exécuter une statue de la sainte Vierge, destiné à orner l'intérieur de l'édifice, maison de paix et de repos par excellence, disait le juge- ment (5). Les Lierrois qui s'étaient refusés, en 1428, à recon- naître pour échevin Pierre Van Aken, dit Van Paesschen, que le duc Philippe de Saint-Pol avait nommé, furent puuis d’une façon exemplaire par décision des chefs-villes du Brabant. Celles-ci exigèrent la punition des dix ou douze habitants les plus coupables , et, entre autres peines, l’exécution de 600 pieds de vitraux peints, savoir : 200 pieds pour une fenêtre à l'église Saint-Pierre , à Louvain; 200 pieds à celle de Sainte-Gudule, à Bruxelles, et 200 à l'église de Notre-Dame, à Anvers (4). En 1455, Jeanne de la Leck, dame de Hesewyÿck, avait été volée par un bourgeois de Bruxelles, du nom de Jean Schilder. Elle le fit arrêter par son écoutète, puis le mal- heureux fut pendu après avoir subi la torture. Cette arres- tation avait été faite à Gestel, sur des terres qui étaient (1) Cannaert, Bydragen tot de kennis van het oude strafrecht in Vlaenderen, Gand, 1855, p. 167. (2) Zbidem, p. 168. (5) Zbidem , p. 188. (4) Henné et Wauters, Æistoire de la ville de Bruxelles, t. K*, p: 250. (191) de la juridiction de Philippe le Bon. Le duc fit saisir les domaines de la dame de Hesewyck et les biens de l’écou- tèle, et bannit de ses États ce dernier et tous ceux qui avaient trempé dans cette affaire. Heureusement que les amis de Jeanne de la Leck plaidèrent sa cause auprès du prince, et parvinrent à calmer sa colère. Elle n’en fut pas moins forcée de payer à la ville de Bruxelles la somme de 100 ridders pour faire exécuter une grande verrière au frontispice de Sainte-Gudule (1). La même église a possédé un vitrail dans la dépense duquel figure l'amende de 50 florins du Rhin, qu'avait dû payer le comte de Meghem, en 1465 (2). Quelques brasseurs de Bruges, qui s'étaient mêlés d’une émeute, en 1478, se virent obligés d'acheter leur pardon en payant de leurs deniers la dorure de plusieurs statues des comtes de Flandre que l’on voyait autrefois à l'hôtel de ville (5). Guillaume Van der Schage, banni par les échevins de Gand, en 1481, sous peine de mort, s'il y reparaissait, pour avoir enfreint les priviléges du pays, ne craignit pas de se montrer à Bruges, protégé, croyait-il, par les fran- chises de cette ville. Mais l’archiduc Maximilien le con- damna, pour sa désobéissance , à faire placer une tête de métal, de grandeur ordinaire, sur la façade de l'édifice communal de Gand , avec une plaque indiquant la ‘cause de la présence de cet objet étrange (4). Vers 1485, le seigneur de Maldeghem ayant travaillé (1) Henne et Wauters, loc, cit., p. 242. (2) Zbidem, t. I, p.261. (5) Cannaert, loc. cit., p. 167. (4) Zbidem , p. 127. (197) contre les intérêts de Ja ville de Gand, se vit condamné à orner le Marché aux poissons de cette ville, de quatre piliers sur chacun desquels devait être placé un lion tenant une bannière écartelée aux armes d'Autriche, de Bour- gogne, de Flandre et de Gand (1). On voyait autrefois dans l’église de Donghen, près de Breda, un vitrail exécuté en 150%, aux frais de Jean Van Daalem, seigneur de ce village, comme expiation (2). Il existait aussi dans la chapelle de Sainte-Marie, à l’église collégiale de Breda, une verrière donnée par Jean Matys, de Donghen, pour avoir médit de l'honneur des écoutète et échevins du village de Gilze (3). L'église paroissiale de Ninove s'enrichit aussi, au XVI"° siècle, de la même manière, d’un vitrail représentant le Christ en croix entre sa mère et saint Jean. Il y avait été placé aux frais du haut bailli et des échevins de Ninove, qui, en 1506 ou 1507, s'étaient avisés, un beau jour, de faire enlever les reliques de saint Corneille et de saint Cyprien que l’on gardait dans l’abbaye de ce nom, pour les porter en procession par la ville, et de percevoir les offrandes à leur profit, au grand préjudice de l’abbé et du monastère (4). Dans les registres criminels de Middelbourg, on lit qu'un certain Corneille Symoens fut condamné, en 1515, à faire un pèlerinage à Cologne et à donner une statue pour dé- corer la façade de l’hôtel de ville (5). (1) Cannaert, loc. cit., p. 187. (2) Simon Van Leeuwen, Batavia illustrata, p. 955. (3) Van Goor, Beschryving der stadt en lande van Breda, p. 82. (4) Cannaert, loc. cit., p. 182. (5) Zbidem, p. 187. (195) Une inscription mise au bas d'une belle verrière qui se trouvait dans la salle aux plaids de la châätellenie du Nieux-Bourg, de Gand, nous fait connaître qu’elle y fut placée, en 1519, par Jean de Baets, Arnould Willems, Gilles Claies et Louis Van Mulle, auxquels le conseil de Flandre avait infligé cette obligation pour avoir arraché un prisonnier des mains du bailli de la châtellenie, et l'avoir blessé lui et ses officiers (1). Par sentence du 2 janvier 1524 des échevins de Saint- Pierre-lez-Gand, un certain François Middernacht fut condamné à faire peindre, à ses frais, un vitrail de la valeur de 9 livres parisis pour la chambre communale, parce qu’il avait produit en justice de fausses quittances à l'eflet de prouver qu'il avait acquitté une dette (2). En 1555, les échevins de Gand firent briser les portes de la prison de l’abbaye de Saint-Pierre, pour s'emparer d'un prisonnier qu'ils réclamaient comme bourgeois de cette ville. L'abbé se pourvut, pour celte violation , devant le conseil de Flandre, qui condamna collectivement le collége à l'amende honorable, et, en commémoration de leur méfait , à faire confectionner un vitrail colorié, avec une inscription, pour l’église de Saint-Michel, à Gand (5). Jean Willecomme, drapier de Courtrai, qui s'était servi d'un faux sceau pour sceller ses draps, fut condamné, en 4555 , par les échevins à venir se mettre à genoux devant eux, nu-pieds, nu-tête, et sans ceinture, avec un cierge de trois livres à la main, et à y déclarer à haute et intelli- gible voix qu'il se repentait de sa faute et qu’il en deman- (1) Cannaert, loc, cit., p. 174. (2) Zbidem. (5) Zbidem. (194) dait pardon à Dieu. Il devait ensuite payer une amende de 1,000 livres parisis au profit de Charles-Quint et de la ville, et faire placer, à l’église Saint-Martin, une verrière du prix de 100 livres parisis, ornée des armes de la ville, ét d’une inscription en gros Caractères, indiquant par qui et pour quel motif elle y avait été posée (1). Le conseil de Flandre imposa, par sentence du 25 octobre 1558, au seigneur de Heule, près de Courtrai; l'obligation de se présenter devant les magistrats de cette seigneurie pour leur demander pardon, parce qu'il avait fait emprisonner Guillaume Bevele, fermier du moulin de Harlebeke, et le condamna , en outre, aux frais du procès, à payer une amende de 50 florins carolus, et à faire placer dans l’église de Heule une fenêtre de la valeur de 25 livres de gros (2). Un nommé Jean Ruyschzone s'étant avisé de calomnier Nicolas Geeryt, bourgmestre d'Amsterdam, en 1558, et Nicolas Loen , traitant celui-ci de parjure et accusant celui- là de vol, fut, par deux différentes sentences du conseil privé, datées du 21 février de l’année suivante; puni d'une façon exemplaire. Elles portaient qu’il devait faire amende honorable en public, à trois reprises différentes pour cha- (1) La sentence existe aux archives communales de Courtrai. Le compte de cette ville de 1533 (n° 34049, f vij v°, de la chambre des comptes, aux Archives du royaume) mentionne une partie du jugement de l'amende en ces termes : « Item aengaende Jan Willecomme, van costen daer inne hyÿ in den hooghén raed ghecondampnert was ten prouffgte van bailly, proosten ende scepenen ter causen van dat hy hem gheholpen hadde met eenen lakene ghezeghelt met eenen valschen ende ghecontrefaiten zeghele, welcke costen in den zelven hooghen raedt ghegroot ende ghetauxeert waren ter somme van lüj carolus guldenen ende xij stuvers. » (2) Archives communales de Courtrai. # (195 ) eune des parties victimes de ses calomnies, et toutes deux le condampnaient à une amende de 500 florins carolus d'or. La première sentence portait encore qu'il devait faire mettre une verrière dans la Neuve-Église, d’une valeur de 100 carolus, avec une inscription relative à son origine (4), (1) « Veu le proeës en matière de réparation d'injure évocquié par-devant » la maiesté de la royne régente et gouvernante, d’entre Claes Geeryt » Matheeuszone, demandeur, d’une part, et Jehan Ruyschzone, deffendeur, » tendant affñin que ledit Claes Geryt Matheeuszone, fust pugny comme laron » et ayant consenty ad penam talionis. Sa Majesté, en faisant droit sur » ledit procès, déclare ledit Claes Geryt Théeuszone pur et innocent du cas » de furt ou larchin à luy imposé par ledit Jehan Ruyschzone, et, en ouùltre, » dit et déclaire icelluy demandeur avoir par le deffendeur grandement et » atrocement esté injurié et ledit deffendeur estre enchut en ladicte paine de » talion. Et néantmoins préférant par sa grâce à rigeur de justice, con- » dempne ledit Jehan Ruysch à réparer lesdictes injures honorablement et » profitablement; honnorablement à faire trois esconditz , le premier en pré- » sence de Sa Majesté et du conseil, à genoux flexis et teste nue, dire qu'il » luy desplait d’avoir faulsement et contre vérité dit et proferé que ledit » demandeur estoit ung nayf laron, el que se encoires à dire l’avoit, pour » chose du monde ne le vouldroit dire, en prier merci à Dieu, à Sa Majesté » et à justice; le second escondit, comme dessus, sur ung jour de plaix, ou » conseil en Hollande, et le troisième en la vierschaere de la ville de Amster- » dam, publicquement, au son de la cloche, en la présence dudit demandeur, » se présent y veult estre. Et par-dessus ce faire mettre une verrière à ses » despens en la Neufve-Église de ladicte ville d'Amsterdam, valissant cent » carolus, en laquelle serent escriptz ces mots : ceste verrière a fait faire » Jehan Ruyschzone pour réparation des injures par luy proférées all’en- » contre de Claes Geryt Matheeuszone, burgmestre de ceste ville d’Amster- » dam en l'an xv° xxxvus, et pour réparation prouflitable le condempne » en Ja somme de 11° karolus à applicquier ung tiers au prouffit de l'empe- » reur, nostre sire, ung tiers au prouflit de ladicte ville et ung tiers pour » estre distribué en usaiges pieulx à la discrétion et ordonnance dudit deman- » deur, et condempne aussy ledit Jehan Ruyschzone à tenir prison ès prisons » du conseil en Hollande jusques à l'entière satisfaction et accomplissement, » etse le bannit hors ladicte ville et banlieu l’espace de six ans sur paine de ( 196 ) et la seconde le bannit pour six ans de la ville et des envi- rons (1). On lit dans une narralion contemporaine des troubles arrivés à Audenarde, en 1559, que les émeutiers entrèrent dans l’église de Sainte- Walburge, et que « là 1lz se effor- » chèrent de ruer sus fort furieusement certaine statue, laquelle là avoit esté en forme de réparation par vertu de certaine condempnation que aueroit esté aultresfois ren- due par la loy de ceste ville, à la charge de certain com- paignon qui avoit esté infecté de la secte lutériane, et de fait ilz la démolirent et l’emportèrent par pièches hors de ladicte église, demandant qui avoit esté le bourgmaistre en temps que icelle condempnation auroit esté donnée, faisant assez semblant qu'ilz avoient pour ce intention de le importuner et luy faire mal, ce qu'ilz ne firent point, mais départirent ensy, comme gens hors de sens, hors de ladicte église (2). » Jean Van Hoppen, qui fut successivement bourgmestre, échevin et conseiller d'Amsterdam, ayant été accusé d'hé- résie, se vit obligé, en 1550, d'aller en pèlerinage à Rome, où il lui fut ordonné de ne boire que de l'eau pendant un an, et de faire placer, à son retour, un grand vitrail dans la Vieille-Église. C'était un homme riche; aussi ne murmura- t-il pas contre la seconde partie de sa pénitence. Il accepta LA ie OO OL OR D ES © De »: la hart, et si le condempne ès despens dudit procès au taux de Sa Majesté » ou du conseil. Faict à Bruxelles, le xxj° jour de février Xv° xxxvHr. » (Registre auæ actes, t. IL, f° 12 vo, collection des papiers d’État , aux Archives du royaume.) (1) La seconde sentence est transcrite dans le même registre, f° 12 vo. (2) L. Vax Lensereue et J. Roxsse, Audenaerdsche mengelingen, t. 1”, P. 94. { H | | | | 1 | À (197) de moins bonne grâce la première, et lors de sa visite au pape, il lui fit observer que, dans son pays natal, l'eau était rare et malsaine, et il demanda au saint père la permis- sion de pouvoir y mêler un peu de houblon. Muni de cette dispense, il ne se fit aucun scrupule de boire toute espèce de bières. Le vitrail dont il confia l'exécution à un cer- tain Digman, fut placé, en 1555, dans le chœur de la chapelle de Notre-Dame, où il existait encore au siècle dernier. Il était divisé en deux compartiments et repré- sentait, dans sa partie supérieure, l’'Annonciation et la Visitation (1). Nous sommes à l’époque où les religions calviniste, luthérienne et anabaptiste faisaient chaque jour des pro- grès, malgré la torture, les bûchers, la potence et les condamnations de toutes sortes. Heureux celui qui pouvait se tirer des griffes des inquisiteurs comme le bourgmestre Van Hoppen, pour un pèlerinage et quelques centaines de pieds de verre peints, ou comme Jacques du Broeucq, le célèbre sculpteur montois, qui fut sur le point, en 1572, d’être exécuté comme huguenot, par ordre du seigneur de Noircarmes, lorsque le terrible gouverneur du Hainaut songea, qu’en l’épargnant, il avait l’homme qu'il lui fal- lait pour faire décorer de sculptures son château de Vil- lers (2). Pour preuves certaines de son repentir, du Broeucq dut, en outre, donner à l’église de Sainte-Waudru, à Mons, un autel ou une statue de marbre de saint Barthélemi (5), (1) Commelin, Beschryving van Amsterdam, p. 426; — Leronc, His- torische beschryvinge van de reformatie der stadt Amsterdam , p. 491. (2) Avrueyen, Une succursale du tribunal de sang , p. 16. (5) A. Marnreu, Biographie montoise, p. 126. ( 198 ) dont la fête, remarque à ce propos, M. Ch. Rahlénbeek (1), avait été un arrêt de mort pour un si grand nombre de ses coreligionnaires. Citons encore deux exemples d’une date postérieure. Le 12 août 1592, les échevins de Gand prononcèrent un jugement contre Étienne du Jardin , qualifié de grand dé- baucheur de dames, pour avoir employé contre plusieurs d’entre elles la force et la violence; jugement par lequel ils le condamnèrent à faire exécuter, avec une inscription portant ses nom et prénoms, et la cause de sa condamna- tion, une verrière qui devait être placée en face dela chaire de vérité dans l’église Saint-Nicolas, dont il était le paroissien. Ce ne fut là, au reste, qu’une partie de sa peirie (2). Un jugement pareil fut porté par ces magistrats, en 1595, contre Laurent Franssen , également célèbre par ses galanteries ; il avait déjà été traduit de ce chef devant la cour spirituelle et soumis à une pénitence publique. Mais c'était un pêcheur endurci. Le juge laïque le con- damna de nouveau à l'amende honorable , et à se rendre, la torche au poing, entre deux sergents, depuis la maison communale jusqu'à l’église de Saint-Michel, dont il de- va faire orner une des fenêtres d’un vitrail du prix de 5 florins (5). VGué voilà bien loin de Liévin Van den Clite et de son œuvre. C'était, dit le document (4) qui nous a conservé la (1) Les derniers protestants de Mons, p. 6. (2) Cannaert, loc. cût., p. 175. (5) Zbidem, p. 177. (4) « Item à Liévin de le Clite, pointre, demourant en la ville de Gand, » pour la fachon d’un très-bel tabbel tout doré et de fin aisur , du Jugement » de Nostre-Seigneur Jhésu-Crist, par lui livré en ladicte chambite en l'an ( 199 ) mémoire du nom de cet artiste, un très-bel tabbel, tout doré et de fin.aisur. Ce jugement est done celui d'un con- temporain , et nous le croyons de quelque poids quand on considère qu'il émane de Gui de Boeye , notaire de Jean sans Peur (fonctions importantes alors par les connaïs- sances qu’elles nécessitaient), et en même temps receveur desexploits du conseil de Flandre. La génération sui- vante, elle si bien habituée à voir les chefs-d’œuvre des Van Eyck et de cette pléiade d'artistes qu'ils avaient formés et laissés après eux, cetle génération, disons-nous, con- firma ce jugement. Elle s’efforça de conserver à la posté- rilé cette production remarquable de la première école flamande. Le conseil de Flandre avait eu bien des vicissitudes dans le cours du XV”: siècle. De Gand, où elle s'était fixée en » mil quatre cens et treize, qui cousta à faire à (tout l’estoffe de marchié à » lui fait par le receveur des exploix, par le sceu de mesdizseigneurs du » conseil, soixante-quatre livres parisis, desquelz Lxun livres Joos de Val- » mérbeque, lors bailli de Hulst et d'Axeles, pour certain meéshus et déso- » béissance par lui commise envers Monseigneur, en paya par sentence et » condempnacion de mesdiz seigneurs du conseil xL livres, pour ce qu’il » ayoit fait bannir Jehan le Pelt, filz Jehan, par les eschevins de Huugers- » luus à la semonce et recouvrement dix ans hors du pays de Flandre, no- » nobStant que mesdizseigneurs du conseil lui avoient escript par leurs lettres » closes qu'il ne procédast plus avant contre lui à loy, pour ce que ledit » Jéhan avoit composé paravant du meisme fait pour lequel il avoit attrait » en cause à Robrecht Boudins, lors bailli des Quatré-Mestiers, pour laquelle » désobéissance et méshuus il avoit esté condermpné par mesdizseigneurs » du conseil, le xxv® jour d’aoust mil quatre cenñs ét unze, à payer audit » receveur desdiz exploix la somme de xx livres parisis foibles, sicomme par » certiflicacion de mesdizseigneurs du conseil, escripte le darrain jour de » décembre l'an mil quatre cens et quinze, cy rendue à court peut apparoir ; » pour ce ycy ladicte somme de Lxuus livres parisis. » (Registre n° 21795, de la chambre des comptes, aux Archives du royaume. ) ( 200 ) 4407 , cette cour de justice fut transférée à Courtrai en 1440 , et retourna à Gand l’année suivante. Nous la trou- vons établie à Termonde, en 1446; à Ypres, en 1451; en 1455, elle revint à Gand, et fut encore obligée de quitter cette ville en 1487. Les troubles qui agitèrent la Flandre pendant la se- conde moitié du XV"° siècle nécessitèrent ces nombreux déplacements. Le très-bel tabbel du peintre gantois dut évi- demment souffrir beaucoup dans ces voyages. Aussi le conseil consacra-t-il, en 1482, une somme de 50 livres parisis, presque la moitié, remarquons-le bien, du prix payé à Liévin Van den Clite, pour le faire restaurer par Augustin de Brune, peintre de Gand (1). Faisons observer en passant que le nom de ce dernier manque également dans le registre de la corporation des peintres et sculp- teurs que nous avons cité. Que devint ensuite le Jugement du Christ ? Nous l’igno- rons. Peut-être en faut-il attribuer la disparition aux évé- nements qui tiennent une si grande page dans notre histoire du XVI"* siècle, et auxquels nous devons la perte de tant de richesses artistiques de toute espèce. (1) « Meester Augustin de Brunne, schildere, wonende te Ghendt, de » somme van dertich pondt parisis, over stoffe ende façoen vermaect ende » gherepareert te hebbene een tafle van den Oordeele Ons Liefs Heeren, » hanghende in de camere van den rade daer men dinct, by compositie » ghemaect metten vorschreven Augustin by mynen heeren van den rade, » de vorschreven somme van xxx L. p. » (Registre n° 21852, ibidem.) ( 201 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Histoire naturelle des insectes. Genera des coléoptères ou exposé méthodique et critique de tous les genres proposés jusqu'ici dans cet ordre d'insectes ; par Th. Lacordaire. Tome I. Paris, 1854 ; 1 vol. in-8°. Compte rendu des travaux du conseil de salubrité publique de la province de Liége, pendant l'année 1855 ; par M. A. Spring. Liége, 1854; 1 broch. in-8°. Rapport sur les archives de l'État dans les provinces , adressé à M. le Ministre de l'intérieur ; par M. l'Archiviste général du royaume. Bruxelles, 1854; 1 broch. in-8°. Bulletin administratif du Ministère de l'intérieur. Tome VIH, janvier. — Table du tome VII. Bruxelles , 1854; 2 broch. in-8°. Sur les accroissements que le système solaire a reçus depuis l'année 1843. — Sur les satellites des planètes. — Sur le calen- drier ; notices par Éd. Mailly. Bruxelles, 1853-1854; 5 br. in-18. Annales de pomologie. Livraisons 10-12. Bruxelles, 1854; grand in-plano. La renaissance illustrée, chronique des beaux-arts et de La lit- térature, par une société de gens de lettres. Tome XV. Feuilles 11-16. Bruxelles, 1854; in-plano. Le Moniteur des intérêts matériels. 4"° année. N° 9 à 13. Bruxelles, 1854 ; 5 doubles feuilles in-4°. … Description de la crypte romane ou ancienne éqlise souterraine de la collégiale de St-Hermès, à Renaix; par J.-F. Van Der Rit. Bruxelles, 1854; 1 broch. in-4°. … L'empereur Frédéric IT et la philosophie musulmane; par Félix “Nève. Louvain, 1853; 1 broch. in-8°. Le bouddhisme, son fondateur et ses écritures; par le même. Paris, 1854 ; 1 broch. in-8°. ( 202 ) Fiere Margaretha, legende. — De nieuvwe kerk van O.-L.-V. van Bystand te S:-Nicolas (land van Waes). — By de gr + den ontdekt in het puin van S'-Baefsklooster. — De erberme- licke wie-clachte van Simon Stevin, van Brugghe. — De twee koeien, fable. — Gent, poésie. — Zegezang of Lodewyk III. — Ter gezegende nagedachtenisse van Jonkvrouw Maria de Hemp- tinne. — Een grafkrans voor Lodewyk van Overstraeten. —- Hymne voor € vaderland. — Vlaenderens land- en hofbouw kun- dige tentoonstelling. — De lof van den landbouw. — Justus Lip « sius. — De vane der fonteinisten. — Lykkrans voor de koningin | der Belgen. — Gerem Goethals, vaderlandsche ballade. — He | Rembrandisfeest. — Nieuports slagveld. — Het klaverblad, ro= | mancen, enz. — Rubens menschlievendheyd, oorspronkelyk t90- neelspel, — D'Hulster’s lettervruchten. —— Niewwe kinderdichjes, gedichten. — De Wanorde en onwenteling op den vlaamschen zangberg; par Prudent van Duyse; 23 broch. in-8°, Annales de l'Académie d'archéologie de Belgique. Tome XF. | 4'e livraison. Anvers, 1854; 1 broch. in-8°. L'illustration horticole, journal spécial des serres et des jar- dins, rédigé par Ch. Lemaire. 1% vol. 1", 2% et 3% Jivraisons, Janvier à mars. Gand, 1854; 5 broch. in-8°. Moniteur de l'enseignement , publié sous la direction de Fréd. Hennebert. Nouvelle série. Tome IV. N°5 17 à 20. Tournai, 1854; 4 broch. in-8°. | Journal historique et littéraire. Tome XX. Liv. 10 et 11. Liége, 1833; 1 broch. in-8°. Nécrologe liégeois pour A853; par Ulysse Capitaine. Liége, 4854; 1 broch. in-12. Jourrial.de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, publié par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. 49% année. XVHE vol. Cahiers de janvier à mars. Bruxelles, 1854 ; 5 broch. in-8°. La. presse médicale belge, rédacteur M. Hannon. 6° be. N° 10 à 14. Bruxelles, 1854; 5 feuilles in-4°. ( 203 ) Annales d'oculistique, fondées par le docteur Florent Cunier, @167° année. Tome XXXI. 1"° et 2° livraisons. Bruxelles, 1854; Æ2broch. in-8°. € La Santé, journal d'hygiène publique et privée. 5"° année. Nes 45 à 48. Bruxelles, 14854; 4 broch. in-8e. Mémoire sur le forceps-assemblé, ou nouveaux principes de construction et d'application du forceps, réunis aux principes en vigueur ; par le D' C. Bernard (publié par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles). Bruxelles, 1853; 1 broch. in-8°. Annales de médecine vétérinaire, publiées à Bruxelles, par MM. Delwart, Thiernesse, Demarbaix et Husson. 5"° année, 9me e4 3e cahiers. Février et mars. Bruxelles, 1854; 2 broch. in-$°, Annales! de lu Société de médecine d'Anvers. XV"° année, Jan- vier à mars. Anvers, 1854; 3 broch. in-8°. Annales de la Société de médecine de Liége. Tome V. 1* fasci- cule, Liége, 1854; 1 vol. in-8e. Le Scalpel; rédacteur : M. Festraerts. 6° année. N°5 21 à 95. Liége, 1854; 3 feuilles in-4°. Annales et Bulletin de la Société de médecine de Gand. 20° année. 4"° et 2€ livraisons. Gand, 1854; 1 broch. in-8°. Annales dé la Société médico-chirurgicale de Bruges. XVe année. 2° série. Tome IL 11°, 2" et 3€ livraisons. Janvier à mars. Bruges, 1854; 3 broch. in-8°. Annales médicales de la Flandre occidentale , publiées par les |. D® R. Van Oye et J. Ossieur, 3"° année, 2e à 5e livraisons. … Roulers, 1854; 4 broch. in-8°. | Verhandelingen uityegeven door de commissie belast met het vervaardigen eener geologische beschrijving en kaart van Neder- land , 1°" Deel. Harlem , 4853; 1 vol. in-4°. Handleiding voor de beziqtigers der verzameling op het pavil- joen te Haarlem. Harlem, 1853; 4 broch. in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des ( 204 ) sciences, par MM. les Secrétaires perpétuels. Tome XXXVIII"E, Nes 7 à 40. Paris, 1854; 4 broch. in-4°. | Académie des sciences de l'Institut de France; rapport sur le concours pour le grand prix des sciences physiques pour 1855. (Séance publique du 30 janvier 1854.) Paris, 4854; 1° broch. in-4°. Revue de l'instruction publique. 13" année. N°° 47 à 50. Paris, 1854; 4 doubles feuilles in-4°. L'Investigateur , journal de l'Institut historique. 20"° année. , Tome III 298% à 92350 livraisons. Paris, 14853; 3 broch. « in-8°. . L'Athenaeum français. 3"° année. N° 7 à 192. Paris, 1854; 6 doubles feuilles in-4°. Essai d'une méthode éclectique ouwernérienne de minéralogie, par Leymerie. (Extrait du Bulletin de la Société géologique de France). Paris, 1854; 1 broch. in-&. Sur la transposition, par M. Delezenne. (Extrait des mémoires … de la Société des sciences de Lille.) Lille, 1854; 4 broch. in-8°. Mémoires de la Société linnéenne de Normandie. Années 1849 à 1853. 9" volume. Paris, 1853 ; 1 vol. in-4°. Bulletins de la Société d'archéologie lorraine.’ Tome IV. 1" part. Naney, 1854; 1 vol. in-8°. | Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg. 4e volume, 2e à 4e livraisons. Cherbourg, 1853; 3 broch. in-8°. Programme des questions mises au concours pour l'année 1854, par l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bor- deaux. Bordeaux, 1854 ; 1 broch. in-8°. Notice sur l'observatoire de Bruxelles et sur les travaux scien- tifiques qui y ont été exécutés; par M. Alfred Gautier. (Bibliothèque universelle de Genève.) Genève, 1854; 1 broch. in-8°. Das hohe lied der Liebe der Araber von Hammer-Purgstall. Vienne, 1854 ; 1 vol. in-4°. Codex inscriptionum romanarum Danubii et Rheni von Ho- ( 205 ) frath D' Steiner, 3 Theiles, 1 Heft. Seligenstadt, 1854; 1 vol. in-8°. Sammlung und Erklärung alichristlicher Inschrifien in Rhein- gebiete aus den Zeiten der rômischen Herrschaft. Herausgegeben von Hofrath D' Steiner. Seligenstadt, 1853; 1 broch. in-8°. Denkschrift zur Feier ihres 50 jahrigen Bestehens. Herausge- geben von der schlesischen Gesellschaft für vaterlandische Kul- tur. Breslau, 1853; 1 vol. in-4°. Sixty-fifih annual report of the regents of the university of the state of New-York. Made to the Legislature. March 1, 1852. — Sixty-Sixth annual report of the regents of the university, of the state of New-York. Made to the Legislature. March 1, 1855. — Sixth annual report of the regents of the university of the state of New-York, of the condition of the state cabinet of natural history, and the historical and antiquarian collection annexed thereto. Made to the Senate, January 22, 1853. — Annual re- port of the trustees of the state library, made to the Senate, feb. 13, 1853. N° 95. Albany; 2 vol. et 2 broch. in-8°. Sull influenza politica dell islamismo. Memorie tre di Andrea Zambelli. Milan, 4855; 1 broch. in-8°. Corrispondenza scientifica in Roma. Bullettino universaie. Anno 5, n° 1 à 6. Rome 1854; 6 doubles feuilles in-4°. Statuti inediti della cita di Pisa dal XII al XIV secolo. Rac- colti ed illustrati per Franc. Bonaini. Florence, 1852; 1 broch. in-8°. s Loue xx1. — [°° PART. 15 BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1854. — No 4. ——<— CLASSE DES SCIENCES. Séance du 1° avril 1854. M. le baron pe SELys-LoNGcHAmPs. M. QuereLer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius-d’'Halloy, Pagani, Tim- mermans, Crahay, Wesmael, Martens, And. Dumont, Cantraine, Stas, De Koninck, Van Beneden, A. De Vaux, le vicomte B. Du Bus, Nerenburger, Gluge, Liagre, mem- bres; Sommé, Spring, Lamarle, Lacordaire, associés ; Brasseur et Mareska, correspondants. M. Ed. Fétis, membre de la classe des beaux-arts , assiste à la séance. TOME xx1. — ]'° PART. 16 ( 208 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir à l’Académie : 4° un exemplaire de la carte géologique de la Belgique et des contrées voisines, par M. A. Dumont; cette carte re- présente les terrains qui se trouvent au-dessous du limon hesbayen et du sable campinien ; 2 les livraisons 10 à 12 des Annaies de la Commission royale de pomologie. M. Quetelet, membre de l’Académie, fait hommage de l’'Almanach séculaire de l'Observatoire royal de Bruxelles, pour servir de complément aux Annuaires du même éta- blissement. M. Duprez, correspondant de l’Académie, fait également hommage d’un exemplaire de ses observations météorologiques pour 1852. Remerciments pour ces envois. — La Société royale de Londres , la Société géologique de la même ville, l’Institut de France, l’Académie impé- . riale de médecine de Paris, la Société géographique impé- » riale de Saint-Pétersbourg, l'Académie de Nancy, les Sociétés des sciences de Cherbourg et de Valenciennes, la « Société de botanique de Ratisbonne, etc., remercient l'Académie pour l’envoi de ses publications. M. le baron de Selys-Longehamps fait parvenir, confor- mément aux recommandations de l’Académie, un aperçu de l’état dela végétation , le 20 mars dernier , à Waremme et à Liége; M. Quetelet présente un tableau semblable pour Bruxelles; M. le professeur Bellynck, pour Namur; … M. Alfred de Borre, pour Jemeppe, près de Liége; M. De- ( 209 ) walque, pour Stavelot. Ce dernier observateur fait parve- nir, en outre, les résultats de ses observations sur les phénomènes périodiques du règne végétal et du règne ani- mal pendant l’année 1855. — La Société pour l’'encouragement des sciences, des lettres et des arts de Milan fait connaître qu'elle a ouvert un concours sur les divers procédés chimico-mécaniques employés pour le traitement du lin. — La classe reçoit les deux ouvrages manuscrits sui- vants : 4° Mélanges paléontologiques, 2° partie, par M. le baron P. de Ryckholt. (Commissaires : MM. Dumont , Cantraine et De Koninck.) % Une notice géologique supplémentaire sur le Dépar- tement de l'Aveyron, par M. Marcel de Serres. (Commis- saires : MM. d'Omalius d'Halloy et Dumont.) — La classe s’est occupée ensuite d’un fait qui lui avait été signalé déjà dans la séance précédente, l'extinction presque complète du poisson dans les étangs, pendant les dernières fortes gelées de l’hiver, malgré les précautions ordinairement prises en pareille circonstance. Les obser- vations recueillies s'accordent à montrer que générale- ment cette destruction n’a eu lieu que dans des étangs qui n'étaient point alimentés par des sources et où les eaux étaient nécessairement stagnantes : elle paraît être le résultat de causes morbides spéciales bien plus que des froids. Les anguilles ont péri comme les autres poissons, et M. Van Beneden fait observer qu’à Ostende, on a perdu un grand nombre d'huitres. (210) RAPPORTS. Dissertation sur ce qu'on appelle espèces et variétés en his- toire naturelle, principalement par rapport à la botanique; par C. Mathieu, ancien officier de santé des armées, etc. Rapport de M. Spring. « Qu'est-ce que l’espéce ? Telle est la question en litige depuis l'époque où l’histoire naturelle s’est constituée en science. Est-elle une simple abstraction , destinée seule- ment à faciliter la coordination et la classification des êtres naturels, ou ce mot répond-il à une réalité, dont les indi- vidus ne seraient que l'expression ? En d’autres termes : Qui est-ce qui a créé l'espèce? de la science ou de la nature? Ayant été accusé moi-même, de différents côtés, d’avoir nié la réalité de l'espèce, dans un travail Sur les champi- gnons qui se développent dans les œufs de poule (1), dont l'Académie a pris connaissance il y a deux ans, je demande la permission de saisir l’occasion de ce rapport pour don- ner quelques explications. Autant que personne, je crois en l’espèce, et je main- tiens, à cet égard, toutes les opinions que j'avais dévelop- pées dans un ouvrage spécial, il y a seize ans (2). Mais ce que je contestais alors, et ce que je conteste encore aujour- (1) Bulletins de l’Académie, 1852, tome XIX, 1": partie, p. 575. (2) Ueber die naturhistorischen Begriffe von Gattung , Artund Abart. Leipzig, 1858, in-8°. (211 ) d'hui, c’est, d’une part, son immutabilité absolue , et, de l’autre part, l'identité de ses conditions de stabilité aux divers degrés des échelles animale et végétale. Tout être vivant est le produit de deux facteurs : l’héri- tage et les circonstances. La vie consiste dans leur action réciproque. J'appelle héritage tout ce que l'individu a reçu de ses parents; j'appelle circonstances, l'ensemble des influences extérieures, matérielles et dynamiques, sous lesquelles la vie de l'individu s’accomplit. Si, dans l’acte de la génération , il n’était transmis au nouvel être que le type de l’espèce dans son essence et dans sa pureté primitive, nous ne rencontrerions dans la nature que des variétés individuelles, dont le mode de production ne serait guère plus difficile à constater et à formuler en lois, que ne l’est celui des variétés minérales et des modifi- cations des formes cristallines en général. La physiologie guiderait aussi sûrement le zoologiste et le botaniste, que la chimie guide le minéralogiste. Chaque variété ne se maintiendrait qu'aussi longtemps que les individus qui se succèdent resteraient sous l'influence des mêmes condi- tions de lumière, de chaleur, de nourriture, etc. L'enfant du nègre naîtrait blanc en Europe, jaune en Asie et rouge en Amérique. Mais il n’en est pas ainsi. C’est que l'héritage des indi- vidus ne consiste pas seulement dans ce qu’on appelle le type de l’espèce; les parents, dans l’acte générateur, trans- mettent en même temps certains caractères individuels , et de ceux qu'ils ont acquis dans le cours de leur propre Wie et de ceux qu'ils avaient reçus en héritage de leurs parents à eux. C’est ainsi qu'il se transmet des parents aux jeunes non- (22) | seulement certaines particularités relatives à la taille, à la coloration, à la configuration anatomique et aux propor- tions des parties du corps, mais encore à la force et à la souplesse des muscles, à la prédisposition pour l’engraisse- ment et aux facultés reproductives. Il se transmet non- seulement certaines aptitudes intellectuelles, mais encore la prédisposition à certaines maladies, telles que la scro- fule, la phthisie pulmonaire et la folie. Il se transmet non-seulement certains vices de conformation, tels que le bec-de-lièvre et les doigts surnuméraires, mais encore des mutilations subies accidentellement. Les poulains des che- vaux anglisés ont, de naissance, quelques vertèbres eau- ‘dales de moins, et, chez les peuples chez lesquels la cir- concision est une loi de religion, les enfants naissent , souvent sans prépuce. : Ainsi, il est des variétés dues aux circonstances; et il en est d’autres transmises par héritage. Le nom de races doit être réservé à ces dernières. Maintenant, quel est le degré de permanence des races? Les variétés héréditaires doivent-elles nécessairement s’effa- cer au bout d’un certain nombre de générations et revenir au type primitif? ou est-il telle circonstance où ce retour n’a plus lieu? Tel est le nœud de la question. A moins d'admettre, avec les platoniciens, l'existence, dans un lieu particulier de l'univers, d’une collection de prototypes, dont chaque être individuel recevrait directe- ment l'empreinte, il me semble impossible de disjoindre, dans l'acte de la génération, le type primitif pur d’avec les modifications qu’il a subies en se réalisant dans le corps du parent. Ce dernier ne peut transmettre exactement que ce qu'il possède lui-même. Dès lors ne devient-il pas probable d'emblée que, dans 2 à (243 ) la suite des générations, et sous l'influence de circonstan- ces variables, le type ne vienne à s’altérer peu à peu? Qui oserait soutenir, par exemple, que nos premiers parents aient appartenu à aucune des races humaines répandues actuellement sur le globe ? Allons maintenant plus loin, et supposons que, par une de ces catastrophes dont la géologie constate les résultats, les circonstances de la vie organique aient, en général, subi des changements plus ou moins notables, ne sommes- nous pas alors tout préparés à accueillir l'hypothèse qui a été plusieurs fois appuyée dans cette enceinte par un de nos confrères les plus illustres et les plus vénérés, à savoir : que les êtres vivant aujourd'hui descendent , par voie de géné- ration, de ceux des premiers temps, quoique leurs formes pre- sentent diverses modifications successives (1)? Pour ce qui regarde le second point, sur lequel j'ai de- mandé la permission de m'expliquer brièvement ici, je dis que les conditions de stabilité sont loin d'être les mêmes aux divers degrés des échelles animale et végétale. II règne, dans les classes inférieures, une diversité et une variabi- lité de formes, qui empêchent de leur appliquer les prin- cipes de classification qui sont en usage pour les classes supérieures. La conclusion n° 2 de ma note sur le développement des champignons est ainsi conçue : « La mutabilité de leurs formes est grande. Elle s'étend non-seulement dans les li- mites du genre, mais dans celle de la famille, et même de l'ordre (je parlais des champignons inférieurs qui se déve- (1) Voyez la note de M. d'Omalius d’Halloy, sur la succession des êtres Vivants. Bulletins de l’Académie , 1846 , tome XIII, 1r° partie, p. 581. ( 214 ) | loppent, en espace clos, dans l’obscurité, aux dépens des substances albumineuses ). » Cette conclusion, qui a eu l'honneur d’être combattue : par des naturalistes du plus grand mérite (1), ne parlait évidemment que des genres , des familles et des ordres, tels qu'ils sont établis dans nos systèmes mycologiques actuels. Elle avait pour tendance , non pas de nier l'existence de l'espèce dans les champignons inférieurs, mais de démon- trer que les limites qui lui ont été assignées par les na- turalistes jusqu’à présent dans cette classe de végétaux, étaient trop étroites et peu conformes à la nature. Mes observations avaient pour but de présenter un fait parti- culier de polymorphisme, auquel, dans mon Cours de physiologie, je donne le nom de paramorphisme pour le distinguer du métamorphisme. Le terme nouveau que j'ai cru devoir introduire, désigne « la coexistence de formes dissemblables appartenant à une même espèce, et déter- minées par les circonstances extérieures, » tandis que le mot métamorphisme, comme on sait, indique la succes- sion de formes déterminées par l’évolution des individus. Devant, du reste, nécessairement revenir sur cette grande question, dans une autre occasion, je me contente de cette explication générale, en ajoutant, toutefois, les deux raisons théoriques qui me semblent être la cause du paramorphisme dans les êtres inférieurs. L'une de ces raisons est dans le défaut de centralisation qu’on y remarque. Sans parler des expériences de mutila- (1) Je remercie particulièrement M. Ch. Robin pour les égards avec les- quels il a traité mes observations, tout en les combattant dans son intéressant ouvrage intitulé : Æistoire naturelle des végétaux parasites qui croissent sur l’homme et sur les animaux vivants. Paris, 1855, pp. 505 et 545. | (245) tion et de reproduction d'organes entiers, le fait de leur jvisibililé occasionne déjà un embarras sérieux quand on veut appliquer aux animaux et aux végétaux in- férieurs la notion de l'individu. L'hydre et le bœuf sont-ils des individus au même titre ? Le défaut de centralisation et l'absence de solidarité des parties entre elles et avec le tout doivent nécessairement donner plus de prise aux in- fluences extérieures et diminuer la stabilité des formes. La seconde raison est dans l'absence de direction de la part du parent. Que se passe-t-il sous ce rapport dans les classes supérieures des êtres vivants? Le germe, au lieu d'être séparé de l’organisme-souche, peu de temps après sa production, continue de lui adhérer pendant un temps plus ou moins long, pour en recevoir la direction, et pour être protégé par lui contre les influences extérieures qui pourraient le faire dévier de sa forme primitive. Le mam- mifère au moment du part, et l'oiseau au moment de l’éclo- sion, ont déjà pris leur forme définitive, et les organes sont suflisamment développés pour ne plus être à la merci des circonstances. La graine des végétaux phanérogames au moment de sa dissémination contient déjà l'embryon tout formé; elle contient l'individu végétal complet qui, par la combinaison de deux actes, celui de la multiplication et de la métamorphose, parvient à produire lui-même des graines. Ajoutons à cela que dans les animaux et les végé- taux supérieurs, le jeune être, au moment de sa séparation, emporte avec lui une provision de matières assimilables, sous la forme de vitellus nutritif ou d’albumen, par les- quelles l'influence et la protection des parents se prolongent même au delà du moment de la séparation. La meilleure preuve que la stabilité des formes est, en général, le mieux assurée par la prolongation du séjour à la souche et par ( 216 ) la transmission des tissus et des matières nutritives éla- borées par le parent, nous est donnée par les greffes et les boutures. Elles fournissent le moyen de conserver toutes les particularités individuelles, pour lesquelles nous esti- mons, par exemple, les diverses sortes d'arbres fruitiers, alors que, propagées par graines, elles reprennent plus ou moins complétement les caractères généraux de l'espèce. Or, rien de tout cela n’a lieu pour les êtres organisés inférieurs. Non-seulement ils se séparent de leur souche avant d’avoir commencé leur évolution , mais encore leurs œufs et leurs semences ne contiennent ni vitellus nutritif ni albumen. Une sporule de champignon n’est guère autre chose qu’une cellule simple, comparable tout au plus au sac embryonnaire d’une plante phanérogame avant sa fé- condation. Ainsi, le principe de la similitude des formes qui nous guide dans la détermination des espèces supérieures, ne saurait suffire dans la classification des êtres inférieurs; et même, au sommet de l'échelle, ce principe ne saurait entièrement se passer du contrôle de la généalogie ou de l'observation de la succession des générations. Linné a dit : Species tot numeramus quot diversae formae in principio sunt creatae (1). Cette définition peut suflire en métaphysique; mais elle est sans utilité pratique pour le naturaliste. La même remarque s'applique à la définition de Buffon, d’après laquelle l'espèce est « la succession » constante et le renouvellement non interrompu de ces » individus qui la constituent (2). » (1) Phil. botan. , À 157. (2) Æistoire naturelle. Quanrurënes, t. 1, édit. Deux-Ponts, 1786, p. 106. (27) La formule de Cuvier est moins exacte au point de vue théorique, sans être plus utile au point de vue pratique: « On est obligé, dit-il (1), d'admettre certaines formes qui » se sont perpétuées depuis l'origine des choses, sans excé- » der ces limites; et tous les êtres appartenant à l’une de » ces formes constituent ce que l’on appelle une espèce. » Parmi tant d’autres définitions qui ont été proposées, je distingue celle de Pritchard. « Le mot espêce, dit cet au- » teur dans ses célèbres Researches into the physical mstory » of mankind (2), ne doit être employé que pour désigner » une collection d'individus qui se ressemblent tellement, » que toutes leurs différences s'expliquent par les effets » connus et suffisamment constatés de causes naturelles, » et pour lesquels rien ne s'oppose à ce qu’on les considère _» comme les descendants d’une seule et même souche. » Comme on le voit, cette formule, pour être plus précise que les autres, n’en fournit pas mieux les moyens de se dispenser, pour chaque cas particulier, de l'observation de la génération et de l’action de toutes les circonstances. Quoi qu'on fasse, l'établissement définitif d’une espèce quelconque ne saurait être que le résultat d’un long travail, poursuivi quelquefois pendant des siècles. Aussi longtemps qu'on s'occupera d'histoire naturelle, on discutera sur les espèces, et à défaut de règles générales, applicables à toute l'échelle des êtres vivants, la décision appartiendra de longtemps encore au tact de l'observateur et au jugement par analogie. M. C. Mathieu , dans la dissertation qu’il adresse à l’Aca- (1) Règne animal, 1": édition, t. 1, p. 19. (2) Trad. allemande de R. Wagner, {. 1, p. 142. ( 218 ) démie, s'élève contre la tendance que montrent, selon lui, presque tous les auteurs de flore , et surtout les monogra- phistes, à multiplier outre mesure les espèces. Il convien- drait, dit-il, de mieux étudier les faits d’hybridation, l'influence du so, du climat, et, en général, de toutes les causes des variations. 1l recommande surtout les expé- riences de transplantation d’un milieu dans un autre. Nous proposons à l’Académie de lui voter des remerci- ments pour sa communication. » Les conclusions de ce rapport, appuyées par les deux autres commissaires, MM. Kickx et Martens, sont adoptées. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur la déclinaison, l'inclinaison et la force de l'aiguille magnétique à Bruxelles, et sur les variations de ces trois éléments depuis quelques années, par M. A. Quetelet. La déclinaison magnétique a été observée, le 29 mars 1854, entre 10 heures du matin et midi, au moyen du théodolite magnétique de Througton. L’instrument était placé dans le jardin, près du cabinet magnétique, et dans le vertical de la lunette méridienne, de telle manière qu'avec l’une des lunettes on pouvait voir les fils du réti- cule de l’autre. Cette disposition, employée aussi pendant les années précédentes, permettait d'apprécier immédiate- ment la déclinaison magnétique. ( 219 ) Une première série d'observations , commencée vers 10 heures, a donné une déclinaison de 19° 55° 55”; une seconde série, qui a été terminée vers midi, a donné en- suite 49° 59° 48”. La différence de ces nombres tient sur- tout à la variation diurne de l’aiguille. Pendant que je m'occupais de ces déterminations, un aide suivait, à l'in- térieur du bâtiment, la marche du magnétomètre, qui est observé chaque jour pour la variation diurne. Les indica- tions des deux instruments se sont trouvées parfaitement d'accord, comme on peut en juger en jetant les yeux sur les résultats qui suivent. Les nombres de l'échelle du magnétomètre croissent quand la déclinaison est décrois- sante, et vice versd. Cette concordance m'a prouvé, de plus, que le magnétomètre, depuis un an qu’il a été vérifié, n’a point subi d’altération sensible dans ses indications, bien qu'il soit placé à l’intérieur du bâtiment; en sorte que les résultats qu'il donne n’ont pas seulement une valeur rela- tive, mais encore absolue. HEURES ÉCHELLE DÉCLINAISON des du OBSERVATIONS. MAGNÉTOMÈTRE. CORRESPONDANTE.|} MRANEUTER MS. —). | 19054/31// I es hs ir 55 14 1 4 LA Se PERRIN 56 54 A 11 A delle. 54 à « 57 G ARENA à: 59 10 PTE MERE OAETANERE 59 57 La déclinaison magnétique décroit très-rapidement dans nos climats : depuis 1827, elle a diminué, pour Bruxelles, ( 220 ) 1 de plus de deux degrés et demi; mais c’est surtout dans « ces derniers temps que sa diminution a été très-sensible; M on peut l’évaluer à près de 10 minutes par année. En Belgique, l'aiguille magnétique, vers 1568, déviait à M l'est méridien de 15 degrés environ; vers 1600, elle dé-\ viait encore de 9 degrés (1); elle a passé ensuite par le méridien pour dévier vers l’ouest; mais aucun observa- teur, chez nous, ne l’a suivie dans sa marche. Il paraît qu’elle a dû atteindre sa plus grande élongation à l’ouest, dans la première partie de ce siècle. M. Simonoff, direc- teur de l'Observatoire de Kazan, a été conduit par ses cal- culs à fixer cette époque au commencement de 1822 (2). M L’aiguille rétrograde de nouveau vers le méridien, sans » qu'on puisse préciser encore quand elle devra l’atteindre. L'inclinaison magnétique a été observée dans la mati- née du 20 mars, entre 9 heures et midi, au moyen d’un appareil de Troughton. Les observations ont été faites dans le cabinet magnétique placé au fond du jardin de l'Obser- . vatoire. Les résultats de ces observations ont donné, pour valeur de l’inclinaison, 67° 45,0; et le double angle entre l’axe magnétique de l'aiguille et l’axe de figure a été trouvé de 18',1, à peu près comme pendant les années précé- dentes. Le tableau suivant résume les résultats obtenus, à Bruxelles, pour la déclinaison et l'inclinaison de l'aiguille depuis plus d’un quart de siècle que j'y observe. (1) Voy. l'Ælmanackh séculaire de l’Observatoire royal de Bruxelles, servant de supplément à l'Annuaire du même établissement, p. 259. Hayez, 1854; 1 vol. in-18. (2) Recherches sur l’action magnétique de la terre, par M. Simonof, p. 65, in-8. Kazan, 1845. ( 221 ) INCLINAISON MAGNÉTIQUE ÉPOQUES. DÉCLINAISON. (AA UP cb À vbservée, calculée. 4827, octobre. . . . . 22028/8 68036/5 68°59/2 1830 , fin de mars . . 25,6 HAT 51,5 1832, > De. 18,0 49,1 44,6 1853, » sé de 13,5 42,8 41,6 1834, 3 et 4 avril . : 15,2 38,4 38,5 1855, fin de mars . . 6,2 55,0 35,4 1836, Ds ; 1,6 32,2 32,4 1857, AVAL 4,1 28,8 29,4 1858, 2 AT ARE 5,7 26,1 26,4 1839, se 53,6 29,4 25,5 1840, RL RARE 46,1 21,4 20,6 1841, ENCRES 38,2 16,2 17,7 1842, ; : 35,5 13,2 14,9 1845, CETTE 26,2 10,9 12,1 1844, 0. 17,4 9,2 9,4 1845, eg e 11,6 6,5 6,7 1846, MATE 4,7 3,4 4,1 1847, AE 56,8 1,9 1,5 1848, » re 49,2 0,4 58,9 1849, Set Gavril. . . 39,2 56,8 56,4 1850, 11et12avril. . . 25,7 54,7 83,6 4851,923et24avril. . . 24,7 50,6 51,2 1852, 29 et 30 mars . . . 18,2 48,6 49,0 1853, 21, 22 et 28 avril . 6,0 47,6 46,8 4854, 20 et 29 mars . . . 19 57,7 45,0 44,6 Î La déclinaison de 4840 à 1848 a été déterminée en prenant la moyenne des observations du magnétomètre de Gauss faites à midi, 2 heures et 4 heures, pendant le mois de mars tout entier. La diminution de l’inclinaison, donnée dans la dernière colonne du tableau précédent, a été calculée par M. Han- steen, de Christiania. Ce savant, dans la lettre qu'il m'a (222 ) adressée à ce sujet, déduit de ses caleuls que l'angle de diminution pour Bruxelles atteindra un minimum vers le commencement du siècle prochain (en 1912). Cet état” minimum, selon M. Hansteen, se trouve déjà atteint en Russie : il doit se présenter prochainement à Stockholm et à Christiania, puis, plus tard, à Copenhague. L'instant critique ne sera observé à Gôttingue, à Berlin, à Paris et à Londres, qu'après avoir passé par Bruxelles (1). Une lettre que je viens de recevoir de M. Kupffer, direc- teur des observatoires de physique de la Russie, confirme les résultats obtenus par M. Hansteen. Voici ce que m'écrit à ce sujet le savant physicien russe : « M. Hansteen m'a aussi écrit quelques mots sur la marche des inclinaisons en Europe. Ses idées se trouvent confirmées par les obser-. vations les plus récentes faites en Sibérie et à Kazan, et surtout à Pékin où l’inclinaison augmente depuis long- temps. Arago a essayé d'expliquer ces changements par une rétrogradation des nœuds de l’équateur magnétique ou des lignes isoclines qui paraissent marcher toutes ensemble vers l’ouest. L Quant à l'intensité magnétique, elle ne semble pas | avoir subi d’altération sensible à Bruxelles depuis un « quart de siècle que j'ai commencé à l’observer. Ce résultats a été constaté successivement par plusieurs savants, et vient d'être confirmé encore par M. Mahmoud, astronome égyptien, directeur de l'Observatoire du Caire. J'ai déjà donné, dans une séance précédente, ses déterminations « (1) Lettre de M. Hansteen à M. Quetelet, Sur la diminution de l’incli- naison magnétique en Europe. BuLLETIN DE L'ACADÉMIE, n° 10,t. XX, 5° partie, p. 146, séance de novembre. ( 225 ) de l'intensité absolue, obtenues dans le cabinet magnéti- que de l'Observatoire de Bruxelles avec un appareil de Gauss; celles que je présente aujourd'hui ont été faites avec l'appareil d'Hansteen et les aiguilles oscillantes. Je me bornerai à présenter la note même que M. Mahmoud a bien voulu me remettre. « INTENSITÉ HoRIzONTALE. — Les 18, 24, 26 et 27 février 1854, dit ce savant, j'ai fait osciller l'aiguille A dans le cabinet magnétique situé dans le jardin de l'Observatoire de Paris. Voici les résultats que j'ai obtenus : HEURE de l'observation. b. m. 18 février . j 1 45soir. 10 50 mat. 24 février . . . 11 30 » 42 20 » 926 février . 9 56 mat. 10 56 » movrier .. +1. . . | 9 46 mat. Moysnnes. 141 30 mat, TEMPÉRAT. DURÉE des 500 oscillations. ventigrade. m. s. 12 29,50 12 29,46 12 29,05 12 29,28 12 29,17 12 29,19 12 29,73 3 | 12 30,10 » Le 10 et le 41 mars de la même année, j'ai fait os- ciller la même aiguille dans le cabinet magnétique au fond du jardin de l'Observatoire de Bruxelles. » Voici les 12 séries que j'ai faites dans ces deux jours: TouE xx1. — Δ° PART. 47 (22% ) HEURE DURÉE TEMPÉRAT. | de de l'observation. 300 oscillations. centigrade, | b. m, m, 5. j 8 30 mat. 12 46,95 95 | 9 30 » 12 46,99 10,2 10 30 » 12 47,12 11,2 10 mars. ( 41 50 » 12 47,05 11,7 12 30 » 12 47,19 12,6 1 30soir. 12 47,36 12,4 | m. s. Moyenne. A-Die re 12 47,15 10 30 mat. 12 47,39 | 1155 » 12 47,56 10,5 idee 12 30 » 12 47,30 10,7 5 50soir 12 47,08 10,8 | 4 50 » 12 47,14 11,3 12 46,91 | | » En réduisant ces résultats à la température moyenne (5°,5) des observations faites à Paris, on aura, en se ser- vant du coefficient c — 0,0001417 que j'ai déterminé à Bruxelles : ere m. s tempér. Pour la durée de 300 oscillations à Bruxelles . . . 12.46,52 595 L'on a pour la durée de 300 oscillations à Paris . . 12.29,45 5,5 Donc la durée de 100 oscillations est à Bruxelles. . 255551 55 — AUPAFIS Te PER 249,81 5.3 » L'intensité horizontale à Paris étant 1, celle de Bruxelles sera exprimée par : (249,81 }2 TR TTE — 0,956 — intensité horizontale à Bruxelles. » (225 ) Eu comparant ce nombre de 0,956 pour l’année 1854 à ceux du tableau suivant, donné dans les Annuaires de l'Observatoire de Bruxelles, on voit que la composante horizontale n’a pas sensiblement varié pendant une pé- riode de 26 ans, de 1828 à 1854. : INTENSITÉ [ ANNÉES. Are OBSERVATEURS. | étant 1. nr 1. NU 0,951 M. le colonel Sabine. | RD Rs ste 0,958 Quetelet. ABDOD 1... . 0,970 » RE. 0,961 Nicollet, Plateau et Quetelet, Es ne 1. 0,971 Rudberg, d'Upsal. RD 04 … | 0,961 Forbes, d'Édimbourg. 2: TN 0,969 Quetelet. | - -- - - 0,960 Forbes, d'Édimbourg. | 1838 - . - . . 0,969 Bache , de Philadelphie. D ee, 0,961 | Quetelet. RE . . . 0,962 | Langberg, de Christiania. | | Moxenne. . . 0,963 | | » INTENSITÉ TOTALE. — Pour calculer l'intensité totale, j'ai adopté, pour l’inclinaison magnétique à Paris, le nombre 66° 26’, que j'ai déduit d’après les Annuaires du Bureau de longitudes, et pour celle de Bruxelles, le nom- bre 67° 45’ trouvé par M. Quetelet le 20 mars 1854. » L'intensité totale à Paris étant 1,5482, celle de Bruxelles sera exprimée par \ (249,81)? cos 66° 26 or T 5482 = 1,5 ' (255,51) 7 cos 67° 45° X 1,548 1,5608 ( 296 ) » On trouve dans les Annuaïres de l'Observatoire de Bruxelles : Paris intensité {otale. . . . . . . . — 1,5482 Bruxelles, 1835. M. Quetelet . . . . . — 1,3655 —MMSST MNEOTRES Een CS 00 — 1859. Quetelet . . . . . —"1,5620 — 1841. Quetelet et Duperrey . — 1,5645 » En comparant mon nombre 1,5608 à ceux-là, on voit que l'intensité totale à Bruxelles n’a pas varié seu- siblement pendant un quart de siècle environ. » (227) CLASSE DES LETTRES. Séance du 5 avril 1854. M. le chanoine pe Ram, directeur. M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le chevalier Marchal , Steur, le ba- ron de Gerlache, De Smet, Roulez, Lesbroussart, Gachard, Borgnet, le baron J. de Saint-Genois, Van Meenen, Paul Devaux, P. De Decker, Schayes, Snellaert, Carton, Haus, Bormans, Baguet, membres ; Nolet de Brauwere Van Stee- landt, associé; Arendt, Ad. Mathieu, Kervyn de Lettenhove, Chalon, correspondants. MM. Stas, membre de la classe des sciences, Alvin et Ed. Fétis, membres de la classe des beaux-arts, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. — M. le Ministre de l’intérieur fait connaître que la Légis- lature a approuvé la proposition, qui lui avait été faite, de porter au budget de l'exercice 1854, un crédit spécial de 5,000 francs, destiné à la publication des anciens monu- ments de la littérature flamande et à la formation d’une collection des grands écrivains du pays. Ce haut fonction- ( 228 naire demande, en conséquence, un plan détaillé et défi- nitif indiquant le mode de publication et le choix des anciens monuments de la littérature flamande et détermi- nant les ouvrages qui doivent entrer dans cette collection. D'une autre part, la classe des lettres ayant jugé conve- nable de proposer la fondation d’un concours extraordi- naire pour le meilleur travail, présentant un tableau de l’ancienne littérature française en Belgique, destiné à servir d'introduction à la collection des grands écrivains du pays, M. le Ministre de l’intérieur demande également un projet qui détermine les conditions de ce concours, afin qu'il puisse, s’il y a lieu, en faire l’objet d’une disposition royale. Ces demandes sont renvoyées aux commissions spé- ciales pour la publication des ouvrages des grands éeri- vains du pays et pour celle des anciens monuments de la littérature flamande, — Par une seconde lettre, M. le Ministre de l'intérieur prie la classe de lui faire connaître le plus tôt possible le projet d'inscription pour la médaille commémorative du mariage de S. A. R. le duc de Brabant. — M. Le Glay, associé de l’Académie, fait parvenir les renseignements qui lui ont été demandés relativement à la publication du supplément rectificatif projeté pour les Opera diplomatica de Miræus. Ces renseignements seront renvoyés à l’avis de la Commission royale d'histoire. — M. l'avocat Gaillard communique un mémoire ma- nuscrit intitulé : L'audience du Comte , — origine du conseil de Flandre. (Commissaires : MM. le baron Jules de Saint- Genois et De Smet). — A la suite du dépouillement de la correspondance, ( 229 ) M. Gachard communique deux lettres qui lui sont adres- sées personnellement. La première a pour objet de faire connaître le véritable nom d'un ancien grammairien belge que M. Leclerc avait désigné avec doute, dans le tome XXI de l'Histoire littéraire de la France, sous le nom de Michel de Roubaix ou de Brabant. I résulte des renseignements fournis à M. Gachard par M. Laude, de Bruges, que ce grammairien s'appelait Michel de Marbaix. La seconde lettre émane de don Manuel Garcia, garde des archives royales de Simancas , et communique un document histo- rique touchant la fondation de l’Escurial. Il semble résul- ter de ce document que Philippe IT avait, en effet, le jour de la bataille de Saint-Quentin, fait le vœu d’ériger le mo- nastère de Saiat-Laurent-le-Royal. S'appuyant sur l’acte de fondation de l’Escurial, M. Gachard avait soutenu l'opinion contraire dans la notice communiquée par lui à la classe, au mois de novembre dernier. RAPPORTS. Études et exploration faites en Grèce et dans l'Asie Mineure, par M. Wagener ; compte rendu adressé à M. le Ministre de l'intérieur. Rapport de M. De Witle. « M. A. Wagener, agrégé à l’université de Gand, a reçu, l’année dernière, de M. le Ministre de l'intérieur, une mis- sion pour faire un voyage scientifique én Grèce et dans ( 230 ) l'Asie Mineure. Maintenant M. Wagener vient d'adresser de Constantinople, à la date du 18 novembre 1853, un rapport détaillé sur les premiers résultats de son voyage; M. le Ministre de l’intérieur a renvoyé ce rapport à l'Aca- démie royale, pour avoir l'avis de la compagnie sur les communications du jeune voyageur. J'ai examiné le travail de M. Wagener et je me suis trouvé assez embarrassé pour satisfaire aux désirs de l’Académie, qui m’a chargé, comme rapporteur de la com- mission, de rendre comple des observations du jeune savant. N’étant nullement au courant des nouvelles publi- cations épigraphiques, j'ai cru ne pouvoir mieux m’ac- quitter de la tâche qui m'était imposée qu’en consultant un de mes amis, M. Ph. Le Bas, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Le nom de M. Le Bas est une autorité dans la science; l’Académie me saura gré, j'ose m'en flatter, d'avoir pris l’avis du savant épigraphiste français qui a donné lui-même à M. Wagener, avant son voyage, des instructions pour le diriger dans ses recher- ches. Je demande donc la permission de joindre à mon rapport les réflexions du docte académicien. La première partie du travail de M. Wagener n’apprend rien de nouveau. Tous les lieux dont il parle, avaient déjà été explorés et décrits par MM. de Prokesch et Texier. Le tombeau dit de Tantale, l’ancienne Smyrne et les lieux circonvoisins ont été visités par un grand nombre de voyageurs. J'ai donné moi-même quelques détails to- pographiques et archéologiques sur ces localités ( Bull., t. IX, n° 4, p. 50 et suiv.). Les conjectures de M. Wagener sur l’ancienne Smyrne, qui n'aurait été, selon lui, qu’une position militaire provisoire, sont inacceptables. I est bien reconnu aujourd'hui que la ville actuelle est celle qui fut (231 ) bâtie et rétablie par Alexandre ou Antigone, tandis que la première Smyrne, la ville des Éoliens, était placée à mi-côte sur le golfe qui est en face de la seconde Smyrne. Le témoignage de Strabon est formel à cet égard : Ka à Zuvpyaiuy xénos, vai h nés. "Efñcs dè ados wéd- TO ) €v ë à Toad Zudpya To axoo otaduv The vüv. Audoy Où xataoracävruv Th) Zuôprav, spi rerpandaia Etn duerédegey oéxouuévn xopun0ér * 4. T. À. Strab., liv. xiv, p. 646. Les détails que M. Wagener donne sur les fouilles exé- cutées aux environs de Sardes, par M. Spiegelthal, sont fort intéressants, ainsi que ceux qu’il fournit sur les fouilles faites aux environs du pont des caravanes à Smyrne. Il est à désirer que ces fouilles soient continuées. Les dessins joints au rapport de M. Wagener sont exé- cutés avec soin et pourront être consultés avec fruit. Quant aux inscriptions grecques copiées par M. Wagener, cette partie de son rapport mérite une sérieuse attention. La plupart sont cependant connues, mais on ne peut que donner des éloges au jeune voyageur pour avoir pris des copies de toutes les inscriptions qu'il a vues, soit dans des endroits publics, soit dans des collections particuliè- res. M. Wagener ne pouvait pas, comme il le dit lui-même, loin de toute bibliothèque, vérifier si les inscriptions qu’il voyait étaient toutes inédites. Ce n’est qu'au moyen de nombreux livres et à force de recherches laborieuses qu’on peut s'assurer si une inscription a été ou n’a pas été pu- bliée. Peu d'hommes, excepté ceux qui ont fait une étude spéciale de l'épigraphie, peuvent prononcer avec connais- sance de cause et en toute sûreté sur cette matière. M. Wagener aurait dù faire connaître avec exactitude la provenance de chaque inscription; il ne copie pas tou- ( 282 ) jours avec assez de soin et ne reproduit pas avec une fidélité suffisante la forme des caractères qu'il est si important de connaître pour déterminer l’âge des monuments. Pourquoi M. Wagener n’emploie-t-il pas le moyen de l'estampage pour se procurer des copies fidèles des in- scriptions ? M. Le Bas me fait observer que, quant au n° 24, M. Wa- gener se trompe en plusieurs points. On a dit au jeune voyageur que M. Le Bas avait offert de la statue trouvée près de la base sur laquelle est gravée l'inscription n° 24, une somme de 2,009 francs, c'est 2,000 piastres turques; ce qui est bien différent. Quant aux appréciations artisti- ques, le dessin exécuté par M. Landron, avec cette fidélité scrupuleuse qui est un des caractères de son talent, prou- vera que M. Le Bas a eu raison d'attribuer l'exécution de cette Stalue à une bonne époque. Je ne dirai rien des ob- servations de M. Wagener au sujet du statuaire Apollodore; il me semble que le jeune voyageur n’a pas lu avec assez d'attention le passage de la lettre de M. Raoul Rochette à M. Schorn , p. 455. Attendous les rapports de M. Wagener sur ses excur- sions à Athènes et dans la Péloponèse, et surtout les détails qu'il promet sur un voyage de long cours dans Pin- térieur de l'Asie. Il annonce que ce dernier voyage a été fécond en résultats scientifiques. Outre un nombre consi- dérable d'inscriptions que M. Wagener a copiées, il ditavoir découvert l’emplacement d'une ville jusqu'ici inconnue; il annonce aussi une collection complète de mesures an- tiques. Que M. Wagener se hâte d'envoyer des rapports sur ces découvertes, qui ne peuvent qu'intéresser à un haut degré l’Académie, que le voyageur fasse attention non- # seulement aux ruines des villes antiques, des temples, des (235) édifices publics, aux inscriptions, mais aussi qu’il observe les monuments figurés et les médailles. Il serait à désirer, et M. Le Bas avait donné ce conseil au jeune voyageur, qu'il dirigeàt ses pas vers Ancyre, cette antique métropole de la Galatie, où il aurait à copier le texte grec du testa- ment d'Auguste, dont une partie seulement a élé publiée par Hamilton , dans son voyage de l'Asie Mineure. Le dé- faut de ressources pécuniaires n’a pas permis au voyageur anglais de faire démolir toutes les baraques qui se trou- vent adossées au temple sur les murs duquel est tracée celte inscription. On possède le texte latin du testament d'Auguste; mais depuis Tournefort, personne ne s’est oc- cupé de relever de nouveau ce précieux monument. Ce serait un véritable service à rendre à la science que de rapporter un estampage complet (ce qui vaut mieux encore qu'une copie) des textes grec et latin. Si les événements politiques qui se préparent en Orient, ne mettent pas ob- stacle aux excursions de M. Wagener, nous formons des Wœux pour qu'il puisse pousser son voyage jusqu’à Ancyre. Souhaitons que le Gouvernement donne au jeune voyageur les moyens nécessaires pour achever ses explorations et rapporter des documents importants pour la science. » Extrait d'une lettre de M. Ph. Le Bas, à M. De Witte. — « Mon cher ami, je vous envoie, enfin la note que vous m'avez demandée sur le rapport de M. Wagener.....…. » Toutes les inscriptions ne sont pas inédites, comme il le pense. La première à été publiée dans la Revue archéo- logique (10° année, novembre, p. 504), par M. de Koehne et reproduite dans le numéro suivant, par M. Rossignol, qui a relevé plusieurs erreurs du premier éditeur. Elle offre cependant deux variantes dont il faut tenir compte : (254) TOYNOMA TATON, ligne 5, qui fournit un nom nou- veau, TATOS, qu'on doit rapprocher de Taräç, nom qui. se retrouve sur plusieurs inscriptions de l’Asie Mineure (C. 1, 5815, 4122 et 4580) et dont le féminin Tata, est peut-être donné par le n° 4009”; et lignes 5 et G : : ZTAAIEYSAS, qui est la véritable leçon. » La deuxième a été publiée plusieurs fois avant de figu- rer dans le Corpus Insc. gr., n°5559, et dans le tome III de mes Inscriptions, n° 1041. M. Wagener n'y reproduit exac- tement ni la forme de C du oïyuæ, ni celle de l'ousyæ «. Elle provient de Pergame. » Les n°® 5 et 4 sont inédits, mais sans grande impor- tance; ce sont deux inscriptions fanéraires. La seule irrégu- larité que présente le n°5, c’est l'emploi du parfait passif rebpeuuévs au lieu de l'adjectif verbal Operto. » Les n° 5, Get 7 ont déjà été publiés par moi, sous le » n° 28, plus complets et plus exacts. M. Wagener n'indique pas la place que ces inscriptions occupent sur la pierre unique qui les contient toutes. » J’ai aussi donné, sous le n° 29, le n° 8 de M. Wage- ner, et ma copie est plus exacte que la sienne. » Le n° 9 figure dans mon recueil, sous le n° 4. C’est un monument très-important, sur lequel je lirai dans quel- ques jours un mémoire à l’Académie des Inscriptions. La copie de M. Wagener est loin d’être fidèle, surtout sous le rapport de la forme des lettres, et la plupart de ses ob- servations sont,sans valeur, si l’on en excepte ce qu'il dit du nom propre Ilécoc. » Les conjectures du jeune voyageur sur la date du n°10, sont tout à fait inadmissibles. Ce monument est posté- rieur à notre ère de deux siècles environ, bien loin de lui être antérieur de 86 à 81 ans. (255 ) » Il ne lit pas bien le premier mot du n° 11, où il voit un nom de femme Moirounda, tandis qu'il faut lire Mapoëy Aulo]wsiv. Mao est la forme ionique de Map. (Voy. Matth. gr. gr, $ 79, 2), nom d’une poétesse de Byzance, qu'ont chantée Méléagre (Anthol. Pal., IV, I, vers 5) et Antipater de Thessalonique (ibid., IX, 26, vers 5), dont il existe une épigramme dans l’Anthologie Palatine (VI, 119), et que cite Athénée (lib. XT, c. 80), où l’on propose à tort d'écrire son nom Mups, comme dans Suidas. Cette Maps vivait sous le règne de Ptolémée Philadelphe, et était fille d'Homère, le poëte tragique. Si celle de l’in- scription copiée par M. Wagener était aussi une poétesse, comme l'indique la lyre qu’on voit près d’elle sur le bas- relief qui accompagne l’inseription, elle n'avait rien de commun que sa profession avec l’autre; car l'inscription, qui se Lait sur sa patrie, nous apprend qu’elle était fille, non d'Homère, mais de Dionysios, et femme de Démétrius. » Le n° 12 est inédit ainsi que le n° 15, où l’on doit re- marquer l’ancien génitif attique EÿGélo pour EiBä. » L’instrument figuré sur le n° 14, est sans doute une navette, ou bien encore un éventail. Il faudrait voir le mo- nument pour en juger avec plus de certitude. » Le n°45 est, comme l’a bien vu M. Wagener, une in- scription métrique à laquelle manque la fin de tous les vers, tant hexamètres que pentamètres. La restauration n’en est pas impossible; le jeune savant aurait dû la tenter. » Le n° 16 est d’une époque relativement plus récente que toutes les inscriptions qui précèdent. Elle ne parait pas avoir été copiée avec assez de soin. On y remarque la confusion de £ avec æ, par suite de la conformité de pro- nonciation, dans le mot ywpiræ. Le mot Zeuréw, ethni- que de Zéex, ville de la Troade, peut mettre sur la voie ( 236) du lieu d’où provient cette inscription. E remplace en- core æ dans le mot xouñræ de la ligne 4. Peut-être faut- il lire ensuite : à[Kh{&}ew@. La prononciation de « comme « est prouvée par le mot ed pour & de la ligne 5. » Les n° 17, 18 et 19 sont inédits. Il faut lire à la der- : nière ligne x (id est Ovépua) pb (pua) duryeilix (pour do- xua) ne[v]Taxéma. Au lieu de +, il y a sans doute sur la pierre N sigle de NT. » A la ligne 4, du n° 20, lisez : r[ôly ueydl[w|y Ad uleiwlv. Tà Ada, était une fête d’Apollon Didyme, qui avait un temple non loin de Mycale, près de Mile. » Le n°21 est une sorte d’Abracadabra, et les signes qui l’accompagnent n’appartiennent pas à une langue incon- nue, Ce sont des signes astrologiques que je laisse à d'au- tres le soin d'expliquer, attendu mon insuffisance. » Tout ce qu’on peut déchiffrer du n° 22, c’est, ligne 1, eéfa]re; ligne 2, [ürJè[p] ‘Arrédou roù uioÿ et [u]nrpi M Se, ligne 4. » Le n° 23 paraît avoir été mal lu aux lignes 4 et 5. » Le n° 24 a été donné par moi, n° 47... » — Rapport de M, Roule, « Le rapport de notre honorable confrère M. de Witte, et surtout les doctes observations de M. Ph. Lebas qui y sont annexées, ont singulièrement facilité et abrégé ma tâche. En priant M. le Ministre de l’intérieur de mettre son travail sous les yeux de l’Académie, M. Wagener a N RL LOS POS oi Né (237) recommandé particulièrement à notre attention les deux inscriptions portant les n° 9 et 21. La première, qui con- tient un décret des Argiens, est sans contredit la plus intéressante, la seule même qui ait une véritable im- portance. J'aurais, pour ma part, répondu volontiers à l'appel du jeune et savant voyageur en essayant d'expli- quer et de commenter cette inscription , si le célèbre épi- graphiste français qui l’a publiée déjà dans son grand recueil, n’en avait fait l’objet d'un mémoire dont, à l'heure qu'il est, il a probablement donné lecture à l’Aca- démie des inscriptions. Quant à l'inscription n° 21 gravée sur une petite plaque en bronze, ayant vraisemblablement servi de talisman, je déclare, comme M. Lebas, mon in- suflisance pour expliquer les signes qui la terminent. En avançant que la première partie du , rapport de M, Wagener n'apprend rien qui ne soit déjà connu, M. De Witle fait cependant une exception relativement à quel- ques détails qui s’y trouvent sur des fouilles exécutées par M. Spiegelthal, consul de Prusse à Smyrne, au pont des Caravanes dans cette ville, puis aux environs de Sardes. La dernière livraison de 1855 de l’Archaeologische Zeitung, que j'ai reçue il y a quelques jours seulement, contient (n° 60, 4,B) un article intitulé : Artemis Gygeia und die Lydischen Fürstengraeber, par M. Ernest Curtius. L’au- leur, qui a eu communication du rapport envoyé à Berlin par M. Spiegelthal, donne des détails très-circonstanciés sur les fouilles en question faites par ce dernier au tom- beau d’Alyattes, père de Crésus, et y joint des rensei- gnements archéologiques très-intéressants sur quelques monuments des environs de Sardes et sur la nécropole de celte ville. » ( 238 ) Inscription pour la médaille commémorative du mariage de S. A. R. le duc de Brabant. M. Roulez, rapporteur de la commission nommée pour rédiger l'inscription de la médaille commémorative du mariage de S. A. R. le duc de Brabant, communique différents projets d'inscription en latin et en français. D'accord avec ses collègues, il fait, en même temps, re- marquer qu'une inscription française étant déjà tracée sur l’avers de la médaille, cette dernière langue semble devoir être préférée, mais qu’alors il devient impossible d'arriver à une rédaction satisfaisante, par suite du peu d'espace laissé disponible par le graveur. En cet état de choses, le rapporteur croit qu'il y a lieu de se borner à faire ajouter, dans l’exergue de la médaille, la date du mariage de S. A. R. le duc de Brabant. La classe se rallie à cette pro- position, qui sera communiquée à M. le Ministre de l’in- térieur. Projets pour l'organisation de bibliothèques circulantes et pour la création de sociétés provinciales de littérature et de sciences. Fapport de M. le chanoine Pavid. « Par ses dépêches du 9 novembre dernier, M. le Ministre de l’intérieur demande l'avis de l’Académie sur deux pro- jets qui lui ont été présentés, l’un pour l’organisation de bibliothèques cantonales, l’autre pour la création de so- ciétés provinciales de littérature et de sciences. (239 ) Le premier de ces deux projets émane d’un homme constamment préoccupé d'intérêts publics, et qui a déjà rendu plus d'un service à ses concitoyens, M. Michel Van- dervoort, habitant de Bruxelles. Il voudrait que, pour l'instruction du peuple, et en même temps pour favoriser le développement de notre littérature nationale, {ant flamande que française, le Gou- vernement prêtàt la main à la fondation de bibliothèques publiques dans tous nos chefs-lieux de canton, à l'instar des circulating libraries de l'Angleterre. Certes, un pareil projet est digne de fixer l'attention du Gouvernement, et mérite les sympathies de tous les gens de bien. À une époque où l'instruction se répand de plus en plus dans les rangs inférieurs de la société, et fait naître partout le goût de la lecture, il importe non-seule- ment de procurer à ce goût le moyen de se satisfaire, mais aussi de lui donner une bonne direction. Depuis nombre d'années, il existe dans plusieurs de nos villes des bibliothèques à l’usage du peuple. Ainsi à Lou- vain, il s’est formé, en 1840 , une société ayant pour but d'offrir gratuitement à toutes les classes des habitants des lectures agréables et utiles. Au moyen de contributions volontaires et de souscriptions annuelles, elle a loué un local et créé une bibliothèque qui se compose aujourd’hui de 7 à 8,000 volumes. Le service se fait deux fois par se- maine. La société distribue par an de 16 à 18,000 vo- lumes. Voilà ce qu'on a fait à Louvain, et ce que M. Vander- voort voudrait que l'on fit dans tous les chefs-lieux des cantons de la Belgique. A cette fin, il a présenté à M. le Ministre un plan d'organisation conçu en 51 articles. Et d’abord, il propose au Ministre d'adresser aux Gouverneurs Tome xx1. — [°° part. 18 ( 240 ) une circulaire destinée à être communiquée aux autorités communales, pour engager celles-ci à voter, chacune d’après ses ressources, une faible somme annuelle pour l’encouragement de la littérature nationale et la création de bibliothèques cantonales. Le chiffre de ce subside se- rait de 10 francs au moins, et de 100 fraucs au plus. En second lieu, le Ministre réclamerait des conseils provinciaux un autre subside à répartir entre les différents cantons, en raison inverse des ressources de chacun d’eux. Le maximum serait de 100 francs, le minimum de 25. Enfin, le Gouvernement demanderait à la Législature un crédit spécial de 10,000 francs par an, dont la moitié serait destinée à l'achat de livres pour les bibliothèques des provinces flamandes, l’autre pour celles des provinces wallonnes. Voilà pour la partie financière de l’entreprise. Quant aux moyens d'exécution, M. Vandervoort propose de nom- mer des commissions cantonales qui seraient chargées de l'organisation et de l'administration des bibliothèques, el une commission centrale composée de dix écrivains belges, pour diriger l’œuvre dans son ensemble, et pour- voir aux achats des livres. Tout cela est déduit longuement, car M. Vandervoort entre jusque dans les moindres détails. 1 semble pourtant reconnaître que son plan n’est pas d’une application très- facile; mais il ajoute que si M. le Ministre voulait lui confier le poste de secrétaire du comité directeur, au bout de peu . de temps, le résultat désiré serait obtenu. } J'ai l'honneur de connaître personnellement M. Vander- voort, et je n'hésite pas à déclarer que dans tous les tra- vaux dont cet homme laborieux se charge, il déploie un zèle, une activité qu'il serait difficile de surpasser. On (24) pourrait donc attendre de lui ce que beaucoup d’autres n'oseraient promettre. Toutefois, je ne puis en conscience me rallier à son projet, qui me semble pécher par la base. Ce ne sera jamais, à mon avis, par des commissions cantonales ou centrales qu’on parviendra à créer des bi- bliothèques populaires, atteignant leur but et produisant de bons résultats. Cette institution est essentiellement une œuvre de charité, qui doit être conduite volontairement par des hommes dévoués, sachant aider les lecteurs, aller au-devant de leurs besoins, satisfaire leurs désirs, supporter leurs caprices, sans quoi le peuple désertera les biblio- thèques, et celles-ci deviendront inutiles. D’ailleurs, pour assurer le succès de cette entreprise, pour lui conserver son caractère propre, on doit user de la plus grande dis- crétion dans le choix des livres; car, ici plus qu'en toute autre chose, le mal est à côté du bien, et si les bonnes lectures exercent une influence salutaire, les mauvaises corrompent les cœurs bien plus sûrement et plus efficace- ment. Et remarquons que pour faire des choix convena- bles , la bonne volonté ne suffit pas : il faut beaucoup de prudence, beaucoup de tact, une grande habitude. En- core avec tout cela se trompe-t-on souvent, comme me l’out déclaré les directeurs de la bibliothèque populaire de Louvain. Que serait-ce si on abandonnait cette partie essentielle à un comité directeur qui, fût-1l composé des hommes les plus aptes et ies mieux intentionnés, ne sufli- rail jamais à la besogne de lire et de juger tous les livres qu'il destinerait aux bibliothèques. Je pense donc que, si le Gouvernement veut travailler à l'instruction du peuple, sans courir le risque de man- quer complétement son but, il »’y a rien de mieux à faire que d'engager les autorités provinciales et communales à ( 242 ) favoriser l'établissement des bibliothèques populaires, au moyen de subsides et d’autres encouragements , tout en laissant à des associations particulières le soin d'organiser et de diriger l’œuvre. Dans toutes les villes se rencontrent des hommes de bonne volonté, dévoués aux intérêts ma- tériels et moraux des classes inférieures , et qui se prête- ront avec le plus grand empressement à l’œuvre en ques- tion. 11 n'y aurait qu'à demander les règlements et les catalogues des bibliothèques existantes. Là on trouverait d’abord des renseignements très-utiles, ainsi qu’un nombre plus ou moins considérable de bons livres, qu'on pourrait acquérir pour les nouveaux établissements, sauf à en ajouter ou en retrancher selon les besoins des différentes localités. Je pense, en outre, qu'il faut laisser aux autorités pro- vinciales et communales le soin de déterminer jusqu’à quel point il convient de multiplier les bibliothèques po- pulaires. Pour moi, j'ai de la peine à croire qu'il soit nécessaire ou même utile d’en établir dans tous nos chefs- lieux de canton : je crois au contraire qu'il suflirait d'en augmenter le nombre dans nos villes populeuses, où les jeunes gens appartenants aux classes ouvrières ont le plus de loisir pendant les soirées d’hiver et les jours fériés. Il me reste à parler d’un autre intérêt que défend M. Vandervoort dans son plan d'organisation, l'intérêt de la littérature nationale. L'auteur est d'avis qu'il ne fau- drait alimenter les bibliothèques populaires que par des livres indigènes. Le comité central, qui ferait des achats, stipulerait avec les éditeurs les conditions les plus favo- rables à l’entreprise. Le même comité dresserait, à des époques fixes, la liste de tous les ouvrages déposés pour l'obtention du droit d’auteur, cette liste serait publiée par le Moniteur, etc. Bi (245 ) Il me semble qu'ici M. Vandervoort va au delà de ses propres intentions. En effet, je ne saurais supposer qu'il veuille exclure de nos bibliothèques populaires les bons ouvrages que la France à produits et produit encore tous les jours. Il se déclare l'ennemi des contrefaçons, que moi-même je suis loin d'approuver indistinctement; mais il y a, en dehors des productions nouvelles susceptibles de la propriété littéraire, des milliers de livres tombés depuis longtemps dans le domaine public, notamment tous les chefs-d'œuvre du siècle de Louis XIV. Ces livres ne sauraient être repoussés, non plus qu’une foule d’autres qui, sans être des chefs-d'œuvre, n'en sont pas moins des ouvrages d’une utilité incontestable. D'ailleurs, en France aussi on se préoccupe de l'instruction du peuple et de la création de bibliothèques populaires; des écrivains de mérite ne cessent de faire ou de traduire pour le peuple des ouvrages remplis d'excellentes choses , et il serait in- sensé de vouloir, par la seule raison de leur origine étran- gère, en priver les lecteurs belges. Après cela, il va presque sans dire, qu'à mérite égal, les productions nationales doivent avoir la préférence. Certes il est à désirer que le Gouvernement soutienne et encourage les efforts de nos compatriotes qui se vouent aux travaux littéraires et scien- tiliques; mais il ne serait pas sage de demander sa coopé- ration trop directe à la publication ou la propagation d’ou- yrages nationaux français ou flamands, aussi longtemps que l'opinion publique ne s’est pas prononcée sur leur valeur. Je sais que cette opinion est quelquefois lente dans ses jugements, mais ceux-ci n’en sont que plus sûrs, et les livres belges vraiment bons, vraiment utiles seront tou- jours recherchés; on les trouvera toujours en bon nombre dans nos bibliothèques populaires comme dans nos écoles, (241 ) sans qu'il soit besoin d'en exclure systématiquement les livres étrangers. Je suis donc d'avis que, tel qu’il est, le projet présenté par M. Vandervoort ne mérite pas l'appui de l’Académie. L'autre pièce soumise à notre examen est une lettre adressée à M. le Ministre de l'intérieur par M. Camille Wins, avocat à Mons. Elle a pour but d'engager le Gou- vernement à créer des sociétés provinciales de littérature et de sciences. Elle est accompagnée d’une annexe, que l’auteur appelle lui-même projet-exemple, conçu en vingt ou vingt et un articles, y compris une disposition transitoire. Je demande à la classe la permission de lire quelques passages de celte annexe, afin que mes honorables collè- gues puissent juger du fond et de la forme, celle-ci étant la même dans la lettre et dans le projet-exemple : « Revu notre arrêté organique du 1% décembre 1845 ; » — Considérant qu'il importe de protéger et de soutenir » dans toutes les provinces du royaume l'élan qui s'y » manifeste pour la culture des arts, des sciences et des » lettres; -— Voulant ainsi donner des marques nouvelles de notre haute et constante sollicitude pour tout ce qui peut contribuer à encourager le progrès dans le pays; — Sur le rapport de notre Ministre de l'intérieur; — Nous avons arrêté et arrêtons : » Art. 1%. TT est institué, sous notre protection royale, » au chef-lieu de chaque province du royaume, une société » provinciale des sciences, des arts, des lettres et de l’in- » dustrie. » Art. 2. Chacune de ces sociétés savantes a pour but, » relativement à sa circonscription territoriale : » 4° De cultiver et de favoriser la culture des sciences, A D + ww v |" EU v v y ( 245 ) des arts et des lettres, ainsi que le développement ration- nel de toutes les industries ; » ® De décrire et de surveiller les monuments histo- riques ou d’art placés dans son territoire ; » 5° D'instituer des concours et de poser des questions concernant particulièrement : » À. L'histoire de la province ou de ses communes ; » B. La géologie, les mines, l’agriculture et l’industrie manufacturière de ses diverses localités. Et d’accorder des récompenses aux vainqueurs ; » 4° De publier les mémoires, communications ou œuvres de mérite, de ses membres et de ses lauréats, comme aussi de rassembler et coordonner les docu- ments propres à former une histoire littéraire et une biographie des hommes remarquables de la province où elle siége; » Et 5° de prêter son concours à toutes les autorités qui pourraient la consulter sur des points rentrant dans ses attributions. » Art. 5. Les sociétés provinciales sont en rapports con- stants entre elles. Elles se communiquent leurs travaux et transmettent à celle qu'ils concerneraient plus spé- cialement, les découvertes et mémoires particuliers qui viennent accidentellement à leur connaissance. » Je m’arrête. La suite du projet annexé ressemble à ce commencement. L'auteur demande ni plus ni moins que l'érection d'autant d'Académies qu’il y a de provinces en Belgique, recevant chacune un subside du Gouvernement, pouvant en réclamer un deuxième du conseil provinetal , et demander un local à la commune. L'art. 17 porte, entre autres choses, que « les sociétés provinciales entre- » ront en relations suivies avec l’Académie royale des » sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique à ( 246 ) Bruxelles. Elles lui soumettront leurs programmes; … elles consulteront les sections de ladite Académie sur les doutes que pourraient soulever et les réponses et les mémoires leur adressés. Elles transmettront enfin leurs rapports annuels au secrétaire perpétuel, qui en dressera un rapport général de situation, pour être envoyé au Gouvernement. » Etc. Évidemment l'Académie ne saurait accepter la position que veut lui faire le projet de M. Wins. Mais ce projet tout entier, tel du moins qu'il est conçu, me paraît inac- ceptable. Dans un pays comme le nôtre, est-il nécessaire ou seulement utile qu'il y ait une Académie de littérature et de sciences dans chacune de nos provinces? Je ne le crois pas. Je pense, au contraire, que le corps savant, dont j'ai l'honneur d'être membre, suflit à la Belgique. L'Académie de Bruxeiles, divisée en trois classes, con- formément à ses statuts , s'occupe des sciences, des lettres et des arts, c’est-à-dire des mêmes objets pour lesquels l’on propose de créer des établissements provinciaux. En second lieu, toutes les provinces du pays ont, pour ces différentes branches des connaissances humaines, des représentants distingués dans notre Académie même. En effet, qu'un beau talent se révèle dans l’une ou l’autre de nos provinces, aussitôt l’Académie royale songe à se l’as- socier comme membre correspondant, en attendant qu'elle puisse lui offrir une place de membre effectif. Que faut-il de plus, dans un royaume si peu étendu, pour entretenir partout l'émulation, pour récompenser le mérite, pour assurer le progrès ? Certes, je n'ai garde de prétendre que des sociétés pro- vinciales s’occupant d'histoire, d'archéologie, de littérature ou de toute autre branche d'étude seraient des institu- tions inutiles, indignes des faveurs du Gouvernement. FF. VUE OV LV 2 % ( 247 ) Au contraire, je suis convaincu que, sous plus d’un rap- port, elles pourraient rendre de grands services et aider au développement d’heureuses dispositions. Elles mérite- raient donc aussi d'être encouragées par le pouvoir. Mais il y a loin de là aux académies provinciales telles que les comprend M. Wins, créées par arrêté royal, soutenues par le budget de l'État et celui de la province, insti- tuant des concours, décernant des médailles au nom du Roï, publiant des mémoires, etc. Toutes ces différentes académies, appelées à correspondre les unes avec les autres, obligées de soumettre leurs programmes à celle de Bruxelles , de consulter ses trois classes sur les doutes ou les disputes soulevés ailleurs, ces académies, dis-je, ne manqueraient pas de faire naître de fâcheuses rivalités, et, au lieu de seconder le mouvement intellectuel du pays, seraient de nature, ce me semble, à y porter le trouble et à y mettre des entraves. Je pense donc que l’Académie ne doit pas appuyer au- près du Gouvernement les projets sur lesquels M. le Mi- uistre a bien voulu demander son avis. » COMMUNICATIONS ET LECTURES. — De l'enseignement de la langue maternelle, en ce qui con- cerne l'art de la parole; par M. Baguet, membre de l’Académie. Dans une de nos séances précédentes, j'ai eu l'honneur de communiquer à la classe quelques observations rela- (248 ) tives à l’enseignement de la langue maternelle. Après avoir montré combien il est important que les élèves soient habitués de bonne heure à ne rien écrire sans vé- rifier si l'expression de leur pensée est exacte, si le lan- gage qu'ils emploient est pur et correct, j'ai indiqué certains exercices an moyen desquels les jeunes gens « peuvent être convenablement préparés à l’art d'écrire. M Mais ce n’est pas assez, pensons-nous, que les élèves apprennent à bien écrire, il est indispensable qu'ils ac- quièrent aussi un talent qui n'est étranger à aucune con- dition de la vie et dont l'utilité est de tous les instants, le talent de la parole. Et, bien qu’on puisse dire que l'étude de la langue maternelle faite en vue de former le style contribue en même temps à rendre les jeunes gens capa- bles de bien parler, l'expérience prouve que celui-là même qui connaît la langue et qui sait écrire ne parvient qu’à laide d'exercices particuliers à s'exprimer avec facilité et avec assurance. L Nous nous sommes proposé de signaler quelques-uns de , ces exercices à l'attention des maîtres. Mais, avant tout, nous croyons devoir faire une observation générale. De même qu'il est, en ce qui concerne le style, un défaut capital, la précipitation du travail (4), défaut contre lequel on ne saurait trop tôt prémunir les élèves, de même, en ce qui regarde l’art de parler, il en est un aussi, mais d'une nature différente, qu'il faut surtout combattre avec énergie. Ce défaut, c'est la timidité. Sans vouloir remonter à la source de cette disposition d'esprit qui paralyse souvent les efforts du maître aussi (1) Voirlet. XXI, n° 4 des Bulletins. ( 249 ) bien que les facultés de l'élève, sans examiner si c'est lamour-propre ou un sentiment de modestie qui en- gendre ce défaut, nous nous bornerons à constater qu'en général les jeunes élèves n'osent parler, parce qu'ils craignent de parler mal. Il importe donc que le maître emploie, dès l’abord, tous les moyens que la prudence lui suggérera pour com- battre avec succès un défaut aussi nuisible. A cet effet, il exercera les élèves à prendre de l'empire sur eux-mêmes et à donner de jour en jour plus d'activité et plus de force à leur volonté. Il les accoutumera à se tenir en garde contre tout ce qui pourrait les distraire, et il leur fera reconnaître, par l'expérience, qu'il faut avoir le courage de parler mal dans les commencements, si l’on veut être plus tard en état de parler bien. Il résulte de l'observation que nous venons de faire que tous les exercices tendant à faciliter aux élèves le moyen de trouver les mots dont ils ont besoin à l'instant pour exprimer leurs pensées doivent être réglés de manière à - mettre toujours les jeunes gens dans la nécessité de vaincre leur timidité naturelle. Voici comment il nous semble convenable de procéder dans ces différents exercices. D'abord, l'élève récitera des passages appris par cœur, en ayant soin de ne point s'arrêter lorsque sa mémoire sera en défaut, mais de suppléer par des termes qu'il à à sa disposition les mots du texte qui lui auront échappé. Ensuite, des interrogations que le maître lui adressera fréquemment l’obligeront à rendre compte, sans hésita- tion, de ce qu'il a appris, des réflexions qu’il a faites, en un mot des résultats de ses travaux et de ses études. Mais un des exercices les plus importants est celni qui ( 250 ) consisle à reproduire, d’une manière suivie, le récit de faits historiques, d'aventures, de particularités biogra- phiques, qui ont été à l'avance l’objet d'une lecture atten- tive. Par ce genre d'exercice, l'élève se rendra peu à peu capable de parler avec aisance sur des sujets qu'il aura médités et de faire de vive voix ce qu'il ne faisait aupara- vant que par écrit. Pour lui le talent de la parole se con- fondra en quelque sorte avec l’art d'écrire, et, à part le temps qu'exigent le perfectionnement du style et les soins particuliers à donner à une composition écrite, il suivra en parlant la même marche qu’en écrivant. Il aura soin de se bien pénétrer du sujet à traiter verbalement, de déter- miner le point de vue sous lequel il doit le considérer et de se tracer un plan qui lui permette de présenter ses idées avec ordre, avec enchainement et de manière à réaliser l'effet qu’il veut produire sur l'esprit de ses au- diteurs. Est-il nécessaire d'ajouter que chaque fois que l'élève s'exerce à parler, soit en racontant ce qui a été dit par autrui, soit en exprimant ses propres idées, il doit em- ployer dans son débit un ton toujours convenable ? Per- sonne n'ignore que sur ce point, plus peut-être que sur tout autre, il est d’une extrême difficulté de corriger les défauts qu'on a contractés dans sa première jeunesse et que, sous ce rapport surtout, il est vrai de dire que l’ha- bitude devient une seconde nature. Le maître ne négligera done rien pour que l'élève évite soigneusement cet écueil. Dans cette vue, il lui prescrira des exercices de lecture à haute voix; il se posera lui-même comme modèle, non pour faire imiter ou copier servile- ment sa manière d’énoncer, mais afin qu’à son exemple, l'élève s'étudie lui-même et mette à profit les ressources ( 251 } qu'il tirera de son propre fonds; car, on le sait, rien ne gâte plus le débit que le défaut de naturel. Si, au moyen de ces exercices, l'élève parvient à lire les compositions d’autrui avec l’accentualion conforme aux vues de chaque auteur, à plus forte raison sera-t-il capable de bien énoncer les pensées qui lui appartiennent et les sentiments qu’il éprouve réellement. Nous croyons avoir suffisamment indiqué dans ce qui précède par quels procédés les jeunes gens peuvent ac- quérir le talent de parler avec facilité et d’un ton conve- nable. Il ne resterait plus, après cela, qu'à appeler l’at- tention des maîtres sur un point beaucoup plus important qu'on ne le pense communément, sur la prononciation. Nous n'entrerons pas à ce sujet dans des détails qui seraient déplacés ici; nous dirons seulement ce qu'il est essentiel de considérer relativement à la prononciation française, pour que les élèves soient bien dirigés sous ce rapport. Il est incontestable que, comme pour former son style il faut apprendre la langue telle qu’elle a été fixée par l’usage que les bons écrivains en ont fait, ainsi, pour bien prononcer, il faut suivre l'exemple des personnes qui par- lent bien. Ce principe posé, il suffirait, semble-t-il, que le maître, tout en tenant compte des observations des grammai- riens, se füt lui-même formé d’après de bons modèles, pour que, sous sa direction, les élèves pussent corriger ce que leur prononciation présenterait de vicieux. D'où vient, cependant, que les efforts du maître même le plus habile sont si rarement couronnés d’un plein succès? C'est, pensons-nous, qu'indépendamment de l'influence facheuse qu'exerce sur nous le milieu dans lequel nous ( 252 ) vivons, la manière dont nous formons les syllabes d’après les systèmes d’épellation en usage dans les écoles est défec- tueuse et nous expose à contracter, dès l'enfance, des vices dont il devient presque impossible, par la suite, d'effacer complétement les traces. Il serait donc nécessaire, si l’on veut appliquer à. ces défauts un remède efficace, de remon- ter jusqu'au premier degré de l’enseignement. Peu de mots sufliront pour indiquer comment le mode ordinaire d’épellation devrait être réformé. Il est aisé de remarquer, pour peu qu’on réfléchisse, que le rhythme de la langue française est, si je puis m'ex- primer ainsi, éminemment iambique; que, par consé- quent, pour bien prononcer, il faut glisser sur les pre- mières syllabes des mots et appuyer seulement sur les dernières (1). On peut même ajouter que lorsqu'on énonce plusieurs mots de suite, sans s'arrêter, ce n’est que sur la dernière syllabe du dernier mot qu’il faut appuyer. Or, l'épellation usitée a pour règle, en décomposant les mots, de former les syllabes de telle sorte qu'ordinairement l’une se termine au moment de la rencontre d'une con- sonne dont on fait l'initiale de l’autre. il résulte de l'application de cette règle que le rhythme, d’iambique qu'il doit être, devient spondaïque, et il arrive ainsi que l’un des principaux défauts de prononciation, qui se fait remarquer surtout dans un grand nombre de localités wallonnes, s'aggrave considérablement , bien loin d’être corrigé. (1) Cette remarque a été faite par M. Jullien, dans la Revue de l’instruc- tion publique, dans le but de prouver qu'il n’y a d’'é fermé réel qu’à la fin des mots. En généralisant cette observation, ne serait-on pas en droit de dire que les syllabes sont longues ou brèves par position et que la syllabe d’un repos est seule réellement longue ? ( 255 ) A cette règle inexacte, et en même temps si nuisible pour ceux qui, dans la prononciation des mots, n’ont égard qu'au mode d’épellation, il conviendrait d'en substituer une autre mieux appropriée au rhythme de la langue française. Cette nouvelle règle, conforme à la prononciation réelie des personnes qui parlent bien, pourrait être formulée en ces termes : aller dans la formation de chaque syllabe aussi loin que possible, c’est-à-dire, ne s'arrêter que là où doit nécessairement commencer une nouvelle émission de voix (1). Nous croyons que l'élève, familiarisé dès son enfance avec ce mode de syllaber, éviterait, sans trop de peine, le défaut de prononciation que nous avons particulièrement signalé et qui résiste si souvent aux efforts des maitres (2). La classe me pardonnera de m'être arrêté à des considé- rations qui semblent peu importantes en elles-mêmes. Elle voudra bien tenir compte du motif qui m'a guidé et qui n’est autre que le désir de voir cultiver avec le plus grand soin dans nos établissements d'instruction une (1) Je dois la communication de cette règle à l’'obligeance d'un ami qui, dans un travail non publié, a recherché et coordonné, sous une forme mé- thodique, les véritables caractères de la prononciation française. Quant à la règle que j'ai citée, un simple exemple d'application en fera comprendre l'utilité au point de vue qui nous occupe. Suivant l’épellation ordinaire, on devrait prononcer mau-vais , 0-ser, mai-son, cOu-per , é-té, pru-plier ; au contraire, d’après le système proposé, on doit dire forcément, à cause de l’adjonction des consonnes aux premières syllabes, müatv-ais, dS-er, mais-on, coup-er , ét-é, pèup-lier. (2) Ilest, sans doute, d’autres défauts qui dénaturent aussi la vraie pro- nonciation française. Nous mentionnerons, en passant, celui qui consiste à ne pas articuler assez fortement les lettres, soit seules, soit réunies, et à ne | pas donner à la bouche l'ouverture nécessaire pour produire les sons propres à certaines voyelles et à certaines diphthongues. L , ( 254 ) langue, dont l'usage nous est familier, il est vrai, mais qui, néanmoins, ne peut être maniée avec talent sans une étude longue et sérieuse. Les séances du mois de mai ont été fixées comme suit : au 8, réunion mensuelle et jugement du concours; au 9, séance générale des trois classes; au 10, séance publique de la classe des lettres. ( 259 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 6 avril 1854. M. Navez, président de l’Académie. M. QuereLer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Fétis, Hanssens, Roelandt, Jos. Geefs, Snel, Ed. Fétis, Edm. De Busscher, membres ; Calamatta, associé; Geerts, correspondant. CORRESPONDANCE. M. Loddé écrit d'Orléans pour obtenir des renseigne- ments au sujet d’une partition qui a été envoyée au con- cours de l’Académie. — Il est donné communication d'une notice manuscrite de M. Alexandre Pinchart, sur Thomas de Bononia, pein- tre et architecte italien du XVI"* siècle. (Commissaires : MM. Ed. Fétis et Ed. De Busscher.) ToME xx1. — ΰ part. 19 ( 236 ) RAPPORTS. M. F. Fétis reud compte de ce qui s’est passé dans les deux premières réunions de la commission pour l’encou- ragement de l’art dramatique en Belgique. La commission s’est ajournée jusqu'au mois de mai prochain; mais plu- sieurs membres ont annoncé l'intention de faire, à cette époque, des propositions en faveur dés compositeurs et des poëtes dramatiques. — M. le secrétaire perpétuel fait connaître que la com- mission spéciale des finances de la classe des beaux-arts s’est réunie avant la séance, et qu'elle à vérifié les comptes de 1855, déjà approuvés par la commission administrative de l'Académie. Elle a également souscrit aux budgets des dépenses et des recettes pour 1854, en ce qui concerne la classe qu’elle est chargéé de représenter. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur une estampe satirique du XVI" siècle, par M. Ed. Fétis, membre de l’Académie. On tenait jadis peu de compte des éléments populaires de l’art. On ne songeait pas au degré d'intérêt qu'ofiri- raient par la suite, à titre de documents historiques, des . ( 257 ) objets d’un mérite secondaire ou nul. Les dépôts publics, où, de nos jours, on prend soin de les conserver, n'exis- taient pas, et l'innocente manie des collectionneurs, dont on médit trop, car elle rend, en de certains cas, des ser- vices réels , ne s'était pas étendue à toutes choses. Pour ne parler que des esiampes , combien de pièces , regardées actuellement comme précieuses et que les amateurs ne croient jamais payer trop cher lorsqu'un heureux hasard les leur fait rencontrer , doivent leur rareté à l’insouciance de nos pères? Combien n'est-il pas de gravures dont la presse jela originairement un grand nombre d'épreuves dans la circulation, et que cette même incurie a rendues introuvables ? Si des estampes d’une exécution remarquable, si des œuvres d'artiste ont subi cette loi d'extinction, les images faites pour le peuple y étaient nécessairement bien plus exposées encore. Nul ne formait une collection de gra- vures, ni réunissait dans un portefeuille ces productions véritablement éphémères. Les personnes qui avaient des livres de piété, les seuls qui fussent répandus dans la bour- geoisie, s’en servaient pour conserver les estampes aux- quelles elles attachaient quelque prix, soit en les collant à l’intérieur de la couverture, soit en les glissant simple- ment entre les feuillets. C’est là qu'ont été retrouvés la plupart des antiques monuments de l’art xylographique qui brillent au premier rang des raretés de nos collec- tions. La plus ancienne gravure avec date non contestée (le Saint-Christophe de 1422) découverte par M. de Hei- necken dans la chartreuse de Buxheim en Souabe, était collée à l’intérieur de la couverture d’un manuscrit légué à ce monastère par une chauoinesse de Buchow, qui l'y avait sans doute fixée de ses mains, et la préserva ainsi ( 258 ) providentiellement de la destruction. En rapportant cette circonstance, M. Duchesne, le savant iconographe, fait remarquer que lorsqu'on pense qu'une image destinée à satisfaire la dévotion du peuple, une simple feuille de papier, a pu traverser un espace de quatre siècles et arriver presque sans accident jusqu'à nous, on ne peut plus être étonné du prix attaché à une semblable gra- vure. | Ces images, destinées à satisfaire la dévotion du peuple, comme le dit M. Duchesne, ont pu échapper à des chances presque certaines d’anéantissement lorsque le hasard les faisait tomber entre les mains de quelque personne pieuse en possession des moyens de conservation que nous ve- nons d'indiquer; mais toutes celles qu’une circonstance particulière n’enlevait pas à la consommation populaire, devaient inévitablement périr. Le peuple n'avait pas de livres; les images distribuées par les confréries pour ex- citer le zèle des fidèles, ornaient la demeure de l'artisan ou du petit bourgeois, non sous la protection d’un cadre préservateur, car c'était un luxe alors inconnu, mais simplement fixée contre la muraille, près d'une figure sculptée de la vierge ou près d’un bénitier. Dans de pa- reilles conditions leur existence n’était pas de longue durée. Un fait assez bizarre et qui mérite d’être rapporté nous fournira une nouvelle preuve du peu de soin que lon croyait devoir donner autrefois à la conservation des es- tampes, et des périls auxquels étaient exposés les mor- ceaux les plus précieux. Parmi les livres du fonds de l’ancienne bibliothèque communale de Bruxelles, annexée depuis quelques années au dépôt de l'État, se trouvait un certain nombre de gros in-folios sur les pages desquels ac ( 259 ) on avait collé, recto et verso, des gravures de tous les temps, de toutes les écoles et de tous les genres. Aucune idée systématique n'avait présidé à leur arrangement. Près des œuvres des vieux maitres allemands on voyait des pièces des graveurs français du XVIF"* siècle; en regard d’une planche en tailles de bois apparaissait une délicate et spirituelle eau-forte. Même absence d’analogie dans la réunion des sujets. Telle page offrait le singulier voisinage d’une composition religieuse et d’une baccha- nale. Dans cette confusion d’époques et de styles, Lucas de Leyde coudoyait Edelinck, Altdorfer servait de pen- dant à Bolswert, le Parmesan et Rembrandt marchaient côte à côte. Quel était l’auteur de ce chaos iconographique et dans quel but une si étrange collection avait-elle été formée? L'origine des volumes en question, conservée par la tradition, si ce n'est par un titre authentique, ren- ferme en elle-même la solution de ce double problème qui défierait la sagacité des hommes les plus compétents. Les auteurs , car ils étaient plusieurs, étaient les religieux infirmes des hôpitaux de Bruxelles. Leur but avait été de composer des espèces d'albums qui servissent à la récréation des convalescents. Ils suivaient, sans doute, un usage fort ancien , et il est permis de croire que les volumes arrivés jusqu'à nous ne sont que les successeurs de recueils sem- blables successivement détruits. La présence d’un grand nombre de belles et rares pièces dans ces collections rassemblées sans aucun esprit d'ordre et sans aucune pensée de conservation, témoigne du peu d'estime que l'on avait, même à des époques rapprochées, pour les anciennes estampes, et montre que des causes de toute nature pouvaient empêcher qu’elles ne parvinssent jus- qu’à nous. (260 } La gravure sur laquelle je me propose d'appeler l’atten- tion de la classe ne remonte pas à des temps très-reculés; mais elle n'en est pas moins fort rare. Une circonstance semblable à celle qui préserva le Saint-Christophe de la chartreuse de Buxheim a procuré à la Bibliothèque royale l'avantage d’en posséder un exemplaire. Elle était collée à l’intérieur de la couverture du livre de Jean Cochlée, intitulé : Commentaria de actis ac scriptis M. Lutheri, qui provient de la bibliothèque d’un couvent d'Anvers. C'est la reproduction d’un tableau satirique où sont re- tracés des épisodes plus ou moins apocryphes de la vie de Calvin. Au bas de l’estampe dont il s’agit, laquelle est gravée à l’eau-forte, se trouve une légende imprimée en carac- tères mobiles, pareille, pour le style et pour l'aspect ma- tériel, à celles dont on faisait généralement suivre jadis les images de dévotion. En voici le titre qu’il faut rappor- ter textuellement, bien que la naïve crudité de certaines expressions blesse nos oreilles infiniment plus chastes que celles de nos pères : LE POURTRAIT DE JEAN CALviN, SODOMIT CAUTÉRISÉ, PEINT PAR MARTIN DE CLÈVES, ALORS VIVANT; ET SE VOID EN ANVERS EN UNE MAISON DITTE LA Pladdps-WUey. Le tableau dont notre gravure donne la reproduction est un triptyque. Dans le compartiment de gauche, on voit un homme nu jusqu'à la ceinture, sur un échafaud, et les mains liées à un pilori : c’est Jean Calvin. Le bourreau vient de tirer d'un réchaud embrasé un fer terminé par le relief d’une fleur de lis qu'il applique sur l’épaule droite du patient. L’épaisse fumée qui résulte de cette application pe laisse aucun doute sur le succès de l'opération. Le bourreau sourit d’ailleurs de l'air d’un homme parfaite- ( 261 ) ment satisfait de la nouvelle preuve qu’il donne de son habileté. Autour de l’échafaud sont rangés des spectateurs de différentes conditions, des bourgeois et des manants, comme on disait alors. Le fond est rempli par des maisons d’ancienne architecture et par un édifice qui doit être l’hôtel de ville de Noyon. Dans la partie centrale, un homme attaché à un poteau subit le supplice du feu. Déjà les flammes d'un bûcher qu'at- tise le bourreau ont consumé les membres inférieurs du supplicié dont le corps est dans l'état d’affaissement qui indique la cessation de la vie. À peu de distance un homme à la barbe fourchue, vêtu de la longue robe et coiffé du bonnet des docteurs de la réforme, assiste à ce spectacle qui semble lui causer une joie mal dissimulée. Derrière lui se tient un hallebardier suisse. Les derniers plans offrent une vue de Constantinople prise sur les rives du Bosphore ayec un bizarre pêle-mêle de figures de chrétiens, de musulmans et de démons servant à une allégorie qui paraît d'abord assez obscure, mais que la légende fait comprendre cependant. Le sujet de cette composition est complexe, quoique resserré dans d’étroites limites. C'est Calvin assistant au supplice de Servet qu'il a fait arrêter et brûler après un simulacre de jugement. Le hallebar- dier en costume helvétien indique que la scène se passe à Genève, Quant à la représentation des diableries qui se jouent en vue de Constantinople, elle a son explication dans divers passages de la légende tirés d'auteurs héréti- ques, afin de prouver comment les sectaires se traitaient mutuellement : « Le calvinisme, l’arianisme et le maho- mélisme sont frères et sœurs, sont trois chausses du même drap, un marais puant où sont nourries beaucoup de sectes, la dernière fureur de Satan. » ( 262) Et ailleurs : « Les calvinistes sont des vipereaux, meur- triers des âmes, impies , blasphémateurs, trompeurs, san- guinaires, chiens infernaux, turqs allemands, envoyés et possédés par le diable, mahométiens baptisés, homme en- diablés et soudiablés. » Et plus loin : « On ne se doit espouventer de ce que plusieurs calvinistes en Pologne, Transsilvanie et Hongrie se sont rendus arriens et mahométiens, attendu que leur maistre Jean Calvin leur appreste le chemin. » & Donner une description du troisième compartiment de la gravure anticalviniste est besogne difficile et délicate. Les personnages en scène sont Calvin, une femme de la bourgeoisie et un jeune garçon de dix à douze ans. La bonne femme semble confier son fils à l’apôtre de la reli- gion nouvelle en le recommandant à sa sollicitude. Calvin lui prend la main comme pour jurer qu'il aura soin de l'enfant; mais celui-ei ne paraît pas avoir confiance en son protecteur qui l’attire vers lui, car il fait des efforts mani- festes pour échapper à son étreinte. Il est impossible de ne pas voir dans cette scène une allusion au fait qui aurait motivé la cautérisation de Cal- vin, selon l'expression de la légende. La gravure que je viens de décrire se distingue des estampes allégoriques ou satiriques auxquelles ont donné lieu les disputes religieuses du XVI": siècle, ainsi que des images de dévotion faites pour le peuple, soit à la même époque, soit antérieurement , elle se distingue, dis-je, par plusieurs points essentiels : par le goût de la composition, par les procédés d'exécution et par la manière dont ces procédés ont été mis en œuvre. Parlons d’abord de la composition. La légende nous ap- prend qu'elle est l’œuvre d'un peintre appelé Martin de ( 265 } Clèves, mais dont le véritable nom était Van Cleef. Martin Van Cleef était élève de Franc-Floris. Il commença par trai- ter la grande peinture historique, puis son penchant le porta à se restreindre dans les limites de proportions plus ré- duites, et il réussit mieux dans ce nouveau genre que dans celui qu'il avait primitivement adopté. Ses petits tableaux étaient estimés, et plusieurs paysagistes, parmi lesquels le Cooninxloo eurent recours à son pinceau pour orner leurs sites de figures habilement touchées. En revanche, il em- pruntait, pour peindre les fonds de ses tableaux, l’aide de son frère Henri Van Cleef, peintre et graveur, dont les paysages sont justement estimés el qui rendait le même service à Franc-Floris, leur maitre à tous deux. Tout porte à croire que les fonds de la partie centrale du triptyque qui nous occupe sont de la main d'Henri Van Cleef, D’a- bord ils accusent une pratique de l’art de traiter les plans éloignés du paysage qui n'appartient ni au peintre d’his- toire, ni au peintre de genre. En second lieu, notre con- jecture s’appuie sur une circonstance de la vie d'Henri Van Cleef dont le témoignage nous semble lui donner une pleine confirmation. Les biographes de cet artiste nous appren- nent qu'il avait voyagé longtemps pour rassembler des études propres à lui servir de matériaux pour ses tableaux, et qu'il était sur le point d'entreprendre, dans le même but, une exploration en Orient, lorsqu'il eut l’occasion d’ache- ter d’un certain Melchior Lorch, qui avait longtemps ré- sidé à Constantinople, une nombreuse collection de des- sins. Or, nous avons dit que les fonds du compartiment, où est représenté le supplice de Michel Servet, offre une vue de Constantinople prise sur le Bosphore. Cette particula- rité, rapprochée du fait rapporté par les biographes d'Henri et de Martin Van Cleef, nous semble prouver suffisamment ET tm ( 264 ) que les deux frères ont participé à l'exécution du tableau dont notre gravure offre la reproduction. Nous venons de voir quel est le peintre ou plutôt quels sont les peintres. Il resterait à découvrir le nom du gra- veur. Malheureusement aucune indication ne nous met sur la voie. Ce ne peut être Martin Van Cleef lui-même, car ces mots : peint par Martin de Clèves alors vivant , nous indi- quent qu'elle a été faite après la mort de cet artiste. Quant à Henri Van Cleef, il n’a gravé que des paysages. Cepen- dant s'il règne dans la composition un goût que n'ont pas en général les pièces satiriques de cette époque, si les figures sont remarquables par l'expression et par la correc- tion du dessin, la gravure est d’un travail ferme et libre qui trahit la main d'un artiste habile. Elle a toute la hardiesse et tout le piquant de ce faire de premier jet qui caracté- rise les eaux-fortes des peintres. Tout concourt done à rendre la pièce qui nous occupe particulièrement intéressante : sa rareté, sa supériorité comme exéeulion sur la catégorie des images populaires dans laquelle on doit cependant la ranger, cette circon- stance qu'elle reproduit l’œuvre de deux peintres de l’an- cienne école anversoise, enfin la singularité du sujet qui s'écarte essentiellement de la nature de ceux dont s’inspi- rent habituellement les artistes dignes de ce nom. Notre estampe est une pièce de plus et d’un genre nouveau «ans la question si controversée de la fleur de lis de Calvin et de la cause de l’apposition de ce signe réprobateur sur l'épaule du réformateur. T1 est snfisam- ment ressorti des témoignages produits dans la discussion à laquelle ce fait a donné lieu, que c'était une belle et bonne calomnie; mais le zèle religieux du peintre avait cru pouvoir s'en rapporter à l’assertion formelle de Bolsec, ( 265 }) qui aflirme, dans son Histoire de la vie, mœurs, actes, doctrine, constance et mort de Jean Calvin, que ledit Calvin fut accusé, à Noyon, du crime d’impudicité, jugé et con- damné à mort, et qu'il obtint, par l'intervention de son évêque, de faire substituer à la peine capitale la flétrissure de la fleur de lis. Bolsec certifie avoir vu, dans les actes publics de la ville de Noyon, une pièce authentique con- statant et le délit et la sentence intervenue. En fallait-il davantage pour édifier la conviction d’un bon catholique? Martin Van Cleef s'empare d'un fait donné comme certain, qui n'avait pas encore été discuté, et le met en action. Pourquoi ne montrerait-il point Calvin attaché au pilori et stigmatisé par la main du bourreau, puisqu'un auteur dont la bonne foi n’étail pas suspecte aux yeux de ceux de sa religion, assure avoir vu un acte constatant l'infa- mie. S'il y a un calomniateur, ce n’est pas Martin Van Cleef, c'est Bolsec. Seulement comme les artistes ont soin, en général , de ne traiter que des sujets vérilablement his- toriques, on est porté à concéder aux annales piltoresques le privilége d'une autorité presque incontestable, et la représentation du supplice de Calvin cause quelque sur- prise à ceux qui ne conuaitraient les événements de sa vie que par les récits des écrivains impartiaux. L'auteur de la légende placée sous la gravure semble avoir pris soin de défendre le peintre contre toute inculpation de fausse et perfide invention, en citant les paroles de Bolsec, aux- quelles il ajoute d’ailleurs, pour sou propre compte, force injures à l'adresse du réformateur et de ses coreligion- naires. Pour ce qui est des injures, Calvin n'était pas en reste avec ses ennemis, Car il n’en est pas qu'il ait éparguées aux défenseurs de la foi catholique. Le compartiment où est figuré le supplice de Michel ( 266 ) Servet est en tout point conforme à la tradition authen- tique. Le peintre n'a rien ajouté de son invention à la mise en scène de ce drame sanglant. S'il a mis Calvin debout à peu de distance de sa victime, au lieu de le placer à une fenêtre d’où il assistait commodément à l’agonie de Servet, c'est que les convenances de l’art le voulaient ainsi. Le fait demeurait le même. La figure de Calvin ex- prime une joie féroce parfaitement dans le caractère du personnage et de son rôleactuel. Peu de maîtres désavoue- raient la figure du supplicié, tant pour le sentiment que pour la correction du dessin. Le mouvement du bourreau qui rassemble des morceaux de bois enflammés aux pieds du patient est plein de vérité. Ajoutons que toute cette partie de l’estampe est gravée d’une pointe ferme et légère à la fois. Quant au troisième compartiment , n'était le sujet de- vant l'analyse duquel nous avons déjà reculé, ce serait un bon tableau de genre. Est-ce hasard, est-ce intention? L’estampe anticalvi- niste s'est trouvée fixée à l’intérieur de la couverture d'un livre antiluthérien de Jean Cochlée très-rare lui-même, par la raison que le plus grand nombre des exemplaires périt dans un incendie de l’abbaye S'-Victor, près de Mayence, où l’ouvrage avait été imprimé. Jean Cochlée est cet ardent adversaire des idées réformistes qui porta à Lutuer le défi d’une conférence publique, en stipulant pour condition que celui des deux qui serait vaincu par l'autre serait brûlé vif. On sait que Luther accepta; mais que des amis prudents intervinrent pour empêcher que ce duel bizarre n’eût lieu. Ainsi l'édition presque entière d’un ouvrage du théologien qu'un zèle peu commun avait porté à demander l'épreuve du feu pour ses opinions religieuses, ( 267 } est consumée dans un incendie et l’un des exemplaires qui échappent au désastre sert à conserver une estampe ayant pour sujet principal le supplice de Michel Servet brûlé par ordre de Calvin. Il y a là matière à un double et curieux rapprochement. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Le Chevalier au Cygne et Godefroid de Bouillon, poëme his- torique; publication commencée par M. le baron de Reiffenberg et achevée par M. À. Borgnet. Tome III (formant le tome VI de la collection Monuments pour servir à l'histoire des provinces , publiée par la Commission royale d'histoire). Bruxelles, 1854; 4 vol. in-4°. Retraite et mort de Charles-Quint au monastère de Yuste. Lettres inédites publiées d'après les originaux conservés dans les archives royales de Simancas ; par M. Gachard (publication de la Commission royale d'histoire), tome I*". Bruxelles, 1854; 1 vol. in-8°. Almanach séculaire de l'Observatoire royal de Bruxeiles, par le directeur A. Quetelet. Bruxelles, 1854; 4 vol. in-18 de 460 pages. Monographie de la hernie du cerveau et de quelques lésions voisines ; par M. A. Spring (Extrait des Mémoires de l’Académie royale de médecine). Bruxelles, 1853; 1 vol. in-4°. Traité théorique et pratique de médecine oculaire, par P.-J. Vallez. Bruxelles, 1853; 14 vol. in-8°. Bulletin administratif du ministère de l'intérieur. Tome VII, février et mars. Bruxelles, 4854 ; 2 broch. in-8°. ( 268 ) Revue de la numismatique belge, publiée sous les auspices de la Société numismatique, par MM. Chalon, De Coster et Piot. Tome IV. 1"° livraison. Bruxelles, 1854; 1 broch. in-8°. Commerce intérieur et extérieur de la Belgique. Causes de son état languissant et moyens pour le faire refleurir, par P.-C. Baes. Bruxelles, 1854; 1 broch. in-12. La véritable grammaire selon l'Académie, par B. Delesalle. Bruxelles, 1854; 4 vol. in-S°. Brucelles ancien et nouveau. Dictionnaire historique des rues, places, elc., par Eug. Bochart, 1854; feuille 7. Bruxelles; 1 feuille in-8°. Société royale des beaux-arts et de littéra'ure à Gand.— Règle- ment organique. — Programme du concours liltéraire ouvert pour l'année 1855. Gand, 1854; 1 br. in-8° et 1/2 feuille in-4°. Le jardin fleuriste, journal général des progrès et des intérêts botaniques et horticoles, rédigé par Ch. Lemaire, 4° volume, 2 et 21° livraisons. Gand, 1853; 1 broch. in-8°. Chant de l'esclave germain, dithyrambe. — Cantate, exécutée par la Société royale des beaux-arts de Gand. — Prys-gedichten. — Lofdichten op Pius VII. — Currus vapore motus, ode. — De gentsche vaderbeul, romance. — De verdwaalde Reizigers. Phantastieke legende. — Twee volksliederen. — P.-T. Klues, een vlaemsche liedeken. — Liedekens. — De ouderwoon. — Christus Navolging. — Feestkrans voor den weledelen heer E.-B. Quaet- faslem. — Levenschets van Karel van Mander. — Een vlaemsch dichter van ‘t midden der zevetiende eeuw. — Oude pryskaerten van de brugsche rederykkamer de drie Santinnen. — Bydragen tot de geschiedenis der rederykkamer van den heiligen geest te Brugge, 1571-1573. — By het eerste verjaringsfeest van het vlaemsch-duitsch zangverbond. — Ragnar Lodbrog, yslandsche saga. — Tiwvee Lykredenen op L.-M. van Orleans. — De sonate van den duivel. — De processie te Veurne. — Un véritable por- trait de Sidronius Hosschius. - L'histoire de la ville et du comté d'Alost, par M. De Smet. — Une prière publique au moyen âge. ( 269 ) — Des noms des rues de la ville de Gand, traduits en français. — Palfyn, poëme national. — Un chef-d'œuvre d'orfévrerie du XV" siècle. — De engelsche gallomaen, pundicht nat latyn van Th. Morus. — Poésies et opuscules en prose par Prudent Van Duyse. Gand; 22 broch. et 7 feuilles in-8°- Notices biographiques sur M. Van Rysingen. — P.-J. de Borchgrave. — P.-J. Robyn. — A. Vanden Poel. — Pater Verheggen. — De burgmeester van Crombrugghe. — D. Linda- nus. — N. Cornelissen. — J.-B. Cannaert; par Prudent Van Duyse; 9 broch. in-8°. Essai sur l'activité du principe pensant considérée dans l'in- stitution du langage. 4" partie. Du langage en général. 2° partie. Du langage par signes fugitifs ou du langage en action; par Pierre Kersten. Liége, 1851 et 1855; 2 vol. in-8°. Journal historique et littéraire. Tome XX. Liv. 12. Liége, 1854; 1 broch. in-8°. Société libre d'émulaiion de Liége. — Procès-verbal de la séance publique tenue le 12 mars 1854 pour l'inauguration de la nouvelle salle. — Discours prononcé à l'inauguration de la nou- velle salle, par MM. Alb. d'Otreppe de Bouvette. Liége, 1854; 2 broch. in-8°. Société historique et lilléraire de Tournai. Bulletins. Tome HI. — Mémoires. Tome 1%, Tournai, 1853; 2 vol. in-8. Ægyptische monumenten van het nederlandsche Museum van oudheden te Leyden ; uityegeven op last der hooge regering, door L.-C. Leemans. 15% aflevering of 8 aflevering van de If afdeeling. Leyde, 1853; in-plano. Waarnemingen te Utrecht, door D" F.-W.-C. Krecke. Utrecht, 1853; 5 feuilles in-4°. Uitkomsten van wetenschap en ervaring aangaande winden en zeestroomingen in sommige gedeelten van den Oceaan. Benevens verslag van de maritimie Conferentie te Brussel. Uitgegeven door het koninklijk nederlandsch Meteorologisch Instituut. Utrecht, 1855; 1 broch. in-8. ( 270 ) Het universeel exiract-journaal met verklaring. Uiigegeven door het koninklijk nederlandsch Meteorologisch Instituut. Utrecht, 4853; 1 broch. in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie des sciences, par MM. les secrétaires perpétuels. Tome XXXVII. Nos 14 à 14. Paris, 1854 ; 4 broch. in-#°. Recherches expérimentales sur la végétation, par M. Georges Ville. Paris, 4855; 1 vol. in-fol. Revue de l'instruction publique. 13° année, n°% 51 à 52, 14° année, n° 4 à 2. Paris, 1854; 4 doubles feuilles in-4°. L'Athenaeum français. 3° année. N° 153 à 15. Paris, 1854; 5 doubles feuilles in-4°. Journal de la Société de la morale chrétienne. Tome IV. N°1. Janvier et février. Paris, 1854; 1 broch. in-8°. De la religion du nord de la France avant le christianisme , par Louis De Baecker. Lille, 1854; 4 vol. gr. in-8°. Essai sur les fonctions du foie et de ses annexes. — Inutilité de la bile dans la digestion proprement dite; mémoire complémen- taire de l'essai sur les fonctions du foie. — Nouvelles recherches chimiques sur la nature et l'origine du principe acide qui domine dans le suc gastrique. — Recherches sur la digestion des ma- tières amylacées; par N. Blondlot. Nancy, 1846, 1851 et 1855; 4 broch. in-8°. Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie, année 1855, n° 4. Amiens, 4855; { broch. in-8. Philosophical transactions of the Royal Society of London. For the year 1853. Vol. 143. Part. WI. Londres, 1855; 1 vol. in-4°. Proceedings of the Royal Society. Vol. VE. N° 99 et 101. Londres, 1853; 2 feuilles in-8. — The Royal Society, 50" november 4853. Fellows of the Society. Londres, 1853; 1 broch. in-4°. — Address of the right honourable the Earl Rosse, the president read at the anniversary meeting of the Royal Society. Nov. 50, 1853. Londres; 1 broch. in-8°. (271 ) The quarterly Journal of the geological Society. Vol. X. Part. 1 , n° 37, février, 1854. Londres; À vol. in-8°. Astronomical observations made by the rev. Thomas Catton, reduced and printed under the superintendance of G.-B. Airy. Londres, 1853 ; 4 broch. in-8°. The quarterly journal of the chemical Society. Vol. VI. Part. 4, n° 24. Janvier, Londres, 1854; 1 broch. in-8°. Royal Irish Academy. Proceedings. Vol. V. Dublin, 1853; 1 vol. in-&. Zeitschrift für allgemeine Erdkunde. Mit Unterstukkung der Gesellschaft für Erdkunde zu Berlin. Herausgegeben von D° T.-E. Gumprecht. I Band, 1-2 Heft. Berlin, 1854; 2 broch. in-8?. Allerhüchst eigenhändige Instruction Weiland Seiner Majestät Kônigs Friederichs IL für den Staats-und Cabinets-Minister Grafen Finck von Finckenstein vom 10 Januar 1757. Fac-simile nach dem im kônigl. Geheimen Staats-Archiv. zu Berlin aufbe- wabrten original. Berlin, 1854; 1 broch. in-4°. Verhandlungen des naturhistorischen Vereins der preussis- chen Rheinlande und Westphalens. Herausgegeben von D‘ Budge. 10% Jahrgang. 3% und 4% Heft. Bonn, 1853, 1 vol. in-8°. Neues Jahrbuch für Pharmacie und verwandte Fächer. He- rausgegeben unter Mitwirkung des Directorii, von G. Walz und F. Winckler. Band 1. Heft 4. Janvier 1854. Spire; 1 br. in-8°. Allgemeiner Anzeiger für den Oberrhein. N° 1, den 18 Ja- nuar. Spire, 1854 ; 1 feuille in-4°. Ankündigung der Vorlesungen, welche im 1852 und 1854 auf der grosherzoglich badischen Albert-Ludwigs-Hochschule zu Fribourg im Breisgau. Fribourg, 3 broch. in-8°. Programm wodurch zur Feier des Geburtsfestes S. K. H. unseres Regenten Friedrich im Namen des Acad. Senates die augehorigen der Universität einladet der gegenwärtige Prorec- tor D' A. Ecker. Fribourg en Breisgau , 4853; 4 broch. in-8°. TOME xx1. — ]'° PART 20 (272) Die anatomie der Tonsillen, von D' Rudolph Maier. Fribourg, 4855 ; 4 broch. in-S°. Grundzüge der Naturgeschichte für den ersten wissenschaft- lichen Unterricht, besonders an technischen Lehranstalten. Ent- worfen von D' Fürnrohr; 1, Hi Lieferung. Augsbourg, 1855, 4 vol. in-8°. Flora oder allgemeine botanische Zeitung, herausgegeben von der kônigl. bayer-botanischen Gesellschaft zu Regensburg. Neue Reihe. X-XF' Jabrgang. Redigirt von D'. A.-E. Fürnrobr, 1852-1853. Augsbourg; 2 vol. in-8°. Ueber den Auban der Kartoffel, von D' A.-E. Fürnrohr. — Die Fische in den Gewässern um Regensburg, von D" A.-E. Fürnrohr. Augsbourg, 1847 ; 2 broch. in-8°. Psychologische characteristik Otio's von Freising, von D° L. Lang. Augsbourg ; 1852; 4 broch. in-8°. Geschichte der Regierung Albrecht IV, herzogs in Bayern, von Otto Titan von Hefner. Munich, 14852; 4 broch. in-8°. Jahrbuch der kaiserlich-küniglichen geologischen Reichsanstalt. IVèe Jahrgang. N° 2. April und Juni. Vienne, 1853, 4 vol. in-4°. Indsigelse imod P.-J. Van Benedens Middelelse til Brüsseler- Academiet : « la génération alternante et la digenèse, » af prof. J. Sm. Steenstrup (Altrykt of oversigt over het kgl. danske Vi- densk. Selsk. Forhandlinger 4855). Copenhague, 1854; 1 broch. in-8°. Réclamation contre « la Génération alternante et la digenèse, » communication faite à l'Académie de Bruxelles par le prof. P.-J. Van Beneden, par J. Sm. Steenstrup (Extrait des Bulle- tins de la Société royale des sciences, 4853). Copenhague, 4854; 4 broch. in-8°. Bullettino archeologico napolilano. Nuova serie. N° 31 à 34. Octobre et novembre. Naples, 1853; 1 broch. in-4°. Repertorium italicum complectens zoologiam, mineralogiam, geologiam et paleontologiam , eura Josephi Bianconi. Anno 1853. Fascic. 2. Bologne, 14854; 4 vol. in-8°. (275 ) an die kaïserlich russisch geographische Gesellschaft die Expedition nach machnowka behufs der Beobachtun- à der totalen Sonnenfinsterniss des Jahres 4851, von D G. eizer. Moscou, 4851 ; 4 broch. in-8°. e american journal of science and arts. Second series. 8 et 49. New-Haven, 1855 et 1854; 2 vol in-8°. LA Fe : \p : VAN SET L (— ATOS te LE BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1854. — No 5. he — CLASSE DES SCIENCES. Séance du 9 mai 1854. M. le baron de Sezys-Lonccuawrs, directeur. M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Pagani, Sau- veur, Crahay, Wesmael, Martens, And. Dumont, Cantraine, Morren , Stas, De Koninck, Van Beneden, Ad. De Vaux, le vicomte B. Du Bus, Nerenburger, Gluge , Schaar, Liagre, membres; Schwann, Spring, Lacordaire, associés; Brasseur, correspondant. MM. Polain, Ed. Fétis, Nolet de Brauwere Van Steelandt assistent à la séance. TOME xx1, — ['° parr. 21 (276) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur transmet, pour être déposés dans la bibliothèque de l’Académie, les ouvrages suivants : 4° Flora melitensis, par M. Schembri, consul de Belgi- que à Malte; 2° L’Almanach nautique de l'Espagne, pour 1854, par M. S. Montojo, directeur de l'Observatoire de San-Fer- nando. M. le Secrétaire perpétuel dépose des lettres de remerci- ments pour l’envoi des publications académiques adressées à la Compagnie par l'Académie royale des sciences de Turin, l’Université impériale de Cazan , la Société de phy- sique de Wurzbourg, la Société des sciences naturelles de Stuttgart, la Société impériale des sciences de Lille et la So- ciété impériale d’'émulation du département de la Somme. — MM. Camille Bessière, Van Eckoven etSchram prient la classe d'accepter le dépôt de deux paquets cachetés con- tenant des documents relatifs à la maladie de la vigne. Le dépôt est accepté. — La classe reçoit sur les phénomènes périodiques des plantes et des animaux les documents recueillis, en 1853, à Ostin, près de Namur, par M. le professeur Bertrand, et à Bastogne, au commencement de 1854, par MM. l'abbé Ger- main et Lahire; de même que les tableaux de l’état de la végétation, observée aux 20 et 21 avril dernier : A Bruxelles, par M. Quetelet ; (271) À Liége, par M. le baron de Selys-Longchamps et De- walque; A Waremme, par M. Michel Ghaye; A Stavelot, par M. Dewalque; A Namur, par M. le professeur Bellynck; A Jemeppe, par M. Alf. de Borre. M. Quetelet fait remarquer que, d’après ces tableaux, Vétat de la végétation , au 20 avril dernier, se trouvait en avance de huit à dix Jours. Le lilas, Syringa vulga- ris, par exemple, qui fleurit moyennement à Bruxelles le 28 avril, y était en fleurs dès le 18; à Liége, à Wa- remme et à Jemeppe, sa floraison était commencée le 20; à Stavelot seulement, le lilas était encore en boutons à la même époque, mais ce retard n’est qu'un effet de la situa- tion de cette dernière place. M. Quetelet ajoute qu'il a reçu une lettre particulière de M. le colonel Sabine , dans laquelle le savant anglais lui annonce que le lilas, dans le Devonshire, était en fleur dès le 9 avril. Depuis près de vingt ans qu’on l’observe à Bruxelles, cet arbuste n’y à jamais fleuri avant le 12 avril (en 1846). La classe reçoit les ouvrages manuscrits suivants : 4° Mémoire sur les foyers, pour faire suite au Mémoire sur les médianes , par M. Ernest Quetelet, lieutenant du génie. (Commissaires : MM. Timmermans, Lamarle et Nerenburger.) 2° Sur la direction et la grandeur des soulévements qui ont affecté le sol de la Belgique, par M. J.-C. Houzeau. (Commissaires : MM. Ad. De Vaux, d'Omalius et Dumont.) \ FAT AURE a La. (278) RAPPORTS. Sur une nouvelle méthode fournie par la géométrie des- criplive, pour rechercher et démontrer les propriétés de l'étendue; Mémoire de M. Brasseur , correspondant de l'Académie. Happort de M. Nerenburger. « Un profond géomètre de nos jours, M. Chasles, di- vise la géométrie en trois branches. Selon lui, la première comprend la géométrie des anciens, aidée de la doctrine des indivisibles et de celle des mouvements composés; La seconde est l'analyse de Descartes accrue des procé- dés de Fermat, dans sa Méthode de maximis et minimis, pour calculer l'infini; La troisième, enfin, est cette géométrie pure qui se dis- tingue essentiellement par son abstraction et sa généralité, dont Pascal et Desargues ont donné les premiers exemples dans leurs traités des coniques et dont Monge et Carnot, au commencement de ce siècle, ont assis les fondements sur des principes larges et féconds. C’est à la dernière de ces branches qu’appartient le mé- moire présenté à la classe, par notre honorable confrère, M. Brasseur, sous le titre: Mémoire sur une nouvelle mé- thode fournie par la géométrie descriptive, pour rechercher el démontrer les propriétés de l'étendue. Bien que la célèbre doctrine de Monge eût pour desti- nation principale de fournir des procédés graphiques ri- (249 ) goureux à la perspective, la construction des ombres et des cadrans solaires, la coupe des pierres et la charpente, les géomètres y avaient puisé, depuis longtemps, des mé- thodes de recherche ou de démonstration, remarquables à divers titres. Monge, lui-même, démontre avec une rare élégance et par l'emploi exclusif de sa géométrie, des théo- rèmes sur les pôles dans les courbes du second ordre, l'exis- tence des centres de similitude de trois cercles, et plu- sieurs autres propositions déduites de la corrélation exis- tante entre les dimensions de l’espace et leurs projections. Dans son histoire de la géométrie, M. Chasles carac- térise parfaitement les moyens généraux de recherche auxquels peuvent conduire les considérations de l’espace appliquées à la géométrie plane. « Les procédés par les- quels Monge, dit-il, transforma les figures planes, par les projections orthogonales sur deux plans rectangu- laires qu'il suppose rabattus l’un sur l’autre, offrent en particulier, un moyen de découvrir une foule de propo- sitions d2 géométrie plane sur les figures qui résultent de l'ensemble de ces deux projections. De sorte qu’il n’est point de figures de géométrie de l’espace qui n’exprime quelque théorème de géométrie plane. Dans la plupart de ces théorèmes se trouvent des lignes parallèles entre elles et perpendiculaires à la droite qui servait d’inter- section aux deux plans de projection; mais si l’on fait » ensuite la perspective de la figure sur un plan, ces li- » gnes deviendront concourantes en un point et le théo- » rème prendra une plus grande généralité. » Voilà donc un moyen très-fécond de démontrer d’une » manière toute nouvelle et toute particulière, une foule » de propositions de géométrie plane. On démontrera par » exemple, la plus grande partie des théorèmes, sinon Ne re VU 2 ON" AL 1, “à ( 280 } » tous, de la théorie des transversales et la plupart des » innombrables propriétés des sections coniques. Après avoir traité quelques exemples par ce procédé, M. Chasles ajoute : « Ces exemples nous suffisent pour » montrer comment chaque épure de géométrie descrip- » tive pourra exprimer un théorème de géométrie plane, » et nous croyons pouvoir dire que cette voie ouvrira une » mine feconde de vérités géométriques. » Cette voie est celle que suit parfois, dans le cours de son travail, l’auteur du mémoire soumis à mon appréciation; mais les moyens de recherche qui lui sont propres méri- tent, sous plusieurs rapports, de fixer l’attention des géo- mètres. Son mémoire se divise en trois chapitres. Le chapitre premier est consacré, en grande partie, à l'exposition des propriétés dont jouissent les plans qui di- visent en deux également l’angle des plans de projection pris sous une inclinaison quelconque, et le supplément de cet angle. Ces plans, que l’auteur nomme bissecteurs, sont désignés par les lettres B et B’. Voici quelques-unes de leurs propriétés caractéristiques : Les deux projections d’un point situé dans le plan bis- secteur B coincident après le rabattement de l’un des plans de projection sur l'autre; Sur toute épure, le point de rencontre des deux pro- jections d'une ligne quelconque représente le point de rencontre de cette ligne avec le plan bissecteur B ; Les deux projections d’une droite située dans le plan bissecteur coïncident , et réciproquement. Un théorème fondamental découle de ces propriétés. L'auteur l’énonce en ce termes : Ayant décrit sur une surface du degré n, un nombre quel- ( 281 ) conque de lignes, le lieu géométrique du point de rencontre des deux projections de chaque ligne, est une courbe dont le degré ne peut jamais dépasser celui de la surface. Ce théorème conduit l’auteur à considérer des lieux géométriques de tous degrés comme définis par deux sys- tèmes de lignes qui se coupent. Il nomme polaires un faisceau de aan issues d’un point auquel il applique le nom de pôle, et démontre un grand nombre de théorèmes qui dérivent de la considéra- tion de plusieurs systèmes de polaires pris dans un même plan. Quelques-uns de ces théorèmes nous paraissent re- marquables, notamment celui-ci : Deux systèmes de polaires qui se coupent sur une conique passant par les deux pôles , représentent, pour une ligne de terre non perpendiculaire à la droite des pôles, un hyperbo- loide à une nappe. La construction du plan tangent à cette surface conduit l’auteur à résoudre cette question : Cinq points d'une conique élant donnés, construire, à l'aide de la règle seulement , la tangente en l’un des points. Le chapitre IT traite de la signification géométrique de divers systèmes de polaires, et de quelques modes de dé- formation. Dans le chapitre IT, l’auteur s'occupe des propriétés descriptives de deux systèmes de polaires qui ont pour transversales deux droites divisées en partie respective- ment proportionnelles; puis il montre que deux systèmes de polaires proportionnelles équivalent à deux faisceaux homographiques, ce qui lui permet de substituer, dans ses démonstrations, au rapport anharmonique, la consi- dération des polaires proportionnelles plus facile à saisir. Cette courte analyse du mémoire de M. Brasseur ne ( 282 ) suffit pas, sans doute, pour en donner une idée; mais elle en montre le but. L'auteur a voulu fonder un traité de géométrie supérieure sur des notions élémentaires de géo- métrie descriptive, et rendre par là plus généralement ac- cessibles les questions qui appartiennent aux théories de l’homographie et des transversales. Pensant que son mémoire sera lu avec intérêt par les géomètres, nous avons l'honneur de proposer à la classe d'en ordonner l'impression dans le recueil de l'Académie. » M. Quetelet, second commissaire, appuie les conclu- sions de M. Nerenburger, qui sont adoptées par la classe. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur les awores boréales; communication de M. A. Quetelet. Depuis une vingtaine d'années, dit M. Quetelet, je me suis attaché à réunir le plus de documents possible sur les grands phénomènes de la physique du globe, afin d'étudier les rapports qui peuvent exister entre eux (1). Dans cette vue, je me suis particulièrement adressé aux savants qui pouvaient me donner des renseignements utiles, soit par (1) Voyez la Correspondance mathématique et physique, les Annales et les Annuaires de l'Observatoire royal de Bruxelles, ainsi que les pu- blications de l'Académie royale de Belgique. (285 ) leur position géographique, soit par la nature de leurs études; c'est ainsi que j'ai pu enrichir successivement nos collections académiques de catalogues d’aurores boréales , surtout de celles observées dans le nord de l'Amérique par M. Herrick, et dans le nord de l’Europe par M. Hansteen, directeur de l'Observatoire de Christiania, en Norwége. La nouvelle communication que je viens faire à l’Acadé- mieest due à ce dernier savant; elle fait suite à l'écrit qu’il a publié dans le tome XX de nos MémorRes (Observations des phénomènes périodiques, pages 105 et suivantes). M. Han- steen donnait alors le catalogue de toutes les aurores bo- réales observées à Christiania depuis le mois d'avril 1857 jusqu’au milieu de 1846; son nouveau travail s'étend de- puis cette dernière époque jusqu'au mois d'avril 1855; on y trouve en même temps un aperçu des observations de ses prédécesseurs. Ce catalogue établit avec la dernière évi- dence la périodicité annuelle à laquelle les aurores boréales sont assujetties : on trouve deux maxima fortement pro- noncés aux époques des deux équinoxes et deux minima aux époques des solstices. Le minimum du solstice d'été est si fortement prononcé que, pendant les seize dernières années, on n’a pas constaté la présence d’une seule aurore boréale au mois de juin ; et dans le siècle dernier, de 1739 à 1762, sur 783 aurores boréales renseignées , une seule a été observée dans le même mois. » » » Septemb. » » 21. (284) Lumières polaires ou aurores boréales observées à Christiania, de juillet 1846 à avril 1853. 10h ÉTAT DU CIEL. Clair. Cum.-strat. Cirrho-strat. Id. Cum.-strat. Clair. Cirrho-strat. Cum.-strat. Cirrho-strat. Id. Hd. Id. Cirrbus. Cirrho-strat. Clair. Cum.-strat. Clair. Cum.-strat. Description de l'aurore. De 10 h. jusqu'à 15 h., aurore sans rayons p l'horizon. Aurore flamboyante; à 10 h. et à 12 h. faible Faible avec rayons; à 12 h. traces. Commençait à 11 + h. avec rayons; à 12 h. boyante. Un arc de l'ENE. à l'OSO., haut de 4559, avec se obscur. Très-intense et flamboyante; à 12 h. faible. Faible; visible jusqu’à 42 h. derrière les nua Traces jusqu’à 11 h. Aurore flamboyante près de l'horizon. Traces visibles jusqu’à 13 h. Traces derrière les nuages de 11 h. à 12h. Aurore qui rayonnait à 40 h.; à 41 h. trac rière les nuages. Aurore qui rayonne un peu; à 10 h. plus for Traces; à 10 h. are avec segment obscur; à 1 à 42 h. le segment est plus faible; à 13 h boyante, elle rayonne un peu; à 14 h. et à faible, pourtant visible derrière les nuages. Aurore avec segment obscur et quelques ray. 14 h. encore visible, mais faible sans ray flammes. Faible avec rayons; traces jusqu’à 15 h. Un arc faible; à 9 h. deux ares sans flammes bles encore à 10 h.; à 41 b. faible; à12h faible. Arc avec segment obseur , haut de 50°, all: mb, 21. 12 19 23. 24. bre 11. 19. 20. 21. mbre 13. 16. ( ÉTAT DU CIEL. Cirrho-strat. Cum.-strat. Clair. Cirrho-strat. Id. Cum.-strat. Cum.-strat. Id. Cirrho-strat. et cum. | Clair. 285 ) Description de l’aurore. l'ENE. jusqu’à l'OSO.; à 10 h. l’arc sans rayons ni flammes ; Es de changement à 41 h.; à 12h. un peu affaiblie, mais quelques rayons visibles ; à 13 h., 14 h. et 15 h. fortement flamboyante sans are ; à 46 h. faible. Un are de l'ENE jusqu’à l'OSO. ; l'aurore est très- vivement flambovante au NE., entre 7 h. et8 h.; à 8 h. plus faible, avec rayons; à 9 b. plusieurs ares avec rayons nombreux qui s'étendent jusque 20° au S. du zénith. Aurore vivement flamboyante sur environ les ? du ciel; magnifiques rayons, partiellement rougeûtres, formant souvent la couronne pres du zénith. À 11 b., du NE. à l'O., arc avec inflexions; à 12h. l'aurore continuait encore, mais de 13 h. à 16 h. l'intensité des flammes et des rayons était affai- blie. Traces; à 9 h. are du NNO. au NNE. avec rayons et flammes. | Arc bas sans flammes ni rayons; à 11 h. aurore avec rayons mais sans arc; elle continuait à 12 h. De minuit à 146 h. l'aurore, quelquefois avec un arc, quelquefois avec rayons, défie progressivement d'intensité (1). De 10 h. à 15 h. traces de l’aurore derrière les nuages. Traces. Aurore flamboyante avec rayons, quelquefois jus- qu’au zénith. Traces derrière les nuages. Traces faibles près de l'horizon jusqu’à 15 h. Traces derrière les nuages. Flamboyante ; à 10 h. traces près de l'horizon; à 11 b. et de 13 h. à 16 h. traces faibles; de 16 h. à 47 h. un cercle autour de la lune. Rayons bas à l'horizon jusqu’à 12 h. La reprise actuelle des aurores horéales ; qui semble déjà avoir dépassé son maximum, a commencé dans les premières ce de In seconde décade de notre siècle; car j'en ai vu une très-forte le 7 octobre 1816, et quatre autres dans la même 24 elles devinrent plus fréquentes dans les années suivantes DATES. 1846. Novembre 17. Décembre 9. » 10. » 11. » 15. » 23. 184%. Janvier. 15. » 20. Février 922, Mars 1. » 4, » 10. » 12. » 15, Avril 3. » 13 HEURES. 6h 10 9 ( 286 ) ÉTAT DU CIEL. Cum.-strat. vers leS. Clair. Cum.-strat. el cirrho-strat. Cum.-strat. Clair. Cirrho-cum. et cirrho-strat. Clair. Id. Id. Cirrho-strat. Id. Clair. Id. Id, Id. Civrho-strat. | Faible jusqu'à 14 h. MÉRETE OI TR Description de l'aurore. Are avec rayons et flammes au-dessus et au-dé de l'arc; à 7 h. et à 8 h. les flammes dépassai zénith vers le SE. ; à 9 h. les flammes diminu à 10 h. un are net du NE. au SO., sans ray flammes; à 11 h. traces derrière les nuages; à traces près de l'horizon N. avec quelques ra à 15 b. traces faibles. Faible; à 9 h. un peu plus forte avec des raf à 10 h. un arc bas sans mouvement; de 11 12 h. traces; de 15 h. à 14 h. traces peu el@. avec rayons. j Faibles jusqu’à 11 h. Traces derrière les nuages. Faible jusqu’à 15 h. Traces faibles jusqu’à 8 h.; à 9 h. et à 10 h. ri pes de l'horizon N.; de 13 h. à 17 h. rayon les. Rayons jusqu’à 11 h.; à 12 h. traces faibles. Aurore faible jusqu'à 12 h.; à 15 h. un arc rayons ; de 14 h. à 15 h. faible. Un arc mat; de 11h. à 15 h., areluisant avec rai de 14 h. à 15 h. un peu plus faible ; à 16 h. | ment flamboyant; à 17 h. un arc peu élevé des rayons et flammes un peu plus mats. Aurore du NNE. à l'O. avec rayons jusqu'au z6] à 10 h. fortement flamboyante et rayons vifs qu’au zénith. Aurore; à 9 h. un arc; à 40 h. et à 11 h. traces Traces faibles. Traces près de l'horizon N.; à 13 et à 14 h. de Un arc faible peu élevé avec quelques rayons; à un arc irrégulier avec flammes et rayons ; de à 15 h. flammes faibles sans are. ; de 14 h. à très-faible. Are; à 10 h. flamboyant ; à 14 h. faible; àu traces derrière les nuages. % TES. HEURES. 10b 15 14 11 10 10 7 10 10 10 10 12 ( 287) ÉTAT DU CIEL. Cirrho-stratus. Clair. Id. Id. Cirrho-strat. Stratus. Cum.-strat. Civrho-strat. et cum.-strat, Cirrhus. Clair. Id. Id. Description de l'aurore. Deux ares peu élevés à l'horizon NNO .; à 11 h. flam- boyante; de 12 h. à 14 h. plus faible. Faible. Arc pres de l'horizon. Flamboyante; à 42h. et à 13 h. rayons et flammes; à 14h. flammes faibles au NO. Rayons faibles entre 10 h. et12h. Quelques rayons au NO. Commencçait à 7 h.; à 9 1h. un rayon très-large s’élan- çait au NE., à une hauteur de 80°, où il se perdait derrière les nuages; il était parfaitement visible, quoique sa distance de la DÉRE lune, non mas- quée, ne fût plus que de 20° à 300. Comme les nuages s’éloignaient peu à peu, plusieurs rayons se mon- traient de l'ESE. et convergeaient avec les autres sous un angle obtus en un point, dont l’azimut était entre 15 et 200 , et la hauteur 700 vers le midi. À 10 h. des flammes et des rayons dardaient de tous côtés vers le point de convergence. Les rayons orientaux, larges et plus tranquilles, qui se distin- guaient encore, prirent momentanément de ce côté une couleur rouge foncé. Aurore boréale avec rayons; entre 11 h.et 12 h. un are magnifique. Aurore boréale qui rayonne fortement sur tout le ciel boréal, oriental et occidental. À 11 h. flammes extrémement brillantes. < Peu flamboyante. Traces faibles. Une aurore boréale assez remarquable se montre ; elle partait d’un point de l'horizon à l'OSO., dans le méridien magnétique, et s'élevait, sous une in- clinaison de 459 vers le S. et sur une largeur de %, à la hauteur de 15° au-dessus de l'horizon. Une de- mi-heure plus tard, cette situation était parfaite- ment identique. La lune qui, dans le commence- ment, était sur le bord S., était alors enveloppée dans l'aurore, qui néanmoins avail augmenté en splendeur et en IREUPRE : semblable à la flamme d'une chandelle, sa forme et sa situation n’avaient subi aucun changement; seulement son extrémité inférieure s'était élevée de quelques degrés au- dessus de l'horizon. DATES. 1843. Octobre 12, » 15. » 45. | » 23. » 24, ÉTAT DU CIEL. Clair. Cirrho-cum. Cirrho-strat. Cirrbus. Cum ; plus tard quel- | ques cirrhus. Faible. ! | l Rayons; à 10 h. arcs irréguliers avec rayon segment un peu sombre. | Rayons nombreux; ils convergeaient à 5 h. 55 mA un point situé entre & et Ydu Cygne (Hanstee | 6h.18m. unrayon, dardant sur € et & de la gril Ourse, prit une couleur sanguine très-vive , € intensité que je n’avais jamais remarquée auf vant; elle ne s’affaiblit, qu'après plusieurs min (Fearnley). A7 h. 40 m. le point deconvergence! distinctement marqué par de nombreux rayon] couvraient tout le ciel septentrional et occidei son lieu était en ce moment dans le grand cercll | sant par 4 du Cygne et & de la Lyre, à 0,8 del tance de la premiere. Plusieurs des rayons étal de nouveau rougeâtres, mais pas aussi yigou qu'auparavant; la lumière de la pleine lune vait naturellement atténuer l'impression ded rore. Pendant toute la soirée, elle continua a variations rapides ordinaires , tantôt rayonn! | tantôt flamboyante, coulant tantôt au N., ta au S.; les flammes n’étaient cependant pas" | brillantes qu'après 8 h. 1/2. À 10 h. les étaient visibles seulement sur le ciel oriental ;4 dans le cours de 5 m., ilsse dilataient considé ment, tant en longueur qu’en largeur, et déve) aient une pompe extraordinaire des couleurs} jaune fortement luisant et le rouge foncé étaienl couleurs principales, et formaient pour ainsi deux classes de rayons. Les rayons jaunes saient quelquefois au verdâtre, et le rouge senil avoir de pelites nuances; mais le passage du au jaune par l'orange, n’était pas perceptible} couleurs alternaient et variaient en étendue durée sans aucune règle distincte : tantôt les leurs rouges se montraient parfaitement iso! et occupaient souvent une région considérabl ciel, et tantôt on voyait dans le même faisceal rayons rouges et jaunes entremélés; quelquef c'etait le cas dans le moment le plus pompe phénomène) on voyait les rayons jaunes dan ase et rouges au sommet, ou vice versa. On se faire une idée de l'intensité de la couleur # en considérant qu'elle était perceptible jusqu Rayons. Rayons hauts au NO. derrière les nuages. ÉTAT DU CIEL. Description de l’aurore. à 3° de distance de la pleine lune, qui se trouvait à une hauteur de 40° sur un ciel parfaitement clair et sans nuages. Il se formait très-souvent une couronne dans le cours du soir, mais le lieu était tres-variable entre 159 et 30v; la distance du zé- nith était de 150 à 250. (Fearnley.) Cirrho-strat. Flammes et rayons rapides sans grande intensité. Clair. Un arc. Id. Traces. Cum.-strat. Aurore. Id. Traces. Cirrho-cum. Rayons à l'horizon. Cirrho-strat. eteum.-strat. | Flammes faibles vers le S. Cirrho-strat. Flamboyante. Clair. Traces. Cirrho-strat. | Faible; rayons. Cum.-strat. Aurore boréale intense; rayons jaunes et masses rouges immobiles. Rayons et flammes d’une grande intensité ; à 10 h. traces (Cirrho-stratus). Id. | Aurore boréale ; à 11 h. un arc avec rayons. Id. | Traces. 26. | 10 Id. | Rayons. er G. | 10 | Id. | Traces. 14. 9 Cum.-strat. Rayons pourprés au NE.; à 10 h. un arc haut de 10e, 21. 7 Cirrho-strat, | Extrêmement brillante ; rayons pourpres et cramoisis d'une grande intensité , alternant çà et là avec des \ rayons jaunâtres et des rayons noirs remarqua- | bles; ils occupaient les 5 de la voûte céleste, et se | jopnaient de tous côtés par un coulement extra- | ordinairement tranquille, pour former une pom- | peuse couronne, dont le centre, à 7 h. 10 m., était | dans le milieu entre & et 0 du Cocher. Il est à re- | marquer que souvent le centre de la couronne était d'une lumière jaune, dont le contour était tres-dis- DATES, L'ÉE CR Février » » Septemb. Octobre 18. HEURES. 10h K] ler 10 10 ÉTAT. DU CIEL. Cirrho-strat. Clair. Id. Cum.-strat. Id. Clair. Cirrho-strat. Clair. Cum.-str. et nimb. Cum.-strat. Cirrho-strat. Id. Clair. Id, Cirrhus. Cixrho-strat. Clair. Assez clair. Clair. Un peu de brouillard, ( 290 } Description de l’aurore. tinct, en même temps que les rayons convef] étaient tous rouges. À 50° au-dessus de l’h0 méridional, se trouvait un are jaunâtre pel sant, tranquille, dont le contour était mal d af Traces derrière les nuages au NO. Un arc bas avec des rayons vers le NO. Un arc bas avec rayons. Faible. Arc avec rayons. Arc avec rayons. Arc haut de 150. Arc faible, haut de 10°. Souvent des traces distinctes d'une forte aurorë rière les nuages. Arc avec rayons. \ Aurore. À 10 h. dans l'hémisphère orientale, ui lide tres-luisant se mouvait du S. au N. ave vitesse accélérée, et s'évanouissait sans expl à une hauteur de 300 à 400, & 7 Rayons à l'horizon NO. Rayons à l'horizon N. Ve mn Ares peu élevés ; rayons d’une grande intensité mouvement latéral. Arc peu élevé sans mouvement. Trace d’un arc bas au NNO. Aurore avec rayons à l'horizon NNE. et NO. do et 2 LVL Aurore qui rayonne vigoureusement sur tout voüte céleste; une zone passait de l'OSO. au Ni à travers le lieu ordinaire de la couronne. Au se trouvaient différentes parties d’une coil rouge intense. À 10 h. les dimensions du p mène étaient les mêmes; sur plusieurs poinfé rayons rouges très-intenses. ; Flammes et rayons. Arc bas et peu rayonnant au N. ( 291 ) 26. 19. 24. 27. 20. 26. HEURES. 9 h1 2 7 7 10 10 #1 10 ÉTAT DU CIEL. Clair. Girrho-strat. et cirrho- cumulus. Cirrho-strat, Clair. Brouillard. Cum.-strat, Id. Cirrho-strat. Clair. Id. Id. Cumulo-strat. Clair. Cum.-strat. Clair. Cirrho-strat, Cum.-strat. OME xx1. — ["° pan. Description de l'aurore. Aurore faible au N. Aurore intense qui rayonne tranquillement sur la lus grande partie de la voüte céleste. Ces rayons ormaient la couronne à l'endroit ordinaire; les rayons ponceaux alternaient avec les verdâtres; les rouges se montraient spécialement au NE. Plu- sieurs zones de brouillard sombre s’étendaient per- pendiculairement au méridien magnétique, parti- culièrement dans la région Sud. A 10 h. le ciel avait un aspect grisätre ; cà et la des nuages derrière les- quels on pouvait encore voir l’aurore au Nord. Aurore. Rayons; à 40 h. faible. Aurore. Un arc tranquille. Flammes. Une aurore rayonnait vigoureusement et projetait des flammes , partiellement d'un pourpre intense à quelques endroits; elle couvrait la plus grande par- lie du ciel, et formait souvent une couronne à l'en- droit ordinaire, A 10 h. son intensité avait diminué, mais les flammes étaient rapides. A 11 1 h. l'aurore était extraordinairement pompeuse. Presque tout le ciel montrait le spectacle resplendissant d’une mer de lumière ondoyante, dans laquelle des tor- rents puissants, couleur de sang, se mélaient à d’au- tres du jaune le plus intense. Faible. Faible; encore visible à 11 Sh. Aurore à l'horizon. Traces. Arc faible, Traces. Traces. Aurore. Un arc bas. 22 1949. Février » » Juillet Septemb. » » Octobre » 11. 12: 18. 20. 15. HEURES. - 40h 10 10 10 10 ÉTAT DU CIEL. Cirrho-strat,. Cirrho-cum. Cirrho-strat. Cirrho-cum. et cirrho- strat. Clair. Id. Cum.-strat. Id. I. Id. Clair. Cirr.-str. et eum.-str. Cirrhus. Cirrho-strat. Cum.-str. Id. Clair. Id. Cirrho-strat. Clair. Id. Cum.-str. Clair. Cirrho-strat. Brouillard. Description de l’aurore. Un arc faible. Un arc bas sans mouvement, Aurore flamboyante très-intense, avec rad NE. et à l'O. des parties d’un pourpre foncé ment obscur. | Arcs avec segment obscur et rayons vigoureus Rayons nombreux. Toute la soirée de beaux ares avec de vig@ rayons, rayés de rouge foncé. Are faible, Arc bas avec rayons. | Une aurore claire luisait derrière les nuages. ! Aurore avec de vigoureux rayons rayés de roi Aurore qui rayonne sur le ciel du N. | Un arc bas avec rayons et segment obscur. Faible, Douteuse. Un arc bas et faible. Rayons derrière les nuages. Arc très-faible. Traces. Are avec rayons. Aurore avec rayons. Rayons près de l'horizon. Aurore avec rayons. | Arc avec rayons et segment obscur. Un are faible se montrait déjà de bonne heu la soirée ; à 9 À h. son intensité augmente, p que le ciel septentrional s’obscurcit, pri lement le segment sous l'arc. À 4 h. un p tres-brillant. » | | Un arc faible à l'horizon NO. ( 295 ) ÉTAT DU CIEL, Description de l'aurore. 10h Stratus. Aurore qui rayonne derrière un stratus au N. Cum.-strat. Brillante aurore boréale qui rayonne vivement sur le ciel boréal. Les ares s’étendaient à l'horizon de l'O. jusqu’au NE., et changeaient fréquemment de forme; pendant que les uns s’élevaient sur l'ho- rizon, d’autres se produisaient au-dessous, et sou- vent apparaissait un segment obseur, comme si uelques petits cumulo-stratus se formaient ou se dilataient sous le phénomène. Ceux-ci n'étaient pourtant jamais voilés par la lumiere, mais se montraient distinctement de couleur noire, pen- dant que les rayons de la lumière apparaissaient dans la même direction. Au NE. on voyait des parties rougeûtres. Plus tard l'aurore developpa une plus grande splendeur : elle forma une cou- ronne à l'endroit ordinaire, et subit les ondulations et variations connues. Depuis je remarquai plus souvent de petits nuages stratus, semblables à ceux que j'avais observés devant la lumière, de 6? h. à 7 h., environnés de parties qui rayonnaient plus ou moins. Je ne pouvais done m’abstenir de juger ordinairement que les nuages étaient devant l'au- rore; mais il arriva pourtant, deux fois au moins, qe je m'imaginai voir distinctement les rayons arder devant un nuage et le partager. Deux au- tres fois, les nuages qui, dans un moment, se mon- traient devant l'aurore, paraissaient un instant après devenir parfaitement mats dans une autre partie de l'aurore, pour se montrer de nouveau distinctement plus tard. 10 Cum.-strat. Rayons à l'horizon. b. 10 | Cirr.-str. eteum.-str. | Traces à l'horizon. 6 Clair. Un are se montrait; à 40 h. il rayonnait et flamboyail assez vivement. Quelques stratus éloignes se mon- traient distinetement sur le ciel boréal, qui était très-clair. Quoique en général l'aurore fût évidem- ment derrière eux, il m'a semblé pourtant une couple de fois, que quelques parties des rayons se développaient devant l’un nuage ou l'autre, mais cela est resté douteux. 10 Clair. Aurore. 10 Cum.-strat, Id. b. 1-9 Id. Aurore faible. (294 ) HEURES. ÉTAT DU CIEL. Description de l'aurore. eu E Décemb. 41. | 7-Sh | Girr.-str. et eum.-str. | Un arc de 20° de hauteur émettait des faiscé rayons; à 10 h. il s’affaiblit. » 12. 10 Cum. sstr. Aurore boréale avec rayons. » 20. 10 Clair. Un arc faible. » 21: 10 Id. Id. 1850. Janvier 12. 8 Cirrho-strat. Aurore sans rayons. » 16. 10 Clair. Un arc bas longe l'horizon du N. à l'OSO. Ra 11 h. » 19. 10 Cirr.-str. Aurore basse avec rayons. Février 13. 10 Clair. Un arc faible. » 22. 61 Id. Faible dans le commencement ; mais ensuite pli ares magnifiques qui rayonnent fortement ; f ment des parties couleur de sang. » 23 LE Id. Aurore qui rayonne vivement. Mars 4. 10 Id, Un arc bas avec segment obscur. Û 10 10 Cum.-str. Aurore boréale avec rayons. » 11. 8 Clair. Aurore boréale avec de faibles rayons de 8 h: » 12. 10 Cirrho-strat. Aurore boréale avec rayons. » 13. 10 Clair. Aurore boréale faible. » 16. 10 Id. Faible avec segment obscur. Avril 1. 10 | Cum. str.etcirr.-str. | Traces de l’aurore derrière les nuages. Mai 5. 10 Clair. Aurore boréale faible. Septemb. 3 10 Cirrho-strat. Traces d’aurore , avec quelques rayons. » 4. 10 » Aurore boréale faible. » 10 9 Cumulus. Rayons, plus tard un arc double. » 12. 10 Cirrho-strat. Aurore boréale faible. » 13. 9 Clair. Rayons; à 10 h. 1 un arc entre B et y de la Ourse et l'horizon. » Lit 10 Id. Aurore boréale faible. 2 ( 295 ) ES. HEURES. ÉTAT LU CIEL. Description de l'aurore. 50. 1. gh Cirrho-cum. Entre 9 et 9 j aurore boréale avec flammes rapides à l'O. ; des flammes verdâtres et rouges s’élevaient | vers le zénith. Grande agitation dans l'appareil bifilaire, qui, comme à l'ordinaire , montrait un grand affaiblissement de l'intensité horizontale, sous l'influence de l'aurore. D. 10 Cum.-str. Aurore boréale faible. 15. 10 Cumulus. Aurore boréale avec quelques rayons. b.” 27. 10 Id. Aurore boréale avec rayons et flammes. 28. 10 Cumulus , peu. Aurore boréale faible avec rayons. 51. 23. 9 Clair. Aurore boréale faible. 19. 9 Id. Aurore, faible au NO. dans le commencement; à10h , rayons et quelques flammes. 20. 9 Cum.-str. Faibles rayons; à 10h. un arc. 23. 112 Cirrho-cum. Aurore boréale avec rayons. 25. 10 Clair. Un arc de l'E. au NO. d'environ 6 degrés de hauteur. 22, 10 Cumulus. Aurore boréale faible. +. 4. 10 Cum.-strat. Aurore boréale, faibles rayons et flammes. 1, 10 Id. Aurore boréale tres-ondulante avec rayons, quelques fois élancés jusqu’au zénith, tantôt du NE., tantôt du N. ou de l'ONO. 29. 10 Cirrbus et ceumulus. | Aurore boréale qui rayonne vivement au NE. et au NO. jusqu’à 30° de hauteur. re 19. 10 Cirrho-strat. Aurore boréale faible du N. à l'ONO. 20. 10 Id. Arc flamboyant du N. à l'ONO., haut de 10°, b. 11. 10 Cum.-strat. Aurore boréale faible au NO. 22. 10 Cirrho- cum. Traces. b, 6. 8 Id. Aurore boréale avec rayons. 23. | 7-10 Clair. Aurore boréale. 25. 19 Id. Aurore boréale faible. 28. 4 Cum,.-str. Aurore boréale du N. à l'O. avec rayons ; à 10 h. ravons el flammes rouges pres du zenith, au NE. DATES. 1859 Janvier Février » » 10. 4 15. 16. 21. HEURES. 10% 10 10 { 296 } ÉTAT DU CIEL. Clair. Cirr.-cum. Cum. strat. Clair. Cumulus, peu. Cum.-str. Clair. Cumulus et cirrhus. Cirr.-cum. Cirthus , peu. Clair. Cumulus. Cirrhus. Clair. Cirr.-cum. Clair. Cumulus. Cumuius, peu. Cum.-sirat. Clair. Id. Cumulus, Description de l’aurorce. Aurore boréale faible, jaunâtre du NO. à l rayons. Aurore boréale. Aurore boréale de l'O. au NNE. ; rayons. Aurore boréale faible de l'O. au N., avec flamm la soirée; à 10 h, presque imperceptible; pâle, avec-flammes à r'0. Aurore bor. pâle de l'O. au NO., avec faibles fl Traces du NO. au N., pres de l'horizon. Aurore boréale quelquefois rougeâtre; à 10 jaune, avec des flammes et des rayons jus nith tout autour de l’horizon, excepté de l'E. Aurore boréale ; flammes intermittentes , prit ment à 8h., avec des rayons jaunes s’éleif l'horizon NO. presque jusqu’au zénith. A un arc jaunûtre à l'horizon de l'O. au N. Aurore boréale intense toute la soirée. Entre 40 h. un âre près de l'horizon avec flamn doyantes du N à l'O. et vice versd de toutes leurs. Des flammes s’élevaient de l'arc , et de secondes se rencontraient près du zénith} Aurore boréale avec rayons. Aurore boréale. Aurore boréale. Aurore boréale. Aurore boréale avec rayons. Aurore boréale. Un arc. Aurore boréale avec rayons. Un arc bas au N.; des rayons partent du s@l} obseur. | Un are du N. au NO.; flammes faibles. Faible trace à l'horizon de l'ONO. au N. | Un arc faible pres de l'horizon de l'O. au NO! l Aurore boréale faible. 2 11. 1 6; ÉTAT DU CIEL. Cumulus. Clair. Id. Cirr.-str., peu. Cum.-strat. Id. Id. Cirrho-strat, Clair. Cirrho-strat. Id. Clair. Id. Cirr.-cum, et cirr.-str. Description de l'aurore. Un arc régulier projette des rayons au-dessous et au-dessus. Aurore boréale avec rayons; à 10 ? h. une raie incli- nant vers le S., s'élevait de l'horizon O. jusqu'à a d'Hercule. Deux arcs peu élevés. Aurore boréale qui rayonne derrière les nuages. Un arc se montre derrière les nuages. Aurore boréale avec rayons. Un arc peu élevé brille vivement toute la nuit, mais sans rayonnement remarquable. Un are ou segment luisant, dont le bord supérieur passait par & et pe de la grande Ourse; il entourait aussi la Chevre et touchait l'horizon au NE; il était | le plus intense à l'O. Un arc double régulier de 20° de hauteur avec seg- ment obscur, dans lequel pourtant les étoiles de quatrième grandeur, ? et Ë de la grande Ourse, etaient tres-visibles à l’œil nu, à 10° de hauteur. Peut-être la couleur sombre provenait-elle seule- ment du contraste avec la lumière blanche bien définie du bord intérieur de l’are. L’are était resté tranquille jusqu'à 9 h. 10 ou 15 m., quand un rayonnement vif et une ondulation latérale irré- gulière et rapide , tantôt vers l'O., tantôt vers l’E., s’est produite pendant que la lumière se concen- trait vers l'E. Le bord des rayons était plus lui- sant et de couleur orange du côté où se faisait ce mouvement latéral, tandis que le bord opposé, moins distinct, était verdâtre. Après 10 ou 15 m., l'arc s’est dissous et il en est resté seulement les traces pâles ordinaires. Un arc avec rayons. Un arc bas. Traces. Un arc faible et tranquille. Aurore forte sur tout le ciel boréal ; à l'horizon un segment un peu luisant de 8° à 10° de hauteur, autour duquel s'étend une zone obseure d’une largeur de 69 environ, par laquelle les étoiles de quatrième grandeur étaient visibles; en dehors de la zone , rayons de lumiere blanche avec un mou- vement lent vers l'O., et lumiere mate mal défi- nie, qui s'étend jusques un peu au S. du zénith. DATES. ÉTAT DU CIEL. 41852. Novemb. 41. Un peu vaporeux. Clair. Cirrho-cum. Clair. Nebuleux. Id. Cirrho-strat. Clair. Cirrhus. 1853. Janvier Quelques cum -str. Cirr.-str. et cirrhus. Clair. H. Id. Cum.-str. Id, Clair. Février Description de l'aurore. Une couple de fois apparait la couleur rouge fique, mais faible , et spécialement au NE. 50 m. l'aurore est maso ie la couronne sen dans le milieu, entre 8 d’Andromede et 8 de Q pée. À 10 b. flammes rapides; le ciel était @M couvert de petits nuages. Entre 9 h. et 10 h4 mière semblait se trouver devant quelques # qui s'étaient formés au N., mais cela n’étà parfaitement sûr (Fearnley). Au S. du zén voyait des vapeurs noires fumeuses , à travé quelles luisail faiblement une couple d'étoile Aurore boréale avec rayons. | Forte aurore boréale ; l'aspect du ciel variait* coup et passait très-rapidement d'un ciel pa ment clair à un ciel tout à fait voilé. Dans le irréguliers , le mouvement latéral des rayon lieu, à 9 h., vers l'E. \ Un arc bas avec segment. Au premier aspe pris pour un cumulo-stratus vivement ill pa la pleine lune; mais par le mouvement 70. vers l'E., je le reconnus pour une à boréale (Fearnley). | Aurore boréale faible avec rayons. | Arc avec rayons. Aurore boréale et rayons vigoureux. Aurore boréale faible, peu élevée au N. Ares bas avec mouvement vif et grande intel cesse à 10 h. Aurore boréale faible. Un arc bas. Arc et rayons. Aurore boréale avee rayons. Are bas sans mouvement. Un arc. Aurore faible. Aurore; rayons et flammes au N. Aurore avec quelques rayons. 4 ( 299 ) Nombre de jours pendant lesquels l'aurore boréale s’est montrée, à Christiania , depuis juillet 1857 jusqu'en juin 1853 (1). PÉRIODES. Septembre. Novembre Décembre, Juin. Août. Mai. FS + Qt 19 # CI +9 & © 19 9 OO QE M © CS OS à À» À À CG CI © © À ND © © = & & 1 à 19 > ©@ Où © € D = © D = 6 Le be jp Qt D æ O1 1 & O1 RO æ QG © 19 Gt 9 © © À on D CC & & D © & # #& OI CI ot 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 er ae ©'éiime. œ © O à 9 OU OU Œ © © = 4 à 1 Ÿ 1 = O © à 4 C1 01 D GO © » y © © SCOR OCOS0RCe0o© © © » © Der Cote OS OO CLS SOS © © CS = Somme. pport, en supposant ; 000 aur. bor. par an. 65,5 1146 |122 |105 [103 | 86 [44224 |140,51112,5/5,5 Une forte aurore boréale est quelquefois accompagnée par un cercle autour de la lune ou des parhélies, et presque toujours par un abaissement de température. (4) Jusqu'en août 1846, les observations se terminaient ordinairement à 11 heures ; néanmoins, elles ont été continuées pendant toute la nuit, depuis no- vembre 1841 jusqu’en juin 4843. Dans la période du 15 août 1846, à la même date de 1847, les observations furent faites par cinq observateurs à chaque heure du jour et de nuit ; les descriptions détaillées ont été faites par M. Fearnley, adjoint à V'Observatoire, et par M. Hansteen lui-même. Dans les années suivantes, l’état du ciel a été noté seulement pour les cinq heures ordinaires 2, 4, 10, 19 et 21 heures. ( 300 ) Pour montrer que la même répartition des aurores bo- réales dans les différents mois de l’année a toujours existé, je citerai les observations suivantes : Nombre de jours pendant lesquels l’aurore boréale s’est montrée à Upsal dans les années 1759 à 1756, et 1759 à 1762. ANNÉE: Septembre. Novembre. Décembre. 2 | 3 2 | 2 SIN 8 2,119 1 5 6 | 4 5 4 2 3 1 6 3 4 1 3 85 | 3 3 | 6 —|—|—-|—-|—-|—-|—- | 53|7 5 | 10 1 0 0 1 0 6 | 14 3 8 3 | 4 0.1.7 0 |"50 Leo 4 AN) ANS 1 5 0 FO TOO MONS) 2 1 S'641#6 3 | ..4 1 07|.:0: l'or 224 TS OS Rae 5 | 6 0| 0! 0 1 | 4 A PPRETID ONE 0 | 0 0.120410 (Lo: 60 is ga les IE 8 9 0 0 0 0 1 5 6 4 0 0 | 3 SA MOTNE ON SO) TAN ONNENT . 1 Pres: 1 2 2 0 0 0 0 1 2 5 1 0 | 2 0| 0! 0] 0! 0}! 1 31 "2atl' 4 1 2 2 0 0 0 0 6 3 0 0 5 | 6 1 0! 0| 0! 4/|11 1 9 6| 9 ,[,0%404-4 15 [0e 9 8 1 0 0 | 5 5 2 4 0 LS ec Pi dy DA 8| 4 | % 100 |114 | 79 Rapport, en supposant F 1000 aur. bor. par an. + 15 | 91 |198 |142 |101 ( 301 ) Ces observations ont été faites à Upsal, de 1759 à 1745, par le professeur Celsius; de 1744 à 1756, par Hjorter; et de 1759 à 1762, par le professeur Bergmann. Il faut re- marquer que le calendrier grégorien ne fut introduit en Suède qu'en 1755. Il est très-remarquable que, dans le temps d’Aristote {entre 584 et 522 avant J.-C.), la lumière polaire a été visible en Macédoine; car dans un ouvrage dédié au roi Alexandre et intitulé : Ilege xoouou npos Aeéovdcey, il parle, dans le chap. IV, de plusieurs phénomènes luisants dans l'air, qu'il désigne sous le nom général de 5ex (splen- deurs). Quelques-uns s’élancent avec grande vitesse, d’au- tres s'arrêtent sur un même lieu; quelques-uns s’effacent en peu de temps, d’autres durent davantage. Ils se mon- trent sous différentes formes : a, comme des flambeaux (laurades) ; b, comme de petites poutres (doxdes ); c, comme des tonneaux (Sa); d, comme le creux d'une caverne (BoSuvar). Ils se montrent tantôt dans la partie orientale, tantôt dans la partie occidentale du ciel, tantôt entre les deux. Dans le chap. IV d’un autre ouvrage, Mereopohoyua, il parle d’une lumière qui s'étend au long et au large dans l'air, comme la lueur d'un feu de paille allumé dans les champs, ce que les Grecs appellent çhoË xœouem. Quand elle s’étendait plus en longueur qu’en largeur et lançait des rayons, ils l’appelaient chèvre (œ£) ; si elle était sans jeter des rayons, un tison (doc). Dans le chap. V, il parle de phénomènes (casuata) qui quelquefois par un temps bien calme se montraient pendant la nuit, conjointement avec les susdites lumières; quelques-uns s’appelaient ouvertures (yasuara), d'autres cavernes profondes (BcSwva); enfin quelques-uns encore couleurs sanguines (œpatod ypopare). ( 302 ) Sénèque, qui vivait à Rome du temps de Néron (50 ans après J.-C.), parle de ces phénomènes dans son livre de Quaestionibus naturalibus. Dans le chapitre XIV, il décrit ainsi les cavernes (BoSuyu) : « Cum velut corona cingente introrsus igneus coeli recessus est, similis effossae in orbem speluncae; » et les ouvertures (yaowara): « eum aliquod coeli spatium desedit, et flammam dehiscens, velut in abdito ostentat. » Et plus loin il dit : « Colores quoque horum omnium plurimi sunt; quidam ruboris acerrimi, quidam evanidae ac levis flammae, quidam candidae lucis, quidam micantes, quidam aequa- liter, et sine eruptionibus aut radiis fulvi. » Dans le chapitre XV : « « Quidam fulgores certo loco permanent, et tantum lucis emittunt, ut fugent tenebras, et diem repraesentent, donec consumto alimento, primum obscuriores sint, deinde flammae modo, quae in se cadit, per assiduam diminutionem redigantur in nihilum. » Et ensuite : « Dubium an inter hos ({cometas) ponantur trabes et pithitae; raro sunt visi. Multa enim conglobatione ignium indigent, cum ingens illorum orbis aliquando matutini amplitudinem solis exsuperet. » Pline le Jeune, dans son Historia naturalis, lib. IF, cap. XXV : De cometis et coelestibus prodigüs, natura et situ et generibus eorum, compte les douze sortes de lu- mières suivantes : 4° Cometas Graeci vocant, nostri crinitas, horrentes crine sangui- neo, et comarum modo in vertice hispidas, 20 lidem Pogonias, quibus inferiore ex parte in speciem barbae longae promittitur juba. 5° Acontiae, jaculi modo vibrantur ocyssimo significaetu. 4° Easdem breviores Xiphias vocavere, quae sunt omnium palli- dissimae, et quodam gladii nitore, ac sine ullis radiis. 5o Quos Disceus, suo nomini similis, colore autem electro, raros e margine emittit. 6° Pithetes (Pitheus) dociorum cernitur figura in concavo fumidae lucis. 7° Ceratias cornu speciem habet. 8° Lampadius ardentes imitatur faces. AC CE 2 PSG 2 id de m6 Lu 2 ve: 06 ( 303 ) Jo Hippeus, equinas jubas celerrimi motus, atque in orbem circa se euntes. 10° Fit et candidus cometes, argenteo crine ita refulgens, ut vix contueri liceat, specieque humana Dei efligiem in se ostendens. 41° Fiunt et hirti villorum specie, et nube aliqua circumdati. 12 Semel adhuc jubae effigies mutata in hastam est. » Enfin il ajoute : « Omnes ferme cernuntur sub ipso septentrione, aliqua ejus parte non certa, sed maxime in candida, quae lactei cir- culi nomen accepit. » Je citerai encore les vers suivants de M. Annaei Lucani Pharsalia, lib. I, v. 524 seq. : Ignota obscurae viderunt sidera noctes, Ardentemque polum flammis, coeloque volantes Obliquas per inane faces, crinemque timendi Sideris, et terris mutantem regna cometen. Fulgura fallaci micuerunt crebra sereno, Et varias ignis denso dedit aëre formas. Nunc jaculum longo, nunc sparso lumine lampas Emicuit coelo : tacitum sine nubibus ullis Fulmen, et Arctois rapiens de partibus ignem, Percussit latiale caput, etc. Il me semble qu’on ne peut expliquer cette chose qu’en supposant que la région magnétique plus forte, qui à pré- sent se trouve à peu près dans un méridien à 90° O. de Greenwich, était du temps d’Aristote dans un méridien de 24° à l'E. environ; par son mouvement de l'O. à l'E. (Untersuchungen über den Magnetismus der Erde, p. 91) elle a pris sa place actuelle pendant les 2200 ans écou- lés. Ce mouvement du centre de la lumière polaire vers l'Orient est confirmé aussi par les anciennes relations nor- wégiennes, qui disent « que, dans les temps reculés, elle (cette lumière) s’est montrée plus près du vrai Nord, mais qu'elle est montée successivement plus haut au ciel, et a déplacé son centre vrai plus vers l’ouest. » J'ai fait, d’après plusieurs ouvrages et d’après de vieilles ( 304 ) chroniques, une liste des apparitions de lumière polaire qui ont-été remarquées de l’année 502 avant J.-C. jusqu'à nos jours, et j'ai trouvé qu’elle a eu, pendant ce temps, environ 24 reprises, durant lesquelles elle s’est montrée plus ou moins fréquente, avec de grandes intermittenees où elle semble avoir disparu tout à fait, au moins dans les régions du milieu de l'Europe, et a été visible seulement au Groenland. Les reprises les plus fortes sont la 9% de 541 à 605, de 62 ans; la 12°° de 825 à 887, de 64 ans; la 29% de 1500 à 1588, de 88 ans (le maximum entre 1560 et 1588), et la 24"° de 1707 à 1788 ou 1790, de 81 ans (le maximum vers 1750). Je publierai une autre fois cette liste en détail. Sur l'inclinaison magnétique à Bruxelles. M. Quetelet communique également les résultats des nouveaux calculs faits par M. Hansteen, pour déterminer la loi de décroissance de l’inclinaison magnétique à Bruxelles, et l’époque où l’inclinaison atteindra son minimum vers le commencement du siècle prochain (1). L'importance du sujet pour notre pays, l’a porté à présenter ces nouveaux renseignements. » Après avoir reçu votre observation de 1855 (2), j'ai (1) Voyez les premières lettres de M. Hansteen à M. Quetelet sur la di- minution de inclinaison magnétique en Europe, dans le BuzLETIN ne L'ACADÉMIE, t. XX, 5° partie, p. 146 et suiv. (A la p. 152, lig. 7, au lieu de table précédente, lisez table suivante. — Dans le tableau de la p. 160, 12° col., dernier ligne, au lieu de 1848, lisez 1798. — Dans la dernière colonne, les longitudes sont rapportées au méridien de l’île de Fer.) (2) L'inclinaison magnétique a été déterminée de nouveau, le 20 mars dernier, dans le jardin de l'Observatoire de Bruxelles; elle était de 67°45",0, à peu près exactement comme l'indique la loi de décroissement assignée par M. Hansteen. (Voyez le numéro précédent des Bulletins , p. 220.) ue (505 ) calculé de nouveau les constantes, et j'ai trouvé les valeurs ci-dessous, qui ne sont que peu différentes des premières. Le temps T du minimum est 1906 au lieu de 1912; l'erreur moyenne d'une observation Æ 1,586 au lieu de Æ 1’,495 ; l'erreur probable + 0,954 au lieu de Æ 0’,961. OBSERVÉ. CALCULÉ. 680565 68059133 51,32 44,81 41,62 58,48 35,38 52,32 29,51 26,34 25,41 20,53 17,69 14,89 19,14 9,43 6,76 4,29 1,56 59,03 57,55 53,84 51,44 49,09 46,77 CRE EE) O1 19 em ss DER HU CE EE DE TERREEET LI ARS DOR=UNS HONTE Oor s 1 di dt 41895 ., . . . | — 35/5227 | to — 1827,0. : L 2 1 LUNA, TRS — 3,3052 äo — 6902’ .09+0/.72 TN AIT EE Oh 1840. . . .| —92,8703 | Y = — 3,455710",1118. 1845. . . . | —92,6528 | z — +-0/,02174710/003842. 1850. . . . | —2,4553 | T — 4905,99+14,15 ans. NN 0.222178 /taa [A A] = 40,507; _. — L'A258b, (306) Sur le cœnure cérébral du mouton. Communication de M. Van Beneden. M. Van Beneden communique à la classe l’extrait d’une lettre par laquelle M. Küchenmester, de Zittau, lui fait part de nouvelles expériences qu’il a faites à Drausendorf! et à Dresde, sur le cœnure cérébral du mouton. Ses pre- mières expériences ont été communiquées à l’Institut de. France. REA AS Le 6 janvier 1854, à 8 heures du soir , et le 7 janvier suivant, à 41 heures du matin, je donnai, à Drau- sendorf, près de Zittau, et à Dresde, en présence des pro- fesseurs et des élèves, des proglottis mûrs de Tenia cœnu- rus d’un chien, à six agneaux de six à neuf mois, pris dans trois différents troupeaux, dans lesquels le tournis ne règne pas. ! » Le 20 janvier suivant, ces animaux donnèrent les pre- miers symptômes du tournis. » Les agneaux ont été successivemeat abattus, et ont, donné à l’autopsie les phénomènes suivants : » Ledix-septième jour après l'introduction, vingt à trente petites vésicules (cœænures) habitent la surface du cerveau; la substance cérébrale est creusée par des galeries comme si un sarcopte s'était creusé un passage; les vésicules sont encore libres et sans enveloppes; elles ont la grosseur d’un grain de millet. » Le vingt-cinquième jour, les vésicules sont plus grandes. » Le vingt-sixième jour elles ont la grosseur d’une len- (307 ) ille; l'enveloppe commence à se former; les premiers ru- diments de tête apparaissent. » Le trentième jour, ces têtes, sous forme de tuber- cules, sont visibles à l'œil nu, » Le trente-huitième jour, les éminences se manifes- lent plus distinctement à la surface; les têtes s’ébauchent avec les ventouses et les crochets. » Vers le quarante-cinquième jour , les cœnures ont la grosseur d’un haricot; les cavités qui logent les têtes sont formées. » Outre le cerveau, le cœur, l'œsophage et le dia- phragme de quelques agneaux contiennent également des vésicules enkystées; mais ce ne sont pas des Cysticercus tenuicollis, comme je l'ai cru d'abord avec M. Leuckaert ; ce sont des vers égarés , arrêtés dans leur développement. » Voici, en somme, le résultat auquel m'ont conduit ces recherches : _ » Les cœnures adultes vivent et se développent dans l'intestin du chien, et forment le Tenia cœnurus, que l'on a confondu jusqu’à présent avec le Tenia serrata. | » La maladie, connue sous le nom de tournis, se pro- page ainsi : les bergers coupent la tête des moutons atteints de cette affection et la jettent aux chiens, qui avalent avec le cerveau les cœnures renfermés dans cet organe, et ces cœnures deviennent Tenia dans leur intestin. » Ces cœnures ont parfois jusqu’à trois cents têtes, et mme chaque tête (scolex) peut produire un Tenia, on com- rend comment ces vers doivent se multiplier rapidement. » Ces chiens suivent les moutons dans les prairies et iWacuent les proglottis, chargés d'œufs, en même temps ue leurs excréments; ces œufs sont ainsi semés sur l'herbe ue le mouton doit broutcr. TomME xx1. — F* parr. 25 ( 308 ) 1 » Les prairies humides sont plus favorables au déve-. loppement de cette maladie, parce que les proglottis et les” œufs se dessèchent plus lentement. » J'aurai des Tenia cœnurus adultes et des Tenia des? Cysticercus tenuicollis vers le milieu du mois de mai; vou-. lez-vous me permettre de vous en envoyer des proglottis par la poste et les faire prendre à des brebis. J'écris en même temps à MM. Joh. Müller, Gurlt et Lichtenstein, à" Berlin, et à M. Leuckaert, à Giessen, pour les prier de, vouloir bien répéter ces expériences avec les vers que je leur enverrai en même temps. | » Ces vers vivent pendant trois jours dans du blane d'œuf. Je tuerai un chien qui a déjà rendu des proglottis: mürs, à midi, le 22 mai, et je vous enverrai, à 4 heures, par la poste, les vers que vous recevrez, j'espère, quarante- huit heures après. » . . . . . . . . . . . . . . . . . M. Van Beneden a accepté cette proposition, et promet à l’Académie de lui rendre compte du résultat de cette expérience. Sur un poisson vivipare, découvert en Californie. Communication de M. Van Beneden. M. Van Beneden communique ensuite l'extrait d'une notice qui lui a été remise par M. Lambert , de la part de M. Agassiz, sur un singulier poisson, découvert récem ment en Californie, dans la baie de San Salita, pa M. Jackson. Ce poisson, que M. Agassiz appelle Embioloca , parai 4 | 4 ( 309 ) devoir former une nouvelle famille, qui rappelle les La- broides par ses lèvres épaisses, el qui, tout en se rappro- chant des Percoïdes et des Sparoïdes, présente des écailles cycloides. Ce poisson est vivipare; voici comment M. Jackson rend compte de cette découverte : en enlevant une pièce du ventre, pour amorcer mon hameçon, je vis sortir un pelil poisson vivant; j'agrandis l’ouverture, el à mon grand étonnement, je vis, près du dos du poisson, un long sac de couleur violette, assez clair et assez transparent pour permettre de distinguer, à travers son épaisseur, la taille, la couleur et la forme de 49 petits poissons, tous parfai- tement semblables. Nous avons ici, dit M. Agassiz, une gestalion ovarienne normale. Dans un échantillon d'Embiotoca Jacksoni , long de dix pouces et demi, les jeunes avaient trois pouces de lon- gueur ; cette énorme laille, au moment de la naissance, éloigne les Embiotoca de tous les autres poissons vivipares. (310) CLASSE BES LETTRES. Séance du 8 mai 1854. M. le chanoine ne Ram, directeur. M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le chevalier Marchal, Steur, le baron de Gerlache, Grandgagnage, le chanoine De Smet, Roulez, Lesbroussart, Gachard, Borgnet, le baron J. de Saint- Genois, le chanoine David, Paul Devaux, P. De Decker, Schayes , Haus, Bormans, Polain, Baguet, membres. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir différents ou- vrages destinés à la bibliothèque de l'Académie. M. le baron de Stassart, qu'une indisposition retient chez lui, fait hommage d’un exemplaire en brouze d'une médaille que le conseil provincial du Brabant a fait frap- per, sur sa proposition, en faveur des lauréats de la pro- vince dans les grands concours pour les beaux-arts; il présente en même temps un exemplaire de ses OEuvres diverses qu'il vient de publier. MM. Le Glay, conservateur des Archives du département (34) du Nord, le baron de Hammer-Purgstal, de Vienne, Lee- mans, directeur du Musée des antiquités de Leyde, tous trois associés de l'Académie, ainsi que M. Chalon, cor- respondant, font également hommage de différents écrits qu'ils viennent de publier. — Remerciments. — La Commission royale d'histoire dépose le tome VI des Monuments pour servir à l'histoire des provinces de Namur, de Hainaut et de Luxembourg, dont elle vient d'achever l'impression. — La Commission permanente du Congrès pour la lan- gue néerlandaise fait connaître que sa prochaine réunion aura lieu à Utrecht les 20, 21 et 22 septembre prochain. — M. Kirsch, professeur à Mons, communique le ma- ouscrit d'une grammaire allemande qu'il compte faire imprimer, et demande l'avis de la classe sur ce travail, Il sera répondu que cette demande ne peut être accueillie. CONCOURS DE 1854. La classe a reçu des réponses aux trois questions sni- vantes qu’elle avait mises au concours de 1854 : PREMIÈRE QUESTION. Faire sommairement l'histoire des doctrines qui ont influé sur l'état social , principalement en Belgique, depuis le com- mencement du XVI" siècle jusqu'à nos jours. Un seul mémoire a été reçu, portant la devise : Gloire à la dynastie de Léopold Le. (512) Conformément à l'avis unanime de ses commissaires : MM. P. De Decker, P. Devaux et le chanoine de Ram, la classe a jugé qu’il n’y avait pas lieu à décerner une récom- pense académique. CINQUIÈME QUESTION. Un mémoire sur la vie et les travaux d'Érasme, dans leurs rapports avec la Belgique. La classe à reçu deux mémoires, l'un en français, por- tant l’inseription : Adeo haec lues opinium corrupit studia ; l’autre en flamand, avec la devise : Ut surgat marmor , non lamen ipse redit. Rapport de M. le chanoine De Smet. « Rarement une académie à mis au concours un sujet aussi attrayant et aussi plein d'intérêt, pour nos savants comme pour nos liltérateurs, que la vie et les travaux d'Érasme, dans leurs rapports avec la Belgique. Entré dans la carrière à cette époque de transition où la muni- ficence de Laurent le Magnifique et de son fils, Léon X, venait de relever, en Italie, la gloire des lettres et des arts, tandis que d’épaisses ténèbres les couvraient encore dans le reste de l'Europe, Érasme se montra tout à la fois le plus bel esprit et le savant le plus universel de son temps; il compta plus d’admirateurs que personne parmi ses con- temporains, et se vit recherché par les pontifes et les sou- re (315) verains autant que par les hommes de lettres. À sa voix l'Allemagne se réveilla, et la renaissance des lettres s’ac- complit dans les pays du Nord, où ses ouvrages, aussi variés que nombreux, firent revivre, avec les règles d'une saine critique, le goût de l'antiquité. N'est-ce point là le plus beau thème pour un mémoire académique ? Voici cependant, de compte fait, la cinquième fois, depuis trente ans, que l’Académie le propose au concours, et jusqu’à présent elle n’a pu décerner que des médailles d'encouragement, soit par suite du dépérissement des étu- des classiques, soit à cause de la position indécise et en quelque sorte neutre, que le polygraphe hollandais avait prise dans les grandes controverses du XVI" siècle. Au- rons-nous cette fois plus de bonheur? Le mémoire fla- mand, en forme de discours, ne paraît pas de nature à nous le faire espérer. Le jeune homme qui l'a écrit ne s'est pas dissimulé, dit-il, les difficultés de l'entreprise, el cependant nous pensons qu'il n’a pas pesé suffisamment encore le précepte si important : Cogitate diu quid ferre recusent, Quid valeant humeri. 11 se plaint d’être éloigné de nos grands centres de popu- lation et, par conséquent, des bibliothèques qui auraient pu lui fournir les ouvrages nécessaires à consulter. Cette exeuse aussi paraît fondée; mais si elle témoigne en faveur du courage de l'écrivain , elle ne saurait améliorer son tra- vail. 11 n’a pu se procurer, sans doute, ce qui cependant était indispensable, l’une ou l’autre édition des œuvres complètes d'Érasme : il ne cite partout que le Catalogus lucubrationum Erasmi, ne fait aucune mention de quel- ques travaux remarquables du philosophe et ne donne que ( 514 ) le titre du plus grand nombre. Aussi, la lecture de ce mé- moire ne fait point connaître Érasme, et ce qu'il en rap- porte ne le représente que du côté le moins favorable. On reproche même au panégyriste de la Folie ne n'avoir pas écrit en flamand, comme si en écrivant pour l'Italie, l'An- gleterre et l'Allemagne, autant au moins que pour les Pays-Bas, le polygraphe n'avait pas eu d'excellentes rai- sons pour se servir de la langue des savants! Le mémoire Sur la vie et les écrits de Jean-Louis Vives, que l’Académie proposa au concours de 1841, présentait plus d'une analogie avec la question actuelle, et notre au- teur eût bien fait de suivre le plan que s’est tracé alors M. l'abbé Namèche, dont l'ouvrage fut couronné; mais il ne parait pas avoir assez médité, bien que ce soit là une chose importante, le cadre de son travail. Le tiers en est rempli par une description assez vive de l’état déplorable où la famille était tombée au déclin du paganisme, deserip- tion vraie, mais qui n’a rien de neuf et qu'on ne s'attendait point à trouver dans un travail sur Érasme. Ensuite, après avoir parlé de quelques ouvrages, et en particulier de l'Encomium moriae du philosophe, on est tout surpris de voir l’auteur faire une sortie véhémente contre la révo- lution de 1848 et les doctrines désolantes qui l'ont cau- sée. C'est encore là un hors d'œuvre et une interruption désagréable. Notre jeune concurrent est animé d’un bon esprit; il écrit en général avec précision et pureté, et même, dans quelques endroits, avec cette élégance naturelle qui rap- pelle le simplexæ mundilies d'Horace. Si son mémoire est trop imparfait pour remporter la palme aujourd’hui, il ne doit pas s’en décourager : il sera sans doute plus heureux une autre fois. ( 315 ) Un autre mémoire sur la même question , et qui porte pour devise ce motio emprunté à Érasme lui-même : Adeo haec lues opinionum corrupit studia, éveille tout autrement l'attention ; ni les matériaux les plus importants, ni les moyens de les mettre en œuvre n’ont fait, à notre avis, défaut à ce concurrent, et son travail nous parait réunir, à un degré assez élevé, les qualités que la Compagnie est en droit d'exiger avant de décerner une récompense. Est-ce à dire que le mémoire ne laisse rien à désirer ? Telle n’est pas notre pensée; mais il nous semble que les défauts qu'on y rencontre sont assez excusables dans un ouvrage de celte étendue et pourront aisément se corriger. Une succinete analyse du travail nous donnera lieu d'en remarquer quelques-uns. Dans une introduction, à laquelle on pourrait peut-être reprocher quelques longueurs, l'écrivain nous présente une revue critique des auteurs qu'il a consultés, après les œuvres et surtout les lettres d'Érasme, qui devaient lui fournir les matériaux les plus précieux. Ses jugements nous paraissent, en général, marqués au coin de la vérité; mais il s'y est glissé quelques inexactitudes : en appréciant, par exemple, ce qu'Audin et Nisard ont écril sur Érasme, il nous dit que celui-ci a peint Érasme comme l'ennemi des abus, le restaurateur des lettres et le défenseur du libre ar- bitre , tandis que celui-là l’a montré comme le commensal de Léon X et l'adversaire élégant de Luther (p. 1x). I lui était facile de voir cependant qu'Audin a précisément envi- sagé Érasme comme le défenseur du libre arbitre (1). Notre auteur a dù consulter les écrivains hétérodoxes comme les (1) Voir Æistoire de Luther, t. 11, ch. 4, ( 316 } catholiques; mais il ne s’est pas toujours assez délié de l'esprit de parti qui devait influencer les uns et les autres, ou plutôt, il n’a pas toujours assez contrôlé et fondu leurs opinions divergentes. De là vient qu'on trouve juxtaposés, dans son travail, des jugements contradictoires. Ainsi, l’en- seignement de Louvain nous est d’abord présenté comme étroit et gothique, celui de la métaphysique en particu- lier comme dépravé, et la théologie réduite à n’être plus qu'un amas incohérent de subtilités et d'erreurs (p. 10). Puis, en avançant quelque peu, on nous fait un brillant éloge de Paludanus, Dorpius et Barlandus, qui ensei- gnaient, dans la même école, les belles-lettres avec beau- coup de succès ; et des docteurs Adrien Florent et Jean Briard, dont les leçons de théologie se distinguaient par une élévation inusitée, une érudition admirable et un lan- gage poli (p. 12). Il est bien difficile, me semble-t-il, de concilier deux appréciations si différentes. Notre concurrent a partagé son travail en quatorze cha- pitres, qui nous présentent successivement la jeunesse d'Érasme, son séjour à Louvain, ses premiers travaux théologiques, Adrien VI et Érasme, l'influence de la civi- lisation italienne sur Érasme, son séjour en Angleterre et l'Éloge de la Folie, le retour du polygraphe en Brabant, son départ pour Bâle, la fondation du collége des Trois- Langues, quelques ouvrages théologiques d'Érasme, le Cicé- ronien, les dernières années d'Érasme, et finalement l’in- fluence qu'il a exercée sur les mœurs et sur la littérature des Belges. Ce plan, dont quelques parties ne sont peut-être pas assez liées entre elles, nous semble consciencieusement rempli et répond d’une manière satisfaisante à la question de l'Académie. Le style étant en général grave et correct, (317) nous n’hésitons pas à proposer la médaille d’or et l'impres- sion de l’ouvrage dans nos Mémoires. L'auteur aura besoin cependant de revoir son travail avec soin, non-seulement sous le rapport des formes, mais encore sous celui des faits et des doctrines, qu'il ne juge pas toujours avec une entière équité. Nous croyons bien faire en lui indiquant ici quelques endroits qui semblent devoir être modifiés. Il s'étonne (p. vu) que Marsollier cite Henri VII parmi les panégyristes d'Érasme et croit que le suffrage de ce prince ne peut être d'aucun poids auprès des catholiques. Cela serait vrai s'il avait loué humaniste après son di- vorce et son schisme, mais point s'il l'a fait en réalité quand il professait le dévouement le plus vif pour le saint- siége et la doctrine de S'-Thomas, quand il écrivait contre Luther l'Assertio septem sacramentorum. La note peut très- bien disparaître. On lit encore, dans l'introduction (p. x), que le mé- moire de feu M. de Reiffenberg sur Érasme a été méconnu : nous ne saurions accepter ce blâme jeté sur l’Académie, que l’auteur lui-même a justifiée à la page suivante. 11 semble trouver singulier qu'Érasme portât l'habit de … son ordre avant d’être ordonné (p. 3). Rien cependant n’est plus simple : la prise de l’habit religieux ne dépend point de celle des saints ordres. L'auteur a confondu deux choses fort différentes. La comparaison qu'il fait d'Érasme avec La Fontaine (p. 6) nous paraît au moins très-hasardée. Je ne sais si l'on peut compter B. Rhenanus parmi les savants des Pays-Bas, mais sous un point de vue, il ressemble mieux + de 4 à à Erasme que le fabuliste. Les pages 47 et 48 devraient être revues avec soin; ce (518) qu'on y lit de‘la scolastique n’est pas exempt d’exagéra- | tion et se ressent peut-être des calomnies protestantes. Ni M Valla, ni Érasme n'ont contribué à la restauration de la saine théologie. A la page 55, il faudrait également plus d'un correctif. L Plus loin (pag. 57), il est dit que les docteurs de Louvain « lrouvaient juste et utile que les livres sacrés ne fussent » pas accessibles à tout le monde, et qu'ils n'étaient pas » éloignés de proscrire comme une impiété toute traduc- » tion en langue vulgaire. » Cette assertion paraît encore empruntée aux prétendus réformateurs et se voit démentie par les faits. Plusieurs éditions d'une traduction allemaude de la Bible avaient paru à Nurenberg de 1467 à 1488; la traduetion italienne de Malermi avait eu dix-sept éditions de 1471 à 1500, et trente-trois autres avant la version de Luther; en France, on en publia trois de 1478 à 1487, et trois en flamand, à Cologne, de 1475 à 1488. Les doc- teurs de Louvain s'y seraient pris un peu tard pour les proscrire. Dans beaucoup d’autres endroits qu'il serait fastidieux de signaler ici, l’auteur da mémoire ne s'est pas assez défié de l'esprit de parti qui animait les amis ou les ennemis d'Érasme qu'il a consultés. Quelques noms propres doivent être rectifiés : la mar-. quise de Vere, par exemple, n’était pas dame de Beuvres, mais de Beveren. » EC (519) Fappoït de PE. de Saint-Genois. « Le mémoire sur la vie et les travaux d'Érasme qui a été soumis à notre jugement, avec la devise : Adeo haec lues opinionum corrupit studia, est un des plus remarqua- bles que l’Académie ait reçus depuis longtemps. C’est, pour le fond, un digne pendant de l'excellent mémoire de M. l'abbé Namèche sur la vie et les écrits de Vivès que la compagnie à couronné en 1841. Moins familiarisé avec la matière que notre confrère M. le chanoine De Smet, nous croyons ne pouvoir mieux faire que de nous en rapporter à l'opinion favorable qu’il a émise sur cel intéressant travail. Pour notre part, notre examen a plus particulièrement porté sur la forme litté- raire du mémoire, et nous n’hésitons pas à dire que celte forme est en général irréprochable : clarté, pureté du style, choix élégant d'expressions, concision sans obseu- rité, telles sont les principales qualités qui le disuinguent. L'auteur s'est placé, de prime abord, au point de vue élevé que comportait le sujet. Aussi ne s'est-il pas con- tenté de tracer une simple biographie d'Érasme, chargée de dates et de détails minutieux. Il a peint le Sage de Rotterdam par lui-même, c'est-à-dire par ses écrits ; c’est uu portrait d’après nature. Pour arriver à ce résultat, 1l a compulsé, étudié, comparé les œuvres de son héros, et celte manière rationnelle de procéder a abouti, en somme de compte, à un tableau vrai et sans cesse varié de cette Mie si pleine, si glorieuse, qui fut le reflet de la société iustruite de l'Europe à la fin du XV" siècle et au commen- cement du siècle suivant. La division de son travail en (320) chapitres est parfaitement convenable. Ses aperçus ont une certaine ampleur et respirent je ne sais quoi de gran- #4 diose qui vous intéresse dès le commencement au sujet 4 traité. L'auteur y expose nettement ses idées; les moindres 4 faits de l'existence d'Érasme, même les plus vulgaires, se rattachent savamment à l’ensemble de la question. Si, , de temps en temps, il s’abandonne à des digressions, il a | toujours soin d'en ramener l'objet au personnage princi- ! pal, avec une rare sagacité el une finesse d'appréciation | qui annoncent un grand fonds d'observations uni à un ju- dicieux esprit de critique. Tout en écrivant un panégyri- que, il a su éviter l’emphase et l’exagération. Notons aussi que les considérations générales qu'il a eu à présenter sur l'état des sciences et des lettres en général, attestent des connaissances variées. Car il a dù, tour à tour, consulter l’histoire des Pays-Bas, de l'Angleterre, de la France, de l'Allemagne et de l'Italie pour esquisser la vie des person- nages célèbres qui rayonnèrent autour d'Érasme et dont il partagea l'éclat : des savants comme Dorpius, Latomus, Morus et Clichtovius; des papes comme Adrien VI et Léon X, des rois comme Charles-Quint et Henri VIF, des réformateurs comme Luther. Les sources respectables qu'il a consultées à ce sujet, le mettent presque toujours en position de voir bien et de deviner juste. Ce travail, nous n’en doutons pas, sera accueilli par les savants avec autant de faveur que le furent, au siècle dernier, les ouvrages de Marsollier et de Burigny sur Érasme, Comme notre hono- rable collègue, nous nous empressons de proposer à l’Aca- démie d'accorder à l’auteur la médaille d’or, et d'imprimer son travail daus nos Mémoires. Je me rallie aux conclusions de notre confrère, M. le ( 521 ) chanoine De Smet, en ce qui concerne le mémoire flamand. Comme lui, je trouve que cet ouvrage, écrit du reste avec chaleur, élégance et clarté, manque de vues d'ensemble. L'auteur s’y complait dans des digressions qui laissent le sujet principal de côté et qui, bien que renfermant beau- coup de bonnes choses, allongent sans motif le mémoire qui nous est présenté. Son opinion personnelle même sur Érasme n’est point fixée; ici il le charge des reproches les plus graves, l’accuse de làcheté, de versatilité et presque d'indifférentisme , tandis que plus loin, après avoir exa- miné quelques-uns de ces écrits, il n'hésite pas à l’ab- soudre en quelque sorte de tous ces reproches. Ses dé- clamations, souvent exagérées, contre le libre examen, l'indépendance de la pensée, le rationalisme se conci- lieut difficilement avec cet autre reproche qu'il adresse au philosophe de Rotterdam, de n'avoir point employé sa langue maternelle dans ses écrits. Eu effet, c’est en se servant de la langue du peuple, — instrument si puissant dans la bouche des tribuns, des réformateurs et des pen- seurs, — que Luther a le plus poussé à la doctrine du libre examen et initié les masses aux joutes de la parole sur ce sujet. Du reste, nous sommes d’accord avec l’auteur, lors- qu'il dit qu'Érasme, cédant au goût du siècle et à sa vanité personnelle, n’a guère, en écrivant en latin, travaillé à l'émancipation intellectuelle de ses concitoyens. Si Érasme, comme l'avait tenté avec tant de succès Jacques Van Maer- lant, trois cents ans avant lui, avait employé l'idiome de son pays au lieu d’une langue morte — au moins dans ceux de ses ouvrages qui ne sont ni de la polémique, ni de la scolastique, — il eût autrement avancé la civilisation littéraire des Pays-Bas. Pétrarque et Dante — les deux fun- dateurs de la littérature italienne — sont là pour montrer ( 322 ) ce que la parole d’un grand génie peut exercer d'influence sur la direction de l'esprit publie et sur les goûts intellec- tuels d'un peuple libre et puissant. On ne saurait se dis- simuler que si, chez nous, des hommes comme Érasme avaient composé leurs ouvrages en flamand, où plutôt, pour donner plus d'extension à notre pensée, en néerlan- dais, la langue des Pays-Bas aurait, dès le XVI"* siècle, acquis à l’égal de celle de l'Italie, droit de bourgeoisie définiuf en Europe, et serait, dès cette époque, arrivée à un degré de splendeur remarquable. Quant au fond de la question, à savoir l'influence qu'Érasme exerça comme écrivain sur notre pays, elle y est, comme nous l’a démontré M, le chanoine De Smet, à peine effleurée. M. de Ram fait à son tour un rapport verbal sur la va- leur des deux mémoires envoyés aux concours, et se rallie aux conclusions de MM. De Smet et de Saint-Genois. En conséquence, la classe décerne sa médaille d’or à l’auteur du mémoire portant l'inscription : Adeo haec lues, etc. Le billet cacheté ne contenait que les ivitiales E. R; mais M. l'avocat E. Rotlier , de Gand , s’est fait con- naitre depuis comme l’auteur de l'ouvrage couronné. (325 ) SIXIÈME QUESTION. Quelle influence la Belgique a-t-elle exercée sur les Pro- vinces-Unies, sous le rapport politique, commercial, indus- triel, artistique et littéraire, depuis l'abdication de Charles- Quint jusqu'à la fin du XVII" siècle. La classe n’a reçu qu'un seul mémoire portant pour épigraphe les vers flamands : Wat stat, wat velt, wat vremde lant, Ete. Rapport de M, Jules de Saint-Genois. « Les longs développements dans lesquels nous sommes entré, à propos de cette question, dans le rapport que vous avez bien voulu nous faire l'honneur d'accueillir dans vos Bulletins (t. XX, 2° part., p. 86), nous dispensent de revenir de nouveau au fond de la matière. Ils nous per- mettent d’être beaucoup plus court cette fois. L'auteur du présent mémoire a adopté, pour les grandes divisions de son travail, le même plan que celui du mé- moire que nous avions reçu l’année dernière. Nous remar- “quons, en outre, qu'il a fait un judicieux usage de la plu- part des critiques et des observations qui ont été adressées à l’auteur de cette dernière dissertation, par notre savant “collègue, M. De Smet, et par moi. - Dans le présent travail, les biographies ont été habile- ment fondues dans le texte, ce qui donne à l’ensemble de la rédaction un caractère plus complet, plus homogène. TomE xx1. — |" parr. 24 (324 ) Cette méthode, plus rationnelle que celle suivie dans le mémoire de l’année dernière, a permis à l’auteur de celui- ci d’élaguer une foule de détails minutieux qui souvent étaient des hors-d'œuvre fatigants à la lecture dans l’au- tre travail. L'introduction historique commence à l’abdication de Charles-Quint. L'auteur y passe en revue les faits généraux de l'histoire de cette époque jusqu'à la reddition d'Anvers, en 1585. Cet exposé est clair, nettement tracé et explique suffisamment les grandes causes de l'émigration. Toute- fois, il est à regretter que l'auteur ne l'ail pas fait précéder d’un tableau abrégé de l’état moral et matériel des pro- vinces belges à l'époque de l’abdication de l'Empereur. Un semblable aperçu, largement esquissé, eùt mieux établi le contraste dé l’ancienne prospérité du pays avéc la situa- tion subséquente, Constatons cependant qu'il l'a fait par- tiellement pour le chapitre relatif à l’Influence commer- ciale. Dans le premier chapitre, intitulé : Influence politique, on a peut-être à reprocher à l’auteur de s’y étendre quel- quefois trop longuement sur le rôle épisodique de quel- ques personnages de celle époque; nous citerons entre autres les relations de Wallæus avec Olden Barneveldt aux derniers moments de celte illustre victime de l'into- lérance religieuse. | À propos du deuxième chapitre, intitulé {nfluence scien- tifique, ou avait fait avec raison le reproche à l’auteur du premier mémoire de trop s'occuper de l'influence religieuse des ministres réformés sortis de nos contrées. L'auteur de celui-ci, tout en écartant les particularités inutiles, a eu soin de n'envisager ces hommes que comme savants, et de démontrer que ce fut à ce titre qu’on leur conféra, dans la ( 325 ) nouvelle Église de Hollande, les différentes dignités dont ils furent revétus. Pour les sciences exactes, l’auteur se borne à citer Si- mon Stevin, et il nous semble qu'il a bien fait, car cet illustre mathématicien résume en sa personne tous les pro- grès de ces sciences, réalisées dans les Pays-Bas du nord à cette époque. Cédant à l'avis de notre honorable confrère, M. De Smet, il a fait disparaitre les typographes de ce chapitre, mais pour les rejeter dans le chapitre Influence commerciale. Ce changement ne nous paraît pas heureux, car des impri- meurs comme Plantin chez nous et comme les Elzevier en Hollande, ont considérablement aidé à la diffusion des connaissances humaines dans les deux pays, tandis qu’au point de vue commercial, leur industrie a peu fait pour enrichir la nation, si ce n’est cependant l'amélioration apportée aux procédés typographiques de l'époque. Dans ce chapitre, plusieurs sciences, telles que la juris- prudence, l'astronomie, etc., sont négligées. Toutefois, en voyant les nombreuses recherches faites par l’auteur, il est permis de supposer qu'il n’a trouvé aucun nom digne d'être cité. Le chapitre III : Influence littéraire, abonde en détails biographiques et bibliographiques, en aperçus et en juge- Ÿ 1 ments littéraires; c’est évidemment, comme style et comme pensée, le morceau capital du mémoire. Dans le premier travail, l’Influence commerciale suivait immédiatement l’Influence littéraire. L'auteur du présent travail à plus logiquement remplacé ce chapitre par celui “consacré à l'Influence artistique. Ce dernier chapitre s'ouvre par quelques considérations Parfaitement justes et écrites avec soin, Nous y voyons ( 326 ) avec plaisir que l’auteur n’a pas émis les idées exclusives du | concurrent de l'année dernière sur le dépérissement des beaux-arts en Belgique, après l’'émigration; il y assigne aux Jordaens, aux Van Mander et autres peintres réfugiés, le vrai rôle qu'ils jouërent en Hollande; il reconnait, avec nous que l'influence de la peinture ne fut nullement com- parable, dans ses effets, à celle qu'exercèrent dans les Provinces-Unies les littérateurs belges, émigrés de nos provinces. Ce chapitre, enrichi de notes biographiques, est un des mieux traités du mémoire. Sous le rapport de la ré- daction littéraire, il est souvent irréprochable. Il nous prouve que s'il veut s’en donner la peine, l’auteur pourra aisément faire disparaitre des autres parties les négli- gences de style, les vulgarités et les incorrections qui les déparent. Le chapitre V et dernier, qui traite de l’influence com- merciale et industrielle, était très-pauvre dans le premier travail, Le concurrent actuel tâche de le compléter par d'intéressants détails historiques sur la Compagnie des Indes et sur la part que prirent les Belges réfugiés ou leurs descendants aux entreprises maritimes des Hollan- dais. Sous forme d'appendice, l'auteur termine son mémoire par « quelques notes biographiques sur divers individus, » dit-il, qui rentrent dans le cadre de notre travail, » mais dont l’action a été trop peu importante pour que » nous les eussions compris dans le corps même de l'ou- » vrage. » Rédigé avec ensemble, complet dans plusieurs de ses parties, exempt des assertions hasardées et de quelques manières de voir exagérées qui déparaient la dissertation (327 ) du concurrent de l’année dernière, le mémoire actuel, tel qu'il nous à été envoyé, nous parait satisfaire au vœu de la Compagnie. Nous répétons d’ailleurs encore ici que l'étendue donnée à la question par l’Académie nous per- met d'être indulgents pour les imperfections inséparables d'un travail aussi vaste; il nous semble qu’il serait difficile de résoudre cette question, au moins pour le fond, d’une manière plus satisfaisante. Nous concluons donc à ce que l’Académie veuille cou- ronner son travail et en ordonner l'impression dans ses Mémoires, toutefois après une dernière révision soigneuse du style, de l'orthographe des noms propres et la rectifica- tion de quelques petites erreurs qui ont échappé à l’auteur pendant la rédaction. » Rapport de M, le chanoine De Smet. « Comme notre savant confrère, M. le baron de Saint- Genois, j'ai fait, un rapport assez étendu sur le mémoire présenté au concours l’année dernière. Un autre mémoire se représente aujourd'hui; on à consciencieusement tenu compte des observations des premiers commissaires, et surtout on s’est livré à un long et pénible travail pour mieux coordonner les matériaux et les fondre en un tout régulier; je n'hésite donc pas, à mon lour, à recon- naître au travail actuel des droits à la médaille d’or. Dans la multitude des hommes politiques, savants, littérateurs, … artistes, elc., que l'auteur fait revivre, il en est plusieurs - dont on pourra contester le mérite, mais on n’a pu exiger (328 ) de lui d'examiner par lui-même toutes leurs productions. IL suffit de savoir qu’il a puisé Loujours à des sources res- pectables. Il existe çà et là quelques inégalités dans le style, et même des expressions de mauvais goût; il sera aisé de les faire disparaître. Qu'il me soit permis d'ajouter une remarque. Quand j'ai écrit, dans mon rapport précédent, que la typographie pouvait s'étonner de se voir placée parmi les sciences, j'étais bien éloigné de penser qu'on aurait conclu de là que je voulais la reléguer dans l’industrie et parmi les mé- tiers. Je crois que la gravure des poinçons et la fonte des caractères, l’eurythmie, pour ainsi dire, dans l'emploi des lettres, l'égalité du tirage, ete. demandent un artiste et un homme intelligent. C’est donc dans la section des arts que j'aurais parlé des Raphelingius et des Elzevier. » Rapport de M. Borgnet. « Je me range à l’opinion de mes deux honorables con- frères. Toutefois, en adopiant leurs conclusions, je crois devoir faire remarquer qu'à mon avis, le travail soumis au jugement de l’Académie laisse à désirer sous le rapport de l'art. Siles renseignements nombreux et intéressants qu'il il contient fournissent la preuve de recherches consciencieu- sement faites, il est à à regretter qu'ils n'aient pas été mis en œuvre dune manière un peu plus habile. Ainsi que l'ont déjà reconnu mes deux confrères, le style laisse à désirer, et il convient de le soumettre à une sévère révi- sion, si nos conclusions sont admises. J’appelle l'attention (329) de l’auteur sur certaines expressions que le bon goût ne peut admettre, comme celle de cambrer, appliquée aux statues de Simon Stevin et de Rubens (p. 244). Il y a aussi des pensées qui me paraissent inintelligibles ou fausses. Je citerai comme exemples celles-ci : « La tyrannie n’est » qu'une intolérance civile, tout comme l'intolérance n'est » qu'une tyrannie religieuse. » (P. 106). « Presque toutes les révolutions, lors même que les » principes qui l'ont (sic) fait naître sont nobles et sa- » erés, aboutissent à l'intolérance du parti vainqueur. » (P. 407). « L'étude des langues modernes, et surtout de la lan- » gue nationale, l'emporte en utilité sur l'étude des lan- » ques mortes. » (P. 258). Dans le chapitre V, intitulé : Znfluence commerciale et in- dustrielle, se trouve une longue analyse de Guicchardin sur la situation d'Anvers à la veille des troubles du XVI siècle. S'il n’était pas sans intérêt de rappeler la prospérité de notre métropole commerciale pour faire mieux apprécier les avantages qu'Amsterdam et Rotterdam retirèrent de sa ruine, des détails aussi étendus que ceux que donne l’au- teur me paraissent, néanmoins, un hors-d’œuvre. Je re- garde aussi comme inutiles les données qui concernent les industries importées en Angleterre par des Belges. La raison qui paraît avoir déterminé cette marche est indi- quée dans une note de la page 298. La pénurie de ren- seignements, reconnue en même temps qu’expliquée par l’auteur, ne devait pas l’engager à allonger son travail au moyen de notions d’une utilité fort contestable. Il à relégué, dans ce même chapitre V, ce qui concerne la typographie, mais en lui assignant une place peu con- venable, La description du rôle que jouèrent les Plantin et (330 ) les Elzevier se trouve, en effet, intercalée entre l’établisse- ment de fabriques de toiles à Harlem et celui de la Com- pagnie des Indes orientales. Que cette description soit placée au commencement ou à la fin du chapitre, cela me paraît assez indifférent; mais je voudrais du moins que l’auteur fit ressortir un peu mieux le caractère d’une in- dustrie qui à exercé sur les événements de ce temps une influence qu’on ne peut méconnaîitre. » Après avoir entendu ses commissaires, la classe a dé- cerné sa médaille d’or à l’auteur du mémoire, M. V' Gail- lard, avocat à Gand, chargé du classement des archives du conseil de Flandre. PROGRAMME POUR LE CONCOURS DE 1855. PREMIÈRE QUESTION. Faire l'histoire, au choix des concurrents, de l’un de ces conseils : le grand conseil de Malines, le conseil de Brabant, le conseil de Hainaut, le conseil de Flandre. DEUXIÈME QUESTION. Tracer un tableau historique et politique du règne de Jean I", duc de Brabant. Outre le récit circonstancié des événements, ce tableau devra faire connaître l'état social du duché de Brabant, sous le rapport de la législation, du commerce, de l'industrie, de l'agriculture , des lettres et des arts, 4 … (331 ) TROISIÈME QUESTION. Faire sommairement l'histoire des doctrines qui ont influé sur l'état social, principalement en Belgique, depuis le com- mencement du XVI" siècle jusqu'à nos jours. QUATRIÈME QUESTION. Quelle a été l'influence des anciennes chambres de rhéto- rique de la Belgique, depuis leur origine? CINQUIÈME QUESTION. Quelles ont été, jusqu'à l'avénement de Charles-Quint, les relations politiques et commerciales des Belges avec l’An- gleterre ? Le prix, pour chacune de ces questions, sera une mé- daille d'or de la valeur de six cents francs. Les mémoires doivent être écrits lisiblement en latin, en français ou en flamand, et seront adressés, francs de port, avant le 1° février 1855, à M. Quetelet, secrétaire perpétuel. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les ci- tations ; à cet effet, les auteurs auront soin d'indiquer les éditions et les pages des livres qu'ils citeront. On n'ad- mettra que des planches manuscrites. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage, mais seulement une devise, qu'ils répéteront sur un billet cacheté , renfermant leur nom et leur adresse. Les ouvra- ges remis après le terme prescrit ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours, | (332) L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont déposés dans ses archives comme étant devenus sa propriété. Toutefois, les intéressés peuvent en faire pren- dre des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secrélaire perpétuel. # CONCOURS DE 1856. Sur la proposition d'une personne qui désire garder l’'anonyme, la classe des lettres a accepté d'inscrire dans son programme et de juger les mémoires qui lui seront adressés en réponse à la question suivante : ÿ Charlemagne est-il né dans la province de Liége? Le prix, qui ne sera décerné que pour une solution aflirmative ou négative de la question, consistera en une inscription au grand-livre de la deïte publique belge à 2 Jap. Jo, au capital nominal de six mille francs, avec jouissance des intérêts à partir du 1“ janvier 1854. Le mémoire devra être remis avant le 1° février 1856. Les formalités à observer sont les mêmes que celles indi- quées pour les autres questions du programme. A cause de l'heure avancée, la lecture de quelques rap- ports et plusieurs communications ont dù être renvoyées à la prochaine séance. ( 535 ) Séance publique du 10 mai 1854. M. le chanoine pe Raw, directeur. M. LECLERC, vice-directeur. M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le chevalier Marchal, le baron de Gerlache, le baron de Stassart, Grandgagnage, De Smet, Roulez, Ph. Lesbroussart, Gachard, Borgnet, le baron 3. de Saint-Genois, le chanoine David, Paul Devaux, Van Meenen, P. De Decker, Schayes, Haus , Bormans, Polain, Dewitte, membres: Nolet de Brauwere Van Steelandt, associé; Arendt, Chalon, Ducpetiaux, correspondants. Assistaient à la séance : Classe des sciences : MM. le baron de Selys-Longchamps, directeur ; d'Omalius d'Halloy, Pagani, Sauveur, Crahay, - Wesmael, Martens, And. Dumont, Cantraine, Ch. Morren, ! Stas, De Koninck, Van Beneden, Ad. De Vaux, le vicomte « B. Du Bus, Gluge, Schaar, Liagre, membres ; Schwann , j Lacordaire, associés; Brasseur, Mathieu, correspondants. Classe des beaux-arts : Ma. Navez, président de l’Aca- -démie ; F,. Fétis, vice-directeur de la classe, G. Gecfs, “Roclandt, Suys, Jos. Geefs, Érin Corr, Snel, Ed. Fétis, “Ed. de Busscher, membres ; Calamatta, associé; Bosselet, Geerts, correspondants. A une heure, M. le chanoine de Ram, directeur de la classe, déclare la séance ouverte. (554) Discours de M. le chanoine pe Ran, directeur de la classe. MESSIEURS, Appelé à l'honneur de présider la séance publique de la Classe des lettres, je me sens porté à vous présenter quel- ques considérations sur l’histoire de l’ancienne université de Louvain. En présence d'un sujet aussi vaste, je devrai, pour ne pas fatiguer l'attention même la plus bienveillante, me borner à caractériser l'esprit de cette école et à exposer sommairement les services qu’elle a rendus aux lettres et aux sciences. De l'étude des faits qui se rattachent aux considérations que nous allons soumettre à votre appréciation découle une conclusion nouvelle, mais incontestable, à savoir que l'Université, au point de vue des idées nationales, a rendu des services non moins signalés. A ce double titre, elle a des droits à la reconnaissance ; et certes, une école qui a nourri dans son sein presque tous les hommes que la Belgique de 1830 compte parmi les anciennes illustrations du pays mérite une place gio- rieuse dans les souvenirs de la postérité. Louvain est une des gloires de l’ancienne Belgique. Ne renions jamais les gloires du passé; de quelque côté qu'elles nous arrivent, nous devons les accepter avec empresse- ment; car, comme il m'a été permis de le dire dans une autre circonstance, un peuple qui a foi dans son avenir aime et honore tout ce qu'il y a de grand et de noble dans son passé. ( 355 ) Si, dans la rapide esquisse que je me propose de tracer de l’histoire de l’université de Louvain, je tiens à rectifier des inexactitudes naguère énoncées dans cette même en- ceinte à l’occasion de la séance publique d'une autre classe de l’Académie {1), j'espère, Messieurs, que vous ne trouve- rez point dans mes paroles le cri d’un sentiment froissé, et encore moins un injuste regret de ce qui n'est plus. J'espère aussi que j'éviterai le reproche de m'être laissé conduire par une aveugle et partiale affection en faveur de mon sujet. L'histoire trop peu connue de l’université de Louvain doit être l’objet non-seulement d'une respectueuse recon- naissance, mais aussi d’un impartial examen. Je suis loin de me dissimuler que l'Université nait eu ses phases d'éclat et d’obscurcissement , de prospérité et de revers. 11 en fut d'elle comme de toute autre institution . humaine. L'organisation physique la plus heureuse et la plus forte a parfois ses moments de défaillance et de crise. Comment serait-il possible qu'un corps scientifique, qui vécut près de quatre siècles, ne ressentil aucune atteinte à certaines époques de sa longue existence ? Malgré ces crises, Louvain ne perdit jamais le caractère qui devait lui demeurer propre, celui d’une école qui a bien mérité de la science, de l'Église et de l'État. Entrons en matière, en jetant d’abord rapidement un coup d'œil sur ce qui a fait naître et grandir les univer- sités en général. Au moyen âge, dans un temps à peu près stérile pour les études, une des causes qui contribuèrent le plus au dé- veloppement de l'intelligence humaine fut la création de “grands centres d'enseignement, réunissant tout ce que le talent et la science avaient alors de plus illustre, et ré- pandant ensuite des rayons lumineux dans toutes les di- ( 330 ) reclions. L'initiative en avait été prise par les souverains pontifes; partout, à une époque bien antérieure à celle qu'on s’est plu à nommer le siècle de l'émancipation intel- lectuelle , ils intervenaient dans la fondation des univer- sités, 1ls leur accordaient des priviléges, les honoraient par d'éminentes distinctions. Les franchises accordées aux communes tracèrent en quelque sorte la règle à adopter en faveur de ces nouvelles corporations savantes. Dans un temps où la centralisation administrative était entièrement inconnue, on sentit le besoin de détacher les universités des autorités locales et de les soumettre à une juridiction particulière, afin de maintenir l’unité dans les mouvements d'un grand corps enseignant. L'autorité des deux puissances y concourut eflicacement ; le chef de l'État, en affranchissant les universités de la juridiction temporelle, et le chef de l'Église, en leur accordant des priviléges et des exemptions canoniques en vertu des- quelles ces corporations n'étaient soumises qu’à l'autorité suprême du pape. Dans l’ordre civil, il y avait une assimilation marquante entre la liberté de la commune et la liberté et l’indépen- dance du corps académique, qui jouissait en outre, dans l'ordre religieux et canonique, des prérogatives les plus étendues. C'est un fait important dans l'étude de l’histoire des universités. En le perdant de vue, on s'expose à se former des idées bien inexactes sur ce qui n’est plus et, sous plu- sieurs rapports, n’a plus une raison d’être aujourd'hui. Les universités, constituées comme nous venons de le dire, présentèrent donc presque partout la forme d’une pe- tite république régie par des lois particulières. ( 237) Lorsque le duc de Brabant, Jean IV, comprit l'avan- tage de fonder une université dans ses États, les règles à suivre pour l’organiser étaient établies ailleurs depuis longtemps. De commun accord avec le clergé et le magis- trat de Louvain, il invoqua l'autorité du souverain pontife. Au mois de décembre 1425, Martin V donna la bulle d'érection de l’université de Louvain. Savez-vous, Mes- sieurs, quels sont les motifs qu'il place en tête de ceux . qui le déterminent? C'est, dit-il, le devoir qui lui est im- posé comme chef de l'Église de dissiper les ténèbres de l'ignorance, — le devoir d'étendre et d'encourager , dans l'intérêt de l’ordre public, autant qu'il est possible, les sciences de tout genre (2). Mais pourquoi, dira-t-on, avant de fonder une école dans nos provinces, recourir à une intervention étrangère? Pour réponse, je me borne à citer les paroles d'un de nos “anciens confrères. « Quand ou fondait une université, a dit M. dé Réiffenberg (5), on ne l'ouvrait pas seulement aux habitants d’une seule ville, d’une seule province, d’un seul pays, mais à tous les peuples : or, dans un temps où les “rapports de nation à nation étaient encore imparfaits, qui pouvait détruire la méfiance, garantir la sécurité, si ce n'était un pouvoir suprême qui servait de lien à toute la “société chrétienne, et qui en était la loi visible, la justice “incarnéé ? » Ce pouvoir était seul capable de comprimer “ioutes lés résistances, d'obliger les influences subalternes à se réunir dans un seul but et de garantir dans le do- “maine des croyances la pureté de la doctrine (4). …._ L'organisation interne de notre université se fit sur lé modèle de celles de Paris, de Vienne et de Cologne, et Mcéla à tel point que les anciens statuts de Louvain ne sont souvent que la reproduction littérale des statuts de ces ( 358 ) universités. Ces mêmes écoles, ainsi que celles de Pavie et de Bologne, donnèrent à Louvain ses premiers profes- seurs. Six années à peine s'étaient écoulées depuis que les fa- cultés de droit, de médecine et des arts avaient été consti- tuées, et déjà la jeune Université avait acquis un degré remarquable de prospérité. Le pape Eugène IV trouva dans ce succès un motif pour compléter l’œuvre de son prédé- cesseur, en érigeant, à la demande de Philippe le Bon et du magistrat de Louvain, la faculté de théologie (5). Pour acquérir la science, le Belge n'eut donc plus be- soin de se rendre à grands frais dans les pays étrangers. Un établissement national florissait au milieu de nous. La jeunesse de nos diverses provinces se réunit en foule à Louvain; en puisant aux sources d'un même et unique enseignement supérieur, elle dut nécessairement subir une influence digne d'être remarquée. L'unité et les ten- dances sociales de cet enseignement comblaient en quel- que sorte l’infranchissable abime de la diversité et de l’in- cohérence de l'esprit provincial; peu à peu, par un lien nouveau , le germe du sentiment de l'unité nationale se formait et se développait dans les intelligences. Jci se présente une autre considération qui n’est que la conséquence du fait que nous venons de signaler. Plus on étudiera l’histoire de nos anciennes institutions et celle de l'Université, plus on sera convaincu que cette Belgique qui a subi jusqu’en 1850 tant de revers et tant de domi- nations étrangères a dû en grande partie la conservation de son caractère national à l'influence de l’université de Louvain. Mais n’anticipons pas sur les événements; continuons l'exposé des progrès de l’école. (339) Avant l'établissement de l'Université, la Belgique, privée d'un grand centre scientifique, était tributaire de l’étran- ger; mais l'étranger devint bientôt à son tour notre vassal littéraire. Cette suzeraineté morale et littéraire fit accou- rir à Louvain, des principales contrées de l'Europe, un nombre considérable d'étudiants. La gloire du nom belge y gagna. Les succès de la nouvelle école furent tels que presque tous les savants qui se sont distingués parmi nous étaient ou membres ou élèves de l’Université. Le reproche d’igno- rance et de mauvais goût qu’on s’aviserait de lui faire ne pourrait tendre, après tout, qu'à flétrir la nation et son histoire. On ne négligea, à Louvain, aucun moyen propre à fa- voriser le développement des connaissances humaines. L'imprimerie y fut reçue de bonne heure; déjà en 1474, Jean de Westphalie y avait commencé, sous les auspices de l’Université, la série de ses belles impressions, premiers monuments de l’art typographique dans nos provinces (6). » La découverte de l'imprimerie donna un nouvel essor aux études, favorisées d’ailleurs puissamment par l'octroi de plusieurs priviléges que les papes et nos princes accor- “dèrent à l’Université par des bulles, par des édits, par des indults ou concordats. » Qu'on me permette de faire remarquer en passant que la jurisprudence de l’époque avait consacré le terme de concordat pour désigner l'extension ou la confirmation d'un privilége. - C'est donc une assertion erronée ide dire que, sous Charles-Quint, la puissance morale de l'Université était devenue telle que ce corps négociait avec le fier Empereur d'égal à égal, et que ce souverain, si intraitable sous tant Tome xx1. — ["° PART. 25 ( 340 ) d'autres rapports , eut la faiblesse de laisser introduire dans une ordonnance le mot de concordat, expression qu’on croit être incompatible avec l'autorité souveraine et les droits de l'État (7). Mais il n’en est pas ainsi : le royal et puis- ! sant élève de Louvain comprenait mieux ses droits et ses devoirs; et l’école sur les bancs de laquelle il s'était assis autrefois, sous la direction d’un docteur destiné à porter la tiare (8), a su en toute circonstance rendre à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à | Dieu. Le privilége de nomination aux bénéfices ecclésiastiques, accordé par Sixte IV, en 1485, en faveur des gradués, et confirmé peu de temps après par l’empereur Maximilien et par Léon X, devint une source abondante d’émulation. La concession pontificale avait pour but d'encourager non-seulement l'étude des sciences sacrées, mais aussi celle des sciences profanes (9). Des membres de l’Université, enrichis par la jouissance de prébendes et d’autres fonctions ecclésiastiques ou civiles, se firent un devoir de contribuer, par de nombreuses fon- dations, à la splendeur matérielle de l’école et à l’'éduca- tion littéraire d’une jeunesse à talents, mais sans fortune. La charité et les sympathies de toutes les classes de la sociélé étaient acquises à Louvain, à tel point même que peut-être aucun autre pays du monde n'offre l'exemple d'une plus grande libéralité en faveur de l’enseignement académique (10). Lorsqu'on a vu Oxford ou Cambridge, on peut se repré- senter ce que fut Louvain avec ses Halles et ses quarante- trois colléges, avec sa riche dotation et toutes ses fonda- tions boursières, avec ses exemptions et ses priviléges académiques , avec le mouvement de ses cinq à six mille ( 541 ) étudiants et avec le grave et solide enseignement de ses écoles. Le souvenir en appartient à l’histoire. L'abondance des moyens de tout genre faisait fleurir les études. Érasme, entre autres, nous en fournit une preuve, lorsque, pour engager un de ses amis à venir s'établir à Eouvain , il lui disait : Est Lovantü coelum quod vel Italico quondam adamato praeferas; non amoenum modo , verum etiam salubre. Nusquam studetur quietius. Nec alibi felicior ingeniorum proventus. Nusquam professorum major aut paratior copia (11). Ailleurs encore, dans ses lettres, il parle avec admiration du grand nombre des élèves et de la force des études (12). L'Université n'était point restée stationnaire à une épo- que où, sous la protection d’un grand pape, on voyait le plus vif mouvement imprimé aux sciences, aux lettres et aux arts. Ce qui se passait à Louvain et ailleurs, dès l’au- rore du grand siècle de Léon X, et par conséquent avant la venue du protestantisme, contribue à certifier que l'Église favorisait la marche de l'esprit humain, et que les premiers progrès scientifiques de la Renaissance ne furent pas dus au cri de liberté poussé dans l'Allemagne centrale par un moine saxon (15). La fondation du collége des Trois-Langues , faite par le chanoine Jérôme Busleiden, sous la direction d'Érasme, son ami intime, exerça l'influence la plus salutaire sur le pro- grès des lettres en Belgique. Ce collége, le premier éta- blissement de ce genre et qui servit de modèle à d’autres nations, élait consacré à l'enseignement des langues grec- que, latine et hébraïque et à ce qui forme avec la polé- mique le caractère distinctif du XVI"* scièle, la critique littéraire. L'histoire de la vie et des travaux des professeurs du collége des Trois-Langues est en quelque sorte lhis- (342 ) toire d'Érasme même, comme aussi celle des humanistes les plus célèbres qui continuèrent son école (14). Si plus tard le roi Philippe IL s’adressa à l'Université pour l’engager à seconder Arias Montanus et Plantin dans la colossale entreprise de l'impression de la Bible poly- glotte, c'était parce que l'étude des langues orientales s'était conservée à Louvain (15). Les hautes sciences, et surtout la théologie, étaient cul- tivées avec un succès et un éclat tel que Louvain rivalisait avec les universités les plus renommées. Je n’insisterai pas sur les services rendus à l'Église par la faculté de théologie, lorsque, au XVI” siècle, la réforme formula une vaste synthèse de toutes les hérésies anté- rieures. Ce sujet a été traité ailleurs (16) ; je ne ferai que le résumer en citant les paroles d’un écrivain français de la fin du dernier siècle : « Nous ne connaissons point d'école, » dit-il (17), qui ait plus fidèlement conservé la doctrine » et le langage des Pères sur le dogme et la morale jus- » qu'à nos jours. Sans les lumières qu’elle a répandues, » sans le zèle que ses divers membres ont employé pour » garantir les peuples contre le poison de l’hérésie, peut- » être la religion catholique serait-elle entièrement éteinte » dans les Pays-Bas. » Comme nous l'avons déjà indiqué, la critique et la controverse forment, dans les phases de l'intelligence humaine, le caractère distinctif du XVI"* siècle. Dans les luttes produites par le ferment des discussions religieuses de celte époque, on imputerait à tort à nos anciens théo- logiens un zèle aveugle et outré. Érasme lui-même, alors qu'il ne s'abandonnait pas à son amour-propre ou à sa causticité, les trouvait pleins de savoir, de candeur, d'hu- manité et de modestie : Theologos Lovanienses , dit-il (18), ( 345 } candidos et humanos experior… Non est hic minus erudi- tionis theologicae quam Parisiis, sed minus sophistices mi- nusque supercilii. Is étaient les mêmes encore à une époque assez rapprochée de nous, pour que plusieurs de nos con- temporains, qui ont connu les derniers membres de la faculté de théologie, en aient conservé un souvenir rempli de vénération. Je sais que les théologiens de Louvain n’ont pas échappé à la banale accusation d’ultramontanisme ; mais, en me plaçant au véritable point de vue de la question, je n’hé- siterai pas à accepter le reproche comme un éloge (19). Ce que je ne puis accepter ni comprendre, c’est que la faculté de théologie, qu’on reconnaît avoir été la gloire de l’Université, dût un jour devenir une des causes de la perte de cette institution (20). Pour celui qui ne se laisse pas guider par un étroit esprit de parti, la cause véritable de la ruine de l'Université se trouve ailleurs ; j'aurai l’occasion de faire ressortir cette cause à la fin de mon discours. Il ne m’appartient pas, Messieurs, de vous parler avec une connaissance suffisante de l'influence exercée par les facultés de droit et de médecine. Un membre de notre Académie royale de médecine a pris à tâche de mettre en relief les célébrités médicales de Lou- vain. Dans un ouvrage aussi savant que consciencieux, il caractérise en général l'influence exercée par l'Université sur les sciences médicales , et, après avoir fait remarquer que nos autorités scientifiques, connaissant notre climat, notre sol et leur influence respective sur les maladies, imprimèrent à l'étude de la médecine un caractère en quelque sorte local, il s'exprime dans les termes sui- vants (21) : « La faculté de Louvain, placée en sentinelle avancée, examinait avec la plus scrupuleuse circonspec- ( 544 ) tion toutes les nouvelles doctrines qui se produisaient, les modifiait avant de les enseigner, en ce qu’elles pou- vaient avoir de défectueux, ou les réfutait avec énergie si elles n'étaient pas basées sur la vérité et le bon sens. C’est aux professeurs de cette école que l’on doit la circonspec- tion de nos médecins dans tous les cas où il s'agissait d'établir une théorie nouvelle... Les découvertes utiles, faites par des médecins étrangers, étaient certainement connues en Belgique; mais ce n’était qu'après les avoir soumises au creuset de l'expérience que nos médecins les adoptaient, en les modifiant d’après la nature du climat et la position topographique du pays. C'est ainsi qu'il ne se fit jamais en Europe de mouvement scientifique auquel les professeurs de Louvain restassent étrangers. » La faculté de droit eut une destinée plus brillante. Lors- que presque toutes les écoles se trainaient encore labo- rieusement dans les sentiers de la routine, Louvain put s'enorgueillir de la part que ses professeurs prirent à la révolution qui fit changer la face de la science du droit, en substituant l’enseignement théorique à la méthode ob- scure et presque barbare des glossateurs. Gabriel Mudaeus prit la glorieuse initiative (22); il laissa après lui cette grande et noble lignée de jurisconsultes qui, dans la chaire académique et dans les hautes fonctions de la ma- gistrature ou de l'administration publique, illustrèrent le pays jusqu’à la fin du dernier siècle. Un ouvrage couronné par la Classe des lettres énumère leurs travaux (25); et, ce qui est bien honorable pour la mémoire de nos anciens jurisconsultes, aujourd’hui encore nos magistrats les plus éminents et les membres les plus instruits du barreau conti- nuent à apprécier hautement ces travaux auxquels la science moderne à consacré un tribut légitime d’hommages. (34 ) A Louvain, les professeurs de toutes les facultés se don- paient la main pour faire fleurir les études à l'ombre d’une discipline sage et sévère. Tout y concourait pour former des hommes laborieux et instruits, attachés au pays et à ses institutions. L'ancienne Azma MATER savait inspirer à ses ‘enfants , avec l'amour de la science et de la foi et avec le respect dû à l'autorité, les sentiments un el éner- giques du patriotisme. C'est ainsi que par l’action lente, mais continue, d'un enseignement homogène de près de quatre siècles, s’est formé parmi nous un esprit public et s’est conservée l’u- nité et la force du sentiment national qu'aucune domina- tion étrangère n’est parvenue à étoufler. Nous avons reconnu tour à tour pour nos maitres l'Espagne et l'Autriche, et néanmoins le clergé, comme la magistrature administrative et judiciaire, formés à une école commune avec les autres sommités sociales, fai- saient marcher de pair avec leur respect pour l'autorité souveraine leur attachement aux vieilles franchises du pays. Cet attachement se montra si vif et si ardent quel- quefois que, dans certaines circonstances, on vit se ma- nifester les nobles et patriotiques espérances que 1830 a réalisées pour nous. Quoique l’Université ait toujours été attachée à la con- servation de sa constitution primitive et de ses priviléges, de même que partout ailleurs le Belge se montrait atta- ché aux franchises du pays et de la commune; le corps académique ne fut cependant jamais frondeur. Conseil du prince dans les matières de doctrines, dit M. de Reiffen- berg (24), l'Université s’immisçait quelquefois dans les affaires civiles, mais presque toujours sans outre-passer le cercle de ses attributions, souvent même dans un but (546) d'utilité, et jamais elle ne donna l'exemple de ces usurpa- üons tumultueuses, de ces empiétements ambitieux dont l’université de Paris, entre autres, se rendit coupable. La modération réunie à la noblesse du courage civique caractérisait les membres de l’Université même dans les circonstances les plus délicates et les plus difficiles. Sous Philippe IT, un théologien de Louvain, le célèbre Sonnius, s’épuisait en efforts pour faire adoucir la sévérité des édits promulgués contre les sectaires (25). Pour mettre un terme à de longues et sanglantes divisions, l’Université se prononça hautement en faveur de la pacification de Gand (26). Dans le fort de nos calamités publiques, sous l'impitoyable duc d’Albe, des membres de l’Université osè- rent prendre la défense des victimes que le bourreau ré- clamait comme une proie. L'ancien président du collége des Trois-Langues, Nicolas à Castro, devenu évêque de Middelbourg, s’opposait, dans l'intérêt de ses pauvres ouailles, à l’odieuse exaction du dixième denier (27). Lorsque le vainqueur de Saint-Quentin et de Gravelines allait être conduit à l’échafaud avec le compagnon de son infortune, un autre professeur de Louvain, devenu évêque d’Ypres, Martin Rythovius, fit des efforts énergiques pour fléchir l'Espagnol et pour l'empêcher d'ajouter un nouveau crime à tant d’autres (28). Peu de temps auparavant, par un ordre du duc d’Albe, le fils du prince d'Orange, le jeune comte de Buren, qui étudiait les belles-lettres à Louvain, avait été enlevé et transporté en Espagne. Cet enlèvement était une violation des priviléges de l'Univer- sité, qui se hâta de faire des représentations pleines d'énergie ; mais, pendant l'absence du duc d’Albe, un eon- fident digne du maitre se contenta de répondre dans un latin dont la barbarie est passée en proverbe : Non cura- ( 3417 ) mus privilegios vestros (29). Si la Belgique fut enfin déli- vrée du duc d’Albe, c’est en grande partie à l'influence des professeurs en théologie que son rappel doit être attribué. La Faculté réunie en assemblée générale, sous la foi du serment, écrivit une lettre confidentielle à Philippe I pour lui exposer l'état calamiteux du pays et pour solli- citer le rappel du soldat farouche qui a laissé parmi nous ‘un nom éternellement odieux (30). Sous les archidues Albert et Isabelle, le pays, se livrant à l’espoir d’un meilleur avenir, commença à respirer après un demi-siècle d’oppression , de guerre, d’anarchie et de désordre. Ces princes aimaient les sciences et les arts; ils donnèrent plus d’une marque du haut intérêt qu'ils por- taient à l’université de Louvain. Mais cette université, comme toutes les autres institu- tions nationales, avait ressenti le contre-coup de la longue agitation et des luttes sanglantes du XVI" siècle. Pendant l'orage des événements politiques, il s'était glissé dans cette école des abus qu’il fallait redresser; l’administra- tion des dotations et des fondations académiques avait été désorganisée; la position des professeurs se trouvait amoin- drie sous le rapport scientifique et pécuniaire, et surtout, il était devenu nécessaire d'imprimer à l’enseignement des sciences sacrées et profanes une direction plus régu- lière et plus forte. Pour raffermir l’Université sur ses bases, il fallait le con- cours des deux puissances qui avaient présidé à son érection. A cet effet, déjà en 1606, deux commissaires avaient été désignés. C'était Jean Drusius, député aux États de Brabant et abbé de Pare, près de Louvain, et Étienne Van Craesbeke, conseiller de Brabant. L'un et l’autre tenaient par plus d’un lien à l’école dont la visite allait leur être ( 348 ) confiée : Drusius y avait pris le grade de licencié en théo- logie; Van Craesbeke y avait naguère brillé comme doc- teur et professeur en droit civil et canonique. L'autorité religieuse, aussi bien que l'autorité civile, con- courut pour investir les deux commissaires des pouvoirs qui leur étaient nécessaires. Cette double délégation, lune canonique et l’autre civile, est consignée dans deux actes publics émanés l’un du nonce apostolique, en date du 7 juin 1607, et l’autre des archiducs, en date du 27 juillet de la même année. Ces deux documents expliquent elaire- ment le but de la visite, que d’ailleurs l'Université elle- même désirait vivement (51). La visite, d’abord entravée par la guerre, reprise ensuite après la trêve conclue en 1609, se termina à la satisfac- tion générale en 1617, époque à laquelle l’acte de la visite fut publié dans une réunion solennelle de tous les mem- bres de l’Université. L'ordonnance d'Albert et Isabelle devint la grande charte académique, en vertu de laquelle se régla désor- mais tout ce qui concernait la juridiction des autorités universitaires, les priviléges du corps, les intérêts de l’en- seignement et ceux des colléges, les droits et les devoirs des professeurs de toutes les facultés, la collation des grades, la discipline et la conduite des étudiants et des foncuionnaires. Les archiducs, dans le préambule même de leur ordonnance, déclarent que toutes ces dispositions ont été prises de concert avec le saint-siége : Juncta in primis Sedis Apostolicae auctoritate (52). En 1758, la faculté de droit, dans une lettre au comte de Cobenzli, confirme le fait de cette intervention pontificale, que le bref de Paul V rend incontestable (55). Ce bref prescrit l’observation rigoureuse de Pacte de la | ( 349 ) visite (54). Dire, avec je ne sais quel canoniste suranné de l'école fébronienne, que les archiducs n’ont jamais ac- cordé le placet au bref pontifical et que la cour de Rome, en adressant cet acte à l'Université, avait agi à l'insu du souverain légitime du pays (55), c'est méconnaître d’une manière étrange les faits et les principes. Ce qui est également contraire à la vérité, C'est que, par la visite d'Albert et Isabelle, la constitution primitive de l'Université aurait été changée , et qu’elle devint ainsi de droit et de fait un établissement dirigé par l'État (56). Après avoir vu comment la visite fut faite et sanctionnée par l’autorité des deux puissances, que l’on examine d’un bout à l’autre l'ordonnance des archidues, et que l’on dise si un seul des cent et cinquante-trois articles de cette ordonnance est de nature à légitimer l’assertion que l’or- donnance était une véritable organisation de l’enseignement supérieur par le pouvoir civil (57). Il est vrai qu’en vertu de Particle 1448 de l’édit, l'abbé de Parc fut chargé de sur- veiller l'exécution des règlements de la visite (58); mais les attributions de sa charge n’émanaient pas uniquement d’une délégation faite par le pouvoir eivil seul. D'ailleurs, Drusius s’acquitta de sa mission avec tant de zèle et de sagesse qu’à l’époque de sa mort, arrivée en 1654, toutes les dispositions prises, en 1617, étaient en pleine vigueur, et qu'on reconnut l’inutilité de nommer un nouveau délé- gué pour continuer à en surveiller l'exécution. Pendant cette période de son existence, l’Université sui- vit. avec une ardeur nouvelle la marche progressive des sciences et des lettres. La renommée de ses professeurs, les ouvrages qu'ils ont produits, et le nombre prodigieux d'élèves accourant de toutes les parties de l'Europe pour entendre leurs leçons, le prouvent suffisamment. ( 350 ) Cependant, on est venu nous dire qu’une université rivale éclipsait alors complétement celle de Louvain prête à tomber dans le marasme; que Leyde était l'expression du mouvement, et Louvain celle de l'immobilité; que Leyde avait la liberté d'examen, et que Louvain avait des chaînes (59). Loin de moi, Messieurs, de vouloir contester le mérite éminent des professeurs célèbres qui ont honoré l’univer- sité de Leyde et les provinces-unies des Pays-Bas. Mais n’ou- blions pas que l’université de Leyde, fondée en 1575, est venue chercher son organisation à Louvain, et que les plus distingués parmi ses premiers professeurs, tels que Janus Douza , Pierre Forestus, Juste Lipse, Rembert Dodonée, Charles de l'Écluse et plusieurs autres sortaient de Louvain. Oui, Leyde avait une certaine liberté d’examen, mais une liberté traînant à sa suite les luttes et les aberrations philosophiques et théologiques les plus déplorables. Le socinianisme de Conrad Vorstius, le semi-pélagianisme d'Episcopius, l’audacieuse et insupportable vanité de Sca- liger, les débordements scandaleux de Dominique Baudius, les doctrines antisociales de plusieurs autres ternirent l'éclat de l’école de Leyde. Les opinions et les écrits de Jacques Arminius y occasionnèrent de graves désordres. Les disputes théologiques y devinrent des querelles poli- tiques; elles menacèrent les Provinces-Unies d’une guerre civile, aigrirent les débats du synode de Dordrecht, et firent tomber sur l’échafaud la tête du vénérable Olden Barneveld. Louvain peut se féliciter de n’avoir jamais connu ni ce mouvement ni cette liberté d’examen. Louvain avait des chaînes, — mais des chaînes dont le premier anneau se rattache à la chaîne éternelle qui relie le ciel à la terre; — des chaînes qui n’entravent en aucune façon le libre déve- loppement de la science. ( 351 ) Louvain tenait à s’éclairer paisiblement à la double lu- mière de la foi et de la science. On y eroyait que c’est en- gendrer le désordre intellectuel et moral, que de creuser un abime entre deux puissances faites pour agir ensemble sur les hommes. À Louvain l’enseignement tendait à for- tifier les cœurs, à assainir les idées , à réchauffer les con- victions religieuses et scientifiques, à développer les germes de cette vertu morale et civique qui sait se soumettre sans servilité et rester libre sans révolte. Maintenant, Messieurs, continuons à suivre la marche des événements, et considérons leur influence sur l’'Univer- sité pendant le XVITF"® siècle. La première moitié du XVIIL"* siècle, comme aussi une grande partie du XVIL®*, remplit de tristes pages dans nos annales. La faiblesse de la maison d'Espagne, la puissance toujours croissante des Provinces-Unies, la guerre de la succession, les occupations du pays sous Louis XIV et sous Louis XV, le concours de plusieurs autres causes polili- ques avaient affaibli ou condamné à une dure inaction presque toutes les forces vives de la Belgique. . Malgré les nombreux obstacles qui arrêtaient alors parmi nous le développement intellectuel, l'Université continua cependant à remplir honorablement sa mission. Vers le temps auquel on prétend que l'Université était tellement déchue qu’à peine on savait en Europe si l’aca- démie de Louvain existait encore (40), elle donna à la science bien des noms illustres et forma des établisse- ments propres à favoriser les progrès scientifiques. Ver- … heyen créait alors par ses travaux la connaissance de … l'anatomie médico-chirurgicale (41); l’illustre Rega prési- “dait à l'établissement d’un jardin botanique et d’un des plus beaux amphithéâtres d'anatomie (42); les salles de ( 352 } l'école des Arts destinées aux expériences physiques et aux disputes en philosophie recevaient des agrandisse- ments (45); les majestueuses constructions de la biblio- thèque et des auditoires étaient élevées à grands frais aux Halles où plus tard on créa, en outre, une imprimerie académique (44). Alors aussi un grand pontife, Benoît XIV, encourageait l'Université par des brefs pleins d’éloges et par l'envoi de la collection complète de ses œuvres (45). Alors aussi une grande et bien-aimée princesse, qui fit renaître en Belgique le repos et la prospérité, donna à l'école de Louvaia les marques d’une affectueuse sollicitude. En 1775, l’impératrice Marie-Thérèse fit adresser à l'Université des exemplaires de la médaille consacrée à la mémoire de Van Swieten. « Notre auguste maîtresse, dit » la lettre d'envoi, écrite par le président de Neny, se rap- » pelant que feu le baron Van Swieten a puisé ses pre- » mières instructions dans l’université de Louvain, m'a » fait remettre et m'a ordonné de distribuer entre vous » une quantité de médailles qu'elle a fait frapper en l’hon- » neur de cet homme célèbre... Cette nouvelle preuve de » Ja protection éclairée que Sa Majesté accorde aux scien- » ces et la manière éclatante dont elle honore les hommes » qui les ont illustrées ne feront pas moins d'impression sur vous que la distinction flatteuse avec laquelle elle à daigné, en celte occasion, se souvenir de son univer- sité de Louvain (46). » Le témoignage officiel de 4775 peut nous faire oublier lassertion outrageante du comte de Cobenzl. Comme le prouve une lettre du juillet 4765, il ne voyait à Louvain que des gens peu faits pour maintenir le bon goût et entière- ment livrés à la barbarie pour les sciences et à la rusticité pour les mœurs (47). Si nous connaissions moins les idées W, y © (593 ) politiques de ce ministre, qui nourrissait peu de sympa- thies pour la Belgique et qui était intéressé à y faire pré- valoir des théories nouvelles, nous devrions peut-être faire ressortir avec sévérité toute l'absence de son bon goût et de sa bonne foi. On sait d’ailleurs que Cobenzl marchait d'accord avec le prince de Kaunitz et que celui-ci s'était constitué, dans les conseils de la pieuse Marie-Thérèse, le représentant de la philosophie du XVIT"* siècle (48). Quoique quelques-unes des mesures prises par le gou- vernement de cette princesse rencontrassent une respec- tueuse résistance de la part d'un corps naturellement jaloux de la conservation de ses priviléges (49), cependant l'Université accueillit avec reconnaissance les différents édits portés , soit pour supprimer des abus invétérés par l’âge ou produits par les malheurs des temps, soit pour établir dans l’enseignement des améliorations réclamées par les besoins de l’époque. Pour favoriser plus efficacement encore le développe- ment des sciences et des lettres, l’Impératrice fonda l’Aca- démie de Bruxelles. Parcourons les cinq volumes de nos anciens Mémoires et la collection des Mémoires couron- nés, et dites-moi, Messieurs, si l’université de Louvain, - représentée par ses professeurs et par sesanciens étudiants, n’y occupe pas une place bien honorable ? Après Marie-Thérèse, un empereur plein de vastes projets et d'idées extraordinaires, — un prince qu'on à dit avoir été dupe des opinions régnantes et même de ses propres vertus, — inaugura un système général de « réformes qui s'étendirent à toutes les institutions du — pays et qui aboutirent aux résultats les plus funestes (50). Louvain, attaché à des principes opposés aux réformes, … devint nécessairement l’objet des rigueurs du Gouverne- ( 304 ) ment. La faiblesse de l’enseignement académique fut le prétexte mis en avant pour démolir peu à peu un corps dont la haute influence contrariait les vues de ceux qui étaient intéressés à faire triompher la réaction politique et religieuse de cette époque. Je me garderai bien de contester que, dans la der- nière moitié du X VIIL" siècle, le système des études n’ait eu besoin d'aucune amélioration. Je comprends qu’il y avait beaucoup à faire pour toutes les branches de l’in- struction; mais ce que je ne puis comprendre, c’est qu'on veuille que Louvain seul aurait dû devancer son siècle, et qu’à son égard, on soit beaucoup plus exigeant qu’à l'égard des universités de Paris et de Leyde, où l’enseignement des sciences mathématiques et physiques, entre autres, n'élait alors pas plus complet qu'à Louvain. Là comme ailleurs, cette partie de l’enseignement aca- démique avait pour but principal de préparer les jeunes gens aux études médicales, et elle s’adressait à de jeunes intelligences telles qu’elles avaient été formées dans les écoles préparatoires de ce temps. Le grade de docteur en sciences était alors inconnu, et l’ancienne organisation universitaire différait radicalement, sous ce rapport, de celle que nous avons aujourd’hui. Il ne faut donc pas, à cette époque, chercher dans les universités un enseigne- ment régulier des mathématiques transcendantes, ni de physique mathématique. Pendant cette période du XVIIF"* siècle, ce n’est pas dans les chaires des universités, mais dans les études solitaires du cabinet ou par l’action com- mune de quelques sociétés savantes que le génie a fait éclore, en ce qui concerne les sciences exactes, des en- treprises utiles et des découvertes étonnantes. Si l'on veut se donner la peine de parcourir quelques ( 359 } anciens cahiers du cours biennal de philosophie qui était dicté dans les quatre pédagogies de la faculté des Arts ou la collection des thèses imprimées, on pourra se convain- ere qu'à Louvain plus qu'ailleurs, peut-être, on s'inclinait respectueusement devant les grands noms des Copernic, des Galilée, des Descartes, des Leibnitz, des Newton. Leurs mémorables découvertes attirèrent de bonne heure admiration générale, et elles y étaient devenues l’un des éléments de l'instruction publique (54). Dans l’enseignement des sciences proprement dites, on suivait généralement , à Louvain, les théories qui avaient le plus de cours dans le monde savant, quelque neuves qu'elles pussent être d’ailleurs. Ainsi, lorsque le système de l’abbé Nollet, pour l'explication des phénomènes élec- triques , fut renversé par la doctrine de Franklin, l'Uni- versité fut une des premières à enseigner la nouvelle doc- trine, malgré la répugnance que les idées philosophiques et politiques de l’auteur durent faire naître (52). Lorsque la chimie était encore dans l'enfance, le professeur Van Bouchaute l’enseignait déjà avec certaine supériorité; car il fut un des premiers à se familiariser avec la nouvelle théorie qui a immortalisé le nom de l'infortuné Lavoi- sier (55). Un de nos plus savants et plus laborieux con- frères a prouvé que la priorité de la découverte du gaz de la houille est irrévocablement acquise à un professeur de Louvain. « Tous ceux qui ont connu Minkelers, dit M. Mor- » ren dans la notice qu'il a lue à la séance publique du » 46 décembre 1858 (54), se plaisent à citer sa dextérité, » son habileté, sa précision dans l’art des expériences, » et, certes, c'est quelque chose pour un professeur de » physique. Cette dextérité, il la communiquait à ses » élèves, rare et précieux talent qui eut sur l'enseigne- Tome xx1. — ["° parr. 26 EE ( 36 ) » ment en Belgique d’heureux résultats, puisqu'il en est » parmi eux... qui sont appelés aujourd'hui aux mêmes » chaires où brillait leur ancien maitre avec tant d'éclat. » Minkelers n'était pas seulement un habile physicien et un chimiste distingué, il devait, en outre, posséder des con- naissances profondes en minéralogie et en paléontologie, d'après le témoignage même de l’illustre Cuvier (55). L'enseignement des sciences exactes n’était done pas si 4 stationnaire, si arriéré à Louvain. Nous n’hésitons pas à le dire, tout l’enseignement académique, dans ses diffé- | rentes parties, y avait conservé un caractère d'élévation et de dignité dont presque toutes les autres universités avaient perdu les traditions vers la fin du XVII" siècle. A Louvain, les grades de licencié en théologie, en droit et en médecine ne s'accordaient qu'après des examens sévè- res; le grade de docteur était réservé à des hommes d'élite. Ailleurs la science, devenue semblable à une créature sans pudeur et tombée au dernier degré de l’avilissement, accordait à prix d'argent ses faveurs et ses distinctions. L’abaissement moral d’une société prête à se dissoudre semblait avoir envahi le domaine de l’enseignement ; l’ob- tention d’un diplôme n’était plus qu'une affaire d'argent. Un homme tristement célèbre dans l'histoire de la révo- lution française a consigné dans ses mémoires un trait qui prouve jusqu'à quel point la vénalité des grades acadé- miques était parvenue dans certaines universités de son pays. Sa propre expérience lui avait appris qu'on y vendait tout, et les degrés, et les thèses et les arguments (56). Il me reste, Messieurs, à vous parler de l’Université pendant les dernières années de son existence. Joseph If, par un édit du 18 juin 1789, avait enfin ré- voqué la Joyeuse-Entrée même , et ainsi il viola, comme on ( 597) l'a dit avec raison (57), le pacte fondamental conclu entre lui et la nation. Mais les innovations introduites par l’'Em- pereur dans nos institutions politiques et religieuses ne furent pas maintenues. Ses successeurs, Léopold et Fran- çois, rétablirent l’ancien ordre des choses , et pour ce qui regarde l’université de Louvain, qui avait été bouleversée de fond en comble, un acte impérial confirma son ancien état constitutionnel , en déclarant qu'elle est et demeurera corps brabançon , qu'en conséquence, elle doit et devra étre traitée en toute chose conformément à la Joyeuse- Entrée, et que ses droits et ses priviléges lui sont garantis (58). Dans l'intervalle, l'orage grondait en France. Le bou- leversement général préparé par la philosophie incrédule du XVIII” siècle allait atteindre la Belgique; tout devait s'engloutir sans distinction dans le gouffre creusé par la république une et indivisible. La spoliation révolution- naire, dit un savant jurisconsulte français (59), s’exerça au préjudice de l'humanité représentée dans ses misères et dans sa grandeur : — dans ses misères, par ses mem- bres les plus infirmes que recueillaient les hospices et les établissements de charité; — dans sa grandeur, par les vertus chrétiennes qui se dévouaient au malheur, et par les sciences et les lettres qui faisaient la force et l’orne- ment de la société. Quand la révolution confisquait les biens des hôpitaux et des fabriques, elle chaugeait les hô- pitaux et les églises en prisons et en clubs; quand elle supprimait l'Académie française, elle assistait au triomphe de Marat, l'indigne agresseur de l’Académie des scien- ces (60). Un matérialisme impitoyable se promenait, la hache à la maiu, dans toute l'étendue du domaine social, depuis l'asile du pauvre et du vieillard jusqu'au sanctuaire des sciences et dés lettres. ( 558 } Bientôt arriva, pour l’université de Louvain, l'heure à laqueile elle devait expier devant la justice révolutionnaire son attachement au pays et aux principes conservateurs de l'ordre. Son agonie fut longue, mais pleine de courage et de dignité. Lorsque, pour Pavilir avant de l'immoler, on voulut la forcer de prendre part aux fêtes républicaines dans le temple de la Raison, l’Université déclara qu’elle refuserait toujours de retarder, au prix d’une honteuse pré- varicalion, le moment de sa ruine. Les membres du corps académique s’écrièrent avec une noble énergie : « Si nous » devons périr, mourons avec honneur et courage sans » renier la foi et les traditions de nos ancêtres (61). » L’ar- rêté qui porta le coup fatal dit que l’Université doit dispa- railre parce que, par sa forme et par la nature des sciences qui y sont enseignées, elle ne suit pas le mode d'instruction publique CONFORME AUX PRINCIPES RÉPUBLICAINS (62). Je n’ajouterai plus qu’un seul mot. Le dernier cri poussé généreusement pour empêcher la réunion de la Belgique à la France s'élança du cœur d'un ancien étudiant de Louvain. L'Académie l’a compté au nombre de ses membres (65). Messieurs , je dois terminer ici des considérations déjà trop longues peut-être, mais qui néanmoins paraitront in- complètes si l’on considère que l’histoire de l'université de Louvain pourrait renfermer dans son cadre le tableau de tout ce qui a honoré nos provinces pendant près de quatre siècles. Cet établissement, enraciné dans le pays, s'était asso- cié à tous nos progrès dans les arts et les lettres; il fut le foyer d’où rayonnèrent sur la Belgique la religion et la science. Louvain fut, en quelque sorte, le centre et le pivot d'une communauté d'idées nationales et patriotiques qui se forma entre les hommes les plus influents des diffé-. (359 ) rentes provinces, séparées alors les unes des autres par les institutions politiques et administratives les plus diver- gentes. L’homogénéité de l'enseignement académique éta- blit un lien moral et intellectuel entre des éléments divers, auxquels elle donna uue force de cohésion remarquable. Celte unité et ce lien ont fait germer l’idée de l’unité na- tionale. A d’autres temps était réservé le bonheur de la voir croître et grandir. Nous, Messieurs, nous plus heureux que nos ancêtres, nous ranimés par les glorieux souvenirs de nos anciennes traditions et éclairés par l'esprit moderne du progrès, nous avons obtenu, en 1850, l’accomplissement providentiel des longs désirs du passé : UNE PATRIE , SON INDÉPENDANCE , UNE DYNASTIE NATIONALE. NOTES. (1) Discours prononcé à la séance publique de la Classe des sciences le 18 décembre 1855, par M. Stas, directeur de la classe; dans le Bulletin de l’Académie , t. XX, part. 5e, pp. 401-416. (2) Zpse Dominus ad hoc suae miserationis dignatu nobis , licet im- merilis, sponsac suae universalis ecclesiae regimen pia dispensatione commisil.……. ut in Petri specula positi tamquam de supremo vertice ad tnfima mundi…. reflectentes intuilum.…. quid statui conveniat fidelium quorumlibet, prospiciamus altentius; et qualiter a fidelibus ipsis pro- [ugatis ignorantiae tencbris , illi post supereminentissimam summi opi- ficis notionem per cjusdem sapientiae donum in via mandatorum di- recli, ad veri luminis perlingant claritatem , solertius intendenltes co ad 4 | Quacrendum ipsius sapientiue alimenta lilerarum studia, per quae… “pas et tranquillitas ubilibet solidantur, omnisque conditionis humanae dilatatur prosperitas. Voyez la bulle de Martin V dans les Privilegia 2 ( 360 ) Academiae Lovaniensis, Louv., 1728, in-4°, part. I, p. 4. Les détails relatifs à l'érection de l'Université se trouvent dans Vernulaeus, Academia Lovaniensis etc., in-4°, dans les Fasti Academici Lov. de Valerius Andreas, et dans les Recherches historiques sur l’érection, la constitution, les droits el privilèges de l’université de Louvain , du doc- teur Vande Velde; Louv. 1788-1789, 6 num. in-8. (3) Premier mémoire sur les deux premiers siècles de l’université de Louvain, p. 33, dans le tom. V des nouv. Mémoires de l'Académie. (4) Comme l'instruction publique, dit le docteur Van de Velde dans ses Observations critiques el historiques, p. 5, intéresse la foi etlesmæurs, et qu’elle influe d'une manière directe sur le bonheur et la tranquil- lité tant de l'Église que de l'État, on a cru de tout temps dans les pays catholiques que, dans l'institution des universités, l'intervention de l'autorité ecclésiastique était absolument nécessaire. Cette interven- tion se remarque dans l'établissement de toutes les anciennes univer- sités, depuis le XIIe siècle jusqu'à la fondation de l’université de Fulde, en 1752, confirmée par Clément XIII. Les dix-neuf univer- sités que le XVme siècle a vues naître avec celle de Louvain ont été toutes fondées ou confirmées par le saint-siége, à la demande des princes qui désiraient les voir érigées dans leurs États. L'université de Leipzig entre autres, pour en rappeler le souvenir, avait choisi pour son grand sceau l'image des apôtres saint Pierre et saint Paul. Voyez Georqii Hagelgans Orbis lileratus academicus Germanico-Euro- paeus , Francfort, 1757 in-fol., ouvrage qui donne les sceaux de dif- férentes universités; et la note 2 du discours latin prononcé le 4 novembre 1854, à l’occasion de l'installation de l'Université Catholi- que, où se trouve l'énumération chronologique de toutes les univer- sités fondées en Europe avec l'intervention du saint-siége. Grégoire XVI résume un grand fait historique, lorsque, dans le bref d’érection de l'Université Catholique, il dit : Celebriores illustrio- resque Europae universilates non nisi ex sentenlia et assensu Romano- rum Pontificum fuisse constilutas gravissimae illarum historiae amplis- sime testantur. Les écrivains protestants les plus érudits signalent aussi ce fait et ils y reconnaissent un des services les plus éminents rendus par la papauté à la civilisation. (5) Eugène IV s'exprime de la manière suivante dans la bulle (361) d'érection de la faculté de théologie : Pro parte dilectorum filiorum, nobilis vèri Philippi Burqundiae et Brabantiae ducis, necnon Burgima- gistrorum, Scabinorum et Communitatis oppidi praedicti (Lovanien- sis), pelilio continebat hyjusmodi studium (academieum a Martino V erectum) 2x ipso oppido plurimum vigere, et quod si ibidem theolo- giae facultas invalesceret, ad fidei propagationem conferret orthodoæae, Nos... ipsorum in hac parte supplicationibus inclinati, auctoritate praedicta (apostolica) staluimus et ordinamus , quod eliam deinceps in dicto oppido facultas theologiue hujusmodi futuris perpetuis temporibus wigeal et observetur. Voyez Privilegia Acad. Lov. p. 52. Ce qui arriva à Louvain eut lieu encore ailleurs, et plus d'une fois les papes n’accordèrent le privilége d’ériger une faculté de théologie que lorsque les autres facultés étaient déjà constituées. Rudolphe d'Autriche obtint du pape Urbain V, en 1565, la bulle d’érection d’une université à Vienne, composée des facultés de droit, de méde- cine et des arts; la faculté de théologie n'y fut ajoutée que sous l’archi- due Albert III qui en recut le privilége du pape Urbain VI, en 1388. Dans les notes du discours De laudibus quibus veteres Lovanien- sium Theologi efferri possunt, p. 21, nous avons indiqué les motifs que Martin V peut avoir eus pour réserver à Louvain l'érection de la fa- culté de théologie. Pareille réserve, dit le docteur Van de Velde dans ses Observa- tions, p. 24, était de la part des souverains pontifes, dans certaines circonstances, une mesure pleine de sagesse et de prévoyance. Le saint-siége n’accorda guère le privilége d’ériger une université ou étude générale (srunium GexerALe) qu’à des conditions onéreuses qui étaient toutes en faveur de l'étude à établir. La réserve excitant le désir d'avoir une étude générale complète par l'institution de la faculté de théologie devait puissamment engager les intéressés à remplir ou, comme on dit en termes de droit, à purifier les conditions prescrites par le saint-siége dans l'acte constitutif de l'Université. C’est ce que le magistrat de Louvain, en cédant à perpétuité au recteur et à l'Uni- versité toute la juridiclion nécessaire pour le régime du nouvel éta- “blissement, appelle agir pro purificatione lilerarum apostolicarum. La réserve pouvait donc quelquefois devenir nécessaire, et, en tout «ns, elle était utile et propre à assurer l'exécution des dispositions ce ét (362) prises dans une bulle pontificale en faveur de l’enseignement acadé- mique. Les papes se réservèrent plutôt la faculté de théologie que toute autre, parce que cette faculté occupait non-seulement le premier rang, mais aussi parce qu’elle était considérée comme donnant en quelque sorte la perfection aux autres facultés. La nature et l'importance de son objet intéressait alors presque toutes les classes de la société; son influence sur le bon ordre et la discipline académique, ainsi que sur la conduite et les mœurs des professeurs et des étudiants, était plus directe et plus efficace; et, à une époque où les autres branches des connaissances humaines étaient moins cultivées ou même quelques- unes entièrement inconnues, la théologie fournissait le plus grand nombre de savants distingués propres à établir au loin la renommée d’une université. Ces avantages, qui caractérisent la faculté de théologie, devaient naturellement en faire désirer et solliciter l'établissement tant de la part du souverain que du pays ou de la ville qui s’intéressaient à avoir une université ou étude générale complète. Ainsi, à Louvain, on s'empressa d'exécuter toutes les clauses et conditions prescrites par la bulle de Martin V, et cet empressement devint un puissant motif pour obtenir d'Eugène IV ce qui manquait encore. (6) Les annales typographiques, dit Lambinet, font foi que l'on doit, en grande partie, les progrès et la propagation de l'imprimerie aux universités, où se trouvait le plus grand nombre de savants, ct aux monastères et aux églises cathédrales qui étaient dépositaires des manuscrits les plus précieux de l'antiquité. Deux villes de la Belgique, Louvain et Alost, se disputent l'hon- neur d'avoir reçu en premier lieu la typographie. Malgré le savant plaidoyer publié dernièrement par le père Van Iseghem en faveur d'Alost dans la Biographie de Thierry Martens d’Alost, premier imprimeur de la Belgique, suivie de la bibliographie de ses éditions, la question ne parait pas encore définitivement résolue contre Lam- binet qui tient pour Louvain et Jean de Westphalie. (Origine de l’Im- primerie; 2e édit., Paris 1810, tom. IL, p. 1 et suiv.) M. Bernard, dans son ouvrage sur l’Origine et les débuts de l’impri- À merie en Europe, Paris, 4855, in-Se, tom. II, p. 401, croit qu'il est es - — 4 ( 563 } incontestable que c’est à Alost qu'on a imprimé d'abord, mais que c’est Jean de Westphalie qui a apporté l'imprimerie dans cette ville. Une controverse à propos de Jean de Westphalie est de savoir s’il a été l’ouvricr ou l’associé de Thierry Martens? Le père Van Iseghem soutient, avec quelque exagération peut-être, les droits de Thierry d'Alost. M. Van der Meersch, dans le Messager des sciences historiques, 1855, p. 100 et suiv., incline vers l'opinion défendue par M. de Gand et le père Van Iseghem. M. Bcrnard se range du côté de Jean de Westphalie. Celui-ci, dit-il, s'étant rendu dans la Belgique pour y exercer son art, y fit la connaissance de Martens, qui l'engagea à venir à Alost, sa ville natale, Jean suivit ce conseil et publia à Alost, en 1475, les trois ouvrages suivants : 1° Speculum conversionis ; 2° Li- bellus de duobus amantibus ; et 5° De salute sive aspiratione anime ad Deum. Par reconnaissance, il avait appris son art à Thierry Martens, qui l’aida dans l'impression du livre de Pierre d'Espagne (Textus summularum) terminé le 26 mai 4474. Il jugea donc convenable d'associer son jeune ami à la gloire comme il l'avait été à la peine : voilà pourquoi le nom de Thierry Martens paraît dans la souscription de ce livre à côté de celui de Jean de Westphalie : Zmpressus in Alosto oppido comitatus Flandrie per Johannem de Vuestfalia cum socio suo Theodorico Martino. Après la publication de ce livre, Jean de West- phalie quitta Alost pour se fixer à Louvain, où il avait déjà séjourné en 4472; mais en partant il cut soin de laisser à son élève une cer- taine quantité de caractères, afin qu’il pût continuer la profession d'imprimeur. Alors Martens publia seul les livres datés du 1'* et du 28 octobre 1474. Quoi qu'il en soit, Jean de Westphalie, né à Aken, dans le diocèse de Paderborn, est le premier imprimeur qui soit venu s'établir à Lou- vain. Dans l’espace d’une vingtaine d'années, il mit au jour plus de cent vingt ouvrages énumérés en partie par Lambinet, ouvr. cit. 1. HE, p. 4 à 80. Au rang d ses premières éditions avec date, on met le Liber ruralium commodorum Petri de Crescentiis, in-fol., à la fin duquel on lit cette inscription imprimée en rouge : Presens opus “ruraliu commodorum Petri de Crescentiis, quodam industrioso carac- terisandi slilo : novissime omnipotentis dei suffragio adiveto. exstitit. hac lillera vera modernala. abscisa et formala. impresswm. p. Jounnem (364 ) de Westfalia Paderbornen dyocesis, in alma ac florëtissima Universitate Lovanicsi residente anno incarnationis dominice Me GCCCe LXXIH, mensis decembris die nona. On est assez généralement d'accord que l'Université avait engagé Jean de Westphalie à se fixer à Louvain, et que cela eut lieu avant l'année 1475 à laquelle se forma son association avec Thierry Martens, Lambinet croit que l'Université mit un local à la disposition du typographe allemand, et il distingue entre les éditions qui portent la mention : {n alma et florentissima Universitate Lovaniensi et celles qui portent fmpressus in domo Joannis de Westfalia, per Joannem de Westfalia ejusque sodales… per suosque correct; de sorte qu’il avait d’abord des presses dans un local de l'Université à l'usage des publi- cations académiques, et qu'ensuite il érigea encore un atelier dans sa maison où il travaillait avec des associés pour son commerce. Cepen- dant la finale d'un volume ( De remediis ulriusque fortune prospere el adverse: cité par Lambinet, tom. I, p. 57, et décrit par Hoffmann dans le Bulletin du bibliophile belge, tom. VI, p. 47, renferme les deux indications en une seule phrase : £wplicil liber... impressus in alma Universitate Lovanienst in domo magistri Johannis de Westfalia. Ge volume est sans date, l'imprimeur s'y nomme maitre, c'est-à-dire Magister artis impressoriae, titre que l'Université lui avait accordé et qu'il n'était pas permis de s’attribuer sans uneautorisation dece corps. Lambinet remarque que Juste Lipse et Erycius Puteanus n’ont rien dit de Jean de Westphalie, et que Valerius Andreas, dans le catalogue de la bibliothèque académique, mentionne à peine deux éditions du XVe siècle. Cela se comprend à certain égard, lorsqu'on considère que leurs ouvrages n'avaient pas pour but de s'étendre sur les moyens matériels de l'enseignement et encore moins sur l’origine de l'imprimerie en Belgique, En 1656, la bibliothèque académique à peine formée était encore peu nombreuse. Valerius Andreas donna alors, dans un discours inaugural, l'histoire de sa fandation; mais il n'eut pas à s'occuper des bibliothèques particulières des différents colléges où l’on conservait les ouvrages les plus rares et les éditions les plus curieuses du XV: siècle. Après la mort de Jean de Westphalie, Thierry Martens vint à . Louvain, et il parait qu'il y fit l’acquisition de l'atelier de son ancien ( 363 ) associé. Pendant ce premier séjour à Louvain, en 1501, il y recut aussi le titre de Magister artis impressoriae; en 1512, il s’y fixa et mit ses presses définitivement à l’usage de l’Université. C’est dans l'ouvrage du père Van Jseghem qu'on trouve les détails les plus complets et les plus curieux sur l'atelier de Martens à Louvain, sur son imprimerie grecque ct hébraïque, sur ses rapports avec les pro- fesseurs de l’Université. Dans le chapitre XV, l’auteur a mis en relief Je mérite littéraire de Martens, et tâche de prouver qu’il occupa une place distinguée à l'Université, et qu'il y enseigna probablement le latin et l'hébreu dans le collége du Lys. L'usage qui existait à l'Uni- versité de faire donner, en vertu d'une autorisation spéciale, des cours particuliers des langues anciennes dans les pédagogies, avant l'érection du collége des Trois-Langues, confirme l'opinion d’ailleurs très-probable du père Van Iseghem. Je regrette de devoir signaler ici une grave erreur qu'il a commise au sujet de Rutger Rescius qui naquit à Maseyck dans le Limbourg et qui, après avoir terminé ses études à l'Université, devint le correc- teur des épreuves grecques de Thierry Martens, comme on lit dans la souscription de l'édition d'un livre d'heures, en l'honneur de la sainte Vierge, en grec, publié d'abord par Alde Manuce : Recognoscebat Rutgerus Re. Lovani apud Teodoricum Martinum A lustensem. Mense Maio Anno, M. D. XVI. Le père Van Iseghem dit, p. 405, que ce jeune savant fit, en 1548, sa profession religieuse dans l’ordre des Augustins; et, p. 141, après avoir rapporté les éloges qu'Érasme fait du savoir, de la modestie et de la pureté des mœurs de Rescius, il ajoute : « Rescius ne continua » pas toujours à mériter les éloges d'Érasme : après avoir abandonné l'état religieux, il se maria et s’attira ainsi bien des désagréments de la part de ses collègues dans l’enseignement. Cependant il paraît » qu'on le toléra, puisqu'il mourut professeur à Louvain en 4545. » Conçoit-on que l’Université ait jamais pu tolérer au nombre de ses membres un moine défroqué et scandaleux? Non, sans doute. Le jeune professeur n’entra jamais dans l'ordre de Saint- Augustin, il n’ap- “partint jamais à l'état ecclésiastique. Voyons comment le père Van Hseghem a été induit en erreur. ” Rescius, après avoir terminé ses études à Louvain, y prit le grade ( 566 ) de licencié ès droits et s'attacha à Érasme qui lui portait la plus vive affection ct qui l'avait en quelque sorte adopté comme son fils. Saluta, si me amas, filèum tuum ac meum fratrem Rutgerum Rescium, dit Paschase Bersclius dans une lettre à Érasme écrite à Liége en date du 7 janvier 4547 (Op., tom. I, p. 250). Érasme, dans la lettre du 1er dé- cembre 1519 à Jean Robyns doyen à Malines, dit qu'il ignore s’il existe un homme plus instruit que Rescius, mais que certes il n’en est pas de plus actif ni de mœurs plus pures (/bid., p. 525); et dans . la lettre du 24 septembre 1521 à Bernard Buchon, il ajoute que le jeune professeur du nouveau collége des Trois-Langues embellit des connaissances distinguées par une rare modestie et une pudeur virgi- nale (/bid., p. 667). Le père Van Iseghem a cité lui-même ces témoi- gnages. Érasme, qui avait recommandé son jeune protégé à Thierry Martens, trouva bientôt l'occasion de lui donner une position plus stable et plus conforme à ses goûts ; il le fit nommer premier professeur de grec au nouveau collége des Trois-Langues fondé par son ami Jérôme Busleiden. Celui-ci avait consacré, par les conseils d'Érasme, une grande partie de sa fortune à l'érection de ce collége et avait recommandé par l'acte même de la fondation le choix d'hommes d’une science recon- nue, d'une vie irréprochable, qui donnassent leurs lecons à des jours fixes et en public; véros optabat, dit Valerius Andreas, #ndequaque eruditos, probalis moribus, vitae inculpatae. La mort le priva de la jouissance d’être temoin des premiers fruits que le collége devait por- ter ; il mourut à Bordeaux, en 4517, et ce ne fut que l’année suivante, le 1 octobre 14518, que put avoir lieu l'ouverture des leçons du col- lége des Trois-Langues, dans la grande salle du couvent des pères augustins, en attendant l'achèvement du collége, qui se construisait près du Marché aux Poissons par les soins des exécuteurs testamen- taires du fondateur : Ædes…. dum in usum ct formam colleqü adap- tantur etinstaurantur, professores singuli, dit Valcrius Andreas, p. 276, lectionum suarum auspicia apud Patres fecerunt Augustinianos anno A518 kal. septembrib. Le même auteur, en parlant, p. 282, de Rescius, dit: Auspicatus fuit professionem anno 1518 Kal. seplembr. apud Patres Augustinianos, et il s'était servi, p. 297, de la même expression au 4 (367) sujet du professeur de littérature latine Adrien Barlandus : Linguae latinae professionem anno 1518 Kal. seplembr. apud Patres Augusti- nianos auspicatus fuil, et annum unum docuit. Par une étrange méprise, le père Van Iseghem comprend l'expression relative à l’ouverture des cours, comme si Rescius eût fait alors sa profession religieuse dans Vordre des Augustins, et il le transforme en apostat toléré par l'Université dans une chaire publique. Nous espérons que l’auteur fera disparaître de son livre cette accusation si flétrissante pour la mémoire de Rescius et si grave pour l'université de Louvain. Rescius eut un procès avec un docteur en médecine Jean Calaber ; c’est sans doute à cette affaire que doivent se rapporter les paroles qu'on lit dans la Bibl. Belqg., tom. II, p. 1089 : « Rescium apud Lova- » nienses contumeliose habitum consolatus cest Erasmus per plures » epistolas. » Dans une lettre écrite à Anderlecht, en 1524 (Op., tom. III, p. 685) il lui dit, pour l’engager à terminer l'affaire à l'amiable : « Ego puto generosius esse vindictae genus, si, que- » madmodum hactenus fecisti, graccae litteraturac professionem » quam maxime cohonestes et integerrimis tuis moribus et docendi » yigilantia. Quod si non impetras hoc ab animo tuo, ut litem re- » mittas, id quod ego nolim abs te flagitare, quando famae res agi- » tur, fac ita liliges, quemadmodum hactenus est a vobis litigatum. » Nam quum proxime essem Lovanii, sic obesulus, rubicundulus et » alacer eras, ut mihi lite non macerari sed saginari videaris. Et » habes te dignum adversarium Joannem Calabrum medicum, qui te » pallore macieque refert, excepta actate, adeo tui non dissimilis, ut » periculum sit, ne cui videaris litigare cum patre, Quamquam vir » ille, mea sententia, non peccavit malitia sed obsequio. Bene vale, » Resci charissime. » Calaber mourut dans un âge avancé, le 14 juil- let 4527; il avait été professeur à la faculté des arts et ensuite en médecine, et fut admis au grade de docteur, le 50 août 1486. On voyait autrefois, dans la chapelle des Dames-Blanches, son épitaphe, citée par Valerius Andreas, p. 229, et ses armoiries y étaient repré- sentées dans une des croisées avec la devise : CUNCTA PACE FIUNT. Lire cuxcra nuunr. Sa querelle avec Rescius lui en avait peut-être fait comprendre la vérité. Vers 1528, Rescius se maria avec une femme beaucoup plus jeune ( 368 ) que lui, Anne Moens, qui appartenait à une famille honorable de Louvain et qui lui donna trois enfants. Après la mort de son mari, en 1545, elle se remaria à Jean Van Loncin et ensuite, vers 1577, au célèbre docteur et professeur en droit Jean Wamesius, né à Liége, en 1524, et mort à Louvain, en 4590, Dans sa jeunesse Wamesius avait été en pension chez Rescius et il était resté un de ses plus intimes amis. Ce ne fut pas ce mariage, d’ailleurs très-honorable et avantageux, mais un autre motif qui produisit un refroidissement entre lui et Érasme et les proviseurs du collége des Trois-Langues. Lorsque Thierry Martens, octogénaire et sans postérité, se retira de Louvain en 1529, Rescius érigea pour son propre compte une imprimerie et s’associa d’abord Jean Sturms et ensuite Barthélemy Van Grave, qui fut son bailleur de fonds et son libraire. Le père Van Iseghem, pp. 467 et 559, cite une très-curieuse épiître de Rescius à Gilles Bus- leiden, frère du fondateur du collége, datée du 34 juillet 1529 et imprimée en tête de la première édition grecque qu'il publia, celle de Xenophontis ’Arouyymoyeuware libri quatuor. Le but de cette épitre tend évidemment à faire excuser la résolution qu'il avait prise. Le soin qu'il donnait à la correction des épreuves et au commerce de la librairie l'avait rendu moins exact à remplir ses fonctions de profes- seur. Les proviseurs du collége en étaient mécontents, et Érasme, dans . une lettre au professeur Goclenius, écrite à Bâle le 28 juin 1536, s’en plaint dans les termes suivants : « Quid necesse fuit Rutgerum inter- » pretari Graecas Institutiones ( Theophyti) e latino versas? Condu- » cibilius erat interpretari Demosthenem, Lucianum, si quid habet » casti, tragedias gravibus sententiis refertas, ac similes auctores, » unde discitur graeci sermonis elegantia. Sed ille totus ad questum » spectat, graviterque perdit istud collegium. » (Op., tom. IN, p. 1522). Dans une autre lettre au même Goclenius, datée de Fri-M bourg, le 7 novembre 1555, il se préoccupe du sort du collége dont il croit le succès compromis par le défaut de zèle de Ja part des professeurs : Doleo collegium istud tam cilo frigescere, et periturum video , nisi praesidis el execulorum cura vigilet, el professorum adsit diligentia. Campensis abest (le professeur d’hébreu Jean Campensis, que Clément VIT invita à venir à Rome en 1551, qui parcourut en-. ( 369 ) suite l'Italie, et qui, à son retour, mourut à Fribourg en Brisgau, en 1558); tu (le successeur d'Adrien Barlandus dans la chaire de litté- rature latine, Conrad Goelenius) litigas, quamquam celebs. Rescius (marié et occupé des intérêts de sa famille et de sa librairie) varias personas sustinet. Quelque vives que paraissent les plaintes d'Érasme, le collége continua néanmoins à fleurir. Après la mort de Rescius, Barthélemy Van Grave acheta de sa veuve toute l'imprimerie. Gravius obtint le titre d'imprimeur de l’Université et les nom- breuses productions de ses presses lui valurent une grande considéra- tion. Voyez une notice de M. Van Even, dans le Bulletin du biblio- phile belge, tom. IX, p. 254. Dés l’année 1475, un autre imprimeur, Jean Veldener, était venu à Louvain. 11 y publia les Formule epistolares, in-fol.; mais, en 1477, il alla s'établir à Utrecht. Lambinet, ouvr. cit., tom. IE, p. 88 et suiv., mentionne encore des imprimeurs du second ordre qui s’établirent à Louvain avant la fin du XVe siècle. Voyez aussi l'écrit de M. Van Even, Les Artistes de l'hôtel de ville de Louvain, p. 167. (7) Bulletin de l'Académie, t. XX, part. 5°, p. 404. — Charles \'e par ses ordonnances du 8 décembre 1515 et du 20 avril 4518, con- firma les concessions faites à l'Université par Maximilien et Philippe le Beau, en 4495. Voyez Privilegia Acad. Lov., part. I, pp. 449, 164 et 168. (8) Adrien VE — A l'exemple des monographies historiques pu- bliées en Allemagne cten France, il y aurait un intéressant travail à faire sur Adrien VI et ses contemporains. (9) Le premier privilége de nomination accordé par Sixte EV à la sollicitation du cardinal Ferri de Cluny, évêque de Tournai, envoyé à Rome par l'empereur Maximilien, n'était pas en faveur des sculs étu- diants en théologie, mais aussi pour tout autre clerc sans fortune, gradué et résidant à Louvain. En 1515, Léon X accorda plus large- ment encore le même privilége de nomination à la faculté des arts. P Moy. Privilegia acad. Lov., part. K, pp. 69, 74 et 75, et Valerius “Andreas, F'asti acad., pp. 20 et 21. (40) Aucune université ne possédait un plus grand nombre de col- léges ou de plus riches fondations. Le tableau suivant des revenus (370 ) des fondations boursières de dix-sept colléges, immédiatement avant la dispersion de l'université, en 1797, peut nous en donner une idée. — "MU INIANUERE. je Vomsts de ele elle 6,595 0 — deS. Willebrord, dit de Bois-le-Duc. . 4,513 10 htdefollandess tetes MM Enr 5,808 0 —. dela Haute-Colline...., . es. + se 12,815 142 Sc de LAbRe ue 4 leds es SO TNT florins. sous. den. Grand collége du St-Esprit . . . . . . . . 36,600 12 53 Petit collége du St-Esprit . . . . . . . . 3,942 O0 2 Collége du Pape !. 4e MM QUI NE NE TND, 80 NS TONO =-jnbid'Arras better nintendo Re — , jde De Baye e robebpe ie sets AG SORPENR LS HU de MAIS. Ve - Le deide eee 4,500 17 2 PNG ONE PR lee etrle eu Ve efle ei ten 246% 18 4 NEVERS ARE PEER PE ONE = de Divæeus: dde rate sobéslqaititnts eut 2,165 2r.2 Le des Vétérans de Liu LAC ElERs 2,625 0040 —,. de SayOye.….. pe de eue ee sien 240011 16822 5 5 T 1 9 TOTAL! PME EN MOTS Il résulte des tableaux num. 15 et 46 annexés au Rapport fait par le conseiller Le Clerc, en 1786, qu'il y avait alors un revenu annuel de 159,412 f1. 49 s. 9 d. en bourses attachées aux différents colléges ; et les tableaux num. 17 et 18 de ce même rapport prouvent qu'il y avait, en outre, des bourses particulières fondées pour les études à Louvain, mais qui n'étaient pas attachées à un collége déterminé et . que, pour cette raison, on nommait bourses volantes, dont le revenu annuel était de 51,449 1. 1 s. 7 d. Ainsi, selon Le Clerc, il y avait alors, pour les fondations boursières, un revenu total de 210,861 f1. 44 s. 4 d., dont la plus grande partie, ajoute-t-il, est destinée pour les études de théologie et de philosophie. Chacun des quarante-deux colléges qui existaient à Louvain avait, outre les revenus des fondations, des propriétés particulières pour l'entretien du personnel et des bâtiments. Chaque collége avait une. bibliothèque et un riche mobilier. Si l'on ajoute aux propriétés par- ticulières des collèges celles que l'Université possédait collectivement, pour la dotation du personnel, la valeur des bâtiments et des collec- (31) tions scientifiques, on pourra évaluer approximativement le total énorme de la somme produite par la spoliation qui fut décrétée, sur l'ordre du ministre de l’intérieur de la République francaise, par l'arrêté de l'administration centrale du département de la Dyle, en date du 25 octobre 1797. De Pradt dit, dans Les quatre concordats, t. Y, p. 175 : « Aucune école du monde n'avait recu une dotation pareille à celle que la piété et la science avaient assurée à cette université. Elle était évaluée à un revenu annuel de 1,400,000 francs. Là, comme presque partout, c'était le clergé qui en avait fourni la plus grande partie. » Sous l’ancienne université, ajoute le docteur Van de Velde, dans les observations citées, p. 56, les bâtiments des colléges étaient dûment entretenus, souvent agrandis ct améliorés. Le logement et la nourri- ture pour un nombre considérable d'étudiants étaient gratuits. Tout se faisait sans charge pour le trésor public ou la caisse municipale. Ces avantages étaient le fruit des idées libérales et des principes conservateurs qu’on suivait alors. Un de ces principes était incontes- tablement l’esprit de la religion, cet esprit qui s'est manifesté par la création de tant de grandes et utiles institutions. (11) Lettre du 5 août 1521 à Guillaume Taleus, Op., t. HE, p. 655. (12) Lovani coelum est perquam amoenum, nec usquam studetur quietius. Juventus nusquam magis ardet in bonas literas. Lettre du 5 juillet 1521 à l'évêque de Genève Daniel Taispillus; œuvres d'Érasme, t. IH," p. 652. — Academia Lovaniensis frequentia nulli cedit hodie, practerquam Parisinae, Numerus est plus minus tri millia, ot affluunt quotidie plures. Lettre du 24 septembre 1594, ibid., p. 666. (45) L'émancipation religieuse préchée par Luther fut bientôt tra- duite par les peuples en émancipation politique et sociale; elle gratifia l'Europe de plus d’un siècle de guerres et de troubles. Un publiciste distingué, Balmès, a démontré dans un admirable ouvrage (Le pro- lestantisme comparé au catholicisme , dans ses rapports avec la civilisa- tion européenne , 5 vol, in-8°), ce qu'a produit {e grand principe de l« liberté d'examen proclamé par Luther. Un autre écrit très-curieux sur la même question est celui du chanoine Robelot: Ze l'influence de la réformation de Luther sur la croyance religieuse, lu politique et le progrès des lumières ; Lyon et Paris, 1822, in-8°. L'auteur y ex- 97 TomME xx1. — I"° paRT. 27 ( 572) pose les résultats négatifs du luthéranisme et réfute l’apologiste de la réforme, Charles Villers, dont le travail avait été couronné par la classe dessciences politiques et morales de l'Institut de France. L'ou- vrage de Robelot a été traduit en allemand avec des additions par mes vénérables amis M'° Raess et Weis; Mayence, 1895 , in-8°. (44) Voyez Valerius Andreas, Fasti Acad., p. 275. (45) Voyez les notices de M. le professeur Félix Nève sur la vie et les travaux de Jean Campensis et d'André Gennep, professeurs d'hé- breu au collége des Trois-Langues ; sur Valère André; sur le lexique hébreu publié à Louvain, en 1645, par Joseph Abudacnus; sur Étienne Heuschling et sur les derniers temps de l’enseignement de l'hébreu au collége des Trois-Langues, dans les Annuaires de Puniv. cathol., de 1845, p. 169, de 1846, p. 159, de 4852, p. 254, et de 1848, p. 274. Voyez aussi la notice de M. Gachard sur la polyglotte d'Anvers, dans le Bulletin de l'Académie, &. XIX, part. 2. La suite des Analectés de l'Annuaire de l’université doit renfermer un supplé- ment à cette notice concernant les rapports d'Arias Montanus avec les docteurs de Louvain. En attendant la publication de ce supplément, je ne puis m'empé- cher d'en détacher une lettre dont je possède l’autographe, par laquelle Philippe II manifesta à l'Université son contentemient pour l'accueil qu'elle avait fait à Arias Montanus. « Piiepus, Dei gratia Rex Hispaniarum, utriusque Siciliae, Hierusa- lem, etc. » Venerabiles, devoti nobis dilecti. Benedictus Arias Montanus, doctor theologus, capellanus ac familiaris noster, certiores nos per epistolam fecit, et se a vobis grate ac liberaliter exceptum, et nostrum de imprimendis ad ! publicam utilitatem quinque linguis Bibliïis consilium (cujus rei causa ille istuc venérat) vehementer probatum, laudatumque fuisse; utpote, quibus ex sacrarum disciplinarum cognitione et perpetuo religionis studio, horum etiam Bibliorum summa utilitas et eximia ad totius catholicae Ecclesiae usum com- moditas explorata sit. Cujus quidem Ecclesiae omni ex parte juvandae summa atque oplima cura nos praecipue tangimur. Idem .etiam Benedictus sibi ab istius Academiae theologis operam, sedulitatem et omne ad hanc, quam molimur, impressionem opportunum officiun, ultro ac libenter oblata, pro- missaque esse narravit; atque ea in re vestrum erga sacrosanctam religionem, ergaque nos eximium studium et singularem fidem plurimum commendans, ( 573 ) quantum etiam sibi istius Universitatis pietas, ordo, decor, disciplina, exer- citatio, denique universa ratio placuerit, significavit. Quae quidem omnia , esti ex diuturna vestrarum rerum observatione et notitia nobis perspecta jam pridem sint, tamen ejus testimonio cognovisse gratum fuit, cujus erga reli- gionem studium et erga nos fides, cum non vulgari bonarum literarum peri- tia, probata sunt. Placuit igitur nobis has ad vos literas dare, quibus ea, quae ille de vobis, de officiis, studiisque vestris, ac de integra istius insignis Uni- versitalis re scripserit, jucunda fuisse testemur; atque oblata a vobis, ad dic- torum Bibliorum commodissimam expeditionem, omnia consilii, operae ac sedulitatis officia, praeter publicam ecclesiasticae rei (quae in hoc opere agi- tur, et vobis communis quoque esse debet) curam, fidelis etiam in nos obsequii et diligentis studii nomine, inter alia vestra, quae jam constant, quaeque porro exspectantur, peculiariter acceptum iri confirmemus. Si quid praeterea in privata ejusdem Montani causa a vobis praestitum fuerit, id etiam pergra- tum nobis fore recipimus, quod illum, tum ob alia, tum ob spectatam in nos fidem et grata obsequia diligimus. Datae Madriti xvun Cal. septembris 1568. — Pmicirpus. — Gab. de Cayas. » — L'adresse porte : F’enerabilibus , devo- tis nobis dilectis Rectori, Decanis ac Doctoribus filiae nostrae Universi- tatis Lovaniensis. Lorsque la polyglotte fut terminée, le roi fit placer à la bibliothèque de l'Université un des trois exemplaires imprimés sur vélin. La spo- liation de 1797 a fait disparaitre cette rareté bibliographique. (16) Pour ma part, j'ai tâché de faire connaître les services rendus par les théologiens de Louvain, par les écrits suivants : 1. Disqui- sitio historica de iis quae contra Lutherum Lovanienses Theologi egerunt anno 1519 ; Brux. 1845, in-4°, Nouv. mémoires de l’Académie, t. XVI. 2. Disquisitio de dogmatica declgratione a Theologis Lovaniensibus anno 4544 edila ; ibid., 4841 , in-4, Nouv. mém. de l’'Acad., t, XIV. 3. Mémoire sur la part que le clergé de Belgique et spécialement les doc- leurs de l'université de Louvain ont prise au concile de Trente; ibid., 1844, in-4°, Nouv. mém. de l'Acad., t. XIV. 4. Oratio de doctoris ca- tholici dignitate et officio ; Louvain, 1841, in-8°. D. De laudibus quibus veteres Lovaniensium Theologi efferri possunt oratio ; ibid. , 4847. (A7) L'Art de vérifier les dates, édit. in-8°, t. XIV, p. 105. Nous n'avons pu lire sans une pénible surprise le passage suivant qui se trouve à la page 407 du Bulletin de l Académie, \. XX, 5° part. : « Rome alors (à l’époque de Luther) se tourna vers cette fille si (374) » puissante et si dévouée qu'elle avait à Louvain, et ce ne fut pas en » vain qu'elle eut recours à elle. Reconnaissante des bienfaits reçus, » l'Université se dévoua corps et âme, el sauva sa mère. » Mais, dès ce jour, elle dévia du but de son institution, l’instruc- » tion ct le progrès des sciences. Dorénavant elle n'enseigna plus que » pour la défense d'une doctrine. Elle perdit ainsi la liberté sans la- » quelle il n'y a pas de progrès possible. ». L'Université ne doit pas être constituée seule responsable de ce » fait: l'autorité civile y eut sa très-grande part. Charles-Quint, tout » ami qu'il fût des arts et des sciences, pesa de tout son poids sur » l'Université, afin de l’exciter à combattre la réforme. Philippe IN, » roi d'Espagne et des Pays-Bas, suivit l'exemple de l'Empereur; il » fit plus; il intervint directement, par la création de trois nouvelles » _chaires de théologie et par la fondation d’un établissement spécial, » le collége du Roi, destiné à former des ouvriers dans la vigne du » Seigneur; on sait ce que ces mots signifiaient dans la bouche de » ce roi. » Citer ces expressions, c'est déjà une réfutation qui paraîtra sufli- sante pour tous ceux qui connaissent l’histoire du XVIe siècle, Je me permettrai cependant de faire suivre la citation de quelques re- marques. Bien des préjugés que la passion où l'ignorance ont fait naître dis- paraitront lorsqu'on veut se donner la peine de lire attentivement ce que M. de Gerlache a écrit, dans son Histoire du royaume des Pays- Bas, 2me édit, t. I, p. 27 etsuiv., sur Charles-Quint et sur Philippe HE. Nous nous écarterions trop de notre sujet en répétant les rectifica- tions faites par notre honorable confrère avec toute l'autorité de sa parole et de son talent. Nous devons nous borner à parler de l'Uni- versité, qui compte Charles-Quint et son fils parmi ses protecteurs les plus généreux. Philippe I portait un vif intérêt à l'Université, Il recommanda à don Juan d'Autriche d’en avoir soin comme de la prunelle de ses yeux, et il chargea le cardinal de Granvelle de la recommander au pape lant qu'il pourrait et de la protéger de toutes ses forces, parce que cette école était le boulevard de la foi catholique duns les Pays-Bas. Le passage cité ci-dessus, relatif à l'érection de trois nouvelles (373) chaires de théologie et à la fondation du collége du Roi, renferme plus d'une inexactitude. La faculté de théologie se composait de neuf professeurs, cinq pro- fesseurs ordinaires et quatre professeurs royaux. L'origine de ces der- niers remonte à l’époque de Charles-Quint et de Philippe II. Francois de Helfaut, abbé de Saint-Pierre à Gand, avait légué à l'Université un revenu annuel de mille florins pour augmenter le traitement des professeurs en théologie, alors au nombre de cinq. Mais, comme ce nombre paraissait insuffisant, l'Empereur, de concert avec l'autorité ecclésiastique, créa, le 17 février 1546, deux nouvelles chaires, celle d'Écriture sainte et de théologie scolastique ir Magistrum sententia- rum. Sur la proposition de la Faculté et avec le consentement du sou- verain pontife, la donation de François de Helfaut fut affectée à ces nouvelles chaires. Les honoraires n'étant pas en rapport avec la charge des titulaires, Philippe I accorda en 1567, avec l'autorisation du pape Pie V, une nouvelle faveur à la Faculté. Sur les quinze cano- nicats de l'église de Saint-Pierre à Louvain, dont il avait la présen- tation, il en réserva cinq, les deux premiers, pour les deux profes- seurs d'Écriture sainte et de théologie scolastique sur le Maitre des sentences, Pierre Lombard, le troisième pour un professeur de droit canon, le quatrième pour le professeur de catéchisme qui devait donner ses lecons les dimanches et les jours de fête, et le cinquième pour le censeur des livres. Plus tard la Faculté jugea nécessaire de remplacer l'explication du Maitre des sentences par celle de la Somme de saint Thomas, ce qui fut mis à exécution, 1e 24 avril 1596, par le docteur Jean Clarius (voyez Paquot, Mém., tom. IX, p. 155). L'ex- plication de la Somme exigea le concours d’un deuxième professeur, pour la dotation duquel Philippe IT accorda encore un honoraire de deux cents florins avec la jouissance du premier canonicat vacant à Saint-Pierre. Les lettres patentes du roi, relatives à l'érection de la nouvelle chaire pour l'explication de saint Thomas, sont datées du 28 décembre 1596 et du 4° novembre 1594. Le célèbre Malderus, ensuite évêque d'Anvers, fut le premier qui obtint cette chaire dont la création fut due en grande partie au vénérable docteur et profes- seur en droit, Jean Vendevillius, alors membre du conseil privé, et depuis évéque de Tournai, où il mourut en odeur de sainteté et avec (376 ) la réputation d'un des plus savants jurisconsultes de son époque. Il y eut donc cinq leçons ordinaires, et quatre lecons royales, à savoir, une d'Écriture sainte, deux de théologie scolastique pour l'explication de saint Thomas, et une de catéchisme. La désignation de leçons royales leur resta, parce qu'elles avaient été dotées par le roi qui en était par conséquent le patron et qui en avait la nomi- nation. Disons maintenant un mot de la fondation du collége du Roi. On sait que les docteurs de Louvain prirent la part la plus active dans l'érection des nouveaux évêchés en Belgique, au XVI: siècle. Un professeur vénéré à cause de la sainteté de sa vie et de son savoir, Ruard Tapper, en donna la première idée à Charles-Quint qui recom- manda instamment l'exécution de ce projet à son fils. Sous Philippe], le docteur Sonnius fut chargé de négocier cette importante affaire près du Saint-Siège et un plein succès couronna ses démarches en 4558. Les commissaires nommés ensuite pour l'exécution de la bulle pontificale portant l'érection des nouveaux évêchés étaient ou doc- teurs et professeurs, ou élèves de l'Université, et l’on choisit parmi eux les prélats qui illustrèrent les nouveaux siéges épiscopaux (voyez le discours : De laudibus quibus veteres Lovaniensium Theologi efferri possunt, p. 6, el not. 15 et 15, p. 45 ; ct Francisei Sonni ad viglium Epistolac, Brux., 1850, p. x1v et p. 40-68). Dans presque tous ces diocèses nouvellement organisés au milieu d'un état continuel de guerre et de troubles, manquaiïent des ouvriers pour les fonctions du saint ministère. Les séminaires épiscopaux n'avaient pas encore pu être établis dans chaque évêché, ou fournir des sujets pour remplir les fonctions pastorales. A Louvain même dans les colléges théologiques, écrasés par les logements mili- taires, le nombre des étudiants avait considérablement diminué, Vers la fin du XVI: siècle, à la suite des longues cet sanglantes cala- mités du pays, il y avait, sous le rapport civil et religieux, beaucoup de pertes à réparer. C'est dans ces circonstances que Lindanus, évêque de Ruremonde, après avoir séjourné pendant trois mois à Rome, vint à Madrid, en 4578. Parmi les propositions qu’il recommanda à Ja sollicitude du roi, fut celle d'établir à Louvain un nouveau collége destiné à former (377) des sujets pour le saint ministère, Vendevillius, dont nous avons déjà parlé, appuya vivement la demande de l'évêque de Ruremonde auquel] le roi fit remettre, par l'entremise du duc de Parme, trois mille ducats pour servir à former un nouvel établissement. Phi- lippe II, par lettres patentes du mois de mars 4579, décreta la fondation du collége du Roi, Collegium ou Seminarium regium , dont l'évêque Jean de Streyen , que les protestants avaient forcé de quit- ter l'église épiscopale de Middelbourg, devint le premier président en 1586, lorsque le local particulier eut été approprié. Pour l'entretien de ce collége, des taxes avaient été imposées sur les revenus de certaines abbayes de cette partie de la Flandre dont la France s'empara plus tard; c’est ce qui fit diminuer considérable- ment les ressources de l'établissement. En 1776, sous la présidence du professeur de physique, le chanoine Thysbaert, on remplaca les anciens bâtiments par une nouvelle bâtisse. La reconnaissance’, cette vieille vertu de nos pères, fit placer au-dessus de la grande porte les armes du roi d'Espagne (souvenir que les abatteurs révolutionnaires firent disparaître) avec l'inscription suivante : CoLLEGIUM. REGIUM FuNpar. 4. MDLXXIX, Rexovar. 4. MDCCLXXIX. L'ancienne fonda- tion de Philippe IT renferme aujourd’hui le cabinet de zoologie et d'anatomie comparée (voyez les Analectes de l'Annuaire de 1854, p. 267). Dans le Bulletin cité p. 408, on lit encore : « Il (Philippe Il) ne » s'arrêta pas là. Par ses ordres, le duc d'Albe octroya, le 4 mars » 1569, le monopole de l'enseignement à l’université de Louvain ; il ». défendit en même temps d'une manière absolue aux Belges, la fré- » quentation des universités étrangères. Mais, dès le mois de noyem- » bre 4545, le sénat académique avait déjà exigé de toute personne ». inscrite à l’université de Louvain, un serment en faveur de l'an- » cienne doctrine de l'Église romaine. Dorénavant il y eut, done » impossibilité pour tout Belge de s’instruire sans être catholique » romain, » A Louvain, comme ailleurs, les règlements académiques ren- fermaient les formules des promesses et des serments à faire pour l'immatrieulation ou l'inscription, pour l'obtention des grades, des chaires ou d’une fonction quelconque de l'Université, On n'était apte à (378 ) jouir des priviléges du corps qu'après avoir rempli cette formalité. L'Université, qui tenait à la conservation de la foi de nos ancètres, employa tous ses soins pour éloigner des étudiants la contagion de l'erreur et les attraits de la nouveauté en matière de religion ; à cet effet elle porta différents règlements, et prescrivit, selon l'exigence des cas et la nature des circonstances, des formules de serment dont nous avons parlé dans les notes du discours De laudibus quibus veteres Lov. Theologi efferri possunt, p. 55. C’est ainsi que l'Université, fidèle à ses devoirs et à ses convictions , ajouta en 4545, lorsque les doctrines de Luther et de Calvin se pro- pageaient partout, le statut suivant aux autres qu'on avait à souscrire avant l'admission à l'Université : Jtem juro me ex animo detestari uni- versa dogmata Martini Lutheri et alioruwm quorumtibet haerelicorum , © quatenus doctrinis veteris et Catholicae ac Romanae Ecclesiae adversan- tur; et sequi velle ac retinere fidem veterem praetactae ecclesiae, sub obedientia unius summi pastoris Romani Pontificis. Les universités dañs lesquelles la prétendue réforme avait prévalu exigeaient à leur tour des formules de serment qui renfermaient la négation de ce qui était prescrit dans celle de Louvain. Cela se comprend; un écrivain pro- testant, le célèbre Mosheim, dit que les choses en étaient au point qu'on regardait comme les meilleurs chrétiens et les citoyens les plus utiles, ceux qui déclamaient avec le plus de chaleur contre la cour de Rome, le pape et ses adhérents : « qui, seposito metu, vehemen- » ter in romanam aulam, pontifices, totamque ejus catervam decla- »_ mabant (ist. ecel. saec. XVI, part, IE, cap. 2). » Le statut de 1545 fut encore confirmé en 1557 et en 1579. L'or- donnance d'Albert et d'Isabelle de 1617, qu'on nous préconise comme une organisation de l’enseignement supérieur par vÉ lat, et dont nous parlerons à la note 51, renouvelle ct approuve le principe du statut de 4545 dans les articles 1,2, 76 et 112, qui excluent de tout enseigne- ment publie ou privé, ainsi que du droit d’être reçu comme étudiant, tous ceux qui refuscraient de faire la profession de foi : Nisi professus fuerit religionem cathoticam , apostolicam ; romanam.… Nisi prius con- sueto more « Rectore dictae Universilatis intitulatus fuerit, et articulos in eadem intitulatione slatutos solemniter juraverit (articles 4 et 2). Maintenant, pour ce qui concerne la défense de fréquenter les uni- TS LA (5179) versités étrangères, voiei comment la faculté de théologie en fit d’abord, en 15614, la demande comme moyen temporaire et provisoire (donec rebus forte mutatis aliter Rex cathoticus ordinaverit), dans une lettre inédite adressée à la gouvernante , Marguerite de Parme : « Izcusrrissima D. Ducissa, Quia mandat apostolica disciplina vitari haereticos, eo quod sermo eorum ut cancer (cujus venenum non sentitur, donec carnem exederit) serpit, et in domo non recipi aut salutari, quia qui eos salutat vel in domum recipit, operibus malignis eorum communicat, utpote eo modo fovens eos; hine est, quod felicis memoriac Carolus Quintus Imperator, Tuae Celsitudinis pater, et catholicus rex filius ejus gravissimis edictis sanxerunt, ne ullus vel magis- ter vel discipulus haereticus subsistere sineretur in ditionibus suis. Sed conatur satanas , et apostolica praecepta et ex eis desumpta edicta regia, adeoque ipsam immaculatam fidem nostram, novis et astutis consiliis labefactare, dum sci- licet adolescentes, filios nobilium atque divitum harum regionum, ad exteros vel gallicae linguae, vel juris, inferiorumve disciplinarum discendi gratià missos, veluti novas testas, odorem optime custodituras, veneno suo per mi- nistros suos imbuit. Hoc modo, dum infecti ad has partes redierint, et pro conditione sua atque natalibus vel magistratum vel praelaturam vel aliud publicum munus administraverint, per eos, quidquid hic est, sanae fidei eversurus : ita ut nec catholici regis ejusque consilii zelus quidquam tune remedii afferat. Precatur igitur Facultas Theologiae per misericordiam Dei et avitum om- nium retro ducum Brabantiae zelum, ut Celsitudo Tua edicto regio ad catho- lici regis ditionem revocet omnes subditos extra eam studiorum gratia missos ; prohibeatque ne quis eam studiorum gratia exeat, donec rebus forte mutatis aliter rex catholicus ordinaverit. Potens est enim rex in suis ditionibus optime providere ingenuis adolescentibus, ut et jura inferioresve disciplinas, lin- guamque gallicam quam commodissime perdiscant. Simile quoque edictum rex catholicus pro Hispaaiis emisit, et Dux Sabaudiae pro subditis suis. Imo Carolus Audax, Tuae Celsitudinis abavus, longe minori occasione anno 1476 jussit adolescentes studiosos ad certum tempus in Lovaniensi Academia sub- sistere. Haec Tuae Celsitudini suggerimus, scientes si haec taceremus, nos et Deum et catholicum Regem, Tuamque Celsitudinem graviter offensuros. Dominus Jesus Celsitudinem Tuam eustodiat, Lovanii 26 maii anno 1561. Tuae Ilustrissimae Celsitudinis oratores obsequentissimi. — Decanus et caeteri Magistri Theologicae Facullatis in Academia Lovaniensi. » (380 ) En plaçant ici cette requête, on voit que nous tenons à faire eon- naître sans détour ce qui contribue à caractériser les tendances de l'époque. Après avoir vu les motifs de la défense en question, il devient inutile d’insister sur les mesures prises par Marguerite de Parme ou par le due d'Albe, mesures qui avaient pour but de préve- nir la séduction de la jeunesse et non pas de donner à notre uni- versité le monopole de l’enseignement. Louvain contribuait vers ce temps de toutes ses forces à faire fleurir l'université de Douai. (Voyez les Analectes de l'Annuaire de 4846, p. 275). Philippe H, voyant les pays voisins et surtout la France livrés en proie aux doctrines du protestantisme, aima mieux fonder à grands frais une nouvelle université, que de permettre plus long- temps que les parents exposassent leurs enfants aux dangers de la séduction en les envoyant faire leurs études à l'étranger. Hopperus dans son Mémorial des troubles des Pays-Bas (Van Papendrecht, Analect. Belg., tom. IX, part. 2, p. 20 et 21), consacre un chapitre à ce que le roi fit pour la conservation de la foi, et il parle des motifs de l'érection de l’université de Douai de la manière suivante: « Pour » oster l'occasion à ses subjects et naturels d'iceulx Estats d'aller hors du pays pour cause de leurs estudes ès villes et Universitez estrangères, selon qu'ils avoient de coustume, notamment pour apprendre la langue françoise, s'advisa ( Phitippe 11) de fonder une nouvele Université en sa ville de Douay, qui est de la langue françcoise ou Walonne, selon que de faict elle a esté du depuis fondée et fort bien ordonnée. » Ces motifs sont également énoncés dans la bulle par laquelle Pie IV confirma, en 1559, l'érection de l'Uni- » » » versité : Praedecessori nostro, dit le pape, pro parte carissimi in Christo filii nostri, Philippi Hispaniarum regis catholiei, exposito quod cum regio Inferioris Germaniae ipsius Philippi regis ditioni haereditario jure subjecta, omni fere ex parte a populis haereticis atque schismatieis eincta et obsessa esset, et propter assiduas » eorum insidias, pestiferasque doctrinas catholica illic fides et ani- marum salus maximo in diserimine versarentur : tam graviter peri- elitanti in illis partibus fidei orthodoxae et animarum saluti aptis- simum esse remedium duxerat, si in dicta regione, quae a tot tantisque populis et gentibus incolebatur, praeter illam celeberri- (381 ) » mam ac famosam Universitatem studii generalis Lovaniensem, » alia quoque similis Universitas studii generalis erigeretur. Cui sie » erigendae Universitati oppidum Duacense ….. maxime idoneum » et opportunum esse arbitrabatur (Miraei Diplom. Bely., tom. I, » p. 258). » À la p. 408 du Bulletin cité on lit encore : « Les États du pays, » réunis en vertu de la Pacification de Gand, suspendirent les effets » du placard du duc d’Albe, qui avait octroyé le monopole de l'en- » seignement à l'Université de Louvain. » Cependant ce fut cette même université de Louvain qui, en 1576, donna par l'organe des facultés de théologie et de droit une déclaration en faveur de la paci- fication. L'université se montra donc bien désintéressée et ne parait guère avoir eu souci du monopole qu'on l’aceuse d'avoir usurpé à l’aide des bonnes grâces du duc d’Albe. (18) OEuvres d’Erasme, 1. WI, p. 666, (19) Voyez Oratio de laudibus quibus veleres Lovaniensium Theo- log efferri possunt, pp. 5 et 17, et les notes pp. 26, 57 et 78. (20) Bulletin de l'Académie, t. XX, 5° part., p. 402, (21) Essai sur l’histoire de la médecine belge avant le XIX- siècle, par C. Broeckx ; Gand, 1857, in-8°, p. 241. (22) Voyez, dans l'Annuaire de l’université de 1£44, p. 166, la notice de M. Spinnael sur Gabriel Mudaeus et sur la rénovation de l'étude de la jurisprudence en Belgique au XVI: siècle. (25) Mémoire sur Pancien droit belgique, etc., par M. J. Britz, dans le t. XX des Mémoires couronnés. (24) Mémoire cité, p. 25. (25) Voyez Francisci Sonnü ad Viglium Zuichemum Epistolue ; Brux., 4850, in-8°. p. xu et p. 2 et suiv. — Sonnius doit incontes- tablement être considéré comme un des hommes les plus distingués de son époque. C'était un prélat actif, d'un caractère élevé et ferme, mais rempli de douceur ; toute sa conduite comme évêque de Bois-le- Duc et ensuite d'Anvers le prouve. (26) Voyez le discours De Laudibus quibus veteres Lovaniensium Theologi efferri possunt, pp. 9 et 47, et les Documents relatifs à la | pacification de Gand de 1576, publiés dans le Bulletin de la Com- mission royale d'histoire, & XIV, p. 5, et dans l'Annuaire de l’uni- versité de 1848, p. 248. (582 ) (27) Un éerivain protestant, Boxhornius, dans sa chronique de Zélande, parle de Nicolas à Castro dans les termes suivants : Vi doctus el sapiens... ducis Albani consilia semper, ut poterat, com- pressit. Voyez Van Henssen, Hist. Episcopat. Foed. Belgü, t. HE, epise. Middelburg., p. 20. (28) Rythovius était lié d'amitié avec le comte d'Egmond; ce fut aussi lui qui l’assista dans ses derniers moments et qui l'encouragea à avoir confiance dans la justice divine, lorsque la justice humaine le condamnait à mourir comme traître au roi et au pays. Egmond lui confia le pieux devoir de réhabiliter sa mémoire et de consoler sa femme et ses enfants. (29) C'est Vargas qui fit cette réponse au recteur ct aux députés de l'Université. L'enlèvement de Philippe Guillaume, comte de Buren, fils ainé du prince d'Orange, eut lieu en 1568. Valerius Andreas, dans ses Fasti Acad., p. 565, nous a conservé une lettre écrite de Madrid par le jeune comte à Corneille Valerins, professeur au collége des Trois- Langues, sous la direction duquel il avait fait une partie de ses études. Le prince d'Orange, de son côté, réclama contre l'acte de violence commis à l'égard de son fils, et s'en plaignit en s'appuyant sur les priviléges de l'Université qui jouissait, entre autres, du pri- vélegium tractus, Cest-à-dire de non trahendo seu evocando supposilo aliquo universitatis extra muros oppidi Lovaniensis ; privilége qui avait été sanctionné par les papes Martin V, Paul IT, Adrien VI, Clé- ment VII et Grégoire XIIT, par les ducs de Brabant et en particulier par Charles V. Voyez Valerius Andreas, ouv. cit., p. 16. Le prince d'Orange renouvela sa réclamation dans son avertisse- ment au procureur général Jean Dubois, daté de Dillenbourg, le 5 mai 4568, et dans ses représentations adressées à l'Empereur et aux électeurs de l'Empire, au sujet desquelles on peut consulter Pierre Bor, t. 1, pp. 295 et 227, et Van Goor, Beschryving van Breda, pp. 57 et 58. — Voyez Vande Velde, Observations cit., p. 76; Neny, Mémoires, p. 4; de Reiffenberg, mémoire cit., p. 48; et les Ana- lectes de l'Annuaire de 4846, p. 270. (50) Le docteur Van de Velde a été le premier à faire connaitre ce fait, Dans son Synopsis monun., t. 1, p. 122, et & LIT, p. 1025, il a (383 ) donné les extraits des actes originaux de la faculté de théologie. Voyez aussi le Synodicon Betg., t. 1, p. 170; de Reiffenberg, Second mémoire sur les deux premiers siècles de l’université de Louvain, p. 18; et le discours De laudibus quibus veteres Lovaniensium Theologi efferri pos- sunt, pp. 9 et 46. Le clergé en général partageait les sentiments de la faculté de théo- logie au sujet du duc d’Albe. Nous en avons une preuve dans la lettre écrite par Morillon, vicaire général à Malines et ensuite évêque de Fournai, au cardinal de Granvelle, lorsque, en 1575, le duc de Me- dina Celi allait arriver dans les Pays-Bas pour remplacer le duc d'Albe. « J'espère, dit Morillon, que soubs le duc de Medina Celi les » affections du peuple retourneront, ce que ne se fera jamais soubs » Albe, estant il trop abhorré et réputé pour un homme qui n’a ny » foy ny loy, et certes, il ne faut espérer rien de luy; la présomption » et l'orgueil est trop grand. I ne veut croire aulcun conseil. » Voyez la lettre dans Groen Van Prinsterer, Archives ou Correspondance inc- dite de l« maison d’Orange-Nassau. Première série, supplément p. xvur ct p. 115. Le désaccord entre le duc d’Albe et les chefs du clergé s'était déjà manifesté depuis longtemps, En 1570, les Pères du concile provin- cial de Malines avaient refusé de délibérer sur les affaires ecclésiasti- ques de leurs diocèses, en présence d’un commissaire royal, et ils avaient forcé le duc à renoncer à des exigences qu'il voulait faire pré- valoir dans l’ordre religieux aussi arbitrairement que dans l’ordre politique. Voyez le Synodicon Belgicum , &. 1, p. 52 et p. 64 et suiv. (54) Voici la teneur de ces deux documents dont nous possédons les originaux. “ Drcius Carara , Dei et apostolicae sedis gratia archiepiscopus Damasce- nus, SS. Dni nostri Pauli Quinti ejusdemque sanctae Sedis in Belgicis ditioni- bus nuncius cum potestate legati de latere, reverendo et clarissimo Joaoni Drusio S. theol. licentiato, abbati monasterii Parcensis ordinis Praemon- Stratensis juxta Lovamum, Mechliniensis diœcesis, et Stephano a Craesbeke, jurium doctori, serenissimorum Belgii principum in eorum ducatus Braban- ae senatu consiliario, salutem in Domino sempiternam, et in commissis fideliter agere. Cum, sicut accepimus, Universitas Lovaniensis, quae Sedi Apostolicae im- { 384 ) mediate subest, et multis ab ea privilegiis et antelationibus insignita est, a memoria hominum a nemine visitata fuerit, et verosimile sit, temporis tractu et hujus potissimum difficilis saeculi injuria ibidem quaedam collapsa esse, obscurata, et a primaevi sui instituti ratione immutata , quae superioris auc- toritate in pristinum statum restitui aut reformari omnino debeant; nosque pro officii nostrae legationis debito nihil magis in votis habentes, quam ut Universilas tam celcbris, prout est haec Lovaniensis, antiquum suum vigo- rem obtineat , et defectus, si qui irrepserint, visitationis medio torrigantur, operam dare; de vestris prudentia, circumspectione et rerum gerendarum nissimis Principibus gratas et acceptas fore cognoscentes, auctoritate aposto- lica nobis concessa, et qua fungimur in hac parte, discretionibus vestris committimus, ut conjunctim procedentes dictam Universitatem Lovaniensem tam in capite quam in membris visitetis, personas quascumque tam eccle- siasticas quam saeculares quoad praesentem ejusdem statum audiatis et exa- minetis, et de omnibus et singulis ad dictam Universitatem spectantibus rebus exacte vos informetis, inquiratisque an laudabiles ejusdem consuetudines, constitutiones, ritus et fundationes , ut decet, serventur et adimpleantur , ac debitus ordo ac disciplina inter omnes Universitatis suppositos vigeat; ulte- riusque ea statuatis, determinetis et ordinetis, quae ad abusuum et defec- tuum correctionem et reformationein, studiorum promotionem, suppositorum disciplinam, fundationum observationem, et denique ejusdem universitatis incrementum pro praesentis temporis ralione vobis neccssaria videbuntur,. atque ea quae provide statueritis, ab omnibus et singulis, quos concernunt ,» servari et interteneri faciatis , inobedientes et rebelles, si qui fuerint, per op- portuna juris remedia, appellatione postposita, ad praemissa omnia et singulaw faciendum el exequendum plenam auctoritate apostolica vobis concedimus facultatem per praesentes. » Datum Bruxellis, septima junii 1607. — Decrus, 4rchiepiscopus Damas= cenus, Nunc. Aplicus. — Julius Spinelli, secretarius. » Les archiducs Albert et Isabelle notifièrent à l’Université la nomi- sentantibus Almam Universitatem nostram Lovaniensem. { » Pen Arcmmpuces. — Venerabiles et singulariter nobis dilecti. Cum ea sit“ experientia plurimum in Domino confsi, quorum etiam pérsonas dictis Serc- w in pia vivendi ratione humana infirmitas, omniumque infelix conditio, ut nisi ! ( 585 ) magna prudentia circumspecte fulciatur, paulatim deficiat, et tandem fun- ditus pereat, non sine ratione nobiscum consideravimus an ne id ipsum quoque in Universitate Lovaniensi , filia nostra plurimum dilecta, praeser- tim cum ea tanto temporis spatio, civilium bellorum incommodis quassata, coneussa, et interim imo ne a memoria hominum umquam visilata fuerit, et an ne ex ea causa nonnulla collegia obscurata et a primaeva sua institulione multum aversa et divisa, praelectiones et studia in omnibus facultatibus magno reipublicae detrimento labefactata et neglecta fuerint? Quamobrem , si bujusmodi defectus infelici hoc tempore irrepserint , ut visitationis fraeno reprimantur , et haec tam celebris Universitas, quae apud omnes nationes constantissima semper fama , summisque doctorum virorum encomiis praedi- cata fuit, nostra auctoritate in primaevum splendorem restituatur, venera- bili abbati Joanni Drusio S. T. licentiato , et Stephano Cracsbeke J. U. doc- tori et in senatu nostro Brabantiae consiliario ordinario, plurimum nobis dilectis, quorumque nobis fides, sinceritas et singularis prudentia nota est, mandavimus et injunximus, et vigore praesentium mandamus et injungimus, ut conjunctim dietam universitatem nostram tam in toto corpore quam sin- gulis membris visitent, personas quascurique tam ecclesiasticas quam sae- culares, eidem Universitati subjectas (si opus sit), accurate et in omnibus negotiis, banc visitationem concernentibus , audiant et examinent , exacteque sese informent, an laudabiles dictae Universitatis ordinationes, consuetudines, - constitutiones et fundationes rite atque decenter observentur et adimpleantur, debitusque ordo et disciplina inter omnes regentes, praefectos, studiosos observetur, vigeat ; caeteraque omnia faciant , quae ad hanc visitationem con- ducent, ut illorum relatione audita a nobis provideatur, prout pro publica totius Universitatis utilitate convenire et expedire videbimus : vobis man- dantes, ut praedictis nostris commissarïis in praedictis omnibus et singulis debitam audientiam, fidem et credentiam tribuatis, tamquam nostrae per- sonae , si ad hoc vacare integrum foret. » Venerabiles et singulariter nobis dilecti, Deus Opt. Max. vos Universitatis nostrae bono incolumes servet. Datum Bruxellae die 28 mensis julii anni Do- mini millesimi sexcentesimi septimi. Rich. V' (Richardot, president du conseil privé). — ALrentus. — Prats.» Dans les Analectes des Annuaires de 1840, p. 298, et de 18, p: 460, nous avons donné des extraits des actes de l’Université relatifs aux prémières opérations des deux commissaires chargés de faire la | Visite. — (52) L'acte de la visite se trouve dans le recueil cit. des Privilegia “Acad. Lov. part. 1, p. 204, sous le titre suivant; Visitatio Almae ( 586) Universitatis studii gencratis oppidi Lovaniensis, publicata in Aula monasterii Fratrum Eremitarum ordinis S. Augustin oppidi pracdicti, die 5 septembris AGAT, in plena Universitatis congregatione ibidem in- dicta et servata. I porte en tête les noms de nos souverains, Albert et Isabelle, qui s'expriment ainsi dans le préambule : « Cum omnium | » regnorum, subditorumque felicitas a recta pendeat institutione, » quac rudes animos ad Dei cultum, in principes obedientiam , in » parentes et patriam pietatem, erga magistratus honorem et reve- » rentiam incitat, atque in fructuosos reipublicae munis idoneos » reddit, non sine summa consideratione oculos convertimus in Uni- » versilatem nostram Lovaniensem, quae Dei benignitate ita a sui » exordio crevit, ut ante initium novissimorum bellorum civilium »_absolutam habucrit perfectionem..…... Sed quia numquam ab exordio » suo exacte ct debite visitala fuit, bellorumque civilium morsu, ut. » in omni republica accidit, non nihil a recta institutione deviasse » potuerit, commissarios elegimus, juncta imprimis Sedis Apostolicue » aucloritale…., qui dictam UÜniversitatem in omnibus suis membris » visitent, et si quos defectus invencrint, observent, omniaque ad . » nos sincere referant, ut maturo ct prudenti consilio in omnibus … » provideatur , quo dicta Universitas ad antiquam perveniat perfec- » tionem et felicitatem. » On voit par ce préambule ou ces considérants, comment et pourquoi les deux autorités qui avaient concouru à l'érection de l’université, réunirent leurs efforts : de grands intérêts académiques réclamaient l'intervention de leur autorité paternelle. C’est bien à tort qu’on a donné le nom de visite à un projet d'ordon- nance, daté du 5 janvier 1476, par lequel Charles le Téméraire arrêta différentes dispositions relatives à l'organisation et à lensei- gnement académiques. On connaît le caractère ardent et impérieux de: ce prince, qui regardail une remontrance comme une contradiction. La visite de l’université qu'il se proposa de faire ne saurait être qu'un de ecs actes arbitraires dont son gouvernement offre plus d'un excm- ple, En effet, le préambule cité de l'ordonnance d'Albert et Isabelle dit formellement que, avant 1617, l'Université n'avait jamais été inspectée où visitée d'une manière régulière; nulle part il n'est ques- tion, par rapport au fait de 1476, du concours du saint-siége, requis ( 387 ) par la constitution académique; et nulle part il n'y a des traces que l'ordonnance de 1476 aurait jamais été publiée comme loi de l'Uni- versité. Le docteur Van de Velde, dans ses Recherches historiques, n° IV, p. 50, imprimées à Louvain en 1788, dit que cette ordonnance n’a jamais été publiée, qu'il n’en existait pas de copie, ni dans les archives de l'Université, ni dans celles des facultés, et qu’elle n'eut aucune suite, expirant pour ainsi dire avec son auteur, tué à la dé- route de Nancy, en 1477. Ce n'est qu'en 1856 que cette ordonnance a vu le jour. Nous en avions communiqué une copie à M. de Reiffenherg, qui l’a publiée comme document historique dans son édition de l'Histoire des ducs de Bourgogne, par M. de Barante; Bruxelles, 1856, t. VIII, p. 321. (55) Nous devons à l’obligeance de M. Gachard la communication des documents relatifs à la contestation soulevée, en 1758, entre le gouvernement et la faculté de droit qui, dans un règlement relatif à la fréquentation des cours, rappelait l’art. 97 de l’acte de la visite de 1617, et qui mentionnait cette visite comme ayant été faite par les deux puissances : Ab utraque potestate. Jamais, depuis Albert et Isabelle jusqu’à l’année 4758, le fait du concours du saint-siége dans la visite de 1617 n'avait été contesté ; jamais il n'y eut le moindre doute à cet égard. Mais déjà, en 1758, il s'était formé une révolution dans les idées, et le comte de Cobenzl avait hâte de les mettre en pratique; il forca la faculté de droit de supprimer tous les exemplaires du règlement. Cri du ministre et de ses conseillers se manifeste trop claire- ment dans cette affaire, pour que nous puissions nous dispenser de donner en entier les pièces qui s’y rapportent. Num, I. Dépêche du comte de Cobenzl à la faculté de droit ; 6 février 1758. CnanLes, coMTE DE CoBEnzL, etc. On vient de porter à notre connaissance le mandement que vous avez rendu, le 15 du mois dernier, sur la fréquentation des leçons. Quelque appro ToME xx1. — Î'° PART. 28 ( 388 ) bation que nous donnions à vos soins pour la régularité, la police et l’avan- cement des études, nous n'avons vu qu'avec une extrême surprise qu’en rappelant dans ce mandement l'art. 97 du règlement des Archiducs de l'an 1617, émané en conséquence de la visite de l'Université, vous ayez voulu faire envisager cette loi des souverains des Pays-Bas comme émanée de l’au- torité des deux puissances. Quoique la puissance ecclésiastique aît pu con- courir dans quelques-unes des opérations de la visite, pour autant qu’il y était question de matières purement ecclésiastiques et spirituelles, cependant la loi qui est résultée de la visite n’a été et n’a pu être émanée que sous le nom et de l'autorité des souverains des Pays-Bas, seuls qualifiés à donner des lois sur la direction des études, sur l’ordre public, sur la discipline et la police de l’université. Et comme il importe de prévenir que l'énonciation dont vous vous êtes servis dans votre mandement ne fasse naître des impres- sions erronées au préjudice des droits et de l'autorité de l’impératrice, c’est notre intention que, dans le terme de six jours après la réception de notre présente dépêche, vous fassiez retirer tous les exemplaires de votre dit man- dement, que vous ferez remettre d’abord au commissaire royal de l'Univer- sité, et que, dans le même terme, vous fassiez réimprimer le mandement, en y omettant les mots : 4b ufraque potestate , qui sont dans le préambule; au surplus, vous nous accuserez la réception de la présente dépêche, et vous nous ferez conster dans la huitaine de l'avoir exécutée à tous égards. A tant, etc. Bruxelles, le 6 février 1758. A ceux de étroite faculté de droit en l’université de Louvain, à Louvain. (Extrait du registre n° 370 du conseil privé, fol. 162.) Num. II. Réponse de la faculté de droit à la dépêche précédente ; 42 février 1758. EXCELLENTISSIME DomINE , Summa cum veneratione recepimus litteras, per Excellentiam tuam ad nos datas, sexta currentis mensis februarii, quibus accusamur, quasi in mandato Stricti Collegii nostri, publicato 13 januarii 1758 aliqua nova et detrahentia auctoritati Augustissimae Imperatricis ac Reginae nostrae inseruissemus, per illa verba ab utraque potestate. 6 Ad quas cadem veneratione respondendo dicimus, illud mandatum de ‘ (389 ) 15 mensis practeriti, non esse, nisi renovationem mandati praedecessorum nostrorum, publicati 7 decembris 1754, cujus originale apud nos existit, £9,69 è 0 SSLIG 1SLIS SGL “wo | “au | -u cæogy | Vs: : see lue À: è Fe TES 16 us *“AUUAL aq NEaANnOoN rm "SOU I1)X9 *2940)J 19 UOTIDANI "LYUSAWAL *S49YAN i INAA *a11S4T *ROU9ZXRA "UARAYAN “HUAHL "HULAKOUVYA *suaot DEREIEYE TES ERA ‘£G81 aiquoidos ua ‘styepeddeq ‘nt aed soupyr D 2.1070a42840 1 D sonv/ sanbiBojoioagau suouvatesqo en à RS sir (496 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 5 juin 1854. M. le chanoine DE Ram, directeur. M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le chevalier Marchal, Steur, Les- broussart, Gachard, le baron J. de Saint-Genois, Van Meenen, P. De Decker, Schayes, Snellaert, Bormans, M. N. J. Leclereq, 4. De Witte, membres; Nolet de Brau- were Van Steeland , associé. M. Ed. Fétis, membre de la classe des beaux-arts, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. E. Pottier, avocat à Gand, écrit qu'il est l'auteur du mémoire sur la vie et les travaux d'Érasme, couronné au dernier concours de l'Académie. — L'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Be- | sançon fait parvenir ses dernières publications et exprime Y | ( 497) le désir d'entrer en relation avec l'Académie de Belgique. Ces offres sont acceptées. — La Société pour les monuments historiques du Grand- Duché de Luxembourg, la Société impériale de Lille, la Sociélé Dunkerquoise, etc., remercient l'Académie pour l'envoi de ses publications. — M. le secrétaire perpétuel fait connaître qu’il a reçu, dès à présent, un cerüficat d'inscription au grand-livre de la dette publique belge pour la somme formant le prix de la question du concours relative au lieu de naissance de Charlemagne. La personne qui à consigné ce certificat entre ses mains désire rester inconnue. — La Commission centrale de statistique fait hommage de la première partie du tome V de ses Bulletins, conte- vant le compte rendu des séances du Congrès de stalis- _lique tenu à Bruxelles au mois de septembre dernier. M. le chanoine de Ram, directeur de la classe, présente également un écrit de sa composition intitulé : Hagiogra- phie belge. Remerciments pour ces envois. — (Quelques auteurs envoient des exemplaires de leurs - ouvrages, en priant la classe de vouloir bien les faire examiner. Aux termes des règlements, il ne peut être fait - de rapports sur des ouvrages déjà livrés à la publicité. ( 498 ) CONCOURS DE 1856. La classe arrête dès à présent la rédaction des trois questions suivantes, pour le programme de 1856 : PREMIÈRE QUESTION. Faire l'histoire des anciens États d’une des provinces suivantes : Brabant, Flandre, Hainaut , Limbourg, Luxem- bourg et Namur. DEUXIÈME QUESTION. Faire l'histoire du collège des Trois-Langues, à Louvain, et exposer l'influence qu'il a exercée sur le développement de la littérature classique ainsi que sur l'étude des langues orientales. TROISIÈME QUESTION. . Quels ont été les rapports entre la littérature thioise (fla- mande) et la littérature française pendant le XII", le XIe et le XIVe siècle, et quelle est l'influence que l’une a exercée sur le développement de l'autre? Les mémoires devront être remis avant le 4% février 1856. Les formalités à observer sont les mêmes que celles indiquées pour les autres questions des concours de l’Aca- démie royale de Belgique. ( 499 ) RAPPORTS. La Législature ayant approuvé la proposition de porter au budget de l'exercice 1854 un crédit spécial de 5,000 francs , destiné à la publication des anciens monuments de la littérature flamande et à la formation d’une collec- Lion des grands écrivains du pays, M. le Ministre de l'in- térieur exprime le désir de connaître les vues de l’Aca- démie relativement aux moyens d’exécution. La classe, après avoir entendu les commissaires nom- més pour étudier ces deux questions , s’est occupée de la réponse à faire à M. le Ministre de l’intérieur. Il a été décidé, en premier lieu, que c’est par la publi- cation des ouvrages inédits de Van Maerlant qu'il faut inaugurer la collection des anciens monuments de la litté- rature flamande. Les moyens et les détails d'exécution seront indiqués ultérieurement au Gouvernement. Pour ce qui concerne la littérature française, la classe propose d'ouvrir un concours, et dénoncer la question à résoudre, dans les termes suivants : On demande un tableau raisonné de la littérature fran- çaise dans les provinces belgiques et dans le pays de Liége, depuis les temps les plus reculés jusqu'à la fin du XVII" siècle, « L'ouvrage devra former la matière d'environ deux volu- mes, en y comprenant un choix de morceaux de prose et de vers des meilleurs écrivains. » La classe propose, en outre, de fixer la valeur du prix à la somme de 2,000 francs. ( 500 ) L'Audience du Comte. — Origine du conseil de Flandre ; par M. Gaillard. Æapport de PE. le baron J. de Suint-Genois. « La notice que M. Gaillard vient de consacrer, sous ce litre, à la plus ancienne institution judiciaire régulière de la Flandre, est pleine d'intérêt. Elle pourrait servir d'in- troduction à l’histoire du conseil de cette province. M. Van- dervynckt qui, il y a près d’un siècle, a écrit l’histoire de ce conseil, ouvrage resté manuscrit et dont la bibliothè- que de l’université, ainsi que celle des archives provin- ciales à Gand, possède des exemplaires, parle assez lon- guement des différentes cours de justice qui précédèrent l'établissement du conseil de Flandre. Quant à l'Audience du Comte, il en est fait mention dans un mémoire bien curieux et peu connu, intitulé : Exposition historique et juridique des priviléges de la province de Flandre et des prérogatives du conseil provincial, présenté au duc Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas en 1751, par les président et gens du même conseil, contre le grand con- seil de Malines (in-folio de 99 pages, Bibl. de Gand, varia 2778). Les faits principaux y sont présentés de la même manière que dans le travail de M. Gaillard, d’après Wielant et Oudegherst. L'auteur de l'Exposition ajoute qu'avant l'établissement de l'Audience, il y avait une insti- tution du même genre, nommée Chambre du Comte, et dont il existe des décisions connues à partir des années 1550 et 1552. M, Gaillard n’a pas traité son sujet au hasard : après ( 501 ) avoir passé en revue le peu que les auteurs anciens ont dit sur ce sujet, il est allé droit à la source pour mieux déterminer ce qu'était celte juridiction ou cour souveraine. A cet effet, il a analysé judicieusement les registres de l'Audience conservés aux archives de l’ancien conseil de Flandre, dont il est l’intelligent conservateur, et nous à expliqué en quelques pages, d’une manière nette et claire, comment les membres qui faisaient partie de ce petit con- seil fonctionnaient. Ce travail mérite donc d’être accueilli dans nos Bulle- tins, et nous sommes heureux de pouvoir vous en proposer l'impression. » Rapport de M. le chanoine De Smet. « La notice de M. Gaillard sur l’Audience du Comte nous paraît curieuse et bien faite. Elle jette un nouveau jour sur une des plus anciennes institutions judiciaires du comté de Flandre, et redresse quelques erreurs commises à ce sujet par des écrivains fort estimables d'ailleurs. Nous pensons, comme notre honorable confrère, que cet utile travail mérite d’être inséré dans les Bulletins de l'Aca- démie. » ‘ Tome xx1. — Ï" PART. 506 ( 502) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur les Commentaires de Charles-Quint ; par M. Gachard, membre de l’Académie. Il y a longtemps déjà (1), j'ai eu l'honneur d'entretenir l’Académie des Commentaires que Charles-Quint écrivit, à l'exemple de César, selon le témoignage de Brantôme, de Valère-André, de Bayle, de Guillaume Van Male, et des historiens espagnols Ambrosio de Moralès et Pruden- cio de Sandoval. A celte occasion, j'ai signalé l'erreur de Ghilini, cité par Bayle, qui prétendait que les Commen- taires de Charles-Quint avaient été livrés à l'impression; j'ai rappelé cette observation de Brantôme : « que, si un » pareil ouvrage eùt vu le jour, tout le monde fust accouru » pour en achepler, comme du pain en un marché en un » temps de famine. » J'ai fait connaître à la Compagnie que j'avais recherché vainement, dans les bibliothèques et les archives d'Espagne, le manuscrit de Charles-Quint. J'ai enfin mis sous ses yeux des extraits d’une correspon- dance qui eut lieu entre Philippe IT et Antoine Perrenot de Granvelle, évêque d’Arras, à l’occasion de la mort de Guillaume Van Male : Philippe écrivait à Granvelle qu'il avait entendu dire que cet ancien serviteur de son père s'occupait d'écrire l’histoire de l'Empereur, et que, comme il craignait qu’il n’y eûl avancé des choses inexactes, il (1) Bulletins, t. XII, 1° partie, pp. 29 et suiv. abat, Pos Sn is none à Mn 2 ele. à ( 205 ) voulait que l’évêque lui envoyàt celte histoire, si on la trouvait dans les papiers du défunt, pour la brûler; Gran- velle Jui répondait que, aussitôt après la mort de Van Male, il avait de lui-même, et par des motifs analogues à ceux qui venaient de dicter la leitre du roi, pris le soin de s'assurer si Van Male n’avait pas laissé des papiers, et spé- cialement une histoire de l'Empereur, mais qu'on n'avait trouvé chez lui aucun document de ce genre. Granvelle ajoutait que, longtemps avant sa mort, Van Male avait déchiré et brûlé beaucoup de papiers; qu'il s'était plaint souvent à ses amis, les larmes aux yeux, de ce que Luis Quijada, lors du décès de l'Empereur, lui avait enlevé pres- que par force les mémoires qu'il avait écrits avec S. M. I., . tout en disant qu’il se souvenait d’une bonne partie des choses qui y étaient contenues, et qu'il espérait quelque jour élever un monument à la mémoire de son maitre; que, s'il ne l'avait pas commencé encore, ses infirmités continuelles en avaient été seules la cause (1). J'élevai des doutes sur la vérité du fait rapporté, selon Granvelle, par Guillaume Van Male (2) : je les fondai sur ce que l'autorité de Quijada n'allait pas jusqu’à dépouiller les autres ofliciers de la maison de l'Empereur, des papiers (1) Papiers d’État du cardinal de Granvelle , 1. VI, pp. 275 et 290. (2) Ces doutes ne se seraient pas présentés à mon esprit, si je n’avais mal — lu ou mal noté un mot de la lettre de Granyelle, dans les manuscrits qui me “furent confiés au ministère de l'instruction publique, à Paris. D'aprés mes notes, il s'agissait de mémoires écrits par Van Male sur l'Empereur, tandis “que le texte parle de mémoires qu'il avait faits avec l'Empereur : ce qui est «bien différent. Dans le premier cas, j'étais autorisé à dire que Quijada n'avait “pas eu le droit de s'emparer de ces papiers : dans l’autre, le chef de la maison de Charles-Quint à Yuste pouvait, avec quelque raison, prétendre qu'ils devaient être réseryés pour le roi, (04 ) qui étaient en leur possession, el sur ce qu'il n'existait nulle trace de ce fait dans les lettres de Quijada à Phi- lippe IT et à la princesse doña Juana, gouvernante des royaumes d'Espagne. J'en inférai qu'il n’était pas impro- bable que les papiers lacérés et jetés au feu par Van Male comprissent les Commentaires de Charles-Quint, et le travail de Van Male lui-même sur ces Commentaires; que celui-ci, en détruisant des papiers d’une si grande impor- tance, se fût conformé à la dernière volonté de l’'Empe- reur, exprimée par lui, suivant un historien, au père Fran- cisco de Borja, et qu'il eùt répandu le bruit qu'ils lui avaient été enlevés, pour se débarrasser des importunités auxquelles il aurait craint d’être en butte. Depuis cette communication faite à l'Académie, M. Süir- ling (1), M. Mignet (2), M. Amédée Pichot (5) se sont occu- pés à leur tour des mémoires de Charles-Quint, sans avoir, toutefois, jeté des lumières nouvelles sur le sort du pré- cieux manuscrit où le grand Empereur avait consigné le récit de ses actions et l'exposé de sa politique. Aujourd’hui, j'ai la bonne fortune de pouvoir communi- quer à la Compagnie une particularité qui, si elle n’éclaireit pas tout à fait ce point intéressant, soulève du moins en partie le voile dont il est resté jusqu'ici enveloppé. Parmi les nombreuses pièces que D. Manuel Garcia (1) The cloister life of the emperor Charles the fifth. Londres, 1855, in-8°, pp. 70, 224, 295. (2) Charles-Quint, son abdication , sa retraite, son séjour et sa mort au monastère hiéronymite de Yuste, dans le Journal des Savants, année « 1855, pp. 141 et 142. (5) Charles-Quint : Chronique de sa vie intérieure et de sa vie poli- tique, de son abdication et de sa retraite dans le cloître de Vuste. Paris, M Furne et C°, 1854; un vol. grand in-8°, pp. 290 et 565. ( 05 ) Gonzalez, garde des archives royales de Simancas, m'a envoyées en dernier lieu pour le recueil des documents sur la retraite et la mort de Charles-Quint au mouastère de Yuste, est une liste des objets de la garde-robe de l’'Em- pereur, qui, après sa mort, furent mis à part et gardés, par ordre du roi son fils (4). A la suite de manuscrits, d'horloges, de pierres précieuses, de colliers de la Toison d’or, de cartes géographiques, elc., on trouve, dans cette liste, l'article suivant : « Un sac de velours noir renfermant des papiers, lequel le seigneur Luis Quijada se fit délivrer, avec quelques papiers d'importance qui furent scellés, pour le tout être remis à S. M. Royale. Ce sac et ces papiers étaient à la charge de Guillaume Van Male, selon le dire de Jean Stercke, qui avait, à Valladolid, la garde des objets mobiliers laissés par l'Empereur, et qui avait rempli l'office de garde-joyaux à Yuste (2). » En lisant cet article de l'inventaire, on est frappé tout d’abord du rapport qu'il y a entre les indications qu’il cou- tient et l’assertion de Van Male que Quijada nous a trans- mise. Van Male se lamentait de ce que Quijada l'avait dé- pouillé des mémoires rédigés par lui avec l'Empereur : ici il s’agit de papiers renfermés dans un sac de velours et d’au- tres papiers d'importance qui étaient entre les mains de M Æ. NW: SN [N° =, » (1) Relacion de lo que S. M. manda que se aparte y guarde de la recä- mara del Emperador, que sea en gloria, que està en Valladolid, à cargo de Janin Stercke, que servia en Yuste de quardajoyas, para en- tregallo 4 quien fuere servido. (2) Una bolsa de terciopelo negro de papeles, la cual llevô el señor Luis Quijada, con algunos papeles de importancia, sellados, para entre- gallo todo à Su Magestad Real. Lo cual estaba à cargo de Guillermo Malineo, sequn dijo el dicho Joanes. ( 506 ) Van Male, à qui le majordome de Charles-Quint les enleva. Le rapprochement est d'autant plus significatif, qu'il est avéré que Charles-Quint se servait de Van Male pour la rédaction de ses mémoires. Quels autres papiers que ceux-ci auraient-ils été en la possession de Van Male ? Pour lexpédition de sa correspondance, Charles-Quint, comme je l’ai fait connaître ailleurs, avait un secrétaire particulier dans la personne de Martin de Gaztelt. La conclusion à tirer de ce qui vient d’être dit, c'est que le manuscrit des Commentaires de Charles-Quint fut remis à Philippe IT. Et il n’est pas inutile de faire remarquer, à cet égard, que, dans sa lettre du 47 février 1564 à Gran- velle, Philippe ne parle pas du tout des mémoires de son père qui seraient restés dans les mains de Van Male : « On » m'a dit, écrit-il, qu'il pourrait être que Van Male eût » composé quelque histoire de l'Empereur (1). » C'est de cette histoire seulement qu'il ordonne la recherche, pour la faire détruire. 11 savait cependant, il ne pouvait pas ignorer que Van Male avait été employé par son père à la rédaction de ses mémoires , et il ne dit mot de ceux-ci, qui devaient avoir à ses yeux une tout autre valeur que les écrits, quels qu'ils fassent, sortis de la plume du littéra- teur brugeois. Ce silence ne confirme-t-il pas la conclusion que je viens de déduire ? Il resterait à savoir ce que Philippe II fit des manu- scrits de son père. Sur ce point, les renseignements nous manquent absolument. A en juger par le caractère et les (1)... Æe entendido que prodria ser que Malineo escriviesse alguna istoria de Su Magestad. (Papiers d'État du cardinal de Granvelle, t. VI, p. 275.) k ( 507 ) actes connus du fils de Charles-Quint, il n’y aurait rien de surprenant à ce qu'il eùt livré ces manuscrits aux flam- mes, comme il voulait le faire de l’histoire supposée de Van Male. L'audience du Comte. — Origine du Conseil de Flandre; notice historique par M. V. Gaillard, avocat à Gand. La séparation complète des pouvoirs judiciaire, légis- latif et administratif, et la détermination exacte de la sphère d'action de chacun d'eux, est, sans contredit, un des plus notables progrès de la science gouvernementale; il serait oiseux d’insister là-dessus; mais cette admirable idée qui, de nos jours, paraît simple et naturelle, a mis bien du temps à se produire. Investis de la plénitude du pouvoir, les premiers souverains non-seulement faisaient la loi et l’appliquaient; mais ils avaient encore le droit de punir ceux qui la transgressaient, et de juger les différends auxquels elle donnait lieu. Dès les temps les plus reculés, ils eurent près d'eux un conseil composé des personnages les plus illustres du pays, qui les aidaient de leurs lumières et de leur expérience. De ce conseil, unique dans le prin- cipe, sortirent peu à peu les différentes administrations. Nous n'avons à nous occuper ici ni de la chambre légale, ni de la chambre des renenghes, cours spéciales, exclusi- … vement régies par les règles du droit féodal. Ces deux - cours de justice fonctionnaient régulièrement en Flandre, dès le commencement du XIV”* siècle, parfaitement indé- pendantes du conseil du comte. Celui-ci, composé des - grands du pays, parmi lesquels se trouvaient le chance- ( 508 ) lier, le souverain bailli, le receveur et d’autres personna- ges importants (1), avait les attributions générales dont nous parlions plus haut. Il s'occupait des affaires politi- ques et administratives, et devait, en outre, juger les causes réservées au prince, qu'on appelait cas de seigneurie, et qui se présentaient en assez grand nombre. Quant à l’appel, tel que nous le comprenons aujourd'hui, il n'existait pas encore. Le comte ne pouvait s'occuper du mal jugé des tribunaux, ou lois, que lorsque les juges étaient atteints d'avoir jugé faussement, par malice, corruption, ven- geance ou partlialité. Dans ce cas même, les lois subalter- nes étaient jugées par la loi d'Arras, et, après que cette ville eùt été détachée de la Flandre, par les échevins des principales villes de ce comté, lesquels, à leur tour, étaient jugés par la cour du comte. Mais le jugement n'avait d'autre effet que de mettre la personne et les biens des juges prévaricateurs à la disposition du comte; il laissait subsister la sentence fausse. Les comtes de Flandre étant grands vassaux des rois de France, le parlement de Paris chercha à s’attribuer la juridiction, en instance d'appel, sur la partie de la Flandre dite Flandre sous la couronne. Les comtes, d'autre part, firent des efforts pour soumettre les lois du pays au res- sort de leur conseil. Après une longue résistance, les lois finirent par ressortir en appel au conseil des comtes, et les appels des sentences du conseil furent portés au parle- ment de Paris. (1) On lit sur le pli d'une charte donnée à Male le 50 août 1552, et repo- sant au musée historique de Gand : Bi MINS HEEREN RAEDE Ÿn de audiencie, daer waren Mer Olivier de Deurwaerder, Ghi Jan Vanderdelft, ont- fangher , Meester Testaerde van der Woestine, Diederic van Belzele ende Jan van Zantvoorde. — (Geteekent : Lammin. ) I I PP PP { 509 ) On conçoit sans peine que cette nouvelle attribution augmenta singulièrement la besogne du conseil. Le nom- bre des affaires judiciaires croissant de jour en jour, elles devaient devenir peu à peu la spécialité de certains mem- bres, tandis que les autres se réservaient sans doute les questions politiques. Une pareille division, inhérente à la pature des corps chargés d’attributions diverses, était Sur- tout utile pour maintenir la fixité de la jurisprudence, à une époque ou les coutumes n'étaient pas écrites, et où les sentences n'étaient guère enregistrées : d’autre part, le conseil suivait le comte dans ses voyages, et 1l se réu- nissait quand celui-ci le trouvait convenable (1). I n'était pas même possible de déterminer, quelque temps à l'a- vance, l'époque de la réunion; car une circonstance poli- tique quelconque pouvait obliger instantanément le comte à un déplacement. Du moment que les appels au conseil devenaient fréquents, il était nécessaire de régler au moins ces trois points : son personnel, le lieu et l'époque de ses réunions. C’est ce qui, croyons-nous, à été fait par Louis De Male, lorsqu'il a créé l'audience du comte en 1369. D'Oudegherst, parlant de cette audience, s'exprime de la manière suivan!e : « Environ l’an soixante-neuf, le comte Louys, diet De » Male, mit sus un petit conseil, qu'il nommait l’au- » dience, par lequel il se fit informer des abus des ofliciers » et des lois, et les punissoit par submission et par sen- » tences arbitraires, envoyoit de ville en ville recevoir les » plaintes des complaignants, et en faisoit la raison sur (1) C'est ainsi que Gui de Dampierre tint cour à Palerme, le 22 décembre 1270. (Voir notre article dans le Messager des sciences sur l'expédition de Gui à Tunis, 1855, p. 167 à 185.) (510) » le rapport des commis, fort sommairement et le plus » souvent par submission (i). » M. LenhEnmeae com- mentant ce passage, dit : « Il paraît que ces nouveaux magistrats n’élaient que » des commissaires-inspecteurs, assez semblables, pour » leurs fonctions , aux missi dominici des rois francs de la » première et de la seconde race, dont l’emploi , comme l’on sait, était d'éclairer la conduite des gouverneurs des villes et des provinces, de recevoir les plaintes de ceux qui se croyaient lésés, et de renvoyer les officiers prévaricateurs aux grandes assises du roi (2). » Le passage de d'Oudegherst définit assez bien l'institu- tion de Louis de Male, mais l'interprétation de son com- mentateur est en tous points contraire à la vérité. Louis de Male n'a nullement nommé des commissaires pour tenir audience dans loutes les parties de la Flandre, et, après avoir entendu les parties, en faire rapport à la chambre du conseil : il a délégué, au contraire, une par- tie même de cette chambre, un petit conseil, comme dit d'Oudegherst , pour aller siéger dans les différentes villes | de la Flandre , avec la double mission de réformer les abus des officiers et ceux des lois (3). Ce qui a pu induire en . erreur, C'est la phrase en faisait la raison sur le rapport des commis; mais il ue faut pas perdre de vue que c’est par . le petit conseil que Louis faisait raison sur le rapport des commis. L'auteur sous-entend les mots par lequel, devant chacune des phrases qui tendent à expliquer les attribu- » °° S.2 (1) Chap. CLXX. (2) T° IT, p: 520. (3) La réformation des abus des lois n’était autre chose que le redressement … de leurs jugements par voie d'appel. ( d11 ) tions de l'audience; c’est par le petit conseil qu'il se faisait informer des abus, c’est par lui qu'il les redressait, c'est par lui qu'il envoyait recevoir les plaintes, et c'est par lui qu’il faisait raison. Louis n’a donc pas institué des com- missaires, mais un petit conseil autorisé à subdéléguer des commissaires el à rendre justice au nom du comte, sur le rapport de ceux-ci. Si Louis de Male avait simple- ment nommé des commissaires, d'Oudegherst n'aurait pu dire qu'il avait institué un petit couseil; du reste, ce comte n'aurait innové en rien; car, dès le temps de Robert de Béthune, on rencontre des commissaires ou auditeurs chargés de se rendre dans les diverses parties de la Flandre avec une mission semblable à celle des missi dominici telle que Lesbroussart la définit. Ce que Wielant dit de l'audience du comte dans les Antiquités (1), confirme notre interprétation du passage de d'Oudegherst. Voici comment il s'exprime (2). « Environ l'an mil II LXX , après les grandes com- » motions, le comte Loys, dit de Male, veullant remec- » tre son pays de Flandre en paix et justice, ordonna » commissaires pour aller de ville en ville et de lieu en » lieu tenir audience et eux informer de l’état et gouver- » nement des officiers, recepvoir toutes plaintes que l’on » voldroit faire d’eulx ou d’aultre, les appeler et oyr en » leurs deffences, et le tout mestre en escript. Et dura » ceste audience autant qu'il vesqui, et y commencha avoir » grand aflluence de causes , parce que le comte meismes » y présidoit en personne, et que les matières se des- (1) Chap. XXVIL (2) Nous suivons le texte publié par M. De Smet, Corpus chron. Flandr., 1. 1, p. Lu. (512) » peschoient fort sommairement et plus par submission; » et feist ledit comte tenir registre de lout ce que il expé- » dioiten icelle audience. » Le MS. B, cité en note, ajoute après les mols : « et le tout mestre en escript, » ceux-ci : « sans rien juger, » mais c'est là une interpolation évi- dente, — Le mot plus dans la phrase : et plus par subinis- sion, doit également être considéré comme ajouté après coup, si on le prend dans un sens négatif; il n’en serait pas de même si l’on pouvait comprendre par là le plus souvent. Les registres dont nous parlons plus loin sont là pour prouver que beaucoup d’affaires se terminaient par submission ou arbitrage. — Enfin, nous considérons en- core comme une interpolation la phrase : parce que le comte meismes y présidoit en personne, dont nous nous occuperons plus loin. Le comte Louis donc a tiré de son grand conseil, dont les attributions étaient à la fois politiques et judiciaires, un petit conseil qu’il a nommé audience, et auquel il à réservé les attributions judiciaires. Tandis que le grand conseil continuait à suivre le comte dans ses pérégrinations, le petit conseil se réunissait à jour précis et dans des endroits déterminés. Son personnel, sans être tout à fait fixe, n’était cependant pas sujet à des modifications complètes. Certes, on était bien loin encore de l'admirable organisation de nos tribunaux modernes; mais l’audience, telle qu’elle a été réglée par le comte Louis, constituait déjà un progrès notable sur les institutions antérieures. Malheureusement, la charte d'établissement de l'audience ne semble point connue jusqu'à présent. Ce qui nous permet de donner quelques détails sur cette cour, c’est l'examen de deux re- gistres contenant les procès-verbaux de ses séances, depuis le 19 février 1569 (v. st.) jusqu'au 5 septembre 1578, qui ( 515 ) font partie des archives du conseil de Flandre, où ils sont cotés J. 1 et 2. Ces deux volumes in-4°, en papier très-fort, n’ont pas conservé leurs reliures primitives ; plusieurs ca- hiers ne sont pas à leur place; les procès-verbaux des trois audiences, tenues entre le 9 mars 1375 (v. st.) et le 15 sep- tembre 1576, manquent, et à partir de cette époque, l’or- dre chronologique des séances est entièrement bouleversé. Les registres sont, du reste, dans un état de conservation satisfaisant, les marges seules ayant souffert de l'humidité. Aucune note, aucune indication ne précède le procès-ver- bal de l'audience du 19 février 1569, et si nous considé- rons celle-ci comme la première de celles qu’aurait tenues ce tribunal , ce n’est point à cause d’une mention faite dans le registre, c'est uniquement parce que cette date corres- pond avec l'indication de d'Oudegherst. L’authenticité de ces registres ne pourrait être contestée : la nature du pa- pier et de l'écriture est trop caractéristique pour qu'on puisse songer à leur assigner une autre date. Rien n'in- dique, à la vérité, qu'il existät à cette époque un greflier ou notaire officiel; mais, bien que l’on ne puisse connaître le personnage chargé de tenir ces registres, on ne peut hésiter à croire que ce ne soient là les véritables registres de la cour tenus à l’audience même, comme l'attestent les ratures et les surcharges, Du 19 février 14569 (1570) au 5 septembre 1578, il a été tenu 58 audiences, savoir : 6 pendant chacune des années 1570 et 1575; 7 pendant les années 1571, 1572, 1574, 4575, 1576 et 1577; quant à l’année 1578, le registre s'arrête au procès-verbal de Ja 4° séance. Ces séances se tenaient à des époques à peu près régulières et étaient fixées d’après certaines fêtes. Elles avaient lieu le plus souvent soit le dimanche, soit le lundi après la S'-Vincent, avant (54 ) les Rameaux, avant l’Ascension ou la Pentecôte, après la S'-Jean-Baptiste ou la S'-Pierre et S'-Paul, après l’'Assomp- tion ou la décollation S'-Jean (S'-Jansdach uitgaende ougst), après la S'-Luc et après la S'-Nicolas (1). Chacune de ces séances, ou plutôt de ces sessions, durait plusieurs jours. C'est ainsi qu'à la session tenue à Audenarde, le 22 oc- tobre 1275, el commencée le lundi, l’un des juges n’ar- riva que le mercredi. Quant au lieu des séances, il était variable : il changea à chaque audience jusqu’à la dixième; vinrent alors quatre audiences successives tenues à Gand; depuis la 15° jusqu’à la 26°, le lieu changea encore à chaque réunion; depuis la 26° jusqu’à la 40%, la cour siégea à Mâle, sauf pour la 32% et la 57° séance, les- quelles eurent lieu à Gand, et pour la 58”°, qui se tint à Ypres; depuis lors, il y eut alternativement trois audiences successives à Gand, puis deux dans d’autres localités. Le tableau suivant indique le nombre d'audiences tenues dans chacune des villes de la Flandre : GARE TONER EN PSRONENENS PERS MALE Dati entiere aie EE ES Bruges Ypres . Damme . Audenarde . Lille Courtrai . Douai . = 19 = À N N O1 Ot Ex x S Audiences dont le lieu n’est pas indiqué . x CAES Toraz. (1) Il en était de même des audiences du parlement de France, dont l’époque était, dans le principe, déterminée à l'avance, mais non pas d'une (515) Le nombre des juges varie entre six et dix. Toutefois, à la 54° audience, il n'y en eut que cinq; d'autre part, onze conseillers assistèrent à la 21° et douze à la 22°, sans que l'importance des matières traitées semble légi- timer la présence d'un nombre de juges supérieur à celui qui paraît réglementaire. Le doyen de S'-Donat, chance- lier de Flandre, siégea dans la majorité des réunions : les autres personnages, que leur oflice y appelait, étaient le prévôt de Notre-Dame, à Bruges, celui de S'‘-Pha- raiïlde, à Gand, le souverain baiïlli et le receveur de Flan- dre; ils prenaient régulièrement part aux délibérations. Maître Testart Van de Woestyne, qui, dès 1352, siégeait dans le conseil du comte, manqua à fort peu de séances. Quant aux autres membres, ceux dont le nom revient le plus souvent sont : Rogier De Lichtervelde, Gérard De Rasseghem , Thomas Crempe, Henri Lippin, et, depuis 1576, Guillaume Van Stavle. — Les procès-verbaux ne font point connaître le nom du président, et ne contien- nent aucune espèce de mention de nature à confirmer l’assertion, attribuée à Wielant, que le comte présidait lui-même à l'audience, assertion dont nous croyons, du reste, l'exactitude fort contestable. En effet, si le comte avait été présent aux audiences , il semble naturel que les manière uniforme pour chaque année. Les sessions avaient lieu, ou plutôt commençaient, habituellement le jour, le lendemain ou à l'octave de la Chan- deleur, de la Pentecôte, de la Nativité de la Vierge et de la Toussaint : un empêchement survenu faisait quelquefois passer un parlement, ou le faisait avancer ou remettre à quelque autre fête voisine, par exemple, à Pâques, à J'Ascension, à l'Assomption ou à quelque autre fête peu éloignée. (Kzimrarn, “Mémoires sur les Olim , p. 54. Beugnot, les Olim, L I, préf. p .zxx. C'est “probablement de cet usage de ne siéger que temporairement et par assises que sont dérivées les vacances de nos tribunaux.) (516) décisions auraient été rapportées à lui seal, et qu'on y trou- verait les mots : So HEEFT MYNHEERE GHESEIT, si est-il que monseigneur a décidé, et non pas : SO HEBBEN DE HEEREN GHESEIT, si est-il que les seigneurs ont décidé; là où siégeait le comte, l’antorité des seigneurs devait disparaître. On ne trouve non plus aucune trace de greffier ou notaire officiel, mais il n’en est pas de même du procureur général. Voici deux passages curieux à cet égard : « Sur les articles que » la ville de Lille à proposé contre le capitle de Lille , et sur che que leprocureur monseigneur S'est adjoint avoeqs la ville pour tant que les articles touchent aussi monsei- gneur de Flandre , dont ceux du capitle et le procureur monseigneur ont demandé à avoir copie desdits articles par escript et jour d’advis, il est dit que le procureur monseigneur en ait copie et aussi ceux du capitle, et est mis jour à ceux du capitle pour respondre sur lesdits articles à la première audience qui sera au dimence pro- » chain après le jour S'-Jehan yssant août, et se le procu- » reur monseigneur y à aussi aucune chose à dire, qu'il en » soit ois. » (Audience du 17 juin 1370.) — « Par le conti- » nuation faite en l'audience précédent, Guillaume Annon » » D 0 Re CORTE avoit jour à ceste audience à comparoir avoec lui le pro- cureur de monseigneur adjoint, à l'encontre les échevins » de Douay, appelés en certaines causes d'appel, à la- » quelle ledis Guillaume n’est venus ne comparus, ne » personne pour lui, le procureur de monseigneur compa- » rant, et le procureur desdits échevins aussi, faisant sa » diligence à l’eucontre dudit Guillaume et accusant sa » contumace : Si ont les seigneurs dit au procureur des- » dits échevins qu'il a bien wardé et fait sa diligence à » l'encontre de lui, qu'il se parte et lui ont donné congé. » de court; sauf au procureur de monseigneur sa pour- è ( 917 ) » suite en tout à l’encontre d’euls en tant que à lui peut » toucher comme adjoint dudit Guillaume.» (Audience du 50 avril 4575.) Nous reconnaissons sans peine que ces indications sont vagues, mais nous nous croyons autorisé à en conclure que l'institation d’un procureur général existait en germe dès celte époque. Le chiffre des causes appelées à chaque audience est rarement supérieur à 50 ou inférieur à 50. Les causes remises, assez nombreuses d’ailleurs, étaient générale- ment renvoyées à l’audience suivante, bien qu'il fût or- donné parfois dans plusieurs audiences successives que la cause restàt dans le même état. Il serait difficile de donner des détails précis sur la com- pétence et les attributions de la cour de justice instituée par Louis de Male. Voici, toutefois, ce qui résulte des procès-verbaux : 4° Elle jugeait en degré d’appel les causes portées de- vant les lois de Flandre, et notamment devant celle de Lille, confirmant ou réformant la sentence du premier juge; > On pouvait introduire devant elle des affaires en pre- mier ressort, mais elle ne les terminait pas toujours, et renvoyait parfois les parties devant le juge compétent en première instance ; 5° Elle s’entremettait pour les conclusions des trêves légales , et recevait à cet égard les promesses des parties. “Jean de Jeude heeft verzekert over de sine niet te mesdoene “den prochiepape van Wynghem noch den sinen, om ghene is verleden, en ghelix heeft de prochiepape hun verzelkert “over hem en over de sine. (Audience du 2 septembre 1570.) s. 4 Elle recevait même parfois des obligations unilaté- rales; c'est ainsi que, Le 21 octobre 1570, comparut de- TOME xx1. — J'° paRr. 57 ( 518 ) 4 vant le seigneur de l'audience Jacques Madde, fils d'Henri, lequel s'engagea envers Josse Betien, prêtre, à payer avant une époque fixée et sous peine d'une amende de cent livres, le montant de la rente par lui achetée; — enfin, 5° Elle écoutait les plaintes que les bonnes gens avaient à formuler contre les officiers du comte, et, lorsqu'elle les trouvait fondées, punissait ceux-ci, même de la desti- tution et du bannissement perpétuel. Comme nous l'avons dit plus haut, les seigneurs de l’au- dience avaient le droit de commettre des commissaires pour s'enquérir des faits contestés. Ces commissaires étaient parfois des membres du conseil, parfois même des per- sonnes étrangères à ce corps : Tusschen de weduen Istaes Van Lake an deene zide, en Jan Vandenhove aen dandre, als van dat de wedue jeghen Janne voorseid afcochte al°t goed dat achter haren man bleven waz, daeraf Jan hare onghebruec doen wille, — so es gheseit dat partien hare redenen en vermelen stellen in ghescriften an deene zide ende an dandre ; men zal commissarissen daertoe stellen om de waerde deraf te wetene en overtebringhene en daernar recht. — Commissarissen : DE BaiLLi VAN CURTRICKE en VAN DEN HouTscnEen. — Aucun des deux ne siégea jamais à l’au- dience. Dans la même séance (2 septembre 1370), on dé- légua comme commissaires dans une autre affaire le prévôt de Notre-Dame et l'écoutète de Bruges; le premier seul fai- sait partie de la cour. | Dans les affaires un peu longues, on suivait des formes de procédure régulière : nous prendrons pour exemple le procès de la ville de Lille contre le chapitre de ladite ville. La cause fut: introduite le 17 juin 1570 : le procu- reur du comte déclara se joindre à la demande faite par ceux de la ville en tant que les articles touchent aussi mon- (519) seigneur de Flandre, et demanda, ainsi que ceux du cha- pitre, défendeurs, à avoir copie de l’acte de demande, ce que la cour ordonna. A l'audience suivante (2 septembre), ceux du chapitre demandèrent copie des priviléges et im- munités de la ville, sur lesquels celle-ci se fondait pour baser sa demande. La ville contesta la nécessité de cette réclamation; mais les juges ordonnèrent que, endéans un délai déterminé, ceux de la ville montreraient à la partie adverse, dans la salle d'Ypres, une, deux ou trois fois, la vraie copie des priviléges, sans être lenus à communica- tion ultérieure. Le chapitre présenta sa défense par écrit à l’audience du 21 octobre; les juges ordonnèrent que cette défense fût remise signée aux représentants de la ville, avec ordre d'y répondre à l’audience suivante, une fois pour toutes. Ensuite de cette ordonnance, la ville présenta sa réplique le 9 décembre; elle fut transmise à ceux du chapitre également avec ordre d’y répondre une fois pour toutes , et défense d'introduire dans ce document aueun fait nouveau. Cette duplique fut fournie le 27 jan- vier suivant, et la cour ajourna les parties à l’audience suivante. Le 24 mars, la cour ordonna de remettre la duplique aux représentants de la ville, sans toutefois que ceux-ci pussent y répondre, et renvoya de nouveau la cause à l'audience suivante. Le 27 mai 1571, l'affaire fut encore continuée à l’audience suivante. Cette fois (50 juin), les seigneurs nommèrent des commissaires pour s’enquérir de tout ce qui avait été fourni par les parties, et désignèrent, à cette fin, le prévôt de S“-Pharaïlde, Henri De Vliender- beke et Pierre De Cohem ; ce dernier ne faisait point partie de la cour. Quant aux attentats que ceux du chapitre pré- tendaient avoir élé commis sur eux par la ville, dans le cours de l'affaire, les seigneurs ordonnèrent que le gou- ( 20 ) verneur de Lille les prenne en la main de Monseigneur comme souverain , et les y tienne sans procéder en yceulæ, jusqu’à la fin de la cause. Cette affaire se termina, sans doute, par transaction, car on la voit reparaître, le 25 dé- cembre 1576, pour être continuée à l'audience suivante, du consentement des procureurs des parties et sur espé- rance du trailé de paix. A l'égard des parties défaillantes, le conseil n’agissait pas toujours de la même manière ; parfois il se contentait d'ordonner que le défaillant serait ajourné de nouveau, so dat men hem weder daghen sal ter naeste audientie om hemlieden te verantwoordene (29 avril 1370). D'autres fois, on décidait que celui qui faisait défaut serait ajourné de nouveau , et la cour annonçait d'avance qu'en cas de défaut . réitéré, elle passerait outre au jugement de l'affaire : So dat : men scriven sal den vors, bailliu dat li hem noch anderwerf daghe ter naester audiencie, jegens den vors. Lippine hem seggende dat hire comme, of anders, men sal partien recht doen (24 mars 1570, v.s.). D'autres fois encore, la cour donnait ordre de saisir les biens du défaillant pour le for- cer à comparaître : So dat men scriven sal den bailliu van Cortricke hoe dat zy (de gedaegde) niet gheobedieert hebben, en dat si daeromme haerlieder goed doe en houde in sai- sinen, en voort hemliede weder dach make, éen waer over al, ter naeste audiencie ende scriven wat hiertoe ghedaen heeft | (19 février 1569, v. s.). Enfin, il arrivait encore que l'on : ordonnait de saisir non-seulement les biens du défaillant, mais sa personne même, ainsi que cela eut lieu, le 19 mai . 1571, à l’égard de Segher Van Oostkerke : So dat men scri- ven sal den bailliu van Brugghe dat om de hoverhorichide di hi nu ende l'anderer tiden gedaen hecft, van dat hi ter audiencie niet quam, dat hi hande sla an syn lyf ende an ( d21 ) syn goed, ende dat hi hachten houde toter tyd dat hi partien ghenouch ghedaen sal hebben, ende myn heeren ghebetert van der hoverhoricheiden. La même décision fat prise le 45 mars 1571 (v.s.) à l'égard de Wautier Vandertommen, et plusieurs fois dans la suite. L'amende de fol appel était de 60 livres par. au profil du comte, mais elle n'est pas exprimée dans toutes les sentences. La même amende était due par ceux qui, après avoir appelé, renonçaient à leur appel (1). Toutefois, dans certains cas, les seigneurs étaient autorisés à en faire la remise : el tantost à le humble supplication dudit Gillebiert, lesdits seigneurs pour certaines causes eulx ad ce mouvants, quittérent el remirent, au nom de monseigneur, audit Gil- lebiert el à se fame Lx livres p. esquels ils estoient enkuis par devers mondit seigneur de Flandre, pour la renonciation de sondit appel. (Audience du 25 janvier 1372, v. s.). Les sentences, presque loutes de peu d'étendue, énon- cent, en général, lé fait qui avait donné naissance à la contestation et la disposition prise par la cour. Quant au point de droit, il y est indiqué bien rarement. Les seigneurs de l’Audience avaient sans doute, relativement au motivé des sentences, les sentiments exprimés par Wielant, t. IX, chap. VI, n°2, à savoir que le juge qui motive son ju- gement doit être considéré comme privé de sa raison. Doch en cest geen wysheyt de cause te expresseren, maer is, in rechte, de juge gehouden voor sot, die de cause expres- sert. (1) Æ£le appelant mach renunchieren van synen appel binnen den 10 dagen naer dat hy geappelleert heeft, mids boetende tij & par. ten profyte van den grave, ende betaelt costen. (Wiclant, Pract, civile, L. IX, €. xXvij). ( >22 ) L'usage de prononcer la sentence dans la langue dans laquelle le procès avait eu lieu, soit en français, soit en flamand , également constaté par Wielant, 1. IX, chap. IV, n°8, était aussi suivi par les seigneurs de l’Audience ; mais il est à observer que pour dix sentences flamandes, on en trouve à peine une en français ({). Nos registres s'arrêtent au procès-verbal de la séance du 5 septembre 1578 : les procès-verbaux des audiences tenues depuis cette date jusqu'au 15 février 1585, époque à laquelle le conseil fut fixé à Lille par Philippe le Hardi, sont probablement perdus. Toutefois, il se pourrait encore que l’assertion de Wielant, que nous avons rapportée plus haut, et dura ceste audience autant que vesqui le comte Loys, dit de Male, ne soit pas exacte, et que cette institu- tion disparut au milieu des troubles qui agitèrent la fin du règne de Louis, pour ne revivre que sous son successeur. Nous bornerons ici nos remarques sur l’Audience du Comte; mais nous devons, en terminant, constater que c'est à tort que l’on attribue à Philippe le Hardi l'honneur d’avoir fondé le conseil de Flandre : par son ordonnance du 45 février 1585, il n’a fait que donner plus de fixité, plus de régularité à la cour de justice instituée par Louis de Male. C’est, du reste, l’opinion que M. le procureur général Ganser a émise dans le discours par lui prononcé, le 19 octobre 1846, à l’occasion de l'inauguration du nouveau palais de justice à Gand. (1) Dans un recueil actuellement sous presse, et contenant des documents inédits extraits des archives du conseil de Flandre, nous faisons connaître les sentences les plus intéressantes rendues par l{udience du Comte. (523) Proposition de M. Gachard au sujet des monuments funé- raires des anciens souverains du pays. J'ai l'honneur de proposer à la Classe d'appeler l’atten- tion du Gouvernement sur les mausolées, tombeaux, épi- taphes, urnes et pierres sépulcrales des anciens souverains de nos provinces, que le temps, les révolutions et le van- dalisme ont respectés. Chez une nation éminemment religieuse et monarchi- que, telle que l’est la nation belge, les monuments funé- raires élevés aux princes qui régnèrent sur le pays, doivent être placés au rang des objets qui réclament toute la solli- citude de l'administration. Il ne parait pas cependant que, jusqu'ici, des mesures spéciales aient été prises pour assurer la conservation de ceux de ces monumeñts qui sont parvenus jusqu’à nous. Le gouvernement autrichien, auquel on ne rend pas Loujours justice, nous a laissé à cet égard des exemples qu'il ne sera pas inutile de rapporter ici. En 1751, le chapitre de Saint-Aubain, à Namur, résolut de faire démolir son église qui tombait de vétusté, pour la remplacer par la cathédrale qu'on voit aujourd'hui. Dans le chœur de cette église reposaient les cendres de plusieurs comtes de Namur, et il s’y trouvait aussi un mausolée érigé à don Juan d'Autriche, fils naturel de Charles-Quint, avec une urne renfermant ses entrailles. Le procureur général de Namur reçut du gouvernement l'ordre de veiller à ce que, pendant la démolition, ces monuments fussent gardés avec soin, et à ce qu'on les replaçât dans leur inté- grité à la nouvelle cathédrale, Ce fut le 6 septembre 1766 ( 524 ) qu'eut lieu la translation, dans un petit caveau pratiqué près du grand autel, des restes de don Juan d'Autriche : celle des cendres des comtes de Namur, auxquelles avait été destiné un caveau pratiqué dans les souterrains de l'église, s'effectua le 14 février de l'année suivante. Le conseiller procureur général de Namur dressa des procès- verbaux détaillés de ces deux opérations (1). Vers le même temps, on démolit à Namur l’ancienne église des Récollets (2), où étaient conservées les cendres des comtes Guillaume F* et Guillaume IT. Le ministre plé- nipotentiaire, de Cobenzl, chargea le conseiller procu- reur général de prendre les dispositions nécessaires pour qu'elles fussent transférées dans le nouveau temple que le couvent fit bâtir (5). | En 1764, le gouvernement fut informé que les mauso- lées de la duchesse Marie de Bourgogne et du due Charles le Hardi, son père, qui ornaient et ornent encore l’église de Notre-Dame, à Bruges, avaient subi de nombreuses dégradations. Il ordonna au chapitre et aux marguilliers de l’église de les faire réparer, aux frais du trésor royal. I : disposa ensuite que, à l'avenir, le grand baïlli et le pré- vôt du chapitre veilleraient à la conservation des deux monuments (4). (1) Archives du royaume : registres du conseil privé; cartons de la secré- tairerie d'État; papiers du procureur général de Namur. (2) Galliot, Zistoire de Namur, t. Il, pp. 75 et 117. (5) Lettre du président Stassart au secrétaire d'État et de guerre Crum- | pipen, du 15 avril 1766. (4) Protocoles du conseil privé, des 6 décembre 1764 et 1° octobre 1766. La restauration des mausolées, entreprise par l’essayeur de la monnaie de Bruges, coûta 1,100 f1. de change. (Comptes des domaines de Bruges, de 1765 et 1766.) ( 525 ) Henri HT, due de Brabant, qui mourut à Louvain Île 28 février 1261 , et Alix de Bourgogne, son épouse, décé- dée dans la même ville le 25 octobre 1275, y avaient leur sépulture en l'église du couvent des Dominicains, dont ils étaient les fondateurs. Vers le milieu du XVITE"* siècle, cette église étant fort caduque, le prieur du couvent entre- prit de la restaurer. Guidé par un artiste ignorant, il dénatura le style primitif de l'édifice, fit disparaître tous les anciens ornements, et n’épargna pas même le tombeau du duc Henri JE et de la duchesse Alix. Ceci se passait en 4764. La chose étant venue à la connaissance du gou- vernement, l’ordre fut donné aux conseillers fiscaux de Brabant d'agir en justice contre les Dominicains, d’abord pour les obliger à rétablir le mausolée, et ensuite pour les faire punir selon l'exigence du cas. Le prieur tâcha vaine- ment de se disculper de la faute qu'il avait commise, en représentant que le mausolée « ne consistait qu'en une » masse de pierres; qu'il était tellement défiguré qu'on n’y » pouvait rien reconnaître; que lui, prieur, n'avait su de » qui ce mausolée était : » toutefois, comme il offrit d’en faire ériger « un plus superbe en marbre, orné de figures » dorées d’un côté et d'autre, et d’y faire rétablir en let- » tres d’or les épitaphes anciennes, » le gouvernement fit cesser l’action fiscale intentée à sa charge (1). En 1772, les habitants de la commune d'Hemixem, au quartier d'Anvers, firent construire une nouvelle église. Celle dont ils s'étaient servis jusqu'alors renfermait le (1) Ce fait est rapporté, avec détails et pièces justificatives, dans les Re- cherches sur les sépultures des ducs de Brabant à Louvain, de M. le … chanoine de Ram, insérées dans le t. XIX des Mémoires de l’Académie, publié en 1845. ( 526 ) mausolée d'Antoine de Brabant, mort en 1498, fils natu-- rel de Philippe, premier du nom, comte de Saint-Pol, puis due de Brabant et de Limbourg. Le curé s'adressa au prince Charles de Lorraine, afin d'obtenir la permis- sion de placer ce mausolée dans l’église nouvellement construite : le prince la lui accorda, à condition que rien ne serait changé au monument, ni à l'inscription qui y figurait. Le conseiller fiscal de Brabant fut commis pour s'assurer que les intentions du gouvernement avaient été remplies (1). En 1785 enfin, le chapitre de la cathédrale de Bruges sollieita autorisation d’ôter de la chapelle du Saint-Sacre- ment, servant de paroisse, en cette église, le cénotaphe du comte de Flandre, Louis de Nevers, qui s'y trouvait à côté de l'autel. Il allégua que ce cénotaphe n’était qu'une masse informe de pierres toutes mulilées; qu'il défigurait la cha- pelleet gênait le célébrant dans ses fonctions; que la mé- moire du comte Louis de Nevers se trouvait d’ailleurs con- sacrée, en un autre endroit de l’église, par une belle pierre sépulcrale de marbre blanc portant, avee une inscription, les armoiries du prince, ainsi que des attributs et trophées | militaires. Le gouvernement lit vérifier les assertions du chapitre par le procureur général de Flandre : sur le rap- port et conformément à l'avis de ce magistrat, il permit que le cénotaphe de Louis de Nevers füt enlevé, mais en chargeant les chanoines de faire insérer, dans les registres | aux résolutions capitulaires, et la requête présentée par eux, et sa décision (2). (1) Décret du 2 septembre 1772. (Archives du conseil privé.) (2) Acte du 15 juillet 1785. ( Archives du conseil privé.) (527 ) Les faits que je viens de citer attestent la sollicitude dont étaient l’objet, sous le régime autrichien, les monu- ments funéraires consacrés aux anciens souverains de notre pays. Notre gouvernement national n’a certainement pas be- soin d'être excité par ces exemples : mais j'ai cru devoir les rappeler comme des souvenirs historiques qui ne sont pas dépourvus d'intérêt. La première mesure à prendre devrait avoir pour objet, semble-t-1l, de rechercher, de constater ce qui subsiste des mausolées, tombeaux, urnes, pierres sépulcrales, épi- taphes des ducs de Brabant, parmi lesquels je comprends les comtes de Louvain, des dues de Limbourg et de Luxem- bourg, des comtes de Flandre, de Hainaut et de Namur, de leurs femmes, de leurs enfants, des princes de leurs familles. Il en serait de même à l'égard des princes-évêques de Liége et des princes-abbés de Stavelot. Dans des mémoires qui ont fixé l'attention de l'Acadé- mie, et dont elle a enrichi le recueil de ses travaux, notre honorable et savant directeur, M. le chanoine de Ram, nous à fait connaître les sépultures des ducs de Brabant à Louvain et à Nivelles (4) : il nous a fait espérer de sem- blables notices sur les sépultures ducales d’Afflighem , de Villers, de Bruxelles et de Tervueren (2). Nous aurons ainsi, grâce à notre savant et zélé confrère, des renseigne- (1) Recherches sur les sépultures des ducs de Brabant à Louvain, citées ci-dessus. — ARecherches sur l’histoire des comtes de Louvain et sur leurs sépultures à Nivelles, insérées dans le tome XXVI des Mémoires, publié en 1851. (2) Avant-propos des Æecherches sur les comtes de Louvain. ( 528 ) ments précieux en ce qui concerne les anciens ducs de Brabant. Mais, pour les souverains des autres provinces, qui se chargera de les fournir? Il n’y a que le gouverne- ment qui, par le moyen des administrations provinciales et communales, et avec le concours des sociétés archéolo- giques répandues sur la surface du pays, puisse recueillir en cette matière des informations complètes. Lorsqu'il les aura en sa possession, il pourra, avec la maturité nécessaire, juger des mesures qu'il y aura à pren- dre, pour qu’à l'avenir aucun des monuments funéraires | élevés à nos anciens souverains ne puisse être anéanti ou dégradé, et pour qu’il soit pourvu à la restauration de ceux qui auraient souffert des injures du temps, ou par toute | autre cause. S'il juge à propos alors de réclamer le con- cours de l’Académie, je suis persuadé qu’elle le lui prêtera avec empressement. Par l'initiative que je lui propose de prendre, l’Acadé- mie prouvera une fois de plus qu'elle a à cœur tout ce qui intéresse nos antiquités nationales. Je ne crois pas avoir besoin, d’ailleurs, de justifier cette initiative : selon l'observation pleine de justesse de M. de. Ram, « tout ce qui concerne les monuments en question » se rattache nécessairement au programme adopté par la » commission archéologique que l’Académie à nommée, » dans son sein (1). » GACHARD. Bruxelles, 5 juin 1854. (1) Recherches sur les sépultures des ducs de Brabant, à Louvain, p. 3: Séance du 1% juin 1851. à, M. Navez, directeur et président de l’Académie. M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sort présents : MM. Alvin, G. Geefs, Hanssens, Suys, Van Hasselt, Jos. Geefs, Erin Corr, Snel, Partoes, Ed. Fétis, Ed. De Busscher, membres; Daussoigne -Méhul, Calamatta, associés. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait connaître qu'aux termes du règlement de l'exposition générale des beaux-arts de 1854, une retenue de trois pour cent sera opérée au profit de la Caisse centrale des artistes belges, sur les prix des œuvres d'art qui seront vendues par l'intermédiaire de la commission directrice de l’exposition. _ — Remerciments. — M. le Ministre communique à la classe de nouveaux rapports adressés au Gouvernement par MM. Pauwels et ( 550 ) Debock, lauréats du grand concours de peinture et de sculpture. — L'Académie impériale et royale des beaux-arts de Milan annonce l'ouverture de son exposition de peinture et de sculpture pour la fin du mois d'août prochain, et communique en même temps le programme de son con- cours pour la peinture de genre. Le sujet est le départ: d’une jeune paysanne, quittant la maison paternelle pour aller se marier dans un autre village. CONCOURS DE 1854. : La classe des beaux-arts avait mis trois questions au concours de 1854; elle a reçu des réponses aux deux sui- vantes : PREMIÈRE QUESTION. Quel est le point de départ et quel a été le caractère de l’école flamande de peinture sous le règne des ducs de Bour- gogne? Quelles sont les causes de sa splendeur et de sa déca dence ? Le mémoire reçu par l’Académie porte l’épigraphe : C’est étre utile aux artistes et au public, que de faire connaîtr le mérite, les écarts ou les défauts dans la manière de peindr de nos pères. Un anonyme prie la classe de remettre la question à concours de 1855, pour le cas où elle n'aurait pas reg ( 551 ) de réponse satisfaisante; il envoie en même temps un spécimen de la réponse dont il s'occupe et qu'il n’a pas pu terminer. Ces pièces sont renvoyées à une commission composée de MM. Navez, Van Hasselt et Alvin. DEUXIÈME QUESTION. Faire connaître les modifications et changements que l'architecture a subis par l'introduction et l'emploi du verre à vitres dans les édifices publics et privés. Préciser l'époque de celte introduction et désigner les transformations et les améliorations successivement obtenues , depuis, par ce nou- vel élément. La classe a reçu deux mémoires portant les inscriptions suivanles : N° 1 : Quaesivit coelo lucem. N° 2 : Le verre, soit comme objet de nécessité, soit comme objet décoratif, a fait subir à l'architecture des différents peuples des variations qu’il est important aux ar- tistes et au public de connaître. (Commissaires : MM. Roelandi, Partoes et De Busscher). RAPPORTS. M. le secrétaire perpétuel annonce que la commission pour les encouragements à donner à l’art dramatique s’est réunie avant la séance, et doit se réunir encore dans le cours de la semaine prochaine. Elle espère pouvoir ter- ( 232 ) miner alors son travail et déposer son rapport à la elasse dans la prochaine séance de juillet. Rapport de M. Éd. Fétis sur une notice de M. Alex. Pinchart. « Tout en proposant à la classe d'accueillir la notice de M. Alexandre Pinchart, dont le zèle pour les recherches mérite d'être encouragé, je crois devoir, dans l'intérêt même de ce jeune écrivain, faire remarquer qu'il semble avoir une tendance regrettable à publier des travaux seu- lement ébauchés. La communication qu’il avait reçue d’un document authentique sur Thomas de Bononia, peintre et architecte italien du XVI"* siècle, lui ayant révélé un nom nouveau dans l’histoire des arts, il aurait dû attendre que ses perquisitions ou le hasard lui eussent fourni d’au- . tres particularités sur la vie et les ouvrages du person- nage, Les formules louangeuses de deux lettres adressées « par Léon X et par Henri de Nassau à Thomas de Bononia sont les seuls témoignages trouvés par M. Pinchart en faveur du mérite de cet artiste, et cependant il n'hésite pas à dire que ce fut un peintre et un architecte des plus re-" marquables. Il s'étonne que ni Vasari ni Zani n'aient fait. mention de Thomas de Bononia; mais il ne nous dit pas. quels sont les travaux par lesquels son double talent s’est signalé. Pour compléter sa notice dont les seuls éléments. réels consistent en deux extraits de lettres, M. Pinchart. suppose un voyage de Bononia à travers nos provinces; il le met en communication avec nos artistes, lui fait admirer nos monuments et l’introduit enfin à la cour de Marguerite d'Autriche. Cest écrire l’histoire par suppositions; or, verre (2% ) M. Pinchart, employé des archives, accoutumé, par con- séquent, à puiser aux sources les plus authentiques, parais- sait devoir être prémuni, par sa position même, contre ce dangereux penchant » M. Éd. Fétis déclare néanmoins qu'il ne s'oppose pas à l'impression de la notice de M. Pinchart, qui pourra suggérer l’idée de faire de nouvelles recherches au sujet de l'artiste italien. Ces conclusions, appuyées par M. Edm. De Busscher, second commissaire, sont adoptées par la classe. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Quetelet présente quelques nouvelles considérations sur l’avenir des beaux-arts en Belgique, et sur les moyens d'encouragement qui lui semblent les plus propres à en favoriser le développement. Il désirerait surtout voir en- courager les Académies des différentes villes à créer des musées d'ouvrages modernes. Qui ne sait, dit-il, que ces sortes de collections ont presque toujours été formées avec de faibles moyens, et que généralement les dons de parti- culiers et de l'État sont venus les enrichir. Les collections d'amateurs deviennent plus rares chaque jour, et celles qui existent encore n'ont guère la chance de survivre à quelques générations : il importe donc de multiplier les dépôts qui puissent conserver au pays les ouvrages de nos artistes contemporains. La seconde partie de la notice est consacrée au dévelop- - pement d'une idée qui a pour objet la création d'un pan- ToME xx1. — [°° raRT. 58 ( 54 ) théon national et l'encouragement de l’art statuaire. L'au- teur s'attache à montrer qu'avec de faibles moyens on pourrait arriver aux plus grands résultats. La classe adopte le projet qui lui est soumis; elle le croit utile et très-réalisable; mais, pour le rendre plus complet et lui donner plus de chances de réussite, elle pense qu'il ne faudrait le publier qu’en y ajoutant des dé- tails pratiques et un devis des dépenses que l'exécution pourrait nécessiter. M. Quetelet fait observer qu'il n'avait en vue, dans sa communication, que d'émettre une idée qui lui semblait grande et digne de la hauteur à laquelle l'art contemporain s'est élevé en Belgique, en laissant d’ailleurs au public le soin de l’apprécier ou de l'adopter; mais qu'il se confor- mera volontiers à ce qu'on veut bien proposer. La classe adjoint à M. Quetelet, pour compléter son travail, M. Suys pour la partie architecturale, et M. Simo- ais pour la partie statuaire. La Cour des cloîtres de l'abbaye de S'-Pierre, à Gand; par M. Edm. De Busscher, membre de l’Académie, À défaut de documents écrits, les édifices et les monu- ments offrent les indices les plus rationnels et les plus authentiques, sur lesquels l'historien puisse se baser, pour établir la chronographie d’un pays, d’une cité, d'une insti- tution. Comme les récits de nos vieilles chroniques, ces documents de pierre et de métal reflètent l'esprit et les . mœurs d’un autre âge. Mieux que les légendes et les don- ( 235 ) nées traditionnelles, qu'il est souvent bien diflicile d’appré- cier à leur véritable point de vue, ils nous initient aux idées progressives, aux tendances stationnaires ou rétro- grades de l'époque. Parmi les vestiges d'anciennes constructions dignes de fixer l'attention des archéologues et des artistes, combien n'en voit-on pas se dénaturer peu à peu? Combien n'en voil-on pas même perdre toute trace de leur style architec- tural primitif, quelquefois très-remarquable, de leur aspect caractéristique, que devrait protéger l'intérêt et le respect dus aux souvenirs nationaux. Les cloîtres de l’abbaye de S'-Pierre, à Gand (1), peuvent être rangés dans cette catégorie. Les bâtiments de l’ex- monastère bénédictin sont aflectés depuis sa suppression conventuelle, en 1795, au service militaire, et servent aujourd'hui de casernes à l’arme du génie. Les cloitres, qui s'éloignent de plus en plus de leur aspect monastique, aussi bien que de leur destination antérieure, mériteraient d'être mieux conservés. Le dessin que nous donnons ici d'une partie du pour- tour extérieur des cloitres, a été exécuté à la plume par M. Aug. Van den Eynde, de Malines. Il reproduit de face l'aile qui regarde le nord, comme elle se présentait vers le milieu du XVII" siècle. L'artiste à choisi la vue de cette façade, parce que l’aile opposée nous eût montré au-dessus du toit les silhouettes de la tour et du dôme de l’église de Notre-Dame, et que ces masses eussent écrasé le bâtiment des cloîtres. (1) Voyez la monographie que nous en avons publiée en 1847, dans les Annales de la Société royale des beaux-arts et de littérature de Gand. ( 556 } Les cloitres de l’abbaye de S'-Pierre sont des galeries voütées et fermées, qui s'étendent en carré autour d'un espace ouvert, au périmètre d'environ 500 pieds. Là fut d’abord le cimetière, et ensuite le préau ou jardin privé de la maison conventuelle du Mont-Blandin. Maintenant c'est la cour intérieure de l'aile droite de la caserne du génie, sans appropriation spéciale. La bâtisse des cloîtres fut commencée en 1592, par l'abbé Lambert Huberti, lors de la reconstruction du mo- nastère bénédictin, presque entièrement détruit par les sectaires iconoclastes du XVI"° siècle. L’étage établi au- dessus des cloîtres ne fut terminé qu'en 4634, sous l'abbé Gérard Rym. Le style architectonique de la bâtisse supé- rieure, et notamment des fenêtres , ne s’harmonie guère avec la gracieuse forme gothique des croisées des cloiîtres : mais c’est une anomalie que l’on rencontre assez fréquem- ment dans les constructions monastiqées des XVI" et XVI” siècles. Les documents manuscrits et imprimés qui nous restent de l’abbaye de S'-Pierre, ne nous apprennent point les noms des architectes, ou maîtres-maçons d'alors, auxquels furent confiées la reconstruction de 1592 et la bâtisse exécutée vers 1654. Les cloîtres occupent tout le rez-de-chaussée des bâti- ments du préau; ils servirent de lieux de sépulture aux prélats et aux moines blandiniens. — En 1784 un édit de Joseph IT défendit les inhumations dans l'intérieur des couvents et des églises. Au-dessus des eloîtres se trouvaient les corridors com- muniquant avec les tribunes réservées de l’oratoire conven- tuel, le quartier des novices, leurs dortoirs, chauffoirs, chambres de surveillants et un oratoire particulier. ( 37 ) Les fenêtres ogivales des cloitres, aux arcades et me- neaux en pierre blanchâtre, sont séparés par des contre- forts, qui s'élèvent jusqu'à la hauteur de l'étage, en dimi- nuant d'épaisseur à la naissance des rebords extérieurs des arcades gothiques, auxquelles ils se relient. Les meneaux, disposés selon le système rayonnant, avaient alternative- ment leurs sommets cintrés ou pointus. Les réseaux supé- rieurs étaient également différenciés. Les fenêtres élaient, et sont encore, avec les deux cha- pelles octogones en saillie, ce que le préau monastique offre de plus remarquable. Les croisées étaient autrefois garnies de vitraux peints, où l’on avait représenté les épi- sodes miraculeux de la vie de saint Benoit. En 1750 les châssis vitrés étaient intacts; en 1781 il n'existait plus que le tiers des vitraux peints, el en 1817 on en apercevail à peine quelques fragments épars dans les plombs détachés. Peu après, les fenêtres des cloiîtres furent aux trois quarts murées, et sont toujours dans cet état. Les deux chapelles sont situées au nord et au sud du préau : dans la plus grande, celle dont on voit seulement une fenêtre latérale à la droite de notre dessin, s’établissait d'ordinaire la chambre ardente au décès des religieux. Sous les dalles de cette chapelle funéraire se trouve le caveau de l'abbé Joachim Schaick, un des prélats les plus distin- gués de l’abbaye de St-Pierre, et qui y fut inhumé en 1651. 1] serait à désirer qu'une restauration judicieuse rendit à ce préau des cloîtres, bien qu’actuellement cour de caserne, sa physionomie originaire. Dans le rapport adressé l’année dernière à l'autorité communale, la commission instituée à Gand pour la conservation des anciens monuments et objets d'art, a émis ce vœu, en signalant la nécessité d’une ( 538 ) restauration matérielle, qui devient de jour en jour plus urgente. Il est indispensable que certaines précautions ar- chitectoniques ou de conservation soient prises : s’il n’est placé des cheneaux, pour préserver les contre-forts de l’eau pluviale qui égoutte des toits, ces contre-forts ne résiste- ront plus longtemps. Ils tomberont en ruine, et entraîne- ront la destruction des murs des cloitres. Thomas Vincidor, de Bologne, peintre et architecte du XVI" siècle; par M. Alexandre Pinchart. Nous ne craignons pas d'avancer que l’histoire des arts au XVI" siècle nous est, comparativement à l'abondance des matériaux, bien moins connue que celle du XV". Aussi celte époque a-t-elle fait spécialement l’objet de nos études. C’est d'un des artistes de la renaissance que nous avons l'honneur d'entretenir aujourd’hui l’Académie. . Thomas Vincidor, de Bologne, peintre et architecte très-distingué, n’a point été connu de Vasari, quoiqu'il fût italien et contemporain de ce biographe. Zani, dans son Enciclopedia delie Belle Arti, le mentionne comme un peintre du plus grand mérite (bravissimo), el le croit étran- ger au sol d'Italie (oléremontano). C'est là tout ce que l'on sait de cet artiste. Deux documents originaux qui lui sont relatifs sont actuellement en notre possession : nous les devons à la générosité de notre ami M. Prosper Cuypers- Van Velthoven , archéologue et numismate distingué, dont tout le monde a été à même d'apprécier le désintéresse- ment, et auquel nous en témoignons ici toute notre re- connaissance. L'un est une espèce de sauf-conduit sur Bulletins de L' Arai Tome XXL, 1 “paré. pag. 538 EEE — c CO LS A TITE AGEN Fire 2 A SNS ti | Qi ll | | 1 | arls ance CA Ln0$ nous Lette qu'il ans eu Lane l'on SOL s les pers: dont ps: dre. si ( d39 ) parchemin , que lui donne le pape Léon X, à propos d’une mission secrète en Flandre dont il le charge. II y demande pour Thomas Vincidor, pendant la durée de son voyage, aide et protection à tous rois, ducs, princes, marquis, comtes et puissances quelconques. « Le talent distingué que vous vous êtes acquis dans la peinture, ajoute ce grand protecteur des arts, m'engage à vous accorder plu- sieurs faveurs. Je vous reçois donc pour mon ami et mon commensal, et vous considère désormais comme étant du nombre de mes autres amis et commensaux. Vous jouirez à l'avenir des mêmes priviléges, grâces et immunités qu’ils possèdent, ou dont ils pourront être gratifiés. » Cette lettre est datée de Rome, le 21 mai 1520 (1). Ce qu'était cette (1) Leo, pap. X. « Dilecte fili, salutem et apostolicam benevolentiam. Adducimur quampluri- » bus virtutibus tuis, et praesertim picturae arte, qua non mediocriter polles, » ut te specialibus favoribus et gratiis prosequamur. Igitur te in familiarem » nostrum continuum commensalem per praesentes recipimus, aliorumque “ familiarium nostrorum continuorum commensalium numero et consortio » favorabiliter aggregamus, volentes et decernentes ut tu omnibus et singulis » privilegiis, favoribus, gratiis, immunitatibus, libertatibus, exemptionibus, » praerogalivis, antelationibus, quibus caeteri familiares nostri continui com- » mensales nobisque actu inservientes, utuntur potiuntur et gaudent, ac uti, » potiri et gaudere poterunt quomodolibet in futurum, nti, potiri et gaudere » in omnibus et per omnia possis et valeas, quibuscunque contrariis non » obstantibus. Et quoniam mittimus te in praesentia ad nonnullas Flandriae » partes pro quibusdam nostris negociis, hortamur omnes et singulos reges; » duces, principes, marchiones, comites, universitates singularesque per- » sonas, ut tibi, tam eundo quam redeundo, el ubicunque commorando, in » omnibus tuis et nostris negociis omnem oportunam operam, auxilium et » favorem libenti animo nostra causa praestent, teque benigne excipiant et » liberaliter tractent, facturi nobis rem admodum gratam. Datum Romae » apud Sanctum Petrum sub annulo piscatoris, die xxi maïi M. D. XX, pon- » lificis nostri anno octavo. (Signé) Beueus. — (Sur Le dos) Dilecto filio » Thomae de Bononia, pictori et familiari nostro. » ( 540 ) mission, il ne nous à pas été possible de le savoir, malgré toutes les recherches que nous avons faites dans ce but. Thomas Vincidor vint en Flandre; le fait n’est pas douteux. C’est la même année que Albert Durer visita les Pays-Bas. Marguerite d'Autriche gouvernait alors nos provinces et tenait une cour brillante à Malines. Il est impossible d'admettre qu'un artiste étranger n'ait pas été visiter les richesses de toute espèce : tableaux, sculptures, tapisseries de haute lisse, manuscrits à miniatures, ci- selures délicates, etc., que cette princesse s'était plu à rassembler à grands frais dans son palais, et dont l’énu- mération faite et publiée par M. Le Glay occupe plusieurs pages d'impression (1). Le peintre italien aura profité de son séjour dans notre pays pour lier connaissance, ainsi que le fit Durer, avec les hommes éminents de cette époque remarquable, et parmi lesquels nous citerons les statuaires Conrad Meyt et Guyot de Beaugrand, les architectes Louis Van Boghem et Keldermans, les peintres Bernard Van Orley, cet élève de Raphaël Sanzio, que Thomas Vincidor avait peut-être rencontré à Rome; Michel Van Cocxyen, dont Van Orley dirigeait encore les études, Quentin Matsys, Roger Van der Weyden et Lucas de Leyde; les orfévres Alexandre, Jean Van Lathem et Pierre de Backere, ete., ete. Aurait-il pu quitter la Flandre sans aller s’extasier à Bruges et à Gand, devant les délicieuses créations des Hemling et des frères Van Eyck? En sa qualité d'architecte, nos admi- rables églises et nos hôtels de ville gothiques ont dû bien des fois exciter son admiration, et c'est au bon souvenir que Thomas Vincidor emporte des Pays-Bas que nous (1) Correspondance de Maximilien et de Marguerite d Autriche, t. I. (o41 ) croyons devoir attribuer son retour quelques années plus tard. Nous le retrouvons alors à Breda avec la qualification de peintre de l'Empereur, et, chose étonnante, les comptes ne mentionnent pas le moindre payement qui lui aurait été fait par ordre de Charles-Quint. Ce titre lui est donné sur l'adresse d’une lettre (1) que lui écrit Henri, comte de Nassau, et dont voici la teneur : « SEIGNEUR Bononia, j'ai receue votre lettre par Mons' de Mal, » lequel m'a aussy dit que avez visité mon ouvraige de Breda, » dont m'avez fait plaisir. Néantmoins, pour ee que j'auray » encoires assez de temps pour parler de l'ouvraige dont m'es- » cripvez, ne vous en feray à présent aultre propoz. Quant à ce » que touche de venir résider à Breda, vous m'y seriez le bien- » venu, et vous feray voluntiers l'adresse et la faveur que par » raison faire se pourra; mais que ce ne soit contre la justice, » car contre cela ne vous vouldrois ne pourrois soustenir. A » tant, Nostre-Seigneur vous ait en sa garde. De Diest, le 1x"° » de septembre. » Cette lettre ne porte pas de millésime, mais nous savons d’un côté que le célèbre tombeau d’Engelbert de Nassau et de sa femme, dont parle ici le comte Henri, selon nous, ne fut élevé par ce prince à la mémoire de ses parents que postérieurement à 1527, et de l’autre, que Henri de Nassau mourut au mois de septembre 1558. Qu'avait fait notre artiste pour avoir des démélés avec la justice, démêlés auxquels la lettre semble faire allusion”? Quoi qu'il en soit, il est certain que Thomas Vincidor habitait Breda en 1554, (1) « Au seigneur Boulloigne, peintre de l'Empereur, à Breda, » ( 542 ) car son nom est cité dans un compte de la construction du château de cette ville (1), et de plus, qu'il y mourut, car il est question de ses héritiers dans un autre compte de 1556 (2). Le mausolée dont nous parlons est un véritable chef- | d'œuvre, et l’un des plus beaux morceaux de sculpture qui existe aujourd’hui dans les Pays-Bas. La tradition at- tribue à Michel-Ange Buonarotti deux des statues en mar- | bre blanc qui soutiennent le sarcophage : elles étaient des- : tinées au tombeau d’un pape. Henri de Nassau les aurait acquises à Rome, après la prise de cette ville, en 1527, par le connétable de Bourbon, sous les ordres duquel il servait alors pour Charles-Quint. Le comte Henri fut un riche et puissant seigneur qui dépensa des sommes considérables en achats d'objets et en travaux d'arts. C’est à lui qu'est due la réédification du château de Breda, commencée en 1552, et dont les histo- riens de la localité attribuent les dessins à un artiste italien du uom de Bologne. Il ne peut rester aucun doute à cet. égard, lorsque l’on jette un coup d'œil sur la gravure qui nous reste (3) de ce bel et vaste édifice, tel qu'il existait au siècle dernier. Les princes d'Orange ont consacré de- | puis une grande partie de leurs revenus à la décoration du château de Breda. C’est bien une construction dans le (1) « Mynre genedigen heire schilder Bouloingne.» (Papiers de Haver- . mans, aux Archives communales de Breda.) (2) « Aæredes Thomæ Fincidoris de Bologna , pictoris. » (Papiers de Havermans cités). Cette note, mise en rapport avec Zani, établit parfaite- ment son nom de famille et sa patrie : nous avons vu cependant qu'il était connu plus généralement sous le nom de Thomas de Bononia. (5) Van Goor, Beschryving van Breda, p. 61. (545) style le plus pur de la renaissance italienne du commen- cement du XVI"* siècle, et ce palais nous offre le plus curieux spécimen de ce genre d'architecture à une époque où nos architectes abandonnent avec regret, dirait-on, le style ogival, pour se lancer dans la nouvelle voie tracée par les Bramante, les San-Gallo et les Palladio. rt — OUVRAGES PRÉSENTÉS. Considérations sur l'histoire de l'Université de Louvain (1495- 1797). Discours prononcé à la séance publique de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, le 10 mai 1854, par M. de Ram. Bruxelles, 1854; 1 broch. in-&°. Hagiographie belge. Le B. Alberon 1, évêque de Liége. (Extrait de la Revue catholique.) Par M. de Ram. Louvain, 1854; { broch. in-8e. La Pucelle de Gand, poésie par Ad. Mathieu, — Hembyze en Willem 1, 1578; ballade par P. Van Duyse. Gand , 1854; 1 broch. in-8°. Annales des travaux publics de Belgique; 3"° cahier, tome XIE Bruxelles, 1854; 1 vol. in-&. Bulletin de la Commission centrale de statistique du royaume de Belgique. Tome V et 1" partie du tome VL. Bruxelles, 1853- 4854; 2 vol. in-4°. Catalogue de La bibliothèque de la Commission centrale de sta- tistique, dressé par X. Heuschling. Bruxelles, 1854; 4 vol. in-8°. Cours théorique et pratique de pédagogie et de méthodologie, par Th. Braun. 2° édition. Bruxelles, 1854; 3 vol. in-b?. Parallèle des maisons de Brurelles et des principales villes de la Belgique, construites depuis 1850 jusqu'à nos jours, mesurées (544) et dessinées par Aug. Castermans. 9" et 10" livraisons. Liége, 4854 ; in-fol. Éloge en vers de Pierre- Paul Rubens; par L. Rutgeerts. Bruxelles, 1854; 1 broch. gr. in-8°. Revue de la numismatique belge, publiée sous les auspices de la Société numismatique, par MM. Chalon, De Coster et Piot. Tome IV, 2% livraison. Bruxelles, 1834; 1 broch. in-$°. Annales de pomologie belge et étrangère, publiées par la Com- mission royale de pomologie. Tome I, liv. 1-3. Bruxelles, 1854; in-plano. Moniteur des intérêts matériels. 4"° année; n° 24 à 97. Bruxelles, 1854; 4 feuilles in-4°. Annales de la Société royale des beaux-arts et de littérature de Gand. 1"° livraison, 4853-1854. Gand , 1854; 1 broch. in-S. Album des expositions de la Société royale des beaux-arts et de littérature de Gand. Gand, 14854; 1 broch. in-8°. Spécimens des antiquités architecturales de la Normandie, par Auguste Pugin; traduit de l'anglais par L. Delobel. Liv. 1-5. Liége, 1854; in-plano. Bulletin de l'Institut archéologique liégeois. Tome IF, 1"° liv. Liége, 1854; 1 broch. in-8°. ; Le dernier Chroniqueur liégeois, par Ulysse Capitaine. Liége, 1854; 1 broch. in-8. Le Chant national liégeois, par le même. Liége, 1854; 1 broch. in-8°. La liberté de l'enseignement, la science et les professions libé- rales, à propos de la révision de la loi sur les examens univer- silaires, par un membre du conseil de perfectionnement de l'enseignement supérieur. Liége, 1854; 1 vol. in-&. De l'absence de principe dans le théâtre moderne au point de vue littéraire et moral, par François Driesen. (Extrait du Bull. de la Soc. scientif. du Limbourg.) Liége, 1854; 1 broch. in-8. Quelques mots sur un florin d'or anonyme attribué à Engelbert de la Murck, évêque de Liége, par J. Petit de Rosen, (Extrait | ( 945 ) du Bull. de l'Institut archéol. liégeois.) Liége, 1834; 1 broch. in-8°. La lecture enseignée par l'usage, ou nouvelle méthode de lecture, de prononciation et d'orthographe, par À. Gerard. Namur, 1854 ; 1 vol. in-8°. Mémoires et publications de la Société des sciences , des arts et des lettres du Hainaut. 2° série, année 1852-1853. Mons, 1853; 4 vol. in-8°. Moniteur de l'enseignement, publié par Fréd. Hennebert. 3° série; n° 1 à 4. Tournai, 1854; 4 broch. in-8°. Annales de l’Académie d'archéologie de Belgique. Tome XI; Qme Jivraison. Anvers, 4854; 1 broch. in-8°. Méthode pour la résolution générale des équations par leur décomposition successive en facteurs, par Eg. Hanegraeff. Anvers, 1854; 1 broch. in-4°. Proclamation et distribution solennelle des prix à l'Académie royale d'Anvers. Concours de 1853-1854. Anvers, 1854; 1 broch. in-8°. Annales de la Société de médecine d'Anvers. XV"® année; avril et mai. Anvers, 1854; 4 broch. in-8&. Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, publié par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. 12e année. XVI vol. Liv. de juin. Bruxelles, 1854; 1 broch. in-8°. - La presse médicale belge. 6% année, n°° 24 à 28. Bruxelles, 1854; 5 doubles feuilles in-4°. La Santé, journal d'hygiène publique et privée. 5"° année, n° 93 et 24. Bruxelles, 1854; 2 doubles feuilles in-4°. Annales de médecine vétérinaire, publiées à Bruxelles par MM. Delwart, Thiernesse, Demarbaix et Husson. 3° année, Ame à Ge cahiers; avril à juin. Bruxelles, 1854; 5 broch. in-8°. Le Scalpel. 6" année, n° 30 à 55. Liége, 1854; 4 feuilles in-4°. Verhandeling over den nederlandschen versbouw, door M. Pru- ( 46 ) dens Van Duyse. Bekroond, in den jare 1851, door de 2° klasse van het koninglijk nederlandsch Instituut. 1*° deel. La Haye, 1854; 1 vol. in-8°. De Bodem onder Groninchem, onderzocht en beschreven door P. Harting. Harlem, 1855; 1 broch. in-4°. Monographie des mar attiacées, par W.-H. De Vriese et P.Har- ting. Leyde, 1853; 4 vol. in-folio. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, par MM. les Secrétaires perpétuels. Tome XXXVIII, | n° 21 à 25. Paris, 1854; 5 broch. in-#. Revue de l'instruction publique. 14° année, n°5 10 à 42. Paris, 1854; 5 doubles feuilles in -4°. Notice des antiquités assyriennes, babyloniennes, perses, hé- braïques, exposées dans les galeries du musée du Louvre, par : Adrien de Longpérier. 3° édition. Paris, 1854; 4 vol. in-8°. L'Athenaeum français. 3% année, n®% 25 à 25. Paris, 1854; 3 doubles feuilles in-4°. . Description d'un nouveau procédé pour construire les voûtes | biaises, par M. Hachette. (Extrait des Annales des ponts et chaus- sées.) Paris, 1854 ; 1 broch. in-8°. Journal de la Société de la morale chrétienne. Tome IV, n°2; mars et avril. Paris, 4854; 1 broch. in-8°. Archives historiques et littéraires du nord de la France et du midi de la Belgique, par A. Dinaux. 3° série, tome IV, 1°° lis. Valenciennes, 1854; 4 broch. in-8°. Trois chants historiques, publiés par E. de Coussemaker. (Extrait des Annales du comité flamand de France.) Dunkerque, 1854; 1 broch. in-8°, ; Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. 2%° série, tome II, 1852-1853. Dijon, 1854; 1 vol. in-8% Note sur les tremblements de terre en 1851 et 1852, avec suppléments pour les années antérieures, par Alexis Perrey. (Extrait des Mémoires de l'Académie de Dijon.) Dijon ; 2 broch. in-8°. cher, ( 547 } Société impériale des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille. Publications agricoles. Tome XI, n° 5. Lille, 1854; 4 broch. in-8°. The quarterly journal of the chemical Society. Vol. VIL, 1 n° XXV. Londres, 1854; 1 broch. in-8°. Jahrbuch der kaïserlich-küniglichen geologischen Reichsan- stalt. IV Jahrgang. N° 3. Juli-September. Vienne, 1853, 1 vol. in-4°. Mines de l'Orient. exploitées par une société d'amateurs. Tomes I à VI. Vienne, 1809-1818; 24 cahiers in-4°. Zeitschrift für allgemeine Erdkunde. Mit unterstukkung der Gesellschaft für Erdkunde zu Berlin. Herausgegeben von Doctor T.-E. Gumprecht. Il Band, 3-4 Heft. Berlin, 1854; 2 broch. in-8°. Verhandlungen des naturhistorischen Vereins der preussischen Rheinlande und Westphalens. Herausgegeben von Prof. D' Budge. Elfter Jahrgang , 1-2 Heft. Bonn, 4834; 1 vol. in-8°. « Würtembergische naturwissenschaftliche Jahreshefte. Sechster Jahrgang. 5% Heft. Stuttgart, 1854; 1 broch. in-8°. Uber die Bestimmung der Massen und der trägheitsmomente symmetrischer Rotationskôrper von ungleichfürmiger Dichtigkeit von O. Schlômilch. — Uber einige allgemeine Reihenentwicke- lungen und deren Anwendung auf die elliptischen Funktionen von ©. Schlômilch. — ÆEntwickelung der negativen und ungra- den Potenzen der Quadratwurzel der Function r? + r'?— 2rr' (cos uw cos u’ + sin u sin w’ cos J), von P.-A. Hansen. (Extrait des Mémoires de la Soc. roy. des sciences de Saxe.) Leipzig, 1854; 3 broch. im-4°. Tübinger Universiätsschriften aus dem Jahre 1853. Tubin- gue, 1854; 1 vol. in-4°, Üeber die chir urgische Behandlung der Strumen.— Das Schwe- felsaüre Eisenoxyd mit gebraunter Magnesia als gegenmittel gegen _arsenige Saüre. — Über Kopfverletzungen.— Über die Behand- lung der Aneurysmen durch Injectionen von Eisenchlorid. — Über (348) die Bewegung des Gehirns. Cinq thèses inaugurales. Tubingue, 1853; 5 broch. in-12. Andenken an die XXX Versammlung deutscher Naturforscher und ärzte, gehalten zu Tübingen, am 18-24 september 1853. Neues Jahrbuch für Pharmacie und verwandte Fächer. Her- ausgegeben unter Mitwirkung des Directorii von G. Walz und F. Winckler. Band 1, Heft 5-4. Mars et avril. Spire, 1854; 2 broch. in-8°. Ueber die symmetrische Verzweiqungsweize dichotomer Inflo- rescenzen, von H. Wydler. Regensburg, 1851; 1 broch. in-8°. Verhandlungen der physicalisch - medicinischen Gesellschaft in Würzbourg. Redigirt von A. Kolliker, F. Scanzoni, J. Sche- rer. IVtr Band, HE Heft. Wurzhourg , 1854 ; 1 vol. in-8°. Atti dell Accademia pontificia de’ nuovi Lincei. Compilati dal segretario. Anno V. Sessione V* dell 11 luglio 1852. Rome, 4853; 1 broch. in-4°. Sopra à piccoli pianeti Euterpe, Bellona et Anfitrite scoperti a Londra e a Bilk dagli astronomi Hind. Nota del prof. A. Colla. (Extrait de la Gazette officielle de Parme.) Parme, 1854; 1 broch. in-8°. Sulla struttura intimo dell organo clettrico del Gimnoto. Memoria del dott. Filippo Pacini. Florence, 1852; 1 broch. in-8°. Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. Tome XIII, 2"° partie. Genève, 1854; 1 vol. in-4°. Cartulaires de la chartreuse d'Ouson et de l'abbaye de Haut- crét, par J.-J. Hisely. — Cartulaire de l'abbaye de Montheron, par F. De Gingins. Lausanne, 1854; 1 vol. in-8°. Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire de la Suisse romande. Tome XHI, 4"° livraison. Mélanges. Lausanne, 1853; 1 vol. in-8°. Nouveaux mémoires de la Société helvétique des sciences nalu- relles. Band XHI. Oder : zweite dekade, Band HE. Zurich, 1853; L vol. in-#°. ( 249 ) Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern aus dem Jahre 1855, n° 265-315. Berne, 1853; 1 vol. in-S°. Actes de la Société helvétique des sciences naturelles, réunie à Sion les 17, 18 et 19 août 18592. 37" session. Sion, 1852. — Actes de la Société réunie à Terrentray les 2, 3 et 4 août 1853. 38 session. Torrentray, 1855; 2 vol. in-8°. Additional notes of a discussion of tidal observations made in connection with the coast survey at Cat Island, Louisiana. By Prof. A. Bache. (Extrait du Journal américain des sciences et des arts.) New-Haven, 1852; 3 feuilles in-8°. Verhandelingen van het bataviaasch Genootschap van kunsten en wetenschappen. XXIV® deel. Batavia, 4852; 4 vol. in-4°. Bibliothecae Societatis artium scientiarumque quae Bataviae floret, cataloqus systematicus. Curante P. Bleeker, anno 1846. Editio altera curante J. Munnich. Batavia 4853; 1 vol. in-8°. FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE DU TOME XXI. TOME xx1, — L'° parr. 39 t/ fi Hi + RH à se É HAN