% Er ET je is) ds MR , RS A An FAT, La : EST: Ju te Hat REX RSA € Le ST PSE 2 its HAE LH “a U 24 VAL sul L { | | . 0 Fm Ë x ; " : e Y 4 | ‘ ‘ : . | \ : | “ = | : — | à é r A ! F 4 er a 3 A CHR pa ADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, ÆTINS à DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE - er BULLETINS Es ds DE Ÿ " | | L’ACADÉMIE ROYALE | DES SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. TOME XVIII. — 11e PARTIE. — 1851. BRUXELLES , M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 1852. BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES \ LETTRES ÊT DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1851. — N° 7. CLASSE DES SCIENCES. one Séance du 5 juillet 1851. M. De HemPTiNNE, directeur. M. Queresr, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius, Pagani, Sauveur, Wes- mael , Martens, Cantraine, Kickx, Morren , Stas, De Ko- ninck , Van Beneden, Ad. De Vaux, le baron de Selys- Longchamps, Nyst, Gluge, Melsens, membres ; Sommé « associé; Donny, correspondant. TOME xvin. 4. (2) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir une expédition de l’arrêté royal du 15 mai, lequel décrète la création , à l'Observatoire royal de Bruxelles, d’un dépôt d’instru- ments en faveur des jeunes gens qui cultivent les sciences d'observation et qui désirent se livrer à des séries d’expé- riences. — Il est donné communication de lettres de l'Académie des sciences de l’Institut de France, de la Société royale de Gôttingue, de l’Institution Smithsonienne de Washing- ton, de la Société des Naturalistes scandinaves et de plu- sieurs autres Corps savants. — M. Petersen, d’Altona, fait connaître que, dans la nuit du 27 au 28 juin dernier, à l'Observatoire de Leipsick, M. d’Arrest a découvert, dans la constellation des Poissons, une comète nouvelle d’un éclat très-faible. — M. le professeur Heis, d’Aix-la-Chapelle, donne communication des observations qu'il a faites sur les étoiles filantes, au mois d'août 4850 ; lé nombre en a été très-considérable : 50 environ par heure dans la soirée du 40. Q M. Heis transmet également le résultat de ses observa- tions sur les aurores boréales et les lumières zodiacales, observées en 1850. (Voyez plus loin, p. 46.) (5) — M. Meyer, correspondant de l’Académie, fait hommage d’un exemplaire de son Mémoire sur les fonctions arbitraires exprimées par des intégrales doubles et des séries de quantités périodiques, mémoire qui doit paraître dans le Journal de Crelle. M. Meyer soumet, en même temps, à la classe quelques remarques au sujet d’un rapport fait par M. Pagani, sur un travail qu'il a communiqué précédemment à la classe. — M. le docteur Sommé , associé de l’Académie, dépose le résultat de ses observations faites au Jardin botanique d'Anvers, sur les phénomènes périodiques des plantes, pendant le second trimestre de 1851. — La classe reçoit encore : 4° Un troisième mémoire manuscrit et une note de M. le professeur Glæsener, sur la télégraphie électrique. (Com- missaires : MM. Ad. De Vaux et Quetelet) ; 2 Une note intitulée : Quelques faits pour servir à l'étude des phénomènes périodiques des végétaux; par M. Liban Me (Commissaire : M. Quetelet.) — Conformément à la proposition qui en a été faite, le » Bulletin de l'Académie sera envoyé en échange du journal » Verhandlungen der physicalisch-medicinischen Gesellschaft, publié à Wurzbourg. (4) RAPPORTS. Sur un mémoire présenté par M. Montigny , et intitulé : PHÉNOMÈNES DE PERSISTANCE DES IMPRESSIONS DE LA LU- MIÈRE SUR LA RÉTINE. Rapport par M. Plateau. « On sait que, par suite de la persistance des impres- sions sur la rétine, si l’on fait se succéder rapidement celles de toutes les couleurs du spectre solaire, l'impression résultante est blanche : l'expérience consiste à faire soit __osciller, soit tourner autour de son axe, avec une vitesse suffisante, un prisme réfringent traversé par un faisceau de lumière solaire, et à recevoir sur un écran blanc le spectre mobile. L'auteur du mémoire soumis à notre examen cherche d’abord à déterminer, en employant un prisme tournant, quel est, dans des circonstances données, le maximum du temps que peut durer le passage des sept couleurs du spectre en un même point de la rétine, sans que l’impression résultante soit aucunement colorée, et il trouve, pour ce temps maximum dans les circonstances de ses expériences, la valeur 0”,042. Du reste, il recon- naît que les conditions dans lesquelles il s’est placé étaient défavorables, et il annonce l'intention de les corriger plus tard; il indique en même temps une modification ingé- nieuse qu'il se propose de faire subir à lexpérience du prisme tournant, modification qui lui permettra d'opérer soit sur une seule des couleurs simples, soit sur l’ensemble d’un nombre déterminé d’entre elles, et d'obtenir ainsi NN VV + V + | (5) certains résultats, tels que les durées relatives des impres- sions de chacune des sept couleurs. L'auteur passe ensuite à la description d'une série de procédés curieux et très-variés, par lesquels on obtient la réapparition des parties d’un objet animé d’un mouvement rapide, par exemple celle des dents d'une roue tournant avec vitesse, celle des couleurs du spectre mobile dans l'expérience citée plus haut, etc. M. Stevelly a déjà com- muniqué, en 1850, à l'Association Britannique, l’observa- ion d’un fait isolé de cette nature : ce fait consiste en ce que, si l'on donne un mouvement de rotation rapide à un disque partagé en secteurs différemment colorés de ma- nière à produire l'apparence d’une teinte uniforme, et si, pendant que l’on regarde cette teinteuniforme, on détourne subitement les yeux d’une certaine quantité, on voit à l'instant les secteurs reparaître. M. Montigny déclare que ses propres observations sur ce genre de phénomène re- montent à plusieurs années ; d’ailleurs, comme je lai dit, il décrit une suite de procédés entièrement difiérents de celui de M. Stevelly, bien que remplissant tous une même condition, savoir celle de petits déplacements brusques de l’image de l’objet sur la rétine. Voici l’un de ces pro- cédés; je laisserai parler l’auteur : « Le moyen le plus aisé de produire ce phénomène de perception consiste à examiner une roue en rotation à l’aide d’une lunette montée sur pied, et au tube de la- quelle le choc du doigt imprime de petites oscillations rapides : les dents de la roue reparaissent alors d’une manière permanente et très-distincte. L'image de la roue semble quelquefois immobile, ou bien animée d’un mouvement de rotation, plus lent que celui de la roue » «elle-même, ou de direction contraire. La variété de ces 4 LI (6): » apparences dépend de la rapidité des. percussions im= » primées à la lunette. » ; L'auteur cherche alors quelle est la cause des effets sin- guliers dont il s'occupe. Il montre que l’on ne peut admet: tre l'explication proposée par M. Stevelly, relativement à la réapparition des secteurs du disque lors d’un mouve- ment subit des yeux, explication basée sur le mode de dis- tribution des nerfs du cerveau aux deux rétines, et il attribue tous les phénomènes semblables de réapparition à ce que, par la nature des différents procédés au moyen desquels se manifestent ces réapparitions, les images des parties de l'objet, qui passent rapidement l’une après l’autre en un même point de la rétine, éprouvent de pe- tites variations brusques et irrégulières de vitesse. Je suis convaincu que c’est là réellement la cause pre- mière du phénomène; sewlement, je ferai remarquer que cela ne constitue qu’un commencement d'explication : car on doit se demander pourquoi de ces petites variations de vitesse résulte la perception distincte des parties de l’objet. Or, mes propres recherches ont établi ce fait, qu'il faut un temps appréciable pour qu’une impression atteigne toute son intensité, de sorte que si le temps pendant lequel la lumière agit sur l'œil est moindre, l'impression est moins vive, et d'autant moins que ce temps et plus petit. Maintenant, supposons, pour fixer les idées, une roue dentée verticale tournant devant l’œil avec une grande vitesse et se projetant sur un fond noir. Chaque dent ne produit, à cause de la rapidité de son passage, qu’une impression individuelle extrêmement faible, et comme ces impressions faibles se succèdent à des intervalles excessi- vement rapprochés sur tous les points de la portion de la rétine correspondante à la partie dentée de la roue, un à (7) . plus où moins grand nombre d’entre elles se superposent, par suite de leur persistance, en chacun de ces points, ce qui donne à l'impression générale perçue une certaine in- tensité. En outre, si la vitesse ne subit point de variations ou n’en subit que de graduelles, cette impression géné- rale persiste sans perte sensible en chacun de ses points pendant la courte durée du passage d’un intervalle entre deux dents, et la très-petite perte qu’elle éprouve pendant le passage de la dent suivante est exactement compensée par la faible impression individuelle due à cette dent, ce qui donne à l’impression générale perçue une teinte uni- forme. Mais imaginons que, tandis que l'œil perçoit cette teinte uniforme, la vitesse des images des dents sur la ré- tine vienne, par une cause quelconque, à varier subite- ment d’une manière irrégulière. Cette variation présentera, en général, de petites périodes d'accélération et de ralen- tissement. Or, supposons une période de cette dernière es- pèce, et telle, que, pendant sa durée, les images des dents ne parcourent sur la rétine qu’un espace peu étendu re- lativement à leur largeur. Alors l'image de chaque dent effectuant ce petit parcours dans un temps plus long que si la vitesse n'avait pas diminué, elle donnera lieu à une impression individuelle plus intense, et comme cet accrois- sement d'intensité ne correspond qu’à un trajet très-petit, on voit qu’en cet instant toutes les dents doivent être dis- tinctement aperçues. D'un autre côté, les images des inter- valles entre les dents effectuant de même leur petit parcours dans un: temps plus long, la partie de l'impression géné- rale qui correspond à chacune de ces images ne pourra _ plus, si le ralentissement est suffisant, persister sans perte sensible, en sorte que ces intervalles paraîtront plus ob+ scurs, Ce qui contribuera encore à l'effet. (8) | La chose deviendra évidente si on la porte à l'extrême, c'est-à-dire si l’on imagine que la vitesse des images dimi- nue, pendant un instant très-court, jusqu'au point de s’an- nuler : tout le monde comprend que, dans cet instant , la forme réelle serait nettement visible. C’est, pour en citer un exemple connu, ce qui à lieu quand un corps effectue un mouvement de va-et-vient rapide et d’une amplitude suflisante : il est vu d’une manière distincte aux extrémités de ses oscillations, parce qu’en ces endroits sa vitesse et, par suite, celle de son image sur la rétine, devient nulle. Dans une note placée à la fin du mémoire, M. Montigny se demande, à la vérité, si les effets ne proviendraient pas de ce que « les impressions sont plus complètes et, par » conséquent, perçues plus distinctement, aux points où » la vitesse de succession éprouve un ralentissement ; » il ajoute que « si, dans certains cas, celte cause contribue » à la perception des impressions, elle ne peut pas être » la cause unique du phénomène, » et il cite des faits à l'appui de cette assertion. Les objections tirées de ces faits me paraissent aisées à réfuter; mais une semblable discus- sion tiendrait iei trop de place, et je la réserve pour une communication particulière, dans laquelle je me propose d'examiner toute la question avec plus de détails. Dans la même note, M. Montigny s'exprime de la ma- nière suivante : « La cause du phénomène me paraît être celle-ci : quand plusieurs impressions absolument iden- tiques sont excilées à tous les points d’une étendue con- tinue de la rétine, leur ensemble produit une sensation particulière , mais il n’y a pas de raison pour qu'aucune de ces impressions soit plus perceptible que d’autres, puisqu'elle n’en diffère aucunement. Mais s’il n’en est pas ainsi, si plusieurs impressions se distinguent des YO YO YF SO G & ÿy RSC EN ORRES DNS NM » : » (9) -autres soit par une différence dans l’uniformité de leur excitation, soit par tout autre caractère, ces impres- sions se trouvent dans un état différent et produisent une sensation distincte, de sorte que l'organe de la vue, qui, parmi les organes de nos sens, jouit d’une sensi- bilité si exquise, accuse ces impressions par la percep- tion de l’objet aux lieux de leurs excitations. » Cela est vrai; mais comme, d’après le principe exposé dans le mémoire, les effets sont amenés par des variations de vitesse, il s'ensuit quela modification de caractère à la- quelle l’auteur fait allusion ici, résulte uniquement de ces variations de vitesse , et il restait conséquemment encore à faire voir pourquoi et comment elle en résulte. Enfin , M. Montigny décrit certains phénomènes qui se manifestent lorsque, entre le prisme tournant et l'écran sur lequel passe le spectre mobile, on interpose un disque opaque percé d'ouvertures égales, équidistantes et dirigées dans le sens des rayons, et qu’on met ce disque en rotation rapide. A cause de la courte durée du passage du spectre, les ombres que projettent les parties pleines du disque sur . la trace lumineuse reçue par l'écran, se montrent dis- linctes; mais ces ombres sont bordées des couleurs pris- matiques disposées dans l’ordre de celles du spectre mo- bile ou dans un ordre inverse, selon le sens relatif des mouvements du spectre et de la partie du disque qu’il ba- laie dans son trajet. Ce sont encore là, comme on le voit, des effets de réap- parilion; mais ils sont dus à une tout autre cause que les précédents : l’auteur les explique en montrant que, par la combinaison des mouvements du faisceau lumineux et du disque, certains rayons colorés sont interceptés en des en- _ droits déterminés de l'écran , endroits dont chacun paraît (10) conséquemment revêtu de la teinte complémentaire corres- pondante. En résumé, le mémoire de M. Montigny contient : 4° l'indication d’un système ingénieux d'expériences qui doit conduire à des résultats intéressants sur là persistance des impressions ; 2 la description d’une suite de procédés nou- veaux et très-variés pour la production d’un phénomène curieux que l’on n'avait observé que dans un cas isolé; 3° la base de l'explication entière de ce phénomène, et même l'énoncé du principe qui doit, selon moi, servir à la com- pléter, bien que l’auteur se refuse à reconnaitre ce principe commesuflisant ;4 l'exposé et l'explication d’un phénomène analogue au précédent quant à l'effet, mais provenant d’une eause différente, et qui n’avait point encore été observé. Je pense donc que le travail dont il s’agit mérite l’appro- bation de l’Académie, et qu'il est digne d’être imprimé dans le recueil des mémoires des savants étrangers. » Ces .conclusions auxquelles adhère M. Duprez, second commissaire , sont adoptées par la classe. Sur un mémoire de M. Westendorp, concernant quelques cryptogames nouvelles pour la flore belge. Rapport par M. Kickx. « M. Westendorp, qui avait déjà adressé à l’Académie un travail sur plusieurs cryptogames des Flandres, inséré dans le tome XIT des Bulletins, vient de présenter une deuxième notice sur quelques espèces inédites ou PRES pour la flore cryptogamique belge. à 4 (11) Dans l'intervalle qui s’est écoulé depuis la première de ces publications , l’auteur a considérablement étendu le cercle de ses recherches. Médecin de bataillon, il a utilisé ses fréquents changements de résidence en faveur de ses études , et il a employé tous les loisirs que lui laissent les devoirs de sa position à doter le pays de son herbier cryp- togamique, dont douze fascicules ont paru jusqu’à ce jour. La notice sur laquelle nous avons été chargé de faire un rapport, renferme, indépendamment d’un certain nombre d'espèces connues, dont quelques-unes n'avaient pas en- core été découvertes dans le pays, d’autres espèces non décrites jusqu'ici. La plupart de ces dernières appartien- nent aux Septoria et Phyllosticta, genres déjà excessive- ment nombreux, dont la révision devient de plus en plus indispensable. Nous ignorons ce qui a pu engager l’auteur à les exclure de la famille des hypoxylées, où ils se lient si intimement aux Phoma, Cheilaria, Phlyctena, pour les placer dans les uredinées, dont ils n’ont pas les caractères. La forme assignée par M. Westendorp aux sporidies de _ quelques-unes des Phyllostictes et des Septoria qu’il dé- _crit, nous ferait croire qu'il ne les a pas toujours observées dans leur état de développement complet. Cette circon- Stance explique comment l’auteur a été conduit à consi- gner, sous son n° 140, la remarque relative aux Phyllosticta mercurialis et cruenta. La Sphacria cruenta Kunz a été étu- diée simultanément, en 1849, par Fries, par Desmazières et par le rapporteur, et ces auteurs, observant à l'insu l’un de l’autre, lui ont reconnu tous trois des sporidies oblon- gues-elliptiques ou ovoides, et l’ont unanimement rap- portée au même genre, sans émettre le moindre doute. Notre intention ne saurait être d'examiner une à une les espèces nouvelles établies par l’autéur et dont nous (12) devons lui laisser la responsabilité. Des recherches de cette nature exigeraient non-seulement beaucoup plus de temps que celui dont nous pouvons disposer, mais encore des observations microscopiques très-minutieuses , dont nos organes visuels nous forcent de nous abstenir pour le moment. Nous nous bornerons donc à quelques remarques sur les n% 72, 74, 76, 1207, 154 et 160. N° 72. Sclerotium velutinum. Ne diffère point du Scle- rolium scutellatum. Les échantillons de M. Westendorp sont très-exactement représentés par la figure d’Albertini et Schweiniz, qui mentionnent en outre le duvet qu'ils y ont quelquefois observé. | N° 74. Rhizoctonia napeae. Trouvé sur des navets pourris dans une cave. Nous doutons, pour notre compte, que ce soit un Rhizoctonia. Ce qui plaide d’ailleurs en faveur de cette opinion, c’est que toutes les espèces connues croissent sur des végétaux vivants. Puis le navet belge, la rave des Français, étant le Brassica rapa des botanistes, ce n’est ni Rhizoctonia napeae ni même Rhizoctonia napi, mais bien Rhizoctonia rapae qu'il eût fallu dire. Napaea est d’ailleurs un genre de la famille des Malvacées. N° 76. Erisyphe aceris. Quoique l'espèce primitivement ainsi nommée par Decandolle soit en général désignée aujourd'hui sous le nom d’Erisyphe bicornis, 1l eût mieux valu néanmoins le donner à celle que l’auteur croit iné- dite un nom spécifique différent. N° 120" Stilbospora Kickæii. L'analyse nous y a montré des sporidies en général plus petites que celles du Stilbos- pora pyriformis, mais entre-mélées d'autres ayant les mêmes dimensions. Elles nous ont paru moins turbinées que ne les représente l’auteur. Nous les avons vues exacte- ment cloisonnées, comme dans la figure qui accompagne (15) la notice : mais, après un séjour de quelques minutes dans une goutte d’eau, nous les avons trouvées celluleuses à l'intérieur. Ces cellules internes sont surtout visibles dans les sporidies les plus grandes. En présence de ce résultat, nous ne sommes pas convaineu que cette espèce soit réel- lement distincte de la S. pyriformis. N° 154. Seploria vincae. Fait double emploi avec le n° 151, dont celui-ci est la reproduction littérale. | N° 160. Peziza cupressina, Fr. Parmi les échantillons qui accompagnent la notice, il en est qui concordent bien avec la figure de Micheli, pl. 86, n° 19, que l’auteur n’a pas connue. D'autres, plus avancés en âge, ont perdu leur forme turbinée et sont devenus hémisphériques et même cupuliformes ; mais ces changements ont été signalés par Fries. Le doute que conservait l’auteur sur sa détermina- tion nous paraît donc être levé. En résumé et malgré les observations qui précèdent, nous croyons que la notice de M. Westendorp renferme des indications précieuses pour notre flore cryptogamique, dans le domaine de laquelle il reste encore à faire beau- coup de découvertes. Nous n’hésitons donc pas à vous en proposer l'impression dans les Bulletins de l'Académie. » La classe adopte ces conclusions, auxquelles adhèrent les deux autres commissaires, MM. Morren et Martens. | (14) COMMUNICATIONS ET LECTURES. ame Sur les piles à acides et alcalis, séparés par des corps poreux; par M. Martens, membre de l’Académie. Dans une note communiquée à l’Académie des sciences de Paris (séance du 5 février 1851), M. Matteucci fait ob- server que le courant électrique développé dans la pile de M. Becquerel à acide nitrique et potasse, ne doit pas être attribué à la combinaison chimique entre l'acide et l'alcali, comme on l'a prétendu, puisque l'interposition d’une so- lution d'acide sulfurique entre l'acide nitrique et la potasse n'empêche pas la production du courant, tandis que celui- ci s'arrête lorsqu'on fait plonger la lame de platine dans la solution d’acide sulfurique (4). Ces faits ne font que confirmer l'opinion que j'ai déjà émise, il y a plusieurs années (2), que le courant dans la pile de M. Becquerel et autres piles analogues est produit par la modification électrique que le contact des liquides imprime aux métaux qui y sont plongés, de sorte que ce sont ces métaux eux-mêmes et non les liquides, et encore moins la combinaison mutuelle de ces derniers, qui con- (1) Comptes rendus , 5 février 1851. (2) Voir Recherches sur la passivité des métaux et sur la théorie de la : pile voltaïque, dans les Bulletins de l Académie royale de Bruæelles, 1841, tome VIII, 2 part., et Recherches sur les variations de la force électro-motrice du fer, dans les Nouveaux mémoires de l’Académie des sciences et des belles-lettres de Bruxelles , tome XIX. (1) stituent les agents électro-moteurs des piles en question. Je crois avoir mis, le premier, cette vérité hors de tout doute, en montrant que lorsque les électrodes de platine, adaptés aux extrémités d’un galvano-multiplicateur , plon- gent dans une même solution saline (de l’eau nitrée, par exemple), il n’y a jamais de courant qui se manifeste par 5: le contact ou la combinaison de l'acide nitrique avec une solution de potasse, qui en est séparée. par une cloison vésicale , tandis qu’en séparant l'acide et l’alcali par l’eau nitrée et plongeant dans les premiers les électrodes de platine, il y a un courant produit, sans qu’il puisse y avoir combinaison entre lacide et la potasse. Cette expérience, décrite en détail dans mon Mémoire sur les variations de la force électro-motrice du fer (p. 37- 41), me paraît bien plus coneluante que celle de M. Mat- teucci, citée plus haut, puisque, dans celle-ci, l’interposi- tion de l’acide sulfurique entre l'acide nitrique et la potasse n'exclut pas toute combinaison chimique, vu que la com- binaison peut se faire alors entre la potasse et l’acide sul- furique. Pour montrer de la manière la plus évidente que, dans la pile de M. Becquerel , le courant ne doit pas nécessaire- ment être attribué à la combinaison de l'acide nitrique avec la potasse, je me sers depuis six ans, dans mon cours de chimie, à l’Université de Louvain, d’un petit appareïl bien simple. Il consiste en deux larges tubes de verres, À et B, recourbés vers le .bas angulairement , et communiquant par un petit tube, dont la longueur est à peine de 4 centi- mètres. Ce petit tube, d’un diamètre de 8 à 10 millimètres, est adapté (comme le montre la figure ci-après) aux tubes À et B à l’aide de petits bouchons de liége, et ceux-ci sont recouverts d’une vessie mouillée, de manière que quand (16) le petit tube est exactement rempli de liquide (j'y mets ordinairement une infusion bleuâtre de chou rouge), ce liquide est séparé par des cloisons vésicales des liquides contenus dans les tubes-éprouvettes À et B. Au moment de faire l'expérience, on remplit exactement le petit tube C de la liqueur de chou rouge, après l'avoir recouvert à une de sés extrémités de la vessie mouillée se rabattant sur le bouchon de liége; on a soin qu’il ne reste pas de bulle d’air dans le tube, puis on applique de la vessie mouillée à l'extrémité du tube, restée ouverte, et on l’adapte ensuite aux tubes courbes À et B. On verse dans l’un de ces tubes une forte solution de potasse caustique , et dans l’autre de l'acide nitrique à 56°, et on constate facilement, par le changement de couleur de l’eau bleuâtre, si l'acide, d’un côté, ou l’alcali, de l’autre, pénètrent dans le tube moyen, ce qui n’a ordinairement lieu qu’au bout de 2 à 5 minutes, etil se passe 4 à 6 minutes avant que l'acide et l’aleali, dont la présence est dénotée dans le tube moyen par les colorations rougeet verte de l’eau bleue, ne soient parvenus à se rencontrer, et, par conséquent, à se combiner. Or, longtemps avant que cettecombinaison chimique ne s'opère, si les extrémités d’un galvano-multiplicateur assez sen- sible, terminées par des lamelles ou de gros fils de platine, ont été plongées respectivement dans l’alcali et dans l’acide des tubes À et B, on constate l'existence d’un courant galvanique assez fort pour faire dévier l'aiguille du gal- vano-multiplicateur de près d’un quart de circonférence. Cette déviation augmente, à la vérité, à mesure que l'acide et l’alcali pénètrent dans le tube moyen C; mais cette augmentation ne doit pas être attribuée à la combinaison chimique, qui peut alors s’opérer entre l’alcali et l'acide, puisqu'elle s'explique naturellement par l’augmentation de F7) conductibilité électrique de l’eau du tube moyen au mo- ment où l'acide et lalcali sont venus y pénétrer; aussi quand on remplit ce tube primitivement d'une solution d'eau salée plutôt que d'eau pure, bleuie par la nature colorante des choux rouges, on a de prime abord un courant plus fort en plongeant les extrémités du galva- nomètre dans l’acide et dans lalcali. Cette expérience montre de la manière la plus évidente que quand deux lames de platine sont plongées , l’une dans de l'acide nitrique, l’autre dans une solution de potasse, elles forment, par leur contact, un véritable couple galva- nique, ou agissent à l'instar de deux métaux de nature diffé- rente, indépendamment de toute action chimique de l'acide sur l’alcali. C’est que deux lames du même métal, immer- gées dans des liquides de nature différente, deviennent électriquement hétérogènes, lors même que les liquides n’exercent sur elles aucune action chimique appréciable. ae Note sur les matières albuminoïdes ; par M. Melsens, mem- bre de l’Académie. Depuis longtemps déjà, j'ai recueilli quelques faits nou- veaux sur l’histoire des matières azotées des plantes et des animaux ; la note que j'ai l'honneur de présenter à l’Aca- Tome xvinr. 2, (18) démie est un extrait d'un travail beaucoup plus éténdu dont je m'occupe. L L'histoire des matières azotées organisées laisse beau- coup à désirer, soit sous le rapport analytique, soit au point de vue des modifications les plus simples que les agents chimiques et physiques leur font subir; nous enten- dons par modifications les plus simples, celles qui ne sont pas assez complètes pour que la matière organisée de- vienne une matière organique proprement dite, c’est-à- dire qu’elle soit volatile sans décomposition, eristallisable, capable en un mot de faire des combinaisons tranchées. L'action de la chaleur, celle de quelques sucs de l’éco- nomie, celle des acides faibles, soit seuls, soit associés à certains corps analogues aux ferments, celle de bases fai- bles dans les mêmes circonstances ; toutes ces actions. peuvent bien apporter des modifications dans l'aspect, la. solubilité, les propriétés physiques, sans cependant faire subir des modifications chimiques profondes. Les analyses des matières albuminoïdes que j'ai publiées en 1845, diffèrent très-sensiblement de celles données par d’autres expérimentateurs; ainsi la fibrine contiendrait au moins un pour cent d'azote de plus qu'on ne l'admet géné- ralement; la matière insoluble que cette substance livre, par une ébullition très-prolongée, contiendrait, environ cinq pour cent d'azote de plus que les analyses d’autres chimistes. Mes résultats se rapprochent des chiffres que Gay-Lussae et Thénard (Mémoires d’Arceuil) avaient trou- vés pour la fibrine elle-même. Je renvoie pour plus de dé- tails aux Comptes rendus, t. XX, p. 1437. La préparation de ces matières est difficile; aïnsi la fibrine que je prépare, d’une blancheur éclatante, dia- phane, se présente sous un aspect tel, que la plupart des (19) chimistes et physiologistes auxquéls j'en ai montré, ne la reconnaissent plus; cependant cette différence si tranchée dans les propriétés physiques ne résulte que des soins don- nés aux lavages de la fibrine obtenue en battant le sang. Je crois bien faire en décrivant les précautions à pren- dre dans la préparation de la fibrine, lorsqu'on désire lebtenir à Pétat de blancheur et de pureté parfaite. On bat le sang au sortir des veines ou des artères ; en ayant soin de ne pas toujours faire les mêmes mouvements; on peut placer la main à plat au fond du vase et lui imprimer des mouvements brusques de va-et-vient, interrompus parfois en tournant la main placée verticalement ; de façon à re- muer toute la masse de sang; quand on bat avec un balai ordinaire ou un balai formé de baguettes de verre, le mieux consiste à décrire des figures irrégulières dans la masse sanguine ; je dois avouer cependant, que je n’ai ja- mais bien pu me rendre compte pourquoi certaines fibrines se lavent bien plus facilement que d’autres, et pourquoi, . quand je bats le sang moi-même à la main, j'obtiens bien L plus souvent que d’autres personnes de la fibrine qui se pu- A rifie plas aisément. Quand on à séparé la fibrine du sérum et des globules, « en la recueillant sur un linge ow sur un tamis, il faut . rejeter toutes les portions qui restent très-rouges où qui sont agglomérées sous forme de grumeaux. Les premiers lavages peuvent se faire avec du sérum inco- _ lore où avec le sérum encore légèrement coloré en rouge, . quis’obtient lorsque les globules se déposent vite, comme 4 cela arrive très-souvent dans le sang défibriné de cheval; . on débarrasse ainsi la fibrine d’une grande quantité de glo- | bules rouges qu ’elle retient, sans déformer ces globules par | raction directe de l’eau; car, dans ce cas, l'enveloppe tégu- (20) mentaire des globules du sang, ou des globules déformés et décolorés, s’attachent à la fibrine et la souillent. | On pourrait commencer les lavages par de l’eau saturée de sels ou sucrée, mais je ne l'ai pas fait pour la fibrine qui à servi à mes analyses. Si lon se contente de laver directéninti à l’eau tiède, il faut d’abord en ajouter très-peu à la fois, exprimer forte- ment et répéter ces opérations. La fibrine, en grande partie décolorée, est lavée ensuite à l’eau ordinaire, en la déchirant brin par brin, en ou- vrant les fibres les plus grosses et en rejetant toujours celles dans lesquelles la matière colorante du sang semble adhérer avec persistance; on l’exprime très-souvent avec force pour la laisser s’imbiber d’eau ensuite. Il faut plusieurs heures de travail pour l'obtenir à cet état de blanc jaunâtre, sous NUE tous les expérimen- tateurs l'ont vue. Mais lorsque les lavages à l’eau ordinaire sont terminés, je la lave pendant plusieurs heures, quelquefois des jour- nées entières, dans de l’eau distillée, chargée d’acide car- bonique; rejetant comme impur tout ce qui resle teinté de rose ou de jaune, et continuant toujours à déchirer et ouvrir les amas de fibres. Je me suis souvent très-bien trouvé, surtout vers la fin de la préparation , lorsque je voulais simplement faire voir l'aspect physique de la matière, d'ajouter quelques gouttes d'acide acétique pur à l’eau distillée, chargée d'acide car- bonique; la fibrine se gonfle et on distingue mieux les por- tions souillées qu’on rejette. Un lavage prolongé à grande eau, soit pure, soit chargée d'acide carbonique, en enlevant l’acide acétique, lui rend ensuite la demi-transparence qui lui est particulière, ainsi que son aspect fibreux. Malgré tous ces soins, il est difficile d’avoir de la fibrine | (21) complétement débarrassée des téguments de globules de | sang ou de globules décolorés. La note et les dessins ci-joints, dus à l’obligeance de mon honorable collègue, M. Gluge, rendent, du reste, parfaitement compte de la structure de la fibrine; ils per- _ mettent d'apprécier de suite la différence qui existe entre l'organisation de la fibrine et celle de la matière solide, qu'on obtient en agitant l’albumine du blanc d'œuf. Je donne cette préparation pour justifier mes chiffres, _ qui ne sont pas généralement admis et pour engager les chimistes qui entreprendraient des analyses complètes de fibrine, d'essayer des procédés de lavages plus perfection- nés encore. J'insiste sur l’expression d'analyse complète, car 1] ne faut pas se faire illusion sur la valeur des ana- lyses des matières albuminoïdes; on n’en trouve que très- peu qui soient complètes, c’est-à-dire des analyses dans lesquelles on a dosé tous les éléments, le carbone, l'hy- drogène, l’azote, le soufre, le phosphore, le fer, les cen- dres par le dosage direct et l'oxygène par différence. Tout porte à croire cependant que nous ne pourrons bien apprécier la constitution des principes immédiats de l'organisation que lorsque nous posséderons ces données. . Je m'explique : la fibrine, lalbumine, la caséine, etc., con- tiennent du carbone, de l'azote, du phosphore, de l'oxy- gène, du soufre, de l'hydrogène et parfois du fer, quelques chimistes admettent même la présence du fer à l'état d'élé- : ment dans la fibrine. Ce que j'ai dit sur les difficultés de sa purification jette des doutes sur cette opinion; cependant on rencontre presque toujours du sulfure de fer dans les produits de la putréfaction de la fibrine. Quoi qu’il en soit, parmi les éléments que renferment les corps albuminoïdes, laissant le carbone à part, nous avons des corps apparte- pant aux mêmes familles chimiques : l'oxygène et le soufre, (2) qui ont tant d’analogie, le phosphore. et l'azote, qui ont tant de composés correspondants, l'hydrogène et le fer, que la plupart des chimistes placent dans la même famille. Or, ne serait-il pas possible que l'oxygène dans ces ma- tières fût remplacé en partie par da soufre, l’azote par le phosphore et l'hydrogène par le fer? Que pour compren- dre la véritable constitution, pour avoir une analyse réelle en un mot, il faudrait, indépendamment des cendres (sels), doser simultanément tous les éléments sur le même échan- ullon, et cela d'autant plus que les variations se renferment dans des limites restreintes ? Ces phénomènes de substitution appliqués à des corps de la même famille ou isomorphes, sont-ils possibles sous l'influence de la vie? Nous l’ignorons, mais il suffit de jeter un coup d'œil sur les dosages de soufre et de phosphore, pour être convaincu que la somme de ces éléments est assez variable, La science possède quelques analyses com- plètes; elles viennent à l'appui de lhypothèse émise, car la quantité d'azote augmente quand la proportion de soufre et de phosphore diminue; la quantité de phosphore et de soufre angmente-elle au contraire, on voit l'azote dimi- nuer à son tour. On me pardonnera ces détails, cependant ayant d’expo- ser les faits qui font l’objet de cette note, je me vois forcé de rappeler quelques faits très-bien connus, mais qui sont du domaine de la chimie minérale. Ces faits observés sur des corps bruts se lient à d’autres faits, en tout semblables jusqu'à un certain point, et qui appartiennent à l’histoire des corps qui interviennent dans les phénomènes de la vie. Lorsqu'on traite une dissolution étendue d'acide arse- nieux par l'hydrogène sulfuré, elle se colore en jaune; le sulfure d’arsenie, insoluble par lui-même, reste dissout dans la liqueur ; il suffit d’acidifier cette liqueur limpide par (25 ) un acide énergique pour qu’elle se décolore et pour que le sulfure jaune d’arsenic se précipite. Le sulfare d’arsenic précipité se dissout en très-petite quantité dans l’eau pure et.chaude, l’eau acidulée perd cette propriété dissolvante ; on sait, en outre, qu’on peut provoquer la précipitation du sulfure d’arsenic : 4° par la congélation; 2° en chauffant le liquide; 5° par l’action des acides dans l'ordre suivant : acides sulfurique, chlorhydrique, azotique, oxalique, acé- tique, tartrique; l'acide carbonique lui-même semble agir de la même façon; 4° quelques sels produisent la même action, le sel ammoniac, le nitrate de potasse, le sulfate _ de soude, le sulfate de magnésie. On connaît plusieurs faits de cette nature, la précipita- tion de l'iodure d’amidon par les sels, etc., etc. IL semble done qu’une modification quelconque dans les propriétés physiques des liqueurs peut produire la précipi- tation d’un corps insoluble par lui-même, mais qui jouit de la propriété de se maintenir en dissolution ou de simu- ler la dissolution parfaite, s’il prend naissance dans cer- tains liquides. | Nous savons que quelques précipités ne se forment que lentement, et cependant ils apparaissent à l'instant, si l’on agite les liqueurs ; quelques corps ne cristallisent pas sous une couche alcaline, le phosphore, par exemple; maisqu'on secoue le vase, qu’on touche le phosphore liquide avec une baguette de verre, à l'instant il se solidifie et s'échauffe par conséquent. Quelques dissolutions ne cristallisent pas à l'abri du contact de l’air, le sulfate de soude. L'eau descend à plusieurs degrés sous 0° sans se solidi- fier ; il suflit de l’agiter pour qu’elle se solidifie à l'instant en s'échauffant. Il résulte de ces faits que de simples modifications phy- siques dans les liquides provoquent les dépôts de préci- (24) pités; que des ébranlements peuvent agir de la même façon et déterminer la eristallisation, la solidification des ma- tières dissoutes ou liquides. | En poussant les conséquences à l'extrême, on est tenté de se demander si, par ébranlement, agitation, etc., provoquant la cristallisation, on ne doit pas comprendre aussi les mouvements qui résultent de la gravilation uni- verselle? Comment la matière se comporterait-elle si elle élait au repos absolu ? Voyons maintenant si nous avons des faits analogues dans les phénomènes qui sont du domaine de la chimie animale ou végétale. Comment expliquer la coagulation de la fibrine par le battage du sang, si l’on n’admet pas que l'agitation pro- duite en battant le sang intervient dans le phénomène? Ne sait-on pas que plusieurs expérimentateurs ont trouvé des différences dans les résultats du dosage de la fibrine, d’après la manière dont le sang était battu? Les uns admettent que la quantité de fibrine augmente par l'agitation; les autres, au contraire, disent qu'elle diminue. La température intervient à tel point, qu'on peut par le refroidissement empêcher la coagulation spontanée pen- dant longtemps; mais elle intervient aussi dans la sépa- ration de la fibrine pendant le battage du sang. On doit sans aucun doute tenir compte de la présence dans le sang dont on veut extraire la fibrine, des sels ou des matières qui peuvent en modifier la constitution phy- sique, au point de le rendre plus ou moins facilement coagulable. Or, lorsqu'on examine les sels ou les matières qui interviennent pour hâter ou retarder la coagulation, il est très-difiicile d'expliquer le phénomène, autrement que par une action purement physique, comme, dans le cas du sulfure d’arsenic. (25) L’albumine soluble soumise à l’influence de l'agitation, peut non-seulement se transformer en un corps insoluble, mais présenter un aspect parfaitement organisé. Cette forme nouvelle, elle l’acquiert sous l'influence de l’agita- tion, des chocs, du mouvement en un mot. On voit de suite quel appui des expériences de ce genre donnent aux hypothèses des physiologistes qui pensent que l’organisation, soit végétale, soit animale, au point de vue de la forme bien entendu, est un phénomène RE A à la cristallisation. Ne doit-on pas chercher à rassembler le plus de faits - possibles dans cette direction et bien déterminer toutes les circonstances dans lesquelles ils se présentent? Peut- être ces faits, bien étudiés, nous permettront-ils de nous rendre compte de la formation des tissus et nous met- tront-ils sur la voie de leur reproduction artificielle. Nous devrons les progrès des sciences qui se rattachent aux phénomènes de la vie, aux efforts qui auront pour but de se rendre compte des transformations que subissent les matières azotées de l’organisation, sous l'influence de toutes les forces physiques et chimiques réunies; mais n'oublions pas ici qu’il faudra étudier ces transformations en tenant compte de toutes les circonstances qui peuvent modifier les effets physiques et l’affinité chimique. Quoi qu’il en soit, je pense que les expériences dont il me reste mainienant à donner un très-court aperçu à l’'A- cadémie, méritent d’être publiées sous forme de note; j'espère pouvoir donner les développements plus tard. Le travail analytique, très-délicat et très-long, nous donnera la clef des actions étudiées; mais ce que je désire mon- trer, c'est l’analogie possible ou probable entre les faits cités pour certains phénomènes de la chimie inorganique (26) el ceux qui s'observent dans mes expériences sur l’albu- mine. On sait que plusieurs acides faibles ne précipitent pas l’albumine de ses dissolutions; mes expériences portent surtout sur l'acide phosphorique trihydraté et l'acide acé- tique; il n’en est plus de même dès l'instant que l’albu- mine se trouve en présence de sels qui semblent n’avoir aucune action chimique apparente sur elle; les réactions changent , car l’acide acétique ainsi que l'acide phosphori- que à trois équivalents de base, voire même quelques phos- phates acides la précipitent plus ou moins complétement. Je ne connais qu’un seul cas où l’albumine soit préci- pitable par l'acide acétique, c’est lorsqu'elle est acidifiée par l'acide sulfurique dans le composé soluble désigné par Berzelius sous le nom de sulfate d’albumine; quant à l'action de lacide acétique sur l’albumine pure obtenue par le procédé de M. Wurtz, elle diffère complétement de celles dont il sera question plus loin. Voici maintenant comment je prépare des dissolutions d'albumine salée : on délaie du blanc d'œuf dans son vo- lume d’eau, on le filtre; c’est la dissolution normale d’al- bumine, d’une densité de 1020 environ; on sature le liquide filtré par les sels, en les ajoutant en excès dans le liquide albumineux; puis on filtre une seconde fois pour séparer l'excès de sel. Je désigne sous le nom d’albumine normale saturée , le liquide provenant de cette seconde fil- tration; l’alluminée normale saturée de sel marin possède une densité de 4200 environ. Mes expériences ont été faites avec presque tous les sels qui sont sans action apparente sur l’albumine, ainsi que sur ceux qui commencent par la précipiter , mais dont les précipités sont solubles, soit dans un excès d’albumine, Te je Sos (27) soit dans un excès de sel; pour quelques sels de baryte de chaux, de magnésie et d’ammoniaque, ete., on doit laisser l'albumine en excès, car en saturant, on la précipite par ces sels, s'ils ont été ajoutés en excès; quand on veut exa- miner les réactions dans ce cas, on ajoute petit à petit la dissolution d’albumine normale jusqu’à ce qu'on obtienne la dissolution du précipité préalablement formé. : Je ne me prononce pas sur la nature des précipités ob- tenus; mais il paraîtra évident que l’on doit, dans la plu- part des cas, admettre que l’albumine n’est précipitée que L par suite d’une disposition physique particulière du li- quide; que si quelquefois les précipités n'apparaissent pas de suite, dans de liqueurs étendues, par exemple, lagita- tion peut troubler ces liqueurs, comme cela se fait pour Ja précipitation, la cristallisation, la solidification, en un mot, des corps bruts, l’eau , le sulfate de soude, le phos- phore, etc. Je ne crois pas devoir donner toutes les réactions de l’albumine normale saturée de sels, ni décrire toutes les dissolutions salées que j'ai employées; il me semble pré- férable de ne donner que le résumé des réactions prinei- pales. L’acide phosphorique tribasique précipite l'albumine normale saturée de sels; quelques sels, entre autres le borax , le phosphate de soude, l’acétate de soude, l’acé- tate de potasse, font cependant exception à cette règle; mais en agitant le liquide avec une baguette, on le voit se troubler lentement par l’action mécanique. Les dissolutions d’albumine avec d’autres sels sont tou- tes précipitées par l’acide phosphorique; ces précipités se dissolvent dans un excès d’acide phosphorique ; la présence des sels permet donc de faire, avec l’albumine et l'acide (2) phosphorique trihydraté, une expérience pour laquelle il faut, avec l’albumine normale, l'acide phosphorique mo- nohydraté, qui la précipite et l'acide trihydraté qui dissout le précipité formé. Les précipités se présentent sous la forme granulée. Les phosphates acides agissent en en comme l'acide phosphorique. L’acide acétique précipite l’albumine saturée de sels, le précipité formé ne se redissout pas sensiblement mnt un excès d'acide acétique. D’après la nature du sel, la concentration, etc., on obtient des précipités granulés ou bien floconneux et s’a- glomérant; ces précipités sont souvent solubles dans l'acide phosphorique trihydraté s'ils sont granuleux; à l’état flo- conneux, ils ne se dissolvent pas ou très-peu. : Quand un précipité formé par l'acide acétique ou par l'acide phosphorique, a été dissous par ce dernier, l'acide acétique en excès le fait souvent réapparaître. Les précipités formés par l’acide acétique en excès dans l’albumine saturée de sels sont, en général, insolubles dans l’alcoo! , l’éther, les huiles, l’eau froide ou chaude, lammo- niaque à chaud ou à froid, dans la potasse caustique à froid, à chaud cette base les décompose. Les acides énergiques les attaquent, l'acide chlorhydrique concentré donne, après quelque temps de contact, la coloration violacée qu’il pro- duit avec l’albumine, la caseine et la fibrine. On sait que le sublimé précipite l’albumine naturelle; ce précipité est soluble dans un excès de sel, dans l’albu- mine, dans le sel marin, ete.; il était facile à prévoir que le sublimé ne précipiterait plus lPalbumine quand celle-ci serait saturée par des chlorures, bromures et iodures, alca- lins; mais il produit toujours un trouble dans les chlorures (2) des terres alcalines lorsqu'on l’emploie en excès; en gé- néral ce précipité est facilement soluble dans un excès d’albumine saturée. Si, dans le mélange d’albumine saturée de sel marin et de sublimé, on ajoute de l'acide phosphorique, il se forme un précipité qu'un excès d'acide redissout; avec l'acide ‘acétique il se forme encore un précipité, mais un excès d'acide ne dissout pas le précipité formé. . Le sublimé précipite l’albumine en dissolution dans beaucoup d’autres sels, le phosphate, le sulfate, l’azotate de soude, le nitrate de potasse, le borax, le sulfate de po- lasse, etc…..; ces précipités sont souvent solubles dans un excès d’albumine saturée. de sel; l’acide phosphorique, l’'ammoniaque, la potasse, les dissolvent; un excès d'acide acétique précipite toujours ces dissolutions, de façon à former un précipité permanent. Les bases en général agissent sur les dissolutions d’ai- bumine saturée de sels, comme sur l’albumine normale; il est bien entendu qu'on doit tenir compte de la compo- sition des sels, les bases fortes, solubles, déplaçant les bases insolubles ou volatiles. L'alcool, l’éther , l'essence de térébenthine, la créosote agissent sensiblement de la même façon sur les dissolu- tions d’albumine saturées de sels et d’albumine naturelle normale. En général, les acides donnent des précipités, ou trou- blent les dissolutions étendues d’albumine saturée de sel plus facilement et plus visiblement que si l’on emploie des dissolutions d’albumine normale, étendues du même vo- lume d’eau. Le chlore, le brome, l'iode, n’agissent pas toujours de la même manière; parfois le précipité se forme plus vite (50) et plus facilement dans l’albumine saturée; d'autre fois, au contraire, il semble retardé. Il résulte de ces faits, qu’en présence de sels, lalbumine présente des réactions particulières : 1° Elle est rendue insoluble par des corps qui ne la précipitent pas; ces réactions sont encore très-sensibles avec des liqueurs étendues ; > Elle peut se redissoudre dans le corps qui Pa préei- pitée; souvent l'acide phosphorique dissout le précipité formé par l'acide acétique faible et non ajouté en excès; 3° Elle n’est pas précipitée par des corps qui la préci- pitent ordinairement ; 4 Le précipité formé par l’acide acétique dans Palbu- mine salée est insoluble dans lamoniaque à froid , à chaud, insoluble dans la potasse concentrée à froid, insoluble dans l'alcool bouillant, dans l’eau. Si la précipitation de l’albumine par Jacide acétique , dans les liquides salés peut, jusqu’à un certain point, faire confondre cette matière avec la caséine, au moins, cette confusion est-elle facile à éviter, comme l'ont fait MM. Guil- lot et Le Blanc, dans leur travail sur la présence de la caséine dans le sang. H' est évident que, pour arriver à des données irrécusa- bles, il faudra répéter toutes ces expériences avec de lal- bumine pure non mélangée des sels qu'on rencontre dans le blanc d'œuf ou le sérum. On voit que ces résultats auraient, 1l y a quelques années, présenté un intérêt particulier dans la discussion des transformations des matières azotées; car ils détrui- sent en partie l'objection qu’on avait faite à M. Denis, lors- qu’il soutenait avoir transformé la fibrine en albumine en faisant digérer la fibrine encore humide avee du nitre et de la soude; on objectait que le corps formé dans la réaction Rs me dl + . (51) n'était pas de Palbumine, parce qu'il était précipitable par l'acide acétique; or, le nitre ajouté à l’atbumine, soit | dublane de l'œuf, soit du sérum, la rend précipitable non- seulement par lPaeide acétique, mais même par lacide | phosphorique tribasique. M. Wurtz a parfaitement établi la présence de Palbu- mine dans les produits de la putréfaction de la fibrine; j'ai, de mon côté, examiné les produits solubles de la fibrine putréfiée; on y rencontre souvent un corps précipitable par l'acide acétique, soluble dans un excès de réactif; ïl paraîtrait donc que la fibrine peut se convertir aussi en caséiné. M. Gluge avait depuis longtemps " fait une observation analogue. Si dans ces phénomènes dè précipitation et de dissolu- tion de l’albumine par les réactifs, quelques-uns doivent être attribués à des actions chimiques, il est incontestable que la constitution physique des liquides intervient, comme cela se présente pour le sulfure d’arsenie, etc. Comment expliquer d’une autre façon l'intervention des sels? Comment comprendre autrement cette précipitation | provoquée par des corps qui ne précipitent pas Palbumine? Il y à une expérience curieuse, du reste, qui vient à l'appui de cette hypothèse. On étend la dissolution nor- male d'albumine saturée de sel marin par de l'eau dis- tillée, jusqu’à ce que l'acide acétique ne la précipite plus directement; on précipite, au contraire, la même quantité de dissolution normale saturée de sel marin par l’acide acétique, et on ajoute après la précipitation une quantité d'eau distillée, égale à celle qui avait servi à étendre la première dissolution; dans ce second cas, le précipité, loin de se dissoudre dans la quantité d’eau qui empêche de se former dans le premier, ne se dissout plus. (52) Si, d’après les expériences qui précèdent, je suis porté à admettre que la constitution physique particulière des liquides intervient dans la précipitation de l’albumine, celles qui suivent ne peuvent laisser le moindre doute sur l'intervention de l'agitation. Quelquefois les liquides très-étendus mélangés restent limpides, vient-on à les battre avec une baguette de verre, il se troublent; on voit bientôt des parcelles fibreuses se former sous l'influence de l'agitation; au microscope, elles apparaissent sous des formes fibreuses très-nettement or- ganisées. Ces fibres, se juxtaposant et se feutrant, donnent naissance à de véritables membranes. On à donc un phé- nomène comparable à la production des précipités miné- raux sous l’influence de l'agitation. La théorie de la préparation des œufs à la neige, de la mayonnaise, eût sans doute conduit à tous mes résultats. Ces phénomènes ont du être observés par les chimistes ‘ qui se sont occupés de l’albumine; il est étonnant qu’au- cun d'eux n'en fasse mention ; quoi qu’il en soit, quand je crus m'apercevoir que l'agitation seule précipitait l’albu- mine, la rendait insoluble, je fus amené à observer atten- tivement ce qui se passe lorsqu'on fouette du blanc d'œuf naturel ou salé, mais parfaitement filtré et limpide avant le battage. Pour obtenir une dissolution très-limpide, soit d’albu- mine normale, soit d’albumine salée, il faut prendre quelques précautions, le bec de l’entonnoir doit toucher le fond ou les parois du vase destiné à recueillir le pro- duit albumineux filtré; si au sortir du bec de l’enton- noir, les goultes tombent d’une certaine hauteur, on voit la dissolution limpide surnagée d’une ou de plusieurs membranes plus ou moins développées autour de la place (5%) où la goutte de liquide filtré tombe. Ces membranes étant si nettement organisées, j'attribuai leur présence au pas- sage de cellules du blanc d'œuf au travers les pores du filtre; je fus bientôt détrompé. En faisant passer un courant d'air dans une dissolution d'albumine normale salée, mais assez étendue pour que la mousse ne sorte pas de l'éprouvelte, je vis cette mousse se transformer en un corps solide, insoluble dans l'ammonia- que, la potasse, l’eau, les acides étendus. Ce corps était organisé. Je me fis de suite deux objections, la dessiccation pro- duite par le courant d'air, l’action de l'oxygène sur l'al- bumine pouvaient compliquer le phénomène. La première fut levée en saturant de vapeur d’eau l'air destiné à produire le barbotement; le même corps se pro- duisit avec un gaz qui ne pouvait enlever l’eau à la mousse produite. Je crus avoir levé les deux objections à la fois en enfermant une dissolution d’albumine normale saturée de sel marin et étendue de 2 fois son volume d'eau, dans un flacon à l'émeri parfaitement bouché. Après 24 heures de secousses imprimées au flacon, il s'était produit une _ quantité très-considérable de matière insoluble. L'air du flacon était resté sensiblement intact; or, dans ce-cas, l’évaporation était impossible. On reconnaissait, du reste, parfaitement des fibres organisées et des granulations dans la matière insoluble. | Bien que cette expérience me parût concluante, je vou- lus cependant essayer un gaz inerte, J’employai l’hydro- gène purifié par la potasse caustique, mais saturé d’eau :L avant de passer dans la dissolution albumineuse; l’expé- | rience réussit parfaitement. Comme l'air déplacé de l’eau + par l'hydrogène pouvait intervenir, je fus conduit à l’ex- | Tome, xvui, 5. (54) périence suivante, parce qué la membrane se formait très- lentement et qu'on aurait pu attribuer sa formation à la présence de la petite quantité d'air qui PAR souiller l'hydrogène. Un grand flacon de Woulf portail à une de ses dtobne lures un tube recourbé à deux branches; la première, ter- minée par un robinet, permettait d'envoyer l'hydrogène dans lès appareils de purification et ensuite dans la ma- tière; la seconde branche, munie d’un bouchon, permettait de laisser perdre l'hydrogène au besoin. L'hydrogène puri- fié par la méthode employée par M. Dumas , était saturé de vapeur d'eau en passant sur une longue colonne dé-ponce mouillée; de là il passait dans la dissolution, au sortir de laquelle il était séparé de l'air en traversant une couche d'eau. Chaque fois qu'on changeait l’eau du flacon généra- teur de l'hydrogène, on laissait perdre beaucoup de gaz; on ne permettait le barbotement que lorsqu'on pouvait supposer l'air entièremént déplacé. L'expérience réussit encore dans ces Conditions. Je pris beaucoup moïns de précaution en essayant l’a- cide carbonique; je me contentai de le laver dans de l’eau tenant du marbre en suspension, ou bien sur uné longue colonne de bicarbonate de soude sec; les membranes se formèrent parfaitement; en empêchant la formation abon- danté dé la mousse et faisant surnager le liquidé albumi- neux par une forte couche d'huile, l’albamine fut encore renduë insoluble. As Je dois avouer franchement que lors de ces premières observations, soit chimiques, soit microscopiques, je. ne cessai dé jeter du doute sur la réalité de mes expériences. Comment concevoir que des mouvements, des secousses, de simples barbotements de gaz à travers les dissolutions | d’albumine soient capables d'amener non-seulément des ———" "om + mt He ÿ In AU ii (55 ) changements physiques et chimiques, mais qu'ils puissent même nous la présenter sous une forme organisée analo- gue à celle de certains tissus vivants ? Et cependant je ne trouve pas AR explications plausibles. L'expérience suivante tranche quelques objections en- core. . Je desséchai au vide sec, imparfait toutefois, pour ne pas faire trop fortement mousser la liqueur, une dissolution d'albumine normale saturée de sel marin. Je finis par la maintenir pendant plusieurs jours au vide parfait et sec. La dessiccation était complète; le sel marin avait complé- tement cristallisé. Reprise par l’eau, cette masse se dissolva en entier et livra une membrane volumineuse et très-belle sous l'influence d’un courant d'acide carbonique. De lalbumine normale, saturée de plusieurs sels, aban- donnée à l'air se dessèche, le tout se redissoutensuite dans l'eau; 1l suffit très-souvent de prendre une partie de cette dissolution parfaitement limpide et de la battre pendant quelques instants avec une baguette de verre, pour la voir : se troubler et donner de petites membranes __. | organisées. Toutes les objections me semblaient levées; il ne me restait plus qu'à prouver que l’albumine se solidifie, se dédouble , change de nature en un mot, en opérant les se- cousses dans le vide. J'introduisis des dissolutions limpides d'albumine nor- . male ou d'albumine normale saturée de sels, mais parfois | étendues d’eau, dans des ballons et dans des tubes effilés . mis en communication avec la machine pneumatique; | après avoir extrait tout l'air, on faisait bouillir les dissolu- _ tions pendant quelque temps en continuant à faire le vide; || puis on bouchait la partie effilée à la lampe. On obtenait (56) ainsi un marteau d’eau très-parfait au môyen de la dissolu- tion albumineuse. La dissolution, limpide d’abord, se trou- blait déjà après quelques secousses, la quantité de précipité formée:et dpparente était, on peut le dire, en-raison du non re de Secousses ou mouvements imprimés à l'appareil ‘'après ce qui précède, il: parait démontré que l'albu-: mine se solidifie par une Sitple agitation de sa dissolu- tion; si, dans la plupart des cas, la matière solidifiée se présente sous la forme d’un tissu organisé, il faut ajouter de suite que, d’après les conditions diflérentes dans les- quelles on se place, cette forme subit quelques moditica- tions, soit par la manière dont les secousses sont données, soit par la nature du gaz, et même par la nature de la dissolution, sa densité, son contenu en sels divers ou matières organiques , par l’état de saturation du liquide, qui peut être neutre , alcalin ou acide, par la tempéra- ture, etc., etc. Ces premières expériences doivent donc non-seulement être répétées, mais variées en variant les conditions elles- mêmes ; ainsi l'aspect des membranes change en les pré- parant dans des liquides préalablement troublés par des réactifs, ou bien dans lesquels on provoque la formation de précipités granulés pendant leur formation. Mon illustre collègue M. Gluge a bien voulu se charger de compléter mes observations miserocopiques ; voici, du reste, la note qu’il m’a remise à ce sujet : « L'étude des changements que les matières albuminoïdes » subissent dans leur forme sous l'influence des agents physiques » et chimiques, pourra seule nous mettre sur la voie pour déter- » miner les conditions qui interviennent dans la transforma- » tion de ces substances en tissus. Je me contenterai, pour le Tome XVII, 2 “part. p.86, T Vandomaduetes. et. Tissu cellulaire sfiael et fibrine. (57) » moment, de constater les points résultant de l'observation Ë y» y y We Vo r g-N N+y microscopique de l'albumine solidifiée et de la fibrine prépa- rée par les procédés de M. Melsens. » L’albumine du blanc de l'œuf solidifiée pa* des actions mé- caniques ressemble aux fausses membranes et même aux sé- reuses. Elle se présente sous la forme de membranes couvertes de granulations de 1/2 à 4 millimètre de diamètre, blanches, demi-transparentes, épaisses de 1/4 à 1/2 millimètre, assez élas- tiques. : » Avec un grossissement de 300 fois, on distingue une sub- stance armorphe finement ponctuée, dans laquelle se trouvent des fibres , tantôt isolées, tantôt réunies en faisceaux, cylindri- ques ou aplaties, ondulées ou droites, semblables aux fibres du tissu cellulaire, le plus souvent faciles à isoler et élasti- ques (fig. 1). Leur diamètre varie de 1/00 à 1/100 de millimètre; rarement on voit des fibres analogues aux bandes cylindriques, larges et très-transparentes, qu'on rencontre si souvent dans la fibrine (fig. I, a). » Au milieu de ces faisceaux fibreux, on voit lesgranulations (x) composées de petits globules de 1/100 à 1/00 de millimètre et » renfermant quelques bulles d'air. Ces globules sont quelquefois très-régulièrement groupés, et forment alors des masses arron- dies (fig. 1, x). » L'aspect fibreux de l'albumine solidifiée diffère de celui que possède l’albumine transformée en pellicules minces opaques , beaucoup moins élastiques, obtenues par le procédé Ascherson {mélange d'huile et d'albumine). Ces dernières présentent des plis, et non des fibres, aussi développées que les premières ; elles sont plutôt formées par de très-petits grains (fig. HI). » Je ferai remarquer encore que les fibres observées par Du- trochet dans l’albumine coagulée par l'action de la pile, diffè- rent entièrement des fibres mentionnées ; ce ne sont que des bandes plus ou moins larges, irrégulières et granulées, for- mées de molécules irrégulières ou arrondies. On sait que Du- ( 58 ) trochet les croyait de nature musculaire, mais qu'il revint plus » tard de son erreur. Du reste, l'albumine coagulée qu’on obtient ÿ LA ainsi forme des flocons et non des membranes. » J'ai examiné plusieurs préparations différentes d'albumine solidifiée par notré collègue. Sans entrer dans trop de détails pour le moment, je me contente de noter encore quelques particularités. » L’albumine solidifiée qu'on obtient par des secousses dans le vide en faisant un marteau d’eau avec des dissolutions albumineuses, est formée de grains floconneux; on y trouve des fibres, mais la matière amorphe ou finement granulée pre- domine. Le diamètre des plus petites de ces granulations varie de !/s° à 1/os° de millimètre. Elles sont presque sphériques et formées uniquement de petites molécules assez distinctes, irrégulières ou arrondies et réunies ensemble par une sub- stance amorphe. » La dissolution normale d’albumine se distingue par ses membranes très-transparentes, imitant parfaitement les fai- sceaux ét les fibres du tissu cellulaire, et formant des aréoles comme ce dernier. | » Dans l’albumine normale saturée de sel marin, on rencontre des flocons d'un blanc jaune, très-mous, sans élasticité; ils sont formés de membranes opaques, amorphes, ou composés de fibres cylindriques, isolées ou réunies en faisceaux; ces » fibres sont très-fines, ondulées et de !/600 de millimètre. » L'albumine normale saturée de sel marin étendu d’eau, mais troublée légèrement par un mélange d'acides phosphori- que et acétique, forme des membranes comme celles dessinées (fig. X); seulement on y remarque des agglomérations très- remarquables des globules albuminoïdes de 1/100 à ‘/2s de mil- limètre, rappelant la forme des globules agglomérés, sem- blables à des mûres (globules composés, globules granuleux), quoique imparfaitement. LE p ‘À 5, ; à À W pus 1 ï Lx ; j de, \ ES # He Ci nt, SR RER S RE — . £ nE - : % » » » » »" » » ne (3% ) Fe La fibrine obtenue par le procédé de M. Melsens ne res- semble en rien à celle due aux procédés ordinaires. Ce sont des filaments cylindriques ou aplatis, formant un lacis membra- neux,. doués d'une plus grande élasticité que l'albumine soli- difiée, très-blancs, et qui se présentent au microscope avec un aspect quelquefois très-variable. Tantôt on distingue seu- lement des molécules formant un lacis irrégulier de stries , et renfermant de globules de sang décolorés (dont on recon- naît toujours une certaine quantité, même dans la fibrine la mieux préparée), tantôt ce sont des fibres fusiformes ou des stries réunies à la forme précédente ; tantôt enfin, on trouve des fibres rappelant la structure du tissu tendineux, la forme .ondulée de ses faisceaux et la structure de certaines tumeurs fibreuses à fibres fusiformes. Les figures IV, a, b, c, repré- sentent. les formes dans l’ordre dans lequel je viens de les dé- crire, vues avec un grossissement de 400 fois. (a b) provient du sang artériel du même chien et de la même préparation. Il est donc évident qu'une action mécanique dans la préparation du sang a pu seule déterminer cet aspect différent. La ji- gure IV, e, représente la fibrine qui provient du sang veineux du cheval : les troïs figures sont loin de reproduire toutes les formes que l’action mécanique peut faire prendre à la fibrine. _Jé me propose de revenir plus tard sur ce sujet, en décrivant la fibrine obtenue d’après les différents procédés employés par notre honorable confrère. .» Par la décomposition, la fibrine se liquéfie de nouveau et forme un liquide d’un gris noirâtre et sale, dans lequel se trouvent une quantité considérable de petits globules albumi- noïdes et des globules de graisse; l'acide azotique détermine un précipité considérable que l'acide acétique redissout. Les globules qui résultent de la décomposition de la fibrine sont semblables à ceux de l'albumine décomposée représentés fig. IL. » L'acide acétique gonfle la fibrine, la transforme en une substance gélatineuse vitreuse, et fait disparaître ses fibres (40) » parce que la masse devient transparente et semblable au » cristallin; mais les fibres reparaissent en ajoutant de l'acide » azotique. » J'ai cherché à former des membranes ou à solidifier l'albumine prise dans différents liquides albumineux re- tirés des animaux et des végétaux. On ne réussit pas avec l’albumine du sang, soit que celui-ci ait été abandonné à la coagulation spontanée, soit qu'il ait été battu pour en séparer la fibrine. Cette expé- rience tendrait à faire admettre l'existence de plusieurs matières coagulables par la chaleur, et peut-être même à supposer que, dans le blane d'œuf, l’albumine se. trouve à cet état coulant particulier que la fibrine affecte dans le sang. On sait que l’éther se comporte différemment avec le sérum et l’albumine du blanc d'œuf; M. Wurtz n’a jamais pu préparer convenablement lalbumine pure en em- ployant le sérum du sang. Il est très-étonnant de voir l'albumine du sang donner des résultats négatifs, cependant ces expériences sont remarquables, en ce sens que si l’on admettait que la mousse, qui se forme par l'agitation, intervient nécessai- rement dans le phénomène, l’objection tomberait, car le sérum mousse aussi fortement que le blanc d'œuf. L'expérience ne réussit pas avec la vitelline impure, même souillée d'albumine, c’est-à-dire du jaune d'œuf délayé dans l’eau. Le mélange des matières albumineuses coagulables par la chaleur provenant de la putréfaction de la fibrine, reste d’une transparence parfaite après une agitation très-pro-. longée. | Si on ne réussit pas à provoquer la formation de mem- (#1) branes avec les liqueurs albumineuses que je viens de citer au moins, lorsqu'on les sature de différents sels, elles précipitent abondamment par l'acide acétique, etc. Soumises aux chocs dans les mêmes conditions, la li- queur spermatique préalablement délayée dans l’eau et filtrée ne se trouble pas. Avant de terminer, il me reste une dernière observation à faire. La transformation de l’albumine en un corps insoluble organisé résulte-t-elle d’un état isomérique ? Est-elle la conséquence d’un dédoublement de cette matière en plusieurs matières nouvelles? L'expérience seule décidera ces questions; en attendant, qu'on me permette de donner au corps nouveau que j'ai découvert, un nom qui n’entraîne à aucune hypothèse, qui à l'avantage de rappeler la structure organisée de la matière en rappelant ses principales propriétés; je le nom- merai donc, tissu cellulaire artificiel. Quelques propriétés descriptives des surfaces gauches du second degré démontrées par la géométrie; par J.-B. Bras- seur , professeur à l’Université de Liége, correspondant de l’Académie. Théorème 17. — Les milieux de toutes les cordes paral- lôles à une direction quelconque et inscrites à un hyperbo- loïde à une nappe, sont dans un méme plan, appelé plan diamétra. | Démonstration. — Des deux systèmes de droites dont l’hyperboloïde est composé, nous donnerons aux unes le (42) nom de génératrices directes, et aux autres le nom de gé- nératrices inverses; en rappelant que deux génératrices de même nom ne sont jamais dans un même plan, et que deux génératrices de noms différents sont au contraire toujours dans un même plan; enfin que tout plan, mené par une génératrice directe, coupe la surface suivant une génératrice inverse, et réciproquement. Désignons par G, G’, G”, ete., toutes les génératrices directes de l’hyperboloïde à une nappe; par chacune de ces génératrices, menons un plan parallèle à une même droite quelconque D, tous ces plans couperont la surface respec- tivement suivant les génératrices inverses g, g’, g”, etc.; de plus , trois quelconques de tous ces plans ne peuvent pas être parallèles entre eux, sans quoi la surface proposée serait un paraboloïde hyperbolique, dont nous parlerons plus loin. Dans les angles formés par G et g, par G’ et g’, par G”’ et g”,etc., inscrivons toutes les droites parallèles à D; ce seront autant de cordes parallèles, inscrites à la surface proposée; et toutes les cordes inscrites dans un même de ces angles auront leurs milieux sur une même droite pas- sant par le sommet de cet angle. Cela posé, Désignons par d, d’, d”, etc., les droites qui passent par les milieux des cordes inscrites, respectivement dans ft AN ON les angles Gg, G'g’, G’g”, etc. Pour établir la propriété énoncée, il suffit de prouver que toutes ces droites d, d’, d'', etc., sont dans un même plan; or, cela aura lieu si deux quelconques de ces droites, par exemple d et d’, se rencontrent toujours; ce que nous allons prouver. Le plan qui passe par G et g et celui qui passe par G et g sont deux plans parallèles à la droite D et qui se PER TERRE | (45 ) coupent suivant une droite parallèle à D. Cette droite d'in- tersection doit passer par les points de rencontre de G avec g'-et de G’ avec g; elle est donc une corde, inscrite à la fois dans l’angle Gy et dans lPangle É': les deux droites d, d', dont chacune doit passer par le point milieu de cette corde commune, se coupent donc en ce point milieu ; e. q. f. d. Il reste à faire remarquer que toutes les droites d, d', d”’, elc., ne peuvent pas se rencontrer en un seul point. Au moyen de ce théorème, on peut démontrer les sui- _ Yants. Théorème IL. — Les points de contact de tous les plans, parallèles à une méme droite, et tangents à un hyperboloïde à une nappe, sont dans un méme plan; autrement, tout cylindre cireonscrit à un hyperboloïde à une nappe touche celui-ci suivant une courbe plane. Démonstration. — Le plan qui passe par G et g est un plan tangent dont le point de contact coïncide avec le point d’intersection de G avec g. De même le plan qui passe par G et g' est un plan tangent dont le point de contact est au point d'intersection de G avec g'; et il en est de même des plans menés par G”, g”, etc.; tous ces plans tangents ont donc leurs points de contact respectivement A AU A A aux sommets des angles Gg, G'g’ et G''g”, etc. Or tous ces points de contact sont situés dans un même plan, puisque les droites d, d’, d”, etc., qui passent res- pectivement par les sommets de ces mêmes angles, sont dans un même plan; c. q. f. d. (44) Théorème IT. — Si la courbe d'entrée d'un cylindre dans un hyperboloïde à une nappe est une courbe plane, la courbe de sortie sera plane également. Démonstration. — En ne considérant des génératrices du cylindre que les portions comprises par la surface, ces génératrices constituent un système de cordes parallèles, inscrites à la surface. Les milieux de toutes ces cordes élant dans un même plan (théorème I), et l’une de leurs extrémités étant aussi, par hypothèse, dans un même plan (le plan de la courbe d'entrée), il en résulte que les autres extrémités de ces mêmes cordes doivent se trouver dans un même troisième plan (le plan de la courbe de sortie). Théorème IV. — Les projections horizontales de toutes les génératrices d'un hyperboloïde à une nappe, de quelque manière que celui-ci soit placé par rapport au plan horizon- tal de projection, sont tangentes à une même courbe du second degré. Démonstration.— Si, par toutes les génératrices directes, nous menons des plans verticaux, les traces de ces plans seront les projections de ces génératrices. Ces mêmes plans sont tous tangents à l'hyperboloïde, et leurs points de con- tact, situés dans un même plan (théorème IT), forment une section plane de l'hyperboloïde, done une courbe C du second degré, dont la projection C’ est encore une courbe du même degré. | Le plan de la courbe C coupe chaque plan tangent, suivant une tangente à la courbe C, et cette tangente se (#4) projette dans la trace du plan tangent. Cette trace est donc tangente à la courbe C’ (car si une droite est tan- gente à une courbe, la projection de la tangente est aussi tangente à la projection de la courbe). De là résulte que les traces de tous les plans tangents, c'est-à-dire les projections de toutes les génératrices sont toutes tangentes à la courbe C’, projection de C. De la même manière on prouve que les projections de toutes les génératrices inverses sont tangentes à la même courbe C’. | Tous ces théorèmes ont lieu pour le paraboloïde hyper- bolique et se démontrent de la même manière; seulement, pour démontrer le premier théorème, la droite D, à la- quelle toutes les cordes inscrites à la surface sont paral- lèles, ne doit être parallèle à aucun des deux plans direc- teurs du paraboloïde; car de telles cordes ne peuvent rencontrer le paraboloïde qu’en un seul point, l’autre point de rencontre est à l'infini. Application. — D'après ce dernier théorème, pour dé- montrer qu'un système de droites, tracées suivant une certaine loi sur un plan, sont toutes tangentes à une même section conique, il suflira de faire voir que ces droites peuvent être considérées comme les projections de toutes génératrices d'un hyperboloïde à uné nappe, ou d’un para- boloïde hyperbolique. Nous nous contenterons de citer comme exemple le théorème suivant : Théorème V. — Deux droites tracées sur un plan, élant divisées en un nombre quelconque de parties respectivement proportionnelles, les deux droites proposées et les droites qui relient les points de division qui se correspondent, deux à (46) deux, Sur les deux droites proposées, sont toutes tangentes à une même courbe du second degré. | Le théorème existe encore, si les deux droites proposées sont les perspectives de deux autres droites divisées en par- {ies respectivement proporlionnelles. Démonstration. — Soient abcd, etc., a'b'c'd’, etc., les déux droites proposées, divisées de manière qu'on ait la proportion : ab: ab —=bc: bc = cd:c'd =; etc. En considérant ces deux droites comme les projections de deux droites de l’espace, si nous donnons aux deux points projetés en a, a’ une même cote quelconque x, et aux deux points projetés en b, b' une même cote quelconque B, on fera voir facilement que deux points, projetés en deux points correspondants quelconques €, c', ont également même cote. De la résulte que les droites aa’, bb’, cc’, etc., sont les projections de toutes horizontales qui s’appuient sur les deux droites de l'espace (abc ete.), (a'b'e' ete.). Donc les droites aa’, bb', ce’, elc., sont les projections de toutes gé- nératrices d’un paraboloïde hyperbolique, ayant pour di- rectrices les deux droites projetées en abc etc., a'b'e' ete., et pour plan directeur, le plan horizontal de projection ; donc, d’après le théorème IV, abc etc., a'b'e’ etc. aa’, bb”, cc’ etc., sont toutes tangentes à une même courbe du second degré. | RE A SE D Re DE EE rer eee on (47) Étoiles filantes, aurores boréales et lumières zodiacales observées à Aix-la-Chapelle en 1850, par E. Heis. Février, 4. Lumière zodiacale au-dessous de Pégase jusqu'aux environs du Bélier; les contours n'étaient pas bien marqués. Couleur rouge jaunâtre dans les environs de Saturne. Février, 18. Traces d’uné aurore boréale. Mars, 2. Lumière zodiacale. À 40 heures et un quart, étoilés filantes d’un éclat extraordinaire. Mars, 5. Lumièré zodiacale. Mars, 9. Luiière zodiacale. Mars, 10. Lumière zodiacale; les contours n'étaient pas bien marqués. Les voici à peu près : bornes supérieures, 330° d’ascen- sion droite, et + 22° de déclinaison; puis 0°, + 25°; 10°, + 26°; 20°, + 26°: 30°, ps 25°; 40°, + 23°; pointe 40°, +. 20°; bornes inférieures 40°, + 70; 309, + 0°; 20°, — 9. Mars, 13. Lumière zodiacale. Mars, 15. Quantité extraordinaire d'étoiles filantes. J'ai aussi observé, dans les années précédentes, vers et après le milieu du mois de mars, un nombre extraordinaire d'étoiles filantes. — Lumière zodiacale. Malgré la grande sérénité de l'air, les contours en étaient douteux. On pouvait toutefois remarquer une cour- bure singulière aux bornes supérieures. d A Avril, 41. Quantité extraordinaire d'étoiles filantes. Avril, 17. Quantité extraordinaire d'étoiles filantes. Juin, 4. Auroré boréale observée par moi dans un voyage de Vienne à Prague. M. le professeur Kreil observa en même temps une déviation de l'aiguille aimantée. Juin, 26. Une étoile filante d’un éclat extraordinaire, à 10 heures 41 minutes; elle paraissait être à une tellé proximité, que je la pris d’abord pour une fusée. L’éclat en était tel qu'elle semblait se mouvoir au-dessous des nuages qui couvraient pres- (48) que entièrement le ciel. J'observai le même soir beaucoup plus d'étoiles filantes qu’à l'ordinaire. | Juillet, 8. Quantité extraordinaire d'étoiles filantes très-lumi- neuses, qui passaient avec une grande rapidité. Juillet, 29. Déjà depuis plusieurs années, j'ai commencé, dans les derniers jours du mois de juillet, à observer avec soin les étoiles filantes, pour constater de plus en plus cette période qui précède la grande période d'étoiles filantes du mois d'août. Les observations ont été faites par dix personnes. De 9 h. 51 m. jusqu’à 41 h. 14 m., 17 étoiles filantes furent notées, ainsi que leurs trajectoires. Juillet, 30. De 9 h. 44 m. jusqu'à 11 h. 28 m., 40 étoiles filantes, parmi lesquelles s’en trouvaient beaucoup avec des traînées. Juillet, 31. De 9 h. 37 m. jusqu’à 9 h. 55 m., 7 étoiles filantes. Août, 4. De 9 h. 24 m. jusqu'à 12 h. 6 m., 22 étoiles filantes. Août, 5. De 9 h. 34 m. jusqu'à 13 h. 2 m., 75 étoiles filantes, parmi lesquelles j'en trouvai beaucoup d'un grand éclat et avec des traînées. Une étoile filante, vue à 41 h. 45 m. 32 s., fut suivie d'une traînée qui resta visible pendant 18 secondes. À 41 h. 32 m., point fort luisant près de > Persei. Août, 10. De 9 h. jusqu’à 12 h. 26 m., 158 étoiles filantes, parmi lesquelles il y en avait beaucoup de fort éclatantes et avec des traînées. Une étoile filante, vue à 9 h. 34 m. 9 s., demeura visible pendant 58 secondes. La traînée disparut et reparut al- ternativement. A la fin, elle avait une forme ondulatoire. Une autre, vue à 10 h. 3 m. 12 s., laissa une traînée visible pendant 16 secondes. Vers 11 h. 10 m. 531 s., apparut un globe de feu de couleur bleuâtre. Ce jour eut lieu le point de culmination pour les étoiles filantes de la période du mois d'août, Août, 11. De 9 heures 26 minutes jusqu'à 11 heures 12 mi- nutes , 60 étoiles filantes. Août, 51. Beaucoup d'étoiles filantes. Septembre, 1, 6 et 7. Beaucoup d'étoiles filantes. (49) Septembre, 13 et 14. Plus d'étoiles filantes qu’à l'ordinaire. Octobre, 2. De 7 heures jusqu'à 8 heures, aurore boréale, Elle fut observée aussi à Bonn et près de Hambourg. Octobre, 6. Quantité extraordinaire d'étoiles filantes fort écla- tantes. Vers 7 heures 12 minutes, globe de feu superbe , observé par moi à Vischel. Il prit sa course près de 8 Cygni et disparut près de 3 Bootae, en formant dans son splendide trajet plusieurs nœuds. Cet bolide fut vu en même temps à Bonn, Aix-la-Cha- pelle, Malmédy et Heinsberg. Le matin, à 4 heures, lumière zodiacale. Bornes supérieures : 484°, + 25°; 170, + 30°; 460°, + 30°; 150°, + 28°; 1409, + 27°; 130, + 13, Pointe : 127, + 21°. Bornes inférieures : 130°, + 17°; 140°, + 9°: 14009, + 1419%::1600, 5 7°. | Novembre. Les observations de la période du mois de novem- bre furent rendues impossibles par le mauvais temps. Novembre. 29. Quantité extraordinaire d'étoiles filantes. Décembre. Les observations furent rendues impossibles par le mauvais temps. Anatomie. — M. Van Beneden donne lecture de l'extrait suivant d’une lettre qu’il a reçue de M. 3. Muller, de Berlin. « Depuis peu, je suis revenu de Trieste, où j'ai passé la moitié du mois de mars et tout le mois d'avril, pour pour- suivre mes observations de l'été précédent. Votre travail _sur les vers cestoïdes a été très-instructif pour moi, et je suis convaincu qu’il nous a avancés d’un grand pas. La découverte du sac pulsatile à l'extrémité du prétendu sys- tème vasculaire dans les Scolex, mérite la plus grande at- tention. Quand j'ai eu fait cette observation, l'été dernier, Je croyais que c'était du nouveau, mais je trouvais bientôt, dans votre résumé, que j'avais marché sur vos traces. Je TOME xvur. 4. ( 50 ) suis bién dise de pouvoir ajouter que cette ouverture et la pulsation s'obsérvent encore dans des Tenia tout déve- loppés, par exemple, le Tenia ocellata. Les contractions ont lieu dans ce ver à de longs intervalles, de manière que, pendant assez longtemps elles disparaissent, on ne voit plus rien, et puis elles reparaissent, J'ai vu de nou- veau des Distomes libres dans la mer comme l'été précé- dent. J'insérerai bientôt les desseins que j'en ai faits dans mes Archives. Dans un Distome de ?/1°”', les organes sexuels existaient déjà, mais le contenu n'était pas encore mür. J'ai vu aussi de nouvéau les Cercaires à queue barbue. Mes observations à Trieste se rapportent à d'autres vers, parti culièrément aux Annélideset, en outre, aux Échinodérmes. » Parmi les Némertes, j'ai étudié surtout la magnifique et grande espèce, la Meckelia somatotomus; je puis con- firmer les assertions de Leuckaert. Dans la partie posté- rieure des intestins, qui sont pourvus de cœcums à droite et à gauche (entre les organes sexuels), j'ai trouvé souvent des excréntents. Je ne m'attendais pas à trouver les Synaptes (Synapta digitata) différents des autrés Échinodérmes par leur hermaphrodisme. Quatrefages a bien observé ce fait. » Berlin! 25 mai 1854, 5 | es Sur la demande qui lui en a été faite, M. Quetelet a rendu compte vers la fin de la séance, de quelques faits nouveaux et intéressants pour la Science, dont il a eu occa- “sion de prendre connaissance pendant le séjour qu il vient de faire : à Londres. (51) CLASSE DES LETTRES. Séance du 7 juillet 1851. M. LecLerco, président de l’Académie. M. QuereLer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le chevalier Marchal, Steur, le ba- ron de Gerlache, le baron de Stassart, Grandgagnage, De Smet, De Ram, Roulez, Lesbroussart, Moke, Gachard, Borgnet, le baron J. de Saint-Genois, P. De Decker, . Schayes, Snellaert, Carton, J.-J. Haus, Bormans, Polain, . Baguet, De Wilte, membres; Bernard, Arendt, Ad, Ma- 1 thieu, Chalon, correspondants. . M, Alvin, membre de la classe des bequr-att, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. Ie Ministre de l’intérieur transmet une expédition dé k l'arrêté royal du 16 juin dernier, qui approuve l'élection de k M. De Witte, en qualité de membre de la classe des lettres. — Le jury institué pour décerner le prix d'histoire de la « première période quinquennale, avait exprimé le vœu de . (52) voir rédiger un résumé analytique et critique des publica- tions faites sur l’histoire du pays depuis 1850. M. le Mi- nistre, en transmettant la lettre de ce jury, demande l'avis de la classe sur les propositions qu’elle contient, (Gommis- saires : MM. Borgnet, Grandgagnage et Carton.) — Le secrétaire dépose différentes lettres de MM. les Mi- nistres de l’intérieur et des finances, de M. le Président du Sénat, etc., qui remercient l’Académie pour l'envoi du t. XXV de ses Mémoires. — M. Dureau de la Malle remercie l’Académie pour sa nomination d'associé de la classe des lettres. — M. le duc de Caraman, associé de l’Académie, fait hom- mage d'un exemplaire de ses Études critiques de philosophie, de science et d'histoire; MM. Ducpetiaux et Ad. Mathieu, correspondants, offrent également, l’un son travail sur les Colonies agricoles, l’autre deux ouvrages intitulés : Georgio et Éphémérides. — Remerciments. — M. Bogaers, lauréat du dernier concours de poésie fla- mande, fait hommage d’un exemplaire de ses différents ouvrages littéraires. — Remerciments. — M. Roulez dépose les projets d'inscription pour les médailles du concours de poésie française et flamande, institué en commémoration de la Reine. Ce projet est adopté. (55) RAPPORTS. Rapport sur une note de M. le docteur Brixhe, relative à une statuelte semblable à celle de Casterlé; par M. le cha- noine De Ram. La statuette de Casterlé a fait l’objet de quelques notices insérées dans les Bulletins de l’Académie (1), et les Annales de la Société d’émulation de Bruges ont donné un résumé de la discussion soulevée au sujet de cette figurine (2). D'un côté, on a attribué à ces sortes de figurines une origine gauloise, et on à cru y reconnaître l’Hercule des Germains. D'autre part, elles ont été considérées comme des produits de l’art du moyen âge, au XIV° et au XV° siècle. Klemm (5), Wagener (4), J. Grimm (5 ) et plusieurs au- tres savants allemands adoptent la première opinion (6). A (1) Tome XI, part. I, p. 58 et 214; t. XII, part. I, pp. 336 et 544, et part. II, p. 54. (2) Tome HI, 2° série, p. 241-264. On a tiré à part quelques exemplaires de cette Notice sur la statuette trouvée à Casterlé, due aux soins de mon savant confrère et ami M. l'abbé Carton; Bruges 1846, p. 24, in-8°, avec trois planches. (3) Æandbuch der Germanischen Aterthumskundé ; Dresde, 1856, in-8°, pp. 554-358. (4) Handbuch der Farzüglichsten in Deutschland entdeckten Alter- _thumer aus heidnischer Zeit. (5) Deutsche Mythologie, p. 202. (6) Mon savant confrère M. Schayes m'a fait remarquer que l’auteur d’une dissertation qui a pour titre : Ueber die Kunst der heidnischen Teutschen, imprimée dans le tom. V du Geschichtsforscher de Mensel (Halle 1777 ),. parle de plusieurs statuettes pareilles à celle de Casterlé, découvertes non (54) leur autorité vient s'en joindre une autre non moins impo- sante, celle de notre honorable et savant confrère M. Rou- lez (1). La seconde opinion paraît avoir prévalu en France : d'après un savant archéologue, M. Adrien de Longpérier, le prétendu Hercule des Germains se réduirait à une œuvre de fantaisie des artistes du moyen âge. Dans sa Notice sur les figures velues employées au moyen âge dans la décoration des édifices, des meubles et des ustensiles (2), il traite peut-être un peu trop sévèrement ceux qui n’adop- tent pas sa manière de voir. Tombant lui-même dans ce petit excès de synthèse contre lequel il s'élève, non pas sans raison, M. de Longpérier considère les figurines pu- bliées par Klemm (5) comme étant des pieds de chande- lier d’une époque très-récente (4); quant à la statuette de Casterlé, elle lui paraît tout prosaïquement avoir supporté un flambeau (5). Nous ne voulons pas rentrer ici dans le débat de cette question; c'est de la note de M. le docteur Brixhe que nous devons nous occuper. M. Brixhe croit que tout ce que nous avons dit dans nos notices sur la statuette de Casterlé est applicable à celle qu'il conserve dans son cabinet. À en juger par la planche, que nous aurions désiré pouvoir comparer avec pas à côté d’urnes germaniques, mais dans les urnes mêmes. Ce fait tend à réfuter radicalement l'opinion de M. Adrien de Longpérier. (1) Voyez sa note publiée dans les Jahrbücher des Vereins von Alter- thumsfreunde in Rheinlande; V et VI, p. 226; et les Bulletins de l’4ea- démie ,t. XII, part. I, p. 339 et 340. (2) Révüé archéologique du 15 novembre 1845. (3) Ouvr. cit., planche XX et XXI. (4) Ouvr. cit., p. 22. (5) Zbid. | ( 55 ) le monument original même, la nouvellé figurine nous parait mieux conservée et plus complète que celles qui nous sont connues jusqu'à ce jour. Elle présente, dans son ensemble, plus-de perfection et annonce une exécu- tion artistique moins grossière. Dans la statuette de Casterlé, le bras droit.est doué, mais moins étendu que dans celle-ci; la main, dont les doigts semblent à peine indiqués dans le monument de Calais (4), est percée d’un trou qui très-vraisemblablement était tra- versé par une verge métallique faisant partie soit d’une armé, soit d’un attribut quelconque, comme nous le sup- posions en publiant notre première notice (2). Cet attribut se retrouve dans la figurine de M. Brixhe : le bras droit y brandit une massue au-dessus de la tête, et cela de telle manière qu'on ne saurait où placer les bougies du chan- délier, qu'un savant archéologue a cru reconnaître dans la statuette de Casterlé. J'espère que M. de Longpérier, pour les talents duquel je professe la plus profonde estime, me pardonnera celte observation, et qu'il n'attachera pas une {rop grande importance à ce que, d’après M. Brixhe, la massue aurait été ajustée à la main après coup. La pose du bras gauche de la statuette de Calais paraît indiquer que la tige traversant la main droite passait par la main gauche (5). M. Adrien de Longpérier reproduit une statuelte où celte particularité se remarque (4). La (1) Voyez la planche dans les Ænnales de la Société d’émulation de Bruges , t. III, p. 245, nouv. série. (2) Voyez #é Bulletins de l Académie, t. XI. (5) Voyez la planche dans les Mali de la Société d’émulation de Bruges. (4) Ouvr. cit., p. 6, fig. 2; en fer, de 15 cent., appartenant autrefois à M. Alfred Lorne. (56) disposition du bras gauche dans les figurines de Casterlé et de M. Brixhe indique, au contraire, que la main por- tait un bouclier ou une espèce de pavois dont la pointe reposait sur le pied. Nous croyons done que M: Brixhe se trompe en disant que ce bras, écarté du corps et à demi fléchi, paraît ainsi disposé pour faire contre-poids à l’autre bras qui agite la massue. | Dans les trois figurines, les traits du visage appartien- nent au même type; mais la barbe est plus longue et plus épaisse dans celle de Casterlé (4). | La chevelure de cette figurine, comme aussi celle de la statuette de M. Brixhe, est fort remarquable. Le front est ceint d’une corde tressée, laquelle retient les cheveux dis- posés symétriquement et tombant sur les épaules. C'était la mode des Germains de tortiller ainsi les cheveux. Une coutume particulière aux Suèves était, selon Tacite, de retrousser les cheveux et de les attacher avec un nœud (2) ; et il ajoute qu'ainsi se distinguaient les Suèves des autres Germains, et, parmi les Suèves, l’homme libre de l’es- clave. C’est ce que Sénèque appelle Capillum nodo Ger- manorum vincire (5); et Grégoire de Tours nous apprend que, dans les Gaules, au second siècle, les descendants des Germains se faisaient gloire de porter ainsi les cheveux (4). La statuette de M. Brixhe provient de la vente du cabi- net de M. Steenekruys, d'Anvers; nous regrettons qu'il (1) Voyez la planche dans les Bulletins de l Académie, t. XI. (2) Znsigne gentis obliquare crinem, nodoque substringere. De mo- RIBUS Gerw., XXX VIIL (3) Epist. 124. Voyez aussi de 7ra, HI, 26; Juvénal, XII, 164, et Mar- tial, V, 58. (4) Æist. eccl. Francorum ; TI, VI, 24 et VIIX, 10. (57) p’ait pu nous donner d’autres renseignements sur l'origine du monument. On sait que feu M. Steenekruys n’épargna jamais ni peines, ni dépenses pour faire entrer dans sa collection toutes sortes d'objets découverts à différentes époques dans les environs d'Anvers et dans la Campine. Y aurait-elle été trouvée comme tant d'autres antiquités ro- maines et gauloises? Nous n'avons aucune ho pour oser l’affirmer. L'ancien quartier d'Anvers et les environs de la mairie de Bois-le-Duc et du pays de Liége méritent, sous le rap- port des antiquités gallo-romaines, une attention toute particulière. La earte archéologique de la Belgique aura à mentionner Arendonck, Alphen, Balen, Bladel, Beersse, Casterlé, Desschel, Diest, Gheel, Grobbendonck, Meerhaut, Mol, Nylen, Oolen, Ravels, Rethy, Postel, Wommelgem et plusieurs autres localités dans lesquelles on a découvert des médailles, des armes, des urnes ét même certains us- tensiles, témoins du passage des Romains par ces contrées. Nous nous sommes souvent demandé s’il y a des preuves suflisantes pour établir que l’ancien quartier d'Anvers élait traversé par une route romaine ? On a prétendu que du milliaire de Bavay une cinquième chaussée aurait été tirée vers lé nord-est, et qu'elle traversait le Rupel à Ruysbroeck sur la position d'Anvers, se dirigeant par Wommelgem (1) sur Hoogstraeten (2), et se divisant en- (1) En 1651, on découvrit à Wommelgem une grande quantité de mé- dailles romaines, Voyez Heylen, Dissertatio de antiquis Romanorum mo- numentis in Austriaco Belgio superstitibus, aliisque non ita pridem abolitis , etc.; dans les anciens Mémoires de l’Académie ;t. IV, p. 418. (2) Vers la fin du dernier siècle, on trouva à Hoogstraeten, près du chä- teau, une couche de pierres blanches et de cailloux, qui semblait indiquer les vestiges d’une route romaine. (58) suite en deux branches, dont l’une allait vers Dordrécht et l’autre vers Utrecht. On serait tenté de croire que les Romains censtruisirent cette route pendant ou immédiate- ment après la révolte des Bataves, sous le règne de Vespa- sien, pour faire arriver promptement les troupes destinées à combattre les rebelles ou à prévenir les tentatives d'un nouveau soulèvement. Quelques faibles vestiges de travaux, dans lesquels on semble reconnaître la main des Romains, pourraient venir à l'appui de cette conjecture. Mais la carte de Peutinger, l’Itinéraire d’Antonin et d’autres an- ciens documents ne nous en disent rien: Cette route n'était peut-être qu'un chemin vicinal ou une route de traverse, percée pour un besoin temporaire et dans un but spocrss à l’occasion de la révolte des Bataves. Qu'on nous permette de conclure cette digression sur la probabilité de l'existence d’une route romaine dans l’ancien quartier d'Anvers, par une citation empruntée à l'excellent mémoire du doyen Heylen; nous recommandons ses pa- roles à l'attention demos honorables collégues, chargés de la rédaction de la carte archéologique. Facili negotio ostenderetur, dit-il (1), tractum arenosum maximam por- tionem constituentem tetrarchiarum Brabantiae, quae Ant- verpiensis et Sylvaeducensis audiunt, priscis istis saeculis non fuisse omnino incultum horridumque, id quod multi persuasum volunt, etiamsi enim hodieque (1782) ericetis scaleat (quorum culturae ab optimo Principe concessus favor, et improbus inquilinorum labor multum conducunt) tamen eruti numami in vicinia Postel , in Arendonck, Grob- bendonck et Nylen, locis omnibus sabulosis, edocent non (1) Mém. cit., t. IV, p. 417. : rate d. Roi Aca (L. de l: /) EL (59 ) fuisse universim illic ferarum lustra aut arénas vel omni frutice destitutas. Cette conclusion nous ramène à une autre, celle de prier l’Académie de remercier M. le docteur Brixhe de sa communication, et d'imprimer dans les Bulletins sa note avec la planche qui l'accompagne. Cette insertion fournira un nouveau document au dossier du procès qui est pen- dant au tribunal des archéologues. Des juges plus compé- tents que moi prononceront l'arrêt. » Les conclusions du rapport sont adoptées. ps COMMUNICATIONS ET LECTURES. ; PERTE * € à La # / Note sur les négociations de don Juan ‘d'Autriche avec Guillaume le Taciturne, prince d'Orange, en 1577; par M. Gachard, membre de l’Académie. Depuis que le prince d'Orange avait levé l’étendard de la révolte, Philippe IT ni le duc d’Albe n'avaient jamais voulu entendre parler de négociations directes ou indi- » rectes avec lui. Ils s'étaient indignés , en 1568 , que l'Em- pereur lui eüt envoyé une ambassade spéciale, en même temps qu'au duc, pour les engager l’un et l’autre à s’abs- » tenir d'hostilités; ils n'avaient pu comprendre qu’on ne (1) Ce fragment fait partie, comme celui dont j'ai donné lecture dans la 1 Séance précédente, de la préface du 3° volume de la Correspondance iné- … dite de Guillaume le Taciturne, qui ne tardera pas à voir le jour. ( 60 ) fit aucune différence entre un souverain et un vassal re- belle (4). En 1572, Philippe IT, parlant à l'ambassadeur de France, avait rejeté bien loin lidée d’un accommode- ment quelconque entre lui et le prince (2). L'année sui- vante, le duc d’Albe avait infligé un blâme sévère à Antonio Guaras, agent espagnol à Londres, qui avait prêté l'oreille à des propositions des ministres d’Élisabeth, tendantes à réconcilier le prince avec le Roi (3); il‘avait repoussé une ouverture de l'archevêque de Cologne faite dans le même sens (4); enfin, il s'était montré très-mécontent que Noir- carmes eût cherché à nouer des relations avec le prince, en y employant Marnix, tombé au pouvoir des Espa- gnols (5) : « Que ce rebelle, disait-il à l’envoyé dé l’élec- » teur de Cologne, mette bas les armes et sollicite son » pardon, alors on verra ce qu'on aura à faire (6). » Requesens adopta d'abord les principes de son prédé- cesseur : il désapprouva les lettres écrites par Julien Ro- mero au prince (7); il fit savoir à Noircarmes qu'il ne fallait = (1) Correspondance de Philippe IT sur les affaires des Pays-Bas, etc., t. Il, pp. 44, 46,48,57, 58. (2) Zbid., p. 289. (3) Zbid., p. 369. (4) Zbid., p. 595. (5) Il écrivait à Requesens, de Bellefontaine en Bourgogne, le 1:' janvier 1574 : El camino que Norcames ha tomado no me ha contentado nada. …. Que si, cuando él me escribio que, pues las villas non venian 4 tratar con él, si yo habria por bien que tratase con ellas, y yo le respondi que si, de muy buena voluntad, no se ha de entender de allé, ni yo nunca entendi, que se hubiese, en ninguna manera del mundo, de entrar con el principe de Oranges en plätica, ni que se hubiese por su mano de tratar con las villas. (Archives de Simancas, Papeles de Estado, liasse 561.) (6) Correspondance de Philippe IT, etc., t.II, p. 395, (7) Zbid., p, 451. (61) entrer dans aucune négociation avec les villes de Hollande par le moyen de ce dernier (4). Mais, après la perte de Middelbourg (18 février 1574), et malgré la victoire de Moock (14 avril), il changea d'opinion : il n'avait pas tardé à s'apercevoir que, si l’on ne donnait satisfaction au prince, les troubles des Pays-Bas n’auraient pas de fin. Il autorisa donc, au mois d'avril 4574, le docteur Elbertus Leoninus, qui avait eu antérieurement des rap- ports d'intimité et de confiance avec le prince, à lui en- voyer Hugo Bonte, ex-pensionnaire de Middelbourg : le but ostensible du voyage de Bonte était d'entretenir le stathouder des affaires particulières de la dame de Vre- dembourg; le motif réel en était de le pressentir sur ses intentions. Bonte retourna, une seconde fois , dans le mois de juin, vers Guillaume le Taciturne, toujours envoyé par Leoninus, et avec l’assentiment du gouverneur général. Dans le même temps, Frédéric Perrenot, seigneur de Champagney, faisait sonder Guillaume, d’abord par le sieur de Rivière et l'avocat Treslong, ensuite par Marnix, qui n'avait pas encore recouvré sa liberté. Toutes ces dé- marches n'ayant abouti à rien, Requesens, au mois de novembre, après la levée du siége de Leyde, se décida à en faire une lui-même : il députa Leoninus au prince. Sur les négociations de Bonte, du sieur de Rivière, de Marnix, de Leoninus, on trouvera de curieux documents dans le 5"° volume de la Correspondance de Guillaume le Taciturne ; je n’en parlerai pas ici. Mon intention est de raconter celles qui eurent lieu entre don Juan d’Au- triche et le prince, celles surtout qui précédèrent le con- (1) Correspondance de Philippe IT, etc., p. 438. (62) grès de Gertrudenberg : on ne sait rien de ces dernières; M. Groen Van Prinsterer, à qui nous sommes redevables de tant et si importantes révélations historiques, paraît n’en avoir eu aucune connaissance, C’est dans les archives de Simancas que j'ai recueilli les faits dont je vais donner le récit. Don Juan, quoiqu'il se fût mis d'accord avec les états généraux, avait bien compris que rien ne serait fait, tant que le prince d'Orange ne reconnaîtrait pas autorité du Roi : « car, écrivait-il à Philippe IT, cest le pilote qui » conduit cette barque, et lui seul peut la perdre, ou la » sauver. Les plus grands obstacles seraient donc écartés, » si l'on parvenait à le gagner (1). » Il avait pensé d’abord à offrir au prince de conférer au comte de Buren, son fils, ses gouvernements et ses charges, à condition que lui-même se retirerait en Allema- gne (2), et cet arrangement avait été fort goûté du Roi (5) : mais il vit bientôt que le prince n’y donnerait pas Îles mains. Une pareille transaction eût été acceptée peut-être quelques années auparavant : le nouvel aspect qu'avaient pris les affaires , les engagements réciproques que les états (1). Siendo el timon que quia y govierna esta barca, es tambien el que la puede perder 6 salvar, y con ganarle &@ él, se quitaria la mayor dificultad é impedimiento que agora tiene este negocio. (Lettre du 16 mars 1577, aux Archives de Simancas, Papeles de Estado, liasse 574.) (2) ….. Si, con el conde de Buren, pudiésémos sacar à su padre de Olanda y Gelanda, y que se fuese 4 Alemania, y él quedase en el go- bierno y cargas, téngolo por importante. Harasse lo que se pudiere. (Lettre de don Juan au Roi, du 9 février 1577, 4bid., liasse 573.) (3) Philippe II écrivait à don Juan, le 6 avril 1577 : Lo que tratävades con el duque de Arscot, queel de Oranges se retire, entrando en su lugar © su hijo, serta un muy buen negocio, y asi ser bien ares A re la plätica. (Ibid, lasse 570.) ( 65 ) … des provinces insurgéés et lui avaient contractés, ne pet: . mettaient plus à Guillaume d'y souscrire. ” Pendant que don Juan était à Louvain, il conféra sur ce sujet avec le duc d’Arschot, et ils convinrent que‘le docteur Léoninus, muni d'une lettre du duc, irait trouver Île prince. Pour donner plus de poids à la négociation, don Juan voulut parler lui-même à Leoninus. Il le chargea de représenter au prince le danger et les incommodités aux- quels il s'était exposé, en venant d'Espagne pour pacifier les Pays-Bas; les faveurs quil apportait à ces provinces, dé la part du Roi; ce qu’il avait fait pour la conclusion du traité; son intention de l’entretenir. Leoninus devait …. ajouter que la sortie des Espagnols s’effectuait avec toute là presse possible; qu’en cela et en toutes autres choses, ce que don Juan avait promis serait réalisé; que, loin dé songer à y apporter la moindre altération, 1l prendrait les armes contre quiconque l’empêcherait de remplir ses en- gagements; qu'en garantie de sa parole, 1l s’élait mis au pouvoir des états, Il dirait encore à Guillaume qu’il avait le moyen de rendre au Roi un service en récompense du- quel il obtiendrait non-seulement le pardon de ses fautes, mais encore la grâce du monarque et tous les honneurs qu'il pourrait désirer; qu’ainsi il assurerait l'avenir de sa … maison; que don Juan lui serait bon ami, et, comme tel, … qu'il ferait pour lui plus peut-être qu'il ne pensait. Il en- … gagerait le prince à considérer que, le Roi ayant accordé . aux états ce qu'ils demandaient, et à lui ce qu'il pouvait … prétendre, il ne saurait se disculper, envers Dieu et en- vers le monde, de ce qu'il avait fait, ni de ce qu'il ferait encore, s’il persistait dans son opposition; qu’alors , avec # juste cause, chacun se tournerait contre lui, et qu’il en ré- & sulicrait la ruine de sa maison. H lui protesterait que don A ET pu ae QU: E de Ex Qt ra # 1 ES (64) Juan était bien éloigné de vouloir suivre les traces de ses prédécesseurs; qu'il ne venait que pour pardonner, mettre en oubli les choses passées, réduire le gouvernement des Pays-Bas à leur forme ancienne, et y établir une paix au moyen de laquelle ils pussent se relever des malheurs dont ils avaient souffert. Enfin, il lui dirait que, si c'était pour cela qu'il avait pris les armes, il ne lui restait évidemment pas de motif de les conserver en mains; qu’il devait donc se résoudre non-seulement à maintenir la paix, mais-en- core à rétablir, en Hollande et en Zélande, la religion ca- tholique, avec l'autorité du Roi; que, s’il voulait écrire à don Juan, don Juan lui répondrait de manière à lui don- ner toute satisfaction (4). Il faut rendre une justice à don Juan : c'est que, dans les ouvertures qu'il faisait faire au prince d'Orange, il était k + ee Acordamos que, para dar mas autoridad à la plätica , le ha- blase yo, como lo hice, diciéndole que le refiriese el peligro y descomodi- dad con que habia pasado de España, por dar quietud y pacificacion à estos Estados; las gracias y mercedes que les trahia de F. Magä, y lo que habia procurado la paz, y deseaba que se mantubiese ; que en la sa- lida de los Españoles se usaba de toda la brevedad posible, y se cumpli- ria, en esto y en todo, lo por mx ofrecido , en nombre de F. Mag“, y no consentiria que hubiese falta en cosa ninguna, antes tomaria las armas contra cualquier persona que lo quisiese impedir , 6 r contra ello : por prenda de lo cual me habia metido en poder de los estados ; que mirase que tenia entre manos ocasion de hacer un servicio 4 F. Mag”, por donde no solo fuese perdonado, pero mereciese alcanzar su real gracia, y el grado de honrra y fabor que podia desear, estableciendo su casa para su posteridad, y que yo le seria buen amigo, y, como tal, haria por él quiz mas de lo que pensaba ; que considerase que, concediendo à los estados lo que han pedido, y a él lo que puede pretender , no le quedaria disculpa, con Dios ni con el mundo, de lo que habia hecho ni de lo que adelante hiciese, si no lo aceptaba; Gntes, con muy justa causa, se volverian todos contra él , y dejaria su casa perdida y descompuesta, (65) de bonne foi. Une lettre qu'il écrivit au Roi le 16 mars, en fournit la preuve. Après avoir déclaré franchement au monarque que son nom (celui du Roi) est autant abhorré et méprisé aux Pays-Bas, qu'on y aime et craint celui du prince (1), il lui parle de la mission de Leoninus : « Je » négocie avec le prince, dit-il à Philippe IF, pour lui donner toutes sûüretés, car je vois que l'établissement de la paix, ainsi que le maintien de la religion catholique et de l’obéissance due à Votre Majesté, dans ces pro- vinces, dépendent maintenant de lui, et que les choses en sont arrivées au point qu'il faut faire de nécessité vertu. S'il prête l'oreille à mes propositions, ce ne sera qu'à des conditions très-avantageuses pour lui : mais il faudra en passer par là, plutôt que de perdre tout (2). » Y © y v VV Y % ÿ dejado à parte que la muerte las mas veces venia cuando menos se pen- saba ; que de mi se podia asegurar que no iria por el camino que los otros governadores, pues no venia sino & perdonar y poner en olvido cosas pasadas , reducir el govierno destos Estados 4 su antiguo ser, y procu- rar en ellos una paz tan firme y provechosa, que con ella se restaurasen de los trabajos pasados ; que, si esto era por lo que él habia tomado las armas, ya no le quedaba causa para pasar con ellas adelante; por tanto, que se resolviese en abrazar negocio que tan bien le estaba, yque no solamente atendiese 4 mantener la paz, mas asimismo à la verda- dera reduccion de aquellos Estados en la religion catolica romana, y en la obediencia que deben 4 F. Mag, y que si me queria escribir, que yo le responderia de mancera que tubiese causa de estar contento. (Lettre de don Juan au Roi, du 16 mars 1577, aux Archives de Simancas, Papeles de Estados, liasse 574.) (1) £T nombre y servicio de V'uestra Magestad es tan aborrecido y poco estimado cuanto temido y amado el del principe de Oranges.. (2) Foy haciendo negociaciones con el principe de Oranges, para assegurarle , porque veo que en su mano est4 agora el establecimiento de la paz y quietud destos Estados en la religion catolica y debida obediencia de Vuestra Magestad, y que las cosas han llegado à términos que es ToME xvur, ù. (66) Leoninus (1) partit de Louvain le 8 mars (1577); le 44, il arriva à Middelbourg, où était le prince. Guillaume, averti de sa venue, le manda incontinent. Leoninus, après lui avoir remis la lettre du duc d’Arschot, lui parla dans le sens des instructions verbales de don Juan , en insistant sur ce que toutes les süretés qu'il demanderait pour la restitution de son fils, de ses biens et de ses États (2) lui seraient données. Il lui dit, de plus, que le duc d’Arschot était prêt à venir le trouver en tel lieu qu’il juge- rait convenable, pour conférer sur les points en litige; que don Juan même s'offrait à avoir une entrevue avec lni, sans égard au péril qu'il pourrait courir (5). Le prince répondit qu'il remerciait très-humblement Son Altesse de la grande et singulière affection, ainsi que de la bonne intention, qu’elle témoignait pour le repos pu- blic; qu'il la remerciait aussi, en son particulier, des offres qu’elle lui avait fait faire; qu’il ne désirait rien plus que de la servir, et de contribuer à ce que la paix fût entretenue; qu'il lui serait agréable de communiquer avec le due fuerza hazer de la necessidad virtud; y cuando él acuda à esta plätica, serd con mucha ventaja y seguridad de su negocio, y habrâse de pasar por ello, porque no se pierda todo... (Lettre du 16 mars 1577, aux Archives de Simancas, Papeles de Estado, liasse 574.) (1) Tous les détails que je donne sur la mission de Leoninus sont tirés d’une relation qu’il en fit à son retour à Louvain, lé 18 mars, dont j'ai trouvé une traduction espagnole aux Archives de Simancas (Papeles de Estado, liasse 574), et dont le texte original n'existe pas dans ce dépôt, non plus qu'aux Ar- chives de Bruxelles. J'ai dû nécessairement l’abréger; mais j'ai reproduit toutefois tous les détails essentiels qu’elle contient. (2) De su hijo, bienes y estados. (5) …. Que Su Alteza se contentaba de ponerse à peligro por comu- nicar con él. (67) d'Arschot (1), et de remercier Son Altesse par lettre, mais qu'il ne pouvait ni n’oserait faire l’un ni l’autre, sans en donner connaissance aux états, par l'avis desquels il s'était conduit dans toutes les occurrences (2); qu'en agissant autrement, il pourrait se rendre suspect de trahison et d'intelligences secrètes (3) ; qu’en conséquence, il devait différer de donner suite aux ouvertures qui lui étaient faites, jusqu’au 25 mars, que les états de Hollande et Zé- lande s'assembleraient à Dordrecht. À la suite de beaucoup d’autres discours tenus à Leo- ninus, tant avant qu'après le diner (4), le député de don Juan dit au prince que Son Altesse ne s'était fait accompa- gner , en venant aux Pays-Bas, d'aucunes troupes; qu’elle s'était livrée au duc d’Arschot ; qu’elle était entrée à Lou- . vain sans garde, sous la seule promesse des bourgeois et … des étudiants, et après avoir licencié ses gens de guerre; (1) HI est à remarquer que, peu de temps auparavant, le prince avait ex- primé au duc d’Arschot Je désir d’avoir une entrevue avec lui ,.et que le duc s’en était excusé, jusqu’à ce qu’il y fût autorisé par don Juan. C’est ce qui résulte du passage suivant d’une lettre de don Juan au Roi, en date du 22 fé- … vrier 1577 : Zl de Oranÿges embid & pedir que el de Ariscot le viese, con _ elcual » aunque le ha dejado entender que importaria al bien del negocio, ha dicho que no lo hard, hasta hablarme , y tener orden mia para ello. (Archives de Simancas, Papeles de Estado , lasse 575.) Ë (2) ...: Que él no podia ni osaria hacer lo uno ni lo otro, sin dar É Cuenta y advertir dello à los estados, por parescer de los cuales él habia siempre hecho lo necesario en todas las ocurrencias.…. (5) .… De suerte que el escribir él 4 Su Alteza al presente, o entrar en comunicacion con el dicho señor duque, podria facilmente caer en peligro — y sospecha de traicion y secretas inteligencias , si él hiciese algunas cosas … sin el dicho advertimiento. (4) Despues de muchos discursos que me hizo, asi antes de comer como despues... (68) que tout cela montrait en elle des intentions sincères. Îl engagea le prince à ne pas laisser échapper une occasion si favorable d'assurer l'avenir de sa maison : il lui cita les exemples de Marius, de Sylla, de Jules César et d’autres promoteurs de guerres civiles. Quelques propos furent encore échangés. En se retirant, Leoninus pria le prince de penser mürement à ce qu'il lui avait proposé, et d’in- voquer Dieu pour qu'il lui donnât de bonnes inspirations. Le soir, le docteur de Louvain reçut la visite de deux des conseillers intimes du prince, Sainte-Aldegonde et Arnould Van Dorp. Ceux-ci lui dirent qu'ils connaissaient l’objet de sa mission; que le prince, qui les envoyait, le leur avait confié; qu'ils trouvaient très-dangereuse pour Son Excellence la négociation, en la manière dont elle était proposée. Une discussion s'établit ensuite entre eux sur les süretés qui pourraient être offertes au prince. Le lendemain matin (12 mars), Leoninus retourna chez le prince, qui, la weille, l'avait invité à souper. Guillaume lui dit que, ayant demandé à Dieu de l’inspirer, il estimait que le plus sûr parti était d'avertir avant tout les états, envers lesquels il avait des obligations, comme leur servi- teur (1). Il ajouta qu'il ne pouvait oublier ce qui était arrivé aux comtes d'Egmont et de Hornes, ni la manière dont avait été violée la promesse faite aux gentilshommes confédérés par la duchesse de Parme, ni la conduite du roi de France envers l'amiral Coligni; qu’il avait des avis d'Espagne, d'Italie, d'Allemagne et des Pays-Bas qu’on était décidé à lui faire la guerre, ainsi qu'aux états de (1) .….. Que hallaba lo mas seguro advertir primeramente à los estados, à los cuales él estaba obligado como servidor.….. ( 69 ) Hollande et de Zélande; qu’ils prenaient leurs mesures en conséquence; qu'ils savaient aussi qu'un nonce du pape était arrivé aux Pays-Bas, pour conclure une ligue contre eux (1). Leoninus lui répondit que le naturel de don Juan ne ressemblait pas à celui du roi de France et du duc d’Albe; que, d’ailleurs, il y avait une grande différence entre les cas cités par lui et le sien, car aucune garantie n'avait été donnée à l'amiral ni aux comtes d'Egmont et de Hornes, tandis qu’il recevrait, lui, des sûüretés qui le mettraient hors de toute inquiétude; que, quant aux nouvelles dont il avait parlé, elles étaient inexactes. Cette conférence dura trois heures. Le prince et Leo- pinus se mirent ensuite à table. L’après-midi, la conver- sation roula principalement sur les affaires d'Amsterdam. Des députés de cette ville, ainsi que Philippe Vander Meeren , seigneur de Saventhem et de Sterrebeke, venaient d'arriver à Middelbourg, avec une commission des états (1) Ce nonce s'appelait Sega; il était évêque de Ripa. Suivant une note d’Antonio Perez, écrite sur une lettre de l’évêque au Roi, que j'ai vue aux Archives de Simancas (Papeles de Estado, liasse 572), ikavait été envoyé aux Pays-Bas par le pape, pour y appuyer les négociations de don Juan avec les états ; en outre, il était porteur de brefs, de dépêches et de 50,000 ducats destinés à faciliter l’entreprise d'Angleterre, au cas que don Juan püt faire sortir par mer les troupes espagnoles. Le nonce arriva à Louvain au mois de mars; les états généraux le firent complimenter et le défrayèrent. Le 17 mars, il se présenta à leur assemblée, et les félicita sur le traité qu’ils avaient pet avec don Juan: (Résolutions des états généraux, publiées par M. de Jonge, t. IT, p. 140, 145, 144, 151.) Dans une lettre du 21 juillet 1577, don Juan rend au Roi le meilleur té- .moignage de la personne de l’évêque de Ripa, et du zèle qu’il a montré pour le service de Sa Majesté. Ce prélat venait d’être appelé à la nonciature de Madrid. (Archives de Simancas, Papeles de Estado, liasse 574.) (70) généraux, et Leoninus leur était adjoint. Le prince donna aux députés satisfaction sur les points qui faisaient l'objet de leurs instructions (4). Ce jour-là, Leoninus soupa encore avec le prince. Le répas fini, la conversation reprit sur la négociation dont Leoninus était chargé. Le prince se plaignit que les états généraux se fussent tant pressés de conclure avec don Juan; il signala plusieurs articles du traité qui ne pou- vaient qu'augmenter les défiances, et donner matière à de nouveaux embarras : l'engagement pris par les états d’en- trétenir et de faire entretenir la religion catholique ro- maine, répugnait surtout à la pacification de Gand, qui avait remis ce point à une assemblée future des états gé- néraux. Leoninus s’appliqua à réfater les objections de son interlocuteur. Le 15, l’envoyé de don Juan prit congé du prince. Il eut avec lui une dernière conférence, où ils se trouvèrent seuls, comme aux entrevues précédentes. Leoninus renou- vela ses remontrances; le prince persista dans l'intention d'en rendre compte aux états de Hollande et de Zélande : ne pas le faire, c'était, selon lui, s'exposer à se perdre d’un côté, et à encourir, de l’autre, l’indignation de ceux qui le soupçonneraient de les avoir trahis (2). Leoninus , à qui il délivra la réponse qu’il faisait au duc d’Arschot, le pria de lui déclarer s’il y avait quelque apparence d’un arran- (1) Voy. les Résolutions des étais généraux, etc., t. II, p. 127, 449- 455. (2) El dicho principe me dijo que hallaba mas sequro de preadvertir los esiados, diciendo que otramente podria caer en peligro de ser der- rocado por ac ,; Y por otra parte con los de Holanda incurrir en indi- .nacion y sospecho de traicion. (71) gement pour l'avenir : ayant, lui dit-il, entrepris beaucoup de voyages et consumé une bonne partie de sa vie dans Pintérêt de la pacification et du repos publie, il ne voulait plus s’en mêler dorénavant. Le prince répondit que, pour lui, il n'espérait pas qu'on püt parvenir à s'entendre (4), et il engagea Leoninus à se trouver à Dordrecht, lorsque les états s’y assembleraient. Don Juan s'était promis un autre résultat de l'ambassade de Leoninus. Ce qui est digne de remarque, quand on réfléchit à son caractère impétueux et irritable, c’est que le mauvais accueil fait à ses propositions ne le détourna pas de les renouveler. Il espérait ôter au prince les craintes et les soupçons qui l'agitaient, surtout s’il pouvait l’amener à avoir une entrevue avec lui : « Nous ne sommes pas dans » un temps, écrivit-il au Roi, où l’on doive avoir des pré- » férences, ni s'arrêter à des points d'étiquette : il faut tâcher de rétablir l'État par tous les moyens possibles, car la véritable autorité, la véritable réputation consiste à le conserver, et je ne connais d’autre voie, pour pré- venir sa.ruine, que la réduction de cet homme, qui exerce Lant d'influence sur la nation (2). » YO VY VY % y (1) Ze dixe que habia hecho muchos viajes y consumido buena parte de mi vida en el provecho de la pacificacion y reposo püblico, rogändole que me quisiese declarar si habia aparencia de alqun fruto para el ve- nidero provecho, por que dije que queria reposar dea qui adelante, y si ténia esperanza de algun sucesso : sobre lo cual me dixo que él no lo teniu para si. (2) Con todo esto , salidos los Españoles de Amberes , pienso volver 4 … darle otro tiento, procurando satisfacer 4 sus temores y sospechas , y sù él se contenta de hablarme, de muy buena gana lo consentiré, y tré para ello 4 Amberes : que ya , Señor, no estamos en tiempo de hacer eleccion, mi de mirar en puntos de incidencia, sino de reparar el Estado por todas las vias posibles , pues en la conservacion dél consiste la verdadera (72) Il se convainquit bientôt que sa confiance reposait sur des fondements peu solides, et que le prince, loin d’être disposé à entrer dans ses vues, élait aussi éloigné que jamais, soit de souscrire au traité de Marche, soit d'accepter les assurances qu’il pourrait lui offrir (4). Cependant, après qu'il eut été reçu à Bruxelles, il crut devoir, pour satisfaire au vœu de la nation, tenter auprès du prince une démar- che solennelle : il proposa aux états généraux que des dé- putés lui fussent envoyés, de leur part et de la sienne, avec la mission de régler tous les points qui étaient restés en débat entre eux et lui (2). Les états, accédant à son désir, nommèrent Gaspar Schetz et le docteur Leoni- nus (3). Don Juan fit choix, pour le représenter, du duc d’Arschot, du baron de Hierges, du seigneur de Willerval et d'Adolphe de Meetkercke. Le docteur Gaill, ambassadeur de l'Empereur, fut adjoint à ces députés. Les conférences eurent lieu à Gertrudenberg. Schetz et Leoninus, arrivés les premiers dans cette ville, eurent, le 43 mai, une entrevue avec le prince; ils le revirent le 14 : cette fois, il était accompagné des députés de Hol- autoridad y reputacion, y yo ninguno remedio veo para que aqui no se pierda, sino es reducir à este hombre que tanta parte tiene en los demäs. (Lettre du 16 mars 1577, aux Archives de Simancas, Papeles de Estado, liasse 574.) (1) Don Juan écrivait au Roi, le 9 mai 1577, à propos du prince : Enfin se deja entender que no pasar4 por lo capitulado, y que yo no podré hacer cosa que le asequre. (Archives de Simancas, Papeles de Estado, liasse 574.) | (2) Résolutions des états généraux, ete., t. IT, p. 271. (3) On lit dans les Résolutions des états généraux, . II, p. 274, à la date du 7 mai: « Que, oultre ceuls qui ont esté dénommez pour se trouver » vers monseigneur le prince d’Orainge, sçavoir : le seigneur de Grobben- — (75) lande et Zélande : Sainte-Aldegonde, Nyvelt, Vander My- len, Coninck et Vosshergen. Les envoyés des états généraux n'avaient à s'occuper, spécialement, que de points d’un intérêt secondaire : les discussions importantes s'ouvrirent après l’arrivée des députés de don Juan, le 20 mai; elles durèrent plusieurs jours, sans amener les résultats que, dans les provinces obéissantes, on désirait si vivement. Sur ces conférences de Gertrudenberg, Bor a publié plusieurs documents officiels (4) : nous insérons, dans le 3° volume de la Correspondance de Guillaume le Taciturne, une relation qui en fut rédigée par des conseillers du prince, et qui renferme des particularités pleines d’in- térêt. (à Nous regrettons beaucoup de n’avoir trouvé, ni aux archives de Bruxelles, ni dans le dépôt de Simancas, la lettre autographe que don Juan écrivit au prince; mais nous donnons la réponse qu'y fit le prince, également de sa main : elle ne sera pas l’un des documents les moins curieux de ce volume. L'avantage que nous avons eu de pouvoir consulter, à donck et le docteur Léonin, sont commis le comte de Lalaing, le seigneur: » de Champaigny et le pensionnaire Meetkerke. » Il est probable que les états revinrent sur la nomination de Lalaing et de Champagney, et qu’ils le firent d’après le désir de don Juan, qui n’aimait ni l’un ni l’autre : quant à Meetkercke, il fut choisi par don Juan lui-même, pour être l’un de ses députés. Q , Le prince d'Orange témoigna un vif regret que le comte de Lalaing ne fût pas l'un des commissaires : c’est ce qu'on lit dans une des lettres de don Juan au Roi, datée du 28 mai : Sintio mucho que no fuese uno de los comi- sarios el conte de Lalaing. (Archives de Simancas, Papeles de Estado, liasse 573.) (4) Nederlandtsche oorloghen, liv. X, fol. 244 et suiv. (4) Simancas, la correspondance de don Juan d'Autriche avec Philippe IT, nous met à même d'ajouter aux particularités contenues dans la relation dont nous parlions tout à l'heure, quelques détails qui ont aussi leur intérêt. Don Juan rend compte au Roi, par des lettres du 28 et du 29 mai, des propos que le prince a tenus au duc d’Arschot et au baron de Hierges. Selon ce qu’il rapporte, le prince a dit au dernier qu’il fallait contenter le peuple; que ce qui se faisait pour le peuple avait des effets durables, tan- dis que la volonté des rois était éphémère (4). Au due il a déclaré que, si l’on ne lui remettait promptement Utrecht, il le prendrait. En outre, il lui a donné le conseil de ne pas se fier au Roi, lui disant que, s’il le faisait, il expose- rait sa tête; que, quant à lui, jamais il n’aurait cette con- fiance, parce que le Roi l'avait souvent trompé; que d’ail- leurs le Roi avait pour maxime que la foi donnée aux hérétiques ne devait pas être gardée; enfin, qu'il était chauve déjà et calviniste, et qu’il voulait mourir ainsi (2). Cette attitude de Guillaume le Taciturne fut certaine- ment une des causes qui portèrent don Juan à prendre un parti désespéré. Il voyait que, sans le concours du prince d'Orange, le rétablissement de l'autorité royale dans les Pays-Bas était impossible, à moins d’y employer la force, (1) …. Æconsejaba… à Mos. de Hierges que al pueblo se debia tener contento, que esto era lo durable, y la voluntad de los reyes perecedera. (Lettre du 29 mai 1577.) (2) Dijo al duque, segun refiere, que, si no le daban luego Utrecht, él la tomaria , y añade que él le aconsejo que no se fiase de F. Mag; que se considerase con la cabeça & los pies, si lo hacia; que él jamas se fia- ria, porque le habia V. Mag engañado muchas veces; y refiere que tiene V. Mag por consejo que haereticis non est servanda fides; que es ya calbo y calbanista, y que en esto morird. (Lettre du 28 maï 1577.) (75 ) car, du foud de la Hollande, le prince inspirait, dirigeait ce qui se faisait à Bruxelles : « Les gens d'ici, écrit-il au » Roi le 51 mai, sont comme ensorcelés par lui; ils Fai- » ment, le craignent et veulent lavoir pour seigneur. Ils » l’avertissent de tout, et ne prennent aucune résolution » sans le consulter (1). » Ces renseignements ne man- quaient pas d’exactitude. Don Juan était encore dans le vrai, lorsqu'il disait à Philippe Il : « Ce que le prince » abhorre le plus au monde, c’est Votre Majesté (2); » mais comprend-on qu'il ait ajouté ces horribles paroles : « S'il pouvait boire le sang de Votre Majesté , il le fe- » rait (3)? » Suite des recherches sur la Chronique universelle de Sozo- menus de Pistoie; par M. le chanoine De Ram, membre de l'Académie (4). &. IL. Après avoir retracé la biographie de Sozomenus, nous allons nous occuper des manuscrits de la chronique. (1) Za intencion y obras del de Oranges son de suerte que, tras de tra- tar de la ruina destos hombres, los tiene encantados, porque le aman , y temen, y quieren por señor. Ellos le avisan de todo , y sin él no re- suelven cosa. (Archives de Simancas, Papeles de Estado, liasse 575.) (2) La cosa que mas abhorrece en esta vida es Vuestra Magestad. (Lettre du 28 juillet 1577, aux Archives de Simancas, Papeles de Estado, liasse 574.) (5) Si le pudiesse vever la sangre, lo haria. (Lettre du 98 juillet, ci-des- sus citée.) (4) Voyez Bulletins de l’Académie, t. XVIII, part. I, p. 605. ( 761) Le manuscrit autographe des deux premières parties de la chronique est mentionné dans l'inventaire de 1460 (1) : Prima pars historie D, Sozomeni usque.….. ab anno mundi 4985, coperta corio rubeo; secunda pars historiarum inci- pit nonagesimum annum agenti et finis primi voluminis opus. Zaccaria ajoute en note (2) : Heinc facile quis con- jiciat, quae duo habemus Sozomenianae historiae volu- mina , esse binas unius voluminis partes ad an. 1295 per- ductas; ab hoc vero anno ad sua tempora volumen alterum adgressum fuisse Sozomenum, quem imperfectum in schedis reliquerit , ac pauci propterea noverint. Quam ob rem non est, cur miremur, plerosque, qui hodieque exstant, ejus his- toriae codices non ultra annum 1292 progredi. Les pa- roles de Zaccaria s'accordent parfaitement avec le témoi- gnage de Vespasien. Ce manuscrit se conservait encore à Pistoie en 1474, car les actes de la Commune mentionnent, sous le 21 dé- cembre de cette année, l'autorisation donnée à Léonard Dati, pour prendre copie de l'ouvrage : Venia data Leo- nardo Dato, secretario apostolico, transcribendi librum his- toriarum editum et compositum per bonae memoriae Domi- num Sozomenum olim canonicum et civem Pistoriensem (3). Tartini parle du manuserit de Pistoie et de sa dispa- rition dans les termes suivants (4) : ‘Auroypioo hoc fuisse (1) Voyez ci-dessus, p. 619, part. IL. (2) Op. cit., p. 43. (3) Muratori, op. cit., t. XVI, p. 1061, et Zaccaria, op. cit., p. 36. Il im- porte de ne pas confondre ce Léonard Dati avec un autre du même nom et de la même famille, qui mourut évêque de Massa en 1472, et que nous avons cité plus haut, part. I, p. 609. (4) Op. cit., t. I, p. 5. (77) ñnon temere Dondorius suspicatur, qui diu servatum in D. Jacobi thesauro tradit, eumque mox ab homine sibi noto subreptum conqueritur. Du temps de Zaccaria , vers le milieu du dernier siècle, il n'y avait plus à Pistoie qu’un exemplaire incomplet du premier volume, d'une écriture de différentes mains, appartenant à la bibliothèque du cardinal Fabroni. Ce volume était intitulé : Sozomeni presbyleri Pistoriensis ac Florencie educati chronice incipit feliciter. Oudin dit qu'un semblable exemplaire existait à Padoue (1). Mabillon visita , en 1686, l’abbaye des chanoines régu- guliers de S'-Barthélemy à Fiésole (2). Parmi les manu- scrits de la bibliothèque il distingua un exemplaire en deux volumes de la chronique de Sozomenus : Prae aliis bibliothecae codicibus singulare est Sozomeni, presbyteri Pistoriensis ac Florentiae educati, Chronicon ab orbe con- dito ad sua tempora, ut in praefatione loquitur. Constat duobus magnis voluminibus, quorum posterius desinit in anno 1292. Quidam tamen auciorem serius vixisse et ad saeculum XV pervenisse existimant. Quamquam superiora saecula , quibus nondum politior lhtteratura restilui caepta erat, stylus auctoris sapit, ipsique litterarum characteres (3). Le docte bénédictin cite ensuite l'éloge de Vespasien, qui se trouve à la fin du premier volume et que nous avons déjà reproduit; il termine sa notice en faisant remarquer (1) Op. cit., p. 37. (2) Musaeum italicum, t. I, p.171 et 172, et Valery, Correspondance inédite de Mabillon et de Montfaucon avec l’Italie, 1.1, p. 250. (5) Mabillon, op. cit., p. 172. Tout ce que cet écrivain dit du manuscrit de Fiésole a été répété par Fabricius, Bibl. mediue et infimae latin., t. VI, p. 564. (78) que Sozomenus mentionne; sous l’année 855, la fable de la papesse Jeanne, et que, sous l’année 890, il parla d’un miracle arrivé à Paris. Montfaucon visita à son tour le monastère de Fiésole en 1700. Dans son Diarium italicum, p. 392-595, 1 indique les principaux manuserits de la bibliothèque, parmi les- quels il cite Sozomeni Pistoriensis historiae. Ce fut Côme de Médicis, surnommé le Père de la patrie, mort en 1464, qui restaura et dota avec une munificence royale cette abbaye de Fiésole ; il y remplaça les religieux bénédictins par des chanoines réguliers, et dépensa quatre- vingt-quatre mille ducats pour la fondation du monastère et de la bibliothèque. Le manuscrit que Mabillon a fait connaître est évidemment celui que Côme de Médicis fit copier à Florence, et dont il gratifia l’abbaye, comme nous l’apprend le biographe de Sozomenus (1). Cette copie, que Côme de Médicis fit faire longtemps avant la mort de Sozomenus, ne saurait donc être le manuscrit autographe mentionné dans l'inventaire de 1460, quoi qu’en dise Zaccaria s'appuyant de l'autorité d’Arfarolus (2). C’est d’après le manuserit de Fiésole que Joseph-Marie Tartini, dans ses Rerum italicarum Scriptores ab anno aerae christianae millesimo ad millesimum sexcentesimum , quorum polissima pars nunc primum in lucem prodit ex Florentinarum bibliothecarum codicibus (Florence, 1748, in-fol.), à publié un extrait du deuxième volume de Sozo- menus sous le titre suivant : Excerpta ex historia Sozo- (1) {n Firenze fecela scrivere Cosimo de’ Medici, e la mando alla badia di Fiesole. Em. Card. Maïi Spicilegium rom., t. 1, p.658. (2) Op. cit., p. 87. (79) meni Pistoriensis ab anno 1001 ad annum 1294. Nunc primum tenebris erula e manuscriplo codice membranaceo bibliothecae Canonicorum Regul. Lateranensium S. Bartho- lomaei Fesularum (t. 1, p. 1-208). Cet extrait commence à l’année 1001, époque à laquelle, selon le chroniqueur, l'empereur Othon IIF fit trancher la tête au consul Cres- centius ou Cincio, qui exerçait à Rome des cruautés inouies ; et il se termine à l’abdication de Célestin V, qui eut lieu le 13 décembre 1294, par ces mots : de mense Decembri in die sanctae Luciae….… Tartini ajoute en note : Reliqua in codice Fesulano desiderantur (1). Voici com- ment l'éditeur apprécie la valeur historique de cet extrait : Enim vero non ego inficias iverim plurima in hac annorum serie, quam selegimus, relata principes historiarum. nos- trarum scripiores referre; sed praeterquam quod id ipsum eliam ad rerum scriptarum confirmationem confert non- nulla, quae minutiora hic memoriae commendantur , maximo historiae incremento esse quivis fateri debet, cum in hac praesertim multa extra Italiam gesta, in caeteris scriptoribus desiderata, invenire liceat(2).Avant decontinuer la notice des manuscrits, nous tenions à faire remarquer la justice rendue à Sozomenus par Tartini, qui ne se laissa aucunement influencer par la critique plus que sévère, faite quelques années auparavant par le célèbre Muratori. Un autre manuscrit en deux volumes, conservé dans la & bibliothèque Ambrosienne de Milan, est indiqué par Mont- … faucon (5). Ce que Muratori en dit prouve qu’il est exac- … tement semblable à celui de Fiésole : Conspexi non semel Ÿ (1) Op. cit., p. 207. (2) Op. cit., p. 3. (5) Bibliotheca bibliothecarum , t. 1, p. 524. ( 80 ) duo grandia volumina manuscripla, quorum alterum ab orbis primordio narralionem continuat usque ad tempora Julii Caesaris. Praefationis prima verbasunt haec : Scripturas ab orbe condito usque ad nostra tempora, quae mihi digna memoratu videbantur, tam breviter, quam tanta res dici potest, haud dubito apud veros eruditos hune meum satis | tenuem scribendi laborem fore gratum, etc. Titulus libri ila se habet : Sozomeni presbyteri Pistoriensis ac Florentiae educati chronicon; parem inscriptionem praeferebat codex Patavinus a Pignorio olim indicatus Vossio (1). Parem habet et codex Fesulanus Mabilonio inspectus. Allerum Sozomeni volumen Ambrosianum ferme a nativitate Domini usque ad electionem Bonifacii VIII, papae, hoc est ad annum 1294, procedit. Desiderantur autem illic postremae paginae. Neque sum annum excedit Fesulanus codex (2). Muratori, complé- tant une observation déjà faite par Mabillon sur le manu- scrit de Fiésole, dit que le manuscrit de l'Ambrosienne est écrit en caractères qui pourraient faire soupçonner une plus grande antiquité que l’époque à laquelle vécut Sozo- menus : Ambrosiani Codicis scriptura vel peritis judicibus imponere posset, quum majorem antiquitatem praeferat , quam ferat aetas jam perspecta historici (5). Mais ce manu- scerit, comme celui de Fiésole, avait été fait à Florence, où les copistes, formés dans une école de calligraphie, se plaisaient souvent à imiter les formes les plus gracieuses des anciennes écritures. Muratori, préoccupé de ses immenses travaux sur les (1) C'est le manuscrit également mentionné par Oudin. Voyez ci-des- sus, p. 77. (2) Op. cit., p. 1059. (5) Zbid., p. 1061. (81) sources de l’histoire de l'Italie, au moyen âge, ne paraît avoir attaché qu'un intérêt secondaire au manuscrit de lAmbrosienne, dont plus de la moitié se rapporte aux événements antérieurs à l’ère chrétienne. Il se borne à nous donner une note sur le manuscrit, sans qu'il ait cru devoir prendre la peine d’en faire un examen sérieux. Ses expressions : duo volumina in pluteis Ambrosianae Biblio- thecae a me conspecta, en fournissent la preuve. Cependant il a soin de nous faire connaître une particularité du ma- nuscrit : Adnoltatum quoque in eodem codice vidi, dit-1l (1), posiquam mentio facta est Petri de Murrono, antea Celes- tini V papae in carcerem trusi : Finis totius repoliti a Sozo- meno presbytero usque ad annum 1295. Quibus ex verbis intelligimus, cur Codices Fesulanus et Ambrosianus non ultra ea tempora progrediantur ; fortassis enim Sozomenum tempus defecit reliqua expoliendi, aut ab ts expoliendis destitit, qui ab eo conductus fuerat, ut Lbarbariem styli Sozomeniani e reliquo historiae removeret. Ea certe mihi suspicio est, non ipsum Sozomenum , sed ex ejus amicis aliquem expurgasse illius libros, ac praefationem nuper commemoratam addidisse, quum quid ipse stylo suo possit, quae sum editurus, satis indicent. Muratori avance ici en parue, au milieu de plusieurs conjectures mal fondées, ce que Vespasien à mis hors de doute, à savoir que Sozo- menus avait composé un troisième volume de sa chronique qui allait jusqu’à son temps, mais que la mort l’empêécha de le mettre en ordre et de le retoucher (2). (1) Op. cit, p. 1061. (2) {1 terxo volume infino a’ tempi sua l’ordinà , ma restava a emen- darlo e riducerlo in ordine ; questo non lo potè finire prevenuto dalla morte. Em. Card. Maï, Spicilegium rom., tom. I, p. 658. TomME xvir. O. ( 82) Si Müratori a été plus que sévère à l'égard de Sozome- nus, C'est parce qu'il a formé uniquement son jugement sur les fragments de ce troisième volume, sans consulter les deux premiers. Dans les Rerum üitalicarum Scriptores (tom. XVI, p. 4056-1197), il a publié un Specimen histo- riae Sozomeni presbyteri Pistoriensis, ab anno Christi 1362 usque ad 1410, d'après un manuscrit sur papier qu'il eroit être l’autographe de Sozomenus, parce que le titre, d’une écriture un peu différente de celle du texte, porte : P. So- zomeni Pistoriensis Ristoriarum fragmenta, ejus manu scripla usque ad annum 1410. N'oüblions pas que ce codex n'était qu’un recueil de fragments. Un noble romain, Jean- Baptiste Resta, l'avait communiqué à Mürätori, qui eut le tort de perdre entièrement de vue les déüx volumes de l'Ambrosienne. De son aveu même, ce manuscrit est très- incomplet. Iic, dit-il, a vetustissimis temporibus Sozomeni Ristoria initium sumens, pergit usque ad annum 1410. Tum SubSequilur series capitum addendorum sive jam Scripto- rum in allero volumine, mihi nusquam viso, ab anno vide- licet A1 üusque ad annum 1455; quo constitisse labor om- nis Sozomeni dignoscitur. Les défectuosités de ce manuscrit lui arrächent encore un autre aveu : Lectorem monitum velim ; fieri posse , ut ali codices Sozomenianam historiam überius et comptius scriptam exhibeant. Ille enim quo ego ad haec edendà usus Sum, primum exemplar fuisse videba- tur, et longe pauciorà complecti usque ad annum 1292, quam duo volumina in pluteis Ambrosianae Bibliothecae. En effet, le manuscrit de Resta n'est qu'un recueil de fragments incomplets de la troisième partie de la chroni- que, dont les deux premières se trouvent en entier dans les manuscrits de Fiésole et de l'Ambrosienne. Muratori, quoique paraissant se résoudre avec regrèt à | ( 85 ) Contéster l'anciénne renommée de Sozomenus, base néan- moins toutes ses accusations sur ce seul rhanuscrit de Resta (1), ét il n’én consulte pas d'autre pour légitimér sa critique (2). Cétie critique se rapporté au fond ét à la forme de toute la chronique. | D'abord, il en trouve le style très-mauvais : Nihil assur- D im o o ere CAUSE ilius stylus Hat. Ne eue je lantumn Ca non-seulemeñt vrai pour cétté partie inachevéé de là chronique qui s'étend dé l'année 1562 à 1410, mais aussi - Pour ur nombre considérable de passages des deux pre- . miers volumes, réputés cependant comme un opus perpoli- lum, d'après le matuscrit dé l'Abrosienne. L'incorrection du style, dans cértaines parties, n'avait pas échappé à la pérspicacité de Mabillon (5), ét Fabricius en avait fait la + rémarqué, indis sans avoir, comme lui, sous lés yeux les pièces du procès (4). “ Muratôri citant ensuite, d’après Mabillon, le passage de … la fin du premier voluiné du manuscrit de Fiésole, où So- . Zoménus se sert d’une formule pour ainsi dire toute cicé- “ johienné consacréé à l'éloge dé son ami Vespasien (5), s'étonne d'enténdre un langage plus correct : Haeé legens (1) Parcat Sozomenus, si ejus famam invitus attenuare cogor , ewm- que prodere qualis revera fuit, non qualis hactenus est reputatus. Op. . cit., p. 1059. … (2) Ubieam (historiam) accuratius expendere coepi, müultuin apud me depertit uestimationts. Ibid., p. 1061. (6) Voyez ci-dessus, p. 606, part. I. (4) Weque stylus ejus magnopere se commendat, sed barbarus est, Biz. MED. ET INFIMAE LATIN. t. VI, p. 566. (5) Voyez ci-dessus, p. 619. part. L (84) mirabar ego, ila ut alium a Sozomeno loquentem audire mihi viderer, adeo dissimili stylo in hac historia ile. Plus. grand encore aurait été l’étonnement de lillustre savant si, en examinant de près le premier volume, il y eùt ren- contré toute l’histoire de la république romaine, empruntée en grande partie aux sources de la latinité classique. Ceci nous conduit à constater combien est injuste et outré le jugement porté par Muratori sur le fond de la chronique : Ad historiam ipsam quod attinet, dit-il (1), vel me lacente ceperit Lerror, statim ac audivit, ab orbe condito factum fuisse initium libris Sozomeni. Et quisnam, rogo, magistrum sibi veteris historiae deligere velit scriptorem tam recentem, et saeculo nondum expurgato, imo adhuc fabulis dedito, de rebus antiquorum agentem? Lorsqu'on se rappelle ce que Vespasien nous dit du soin extrême avec leqüel Sozomenus consultait les anciens écrivains, lorsqu'on fait attention aux nombreux matériaux qu'il a mis en œuvre, on peut à peine, malgré la grande autorité de Muratori, s'empêcher de dire que son jugement, sur l’ensemble de la chronique, se réduit à une expression banale. Au reste, nous ne lui contesterons pas que, pour la partie qu'il a publiée de 1562 à 1410, Sozomenus a tous les défauts qu’il lui impute, et que même notre chroniqueur n’a fait que copier, pour cette période, Villani et d’autres historiens contemporains (2). Si nous attachons du prix à la chroni- que de Sozomenus, c’est parce que ces deux énormes vo- (1) Op. cit., p. 1061. (2) Collatione facta deprehendi, nihil fere aliud per ea tempora a Soxomeno tradi, quam quod a Johanne et Matthaeo V'illanis accepimus. ÆEorum chronica huic praesto erant : is vero hoc unum tantummodo egit, ut paucis redderet, quae illi fuse scripserant, et latinis sive barbaro-la- tinis lilteris, quae ipsi Italicae linguae commendarant. Op. cit., p. 1061. ” (85 ) lumes nous offrent une compilation de textes anciens qui concernent principalement l’histoire de Rome. Cette chro- nique n'est pas plus que d’autres un écrit original et com- posé d’un seul jet, l’auteur copie et compile presqu’à la même époque où, selon la remarque de M. Ozanam (1), Jean Villani lui-même, sans avertir ses lecteurs, insérait dans son histoire la moitié de la chronique de Ricordano Malespini, et où on ne connaissait guère ni l'orgueil de l'originalité ni le scrupule du plagiat. Après cette rectification d’une critique trop sévère, faite par un illustre savant, nous revenons à la notice des manuscrits. S. E. le cardinal Maï à daigné nous faire connaître que la Bibliothèque du Vatican conserve un manuscrit de la chronique, en deux volumes. Nous avons vu plus haut que Léonard Dati obtint, en 1474, la permission de copier l’'autographe de Pistoie (2). Celui-ci était alors un des se- crétaires de Sixte EV, et il paraît assez probable qu'il fit la copie sur l’ordre de ce pontife qui, à l'exemple de ses pré- décesseurs, s’efforça d'enrichir la bibliothèque du Vatican. Le deuxième volume seulement, se terminant à l’année 1294, existe à la bibliothèque royale de Munich, Codices latini, N. 19, chartaceus (3). _ L’exemplaire que nous possédons est partagé en deux volumes, comme les manuscrits de Fiésole et de l’'Ambro- sienne. Il est sur parchemin italien de la plus grande (1) Documents inédits pour servir à l’hist. litt. de l'Italie, depuis le VIII, siècle jusqu'au XIII*; p. 84. (2) Voyez ci-dessus, p. 76. (3) Archiv der Gesellschaft fur ältere deutsche Geschichtkunde, t. VIT, p. 120. (88) br sue du XV: siècle, et se Ling a par. une rare élégance dans la forme. Les deux volumes sont exéculés carac{ères, ce qui Dobt nafatires élonnant dans un | recueil d'une si grande étendue. C’est en quelque sorte un modèle de calligraphie. Incontestablement, le manuscrit a été fait en ltalie, et très: -probablement à Florence même, où, à cette époque , l'art de transcrire les livres avait atteint un grand degré de perfection. | Le premier volume ne porte aucune marque qui dénote à quel dépôt le manuscrit a appartenu antérieurement. En tête du deuxième se trouve biffée à l'encre une ligne d’une éeriture du commencement du dernier siècle, qu'on par- vient à déchiffrer encore, parce que la répétition faite au dernier feuillet est conservée; on y lit : Sum bibliothecae Collegii Adriani VI pontificis Lovanii. Il provient donc de la bibliothèque de l’ancien collége du pape à Louvain. Est-ce un de ces manuscrits que Vespasien dit avoir élé envoyés en France et en Angleterre? S’'est-il trouvé parmi les livres légués au collége du pape par Adrien YI'ou par son exécuteur testamentaire, le cardinal Enkevoir!? Nous l'ignorons complétement. En 1796, à à l'époque de la dis- persion de l’université, chacun crut devoir soustraire à la rapacité du gouvernement républicain tout ce qu'on pou- vail. Il y a quelques années, j'eus par hasard le bonheur de faire, par l'entremise d’une personne intéressée aux débris d’un ancien dépôt, l'acquisition de quelques livres, parmi lesquels était mon Sozomenus. Le manuscrit a une ancienne reliure à planches cou- vertes en veau, avec serrures et clous en cuivre; au dos, on remarque une reslauration moderne. À l'intérieur, il D (87) est d’une conservation parfaite; rien n’y manque, excepté malheureusement la première feuille du texte, au premier et au deuxième volume. Les manuscrits de Florence avaient ordinairement au premier feuillet des arabesques et même des miniatures assez grandes ; quelques faibles traces en restent encore sur le talon des deux feuillets enlevés à mon manuserit par je ne sais quel amateur ignorant et barbare. Je suis sûr que plus d’un bibliophile voudrait pouvoir le mettre au pilori. Au commencement du premier volume on lit : Tabula primi voluminis seu prime partis chronicarum Sozomeni presbyteri Pistoriensis, seu eorum que continentur in mar- ginibus. Cette table remplit 532 pages à deux colonnes, et ne porte aucun chiffre en tête des feuillets. Le texte seul occupe caccur feuillets, c'est-à-dire 902 pages. Le second volume commence aussi par une table à deux colonnes : Incipit tabula secundi voluminis Sozomeni presbyteri. La pagination des feuillets est en chiffres arabes d’une écri- ture moderne; il y en a 553, dont 16 pour la table et les autres pour le texte, donc ensemble 666 pages, puisque les feuillets de ce volume, comme ceux du premier, ne sont pas chiffrés au verso. Au feuillet 267 verso du deuxième volume, à l’année 1001, commence le fragment publié par Tartini et formant à peine 46 feuillets, c’est-à-dire 92 pages..Il nous reste done, sans compter les tables, 722 feuillets de texte restés inédits , c’est-à-dire 4444 pages in-folio d’une écriture très- compacte. L'analyse historique de ce texte et l'examen critique des sources auxquelles l’auteur a puisé, nous feront connaître s’il y a de l'or ou du plomb au fond de cette mine. (88) Nouvelles réflexions sur la langue latine, dans ses rapports avec l'étude du droit; par l'avocat général Ch. Faider, correspondant de l’Académie. L'Académie a bien voulu accueillir avec quelque faveur les premières réflexions que nous a inspirées la décadence du latin dans l’enseignement public; nous croyons répon- dre à ses justes sympathies, en insistant sur ce sujet impor- tant, au moment d’une réorganisation qui doit marquer une ère de résurrection pour le bon enseignement et pour les fortes études, ou bien une chute complète et définitive. Et à ce point de vue, nous sommes les premiers à recon- naître que la tâche des hommes d'État qui sont appelés à mettre le sceau à cette réorganisation, offre de grandes dificultés; nous ajouterons que le succès, qu'on devra sur- tout à une impartialité et à une fermeté inébranlables, suf- firait pour assurer la gloire d’un ministre. Faut-il donc tant insister sur l'utilité de la connaissance du latin ? Nous voudrions pouvoir répondre négativement à cette question, mais les adversaires du latin, même au point de vue des études juridiques, sont nombreux et ils ont écrit pour soutenir leur système; c’est ainsi que, il ya peu d'années, un écrivain français demandait : À quoi bon le grec et le latin dans l'enseignement public (1)? Tout en dé- plorant la décadence des langues anciennes, cet auteur se borne à déclarer que leur chute est sans remède, et il s’at- tache à prouver que l’on peut très-raisonnablement s'en (1) C’est le titre d’une brochure publiée par M. C.-D. Romainville, en 1845. - SSSR] ( 89 ) passer ; il reconnaît que les avocats ne savent pas le latin, et loin de se mettre en peine de rechercher si c'est un mal, il dit en parlant du droit et de la médecine : « Les bons ou- > vrages sur ces matières sont, en grande partie, traduits, » et il n’y à aucune obligation de recourir aux originaux, » dont la lecture, lente et pénible, serait inconciliable » avec les occupations journalières. » A cette apprécia- tion toute superficielle, opposons l'opinion d’un savant juriste, qui déclare que, « sans l’étude sévère des textes, » étude importante , vous n’aurez jamais de grands juris- » consultes; le droit romain sera toujours le modèle et » l'idéal inimitable de qui se livre à la science des lois (1).» Entre les deux opinions, nous n’hésitons pas : celle qui rappelle le jurisconsulte à l'étude des sources du droit ro- main est la seule qui soit digne d'être prise au sérieux ; l'autre est le fruit de l'ignorance ou de la paresse. À un point de vue plus général, nous rappellerons que toujours, depuis un demi-siècle, les hommes pratiques qui se sont oceupés de l’enseignement moyen ont fait la place belle au latin : en l’an IX, Destutt de Tracy dres- sait un plan d'études où il traite largement des langues anciennes , et c’est surtout à elles que peut être appliquée . cette belle pensée: « Un bon enseignement est un trésor publie; » le célèbre écrivain ajoutait, comme stimulant : « c'est être au-dessous de son âge que de ne s'élever » qu'au niveau de l’âge précédent (2). » Nous avons mon- tré, dans notre premier travail, que, en effet, au siècle (1) De l’enseignement du droit en France, par E. Laboulaye ; 1839. (2) Observations sur le système actuel d'instruction publique, par Destutt-Tracy, an IX. (90) précédent, les meilleurs esprits mettaient sur la même ligne la langue maternelle et la langue latine : nous ac- ceptons cette pensée au point de vue des études juridiques. Un autre écrivain, un compatriote bruxellois, qui écrivait sous le Consulat, s’efforçait de fortifier l'enseignement du latin dans les établissements publics, et lui assignait une grande place dans son programme; il était d'accord, du reste, ayec le gouvernement de l’époque ( ja Mais faut-il remonter si haut? Un de nos savants con- frères , bien plus capable que nous, et par ses études-et par sa position, de juger la question, M. le chanoine De Ram, s’est associé à notre pensée et à nos vœux , et déjà, il ya cinq ans , lorsque l’Académie diseutait le règlement du concours pour le prix quinquennal d'histoire, il vous a communiqué , en fayeur du latin, une note qui mériterait d’être reproduite dans nôtre Bulletin. Nous lisons dans cette note le passage suivant que notre savant confrère appliquait aux études historiques, et qui peut s'appliquer entièrement aux études juridiques : « La langue latine à été un puissant élément de civilisation : elle a, comme le remarque un écrivain célèbre, un caractère de dignité et de grandeur que les langues même les plus parfaites n’ont jamais pu saisir., Seule entre toutes les langues mortes, elle est vivante encore. L'Allemagne, l'Italie, la France et la Belgique nous ont laissé en latin presque tous leurs travaux historiques les plus importants et les plus utiles. » Il suffira de citer des noms tels que Leyser, EN +4 SO À y (1) Observations sur le ren 44 projet de loi sur Lime ds an ÿ » 4% CE -PS r-slee (M) Bochmer et Heineccius en Allemagne, Cujas, Doneau et Dumoulin en France, Farinacci et de Luca en Italie, Voet, Noodt et Bynkershoek en Hollande, Van Espen, Christy- nen et Wamèse en Belgique, pour se persuader que la pen- sée si noblement exprimée par M. le chanoine De Ram, répond parfaitement à à la nôtre. Les traductions, dira-t-on? Où sont celles de Voet, le géomètre de la jurisprudence (1); celles de Cujas, Anlti- quitatis insignis indagator (2); celles de Luca, le doctor Vulgaris de l'Italie (5); celles de Rævardus, le Papinien des Pays-Bas (4)? Croit-on qu'il est absolument inutile de pouvoir parfois consulter Bartole, que l’on a appelé Juris Lucerna, summus juris ape (5), et à qui a été décerné le titre héroïque de capitaine général. des docteurs (6)?. Du- moulin, ce clairvoyant de notre droict français (7), l'auteur du vrai prompiuaire de la jurisprudence française (8), le jurisconsulle le plus fécond en maximes (9), sera-t-il aban- donné ? Jugera-t-on indigne du juriste philosophe de re- monter jusqu’à notre Hopperus, qui in pectore philosophiam cum jurisprudentia concludebat (40)? N'insistons pas sur ces appréciations : bornons-nous à répéter que la science (1) Ainsi appelé par Merlin, qui le cite constamment. (2) Gail, de Pace publica, lib. II, cap. 1. (3) Troplong, des Hypothèques  n° 600. (4) Juste-Lipse, cité par Paquot, 16, 118. (5) Praæis civilis de Denis Godefroid, lib. I, tit. 2, p. 5. (6) Expressions pittoresques d'Étienné M Recherches, lib. VIIT, ch. 14. (7) Loyseau, des Seigneuries, ch. 13, n° 4. (8) Loyseau, du Déguerpissement, liy. IT, ch. 1. . (9) Duval, le Droit dans ses maximes, p. 17. (10) Le ve Acad. Lov., lib. IT, cap. 2. (92) des lois a besoin de reposer sur la base immuable des ou- vrages classiques; et à ceux qui craindront de trouver, dans quelques auteurs, une latinité parfois incorrecte ou vulgaire, nous répondrons que le plus érudit et le plus sagace, que celui qu’on a comparé au soleil, admirable méme dans ses éclipses (1), que Cujas est un excellent latiniste : nous en avons pour garant le chancelier D’Aguesseau, qui disait que Cujas a mieux parlé la langue du droit qu'aucun mo- derne, et peut-être aussi bien qu'aucun ancien (2). On sera donc fort en peine de trouver les traductions des commentateurs; et si l’on possède celles que nous avons citées dans notre première note, si l’on y ajoute celle des Institutes de Théophile, déjà traduites en un latin admira- ble par Viglius, et que M. Legal a traduites à son tour en français, on n’aura vraiment pas grand’ chose. Nous ne devons point rappeler ce qu'on a dit de la traduction du Corpus juris et de celle des Pandectes de Pothier ; nous pas- sons sous silence l'analyse française de ce magnifique ou- vrage (5) : nous ne pouvons toutefois résister au désir de fournir aux partisans des traductions quelques preuves de l'exactitude de ces translations, qui perdent toute couleur locale et toute signification pratique. Nous ouvrons au ha- sard la traduction du Florilegium de Godefroid, par Caillau. Après avoir, dans son avertissement, insistésur l'utilité des traductions des ouvrages de jurisprudence romaine, il en- treprend d'exprimer en français les maximes des juriscon- . (1) Ces belles paroles sont de Bretonnier, préface de ses Questions de droit. (2) D'Aguesseau, Znstructions à son fils. (3) Analyse des Pandectes de Pothier, en français, suivant l’ordre al- phabétique, par Moreau de Montalin, 2 vol. in-8°, 1824. (9%) sultes de Rome, de Constantinople et de Beryte, et que voyons-nous? Exemples: on lit dans les Pandectes, XI, 1,11, $ 8, cette maxime : Ea quae postea emergunt, auxilio indi- gent; pour la bien comprendre il fallait relire la loi entière, consulter la glose, ouvrir Pothier, et l’on aurait vu ce prin- cipe que les faits postérieurs à l'acte ou à la déclaration n’engendraient point de responsabilité, si ces faits contra- riaient l’acte ou la déclaration même; quelle version nous donne Caillau ? Les choses qui ensuile viennent à paraîlre ont besoin de secours ! L'élève qui apprendra cette maxime par cœur n'aura pas appris grand’ chose, convenons-en (1). Autre maxime extraite également des Pandectes, XLVI,5, 41 : Plerique innocentium necessario sumptu egent ; Caïllau traduit ainsi : La plupart des innocents ont besoin de dé- penses nécessaires ; cela ne signifie absolument rien; il eût fallu faire entendre que tout individu présumé innocent doit pouvoir subvenir librement à ses besoins en adminis- trant ses biens, car sans cela il suffirait d’un soupçon pour dépouiller des innocents (2). Voici une pensée délicate, noblement exprimée par la loi romaine (C. VI. 40. 2) : Mulieres ad hoc natura pro- genuit ut partus ederent, el maxima eis cupiditas in hoc constituta est. Le traducteur gâte ce langage et alarme la pudeur par cette grossière version : La nature N'A mis les lemmes au monde Que pour QU'ELLES enfantassent et leur a donné l'attrait le plus vif pour l'accomplissement DE CETTE FONCTION auguste. Nous ne voyons rien d'auguste dans cette (1) Ex causa justi erroris potest quis suam errorem revocare. (2) Voici la loi entière : Reo criminis postulato, interim nihil prohibet recte pecuniam «a debitoris solvi : alioquin plerique innocentium sumptu necessario egebunt. PR? lâteur. Voilà ce qué valent les traductions ; il serait fastidieux dé multiplier les éxémples : mais n'est-il pas déplorable de pénser que ces traductions Soht préférées aux originaux ét servent de manuels à là jeunesse des écoles dé droit ? Nos grands jurisconsultes Sont tellement persuadés que les textés latins reproduits par eux ne $ont pas COMPTIS , qu'ils en donnent là traduction française lorsque la citation est importante : ainsi M. Trôplong, au n° 522 de son Coin- mentaire des hypothèques, cite un passage très-clair de Cüjas; mais, la Solution de cé docteur étant décisive, il én fait une LARAHUR qu certes n’a hi JENCTRIE, ni la préci- M. Troplong nus donc, et Sans doute il le déplore sincèrement, qué les jurisconsultes qui lisent sés princi- palés citations latities, ne les comprendront pas, et pour nôlre part, nous én soimes convaincu : ce que nous avons vu depuis que nous sommes appelé à présider le jury d’éxamen de la Candidature en lettres, préparatoire à la candidature en droit, ne fait que fortifier cette conviction si, dans l'avenir, l’enseignement du latin né devient pas sérieux. Les faits parlent d'eux-mêmes : nous consultons les notes que nous avons tenues Sur les examens de 22 récipiendaires, munis du certificat d'élèves universitaires ; ces jéunes gens , généra- lementinstruits sur les autres branchés de l'examen, étaient d’une faiblesse déplorable en latin, et sur les 22 dont nous parlons, 13 n’ont point satisfait à cette partie si impor- tante : l’un d’eux, bon élève d’ailleurs, en lisant un passage de Tacite, s’efforçait de traduire pignus par famille, pré- tendant que pignus veut dire pignon, que pignon veut dire maison , que la maison renferme la famille ; Ceci est aussi (95) exact qüé plaisäht ét en dit plus que tous les mémoires. “Nôus lé répétons, il faut absolument que nos futurs candidats et docteurs en droit comprennent le latin pour devenir jurisconsultes un peu instruits; l'emploi dés tra- ductions est presque toujours impossible, parce qu'elles n'existent pas et lorsqu'elles existent elles sont mauvaisés là langue du droit romain doit être respectée däns sa pré- cision, si souvént énergique et saisissante; l’acception dés . mots qu’elle emploie ne peut qu'être dénaturée où affaiblie _par là traduction. Portalis, dans üné discussion au conseil d'État, développait cette pénsée : « On se méprend sur le 5 Sens des lois, lorsqu'on prend léurs expressions dans l’acception qu’elles ont dans le langage ordinaire. C'est ainsi que dans le droit romain, justus ne signifie pas équitable, mais est synonyme de solemnis : on dit justae nüptiäe, pour désigner un mariage légalement formé. De même quand les lois romaines parlent de la crainte capable d’affecter celui qu'elles nomment constäntem > virum, elles veulent dire qu’on doit n’avoir égard qu'aux > circonstancés qui sont de nature à causer à un homme . » fait une frayeur raisonnable (1). » En d’autres termes, le génie de la langue du droit romain ne peut être trans- . porté dans des traductions, quelque excellentes qu’on les Supposé. « 11 est hors de doute, dit Gustave Hugo, qu’on » doit attacher béaucoup d'importance aux mots techni- » ques des Romaïns, Soit qu'ils $e trouvent seuls, soit » qu’on les rencontre réunis ensemble, et que; dans ce » dernier cas, il faut avoir égard à leur situation respec- EI VW Vi (1) Portalis, séance du conseil d'État du 11 brumaire an XII, dans Locré. (9%) » live, opération qui ne peut se faire que très-diffcile- » ment dans un livre, pour la traduction duquel on a fait » choix d’une langue vivante (4). » Le traducteur latin des Institutions du droit ecclésiasti- que de Fleury, a écrit une spirituelle boutade contre la manie de traduire en langue vulgaire les lois romaines : ce que nous disons pour le français, il le dit pour l’alle- mand, par rapport à ces lois; dans l'avertissement placé en tête de son ouvrage, on lit : Habet enim quaclibet disciplina e solo natali propria vocabula, propriique sensus formulas et conceptiones verborum, quas difficilime in alium sermo- nem convertas, nisi obscurus fieri velis : quod eliam con- tingit qui v. c. jurisprudentiam civilem germanice tradere adgrediuntur, ac mire se torquent in exprimenda interpre- talione juris in re et Juris ad rem, quorum illud ein din- gliches recht, hoc kein dingliches recht adpellare cogun- tur, licet nemo inerudilus sensum horum vocabulorum capiat (2). 11 nous est done permis d'insister sur la nécessité de mettre l'élève en état de comprendre les lois romaines et les auteurs qui les ont expliquées : nous ne reviendrons pas ici sur les rapports intimes qui existent entre ces lois et les nôtres ; nous nous référons à ce que nous avons dit là-dessus dans notre première note. Mais comment se fait-il que la connaissance du latin s’est ainsi affaiblie ? Quelles sont les causes de cette déca- dence qui fait craindre pour l'avenir et qui appelle une réparation ? Nous nous proposons de répondre à ces ques- (1) Gustave Hugo, Æistoire du droit romain, \ 21 de l'introduction. (2) Daniel Gruber, Claudii Fleury Instit. juris eccles. cum animadver- sionibus Bochmeri, edit. quarta ; Parisiis, 1768. DS > D "ACER DD DT 2e SE dE de A (97) tions dans une note que nous prendrons la confiance de communiquer bientôt à l’Académie : nous nous bornerons aujourd'hui à signaler surtout l’affaiblissement qu'a causé aux études moyennes la multiplicité des établissements d'in- struction secondaire ; un grand nombre d'établissements nécessitent une multitude de professeurs, et dans cette multitude de professeurs, combien sont forts, combien sont médiocres, combien sont faibles? De là affaissement inévitable de l’enseignement ; de là aussi diversité et inco- hérence des méthodes, livres nombreux et mal faits, ré- sultats nuls ou insuffisants pour les élèves. Ajoutons le mal qu'ont fait les changements nombreux dans le système des examens, les lois de transition, les essais, l'espèce de provisoire qui pèse depuis bientôt quinze ans sur la légis- lation, et qui, par les mauvaises suites qu'il engendre, fait vivement désirer la stabilité, qui seule peut permettre aux professeurs et aux examinateurs de suivre des règles fixes et normales. Peut-être aussi doit-on se plaindre de la mul- tiplicité des branches d'enseignement, ou du moins de leur » mauvaise distribution : l'établissement du grade d'élève universitaire et des deux doctorats en droit, doit être con- sidéré comme une amélioration importante; mais n’a-t-on pas encore trop chargé les programmes? C’est ce qu'il importera d'examiner avec soin. Ces causes méritent d'être méditées et développées; nous nous bornerons au- jourd'hui à reproduire des paroles peu connues d’un homme d'État aussi pieux que libéral, du célèbre Portalis, ministre des cultes de Napoléon; dans l'exposé des motifs du projet de loi relatif à l’organisation des séminaires .métropolitains, le 42 ventôse an xx, il disait : « On a > toujours observé que la multiplicité des petits colléges > nuisait au progrès des bonnes études. Les professeurs Tone xv. *: ( 9% ) » habiles sont rares. Les moyens d’exciter l'émulation » sont plus difficiles dans les petits établissements, qui » échappent à l'attention publique. Quelques grandes » écoles, placées à certaines distances et sous la protection » du gouvernement, appellent davantage lémulation et » le talent et sont plus assurées de produire de grands » effets (ft). » En rapportant ces lignes, notre pensée n'est nullement de donner atteinte aux principes de liberté que consacrent nos lois fondamentales et dont nous som- mes partisan sincère; nous voudrions simplement signaler les dangers de la liberté même et la nécessité pour elle de se régler et d'éviter certains abus qui produiront bien cer- tainement la décadence des études par une imprudenté dissémination de forces et de talents. Évidemment , les hommes manquent aux établissements d'instruction, et par suite l'instruction manque aux élèves; et cette langue, dont se sert la loi romaine et qui a civilisé le monde, tombe dans un injuste oubli et dans un mépris » fatal. Nous nous éloignons vraiment trop des hautes appré- | ciations qui inspiraient à saint Augustin ces lignes où il caractérise l'empire de la langue latine : Opéra data est ut imperiosa civilas , non solum jugum, verum etiam linguam suam domitis gentibus imponeret, per quam non deesset, imo et abundaret interpretum copia. La loi romaine elle- même le déclarait : Decreta à praetoribus latine interponi debent ; Godefroi, dans les notes, ajoute : Forte ad propa- | gandam nominis romani gloriam (2) : si tel n’est point le (1) Voir le Recueil des travaux de Portalis l’ancien, publié par son « petit-fils. ; 4 (2) D. 42, 1, 48, de Re judie. — Voici les deux textes : D. 42, 1,48, del Re jud. : Decreta a praetoribus latine interponi debent. C. 7, 45, 12, de RE PA el ne (99) seul motif de cette loi, ne reconnaitra-t-on pas du moins que la langue latine fut et est restée celle de ce droit uni- versel qui fait l'honneur de la ville dont les Empereurs disaient avec orgueil : ROMA EST GAPUT ORBIS TERRARUM (1). Du droit et du devoir; par M. Kervyn de Lettenhove, correspondant de l’Académie. “ Ilest, Messieurs, dans le langage de la morale tel mot . qui exprime à lui seul et d’une manière absolue la supé- … riorité de l’intelligence humaine et la mission qui lui est … sent. et interl. : Judices tam latina quam graeca lingua sententias pro- … fèrre possunt. Sur cette dernière loi, la glose observe : et {ta derogatur legi «48 D. de Re jud. En effet, après la translation du siége de l'Empire à Constan- À tinople, l'usage de la langue grecque fut toléré, ce qui fait dire à Corvinus, ad Cod., h.t.: Ferri debet sententia lingua quae publicè nota, sive graeca … sive latina. La glose du Digestum novum (Infortiat de Lyon, 1550) porte : … Décreta t. e. edicta citatoria et sententiae contra abséntem : latine scilicet inter latinos , sed inter alios eorum lingua, nisi unus intelligat linguam …alterius. Balde, sur la loi citée du Code (vol. 2, p. 61), pose divers principes * comme conséquences de l'extension décrétée par les empereurs Arcadius et Honorius : Graece inter Graccos, latine inter Latinos. Ubi non est éntel- … léctus, ibi non est sententia. Potius inspici debet idioma partium quam ridioma judicis. Balde veut que l’on appelle un interprète, le cas échéant, Ainsi, comme l’observe Pothier, dans ses Pandectes, h. 1., n° 11, l’extension date de l'époque dé la translation de l'Empire : la langue grecque devint aussi officielle; mais jamais elle ne se répandit comme la lañgue latine, qui resta . maîtresse de toute l’Europe occidentale et qui servit de moyen et d’interprète Là la renaissance des études littéraires, et ensuite des études juridiques : elle servit vraiment à propager la gloire du nom romain et des lois romaines et à fortifier ce que Sénèque appelait, on l’a vu : linguae latinae potentia. (1) C. 1,17, 1, 1, de 7er. jur. enuel. | EX \ ALT ( 400 ) donnée : « Quel que soit, disait Cicéron, le nombre des » SH V5 VS VW Ov 7% graves et sérieuses questions soumises au jugement des philosophes, il n’en est point qui aient plus d’éténdue que celles quiserapportent au devoir. En effet, le devoir se reproduit dans toules les parties de la vie, dans les affaires publiques comme dans les affaires privées; au forum aussi bien qu’à l'ombre du foyer; soit que vous traitiez avec autrui, soit que vous vous {rouviez vis-à-vis de vous-même. L’honnêteté de la vie consiste dans l’accomplissement des devoirs; leur violation en fait la honte. » Cicéron écrivait dans ce siècle de l’histoire de Rome que rendirent tristement célèbre les proscriptions et les discordes civiles : aujourd’hui encore, nous ne sau- rions trop répéter ce nom sacré du devoir, puisqu'il repré- sente à la fois la règle souveraine de la vie et la solution de toutes les difficultés, de tous les obstacles, de tous les périls, que dans les temps de crises sociales, elle est appelée à traverser. Si le devoir n’était pas la traduction de cette voix de la conscience qui oppose le bien au mal, l’homme réduit à une intelligence stérile et funeste ne serait plus l'être, roi de la création, que la terre éprouve et que Dieu juge, et lon peut dire qu'il n'existe qu’à la condition d'accepter comme source et comme fin de tous ses actes, cette loi de responsabilité morale qui le prend au berceau pour le con- duire au delà de la tombe. aussi tracé par une prescription impérieuse; mais on lui attribue un terme corrélatif qui le fortifie quelquefois, le Dans le domaine de l’économie politique, le devoir est balance plus fréquemment et ne le détruit que trop sou- vent : à côté du devoir se place le droit, Le droit appartient aux discussions de la tribune légis-,h A (101) lative et judiciaire, à celles de la presse, cette tribune de tous les lieux et de tous les moments. Le devoir réserve l'appréciation des questions qui le tou- chént à un examen moins suspect de faveur et de partia- lité : vous lui ouvrez, Messieurs, l'asile de vos hautes et graves études en comprenant dans le cercle qu'elles em- brassent les sciences morales et politiques. Le droit est étouffé ou est suspendu, tantôt par la force extérieure qui l’opprime; tantôt par l'acte spontané de la volonté personnelle qui y renonce. ” Le devoir n’est jamais étouffé, ni jamais suspendu : il n’est pas plus permis d'y renoncer volontairement que de le trahir même devant l'oppression de la force. Telle est la différence qui sépare le droit du devoir. Les rapports qui existent entre le droit et le devoir sont ceux-CI : Plus le droit est discuté et contesté, par conséquent douteux et faible; Plus le devoir doit être affermi, consolidé, maintenu et par suite certain et Stable. Je sais bien que si l’on pouvait jamais rendre au senti- ment du devoir sa prépondérance légitime , il serait inutile . d'étendre ou de restreindre le droit, et même de l'expli- quer. Dans l’état actuel des choses, ce serait assez que de placer le langage de la vérité à côté de celui des passions et doser, quand tant d’autres nient ou ébranlent le droit, afirmer et relever le devoir. On ne peut se le dissimuler, c’est le caractère propre aux époques de transition les plus sceptiques et les plus tourmen- … tées que cette substitution permanente, dans les rudes as- sauts de la polémique, du mot:droit, à cet autre mot: devoir. ” Les esprits d'élite eux-mêmes subissent cette préoceu- ( 102) pation universelle, L'illustre auteur italien qui a écrit le livre : Des devoirs des hommes, ne consacra-t-il pas toutes les forces de sa jeunesse et de son génie à invoquer la justice variable et passagère du droit avant d'arriver, par une Jongue et douloureuse méditation, à proclamer la justice éternelle et incontestable du devoir ? Si nous passons à une catégorie plus nombreuse de mem- bres de l'État ou de la cité, ce même symptôme nous frappe encore plus. Ces hommes ardents qui ont l'enthousiasme de la tête et du cœur pour admirer l'éclat de toutes les théories, mais qui nont ni assez d'intelligence, ni assez d'expé- rience pour en sonder le néant, hésitent rarement à mou- rir pour réformer le droit : apprenez-leur à vivre en pra- tiquant le devoir. | | D'autres, moins sincères et moins convaincus, n'ont jamais rien rencontré qui éclairât leur raison ou enflam- mât leur zèle : ils ne cherchent dans les systèmes que des négations à opposer à la société, telle qu'elle existe : mon- trez-leur donc que si parfois le droit se voile de doutes, il n’en est jamais de même du devoir. Si nous ne sommes que trop portés à épouser toutes les querelles que peut soulever le droit, sachons embrasser avec le même dévouement, la défense de toutes les idées bonnes et utiles qui découlent du devoir. Notre devoir à tous est d’exalter, de glorifier, de pro- pager le respect du devoir. Tantôt la conscience définit le devoir comme une règle fixe et précise que rien ne peut faire fléchir. Tantôt elle le révèle spontanément, selon les temps et les circonstances. Ne cherchez pas seulement dans le devoir la réponse à | toutes les questions que l'esprit se pose aux heures de ten- | (103) tation et de doute. C'est aussi le remède appliqué à toutes les.plaies que l’on porte en soi et à toutes celles que l’on ne cherche à découvrir chez les autres que pour les guérir. Le devoir réside à la fois dans] ‘exemple et dans le pré- cepte, L'exemple, en donnant plus d’autorité à celui qui en- seigne , justifie l'enseignement même : le précepte donne à l'exemple toute sa valeur, en l’interprétant et en le faisant passer du domaine des faits matériels dans celui des vérités morales. Si le précepte sans l'exemple est un aveu de faiblesse ou un prétexte de mensonge, l'exemple sans le précepte ne serait pas moins coupable. Ce serait l’égoisme du bien, la bienfaisance sans générosité, la charité sans sympathie, la vertu devenue incommunicative et inféconde. Si le droit représente une part commune d'influence, de direction et d'action, le devoir erée aussi une communauté dont les éléments ne sont n1 moins aclifs, ni moins vivaces. Combien n’est point étendue l'échelle des misères morales, les seules dont nous nous occupions aujourd'hui, et com- bien les liens qui réunissent les hommes les uns aux autres ne doivent-ils pas être multiples, lorsqu’à chaque pas quel- que calamité imprévue dévoile aux forts comme aux faibles Je besoin de chercher un appui dans ceux qu’ils ont mépri- sés , dédaignés ou méconnus? On l'avait compris dans les siècles trop calomniés, trop peu étudiés du moyen âge. Depuis le monastère, où le peu- ple venait, en revêtant une robe de bure destinée à d’autres sueurs et à d'autres fatigues , accomplir une œuvre de transformation morale, jusqu'aux corporations, qui garan- tissaient à leurs membres leur constante protection dans l'ordre pacifique des travaux industriels, l’association, telle ( 104) que je la comprends ici et que je nommerai, pour rester étranger à toute controverse politique, l'association des aBtire, était acceptée et admise comme un bienfait dans les usages et dans les mœurs. Permettez-moi, Messieurs , de rappeler en passant que ees idées fécondes étaient plus fortes et plus généralement répandues sur le vieux sol de notre pays que partout ail- leurs. Le génie pieux de nos populations les vénérait comme une émanation des principes mêmes de la charité chrétienne. Vous savez comment elles périrent. Affaiblies, mais non détruites par les princes étrangers qui croyaient retrouver la force de notre nationalité dans ce qui faisait son honneur, elles tombèrent tout d’un coup sous la hache des sectaires du XVF siècle, et ce fut à l’époque où cette véhémente clameur du droit qui nous émeut depuis trois cents ans retentit pour la première fois sous une forme nouvelle, que le devoir s’exila et disparut. Les mœurs elles-mêmes, dont ces associations frater- nelles étaient l’expression simple et naïve, se sont profon- dément modifiées, et la loi, la loi qui ne peut être forte qu'autant que des mœurs fortes y revivent, n’est plus que l’image incertaine d’une société qui s’ignore et s’étudie avec anxiété. Eh quoi! parce que le doute envahit tout, baisserions- nous la tête devant les progrès d’un prosélytisme que nous repoussons”? Parceque les convictions sincères et généreuses deviennent rares, faudrait-il cesser d’être sincèrement et généreusement convaineu? La vertu des bons citoyens, de même que le courage des vaillants capitaines, n'est-elle : point destinée à chercher la lutte dans les obstacles et fe victoire dans les luttes? Ce n’est plus seulement à la société à protéger ceux qui lui (105 ) appartiennent; c’est avant tout à ceux-ci à sauver la société. Ralliez les éléments épars de la société dans le devoir : le droit la retrouvera dans toute son unité. Que votre zèle fortifie les bases de la société : puis vous . pourrez avec confiance laisser à d’autres le soin d’en édi- fier le faite. Ce serait une trop grande honte pour un siècle qu'ont précédé tant de siècles de foi, de science et de civilisation, ue de le croire frappé d’impuissance, parce qu'il est venu | PP P le dernier, et de consentir à ce que les sentiments moraux, innés dans le cœur de l’homme, aient moins d'orateurs et d'apologistes que des doctrines perverses ou futles. Du … château, débris à demi écroulé des traditions et des lé- … gendes du passé, au toit du laboureur, qui partagera peut- être les mêmes ruines, de la demeure de l'habitant des : grandes villes, qui voit devant lui naître les commotions populaires, à la cabane du pêcheur, qui ne prête l'oreille « qu'à l'éternel murmure de l'Océan, quiconque à reçu de … Dieu un trésor, ici un trésor d'influence et d'autorité mé- rité par des bienfaits, là le trésor de la sagesse et de … l'expérience, rendu visible à tous par la couronne que font des cheveux blancs à un front sans remords, quiconque, en un mot, a le pouvoir ou l'amour du bien, a sa mission A “de toutes les heures à remplir, d’abord par l'exemple, Mais surtout par l’enseignement du devoir. Que le foyer paternel ne soit jamais silencieux ! Que la vieillesse double la virilité d’un autre âge en lui apprenant, par ses conseils, à égaler les forces de l'âme à celles du corps! Que ceux-là mêmes qui sont faibles oublient leur faiblesse en soute- nant celle des autres : noble et vaste carrière où les esprits ‘que les discussions du droit divisent, trouveront dans le devoir un nœud commun qu’ils ne désavoueront jamais. (106 ) Nous savons que les formes politiques qni abritent où développent plus ou moins heureusement les principes de l'ordre moral, passent et s’évanouissent tour à tour dans la poussière soulevée par les orages. Mais les principes de l'ordre moral, qui sont le sol même sur lequel reposent les formes politiques, ne peu-. vent, ne doivent jamais mourir. A l'avenir, le droit de chercher à perfectionner l’ordre politique. Au temps présent, le devoir de travailler sans relâche à raffermir l’ordre moral. | Au-dessus du droit, il y a quelque chose : c’est le devoir. Notice sur les funérailles de l'infante Isabelle, d'après deux manuscrits de Colbrant, premier héraut d'armes; par le. chevalier Marchal. L'Académie ayant accueilli avec indulgence, la notice que j'ai eu l'honneur de lire à la séance du mois de dé- cembre dernier, concernant les funérailles d'Anne de Bre- tagne, notice qui est une analyse du n° 10445 de l’ancienne Bibliothèque de Bourgogne, je vais faire la lecture du récit des funérailles de l’infante Isabelle, d’après deux manu- serits de Colbrant, n° 6453 et 16403. Comme le texte de. l’auteur est prolixe et péniblement rédigé, je le réduis à un sommaire de quelques pages. Le 27 novembre 1653, premier dimanche de l'avant, l'infante Claire-Isabelle-Eugénie, âgée de 67 ans, ayant le. titre de gouvernante des Pays-Bas, après en avoir été prin- cesse souveraine jusqu'en 4621, au décès de l’archidues | RE DE Dr nn (107) Albert, son mari, était malade d’une fluxion de poitrine. Elle voulut entendre la grand'messe à la chapelle de la cour. Il fallut ensuite la saigner. Le lendemain, sa maladie | prit un caractère dangereux. Elle était alitée. Elle demanda et reçut solennellement le viatique et l'extrême-onction. Elle fit assembler autour de son lit toutes les personnes de sa maison; elle leur demanda pardon des offenses qu'elle aurait pu leur avoir faites. Elle ordonna qu’ on Jui lût son testament, qui était écrit depuis dix-sept ans, et les codi- cilles qu’elle y avait ajoutés et qui étaient en grande partie des legs de bienfaisance. Elle voulut être enterrée sans être embaumée et dans un simple cereueil de bois. Elle défen- dit qu’on prononçât son oraison funèbre. Le lendemain 29, il y eut quelque lueur d'amélioration, mais le 50 novem- bre elle était agonisante. Le marquis d’Aytona, du conseil d'État du Roi à Madrid, et gouverneur des armes de Sa Majesté en.s65 pays de par deçà , ayant consulté les méde- que Le heures et que sa fin approchait. En € consé- quence, il fit convoquer le conseil d'État de Bruxelles par le chef président , Pierre Roose, chevalier. D’après la dé- claration des médecins, il présenta au conseil une dépêche, appelée plica en langue espagnole, et cachetée au sceau de Sa Majesté, pour être ouverte lorsqu'il y aurait apparence du trépas de l’'Infante. Cette dépêche ayant été ouverte, le conseil reconput qu'elle était datée du 4 mars 1632, et . qu'elle nommait, par provision pour cet événement, et en altendant l’arrivée du cardinal Infant, une Jointe compo- sée du susdit marquis d’Aytona et de don Carlos Coloma, “ aussi du conseil d'État, le due d'Arschot, prince d'Arem- » berg, chevalier de la Toison d’or, l'archevêque de Malines … et aussi du comte de Tilly et le marquis de Mirabel, qui (108 ) pouvaient être remplacés en cas d'absence. (V. MS. 18589.) Le conseil décida, comme de ces deux derniers l’un était décédé et l’autre absent, qu'ils seraient remplacés par le marquis de Fuentes, gouverneur de Cambrai, et le comte de Feria, gouverneur d'Anvers. Ensuite le marquis d'Ay- tona et les membres du conseil, ayant été admis devant lInfante, lui rendirent compte de la dépêche royale et de leur décision. L’Infante approuva la nomination de cette Jointe. Il en fut rédigé un procès-verbal. Elle conserva sa présence d'esprit jusqu’à son dernier moment. Dans l'après-midi, il y avait autour de son lit les personnes notables de sa cour. Près du pied du lit était assise, pendant dix heures entières, la reine Marie de Médicis, veuve de Henri IV, laquelle s'était échappée, le 18 juillet 1651 du château de Compiègne, où le cardinal de Richelieu la faisait retenir comme prisonnière; elle s’é- tait réfugiée à Bruxelles; elle y avait reçu, dans le palais même de la cour de l’Infante, une généreuse et magnifique hospitalité. À côté de la reine, il y avait Gaston, son deuxième fils, Monsieur, duc d'Orléans, frère du roi Louis XIIT, alors héritier présomptif de la couronne de France, avant la naissance de Louis XIV, et retiré aussi aux Pays-Bas après de vives altercations avec le cardinal de Richelieu, et après avoir ensuite offert ses services au roi d'Espagne, Près de lui était la duchesse d'Orléans, sa femme, Marguerite de Lorraine, sœur du duc Charles IV, et qui, deux mois auparavant, S'était évadée de la ville de Nancy, que le cardinal de Richelieu assiégeait. Ce ministre avait voulu faire annuler son mariage. Ces deux princesses avaient assisté à la cérémonie de l'extrême-onetion, étant à genoux et tenant un ciérge à la main. La douleur de la reine, sa physionomie décomposée, SRE TES TS 7 20 ( 409 ) ses pleurs étouffés, dans la crainte d'être remarqués par l’auguste moribonde, étaient un objet de tristesse pour les assistants dans un aussi triste moment. Le duc d'Havré se Lenait debout derrière la reine. On la supplia pendant longtemps de sortir, elle résista : il n'était pas possible d'obtenir qu’elle se retiràt dans ses appartements; on pré- textait qu’elle devait reprendre ses forces par un léger sommeil. Elle se retira enfin vers minuit, mais au lieu de se reposer, elle ne cessa de veiller et de prier. Parmi les sujets du roi d'Espagne, outre François De Rye, archevêque de Césarée, grand aumônier de l’Infante, et le père Pedro de Castro, de l’ordre des Frères-Mineurs, son confesseur, il y avait le marquis d’Aytona, que Col- brant qualifie d'ambassadeur du roi d'Espagne (nous avons indiqué les titres ci-dessus); il y avait aussi le sieur Dan- delot, le plus ancien maître d’hôtel de la cour, les comtes de Noyelles et de Goupigny, autres maîtres d'hôtels, les trois dames d'honneur, à savoir :-les comtesses de Fallaix et de Villerval et M°"° de Montmorency. Près de ces dames était la duchesse d’Arschot, princesse d’Aremberg, dont le mari, l’un des députés des états généraux de Bruxelles vers les états généraux de la Haye, avait été envoyé à Ma- drid par l’Enfante, sur la demande des états, pour rendre compte des négociations de la trêve. Il y avait aussi les princesses, d'Épinoy et de Barbançon, les comtesses de Camaleria, de Nassau et d’autres dames. Enfin il y avait les quatre ayundas de la camera, parmi lesquelles dona Anna Helmers et dona Catalina Van Heele étaient fla- mandes, c'est-à-dire belges. Vers cinq heures du matin, à la fin de la nuit du 50 novembre au 1% décembre, l’In- fante s'était tranquillement assoupie : elle était morte. Les ayundas et les dames d'honneur restèrent seules près du (4410 ) corps; aussitôt la Jointe nommée par la plica, comme je viens de le dire, s'empara du Gouvernement, après avoir prêté serment devant le conseil d'État. Cette nouvelle, que les habitants de Bruxelles atten- daient avec anxiété, fut annoncée par le son de toutes les cloches des églises, et entre autres des monastères que l’Infante avait fondés et qu’elle avait pour la plupart fait orner des chefs-d'œuvre de Rubens et d’autres maîtres contemporains de l’école flamande. Le peuple de Bruxelles, dit M. De la Serre, auteur du panégyrique intitulé : Mau- solée de l’infante Isabelle, ne faisait autre chose que de pleurer. Les boutiques des artisans furent fermées durant le temps que le corps de Son Altesse demeura exposé en la chapelle de la cour. Les Hollandais, quoique étant en guerre avec l’Infante, disaient d'elle, selon le témoignage d'Aitzema, édition de 1669, qu’elle fut pleurée comme une excellente princesse : Wierdt seer beklagt, als geweest zynde eene seer goedertierene princesse. La relation des funérailles décrite par Cotbrant, étant beaucoup trop détaillée pour un récit historique, j'en ex- trais ce qui suit : les quatre ayundas de la camera, aidées de la dame L’Ortis, chargée de la garde des robes de Son Altesse, l’habillèrent en religieuse de Fordre de Sainte- Claire, costume qu'elle avait fréquemment porté, elles ensevelirent le corps et le déposèrent dans un simple cercueil de bois de chêne, sans couvercle et en présence des trois dames d'honneur. Après cela, on ouvrit les portes de la chambre mortuaire; les religieux des ordres mendiants furent introduits. Ils posèrent le cercueil sur deux escabeaux, devant l’oratoire, qui était près du pied du lit. On alluma autour quatre cierges de cire blanche. Vers dix heures du soir, l’on transporta solennellement et en ( 111 ) silence le cercuéil dans la chapelle dé la cour, Les parois et le parquet de cet édifice étaient couverts de tentures noires. On employa la plupart des décors funèbres qui avaient servi, douze ans auparavant, aux obsèques de l’ar- chidue Albert. Une estrade était au milieu de la chapelle; sur l’estrade il y avait un lit portatif ayant quatre colonnes d'argent et des rideaux ouverts. Le cercueil renfermant le corps de l’Infante à découvert y fut déposé, la tête sur un coussin et tournée vers l'autel. Depuis la fin de l’ensevelis- sement jusqu'au moment de l'enterrement, deux dames de la cour furent en prières, se relevant alternativement après deux heures, auprès du corps. Les archers et les hallebar- diers gardaient les portes de la chapelle, quoiqu'elles fus- sent ouvertes au public. Le lendemain, 2 décembre, à 8 huit heures du matin, toute la cour et le duc d'Orléans assistèrent aux offices des morts. Trois grand'messes furent pontificalement chan- tées : la première, qui était celle du Saint-Esprit, par l’é- vêque de Gand; la deuxième, qui était celle de Notre-Dame, par l'archevêque de Césarée, aumônier de la cour, et la troisième, qui était celle de Requiem, par l'archevêque de Malines, primat des Pays-Bas. L’après-midi on chanta les vigiles. Le 5 et le 5 décembre, les trois messes furent célébrées par l'archevêque de Césaréé, par l'archevêque de Malines et par le nonce apostolique. Le 4 décembre étant un di- manche, les chapelains de la cour célébrèrent l'office divin selon la liturgie ordinaire. Après les vigiles du 5 décembre, commencèrent les cé- rémouies solennelles dé l’inhumation. Les pères des ordres mendiants s’'approchèrent da lit funèbre; ils déposèrent le cercueil, toujours sans couvercle, dans un magnifique lu- (412 ) seau de bois de chêne sculpté, doublé de drap d’or et aussi sans couvercle, et le replacèrent sur le lit portatif. Ils fer- mèrent ensuite les quatre rideaux; alors ils portèrent le lit au pied de l’autel. Puis la duchesse d’Havré, la comtesse de Palmerio et d’autres dames ouvrirent.les rideaux et ar- rangèrent le corps dans l’état nécessaire pour la sépulture. Après cela, l'archevêque de Malines, le doyen de l’église collégiale de S'-Gudule et l’archiprêtre prirent inspection de ce dépôt du corps et firent mettre le couvercle du cer- . eueil. Le luseau fut ensuite fermé, entouré de rubans pour en assurer la clôture, et scellé avec trois serrures, dont les clefs furent prises par l'archevêque de Malines, chef ecclésiastique du diocèse, par le chancelier de Brabant et par le premier official de l'audience. Le luseau fut ensuite déposé dans une châsse ou caisse de plomb, qui fut soudée à l'instant même, et que l’on plaça sur le lit portatif; l’on fit _ processionnellement le tour intérieur de la chapelle, et lon s'arrêta devant l'endroit où les exécuteurs testamentaires avaient fait creuser une fosse, qu'ils avaient fait revêtir de maçonnerie pour recevoir provisoirement le dépôt du corps de l’Infante, en attendant l'indication définitive du tombeau. La châsse y fut descendue, la maçonnerie fut immédiatement voûütée et totalement clôturée. Il était neuf heures du soir, lorsque le nombreux per- sonnel qui avait assisté à cette cérémonie funèbre, sortit de la chapelle. La garde en fut confiée aux archers et aux hallebardiers. Une seule des dernières volontés de l’Infante était inexé- cutable; elle avait défendu que l’on prononçàt son oraison funèbre : malgré sa défense, Miræus, garde de la Biblio- thèque de Bourgogne et doyen de la cathédrale d'Anvers, prononça dans cette église, le 29 janvier 1654, une oraison (115) funèbre, tandis qu’au même jour et à la même heure, Van Wachtendonce, qui depuis fut évêque de Namur et ensuite archevêque de Malines, en prononçait une autre dans l'église métropolitaine de Malines; Nicolas Vernuleus, professeur à l’université de Louvain, s'acquitta de ce triste devoir dans l’église de S'-Pierre; François Capronius, de l’ordre des Dominicains, en prononça une autre, quelques jours plus tard, dans la même église, Erycius Puteanus écrivit un panégyrique. Enfin, par le commandement de la reine Marie de Médicis, le sieur De la Serre, historio- graphe de cette veuve de Henri IV, publia un éloge dont J'ai donné le titre ci-dessus. Lorsque, onze mois après ce décès, au commencement de novembre 1654, le cardinal Infant, neveu d'Isabelle, entrait dans Bruxelles, après avoir donné des preuves d’une haute capacité administrative à Barcelone et à Milan, et - après avoir contribué essentiellement à la victoire de Nord- lingen contre les Suédois, les habitants de Bruxelles ma- nifestant leur regret, lui dirent qu’il était seul capable de réparer la perte qu’ils avaient faite de leur sainte princesse. C'est par ce nom qu’elle fut appelée vulgairement dans toutes les provinces des Pays-Bas. Note sur quelques vestiges de monuments druidiques dans la province de Liége ; par M. Grandgagnage, membre de l’Académie. Les monuments du culte druidique sont rares dans nos provinces. Après la pierre de Brunehault, qui se trouve dans la commune d'Hollain, près de Tournay, et quelques ToME xvu. 8. (A4) pierres colossales déterminées par M. Geubel dans la pro- vince de Luxembourg (1), je ne sache pas que l’on signale encore d'autres reslés de ce genre sur le sol belgique. La première cause de cette rareté remonte peut-être à l’anti- que invasion de ces peuplées germains qui, longtemps avant l'époque romaine, étaient venus se fixer dans nos contrées. Les Germains réfoulèrent vers le sud la popula- tion gauloise ou celtique indigène; et les monuments d'un culte qui leur était étranger, auront commencé à dispa- raître dès ces témps reculés. Les invasions postérieures auront fait le reste, comme aussi l'introduction du chris- tianisme. On conçoit que les apôtres de la foi nouvelle du- rent s'appliquer à briser les idoles, à détruire les autels, à effacer tous les vestiges du paganisme et de l’idolâtrie; et c’est ce qu'on lit, en effet, dans maïntes légendes des saints de cetie époque. J'ai donc pensé que je pourrais intéresser un moment l’Académie , en lui communiquant, je ne dirai pas précisément la découverte que j'ai faite d’un dolmen, cromlech ou menhir, mais du moins quelques indications qui se rattachent à ce sujet et que j'ai recueillies dans une excursion dé vacances. C'est, pour ainsi dire, le récit de (1) Wote sur l'existence de monuments des anciens cultes dans la forêt des Ardennes. (ANNALES DE LA SOCIÉTÉ POUR LA CONSERVATION DES MONUMENTS HISTORIQUES ET DES OEUVRES D'ART DANS LA PROVINCE DE LUXEMBOURG; Arlon, 1851, pag. 85.) Dans le voisinage de Namur, la Pierre du diable a été brutalement dé- truite, il y a vingt à trente ans. Une sorte de pressentiment m'en avait fait prendre le dessin; je l’ai communiqué à la Société archéologique de Namur, qui doit le publier bientôt dans ses intéressants bulletins. Je pense qu’uné pierre du même genre à été détruite également près de Binche ; dans le siècle dernier. Il était grand temps que des sociétés conser- vatrices se formassent en Belgique, _—__… D OS Rte ee —") ér ere 092: (445) cette excursion que l’Académie me permettra de lui pré- senter très-sommairement,. Mon but était de visiter certaines euriosités naturelles qui se remarquent à quatre lieues environ de Liége, dans uue vallée descendant de la hauteur du village de Louvei- gné vers les bords de l'Amblève, Ce sont comme de vas- tes entonnoirs où des eaux s’engouffrent. Les uns (et c’est le plus grand nombre) placés sur le cours des ruisseaux au fond de la gorge, se présentent creusés irrégulièrement dans la roche vive, offrant même aux visiteurs des com- mencements d'entrée souterraine. Quelques autres, placés sur le-plateau supérieur, s'ouvrent brusquement au milieu de la campagne, semblables à de grandes cuves enfoncées dans le sol, parfaitement arrondies et d’une centaine de mètres de cireonférence. Ces cuves, ces larges et profonds entonnoirs sont appelés chantoirs dans le pays. Les éty- mologistes peuvent iei s'exercer. Le mot chantoir est-il une expression pittoresque, destinée à rendre le bruit so- nore des eaux qui tombent dans ces gouffres? ou bien le chantoir a-t-1l quelque analogie avec l'entonnoir , et va-t-il se rejoindre aux mots français chantepleure, décanter où quelque autre? C'est à examiner. Quoi qu'il en soit, les chantoirs se mullüiplient dans toute la longueur de la val- lée, à plus d’une lieue de distance du côté de Remouchamp; on en retrouve même à des distances plus considérables , dans une direction différente, au village de Presseux, par exemple , et du côté de l’Ourte : d’où l’on peut inférer que tout ce pays recouvre une immense excavation de plu- sieurs lieues d'étendue et dont les grottes de Remouchamp et de Tilf ne seraient que des branches comparativement fort petites. Ici, à leur tour, les ne ge pare: s'exercer. (116) Atrivé vers le bout de la vallée (qu'il nous est peut-être permis d'appeler à présent la Vallée des chantoirs), j'obser- vai un nouveau Cours d'eau, marqué, mais sans nom, Sur les cartes, qui sort d’une gorge latérale, passe sous la route et va se perdre de l’autre côté sous des roches. C'est le ruisseau qui traverse l’intérieur de la grotte de Remou- champ et que son Pont-du-Rubicon a rendu fameux parmi les touristes. J'en demandai le nom à un habitant de la lo- calité; il me répondit que c'était le ruisseau du Menhir. On comprend que ce mot éveilla tout de suite ma curio- sité. Elle augmenta, quand d’autres personnes à qui je m’adressai m'apprirent que ce ruisseau venait d’un endroit où se trouvent de grosses pierres et une roche appelée Menhir, qui lui donne son nom. En effet, ayant remonté le cours d’eau, je découvris bientôt une grande roche isolée qui s'élève verticalement au-dessus de la vallée, et à ses pieds une énorme quantité de blocs épars sur les flancs de la colline et sur les deux bords du ruisseau. Ces blocs pro- viennent manifestement d’éboulements plus ou moins an- ciens. Quelques-uns pourraient bien se trouver réunis en groupes affectant jusqu’à un certain point la forme cireu- laire; mais je dirai pourtant que mes yeux, tout prévenus qu'ils devaient être par le mot celtique, n’ont pu recon- naître dans ces groupes une symétrie suffisamment hu- maine pour en faire les monuments d’un culte. Maintenant nos archéologues auront à décider si cette roche, appelée dans le pays Menhir, a pu servir jadis aux cérémonies du culte druidique. On sait que les anciens Gaulois adoraient des montagnes; et l’on montre dans les Pyrénées quelques plateaux élevés où la tradition porte que le corps des druides se réunissait à des époques pério- diques.Toui ce que je puis dire, quant à la roche que j'ai (FE) signalée, c’est qu’elle se dresse commé un vasté cône dont le sommet tronqué présente une plate-forme, qu'elle do- mine toute la vallée, tout le pays même, qu'elle est d'un aspect saisissant au milieu d'une nature sauvage, d’une contrée absolument nue, sans habitation, sans arbre, sans autre verdure même que celle de la sombre bruyère, et que, si jamais le collége des druides, en longués tuniques blanches et la faucille d’or à la main, s’est réuni solennel- lement, sur ce point élevé, pour procéder aux sacrifices en présence de la multitude étagée sur tous les penchants des collines, ce devait être un grand et imposant spectacle. Je crois que le mot menhir signifie pierre dressée. Peut- on se demander si le monument druidique, le menbhir cel- tique pouvait être une roche tout simplement naturelle? Si le menhir ne devait pas, au contraire, se former d'un bloc posé par la main des hommes? ou bien encore, si ce mot n’est pas plutôt une appellation générique, s’appli- quant indistinetement à toute espèce de pierre, roche, bloc, dressé par les forces de la nature ou par les forces humaines , sans emporter nécessairement une idée de culte ou même de monument? Ces diverses questions (si ques- tion il ya), je les livre à l'appréciation de nos savants archéologues; je confesse, en cette matière, toute mon insuffisance. Seulement nous devons engager les futurs auteurs d’iti- néraires de la grotte de Remouchamp à restituer au ruis- seau qui l’arrose son vieux nom celtique. Els l’appellent le ruisseau de Sècheval. C’est, en effet, au hameau de Sèche- val, où il passe, que j'ai appris son véritable nom; mais il vient de plus loin, il vient de la roche Menhir ; et nous ne pouvons consentir à ce qu'on le déshérite de ce nom véné- (18 | rable que lui ont donné nos pères de l'ancien monde, qui s’est conservé intact dans ee recoïn solitaire du vieux pays des Éburons, et qui pourra désormais servir à détér- miner d'une manière plus certaine quelle a été la langue parlée par les Belges dès ces temps primitifs. Tel est le premier fait que j'ai cru devoir communiquer à l'Académie. Voici le second: Une promenade que je faisais aux environs de Chaud- fontaine m'avait conduit dans un hameau de la commune de Romsée, appelé Bouni, fort à l'écart des grandes voies de communication. Parvenu sur la place du hameau, qui est à mi-côte, je remarquai un grand et beau tilleul placé vis-à-vis d'une chapelle, mais recouvrant surtout de ses vieilles branches, ét même de quelques racines traçant sur le sol, plusieurs blocs de pierre étendus horizontalement comme des tables sur d’autres pierres ou pointes de roc, sortant verticalement de terre. L'idée d’un dolmen me vint tout de suite à l'esprit; la disposition de ces pierres en of: frait l'apparence; et comme j'étais à observer le monument vrai ou supposé, un habitant de l’endroit s’approcha dans l'intention immédiatement réalisée de satisfaire ma eurio- sité. Il me dit que, d’après le témoignage des anciens, on avait autrefois adoré le diable sur la grosse pierre que j'exa- minais, mais qu'au moment où les apôtres étaient venus prêcher le saint Évangile au pays, la pierre s'était brisée d'elle-même, et qu'un des morceaux avait roulé jusqu’au bas de la côte où, aujourd’hui encore, il sert de pont au ruisseau; qu'après cela, pour purifier la place, on avait bâti à côté une chapelle et planté un tilleul ; plusieurs fois renouvelé, tout contre l'autel païen. Il nous paraît que la tradition et le monument concordent parfaitement entre eux. Nous ferons bien de rappeler ici qu'une chapelle se ee dm TS ( DF9 ) trouvait également placée à côté de la Pierre-du-Diable, monument druidique qui existait encore il y à une tren- taine d'années dans les environs de Namur; c'était aussi un dolmen , et un vieil arbre l’ombrageait de même. Nous en avons heureusement conservé le dessin exact. Je finis en engageant fortement nos archéologues à en- treprendre la même excursion que moi, d'abord à la Vallée-des-Chantoirs et à la Roche-Menhir, ensuite au hameau de Bouni, non loin de Chaudfontaine. [ls auront à vérifier les faits que je viens de rapporter; peut-être en viendront-ils à confirmer mes conjectures de l'autorité de leur seience. Je leur garantis au moins la plus agréable promenade dans un pays charmant ; et si même je m'adres- sais aux artistes, je leur dirais qu’ils y trouveront à coup sûr deux sujets de tableaux des plus pittoresques. Nous pouvons espérer d'en voir figurer quelque chose dans les Bulletins de l'Institut archéologique liégeois qui vient de se fonder sous d’heureux auspices. N’avons-nous pas de plus à tirer cette petite moralité des indications qui précèdent, à savoir que notre pays, tout frayé et tout usé qu'il est par le pied des hommes , peut encore néanmoins offrir çà et là matière à découverte? Note sur une ancienne statuette, semblable à celle de Casterlé; par M. Brixhe. M. Brixhe, docteur en médecine à Liége, ayant eu l'oc- casion de lire les trois notices de M. le chanoine De Ram, sur une statuette gauloise trouvée à Casterlé (Anvers), ( 120 ) | croit intéressant pour l'archéologie, de communiquer à l'Académie royale la notice d’une statuette gauloise pres- que semblable à celle de Casterlé, et qui se trouve en sa possession. Elle provient: de la vente du cabinet de feu M. Steenekruys, mort il y a une douzaine d'années. La statuette est, comme celle de Casterlé, dans un état de conservation parfaite. Sa hauteur de face est de 43 centimètres 8 millimètres. Comme elle aussi, elle repré- sente un homme nu et sans aucune apparence de parties sexuelles. Les traits en sont fortement accentués et expriment, dé même que l’autre, un caractère de majesté sauvage. Des moustaches touffues et longues, et qui ne se con- fondent pas avec la barbe, se retroussent vers le bas des oreilles. Celles-ci sont cachées par des cheveux épais qui recouvrent la nuque et les côtés ducou, où ils se confon- dent avec la peau, laquelle est elle-même recouverte de poils jusqu'aux coudes d'une part, et d’une autre, jusqu'aux genoux. La tête est ceinte, à la hauteur du front, d'une espèce de corde tressée, formant couronne en même temps qu'elle retient les cheveux des deux côtés de la face. Cette statuette est creuse depuis le sommet de la tête, qui est percé d’un trou rond d’un centimètre environ de diamètre jusqu’à la jonction des cuisses, qui sont pleines ainsi que les bras. Une seconde ouverture existe à la nuque, immédiatement sous la couronne; sa longueur transver- salement à la nuque est de 8 millimètres sur 3 millimètres de largeur. Le corps est ceint, à la hauteur des hanches, d'une corde ou écharpe aussi tréssée, plus grosse que celle de la tête; cette corde ou ceinture se réunit sur le devant pour ( 42F ) y former un nœud, dont les deux bouts tombent, l'un : sur la cuisse droite et l’autre à l'emplacement des parties sexuelles. Le bras droit, qui est armé d’une massue, est levé de manière à garantir la tête avec l'extrémité de la massue. Le bras gauche, écarté du corps et à demi fiéchi, comme dans la statuette de Casterlé, paraît ainsi disposé pour fairecontre-poids à l’autre bras, qui brandit la massue. Les jambes sont écartées de 2 ‘/2 centimètres environ d’un talon à l’autre, et le pied droit est en avant, pose qui donne beaucoup d’aetion à cette statuette. | L'ouverture qui est entre les cuisses et qui correspond à celle de la tête, se prolonge de chaque côté, sur une lon- gueur de 43 millimètres, vers la partie interne de la cuisse, où elle finit en pointe. Les pieds, qui sont fortement relevés vers les pointes, sont très-grossièrement figurés et n'offrent aucune trace de la forme des orteils. Le pied gauche présente une petite lacune à la pointe. Is sont l’un et l’autre percés d’un trou rond qui indi- quent que la statuelte était fixée sur un socle. On. remarque au bas des’ reins et à la séparation des fesses entre elles et avec les cuisses, trois dépressions dans le bronze, lesquelles ont été pratiquées avec la lime, pour mieux figurer cette séparation des parties. Le bras qui supporte la massue et la main surtout, sont très-grossièrement figurés. Cette massue semble avoir été ajustée à la main après coup. Le poignet a été percé et le manche de la massue y a été introduit et rivé au marteau. Le bras gauche, qui est presque difforme par sa lon- gueur, est terminé par une main grossièrement ébauchée à la lime, et qui ne présente que quatre doigts, le pouce n'y étant pas indiqué. (12) Un trait de lime figure le creux de la main gauche, qui est à demi fermée. La teinte de la statuette est d’un beau vert antique et le bronze en est très-pur, excepté à la massue, qui est d'une composition moins belle. = Tout ce que M. le chanoine De Ram a dit, paré ses no- tices, sur la statuette de Casterlé est applicable en tous points à celle qu'on vient de décrire; elle est même plus complète, puisque la massue y est. Enfin l'aspect général de ce pelit monument fait aisé- ment admettre sa haute antiquité. » — Sur la proposition de M. Roulez, la classe adopte le projet suivant d'inscription pour la médaille du dernier concours de poésie française : QUOD LUDOVICAE BELGARUM REGINAE PIISSIMAE DULCISSIMAE INCOMPARABILIS VIRTUTES ET MORTEM CARMINE CELEBRAVIT ADOLPHO SIRET ANNO 1851. L'inscription sera la même pour le concours de poésie flamande, en substituant le nom de M. À. Bogaers à celui de M. À. Siret. (195 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. ans Séance du À juillet 1851. M. Navez, directeur. | M. Quereer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, De Bériot, F. Fétis, G. Geefs, Madou, Roelandt, Suys, J. Geefs, Érin Corr, Ferd. De Braekeleer, Partoes, membres; L. Calamatta, associé. CORRESPONDANCE. es La M. le Ministre de l’intérieur envoie une copie dü procès- verbal de l’ouverture du billet cacheté, qui était joint à la cantaté couronnée aü dernièr concours de composition musicale. L'auteur de cette cantate , intitulée : Festin de Balthazar, s'était fait connaître dans le billet cacheté sous le nom de J.-J. Claessens; il s’est annoncé, depuis, sous son véritable nom, E. Brahy, conducteur des mines. — M. Thielemans, élève lauréat du Conservatoire royal de musique , fait hommage du manuserit de la Messe de requiem , qu'il à composée à l’occasion du décès de S. M. la Reine. — Remerciments. | (12%) — M. Petit-Griffith prie la classe de presser l’achève- ment du rapport sur son mémoire relatif aux proportions du temple de Vesta à Tivoli. Il sera écrit dans ce sens à MM. les commissaires. — M. Alvin est nommé commissaire pour l’examen d’un mémoire manuserit qu'il présente de la part de M. Alexandre Pinchart, second commis aux Archives du royaume. Ce mémoire est intitulée : Notice historique sur Pierre de Beckere, auteur du mausolée de Marie de Bour- gogne, à Bruges. CAISSE CENTRALE DES ARTISTES BELGES. Le Secrétaire perpétuel présente un aperçu de l'état de la caisse centrale et des nouvelles adhésions qui lui sont parvenues. M. Ed. de Busscher, secrétaire de la Société royale des beaux-arts de Gand, a fait connaître que cette institution soutiendra la caisse centrale de toute son in- fluence, et qu'elle vient de décider que, sur le prix des objets d'art qui seront acquis à ses expositions annuelles, il sera prélevé 4 p. % au profit des artistes malheureux. « Ceci, ajoute M. de Busscher, n’est qu'un précédent que nous avons voulu poser ; nous Lâcherons d'étendre ce prin- cipe aux rétributions des jours réservés et des solennités artistiques qui pourraient avoir lieu sous le patronage ou avec la coopération de la Compagnie. » Plasieurs membres expriment le désir de voir cette honorable initiative suivie par les autres villes du royaume qui ont des expositions artistiques périodiques, (195 ) Pour ce qui concerne la tombola, la commission a dé- cidé que le tirage aura lieu dans les premiers jours d'août : qu'on s'occupera d’abord de faire rentrer les billets qui n'auraient pas été placés. Le nombre total des billets s'élève à 10,500, représen- tant une somme de 21,000 francs, conformément à l'exper- tise faite par une commission spéciale, formée en dehors de l’Académie. Il est entendu que les billets non placés continuent à appartenir à la caisse centrale. La commis- sion se réserve de statuer ultérieurement sur l'emploi des objets gagnés par ces billets; elle a décidé néanmoins qu'en aucun cas, ils ne seront mis en vente publique. OUVRAGES PRÉSENTÉS. 4 Compte rendu des séances de la commission royale d'histoire, ou recueil de ses Bulletins. 2° série, tome IT, 2°e Bulletin. Bruxelles, 1851; 1 broch. in-8°. Georgio, ou comment finissent les bucoliques par le temps qui court. — Éphémérides. Mons, 1880-1851 ; 2 broch. in-1% Études critiques de philosophie, de science et d’histoire; par le duc de Caraman. Paris, 1851 ; 1 vol. in-8°. Mémoire sur les fonctions arbitraires exprimées par des in- tégrales doubles, et des séries de quantités périodiques; par M. A. Meyer (extrait du Journal de mathém,. de M. Crelle). Berlin, 1850; 1 broch. in-4°. Félix Bogaerts. — Notice biographique et littéraire; par Edmond De Busscher. Gand, 1651; 1 vol. in-8o. (496) Bulletin de l’Académie royale de médecine de Belgique. An- née 1850-1851, tome X, n° 6. Bruxelles; 1 broch. in-8°. Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie; pu- blié par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. 9%° année, tome XIII, cahier de juillet 1851. Bruxelles; 1 broch. in-8°. La santé, journal d'hygiène publique et privée. Rédacteurs : Alph. Leclercq et N. Theis. Tome If, 24" livraison, juin 1851 ; tome III, 1°° livraison, juillet 1851. Bruxelles; 3 feuil- les in-8°. | Archives belges de médecine militaire, journal des sciences médicales, pharmaceutiques et vétérinaires. Tome VII, 6% ca- hier, juin 1851. Bruxelles; 1 broch. in-8°. Annales de la Société de médecine de Liége. Tome IV, feuil- les 21-29. Liége, 1850; 1 broch. in-8°. Annales et Bulletin de la Société de médecine de Gand. 17% année, 1651 , 5° livraison. Gand ; 1 broch. in-6°. Annales de la Société médico-chirurgicale de Bruges. Tome XII, année 1851, 2e livraison. Bruges; 1 broch. in-8e. Annales médicales de la Flandre occidentale; publiées par les docteurs R. Vanoye et J. Ossieur. Juillet, 1"° livraison, 1851. Roulers ; 1 broch. in-8°. Journal de pharmacie; publié par la Société de pharmacie d'Anvers. 7° année, juin 1851. Anvers; 1 broch. in-6°. Annales de la Société royale des beaux-arts et de littérature, _ de Gand. 1848-1850, 4% livraison. Gand ; 1 broch, in-8°. La renaissance illustrée, chronique des arts et de la littéra- ture; par une Société de gens de lettres. Tome XII, 1850, _ feuilles 18-24; tome XIE, 1851, feuille 1. Bruxelles; grand in-#. Société royale d'agriculture et de botanique de Gand. 94e ex- position de plantes; 15, 16 et 17 juin 1851. Gand; 1 broch. in-6°. | Rouissage du lin et du chanvre manufacturier rendu salubre; par L. Terwangne, Lille, 1851; 1 feuille in-4°, (127) Précis théorique et pratique des maladies du cœur, des vais- seaux et du sang ; par C. Forget. Strasbourg, 1851, 1 vol. in-8°. The royal Institution of Great Britain, established under a charter granted by king George III, in 1800; enlarged and confirmed by act of Parliament in 1810. 4 list af the members, officers, etc., with the report of the visitors for the year 1850. Londres, 1851 ; 1 broch. in-6°. Royal Jauiration of Great Britain. 1851, n° 5, Annual meeting. Londres, 1 feuille in-8°. Philosophical transactions of the royal Society of it For the year 1851. Part I. London; 1 vol. in-4°. Proceedings of the royal Society. Vol. VI, n° 77, Londres; 1 broch. in-8e. Proceedings of the Society of antiquaries of London: 1849, vol. 11, n° 18-25, Londres; 8 broch, in-8°. + Proceedings of the royal Irish syeur Vol {V. Dublin, 1850 ; 1 vol. in-8°. The quarterly Journal of the geological Society. Edited by the assistant-secretary of the geological Society. Vol VIT, n° 26, mai 1851. Londres, 1 vol. in-8°, History of the inductive sciences, from the earliest to the present time; by William Whewell, À new edition, revised and continued. London, 1847 ; 8 vol. in-8°. The philosophy of the inductive sciences, founded wpon th-ir history; bÿ William Whewell. À New edition, containing philo- sophical essays previously published. London, 1847; 2 vol. in-6°. On the impregnation of the ovum, in the Amphibia. (First series } By George Newport. London; broch. in-4°. Suggestions to astronomers for the observation of the total eclipse of the sun on July 28, 1851. Drawn up by à committee of the British Association, Londres, broch, in-8°. Denkschriften der kaiserlichen Akaderie der Wissenschaf- ten. Philosophisch-Historische Classe : Le Band und Il Band, (128 ) Lie Abtheïlung. — Mathematisch-Naturwissenschaftliche Classe : Fer Band und Tafeln der 1! Band, 1°* Abtheilung. Wien, 1850, 4 vol. in-folio. Die Regesten der Archive in der Schweizerischen Eidgenos- senschaft. Auf Anordnung der Schweizerischen geschichtsfor- schenden Gesellschaft herausgeseben von Theodor von Mohr. Ersten Bandes, 3° und 4e Heft. Coire, 1850; 2 broch. in-4°. Vereinte deutsche Zeitschrift für die Staats- jrzneikunde, herausgegeben von Schneider, Schürmayer, Heryt, Sieben- haar, Martini. Jahrgang 1851; neue Folse, IXte Band, lt Heft. Fribourg in Breisgau, 1851 ; broch. in-8°. Archiv für Schweizerische Geschichte, herausgeseben auf Veranstaltung des allgemeinen geschitforschenden Gesellschaft der Schweiz. 7* Band. Zurich, 1851 ; 1 vol. in-8°. Mittheilungen der natur forschenden Gesellschaft in Bern. Aus dem Jahre 1849 und 1850. Berne, 1849 et 1850 ; 2 broch.in-8°. Ferdinandeum. Jahresbericht, 1841, 1842, 1843, 1845, 1846. — Neue Zeitschrift des Ferdinandeums für Tirol und Vorarlberg. 1844. — Kurze Beschreibung des tirolisch-vorarl- brgischen Museum Ferdinandeum in Inspruck. — Statuten für den Verein des tirolisch-vorarlbergischen Landesmuseums Ferdinandeum, Ynspruck, 1841-1850 , 7 broch, in-8° et in-4°. Memoriale delle occupazioni e de’ lavori de” socir della Reale Academia delle science di Napoli, dul luglio 1849 al dicem- bre 1850, descritti dul segretario perpetuo V. Flauti. Naples, broch. in-4°. Verhandelingen van het bataviaasch Genootschap van kun- sten en wetenschappen. V, NI, VII, VII, XII, XVI, XVIT, XVIII, XIX, XX, XXI deelen. Batavia, 1814-1847; 11 vol. in-8°. The american journal of science and arts; conducted by pro- fessors B. Silliman, B. Silliman, J°°, and James D. Dana ; aided by D' Wolcott Gibbs, Second series, n° 32 et 33, march and mai 1851. New-Haven ; 2 vol. in-8°. = + BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1891. — N° 8. CLASSE DES SCIENCES. ee Séance du 2 août 1851. M. DE HEMPTINNE, directeur. M, Querezer, secrélaire perpétuel. Sont présents : MM. D'Omalius d'Halloy, Pagani, Tim- mermans, Wesmael, Martens, Dumont, Kickx, Morren, Stas, De Koninck, Van Beneden, De Vaux, le vicomte B. Du Bus, Nyst, Gluge, Melsens, membres; Sommé, Spring, associés; Liagre , Schaar, Donny, correspondants. M. Borgnet, membre de la classe des lettres, et M. Piria, professeur à l'Université de Pise, assistent à la séance. TOME xvI1. 9. (150 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de lintérieur écrit qu'indépendamment du prix fondé, en 1845, pour le meilleur ouvrage sur l'his-. toire nationale, cinq nouveaux prix quinquennaux, de 9,000 francs chacun, ont été institués, par arrêté royal du 6 juillet, en faveur des meilleurs ouvrages qui auront été publiés en Belgique par des auteurs belges, el qui se rat- tacheront à l’une des catégories suivantes : 1° Sciences morales et politiques; 2 Littérature française; 3° Littérature flamande; 4 Sciences physiques et mathématiques ; »° Sciences naturelles. M. le Ministre fait observer que l’art. 4 de l'arrêté royal dispose que les classes des sciences et des lettres de l’Aca- démie proposeront, de commun accord, l’ordre dans lequel seront appelées ces différentes catégories, de telle sorte que la première période quinquennale finisse le 31 décém- bre 1851 : comme il y a six prix, deux devront nécessaire- ment être décernés dans la même année. De plus, chaque classe aura à soumettre à la sanction du Gouvernement un projet de règlement qui déterminera, conformément aux principes posés pour le prix quinquénnal d'histoire, les conditions auxquelles les prix seront décernés, et le mode qui sera observé pour la composition du jury et pour le jugement des ouvrages. La classe des sciences, après en avoir délibéré, a été (151) d'avis que ces différents points devaient être réglés par . une commission mixte, composée de cinq membres, à sa- voir : de deux membres de la classe des sciences, de deux membres de la classe des lettres et du secrétaire pérpé- tuel ; elle désigne dès à présent MM. d'Omalius d'Halloy et À. De Vaux, dans le cas où ces propositions seraient adoptées par la classe des lettres. — La Société géologique de France annonce qu’elle tiendra, cette année, sa session extraordinaire à Dijon (Côte-d'Or), et que sa première réunion aura lieu le diman- che 14 septembre, à midi, dans l’une des salles de la Fa- culté des sciences. — La Société hollandaise des sciences à Harlem et la Société royale d'agriculture et de botanique de Gand font parvenir le programme de leur prochain concours. — La Société royale de Londres , 4’ Afhenœum , de la même ville, la société Ferdinandeum, d'Inspruck, remer- cient l’Académie pour l'envoi de ses Mémoires. — M. Andrès Poey écrit de la Havane qu'il a suivi avec un vif intérêt les travaux météorologiques de l’Acadé- mie de Bruxelles, et qu’il désire concourir à l'observation des phénomènes périodiques ; il demande à cet égard quel- ques renseignements; le secrétaire perpétuel est chargé de les lui transmettre. — M. le docteur Carus, de Dresde, dans une seconde lettre adressée à M. Quetelet, fait connaître les nouveaux résultats auxquels il est parvenu, relativement au module qu'il proposé pour les proportions humaines. En prenant, (132 ) par exemple, la 24° partie de ce module, il trouve dans la main , pour les longueurs respectives des trois phalanges et du métacarpe, des nombres qui forment la progression arithmétique 5, 5, 7, 9. — La classe reçoit les ouvrages manuscrits suivants : 41° Recherches sur l'extraction du potassium; par MM. J. Mareska et Donny, correspondant de l’Académie. (Com- missaires : MM. Stas et Melsens.) 2% Mémoire sur la théorie des intégrales eulériennes ; {°° partie, par M. Schaar, correspondant de l'Académie. (Commissaires : MM. Timmermans et Lamarle.) eme ms eee en RAPPORTS. Sur une notice de M. Dewalque, concernant la floraison des plantes. Rapport par M. À. Quetelet. « Dans la note qu'il a soumise au jugement de l'Aca- démie, M. Dewalque s’est principalement proposé de re- chercher quelles sont les variations, quant au temps, qui peuvent survenir dans la floraison d’un certain nombre d'individus d’une même espèce de plantes. Ses observa- tions, faites pendant les années 1850 et 1851, ont plus particulièrement porté sur la floraison des marronniers, des tilleuls et des lis blancs. Pour cette dernière plante, il a trouvé, en 1850, que, sur 145 individus, les 3 plus précoces ont fleuri dès le 28 juin, et les 6 plus tardifs ont ( 153 } fleuri le 4 juillet; la différence n’a donc été que de six jours. Pour les marronniers, celte différence est généra- lement beaucoup plus grande. On conçoit que la floraison, considérée sous ce point de vue, peut donner lieu à des rapprochements d’un grand intérêt et conduire à des résultats aussi nouveaux qu’im- prévus. 11 est certain que chaque plante, par exemple, à sa période de floraison initiale plus ou moins étendue : cette période comprend plusieurs points importants, tels que le commencement, le point maximum et le point final. Le premier point est celui qui a été recommandé par l’Aca- démie , dans ses instructions aux observateurs. Maintenant, si l’on suppose des observations faites pen- dant plusieurs années et sur un grand nombre d'individus, de manière à éliminer toutes les causes accidentelles, on déterminera la période normale de la plante : c’est ici que se présentera une circonstance curieuse, sur la- quelle j'appelle l'attention de tous les observateurs et en particulier celle de M. Dewalque, s'il veut bien persé- vérer dans la marche qu’il a suivie. Il verra la floraison commencer par quelques plantes; puis le nombre gran- dir, atteindre un maximum et décroître ensuite suc- cessivement. Cette fluctuation numérique, si je ne me trompe, se fera avec une régularité telle que le nombre des plantes, qui, sur une quantité donnée, auront fleuri chaque jour, pourra être calculée d'avance et être déter- minée avec une certaine exactitude. Ce résultat déduit à priori de considérations dont j'ai exposé les bases dans mes Lettres sur les probabilités, est peut-être assez intéres- sant pour mériter d'être vérifié. Ce serait, je pense, la première tentative semblable faite dans le domaine de la botanique. (134 ) Un autre sujet d'observation tout aussi eurieux peut- être, consisterait à déterminer, pour une méme plante, l’ordre dans lequel se succèdent numériquement les fleurs épanouies. Ainsi, pour un même marronnier, si l'on comptait combien de fleurs s’épanouissent le premier jour, combien le second, et ainsi de suite, dans cette succession on reconnaitrait, après plusieurs années ; une loi qui, pro- bablement, ne serait autre que celle dont il a été parlé précédemment. | Si je soumels ces remarques à la classe, c’est pour faire comprendre, par quelques exemples, combien de pro- blèmes curieux restent encore à résoudre dans ce champ de recherches, et combien M. Dewalque aurait encore à faire pour compléter la série des travaux qu’il a entrepris, Nous pouvons, du reste, attendre beaucoup de son zèle, car il nous en a donné de fréquentes preuves. La notice qu’il nous a présentée cette fois est intéressante sous plusieurs rapports, et j'ai,en conséquence, l'honneur d’en proposer l'insertion au Bulletin. » Sur le mémoire de Montigny, intitulé : INFLUENCE DE LA VITESSE DU VENT SUR LA PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. Rapport par M. Quetelet. « Le fait de la diminution de pression atmosphérique, » par la vitesse du vent, n’a pas encore été bien établi, dit M. Montigny au début de son mémoire; j'ai done cherché à arriver à une solution de cette question, par la comparaison des vitesses du vent avec les hauteurs Y + © (135 ) » barométriques correspondantes, observées dans des cir- » constances données. » Cela posé, l’auteur commence par admettre, en assimi- lant les mouvements des fluides aériformes à ceux des liquides, que les carrés de la vitesse de différents vents sont entre eux comme les rapports de leurs intensités aux hau- teurs barométriques correspondantes. Il applique ensuite ce principe à la discussion des observations, recueillies à l'Observatoire royal de Bruxelles , sur l'intensité des vents et sur la pression atmosphérique, et il étudie : 1° Les moyennes annuelles de ces deux éléments ; 2 Les moyennes mensuelles ; 5° Les maxima et minima annuels de la pression et les intensités du vent aux instants respectifs de ces phéno- mèênes ; | 4 Les maxima et minima mensuels de la pression et les intensités du vent aux mêmes instants; 5 Les intensités du vent aux différentes phases de l’abaissement du baromètre pendant les orages. La plupart des résultats auxquels M. Montigny est par- venu semblent favorables à la thèse qu’il cherche à établir ; ceux qui se rapportent aux phénomènes des orages surtout. _ Du reste, l'influence du vent, dans ces dernières circon- stances, se lie si étroitement à l’abaissement du baromètre, qu’elle est devenue en quelque sorte proverbiale, et l’on ne voit guère de baromètre destiné au peuple, sur lequel on ne trouve inscrit les mots vent violent ou tempéte, en regard * d’un grand abaissement de la colonne mercurielle. La partie du mémoire qui renferme la discussion des observations, est faite avec soin et prouve en faveur du discernement et de la sagacité de l’auteur; celle qui se rapporte à l’appréciation mathématique des phénomènes ( 136) peut être considérée comme moins satisfaisante. L'auteur paraît s'en être aperçu, car, vers la fin de son travail, 1l cherche à légitimer l'emploi qu'iba fait de la formule hy- draulique de Bernouïlli, pour calculer les ‘effets exercés latéralement par un courant d'air mû à travers l’atmo- sphère. Ses raisonnements ne sont cependant pas de nature à lever les doutes qu'on pourrait avoir à cet égard. Les physiciens considèrent généralement les variations de température, dans des localités voisines, comme la cause commune des vents et des variations de pression at- mosphérique. Dans l'opinion de l'auteur, ces deux derniers phénomènes ne seraient point le résultat d’une’ même cause, mais l’un servirait de causé à l’autre. On concoit que, quand plusieurs genres de phénomènes se reprodui- sent ordinairement en même temps, 1} devient assez difii- cile de reconnaître leurs dépendances mutuelles ; ‘aussi, je suis loin de croire que l’auteur aït atteint victorteuse- ment le but qu'il s'était proposé. J'éstime néanmoins ses efforts pour y parvenir très-louables et dignes des encou- ragemen!s de l’Académie; je propose, en conséquence, qu'il lui soit adressé des remerciments pour sa commuünica- tion. » | M. Crahay, second commissaire nommé pour examiner le travail de M. Montigny, adhère à ces conclusions, qui sont adoptées par la classe. (137) Mémoire sur la télégraphie électrique, par M. le professeur Gloesener. Rapport de M. Ad. De Vaux; membre de l'Académie. « L'Académie, dans ses séances des 7 mai, 14 juin et 7 juillet 1851, a successivement reçu de M. le professeur Gloesener trois mémoires, ou plutôt trois parties d’un mémoire sur divers perfectionnements qu'il propose d’in- troduire dans la télégraphie électrique. Les principaux points qu’il traite sont les suivants : 1° Augmenter considérablement la sensibilité des télé- graphes à aiguilles astatiques; 2 Augmenter aussi la force motrice, et su pprimer l’em- ploi des ressorts de rappel, dans les télégraphes à cadran; 5° Dans ces derniers télégraphes, faire marcher à vo- lonté Paiguille dans un sens ou dans l’autre. M. Gloesener trouve la source de toutes ces améliora- tions, et de plusieurs autres qui en découlent, dans la combinaison d’électro-aimants agissant à distance sur des aimants artificiels permanents. Tantôt, et c’est le cas le plus ordinaire, les électro-aimants sont fixes et les aimants mobiles ; tantôt, au contraire, les aimants sont fixes, et ce sont les électro-aimants, rendus mobiles, qui obéissent alternativement à l’action attractive ou répulsive des pre- miers. Cette dernière disposition, pensons-nous, n’a pas en- core reçu d'application. Nous admettons avec l'auteur du mémoire, que, n'étant plus limité dans les dimensions des aimants fixes, on pourra en employer d’assez énergiques pour obtenir un accroissement de puissance motrice, mais ( 158 ) on ne doit pas se dissimuler: que la condition de faire osciller un électro-aimant oblige à une suspension ‘très- soignée et expose à d'autant plus de frottement que le poids de l'électro-aimant sera plus fort. On sait que tout courant électrique provoqué dans un fil, soit par magnétisme, soit par galvanisme, détermine, par induction, dans les corps aimantables du voisinage, une puissance magnétique, attractive ou répulsive, selon que le fluide électrique parcourt le fil dans une direction ou dans la direction opposée. Cette action n’est toutefois rendue bien sensible que dans les points où le fil, au lieu de se développer en ligne droite, se recourbe un grand nombre de fois sur lui-même, de manière à constituer ce qu’on nomme des multiplieateurs dans les galvanomètres, ou des bobines dans les électro-aimants. C'est sur ce principe connu qu'est fondé l'instrument appelé galvanomètre, si heureusement imité dans les télé- graphes à aiguilles oscillantes (aiguilles astatiques) de Wheatstone, appareils dans lesquels le courant galvanique est, à volonté, lancé dans une direction ou dans l’autre, selon que la manotte est portée à droite ou à gauche, et se trouve interrompu quand cette manotte est ramenée à la position verticale. | La modification proposée dans ces appareils par M. Gloe- sener est très-simple, et se borne soit à employer con- curremment avec le multiplicateur, soit à substituer à celui-ci l'action plus énergique d'électro-aimants, conve- nablement disposés pour opérer sur les pôles de l’une des deux petites barres aimantées de l'aiguille astatique des ap- pareils de Wheatstone. M. Gloesener estime, d’après ses expériences, qu'il serait aisé par ce moyen, applicable à peu de frais aux appareils ( 159 ) existants , detripler au moins la sensibilité des télégraphes de. Wheatstone et. Cooke, employés en Belgique sur les lignes du Nord,.de l'Ouest et.de: l'Est. L'auteur relate que, dans un essai fait entre Verviers et Bruxelles, il a produit, avec trois éléments, des signaux qui exigent ordinairement l'emploi de vingt et un éléments de la même pile, quand. on n’a pas recours à son procédé. L'application du système recommandé par M. Gloesener aux télégraphes à aiguille traînante (télégraphes à cadran) donne lieu à des résultats plus importants encore. La disposition ordinairement adoptée consiste à admet- tre et interrompre successivement un courant galvanique dans un électro-aimant placé à distance convenable d'une petite palette mobile en fer doux; on produit ainsi une in- termittence dans l’action attractive éprouvée par cette pa- lette qui, chaque, fois que le courant cesse, doit être ra- _ menée à sa position initiale. par un ressort à boudin. Il y a là évidemment une grande perte de force et une source permanente d'irrégularité. Le ressort, en effet, occasionne en tous temps une résistance sensible à vainere par le cou- rant; et comme sà tension doit être en rapport avec l'in- _tensité variable du courant électrique employé, il faut être incessamment attentif à tendre ou détendre ce ressort, pour que l'appareil continue à fonctionner. Si, le courant fablissant, le ressort de rappel est trop tendu, la petite palette ne sera pas déplacée par l'attraction insuffisante de l’électro-aimant; si, au contraire, le courant étant plus intense, le ressort était peu tendu, il ne suflirait plus à ramener la palette aussitôt que le courant est interrompu, vu que l'attraction de l'électro-aimant, dans le cas d'un courant intense, n’est pas immédiatement anéanti, mais persiste d'autant plus que le courant était plus énergique, ( 140 ) Dans le système proposé, les choses sont réglées tout autrement. La palette du levier, au lieu d’être en fer doux, est une plaque en acier dur el préalablement aimantée ; cette plaque est librement suspendue à‘un are horizontal entre deux électro-aimants, dont les pôles, inverses entre eux , sont en regard de ceux de la plaque. Le courant qui traverse ces électro-aimants est aussi intermittent, mais au lieu d’être continuellement dirigé dans le même sens, il procède alternativement dans une direction et dans la di- rection opposée, soit que l'appareil moteur produise direc- tement cette alternance, soit qu'on l’obtienne à l’aide d’an commutateur. Fl en résulte que tandis que les deux pôles de la plaque sont, en même temps, attirés par ceux de l’électro-aimant de droite, ils sont repoussés, aussi en même temps, par les deux pôles de l’électro-aimant de gauche, et vice versä. De telle sorte que plus le courant est intense, plus cette double action acquiert d'énergie et ga- rantit le jeu de l'appareil ; de même que lorsque le courant est faible, la solidarité des attractions ét des répulsions simultanées, qui agissent en tout temps sur la plaque, aug- mente de beaucoup les chances d'infaillibilité, et doit avoir en tout cas pour effet de doubler au moins la sensibilité de l'appareil, eu égard à ce qui aurait eu s’il était muni d'un ressort de rappel. Cette idée, au surplus, n’est pas restée jusqu'ici confinée dans le domaine de la théorie. À notre instigation, M. Lippens, mécanicien à Bruxelles, s'en est emparé, et il est parvenu, à l’aide de combinaisons aussi simples qu'ingénieuses , à la mettre heureusement à profit pour la pratique. Au risque même d’abuser de l'accroissement de puis- sance motrice ainsi obtenu, il à été jusqu'à supprimer, (141) dans ses appareils, l'emploi de tout mouvement d'horlo- gerie et à emprunter-exclusivement à cette puissance toute la force nécessaire!; soit pour produire les échappements successifs qui règlent la marche de l'aiguille trainante dans les télégraphes à-cadran ,: soit pouraetiver les sonneries (alarme. | | Ce n’est pas 1e1 le, cas. de ou des sibrthees amélio- rations pratiques successivement introduites dans la télé- graphie par M. Lippens. Nous nous bornerons à dire que son système est admis à l'essai, principalement pour le service du chemin de fer sur plusieurs points du réseau belge. Il. y a lieu d'espérer qu'on s’en trouvera bien. Le troisième perfectionnement, poursuivi par M. Gloe- sener, a essentiellement pour but d'accélérer la transmis- sion des dépêches par le-télégraphe à cadran. .Une des causes principales de la lenteur qu'on reproche, avec. trop d’insistance peut-être, à ce genre d'appareils, provient. de ce que, ne pouvant tourner que dans une direction de gauche à droite, par exemple, l'aiguille doit accomplir souvent une révolution presque entière pour passer, d’une lettre ou d’un signe, au signe sur lequel elle doit s'arrêter immédiatement après. [Il y a donc, en général, beaucoup de chemin parcouru en pure perte, et l’on gagneraït, du temps si l'aiguille pouvait, à volonté, rétrograder ou avancer. Les moyens proposés pour atteindre ce résultat ne sont pas exempts d'une certaine complication qui s’harmonise mal avec les conditions de simplicité que réclame la pra- tique. Ils ont, en outre, à nos yeux, le défaut de compor- ter l'emploi de ressorts de rappel analogues à ceux que nous avons trouvé si utile de supprimer. L'auteur exprime bien (142) l'intention d'y substituer l’action d’une pile locale; maisil n'entre pas à ce sujet dans assez de détails pour nous per- mettre d'apprécier jusqu’à quel point on rendrait par là le système entièrement irréprochable. En somme, nous croyons pouvoir déclarer que si M. Gloesener nous donne bien la solution théorique de la difficulté, cette partié dé Son travail n’est pas aussi complétement élaborée que les précédentes, au point de vue pratique. C'est-à-dire, en d’autres termes, qu’il nous laisse le droit de douter que, tout bien considéré et com- pensé, le nouveau télégraphe, dans les conditions encore un peu indéterminées où il est présenté dans le mémoire, doive être signalé comme assurant dès à présent à la pra- tique un perfectionnement dé plus, après céux qu’elle a déjà réalisés en substituant aux palettes de fer doux des plaques d'acier aimantées, dé manière à supprimer par- tout les réssortis de rappel et les mouvements d’horlogerie. Nous dirons peu de choses aussi des autres conceptions par lesquelles M. Gloesener s'attache à accélérer les trans- missions télégraphiques par les appareils à cadran. Nous ne méconnaissons cependant pas la possibilité d'arriver à ce résultat et lefficacité des diverses combinaisons indi- quées à cette fin; mais nous n’attribuons à cét objet qu'une importance secondaire, au point de vue de la science, mettant en première ligne la simplicité des appareils et l'infaillibilité des communications. C’est à la pratique sur- tout à intervenir pour tirer le meilleur parti des moyens mis à sa disposition; et d’ailleurs M. Gloesener lui-même ne parait pas encore bien fixé sur le choix à faire entre les dispositions variées dont il a conçu l'idée. Par ces motifs que nous nous contenterons dé mention- ner sans en discuter le mérite: 1° les changements indiqués (145) pour la construction du manipulateur; 2° les avantages que l’on peut trouver soit à employer concurremment deux télégraphes à cadran combinés et mus lun après l'autre par l’action d’un seul courant électrique; soit à opérer avec un cadran composé de quatre circonférences concentriques , dont chacune ne porte que six caractères, en ayant soin d'indiquer, par une seconde aiguille, par des coups frappés sur un timbre, ou par tout autre signe apparent , sur quelle circonférence est le caractère signalé par l’aiguille-iudex. Nous renverrons également au mémoire pour les détails relatifs à la suppression des ressorts de rappel et de la . pile locale dans les télégraphes à ‘écrire de Morse, nous bornant à enregistrer que c’est encore en se servant d’ai- mants oscillant entre des électro - aimants fixes, que M. Gloesener tend à ce résultat, en même temps qu’il gagnerait en promptitude, moyennant d'inscrire les si- gnaux par deux styles opposés, imprimant alternativement sur deux lignes parallèles; le tout à l’aide d’un seul appa- reil et d’un seul fait télégraphique. En résumé, nous nous plaisons à signaler, d'accord avec l'expérience, une idée féconde dans l'emploi d’aimants per- manents, librement suspendus entre des électro-aimants qui concourent solidairement pour altirer et repousser successivement les premiers entre des limites données; nous y reconnaissons un moyen d'augmenter notablement la puissance motrice, en même Lemps que d'assurer la sim- . plicité, la rapidité .et l’infaillibilité des appareils télégra- phiques. | Nous conclurions d’ailleurs avec plaisir à l'impression du mémoire, si M. Gloesener, moins pressé par le temps et par la crainte des indiscrétions, avait eu le loisir de ( 144 ) donner à son travail ce cachet d'ensemble et-d'unité qu'on doit rechercher dans un mémoire académique ces formes logiques, positives et concluantes qui doivent caractériser une invention. pilou s9v£' 1e : Il semble, au surplus, que l’auteur..se-propose de nous adresser encore un.complément.à ses premiers-envois, et nous ne pouvons pas douter que son désir, s’il s'agissait de l'impression, fût de refondre et de coordonner le tout en un seul mémoire. » M. Quetelet, second commissaire, adhère aux conelu- sions de ce rapport, qui sont adoptées par la classe. a COMMUNICATIONS ET LECTURES. em Note sur la division ordonnée de Fourier et sur son appli- cation à l'extraction de la racine carrée ; par M. Schaar, correspondant de l’Académie. Dans un opuscule publié en 1847, M. Verhulst a rap- porté une démonstration de la méthode de Fourier pour abréger les divisions. Les avantages de cette méthode, que son auteur a désignée sous le nom de division ordonnée, sont tellement incontestables, lorsque le diviseur est un nombre incommensurable et qu’on ne veut obtenir au quotient qu'un nombre restreint de chiffres, qu'il est à regretter qu’elle ne soit pas plus généralement connue. La démonstration de M. Verhulst me paraissant laisser à désirer (445 ) sous le rapport de la simplicité, j'ai tàché d'y suppléer par celle qu'on va lire h'et:qui ‘est déduite des règles connues pour la multiplication: des 'polynômes algébriques. Je fais voir ensuite qu'avec quelques légères modifications, cette méthode est'susceptible de donner très-promptement les 10 à 45 premiers chiffres de la racine carrée approchée d’un nombre. Considérons les deux polynômes Me an" a, Bts BE ra de N as soc Br e od B ja En effectuant leur produit d’après les règles connues, on aura MN= ce B" + qu | BTE qu | Br Lau, | Bts + Qc + did “+ dite + Aa + dotts + Asa Nous le représenterons de la manière suivante : mn MAN — 1 mMA-Nn— 3 {AB +4 A,B + À,B ose La composition des quantités A, À, .... avec les coeff- Clents &, &j, dy +... @> 2... ., permet de retrouver l’un N de ces polynômes, l’autre M étant supposé connu, en pro- cédant de la manière suivante : La division du premier terme AB”*” du produit MN par aB” donnera pour quotient le premier terme aB” de N, et, après avoir retranché de MN le produit des deux premiers termes de M par le termé qu’on vient de trouver, on aura pour premier reste: au BP 4 BR 4 A BTE —3 TOME xvin. 10. (446) En divisant le premier terme de ce reste par aB”, on aura pour second terme «,B°", et, après avoir retranché de ce reste les produits (ab. 28) 22" de Re c'est-à-dire le produit des deux premiers termes du divi- seur par le terme du quotient qu’on vient de trouver, plus le produit du troisième terme du diviseur par le premier du quotient, on aura pour deuxième reste : di BOT in FA en 44 A, BTS La division du premier terme aa, B”"*”"7* par aB” don- nera le troisième terme 4,B"" du quotient, et après avoir soustrait de ce reste le produit des deux premiers termes du diviseur par ce nouveau terme du quotient, plus le pro- duit du deuxième terme du quotient par le troisième du diviseur, et celui du premier du quotient par le quatrième du diviseur, on aura pour troisième reste: GBA CS APT EL ete 0. sur lequel on peut opérer, comme sur le reste précédent, pour avoir le quatrième terme du quotient; et ainsi de suite, Cette méthode, pour effectuer les divisions algébriques, peut être utile lorsque le diviseur est une série infinie. Soit, par exemple, à trouver les quatre premiers termes du développement de RTS suivant les puissances de x; on disposera Îa division de la manière suivante: z IF as à x? æ',« T° —2+s PAT ja vo Poire x? 9 æ? æP Ed MT ST NT à m5 12 25 a æ! æ{ Fame Tor x Les règles prescrites par Fourier pour la division or- donnée, ne diffèrent des règles précédentes que par quel- ques restrictions dont nous allons nous occuper. Supposons que M et N soient deux nombres entiers écrits dans le système dont la base est B; a, a,, a, ...., «, oi... représenteront les unités des différents ordres dont se composent ces entiers et seront, par conséquent, plus pe- tits que fa base B, a excepté, qui pourra être plus grand que B. Cela posé, je vais d’abord démontrer que la quan- tité 2 4. ME br af Ce toi x UE à ru sr est plus petite que (+ratatra, ER Pour cela, j'observe que le produit MN est nécessaire- (448) ment plus petit que celui de M par la quantité BB" + a BB ser hd AR BTS NN. Or, si l’on effectue cette dernière multiplication, on trouve : d’abord que les termes qui contiennent B à un degré su- périeur au m +n—1""" sont les mêmes que dans le produit MN, et que ceux qui renferment B à un degré moindre, s’obtiennent en multipliant (&;+1) B"" par tous les termes de M, puise. B""+! par tous les termes de M, le premier excepté, puis &_., B" "7" par le produit de tous les termes de M, les deux premiers exceptés, et ainsi de suite. Mais ces différents produits sont respectivement moindres que les quantités (de PEER RENÉE RER EEE donc aussi leur somme sera moindre que AR a ss RASE BETTER qui est donc une limite supérieure de la quantité NN L'exemple suivant éclaircira ée qui précède. La multi- plication du polynôme ab” + a3B° + 43 B°+- a: B° + a, B 4-4 par aB°+ + (00 +1) B° donne le produit acB° + ua, | B5-+ (0,41) B°(a B° + a,B:...) + |e , M #,B° (a, B' + a,B° …...) + où B'(a3B°-+ 0, B°...) (449) Mais à cause. de ce LB, ab + a,Bt... € (a +1) B’, A+ AD CCD" Ga B° + B° .. F4 à gs on aura évidemment (a+ 1)B°(a B°+ a,Bt...) <(a+1)B#, ex B (a,B° +43 B°..) < o,B°, oB* (a,B° + As B° sa) « 2 B°, donc la somme des premiers membres, c’est-à-dire celle des termes qui renferment les puissances de B inférieures . à la 8° sera moindre que (4 + a + « + a) B°. Cela posé, si, après les réductions, on écrit le produit MN de la ma- nière suivante : mn M+-n—1 mA4-n — 2 cB + c,B dunes c,, ©... représenteront des entiers plus petits que la base B,et C se composera d’abord dù produit ax, plus encore de la retenue des unités de l’ordre m + n + 1°" faite sur la somme des unités des ordres inférieurs; mais on vient de voir que À, B"7" "+ A, B"*"*... est plus petit que (1 + a + a) B"*”, donc cette retenue est tout au plus égale à a + à, et par conséquent aa et & (x + 1) + «sont deux limites de c. Si donc on divise c par a , on aura pour quotient & ou « + 1 et, par suite, ce quotient pourra sur- passer d’une unité le chiffre « que l’on cherche; mais puis- que a (x + 1) + a est une limite supérieure dec, si l'on trouve « + 1 pour quotient, le reste pourra tout au plus être égal à &, il sera donc plus petit que le quotient que l’on vient de trouver. Done, si le reste que l’on trouve est plus grand que le quotient, on sera sûr que le quotient est L 2 ( 150 }) égal à «. Soit, par exemple, à diviser 123456 par 254567. Ayant pris 25 pour a, 25 sera ce que Fourier a appelé le diviseur désigné. En divisant 123 par 25, on trouve 5 pour quotient et pour reste 8, donc comme 8 > 5, le chiffre 5 n’est pas trop fort. Le premier chiffre « du quo- tient étant trouvé, je soustrais du dividende les produits aa B"*" + a,aB"""", ce qui revient à retrancher d’a- bord aa de c, puis à, «, après avoir abaissé à côté du reste le chiffre suivant c, du dividende. Voici le tableau de ces opérations : 193.456 \ssitéz 115 5 84 _%——4KX5 64 Après ces soustractions, On a pour reste total (1) e e e RAA Ca BAT? + CA PAT soicsse $ dans lequel c’ est égal à aa, , plus les retenues faites sur les unités des ordres inférieurs; mais on à démontré ci-dessus que À, B"+"T? + A, B"#"75..., est plus petit que B"*"7!(1+a+a+a,); cette retenue ést donc plus petite que a + « + a; et par conséquent a (4, +1) +œ + a, est une limite supérieure de €’; donc en divisant e’ par a ‘ le quotient sera &, ou «; + À, si toutefois à > & + wi. Maintenant pour s'assurer si le quotient, ainsi trouvé, n'est pas trop fort, on observera que si ce quotient est &; + 4, le reste ne peut pas être plus grand que &« + «, done, si le reste est plus grand que la somme des chiffres du quotient (451) déjà trouvés, on sera certain que le chiffre trouvé est bon. Si ce reste est plus petit que cette somme, le dernier chiffre obtenu est incertain, c’est-à-dire qu'il peut être trop fort d’une-unité, et pour s’en assurer on caleule le suivant; si celui-ci n'est pas zéro, le chiffre douteux doit être tenu pour bon, puisque le quotient déjà obtenu ne peut surpasser le véritable que d’une unité de l’ordre du dernier chiffre obtenu. En continuant l'opération. com- mencée ci-dessus , il vient, 193.456 . |234567 115 a... 84 | Ep = AS 64 __16 BY — 55—=—(ÂX92H5X5) | 152 | Le chiffre 2 qu'on vient de trouver est bon parce que 23 est plus grand que la somme 7 des deux chiffres du quo- tient, et que le reste 18 est plus grand que la même somme. Le chiffre «, étant trouvé, on retranchera du reste (1) : 1° Le produit az, B"*"", ce qui revient à soustraire da, de c’; 2 la somme des produits (a, «, + a,4) B"*" ce qui revient encore à retrancher &,«, + a, « des unités de l’ordre suivant; on aura alors pour deuxième reste 2 (2) . . L L . cp? ee —+- Br " .... dans lequel c” est égal à aæ,, plus les unités de l'ordre ( 152 ) m +n— 2 contenues dans DT “ur MECS Mais on a démontré que cette dernière quantité est plus petite que La ais, À HET: 82 AE donc on a pour limité supérieure de c”’ Go + A) + à + 4 + &, par conséquent, si lon suppose toujours a > a+ a, +, le quotient de la division de €” par a sera x, où «+1; mais dans ce dernier cas, le reste ne pourra pas surpasser a+ a, + «,; Si donc le reste que l’on trouve est plus grand que cette somme, le quotient sera le troisième chiffre du quotient que l’on cherche. Après avoir retran- ché de c”(2) le produit ax, , et des unités de l’ordre suivant la somme a, à, + 4, a, + @.a«, ON aura pour troisième reste (3). . , 0 . PET pris rs: -+- C4 Bierro8 ..... sur lequel on peut opérer comme sur lé reste (2) pour trouver le chiffre &.. Mais pour ne laisser aucun doute sur la manière de con- tinuer cette division, supposons qu'on ait déjà trouvé les chiffres &, 4, &, .... a. du quotient, avee le reste Pr Lin à pr? 4 ponte +0 (7441 LÀ E AP dans lequel c°*° est égal à aa, , plus les unités de l’or- dre m+n—7—1""" retenus sur la somme A per > PAS Le A PRET s 142 d'4-5 ….... ( 153 ) Mais cette dernière somme est plus petite que pr 1 (1 + QG + did on... + ds) done e"*";ne surpasse pas, af, +i)+ut+a, … +, Si donc on suppose toujours a > + @,-+@, + @yyas le quotient de la division de ec!" par a sera &:4,, ou %+1 + À et dans le dernier cas, le reste ne pourra pas SUTPASSEr & + œ, .… + 2%, Si donc ce reste est plus grand que cette somme, le chiffre trouvé est bon; s’il était plus petit, le chiffre obtenu serait incertain , et il faudrait calculer le suivant, | %r+1 étant trouvé, on, retranchera de c+" le produit aa, ,; Puis des unités de l'ordre suivant la somme a,ja,,, Fat, + d:x,._; rt -dfies je is © et le nouveau reste pourra servir à calculer le chiffre sui- vant, Voici la suite de l'opération commencée : 195,4567 | 25.4567 2 115 5.96 84 — 20 — ASS 64 — 46 193% 9 185 — 53 — H{iX24H5X5) 152 1158 = - 95 K6 146 — B=—(4X6+-5X2H6X5) 62 ( 154 ) De ce qui précède on conclut la règle suivante: Pour trouver un nouveau chiffre 4. au quotient, on abaissera à côté du reste le chiffre du dividende qui exprime des unités de l’ordre inférieur, pour former un nouveau dividende partiel duquel on retranchera la somme de tous les produits que l'on formera en multipliant le premier chiffre à la droïte du diviseur désigné par le premier chif- fre à la gauche dé &,, le Second chiffre à la droïte du di- viseur désigné par le second chiffre à la gauche de «, ét ainsi de suite. Le chiffre cherché sera le quotient de Ia di- vision du reste par le diviseur désigné. Lorsque la somme des chiffres du quotient ne difière plus que de neuf unités du diviseur désigné, on est obligé de changer ce dernier, si l'on veut continuer l'opération, parce que le chiffre suivant du quotient pourrait être un 9. On lui adjoint alors le chiffre suivant, et avant de conti- nuer l'opération, on retranche d’abord du dernier reste, à côté duquel on a abaissé le chiffre suivant du dividende, la somme des produits formés comme il vient d’être dit dans la règle précédente. Pour se rendre compte de cette manière de procéder, il suffit de changer, par exemple, dans le reste pr? — 5 pr? +r4 la +. À; + A, aB + a, en a’; ce reste devient alors d'a pdd LA A: Dors + A,%, + (16% et avant de calculer +, , on est obligé d'en retrancher d’a- bord la somme des produits 48 mn —5 au: BP aa BUENES CS CET a PONT ST rad - (455) Extraction de la racine carrée. Le procédé de Fourier offre cette particularité remar- quable de n’exiger que l'emploi des i +1 premiers chiffres du diviseur, pour calculer les à premiers chiffres du quo- tient, le diviseur désigné n'étant compté que pour un seul chiffre. Cette remarque rend la méthode propre à l’extrac- tion de la racine carrée. Supposons, dans ce qui précède, N — M, et par suite n = m, le produit AB" 4 AB + AB sera lé carré de M. Mais on a évidemment A,=0a; +40; , +0; +... +0: 4, + 4;4, d'où, A, 2aa, + Za,a;_,...: + 2a;_; 4, Buts si à est impair, et ; = 2aa, +-2a,a;_,.... + 2; ai, + di 2 2 £ si ï est pair, c’est-à-dire la somme des produits deux à deux des chiffres placés à égale distance de a et ai, Si à est impair, plus le carré du terme milieu, si à est pair. De plus, comme il a été démontré ci-dessus, on aura tou- jours A; p?"—i se À ji) p’——! NÉ <(1+2a+ait+a.t+a,,)B"T +1 À Donc, si après les réductions, on écrit le carré de M de la manière suivante : a am— Ne BPCO + CD T , ( 156) on aura c>aæ ete < a? + 2a + 1 ou (a + 1)°; d'où il suit que a? est le plus grand carré contenu dans c; après avoir extrait, par le procédé ordinaire, la racine de ce plus grand carré, on retranchera @ de c, et le reste sera * (és is ere ane Pr Dress dans lequel c’ a pour limites 2aa, et 2aa, + La + a, = La (au, + À) + 4;; done si 2a > a, , la division de c’ par 2a donnera pour quotient a, ou a, + 1 et, dans ce dernier cas, le reste ne pourra pas surpasser à, ; Si ce resté est plus grand que a,, le chiffre trouvé sera bon. Le chiffre a, étant déterminé, on soustraira du reste (1) la somme ua, B°* + a? B"*, ce qui revient à retrancher 2aa, de c’ et a,° des unités de l’ordre inférieur. On aura pour deuxième reste us Le Er Re C1 c”’ ayant pour limites 2aa, et 2a (a, + 1) + a, + a, ; donc si 2a > a, + a, le quotient de la division de c” par 2a sera a, Ou a, + 1; mais, dans le dernier cas, le reste doit être plus petit que a, + a, ; s’il est plus grand que a,+a,, le chiffre trouvé est bon, et après avoir retranché de c” le produit 2aa, et des unités de l'ordre inférieur 2a, a, , on aura un troisième reste, sur lequel on peut opérer comme sur le reste précédent , pour trouver le chiffre a, ; et ainsi de suite. Voici une application de ce procédé, qui éclaircira ce qui précède : (487) :72622724116174 1 8321896 LP { MI è62 895 572 2 — 540 = — 170K 2 327 3925 — 170 = — 170X 1 1532 4: = + des ragnons très-cohérents. de calcaire argileux com- pacte, à cassure largement conchoïde, d'un gris mat, tout à fait analogue à ceux de Boom (septaria); 5° des coquil- lages, parmi lesquelles on distingue, sans aucun doute, la Nucula Deshayesiana, la Nucula. Duchastellü et l’Astarte Kickæii, fossiles caractéristiques de l'argile de Boom. 0",20. B*, Sable très-argileux, légèrement calcareux et pailleté, à grains demi-fins, d’un gris sombre, rude au toucher et au couper, ne se polissant pas dans la coupure, se désa- grégeant rapidement dans l’eau et ne faisant qu’une faible effervescence dans les acides. On y distingue quelques Bhuns dechnconies : 0780, C", Sable peu cohérent, friable, d’un gris-brunâtre som- bre ou d’un brun-cannelle, à grains quarzeux moyens, égaux, anguleux, revêtus d’un enduit argileux etentre mêlés de grains. argileux de même grosseur, d’un gris sombre, qu'on prendrait aisément pour de la glauconie. J'y ai trouvé quelques Pectunculus et le Pecten Hoeninghausii. 0",10. ( 190 ) C?. Sable d’un gris Sale, très-meuble, à grains quarzeux moyens, anguleux, égaux , revêtus d’un enduit argileux et mêlés avec quelques grains d'argile grise et ra pail- Itios ER RE Es FT D es C5. Sable d’un gris sale, tesréient pointitié dé noiratre, meuble ou faiblement cohérent, à grains anguleux, égaux, un peu plus gros que dans le sable précédent et salis par des matières ferrugineusés grisâtrés. On y voit quelques . grains noirâtres, les uns dé glauconie d’un vert foncé, les autres argiléux d’un gris sombre. . . . . de Ce sablé et le précédent renferment des lèties dont le test a malheureusement disparu, mais dont le moule inté- rieur Ou l'empreinte extérieure permettent de reconnaitre lé Pectunculus terebratularis Lamk., le Pecten Hoenin- ghausii Def., la Cyprina Nysti Hebert, fossilés qui se trouvent dans les sables de Bergh, près de Kleyn-Spau- wen. Un peu plus bas, on trouve, dans lé chemin : C*. Un lit de glaise verdâtre, plastique, qui se polit dans la coupure et se désagrége dans l'eau . . . . 0",05, C5. Du sable d’un blanc légèrement grisâtre, meuble, très-pailleté, à grains quarzeux moyens, anguleux, égaux, hyalins ét faiblement colorés en jaune sale, entremélés de grains noirätres de même grosseur, la plupart siliééux quélques-uns glauconieux, et de quelques grains quarzeux arrondis, de 4 à 2 millimètres d'épaisseur. CS. Gravier. D. Sable d’un brun-chocolat clair, parfaitement meu- blé, à grains quarzeux imégaux, les uns anguleux, de gros- séur moyenné, les autres un peu plus gros et arrondis, tous colorés en brun clair par des matières charbon- neuses. ] (194 ) En résumé, cette coupe offre les superpositions sui- vantes : Système diestien. Système bolderien. Étage supérieur : argilé de Boom. Ftage inférieur : sable à Pectunculus de Bergh, près de Kleyn-Spauwen, de Looz, etc. Système tongrien, partie supérieure de l'étage inférieur. Système rupelien, Mais ce qui la rend surtout intéressante, c’est qué l’ar- gile schistoïde rupelienne y renferme les fossiles les plus caractéristiques de l'argile de Boom et que ces argiles schis- toides recouvrent, de la manière la plus évidente, des sables à Pectunculus terebratularis Lamk., Pectén Hoëenen- ghausii Defr. et Cyprina Nystii Hebert, caractéristiques de sables, qui, à Bergh près de Kleyn-Spauwen, à Looz, etc., se montrent au-dessus des glaises vertes à Cyrena semi- siridta, Gerithium plicatum, etc. On ne doit donc plus, même sous le rapport paléonto- logique, mettre en doute la postériorité des argiles de Boom äux sables de Tongres et de Bruxelles. Mais il ré- sulte de ce fait, bien établi en Belgique, que si l'argile de Londres correspond exclusivement soit au ealcairé gros- sier du bassin de Paris, comme le pense M. D’Archiac, ou - aux sables coquillers inférieurs, suivant M. Prestwich, lés analogies que les paléontologistes ont cru apercevoir entre cette argile et celle des bords du Rupel doivent s’évanouir en présence des superpositions que je viens de faire con- naître. Dans la classification des terrains de la Belgique, j'ai adopté les lignes de démarcations assignées en France aux divisions éocène, miocène et pliocène; cependant je dois avouer que les lignes les plus tranchées et qui, par consé- (1492) quent, répondent aux changements géologiques les plus importants qui ont eu lieu en Belgique durant la période tertiaire, ne correspondent pas tout à fait aux divisions françaises ; elles se trouvent : 4° entre les systèmes heersien et landenien; 2° entre les systèmes landenien et, ypresien ; 3° au-dessus du système bruxellien ; 4 au-dessus du sys- tème tongrien; 5° au-dessus du système rupelien; 6° à la base du système diestien, et, parmi ces lignes les mieux marquées, sont évidemment celles qui correspondent à la base des systèmes landenien et diestien. Les systèmes voi- sins qu'elles séparent, ont leur:stratification en discor- dance ou diffèrent très-notablement sous les rapports minéralogiques et paléontologiques. Il semblerait donc, d’après cela, plus naturel de diviser les terrains tertiaires en deux séries; la première à laquelle on pourrait réserver le nom d'éocène, comprendrait tous les systèmes inférieurs au système diestien, et-serait divi- sée en cinq parties par les lignes de démarcation n°2, n°5, n° 4 et n° 5; la seconde, qui conserverait le nom de plio- cène, réunirait tous les dépôts compris depuis la base du système diestien, jusqu’à celle des terrains quaternaires. Les terrains tertiaires des bassins de Paris, du Hampshire et de Londres, se rangeraient de la manière suivante dans les séries belges : “(tquomos mn MoSsUOI DINE S10AQ DIOIMUNL ‘snoutoo uoysag “vtafruood vipans sd) “sipunos snuo 1 ‘wunsil minq4on ) soytssoy sa09dso sanotsnjd sourroquea sanorire p ‘vered [t quop ‘uoruoyoet aW9SÂS UOUE 9P 2ANITIIJU) DAQJITISSOY NEA eL y eapuod -S2J109 uojaeg 0p ana ‘ur ass nv ‘ quonbosuoo avd 639 xorsso1Ë o1109100 Ne puodsaxxoo weysoryovag 9p açqes 97 onb yoiMIsOIG NI 904e ‘queyjourpe UF (}) £upo 2nserd *S041pU0"T 9p 21181 “Jo4S$ eg °p 21qeS “Sea *£AUGXOT 14 NISSYE * + + Aro ouseld * -+10u30g op 9]1#1Y *tuey =So[VIY 9p ojqes *(}) uoyaeg 9p on$1y ‘TP APIOH.P So]ISSOJ sues 91qeS “YYS LM 0p 91! op ousnov] 30d9q L2 L L L L L L ."SUIESARVE AG NISSYY oaN9 TIQUE 2IU09NE*) *SIBUUOSSIÔS 9 US LT *SAN9H9} -U! S9[qes Sep 21e Late tt “1188018 911U9/0") *pSSe") OP DIMDJOLUDA DU -NULUNA] & 249n0") “uofou ojqeS *£ow anne] 109€ 20 DAS -UU -28 DuaLr) & ayan0") ‘nvotq -AUTRJUO J 9p 2[qUS *An9149 -n$ 918098] 10d9q jauieino]z, 9p unfe 4 jumu9a)07) np Sea) *SIUVA HG NISSVE Lies) *(a0v19a9) ‘uorsiooq ourasÂS ; = ITR à wogqdur eg | ue rMpuut OUASÂS *AMOHQUI 909007 A me à 2 der “uotsoid£ ours ÂS | "xnoqes-opéry “uorostued ougisÂS } + woour ou900% * *.* oaopruoones o[qeS) à + + XNO1V9IR9 9[ES ? "U9ITIOxXNAIQ owJSÂS * * + + xnozavnb ojqes \ *U9 HOU'T 9P 219JI]ISSO} Lu PT re 3 ? S + + + + sopssoy sues ges) #e “ua -morrodns 2u9204 -0"T 9p 2419Jtu0one|$ 9[qeS bon HÉS La + _-SIU9H 9P 2194 O[IS1Y : : + ++ + “oxeunel oqeg qurousoonu no | ue F7 CV -uompodnremastg dnorodns 2u00P | À so op. aploysiqos 9J181Y ; or ce + + + + tag). DE ax npayuSi|) uoyduAN uonoploq owe1sÂS PUR = L2 LA Le . . . . . . . uar}sat Sa D CLS ST des Go de RTS, *Aougoond) 9126 on6 Es *ANÙI9TAY “ (194 ) On s’étonnera , sans doute, de voir dans ce tableau, sur le même horizon, l'étage inférieur du système tongrien et le dépôt lacustre moyen, l'argile de Boom et le dépôt lacustre supérieur, dépôts qui, dans les massifs que je compare, ont une origine si différente et dont les faunes offrent des diffé- rences si tranchées. Voici de quelle manière on peut se ren- dre compte de ces différences jusqu’à présent inexpliquées. Les systèmes ypresien, paniselien et bruxellien ont été déposés dans une mer commune, et l’on ést d'accord pour placer sur le même horizon, le calcaire grossier et le sys- tème bruxellien. Mais à dater de cette époque, tout chan- gea des deux côtés des parties continentales qui séparaient déjà les bassins de Bruxelles et de Paris : un mouvement ascensionnel du sol transforma en lac la mer parisienne, tandis que la retraite des eaux vers Bruxelles ravina le sol et remplit ensuite les anfractuosités produites dans les terrains formés antérieurement. Ainsi, pendant que des mollusques d'eau douce (dépôt lacustre moyen), dont on ne trouve aucune trace en Belgique, habitaient le lac parisien, des êtres marins particuliers vivaient 4e le Limbourg (sable de Lethen) (1). Un mouvement de bascule qui éleva le sol de la Belgi- que et abaïssa celui de la France septentrionale, suivi d’un abaissement général, ramenèrent la mer vers Paris, et c’est alors que se produisirent, d’un côté, les marnes marines et les sables de Fontainebleau qui les recouvrent, et, de l’au- ire, les argiles à Cyrena semi-Striata, Cerithium plicalum , et les sables inférieurs du syStème rupelien, dépôts dont les couches synchroniques dans les deux pays offrent des analogies minéralogiques et paléontologiques. (1) Ce même mouvement ascensionnei transforma en lac le bassin du Hampshire, et en vallée s’ouvrant vers l’E., celui de Londres: (495) Mais ces analogies furent de courte durée; un nouveau mouvement ascensionnel transforma définitivement le bas- sin parisien en lac, et. ne produisit d'autre effet, dans le _ bassin marin de. la Belgique, que d’en reculer les limites vers le Nord. Les dépôts lacustres supérieurs se déposèrent d’un côté et les argiles marines de Boom de l’autre, ce qui explique pourquoi la faune des bords du Rupel manque à Paris et que celle du dépôt lacustre supérieur manque en Belgique. Enfin, des mouvements postérieurs du sol recu- lèrent encore la limite des mers de la Belgique jusqu’à l’époque où un mouvement plus violent qui changea la direction des côtes et ramena la mer sur les terrains suc- cessivement mis à sec, y déposa le système diestien. Je ne pousserai pas plus loin ces considérations, dont j'aurais dû peut-être m’abstenir jusqu'au moment où Je présenterai l’ensemble de mes observations sur les terrains tertiaires et les conséquences qui en découlent, ann Quelques faits pour servir à l'étude des phénomènes pério- diques des végétaux; par G. Dewalque. _ L'influence de la chaleur sur le développement des plantes n’a été convenablement appréciée qu’à une époque voisine de la nôtre; étudiée d’une manière suivie dans ces derniers temps, elle a déjà donné lieu à des généralisa- tions remarquables. Aujourd’hui, que l'observation des phénomènes périodiques des êtres organisés s'étend de plus en plus, grâce surtout à l'impulsion donnée par l’A- cadémie, il nous à paru convenable de rechercher quelle peut être l'influence de certaines circonstances indivi- duelles plus ou moins accessoires, agissant en même temps (19%) que les circonstances météorologiques, et compliquant le résultat en avançant ou retardant le développement. des plantes. Nous ne nous occuperons ici que. d’une seule ; quoique peu nombreuses, nos observations nous paraissent suffisantes pour éclaircir la question. En étudiant le développement des végétaux, et particu- lièrement leur floraison , la phase la plus facile à observer, on se demande d’abord si, toutes les circonstances étant les mêmes, deux individus d'une même espèce fleuriront à la même époque; ou bien si, en vertu d’une sorte d'idiosyncrasie, de constitution congéniale ou acquise, de causes inconnues, si l’on veut, ces deux individus ne pré- senteront pas une différence plus ou moins notable dans l’époque de leur floraison, ou, ce qui revient à peu près au même, dans la quantité de chaleur nécessaire à cette floraison. En d’autres termes, tout étant égal de part et d'autre, jusqu’à quel point les observations de deux indi- vidus sont-elles comparables ? Adanson paraît être le premier qui se soit occupé de ce sujet ; la différence dans le développement de divers indi- vidus est un des arguments qu'il opposait au calendrier naturel de Linnée : « D'ailleurs, l'espèce du bouleau, comme la plupart des autres arbres, a des individus qui commencent leur développement un mois plus tard que d’autres; si celui qu'on observe est isolé, on ne peut de- viner si c'est le plus hâtif ou le plus tardif de son espèce ; inconvénient qui peut donner un mois de différence entre la bonne indication : et il paraît que M. Linnaeus a négligé de tirer des résultats moyens entre toutes les observations qu’il a publiées comme absolues (1). » (1) Familles des plantes, 1765, t. 1, p. 85. ( 197 ) Adanson allait plus loin : il croyait que ces différences étaient les mêmes dans toutes les espèces qui fleurissent à la même époque : « La différence entre les années hâtives et les années tardives, est assez parfaitement égale à celle qu’on observe entre les individus les plus hâtifs et entre les plus tardifs de chaque espèce. Cette différence répond à un mois ou trente jours environ de chaleur moyenne du Climat de Paris, pour les plantes qui se développent en février ou en mars; elle répond à quinze jours du mois d’a- vril et à dix jours du mois de mai (1). » M. À. De Candolle a observé aussi ces variations : « Le retour de la chaleur, après le repos de la végétation, est la cause déterminante de la fleuraison au printemps. La na- ture propre (idiosynerasie) de chaque espèce et de chaque individu se combine aussi avec ces deux causes communes à toutes les espèces. Ainsi, dans une allée de marronniers, il y en a toujours de plus précoces et de plus tardifs que les autres, et ce sont toujours les mêmes individus qui offrent ces qualités. Il y a, près de Genève, un marronnier qui est célèbre pour se couvrir de feuilles et de fleurs, un mois avant la moyenne de ceux du pays, sans cause locale ap- parente (2). » | M. Martins recommandait ce point à l’attention des ob- servateurs : « Dans les allées d'arbres, on remarque pres- que toujours qu'il y en à un ou plusieurs qui se couvrent de feuilles et de fleurs longtemps avant les autres (3). M. Vrolik écrivait, à ce propos, à M. Quetelet : « Dans (1) Familles des plantes, t. 1, p. 90. (2) Introduction à l’étude de la botanique, 3° partie, chap. I, $ 3. Bruxelles, 1837, p. 154. (5) Bulletin de l Académie royale de Belgique , t. IX,, p. 358. ( 198 ) ma campagne, province d'Utrecht, un chêne, depuis vingt ans que je observe, devance, chaque printemps, de quinze jours au moins, les mêmes arbres de la même allée, pour la naissance des fleurs et la floraison. Il est bon de remar- quer que ce développement précoce n'a pas pour consé- quence une chute plus hâtive des feuilles en automne. Au contraire, cet arbre croît, tant en longueur qu’en épais- seur, bien plus qu'aucun de ses voisins. J'ai fait de pareilles expériences depuis vingt ans sur une allée de hêtres lon- geant mon parc (4). » Enfin, M, Quetelet avait observé ces différences indivi- duelles : « J'ai dû avoir égard aux circonstances indivi- duelles, pour certaines plantes beaucoup plus hâtives que d’autres de la même espèce; car toutes né sont pas égale- ment sensibles à la chaleur, et quelques-unes présentent, à cet égard, des espèces d'anomalies. J'ai eu soin. de les écarter el de ne pas comprendre leurs indications dans mes résultats. Ces softes d'écarts s'observent plus particulière- ment chez certaines espèces, comme le marronnier d'Inde, le tilleul, etc: C’est par ce motif qu’il faut, autant que pos- sible, faire dépendre les résultats de Pobservation de plu- sieurs individus à la fois, afin de ne pas s’exposer à prendre l'anormalie pour la règle (2). » | Ces observations nous étaient inconnues pour la plu- part; lorsque nous avons entrepris nos recherches, qui ont porté particulièrement sur le marronnier, le tilleul, le lis blanc et le muguet; nos résultats sont peu nombreux, mais ils donnent une idée suffisante de la valeur de cette cause (1) Bull. de l’Acad., t. X, p. 566. (2) ANNALES DE DO n iAUR Sur le climat dé ta Belgique: — Phé- nomènes périodiques des plantes, p. 34; 1846. (499) d'erreur;.et surtout,.ils tendent à la faire craindre partout au lieu de ne, la redouter qu'exceptionnellement. … J1 existe sur:le boulevard d'Avroy, à Liége, cinq rangées de marronniers contenant 1406 pieds; nous les avons ob- servés en 1850 et 1851. Voici les résultats que nous avons trouvés: Ë $ È A Nombre de pieds 5 4 É 5 Nombre de pieds E.9 S à qui ont Dates. | 5 © 8 qui ont A Ë É à fleuri chaque jour. A 8 Ë ë fleuri chaque jour. = è = & 1851. 1098| 1166 Avr.22 | 4655] 27255) 4 a fleuri. 11,2] 425,4 95.| 15,1] 228,0| 5 .— 8,8 77,4 24 | 14,1| 198,8| ,4 , — 11,6| 134,6! 25 | 192,7! 161,5 8 — 13,71 187,7 26 9,8! 96,0! 44° — 16,5! 272,3| 45 étaient en fl. 27 | 10,9| 118,81! 7 ta 11,4 450,0! 17 ont fleuri. 28 5,74:82,8/1 Bit: 9,3k..86,5| 8. — 29 6:01 :36.0k. 8, 10,0! 100,0! 10. — 50 791. 62,41 14. :,— 14,7| 215,1| 4 — Mai 1 6,3 00,1 $. ‘— 13,2] 174,9! 1° — ro 7,51°156,2| 5 9,4! 88,4! 0 3 8,8/ 177,40 01! .2 82h 67,2| 4: — 4 #116:88,98 15 1:74 5 7,0! :29,0|..4 : — 6 6,7| :44,9|.2 — 7 FIL DEA S — 8 | 10,1! 402,0] 27 — 9 | 15,0! 169,0 3 . — 410, |: 143,3! 176,9) 21, — 148,811773,4| 86 185,012017,5| 85 RE A Les autres pieds, trop jeunes, trop nouvellement trans- plantés ou malades, n’ont pas fleuri. ( 200 ) En 1850, 45 pieds étaient en fleurs le 8 mai, #1 autres ont Neuri du 9 au 45 : si nous prenons pour les premiers une période telle que la somme des températures moyennes diurnes, ou celle de leurs carrés, soit sensiblement égale à celle de la période pendant laquelle les seconds ont fleuri, nous trouvons-que la floraison de 86 marronniers a commencé le 3 mai pour durer 45 jours. En 1851, la floraison de 85 pieds a exigé 19 jours. Cette différence entre les deux années devient beaucoup moindre si, au lieu de compter les jours, on compte les quantités de chaleurs d'après la méthode de Réaumur et de l'abbé Cotte , ou d’après celle de M, Quetelet. : Si nous comparons ces chiffres avec ceux que l’on donne pour la chaleur totale nécessaire à la floraison de cette plante ( Voy. Ann. de l'Observ. de Bruxelles, par A. Que- telet}, nous voyons que, d’après la méthode de la somme des températures, il faut 526°;-les différences trouvées dans ces deux années, entre la floraison des premiers pieds et celle des derniers — 0,29 et 0,55 de cette quantité. D'après la méthode de la somme des carrés des tempéra- tures , il faut 4890° ; les différences = 0,56 et 0,41. Il est nécessaire de remarquer que ces chiffres se rap- portent aux individus extrêmes ; ils doivent être divisés en deux moitiés, l’une positive, l’autre négative par rapport aux quantités moyennes. Néanmoins, en accordant à priori, quelque chose à l’activité individuelle de ces plan- tes, nous étions loin de nous attendre à des différences pareilles, pouvant atteindre le + en plus ou en moins de la quantité cherchée. Les résultats de 1851 offrent d'autant plus d'intérêt que les variations et le peu d’élévation de la température de celte année à l’époque de la floraison, les éloignent davan- (201 ) tage de la normale: Ainsi, l'on trouve qu’en observant un seul pied , il‘y avait seulement 9 chances sur 100%le le trouver en fleurs à Ja date moyenne; il y avait 44 chances d'avance, 47 de retard.-Ea marche de la température moyenne dé chaque jour peut diminuer encore les proba- bilités de floraison à ia date moyenne: il suflirait pour cela d'un abaissement un peu plus considérable du thermo- mètre. L’avance moyenne est de 25°, le retard moyen de 59°, d’après la méthode de Réaumur; soit 0,04 et 0,07 de la quantité moyenne. D’après la méthode de M. Quetelet, l'avance moyenne serait 232°; le retard moyen 295°; soit 0,05 et 0,06 de la quantité moyenne 4890°. Nous avons pris pour date moyenne, le jour où la moilié des pieds se trouvent en fleurs : ainsi le 28 avril pour cette année. Si l’on prenait le jour où la somme des températu- res atteint la moitié de la somme des températures des jours de floraison, la moyenne serait le 50; si l'on s'était servi des carrés des températures, on eût obtenu le 27. Ces différences s'expliquent par ceci, qu'il suffit qu'une seule fleur S’'épanouisse quelques heures plus tôt ou plus tard pour ajouter ou ôter un chiffre parfois très-élevé à la somme de l’une ou de l’autre moitié; ce sont de ces diffé- rences qui se compenseraient sans doute sur une série, Un autre résultat de ces faits, c’est qu’on serait exposé à l'erreur, si l’on prenait, comme le voulait Adanson, la moyenne entre les individus les plus hâtifs et les plus tar- difs : on obtiendrait ainsi le 4" mai. C’est ce qui est d’ail- leurs conforme à la théorie ; ce n’est pas le temps qui agit ici, C’est surtout la chaleur. Tilleul (Tilia microphylla Vent.) Sur le boulevard d'Avroy se trouvent deux lignes de tilleuls, parallèles aux marronniers précédents et contenant 49 pieds. Le premier (202) a fleuri en.4850, le 21 juin; 40 étaient en fleurs le 24; et sur les neuf pieds restant, il.y avait plus d’une espèce, Nous pouvons prendre 5 jours pour la période de la floraison. Lis blanc. Nous avons pu suivre, au Jardin botanique, la floraison de 145 pieds de cette espèce, réunis dans un petit parterre bien exposé au soleil. Les plus précoces ont fleuri le 28 juin 1850; les derniers, le 4 juillet, Voici les chiffres : Juin 28 4, 4 . . 6 piéds ont fleuri. di toudeng hé if — 7 MAR — Juillet 1 62 — 2 ER TON FSU 20 mn. à Bijuntpitete | 84 —— 4 6 -— TorTAëx. 7 145 On voit qu'ici la floraison, en même temps qu'elle s’est faite rapidement, a eu lieu d’une manière très-régulière. Un peu moins de la moitié des pieds ont fleuri à la date moyenne, de sorte que l'observation d'un seul pied pré- sente presque une chance d’exactitude contre une d'erreur légère. Pendant les 2 jours qui ont, l’un précédé, l'autre suivi la date moyenne, 54 pieds ont fleuri, soit 58 p. °o. Pendant les deux premiers jours, 10 pieds, pendant les 2 derniers, 17 pieds ont fleuri; soit 7 et 12 chances sur 100 de se tromper d'environ 2 jours en plus ou en moins, si l’on n’observe qu'un seul pied. En somme, on trouve que, dans cette hypothèse, il y avait 51 chances de se tromper en moins, 27 de se tromper en plus. L'écart moyen de l'avance et celui du retard sont respectivement de 25° et de 2% sur 1517 (méthode de Réaumur), ou de 414 et 551° sur 19622° (méthode de M. Quetelet), erreur que, dans (203 ) l'espèce, on peut considérer comme peu importante, puis- qué la plus grande n’atteint pas 0,05. Il est plus intéressant de rechercher les différences maximum et minimum. Pendant cette période, la tempé- rature moyenne de chaque jour s’est maintenue assez ré- gulièrement, oscillant entre 16°,7 et 20°,7; la somme des températures moyennes nécessaires à la floraison de cette plante est 1718°; celle de jour carrés 49622° (M. Quete- let, L. c.). D’après la méthode de Réaumur, les écarts extrêmes sont respectivement 56° et 57°, soit 0,04, D’après la méthode de M. Quetelet, ils sont 1059° et 1084, soit 0,05 et 0,06. Qüoique ces nombres ne s'appliquent qu'à l’année der- nière, on peut considérer le lis blanc comme üne des plantes où les influences individuelles sont les moindres. De sorte que l’on peut dire, en nombre rond, que. sur 4 pieds; 2 fleuriront, en général , à l’époque moyenne de la floraison d’un grand nombre de pieds; un sera en avance, et le dernier , en retard d’une quantité très-faible, égalant en moyenne 0,02 de la chaleur totale nécessaire à la florai- son moyenne, el ne dépassant pas 0,06. Muguet, Nous en avons vu 14 pieds dans un jardin de cette ville; ils ont fleuri cette année du 48 au 26 mai; soit dans une période de 9 jours. Nous ajouterons encore quelques résultats, observés également au Jardin botanique. Un pied de Æoteia japon. Morr. et Dec, à fleuri le 17, un autre le 22 juin 1850. — Campanula liliifolia L. mo 21: — 24. — — — . paniculata Watt. — 23, — 2 «tr _ — lunariæfolia Wild. — 93, — 27 — — Spiraea argentea L. PARLE, CR + Sideritis hirsuta L. æ 2% = 1 juillet. — Achilléa millefolium L. En 6, —. 14 juin. (204 ) Quoique ces derniers pieds soient-situés dans des par- ties différentes du jardin, nous ne voyons rien qui ait pu amener celte différence. Nous pourrions ajouter encore quelques exemples où la différence est moindre. Des observations qui précèdent nous pouvons conclure : 1° que l’excitabilité individuelle des divers pieds soumis à notre observation se fait sentir dans toutes les plantes; 2 que la grandeur des variations qu’elle produit varie avec l'espèce de plante ; 3° que cette grandeur paraît varier avec la saison ; 4° qu’elle varie selon la marche de la tempéra- ture de l’année, et surtout de l’époque de la floraison; 5° qu'elle est telle dans certaines espèces, qu'il Sera bon de les écarter des observations, à moins d'observer beau- coup d'individus. C’est maintenant à l'observation qu'il appartient de dé- terminer les plantes les plus convenables à observer. En attendant, comme il importe d'écarter cette cause d’er- reur , dans un problème qu’il est si difficile de trouver par- tout dans des conditions comparables, nous croyons que l’on fera bien de déduire chaque date de la floraison d’un certain nombre de pieds, en indiquant, si lon veut, les dates extrêmes, ne fût-ce que pour apprécier les écarts de chaque espèce. Un second point se présente à notre examen : l'in- fluence individuelle se manifestera-t-elle chaque année avec la même intensité? On comprend que s’il en est ainsi, il n’en est que plus important d'écarter les: espèces où cette variation est le plus marquée. À priori, on conçoit qu’elle doit rester la même chaque année; mais que, dans certains cas, elle peut varier, par suite du changement d'habitude, de constitution que tel individu aura subi plus que tel autre, C’est ce que confirme l'expérience : le mar- ({ 205 ) ronnier du 20 mars, aux Tuilériés, et celui de Genève sont connus pour leur précocité constante. M. À. De Can- dolle ajoute , comme nous l'avons vu, que les mêmes indi- vidus sont toujours les plus hâtifs ou les plus tardifs. C’est un principe que l’agriculture et lhorticulture ont mis à profit. DE Nos propres observations le confirment en général ; mais elles ne portent que sur le marronnier. Rappelons que nous avons observé 86 pieds en 1850, 85 en 1851. Sur 45 pieds en fleurs, le 8 mai 14850, 56 ont fleuri cette année dans la première moitié de la période de floraison. Sur les 9 autres, un était malade, deux n’ont pas fleuri, G ont fleuri du 50 avril au 5 mai. Sur les 41 pieds qui ont fleuri dans la seconde moitié de la période de 1850 ; 27 seulement ont fleuri dans la période correspondante en 1851; quant aux autres, 4 n’ont pas fleuri; 40 ont ouvert leurs fleurs du 25 au 28 avril. Ainsi, le sens de l'écart individuel paraît généralement constant. Quant à sa grandeur, il serait difficile de décider sur deux années d'observation; sur 37 pieds, 6 seulement ont fleuri cette année à la date exactement correspondante à celle de l’année dernière; pour les autres, il y a des dif- férences de 5, 6, 8 et 14 jours. Ce qui tendrait à faire croire que l'écart individuel, sans changer de sens en gé- néral, peut varier notablement de grandeur, surtout si l’on compte par jour ; autrement, les différences sont beau- coup moins prononcées. | — L'époque de la prochaine séance a été fixée au sa- medi 11 octobre. ( 206 ) CLASSE DES LETTRES. eo Séance du 4 août 1851. M. LeccercCQ, président de l’Académie et directeur de la classe. M. Querezxr, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le chevalier Marchal, Steur, le baron de Stassart, De Smet, De Ram, le baron J, de S'- Genois, P. De Decker, Schayes, Polain, J. De Witte, membres ; Bernard, correspondant. M. Alvin, membre de la classe des beaux-arts, assiste à la séance. M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir, pour être distribués aux membres et correspondants de la classe des lettres, des exemplaires des deux premiers volumes de a Correspondance de Philippe IT, sur les affaires des Pays- Bas. — Remerciments. | — L'Académie royale des sciences et des lettres de Mu- nich, la Société d'histoire de la Suisse romande, la So: ciété des antiquaires de Picardie et l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, écrivent au sujet de l’é- change des Mémoires. — M. le chanoine De Ram fait hommage d’un exem- plaire du discours prononcé aux funérailles de feu M. Tits, He ( 207 ) professeur de théologie. M. Baguet offre également un exemplaire d’une notice Sur l'étude de la grammaire dans l'enseignement des langues anciennes. — Reémerciments. — M. Roulez s'excuse de ne pouvoir assister à la séance, et fait parvenir Quelques mots de réponse au rapport de M. Bormans sur les mémoires du concours relatif à Démé- trius de Phalère. Après avoir entendu la lecture de cette note, la classe déclare être complétement convaineue de l’entière impar- tialité dont M. Roulez a fait preuve dans son rapport, et par suite, elle estime que l'insertion de sa réclamation devient sans motif. — Conformément aux propositions faites par la classe des sciences, 1] est procédé à la nomination de deux membres pour compléter la commission mixte, qui aura à Soccuper des moyens d'exécution relatifs aux concours pour les cinq prix quinquennaux institués par l'arrêté royal du 6 juillet dernier. Les suffrages désignent M. le chanoine De Ram et M. Leclercq, président de l’Académie. Il est décidé que des remerciments seront adressés à M. le Ministre de lintérieur pour la nouvelle preuve de sollicitude qu’il vient de donner en faveur des sciences et des lettres, en proposant au Roi la fondation des cinq nouveaux prix quinquennaux. ( 208 ) COMMUNICATIONS, ET! LECTURES. Notice sur Charles de Méan, jurisconsulle liégeois; par M. Polain , membre de l’Académie. Charles de Méan, que ses contemporains ont surnommé le Papinien liégeois, est le plus grand jurisconsulte qu’ait produit le pays de Liége, qui peut citer pourtant avec orgueil les noms des Wamese, des Oranus (d'Heur), des Fléron, des Omal (Omalius), des Courselle, des Chokier et des Louvrex. | Charles de Méan naquit à Liége, en 1604; il apparte- nait à une famille distinguée, dont les membres occu- pèrent, à diverses reprises, les plus hautes charges de l’État, et qui, presque tous, se vouèrent à l'étude de la jurispru- dence (1). Se conformant à ces belles traditions, Charles de Méan alla étudier le droit à Louvain, sous la direction de Henri Zoes et de son compatriote Gérard de Courselle. (1) Dans le diplôme de baron, conféré à Charles de Méan, le 27 mars 1648, l’empereur Ferdinand rappelle les services que cette honorable famille a rendus à l’Empire, et le zèle que ses membres ont déployé à différentes reprises dans la gestion des affaires publiques au pays de Liége; il y est question, entre autres, de Laurent de Méan, qui préserva nos con- trées des troubles dont la Belgique eut à souffrir pendant le XVI: siècle; de Georges de Méan, cher à l’évêque Ernest, et qui se distingua par ses travaux écrits et les services signalés qu’il rendit dans les différentes missions dont il fut chargé; enfin, de Pierre de Méan, conseiller des princes Ernest et Fer- dinand , qui représénta, à plusieurs reprises, le pays de Liége à la cour d’AT- bert et d'Isabelle, ({rchives de l’État, à Liège.) (: 209 | Îl séjourna ensuite pendant quelque temps à Paris ; après quoi il revint dans sa ville natale, où son mérite lui valut bientôt les plus honorables distinctions. Nommé du Con- seil privé du prince, choisi par les États du pays pour faire partie de la députation à laquelle ce corps confiait l’admi- nistration des affaires publiques , il se vit , en cette qualité, chargé de plusieurs missions difficiles dans les contrées voisines, et fut assez heureux pour rendre alors d'impor- tants services à sa patrie. Les éminentes fonctions de commissaire déciseur du prince à Maestricht, celles de membre du Conseil ordinaire, furent la récompense de ses honorables travaux; la bour- geoisie de Liége, elle-même, voulant en quelque sorte rendre hommage à son talent et à son noble caractère, le nomma bourgmestre , à la S'-Jacques de l’an 1641. Liége, à cette époque, était en proie à des divisions san- glantes, occasionnées par les factions des Chiroux et des Grignoux. Charles de Méan ne paraît pas y avoir pris une part très-active; l'étude, sans doute, avait plus de charme à ses yeux que les bruits du forum. La cité ayant été sou- mise en 4649, et l’évêque Ferdinand de Bavière étant :« mort quelque temps après, Charles de Méan se voua dès lors presque exclusivement à ses travaux juridiques, et s’occupa tout particulièrement de la composition du grand . Ouvrage qui a immortalisé son nom. ‘Son père, Pierre de Méan, échevin de la souveraine jus- tice et membre du Conseil privé, avait été chargé, par le prince Ferdinand de Bavière, de recueillir les anciennes coutumes du pays de Liége, et d’en composer un résumé clair et substantiel. Pierre de Méan acheva ce travail en 1642. Le 20 octobre de cette année, le prince, avec l'agrément des États ; nomma une commission chargée TOME xvui. 14. (20) de revoir l'ouvrage, afin de lui donner un. plus. grand caractère d'authenticité. Des membres des: États, du Con< seil privé du prince, du: chapitre de Saint-Lambert et du Conseil ordinaire, des députés de la cité et des autres bonnes villes furent chargés de ce soin et y vaquèrent pendant plusieurs mois; mais les troubles qui désolaient le pays de Liége firent avorter la publication de ce travail remarquable. Ce que l'État n’avait point accompli, Charles de Méan résolut de l'exécuter : « Pour rendre hommage à la mé- moire de son père, dit-il, et en même temps être utile à son pays. » D'abord, il publia, en 1650, le Recueil des points marqués pour coustumes. du pays de Liége, dont un grand nombre de copies fautives et qui rendaient l’ouvrage pres- que méconnaissable circulaient déjà dans le publie (1). En- suite, il s’occupa de. développer le texte si concis de ce livre, et de lui donner en quelque sorte, l'autorité d’une. loi nouvelle, en démontrant que le recueil rédigé par son: père, n’était que la substance des anciens priviléges.et des. paix, le résumé de la jurisprudence établie par les résolu- tions et les records des échevins, gardiens de la loi du pays. | Tel fut le cadre primitif du volumineux ouvrage que Charles de Méan mit au jour, sous le titre suivant : Obser- vationes et res judicatae ad jus civile Leodiensium, Roma- norum, aliarumque gentium, canonicum et feudale. (1) Ce travail a été apprécié d’une manière remarquable par un homme que Liége peut hardimént placer à côté de ses plus savants jurisconsultes d’autrefois, par l'honorable M. Raïkem, procureur général à la cour d'appel de Liége, qui a fait du Recuerl des coustumes Vobjet de l'une de ses inté- ressanies notices consacrées à l’histoire des anciennes. institutions liégeoises. (241) La première partie parut à Liége, en 1652, chez L. Stréel; et la cinquième et dernière, en 1670. À mesure qu'il avança dans son travail, l’auteur étendit le cercle de ses investigations , à tel point que son livre devint presque un traité universel de droit civil, canonique et coutu- mier. Charles de Méan possédait des qualités précieuses pour un jurisconsulte : beaucoup de pénétration ét de finesse dans lésprit, un jugement droit, une éloquence facile et naturelle, une mémoire prodigieuse. Les monuments écrits qu'il invoque à chaque instant prouvent, non-seule- ment que le vieux droit liégeois lui était familier, mais encore qu'il possédait une connaïssance approfondie de la Jurisprudence des différents peuples de l'Europe. Aussi, lorsqu'on parcourt ce vaste trésor d’érudition qu’il nous a laissé, on comprend aisémént la vive admiration que ce savant homme imspirait à ses contemporains; et les nom- breux éloges dont il a été l'objet et qui ornent les limi- naires de son livre, ne nous apparaissent plus que comme un hommage mérité rendu à son génie. Nous nous borne- rons à rapporter ce que Henri d'Audiguiér, avocat au par- lement , connu par différents ouvrages , écrivait dé Paris, àun liégeois en 4659, c’est-à-dire lorsqu'il n’y avait en- core que les trois premières parties des Observations pu- bliées. « Les loix de Liége nous étoient inconnues, dit-il; » les François ne savoient pas seulement qu'elles étoient » françoises , et lés docteurs des autres nations n’auroient jamais eu la pensée de consulter vos coutumes pour ré- Soudre leurs difficultés. Mais depuis que Charles de Méan nous les à fait paraître si raisonnables, et qu'il les a accompagnées de décisions si doctes et si justes , il n’y “a point de jurisconsulte qui ne les allègue, ni d'homme ÿ YO y Y vw (249) » qui ne s’y soumette : ainsi votre droit pourra devenir, comme le romain, le droit universel, et les loix d’an petit pays seront à la fin, par la force de ce grand génie, votre illustre parent, les loix dé tout le monde qui n’est point barbare. Cependant, je ferai de ces trois volumes mon corps de droit et toute ma bibliothèque; comme j'y trouve toutes les résolutions importantes et curieuses, soit pour le droit civil ou pour le droit canon, et pour le droit écrit comme pour le coutumier, je n’ai plus be- soin d’autres livres ni d'autre étude. Ainsi je vivrai par- faitement soumis aux décisions de ce grand homme, fort éclairé au-dessus de mes confrères, et très-recon- naissant envers vous, Monsieur, qui m'avez découvert le brillant de ces beaux feux. » Il y a sans doute un peu d’exagéralion dans ces éloges, mais nous avons cru devoir les rapporter comme un té- moignage du succès qu'obtinrent tout d’abord les Obser- vations de Charles de Méan, et de l’estime qu ’avaient pour lui ses contemporains. Les Observations ont été réimprimées à Liége, en 1740, avec les notes de Louvrex et de plusieurs autres juriscon- sultes liégeois. Cette nouvelle édition renferme une sixième partie, ouvrage posthume de Charles de Méan, publié par son fils en 4678. On remarque à la fin de cette partie un travail qui n’est pas sans importance, intitulé : Nomencla- tor idiotismi Leodiensis ; c’est un glossaire des locutions barbares fréquemment usitées autrefois dans le style de la pratique judiciaire à Liége. Cet opuscule curieux.et réelle- ment utile, avait déjà paru du vivant de l’auteur, en 1671, in-4°, mais il était devenu fort rare alors; aujourd’hui il est presque introuvable. Pendant les courts loisirs que lui laissaient ses impor- VV OV YO VV VV VV VV y + v v | (213) tants travaux juridiques, Charles de Méan entreprit d’é- crire l’histoire de son temps, à dater de 1640, Le savant Heymbach, professeur d'histoire à Louvain, son ami, avec qui il entretenait une correspondance active, a fait un bril- lant éloge de ces mémoires, qui, par malheur, sont restés inachevés (1). Nous publierons peut-être quelque jour ce travail important et digne de l’homme de bien qui, nommé pour la seconde fois bourgmestre de la cité, à la S'-Jac- ques 1646, et voyant, à cette occasion, les partis plus acharnés que jamais, se livrer bataille sur la place pu- blique et ensanglanter les rues de Liége, abdiqua sur-le- champ cette haute dignité, « ne voulant pas, comme il le dit, sacrifier à son ambition l'intérêt de l'État et la vie de ses concitoyens » (2). Charles de Méan mourut le 6 avril 1674, laissant une postérité nombreuse. Presque à la même époque (1665), et comme pour consoler le pays d’une aussi grande perte, Liége donna le jour à l’auteur du Recueil des édits, à lil- lustre Guillaume de Louvrex. Note destinée à rectifier deux faits historiques; par M. le baron de Stassart, membre de l’Académie. Personne, vous le savez, Messieurs, ne possédait comme notre illustre confrère ; M. le baron de Reïffenberg, l’art (1) Charles de Méan s’est arrêté à la mort de Ferdinand de Bavière. (2) Voyez L’indifférent et véritable Liégeois, sur le cours des affaires et calomnies modernes. Liége, 1646, in-4°, p. 30. ( 214) de rendre l’érudition agréable; ïl y semaït, à pleines mains, _ces piquantes anecdotes, si propres à prêter du charme aux études sérieuses pour l’homme du monde qui veut s’'amu- ser et s'instruire tout à la fois ; mais ces anecdotes , il ne prenait pas toujours le temps nécessaire pour en constater l’exactitude. De là, plus d’une erreur fort regrettable : c’est ainsi, par exemple, que dans les notes ajoutées aux Mé- MOIRES DU COMTE DE MÉRODE D'ONGniEs (1) (pag. 49 , n° 401), il avance que le prince François-Louis de Hatzfeld, am- bassadeur de Prusse aux Pays-Bas, sous le roi Guillaume, y essuya quelques désagréments pour avoir été soupçonné de tricher au jeu. Cette affaire, dont s’occupa beaucoup le publie de Bruxelles, ne concernait nullement le prince de Hatzfeld , homme honorable et d’une délicatesse parfaite, mais son successeur, le comte de S..... qui fut mis à la porte de la Société du Club, et, bientôt après, éliminé du Corps diplomatique. Rétablir la vérité de ce fait et venger ainsi l'honneur d’un nom justement estimé dans toutes les cours de l’Eu- rope, me semble un devoir que bien certainement s’em- presserait de remplir notre bonorable et regretté confrère, s’il existait encore. Avant de finir cette courte note à laquelle vous jugerez peut-être convenable d'accorder une place dans le recueil de nos Bulletins, je me permettrai de signaler une autre erreur, bien qu’elle soit d’une moindre importance : Ce n’était point au prince de Condé, personnage grave, (1) N° 9 des publications de la Lg des BiHopbes de Mons, vol. in-8°, Hoyois, 1840. (25) et.célèbre déjà: par de brillants succès à la guerre, mais au jeune comte d'Artois, alors connu par son ardent amour des plaisirs, que le prince de Ligne donna, dans ses Jardins de Belæil (pag. 54, note 49), cette fête étrange où figurèrent des statues vivantes dont le costume et les poses étaient analogues à ces représentations PLASTIQUES qui nous venaient de la candide Allemagne et que l’in- dulgente police de Bruxelles nous a permis d'apprécier. ee Dernières réflexions sur la langue latine dans ses rapports avec l'étude du droit; par l'avocat général Ch. Faider, correspondant de l’Académie. En insistant sur la nécessité de faire revivre l'étude du latin dans notre pays, nous n'avons pas l'intention de transformer en latinistes consommés tous nos étudiants en droit; nous voulons simplement les rendre capables de comprendre les principaux écrivains classiques, de lire les ouvrages des commentateurs et des jurisconsultes, et de se pénétrer du sens des textes des lois romaines, textes qu'il faut revoir souvent pour bien comprendre ce qui con- stitue l'essence et la philosophie de notre droit civil mo- derne. | Nous sommes , sur ce point, de l'opinion du sage Fleury qui, dans un excellent livre sur l’instruction, dit avec raison : « [l faut se guérir de l'erreur que l’on puisse » apprendre parfaitement le latin, ni aucune autre langue » morte : nous ne pouvons savoir que ce qui est écrit, et (26 ) > nous ne pouvons pas même-entendre tout! ce qui est » écrit. » Le:savant abbé n’en eonsidère’pas moins lé latin. comme très-utile et il observe :qw'il est impossible de bien parler du droit romain en june autre langue (1). Cette impossibilité, le: célèbre: Viglius: l'avait démontrée depuis, longtemps dans sa belle préface: sur Théophile ; tout;en cherchant à s'excuser d'offrir une traduction de la précieuse paraphrase grecque des Institutes, il fait cette remarque importante : Sunt non modo uniuscujusque linguae, sed etiam artis quaedam idiomata. Non mirum itague videri debet, jus Romanum quod civile vocamus, Romana el. propria in plerisque habere vocabula, quae describere. quidem. pluribus verbis :alia. in lingua possis, una voce reddere non possis : veluti bonorum possessio, peculium, legatum ; interdictum., condictio, stipulatio , tulela, emancipatio, familia ; usucapio el ejus generis infinita alia. Nam cum et ipsae res ;\quae his vocabulis significantur , propriae sint civium: Romanorum ; conse- quens est non facile, quae per omnia respondeant, ‘in alia lingua vocabula reperiri…. Multa quoque vocabula ad cer- tam aliquam significationem restricta sunt : ut tutela, actio, pactum , arbitrium, aliaque multa ejusdem generis..…. Nous ne voulons pas reproduire ici les développements que Vi- glius donne à sa pensée, mais ils confirment tout ce qué nous avons dit de l'impossibilité logique de bien traduire en français la langue du droit romain (2). Il faut done, cela est évident, il faut pouvoir se rendre (1) Voir l'excellent Traité du choix et de la méthode des études, de Claude Fleury, 1740. (2) Voir la préface de Figlius, pp. xumi et suiv., édition académique de Louvain, 1761, dattes —_—— (217) compte. de la valeur des termes juridiques : que dira le jurisconsulte ignorant cle latin, lorsqu'il entendra parler de ce. que le droit romain appelle ususfructus calen- darii (1)? Convenons que l’usufruit d’un calendrier serait peu de chose :: or, si lon enest à traduire pignus par fa- mille; on pourra avec bien plus de succès traduire calen- darium par calendrier. Notre compatriote , Delvaux d’An- denne, professeur de droit canon à l’ancienne université de Louvain, à fait aussi sur ce sujet de judicieuses ré- flexions que nous croyons pouvoir nous dispenser de re- produire ici : sans être plus exigeant que Fleury, il désire pourtant : Ut sensus legum et canonum percipiatur , quidve Juris ulriusque interpretes , quos meritissimo omnium facile principes opinamur , in suis scriptis tradiderint, lectoribus fiat manifestum (2). I ne s’agit pas plus, suivant lui que Suivant nous, de transformer en Cicérons ou en Sallustes nos jeunes jurisconsultes; il s'agit de leur épargner de grossières bévues et de leur ouvrir les sources fécondes de la véritable et éternelle jurisprudence. Ce même Delvaux combattait, comme nous, les détrac- teurs du droit romain , et il caractérisait en termes heu- reux. les grands jurisconsultes dont les fragments sont conservés dans les Pandectes : Nihil Ulpiano eloquentius, + Paulo nervosius, Callistrato doctius , Papiniano acutius, Scaevola pressius, Caio fluentius, Africano subtilius, Pom- peio jucundius, Celso nitidius, Triphonino candidius poene (1) D. 55, 2, 57. « Dans le legs de l’usufruit de tous les biens du testateur » était compris l’usufruit de son portefeuille, c'ést-à-dire de l’universalité » de ses créances... » Merlin, Rép., v Ixscrip. nyr., Ÿ 5, conclus. du 15 mai 1809. (2) Andræ Vallensis Paratilta decretalium , praef. Lov., 1631. ( 218 ) fuerit, nullus tamen eorum tam fuit felix, ut ‘obtrectato- rum linguas, morsus, improbamque invidiam evadere po- tuerit (4). Alors, comme aujourd'hui, on décriait le droit romain pour se dispenser de l’étudier, et l’on prenait du latin ce qui était absolument nécessaire past consulter les écrits élémentaires. Pourtant , on l’a remarqué avant nous , c’est à l'étude de la littérature ancienne que l’on doit surtout attribuer lés progrès de la jurisprudence en Hollande : on a égale- ment signalé les admirables résultats de l'alliance qui se forma, au XVI: siècle, entre la littérature et la jurispru- dence et dont les deux symboles sont Cujas et Scaliger (2). Et sans vouloir faire revivre des travaux qui ne sont plus de notre temps, nous avons le droit de dire que l'étude des classiques latins, des antiquités romaines, de l’histoire du droit romain, des Institutes et des Pandectes doit subir une rénovation qui la rende aussi fructueuse qu'elle est reconnue nécessaire dans tous nos programmes. Mais il est temps d’en revenir aux causes d’une: déca- dence évidente à tous les veux et certainement très-déplo- rable : ces causes nous les avons indiquées; nous devons les développer aujourd'hui, nous bornant à celles que lon peut considérer comme les plus puissantes et comme les plus dignes d’être combattues. (1) A. Vallensis, Z. c. — Cfr. Paul Voet, De usujuris-civ.et can., cap.5, $ 5..— Rebufñfi, ad const. regias, p. 446. ; (2) Voir deux bons articles de la Thémis, vol. 5, p. 109 : Sur l’état de l’en- seignement du droit dans le royaume des Pays-Bas ; vol. 4, p. 515 : Sur les antiquités romaines d'Adam. Voir aussi vol. 9, p. 281, l’Introduction au 4° vol. de l'Æist. du droit rom. de Savigny. (219) La multiplicité des établissements contribue bien cer- tainement à affaiblér les études : et pourquoi? Parce que les professeurs manquent aux institutions. C’est là le dan- ger de la liberté. Il ne s’agit pas, nous le répétons , de . donner atteinte à cette liberté; elle est consacrée par notre Constitution, elle est dans nos mœurs, elle est hors de toute discussion : mais il est très-important de lui signaler la nécessité de se régler elle-même et de n'ériger quel- que établissement nouveau que lorsqu'elle aura des sujets assez forts pour y donner une solide instruction. Comme le disait Portalis à Napoléon, les bons professeurs sont rares, parce que les bons professeurs doivent avoir des qualités intellectuelles, morales, physiques même qui se rencontrent peu fréquemment chez un même individu : moralité, tenue, élocution , méthode, science, voilà bien des conditions indispensables ! Un mauvais professeur fait plus de mal que deux bons professeurs ne font de bien : ce mauvais professeur publiera un mauvais livre elassique qu'il mettra entre les mains de ses élèves; il fera perdre aux élèves un temps précieux par une mauvaise méthode d'enseignement; il leur faussera l'esprit par de mauvaises maximes; il les habituera à une instruction superficielle par sa propre ignorance; et lorsque ses élèves , ainsi pré- parés, arriveront aux classes supérieures, où sont probable- ment les meilleurs professeurs, ils seront incapables de profiter de l'enseignement perfectionné qu’on leur offrira. On ne songe pas assez aux classes inférieures, qui sont sou- vent confiées à des professeurs incapables ou incomplets, trop jeunes pour bien enseigner aux autres et trop occupés pour bien étudier eux-mêmes. On ne pense pas non plus à la multiplicité de livres classiques qui sont proposés ( 220 } aussi bien aux écoles primaires qu'aux colléges moyens et qui, pour la plupart, sont mauvais çu! incomplets. Cette multiplicité ét cette médiocrité des'livres, cette diversité des méthodes qu'entraîne nécéssairément lé nombre exces- sif d'institutions , expliquent la faiblesse des études, qui ne peuvent se fortifier que sous uné influence centralisatrice capable de faire naîtré une sorte d’uniformité, indispen- sable à nos yeux, dans la méthode d'enseigner, car n'ou- blions pas cette maxime fondamentale : « L’influénce des » méthodes est incaleulable. » | Or, c'est précisément ici que se montre la légitimité de l'intervention du Gouvernement, c'est-à-dire de l'orga- nisation par la loi de l’enseignement donné par l'État : c’est pour maintenir l’enseignement de tous les degrés à une hauteur convenable, c’est pour assurer Papplication des bonnes méthodes, c'est pour choisir de bons profes- seurs et former de bons élèves, que la loi organise linstruc- tion publique et en confie la surveillance au Gouverne- ment : l'État force ainsi la liberté à le suivre dans l'essor qu'il imprime à l’enseignement ; il l'empêche de s’affaisser sur elle-même et de voir dégénérer, par l'abus même de son principe, les institutions qu’elle peut créer de toutes parts, mais qu’elle ne devrait pas multiplier outre mesure. Dans cette position, l'État doit donner un enseignement type, qui, en excitant une véritable émulation, épargne au pays les désastreux résultats d'une concurrence aveu- gle : c'est à, pour l'État, un impérieux devoir et, s’il le remplit bien, un titre de gloire véritable. Depuis vingt ans, rien de stable dans l’enseignement public;.et même aujourd’hui, nous vivons encore de pro- visoire : l’organisation des jurys d'examen n’est point défi- nitive; cette organisation a changé trois ou quatre fois de- ( 221 ) puis. 4835 (1); elle doit, être, soumise à révision dans la prochaine session législative. L'enseignement moyen, va seulement recevoir l’organi- sation que lui, assure une. loi récente (2). L'enseignement primaire n’est pas encore débarrassé du déluge de mauvais livres prétendus classiques qui l'inondait, lorsque le sys- tème d'inspection a..été organisé par la loi (3). Le long provisoire qui a. pesé et qui pèse encore sur l’enseignement, * lui a donc été fatal, et nous devons applaudir à tout ce qui tend à lui donner son caractère définitif. C’est seulement alors qu'on pourra espérer de voir surgir un ensemble d'instruction solide à laquelle contribueront l'État, le clergé, les communes, les associations libres et. les simples citoyens, mais à la condition de ne trouver le succès que dans le choïx d'un personnel suffisant, dans l'application des bonnes méthodes et. dans l'emploi de livres dignes d'être appelés classiques, pour la forme comme pour le fond. | L’inspection, les subsides, les concours, les jurys, voilà ce qu'offre l'État à la liberté pour la régler, la soutenir, la garantir : si, à côté de cela, il parvient à ériger des établis- sements oùse distribue un enseignement solide, à recruter un personnel convenable, à établir partout une stabilité bien désirable et bien désirée, il aura enfin créé ce type régulateur qui. ne permettra de vivre qu'aux bons établis- sements libres montés à sa hauteur, et qui anéantira, par la force des choses, ceux, que signalera linfériorité de leur enseignement. (1): Loi du 27 septembre 1837, loi du 8 avril 1844 ét loi du 15 juillet 1849. * (2) Loï du 1+* juin 1850. (5) Loi du 23 septembre 1842. ( 222 ) Nous avons parlé d'uniformité. H ne s’agit pas d'intro- duire partout et d'autorité une uniformité étroite et servile, qui irait à l'encontre du but; mais il s’agit de supprimer l'anarchie des méthodes et des livres, si cette expression est permise, et de faire sentir enfin partout la nécessité de s'arrêter à certains procédés et à certains auteurs, sur le mére desquels chacun doit être d'accord. Cette unifor- mité devient, du reste, nécessaire pour l’enseignement moyen libre et subsidié, comme pour l’enseignement moyen salarié par l'État, depuis l'institution , par la loi du 45 juil- let 1849, du grade d'élève universitaire. Nous croyons que l'influence de cette institution centrale, produit de la lr- berté, contribuera à régler cette liberté même et à atteindre le but que nous indiquons ici, l’uniformité et avec elle le perfectionnement. C’est dans quelques années, lorsque le nouvel enseignement moyen aura produit des résultats, que l’on appréciera la valeur des jurys d'élèves universi- taires ; si ces jurys déploient alors une juste sévérité, s'ils tiennent aux études classiques, s'ils exigent, pour rentrer dans notre spécialité, une connaissance solide du latin, s'ils se souviennent que celte étude doit, aux termes de la loi du 4°” juin 1851, être approfondie dans une certaine mesure, si enfin, ils comprennent leur mission, leur rôle acquerra une importance considérable, car ils sacrifieront: les élèves faibles au seuil des hautes études, et ils n’accor- deront les certificats de capacité qu'aux sujets que distin- gueront l'intelligence nourrie de fortes études et le zèle animé du feu sacré. C'est alors que l’on retrouvera des élèves capables d’en- tendre, aux universités, des professeurs enseignant dans la langue des Romains les usages et les lois de Rome; c’est alors que l'art. 5 de l'arrêté royal du 9 décembre 1849, Éd ue (225 ) que nous-avons rappelé dans notre première note, pourra recevoir une application rationnelle et conforme aux rè- gles fondamentalesde l’enseignement préparatoire à l'étude du droit. Peut-être aussi reconnaîtra-t-on l'utilité de sup- primér quelques branches accessoires d'enseignement pour fortilier d'autant les branches principales : nous ne vou- lons qu'indiquer iei ce point, digne des méditations de ceux que la pratique de l’enseignement rend plus capables que nous de le juger. Nous terminons ici ces réflexions sur un sujet trop im- portant pour ne pas intéresser la classe des lettres : nous ne savons si nous devons la prier d’excuser notre insis- tance; mais nous avons une conviction profonde et raison- née sur la nécessité de l’enseignement classique du droit romain. Pour arriver à cet enseignement, il faut passer par l'enseignement moyen, qui doit nécessairement sortir de la langueur où il est plongé aujourd’hui : la classe l’a bien compris, puisqu'elle a mis au concours de 1852 une question relative à la meilleure organisation de l'enseigne- ment littéraire et scientifique des établissements d'enseigne- ment moyen. Nous remercions la classe de la bienveillance qu’elle nous a montrée, et sans la rendre responsable de toutes les opinions que nous avons émises , nous nous féli- citons de nous être fait écouter d’elle. me — M, le chevalier Marchal entretient la classe d’un travail qu'il à composé sur l’origine de la franc-maçonne- . rie, travail qu'il se propose de livrer à la publicité. : — L'époque de la prochaine séance est fixée au lundi 6 . octobre prochain. (224) CLASSE DES BEAUX-ARTS. ——— Séance du 7 août 1851. M. Navez, directeur. M. Quereer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, De Keyzer, F. Fétis, Leys, Roelandt, Suys, J. Geefs, Érin Corr, Snel, Fraikin, membres ; Calamatta, associé. M. Melsens, membre de la classe des sciences, et M. Nolet de Brauwere Van Steeland, associé de la classe des lettres, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. æœere M. le Ministre de l’intérieur informe la classe que le premier prix du grand concours de composition musicale de cette année a été décerné à M. Édouard Lassen, de Copenhague, et qu'un second prix a été accordé à M. Jean-Baptiste Rougé, de Liége. La cantate couronnée sera exécutée cette année, à la séance publique de la classe des beaux-arts, et celle qui a obtenu le second prix à la séance de l’année prochaine. M. le Ministre transmet le dernier rapport trimestriel du lauréat F. Laureys. — Renvoi aux commissaires précé- demment nommés. (235 ) — M, Félix Jehotte donne connaissance de la mort de son père, Léonard Jehotte, graveur, correspondant de la classe, décédé à Maestricht, le'’Aft août 4851, dans la 80° année de son âge. Une lettre de condoléance sera écrite à la famille; même décision est prise au sujet de la mort de M. Martin-Joseph Mengal, correspondant pour la section de musique, dé- cédé à Gand, le 4 juillet dernier, à l’âge de 67 ans. RAPPORTS. M. Melsens lit un rapport sur la demande suivante, qui avait été soumise à la classe par M. le Ministre de l’in- térieur. | « Il est arrivé que des statues de, marbre, d’albâtre, appartenant à des églises, ont été, sous prétexte de net- toyage, recouvertes d’une couche de peinture à l’huile; de sorte qu’il est deyenu difficile, sinon impossible, de juger quelle était la matière première de ces statues. Cependant il existe sans doute quelque procédé chimique pour blan- chir le marbre ou l’albâtre, sans l’altérer. » C'est sur l'indication de ce procédé que porte le:rapport de M. Melsens, auquel ont souseril les deux autres com- missaires, MM. J. Geefs et Fraikin, Ce rapport.sera transmis à M. le Ministre de l’intérieur. M. Melsens a.ex- primé le désir de ne le publier qu'après les différentes expériences dont il comple s'occuper. _ L'ordre du jour appelle la lecture d’un rapport sur TomME xvu. 15. (226 ) un mémoire de M. Griffith, relatif au temple de Vesta, à Tivoli. M. Baron, qui est chargé de ce travail, se trouve absent, et par suite ce rapport est de nouveau forcément ajourné. Rapport de M. Alvin sur la notice de M. Alex. Pinchart, relative à l'auteur du tombeau de Marie de Bourgogne. « Dans notre dernière séance, vous m'avez chargé, aux termes du règlement, de prendre connaissance d’une no- tice qui vous avait été présentée, au nom de M. Alexandre Pinchart, et de vous en faire rapport. En m'acquittant de cette tâche, je me suis confirmé dans l’idée plusieurs fois exprimée ici, que les archives de l'État sont une des mines les plus riches où nous puissions chercher des docu- ments qui éclaircissent les points encore obscurs de l’his- toire des progrès des arts dans nos provinces. C’est dans les comptes de dépenses des princes, des communes, des abbayes, des églises que nous pourrons trouver la men- tion exacte du prix payé pour les ouvrages d'art, de l’é- poque précise où ils ont été exécutés ; la signature placée au bas d’une quittance nous fera quelquefois découvrir le nom de l’auteur d’un travail demeuré trop longtemps anonyme. | » Nous avons lieu de nous féliciter de l'impulsion donnée à ces utiles recherches par notre savant confrère l’archi- viste général du royaume. Son exemple, si fructueux pour ” certaines parties de nos annales, est suivi avec succès par « les hommes intelligents et laborieux associés à son admi- Re ES ._.— a Sie nistration, lesquels ont déjà exhumé plus d’un document “} précieux. Les bulletins de la classe des lettres ont accueilli » (227) plusieurs notices du jeune écrivain qui nous à adressé les résultats de ses récentes recherches. M. Alexandre Pin- chart a retrouyé et nous apprend le nom de l'artiste auquel on doit le tombeau de Marie de Bourgogne qui décore l'église de Notre-Dame à Bruges. C’est un orfévre, fon- deur de métaux à Bruxelles, nommé Pierre de Beckere. » L’authenticité des sources où M. Pinchart a puisé, la clarté qu’il a apportée dans l'exposé des faits, ainsi que l'intérêt que présentent les annotations qui accompagnent son travail me paraissent mériter de fixer l'attention de l’Académie. » J'ai, en conséquence, l'honneur de proposer à la classe d'en ordonner l'insertion dans le Bulletin et d'adresser des remerciments à l’auteur. » Ces conclusions sont adoptées. Pme] EE COMMUNICATIONS ET LECTURES. rs Notice historique sur Pierre De BECKERE, auteur du mau- solée de Marie de Bourgogne, à Bruges; par M. Alexandre Pinchart, second commis aux Archives du royaume. Depuis quelques années, bien des noms de peintres, de sculpteurs, de graveurs et d'architectes inconnus ont été découverts : grâce aux recherches et aux travaux de MM. J. Borgnet, Carton, de Burbure, De Hondt, Dele- pierre, De Smet, de Reiffenberg , de Laborde, Du Mortier, Gachard, Gachet , Goetghebuer, Goethals, Lacroix, Piot, Schayes, Thys, Van Even, D.-J. Van der Meersch, Van ( 298 ) Lokeren, Van de Putte, Waagen, A. Wauters, etc., etc., nous ne sommes plus à ignorer les auteurs de nos œuvres d'art les plus remarquables, tels que les hôtels de ville d'Audenarde et de Louvain, la cheminée du Franc de Bruges, le jubé de S°-Waudru, à Mons, la Maison du Roi à Bruxelles, les portes de la salle des séances du conseil de ville à Audenarde, le tombeau de Charles le Téméraire, les vitraux de S®-Gudule à Bruxelles, le beau retable du Musée d’antiquités, les églises de Notre-Dame à Anvers, de Se-Walburge à Audenarde, et tant d’autres merveilles dont l'énumération serait trop longue ici. C’est d’une décou- verte semblable que nous avons l'honneur d'entretenir au- -jourd’hui l’Académie. Elle se rattache à l’un des plus riches monuments qui aient été élevés à la mémoire de nos princes, au splendide tombeau de Marie de Bourgogne, qui orne l’église de Notre-Dame à Bruges, et dont l’auteur est Pierre De Beckere (1), orfévre et fondeur de métaux à Bruxelles. Ce nom, resté jusque maintenant un mystère, nous est révélé par les comptes de l’épargne, dont la col- lection existe aux Archives du royaume (2). D’après les dé- NAS (1) Dans les comptes de l'épargne, où son nom est reproduit une douzaine de fois, il est toujours écrit De Beckere; dans les acquits de Lille , au con- traire, il est appelé De Backere, De Backer ou De Baccre. La première Dante nous a paru la meilleure. (2) Pieteren De Beckere, goutsmet, wonende in deser stadt van Bruessel, die somme van iii ponden, ten pryze van xl grooten vlemsch ’t pont, de welcke onsen heere, die keysere, alsdoen noch coninck van Castillien, enz., by Zynre Maïiesteyts openen bezegelden brieven, van der daten des æj°" daeghs van julio, anno æv° æix, hem geordeneert, geoctroyeert ende geac- cordeert heeft gehadt, van zunderlingen gratien, eenwerven van Zynre Maiesteyt te hebbene, in gereeden penningen, by handen van desen ontfan- : : gen, ende dair toe noch eene pensie van zesse stuyvers ’sdaighs, zyn leven lanck geduerende, dair mede opte doleancie ende requeste die de voirschreve ( 229 ) tails consignés dans ces registres, nous voyons que cet artiste commença son œuvre en 14495 ou 1496, par ordre de Philippe le Beau, qu'il y travailla pendant six ou sept années, tantôt avec Cinq, souvent avec six ouvriers, et qu'il ne le termina qu’en 1501. Le monument fut entière- ment achevé l’année suivante. La belle grille de fer qui l'entourait autrefois, et la custode qui recouvrait la tombe, furent faites sur les dessins de Jean Hervy, peintre de Bruges. Il fut chargé de livrer cette dernière et de l’orner de huit grands blasons peints aux armes de Marie de Bour- gogne, se détachant sur un fond noir. Jean Hervy recut, pour ces différents travaux et pour le nettoiement général Pieter Zynre Maiesteyt gedaen hadde , van dat hy, over xviij of xx jairen geleden, gewracht, gesneden ende verquit hadde die tombe ende sepulturen van wylen vrouwen Marien, hertoginnen van Oostrycke ende van Bour- gonanien , enz., staende in den hoogen koor van Onsen Lieven Vrouwen kercke, in der stad van Brugge; den grooten arbeyt by hem zesse oft seven jaeren lanck, mit vive oft zesse gesellen , dair om gedaen die groten siecten ende debilitacien van zynen lichame ende van den selven zynen gesellen, die hen van den wercke van den voirschreven verguldenen ende den fe- nyne datmen dair toe besigen moeste, gecomen waeren , dair af eenige van den selven zynen gesellen waeren gestorven; ende die groote schade ende interest die hy ter saken van den voirschreven wercke geleden hadde , mits d'ien dat hy commer hadden moeten maecken ende zyne patrimoine ver- coopen ende belasten om penningen te fineren, die materien ende stoffen van goude ende anderen dingen dair mede te coopenen ende zyne gesellen te betalenen ; gemerct dat hy noyt meer dan ij" üiijt L. art. dair op ont- faen en hadde, dat hy hadde moeten recouvreren by diversen assignatien ende ongereede betalingen, onsen voorschreven heere, die keysere, hadde doen overcomen ende appointeren mitten voirschreven Pieteren De Bec- kere, in de stad van twce duysent der voirschreven ponden ende eene pensie van negen oft thien stuyvers s’daigs, die hy by zynre vuorschre- ven requeste den selven onsen heere den keyser heysschende was, ende dat voor zynre volle betalinge, sde wel van zynen loone ende arbeyte van den wercke ende verguldenen van der voirschreven tomben ende sepulturen, ( 230 } du monument , une somme de 60 livres de Flandre. F1 avait été lui-même à Gand présenter ses projets à Philippe le Beau, pour lui en laisser le choix (1). Les mausolées de Marie de Bourgogne et de Charles le Téméraire étaient autrefois placés dans le chœur de l’é glise. [ls font aujourd’hui l’ornement de la chapelle dite dé Lanchals, qui a été parfaitement restaurée à cette occa- sion, par l'architecte Van Ghierdegom. Celui de Charles fut seulement commencé en 14558, par les soins de Phi- als oick van der materien ende stoffen van goude ende anderen dingen daer toe verbesicht, behoudelic dat die voirschreve Pieter overleveren soude extract wter cameren van der rekenningen te Rysele, by den welcken blycken soude dat hy om der redenen voirschreven niet meer ont- fangen en hadde dan die voirschreven somme van 1j" itij° L., énde oick mede quitancie absolute van der voirschreven sommen van vier hondert ponden , inhoudende geloofte dat mits der selver sommen ende der voir- schreven pensien oft provisien van zesse stuyvers s’daigs, hy onsen voir- schreven heere den keyser quythouden sal ende doen quythouden, ende volcomelyck ontlast, mitsgaders oick Zynre Maiesteyt, hoir erfgenamen, landen ende ondersaten, van allet ’t gene dat hy der selver Zynre Maïes- teyt nu oft hier namaels emmermeer soude moïgen quereleren ende heys- schen ter saken van den wercken ende stoffen der voirschrèven tomben, mit oîick van den pynen, arbeyte, costen ende lasten by hem ende anderen dair om geleden, ende andere dingen in den voirschreven ons hieren des keysers oepenen besegelden brieven begrepen, gelyck dit allet meer in ’t lange verclecrt is by den selven oepenen brieven dair af copie auctenticke hier wordt overgegeven, alsoe hier by maechte by van dien mit quitancie absolute van den voirschreven Pieteren, inhoudende die voirschreve ge- loefte ende den extracte van den voirsckreven camerèn van der reken- ningen te Rysele , voere gemencioneert, die voirschreve somme van tiij® ponden. (ComprTe DE L'ÉPARGNE, du 1°" octobre 1518 au 50 septembre 1519, fol. 18, vo.) (1) « Je, Jehan Hervy, paintre, damourant à Bruges, confesse avoir re= » ceu la somme de Ix livres, de x] gros, tant à cause des ouvraiges de mon » méstier que j’ay faiz à la custode de la tombe et sépulture de feue madame » Ja duchesse d’Austrice, de Bourgongne, etc. (que Dieu absoille), et livré (281 ) lippe IE, qui avait fait venir à Bruges le corps de ce prince du lieu primitif de sa sépulture. C'est Jacques Jongelinck, d'Anvers, qui en a sculpté et coulé la statue et les orne- ments : ceux-ci ont été dessinés par Marc Gheeraerds. Il est d’ailleurs entièrement calqué sur l’œuvre de Pierre De Beckere, mais l'exécution n’en est pas aussi riche ni aussi soignée. | Le tombeau de Marie est en marbre noir, et tous les ornements sont en cuivre doré. Il a la forme d'un carré long, avec corniche et socle, sur lequel est couchée la statue de la princesse, la tête reposant sur un coussin, les mains jointes et les pieds appuyés contre deux chiens ados- sés. Cette statue a un mètre quatre-vingl-dix centimètres de longueur, y compris le coussin. La corniche est ornée de dix-huit écussons aux armes des duchés, comtés, mar- quisats et seigneuries que la défunte avait possédés. Le dé est long de deux mètres quarante-sept centimètres et large d'un mètre vingt-quatre centimètres. Sur la face antérieure, on voit un grand écu placé sur un arbre et soutenu par deux anges ou renommées. Ces mots se lisent sur une ban- — » le kenevachz dont ladicte custode est couverte, laquelle j'ay paincte en » noir pour trois fois êt y fait huit grans blasons armoyez des armes de ma- » dicte dame, et aussi pour avoir fait pluisieurs patrons en papier et de gros » fil de laitton, et iceulx porté dudict Bruges en la ville de Gand devers » Mondict seigneur, pour sur iceulx choisir et eslire la forme et faichon de la » traille de fer que l’on fait à présent pour fermer ladicte sépulture; en quoy » faisant j'ay vacqué par pluisieurs journées, comme pour les estoffes et fa- » chon du chassiz de bois d’icelle custode, avec des pentures, chaînes, serrures » et autres ouvraiges de fer et de massonerie y nécessaires, ensemble mon » salaire d’avoir néttoyé entièrement icelle tombe, etc. Le xvj‘ jour de no » vembre l’an mil cincq cens et ung. » (Acqurrs De Luzze, farde n° 1154, aux Archives du royaume.) (252 ) derole entrelacée dans les branches : Marie de Bourg" Ar- chiduchesse daust. fille de Charles Duc De Bourg” et de Ysa- beau de Bourbon. La face postérieure est divisée en trois compartiments, dont les deux plus-petits sont remplis par un ange tenant de chaque main une branche fleurie; celui du milieu contient l'inscription suivante : Sepulcre de tres illustre pricesse dame Marie de bourgoigne par la grace de dieu Archiduchesse daustriche. duchesse de Bourg" de Lothr. de Brabant . de Lembourg. de Lucembourg. et de Ghetdres Contesse de Flandres. dartois de Bourg” palatine de Haynau de Hollande. de Zeelande de Namur. et de Zutphen. Marquise du saint empire. dame de frize de Salins. et de Matins femme et espeuse de tres illustre prince Monss” maximilian lors Archiduc daustriche : et depuis Roy des Romains. Filz de frederic Empereur de Rome. laquelle dame trespassa de ce siecle. en leage de vintcinq ans. le xxvije jour de mars lan mil quatre cens quatre vins et ung'. et damours delle son heritier phelipe daustriche et de Bourg" son seul filz en le age de trois ans et neuf mois. et aussi Marguerite sa fille en le age de quatorze mois. Et cinq ans fut dame des pays dessud'. quatre ans et neuf mois. fut enmariage vertueusemet et en grut amour vescut avec mondss” son mary. Regretce plainte et ploree fut de ses subgets. et de tous autres qui la congnoissoient. Autant que fut auques pricesse. priez dieu pour son ame. amen. Les deux faces latérales du dé présentent les arbres gé- néalogiques paternel et maternel de Marie de Bourgogne, rangés par quartiers. Les écussons, au nombre de trente _ (255 ) et un de chaque côté, sont soutenus par vingt anges : tous sont émaillés aux couleurs les plus vives, et entourés d’une banderole avec le nom du possesseur. La belle dis- position de ces détails est d’un ensemble et d’un effet admirables (1). À la fin du siècle dernier, au bruit de la destruction des églises et des monuments religieux en France, le bedeau de Notre-Dame, Pierre De Zitter, et Siersac, marbrier, Ôtèrent soigneusement tous les ornements des deux tombes de Charles et de Marie , et les cachèrent chez Albert Valc- kenaere, clerc de la table des pauvres de cette paroisse. Un arrêté de l’administration centrale du département de Ja Lys, du 14 ventôse an VI, accusa les chanoines de cette . soustraction et envoya l’affaire à l’accusateur publie près le tribunal criminel; par l’art. 2, il était dit qu'il serait placé chez chaque chanoine trois militaires qui devaient être mourris et logés, et recevoir par jour une indemnité de trois livres en numéraire, jusqu’à ce que les tombes fus- sent restituées. L'église fut vendue. Lorsqu'on la rendit au culte dans des temps plus calmes, les mausolées furent rétablis dans la chapelle de Lanchals, comme nous l'avons dit. Napoléon accorda 10,000 francs pour l'appropriation de cette chapelle, et une somme de 1,000 francs comme récompense au bedeau De Zitter (2). (1) M. J. B. Rudd, architecte de la ville de Bruges, a publié, dans sa Col- lection de plans , coupes , etc., des principaux monuments d’architecture et de sculpture decette ville, quatre planches in-fol. (8 à 11), gravées à l’eau- for&æ avec le plus grand soin, et représentant le mausolée de Marie de Bour- gogne : il les a accompagnées d’une. courte description. Trois autres planches sont consacrées au tombeau de Charles le Téméraire. (2) Run». L. c. — Jnventatre des objets d’art et d’antiquité des églises pa- roissiales de Bruges, dressé par la commission provinciale ; Bruges, 1848. (234 ) Revenons à l’auteur du tombeau de Marie de Bourgogne. Le mérite de Pierre De Beckere fut loin d’être dignement récompensé. Les officiers chargés du soin de remplir les obligations contractées avec lui, s’inquiétèrent peu d'y satisfaire. Une conduite aussi déloyale n’abattit pas le courage de cet homme remarquable. Il puisa dans l’amour de son art la force de faire les sacrifices personnels les plus grands pour achever l’œuvre qu’il avait éntreprise. IL vendit jusqu’à son patrimoine pour se procurer l'or nécessaire à la dorure de la statue, et payer ses ouvriers. A force de réclamations et à grand’peine, il avait obtenu, à des termes très-irréguliers, des ordonnances pour uné somme globale de 2,450 livres, somme qui était loin de représenter ce qui lui était dû. Le malheur vint se joindre aux embarras dans lesquels se trouvait notre artiste, A la suite de la fonte et de la dorure du monument, plu- sieurs de ses ouvriers moururent, et lui-même en devint paralytique. On a peine à comprendre, de la part du gouvernement d’a- lors, la négligence et l’inertie que nous venons de signaler à l'égard d’un homme qui se dévouait aussi complétement pour son souverain. Elle ne peut s'expliquer, pour l’époque de Philippe le Beau ; que par les absences prolongées de ce prince en Espagne, et par les dépenses auxquelles ces voyages l’entraînaient. Mais nous ne trouvons aucune rai- son à alléguer pour excuser le retard de treize ans apporté à reconnaître les prétentions si légitimement fondées de Pierre De Beckere, sous l'administration de Marguerite d'Autriche. Et cependant cette princesse se plaisait à pro- téger les arts. N'est-ce point elle qui à commandé tant de travaux au peintre Bernard Van Orley, au sculpteur Guiot de Beaugrant, aux tapissiers Pierre Pannemaker, de ( 235 ) Bruxelles, Laurent Flascoen et Henri Van Lack, d'Enghien, aux peintres verriers Jéan Ofhuüys et Corneille Rombuieht, de Bruxelles, etc., ete.? N'est-ce point elle qui ouvrait à la même époque ses trésors aux artistes pour la construc- tion de l’église de Brou en Bresse? C’est là, dans cette pétite capitale d’une petite province, que l'on peut aller admirer le talent de tant de noms célèbres de toutes les nations, que la veuve de Philibert de Savoie avait appe- lés à concourir à l’embellissement du spendidé monument qu’elle élevait à la mémoire de son époux. C’est au génie d’un Louis Van Boghem, architecte bruxellois, d’un Michel Colombe, sculpteur français, d’un Conrad Meyt, sculp- teursuisse, et de nombre d’autres encore que nous sommes redevables de ces merveilles artistiques. N'est-ce point enfin à Marguerite d'Autriche que nous devons tant de beaux vi- traux, tant de précieux reliquaires, qui ornaient jadis les églises de nos abbayes et de nos couvents, et beaucoup d'autres que le temps à respectés dans nos temples restés debout? Sa cour de Malines brillait surtout par les riches objets d'art, répandus à profusion dans les immenses - salles du palais. La noble descendante de Philippe le Bon était aussi renommée que lui par son goût recherché et . pour la manière dont elle accueillait les grands hommes, quels qu'ils fussent. Nous avons là-dessus les témoignages d'Erasme et d'Albert Durer, qui sont certes d’un grand poids. Faut-il invoqtier, comme dernière preuve de l'amour . de Marguerite d'Autriche pour les arts, les collections de tableaux, de manuscrits, de statuettes, de tapisseries, etc., . qu'elle laissa par téstamént à son neveu Charles-Quint ? On peut donc avancer, sans crainte d’être démenti, que depuis Philippe le Bon, les arts n’avaient point eu de pro- tecteur aussi éclairé que son arrière-petite-fille. ( 236 ) Nous le répétons, sous l’administration d'une telle princesse, nous ne comprenons pas Comment il ne fut point fait justice aux requêtes si fréquentes, si Souvent re- produites de Pierre De Beckere. Avaït-il des ennemis haut placés qui interceptaient ses suppliques ou qui rendaient nulles les dispositions prises à son égard? C'est ce qu’il est difficile de dire. Toujours est-il que ce ne fut qu'en 1519 qu'il obtint de Charles-Quint, tout récemment élu Empe- reur, et peut-être à cause de cet événement, des lettres patentes, datées du 114 juillet, qui lui accordaient une somme de 400 livres de Flandre et une pension viagère de 6 sous par jour, au Heu d’une somme de 2,000 livres et d’une pension de 40 sous que demandait l'infortuné. Et ces prétentions étaient fondées. L'une lui était due pour son travail, l’autre pour les dépenses et les sacrifices per- sonnels qu'il avait faits, sans compter le malheur dont il était frappé. Mais il n’obtint pas encore cette petite répa- ration sans conditions. Il fut obligé de prouver, ce que l'on savait bien, qu'il n'avait reçu que 2,450 livres d’Ar- tois, el de donner une déclaration constatant qu’il se re- connaissait pour avoir été entièrement payé et qu'il en tenait quitte à toujours l'Empereur, ses héritiers et ses domaines, sans pouvoir jamais élever la moindre préten- tion pour l'ouvrage de la tombe de l’archiduchesse Marie. Ruiné, sans autres ressources que ce que son état d’orfévre lui rapportait, le pauvre artiste se vit réduit à céder à toutes ces exigences. Si, d'un côté, l’on était injuste pour payer à Pierre De Beckere les sommes auxquelles il avait droit, de l’autre, on reconnaissail fort bien son talent supérieur en orfévre- rie. Aussi, plusieurs fois, Philippe le Beau lemploya-t-il, ainsi que le constatent les documents. Ce n’était peut-être (257 ) qu'une espèce de compensation pour les retards qu'on lui faisait subir. En,1501 , 1l reçut 144 livres de Flandre pour divers. objets, entre autres pour un barnais de cheval fait « à la mode de Turquie (1) ». Au, mois de janvier 1502, il livra une coupe d'argent à couvercle avec bords et pieds dorés, du poid de 4 marcs, pour être offerte, de la part du duc de Luxembourg (Charles-Quint), à l’occasion de la naissance de l'enfant « de grand Jehan, nayn de Mon- seigneur (Philippe) (2) ». Deux ans plus tard, Philippe le Beau lui-même consentit à être le parrain d’un autre enfant de ce nain, auquel il donna un gobelet d'argent doréen partie, fait par De Beckere (3). En 1502, une somme de 26 livres lui fut encore payée pour avoir enrichi d’ornements et d’armoiries émaillées les couvertures d’un livre de dischant, en vélin, magnifiquement enluminé, (1) « Je, Pierre De Baccre, orfévre, demourant à Bruxelles, confesse avoir receu la somme de cxlitij livres, de x! gros pour viiij mars d’orfaverie » dourée que j'ay présentement vendue comme pour la fachon de mon mes- tier d’un harnas de cheval fait à la mode de Turcquie, etc. Le xiüije jour de may lan mil cineq cens et ung. » (AcQuiTs DE Lize, farde n° 1154.) (2) « Je, Pieter De Backere, etc., confesse avoir receu la somme de I livres, » de xl gros, pour une couppe à couvercle d’argent dorée aux borts à aux » piedz, pesant iiij mars d’argent que Monseigneur a fait présenter en » don de par. monseigneur le duc de Luxembourg, son filz, au baptisement » de lenffant dont la femme de grant Jehan, nayn de Mondit seigneur, » estoit accouchée, et lequel il a fait lever, etc. Le xxvj° jour de janvier lan » mil cinq cens et ung. » (/bidém.) (5) « Je, Pierre De Backere, etc., confesse avoir receu la somme de xxxij » livres vij solz, de xl gros, pour un-gobelet d'argent couvert à demi doré, » pesant xviij onces pour le présenter de par Monseigneur au baptissement » de l’enfant dont la femme de grant Jehan, nayn de Mondit seigneur, » estoit nagaires acouchée, lequel il a fait lever sur les sains fons de bap- » tesme, au pris de xxxwj soiz, de ij gros l’once, etc. Le xxij° jour de jan- » vier l’an mil v° trois.,» (Zbideim.) 3 2 3 ( 258 ) dont l’archiduc Philippe fit présent à Maximilien, son père (1). Enfin, en 1505, De Beckere vendit encore quel- ques pièces d’orfévrerie (2). | Pierre De Beckere ne jouit pas longtemps de sa pension de 6 sous par jour ou de 409 livres 40 sous par an:il mourut à Bruxelles, probablement sa patrie, le 5 janvier 1527 (5). Là se bornent les renseignements que nous avons pu recueillir sur cet artiste, qui nous a laissé, pour apprécier son talent, une œuvre qui, « par la richesse des ornements » et par la beauté de sa composition, — dit M. Rudd, — » surpasse tous les monuments connus en ce genre. » (1) « Je, Pierre De Backer , confesse avoir receu la somme de xxxvj livres, » pour avoir estoffé une couverture d’un libre de dischant fait en vellin, ri- » chement enluminé, que monseigneur l’archiduc veult envoyer en don au roy » son père, assavoir : de huit pièces, à chaseun cornet de ladicte couvesture » une, de dix grans boutons à chascun desdicts cornetz , et où millieu ung, » avec pluisieurs autres petis semblables boutons semez sur ladicte couver- » ture, et de deux grans clouans esmailliez sur argent des armes du roy et » mondit seigneur, le tout fait de cuyvre et fort dorez, y comprins le velours » dont sont fait le corroyes desdicts elouans, etc. Le second jour de mars » l’an mil cincq cens etung. » (/bidem.) (2) « Je, Pierre De Backere, etc., confesse avoir receu la somme de xxxvij livres jüj solz, de xl gros, pour une petite lance, une targe et une ron- delle d’or, pesans ensemble j°- xiij 1/2°*, par marchié fait pour or et fachon pour la somme de xxvj livres xvj s.; item pour une pointe de dyamant et pour ung rubis enchassés en or, x livres viij s., etc. Le xxyj* jour d’oc- tobre l'an mil cineq cens et cincq. » (Zbidem.) (5) Den selven voir zyne vooirschreve pensie, xynder, den voirschreven ææv" decembris (1526) totten v° daghe januari dairnae (1527), dat hy aflivich werdt, incluys , te vj stuyvers s’ daighs , de somme van üij L. vj. s. (CompTE DE L'ÉPARGNE, du 1er octobre 1526 au 30 septembre 1527, fol. 19 r°.) 5 % » ( 259 ) — Les différentes sections de la classe avaient à former des listes de présentation pour pourvoir au remplacement de MM. Félix Bogaerts, Mengal, Jehotte père, Quatremère de Quiney, Granet, Bianchi, Schadow, Bartolini, Spon- tini, décédés depuis les dernières élections. Les sections d'architecture et de musique, conjointe- ment avec le bureau, ont présenté des candidats aux places devenues vacantes chez elles. Les sections de peinture, de gravure, de sculpture et de littérature ont ajourné leurs présentations, vu le petit nombre de membres présents. — La prochaine séance est fixée au 18 septembre. ND ee OUVRAGES PRÉSENTÉS. Discours prononcé à la salle des promotions, le 44 juillet 1851, par P.-F.-X. De Ram, recteur de l'Université catholique de Lou- vain, après le service funèbre, célébré en l'église primaire de S'-Pierre, pour le repos de l'âme de M. Arnould-Pierre Tüts, professeur ordinaire de théologie dogmatique générale à la faculté de théologie. Louvain , 1851 ; 1 broch. in-8°. De l'étude de la grammaire dans l'enseignement des langues anciennes; par M. Baguet. 1 broch. in-8°, 2 exempl. Quelques monnaies seigneuriales : Lippe, Hohen-Limbourg, Randerode, Hornes, S'Herenberg, etc.; par Renier Chalon. Bruxelles, 1851 ; 4 broch. in-8°. Statistique de la Belgique. — Industrie. Recensement général (15 octobre 1846); publié par le Ministère de l'intérieur. Bruxelles, 1851; 1 vol. in-4. ( 240 ) Bulletin administratif du Ministère de l'intérieur. Tome V. Année 1851. N° 6. Juin 1851 ; 4 broch:in-S$°. Recherches sur la wie et les truvaux de quelques imprimeurs belges, établis à l'étranger, pendant. les X V° et XVI siècles. — Catalogue d'un marchand: de livres d'Anvers en 1491. — Des marques de quelques imprimeurs. — Un mot à propos des an- nales de l'imprimerie elsevirienne, ou histoire de la famille des Elsevier et de ses éditions, par Ch. Pieters; par Vander Meersch. Gand, 1850; 4 broch. in-8°. La grotte de Remouchamps, près de Spa, avec notes histo- _ riques, el orné d'une vue et d'un plan de la grotte; par Alexandre Delhasse. Bruxelles, 1851; 4 vol. in-42. (2 exempl.) César et Ambiorix, poëme historique, suivi de poësies diverses; par Denis Sotiau. Liége, 1851; 4 broch. in-8°. Rapport sur les inscriptions votives et les statuettes trouvées à Géromont, près de Girouville (Luxembourg belge), et sur les tombes qgallo-franques de Wecker, découvertes en 1848; par A. Namur. 4 broch. in-8. | Maubert; par Henri Colson. Liége, 1851; 2 vol. in-12. Piae memoriae Triestii S. Gand; À page in-8°. Messager des sciences historiques, des arts'et dela bibliographie de Belgique. Année 1851. 2% livr. Gand, 1851; 4 broch. in-8°. Revue de la numismatique belge. 2 série, tome I®*, 2% Jivr. Bruxelles; 4 broch. in-8°. Bulletin du bibliophile belge, fondé par M. le baron de Reiffen- berg; publié par J.-M. Heberlé, sous la direction de M. Ch. de Chénedollé. Tome VII, n° 3. Bruxelles, 4851; 4 broch. in-8°. La cinquantaine. Notice historique et statistique sur la vac- cine, depuis son introduction à Anvers, en 1801, jusqu'à ce jour ; par L.-H.-J. Vrancken. Anvers, 1851; 1 broch. in-8°. Moniteur de l'enseignement. Tome IN, n° 42, 45 et 14. Tour- nai, 484 ; 5 broch. in-8°. | Journal d'horticulture pratique de la Belgique, ou quide des amateurs et jardiniers. 9% année, n° 5. Bruxelles, 1851; 1 broch. in-12. (241 ) La renaissance illustrée, chronique ‘e arts et de la littéra- ture. Bruxelles, 1851 ; in-4. De vlaemsche beweging; maendschrift. N° 1 en 2. July en Aug. 1851. By Michiel Vander Voort. Bruxelles, 4850; 2 feuilles in-8°. La presse médicale; rédacteurs : MM. J. Crocq et J. Hannon. 5e année. N° 29 à 33. Juillet et août 1851. Bruxelles ; in-4°. La santé, journal d'hygiène publique et privée. Rédacteurs : les docteurs A. Leclereq et N. Theïs. 3"° année. N° 3. Bruxelles, 4851 ; 1 broch. in-8°. Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, publié par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. 13° volume. Cahier d'août. Bruxelles, 1851 ; 1 broch. in-8°. Répertoire de médecine vétérinaire; publié par MM. Brogniez, Delwart, Scheidweiïler et Thiernesse. 3%° année, 8° cahier, août 4851. Bruxelles; 4 broch. in-8°. Le scalpel, rédacteur M. le docteur Feestraerts. 3"° année. N° 34, 55 et 56. Juillet 1851. Liége; in-4°. Annales de la Sociélé de médecine d'Anvers. 12%° année. Li- vraisons de juillet et d'août. Anvers, 1851 ; 1 broch. in-8°. Journal de pharmacie, publié par la Société de pharmacie d'Anvers. 72° année. Juillet 4851. Anvers ; 4 broch. in-16. Annales médicales de la Flandre occidentale; publiées par les docteurs Réné Vanoye et Joseph Ossieur. Août. 2" livraison. Roulers, 1851 ; 4 broch. in-8. Extrait du programme de la Société hollandaise des sciences à Harlem, pour l'année 1851. 4 page in-Æ. Comptes Rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des scienges; par MM. les Secrétaires perpétuels. Tome XXXIII. N° 1, 2, 3 et 4. Paris, 1851 ; 4 broch. in-4°. Bulletin de la Société géologique de France. 2° série. Tome VII. Feuilles 10-20. (6 janvier—7 avril 1851.) Paris , 4850 à 1851; 4 broch. in-8°. Revue et magasin de zoologie pure et appliquée; par M. K.-E. TOME xvir. 16. (242) Guerin-Méneville et avec la collaboration scientifique de M. Ad. Focillon. N° 6. Paris, 4851 ; 4 broch. in-8°. Voyage agronomique, descriptif et archéologique dans le centre et l'Est dela France; par P.-A. Castel. Bayeux, 1851 ; 4 broch. in-8°. Acoustique. Sur la formule de la corde vibrante; par Delezenne. Lille, 4851 ; 4 broch. in-8°. Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire de la Suisse romande. — Cartulaire du Chapitre de Notre-Dame de Lausanne, rédigé par le prévôt canon d'Estavayer (1228-1242). — Mélanges. — Tomes VI et VIII Lausanne, 1850 et 1851; 2 vol. in-8°. Abhandlungen der mathemat.-physikalischen Classe der künig- liche bayerischen Akademie der Wissenschafien. Sechsten Bandes. Erste Abtheïlung. Munich, 4851 ; 4 vol. in-4 Denkrede auf Heinrich Friedrich Link gehalten in der üffent- lichen Sitzung der küniglich bayerischen Akademie der Wissen- schaften am 28 Mürz 1851 ; von D' Carl-Fréd.-Phil. v, Martius. Munich, 1851 ; 4 broch. in-4°. Schilderung der Naturverhältnisse in Süd Abbysinien ; von D° J.-R. Roth. Munich, 1851 ; 4 broch. in-4°. Heidelberger Jahrbücher der Literatur , unter mihwirkung der Vier Faculiäten. Mai und Juni. Heidelberg, 1851 ; 4 vol. in-8°. Abhandlungen der küniglichen bühmischen Gesellschaft der Wissenschaften. Vunfter Folge, Sechster Band. Vom Jahre 1848-1850. Prague, 1851; 1 vol. in-4. Memoriale delle occupaziont e de ‘lavori de Soc della Reate Accademia delle scienze di Napoli. Descritti del segretario per- petuo V. Flauti. Naples, 1851 ; 1 broch. in-4°. Annales de las reales junta de fomento y Societad economica de la Habana. Periodico mensual, dirigido por D. Francisco de P. Serrano. T° II Entraga 6° — T° IH Entraga 4°, 2°, 3°. La Havane, 4850; 5 broch. in-8°. Memoria sobre el rico mineral de azogte de Huancavelica por Mariano Eduardo dé Rivero. Lima, 4848 ; 4 broch. in-#. RE SN ES BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1854. — N° 9. CLASSE DES BEAUX-ARTS. meme. Séance du 18 septembre 1854. M. Navez, directeur. M. Querezer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Braemt, G. Geefs, Roelandt, Van Hasselt, J. Geefs, Erin Corr, Snel, Partoes, Ed. Fétis, membres; Bock, associe. M. Schayes, membre de la classe des lettres, assiste à la séance. TOME xvIu, 47. (244 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur communique un mémoire manuscrit de M. le consul général de Belgique à Naples, Sur l'art du mosaïste, l'importance de cette industrie et ses diverses applications; il exprime en même temps le désir que la classe prenne connaissance de cette notice, et lui transmelte son avis sur la suite qu’il conviendrait d'y donner. (Commissaires : MM. Roelandt et Partoes.) — Un nouveau rapport de M. Laureys, lauréat du grand concours d'architecture de 1849, est renvoyé à l'examen des commissaires précédemment nommés. — M. le baron Hody, directeur des prisons et de la sûreté publique, fait hommage d’un exemplaire d’une mé- daille récemment frappée à l'occasion de l'occupation de la nouvelle prison des femmes à Bruxelles. — M. Conuway, intendant de la liste civile, fait parvenir, de la part de Sa Majesté, une somme de 1,000 francs en faveur de la caisse centrale des artistes belges. — M. Dautzenberg remercie l’Académie, au nom des membres du Congrès pour la langue flamande, de ce qu’elle a bien voulu mettre à leur disposition la grande salle des séances. (245) CONCOURS DE 1851. La classe avait mis au concours quatre questions sur différents sujets : il ne lui est parvenu qu’un mémoire en réponse à la question suivante : Décrire les transformations qu'ont subies les bases et les chapiteaux dans la succession des divers styles d'architec- ture, Donner les raisons de ces transformations. Ce mémoire porte pour épigraphe : La théorie de l'ar- chitecture guide l'artiste dans ses ouvrages, et le public dans les jugements qu'il en porte. Les commissaires chargés de l'examen du concours étaient MM. Roelandt, Schayes, Bock et Partoes. M. Roelandt a fait valoir à l’appui de son opinion les considérations suivantes : « L'auteur de ce mémoire suit assez bien, sous le rap- port chronologique, la succession des styles d'architecture chez les différents peuples, à l'exception de l’époque by- zantine, qu'il indique comme succédant à l'époque ogivale, tandis qu’elle a précédé l'introduction de celle-ci; de même qu’il donne une série de bases et de chapiteaux em- ployés aux diverses époques et par différents peuples, sans signaler la cause des transformations qui se sont opérées, ni les motifs ou la nécessité de ces changements; il con- sidère plutôt les bases et les chapiteaux comme orne- mentation que comme essence ou nécessité d’une bonne construction. C’est une opinion erronée. En effet, dans ( 246 ) les immenses excavations de l’'Hymalaya, ne reconnaît-on pas, à l'aspect des chapiteaux et des bases des colonnes indiennes, le pilier ou soutien qui conserve le type de po- teaux en bois avec consoles et encorbellements? L’archi- tecture chinoise ayant puisé ses éléments dans la forme d'une tente, les chapiteaux n'y présentent qu'une faible importance, tandis que les bases et les chapiteaux de l’ar- chitecture persane égyptienne et grecque ont leurs fonc- tions déterminées par un même mode de construction consistant dans des supports carrés, penlagonaux ou €y- lindriques, reliés entre eux par des plates-bandes mono- lithes. II n’en était plus de même lors de l'introduction de l'arc, innovation importante due à la facilité de l'emploi des petits matériaux et qui donna naissance à cette grande variété de chapiteaux qu’on remarque à l’époque du moyen âge. Elle motiva aussi, à l’époque romane et byzantine, les chapiteaux cubiques, nécessités par la position immé- diate de la voûte d’arête sur la colonne cylindrique; puis les arcs doubleaux, et les nervures des diagonales de la voûte ont motivé les chapiteaux en forme de pentagones. C’est ainsi que la grande variété de chapiteaux s'explique plutôt par les nécessités de la construction que par le ca- price de l'ornementation. » Rapport de PE, Schayges. M. Schayes a résumé son opinion ainsi qu'il suit : « L'auteur de ce mémoire ne s’est nullement conformé au programme de l’Académie; au lieu de faire une descrip- tion raisonnée et aussi complète que possible de fa trans- formation que les bases et les chapiteaux des colonnes ont ( 247) subie successivement dans chaque style d'architecture, d'indiquer les époques précises de ces modifications, d’en rechercher consciencieusement les causes et d'appuyer ses assertions par des exemples tirés des monuments connus et d’une date-certaine, il s'est borné à donner les dessins d’un grand nombre de chapiteaux et de bases pris dans des édifices anciens et modernés. C’est à ces dessins, exécutés du reste avec quelque soin, que se réduit, pour ainsi dire, tout le travail du concurrent; car le texte, qui aurait dû être ici la chose principale, est, au contraire, fort insi- gnifiant et contient à peine dix pages d'une écriture peu serrée (vingt demi-pages). Je crois inutile d’en faire l’ana- lyse, et moins encore de le soumettre à un examen cri- tique. Je me contenterai de transcrire le passage suivant, pour faire voir quelle idée erronée l’auteur du mémoire s’est formée de l'architecture ogivale : « On ne saurait nier, dit-1l, que dans l’architecture gothique, on ne trouve que mélange et confusion. Il n’est aucune forme, même accessoire, aucune variété, qui ne soit empruntée de l’ar- chitecture gréco-romaine. La seule chose propre du go- thique en ce genre, c’est l'emploi irraisonné et désor- donné de tous ces éléments. » Un pareil jugement se concevrait de la part d'un-architecte des XVII et XVIIIe siècles, mais aujourd'hui qu’une étude sérieuse et impar- tiale a fait.mieux connaître les principes de l'architecture du moyen àge, une appréciation aussi fausse de l’art au- quel nous devons les cathédrales de Cologne, de Reims, d'Amiens et de Chartres, la sainte chapelle de Paris et tant d’autres monuments admirables, n’est plus qu’un étrange et triste anachronisme. » ( 248 ) | M. Bock se réserve de présenter ultériéurement des consi- dérations écrites sur l'objet du concours ouvert par la classe. Après avoir entendu successivement tous ses commis- saires, la classe a décidé qu'il n’y avait pas lieu à décerner le prix proposé. PROGRAMME DU CONCOURS DE 1852. I. Quelle a été, à l’époque de la renaissance, l'influence de la littérature sur la peinture, la sculpture et l'architecture ; et quels ont élé, au point de vue de l’art, les avantages et les inconvénients de cette influence ? IL. Déterminer l'influence que l'introduction de la musique de l'Orient a exercée, à la suite des croïsades , Sur la musique de l'Occident, et décrire les modifications qu'elle a pu faire subir aux formes de celle-ci, soit dans le style religieux, soit dans le stylé profane ? HE. Décrire les transformations qu'ont subies les bases et les chapiteaux dans la succession des divers styles d'architec- ture. Donner les raisons de ces transformations. IV. Quel est le point de départ et quel a été le caractère de l'école flamande de peinture sous le règne des ducs de Bour- gogne? Quelles sont les causes de sa splendeur et de sa déca- dence ? ( 249 ) Le prix de chacune de ces questions sera une médaille d’or de la valeur de six cents francs. Les mémoires doivent être écrits lisiblement , en latin, en français ou en flamand, et seront adressés, francs de port, avant le 4° juin 1852, à M. Quetelet , secrétaire perpétuel. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations; à cet effet, les auteurs auront soin d'indiquer les éditions et les pages des livres qu'ils citeront. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage, mais seulement une devise, qu’ils répéteront sur un billet cacheté, renfermant leur nom et leur adresse. On n’ad- mettra que des planches manuscrites. Les ouvrages remis après le terme prescrit ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront absolu- ment exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement , ils sont déposés dans ses archives, comme étant devenus sa propriété. Toutefois, les intéressés peuvent, s'ils le trou- vent convenable, en faire tirer des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel. — L'ordre du jour appelait les nominations à faire dans les différentes sections de la classe, pour réparer les pertes faites parmi les membres, les associés et les correspon- dants. Vu le petit nombre d’académiciens présents, la classe à cru devoir ajourner ces élections. — On s’est occupé ensuite des dispositions à prendre pour la séance publique du 25 septembre, qui aura lieu à 41 heures du matin et non à 1 heure de relevée, comme il avait été annoncé d’abord. ( 250 ) Séance publique du 25 septembre 1851. (Au Temple des Augustins.) M. Navez, directeur de la classe; M. F. Féris, vice-directeur ; M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, G. Geefs, Madou, Roelandt, Suys, Van Hasselt, Verboeckhoven, J. Geefs, Érin Corr, Snel, Fraikin, Baron, Ed. Fétis, membres: Calamatta, associé; Geerts et Jouvenel, correspondants. Assistent à la séance : Pour la classe des sciences : MM. de Hemptinne, direc- teur de la classe; Pagani, Timmermans, Wesmael, De Koninck, Van Beneden, A. De Vaux, Nyst, Gluge, mem- bres; Liagre, correspondant. Pour la classe des lettres : MM. le chevalier Marchal, Sylvain Van de Weyer, Borgnet, Van Meenen, P. De Decker, Schayes, membres; Nolet de Brauwere Van Stee- land, associé; Bernard, correspondant. L'orchestre du Conservatoire royal a d'abord exécuté l'ouverture d'Obéron, sous la direction de M. Fétis. M. Navez, directeur de la classe, a ensuite prononcé le discours suivani : Messieurs, « Je n’essaierai pas de vous retracer la bienfaisante in- fluence exercée par les arts sur la gloire, sur la richesse ( 251 ) même d’un pays. Pour un pareil tableau, 1l faut une plume exercée, et celui que je pourrais vous offrir serait bien pâle, comparé au brillant discours dans lequel mon ho- norable prédécesseur , M. Baron, a si admirablement dé- peint la puissance magique des arts chez les anciens, le culte dont ils furent l'objet, et leurs remarquables effets sur la civilisation moderne. Peintre, je viens seulement vous soumettre quelques observations sur l'intérêt particulier qui s'attache aux beaux-arts en Belgique, sur les causes qui ont contribué à y favoriser leur marche, et sur les diverses altérations qui ont amené leur décadence, en y perpétuant cependant le souvenir de leur grandeur. Le goût des arts, naturel aux Belges, grandit sous l'in- fluence de la foi de leurs pères, de leur amour pour la patrie et de leurs institutions libérales. Fiers à juste titre de leurs souvenirs historiques, aimant [a pompe dans les cérémonies religieuses et dans les fêtes nationales, trou- vant dans les richesses rémunératrices de leur industrie, les moyens de satisfaire ce goût élevé, ils ont porté les arts à leur apogée, et ils se croiraient frappés de stérilité si, dans leurs temples, dans leurs édifices publics, et jus- que dans leur foyer domestique, des images de toute nature et Sans cesse renaissantes ne venaient caresser leur imagi- nation avide de belles et de grandes choses. Le sentiment religieux, si profondément gravé dans leurs cœurs, à été sans contredit le plus puissant moteur de toutes les créations artistiques; il a été pour eux, comme pour les Égyptiens et pour les Grecs, dans l'antiquité, pour les Italiens, les Français et les Espagnols, dans les temps modernes , l'inspiration et l'aliment des plus hautes con- ceptions. ( 252 ) Au premier abord , on est porté à voir dans la richesse d’un peuple les éléments naturels du développement des arts; cependant l'obsérvation, appuyée de maint exemple, détruit en partie cette supposition, et, d'un autre côté, l'histoire prouve surabondamment que toute domination étrangère, que tout despotisme est funéste aux arts. En effet, ils ne peuvent fleurir, privés des rayons de l’indé- pendance et de la liberté; ils demandent, pour être cultivés, des hommes dégagés de cupidité et de servitude. Lorsque de la barbarie, qui régénéra la vieille civilisa- tion romaine, surgirent les jeunes nationalités, on vit poindre aussitôt des germes précurseurs de la résurrection de l’art. Bientôt se constituèrent l’école florentine, l’école vénitienne , l'école flamande, écoles mères, dont le carac- tère porte l'empreinte du génie et des mœurs de leur époque. L'école flamande est caractérisée à son origine par l’imi- tation simple et naïve de la nature, et jusqu’au milieu du XV° siècle, aucune combinaison étrangère, aucune tradi- tion n'altéra son originalité. Si l’école flamande, de même que l’école florentine, conserva son caractère jusqu'à la fin du XV° siècle, c’est que l'une ét l’autre avaient suivi progressivement leurs principes fondamentaux, c’est qu'aucun homme n'avait encore, en étonnant l’Europe de son talent, imposé son patronage par l’imitation de ses œuvres. : Michel-Ange et Raphaël parurent, et leurs sublimes productions révolutionnèrent l’ancien monde artistique, . Michel-Ange, le plus puissant génie enfanté par les arts chez les modernes et chez les anciens, frappa son siècle d'étonnemént; il n'eut qu’à paraître pour éclipser tous ses prédécesseurs. Pour ce demi-dieu la nature semblait ( 253 } être renfermée dans une forme trop restreinte, et rien ne fut trop élevé pour son génie. Si Michel-Ange domina l'imagination, le divin Raphaël captiva les cœurs et les conquit par l'amour; il ne s’écarta pas de son siècle, parce qu'il le connut beau, vrai, naïf, gracieux, et son âme, qui respire tout entière dans ses œuvres admirables, para d'une robe nouvehe la sagesse de quatre siècles. Quelqu'un lui demandait un jour par quel moyen il était arrivé à tant de perfection : « En ne négligeant rien, répon- » dit-il. » Ces deux hommes portèrent l’art à son apogée, sans autre guide que la raison , en ne s'appuyant que sur limi- tation de la nature, en ne cherchant que le beau dans le vrai. Leur influence sur les écoles italiennes fut immense, et l'Europe en admire encore les résultats. Ces résultats furent-ils favorables à l’école flamande? — Les noms de Michel-Ange et de Raphaël avaient un trop grand retentissement en Europe, pour ne pas éveiller l'attention, exciter la curiosité des artistes flamands, et bientôt on les vit se précipiter en Italie, où ils se jetèrent impétueusement sur les traces de ces grands maitres. Mal- heureusement, cet enthousiasme fut aveugle et irréfléchi : les œuvres qu’ils allaient étudier étaient trop savantes pour leur permettre de remonter jusqu’au principe de leur création. Porbus, Frans Floris, Michel Coxie, Otho Venius, perdirent en partie le caractère si vivant, si instinetif, que leur avait légué l’école flamande, et ils empruntèrent aux écoles étrangères des idées et des formes qu'ils étaient incapables de bien comprendre et de bien appliquer. Otho Venius, seul, peut-être fait exception. De tous les peintres de son époque, C'était incontestablement l'esprit le plus élevé, le plus apte à observer, à analyser les principes des ( 254 ) maîtres d'Italie. Aussi, est-ce celui qui en a recueilli le plus de fruits; 1l était seul capable de les inculquer à Rubens et de lui en dévoiler les précieux avantages. Rubens se para toute sa vie de cet héritage; mais, en l’utilisant dans ses immortels ouvrages, il se montra inti- mement convaincu de la nécessité d'y joindre l'étude ap- profondie de la nature. A l’aide de ce puissant auxiliaire, il osa se livrer à tous les écarts, à toutes les exagérations, el sut émouvoir nos àmes par un irrésistible aspect de grandeur et de vérité. L'école flamande qui, après avoir abandonné ses premiers principes, les avait altérés dans une maladroite imitation, se régénéra alors au souffle de ce génie; il la poussa à étudier de nouveau les grands maitres, sans abdiquer cependant ses qualités natu- relles. Le protestantisme avait porté aux arts celte violente secousse qui les a momentanément anéanlis partout où il devint la religion dominante. Le catholicisme, au contraire, sentit la nécessité de recourir à de nouvelles images pour retremper la foi des fidèles, et, dans les cé- rémonies religieuses, dans la décoration des églises, il déploya une pompe éblouissante, Aux images naïives et pieuses se substituèrent alors des conceptions brillantes, pleines d’exaltation. On ne rechercha plus la vérité, mais l'effet et l'éclat; l’art ne s’adressa plus au cœur, mais aux yeux. Rubens avait assoupli son talent aux impressions de son âme ardente et commandé l'admiration par les élans de sa fougueuse imagination. Permis à un tel homme d’enfrein- dre les principes sévères de l’art; mais les conséquences de cet oubli furent funestes à ses élèves et à ses imita- teurs, aussi l’art s’en est-il ressenti jusqu’à nos jours. ( 255 ) Le style de l’école primitive avait été altéré par l'étude vicieuse des grands maîtres d'Italie, limitation 1rration- nelle de Rubens perdit ses successeurs. Convaineus de leur impuissance à créer, et sentant toutefois instinctivement le danger d’imiter un tel maître, quelques artistes suivirent d’autres écoles : on les vit successivement se modeler sur les Carrache, le Poussin, le Guide, les maîtres de l’anti- quité, au lieu de remonter à la source si féconde et si pure où 11 fallait retremper l’école flamande. On courut chercher au loin des modèles, et l’on négligea la nature qu’on avait sous les yeux. Cette manie de deman- der à l'étranger des maitres, des sujets et jusqu'à des types, alla même si loin, qu'elle fit considérer la Belgique comme dépourvue de tout caractère de beauté, comme incapable de donner l'idée du beau. Cette opinion fut corroborée par les œuvres de quel- ques hommes en réputation, dont on ne prit que les exa- gérations, et l’on vit substituer la laideur à la beauté, la difiormité à la grandeur, la vulgarité à la naïveté. La première dégénération de l’école flamande était pro- venue de l'oubli de ses principes; mais si l’expression et la vie avaient été perdues, les traditions d'exécution avaient du moins été conservées. La seconde a déprécié l’art, elle a fait plus, elle a calomnié la nation dans ses types et dans ses mœurs. Depuis lors, le trivial et le burlesque de- vinrent, pour l'étranger, le cachet de l’école flamande. Ce mauvais goût s’'étendit même aux images religieuses, et nous en voyons devant lesquelles s’éteindrait la foi la plus profonde, tant leur aspect inspire de dégoût, tant il prête au ridicule. Enfermés dans le cadre de scènes d’ivrognerie ou d'i- gnobles incidents, les tableaux de mœurs suggérèrent de ( 256 ) singulières opinions sur notre caractère national. Toute espèce de trivialité était permise au nom du pittoresque, comme si le pittoresque excluait la beauté, comme si l’on ne pouvait descendre dans la demeure du pauvre, repro- duire les mœurs de la classe ouvrière, sans rencontrer la laideur ou le ridicule, sans être obligé de prendre la société dans ce qu’elle offre de plus affligeant pour l’hu- manité et pour la civilisation? David, le plus élevé des ar- uistes modernes, s’étonnait souvent de rencontrer une race empreinte d'un tel caractère de beauté, dans ces Belges dont il s'était formé une fausse idée, alors qu'il ne les connaissait que d’après les tableaux de leurs artistes. « Vos peintres, me dit-il mainte fois, ont calomnié votre nation. » En effet, n’était-ce pas nous priver de ce que la nature nous offre chaque jour de touchant dans ces scènes populaires si pleines d'intérêt et de noblesse? Élevez le peuple en lui montrant le beau; donnez à vos œuvres ce caractère noble et sensible qui fait la jouissance des grandes àmes; élevez jusqu’à vous les déshérités de la terre et ne les dégradez jamais par d’ignobles images. Cette décadence de la peinture amena celle de la gravure; elle tomba du moment où il y eut absence complète de goût dans les œu- vres qu’elle était appelée à reproduire, mais il nous était réservé de la voir se relever, promettant d'atteindre le plus haut degré auquel elle soit parvenue en Belgique. La décadence de la statuaire, comme celle de la pein- ture, fut le résultat du défaut d'imitation réfléchie et con- sciencieuse, de cette imitation qui, seule, nous apprend à méditer les beautés de la nature et les chefs-d’œuvre de l’art, à établir de justes comparaisons, à fixer notre ju- gement sur les productions des autres, à agrandir nos moyens d'exécution. Vouloir juger, corriger, développer ( 257 ) ce que l’on n’a pas approfondi, n'est-ce pas s’exposer à toutes les erreurs? Voilà cependant la voie dans laquelle fut entrainée cette belle école flamande, par suite des idées qui dirigèrent les arts en Europe pendant plus d’un siècle. Les études premièrès furent négligées; on recourut à des modèles étrangers; on copia l'antique que l'ignorance ne peut comprendre, on dédaigna ce que l’on ne savait apprécier, et l’art s’abâtardit bientôt. Cependant s'ils avaient persisté dans les principes de l’ancienne école, s'ils avaient été plus confiants dans les moyens que la nature mettait à leur dis- position, et, disons-le, s'ils avaient trouvé dans notre sol ces beaux marbres de l'Italie et de la Grèce, nos sculpteurs, eux aussi, eussent étonné la postérité. Que l'on se figure, par exemple, les hardies conceptions de Fayd'herbe à Notre-Dame de Hanswyck, à Malines, et d’autres bas-reliefs de ce genre, exécutés en marbre avec cette abondance qui caractérise le génie flamand, dégagé d'exagération, et l’on aura certes les œuvres les plus re- marquables. | Les conséquences de cet exposé historique sont faciles à déduire. De tristes expériences ont été faites, sachons-en profiter. L'art offre la révélation la plus certaine de la civi- lisation des peuples, car 1l est la véritable expression des sentiments nobles et élevés. C'est aux arts que nous devons ces gigantesques monuments qui constatent l'existence d'empires naguère relégués dans le monde des fables : vain- queurs du temps, ils nous dévoilent les mystères de l'anti- quité. N’ont-ils pas tout récemment encore ressuscité les villes de Ninus et de Sémiramis, que leur génie à immor- talisées alors que tant de peuples sont oubliés pour tou- jours? ( 258 ) Et nous-mêmes, malgré plus de deux siècles de domina- tion étrangère, après avoir été divisés par départements dans le vaste Empire français, après que tonte nationalité a paru éteinte, ne voyons-nous pas encore avec orgueil, dans le plus grand temple élevé à la gloire des arts, l'école flamande partager la couronne avec les plus célèbres écoles du monde? Fils de ces maitres immortels, retrem- pons notre école aux sources de leurs succès, soyons stu- dieux et persévérants; ne recherchons que le vrai, que le beau et le grand, et, profitant des dons que nous a faits la nature, travaillons à reconstituer cette école flamande si justement estimée pour son caractère, si justement célèbre par sa gloire. » Après ce discours M. le Secrétaire perpétuel a donné lecture du rapport suivant : Rapport sur la classe des beaux-arts de l'Académie royale de Belgique. « Dans des rapports spéciaux présentés aux deux autres classes de l’Académie, j'ai essayé d'indiquer sommaire- ment les progrès qu'ont faits, chez nous, les sciences et les lettres pendant la dernière période décennale, et d’ap- précier en même temps quelques-unes des causes qui ont pu en accélérer ou retarder la marche. Pour achever cette esquisse rapide, il me restait à par- ler des beaux-arts. Cette ancienne source d'illustration pour nos provinces, jaillit aujourd'hui aussi abondante et aussi riche qu'aux époques les plus belles de notre his- (259 ) toire. Jamais peut-être on n’a mieux compris l'importance des arts, leur action vivifiante sur l’industrie, et l'éclat qu'ils peuvent répandre sur un pays. La fondation d’une classe spéciale des beaux-arts est un fait qui mérite d’être signalé dans notre histoire intellec- tuelle (1). I était digne de la Belgique indépendante de grouper autour d'elle ceux de ses fils, qui, dans les scien- ces , les lettres et les arts, concourent le plus à illustrer son nom, et de réunir, dans une même couronne, toutes les fleurs dont elle peut parer son front. Mais cette idée a-t-elle été complétement réalisée? Je n'oserais l’affirmer, Une sorte de fatalité s'attache aux in- stilutions humaines, et il arrive rarement que les meil- leures pensées se fassent jour au milieu de circonstances assez favorables pour produire tous leurs fruits. En créant la nouvelle classe de l’Académie, le Gouver- nement voulait, on ne peut en douter, placer dans une haute position ceux qu'il appelait à en faire partie, les en- tourer de considération, et soumettre à leurs lumières les questions les plus importantes qui se rattachent aux beaux- arts. Ces sortes de questions, en effet, exigent des études spéciales; et il est difficile à l’administrateur d’en saisir le véritable nœud, au milieu de ses préoccupations politiques de chaque jour. On ne pouvait demander aux artistes, dans les contin- génts académiques, une part aussi large qu'à leurs con- frères, les savants et les gens de lettres. Ce n’est point avec la plume qu’ils expriment leur pensée; ce n’est point dans (1) Créée par arrêté royal du 1+ décembre 1845, sur le rapport de M: Van de Weyer, Ministre de l'intérieur. TomE xvu. 18. ( 260 ) le recueil de nos Mémoires, ni dans nos Bulletins qu'il convient de suivre leurs travaux. Leurs conceptions se traduisent sous d’autres formes : no$ musées, nos monu- ments, nos places publiques constituent les pages du grand-livre qu’il faudrait consulter; ce Sont là les moyens de publicité qu'un pays qui comprend bien ses intérêts présente aux talents des artistes les plus capables de l'ho- norer. Mais ces pages tant désirées s'ouvrent rarement, et il est d’ailleurs diflicile de les remplir de manière à mé- riter l’assentiment de la postérité, Dans le cercle plus restreint des travaux littéraires, la classe à cherché cependant, à seconder les vues du Gou- vernement. Elle a accepté avec plaisir la part des travaux académiques qui étaient plus particulièrement de son do- maine; elle à promis son coucours pour la composition d’une biographie nationale; elle a conçu la pensée: de réu- nir des documents pour écrire l'histoire de l’art en Bel- gique; elle a cherché à créer un musée ethnographique, qui, outre son intérêt scientifique, pût servir à ses propres études. Pour réaliser tous ces travaux, il lui fallait néces- sairement des secours étrangers; beaucoup de promesses lui ont été faites, mais peu ont pu être réalisées jusqu’à présent, | Il est cependant une institution dont on lui est red vable et qui commence à porter ses fruits. Le concours du Gouvernement ne lui a point fait défaut; grâce à une active et généreuse intervention, la caisse centrale des artistes belges est dans un état aussi prospère que le comporte son origine récente. Si la classe des beaux-arts ne peut se flatter un jour d’avoir produit quelque chose de grand, elle aura fondé du moins une institution utile. Ne nous faisons point illusion : les premiers temps de ( 261 ) la elasse n'ont pas été empreints de cet esprit de vitalité qu'on s'attendait à y rencontrer. L'avenir se présente-t-il sous un aspect plus rassurant? Rien ne l'indique encore. Remarquons d’abord que la classe des beaux-arts ne saurait être assimilée aux deux autres classes de l’'Acadé- mie; ses conditions d'existence ne sont pas les mêmes; elle ne trouve pas dans son sein un aliment à ses travaux : l'impulsion doit lui venir en quelque sorte du dehors. D'une autre part, les membres des classes des lettres et des sciences occupent, presque tous sans exception, des places honorables soit dans l'administration ou la magis- trature, soit dans le corps enseignant ou dans l’armée : ils n'ont pas à se préoccuper de leur avenir; ils peuvent dis- poser de leurs loisirs en faveur de leurs études favorites. L'artiste au contraire est abandonné à ses propres ef- forts, et se trouve à cet égard dans une position évidem- ment inférieure. Cependant ses travaux contribuent tout autant que ceux du savant et du littérateur à jeler sur Jes États un reflet glorieux, un charme indéfinissable, qui les fait aimer et respecter à l'étranger et qui, pour le pays même, est un élément de nationalité. Celte influence morale est immense : elle ne peut malheureusement être appréciée que par Jes hommes d'intelligence. : Pour ceux qui ne sont touchés que par des intérêts ma- tériels, qu'ils se transportent à Londres; qu'ils examinent et apprécient les tributs des différents peuples de la terre, el ils sentiront ce que la culture des arts ajoute de valeur aux produits de l’industrie. Est-il besoin de ce peuple de statues qui décore si magnifiquement le sanctuaire, pour reconnaitre chacune des nations qui ont pu les créer? Non, sans doute : les moindres produits matériels portent l’em- preinte de leur goût. ( 262 } Si les arts ont tant d'influence, s'ils exercent un pareil prestige, n'est-il pas de l'intérêt des États d’en favoriser le développement ? On craint d'imposer des charges nou- velles; et qu'importent ces charges, faibles d’ailleurs, si elles doivent donner à la nation une valeur plus grande ? Mais il y a plus: de toutes les sommes portées dans les budgets, les seules peut-être qui fructifient avec le temps, sont précisément celles que l’on consacre avec discerne- ment aux arts et à la décoration des monuments publics. La Descente de Croix, acquise au prix le plus modique, représente aujourd'hui des valeurs immenses. D'ailleurs, des sacrifices nouveaux sont-ils nécessaires ? Les sommes actuellement allouées pour l'encouragement des arts ne seraient-elles pas suffisantes? Qu’on me per- mette de présenter à ce sujet quelques réflexions. Selon bien des personnes, encourager les arts c’est sti- muler les jeunes gens par des subsides et les exciter à entrer dans la carrière; comme si tout consistait à ranger le plus grand nombre possible de concurrents sous la ban- nière artistique , sans chercher s'ils sont de force à jouter avec avantage. | Cette fausse interprétation à flatté beaucoup d'amours- propres, a jeté beaucoup d'individus en dehors de leur véritable sphère et a produit de nombreuses déceptions, sans compter les désordres sociaux. A mes yeux, le principal encouragement consiste à placer l'artiste de mérite dans une position aisée qui lui donne en même temps toutes les facilités possibles pour rendre son talent productif, et pour s'élever à un rang digne d’être ambitionné. Cest dans uné noble émulation que réside le seul encouragement compatible avee la di- gnité de l’artiste. Tâchons surtout qu'il associé sa réputa- ( 265 ) tion à celle de son pays, qu'il y emploie son temps et ses talents; et qu'il n’éparpille pas des éléments aussi pré- cieux, en les faisant servir à satisfaire les exigences des marchands ou les caprices des amateurs. Craignons que le siècle ne passe sans que nous ayons conservé des traces de son passage. Aucun monument public, aucune galerie ne rappelleront-ils le souvenir de cette pléiade d'artistes dont l'étranger nous enlève les tra- vaux à mesure qu'ils sont produits? Nous ne demandons pas pour eux le retour à d'anciens priviléges, à d'anciens titres; l’Académie de Marie-Thérèse assurait la noblesse personnelle à ses membres; la classe des beaux-arts de l’Académie nouvelle ne demande que des travaux qui puis- sent devenir des titres de noblesse et de considération pour ceux qui les auront produits, comme pour le pays qui les aura vus naître. Loin de moi l'idée d’exagérer l'importance de l'artiste. D'indignes flatteries n’ont que trop souvent été nuisibles à ses progrès ; et, ce qui est pis encore, à son bonheur. Des éloges maladroits arrêtent les plus beaux talents dans leur essor et gätent les meilleurs naturels. Et pourquoi ne point placer nos principaux artistes au même rang que les professeurs de nos universités? Pour- quoi ne pas leur assurer les mêmes avantages pécuniaires sous certaines conditions ? Le professeur donne son temps à la chose publique, soit en formant des élèves, soit en composant des ouvrages. Qu'on demande aux artistes des élèves aussi, et des ouvrages pour nos musées, nos mo- numents et nos places publiques, ainsi que des séries de gravures ou de médailles pour consacrer le souvenir de nos principaux faits historiques. Qui ne serait désireux d’attacher son nom à un grand (264) travail, d’avoir à décorer quelque bel édifice, et de pouvoir y résumer en quelque sorte les études de toute sa vie? Qu'on se rappelle la place importante qu'occupent dans l’histoire de l'art les stances et les loges du Vatican, la sacristie de Sienne et-les palais de Venise ou de Versailles. L’étranger se détourne pour visiter ces monuments qui deviennent une source de gloire et de prospérité pour les pays qui les possèdent : la plupart rendent avec usure les sommes qu'on y à consacrées. Ces sommes, d'ailleurs, excéderaient-elles nos ressources, si elles étaient équita- blement partagées, si une noble émulation répandue dans le pays, leur réservait une place dans les budgets annuels des villes et des provinces à côté de celle que leur fait l'État? Quand il s'agit d'un monument, le partage de la dépense entre les intéressés et la faculté de la’ répartir sur plusieurs années permettraient, n’en doutons pas, de créer de grandes choses. C'est parce qu’on n’a pas fait entrer le temps comme élément dans les travaux d'art, qu'on à obtenu de si fai- bles résultats. L'énergie de l’homme se dépense en détail ; c’est à ceux qui ont entre les mains la destinée des États à lui donner une direction utile et durable. Qui peut nous arrêter? Profitons de cette séve féconde qui se répand partout autour de nous, avec une surabon- dance dont on a lieu de s'étonner. Je n’en veux pour preuve que ce qui se passe sous nos yeux : à défaut detra- vaux stables et réguliers, à un signal donné, les artistes se réunissent, et avec uné ardeur qu'on ne peut compa- rer qu'à leur désintéressement, ils réalisent, mais pour un jour seulement, ce palais des arts que rêve leur ima- gination, et qu'un inflexible budget leur refuse; ils con- çoivent le plan d’une fête nationale dont on n’a pas même (255 ) eu l'idée aux époques de la protection la plus magnifique, parce que l’or et la magnificence ne sauraient suppléer à l'enthousiasme. L'architecture combine ses plans, la pein- ture et la sculpture lui viennent en aide; plus de cent tableaux de grande dimension sont improvisés : tout s’ac- complit avee la plus grande harmonie, comme: si une seule tête eùt pensé, comme si un seul cœur eût senti, comme si des milliers de bras eussent été à la disposition d'une conception aussi généreuse. C'est la seconde fois déjà que les arts se sont rendus les éloquents interprètes de la pensée nationale; c'est la se- conde fois qu’ils protestent à la face de l'Europe de notre attachement à nos institutions, et de notre amour de lor- dre et de la paix. Il eût été intéressant de voir la musique s'associer aux arts du dessin, pour relever la splendeur de cette fête na- tionale, et de pouvoir grouper ensemble cet essaim de vir- tuoses qui ont si puissamment contribué à populariser le nom belge dans les principaux pays du monde eivilisé. La musique, plus encore que les autres arts, souffre chez nous du défaut de centralisation et du manque de moyens de faire apprécier ses œuvres; je veux parler surtout des œu- vres de nos compositeurs. Des expositions périodiques donnent aux sculpteurs, aux peintres, aux graveurs, AUX architectes des occasions nombreuses de faire apprécier leurs talents; mais cette ressource n’appartient pas même au musicien ni au poête qui consacre ses veilles à des ouvrages dramatiques. Les principales voies de publicité leur sont fermées. Cet état de choses avait justement ému notre classe des beaux-arts, qui a cru devoir le signaler d’une manière spé- ciale à l'attention du Gouvernement. Si nos théâtres, livrés | ( 266 }) à des spéculations particulières, restent sourds aux solli- citations des amis des arts et des lettres, ainsi qu’à l’inter- vention oflicieuse du Gouvernement, ne serait-ce pas le cas de mettre en pratique les coutumes des anciens Romains? C'était à l’occasion des fêtes nationales que les édiles fai- saient mettre en scène les ouvrages nouveaux; c’est dans ces circonstances solennelles qu'ont été représentées les principales pièces de Plaute, de Cécile et de Térence. La tentative faite en ce moment pour la littérature fla- mande prouve que le Gouvernement à compris le parti qu’on peut tirer de ce genre de publicité et d’encourage- ment pour les auteurs. Nul doute que l'esprit du progrès qui anime notre jeune Belgique et que l’émulation qui règne dans tous les rangs de la société, ne conduisent à d’heureux résultats. Nul doute que la nation qui inscrit si généreusement dans ses budgets des millions pour la construction de ses travaux publics , de ses chemins de fer et de ses canaux, ne protége aussi les travaux de l'intelligence, et ne trouve également quelques fonds à consacrer aux arts, les plus nobles auxi- liaires de l’industrie, les plus anciens appuis de la gloire nationale. | | Au milieu de nos fêtes et de nos solennités, au milieu de la famille comme à l'étranger, nous aimons à invoquer, parmi nos titres les plus précieux, ceux que nous tenons des sciences, des lettres et des beaux-arts, parce qu'ils : nous placent au rang des nations qui ont le mieux mérité de l'humanité, Ne soyons donc pas ingrats; et loin de les gêner par des idées d'économie étroites et impolitiques, donnons plus de largeur et plus d’abondance à ces sources d'illustration et de prospérité publique. » ( 267 ) = M. le Secrétaire perpétuel fait connaître ensuite le résultat du concours ouvert par la classe des beaux-arts : un seul mémoire avait été envoyé en réponse à la question d'architecture, mais le prix n’a pas été décerné; les trois autres questions de programme sont restées sans réponse. — Le Gouvernement, de son côté, avait ouvert les concours suivants, dont les lauréats ont été successive- ment proclamés et sont venus recevoir les récompenses qui leur avaient été décernées. Les poèmes destinés au concours de composition musi- cale de 1851, ont été jugés par un jury spécial, nommé dans le sein de la classe des beaux-arts; le prix a été adjugé à M. E. Brahy, de Liége , auteur de la cantate por- tant pour titre : Le Festin de Balthazar. Le sixième concours de composition musicale a eu lieu cette année, aux termes de l'arrêté royal du 10 septembre 1840; le jury a décerné le premier prix à M. Édouard Lassen, de Copenhague, élève du Conservatoire royal de musique de Bruxelles, — et le deuxième prix à M. Jean- Baptiste Rongé, élève du Conservatoire royal de musique de Liége. Aux termes des arrêtés royaux du 18 octobre 1841 et du 25 février 1847, le grand concours qui a eu lieu à l’Académie royale d'Anvers en 1850, avait pour objet la peinture. Le jugement de ce concours ayant eu lieu postérieure- ment à la séance publique de la classe des beaux-arts de 1850, la proclamation a dû en être retardée jusqu’aujour- d'hui. Le 1° prix a été remporté par M. Modeste Carlier, de ( 268 ) Wasmuël (Hainaut), — et le 2°, par M. Charles de Groux, de Comines. Le grand concours de 1851 a eu pour objet la sculp- ture. Le 1° prix a été adjugé à M. Jean-Baptiste de Bock, d'Anvers. — Le 2° prix a été accordé en partage, à savoir : à l'unanimité, à M. Jean-André Laumans, de Heyst-op- den-Berg, et à la majorité de quatre voix sur sept, à M. Jacques-Joseph-François Verdonck, d'Anvers. — La séance a été terminée par l'exécution de la can- tate de M. Lassen couronnée au concours de composition musicale. CLASSE DES SCIENCES. ne Séance du 11 octobre 1851. M. DE HEMPTINNE, directeur; M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. D'Omalius, Pagani, Timmermans, Crahay, Wesmael, Martens, Cantraine, Morren, Stas, De Koninck, Van Benéden, le baron! de Selys-Longchamps, le vicomte B. Du Bus, Nyst, Gluge , Melsens, membres ; Sommé et Schwann, associés. CORRESPONDANCE. L'Institut royal des Pays-Bas et la Société de physique de Francfort remercient l’Académie pour lenvoi de ses publications. — M. le professeur Glæsener demande que MM. les commissaires nommés pour l’examen de son quatrième mémoire sur la télégraphie électrique, veuillent bien dif- férer de faire leur rapport, son principal but en faisant sa communication ayant été de ie prpié date pour quelques faits nouveaux. (970 ) — M. le docteur Van Honsebrouck envoie un ouvrage imprimé, traitant de la réfrigération graduelle dans le trai- tement des maladies aiguës et destiné au concours quin- quennal des sciences. Le même auteur fait ad une notice manuscrite sur la Cosmogonie; cet écrit, ainsi qu'une autre notice sur le Système de l'Univers, communiquée par un anonyme, sont renvoyés à l'examen de MM. D'Omalius et Pagani. — L'Académie à reçu également les ouvrages manu- scrils Suivants : 1° Mémoire sur l'intégration de l'équation générale aux différences partielles du 1* ordre d’un nombre quelconque des variables, par M. Meyer, correspondant de l’Aca- démie. (Commissaires : MM. Pagani, Timmermans et Lamarle.) 2° Une notice sur certains procédés proposés pour constater quelques falsifications des farines céréales, par M. Biot, pharmacien à Namur. (Commissaires : MM. De Hemptinne et Stas.) 5° Sur un moteur atmosphérique, par M. Crems. (Commissaires : MM, Timmermans et Lamarle.) — Le secrétaire perpétuel communique différentes let- tres de MM. Del Re de Naples, Petersen d’Altona, Colla de Parme, au sujet de la nouvelle planète, découverte à l'Observatoire de Naples par M. de Gasparis, dans la soi- rée du 29 juillet dernier. Cette petite planète, pour laquelle M. de Gasparis pro- pose le nom d'Eunomia, porte à quinze le nombre des as- téroides, compris entre les orbites de Mars et de Jupiter. (87 ) Voici les éléments et les éphémérides calculés par M. Rümker, d'après les observations faites les 27 Juillet et 12 août à Naples, et à Hambourg le 29 août : M = 228e 59/ 6/’,82 Sept, 1,0 1851 temps moyen de Greenwich. Lu US is nie. Ge 268 ti CD 408 DRE TT M Î — 11 36 55,05 e = 1116 8,88 Log. e — 9.2909642 » «a —=0.4236615 » M = 92.9145146 É phéméride pour 9"36" temps moyen à Greenwich. 1851. AD. Déelin. Log. A. 1851. AD. Déclin. Log. À. Sept. 1 18h Qwits 23040/1 0.30313 | Sept. 18 18h{1gm 75 29038/5 2 9 30 36,3 19 18 52 35,1 3 9 51 32,5 20 19 39 31,6 4 10 13 28,7 21 20 2% 28,2 0.34675 5 10 37 25,0 0.31186 22 91 15 24,7 & MS 21,3 23 22 5 21,5 T 11 29 17,7 24 922 56 17,8 8 1158 14,0 95 923 49 ‘14,4 0.355526 9 12 98 10,4 0.32062 26 24 43 10,9 10 13 0 6,8 27 25 38 7,5 11° 13 33 3,2 28 26 34 4,0 12 148 22 59,6 29 27 32 0,6 0.36363 13, 14 44 56,1 0.32938 30 28 31 91 57,2 14. 15 22 52,5 Oct, 1 929 51 53,8 15 16 1 49,0 2 ‘50 32 50,5 16 16 42 45,5 3 31 34 46,8 0.537185 17 18 17 24 22 42,0 0.339811 — M. Poelman fait parvenir la note suivante, pour ser- vir de complément à l'écrit qu’il a présenté à l’Académie, sur la conformation des organes de la génération chez les Marsupiaux femelles : (272) « Depuis que j'ai eu l'honneur d’adresser à l’Académie une description des organes de la génération du Macropus Bennetti femelle (1), j'ai eu l’occasion de parler de cette communication au professeur R. Owen, de Londres. Le savant directeur du Collége des chirurgiens a eu l'obligeance de me montrer une préparation analogue à celle que j'ai décrite, appartenant aussi au Macropus Ben- nelli, qu'il considérait comme unique-et dont n° n’avail pas encore publié la description. Cette conformation organique, si différente de celle du Macropus major , avait fait penser à lillustre naturaliste qu'il se trouvait en présence d’une anomalie ; sous ce rap- port, 1} était charmé, me disait-1l, d'apprendre que, de mon côté, j'avais trouvé, dans la même espèce, une dispo- sition identique. Il me paraît que l’on peut considérer maintenant comme -un fait acquis à la science, que les organes de la généra- tion chez les Macropus major et Bennelti femelles se pré- sentent sous deux élats essentiellement distincts. La dé- termination de la forme de cet appareil chez les autres Macropus, me semble un point digne de fixer l'attention des anatomistes. Peut-être trouvera-t-on des conformations intermédiaires entre celles de ces deux Marsupiaux. Des investigalions ultérieures pourront ainsi apporter un nouveau caractère, qui ne sera peut-être pas inutile ‘ pour la classification de ces mammifères. » (1) Voir tome XVIII, 1° partie, p. 595. (273) CONCOURS DE 1851. La classe avait mis au concours de cette année, sept questions sur différents sujets; elle a reçu des réponses à trois de ces questions, à savoir : I. Quelle a été l'influence exercée par les souveraines de Bel- gique sur l'introduction, la culture et la propagation des végétaux utiles, sur la fondation des colonies agricoles à l'étranger , et enfin, sur la direction et les développements des sociétés horticoles. L'éloge de la reine Louise-Marie viendra couronner celle œuvre. On demande de joindre à ce travail un aperçu de l'in- fluence exercée par quelques dames illustres sur la vulgari- salion de plantes intéressantes, dames dont l'histoire de la Belgique a conservé le souvenir. Un mémoire portant la devise : Par la nature tout est possible. (Commissaires : MM. Morren, Kickx et Martens.) LE. Faire la description des fossiles des terrains secondaires de la province de Luxembourg, et donner l'indication pré- cise des localités et des systèmes de roches dans lesquels ils se trouvent. (274 ) Un mémoire avec l'inscription : L'esprit ne peut pas sup- pléer à la connaissance des faits; et les faits sont, dans les sciences, ce qu'est l'expérience dans la vie civile. (BurFoN). (Commissaires : MM.DeKoninck, Dumontet D'Omalius..) II. Faire connaître la nature, la formation et la topographie actuelle des poldres de la rive gauche de l'Escaut et du litto- ral belge ; donner un coup d'œil sur les différentes périodes de leur formation et de leurs accroissements, en s'appuyant sur des documents historiques ; en décrire la mise en culture, les endiguements et les travaux d'art, et exposer le système d'économie rurale qui y est actuellement en usage, les con- structions, les instruments aratoires , les races d'animaux domestiques , les causes de la fertilité; enfin, étudier les diffé- rents moyens d'augmenter les ressources agricoles de cette contrée. Un mémoire avec l'inscription : Pro patrid. (Commissaires : MM. Morren, De Vaux et Martens ) ee Se RAPPORTS. Sur un mémoire de MM. Mareska et Donny, intitulé : RECHERCHES SUR L'EXTRACTION DU POTASSIUM PUR. Happort de M, Slas, « Les difficultés et les dangers que présente l'extraction en grand du potassium ont engagé MM. Mareska et (275 ) Donny à soumettre à un nouvel examen le procédé décou- vert par M. Brunner, pour la préparation de ce métal. Tous les chimistes savent que ce procédé consiste à expo- ser à l’action de la chaleur un mélange intime de carbo- nate de potasse et de charbon, provenant de la calcination du tartre brut. On sait aussi qu'un pareil mélange, traité avec toutes les précautions convenables, ne fournit pas toujours une même quantité de métal. Cette opération, d’ailleurs, n’est pas sans dangers, à cause des obstructions qui se font dans les tubes de communication, par suite de dépôts de produits carburés, obstructions qui ont souvent donné lieu à d'épouvantables explosions. Pour résoudre le problème qu'ils s'étaient proposé, les auteurs du mémoire ont éludié successivement les diffé- rentes conditions qui peuvent influer sur la marche de l'opération et sur le rendement en métal. Ils ont été ainsi conduits à reconnaître que l’oxyde de carbone, qui se pro- duiten mêmetemps que le potassium , est une des grandes causes d’insuccès de l'opération. L’oxyde de carbone, en effet, entraîne tantôt, sous la forme gazeuse, une partie de potassium produit, tantôt se combine à une autre et sou- vent à la majeure partie; ce dernier phénomène se présente surtout , quand la condensation de la vapeur métallique a lieu dans un vase spacieux , ou bien quand elle se fait dans une partie ou dans la totalité du tube de communication de l'appareil de Brunner. MM. Mareska et Donny ont éga- lement observé qu’une des causes qui influent puissamment sur le rendement en potassium, est le rapport du carbone au carbonate de potasse existant dans le mélange soumis à l’action de la chaleur. L’ expérience leur a prouvé que ces corps doivent être exactement en quantités pour for- mer du métal et de l’oxyde dé carbone; un excès de car- TOME xvi. 19. ( 276 ) bone, comme un excès de carbonate alcalin, occasionne une perte notable de potassium. Les chimistes qui s'étaient occupés de la préparation du potassium avaient déjà re- connu l'influence défavorable d’un excès de carbonate de potasse sur le rendement. Éclairés par les considérations qui précèdent, MM. Ma- reska et Donny ont modifié de la manière suivante l'appa- reil et le procédé de Brunner: Ils adaptent à la cornue en fer forgé, employée comme vase distillatoire, un tube en fer forgé d’une longueur totale de 41 centimètres; ils dis- posent la cornue dans un fourneau ordinaire à potassium, de manière à ce que le tuyau de communication ne dé- passe la maçonnerie du fourneau que de 4 à 2 millimètres; ils adaptent à ce tuyau une espèce de boîte qui remplace le récipient spacieux de l'appareil de Brunner. « Cette es- » pèce de boîte est allongée et aplatie, ouverte à ses deux » extrémités et dont l’une se termine en col arrondi pour » pouvoir s'adapter au tuyau de la cornue. Sa largeur est » de 30 centimètres; il a 12 centimètres de largeur sur » une hauteur de 6 millimètres, non compris l'épaisseur » des parois. Le col n'a qu’un centimètre de longueur, et » le bord en est taillé en biseau à l’intérieur, pour pou- » voir s'appliquer exactement au bord du tuyau de la cor- » nue qui, extérieurement, se termine également en biais. » Toutela paroi supérieure, y compris la moitié du col, est » mobile, etsert ainsi de couvercle. Pendant l'opération, le » couvercle est maintenu fixe sur la boîte, à l’aide de qua- » tre vis de pression. » Les auteurs exposent ensuite longuement, minutieuse- ment, tout ce qui concerne l'extraction du potassium pur à l’aide de leur appareil ; ils traitent ainsi de la préparation du mélange destiné à fournir le potassium, de l'extraction (277) du: métal de ce mélange, des phénomènes qui se présen- tent et qui indiquent les différentes phases de l'opération, des obstructions et des moyens d'y remédier, de la puri- fication du métal et du rendement. Cette partie me paraît un peu longue ; peut-être renferme-t-elle quelques détails qui ne sont pas tout à fait indispensables aux chimistes qui sont à même de se livrer à la préparation du potassium. + Quoi qu'il en soit, ce travail renferme des faits nou- veaux qui, étant bien constatés, ont une grande impor- tance pour l'extraction du métal de la potasse. Je n'ai pas eu l’occasion de les vérifier, mais comme le nom des au- teurs m'est une garantie de leur exactitude, je n'hésite aucun instant à proposer à l’Académie d'ordonner lim- pression de ce travail dans les Bulletins et de voter des re- merciments à leurs auteurs. » Conformément aux conclusions de ce rapport, auxquel- les adhère M. Melsens, second commissaire, la classe or- donne l'impression du mémoire de MM. Mareska et Donny. Notice sur la maladie des pommes de terre ; par M. le docteur Van Honsebrouck. Happort de M, Kickx. « M. le docteur Van Honsebrouck vient d'adresser à lPAcadémie une notice intitulée : La maladie des pommes de terre. Ce qu’on appelle ainsi pourrait bien, dit l’auteur, « ne » pas être un phénomène isolé et puiser sa source dans » une modification très-importante de la constitution de (278 ) » l'atmosphère, alors même que l'analyse chimique n'en » accuse aucune. » L'analyse des eaux pluviales fournirait seule, à son avis, quelques notions précises sur lorigine du mal. M. Van Honsebrouck rappelle, à cette occasion, la découverte d'une matière organique à odeur d'empyreume, récemment faite dans les eaux pluviales par M. Mevrac. Il se demande si cette matière (qu’il regarderait comme un indice des modifications subies par l'atmosphère, s’il était bien con- staté qu’elle n’y existait pas auparavant) ne serait pas la cause de Faltération qu’éprouvent certaines plantes, et principalement la pomme de terre. ;. Nous ne suivrons pas l’auteur dans la digression à la- quelle 1] se livre pour expliquer, par des changements ana- logues survenus dans la constitution de l’atmosphère à une autre époque, l'apparition successive des êtres organisés. L'Académie préférera , sans doute, prendre immédiatement connaissance des conclusions qui terminent le mémoire et qui n’en sont en quelque sorte que le résumé. Voici ces conclusions : | 1° « La cause de la maladie qui affecte les pommes de » terre doit être recherchée dans l'air, et conséquemment, » elle est hors de notre portée pour la combattre efficace- » ment, » 2% « Cette maladie doit, par son universalité, exciter » vivement l’attention des savants , en ce qu’elle peut four- » nir des notions précieuses sur les influences que l’atmo- » sphère a exercées de tout temps, aussi bien sur les » phénomènes cosmogoniques que sur les phénomènes » morbides, ainsi que sur les modifications qu'elle peut » subir et les éléments de nouveaux organismes qui pour- » raient s'y développer. » | (279 ) Cet exposé suflira, croyons-nous, pour faire connaître le travail que nous avons été chargé d'examiner. — Nous avons l’honneur de proposer à l’Académie d'adresser à M. le D' Van Honsebrouck des remerciments pour sa com- munication. » | Ces conclusions sont adoptées. Réglement pour les prix quinquennaux. M. Quetelet, au nom de la commission dont il fait partie, donne lecture du projet de règlement relatif aux prix quinquennaux inslitués par l'arrêté royal du 6 juillet dernier. Ce projet , déjà adopté par la classe des lettres (voir plus - Join, p. 532), l’est également par la classe des sciences; il sera soumis à l'approbation de M. le Ministre de l'intérieur. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Aurore boréale du 2 octobre; note de M. Quetelet. Ce phénomène a été aperçu à l'Observatoire de Bruxelles, vers 9 heures du soir, par M. Quetelet et ses aides MM. Bouvy et Beaufort ; un segment circulaire obscur entouré d’un are lumineux, d’un blanc jaunâtre, apparaissait à l’horizon nord; trois fois des gerbes lumineuses, hautes de 25 à 30°, se sont élancées perpendiculairement vers le zénith et ( 280 ) ont marché du NNO vers le N, jusqu’à peu près dans le méridien, où elles se sont éteintes. À 9 ‘2 heures larc lumineux S'élargit rapidement : au bord inférieur, il mord çà et là sur le segment obscur, léclaire de rayons bril- lants et l'efface bientôt complétement; alors une étoile se montre dans la portion du ciel, occupée d’abord par ce seg- ment. Au bord supérieur, l'arc lumineux s'étend également et éclaire tout l'horizon nord, d’une lueur blanchâtre, semblable à celle produite par la lune à son lever; seule- ment cette lueur a l’aspect d’un brouillard lumineux con- tinuellement agité, qui prend une teinte rougeûtre à la li- mite extérieure et laisse percer la teinte bleue du ciel à l’intérieur; jusqu’à 9 %4 heures, le phénomène s’affaiblit graduellement, pour reprendre plus tard un nouvel éclat. Trois étoiles filantes se sont montrées dans la même ré- gion ; la plus remarquable est descendue vers 9 heures et 10 m. à l’est de la Grande Ourse, obliquement à l'horizon (SE au N). À 10 heures, le segment obscur avait reparu entouré d’un arc lumineux, dont la partie supérieure se trouvait dans le méridien magnétique et qui soustendait un are de près de 90° à l'horizon. Par intervalles, des rayons bril- lants, rarement blanes, plus souvent rouge foncé, s'élèvent de nouveau à plus de 50° de hauteur; la plupart montent verticalement, quelques-uns en faisant un angle avee l’ho- rizon; ils se meuvent, parallèlement à eux-mêmes, tantôt à l’ouest, tantôt à l’est de la Grande Ourse, prennent la forme de vastes nébulosités, et teignent parfois toute une portion du ciel d’une nuance rouge pourpré qui pâlit et disparaît ensuite. À 10 ‘2 heures, un dernier faisceau lu- mineux d’un rouge très-vif se produit à l'ONO , à travers la constellation d'Hercule. Peu après, une raie noire paral- En Æ (281) lèle aux bords, apparait dans l’are lumineux, qui semble se dédoubler; il est animé d’un mouvement vibratoire dans toute- son étendue, et parait se déplacer tout entier vers l’ouest, tandis que le segment obscur reste dans le méri- dien magnétique. Cette apparence de mouvement pourrait être due à ce que la lueur s’est affaiblie de proche en proche de l'E à l'O. A 414 54 heures, il ne restait plus de trace du phénomène. Le baromètre et le thermomètre n'ont rien présenté de particulier. Le temps était beau, mais le vent assez fort depuis la veille; pendant toute la soirée, il a régné une forte brise du sud. Voici les observations de la déclinaison magnétique faites du 2 au 5 octobre : D 0 it O0 d'A MAN 0 RE UN LEeag A RMS Biron yat; ne-20 24:41,0 DHL holns ait 90. % 48 4 (ORNE oo. à à DIR UD TO DIE QE HEBRO ERNEST RO 1H: Sfar GUN ENT 00 19 40182, dd véotios10: 56.54 Lo im... 4. 0 août M à: OÙ © 400 Quant à l'intensité horizontale, le minimum. observé s'est présenté vers 10 ‘4 heures; elle avait décrü de 4,72 depuis 3 heures après midi, et de 3,20 depuis 9 heures du soir. L’intensité a augmenté ensuite de 0,22 jusqu’à 10 ‘2 heures, et de 3/,27 jusqu’au lendemain, 9 heures du matin. Des renseignements intéressants ont été transmis à M: Quetelet au sujet du même phénomène, par M. le pro- fesseur Ch. Montigny, de Namur. M. le professeur Kickx ( 282 } lui a communiqué, de son côté, les observations faites à Ostende par M. Mac Leod. Namur. — « Le 2 octobre, vers 8 heures du soir, par un ciel serein, je remarquai, écrit M. Montigny, que la partie nord du ciel était plus éclairée à l'horizon qu’elle ne l’est ordinairement, malgré la clarté produite par la lune, encore élevée au-dessus de l'horizon; on distinguait par- faitement une zone d’un blanc jaunâtre qui embrassait la partie de l'horizon comprise entre le NO et le NNE. Son milieu était à l'ouest du méridien géographique. Des rayons verticaux ne tardèrent pas à s'élever de plusieurs parties de la zone ; ils étaient incolores. Un de ces rayons, plus large que les autres, s'élevait au milieu de la zone, exactement sous l'étoile e de la Grande Ourse, mais sans atteindre à cette hauteur. Presque en même temps, une nébulosité, lé- gèrement pourprée, se forma sous les étoiles 8 et y de la même constellation; elle persista assez longtemps. Pen- dant cette apparition, le rayon du milieu se revêtit de la même teinte; mais ce rayon ne larda pas à disparaitre complétement. Un autre rayon, s’élevant à l'Occident, aussi large que celui du milieu, resta incolore. Ces diffé- rentes apparences ne persistèrent pas; vers 8 ‘1 heures, elles étaient totalement évanouies ; la zone éclairée avait même presque complétement disparu. » Vers 8 ‘2 heures la zone reparaît; elle est beau- coup plus étendue sur l'horizon, et son milieu s'est rap- proché du méridien géographique. Un rayon, légèrement pourpre, s'élève verticalement sous l'étoile polaire. Une nébulosité de même teinte se forme également près de cette étoile, un peu à gauche; elle persiste plus longtemps que le rayon qui l'a précédée. Les teintes colorées ne sont ( 283) pas plus vives qu’à la première apparition; la présence de la lune nuit sans doute à leur éclat. Des lueurs palpitantes apparaissent dans la zone à deux reprises successives. A 8 h. 57 m., une étoile filante se détache à l'O de la Grande Ourse et se dirige vers l’ouest sous une faible inclinaison. À 8 h. 40 m., il ne reste plus que la zone lumineuse; son milieu s’est encore rapproché du plan vertical polaire. Vers cet instant, il se manifeste une nouvelle lueur pal- pitante dans la zone. » À 9 heures, la zone est plus lumineuse et plus étendue; elle embrasse un arc de 90° à l'horizon; son milieu est sous l'étoile e. Sa partie supérieure est limitée par un are dont la convexité est interrompue vers le milieu, sur une certaine étendue, par une dépression très-prononcée; mais dans le méridien, cette limite reprend sa convexité. La zone lumi- neuse ne s'étend plus jusqu’à l'horizon; dans son milieu s'étend un brouillard sombre, comparativement à l'éclat de la partie de la zone qui l'entoure; il repose sur l'horizon sans atteindre les limites de la zone. Son contour, assez . tranché sur celle-ci, suit parallèlement les sinuosités de la limite supérieure de la zone. Une étoile scintille à l'horizon dans la partie brillante de la zone. À 9 h. 7 m., un rayon incolore s'élève verticalement vers le milieu de la zone; celle-ci perd en intensité et en étendue dans la région NE. À 9 h. 10 m., la lueur diminue sur toute l'étendue de la zone; des lacunes plus sombres la partagent. Une nébulosité rosée se forme en même temps au NO. Vers 9 h. 15 m., la zone diminue en étendue vers l’ouest et s’élargit, au con- traire, à l'E. Étoile filante du SO au N. A9 h. 147 m., rayons verticaux de peu de durée; affaiblissement de l'éclat de la zone. » À 9h. 42 m., la zone se développe de nouveau et ( 284 ) embrasse un are de 90°, entre ses limites NO et NE. Deux lueurs palpitantes successives. Vers 10 heures, rayons inco- lores verticaux, dont deux plus prononcés vers l’ouest; ils disparaissent bientôt. À 40 h. 12 m., rayon pourpré au NE; il est oblique à l'horizon; peu de durée. Même rayon à l'O. Étoile filante au SSO. Vers 40 ‘2 heures, la lueur de la zone qui a persisté, s’affaiblit; à 11 heures, son intensité est encore moindre; aueun phénomène particulier n’a plus élé remarqué. » Ostende. — « Jeudi 2 octobre, écrit M. Mac Leod, j'ai eu le plaisir d'observer ici une belle aurore boréale. Le ciel était étoilé; il n’y avait qu’une longue bande de gros nuages bas à l'horizon en mer, derrière les maisons et cachés par elles pendant le phénomène. Dans la direction de ces nuages, l’on à remarqué quelques faibles éclairs entre 8 et 10 heures du soir. Le premier quartier de la lune à l’ouest était caché par un gros nuage, dont se détachèrent quel- ques flocons vers la fin du phénomène, c’est-à-dire vers 8 h. 20 m. La lumière de la lune était faible et les toits des mai- sons se profilaient sur un fond blanchâtre crépusculaire. » En sortant, à 8 heures, j'avais jeté un coup d'œil vers la Grande Ourse : le phénomène n’avait pas encore com- mencé, et je n’ai point appris que l'on eût vu quelque chose auparavant. A 8 h. 5 m., je vis au nord, à droite de la Grande Ourse, une vaste tache rouge-pourpre, transpa- rente, de couleur intense au milieu, affaiblie vers les bords. A 8 h. 8 m., apparurent, entre » et & et entre & et d'de la Grande Ourse, deux bandes ou rayons perpendiculaires d'un blanc jaunâtre, qui s’élevaient jusque vers la queue du Dragon. À 8 h. 12 m., il y eut, dans le nord-ouest, vers Arcturus, une large coloration blanc-jaunâtre terminée ( 285 ) équivoquement par une ligne dentelée. À 8 h. 14 m., dis- paraît la première lache rouge-pourpre. À 8 h. 16 m. dis- paraissent les deux stries ou bandes blanc-jaunâtre, aux- quelles succèdent, à peu près à la place de l'une d'elles, vers & de la Grande Ourse, à 8 h. 20 m., une seule grande bande ou strie perpendiculaire rouge-pourpre transpa- rente, qui s'élève à la hauteur de la Petite Ourse, et qui disparaît à 8 h. 22 m. Enfin, à 8 h. 25 m., disparaît aussi la coloration blanc-jaunâtre dans le nord-ouest. » Des amis ont vu, dans le nord, vers 9 5/1: heures, trois ou quatre bandes blanc-jaunâtre perpendiculaires; ces bandes disparurént après quelques minutes. » Je fus prévenu à 10 ‘4 heures. Il y avait alors, dans l’ouest (la lune étant dessous ou tout près de l’horizon et cachée par des nuages bas), une bande large, oblique, pen- chée au nord, légèrement courbée, rouge-pourpre, trans- parente, qui disparut à 40 h. 20 m.; et à cet instant ap- paraît, à côté, un peu vers le nord-ouest, une autre bande plus grande, courbée aussi, mais en sens contraire, et dont la couleur est la même. À 10 h. 25 m., cette seconde bande s'évanouit aussi. Je n'ai point appris que l'on ait éncore vu quelque chose après 40 b. 45 m., moment de ma rentrée, ni que l’on eût remarqué quelque coloration entre 8 h. 25 m. et 10 h. 15 m. » L’appréciation du temps des différentes phases n'est qu'approximative, mais faite immédiatement, et probable- ment pas éloignée de la vérité. Enfin , j'ai remarqué que toutes ces taches ou colorations ont trois périodes : 4° ap- parition, teinte faible; 2° plus grande intensité de la teinte; 3° affaiblissement de la teinte et disparition. » — ( 286 ) Phénomènes périodiques. M. Quetelet communique l'extrait suivant d'une lettre qu'il a reçue de M. Kupffer, directeur général des obser- vatoires de météorologie, établis en Russie : « J'aurais cependant bien voulu vous voir, pour vous parler d’un projet, dont j'ai fait la proposition à Édim- bourg , et dont j'ai parlé aussi à M. Arago. Ce projet con- cerne la formation d’une grande association météorolo- gique, dont l’organisation a été développée dans mon compte rendu de 1850, que vous recevrez dans peu de temps avec les Annales de l'Observatoire physique central de 1848. Des associations spéciales existent déjà, quoi- que en petit nombre: vous en avez fondé une en Bel- gique; M. Glaisher vient d'en organiser une en Angle- terre; en Prusse, le Gouvernement à établi un grand nombre de stations météorologiques placées sous la sur- veillance de M. Dove; dans les États-Unis de l'Amérique , l'institutiom Smithonienne a fait quelque chose de sem- blable ou est sur le point de le faire, mais il me semble que la science pourrait tirer beaucoup plus d'avantages de tous ces efforts partiels, si on les réunissait tous dans un seul faisceau. La météorologie est une science éminem- ment comparative, et elle ne fera de grands progrès, que quand elle sera en état de réunir en un seul tableau tous les phénomènes météorologiques distribués sur toute la sur- face terrestre. Peut-être, le temps n'est-il pas encore venu pour exécuter un si vaste projet : il a été assez froidement reçu en Angleterre et en France; les événements politiques ne sont pas très-favorables, il est vrai, au développement d’une idée qui exige le concours de tout le monde. ( 287 ) » Je profite de cette occasion pour vous adresser quel- ques observations de phénomènes périodiques faites à Kichinew (midi de la Russie). Vos instructions ont été distribuées depuis longtemps en traduction russe; mais outre les observations ci-jointes, on ne n'a adressé que quelques remarques faites accidentellement à Odessa, avec les observations météorologiques : elles ont été imprimées avec les observations météorologiques d’Odessa , dans les Remarques {voy. l'Annuaire météorologique, 1846). » Sur des anomalies végétales ; par M. Emilien Dewael. Dansles Bulletins de l’Académie de 1842 (t.1X, 2"° part., p. 558), M. Martens appelle l'attention sur la feuillaison anticipée de quelques arbres. M’étant, après lecture de cet article, appliqué à quelques expériences, deux causes m'ont paru produire le même effet : l’une, le placement plus favorable des racines qui permet l’action plus vive de la chaleur du soleil au printemps; cette opinion je la base sur ce que, ayant transplanté quelques-uns de ces arbres hâtifs, comparativement à leurs congénères, ils n'ont pas con- servé cette particularité, et que, par contre, en plantant en ligne des arbres feuillant vers la même époque, il s’en est trouvé qui sont devenus hâtifs. La séconde cause qui m'a semblé produire un effet analogue est une plantation extré- mement profonde; je serais porté à croire que l’action de la chaleur arrivée à sa plus grande profondeur en terre, activerait celte végétation anticipée; par la raison inverse, les arbres primeurs perdent aussi plutôt leurs feuilles. Ayant, celte année, remarqué une.anomalie singulière ( 288 ) dans la fructification de l’aune, je me permets de vous en envoyer quelques échantillons. N'ayant pas vu ce phéno- mène cité jusqu’à présent, il pourra peut-être vous inté- resser , si toutefois il mérite attention. M. Kickx a fait remarquer au sujet de la communica- tion précédente, qu'il a observé, de son côté, la même anomalie et toujours dans des stations humides. Cette anomalie, ajoute M. Kickx, presente un nouvel exemple de la transformation des bractées des feuilles, accompagnée d’hypertrophie, et causant ainsi presque tou- Jours l'avortement des graines. C’est en un mot un retour de la bractée ou de lécaiile du chaton femelle à son état originaire de feuille. Plusieurs autres végétaux nous offrent ce genre de mé- tamorphose, entre autres le plantain, chez qui cependant la transformation de la bractée en feuille est liée à l’atro- phie de l’axe d'inflorescence. ns TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. Recherches sur un nouveau genre de monstruosités végétales, : modifiant l'axe de certaines fleurs et appelé GYMNAXONIE ou dénudation de cet organe; par M. Ch. Morren, mem- bre de l'Académie. Les tératologistes sont d'accord sur ce fait, qui tient à l’un des principes fondamentaux de l’organisation végétale, à savoir, que les structures anormales de l’axe sont infini- ment plus rares que les structures anormales des parties ( 289 ) appendiculaires. La variabilité est la caractéristique de ces derniers organes; l’uniformité, l'essence du premier. Il s'ensuit que les chances d'apporter dans cette variabilité même des combinaisons qui ne tiennent pas à la forme ordinaire de l'être, croissent dans la même proportion : c’est une raison pour laquelle il doit y avoir beaucoup plus de monstres dans les organismes périphériques que dans les centraux. Il y a une seconde raison : l’axe est un, car tige et racine ne diffèrent essentiellement que dans leur direction, ce qui est une propriéte physiologique, non une qualité de structure; l’axe floral ou la columelle dans le fruit ne sont, après tout , qu’une extrémité de tige. De ce principe 1l découle que l'axe étant un et ses parties appen- diculaires multiples, il doit y avoir nécessairement et fata- lement très-peu de monstruosités pour l'axe el beaucoup pour les organes qui en naissent. La théorie tératologique des causes roule encore sur deux idées opposées, qui sont actuellement en présence à peu près avec des forces égales : l’anormal dans l'organisme est-il le résultat de l’action des facteurs du monde ambiant ou provient-il d’une force formatrice, pervertie en elle- même? La structure tératologique est-elleautochthone, sans que les influences du dehors la provoquent ou la produi- sent, ou, au contraire, est-elle un résultat des facteurs du dehors? Les parties appendiculaires vivent essentiellement sous l’action de ces facteurs. On a donc dit que la lumière, la chaleur, l'humidité, la sécheresse, le sol, la pression, les insectes, les parasites végétaux, pouvaient et devaient, en variant leurs influences, produire des formes inaccoutu- mées, des soudures, des avortements, des hypertrophies, des variations dans les organes. Or, l’axe est plus à l’abri de ces agents. Sa formation première est protégée dans la ( 290 } graine et le bourgeon, ses deux siéges d'enfance, par des parties appendiculaires préexistantes. Quand il se fait jour au dehors, c’est-à-dire qu'il se soumet aux actions des facteurs du monde ambiant, il ne fait plus que se dévelop- per, que grandir, que s'étendre; il ne se forme plus, il est tout formé. La structure déviée, l’organisation térato- logique prend naissance, surtout à la première origine des corps, quand les organes qui en sont atteints, se forment eux-mêmes. Donc, on s’est dit que les axes étant rarement et très-rarement hétérodromes, c'est-à-dire autrement constitués qu’ils doivent l'être dans la forme de l'espèce, ce fait provient de ce que les axes échappent aux influen- ces pervertrices du monde ambiant; raisonnement qui implique de toute nécessité que c’est dans les facteurs ex- térieurs que git la force de la déviation, la cause occasion- nelle de l’'anormal. Cette théorie est au fond, eroyons-nous, plus spécieuse que réelle et exacte. Quand il s’agit de spécifier les faits, on ne lui trouve plus une seule assertion qui ne soit hasardée. Quand on fait varier, de propos prémédité et d’une ma- nière certaine, les actions des facteurs, quand on combine autour de l'organisme, en voie de formation, un autre monde que celui de la nature, on ne produit pas de mons- tres, on arrête ou on excite l'organisme, mais les formes restent ce qu’elles sont. On a dit cependant : semez des pa- vois à l'ombre, et vous convertirez les étamines en pistils ; mais l'expérience a répondu et des pavots semés au soleil et développés sous une lumière pleine et entière, autant que le ciel peut en donner, ont produit tout autant qu’un semis à l'ombre, sur un nombre donné, des fleurs où les mâles étaient devenus des femelles. On n’ira pas sans doute se contenter de raisons à priori et qui, pour étayer une (-291 ) hypothèse, s'appuient elles-mêmes sur une autre, au lieu de s'asseoir sur le positif et la certitude. Ainsi, quand on pose en fait que le mâle doit essentiellement être en relation avec la lumière, parce qu'à lui appartient l’action initiative de la perpétuité de l'espèce et que la femelle est un être passif, par suite qu’elle peut se former et croître à l'ombre, el qu'ainsi, ce facteur ambiant, l'ombre, peut, sur certains or- ganismes, qui y sont forcément soumis, métamorphoser le mâle en femelle; quand on raisonne, disons-nous, sur ces bases , il faut avant tout dépouiller les prémisses du syllo- gisme de tout ce qu’elles ont d’incertain et d’arbitraire. Or, il serait facile de prouver qu'il y a tout autant de femelles qui aiment et recherchent la lumière , se forment et vivent sous son influence , qu’il y en a pour lesquelles l'ombre est une condition d'existence et que, réciproquement , il y a autant de mâles se formant et se développant à l'ombre que ‘des femelles, sans pour cela changer de sexe. Chaque fois que, dans la théorie des facteurs ambiants, on analyse un fait avancé, on lui trouve, comme dans le cas que nous venons de citer , l’une ou l’autre base de rai- sonnement en défaut, et par suite de ces sophismes aceu- mulés, on doit, en conscience, avoir sa conviction fortement ébranlée à l'endroit d’une théorie que le matérialisme sem- blait rendre si claire et si incontestable. On nous dira que la théorie de l’autochthonie des forces organisatrices perverties repose à son tour sur un prin- cipe qu’il s'agit précisément de démontrer, au lieu de l'ad- mettre comme fait premier propre à expliquer ensuite les cas particuliers. Nous ne le nions pas; mais nous répon- dons qu'ici du moins, les faits ne nous contredisent pas, que nous n'avançons jamais rien dans cette doctrine, que nous ne puissions prouver, et qu'en dernier résultat, ad- TOME xvus. 20. ( 292 ) mettre que l’organisation puisse dévier de sa marche en vertu d’une force intrinsèque, inhérente à son essence, n’est, après tout, pas plus difficile à eoncevoir que cette au- tre qualité de l’organisation , qui est de perpétuer son type normal et spécifique. C’est la vie, dit-on, qui, en raison de mouvement communiqué, imprime le cachet des for- mes dans la matière des êtres. Soit, nous pouvons donc tout aussi bien prétendre que cette même vie a le pouvoir de faire varier ce cachet entre certaines limites de variabi- lité au delà desquelles elle ne peut se manifester. Cette hypothèse permet du moins d'expliquer tous les grands problèmes tératologiques, comme la formation des mon- stres à l’origine de leur génèse, leur classement limité, l'éternité ou la permanence des mêmes types anormaux qui reviennent constamment les mêmes, l'indépendance des organismes déviés de l’action des facteurs du monde ambiant, le résultat négatif de toutes les expériences faites pour faire varier l'organisme en faisant varier les agents extérieurs, et enfin les monstruosités, tout aussi possi- bles des parties internes excentriques que des parties ex- ternes et périphériques. Toutes les bases de la tératologie sont là. Nous avons dit plus haut la véritable cause, selon nous, pourquoi les monstruosités de l’axe sont moins fréquentes que celles des parties appendiculaires, à savoir que l'axe est un de sa nature, qu’il n’est guère multiple dansses expres- sions organiques comme les appendices de cet axe. S'atro- phier, s'hypertrophier, se diviser, se souder, se spiraliser, se boursoufler et se fascier, voilà quelles sont à très-peu près les seules modifications qu’on a observées dans l’axe. Nous nous permettrons toutefois d'ajouter à ces cas connus et discutés de la tératologie des axes végétaux, une nouvelle ( 295 ) forme anormale dont nous n'avons pas trouvé, dans les ouvrages et les écrits sur la matière, de citation antérieure. Nous sommes ici sur un champ tout neuf. Dans le Cuphea miniata, le Cuphea silenoïdes et sur le Lobelia erinus, nous avons observé, depuis quelques années, un cas de structure anormale très-singulier. Nous prions le lecteur de jeter un coup d'œil sur notre planche avant de nous lire. Dans le Cuphea miniata, la fleur est horizontale (fig. 1); elle ressemble à un fléau de balance dont les bras sont inégaux en longueur. D’un côté, on a un éperon avec une glande nectarienne en dedans (fig. 2), de l’autre, la corolle et au centre les étamines et le pistil; celui-ci offre un ovaire de la forme d’une gousse de pois. Il suit de là que l’axe de la fleur arrivé au sommet du pédoncule, devient forcément horizontal, qu'il fait un angle droit avec le soutien de l'appareil floral, et qu’il se prolonge au centre de l'ovaire dans la fleur, de la capsule dans le fruit . sous la forme d'un placentaire filiforme et central, auquel sont appendus les ovules ou les graines lenticulaires. Voilà la structure normale. Sur de grands pieds de Cuphéas, nous voyons souvent des fleurs isolées, en rien différentes des autres fleurs, chez lesquelles, pendant l’anthèse même et alors que la fleur est loin d’être fanée, la corolle et l'ovaire éclatés et sor- tant droit d’entre eux, dans la prolongation du pédoncule, un gros placentaire central, enflé et charnu , auquel ap- pendent des graines. Eu disséquant une fleur semblable, on voit l'ovaire réduit déjà à l’état de mince pellicule, comme sera l'enveloppe capsulaire elle-même. Les figures & et 4 sont destinées à représenter cet état tératologique et l'ovaire ouvert. ( 294 ) Si l’on coupe ce placentaire longitudinalement, on n’y voit qu'un parenchyme ordinaire et des fibres se rendant aux funicules des graines. Nous avons constaté par des expériences réitérées, que des graines prises sur des fleurs semblables étaient fécondes et devenaient müres. Elles germent et produisent des plantes en tout conformes à l’essence de l'espèce. | Nous avions cru pendant quelque temps que cet état du Cuphea représentait sa déhiscence naturelle et normale du fruit; mais il est facile de s'assurer, tant chez le Cuphea miniata que chez le Silenoïdes, quand la rupture normale du fruit s'opère, que l'axe reste horizontal, sans forte enflure et les funicules allongés et recourbés. Nous avons nommé ce genre de monstruosité Gym- naxonie (de youvos, nu, et d'abwy-cvos, axe), parce qu’en eflet, ce qu'il y a de singulier dans cette structure, c’est la dénudation, le redressement, l’hypertrophie de laxe central de la fleur, destiné, dans le cas normal, à rester couvert, incliné et contenu dans les enveloppes pistil- jaires. | Les graines sont des parties appendiculaires, en ceci distinctes des autres : qu’elles renferment en elles le germe et le principe d’un axe indépendant. Or, dans le gymnaxo- nie, il est évident que la perversion tératologique n’atteint pas la partie appendiculaire, qui est même féconde et sus- ceptible de reproduire l'espèce, et cette même perversion se fixe dans le centre de l’organisme pour le modifier com- plétement dans sa direction, son volume, ses formes et ses relations. Aurions-nous donc tort de croire que réellement les forces tératologiques sont inhérentes à l'être, qu’elles procèdent de sa vie, qu’elles se confondent avec elle et que le monde ambiant est pour très-peu de chose, si tant est ( 295 ) qu'il y est, dans les modifications qu’on peut réellement appeler tératologiques. Un second cas de gymnaxonie s’est présenté à nous dans les fleurs du Lobelia erinus (voy. fig. 6, 7 et 8). La fleur’ normale est représentée pl. fig. 6. On y voit poindre le stigmate hors du tube anthérien, tous deux horizontaux comme la fleur elle-même. Mais arrive un développement gymnaxonique, la corolle se fend, la colonne se lève perpendiculairement; l'ovaire reste ce qu'il est et où il est, mais le style se courbe, se dénude du tube staminal et forme un coude (fig. 8), de sorte que les génitalies sont dressées, au lieu d’être incluses dans la corolle. Ces fleurs de Lobelia se fécondent comme les autres et donnent des graines müres qui ne reproduisent pas plus la monstruosité que d’autres. Il y à bien une différence dans la gymnaxonie de ce Lo- belia d'avec celle du Cuphea, en ce que la dénudation et la déviation de l'axe, compliquées d’hypertrophie, d’un côté seulement, frappe dans l’une espèce l'axe réel de la fleur ou le placenta, et dans l’autre le style, lequel est évidemment l'organe moteur ici, lequel entraine avec lui letubestaminal dont la partie anthérienne est trop tenace pour céder. Mais comme au fond les placentaires peuvent être regardés tout aussi bien comme la conjonction des bords des feuilles carpellaires, que comme des prolongements effectifs de l'axe tigellaire et que tout style se compose bien certaine- ment d’une partie de ces mêmes feuilles carpellaires re- présentant la prolongation de la nervure médiane, il n'y a aucune raison pour ne pas prendre les deux cas téra- tologiques comme rentrant dans un genre identique, c'est-à-dire deux vraies gymnaxonies. Toutes deux peuvent être comptées comme des argu- ( 296 ) ments de plus en faveur de l’autochthonie et de l'indépen- dance des forces perverties de l'organisme dans la forma- tion des structures tératologiques. EXPLICATION DES FIGURES. . Fleur du Cuphea miniata agrandie quatre fois. . La même ouverte pour montrer l'ovaire. . Une fleur gymnaxonique de la même espèce avec le placentaire hypertrophié, dressé et dénudé. . Le même placentaire avec les graines et l'ovaire déchiré et mem- braneux. . Une graine müre agrandie huit fois. . Fleur normale du Zobelia erinus, agrandie trois fois. . Même fleur gymnoxanique. . Colonne gyranaxonique avec le tube staminal fendu et le pistil coudé et dénudé. En OT NN D I D 4 Proportions humaines. Il est donné communication des passages suivants de deux lettres adressées à M. le professeur Fallati, de Tu- bingue, par M. Schmidt, peintre, à Stuttgart, et auteur d'un ouvrage sur les proportions humaines, publié en 1849. « .. Je veux encore ajouter iei que ce que j'aurais à com- muniquer à M. Quetelét concernerait les résultats de mes recherches, sur les rapports du corps de l’enfant. Résultats simples et nouveaux, ou plutôt inconnus jusqu'ici. » Ensuite, quelques résultats de mes recherches sur le crâne de l’homme et celui des diverses sortes d'animaux. Par ces recherches j'ai indiqué et déterminé quelques lignes, quelques points et quelques angles, qui jusqu'ici, je crois, n'ont élé reconnus que d’une façon incertaine et n'ont point reçu de dénominations, mais qui néanmoins, Tome XVIIZ, /Z ‘part. Pay. 29 6: Daess..par 6 Severeyns, th, de l'Aca, Gymnnaxontes e 1-9, du Cophea ruuata, 6-8 du Lobelia erinus. eus ET ( 297 ) je l'espère, indiquent avec une exactitude mathématique les types fondamentaux des différentes formes de tête, et par lesquels ce qui est sujet au changement, comme ce qui ne l’est pas, est mis dans son véritable jour. » « … La ressemblance partielle des rapports du corps de l'enfant avec celui de l’homme complétement formé n’a point été, à ma connaissance, indiquée jusqu’à présent. Cette ressemblance des rapports consiste particulièrement en ce que les extrémités, les mains et les pieds, c’est-à-dire leurs rapports de longueur, paraissent rester les mêmes à l'égard de la hauteur totale dans tous les âges. (Je n’ai point en- core fait de recherches sur l'enfant nouveau-né jusqu'à l'âge d’un an.) La tête des enfants est, comme nous le sa- vons, particulièrement différente, par sa grosseur, des. rapports d’un corps complétement formé. Il est d'autant plus remarquable qu’il se trouve sur la tête des parties qui , à l'égard des rapports, se développent de pair avec les mains et les pieds. Il en est ainsi particulièrement de la longueur du nez, qui, de même que la longueur des mains et des pieds, conserve un rapport constant avec la hauteur totale. Dans des individus particuliers, il peut y avoir naturellement les mêmes exceptions qu’on remarque chez l'homme complétement formé. Si l’on partage la hauteur totale du corps en 85 parties, on arrive, de même que chez l’homme complétement formé, à une hauteur (au-dessus de la chair) : Pour la longueur des mains KMS RS MONET 0 Pour celle des pieds. . . . . .*. .-. , de 12-15 Pour CS ARMOR TT ne 0 2,4 7e 73 06 0 Je ne peux, du reste, pas considérer encore les derniers résultats de mes études sur les rapports du corps humain ( 298 | comme parvenues à toute leur maturité, puisque je n'ai point trouvé le temps nécessaire pour continuer mes re- cherches avec autant d’assiduité que je l’eusse désiré. Ce que j'aurais à communiquer sur le crâne en général, je ne pourrais le rendre compréhensible sans dessin. Aussi ce que j'aurais à dire à ce sujet, est-il plutôt du domaine de l’anatomie comparée, en ce qui concerne particulière- ment les rapports. » Notice sur quelques mollusques lamellibranches nouveaux, trouvés dans les couches tertiaires du Limbourg belge ; par -J. Bosquet. 4. LicuLA FRAGILIS, nov. spec. 1851. (Fig. 1,a, b, c, d.) Coquille allongée, lisse, très-mince et fragile, forte- ment comprimée, inéquilatérale, bâillante en arrière. Côté buccal long, arrondi à son extrémité; côté anal assez court, obliquement tronqué et terminé en bec. A ce bec aboutit une carène qui a son origine aux crochets; bord palléal très-faiblement arqué, presque droit. Observations. — Dans certains échantillons de cette es- pèce provenant des sables de Bergh, je remarque, à l'in- térieur des valves, deux à trois sillons droits, partant de dessous les crochets, et se dirigeant un peu obliquement vers le labre. Je ne puis trouver aucune trace de ces sil- lons dans les quatre valves de la Ligula donaciformis, pro- venant des sables glauconifères d'Anvers, que je dois à l’obligeance de M. P. H. Nyst. ( 299 ) Dans tous les échantillons que je possède, tout aussi bien dans ceux de ma Ligula fragilis que dans ceux de la Ligula donaciformis, les deux impressions musculaires de chaque valve sont prolongées en pointe du côté de la charnière, absolument comme les impressions musculai- res des Tellines. Dimensions. — Longueur , 14 millimètres; largeur , 6 ‘2 millimètres; épaisseur, 4 millimètres. Rapports et différences. — Cette espèce est très-rappro- chée de la Ligula donaciformis, Nysr (1). Elle s’en distingue par ses valves beaucoup moins convexes, par son côté buc- cal plus long et plus pointu , et surtont, par sa région anale offrant une carène très-bien marquée. Localités. — Elle se trouve dans les sables blanes et jaunâtres de Bergh, de Klein-Spauwen, du Vieux-Jonc et de Heerderen (M. Dumont rangeait autrefois ces sables dans l'étage supérieur du système Tongrien, et vient maintenant de les placer à la base de son système rupe- lien), et dans les sables glauconifères de Lethen et de Gri- miltingen (système Tongrien, étage inféricur de M. Dumont). Elle est rare dans toutes ces localités, les échantillons entiers surtout ne S'obtiennent que très-difficilement. Explication des fiqures. Fig. 1 a. Valve droite, de grandeur naturelle. De ma collection. b. La même valve grossie au double de sa grandeur naturelle. c. La même valve vue en dedans et grossie. d. Échantillon entier vu du côté des crochets, de grandeur naturelle. (1) Nysr, 1845. — Descript. des coq. et des polyp. fossiles des terr. tert. de Belgique, p. 92, 95, pl. IV, fig. 9 a, b. ( 300 ) 2. Licora erEvis, nov. spec. 1851. (Fig. 2 a, b,c.) Coquille ovale, subtrigone, inéquilatérale, gibbeuse au milieu, comprimée aux extrémités et presque aussi large que longue. Sa surface est lisse et ne présente que des li- gnes d'accroissement peu marquées. Son côté buccal est arrondi ; son côté anal est anguleux, subrostré, et offre une carène qui part des crochets et qui est très-rapprochée du bord. Le bord palléal est arqué. Observations. — À l’intérieur des valves, on remarque un sillon droit comme dans l’espèce précédente, mais ce sillon se trouve beaucoup plus près du côté anal. Dimensions. — Longueur, 6 ‘2 millimètres; hauteur, > millimètres; épaisseur, 3 ‘/2 millimètres. Rapports et différences. — Elle se distingue de l'espèce précédente par sa taille plus petite, par sa forme raccour- cie, par son côté anal terminé en un angle beaucoup moins aigu et par ses valves gibbeuses au milieu. Localités. — Je n’ai trouvé cette espèce que dans les sa- bles de l'étage tongrien inférieur à Lethen et à Grimittin- gen. Elle y est assez rare. Explication des figures. Fig. 2 a. Valve gauche vue en dessus. De grandeur naturelle. b. La même valve vue du même côté et grossie au triple de sa gran- deur naturelle. c. La même valve grossie et vue en dedans. d. La même valve grossie et vue du côté des crochets. 3. NucuLA LYELLIANA , nov. spec. 1851. (Fig. 5a,b, c.) Coquille ovale, obliquement trigone, convexe, faible- (301 ) ment comprimée, couverte de lignes longitudinales d’ac- croissement assez fines, nombreuses et très-rapprochées les unes des autres. Parmi ces stries, il y en a ordinaire- ment > ou 6 qui sont plus profondes et plus apparentes. Toutes ces lignes longitudinales sont coupées par un très- grand nombre de côtes transversales aplaties et le plus souvent bien marquées. Le côté buccal est extrêmement court et subanguleux. Le côté anal est fort long, suban- guleux et rétréci en arrière. La lunule est ovale, exca- vée sous les crochets et lisse. Le labre est finement cré- nelé, Observations, — Les dents sériales de la charnière sont au nombre de 26-98 sur le bord cardinal anal, et au nom- bre de 12-15 sur le bord buccal. Dimensions. — Longueur, 17 ‘2 millimètres; largeur, 14 millimètres; épaisseur 8 ‘2 millimètres. Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche un peu de la Nucula subovata, D'OrBicx. 1847 (Nucula ovata Desn, NON MaNTELL), qui n’est pas la Nucula subtransversa Nysr. La première est propre au calcaire grossier inférieur (étage parisien A. d’Orbign.), tandis quela seconde n’a été trouvée jusqu’à présent que dans les sables blancs de Bergh, en Belgique. La Nucula Lyelliana se distingue facilement de celle de l'étage parisien, par sa taille constamment plus petite, par sa forme trigone, par ses valves beaucoup moins enflées vers les crochets, par son côté anal beau- coup moins arrondi, subanguleux et rétréci, et surtout par les nombreuses stries longitudinales qui ornent sa sur- face. Je me fais un véritable plaisir de dédier cette belle espèce de Nucule au savant géologue anglais, sir Charles Lyell, président de la Société géologique de Londres. C’est un faible témoignage de ma haute estime pour ses talents { 302 ) et de reconnaissance pour les conseils dont il a bien voulu m'honorer. Localités. — Cette Nucule paraît être caractéristique d'une couche quia été signalée en premier lieu par M. Du- mont et qui acquiert en Belgique une grande importance par l'étendue qu'elle y occupe. Cette couche, composée d'argile sableuse, la renferme en assez grande abondance, surtout vers sa partie inférieure, qui est constamment d’un jaune ferrugineux. Les localités dans lesquelles je lai ob- servée sont : Rosmeer , Klein-Spauwen , Bergh, Kentelberg près Grimittingen et Looz. Elle à été trouvée en outre par M. le professeur Dumont, entre le château de Wael- mont et celui de Bellevue; près Guycoven, entre Cor- tessem et Alken; à Kolmont, au SSE. de Zamelen; au SO. à Hern-St-Hubert, près la ferme de Grooten-Herken; à Rombrouck, au N. de Hoesselt et au SE. de Bosselaer. Explication des figures. Fig. 5 a. Valve droite de grandeur naturelle vue en dessus. De ma col- lection. b. La même valve de grandeur naturelle et vue en dedans. ce. Échantillon complet vu du côté des crochets. 4. Lucxa Lrripa, nov. spec. 1851. (Fig. 4,a,b,c.) Lücina comuurara, Vyst. 1845. — Descript. des coq. et des polyp. fossil. des terr. tertiaires de Belgique, p. 137 (Non Pui- LiPpl), Valves presque aussi hautes que longues, assez minces, suborbiculaires, très-bomhées; à surface couverte de quel- ques stries d’accroissement concentriques, et ornée en outre en travers d’un grand nombre d’autres stries ondu- - ( 305 ) leuses, faiblement ployées vers le milieu et divergentes vers les bords buccal et anal (1). Les valves sont subéqui- latérales et leurs côtés anal et buccal sont arqués. Sur la région anale, on remarque une carène bien prononcée. Les crochets sont peu saillants et arrondis. La lunule est en- foncée, ovale-lancéolée , lisse et très-petite. Le ligament est presque entièrement caché par le rebord du corselet. Le labre est finement denticulé. A l’intérieur, on remarque un grand nombre de fines stries rayonnantes qui vont aboutir aux interstices des dentelures du labre. Observations. — L'impression musculaire buccale est subréniforme, et l’une de ses extrémités est fortement tour- née vers le centre des valves. Dimensions. — Longueur , 6 millimètres; hauteur, 5 ‘/2 millimètres; épaisseur, 4 millimètres. Rapports et différences. — Cette Lucine que M. Hebert (2) a déjà considérée comme espèce distincte de la L. com- mulata, à laquelle M. Nyst l'a rapportée à tort, en est très- différente. Elle ne se distingue pas moins facilement de la Lucina pulchella, Acass. 1845 (5), du calcaire grossier des environs de Paris, par sa taille constamment plus petite, par son impression musculaire du côté anal très-fortement tournée vers la partie centrale des valves, par le coude des stries onduleuses de sa surface, placé beaucoup plus près de la ligne médiane, et enfin, par la carène de sa région anale. (1) Ces stries forment, vers le milieu du dos des valves, un angle très-ouvert, et sont même presque droites dans plusieurs de mes échantillons. (2) Bulletin de la Société géologique de France, 2 série, vol. VI, p. 464. (5) Lucina divaricata, Laumx. Desu. (NON LiNNé). (304) Localités. — Elle n’a été trouvée jusqu’à présent que dans les sables blancs de Bergh, près Klein-Spauwen. Explication des figures. Fig. 4 a. Valve droite de grandeur naturelle, vue à l'extérieur. Dé ma col- lection. | b. La même valve vue du même côté et grossie au triple de sa gran- deur naturelle. c. La même valve également grossie et vue en dedans. D. ASTARTE PLICATELLA, NOV. Spec. 1851. j (Fig. 5 a, b, c.) Les valves de cette très-petite Astarte sont comprimées , arrondies-subtrigones, presque aussi hautes que longues, légèrement inéquilatérales. Leur côté buceal est un peu plus court que le côté anal. Leur surface est couverte de quelques faibles plis d’accroissement , entre lesquels on remarque un très-grand nombre de stries extrêmement fines et très-rapprochées les unes des autres. Les crochets sont obtus et peu proéminents. La charnière est très-pro- noncée; le labre est crénelé et offre, le long des bords buecal et anal, des plis obliques, très-gros et très-remarquables, surtout le long de ce dernier bord. La lunule est nulle. Dimensions. — Longueur, 4 millimètres; hauteur, 3 *s millimètres; épaisseur , 2 ‘2 millimètres. Rapports et différences. — Cette espèce ne peut être con- fondue avec aucune de ses nombreuses congénères déjà décrites. Elle est très-distinete et se fait remarquer par les plis obliques de son labre, le long des côtés anal et buccal. Localité. — Cette petite Astarte n’a été trouvée jusqu’à présent qu’à Lethen, dans le sable gris verdâtre de l'étage . - æ ae 7 Bull.de l'Acad. Loy. Tome XVYIL, L/'part. Pa. op. l 1 L U i a ; 2 J 4 r É Û b E 1.7 - A à 9 sy RAR L La rat, del Dess. var CE. Jevereyns, th de L'Zc220 À lig. z. Ligula fragiles. Bosg. V272 3. Nucula Z yellian «’. Dos | ON AMIS 0 724 4 Lucie ptdx. 774 lig. 3. Astarte plcatella abs ( 305 ) inférieur du système Tongrien. Elle parait être extrême- ment rare; je n’en ai recueilli que deux valves. Explication des figures. Fig. 5 a. Valve gauche de grandeur naturelle vue en dessus. De ma col- | lection. b. La même valve vue du même côté et grossie au quintuple de sa grandeur naturelle. 6. La même valve vue en dedans et grossie. ne Notice sur le rapport fait en 1851, à l’Académie de Munich, par M. Lamont, sur l'hypsométrie et la météorologie de la Bavière; par M. le commandant Delcros (1). Le journal l’Institut vient de rendre compte d'un rap- port fait en 1851, à l’Académie de Munich, par M. Lamont, directeur de l'Observatoire de cette ville. Ce savant , après y avoir fait connaître l’ensemble de ses remarquables tra- vaux sur la physique du AREA el sur la climatologie de la Bavière, dit : , Que voulant déterminer les altitudes de ses points d’ob- servalion, 1l a fait 400 mesures barométriques qui ont toutes pour base l'altitude du Frauenkirch de Munich, et il ajoute : « Toutes les opérations hypsométriques qui ont été en- » treprises en Bavière, ont pour point de départ le pavé » du Frauenkirch de Munich, et supposent connue la hau- (1) Voyez le journal l’Institut du 28 mai 1851, p. 174. (306 ) teur du pavé de cette église au-dessus du niveau de la mer. Autrefois on a admis généralement que la hauteur de ce pavé au-dessus de ce niveau était de 4569 pieds de Paris ou 509,67, tant d’après des déterminations barométriques, que par des calculs trigonométriques , dont les détails ne me sont pas d’ailleurs connus. Plus récemment, M. le commandant Delcros, du corps des ingénieurs français, a calculé de nouveau la distance zénithale et a trouvé cette hauteur de 28 pieds plus grande ou de 1597 pieds = 518"*,77. Une incertitude aussi considérable sur un point principal, base d’opéra- tions géodésiques, devait être considérée comme une circonstance fâcheuse, qu’il convenait de faire dispa- raître aussitôt que possible. » Il est probable que le traducteur de l’Institut ne nous donne pas le vrai sens de ce passage du rapport de M. La- mont : mais 1] faut bien que je réponde d'après ce texte inexact puisque l’auteur ne m'a rien communiqué. Le pavé de la cathédrale de Munich, ayant été consi- déré par nous comme un des points les plus importants de l’hypsométrie de l'Allemagne centrale, j'ai dû apporter tous mes soins à en fixer l'altitude avec toute la précision possible, par sa liaison avec nos points primordiaux de la nouvelle carte de France et de celle de l'Helvétie. M. La- mont ne pouvant connaître exactement la marche et la valeur de ma liaison , je dois m’empresser de rectifier ses idées à cet égard, dans l'intérêt de l’orographie de l'Alle- magne, dont Munich est devenu, par nos travaux, la base unique et primordiale. Les travaux géodésiques et hypsométriques des ingé- nieurs géographes français en Bavière, en Helvétie, en Italie et en France sont assez considérables, et assez re- VS 5 © SO Ov y Ty V__S VO vw. + ( 607 ) marquables par leur extrême exactitude, pour mériter d'être connus et appréciés par les savants de l'Europe. Or, excepté ceux exécutés en France à l’occasion de sa nou- velle carte, rien n’en a encore été publié. Ce qu’en dit M. Lamont relativement à la Bavière le prouve évidem- ment. Nous regrettons de ne pouvoir donner les détails de ces grandes opérations qui appartiennent aux archives du dépôt de la guerre et qui renferment tous nos titres justifi- califs. Ayant à mon appui cet irrécusable dossier, j'ose prier M. Lamont de me croire sur parole. Mais avant de faire connaître les résultats que nous avons obtenus, nous croyons utile, et même intéressant, d'en esquisser l’ensemble historique, pour donner une idée de l’exactitude à laquelle nous avons dû nécessaire- ment arriver. Nous dissiperons les doutes et les idées in- exactes qui existent encore, et peut-être obtiendrons-nous quelque flatteuse et juste approbation pour des travaux qui n’ont pas été sans peines et sans dévouement de notre part, mais qui sont restés stériles, pour nous seul, de ces nobles et pures récompenses si chères aux amis de Ja science. Parmi les ingénieurs qui ont coopéré à.ces grands tra- vaux de la Bavière et de l’Helvétié qui peuvent exister encore, je crois être le seul qui puisse, comme coopérateur et témoin, rendre un compte exact de leur énsemble, de leur marche et de leurs résultats. Non-seulement j'ai pris une grande part à ces mesures, mais j'ai, en outre, été chargé de leur calcul et de leur rédaction définitifs. D’ail- leurs, M. Lamont, me citant dans son rapport, je me _trouve personnellement compromis, et c’est un devoir et une obligation pour moi de lui répondre, tant pour éclai- ToME xvir. | 21. ( 308 ) cir ses doutes, que pour le rassurer complétement sur l'exactitude des bases de l’hypsométrie bavaroise ne ré- sultent de nos mesures. Une idée d'expansion libérale et scientifique parlée toujours sous l'enveloppe guerrière et despotique des luttes gigantesques de la première République et de l'Empire. La mémorable expédition. d'Égypte eut son Institut, ses ingénieurs de tous les services, et produisit, sous le pro- tectorat des baïonnettes et du génie, le beau monument qui fut admiré par l’Europe. A peine nos victoires nous eurent- elles donné une prépondérance éphémère sur l'Allemagne, l'Italie et l'Helvétie, que le chef de l'État, toujours attentif aux progrès de tout ce qui pouvait servir au but qu’il am- bitionnait d'atteindre, ordonna la levée des cartes de ces régions. | Ces grands travaux géodésiques furent soumis à un plan d'ensemble qui devait les rattacher, par la haute géodésie , au tronc principal, à la France. D'importants perfectionnements y furent introduits, et y produisirent une révolution complète. La coordonnée altitudinale, dont l'absence rendait les topographies stériles, fut exigée, et de là naquit la triangulation hypsométrique, qui marcha parallèlement à la géodésie, et s’appropria toute son exactitude. À ce progrès vint s'ajouter l'adoption exclusive du cerele répétiteur, déjà appliqué à la mesure de la méridienne de France, et des méthodes de calcul employées et créées par Legendre et Delambre. Telles furent les bases de départ des travaux que nous allions exécuter. Elles constituaient une vraie réforme en géodésie, en introduisant dans nos mesures une faculté d’exactitude n'ayant de limites que dans les perturbations ( 509 ) inévitables dépendantes de l’état physique du milieu aérien traversé par les trajectoires. Dans la distribution de ces travaux, je fus attaché à ceux de l’Helvétie et de la vallée Rhénane, jusqu’au Mont- Tonnerre et Mayence, et ma position y fut telle, que j'en dirigeai et en exécutai la majeure partie, ce qui fait que je suis seul à pouvoir en parler avec une complète connais- sance. La position de l’Helvétie en faisait le nœud de toutes les mesures projetées. En effet, ce fut à ses triangles que nous rattachâämes ceux de la Bavière, de l'Italie, des départe- ments réunis, du nord de l'Allemagne et des Pays-Bas, et ce fut à la grande base mesurée par nous à Ensisheim en Alsace ; avec les perches de platine, que vint s'appuyer l'extrémité orientale du parallèle de Brest à Strasbourg, dont nous jetèmes les premiers fondements, et qui en- suite s'étendit, par l'Allemagne et l’Autriche, jusqu'en Pologne, et devait même être continué à travers la Rus- sie, si nous n'avions pas rencontré des méfiances et des prétentions nationales, si regrettables en présence des intérêts de la science. Partant de la base d'Ensisheim, nous couvrimes de nos triangles la majeure partie de l’Helvétie; je liai Munich et la base mesurée près de cette ville par le colonel Bonne, directeur de la carte de la Bavière; j’enchaînai Genève et son lac à Strasbourg; la base d’Ensisheim à celle mesu- rée près de Darmstadt, par les conseillers Eckhardt et Schleiermacher; je me rattachai au canevas des dépar- tements réunis au Mont-Tonnerre, dernière station du colonel Tranchots, et aux triangles de la Westphalie et des Pays-Bas hollandais, par la base de Münster, mesurée par mon honorable ami M. Eckhardt, C'est ainsi que se ( 510 ) trouvèrent liés géodésiquement les observatoires de Stras- bourg, du Lichtenberg, de Manheim, du Luisberg, de Münster, de Gotha, de Berne, de Genève et de Munich, centres et bases géonomiques de tous les travaux dont il m'est impossible de donner les détails. Cette notice ayant particulièrement pour objet le sidi lement général de cette partie de l’Europe centrale, qui embrasse l'Allemagne, l'Helvétie, ltalie et la France, nous allons entrer à cet égard dans les développements sommaires indispensables. Placé, comme nous l'avons déjà dit, au centre du vaste réseau géodésique qui allait couvrir ces régions, nous dûmes nous préoccuper des bases hypsométriques dont l’exactitude devait répondre à l'importance de leur desti- nation. Ne pouvant, à cette époque, être lié au niveau des mers, nous nous vimes forcé d'adopter provisoirement des mesures barométriques. Strasbourg nous fournit la pre- mière donnée, mais la moyenne sur laquelle elle était fondée, ne pouvait me satisfaire, vu qu’elle ne remplissait aucune des conditions d’exactitude que je devais désirer. Afin de la vérifier, je liai le niveau du lac de Genève à mon point de départ de Strasbourg; je calculai l'altitude de ce lac avec les observations barométriques correspon- dantes faites à Genève, par Sénébier, et sur la Méditerra- née, par le célèbre Deluc , et je trouvai cette hauteur de 375 mètres, tandis que Strasbourg me la donnait d'environ 50 mètres plus forte. Je me trouvai alors dans une incer- titude désolante. Deluc m'offrait son incontestable habi- leté et sa double détermination, par Arles et par Gênes et Turin. Ce fut dans cette circonstance que, pour lever tous les doutes que j'avais à l’égard de Strasbourg, je fis venir de Paris le baromètre de Fortin, comparé par M. Bouvard (511) à celui de l'observatoire. C’est ce baromètre qui est devenu mon étalon et auquel j'ai comparé une foule de baromè- tres, après lui avoir fait subir l'épreuve de plusieurs expé- riences rigoureuses pour vérifier s’il donnait directement la pression absolue. Cet instrument confirma bientôt ce que je soupçonnais, que la hauteur de Strasbourg était erro- née, et me donna un résultat s’accordant exactement avec celui que la mesure de Delue assignait au lac de Genève. Cette histoire d’un modeste baromètre, dissipant en quelques jours toutes les incertitudes que tant de mesures géodésiques n'avaient pu éclairer, et cela avecune précision telle que rien n’y a été changé depuis nos liaisons avec l'Océan et la Méditerranée, cette histoire, disons-nous, offre assez d’intérêt pour que l'on nous pardonne de nous y être arrêté un instant. Ce fut en partant de Strasbourg et de Genève que je dé- terminai l'altitude du pavé du Frauhenkirch de Munich, au moyen d'une triple chaine de triangles hypsométriques, dont tous les angles, sans une seule exception, avaient été mesurés au cercle répétiteur, par plusieurs séries apo- zénithales. C’est cette altitude trouvée : mèt. Par la série du Peissenberg égale à . . . . . 518,69 Par celle du Bénédictenwand de . . . . . . 518,85 Dont la moyenne est égale à. . .. . . . . . 518,77 que M. Lamont cite comme le résultat de mes nouveaux calculs et qu'il compare à l'ancienne version , de source problématique, qui donnait 509",67 pour cette même alti- tude. Une telle discordance inquiète M. Lamont, et c’est pour la faire disparaître qu’il annonce à l’Académie le pro- jet qu'il a conçu de lier Munich au niveau de l’Adriatique, opération délicate, longue et pénible et que, nous le prions (312) de nous le pardonner, nous croyons pouvoir considérer comme tout à fait inutile. Ce savant sera sans nul doute de notre avis, lorsqu'il aura lu et médité la suite de cette notice. D'abord, je puis rassurer M. Lamont sur les erreurs qui auraient pu nous échapper dans ces longs calculs, car outre que je les ai répétés jusqu’à trois fois, et que mon collaborateur, M. Choppin, les a vérifiés à l’occasion de la liaison de Munich à l'Helvétie, je fus chargé, en 1817, par le colonel Bonne de refaire définitivement tous les calculs géonomiques, géodésiques et hypsométriques du canevas bavarois, de les établir sur les bases de Munich et d'En- sisheim , que j'avais trouvées d'accord, et de prendre Stras- bourg et Genève, aussi trouvés d’altitudes concordantes , pour bases altitudinales. Tous ces ealeuls nouveaux furent faits doubles et rédigés définitivement par moi seul et déposés dans les archives du dépôt de la guerre, où ils peu- vent être consultés. Ensuite, je ferai connaitre à M. Lamont, que la discor- dance qu’il cite provient, cela n’est nullement douteux pour moi, d'une autre source que celle qu'il présume. Cette discordance vient très-probablement de l’Adriatique par la voie autrichienne, ainsi que nous allons en fournir _une suite de preuves irrécusables. | Lorsqu'en 1818, les travaux de la nouvelle carte de France commencèrent, les mesures de plusieurs parallèles et de plusieurs méridiennés furent confiées à nos plus habiles opérateurs, les colonels Bonne, Brousseaud et Co- rabœuf. J'eus en partage plusieurs sections des méridiennes de Sedan à Marseille, de Bayeux, et je fus chargé de la rectification de la méridienne de Paris, entre Fontaine- bleau et Bourges. Les parallèles de Brest, de Nantes, de (515) Cordouan, partant de l'Océan, mesurés avec tout le luxe et l’on peut dire avec toute l’exagération de la précision mo- derne, aboutirent, vers l'Est, à Strasbourg et sur la frontière helvétique, à mes points de Genève, de la Dôle, du Chas- seral sur le faîte Jurassique, tandis que ma méridienne de Marseille, partant du niveau de la Méditerranée au phare de Planier, venait croiser ces parallèles et. se raccorder avec eux. Toutes ces chaînes hypsométriques partaient immédiatement du niveau moyen de la mer, déterminé très-soigneusement par l’observation des hautes et basses eaux. Voici les résultats de ces liaisons : Altitude de la base de mon signal du Chasseral hs par ma chaîne de Strasbourg à Genève. . + . 1611,35 Même altitude déduite de l'Océan à Noirmou- tiers par le parallèle de Bourges, par le colonel Corabœur . . . . _ 1611,46 Même altitude déduite de l'Océan au tnt de Cordouan par le parallèle de Lyon, mesuré par le colonel Brousseaud . . . 1611,68 Même altitude déduite de la Médiicrtunée au phare de Planier par la méridienne de Marseille, par le commandant Delcros . . . . . . . 1611,25 Moyenne altitude du Chasseral . . . . . 1611,43 Nous avons encore : Altitude de la base de mon signal de la Dôle par ma chaîne de Strasbourg. . . .,. . . . 1680,74 Mêmealtitudedéduitede l'Océan à Noirmoutiers parle parallèle de Bourges, parle colonel Corabœuf. 1680,85 Même altitude déduite de l'Océan au phare de Cordouan par le parallèle de Lyon, par le colonel Brousseaud . . F 1681,07 Même altitude déduite de la Méditerranée au (314) phare de Planier par la méridienne de Marseille Wa! à Sedan , par le commandant Deleros . . …. . 1680,64 Moyenne altitude de la Dôle . . . . . . 1680,82 C’est sur ces bases vérifiées et pour ainsi dire sanction- nées par un si étonnant accord, quoique d'origines si di- verses el si indépendantes, que j'ai fondé toute l’hypsomé- trie de l'Helvétie, de la Bavière et de toute la zone rhénane qui s'étend du lac de Constance au Zuider-Zée, par les travaux que le conseiller Eckhardt a repris au Feld- berg et à Darmstadt, où la guerre m'avait forcé de les abandonner. Ce sont ces bases qui m'ont donné pour le pavé du Frauenkirch de Munich : Mèt. L'altitude que j'ai déjà rapportée égale à . . . . 518,77 que les Bavaroïs faisaient de. . . . . . . . . 509,67 dont'la: discordance est: 2 1j it, oies sou D 010 La détermination bavaroise vient de l’Adriatique par la voie autrichienne, et nous la trouvons trop faible de 9,10. Mais poursuivons. Les ingénieurs de la Confédération helvétique ayant complété la géodésie de leur pays, que l'invasion de 1814 nous avait empêché de terminer, nous trouvàmes en par- tant de nos bases, et par l'ensemble de nos triangulations réunies, qui se lient, dans le Tyrol, avec les triangles des Autrichiens, les résultats suivants : Altitude du Kumenberg donnée par les Autri- ÿeé chiens, en partant du niveau de l'Adriatique. . 662,37 La même altitude conclue par les triangles franco-helvétiques et mes bases liées à l'Océan OUR HLROUNARPANOE 0 à Lu 670,00 L’altitude autrichienne. trop faible de... . à. —7,63 (345 ) Altitude du Frastenzersand donnée par nos Mt. bases comme ci-dessus. . .. à 1636,53 La même donnée par les Auilobiens li fuir DOnatique. nd, 1627,58 L'altitude autrichienne trop faible de . . . — 8,75 Altitude du Fundelkopf déterminée par les Au- trichiens et par l’Adriatique . . . . . à 2394,68 La même conclue de nos bases comme ci- ons AP D RAC ART Pac ER € PATENT 7 TE SATA TNT ES 2405,80 L’altitude autrichienne trop faible de. . . . —9,12 La moyenne de ces.trois discordances de même signe est de . . . . à — 8,50 Or, le Frauenkirh ds Munich \ nous à done | DUUN COUIE MIOUEORRCS 7 TRE MON —9,10 Cet accord nous semble dire quelque chose. Nous allons le confirmer encore par une grande autorité scientifique. Un troisième fait, qui vient à l'appui de ces deux pre- miers, nous est fourni par le célèbre astronome Plana, dans son beau travail sur la mesure d'un arc de parallèle en Piémont, qui est le prolongement de celui mesuré en France, par le colonel Brousseaud, depuis l'Océan, au phare de Cordouan, jusqu'aux triangles Piémontais et Lombardo-Autrichiens, venant de lAdriatique. Les alti- tudes des points communs à ces deux mesures, conclues du golfe Adriatique, sont plus faibles, en moyenne, que celles conclues de l'Océan, de 8 mètres. Ma chaîne de la méridienne de Marseille à Lyon, partant de la Méditer- ranée au phare de Planier, me donne exactement la même discordance de 8 mètres avec les altitudes provenant de l’Adriatique. Cet accord, fourni par quatre liaisons aussi indépen- : ( 316 ) dantes, ne peut laisser aucun doute sur la faiblesse de 8 à 9 mètres, qui affecte constamment les altitudes de pro- venance Austro-Adriatique, comparées à celles venant de l'Océan et de la Méditerranée. Qu'il nous soit donc permis d'engager messieurs les ingénieurs autrichiens, au nom de l’orographie de l'Allemagne, à revoir leurs bases de départ et à étudier sur les lieux si la discordanceen question n’au- rait pas pour origine une erreur d'altitude sur leur point de départ, pris sur quelque monument près de la mer, mais non vérifié par eux. C’est ce qui nous était arrivé au phare de Cordouan, dont on avait adopté d’abord l'altitude donnée par les ingénieurs des ponts et chaussées, que le colonel Brousseaud constata depuis en erreur de plusieurs mètres. Cette question de l’exhaussement du niveau du golfe Adriatique au-dessus de celui de la Méditerranée et de l'Océan, qui résulterait de la comparaison de nos nivelle- ments avec ceux des Autrichiens, est trop importante pour rester sans réponse exacte et incontestable. Nous avons grandement fourni notre contingent en liant le niveau de nos mers au pavé du Frauenkirch de Munich. Aux ingé- nieurs autrichiens est dévolue la seconde partie de cette vaste opération, qui doit mettre en rapport exact l'Océan et l’Adriatique et poser au centre de l'Allemagne la base incontestable de son orographie. Il nous est impossible de concevoir l’Adriatique plus élevée que la Méditerranée de 8 à 9 mètres. M. le baron de Humboldt, avec qui j'en ai causé, partage mes doutes et mes idées à cet égard. Nous sommes persuadé que nos honorables émules de l'Autriche s'empresseront de répondre à notre appel. Que si l'on nous opposait, ce qui à été soutenu plusieurs fois, que la Méditerranée n’est pas de niveau avec POcéan, nous opposerions les faits suivants : (517) 4° Mes altitudes venant de la Méditerranée sont toutes exactement concordantes avec celles dérivées de l'Océan. 2% M. le colonel Corabœuf a mesuré, avec une extrême précision et toute habileté qu'on lui connaît, une chaîne hypsométrique partant de la Méditerranée, près Perpi- gnan, et aboutissant à l'Océan, à Bayonne. En soumet- tant cette triple série de différences de niveau à tous les calculs.et à toutes les épreuves, feu le colonel Puissant en a déduit que ces deux mers ont leurs surfaces moyennes d'équilibre de niveau, dans les limites fort mi- nimes des erreurs probables de la mesure géodésique. 5° Lorsque je liai notre base d'Ensisheim avec celles mesurées près de Darmstadt par MM. les conseillers Eckhardt et Schleiermacher et près de Spire par un autre savant allemand, je déterminai très-soigneusement l’alti- tude de la galerie de la tour de la cathédrale de Darmstadt, en partant de Strasbourg fondé sur l'Océan et la Méditer- ranée. Cette altitude de Darmstadt que j'avais liée au nord avec Frankfurt-am-Main et le sommet du Feldberg et celui du Mont-Tonnerre, fut ensuite enchainée par la Westphalie, la Prusse et les Pays-Bas, au niveau moyen du Zuider-Zée, près Amsterdam. Voici les résultats de cet immense nivel- lement de près de trois cents lieues : Altitude du sommet de la galerie supérieure de la tour de Darmstadt, au-dessus de l'Océan et de la av Méditerranée par nos triangles et ma liaison. . . 187,49 La même altitude conclue du niveau moyen du Zuider-Zée, par les ingénieurs allemands, résultat qui m'a été communiqué officiellement en 1840, par M. Schleiermacher, alors Ministre des travaux pu- blies et des mines de Darmstadt. . , . . . . 187,30 ee Ea discordance n’est que de *. . . . . . . 0,19 (3148) Tous ces faits hypsométriques ne peuvent laisser sub- sister aucun doute sur la parfaite identité des niveaux moyens des mers qui communiquent entre elles. On ne peut plus nous objecter la différence de niveau de 8 mè- tres, trouvée par nos ingénieurs des ponts et chaussées, lors de l'expédition d'Égypte, actuellement qu'un récent nivellement vient de nous apprendre que le golfe Arabique est exactement de niveau avec la Méditerranée. Tous les faits que nous venons de rapporter nous sem- blent prouver surabondamment : 1° Que les surfaces moyennes d'équilibre des mers qui communiquent librement entre elles sont de niveau. Nous accorderons que ces surfaces oscillent, par plusieurs causes sublunaires ou cosmiques, autour de la moyenne générale et invariable qui appartient à notre sphéroïde de révolution, et participe à toutes ses irrégularités. Les ni- veaux terrestres, donnés par nos instruments, appartien- nent à celte surface d'équilibre irrégulière, mais ils n’en sont pas moins de niveau. La géologie nous fait connaître la cause de ces irrégularités, de ces déviations des nor- males, si souvent signalées par la géonomie, et qui nous ont tant contrarié dans le cours de nos travaux. 2° Enfin, que les nivellements qui s'appuient sur le golfe Adriatique sont trop faibles d'environ 8 à 9 mètres, sion les compare à l'Océan et au golfe de Lyon dans la Méditerranée. Le rapport de M. Lamont dit ensuite : « Il n’y a pas de difficulté, d'après la méthode indiquée dans mon rapport de lan dernier, pour déterminer la différence des hauteurs entre Munich et la pointe du Grossglochners ou du Venedigerhorns. Si on trouvait, en effet, au sud de la chaîne des Alpes, un nombre de stations suffisant d'où l'on pût apercevoir la crête de ces . EE AR EP — (319) » ihontagnes et en même temps un point dans le voisinage » de la mer Adriatique, le but serait atteint de la manière » la plus facile. C’est ce que j'ai cherché et aussitôt que je » J'aurai trouvé, l'opération géodésique commencera. » . Nous sommes encore forcé de nous en rapporter à celte traduction, sans doute imparfaite du journal. Nous ne pouvons comprendre cette absence de difficultés dans une opération aussi considérable et cette manière si facile d’ar- river à la vérification de notre altitude de Munich, et cela en ayant à franchir un faite primordial et un espace dif- ficile de 70 à 80 lieues d’étendue, pour arriver au niveau de l’Adriatique, dont il faudra déterminer exactement la hauteur moyenne, car le flot de la marée, presque insen- sible dans le golfe de Lyon, nous à paru assez élevé dans le fond de celui de Venise. En outre, pour répondre à l'exactitude de notre déter- mination de Munich, il faudra consacrer à cette nouvelle opération bien du temps, bien des soins scrupuleux, et surtout faire intervenir dans cette liaison plusieurs chaînes hypsométriques, ainsi que nous l'avons fait entre Munich, l'Océan et la Méditerranée. Cette opération n’est pas de celles que lon peut enlever lestement; elle exigera un développement géodésique indispensable, que l’on ne sau- rait prévoir d'avance, et une durée dépendante des circon- stances des lieux et des temps, souvent si Contrariantes. _ Nous ne saurions trop applaudir M. Lamont de son louable projet, qui, s'il n’a pas, pour l'altitude de Munich, toute l'importance qu'il lui attribue, nous dotera d’une précieuse récolte de savantes recherches sur la physique du globe, la météorologie, et les réfractions terrestres, dont le calcul est encore assez incomplet. Venant après nous dans la carrière, muni d’une provision de moyens de ( 320 ) mensuration que nous n'avions pas, non parce que nous les négligions, mais parce qu’ils m’avaient été refusés, et même interdits, il portera dans ses déterminations hypso- métriques une précision que nous désirons vivement et que nous applaudirons avec franchise et bonheur, car nous avons toujours professé le culte de l'exactitude. Mais tous ces résultats, toutes ces recherches que nous désirons dans l'intérêt de la science, sont en dehors du but avoué dans le rapport, qui est de faire cesser l'incertitude qui aflecte l'altitude de Munich, Nous croyons que cette incertitude n'existe réellement pas, et nous nous flattons de l'avoir surabondamment prouvé. Cependant, si les savants d'Allemagne persistent à demander une vérifica- tion d'opérations dont M. Lamont n’est nullement respon- sable, ce sera aux ingénieurs autrichiens à s’en charger, car ce sont leurs opérations qui sont en désaccord avec les nôtres, et c'est à eux qu'est dévolue la tâche de faire dis- paraître une telle discordance. Nous engageons M. Lamont à nous accorder assez de confiance pour admettre comme exacte notre détermination, que nous-même nous n’esti- mons qu’en raison du grand nombre de résultats concor- dants et indépendants dont elle est la moyenne. Elle doit suffire à l’orographie, à la physique du globe, à la météo- rologie, et aux avant-projets de tous les travaux publics ayant pour objet le régime des eaux et la locomotion dans le royaume bavaroïis. Nous serions d’autant plus flatté de cette honorable adoption, que nous professons pour le savant directeur de l'Observatoire de Munich, l'estime la plus vraie, et la considération la plus distinguée. = La prochaine séance ést fixée au samedi 8 novémbre. + us (32 ) CLASSE DES LETTRES. em Séance du 6 octobre 1851. M. le baron de GERLACHE, vice-directeur, occupe le fau- teuil. M. QuereLer, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. le chevalier Marchal, Steur, le baron de Stassart, De Ram, Roulez, Lesbroussart, Sylvain Van de Weyer, Gachard, A. Borgnet, le baron J. de Saint- Genois, David, De Decker, Schayes, Snellaert, Carton, J.-J. Haus, Bormans, M.-L. Polain, J. De Witte, mem- bres; Blondeau, Nolet de Brauweré van Steeland, asso- ciés ; Bernard, Arendt, Chalon, correspondants. M. Alvin, membre de la classe des beaux-arts, et M. Félix du Puits, président de la Société française des antiquaires de l'Ouest, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait connaître que le Gou- vernement ajoutera une somme de 600 francs à la médaille d'or promise par l’Académie, dans son programme du (322 ) concours pour 1852, en faveur du meilleur mémoire sur la question : Quelles ont été, jusqu'à l'avénement de Charles-Quint, les relations politiques et cominerciales des Belges avec l'An- gleterre. — Le secrétaire perpétuel dépose des lettres de remer- ciments du Congrès littéraire hollando-belge et du Con- - grès hygiénique belge pour le concours bienveillant de l’Académie, pendant leurs dernières sessions. — M. Namur, secrétaire de la Société archéologique du grand-duché de Luxembourg, fait parvenir deux rapports, l’un sur quelques inscriptions votives découvertes à Giro- mont, près de Géronville, l’autre sur suis tombes gallo- franques de Wecker. — La Société-des antiquaires de Londres remercie l'A- cadémie pour l'envoi de ses publications. — M. Ad. Mathieu, correspondant de la classe, fait hommage de plusieurs ouvrages, qui seront mentionnés dans le Bulletin de la séance. — Remerciments. RAPPORTS. - Prix quinquennal d'histoire. — Rapports sur une proposition du jury. Le jury institué pour décerner le prix d'histoire de la première période quinquennale, avait exprimé le vœu qu'un de ses membres füt chargé de rédiger un résumé (325) analytique et critique des publications faites sur l’histoire du pays depuis 1830. Par sa lettre du 10 juin dernier, M. le Ministre de l’in- térieur avait fait connaître qu’il jugeait plus convenable que l'ouvrage demandé füt publié sous le patronage de l’Académie que sous celui du Gouvernement, lequel se bor- nerait à intervenir, s'il y avait lieu, par un encouragement pécuniaire. Ce haut fonctionnaire demandait, en consé- quence, si la classe des lettres approuvait le plan du rap- port proposé par le jury, et si elle croyait convenable d’en- treprendre dès à présent ce travail important. Hiapport de FI, Horgnet, « Le jury, institué pour décerner le prix d'histoire de la première période quinquennale, a fait, le 5 mai der- nier, à M. le Ministre de l’intérieur, la proposition de char- ger l’un de ses membres, notre savant confrère M. Moke, de rédiger un résumé analytique et critique des publications faites sur l'histoire du pays depuis 1830, précédé d'un aperçu des travaux antérieurs, en remontant jusqu'au règne de Marie-Thérèse. Avant de statuer sur cette proposition, M. le Ministre de l'intérieur désire savoir si la classe des lettres approuve le plan du travail proposé par le jury, et si elle croit conve- nable d'entreprendre dès maintenant ce travail important. J'ai pensé, dit-il encore dans sa dépêche, qu'il serait plus convenable que l'ouvrage , demandé par le jury, füt publié sous le patronage de l’Académie que sous celui du Gouver- nement. De son côté, le Gouvernement pourrait, s'il y avait lieu, intervenir par un encouragement pécuniaire. TomME xvin. 22. (524 ) On vous demande un avis, et sur la proposition même du jury du prix quinquennal, et sur votre patronage à accorder au livre, | Au fond, celivre doit être un véritable compte rendu de tous les ouvrages publiés, depuis vingt ans, sur l’histoire de notre pays. Or, il y a deux manières de remplir cette tâche : l’une qui consiste à ne voir que la forme, et pour laquelle il suflit d'ordinaire de consulter la table, puis de feuilleter rapidement, sauf à s'arrêter aux passages qui attirent l'attention; l’autre qui consiste à juger aussi le fond , à se rendre un compte exact des difficultés que l’au- teur a dû surmonter, des services réels qu'il a rendus à l'étude de la période historique traitée par lui. Comme il ne peut s'agir ici que d’un examen sérieux et consciencieux, qui porte sur le fond non moins que sur la forme, je me. suis demandé si le jury, en faisant sa pro- position, en avait bien saisi la portée et calculé toutes les conséquences; si, dans l'état où, malgré d’incontestables progrès, se trouve encore actuellement la science histori- que chez nous, avec la connaissance nécessairement in- complète de nos annales, il croyait son plan réalisable. Je me trouve d'autant plus à l'aise pour répondre à cette question, que notre confrère est resté étranger à la proposition qui le concerne. Lui-même, j'en suis con- vaincu, sera d'accord avec mot pour proclamer que notre histoire, à l'exception d’un petit nombre d’époques, est à refaire ; qu’il n'existe pas un savant qui puisse se vanter d'en connaître exactement toutes les parties; qu'il n’est, en conséquence, pérsonne qui soit apte à bien juger tous les livres indistinctement dont cette histoire a été Pobjet. En déclarant impossible actuellement l’accomplisse- ment sérieux d’une semblable tâche, je me prononce con- ( 325 }) tré le plan du travail proposé, et surtout contre l’idée de l’entreprendre dès maintenant. J'ai donc répondu à la pre- mière des deux questions que nous adresse M. le Ministre de l'intérieur. Reste la seconde, celle de votre patronage. Les statuts de l’Académie ne lui reconnaissent pas le droit de faire d’autres publications que celle que contien- nent les collections de ses Mémoires et de ses Bulletins. C'est là, je crois, le seul patronage qu’elle puisse exer- cer. L'œuvre qu'il s’agit de confier à l’habileté bien connue et au savoir de notre confrère, ne paraît pas devoir rentrer dans le cadre ordinaire de nos publications, puisqu'il est question, nous apprend le jury, de la rédaction d’un ta- bleau du progrès des études historiques, qui doit former à lui seul un volume assez considérable. Évidemment ce n'est pas là un travail académique. ! J'admets cependant qu'il soit envisagé comme tel. Qu'en résultera-t-1l? L'obligation de le soumettre aux formalités requises pour toutes les publications de la Compagnie : communication préalable du manuscrit, rapport des com- missaires, discussion de ce rapport. Reste à savoir s'il se _ trouvera parmi nous trois hommes pour accepter une charge, qui leur imposera l'obligation de faire eux-mêmes connaissance avec tous les livres sur lesquels portera l'examen critique de l’auteur. Avec nos statuts, jé regarde comme impossible de pro- céder différemment. Il serait d’ailleurs injuste d'exiger que l’Académie accordât son patronage à une œuvre, fût- elle d’un de ses membres, sans lui laisser les moyens de reconnaître si cé patronage est mérité. Quand :l s’agit d'un travail de l'importance de celui qui est demandé à M. Moke, le moins qu'elle puissé faire sans doute, c’est de (326 ) s'entourer des précautions dont elle s'entoure dans des cas moins graves. À cet égard, il y a donc à répondre à M. le Ministre de l’intérieur que, d’après son règlement, l’Académie n’a d'autre patronage à exercer que celui qui consiste à im- primer une œuvre littéraire dans l’un de ses recueils ; que les formalités à remplir sont tracées, et qu'il ne lui appar- tient pas de s’en écarter. » M. Grandgagnage ajoute les remarques suivantes aux considérations présentées par M. Borgnet : « Les graves considérations que M. Borgnet fait valoir me font douter que l’Académie puisse prendre sous son patronage la publication proposée. Je souhaite néanmoins que le Gouvernement fasse entreprendre un ouvrage de ce genre; tout imparfait qu'il puisse être, un tel ouvrage sera toujours utile et intéressant , en présentant le tableau général de ces travaux historiques. » Rapport de M, l’abbé Carton. « J'apprécie tout autrement que mon honorable con- frère, M. Borgnet, la proposition émise par le jury établi pour décerner le prix quinquennal ; et comme nos conclu- sions diffèrent essentiellement, je suis obligé de donner quelque développement à mon opinion. Au fond, dit M. Borgnet, le livre que demande le jury doit étre un vérilable compte rendu de tous les ouvrages pu- bliés depuis vingt ans sur l'histoire de notre pays, et comme il ne peut s'agir ici, dit-il, que d’un examen sérieux et (327 ) consciencieux qui porte sur le fond non moins que sur la forme, je me demande, y ajoute-t-il, si le jury, en faisant sa proposition en a bien saisi la portée et calculé toules les conséquences ? Il m'a paru, Messieurs , que l'honorable rapporteur s’est mépris ici sur les intentions des membres du jury et sur la nature du travail qu’ils demandent. Il ne s’agit plus, selon nous, d'examiner de nombreuses publications historiques, pour juger à la fois le fond et la forme de chacune , en se rendant un compte exact des difji- cultés que l'auteur a dû surmonter et des services réels qu'il a rendus à l'étude de la période historique traitée par lui. Cet examen n’a plus d'objet depuis que le jury du prix quinquennal, s’attachant expressément à récompenser ce double mérite, à signalé à l'attention du Gouvernement et à celle des érudits l'œuvre qui lui a paru la plus digne d’une distinction nationale. Appliquer avec quelque soin le même système à deux cents ouvrages, demanderait un temps trop considérable pour qu’on puisse exiger ce sacrifice de personne ; le plus courageux savant reculerait d’ailleurs devant une tâche qui exposerait à de nombreux inconvénients et à d’inévitables désagréments; et quelle utilité pourrait-il résulter d'un travail dans lequel l’auteur, se posant en Aristarque gé- méral, distribuerait par numéro d'ordre, à chaque écrivain, sa part de blâme pour ses ouvrages publiés et sa part de conseils pour ses travaux ultérieurs, en y ajoutant, peut- être, pour correctif, un petit complément sur son style ou sur l'excellence de son plan? Ce travail serait sans portée. Si je ne me trompe, le seul but que le jury se soit pro- -posé d'atteindre, c’est d'obtenir que le savant qu’il a dé- signé, veuille bien, dans un ouvrage, publié non comme ( 328 ) : œuvre académique , mais sous le patronage de l’Académie, _Coustater l’état actuel des études historiques; tracer le tableau complet des découvertes faites depuis vingt ans; dresser l'inventaire des richesses acquises à la science; fixer le point de départ pour des travaux ultérieurs, et montrer un peu le passif et l'actif de la science. Cette mission exige de profondes connaissances, mais n'offre rien de désagréable, rien d’ingrat; l’auteur n'aurait jamais à blâmer un ouvrage en particulier; en indiquant les points de notre histoire encore incomplétement éelair- cis, en signalant les lacunes que laissent les travaux his- toriques, on ne froisserait aucun amour-propre : lorsque tout le monde est coupable, personne ne se croit accusé ou humilié, et, l'expérience l’a prouvé, une lacune indi- quée est presqu'une lacune comblée. Nous en avons un exemple frappant dans la réhabilita- tion d’Artevelde, si mal jugé jusqu'à nos jours. Le prince qu'il avait éontrarié dans ses projets ambitieux ou despoti- ques; les Français qu’il avait combattus sans cesse; ses ingrats concitoyens qui l’avaient assassiné, tous avaient intérêt à flétrir son nom et ses actes, et l'opinion publique ayant adopté ce jugement intéressé, Artevelde fut un vil révolutionnaire , un brasseur de bière. | En 1812, notre regrettable confrère, M. Cornelissen, essaya timidement, dans une note de son Discours sur L'ORIGINE DES CHAMBRES DE RHÉTORIQUE, de justifier Ce célèbre factieux, factieux au dernier point, dit-il, coupable SANS DOUTE envers son prince, mais à qui l'histoire eût dù pardonner QUELQUES ATTENTATS en faveur d'autres grandes qualités qui, pendant les sept années de son protectorat, ont élevé la Flandre au plus haut degré de richesse et de splen- deur. Ce timide appel à de nouvelles recherches, ce vœu ( 329 ) modeste de lui voir pardonner QUELQUES ATTENTATS, Ont amené ce changement complet dans l’appréciation de l’his- toire. Le factieux au dernier point est devenu le sage Gan- tois, l'honneur de sa ville, une gloire du pays à qui l'on élève des statues, à qui l’on consacre des places publiques. M. Cornelissen s'était permis de douter de l'exactitude d'un point historique qui semblait cependant acquis à la science; il exposa quelques-unes des raisons qu'une étude sérieuse lui avait dévoilées et qui lui paraissaient de nature à modifier le jugement de ses contemporains; il appela l'attention de la jeune génération sur une erreur probable de la tradition, et l’on sait combien ont été fécondes en ré- sultats curieux les quelques lignes qu’il écrivit sur ce sujet. C’est aux savants qui ont profondément médité sur l’his- toire de notre pays à diriger les nouvelles études et à marquer les sujets qui exigent de nouveaux développe- ments, de nouvelles lumières. Il faut de grandes con- naissances pour savoir douter raisonnablement; ce n’est qu'après bien des années de sérieuses recherches que l’on démêle enfin ce qui reste encore à éclaircir. I appartient à l’Académie de prendre cette haute direction des études, et le travail que demande le jury serait de nature à attein- dre le but; c’est mon opinion et je la crois bonne, car s'il est vrai que, dans les sciences , la connaissance et une notion exacte des découvertes faites contribuent à leur imprimer de nouveaux progrès, il me semble que cette observation s'applique surtout aux travaux de l’érudition historique. La science de l’histoire ne dépend pas, comme les autres sciences, de quelques principes établis par la raison ou par l'expérience et dont les déductions, les con- elusions, les applications peuvent être contrôlées ce le raisonnement seul. ( 350 }) La science historique consiste dans la connaissance d’une infinité de faits dont la moralité dépend de la volonté humaine; or, par suite de l'extrême mobilité de cette vo- lonté, ses intentions, ses décisions si multiples, si diver- sement nuancées, demandent à être fixées non pas par des _ présomptions, des suppositions, des conjectures, mais par des documents positifs. Ces documents consistent en mille fragments d’origine diverse, les uns enfouis dans la terre, les autres gravés sur la pierre ou tracés sur le parchemin, gerbes pré- cieuses, mais éparses. Ce que nous possédons est immense, mais éparpillé; les acquisitions faites depuis vingt ans sont des plus précieuses, mais disséminées dans mille vo- lumes. Le vœu du jury, c’est qu'une main savante réunisse ces fragments; qu'un homme expérimenté en apprécie la valeur , juge jusqu’à quel point la collection est complète, et dise quelles recherches, quelles fouilles il reste à faire. Durant les plus belles années de la jeunesse on dépense souvent une activité précieuse à enfoncer des portes ou- vertes depuis longtemps. Qu'un exposé du progrès de notre littérature historique soit dressé, qu’il fasse connaître, je le répète, ce qui a été fait et ce qui reste à faire, et les études historiques marcheront d’un pas plus sûr dans les voies déjà tracées et en ouvriront de nouvelles. Beaucoup de documents restent encore dans l’ombre et manquent à ceux qui les précèdent ou les suivent, et la lu- mière dès lors disparaît, le lien étroit est rompu, qui seul aurait permis à l'historien de s'élever à toute sa hauteur en jugeant, par l'examen attentif des faits, les rapports de développement ou de décadence qui existent entre la gran- deur politique et la grandeur morale d’une nation à une époque donnée. (381 ) Comme l'honorable M. Grandgagnage, nous croyons qu'une œuvre semblable serait aussi utile qu’intéressante, et nous pensons que le travail réclamé par le jury du prix quiuquennal peut et doit se faire. L'Académie ne saurait pas proclamer, sans manquer à ce qu’elle doit à elle-même et à toute notre littérature, qu'il n'existe pas un savant qui connaisse exactement toutes les parties de notre his- toire. J'avais d'abord l'intention d'exposer ici mes vues sur le système à suivre dans la rédaction de ce travail ; je me suis aperçu à temps que je ne pouvais pas me permettre cette témérité; le nom de celui de nos collègues auquel le jury du prix-quinquennal désirerait voir confier l’exécu- tion de cette œuvre, est une garantie qui ne permet pas de douter qu’elle ne mérite l'appui du Gouvernement, les applaudissements de l’Académie et la reconnaissance du pays. Il me reste, Messieurs, à dire quelques mots de la ques- tion de forme, qui me paraît d’ailleurs tout à fait secon- daire. Cet exposé pourrait être considéré comme une annexe du rapport sur le prix quinquennal adressé à M. le Ministre de l’intérieur. Si l’on voulait y voir un ouvrage distinct, nous ne ver- rions rien de contraire à notre règlement ni à nos usages, dans un vote favorable sur la question de subside qui nous est déférée, ni sur l'acceptation du patronage de cette pu- blication. L'Académie donnerait ainsi un nouveau gage de sa sol- licitude pour le développement des études historiques, désormais, inséparables de nos sentiments les plus chers d'indépendance et de nationalité. » ( 332 ) Après une discussion à laquelle prennent part MM. De Ram, Sylvain Van de Weyer, le baron de Stassart, Que- telet, Polain, Gachard et les commissaires, il est décidé que le rapport demandé doit être considéré comme un travail utile, et que la classe se chargera de le publier sous ses auspices, si le Gouvernement juge à propos de le faire exécuter. Règlement pour les prix quinquennaux. M. Quetelet fait connaître que la commission mixte, nommée par les classes des sciences et des lettres, pour la rédaction d'un projet de règlement pour les prix quin- quennaux, institués par arrêté royal du 6 juillet dernier, s’est réunie dans le courant du mois de septembre. Les membres présents étaient : MM. Leclereq, président de l’Académie; d'Omalius, Gachard et le secrétaire perpétuel. Les différents articles du règlement projeté ont été suc- cessivement lus et approuvés. Ils seront également soumis à la classe des sciences, dans sa prochaine réunion. Les concours se succéderaient dans l’ordre suivant : 1. Sciences naturelles. 2, Littérature française. 3. Sciences physiques et mathématiques. 4. Littérature flamande. 5. Sciences morales et politiques. Quant au prix quinquennal d'histoire, on continuerait à suivre l’ordre actuellement établi. ( 335 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Thierri de Flandre, empereur de Chypre au XIII° siècle; par M. Kervyn de Lettenhove. Sol pater et radius filius ejus erat. L'un des panégyristes de la maison de Bourgogne a célébré les merveilleux coups d'épée par lesquels le comte Philippe d'Alsace se signala aux bords du Jourdain. L’his- toire a peut-être quelque chose à ajouter à ces légendes. Laissons Philippe en présence de Nobilion, mais plaçons à côté de Nobiliter le fils du comte de Flandre, aussi no- ble, aussi intrépide que le fils du roi d’Albeline et comme lui, « quoique bastard quant à l’héritage, légitime par » vertueuses œuvres : » autre exémple de gloire et de cou- rage qu'Olivier de la Marche eût pu rapporter quand il S'efforça de justifier le hasard de la naissance de l’un des aïeux de Philippe le Beau, en citant tour à tour dans l'antiquité et dans le moyen âge, Bacchus, Persée, Minos, Hercule, Thésée, Thémistocle, Romulus, Fabius Maximus, le roi Artus, le preux Roland et le duc Guillaume de Nor- mandie. Dans les derniers jours du mois de février 4194, le comte de Flandre avait quitté Rome où se préparaient les fêtes du couronnement de Henri de Souabe, appelé à suc- céder à l'empereur Frédéric [*; Philippe d'Alsace, aussi bien que Frédéric Barberousse, devait trouver la mort à l’entrée de la Palestine, sans qu’il lui fût donné d’as- ( 554 ) surer par une fin héroïque la délivrance des lieux saints. Les rois de France et d'Angleterre avaient passé l'hiver à Messine , livrés à des querelles incessantes et ne se méfiant pas moins l’un de l’autre que de Tancrède, qui leur avait donné l'hospitalité. La croisade eût expiré sur le rivage de la Sicile, si le comte de Flandre n’eût calmé successive- ment l'irritation des deux monarques; il ne montra pas moins de prudence quand, fidèle à cet esprit de média- tion et de neutralité, il s'embarqua lui-même sur la flotte de Philippe-Auguste, en laissant un grand nombre des siens sur les vaisseaux de Richard Cœur de Lion. Les chroniqueurs ne nous ont point appris si Thierri de Flandre suivit son père ou s’il resta quelques jours de plus à Messine, mais cette dernière hypothèse est la plus probable, puisque nous trouvons parmi les chevaliers réunis autour de Richard, Robert de Tournehem, qui paraît avoir été, pendant toute la croisade, son compagnon d'aventures et de périls. Les croisés anglais avaient laissé derrière eux les gouf- fres de Seylla et de Charybde, ainsi que les tours élevées du monastère de Matta-Griffon, au haut desquelles on voyait souvent des globes de feu se reposer pendant l'orage. Les premiers jours de leur navigation s'étaient heureusement écoulés, quand, le vendredi saint, vers le soir, le vent d’Afri- que commença à souffler avec violence. Il fallut se résou- dre à chercher un refuge dans les ports de la Crète, mais deux galères, qui portaient la reine de Sicile et Bérengère de Navarre, avaient été poussées par la tempête vers les rivages de Chypre où ces princesses n’osèrent aborder, pré- férant la fureur des ondes agitées à la cruauté inhospi- talière dont d’autres naufragés avaient, sous leurs yeux, été les tristes victimes. ( 299 |} Richard l'apprit dès qu'il atteignit Rhodes. Impatient de se venger, il ordonna au pilote de se diriger vers Pile de Chypre, soumise alors à un tyran qui portait le titre éclatant d’empereur et le nom illustre d’Isaac Comnène. Deux victoires révélèrent l’irrésistible courage des croisés, et l’empereur de Chypre se vit réduit à promettre qu'il leur livrerait, comme otage, sa fille unique, jeune prin- cesse dont il semblait que la vie ne dût être qu’une longue suite d'épreuves, car dès son enfance, elle avait grandi prisonnière dans le palais de Bohémond, prince d’An- tioche. Cependant Isaac, aveuglé par cette honteuse duplicité commune à tous les Grecs du Bas-Empire, oublia bientôt ses serments. Vains efforts! Le roi d'Angleterre était trop redoutable pour qu'il pût être vaincu même par la ruse : il avait partagé le commandement de son armée avec Ro- bert de Tournehem, et il ne tarda point à la conduire devant une forteresse couronnée de créneaux. Cette forte- resse porte, dans quelques récits, le nom de Cythère, em- prunté peut-être à d’autres lieux célèbres sous le même ciel; ces vallées dont les citronniers, les figuiers, les gre- nadiers ont été, selon le récit des poëtes, plantés de la main même d’une déesse, sont celles de Paphos et d'Idalie. L'écho voluptueux de la lyre antique répond encore au souflle des brises embaumées : les visions mêmes de la mythologie semblent renaître voilées d'illusion et de mystère, lors- qu'une jeune fille, s'élançant des murailles menacées, vient se prosterner en suppliante aux pieds du roi d'Angleterre. Cest l’héritière de l'empire de Chypre; mais la Grèce, frappée de l'éclat de sa beauté, n’eût vu en elle que Cypris descendant de son temple pour répandre sur les fleurs (336 ) de l’île qui lui était consacrée, des parfums recueillis par les Grâces (1). Richard fit charger Isaac Comnène de chaines d'or et d'argent : moins sévère pour sa fille, il voulut qu’elle fût élevée, avec respect et avec honneur, près de Bérengère de Navarre. Thierri de Flandre fut-il chargé du soin de conduire la princesse de Chypre, et devint-il, comme les héros des romans de chevalerie, épris de la prisonnière confiée à sa garde daus ce château de Limasol que les poëtes appel- leront toujours Amathonte ? S'embarqua-t-il avec elle et la reine Bérengère pour se rendre à Ptolémaide ? Hélas, un douloureux spectacle les attendait en Syrie. Tandis que les navires anglais, ornés de pampres et de roses, fendaient lentement le flot azuré, de nombreux signes de deuil attris- taient le rivage. Au pied de la Tour Maudite, les chevaliers chrétiens, dont les larmes avaient déjà tant de fois coulé pendant le siége de Ptolémaide, gémissaient sur un cer- cueil. La croisade comptait un martyr de plus : c'était le comte de Flandre. Il n’est pas de notre sujet de raconter les exploits de Richard en Palestine, jusqu’au jour où du haut des collines d'Emmaüs, il découvrit de loin Jérusalem. Nous nous contenterons de rappeler que la fille d’Isaac Comnène se trouvait dans le palais de Ptolémaide lorsque le due de Bourgogne vint y annoncer la honteuse retraite du roi de (1) Es Kürpoy d'éAboboa, OudEx yydy Eduvey Ey0o dE puy X pires DO AY ka ypiouy EMA Auépoc it. ‘Ouhpou roiyu. Eis 'Agpodiryr. RS LE dl cé (2) France; qu’elle suivit les croisés au milieu des ruines de _Joppé et qu’elle assista aux fêtes de Noël, où se trouvèrent réunis les chevaliers anglais et les barons d'outre-mer restés fidèles à Gui de Lusignan. Ce n’est qu’à partir du retour de Richard Cœur de Lion en Europe, que les sources historiques mentionnent Thierri de Flandre, bien que l’on ne puisse douter qu’il n’ait as- socié ses efforts à-:ceux de. cette glorieuse phalange que commandait Jacques d’Avesnes à la bataille d'Arsur. Les chroniqueurs qui nous apprennent que Bérengère de Na- varre et la princesse de Chypre abordèrent en Italie vers l’automne de 1192, citent parmi les chevaliers qui les ac- compagnaient le sire de Tournehem et Thierri de Flandre. Si le sire de Tournehem avait reçu de Richard lui- même la mission de veiller sur la reine d'Angleterre, d’autres liens, inspirés par les souvenirs des jardins d’Ama- thoute, retenaient le fils du comte de Flandre près de la Jeune héritière de l'empire de Chypre. Bérengère de Navarre s'arrêta peu en Sicile, mais elle fit un plus long séjour à Rome, où le pape Célestin HET la reçut avec de grands honneurs. Enfin, elle poursuivit sa route el se dirigea à travers les États du comte de Toulouse, Raymond V, vers la ville de Poitiers, domaine héréditaire d'Éléonore de Guyenne. L'inquiétude et la désolation régnaient dans toutes les provinces soumises à la domination anglaise. Des croisés revenus d'Orient racontaient qu'ils avaient vu, au port de Brindes, la galère de Richard vide et abandonnée; d’autres pêlerins ajoutaient que, selon une vague rumeur répandue aux bords du Rhin, le roi d'Angleterre était retenu prison- nier en Allemagne. Une année s'écoula avant que Richard fût rendu à la liberté, et l’une des conditions de sa déli- (338) vrance fut qu’il remettrait au duc d'Autriche deux princesses entre lesquelles celui-ci pût choisir une épouse pour son fils. L'une était la sœur de ce jeune duc Arthur de Bre- tagne, dont le malheur était encore un secret de l'avenir ; l’autre, cette fille d’Isaac Comnène, qui, dès son berceau, n'avait connu que l’infortune. Il semble que cet engagement ait été de tous ceux qui furent imposés à Richard, le plus cruel et le plus pénible : car ce fut le seul qu’il ne se hâta point de remplir. Un roi chevalier comme Richard ne comprenait point qu'on pût jeter dans les balances déjà si lourdes de sa rançon, l'inno- cence et la beauté de deux jeunes filles. Le ciel même paraissait ne point permettre ce sacrifice. Toutes les villes de l'Autriche furent ravagées par des incendies. Une inon- dation du Danube désola les campagnes et y fit périr plus de dix mille habitants. On vit au milieu de l'été les mois- sons se dessécher et les arbres se dépouiller de leur feuil- lage. Enfin, une épidémie vint se joindre à tous ces fléaux; mais ce dernier avertissement succédant à tous les autres et quelque terrible qu’il fût, ne fut pas moins inutile. Le cœur de Léopold s'était endurci, dit Roger de Hoveden, et il jura que si le roi d'Angleterre ne remplissait point ses promesses, il ferait mettre à mort tous les otages qui se trouvaient en son pouvoir. L’un d’eux (c'était Baudouin de Béthune, qui reçut depuis de Richard le comté d’Aumale) fut envoyé vers le roi d'Angleterre pour lui annoncer la résolution du duc d'Autriche. Richard n’hésita plus devant le péril qui menaçait ses amis les plus fidèles, héros de la croisade aussi bien que lui. Les deux princesses furent re- mises à Baudouin de Béthune, mais avant qu'elles fussent arrivées à Vienne, elles apprirent qu’elles n'avaient plus rien à redouter. Léopold lui-même venait d’expirer ; et ses ( 399 ) restes, couverts de plaies hideuses, avaient été abandonnés sans sépulture, tandis que l'on s'empressait de briser les chaînes des intrépides compagnons de Richard Cœur de Lion. + Lorsque Baudouin de Béthune ramena la princesse de Chypre près du roi d'Angleterre, vers les derniers jours du printemps, une armée nombreuse combattait les forces réunies du roi de France, Philippe-Auguste, et du comte de Toulouse, Raymond VI. Richard venait d'être instruit de la mort d’Isaac Comnène, qui avait été empoisonné par son échanson à l’instigation d’Alexis l'Ange : il se souvint sans doute des droits que lui conférait la conquête de l’île de Chypre, et il est permis de croire qu'il saisit cette occa- sion favorable pour en disposer en faveur de Thierri de Flandre, en lui accordant la main de la fille d’Isaac Com- nène. Quel nom allait mieux aux souvenirs de l'Orient que celui du petit-fils de Thierri d'Alsace? Cependant la princesse de Chypre, tour à tour prison- nière de Bohémond, de Richard et de Léopold, n'avait pas vu se dénouer pour elle l'ère de la captivité. Avant que la fête nuptiale fût célébrée, avant que Thierri pût la conduire dans quelque château de Flandre, sous la protection du comte Baudouin IX, un parti d'hommes d'armes ennemis l’enleva et la livra au comte de Toulouse. Pierre de Vaulx-Cernay a tracé le triste tableau des vices du comte de Toulouse, si terriblement châtiés par la croisade des Albigeois. Raymond VI, qui venait de ré- pudier Béatrix de Béziers, invoqua une fois de plus le droit de la guerre et ceux que donnent la contrainte et la violence, pour imposer un hymen odieux à la fille d'Isaac Comnène. Les victoires seules de Richard vinrent y mettre un terme, mais cette épreuve avait été trop féconde en TouE xvur. 23. (340 ) douleurs amères : la fille d'Isaac Comnène ne quitta le palais de Toulouse que pour se retirer à Marseille et y pleurer, au fond d'un cloitre, sur ces pierres où l'on croit reconnaître la trace des larmes de sainte Marie-Madeleine. Six années s'écoulèrent. Thierri de Flandre, rentré dans sa patrie, avait ressalsi son épée pour prendre part à une nouvelle croisade, prêchée par Foulques de Neuilly. Bau- douin IX s'était dirigé vers Venise par le Val de Trente avec un grand nombre de ses chevaliers : les autres s'em- barquèrent avec la comtesse de Flandre , Marie de Cham- pagne, pour se rendre en Syrie, en bravant lour à tour les tempêtes de l'Océan et celles de la Méditerranée. « En cel » termine, dit Villehardouin, se mut uns estôires de Flandres par mer où il ot grant plenté de bonne gent armée. De celle estore fu chiévetains Jehans de Neele, chastelains de Bruges, et Thieris qui fiex fu le conte Phelipe. » La flotte flamande reconnut, aux bords du Tage, les colonies que d’autres pèlerins, venus des mêmes lieux, avaient fondées en 1189, et après s'être arrêtée sur les rivages de l'Afrique, pour y conquérir une ville remise de- puis aux chevaliers de Saint-Jacques de l'Épée, elle pour- suivit sa route en saluant les murailles d’Alméria et de Carthagène. Les chevaliers croisés admirèrent de loin, non sans quelque secret sentiment de douleur, la belle plaine de Valence, cultivée par les Mores; mais bientôt ils se consolèrent en apercevant la tour de Peniscola, qui for- mait la limite des pays occupés par les Infidèles. Arrivés aux bouches de l’Ebre, ils laissèrent derrière eux, d’un côté, Tarragone, Barcelone et le promontoire de Leucate, de l’autre, les îles Baléares, qui payaient chaque année au roi d’Arragon un tribut d’étoffes de soie. Enfin, 1ls passé- VU VV EYE v (341 ) rent devant Narbonne et atteignirent le port de Marseille qu'entouraient, au sein d’un amphithéâtre de montagnes, la cité épiscopale et la magnifique abbaye de Saint-Victor. C'était à Marseille que les croisés devaient recevoir des nouvelles de l'expédition qui s'était rendue à Venise. Ils apprirent avec étonnement que, malgré les menaces d’In- nocent LIT, l’avarice des Vénitiens retenait l'élite des che- valiers d'Occident au siége de Zara, et le seul message qui leur parvint leur porta l’ordre de mettre à la voile, dans les derniers jours de mars, en se dirigeant vers le promon- toire de Méthone. Pendant ces journées de découragement et d’attente, les chevaliers flamands allèrent vénérer les reliques de saint Laurent et de sainte Marguerite, et celles de saint Lazare, qui avait été, disait-on, pendant sept ans évêque de Marseille, après qu'il eut été ressuscité à Béthanie ; et ils ne se montrèrent pas moins empressés à visiter tour à tour l'ermitage de Sainte-Victoire et la grotte de la Sainte- Baume. Ce fut sans doute dans un de ces pèlerinages que Thierri de Flandre reconnut la princesse de Chypre sous des habits de deuil, qu’elle dépouilla bientôt pour échanger avec lui cet anneau des fiançailles, si longtemps promis et puis tout à coup si inopinément dérobé à ses espérances et à ses VŒUX. A l’époque fixée pour le départ, toute la flotte flamande s'éloigna des côtes de Provence pour cingler vers le Pélo- -ponèse, et elle ne tarda point à jeter l'ancre dans les eaux profondes du golfe de Messénie, dominées par les tours du château de Mania, les bois d’oliviers de Coron et les ruines de Muszun ou Modon , l'antique Méthone, récemment dé- truite par Roger de Sicile, petit-fils de Robert Wiscard. Cependant les derniers jours du mois de mai arrivè- (542) rent, et la comtesse de Flandre ne voyant point les Vénitiens quitter l’Adriatique , ordonna au pilote de tour- ner la proue vers la Syrie. La flotte flamande avait vu dis- paraître à l'horizon les cimes neigeuses du Taygète et du mont Ithome; deux navires étaient seuls restés un peu en arrière, quand, en dépassant le cap Malée, ils furent atteints par quelques galères qui précédaient la flotte vénitievne, attendue avec effroit dans la Propontide. Un seul sergent se jeta dans une barque pour aller rejoindre Baudouin et Dandolo. « Il me samble bien, avait-il dit à ses compa- » gnons, kil doient conquerre terre. » Les mêmes rêves de conquête agitaient l’esprit de ceux- là mêmes qui repoussaient les perfides insinuations des Vénitiens. Tandis que Marie de Champagne expirait seule et abandonnée sur le rivage de Ptolémaïde, qui avait déjà vu mourir Philippe d'Alsace, Thierri de Flandre réunis- sait ses amis pour aller revendiquer près d’Aimeri de Lusignan l'empire héréditaire de Chypre. « Il prit des Fla- mens, raconte le continuateur anonyme de Guillaume de Tyr, et alèrent devant le roi Hemeri. Il li requist qu'il li rendist lisle de Chipre, car, il avoit à fame la fille de lEmpereor qui illec fu, et chou devoit estre, et il cuidoit bien à l’aide du conte de Flandre, qui ses parens estoit et des Flamens qu’il r’eust l'isle de Chypre. » Thierri d'Alsace échoua dans cette tentative : Baudouin, dont il espérait le secours, loin de l’aider à relever à Ni- cosie l'empire des Comnène, devait le renverser à Constan- tinople. Si tout ce qui rappelle l'épopée des croisades parle aux souvenirs et à l'imagination, l'épisode que je viens d'y ajouter:en esquissant, d’après quelques témoignages aussi Ge WE NV VV N (345) naifs qu'incomplets, une biographie presque inconnue, mérite au même titre d’être recueilli avec soin. Ne reconnaît-on pas dans Thierri de Flandre le des- cendant de Robert le Frison, qui, dans sa jeunesse , avait formé le dessein de fonder par les armes un empire à Sparte ou à Athènes, et le dernier rejeton de cette dynastie d'Alsace associée, pendant le XIE siècle, à toutes les guerres de l'Orient ? Ne pourrait-on point aussi retrouver dans la fille d'Isaae Comnène, les traits gracieux et les charmes séducteurs de ces princesses d'outre-mer, reines à Céphalonie ou à Les- bos, qui parurent aux derniers croisés de Nicopoli, selon l'expression de Froissart : « savoir d'amour tout ce que » on en peut savoir sur toutes autres en la contrée de » Grèce (1)? » — M. le chevalier Marchal communique également une notice sur l’état de l'Illyrie pendant le gouvernement im- périal. — La prochaine séance a été fixée au lundi 3 novembre. ee ———— (1) Voyez Roger de Hoveden , Bromton, Coggeshale, Neubridge, Nicetas, Pierre de Vaulx-Cernay, Marino Sanuto, Villehardouin et le continuateur anonyme de Guillaume de Tyr. Une note insérée dans le tome IT de l’Æis- toire générale de Languedoc, p. 548, contient autant d'erreurs que de mots. Les plus graves sont de confondre Thierri de Flandre avec Gauthier de Montbeillard, et la fille d’Isaac Comnène avec Bourguigne de Lusignan. (344) CLASSE DES BEAUX-ARTS. ee Séance du 10 octobre 1851. M. Navez, directeur. | M. QuETELET , sécrélaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin , Braemt, De Bériot, F. Féus, Leys, Madou, Roelandt, Van Hasselt, Joseph Geefs, Érin Corr, Snel, Ferd. De Braekeleer, Partoes, Éd. Fétis, membres. Fou -CORRESPONDANCE. M. le Ministré de l’intérieur écrit que le programmé arrêté pour les examens à subir par les lauréats des grands concours à l’Académie royale des beaux-arts d'Anvers, ne portent que sur les concours de peinture, de sculpturé et de gravure, et qu'il serait à désirer que la classe des beaux- arts voulüt bien aussi proposer un programme pour les lauréats des concours d'architecture. (545 ) Un pareil concours doit avoir lieu en 1853; et il con- vient, ajoute M. le Ministre, que les concurrents connais- sent assez longtemps d’avance les matières de l'examen auquel ils auront à satisfaire. | La demande de M. le Ministre est renvoyée à une Com- mission composée de MM. Roelandt, Suys, Partoes, Que- telet et Alvin, rapporteur. — Au sujet des élections qui devaient avoir lieu dans la séance précédente, quelques membres demandent qu’on s’entende avec les deux autres classes pour modifier le règlement en ce qui concerne les époques des élections. Aux termes du règlement actuel, chaque classe ne peut élire qu’une fois par an, la veille de sa séance publique. Il en résulte que quand, par suite de l'abondance des matières qui doivent occuper les membres ou par un défaut de formes, les élections ne peuvent avoir lieu, elles éprouvent nécessairement un retard d’une annéé, qui est très-préjudiciable aux travaux académiques. Le reste de la séance est consacré à l'examen de quel- ques autres questions d'ordre intérieur. — La prochaine séance est fixée au jeudi 6 novembre. (346) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Compte rendu des séances de la Commission royale d'histoire ou recueil de ses Bulletins. 2"° série. Tome H. 3"° Bulletin. Bruxelles, 1851; 4 vol. in-8°. Annales des travaux publics. X° volume. 1° cahier. Bruxelles, 4851 ; 1 vol. in-8°. Bulletin administratif du Ministère de l'intérieur. Jante V. N° 7 et 8. Bruxelles, 1851; 2 broch. in-8°. Bulletin de la Commission centrale de statistique. Tome is Bruxelles, 1851 ; 4 vol. in-4°. Annales de l'Observatoire royal de Bruxelles ; publiées aux frais de l'État par le directeur A. Quetelet. Tome VIIL. 4"° partie. Bruxelles, 1851 ; 1 vol. in-4°. Biographie de Roland de Lattre; par Ad. Mathieu. Mons, 4851; 1 broch. in-8°. Roland de Lattre, drame historique en un acte et en vers, mêlé de chant. Mons, 1851; 1 broch. in-8°.— Présenté par Ad. Mathieu. Georgio, ou comment fasse les bucoliques. — Ë phémérides : par Ad. Mathieu. Mons, 1851; 2 vol. in-12. Histoire des environs de Bruxelles; par Alph. Wauters. 1"° et 9e livraisons. Bruxelles, 14851 ; 2 broch. in-8°. Les rues de Bruxelles débaptisées par ses édiles en l'an III l'an VI, l'an VII de la République, et rebaptisées par leurs suc- cesseurs dans les ans de grâce 1806 et 1851; par M. Ch. de Ché- nedollé. Bruxelles, 1851; 4 vol. in-12. Nouvelle table de mortalité de la Belgique; par Xavier Heu- schling. Paris, 1851 ; 1 brach. in-8°. ( 347) Résumé du recensement général de la Belgique; par Xavier Heuschling. Bruxelles, 1851; 1 vol. in-4°. | Bibliographie historique de la statistique en France; par Xavier Heuschling, Bruxelles, 1851 ; 1 broch. in-8e. Statistique, du royaume de Bavière ; par Xavier Heuschling. Bruxelles, 4851 ; 4 broch. in-&. Histoire de la littérature romaine depuis la fondation de Rome jusqu'au V° siècle; par P. Bergeron. 2° édition. Namur, 1851 ; 4 vol. in-8pe, Université catholique de Louvain. Programme des cours. Année académique 1851-1832; 1 feuille. La tradition indienne du déluge dans sa forme la plus an- cienne; par Félix Nève. Paris, 4851; 4 broch. in-8°. Note sur un lexique hébreu qu'a publié à Louvain, en 1615, Joseph Abudacnus, dit Barbatus, chrétien d'Égypte ; par Félix Nève. Gand, 1850; 1 broch. in-8. Cléopatre, tragédie en cinq actes et en vers; par Clément Mi- chaels, fils. Bruxelles, 1851 ; 4 vol. in-32. Académie des beaux-arts de Bruxelles. Distribution des prix. Bruxelles, 1851; 1 broch. in-8° Essai sur la politique industrielle et commerciale ; par Émile de Brouwer. Bruges, 1850; 2 vol. in-8°. Des richesses créées par l'industrie et les arts; par Émile de Brouwer. Bruges, 4849; 1 vol. in-8°, Annales de lu Société archéologique de Namur. Tome I. 4'e livraison. Namur, 1851 ; 1 vol. in-8°. Poilvache. — L'Ermitage de S'-Hubert; par Adolphe Siret. Namur, 1851; 2 broch. in-8°. Le progrès pacifique. Revue nationale. Tome I. 4"° livraison. Bruxelles, 14851 ; 1 broch. in-8°. Le tombeau de la première reine des Belges ; par M. J. Petit de Rosen. (Extrait du Progrès pacifique, 1851); 1 broch. in-8°. Annales du conseil de salubrité publique de la province de Liége. WI° vol. 1° fascicule. Liége, 1851 ; 1 broch. in-8°, .+ (348 } Journal historique et littéraire. Tome XVIII. Liv. 4 et 6. Oc- tobre 1851. Liége ; 2 broth. in-8°. Journal d'agriculture pratique, d'économie forestière, d'écono- mie rurale et d'éducation des animaux domestiques du royaume de Belgique ; publié sous la direction et par la rédaction prinei- pale de M. Charles Morren. Juillet-août 1851. Bruxelles; 4 broch. in-8°. | Journal d'horticulture pratique de la Belgique ; par Ysabeaï. 9° année. N°° 6 et 7. Bruxelles, 1851; 2 broch. in-12. Moniteur de l'enseignement; publié sous la direction de Fréd. Hennebert. Tome IV. N° 47 à {9. Tournai, 4851: 3 brochi. in-8°, A De vlaemsche beweging, maendschrift. N° 3, 4 en 5. Augustus 1851. Bruxelles; { broch. in-8°. | Du régime alimentaire et de son influence sur le développement de l'ophthalmie ; par le D' Van Honsebronck. Anvers, 1850; 4 broch. in-12, De la réfrigération graduelle dans le traitement dès maladies aiguës ; par le D' Van Honsebrouck. Bruxélles, 4851 ; 1 broch. in-8°. | Notice sur le docteur Jean-Corneille Stappaerts, président du collége de médecine et de la Société litiéraire médico:latine d'An- vers ; par C. Broeckx. Anvers, 4851 ; 1 broch. in-8°. Bulletin de l'Académie royale de médecine de Belgique. N° 7 et 8. Bruxelles, 1850-1851 ; 2 broch. in-8°. Archives belges de médecine militaire. Journal des sciences médicales, pharmaceutiques et vétérinaires. Tome VII. 4% à 3% cahiers. Bruxelles, 4851; 3 broch. in-8°. Répertoire de médecine vétérinaire ; publié par MM. Brogniez, Delwart, Scheidweïler et Thiérnésse, 3° année. 9" cahier. Bruxelles, 4851; 1 broch. in-8°. | Journal de médecine , de chirurgie et de pharmacologie ; publié par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. Bruxelles, septembre et octobre 1854; 2 broch. in-8°. (349 ) La presse médicale; rédaction : MM. J. Crocq et J. Hannon. N° 34 et 35. Bruxelles, août 1851 ; in-4°. La santé, journal d'hygiène publique et privée. Rédacteurs : Alphonse Leclereq ét N. Theis. 3"° année. N° 4. Bruxelles, 1851- 1852 ; { broch. in-&. | Annales et bulletin de la Société de médecine de Gand, 17° année. 6° à 8e livr. Gand , 4851 ; 3 broch. in-%. Annales médicales de la Flandre occidentale; par Réné Vanoye et Joseph Ossieur. 3% livr. Septembre 1851, Roulers, 4 broch. in-8°. Annales de la Société de médecine d'Anvers. 19° année. Livrai- son de septembre 1851. Anvers; 1 broch. in-8e. Journal de pharmacie de la Société d'Anvers. 7% année. Sep- tembre et octobre 1851. Anvers; 2 broch. in-8°. Annales de la Société de médecine de Willebroeck (lez-Anvers). Livraison de juillet 1851. Malines; 1 broch. in-8°. Publications de la Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques dans le grand-duché de Luxembourg. Année 1850, n° 6. Luxembourg, 1851 ; 1 vol. in-4°. Verhandelingen der eerste klasse van het koninglijk-neder- landsche Instituut van wetenschappen, letterkunde en schooné kunsten, te Amsterdam. Derde reeks. IV deel. Amsterdam, 4851; 1 vol. in-4°. Tydschrift voor de wis- en natuurkundige wetenschappen, uityegeven door de eerste klasse van het koninklijk-nederlandsche Instituut van wetenschappen, letterkunde en schoone kunsten. IVe deel. 1° tot 4° afleveringen. Amsterdam, 1851; 3 broch. in-8°. Bijdragen tot de dierkunde, uitgegeven door het Genootschap* NATURA ARTIS MAGISTRA , {e Amsterdam. 2 en 3° afleveringen 1851. Amsterdam ; 2 broch. grand in-4°. Addimenta ad faunam carcinologicam Africae occidentalis ; seripsit J.-A. Herklots. Leyde , 1851 ; 4 broch. in-4°. Gedenkivaardigheden uit de geschiedenis van Gelderland door (530) onuitgegeven oorkonden , opgehelderd en bevestigd ; door Is.-An. Nyhoff. Vie deel. Arnhem , 14851 ; 1 vol. in-4°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences ; par MM. les Secrétaires perpétuels. Tome XXXIHIL. N° 7 à 15. Paris, 4851 ; 9 broch. in-4°. Nouvelles annales du Muséum d'histoire naturelle. Tome [°'. Livr. 1,2,3 et 4. Paris, 14832; 4 vol. in-4°. Archives du Muséum d'histoire naturelle ; publiées par les professeurs- administrateurs de cet établissement. Tome IV, liver. 4; tome V, 1re, 2e et 5% livraisons. Paris, 1850; 3 vol. “in-4, Muséum d'histoire naturelle. Catalogue de la collection ento- mologique : Classe des insectes, ordre des Coléoptères. 1" et 2e |i- vraisons. Paris, 1850; 2 broch. in-8°. Muséum d'histoire naturelle de Paris. Catalogue métholique de la collection des reptiles. 1"° livraison. Paris, 4851 ; 1 vol. in-8°. Bulletin de la Société géologique de France. 2° série: tome VI, Table et titre du Bulletin. Paris, 1849 à 1850; 4 broch. in-8°. Revue archéologique, ou recueil de documents et de mémoires relatifs à l'étude des monuments , à la numismatique et à la philo- logie de l'antiquité et du moyen âge. Paris, 1851 ; 4 broch. in-8°. Revue et mägasin de zoologie pure et appliquée ; par M. F.-E. Guerin-Méneville et avec la collaboration scientifique de M. Ad. Focillon. N° 7 à 9. Paris, 14851; 3 broch. in-8°. Théorie mathématique des oscillations du baromètre et recherche de la loi de la variation moyenne de lu température avec la lati- tude ; par M. Emmanuel Liais. Paris, 1851 ; 4 broch. in-8°. Voyage au Ouadäy par le cheykh Mohanmed-1bn-Omar el- : Tounsy ; traduit de l'arabe par le D' Perron. Préface par M. Jo- mard. Paris, 1851 ; 1 broch. in-&. A.-P. De Candolle, sa vie et ses travaux; par A. De la Rive. Paris, 1851; 1 vol. in-12. Mémoire sur les dépôts métallifères de la Suède et de la Nor- wége ; par M. A. Daubrée. Paris, 1844; 1 broch. in-8°, ( 551 ) Sur la production artificielle de quelques espèces minérales cristallines ; par A. Daubrée. Paris, 1849; 1 broch, in-8°. Notice sur les filons de fer de la région méridionale des Vosges; par M. À. Daubrée. Strasbourg; 1 broch. in-4#°. Mémoire sur le gisement , la constitution et l'origine des amas de minerai d'étain ; par M. Daubrée. Paris, 4841 ; 1 broch. in-8°. Note sur le phénomène erratique du nord de l'Europe, et sur les mouvements récents du sol scandinave; par M. A. Daubrée. Paris, 1850 ; 1 broch. in-8°. Mémoire sur la distribution de l'or dans la plaine du Rhin ; par M. A. Daubrée. Paris, 1846; 1 broch. in-8°. Recherches sur la formation du minerai de fer des marais et des lacs; par M. Daubrée. Paris, 1846; 1 broch. in-8°. Mémoire sur le gisement du bitume, du lignite et du sel; par M. A. Daubrée. Paris, 1850 ; 1 broch. in-8°. Observations sur les alluvions anciennes et modernes du bassin du Rhin; par M. A. Daubrée. Strasbourg, 1850; 1 broch. in-fol. Société des antiquaires de Picardie. — Coutumes locales du bailliage d'Amiens, rédigées en 1507; publiées d'après les ma- nuscrits originaux par M. A. Bouthors. — Tome II. 7° série. Amiens, 4851; 1 vol. in-4°. Hypothèses étymologiques sur les noms des lieux de Picardie ; par l'abbé Jules Corblet. S'-Germain-en-Laye; 1 broch. in-8. Recueil des actes de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. 15"° année. 1% et 2" trimestres. Bordeaux, 1851; 2 vol. in-8°. Archives historiques et littéraires du nord de la France et du midi de la Belgique; par À. Dinaux. 3"° série. Tome Il. 4° livrai- son. Valenciennes, 1851 ; 1 vol. in-8°. The transactions of the linnean Society of London. Vol. XX. Part the IH, Londres, 14851 ; 4 vol. in-4°. The transactions of the microscopical Society of London. Vol. IE. Part I and Il. November 1850 and March 1851. Lon- dres ; 2 broch. in-8°, (552 ) The annals and magazine of natural history, including 200- logie, botany, and geology. N% 37-42. Londres, 4851 ; 6 broch. in-8°. The numismatic chronicle, and journal of the numismatic Society. Edited by John Yonge Akerman. Avril 4851. N° 52. Londres; À broch. in-8°. Laws of mechanical notation (for consideration). Londres, 1851; broch. in-4°. Report of the twentieth meeting of the british Association for the advancement of science; Held at Edinburgh in July and Au- gust 1830. Londres, 1851 ; 4 vol. in-8. The quarterly Journal of the chemical Society. Committe of publication : T. Graham, A. W. Hofmann, W. A. Miller, A. W. Williamson. — N° 14. Londres, 14851 ; 1 broch. in-8°. Abhandlungen der kôniglichen Akademie der Wissenschaften zu Berlin. Aus dem Jahre 1849. Berlin, 1851; 1 vol. in-4. Monatsbericht der kônigl. Preuss. Akademie der Wissen- schafien zu Berlin. Juli-December 1850; Januar- Mai 1851. Berlin, 4850; 14 broch. in-8°. Zur Lehre von der Herzbewegung; von J. Wallach, Frane- fort, 1851; 1 feuille in-8°. Archiv der Mathematik und Physik; herausgegeben von Johann-August Grunert. XVE® Theil, 4 Heft. Greifswald , 1851 ; 1 vol. in-8°. | ; Friedr. von Hagenows Patent-Dicatopter , ein Apparat zum Abbilden von Gegenständen der Natur und Kunst. Greifswald, 1851; 1 feuille in-4°. Jahres Berichte des physikalischen Vereins zu Frankfurt am Main. Francfort, 1843-1850; 4 broch. in-8°. Meteorologischer Beobachtungen des physikalischen Vereins gewonnene Resultäte, 1844-1845. Francfort ; 4 feuilles in-fol. Diätetik, oder Gesundheitslehre für gebildete; von J. Wallach. Francfort, 4850 ; 1 vol, in-8°. J.-B. Van Helmont's System der Medicin, vergleichen mit den ( 595 ) | bedeutenderen Systemen alterer und neuerer Zeit, ein Beiträg zur Entwickelungs - Geschichte medicinischer. Theorien ; nebst der Skisse einer Theorie der Lebenserscheinungen im gesunden und krankhafien Zustande; von D' G.-A. Spiess. Francfort-sur-Mein, 1840; 1 vol, in-8. | Physiologie des Nervensystems, mit besonderer Berucksich- tigung pathologischer Sustände; von D' G.-A. Spiess. Brunswick, 1844; 1 vol. in-8°. Jahrbuch der kaiserlich-küniglichen geologischen Reichsanstält, 1850, 4% Jahrgang. N'° 3 und 4. Juli-December. Vienne; 4 vol. in-4°. So | Magnetische und meteorologische Beobachtungen zu Prag. Zehnter Jahrgang. Vom 15° Jänuar bis de December 1849. Prague, 1851; 1 vol. in-4. Catalogue des ouvrages et brochures appartenant à la Société Vaudoise ; rédigé par Louis Rivier. Lausanne, 4850 ; 1 broch. in-8. Observations météorologiques faites à Morges, de novembre 1849 à novembre 1850. 1 broch. in-8°. Ragguaglio storico del pontificio observatorio astronomico di Romae retto sul Campidoglio. Di Erasmo :Fabri Scarpellini. Rome, 1846; 1 vol. in-8°. Alla celeberrima ed illustre R. Accademia delle scienze, lettere e belle arti di Brusselles queste memorie Dello insigne astronomo Niccoro’ CacciarorE in altestato di profondissima venerazione Erasmo Fabri-Scarpellini. Rome, 1851; { broch. in-8°. Cenno necrologico dell astronomo P. Giovanni Inghirami delle scuole pie. Di Fabri-Scarpellini. Rome, 4851 ; 1 broch. in-$°. Della nazionalitä come fondamento del dritto delle genti: dal professore Pasquale-Stanislao Mancini. Turin, 1851; 1 broch. in-8°. Memorias de la reul Academia de ciencias de Madrid. Tomo I. 3° serie: Ciencias naturales, 1"° partie. Madrid, 1850; 1 vol. in-4°. ( 34) Resumen de las actas de la Academia real de ciencias de Ma- drid; por el doctor don Mariano Lorente. Madrid, 4850; 1 broch. in-8°. Annuaire magnétique et météorologique du corps des ingénieurs des mines, ou recueil d'observations météorologiques et magné- tiques faites duns l'étendue de l'empire de Russie, et publiées par ordre de S. M. I. Nicolas I‘; par A.-T. Kupffer. Année 1846. N°s 4 et 2. S'-Pétersbourg, 1849; 2 vol. in-4°. Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou. Année 1850, n° 3 et 4; année 1854, n° 4. Moscou; 3 vol. in-8&. BULLETIN DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1851. — N° 10. CLASSE DES SCIENCES. sb Séance du 8 novembre 1851 : M. DE HEMPTINNE, directeur. M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. D'Omalius, Pagani, Sauveur, Tim- mermans, Crahay, Wesmael, Martens, Dumont, Cantraine, Kickx, Morren, Stas, De Koninck, Van Beneden, Ad. De Vaux, Nyst, Gluge, Melsens, membres; Sommé, Lamarle, associés; Liagre et Schaar, correspondants. MM. Alvin et Ad. Fétis, membres de la classe des Beaux- Arts, assistent à la séance. TOME xvu. 24. (356 ) n CORRESPONDANCE. À ul a M. le Ministre des affaires étrangères transmet diffé- rentes publications, dont l’auteur, M. Lamas, Ministre de la République orientale de lUraguay, fait hommage à l'Académie. — MM. les questeurs du Sénat et de la Chambre des re- présentants font parvenir des cartes d’entrée aux tribunes réservées des Chambres, pour être distribuées aux mem- bres des trois classes. — Remerciments. — L'Académie natiohale de médeciné dé Paris annonce le prochain envoi des six derniers volumes de ses Mé- moires. L'Académie royale des sciences de Berlin fait également hommage de.ses dernières publications. — MM. Borgnet et Meyer présentent des exemplaires d'ouvrages qu'ils ont publiés récemment. M. Meyer, fait parvenir en même temps une notice manuscrite Sur l’in- tégration d'un système quelconque d'équations linéaires simultanées à coefficients, constants, les seconds membres étant, égaux à zéro. — Des remeciments seront adressés aux auteurs pour ces diverses communications. —:M. le baron. de Selys-Longchamps enyoie les résul- tates de ses observations sur l’état de la végétation, à Waremme, au 21 octobre dernier. ( 57 ) — M. A.-C. Petersen écrit que, dans la soirée du 22 oc- tobre dernier, M. Brorsen a découvert, à l'observatoire de Senftenberg, une comète, présentant un noyau brillant et une queue d'environ un degré d’étendue. Le nouvel astre se trouvait dans la constellation des Chiens de chasse. — M. le colonel Reid, président du comité exécutif de l'exposition de Londres, écrit qu'il a l'intention d’éta- blir des observations régulières sur lélectricité de l'air à Malte, où il vient d’être nommé gouverneur; il se propose d'adopter le mode d'observation suivi à Bruxelles, et de- mandecommunication de tout ce qui a été publié à ce sujet. — M. Montigny, professeur de physique à Namur, adresse à la classe une note manuscrite sur un Procédé pour rendre perceptibles et pour compter les vibrations d'une tige élastique. (Commissaires : MM. Plateau et Duprez.) pres RAPPORTS. Rapport de M. D'Omalius sur un mémoire de M. Van Hon- sebrouck, intitulé : COSMOGONIE, et sur une notice d'un anonyme concernant le SYSTÈME DE L'UNIVERS. | « M. Van Honsebrouck commence par réclamer le droit de propriété sur une idée qui vient d’être reproduite par des journaux français et qui consiste à attribuer la maladie des pommes de terre, ainsi que les maladies qui affectent maintenant la vigne et d’autres végétaux utiles, ( 598 ) | à une cause générale qu’il appartient à la science de faire connaitre. Il rappelle ensuite les changements continuels qui se passent à la surface de la terre, en ajoutant que les expli- cations que l’on en donne sont insuffisantes parce qu’on étudie les phénomènes naturels en dehors des lois générales qui président à la création. H dit, sur la formation des ter- rains de sédiment, quelques mots qui se rapportent aux idées qu’il avait émises dans un mémoire précédent, et à l'égard desquels je ne puis que me référer à mon rapport du 20 mars dernier. Enfin, il traite de l’origine des astres et des modifications que ces corps ont successivement éprouvées, en citant des idées qui ont été émises par divers savants, notamment par MM. de Humboldt et Arago. _ Comme il n’y a, dans ce mémoire, aucun fait scientifique nouveau, et que l’auteur a eu, selon moi, le tort de pré- senter des hypothèses comme des données positives, je crois qu'il y a lieu de se borner à lui accuser la réception de son mémoire, en ajoutant que, vu la nature hypothéti- que du sujet, la classe n’a pas à donner d'autre suite à sa communication. Le mémoire dont je viens de parler, était accompagné d’une petite note intitulée : Système de l'univers. Comme celte note n’est pas signée et que le nom de son auteur n’y est point rappelé, je pense que la classe peut la considérer comme non avenue. J'ajouterai du reste, que je la trouve tout aussi excentrique que peu au courant de la science. » Ces conclusions, auxquelles adhère M. Pagani, second . Commissaire, sont adoptées par la classe. ( 399 ) == MM. Timmermans et Lamarle font leur rapport sur un mémoire de M. Joseph de Crema, relatif à un nou- veau moteur hydro-atmosphérique. Conformément aux con- “’clusions de MM. les commissaires, ce mémoire sera déposé dans les archives de la Compagnie. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur les tables de mortalité. M. Liagre fait connaître qu’il s'est occupé de l'examen d’ane note de M. Heuschling, concernant une Nouvelle table de mortalité de la Belgique; il croit, ainsi que l’auteur, qu'il conviendrait de tenir compte de l'État non station- naire de la population , mais il regarde comme arbitraire le procédé qu'il propose à cet effet ; il a calculé lui-même une table de mortalité, d’après le procédé ‘indiqué par * Euler, dans les mémoires de Berlin pour 1760, et en supposant une population croissante en progression géo- métrique : ses résultats, dit-il, s’éloignént assez sensi- blement de ceux obtenus par la méthode de Halley, en supposant une population stalionnaire. M. Quetelet dit qu'il termine en ce moment un travail sur les tables de mortalité et sur les tables de population en (360 ) général. I] a examiné accidentellement la notede M. Heusch- ling Sur une nouvelle table de mortalité. Cette nouvelle méthode consiste à opérer comme. dans la méthode de Halley, mais à prendre ensuite, la différence entre le nom- bre effectif des naissances et celui des décès, et à la répartir sur les différentes catégories d’âges, proportionnellement au nombre de chacune d’elles, et à « rendre, par consé- quent, ajoute l’auteur, la table moins rapide à partir du premier âge. » Ces mots feraient croire que M. Heusch- ling ne s'est pas aperçu que, par son procédé, il ne fait que reproduire, à partir de la première année, la table même de Halley, caleulée dans l'hypothèse d'une popu- lation stationnaire. Ce qui à pu lui cacher cette iden- tité, c'est que le premier chiffre de la table, celui des naissances, auquel tous les autres sont rapportés, se trouve modifié par lui, et que ce chiffre modifie, en con- séquence, tous les rapports dans lesquels il entre comme élément de calcul. M. Quételet fait observer, du reste, que c’est à tort que lon croit qu'une table de mortalité doit sensiblement changer, quand une population devient croissante ou décroissante; comme aussi qu’elle doit rester identique- -ment la même, tant que la population est stationnaire. La théorie montre également que la loi de la mortalité d'un pays peut, en apparence, rester la même, sans que les conséquences qu'on en déduit par le caleul des pro- babilités méritent confiance, et vice versa, Ces sortes de questions sont plus épineusés qu’on ne le pense commu- nément. Il serait certes à désirer, comme l'ont reconnu tous les mathématiciens qui se sont occupés de ces matières, que l’on tint compte, dans une table de mortalité, des accrois- (361 ) sements ou des décroissements que peut subir une popula- lation; mais il faudrait, pour cela, connaître la loi de ces variations, et c'est Ce qu’il est en général difficile de bien constater dans l’état actuel de la statistique et plus difti- cile encore d'exprimer mathématiquement : on se trouve alors réduit à un empyrisme très-dangereux. Sur la croissance des jeunes colons de l'école agricole de Ruysselede. | M. Quetelet rappelle qu'en 1851, il a inséré dans les Mémoires de l'Académie un écrit sur la taille normale de l’homme aux différents âges. Ce travail, depuis, a servi de point de départ à des recherches de même espèce qui ont été faites en Angleterre et dans d’autres pays, princi- palement dans la vue de constater combien des travaux excessifs ou de mauvaises nourritures peuvent porter at- teinte à la croissance régulière de l’homme. Les docu- ments suivants, qu’il doit à l’obligeance de M. Ducpetiaux, inspecteur général des prisons, fournissent une nouvelle preuve à l’appui de ces remarques. Les nombres fournis, le 15 octobre dernier, par les jeunes colons de l’école de Ruysselede, dont la plupart sont serofuleux et rachi- tiques, se trouvent rapprochés des nombres recueillis sur des individus ayant un développement normal. On s'est borné aux chiffres qui peuvent inspirer quelque confiance, à cause du nombre des observations. (362) SCROFULEUX TAILLE TAILLE ÂGES. NOMBRE. et MOYENNE pee REP Table de l'Annuaire nacurriques.. | à Ruysselede. | 4 »Oyseriatcire. 4 ans. , . .. 1 1 1,05. » L'un 2 2 1,05 » Le ur or 2 2 1,12 » +3 s 2 1 1,13 » Rd MAUR A 2 1 1,12 » Ross 10 9 1,14 1,219 minis 25 18 1,19 1,275 Alu ps à 48 29 21 1,93 1,330 : D CEE 47 31 1,26 1,385 De et VU 50 30 1,31 1,439 16 D Fan 60 35 1,34 1,493 LB ere!) ton 95 45 an 10 1,546 161 Désirere à 71 47 1,44 1,594 ion ous 56 26 1,52 1,634 ADR 6e 20 12 1,56 1,658 1,37 Revue critique des Hyménoptères Fouisseurs de Belgique ; par M. Wesmael, membre de. l’Académie. Les entomologistes qui ont eu occasion de consulter l'ouvrage de. Vanderlinden sur les Hyménoptères Fouis- -seurs d'Europe (1), ont pu s’apercevoir que ma collection y était souvent citée, et que, par conséquent, à-une épo- (1) Observations sur les Hyménoptères d'Europe de la famille des Fouisseurs. — Bruxelles, 1829. (563) que déjà éloignée de nous d'environ un quart de siècle, je m'étais occupé assez sérieusement de l'étude de ceux de ces insectes qui habitent la Belgique, bien que je n’eusse en- core publié, ni sur ce sujet ni sur d’autres, aucun travail. Plus tard, mes recherches et mes observations chan- gèrent un peu de direction et, pendant une assez longue période, mes moments de loisir furent, en grande partie, consacrés à rassembler les matériaux de mes publications sur nos Braconides et Ichneumonides indigènes. Mon étude favorite, celle des Ichneumons, je l'aurais probablement continuée sans interruption jusqu'aujour- d'hui, si une circonstance, toute forluite, n’était venue m'en détourner momentanément. Nous étions au commencement de janvier 1849, lorsque je reçus de M. Chevrier-Scherer de Genève, l'offre d'une correspondance entomologique que j'acceptai, car, lui aussi, il s’occupait de l'étude des Hyménoptères de son pays, et je n’avais garde de laisser échapper l’occasion d'obtenir des Ichneumons provenant des gorges et des montagnes de la Suisse. Fidèle à sa promesse, M. Chevrier me fit successivement deux envois d'Hyménoptères, à une année d'intervalle. Ces envois se composaient, en partie d'Ichneumonides recueillis par M. Chevrier pour satisfaire à ma demande, en partie d'Hyménoptères d’autres familles pour lesquelles il avait une prédilection particulière, tels que Chrysides et Fouisseurs, sur la détermination desquels il me deman- dait mon avis. En me faisant cette demande, mon officieux correspon- dant n'avait qu'un tort, fort honorable à la vérité pour moi : c'était de me supposer des connaissances approfon- dies dans une matière où je n'en avais en réalité que de très-superficielles. ( 364 ) En effet, lorsque, pour résoudre lés difficultés de déter- mipations que me proposait M. Chevrier, je me mis à ré- courir à ma collection de Fouisseurs et à consulter les “ouvrages publiés depuis une vingtaine d'années, je ne tar- dai pas à m’'apercévoir que j'étais considérablement arriéré dans certaines parties de cette étude. Je résolus alors de la reprendre et de la poursuivre pro otio et viribus; de sorte que, pendant les étés de 1850 et 1854 , mes excur- sions furent en grande partie consacrées à la recherche de ces insectes. J'entrepris en même temps l'examen des travaux de MM. Shuckard et Dahlbom , et, ayant des rai- sons de me méfier de ma mémoire, j’eus soin d’annoter par écrit mes observations, soit sur les caractères des espèces, soit sur leur synonymie. Ces annotations n'étaient primitivement destinées à servir qu'à moi seul. | J'ai pensé ensuite qu'elles pourraient ne pas être inu- tiles à d’autres encore, et ce sont elles dont je commence aujourd’hui la publication. Aux yeux de beaucoup de personnes, ces explications préliminaires paraîtront peut-être superflues.Pource quime concerne, je les regarde comme indispensables , afin qu'on ne soit pas tenté de dénaturer mes intentions et de sup- poser que j'aie entrepris cet opuscule exclusivement dans le but de discréditer des travaux à juste titre estimés (1). D'ailleurs, prendre la peine de faire une critique polie et modérée d’un ouvrage, c’est, me semble-t-il, avouer im- plicitement l'importance qu’on y attache. (1) C’est-ce qui est déjà arrivé, il y a plusieurs années, à l'époque où je venais de publier, dans les Bulletins de l’ Académie, une notice sur les Gorytes et autres genres voisins. Le journal français, l’Institut, avait contume de rendre un compte assez détaillé de nos séances. Pour cette fois, lorsqu'il ar- SUR Mn ed re Gr Bi TRS CET CR F4 4 Ÿ EX LE k 4 Qi PRE PR RE RSR TETE ( 365 ) Il me reste à prévenir les entomologistes que j'attribue à la famille des Fouisseurs une signification un peu plus large que la plupart des auteurs, et que, à l'exemple de M, Haliday, j'y réunis les Mutillides, Je dois aussi avertir que mes remarques auront surtout pour objet les caractères et la synonymie des espèces , et que, pour le moment, je m'abstiendrai ordinairement de diseuter la valeur des tribus et des genres. La première partie de mon travail que je présente au- jourd’hui, comprend les Mutillides, les Scolides et les Sapygides. MUTILLIDAE. .… Genus MUTILLA. Quoique je n’aie jusqu'à présent trouvé en Belgique qu'une seule espèce de Mutille, je ne crois pas inutile de consigner ici quelques remarques sur un petit nombre d'autres espèces européennes. Pour être plus facilement compris, je les partagerai en deux groupes, dont voici les caractères comparatifs : 44 Divisio. 2° Divisio (Subgen. Myrrmilla (1). gQ. go. Abdominis segmentum primum an- Abdominis segmentum primum gulis basalibus breviter prominulis et -basi utrinque unidentatum, dentibus oblique antrorsum versis; subtus ea- elevatis , latis et validis, apice hama- rina longitudinali media instructum. tis et subretrorsum versis; subtus planum absque carina media. riva à ma notice, il déclara ne pas avoir à s’en occuper, parce que, selon lui, elle semblait faite pour critiquer les travaux de M. À. de S'-Fargeau. (1) J'ai formé ce nom par contraction de Myrmosa et Mutilla. (366) oo. Mandibulae externe calcaratae. Oculi interne emarginati. Alae anticae tegulis magnis; areo- lis tribus cubitalibus perfectis, ner- visque recurrentibus duobus. Mesonotum lineis duabus impressis longitudinalibus parallelis, utraque ab altera non magis distante quam ab alarum basi. Q. Antennarum articuli 3 et inter se longitudine circiter aequales. Caput thoracis latitudine. Lamella media subprominula in metanoto ante ejus declivitatem pos- ticam. Oo". Mandibulae margine externo mu- tico. | Oculi integri. 4 Alae tegulis parvis; areolis duabus cubitalibus perfectis, ncrvoque re- currente unico. Mesonotum lineis duabus impressis longitudinalibus parallelis, utraque ab altera multo magis distante quam ab alarum basi. Q. Antennarum articulus tertius quar- to duplo longior. Caput validum, thorace latius. Lamella pseudoscutellaris nulla in metanoto. Presnière division, 4. M. RurIPES 0 w. M. nurmes © & Lat. Gen. Crust. et Ins. IV. 421. — M. nurires © Fab. Ent. syst. 312. 26. Syst. Piez. 439. 48. — M. epmPPitM Fab. Ent. syst. 370. 18. Syst. Piez. 454, 27, — M. seLLATA © Panz. 46. 19: (1). Plusieurs auteurs, tels que MM. Curtis, Shuckard, Ny- lander, ont décrit cette espèce sous le nom de M. ephip- pium. J'ai préféré suivre Latreille, parce qu’il est le premier qui ait indiqué les deux sexes. Dans aucun cas, on ne peut d’ailleurs admettre le nom de M. sellata, le fasci- (1) Pour ne pas multiplier inutilement les citations, je ne mentionne les auteurs plus modernes que quand léur synonymie peut donner matière à dis- Cussion. : ( 307) cule 46 de Panzer n'ayant paru que vers l’année 1797, tandis que le tome IT de l'Entom. syst. date de 1795. Parmi les auteurs modernes, M. de S'-Fargeau est le seul qui ait persisté à faire deux espèces des M. rufipes et ephip- pium, Hym. HT. 608. 22. 612, 98. ; Chez le mâle, le 5° article des antennes est à peu près une fois plus court que le quatrième. Sur la surface posté- rieure du métanotum, qui est couverte de rugosités réticu- lées, on observe, au milieu de la base, un court sillon rebordé, duquel part une ligne longitudinale élevée, qui s'étend jusqu’à l'extrémité. La taille normale, en Belgi- que, est de 3 li. environ; j'en ai pris, dans les dunes d'Ostende , un individu qui a au delà de 4 li. Chez la femelle, le postscutellum lamelliforme est à peine un peu élevé vers l'extrémité, et il est fauve comme le reste du thorax. Les réticulations du métanotum s’effa- cent peu à peu vers l'extrémité, et on y observe plus ou moins distinctement une ligne longitudinale élevée. L’ar- ceau dorsal du segment anal est de forme à peu près ovale, très-étroitement rebordé sur les côtés, à surface plane, couvert dans toute son étendue de stries très-fines et très- serrées , d’un noir mat, quelquefois nuancé de rouge très- sombre dans le disque (1). Plusieurs auteurs ont décrit les pieds comme entièrement fauves; chez les individus de Belgique, les cuisses et les jambes sont plus ou moins obscurs vers le bout, surtout aux pieds de devant. La taille normale est de 2 5 li. environ, et elle s’abaisse quelque- fois jusqu’à © li. (1) M. Nylander est, je crois, le premier qui ait fait mention des carac- tères du segment anal de cette espèce, Mutillidae, Scoliidae et Sapygidae boreales, p. 14. ( 368 ) La M. rufipes est la seule que j'aie, jusqu'à présent, trouvée en Belgique. 2. M. surcomara ©. Mihi. Nigra, hirta, vertice pilis raris decumbentibus pallidis ; ore, antennis pedibusque fere totis, thoraceque, rufis; segmenti abdominalis secundi macula rotunda media margineque api- cali, tertioque toto, piloso-argenteis ; valvula anali dorsali sub- convexa, nilida, basi substriata, albido-pilosa. = 2 # li. Cette Mutille ressemble tellement à la M. rufipes © par la disposition des couleurs, qu’il est facile de la confondre avec elle. Elle en diffère 4° en ce que le sommet de la tête est couvert de poils couchés et assez clair-semés d’un roux pâle; 2° La lamelle ou postscutellum du métanotum est élevée verticalement; 5° L’abdomen est plus Court et plus globuleux; 4° L’arceau dorsal du segment anal est lisse, luisant, avec quelques vestiges de stries vers la base. Quant à la coloration, elle est la même que chez la M. rufipes ©, excepté le dessus du premier segment de l'abdomen , qui est noir avec les bords latéraux d’an fauve sombre, au lieu d’être presque entièrement fauve, comme chez la M. rufipes ©. Je ne connais pas la M. coronata 9 Fab. Ross. Panz. avec laquelle ma M. subcomata paraît avoir beaucoup de ressemblance, mais dont elle me paraît différer , 4° par la taille beaucoup moindre, à en juger d’après la planche de Panzer (55. 24); 2 les poils pâles du sommet de la tête ne sont visibles que sous la loupe, et ne sont pas assez abon- dants pour former une tache bien distincte; 3° les poils CARE À M | ( 369 ) blancs qui garnissent le bord du second segment abdo- minal, n’y forment qu’une bordure très-étroite et de lar- geur uniforme; tandis que, d’après la figure de Panzer et la description de M. de S'-Fargeau (615. 29), chez la M. co- ronala , cette bordure se dilate en angle au milieu. Quant aux Caractères que peut fournir le segment anal, aucun de ces auteurs n’en à fait mention. Relativement à la M. coronata 9, je ferai remarquer que les auteurs ne sont pas d'accord sur la couleur des pieds. Fabricius (Ent. syst. IL. 369.14) dit positivement qu'ils sont noirs. Panzer les a représentés comme noirs avec les tarses fauves ; d’après M. de S'-Fargeau, ils sont entière- ment fauves. Quant aux antennes, d’après la figure de Panzer, elles seraient fauves avec la base noire; d’après M. de S'-Fargeau, elles sont entièrement fauves. La M. subcomata ç m’a été envoyée des environs de Ge- nève, par M. Chevrier-Scherer. 3. M. BIMACULATA © Jur. # J'ai également reçu cette espèce de M. Chevrier-Scherer, qui l’a prise dans la même localité que la précédente. On ne connaît pas la femelle. - Chez la M. bimaculata z, on n’observe pas, au milieu de la base du métathorax, ce sillon rebordé que j'ai signalé plus haut chez la M. rufipes o'; mais, sous les autres rap- ports, 1l ya, entre elles, la plus grande analogie dans la conformation de toutes les parties du corps : d’où il est permis de conjecturer que les femelles de ces deux espèces doivent aussi se ressembler beaucoup. Ma M. subcomata, qui à tant de ressemblance avec la M. rufipes ç, ne serait- elle pas la femelle de la M, bimaculata ? (°870") | La M. bimaculata Jur. a été citée et décrite par Olivier (Ency. Méth. VI. 6%. 55), sous le nom de M. scutellaris, d’après la M. scutellaris Lat. (Act. Soc. Hist. nat. Paris. 10. 7); mais, ce qui est fort singulier , c'est que Latreille lui-même, dans son Gen. Crust. et Ins. p. 121, mentionne la M. bimaculata de Jurine, sans rappeler sa propre M. scu- tellaris; et cependant celle-ci avait été décrite dès 1792, tandis que l'ouvrage de Jurine n’a paru qu’en 4807. D'après ce silence de Latreille, on est assez porté à croire qu'il ne regardait pas sa M. scutellaris comme la même espèce que la M. bimaculata de Jurine, et qu’ainsi la synonymie d’O- livier serait peut-être erronée. 4. M. MONTANA Panz. [Q] Nigra, hirta; thorace rufo, subius nigro; segmenti abdomi- nalis secundi maculis duabus seriatis margineque apicali , segmentoque lertio, piloso-argenteis ; valvula anali dorsal subconvexa, nitida, basin versus irregulariter striolata, al- bido-pilosa. = Vix 2 li. — Panz. Fn. Germ., 97, 20. [Lo] Nigra, hirta; propleuris, mesothorace supra, alarumque tegulis, rufis, scutello nigro ; abdominis segmentis olbo-pilosis. =2ih La femelle de cette espèce diffère des M. rufipes et sub- comala, 1° en ce que la tête tout entière, les antennes et les parties de la bouche sont noires; le milieu seul des mandibules est fauve ; 2 le thorax est d’un fauve plus rou- geûtre avec le sternum noir; il est brusquement tronqué en arrière; le postscutellum est plus distinct, et il est noir au bout; 5° les pieds sont noirs; 4° le deuxième segment de l'abdomen porte deux taches argentées, la première à ( 371 ) quelque distance de la base, la seconde à l'extrémité. _ Cette femelle est, sans aucun doute, la M. montana de Panzer qui, dans sa description, a même eu soin de men- tionner l'existence du postscutellum : Metathorax apice puncto laevi nitido squamaeformi, scutellum mentiente. Dans sa Krilische Revision, p. 212, il donne comme syno- nyme la M. halensis, Fab. Ent. syst. Il, 569. 45. Syst. Piez. 452. 20. Cette synonymie peut laisser quelque doute, 4° parce que, d'après Fabricius, les jambes sont fauves à la base; 2 parce que Fabricius ne dit pas si les deux ta- ches blanches du second segment abdominal sont placées l’une derrière l’autre (comme dans la figure de Panzer), ou si elles sont l’une à côté de l’autre. C’est même cette der- nière interprétation qu'a choisie M. de S'-Fargeau, Hym. IT. 6357. 64; mais ce qui est inconcevable, c’est qu'il cite en même temps la figure de la M. montana de Panzer, dont la coloration indique précisément le contraire! M. de St- Fargeau cite aussi, comme synonyme, la M. halensis , Oliv. Enc. méth. VIT. 62./44, dont la description n’éclaircit pas la difficulté, puisque Olivier ne dit pas non plus com- ment sont disposées les deux taches blanches du second segment. Il est à remarquer que Jurine ne cite pas la M. halensis Fab. , tandis qu’il mentionne la M. montana Panz. (p.268). * Latreille, Gen. Crust. et Ins. IV, p. 120, ne mentionne ni la M. halensis, ni la M. montana; quant à cette der- nière, il n'ya rien d'étonnant, puisque ce tome IV semble avoir paru la même année (1809) que le fascicule 97 de Panzer. La seule espèce de M. de S'-Fargeau qui ressemble à la M. montana Panz., est sa M. tuberculata, XI. 619. 58; mais, d'après sa description, les antennes sont rougeûtres TouME xvui. 25. (372) avec l'extrémité obscure, et les pieds sont rougeâtres avec les cuisses noirâtres. D'ailleurs, à quelque espèce qu'il ait appliqué ce nom , il ne peut être conservé, puisque Fabri- cius, Syst. Piezs. 458.45, a déjà décrit une Mutille d’Amé- rique sous le nom de M. tuberculata. La Mutlle que je regarde comme le mâle de la M. mon- tana Panz., difière de la M. rufipes à par des caractères bien tranchés : 1° le thorax et l'abdomen sont proportion- nellement plus larges et plus courts; 2° le métanotum est plus brusquement tronqué; les aréolules qui couvrent sa surface sont plus régulières, et celle qui, un peu plus grande que les autres, occupe le milieu de la base, est à peu près carrée , au lieu d'avoir la forme d’un sillon ; 5° le premier segment de l'abdomen est beaucoup. plus court, plus élargi et plus convexe vers l'extrémité; le second segment est aussi plus renflé et plus fortement ponctué ; 4° la surface de l'abdomen est hérissée d’une seule sorte de poils, qui sont longs , obliquement élevés et blanchâtres, plus nombreux et rangés en séries transversales sur les bords des segments; tandis que chez la M. rufipes o'; il y a deux sortes de poils, les uns longs, élevés et épars, les autres beaucoup plus courts, très-serrés et couchés, qui forment sur les bords des segments autant de bandes d’un blanc argentin ; 5° l’écusson est noir, et il y a une tache noire sur le mésonotum contre le milieu de son: bord an- térieur. Latreille, dans son Gen. Crust. et Ins., IN, p. 1420, si- gnale, à propos des Myrmoses, les difficultés relatives à la synonymie de la Myrmosa ephippium « , et il termine en disant : 4t Mutillam veram et indigenam cui characteres Myrmosae ephippium congruunt, possideo. Ilme paraît bien probable que cette Mutille est celle que je regarde comme (373) le mâle de la M. montana. Si cependant je m étais trompe, je proposerais alors de lui donner le nom de M. La- treillii. J'ai reçu la M. montana et le mâle que j'y réunis, de M. Chevrier-Scherer, qui les à pris aux environs de Ge- nève, dans la même localité que les précédentes, Remarques. — Jurine, page 264, en énumérant les ca- ractères particuliers aux mâles des Mutilles, ditqu'ils ont deux petites épines placées sur les parties latérales du dernier segment abdominal. J'avoue que j'ai inutilement cherché ce caractère, même chez des espèces de grande taille, telles que les M. pedemontana, Europaea, etc. Je n’ai pas cité, parmi les Mutilles de Belgique, la M. Eu- ropaea , parce que Je né l'y ai jamais trouvée. On m'en a donné un mâle comme ayant été pris près de Ruremonde, de sorte qu’il est assez probable qu’elle habite aussi chez nous, soit dans les sables des dunes, soit dans les landes de la Campine. Du reste, cette espèce étant une des mieux connués, je me bornerai à faire remarquér que lé mâle s'éloigne des précédents par ses mandibules sans éperon. M. De S'-Fargeau à fait, du mâle et de la femelle, deux espèces différentes : Hym. HT. 597. 5. o — 602. 11. >. Deuxième division. (Subgenus MyRuILLA.) 5. M. INCOMPLETA. [0°] Nigra, hirta; thor acis dorso laterumque maxima parte rufis; abdominis segmentis margine apicali albo-pilosis; segmento -ventrali secundo, anoque Subtus, carinula instructis; clypeo apice unidentato. = ® ? li. — StFarg. Hym. HI. 609. 25. [91 Nigra, hirta, bp thorace latiore; antennis thoraceque (374) rufis; pedibus rufo-nigroque variis ; abdominis seymentis margine apicali dense piloso-albidis — 2-3 li. — M, misrincra S'-Farg. Hym. WU. 606. 18. Le mâle à la tête et la bouche noires. Le premier article des antennes est noir; les suivants sont brunâtres au-des- sus, d'un ferrugineux sombre en dessous. Le chaperon se termine par une forte dent. Le thorax est fauve avec le dessous d'une couleur noire, qui s'étend aussi en partie sur le bas des flancs ; de chaque côté du métanotum, une raie noirâtre s'étend de la base des ailes postérieures vers les hanches de derrière. Les écaillettes des ailes sont aussi petites que chez les Myrmoses, noirâtres. Les ailes ont une teinte sombre; les antérieures ont le tiers terminal noi- râtre, et la nervure qui ferme la deuxième aréole cubitale décrit un angle très-aigu d’où naît un rudiment de ner- vure longitudinale. Les pieds sont noirs. L’abdomen est noir avec des rangées de longs poils blancs sur les bords de tous les segments. Sous le ventre , le deuxième segment a, dans le milieu, une courte carène; l’arceau ventral du segment anal paraît très-finement chagriné avec la base lisse et l'extrémité un peu échancrée : au milieu de sa base s'élève une courte carène en forme de dent. Chez la femelle, la tête est noire avec le milieu de la face inférieure, le chaperon, les mandibules et les an- tennes, d'un fauve plus ou moins sombre. Le thorax est entièrement fauve. Les pieds ont les hanches de devant ordinairement noirâtres, les autres tantôt fauves, tantôt noirâtres; les trochanters sont fauves; les cuisses sont noires, quelquefois, avec la base des quatre postérieures fauve; les jambes de devant sont noires avec la base fauve, les quatre postérieures sont fauves avec l’extrémité noi- (37 ) râtre; les tarses sont fauves. L’abdomen est noir avec l'extrême base et le dessous du premier segment, ainsi que ses dents latérales, fauves ; tous les segments ont leur bord apical couvert de poils blanchâtres couchés et très-serrés; le segment anal est obconique, fortement ponctué. Chez les deux sexes, les mandibules sont élargies vers l'extrémité qui, chez les femelles au moins, est fortement tridentée. La face postérieure du métanotum à, dans son milieu, une ligne élevée longitudinale. Je suis très-porté à croire que le mâle que je viens de décrire est réellement la M. incompleta « de M. De S'-Far- geau, bien qu'il ne parle pas de l'absence d’échancrure aux yeux, ni des caractères que présentent sous le ventre le deuxième et le dernier segment abdominal, ni-de la peti- tesse des écaillettes des ailes. Néanmoins, la disposition remarquable des cellules des ailes est très-exactement in- diquée dans sa description, et, en comparant celle-ci à la mienne, on peut voir, en outre, qu'elles diffèrent peu entre elles relativement à la coloration. M. Spinola, Ann. soc. ent. de Fr. X. p. 97, indique une seule espèce de Mutille, à lui connue, de la division à deux cellules cubitales complètes, dont la seconde reçoit la nervure récurrente : c'est une espèce de Sicile, nouvelle selon lui, et qu'il nomme M. triareolata, mais sans en donner la description, de sorte qu'il est impossible de savoir si c'est la même que la M. incompleta S'-Farg. Ne connaissant pas la M. ruficollis Fab. Syst. Piez. 456. 57, j'avais cru d’abord qu'on pouvait y rapporter la M. in- completa s'; mais Illiger, dans son édition de la Fauna ÆEtrusca. WE, p. 188, range la M. ruficollis Fab. parmi les espèces dont les mâles ont les yeux échancrés, caractère qui n'existe pas chez la M. incompleta. Une autre espèce ( 376 ) qui, d’après la figure, parait aussi avoir à peu près la coloration de la M. incompleta &, c’est la M, ciliata Panrz. Fn: Germ. 106. 21; mais le dessin des ailes indique trois cellules cubitales complètes et deux nervures récurrentes, de sorte que ce ne peut pas être la même. "Quant à cette M. ciliata s', 1 est à remarquer : 4° que Panzer n'en fait pas mention dans sa Kritische Revision, parce que le fascicule 406 n’a été publiéque postérieure- ment ; 2° aucun auteur, à ma connaissance, n’a reproduit cette M. ciliata 5; 5° Panzer donne comme synonyme de son espèce la M. ciliata Fab. Ent. Syst. I. 371.23, dont le sexe peut paraître douteux. En effet , après avoir déerit la M. ruficollis, n° 22, qui est un mâle, Fabricius com- mence la description de la M. ciliata, n° 25, par ces mots: Affinis praecedenti, at distincta et alia, sans parler du sexe, ce qui pourrait très-logiquement faire supposer que le n°23 est un mâle comme le n° 22. Cependant il est à remarquer d'abord que, dans sa description de la M. ci- liata, il ne parle pas de l'existence des ailes commeil le fait ordinairement dans les descriptions des Mutilles mâles ; et, en second lieu, qu’il lui attribue des antennes fauves avec l'extrémité noire, coloration qu'on ne rencontre pas, je pense, chez les Mutilles mâles, tandis qu'elle est très-fréquente chez les femelles. Olivier, Enc. meth. VIT. 65. 60, a reproduit la M. ciliata Fab. sans donner aucun éclaircissement, car évidemment il ne l’a pas vue, et il n’a fait que traduire la description de Fabricius. Enfin, M. De S'-Fargeau l’a décrite comme étant une Mutille femelle, Hym. TT. 610. 25. Peut-être la M. distincta Qç de cét auteur n'est-elle qu'une variété de sa M. ciliata, dont, d’après la description, elle ne semble différer que par un peu plus de fauve aux antennes êt aux pieds; de plus, PISE ES ( 371 ) d’après Jurine (p. 264), la M. ciliata qç a aussi les man- dibules larges et tridentées au bout. J’ai reçu la M. incompleta de M. Chevrier-Scherer, qui a pris les deux sexes dans la même localité que les précé- dentes. Remarques. — Si j'ai commis une erreur en regardant la M. montana @ et la M. incompleta s comme les deux sexes de la même espèce, je dois déclarer que c’est à moi seul qu’elle est imputable; car toutes les Mutilles , n° 2-5, ayant été prises dans le même endroit, vers la même époque, et non accouplées, M. Chevrier-Scherer ne m'a communiqué aucun renseignement de nature à faire soup- çonner lesquelles parmi elles pouvaient être les deux sexes de l’une ou de l’autre espèce. 6. M. cazva 9. Nigra, hirta, capite thorace latiore ; vertice, antennis, thorace- que rufis ; pedibus rufo-nigroque variis; abdominis segmentis margine apicali dense piloso-albidis, — 2 3 li. — Fab, Suppl. Ent. Syst. 282. — Oliv. Ency, méth. VU. 64. 56. — Coqueb. Illust. icon. 68. Tab. XVI, 10. — S'-Farg. Hym. I. 607, 19. Les caractères tirés de la forme, de la ponctuation, de, la pilosité et des couleurs, sont les mêmes chez la M. calva ç que chez la femelle de l'espèce. précédente, dont elle ne semble différer que par une grande tache fauve au sommet de la tête. Je crois donc que ce ne sont que. des variétés d’une seule et même espèce dont, dans celte hypothèse, la synonymie devrait être présentée de la manière suivante ; M. caLva. ? M. Cazva Fab. Oliv. Coqueb. S'-Farg. Var. À : M. nisrincra S'-Farg. ? Var. 2 : M. cuiara Fab. S'-Farg. a" M. incompcera S'-Farg. — ? M. rriAREOLATA Spin. C'est avec beaucoup de doute que je place iei la M. ciliata Fab., parce que je ne l’ai pas vue; mais si c'était réelle- ment ici sa place, le nom de M. calva devrait être rem- placé par celui de M. ciliata, cette dernière. ayant été décrite dans lEntomologia systematica, tandis que la première ne l’a été que postérieurement dans le Supple- mentum au même ouvrage, M. De St-Fargeau fait remarquer que la bande blanche du second ségment abdominal est élargie en angle dans son milieu. Cette observation est exacte, mais le même caractère me semble exister aussi chez la M. distincta. Bien qu'il soit très-probable que la M. Calva dont je parle ici soit aussi celle de Fabricius, de Coquebert et de M. De S'-Fargeau , 1l n’y a cependant que la description d'Olivier qui soit assez complète pour lever tous les doutes : lui seul, en effet, a dit que l'abdomen a la base du premier anneau fauve, et que l’on voit à la base du premier anneau, de chaque côté, une épine courte, crochue. Il est également probable que notre M. Calva 9 est celle de Jurine, Hym. p. 268, et de Latreille, Gen. Crust. et Jns. IV. p. 121; mais ces deux auteurs avertissent que la M. calva de Panzer, Fn. Germ. 83. 20, appartient à une (319) espèce toute différente, et Jurine la regarde comme une variété de la M. Hungarica. En effet , à côté d’une Mutille très-grossièrement coloriée , Panzer a représenté une des mandibules qui est aiguë au bout et sans dents, caractère inapplicable à la M. calva de Jurine, laquelle a les man- dibules fortement tridentées au bout (Hym. p. 264); mais, ce qui ne saurait s'expliquer , c'est que Panzer, Krit. Rev. p. 215, déclare que c’est Jurine lui-même qui lui a en- voyé le dessin et la détermination de la M. calva! S'appuyant de lautorité de Latreille, M. Shuckard, Foss. Hym. 50. 2, a regardé la M. nigrita de Panzer “comme le mâle de la M. calva , et, après lui, M. Nylander, Mut. 41.5, a adopté la même opinion. Une particularité assez singulière, c’est que ces deux auteurs avouent qu’ils n'ont pas même vu la A. calva 9, et c’est ce qui contribue à expliquer comment ils se sont trompés, car je crois qu'ils sont réellement dans l'erreur. En effet, chez la M. nigrita Panz. 80. 22, l’arceau ventral du premier segment abdominal est caréné au milieu, caractère déjà Suflisant pour l’éloigner de la M. calva g, chez qui cette carène n'existe pas; en second lieu, la M. nigrita & n’a pas, comme la M. calva © , deux fortes dents erochues à la base du premier segment; enfin, la M. nigrita présente tous les caractères des Mutilles mâles de ma première division, c’est-à-dire des mandibules éperonnées, des yeux échancrés , de grandes écaillettes à la base des ailes, trois cellules cubitales complètes et deux nervures récur- rentes. Le seul individu que je possède de la M. calva ç m'a été donné par M. Perroud, qui l'avait pris aux environs de Bordeaux. Remarque. — Si, à l’occasion des Mutilles précédentes, ( 380 ) je n'ai pas parlé des caractères que pouvaient offrir les différences de ponctuation ou de réticulation de la surface du corps , c'est uniquement afin de ne pas allonger encore les observations que j'avais à présenter. Genus MYRMOSA Lat. M. MELANOGEPHALA Q 4 Lat. Gen. Crust.et Ins. IV, 120. — Shuck. Foss: Hym, 33. 1. — Nyland. Mutil. 16.4. — Mur. uecanocernaLa Q Fab. Ent. syst. IL. 572. 27. — Syst. Piez. 439.49. — Mvynu. Arra @ Pan. Fn. Germ. S5. 14, — Krit. Revis. 137. — Myr, MELANOCE- praLA © S'-Farg. Hym, I. 589, 1. Mvr. atra c° S'-Farg. Jbid. B90. 2: — ? Myr. nicra d S'-Farg. Jbid, 591. 4. Cette Myrmose est commune en Belgique, Sa taille est très-variable. M. De S'-Fargeau a, le premier, fait remar- quer que le mâle a une dent saillante sous la base du pre- mier segment abdominal. M, Nylander a ensuite indiqué l'existence d’une dent sur les hanches de derrière, et d’une échancrure anale. Un autre caractère, qui semble avoir échappé à l'attention de ces entomologistes, c’est.un tubereule saillant au milieu de la base du second. seg- ment ventral. | D'après M. De S'-Fargeau, sa M. atra a les ailes légère- ment enfumées vers l’extrémité, tandis qu’elles sont entiè- rement transparentes chez sa M. nigra. S'il n'y a réellement entre elles aucune autre différence, c’est une erreur d'en avoir fait deux espèces. Parmi les individus de ma collec- tion, il y en a à ailes enfumées, d’autres à ailes transpa- (381) rentes; ces derniers sont la plupart de plus petite taille que les autres, mais ils en ont tous les caractères essen- tiels. J'ai conservé un de ces individus à ailes transpa- rentes fixé à la même épingle avec une femelle, les ayant surpris dans l’accouplement : or, je puis certifier que cette femelle ne diffère en rien des autres femelles de la même espèce. Je ne connais pas la M. pulla ; de M. Nylander (oper. cit. 18. 2.), qui, d'après l’auteur, diffère de la M. melano- cephala «' par son corps moins velu et plus lisse, ses an- tennes relativement plus longues, ses ailes transparentes, ses hanches de derrière sans dents, et son segment anal entier. Genus METHOCA Lat. M. ICHNEUMONIDES © w. Shuck. Foss. Hym. 56. 1. — Nyland. Mut. 19. 1. — S'-Farg. Hym. WE. 575.1. — Lat. Gen. Crust. et Ins. IV. 119. 0. — Tencvra Sanvirat o* Lat. Zbid. 116. — Vanderl. Hym. Fouiss. [. 283; IL 4. -— Mur. rormicarta Jur. Æym. 266. PI. 13. Cette Méthoque n'est pas très-rare aux environs de Bruxelles. Les femelles varient beaucoup pour la gran- deur, et les plus petits individus de ce sexe ont quelque- fois le thorax et les pieds en grande partie noirâtres. On peut voir dans l'ouvrage de Vanderlinden et dans celui de M. Shuckard que c’est moi qui ai, le premier, soupçonné l’identité d'espèce du mâle et de la femelle, et que c'est encore moi qui les ai, le premier, pris accou- plés. M. Nylander a fait remarquer avec raison que le mâle a ( 382) les yeux velus. À ce caractère, j'en ajouterai un autre : c'est que ce mâle a, sur les hanches de derrière, une dent analogue à celle de la Myrm. melanocephala ©. ee SCOLIIDAE. Genus TIPHIA. 4. T. FEMORATA © ©. Shuck. Foss. Hym. 39. 1, — Nyland. Mutil. 21. 1. 2. T. MINUTA © 0. Vanderl. Hym. Fouiss. 1. 282. 4, —Shuck, Foss. Hym. 42. 3.— Nyland. Mutil. 24. 3. On peut trouver dans les ouvrages de MM. Shuckard et Nylauder une synonymie plus étendue de ces deux espèces de Tiphies, et à laquelle je me rallie entièrement. Elles sont communes, l’une et l’autre , en Belgique. Quant à la Tiphia villosa, que MM. Shuckard et Nylan- lander réunissent à la T. femorata, M. De S'-Fargeau , à l'exemple de Vandérlinden, l’a conservée comme espèce distincte. (Hym. 11. 556. 6. 558. 8.) M. Schuckard est le premier qui ait trouvé dans lé mé- tanotum un caractère, selon lui, plus certain que la taille et les couleurs, pour distinguer la T. femorata de la T. mi- nula : pour la première, linea intermedia elevata metatho- racis lineam transversam non attingente ; pour la seconde, linea intermedia metathoracis ad lineam transversam excur- rente. Je dois cependant faire observer que ce caractère est sujet à des exceptions : ainsi, je possède deux T. femo- ( 989 ) rata Q, longues de 4 = à 5 lignes, l’une de Belgique, l’autre des environs de Bordeaux, chez lesquelles la ligne médiane du métanotum en atteint distinctement l'extré- mité supérieure, tandis qu’elle ne l’atteint pas chez une de mes 7, minuta q. Je ne connais pas la T. morio Fab. Panz., et Vanderlinden n’en indique pas les caractères. D’après M. Schuckard , elle se distingue par son métathorax rugueux et sans lignes longitudinales élevées; mais il n’est pas inutile de faire remarquer que sa description à été faité d'après un seul individu. Postérieurement, M. Spinola semble ne pas avoir remarqué, ou ne pas avoir retrouvé, le caractère indiqué par M. Schuckard, quoiqu'il ait pu en examiner plusieurs individus, la T. morio n'étant pas rare aux environs de Gênes. Mais il a indiqué un autre caractère propre, selon lui, à distinguer la T. morio de la T. femo- rata : chez la première, le stigmate des ailes est au moins trois fois plus long que large; chez la seconde, le stigmate est tout au plus deux fois plus long que large. (Ann. Soc. ent. Fr. t X. p. 99-105.) Jai trois Tiphies d'Algérie, deux mâles et une femelle, reçues par un même envoi et appartenant à la même es- pèce. Elles ont le corps, les antennes et les pieds noirs, et le stigmate des aïles à peine deux fois plus long que large. Ce sont donc probablement des T. femorata à pieds noirs, c’est-à-dire des T. villosa Fab., ou peut-être une espèce propre à l'Algérie. Chez l’un des mâles, long de » 5 lignes, la ligne médiane du métanotum n'atteint pas son extrémité supérieure; chez l’autre, long de 4 lignes, la ligne médiane n'existe pas; chez la femelle, longue de à lignes, la ligne médiane atteint l'extrémité supérieure du métanotum. Je rapporte ces circonstances, parce ( 384 ) qu'elles Sont de nature à jeter du doute sur la valeur Spé- cifique de ce caractère. nn SAPYGIDAE. Genus SAPYGA. 1. S. PUNCTATA © ©. Lat. Vanderl. Shuck. Nyl., etc. 2, S, PRISMA Q vo. Fab. Vanderl., etc. De ces deux espèces, la seconde est beaucoup plus rare en Belgique que la première. MM. Curtis, Shuckard et Nylander ont adopté, pour la seconde espèce, le nom de S. clavicornis, d’après lÆpis clavicornis de Linné. M. Haliday est, je crois, le premier qui ait fait remar- quer que les Sapyges ont l'éperon des jambes de devant bifide au bout. Notice sur quelques Cryptogames inédites ou nouvelles pour la flore belge; par M. G.-D. Westendorp, médecin de bataillon au 12°”° régiment de ligne. La notice que nous présentons aujourd’hui à l’apprécia- tion de l’Académie royale des sciences de Belgique est la continuation de celle que nous avions présentée dans le temps et qui a été insérée dans le tome XII de ses Bulletins. Notre intention étant seulement de faire connaître les 2 Fe ( 385 ) Cryptogames inédites ou nouvelles pour la flore belge, qui nous ont été envoyées de différents points du pays, ou que nous avons trouvées dans nos propres excursions, nous nous sommes borné, dans cette notice, pour les espèces connues, à en donner le nom, avec un renvoi à l’ouvrage où nous les avons publiées en nature, sans entrer dans aucun autre détail descriptif. Quant aux espèces que nous avons cru pouvoir considérer comme nouvelles ou non dé- crites, nous avons tâché d’être aussi clair et aussi concis que possible dans la rédaction de leurs phrases caractéristiques. Étant réduit, pour la détermination des espèces , aux seules ressources de notre propre bibliothèque, il se pour- rait que, parmi ces espèces nouvelles, quelques-unes fus- sent déjà décrites par d’autres cryptogamistes; dans ce cas, et lorsque des erreurs de détermination parviendront à notre connaissance , nous nous empresserons toujours de les rectifier. Nous avons reçu bon nombre d'espèces intéressantes de nos amis et correspondants, MM. V. Marissal de Tournay, l'abbé Bellynck, professeur au collége de la Paix à Namur, l'abbé Leburton à Louvain, L. Landzweert, pharmacien à Ypres , et A.-C.-F. Wallays, notre collaborateur à l’Her- bier cryptogamique belge, et vétérinaire à Courtrai. Qu'il nous soit permis de leur témoigner ici notre vive recon- naissance pour le zèle et Les soins éclairés qu’ils apportent dans la récolte des espèces intéressantes dont ils enrichis- sent nos fascicules cryptogamiques et la flore du pays. FOUGÈRES. 1. Aspinium FONTaNUM Wild, — Zerb. Cryp. Belge , n° 152. Entre les rochers, le long de la Meuse. ( 386 ) 2, Prents crispa Sm — ÆZCB., n° 555. Entre les rochers, aux environs de La Roche. MOUSSES. 5. Bryun carneux Linn. — ÆCB., n° 254. Sur la terre, le long du chemin de fer de Courtrai à Mouscron. 4. NeckEra crispa Hedw. Sur la terre et le tronc des arbres, dans les bois ombra- gés des environs de Namur (M. Bellynck). HÉPATIQUES. 5. Juncenuannia Pusizca Linn. — ÆCB., n° 514. Sur la terre, dans les bruyères de Gheluvelt (M. Wal- lays). 6. JunGERMANNIA ToxENTELLA Linn. — /CB., n° 212. Sur la terre, au bois de Coucou, près de Tournay (M. Ma- rissal). 7. JUNGERYANNIA TRILOBATA Linn. Sur la terre, dans les bois de Breuze, près de Tournay, où elle paraît être assez rare. Nous ne l’avons jamais trouvée en fructification. LICHENS. 8. Usxea arricuzarTa Hoffm. — /ZZCB., n° 404. Sur le tronc des arbres, dans les forêts d’Andenne. 9. Cocrena runvum Ach. — ÆCB., n° 556. Sur les vieux murs des fortifications de Menin. 10. SqQuamanra LENTiGERA Dec. — Duby, Bot. gal., I, p. 660. Sur la terre et les mousses, aux environs de Namur (M. Bellyvnck). ( 387 ) 11. Expocaneonx miniarum Ach. — ZCB,, n° 506. Sur les rochers, aux environs de Namur (M. Bellynck). 12. Lecipea pecocorans Ach. — ÆCB., n° 262. Et B Granuzosa Ach. — HCB., n° 559. ù Sur les mousses en décomposition. 15. Lecipea sasuzeronux Floerk. — ÆCB., n° 263. Sur la terre et les mousses en décomposition. 14. Psora zuripa Dec. — Duby , Bot. gal., IH, p. 658. Sur les rochers , aux environs de Namur (M. Bellynck). 15. UrcEoLaARIA muragiis Ach. — Duby, Bot. gall., IE, p. 670. Sur le tronc du noyer, de l’aubépine, etc., aux environs de Courtrai (M. Wallays). 16. URGEOLARIA CALCAREA Ach. — Desmaz., PI, crypt., n° 1592. Sur les pierres calcaires des murs des fortifications de Tournay. HYPOXYLÉES. 17. Dorainea GEOGRAPHICA Fr. — ÆCB., n° 265. Sur les feuilles mortes du pommier et du poirier. 18. Dornipea miccePuncTATA Desmaz. — ÆCB., n° 468. Sur les feuilles mortes du Rhododendron arboreum. 19. HyroxyLox casrrinum Nob. — HCB., n° 266. Sur les branches mortes de l’orme. 20. HyroxyLon curysiTes Nob. (Sphæria Wallr.) ACB., no 365. Sur un tronc mort de frêne. 21. Hypoxycon vezuriNum Nob. (Sphæria Wallr.) ÆCB., n° 475. Sur le fond d’une cuvelle, conservée dans une cave hu- mide. 22. Spuænia AURANTION Wallr., Comp. ft. germ., IV, p. 789. Sur un tronc mort de frêne, dans la cour de l'infirmerie militaire de Menin. TOME xvur. 26. ( 388 ) 23. Spnæria macuLaNs Desmaz. — ACB., n° 551. Sur les vieux pieds du colza, aux environs de Louvain (M. Leburton). 24. Srnænia GoDINI Desmaz. — ÆZCB., n° 270. Sur les chaumes morts du roseau à balaï. 25. SPHÆRIA CYANOGENA Desmaz. — ÆCB., n° 406. Sur les vieux trognons pourris du chou. 26. Spuærta ARUNDINIS Nees. — Fr., Syst. myc., Il, p.510. Se développe à la base des chaumes pourrissants du roseau à balaï, aux environs de Courtrai (M. Wallays). 27. SeREÆRIA SALICELLA Fr. — ÆCB., n° 370. Sur les rameaux du saule. 28. Spxærta piropA Fr. — ÆCB., n° 477. Sur les rameaux de l’aune. 29. SruærtA corTicis Fr, — ÆCB., n° 478. Sur les branches et les rameaux du frêne. 30. Srnæria OCELLATA Fr.? Syst. myc., I, p. 480. Sur les branches et les rameaux morts du saule-pleu- reur au parc de S'-George à Courtrai (M. Wallays). 31. SruÆRIA TESSELLATA Pers., Syn., p.48.— Fr., Syst. myc., p.. 393. Sur des branches mortes du saule, aux environs d’Ypres. 32. SrnæriA BERKLEYI Desmaz., PL. crypt., n° 1769. Sur les tiges mortes de l’Heracleum spondylium, aux environs de Courtrai (M. Wallays). 33. Seuænrta PELLITA Fr., Syst. myc., II, 503. Sur les tiges mortes du pavot somnifère au jardin de M. Goethals-Delevigne, près de Courtrai (M. ÉnaT 34. Spuæria nerporricuA Fr., Syst. myc., Il, p. 504. Sur les chaumes pourrissants du roseau à balai, aux environs de Courtrai. (389 ) 55: SpuæniA visi Fr. — ÆCB., n° 272, Sur les gousses et les feuilles sèches des pois: 36. Souris ueneræ Fr. — ACB., n° 175. Sur les feuilles mortes du liérre. 57. Seuænta cuzmonum Wallr. — ACB., n° 575. Sur les chaumes du jonc (M. Wallays). 58. SPHÆRIA EPIDERMIDIS G MICROSCOPICA Desmaz. — HCB., n° 574. Sur les samares du frêne. 59. SPnæÆrtA osrauTuit Fr. — ZCB., no 572. Sur les feuilles de l’Imperatoria sylvestris.: 40. SriÆnia éARPINEÀ Fr. = ACB., n° 975. Sür lés feuilles du charme. 41. Spuæria seprortoïnes Desmaz. — ACB., n° 479. Sur les feuilles mourantes de l’Acer campestre. 42. SrmærtA cEuTuosPORIO1DES Berkl. — Désmaz., PL. crypt. , n° 1765. Sur les feuilles mortes et tombées à terre du Prunus lauro-cerasus, aux environs d’'Ypres (M. Wallays). 43. MicropEra RoSEOLA Lev., 4nn.des sc; nat., 5° série, t, V, p. 285. Sur le tronc d’un cerisier mort, aû jardin de M. le lieu- tenant Wahis à Menin. 44. Cxrispora carpnosPERmA Fr. — Æ#CB., n° 519. Sur le tronc d'un tilleul mort, au jardin du collége de la Paix à Namur (M. Bellynck). 45. Gxrispora INCARN4TA Fr: — HCB:;, n° 520. Sur les rameaux morts du Robinia pseud-acacia. 46. Cyrispora mAciLeNTA Rob. — Desmaz., Ann. des sc. nat., 1849, t. XI, p: 26. 17° notice ; n° 37. Sur les rameaux morts du Cornus mascula, au pare de S'-George à Courtrai. — Nous pensons que c’est par erreur ( 390 ) que M. Desmazières a indiqué cette espèce sur les rameaux du Staphylea pinnata, à en juger par les échantillons qu’il a bien voulu nous envoyer, et qui, comme les nôtres, se trouvent sur le cornouiller. R 47. CxTisporA pINASTRI @ TAXI Nob. — ZCB., n° 521. Sur les feuilles du Taxus baccata. 48. Pnoxa viozæ Nov. sp. — ÆZCB., n° 595. Pustules noires , arrondies, convexes, entourées par les dé- bris de l’épiderme. Périthèces réunis en groupes de 2 à 10, s'ouvrant à la face inférieure de la feuille par des ostioles pa- pilliformes, luisantes, qui rendent la pustule comme granu- leuse. Sporidies très-petites, ovalaires, contenant aux extré- mités deux sporules globuleuses, hyalines. — La place où se développe cette plante est ordinairement jaunie des deux côtés de la feuille. | Cette belle espèce, que nous croyons nouvelle, a été trou- vée sur les feuilles vivantes de la violette de chiens (Viola canina), dans les dunes entre Furnes et Nieuport (M. Wal- lays). 49. Puowa pETIOLORUX Rob. — ÆCB., n° 471. Sur les pétioles des feuilles du Robinia pseud-acacia. 50. Pnoma pnaseozi Desmaz. — ÆCB., n° 470. j Sur les tiges mortes du haricot. 51. Pnoma azBicans Rob. — Desmaz., Anh. sc. nat., 5° série, t. XI, p. 12, n° 20. Sur les tiges et les pédoncules des Cichoracées, aux environs de Courtrai (M. Wallays). 52. Pnoma Equiser: Desmaz. (Sphæria Fr.) PI. crypt., n° 183. Sur les tiges de l’'Equisetum arvense, au mont d’Avel- ghem (M. Wallays). 53. Puowa susonpinarta Desmaz., Ann. des sc. nat., 5° série, t. XI. (394) Sur les hampes du Plantago lanceolata, aux environs de Courtrai (M. Wallays). _ 54. Ceurnospora pmacipioIDes Grev. — ÆCB., n° 527. Sur les feuilles de l’Ilex aquifolia (M. Bellynck). . 55. CneiLanra HELICIS Desmaz. — ZCB., n° 596. Sur les feuilles vivantes du lierre. 56. SpnæRopPsis cYLINDROSPORA Desmaz. — ÆCB., n° 540. Sur les feuilles mortes du lierre. 57. Dipropra iNquinans Nob. (Sphæria Tod.) — ÆCB., n° 571. Sur l’écorce du frêne. 58. DrpLopra pusruLosa Lev.-— HCB.,n° 541, Sur l’écorce d'un tilleul mort. 59. Dipropra TRUNCATA Lev., Ann. des sc. nat., t. V, 5° série, p. 290. Sur les rameaux du marronnier d'Inde, au pare de S'-George à Courtrai. 60. Hinpensonra sanmenToRux Nov. Sp. Ze. nostr., fig. 2. Périthèces immergés, aplatis, d’un brun foncé, cachés sous l'épiderme du rameau qui se déchire en plusieurs lambeaux, pour faire voir un ostiole poriforme. Basidies simples, conti- nues, transparentes, restant attachéés aux sporidies pendant leur irruption. Sporidies brunâtres, pyriformes, à trois cloi- sons. Sur les jeunes sarments de la vigne, dans les jardins, ainsi que sur ceux des ronces dans les bois. Hiver. 61. HinpERSONIA SUBSERIATA Desmaz., Ann. des sc. nat., p. 69, n° 13, . juillet 1846. — Desmaz., PI. crypt., no 1893. Sur les chaumes de l'Enodium cœruleum, au camp de Beverloo; ainsi qu'à Gheluvelt, près d’Ypres (M. Wallays). 62. HiNDERSONIA UREDINÆCOLA Desmaz., Ann. des sc. nat., 5° série, t. XI, 1849, p. 19, no 25. — Desmaz., PL. crypt., n° 1887. (592) M. Desmazières indique cette espèce sur les vieilles pustules de l’Uredo junci, du Puccinia cerasi , etc. Nous l'avons trouvée parasite sur l'Uredo quercus Debrond. à S'-Denis lez-Gand. | SEPTORIA. $ 4re. — Sporidies linéaires à extrémités atténuées , contenant de 4 à 20 sporules. Septoria. 63. SEProrIA HYDROCOTYLES Desmaz. — ACB., n° 41. Sur les feuilles de l'Hydrocotyle vulgaris (M. Wallays). 64. Sepronta PoLYGoNoRum Desmaz. — ÆCB., no 42. Sur les feuilles du Polygonum persicaria. 65. Seprorra pyr1 Nob. — ÆCB., no 156. (S. pyricola Desmaz.) Sur les feuilles du poirier et du pommier. 66. Sepronria FricariÆ Desmaz. — HCB., n° 255, Sur les feuilles du Ranunculus ficaria. 67. SeprortrA convoLvuzt Desmaz. — ÆZCB., n° 295. Sur les feuilles du Convolvulus sepium. 68. Seproria cueLinon1 Desmaz. — ÆCB., n° 425. Sur les feuilles du Chelidonium majus. 69. Sepronra nEBuLosa Desmaz. — ÆCB., n° 427. Sur les vieux pieds du persil, conservés pour graine. 70. SEPTORIA URTICÆ Rob. — ÆCB., n° 489. Sur les feuilles de l’Urtica dioica. 71. SeprontA QuErcINA Desmaz., Ann. des sc. nat., 5° série, t. VIII, p. 25. Sur les feuilles du chêne, aux environs de Courtrai (M. Wallays) et de Namur (M. Bellynck). 72. SeproniA STELLARLE Rob. — Desmaz., dnn, des sc. nat.;t. VIIT, p. 22, 5° série. ( 395 ) Sur les feuilles de l’Alsine media, aux environs de Cour- trai. 75. Sepronta vincÆ Desmaz., PI. crypt. de Fr., n° 1550. Sur les feuilles de la petite pervenche, aux environs d'Ypres (M. Wallays). 74. SEPTORIA ORCHIDEARUM Nov. Sp. Taches d’un pâle brunâtre, arrondies, non limitées par deslignes plus foncées, de 5 à 10 millim. de diamètre, offrant au centre un grand nombre de périthèces très-petits, d'abord d’un jaune d'ambre, devenant ensuite d’un brun foncé. Ostiole simple, poriforme. Cirrhe blanchâtre. Sporidies linéaires, atténuées aux extrémités, droites ou légèrement flexueuses, contenant de 6 à 8 sporules globuleuses et transparentes, très-difficiles à aper- cevoir. | | Épiphylle sur les feuilles de l’Orchis latifolia , dans les prés humides le long de la Lys, à Courtrai. 75. Sepronra srrnacræ Nov. Sp. Taches jaunâtres, arrondies, non limitées par des lignes plus foncées, de 5 à 7 millim. de diamètre, offrant au centre un très- grand nombre de périthèces à peine visibles à l'œil nu, bruns, à demi immergés et présentant au sommet une ostiole poriforme, irrégulière, bien apparente au microscope. Cirrhe.. ?. Sporidies linéaires, courbes, atténuées aux extrémités, contenant de 4 à 8 sporules transparentes. Épiphylle sur les feuilles mourantes de l’épinard, au jardin de l'hôpital militaire de Bruges. Rare. Automne. 76. SeptoniA FRAxINI Desmaz , PI, crypt. de Fr., n° 1086. Sur les feuilles mourantes du frêne, aux environs de Courtrai. Hiver. $ 2. — Sporidies cylindriques à extrémités tronquées, conte- nant de 4 à 20 sporules. Phlæospora. 77. Seprorra BEræ Nov. Sp. (39% ) Taches arrondies, petites, dépassant rarement 4 millim. de diamètre, brunes, devenant blanches au centre, entourées d’uné ligne saillante plus foncée. Périthèces très-petits, nombreux, noirâtres, percés d'un pore simple. Cirrhe blanchâtre. Sporidies droites, cylindriques, vbtuses aux extrémités de 1/50 à 1/20 de millim. de longueur, contenant plusieurs sporules globuleuses et transparentes. Amphigène sur les feuilles de la betterave cultivée, aux environs de Courtrai (M. Wallays). 78. Sepronia Puacipiorprs Desmaz. — Phacidium Buxi Franck. — HCB., no 119. Sur les feuilles du buis. 79. Seprorta porPuz1 Desmaz. — ÆCB., n° 490. Sur les feuilles du peuplier noir. 80. Seprorra æscuz1 Nob. — (4scochyta æsculi Lib.) Sur les feuilles tombées du marronnier d'Inde, au pare de S'-George à Courtrai. 81. Seprorra PASTINACÆ Nov. Sp. Taches très-petites, indéterminées, brunâtres, éparses, deve- nant confluentes par le développement d’un grand nombre, presque entièrement couvertes par des périthèces agglomérés, noirs, irréguliers, offrant au sommet un pore simple. Cirrhe incarnat- pâle. Sporidies abondantes, assez longues, flexueuses, cylindriques, tronquées aux extrémités, contenant de 16 à 20 sporules globuleuses et transparentes. Hypophylle (quelquefois épiphylle) sur les feuilles du panais cultivé (Pastinaca sativa), aux environs de Gand, près de la nouvelle citadelle. Août. 82, Seprorra mercurtazis Nob. in Herb, — Phyllosticta mercurialis Desmaz. — ACB., n° 488. D’après les caractères que M. Desmazières à assignés au Nucléus du genre Phyllosticta, nous croyons que cette (395 ) espèce, qui a des sporidies cylindriques, tronquées aux extrémités, contenant 3 à 6 sporules, doit plutôt se trou- ver parmi les Seploria que parmi les Phyllosticta, où l’in- fatigable cryptogamiste de Lille l'avait placée. — IT en serait de même du Phyllosticta cruenta, que notre ancien professeur M. Kickx, à fait connaître dans la 4* centurie de ses intéressantes Recherches sur la flore cryptogamique des Flandres. 83. SEPTORIA TUSSILAGINIS Nov. Sp. Taches nombreuses, éparses ou confluentes, arrondies, irré- gulières ou anguleuses, dépassant rarement 4 millim. de dia- mètre , d'abord brunes, puis devenant blanchâtres ou grisâtres, limitées par un bord épaissi et entourées d'une aréole pourprée. Périthèces très-petits, immergés, éparpillés sur toute la tache, noirâtres, à ostiole poriforme. Cirrhe.…..?. Sporidies petites, flexueuses, cylindriques, tronquées aux extrémités, contenant de 8 à 12 sporules globuleuses et transparentes. Épiphylle sur les feuilles du Tussilago fragrans , au jar- din de M. Devriesere, horticulteur à Courtrai. 84. Septoria saLicis Nov. Sp. Taches très-petites, arrondies, blanches, entourées d’un bord noir-grisâtre, n'ayant qu'un à 1 !/2 millim. de diamètre. Péri- thèces au nombre de 4 à 3 sur chaque tache, noirs, luisants, semi-immergés, à ostiole poriforme bien apparent. Civrhe..….?. Sporidies droites ou flexueuses, cylindriques, obtuses aux extré- mités, contenant 10 à 14 sporules globuleuses. Épiphylle sur les feuilles du Salix argentea, dans les dunes de Furnes et de Nieuport (M. Wallays). Septembre. 85. SeproriA caLysTEGræ Nov. Sp. Taches épaissies, comme boursouflées, arrondies ou irrégu- lières, petites, de 2 millim. au plus de diamètre, d’un brun pâle. Périthèces assez grands, au nombre de 4 à 8 sur chaque tache, ( 396 ) immergés, ne montrant à, la surface que l'ostiole, qui est noir et bien apparent. Cirrhe blanc jaunâtre, Sporidies droites, cylindriques, obtuses aux extrémités, contenant de 6 à 40 spo- rules globuleuses. Épiphylle sur les feuilles mourantes du Calystegia sol- danella RBr. dans les dunes d'Ostende, 86. Serroria azzroRum Nov. Sp. Taches irrégulières, éparses ou confluentes, non limitées, verdâtres, devenant d’un blanc de lait au centre, dépassant rarement un centimètre de diamètre, Périthèces nombreux, semi-immergés, éparpillés sans ordre sur toute la tache, d’un roux brunâtre, à ostiole poriforme. Cirrhe..….……. ?. Sporidies flexueuses, cylindriques, obtuses aux extrémités, contenant de 4 à G sporules globuleuses. Épiphylle sur les feuilles du poireau, au jardin de l’hô- pital militaire de Menin. Rare. 87. Serrorta rosarum Nov. Sp. — 9. Rosæ B minor, West. et Wall., Herb, crypt. belge, n° 426. Taches petites, arrondies, éparses, verdâtres, entourées d’un cercle pourpré, qui tranche brusquement avec la couleur verte de la feuille, ayant de 3 à 4 millim. de diamètre. Périthèces rares, semi-immergés, noirâtres. Cirrhe blanchâtre. Sporidies flexueuses, cylindriques, obtuses aux extrémités, contenant de 3 à 6 sporules globuleuses. Épiphylle sur les feuilles des rosiers du Bengale, dans les jardins d'agrément. 88. Serrortra cuenoropri Nov. Sp. Taches arrondies, éparses ou confluentes, atteignant rarement 6 millim. de diamètre, d’un blanc verdâtre, devenant avec l’âge d’un jaune sale, entourées de zones jaunes ou brunâtres. Péri- thèces innombrables, noirs, semi-immergés, très-petits, épar- pillés sur toute la tache et lui donnant une teinte plombée. Ostiole poriforme. Cirrhe blanchâtre. Sporidies droites ou (397 ) flexueuses, cylindriques ou fusiformes, obtuses aux extrémités et contenant de 6 à 10 sporules globuleuses. Sur les feuilles languissantes du Chenopodium viride, le long du chemin de fer de Courtrai à Bruges. 89, Puyizosricra cyrist Desmaz. — ÆCB., n° 424. Sur les feuilles du Cytisus laburnum. 90. PHyLLosTICTA PRIMULÆCOLA Desmaz. — ÆCB., n° 487. Sur les feuilles du Primula veris (M. Wallays). 91. Payzrosricra crrçn Desmaz., PI, crypt., ne 1632. Sur les feuilles du Circium lanceolatum, aux environs de Courtrai (M. Wallays). 92. Payzzosricra 8rassicæ Nob, — Septoria brassice, West. et Wall., Herb. crypt. belge, n° 294. Taches assez grandes, arrondies, souvent confluentes, ver- dâtres, devenant blanches au centre. Périthèces noirs, nom- breux, épars, percés d'un pore simple. Cirrhe rose pourpré Sporidies ovales, très-petites, contenant 2 ou 3 sporules globu- leuses et transparentes, Sur les feuilles du colza, aux environs de Courtrai (M, Wallays). 93. Payzrosricra praNTHt Nob.— Septoria dianthi, West., Zerb. crypt. belge , n° 295 (non Desmaz.). ri Taches arrondies, souvent confluentes et indéterminées, hlan- châtres. Périthèces très-petits, nombreux, bruns, occupant le centre de la tache, percés d'un ostiole simple. Cirrhe blanche. Sporidies ellipsoïdes, contenant 3 sporules globuleuses, pellu- cides. | Sur les feuilles languissantes du Dianthus barbatus, dans la station du chemin de fer à Courtrai (M. Wallays). 94. Puyzrosricra arRiPLicis Nob. — Depagea vagans B atriplicis, Kx. Sur les feuilles de l’Atriplex hactatus. ( 398 ) 95. PnycLosricra AscLEPIADEARUN Nov. Sp. Taches indéterminées , assez grandes, attaquant souvent une grande partie de la feuille, blanches ou blanc jaunâtre, et comme éburnées. Périthèces immergés, très-noirs, tachant l'épiderme en noir par transparence, éparpillés irrégulièrement sur toute la tache. Ostiole poriforme, se montrant à travers une déchirure de l'épiderme. Cirrhe d'un blanc grisâtre. Spori- dies ovales, transparentes, contenant deux sporules globuleuses aux extrémités. Sur les feuilles de l’Asclepias carnosa, dans la serre tem- pérée de M. Devriesere, horticulteur à Courtrai. 96. PayzLosricra cAMELLIÆ Nov. Sp. Taches arrondies, assez grandes (2 à 3 cent.), se développant indifféremment sur les bords ou le centre de la feuille, bru- nâtres, devenant blanchâtres avec l'âge, entourées d’une bor- dure étroite, épaissie, brun pourpré. Périthèces immergés, noirs, noircissant quelquefois l'épiderme par transparence, épars sur toute la tache. Cirrhe blanchâtre. Sporidies ovales, très- petites, transparentes, contenant aux extrémités deux sporules globuleuses. Sur les feuilles du Camellia japonica , dans les serres de M. Devriesere, horticulteur à Courtrai. 97. PnyLLosriCTA ANDROuEDÆ Nov. Sp. Taches arrondies, irrégulières ou anguleuses, atteignant de 4 à 2 centim. de diamètre, brunes ou brun grisâtre, entourées d’une aréole pourprée de 4 millim. de largeur. Périthèces petits, noirs, luisants, semi-immergés, éparpillés sur toute la tache. Cirrhe blanchâtre. Sporidies ovales, très-petites, transparentes, contenant aux extrémités 2 sporules globuleuses. Épiphylle sur les feuilles d’un Andromeda à larges feuilles, au jardin de M. Devriesere, horticulteur à Cour- tray (M. Wallays). (959% ) . 98. Payzrosricra LAURI Nov. Sp. Taches indéterminées, attaquant ordinairement le sommet de la feuille, dans une étendue de 2 à 3 centim., d'abord pâle brunâtre, devenant blanchâtres avec l’âge, limitées par une bordure étroite et pourprée. Périthèces immergés, nombreux, éparpillés sur toute la tache, noirs, à pore simple. Cirrhe.... ? Sporidies ovales, transparentes, offrant 2 sporules globuleuses aux extrémités. Épiphylle sur les feuilles languissantes du laurier dans les jardins (M. Wallays). 99. Puyrcosricra LoniceRÆ Nov. Sp. Taches éparses, très-petites, dépassant rarement 5 millim. de diamètre, arrondies, ovales ou anguleuses, circonscrites par un bord épaissi, brunes, devenant un peu plus pâles au centre, où se trouvent groupés des périthèces microscopiques, brun foncé, à pore simple. Cirrhe blanchâtre? Sporidies ovales cylindriques, parfois un peu plus larges d’un côté que de l’autre, contenant 3 sporules globuleuses. Nous ne pensons pas que cette espèce soit la même que celle que M. Desmazières (Ann. des sc. nat., t. XT, 5° série, 17° notice, n° 54) a publiée sous le rom de Ph. vulgaris a. Loniceræ, à en juger d’après la description qu'il en a donnée. Hypophylle sur les feuilles du Lonicera periclymenum, aux environs de Bruxelles. 100. Pny1Losricra rHonopenpr1 Nov. Sp. Taches rousses où brun rougeûtre, assez grandes (3 à à cent. de diamètre) , indéterminées , attaquant ordinairement les bords ou le sommet de la feuille, Périthèces immergés, saillants, noirs, à ostiole poriforme assez grand. Cirrhe incarnat. Sporidies cy- lindriques-ovales, contenant 3 ou 4 sporules globuleuses. Épiphylle sur les jeunes feuilles languissantes du Rho- FEES (400 ) dodendron arboreum, dans la serre tempérée de M. Devrie- sére, à Courtrai. 101. PayiLosricra SYRINGE Nov. Sp. | Taches très-grandes, indéterminées, confluentes, envahissant indifféremment les bords ou le milieu de la feuille, non limitées, d’abord brunâtres, puis devenant plus pâles et cassantes au cen- tre. Périthèces très-nombreux, immergés, épars sur toute la tache, suivant, pour l’arrangement , la nervation de la feuille, brun roux, dévenant brun foncé avec l’âge, à pore simple. Cirrhe blanchâtre. Sporidies ovales ou ovales-eylindriques, trans- parentes, contenant 2 sporules globuleuses, qui s’échappent très-facilement de leurs loges. Épiphylle sur les feuilles mourantes du lilas commun (Syringa vulgaris), au jardin de M"° veuve Pycke, à Cour- trail. 102, Asrerowa poPuLt Rob. Desmaz:, Ann. des sc. nat: juillet 1847: Sur les feuilles pourrissantes du peuplier noir , aux en- virons de Courtrai. 1035. Asrenoma BEruLI Rob. — ÆZCB., n° 168. Sur les feuilles du bouleau the: à Ypres (M. Wallays, 104. Asrerowa PRUNELLæ Purt. — ZCB., n° 169. Sur les feuilles du Prunella vulgaris (M. Wallays). 105. Asreroma maLr Desmaz. — ÆCB., no 267. Sur les feuilles du pommier (M. Wallays). 106. Asrerowa RETICULATUM Chev. — Sphæria Dec. — Dothidea Fr. — Chev. F1. Par. 1, p. 447 , tab. II, fig. 28. Cette jolie espèce nous a été envoyée des environs de Louvain, sur les feuilles du Convallaria bifolia L. (M. Le- burton). 107. Leproruyriux Risis Lib. — ÆCB., n°179. Sur les feuilles du groseiller rouge. (401) 108. Lerroruyriom porui Lib. — ÆZCB., n° 545 Sur les feuilles du peuplier. 109. Leprornyrium Rno1s Nov. Sp. Taches assez grandes, arrondies ou ovalaires, confluentes, d'abord gris brunâtre, puis blanchissant et devenant d'un gris de plomb. Périthèces arrondis, bruns, rugueux à l'état sec. Nu- cléus gélatineux, blanc. Sporidies en massue, droites ou arquées, contenant 4 sporules globuleuses et transparentes. Dans cette espèce, les places occupées par les taches devien- pent d'une grande fragilité, surtout à l’état sec. Les périthèces occupent ordinairement la circonférence de la tache et laissent le centre libre; leur déhiscence par les bords ne se voit qu'im- parfaitement , mais on remarque plus souvent que la membrane très-mince, dont ils sont formés, se déchire en plusieurs lam- beaux et laisse le nueléus blane à nu. Sur les feuilles d’un Rhus inédit, au Jardin Botanique de Gand. Fin de l'été. 110. Scmzornyriun pranmicæ Desmaz. — ZLabrella ptarmicæ Desmaz. — HCB., n° 575. Sur les feuilles de l’Achillea ptarmica à fleurs doubles. 111. Ecrosrroma ziRiopENDRi1 Fr. — ÆCB., n° 480. Sur les feuilles du tulipier. GASTROMYCES. 112. ScceroTIUM BETULINUM Fr. — Z/CB., n° 279. Sur les feuilles du bouleau blanc (M. Wallays). 113. ScLeRoTIUM mACULARE Fr. — S, énclusum West., Bull. de l’ Acad. roy. de Brux:, t. XIE, n° 55. — ÆCB., n° 545. Sur les feuilles du peuplier. 114. SczeroTIUM COMPLANATUM Tod. — ÆCB., n° 578. Sur les feuilles pourrissantes d’aune. 115. Sezeroriun veLuTINUX Nov. Sp.— ACB.,n° 546.— Je. nostr., fig. 5 ( 402) Péridium diseiforme, de 2 à 6 millim. de diamètre sur 1/4 à 4 millim. d'épaisseur, à face supérieure légèrement déprimée, l'inférieure, bombée, offrant au centre un ombilie où s'implante le filament qui l’attache au support, d’une couleur brun jau- nâtre ou violacée à l’état frais, brun foncé et légèrement ridé à l'état -sec, couvert de poils serrés et très-courts, qui rendent toute la surface comme veloutée. Chair carné blanchâtre. Ce champignon, que nous eroyons inédit, se développe, pendant l'hiver, sur les pétioles du frêne, ainsi que sur les feuilles du chêne, du peuplier et du frêne, amassées dans les tronçons d'arbres creux, dans les bois taillis, aux envi- rons de Courtrai. 116: Sczerorium spnærtærone Lib. -— /7{/B., n° 547. D’après M. Desmazières (Ann. des sc.nat., t. XT, 5° série, mai et juin 1849, n° 15), cette plante ne serait qu’un état très-développé, mais sans fructification, du Sphæria lingam Tod. | Sur les tiges et les racines pourries d’une guimauve. 117. MeLampsora EuPHoRBIÆ Cast., Cat. des pl. de Marseill., p. 206, pl. 5. — Sclerotium euphorbiæ Kunze. Sur les feuilles languissantes de lEuphorbia helioscopia, aux environs de Courtrai. 118. Ruizocronra RaPæ Nov. Sp. — R. napææ, West.et Wall., Æerb, crypt. belge , n° 225. Péridium globuleux confluent, formant des tubercules de 1 à 5 centim. de diamètre, sur une épaisseur de 3 à 5 millim., brun roux à l'intérieur, brun noirâtre et tomenteux à l'exté- rieur, entouré d’une chevelure fasciculée, fibrilleuse, rameuse et d’un jaune brunâtre. Organes propagateurs inconnus. La substance du péridium, vue au microscope, est formée par des cellules très-grandes, hexagones , assez régulières, translu- cides et d’un jaune doré. ( 405 } Cette espèce croissait sur des navets conservés dans une cave à Courtrai (M. Wallays). Hiver. 119. Ruizomorpua rRicuopmora Desmaz. — ÆCB., n° 549. Sur un sommier, dans un puits couvert, à Marcke (M. Wallays). 120. Enysipne manissazrt Nov. Sp. — E. aceris Nob. (non Dec.), Zerb. crypt. belge, n° 551. — Jcon. nostr., fig. 4. Subicule blanc, feutré, très-court et épais, dans lequel se trouve enchâssé un péridium lenticulaire, noir, luisant, à 5 rayons blancs, très-longs, droits, acérés, creux, transparents et bulbeux à la base. . Cet érysiphé se développe sur les feuilles de l’Acer cam- pestre; il est épiphylle et très-épars ; on le prendrait faci- lement pour une de ces sphéries de la section des Foliicolæ, car à l'œil nu, on n'aperçoit que le péridium d’un beau noir, sans aucune trace de subicule; au microscope, le péridium enchâssé dans le subicule paraît comme s’il était entouré d'une collerette blanche; il contient 5 à 4 spori- dioles; ses rayons, au nombre de cinq, sont relevés dans la jeunesse de la plante, puis couchés. Nous avons trouvé cette espèce, qui n'est peut-être qu'une variété de l’Er. abnormis Duby, au parc de S'-George à Courtrai. 121. Enysipne GRramnis Dec. — ÆCB., n° 554. Sur les feuilles de l’Agropyrum repens. 122, Enysipne DETONSA Fr. — Æ/CB., n° 555. Cette plante, qui forme le passage du G. Erysiphe au G. Pysomyxa Corpa, a été trouvée aux environs de Namur, sur les feuilles d'un Erigeron, par M. Bellynck, et dans les dunes de Furnes, sur les feuilles d’un Apargia, par M. Wallays. 13 PerisPontux anuNDiNtIs Desmaz, — ACB,, n° 580. TOME xvur. , 4 D o ( 404 ) Sur: les feuilles de l'Arundo phragmites. 124. Tricura NEEsIANA Corda, Zcon. fung; 1; p. 25, tab. VI, fig. 288. Cette espèce, bien reconnaissable à'ses filaments épi- neux, à été trouvée dans le tronçon d’un arbre creux ; au bois de S'-Anne, près de Courtrai. 125. Rerrcurarra versrcoLor Fr., Syst. myc., WE, p. 90. Sur le tronc mort d’un frêne, dans la cour de l’infir- merié inilitaire de Menin. | 126. ELarnomyces muricaTus Fr., Syst. my. Il, P. 55 (excl., _Syn., Will). — Céraunium muricatum Wallr. Dans le bois de Gheluvelt (M. Wallays). URÉDINÉES. 127. CRONARTIUM ASCLEPIADEUM B Pæontæ Lev. — Z7CB., n° 484. ‘Sur les feuilles de la pivoine. ‘198. Æcipiom RANUNCULAGEARUM @ TaaLicrri Nob., ZCB., no 485. Sur les feuilles du Thalictrum flavum. 129. Æcbive RHAMNI Pers. — Z7CB., n° 558. Cette espèce, dont le port Les est assez différent de l'Æc. crassum, a néanmoins été réunie à cette espèce par Wallroth et quelques autres auteurs. Sur les feuilles du Rhamnus frangula. 150. Æcinivuu EUPHORBIÆ Pers. Sur les euphorbes, au bois d'Amée, près de Namur (M. Bellynck). | 131. Æcniux viouæ Alb. et Schw. — HCB., no 298. Sur les feuilles du Viola canina (M. Wallays). 152. Æcmiux Erizogn Dec. — ZCB., n° 559. Sur les feuilles de l’Epilobium roseum. 153. Ureno quencus Brond, — ZCB., n° 562. ( 405 ) Sur les feuilles du chêne. 154. Urepo Luzuræ Desmaz. — Æ/CB., n° 566. Sur les feuilles du Luzula verna. 135. Unevo cLumanum Rob. — Desmaz. — CB. , n° 568. Dans l’intérieur des balles et des glumes du froment. 136. Unebo Geranir Dec. — Duby, Bot. gal., 11, p. 898. Sur les feuilles du Geranium dissectum, aux environs de Namur (M. Bellynck). 157. Ureno exrosa Rebent. — ZCB., n° 3586. Sur les feuilles du Rubus idœus (M. Wallays). 138. Uneno rainis Desmaz., PL, crypt. de France , n° 127. Sur les feuilles de lris germanica., au jardin de l’hô- pital militaire de Bruges. 159. Ureno aricurosa Chev. — ÆCB., n° 387, — et var. B TriFoër Desmaz. — Æ7CB., n° 587. Sur les feuilles du haricot; la var. 8 sur celles du trèfle des prés. 140. Urepo Ecymi Nov. Sp: — ÆZCB., n° 391. Groupes rougeâtres, devenant jaunes par l'âge, allongés, elliptiques, recouverts en partie par les débris de l’'épiderme, qui se rompt longitudinalement. Sporidies globuleuses ou ovoïdes, sessiles ou courtement pédicellées. Cet Uredo se développe sur les parties latérales des ner- vures saillantes dé la face inférieure des feuilles de l’£ly- mus arenarius, aux environs d'Ostende (M. Landzweert). 141. Üneno ARuNDINACEA Nouel-Mal. — ÆCB., no 390. Sur les feuilles de l’Arundo phragmites. 142. Ureno cicuoraceanum Dec, — ÆCB., n° 287. Sur les feuilles d’un Apargia. 145. Ureno PruNt Cast. — ÆCB., n° 569. ( 406 ) Sur les feuilles du prunier domestique. 144. Ureno srriæronmis Nov. Sp. Groupes linéaires, parallèles, allongés, nombreux, confluents, noirâtres, souvrant suivant les sens des fibres de la feuille. Spo- ridies assez grosses, globuleuses, d'un brun foncé. Au premier aspect, on prendrait cette espèce pour l'U. longissima, offrant comme lui, des pustules linéaires, si- mulant des stries sur les deux faces de la feuille; mais, dans cette nouvelle espèce, les pustules sont plus étroites, plus foncées de couleur, les sporidies, vues au micros- cope, quatre fois plus grosses et d’un brun foncé. Sur les jeunes pousses de l’Holcus lanatus et de l’An- thoxanthum odoratum, dont il empêche le développe- ment. Environs de Courtrai. ! 145. Ureno occucrA Nob. — ÆCB., n° 555, — Polycystis cerealinum, Nob. in Herb. Cette espèce inédite, quoique assez commune, a été pro- bablement confondue avec les U. caries et segetum, dont néanmoins les caractères microscopiques des organes re- producteurs l’éloignent. L'espèce que nous donnons ici se développe sur les gaines, les chaumes et les rachis du seigle, qu'il tord, déforme et étiole; les pustules sont grisâtres , très-longues, étroites, s'étendant souvent d'un nœud à l’autre, s'ouvrant longitudinalement pour laisser échapper une poussière abondante, brun noirâtre, formée par des sporidies inégales en grosseur, arrondies ou angu- leuses, comme cloisonnées ou agglomérées, opaques, d’un rouge brunâtre, offrant à la circonférence des verrues peu proéminentes, transparentes, au nombre de 2 à G. Dans les moissons, aux environs de Menin et de Cour- tral. 146. Veruicuranta vranTut Nov. Sp. — ÆCB., n° 395. (407 ) Strome inné, épars, très-petit, arrondi ou ovalaire, surmonté d'un faisceau de poils bruns (plus pâles et transparents vers le sommet), roides et acérés, et s'ouvrant au sommet par une dé- chirure inégale. Ascidies allongées, atténuées et courbées aux extrémités, ayant 1/50 à ‘/60 de millim. de longueur, contenant de 3 à 5 sporidies globuleuses et transparentes. Sur les tiges et feuilles mortes du Dianthus barbatus, au jardin de la station du chemin de fer à Courtrai. 147. Fusariux susrecrum Rob. — ÆZCB., n° 417. Sur les feuilles mortes de l'Arundo arenaria. 148. Fusarium »euricenæ Nov. Sp. — ÆCB., n° 414. Tubercules très-petits, arrondis, ovales ou allongés, épars, quelquefois confluents, d'un beau rouge-vermillon, diffluents. Sporidies très-longues, filiformes, très-effilées aux extrémités, contenant de 40 à 15 sporules globuleuses et hyalines. Cette espèce, qu'il ne faut pas confondre avec l’une ou l’autre espèce du G. Ilosporium, dont elle a le port, croît sur les vieilles folioles du thalle du Peltigera rufescens, aux environs de Courtrai. Très-rare. Octobre. 149. Fusariun Equiseronum Desmaz, — ÆCB., no 493. — Hymenula equiseti, Lib. Sur les tiges de l'Equisetum limosum , aux environs de Courtrai. | 150. Puccinia potEeRIt Nob, — Phragmidium poterii, Wallr. Sur les feuilles du Poterium sanguisorba, aux environs de Namur (M. Bellynck). 151. Puccinra pranrur Dec. — ÆZCB., n° 292. Sur les feuilles du Dianthus barbatus. 152. Pucainra PoLxGoniI-convozvuzr Hedw. fil. — Duby, Bot. gal. — Corda, Zcon. fung., 1V, p.15, tab. IV, fig. 41. Sur les feuilles du Polygonum convolvulus, aux environs de Courtrai (M. Wallays). ( 408 ) 158. Puccixia composrranux Schilidl, — Cord., Zcon. fung., IV, p. 14, tab. IV, fig. 45. Sur les feuilles et les tiges des chardons, aux environs de Menin, “4 154, Puccinia VaILLANTLE Pers. = Æ/CB., n° 584. Sur les feuilles du Vaillantia cruciata. Avelghem. 155. Puccinra uerenocanoa Rob. — Desmaz. — P. vaillanti® 8 pal- lida. Nob., Herb. crypt. belge, n° 5842, Sur les feuilles du Vaillantia cruciata. Courtrai. 156. Puccinia peronicæ Dec, — Cord., Zcon. fung.; AV, p. 17 ,. tab. V, fig. 58. Sur les feuilles de la bétoine officinale, au château de Namur (M. Bellynck), | 157, Puccinia rasæ Link. -— Chev., F1. Par., 1, p. 420. Sur les feuilles et les tiges des vesces, et surtout de la fève des marais (Vicia faba), aux environs de Courtrai, 158. Puccrnia puncrun Link.— ÆCB., n° 290. Sur les feuilles de plusieurs espèces de Carex (M. Wal- lays). | 159. Puccnia suncr Desmaz. — ACB., n°585. Sur les chaumes du jonc, aux environs de Bruxelles (M. Marissal). 160. Pucca 1ripis Wallr., Comp.fl. germ., IV, p.225. Sur les feuilles de lIris germanica , au jardin de l'hôpi- tal militaire de Bruges, souvent mêlé à l'Uredo iridis, 161. Puccinra ELYm1I Nov, Sp. — HCB., n° 291 (1847). Groupes brunâtres, devenant presque noirs, allongés, aplatis, tachant l’épiderme en noir grisâtre et restant presque toujours recouverts par celui-ci, quoiqu'il se déchire au centre des pus- tules et longitudinalement. Pédicelle court, gros et transparent, supportant des sporidies fusiformes, biloculaires, (409 ) Cétte urédinée croît sur la face supérieure des feuilles de l’Elymus arenärius; dans les dunes d'Ostende (M. Land- zweert). / 162. Pesrasozzia euerini Desmaz. — HCB:; n° 537. u6 2axNbôb Le Stilbospora angustata var. foliorum; que le savant crypitogamiste de Gand a décrit dans la 2° centurie de ses Recherches sur la flore cryptogamique des Flandres ; nous paraît être la même espèce que celle que nous donnons ici ; toutefois, M. Kickx n’ayant point parlé de l’aigrette qui surmonte notre planté, et n'ayant pu faire une étude comparative des deux.espèces, nous n’émettons un idée qu'avec doute. À Nous pourrions en dire autant du Sporocaitat sixcnlins Cord., Ic. fung., TT, p. 24, tab. IV, fig. 66, que nous considérons comme étant le Pestalozzia guepini, observé à l’état adulte et privé de l’aigrette. Sur les feuilles mourantes du Camellia japonica, dans les serres. — M. Desmazières l'indique aussi sur le Magno- lia , ét nous l'avons trouvé sur r les feuilles du Rhododen- dron arboreum. 163. PesraLozzia rUNEREA De$maz. — HCB., no 491. Sur les rameaux et lés feuilles mortes du is ad Occi- dentalis (M. Wallays). 164. Prosrukiun Berurinum Kunze. — Cord:, Le. fung., HI, D: Ex tab. IV, fig. 67. Sur des branches mortes du bouleau blane, at jaNiin de M. Willems, près de Courtrai. Rare. Février. 165. Sritrosponx Krexxin Nov. Sp., Je. noëstr., fig. 6. Pustules éparses, peu élevées, obtusés, Soulevant et fendanit l'épiderme en plusieurs lambeaux irréguliers. Sporidies éxaéte- ment pyriformes, brunes , offrant, du côté de la pointe, qui est toujours un peu plus élairé-que le reste, deux cloisons bien ap- ( 410) parentes et très-rapprochées de cette extrémité, de manière à former deux petites cavités et une très-grande. Cette espèce remarquable et bien distincte, que nous dédions au professeur qui a guidé nos premiers pas dans l'étude des sciences naturelles et nous en a donné le goût, est intermédiaire, pour la grosseur de ses sporidies, entre le Melanconium ovatum Link. et le Stilbospora pyriformis Hoffm., avec lesquels on l’a peut-être quelquefois con- fondue. Sur les branches tombées à terre du bouleau blane , au parc de S'-George à Courtrai, Mars. Rare. 166. LiBERTELLA FAGINEA Desmaz. — ÆCB., n° 558. Sur le tronc mort du hêtre. Courtrai (M. Wallays). CHAMPIGNONS. 167. Dacryomyces Lacrymazis Cord., Zc. fung., Il, p. 52, tab, XIV, fig. 115. | Sur des piquets de sapin qui entourent le jardin du Casino à Courtrai. Hiver. 168. Peziza versironuis Pers, — ÆCB., n° 297. Sur des perches de sapin , à Bruges. 169. Peziza Lacusrris Fr, — ÆCB., n° 44. Sur les chaumes sèches du Scirpus lacustris (M. Wal- lays). 170. Pezza curngssina Fr.! — Batsch., Elench. .) Pe 119. — Fr., Syst. myc., Il, p.135. — Fr., Elench. fung.. Il, p.11. Sur les feuilles mortes de la sabine (Juniperus sabina), à la campagne de M. Willems, près de Courtrai. Hiver (M. Wallays). 171. Pezrza paLEanu“ Desmaz. — ÆCB., n° 190. Sur la paille d’un toit de chaume (M. Wallays). (A1) 172, Peziz4a nuseLa Pers. — ÆCB., no 495. Sur l'écorce d’un frêne mort. 175. Peziza suncina Pers., Myc. Europ., p. 514. — Fr., Syst. myc., I, p.152. Sur les chaumes morts du jonc, dans les bruyères de Gheluvelt, près d’Ypres (MM. Marissal et Wallays). 174. Peziza canpinea Pers, — Desinaz., PI, crypt., n° 1062. Sur l'écorce d’un charme mort. dé 175. Peziza saricanra Pers, — Desmaz., PL, crypt., n° 1421. Sur le bois, dans les troncs cariés du saule, aux environs d'Ypres (M. Wallays). 176. Peziza crrrina Batsch. — Fr., Syst. myc.; P- 151. Sur le tronçon d'un arbre coupé, aux environs de Lou- vain (M. Leburton). 177. Peziza coronara Bull. — Desmaz., PI. crypt., n° 872. Sur les tiges mortes de plantes herbacées. Courtrai. 178. Pezrza 1NrLExA Bolt. — Fr., Syst. myc., 11, p. 120. Sur les tiges mortes de plantes herbacées. Courtrai. 179. Peziza ruserosa Bull, — Fr., Syst. myc., I, p. 58. Sur la terre, au bois du Coucou lez-Tournay (M. Marissal). 180. Ascosozus rrirozu Bernh. — ÆZCB., n° 599. , Sur les feuilles du trèfle. 181. Sricris vazvara Mont. — ÆZCB., n° 255. Sur les feuilles sèches de l’Arundo arenaria. 182. Sricris cincinata Lib., PI. crypt. ard., n° 252. Sur les chaumes morts du jonc, aux environs d'Ypres (M. Wallays). 183. Cravarra RuGOsA Bull, — Fr., Syst, myc., 1, p.473. Sur la terre, dans les bois de sapin, aux environs de Louvain (M. Leburton). (442) 184. Menisma crisrarum Pers. — ÆCB., no 430. Sur la terre, dans les bois (M. Wallays). MUCÉDINÉES. 185. Enixeum pyrinum Pers. — 77CB.; n° 589. Sur les feuilles du poirier. Courtrai (M. Wallays). 186. Oinrum ruckent Berk, — Monit, belge, 12 septembre 1850, p. 2585. Sur les raisins, ainsi que sur les feuilles de la vigne, dans le jardin de M. le lieutenant-colonel d'artillerie baron de Ryckholt à Gand. | 187. Oimiux envsrenoines Fr. — ACB., n° 455. Sur les feuilles du concombre. | 188. CLanosporium pENpriricum Wallr, — Æelmintho sporium pyro- rum. Lib., PI. crypt. ard., n° 188. Sur lés feuilles du poirier (M. Walläys). 189. Fusinrom parasirrcom Nov. Sp. Couche d’abord gélatineuse, puis se contrétant en une poudre farineuse , très-blanche, formée par dés sporules excessivement petites; nombreuses, cylindriques + fusiformes, transparentes, n'ayant qu'environ {/50 de millim. de longueur sur une largeur moyenne de 1/200 de millim. Tous les auteurs qui ont décrit le Xylaria cornuta Kx. (Sphæria hypoxylon Fr.) ont considéré la couche pruineuse qui constitue notre espèce commé näturelle au jéune âge de ce champignon, et ont fait entrer ce caractère dans leurs phrases spécifiques. Ayant conçu des doutes sur la valeur de ce caractère, nous avons eu la curiosité de suivre le développement de cette production; et nos investigations nous ont mis à même de constater que, loin d’être un état normal de l’Hypozxylée en question, elle était, au contraire, (445 ) un hôte parasite qui la rend maladive : nous avons, en effet, observé qu'aucun strome de Xylaria, portant notre Fusidium, n’acquiert sa croissance ni ses formes natu- relles, et ne parvient presque jamais à maturité; mais s'allonge, s'amincit, se tord, en un mot, s'étiole et finit par se dessécher, sans avoir produit aucun des organes de la fructification, Groît parasite sur le strome du Xylaria cornuta, au pare de S':George à Courtrai. Hiver. 190. Fusiium GErani1 Nov. Sp. Taches brunes, d’abord arrondies et éparses, puis irrégulières, confluentes et indéterminées, envahissant souvent une grande partie de la feuille. Couche gélatineuse, se concrétant en une poussière farineuse sur toute la tache. Sporidies ovales-cylin- :. driques, offrant parfois au milieu une cloison, d’autres fois une ou deux sporules placées aux extrémités. Hypophylle sur les feuilles languissantes du Geranium dissectum , aux environs de Courtrai. 191. Spororricuum canpioux Link. — ÆZCB., n° 592. Sur les feuilles mortes, réunies en tas pendant l'hiver. 192. SpororricHum oLivAcEUm Fr., Syst. myc., IUT, p. 417. Sur du bois pourri, dans le bois de S'-Anne lez-Cour- trai. 195. FusISPORIUM ALBUM Desmaz., PI. crypt., n° 929, Sur les feuilles vivantes du chêne, dans les bois. 194. Fusisporivn RuizopxiLum Nob. — ÆCB., n° 496. Var. a Beræ. — Fusisporium Betæ Desmaz. Var. b Sozani-rugerosi. — #7. Solant mart.? (Von Desmaz.) Var. c Daxziæ. La var. a croit sur les racines pourries de la betterave; la var. b sur les tubercules de la pomme de terre, et la var, c sur celles du Dahlia, (414) 195. Fusisponium urricæ Desmaz. — ZCB., n°197. Sur les feuilles de lUrtica dioica (M. L. Matthys). 196. Fusisponiux zEæ Nov. Sp. Masses trémelloïdes, indéterminées, étalées irrégulièrement, d'un beau incarnat foncé, formées par des filaments blancs, rameux, très-tenues, s'évanouissant en partie avec l’âge , entre lesquels sont agglutinées en grand nombre des sporidies fusi- formes, très-allongées, effilées aux extrémités, obscurément | cloisonnées, ayant de 1/25 à 1/0 de millim. de longueur sur une largeur d'environ 1/200 de millim. Se développe pendant les hivers pluvieux, sur les chaumes pourrissants à terre, du maïs, et surtout autour des nœuds. Trouvé au jardin de la station du chemin de fer à Courtrai. 197. Cuærosrroma pux1 Corda, Zcon. fung., IL, p. 50, tab. XIII, fig. 107. — Fusisporium buæi Desmaz. — ÆCB., n° 49. Hypophylle sur les feuilles mortes du buis (M. Wallays). 198. Mysrrosrorium PYRIFORME Desmaz., PI. crypt. de France, n° 1494. Sur les tiges et les feuilles mortes de l'Eryngium cam- pestre, à Vaulx, près de Tournay. | 199. BracaycLADIUM PENICILLATUM Corda, Ze. fung., 11, p. 14, tab. X, fig. 65. — HCB., n° 591. Sur les tiges mortes et jetées à terre du pavot somni- fère, à la campagne de M. Fr. Goethals-Delevigne, près de Courtrai. 200. SriLBuM ERYTHROGEPHALUX Ditm. — ÆZCB., n° 595. Sur les crottes de lapin, dans les bruyères de Ghelu- velt, près d’Ypres (MM. Marissal et Wallays). 201. Grarnium arrum Desmaz., PI crypt., n° 1622. Sur les chaumes pourrissants du jonc, dans les fossés de la campagne de M'"° Surmont de Volsberghe, à Courtrai. L (M5) ALGUES. 202. Procamium vuréare Lamx.— /ÆCB., n° 258. Rejeté par la mer, sur la plage d'Ostende (M. Maclcod). 205. PrirorTa rLumosA Agdh.— Plocamium plumosum Lamx.— ÆCB., n° 259. Parmi les débris de plantes marines, rejetées par la mer sur la plage, près de Blankenberghe. 204. Cenamiun scoruzonux Agdh. — ÆCB., n° 445. Sur les pilotis du port d’Ostende et de Nieuport (M. Land- zweer!l). 205. Rmizococcuw crEpirans Desmaz. — ZCB., n° 50. Sur la terre argileuse, aux environs d’Ypres (M. Wal- lays). 206. ULva cLaTuraTA Agdh. — ZCB., n° 444. Dans les fossés d’eau saumâtre, aux environs d’Ostende (M. Landzweert). 207. ZyGnema quininum Agdh. — ZCB., no 247. Dans les fossés d’eau douce, aux environs de Bruges. 208. ZyGnEema conpensarum Agdh. — ÆCB., n° 446. Dans les fossés qui entourent la ville de Bruges. 209. Cunoozepus oporaTus 3 AuRANTIACUM Kutz, spec. Alg., p. 427. Sur le tronc des peupliers, aux environs de Marcke, près de Courtrai. 910. LxnGnxA muraLIS Agdh. — /7CB., n° 200. Au pied des arbres (M. Matthys). 211. Cyrinprospermum numicoza Kutz. — ÆC ., n° 597. Sur la terre des chemins, dans les jardins. 212. Cyrnonoscasrus Vaucnent Kutz. — ZCB., n° 598, Sur la terre, au pied des murs. (416) 215. PALMOGLOEA PROTUBERANS Kutz., Spec. alg., p. 227. — Palmella protuberans Agdh. — ÆCB., n° 545, Sur la terre, les mousses et les troncs d'arbres, dans les bois de sapin. 214. Prorococcus vuzéaris Kutz. — ZCB., n° 599. Sur le tronc des arbres. 215. OscizcaroniA PRiNCEPS Vauch. — ZCB., n° 450. Dans les fossés, aux environs de Bruges. 216. Navicuza viriDuLA Kutz. — ÆCB.,n° 600. Sur: les pierres dé la cascade: de Josaphat, près de Bruxelles (M. Marissal). 917. FRAGILARIA CAPUCINA Desmaz, — Æ/CB., n° 447. Dans les fossés, aux environs de. Bruges. * EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. 1. Hypoæylon velutinum Nob. a. Coupe verticale grossie. b.. Sporidies fortement grossies. c. Thèque fortement grossie. 2. Hindersonia sarmentorum Nob. d. Rameau de vigne avec l'espèce , vu grandeur naturelle. e. Bouton grossi. f. Coupe verticale d’un bouton. g. Groupe de sporidies fortement grossies. h. Sporidie vue à un grossissement très-fort. 5. Erysiphe detonsa Fr. i. Trois groupes, grandeur naturelle. k. Un péridium grossi. L — /" ouvert et grossi. m. Un péridiole fortement grossi. 4, Erysiphe marissalii Nob. n. Groupe de péridiums, grandeur naturelle. o. Un péridium avec son subicule et ses rayons grossis. L «de l'Acad. Roy | Tone XVII, 1° part.p er 417 ‘ | dorp ad rat, del Dess. par Cenereurs, luh, de L'Acd (47) p. Péridioles grossis. q- Un des rayons fortement grossi.. Fig. 5. Sclerotium velutinum Nob. r Péridium de grandeur naturelle, vu-par sa face supéricure. s. Coupe verticale d’un péridium. {. — fortement grossie pour montrer le velouté. 6. Stilbospora Kickæti Nob. u. Coupe verticale d'une pustule grossie. v. Sporidies grossies. w. Une sporidie vue à un fort grossissement. ER PRO Ur = 4 TT QT 8 — La classe reçoit aussi communication de la notice suivante, , dont elle ordonne l'impression : Sur le mouvement du pendule, en ayant égard au mou- vement de rotation de la terre, par M. Schaar, corres- pondant de l’Académie. — L'époque de la prochaine séance est fixée au samedi, 6 décembre. Po Pt PR EI DNS TT re a 4 x 0 » cr (MS) CLASSE DES LETTRES. ne | Séance du 5 novembre 1851. M. LecLercQ, président de l’Académie. _ M. Querezer, secrétaire perpétuel. - Sont présents : MM. le chevalier Marchal, Steur , le ba- ron de Gerlache, le baron de Stassart, De Smet, De Ram, Roulez, Lesbroussart, Moke, Gachard, Borgnet, Van Meenen, De Decker, Schayes, Snellaert, Bormans, Ba- guet, De Witte, membres; Nolet de Brauwere van Steeland, associé; Bernard, Arendt, Mathieu, correspondants. er CR, CORRESPONDANCE. ae M. le Ministre de l’intérieur écrit que des fouilles ont été récemment opérées, avec l’autorisation du Gouverne- ment, dans un tumulus existant à Coninxheim, commune de Limbourg, à la droite de l’ancienne chaussée romaine; et transmet le procès-verbal de ces recherches dont le ré- sultat a été négatif. Ce haut fonctionnaire fait connaître en même temps qu’il a donné des instructions pour que le second tumulus, mentionné dans le rapport transmis à l’Académie, soit également exploré. (419) Il résulte des informations prises depuis, et des traces de travaux antérieurs, que le premier tumulus avait été exploré déjà par les troupes françaises cantonnées dans les environs de Tongres, dans l'intervalle qui sépare la bataille de Rocour de celle de Laeffeld (11 octobre 1746 au 2 juillet 1747). Cette indication se trouve confirmée par un passage de litinéraire de l'abbé de Feller, qui écrit en 1775 au sujet des tumuli de Tongres : « Durant l’avant- dernière guerre, les Français ont fouillé un de ces tom- beaux , et y ont trouvé des urnes et d’autres monuments mortuaires. » Ce passage laisse quelque espoir de trouver le second tumulus intact, — M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir le tome IV du Bulletin de la Commission centrale de statistique, le tome VITT des Annales de l'observatoire royal de Bruxelles, et plusieurs autres ouvrages mentionnés dans le bulletin. — M. le baron de Stassart fait hommage d’une notice sur Dom Hervin, savant bénédictin, né à Namur. — M. Cha- lon présente trois notices sur des médailles relatives à Vhistoire du pays. — M. De Witte dépose le 4* volume des Mémoires de la Société archéologique de l'Orléanais , de la part de cette compagnie. — Remerciments. — La Société dunkerquoise pour l’encouragement des sciences, des lettres et des arts, fait parvenir le programme de son concours pour 1852. — La Société de Lille et la Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques du grand- duché de Luxembourg remercient l’Académie pour l'envoi de ses publications. TOME xvu. 28. ( 420 ) Fondation d'un prix en faveur de l'Académue. M. le baron de Stassart donne lecture de la note Sui- vante : « Je viens exécuter un projet que, déjà, vous m'avez fait l'honneur d'accueillir; je viens mettre à votré disposi- tion un capital de deux mille seize francs en rentes sur l'État belge, pour fonder, au moyen des intérêts accumulés, un prix perpétuel qui, tous les six ans, à la suite d’un con- cours ouvert deux années d'avance, Soit décerné, par la classe des lettres, à l'auteur d’une notice sur un Belge cé- lèbre, pris alternativement parmi les historiens ou les littérateurs, les savants et les artistes. Lorsqu'il s'agira d'un savant, la classe des sciences, et lorsqu'il s'agira. d'un artiste, la classe des beaux-arts sera priée d’adjoindre deux de ses membres aux commissaires de la classe des lettres pour l’examen des pièces. » Notre Académie, comme l'Institut de France, est, je n’en fais aucun doute, parfaitement habile à recevoir les donations et les legs qui lui seraient faits. » Je suis heureux, Messieurs; de donner à l'illustre Compagnie qui m'a fait l'honneur de m'admettre dans son sein, ce témoignage de l'intérêt que je lui porte et de mon dévouement sans bornes. » La classe accueille avec reconnaissance cette noble ini- tiative en faveur des lettres et remercie vivement. M. Je baron de Stassart pour son offre généreuse; elle charge en même temps MM. les membres du bureau de s'entendre avec leur honorable confrèré pour nu He ce qui con- cérne celté donation. ( 42 ) RAPPORTS. —— _ MM. Roulez, Baguet et Schayes font connaître leur Opinion sur le mémoire de M. De Witte, concernant l'Im- pératrice Salonine, et demandent l'impression de ce tra: vail dans les collections académiques. Ces conclusions sont adoptées. M, De Witte dépose une note pour servir de complément à son travail ; elle sera également livrée à l'impression, Le mémoire soumis au jugement de la classe a pour objet de présenter une monographie de l'impératrice Salonine, dont l'histoire a laissé le nom presque dans l'oubli; il inté- resse non-seulement la science numismatique, mais encore l’hisloire et particulièrement l’histoire de l'établissement du christianisme, s'il est vrai, comme l'auteur a cherché à le prouver, que c'est à l'influence de cette princesse que sont dus les édits de Gallien en faveur des chrétiens, . COMMUNICATIONS ET LECTURES. Seconde notice sur les provinces illyriennes. Continuation de l'analyse du manuscrit 11600 de la Bibliothèque royale; par le chevalier Marchal. Par une notice du 4 décembre 1848, j'ai rendu compte à l’Académie d’un épisode peu connu du règne de Napoléon, concernant lé gouvernement général des provinces 1lly- riennes, Comme on m'a fait l'observation qu’elle n’était pas (42 ) assez développée, je vais donner de nouveaux détails, qui offriront quelque intérêt en Belgique, parce que plusieurs Belges, anciens sujets autrichiens, devenus français, y furent envoyés pour exercer des fonctions publiques, ce qui inspira de la confiance et de la sympathie, dans une contrée que l’empereur d'Autriche avait dû céder par la paix de Vienne, le 14 octobre 1809: c'était un nouveau morcellement de ses États héréditaires. D'ailleurs, il y avait eu, sous les règnes de Marie-Thérèse et de Joseph IT, des relations commerciales entre le port d'Ostende et les ports de Trieste et de Fiume; des colonies luxembourgeoises avaient été envoyées dans la Croatie civile et au Bannat. Je rappellerai aussi, à cette occasion, qu'en 1837, j'ai lu à l'Académie une notice pour expliquer le mythe des Argo- naules. C’étaient des marchands qui traversaient l’Ilyrie depuis lAdriatique jusqu’à l’Ister (le Danube). Je continue maintenant l’analyse d’un manuscrit que j'ai rédigé et dont J'ai offert personnellement ne copie, le 45 mai 1845, au général Bertrand , ancien gouverneur général d'Illyrie. J'ai expliqué, dans ma précédente notice, que ce gou- vernement général fut créé le 16 octobre 1809, par un décret de l’empereur Napoléon, daté de Schônbrunn, deux jours après la signature de la paix de Vienne avec l’'empe- reur d'Autriche; que ce gouvernement général fut réuni à l'Empire français comme les autres gouvernements gé- néraux des départements d’au delà des Alpes, de la Tos- cane, de Rome, de la Hollande et des villes hanséatiques. Cette réunion avait été faite, quoique le territoire du royaume d'Italie séparât l’Illyrie du territoire de l'Empire, séparation que l’on pouvait comparer à celle de l’île de Corse. J'ai dit aussi que l'Illyrie fut divisée en sept dépar- tements, qui eurent le nom de provinces, dont six furent de véritables départements français , régis par les lois de ( 495 ) l'Empire; que la septième, qui est la Croatie militaire et qu’il ne faut pas confondre avec la province de la Croatie civile, conserva son ancienne organisation autrichienne ou, pour mieux dire, hongroise, parce que c'était un cam- pement permanent, un cordon militaire, établi en 1687, contre les Turcs. Elle fournissait à l'empereur Napoléon un effectif, toujours au complet, de 21,400 hommes, dont il pouvait disposer partout où il le voulait, outre l'armée sédentaire du cordon frontière de la Turquie. Je n'ai pas clairement expliqué, dans ma notice du 4 décembre 1848, que l’Illyrie, dont la population s'élevait à 1,700,000 habitants, sur un territoire ayant la confi- guration oblongue d’un poisson, dont la tête est supposée toucher au Salzbourg et à la Bavière, et la queue, à l’AI- banie turque, sur une ligne de 300 lieues, était une agglo- mération du morcellement de deux territoires, provenant de la république de Venise et de la maison d'Autriche. Le 20 novembre 1809 commença l'évacuation de Vienne et des provinces qui avaient été conquises par les armées françaises et qui étaient restituées à l'empereur d'Autriche par la paix de Vienne du 14 octobre précédent, comme je viens de le dire. Alors restèrent sous la domination de l’empereur Napoléon les provinces illyriennes, savoir : la partie occidentale du duché de Carinthie, tout le duché de Carniole, les deux Croaties civile et militaire, à la rive droite de la Save; toute l'Istrie ex-autrichienne et Monte- falcone , avec Trieste et le comté de Gorice, toute la Dalmatie avec les bouches du Cattaro et la république de Raguse, supprimée en 1808. Par un décret impérial du 25 décembre 1809, le maré- chal Marmont, due de Raguse, fut le premier des quatre gouverneurs généraux qui se succédèrent ; c'était au nom de l'Empereur qu'il promulguait ses arrêtés, qui avaient ( 424 ) force de loi, comme s'ils eussent été des décrets impériaüx, H avait sous ses ordres un intendant général des fi- nances et du trésor; ce fut le comte Dauchy, conseiller d'État. Il avait exercé les mêmes fonctions dans legouverne- ment d'au delà des: Alpes. Il centralisait toutes les affaires, y compris celles de l'intérieur ‘et des cultes, qui y furent ajoutées. Il én rendait compte aux divers ministres, sou- mettant au gouvérneur général toutes les affaires qui pou- vaient être résolues; sans attendre les ordres ministériels. Cet intermédiaire était nécessaire à causé des retards qui seraient résultés par l'éloignement ; car il y à 600: pour de Raguüse à Paris. | Le baron Coffinhal fut commissaire généräl de: ji ayant avec le grand-juge, ministre de la justice, des rela- tions analogues à celles de l’intendant général avec. les autres ministres. Il y eut un trésorier général qui centralisait les écriturés des receveurs généraux, des payeurs ét de leurs agents. Il était sous les ordres de l'intendant général, quoique ren- dant compte au ministre du trésor; car, depuis le 4° jan- vier 1810, le gouvernement général d'Hlyrie était Pr au budget de l'Empire: A l'exception de l’intendant général et dés trois autres fonctionnaires que je viens de désigner et qui avaient été envoyés par l'Empereur; le gouverneur avait le droit de nommer et aussi de révoquer tous les autres émployés et fonctionnaires, même ceux qui avaient été nommés par dés décrets impériaux, Le chef-lieu du gouvernement étant à Laybach , il y séjournait pendant l'été; il habitait, pen- dant l'hiver, la ville de Trieste. : Dans les contrées ex-vénitiennes, les effets dà décret impérial du 16 octobre 4809, qui avait créé le gouverne- ment général des provinces illyriennes, n’en :changèrent lg (:495 ) que faiblement l’état politique, parce que, depuis l’année 1806 jusqu’à l'année 1809 , l'Istrie et la Dalmatie, avec Raguse et Cattaro, avaient été organisées d'après la légis- lation: duroyaume d'Italie, peu différente de celle de l'Em- pire. français: -c'étaient. deux, préfectures. IL y avait une Crahay, Dumont, Kickx, Morren, Stas, De Koninck, Van Beneden , Ad. De Vaux, le baron de Selys-Longchamps, le vicomte B. Du Bus, Gluge, Melsens, membres ; Sommé, Lamarle, associés; Liagre, Donny, correspondants. TOME xvu. 51. ( 446) 4 CORRESPONDANCE. a M. lé Ministre de l’intérieur rappelle que, lors du der- nier concours pour le meilleur mémoire sur la maladie des pommes de terre, MM. le chevalier Peers et Gerardy ont reçu, chacun, une distinction, sous la condition que les expériences qui sont relatées dans leurs écrits, seraient continuées. M. lé Ministre transmet les nouveaux mémoires concernant ces expériences, et demande à la classe de lui faire connaître , S'il y a lieu, son avis sur ces documents. (Commissaire : M. Morren.) — M. le comte de Ribaucourt, questeur du Sénat, fait parvenir, pour être distribuées aux membrés, des cartes permanentes pour la tribune réservée du Sénat, pendant la prochaine session législative. Remerciments. — M. le sécrétaire perpétuel dépose, au sujet de l’é- change des publications académiques, des lettres de l’Aca- démie des sciences de Paris, de l’Académie nationale de médecine de la même villé, de la Société linnéenne de Normandie, de l’Académie nationale de Bordeaux, de la Société royale d'Édimbourg, de l’Académie de Boston, de l’Université de l'État de New-York , de l’Université royale de Christiania, etc. — M. Letoret, professeur de chimie, écrit que le billet cacheté qu'il a déposé à l’Académie en 1841, indiquait le moyen de simplifier et de rendre plus sûrs les appareils ( 447 ) destinés à conduire des gaz d'un vase dans un autre. Il en- voie en même temps une notice imprimée qui contient la description de ses appareils. — M. le professeur Bellynck fait parvenir les résultats des observations sur les phénomènes périodiques des plantes et des animaux, qu’il a faites à Namur, pendant le cours de 1851. Il envoie en même temps une notice manuscrite, inti- tulée : Catalogue des cryplogames observés dans les envi- rons de Namur. M. le D' Crocq, prosecteur à l’université de Bruxelles, fait parvenir, de son côté, un mémoire manuscrit conte- nant des Recherches sur la maladie de la vigne et sur le champignon qui l'accompagne. Ces deux écrits sont renvoyés à l’examen de MM. Kickx et Morren, — Une note manuscrite de M. La Marle, Sur l'emploi de l'infini dans l'enseignement des mathématiques élémentaires, est renvoyée à MM. Pagani et Ad. De Vaux. RAPPORTS. MM. Pagani, Timmérmans et La Marle font leur rap- “port sur le mémoire de M. Meyer, intitulé : Sur l’intégra- tion de l'équation générale aux différences partielles du (448) premuer ordre et d'un nombre quelconque de variables. MAL. les commissaires terminent en exprimant le désir que l’auteur soit invité à revoir son travail, avant qu'ils pré- sentent leurs conclusions définitives. Adopté. COMMUNICATIONS ET LECTURES. ee Sur la fréquence comparée des vents supérieurs et inférieurs. M. Quetelet communique un extrait d’une lettre qu'il a reçue de M. Bertrand de Doue , membre de la Société Géologique de France, au sujet d’une interversion remar- quable entre la fréquence des vents supérieurs et infé- rieurs qui s’observe sous le climat du Puy en Velay et qui s'étendrait jusque dans la Belgique. « Si l’on dispose, écrit M. Bertrand , les nombres de la moyenne des cinq années 1842-1846 de vos observations d'après les nuages et l’anémomètre, selon l’ordre qui m'a- vait paru le plus propre à faire ressortir cette interversion, on aurait : { Vents ë * | Vents NE. E. Î SE. S. . SO. 0. NO. N. occidx. TOTAL. Nuages . . .| 92! 108 31 92 | 323 } 252 | 250 : 96 | 79 | 677 | 1000 l Anémomeétre.! 104 | 136 57 | 124 | 421 | 268 F4] 79 | 68 | 579 | 1000 | » Chez vous done, comme ici à l'extrémité Est du pla- ( 449 ) teau central de la France, et malgré la prédominance du SO., lequel ne joue sur ce plateau qu’un rôle subordonné, on retrouverait la prépondérance des vents supérieurs de l'hémisphère occidental sur les inférieurs, et réciproque- ment celle des vents inférieurs de l’hémisphère opposé sur leurs supérieurs. » Mais cette loi que chaque mois d'observation con- firmeici, sans aucune exception, n’est peut-être à Bruxelles que le résultat d’une moyenne établie sur plusieurs années d'observation. Ou bien y ressortirait-elle aussi avec une certaine constance de moyennes mensuelles, saisonnières ou annuelles ? C’est ce que je n'ai pu savoir, ne possédant pas les volumes où se trouvent vos observations de chaque jour. Il y a toutefois lieu de présumer que cette loi ne sera pas écrite aussi énergiquement à Bruxelles qu’elle l'est sous le climat de nos montagnes situées sur la limite de deux régions où règnent, d'une part, les vents occiden- taux et de l’autre, le régime nord-sud de la vallée du : Rhône. » Les calculs qui viennent d’être faits à l'Observatoire, font ressortir, pour chacune des quatre dernières années, la permanence de la loi dont parle M. Bertrand. Les nombres donnés dans le tableau suivant résultent, d’une part, des relevés annuels des feuilles de l’anémo- mètre faits, d'heure en heure pour l’année 1847, et de deux en deux heures pour 4848, 1849 et 1850 , et, d'autre part, des observations recueillies quatre fois par jour sur la drection des nuages. Ce sont, du reste, des nombres proportionnels par rapport à mille. Pour grouper les ré- sultats comme l’a fait M. Bertrand, nous n'avons consi- déré aussi que les huit grandes divisions du ciel, et les données relatives à chacune des directions intermédiaires ( 450 ) ont été reportées par moitié sur les deux divisions prin- Cipales contiguës. | NE.l E. | se. s. [Xl so. | o. | no. | x, | Ye dus Nuages . . . | 98 177 | 45 1. 292 ! 236 | 288 | 106 | 78 | 708 1 Anémomètre. | 78 | 104 | 73 | 142 | 397 | 266 | 167 | 89 | 81 | 603 Nuages . . .| 82 47 | 27 89 | 245 | 326 | 264! 99! 66 | 755 Nuages . . .| 83 74 | 21 85 | 263 } 226 | 300 | 134 | 77 | 737 1849. Anémomèetre. | 77 89 | 66 | 108 | 340 | 296 | 205 | 103 | 56 | 660 Nuages . : .1 78 | 87 is. | Anémometre. | 72 | 102 | 74 | 194 | 372 À 528 | 180 | 70 | 50 | 698 so. 25 119 | 63 | 91 | 550 55 | 650 40 | 230 À 196 | 321 | 166 | 87 | 770 | Anémometre. | 84 — M. Quételet fait connaître qué le temps à été très- défavorable à l'observation des étoiles filantes pendant les nuits du milieu de novembre dernier; il n’a guère été possible d'observer que pendant la soirée du 15, et ces météores, bien loin de présenter alors une fréquence inu- sitéé, ont été moins nombreux qu'aux autres époques de l’année. — Le même membre met sous les yeux de la classe une lettre imprimée de M. Curtet, Sur quelques nouveaux phénomènes galvaniques, adressée à M. Van Mons, sous la date du 1“ germinal an X (22 mars 1802). Dans cette lettre se trouve mentionnée, pour la première fois, la vive lumière produite par le charbon placé dans le circuit voltaïque, expérience curieuse qui prend chaque jour plus d'importance. Er PS TES ont: ( 454 ) Revue critique des Hyménoptères Fouisseurs de Belgique. — Suite (1); par M. Wesmael, membre de l’Académie. POMPILIDAE. Pour ce qui concerne les genres indigènes, j'attribue à ce groupe la même signification que MM. Shuckard et Dahlbom, sauf les Dolichurus que ce dernier a eu tort d’y comprendre, et que j'en exclus à l'exemple de M. Shuckard. On peut subdiviser les Pompilides de la manière sui- vante : I. Deuxième arceau ventral de l'abdomen FA uniformément convexe chez les deux sexes. — Salius. POMPILIDAE HOMOGASTRICAE, A porus. IL. Deuxième arceau ventral de l'abdomen | Priocnemis. des femelles marqué d’une impression transver- | Agenia. sale. — POMPILIDAE TYPOGASTRICAE. Pogonius. 12 Div. POMPILIDAE HOMOGASTRICAE. GENUS CEROPALES. Les Ceropales sont les seuls Pompilides dont les femelles ont la gaine de l’aiguillon saillante, Les mâles se font re- marquer par le dernier article des tarses de devant, dont (1) Voy. Bulletins de l’Académie, tome XVIII, n° 10, pag. 562-584, ( 452 ) le côté interne est dilaté, vers le milieu, en un angle sail- lant. 1. C. MAGULATA o ©. C. maculata Dahlb. I. 32. 15 (inclusa synonymia). — S'-Farg. Hym. NL. 465. 4. Chez le mâle, la partie de la face située sous les anten- nes et le chaperon sont quelquefois entièrement blancs. — Cette espèce est très-commune en Belgique. 2, C. VARIEGATA o 9. C. variegata Dahlb. I. 31. 14 (inclusa synonymia). — S'-Farg. Hym. WI, 466. 2. Espèce très-rare en Belgique, où Vanderlinden ne l'avait même jamais trouvée. Je n’en ai pris que deux indivi- dus, dont l’un appartient à la var. a, l’autre à la var. b de M. Dahlbom. Remarque. — C’est à tort que M. Dahlbom (35. 16) in- dique le C. histrio comme ayant été pris en Belgique par Vanderlinden; celui-ci dit, au contraire, l'avoir trouvé aux environs de Bologne, en Italie. Genus POMPILUS Schiod. Les Pompiles ont aux ailes antérieures trois cellules cubitales complètes; aux ailes postérieures, la , nervule transverso-anale (1) est assez longue, flexueuse, très-obli- (1) Nomenclature de M. Dahlbom. dE (453) que ou presque horizontale, et paraissant même souvent n'être qu'un prolongement de la nervure anale (1). De même que dans tous les genres suivants, les femelles ont la gaine de l’aiguillon cachée; chez les mâles de beaucoup d'espèces, les tarses de devant ont le dernier article plus ou moins élargi vers le milieu du bord interne. Après avoir inutilement cherché des caractères propres à établir, parmi les espèces, des groupes naturels, j'ai dû me résigner à les distribuer d’une manière à peu près ar- tificielle. I. Épines sériales des jambes excessivement courtes. — Mé- tanotum des femelles ridé en travers, arrondi à l’extré- mité. 1. Pomp. aprcauis 9. P. apicalis Vanderl. 1. 312. 7. — Anoplius apicalis S'-Farg. HI. 444. 4. Je n'ai jamais pris que trois femelles de cette espèce, aux - environs de Bruxelles. J'en ai aussi reçu une femelle de M. Perroud, des environs de Bordeaux, chez laquelle je retrouve les dif- férences, déjà signalées par Vanderlinden, relativement à un individu de la même localité. Fy trouve, en outre, une autre différence dans les ailes postérieures, dont la nervule transverso-anale joint exactement l’origine de la nervure cubitale, tandis qu’elle ne latteint pas chez les individus de Belgique. (1) C’est cette disposition de la nervule transverso-anale qui, à mes yeux, distingue le mieux les Pompilus des Salius Dahlb. ( 454 ) 9, PoMP. VACILLANS ©. Niger , cinereo-sericeus, alis apice fuscis; cellula cubitali tertia trapezina ; pronoti marginé postico angulato-emarginato ; metanoto nullatenus rugoso; tibiarum Spinulis brevissimis; ano subtus carinato. = 3 li.-—? Pom». coxomnus Dahlb. L 444, 7. Ce mâle ressemble à la femelle de l'espèce précédente par la couleur générale du corps et des membres, ainsi que par la forme du stigmate des ailes et la brièveté des épines sériales des jambes; mais il s’en éloigne : 4° par la forme du chaperon, dont le bord antérieur est largement tronqué ; 2° par le bord postérieur du pronotum, qui est échancré angulairement; 5° par l'absence complète de rides sur le métanotum; 4° par les éperons des quatre jambes postérieures, qui sont notablement plus longs; 5° par la coloration des ailes, qui ont une bande terminale obscure. D'un autre côté, ce mâle ressemble beaucoup au 2. ni- ger os, dont il diffère : 1° par le stigmate des ailes, qui est plus grand; 2 par les épines sériales des jambes, qui sont beaucoup plus courtes; 5° par la forme de la troisième cel- lule cubitale, qui est assez largement tronquée sur le radius, Le seul individu que je possède présente un caractère que je suis porté à regarder comme accidentel : le deuxième arceau ventral de l’abdomen a, de chaque côté, vers le mi- lieu, une petite ligne transversale enfoncée. Je cite avec doute le P. concinnus de M. Dahlbom, à cause de la concision et de l'insuffisance de son signalement. Des environs de Bruxelles. II. Épines sériales des jambes toujours très-distinctes. — Méta- notum arrondi postérieurement, sans rides transversales, D (455 ) A. Abdomen noir avec des taches dorsales blanches. (Tarses de devant fortement pectinés chez les femelles; leur dernier article symétrique chez les mâles.) 3. POMP, RUFIPES Q . Niger, albo-sericeus, pedibus posterioribus aut posticis ex parte rufis; abdominis segmentis 2 et 5 macula utrinque basali, puncioque anali, albis; alis albo-hyalinis, apice fuscis. — Senex RurIPES Linn. Fn. Suec. 1659. — Vill. Entom. NI. 235. 31. — Powe. rurires Vanderl. 1. 329. 24 (inclusa synonymia). — Dahlb. Hym. Eur. p. 52 var. 6.—P. bipunctatus s Dahlb. Mon. Pomp. Suec. 12. 19. Nat 199 : Var::2. © : Var. 3. 0: Var. 4. 0 : ? Var, 5.0 : Abdominis seymento 2 toto nigro.—Dahlb. Hym. Eur. p.52, var. a. — P. sipuncrATUS d' var. b. Dahlb. Mon. Pomp. Suec. 192. 19. Abdominis segmento 2 et ano totis nigris. — P. RurIPES var. B. Vanderl. ibid. — P. ruscatus Fab. Syst. Piez. 192.22. —_ Dahlb. Mon. Pomp. Suec. 12. 18. — S'-Farg. Hym. I. 422. 8. 0. Similis genuinis, sed ano toto nigro. — P. RurIPES var. 2. S'-Farg. HE 491. 7. Similis genuinis, sed abdominis segmento quarto maculis duabus minutis basulibus albis. — P. SEPTEMMACULATUS Dahlb. Mon. Pomp. Suec. 11. 47.— P. ruripes var. d. Dahlb. Hym. Eur. p. 2 (exclusa synonymia). — P. RUFIPES Var. Vanderl. I. 329. 24. Similis var. 4, sed pronoti margine postico albo. — P. rurrEs var. e, Dahlb. Æym. Eur. p. 52. Je n'ai jamais vu les var. 4 et 5. La var. 4 a été indiquée par Vanderlinden en ces termes : « J'en possède une va- riété dont l’abdomen a deux petites taches blanches sur le quatrième segment. » Quant à la var. 5, j'en laisse toute la responsabilité à M. Dahlbom, 4 ( 456 ) Cette espèce paraît avoir été, en partie, confondue avec le P. albonotatus; elle en diffère en ce que : 4° le duvet qui recouvre le chaperon, la tête et le thorax, est blanc; 2° le disque des ailes est d’un blanc transparent; 5° les cils des tarses de devant de la femelle sont un peu plus longs et sont, la plupart, renflés entre la base et l'extrémité; 4° l'abdomen de la femelle n’a jamais de taches blanches sur le cinquième segment. 4. PomP. ALBONOTATUS © (? &). (o) : Niger, cinereo-sericeus; pedibus ex parte rufis ; abdominis segmentis 2, 5 et à, basi albo-bimaculatis; pronoti margine __ postico, punctoque medio mesonoti ante scutellum, albis; alis : _ subfumato-hyalinis, apice fuscis. — Vanderl. I. 328. 23. — Dahlb. Hym. Eur. p. 53. — S'-Farg. 419. 5. var. 1. Var. 1.0: Punclo albo ante scutellum nullo. — P. nurtres var. b. Dahlb. Mon. Pomp. Suec, 11. 16. Var. 2.0: Thorace toto nigro. — P. rurwes Dahlb. Mon. Pomp. Suec. 11. 16 (exclusa synonymia). —P. RUrIPES Var, ©. Dahlb. Hym. Eur. p. 52. — P. ALPONOTATUS S'-Farg. IT. 419. 5. (?) : Niger, cinereo-sericeus; tibiis posticis rufis; abdominis segmento tertio maculis duabus basalibus, anoque, albis; alis subfumato-hyalinis, apice fuscis. La femelle diffère du P. rufipes, 4° par son chaperon un peu plus convexe, et couvert d’un duvet cendré-roussâtre ainsi que la tête et le thorax; 2 la partie de la tête située derrière les ocelles paraît un peu plus convexe; 3° tout le disque des ailes a une teinte obseure ; 4° les cils des tarses de devant sont un peu moins longs et sont filiformes; 5° outre les segments 2 et 3, le cinquième a toujours deux taches blanches. ( 457 ) Je ferai encore observer que, chez tous les P. rufipes © que j'ai vus, il y a une ligne blanche bien distincte aux orbites du front aussi bien qu'aux orbites des tempes, tandis que, chez le P. albonotatus ©, les lignes orbitales du front sont très-petites ou manquent complétement. Or- dinairement aussi, le P. albonotatus Qç a les jambes de devant fauves, tandis qu’elles sont très-souvent noires chez le P. rufipes 9. J'ai reçu de M. Passerini, de Florence, un P. albonota- tus Q entièrement conforme à la description de Vander- linden. J'en ai pris deux autres en Belgique, qui diffèrent seulement par la bordure blanche du pronotum interrom- pue au milieu, par la tache blanche du mésonotum réduite à un petit point, et par l'absence de lignes blanches contre les yeux sur le front. Je ne possède qu’une seule femelle de la var. 2, que j'ai prise dans les dunes, près d’Ostende. Elle est d’un tiers plus petite que les autres, elle n’a pas de lignes blanches aux orbites du front, et ses pieds de devant sont presque entièrement noirs. Les mâles que je regarde avec quelque doute, comme appartenant au P. albonotatus, offrent les mêmes carac- tères que la femelle, quant à la coloration du duvet soyeux, la convexité du chaperon et du vertex, la teinte obscure des ailes; ils manquent de linéoles blanches aux orbites du front. Les trois taches blanches de l’abdomen sont dis- posées comme chez la var. 1. du P. rufipes ga. — Je pos- sède deux de ces mâles, pris en Belgique. Remarque. — Je ne connais pas le Pompilus tripunc- tatus «, Dahlb. [. 49. 22; mais la synonymie en est fausse, parce qu'elle se rapporte au Priocnemis tripunctalus , _ comme je le prouverai plus loin. ( 458 ) AA. Abdomen noir, sans taches dorsales blanches: — Tarses de devant plus ou moins longuement pectinés chez les femelles ; leur dernier article symétrique chez les mâles. 5. Pop. PLUMBEUS >9. P. plumbeus Dahlb. I. 42. 21. Tab. exam, synop. 444. 3; — P. pulcher. Vanderl. I. 307. 2. — Shuck. 49, 4. — S'-Farg. UT. 424. 41, D’après M. Dahlbom, le P. plumbeus et le P. pulcher de Fabricius, appartiennent à deux espèces différentes ; mais il est à remarquer que son P. pulcher 444. 4, n’est plus le même que son P. pulcher 45. 22, qu'il réunit au P. plum- beus , 444. 5. — Je m’abstiendrai de discuter la valeur de cette synonymie, et je me bornerai à dire que, dans la figure du P. pulcher Fab., donnée par Coquebert , Iustr. 2. tab. 12. fig. 8, les tarses de devant sont noirs comme les autres; la taille est celle d’un P. plumbeus de moyenne grandeur, la forme de l'abdomen semble indiquer une femelle, et cependant les cils des tarses de devant sont représentés comme s'ils étaient courts (1). Du reste, pour éviter toute contestation inutile, je ne vois pas d’inconvénient à nommer P. plumbeus le P. pul- cher de Vanderlinden, d'autant plus que, en supposant qu'ils appartiennent à la même espèce, le premier de ces (1) M. Herrich-Scheffer, Fn. Germ. 17. 21, a décrit et représenté, sous le nom de P. pucher g' Hoffmgg., un Pompilus qui paraît avoir beaucoup d’analogie avec le P. cingulatus Dahlb. I. 45. 25, et qu’il décrit ainsi : Niger , orbitis, margine loborum thoracis singulorum et postico seg- mentorum 1-5 plumbeis, segmento 7 maculaque ad basin tibiarum posti- carum albis. = G li. ere nn - ( 459 ) deux noms devrait encore avoir la préférence (Ent. syst. IH. 220. 91), comme étant plus ancien que le second (Suppl. Ent. syst. 249, 19). Le P. plumbeus n’est pas rare en Belgique. 6. Pour. SERIcEUS ço". P. sericeus Q Yanderl. L. 313.8. — Schiod. 22, 2. ow. — Dahlb. [. 40, 20, — S'-Farg. II, 428. 16... La tache blanche anale du mâle est quelquefois très-peu distincte. | Ce Pompile est rare en Belgique. 7. Pomp. CINCTELLUS 9. P. cinctellus 99". Vanderl. [. 319. 13. — Shuck. 55. 6. — Dahlb. L 38. 19. — Anoplius cinctellus Q S'Æarg. I. 453. 10. — Anoplius tibialis & S'-Farg. III. 454. 21. Cette espèce n’est pas très-commune en Belgique. P AAA. Abdomen noir, sans taches dorsales blanches. — Tarses de devant non pectinés chez les femelles; leur dernier . article dilaté au côté interne chez les mâles. . 8. Pomp. NIGER Ço. P. niger Q Dahlb. I. 45. 24 (inclusa synonymia). — Anoplius niger S'Farg. IL 451. 17.— Anoplius miscoides (9° var.) S'-Farg. IL 451. 16. Espèce très-commune en Belgique. —— La femelle a le dos du segment anal hérissé d’une brosse de soies noires. Si l'on voulait interpréter rigoureusement là figure du ( 460) P. niger 9 , donnée par Panzer, F. Germ. 71.19, elle re- présenterait plutôt le P. melanarius ou le P. concinnus Dahlb. (444. G et 7.), car la troisième cellule cubitale est tronquée sur le radius. AAAA. Abdomen noir dans sa moitié postérieure , fauve vers la base. — Dernier article des tarses de devant asymé- trique chez les mâles, son bord interne étant plus ou moins dilaté ou anguleux avant l'extrémité. a. Bord postérieur du pronotum échancré avec un angle très-ouvert au milieu. — Antennes des femelles grêles et filiformes. + Tarses de devant non pectinés chez les femelles. — Mé- tanotum non velu. 9. Pompe. spissus 9. P,. spissus Schiod. 21. 5. — Dahlb. 70. 34. Des environs de Bruxelles. 10. Pomp. NEGLECTUS So. P. neglectus $ Dahlb. Tab. exam. synop. 452. 64. — P. minu- tulus s Dahlb. 66. 351. Le P. minutulus & et le P. neglectus Q ont été carac- térisés par M. Dahlbom , d’une manière si incomplète que je ne serais pas parvenu à les reconnaître si M. Tischbein n'avait eu la complaisance de m'en envoyer des individus déterminés par M. Dahlbom lui-même. D'abord, le signalement du P. neglectus (p. 452. loc. cit.) : cellula cubitalis 3" late trapezina, est inexact, et le + ( 461 ) mot trapezina devrait être remplacé par triangularis ; car la troisième cellule cubitale est triangulaire, non-seule- ment chez l’exemplaire déterminé par M. Dahlbom, mais _encore chez seize autres pris en Belgique. Après avoir examiné comparativement le P. spissus Q et le P, neglectus Q , il me semble que leurs différences prin- cipales sont les suivantes : 4° le P. spissus 9 a le bord du labre entier, le dernier article des antennes de même grosseur que le précédent, la tête un peu plus épaisse der- rière les yeux, le duvet du corps d'un cendré plus sombre, la troisième cellule cubitale largement tronquée sur le radius ; ® le P. neglectus 9 a le bord du labre très-légère- ment échancré au milieu, le dernier article des antennes un peu plus grêle que le précédent, la tête très-mince derrière les yeux, souvent une linéole fauve aux orbites des tempes, le duvet du corps blanchâtre, la troisième cel- lule cubitale aiguë sur le radius, c'est-à-dire triangulaire. Quant au P. neglectus à (P. minutulus Dahlb.), il présente dans ses pieds de derrière une conformation si remarquable, qu’elle suflirait, à elle seule, pour le distinguer de tous les Pompiles mâles connus. Ce carac- tère, qui a échappé à l'attention de M. Dahlbom, consiste en ce que les jambes ont leur côté interne légèrement sinué vers le milieu et renflé à l'extrémité. Un autre ca- -ractère, c’est que les cuisses de la première paire ont, à leur extrême bout, par devant, un petit point fauve. On pourrait donc, même en négligeant ce dernier caractère, établir le signalement de ce mâle de la manière suivante : Niger, albido-sericeus, abdomine antice rufo; labro emar- ginato; tibiarum posticarum latere interno subsinuato et apice incrassalo. Ayant à choisir entre les noms donnés par M. Dahlbom, TOME xvut. 92. ( 462 ) l’un au mâle, l’autre à la femelle, j'ai eru devoir rejeter le nom de P. minutulus, parce qu’il semblerait assigner à cette espèce une taille très-petite, tandis qu’elle est aussi grande que la plupart des autres espèces du même groupe: Les caractères que je viens d'indiquer pour cette espèce, je les ai vérifiés sur seize femelles et sept mâles, pris, la plupart, à quelque distance de Diest, dans la Campine. Je ne compte pas dans ce nombre les exemplaires que j'ai reçus de M. Tischbeïn, de Herrstein. ++ Tarses de devant pectinés chez les femelles. — Méta- notum non velu. | 11. Pomp. CHALYBEATUS Ço'. P. chalybeatus Schiod. 26. 7. — Dahlb. 73. 35. & (? %). 4 Le mâle de cette espèce est facile à distinguer de celui du P. trivialis, d’après les caractères exposés par M. Schiodte. Quant à la femelle, M. Dahlbom, dans les envois faits à ses correspondants, l’a plus d’une fois con- fondue avec le P, trivialis $. H suflit, pour éviter une sem- blable erreur, de remarquer que le P. chalybeatus ç a le dos du segment anal hérissé d'une brosse de soies noires, comme le P, niger 9, tandis que le P. trivialis ç n’a pas debrosse sur le dos de ce segment, mais a seulement, vers ses côtés, quelques longs poils épars. : Très-commun aux environs de Bruxelles. 12, PomPp. TRIVIALIS Ça. P. trivialis Dahlb. 63. 30. Il est presque impossible d'établir solidement la syno- nymie de cette espèce, parce qu'elle a été longtemps con- ( 465) fondue avec plusieurs autres; M. Dahlbom, lui-même, semble n'avoir eu qu'une idée imparfaite des caractères de la femelle (1). Je viens de dire que celle-ci n’a pas de brosse de soies noires sur le dos du segment anal, à quoi j'ajou+ terai qu’elle a les tempes plus épaisses et plus convexes qu'aucune autre éspèce voisine, et on y remarque fréquem- ment contre chaque œil une linéole fauve. Le front est assez convexe et Juisant; le chaperon à son bord terminal presque droit où à peine distinctement cintré, mais sans échancrure; le labre est ordinairement caché, ou on n’a- perçoit souvent qué les cils qui bordent son extrémité. Le mâle me semble avoir été décrit par M. Dahlbom, avec assez d’exactitude pour que je me contente, au moins momentanément , de renvoyer à son ouvrage. ; 15. Pome. ancers ©. Mihi. Taille, couleurs et habitus du P. trivialis ©, dont il me semble cependant différer en ce que : 4° le bord terminal du chaperon a, dans son milieu, une petite échancruré arquée; 2° le front, le vertex et les tempes sont un peu moins convexes, et sont plus mats; 5° les antennes parais- sent être un peu plus grêles. J'en ai pris cinq femelles aux environs de Bruxelles. 2 (1) En 1847, j'ai reçu de M. Dahlbom, sous le nom de P. trivialis Q, un véritable P. chalybeatus ®. D'un autre côté, M. Tischbein m'a transmis plusieurs Pompiles qu’il avait envoyés à M. Dahlbom et que celui-ci lui a renvoyés avec la détermination : parmi eux je trouve, 1o sous le nom de P. trivialis ©, six femelles, dont deux sont réellement des P. trivialis, et dont les quatre autres sont des P. neglectus ; ®% sous le nom de P. ne- glectus $, trois femelles, dont deux appartiennent effectivement à cette espèce, et dont le troisième est un P..spissus ®; 3° sous lé nom de P. cha- lybeatus ®, une femelle du P. trivialis. ( 464) 14. Pomp. ABNORMIS 0. P. apwormis Dahlb. 67. 32. M. Dahlbom ayant décrit cette espèce, d’après un seul mâle, j'ajouterai que l'étendue de la couleur fauve de l’ab- domen est sujette à varier : tantôt elle est conforme à la description de cet auteur; tantôt le deuxième segment est noir vers l'extrémité; tantôt les deuxième et troisième segments sont fauves. Le premier segment est toujours fauve avec une tache noire à la base. R La femelle du P. abnormis étant inconnue, la place à assigner au mâle reste douteuse. Je dois dire cependant qu'il semble avoir beaucoup d’analogie avec mon P. an- ceps ®, et que j'ai pris plusieurs individus de l’un et de l’autre, à la même place et le même jour. Serait-ce les deux sexes de la même espèce? Des environs de Bruxelles et de la Campine. +++ Tarses de devant pectinés chez les femelles, — Méta- notum couvert de longs poils élevés. 45. PomP. vIATIOUS 0. P. viaricus Dahlb. 57, 29. (inclusa synonymia.) — S'-Farg. HL. 4351. 24, La femelle a sur le dos du segment anal une brosse de soies noires, comme les P. niger et chalybeatus. Le mâle à quelquefois une linéole jaunâtre à la partie interne des orbites. Très-commun en Belgique. ( 465 ) 16. Pomp. FUMIPENNIS 9. P, ruwæeis Dahlb. 76. 37. Je n’ai trouvé cette espèce que dans les sables des dunes, près d’Ostende. aa. Bord postérieur du pronotum à peine un peu cintré, sans angle rentrant au milieu. — Antennes des femelles cour- tes et épaisses, amincies vers le bout; leurs tarses pec- tinés. 17. Pop. PECTINIPES ©. P. »ecres © Vanderl. 1. 341. 39. — Dahlb. L 68. 33. Q. — S'-Farg. IL 433. 26. © (? æ). — P. crassicornis © Shuck. 63. 14. — Schiod. 23. 4. ©. Après avoir longuement et minutieusement examiné tous les individus femelles que je possède, je suis resté indécis sur la question de savoir si, sous un même nom, l’on n’a pas confondu plusieurs espèces. Dans le doute, J'ai préféré de me borner à signaler les principales diffé- rences que j'ai observées, en les présentant comme des variétés à chacune desquelles j'ai donné un nom. Var. 1. @. Pilosellus : Antennes plus épaisses que chez les variétés suivantes, leur troisième article à peine aussi long que le premier. — Métanotum hérissé, vers les côtés, de quelques poils grisâtres. — Abdomen ayant la partie postérieure des deux premiers segments fortement nuancée de noirâtre, le troisième segment fauve dans toute sa moitié antérieure. — Tarses de devant à cils longs, ceux- ci quelquefois fauves vers le bout ; le premier article ayant ( 466 ) toujours trois cils d’égale longueur. — Aïles antérieures à cellule radiale de longueur médiocre, non triangulaire; deuxième cubitale souvent un peu plus large que haute; troisième cubitale subtriangulaire, mais tronquée au somi: met sur le radius. = 3-4 À li. — 7 femelles. Var. 2. ©. Campestris : Antennes moins épaisses, leur troisième article aussi long que les deux premiers réunis. — Métanotum un peu moins convexe, en pente un peu moins brusque en arrière, sans poils. — Abdomen n'ayant presque pas de traces de bandes notrâtres à l'extrémité des deux premiers segments; troisième segment n'ayant sou- vent que l'extrême base fauve. — Cils des tarses de devant un peu moins longs, noirs; leur premier article ayant deux cils d’égale longueur, ordinairement précédés d’un troisième notablement plus court où même peu distinct. — Ailes antérieures à cellule radiale assez courte, sub- triangulaire; deuxième cubitale presque carrée et jamais plus large que haute; troisième eubitale triangulaire. — 2 525 li. — 10 femelles. Var: 3.@ Littoralis : Caractères de la var. 2, excepté : cils des tarses de devant plus longs et entièrement fauves, leur premier article en ayant trois ; dont le ES un peu plus court. = 3 li. —— 2 femelles. Var. 4. $. Hybridus : Caractères de la var: 4, excepté : cils des tarses de devant encore plus longs, noirs; anteines comme la var. 2. = 5 5 li. — 1 fémelle. J'ai pris les var. À et 2 aux eûvirons de Bruxelles, la var. 5, dans les dunes d'Ostende; quant à la var, 4, je ne me rappelle pas où je l’ai trouvée. La taille de 5 lignes indiquée par Vantionlététots me semble exagérée, mais elle prouve tout au moins que les femelles décrites par lui étaient du nombre des plus DT à ( 467 ) grandes, et, si l’on joint cette circonstance à la description de la coloration de l'abdomen , il paraîtra probable que son P. pectinipes se rapporte particulièrement à ma var. 4. est néanmoins très-singulier qu’il wait rien dit de l'épaisseur des antennes, dont la eonformation à valu à cette espèce le nom de P. crassicornis de la part de MM. Shuckard et Schiodte, la même année (4857), et à Vinsu lun de l'autre. H est à remarquer que, d’après M. Schiodte, les trois premiers segments seraient entière- ment fauves, ce qui ne s'accorde, ni avec les descriptions des autres auteurs, ni avec mes propres observations. Aucun auteur n’a fait mention des poils grisâtres, peu nombreux il est vrai, qui hérissent les côtés du métano- tum chez les femelles de ma var. 1; à moins que cette variété ne corresponde au P. proximus 9 de M. Dahlbom (Tab. exam. synop. 451. 55), qui, d'après l’auteur, sem- blérait ne différer de son P. pectinipes ©, que par une taille un peu plus forte et par son thorax hérissé de poils. Cependant, ce rapprochement entre ma var. 4 et le P. proximus $ me paraît d'autant plus difficile à supposer que M. Dahlbom assigne à ce dernier un mâle très-diffé- rent du ?. pectinipes . Un caractère que j'ai trouvé invariable chez tous mes P. pectinipes $ ,; c'est que le bord postérieur du pronotum est seulement un peu cintré, sans échancrure angulaire au milieu. M. de S'-Fargeau est Le seul auteur qui ait conve- nablement apprécié ce signalement; car MM. Shuckard et Schiodte n’en parlent pas, et M. Dahlbom le regarde comme sujet à varier, puisqu'il dit (p.69), en parlant du pronotum : margine postico l. angulato-, L. arcuato-emar- ginatum. Cette assertion, contraire aux observations de M, de St-Fargeau et aux miennes, ferait peut-être supposer (468 ) que M. Dahlbom a eu sous les yeux quelque P. pectinipes 9, dont le bord postérieur du pronotum était accidentelle- ment refoulé en avant, dans le milieu, par l’épingle qui traversait le thorax, ce qui pourrait expliquer l'apparence d'une échancrure angulaire. J'arrive maintenant au mâle du P, pectinipes. Vanderlinden n’a pas décrit le mâle; il en est de même de MM. Shuckard et Schiodte. M. de S'-Fargeau se borne à dire : Feminae simillimus, vix minor. Enfin, M. Dahl- bom décrit, avec tous les détails désirables, le mâle qu'il regarde comme celui du P. pectinipes, et qui, d’après la conformation des trois derniers arceaux du ventre, paraît avoir une très-grande analogie avec le mâle du P. chaly- beatus. | | Peut-être suis-je dans l'erreur ; mais je ne puis partager l'opinion de M. Dahlbom, et le mâle, qui me semble être celui du P, pectinipes, est tout autre que celui décrit par cet auteur. Cette différence dans le résultat de nos obser- vations respectives provient probablement de la nature di- verse des considérations par lesquelles nous nous sommes laissé influencer. Quant à moi, pour découvrir le mâle du P. pectinipes , j'ai pris principalement pour guide la conformation du pronotum de la femelle, et je crois pouvoir donner son signalement de la manière suivante : P. pectinipes — : Niger, albo-sericeus, abdomine antice rufo ; pronoti margine postico arcuato; ventris segmento penultimo in medio apicis emarginato; segmento ultimo carinato, lineolis duabus elevatis ad basin carinae adjacentibus. = 2 5-3 + li. De même que la femelle, le mâle a le front très-con- vexe, les tempes très-minces, et le bord postérieur du : ( 469 ) pronotum cintré sans échancrure angulaire. Le métano- tum est moins convexe, mais il a, comme chez la femelle, deux fossettes à son extrémité. Le cinquième arceau ven- tral n’a pas d'échancrure; le sixième est échancré au milieu de son bord postérieur; le dernier a une carène longitudinale dont la base est comme enchässée entre deux petites lignes élevées, luisantes, de telle sorte que la carène est, pour ainsi dire, triple à son origine. Quant à la coloration, elle ne présente rien de remar- quable. Le premier arceau dorsal de l'abdomen est fauve avec une tache noire à la base; le deuxième est fauve; le troisième est noir , quelquefois avec la base fauve; les sui- vants sont noirs. Il est très-difficile de distinguer d’où proviennent les deux linéoles élevées entre lesquelles la carène du dernier arceau ventral a son origine. Il me semble, sauf erreur, que le dernier arceau dorsal se reploie sous le ventre où ses bords s'appliquent si étroitement sur les côtés du der- nier arceau ventral qu'ils échappent facilement à la vue, puis ils paraissent remonter en s'infléchissant vers la base de la carène médiane : là, ils s'épaississent et s'élèvent de manière à présenter l'aspect que j'ai indiqué. Ce qui distingue surtout le mâle du P. pectinipes de ceux des P. trivialis, chalybeatus, etc., c'est que ceux-ci ont le front un peu moins convexe, le bord postérieur du pronotum échancré angulairement, et les derniers arceaux du ventre différemment conformés. I. Extrémités latérales du métathorax prolongées, de chaque côté, en une forte dent. — Jambes épineuses. (470 ) 18. Pour. venusrüs @ Mihi. . Niger, albo-sericeus, maculisque niveo-tomentosis variegatus ; pronoti margiue postico arceualo; metanolo postice excuvalo e uirinque fortiter unidentato ; | g : Abdominis segmentis 1-4 fascia postica subinterrupta niveo- tomentosa; ano subtus carinato. = 2 À li. — ? ANOPLIUS ELON- GaTUS S'-Farg. IL. 456. 25. © : Abdominis segmentis 1-4 maculis duabus posticis niveo- tomentosis ; tibiis postérioribus maximam parièm castaneis : tarsis anticis pectine longo instructis. = 5 à li. Au premier aspect, cette espèce ne manque pas de res- semblance ävee le P. plumbeus : les antennes et les pieds ont à peu près la même conformation, mais les tarses de devant du mâle sont complétement dépourvus de cils. Le métanotum est conformé à peu près comme celui du Salius sanguinolentus. Chez les deux sexes, les mandibulés sont fauves vers le bout; les ailes sont hyalines avec une largé bande terminale noirâtre; la cellule radiale est petite, triangulaire : la déuxième cubitale est triangulaire chez le mâle, presque carrée chez la femélle; la troisième eubitale est triangulaire (4). | Chez la femelle, un duvet d’un blanc éclatant se con- densé particulièrement sur le chaperon et vers Finsertion des antennes, sur les tempes, sur les côtés du pronotum et de son bord postérieur, sur les flanes du mésonotum, de chaque côté du scutellum et du postseutellum, vers les (1) N'ayant qu'un seul mâle et une seule femelle, je ne puis pas répondre que cette forme des cellules cubitales soit parfaitement constante, ( 471 }) côtés du métanotum et sur toutes les hanches. Ce même duvet forme, sur l'abdomen, huit taches blanches, situées vers les angles postérieurs des quatre premiers segments, et dont les deux dernières sont beaucoup plus petites que les précédentes. Les quatre jambes postérieures sont d’un fauve sombre avec le bout noir, et les intermédiaires ont, en outre, la base noirâtre ; le premier article des tarses de derrière est d’un fauve très-sombre vers la base. Chez le mâle, le duvet blanc s'étend d’une manière plus uniforme sur les diverses parties du thorax, et n’y forme pas des taches aussi distinctes que chez la femelle. Sur l'abdomen, ce duvet forme, au bord postérieur de chacun des quatre premiers segments, une bande blanche : les trois premières sont à peine interrompues au milieu ; la quatrième, plus étroite que les autres, est largement inter- rompue. Ce mäle a beaucoup d’analogie avec celui décrit par M. de S'-Fargeau, sous le nom d’Anoplius elongatus ; mais chez celui-ci, d’après la description, c’est la base des seg- ments de l'abdomen qui est couverte d'un duvet blanc éclatant, tandis que chez mon ?. vénustus &, c’est 16 bord postérieur. | Uné autre espèce avec laquelle mon P. venuslus ne manque pas dé ressemblance, c’est le P. cingulatus; mais ce dernier ést beaucoup plus grand; il à les angles posté- rieurs du métathorax moins prolongés et moins aigus, et la nervule transvérso-anale des ailes postérieures est in- sérée au delà de l’origine de la nervure cubitale, tandis qu'elle est én deçà chez le ?. venustus. De plus, le mâle du P. cingulatus à une ligne blanche aux orbites et une tache blanche près de la base des jambes de derrière, caractères qui n'existent pas chez le P. venustus «, (472 ) J'ai pris un seul mâle et une seule femelle de cette espèce, dans les dunes d'Ostende. Genus SALIUS Dahlb. Aux caractères indiqués par M. Dahlbom pour circon- scrire son genre Salius, j'en ajouterai un, emprunté à la nervation des ailes postérieures: c’est que, parmi nos Pom- pilides indigènes, les Salius sont les seuls qui aient la cellule anale fermée au bout à angles droits; la nervule qui la ferme est courte, verticale, non flexueuse, et a son in- sertion avant l’origine de la nervure cubitale. SAL. SANGUINOLENTUS © 0". S. sanguinolentus © og Dahlb. I. 34. 17 (inclusa synonymia). — Anoplius sanguinolentus © S'-Farg. IL. 455. 24. — Anoplius bidens & S'-Farg. NL. 455. 23. — ? Salius bidens S TRUE IL 395. 3. Var. 1. : Thorace tolo nigro. M. Dahlbom est le premier auteur qui ait fait connaître le mâle : il a le thorax tout noir. Je crois que c’est ce mâle qui a été successivement décrit par M. de S'-Fargeau, sous les noms de Salius bidens et Anoplius bidens. La femelle de ma var. 1 a le thorax tout noir, comme le mâle; je n’en ai pris qu’un seul individu. Cette espèce est très-rare en Belgique , et je n’y ai jamais trouvé le mâle, (475) Genus APORUS. L Deuxième nervure récurrente insérée à l'extrémité de la deuxième cellule cubitale, de manière à s'unir à la ner- vure terminale de celle-ci. 4. AP. BICOLOR >. Ap. bicolor Q Spin. Ins. lig. I. 34. — Vanderl. I. 350. 3. — S!- Farg. IT. 388. 1. — Ap. unicolor g Spin. Ins. lig. H. 35. — Vanderl. [. 348. 1. — S'-Farg. IL. 389.2. — Ap. femoralis s Vanderl. I. 349. 2. — S'-Farg. IL 383. 3. Non-seulement les Ap. unicolor et femoralis appartien- nent à la même espèce et sont indubitablement les mâles de l’Ap. bicolor, mais ils ne méritent même pas d’être dis- tingués l’un de l’autre comme des variétés; car, outre les individus à cuisses de derrière noires (Ap. unicolor) et les individus à cuisses de derrière fauves (Ap. femoralis), onen trouve d’autres chez qui cette différence de coloration se nuance à tous les degrés. Quant aux autres différences que Vanderlinden a cru observer entre eux, elles sont pure- ment 1llusoires, ou bien elles ne constituent que des carac- tères individuels. Je puis, à cet égard, me prononcer avec d'autant plus de certitude, que j'ai encore en ce moment sous les yeux, les individus d’après lesquels il a fait ses descriptions. Je n’ai trouvé cette espèce qu'aux environs de Bruxelles, où elle est assez rare. I. Deuxième nervure récurrente insérée un peu avant l’extré- mité de la deuxième cellule cubitale (Genus Evaceres S'-Farg.). (474 } 2. AP, DUBIUS Qw. Ap. dubius @ Vanderl. L 351, 4. — Ap. dubius g © Dahlb. L 37.21.— Ap. bicolor &. Ency. Méth. X. 185. 1.— Ap. bicolor Q & Shuck. 72. 1. — Evageles bicolor © æ. S'-Farg. HI. 270. 1. Si on excepte les caractères empruntés aux ailes anté- rieures, sous tous les autres rapports , la femelle de cette espèce ressemble tellement au Pomp. pectinipes © que, dans un ordre naturel, ces deux espèces devraient proba- blement être placées l’une à côté de l’autre. | Les Ap. bicolor et dubius n'ayant entre eux que des rap- ports assez éloignés, et ne.se trouvant dans le même groûpe générique qu’en vertu de caractères artificiels, il serait peut-être convenable d'adopter le genre Evagetes de M. de S'-Fargeau, en modifiant toutefois l'insertion inexacte qu’il assigne à la deuxième nervuré récurrente, 9 Div. POMPILIDAE TYPOGASTRICAE. Genus PRIOCNEMIS. C'est M. G. Schiodte qui, le premier, en 1837, a réuni, sous le nom de Priocnemis (4) les Pompilides dont les fe- melles ont les jambes de derrière dentelées en scie exté- rieurement. Huit ans plus tard, en 1845, M. A. deS'-Far- geau, n'ayant pas connaissance du travail de M. Schiodite, désigna un groupe analogue sous le nom de Calicurgus (2). = 2 AT: À (1) Pompil. Daniae dispos. system. p. 12. (2) Æymen. II. p. 397. ( 475 ) Les Priocnemis femelles présentent encore ua autre ca- ractère qui n’a pas, je pense, été remarqué jusqu'ici et qui, tout en les distinguant des Pompilés, indique en outre, leur analogie avec les Ageñia et les Pogonius : ce caractère consisté en ce que le 2°° arceau ventral de l'abdomen est marqué d’une impression transversale. Quant aux Priocnemis mâles, les uns ont, comme les femelles, lès jarnibes de derrière garñies de dentelures en scie, mais plus courtes et plus obtuses ; d’autres n’ont au- cune trace de ces dentelures, mais sont faciles à distinguer des Pompilus mâles, parce que le dernier article des tarses de devant n’a jamais son bord interne plus dilaté que le bord externe. Les Priocnemis de Belgique peuvent être dvi de Ja manière suivante : L Première cellule discoïdale et deuxième sous-médiane (1) étant à peu près de niveau à leur origine. — Pronotum brusquement élevé derrière le cou. — Jambes de derrière des mâles sans dentelures. 1. PR. HYALINATUS 0° ©. (o) Niger, puncto anali tibiarumque calcaribus albis; femo- ribus posticis aut posterioribus apicem versus rufis : metanolo laevi. — Pr. nyaunarus 9° Schiod. p. 14. 1. (inclusa synony- mia, sed exclusa var. B.) — Dahlb. 94. 44. — Anoruius uni- MACULA St-Farg. Hymen. TT. 458. 29. — Pow». ALnisPINus Herr. Scheff. Fn. Germ. 117. 22. Var. 1. o* : Clypeo macula utrinque alba. Var. 2. os : Pronoti margine postico fascia intérruptà alba. — (1) J’adopte ici la nomenclature de M. Dahlbom, p. 529. ( 476 ) Powe. nyauinatus Schuck. 57. 8. — Anopzius Lagratus S'-Farg. HIT. 455. 20. (Q) : Niger abdomine antice rufo, alis hyalinis fascia ante api- cem fusca, metanoto laevi. —Pomp. FASCIATELLUS, Spin, Vanderl. Shuck. — Prioc. rasciaTeLLus Schiod. Dahlb. — Cazicurcus FASCIATELLUS S'-Farg. III. 415. 26 (excluso mare). Var. 3. ® : Abdomine toto nigro. C’est sans aucune bonne raison que M. de S'-Fargeau a bouleversé la synonymie du mâle de cette espèce. Je ne sais ce que c’est que son Anoplius hyalinatus o'. 458.28, qui a, comme notre Pr. hyalinatus , un point anal blanc et quelquefois les pieds de derrière plus ou moins fauves, mais dont les éperons des jambes sont noirs. Je ne con- nais pas non plus son Anoplius punctum >, 456. 26, au- quel il rapporte le P. hyalinatus Vanderl. : d’après la description, les éperons des jambes seraient, à la vérité, pâles et l’anus marqué d’un point blanc, mais les cuisses de derrière seraient toutes noires, tandis que, d’après Van- derlinden et d’après tous les individus de ma collection, le P. hyalinatus s a toujours au moins le bout des cuisses de derrière fauve. Chez ma var. 2. & , le chaperon est tantôt tout noir, tantôt marqué de deux taches blanches. La femelle de cette espèce a été décrite jusqu'ici, sous le nom de Fasciatellus. M. Dahlbom à fait remarquer avec raison, que ses jambes de devant ont une épine termi- nale. Ma var. 5. ©, à abdomen tout noir, paraît être trés-rare; je n’en ai trouvé qu'un seul individu aux environs de Bruxelles. Quant au Calic. fasciatellus indiqué par M. de S'-Far- geau, il appartient évidemment à une autre espèce. C'est (477) probablement le mâle du Pr. obtusiventris ou d’une espèce voisine. 2. PR. RUBRICANS @ v’. (Q) : Niger, thorace scabriculo, supra et lateribus sanguineo; melathorace fortiter transverse rugoso; alis hyalinis fascia ante apicem fusca. = 3-4 li. — Caricureus ruBricans S'-Farg. Hym. IT. 409. 16. (s): Niger, thorace scabriculo, metathorace fortiter transverse Trugoso; antennis breviusculis et crassiusculis ; abdomine bre- viusculo. — 9 li. Le mâle n’a pas, que je sache, été décrit jusqu’à pré- sent. Îl est beaucoup plus petit que la femelle, entièrement noir, excepté les mandibules, qui sont fauves, ainsi que le devant des jambes de la première paire. Les ailes sont transparentes avec une très-légère teinte obscure avant l'extrémité. L’abdomen est à peine aussi long que la moitié du thorax. Les trois femelles que je possède, ont été prises en 1840 par un de mes anciens élèves, M. L. de Rongé, près des saplnières de S'-Job, à quelque distance de Bruxelles. Je n'ai qu'un seul mâle, pris par moi, également aux environs de Bruxelles. IL. 1° cellule discoïdale beaucoup plus longue vers son origine que la 2" sous-médiane. — Pronotum s'élevant en pente douce derrière le cou. A. Cellule radiale aiguë au bout. a. Métanotum sans poils élevés. — Jambes de derrière sans den- telures chez les mâles. + Segment anal du ventre sans carène, TOME xvu. ©Q1 CA (48) * Nervule médiane des ailes antérieures formant un angle ren. trant, au point d’origine de la nervure cubitale. 5. PR. EXALTATUS © 0°. PRIOCNEMIS EXALTATUS Dahlb. I. 113. 55. Je renvoie, pour la description des deux sexes, à l’ou- vrage de M. Dahlbom, en faisant cependant observer que, 4° je ne suis pas certain qu'il n’ait pas confondu avec la femelle celle que je regarde comme appartenant au Pr. no- tatus; ® je ne connais pas sa var. b. à pieds postérieurs en partie-fauves; peut-être, les femelles de cette variété sont- elles pour moi des Pr. obtusiventris. Quant aux autres auteurs, je ne les cite pas, parce qu’ils ont probablement confondu plusieurs espèces en une seule. 4. PR. PUSILLUS ©. Pr. »usizcus g Dahlb. L 112. 51. | : Je ne éonnais que le mâle de cette espèce qui, par la conformation de l’aréeau anal, à beaucoup d'analogie avec le Pr, fuscus, et dont M. Dahlbom a donné uné bonne description. Plus tard (460. 20.),: cet.auteur y a réuni la femelle de son Pr,nudipes, qui m'est inconnue. Le Pr. pusillus paraît être rare en Belgique; j'en ai reçu quelques mâles pris aux environs de Genève par M. Che- vrier. Q ) ** Nervule médiane des ailes antérieures décrivant une courbe uniforme. (479 ) 5. PR. NOTATUS do 9, (o") : Niger, abdominis segmento secundo rufo-fasciato vel-macu- lato ; tibiis anterioribus femoribusque posticis ex parte, rufis; alarum venula mediali uniformiter arcuata. — PR. FEMORALIS Dahlb. 1. 109. 51 (inclusa synonymia) et Pr. Norarus ibid. 458. 9. Anopuius noTaTus S'- -Farg. IL 402. 55. Var. 1. 5 : Abdomine, et interdum pedibus he gone à totis nigris. (Q) : Niger, abdomine antice rufo; alis anticis apice fuscis ma- culu hyalina, venula mediali uniformiter arcuata. Je renvoie, pour la description du mâle, à l'ouvrage de M. Dahlbom, où elle est exposée avec les plus grands dé- tails. On peut voir dans le même ouvrage, p. 529, que la ve- nula medialis est cette nervure transversale qui part de la côte de l'aile et qui ferme , à leur origine, la 1" cellule cu- bitale et la 1" discoïdale. Chez beaucoup de Priocnemis, cette nervure décrit, pour chacune de ces deux cellules, une courbe particulière, et il en résulte un angle rentrant d'où nait la nervure cubitale : c’est ce qui a lieu chez le Pr. exaltatus. Chez d’autres, la venula medialis décrit une seule courbe, commune aux deux cellules prémention- nées, de sorte qu’il n’y a pas d'angle (au moins bien dis- tiuct) au point d’origine de la nervure cubitale ; c’est cette disposition qu’on observe chez le Pr. notatus s et qui, A jé paru constante chez un grand nombre d'individus, m'a servi de guide pour découvrir sa femelle. Une circonstance qu'il n’est pas inutile de mentionner, a encore contribué à renforcer ma conviction à l'égard de l'identité spécifique du mâle et de la femélle : pendant l'été ( 480 ) de 1850, j'avais pris plusieurs Pr. notatus s et avec eux, les mêmes jours et à la même place, des femelles très-sem- blables au premier aspect à des Pr. exaliatus, mais que j'eus la prudence de placer provisoirement dans une boîte, à côté des mâles en compagnie desquels elles avaient été trouvées. Lorsque j'eus le temps de les étudier, je finis, après beaucoup de recherches, par m’apercevoir que la venula medialis avait chez elles la même direction que chez les Pr. notatus s , et que, sous ce rapport comme sous d’autres encore, elles s’éloignaient du Pr. exaltatus 9. En résumé, les Pr. notatus @ et exaltatus Q ne m’ayant pas offert de différences appréciables de coloration ni de taille, leurs autres caractères différentiels , plus ou moins vagues, peuvent se réduire aux suivants : Pr. noîatus ®. Ailes un peu moins amples. Nervule médiane à courbe uni- forme. Nervure cubitale ordinairement effacée avant le bord apical de l'aile. Deuxième nervure récurrente n’é- tant pas sensiblement plus longue que la nervule terminale de la 5"° cellule cubitale. Antennes à articles un peu plus épais. Premier segment de l'abdomen plus convexe et plus élargi de la base à l'extrémité. Impression transversale du 2° ar- ceau ventral décrivant une courbe qui s’avance jusqu’à la moitié de la longueur de cet arceau. Pr, exaltatus Q. Ailes un peu plus amples. Nervule médiane à courbe brisée. Nervure cubitale atteignant ordi- nairement le bord apical de l’aile. Deuxième nervure récurrente plus longue que la nervule terminale de la 3e cellule cubitale. Antennes plus grêles. Premier segment de l'abdomen moins convexe, et moins élargi de la base à l'extrémité. Impression transversale du 2"° ar- ceau ventral décrivant une courbe qui ne s’avance pas jusqu’au milieu de la longueur de cet arceau. J'ajouterai encore que, chez certains individus du Pr. ( 481 ) nolatus Q, les bords postérieurs des derniers segments de l'abdomen ont une teinte fauve, caractère que M. Dahlbom semble attribuer exclusivement à son Pr. obtusiventris (115. 56). + + Segment anal du ventre caréné, très-distinctement chez les mâles, très-finement chez les femelles. NB. Ce n’est pas, à proprement parler, une carène qui existe chez ces femelles ; mais l’arceau anal du ventre est parcouru dans son milieu, vers l'extrémité, par une ligne longitudinale lisse, qui est à peine plus élevée que le reste de la Surface et qui est assez souvent difficile à apercevoir. — Chez les deux sexes, la nervure cubitale est souvent ef- facée avant le bord apical de l'aile. 7. PR. OBTUSIVENTRIS 0° 9. Pr. oprusivenTris Dahlb. 115. 56. (Je renvoie à sa description.) Var. 1.9 : Pedibus posterioribus totis nigris. Les femelles de cette variété ont les pieds noirs, avec le côlé antérieur des jambes de devant plus on moins fauve; elles ont d’ailleurs, sous l'arceau anal, une ligne longitudi- nale lisse, et c’est ce qui m'a porté à les regarder comme appartenant à cette espèce. Le nom de Pr. obtusiventris, donné à cette espèce par M. Schiodte (17.6), indique, d'après lui et d’après M. Dahl- bom, que les femelles ont l’abdomen plus obtus au boutque le Pr. exaltatus ; je dois avouer que la réalité de ce carac- tère est pour.moi fort douteuse. Cependant je me crois très- fondé à regarder le Pr. obtusiventris, décrit par M. Dahl- bom (115. 56.), comme le même que j'indique sous ce nom, au moins quant aux individus genuini, puisque ceux-ci ( 482 ) ont les jambes et lés cuisses en partie fauves, et que la nervure cubitale n’atteint pas le bord apical des ailes, Quant aux variétés à pieds noirs, qu’il est plus facile de confondre avec d'autres espèces , je n'ai pas la même cer: titude, et je dois avouer que je ne suis pas bien convaincu que, M. Dahlbom et moi, nous ayons compris de la même manière les limites respectives des Pr, obtusiventris ©, exaltatus et fuscus $. Voici la cause de mes doutes à cet égard... ÿ M. Tischbein a eu la complaisance de m'envoyer trois Priocnemis femelles qu’il avait reçus de M. Dahlbom et dont les étiquettes portent, outre le nom de chaque espèce, la mention textuelle des observations de Tauteur sué- dois. Une première femelle, de la taille ordinaire des Pr. obtusiventris, a les pieds noirs avec une grande partie des jambes fauves; l'étiquette porte :: « Probablement Pr. obtusiventris ç var. » Gette détermination me semble exacte. Une deuxième femelle, de la taille de la précédenté, a les pieds noirs avec les jambes de derrière seules en partie fauves. L’étiquette porte : « Pr. obtusiventris ç var. » sans ‘aucune remarqué. Ici, je ne saurais partager l’opinion de M. Dahibom , et cette femelle appartient évidement à une autre espèce que la première. En effet, 1° le métanotum est hérissé de poils vers les côtés, comme chez le Pr. fus- cus, caractère que je n'ai jamais observé chez le Pr. obtu- Siventris ; 2° Ja coloration des ailes et la forme de leurs cellulés ont également plus d'analogie avec celles du Pr. fuscus, quoique l'extrémité de là nervure cubitale n’atteigne pas tout à fait le bord apical; 3° les dentelures des jambes de derrière sont plus fortes que chez les Pr. obtusiventris, ( 485 ) et ressemblent à celles du Pr. fuscus; 4° il n’y a pas de ves- tige de ligne élevée sous le segment anal. | | Une troisième femelle est plus grande que la deuxième, dont elle a d’ailleurs la coloration, sauf aux jambes de der- rière, qui sont presque toutes noires. L'éliquette porte : € Probablement une simple variété du Pr. exaltalus; à ne consulter que la nervure cubitale, ce serait un Pr. obtu- siventris, mais les autres caractères ne conviennent pas. » Cette femelle a, de même que la précédente, des poils ‘élevés vers les côtés du métanotum, et les dentelures des jambes de derrière aussi fortes que le Pr. fuscus, de sorte que, suivant moi ,ée ne peut être un Pr.exaliatus. saga deux dérnières femelles sont-elles effectivement des r. fuscus? c’est ce que je n’affirme pas positivement ; ‘et né me borne à dire, Lars le moment, qu'elles en sont très- voisines. Sije me permets de publier cés remarques , personne ne s’imaginera, j'espère, que ce soit dans le but de jeter du blâme sur les travaux de M. Dahlbom. Je n'ai voulu établir qu'une chose, c'est que nous ne sommes pas d’ac- cord sur la détermination de ces Priocnemis : il reste à savoir qui de nous deux est dans l’erreur. Bien loin de prétendre à une infaillibilité quelconque, dans une ma- tière aussi difficile, j'avoue même franchement que j'ai des Priocnemis femelles dont les caractères semblent, jusqu’à un certain point, osciller entre ceux des Pr. exaltatus, notatus et obtusiventris, de sorte que je n’oserais point me prononcer avec une entière certitude sur leur détermi- nation; mais, ni chez les uns ni chez les autres, il n'y a la moindre trace de poils élevés sur les côtés du métanotum. [1 (484) 8. PR. MINUTUS © Pour. mxurus © © Vanderl. I. n° 42. — Pr. mnurus @ var.b Dahlb. IL. 418. 59. — Caricureus minurus © g S'-Farg. HI. 415. 27. | Var. 1.0 : Metanoto toto nigro. — Dahlb. ibid. var. a. Var. 2. © : Thorace nigro, collo solo rufo. J'ai sous les yeux huit femelles que j'ai prises en Bel- gique, et qui toutes sont conformes à la description de Vanderlinden. Je n’ai jamais rencontré la var. 1, à mé- tathorax tout noir, décrite par M. Dahlbom sur un indi- vidu d'Allemagne. Quant à la var. 2, elle a le thorax noir, excepté la partie antérieure du pronotum (le cou), qui est fauve; son chaperon est tout noir, et le 4° article des an- tennes n’a en dessous qu'une légère teinte d’un châtain sombre. J'ai reçu deux femelles de cette variété, prises par M. Chevrier, aux environs de Genève. M. Dahlbom, qui cite l'ouvrage de Vanderlinden pour la description du Pr. minutus femelle, semble ne pas s'être aperçu que cet auteur a aussi décrit le mâle, d’après ma collection. Comme cette description du mâle. laisse à dé- sirer sous plusieurs rapports, je crois devoir la rétablir ici d’une manière plus complète : Pr. minutus .— Tête noire avec les mandibules fauves. Antennes noirâtres avec le dessous du 1°, et quelquefois du 2"° article, d’un fauve très-obscur; thorax noir, avec l'extrême bord antérieur du pronotum fauve. Pieds à han- ches noires; cuisses fauves, les 4 antérieures et quelquefois aussi les 2 postérieures noirâtres vers la base; les 2 ou les 4 jambes antérieures en partie fauves; celles de derrière obscures; tarses obscurs. Ailes presque entièrement trans- FÉCPATSRNE (485 ) parentes. Abdomen, chez un mâle : 1° segment fauve un ‘peu obscurci dans la disque; 2°° segment fauve avec le bord apical noirâtre; 5"° segment noir avec les côtés fauves; chez un autre mâle : 1* segment noir avec les côtés et l'extrémité fauves ; 2»° segment châtain ; 5° segment noir; les segments suivants toujours noirs. Segment anal infé- rieur étroit, glabre, arrondi au bout, parcouru depuis la base jusque près de l'extrémité par une faible carène lisse et luisante. = 1 3 li. Chez le Pr. obtusiventris S', le segment anal inférieur est plus large, et sa surface est entièrement hérissée de longs poils , de sorte que, sous ce rapport, on ne saurait le confondre avec le Pr. minutus ©. Le Pr. minutus, qui se trouve en Belgique et en France, paraît ne pas habiter le nord de l'Europe, où M. Dahlbom ne l’a pas rencontré. M. Shuckard ne le mentionne pas non plus parmi les Fouisseurs d'Angleterre. aa. Métanotum ayant des poils élevés, au moins vers les côtés. — Jambes de derrière des mâles ordinairement dentelées en scie. 9, Pr. MIMULUS w (Q?). (or) : Niger, abdomine antice rufo; clypei margine apicali bisi- nualo ; metanoti lateribus parce pilosis. = 3-3 À li. Je possède deux mâles de cette espèce: chez le plus grand des deux que j'ai pris en Belgique, les trois pre- miers segments de l'abdomen sont entièrement fauves; toutes les jambes sont fauves en avant, et les cuisses de derrière ont le côté externe fauve du milieu à l'extrémité. Chez l'autre mâle, qui m’a été envoyé de Herrstein par ( 486 |) M. Tischhein, le 5° segment de l'abdomen est noir à l'extrémité et sur les côtés; et les pieds sont noirs, à l’ex- ception du côté antérieur des jambes de la,4* paire. : Ces mâles diffèrent du Pr. fuseus s, 1°par le chaperon, dont le bord ‘antérieur est bisinué; 2 par les jambes de derrière, qui.ne sont. pas distinctement, dentelées en, scie, ‘bien, qu’elles aient des rangées longitudinales de petites épines;,5° par le segment anal inférieur, dont l'extrémité est tronquée sans échancrure, et dont les bords,ne sont pas longuement. frangés de poils courbes. Toute la surface de ce segment est hérissée de longs poils serrés. Je rapporte avec quelque doute à cette espèce une..fe- melle, longue de 5 lignes, ayant identiquement la même coloration que le Pr: fuscus ç ,.et dont elle paraît différer, 4° par. le bord antérieur du chaperon, qui semble très-lé- gèrement bisinué, mais bien moins distinctement que chez le mâle; 2° par le métanotum un peu plus convexe: 10. PR. FUSCUS c 9. Pr. ruscus Dahlb. [. 402. 46. (Inclusa synonymia.) — Caricuneus ruscus © S'-Farg. IL. 412. 22. Je renvoie à la description de M. Dahlbom, qui est très- exacte. 11. PR. CORIACEUS 0 9. («): Niger, abdomine antice rufo, alis fuscis; thorace, capite praesertim, et antennarum scapo, dense pilosis ; clypei margine apicali lévi et nitido: metanoto subtiliter granulato; segmento veñtris anali dense piloso, apice subtruncato. = 3-4 li. — Pr. conraceus 0°? Dahlb. LE 403. 47. ét 459. 47. (9) : Niger, abdomine antice rufo, alis fusciss metanoto piloso, (487 ) subliliter granulato, utrinque rugoso; clypei margine apicali levi et nitido. = 3 5-4 à li. Chez les deux sexes, la tête, les antennes, le thorax et les pieds sont noirs; l'abdomen a ses trois premiers seg- ments fauves; la base du 4°" segment , ordinairement l'extré- mité du 5°, et les segments suivants sont noirs. Les ailes ont une teinte obscure. R HEù di _ Cette espèce diffère du Pr. fuscus, 1° par les antennes * un peu plus courtes et un peu plus épaisses; 2 la tête et le thorax sont d’un noir plus tere, et ils sont même, chez Je mâle, complétement opaques ; 5° la tête est moins large, l'espace occupé par les ocelles est, plus convexe, le bord apical du chaperon est luisant : immédiatement au-dessus . de la base des antennes, il y a une linéole médiane élevée , . plus où moins distincte (tandis que, à la même placé, il . ÿ à une linéole enfoncée chez le Pr. bte ; 4 le métano- - tum est plus court, plus convexe, finement chagriné, et, - chez la femellé, il a en outre, de chaque côté, dés rugosités k irrégulières, dont quelques-unes sont transversales ; 5° la . 9% cellule cubitale est plus rétrécie vers la radiale. : Quant au mâle en particulier, les caractères fournis par * le segment anäl inférieur suffiraient à eux seuls pour le « distinguer du Pr. fuscus d'; il a, comme ce dernier, les \ jambes de derrière un peu déntelées en scie. Deux raisons m'ont porté à citer avec doutele Pr. coria- « ceus o' de M. Dahibom. D'abord, cet auteur ne parle pas de l’abondance des À longs poils qui hérissent la tête et le thorax, et qui don- É nent à Ce mâle un aspect tout particulier. _ Ensuite, dans sa Tab. exam. synopt. 459. 17, il assigne « à ce mâle un caractère dont il n’avait pas parlé précédem- (488) ment (105. 47) : Fronte ante protuberantiam utrinque [o- veola transversa. Or, il m'a été impossible de découvrir ce caractère. Peut-être est-il purement accidentel , car il faut remarquer que M. Dahlbom paraît n'avoir eu sous les yeux qu'un seul individu (1). Cette espèce parait être rare en Belgique: j'en possède 4 mâles et 2 femelles. AA. Cellule radiale arrondie au bout. 11, PR. AFFINIS o° ©. Powe. arrints Vanderl. I. n° 34. — Schuk. 65. 16. — Pr. AFFINIS Dahlb. I. 103. 48. — Cauicurcus arriis S'-Farg. IT. 413. 25. Var. 1. © : Abdomine toto nigro. = 6 ! li. | Je renvoie, pour la description, aux auteurs cités. Quant à la variété que je signale, elle ne présente d’autre différence que son abdomen qui est entièrement noir. Je n’en possède qu’une femelle , prise aux environs de Bor- deaux par M. C. Perroud. Remarques. — Si l’on a égard à la forme de la cellule radiale et aux rides du métanotum , c’est à la suite du Pr. afjinis que doivent prendre place plusieurs espèce euro- péennes, étrangères à la Belgique, telles que les P. bipunc- tatus et tripunctalus, et probablement les P. variabilis et Fabricii Vanderl.; je ne parlerai que des deux premières. (1) L'Entomologische Zeitung , n° 1, janvier 1850, contient une énumé- ration des Fouisseurs des environs de Herrstein , par M. Tischbein, où il est dit, p. 8, que, d’après une lettre de M. Dahlbom, le Pr. coriaceus est le Pompilus gibbus de Fabricius, conformément à une vérification faite au Musée de Copenhague. ( 489 ) 12. PR. BIPUNCTATUS ©. Pour. rruncratus Fab. Panz. Vanderl. — PR. vARIEGATUS Var. c Dahlb. I. 98. 45. — Cazicurcus spuncrarus S'-Farg. IL 401. 4. J'ai des individus des environs de Gênes, de Florence, de Bordeaux et de Genève. J'ai également reçu de cette dernière localité un Salius sexæpunctatus Fab. que Vander- linden regarde comme le mâle, malgré les différences que . présentent la forme et la surface du thorax. M. Dahlbom, sans avoir vu le Salius sexpunctatus , ad- met l’opinion de Vanderlinden; mais, sous le nom de Pr. variegatus, il réunit au P. bipunctatus les P. Fabricü et variabilis ,que Vanderlinden regardait comme des espèces distinctes. Ne connaissant pas ces deux dernières, je ne » puis émettre, à cet égard, aucun avis. Il est bon toutefois de remarquer que M. Dahlbom avoue n'avoir pas vu le « P. variabilis. M. de S'-Fargeau ne partage pas l'opinion de Vander- linden relativement au mâle du P,. bipunctatus, etil le dé- . crit, d'abord, sous le nom de Salius sexpunctatus , 595. 2, - ensuile, sous le nom de Anoplius sexpunctatus , 401. 4. Du reste, il conserve comme espèces distinctes les P. variabilis, . 599. 2, et Fabricü, 105.7, et il assigne même à ce dernier “ un mâle à peu près semblable à la femelle. 43. PR. TRIPUNCTATUS Q. Powe. rripuncrarus Spin. IL 35. tab. V. fig. 21. — Vanderl. I. n° 26. J'ai reçu de M. Spinola lui-même une femelle de cette espèce. Elle a, comme la précédente, le métanotum ridé ( 490 ) en travers, et trois taches blanches sur l'abdomen ; mais | celles-ci sont autrement disposées : le 2%° segment est sans taches, et il y en a, en revanche, une paire sur le 5°. Sauf | cette différence, il existe entre les Pr. bipunctatus et tri- punctatus la plus grande ressemblance. Cependant, il me | semble que, chez le Pr. bipunctatus, les côtés de la tête | derrière les yeux sont plus convexes et plus renflés. Auéun auteur n’a décrit le mâle. M. de S'-Fargeau soup- | çonne que ce serait peut-être son Calic. binotatus 5, 402.6. Je possède aussi'un Prioenemis mâle très-voisin par ses formes des Pr. bipunctatus Q et tripunctatus © : il est noir avec les cuisses de derrière fauves, et deux taches blan: ! ches sur les 2°° et 5°° segments de l'abdomen; le métano- tum est d’un noir terne, très-finement chagriné. Je crois qu'il vient d'Espagne. M. Dahlbom a décrit, sous le nom de Pompilus tripunc- | tatus, 49.22 , un véritable Pompilus, croyant que c'était le : Pompilus tripunctatus de M. Spinola. C'est une erreur, ! provenant probablement de ce qu’il a cité l’auteur italien : sans avoir sous les yeux son ouvrage; car, sans cela, il se L serait aperçu que l'insecte de la tab. V. fig. 21, est repré- | senté avec les jambes de derrière dentées en scie, et que c'est, par conséquent, un Priocnemis. Du reste; rien n'em- ! pêche de conserver au Pompilus tripunctatus de M. Dahl- bom le nom qu'il lui à donné, mais en retranchant la synonymie. Genus AGENIA. Le genre Agenia, créé d'abord par M. Schiodte {1}, et restreint ensuite par M. Dahlbom dans des limites plus (1) Pompilid. Dan. dispos. system., p. 9. ( 494 ) étroites (1), se rapproche des Priocnemis, en ce que le 2° arceau ventral de l'abdomen est marqué, chez les femelles, d’une impression transversale; mais il s’en éloigne par l'absence de dentélures en scie aux jambes de derrière. AG. PUNCTUM d ©. | Pouricus ruxerus & Vanderl, L n°10. — Shuck. 56. 7. -— Ano- PLIUS AI BIGENA @S'-Farg. HE. 457.27. — PouriLus PETIOLATUS Q Vanderl, n° 9, — Shuck. 54. 5, — AnoPuius PETIOLATUS © St Farg. 443. 3. — Acenra carsonarta © Dahlb. 1.90, 43. , Après avoir regardé d’abord les P. punctum et petiolatus * comme les deux sèxes de la même espèce, M. Dahlbom a \ changé d'avis postérieurement, et,:dans sa Tab, exam. synop,, p. 455 , il en. fait deux espèces, probablement à cause de la différence de forme du chaperon. Je crois que c'est une erreur; car , sous tous les autres rapports , il y a “ une entière analogie spécifique, et M. Dahlbom semble « avoir oublié que, lui-même, il a admis des espèces de Pom- É pilides dont le chaperon diffère d’un sexe à l’autre, comme, par exemple, chez le Priocnemis albifrons. D'ailleurs, il serait fort extraordinaire que, depuis plus de 95 ans, d’au- tres et moi, nous eussions pris si souvent le P. punclur o “et le P. petiolatus 9, sans jamais trouver la femelle du - premier ni le mâle du second. C'est à la suite de ce.revirement d'opinion de M. Dahl- k bom que j'ai,craint d’ adopter le nom de Ag. carbonaria , … proposé par lui et qui aurait pu donner naissance à qe qne . confusion. (1) Tab. exam. synopt. p. 454. ( 492 ) - Genus POGONIUS. M. Dahlbom, dans sa Tab. exam. synopt., p.455, a sé- paré, sous le nom de Pogonius, le$ Agenia dont les mà- choires sont fortement barbues, le 1° segment de l'abdomen moins rétréci vers la base, et la nervure cubitale prolongée jusqu’au bord apical de l'aile. J'ajouterai que, chez les fe- melles, le 2° arceau ventral de l’abdomen est marqué d'une impression transversale, comme chez les Priocnemis et les Agenia. 1. PoG. VARIEGATUS a 9. Poc. variEcarus Dahlb. 454. 4. —— Act. vamiecara Dahlb. 88. 42. : (Inclusa synonymia.) — AnorLius vARIEGATUS. S'-Farg. IL 445. 5. Cette espèce paraît être fort rare en Belgique. Je n’en ai qu'un mâle et une femelle , des environs de Liége. 2. Poc. HIRCANUS & 9. Poc. mircanus Dahlb. 454. 2. — Ac. mircana Dahlb. 83. 40. (In- clusa synonymia.) — AnorLius BtFASCIATUS S'-Farg. HE. 459.50. Je n’ai pris en Belgique que 2 mâles et 4 femelles de cette espèce. Chez les femelles, le dessous du flagellum des antennes est d’un fauve plus ou moins sombre; le côté antérieur de leurs jambes de devant est en grande partie fauve, ainsi que le bout des 4 jambes postérieures et des articles des tarses. Une autre femelle que j'ai reçue de M. Dahlbom, est exactement semblable à celles de Belgique. ( 495 ) 5. POG. INTERMEDIUS © ? Poc, rermenius Dahlb. 454. 3. — Ace. irermenta Dahlb. 86. 41. Les deux femelles que je rapporte avec doute à cette espèce, sont de même taille que celles de l'espèce précé- dente, dont elles diffèrent , 4° par leurs antennes et leurs pieds entièrement noirs; 2 par leur métanotum, dont la ponctuation est beaucoup plus forte et plus serrée, de sorte qu’il est moins luisant; 5° par lesailes, dont les deux bandes sont plus larges et plus foncées, et dont la première se prolonge distinctement de manière à remplir l'extrémité de la cellule anale. — Ces caractères me paraissent être conformes à la description de M. Dahlbom, p. 87; mais, d'un autre côté, ces femelles s’éloignent de sa diagnose, page 86, 1° par l’absence d’une linéole transversale en- foncée au bout du chaperon; ® par l’absence de sillon mé- dian et de fossettes latérales sur le métanotum. Ces femelles sembleraient donc, par leurs caractères, être intermédiaires entre les Pog. hircanus et intermedius. — Elles ont été prises à quelques distance de Diest, dans la Campine. Notice sur les anomalies de déplacement et analyse de mon- stres nouveaux compliqués de métaphérie, de dédouble- ment et de disjonction ; par M. Ch. Morren, membre de l'Académie. Un organe est plutôt anéanti que déplacé, disait avec beaucoup de justesse Geoffroy de S'-Hilaire. Ce principe, . qui maintient dans toute sa valeur la théorie de l'inser- TOME xvHi. ñ4. ( 494 ) tion, telle que M. Auguste de S'-Hilaire l’expose aujour- d’hui, est passée à l’état de vérité dans la botanique téra- tologiqué. M: Moquin-Tandon a déjà fait éntrevoir une des véritables causes pour lesquelles les ectopies ne se repré- sentent pas dans le règne végétal; car, en lisant attentive- ment tous les cas rapportés par le savant tératologue de Toulouse, on est convaincu qu'aucun n’est une ectopie véritable, c’est-à-dire un déplacement d’un organe quel- conque de l’endroit où il aurait dû naître dans un endroit où il aurait dù ne naître pas. Celte véritable cause, à laquelle les observateurs, des anomalies végétales ne font pas une attention assez grande, est évidemment la méta- _morphose, propriété si fondamentale de l'organisme des plantes et si inhérente à leur nature, qu'aucun individu n’y échappe. Ainsi, quand, sur une hampe de tulipe, on voit se développer en dehors de la fleur un organe qui possède toute l'apparence et toutes les couleurs d’une division du périanthe, il est évident que ce n'est point ni un sépale ni un pétale qui a pris son insertion en dehors de la fleur au milieu de la tige, mais la métamorphose d’une feuille en organe similaire à l’élément calicinal ou corollin. Ainsi, encore, si, dans le trèfle rampant, il est si commun de trouver au lieu du carpelle léguminiforme du pistil une feuille, ce n’est point cet organe qui a franchi l'espace du dessous de Ja fleur.à son milieu ou au-dessus d’elle sur son axe, mais une simple conversion de la gousse en limbe foliaire..Ces faits et bien d’autres ne font plus. conteste aujourd’hui. Lorsqu'on observe une feuille décurrente et qu’on aper- coit la libération de la lame bien au-dessus du point d’in- sertion du pétiole, il n'est plus personne actuellement qui attribuerait ce fait à un déplacement, puisque la soudure», PCT 44% 4 ( 495 ) l'explique tout aussi bien que, se trouvant expliquées par les mêmes raisons , l’inflorescence épibractéenne du tilleul ou les fleurs épiphylles des Ruscus. Quand donc on est en présence d’un cas de métaphérie (ueta-pèco, transporter) non encore expliqué, et vis-à-vis de la déclaration formelle des tératologues , que les ecto- pies ou déplacements (et non transport, remarquons-le bien) d'organes n'existent que dans le règne animal, on doit prendre toutes les précautions pour ne pas tomber dans une fausse interprétation dès phénomènes, et user de tous les dons de la seconde vue, que possède si bien l’in- telligence humaine, capable d'apprécier les faits avec l’es- prit, autrement que ne le font nos yeux avec leur fonction. Ces réflexions sont commandées par la description d’un ordre de monstruosités végétales et florales du plus haut intérêt, dont aucun auteur de tératologie ne s'est encore - occupé, à notre connaissance. Des collaborateurs au Garde- ner’s Chronicle ont bien signalé et figuré différentes anoma- lies des Fuchsia; mais aucune d’entre elles n’était du genre de celles dont nous allons nous occuper ici. Le petit sémi- paire dé S'-Trond est devenu pour nous une pépinière de fort jolis monstres, la plupart très-instructifs et très-élo- quents, et c’est encore de cette source féconde que nous sont venus les cas fort remarquables de métaphéries qui forment l'objet de cette notice. Nous en rendons grâce à M. le pro- _ fesseur Van Oyen et à l’un de ses élèves les plus perspi- . cacés, M. Jules de Fize. Rappelons-nous d'abord la structure normale et spéci- fique des fleurs de Fuchsia : un ovaire infère et un long tube calicinal terminé par quatre divisions. Alternative- ment entre elles, quatre pétales naissant (ou mieux se libé- rant) au sommet du tube calicinal et plus courts, quoique ( 496 ) plus larges que les divisions du calice; puis ; huit étamines exsertes, que le taxonomiste (Endlicher, par exemple) fait naître à l'insertion des pétales, et cette insertion il la place au sommet du tube du calice; les filets filiformes, simples, contenus et terminés par des anthères introrses ; bilocu- laires, incombantes et longitudinalement déhiscentes. Le style est filiforme, libre dans le tube calicinal , à partir de l'ovaire et exsert; il se termine par un stipmate capité, en clou ou quadrifide. On sait combien les horticulteurs ont semé de Fuchsia pour en obtenir des centaines de variétés. L'une d'elles, appelée Scaramouche par cette singulière espèce de bota- nistes, si toutefois un horticulteur botanophile seulement et rien de plus, peut prétendre au grade de botaniste, pré- sente une vraie Structure anomale des plus originales. Nous ne pensons pas qu’il y ait dans la végétation des monstres un second exemple de cette organisation où les yeux de la tête n'hésitent pas de voir un véritable déplace- ment d'organes. Ce Scaramouche se reproduit par bou- ture; il est plein d'enseignement et vaut beaucoup mieux que son nom, trop indigne, il faut le reconnaître, d’être jamais celui d’une plante respectable. On ne trouve ce nom de Scaramouche que dans les comédies de Molière et dans les catalogues horticoles. Nous regrettons donc de devoir l’employer, et nous ne le rappelons ici que pour fournir aux botanistes tératologistes l'agrément d'acheter un mon- stre curieux et unique dans l’histoire des belles horreurs de la nature. La figure 1° de notre planche représente une fleur de ce Scaramouche. L'ovaire est normal, le calice aussi ; mais immédiatement au-dessus commence l’anomalie. On voit sortir de l'endroit où cesse le tube calicinal et où com- EE ( 497 ) mencent ses quatre divisions, les filets des étamines, cette fois non enveloppés dans les quatre pétales. On dirait que ceux-ci manquent, du moins à leur place naturelle. Mais on est tout étonné de trouver ces quatre pétales sous la forme de quatre grands capuchons corollins et d’un pourpre carminé éclatant, au sommet des étamines et enveloppant les anthères. Le pistil passe intact et n’a rien d’anomal. Le calice en rose, les filets des étamines incarnats, et les capuchons seuls sont d’une couleur éclatante. Nous avons représenté la fleur vue en dedans (fig. 2). On y voit le pistil au centre parfaitement libre, très-long et normal; puis on découvre quatre filets, couleur de chair, longs et étroits, correspondant chacun, quant à sa libéra- tion, c’est-à-dire quant à son insertion selon la descrip- tion du taxonome, à la nervure médiane de chaque divi- sion calicinale. Chacun de ces filets porte sur le dos, extérieurement à l'axe de la fleur, un cornet ou pétale cuculliforme, en capuchon dilaté et très-grand. Le filet de gauche continue son filet sous la forme d’une seule éta- mine avec une anthère fertile qui se replie dans le capu- chon; les deux filets d’au-dessus et de droite ont chacun deux étamines à anthères fertiles, devenant distinctes l'une de l’autre, un peu au-dessus de la naissance du cornet. Enfin, le filet de dessous, outre un capuchon fort bien formé, offre trois étamines distinctes au-dessus du capu- chon et chacune ayant une anthère fertile. Voilà ce que l’on voit. Évidemment, si l’ectopie n'existe pas de la végétation, c’est-à-dire une monstruosité par déplacement , il doit y avoir certainement transport d'organes, car les pétales, au lieu de naître entre et à la base des divisions du calice, au-dessus de son tube, naissent et deviennent visibles, ( 498 ) amples et colorés, au haut des étamines, au-dessous des anthères. Il y a done ce que nous appelons métaphérie où monstruosité par transport. Ce transport est une glissade organique; nous le verrons tout à l'heure. Cette métaphérié donne lieu à plusieurs inductions inté- ressantes. | | Au fond , il est évident qu'en remontant à son originé première, on la trouve dans une soudure de l'élément eorol- lin avec l'élément androcéen. Les filets des étamines ont absorbé les pétales, ils les ont avalés, si nous pouvons le dire, ils ont fait soi les pétales, et puis, plus haut que leur libération ordinaire, près des anthères, ces fibres pétaloïdes se sont fait jour, et l'organe a repris sa forme, sa texture, ses couleurs, avec quelque variation , il est vrai, mais au total avec la plupart des caractères essentiels et sa nature normale. A l’œil, on dirait l'insertion variée, transportée, dépla- cée; car nous ne voyons nulle part des étamines produire et porter des pétales, mais nous voyons souvent des pétales porter des étamines (stamina catapetala). Mais on a bien- tôt, par l'esprit , redressé l'erreur commise par l'inspection et ramené à sa véritable cause la soudure d’une anomalie si extraordinaire. Un second fait est non moins elair. Cest la dissimula- tion complète de la corolle dans les filets de l'androcée, pendant tout le trajet où le capuchon n'existe pas. Si la soudure existe, el elle ne saurait se nier, on doit dire qu’elle est telle que son existence ne se traduit nullement au dehors. On dirait d’une fusion complète et d’une ré- duction totale de matières organisées. ILest vrai que, dans une fleur de Fuchsia normale, la soudure intime avec fusion des matières organiques des Fa ( 499 ) appareils confondus, se fait entre la corolle et le calice, de manière à libérer le premier de ces deux verticilles seule- ment là où le second perd sa forme de tube. Dans la méta- phérie signalée, la fusion et.la soudure des organes corol- lins se continue du calice aux filets de landrocée ; mais ce fait même n’en,est que d'autant plus intéressant. : Le type spécifique de la fleur du Fuchsia est basé sur le nombre quatre et ses multiples. [I s'ensuit qu'il y a pour les huit étamines deux verticilles de quatre étamines chacun. Les lois de l'alternance prouvent donc que, dans la méta- phérie.en question, ce sont les.étamines du verticille infé- rieur (ou le plus externe, ou le premier) qui ont forcé les autres à se souder avec elles. En effet, ces. étamines du premier verticille. doivent se trouver opposées avec les sépales , alterner avec les pétales, et la dissection prouve évidemment que ces étamines ont conservé leur rang, leur insertion , tandis que les autres ont perdu leur place pour venir se Joindre aux premières tantôt deux à deux, tantôt trois à trois, tantôt même (fig. 7) quatre à quatre, Cette observation mène. naturellement à une autre question plus difficile à résoudre et dont le résultat est plus entaché d'incertitude. Cette question la voici : {l'est évident que, dans une fleur normale de Fuchsia, les pétales occupent l'intervalle entre les divisions calici- pales. Cependant, dans la métaphérie, chaque cornet péta- loide est placé vis-à-vis des divisions du calice. Y a-t-il eu déplacement ? Y a-t-il eu torsion de 45 degrés du verticille corollin dans la soudure androcéenne? Aucun indice d’un tel mouvement circulaire ne s’observe dans la direction des fibres : toutes celles du calice et des filets sont rectili, gnes. IL serait, donc plus prudent. d'admettre que chaque cornet staminal dans la métaphérie provient de deux ( 500 ) moitiés respectivement voisines de deux pétales alternes avec les sépales, à peu près comme on s'explique l’orga- nisation de l’androcée dans les Fumariacées et les Asclé- piadées. Mais nous n’hésitons pas à déclarer qu’à l'égard de cette génèse des cornets, nous conservons quelques doutes, bien que nous soyons légitimement en droit de a concevoir de cette façon, vis-à-vis des lois de l’alter- nance, plus fixes que les disjonctions à soudures. Nous ferons remarquer qu'il est impossible, dans cette métaphérie, d'admettre que les cornets pétaloïdes et rouges qui accompagnent les étamines soient des modifications des connectifs comme dans les Aquiléges. Cette impossi- bilité saute aux yeux, vis-à-vis des figures 4 et 7 , qui re- présentent, l’une (4) un de ces cornets portant à son bord et à l'extrémité du filet une anthère parfaitement normale, sans modification aucune du connectif; l’autre (7), un double cornet évidemment formé de deux parties soudées, mais provenant d'un filet renforcé de quatre éléments staminaux. Aussi y a-t-il là quatre anthères complètes, dont trois terminent des extrémités de filets séparés, et une anthère soudée, la quatrième, porte même une loge supplémentaire transversale, qui ferait croire à une sou- dure avec demi-résorption de deux anthères en une. Il ne peut donc être question ici de modification du connectif en pétales. Nous verrons cependant comment le passage entre ces deux sortes de cornets’ s'établit dans les Fuchsia Scaramouches mêmes. Examinons la fleur représentée fig. 5. Elle est certes un monstre des plus intéressants. L’ovaire infère est nette- ment distinct du calice; mais au bas du tube de celui-ci se présente une feuille dont la coloration, d’un vert jaunâtre, ferait soupçonner la nature des bractées, et à DR (501 ) l'aisselle de cette feuille une étamine isolée, avec anthère fertile, placée donc entièrement hors de la fleur. Ici, on dirait d'une ectopie véritable. Puis vient le tube du calice, divisé, en haut, en sept lanières, et l’une de ces lanières offre une teinte rose sur une moitié et une teinte rouge pourpre sur l’autre. Deux pétales de forme ordinaire se développent immédiatement sur la gorge de ce calice évidemment dédoublé, et de là naissent aussi sept élamines, lesquelles offrent les parti- eularités suivantes : Deux de ces organes présentent leur structure ordinaire ; Trois se trouvent soudés par leur filet en un corps unique, mais vers la moitié de l'organe, les filets respectifs de ces étamines s’isolent ; Une étamine laisse voir, sur la moitié de la longueur de son filet, un lambeau denté d’un pétale, rouge comme celui-ci; Une septième étamine présente, avec une torsion spira- loïde de son filet, une conversion de son anthère en cornet pétaloïde; | Enfin, le pistil est normal. Sur deux autres fleurs de Fuchsia appartenant à d’au- tres variétés que le Scaramouche, nous avons retrouvé un état analogue, et ce sont les analyses faites de ces anthères modifiées que nous avons représentées figures 5 et 6. Sur l’étamine 5, il est évident que le cornet est dû à un prolon- . gement du connectif, avec séparation et distraction des loges de l’anthère rendues stériles. Ces loges sont réduites à deux callosités divergentes. … L'étamine fig. 6 montre le passage du cornet corollin de la fig. 4 au cornet connectival de la fig. 6, puisque l'organe rouge et de consistance pétaloïde naît à la base ( 502 ) de l’anthère et au-dessous, pour se prolonger au-dessus et comprendre dans son plan les deux loges de l’anthère ré- duites également à un état caronculaire. Donc, nous avions raison, pensons-nous, de nous servir de cette métaphore dans notre langage de. plus haut, à savoir que le pétale glissait sur l’étamine pour se souder ayec elle et se détacher iei.à moitié chemin (éta- mine de la figure 5), là au-dessous de l’anthère (étamine) des figures 1 et 2, figures 4 et 7), et enfin dans et au- dessus de l’anthère même, modifiant ainsi son connectif, prolongement du filet sur lequel le pétale a glissé (fig. 5 et 6). Ce glissement organique est un transport sansidé- placement, une métaphérie sans ectopie; ear l'insertion (placement) de l'élément corollin n'a pas changé, mais seulement sa libération, son exsertion, comme leût dit De Candolle,, a eu lieu plus haut, vers le sommet de la fleur, que dans l’état normal. Nous pensons que c’est là ! l'explication naturelle qu’il faut donner de ces phénomènes : d’un ordre anomal. 1 Il nous reste maintenant à discuter un des faits les plus intéressants signalés dans la fleur métaphérique figurée au numéro 3. Nous voulons parler de cette étamine isolée, extra-calicinale, naissant, dirait-on à l'aisselle d’une bractée, En décrivant la fleur, nous disions : on dirait d’une ectopie véritable, En effet, qu'y aurait-il.de plus simple pour se rendre compte de cette insertion: si extraordinaire que d'admettre le déplacement d’une éta- » mine, élément organique interne dans la fleur, unité du verticille androcéen, le troisième eu rang dans la: fleur normale, dans un endroit externe; en dehors et au-des- sous du calice? Quand on a nié, ajouterait-on, dans les | traités de tératologie végétale, l'existence. des .eetopies; (503) telles qu'il en existe dans le règne animal, c’est qu'un cas comme celui-ci ne s'était pas présenté. Mais ici, l'éta- mine ne naît pas à sa place; elle est insérée à l’aiselle d’une bractée et en dehors et au-dessous du calice. Donc s’1l,y eûL une ectopie au monde, c’est bien la siyuoture de ce Fuchsia monstrueux. Mais telle est notre foi dans les lois immuables de l'or- ganisalion typique, qu'un fait si extraordinaire, comme le serait un vrai déplacement contraire aux règles de l’in- sertion, ne peut pas à nos yeux exister réellement. Il faut dégager l’apparence de tout ce qu’elle offre de captieux, et arriver à la vérité en écartant les causes nombreuses d'erreurs échelonnées sur la voie au bout de laquelle la nature restera saine et sauve, toujours semblable à elle- même. Analysons donc cette fleur essentiellement instruc- tive avec toute la perspicaeité possible de la seconde vue que donne l'étude si attrayante d’une tératologie philo- sophique, fi pl L'organe bractéimorphe à l’aisselle duquel cette étamine prend naissance, est-ce bien une bractée? La couleur verte la ramène seule à cet ordre d'organes. Son insertion est au-dessus de lovaire, non au-dessous, et dans les Fuchsia l'ovaire est infère. Cette dernière raison suffirait pour rejeter l'opinion que ce püût être une bractée soudée à l'ovaire et se faisant jour au-dessus. Il y en a une se- “ conde. Dans cette fleur métaphérique, le calice.est dédou- k blé: on voit visiblement sept divisions au sommet du tube. Où est le huitième? Il en faut huit, puisque le nombre normal des divisions calicinales est quatre. Évidemment, cette huitième division, ou; si l’on veut, céhuitième sépale est la bractée prétendue; seulement l'organe, la feuille calicinale , au lieu de poursuivre sa souduré au-dessus de ( 504 ) l'ovaire avec le tube de son verticille, s’est libéré plus bas que de coutume, et cela sans doute à la suite du dédouble- ment organique de son verticille, du transport de deux pétales sur quatre et de la force d’anomalie qui déjà s'était emparée des organes staminaux. Une anomalie aussi profonde qu'une métaphérie, la seule qui se rapproche autant d'une ectopie impossible, peut bien, ce nous semble, agir sur l'organisme en voie de développement , au point de déjeier vers le dehors des fibres et des éléments tissulaires qui normalement auraient dû rester soudés. C'est même un petit effet pour une altération si grande. Reste maintenant à expliquer, d’après les lois ordinaires de la disjonction, la présence de l’étamine qui semblait une ectopie. Rien de plus simple. Il y a sept étamines en place dans la fleur : c’est done la huitième seule qui serait déplacée et serait pourvue d’une insertion contraire à toutes les lois les plus immuables. Mais, remarquons que dans les fleurs de Fuchsia, les étamines sont normalement catapétales ou soudées en bas à la corolle, et celle-ei est supère, donc soudée avec le calice. Or, quoi de plus na- turel que si un sépale, au lieu de se souder avec ses homo- logues en tube, reste libre, qu'il entraîne avec lui le filet de l’étamine du premier verticille de l’androcée corres- pondant à sa nervure médiane? C’est donc une simple disjonction , un rejet au dehors, une exsertion antrcipée, que cette étamine si singulièrement située, mais ce n’est pas un déplacement organique, ce n’est point une ectopie. Telle est, suivant nous, la véritable signification tératolo- gique qu’il faut donner à ce genre de monstruosité ex- traordinaire, il est vrai, par sa rareté, curieux par les réflexions qu’elle fait naître et hautement intéressante par l'appui donné aux vérités fondamentales d’une science si \ _ \ 1 \ vol LA { L 5 PBull.de l Head. loy. SPC Metapheries des Lucas. (505 ) intimement rattachée aux vues les plus philosophiques et les plus élégantes. EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 1. Fleur de Fuchsia, variété dite Scaramouche ; grandeur naturelle. 2, Id. vue en dedans et d’en haut. 8. Id. frappée de métaphérie corolline, de dédouble- ment calicinal et de disjonction staminale. 4. Cornet métaphérié d’une étamine, agrandi à la loupe. 5. Anthère à connectif pétalifié, agrandi à la loupe. 6. Anthère à connectif pétalifié soudé à un cornet métaphérié, agrandie à la loupe. 7. Double cornet métaphérié appartenant à quatre étamines, agrandi à la loupe, | Note sur la découverte d'une couche aquifère à la station de Hasselt; par M. André Dumont, membre de lAca- démie. Le Ministère des travaux publics avait alloué des fonds pour faire, dans la station de Hasselt, un essai de puits artésien jusqu’à 400 mètres de profondeur, et l’on était parvenu à 76"70, lorsque M. Petit Jean, ingénieur en chef des chemins de fer de l’État, m'envoya, le 9 mai 14851, une série d'échantillons des terrains traversés par la sonde, en me demandant de vouloir bien lui communiquer le résultat des observations auxquelles l'examen de ces échan- tillons donnerait lieu. Il me fut facile de constater que l’on avait traversé les couches dont se composent mes systèmes rupelien et ton- ( 506 ) grien, et de prévoir qu'on ne tarderait pas à rencontrer celles du système landenien, les systèmes laekenien, bruxel- lien, paniselien et ypresien, devant, pour des raisons géo- logiques qu'il est inutile de faire connaître ici, manquer aux environs de Hasselt, En signalant ce qui précède, je crus devoir annoncer la possibilité de rencontrer une source d’eau jaillissante dans l'étage supérieur du système landenien , si les couches argileuses et sableuses qui con- stituent cet étage, si bien développées à Tirlement, mais dont la disposition est souvent irrégulières, se prolon- geaient jusque sous la station de Hasselt. Le 25 juin, M. l'ingénieur en chef m’envoya une nou- velle série d'échantillons, en me priant de lui communiquer mes observations sur les résultats qu'on pouvait espérer du sondage et sur le succès plus ou moins prochain de l'entreprise, u’ayant été, disait-il, autorisé de pousser l'expérience qu’à une profondeur de 100 mètres, et cette profondeur allant être atteinte. L'inspection de ces nouveaux échantillons m'apprit qu'on était parvenu dans l'étage inférieur du système landenien, et que les couches argileuses et sableuses de l'étage supérieur n'avaient pas été rencontrées. Mais, sui- vant mes observations, on avait encore deux chances beau- coup plus favorables pour obtenir une source d’eau jaillis- sante : l’une en traversant les couches marneuses heer- sienne, situées entre le système landenien et la craie, et l'autre en poussant le sondage jusqu’à la base de la for- mation crétacée. Je fis part de ces observations à M. Petit Jean et l’engageai à demander au Gouvernement les fonds nécessaires pour continuer l'essai, au moins jusqu'à la pre- mière couche aquifère. Mon avis ayant été partagé, un nouveau rapport sur les ( 507) chances de réussite que pouvait présenter l’entreprise me fut demandé, et les fonds nécessaires pour continuer le forage furent accordés. On traversa successivement les formations landenienne et heersienne, et, le 40 novembre, on attei- gnit, sous les marnes heersiennes , la couche glauconeuse et aquifère cherchée. Une source d’eau abondante se ré- pandit dans le puits, et, dans la nuit du 22 au 25 no- vembre, jaillit à 3"90 au-dessus du sol naturel, c’est-à- dire 42"76 au-dessus da niveau de la mer, bien que les tubes ne fussent pas encore convenablement arrangés et le trou de sonde complétement débarrassé. Ce résultat, qui remplit parfaitement le but de l’admi- nistration, et qui est surtout d’une haute importance pour la ville de Hasselt, où, en certaines saisons, on manque de bonne eau, est aussi très-intéressant au point de vue scientifique, en ce qu'il permet d'apprécier l'étendue et la forme d’un vaste bassin hydrographique souterrain très-distinct de celui qui alimente les puits artésiens de Bruxelles, et dont j'avais depuis longtemps déterminé l'af- fleurement, à Vechmael, Bettincourt et Orp-le-Grand, c’est- à-dire à 5, 5 et 7 lieues de la station de Hasselt. [I montre, en outre, à quel point la connaissance géologique d'un pays, dans ses plus minutieux détails, est utile pour la solution des questions relatives à l’hydrographie souter- raine. Je donnerai, dans une prochaine communication, la description et la classification des terrains traversés. ( 208 ) — La prochaine séance, consacrée au jugement du con- cours de 1851 et aux nominations à faire dans la classe, est fixée au lundi 15 de ce mois; et le lendemain aura lieu la séance publique annuelle. ( 209 ) CLASSE DES LETTRES. —_——— Séance du 1° décembre 1851. M. LECLERCQ, président de l'Académie. M. QuereLer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. le chevalier Marchal, le baron de Gerlache, le baron de Stassart, Grandgagnage, De Smet, De Ram, Roulez, Lesbroussart, Gachard, Borgnet, le baron J. de S'-Genois, Van Meenen, Paul De Vaux, De Decker, Schayes, Snellaert, Carton, Haus, Bormans, Polain, Ba- guet, membres; Nolet de Brauwere Van Steeland, associé; Bernard, Chalon, correspondants. ee ee pe CORRESPONDANCE. Le secrétaire perpétuel donne lecture de la lettre sui- vante, qu’il a reçue de M. le Ministre de l’intérieur. « J'avais exprimé le désir de recevoir un rapport sur les travaux de la commission nommée à l'effet de tracer le - plan de la publication des anciens manuscrits de la litté- rature flamande. » ]l résulte de votre lettre du 4 de ce mois que, faute TOME xvi. 55. | ( 510 ) de ressources spéciales, cette commission a dû jusqu'ici se condamner à l’inaction. » J'ai l'honneur, Monsieur le Secrétaire cathéter. de vous faire observer qué Part. 9 de l'arrêté royal du 4° dé- cembre 1845 dispose que l’Académie soumettra à la sanc- tion du Gouvernement les mesures d'exécution des travaux spéciaux qui lui ont été confiés, à savoir: une biographie nationale; une collection des grands écrivains du pays, avec traduction, notices, etc. ; la publication des anciens monuments de la littérature flamande. La rédaction de la biographie nationale à été, de ma part, l'objet d’une com- munication antérieure. » Les intentions que je vous ai fait connaître à cet égard s'appliquent aussi à la publication des anciens mo- numents de la littérature flamande. Je suis disposé à en- courager cette publication; mais il faut d’abord que P'Aca- démie m'ait proposé les moyens d'exécution, conformément à la disposition rappelée ci-dessus. » Je saisis cette occasion pour vous prier de me faire connaître si la classe des lettres s’est occupée, jusqu’à présent, de la collection des grands écrivains du pays. Je pense, Monsieur le. Secrétaire perpétuel, qu’il serait dési- rable que la classe des lettres arrêtàt simultanément le plan de cette publication, vu qu'elle se rattache à la col- lection des anciens monuments de la littérature fla- mande. » La classe décide que les deux commissions. spéciales déjà, désignées pour-la rédaction d’une biographie-natio- naleiet pour la publication des anciens monuments dela littérature flamande se réuniront le plus tôt possible, pour aviser aux moyens de répondre aux désirs de M. le Minis- (514 } tre de l'intérieur. Elte charge en même temps le bureau de désigner des commissaires, pour lui présenter un rap- port sur la publication d’une collection des grands écri- vaius du pays. (MM. le baron de Gerlache, le baron de Stassart ct Lesbroussart ont été nommés commissaires.) — Par une seconde lettre, M. le Ministre de l’intérieur annoncé qu'il a reconnu, ainsi que l’Académie, l'utilité qui résulterait de la rédaction d’un résumé analytique et critique des publications dont l’histoire du pays a été l’ob- jet depuis 1850; et qué, pour faciliter l'exécution de ce travail important, le Gouvernement prendra à sa charge les frais d'impression, et accordera au rédacteur une rému- nération qui sera déterminée d'après l'importance de son œuvre. Il est entendu, ajoute ce haut fonctionnaire, que l’œuvre projetée sera entreprise et exécutée sous la direction et le patronage de la classé des lettres. La classe, en conséquenre, a résolu d'inviter M. Moke à se charger de la rédaction du travail demandé; il en sera donné connaissance à M. le Ministre de l’intérieur, et des remerciments lui seront #lressés pour les différentes me- sures qu'il vient de prendre en faveur des lettres. — Le secrétaire perpétuel annonce que le Moniteur a déjà publié l'arrêté royal qui adopte le règlement proposé par l’Académie pour les prix quiniqueuriaux d'histoire, de littérature et des sciences; mais qu’il n’a pas encore reçu l'expédition de cet arrêté. — M. le chevalier Lelièvre de Staumont adresse à la classe une note manuscrite intitulée : Observations criti- ques sur les nouveaux synonymes français, par M. l'abbé ( 512) Rouband, imprimés en 1786. (Commissaire : M. le baron de Stassart.) — M. Bernard, correspondant de l’Académie, dépose un manuscrit contenant des variantes Lirées de l’un des deux manuscrits de la paraphrase grecque de Théophile, déposés à la bibliothèque royale de Bruxelles; précédées d'une notice sur les travaux qui ont élé entrepris jusqu ici pour éclaircir le texte de cet ouvrage. (Commissaires : MM. Haus et Bague.) — MM. Polain, Kesteloot et Nolet de Brauwere Van Steeland font hommage de différents ouvrages qu ils vien- nent de publier. Remerciments. RAPPORTS. — M. le Président rend compte des mesures qui ont été prises par le bureau, pour régulariser tout ce qui se rat- tache à la fondation du prix, faite dans la séance précé- dente, par M. le baron de Stassart, en faveur de l’histoire littéraire de la Belgique. S. M. le Roi, par lettre du 26 novembre, a autorisé l’Académie à accepter la donation qui lui a été faite; et il a été donné communication de cette décision à M. le Mi- nistre des finances. Tables de mortalité. M. Quetelet fait un rapport verbal sur une Note concer- nant la construction des tables de mortalité, adressée à la ( 515 ) classe par M. Lentz, chef de division du secrétariat général et du bureau de statistique au Ministère de la justice. Cette note est écrite à l’occasion d’une autre notice publiée par M. Heuschling et traitant du même sujet. M. Lentz veut qu'on s'assure, avant de construire des tables, que la mortalité ne s’est point déplacée; et que les nombres dû passé sont applicables à l'avenir; les mêmes causes produisant les mêmes effets, dit-il, les résultats constatés devraient nécessairement se reproduire constam- ment, au moins en calculant sur des nombres suffisants pour éliminer les écarts qui peuvent résulter des pertur- bations accidentelles. « M. Heuschling, continue l’auteur, propose de faire éntrer dans les calculs l'augmentation ou la diminution de la population , en ajoutant ou en retranchant l'excédant des naissances ou des décès. Nous ne pouvons approuver cette manière de procéder, par la raison que l’accroisse- ment et le décroissement de la population ne sont pas en rapport direct et nécessaire avec l’augmentation ou la di- minution de la vie moyenne. À » Eneffet, si l’on examine bien les divers modes possi- bles sous lesquels la mortalité peut se produire, en rapport avec la population , l’on s'aperçoit que la vie moyenne peut augmenter, alors que la population diminue; et qu’au contraire, elle peut diminuer lorsque la population aug- mente, ou rester stationnaire dans les deux cas. C’est ainsi que s'il naissait moins d'enfants, mais si les enfants nés étaient conservés et vivaient plus longtemps, hypothèse que tous les efforts de la société doivent tendre à réaliser, il est évident qu'avec la diminution de la population, la mortalité se ralentirait, tandis que, d’après le système de M. Heuschling, elle devrait devenir plus rapide, D'un autre ( 514 ) côté, s'il najssait plus d'enfants, mais si, en revanche, ils vivaient moins longtemps, la vie moyenne baisserait né- cessairement; d’après la table de M. Heuschling, elle de- vrait au contraire s'élever en raison de l'augmentation de la population. L'on voit done, qu'en admettant dans les calculs l’élément de l'accroissement ou du décroissement de la population, l’on s'expose, dans certains cas, à aggra- ver les erreurs. » La notice de M. Lentz a pour objet de montrer le peu de fondement du procédé dont s’est servi M. Heuschling pour construire sa nouvelle table de mortalité. M. le capi- taine Liagre, dans la classe des sciences, avait déjà présenté des observations dans le même sens. Je eroirais superflu d'insister sur ce sujet, ajoute le rap- porteur, tant l’erreur signalée est palpable, si elle n'avait été propagée par quelques journaux et si elle n'était de nature, sans que l’auteur y ait certainement songé, à jeter de la méfiance sur les opéralions de la caisse de retraite, récemment créée par l'État, Conformément aux conclusions du rapporteur, des re- merciments seront adressés à M. Lentz pour sa communi- cation. (315) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Explication d’une inscription latine inédite mentionnant un gouverneur romain de la Belgique; par M. Roulez, membre de l’Académie. L'inscription que j'ai l'honneur de communiquer à l'A: cadémie fut déterrée, en 1808, dans l’intérieur de la basi- lique de Saint-Paul, sur la voie d'Ostie, et copiée par l'abbé Gaëtan Marini, le plus grand épigraphisie de cette époque. M. le marquis Melchiorri, qui l’a extraite des papiers de ce dernier, a bien voulu, à ma demande, m’en adresser üne copie et me céder gracieusement l'honneur de la publier le premier. Cette inscription n’est pas entière; la fin man- que. Nous ne savons donc pas par qui, ni à quelle occasion elle a été dédiée. En voici le texte : C. SABVCIO. C. F; QYIR: MAIORI . CAECILIANO. COS SODALI. AVGVST. CLAVDIAL. PROCOS. PROY ACHA. LEG. AVG. PR. PR. PROV. BELGICAE PRAEF. AERARL MiL. LEG. IVRID. PROV BRITANNIAE. IVRID: PER. FLAMIN. ET YMBRIAM. CVRAT. VIAE. SALAR. ET ALIMENTORVM. PRAET. CANDID. TRI. LAT. (1). (1) Caio Sabucio, Caïi filio, quirina, Majori | Caeciliano , consuli , | Sodali Augustali Claudiali, proconsuli provinciae | Achaiae ; legato Augusti pro praetore provinciae Belgicae, | praefecto aerarii militaris , legato juridico provinciae | Britanniae, juridico per Flaminiam et | Umbriam, curatori viae Salariae et | alimentorum , praetori candidato, tribuno la ticlavio…... (516) Le personnage à qui l'hommage de cette inscription s’a- dresse est donc C. Sasucius Mason CagciLranus. L'histoire a laissé son nom dans l'oubli, aussi bien que celui de sa fa- mille; toutefois, nous le connaissions déjà par un autre monument épigraphique trouvé à Rome en 1767 , dans les thermes de Caracalla et publié par le même abbé Marini (1). L'une et l’autre de ces inscriptions font mention de son consulat, mais l’année où il a été élevé à cette dignité, probablement en qualité de suppléant (suffectus), n’est pas déterminée par les Fastes consulaires. Heureusement, un troisième document nous vient en aide pour la fixer ap- proximativement. La table XXXIIL* des Monuments des frères Arvaux (2) parle d'un consul C.SABucius sous le règne de Commode. Marini (5) avait hésité à reconnaitre son identité avec le consul C. Sabucius de l'inscription des thermes de Caracalla, et cela pour une raison qui ne me paraît pas plus plausible qu’elle ne l’a paru à M. le comte Borghesi et à M. Henzen (4). Fort de l'autorité de ces sa- vants, je n’hésite pas à placer le consulat de C. Sabucius Major Caecilianus dans l’une des années pendant les- quelles Commode a occupé le trône des Césars (de 180 à 192 après J.-C.). Cette fixation se trouve parfaitement d’ac- cord avec un détail que fournit l'inscription publiée ici : il nous apprend que Sabucius avait exercé les fonc- tions de juridicus en Italie. Or, les juridici furent institués (1) Atti e monumenti degli Arvali, p. 428 : C. SABVCIO | MAIOR..... | CAECILIAN... | CONS. M. V. | C. SABVCIVS | N.. OB.. HOTINYS | FAVS- TINUS. C. I... | NEPOS. (2) Marini, Z. c., p. cL. (5) P. 498. (4) Voy. Annali dell’ instituto archeologico, vol. XXI, p. 227 et suiv. Rom., 1849. (A7) dans la Péninsule par Marc-Aurèle et ils avaient cessé d'exister au temps de Dioclétien. C’est donc sous le règne de l’empereur Commode, et probablement en partie déjà sous celui de son père et prédécesseur , que Sabucius parcourut la carrière des emplois publics. Je vais passer successive- ment en revue chacun de ces emplois, en suivant l’ordre inverse de celui qu’ils occupent sur le monument épigra- phique , où les plus élevés, ceux qui ont été remplis pro- bablement en dernier lieu, se trouvent placés en première ligne. La première charge dont notre inscription mutilée nous montre C. Sabucius en possession, est le tribunat mili- taire (4). La qualification de tribunus laticlavius qui lui est donnée , indique qu’il appartenait à une famille de l'ordre sénatorial (2). Pour les citoyens de sa condition, le tri- bunat militaire était une voie qui conduisait immédiate- ment aux charges supérieures. Sabucius fut donc élevé à la préture par le sénat aux suffrages duquel il avait été proposé par l'Empereur (prae- tor candidatus) (5). Les titulaires de cette place se pre- naient seulement dans l’ordre sénatorial. (1) Les deux mots : TRI. LAT. étaient presque entièrement effacés sur la pierre : à l'exception de la jambe gauche de l'A, on ne distinguait plus que la partie supérieure des lettres. Ma copie les offre restitués, mais le savant romain , à l’obligeance duquel je la dois, ne m’apprend pas si cette restitution est son œuvre, ou si elle appartient à Marini. (2) Voy. Zumptii Commentt. epigraphic., p. 449. W. Rein, dans la Real- Encyclop. der cl. Alterthumswissenschaft, t. VI, p. 2097. (3) Ce titre de Praetor candidatus se rencontre fréquemment dans les inscriptions. Voy. Muratori, Thesaurus inscr., pp. 175, 4; 552, 3; 360, 2; 728, 2; 1110, 6. Marini, 4ttè Arvali, p. 18. Orelli, Znserr. Sel.,133, 2759, 3151. (518 ) Les dernières années du premier siècle de notre ère vi- rent naître une institution philanthropique qui honore le prince qui eu jeta les fondements et ceux qui en favori- sèrent les développements : je veux parler de la création de fonds spéciaux pour subvenir à la subsistance des en- fants pauvres dans un cértain nombre de villes de l'Italie; car, pour ceux de la capitale, ils avaient part aux distribu- tions de blés faites aux citoyens pauvres d'un âge plus avancé. L’honneur d’avoir pris l'initiative de ces fonda- tions publiques revient de droit, paraît-il (1), à Nerva; mais son exemple trouva des zélés imitateurs dans Trajan: Hadrien, Antonin-Pie, Marc-Aurèle et d’autres encore (2). Dans chaque municipe, doté d’une pareille fondation, elle y était régie par un administrateur particulier (quaestor ali- mentorum) (3), et toutes les administrations particulières , comprises dans une certaine circonscription, étaient pla- cées sous le contrôle d’un fonetionnaire impérial supérieur, d'une espèce d’inspecteur général nommé procurator ali- mentorum (4). À une époque qui n’est pas tout à fait cer- taine, mais probablement sous Marc-Aurèle (5), les attri- butions de ces procuratores ne constituèrent plus un emploi spécial ; elles furent réunies à la direction des routes. Ce (1) Voy. Paufler, De pueris et puellis alimentariis , 1, p. sq. Henzen, De tabula alimentaria Baebianorum, ANNALI DELL’ INSTIT. ARCHEOL., t. XVI, p. 9 sq. Naudet, Des secours publics chez les Romaïns , Nouveaux MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE DES INSGRIPT. , t. XI, p. 75. (2) Voy. Henzen, L. c., pp. 11-20. (3) Cf. Rein, Real-encyclop. der Alterthumsnw. , t. VE, p. 1558. (4) Orelli, Znser. lat. n° 5814: Procurator alimentor. viae Flamïniae. Gruter, p. 411, 1 : Procur. ad alimenta Bruttii Calabriae et Apuliae. (5) Henzen, #nnali dell Instituto archeologico, t. XXE, p. 226, svv. Rom., 1849, ( 519 ) fut peu de temps après ce changement, et peut-être encore del’Empereur qui en est l’auteur, que C. Sabucius reçut une de ces doubles inspections. On lui assigna la voie Salaria avec les établissements de bienfaisance de toute la contrée traversée par cette voie, c'est-à-dire de la Sabine. C'est ce qu'indique son titre de curator viae Salariae et alimen- torum. Il est un autre changement que des textes anciens (4) at- tribuent formellement à Marc-Aurèle : Hadrien avait en- levé au préteur de Rome la juridiction sur le reste de l'Italie et l'avait partagée entre quatre consulaires (2); Marc-Aurèle les remplaça par des juridici, Personne ne croit plus aujourd'hui avec Saumaise (5), que le nom seul de ces fonctionnaires ait été changé, Mais les opi- pions varient sur la portée de l'innovation. M. de Savi- gny (4) pense que les juridici furent substitués aux consu- laires avec la même puissance , mais avec un rang moins élevé. Selon Puchta (5), les consulaires d'Hadrien étaient des magistrats du peuple romain, élus par le sénat, tandis que les juridici de Marc-Aurèle furent nommés par le prince, sous la puissance immédiate duquel les quatre ré- gions de l'Italie se trouvèrent désormais placées comme (1) J. Capitolin, M. Antonin, c. I. Dion Cassius, XXVIIT , 22, (2) Spartian., Æadr., c. 22. Capitolin, Ænton. Pius, c. 2. Appian., De bello civ., 1, 38. (3) Dans ses notes sur les passages précités de Spartien et de Capitolin. Ce n’est pas sans étonnement que je trouve encore parmi les adhérents de Sau- maise M. Bethmann-Hollweg, Gerichtsverfassung und Prozess des sin- kenden roümischen Reichs, p. 12. (4) Histoire du droit romain au moyen âge, 1. I, p. 51 de la trad. fe, (5) Dans Savigny’s Zeitschrift für geschichtl. Rechtswissenschaft, 1. X, p. 205, not. 7. ( 520 } les provinciae Caesaris. Suivant l'avis d’un autre juriscon- sulte (1), la différence consisterait en ce que les premiers auraient été investis de la juridiction civile et criminelle, et, en outre, de la direction de la police, et que les seconds auraient conservé la juridiction civile seulement , les au- tres attributions de leurs prédécesseurs ayant été données par Marc-Aurèle aux préfets de la ville et du prétoire. Enfin, M. Rein (2) regarde non-seulement les juridici comme infé- rieurs en rang aux consulaires ; mais, les comparant encore aux gouverneurs provinciaux, il trouve qu'ils le cédaient aussi à ces derniers en influence; ils n'auraient eu dans leurs attributions, selon lui, ni la levée des impôts, ni les opéra- tions du cens. L'opinion qui accorde une position moins élevée à ces fonctionnaires se trouve confirmée par notre in- scription ; nous voyons, en effet, que Sabucius fut nommé à la place de juridicus per Flaminiam et Umbriam, au sor- tir de la charge de curator viae Salariae et alimentorum , avant d'arriver au gouvernement d’une province et aux honneurs du consulat. Du reste, le titre de juridicus n’était pas nouveau ; il était porté depuis le temps d’Auguste par un fonctionnaire de l'administration romaine à Alexan- drie. Dans le choix qu'il en a fait, Marc-Aurèle a sans doute été guidé par la ressemblance plus ou moins grande qui devait exister entre l'autorité et les attributions de ces magistrats de sa création et celles du juridicus de la capi- tale de l'Égypte. Or, ce dernier n’avait qu’une position se- condaire, puisqu'il était subordonné au préfet ou gouver- (1) Dirksen, Die Scriptores Hisrorrar AuGusrar; Leipsig, 1842. Je n’ai pu, à mon grand regret, consulter cette dissertation; je la cite d’après M. Rein, Real-Encyclop. der cl. Alterthumsuw., t, IV, p. 650. (2) Z. c. 1 ( 521 ) neur de ce pays (1). On pourrait se demander s’il n'existait également pas une certaine subordination des juridici de l'Italie au préfet du prétoire. Je suis d'avis de refuser, avec M. Dirksen , à ces mêmes juridici la juridiction criminelle que n'avait pas non plus celui d'Alexandrie (2). Leurs at- tributions principales à tous consistaient donc, comme l’an- nonce leur titre, dans la juridiction civile, Mais là doit s'arrêter le parallèle entre ces fonctionnaires; car par sa position particulière dans une ville dont le Sénat avait été supprimé, lejuridicus Alexandriae a dû remplir, en outre, quelques fonctions administratives (3) dont il n’a pu être question pour les juridici de l'Italie. Les divers savants, dont j'ai rapporté plus haut les opi- (1) Strab., lib., XVII 12, p. 797 : dr avr& dé(érapyc) éoTi ixalorys. Cf. Varges, De statu Ægypti provinciae romanae, p. 53. E. Kuhn, Bei- traege zur Verfassung des rômischen Reichs, p. 179. (2) Il ne devait être investi que de la simple jurisdictio, l'imperium ap- partenant au préfet de l'Égypte. Tacit. Ænnal. XII, 60 : Nam divus Au- gustus apud equestres, qui Ægypto praesiderent, lege agi decretaque eorum proinde haberi jusserat ac si magistratus Romani constituissent. L. 1. Dig. de Offic. praef. Aug. (1-17): Zmperium quod ad similitudinem proconsulis lege sub Augusto ei datum est. (3) Cela semble résulter du passage suivant de Spartien, Sept. Sever., 17 : Deinde Alexandrinis jus buleutarum dedit, qui sine publico consilio, ita ut sub regibus ante vivebant , uno judice contenti, quem Caesar de- disset. Le rétablissement du sénat d'Alexandrie par Septime Sévere eut pour résultat de supprimer celles des attributions du juridicus quine concernaient pas l'administration de la justice. Aussi il n’est pas invraisemblable que, dans la suite, sa juridiction se soit étendue au reste du pays. On comprend dès lors que, bien qu’il ait conservé son titre primitif (Justin. Cod., t. I, 22 : Ju- bemus apud Alexandriae duntaxat clarissimae civitatis juridicum lici- tum et concessum esse), des inscriptions puissent l'appeler juridicus Ægypti, Gruter, p. 573, n° 4;et dixoAdyos Aiy drrou, Letronne, Recueil des inscrip- tions grecques et latines de l'Égypte, t. III, p. 275. (522) nions, semblent n’adméettre que quatre juridici, nombre égal à celui des consulares, leurs prédécesseurs. Cette hypo- thèse né s'accorde cependant pas avec les indications de quelques documents anciens. Des inscriptions parvenues jusqu’à nous attestent l'existence de juridici dans cinq cir- conscriptions de l'Italie, à savoir : 4° dans la contrée tra- versée par la voie Flaminienné, l'Ombrie etle Picenum (1) ; 2 dans l’Apulie et la Calabre (2) ; 5° dans la Campanie (5); 4 dans la contrée parcourue par la voie Æmilienne et la Ligurie (4) : 5° dans la région Transpadane (5). Un texte de Trebellius Pollio (6), contenant une énumération des pro- vinces de l'Italie au temps d’Aurélien , mentionné, outre celles indiquées sous les trois premiers numéros, le Sam- nium, la Lucanie et le Bruttium et l'Étrurie. (7). Il ne (1) Orelli, 3174: Juridicus de infinito per Flaminiam et Umbriam Picenum ; 3177 : Juridicus per Flaminiarn et Umbriam. (2) Orelli,1178:Juridicus Apuliaeet Calabriae; 9377 et 2702: Juridicus per Apuliam. Dans cette dernière inscription , la Calabre doit vraisembla- blement se sous-entendre; mais je ne saurais m'expliquer la réunion de l’Apulie et du Piceium mentionhés dans une inscription chez Gruter (p. 465, 5 et 6, Juridicus per Picenum et Apuliam), puisque ces deux con- trées sont séparées géographiquement l’une de l’autre par le Samnium. (3) Orelli, n° 5175: Juridicus provinciae Campaniae. (4j Orelli, n° 5044: Juridicus per Æmiliam Liguriam. (5) Orelli, n° 5143: Juridicus regionis Transpadanae. (6) Trigint. Tyran.: cap. 24 : Correctorem totius Italiae fecit , id est Campaniae, Samnii, Lucaniae, Bruttiorum, Apuliae, Calabriae, Etruriae, atque Umbriae , Piceni et Flaminiae, omnisque annonariae , Tégionis: (7) Je crois ne devoit tenir ici aucun compte de la regio annionaria qüi a pu avoir un corrector, mais non un juridicus particulier: Je ne sais, du reste, si cette expression de Xegio Annonaria doit s’entendredela partie du Picenum , appelée sous le Bas-Empire Picenum annonarium. (Wotitia dign. in occid., cap. 1, p. 5, ed. Bocking.) ou d’une autre contrée plus considérable. (528) peut être douteux pour personne que ces trois dernières circonscriptions n'aient eu leurs juridiei, comme les trois premières. Si dans cette seconde liste ne figurent n1 l'Æmi- lia et la Liquria, ni la Regio transpadana, est probable- ment parce que l'écrivain qui nous la donne avait des raisons pour ne pas sortir de PHalie proprement dite. Maintenant si nous comparons le: tableau des cirecon- scriptions précitées avec celui de la division de FTtalie en régions par Auguste (1), nous y remarquons une con- cordanee presque parfaite. J'en tirerai la conclusion que Marc-Aurèle à pris cette division en régions pour base de son organisation des juridici. Mais toutes les régions u'ont pas formé autant de districts judiciaires; deux dis- tricts comprennent chacun deux régions. J’oserai donc, sans crainte de trop m'aventurer, fixer à neuf le nombre des juridiciinstitués par Marc-Aurèle pour lTtalie;ils auront été répartis entre les circonseriptions suivantes : 4° la Ré- gion transpadane ; 2° la Vénétieet l'Istrie; 3° | Æmilia et la Ligurie; 4° la Flaminia, Ombrie et le Picenum ; 5° l'Étru- rie; 6° le Samnium; 7° la Campanie; 8° la Lucanie et le Bruttium ; 9 l’Apulie et la Calabre. Sabucius, après avoir rempli les fonctions de juridicus dans.la circonscription de la voie Flaminia et de l'Ombrie, fut envoyé en. la: même qualité dans-la Bretagne (2). Gct (1) Plin., Æist. nat., HI, 6-21, 5-17. Ces régions sont : 1 Campania , H4pulia et Calabria, Hi: Lucania:et Bruttium, IV Samntum , V Pice- num, VE Umbria, VIE Etruria, VUX Galliai Cispadana (Æmilia), IX Liguria , X Venetiaet Istria, X1 Regio Transpadana. (2):Une inscription d'une époque indéterminée, mais antérieure au Bas- Empire, nous a conservé le nom d’un autre juridicus de la Bretagne. Voy. Muratori Thes. Inseript., t: IL, p. 691,7 : Cociavius Tidius..., juridicus provinciae Britanniae. ( 524 ) exemple prouve que l'institution des juridicinon-seulement ne demeura pas renfermée dans les limites de la Péninsule, mais que déjà depuis Marc-Aurèle, ou du moins depuis Commode, elle s'étendit à des provinces de l'Empire autres que l'Égypte. Une inscription (1), mentionnant un juridicus de la Pannonie inférieure, permet d'attribuer au premier même de ces princes l'initiative de cette extension. Mais les juridici de ces provinces en étaient-ils les gouverneurs ? Per- sonne, je pense, n’oserait soutenir une pareille thèse.Les Romains eurent à combattre les Bretons, non-seulement sous les deux empereurs que je viens de nommer (2), mais même sous leur prédécesseur (3). D'une autre part, Marc- Aurèle alla en personne repousser les Marcomans et les au- tres barbares qui avaient fait invasion dans la Pannonie (4). Dans des provinces peu tranquilles et où stationnaient des forces militaires considérables , le gouvernement a dû évidemment être confié à des hommes de guerre investis de pouvoirs plus étendus que ne l'étaient ceux des juridici. (1) Muratori, t. 1, p. 513, 2: ZL. Fascellio, C. filio Sabiniano, procu- ratori Divi Antonini Augusti P ii, juridico Pannoniaeinferioris, etc. Onremarquera que Fascellius a été nommé juridicus aprèsavoir géré la charge de procurator. Or, comme il a rempli ces dernières fonctions sous Antonin Pie, on ne peut pas placer l’époque où il fut investi des autres charges plus tard que le règne de Marc-Aurèle. (2) Jul. Capitolin., Anton. philos. c. 8: Adversus Britannos quidem Calpurnius Agricola missus est. Æl. Lamprid. Commod. Antonin. c. 13 : in Brilannia, in Germania et in Dacia imperium ejus recusantibus pro- vincialibus, quae omnia ista per duces sedata sunt. Cf. Dion Cassius, lib. LXXII, 8, t. IV, p. 470, Stürz. (3) Capitolin. Antonin. P. c. 5: Britannos per Lollium Urbicum lega- . tum vicit. (4) Capitol. Antonin. philos., c. 17: Pannonias ergo , et Marcomannis, Sarmatis, Wandalis, simul etiam Quadis exstinctis, servitio liberavit. ( 25 ) Cette considération m'amène à croire que des juridici y ont été envoyés extraordinairement (1) par la raison que les gouverneurs et leurs lieutenants, trop occupés du soin de la défense ou de la soumission du pays, n’avaient pas le temps de vaquer à l’administration de la justice. Je ne voudrais cependant pas prétendre d’une manière absolue qu’on n’ait pas quelquefois chargé un juridicus de l'administration d’une province entièrement paisible et dégarnie de troupes, et je n’aflirmerai pas que ce n’est pas le cas pour le seul autre (2) juridicus provincial que nous connaissions encore, et qui exerça ses fonctions dans l’Asturie et la Gallécie (5). À son retour de la Bretagne à Rome, Sabucius fut appelé à y prendre part à l'administration supérieure des finances, en qualité de préfet de la caisse militaire. Puis il quitta de nouveau la capitale de l'Empire pour venir (1) J’appellerai l'attention sur la particularité qu'offre notre inscription seule : Sabucius y est appelé Lecarus juridicus. À moins qu'on ne préfère lire Legatus juri dicundo; ce qui ne changerait pas le caractère du titre. (2) Je ne chercherai pas à établir la présence d’un juridicus en Grèce, en m’appuyant sur le passage suivant d’Apulée. M#etam., 1, 6, p. 36, ed. Hil- debrand : Liberis tuis tutores juridici provincialis decreto dati. En effet, s’il est vrai que cet écrivain soit né entre les années 126 et 132 de notre ère, sous le règne d'Hadrien (Hildebrand, Prolegom., c. 1, 6 2, p. xvur.) et qu'il ait composé ses Métamorphoses dans sa première jeunesse, pendant son séjour à Rome (/bid., c. IL, Ÿ 2, p. xxv sqq.), il en résulte que la phrase précitée a été écrite avant l’avénement au trône de Marc-Aurèle, et-ainsi avant l’institution des juridici. 11 n’y aurait donc rien de plus à voir ici que l'emploi du terme impropre de juridicus pour proconsul ou propraetor. (5) J'uridicus Astyriae et Gallaeciae, Gruter, p. 465, 4. Une inscription chez Muratori, t. Il, p. 1055, 2, porte bien : Juridicus Hispaniae cite- rioris ; mais cette phrase, publiée autrement par Spon (Miscellan.erud. ant., p. 124, 2), a disparu du texte donné par Orelli (n° 1178) probablement d’après Zaccaria, {stétuzione antig. Lapidaria, p. 258. TOME xvurr. 56. ( 526 } gouverner la Belgiquecomme lieutenant propréteur. L'exa- men de la carrière publique de Sabucius, telle qu’elle résulte de notre inscription, prouve qu'il a dû être bon administrateur plutôt que capitaine habile. Le choix d'un tel homme pour le gouvernement de la Belgique sembleindiquer que cette province jouissait d’un repos com- plet à cette époque, malgré les guerres que Marc-Aurèle et Commode eurent à soutenir contre les Germains d’un côté et contre les Bretons de l’autre. Nous ignorons si le séjour de Sabucius dans notre pays fut long. La durée des fonctions des propréteurs dépendait, comme on sait, du bon plaisir de l’empereur. Dans la suite, il obtint encore Île gouvernement de la province d’Achaïe avec le titre de pro- consul. Il ne me reste plus qu'à dire un mot du titre de sodalis augustalis claudialis donné à Sabucius. Après la mort et l'apothéose d'Auguste, Tibère institua un collége sacer- dotal, dont les membres, au nombre de vingt et un, furent appelés sodales augustales (1). Ces prêtres cependant ne furent pas consacrés exclusivement à la divinité d'Auguste, mais encore à toute la gens Julia (2). Aussi, lorsque Claude, après sa mort, reçut les honneurs divins (5), ils se chargè- rent également du culte du nouveau dieu (4), et ajou- tèrent à leur nom primitif celui de claudiales (5). Pour (1) Tacit., 4nnal., 1, 54. (2) Tacit., ÆAist., 11, 95: facem Augustales subdidere, quod sacerdo- tium, ut Romulus Tatio regi, ita Caesar Tiberius Juliae genti sacravit. (5) Sueton., Claud., ©. 15: ên deorum numerum relatus est. (4) Voy. A.-W. Zumptius, de Augustalibus et Seviris Augustalibus ; p. 14. Henzen, Annali dell’ Instituto archeologico, t. XXI, p. 43. Rom., 1849. (5) Orelli, n° 5044, P. Plotius Sodalis Augustalis Claudialis. Maffei, ( 397 ) faire apprécier la considération dont Sabucius a joui à Rome, je rappellerai que ce collége ne se recrutait que parmi les plus hauts personnages de l'État (1). Les empe- reurs et les princes de la famille impériale en firent quel- quefois partie comme membres extraordinaires. I est done probable que Sabucius n’y fut admis qu'après avoir été ho- noré de la dignité de consul. Note sur une ordonnance de Jean sans Peur, en 1417; par le chan. J. J. De Smet, membre de l’Académie. Aussi longtemps que les innovations de Joseph IT n’a- vaient porté atteinte qu'aux lois et immunités de l'Église, les états de nos provinces s'étaient tenus dans une pru- denté réserve. Mais quand les plans de réforme, conçus par l'Empereur, se développèrent davantage, la voix de l'opposition retentit de toutes parts, et les états et la plu- part des corporations civiles et religieuses firent paraître de vigoureuses réclamations, dont le recueil forme plu- sieurs volumes. Croyant sans doute qu’il suffisait de faire connaître les anciennes chartes et constitutions du pays, pour démontrer lillégalité des mesures de Joseph, les états Museum Veronense, Appendiæ, p. 213, n° 6. Roulez, Mémoire sur les magistrats rom. de la Belg., p. 21. (tom. XVII des Mémoires de l’ Aca- démie de Brux.) A. Glitius Agricola Sodalis Augustalis Claudialis. Par un hasard singulier, sut trois inscriptions qui nous offrent les titres de Augustalis Claudialis réunis, deux concernent des propréteurs de la Bel- gique. (1) Tacit., Ænnal.:1, 54. Sorte ducti e primoribus civitatis unus et viginti. Tiberius Drususque et Claudius et Germanicus adjiciuntur. ( 528 ) de Flandre firent publier successivement, en 1787 et 1788, vingt-quatre diplômes, qui sont réellement d’un haut in- térêt pour la province; chacun d'eux à une pagination par- ticulière, et est déclaré authentique par le premier secré- taire de la ville de Gand, P. Gobert (1), ou par d’autres fonctionnaires connus. On n’y trouve ni préface ni obser- vations. Cette publication, qui d’ailleurs n’est pas rare, est faite avec une exactitude peu ordinaire; rien n’y est absolument changé à l'orthographe ou à la ponctuation des pièces ori- ginales : comment se fait-1l qu’elle soit si peu connue et encore moins citée par nos historiens modernes? M. Blom- maert, dans le Belgisch Musœum (2) et M. Van den Bo- gaerde, dans son Distrikt S'-Nikolaas (5), ont imprimé des documents qui s'y trouvent, sans laisser le moins du monde soupçonner qu’ils n'étaient pas inédits. M. Kervyn de Lettenhove, qui a exploré avec tant de soin tous les dépôts d'archives qui existent en Belgique et beaucoup d’autres à l'étranger, a connu la publication dont nous parlons, mais il n’en parle nulle part. Il cite de préférence les chartes originales, et on doit l’en louer, sans aucun doute, car il sera toujours vrai de dire : Gratius ex ipso fonte bibuntur aqueæ. Peut-être eût-il fait chose utile toutefois en comparant les diplômes originaux aux imprimés, qui semblent pré- (1) Quelques-uns sont signés à la main par ce secrétaire. (2) T. I, p. 83. (5) T. Il, p. 545 et suiv. La keure du pays de Waes avait d’ailleurs été mise au jour par M. Lesbroussart père, dans ses Votes sur la chronique d’Oudegherst. (329) senter quelquefois des différences notables, et en recher- chant la cause de ces différences (1). Les bornes que lui prescrivait la dignité de l’histoire ne lui ont pas permis, d'une autre part, de donner des analyses très-étendues de quelques-unes de ces pièces, qui renferment néanmoins des renseignements assez curieux. Mais nos Bulletins ne sont pas aussi sévères, et on ne trouvera pas mauvais que nous y demandions place pour une analyse moins succincte d’une de ces chartes, savoir, de l’ordonnance de Jean sans Peur sur la requête des états de Flandre (2), datée de Lille, le 28 juillet 1417. Le duc de Bourgogne était au plus fort de sa lutte avec la faction des Armagnacs et semblait exclusivement occupé de ses intérêts en France, quand « ses bons sujets, comme il s'exprime, les habitants du pays de Flandre, » se réuni- rent à Ypres, pour lui demander les concessions sui- vantes : | 4° Qu'en son absence, il laisse en Flandre, pour la garde et administration du pays, le comte de Charolais, son fils, avec pleins pouvoirsiet aidé par des conseillers, au fait du caractère et des besoins du pays; 2 Qu'on prolonge pour dix ou douze ans, ou pour tel terme sur lequel on pourra s’accorder, les trêves et con- venlions qui existent entre le comté et l'Angleterre. Qu'on (1) Ainsi, dans l’analyse qu'il nous a donnée de l’acte de confédération ‘entre différentes provinces, en 1488 (Æist. de Flandre ,1. V, p. 444 et suiv.), le savant écrivain nomme parmi les parties contractantes, le Luxembourg , la Frise et les villes d’Anvers et de Malines, dont il n’est fait aucune mention dans le diplôme publié par les états de Flandre. (2) M. Kervyn en parle brièvement (t. IV, p. 202), d'après un MS. de la biblioth. de Bourgogne. (330 ) nomme des commissaires pour informer et statuer, tant sur l’affäire des marchandises anglaises saisies à l’Écluse que sur d’autres dommages causés par des Flamands au commerce anglais, en contravention aux anciens traités de commerce, afin qu’on ne s'expose pas à des représailles de la part de l'Angleterre, faute de s’en tenir au dernier accord fait à Calais ; 5° Qu'il plaise au prince de faire battre une nouvelle monnaie, tant d'or que d'argent, selon l’avis qu’en ont donné autrefois les quatre membres du pays; savoir : des deniers d’or de LXX au marc et à 25 ‘/2 carats, dont la pièce aura cours pour quarante gros; des demi et quarts deniers d’or en proportion, des doubles deniers d'argent de deux gros la pièce; 4° Que les habitants du pays de Flandre soient gouver- nés et traités selon les droits, lois, coutumes et usages du pays, chacun d’après la juridiction à laquelle il appartien- dra, comme il s'est fait jusqu'à ces derniers temps. Que par suite, l'établissement tout nouveau de commissaires généraux , nommés par le duc, soit révoqué et leurs actes annulés ; 5° Que le duc veille à ce que les passages d'Artois et des autres marches (1) de France soient ouverts au commerce flamand, et que l’on prévienne le retour des exactions nou- velles et indues qu'on s’y est permises, afin que marchan- dise, tant de blez que d'autres biens, puist avoir généralment et paisiblement cours, comme elle a eu au tamps passé. Les membres de l'assemblée ajoutent que le commerce (1) L'original et l’imprimé n’ont pas accentué ce mot, et nous croyons qu'il faut lire en éffet marches places ou frontières, mot très-usité à cette époque. M. Kervyn a lu marchés. ( 551 ) était le plus puissant soutien du pays, et qu'ils espèrent une réponse favorable à leur requête, à cause des grans et notables services, courtoysies et plaisiers qu'ilz ont faits au souverain. Jean sans Peur, de l’avis de son conseil et après mûre délibération, répond favorablement à ces demandes. Non-seulement il laisse en Flandre son fils Philippe (1) pour gouverner le pays avec des pouvoirs suffisants et avee un conseil de personnes notables du pays, mais il veut que ces conseillers sachent le flamand : Saichans le langaïge, dit-il, et la nature de notredit pays. Le duc se souvénait sans doute de la promesse qu'il avait faite, en 4405, de traiter en flamand les affaires de la Flandre flamengeante (2). Il promet d'agir loyalement et de tout son pouvoir, afin de prolonger les trêves et traités de commerce avec l'An- gleterre, pour dix ou douze ans et même au delà, et or- donne de faire les informations et, sil y a lieu, les resti- tutions réclamées dans l’intérêt de la liberté du commerce. Quant au troisième point, tout aussi intéressant pour le négoce, il nommera une commission formée de quelques- uns de ses conseillers, de membres de la direction de sa (1) Le comte de Charolais résida en effet quelque temps à Gand, au ma- noir de la Poterne, bâti en 1378 par Louis de Male, et nommé en flamand, het hof van den Posterne ou mynsheeren hof van Flaenderen. C'est là que mourut la jeune femme de Philippe et non près de S'-Bavon, comme il est dit dans l’A{rt de vérifier les dates. Il y avait à Gand trois autres rési- dences comtales : celles de Sanderswalle ou cour du prince, du Sgraven- steen ou château des comtes, du Stalhof, près de l'abbaye de S'-Pierre et de l’Æof ter Spriete, sur la Lys. (2) Ai vortaen sine audiencie doen houder soude in vlaemscher ton- ghen, (532) monnaie, de membres des trois états de Flandre et de quelques marchands qui s'y entendent. Cette commission se réunira dès la mi-août, et, si l’avis des députés des qua- tre membres de Flandre, comme il est énoncé dans la re- quête d'Ypres, est reconnu le plus utile, on le mettra en exécution dès la S'-Michel, sans autre délai. La nouvelle monnaie aura dès lors cours légal pour le prince comme pour ses sujets. Le duc veut et ordonne encore que les commissaires gé- néraux qu'il à établis pour examiner les aliénations de biens qui ont eu lieu, les dons, finances, etc., cessent dès ce moment d’user de leur pouvoir; il révoque toute exécu- tion ou exploit commencés par eux et consent à ce que les habitants du pays soient traités désormais selon leurs an- ciens droits, lois, coutumes et usages, chascun soubs la jurisdiction là où il appertient. La réponse sur le cinquième point n’est pas moins gra- cieuse et accorde sans exception tout ce que les états avaient demandé dans la requête pour la liberté du com- merce de la Flandre sur les marches de France. Les détails que renferme ce document officiel, inconnu à la plupart de nos historiens, semblent avoir une assez haute importance. On y voit que les Flamands du quin- zième siècle, sujets depuis peu d’une famille puissante et étrangère, ne s’en montraient que plus attachés à lèurs anciennes libertés et toujours prêts à s'élever contre la moindre infraction de la part des agents du pouvoir. Les intérêts matériels du pays trouvaient en eux des défenseurs aussi zélés que ses intérêts politiques ; ils avaient appris à ne pas séparer ces deux biens et, ce qui fait leur éloge, ils pensaient que la prospérité de leur commerce ne dépendait pas seulement du nombre des marchés qui leur étaient ou- ( 233 ) verts, mais surtout du bon aloi de la monnaie du pays, des bons offices qu'on pouvait rendre aux nations voisines et de l’observation exacte et loyale des traités de commerce qu’on avait faits avec elles. Le duc Jean sans Peur, qui prenait plaisir à se nommer lui-même Hannotin de Flandre, était vénéré et aimé des Flamands. « 1] avait toujours, dit M. de Barante (1), re- douté et ménagé ses bonnes et libres villes. » L’ordonnance que nous venons de parcourir prouve ce- pendant qu'il oublia quelquefois les franchises et les pri- viléges du pays, mais elle fait voir en même temps qu'il ne s’opiniàtrait point à soutenir ses tentatives d'innova- tion. L'état de ses affaires en France était probablement pour quelque chose dans la bienveillance qu'il témoigna à ses bons sujets de Flandre. Le préambule même de l'acte prouverait au besoin combien il en était préoccupé : Par l'inprinse, y dit-il, du voyage que avons mis sus el enten- dons faire es parties de Franche à lonneur de bien de mon- seigneur le roy et au relèvement de utilité de la chose pu- blique de son royaume, nous serons disposez de nous eslongier prouchainement de nostredit pays de Flandres. a — L'époque de la prochaine séance a été fixée au lundi, 5 janvier. (1) Æistoire des ducs de Bourgogne, liv. IV. (554) CLASSE DES BEAUX-ARTS. a —— Séance du 4 décembre 1851. M. Navez, directeur. M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, F. Fétis, G. Geefs, L. Roelandt, Suys, Van Hasselt, J. Geefs, Érin Corr, Snel, Partoes, Éd. Fétis, membres : Bock , associé: Ch. Geerts, correspondant. M. Schayes , membre de la classe des lettres, assiste à la séance. a —û ES CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir deux nou- veaux rapports de MM. Cartier et Bal, lauréats des grands concours de l’Académie royale des beaux-arts d'Anvers. Ces rapports sont renvoyés à l'examen des séctions de peinture et de gravure. — M. le secrétaire perpétuel met sous les yeux de la classe un exemplaire en argent et un autre en bronze d'une médaille de concours fondé par S. À. R. le prince héréditaire de Suède et de Norwége, et qui est adressée à l'Académie par l’université de Christiania, avec un grand nombre d'ouvrages destinés à la bibliothèque, (535 ) — M.F. Fétis fait hommage d’une Notice biographique sur Nicolo Paganini et du premier volume d'Un traité élémentaire de musique, qu'il vient de publier. Remerci- ments. — Le secrétaire perpétuel annonce la mort de M. Wil- liam Wyon, associé de la classe des beaux-arts de l’Académie, décédé à Brighton, le 29 octobre dernier. M. W. Wyon, graveur de la monnaie royale de Londres, était né à Birmingham, en 1795. RAPPORTS. Sur un mémoire présenté par M. Derote, consul général belge dans le royaume des Deux-Siciles, sur la possibilité et l'importance de l'introduction de l'art du mosaiste en Belgique. Happort de M. Boelandt. « L'auteur de ce mémoire, dans ses voyages en Italie et en Sicile, a élé frappé de l'importance de l’art du mo- saiste, surtout à Rome, à Florence et à Venise, où cet art s’est particulièrement concentré. En voyant le nombre con- sidérable d'artistes, peintres et travailleurs que la mosai- que nécessite, M. Derote a conçu l’idée d’en doter la Bel- gique; il s’est entretenu de ce sujet avec différents artistes belges, qui habitent Fltalie, et a acquis la conviction que cet art pourrait, sans obstacle et à peu de frais, être accli- (256 ) maté dans notre pays et y donner naissance à une nou- velle branche d'industrie, qui deviendrait, pour beaucoup de jeunes gens, une source nouvelle de profit et d'honneur. La mosaique se divise en trois catégories distinctes, la première, désignée sous la dénomination de marqueterie en pierre et pavés vénitiens, formant des dessins produits par la juxtaposition et combinée au moyen de pièces rap- portées, tantôt en marbre ou pierres dures, tantôt en terre cuite ou en émail. Ces mosaïques représentent des rosaces, des compartiments, etc., à limitation des pavés des anciens monuments. Beaucoup d’églises en Italie ont, non-seulement des pavés, mais le revêtement des murs, des pilastres et les autres ornements également en mo- saique. Au moyen âge, on y a introduit, en outre, comme motif de décoration, l'usage de petits prismes en terres cuites, revêtus, du côté apparent, d’un vernis coloré, comme on en voit dans la cathédrale de Palerme. A Florence, on fabrique des mosaïques à l’imitation des anciens, représentant sous forme de tableaux portatifs et en pierres artistement assemblées, des sujets divers. Enfin, la mosaïque romaine se compose, non avec des fragments de pierres naturelles, mais avec des fragments d'émaux colorés portant le nom de smalt ; elle représente des sujets d’ornements aux autels et aux murailles des édifices religieux, ou des tableaux portatifs de diverses dimensions ; elle comprend aussi la petite mosaïque, exé- cutée avec des filaments d’émail sur fond de marbre ou d’émail noir et destinée à orner seulement les tables, boîtes, tabatières, broches, bracelets et autres objets de luxe. Ce sont ces petites mosaïques qui occupent, à Rome, un grand nombre d'ouvriers et dont on voit des boutiques dans presque toutes les rues. (337) Les mosaistes romains retirent de Venise la plus grande partie des émaux qu'ils emploient; l’anteur du mémoire donne à ce sujet d’amples détails sur la fabrication, la mise en œuvre, le mode d'exécution, ainsi que sur les ustensiles nécessaires à cette fabrication ; il indique de même la ré- munération dont jouissent les artistes et les ouvriers em- ployés à ces travaux, les prix de vente des divers produits, ainsi que les frais d'établissement que coûterait l'intro- duction de cette nouvelle industrie en Belgique. Le travail de M. Derote est extrêmement intéressant et contient tous les renseignements désirables pour que l’on se forme l'opinion la plus favorable d'une telle entreprise dans notre pays. L'auteur indique deux moyens pour attein- dre ce but : l’un, qui a pour objet de faire venir un artiste expert pour l'organisation des ateliers; l'autre, qui consiste à envoyer des jeunes gens intelligents, en apprentissage dans les villes de Florence, Venise et Rome; je donnerai la préférence à ce dernier mode; il me semble le meilleur pour atteindre le but désiré. » Bapport de M. Fartioes. « L'on doit savoir gré à M. le consul général Derote de la communication qu'il a faite : implanter en Belgi- que l’art de la mosaique, me paraît une. chose praticable et une chose utile. On encouragerait la culture des arts, on lui donnerait une application nouvelle, et on favori- serait en même temps les artistes. Nous avons dans notre pays des sculpteurs, des pein- tres, des dessinateurs, parmi lesquels il en est beaucoup, (558 ) qui , sans figurer au premier rang, possèdent cependant un talent réel, et qui trouveraient par la mosaïque une appli- cation utile et en même temps profitable de leur talent. Malheureusement tous les sculpteurs ne veulent faire que des statues, tous les peintres ne veulent faire que des tableaux, tous veulent se consacrer à des œuvres pure- ment d'art. Parmi les sculpteurs, même de second et de troisième rang, combien en est-il qui croiraient déroger en s’adonnant à l’art spécial dans lequel Benvenuto Cellini s'est illustré. C’est un abus, ét nous croyons que le Gou- vernement doit s'appliquer à ouvrir à la généralité des artistes des voies nouvelles : tout le monde aurait à y gagner. ‘ Chez les anciens, le goût et la main des artistes se ré- vélaient partout ; les objets les plus communs, les plus usuels , portaient leur empreinte; pourquoi n’en serait-il pas de même chez nous? Chez une nation avancée en civilisation, dans un pays aussi artistique que la Belgique, l'art devrait se reflé- ter partout, il ne suflit pas qu'il existe dans les grands monuments, dans les statues, dans les tableaux; il faut qu'on le retrouve dans les constructions particulières, dans les meubles, dans les ornements, dans l’industrie. Tout ce qui tend à élever, à épurer le goût, présente un intérêt national, car tout cela tend, en même temps, à augmenter les jouissances de chacun, et à accroître les forces productives du pays. A ce point de vue, je crois que le mémoire de M. De- rote mérite de fixer lattention; il est entré dans des dé- tails qui prouvent combien il serait facile d'introduire en Belgique l’art de la mosaïque, il a démontré qu'il ne fau- drait pour cela qu’un faible sacrifice d'argent, et, pour ( 539) ma part, je n'hésite pas à exprimer l'opinion qu'il serait désirable que le Gouvernement fit une tentative dans ce sens, du moins pour ce qui concerne la mosaique que j'appellerai monumentale, ou la grande mosaique. Ainsi que l'a exposé M. Derote, l’art du mosaïste se divise en deux branches distinctes, la mosaïque de bijou- terie, el la grande mosaique, celle qui représente des ta- bleaux et s'applique aux monuments. La première constitue une fabrication spéciale dont les produits sont d’un placement limité, et je doute qu’on puisse arriver à lutter avec succès dans ce genre avec les artistes de Rome et de quelques villes de l'Italie. Mais il en est autrement, je pense, pour la grande mo- saique; celle-ci demande à être exécutée sur place ; elle est d'un emploi plus artistique. Le décor en mosaique convient particulièrement dans nos climats, la mosaique appliquée au pavement, à la dé- coration de nos temples, de nos palais, serait une heu- reuse innovation, c’est un art à encourager et qui me parait susceptible de succès. Je me rallie done à l’opinion de mon honorable collègue M. Roelandt, et comme lui, je pense que le mode à suivre pour atteindre le but que l’on à en vue, c’est d’envoyer en Italie deux ou trois de nos jeunes artistes, qui se mon- treraient disposés à étudier l’art de la mosaïque. Sauf à faire venir ensuite un artiste de mérite qui pourrait former une école et dont le talent pourrait être employé en même temps d’une manière profitable, soit à l’église érigée à la Reine, soit à tout autre monument. » Conformément aux conclusions de ses commissaires, la classe a pensé que l’art du mosaiste, utile sous plus d’un (540 ) rapport, est digne de fixer l'attention du Gouvernement et que son introduction dans ce pays mérite d’être encou- ragée. Il sera répondu dans ce sens à M. le Ministre de l'intérieur. Sur un mémoire de M. Petit Griffith, architecte anglais, concernant les proportions affectées par les Romains dans la construction du temple de Vesta, à Tivoli. apport de FE, Baron. « Le célèbre architecte anglais Inigo Jones, dans un ouvrage publié en 4655 sur les ruines d’un ancien édifice nommé Stonehenge, dans le comté de Salisbury, donne quelques idées sur le plan architectonique suivi par les Romains dans la construction des temples. Ce plan con- sisle à inscrire quatre triangles équilatéraux dans la cir- conférence d’un cercle. La forme cireulaire était consacrée aux temples d'Uranus, de la Terre, de Vesta, etc.; car cette forme, et même un simple segment de cercle indi- quait, dans le langage hiéroglyphique, Dieu, l'éternité, la perfection, l’année, le ciel, etc. Une foule de passages des anciens confirment ce fait. D'autre part, des autorités non moins respectables nous portent à regarder le triangle équilatéral, le plus beau de tous les triangles, dit Platon, comme le symbole de la Divinité; et il a encore conservé cette prérogative dans les siècles modernes. Enfin, tous les calculs de l’astronomie et de l’astrologie, parmi les anciens et au moyen àge, les mesures de distance respective de tous les corps célestes , etc., dependent toujours de la di- ( 541 ) vision du cercle par le triangle, le carré, l'hexagone, et le diamètre. En sorte que, une circonférence se divisant en 560 degrés, la distance de 120 degrés entre deux pla- nètes forme un triangle , celle de 90 , un tétragone, celle de 60, un hexagone, et celle de 180, ce qu’on appelle l’aspect diamétrique. | Partant de ces considérations, et s'appuyant sur ce prin- cipe que l'architecture dépend du calcul beaucoup plus que de l'imagination, M. Griffith applique le compas géomé- trique au plan du temple de Vesta donné dans les Ærchi- lectural antiquities of Rome de Taylor et Crecy, et il trouve que les intersections des triangles équilatéraux non-seule- ment fixent la position du mur de la cella, dela porte, des fenêtres, etc., mais déterminent aussi l'élévation et les différents points de la hauteur. Cette application d’un principe général à un édifice particulier, en expliquant la disposition des temples antiques, fait connaître encore pourquoi Vitruve recommande si vivement aux architectes l'étude de l'astronomie. M. Griffith ajoute le plan et l'élévation du temple de Vesta et l’explication rapide de ce plan. Si le dessin de M. Griffith est exact, comme je n’en doute point, et si l'explication qu’il en donne n'était pas encore connue ou du moins démontrée aussi clairement, point de fait sur lequel mes savants confrères peuvent pro- noncer mieux que moi, je pense que ce travail est utile, important pour l’histoire et l'intelligence de l’art, et mé- rite l’attention et les remerciments de l'Académie. » TOME xvur, 57: ( 542 ) Rapport de M. IL. Boelandt. « Tout en me référant à l'analyse de mon honorable et savant collègue M. Baron, sur le mémoire de M. Griffith, relatif aux proportions affectées par les Romains dans la construction du temple de Vesta à Tivoh, et conformé- ment au désir exprimé par mon honorable collègue, j'ai voulu m’assurer de l'exactitude du plan que donne M. Grif- fith, extrait des Architectural antiquities of Rome, par Taylor et Crecy, comparé avec le plan donné par Desgo- detz, dans son excellent et exact ouvrage, les Édifices antiques de Rome, p. 87, édition de Paris, 1682. Par le double calque de ces deux plans que je soumets à l'examen de mes confrères, ils remarqueront qu’il se trouve de no- tables différences , surtout dans la position des fenêtres , qui ne correspondent pas aux axes des entre-colonnements et qui, par conséquent, ne se rapportent pas avec le tracé des triangles équilatéraux. Si l'on veut appliquer le même principe au temple de Vesta à Rome (voir le plan de Des- godetz, p.83), cela ne concorde plus du tout. Il en est de même du Panthéon d’Agrippa, temple circulaire et dont l'intérieur représente parfaitement la forme sphérique, son élévation étant égale à son diamètre; il en résulte que le principe que M. Griffith croit avoir trouvé pour la dispo- sition des temples n’est pas rigoureusement exact dans l'application. Il est d’ailleurs constaté que les proportions. de presque tous les temples des anciens, ainsi que des: ordres qu’ils y ont employés, n’ont nullement des dimen- sions fixes et déterminées et, par conséquent, que tout le charme d’une belle construction architectonique ne dépend pas uniquement des calculs, mais que l’imagination des artistes y contribue pour une large part. ( 543 ) . Ces observations n’atténuent cependant point le mérite et l’érudition que M. Griffith a développés dans son mé- moire ni l'importance qu'on doit attacher aux nombres et à l'application des formes géométriques, quant à la for- mation des plans; je pense done que les remerciments de l’Académie sont dus pour l’intéressante communication faite par l’auteur. » Hiapport dé M. €. Bock. « L'auteur du mémoire sur lequel la classe m'a fait l'honneur de me charger de lui faire un rapport, com- mence son travail en rappelant une opinion hasardée par Inigo Jones, dans un livre peu connu, dans lequel il s’est occupé du cromlech d’Avebury, appelé Stone-Henge. Ce célèbre architecte pensait que le plan de la construc- tion celtique avait été disposé sur quatre triangles équila- téraux inscrits dans la circonférence d’un eercle, comme l'astrologie judiciaire les traçait pour se rendre compte de la position respective des signes du zodiaque et des planètes dans un moment donné. Adoptant les conjec- tures émises par plusieurs commentateurs modernes de Vitruve , d’après lesquelles l'intention symbolique de rap- peler la construction de la sphère céleste aurait présidé à la disposition de certains édifices religieux de Pantiquité, M: Griffith eroït qu'un diagramme pareil a dû déterminer le plan des temples cireulaires érigés par les Romains, et il croit trouver l'application de cet usage dans le beau tem- ple dont les ruines s'élèvent au-dessus des cascades de l'Anio, à Tivoli. (344) Je pense pouvoir me dispenser de discuter l'opinion mise en avant par Inigo Jones au sujet du monument celtique, pour ne m'occuper que de l'application que M. Griffith a cru devoir faire, de la conjecture produite par cet architecte, au temple communément désigné sous le nom de Temple de Vesta. Quand même on admettrait pour un instant que l'artiste qui a tracé le plan de ce der- nier édifice ait été dirigé par une idée symbolique, comme celle qu’un auteur du V° siècle, Salluste, prête aux archi- tectes de l’antiquité (4); qu'il ait voulu reproduire dans sa construction une image de l’univers; retracer par les lignes de son plan les limites dans lesquelles gravitent les corps célestes dont le mouvement circonserit la forme du monde, —- on pourrait encore se poser la question suivante : Son œuvre a-t-elle été déterminée par les notions que lui offrait la science astronomiquede son temps, laquelle avait été dé- veloppée, par les savants de la Grèce et d'Alexandrie, d’une manière tout à fait indépendante de la vaine doctrine des Chaldéens ; ou bien l’a-t-elle été par les principes que pro- fessait l'astrologie judiciaire? En réunissant divers pas- sages tirés d'auteurs anciens et modernes, qui cherchent à prouver l'existence d’un symbolisme cosmique dans les constructions religieuses, M. Griffith n’a pas tenu compte de cette distinction, qu'il était cependant indis- pensable de faire. Il paraît supposer que ces deux élé- ments, la véritable science et la déplorable aberration qu'elle produisit, ont toujours été intimement liés entre eux. De cette manière le terrain de la discussion se ré- trécit considérablement ; et il ne nous reste qu’à exami- (1) De Diis et Mundo, cap. XV. (545 ) ner si l'astrologie judiciaire, qui avait, en effet, dès le commencement du I* siècle de notre ère, attiré l’atten- tion de l'Italie et de Rome et séduit la crédulité d’une grande partie des classes supérieures de la population, avait déjà pu, dès cette même époque, exercer son in- fluence sur la disposition d’un édifice destiné au culte public. | Nous pouvons admettre sans hésiter qu'une destination de cette nature a été assignée au bâtiment dont il s’agit ici, quoique nous ne possédions sur celte construction aucun autre renseignement que les indices qui résultent des ruines elles-mêmes. Car ce fait se déduit tout naturel- lement des ornements de la frise, qui se composent de bucrânes, de festons, de fruits et de patères. Que ce mo- nument date de la plus belle période de l'architecture romaine, c’est ce qui résulte de la pureté de style qui éclate jusque dans le moindre détail. Le fragment de l'inscription de l’architrave qui a été conservé, nous ap- prend qu’un personnage du nom de Celius a dirigé la con- struction en qualité de curator. Comme, au dire de Sué- tone (Aug., cap. 57), Auguste introduisit l'usage de confier la surveillance des constructions publiques à des cura- teurs spéciaux, il est permis de conclure de ce fait que le temple de Vesta ne saurait remonter au delà de l’époque de cet empereur (1). Si l'honorable M. Griflith avait présenté à l’appui de sa conjecture des preuves tout à fait concluantes, il en ré- sulterait des conséquences importantes non-seulement pour l'explication archéologique du monument d’architec- (1) Voy. A. Hirt, Die Geschichte der Baukunst bei den Alten., t. UN, p. 295, (546 ) ture dont il s'agit, mais aussi en général pour l’histoire du développement des idées religieuses. On serait alors fondé à admettre que, dès une époque aussi reculée que celle d'Auguste, un bâtiment érigé sous la direction offi- cielle d’un employé de l'État aurait servi à rendré hom- mage à une doctrine orientale sur la nature et l’action du pouvoir suprême ; que, dès cette époque , on aurait voulu identifier les divinités sidérales de l'Orient avec les di- vinités nationales de l'Italie; et que, dès cette même épo- que déjà, se trouvait établi un syncrétisme religieux qui, s'il faut s'en référer aux notions généralement admises, existait alors Simplement en germe et qui né commença “qué bien plus tard à prévaloir dans les habitudes natio- nales, à se manifester dans des monuments et à se con- cilier la tolérance du Gouvernement. Cependant les argu- ments présentés par M. Griffith sont loin d'entraîner complétement notre conviction. Les coïncidences que pré- sentent les distances produites par les extrémités des quatre triangles dans le cercle où ils sont inscrits, avec les distances qui séparent les colonnes élevées sur le péri- bole de notre édifice, faut-il les régarder comme un fait préconçu, produit avec pleine connaissance de cause , et inspiré par des procédés astrologiques, — ou bien péut-on se contenter de régarder ce fait comme entièrement for- tuit et résultant d’un procédé purement technique, imaginé pour diviser en parties égales la périphérie incommensu- rable d’un cercle et employé par les architectes anciens pour tracer l'extérieur du plan des bâtiments de forme circulaire ? On sait que trois carrés ou quatre triangles équilatéraux inscrits à des distances égales dans la eirconférence d’un cercle présentaient les éléments géométriques pour la (547) construction des théâtres, — les premiers pour la construc- tion des théâtres grecs , les autres pour celle des théâtres latins. Le cercle donnait la grandeur dé lorchestre. Les points où les différents angles des figures, qui y étaient insérités, touchaient la circonférence, réglaient la place des escaliers et les diverses parties de la scène. Les observations que M. Griffith nous communique au sujét du temple de Vesta à Tivoli, je les crois parfaite- ment justes et dignes de toute attention, en ce qu'elles nous font voir qué le principe régulateur qui présidait au tracé du plan des théâtres est le même que celui d’où découlait la disposition fondamentale des temples de forme circulaire. C'ést un fait très-curieux pour l’histoire dé l’art que ce procédé, d'une simplicité aussi judicieuse, se soit transmis de siècle en siècle. M. S. Boiïsserée a démotitré, dans son ouvrage si justement célèbre sur le dôme de Cologne, que ce même procédé fut adopté par les architectes du moyen âge pour la construction du chœur des cathé- drales. Les points où les extrémités des triangles attei- gnaient la périphérie de l’hémicyele leur indiquaient les ‘points de milieu des entré-colonnements du péristyle, et par coriséquent lès places où les colonnes devaient être érigées. R Vitruve, en donnant connaissance de ce procédé, rap- pellé lui-même la similitude qu'offraient les schèmes dont se servaient les devins de la Chaldée pour leurs calculs et leurs combinaisons. Maïs en faisant ce rapprochement, il ne dit pas du tout que l'art des Grecs et des Romains se Soit inspiré de la même idée élémentaire et que l’analogie des moyens pratiqués pour arriver à des résultats aussi différents ait été la conséquence du même principe. ( 48 ) L'auteur du mémoire sur le temple de Vesta ne pro- duit à l'appui de son opinion aucune preuve autre que les points de similitude que Vitruve relève par égard aux con- structions théâtrales. Comme l'élévation de l'édifice est déterminée, selon les règles de l’art, par le plan horizontal, — il est évident que, dans la première de ces parties, on doit nécessaire- ment rencontrer la même similitude. Et dès lors les con- clusions que M. Griffith en a déduites n’ajoutent aucun poids aux conséquences qu'il s’est eru autorisé à tirer du plan horizontal. Je pense donc que le juge le plus indul- gent devrait se borner à dire, au sujet du travail dont il s'agit ici, que M. Griffith a posé, à propos d’analogies réelles ou apparentes, une question de principe aux per- sonnes qui ont fait .une étude spéciale de l’histoire de l'ar- chitecture, mais que la question elle-même n’a pas reçu, dans son travail, une solution satisfaisante. Le but scientifique qui a déterminé M. Griffith à commu- niquer son mémoire à la classe des beaux-arts serait man- qué, si le rapport demandé par elle se bornaiït à renvoyer aux opinions généralement reçues et à opposer purement et simplement une dénégation à l'affirmation de l'honora- ble savant anglais. Pour ce motif, je crois pouvoir me permettre quelques observations ultérieures sur la ques- tion de savoir si les circonstances du temps et les idées qui dominaient l’époque où le temple de Vesta fut con- struit, nous autorisent à nous prononcer pour l’une ou l'autre partie du dilemme que je viens de proposer, c’est- à-dire si la coïncidence du schème astrologique avec le tracé du plan est le résultat d'une préméditation ou la simple conséquence d’un procédé de construction, destiné à déterminer certains rapports indispensables, ( 49 ) Ici, Messieurs, je sollicite pour quelques moments votre attention. Sous la forme d’une digression apparente, j'au- rai peut-être l'air de m'’éloigner de la thèse qui nous oc- cupe, Cependant, en discutant les raisons dernières d’où la solution de cette question doit dépendre, je ne m’écar- terai aucunement de mon sujet. Et maintenant je franchis le seuil de cette matière intéressante à plus d’un titre. Dès le moment où Auguste se trouva maître absolu et incontesté du pouvoir, une tendance profondément reli- gieuse se manifesta dans toutes les mesures qui furent prises par ce souverain pour la réorganisation de l’État romain, si longtemps déchiré par la guerre civile , et dont les insti- tutions vieillies ne répondaient plus aux besoins du moment et n'étaient plus capables de mettre un frein au déplorable déréglement des mœurs ni aux entreprises des ambitieux. Le but auquel aspiraient tous les eflorts d'Auguste, était de raviver dans la nation le sentiment religieux, de rele- ver le culte tombé en désuétude, d'engager les populations à l’'accomplissement des devoirs civils par le respect dù à un ordre immuable et supérieur, source des droits et des devoirs du pouvoir terrestre, de faire accepter et chérir les dogmes et les enseignements de la religion , en les incul- quant aux esprits au moyen de la beauté et de la splen- deur que la poésie et l’art des Grecs avaient su imprimer à tous les objets de la vénération publique. Certes, au moment où le besoin d’une restauration re- ligieuse se faisait sentir aussi impérieusement dans la sphère de la vie privée que dans celle de la vie publique, il eût été aussi difficile de retourner aux croyances naïves et aux pratiques pieuses d’un temps passé, qu’il l’eût été de faire revivre les formes gouvernementales adoptées aux époques glorieuses de la république. La philosophie grec- ( 550 ) que, introduite à Rome derrière le char des triompha- teurs, avait modifié les convictions religieuses de toutes les classes aisées. L’ascéndant des écoles d'Athènes domi- nait toute la vie intellectuelle; maïs il agissait d’une double manière. Cétte influence était négative et destructive; elle relàchait Jés devoirs du citoyen, étouffait le patriotisme, supprimait le dévouement civique, lorsque, détérminée par les principes d'Épicure, elle conduisait vers le doute et le panthéisme matérialiste. Au contraire, ellé était fon- damentalement conservatrice, lorsque, en suivant une di- rection idéaliste, elle recommandait le respect pour une divinité transcendante, individuelle, rendait hommage aux traditions primitives des peuples, et purifiait les opinions vulgaires qui y restaient fidèles en les mettant en harmonie avec les aspirations les plus saintes de l’âme et les réflexions lés plus hautes de la raison. Cette dernière direction était surtout particulière à la philosophie de Platon, et, au temps d'Auguste, les disci- ples de cette doctrine étaient surtout préoccupés de déve- lopper l'élément moral qui prédominait dans la doctrine de leur maître. D'ailleurs, cette doctrine était essentielle- ment d'accord avec le caractère original de la religion hel- lénique. Tandis que, dans les religions de l'Orient, les forces visibles ou intelligibles de la nature obtiennent un culte exclusif ou au moins prédominant, la Grèce, depuis lé temps d'Homère , s'était efforcée de faire prévaloir le caractère moral des divinités de l'Olympe et des héros divinisés, bien que les uns comme les autres n’eussent peut-être eu, dans le principe, qu'une signification ue mént Cosmogonique. Cette tendance intime des croyances religieuses et du culte én Grèce, avait créé toutes ces merveilles de l’art ( 551 ) que le monde ne cessera jamais d'admirer. Il en était ré- sulté un heureux équilibre entre la vie matérielle et la vie spirituelle. Grâce à cet équilibre, les esprits supérieurs étaient généralement prémunis contre l’excès des spécula- tions qui égaraient les écoles métaphysiques de l'Orient, et l'instruction basée sur ce principe les empêchait de con- fondre l’essence divine, la cause première de toutes choses, et son action libre ‘et individuelle avec l’action subordon- née des forces matérielles. Ce même principe fut la source de cet esprit d'ordre, de modération et de justice, qui fai- sait comprendre et appliquer les préceptes du vrai et du beau, de Part et de la morale; qui vivifiait et ennoblissait tout ce qui était vulgaire ; qui faisait entrevoir une provi- -dence dans l’ordre de la nature, la sagesse et l'amour dans l’enchaînement des causes et des effets; qui inspirait Pin- dare, Eschyle et Sophoclé, Phidias et Praxitèle, et qui avait produit, alors qu’il était à son apogée, le plus beau et le plus fécond de ses résultats, le divin génie de Platon. La préoccupation constante d’Auguste était de faire re- vivre ce même esprit dans les mœurs et dans les institu- tions de l'Italie, de placer les destinées de l'empire sous la tutelle d'Apollon, protecteur de sa race et conservateur de l'ordre physique et moral, de même que Platon avait mis la conservation de sa république idéale sous la sauvegarde de ee dieu. L'empereur fondait ses espérances pour l'avenir de l'État qu’il voulait tirer de ses ruines, sur la réussite de cette entreprise généreuse. Aussi bien, quelle autre ancre de salut aurait-il pu trouver? Sa pensée intime se révèle clairement dans les ouvrages des poëtes qui lui prêtaient leur concours. Elle ne se manifeste pas moins visiblement dans toutes les œuvres d'art créées par son ordre, si lon (552 ) veut les examiner sérieusement au point de vue que je viens d'indiquer. Or, rien de plus opposé à la réalisation d’un système pareil que la faveur ou même la tolérance accordée aux dogmes et au culte des religions de l'Orient. Le système des émana- tions et la croyance fataliste, inséparables du culte sidéral, auraient dû conduire à des résultats Lout à fait contraires à ceux qu'Auguste voulait atteindre en politique et en mo- rale. Pour faire oublier Octavien, pour effacer jusqu’au douloureux souvenir des guerres civiles, ce souverain vou- lait surtout apparaître comme le défenseur et le libérateur du monde romain, préservé par lui de la domination orientale, dont Antoine et Cléopâtre l'avaient menacé. Grâce à ses armes, les dieux nationaux de Rome avaient repoussé la suprématie et les superstitions de l'Égypte. Et à l'époque même où le pouvoir suprême de l'État romain, inspiré par des idées de ce genre, travaillait à une réforme sociale à qui elles devaient servir de base, est-il possible d'admettre qu'un agent officiel, chargé de surveiller la construction d’un édifice religieux, ait permis que le ca- chet d'une superstition funeste et étrangère fût imprimé à la disposition de ce bâtiment ? La philosophie est toujours impuissante à se transfor- mer en foi positive et à formuler des dogmes que la con- viction générale des masses se prête à adopter. Le revire- ment des croyances religieuses qu'Auguste, placé à un point de vue philosophique et secondé par les génies les plus éminents de son époque, entreprit d'opérer au profit de la régénération de l'État , ne fut qu'un rêve presque sté- rile, et les effets qu’il produisit ne furent que de brillants méléores: Au culle de l’idée qui n'avait su exciter, dans l’es- prit des savants et des artistes, qu’un enthousiasme passa- ( 226 ) ger auquel les masses étaient restées généralement étran- gères, se substitua bientôt l'idolâtrie de la forme. Sous les successeurs d'Auguste , on fit, comme de nos jours, sans amour, sans conviction, sans pensée élevée, de l’art pour l’art. En littérature, de même qu’en architecture, on se livra à une vaine imitation des créations de l’art grec. On renchérit, par la splendeur des ornements, par la grandeur des proportions, par le fini des détails, sur les modèles dont on négligeait d'approfondir l'esprit. Mais on était bien loin encore de vouloir formuler sur des bases nouvelles les temples et les autres ouvrages d’art qu'on exécutait. Personne encore ne songeait à substituer au plan d’un temple édifié d’après les principes de l’art grec et d’après ses combinaisons symétriques un schème quelconque em- prunté aux inventions d’un pays barbare. Toutefois, à mesure que s’éteignait dans l'esprit romain le feu sacré allumé aux autels de la Grèce, à mesure que la religion de l’État perdait son prestige et son action morale, on vit se réaliser de plus en plus le mot profond de Nova- lis : Où il n'y a pas de dieux, il y a des démons. Tous les cultes, toutes les superstitions de l'Orient envahirent ‘ les esprits des individus, tandis que la prévoyance de l'État s’efforçait vainement de repousser cette funesie in- fluence qui minait les bases du pouvoir. L'Oronte, selon l'expression. de Juvénal, coulait à pleins flots dans le lit du Tibre. Auguste lui-même, et plusieurs médailles de son temps en font foi, n'avait pas refusé de prêter l'oreille aux oracles des Chaldéens, pendant qu'Agrippa avait expulsé de Rome et de l'Italie les maîtres de la vaine science de l'astrologie. On sait que la mesure prise par ce dernier fut souvent, mais loujours infructueusement répétée. L’antagonisme profond qui existait entre les tendances ( 554 ) et les convictions des masses, sollicitées par les supersti- tions les plus bizarres de l'Orient, et la religion formelle que soutenait le pouvoir impérial auraient sans doute hâté les événements qui déterminèrent plus tard la chute de la domination romaine, si la religion et le culte national avaient été abandonnés à leur propré impuissance. Au siè- cle des Antonins, la philosophie stoïcienne amena une trêve entre les deux systèmes incompatibles qui se dispu- taient le terrain intellectuel de l'Empire. Cette philosophie s'appliqua à établir une réconciliation incomplète entre l'autorité et les nations subjuguées , entre le maître et l’es- clave , l’oppresseur et lopprimé, l'incrédulité et la super- stition. Ce ne fut plus en propageant l'enthousiasme allé- gorique des écoles de Platon que les savantset les puissants cherchèrent désormais à gagner les cœurs, à entrainer les imaginations , à élever les sentiments des masses; ce ne fut plus en rendant le calme et la sérénité aux esprits, au moyen du charme de l’art, que l’on songea à appeler les populations à l’ordre et au respeet de la loi. On chercha, pour les institutions, comme pour les mœurs, un appui dans les préceptes d’une morale rigoureuse et dérivée de la dignité de l’homme, appelé seul à comprendre l’enchai- nement fatal des causes et des effets qui se nouë autour de lui et contre lequel toute résistance est aussi insensée que coupable. La doctrine de Platon avait combiné avec bonheur l'élément physique et l'élément éthique. Ce der- nier prévalait dans les écoles du Portique, et les raison- nements qui reposaient de préférence sur cette basé, rap- prochaient nécessairement dessystèmes religieux deFOrient les sentiments et la raison des masses. Sous cette influence, dès qu’elle fut devenue prépondérante, l'esprit hellénique se retira par degrés, mais rapidement du cercle de la vie (555 ) et de l’art. Les formes, qui avaient atteint le plus haut. degré de perfection matérielle, survivaient encore, à la vérité, par leur propre force, de même que l'arbre reste debout après que sa séve s’est desséchée. On continua tou- jours, à Rome aussi bien que dans les provinces, à élever les temples les plus fastueux; mais, quand on considère les ruines de ces constructions ou qu’on en étudie les plans, on se sent frappé du vide qu'elles présentent, sans qu'on puisse au premier moment se rendre compte de celle im- pression. Mais en l’analysant, on se sent atteint de la tristesse amère et réfléchie qui se fait jour dans les écrits de Sénèque et de Marc-Aurèle, où toutes les forces de l'âme se concentrent pour s'armer contre une impuissance désolante. L'art de cette époque est stérile et glacé, parce que les artistes, non moins que la plupart de leurs con- temporains, sont en proie à un rationalisme sceptique et ne font que leur prêter leur talent à des croyances mortes depuis longtemps. Comme l’art est appelé à refléter des idées dans une forme individuelle et à réaliser l'union mys- térieuse du fini et de l'infini, il lui faut partout et tou- Jours, pour exécuter des œuvres grandes et vraies, une foi positive et un symbole placé au-dessus de toute contesta- tion. | Le pouvoir romain pèse toujours victorieusement sur l'Occident. H étend même ses conquêtes en Germanie et en Bretagne. En Orient, il se borne à comprimer les émeutes et à défendre ses frontières. Là ces systèmes religieux, dans le triomphe desquels il entrevoit sa ruine, se soutiennent et se propagent de plusen plus. La pratique de l'astrologie judiciaire ne reste plus confinée dans le cercle de la vie d’où elle n’avait osé sortir jusqu'alors. La science des généthliaques envahit le domaine des beaux-arts. En flat- (356 ) tant les maîtres du monde, elle pénètre même dans les sanctuaires. Pendant la période qui s’écoula depuis le règne de Tibère jusqu’à la fin de la dynastie des Antonins, elle plaça, dans les temples qu’on érigeait en Égypte, les fameux zodiaques qui, ainsi que les recherches les plus récentes l'ont établi d’une manière plus que probable, ne présentent aucune signification scientifique, mais qui ren- ferment simplement une intention funéraire dans les cas où ils n’ont pas servi à reproduire des thèmes généthliaques. Il faut bien remarquer que cette innovation , dont on ne trouve encore aucun exemple dans les édifices sacrés con- struits sous les Ptolémées, ne se produisit, sous la domi- nation romaine, que comme un simple ornement acces- soire; et que la disposition antique et traditionnelle des temples n’en reçut aucune modification, ce qui est telle- ment vrai que, jusqu’au moment où la science est parvenue à déchiffrer les hiéroglyphes sous lesquels étaient cachés les noms des empereurs romains, en l'honneur desquels ces édifices furent élevés, on a pu se croire autorisé à faire remonter ces constructions et les zodiaques dont elles sont décorées, à une antiquité placée au delà des temps historiques. La lutte, entre l'Orient et l'Occident, entre les principes inconciliables de l’hellénisme et de la théosophie orien- tale, entre les provinces opprimées et un gouvernement étranger, militaire et dépourvu de tout ascendant moral, mais soutenu par une organisation admirable qui concen- trait toutes les branches de l'administration autour d’un seul pivot, — cette lutte, dis-je, gagna plus de terrain et se changea en guerre ouverte au commencement du règne de Septime-Sévère. Byzanceet Athènes, entraînées en partie par l'influence des sophistes, s’associèrent au mouvement (597 ) qui s'opérait dans une partie de l'Asie Mineure. Cependant la force organisée ne tarda pas à triompher d’un ennemi nombreux, enthousiaste et exaspéré, mais manquant de la discipline et des ressources d’une administration dont les rouages avaient atteint, au détriment des nations soumises, une si merveilleuse perfection. Immédiatement après cette victoire, la décadence de l'empire se montre dans toute son effrayante réalité. Toutes les colonnes qui avaient, pendant des siècles, soutenu l'édifice social, s’écroulent les unes après les autres. Les dieux irrités avaient quitté leur ancien domaine, et le nouvel esprit, dont on avait com- primé par la violence les tentatives, lorsqu'il essaya de dé- tacher les provinces éloignées de l'empire, avait assujetti à son influence l'Italie et Rome elle-même. On a constaté avec étonnement la décadence subite et générale de larchi- tecture et de la sculpture à cette époque, décadence qui s’'accomplit dans un espace de temps si court, qu'on n'en pourrait citer un exemple analogue à aucune période de l’histoire de l’art. Cependant ce fait incontestable et sur- prenant s'explique de soi-même. L'esprit qui avait présidé aux constructions helléniques et à leur décoration avait terminé son agonie. Les derniers édifices religieux élevés dans l'empire romain, d’après des formes traditionnelles, avaient été, pour ainsi dire, ses monuments funèbres. La suprématie de lesprit rival, contre lequel il avait lutté si longtemps, se manjfeste dans toute la sphère de la vie so- ciale. La soif de nouveauté qui tourmentait les masses avait fait naître en elles une indifférence complète pour toutes les œuvres que lesprit hellénique avait créées auparavant et même pour la beauté des formes qui les distinguaient si éminemment. Les temples étaient déserts. Les statues et les tableaux n’attiraient plus Pattention d’un public TOME xvui. 98. ( 558 ) blasé. Dès lors, les impostures des devins.et des magiciens eurent d'autant moins de peine à se substituer aux rites helléniques, qu'un culte, composé exclusivement, de pra- tiques extérieures, devait plaire davantage à: un peuple dé- chu. La science menteuse des, astrologues se posa hardi- ment au milieu des malheurs. publics. Sous, Alexandre Sévère, elle fut même autorisée à s'exercer librement à Rome. A cette époque, seulement , des thèmes généthlia- ques se produisirent, pour la première fois, je pense, dans des édifices publics dans cette capitale, de même que, durant la période précédente, ils. s'étaient, produits dans les temples d’une province lointaine, c’est-à-dire. de l'É- gypte. Dion Cassius (LXXVI, XL.) nous apprend que Sep- time Sévère. tit placer le thème astrologique de sa nais- sance dans une salle du palais impérial sur le Palatin où il rendait la justice. Mais des représentations de ce genre n'ont pu, à l'instar des zodiaques égyptiens, former que de simples hors-d'œuvre. Aucun vestige, découvert. jus- qu'à présent, n'indique que l’ensemble ou le plan d'un édifice civil ou religieux ait été dressé ou exécuté sous l'influence de l'astrologie. mil | fes | Après Septime Sévère, lorientalisme, installa, pour quelque temps, dans le palais des Césars,, le rejeton d’une famille sacerdotale de la Syrie. La domination d'Hélioga- bale, sur le monde occidental, ne doit pas être envisagée comme constituant seulement un épisode anormal et mon- strueux dans l’histoire romaine, ni comme un fait amené uniquement par le hasard et par le caprice passager d’une soldatesque mutine. L’avénement de cet empereur fut pro- duit par d’autres causes éloignées et bien: plus graves. Il fut une victoire précoce du génie oriental, le résultat de l'élan unanime de toutes les populations diverses de l’Asie ( 599 }. el le préludé de l'histoire des témps postéricurs. Déjà, dépuis l'époane de Vespasien , l'Asie avait, éommié on sait, altendu avec une ardente ferveur le retour de la suprématie universelle à Orient. Ce rêve brillant, où elle trouvait une consolation à ses longs malheurs, était entretenu par les! faux oracles sibyllins, composés pour la plus grande pärtié au siècle des Antonins, ét répandus d'une extré- mité de l'émpire à l'autre (1). Cependant l'heure fatale n'avait pas encore sonné où le sceptré devait sortir des mains de Rome et où les nations étaient appelées à entrer dans des voies tout à fait nouvelles. Le pouvoir des emperéurs romains était nécessaire encore pour pré- parer la transition vers ces voies. Aussi, après le règne d'Héliegäbale, nous voyons se manifester une réaction énergique contre les envahissements de l'Orient (2). Les efforts d'Aurélien, de Tacite et d'Alexandre Sévère furent dirigés dans le même sens. Hs mirent tout en œuvre pour le maintien du pouvoir de Rome et de ses dieux. Toutefois, ils lüttèrént vainement contre le torrent qui entraînant le siècle. La voie du syncrétisme religieux, dans laquelle on était entré et où se confondaient les mœurs et les tra- ditions, s'élargissait chaque jour davantage. Îl fallait, dès lors, faire des éoncessions toujours nouvelles à ces innovations qui allaient changer la face du monde. Mais (1) Lactant., VII, 15. Orac. sibyll., VIT, 350 sqq.; IV, 142 sqq.; VIL, 145 sqq. j e a -(2) Voy. à ce sujét ma dissertation sur la colonne de Cussy(Jahrbücher des Vereins von Alterthumsfreunden im Rheinlande, VIH). Je profite de eette occasion pour déclarer que j'ai modifié mon opinion au sujet de ce monu- ment célébre, que je croyais érigé en l’honneur de l'empereur Probus. Des récherches nouvelles m'ont convaineu qu'il a été élevé à Septime Sévère. ( 560 ) ces concessions parlielles et tardives ne suffsaient ni pour donner satisfaction aux esprits, ni pour apaiser les cœurs. | Le dernier champion qui entreprit de faire valoir de nouveau la doctrine de Platon, et de repousser le mélange hybride des croyances grecques et orientales, fut Plotin. Égyptien de naissance, mais ayant été attaché, pendant un certain temps, à l’empereur Gordien et ayant fixé plus tard son école à Rome, il exerça une influence immense sur la vie intellectuelle de l'empire. De même que Platon, Zénon et Chrysippe avaient, dans des temps antérieurs, inspiré et ennobli l’action du pouvoir, la doctrine de Plotin devint en quelque sorte le principe théorique du système gouvernemental qui prévalut durant la seconde moitié du TTL siècle, et je ne crois pas exagérer en soutenant que ce fut cette théorie qui traça la marche suivie par la politique intérieure de l'empire. Auteur d’un corps de doctrine bardi , le plus vaste qu'aucun esprit eût conçu jusqu’à cette époque , Plotin s’appliqua à concentrer, dans une sphère élevée au-dessus de toutes les autres écoles existantes , les directions divergentes qu’on avait jusqu'alors suivies dans la recherche de la vérité. Se plaçant particulièrement sur. le terrain de Platon, s’efforçant de rester fidèle au but suprême vers lequel celui-ci avait constamment tourné ses regards, il idéalisa la doctrine de son maître et réserva tou- jours la morale comme le but suprême de la spéculation. La tendance particulière de ses théories se trouvait parfai- tement d'accord avec la marche que les circonstances impo- saient au gouvernement et avec les intérêts qu’il avait à sau- vegarder. Un fait d’une portée immense s'était réalisé sous Caracalla : l'émancipation de tous les hommes libres de l'empire, la disparition des inégalités provinciales, qui fut (561 ) une conséquence de l'admission au droit de citoyen de tous ceux que les conquêtes antérieures avait introduits dans le giron de l'empire. Ce que la législation politique avait été amenée à faire, en effaçant de cette manière les nationalités hétérogènes, en détruisant les barrières qui avaient été maintenues jusqu'alors entre lesdifférentes parties de l’em- pire, comme les membres d’une même famille autour du chef de l'État (1), le nouveau platonisme prit à cœur de l’effec- tuer dans l’ordre intellectuel. Pour mettre un terme à la scission toujours croissante des esprits, pour prévenir le -chaos moral que devait nécessairement produire la confu- sion des idées et des cultes, il fallait poursuivre la tâche ardue d'opérer une fusion harmonique entre tous les élé- ments divers qui se heurtaient dans une fermentation générale et les rattacher à un centre supérieur. Pour raviver la morale publique et privée, il allait res- susciter, par le sentiment d’un intérêt général et par la conviction d’une communauté intellectuelle, le patrio- tisme depuis si longtemps émoussé dans l'empire. Il fal- lait, par une ligne de démarcation fortement tracée, déta- cher tous ceux qu'unissait entre eux le principe de la doctrine hellénique, de l'influence rivale et dissolvante des idées orientales. La tàche immense que les empereurs avaient à remplir dans la lutte contre la monarchie res- taurée des Parthes et contre les provinces limitrophes que celle-ci tâchait de rallier à sa cause, Plotin visait à l’ac- complir dans la sphère métaphysique. Préoccupé, comme je viens de dire, de l’idée de conserver dans sa pureté primitive la base de l'édifice ébauché par son maitre et de (1) Claudian., De Cons. Stilich., III, 150 sqq. (1362 ) rester fidèlé à la direction morale dé celui-ci, il s'oceupa d'établir une connexité plus sévère entre lés différentes branches des doctrines platoniciennés et d'en tracer les limites d’une main plus ferme, pour préserver ce système de l’envahissément d'éléments hétérogènes dont limmix- tion ne semblait devoir conduire qu’à une funeste confu- sion de principes. Faisant à l'esprit du temps les conces- sions que la nécessité commandait, il aceueillit la multitude des dieux et des déesses, invéntés par les différents cultes nationaux comme des allégories destinées à révéler les divers attributs de l'essence divine placée dans une sphère inaccessible à l'intelligence elle-même, ou comme re- présentant les agents du pouvoir nniqué et suprême qui s’'échelonnent hiérarchiquement dans les différentes ré- gions de l'univers, et qui gouvernent le monde visible d’après la disposition d’une création idéale et antérieure à la création matérielle. Plotin repoussait avec énergié tonte doctrine orientale ou occidentale dont l’admission aurait pu altérer le caractère général de son système. Il combat- tait le mépris dédaigneux qué la secte des stoïciens affec- ‘tait pour toutes les choses extérieures, parce qu'il voulait raviver l'admiration enthousiaste pour la création, où , selon lui, le monde des idées se réfléchissait. Épicure, dont les enseignements mis en pratique conduisent à la conséquence d'un égoïsme absolu, ne lui était pas mois odieux. Si rapprochée que fût d’ailleurs sa propre doctrine et la doctrine dé celles d’entre les sectes gnostiques (no- tamment celle de Valentin}, où l'élément chrétien et juif était subordonné à l'élément du paganisme grec, il com- battait avec le plus vif acharnement les branches de la gnose dont la théosophie orientale constituait le caractère dominant. En effet, la lutte contre ces derniers systèmes, (565) que Plotin accusait de ne présenter qu'une falsification du platonisme, mêlée d'innovations mensongères, devait dé- cider, en définitive, du sort de la philosophie hellénique, et, au point de vue où celle-ci était placée, des destinées du monde intellectuel en général. Le magisme et la théur- gie, ainsi que l'astrologie judiciaire, trouvèrent, pour les mêmes motifs, dans Plotin un adversaire implacable. Il les repousse loin de lui, bien qué les conséquences de son propre système semblent le conduire jusqu'aux limites mêmes de ces doctrines. En admettant que les différentes partiés de l'univers sont liées entre elles et avec l’ensemble de la création par une loi éternelle qui règle l’action de l'âme du monde (Ennead., IV, 4, 32), et qu'elles sont enchaînées par des affinités sympathiques, il conclut que la connais- sancé de ces sympathies peut mettre l’homme à même d'exercer une influence sur lé monde extérieur par la prière et par les chants ([V, 4, 40). Il ne se refuse pas à adméttre, dans la position respective des astres, des pro- nostics dé l'avenir (IT, 5; IV, 4, 52, 59). Toutefois, 1l repoussé avec véhémencé la pratique des Chaldéens. L'homme supérieur ét pieux est élevé au-dessus de tout art magique. L'esprit est indépendant de toute force physique, de tout charme, et la vertu est toujours invincible (IV, 4, 59, 45). Partout où sé répandit cette restauration, ou si l’on veut, cette dernière transformation de la philosophie et de la théologie helléniques, elle reléva une barrière entre elle et la doctrine du dualisme, celle des émana- tions et toute autre doctrine particulière à l'Orient. Par conséquent, toute application de l'astrologie judiciaire à la “Construction d’édifices destinés au culte devait rester sévè- rement bannie là où les esprits se prétaient aux enseigne- ments de Plotin et de ses disciples, ( 564 ) Ici, Messieurs, je m'arrête. Je crois être arrivé au but que je m'étais proposé. L’esquisse rapide que j'ai eu l’hon- neur de mettre sous vos yeux et à laquelle je devais crain- dre de donner trop de développements, suffit, je pense, pour faire voir clairement que la science hellénique pro- testa de toutes ses forces contre l'astrologie chaldéenne jusqu'au moment où elle eut parcouru sa dernière phase. Ces efforts, poursuivis avec tant de persistance, sont de la plus grande importance pour fixer notre jugement sur la question soulevée par le mémoire de M. Griffith. Car la lutte entre les systèmes théologiques de l'Orient et leurs consé- quences d’une part, et les doctrines helléniques, d'autre part, sont loin de se borner à une vaine dispute d'école à école, sans action sur la vie, sur les arts et sur les monu- ments. Dans toute l’histoire de l'empire romain, il se révèle à celui qui veut y prêter une attention sérieuse une union intime, une action réciproque et continue entre le système qui dirige le gouvernement et l'opinion philosophique qui prévaut dans les écoles et dans les classes instruites de la nation. C’est à celte source, j'aime à le répéter, que le pouvoir puise ses inspirations. Il entre volontairement dans le courant des idées dominantes, comme firent Au- guste, Marc-Aurèle et Gordien, ou 1l se laisse entrainer par elles et tâche d’en tirer parti, comme firent les empe- reurs que la fortune et la volonté des légions élevèrent sur le pavois, parce qu'elles sont favorables à leur intérêt, parce que leur influence salutaire leur prête un appui en établis- sant une unité dans les esprits discordants, en mettant un frein aux passions, en rattachant le passé au présent et en assurant de cette manière l'avenir. La réciprocité simul- tanée de l’action intellectuelle et de l'action politique est telle que, en considérant les événements qui en résultent, ( 565 ) les lois qui en découlent, les monuments qui s'élèvent sous cette double influence, on se demande parfois où résidait véritablement le pouvoir qui régissait le monde romain, ou dans les écoles ou dans les palais. L'union intime de ces deux éléments ne cessa qu'au moment où le christia- nisme eut complétement prévalu dans la sphère de l'intel- ligence et dans celle de la politique. Constantin le Grand lui-même subit pendant longtemps l'influence d’un disciple de Plotin,et même, en 512, la fondation de Constantinople fut dirigée par ce philosophe et par un pontife païen (1). Vaineue, détrônée, exclue de toute action matérielle, la philosophie hellénique tendit, avec Julien, à une réaction, dont le succès durable était impossible. Et plus tard, elle conspira vainement avec les prétendants qui aspiraient au trône. et avec le sénat et la noblesse de Rome. L’érec- tion des.édifices publics n'avait pas cessé d’être soumise, selon la législation romaine, à une stricte surveillance de la part du gouvernement. La disposition et le mode de construction de ceux-ci ne pouvaient donc être modifiés selon des idées puisées à l'étranger, si ce n’est dans la mesure des concessions que l’autorité faisait elle-même à ces idées. | On s’accordera aisément avec moi sur ces points. Je veux cependant aller encore au-devant d’une observation qui pourrait m'être faite. Dans la prolongation de la crise qui déeida des destinées de l'empire durant la seconde moi- tié du IIT° siècle et durant le siècle suivant, où la digue, posée jadis à l'invasion des doctrines orientales, était rom- (1) Laurent. Lyd., de Mens. IV, 5. ( 66 ) pue, où l'astrologie comptait des adeptes dans les rangs de toutes les opinions, à cette époque où les fêtes égyp- tiennes étaient admises dans le calendrier officiel, où une grotte pour la célébration des mystères de Mithra avait été creusée dans le rocher même du Capitole, — à cette épo- que les religions astrales de l'Orient n’auraient-elles pas pu ériger des templès, d’après les principes qui leur étaient propres? Les édifices symboliques, tels que l'imagination du poëête Nonnus les crée dans ses Dionysiaques , n’au- raient-ils pas pu être élevés en réalité? Un schème astro- logique n’aurait-il pas pu déterminer la disposition vita temple circulaire ? Il a été dit plus haut que jus \bèibs généthliaqués avaient réussi à s'imposer à des édifices publics de Rome, après avoir fait leur prémière apparition dans une pro- vince éloignée. A l’époque dont je viens de parler, des architectes romains construisaient dans la mèré patrie de l'astrologie, dans la Mésopotamie orientale, un édifice important dont le plan paraît réellement avoir été dirigé par les principes astrologiques auquel la Chaldée rendait hommage (1). Rome étant devenue un panthéon de tous les cultes possibles, un édifice publie semblable à celui de Hatra n'aurait-il pas pu prendre place à côté des pat d'Isis et de Sérapis ? 4 Je pourrais me borner à sdpontrè simplement à cette question que jusqu’aujourd’'hui, on n’a retrouvé en Occi- dent aucun vestige d’un semblable édifice. On aurait tort de (1) W. Ainsworth, Travels and Researches in Asia Minor, Mesopo- tamia, Chaldea, a: ; London, 1842, vol. IT, p. 170. C. + Rider, Erdkunde, XI, p. 485, ( 567 ) mentionner un monument astrologique élevé par un pré- ‘tendu préfet de Rome, nommé Ghromatius, dont le moyen -âge montrait encore les ruines ; carl est à noter que les Actes de saint Sébastien, où cette:construction.est décrite, -nésont qu'un roman pieux, fait à bon plaisir:et écrit par- ticulièrémént en vue de détourner les esprits des supersti- tions astrologiques, dont les chrétiens eux-mêmes (tous les écrivains ecclésiastiques de l’époque én font foi) ne se dé- tachaient que difficilement, Du réste, il me paraît bien cer- lain que cette légende n’a pu être inventée avant le temps de Théodose L.: | On peut s PA STEUS d'une manière très-simple pourquoi le fait dont je: viens de parler. n’a pas pu avoir lieu. En effet, à l'époque où l'architecture. aurait, pu renier ses -principes traditionnels et pencher vers les enseignements ‘de l'astrologie; le culte n'oceupait plus l'art des op. Oe ne bâtissait plus dé temples. 1 Il n’y a pas de religion sans culte. Il n’y a pas de tem- ples sans sacrifices. Depuis qu'était morte la croyance à l'efficacité du sang des victimes répandu sur les autels des anciens dieux, l'architecture religieuse n'avait plus d'objet. Lés anciens temples Lombaienñt en ruines, et l'autorité fai- saient de vains:efforts pour les relever , la sympathie pu- blique lui faisant entièrement défaut. Certès, longtemps avant saint Jérôme, les araignées tendaient déjà leurs toiles sur les dorures du Capitole (4). La cupidité des particuliers s'était emparée des édifices sacrés longtemps avant que le préfet Praetextatus, si connu par son zèle pour le paga- (1) S. Hieronym., Ztb. contra F'igilantium, cap. 58, ep. CVIT, ad Laetam, ( 268 ) nisme expirant, eût entrepris pour une dernière fois de les en expulser (1). Le temple du Soleil, bâti à Rome, par Aurélien, fut le dernier grand monument que le paga- nisme éleva en Occident. Je ne veux pas passer sous silence que, vers la même époque (et ce fait est prouvé par plusieurs médailles et par des ruines qui nous ont été conservées), on construisait des édifices circulaires pour célébrer l'apothéose des em- pereurs. La disposition de ces bâtiments se rattache mani- festement à celle des tombeaux circulaires adoptée depuis une période bien antérieure. Toutefois, on ne saurait nier d'une manière générale que, — dans un temps où la doc- trine de la transmigration des àmes vers les régions éthé- rées par les zones des astres était généralement répandue et confessée, si Je puis m’exprimer ainsi, par plusieurs monuments d'art qui existent encore, — des idées liées à cette doctrine, comme l'étaient les idées astrologiques, aient pu exercer une certaine influence sur la construction des édifices funéraires de ve genre. Mais, dans ces con- structions elles-mêmes, on ne saurait constater la moindre trace d'un schème astrologique. Il est inutile de faire ob- server que le temple circulaire de Tivoli ne saurait être rangé dans la classe de ces bâtiments; car les signes non équivoques de son style ne sauraient laisser aucun doute sur l’époque où il fut érigé. À coup sûr, si quelque monument du nombre de ceux qu'à cette même époque les différentes sectes gnostiques élevèrent, en Orient aussi bien qu’en Occident, pour la (1) Ammian Marcellin, XVVII, 9, 10. ( 569 ) célébration de leur culte (1), nous avait été conservé; on y reconnaîtrait l'influence des idées que la gnose professait sur le rôle attribué, dans l’ordre universel , aux astres, qui étaient censés régler les rapports essentiels de la divinité avec la création. Le fameux diagramme des Ophites que nous connaissons par Origène, aurait nécessairement dû déterminer la disposition de leurs temples, s'ils en avaient construit. Mais, même dans ce cas , ce symbolisme n'aurait pas eu le moindre rapport avec le schème qui constituait la base des calculs des Chaldéens. Dans certains édifices chrétiens de la plus haute anti- quité, dont les constructeurs n'étaient pas encore entière- ment affranchis de l'influence de la gnose, on peut constater des indices très-curieux qui révèlent un mélange de la re- ligion sidérale et du culte spirituel du christianisme. Je pourrais étayer cette assertion d’un certain nombre de faits que mes recherches m'ont fait découvrir. Mais, en les pro- duisant, je devrais entrer dans des développements trop étrangers à la question spéciale que vous m'avez chargé de traiter. : D’après les considérations que je viens, Messieurs, de soumettre à votre appréciation éclairée, je conclus avec une entière certitude, que le cercle entrecoupé de triangles et de carrés, dont se servaient les astrologues, n'a rien de commun avec le tracé du plan du temple de Vesta à Tivoli. Ni les traits de ressemblance isolés, ni les analogies apparentes que la sagacité d'un observateur éru- dit pourrait retrouver entre les constructions grecques (1) S. Cyrill. Hierosol., Catech , XVIII, n° 26. S. Ambros., Ep. XX7X. ad Theodos. ( 570 ) ou romaines et les inventions purement barbares, ne sau: raient servir à démontrer l'influence d’un principe auquel les idées qui dominaient l’art classique et les tendances qui lé dirigeaient , étaient généralement hostiles. Ces ana- logies s’effacent et disparaissent devant le caractère exelu- sivement hellénique du monument en question. A ce sujet, on peut observer, en outre, que les dimensions prescrites par Vitruve (dans le passage du chap. VIH du livre LV , où il parle dés temples périptères de forme cireulaire) pour la cella et pour la galerie et le portique qui l'entourent, s'accordent exactement avee celles qui ont été données au temple de Vesta. Toutefois, il n’est pas entièrement inutile de faire ressortir des rapports du genre de ceux qui ont été observés par M. Griffith. Au temps du syncrétisme dés re- ligions de l'antiquité, on s'attachait, et certainement de bonne foi, à chaque trait de la mythologie, x chaque cé: rémonie du culte ; à chaque détail des édifices, pour sou- tenir le thème dont se préoccupaient les esprits, €’est- à-dire Pidéntité primitive et essentielle des divinités nationales et des divinités étrangères. Porphyré et Jam- blique ne produisirént pas, au profit de léurs assertions, des preuves plus conclüantes. En voyant des rapproche- ments de la même espèce se reproduire de nos jours, et'à une époque aussi reculée que eelle du néo-platonismeé, on doit reconnaître que la science ne peut que déviér de son but, en suivant des traces vagues et trompeuses. En réfléchissant mürément à l'histoire de l'art, on parvient aisément à se convaincre qu'aucune influence extérieure n’a déterminé les créations du génie grec, transplanté dans l'empire romain, avant le moment où il s’éteignit complétement, et que la raison de l'attrait et de lhar- monieuse symétrie de ses temples résulte absolument de ( 574 ) ce sentiment intime qui l’animait et qui avait su deviner le grand secret de voiler un ordre rigoureux sous une ap- parence de liberté, et d’allier la beauté et la grâce à la disposition la plus régulière. », : | Adoptant les conclusions de ses commissaires, la classe décide que des remerciments seront adressés à M. Pettit Griffith pour la communication qu'il a bien voulu faire à la classe. éd in | — L'époque de la prochaine séance a été fixée au 8 jan- viér, | (572 ) CLASSE DES SCIENCES. Séance du 15 décembre 1851. M. DE HEMPTINNE, directeur. M. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius, Pagani, Sauveur, Tim- mermans, Crahay, Wesmael, Martens, Dumont, Kickx, Morren, Stas, De Koninck, Van Beneden, De Vaux, le baron Éd. de Selys-Longchamps, le vicomte B. Du Bus, Nerenburger, Gluge, Melsens, membres. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur fait parvenir une notice sur la maladie des pommes de terre, par M. André, eulti- vateur à Schirmuk, et demande l'avis de la classe sur cet écrit. (Commissaires : MM. Morren, Martens et Kickx.) — M. le Ministre de l’intérieur adresse également à l’Académie l'arrêté royal du 29 novembre dernier, relatif aux prix quinquennaux, et demande que la classe des (2175 ) sciences lui fasse parvenir, le plus tôt possible, la liste double de présentation pour les membres du jury, qui au- ront à juger, cette année, le concours pour les sciences naturelles. — M. Plateau fait hommage du 1° volume d’un Traité élémentaire de physique dont il est l’auteur; M. Morren offre également le premier volume et les trois premières livraisons du second, de son journal la Belgique horticole ; et M. De Koninck, un supplément à son travail sur la Description des animaux fossiles de la Belgique. — Remer- ciments. — M. Martini Van Geffen, de Bois-le-Duc, communique les résultats de ses observations sur les phénomènes pé- riodiques des plantes en 1851. ù — M. Le François fait parvenir une note Sur les expres- sions des racines et des puissances d’un nombre en produits infinis. (Commissaires : MM. Timmermans et Schaar.) es CONCOURS DE 1851. rer] PRIX EXTRAORDINAIRE. Quelle a été l'influence exercée par les souveraines de Bel- gique sur l'introduction, la culture et la propagation des végétaux utiles, sur la fondation des colonies agricoles à l'étranger , et enfin, sur la direction et les développements des TOME xvui. 39. (574) sociétés horticoles. L'éloge de la reine Louise-Marie viendra couronner celle œuvre. On demande de joindre à ce travail un aperçu de l’in- fluence exercée par quelques dames illustres sur la vulgari- sation des plantes intéressantes, dames dont l'histoire de la Belgique a conservé le souvenir. Il n’a été reçu qu’un seul mémoire portant la devise : Par la nature tout est possible. apport de M. Morren. « Le seul mémoire reçu en réponse à la question sur l'influence exercée par les souveraines de Belgique sur l'introduction, la culture et la propagation des végétaux utiles, la fondation des colonies agricoles, la direction et les développements des sociétés horticoles, est indigne du prix proposé. L'idée qui fit naître ce concours extraor- dinaire se rattachait au deuil général que portait alors la Belgique en vénération d’une reine modèle de toutes les vertus. Si la classe des sciences s’est associée par cette expression au sentiment du pays entier , l’auteur du seul mémoire envoyé ne peut avoir la prétention d'en être l'organe. Il ignore jusqu'aux premiers éléments de l’his- toire des sciences dans notre pays, les plus beaux noms, comme les faits les plus honorables, lui sont inconnus, la stérilité et l’ineptie de ses pensées concordent avec la pauvreté du style, et si l’axiome de Buffon, que le style est l’homme, s’est vérifié partout, le rapporteur de la com- mission à qui incombe la pénible charge d'examiner un mémoire de cette espèce, est forcé de conclure que l’auteur doit être une des formes les plus étranges dont la téra- RE ( 579 ) tologie intellectuelle puisse s'occuper. Pour l'étude des sciences morales, il serait peut-être utile que cet écrivain se fit connaître, bien que le rapporteur ait l'honneur de proposer à la classe d'enfouir son travail dans le repos éternel, le déclarant en tout point digne du néant d'où il est sorti. 11 ne l’analysera même pas, car il oublierait alors le respect qu’il doit à la noble pensée où la question d'un concours de dignité a pris son origine. » . Conformément aux conclusions de M. Morren et des deux autres commissaires, MM. Kickx et Martens, la classe décide qu'il n’y a pas lieu de décerner une récompense. QUESTION DE PALÉONTOLOGIE. Faire la description des fossiles des terrains secondaires de la province de Luxembourg, et donner l'indication pré- cise des localités et des systèmes de roches dans lesquels ils se trouvent. La classe n’a reçu qu'un mémoire en réponse à cette question du programme. Happort de M. De Koninck. « Depuis longtemps l’Académie avait inscrit dans son programme la question par laquelle elle demandait la description des fossiles qui se trouvent dans les terrains secondaires .du Luxembourg. Déjà on avait exprimé le désir de la voir rayer du pro- gramme, mais l'intérêt qui s’y rattachait l'y a fait main- tenir, et l'Académie n’a qu’à se féliciter de cette décision. ( 9176 ) En effet, un mémoire ayant pour devise : L'esprit ne peut pas suppléer à la connaissance des faits, et les faits sont, dans les sciences, ce qu'est l'expérience dans la vie civile, et remplissant en outre, toutes les autres conditions du con- cours , lui est parvenu en réponse à cette même question. L'auteur, qui semble s'être donné beaucoup de peine pour réunir les matériaux nécessaires à son travail , est parvenu à recueillir 192 espèces de mollusques et de po- lypiers, dont cinquante-trois , d’après lui, sont nouvelles. Bien que ce chiffre, comparé à celui des espèces in- scrites sur les listes des fossiles jurassiques, soit compa- rativement assez faible, il sera néanmoins considéré comme très-satisfaisant, par tous ceux qui sont au cou- rant des difficultés de tout genre par lesquelles on est arrêté à chaque pas dans le Luxembourg. _ Dans ce pays, les communications sont encore assez difficiles; les carrières y sont peu nombreuses, et les fos- siles, quoique abondants dans diverses localités, sont ou bien déformés, ou tellement empâtés dans la roche, qu’ils ne s’en laissent en général dégager qu’à grand’peine. Cependant si l’auteur avait pu profiter de l’exploitation du schiste bituminifère ou liasique supérieur, qui a eu lieu pendant quelques années à Aubange, il aurait pu augmen- ter le nombre de ses espèces par la description des Belem- nosepia avec leur poche à encre, et des poissons que l’on y a rencontrés , à ce qu’il paraît , en assez grande quantité. Il est à remarquer que l’auteur ne cite aucun animal ver- tébré, ni aucun rayonné. Il n’est pas probable cependant qu’il n’ait pas recueilli au moins quelques tiges de Penta- crinus, qui abondent dans certains endroits, et quelques autres restes d'Échinodermes. | Peut-être s'est-il abstenu de les indiquer, parce que (017) leurs caractères n’élaient pas suffisamment bien exprimés pour les déterminer avec certitude. S'il a été guidé par ce motif, je suis loin de lui faire un reproche de son abstention, car trop souvent la science à eu à souffrir de la légèreté avec laquelle certains travaux ont été exécutés. L'auteur débute par une introduction dans laquelle il expose sommairement les caractères des divers systèmes jurassiques qui se trouvent dans le Luxembourg. Quoique je ne veuille pas empiéter sur les attributions de mes honorables confrères MM. Dumont et d'Omalius, qui auront à apprécier le mérite de cette partie du travail de l’auteur, je ne puis me dispenser de faire remarquer que c’est avec le plus grand plaisir que j'ai vu qu'il s’est servi des données de la paléontologie pour proposer de modifier légèrement la classification adoptée par M. Du- mont, sans toucher en rien à l’ordre de superposition des divers systèmes établis par mon honorable collègue. Après cette introduction , à laquelle je ne m'arrêterai pas davantage, l’auteur entre immédiatement en matière, en commençant par les Céphalopodes. Chacun des genres est accompagné d’une synonymie assez complète et d’une caractéristique assez généralement bien faite, mais souvent un peu trop laconique. Ce défaut est surtout sensible pour quelques genres importants, parmi lesquels je signalerai les genres Belemnites et.Æmmo- nites, qui méritaient bien qu'il s’y arrêtât plus longtemps. Si les caractères des genres sont un peu négligés, en revanche, ceux des espèces sont d'autant mieux soignés; aussi leur description et leur synonymie laissent-elles fort peu de chose à désirer. C’est là, on le conçoit, ce qu'il y a de plus important, puisqu'il suflirait d'ouvrir un traité de conchyliologie pour faire disparaître le premier défaut, (078 ) e7 que, si le second existait, il n'y aurait aucun moyen d'y porter remède. J'ai deux autres reproches à faire à l'auteur, mais ils sont moins sérieux encore que celui que je viens de formuler : Le premier est relatif aux figures qu'il donne des espèces nouvelles. Plusieurs de ces figures sont très-mauvaises. . L'auteur en convient lui-même dans sa préface, et s'engage, en cas de réussite, à les remplacer par de meilleures. L'Académie pourra prendre acte de cette promesse. En outre, je crois devoir faire remarquer que, bien que j'at- tache peu d'importance à la manière dont une coquille est représentée , il convient que, lorsqu'on en figure un cer- tain nombre, toutes le soient dans un sens ou dans l’autre. L'auteur n’a pas observé cette règle, et parmi les figures de ses univalves, les unes ont le sommet de la spire dirigée vers le haut et les autres vers le bas. C'est une correction qui sera facile à faire. Le second reproche que J'ai à formuler concerne les noms qu'il a choisis pour ses espèces nouvelles. Parmi ces noms, il s’en trouve qui sont tirés des loca- lités dans lesquelles ces espèces ont été découvertes, telles que Arlunensis, Stratensis, Belgicus, etc. Je ne puis pas approuver l'emploi de noms semblables, par la raison que ce qui à été trouvé jusqu'aujourd’'hui, uniquement chez nous, peut être découvert ailleurs demain , et que, dans ce cas, Ces noms tendent à induire en erreur, et finissent par ne plus avoir la moindre signification. Le mémoire est terminé par un tableau synoptique et synonymique des espèces décrites , et par une liste de celles qui ont été trouvées dans chacun des étages jurassiques. Ces listes, qui faciliteront beaucoup les recherches de ceux qui se livreront par la suite à l'étude des fossiles du Luxembourg , sont faites avec soin et méthode. Re LT LS pt s'ils nc ES A ( b79 ) En résumé, quoique le mémoire dont je viens de rendre compte ne soit pas exempt de quelques défauts, auxquels il serait d'autant plus facile de porter remède , que proba- blementils ne proviennent que del’inexpériencede l’auteur, je n’hésite pas à déclarer que ce travail répond d’une ma- nière très-satisfaisante à la question posée par l’Académie et qu'il mérite d’être couronné de la médaille d'or. Toutefois, je désire que l’Académie y mette pour con- dition que l’auteur remplace, dans un délai convenable, les figures insuffisantes qui accompagnent son manuscrit. Il serait même à souhaiter que l’Académie voulût en- gager l’auteur à lui fournir les figures de toutes les espèces. faites d'après les échantillons mêmes qui ont servi à leur description. Ce serait le meilleur moyen de contrôler son travail dont, en tout cas, il devra rester responsable, à cause de l'impossibilité où je me trouve, faute de matériaux sufli- sants, de m'assurer de l’exactitude de ses déterminations. » Happort de M, André Dumont. « La question suivante : Faire la description des fossiles des terrains secondaires de la province de Luxembourg, et donner l'indication précise des localités et des systèmes de roches dans lesquels ils se trouvent, que l’Académie avait depuis longtemps mise au concours, vient enfin d’avoir une réponse. Le mémoire présenté, conformément au règlement, a pour épigraphe : L'esprit ne peut pas suppléer à la connaissance des faits, et les faits sont, dans les sciences, ce qu'est l'expérience dans la vie civile. (BurFox.) L'auteur dé ce mémoire annonce, dans sa préface, qu'il a soigneusement étudié notre terrain jurassique et re- ( 80 ) cueilli sur les lieux les fossiles que ce terrain renferme. Il rappelle ensuite, dans une courte introduction, les principaux caractères des divers étages que j'ai fait con- naître, en 1841, sous les noms de grès de Martinsart, marne de Jamoigne, grès de Luxembourg et marne de Strassen, macigno d'Aubange, marne de Grandcourt, 00- lite ferrugineuse de Mont-S'-Martin et calcaire de Longwy (Mémoire sur les terrains triasique et jurassique de la pro- vince de Luxembourg, MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE, tom. XV), et sans rien changer à leurs limites, ni à leur succession, il propose de modifier légèrement, au point de vue pa- léontologique, la manière dont j'ai cru, en 4849, devoir les grouper géologiquement (Rapport sur la carte géolo- gique de la Belgique, BuLLerins DE L’ACADÉMIE, t. XVI, n° 11). Il décrit ensuite 192 espèces fossiles, dont 53 lui ont paru nouvelles, et termine son travail par une liste alpha- bétique des fossiles de chaque étage et par un tableau sy- noptique et stratigraphique des espèces. Arrêtons-nous un instant sur les modifications pro- posées. | On peut grouper les étages d’une formation de deux manières différentes, suivant qu’on a exclusivement égard aux caractères zoologiques ou géologiques. La première méthode consiste à chercher les analogies et les diffé- rences plus ou moins grandes que présentent les faunes des étages que l’on compare et à placer les lignes de dé- marcations principales entre les étages qui ont le moins de ressemblance zoologique. Pour apprécier convenable- ment ces analogies et ces différences, on les évalue ordi- nairement en %o. En comparant, sous ce rapport, nos étages jurassiques deux à deux, on arrive aux résultats exprimés dans la 4% colonne du tableau suivant : (581) 2g‘s 00‘Y 00‘91 g£‘} 0R‘GE SG YY &L‘& +£‘0r 96‘6 96°GY 68°9 F°L 618 90‘ 88e 00‘08 “oo ‘d “bauopt s299d59,p augxON 10 " 2 61 61 Le *sonbr -u9pt sooodsg 6L OF} 0G *s299ds9 sop PYITUIOL * 2AMOHQUI 971/00 39 omonuodns out * + 9ANOH9JUI 97100 9 — * + oanonodns auteur 79 XNA] 21LBI[UT) * * * aANOHMOUI 97100 49 —- omonodns aureu 79 — *XNOUIBNIIO 21169/E9 J9 euu9AOW UE * * * 9AN9HOUI 971[00 79 — * + eanouodns ouieuwu 32 — *XNOUISNIIOF 21189180 J9 a * * + ouuoÂOW auIeU 39 XNAIGES 211B2IE") + XNOUIS NA} 9I189/89 79 —— + + + ouuo{ow ouieu 79 _— sooqdA8 e * * * XN9[QRS 91102/09 70 eue — *XNQUIRIIIO 91189189 79 + + XNOIQUS 24189189 79 — + + soouyd{a8 e auteur 32 anomoqut s949 *SOUUIPAF S0P JUOU -aaodop np onbssvanl uv) np sobny4 LIS 09‘G Y6‘ 066 18‘ 99‘e GL‘F gc‘e 69°Y OS‘ LI‘ gc‘er 60°} Frey co‘e 29‘& 98‘< “0/0 ‘d “bouopt sa99ds9,p AUENON 19 " © GNU 7 4 RQ = 9 = GG = 61 ; G “sonbr -U9PI s299ds4 *<009ds9 sop PAHeIOL + AMBuorg op outmoeo 49 osnoui8niie} 2)10() + AMBuorg 9p ou1v9j89 79 — *OSNOUIÈNAHOF 971[00 }9 JINOOPUBIT) 9P OUI + AMSBUOrT 9p 94189/09 79 —— “Jm09puei9 op auteur jo oBueqn y ,p ouSroey + AMBuOrT op a4189/89 49 — “JANOIPUEAL) 9P AUIBU 72 + oBueqny,p OUSIOEU J9 UOSSEIS 9p UE + AMBuOrT op ax189769 79 — “JANODPUEIN) 9P OUT 9 — + eSueqny,p ouSroeu 42 — + *UOSSLAJS 0P SUP 39 BINOQUEXN/F 9P S91r) *LMBUOrT 9p 9118989 79 . _ * : UOSSUI]S 9P AUAUUI 79 =. *Simoquoxnrg op so18 19 ouSiowef 2p auiepy “Bimoquoxn”z op s918 19 . “QuSIOWEf 9p OUJUUI 39 HIESUHIUN 9Pp Sa4*) -LanoquexnT 2p auraoid 0j op onbissoanl uno np Sobm DE PR RM CT PTS —_—_— ——————— ———— ( 582 |) D'où l’on voit que les étages voisins qui ont le moins d’analogie se rangent dans cet ordre : 1° Macigno d’Aubange et marne de Grandcourt. . . . . 1,81 2}, 2° Marne de Grandcourt et oolite ferrugineuse de Mont- se Martin : ... + AND ie tv +8 DNS 3° Grès de Martinsart à marne k tige DÉS T USA TE 4° Marne de Strassen et macigno d’Aubange. . . . AN DSL 5° Oolite ferrugineuse de Mont-S'-Martin et calcaire de Ludo 5,559}, G° Marne de Jamoigne et grès de Luxembourg. . . . . . 5,63°}, 7° Grès de Luxembourg et marne de Strassen, . : . . . . 15,35°), L'auteur a, par conséquent, raison de placer ses divi- sions paléontologiques principales entre les étages signa- lés aux n® 4, 2 et 4 (1). La première de ces divisions, entre le macigno d'Aubange et la marne de Grandcourt, correspond précisément à celle que j'avais établie moi- même en 1841, lorsque j'attribuais plus qu'aujourd'hui de valeur au caractère paléontologique. Les deux autres coïncident avec celles que j'adopte encore à présent. Quant à la réunion de la marne de Jamoiïigne et du grès de Luxembourg, proposée par l’auteur, elle ne me parait pas suffisamment justifiée au point de vue pure- ment paléontologique, et ne l’est certainement pas au point de vue géologique. En effet, il n’y a guère plus d’analogie entre la marne de Jamoigne et le grès de Luxembourg qu'entre la marne de Strassen et le macigno d’Aubange; la différence entre les nombres 5,63 ‘) et 5,55°%0, qui re- présentent leurs analogies respectives, n’atteint pas */s °,. (1) On doit ici faire abstraction des résultats exprimés au n° 3, les espèces du grès de Martinsart n’ayant pu être déterminées avec certitude à cause de leur mauvais état de conservation. AT RO NT TS A nn go“ M Loterie OR te er (585) Si une analogie exprimée par 5,35 n'est pas sufli- sante pour motiver la réunion des deux premiers étages, je ne vois pas dans une augmentation d'analogie exprimée par ‘/s°/o, un motif assez puissant pour réunir les deux derniers, surtout en présence des différences minéralo- giques et stratigraphiques qu’ils présentent (1). On objectera peut-être que la marne de Strassen , offrant plus d’analogie avec la marne de Jamoïigne que le grès de Luxembourg, et contenant surtout, comme la marne de Jamoigne, de nombreux individus d’'Ostrea arcuata, co- quille si caractéristique du lias inférieur , on doit, malgré lesraisons données plus haut , les réunir en un seul groupe. Mais je ferai observer à cet égard que la présence de l'Os- trea arcuala dans la marne de Strassen est peut-être un fait local, car MM. Sauvage et Buvignier ne l'ont pas signalée dans leur marne moyenne du département des Ardennes, et M. Levallois ne paraît pas non plus lavoir trouvée dans la marne inférieure de la division supra- liasique du département de la Meurthe, marnes qui paraissent correspondre stratigraphiquement à celle de Strassen . Au point de vue paléontologique, il y aurait donc lieu d'établir, dans la série liasique de la Belgique, quatre divi- (1) L'étage du grès de Luxembourg est l’un des plus puissants de la série liasique (sa puissance atteint etedépasse même 100 mètres). La partie infé- rieure de cet étage offre des différences tranchées de nature et de texture avec la marne de Jamoïgne sur laquelle elle repose. La partie supérieure, au contraire, se lie intimement à la marne de Strassen qui la recouvre, non-seu- lement par des passages minéralogiques, mais par des analogies paléontolo- giques assez grandes. Ces raisons m'ont conduit à rapprocher la marne de Strassen du grès de Luxembourg et à séparer ce dernier de la marne de Jamoigne. ( 584 ) sions principales au lieu de trois, et dans le système ba- thonien une division, à peu près de même valeur que ces dernières, entre l’oolite ferrugineuse de Mont-St-Martin et le calcaire de Longwy, qui n’ont en commun que 5,55 ‘Vo d'espèces fossiles. La classification que j'ai donnée, en 1849, des étages qui constituent nos systèmes liasique et bathonien, a été principalement établie d’après des considérations géolo- giques, parce que les rapports paléontologiques ne condui- sent pas nécessairement à des résultats conformes à ceux qui sont fournis par l'observation de la superposition des couches. Pour s’en convaincre, il suffit d'observer que les étages les plus voisins ne sont pas toujours ceux qui renferment entre eux le plus d'espèces identiques (1). Les marnes de Jamoiïgne et de Strassen ont en commun 43 %o d'espèces, tandis que la marne de Jamoigne et le grès de Luxembourg n’en ont que 5,63 ‘Jo. Ainsi, pour les paléon- tologistes qui déterminent les terrains dans leur cabinet, la marne de Strassen est plus voisine de la marne de Ja- moigne que le grès de Luxembourg; tandis que pour le géologiste qui voit les roches en place, le grès de Luxem- bourg sépare les deux marnes. En accordant trop d'impor- tance aux fossiles, un célèbre géologiste a même cru, dans ces derniers temps, que la marne de Jamoigne était supérieure au grès de Luxembourg, quoique j'eusse, plu- sieurs années auparavant, fait connaître que c'était Île contraire. (1) On remarque que, dans une formation, les couches de même nature renferment souvent en commun un plus grand nombre de fossiles identiques qu’avec les couches de nature différente qui les séparent. ( 85 | Le calcaire de Longwy et le grès de Luxembourg ont 4,59% d'espèces identiques, tandis qu’on n’en trouve que 5,17 ° dans le grès de Luxembourg et le macigno d’Au- bange; que 1,56 ° dans le même grès et la marne de Grandcourt, et qu'on n’a trouvé aucune espèce du grès de Luxembourg dans l’oolite ferrugineuse de Mont-S'-Martin. Cependant le macigno d’Aubange, la marne de Grand- court et l’oolite ferrugineuse sont situées entre le grès de Luxembourg et le calcaire de Longwy. On observera de même que la marne de Strassen a plus d’analogie paléontologique avec le calcaire de Longwy qu'avec la marne de Grandcourt et qu'avec l’oolite ferru- gineuse qui les séparent; que le macigno d’Aubange a plus d’analogie avec le calcaire de Longwy qu'avec la marne de Grandcourt. On voit donc qu’en n'ayant égard qu'aux caractères pa- léontologiques pour classer les étages liasique et bathonien de la Belgique, on arriverait, pour beaucoup d’entre eux, soit à des conséquences inexactes relativement à leur âge, soit à former des groupes qui ne concorderaient pas avec les groupes géologiques. Au surplus, on est loin d'être d'accord sur la classi- fication des étages dont il s’agit. M. Levallois, dans un aperçu sur la constitution géologique du département de la Meurthe, considère l’oolite ferrugineuse de Mont-S'-Martin comme représentant le Marly-sandstone des Anglais, et ap- puie sa manière de voirsur des déterminations paléonto- logiques faites par M. Bayle (Notice sur la minière de fer de Florange) ; déterminations d’après lesquelles les fossiles de l’oolite ferrugineuse se rapprocheraient bien plus de ceux des marnes supraliasiques que de ceux de l’oolite infé- rieure. L'auteur du mémoire que j’examine trouve, au con- ( >86 traire, que les fossiles de l’oolite ferrugineuse ont plus de rapport avec ceux du calcaire de Longwy qu'avec ceux des marnes de Grandcourt. D’après des considérations du même genre, M. Levallois réunit la marne de Grandeourt et le macigno d’Aubange dans l'étage des marnes moyennes supraliasiques, tandis que l’auteur du mémoire les range dans deux étages dif- férents. Les résultats auxquels MM. Sauvage et Buvignier sont parvenus, au moyen de la paléontologie, diffèrent encore des précédents, et cependant tous ont observé les roches en place (1). Ces différences résultent en partie de ce qu’on ne connaît pas complétement les faunes des étages que l’on compare, connaissance à laquelle la superposition des couches ne nous permettra jamais de parvenir, et sans laquelle cepen- dant on ne peut obtenir que des rapports paléontologiques variables d’une contrée à l’autre, et variant dans une même contrée à mesure qu'on y découvre de nouveaux fossiles. Si l'on avait le moindre doute à cet égard, il suflirait de jeter un coup d'œil sur la deuxième partie du tableau ci- dessus, qui représente les rapports zoologiques des divers étages observés, dans le département des Ardennes, par MM. Sauvage et Buvignier (2). La plupart des espèces trouvées dans le département (1) Je m’abstiens de signaler ici d’autres résultats auxquels des savants d’un grand mérite sont arrivés sans sortir de leur cabinet. (2) Je n’ai fait entrer dans cette partie du tableau que les fossiles spécifi- quement déterminés par MM. Sauvage et Buvignier, et j'ai mis sur la même ligne les étages qui se correspondent stratigraphiquement en Belgique et dans le département des Ardennes. PER PDP RTS ( 587 ) des Ardennes diffèrent de celles rencontrées en Belgique : sur 487 espèces liasiques, il n’y en a que 18, c'est-à-dire 9,62 ‘Jo, qui soient communes aux deux pays. Et sur 444 espèces de loolite inférieure, 1l n’y en a que 8, c’est- à-dire 7,24 °/o. Le calcaire sableux, qui, dans le département des Ar- dennes, doit correspondre à notre grès de Luxembourg, renferme de nombreux individus de Pecten aequivalvis, de Plicatula spinosa, d'Ostrea cymbium , fossiles qui n'ont été trouvés en Belgique que dans l'étage du macigno d'Aubange. Les marnes moyennes du département des Ardennes (ou marnes de Strassen) contiennent également le Pecten aequivalvis et, en outre, la Pholadomiya decorata, qui ap- parliennent aussi au macigno d’Aubange, et ne renfer- ment plus d'Ostrea arcuata, si communes dans nos marnes de Strassen. Les marnes supérieures, qui correspondent à nos marnes de Grandecourt, contiennent, en France, la Plicatula spi- nosa qui, en Belgique, caractérise si bien le macigno d'Aubange. Enfin, on a vu que le macigno d’Aubange et la marne de Grandcourt ne renferment, en Belgique, que 1,81 % d’es- pèces identiques; dans le département des Ardennes, on en trouve, au contraire, 46°), c’est-à-dire plus que n’en pré- sentent deux quelconques de nos étages. D'où l’on doit conclure que s'il y à en Belgique des raisons paléontolo- giques pour séparer la marne de Grandcourt du macigno d'Aubange, il y a, dans le département des Ardennes, des raisons non moins fortes pour les réunir en un seul. En présence de ces faits et de beaucoup d’autres qu'il serait superflu de citer ici, on doit bien reconnaitre qu'une ( 588 ) classification d’étages très-rapprochés appartenant à un même système, exclusivement fondée sur des rapports pa- léontologiques, offre peu de chance de stabilité lorsqu'elle ne concorde pas avec la classification géologique. Le grou- pement des étages au moyen de l’ensemble des caractères géologiques a non-seulement l'avantage d’être en rapport : avec les révolutions du globe, mais encore d’être indépen- dant des innombrables variations que présentent sans cesse les rapports paléontologiques. Je n’entends pas, par les observations générales qui pré- cèdent, diminuer le mérite paléontologique du mémoire soumis au jugement de l’Académie, je suis, au contraire, d'avis qu'il faut encourager ce premier pas fait vers l'étude des fossiles de nos terrains jurassiques, et quoique ce mé- moire soit probablement loin de renfermer la description de toutes les espèces de coquilles et de polypiers que l’on peut rencontrer dans la partie méridionale de la province de Luxembourg, je propose à l’Académie d'accorder à l’auteur la médaille d’or, à la condition qu'il joindra à son travail des figures bien faites de toutes les espèces qui s’y trouvent décrites et qu’il remplacera celles dont l'exécution laisse à désirer. » Rapport de M. d’Ornalius. « Je ne puis, quant à ce qui concerne le but principal de ce mémoire, c’est-à-dire pour la partie paléontolo- gique, que m'en référer à l'avis de notre savant confrère M. De Koninck, qui est si compétent sur la matière. Je me joins donc à lui, ainsi qu'à M. Dumont, pour proposer à la classe d'accorder la médaille d’or à l’auteur. J | | | JL K! Et | 1 f2 ( 589 ) J'insisterai en même temps pour que la classe mette l’auteur à même de revoir son manuscrit avant l’'impres- sion, tant pour, remplacer les figures qu'il annonce être défectueuses, que pour réunir ces figures en planches, car je ne crois pas qu'il soit possible, sans augmenter considérablement la dépense, ou sans sacrifier l’exacti- tude, de les laisser disséminées dans le texte. Il est aussi nécessaire, que l’auteur rectifie quelques omissions rela- tives à l'impression, notamment en ce qui concerne des mots que l’on a oublié de souligner. Ce grand travail paléontologique est précédé d’un aperçu géognostique sur la partie secondaire de la pro- vince de Luxembourg. L'auteur y confirme les impor- tantes observations que notre confrère, M. Dumont, a communiquées à l’Académie en 1841, sur la véritable position du grès de Luxembourg, qui, à cette époque, n’était pas encore bien connue. Il y a, à la vérité, un léger dissentiment entre l’auteur et M. Dumont, mais ce dissentiment n’a lieu que sur des questions peu im- portantes à l'égard desquelles les géologues ne seront jamais complétement d'accord, attendu que, quand la série des terrains n’est point interrompue, on rencontre presque toujours des dépôts qui peuvent aussi bien se ranger avec le système supérieur qu'avec le système infé- rieur. Le seul point important est la position relative des assises. Or, il y a sur cette question un accord parfait entre M. Dumont et l’auteur du mémoire, et comme ce dernier à fait une étude très-attentive de la contrée dont il s’agit, ainsi que le prouve l'immense quantité de fossiles qu'il a recueillis et dont il fait connaître avec soi la position géognostique, je crois que l’on peut main- tenant considérer les rapports stratégraphiques, minéra- TOME xvin. 40, ( 390 } logiques et paléontologiques des dépôts qui composent Ia partie secondaire de la province de Luxembourg comme définitivement acquis à la science. » Conformément aux conclusions des commissaires, MM. De Koninck, Dumont et d'Omalius, la médaille d’or est décernée aux auteurs du mémoire, MM. Félicien Cha- puis et Dewalque, docteurs en sciences naturelles. QUESTION D'AGRICULTURE. Faire connaître la nature, la formation et la topographie actuelle des polders de la rive gauche de l'Escaut et du littoral belge; donner un coup d'œil sur les différentes périodes de leur formation et de leurs accroissements , en s'appuyant sur des documents historiques; en décrire la mise en culture, les endi- gquements et les travaux d'art, et exposer le système d'écono- mie rurale qui y est actuellement en usage, les constructions, les instruments aratoires, les races d'animaux domestiques, les causes de la fertilité; enfin, étudier les différents moyens d'augmenter les ressources agricoles de cette contrée. L'Académie a reçu un mémoire en réponse à cette ques- tion et portant la devise : Pro patria. M. Morren, rapporteur de la commission chargée d’exa- miner ce mémoire, donne lecture de son travail. — L’A- cadémie décide qu’il sera lu en séance publique. ( Voyez ce rapport, pag. 632.) HBapport de M, Martens. « L'auteur du mémoire en réponse à la cinquième ques- tion de l’Académie me paraît avoir traité avec assez de détails la première partie de la question, relative à la for- (591) mation, à la topographie et aux travaux d’art des polders; mais il laisse à désirer sur la seconde partie, relative à l'économie rurale et aux causes de fertilité de cette con- trée. Toutefois, on y trouve des vues fort utiles, surtout relativement à l'élève du bétail, qui paraît négligé dans les polders et qui cependant, eu égard au voisinage du marché de l'Angleterre, pourrait leur fournir un élément de pros- périté agricole très-vaste et rendre les récoltes de céréales plus abondantes; d'où résulterait une plus grande masse d'engrais pailleux, si utiles dans les terres fortes qu’ils divi- sentet rendent plus perméables aux agents atmosphériques. L'auteur s'étend avec raison sur les avantages que l’on retirerait de l’instruction agricole, si elle était répan- due davantage parmi les cultivateurs des polders. Ses remarques me confirment dans l'idée que j'ai déjà émise antérieurement, qu’au lieu des écoles d'agriculture actuel- lement existantes, dont les avantages sont restreints à quelqués localités et dont les résultats, ici comme en France, sont loin de compenser les dépenses qu’elles en- traînent , il serait bien plus avantageux, pour l’agriculture nationale, d’instituer dans chaque chef-lieu de canton des conférences agricoles dominicales d’après un programme arrêté de commun accord par le Gouvernement et les comices agricoles. Dans ce système, qui n’exelut pas l’éta- blissement de quelques fermes modèles patronées par le Gouvernement, où les résultats des bonnes pratiques agri- coles seraient mis en évidence pour tout le monde, l’ensei- gnement scientifique de l’économie rurale et forestière pourrait être réservé à nos universités, où il suffirait d'établir un simple cours annuel, mis en rapport avec les cours des sciences qui s’y donnent. Comme l’économie rurale n’est en grande partie qu'une application de ces ( 392 ) sciences , elle s'enseignerait aux universités avec bien plus de fruit que dans nos écoles d'agriculture, établies dans des localités dénuées de ressources et dépourvues d’un enseignement scientifique convenable. Mais cette ques- tion ne saurait être traitée ici avec tous les développe- ments qu'elle comporte, car elle m’éloignerait trop de l'objet de ce rapport. Je termine en faisant observer que je n’ai pas cru devoir faire une analyse détaillée du mé- moire en question, sachant que ce soin est surtout réservé au rapporteur principal. Je me bornerai donc à dire que, dans mon opinion, le mémoire mérite d’être imprimé dans les recueils de l’Académie et de recevoir une honorable distinetion. » Rapport de M. À. De Vaux. « Le mémoire sur les polders, portant pour devise : Pro patria, est le fruit de recherches laborieuses et d’obser- vations multipliées. L'auteur, guidé par Pénoncé de la question, a divisé son travail en plusieurs parties. Il se livre d’abord à une étude approfondie sur les dif- férentes périodes et sur les causes de la formation de nos polders. Il semble toutefois étonnant qu'après avoir cité les auteurs d’un grand nombre de documents historiques et d'ouvrages à l'appui des détails fournis sur les diverses phases de cette formation , il ne fasse aucune mention du mémoire remarquable publié sur le même sujet, en 1844, par M. Kummer, ingénieur en chef des ponts et chaussées (t. I, p. 4 à 70 des Annales des travaux publics de Belgique). À part cette omission, d'autant plus regrettable, selon moi, que la concordance dans les dates et dans les causes des grandes inondations n’est pas toujours parfaite ; À part aussi quelques excursions un peu hasardées sur (595 ) le domaine de la géogénie (pages 24 et 25), le mémoire révèle des efforts très-louables et des connaissances aussi étendues que variées. | Les preuves de compétence apparaissent à chaque page dans la partie qui traite des travaux d’art, et en particu- lier de l’endiguement des schorres, de l'écoulement des eaux, de la construction des éclusettes , etc. Je m'en rapporte d’ailleurs entièrement au jugement de notre savant confrère, M. Morren, en ce qui touche la partie essentielle, l'économie rurale. Je m’associe sans réserve aux conclusions favorables de mes collègues de la commission. » La classe adopte les conclusions de ses commissaires, MM. Morren, De Vaux et Martens, et décerne une médaille de vermeil à l’auteur du mémoire, M. Adolphe de Hoon, sous-ingénieur honoraire des ponts et chaussées, à Ca- prycke, Flandre orientale. Il est décidé en même temps que l'ouvrage sera imprimé. ÉLECTIONS. La elasse procède aux nominations pour les places va- cantes. Le dépouillement des scrutins donne successive- ment lieu aux élections suivantes : Membre de la section des sciences mathématiques et physiques, M. Schaar, professeur de mathématiques à Gand. Cette nomination sera soumise à l'approbation du Roi, conformément au règlement. Correspondants : MM. Mareska et Poelman, professeurs à l’université de Gand. Associés : MM. Macédoine Melloni, à Naples; Liebig, à Giessen ; Jean Muller, à Berlin. ( 294 ) — La classe s’est occupée ensuite de dresser la double liste des candidats destinés à former le jury du concours pour le prix quinquennal des sciences naturelles; elle à pris, en dernier lieu , les dispositions nécessaires pour la séance publique du lendemain. COMMUNICATIONS ET LECTURES. ES Note sur des observations de température, faites à Bastogne et à Honnay ; communiquée par M. Crahay, membre de l'Académie. | J'ai l'honneur de présenter à l’Académie quelques obser- vations de température, faites pendant l’année 1849 et les trois premiers mois de 1850, au séminaire de Bastogne, par M. Germain, professeur de physique, et pendant ces trois mêmes mois de 14850 à Honnay, à 5 ‘2 lieues à l'est-sud-est de Givet, par M. Dujardin. Ces observations, dont je dois la communication à l’obligeance de M. l'abbé Docq, professeur au même séminaire, m'ont paru inté- ressantes, par la situation de ces deux points près de la frontière méridionale de notre royaume. D'ailleurs, leur comparaison avec les températures observées aux mêmes époques dans nos contrées, offrent des différences assez remarquables, surtout pour Bastogne, dont le climat semble être fortement influencé par l'aspect général de la contréé. Afin d'établir un terme de comparaison, J'ai placé, en regard des températures observées dans les deux localités, les extrêmes de celles qui ont régné à Louvain ( 595 ) aux Jours correspondants. Mais il est à remarquer que ces dernières, indiquées par un thermomètre à registre, sont les extrêmes absolues pendant les vingt-quatre heures, tandis que celles de Bastogne et de Honnay ont été notées pendant le jour seulement, et aux heures ordinaires d’ob- servation, de sorte qu'elles sont plus ou moins éloignées des températures extrêmes ressenties réellement dans ces endroits. Aussi, M. l'abbé Docq m'écrit que le 5 et le 22 janvier de 1850, tout le mercure du thermomètre, consulté vers sept heures du matin, s'était retiré dans la boule de l'instrument, et que le 5 il fallait du moins un contact prolongé de la main pour le faire remonter jusqu’à la limite inférieure de l’échelle correspondante à —22 de- grés. Ainsi, ces deux jours la température est descendue notablement au-dessous de —22°; tandis qu'à Louvain elle n’a été au minimum que de —8°,7 le 5, et de —15° le 22. Les observations ont été faites à l’aide de thermomètres à mercure, à échelles centigrades, exposés à l'ombre dans des endroits découverts. Un accident arrivé au thermomètre de Bastogne a obligé d'interrompre les observations au mois d'avril 1850.M. Ger- main se proposait de remplacer l'instrument; il est à dési- rer qu'il y soit parvenu et qu'il ait repris le cours de ses intéressantes observations. Si, comme j'ai lieu de l’espérer, l'Académie accueille avec faveur la présente communication, je me permettrai de lui proposer , non-seulement d'engager MM. Germain et Dujardin à continuer les observations de température, mais à y joindre celles des autres éléments météorologiques; leurs résultats auront un intérêt particulier pour la science, à cause de la position de ces stations. ( 596 ) Resumé des observations thermométriques faites à Bastogne en 1849. TEMPÉRATURE MOYENNE het à rte Adtte Der des mois MOIS. sa y , les 4 observées à 9hematin. | Midi. | 5h. soir. | 8h. soir. J’Pservations| Louvain, Janvier. . . | — 0°78 0°39 0°39 | -— 0°42 À — 0°10 2074 Fevrier. . . 1,66 5,06 3,27 1,89 2,47 5,58 Mars. . .. 1,02 3,13 4,51 0,91 2,34 4,81 Avril. . .. 5,55 7,36 8,56 4,88 6,53 8,00 me 07 11,32 14,02 13,10 11,60 13,01 14,95 Juin. ... 15,36 18,07 18,47 14,79 16,67 15,94 Juillet . . . 14,77 16,52 18,57 14,40 16,06 16,33 Août. :. : : 14,02 16,66 16,82 | 14,94 15,61 16,05 Septembre. 12,16 | 415,29 | 45,78 | 11,36 | 14,64 | 14,85 Octobre . . 7,83 9,43 9,88 7,91 8,76 9,69 Novembre . 0,63 2,54 3,16 1,44 4,94 4,78 Décembre . À — 1,36 | =— 0,69 | — 0,28 | — 0,92 È — 0,81 2,05 8,09 9,60 Températures extrémes par mois à Bastogne et à ‘Louvain, en 1849. BASTOGNEe. LOUVAINe a 1 nt ne | RS ce Maxima. | Minima gen : ms , Maxima. | Minima, 9 ve js Vo MALUME. | minima. maxima minima. Janvier , 754 |—1356 17 2 1993 |—1151 20 | Du 1 au2 Février , | 7,7 |— 5,8 | 922 2 |42,7 |— 2,9 | 92 | » 1-2 Mars. . . 1 12,1 | 8,5 | 31 24 || 17,6 |— 3,0 | 51 |» 9-10 Avril... 14,8 | 2,9 | 50 18 ||19,4 |— 3,4 | 6 | »17-18 Mai . . . | 26,5 5,4 | 98 9 || 28,9 4,1 | 98 | »14-12 Juin. . . | 29,6 7.2 5 9 30,7 359 4 » 9-10 Juillet. . | 30,4 | 10,0 | 8 1 || 51,1 6,6 | 8 |» 3-6 Août: . . | 22,2 7,4 | 922 19 || 25,5 4,8 | 11 | »19-20 Septemb. | 24,2 7,0 1 18 || 26,8 2,9 1 » 8-9 Octobre . | 16,2 1,6 | 20 | 351 || 18,1 |— 0,6 | 20 | »30-51 Novemb . À 14,4 |—12,6 11 30 16,1 |— 7,9 3 | » 29-30 Décemb . À 10,0 |—10,0 | 15 | 93 || 15,5 |— 7,5 | 15 | » 23-24 17,94 |— 1,33 20,98 |— 1,21 (597 ) | Observations thermométriques faites a Bastogne, à Honnay et à Louvain, pendant le mois de janvier 1850. BASTOGNE. . HONNAX:. LOUVAIN. TR CUS eee ee Ce CS TD a 8H. mat.| 9h. mat. | mai. |Sh. soir. 8h. soir. Îl8h.mat.| Midi. |8h. soir. |9h. soir. || Maxima | Minima ; absolus. | absolus. 4 » |— 052 050 052 050 » » » » 3,5 |— 192 2h » |— 4,8 |— 5,5 |— 7,0 |— 2,0 | 158 |— 256 |— 455 |— 951 || — 0,4 |— 1,7 » 5 1—1954 |—19,2 |—13,8 |—10,0 |—11,0 |— 16,5 |—10,2 |— 5,2 |— 5,8 0,3 |— 8,7 h 4 [— 8,2 |— 8,4 |— 6,4 |— 5,0 » |— 5,8 |— 4,0 |— 2,2 |— 1,7 3,4 |— 5,1 ED » _|— 3,2 |— 4,4 |— 1,4 |— 5,92 0,0 1,3 0,6 |— 1,4 2,8 0,3 6 1— 5,0 |— 5,0 |— 4,2 | — 5,8 |— 3,6 |— 3,0 |— 1,0 0,0 |— 1,5 0,5 |— 5,1 7 1— 7,6 |— 9,0 |— 6,0 |— 8,6 |—10,0 | 8,6 |— 6,2 |— 5,5 |— 7,2 |— 1,4 |— 6,9 8 1— 8,0 |— 8,0 |— 7,4 |— 7,5 |— 8,0 |— 5,5 |— 5,0 |— 4,5 |— 5,6 ||— 1,3 | — 6,4 9 D— 6,4 |— 6,4 |— 4,6 |— 4,0 |— 4,6 |- 5,2 |— 3,4 |— 3,2 |— 3,6 ||— 1,4 | — 3,9 248 l'as | p41 l— 6,4 — ol sal 2294348 00 |, RAS Eine Lens l 0! Ya sal 46 83. usb |. xo 0e mel 76 | 151270 Bal 4171-82 l-55l a8 |….20 — 16176 |— 77 | 7412831 62 l— ext #01 871.61 |— 8,9 —42,8 |—11,0 |— 9,6 | 8,6 |— 9,2 [15,6 |— 7,4 |— 6,1 |— 7,0 |— 6,1 |—-11,9 9,4 |— 9,4 |— 6,8 |— 6,0 |— 7,0 | 4,9 |— 4,5 |— 0,9 |— 5,0 |— 1,0 |— 8,4 — va |— 7,0 |— 5,8 | 4,8 |—12,4 | 6,0 |— 4,3 |— 4,7 | 9,4 || 44 | 85 Coouloslset-#mol val 971-120 ll 401: | 0: — 6,0 À 5,6 |— 4,2 | 5,2 |— 4,2 | 4,4 |— 2,0 |— 0,9 [— 22] 20 |— 3,0 — 4,2 |—1,2| 410! 24l—0o2 o6| 39! 48! oo! 351. 0,0 sl sel ts 1 5,0 |— 8,0. 6,4 |. 5,0 47 1- 5,41 60 |[— 75 —16,0 |—14,6 |—14,6 |—12,0 |— 14,0 |-12,2 |— 9,0 |— 7,8 |— 9,2 |— 6,9 |—14,9 —920,2 |—18,2 |—44,9 |—14,8 |— 14,9 |41,5 |— 6,9 |— 4,5 |— 9,9 |— 6,1 |—15,0 — 6,6 |[— 6,0 |— 2,2 |— 1,4 |— 2,6 | 7,8 |— 0,6 |— 0,6 |— 20 || 1,3 |—10,4 — 3,92 |— 3,2 |— 2,4 |— 5,0 |— 4,6 | 1,3 [— 0,7| 281—20| 2,1 |— 1,7 — 5,8 |[— 4,2 [— 0,7 |[— 1,6 |— 0,8 | 1,0 | 0,4! oo! 38 6,0 |— 1,6 261 » 22! 501 6 24 411] 641 6al 201 78 |. 1,» Lo |—12,2 |—13,0 |— 9,2 |— 8,4 |—141,8 || 9,4 |— 5,5 |— 3,2 |— 5,0 |-— 0,9 |— 7,5 : » |— 9,0 |— 6,7 |— 6,0 |— 47 | 6,6 |— 5,4 |— 5,8 |— 4,5 ||— 0,7 |— 5,4 29 » 1,2 | 2,8 | 2,0 doll 37| 491 26| 4,9| 6,7 |— 0,8 50 À » |— 4,0 |— 3,6 |— 4,6 |—12,0 || 2,1 |— 4,0 |— 2,5 |—10,0 | 1,5 |— 0,7 | » |—44,6 |[—10,0 |— 8,2 |— 8,8 |—10,8 |— 4,2 |— 5,5 |— 5,0 || 2,0 |— 7,7. Le 3, à 9 5/4 heures du matin, le thermomètre était à — 20°, à Bastogne. ( 598 ) Observations thermométriques faites à Bastogne, à Honnay et à Louvain, pendant le mois de février 1850. 1 BASTOGNE., HONNAYX: LOUVAIN. DATES. DUT DOI CT NM À LEE ame a: en md HS A4 FAN D} | 9h.mat. | Midi. |5h.soir. |8h.soir.||8h. mat. | Midi. |3h.soir. |9h. soir. Pi UE 1 136 | 328 | 40 | 44 || 320 68 | 84 | 8° g°7 |—4154 2 5,2 | 5,5 | 6,6 | 5,8! 8,9 | 40,1 | 10,0 | 8,6 | 10,5 | 5,44 3 5,7 5,4 5,4 3,8 || 7,5 À 7,7 | 6,0 9,6 | 8,54 4 1,2 | 26! 32| 1,8{| 30 4,2 | 5,0 | 2,7 6,6 | 478 5 1,1 3,6 | 3,0 | 2,4 || 9,7 a6 | 48: A7 7,4 | 0,10 6 1,0 | 1,6 | 0,6 | 0,0 | 3,7 1,8 | 5,8 | 9,7 6,6 | 2,8M 7 1,2 | —0,6 | —0,4 | —0,2 || 0,1 1,7 | 2,6 | 1,1 5,1 | 2,40 8 0,8 2,2 | 1,6| 4,0! 1,5 ET COERURT 8,8 | 1,51 9 À 5,4 | 5,5 | 6,0! 5,4 7,4 1, |: 75 |. 6,4 10,5 | 5,24 10 0,0 | 21! 22! o2! 3,4 3,8 | 4,0 | 3,0 6,8 | 331 11 1,8 2,4 3,4 2,4 || 3,3 4,5 5,5 | 5,1 7,6 | 2,1 12 2,8 4,8 3,2 0,6 || 3,4 6,0 1,5 | 2,5 7,7 | 5,51 5 Rta0 | 0,0 LE F0 | 06 FAC GE ANS OA 2,2 | 0,9! 14 — 4,2 0,9 | —1,0 | —1,6 » » » » 8,1 | —1,8 15 26 | 46 | 88! 64 » rt b » 10,6 | 4,3 16 5,8 6,2 5,0 1,9 » » » » 9,6 8,40 A7 4,4 2,4 4,0 3,5 » » » » 9,0 | 2,4M 18 2,8 4,0 4,4 3,6 » » » » 7,7 4,4) 19 3,4 | 7,6 | sol 321 3,2 8,3 | 41,5 | 7,1 || 11,6 | 5,1 20 7,0 | 11,0 | 411,4 7,2 || 5,3 10,5 | 11,7 | 7,5 10,5 | 4,44 21 5,8 5,8 | : 4,4 5,8 || 5,5 7,2 7,5 | 7,2 8,9 | 4,44 29 5,0 5,6 5,6 5,4 | 6,6 1,8 | 78 | 7,0 9,8 | 6,50 23 52 | 6,0 | 6,8 | 3,4 || 6,0 7,2 | 6,9 | 4,9 10,2 | 6,8, En 66 | so! 84! o6! 3,8 8,9 | 9,8 | 2,3 8,7 | 53h 25 2,8 8,0 9,6 5,4 || 0,5 10,1 | 11,5 | 3,2 9,5 |—0,64 26 3,0 | 7,2 | 3,6| 3,2 42 8,8 | 6,4 | 4,9 11,6 |—0,50 27 1,8 | 4,2 | 6,0 1,6 || 3,5 7,5 | 11,8 | 53,6 9,3 | 274 28 À os! 5,0! 6,0 1,0 | 1,5 11,5 | -13,7 | 4,6 12,0 —0,7N A ( 599 ) 1 Observations thermométriques faites à Bastogne, à Honnay et à Louvain, pendant le mois de mars 1850. PRESS RER PRO SCENE DT EPL E Te OR BASTOGNE. HONNAY. LOUVAIN, DATES. RAD Bai nn ac coee Mange) Lis PONTS doper ff am 6 SAC EE | mod MO \ , \ Maxima | minima 9h. mat Midi, |3h.soir. | 8 h, soir. || 8h. mat Midi. 3 h. soir. | 9 h. soir, slblus. | ebsoivs: 1 450 858 992 2°6 0%6 325 76 3°6 491 14 2 0,6 4,0 4,2 0,6 1,5 4,9 3,8 2,4 4,2 3,4 5 4,8 7,6 9,0 7,4 || 2,9 | 411,0 | 12,6 9,1 || 13,2 0,5 à 6,4 | 7,4! 19! 40! 7,4 | 9,9 | 70 | 46 9,6 | 6,7 5 —1,4 0,3 1,6 | 1,2 || —2,9 4,3 6,0 | —1,5 6,5 1,9 6 2,0 6,8 8,2 4;0 0,8 9,1 | 12,0 6,5 || 11,1 | —0,4 7 6,4 | 10,8 | 12,8 7,5 1,4 | 12.5 | 492,0 6,5 8,7 1,4 8 8,4 12,6 14,4 7,0 1,5 12,7 417,0 5,4 6,7 5,3 9 2,0 6,0 10,4 3,6 2,0 8,5 | 14,9 6,5 9,6 4,5 10 3,0 5,0 4,0 3,0 3,8 4,8 6,6 2,4 9,6 3,9 11 0,8 2,0 2,0 0,0 1,4 4,6 4,3 1,7 7,5 3,1 12 0,0 1,4 1,4 1,0 41,4 3,6 4,5 9,7 7,0 3,1 413 1,8 38 5,0 4,4 1,6 8,3 9,5 5,3 || 10,5 | —0,7 14 2,2 4,0 3,0 0,6 3,3 4,9 4,9 2,5 7,2 3,2 15 —1,0 1,4 1,6 |— 3,4 1,0 3,3 4,2 | —2,0 6,6 2,5 16 —3,4 | —2,2 | —2,6 |-_ 2,5 || —2,5 | —0,6 | —0,3 | —0,5 5,5 | —53,1 17 —17,0 | —65 | —6,2 |—10,2 || -=5,9 | —53,0 | —92,5 | 6,8 0,0 | —6,3 18 —8,6 | —6,7 | —5,6 |— 6,6 || —5,0 | —1,4 0,0 | —3,9 0,2 | —4,0 19 —1,2 | —0,2 | —0,2 |— 1,2 || —0,1 2,7 2,3 0,1 6,0 | —2,1 20 —3,6 | —2,2 | —0,2 | 4,4 | —2,1 1,8 3,5 1,5 6,6 | —2,0 21 —0,4 | —0,2 | —0,5 |— 9,2 1,1 3,4 3,8 | —1,9 7,6 2,5 22 —1,2 | —0,4 0,5 |— 0,8 || —1,9 1,3 2,3 » 5,0 | —2,8 23 0,0 0,8 | —1,2 |— 2,6 » » » » 4,5 1,4 2% — 0,8 | —1,0 | —3,0 | — 4,4 » » » » 2,2 | —0,2 25 — 3,8 | —3,2 | —3,6 |—10,2 » » » » 3,2 | —1,7 26 —4,8 | —1,4 | —1,8 |— 5,4 » » » » 5,3 | —92,2 27 —4,2 | —2,6 | —1,4 |— 6,4 » » » » 5,6 | —4,4 28 —1,4 0,8 | —0,6 |— 5,4 » » » » 6,3 | —2,0 29 —5,0 | —0,6 0,6 |— 3,0 » » » » 7,6 | —3,9 30 —1,2 1,8 3,2 0,0 » » » » 8,6 | —0,9 st — 2,0 M 4,6 4,2 » » » » 11,7 | —0,6 ( 600 Séance publique du 16 décembre 1851. M. De HEmPTINNE, directeur de l’Académie. M. Kickx, vice-directeur, M. Querecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Sauveur, Tim- mermans, Wesmael, Martens, Dumont, Morren, Stas, De Koninck, Van Beneden, Ad. De Vaux, le baron de Selys-Longechamps, le vicomte B. Du Bus, Gluge, Mel- sens. | Assistaient à la séance : | Pour la classe des lettres : MM. le chevalier Marchal, le baron de Stassart, Roulez, De Decker, Schayes, J.-J. Haus. Pour la classe des beaux-arts : MM. Navez, directeur; Alvin, Braemt, G. Geefs, L. Roelant, Suys, Érin Corr, Snel, Baron, Éd. Fétis. La séance est ouverte à 1 heure et demie. M. De Hemptinne, directeur de la classe, prononce le discours suivant : MESSIEURS, L'usage à consacré que celui que vous appelez à occuper le fauteuil pendant l’année académique, vous présente, dans la séance publique, quelques considérations sur un point quelconque de la science. : (601 ) _ C'est pour me conformer à cet usage que je prends aujourd'hui la parole. * Je demande votre bienveillante attention, car je ne possède point l’art de faire des discours qui captivent l’es- prit par l'élégance de la forme et par le pittoresque des images. Depuis sa fondation, l’Académie a compris l'utilité qu’il y à de préparer les matériaux destinés à établir la consti- tution physique de notre pays. Grâce à vos travaux et à ceux de vos prédécesseur , nous possédons aujourd’hui des mémoires très-importants sur la physique du sol, sur la météorologie, sur la géolo- gie, sur la richesse minérale, sur la flore, sur la faune, sur la paléontologie, sur l’agriculture, enfin sur la statis- tique du pays. Je dois dire que le Gouvernement a bien apprécié les efforts de notre Compagnie, et que son appui moral et ma- tériel ne lui a pas fait défaut. Je dois même ajouter que, dans quelques occasions, il a pris une initiative digne d’éloge , pour la statistique générale de la Belgique, par exemple. Je me propose maintenant, Messieurs, de rechercher quel est le concours que la chimie peut apporter à cette œuvre; quelle peut être sa part actuelle la plus utile, la plus opportune, la plus désirable, Dans l'étude de la constitution physique d’un pays, on peut avoir un double but : celui de constater son état ac- tuel pour en jouir ou pour le modifier suivant que l’in- térêt l'exige; ou bien, on se propose de léguer aux siècles à venir les éléments nécessaires pour déterminer les chan- gements que ce pays a éprouvés par la suite des temps. Sous ce double point de vue, l'étude chimique de l'air, des eaux (602) et des sols arables est d’un intérêt actuel incontestable. Je vais examiner successivement les différentes ques- tions qui se rattachent à cette étude. Les phénomènes physiques dont l’atmosphère du pays est le théâtre, ont été élucidés par notre savant confrère, M. Quetelet. Sous ce rapport, nous n'avons rien à envier à aucun peuple; et je ne crains même pas de dire qu’il n’est aucun travail d'ensemble plus complet, plus précis, plus digne de confiance que celui que notre confrère a publié sous le titre de Climat de la Belgique. Il reste à terminer l'étude chimique de notre atmo- sphère. Je sais bien qu'on va me dire que ces expériences sont inutiles, parce que l'air, toujours agité, soumis à des flux et des reflux qui mélangent constamment ses Idifférentes couches , doit avoir une composition constante. On à fait, vous le savez, des expériences comparatives nombreuses sur de l'air recueilli sous presque toutes les latitudes , dans un grand nombre de points des continents, des îles et des mers, sur la cime des plus hautes mon- tagnes, enfin dans les endroits accessibles de latmo- sphère, et l’on a trouvé que la composition chimique de ce fluide est partout identique. Je répondrai: oui, elle est constante, elle est la même; les chimistes les plus habiles l'ont constaté, mais dans la limite de précision tracée par les procédés d'analyse mis en pratique. Je dirai plus : cette limite est si étroite, que des modi- fications importantes pourraient s'accomplir dans l'atmo- sphère , sans que ces moyens d'investigation puissent non pas seulement permettre de les constater, mais même de les faire soupçonner. ( 605 ) Je crois donc que des recherches nouvelles sont néces- saires; elles doivent être exécutées sur une plus grande échelle, en reculant considérablement la limite de préci- sion. D'ailleurs, les expériences chimiques entreprises jusqu’à ce jour sur l'air, n’ont eu principalement pour but que de constater les rapports des éléments essentiels de ce fluide, l'oxygène, l'azote et, dans quelques cas, l'acide carboni- que et l’ammoniaque. Mais l'atmosphère d’un pays peut renfermer d’autres corps, résultant les uns, de causes naturelles ; les autres, des travaux de l’industrie humaine. Parmi les matières provenant de causes naturelles, nous signalerons d’abord ces effluves de gaz méphitiques provenant d’un travail chimique qui s'opère, soit au sein de la terre, soit à sa surface. Ces gaz viennent remplir les excavations naturelles ou artificielles, tels que les puits, les grottes, les mines de houille et de métaux, les carrières souterraines, les marnières, etc. : Nous rappellerons ensuite les brouillards secs et odo- rants, dont la nature est encore problématique. Il serait intéressant de rechercher aussi la matière active des ef- fluves marécageux des cantons humides où règnent pério- diquement ces maladies qui énervent l'homme, en chan- geant son caractère et sa constitution physique. Enfin , nous soumettrons à l’analyse ces poussières at- mosphériques observées par les météorologistes, et dont l'origine est souvent fort obscure. Il y a là un vaste champ de recherches et de découvertes, et rien ne doit étonner depuis que M. Chatin a constaté dans l’atmosphère la présence d’un élément que l’on sup- posait appartenir exelusivement à l'eau de la mer. ( 604 ) L'iode, cette substance qui agit si énergiquement sur l'économie animale, fait incontestablement partie de l'air que nous respirons. Ce fait est acquis à la science; l'expé- rience a déjà même démontré que, dans des localités diffé- rentes , l'atmosphère renferme des quantités variables de ce métalloïde. Un jour on connaîtra la source de cet iode. Qui sait si on ne sera pas conduit à attribuer son existence dans l'air à l’emploi du combustible minéral , la houille, qui en renferme une notable quantité, comme M. Bussy l'a démontré le premier ? Quoi qu’il en soit, en songeant aux éléments nombreux qui nous environnent et qui doivent contribuer à altérer sans cesse la pureté du fluide gazeux indispensable à notre vie, on peut s'étonner que ce milieu ne soit pas plus pro- fondément altéré. Peut-être a-t-il été dans les desseins de la Providence de mettre le remède à côté du mal. Jusqu'ici, je n'ai parlé que de l'air qui circule libre- ment; mais celui-là il n'y à véritablement que l'homme des champs qui ait le bonheur de le respirer. L’habitant des grandes cités passe sa vie au milieu d’un air vicié par des émanations de natures très-diflérentes et presque toujours nuisibles à sa santé. Il importe donc de rechercher les altérations que Pair éprouve dans ces cir- constances, afin d'y remédier, si c'est possible. Ces altérations ne sont pas contestées, parce que les causes qui les produisent sont évidentes pour tout le monde; elles résident dans les conditions mêmes de notre vie sociale. Une population considérable se réunit sur un espace de terrain relativement fort restreint ; elle se bâtit, suivantses moyens, des habitations souvent élevées, presque toujours agglomérées et dans lesquelles l'air pénètre diffci- lement, se corrompt promptement et se renouvelle à peine. ( 605 ) La classe pauvre de nos villes est surtout la plus mal partagée sous ce rapport. Ses habitations sont, d’ordi- naire, dans des rues étroites, humides, parfois fangeuses, dégageant des miasmes qui entrent dans les maisons et se mêlent avec l'air déjà corrompu par les émanations de l’intérieur , car les habitants s’y trouvent en nombre beau- coup trop considérable pour l’espace occupé. D'un autre côté, l’air de certains ateliers dans lesquels l’ouvrier passe plus de la moitié de sa vie, est également cor- rompu par la nature même des travaux qui s’y exécutent. L'air s’altère aussi dans les hôpitaux, les hospices, les églises, les théâtres, les casernes, les écoles, enfin dans tous les lieux où séjournent un grand nombre d'individus, et où il n'existe pas de moyens de ventilation convenables. Pour accroître encore le mal qui désole cette vie com- mune, on érige souvent , au milieu des habitations, des usines qui versent dans l’atmosphère des flots de gaz dé- létères pour l’homme et les végétaux. La nécessité des recherches des altérations produites dans les diverses circonstances que je viens d’énumérer, me parait démontrée. Pleinement convaincus des effets désastreux de cet état de choses sur le physique et sur le moral des populations, le Gouvernement et certaines administrations commu- nales rivalisent, depuis quelque temps, de zèle et d’ac- tivité pour. exécuter les mesures les plus salutaires d’hy- giène publique. Les conseils que donnent le Gouvernement et les ad- ministrations. communales, seraient bien plus efficaces, si la science, par des données matérielles compréhensi- bles pour tous, avait constaté la nature et le degré des altérations du premier élément de notre vie. TOME xvi. | 41. ( 606 ) J'appelle ces travaux de tous mes vœux; ils auront non- seulement pour effet de faire disparaître souvent les causes qui les produisent, mais ils prouveront encore à l’homme que s'il ne veut point dégénérer, il y a pour lui néces- sité impérieuse de changer la condition matérielle du milieu dans lequel il vit. Après l'étude de l'air, se présenté naturellement celle de l’eau. 2 L'étude de ce liquide est importante sous un double rapport, d’abord parce qu’il est aussi essentiel que l'air au développement régulier de l'homme , et ensuite parce qu’il ést un des agents lés plus puissants de l’agriculture et dé l’industrie. Sous ce double point de vue, le chimiste doit s'imposer la tâche d'examiner l’eau des mers, des fleuves, des rivières , des sources, des lacs, des étangs, des puits arté- siens, et enfin les eaux minérales. La nécessité de ces analyses est si bien appréciée au- jourd'hui par tout lé monde, qu'en France le gouverne- ment à déjà fait entreprendre des recherches dans cette direction. Une commission formée des membres les plus éminents dé l’Académie des sciences, de l’Académie de médecine et de la Société centrale d'agriculture $’est mise à l’œuvre et à publié, dans le courant de cette année, la première partié de son travail. Afin d'appeler l'attention du Gouvernement et des admi- nistrations communales sur cette importante question d'hygiène publique, je vais exposer les causes qui, dans les grands centres de population, doivent avoir altéré ou altèrent encoré les eaux souterraines. Presque toutes les villes et les grandes communes du pays ont une otigine déjà fort ancienne. Les différentes ( 607 ) générations qui se sont succédé depuis des siècles, ont laissé pénétrer dans le sol des résidus impurs de toutes sortes. Cette infiltration a eu lieu, soit par les fosses d’aisance mal construites, soit par les puits perdus, soit par l’ab- sence d’égouts, soit enfin par le défaut de pavage. Ces matières ont fini par saturer le sol et corrompre la plupart des sources auxquelles chacun de nous puise aujourd’hui. Les analyses des eaux de certains puits et les recherches que j'ai eu l’occasion de faire moi-même, me donnent une conviction profonde à cet égard. La génération actuelle n’est pas plus prévoyante, sous ce rapport, que celles qui nous ont précédés. Nous voyons tous les jours, dans des quartiers récemment construits aux portes de Bruxelles, creuser des puisards dont les infiltrations corrompent, en peu de temps, l’eau potable. Je pourrai citer même un faubourg, bâti depuis dix ans à peine, dont l’eau de source renferme déjà des matières nuisibles qu’on ne rencontre pas à quelques pas de là. Parmi les causes puissantes de l’altération des eaux, je citerai également l'infiltration des résidus de certaines usines, ainsi que la pénétration dans le sol des liquides infectes qui suintent à travers les joints des tuyaux de conduite du gaz éclairant. Une série de causes, on le voit, contribuent à la cor- ruption de l’eau employée comme boisson. Cependant il faut à l’homme, pour qu'il vive en bonne santé, de l'eau convenablement pure. L'emploi prolongé des eaux qui tiennent en solution des substances végétales ou animales, peut faire naître une foule de maladies fort graves, qu'il estinutile d’'énumérerier. ( 608 ) Aussi l'absence d’une bonne eau potable ou limpossi- bilité d'en obtenir du dehors, est-elle une véritable cala- mité pour une cité. | Combien de villes du pays ne pourrai-je pas nommer où ce liquide est bien loin de présenter les conditions de pureté convenables. Une foule d'industries réclament également de l’eau pure. L'absence de matières salines et métalliques est si importante pour la plupart des opérations industrielles, qu’on peut avancer, sans crainte de se tromper, que la supériorité des produits et la prospérité d’un établissement dépendent souvent de cette cause. Je citerai, par exemple, la teinture, le blanchiment et l'impression des tissus, la fabrication du papier, le blanchissage du linge, etc. Pour l'alimentation des chaudières à vapeur, on re- cherche les eaux pures, afin d'éviter les dépôts et les in- crustations. L'analyse est donc un guide indispensable dans le choix de la localité où l’on veut établir avantageusementuneusine. Plusieurs chimistes-manufacturiers ont si bien compris cette vérité qu'ils ont déjà cherché à éliminer, par la voie chimique, les matières nuisibles contenues dans l’eau dont ils disposent. L'analyse des eaux des villes est donc indispensable pour permettre de signaler celles qui sont altérées, et pour éviter ainsi les maladies que leur usage pourrait provoquer. Je dis qu'il faut recourir pour cela à l'analyse, parce que le goût ne suffit pas pour discerner si une eau que l'on a l'habitude de boire, possède les qualités requises d’une bonne eau potable. L'expérience prouve, en effet, que l’on considère souvent comme bonnes, des eaux qui ( 609 ) ne sont que médiocres, et je dirai même, plus ou moins altérées. Il ne suffit pas de rechercher et de découvrir les alté- rations que présente l’eau des villes et des grandes com- munes, on doit chercher à s’en procurer de meilleures. C’est pour atteindre ce but qu'il serait utile de faire ana- lyser l’eau des sources voisines des villes. Les administra- tions communales connaîtraient ainsi celles qu'on pourrait amener pour l'alimentation de la population et pour les besoins de l’industrie. L'analyse de l’eau des puits artésiens ne pourra pas être négligée. L'expérience a déjà prouvé que, dans un grand nombre de circonstances, ces eaux offrent toutes les qua- lités désirables pour l’économie domestique. Ces sources présentent d’ailleurs cet immense avantage, que leurs réservoirs étant généralement à de grandes profondeurs, il y a peu ou point de chances de les voir altérer par les causes qui corrompent l’eau de nos puits ordinaires. Les eaux des fleuves, des rivières et des ruisseaux exigent surtout un examen particulier et approfondi. En général, un fleuve ou une riÿière traverse l’une ou l’autre de nos villes. L'analyse de leur eau démontrera la plupart du temps qu'en amont, elle présente une pureté beaucoup plus grande que l’eau des puits de la localité, et que, par conséquent , elle peut la remplacer avec avantage. Cet examen est important surtout sous un autre rap- port. L'agriculture a le plus grand intérêt à connaître la composition des eaux courantes. En effet, outre les traces de matières salinés en solution, elles renferment, à l’état de suspension, des substances de nature terréuse qu'elles déposent sous forme de limon. De là leur emploi dans les arrosages et les irrigations. (610) Mais si certaines eaux apportent des principes fécon- dants à la terre, d’autres lui sont quelquefois plutôt nui- sibles qu'utiles. L'analyse indiquera done les eaux favorables à la végé- tation, en signalant en même temps celles qu'il serait ruineux de dériver ou d'élever à l’aide de machines. Qu'il me soit permis de rappeler que les arrosages et les irrigations exécutés avec une eau convenable sont, pour les terres et les prairies, une des sources les plus puis- santes d’'amendements et, par conséquent, de fertilité. L'histoire de ces pratiques nous apprend qu’il nous reste encore beaucoup à faire pour égaler les admirables travaux des anciens. Nous possédons, à la vérité, des moyens in- connus à nos devanciers pour restituer au sol les principes fécondants enlevés par les récoltes. Mais ce n’est pas une raison pour laisser perdre sans retour dans la mer, des principes que nous pourrions utiliser. Nous croyons qu’il est très-important aussi de s'occuper de l'analyse de nos eaux minérales. La Belgique, comme on le sait, n’en possède pas un grand nombre. Nous pouvons citer cependant avec honneur notre antique fontaine de Tongres, que Pline a déjà décrite, les eaux thermales de Chaudfontaine et nos fontaines de Spa , qui jouissent à juste titre d’une grande réputation. Je pourrais ajouter que d’autres provinces du pays, et notamment le Brabant, le Luxembourg, la province de Namur, possèdent également des sources minérales. Mais elles ont été jusqu’à ce jour dédaignées par la médecine ou par la mode, et leur composition chimique nous est encore inconnue. Je sais que deux de nos confrères, MM. Plateau et Martens, ont déjà exécuté l’analyse des eaux de Spa. (6H) Mais je suis persuadé que mes collègues ont compris, comme moi, l'utilité de recherches nouvelles, depuis qu'on a obseryé que certaines eaux minérales éprouvent des changements notables, dans un laps de temps fort court. L’illustre chimiste de Giessen, M, Liebig, ne vient-il pas tout récemment aussi, de faire l'analyse des eaux d’Aix-la- Chapelle, bien que ce travail eût été déjà entrepris, avec beaucoup de soin, avant lui, par un autre chimiste fort habile? Après avoir parlé du concours que la chimie peut apporter pour l'étude de l'air et des eaux, il me reste maintenant à examiner quelle peut être la nature de sa tâche, pour élucider les différentes questions qui intéres- sent la constitution géologique du pays. L'examen des différents terrains qui composent notre sol est terminé. | La carte géologique De sous les auspices de VAcadémie, par notre confrère M. Dumont, va bientôt paraître. Sous ce rapport donc, nous n'avons plus rien à désirer. Mais il reste un autre examen à M fines une autre carte à dresser; celle-ci, quoique plus modeste, me parait ce- pendant tout aussi utile que la première : c’est la carte géologique agricole de la Belgique. Ce travail évidemment doit être mixte : géologique et chimique tout à la fois. MM, De Gasparin et Dumas, en France; ont déjà hau- tement exprimé le vœu de voir entreprendre cette étude. Un travail du même genre, exécuté chez nous , présen- terait aussi les plus grands avantages pour notre agricul- ture, comme je vais essayer de le démontrer. Les sols propres à la culture n’ont pas la simplicité de (612) composition de la plupart des roches qui constituent l'écorce de notre globe. Ils résultent, à de rares exceptions près, du mélange, en quantités variables, des débris des roches superficielles présentant une nature chimique dif- férente. Tantôt ce sont des argiles, tantôt des calcaires, tantôt des sables qui sont mêlés un à un, un à deux, eten proportions très-variables. L'expérience a prouvé que la meilleure terre arable est celle qui renferme simultanément ces trois matières. Cha- eune d’elles est nécessaire, parce que chacune a un rôle distinct à remplir : l’un physique, l’autre chimique. Si l'une d'elles vient à manquer, l'argile, par exemple, le sol devient impropre à la culture par ses défauts physiques ; si c’est le calcaire qui fait défaut, la terre devient égale- ment impropre à la végétation, parce que, dans ce cas, elle ne peut fournir aux végétaux un des aliments néces- saires à leur développement. L'expérience des siècles passés a consacré cette vérité. De là la pratique d’amender les terres. Mais un sol peut naturellement présenter un défaut de ce genre, ou arriver à cet état, par suite des cultures épuisantes auxquelles on laurait employé sans prévoyance. Dans l’un et l’autre cas, c’est à l’analyse chimique qu'il appartient de constater l'absence de ces matières utiles. Sans le secours de l'analyse, il n’y a que du vague et de l'incertitude. Aujourd’hui le cultivateur n’a que des indices pour se guider; cest, par exemple, le développement des plantes spontanées dont les espèces varient suivant la nature ‘des terrains, et l’existence ou l'absence de tel ou tel principe essentiel d’un sol arable. Mais ces indices sont évidemment insuflisants, parce (615) qu’on ne trouve pas toujours des plantes spontanées dans les champs où se trouvent réunies les conditions favorables à leur existence. Les sols propres à la culture contiennent, outre le sable, l'argile et le calcaire, une minime quantité d’autres substances, telles que des alcalis, la potasse, la soude et la magnésie , et des sels tels que les chlorures, les sulfates, les phosphates, les azotates alcalins et terreux. L'analyse chimique démontre que chaque récolte, suivant la nature des végétaux dont elle est composée, enlève au sol quel- ques-unes de ces matières. L'expérience agricole prouve, de son côté, qu'un végétal dans lequel le chimiste a découvert un phosphate, par exemple, ne peut se développer régulièrement dans une terre dépouillée ou privée de ce sel, quelles que soient d’ail- leurs les qualités physiques et chimiques du sol. Mais ici, comme pour l'amendement des terres, cest l'analyse chimique seule qui peut révéler la présence ou l'absence des matières minérales salines. — C'est l'analyse chimique des sols arables qui doit donc guider le cultiva- teur sur la nature des engrais destinés à ses champs, car c’est par l’engrais qu'il peut leur restituer les différentes matières minérales nécessaires au développement régulier des végétaux qu'il se propose de cultiver. On nesaurait assez le répéter, rien ne se fait de rien, pas plus pour la culture de la terre que pour toute autre pro- duction. Le sol ne crée point de matières minérales; il ne peut céder que celles qu’il renferme toutes formées. L'histoire nous apprend que la Sicile, l'Afrique septen- trionale, l'Asie Mineure étaient jadis renommées par leur fertilité. Ces pays étaient, en effet, les greniers d’abon- dance de Rome. Aujourd'hui ces contrées appauvries sont (644) frappées, en grande partie, de stérilité; on a enlevé à la terre les principes qui étaient la source de sa fécondité. L'histoire moderne nous fournit le même exemple. La Virginie, qui a produit tant de tabac, éprouvera bientôt le même sort. D’après les considérations dans lesquelles je viens d’en- trer, il est utile, je pense, d'entreprendre l'examen physi- que et chimique de nos terres arables. Cet examen devra d'abord porter sur les terres des régions principales du pays, où le sol présente des différences bien marquées. Cette étude me paraît devoir être confiée au personnel de nos écoles agricoles, et exécutée d'aprés un plan uni- forme et déterminé. Nous appelons de tous nos vœux la réalisation de ces recherches. Puisse surtout le pays en retirer les avantages que nous avons cru entrevoir dans le cours de cette étude ! Rapport sur les travaux de la classe des sciences pendant l’année 1851, par M. Quetelet. En commençant ce rapport, il m'est agréable de pou- voir vous annoncer que le tome XXVI° des Mémoires et le tome XXIV° des Mémoires couronnés sont sur le point de paraître. Cette année encore, la classe des sciences aura fourni la part la plus large dans le contingent de l’Aca- démie. Les Bulletins ne témoignent pas d’une manière moins satisfaisante de son activité, Cette intéressante collection en est maintenant à sa 49° année, et se compose de 29 vo- ( 615 ) lumes in-8. Sa nouveauté la fit accueillir d’abord avec méfiance, mais on ne tarda pas à en reconnaître l'utilité; on peut croire même qu’elle a fait naître l’idée des bulle- tins, des comptes rendus et des autres publications ana- logues qui ont été faites, depuis, par la plupart des socié- tés savantes du royaume : il suffit en effet de rapprocher les dates de leur apparition, pour s’en convaincre (4). Dans cette voie, l'Académie n’a pas seulement précédé les sociétés de ce pays; elle a contribué encore à donner l'éveil aux autres corps savants de l’Europe, qui, presque tous, ont pris, comme elle, le parti de publier, sous forme de journaux, des bulletins ou comptes rendus de leurs séances (2). L'Annuaire de l’Académie est parvenu, aujourd’hui, à sa 47° année; cette autre innovation a reçu l'approbation générale, et a également été imitée par quelques sociétés (1) Voici les recueils, publiés dans la vue de rendre compte des travaux de ces différentes Sociétés : Bulletin de l’Académie royale de Belgique , 1832. Extrait des procès-verbaux des séances de la commission d'histoire , octobre 1834. — (Le mot Bulletin parait en petits caractères, et comme titre secondaire, en août 1835. Puis , les mots Compie rendu ow Recueil des Bulletins, for- ment le titre général en 1837.) Bulletin de la Société de médecine de Gand , 1835. Annales » » d'Anvers , 1840. » » » de Bruges , 14840. Compte rendu des travaux de la Société prov. du Hainaut , 1840. Académie royale de médecine , Bulletin , 1841. Annales de lu Société de médecine de la province d'Anvers , 1844. » » » de Malines, 1848. » » » de Roulers, 1847. Bulletin de la Société historique de Tournay , 1847. (2) La Société royale de Londres, il est vrai, publie ses procès-verbaux de- puis 1830; mais notre Académie faisait paraître déjà des procès-verbaux depuis (616) savantes. Destiné à réunir les règlements académiques, les dates des principaux faits relatifs à la Compagnie, les notices des académiciens morts , il est en quelque sorte le livre de famille, où l’on pourra recueillir un jour les principaux éléments de l’histoire de notre Académie, et des membres qui en ont fait partie. Un corps savant, en effet, s’il mérite véritablement ce titre, s’il est animé d’une vie qui lui soit propre, doit avoir aussi sa biographie, qui retrace son origine, ses progrès, l'esprit qui l’a dirigé et les travaux qu'il a exécutés, ‘en dehors des travaux particuliers de chacun de ses membres. Combien d’académies, qui n’ont jamais agi comme corps, et qui n’ont jamais compris de quelles forces elles pou- vaient. disposer ! De tout temps, les hommes instruits ont senti de besoin de se réunir pour s'aider et s’éclairer mutuellement sur la fin de l’autre siècle. Voici , du reste, les dates auxquelles ont commencé les Bulletins, Comptes rendus, etc., des principaux corps savants de l'Europe : Proceedings de la Société royale de Londres , 1830. - Bulletin de la Société géologique de France, 1830. Bulletin del Académie royale de Belgique, en 1832. Rendiconto de l'Institut de Bologne, en 1833. Compte rendu de l’Institut de France, en 1835. Geschits anzeigen de l'Académie royale de Munich, en 1835. Bulletin de l’Académie impériale de S'-Pétersbourg , 1835. Bericht , etc., de l'Académie royale de Berlin , en 1836. Proceedings de l'Académie de Dublin , 1836. Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1837. Proceedings de la Société royale d'Édimbourg , 1838. Giornale de l'Institut de Milan, 14844, Geschits anzeigen de la Société royale de Gottingue , 1842. Compte rendu de l Académie royale des sciences morales et politiques de l'Institut de France , 1842. Rendiconto de l'Académie royale de Naples, 1844. Rendiconto de Y Académie des lycées de Rome , 1848. __ tt — (617 ) l'objet de leurs études communes. Sans remonter au delà des temps brillants de la Grèce, nous voyons, à Athènes, les savants les plus illustres se grouper ensemble au Portique, au Lycée, à l'Académie, lieux célèbres dont les noms sont devenus caractéristiques dans nos temps modernes, Nous retrouvons, plus tard, une réunion semblable dans la fameuse école d'Alexandrie. Rome ne semble pas avoir ambitionné les palmes de l'intelligence, comme s’il lui avait suffi de dicter des lois au reste de l’univers. Cependant, sous Auguste, une société littéraire, aussi brillante que polie, s'était formée autour _ de Mécène; et, sans titre officiel, elle a illustré à jamais le siècle qui Pa vue fleurir. C'est à Charlemagne qu’on doit, paraît-il, la fondation de la première Académie, organisée d’une manière régu- lière. Ce grand homme, par cette création, ne poursuivait pas un vain fantôme; mais il cherchait à atteindre un but utile, à donner l'essor aux sciences et à soumettre la langue parlée de son temps à des principes fixes qui lui manquaient encore. Son Académie exerça la plus heureuse influence, et a servi de modèle à toutes celles qui ont été créées ensuite. Ce ne fut néanmoins que vers le milieu du XVIF siècle que l’on vit naître, presque en même temps, la plupart des Académies qui ont rendu le plus de services aux sciences : l'Académie del Cimento, de Florence, fondée eu 1657, par le grand-duc de Toscane Léopold; la Société Royale de Londres, créée en 1659, par Charles IF, et l'Académie royale des sciences de Paris, fondée en 1666, par Louis XIV. Quelque illustres qu’aient été ces sociétés dès leur ori- gine, quelques services qu’elles aient rendus aux sciences, (618 ) elles ne comprirent cependant pas également la puissance infinie qu’elles pouvaient puiser dans l'esprit d'association. C'est à l'Académie royale des sciences de Paris qu'appar- üent l'honneur d’avoir pris l'initiative, et d’avoir montré ce que peuvent la science et le dévouement mis en com- mun, dans la vue d'atteindre un grand but. En 1755, on disputait encore sur la forme qu'il fallait attribuer à la terre; notre globe était-il rond, aplati ou allongé, comme l’auteur des Études de la nature le préten- dait encore dans ces derniers temps? Ce grand problème restait à résoudre. De la Condamine émit le hardi projet d'apprécier directement la courbure de notre globe; et, à cet effet, de partager en deux sections les astronomes et les physiciens les plus célèbres que renfermait l’Académie des sciences, pour aller mesurer un degré du méridien, lés uns en Laponie et les autres au Pérou. Ainsi, comme le fait observer Delille, qui remplaça à l'Académie française l’auteur de ce projet gigantesque : « Tandis que MM. de Maupertuis, Clairault, Camus et Lemonnier allaient, pour le même objet, braver les frimas du Nord, MM. Godin, Bouguer et de la Condamine allaient affronter les ardeurs du Midi. Jamais les souverains n’a- vaient rien fait de si beau pour l'honneur de la philo- sophie; jamais la philosophie n'avait médité un plus grand effort, et la vérité allait se trouver poursuivie du pôle à l'équateur (1). » Cette grande expédition, qui fut entourée de tant de dangers et de gloire, restera à jamais dans l’histoire comme (1) Delille, Discours de réception À l Académie française, le 11 juil- let 1774. titi — mor mmmpentiins as ( 619 ) un des plus beaux monuments élevés à la science, et comme le premier exemple de ce que peut l'association dans le domaine de l'intelligence. Dans un siècle plus poétique, ces nouveaux Argonautes eussent trouvé des interprètes éloquents pour célébrer leur brillante con- quête. Si l’on considère les obstacles matériels, les petites rivalités et les difficultés sans nombre qui entravent de pareilles entreprises, on comprendra mieux pourquoi elles sont si rares, surtout quand elles présentent des dangers réels. Le commencement de ce siècle a offert, à son tour, un exemple curieux d’une association semblable. L'étude du ciel et de la subordination des planètes, quant à l’ordre des distances, avait fait concevoir, à priori, qu'il devait exister une planète non aperçue jusque-là : on allait jus- qu'à désigner sa distance au soleil, le temps de sa révo- lution, et plusieurs autres circonstances de son cours. Six astronomes allemands se réunirent à Lilienthal et résolurent de la chercher; ils forméèrent à cet effet une association de vingt-quatre observateurs expérimentés, qui devaient passer en revue toutes les étoiles télescopi- ques du zodiaque, pour reconnaître parmi elles la planète rebelle qui se dérobait à leur poursuite. Leurs premiers efforts furent infructueux ; mais ils ap- prirent bientôt qu’un astronome plus heureux avait aperçu l’astre tant cherché; Piazzi en avait fait la découverte à Palerme, le premier jour de ce siècle. L'association prit une noble revanche, et deux de ses membres, Olbers et Harding, découvrirent trois planètes presque aussitôt après. Dès la 2, Olbers avait reconnu que les trois pla- nèêtes nouvelles présentaient plusieurs caractères communs ( 620 ) qui pouvaient les faire considérer comme ayant appartenu primitivement à un corps plus grand; et comme la théo- rie, dans ce cas, montrait que les fragments devaient re- passer périodiquement par le même lieu où la séparation s'était faite, Olbers indiquait la place où il fallait en quel- que sorte se poster pour saisir au passage les autres dé- bris, s’il en existait encore. C’est en veillant lui-même , qu'il parvint à reconnaître le quatrième astre qu'il guet- tait: « Pour celui-ci, disait-il, il y a peut-être quelque honneur à l'avoir découvert, car j'avais dit où 1l fallait l'attendre. » La nature néanmoins, en vérifiant quelques-unes de nos conjectures, ne nous donne pas toujours le dernier mot de ses'secrets. C'est ce qu'a fort bien compris l’Académie royale de Berlin, qui fit également un appel à l'esprit d’assoeiation et demanda, à son tour, vingt-quatre astro- nomes dévoués qui voulussent faire un inventaire général du ciel , et en dresser des cartes si détaillées avec un cata- logue si exact, qu'il ne füt plus possible de confondre dé- sormais une planète avec une étoile. Cette heureuse idée porta ses fruits : au lieu d'une planète que l'on cher- chait primitivement entre les orbites de Mars et de Jupi- ter, on en compte quatorze aujourd’hui, sans les cinq à six petites comètes périodiques qui sillonnent perpétuelle- ment les mêmes régions, et tout porte à croire que la liste est loin d’être épuisée. J'ai insisté sur ces exemples pour montrer que quelques Académies ont compris leur mission autrement qu'on ne l'avait fait jusque-là, et ont commencé des travaux que des individus isolés n'auraient pu réaliser. Ce sont autant de réponses à l'adresse de ceux qui demandent à quoi les sociétés savantes sont uliles. Jamais peut-être les hommes (62 ) compétents n'en ont mieux senti l'importance. Quelques sciences surtout leur devront tout leur avenir; je citerai en particulier la météorologie. Déjà, dans le siècle dernier (vers 1781), la société Palatine de Manheim avait formé une association pour étudier sur une vaste échelle les phénomènes atmosphé- riques ; mais, après quelques années d'existence, elle avait dû interrompre ses travaux. Les sciences naturelles avaient présenté des intermit- tences pareilles. En 1750, 1751 ét 1752, Linné avait essayé d'organiser un système d'observations simultanées sur la floraison des plantes; mais, malgré l’imposante au- torité de son nom, Fillustre naturaliste suédois n'avait compté, pendant la première année, que dix-hüit obser- vateurs, et ce nombre s'était trouvé réduit d’un tiers, dès la seconde année, et des deux tiers, à la troisième. Sans se laisser effrayer par les difficultés, notre Acadé- mie n’a pas craint de faire renaître ces dernières entre- prises et de leur donner même plus d'extension. Elle a fait un appel aux savants des différents pays ; et quoiqu’elle n’eût à leur offrir pour garantie que son désir d'être utile, et la conviction qu’il existe un grand but à atteindre, sa voix a été généralement entendue. Il n'est guère d'association scientifique dont le succès ait été plus complet que celle qui a pour objet l'étude des phénomènes périodiques des plantes et des animaur; les instructions de l'Académie ont été favorablement ac- cueillies par presque tous les corps savants; elles ont été traduites dans toutes les langues; plusieurs sociétés des plus illustres les ont prises sous leur protection spéciale ; je citerai en particulier l’Association Britannique pour l'avancement des sciences en Angleterre, et tout récem- TOME xvu. 42. ( 622 ) ment l'institution Smithsonienne des États.Unis d’Amé- rique (1). Déjà les premières observations ont fait naitre plusieurs ouvrages d’un haut intérêt. On entrevoit mieux ainsi la possibilité d'étudier d’un point de vue élevé les grandes lois de la nature et d’en saisir les relations réci- proques. Ce qui caractérise surtout notre classe des sciences, ce qui, si je ne me trompe, doit un jour lui faire le plus d'honneur, c’est la ténacité avec laquelle elle poursuit ces grands travaux, contre lesquels viendraient échouer toute l’activité et tout le savoir d'un seul. homme; tels sont encore les travaux géologiques et paléontologiques pour nos différentes provinces, et l'étude des principaux phéno- mènes de la physique du globe, dont de nombreux obser- vateurs nous transmettent régulièrement les catalogues. Cette année encore, nous avons reçu de précieux rensei- gnements de MM. de Selys-Longchamps, Crahay, Duprez, Sommé, Kickx, de Donckelaer, Mac Leod, Vincent, Van Oyen, Bellynck, Montigny, Dewalque; et pour l'étranger, de MM. Dureau de la Malle, AI. Perrey, Moreau, Ber- trand de Doue, Roquemaurel, Delcros, Heis, de Martius, Hess, Schlagintweit , Kuppfer, Colla, Zantedeschi, Ca- pocei, etc. | La classe, d’une autre part, à tenu à honneur de ré- pondre à chaque appel qui lui était fait dans la vue d'ob- tenir son concours à une entreprise utile. Quand l'Angleterre a demandé aux nations maritimes de nouvelles observations sur les marées, l'Académie a (1) Voyez the American journal of Science and Arts, n° 55, sep- tembre 1851, p. 203. ( 625 } obtenu du Gouvernement qu'il en fit faire en cinq stations différentes de nos côtes, et les résultats de ces observa- tions ont été calculés et discutés dans le recueil de nos Mémoires. * Quand des observations simultanées sur les étoiles filan- tes ont été entreprises, soit pour en constater la périodi- cité et les principaux caractères, soit pour les employer à la détermination des longitudes, notre classe s’est encore empressée de prêter son concours. Il en a été de même pour le magnétisme du globe et pour les travaux immenses que cette branche de la phy- sique à fait naître, dans ces derniers temps, sous le pa- tronage de la Société royale de Londres. Si nous examinons en détail les travaux de la classe, nous remarquerons avec satisfaction qu'aucune branche des sciences ne $ y trouve en souffrance; que tous les mem- bres, à de rares exceptions près, ont rivalisé de zèle; et que chacun, dans sa spécialité, s'est efforcé de payer la dette que le pays attendait de son dévouement et de ses connaissances. | La classe à toujours compris la place importante que les mathématiques doivent occuper dans les travaux d’une Académie. Cette science forme, en effet, la langue univer- selle dans laquelle viennent s’énoncer, sous leur forme la plus claire et la plus concise, tous les phénomènes de la nature, dont les causes et le mode d’action sont numéri- quement appréciables. Dans ce sens , le domaine des ma- thématiqnes s'étend beaucoup plus loin qu'on ne le pense communément; on y a vu rentrer successivement les dif- férentes branches des sciences physiques ; quelques incur- sions heureuses ont été faites déjà dans certaines parties des sciences naturelles et même des sciences morales et ( 624) politiques. Toutefois, elles n'ont point été tentées sans sou- lever de vives contestations et des appréhensions plus ou moins fondées contre des prétentions trop ambitieuses. Quoique sœurs fort unies, les sciences ne vivent pas entre elles sans méfiance réciproque, ni même sans un peu de jalousie. Ce désaccord ne s'est point manifesté jusqu’à présent dans notre classe; les sciences naturelles, au contraire, se sont prêtées fort complaisamment aux tentatives faites par la science des nombres pour ramener les phénomènes périodiques des plantes et des animaux à des apprécia- tions plus exactes, de même que pour fixer les proportions du corps humain et les lois de la mortalité. MM. Schaar, Meyer et Brasseur se sont occupés, pen- dant le cours de cette année, d'éclaircir quelques parties des mathématiques pures; les deux premiers en ce qui concerne les intégrales définies, le troisième en résolvant quelques questions de géométrie à trois dimensions. M. Lamarle à appelé votre attention sur la nécessité d'établir sur des bases solides l’enseignement des mathé- matiques élémentaires, et vous a signalé les dangers de certaines théories qu'on a cherché à y introduire dans ces derniers temps. M. Schaar a étudié, à l’aide de l'analyse, un problème intéressant, qui a eu le privilége d'occuper pendant plu- sieurs mois l'attention de l’Europe; je veux parler de Pex- périence de M. Foucault. A en croire les premiers témoins, on n’avait qu'à ouvrir les yeux pour voir tourner la terre; et quant à l'explication, elle était à la portée de toutes les intelligences. M. Schaar est venu nous dire, et non sans raison, que celte expérience et son. explication sont loin d’être aussi simples qu’on le pense, et que des savants ( 625 ) fort habiles s'y sont trompés. Il à soumis ce problème de mécanique à un examen approfondi, et il a rendu compte de petites particularités qui avaient été signalées déjà par les meilleurs observateurs, et même à une époque reculée, par les disciples de Galilée; car il s'est trouvé, comme il arrive fréquemment dans les sciences, que l'expérience nouvelle avait été signalée depuis longtemps. Une pareille rencontre, du reste, ne diminue en rien le mérite de celui qui montre l'importance d’un fait que tous les autres ont méconnu ou perdu de vue. Une expérience assez vulgaire à fourni à M. Duprez le sujet d'un mémoiré intéressant sur un cas particulier de l'équilibre des liquides. Si l’on plonge verticalement dans de l’eau un tube étroit , ouvert par les deux bouts, et qu’on le retire ensuite après avoir bouché l’orifice supérieur, on sait que la colonne liquide qui est ainsi enlevée par le tube, y demeure suspendue tant que cet orifice supérieur est maintenu fermé; on sait aussi que l'expérience ne réussit plus avec un tube large. M. Duprez à étudié avec soin les causes de ce phénomène ét leur mode d'action ; son travail offre un nouvel exemple de Putilité que peut présenter, pour la science, l'étude approfondie des phénomènes en apparence les plus futiles. En suivant une voie pareille, M. Montigny est revenu sur une théorie qui, dans ces derniers temps, a acquis une certaine célébrité par les travaux d’un des membres les plus distingués de notre Académie ; je veux parler de la théorie de la persistance des impressions de la lumière sur la rétine. Ces travaux ont à la fois utilement servi la science et la curiosité publique; les ingénieux instruments imagi- nés par M. Plateau n’ont pas eu moins de retentissement dans les salons que dans les Académies. Dans le mémoire ( 626 } dont vous avez ordonné l'impression, M, Montigny a fait connaître, à son tour, un procédé très-simple pour ob- tenir la réapparition des parties d’un objet animé d’un mouvement rapide, par exemple, celle des dents d'une roue tournant avec vitesse; ee procédé consiste à examiner la roue en mouvement à l’aide d’une lunette montée sur pied, et au tube de laquelle le ehoc du doigt imprime de petites oscillations rapides : les dents de la roue reparais- sent alors d’une manière permanente et distinete. M. Montigny nous a fait parvenir aussi quelques travaux de météorologie. Cette dernière science a continué à trou- ver, chez nous, de zélés partisans qui, pendant le cours de cette année, nous ont transmis de nouveaux documents pour la connaissance de notre climat. Le Gouvernement, en ipstituant, à l'instar du Gouvernement prussien, des observations météorologiques régulières dans nos écoles d'agriculture, vient de montrer, de son côté, qu’il com- prend la nécessité de fonder les études agronomiques sur des bases solides. | La télégraphie électrique, l’une des merveilles de la physique moderne, a enfin trouvé place en Belgique à côté des chemins de fer, cette autre merveille à laquelle elle sert de complément. Si notre pays a tardé longtemps à mettre en pratique cette brillante découverte, son Aca- démie a du moins été l’une des premières à la proclamer. C'est dans nos Bulletins que M. Wheatstone a déposé la confidence de toutes les belles applications qui ont été réalisées depuis, et l’histoire de la science y trouvera, un jour, les titres les plus incontestables du célèbre physicien anglais. | | La télégraphie électrique a fait naître, dans le cours de celle année, plusieurs écrits intéressants qui ont été sou- ( 627 ) mis par M. le professeur Glæsener à notre appréciation. Les travaux de perfectionnement, sans être aussi brillants que les travaux de découverte, ont cependant aussi leur mérite dont il faut savoir tenir compte. M. Martens est revenu sur ses recherches antérieures relatives au développement des courants électriques, et nous à présenté de nouvelles considérations sur les piles à acides et alcalis, séparés par des corps poreux. Dans le domaine de la chimie, MM. Mareska et Donny nous ont communiqué un travail dont l’impression a été ordonnée, et qui a pour objet l'extraction du potassium pur. Ce travail nous a paru renfermer des faits nouveaux et intéressants au point de vue de la science et de la pratique. MM. Stas et De Hemptinne nous ont présenté des rap- ports qui sont de véritables mémoires sur la science qu'ils représentent d'une manière si distinguée. M. Melsens, de son côté, nous a lu un écrit important sur les matières albuminoïdes. D’après les expériences de notre savant confrère , l’albumine peut prendre la forme insoluble par de simples procédés mécaniques, c’est-à-dire qu’on peut la rendre insoluble sans l'intervention de la chaleur ou de substances qui agissent chimiquement. L’albumine, dans ce cas, forme un réseau qui finit par prendre l'aspect membraneux; examinée au microscope , on la confondrait avec les fibres du tissu cellulaire. J'ai déjà parlé des travaux paléontologiques qui, dans ces derniers temps, ont pris chez nous une extension remarquable; on les doit surtout aux efforts actifs de MM. de Koninck et Nyst, ainsi qu’à ceux de MM. le baron de Ryckholt et Bosquet, qui ont enrichi de deux écrits notre 24° volume des Mémoires des savants étrangers. ( 628 } La géologie a toujours compté parmi nous de dignes représentants ; les noms de MM. d'Omalius et Dumont en donnent la meilleure garantie. Nous venons de voir enfin le premier exemplaire de la carte géologique du royaume, fruit de tant de travaux persévérants de M. Dumont, et que la science et le pays attendaient avec une juste impa- tience. En ce qui concerne la zoologie, MM. Van Beneden, Gluge, Wesmael, de Selys-Longchamps, continuent con- sciencieusement les détails de grands travaux dont ils nous communiquent successivement les différentes par- uies. L’anatomie comparée, l’anatomie pathologique, l’en- tomologie et la faune du pays en général trouveront de riches matériaux dans les communications qu’ils nous ont faites, Nous avons reçu également des notices intéres- santes de savants étrangers à l’Académie, et particulière- ment de MM. Poelman et d'Udekem. S'il entrait dans mon plan de vous parler de recherches importantes faites dans ce pays, mais dont nous n’avons point publié les résultats, je ne pourrais omettre de citer les noms de trois de nos associés les plus distingués, MM. Schwann, Spring et Lacordaire. | M. Morren, dont on retrouve les traces dans toutes les parties du vaste champ des sciences naturelles, et dont les écrits tendent à en propager les fruits et à en faire aimer la culture, s’est particulièrement attaché, dans ces derniers temps, à étudier l’organisation des êtres vivants et à en signaler les aberrations de structure. Il a enrichi nos Bul- letins de plusieurs notices sur la tératologie végétale, et nous à montré que la nature, même dans ses caprices les plus bizarres en apparence, s’assujettit à de certaines lois. Depuis longtemps, M. Kickx est en possession de ( 629 ) recueillir-les éléments de la flore cryptogamique de notre pays; ce genre d’études nous a donné, cette année, deux mémoires de MM. Westendorp et Bellynck. M. le docteur Crocq nous a fait parvenir un travail sur le fléau qui commence à ravager nos vignes; nous devons nous applaudir de voir se rapprocher de nous ce jeune savant qui s’est fait connaître déjà par des travaux impor- tants dans les sciences médicales, La maladie des pommes de terre a continué à occuper aussi l'attention de la classe, par suite de différentes communications qui lui ont été successivement. faites par le Gouvernement et par des savants étrangers. On sait que l’examen des mémoires et la rédaction des rapports qu'on demande aux commissaires, forment en général la partie la plus ingrate des fonctions de l’acadé- micien; cependant, il est très-peu d'exemples où de pa- reils travaux aient éprouvé des retards; peut-être même n'est-il pas de corps savant en Europe où les rapports soient faits avec plus de promptitude. L’exactitude, sous ce rapport, est la politesse des Académies; c’est la qua- lité qui leur concilie le plus la confiance et l'estime du public. Le jugement des concours surtout impose des devoirs pénibles : la nécessité de lire dans un temps limité des ouvrages parfois très-volumineux et d’une écriture difficile; celle de les juger ensuite et de motiver convenablement son jugement devant le public; la crainte de décourager ou de blesser des hommes qui ont consacré leurs veilles à éclaircir une question scientifique ; tous ces inconvénients réunis supposent un dévouement réel chez les commis- saires, et l’on conçoit que souvent on n’en accepte les fonctions que par le sentiment du devoir, ( 630 }) Bien que le concours de 1851 n’ait pas produit de nom- breux ouvrages, il n’est pas indigne des concours précé- dents; vous en connaîtrez tout à l’heure les résultats, qui vous seront exposés par des juges plus compétents. Une mesure importante a été prise pendant le cours de cette année : un arrêté royal a fondé cinq prix quinquen- naux , dont deux se rapportent aux travaux de cette classe, l’un aux sciences mathématiques et physiques, l’autre aux sciences naturelles : c’est ce dernier qui doit former l’ob- jet du premier concours. L'arrêté royal qui accorde aux sciences naturelles cette honorable initiative, s'exprime, à ce sujet, dans les termes suivants : « Quant à l’ordre adopté pour les différentes catégories successivement appelées à concourir, il à été établi par ce motif que les sciences naturelles forment la partie qui comprend, en ce moment, le plus grand nombre de travaux importants. » La classe à fait récemment plusieurs pertes doulou- reuses. Les noms de MM. Oersted, Schumacher, Oken, étaient depuis longtemps chers à la science, et nous les comptions avec orgueil parmi ceux de nos associés, non- seulement à cause du mérite de ces savants illustres, mais encore pour les sentiments de sympathie qu'ils nous avaient constamment témoignés. Dans sa dernière séance, la classe a fait les nominations suivantes aux places qui étaient devenues vacantes dans son sein : SECTION DES SCIENCES MATHÉMATIQUES ET PHYSIQUES, Membre. M. Scuaar, docteur en sciences. Correspondant. M. Mareska , professeur à l’université de Gand. ( 651 } Associés. MM. Mezron, à Naples. Lieëi6, à Giessen. SECTION DES SCIENCES NATURELLES. Correspondant. M. Porzuan, professeur à l’université de Gand. Associé. M. Jean Muzzer , à Berlin. Aux termes de notre règlement, la nomination de M. Schaar sera soumise à l'approbation du Roi. Qu'on me permette une dernière remarque : c’est à l'occasion des élections surtout qu'on peut juger des pro- grès qu'a faits la Belgique dans la carrière des sciences. La difficulté de choisir parmi de nombreux candidats est aussi grande aujourd'hui, que celle de trouver des candi- dats capables l'était à l’époque de la réorganisation de l’Académie. Il n’y a point de honte à être stationnaire, quand on est entravé dans sa marche; la véritable honte consisterait à persévérer dans cet état, alors que tout sol- licite à avancer, et par-dessus tout l’amour de la science 4 joint à l'amour de son pays. » ( 632 ) Rapport sur un mémoire ayant pour épigraphe PRO PATRIA , présenté à l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, en 1098; en réponse à la question suivante : « Faire connaître la nature, la formation et la topographie actuelle » des polders de la rive gauche de l’Escaut et du littoral belge; » donner un coup d'œil sur les différentes périodes de leur formation » et de leurs accroissements, en s'appuyant sur des documents histo- » riques; en décrire la mise en culture, les endiguements et les tra- » vaux d'art, et exposer le système d'économie rurale qui y est ac- » tuellement en usage, les constructions, les instruments aratoires, » les races d'animaux domestiques, les causes de la fertilité; enfin, » étudier les différents moyens d'augmenter les ressources agricoles » de cette contrée, » par M. Cu. More. L'Académie, a de tout temps, regardé comme l’une deses plus nobles prérogatives, et nous disons même comme un de ses droits les plus imprescriptibles, de ne pas enserrer la science dans les liens étroits de la politique. Que celle- ci limite les frontières de la Belgique, bien en deçà des rives de l’Escaut, la nature, sans s’inelinér devant les po- teaux de la douane ni limiter ses provinces par le bario- lage des uniformes, emploie, pour circonserire ses régions par des barrières ineffacables , des fleuves, des mers, des montagnes, l’ossature même du globe terrestre. L’Acadé- mie, en vertu de son éternelle mission, a donc cru devoir suivre en cette circonstance les prescriptions d’une géo- graphie vraiment naturelle, et sans s'inquiéter de la police des passe-ports , elle a étendu, eette fois, les bienfaits d’un concours national au delà des frontières du pays; elle à ( 633 ) pensé que puisque la Flandre et la Zélande ont des côtes communes, On pouvait les regarder comme fatalement inséparables. C’est cette idée qui a fait comprendre dans une question du concours de 1854, et en vue d’une étude complète , le littoral belge et la rive gauche de l'Escaut occidental. La Belgique, livrée depuis vingt et un ans, l’âge des majorités, aux libertés d’une émancipation, virile de bonne heure, a compté et compte encore des peintres habiles qui ont esquissé à grands traits le caractère fortement accentué de plusieurs de nos régions. Les Ardennes ont été sillon- nées par des touristes doués de l'art difficile de bien dé- crire. Les bords de la Meuse, célébrés en vers et en prose, ont éveillé de chaleureux souvenirs; les légendes , les récits historiques charment les veillées autant que la description de leurs richesses industrielles. La Campine elle-même, avec ses vastes horizons et ses bruyères uniformes, si ri- ches d'avenir, s’est vue scrutée dans son sein comme à sa surface, dans son histoire comme dans ses ressources, et la Belgique tout entière s’est intéressée à son sort. Les plaines fécondes de la Flandre, les collines variées du Brabant, le Hainaut si puissant par son génie et ses trésors manufac- turiers, le pays de Liége si émouvant par le caractère pit- toresque de ses paysages et par les péripéties incessantes de son histoire, toutes ces régions sont incessamment parcourues, peintes et décrites par une foule empressée, heureuse de constater la puissance agricole , industrielle, artistique, littéraire et scientifique de ces anciennes pro- vinces. C'est ainsi que la Belgique augmentera l'estime qu'elle se doit à elle-même en apprenant à se connaître. Mais, afin qu'aucun membre de ce corps, la patrie, V qu'il s'agit d'observer minutieusement, n'échappe à l'in- { 054 ) vestigation de ceux qui le fécondent en l'étudiant, l'Aca- démie, qui n'a jamais cessé d'éclairer l'opinion publique dans le cercle de ses attributions, s’est empressée de lui signaler une partie du pays, rarement. visitée par les hommes désireux de s’instruire et de s'émouvoir, oubliée, pour ainsi dire, sur nos côtes sans marine et à peine con- nue de quelques-uns de ces savants fort rares, qui, dans l'intérêt de la géologie et pour connaître quelques terres, dans l'intérêt de la botanique et pour retrouver quelques chétives plantes, dans l'intérêt de l’agriculture, la science des paysans et des propriétaires campagnards, ne se font pas faute d'aller en pleine Europe à la découverte de cer- tains mondes ignorés. Cette partie du pays est celle généra- lement désignée sous le nom de région des polders, limitée du côté des eaux par l’Escaut occidental et la mer du Nord, et du côté des terres par une ligne partant de Burcht, près d'Anvers, longeant à peu près nos frontières limitrophes de la Zélande pour entrer dans la Flandre occidentale, laisser Bruges en dehors de sa direction , descendre enfin près de Dixmude, célèbre par ses gras pâturages, et abou- tir à Bulscamp, entre Furnes et Dunkerque. Cette limite est une lisière en forme de croissant, de 450 kilomètres de longueur et de 15 kilomètres de largeur ; elle comprend une zone des plus curieuses, des plus instructives, des plus riches, et disons-le, quoiqu’on le conteste, une des plus heureuses de nos contrées européennes. Elle abonde en phénomènes de tout genre, elle est pleine d’enseigne- ments dont d’autres pays, s'ils le veulent et s'ils compren- nent leurs intérêts, sauront tirer un fructueux parti. Voilà quelques-unes des raisons pour lesquelles l’Académie avait pensé à celte partie du pays, et remarquons-le, comme l'auteur du mémoire envoyé à son examen à eu la délica- ( 635 ) tesse de le rappeler lui-même, le premier corps savant de la Belgique a manifesté plus d’une fois ses sympathies en faveur de cette zone intéressante. En 1775, il mettait au concours la relation de l’ancien état de la Flandre ma- ritime; en 1827, il demandait qu'on étudiàt les change- ments que la côte avait subis d'Anvers à Boulogne, de- puis César jusqu’à nos jours, et chaque fois l’Académie eut à couronner des travaux qui avaient répondu à son appel avec un incontestable talent. Cette fois, en 1850, le concours sur l'exploration de cette région exigeait beau- coup plus de variété dans le savoir des auteurs : ce n’était plus une spécialité restreinte, mais la question embrassait la géologie, la topographie, les changements subis par le territoire dans la suite des siècles, les documents histori- ques, toute l’agriculture et l’économie rurale, les construc- tions, les endiguements, les travaux d'art, les hommes, les êtres animés et vivants; et pour couronner fructueuse- ment cet ensemble, le concours, ne se bornant pas à l'état actuel des choses, exigeait de tracer pour l’avenir des conseils utiles et des améliorations réalisables. On eût pu croire que, devant tant d’exigences, un zèle même éclairé, et précisément parce qu'il avait cette qualité, eût pu flé- chir; mais le rapporteur a hâte de le dire, il s'est trouvé parmi les fils mêmes de cette région des polders un homme instruit, qui a répondu presque avec un succès complet à l'attente de l’Académie; ce rapport aura plus d’une fois l’occasion de faire valoir le mérite de son remarquable travail. | Nous quittons Bruxelles, plongée dans les distractions fastueuses des capitales, nous saluons devant Laeken le palais de nos souverains, nous volons à travers les prai- ries de Vilvorde, où l'œil de l’agronome voit subsister ( 656 ) avee chagrin de nombreux monticules, suite d’une déplo- rable négligence ; bientôt nous arrivons aux sables de Ma- lines, que l’engrais a fécondés, nous tournons vers les Flandres; le petit Brabant, région agricole toute spéciale, apparaît à nos yeux, ceint de ses milliers de haies et de ses innombrables clôtures; insensiblement les champs prennent l'aspect blond et coquet que leur donne l’agricul- ture flamande; l’odorat nous avertit que nous sommes en pleine Flandre, et l’on se demande pourquoi la chimie, en possession de procédés très-simples, n’a pas assez d’em- pire sur ces populations si actives pour rendre à l’atmo- sphère de cette province une propreté digne de celle de ses terres : nous sommes à Gand, à qui incombe cette mission. De la seconde ville du royaume à la région des polders, aucun embranchement d’un chemin de fer quelconque ne conduit les populations sur les ailes de la vitesse. Le pre- mier contact qui met en relation létranger avec Phabitant de ces lieux, se fait par l'antique char à bane, ample et largement taillé, décoré dans le pays du nom radieux de : phaëton. L’œil attentif s’est aperçu déjà d’un changement dans les proportions des objets, et quelques regards jetés sur le cocher et les chevaux , ont bientôt justifié ces remar- ques. L’encolure, le poitrail, la croupe, les membres vi- goureux et dilatés de ces carrossiers, donnent à l'observa- teur une idée anticipée, mais vraie, de la fécondité du pays. À peine, grâce à leurs pas retentissants, a-t-on fran- chi les faubourgs de la ville, qu’on sent à je ne sais quelle moiteur dans l'air et à quelle odeur salée , répandue autour de soi, qu'on se trouve dans une contrée très-basse et qu'on marche vers le littoral. Les fossés rectilignes, carrés et nombreux, la disparition complète des prairiés, leur “emplacement par des bordures vertes ceignant de pelits ( 637 ) champs, des haies doubles et parallèles , des arbres qui ne naissent pas de la surface de la terre, mais dont les troncs sortent d'à demi-côte des fossés, des essences molles tail- lées pour en faire du bois à sabot, des chemins proprets et précautionneux , des routes pour les chevaux, des acco- tements pour les hommes et des arbres partout, tout cet ensemble caractérise la vraie Flandre agricole. Peu à peu les arbres deviennent plus nombreux et plus grands, des bois, des forêts même viennent ajouter leur fraicheur à la brise naturelle et constante de l’air, une vi- ridité dont les autres provinces ne pourraient fournir un second exemple, vous entoure de toute part, le ciel a peine à se chercher entre les branches pressées et touffues; la terre toujours humectée est moussue et veloutée, et l’on comprend devant cette végétation arborescente pourquoi, dans les descriptions de cette partie de notre pays, on si- gnale ce hout-land (pays de bois) particulièrement; ce hout-land , quoique cultivé en parcelles très-petites et dis- tinctes, par des fermes exiguës, n’en contient pas moins plus d'arbres, à étendues de terrain égales, que nos pro- vinces les plus boisées. On croirait en effet voyager sous une voûte sans fin, de bosquets et de pares seigneuriaux. Tout à coup et sans transition aucune, mais brusque- ment et subitement, tous les arbres sont laissés derrière vous , et un dernier regard, jeté sur le hout-land que vous quittez, vous montre sur toute l'étendue d’un horizon dont aucun accident de terrain ne vient interrompre l’unifor- mité, une longue lisière en rideau , espèce de serpent im- mense, dont chaque écaille est un tronc vigoureux et de haute taille. Au delà et devant vous, plus une cime, plus un tronc, mais de rares arbustes, rabougris et tortueux, el au lieu d’un dôme de verdure, l'azur pâle ou le voile Toue xvu. 43. ( 638 ) gris de la voûte céleste. Les fossés , les haies, les clôtures ont disparu, mais des champs féconds, couverts d’une luxueuse et grasse végétation, admirablement labourés, remués et sillonnés malgré leur étendue, d’une propreté Sans rivale, peignés et sans tache comme une statue anti- que, se parquent à vos côtés et à perte de vue. Ces champs se limitent par des lignes toujours droites, des angles droits et des digues élevées, toutes liées entre’elles. De distance en distance et au milieu de ces plaines endiguées se détachent des fermes isolées. Une population dont le caractère grave et digne, dont les gestes mesurés quoique sans lenteur, dont le maintien, la physionomie et surtout le regard , expriment la droiture de la raison et le calme de l’âme, cette population, ce ciel et cette terre frappent de nous ne savons quel sentiment de méditation et de pru- dence, l’homme impressionnable qui visite les polders, car nous y étions dès que les cimes du hout-land nous avaient abandonnés. Nous avions raison de le dire, la zone des polders ne ressemble à aucune autre contrée de notre pays; ciel et terre, eaux et champs, plantes et animaux, demeures et hommes, langue et pensées, tout y diffère d’ailleurs. « L’ha- bitant des polders, dit l’auteur du mémoire qui a été soumis au jugement de l’Académie, vit au milieu d'in- fluences énervantes ; il a besoin de plus de bien-être, de plus propreté, de plus de chaleur, de plus de stimulants et de plus de nourriture. Tout cela le rend moins apte peut-être aux travaux et aux soins incessants de la vie des campagnards d’autres pays. Il dédaigne le travail des mains, il aime la conversation et même la lecture. Le soin réclamé par l'élève des animaux domestiques est peu de ses goûts ; 1] préfère la culture des céréales dont la défaite ( 639 } est plus facile et plus assurée. Réduit à cette seule res- source, sa fortune, son avenir dépendent des chances du marché : quelques années de bas prix le ruinent, quelques bonnes années l’enrichissent et le mettent à même de se reposer de ses affaires. Tandis que le cultivateur retiré est, dans les Flandres, un homme vraiment à plaindre, dans les polders, il ést considéré et en devient fier, le rusten land- man vit dans le confort et se donne largement les agré- ments d’une double vie, la matérielle et l'intellectuelle. » À tous ceux, en effet, qui sont fatigués des agitations de ce monde, nous dirions d’aller vivre dans les polders; ni villes, ni palais ne viennent vous rappeler les préoc- cupations et les soucis inquiets des peuples, et que mes- sieurs les publicistes, si chatouilleux sur l'immense empire exercé par la presse, nous le pardonnent, car nous ne saurions qu'y faire, mais leurs carrés de papier, s'ils y arri- vent, s'y oublient dans une indifférence complète. Le silence d’une quiétude générale pénètre l'atmosphère; les eaux, dont la vue ne saisit pas les limites, sont veuves de voiles, et des phoques nombreux, mais sans voix, soufflent avec crainte pour ne pas interrompre cette pause que la nature s’y donne; des nuées d'oiseaux du littoral y pêchent sans trouble une proie abondante, et dans quelques rares marais de la contrée, les hérons, appuyés gravement sur une patte, attendent dans une sécurité pressentant son succès que le reptile se présentera de lui-même pour lui servir de pâture. Il y a partout dans cette région, dans tout ce qui vit, sent ou respire, un maintien d'assurance et de confiance en soi, tellement prononcé que l'ombre d'une inquiétude ne peut jeter la moindre perturbation dans des jours qui sy écoulent éternellement les mêmes. Quand les horizons politiques se rembrunissent , que les ( 640 ) orages couvent, grondent ou éclatent, le cultivateur des polders trace paisiblement son sillon et se repose en Dieu et dans son grain, dont il sait bien que les hommes ne sauront jamais se passer. Cette assurance est le secret de sa vie tranquille. Conquises sur le domaine de l'Océan, les terres poldé- riennes n’ont pu être utilisées par l’homme qu’à la suite de grands et solides travaux d’art. La géologie donne exactement la limite de ces terres de dépôt. L'auteur du mémoire reçu, décrit, dans la première partie de son tra- vail, la topographie de cette localité; mais, prévenant le lecteur et ses juges, il déclare habiter ces lieux dans une privation complète de bibliothèque et de commerce scien- tifique. On ne saurait méconnaître, en effet, que la partie géologique est faible en comparaison de ses excellents chapitres sur l’économie rurale et l’agriculture. L'auteur fait de la géologie poétique; il parle volontiers de cata- clysmes et de soulèvements , comme si la géologie n'avait pas depuis longtemps abandonné en grande partie ses rêves de révolution et fait entrer aussi le calme dans la for- mation du globe. Cataclysmes et soulèvements dans un endroit où les sédiments et les dépôts se forment paisible- ment ne viennent guère à propos. Îl est même à regretter que, M. Dumont ayant publié, dans le 5° volume du Bulletin de l’Académie, et ce en 1838, une carte géologique des terrains poldériens avec des détails très-précis sur leur nature, l’auteur du mémoire n’ait pas pris connaissance de ce travail indicateur. Il le devait, selon nous, pour plus d’un motif, La ques- tion de l’Académie demandait de déterminer la nature des terrains des polders, et cette demande était faite entière- ment en faveur des concurrents : elle leur laissait l’occa- (641) sion de publier, pour la première fois, l'analyse de terres les plus extraordinaires du monde, sous le rapport de leur fécondité. IT y avait lieu, à cette occasion, d'entrer dans les entrailles d’une agriculture raisonnée et exacte. Les minéralogistes et les géologues ont des idées très-vagues sur ce qu'il faut entendre par argile : ce sont pour eux des terres plutôt caractérisées par leurs propriétés physiques que par leur composition chimique. Les analyses de MM. Berthier et de Salvetat prouvent que, chez les argiles à poteries, la silice l'emporte sur l’alumine; le reste est, dans ces terres, de l’oxyde de fer, de la chaux, de la magnésie et de l'ean (1). Au contraire, les analyses de Thâer et d'Einhoff, confirmées par MM. Boussingault, Pelouse et Fremy (2), faites sur les terrains argileux , ré- putés les meilleurs pour la production du froment, donnent un excédant en faveur des éléments argileux au détriment de la silice ou du sable siliceux, et cela dans des rapports de nombre proportionnellement inverses. Le rapporteur de votre commission a étudié par lui-même les polders, il a analysé leurs terres au microscope et démontré l’excédant chez elles du sable; il possède des analyses chimiques mul- tipliées de différentes terres de ces contrées, faites par M. Kuppferschlaeger, professeur de chimie à l'Université de Liége, et ces recherches prouvent qu’à la fertilité la plus riche en fait de production de froment, les terres poldé- riennes joignent la composition des argiles à poteries : contradiction flagrante avec tous les principes admis en agriculture. De plus, il y avait à examiner à ce sujet com- (1) Voyez Dufresnoy, Minéralogie, t. WE, p. 259. (2) Voyez Pelouse et Fremy, Chimtie (1850), t. HT, p. 847. ( 642) ment le sel, dont la quantité dans les polders, nouvelle- ment endigués, ne permet pas la culture de nos plantes alimentaires, disparaissait du sol ultérieurement et fai- sait place à une fécondité continue et remarquable. Le rap- porteur pense que, dans cet ordre de faits, la physiologie des plantes spontanées est appelée à jeter des lumières du plus haut intérêt. Dans son esprit, en proposant la ques- tion à l’Académie, il avait en vue de laisser parcourir aux concurrents ce champ si heureux en découvertes utiles. Le concurrent ne s’y est pas avancé. La partie historique nous paraît beaucoup mieux traitée. L'auteur joint à son travail des cartes de 960, de 4300, de 1610, de 1775 et de 1811. L'un de nous regrette de ne pas voir l'analyse, parmi ces travaux, des études de l'in- génieur M. Kummer , et tout au moins la réduction des cartes publiées par ce savant. C’est, du reste, une omission facile à réparer. L'auteur discute, ce nous semble, en pleine connaissance de cause, les changements de nos côtes avec une sage critique, et 1l émet à cette oceasion, sur la fosse Othonienne, des idées qui, sans doute, seront appré- ciées avec intérêt par nos collègues si érudits de la classe des lettres. 5 ù La seconde partie de son mémoire s'étend sur les tra- vaux d'art. Elle est conforme aux vrais principes en cette matière, elle reproduit avec fidélité et dans une grande simplicité de langage, l’état des choses actuel, et sous ce point de vue, la publication de ce mémoire rendra des services aux contrées où des travaux analogues sont récla- més. Notre honorable collègue, M. De Vaux , chargé d’'exa- miner avec nous ce travail, a consigné, dans son rapport spécial, des vues à cet égard entièrement conformes à no- tre propre jugement. ( 645 ) La-troisième partie comprend l'économie rurale et l'agri- culture. Ici, nous nous eroyons le droit d’être sévère, quoique juste, parce qu'évidemment, nous avons devant uous un homme qui possède le tact de ces affaires, riche de son expériènce ou de celle d'autrui, éclairé de ses ob- servations ou de celles des autres, et, après une étude si remarquable des polders , il est certes très-licite de lui de- mander d’être exact et utile jusque dans les dernières li- mites. Le rapporteur se mét done à laise; il croit devoir, dans l'intérêt même du concurrent, attirer son attention sur plusieurs lacunes qu’on peut signaler dans un mémoire où, se plaisant à rappeler le correctif d’un regret, les bonnes qualités l’emportent de beaucoup sur les défectuosités. Après s'être attaché à l'étude du Thomas-Polder , près de Biervliet, l'auteur parle de l'enfouissement des herbes maritimes. I était là sur une pente pleine d'intérêt. Son mémoire ne discute pas la question de savoir à quels or- dres de faits 1l faut faire remonter cette prodigieuse fécon- dité des terres poldériennes qui se couvrent de riches ré- coltes pendant vingt ans sans recevoir jamais d'engrais. Quand il expose la formation des schorres et la construction des premiers endiguements, il ne parle pas du singulier phénomène de la végétation initiale et spontanée de ces terres ; toujours la même, se succédant toujours dans les mêmes variations. Il ignore, à ce qu’il paraît, le méca- nisme providentiel qu'emploie la nature pour ôter de ces terres le sel en excès au moyen de la bienfaisante sali- corne. Ces recherches si belles et les seules qui puissent ici satisfaire à la curiosité de l'esprit et à l’exigence de la raison , ne paraissent pas être du domaine de l’auteur , et nous nous lPexpliquons, car dans plus d’un passage de son mémoire , 1l laisse percer cet éloignement que professent (644) certains propriétaires-cultivateurs et non agronomes pour les savants, les livres et la vérité. Cependant, la science, et même seulement la science complète et approfondie, peut, dans tout ce qui appartient à l'intelligence humaine (et depuis quand l’agriculture ne serait-elle plus de son do- maine?) donner le dernier mot des problèmes. Cette ten- dance, dans l'esprit de certains aveugles, peut momentané- ment être déplorable, mais c’est une simple question de temps, le grand niveleur des opinions au profit du vrai. En parlant des améliorations, l’auteur signale le drai- nage. Le rapporteur n’a pas vu, sans un pénible étonne- ment, que, dans un mémoire approfondi, exact surtout dans la description des méthodes de culture, le drainage dont on à tant parlé dans ces dernières années, était mé- connu dans son origine et dans son invention. En effet, le drainage par tuyaux en terre cuite et souterrains est pratiqué depuis des siècles dans les polders; les baux en font foi, et ces tuyaux y ont été appelés de tout temps droog-buysen , tuyaux de desséchement. Cette importante amélioration agricole doit être réclamée par nous comme une invention nationale, que les Anglais sont venus copier chez nous et contrefaire chez eux. Les polders étaient lettre morte dans les annales de l’agriculture. Il était facile de leur ravir, sans se donner l'apparence même d’un plagiat, une si féconde idée; mais nous, qui avons vu dans les pol- ders de l'arrondissement de Philippine, le drainage établi selon toutes les règles, nous à qui des cultivateurs répon- daient que leurs aïeux les plus reculés faisaient la même opération, comme on pouvait s’en assurer par les baux et par les fardes processales, nous ne pouvons conserver aucun doute sur la haute antiquité de ce travail dans les régions les mieux faites pour le recevoir et en recueillir les bienfaits. ( 645 ) Quand l’auteur décrit et figure la grande charrue, dite wallonne dans la région des polders, il en attribue la pro- pagation à des conscrits français réfugiés en Zélande. Le rapporteur ue rend pas cet honneur à un conserit français, mais à un conquérant d’une taille presque antédiluvienne, ni plus ni moins qu'à Charlemagne. Allen Ransome cite un manuserit saxon, publié en Angleterre, où l’on voit figurer la charrue que Charlemagne faisait introduire par les Saxons vaincus dans les pays de son empire. C'est en tout point la charrue des polders, charrue qui jamais ne ‘s’est vue dans nos provinces wallonnes depuis des temps connus. L'auteur ne parle pas non plus à ce sujet du cou- tre circulaire et à mouvement continu, coutre qu’on voit appliquer à cet instrument. Nous en avons trouvé le même modèle dans le Northumberland et le comté de Durham, où cette charrue servait à découper les tourbes. Ce coutre est aussi une très-ancienne invention. Le rapporteur signalera, de même, à l’auteur du mé- moire Pro patria, quelques lacunes moins ‘importantes qu'il serait utile de combler dans l'intérêt de l’agriculture générale de notre royaume. Il voudrait voir publier le dessin de la charrette à trois roues, de l’araire ordinaire des polders, ainsi que les représentations du cheval, du taureau, de la génisse, du porc, du mouton de ces con- trées. Le rapporteur s'étonne, et il le confesse sans détour, de ne pas trouver dans ce travail sur l’économie rurale de notre littoral, un chapitre tout entier en faveur des ânes. On vante à tout propos les ânes de Malte. Il se fait en ce moment une exportation considérable de ces intéressants quadrupèdes en Amérique, qui demande à la vieille Eu- rope tout ce qu’elle a de perfectionné, de bon et d’utile. Un bel étalon d'âne se vend même dix mille francs; le ( 646 ) rapporteur en citerait, au besoin, les acquéreurs. Or, (ous ceux qui connaissent notre liloral savent quels ânes ma- gnifiques abondent aux environs de Nieuport. Le pinceau de notre célèbre confrère Verboeckhove peut seul rendre l'ampleur élégante du corps, l'esprit, la finesse épigram- matique et le regard calculateur de ces ânes modèles. Nous prions l’auteur du mémoire de prendre l'âne en mûre con- sidération et de rendre justice à l'animal sobre, patient, docile et toujours ealomnié. Un village est isolé au milieu des dunes, Adinkerke, c'est une oasis complète. La vache y paît l’herbe des dunes; elle devient petite, délicate, et lactifère comme une vache des Ardennes. Ainsi, tandis que tous les animaux attei- gnent, dans les polders et le long du littoral, à des dimen- sions au-dessus des moyennes, la vache d’Adinkerke se miniaturise. Quelle est la cause de ce phénomène? Est-ce l'influence de la nourriture qui l'emporte sur celle du climat? L'auteur ferait chose utile de joindre à ce qu'il dit une bonne figure de cette race. ; En parlant de Dixmude, il cite, à bon droit, ses excel- lents pâturages; mais il conviendrait d'être explicite, même en étant savant et seulement à la condition de l'être. Quelle est la flore de ces prairies ? M. Lecoq, de Clermont-Ferrand, a publié un ouvrage classique sur cet ordre de faits, et il serait certes très-profitable à Pagricul- ture de la Belgique de voir de pareilles études appliquées à nos provinces. Enfin et pour terminer les observations que nous sou- mettons à l’Académie, nous regrettons quelques passages à l’endroit des améliorations à introduire. L'auteur attri- bue aux engrais artificiels une importance trop grande. Quand ces matières sont falsifiées et de mauvaise nature, (647) la méfiance habituelle de nos cultivateurs les met vite à l'ombre et dans l'oubli. Une commission de surveillance établie par autorité du gouvernement, deviendrait inutile. Ses idées sur l’instruction agricole, qu'elle soit française ou flamande, sont un peu étroites, car après tout, ces termes scientifiques contre lesquels on s’insurge avec complai- sance, existent en quantité dans tout langage parlé, même à la campagne. Enfin, il y a maints instruments aratoires, autres que ceux indiqués et prônés par l'auteur, qui peu- vent très-certainement s’introduire avec profit dans les polders et le littoral. Le rapporteur changerait la nature de son travail d'appréciation, s'il entrait dans les discus- sions à cet égard, mais il croit son opinion fondée sur l’état actuel de l’agriculture dans les pays les plus avancés. Nos observations paraîtront peut-être à quelques per- sonnes plus importantes que nous ne les avons dans notre volonté et dans notre désir. Nous les indiquons afin de rendre le mémoire aussi utile que possible, et tout notre vœu, le seul que nous formulions, est que l’auteur, du consentement de l’Académie, veuille bien y avoir égard. Nous regretterions sincèrement, dans l'intérêt de notre puissante industrie agricole, qu'un travail de cette valeur ne füt pas publié, même s’il restait forcément tel qu'il est ; car il y dans ce mémoire des chapitres parfaitement étu- diés. Tout ce qui tient aux modes de culture, aux exploi- tations, aux détails pratiques, y est fort bien conçu, clai- rement traité et élégamment décrit. Quelques instruments sont aussi bien détaillés que finement dessinés; l’utilité de cette publication nous paraît done incontestable, et puisque l’auteur est sans concurrent, l'Académie ne fera tort à personne en signalant les lacunes qu’elle désire voir combler par l’auteur lui-même. Elle l'en croit très-capable. ( 648 } Cependant le mémoire, nous pensons avoir motivé notre jugement, laisse à désirer. Nous proposons donc à la classe des sciences de décerner à l’auteur du mémoire Pro patria la médaille de vermeil et les honneurs de l'impression. » Discours sur l'état de la paléontologie en Belgique ; par M. De Koninck. « De tout temps les fossiles ont eu le privilége d'attirer l'attention des naturalistes. Souvent aussi ils ont exercé l'imagination des philosophes et servi de base aux théo- ries les plus hasardées et aux interprétations les plus ab- surdes. Il a fallu le génie de Cuvier pour révéler tout le parti que l’on pouvait tirer de leur présence dans le sein de la terre. C’est par les fossiles, dit cet illustre naturaliste, que l’on a reconnu le peu que l’on sait sur la nature des révolulions de notre globe (1). Ils sont en quelque sorte, ajouterai-je, l'alphabet dont la nature s’est servie pour tra- cer en caractères indélébiles l’histoire de notre planète, dans cet immense livre, dont les divers étages géologiques forment pour ainsi dire les feuillets. Eux seuls, en effet, dit encore Cuvier, donnent la certitude que le globe n’a pas toujours eu la même enveloppe, par la certitude où l'on est qu'ils ont dû vivre à la surface, avant d’étre ainsi ensevelis dans la profondeur ; et, s'il n'y avait que des terrains sans (1) Discours sur les révolutions de la surface du globe, p. 59. ( 649 }) fossiles, personne ne pourrait soutenir que ces terrains n'ont pas tous élé formés ensemble (1). C’est donc en suivant l'exemple de ces archéologistes in- fatigables, qui, à force de patientes recherches et d’études approfondies , sont parvenus à interpréter avec une en- tière certitude les inscriptions emblématiques que nous a léguées l’antiquité, et à combler ainsi des lacunes im- portantes dans l’histoire de différents peuples; c’est, dis-" je, en procédant , comme eux, par des tâtonnements long- temps stériles, que l’on est enfin parvenu à transformer de simples objets de curiosité en des monuments de la plus haute valeur et à les employer avec une certitude mathé- matique pour la détermination de l’âge relatif de chaque couche du globe. Afin de mieux faire saisir cette vérité par les personnes encore peu iniliées aux sciences géologiques et paléonto- logiques , il ne sera peut-être pas inutile de faire observer que, dans l’origine , la terre n’était habitée par aucun être animé, et que, selon toutes les probabilités, sa température était de beaucoup supérieure à celle qu'elle possède ac- tuellement. Au bout d’un temps plus ou moins long, sa surface fut suffisamment refroidie pour que l'eau püût sy maintenir à l’état liquide et nourrir dans son sein une innombrable quantité d'êtres vivants du règne végétal et du règne animal. Après une période assez longue, dont il serait impossible de fixer la durée, même d'une manière approximative, survint un cataclysme tellement violent qu'il fit périr la majeure partie des êtres organisés de cette première création. En même temps, il déplaça une grande (1) Discours, etc., p. 58. ( 650 ) quantité de matières minérales , qui, en se déposant, en- sevelirent les restes des animaux ou des végétaux échappés à une destruction complète, et constituërent ainsi les premières couches fossilifères qui ont servi à transmettre ces restes jusqu'à nous. … Après que les causes qui avaient provoqué cette révolu- tion du globe eurent complétement cessé d’agir, une nou- velle faune apparut , qui se propagea librement jusqu’à ce qu’un second cataclysme , tout aussi violent et aussi géné- ral que le premier, vint la détruire et l’ensevelir à son tour. Ces bouleversements se renouvelèrent à plusieurs re- prises. Chaque fois les eaux envahirent des contrées jus- que-là respectées par elles, tandis que d’autres surgirent ailleurs de leur sein, et offrirent ainsi aux végétaux et aux animaux terrestres un abri assuré. C’est au dernier de ces cataclysmes qu'est due la configuration géographique actuelle de notre planète. En étudiant les causes probables de ces diverses révolu- tions, la nature des roches qui se sont formées à leur suite et l’ensemble des êtres organisés que celles-ci con- tiennent , les géologues et les paléontologistes s'accordent assez généralement à admettre quatre grandes époques, que, selon M. Agassiz, on pourrait appeler les âges de la nature. Ces époques sont caractérisées par un ordre de choses particulier et différent pour chacune d'elles; elles se subdivisent en plusieurs périodes distinctes, qui, à leur tour , présentent des traits exclusivement propres à cha- cune d’elles et servent à reconnaître et à former les divers terrains et systèmes géologiques de chacun de ces âges. L'époque primaire, composée des terrains paléozoïques, s'étend depuis les dépôts fossilifères les plus anciens jus- qu’au terrain perméen inelusivement (Zechstein des Alle- ( 61) mauds, et Magnesian limestone des Anglais) , que quelques géologues font encore rentrer dans l'époque secondaire. Celle-ci comprend les terrains triasique, jurassique et cré- lacé, et s'élève jusqu'aux assises-les plus supérieures de ce dernier terrain, formé du système Heersien de M. Dumont. L'époque tertiaire a été probablement moins longue que les deux précédentes; elle s'étend depuis la fin du terrain crétacé jusqu’à la création de l'homme exelusivement et de tous les êtres qui sont ses contemporains. Tous comme lui, appartiennent à la dernière période ou à l’époque qua- lernaire. En jetant un coup d'œil général sur l'ensemble des formes qui appartiennent à chacune de ces époques, on ar- rive à constater, contrairement à une opinion encore assez généralement reçue, que, dès la première période de la création, les quatre grandes divisions du règne animal ont eu leurs représentants. En effet, on reconnait sans peine parmi les animaux qui, les premiers , ont habité la terre, des Rayonnés, des Mollusques, des Arliculés et des Vertébrés. | Si, en faisant abstraction des trois divisions inférieures , on se borne à ne considérer que celle qui occupe la place la plus élevée dans la série animale, alors, mais alors seu- lement, on peut soutenir qu'il y a eu une tendance con- stante vers la perfection des espèces animales. En effet, au règne des poissons, qui sont, à peu de chose près, les seuls vertébrés que renferment les couches primaires ou paléo- zoïques, succède le rêgne-des reptiles, que tous les natura- listes placent au-dessus des poissons. Ils affectent les formes les plus variées et les plus extraordinaires, dont les types ont disparu avec eux , après le dépôt des dernières couches de la période secondaire. ( 652 } Le règne des Reptiles est suivi du règne des Mammifères , dont les restes enfouis dans les couches tertiaires nous ont révélé l'existence d'animaux d’une stature si colos- sale, ou de formes si robustes, qu'aucun être de l’époque moderne ne nous en a donné une idée exacte. Au règne des Mammifères se substitue en dernier lieu le rêgne de l’homme, dont l'apparition est venue couronner l’œuvre de la création et qui, par sa haute intelligence, do- mine tous les êtres qui l'entourent. Mais tandis que cette tendance vers le perfectionnement des types se manifestait chez les animaux supérieurs, rien de semblable n’avait lieu chez la plupart de ceux des au- tres divisions. Les Polypiers des formations même les plus anciennes ont beaucoup d'analogie avec ceux de nos mers actuelles. Parmi les Échinodermes, les Crinoïdes ont traversé tous les âges géologiques, sans éprouver des modifications trop sensibles dans leur organisation, et se sont maintenus jusque dans nos mers. Il en est de même des Mollusques, dont les principaux ordres ont survécu à toutes les catastrophes et se sont transmis jusqu’à nous avec leurs caractères primitifs, en tout semblables à ceux qu'ils possèdent encore aujour- d’hui. | Si, pendant la période paléozoïque, les Crustacés ont été représentés en grande partie par un type spécial, les Tri- lobites, qui semblent avoir été anéantis avec le dépôt du caleaire carbonifère , 11 n’en est pas moins vrai qu'à côté de cette famille si remarquable, il en existait une autre, celle des Entomostracés, qui a conservé des représentants à toutes les époques, sans en excepter la dernière. Néan- moins, après les Trilobites, on voit apparaître des Crus- ( 623) tacés dont les formes ressemblent déjà beaucoup plus à celles des espèces modernes. | Cette tendance à se rapprocher de plus en plus de la _ forme actuelle, ne se manifeste pas seulement parmi ces animaux, mais encore parmi tous ceux dont les restes sont enfouis dans les différentes couches de la terre. Plus la formation de ces couches est récente, plus leur faune res- semble à celle de notre époque, sans que jamais il existe entre elles une identité parfaite. Si même des espèces passent d’un système géologique dans un autre, le nombre en est généralement si restreint, que l’on ne peut nier, que chacun de ces systèmes possède sa faune spéciale; il en résulte donc que la plupart des espèces de ces diverses faunes pourront servir à caractériser chacun des systèmes qui.les renferment, et à empêcher qu’on ne le confonde avec un autre. Des faits nombreux prouvent avec quelle hninde on peut appliquer ces prineipes à la coordination des divers dépôts géologiques, quels que soient d’ailleurs les distances qui les séparent et les obstacles qui s'opposent à leur détermination directe. C'est ainsi que M. de Buch, d’un côté, MM. Murchison, de Verneuil et de Keyserling, de l’autre, ont pu identifier les divers systèmes géologiques de la Russie et de l’Oural avec ceux du centre de l'Europe; que M. de Verneuil est parvenu à assimiler les divers systèmes paléozoïques de l'Espagne et de l'Amérique du Nord à ceux de la France, de l'Angleterre et de la Belgique; que M. Beyrich a pu reconnaître la présence de l'argile de Boom aux environs de Berlin ; que j'ai pu moi-même m'assurer que le dépôt tertiaire d’Alzey, près Mayence, a été identifié à tort avec la formation subapennine, par A. Brogniart, qu'il était bien TOME xvur. 44. ( 654 } antérieur à celle-ci et qu'il correspondait aux sables de Kleyn-Spauwen, en Belgique, et de Jeurre, en France (1), et que la détermination de deux espèces de brachiopodes fossiles, rapportés de Chine par M. Itier, m'ont suffi pour indiquer, d'une manière certaine, la présence du terrain dévonien dans ce vaste empire , encore si peu connu sous le rapport de sa géologie. Je pourrais citer encore maints autres exemples pour démontrer les avantages que la géologie pratique peut tirer de la connaissance des fossiles et des progrès im- menses que la paléontologie a faits dans ces derniers temps, mais j'espère que ceux que je viens de citer seront suffisants pour convaincre les moins crédules. Cependant, les résultats auxquels on est arrivé n’ont été obtenus que lentement et progressivement. Il a fallu accumuler les recherches consciencieuses d’un grand nombre de savants, et publier une foule de travaux avant d'obtenir la démonstration des lois si simples, si géné- rales et si certaines dans leur application, qu’enseigne maintenant la paléontologie. Dans le mouvement qui s’est produit, à cet égard, pendant la première moitié de notre siècle, la Belgique n’est pas restée en arrière, et les publi- cations faites par quelques-uns de ses savants, lui ont assigné, depuis longtemps, un rang élevé dans le monde scientifique. Je vais essayer d’esquisser rapidement le tableau de ces (1) Ces sables sont placés, par M. Dumont, à la base de son système Rupelien, dont la partie supérieure où l'argile de Boom a souvent été con- fondue par des géologues, et non par des paléontologistes, avec l'argile de Londres, puisqu'elle n’en renferme pas une seule espèce identique. ( 655 ) recherches et de rappeler à votre souvenir les ouvrages dans lesquels elles se trouvent consignées. | Boëtius de Boot, né à Bruges, vers la fin du XVF siècle, médecin de l’empereur Rodolphe IF, est sans contredit le premier Belge qui ait décrit des fossiles. Quoique l’ou- vrage qu'il a publié sous le titre de Gemmarum et lapidum historia , eùt beaucoup de rapports avec les travaux de Conrad Gesner et ceux de quelques autres naturalistes, il a obtenu un grand succès et les honneurs de la traduc- tion et de trois éditions successives. Un traité semblable d’un autre de nos compatriotes, de Laet, se trouve joint à la dernière de ces éditions, qui parut en 1647 (1). Après cette publication, il se passa plus d’un siècle avant que la Belgique prit une part active au mouvement scientifique qui se manifesta dans les pays voisins, et prin- cipalement en Allemagne. Ce n’est pas qu’elle restât en arrière, mais il manquait à ses savants une occasion favorable pour s’élancer avec ardeur dans la carrière des sciences naturelles. Cette oc- casion leur fut offerte par la création de l'Académie de Bruxelles. Aussi, dès les premières années de son exis- tence, ce corps savant reçut-il de nombreuses communi- cations sur les fossiles, Robert de Limbourg prit l'initiative et lut, à la séance du 7 février 14774, un mémoire Sur les fossiles des Pays- Bas, dans lequel il passa en revue non-seulement les fossiles proprement dits, mais encore les minéraux, en donnant à ce mot la signification qu'il avait à cette époque (2). (1) Les deux autres parurent en 1609 et en 1636. Cette seconde avec les commentaires de Toll, {2) Anciens mémoires de Académie de Bruxelles, vol. 1, p. 368. ( 656) Ce travail fut suivi de deux autres analogues, dont l'an ayant encore pour auteur un membre de l’Académie, de Launay, fut lu devant ce corps savant, en 1778 (1) et dont l’autre, beaucoup plus étendu, celui de Burtin, fut couronné en 1787, par la Société de Harlem. En 1775, l'abbé de Wittry commença ses communi- cations paléontologiques, par un mémoire sur les Glosso- pêtres et les Buffonites, dans lequel il prouva à l'évidence que ces corps ne peuvent être que des dents de poissons (2). Deux ans plus tard, parut de lui un autre travail sur les Fossiles du Tournaisis (5), et en 1785, un troisième sur quelques fossiles des environs de Chimay (4). Toutes ces publications sont accompagnées de figures très-bonnes pour l’époque et suffisantes en général pour faire recon- naître les espèces qu’elles représentent. L’impulsion que ces travaux, joints à ceux des autres membres de l’Académie, donnèrent aux sciences d’obser- vation, se manifeste par la publication de l’Oryctographie des environs de Bruæelles, faite en 1784, par de Burtin. Dans cet ouvrage fort remarquable, qui est accompagné de trente-deux planches bien exécutées, l’auteur décrit et figure tous les débris organiques que ses patientes recher- ches et ses courses nombreuses lui avaient fait découvrir dans un rayon de cinq lieues autour de Bruxelles. Il dé- montre que les espèces qu’il a décrites ne peuvent s’iden- tifier avec celles qui existent encore aujourd'hui à la (1) Anciens mém., etc., vol. IT, p. 551. (2) Zbid., vol. IT, p. 5. (5) bid., vol. IL, p. 13. (4) Zbid., vol. V, p. 84. Ces mémoires, joints à quelques autres du même auteur, ont été réimprimés dans un volume in-8°. Il en a été de même de ceux de de Launay, ( 657 } surface du globe; que quelques-unes n’ont d'analogues encore vivantes que dans les régions tropicales, et enfin, que toutes ont vécu dans les lieux mêmes où elles ont été trouvées. Il déduit de ces données des conséquences sur la théorie de la terre, qui ont servi de base au mémoire cou- ronné dont j'ai parlé plus haut. Les événements politiques de la fin du dernier siècle vinrent interrompre l'essor de la Belgique dans cette di- rection, et il faut arriver à l’année 1799 pour rencontrer de nouveau un travail ayant pour objet la paléontologie du pays. C’est à cette époque que Faujas de Saint-Fond publia son Histoire de la montagne de S'-Pierre de Maes- tricht, pour laquelle il put se servir des nombreux maté- riaux que l'occupation de cette forteresse par les Français avait fournies au Muséum de Paris. Malgré toutes les res- sources dont l’auteur avait pu disposer, son ouvrage, ne méritait pas, à beaucoup près, la vogue dont il a joui, et ne serait plus consulté, s’il n'était accompagné de nom- breuses planches assez bien exécutées. . À partir de ce moment, les études paléontologiques semblent de nouveau tomber dans un sommeil léthargi- que dont, au bout de vingt ans, plusieurs causes sont heureusement venues les tirer. Parmi ces causes, que l’un de nos savants confrères a si bien exposées, 1l y a quelques années, je citerai en pre- mière ligne la réorganisation de l’Académie par le roi Guillaume, et la résolution prise par elle, de mettre suc- cessivement au concours pour toutes les provinces de la Belgique, la description de leur constitution géologique, de leurs espèces minérales et de leurs fossiles. L'établissement de trois universités et la création de diverses chaires de sciences naturelles dans les provinces ( 658 ) méridionales, qui eurent lieu vers là même époque, ainsi que la détermination prise quelque temps après par le Gouvernement , d’ordonner la confection de la carte géo- logique du pays, ne contribuèrent pas moins à favoriser la réaction qui commençait à se manifester et à porter de nouveau les esprits vers les sciences d'observation. A ces causes j'en ajoutérai encore une, qui, pour avoir été moins générale et moins puissante, a eu cependant sa part d'influence, je veux parler de la publication des An- nales des sciences physiques, rédigées par Bory de Saint- Vincent, Van Mons et M. Drapiez. Ce recueil, commencé en 1819, a cessé de paraitre en 1821, après la publication du 8” volume. Bien qu'il ait été enrichi des travaux d’un grand nombre de notabilités de l'époque, dans les diverses branches des sciences na- turelles, on n’y trouve que trois notices concernant la paléontologie de notre pays. La première par Dekin, la seconde par Arnault, et la troisième par M. Stoffels, le doyen des naturalistes belges (1). Mais à dater de ce moment, le nombre des travaux pa- léontologiques s’est considérablement accru, et la Belgique a pris une part très-grande aux progrès récents qu’à faits la science des fossiles. Comme pour toutes les sciences en général, c’est prin- cipalement dans les publications de l'Académie qu'il faut suivre la marche progressive de Ia paléontologie. (1) Voici les titres de ces notices : 1° Sur une dent molaire d’éléphant gl trouvé aux environs de Bruæelles (vol. I, p. 28). 2° Sur des coquilles et des ossements fossiles découverts dans les envi- rons d’ Anvers (vol. IF, p. 124). 3° Sur diverses espèces de coquilles fossiles des environs de Louvain (vol, VI, p. 99). ( 659 ) Cependant quelques ouvrages (et qui ne sont pas les moins importants) ont été publiés en dehors du patro- nage de ce corps savant, quoique la plupart aient pour auteurs une partie de ses membres. C'est ainsi que, dès 4828, M. Morren, dont les études ont depuis cette époque pris une direction toute diffé- rente, publia ses Recherches sur les ossements fossiles des environs de Bruæelles ; Sur les ossements humains des tour- bières de la Flandre, et Sur les ossements d'éléphants fossiles trouvés en Belgique. À ces recherches il faut joindre un mémoire couronné par l'université de Groningue, ayant pour objet la description des Polypiers fossiles du pays et un autre sur des Cirrhipèdes fossiles (1). Vers la même époque, Courtois publiait , dans sa S{a- tistique de la province de Liége, la liste des plantes fos- siles de nos houillères. Nous nous proposons, dit-il (2), M. le Docteur D. Sauveur fils et moi, d'en faire l'objet d’un travail particulier accompagné de figures; mais la mort, qui est venu le surprendre au milieu de ses études, ne lui a pas permis d'achever ce travail dont il ne nous reste qu'une grande partie des matériaux qui devaient servir à sa confection. Ces matériaux se trouvent actuellement dans les galeries du musée de l’université de Liége, avec les étiquettes écrites de la main de notre compatriote. Un autre savant, ami de Courtois, et comme lui, vic- time de la science, encouragé par la découverte de quel- ques ossements dans la caverne de Chockier, étendit ses (1) Ce mémoire, ainsi que les trois mémoires sur les ossements , ont été publiés dans le Hessager des sciences etdes arts de Gand , de 1828-1854. Je crois devoir faire observer que ce que M. Morren a déterminé comme une Coronula, n’est qu’un fragment de palais de poisson du genre Pycnodus. A6. (2) Tom. I, p. 227, 2 vol. in-8° (1828). ( 660 ) investigations dans toute la province de Liége, et parvint, à la suite de sacrifices considérables, à recueillir une im- mense collection d’ossements d'animaux contemporains de l’homme, mais dont les races sont en partie éteintes en ce moment. Au bout de dix années de travail, Schmerling entreprit la publication d’un ouvrage considérable, dans lequel il a consigné le résultat de ses observations et qui lui a valu une réputation méritée et une place distinguée parmi les naturalistes. De même que les plantes fossiles dont je viens de par- ler, les ossements des cavernes découvertes par Schmer- ling font partie des collections de l’Université de Liége; bien qu'ils aient beaucoup souffert de l'abandon dans lequel ils sont restés pendant longtemps, ils n’en forment pas moins une des parties les plus intéressantes de ces collections. | | De son côté, M. Van Beneden poursuivit les recherches qu'il avait commencées sur les ossements des grands Cé- tacés dont on trouve des restes assez nombreux dans le crag des environs d'Anvers, et les consigna dans les An- nales des sciences naturelles (1). Notre savant confrère y a déposé le germe d’un travail beaucoup plus considérable, dont il s'occupe en ce moment et pour la confection duquel il se propose de visiter les principaux musées qui renferment des restes de ces géants de la faune moderne. Il y a fait voir que les caisses auditives de tous les Cétacés et celles des Rorquals en particulier, offrent des caractères spécifiques assez faciles à saisir. Depuis, M. Owen a fait la même observation sur les Cétacés du crag d'Angleterre. (1) 2° série, vol. VI, p. 158 (1856). ( 661 ) En 1895, M. Lajonkaire publia la description de quel- ques coquilles fossiles des environs d'Anvers. En 1855, M. Nyst étendit les recherches du géologue français, et décrivit sommairement toutes les espèces de Mollusques qu'il avait pu se procurer dans le même terrain. En donnant une analyse détaillée de ce mémoire dans le Bulletin zoologique de M. Guérin, M. Van Beneden eut l’occasion de faire connaître quelques-uns des résultats auxquels l'avaient conduit ses propres recherches sur les fossiles des environs de Boom et de Bazele. | Un an s'était à peine écoulé, lorsque M. Nyst, dans un nouveau travail, appela l'attention des paléontologistes sur les fossiles de Hasselt et de Kleyn-Spauwen. Ces loca- lités encore peu connues alors, étaient d'autant plus inté- ressantes à étudier, que M. Nyst y constata la présence de plusieurs coquilles identiques avec celles de largile de Boom et de Barton. Ces espèces servirent dès lors à con- stater l'identité de l’époque géologique de ces diverses couches. S À l'étude des fossiles tertiaires et diluviens s’ajouta bientôt celle des fossiles paléozoïques. Lés premiers travaux sur ces fossiles eurent pour au- teurs des savants étrangers. C’est ainsi que MM. de Ver- neuil, Beyrich, Goldfuss et de Münster, firent connaître quelques coquilles du terrain carbonifère des environs de Liége, et que sir Roderick Murchison, dans une notice lue à la Société géologique de France, décrivit plusieurs espèces fossiles provenant des couches supérieures de notre terrain dévonien. À l’époque où ces divers écrits parurent, j'avais déjà entrepris quelques recherches sur les fossiles anciens de notre pays; je ne tardai pas à me mettre en relation avec la plupart des savants dont je viens de parler, et encouragé bien plus par eux que par ( 662 |) mes compalriotes, je fis successivement paraître mes Des- criplions des animaux fossiles du terrain carbonifére de Belgique, et mes Monogrophies des genres Productus. et Chonetes. Ces deux ouvrages sont accompagnés d’un grand nombre de planches représentant toutes les espèces que J'ai découvertes et dont le nombre total ne s'élève pas à moins de 550, si l’on y comprend les espèces que je viens de décrire dans un supplément, par lequel j'ai mis la der- nière main au plus étendu de mes travaux. La Description de quelques Polypiers de Belgique, par M. Michelin, un excellent mémoire de M. le vicomte d’Archiac, Sur les fossiles du Tourtia des environs de Mon- tigny-sur-Roc et de Tournai (1), une notice non moins intéressante de M. Hebert Sur les fossiles du. Limbourg, et enfin, les magnifiques ouvrages de MM. Milne Edwards et J. Haime Sur les Polypiers, dans lesquels ils ont décrit un grand nombre d'espèces provenant des diverses forma- tions géologiques de notre pays, viennent clore la série de ces publications. Si des travaux que je viens de signaler rapidement ; on passe à ceux qui ont paru sous le patronage de l'Académie, soit qu'elle les ait provoqués par les questions qu'elle à mises au concours, soit qu’elle les ait jugés dignes d’être insérés dans son recueil, on trouvera que le nombre n'en est pas moins grand. (1) Mém. de la Soc. géol. de France, 2"° série, vol. IT. M. d’Archiac, en s’appuyant sur le grand nombre d’espèces qu’il a cru uni- quement propres aux localités citées ci-dessus, en conclut qu’elles ont vécu dans un petit golfe ou dans un bassin très-limité. Cependant j'ai pu me con- vaincre, pendant mes voyages en Saxe et en Westphalie, que, dans ces pays, on rencontre les mêmes couches renfermant les mêmes fossiles. C’est la for- mation que les géologues allemands désignent sous le nom de Quadersand- stein inférieur. ( 665 Eu eflet , il n’est presque pas de volume, soit des Bulle- tins, soit des Nouveaux mémoires de l’Académie, qui ne renferme des recherches paléontologiques dues à la plume de l’un ou de l’autre de ses membres, parmi lesquels je citerai MM. Cantraine , Dumont, Fohmann , Galeotti, De Koninck, Morren, Nyst, d’Omalius, Schmerling, Van Beneden, Vanderlinden et Van Mons. C'est au publie à se faire juge du mérite et de l'impor- tance de ces travaux, sur lesquels l’Académie s’est déjà prononcée par l'organe de ses commissions, et dont elle a proclamé quelques-uns dignes de la plus haute récompense qu’elle puisse accorder, à savoir l’impression et la médaille d’or : tels sont ceux de MM. Nyst et Galeotti. Quelques personnes étrangères à notre Compagnie NT ont fait parvenir leurs observations. La plupart ont été insérées dans le recueil des Mémoires. Parmi celles-ci se trouvent les Élucubrations paléontologiques de M. le baron de Ryckholt et les Recherches de M. Bosquet Sur les En- tomostracés fossiles des terrains tertiaires de la France et de la Belgique. Ce dernier travail a pour objet la descrip- tion de quatre-vingt-trois espèces d'animaux , dont la plus grande ne mesure pas plus de 4 ‘4 millimètre. L'auteur n'y à pas moins fait preuve de talent que de patience, et les figures dont son mémoire est accompagné, sont d’une exécution parfaite. | Enfin , avant de clore la liste de tous ces ouvrages , dont l'importance n’est pas toujours bien appréciée , j'ai à faire connaître la décision que vient de prendre l'Académie, sur le rapport de trois de ses membres, concernant le mémoire qui lui est parvenu en réponse à la question suivante : Décrire les fossiles des terrains secondaires de la province de Luxembourg, et donner l'indication précise des localités et des systèmes de roches dans lesquels ils se trouvent. ( 664 ) Cette question, qui était restée au programme pendant plusieurs années, a enfin reçu unesolution très-satisfaisante. Malgré quelques légers défauts qui ont été signalés dans la réponse, et qu’il sera facile de faire disparaître , parce qu'ils portent plutôt sur la forme que sur le fond même, l’Académie , sur la conclusion conforme de ses trois com- missaires, a décerné sa médaille d’or aux auteurs, qui sont : MM. Dewalque et Chapuis, tous deux élèves de l'Université de Liége. C'est à eux et à tous ceux qui les suivront dans la car- rière dans laquelle ils viennent d'entrer, à entretenir par leurs recherches, le goût des sciences naturelles qui s’est tant développé depuis quelques années en Belgique et qui, sans aucun doute, recevra une nouvelle impulsion sous l'influence bienfaisante des mesures prises récemment par le Gouvernement. Espérons que le cours de paléontologie créé depuis quel- ques années à l’Université de Liége, ne contribuera pas peu à répandre et à faciliter l'étude de cette science. C’est probablement à son existence que l'Académie doit, en partie , le travail remarquable qu'elle vient de couronner. La séance s’est terminée par la proclamation des résul- tats du concours de 1851. M. Chapuis, docteur en sciences naturelles, et M. Dewalque, auteurs du mémoire couronné sur la question de paléontologie, sont venus recevoir la médaille qui leur avait été décernée la veille. M. de Hoon, sous-ingénieur honoraire des ponts et chaussées, à qui avait été décernée une médaille de vermeil, pour son travail sur les polders, n’assistait pas à la séance. Et) ( 665 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Description des animaux fossiles qui setrouvent dans le terrain carbonifère de Belgique ; par L. De Koninck. Liége, 1851 ; 4 vol. in-4°. | Traité élémentaire de musique, contenant la théorie de loutes les parties de cet art ; par F. Fétis. Tome [. Bruxelles, 1851; 1 vol. ‘in-12. Notice biographique sur Nicolo Puganini, suivie de l'analyse de ses ouvrages et précédée d'une esquisse de l'histoire du violon; par F.-J. Fétis. Paris, 1851 ; 1 broch. in-8°. Exposé sommaire de la nouvelle loi hypothécaire ; par M. Ch. Faider. 1 broch. in-8°. La Belgique horticole, journal des jardins, des serres et des vergers ; par Charles Morren. Tome I, 1850; tome If, 1851, 1"°, 2e et 5° livraisons. Liége; 1 vol. et 3 broch. in-8&. Physique; par J. Plateau et A. Quetelet. Première partie; par J. Plateau. Tome I. Bruxelles, 14851 ; 4 vol. in-12. Recueil des historiens des Gaules et de la France. Histoire lit- téraire de la France. Compte rendu des tomes XX et XXL, etc. etc. (Articles critiques, extraits du Journal de Liége.) Liége, 1850- 1851 ; 1 broch. in-8°. — Présenté par M. Polain. Histoire des environs de Bruxelles; par Alphonse Wauters. 3° livraison. Bruxelles, 1851 ; 1 broch. in-8°. Nouveaux appareils de chimie de M. J. Letoret. Notice extraite des procès-verbaux des séances de l’Association des ingénieurs sortis de l’École des mines de Liége; par M. V. Bouhy. Bruxelles, 4851 ; 1 broch.in-8°. Bulletin administratif du Ministère de l'intérieur. Tome V, n° 9, septembre 1851. Bruxelles; { broch, in-8°, ( 666 ) Le Moniteur belge des travaux d'utilité publique. Spécimen et n° 1 à 4, Bruxelles, 1851 ; 4 feuilles in-folio. Journal d'horticulture de la Belgique; par À. Ysabeau. 9° année, n° 9. Bruxelles, 4851; 1 broch. in-1°2. Journal historique et littéraire. Tome XVIII. livr. 7 et 8; no- vembre et décembre 1851, Liége; 2 broch. in 8°. Bulletin du bibliophile belge. Tome VU, n° IV. Bruxelles, 18541; 1 broch. in-8°. Moniteur de l'enseignement ; publié sous la direction de Frédé- ric Hennebert. Nouvelle série, Tome I, n° 2, 3 et 4. Tournay, 1851 ; 3 broch. in-8°. Bulletin de l'Académie royale de médecine de Belgique. Année 1851-1852. Tome XI, n° 4. Bruxelles, 1851; 1 broch. in-8°. Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie; publié par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. Décembre 1851. Bruxelles; 4 broch. in-8°. La presse médicale; rédaction : M.J. Hannon. N° 49 et 50, novembre et décembre 1851. Bruxelles ; 2 feuilles in-4°. Archives belges de médecine militaire. Tome VIIL, 4"° cahier. Octobre 1851. Bruxelles ; 4 broch. in-8°. La santé, journal d'hygiëne publique et privée. Rédacteurs : MM. A. Leclercq et N. Theis. 3"° année, 1851-1852, n°° 10 et 11. Bruxelles ; 2 feuilles in-4°. Annales d'oculistique ; publiées par le docteur Florent Cunier. Tome XV, 5me et Ge livr., tome XVI, 1", 2% et 3e livr. Bruxelles, 4851 ; 2 broch. in-8°. Annales de la Société de médecine d'Anvers. 12° année, livrai- sons de novembre et décembre 1851. Anvers; 2 broch. in-8°. Journal de la Société de pharmacie d'Anvers. 7° année, no- vembre 1851. Anvers; { broch. in-8°, Annales de la Société de médecine de Willebroeck (lez- Anvers). Livraisons d'août, septembre et octobre 1851. Malines. 2 broch. in-8°. Annales et bulletin de la Société de médecine de Gand. 47% an- née, 9% Jivr. Gand, 4851 ; 4 broch. in-8°. ( 667) Annales médicales de la Flandre occidentale; publiées par les docteurs Réné Vanoye et J. Ossieur. Octobre et novembre, 4° et 5me live. Roulers, 1851 ; 2 broch. in-8°. Le Scalpel; docteur Festraerts, rédacteur. 1851. 4"° année. N° 12 et 15. Liége; 1 feuille in-4°. Manuel d'hygiène privée et publique; par le docteur H. Van Berchem. Malines, 1851 ; 4 vol. in-192. Flora Batava of afbeelding en beschrijving van nederlandsehe gewassen ; door wylen Jan Kops, vervolgd door P.-M.-E. Gevers Deynoot. 166 aflevering. Amsterdam, 1850; 4 broch. in-4°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences; par MM. les secrétaires perpétuels. Tome XXXIHII. Nes 21, 23, 24 et 95. Paris, 4851 ; 4 broch. in-4°. ; Bulletin de la Société de l'histoire de France. N° 5, mai 1851. Paris; 4 broch. in-8°. Bulletin de la Société géologique de France. 2° série, tome VIE, feuilles 21-34. 7 avril-16 juin 1851. Paris, 1850 à 1851 ; 2 broch. in-8°. Revue et magasin de zoologie pure et appliquée; par M. F.-E. Guérin-Méneville. 4851. N° 10 et 414. Paris; 2 broch. in-8°. Société de la morale chrétienne. Paris, 1851 ; 1 broch. in-8°. Société d'horticulture de Paris et centrale de France. Séance publique de distribution des prix tenue, le 14 septembre 1851, dans l'orangerie du palais des Tuileries, à la suite de sa 22° expusi- tion, sous la présidence de M. Payen, vice-président. Paris, 1851; 4 broch. in-8°. Mémoire de géométrie descriptive, théorique et appliquée ; par M. Théodore Olivier. Paris, 1852 ; 2 vol. in-4°. Mémoires de la Société nationale des sciences , de l'agriculture et des arts de Lille. 1849. Lille, 4850; 1 vol. in-8°. Télégraphe électrique du docteur Dujardin. Lille, 4851; 1 broch. in-8°. : Journal de la Société d'horticulture de Mâcon. 6° année, n° 7, août 1851. Mâcon; 1 broch, in-S$°. De la loi biogénique; par M. J.-B.-G. Barbier. 1 broch. in-8°. ( 668) De la force vitale et de l'innervation considérées dans l'étude des maladies ; par J.-B.-G. Barbier. 4 broch. in 8°. Archives historiques et litléraires du nord de la France et du midi de la Belgique. 3"° série. Tome IE, 2° livr., octobre 1851. Valenciennes; 1 broch. in-&°. Académie des sciences et lettres de Montpellier. Extras des procès-verbaux des séances pendant l'année 1850-1851. Montpel- lier, 1851 ; 4 broch. in-8°. Note sur la polarisation de la chaleur atmosphérique ; par M. Élie Wartmann. Génève, 1851 ; 1 feuille in-8. The quarterly Journal of the geological Society. Vol. VIT, n° 27. Londres, 1851 ; 4 vol. in-8°. Transactions of the royal Society of Edinburgh. Vol. XX, part. IL. Londres 1851 ; 1 vol. in-4°. Researches in terrestrial physics ; by Henry Hennessy. Lon- dres, 4851 ; 1 broch. in-4°. Contributions to astronomy and geodesy ; by Thomas Maclear. Londres, 1851 ; 1 broch. in-4°. The transactions of the entomological Society of London. New series. Vol. I, part V. Londres, 1851 ; 1 broch. in-8°. Proceedings of the royal Society of Edinburgh. Nol. H, Index; vol. IT, n° 40 et 41. Edimbourg ; 2 broch. in-8°. Memoirs of the american Academy of arts and sciences. New series. Vol. IV, part. IL. Cambridge and Boston, 4850; 4 vol. in-4°. Elementi di fisiologia generale del professore Giuseppe Pigna- {ari. Florence, 4850 ; 1 vol. in-8°. Atti dei Georgofili di Firenze della Associazione agraria della provinzia di Grosseto e bulletino agrario. N° 96 à 99. Florence, 4850 et 1851; 4 broch. in-8°. Memorie dell osservatorio dell Universita Gregoriana in col- legio romano diretto dai pp. della Compagnia di Gesu. Anno 1850. Rome, 1851 ; 1 vol. in-4°. Correspondenza scientifica in Roma. 2"° année, n° 28. Rome, 27 août 1851; 1 feuille in-4°. FIN DU XVINME VOLUME. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME XVIII. TABLE DES AUTEURS. Au 2 - (Le chiffre! se rapporte à Ja 1" partie et le chiffre 11 à la 2° partie.) A. Anonyme. — Envoi d’une notice sur le système de l'univers, II, 270. Athenœum de Londres. — Remerciments pour l'envoi des mémoires de l'Académie, II, 151. B. Baguet. — Commissaire pour un mémoire de M. le chanoine De Ram, I, 129; commissaire pour un mémoire de concours, 1, 159; commissaire pour un mémoire de M. De Witte, 1, 528; quelques réflexions sur le but général de l’enseignement, I, 330 ; hommage d’une notice sur l'étude de la grammaire dans l’enseignement des langues anciennes, IL, 207; rapport sur un mémoire de M. De Witte, II, 421 ; commissaire pour un manuscrit ° de M. Bernard, IE, 512. Bal. — Envoi, par le Ministère de l’intérieur, de son nouveau rapport, I, 150; envoi d’un autre rapport, 1, 248 ; envoi d’un autre rapport, 11, 554. Baron. — Remerciments de la classe des beaux-arts, 1, 136; commissaire pour un mémoire de M. Pettit Griffith, 1, 249; commissaire pour le con- cours de composition musicale, 1, 252; lecture de son rapport sur les can- tates, concours de 1851, 1, 672; lecture de son rapport sur le mémoire TOME xvuuL. 45. 670 TABLE DES AUTEURS. de M. Pettit Griffith, 11, 439; rapport sur le mémoire de M. Pettit Grif- fith, 11, 540. Barre. — Hommage de différentes médailles, 1, 130. Bellinck. — Observations des phénomènes périodiques, 1, 3; observations des phénomènes périodiques et envoi d’une notice, II, 447. Bernard. — Dépôt d’un manuscrit, II, 512. Biot. — Envoi d’une notice sur certains procédés proposés pour constater quelques falsifications des farines céréales, H, 270. Bock. — Commissaire pour un mémoire de M. Pettit Griffith, 1, 249; com- missaire pour un mémoire de concours, 1, 671 ; annonce de son rapport sur le mémoire de M. Pettit Griffith, Il, 248; rapport sur le mémoire de M. Pettit Griflith, II, 543. Bogaers. — Lauréat du concours de poésie flamande, 1, 480 ; lecture de son poëme couronné, I, 540; hommage de différents ouvrages littéraires, 11, 52. Bogaerts (Félix). — Membre .de la commission anversoise de la Caisse des artistes, 1, 136. Borgnet (4.-D.). — Commissaire pour l'examen des propositions du jury pour le prix d'histoire de la première période quinquennale, Il, 51 ; rap- port sur une proposition du jury relative au prix quinquennal d'histoire, 11, 525; hommage d'ouvrages publiés récemment, 11, 356. Borgnet (J.). — Promesse pour la rédaction de l’histoire de l'Art en Bel- gique, [, 354. Bormans. — Commissaire pour un mémoire de concours, 1, 159 ; note sur une transposition de quatre vers dans l’exorde du poëme de Lucrèce, de la nature des choses, 1, 162; commissaire pour le concours de poésie fla- mande, [, 254; rapport sur un mémoire de concours, 1, 426. Bosquet. — Notice sur quelques mollusques lamellibranches nouveaux trou vés dans les couches tertiaires du Limbourg belge, 11, 298. Braemt. — Aperçu de l’état financier de la Caisse centrale des artistes, I, 156 ; commissaire pour le concours, |, 355; membre de la commission instituée pour la tombola de la Caisse centrale des artistes, 11, 439. Brasseur. — Hommage du programme du cours de géométrie descriptive 1, 562; quelques propriétés descriptives des surfaces gauches du second degré démontrées par la géométrie, 1, 363; extrait d’un mémoire sur un nouveau moyen de démontrer les lieux géométriques par la géométrie descriptive, 1, 372; quelques propriétés descriptives des surfaces gauches du second degré démontrées par la géométrie, 11, 41. Brixhe.— Envoi d’une notice manuscrite sur une statuette gauloise, 1, 323; note sur une ancienne statuette, semblable à celle de Casterlé, 11, 119. TABLE DES AUTEURS. 671 C. Carlier. — Arrêté qui lui confère le premier prix du grand concours de 1850, 1, 211; envoi de son rapport trimestriel, 1, 558; envoi d'un nouveau rapport, 11, 554. Carton (abbé). — Observations sur une notice de M. le chanoine De Smet, I, 75; commissaire pour un mémoire de concours, I, 158; offre pour la ré- daction d’une histoire de l’art en Belgique, 1, 554; rapport sur un mémoire de concours, 1, 376 ; commissaire pour l'examen des propositions du jury pour le prix d'histoire de la première période quinquennale, Il, 51 ; rap- port sur les propositions du jury, 11, 526. Carus (docteur). — Communication de nouveaux résultats relativement au module pour les proportions humaines, IT, 151. Chalon. — Membre correspondant de la classe des lettres, 1, 481 ; remerci- ments pour sa nomination, 1, 602; présentation de trois notices sur des médailles relatives à l’histoire du pays, IT, 419. Chapuis (Félicien). — Lauréat du concours, IT, 590 ; remise de la médaille, Il, 664. Cocq (Alphonse). — Envoi d’une pièce de vers consacrée à honorer la mé- moire de la Reine, 1, 254. Commission pour le srobstèsie congrès de la langue flamande. — Invita- tion aux membres de la classe des lettres, I, 602. Conway. — Envoi, de la part du Roi, d’une somme de mille francs, à la Caisse centrale des artistes, II, 244. Corr (Erin). — Secrétaire de " commission anversoise de la Caisse des artistes, 1, 156 ; présentation d’un tableau de M. Roelandt d'Anvers, for- mant le don promis à la Caisse centrale, II, 459. Crahay. — Renseignements au sujet de la température de cet hiver, I, 230 ; adhésion aux conclusions du rapport de M. Quetelet, relatif au mémoire de M. Montigny, II, 134; note sur des observations de température, faites à Bastogne et à Honnay, II, 594. Crems. — Envoi d’un ouvrage sur un moteur atmosphérique, IT, 270. Crocq (docteur). — Envoi d’un mémoire manuscrit, I, 447. D. Daussoigne Mehul, — Commissaire pour le concours de composition musi- cale, 1, 252. Dautzenberg. — Remereîments, au noni des membres du congrès pour a . langue flamande, I, 244. 672 TABLE DES AUTEURS. David. — Commissaire pour un mémoire de M. De Ram, 1, 129; rapport sur un mémoire de M. De Ram, 1, 160; commissaire pour le concours de poésie flamande, 1, 254. De Caligny.— Envoi de deux notes sur un nouvel instrument de physique, - susceptible d’être appliqué comme machine à élever l’eau, I, 5. De Caraman (duc). — Hommage de ses études critiques de philosophie, de science et d'histoire, II, 52. De Decker. — Commissaire pour un mémoire de concours, 1, 159; rapport sur un mémoire de concours, 1, 394. De Gerlache (baron). — Directeur de la classe des lettres pour 1859, 1, 129; commissaire pour un mémoire du concours extraordinaire, I, 160; rap- port sur un mémoire de concours, I, 459 ; commissaire chargé de pré- senter un rapport sur la publication d’une collection des grands écrivains du pays, 11,511. . De Grouæx. — Arrêté qui lui confère le deuxième prix du grand concours de peinture de 1850, 1, 211. De Haegel (M). — Envoi d’une pièce de vers consacrée à honorer la mé- moire de la Reine, 1, 254. De Hemptinne. — Commissaire pour une notice de M. Biot, IT, 270 ; pro- nonciation d'un discours, II, 600. ; De Hody (baron). Envoi d’un exemplaire de la médaille frappée à l’occasion de l'occupation de la nouvelle maison de sûreté de Liége, I, 353. De Hoon (Adolphe). — Lauréat du concours, If, 595. De Keyxer. — Trésorier de la commission anversoise de la Caisse centrale des artistes, I, 136. De Koninck. — Rapport sur un mémoire de M. Bosquet, I, 145; hommage de sa notice sur P. Louyet, 1, 562; commissaire pour un mémoire de concours, Il, 274; hommage d'un supplément à son ouvrage sur la description des animaux fossiles, 11, 575; rapport sur un mémoire de concours, Il, 576 ; discours sur l’état de la paléontologie en Belgique, IT, 648. De Laborde (comte Léon). — Associé de la classe des lettres, I, 481 ; remer- ciments pour sa nomination, I, 602. Delacroix-Donche. — Hommage d’un projet de monument à ériger à la Reine, 1, 559. Delcros. — Notice sur le rapport fait, en 1851, à l’Académie de Munich, par M. Lamont, sur l’hypsométrie et la météorologie de la Bavière, 11, 305. Del Ré. — Annonce de la découverte d’une planète, 1, 578. D’Omalius d'Halloy. — Remerciments de la classe des sciences, 1, 56; commissaire pour un mémoire de M. Van Honsebrouck, 1, 144; membre TABLE DES AUTEURS. 673 d'une commission mixte pour les prix quinquennaux, IT, 151; commis- saire pour deux ouvrages de M. Van Honsebrouck et une notice d’un ano- nyme, II, 270; commissaire pour un mémoire de concours, IT, 274; rap- port sur un mémoire de M. Van Honsebrouck et une notice d’un anonyme, 1, 557; rapport sur un mémoire de concours, IT, 588. De Quatrefages. — Extrait d'une lettre à M. Van Beneden, sur le nouveau Némertien de la côte d’Ostende , I, 369. De Ram (chanoine). — Dépôt d'un mémoire manuscrit, contenant des re- cherches sur l’histoire des comtes de Louvain et sur leurs sépultures à Ni- velles, 1, 129 ; remerciments de la classe des lettres, I, 129; hommage des sept volumes de sa deuxième édition d’Alban Butler, I, 157; membre du bureau de présentation, I, 247 ; commissaire pour une notice de M. Brixhe, 1, 528 ; recherches sur la chronique universelle de Sozomenus de Pistoie, I, 605, rapport sur une notice de M. Brixhe, IT, 53 ; suite des recherches sur la chronique universelle de Sozomenus de Pistoie, II, 75; hommage d'un exemplaire du discours prononcé aux funérailles de feu M. Tits, IT, 206 ; membre d’une commission mixte pour les prix quinquennaux, II, 207. De Saint-Genois (baron J.). — Observations sur une notice de M. le cha- noine de Smet, I, 75. De Selys-Longchamps (baron). — Observations des phénomènes périodi- ques, 1, 3; note sur la famille des Récurvirostridées, I, 5; détails sur un phénomène observé à Waremme, 1, 150; observations des phénomènes périodiques, I, 264; observations des phénomènes périodiques, 1, 3653; observations des phénomènes périodiques, IT, 556. De Smet (chanoine). — Commissaire pour un mémoire de concours, 1, 158 ; rapport sur un mémoire de concours, 1, 383; note sur une ordonnance de Jean sans Peur, en 1417 ; II, 527. De Stassart (baron). — Hommage d’une notice sur Van Hoobroeck, baron d'Asper, 1,58; note sur les descendants de Corneille, I, 75; commissaire pour le concours de poésie française, 1, 254; rapport sur le concours de poésie française, I, 501; note destinée à rectifier deux faits historiques, 11, 213 ; hommage d'une notice sur dom Hervin, II, 419; fondation d’un prix en faveur de l’Académie, II, 420 ; commissaire chargé de présenter un rapport sur la publication d'une collection des grands écrivains du pays, II, 511 ; commissaire pour une notice de M. le chevalier Lelièvre de Stau- mont, IT, 54. De Vaux (Ad.). — Commissaire pour deux notes de M. de Caligny, I, 3; renseignements sur un phénomène lumineux, 1, 229; rapport sur deux notes de M. de Caligny, I, 265; commissaire pour un mémoire de M. Gloe- 674 TABLE DES AUTEURS. sener, 1, 562; commissaire pour un mémoire manuscrit et une noté de M. Gibesatièns 11, 5; membre d’une commission mixte pour les prix quin- quennaux, 11, 131; rapport sur un mémoire de M. Gloésener, II, 137; commissaire pour un mémoire de concours, 11, 274; commissaire pour une note de M. Lamarle, Il, 447; rapport sur un mémoire de concours, II, 592. De Vaux (Paul). — Commissaire pour un mémoire de concours, 1, 159; rapport sur un mémoire de concours, 1, 400. De W'ael. — Sur des anomalies végétales, II, 287. De Walque. — Observations des phénomènes périodiques, I, 144 ; observa- tions météorologiques, 1, 229; observations des phénomènes périodiques, 1, 264; observations des phénomènes périodiques, I, 579; envoi d'une note, IT, 5; quelques faits pour servir à l'étude des phénomènes périodiques des végétaux, IT, 195; Lauréat du concours, II, 590 ; remise de la médaille, IT, 664. De Witte. — Explication de trois bagues d’or de travail étrusque, 1, 242; envoi d’un mémoire manuscrit, 1, 327 ; nommé membre, 1, 481 ; remercie de sa nomination, I, 602 ; dés les mémoires de la Société archéoldiique de l'Orléanais, dé k part si cette compagnie, IE, 419. Donckelaer. — Observations des phénomènes périodiques, 1, 229, Donny. — Remerciments pour sa nofnination de correspondant, I, 2; envoi d’un ouvrage manuscrit, Il, 132. Ducpetiaux. — Hommage de différents ouvrages, I, 527 ; hommage de son ouvrage sur les colonies agricoles, IT, 52. D’Udekem (J.) — Note sûr le système ditunlateire de la Lacinulaire sociale, 1, 59 ; note sur une nouvelle espèce de Flosculaire, 1, 43. May — Note sur une application de la géologie à la recherche d'eaux souterraines, I, 47; note sur la position géologique de largile rupélienne et sur le synchronisme des formations tertiaires de la Belgique, de l’An- gleterre et du nord de la France, IE, 179 ; commissaire pour l'examen d’un mémoire de concours, II, 274; note sur la découverte d’une couche aqui- fère à la station de Hasselt, I, 505; rapport sur un mémoire de concours, IF, 579. Duprez. — Commissaire pour un mémoire de M. Montigny, 1, 3; commis- saire pour un mémoire de M. Montigny, 1, 362; observations des phéno- mènes périodiques, 1, 363; commissaire pour l'examen d'une noticé de M. Montigny, 1], 557. Dureau de la Mate. — Associé, I, 481 ; remercie de sa nomination, IE, 52. Dyckmans. — Membre de la commission anversoise de la Caisse dluttale des artistes, E, 156. SF -LA VANNES TABLE DES AUTEURS. 675 F. F Faider (Ch.). Note sur la langue latine dans ses rapports avec l'étude du droit, 1, 175 ; communication d'une seconde étude sur l'application des lois inconstitutionnelles, 1, 247 ; note résumée sur l'application des lois inconstitutionnelles , 1, 356; hommage d’un rapport sur les causes locales de la criminalité en Belgique, [, 601 ; nouvelles réflexions sur la langue latine, dans ses rapports avec l'étude du droit, IT, 88 ; dernières réflexions sur la langue latine, dans ses rapports avec l'étude du droit, IT, 215. Fallati. — Extrait de deux lettres adressées par M. Schmidt, 11, 296. Fetis (#.). — Directeur de la classe des beaux-arts pour 1852, 1, 136 ; com- missaire pour le concours de composition musicale, 1, 252 ; membre de la section permanente du Jury de composition musicale, 1, 555; rapport sur les travaux de M. Sax, père, 1, 562; remerciments 4 la aisé des beaux- arts pour le concert en faveur Fe la Caisse centrale des artistes, F, 571 ; hommage d’une notice biographique sur Nicolas Paganini et du biélhier volümé d’un traité élémentaire de musique, li, 555. Fraikin. — Membre de la commission pour la nas che d’un procédé propre à blanchir le marbre et l’albâtre, 1, 553; adhésion au rapport fait par M. Melsens, 11,225 ; membre de la commission pour le tirage de la tom- bola dé la Catsa te artistes, II, 458. G- Gachard. — Rapport sur une lettre de M. le major Guillaume, 1, 59; com- missaire pour un mémoire de concours, I, 159; membre de la commission de présentation, 1, 247 ; rapport sur un mémoire de concours, 1, 586 ; un fragmént de l’histoire de Guillaumé le Taciturne, prince d'Orange ; 1, 621 ; note sur les négociations de don Juan d'Autriche avec Guillaume le Taciturne, prince d'Orange, en 1577, II, 59. Galesloot. — Restes de deux habitations de l’époque romaine découverts à Laeken, près de Bruxelles, 1, 204. Geefs (G.).— Commissaire pour le concours, I, 555. Geefs (J.). — Membre de la commission pour la recherche d'un procédé propre à blanchir le marbre et l'albâtre, 353 ; adhésion aux conclu- sions du rapport fait par M. Melsens, II, 225. | Ghaye (Michel). — Observations des phénomènes périodiques, [, 5. Gloesener. — Envoi d’un némoire sur phisieurs perfectionnements apportés 676 TABLE DES AUTEURS. aux télégraphes à aiguilles, etc., 1, 562 ; envoi du dessin d’un télégraphe électrique perfectionné et d'un manipulateur, suite de son mémoire sur la télégraphie; dépôt d'un, paquet cacheté, I, 578; envoi d’un mémoire manuscrit et d’une note sur la télégraphie électrique, IT, 5; demande que les commissaires nommés pour l’examen de son mémoire veuillent différer de faire leur rapport, II, 269. Gluge. — De quelques altérations de la peau (ichthyose, mucédinée, et tu- meur épidermiale) chez les oiseaux, 1, 24. Grandgagnage. — Commissaire pour un mémoire du concours extraordi- naire, I, 160; rapport sur un mémoire de concours, 1, 446; commissaire pour l’examen des propositions du jury pour le prix d'histoire de la pre- mière période quinquennale, IT, 51 ; note sur quelques vestiges de monu- ments druidiques dans la province de Eiége, II, 115; ajoute aux-considé- rations présentées par M. Borgnet, relativement à la proposition du jury pour le prix d'histoire, II, 326. Guffens. — Remerciments pour les lettres remises par le secrétaire perpé- tuel, II, 458. Guillaume (le major). — Lettres sur les bandes d'ordonnances, 1, 98. H. Hanssens (C.-L.). — Commissaire pour le concours de composition musicale, 1, 252; membre de la section permanente du jury pour les grands prix de composition musicale, I, 555. Haus. — Commissaire pour un manuscrit de M. Bernard, IL, 512. Heis. — Communication des observations faites sur les étoiles filantes au mois d'août 1850, ainsi que du résultat de ses observations sur les au- rores boréales et les lumières zodiacales, en 1850, II, 2; observations des phénomènes périodiques , II, 47. Hess (recteur). — Observations des phénomènes périodiques, I, 265. Hody (baron de). -- Envoi d’une médaille frappée à l’occasion de la nou- velle prison des femmes à Bruxelles, II, 244. I. Institut royal des Pays-Bas. — Remerciments pour l’envoi des publica- tions de l’Académie, II, 269. J. Jehotte (Léonard). — Annonce de sa mort, 11, 29%. LES TABLE DES AUTEURS, 677 K, Kervyn de Lettenhove. — De la part prise par la Flandre aux guerres civiles de l'Angleterre sous le roi Jean, 1, 192 ; lauréat du concours général d’his- toire, 1, 547 ; remise du prix, 1, 557; du droit et du devoir, IT, 99; Thierry de Flandre, empereur de Chypre au XIII: siècle, 11, 333. Kesteloot — Hommage d'ouvrages qu’il vient de publier, 11, 512. Kickæ. — Conclusions sur une proposition de M. Leroy Mabille, 1, 4; direc- teur de la classe des sciences pour 1852,1, 4; commissaire pour une no- tice de M. Westendorp, 1, 362; note sur une ascidie accidentelle du rosier, 1, 591; rapport sur une notice de M. Westendorp, 11, 10 ; commissaire pour un mémoire de concours, 1f, 275; rapport sur une notice de M. Van Honsebrouck, 11, 277 ; remarques au sujet de la communication faite par M. Dewael, sur des anomalies végétales, 11, 287; commissaire pour une notice de M. Bellynck et un mémoire de M. Crocq, 11, 447; commissaire pour une notice de M. André, 11, 572; adhésion au rapport de M. Morren sur un mémoire de concours, II, 575. L. Lacroix. — Promesse de son concours pour une histoire des arts en Belgi- que, I, 559. Lamarle. — Commissaire pour deux notes de M. de Caligny, 1, 5; dépôt d’un paquet cacheté, 1, 264 ; rapport sur une note de M. de Caligny, |, 267 ; commissaire pour un mémoire de M. Schaar, II, 152 ; commissaire pour un mémoire de M. Meyer, 11, 270; commissaire pour un ouvrage de M. Crema, 1], 270; rapport sur cet ouvrage, 11, 359 ; envoi d’une note manuscrite, 11, 447 ; rapport sur un mémoire de M. Meyer, 11, 447. _Laureys. — Envoi de son rapport, I, 558; envoi d’un nouveau rapport, 11, 254. Lavry (père). — Demande tendant à recevoir communication de la pièce de théâtre intitulée : Ze diable dans un bénitier, 11, 458. Leclercq (M.). — Président de l’Académie pour 1851, 1, 156; membre d’une commission mixte pour les prix quinquennaux, IF, 207; rend compte des mesures prises pour la régularisation du prix fondé par M. le baron de Stassart, II, 512. Leclercq (D.). — Observations des phènomènes périodiques, I, 3. Leemans. — Envoi des onze livraisons des monuments égyptiens du musée néerlandais de Leyde , 1, 233. 678 TABLE DES AUTEURS. Lefrançois. — Envoi d’une note, II, 573. Legrand. — Lauréat du concours de la classe des lettres, 1, 445. Lelièvre de Staumont. — Envoi d’une note manuscrite intitulée : Observa- tions critiques sur les nouveaux synonymes français, par M. l'abbé Rou- baud, 11, 511. Leroy-Mübille. - Proposition d'expériences relatives à la maladie des pommes de terre, 1, 4. Lesbroussart. — Commissaire pour le concours de poésie française, 1, 254 ; commissaire chargé du rapport sur la publication d'une collection des grands écrivains du pays, Il, 511. l Letoret — Renseignements sur le billet cacheté déposé, en 1841, à l'Acadé- mié, et envoi d’une notice, Il, 446. Liagre. - Remercîiments pour sa nomination de membre correspondant de la classe des sciences, [, 2; communication relative aux tables de morta- lité, 11, 559. Liebig. — Membre associé de la classe des sciences, IT, 593. M. Mac Leod. — Observations des phénomènes périodiques , 1, 229. Marchal (le chevalier). — Notice en réponse à un passage des recherches sur les mystères des anciens, concernant le dogme dé l'unité de Dieu, par le baron de S'-Croix, 1, 82 ; notice sur les funérailles de l’infante Isabelle , d’après deux manuscrits de Colbrant, II, 106; communication verbale concernant un travail sür l’origine de la franc-mäçonnerie, 11, 2925; communication d’une notice sur l’état de l’Illyrie pendant le gouverne- ment impérial, 11, 345; Seconde notice sur les provinces illyriennes; continuation de l’analyse du manuscrit 11600 de la Bibliothèque royale, 11, 421. Mareska. — Envoi de son ouvrage manuscrit intitulé : De l'extraction du potassium , 11, 152; membre correspondant de la classe des sciences, IT, 593. Martens. — Commissaire pour une notice de M. Westendorp, 1, 362; sur les piles à acides et alcalis, séparés par des corps poreux, IT, 14 ; commissaire pour un mémoire de concours, 11, 275 ; commissaire pour un autre mé- moire de concours, Il, 274; commissaire pour une notice de M. André, IT, 572 ; adhésion aux conclusions du rapport de M. Morren, IF, 575 ; rapport sur un mémoire de concours, 11, 590. Martini Van Geffen. — Observations des phénomènes périodiques; H, 573. Mathieu (Ad.) — Benesuada Senectus, 1, 119 ; présentation d’un nouveau TABLE DES AUTEURS. 679 recueil de poésies, 1, 157 ; hommage dé deux ouvrages intitulés : Georgio et Éphémérides, 11,52; hommage de plusieurs ouvrages, 11, 322. Maux (docteur). — Sur les formations bâtardes dans le règne végétal, I, 58. Melloni. — Membre associé de la elasse des sciences, IL, 5953. Melsens. — Remerciments pour sa nomination de membre, I, 2; envoi de l'arrêté royal approuvant sa nomination, 1, 144; membre de la commis- sion pour la recherche d’un procédé propre à blanchir le marbre et l’al- bâtre, 1, 555; communication sur queiques propriétés, non encvre obser- vées, de l’albumine, 1, 600 ; communication verbale sur des expériences concernant un procédé de nettoyage du marbre et de Palbâtre, I, 672; note sur les matières albuminoïdes, II , 17 ; commissaire pour un ouvrage de MM. Mareska et Donny, 11, 152; rapport sur un procédé de nettoyage des statues de marbre et d’albâtre, 11, 225; adhésion aux conclusions du rapport de M. Stas sur un mémoire de MM. Mareska et Donny, Il, 277. Mengal. — Annonce de sa mort, 11, 295. Meyer. — Hommage d'un exemplaire d’un mémoire; remarques au sujet d’un rapport fait par M. Pagani sur le travail communiqué précédemment à la classe, 11, 3; envoi d'un mémoire sur l'intégration de l'équation gé- nérale aux différences partielles du 1°’ ordre d’un nombre quelconque des variables, II, 270 ; hommage d'ouvrages publiés récemment, ainsi que d’une notice manuscrite, II, 356. Milne Edwards. — Remereiments pour sa nomination d’associé, |, 2. Ministre des affaires étrangères. — Transmission de différentes publica- tions à l’Académie, 11, 356. Ministre de la guerre. — Envoi de la première feuille d’une carte des en- virons du camp de Beverloo, 1, 144. Ministre de l’intérieur. — Nomination du jury du concours quinquennal d'histoire, [, 57 ; envoi d’un rapport de M. Bal, lauréat du grand con- cours de gravure, 1, 130; envoi de l'arrêté royal approuvant l'élection de M. Melsens, 1, 144 ; envoi de l'arrêté royal nommant M. Leclercq pré- sident pour 1851, 1, 156; installation du jury pour le prix quinquenrial d'histoire, I, 156; arrêté du 30 décembre dernier conférant les prix du grand concours de peinture de 1850, 1, 211 ; demande des publications de l’Académie en faveur de la bibliothèque royale d'Athènes, 1, 298 ; exécution du buste de feu M. de Reiffenberg, 1, 253 ; envoi de deux rap- - ports de MM. Bal et J. Stallaert, lauréats du grand contours, 1, 248; lettre relative à la restauration de l'élévation et de la descente de eroix de Rubens, 1, 352; demande que la classe désigne les trois membres du jury pour les concours de composition musicale, 1, 555; demande de renseignements sur un procédé propre à blanchir les statues de marbre 680 TABLE DES AUTEURS. et d’albâtre, 1, 555 ; envoi de deux rapports trimestriels de MM. Laureys et Carlier, lauréats du grand concours, 1, 559; envoi d’une note de M. Vandenbroeck sur les procédés propres à enlever aux statues de marbre et d'albâtre les couleurs à l'huile, 1, 559; réserve faite, pour la Caisse centrale des artistes belges, sur le produit de l'exposition nationale des beaux-arts 1, 671; envoi de l'arrêté royal décrétant la création, à l'Observatoire royal de Bruxelles, d’un dépôt d'instruments, Il, 2; expé- dition de l'arrêté royal approuvant l'élection de M. De Witte, IT, 51; envoi d’une lettre du jury pour le prix quinquennal d'histoire, Il, 52; copie du procès-verbal fait à l'ouverture du billet cacheté joint à la can- tate couronnée, Il, 123; fondation de cinq nouveaux prix quinquennaux, IT, 150; envoi des deux premiers volumes de la correspondance de Phi- lippe II, IT, 206; résultat du grand concours de composition musicale, 11, 224; rapport trimestriel du lauréat F. Laureys, Il, 224 ; communica- tion d’un mémoire de M. le consul général de Belgique à Naples, sur l’art du mosaïste, IT, 244 ; ajoute d’une somme de 600 francs à la médaille d’or de l’Académie pour la question relative aux relations politiques et com- merciales des Belges avec l'Angleterre, IT, 322; demande d’un programme pour les lauréats des concours d'architecture, II, 344; procès-verbal des recherches opérées dans un tumulus existant à Coninxheim, II, 418; envoi de plusieurs ouvrages, IT, 419; envoi des nouveaux mémoires de MM. le chevalier Peers et Gerardy sur la maladie des pommes de terre, 11, 446; Commission nommée à l'effet de tracer le plan de la publication des anciens manuscrits de la littérature flamande, IT, 509; lettre relative à la rédaction d'un résumé analytique et critique des publications sur l'histoire du pays, II, 511; envoi de deux nouveaux rapports de MM. Car- tier et Bal, lauréats des grands concours, IT, 554 ; envoi d’une notice sur la maladie des pommes de terre, par M. André, IT, 572; envoi de l'arrêté royal du 29 novembre 1851, relatif aux prix quinquennaux, et demande de la liste double de présentation pour les membres du jury , Il, 573. Ministre plénipotentiaire de France à Bruxelles. — Envoi du rapport de la Commission , instituée à Rome pour constater les dégâts occasionnés aux monuments, pendant le siége de cette ville, I, 601. Moke. — Commissaire pour le concours de poésie française, I, 254; lecture du rapport pour le concours quinquennal d'histoire, I, 547; invité à se charger de la rédaction d’un résumé analytique et critique des publica- tions sur l’histoire du pays, IF, 511. Montigny. — Envoi d’un mémoire intitulé : Sur les phénomènes de per- sistance des impressions de la lumière sur la rétine, 1, 5; demande du renvoi de son manuscrit, [, 228; phénomènes de la persistance des So dénude TABLE DES AUTEURS. 681 impressions de la lumière sur la rétine, 1, 362; renvoi de son mémoire intitulé : De l’influence de la vitesse du vent sur la pression atmosphé- rique , 1, 579; envoi d'une note manuscrite sur un procédé pour rendre - perceptibles et pour compter les vibrations d’une tige élastique, 11, 357. Moreau. — Observations des phénomènes périodiques , 1, 265. Morren (Ch.). — Conclusions sur une proposition de M. Leroy-Mabille, I, 4; notice sur le spiralisme tératologique des tiges, 1, 27 ; hommage : 1° d’une notice sur Eugène d'Olmen, baron de Poederlé; 2 d’un exemplaire du catalogue des graines récoltées au Jardin botanique de Liége, en 1850, I, 264; de l’atrophie en général et démonstration, par l’étude de l'organisation même, de ce fait, que les pollens de certains monstres sont impuissants , I, 274; commissaire pour une notice de M. Westendorp, I, 362; hommage de son ouvrage intitulé: Palmes et couronnes de l’horticulture de Belgique, I, 578; d'une pélorisation sigmoïde des Calcéolaires, nouveau genre de monstruosité ; d’une synanthie bicalcéifère et endostaminale, et enfin d’une synanthie unicalcéifère et exostaminale de ces mêmes plantes, 1, 581 ; de l'influence de l’éclipse de soleil du 28 juillet 1851, sur les plantes, 11, 161 ; solenaidie ou métamorphose des organes sexuels en tubes creux et stériles; II, 172; commissaire pour l'examen d’un mémoire de concours, II, 275, commissaire pour l’examen d’un autre mémoire de concours, II, 274; recherches sur un nouveau genre de monstruosités végétales, modifiant l'axe de certaines fleurs et appelé gymnaxonie ou dénudation de cet or- gane, IT, 288 ; commissaire pour des mémoires de MM. le chevalier Peers, et Gérardy, II, 446; commissaire pour une notice de M. Bellynck et un mémoire de M. Crocq, 11, 447 ; notice sur les anomalies de déplacement et analyse de monstres nouveaux compliqués de métaphérie, de dédouble- ment et de disjonction, II, 493 ; commissaire pour une notice de M. André, IT, 572; hommage du premier volume et des trois premières livraisons du second volume de son journal. La Belgique horticole, I, 573 ; rapport sur un mémoire de concours, Il, 574; rapport sur un mémoire de concours , II, 632. Muller, — Membre associé de la classe des sciences, II, 593. N. 4 Namur. — Envoi de deux rapports, Il, 322. Navez. — Rapport sur la correspondance des lauréats du grand concours de l’Académie royale des beaux-arts d'Anvers, 1, 253; discours à la séance publique du 25 septembre, IE, 250 ; rapport sur deux lettres de M. Laureys, Il, 440. 682 TABLE DES AUTEURS. Nolet de Brauwere Van Steeland. — Hommage d’une légende flamande intitulée : Beatrys , 1 , 601 ; hommage de différents ouvrages, Il, 512. P. Pagani. — Commissaire pour un mémoire de M. Vanhonsebrouck, FE, 144 ; commissaire pour l'examen de deux ouvrages de M.Vanhonsebrouck et d’une notice d’un anonyme, 11,270 ; commissaire pour un mémoire de M. Meyer, IL, 270; adhésion aux conclusions du rapport de M. D'Omalius , Il, 358 ; commissaire pour une note de M. Lamarle, II, 447; rapport sur un mé- moire de M. Meyer, IT, 447. Partoes. — Commissaire pour le concours, 1, 355; commissaire pour un mémoire de concours, I, 671; commissaire pour un mémoire manuscrit de M. Derote, consul général de Belgique à Naples, IF, 244; commissaire pour l'examen d’une demande de M. le Ministre de l’intérieur, II, 545; membre de la Commission pour la tombola de la Caisse centrale des ar- tistes, I1, 439 ; envoi à son examen du rapport de M. Roelandt sur un mémoire de M. Derote, IL, 440; rapport sur un mémoire de M. Derote, I, 537. | Passerini. — Observations des phénomènes périodiques, I, 579. Perrey (Aleæis). — Tremblements de terre ressentis en 1850, I, 291. Petersen. — Annonce de la découverte d’une planète, observée par MM. Hind et De Gasparis, 1, 578; annonce de la découverte d’une planète, observée par M. d’Arrest, II, 2; annonce de la découverte d’une planète observée par M. Brorsen , Il, 557. Pettit Griffith. — Envoi d’un mémoire sur les proportions employées par les Romains dans la construction du temple de Vesta à Tivoli, 1, 249; de- mande de presser l'achèvement du rapport sur son mémoire, II, 124. Pinchart (4lex.). — Présentation d’une notice, II, 124; notice historique sur Pierre De Beckere, auteur du mausolée de Marie de Bourgogne, à Bruges, II, 227, Plateau. — Commissaire pour un mémoire de M. Montigny, 1, 3 ; commis- saire pour un mémoire de M. Montigny, I, 562 ; rapport sur un mémoire de M. Montigny, Il, 4; commissaire pour une notice de M. Montigny, II, 557; hommage du premier volume d’un traité élémentaire de physique II, 575. Poelman (docteur). — Envoi d’un ouvrage manuscrit, 1, 362; description des organes de la génération chez le Macropus bennetti femelle, I, 595; envoi d’une note pour servir de compléanent à son écrit sur la conforma- TABLE DES AUTEURS. 683 tion des organes de la génération chez les Marsupiaux femelles, I, 271; membre correspondant de la classe des sciences, II, 593. Poey. — Demande de concourir à l'observation des phénomènes périodiques, IT, 151. Polain.— Commissaire pour un mémoire du concours extraordinaire , I, 160 ; rapport sur un mémoire de concours, 1, 456; notice sur Ch. de Méan, jurisconsulte liégeois, 11, 208; hommage d'ouvrages qu’il vient de publier, II, 512. Q. Questeurs de la Chambre des Représentants. — Envoi de cartes d’entrée aux tribunes réservées de la Chambre, I, 356. Questeurs du Sénat. — Envoi de cartes d'entrée aux tribunes réservées du Sénat, II, 556. Quetelet. — Hommage d'un exemplaire de Annuaire de l’Observatoire royal de Bruæelles, 1,3; observations des phénomènes périodiques, }, 3; détails sur l’éclipse de lune du 17 janvier, 1, 148 ; renseignements sur la température de cet hiver et sur l’état actuel de la végétation à Bruxelles, 1, 149; communication de l'extrait d’une lettre de M. Dureau de la Malle, }, 150; renseignements sur un phénomène observé à Bruxelles, le 6 jan- vier dernier, 1, 151; de l'influence de l'électricité sur les hauteurs baro- métriques, 1, 151; communication d’un rapport sur des fouilles archéo- logiques faites à Juslenville, 1, 157; commissaire pour un mémoire de concours, F, 159; extrait d’une lettre de M. Navez au sujet d’un phéno- mène lumineux, 1, 228; lecture d’une notice sur M. Droz, I, 247; obser- vations des phènomènes périodiques, 1, 265; dépôt de l'Annuaire de l’Académie pour 1851, 1, 265; Extrait d’une lettre à M. Faraday, sur l'électricité de l'air, I, 269 ; communication des renseignements sur les expositions d'objets d'art faites à Vienne, |, 555; commissaire pour un mémoire de M. Gloesener, 1, 362; observations des phénomènes pério- diques, 1,563; communication d’une lettre de M. Krecke, 1, 563; sur les ondes atmosphériques, 1, 365; état du magnétisme terrestre à Bruxelles, 1, 568; rapport décennal sur les travaux de la classe des lettres (1840 à 1850), 1, 483; commissaire pour un mémoire manuscrit et une note de M. Gloesener, 11, 5; commissaire pour une note de M. Dewalque, I, 3; rend compte de quelques faits nouveaux et intéressants pour la science, observés pendant un séjour à Londres, 11, 50; dépôt de différentes lettres de remerciment pour l’envoi du tome XXV des Mémoires de l Académie , 11, 52; communication sur l’état de la caisse centrale, 11, 124; rapport sur 684 TABLE DES AUTEURS. une notice de M. Dewalque, Il, 152; rapport sur un mémoire de M, Mon- tigny, 11, 154; adhésion aux conclusions du rapport de M. De Vaux, sur le mémoire de M. Gloesener, Il, 137 ; note sur l’éclipse solaire du 98 juil- let 1851, 11, 157; rapport sur la classe des beaux-arts, 11, 258; communi- cation de différentes lettres de MM. Del Ré, de Naples, Petersen d'Altona, Colla de Parme, au sujet de la: planète découverte à l'Observatoire de Naples, 11, 270; lecture, au nom de la commission, du projet de règle- ment relatif aux prix quinquennaux, 11, 279; note sur l'aurore boréale du? octobre, II, 279; communication de l'extrait d’une lettre de M. Kupffer, IT, 286; dépôt de lettres de remerciments du congrès littéraire hollando- belge et du congrès hygiénique belge, I, 522; commissaire pour l'examen d'une demande de M. le Ministre de l’intérieur, I, 345; communication relative aux tables de mortalité, 11,559 ; sur la croissance des jeunes colons de l’école agricole de Ruysselede, IT, 561 ; la conservation des monuments publics, mise au concours par le Gouvernement, 11, 458 ; membre de la Commission instituée pour la tombola de la Caisse centrale des artistes belges, II, 459; présentation d’un tableau de M. Eugène Verboekhoven, formant le don promis par cet artiste, IT, 459; communication de l'extrait d’une lettre de M. Bertrand de Doue, IT, 448; observation des étoiles filantes pendant les nuits du milieu de novembre 1851, II, 450; communication d’une lettre de M. Curtet, sur quelques phénomènes galvaniques, II, 450; lettre de M. le Ministre de l’intérieur, relative à la publication des anciens monuments de la littérature flamande, II, 509; sur une note de M. Lentz, concernant la construction des tables de mortalité, II, 512; rapport sur les travaux de la classe des sciences pendant l’année 1851, IT, 614. R. Reid (colonel). — Observations régulières sur l'électricité de l'air à Malte, Il, 557. Roelandt. — Commissaire pour un mémoire de M. Pettit Grifhith, 1, 249; commissaire pour le concours, 1, 555; commissaire pour un mémoire de: concours, 1, 671 ; commissaire pour un mémoire manuscrit de M. Derote, IL, 244 ; rapport sur un mémoire de concours, II, 245; commissaire pour l'examen d’une demande de M. le Ministre de l’intérieur, 11, 545 ; lecture de son rapport sur un mémoire de M. Pettit-Griffith, 11, 439 ; dépôt de son rapport sur un mémoire de M. Derote, II, 440 ; rapport sur un mémoire de M. Derote, 11, 555; rapport sur le mémoire de M. Pettit Grifith, I, 452. TABLE DES AUTEURS. 685 Roquemaurel. — Observations des phénomènes périodiques , 1, 229. Roulez. — Commissaire pour un mémoire de concours , 1, 159; Rapport sur une note de M. Kleyr, 1, 161; membre de la commission de présentation, 1, 247 ; commissaire pour un mémoire de M. De’Witte, I, 528, commis- saire pour une notice de M. Toilliez, 1, 576; rapport sur un mémoire de concours , I, 402; dépôt de son rapport sur la troisième notice de M. Toil- liez, 1, 602, dépose des projets d'inscription pour médailles du concours, IT, 52; envoi d'une réponse au rapport de M. Bormans sur le mémoire de concours relatif à Démétrius de Phalère, II, 207 ; opinion émise sur le mémoire de M. De Witte, Il, 421; Explication d’une inscription latine inédite mentionnant un gouverneur romain de la Belgique, IT, 515. « S. Schaar. — Envoi d’un mémoire sur la théorie des intégrales eulériennes, IT, 152; note sur la division ordonnée de Fourrier, et sur son application à l'extraction de la racine carrée, II, 144; communication d’une notice sur le mouvement du pendule, en ayant égard au mouvement de rotation de la terre, IT, 417; commissaire pour une note de M. Lefr ps 11, 575; Ma de la der des sciences, II, 593. Séhayes. — Commissaire pour un mémoire de M. De Witte, 1,328; commis- saire pour une notice de M. Toilliez, I, 376 ; hommage dé son hiétoire de l'architecture en Belgique, I, 559; rapport sur la troisième notice de M. Toilliez, I, 602; remarques sur la dissertation de M. Roulez, intitulée : De l’origine, de la langue et de la civilisation des peuples qui habi- taient la Belgique actuelle à l’arrivée de César, 1, 631; commissaire pour un mémoire de concours, I, 671; rapport sur un mémoire de con- cours, IT, 246; opinion sur le mémoire de M. De Witte, II, 421. Schlagintweit. — Note sur les phénomènes périodiques des plantes dans les Alpes, I, 308. Schmidt. — Extrait de deux lettres adressées à M. le professeur Fallati, IT, 296. Schumacher. — Annonce de sa mort, [,2. Simonis (Eugène). — Rapport sur la correspondance des lauréats du grand concours, 1, 255; commissaire pour le concours, [, 555. Siret. — Lauréat du concours de poésie française, 1, 480; lecture de son poëme couronné, I, 517; remise de la médaille d’or, 1, 556. Snel. — Commissaire pour le concours de composition :nusicale, 1, 252 ; membre du jury pour les grands concours de composition musicale, I, TOME xvur. 46. 686 TABLE DES AUTEURS. 353; membre de la commission pour la tombola de la Caisse centrale des artistes , II, 439. Snellaert. — Commissaire pour le concours de poésie flamande, I, 234; rap- port sur le concours de poésie flamande, I, 531. Société dunkerquoise pour l’encouragement des sciences, des lettres et des arts. — Envoi du programme de son concours pour 1852, II, 419. Société géologique de France. — Annonce de sa session, II, 151. Société hollandaise des sciences à Harlem. — Envoi du programme de son prochain concours, II, 151. Société royale d’agriculture et de botanique de Gand. — Envoi du pro- gramme de son prochain concours, II, 151. Sommé. — Observations des phénomènes périodiques, 1, 3; 1, 264; II, 5. Spontini. — Annonce de sa mort, I, 211. Spring. — Conclusions sur une proposition de M. Leroy-Mabille, 1, 4; hom- mage de sa notice sur l'emploi des vases en zinc, I, 578. Stallaert. — Envoi de son nouveau rapport, 1, 248. Stas. — Commissaire pour un ouvrage de MM. Mareska et Donny, Il, 152; commissaire pour une notice de M. Biot , II, 270 ; rapport sur un mémoire de MM. Mareska et Donny, II, 274. Suys. — Rapport sur la correspondance des lauréats du grand concours, 1, 255; commissaire pour le concours, 1, 355; commissaire pour un mé- moire de concours, I, 671 ; commissaire pour l'examen d’une demande adressée par M. le Ministre de l’intérieur, II, 345. Sweerts. — Remercie la classe pour les lettres de recommandation remises par le secrétaire perpétuel, II, 458. 4 wi Thielemans. — Hommage d'une messe de requiem, II, 1253. Thiry (Emmanuel). Annonce de sa mort, I, 145. Timmermans. — Commissaire pour un mémoire de M. Brasseur, }, 363; rapport sur un mémoire de M. Brasseur, I, 580; commissaire pour un mémoire de M. Schaar, Il, 152; due pour un mémoire de M. Meyer, Il, 270; commissaire pour un ouvrage de M. de Crema, II, 270; rapport sur ce mémoire, Il, 559 ; rapport sur un mémoire de M. Meyer, I, 447 ; commissaire pour une note de M. Lefrançois, II, 573. Toilliez. Envol d’une notice, 1, 376; troisième notice sur des AOMAUINES découvertes dans le Hainaut, I, 659. Tychon. — Lauréat du concours de la classe des lettres, 1, 445. TABLE DES AUTEURS. 687 à Van Beneden. — Notice sur un nouveau Némertien de la côte d'Ostende, I, . 15; note sur un Crustacé parasite nouveau, 1, 286; commissaire pour un manuscrit de M. Poelman, 1, 362; rapport sur ce manuscrit, 1, 579 ; exhibition de deux os fossiles, 1, 599 ; communication d’une lettre de M. Muller, de Berlin, II, 49. Van Hasselt. — Commissaire pour le concours de composition musicale, I, 252; hommage de son Æistoire des Belges et de son Ode sur la mort de Marie-Louise d'Orléans, I, 559 ; hommage d’une brochure, IL, 439. Van Honsebroeck (docteur). — Envoi d'un mémoire manuscrit, 1, 144; envoi : 1° d’un ouvrage destiné au concours quinquennal des sciences ; 2° d’une notice manuscrite sur la cosmogonie, II, 270. Van Overstraeten (Isidore.) — Envoi d’un exemplaire de l’architectono- graphie des temples chrétiens et du buste de l’auteur, [, 150. Van Oyen. — Observations des phénomènes périodiques, 1, 144; 1, 229; I, 264. Vincent. — Observations ornithologiques, 1, 229. Poor tael en vaderland ;, à Aeltre. — Envoi d’un programme de concours, I, 602. L. 4 Warlomont. — Renseignements sur la date et le lieu de naissance de Thé- roigne de Mericourt, 1, 328. W'esmael. — Revue critique des Hyménoptères Fouisseurs de Belgique, IH, 862; suite, II, 451. Westendorp.— Envoi d’une notice, 1, 362; notice de quelques cryptogames inédites ou nouvelles pour la flore belge, II, 384. W'hewell. — Remerciments pour sa nomination d’associé, 1, 58. Wyon (William). — Annonce de sa mort, Il, 555. Z. LL: Zantedeschi, — Observations des phénomènes périodiques, 1, 144. “TABLE DES MATIÈRES. A. Agriculture. — Rapport de M. Morren, sur le mémoire en réponse à la question relative à l'introduction des végétaux utiles, IT, 574 ; rapports de MM. Martens et De Vaux sur le mémoire en réponse à la question d’agri- culture concernant les polders, I, 590-592; rapport de M. Morren sur le mémoire en réponse à la question d'agriculture concernant les polders, IE, 632 ; rapport de M. Kickx sur une notice de M. Van Honsebroeck, relative à la maladie des pommes de terre, II, 277. Archéologie. — Restes de deux habitations de l’époque romaine, découverts à Laeken, près de Bruxelles, par M. Galesloot, I, 204; explication de trois bagues d’or de travail étrusque, par M. De Witte, 1, 242 ; réception d’un mémoire de M. Pettit Griflith sur le temple de Vesta, à Tivoli, I, 248; rapports de MM. Roulez et Schayes sur une notice de M. Toilliez, 1, 602; troisième notice de M. Toilliez sur des antiquités découvertes dans le Hainaut, I, 659 ; notes sur quelques vestiges de monuments druidiques dans la province de Liége, par M. Grandgagnage, 11, 115; rapport de M. le cha- noine De Ram sur une note de M. Brixhe, Il, 53; rapports de MM. Baron, Roelandt et Bock sur un mémoire de M. Griffith, relatif au temple de Vesta, à Tivoli, II, 540, 542 et 545; explication d’une inscription latine inédite AS un gouverneur romain de la Belgique, par M. Roulez , IT, 515. | Architecture. — Rapports de MM. Roelandt et Partoes sur la possibifité et l'importance de l'introduction de l’art du mosaïste en Belgique, IE, 535 et 557. Arrélés royaux.— Arrêté nommant le jury pour le prix quinquennal d'his- toire, 1, 57, arrêté nommant M. Leclercq président, 1, 150; expédition de l'arrêté royal décrétant un dépôt d'instruments à l'Observatoire, IE, 2; envoi de l’arrêté royal relatif aux prix quinquennaux, Il, 575. Astronomie. — Renseignements sur l’éclipse de lune du 17 janvier, par TABLE DES MATIÈRES. 689 M. Quetelet, 1, 148; découverte d’une planète, par MM. Hind et de Gas- paris, 1, 578; découverte d’une comète, par M. d’Arrest, IT, 2; note sur l’é- clipse solaire du 28 juillet 1851, par M. Quetelet, IT, 157; lettres au sujet d’une nouvelle planète, éléments et éphémérides calculés, par M. Rum- ker, IL, 269; lettre de M. Petersen annonçant la découverte d’une comète, 11,556. . B. Biographie. — Lecture d’une notice sur M. Droz, par M. Quetelet, I, 247; notice sur Charles de Méan, jurisconsulte liégeois, par M. Polain, IT, 208; prix fondé, par M. le baron dé Stassart, pour la meilleure biographie re- lative à un Belge illustre , IT, 512. (Voir Æistoire.) Botanique. — Notice sur le spiralisme des tiges, par M. Ch. Morren, I, 27; sur les formations bâtardes dans le règne végétal, par le docteur Mauz d’Eslingen , 1, 58; de l’atrophie en général'et démonstration par l'étude de l'organisation même de ce fait que les pollens de certains monstres sont impuissants, 1, 274; d’une pélorisation sigmoïde des calcéolaires, nou- veau genre dé monstruosité, d’une synanthie bicalcéifère et endostaminale, et enfin d’une synanthie unicalcéifère et exostaminale de ces mêmes plantes, par M. Morren, I, 581 ; note sur une ascidie accidentelle du ro- sier, par M. Kickx, 1, 591; rapport de M. Kickx sur un mémoire de M. Westendorp, II, 10; de l'influence de l’éclipse de soleil, du 28 juillet 1851, sur les plantes, par M. Ch. Morren, II, 161 ; solenaidie ou métamor- phose des organes sexuels en tubes creux et stériles, par M. Ch. Morren, II, 172; sur ces anomalies végétales, par M. E. Dewael, remarques de M. Kickx, II, 287; recherches sur un nouveau genre de monstruosités vé- gétales, modifiant l’axe de certaines fleurs et appelé gymnaxonie ou dé- nudation de cet organe; par M. Ch. Morren, Il, 288; notice sur quelques cryptogames inédites ou nouvelles pour la flore belge, par M. Westen- dorp, II, 384; notice sur les anomalies de déplacement et analyse de monstres nouveaux compliqués de métaphérie, de dédoublement et de disjonction, par M. Ch. Morren, 493. (Voir Phénomènes périodiques.) C. Caisse des Artistes. — Situation de la caisse, 1, 136; lecture du compte rendu annuel, 1, 221 ; annonce d’un concert, I, 256; résultats fournis par un concert et remerciments votés à M. Fétis, 1, 571 ; lettre du Ministre cen- 690 TABLE DES MATIÈRES, cernant la Caisse, 1, 672; mesures relatives au tirage de la tombola, f, 675; mesures relatives au tirage de la tombola, II, 124; don du Roi à la caisse, II, 244. Chimie. — Sur quelques propriétés de l’albumine, par M. Melsens, 1, 600; communication verbale au sujet du nettoyage des statues d’albâtre et de marbre, par M. Melsens, I, 672; sur les piles à acides et alcalis, par M. Martens, Il, 14; note sur les matières albuminoïdes, par M. Melsens, 1, 17; rapport de M. Melsens sur le nettoyage de Statues, 11, 225; dis- cours de M. De Hemptinne, applications de la chimie à l'hygiène et à l’a- griculture, IT, 600 ; rapport de M. Stas sur un mémoire de MM. Mareska et Donny, II, 274. Commissions. — Commission pour les inscriptions des monuments publics, 1, 151-212; commission pour l'histoire de l’art, 1, 213; commission de présentation de la classe des lettres, 1, 247; commission pour le con- cours de composition musicale, pièces reçues, I, 249; commission pour les procédés de nettoyage convenables aux œuvres de sculpture, I, 852; no- mination pour la commission mixte des prix quinquennaux, II, 206; con- vocation des commissions pour une biographie nationale et pour les publi- cations des anciens monuments de la littérature flamande , 11,510; nomi- nation d’une commission pour la collection des grands écrivains du pays, 1, 511. Concours de la classe des Sciences. — Rapport de M. Morren sur le con- cours extraordinaire ouvert en l'honneur de la Reine, II, 574; rapports de MM. De Koninck, Dumont et d'Omalius sur le mémoire en réponse à la question de paléontologie, II, 575, 579, 588; rapports de MM. Martens et De Vaux sur le mémoire concernant l’agriculture des Polders, 11, 590 ; rapport de M. Morren sur la même question, II, 632; proclamation des lauréats, II, 664. Concours de la classe des Lettres. — Mémoire envoyé pour le concours ex- traordinaire relatif à la constitution du pays de Liége, I, 58; pièces reçues pour le concours de poésie consacrée à la mémoire de la Reine, 1, 158; mémoires reçus en réponse aux questions ,2, 3 et 5 du programme, 1,158; pièces de poésie reçues pour le concours extraordinaire , [, 234; proposition relative au concours de poésie, I, 329; rapports sur la 2° question pour MM. Carton, De Smet et Gachard, 1, 576, 885, 586 ; rapports de MM. De Decker et De Vaux sur la 5° question, 1, 394, 400 ; rapports de MM. Roulez, Bormans et Baguet sur la 5° question, 1, 402, 426, 442; rapports de MM. Grandgagnage, Polain et le baron de Gerlache sur un mémoire de concours pour le prix spécial du. congrès scientifique de Liége, 1, 446, 456, 459; résultats du concours de poésie, 1, 480 501; programme du 9 TABLE DES MATIÈRES. 691 concours de 1852, 1, 480, 605; prix du gouvernement pour la question relative aux relations avec l'Angleterre, II, 321. Concours de la classe des Beaux-Arts. — Pièces reçues pour le concours de composition musicale, 1, 130; concours pour le monument consacré à la Reine, projets reçus, 1, 554; morceau final envoyé pour le concours d’une cantate, 1, 555; concours du monument à ériger à la Reine , 1, 560; rapport de M. Baron sur les cantates, 1,672; ouverture d’un billet cacheté, 11, 135 rapports de MM. Roelandt et Schayes, II, 245; résultats du con- cours de 1851, II, 267; programme du concours de 1852, II, 248. Concours du Gouvernement igrands). — Rapports de MM. Navez,, Simonis et Suys, sur les travaux des lauréats, I, 255; lettre du Ministre de l’inté- rieur , relative au concours de composition musicale, 1, 558; lettre relative aux cantates destinées au concours, II, 224; rapport du lauréat Laureys, transmis à la classe, II, 224; demande du Ministre, relative aux concours de l'Académie d’Anvers, I1, 544; envoi des rapports de MM. Cartier et Bal, Il, 524; envoi d’un rapport de M. Laureys, II, 244; rapport de M. Navez, sur deux lettres de M. Laureys, 11, 440; proclamation des lau- réats des grands concours, II, 267. Cosmogonie. — Envoi d’un mémoire de M. Van Honsebroeck sur les causes probables qui ont amené le déluge, I, 145; rapport de M. d’Omalius, sur une note de M. Van Honsebroeck, II, 557. E. Élections. — Nomination de M. Kickx comme directeur de la classe des sciences pour 1852, 1, 4; nomination de M. le baron de Gerlache comme directeur de la classe des lettres, 1, 129; nomination de M. Fétis comme directeur de la classe des beaux-arts, 1, 136; nomination de M. Leclercq comme président de l'Académie, 1, 150; élection d’un membre, d’un cor- respondant et de deux associés de la classe des lettres, I, 481; ajourne- ment des élections à faire par la classe des beaux-arts, II, 249; élections faites par la classe des sciences, d’un membre, de deux correspondants et de trois associés, II, 593. Entomologie. — Voir Zoologie. Epigraphie. — Projet d'inscriptions pour les monuments publics, 1, 151; délibération de la Commission nommée pour les inscriptions, 1, 212; compte rendu des travaux de la même Commission, 1, 256; sur les inscrip- tions du monument de Juste Lipse, FE, 529; inscription d’une médaille de concours destinée à M. Siret, II, 122. 692 TABLE DES MATIÈRES. Esthétique. — Discours prononcé par M. Navez à la séance publique de la classe des beaux-arts, II, 250. Ethnographie. — Lettre de M. Carus, concernant les proportions humaines, II, 150; sur les proportions humaines, lettres de M. Schmidt de Stuttgart, 11, 296. G. Géodésie. — Notice sur le rapport fait à l’Académie de Munich, par J. La- mont, sur l’hypsométrie et la météorologie de la Bavière; par M. le com- mandant Delcros, II, 505. Géologie et paléontologie. — Note sur une application de la géologie à la recherche d’eaux souterraines, 1, 47; rapport de M. De Koninck sur um mémoire de M. Bosquet, intitulé : Description des Entomostracés fos- siles des terrains tertiaires, etc., I, 145; sur la position géologique de l'argile rupelienne et sur le synchronisme des formations tertiaires de la Belgique, de l’Angleterre et du nord de la France, par M. André Dumont, 11, 179; rapports de MM. De Koninck, Dumont et d’Omalius, sur un mémoire de concours relatif à une question de paléontologie, II, 575, 579, 588; discours de M. De Koninck, sur l’état de la paléontologie en Belgique, II, 648; notice sur quelques mollusques lamellibranches nou- veaux trouvés dans les couches tertiaires du Limbourg belge, par M. J. Bosquet, II, 298 ; note sur une couche aquifére à la station de Hasselt, par M. André Dumont, II, 505. Géométrie. — Extrait d’un mémoire sur un nouveau moyen de démontrer les lieux géométriques par la géométrie descriptive; par J.-B. Brasseur, I, 372 ; quelques propriétés descriptives des surfaces gauches du second degré démontrées par la géométrie; par M. J.-B. Brasseur, II, 41. H. Helminthologie. — Voir Zoologie. Histoire. — Rapport de M. Gachard sur une lettre de M. le major Guil- laume concernant les bandes dordonnance ; 1, 59; lettre sur les bandes d'ordonnance par M. le major Guillaume , I, 98; de la part de la Flandre aux guerres civiles d'Angleterre sous le roi Jean; par M. Kervyn de Let- tenhove, 1, 192; Thierri de Flandre, empereur de Chypre, par M. Kervyn de Lettenhove, II, 555 ; fragment de l'histoire de Guillaume le Taciturne ; par M. Gachard, 1, 621 ; note sur les négociations de don Juan d'Autriche TABLE DES MATIÈRES. 693 avec Guillaume le Taciturne, par M. Gachard, If, 59; sur la dissertation de M. Roulez, intitulée : De l’origine, de la langue, de la civilisation des peuples qui habitaient la Belgique à l’arrivée de César; par M. Schayes, I, 651 ; note sur les descendants de Corneille, par M. le baron de Stassart, 1, 75; note de M. Warlomont sur la découverte de l’acte de maissance de Théroignede Méricourt, I, 328 ; note destinée à rectifier deux faits historiques, par M. le baron de Stassart, IT, 2153 ; notice sur les funé- railles de l'infante Isabelle, par M. le chevalier Marchal, IF, 106; notice en réponse à un passage concernant l'unité de Dieu dans les recherches sur les mystères des anciens, par M. le baron de S'<-Croix ; par M. le chevalier Marchal, 1, 82; seconde notice sur les provinces illyriennes; par M. le chevalier Marchal, II, 421; note sur une ordonnance de Jean-sans-Peur en 1417; par M. le chanoine J.-J. De Smet, II, 527. — Rapport de M. Alvin sur la notice de M. Pinchart, II, 226; notice historique sur Pierre de Beckere, auteur du mausolée de Marguerite de Bourgogne, par M. Alex. Pinchart, II, 227; rapports de MM. Roulez, Baguet et Schayes, sur un mémoire de M. De Witte, concernant l’impératrice Salonine, II, 421; note de M. Fétis, sur les sources à consulter pour l'histoire de l’art, 1, 213; lettre de M. Lacroix , relative à l’histoire de l'art, 1, 558, rapport de M. Quetelet sur les travaux de la classe des beaux-arts, II, 258 ; rapport décennal sur les travaux de la classe des lettres, 1840-1850, par M. Quetelet, 1, 483; rapport de M. Quetelet sur les travaux de la classe des sciences, II, 614; demande du Ministre d’un résumé analytique des publications sur l’histoire du pays faites de- puis 1830, II, 511. I. Inscriptions. — Voir Épigraphie. FE Littérature. — Voir Philologie. M. Mathématiques. — Note sur la division ordonnée de Fourier et sur son ap- plication à l'extraction de la racine carrée, par M. Schaar, II, 144; rap- port de MM. Pagani, Timmermans et Lamarle, sur un mémoire de M. Meyer, Il, 447; réception d'une note de M. Lamarle, sur l'emploi de 694 TABLE DES MATIÈRES. l'infini dans l’enseignement des mathématiques élémentaires, If, 447; réception d’une note de M. Le François, sur les expressions des racines et des puissances d’un nombre en produits infinis, 11, 575. Météorologie et physique du globe. — De l'influence de l'électricité sur les hauteurs barométriques, 1, 151 ; lettre de M. Dureau de la Malle sur la climatologie ancienne et nviiti. I, 150; renseignements au sujet d’un météore lumineux, I, 228; observations d'étoiles filantes, etc., par M. Heis, Il, 2 et 46; étoiles filantes de novembre, II, 448; aurore boréale du 2 octobre, note de M. Quetelet, II, 279; renseignements au sujet de la température de l'hiver, par M. Crahay, I, 230, tremblements de terre ressentis en 1850; note de M. Perrey , I, 291; sur les ondes atmosphéri- ques, par M. Quetelet, 1, 356; état du magnétisme terrestre à Bruxelles, 1, 568; rapport de M. Quetelet sur un mémoire de M. Montigny, inti- tulé : De l'influence de la vitesse du vent sur la pression atmosphérique, 11, 154. (Voir Phénomènes périodiques.) Musique. — Rapport de M. Fétis sur les travaux de M. Sax père, 1, 562. N. Nécrologie. — Annonce de la mort de M. Schumacher, EL, 2; annonce de la mort de M. Thiry, 1, 145; annonce de la mort de M. Spontini, I, 211; annonce de la mort de MM. Mengal et Jehotte père, I1, 224; annonce de la mort de M. Wyon, Il, 555. 0. Ornithologie. — Voyez Zoologie. Ouvrages présentés. — Bulletin bibliographique, 1, 137, 222, 257, 556, 572, 675; II, 125, 239, 546, 440, 665. P. Paléontologie. — Voir Géologie. Phénomènes périodiques. — Réception des observations sur la végétation faites à Waremme, Namur, Anvers, Liége, I, 5; sur l’hiver et l’état de la végétation, par M. Quetelet, 1, 149; observations à Waremme et à Bruxelles, 1, 150; observations à Ostende, S'-Trond, Bruxelles, Liége, Padoue et Pessan, I, 144 et 229 ; observations météorologiques faites à S'- Trond , Stavelot, Dijon, Stettin, 1, 264; note sur les phénomènes périodi- TABLE DES MATIÈRES. 695 ques dans les Alpes, 1, 308 ; observations à Liége, Waremme et Bruxelles, Gand, 1, 563; observations à Liége et à Parme, 1, 579; observations à Anvers, Il, 10; offre de M. Andrés Poey de la Havane, IT, 150 ; rapport de M. Quetelet, sur une notice de M. Dewalque, concernant la floraison, II, 132; quelques faits pour servir à l'étude des plantes, par M. Dewalque, II, 195; lettre de M. Kuffer, II, 286; observations à Waremme, II, 556; note sur des observations de température, par M. Crahay, II, 594. Philologie. — Note concernant une transposition de quatre vers au commen- cement du poëme de Lucrèce, par J.-H. Bormans, 1, 162; note sur la langue latine dans ses rapports avec l’étude du droit, par M. Ch. Faider, 1, 175; recherches sur la chronique universelle de Sozomenus de Pistoie, par M. le chanoine De Ram, 1, 605; idem, suite, IT, 75; nouvelles réflexions sur la langue latine dans ses rapports avec le droit, par M. l'avocat géné- ral Faider, IL, 88; dernieres réflexions sur la langue latine dans ses rap- ports avec l'étude du droit, par M. l'avocat général Ch. Faider, IT, 215. Physique. — Rapports de MM. De Vaux et Lamarle, sur une machine à élever l'eau, par MM. De Caligny, I, 265 et 267 ; lettre de M. Krecke, relative à la confection de grands miroirs paraboliques, 1, 365; rapport sur un mé- moire de M. Montigny; par M. Plateau, II, 4; lumière par la pile vol- taïque, communication par M. Quetelet, II, 448; lettre de M. le colonel Reid, sur l’élasticité de l’air, IT, 356. Physique du globe. — Voir Météorologie. Poésie. — Benesuada Senectus, par M. Adolphe-Mathieu, I, 119; rapport sur le concours extraordinaire de poésie, par M. de Stassart, I, 501; Louise d'Orléans, première reine des Belges, par M. Adolphe Siret, I, 517 ; Lier- zang toegewijd aan de nagedachtenis van Hare Majesteit Louise- Maric, koninginne der Belgen, door M. A. Bogaers, I, 540. Prix quinquennaux. — Prix quinquennal d'histoire, proclamation du prix et rapport de M. Moke, I, 547, fondation de nouveaux prix, II, 150; no- mination des membres pour la commission mixte, nommée à l'effet de rédiger un règlement, II, 206; demande du Ministre relative à la liste des candidats pour le jury, II, 573; règlement pour les prix quinquennaux, I, 279 et 532; sur une proposition du jury, rapports de MM. Borgnet et Carton, II, 552. S. Sciences morales et politiques. — Communication d'une notice de M. Faider sur les lois inconstitutionnelles, 1, 247 ; note résumée sur l'application des lois inconstitutionnelles, par M. Ch. Faider, 1, 336; quelques réflexions 696 __ TABLE DES MATIÈRES, sur le but de l’enseignement, par M. Baguet, [, 350; du droit et du devoir, par M. Kervyn de Lettenhove, 11, 99, sur les tables de mortalité, par M. Liagre, IT, 359; rapport verbal de M. Quetelet, sur une note de M. Lentz, relative aux tables de mortalité, I1, 512. Séances publiques. — Classe des lettres, 1, 483, 556; classe des beaux-arts, 11, 250, 267 ; classe des sciences, II, 600, 664. T. Télégraphie électrique. — Rapport de M. De Vaux sur un mémoire de : M. Gloesener, concernant la télégraphie électrique, 11, 137 ; demande _. concernant le mémoire de M. Gloesener, IT, 269. Tératologie. — Voir Botanique. L 4 Z. Zoologie, Zoophytologie, ete. — Note sur la famille des Récurvirostridées, par M. Ed. de Selys-Longchamps, I , 5; notice sur un Némertien de la côte d'Ostende, par M. Van Beneden, I, 15; note sur un crüstacé parasite nouveau , avec l’énumération des espèces de cette classe qu’on observe sur le littoral de Belgique, par M. Van Beneden, I, 286; extrait d’une lettre de M. Quatrefages à M. Van Beneden, sur un nouveau Némertien de la côte d'Ostende, [, 868; rapport de M. Van Beneden, sur une notice de M. Poelman, 1, 579 ; note sur le système circulatoire de la Lacinulaire so- ciale, par M. J. d’Udekem, I, 39 ; note sur unenouvelle espèce de Flosculaire par le même, 1, 43; de quelques altérations de la peau chez les oiseaux, par M. Gluge, I, 24; description des organes de la génération chez le Macropus Penetti femelle, par M. le docteur Poelman ,1, 595; note sur la conformation des organes de la génération chez les Marsupiaux femelles, par M. Poelman, Il, 269; extraït d’une lettre de M. Muller, sur les vers Cestoïdes, I1, 49; revue critique des Hyménoptères de Belgique, par M. Wesmael, II, 562, 451. ns ee à BASANT PS rs 87 L * as à és L NUS à à eN Von Le AUX A PRE RRERTE LA 7 i l 1 ‘ 5] Le à ï 1 ï ! ns on F2 % # | > : 1 : : l LE | _ Hs LUE » 1 1 | 0e } [2 d4 ve “ne ts! £ PARU HAE ÿ #4 GET SEE "> DRE TA È + Ps ne ne PLIS LE PRET ET 1 de 2e je RU + ? * Es ; SET mt or | Te LE % CET ie De 23 à CRUE Re . " À ei 1 SEE: LA es te C RE = S DS ni ss. pes He 2 DE 21 ss Ne € seit Mar me : ip EN SE AE Re EAU TR NEA . | 2 Fa : We hr SA CM CIN & + we eo au Ù -