^■Q'^^.A.q. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. I>euxieme Serie. TOMB XIII. BUREAU DE LA SOClfiTfi. ( ELECTION DU 30 MA US 1838.) President. rice-Presidents. Scriitateiirs. Secretaire. M. Ic I)aroii TUPINIER.mciiihre ilc la chambredes deputes. 1 M. HI ERNE DE POMMEIiSE. I M. Analole de DEMIDOFF. I M. le general comte de MONIESQUIOU. I M. DESA.GES, directeurau niiaistero des affaires elrangeres. M. IJEU^HELa';'. Liste des Presidents honoraires de la Societe dcpuis son ortgine. MM. le marquis dc J,.\PLAcp. Le niarciuis (le Pastorkt. Le \iconiU'de Ch \ti;m:i!RI.\nd. Le comte Cbadrol de Voi.vic. Becquey. Le baron Alex, de Hcmeoldt. l,e comic Chabroi. de Crousol. Le bai'ou Cuvier. I.e i)aroii Hyde de Neuvii.le. Le due de Doudeaumtle. MM. J.-E. Eyries. Le cojute de Rigkt. Dlmont dUrvh-le. Le due Decazes. Le coiiile de Montalivet. Le baron do Barante. Le lieulenaut-geucral Pelet. QCIZOT, De Sai.vandt. Correspondants etrangers dans Vordre de lew nomination. Le docteur J. Mease, a I'liilaJeljdiie. H. S. Tanner, a Pliilad Iphie. \V. WoODBRiDGE, a Boston. Le major Edward Sabine, a Limerik. Le colonel Poinsett, aux Etals-llnis. Lecol. d'Abrahamson, a Copenhague. Le profcsscur Schumacher, a Altona. Df. Navarrete, a Madrid. F Ant. GoNZAT.Es, a Madiid. Le docteur Ueincanum, a Berlin. Le capit. sir J. Fkasklin, a Londres. Le docteur Richardson, a l.oiidrcs. Le prot'essciu- R\i-n, i\ Copculiague. Le ciipitaiiie Graah, ;t Copcuhagiie. AiNswoRTH, a Ediinbourg. Leconseiilei- Adrien BALBi,aVienne. MM. Lecoiiif^GRABERGUEHEMso.a Florence. Le colonel Long, aux Elats-Unis. Sir Jnliii Barrow, a Londres. Le capitaiue Maconochie , a Sidney (Nouvelle-Gailes;. Le capitaiiie sir John Ross. Le coiiseiller de Macedo, a Lisbonne. Le protVssi'ur Karf. Ritter, a Berlin. ■~P.-S. Du Ponceau, a Philadelphie. Le colonel Juan Gai.indo, a San Salva- dor (Americpie centiale^. Le capiiaiue G. Back. F. Dubois de IVIoNTrEREUx,a Neurdialel. Le ca|). John AVashinc.ton, a Londres. Le col FcrJ^nan 1 Visconti, a IVaples. P. DE Angklis, a liiienos-Ayros. tahis. — iMriiiMEiiii: hk no'.iiuour.E ex makjinex, rut J.icub, 30. BULLETIN DE LA / f SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Deuxieme Serie. PAPtIS, CHEZ ARTHUSBERTRAND, LIBRAIRE DE LA SOClili DE GEOGP.APHIK, RUE HAUTEFEUILLE, n" 23. 1840. COMMISSION CEiNTKALE. COMPOSITION DL' BUUEAl). (Eleclioii du 2 1 decembre iSSg. ) President. M. Rocx de Rochelle. fice-Piesideiils. MM. Daussy, Barbie du Kocage. Secretaire-general. M. Beeithelot. Section de Correspoiulnnce. MM. Bajot. MM. Noel Dfsvergers. Berard. D'Orbignv. Diibuc. Peyticr. Isainbert. Le barou Roger. Jaiibert. Tardieii. LRfoiid. Warden. Cesar-Moreau. Section de Publication. MM. Albert Moutcmout. MM. Jomard. Aiis:'.rt. Lc baron LaJoucelte. Biaiicbi. Lareiiaudiere. Lo colonel Corabueuf. De Poniineiise. Le baron C'.oslaz. Puillon-Boblrfve. D'Avezac. Le viconite de Sanlareiii. F.yrics. Le baaou AValckeuaer. Section de Coi/iptabi/ite. MM. Boucher. MM. De Monlrol. C. Callier. Poulain. Le colonel Denaix. Xernaux-Compans. Comite cliarge de la imhlication du Bulletin. MM. Albcrt-Mouteniont. MJL Jomard. Ansarr. Monlrol. Bar !)ie du Bocagu. Noel-7)esvergers. C. Caillier. Puillon-Boblaye. Daussy. Koux de Boclielle. D'Avezac. VVardeu. M. Chapellier, notaire hoiiora're, iresorier de la Societe, rue de Seine. M. Woirot , agent-general et bibliolbecaire de la Sociele, rue de I'Uuivcr- '■iie , n'' a 'J. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE JANVIER 1840. PllEMIERE SECTION, MEMOIRFS. KXTRAITS, ANALYSES ET RAPPOBTS. Notice siir M. lo general Bernard , //le a la Socictc de ns , niessiours, ni'aGquilter tl'un si juste devoir. Simon Bernard naquit le 29 avril 1779, a Dole, dt^partemont du Jura. Son npiilude aux sciences cxacles sc devoloppa de Ires bonne heure ; cllo fut cullivce par Tabbi Janlct, bon malhematicien et ba- bile prolesseur, qui, relenu dans sa ville nalale par I'cslime donl il y jouissait, se serait aussi fail remarqucr sur un plus vaste lb(!!alrc. Les progres du jeune Ber- nard furenl asscz rapides, assez remarquables , pour qu'il fut recu a I'Ecole polj lecbnique avant I'age de seize ans et par exception. II y puisa les lumieres que cetle (icole a constamment r^pandues sur toutes les brandies des bautes sciences; etscs eludes se lermine- rent par un brillant concours a la fin de i 79G. Appele a cboisir un etat, el noblement epris de la gloire mi- lilaire , il prefera I'arme du g^nie. Ce genre do service eonvenait d'ailieurs a ses poncbants studieux , a cetle intelligence supt^rieure , a cclte justosse de \ ues donl il donna ensuile tant de preuves dans les diverses situa- tions de sa vie. Nous no reviendrons point ici sur les premieres campagnes de cet officier : d'autres orateurs les ont appreciees dignement, et nous nous bornons a signa- ler , dans sa carriere militaire , I'opoque qui eut le plus d'influence sur son avenir, celle ou sa valeur, ses connaissances etendues, et les grands travaux qu'il avail fails pour fortifier Anvers , lui valurent le grade de colonel du genie el les functions d'aide-de-camp de Tcmpereur. Les operations dc 181 3 aliaicnt com- mencer. iNappleon, parll de la capitaie le 10 avril, allait au-devant des ennemis ; il cbercbail a rojcter au centre de I'Europe le lliealre dc la guerre; il espd- ( 7 ) rait roprcndre surccssivement les lighes de rElhfl ; He la Vistule, clu IN'iomen ; et lorsqiic , favorife^ jiai- dc premiers succes qui semblaienl en preparer I'.G plus decisifs, il niarquail par les vicloircs de LulZbn et de Wurlzeti sa marche triomphale jusqu'a Dresde, le fco- lonel Bernard assistait a ces brillanles journees. L'ne chute dans un ravin, pros de Zitlaii, lui Jracassa la jambe le iG aout. On dut le transporter a Torgau , iat il put du inoins concourir par son liabilete n la de- fense de cellc place quand les ennemis Vinretit en faire le Sit^gc. La prise de Torgau , qui resislrt jusqU'a I'epoque oil touS leS approvisionnements lui tnanqu^- rent, lui permit de revoir son pays, oil il (^tait chargS d'apporter la capitulation; mais sa fracture s'etait re- nouvelde : il regretta dc ne Jioiivoir prendre part aux perils de celte douioureuse campagne de 18i4 . ^^ I'einpcrcur, cerne par d'inilombrables arffiee^ qui avaienl envahi la France, fut reduit a leur disputer pied h pied le territoire sacr6 et si long-temps inviola- ble, vit consumer ses forces daris plusieurs inutiles victoires, etapr^s avoir defait separ^ment les troupes ennemies, dut elre enfin accabl*^ par leur i-euniori , et signa la capitulation de Fontuincbleau. Ces conventions fragiles qui allaient confiner Napo- leon dans I'lle d'Elbe ne terminerent pas leS malheufs de la patrle : ellei etait destince a subir en i8i5 toules les calamites d'une nouvelle invasion. Le colonel Bernard rejoignit les aigles de Napoleon d^squ'il apprit son retour en France ; il serattacha sans espoir h la fortune d'un chef qui ne devaitplus se rele- ver que pour un instmt , et courut partager, api'es quelques premiers succes.lesgloricux dangers etles de- ( 8) saslres de la journcic do Waterloo. Ayant seni I'empc- reur jusqu'a ses dernicrs revers, ii rosla fidt'le a sa dis- grace; et quand Napoleon eul ele deux fois precipile du Irone, le general Bernard, plein de ces grands souve- nirs , cberclia un exil \olonlairc ct passa au service des KtatsLnis. C'esl sur celle jiarlie de sa vie que nous avons ele a porl6c de recueillir quelques details; ils ne sent point etrangers aux etudes de voire Sociele, el les nombreux trav'aux de cct ingenieur sur dilTerentes parties du territoiream^ricain onl eu pour resultatd'en perfectionner la geographic, d'en facililer les coinmu- cications, d'enlourer de nouveaux moyens de defense un si riche et si vaste pays. Ln des premiers et des plus importanls travaux du general Bernard est la reconnaissance geodesique qu'il cut h faire pour ouvrir des routes de comnuinicalion enlre^Vashinglon et la Nouvelle-Orlt^ans, a travers des conlrees dont une grande parlie etait encore occupee par des nations sauvages. Quand il cut h explorer loules ces regions inculles, a frauchir des ravins , a traverser des fleuves sur des radeaux fails a la hale , ou dans des pirogues, ou sur des tiges d'arbres renver- ses qui se croisaient de I'un a I'aulre bord, M. le ma- jor Poussin, son aide-de-camp, raccompagriait et I'as- sistait dans des marches et des Iravaux si pdnibles. Celte distance, d'environ qualre cents lieues de France, ful parcourue qualre fois par nos intrepides voyageurs ; ils essayaient, ils suivaient plusieiirs directions dllfti- rentes qui arrivaient toutes aux memcs points par leurs exlr^mites, afin que le gouvernement federal put choisir et adopter les lignes de communication qui lui paraitraient pref^rables sous les rapporls mi- lilaires, politiques et commerciaux. Les obstacles qu'ils ( 9) rencontr^rent , les sinuosites qu'Ils eurenl a siilvre dans Iciu' voyage, le firent durer quinzc niois ; et dans ces longues cxcui'sions ils eiirent souvent a roclamer riiospitalite des saiivagcs. Le general Bernard fut menic entoure de leurs soins pendant une maladie grave qui menacait sos jours. Les Indicns curentre- cours a leurs herbcs et a leurs simples peur le soula- ger; leurs sachems invoquferent en sa favcur le Grand Esprit; et soit que la Providence exauce nos voeux sous quelque nom qu'on limplore ct quelque erronees que puissent elre les opinions de ses adoraleuis, soit que la nature eut alors triomphe du mal , le gem^-al revint a la vie, et retrouva la force de surmonler loutes les difficulles de son enlreprise. Pour mieux apprecier I'utilite geographiquc de ses voyages, et les nombreuses observations locales qui en resultorent, reportons-nous a I'epoque ou la plus grande partie de ces contrees etait inculte, ou la liache n'avait pas encore abattu d'immenses forets, ou les bas- fonds etaient envabis par les eaux, qui n'avaienl quel- quefois aucun ecouJement. Les territoires du Kentu- cky, du Tennessee, de I'Alabama, du Mississipi, n'e- taient occupes qu'en partie. Leurs elablissemenls agri- coles, disperses dans les licux les plus accessibles, ct sur les rives des grands fleuves qui portent ces diffe- renls noms, ne remontaienlpas jusque vers leurs sour- ces, et dans les regions montagneuses de la chaine des Apalacbes : c'elait surtout dans ces dernieres contrees qu'il dcvenait difficile de s'ouvrir un passage. Des na- tions indicnnes, encore redoutables, occupaient loules les lerres oii n'avait pas penelie la culture : ici les Cherokees, les Kreeks, les Seminoles; la, les Cbocklas et les Cliikasas. ( 10 ) Cos nalions, quoiquo Uu\) poii nomhreiiscs pour C(»u\jir traiissi vasles leniloiics , rcpaiKlak-nt clu inoins do loiilos parls Iciirs chasseurs el leurs avon- Im'u'is : (jiii'lqiios sciillers se Irouvaienl traces par les piecis (les saiivages dans les forels qu'ils rrequentaient le phis , et ces vcsligos dirigerent qiiehjuefois nos deiix voyageurs; ils les averlissaient dos dlrecl'ions qui pa- raissaienl les j)his prallcahies , el Ton pouvalt, en s'aidant encore dc la boussole ou dii cours du soleil, orionlcr sa marchc, el Icndrc incessammcnt vers le but que Ton cherchait. D'ailleurs ne perdons point de vue que rhabitude de hiM'e des reconnaissances forme le coup-d'oeil ct faci- lito la justessc des observations; Ic pajs que I'on vient d'elutHer dispose a connailre celui qu'il reste a pav- courir : les teintes dc la couleur des forels, les brouil- lar.ls qui s'elevent sur criiuinides valliies, rencliainc- menl ck's monlagnes, leurs ramilications , leurs for- mes indlquent la presence el le courant des eaux , les escarpemenls du terrain, renlree des passages les plus accessibles. En s'avanganl ainsi a travers des re- gions inconnucs, nos deux explorateurs y rencon- Iraient a chaque pas de nouvelles occasions de d^cou- vertes; ils pouvaient fixer la position des sources, la direction des valldes , I'elendue des forels. Leurs ob- ser\ations sur la f6condile du sol, sur la nature et le gisement des terrains, sur la facility d'etablir enlre eux des communications, permetlaienl d'etendre de proche en proche les defrichemcnls et la culture. La geographic de ces conlrees pi-enait alors nais- sanccj elleavaiirait progressivcment; elleseule pouvait elre la base des nouveaux etablissemcnls que Ton allail former; el lorsque d'avenlureux spiculateurs venaient ( >> ) fonder siir ces tcrrilolres des formes, dos hamenux qui devaient se. changer un jour en opulenles cilos, lis etaienl dc^ji eclaircs el guides dans leurs desseins par cetle reconnaissance premiere ; ils avaient sous Ics ycux la carte muelle, ou des noms de lieux pourraient ensuite sp placer. Ici nous pouvons apercevoir les modifications suc- cessives que recoit la geographic d'une contrive par I'effet du travail des hommcs. Les pays que parcou- raicnt les trihus sauvages 6taient i^estes les memes ; les forets couvraient tous les terrains ou pouvaient se developper ces grands vegetaux; des prairies nalurelles occupaient de vastes plaines ; la vie de chasseur faisait nt^gliger la culture , et il fallait laisser aux beles fauves leurs profondes retrailcs. Mais du jour ou les defriche- menlscommencent , oiila charrue creuse ses premiers sillons, I'aspect de la lerre n'est plus le meme; elle se decouvre , on regularise le cours des caux ; quolques digues s'^levent et d'aiilres disparaissenl; le sol change de relief; la main d'cjeuvre le faconne dans lous les sens; il semble que I'homme petrisse a son lour le limon dont il fut form6. L'elude de ces diffei'entes ^poques de la geographic est sans doute tres digne d'inltirel; on y remarque I'empreinte des progres de la civilisation, el apr6s en avoir observe les Irails Id plus simples dans plusieurs cartes du general Bernard , qui n'avait a relracer qu'une longue suite de distances, qui ne rcnconlrait que des forets, des monlagnes, des lieux incultes, on passe a d'aulres descriptions des memes pays, ou un peuple agriculteur, apporlant avcc lui loute la civilisa- tion d'Europe , a 6leve et fixe ses habitations, oii Ton peut suivre lout le syst6me de la distribution des eaux. ( '-^ ) tel que les homines I'onl porfeclionne , et ou se Irou- vent Indiquees loutcs Ics lignes de leurs communica- lions. Si la gcograpliie ancicnnc dii vicux continent nous offre les ruincs do quekjues florissants empires, cclle des Elals-Lnis ne pout peindre que la lerre dans sa nudite ; elle nc nous monlre, par intervalle, que les vestiges informes de quelques anciens monu- ments. C'esl aussi a I'epoquo de ces voyages que nous de- vons placer de nombreuses etudes de geologie et d'his- toire nalurelle, failes par le general Bernard , sur les difr^renls points qu'il avail a parcourir. Quelques livres et quelques instruments de petite dimension (itaient la plus prdcieuse partie d'un faible bagage qu'il portuit souvent lui nieme. Si, apr^s de longues marches a pied , il n'etait pas encore vaincu par la I'atigue et le sorameii, il revoyail les anciens cours de son instruction, et developpait encore la vaste et endue dc ses connaissnnces. II pouvait plus assidument sc Mvrer a ce travail dans les moments dc repos que lui laissaient ses navigations sur quelques grands fleuves . et lorsqu'il avail h les parcourir sur un radeau de peaux de buffle, tendues et attachees par les angles a deux solides jjerchesqui s'unissaient en croix par le milieu, cc voyageur, occupy des livres qu'il avail sous les yeux, ou des mesures et (]u Irnrd' de ces carles geographi- ques, d'tcndait ])aisil)lemenl la serie de ses recherches ; landis que les Indiens, conduisant cctle iVeIc cmbarca- lion, se laissaient aller a la derive , ou surmonlaiont a la ramela resistance des eaux, ou appuvaient leurs grap- pins sur le sol ct dans les sondagcs qui avaient peu de profondour. En s'abandonnant avec confiance a ses conducteurs sauvagcs mais inofl'ensifs, il cherchait a ( i5 ) evciller leur intelligence , el Icur apprenait a rendre inoins imparfaite la forme de leurs pirogues ct de leu is aulies embarcations. Nous devons aux I'econnaissances qui furent faites par cet habile ingenieur el parle digne compagnon de ses travaux , plusieurs carles qu'il a offertes depuis a la Sociele de geographic : les unes sent relatives a I'ouverture de cetle grande ligne de communicalion , les autres aux projels de canaux qui devaient s'ouvrir d'Orient en Occident a travers les Florides. Nous avons aussi le plan des travaux qui furenl commences en 1824 par le general Bernard, pour ouviir un canal et une route de communication entre le cours du Poto- mac et celui de I'Ohio. Le projet de ce canal avail deja Hi foi-m6 par le general Washington, fondateur de la ville federale qci porta son nom. II reconnaissait la necessite d'unir par de nouveaux liens les fitals de Test et de I'ouesl , ct de multiplier entre eux les rapports d'inleret, de com- merce, d'association et de commune defense. Ce qui n'^tait alors que la pensee et le vceu du legislateur de- vait etre soumis ensuite a la rigueur des calculs ; il fall ait reconnaitre si ce plan elait possible , si la chaine des Apalaches n'y opposerait pas d'invincibles ob- stacles, si les frais du travail pourraient etre compen- ses par les avantages de cetle communicalion. Get examen entrainait d.es reconnaissances el des explorations difficiles dont le general Bernard ful charge : il fallut traverser plusieurs fois la contr^e et la chaine des montagnes, chercher quelle serait la meilleure direction du canal entre les deux points ou le Potomac el I'Ohio cessent d'etre navigables, ob- server lous les cours d'eau dont on pourrait disposer ( i4 ) pour vencUe cc canal intaiissablc, et reconnailre enfln si I'on pourrait lui ouviir une route soulerraine a Ira- vcrs les Allt'glianys. Mais lorscjn'un travail si corapliqu^ , si poniblc out 6le Icrmine , el que le gouvernement federal y cut donr\e son approbalion, il reslail a le faire egaleoicnt accueillir par Ics deu:^ Chanibros du congres , qui seu- les pouvaicnt voter los depcases dc son execution. L,« general Bernard prit le sage parti d'aller enlrclenir des operations qu'il avail lailos cUacun des membres les plus eclairis du congres, Accompagno da major Poussin , il allait leur derouler 8es plans, lour faive apprecior ses culculs, leur souiueltre lous les moycas qu'il avail concus pour oblenir des prises d'eau , pour creuser des bassins et des biez de parlage, pour calcu- ler, d'apres les pcntes du terrain, le nombro, la chute et la position des (icluses. Ce iut, lorsque la plupart desmembrcs du congre? ourent coruplelcmenl oclairci leurs doutes sur la possi- Lilil(5 du travail, sur la juslesse des calculs et I'irnpor- tance des resuUals , que I'adoplion d'un si beau projet fut successivenienl proposee a la Chambre des repre- sentants el a celie du senat, qui toutes deux autorisfe^ rent le gouvernemenl federal a contribuer, commc principal actionnaire , aux travaux qui allaient elre commences vers les deux exlr^mites de celte ligne de communication. Le con;;res avail rcgarde un tcl projet, comme int(i- ressant la Confederation entiere , quoique le canal n'eul a traverser que quelques lerriloircs ; car il faci-. litait aussi les relations des aulres Elats plus eloign-es : taut s'enchaine datos. la prosperilti d'uue grande na^ lion ; aucunc province n'y est isplee;. cUes ge procu- ( i5 ) rentlesunes aux autres des avanlages mutucls; et cG fut par ce motif qne d'autics Iravaux d'amelioration , qui seniblaient n'offrii- qu'unc ulilite locale, furent ^iors encQurages par le gouvernemenl federal lui- liieme. Le general Bernard et son fulele aide-de- camp eujept souvenl a coiicoin'r a rexeculion de ces grands desseins: cliacunede Icurs cxplorallonsexigeait que le relief du solfiil 6ludie et mesure avec soin; et c'qs.t ici roccasion de remarquer que plus les lignes do communication se multiplicnt, plus il devient necea- saire d'observer loutes les ondulations du terrain et tousles accidents de sa surface. On est force d'y avoir egard dans la plupart des ap[)licalions de la geogra- pliie , dans le trace des cliemins de fer, et dans celui des. canaux de navigation. Ur; rapport que nous avons preaente le 1 6 mai i834 , syr les travaux de ce genre, entrepris et executes aux ]£tata-Linis, et sur le bel ouvrage publie a celte occa- sion par W. le major Poussin, nous dispense d'analy- ser de nouveau tous les services rendus aux Am^ricains par le general Bernard et par son zele collaborateur. Lorqu'apres avoir accompli dans leurs voyages de gi penibles reconnaissances, ils furent rendus I'un el I'aulfe a d.es occupations plus s6dentaires, leurs tra- vaux ne diminuerent point, mais ils avaient change de n^^lure; il restait a faciliter I'execution des plans qui ^y^i^Bit ete dresses, a sc rendre compte de la nature des terrains, de toutes les diff(^rences de niveau , des ouvrages d'art a conslruirc , du volume des eaux dont on pourrait disposer dans tous ces projets de naviga- tion. Les reclierclies d^ja faites sur la topographic des Etats-Unis s'etendaient de jour en jour : on Irat^ail d'a,vilres lignes. de QGuimunication j leA cjaemin.^. de fer ( "fi ) coniincn^aicnt a s'ouvih- dans plusicurs directions; daulres svslemes do canalisalion elaicnl formes par le t;ouverncmont federal ou par les diff(irents Elals de I'L'nion ; cl dans chacune dc ces grandes cnlreprises le general Bernard elaitsouvenl consulle ; il avail t^tiidie ces differents projets dans Icur ensemble et dans leurs details : son opinion, ses Inmiiires devcnaient une au- lorite; on ne le quittait point sans etre plus eclaird sur les plans que Ton avait con^'us et sur les moyeus d'execution. Souvent nous avons joui de ses utiles enlretiens , el nous avons pu reconnaitre que son assiduite au tra- vail ne nuisalt a aucune de ses relations sociales. Une sage distribution du temps lui permeltail de suffiro a tous ses devoirs : il en consacrait une partie a I'instruc- lion de ses enfants. Ses amis, je vcux dire une societe nombreusc qui le cherissait, lui derobaient souvent quelques heures : il aimail a se livrer a leurs intimes 6panchements, a diriger leurs vues vers quelques travaux d'int^ret public, vers ceux dont I'utilite pou- vail ctrc reconnue par lous les partis , quels que fus- senl leurs dissentiments sur la tendance et la marche politi(jue de leur gouvernement , et sur les limiles a tracer enlre le pouvoir central el les differents Elals de rUnion. Get officier, employe par le gouvernement federal , comme brigadier general du g6nie et membre du bu- reau dcs ameliorations inlerieures, avait 6le charge de licr cnlrc eux plusieurs points importants dcs coles maritimes, soil par dcs ouvrages de fortification, des- tines a se proteger muluellement, soil en prolongeant a Iravers les terres uno ligne dc canaux de navigation, qui flit parallele au littoral, et qui permit de soustraire ( 17 ) aux accidents de la mer les convois que Ton auraitii faiie circuler sur cette longue elendue de rivages. Ces tiavaux devinrent encore plus considerables, Jorsque les Elat-Unis eurent lait I'acquisilion des Floridcs ; ils se developperent sur ce nouveau litloral comme sur celui dc I'ancien territoire , et les Americains purent prolonger leur systeme de navigalion interieure a Ira- vers les Florides et le long du golfe du Mexique. Cette parlie des Iravaux du general Bernard et du bureau des ingenieurs, charges de la defense des cotes marilimcs, se trouve developpee avec etendue dans les rapports qui fui'cnt presentes au congres, le 24 mars 1826, le 5 mars 1827, etle 28 f^vrier de I'annee suivante. Nous 'joignons ici ces trois documents, ou loutes les branches d'un si grand Iraviiil sonlanalysees, et nous les deposons dans les archives de la Societe de geographic , coninie un tenioignage des services ren- dus par notre conipatriote. On pcul parliculierement remarqucr, soil dans ces rapports, soil dans les cartes et les plans dresses ou recueillis par le general Ber- nard , I'explicalion des ouvrages entrepris dans la baie , et a I'entrec nieme i\e la Delaware, pour y ou- vrir un nouveau port vers le cap llenlopen , et pour y mellre les navires en suiete, par de fortes digues, des- linees a binser en hiver le choc des glaces et Timpeluo- sile des vagues. Le general Gratiot, descendant d'une famille fran- Qaise.et commandant du g(^nie militaireaux Elats-Lnis, prit une honorable part a I'execulion des grands Ira- vaux de fortification qui furent entrepris sur toules les frontieres de terra et de mer. Son union, son bon accord avec le general Bernard etait celui de deux hommes qui s'esliuiait.nl ; ils aimaicul a se preter xni. JA>vu:n. !. '2 ( iB ) imiliiellijincnl Ic seoours tie leurs lumioi'os clans lous son ices a rcndrc a la confcdiiration ; ol lo major gene- ral Macomb , commandant en chef de rarmoc am6ri- caine , faisalt mcUre a leiu* disposition tousles offi- ciers J» employer, et lous ies moyeris necessaires pour prolt'gcr de si importanls travaux. Celte emulation pour Ic bien public fiil souvenl remarqu6c aux l-ltals- Lnis: clle avail concouru a leur indc^pendancc , elle avanca Ies progr6s de leur prosp^rite. Quoique le general Bernard ne sulpasl'anglais lors- qn'il arriva en Amdrique , il s'elail ensuite assez per- fectionnidans I'etude de cette languepour la parlcr, ct pour s'en servir habiluellcmenl danssa correspondance ct dans scs rapports. II avail scnti qu'afin de bien con- nallre un pays cl dc pouvoir d^veloppor tons Ies tnoyens de le servir, il ne faut jamais s'exposer Jj ces informations incomj)lolos, a ces erreurs qu'entralnenl in6vital)lcnicnt Ies meprisos el Ies inccrlltudos d'cx- prcssions. L'usagc de cette langue rcndit plus facilcs et plus inlimes toutes ses relations avec los auloritt^s el avec Ies cltoyens. On lui sut gre dc ses efforts pour se m6ler davanlagc, par la nature dc ses Eludes ct par son lahgago , a la nation liospitali6re qui lui avail ac- "Cord6 utie si juslo confiancc. Les travaux du geineral Bernard, soil pour la j)ros- pcrile dcs Etals-L'nis, soil pour Icur defeuse, furenl conslammenl apprecies par le gouvernemenl ffidi^ral et par le congr6s : ils relaicnl par toutes les classes dc la population, el il so melait toujours un sentiment d'cs- lime personnellc a I'opinion que Ton avail de ses ser- vices, car on avail conslammenl remarque la droiture dv son amo, I'ameuilo ol la sliu[)licilo dc sos manic- ( '0 ) res, loutes les qualiles qui font aimer et considerer les hommes. Et comment aurait-il pii ne pas inspirer les memes sentiments a tous les Frangais qui se trouvaient aux Etats-Unis? Toutes les legations de Franco qui s'etaient succ6d(i en Ameriqne dcpuis 181G I'avaient accueilli avec la haute estime qu'il mcritait si bien ; elles lui savaient gre de ses services envers les l5itats-Unis, et d'une conduite si pi^opre a honorer le nom francais. Ses compatriotes de toutes les classes aimaicnt a se vanter de lui : ils se f^licilaient de la consideration dont ils le voyaient revetu ; ils rendaient hommage a ses vertus, a son m^rite, a la dignite de son caractere; ils etaient siirs de le Irouver digne Francais dans toutes les occasions ou il fallait se montrer tcl ; et nous ai- mons a rappeler ici le t(!;moignage d'affcction et de respect qu'il recut d'eux , dans une fete publique que le gouvernement aniericain fit ct^lebrer a la fm de 1800. Tous les Francais elablis dans la cild; fcderale avaient ete invites a cetle ceitinionie solennelle : ils desirerent se rallier autour d'un drapeau dont le gou- vernement francais avait fait present a Washington , depuis prfes de quaranle ans : le President des Etats- Unis le leur confia, et ils pri^rent le general Bernard de porter, a la tete de leur cortege, ce symbole d'hon- neur, ce gage de leur allaclienient a la pati-ie. Nousle vimes , her d'arhorer un pavilion sous lequel il avait autrefois lequ d'honorablos blessures, pr^ceder couame aux jours de combat le corps qui I'avait elu pour chef, et I'endre ensuile an gouvernement americain ce signe de I'aliiance formee depuis long-lemps entre les deux peoples. Ce general devait bien tot revoir sa patrie : il y ful s. ( 20 ) appele et relenu par la bienvcillanle estimc de S. M. Louis-Philippe, qui Ic choisit pour aide-de-camp , et le nomnia successiveinent liculonant-gendral , pair de France , niinislre de la guerre. Sa carrierc aux Elals-Unis avail ele remplie par d'eclalanls services , et il etait revenu consacrcr a son pays le rcsle de sa vie ; il acbeva de la consumer dans les peniblcs Iravaux d'un minislere ou son courage el son zele lullcrenl en vain conlre la defaillance de scs forces et contrc les progr^s d'unc maladic qui devail le conduire au lom- beau. II nc survecut que quelques mois a ces 6minen- tes fonclions , el ne vinl occuper le posle de gouver- neur d'un des palais du roi que pour y mourir. Le souvenir du general Bernard sei'a to u jours cher aux amis de la palrie comme a ceux de la science , el vous dlevez, messieurs, un monument en son bon- neur, par les solennels rcgrcls que vous donncz a sa perlc , et par le baul rang oil vous placez les impor- tanls travuux d'un liomme si recommandable. Note sur des degres d'altitiide exprimant les Jiautcurs relatives, independammcnt de toutes les mesiues liiieai- j'es , comme les degres de latitude et de longitude ex- priment les positions ; par M. Alph. db Candolle (i). Les g^ographes et les naturalisles sont depuis long- temps d'accord sur la convenancc de designer la si- (i) Celte note a ttc liie a la Societe de physique et dbistoire nalurelle de Geneve en decembre i834. Le tableau de la fiu a ete complete depuis au moyen d'observutions plus receutes. ( 2' ) tualion d'un lieu par ses trois coorclonn6es, la latilude, la longitude et I'elevation au-dessus du niveau de la mer. A cct egard, il ne s'eleve aucune discussion, et cependant on continue a laisser presque toujours de cole I'element de la hauleur. Ce n'est pas seule- ment parce que les determinations manquent dans Lien des cas, ou sont fournies par le moyen impar- fait du barometre , c'est bien plutot a cause de la ma- niere dont on exprinie les hauteurs. Les uns se servent de pieds francais ou anglais, les autres de toises, ou en fin de mfetres: de telle fa^on que les cliiffres obtenus dans diff^rents pays sont peu comparables et se fixent difficilement dans la memoire. II en serait de meme pour les situations gdographiques , si , au lieu de se servir des degr^s de latitude, on comptait en lieues, en milles, en toises ou en metres, a partir ou des poles ou de I'equateur. Un membre de I'Acadi^mie des sciences de Paris, M. Costaz , a attire I'attenlion de ce corps savant sur la convenance de subslituer une mesure du genre des degi^^s de longitude el de latitude aux mesures lineai- res actuellement employees pour les liaufeurs (i). II propose des espaces appeles Regions, dont le point de depart serait le niveau de la mer. II les definit de la manierc suivante : « Prolongez un rayon dela terre au- dela du niveau de I'Ocean ; puis , par des points a dis- tances egales sur cetle ligne , failes passer des surfaces splieriques , concenlriques a la surface de la mer. » On oblient ainsi une suite de calottes splieriques, quel'au- (i) Memoire sur uue noiivelle manierc d'exprimei- les liautems abso- lues des positious geographiques, lu le 7 jauvier i83 3 a rAcademie royalc des sciences de Paris el a la Societe de geographic. Brochure in-8. Bull. Soc. geogr,, no. 118. ( 22 ) tour nomnic des n'^'ioiis. La distance dcl'iino a I'aulre osl la cenlmilliemc parlie dii diamelre lerreslre., la torre siippos6c sphi^rique. T)bs lors, il est also, suiv;int M. Costaz , de de- signei- la hauteur d'un point, en disant dans quelle region, et si Ton veut plus d'exaclitude , dans quelle fraction de region il se trouve. Cetfe designation geograpbique serail le degre d'al/ittide ou /'altitude du lieu, analogue aux latitudes et longitudes. On dirait par exempie que Madrid est dans la 4 region, I'Etna dans la 20' , Ic Mont-Blanc dans la ay , le pic le plus eleve de I'llimalaya dans la 61', etc. Chaque re- gion se trouve egale a 127'", 02. Pour donner Ics frac- tions, I'autcur propose de divisor la region en ccn- licmesqu'il nouimo.s7/ijv?A', et qu'il subdivise, d'apresla nomenclature metrique en cent/steges , etc. Ainsi,le Mont-Blanc se trouve etre a Sy"'"- 77 "^e- ^6 ""''*'• On doit reconnailre que celte forme est plus simple et plus favorable aux comparaisons que celle qui con- siste h fixer une hauteur par des pieds anglais ou fran- cais , des loises, des metres, etc. Elle donne en outre une certaine analogic avec les degres de latitude et de longitude , analogic qui n'est pas a d(idaigner, mais qui est plus appareute que recllc, comrae nous aliens le dcmontrer toul-a-rheure. M. Costaz expose fort bien les inconvenients du mode usilc et les avanlages generaux de la melbode qu'il propose , mais il aurait pu , ce me semble , choisir une meilleurc unitd de mesure. Qu'importe , en effet, que cette unite soil une fraction du diamfetrc terrestrc? Amoins d'etre astronome, on ne se rappcllc pas la grandeur du diamilrc moyen de la terre, et on ne s'avlse jamais de comparer unemonlagnc k ) ni hilrnii'o roinnie les ponces , piods on niMros. I no fiiis I'ociiolle elablie (Vapvis la milmedes clioxcs , tout le monile radincl , pour lacililor les coinpariiisons. In point inlcrniiHliaivo extant donno en degres de I'c- cliellft, on so fail imniedialeniont nno idee precise de sa position rehilivemenla d'aulres. Ainsi on comprcnd bien niieux ou est une ville, quand on vous dil qu'elle est sous le lo"" dcgre de latitude, que si Ton vous dit qu'cllc est a un certain nonibre de lieues ou de me- tres de I'equateur ou do i\iu dos pules. Le svslenie de M. Coslaz n'est pas une ecliello , car il ne j)art qued'un soul point nalurei, savoir le niveau do la mor. On ne pent pas dire que le diametre moven de la lerre pent elre consider^ comme ecliello, car les monlagnes se trouvcnl au-dela de ce diametre et font saillie en dehors de la surface moyenne. En vo\ant combien le niveau de la mer a ete re- connu aisOiment par lous les physiciens comme base des (loterminations do liautour, on est porle a clier- clicr un autre point naturel qui puisse servir de limite superieure a une echelle. Or, ce second point exisle dans la nature , c'est le somniet de la plus haute monta- i>iie (In islobe. Il est tout aussi bien un maximum fixe et nature!, que le niveau de I'Occan est un minimum. Entre ces deux extremes, toules les hauteurs du monde hal)il;tble se trouvent rdpartios comme elles le sont sous le point de vuc de la position entre I'equateur el I'tm dos poles. Je suis surpris que Ton n'y ait pas pens6 jusqu'a pii^sent, el que Ton n'ait pas vu quel parti on pcul tircr de deux points extrenies aussi na- turals. Jo proposerai done de divisor I'espace compris enire 1(^ niveau do la mor et la plus haule montagno en cent ( ■^■'> ) degrees {Williiitdc. (Ihaqiio tlogre sc subdiviserait on dixiemcs, centieincs cl milliemes, solon Ic dogre de precision que Ton voudiait alleindre. On amall ainsi loLis K'S avanlagcs de la in6lhod(3 proposee par M. Cos- laz , ot d'aulres bicn plus grands, a cause de la siipe- riorile inconlestahle d'une eclielle siir une mesure lin(!:airo quelconque. Lorsqu'on dirait, par cxemple, qu'une monlagne atteinl le 40*" degre d'aUilude, le premier ecolier vcnii qui saurait que le maximum de I'echelle est cent, se representerait de suite la relation qui existo entre la hauteur de la monlagne dont il s'agit et la plus haute sommite du globe. Le rapport serait de 40/100. Telle autre montagne , le Mont-Blanc par exemple, etant a Gr, le rapport serait de Gi/ioo, chiflVe cgalement facile a comparer avec le maximum et avoc la pre- miere des montagnes menlionnees. Aujourd'hui, lors- qu'on dit qu'un point est a 1200 metres ou 5ooo pieds anglais au-dessus de la mer , peu de gens ont assczde memoire et de connaissances prealables pour comprendre nettement ce que c'est qu'une telle eleva- tion, lis ont lu peut-elre que la plus haute montagne du globe a aS.ooo et quelques pieds anglais, mais il faudrait pour eux tronsformer cette valeur en pieds frangais ou en m(;tres,pour que la comparaison fut ai- see. lis se trouvcnt dans le meme vague d'esprit quo si on leur mentionnait un point comme etant a 800 lieues ou a 800 inilles de I'equaleur, au lieu de leur dire simplement le degr(i de latitude. Un second avantage du systcme que j'indique sur celuide M. Costaz, c'est. que toutes les nations admet- Iraient volontiers une echelle fondee sur la nature et ajipropriee au but qu'on se propose. II est clair qn'on ( ^!() 1 mesuro Iiabihiollomonl cIps liaiitiMirs rompvisos rnlro Ic niveau de la nicr ct Ic sonim't do la plus haulo monlagne du globe, el (jue ion compare plus volon- liers c >s haulciirs onlrc ellcs qu'avec le rayon lerrcshc on avec toulc auUe quanlUe analogue. Si, dans quelque but exceplionnel , on voulait par- lor de bautcurs, au-dessus dos plus bautes monla- gnos ou do profondeurs au-dessous du niveau de la nier, rien no serait jiius facile quo d'indiquer des degr6s au-dessus do loo el au-dossous do o, comme cola se fail pour lo Ibcrmomohc. On pout dire m6me que CO serail un avantage, car les bauleurs do nos monlagncs deviendraionl alors un lernie clair elconi- niode pour ce qui esl au-dessus ou audessous (i). Je no connais an sysleme que je propose quo deux objections, I'une illusoire peul-^lio , Tautio roello , inais tenant a des circonstances momenlanees. La ]ircmiereest dans la crainte que le sommel do la plus baulemonfagnedu globe no soil pas fixe. De puis que rijypolbtse des formations par soulevcmenl domino la science , on peut concevoir cello inquietude. Cepon- danl il faut reconuaitre que les fails sur lesquels on a voulu appuycr des Ibeories Irfes ingenieuses sont en- core conlestablos et tout-a-fait locaux. Rien no fail presumer que les grandes cbalncs principales du glolie, excepte pcul-^lro los Andes, qui sont volcaniquos , soienl sujcttesa des variations sonsiblcs de bautour. II est tout aussi vraisemblablo ou invraisemblable que (i) On sc fcrait nne idee p|iis pieei>p. de la liaiileiir oil est parvenu un l)alliin, si I'on disait qii'il ^'^■st enlev)'" a no'\ i'llinialnya tlanl a 1000, ct la nier a o" , tuie si I'liti di! -111 il rsl allc a g^S'; nirlrcs 011 3o3o3 pieds anglais. I 57 ; rOcean change tie niveau ; cependant personnc n'a cu I'idce do parlir d'une aulrc base dans los determina- tions de hanleur. La seconde objcclion vinnt de rincei'liliide ou Ton est a present sur le point le plus eleve de notre globe. La determination de Webb pour le \l\' pic de Fllima- laya n'est pas rigoureuse. Dailleurs il pourraity avoir d'autres pics de cette meme cliaine ou des monlagnes situees au centre de I'Asie , atteignant une elevation plus grande qu'on ne le suppose. Cette objection est fondee, mais doit-elle iaire renoncer a I'emploi au moins provisoire de noire melliodePJe ne le pense pas. On s'est servi des degres de latitude long-temps avant d'avoir determine avcc precision la valeur du degre moyen. Les orreurs provenant de I'incerlitude actuelle sur la plus haute montagne scraient bien legercs , et pourraient etre reparees lorsqu'on serait plus avance. En supposant 100 mitres d'inexactitude dans lahauteurdu minimum, I'altitudedes montagncs elevees serait changee au plus de 1% et celle des points inferieurs ne serait modifiee cpie dans les fractions de degres. L'objection lombc si Ion se borne a ne pas donner maintenant des fractions de degre , surtout pour les montagnes un peu elcv(^es, ou bien a los don- ner comrae provisoires. L'emploi de notre methode aurait d'ailleurs pour elTet de hater la reconnaissance des montagnes de I'interieur de I'Asie et leur determination exacto , ce que les savants de tons les pays verraient sans doute avec plaisir. Pour montrer combien la methode proposee facilile la comparaison des hauteurs et permet de se les gra- ver dans la memoire , je vais donner le tableau des ( 28 ) hauteurs principales du inomle , en me bornanl aux sominites les plus eleveos de cbaque clialne. Jc pars do riiypollieso que lo pio do I'lliinalaya silue par 3o° 21' 52" lal. A. el 79° 48 4o' long- E. Greenwich est le point le plus eleve du globe, et qu'il a, conformement ala determination gcometrique dc Webb, 256G() pieds anglais au-dessus de la mcr, soil 78'23'",77, soil 2^080 pieds franrais , soil encore 4oi4.'7 loises de G pieds de France. Le degrd d'allilude t'gal a la cenlicme partie, sera done de 250, G() pieds anglais, ou de 78"',24 , ou de 240,80 pieds francais, ou enfm de 4o^ 1 -i. Pour oblonii I'al- litude d'un point il sulTira de diviser la hauteur ^valu^e en pieds anglais par 256, 69 en pieds francais par 240, 85 en loises de 6 pieds franc, par. t\o,il^ en metres par 78,24. Ces diviseurs ne sonl pas calcules avec plusieurs decimales, parce que la melhode n'est pas encore susceptible d'une exactitude complete, et que les frac- tions du dlviseur changenl pcu les rcsultats (1). (i) Oil ]>c'ut considerer, si roiiveut, tliaqiie cicgie comme une unite de niL'siire , ([uoi(|ue ce soil iiii point de viie accessoiie cl di- pcu d'iiitiiiet. Cost .i pen de chose pics la li.uileur du Panlliron d« Paris au-di-ssus du sol ( 79 metres,; aiiisi le Moul-I5lauc est I'gal a 6r [i)is le I'aiillu'oii , el rHimaiaya a lOo fois , ce i|ui peul aider la uiemoiro et fai iliter riiitelli- geiice des liaulrurs. ( 21) ) H.ILTEUR DES PUIVCIPAUX POINTS DU GLOUE EXPRHIEE E.\ DKGllliS O'lLTlTtDE; Chaqiie degre ctant egal a la 100° pniiic de Vespnce conipiis entre le niveau de la mer et le soinmet de la pins haute inoii- tagne coiinne. r-im^—'H^gw^W-L. ^■^i'.,mg-»x'.u:,r:i !TfcTri I lir II ■' LOCALITES. Siiehelta, la plus haute moiit. di> la peiiins. scandiiiave, 8336 p. = 2708111, 2. Moscou , i3()'",2 Kazan , 2G,, Oiiral meridional (le niont Taganai),7 2 2"',r). Kiapaclv(le nionl I.ispze), 2 5 34 m. . . . Berlin , 100 p Miinicli , 53S m Grande-Bretai;ne , le monl Ron Nevis en Ecosse, i3a5 m. . . . . . . Id., le Subwdon dans le pa\s de Galles, 1089 ni Paris, lor etai;e de I'Observaloire, C5 ni. Mont-d'Or, 1884 m. ...... . Cevenni's ( niout Me/en ', 1766 ni. . Piiy-de-Dome, 1467 rn Mont "Veutoux , i960 m Vosges ( le Ballon ), r4o3 m. . . . . Jura (le Crel de la Neige), 1723,,,, 6 Lac de Geneve, a la sortie du Rhone, 37 4'")5. Lac de Lucerne, niveau moy en, 435">,7. Passage du Mont Cenis, 2ofi6 m. v . Id. Grand Saiut-Bernard, 2485 m. (=-. 0.3 9,2 32,4 METHODES DE DETERMINATION AUTtURS ET OOVRAGES. 34,6 Carte statist, de la Suede, parHagels- tam, d'apr.Ann.dfS voy.,avr. iS25. Ohs. bar. de Hermann pendant 5 ans, calc. di; deux manieres, par Hansteen. Bull. Sop. imp natur. Mosc., 1829, p. I 8 et 252. j KupfCer, voy. dans I'Oural, p. a58, obs. bar. nombreuses. Id., p. 258. Ann. du bur. des longit. 0,4 B(pyer, obs. geoni. cit. par Hum- bdldt , Jouru. Soc. geogr. Lond., 1 838, p. 1 36. Ann. du bur. des lon^it. ,9 16,9 1 3,9 0,8 24,1 22,6 18,7 25,0 »7 9 22,0 4,8 5,6 26 4 3l.7 Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id^ Triangul. de Filhon, voy. Puissant, Niiuvelle description geora. de la France, T. I, p. 537. Triangul. des ingen. franrais, ibid. Trigon. Hoheu der Scliweiz.ou Ira- vanx geomclri. pour la carte de Suisse. Zurich, i838,p. 5. Ann. du bur. des longit. Ob. bar. de MM. les chanoines, dans la Bibl. nniv. de Geneve. ( 5o) LOCALIl KS. Passaic (111 ,Slmi)Ioii , aooS ni Id. Saiiil-Ooilianl, 2075 m. . . . Col du Gi-aul oil de Saiissiire a si'joiiinft. i:58i,8S Mont-Blanc, 48io'";7. MHTIIODES DE DETER MIN MION , AUTBURS ET 0U% RAGES. Finslcraailiorii, en Suisse, 1272"', 7. Le lligi , pies do Lucerne, 1798'", 35. Le Piiale, id , araf-.S. .Vloiil Oilier, eii 1 yrol , 3c)oS ni. Milan, an jart.l;ii l)o!aiiii|He , 128 in. Apeuuius ( le Gran Sasso ) , 29 19 ni. Le Vcsuve, 1198 m L'Elna, 3i37 m Mont Taygcle , en Giece, 2400 ni. Monte Rolondo , en Corse, 2072 ni.. . . Sierra Nevada (le Mulaliasen), 3555 rn. . . Pyrenees (Malahite on Nelhou , 34'' ' m. . Id. Port on passage do Oo, 3oo2 m. . Caucase (mout Elbrouz), 5002^,5. Liban (Tummel-Mezcreb), 2906 ni. . . . Mont ArgOBUsda!isrA.sie-Miii.,i3iuop. angl. Mont Sinai ( somniet dc Saiiite-Cailiei'ine) , environ 25()0 m. . Mont Ararat, en\iron i(3oaa p. . . . Himalaya, un pic silu.T par 3o^ 21' 5a' lal. ^•1 79° '*'* 4" ' ''^"J?- ''• Greeiiwicli, a 500;) p. aiigl /(/. autre pie par 3o" 1 7' Sg" lat. el 79" 37' 8'' loiig. 232G3 p. angl. . 25,0 Ann. du bur. dcs lougil. 26,5 Id. 43,8 De Sauss. Y. § 2037 ct A.deCand., Iiypsonu'lrie des euv. de Geneve. 6 J, 5 Moy. de sept triaug. coiiroid. des iiigen. franc. , Ansln-Sardes et Sui-sss. Voy.A. de Cand., hypso- melrie des environs de Geneve. | Travaiix geom. pour la carte de Suisse. Zurich, i838, p. 10. Id. Id. Ann. du bur. des loDgit. Id. Di'Ifico, uies. bar. cit. dansTenore. Kssai.sur la gt'ogr. bot. du roy de Naples. Ann. du bur. dcs longit. Id. Peytier, nies. geom., com|)tc-rendu, Acad, des Sc., 5 jaiivier iSS;. Ann. du bur. dts longit. Id. Puissant,NouTelledescr. gcoin. de la Frai'ce. Ann. du bur. des longit. 51,6 23,0 a7,i '4'.) '.) 1,0 37,> i5.3 41-4 3o,7 3 4, a 45,4 44,5 38,4 63,9 5i,o 32,7 00,4 90,2 Parlie barom. et partie par estini. Ziuz cik- daiH Ics Ann. de pliys. ct dc (liiiii. , sepl. 18^9, Labillardicre, plant, syr.dec, I, p.'5. Del. baroin.jViamiiton, JoiirH. soc. roy. , Lond. , p. 141 et suiv. Ann. dcs voy. , nov. 1829, p. aSj. Parrot , nifS. bar. success. i'WHJAf3S^aja3iiG[g5ESSfsa~.^^:eF7?^ iyaas;tj;s:3SZaEz:i'^-'-T^JWg^i=y. ■^■ittja^ijiria-F=i'a3ffi^,^i=^jakffa:zgjffiasttiajggs:ysT^ LOCALITES. Himalaya , auiiv pic par So" 4O' 2a" lat. tt 78" 55' 17" longit. E. Greeiiw., 22840 p. augl Id. Villaije dc Goh, habile en ele , par 3oo i5' lalit. et 8" 23' longit. E Greenw. , 114S9 p. angl. . Kamlschatka; volian le plus liaut (pie I'oii y coiiiiaissc, appc'lij Kltiisclieiskaia, 5()° 8' lat. , i65i2 p. aiigl Al'RlQUE, Pic de Tencrfl'e, 3710 m Pic des Acorcs, 2 ', [ 2 ni Pic Riiivo'de Mailere, i8 8u'", iS. . . methoden ije determination , auteuns et ouvrages. Alias, la cinic la plus t'levee prcs d'A'gir i65o m , He de Fernando Po (inont appele Clareucfj, 10700 p, angl He de 'Ronrhon (I'iton des Nteiges), 3ofi7 m. Cap de BoiiMc-P'spi'iaiici! , le nioiit VViihcr- geu situe dans I'liilcneur, environ Soou p. hi. niontagiic de la Table, t i63 m. AMERIQUE. Mont Sainl Elie , siir la (ole N.-O. de TA- mericpie sept. , 5i 1 3 m Moats Aliehganys, f) 18 in Popocalcpell, volivii dn Mexiqiie, 54001", 78. Mexiro, 2277'", 3 Quito, 2908'" I'olobi (le laubuuig , i 3702 p. angl. Viiliznna, voloan , 5833 ni IL la nielairie de Sanrhcz 4ioi"',7. . 8(),o 4(i,2 64,3 47,4 3o,8 24,0 41,7 33,2 'i/J 65,'. 1 1,7 (iy o I 4 . !) 37. ■> Mes. liig.deAVel)!). cit. dans les Ann. | de pliys. elel)iin.,\r, p. 3io,d'ap. | le Journ. des ^oy. ins(, oct. 18 18, /i'ii(^ cit. par de J'.iuh, Ann. sc. nal., janv. 1825, Ilozet , voy. dans la regeuce d'Al- ger, vol. I. Owen's Narrat. , V(d. H , cit. dans Jonin. soc. geogr., Lond., 1837, p. 201. Ann. du bur. des li.ngit. \i. Mey. , conim. de plant, afric. Austr.-Drege , p. 11. Ann. du bur. des lon''it. Ann. du bur. des longit. OIjs. cleAVilliains, ealc. dans Hum- bo! il. Voy. pail, astron., in-fol., \(i'. I. p. 37(1. De Hunii oldl , \oy. ubs bar. et ail. . VI 1. I. hi. hi. 5 3,3 I'ciilinn i , tit. par Humboldt. Hcr- Iba , vol. XUI. ' De Iluinboldl , voy. obs. bar. et a'-.li\ , M-il. I. Id. T',.6 ( 5-i ) I. OCALIl KS. Chlaibornzo ( iiioiil ) 05311", 5 . . . . N'evaJo de Sorota , cii Bollvin, i5" 3t' lal. S. ildiis la |9'5; ]). ailj;! N'ouvellc-lTollaiidf, rnoiitagnes Bleties pres dc Svdiifv , <"iiv r.Mi 761 ni N'inivelle-ilollaiidc. tnouls Giampiein du S., a I'.xliciiiiicS. E. de 3f> a 37" kit. S. ; le point le plus ek-ve est le moiit William, d'aprcs delcini. i;coin., .'i5oo p. angl. . He de A'an - Diemcii , moiit Wellliiglon . 3y6:', p. angl OlaUiti , le plus liaut sommet estlnie a 7000 p. angl Sumatra, moiit ('.uiKuig-Pa-aman ( la plus liaute soiiin; d'ap. Marsden), 4221'", 61.. I'e Sandwich, le Monna-Kaali dans Tile di Owliylica, ijtuGp. anjjl 83,5 METUODES Dl; DETEIlMlSATIO:» , AUTEDRS tT UliVRAUES. De IInml)o!d( , voy. obs. bar. el ast., vol. L 9^,4 Ann. du bur. des longil. d'aiires I'outland. 93,5 JU, 49,3 I'enlland cit. par HumiIj. Ilirlba, vol. xin. ^Tii King, voy. of Adveot. aiid lieagle, J, p. 27! 9,7 17,5; 1 5, 4 27,2 54,0 J 53,0 Lesson, Ann. sc. nat., nov. 1825, Mitchell , voy. en Aiisir , 2'' edit., vol. II, p. 2C0 Englefield, mes. geom. cit. pard'Ur ville, voy. de I'JscioL, A", p. 35. Beechevi voy. 1, p. 266. De Humboldt , Ann. phys. et diini., XIV, p. 38. Ob. bar. de Douglas , nioy. de deux ealculs par des form. dilf. Joiirn. sor. geogr. , Loud., i834, v. IV, p. 34a. ( "^ ) J'aurais pii ^tondie beaucoup ce tableau, niais il soffit pour montrer combien los coinparaisons et I'hi- telbgence des bauteurs sont plus facllcs clans le sys- U'mc propose que par les notations ordlnaires en me- tres, toises, pieds, etc. Les chiffres se trouvent reduits a deux pour les plus grandes hauteurs; car on peut negllger lesfractions dansla plupart descas, alnsi qu'oii le fait pour lesdegres de latitudeou de longitude. Cela convient d'ailleurs, puisque le plus grand nombre des localites ne sont pas determinecs a i/io de degre (8 metres) pres, Inndis que toutes le sont a i" pres ( 78"S24). On peut lire les cliiffrcs du tableau de deux nianie- res, ou en se servant dcs degres d'altitude, ou en enon- canl le rapport des bauteurs qc.'on veut comparer. Ainsi le Mont-Blanc est au Gi'dcgre d'altitude, ou bicn le Mont-Blauc a 61/100 de la hauteur de I'lli- malaya. Les chlfft'es peuvont tous etre ramenes a des me- sures lineaires connues, par une inultiplication assez simple. Ainsi, pour converlir des degres en metres, on multiplie par yS/j/i, et pour convertir en toises par 4o,i4, etc. Post-scr/p/iim. Ajnes avoir communique il y a cinq ans ce qui pre- cede a la Sociele de physique et d'histoire nalur(;lle de Geneve, je me sulsabstenu dele publler, a cause de I'incertitude oil Ton est encore sur le point qui sort de maximum dans roohelle proposec. .T'ai pense ensuite que I'iilee pouvail elre bonne a soumettre aux geof;;ia- j)hes ; que si elle n'eiail j)as adojitee maintenaiil, clio le serail peut etre plus lard , el que son emploi [iru- XIII. .JANviKu. 5. 5 ( 3/, ) visoire ('..cililorall cortains Iravaiix u\erles d'herbes seches , ( 40 ) qui ni'onl paru elrc nnc grande espece de soucliot [cyperus) Ires conimun sur les bords de la mer Rouge, en plusieurs localiles. Celle maison etail complelc- nicnt nue inlerieurcment. Nos mallcs , nos malelas et nos couvertnres firent lous Ics frais de I'araeublo- rnent. Le lendemain et les jours suivanls , nous nous occu- pamos avec ardcur de I'exploralion de la parlie de I'lle ou nous demcurions. Petit abattit facilement quekpies uns des oiscaux qui vlvaicnt prcsquc en commun avec nous , commo vaulours, corneilies , lourterclles , etc. Quant a moi, je me mis a recueillir les plantes que le soleil, dcpuis la saison dcs pluies, n'avait pas encore briilccs. J'cn ai ramass6 environ une soixanlaine d'espu- ces, et par Ic grand nombrc de celles que le soleil avait grillees et qui etaient encore sur pied, je suis persuade qu'apres I'hiver la vegetation de I'ile Dhalac doit etre tres riclie et trfcs variee. Bruce qui la visita dans une saison encore plus avancee que nous, dit quelle ne fournit aucun vegetal. \ oiis voyex que cette assertion du celebre voyageur anglais est peu fondee, Je desire vivement a notre retour rcvenir a Dhalac dans une sai- son plus favorable, apres la saison des pluies qui com- mence en octobrc et Unit en mars; je pourrais espcrer alors de faire connaltre d'une manierca peu pres com- plete la vegetation dccette ile, dontj'ai deja visite laplus grande parlie, et memc la capilale nommee Dabeleco. A une petite licue de notre residence se Irouvent trois dcs cilernes profondes donl Bruce porle lant, ct dont il attribue la construction aux Ptolemecs. C'.es citernes, tres profondes, sont dcslinoes a rccevoir les eaux dc pluic, les seulcs qui soient douccs et bonnes a boiro , car celle des sources est partoul suumalrc. C'est aux i 47 ) environs de ces cilerncs, au pied dc quelques doums (jpars dans les dilTcrentes parlies dc I'ile, que se trou- vcnt les scules planles que j'ai pu rccueillir. Parmi les genres de cette peljle flore , je vous citerai des stupcUa, des ' osclepias , des aristohches et quelques ciicnrOi- tacees. Nous avions cru faire a Dlialac un sejour d'au nioins un n:ois, mais un message de noire ami Lefebvre nous delermina a parlir immediatement pour Massouali. ISh)t(t. Du 17 juillet suivant. On a recu de nouvelles lellres de MM. Lefebvre, Dillon el Pelil. Dans les pre- miers jours de juillet, ils elaient arrives sans accidcnl k Adoiva , capilale du Tjgre. Leur inlenlion elait de sejourner trois ou quatre mois dans celle ville, pour laisscr passer la saison des pluies, ejioque 011 il est jircsquc impossible de voyager dans I'inlerieur de I'Abyssinie , surtout avec les nombreux bagages indis- pensablcs aux naturalistes. Deja MM. Dillon et Petit recueillaient des objels fort inleressants d'bisloire na- turelle, et M. Lefebvre sc livrail avec ardeur aux ob- servations de physique et d'aslronomie, dont le cadre kii a ele trace par I'Acaderaie des sciences. L'intention des voyageurs etait de se diriger d'abord vers Gondar et ensuite vers Ankober , capilale du Shoa, pays pres- qiie incxplore jusqu'a present par les Europeons. ExTRArr de den v lellres (ulresst'es a M. d'Avi;zac par M. C. T. Liur.Bvr.E , euseii^ne dc vaisscait. Masso^vali, ji niai idSg. Je suis arrive a Massowah avec mes compagnons de voyage, ul un sejour do hois somaines dans celle ile , (48 ) que les voyageurs ont depeinte commo trcs malsaine , n'a pas allert^ la sanle d'un soul d'cntre nous. I'ne tempi'Taturc do 4'" ne nous empecha pas de courir do lous cofos pour prendre nos rcnscigncmcnls ct former nos colleclions d'liisloiro nalurollo. Cosscir, Gcdda, Tarclupel de Dlialac et la racic dc Massowah, nous ont deja rendus riches, et nous pouvons remplir dcs caisscs. J'avais souvent entcndu dire que la mer Rouge (^lait Irop orageuse pour avoir beaucoup de coquiilages el de plantes marines : souvont aussi j'ai entcndu com- parer sa navigation a celle de la mer Noire, ou cliaque annee so pcrdent un grand nombre de nos balimonts; jc crois que rien de tout cela n'est exact, car les natu- ralistcs trouvcnt plus a r^collor ici que dans les para- ges repute's jusqu'a present les plus riches ;et jo confir- merai d'un autre c6t6 1'opiniondu lieutenantWellstedl, qui , nprcs avoir travaille pendant trois annees a la carte dc la mer Rouge , assure que Ton peut y navi- guer dans toutes les saisons, sans avoir a redouler les doux bordures de recifs qui souvent au contraire faci- lilcnt la navigation en prdsentant des abris ou Ton pout jeler I'ancre. r.omme vouslevoycz par le lieu d'ou je vous 6cris, nous nous preparons a entrer par le chemin d'A- dovvah ; mais je ne me repens pas de la resolution que j'ai prise a cet egard, on considerant la lourdeur cl Icncombrementde nos bagages, car les missionnai- rcs anglais qui avaient essaye d'abord la voie de Zoyla, i)uis celle do Barbara, ont echou6, quoiqu'ils fussent libres (Tinslruments de science et possesseurs dc soin- nios d'argcnt qui pouvaient leur frayer un passage j)liis facile. 11 n'est pas improbable qu'unc fois rendus ( 49 ) dans le pays de Narea, I'un de nous se d(!4nchera pour descendre vers le sud; mais cc ne sera qu'apres avoir assur(^ I'inleret de noire voyage, par des travaux qui nous meltent a meme de r^ponclre aux questions de ceux qui seront en droit de nous dcmander couipte des resultals de notrc exploration. Jusqu'ici nous avons eu beaucoup a faire dans dos pays qui pourtant avaient et^ souvent visites; je crois que le chemin trace d(ija par d'aulres voyageui's dans les diverses provinces d'Abyssinie nous laissera encore plus d'un sujet d'observaiion. Cette petite ile de Massovvah, que Ton a depeinle mille fois, rcgrettant toujours le temps qu'on etait force d'y passer, presente deja de nombreux sujets d'etude, ct peul elre rogardee comme une des stations lesplus inleressunlcs d'un voyage d'ex- ploration en Afrique. En effet , sans parler du moment oil passcnt les caravanes, et ou par consequent on a I'occasion de faire mille questions interessanles, soil pour la geogra^jliie , soil pour le commerce, Ton peut obtenir des negocianls etablis dans I'ile une foule de notes precieuses, el former des vocabulaires de cinq a six langues , a pcu pr(l;s inconnues en Europe. Lnc partic de ces negocianls a voyage Ires avant dans I'in- lericur deFAfriquc, tandisquc d'autrcs ont parcouru I'Arabic et une parlie de I'lnde. M. Dillon s'occupe ^ faire des portraits , landis que j'adrcsse tonics les questions qui peuvent rendre ces [)orlrails iililcs pour I'eludc des races; M. Petit prepare des cranes, el fail loutesles observations qui se ralliichenl a la pni lie dela science qu'il a embrassee. J'espero que nous pourrons ainsi repondre aux diver- ges questions (|ue luuis a adressees la Societe etlmolo- giqtie. XIII- JA.N\I1.K. 4. ' 4 { 5o ) Voici des nouvellcs d'Abyssinic que jc vicns de rece- \oir aujourd'luii [)ar un liouimc qui rcvienl du camp d'Oubit^. ^ ous avcz lu dans les dernieres publications que Cassa , fils de Sabagadis, dispulail a Oubie legou- vernomcnt des provinces du Tigro. MM. Combes et Tamisier onl beaucoup parle des lalents d'Oubie elde I'adresse avec laquclle il avail su s'empai'er de I'aulo- rile lorsque , a la moil de Sabagadis, il parul dans le conseil , jeune bommc, et a la lelc d'un I'aible parli. La fortune a continue deservir les lalenlsde ce clief, au moment ou son advcrsairc paraissait avoir repris sa superiovile. Deju la pro\ince d'Araacen s'elait sou- levee en faveur du fils dc Sabagadis, et deja Ton an- noncail a Jcddali la nouvelle d'une victoire remporlee s'.u" Cubic, lorsque quelques jours apres, nous appri- mcs que Cassa etail en fuiie dans les monlagncs du Wajerat, et que la plupart des chefs de son armce avaionl ete fait prisonnicrs. Aujourd'bui la province d'Amacen est gouvernee par un general d'Oubid , el pi'esque toule I'Abyssinie re- connall son aulorile. 11 est merae probable que le Ras- Aly, qui \ient de se faire Musulman, sera force d'abandonner I'autorilc a un autre chef plus habile, et tout le niondc pense que ce chef pourrait bicn etre Cubic!'. 11 resulte de la que I'ordre est rclabli pour le mo- ment , et que les bandes de pillards qui genaient les marchands et les voyageurs ne sont pas a craindre au- jourd'bui. Nous avons done lieu d'esperer que noire voyage se fera sans difficullc, et que nous pourrons parcourir h peu de frais des pays nouveaux. Je n'allends plus , pourentrer en Abyssinie , que la r(''])onse a une Icltre que j'ai ecrilc a Oubie pour lui ( 5. ) demander une escorle. Je vous ecrirai le jour de mon depart de Massowali, et je voiis liendrai au courant de nos negociations pour ne pas nous laisser imposer de contributions, quoiqu'on en impose aux aulrcs. Jus- qu'ici Ton nous a fait entendre que le gouverneur de Massowali attendait un cadeau de soixante talaris ; sans doute le naib d'Arkiko serait assez dispose a en prendre autanl; mais nous saurons nous lirer des grilTesdu premier, et tirer parti d'une maladie que le Jils du naib n'ose pas avouer. Vous pensez bien que si, outre le loyer des navires et celui des betes de somme, il me fallait aussi faire des gdnerosites de grand sei- gneur, mes finances n'y pourraient suffire, et que je serais force dc suivre I'exemple de lous les voyageurs qui m'ont precede, et qui ont etc obliges d'emprun- ter, ou de recevoir la cbarite. Je desire viveraent prouver que Ton peut voyager en Afrique avec un tiers de I'argentnecessaire pour voyager en Europe, etpour cela je ne me fais pas annoncer comme un envoye du sultan , depensant en trois mois six mille francs de bakcbich Vous pouvez vous figurer la maigre opinion que les habitants de ces pays ont congue des Europeens , et le peu de reconnaissance qu'ils conserveiit pour les pre- sents qu'ils croient avoir arraches a leur simplicile. lis disent que nous ne sommes faits que de vanile , et qu'il suffit de nous appeler emyr ou de nous faire tout autre compliment analogue pour nous reduire a notre dernier vetemenl Quant a moi, j'al refuse lous les tilrcs Aleves, et je me suis annonce comme un bomme qui venait avec sescompagnonsde voyage pour ("ludier. Le gouverneur de Massowali ne nous a pas crus, et nous a combles 4. f 5'i ^ d'lionnciirs ol de prevcnancos. Dt'S orclrcs onlele don- iies pour une reception dislingueo lorsquo nous som- ines alles visiter Aikiko; niais nous avons continue a dire que nous clions pauvres , el nous avons ecarle la foulc des valets cl des gardes dont on voulait nous en- lourer Je vous adresse un premier feuillet du Diclionnaire que j'ai fait ici Nous atlendons ces jours-cl une grande caravane ; je chorchorai a on tircr quelquos renseignements dont jc vous fcrai part Adouali , 5 juillet 1839. Je vous prie do vouloir bicn donner do mes nou- velles a la Socicte de geographic , et do lui annonccr un rapport que je redigerai j)endant le sejour force do trois mois que je dois faiie a Adouah duranl la saison des pluies. Jusqu'ici , ne m'etant pas encore arrole , et ayant dii faire des plans, rigler mes chronom^lres, rccuell- lir des notes sur lo commerce , faire des collections geologiques, et enfin dludier les langues , je n'ai pu meltre de I'ordrc dans mes mat^riaux, cl je suis dans rimpossibilite de vous adresscr aucun travail auqucl d'autres personnes que moi puissent se rcconnailre ; lout est sur des feuilles de papier separees, qu'il fau- dra que je r^unisse. Je vais m'occuper de cette ope- ration , et j'espt're etre bientot en mesure de vous adresscr quelques notes iulercssantos. J'ai vu Uubic a sou camp de Ilarumull : il m u laisse ( ^^ ) libre do parcourlr tout son pays et d'y faire les Iravaux que je jiigerais convenablos. J'ai suivi le consell que vous m'avez donn^ a Paris; j'ai constamment note sur des carres de papier les noms des lieux et leur distance, tout aulour de inon horizon; j'espere pouvoir donner ainsi une carte assez comjil^te des pays que je parcourrai. Un bagage qui faisail la cliarge de dix-huit boeufs a traverse des deserts et des montagnes, a pass^ une Irentaine de douanes, et est arrive a Adouah avec si peu de depenses que Ton ne nie croirait pas si Ton ne savait, comnie vous, I'exiguitt^ des moyens qui m'ont 6te fournis. II est vrai que je me suis fait une reputation d'avarice qui a deja couru en Abyssinie ; maisje n'en suis pas plus mal vu pour cela, et le naib d'vh'kiko, ainsi que le gouverneur de Massowah, m'ont comble de prevenances, precisement parce que j'avais annonc6 que je ne ferais aucun cadeau avant mon re- tour d'Abyssinie, et que les leltrcs de recouimandation que j'avais obtenues du gouvernement d'Lgypte leur faisaient penser qu'ils auraient tout a craindre d'un rapport del'avorable de ma part. Jusqu'ici mes bakchich consistent en une bouteille de Madere, une boite de dragees, une tabatierc, deux rasoirs , et un miroir de cinq sous. Adieu ! je vous ecrirai plus longuement dans quel- ques jours. C. T. LfiFjiBVRj!;. (54 ) Note siir iiri ?'rt>v7o-/» n /ravers les IlocAy-Moiirifaiiis. M. Townscnd a piiblie, a Philadelpliio, la narration (I'un voyage a Iravers les Rocky-Mounlains (monlagnes rocbeuses) jusqu'a remboiichure du fleuve de Colom- bie, etc., avec un appendice scienlifique. i vol. in-8 , 1819. Le 10® cbapilrc de eel ouvrage renferme quelques details inl(^ressanls sur le pays plat arrose par la Co- lombie et son grand affluent, le Jf'^allameh. II d6crit ce dernier courant comnie une belle et claire riviere, large environ de la nioilic de la Colombie, et naviga- ble pour les gros balimenls jusqu'a la distance de 25 milles de son confluent. Elle forme de nombreuses lies. Celle de TFappatoo , la plus considerable de tou- ics , peut avoir 20 milles de longueur ; clles sont couver- tes de clienes. Les memes arbres croissent sur les bords, ainsi que des pins el des saules. Le fort J'ancoiti'cr est situ6 sur un terrain plal, a un quart de mille environ du fleuve de Colombie. U estentourd d'une palissade. Les dix ou douze maisons qui s'y trouvenl sont on bois. Devant ce fort, et enlre les trois colds de ces maisons, est un espace decouvert ou les Indicns apportenl leurs articles de commerce, des daims, du gibier, des pcaux de castor et de loutre. Des Canadiens y sonl employes a battre les fourrures pour les preserver de la poussiere et des vers. II y a pres du fort uno ferme de plusieurs cenlaines d'acres de terre, et 5o ou l^o buUes occu- pees par des Canadiens attaches a cet elablisscment. Le sol y est fertile et le pulurage si bon , que pendant ( 55 ) toulo I'cinn^e 11 fournil unc noiu'riUire abondanli- aux bestiaux. II y a environ dix ans que dos traficanls en four- rures y amenerent quelcjues teles de betes a cornes dc la Californie. Elles s'angmenl^rent jusqu'a 700. Leur viande est cxcellente , mais leur lait inferieur a celui de la race des Etals-linis. Le capilaine Ilambert , desdils Etals, avec I'equi- pase de son navire et quelques Iraficants, etaienl oc- cup(!!sa former un etablissement commercial a I'entr^e du Wallameh. Lefort George, ainsi nomm6 par les Anglais, consis- tait en une maison de bois et quelques hultes indien- nes. Le seul homme blanc qui s'y trouva etait le gar- dien de ce fort. C'est la qu'autrefois (jtait situe colui dJ Astoria, etabli par John Jacob ^ Astor, de New-York. Une des chemlnees se voit encore, « monument m^lan- coliquc, dit I'auteur, desenlreprises americaines et des negligences nationales. » La coutume d'aplatir la tete des enfants se conserve encore parmi dix ou douze li'ibus du bas pays; mais elle a ete entierement abolie par les tetes plates ou salis/i, pres de la source de I'Oregon. M. Townsend, naturalislc, membre de I'Academie des sciences naturelles de Philadelpliie, nous a donne dansun appendiceun catalogue des quadrupedes etdes oiseaux qui se trouventdaos le lerriloire d'Oregon (i), et dont il y a plusieurs nouvelles especes. (i) \' Oregon iioiis parait tine mail', nise nppcllalion pour celte immense rc;;ioii. Oregaiio, nom I'spaijnol d'uue plante l)icn connwe [Oregnnum luilgare ) qui croit dans les pays montagiieux de I'Espagne ct dans d'au- tics parties de I'Europe, iie se tro\ive que dans certiiiucs localit6s du ler- riloire de Co!oiid)ie. Le grand lleuveqiii I'arrose ayaul consirve ce noin , k pays pourrail bien s'h| pulcr I\ew-Coloinbia, ou yonvcUe-Coloinbie, pour le dislinguer de la Coioinliie, district de \Viisliiiigloii. v (50 ) l.i-iTui- (Ic JM. Ic cunitc Di.MiuoFF, ricc-pfcsident ilc hi Soc/ete (le geographic, a M. le Prc'sident de la Com- mission ceiilro.le. Paris, le i5 fevricr i84<'>- Je recois de PtHersbourg la nole des cartes dont j'avais ordonnti la recherche, et jc vols avec grand plaisir que la Society de geographic possedera, a peu d'exceplions pros, la lolalile des documents dont elle ni'a fail I'hoiinour de me confier la reunion. Voici , monsieur, le catalogue des carles qui sont , dt's ce jour, a ma disposition, et qui me seronl exp6- diees, vu lour volume, par le premier pyroscaphe, h I'ouvcrlure de la navigation. Les numeros d'ordre sonl ceux de voire liste. N° 2. Alias de Russie par ParischcIT, iSiS. 83 feuil. 4. Carle des posies de la Russie d"Eu- rope , par Schubert 8 5, Alias de la Russie, publid par I'Aca- d6mie des sciences 54 G. Atlas porlalit' des postes de Russie. . 4i 7. Nouvelle carte de Russie, par le ge- neral Schubert 60 ( r)0 out c(e puhliees , h's 10 autres out etc reternies ). 8. Pays de la fronliere occidentale de I'empirc 95 9. Carle de la Russie , 1801-1804 . . 1 14 10. Carle routiere de la Russie occiden- A reporter. . . . 45J> feuil. ( '^7 ) Report. , . . 435 lalo ( nouvelle etlilion , 1859) . • '^ 12. Plan de Saint P6tersbourg, par Schu- bert 24 i5. Environs de Saint-Petersbourg, . . 16 I 4. Carte de la Valachie.'Bulgarie, etc. . 4 16. Carte du centre de I'Asie 10 I 7. Pays situ6s entre la mer Noire et la raer Caspienne 1 Total. . . , 5o'2 feuil. Nota. Le Xi" Igr fie la note de la Soci^t^ de geogra- phie se Irouve compris dans I'atlas public par I'Acade- mie des sciences et design^ sous le n" 5. Le no 3 J Carte de Russie par Danidoiv, ne se trouve point a Petersbourg; on m'assure que c'est seulement a Vienne qu'on peut se la procurer, et j'en ferai la demande. Le n° 1 1 ; la Carte routiere de Vlngrie est tout-a-fait inconnue. Len°i5; Carte du centre dePAsie, forme double cmploi avec la carte de I'Asie moyenne ou centrale qui porte ci-dessus le n" 16. Je suisbeureux, monsieur, d'avoir pu remplir les vues de la Societe en cette circonstance, et en vous priant d'etre mon interprfete aupr^s d'elle , je vous prie d'agreer I'assurance de mes sentiments de consi- ddsration les plus distingues. Le C^« DiMiDOFF. ( 58 ) DEIXIEME SECTIOIN. Actes de la Societea PROCES-VERRAUX DES SEANCES. PRisiDENCfs DF, M. nOL'X DF. ROClIF.t.tR. Seance tin ?> Jftnvirr i84o. Le proofs-verbal de la derniere stance est lii el adopts. M. Langlois, superieur du sominairc des IMissions elrangires, adresse a la Societe uiio relation d'un vovage fail en 1867 par M. Cl^menccau, missionnaire h Siam, parti de Bankok , capilale de ce royaumo, pour Pak- plircek , ville silueo au N. -0. sur la rive gauche du lleuve Meeklilong, M. Warden adresse a la Society, de la pari de M. Bradford, do Boston, plusieurs Rapporls, Noti- ces el Cartes sur I'Amerique, publies par ordre du congres. Lo meinc membre communique une Note sur un voyage h iravers Ics Rocky-Mountnins jusqu'a I'embou- ( 59 ) churo dii fleiive de Colombia, publie a Philailelphie, par M. Townsend , ineinbre de la Societo. Les Soci^tes royale et bolanique de Londres, asiali- que de Calcutta, lilteraire et historique de Quebec, et rAssocialion britanniquepour ravancemont des scien- ces , adressent a la Commission centralc la suite de leurs Transactions. M. de La Roqueite offre , au nom de la Soci^l^ royale des antiquaires du Nord , le S'^ volume des Scripta historica Is/anclorum, avecla suite deses Annales et Memoires pour les annees i856, iSSj et 1808. 11 offre aussi , de la part de M. Wegener, une Notice sur Charles le Danois, corate de Flandi^e. M. Blumenlhal pr^sente a la Soci^l^ les premieres livraisons de son Atlas abrege de geographic et d'his- toire naturelle. M. le President adresse a I'auteur des felicitations sur son travail qui pourra devenir I'objet d'un compte-rendu lorsqu'il sera plus avance. M. Desjardins adresse un tableau des observations meteorologiques faites a File Maurice en iSSy et i838, une Notice sur Telfair, ainsi qu'un Rapport annuel sur les travaux de la Societe d'histoire naturelle, fondle dans celte lie. M. Dupuy fait Ixommage de deux nouveaux volumes qui font partie de sa Bibliotheque de la Jeunesse; I'un renferme les voyages et decouvertes des compagnons deColorab, etl'autre est consacre a I'analyse des voya- ges faits en Nubie et en Abyssinie. La Commission centrale vote des remerciemcnts attx aiiteurs et donateurs : elle ordonne le ddpot de leurs ouvrages a la Bibliotheque. ( <'o ) M. Joniard doiine dv nouveaux (ietails sur les pro- gress de rinipression tin 2'" volume do la Gf^ographic d'Edrisi. M. Roux do Rocliclle lit la Notice quo la Comniis- sion cenlralc I'avail invil6 a I'airo sur M. le gi';n6ral lici- nard et sur ses Iravaux goographiques. L'Assoniblee entend avec beaucoup d'inleiol riioininage rendu a sa in^moire, et elle decide que celle INolice sera inse- ree au BuileliD. La Commission centrale renvoie egaloment au co- mil6 du Bulletin , apres en avoir entendu la lecture , la relation ilu voyage de M. Clemcnceau el la note de M. '\\ arden sur le voyage de M. Townsend aux Mon- tagnesRocheuses. Seance du 17 jauvier 1840. Le proems-verbal de la derniore seance est lu et adopts. M. le secr(^laire do la Society de geologie remercie la Commission centrale de I'envoi du tome IV des Memoiros. M. Jomard pn^senle , de la part de M. le comte Alexandre de TourguenelTune brochure de M. Korkou- nol", ancien professeur de geographic a Moscou , ou- vrage acconipagne de huil carles ou plans, do I'annde i58o, et relatif aux batailles gagn^es sur les bords de la Dvvina , en 1579, par le roi de Polognc Eliennc Baliori. Le m6mc membre communique une lettre de M. le conseiiler de Macedo, relative a I'hisloire ancienne des Arabcs. M. de Macedo parlage enliercmonl Topi- nion consignee dans les eludes geographiques ct his- ( G. ) loriques sur I'Arabie, ouvrage noiivellemcnt publie. M. Joniard entretienl FAssemhlee de la nouvelle or- ganisalion et des Iravaux do la Socield egyplienne 6la- blie au Caire, et il propose a la Commission centrale d'ouvrir des relations avoc celle Sociele, qui est appe- lee a rendre de grands services a la science. La Com- mission centrale agree avec empressement celte pro- position , et clle decide qu'une collection entiere du Bulletin sera adressee a la Societe egyptienne du Caire. M. d'Avezac communique, de la part de M. le comle de Grandpre , -ancien capilaine de vaisseau, un Me- moire sur le puiis de Sjene en Lgypte, au fond du- quel le soleil penetrait sans ombre au moment du Solstice. M. de Grandpre enlre dans des considera- tions sur I'ancienne chronologie , qui lui ont paru meriter I'altention des savants, et il annonce que cet 6crit a deja ete commuique a I'Academie des sciences dans sa seance du 27 mai iSSq. La Commission centrale ordonne le depot du Memoire de M. de Grandpre dans ses archives. M. d'Avezac annonce, de la part de M. Asher, de Berlin, la publication prochaine d'une edition nou- velle de ritin6raire de Benjamin de Tudele. Dans un premier volume seront reunis le texte hebreu, colla- tionn6 et con ige d'apres la comparaison critique de toutes les editions de quelque valeur, une Notice bi- bliographique raisonnee de toutes les publications an- terieures dont cet ouvrago a et6 I'objet , enlin une version anglaise aussi litlcrale que peut le permellre la dilTerencc du genie des deux langues : un second vulunio contiendra une introduction et un comuien- ( *32 ) taire, en luirmonie avec I'etalacluel dcs coniiaissanccs geographicjues el hisloriques. L'edileur a I'cspoir d'y jolndie un Iroisi^me volume, forme des Memoires ol Notices que los verifications faites ullerieurement sur Ics lieux par Ics voyageurs pourront lui procurer : il reclame a cet efl'el le concours de la Sociele de geo- graphic , afin qu'elle veuille bien distribuer aux voya- geurs qui parcourraient, sous son patronage, les con- tr^cs menlionnees par Uenjamin de Tudele , des excmjilaires de I'edition nouvcllc, lesqucls seront mis, pour col objet, a la disposition de la Sociele. La Commission centrale accueille avpc interet ceLte communication, el autorisc M. d'Avezac a rdpondre a M. Asber qu'elle contribuera volontiers a faire eclaircir Titinerairc de Benjamin de Tudele, en invitant les voya- geurs a en \erifier rexactitude, sur les lieux memos visiles par Ic savant I'abbin. M. le President rappelle que Sa Majesty le roi de Danemark avail ete, long-temps avanl son avenemeni au Irone, un des plus illuslres protecteurs et fonda- tcurs de la Sociele de g(iograpbio ; il souraet a la Com- mission centrale la proposition d'adrcssor de rcspec- tueuses felicitations a un prince donl elle a eprouve la bienveillance , el le Bureau est autorise a lui faire par- venir eel hommage. La Commission centrale nomme, au scrulin , MiM. Daussi , Eyries, Jomard, Larenaudiere ct A\al- kenaer, membrcs de la Commission speciale, chargee de juger le concouis au prix annuel pour la d^cou- verte la plus imporlanle en geographic. La Commission su divisc ensuite en Irois sections, de la maniere suivantc ; ( «3 ) SliCTION DK COIIRESPONDVNCE. MM. Biijol, Borard, Diibuc, Isambert, Jaiibeil, G. Lafond , C Moreau, Noel Desvergeis, d'Orbigny, Peytier, baron Roger, Tardicu et Warden. SECTION DE Pl'BIJCATION. MM. Albert-Monlemont, Ansart, Bianchi, Cora- bocid', baron Coslaz, d'Avczac , Eryes , baron de La Doucelle, de Pommousc , Jomard, Larenaudi^re, Bo- blaye, vicomte de Sanlarem, et baron Walckenaer. SliCTION Dli COMPTAlilLITE. MM. Boucher, Ca]Her, Denalx, de Monlrol, Poulain, et Tornaux-Compans. Le coniile du Bulletin est compose ainsi qu'll suit : MM. Albert-Mont(}niont , Ansart, Barbie du Bocage, Boblaye , Callier, Daussi , d'Avezac, Jomard, de Monlrol, Noel Desvorgers, Rous de Rochelle , et Warden. MEMBRE VDMIS DA>S LA SOCIETY. M. Carette , capilaine du genie, membre de la Commission scicnlifique de I'Algeiie. OUVRAtlES OI'FERTS A LA SOCJET/i. Srance du o janrief i84o. P((r hi SocU'te royalc c/c /f;//c//c.);Philoso])liical Tran- sactions for the years i(S58-i85(j. m \o1. \n-\ — Procee- dings of tlic royal Society, n".52 a Txjjin 8. — Pen fa So- ( G4 ) ciete asiatiqne de Calcutta : Asiatic Researches, vol. XX, pari. 2, in-4. — Per P /I'ssociatioii britanniquc pour V avanccmeut dcs sciences : Report of Ihe seventh and eight meetings of the British association, 2 vol. in 8. — Par la Societe Botanique de Londrts : Proceedings of the botanical Society. Vol. I, part. i""*^. , in-8, — Par la Societe litteraire ct lu'storique de Quebec: Transac- tions for the years , 1 835-37 , in-8. — Memoires sur le Canada dcpiiis 1749 jusqu'a 17G0, avec cartes et plans, publics sous la direction de la Society litte- raire et hislorique de Quebec. 1"^. partie , in-8. — Report of the council of the litterary Society of Que- bec. 2 broch. in 8. — Par la Societe royale des Anti- quaircs da Nord : Scripta historica Islandorum, volu- nien octavum , bisloina regis Sverreris, in 8. — An- naler for Nordisk oldkyndighed udgivne af delkongeligc Nordiske oldskrift selskab. 1 vol. in-8. — Memoires de la Societe royale des ant. du Nord, i836-i857. i vol. in-8. — Rapport de ses seances annuelles de i 838 et 1809, in-8. — Par M. Boux de Rochelle : Plusieurs cartes de diffdrontes parlies des lilals-lnis d'Ameri- que, indiquantlcs reconnaissances et les travaux geo- graphiques du general Bernard. — Par M. Bradford : Maj) of Ihe Surveyed part of Michigan ; by John Farmer, New-York, 18.59. i feuille. — Map of Wisconsin Terri- tory ; by J.-V. Suidam, New-York , 1 838. 3 feuilles. — Smith's guide trough Ohio, Michigan, Indiana, etc., Ncw-Voik, i838, i feuille. (La suite des Oiivrages offeits, an Nwnrro j'rochnin. ) BULLETIN D£ LA SOCJETE DE GEOGllAPHIE FiVRIER 1840. PREMIERE SECTION. MEMOIRF.S, EXTHAITS, ANALYSES ET HAPPOUTS. Voyage en Ahjssinie par M. Eduard Ri'ppell. ( Analyse par M. W. J. Hamilton. " Le premier volume de ce voyage u ete seul public jusqu'a ce jour. M. W. J. Hamilton en a donn6 a la Soci(!!te de g^ographie de Londres une analyse qua nous crovons utile de faire connaitre. Le Dr Ruppell revint en Europe en i834, apres avoir pass6 deux ans en Abyssinia. Ses recherches se sont portees non seulement sur la geographic et la statislique , mais encore sur I'histoire naturelle. 11 a trouv^ que les difficultc^s pour peniitrer dans ce pays Xin. I'fevRIER. 1 . 5 ( 66 ) sonl beaucoupdiminu^es dopuis le temps de Salt el de Bruce; raais I'ouvrage de MM. Combes el Tamisier ne lui a pas paru sallsfaisanL Us elaient les premiers Kuropiens qui dopuis deux cents ans avaient penelre dans la province do Gojam et visits cclle de Soha ; cepondant ils onl simplenienl copi(^ la carte de ce j)ays , que Sail a\ait tracee principal ( menl sur des cui . (lire , L't ils Tont publiee commc Inite d'apres leurs propres observations. Von Ralle , un autre voyageur, n'a fait rien autre chose que de copier leur carte avec toules ses erreurs. Lo I)r Ruppell, d'apres le desir g^n^ralement mani- lesle , a public son voyage sous forme de journal, et lion pas sous celui d'essais sur diverses observalions- scienlifiqups , comme il a fait pour son voyage au Koiddfan. II oxprime le vif d^sir qu'on lui communique le plus promplement possible toules les informations que Ton pourrait avoir sur les anciennes monnaies abyssiniennes qui existent dans les collections publi- ques ou parliculiercs ; il annonce aussi qu'il a 616 par- tout oblige de prendre la defense de Bruce conlre les attaques de Sail. Passant rapidement sur les Irois premiers chapitres de I'ouvrage du D' Ruppell, qui sonl consacres h exa- miner I'elat de I'hgyple et son chef acluel , M6h6met- Ali, nous arriverons sur-le-champ au recit de son excursion dans I'Arabie-P^tree , dont le but principal 6lait d'oblenir par des mesures baromelriques la hau- teur des difl"6rentes monlagnes qui forment la remar- quable presqu'lle du mont Sinai , sur la structiu-e mi- neralogique el geologique do laquelle il donne des details picins d'interdl. Ktanl moi)l<^ sur lo sommet ( Gy ) du inonl Sinai , il confirnie I'exnctiludo de la descrip- tion que Burckliard a donn^e dc la viie qu'on a de ce point. Les observations baromelriqucs qu'il fit dans la chapelle qui est au liaiit de la monlagne, compa- recs a celies qui dtaient faites simultanement b Tor, lui donnerent pour la hauteur de ce point 7,o55 pieds de France (2208", 7) (1). A I'epoque ou il fit cette as- cension , le 7 inai , les rochers ^taient en partie cou- verls de nombreuses plantes alpines en fleurs. Le lendemain, il visita le mont Iloreb, dont il trouva r^lt^ivation de 8,oG3 pieds ( 2619"", i ), tandis que le sol de la chapelle du couvent dcs 4o Martyrs est elev6 dc 5,566 pieds ( 1 745", 1). II monta ensuite siir le Gebel-Serbal , dont il trouva la hauteur de 6,342 pieds (2060"', i). Son guide lui fit remarquer sur la montagne los traces d'un leopard, qui depuis quel- ques annees s'^tait elabli dans les environs , et qui vi- vait de chevres sauvages. A son retour aTor, il y trouva la corvette anglalse F Amherst , dont le capitaine lui donna la carte de la cote d'Afrique entre Cosseir et Foul-Bay , qui avait et6 lev^e I'ann^e precedente par los otficiers du Palynure. L'examen de cette carte le confirma dans son opinion , que la latitude de Myos- Hoi'mos devait etre 27° 3o', et non pas 24° 4o . comme le pretendait le professeur Reichard. Dans le chapitre V,M. Ruppell d^cril son voyage du Cairo a Jedda. A Suez, il renconlra les pelerins qui revenaient de la Mecque avec le cholera , qui avait s^vi avec violence cette ann6e (i83i) , de telle sorte que 5,000 hommes avaicnt peii en quinze jours. 11 fait (i) Tons les chiflres out cle virifies sur I'ouvrage origiual. Les hauteurs soul doniit'es par M. Rii])|H'II en jiieJs de Fiance. H. D. ( 68 ) onsiiile sur les bancs lie corail do la mer Rouge (i ) iine reinurque imporlanlc que nous ra|)porleions ici : «Au- » dela du Ras-Mohainmed, on trou\e que les bancs de » corail sonl elev^s de i5 a i4 piods au-dessus du ni- » veau de la mer. Cette elevation se continue vers le » su(], elvers le 26'"'" dcgre de latitude, laligne horizon- » tale des bancs de corail qui forment la cute est encore » 6lev6e de 12 a i5 pieds au-dcssus du niveau acluol » de la mer, comrae on pent le voir dans les environs » de ScherumJambo , d'Abhor, de Jedda et do Mas- « sou ah. » Comme les bancs dc cette especc nc pcuvent en I) aucun des lieux observes , avoir 616 souleves au-dessus 1) de la mer par des volcans, et que cependant lour » sommet no pent pas avoir el6 primitivement au-des- ))sus de la surface des eaux, puisque les polypes qui '> les forment meurent au-dcla; il suit de la que les « cotes de la mer Rouge fournissent une preuve incon- » testable qu'a une 6poque inconnue la hauteur du » niveau de lamer, par rapport au continent, a du 6tre Bdifforente de i5 pieds environ dans la partie S. , et de » i3 a i4 pieds dans la partie N. Cos doux hauteurs ont- » ellcs exists simullanemcnl, et quelle |)eut avoir 6t6 r la cause de cette dilF^rence? L'otal actuol do la cote '< serait-il la suite d'un soul^vcment partiel seniblable , »ou d'un changement de distance de la surface de la » mer au centre de la terre , provenant d'un petit de- ') placement de Taxe?" A Mo\veilah,sur la cote d'Arabie, M. Ruppill trouva (i) L'intcrel que |iru->(iiltiil les ob a rnga;;i' a prt'iulrc dans Toiivi «!,'(■ iiKMiii- Its 1( tail- (|iu' M. Harnillon ii'avail pa^ dnniiis I". D. [ O'J ) dix petits balimoiits qui chargcaient (hi cliarbon la- briquepar les Arabes ; on peut presumer do la que lo bois qu'on Irouve sur celte cole sera bientot ^puise. M. PuippcU decrit ensiiite les diflf^renls lieux oil il s'arreta dans son voyage en suivanl la cote d'Arabic. Ici, comme plus tard en Abyssinie, en Nubie et dans le Kordofan , 11 rencontra la plante nomm^e Pavella Longifolia, dont les habitants se servent des racines et des jeunes pousses pour se neltoyer les dents. II re- marqua aussi que le port de Wushk, quoiquo sur, n'est pas aussi grand qu'il I'avait represcnle dans son premier voyage. II arriva le 3i juillet a Jedda ; il (^tait parti de Suez le i 3 du meme mois. Dans le chapitre VI, M. Ruppell donno la description de Jedda et de ses environs , et son voyage de cetto ville a Massouah. La population de Jedda, lorsqu'il n'y a pas de pelerins, est eslim^e de 22,000 ames, et non pas de 40,000. M. Ruppell y resta quelque temps pour observer les nombreux objets d'histoire naturelle qui abondent dans la mer Rouge. Parti de Jedda le 9 septembre, M. Ruppell apres avoir essay 6 vainement de visiter Tailah , arriva a Kon- fodah le 1 1 . Celte place avail beaucoup soufTerl de- puis sa premiere visite. De la il traversa la mer Rouge pour venir attuquer la cote d'Abyssinie, qui est d^fendue par de nombreux bancs de corail et par un labyrinlhe d'iles, et il attei- gnit Massouah le 16 , ou son navire ful presque devor6 paries flammes avant qu'il eul pu mettre pied a terra par I'insouciance grossiere de ses compagnons de voyage turcs, ce qui lui aurait fait perdre tous ses livres , instruments , etc. , qui formaient pros de /\0 caisses. Dans le chapitre Vll, il decrit son sejour a Mas- ( :o ) soiiah et los excursions qii'il fit dans les environs ; il iloiiiii' lo rccil de la manicre donl il passa des mains dos Abysslnions dans celles des Turcs. II donne un grand detail sur les impols ct les revenus de Tile de Massouali, dont la douano rapporte annuellement 4o,ooo dollars d'Espagne. Le commerce se fail prin- cipalement avec Jedda, el la valeur annuelle des ex- portations est de plus de 200,000 dollars espagnols. Cette place est visitee quelquefois par des marchands nalil's des Indes orientales. Le D' Ruppel d6crit I'etat moral et politique des habitants. Les mendiants sent, dit-il , nombrcux et les vols frequents. II fait connailre aussi les maladies, les qualit^s de I'eau, des vivres et du climat. On observe la , comme dans tous les pays cbauds , une brise de terre pendant la nuit et une brise de mer pendant le jour. Le long de la cote vers le N. , on trouve les ruines de plusieurs constructions qui nc sont pas d'une grandc antiquile : aupr6s d'un de ces lieux nomm^ El-Jerrar, M. Ruppell croit que Ton doit Irouver les ruines de I'ancienne ville do Saba , si toutefois Massouab lui- mfeme ne doit pas etre regarde comme en ayanl |)ris la place. Pr^s de Massouab , vers I'O. , est une petite ile plate nommi'^e Dovvalhat ; elle sert de cimeti^re aux Chretiens abyssinieus. Le I)'' llenaprich y fut en- terr«i en 1825. La ville d'Aikiko est siluee ])lus au S. ; elle est habitue par une population paresseuse, doiit les habitudes sociales et domesliqnes sont d^crites , ainsi cpie le gouvernement du naib , qui n'exerce qu'une aulorite Ires contest^e sur les districts voisins. Le chapilrc \1II commence par les preparatifs de ddpail de Taulrur pour Ailal , le principal village de la \allee de Modal; a ccttc occasion, le naib ne ( 7' ) inontra pasbeaucoup ded^licalesse dans sa maniere do demanderdespr^senls. M.Ruppelldecrit lepays depiiis Massouah jusqu'a Jerrar, et de \h vers I'O. aux villages de Hetumlo et de Mokullo. La plupart des marcliands de Massouah ont en ces lieux une de leursfemmes, dos enfants etdes esclavespourleiir fournirle laitet le bois donl ils ont besoin. En avangant vers I'O., on Irouvt! beaucoup de rocbes volcaniqucs. La distance de Mas- souah a Ailat est parla route d'environ 3o milles ; mais ci cause des di^stours , on pent la reduire a 70 milles en ligne droite. Les habitants de Modat sont Lthiopiens et Mahometans, mais ils vivent en bon accord avec les Chretiens des environs. Le D' Ruppell ne put obtenir ici aucune information relativement a I'insecle remarquable menlionne par Bruce sous le nomde tsaltsalya, et qu'il dit etre si dan- gereux pour les troupeaux. II donne la description des habitations et des usages des habitants, ainsi que des productions naturelles et des animaux sauvages de la vall(^e de Modat qui sont en grand nombre. A quel que distance dans 10. , on trouve des sources d'eau chaude. L'auteur retourne ensuite a Massouah. Ce chapitre est termine par les details curieux des cere- monies d'un mariage auquel il fut invite par le naib d'Arkiko. Le chapitre IX contient le recit du st^jour de l'au- teur sur I'ile Dahalak : c'est une ile de corail tres plate, et qui avait autrefois un grand commerce; au- jourd'hui elle n'en fait plus, et I'unique occupation de ses habitants est la p6che des perles. Le Di Kuppell fut assez heureux pour se procurer un specimen d'un animal curieux nomme Dugong ; c'est une espece de Walrus que Ton trouve le long des cotes de I'Abyssi- ( 72 ) nie, ot qui rst pris en grand nombre par les Danakil, une Iribu de pecheurs sauvages el ind^pendanls. On le lecherche a cause de ses defenses qui sonl belles et longues , el de sa peau qui est assez epaisse pour faire de bonnes sandales. Les tremblements de lerre sonl fr^quenls a Dahalak, el on trouve sur la surface des rocliers do corail, de vastes crevasses qui conliennenl de nombreux fossilcs. Dans le chapilre X, I'auleur donne le recitd'une excursion qu'il fit aux mines d'Adulis, silui^es a I'en- Iree do la baie Ansley. II quilla Arkiko le 29 Janvier 1 83a, ayaiil pour guide le fils du naib. Apr6s sept beurcs de marclie vei'S le S. , ils prirenl une direction plus a I'E. Des monlagnes volcaniqucs s'^liivent au- dessus do la plaine vers le S. lis passerent la pre- miere nuil a Aft6. De la ils arriverent au village de Gula,situ6 a 2 milles au N.-E : enlre ces deux points so Irouvont les ruines d'Adulis, qu'on nommo encore au- iourd'bui Adule. On y Irouve plusiours colonncs car- rees avec leur cbapitoaux , mais ni inscriptions ni sculptures. La latitude d'Adulis fut trouvee de iS" 1 5 44 • M- Huppell est le premier voyageur qui all visile cos ruines; il fut surpris de trouver qu'elles ne sonl qu'a 3 milles de la mer; mais cela s'accorde avec le recil d'Arrien , qui, dans son periple de la mer Rouge, dil que cotle ville se Irouve a 20 stades de la mer. En revenant a Massouah, noire voyageur fit connaissance avec un riche marchand abyssinien nomme (lolana Moriam , recemment arrive de Gon- dar; il oblint de lui des renseignemenls tr^s utiles pour son procbain voyage, el un recil de I'iital politi- que du pays qui (ilait en proie a Tanarcliic ol a la guerre civile. Outre cos didicultos graves, il fut on- ( 73 ) core retards par les pretentions exorbitanles du naib d'Aikiko. Le 99 avril iSSa, M. Rnppell quitta Arkiko pour aller a Ilalai , en corapagnie d'une caravane d<' mar- chands abyssiniens. Dans la valine de Gatra ,*ou Ton s'arr^ta la premiere nuit, il trouva un coiirantde lave qui sortait d'une masse de roches de mica-schiste. 11 donne ici la description des habits et des usages de ses coin pagnons Abyssiniens; la maniere dont ils se coiffent ressemble a celle que Ton voit dans la statue de Jupi- ter Amnion. On fit route ensuite au S. en passant a travers la vallee de Saba-Arega entre le raont Gedam a I'E. et les monls Taranta a droite on a I'O. Getana- Miriam avait coutuine de se separer tons les jours de ses compagnons pour lire un cliapitre de I'Evangile ; mais comme dit le D' Ruppell, ilelait a craindre qu'il ne le fit par pure hypocrisie pharisaique. Continuant a aller vers le S. , et laissant sur leur droite la route directe de Aksum, ils renconlrerent plusieurs partis de la tribu de Shoho, qui, sous le masque de I'liospitalite, prouverent a pen pres qu'ils n'etaient que des voleurs Le I'^mai, ils arriverent au village Shoho de Ilamhamo, a I'E. de la route de Salt. Les Shohos sontnomades et n'excedent pas 5oo hom- mes. Le lendemain, on commenca a monterles ^troites valleos qui conduisent au sommet du passage de Ta- ranta , et qui ont une direction S.-S.-O. M. Ruppell trouva dans ces monlagnes, et auprfjs d'un point de halte, d'excellentes pierres a aiguiser, et quelques ar bres d'une espece nouvelle , plusieurs beaux syco- mores a figues { ftcns sycomonts ) et deux espfeces de singes. A Tubbo , il vit plusieurs files de bccufs qui porlaient du sel en Abyssinie. C'est par ce moyen ( 74 ) que la partie N.-E. de I'Abyssinie jusqu'a Aksum sc procure du sel. Le reste du paysle lire des lacs sales de la plaine de Tallal, ou on le coupe par pelites pieces de 8 a 9 pouces de long, qui servent alors dc monnafie d'echange. Au lieu de prendre la route que Salt avail suivie en i8o4 par la vallee Asubo, qui conduit aussi a Ilalai . la caravane en pril une beaucoup plus au S. par Maliio : le cheinin devint bienlot trop mauvais pour les cha- meaux, car il passe par des gorges ^Iroites oil les ro- chers sont perpendiculaires; le pays est aride el de sert; on n'y entend pas le son du plus petit ruisseau. Le 4. on ressenlit une legfere secousse de trembiement de terre. Le lendemain, on conlinua a inonter; les Shobos, les porteurs des marcbandises, tout le monde enfin gardanl un profond silence, ainsi que cela a deja 6te remarqu6 par les voyageurs precedents. Parmi les plantes de cette contree, M. Ruppell en d6- crit plusieurs qui lui etaient entierement nouvelles ; mais le mimosa etait encore la plus IVequenle. Le 7, la route I'ut droit a 10. , el apres avoir atteint une pe- tite plaine situee au sommet d'une montagne , et ou Ton rencontre quelques terres labourees , on tra- versa un cours d'eau qui coulait vers I'O. dans le dis- trict de Maleb et qui se perd plus loin dans un marais dans la partie N.-O. de I'Abyssinie, on descendit ensuite un peu pour atteindre liaiai. Ce village est miserable; il contient 4oo babitants dont les 2(3 sont cbr^liens et le reste Mabometans ; ils leventde fortes contributions sur tous les vovageurs. Par le caracl^re, ce peuple res semble a celui de Saortu , et par le langage a celui de Tigre. Labauteurde.ce passage est, d'aprfes lebaromfe- tre, de 8093 pieds (2628", 9) au-dessus de la mer, et sa : 75 ) lalilutle de i4"59'37'. Du cotc^ tie TO. , lepays forme une plaine ontlulee. Les caravanes ne vont pas plus loin dans li; Diksan. L'eau est tres rare ici , ainsi que les bfites de sorame ; a llalai on ne pourrait pas s'en procurer le nornbre n6cossaire. Pour aller ensuite d'llalai a Alegorat, au lieu de suivre la route directe par Adouali.M. Ruppell se joigiiit a Getana-Meriam , et a plusieurs autros mar- chands, qui laisaient un detour par Sanafe et par la provinced'Agam^, a cause de I'^tat de trouble du pays, etqui , dece dernier point, devaient determiner le cbe- min qu'ils suivraient, d'apr^s les circonstances. lis quillerent llalai le lo mai: a quelque distance de la et apres avoir pass6 un grand village appel6 Dera , on dit iM liuppell, que I'eglise de CO village contenait un bloc de marbre avec une inscription en caractfereseurop^ens, on kii parla aussi ensuite de plusieurs autres ruinesqui se trouvaient a droite et a gauche de sa route. Les limites de celte analyse , ne permettent pas de nous arreler sur tout ce que ce chapitre conlient d'in- teressant; il est en effel rempli de descriptions animees de geologie , de geographic physique, des productions naturelles du pays et des usages et coutumes des habi- tants. Al6gerat est la capitaie de la province d'Agam6, tous les cours d'eau et les valines qui se trouvent entre ce lieu et Halai, se dirigenl a I'E. vers la mer rouge, A San&f6, Alto Ali le compagnon de Coffm (i) et qui en qualil(^ de mahometan etait receveur des douanes d'Agarad, pour le Detyach Sabagadis, dit a M. Ruppell (t) Un duineslique du lord Valeulia. ( :^ ) que lous les cliels de lAbjssinie euiploicnl loujouis les maliom^lans dans les charges qui demandcnl do la veracity el de la piobile, a cause de leur sup^riorile sous le poiiil de vue moral, sur les chretiens d'Abjssi- nie. Pendant un sejour de quelques jours qu'il fut oblige de faire dans la valine de Barakit, il visila uiio source curieuse et une chapelle dans laquelle on trouve des manuscrils en ancien abyssinien. Ln trait remarquable de ce voyage etait les droits et les peages que Ton .6lait oblige de payer dans cliaque lieu oil Ton passait : en partant de Barakit on suivit pendant deux jours une direction S.-S.-E. , el cnsuite on se di- rigea vers le S. -S.-O. Les rivieres a Omfailo coulent vers IE. et se jottent dans la baie d'Amlilab , qui n'est qu'a deux journ^es 1/2 de distance, W. Iluppell arriva Ategerat le 26 mai. Le pays qu'il traversa est principa- lement forme de gres, de bancs d'argile et de trap. Le cUapitre XIII contient lo r^cit de son sejour a Ategerat, ct de son voyage a la ri\i6re de Takazze. II rencontra la le missionnaire , M. Gobat, qui ne lui donna pas grand encouragement, car il lui dit que tous les abyssiniens etaient des coquins, ne sacbant ce que c'etait que la verite , la reconnaissance el la bonne foi. La latitude fut observee de i4''-i6-26' el r^Ievation au-dessus de la mer de 7,675 pieds (2/193"", 2). Les raontagnes qui forment le versant, enlre la riviere de Takazzd et la mer rouge , sont iii- core a I'O. d'Al^geral, mais a peu de distance. Le palais bati par Sabagadis n'est rien autre chose qu'une vaste grange: le nombre des habitants est d'environ 2,200. .Notre voyageur donne quelques details amu- sanls sur les moeurs de la noblesse abyssinienne. Le 28 mai M. Ruppell quitta Ategerat, apres avoir ete sur ( m ) K* poinl d'Hro arr^tt^.par Ic Detyach WoUul-Micliaol. l,(>s ronl(\'; (Haioiil mauvaisos (>l an milieu do roohors, l(> l(>n(loinain on passa un couranl do laves Uasalliquos, nn cluMiiin oscar|u''oldanp:tMoiix loslil onsiiilo dosoondro dans la valU^o ronianliquo do Salwda. loi los oaux ooni- nionoonl .^ coulor vors lo S. O. dans lo 'raka/./t\, ol !a naliiro prond nn raracloro loul-a-fail nonvoau : la ca- ravano fiit bionlol allaqui'O . par dos habitants armies qui la lorciTonl a paxornn tiibii. I.os pluios d(>\iniont iVt'-qnonlos ot nioino pros(]uo jonrnaliiTos vors los niidi. On oonlinna |)(M\(lanl pliisiours joiirs A doscendrt> dans la plaino, on suivanl iin(> diroclion S.-S.- 0.; colto plaino osl bornoo a 1 M. par nn nnn- do rochos porpcndioidai- n>s do plnsionrs conlainos i\c piods do hanlonr. I)u coU^ ilo VO. on ;qior(Mit ponr la proniit'-ro t'ois, lo i " jiiin. los sonunots noii;onx dos nnnita^nos do Simon. On alloigjiil, lo 8, Takhoraggiio, oil nos voyagonrs furont oncoro arn^tt^s. C.olto place ost habiliic on grando parlio par dos mahomotans. La laliltnlo do Taklioraggiro tut Irouvi^o do i 5" 59'- 5a'' N. ot sa hautoni aii-dossiis do la mor do .''),c)f);> piods (i954"',/i ). I.i'i M. Uu|)|ndiriil abandoning par los poi- tonrs (pi'il avail omnioniis do llalai , il il no put s'on procnior d'anlros: Lo i (> juin on so mil do nonvoau on roulo en allanl a I'O.-S.-O. ; lo londomain louto trace do vogolalion avait disparu . a 10 lionos do Takheraggiro : on alloignil la rivioro do Coba . qui ost (Ml torronl rapido. On avail do la poino a tionvor do la nourrilnro pom" los b^les do sonnno , niais los oisoaux lUaionl abondanls ol los bords dc la rivit>ro Iros pillo- rcsqucs. Do \\ ils alloignironi lo Takaz/.t'' on Iravcrsant un pays dilTioilo ol roclionx, la distan((> n'osl rt^ellc- nionl cpu' do ■> runos a I'O.-S.-O. Lo obapilro \l\ oontionl Ic looil du voyage, depnis ( 78 ) le Takazzd jusqu'a Anjetkal clans le Simon. Le Takazzi est ici un fleuve rapide , I'tipoque de scs d^bordemenls est incertain. Ln fait tr^s remarquable est mentionn^ ici , la hauteur des bords du fleuve ful trouv^e dc 2,812 pieds (910°', 5) au-dcssus de la mer, un an aprfes une observation faitc a Shire 20 lieues an N.-O. de ce point, donna pour elevation du meme fleuve 2,6o3 pieds (845'", o). M. Ruppell conclut de ces obser- vations que la liauteur de 4.000 pieds, assignee au Nil dans les plaines de Scnnar , par MM. dc Humboldt et Renell, doit etrc beaucoup trop forte (i). La geogra- phic physique du pays est faite avec un grand soin , ainsi que la g^ologie. Pour ajouter a la sterililtl! du pays, dcs nu^es de sauterelles devorent le peu de plantes qui y croissent. La caravane quilla los bords du Takazz6 le axjuin, mais le lendemain les habitants s'opposorent a ce qu'elle s'avancat davantage , en lancant des morceaux de rochers et I'attaquant avec desfrondes, pour forcer les voyageurs a payer des droits. Cette contree , qui est appel6e Taleml , est pauvre, aride , rocailleuse et mal pourvuo d'eau. On \ ron- contre fr^quemment dcs roches voicaniques , et des masses de basalle remplissent les lils de lous les cours d'eau. La vegetation parulaugmenter en remontant la chaine de collines au S.-O., jusqu'a la vallee de la ri- viere d'Ataba , qui coule au N.-O. et se jette dans le Takazz6. A Ataba , le basalte se pr^senle sous la forme de belles colonnes. Les goitres sont communs ici, ce qui viont pent etre de I'usagc que Ton fait de I'eau de neige. En remontant plus haul, la riviere Ataba coule en vcnant de I'O.-N.-O. et elle se joint a la rividre Abana , qui vient des montagnes neigeuses situ6es au S.-O. (i) Voir les details de n-lle csiimation dcs limteurs du Nil , p 80. ( 79 ) Le i" juillet aupi6s du sommet de la passe de Selki , nos voyageurs furent arr^les par de la pluie, du brouillard etde la neige, ils n'avaient aucun moyen de se procurer d'autres provisions que celles qu'ils avaient apportees avec eux : la position elait difficile et dan- gereuse , ils furent arret^s pendant 3 jours enliers dans ces regions, a la hauteur de ii,3i2 pieds (3674"', 6). La hauteur du sommet meme de cette passe est de 1 1,900 pieds (3865'" ,6) au-dessus de la mer; il forme la separation entre les provinces de Si- men et de Talemt. La vue que Ton avail de ce point 6tail immense ; maisces montagnes, quelque elevi^es qu'elles soient, ne forment pas le point culminant entre le Takazz6 et le vrai Nil , c'est plus a TO. qu'il se trouve. Le 5 juillet ou put continuer la route vers le mont Buahat, qui est un point encore plu (ilev6 vers le S.-S.-O. ; une nuit, tout gela autour d'eux. Le lende- ma in ; apres une journ^e fatigante h Iravers la neige et les rochers , ils atteignirent le sommet de cette seconde passe qui est ^levee de 13,077 pieds (4248™ )» la hauteur du sommet du Buahat est d'environ i3,5co pieds (4385"") , et celle du Abba-Jaret de 14,000 pieds environ (4548"°). Le recit de ce voyage si plein d'in- t^rel. Le 8 juillet ils descendirent encore vers le S.-O. dans un pays plus fertile, et apres une marche de 2 lieues 1/2 ils arriv^rent a Anjetkat. Le chapitre XV contienl le s^jour de I'auleur dans Simen (qui est la province la plus 6levee el la plug montagneuse de I'Abyssinie) ; il donne une foule de details sur la geographic de cette contr6e. Elle possede trfes peu d'arbres, mais elle est bien peuplee , aucune des formations volcaniqucs qu'on y rencontre ne pr6- senle de trace de cral6re, mais la lave et les trachvtes ( 8o ) paraisscnt frciiquemmont. Les villages sont en general |)etils, el les habitations sonl dos hultes de paille sales et rabougries. 11 est d'usage ici, lorsque I'on presente a quclqu'un quelque chose a manger , d'en goilter soi-meine Ic premier, afm de prouver que ce n'est point empoisonn^. Leurs habillements, qui se trouvent decrits d:ins une lete que donna le gouverneur , ne sont pas trop propres. Le volume est termini par le recit du traitement que le voyageur 6prouva de la part du gouverneur abyssinien. D'apres ce que nous venons de dire , il est Evident que de norabreux details geologiques et des notices sur les productions d'histoire naturelle, se trouvent nccom- pagner le recit des aventures personnelles; la descrip- tion geographique du pays parcouru, les details ethno- graphiques sur les habitants pr6sentent bcaucoup d'in- leret ; mais il elait impossible de les mettre ni meme dans faire mention dans cetle courte analyse , il n'v a qu'une traduction qui puisse les t'aire connaitre comme ils meritent de I'etre. Tous ceux qui prennent intti- ret a la geographic physique, a I'histoire naturelle et a r^tat present de I'Abyssinie, desireront comme nous que le second volume de I'ouvrage de M. Ruppell paraisse bientot. ]\ota. L'interet que presentent les remarques de M. Ruppell relativement a la hauteur des parties superieures du Nil nous a engage a rapporterici en en- tier le passage dont M. Hamilton a donne seulement I'extrait. P. D, « Une observation barom^trique que j'ai faite m'a donne pour la hauteur absoluo du Takazz6 dans la pro- I- 81 ) vince de Taloml, y8iy piods (9i3'|',5j, d apr^s unc autre observation t'ailo une ann6e plus lard dans mon second passage du Ta kazz6, et quelqiiL's 20 lieues au N.- 0. de ce!ui-ci , cc second point serait dev6 de 2,6o3 pieds (845'",5). Je regarde les rcsul- tats de ces observations coiumc tr^s iinporlants , car ils expliquent d'une manierc tri;s satisfaisante le plie- nomene singulicr des debordements du Nil. Jusqu'^ ce moment, on ne savait a peu pr6s rien sur la hau- teur absolue de ce fleuve au S. du i3 degr6 de lati- tude, c'est-a-dire dans la province de Senaar. Hum- boldt et Renell estimaient d'apres la carle d'Al'rique de Berghaus, qu'elle devaitetre de 4,000 pieds (i Soo") ; pour faire leurs calculs, ils elablissaient une cerlaine penleparmille qu'ils regardaicnl comme indispensa- blement n^cessaire. D^ja clans mon voyage a Dongola par les paysqu'arrosele Nil, dans les annees 1822 1824, la nuUitc du courant dans cetle masse d'eau, lorsque le fleuve est dans son (itat normal, m'avait frapp^, Ilors le temps des inondations p^riodiqucs, les bateaux peuvent etre tir^s par les bommes aussi facilement d'un c6t6 que de I'autre, car la chute seule pourrait a peine les mouvoir. Je n'etais pas en etat dans ce voyage de mesurer la hauteur absolue du fleuve dans cette province, car mon baromelre avait ete perdu dans le pillage de mes ofl'ets a Esnc , et je ne connais aucun voyageur qui, avant ou depuis, ait fait des observa- tions qui puissent servir a resoudre I'iot^ressante ques- lion du niveau du Nil a Dongola ou h Senaar; niais je suis persuade, a cause du manque presque perma- nent de courant, excepte pendant les inondations, que la hauteur du plateau du Senaar calculdc par Humboldt doit etre on erreur. XIII. p/iVRIKR . •-> . (') ( 82 ) I. Le Takazze a , d'apr^s mos observations, iino Uau- taix depuis de longues ann6es, s'6taient soumis a toutes les chances et a tous les dangers d'une expedition lointaine, au milieu de tri- bus guerri^res et hostiles, pour aller former un nou- vel ftlat ind^pendant en dehors du territoire soumis h la domination anglaise. 6. (84 ) La Notice dii capilaine Harris ne s'elendait quo jus- (la'au commoncomcnl de 1807; ddja Ics Emigrants avaionl eu plusieurs combats i\ soutenir, et, allernati- voment vaincns ct vainqucurs, ils n'avaient pu qa'au prix (Ic hoaiicoup de sang commencer h formor lours prfmiors (^tahlisspmonls ; tout ^tait encoro incortain sur le succ^s de cette d-marche extraordinaire. J'ai suivi avoc on vif interet tout ce qui avail 6t6 ditdepuis a ce sujet; mais quelques r^cils vogues nous avaient represonte successivoment les Ilollandais comme en- lierement ddtruils par les attaques des naturcls, ou comme les ayanl subjugu^s. In nouveau document tres important et bcaucoup plus ^tendu a (^te ptd-)li6 dans les N"** de septembre , oclobrc, novembre 1859. et Janvier, f(^vrier 18^0, du Journal mensuel , public en Angletcrre sous le titre, United servicti Journal ; il est intitule : Notice sur le cap de Bonne-Esperance et I'Afrique meridionale depuis I'epoquc ou le major ge- neral sir George Napier a et6 nomm6 gouverneur de celle colonie , par le major Cliarlers , de I'artillerie rovale. Ce document nous fait connallre I'etat de Vd- migralion jusqu'au commencement de iSSg. J'ai cru que la Society entendrait avec intdret nn extraitde ces divers articles; car c'est un spectacle en meme temps bien rare et bien imposant, quo celui d'unc nation nouvolle qui cherche a sc former pour ainsi dire uno existence, et qui doit lulter et conlre les attaques ou- vertes des nations dont olle viont envabir le territoire et conlre cellos qui, pour n'6tre pas 6clatantos, ne sont pas moins dangorousos, de la nation dont olle se separe. Plusieiu's causes avaient apporl6 die/, los anciens colons hollandais du cap do Bonnc-Esporanco un me- ( «5 ) contenlementprol'oiul;M. Charleiscompteen premiere ligne rabolition de I'esclavage. Le fermier hollandais, quoique d'un bon naturel, dstait g^neralcment indo- lent; la cliasso . quelques courses jusqu'ciu plus pro- chain march6 faisaient toules ses occupations. Tout I'ouvrage de la maison 6tail fait par dcs esclaves el par des Hottentots, dont le travail rneltait loule la la- mille en 6tat de suivre toujours le merne genre de vie. Leur vie tout entiere se passait unit'ormement sans peine et sans inquietude. L'abolition de I'esclavage renversa tout-a-coup cetle scfene de bonheur domestique. Le passage d'une vie active a une vie de repos peut se concevoir ; mais celui d'une longue habitude d'aisance et d'oisivete a une obligation absolue de travail et d'energie dut etre presque insupportable, Les esclaves reslaient , il est vrai, sous le nom d'apprentis; mais, d^ja sous la pro- lection de juges speciaux, ils cessalent d'etre soumis au maitre. Cette justice protectrice devint meme bien- tot une source de vexations pour le maitre : sur la denunciation, souvent mensongero, d'unesclave, il 6tait cite devant le juge, qui demeurait quelquefois a une ou deux journees de distance. L'indemnite accordee par la m^tropole tut loin d'e- tre calculee sur la valeur r^elle des esclaves, etcomme en outre elle 6lait payable a Londres, une grande partie reslait entre les mains des entremelteurs. La loi qui ordonne que toules les fois qu'une terre est conc^dee par le gouvernement, I'acquereur doit de- poser entre les mains du commissaire civil du district une somme pour payer les dtipenses occasionnees par I'arpenlage ot par le trace du plan de la propriele qui tail le scul litre legal, devinl le motif d'une foule ( 86 ; *Ic vexations el do liou)peries de la pari des employes du gou\ernemenl. Lne aulre cause de pla'mle provinl de lasaisio vio- lenle des proprieles que fil le gouverneur pendanl la guerre des Caffres en i855 sans une (Equitable in demnil6. Enfin , la dorni^re cause que M. (charters croil de- voir assignor coranie ayant influ6 sur I'eniigralion, c'esl le peu de securite des propriiJles le long de la frontiere des Caffres a cause des depredations de ces peoples. De Icls fails tendaient n^cessairement a aigrir un peuple habitue a une vie calme el Iranquille ; I'idee qu'ils elaient le r^sullat d'une domination elrangere dul exciter la haine, el r^veiller, meme cliez les IIol- landnis, une energie peu accoutumee. Le desir de se souslraire par 1 emigration a une autorito donl on n'eprouvalt que des conlrari^tes el point dc protection se fit bientot senlir, el d^s qu il eul commence a se r^pandie, il fit de rapides progres. Mais ce no fut pas dune mani^re clandestine, el comme en fuyanl, qu'ils voulurent s'ouvrir une nouvelle carriere : le projet do s'expatrier, d'aller chercher hors des limites de la do- mination anglaise un lieu ou ils pussent segouverner selon leurs idees, fut publie et annonce liaulement. Pendant trois dimanches cons^culifs cclte resolution fut proclamee publiquemcnt dans les ^glises. Les com- missaires civils et les autoriles coloniales n'j firent au- cune objection. Nous ne chercherons pas a deviner par quelle illusion bizarre ces autoritcis ne se sont apercu des dangers de cetle expedition pour la paix des tribub voisincs et allioes dc la colonic., que quanil dc sanghints conibals sont \onus demontrer el la vio- ( 87 ) lenle antipalhie que les Afncains t^prouvaienl conlie les envaliisseurs de leur territoire , et la vigueur avec la- quelle les Hollandais ^taient resolus a poursuivre leur dessein. Nous avons fait connailre en i838 les difTeienlos altaques qu'avaient 6prouvees les 6migranls , ou ils avaienl ele allernalivemenl vaincus et vainqueurs; cc- pendaat ils s'etaienl toujours avances, et etaient venus s'elablir aux environs du Port-Natal, situe sur la cole orientale d'Afrique par So" de latitude mdridionale ; les defaites qu'ils avaient eprouvees n'avaient point abattu leur coui'age , et de nombreux renforts leur etaient arrives de la colonic. Au mois de decembre i 838, les emigrants au sud de la chaine des monts Quathlamba dslaienl disposes ainsi qu'il suit : Au Port-Natal un petit camp form^ principalement des anciens habitants d'Oliphant's Hock; ils avaient pour chef un nomme Badenhorst. Tous les hommes appartenant h ce camp 6taient alois absents pour une expedition contre Dingaan, chef d'une des principales Iribus voisines ; il n'en 6tait reste qu'environ 20 ou 26. A la riviere Umlas , h deux journ^es du camp pre- cedent, il y en avait un plus considerable sous la con- duite d'Andr^s de Jager : c't^tail des habitants de IJitenhage et de Somerset. Ijne petite division d'envi- ron i5 families elait ^tablie a trois heures de dis- tance de la. Tous ces camps etaient sous la direction de Lauduian, occup6 alors a I'expedition contre Din- gaan. Au Bojesman's-Bex'g, 3 journ^es au nord de Natal, il y avait 60 families de Graaf-Reinel , ayant pour chef Piet Nell. Au petit Toghela , etaient 5 camps contenant 35o families. Tous ces camps avaient fourni ( 88 ) ItHir contingent (riionuiies pour I'expedition , qui avail 6tti aussi ronforc^e par un parti de 23o ^mif^ranls do I'atilre cole dos raonts Qualhlamlja. On estimail la force tolale do lous cos camps A 800 hommos ef- feclifs. Quoiqu'a cello ^poque iln'y eiil pasdemaladieparnii "ux, cppondanl leur aspect n'indiqiiail pas une bonne sante. Les enfants surlout paraissaient faibles tl souf- franls , ce qui pout 6lre allribu6 au manque de pain et de nourrilure veg^tale ; car a I'exceplion de quelques cilrouilles, ils n'avaient pour aliments que la viande de boucberie. lis s'elaiont ball des hutles dans leurs camps. L'aspecl de quelques unes d'entre elles 6tail assoz conforlable;mais en general dies ne paraissaient annoncer que la pauvrel6. II elait p^nible de voir un si grand nombre de families , qui peu de temps aupara- vanl vivaient dans I'aisance, et m6me dans I'abon- dancc au sein do la colonic, r^duiles mainlenanl a la mistire. Cependanl ces hommes , jadis si indolents, lultenl conlro loutes ces calamit^s avec un courage admirable, et a peu d'exceplion pres, ils ne marquent aucune inclination pour retourner sur leurs pas. lis regardent qu'ils onl ele Irait^s avec injustice et durele parle gouvernement colonial lorsqu'ils ^taient soussa juridiction, et lout ce qu'ils desirent de lui mainle- nanl, c'estqu'il les abandoi ne a leurs propresressour- ces, el ne cbercbe pas encore une fois a leurnuire. Celte anlipatbie conlre les Anglais est surlout domi- nanle d'une maniere Ires remarquable parnii les fem- mes, Toules cellos qui autrefois vivaient dans I'abon- dance et qui sont aujourd'bui dans un 6lat de g^ne, souffranl lous les d6sagr6menls qui accompagneiit un genre do vie si incertain , loulcs ces fcmmes, dis-je ( 89 ) dont line parlie onl perdu leurs maris ou leurs Iri^res, rejeltent cependant avec m^pris toute idde de relour- nor dans la colonie. Si quelques uns des hommes vien- nent h faiblir et k perdre courage , cs sont elles qui les excitenl de nouveau et qui rechauffent en eux I'esprit de resistance. Les camps des Hollandais consistent en un certain nombre de liuttes de diverses formes el gran- deurs, etablies aussi pres que possible les unes des autres , et environn^es d'une palissade. Leurs wagons sont g^ndiralement places en dehors de la palissade, et leurs troupeaux paissent dans les environs. Cette communaute est plac^e sous la direction d'un magis- tral nomme par le Volksraad ou conseil du peuple. Le V oiksraad consiste en 24 membres choisis par le peuple ; il forme un tribunal supreme qui juge toutes les causes qui lui sont envoyees par les raagislrats, lorsque par leur nature elies exc^dent le pouvoir qui leur est confer^. Le Volksraad ticnt son siege dans dif- ferents lieux; lors de I'arriv^e des Anglais au Port- Natal, c'est-a-dire en d^cembre i838, il 6tait 6tabli au camp de Toghela. Ce tribunal regie toutes les af- faires de paix et de guerre de la communaute des emigrants. Les emigrants avaient fait quelques essais de culture dans les environs du Port-Natal, afin de se procurer du grain ; mals I'elat constant d'anxietd; dans Icquel ils se trouvaient avail fait quepeudeproduits avaient 6teob- tenus. La planle commengait d'abord h avoir une belle apparence, mais quand elle devenait un peu grand e , elle se fletrissait et mourait : cela provenait probable- ment de I'ignorance ou Ton ('•tail de I'epoque conve- nable pour la semence. Les bcEufs, dans le voisinage de la mcr, ne profilent pas , el beaucoup perissent ( 9" ) Cependanl plus dans I'inli^i-ieur et dans lus monla- gnes de Togliela el de Bojesnian, les besliaux du\icn- nent beaux, el le froment esl cullive avec succos. C.cllc parlie du pays passe pour Ires belle , et on ne laril pas sur les sieges qu'on en fail. Le long de la cole , les uioulons sonl en trc^s mauvais 6lal; car, quoique rherl)o soil Ires ubondanle , cependanl oUe n'csl pas d'une bonne quaiilt!; pour les Iroupeaux. La nieiue uialadie qui a long Icinps exists sur les cbevaux dans la colonic ne s'esl pas fail ressenlir dans rinl6rieur; niais elle a fail de grands ravages aux envi- rons du Port-Nalal. Les troupeaux des Caffres qui oc- cupenl la conlree siluee aupres de ce port \ionnenl Ires bien ; I'espece en esl pelile , mais belle ; les vaclies surloul donnenl un excellenl lait el en abondance. Les GaflVes cultivent le inais el le bl6 de (laffrerie ( espece de millet); les cilrouilles sonl en grande abondance ; le sol el le cliniat paraissent elre tr6s fa- vorables a ce vegetal. M. Charters dii n'en avoir jamais vu de si grosses. Tel 6lait a la fin de i838 et au commencement de 1839 I'etat de la soci6t6 des Emigrants. On pouvait esp^rer que celle entreprise extraordinaire produirail une nouvellc colonic, surlout s'ils avaienl pu former un ^lablissemcnt au bord de la mer; mais c'esl alors que le gouveinenient colonial du Cap ( oiumenca a craindre de voir s'ekver a c6t6 de lui une puissance rivale , donl les antecedents ne devaient sans doule pas pr^sagcrunc grande sympalbie. On avail bien con- senli a laisser les llollandais s'expalrier et se lancer au milieu des peuplades alricaines, complanl peul-etrc secretemeni qu'ils seraienl obliges de revenir ; on doit croire pour I'bonneui du gouvernemenl colonial (pi'on ( 9' ^ n'ditablit pas, coimne seconde chance possible, la des- Iruction complete des premiers Emigrants; mais lors- qu'on vit qu'ils pourraient bien r^ussir, une g6n6reusc compassion s'eveilla en faveiir de ces pauvres Caffres , que Ics Ilollandais venaient ainsi chasser de leiir terri- toire ! Pour arreter I'effusion du sang, le gouverneur du Cap r^solut de s'interposer entre les Hollandais et les Africains , et pour cela il arreta I'occupation du Porl-Natal , non pas pour y 6tablir une nouvelle colo- nic , mais uniquement pour emjiecber que les Ilollan- dais ne s'en emparassent.Le major Charters fut charge de cette expedition, le 20 novembre 1808 ; il partit du Cap aveclrois batiments qui tlebarquferent environ 5oo homniesau Porl-Natal. Le gouverneur sir G. Napier pu- blia en meme temps une proclamation dans laquelle il disait qu'il faisait occuper ce port 1 en raison de I'^tat de troubles dans lequel se trouvaient les tribus nati- ves dans les environs de ce point, troubles qui elaient en grande partie occasionnes par I'occupation inconsi- ddrie ( umvaranted) d'une portion de ce territoire par cerlams Emigrants de cette colonic qui sont sujets de S. M. Comme il y a lieu de craindre que ces troubles ne fassenl que continuer et s'acoroitre, en sorte que toute cette partie de TAfrique meridionale deviendrait promptement le theatre d'une guerre d'extermination, le gouvernement de S. M. ( ajoutail-il ) ne peul pas soulfrir plus long-tem|)S qu'un tel etal de choses sub- sisle sur les irontieres et dans les limites de I'influence du gouvernement de la colonic , ni que de telles atro- cites soient partag^es, sinon caus^cs par les actions des susdils Emigrants, sujets de S. M. » Le gouverneur a soin d'ajnutor quo le but de cette occuj)ationn'est point deionderun nouvel cJitabissement, ( 1)^ ; mais uniquemonl d'cmpC'cher que li; jiorl ne puisso lonaber au pouvoir d'une des parlies belligoranles el do le fermer a toute espece de commerce. M. Charters avail ordre de s'emparer de loules les munitions do guerre qui se trouvaient dans ce port avec ralleution toulefois d'en donner un rccu aux proprielaires; aussi saisil-iJ 34 demi-bariis et g4 quarts de hurils de pou- dre a canon apparlenant atix Emigrants , el qui elaient alors d6pos6s dans un magasin a I'enlrcie de ce port. Huit jours avanl I'arrivee de I'expedilion angluise au Porl-Nalal, une troupe de Coo lloUandais, sous lo commandement d'Andres Prelorius, 6tail partie pour aller atlaquer Dingaan dans son pajs. Quoiqu'il y eiit peu de probabilite ( dit. M. Cliarlers) qu'un messager parli de iNatalput arriver assez a temps pour provcnir une atlaque, je crus cependant qu'il «^lail de mon de- voir de I'essayer. En consequence, le 6 decembre au matin, je me procurai deux messagers call'res qui con- sentirent a porter une lettre a Prelorius. Cette leltre annongait a ce chef I'arrivee des troupes de S. M. , I'occupation militaire du Port-Natal , el les intentions du gouverneur de la colonic; plusieurs exemplaires de la proclamation du i6 novembre elaient joints a la leltre. Prelorius etait requis de venir reprendre ses premieres positions a TO. de la riviere Tliogliela , et d'y rosier sur la defensive jusqu'a ce que des arrange- ments eussent ele pris par le gouvornemenl anglais. Si Prelorius se soumellait Ji eel ordre , je m'engageais a faire lous mes efforts pour que Dingaan laissat les Emigrants tranquillts ; mais si au contraire Prelorius voulait poursuivre sa route, il etait prevenu des mcsu- rcs que le gouvernement britanniquc ailoplerait pour ( 9^ ) proteger ios nalifs contre une invasion non autorisee de leurpays par unc poignee de sujets de S. M.. qui, se faisant une loi a Icur convenance , avaient passe les liinites de la colonie , et porlaient la devastation et le cai'nage parmi des nations qui 6taient en paix avcc la Grande-Bretagne. Les messagers partirent avec ces depeches; mais a leur arriv6e a la Tlioghela , ils on trouv6rent les rives occupies par les HoUandais. Ceux-ci ronvoyerenl les deux CatTres avec une lettre quiannongait quePretorius, avec le parli sous ses ordres, ^tait en pays ennemi , et que les communications n'etaient pas possibles. Quelques semaines apr^s, quelques Emigrants vin- rent au camp anglais, et annoncerent qu'une action avait eu lieu et qu'ils avaient ete completement viclo- rieux. II parait que le combat avait dure deuxheures ; lesZoulous avaient et6 obliges de se retirer apr(^s avoir laiss^ 3,000 bommos tues ou blesses sur le cliamp de bataille. Les HoUandais ne faisaient point de prison- niers; de leur cote, ils n'avaient eu que 3 hommes blessi^s. Le combat avait eu lieu h 4 journees de marche de la residence do Dingaan , que Ton dit avoir 6t6 une ville au moins de 3, 000 habitants : mais Dingaan en se retirant la brula, et lo 21 decembre . les HoUandais y entr^rent, tous les habitants s'^tant retires dans I'in- terieur. Parmi les objets qu'on y trouva , etait le traits original signd; et ralific!! par Dingaan , par loquel, d'a- pr^s les explications qu'il avait cues avec Relief, un des chefs hollandais qui etaient venus trailer avec lui, il avait c6de aux Emigrants le terriloire qu'ils occupaient. Mais ensuite il avait fait , au milieu d'une f^te , massacrer Retiof et tous ses compagnons. ( '.(4 ) Quolques jours apios , uu parli de 5oo honmics qui avail el6 envoyo pour faire unc reconnaissanco cii avanl toinha dans une euibuscade; cinq llollandais ol un Anglais du Port-Natal qui los avail suivis fureiit iu6s, ainsi que do CaiTres qui s'6taient joints aux emi- grants. Ceux-ci se rctirijrent de celte einbuscade ; raaisils abandorin^rent le pays de Dingaan et ^entr^• rent dans Icurs camps respcclifs ; en revenant lis en- Icverent un troupeau de 4 ooo teles de bi^tail sur los bords de la Togliela, Le i4 Janvier 1859, C.arl Pietcr Laudman , accompa- gn6 de plusieurs autres Hollandais qui etaienl reve- nus de I'exp^dition , vint au Port-Natal me rendre visile (dit le major Charters), lis dlaienl porteurs do letlres du Volksraad, par losquolles ils etaienl auto- ris6s Ji trailer avec moi au sujet de leurs affaires. Lne conference out done lieu enlre nous : lous les Emi- grants exprimerent posilivement I'opinlon qu'ils se considf^raient comme onli6rement ind^pendants de I'aulorite britannique, el qu'ayanl d6pass6 les limi- tes dc la colonio , ils ne dovaionl plus aucune ob^is- sance au gouvernement ; qu'ils d6siraiont viveraent vivre en paix et en bonne amili^ avec lui ; qu'ils se regardaienl comme parfaitemenl libresde r^gler a lour guise leurs propres affaires; quo leur but 6tait d'obte- nir la paix ; qu'ils I'avaient offerte a Dingaan a la con- dition qu'il rcndft les moutons el les boeufs qu'il leur avail enleves, et qu'ils eslimaienl a 5o,ooo l6tos, et que le besoin qu'ils en avaient les forcait a insislcr sur ce point ; qu'ils ne d^siraienl rien autre chose que d'occuper le pa\s qu'il leur avail lui-meme formelle- mcnl concede pour s'y 6lablir et vivre .sous leurs pro- pres lois, sans ompietor sur les proprieties des autres. ( 95 ) de culliver leurs champs et d'6]ever lours Iroupeaux. lis ajoutaient q.ie, bien loin d'avoir quilts clandestine- ment la colonie , ils avaienl fait annoncei' publiquc- mcnl leur intention dans leurs eglises respectives pendant trois dimanches consecutifs, et qu'aucune ob- jection n'avait 6t6 faile a ce projet, soil par les com- missaires civils , soit par aucune antre autoi'it6 colo- niale. Ayant demande a Landman si I'intenlion des Hol- landais etait d'atiaquer encore Dingaan , il me r(^pon_ dit que s'il refusait de restituer les troupeaux qu'on lui r(^clamait, ils etaient r^solus a organiser une nou- velle expedition contro kii, plus forte encore que la derniere. Cette conference (continue M. Charters) fut la derniere communication que j'eus avec les emigrants concernant leurs affaires avant mon depart ; elle finit par la promesse qu'ils me firent de mettre par dcrit dans un docmnent officiel leur decision relativement k la paix ou a la guerre avec Dingaan , point sur lequel je crus devoir principalement insister. Le major Charters a ajoute au r^cit de cette expe- dition des reflexions sur la position dans laquelle so trouve le gouvernement anglais vis-a visde ces hommes qui, sc regardant comme blesses par les lois qu'il leur impose, ont pense qu'ils avaient le droit de se sous- traire a son action en abandonnant le territoire. II n'ose se prononcer sur le point de droit; maisi'interet de la colonic lui fail regarder comme indispensable d'occupcr militairement , au moins pendant plusieurs ann^es, le Port-Natal , par ou les Emigrants pourraient se mettre en communication avec les puissances etran- geres, et de les Inrcer ainsi e\ se concenlrer a I'intd- (9^ ) rieur au milieu des tribus africainos, qui les reganU'- ront loujouis en ennemis. Cette conduile ne paral- trait-ello pas avoir pour Inil , o» de los forcer a renlrcr sous la domination anglaise, ou de les priver des res- sources que pourrait Jeur procurer !e commerce avec les etrangers? Ne serait-ce pas, apres les avoir laissds s'engager dans une route perilleuse, leur en fermer toules les issues? Au rcste , il parait que la prise de possession du Port-Natal n'a pas 6te vue avec indilTe- rence par les IloUandais ; car on lit dans les Annalo.s des voyages I'article suivant tire de I'Asiatic journal : «Dansune reunion desprincipauxemigrants holian- dais, Ton a annoncd que les terrains qu'ils cullivent viennent d'etre vendus par legouvernement anglais ades colons qui se preparent a en venir prendre possession. L'assembl^e a declare que tout etranger qui se pre- senterait au Port-Natal sans avoir obtenu Icur consenle- ment serait consid^re comme un ennemi public, et que si Ton envoy ait con Ire eux des forces trop consi- derables pour qu'ils pussent r6sister, ils ser^fugieraient dans les forets ct dans les montagnes, et feraient de la une guerre a mort aux nouveaux colons, sans donner ni accepter de quartier. » Celte resolution a ete consid^ree au Cap comme Equivalent a une declaration d'independance. Pour nous , qui ne devons considerer la question que sous le rapport gdograpbique, nous devons dire en faisant laire les sentiments qu'inspire toujours la vue de la lutte courageuse du faible contre le fort, que nous faisons des voeux ardents pour que les Emi- grants hollandais formcnt une nouvellc nation , s'6- tablissent dans ces contrEes , et nous donnent un nou- veau point de depart pour pEnetrer dans les regions J ( 'J7 ) inconnues do I'int^riour tie lAlrique, oil des decoiiver- tes imporlanles sonl encore promises aux hardis vova- geiirs. P. 0. Notice sat- l9 ) blanches, friables , d'lm grain fin »l mii ; on on fait dc la chaux ordinaire, n'ayani aiicune proprielc- liydrauli- que. Les couches d'argile sonl salines ; elles contien- nent du sel gemme. A la moili6 de la hauteur des monlagnes, est uno couche d'argile plus epaisse , ne contenant que h'es peu de parties salines; eJle est exploilee pour le Caire , ou les femmcs en font une grande consommalion pour se laver la tele. Les cou- ches calcaires superieures sent moins blanches , plus compactes , myites quelquefois de coquillages et d'au- Ires fossiles. Vers les deux tiers de la hauteur , se trouve une couche de calcaire entierement composee de co- quillages; on y trouve surtout une grande quanlite de cornes d'ammon. En continuant les couches jusqu'au sommet de ce plateau de monlagnes qui s'^tend vers la citadelle , et a une lieue au sud, on trouve une couche de 18 a 9o pouces d'un gres ^ grain tresfin, et d'une couleur d'orange fonoee , puis enfin la derni^re cou- che de la montagne , qui est de I'epaisseur de 2 a 7 pieds , et d'un gresmel^ de coquillages, tr^s cassant; il a el6 exploits et Test encore sur toute la montagne pour faire de pelites meules de moulin a I'usage des habitants de I'Egypte. On Irouve encore dans les cou- ches d'argile des filons de gypse fibreux qui vont ir- r^gulierementdans tousleseens, ayanljusqu'h 2 pouces d'epaisseur ; on y Irouve aussi de la baryte el de la s6- l<^nile. Dans beaucoup de gorges et d'endroils de cette monlagne, on voit d'anciennes exploitations de ces differenls gypses; elles sent reconnaissables par les monticules d'argile enlevt^s de I'interieur de la mon- tagne. La montagne Rouge, que Ton a a gauche en parlant de SoullauBarcouq, et entrant dansla gorge don! j'ai ( lOO ) parl«5 plus liaut, est d'uno autre formation ; die est do gr6s vilrifi^, elsemble au premier abord avoir (it(^ pos6e sur les couches de calcaire , qui , dcpuis le sommot de la citadclle, viennenl avec une legere inclinaison vers le nord jusqu'au pied do cette monlagne; elle est for- meo , comme je viens de le dire, de gr^s vilrifi(^s de (liHerentes couleurs, blanc, jaune, rouge, noir, brim, inarbr^ et de breches de diff6rentos espice;- , ol aiiss> do Ires beaux poudingues. Les cailloux de cos poii- liingues sont de I'esp^ce de ceux qu'on appcllo cailloux d'lig} pte , (>l le glulon ou ciment qui les lie est du grcs vitrili^ ou silicoux. On remarque encore aujoui'd'hui dans plusieurs endroils le roc primitif; tout ce que Ton voit au-dehors n'est que les debris provenant de I'cxploilalion de cetle pierre , dont on so sort aussi pour de petites meules a bras. 11 semble, si Ton ob- serve avec attention, que ce gr^s vitrifi6, lorsqu'il etait encore en fusion, a et6 pousse de I'intf^rieur a la surface, et depos6 sur les couches secondaires et mo- dernes, comme aujourd'hui la lave des volcans. Une particularile qui prouve ce que je viens d'avancer, c'est que pres du bloc de gr6s blanc qui est a la parlie sud de la montagne Rouge , on voit dans le lieu le plus ])as une chemin^e par laquelle on reconnait quo la matitire en fusion a 6te poussee de dedans on dehors. On ne pout ra^connaitre lei Tellet d'une (Eruption ; Ton ne voit d'ailleurs ni lave ni formation volcanique . seulement dcs gr^s siliceux , des breches et des pou- dingues. Cclte montagne ou rocher n'a plus maintonant sa forme primitive a cause des exploitations, commo jo I'ai dojh dit plus haul. En continuant la route vers la fordt p^trifioo, lou- jours a I'ost, apres avoir pass6 le defile, on a A droite, ( >o.' ) et a peu de distance, la coiilinualion de la montagne de Djebel-Djiouchi qui court h I'est; elle est enlrocou- pee de versanls ou lits de torrents; a gauche on Irouveje lit d'un versant large et plat. A quelque distance; de la tuotitagiie Bouge qui occupe la surface dun carre d'un mille de cote, on voit encore de petlteshauteurs scparees les unes des autres; elles sont couvertes de debris do gres vitrifies, noiratres, et representanl en petit ceque la montagne Rouge est en grand. On marche toujours dans la mSme direction pendant une lieure et demii; depuis le Caire, toujours au pied de la montagne Djebel-Djiouchi qui va en s'abaissant. A moilie de cette distance est un ravin qui penetre dans la mon- tagne ; on y trouve un lieu dont les parois sont taill^es a pic. Le rocher est de calcaire comme partout dans celle montagne, et recouvert d'une couche de gres ; mais ces difTtJjrentes couches ont 6te separees par par- ties verticales, ce qui donne au lieu un aspect tout par- ticulier. On trouve Ih plusieurs sources, a 20 pieds de profondeur, dans les crevasses du rocher. Les Arabes , lorsqu'ils sont campes aux environs , y viennent puiser de I'eau et abreuver leurs troupeaux. On trouve pen- dant la route, sur le penchant et au pied de la monta- gne que Ion a a droite , des blocs de gres vitrifies qui ont ete pousses a la surface a travers les couciies d'ar- gile et de calcaire. La chaine de montagnes s'abaisse a mesure que Ton avance, et le chemin que Ton suit va toujours en montant insensibleraent; elle finit tout- ci-fait apres une heure et demie de marche; mais on remarque la, dans la meme direction que le pied do la chaine de montagnes quo Ton a suivio, qu'il y a une elevation semblablo a une digue qui continue vers Test; elle est formee de peliles hauteurs recouverles ( '02 ) (K- debris tie gr^s vili ifies noirs, produits la aussi par .soiiJ<^voinrnl, Ces haulcurs sont dans la direction des blocs qui sortenl du pencbanl de la niontagno , et cllts l)()rdcul ail nord la plaine oii est la I'orel pelri- lidc. A ce point, on prend an peu a droilc en monlanl sur nil terrain qui seinblo entiorement d'argilc jauno, el uni' fois sur la hauteur, on apor^oit devant soi , vers I'osl, une plaino Icgeremenl inclinee vers le stid, s'6- tendaiit ;ut loin, cl couverto de pierres noiralros. C'cst la que coniinence la foret p^irifice. De cetle hauteur en se retournant vers le S.-O. ot I'O. , on \oil sur le terrain j;uinalre, I'argiledont j'ai parlci, plusieurs colli nes de forme conique, dont le corps est tl'argile et de calcaire, mais la surface toutc recouverte des debris de gres vilrifie noir. Au premier abord on croirail que ce sont des cralferes de volcans, et que ces debris en sont sortis; mais ce sont aussi les resultats d'exploi- tations comme a la montagne Rouge. La plaine ou se trouvent les bois petrifies (oii Ton remarque aussi de tr^s petiles hauteurs de grfes vitri- ii6}, s'6tend de la , jusqu'a la vall6e de Ty^h qui passe au S.-E. sur une distance d'environ une lieue el demie. Le point le plus j^lcvd; est a I'O. ; les morceaux dcvien- nent plus considerables a mesure que Ion avance , et les plus gros sont h IE. Les mieux conserves ou ceux qui ressemblent le plus a du bois fraichement abattu, sont au milieu a la partie sud. La plaine couverte de ces petrifications est bornde au sud par uno sute de petites collines allant jus(ju'a la vallde de Ty6h , et est parall^le a la montagne qui est au nord de la plaine. On y retrouve aussi les blocs exploild's de gr6s vilrifid. A moilie do sa longueur, elle est ouverte et laissc |)assagc a un versiinl de la plaine , ( 'o5 ) qnivase ponlre dans la vallee de T\eli au siid. Dans ce lieu les monticules sont de calcaire et d'argile ; de chaque cote ii y a eu tin affaissemenl ; en sorte que le terrain au noi'd a sa pente vers le sud, tandis que pour le terrain au sud , c'est le contraire. Tout-a-fait dans la partie est dc la forel, on icinar- que beaucoup de monticules d'argile, et un entre autres au N.-O. , qui, rouge a sa surface, est compose a I'interieur d'un sable tres fin et d'une couleui blan- che tiranl sur le verl : tout ce local semble avoir subi Taction du feu. Ayant fait quelques excavations, j'ai vu que le ter- rain de la foret etait a la superlicie de sable calcaire, mele de beaucoup de graviers roules et quartzeux , ensuite de couches d'argile et de calcaire que Ton re- trouve plus au sud sur le revers de la montagne. II v a dans ces couches beaucoup d'ossements fossiks et de coquillages de diffi^rentes ^poques. J'ai cru devoii donner ces details minutieux pour montrer de quelle manifere la foret a et6 pelrifiee , et justlfier I'opinion que je donnerai plus bas. Voici ce que Ton remarque en observant la plaini" ou sont les arbres petrilies. Les parties les plus basses sont celles ou les arbres sont le mieux conserves ; au milieu de la foret se trouvenl ceux qui onl conserve la couleur du bois et meme I'ecorce. II y a des mor- ceaux qui, a la premiere vue, semblent etre du bois que Ton vient de fendre ou de couper; tons les mor- ceaux sont a la surface du sol ou a moitie ensables. Les parties de ceux qui sont sous le sable sont mal conservees , se cassent [3«r petits fragments. II n'existe pas de ces petrifications sous la surface du terrain. Les petrifications de la parlie E. et de la pailie O. sonl noiralres el 5 I'^tat do silex ; sur les parlies eluvces, olles sonl par pelils morceaux (!!par pilles a la surface. Les arbres sonl couches dans lous lessens; ils sonl parsem^s do dislance en dislance ; les plus grands onl 3o melrcs do long ; presque lous sonl droits, el Ton voit le Ironc jusqu'aux racines. Ayanl fail fouiller pres du Ironc de plusieurs , j'al trouve dans peu d'endroils quclques morceaux de ra- cines: niais jc presume que si Ton n'en Irouve pas davanlage , c'esl que, comme je I'ai remarque plus haul, les parlies qui se Irouvenl sous le sable sont deleriorees. Les arbres elendus a lerre sonl separds par morceaux, conime le serail une colonne formee de plusieurs pieces , el qui serail louibee ; on en remar- que qui avaienl de forles branches; on y veil les nceuds. Dans les parlies cassees perpendiculairemenl a la longueur du Ironc, on voit tr^s clairemenl les differenles couches d'aubier qui peuvent donner I'age des arbres. Par Tecorce, I'embranchcmenl, la forme de I'arbre, on croit reconnaitre le sapin , le chene el le figuier sycomore; on n'y voit point de datliers, mais quelques morceaux filandreux comme le bois de pal- mier, coup(is par noeuds comme le bambou , el res- semblant beaucoup a I'int^rieur d'un Ironc de ba- nanier. Beaucoup de ces morceaux, quoique le tronc soil droit, onl un petit rebord, ce qui me fail presumer que ce sont des bambous, d'autant plus que plusieurs sonl creux ; cette esp^ce serail colossale , car il y en a de prfes de 2 pieds de diamttre (1). Une particularity a remarquer, c'esl que la pdlrification de la plus (l) I.v li.tliil>ou (Ir I iiiiliioii a io p cil: (Ic licllil. I. -I). grande partie des arbres, vers le tronc , est d'un genre difforfinl. On y remarque Taction du feu ; beau- coup sont vitrifies; on trouve beaucoup de morceaux qui sernblent des lisons que Ton vient de sortir d'une fournaise; le bout est comme du charbon, mais aussi p6trifi(^. Cette foret donne I'idee d'un bois qui aurait ^te incendie, et ou les arbres dont les troncs sont entiers seraient tomb^s par Taction de la chaleur environnante , sans avoir 616 bruits. Dans la partie de la foret N.-E. oil est le monticule couvert d'argile et de sable dont j'ai parle , on trouve beaucoup d'arbres p6trifi6s , et surtout beaucoup de racines qui sont a T^tat du plus beau jaspe jaune ; dans les fissures de ces morceaux, on voit une con- cretion blanchatre, ressemblant a de la calc^doine ; j'en ai pris d'assez grandes pieces dans plusieurs mor- ceaux de troncs d'arbres. J'ai aussi trouve sur cette colline un tronc d'arbre qui avait tnut-a-fait Taspect d'un arbre pourri , et dans les cavites du tronc une petrification ressemblant a s'y meprcndre a une rucbe d'abeilles, comme celles que Ton voit dans les forets; on y voit distinctement les cellules de Tanimal et Ti- mage de Tanimal meme , couvert de cire ; enfin , j'ai trouvd aussi des fruits dont les uns ressemblent a des amandes et les auties a des mangles et a des fruits du palmier 6vanlail ou doum. Ces fruits sont creux , et sur les parois interieures, on remarque une poussiere d'ocre rougeatre. On trouve sur les bois petrifies des incrustations form^es de grfes et de cailloux quartzeux, et Ton voit aussi des gres modernes sur plusieurs troncs. J'ai en ma possession un morceau de bois pe- trifie ou j'ai lrouv6, en le cassant, dans une partie bien compacte et au cocur de Tarbre, un globule gros ( '"<> ) comme uii oeiif d'oiseau. Ce globulo esl \ulc, loiint' ' ) naissance de la cote S.-E. de Ceram ft des iles Kessing, Ceram-Laut , Coram, Torainbar, Matabella , Mana- Volka otFosva; de la elles gagn^;renl la cole orienlaledo la NoLivelle-G iiin^e pr^s de la parlie S.-O. , et la suivii'ent vei's le S. encherchanlaprofitcr de la fin de la mousson d'O.pour passer le ddlroitde Torres; maiscontrari^ par les vents variables et par le mauvais temps, M. d'Urville dutrenonceracelte exploration etrevint vers I'O. mouil- ier dans la baie de Raffles , et ensuite dans le port Essingtnii, nouvel etablissement forme par les Anglais siir la cote N. de I'Australie, ou ils ont fonde une nou- velle ville sous le nom de Victoria. Du 12 au 'ii avril . r Astrolabe eila Zelee explor^- rent toute la bande orienlale des iles Arroii; le 22 avril, elles rejoignirent la cote de la Nouvelle-Guinee, et por- lant celte fois au N. , olles visiterent la vaste baie du Triton, ou les Hollandais ont lent^ un etablissement, mais quMls onl ^vacue il y a environ quatre ans : puis on reconnut la cote jiisqu'a la baie de iVlacluer, mais sans en visiter les details. Revenant pnsuite a I'tle Ceram, P Astrolabe explora toute la cote N. de I'ile Ceram, celle de I'ile de Bou- rou , la parlie S de Bouton et toute la portion meri- dionale de Celebes, depuis Salayer jusqu'a Mankas- sar, ou Ton s'arreta pour regler les chronom^tres. Parti de ce point le 29 mai , M. dUrville, apres avoir determine plusieurs ilols et bas-fonds dangereux qui se trouvent entre T.elebes et Borneo , et etre des- cendu sur cette derniere lie atipr^s du cap Salatan, mouilla enfin a Batavia , le 8 juin, Le ig juin, M d'Urville quitta Batavia; il visita les detroits de Banka, Duriou ol Singapour et apres avoir tixe avec precision les ])ositions des iles el dangers ( "2 ) dpars siir cctle roule , il jelu I'ancre It; 27 ilu inetno raois sur la rade de Singapour. Partie de ce port le 2 juillet , I'exp^dilion touclia a Sambas sur I'ile Borneo , reconnut de tr^s pr6s les lies Natunas du S., Balanibaiigan, Banguey, la parlie N. de Borneo el les ties Cagayaii-Soloos, oil elle mouilla pendant quatre jours. Arrive a Samboangan , vers le 3o juillet , M. d'Urville comptait y passer liuit jours, el partir de la pour traverser encore une fois I'Oc^anie. Le dernier rapport recu, date du 6 octobre i85() , annonce qu'apres etre parti de Samboangan le 6 aoilt, il s'^tait dirig6 vers I'E. pour rentrer dans I'Oceanie en doublant la pointe S. de Mendanao ; mais apr6s avoir lutle long-temps contre les vents d'E. et des courants violenls, il avail ete oblige de rebrousscr chomin, et avait dirig6 I'expedition sur le dt^troil de Makassar. L' Astrolabe et la Zelee avaienl double la pointe S.-E. de Borneo le 6 septembre, toucbe a Samarang le 24 , et 6taient arrivees le 4 octobre a Ba. tavia, d'ou M. d'L'rville comptait appareiller le lende- main pour conlinuer sa route. f^oya^e du BombaY- Toules les expeditions, meme celles qui sont pure- ment commerciales, peuvcnt, quand on le veut bien, 6tre encore utiles a la geographic ; ainsi le capitaine Gou- bie, commandanlle navire le Bombay^ de Bordeaux, de- vanl traverser le Grand Oc^anjiour se rendre de Guaya- quil a IManille, a cherch6 a s'assurer de I'existence et des vtirilables positions de divers dangers et lies ( "3 ) marquees douteuses sur la carte de l'oc6an Pacifique de M. d'Urville. II a vainement clierch6 les iles Manuel- Piodriguez, porl^es par i i" de latitude N. et i56u 12' de longitude O,, ainsi que celles de Jassion et de Gaspard, sltuees toutes deux par iS" de latitude N.; la premiere par 172° 5 de longitude E. , et la deuxieme 5o lieues plus a I'O. M. Goubieavait de bons instruments et trois chro- nom^tres. U est done a peu prfes prouve que ces iles n'existentpas, du moins dans les positions qui Icur sont assignees sur la carle. Le 3i d^cembre i838 , M. Goubie apercut I'ile Gas- pard-Rico. Cette ile , dit-il, est exti'emement basse , couverte de broussailles, et entour^e de recifs qui s'e- tendent a i mille au large. Du pent du navire on pou- vait a peine I'apercevoir a 3 milles de distance, Sa latitude est bien portee , mais sa longitude reelle dif- fere de celle de la carte de i3' pliis h I'E. Peu d'oiseaux annoncent son approche, et de forts courants portanl k rO. en I'endent I'abord dangereux. Nous apprenons que les decouvertes en Afrique doi- vent etre incessamment poursuivies par une nouvelle expedition faite sur une grande echellc et en remon- tant le Miger , d'apres les vues qui ont 6te pr6senl6es par M. Buxton relativement a la civilisation des Afri- cains et au commerce a etablir avec eux. Le capitainc Trotter, de la marine royale, qui a d6ja supports le climat d'Afrique, doit etre charge de diriger celte expedition, qui consisterait en un pyro- scapbe en fer et en deux autres batiments, II partirait aussitot que ces batiments seraient prets. Ce voyage, si interessant sous le rapport des de- xiii. I'iivniuu. 4 8 I "4 ; couvcrles qui doivcnt en r ce plipiiomeiie. ( '17 ) coulroe, ce qui, sans etro iinpossiblo, lue senible cepen. dant ties peu probable. Les sondes marqin^es sur la carte pourront servir a decider la question. Quoi qu'il en soit, le soul^vement a 6t6 de 82 pieds, et, ce qui est ^lonnant, sans aucun depot. Maintenant, si nous supposons que le fond de la mersoitde niveau, jusqu'a une cerlaine distance au-dela de Taction du plienomene, a moins que I'accumulation de cette masse de terre et de sable saturee d'eau n'ait He poussdeen dehors, comment la pressionlaterale aurait- elle pu agir sous I'eau d'une autre maniere que ce qui a eu lieu , par rapport a la langue de terre interme- diaire qui se trouve au-dessus de la mer, c'est-adire qu'en la portant en avant ? La depression du sol a I'in- terieur est, dit-on, de plus de 200 pieds; mais nous ne connaissons pas quelle etait I'el^vation primitive de la surface au-dessus du niveau de la mer. Jusqu'a ce que ces donnees soient obtenues, et que la disposition du fond de la mer soit connue , aucun argument ne pourra sans doute etre regarde comme concluant. II n'est cependantpasderaisonnable decroire que la couche de sable marneux qui se trouve entre la surface du sol et la couche inferieure d'argile impenetrable a I'eau, ait ete enti^rementenlevee parl'effetdes infiltra- tions qui se font jour jusqu'a la mer. Cette operation pent avoir eu lieu pendant des siecles , sans qu'ons'en apergut; les depots successifs peuvcnt avoir et^ entrai- nespar Taction des marees, et la catastrophe de Teffon- drement du sol a eu lieu tout-a-coup ala suite d'un au- tomne continuellementhumide. Si cette explication du faitcst veritable, comment la pressionlaterale a-t-cUe pu agir suriefond de la mer delamani6requiestindiqu6e ? Je no protends pas soutenir qu'il y a impossibilite ( i'8 ) ^^ue Taction ait eu lieu par I'efTet de la pression lal6- rale ; mais, d'apres le rticil des circonslances, je suis pliilot porte a croire que, quelle qu'ait ^t6 la cause du soul6vement de la mei', il paralt avoir 6t6 occasionn6 par une pression direcle agissanl en dessous. II est a remarquer que plusieurs tremblements do terre ont m ressentis en tcossc pendant I'automne et I'hiver derniers. II parail, d'apres diff^renls rapports, qucpendantle mois actuel (f^vrier), les falaisfs qui bordent la mer aupres de Lyme sont telleinent satur^es d'liumidit«i qu'elles s'eboulenl dans loutes les directions. II y a la un ample sujetde recherches pour nos hydrographes, et nous comptons sur votre experience a ce sujet pour nous donner une explication d(itaillee de ce curieux ph^nom^ne , qui interesse h la fois les marins et les philosophcs. *** Le phenom^ne dont il est question dans cette lettre contient deux faits : d'un c6t6 I'affaissement d'une vaste etendue de terrain, et d'un autre le soulevemcnt au-dessus de la mer d'une partie prec^demment sub- mergee. Ces deux faits sont certainement li6s I'un a Tautre. Le premier se con^oit facilemenl , lorsque surtout on considere que I'etablissement des pults ar- t^siens a prouv6 que dans une foule de lieux il existe des nappes d'eau souterraines dont I'effet doit etre de miner a la longue la croute superieure du globe ; retude de ces nappes d'eau et des fleuves sou- terrains sera certainement un jour I'objcl de recher- ches Ires interessanles; quant aux soulcvemenls, lors- (ju'ils onl lieu a la suite d'une convulsion souterraine, on congoil encore facilement relict, quclque immense ( "9 ) qu'il soil, de ces bouleversements de noire globe ; mais lorsqu'ils se font sans la presence au moins ni;i- nifeste de feux souterrains, ils presentenl a I'esprit plus de difficult^s. Celui qui a ete reconnu en Scaii- dinavie offre encore celte particularite d'etre lent , et de ne pouvoir etre apercu que par des observations ri- goureuses; cependant on a reconnu' qu'il n'etait pas general; que des points restaient fixes , el d'autres meme paraissaient plutot s'abaisser. L'abaissenunt successif du Groenland serait-il li6 a ce mouvement de la presqu'ile scandinave , c'est un point qu'il sera difficile de resoudre , mais qu'il ne paraltrait pas ab- surde de supposer. Le fait arrive a Axmoulh pr6sente aussi, et a une petite distance un abaisscment et un exhaussement , comme si le sol eut pivote sur une arete hori- zontale. Si Ton peut se fier au dire d'un journal, un fait seniblable , mais sur une plus petite ^chelle serail, arrive dernierement en Normandie sur la roule de Caen a Aunay : une portion de cetle nouvelle route 6tablie sur un fond mai'^cageux se serail subitenient enfonc^e de plusieurs metres, el a quelque distance de ce point le sol s'est trouve souleve h une hauteur egale a I'abaiisement de I'autre partie du terrain, de raaniere a former un monticule. Sans vouloir se faire une opinion fixe sur ces fails , il serail bon de les constater d'une maniere autbenti- que, pour former par la suite des materiaux a I'homme de genie qui sera un jour appelt^ a nous donner la theorie de ces mouvements convulsifs qui agitent la surface de noire globe. P. D. ( >20 ) DEIJXIEME SECTION, Actes de la societe* PROCES-VERBAUX DES SEANCES. PRiSIDENCE DE M. ROUX D£ ROCIIELLE. Seance dii 'j fevrier i84o. Le proc^s-verbal de la demi^re stance est lu et adopts. M. Cong. J. da C. de Barboza, secretaire de I'ln- stitut historique et geographique du Br^sil, nouvelle- ment fond6 a Rio de Janeiro , 6crit a la Society pour lui (aire connaitre le but de cellc institution, et lai proposer d'ouvrir avec ello des relations utiles auxpro- gr^s des sciences. A cetle lettre sont joints deux di- plomes, I'un ^associe honoraire pour M. Jomard , et I'autre ^associe correspondant pour le secretaire general de la Commission centrale. M. de Barboza annonce en meme temps Tenvoi des premiers N"'* do la Uevuo tri- mestrielle publi^e par I'lnstilut du Br^sil ; vK il prie la Society de lui adrcsser en echangc le recueil de ses publications. ( »^' ) La Commission centrale accueille cette communi- cation avec beaucoup d'interet. MM. Donnet , Huerne de Pommeuse , Mauduit et Thi^rion ecrivent a la Soci^te pour lui fairehommage ; le premier d'une Carte topographique du chemin de fer de Paris a Orleans; le second, d'un Rapport sur les travauxd'exploitationet de colonisation des terrains de la basse Camargue ; le troisi^rae, d'un Memoire sur ses d^couvertes dans la Troade; et enfin le quatrieme, d'un Rapport dont le but est d'indiquer si V y4 geiidicuni des Commentaires de J, Cesar est Sens on Provins. La Commission vote des remerciements aux auteurs, et elle prie M. Roux de Rocbelle de rendre compte du Memoire sur la Troade , offerl par M. Mauduit. M. Reynaud , membre de I'lnstitut, 6crit a la Com- mission centrale pour lui annoncer la fin de sa tra- duction de la geographic d'Aboulfeda, et pour la prier de prendre une prompte decision relativement a la publication de son travail, destine depuis plusieurs ann^es a former le tome vii du Recueil des M^moi- res de la Sociele. La lettre de M. Reynaud est renvoyee a la section de comptabilite. Une souscription est propos^e par M. Ternaux- Compans, dans la vue de faciliter celte publication , et plusieurs membres s'empressent de s'inscrire. M. de Froberville , au nom de M. Leguevel de Lacombe , demande a la Commission centrale I'auto- risation de faire tirer un certain nombre d'exemplaires d'un plan de la baie de Diego-Suarez, dont I'auteur avail I'ourni le dessin , et dont la gravure a et6 jointe h sa Notice g^ograpliique sur Madagascar , ins^ree dans Ic Bulletin. La Commission cenlralo accueille la de- mande do M. do Frobervillo. ( 122 ) M. Desjardins pr6senle a la Soci6te un nianusciit ayanl pour litre : E\trait d'un Journal de la navigation de la frigate le Saint- Jean-BapU'ste dans la mer du sud, contenant la relation de la decouverte d'une ^tenduo considerable de terres a Test de la Nouvelle-Guinee , les circonstances de son att^rage et de sa relache a la Nouvelle-Zelande, au Perou, et son retour en Franco, par le sieur Pottier de I'Horme , lieutenant dudit vais- seau , dans les annees 1769 a 1775. Ce manuscrit est renvoy^ a M. Lafond pour en rendre compte a la So- ciety. M. le vicomte de Santarem, en offrant a la Societe au nom de M. de Varnhagen un opuscule intitule : Diario da navegacao da Armada qtie foi ao Brasil an i53o, c'est-a-dire Journal de la flotte envoy ee au Br(^- sil en i53o, sous le comraandement de Marlin-Al- phonse de Sousa, fait une analyse de ce document public pour la premiere fois. II indique les lacunes qui s'y ti'ouvent, le manque d'observations astrononii- ques et de toute espece de renseignements pendant la duree des relaches; mais il appelle en menie temps I'attenlion de la Societe sur I'importance de cette pu- blication pour fixer la date des alttiragos, preciser des faitscontroversespar lesrelationset fournir des notions ethnologiques fort curieuses sur les Indiens du Bresil. Apr^s quelques considerations sur les notes de I'edi- teur et les divers documents que M. Varnbagen a ajoutes au Journal de Sousa , M. de Santarem, rapprocbant les lettres-patentes du roi Emmanuel (i(i Janvier 1 5o4) avec la fameuse carte de Jean de la Cosa , d^truit I'as- sertion de I'editeur sur la prctendue decouverte de Tile de Fernando de Noronba, le loaout i5o5, par la flotte I 123 ) portugaise surlaquellese trouvailVespuce.Cetteerreur est cl6monlr6epar plusieurs fails que signaled, de San- larem : i° par le nom de Saint-Jean donn^ al'ile en question avant i5o4. selon le document du roi Em- manuel, ce qui fixe sa decouverte au 24 juin d'une des annees anterieures, vu I'usage adoptd; par les ma- rins portugais, d'appliquer aux nouvelles terres des noms de saints d'apres les dates du calendrier calho- lique ; 2" par Tenoned du document authentique de i5o4, relatif a la reconnaissance de i'ile , et I'indica- tion de Jean de la Cosa dans sa carte dress6e au port de Sainte-Marie (Gadix) en i5oo; 5'' enfin , par Tim- possibility de faire concorder le r^cit de Vespuce lui- meme avec les deux documents precit^s. Apres cette int^ressante communication, M. le Pre- sident charge M. de Santarem de remercier au nom de la Society M. de Varnhagen pour I'exemplaire qu'il lui a faitoffrir du Journal de Sousa, et I'invite a re- diger pour le Bulletin une analyse de ce precieux do- cument. Seance du 21 fevrier i84o. Le procfes-verbal de la derniere stance est lu et adopts. M. le President rend compte a I'Assemblee de I'au- dience accordee par Mb" le due d 'Orleans a la deputa- tion qui a eu I'honneur de lui presenter le 4*" volume des M6moires de la Society. S. A. R. a l6moigne le vif interet qu'elle prenait a celte publication ; elle s'est entrelenue des principaux voyages qui s'ex^cutaienl en ce moment, el a exprime I'intenlion de seconder, au- tant qu'il pourrait dependre d'elle les travaux de la Socieie ell es progr^s de la science. ( 124 ) M. le const'iller de Mac6do , secretaire porpeluel de I'Academic resale des sciences de Lisbonne, adresse a la Soci(^td Ic N" 2 (loine V) de la collection des Noti- ces sur I'hisloire et la g^ographie des nations portu- gaises d'outre-mer, publiees par cette Acadeinie. M. J. Gene, secretaire de I'Acad^mie royale des sciences de Turin, el M. Bache , secretaire de la So- cieie philosopbique araericaine de Pbiladelphie , adressent des renierciements h la Sociele pour I'envoi de son Bulletin et du 4' volume de ses Meraoires. M. A. de Demidolf, vice-president de la Society, annonce qu'il vient de recevoir de Saint-P^tersbourg la note des cartes russes dont il a fait faire la recber- che pour la Societe, et qu'il s'empressera d'envoyer h la Societe cette collection de documents aussitot qu'elle lui sera parvenue. M. le D"" Possard, professeur a Louisbourg (Wur- temberg) ^crit h la Soci6l6 pour lui faire bommage de deuxouvragesallemantls; I'un sur I'bistoirede I'empiro de Russie , el I'autre sur le royaume de Pologne el la ville de Cracovie. M. Jomardoffre, de la part de M. Bonafous, mem- bre de I'Academie de Turin, le i" volume d'une sta- tistique de la Sardaigne, consacree au recensemenl de la population de ce royaume. M. Berlbelot est charge de rendre compte de eel ouvrage. M. Gabriel Lafond depose sur le bureau le i ''' vo- lume de I'ouvrage qu'il public sous le litre de : Quiiize cms (le Doyages antonr da Diniide. M. Berlhclot met sous les yeux de la Societe la carte d'assemblagc de la Galice , dress^e a recbelle [ 125 ) do i;,'„; , (I'npi^s la carle en douzc feuilles (ie M. Fon- lan , directeiir de I'Observatoire de Madrid; et il prd- stnte a ce sujet une Note qui est renvoy^e an coraite du Bulletin. (Voy. le Cahier de Janvier.) M. Daussy communique le rapport lait au congrfes des btats-Unis, par M.Paulding, secretaire d'Etat de la marine sur la derniere exploration am^ricaine des mers du sud. Ce document est renvoye au comite du Bulle- tin ainsi que les observations faites par M. Ternaux sur la meme expedition. M. Jomard communique un Extrait de la corres- pondance de M. de La Guiche, officier d'etat -major attache a la mission de M. Texier en Orient. Get Ex- trait est renvoy^ au comity du Bulletin. M. le president du comity du Bulletin rend corapte des mosures qui viennent d'etre prises pour donner plus d'interet a ce Recueil, et pour en rcndre la publi- cation plus r^gulic're. MEMBRUS ADMIS DANS LA SOCI^T^. Seance du 7 fevrier i84o. M. le marechal due de Dalmatie. M. Gaillard, sous-intendant militaire adjoint. OUVRAGES OFFERTS A I,A SOClfeT^;. Seance du 3 Janvier i84o. Par M. Bradford : A. Map of a portion ot" the In- dian country lying east and west of the Mississipi river , etc. , by G. W. Fealherstonhaugh. 2 feuilles. — A reconnaissance of the Minnay Solor Walapah I '2ezac : Nouveau voyage a Tunis publie en 181 1 , par M. Th. Maggil , et traduit de I'anglais. Paris, i8i5. i vol. in-8. — Par M. Julien Desjardiiis : Huitieme rapport annuel sur les travaux de la Society d'histoire naturelle de I'lle de France. Port- Louis, 1857, in-8. — Notice historiquc sur Charles Telfair Esq. Port-Louis, i836, in-4. — Observations ra^teorologiques faites a Fhicq , ile de France , par M. J. D. pendant les ann^es 1857 et i 858. 2 feuilles in-fol. — Par M. Ic l)'^ Wegener : Om Carl Danske , greve afFlandern. Copenhague , i SSg. i vol. in-4. — Par M. Blumenthal : Atlas abr6g6 de geographic et d'histoire universellc , premit^re et deuxi^me livrai- sons. Paris , i84o. ( '27 ) Seance da i 7 jniwier i 840. Par M. Maudiiit : D^couverles dans la Troade. Dis- sei'lations sur les monuments de la plaine de Troie et la position de cette ville , etc. Paris , i S^o. i vol. in-4 avec cartes et plans. — Par M. le capitaine Carelte : Precis historique et arcWologique sur Hypone et ses environs , in-8. — Par M. Bouffard : Nouveau plan de la foret de Compiegne. i feuille. — Par M. Korkou- noff: Notice sur les batailles gagn6es sur les bords de la Dwina en 1579 par le roi de Pologne , Etienne Battori , accompagn^e de huit cartes et plans de i58o ( en russe ). i vol. in-8. Seance dit 7 fevrier. Par M. P. Jacquemont : Voyage dans I'lnde, 94* I'V. — Par M. de Varnhagen : Journal de la navigation de la flotte qui est all6e a la terre du Br^sil en 1 53o-i 532 , 6crit par Pedro Lopes de Sousa , publie par M. Fr.-A. de Varnhagen. Lishonne. 1869. i vol. in-8. — Par M. Tlderion : Rapport fait a la Societe d'agricultured e I'Aube sur la question de savoir si VAgendicam des commentairesde J. C6sar est Sens ou Provins. Broch. in-8. — Par M. Bonnet : Premiere carte topograpbi- que du chemin de fer de Paris a Orleans, comprenant la ligne principale de Paris h Juvisy et Tembranche- ment sur Corbeil. i feuille. — Par M. Huerne de Po/w/rte^we .■ Rapport sur les travaux d'exploitation et de colonisation des terrains de la Basse-Camargue. Broch. in-8. Seance du 2 1 Jevrfer. ParrAcndiinic roY(de des sciences de Lishonne : Col- ( 128 ) li'ction tie Notices pour servii- a I'hisloire ct a la geo- graphie des nations d'outre-mcr. Tome V, n° 2. — Par M. Doiutfoits : Rechcrclios stalisliques sur les fitais de S. M. Ic roi de Sardaigne, par la Commission royale superieure. i"' volume ; recensement de la population (Etats de terrc-fcrmc). — I'ar M. Lafond : Quinze ansde voyages aulour du monde. Tome I^"" in-8. et i^e liv. de I'atlas info). — ParM. Gnillard : Sur Alger. 1 vol. in 8. — Par M. Possart : De I'empire de Russie. 1 vol. in-8. — Du royaume de Pologne et de la ville de Cracovie. 1 vol, in-8. — Par M. de la Ro- quette : Notice sur les mines de cuivre d'Altcn ( Nor- vege). Brocli. — Par les Editeuvs : Nouvelles annales des voyages, d(^cembre. — Bulletin de la Soci^tigeolo- gique , fcvrier. — Journal asialique , deccmbre — Journal de litterature, Janvier. — ■ L'inslitut el I'hcho du monde savanl. BULLETIN DB LA SOCIETE DE GEOGllAPHIE MARS l84o. PREMIERE SECTION. M^MOIRES, EXTUAITS, ANALYSES ET liAPPORTS. Tbois expeditions dans l'intErieur DE l'Australie ORiENTALE, avec la description tie la region recemment exploree cle V Australie heureuse , et Vetat actuel de la colonie anglaise de la Nouvelle-Galles du Sad; par le major Mitchell, ing^nieur-gen^ral (i). L'AtSTRALiE, ou la Noiwelle- Hollande , ce cinqmeme continent, nomm^ par quelques geographes mondc (i) Three expeditions into the interior of eastern Australia ^ with des- cription of the recently explored region of Australia Felix , and of the present colony of New South Jf'ales ; by major Mitchell, surveyor ge- neral. Two volumes in-S". London , T. et W Boone, New-BonJ-Street i838. XIII. MARS. 1. O { '3o ) viaritime , presque aussi t^lendu que I'Kiirope d;ins Icquel les saisons r6gnent inverses des nolres , ayanl l'el6 quand nous avons I'Liver, et I'aulomne quand nous avons le priiilemjis ; qui a dos veg^taux, des animaux et des habilanls ^galement tout aulies que ceux de I'ancien et du nouveau mondc , comme des cygncs noirs et des aigles blancs , des cliiens sans aboi (i) , et des oiscaux dont la langue n'est qu'une sorle tie balai ; des cerises avec le noyau a I'exleriour el des poires avec la queue a la parlie la plus large du fruil; des orlies et des fougeres plus grandesque nos plus grands sapins; qui voit le baroin^lre descendre a I'approche du beau temps et s'elever.pour annoncer I'orage ; pays ou le vent du nord est le vent chaud , celui du sud le vent froid ; pays ou les plus modestes cliaumleres sont conslruiles en bois de cedre , el ou le unite sell de bois de cliauffage ; I'Auslralie, disons- nous, n'ost guere connue encore que dans stni lilUtral O. N. el S. , et dans sa parlie S.-K., ap|)elee Nouvelle- (lailes du Sud. Le voyage imporlanlque nous allonsici analvser nous revele I'exislence de fleuves magnili- (|ues au-dela des monlagnes Bleues, et de conlrees delicieuses vers les rivages miridionaux; fleuves el contr6es qu'on 6lail loin de soupgonner. Ce voyage se divise en trois parties ou trois expedi- tions que nous suivrons successivemenl et qui em- hrassent une serie de plusieurs annees, de i83i ik 1807, avec un espace d'environ 900 lieues, el tou- jours en parlant de Sydney , capitale des colonies an- glaises australes. l/A promii re de ces expeditions cut lieu de i83i a (1, Lf thicii .-iii^lralitii a siiil.miiil in ci i p'aiiitil. ( -.^' ) iS5u, el fut ditigiie vers le N.-O. de la Nouvelle- Galles du Sud et des montagiies. Bleues ddja cities , du cole de la riviere Nammoy, qui, suivant les Aborigi- nes, va se perdre dans des marecages par-dela le So" degre de latitude meridionale et enlre le i48" et le i4f)'' de longitude orientalcdu meridien de Greenwich, mais qui pourrait bien aussi, d'apres les conjectures du major Mitcliell et I'aspect des lieux, alier verser ses eaux dans le fleuve Darling, dont il sera question plus loin. Le voyageur poussa ses explorations jusqu'au- dela du 3ie degre, e'est-a-dire a plus de 5 degres ou 1 2.5 lieues au nord de Sydney , capitale situee pa^. 33" 5o' latit. S. et i5<> 21' long. E. 11 s'agissait d'aller a la recherche d'une grande riviere signalee sous le nom de Ki'nduT- par un Convict ou deporte qui, ay ant echappe a la vigilance de la police brilannique , avait adopts la vie sauvage et prolonge long-temps ses excursions dans cette direction N.-O. Ddcouvert et saisi a la fin, il raconta ses diflerenls voyages, qui deter- minerent celui du major Mitchell. Parti de Sydney le 2/4 novembrc i85i , il franchit successivement la riviere A' ilawkesbury, qui d^bouche dansBrokenbay sur le Grand Oc6an, etcelle de Hunter, qui arrive a Newcastle sur le raeme Oc^an ; il p(^nfetre dans les mantagnes Blcaes , en traverse les gorges, et descend le versant occidental pour entrer dans les vas- les plaines qui ont recu la denomination de Plaines de Liverpool. II note en les passant plusieurs petils af- fluents de la riviere Connddlj , laquelle arrose ces plaines et va se joindre ^ la riviere Narnmoj., qui, deja grossie de la rivifere Peel, coulant du S. au N.-O., de la riviere Cockburn coulant a I'O. , de la riviere Goora coulant au N., el de la riviex'e Muluerendie, coulant 9- ( >32 ) N.-O. , rcccvra ensuile la Tiirrahet/c , nWnni ilu S. au N. 11 commence k rencontrer des naliirels vers le Si"^ degre latitude S. , a un endroit appele Ifdllamoid siir la riviere Peel , dont il suit le cours jusqu'au con- fluent dc la Muluerendie. L'n peu plus loin, il franchit la Nammoy au gu6 de IFaUainbuna , au pied d'une chalne de collines qui offronl au N. les plaines ondu- lees de JMiilluba. C'est un peu a I'O. de ce gu^ que la IVarnmor-, gros- sie de la Conadilly , acquiert une largeur de loo pieds avec une profondeur de 1 1 pieds ?i/4 ; le courant est d'un demi-mille par heure , el I'elevation de ses bords est de 3^ pieds. Le voyageur rejoint la rive droilc do cctte belle riviere entre les monticules de VFoim a I'E. ot de Boonalla a I'O. ; il continue a longer cette rive droite, sans Irop s'eloignor, el lorsqu'il s'en rajipro- rhe, il y tiouve d'excellents poissons pour varier sa subsislance et colle de ses compognons de voyage. Au-dela dc ce point, il rencontre une vicille fomme indigene enti^remcnt nue et d'une physionomie bi- deuse , les bras ct les mains scmb'ablos aux niembres et aux griffes d'un quadrupede, et encore cbarges de la tcrre des lieux ou elle a creus(^ pour cbercber les serpents et les vermisseaux dont elle s'est nourrie. Elle lui parie d'un Ion nasal et lent, et tourmenl(^e par les moustiqncs, elle se frappe sans cesse toutes les parties du corps. Ce rebut de I'esp^ce humaine, cette vraie sorciere de la vallee , avait encore des pretentions ^ la beauts ou a la seduction , car elle porlail suspendue a son front et conirac ornenicnt une dent de kangarou, ■M\ milieu de quelqiics plumes li6es par un reste de cbevelure grisonnanle. II vicnl ensuile plusieurs indi- genes , v6tus comme elle par la scule nature, et qui ( '35 ) Irahirent bien vite leurs penchants au vol et h la cruaiite. La caravane, composee de seize personnes et d'un troupeau de moiitons , eut beaucoup a soulTrir de la privation d'eau jusqu'a ce qu'elle eut alteint au N. , par 29 4o' lat. S. et i5 r long. E., la riviere de Gwydir, dont il sera question tout-a-Fheure, On renconlra par intervalles quelques uns de ces elres dtligrades, |)lus volsins dcs orang-outangs que dcs hommes , et tons enclins au vol, Plusieurs etangs decouveits par la troupe servirent a la desalt^rer, et quelques rares bouquets d'eucalyptus et d'acacias ou autres arbres, k lui procurer de I'ombre et de la fraicbeur, car aucun des Europeans n'avait ici envie de devenir disciple de Zoroastre, tant la cbaleur et la soif elaient insuppor- tables. On avail laissi^ derriere soi h I'E. une cbalne de montagnes, notamment les Nundcwar , oil le tonnerre avait souvent gronde. Le 9 Janvier i852, on arriva sur les bords de la Givfdir, couverts d'une belle herbe et roulanl une eau claire et limpide , oinbragee par de nombrcux ra- meaux d'eucalyptus qui imprimaient au paysage un ca- ractere de grandeur el de variele, ou les blancs coc- katousou catacois ( plytolupbus galeritus) se jouaient comme des esprits aeriens. Un kangarou suipi is el mis h mort par un des chasseurs vint m6ler sa chair acelle du moulon et rassasier la troupe voyageuse. Des le lendeinain elle se remit en niarclie , en sui- vant quelque temps le cours de la Gvvydir.EUe le quitla pour s'enfoncer au S, vers les plaines dites de Ballj- ran , el reprendre une direction N.-O. , dans laquelle elle repassa la Gwydir sous le 149'' meridien. Le lit sinueux en clail rcsserre, la profondeur seuleinenl ( '34 ) de 12 ci i5 pieds, le couranl ItMit, mais constant; Ks rivages otTraicnl line esp6ce de concombre anier, de la grosseur d'line prune , el ilont la lleur avail une couleur pourprde. On pril du poisson en abondance , enlre aulres des especes de truites a fortes dcailles, el qui faisaient entendre un cri plaintif quand I'hame- con les attrapail. Enfin , le 20 Janvier, 011 altei;j;nil la ri\e gauche de la riviere Kaninln , lenne le plus seplcnlrlonal de I'exptidilion , et on re\int le long de celte rive jusqu'a la Gwydir, tributaire de la Karaula, et celle-ci, a son tour, tributaire aussi du fleuve Darling, donl il sera question dans les deux dernieres expeditions du major Mitchell. Dece point, noire voyageur regagna, porall^- lement au cours de la iN'ammoy, le chemin qu'il avail suivi en allanl au N. Ce premier voyage de decouverle a eu pour resultat de prouver qu'aucune riviere considerable couranl au N.-O. ne saurait elre plus au N. que le 29° latitude S. , et que toutcs les rivieres au S. de ce parall^le doi ■ vent appartonir an bassin du fleuve Darling, qui va mainlenanl elre visile. Le second voyage avail en effet pour objel d'allein- dre ce fleuve en suivanl la riviere Bognn, un do sos affluents, qui coule de I'E. a I'O. au-dela des monta- gnes Bleues ; puis de descendre le Dculinii' jusqu'a sa jonction avec le Murray , donl I'embouchure est sur la cole m^ridionale, dans la bale Encounter, a TE. du golfe Sainl-Vincenl , el presque vis a-vis I'ile du Ran- garou. Rien ne fut epargne pour celte nouvelle expedition. Un jeune ing^nieur, un bolaniste et vingt homuies de choix furenl donnes au major Mitchell , avec des cha- ( 'J'^ ) ' riols-baleaux alleles de L(jeuts, iiu Iroupeau de moii- tons, plus Lin conlre-mallre , un berger , iin charpen- lier, un forgei'on , un cordonnier et divers domesll- ques, Le cliaiiol-balcau elait une voiluie donl la caisse pouvail conlcnir les pitjcos exl^rieures el ser\ir de baleau sur une riviere. Eile elail m^me doubles, afin que Tenveloppe el la caisse pussenl au bcsoin former deux baleaux. On avail des vivres pour cinq mois, et les boeuts devaienl se refaire au-dela des monlagnes Uleues , dans les palurages, avanl de s'a- \enlurer a Iravers les deserls. Le major quilla Sydney le 3i mars i 835 , passa le lendemain I'Hawkesbury , suivil la roule Iracee a Ira- vers les montagnes , el arriva le 2 avril a Batlvtrst, ville deja populeuse sur la riviere Campbell, affluent de la JVIacquarie, qui va au N.-O. se perdre dans les marais,' si celle riviere ne porte pas ses eaux a un aflluenl du Darling ou au Darling lui-meme. De Balbursl, il se diri- gea a 1 0., vers Buree, ou sesboeufs devaienl prendre du repos, landis qu'il allait a 1 9 milles au S, monler sur les sommels les plus eleves des Canoholas , pour juger de la roule qu'il suivrait et determiner la bauleur de quelques pics. La cbaine des Canabolas separe le bas- sin de la Macquarie au N. de celui de la riviere La- chlan au S. Le groupe le plus eleve a /|,4(ii pieds anglais, ce ijui est beaucoup plus que les montagnes Bieues. A IE. de ce point culminant, I'exploralcur de- couvril une chaine dobauteurs qui couraienl a I'O en laissanl d'un cote, c"esl-a dire au N.-O. , les rivieres Macquarie, Bogan et Darling; et de I'autie, c'esl-a- dire au S.-O. , les rivieres Lacblan el Murrumbidgi. II se remit en chemin pour aller chercher le liognn; il Iraversa de belles loiets de pins el des vallees oil ( i3G ) I'avoine jaune (anlhisllria ) ressemblait a une abon- dante moisson, mais oil I'eau manquait. IlvilauN. les inonts Harvey ou Goubang , d'oii descend un petit al- Hucnt du Lachlan. Apres avoir franchi ces arides soli- tudes, abandonn^es des hommes, des anhnaux et des oiscaux , il arriva dans dos lieux plus favoris^s de la nature : c'^laient des plaines conduisant au Darling, el il y p(^netrait la veille dun dimanclic , au bout d'un mois de marche , c'est-a-dire de fatigues ot de privations diverses, depOis le depart de Sydney. Laissons-le par- ler un instant et d^crire les lieux. « La soiree, dit-il, etait superbe ; I'herbe nouvelle croissant dans les endroits ou le sol avait 6t6 l^ruld' , etalaitsa brillanle IVaichcur aux rayons du soleil cou- cbant; le gazouilleinent des oiseaux se mariait a d'au- tres-sons joyeux ; I'air lui-raeme semblait parliciper a la nausique d'une nature animee , tant le contraste entre ces lieux ferliles et les apres deserts que nous ve- nions de quitter frappait noire imagination. Les indi- genes que nous rencontramcs ici elaiont de beaux hommes, jouissanl do leur l)()nheur au milieu de leurs forets primitives. Leurcontentement semblaillellement venirde la nature, qu'il excitait presque en moi le regret que des hommes civilises, 6nerves par le luxe et loules Its maladies qui en sont la suite inevitable, vinssent troubler la rctraite de ces etres grossiers , mais tran- quilies el heureux. Le pre^iier qui s'avanca vers moi oifrail un beau type de I'homme dans son elal d'inde- pendance sauvagc. II n'avalt rien d'arlificiel sur sa per- sonne, sauf le signe de dcuil pour les morls, cbcz les noirs ; un bandeau blanc, Ires blanc, sur le front. Ses manitres (lilaient graves , son ceil vif el iuloiligonl, el landis que nos gens dressaient les tenles, il semblail ( 107 ) epier le moment ou ils auraient besoin de leu, pour leur presenter le baton endainnid que les sauvages de I'Australie portent toujours avec cux. II le presenta, en effet, et avec une expression bicnvelllante qui an- noncait le desir de nous dtre utile. A quelque distance de nous leurs femmes ^taient assises autour de grands feux, et nous enlendions les voix bruyanles et familie- res des enfants. La scene prit un caraclere encore plus roniantique, lorsque , pour nous servir des termes du poete Croley, I'aimable lune tirant un lideau de nuages, vint, comnie une reine , asseoir sa beautt§ sur un trone nocturne. La flute du nicdecin de la caravane sut en meine temps flatter I'oreille , et nos regards ^taient cliarmes par les rayons de cet astre argents qui fon- daient sur les arbres en cataracles de lumiere et se jouaient tians la fumee ondoyanle de notre etablisse- ment temper, ire. » Le voyageur, voulant s orienter a I'O, , gravit une som- mite qu'il designa sous le noni de mont Juson , et d'oii ilapergut encore derrifere lui, aTE. lacbainedes monts Canobolas, situ^es a environ i -2 millos au N.-O. de JVel^ Ungton-FaUey. Le i3 avril, il traversait une cbaine d'e- langs, qu'il nomma Goubang-Creek , et dont I'ecoule- ment s'opere vers la rivitjre Lacblan. Ce jour-la il piit a la chasse plusieurs kangarous, et ^ mesure qu'il des- cendait dans le bassin du Bogan , les prairies et les acacias augmentaient a vue d'ceil. II se trouvait dans un pays ruisselant de niiel, que les guides i'aisaient couler du creux des branches d'arbres avec leurs es- p^ces de liacbes , dltes tomnhauks. Pour le decouvrir , !cs indigenes attrapaient une abeille , lui altachaient avec un pcu de gomme ou de r^sine le l^ger duvet d'un cygne ou de quelque autre oiscau ; ainsi cliargee. ( '38 ) I'abeillti en relournanl a s(tn nid , dans los rameaux de quelque arbce elev<^ , Irahissait son Ir^sor liquide aux yeux exerces de ses pers^cuteurs. Apres 7 a 8 milles de marclie, T\l. Mitchell Iraversa nne suite de petits etangs, puis une forSt, et suivit un torrent dess^che qui le niena jusqu'au Bogan , objet de ses rechei'ches , oil il eut la doulour de perdre le bo- taniste de I'expedilion, loquol dans une petite excur- sion 6lail tombe inopin^menl au milieu d'un groupe de sauvages qui I'avaient d'abord accucilii et lui avaient donn6 a manger, mais dans la nuit I'avaient massacri^ de sang-froid. C'etait une autre tribu que celles qu'il avail vues dans la valltie riante donl nous avons parle , et a mesure que la colonne avan^-ait, elle Irouvait les sauvages plus cruels et plus inlrailables. L'un d'eux jela son baton cnflamm^ et son bomme- reng (i) , a un dcshommes de I'escorle, et le blessa a la jambe. Celui-cidechargea son fusil pour sa defense, et I'indigfene blesse a son tour se mit a Hurler comme un possede. Le major s'avanca vers lui, une branclie verle a la main , en signe de paix , et I'lndien consenlit, non sans peine, a le suivre pour 6tre pause de sesbles- sures. En longeanl la rive gauche du Bogan , le major ren- contra de loin a loin plusicurs troupes d'indig^nes , une en Ire autres dont le chef dlait un jeune homme de bonne mine, le front pare de plumes d'^mu, le nez et les sourcils teintsenocre jaunc. Ce personnage6tait de la part dos siens I'objot d'une grandc deference , el tous ccs ludions voyaient pour la premiere fois des (i) Hiilon aiilati , It-gorcment coiirl)e, loiiy dViiviroii 3 pifJs , k\. que les saiivagei savi-ni jftcr t'Dit loin. Nmis en reparleioiis. ( '-^l) ) hommes blancs. L'entrevue se passa tranquillt'ineiil , grace au rameau vert, embl^me de paix, que porlalt Ic major. II fit de lagers pr(^sents a d'autres naturels qui ne s'etaient pas monlr^s hosliles, bten que porles a derober ce qui leur tonibait sous la main. On arriva le 25 mai sur les l)ords du Darling , a l\'n- droitmenie oil Je Bogan verse le Iribut de ses eaux dans ce fleuve, par 00° kit. S., 146° long E. Le fleuve s'(!itait deja grossi vraisemblablement par les eaux de la Raraula, puis do la Nammoy (si celte riviere ne se perd pas dans des marais comme il a ele dil) , puis de la riviere Caslelreagh , et vraisemblablement de la Mac- quarie, on un mot par les principales rivieres aux- quellcs donne naissance le versant occidental des mon- lagnes Bleues. Enrichi de ces tribulaires, le Darling, a partir du 00' degre , incline veis le S.-O., et va par 34" se Jeter dans le fleuve Murray, qui debouche dans la mer jiar le lac Alexandrina etla bale Encounter, vers le 56e degre latitude S. et le i55' Jong. E. Dans la nuit du 27 mai, la caravane vit tomber un peu de pluie , la premiere depuis qu'elle avait quitte la colonic. Comme on allait descendre le Darling, et que les naturels etaiont loin de se montrer pacifiques, le major fit construire en ce lieu un fort en bois pour y enfermcr le bagage et pouvoir s'y defendre en cas d'at- laque ; il lui donna le nom de fort Bourke , d'apr^s le gouverneur en exercice de la colonic. Le 1" juin , les deux bateaux I'urent detacbes des voitures et lances sur le Darling. Le major laissa une partie de ses liommes au fort, en emporlant avec lui trois mois de provisions. La navigation tut d'abord lente, a cause des rochers et des rapides que Ton ren- contra. Par moment I'eau du fleuve etait profonde et ( >4o ) Iransparenle; on y voyail de gros el nombreux pols- sons , iiourrllure habituelle des indigenes riverains. La multiplicity dcs obstacles tians le lit du Darling obligea de renoncer au bateau , el de suivre les bords dans los chariots. Aprcs 4o lieucs de descente, le fleuve avail encore la merae largeur qu'au fort Bourke. Les habitants, d'abord inolTensifs a la vue des Europeens , redo\inrent agresseurs ; il y eul des altercalions fro- quenles enlre eux el des gens de I'exp^dition. Le ra- lueau vert, auparavanl si rcspecte , fut souvenl jele au feu, par les sauvages , apres avoir crache dessus, el avoir lanc6 de la poussiere au ncz des voyageurs, qui agissaient cependanl d'une inani^re pacifique. Le ma- jor employ a vainemenl lous les moyens de concilia- tion ; celte attitude mod^ratrice nc faisait qu'augmen- ter la hardiesse et I'insolence dcs sauvages , qui repe- taient leurs gostcs de defiance, leurs contorsions avec des regards infernaux, des cris horribles et un chant guerrier , en crachanl ct en agilant leurs lances, II fallut renoncer a tout accomraodement, el se lenir constammenl pr§l a repousser I'agression, ce qui eul lieu a plusieurs reprises. Cependant, Ton rencontrail de temps a autre des vieillards ou sorles de prelres , dits Caradjes , portanl un mantcau de peau , attachd sur I'epaule gauche, agilant en I'air une branche de verdure , et chantant un hymne monotone, qui rap- pelait r^poque des anciens druidcs. Ces vieillards etaient nioins sauvages, mais encore plus voleurs. Le major vit aussi quelques jeunes fcmmes , dont une lui offril Ic vrai type de la beauty australienne. L'exp6dilion avail longe le Darling I'espace d'envi- ron 200 milles, sans renconlrer un seul alUiienl. Le i" juillel, elle rencohtra enfin un ruisseau presque a ( j4^ ) sec, ol cetail cerlainemcnt line nouveaule digno d'allenllon , dans un si long Irajet. Sur lesboids de ce petit adluent, on trouva une espece de trigonella , l(^gume que Ton fit cuire, el qui parut aussi bon que I'epinard, decouverte pr^cieuse pour des voyageurs obliges de porter avec eux tons leurs vivres. Le fleuve presentaitdcpuis long-temps le meme aspect : des rives escarpdes elevces quelquefois jusqu'a 60 pieds; des raies paralleles qui prouvaient que le niveau s'eleve encore davantage en une aulre saison ; un sol argileux, avec dos concretions calcaires; une eau Iransparenle s'ecoulanl avec lenteur et uniformite, et montrant dans le fond des plantes aquatiques; el sur les rives, une belle berbe et des pieds de grands arbres a gommo ou eucalyptus. On avail observe de leg^res variet^s dans les trails des indigenes; on voyait qa et la quel- ques petits oiseaux , ou pigeons a cr^te rouge et jaune , differentes especes de perroquels , et des calakois ou cacalois propx^ement dils, et d'une espfece egalement nouvelle. On se trouvaii done au milieu d'une nature animdie el dans un pays fertile en plus d'un genre. Ce pays 6lait habile ou sillonne par des Iribus nombrcuses, et les bords des fleuves par un peuple de pecheurs. Ce peuple manifesla au plus haul degr6 son penchant a ravir ce qui ne lui appartenait pas. Les cadeaux ne faisaienl qu'augmenter son dd-sir de voler , et SOS tentalives mullipliaient les collisions. Un des chefs alia meme jusqu'a couper les cordes des lentes avec un couleau qu'on lui avail donne , et qu'il fallut lui reprcndrc , ce qui le mil en fuieur, el le porta a Jeter des lisons enOammes sur les voyageurs. Un aulre chef s'approcha avec des cris d'avertisseinent , carles sauvages de I'Auslralie ne s'abordonl jamais sans crier ( »42 ) fl'une maniere qui leur est propre; le major raccucil- lil, mais eul blentol son mouchoir de poche cscamol6 et il conscrva long-temps rocleur despattes de ce grand gaillard, infect6es par la puanlour du poisson. La Uibu comptail plusieurs jeunes lilies Ires jolies, monlrant de belles dents et des formes assez gracieuses dans leur nudity, qui elaitloin de les embarrasser. Le major voulut gouter tin jour le plaislr de la pdche, et voir comment les sausages s'y livraient. Le chef se mit dans un bateau d'^corce; douze jeunes gens remonlerent le fleuve, el un meme nombre le descendirent, armdsde courtes lances; a un signal du chef, ils jjlongerent en nageant vers lui. Tout en na- geant et plongeant, ils piquaient les poissons et les chassaient vers le rivage. La on les porcait avec des lances quand ils elaiont accumules dans les herbes, au milieu desqucUes on les apcrcevail. On lua ainsi d'6- normes poissons , analogues a la tortue el a la perclie. Les jeunes gens se rclayaienl , el les sorlants couraienl tout grelolanls se s^cher aupres d'un grand feu que les femmes avaieni soin d'enlretenir. Comme los li ibus voisines se rassemblaient sur les bords du Bailing, et meditaient sans doule un pillage general , le major crut devoir ne pas descendre plus bas le fleuve , et il se decida a le remonter pour re- gagner le fort Bourke. II avail suivi le courant, pen- dant plus de I oo lieues, il n'^tait plus gu^re eloign^ que de /^o lieues de sa jonclion avec le Murray. Le parti ilait sage , car les voyageurs se virent bientot menaces par les nalurcls, qui leur lancaient des fl^cbes, do la poussitre et des lisons brulanls: plus on 6tait descendii , plus on les avail trouves incom- modes, bosliles el inlraitables. Les plus feroccif ( '4.^ ) n'avaionl perdu aucune de leurs donts; inais ceux qu'on avail vus auparavanl en avaiont une de moins, la denl fronlale; ceux-ci respectaienl le rameau vert, taiidis que les autres n'avaient aucun egard a ce sym- bole pacifiqiie : d'oii Ton pourrait conclure que la miililalion a cet ^gard distingue les moins ])arbares de CCS aborigenes. Les plus ages 6laient les plus volcurs, et guidaienl les plus jeunes dans leurs exploits a la Mandiin. Tous les naturels du Darling etaient de bons n.'igeurs cl d'excellenls plongeurs; ils avaient des filets, outre leurs lances, pour prendre le poisson et les canards qui abondenl. sur le fleu\e. On mil un mois a revenir au fori, comme on avail <^16 un mois a des- cendre. On aporcul dans le Irajel quelqucs lombes d'indigencs, sorle de las analogues aux Cairns des anciens monlagnards ecossais. Au retour de celle exploration, le major Mitchell put caracteriser le cours du Darling jusqu'au point ou il I'avait suivi. Sa largeur moyenne est, dit-il, de 5o yards (i); maisl'eau s'^lend quelquefois davanlage, et Ton remarque des traces eloignees qui rappellent des debordcments sans doute periodiques. La vitesse des flots est d'un mille par heure. La surface du sol environnant ressemble a un champ en jacht^re , toutelois avec des enfoncements irreguliers. C'est un terrain dessech^ ou les chevaux et les bceufs avaient peine a marcher. Le bassin du Darling, qui s'etend assez loin a IE, , parait fort limits a I'O. , contr^e de- serte qui ne lui envoie aucun Iribuiaire; une succes- sion de coUines senible former de ce cole occidental une limitc hydrograpbique. Les plaines de cbaque (ly Le yard ei|iu\atit a i niclre ou 3 pieds de Fianrr. ( >44 ) cole du fleuve s'6lenflent k une distance de six a sept millos, et paraissent termin^cs par des forets de ca- suarinas et d'acacias , ou des buissons ou des ddserls. L'eau est tantot douce , tanlot salee, a cause des sour- ces salres qui existent sans doutc sur quolques points du lit argileux de la riviere. Sur Ics bords viennent des eucalyptus, ou arbres a gomme bleue , de deux ou Irois especes, lesquels atteignent a une si grande hauteur, qu'on peut aisement distingner a une dis- tance considerable lo cours du fleuve. Dans les enfon cemenlsou croux, il y a des buissons et divers grarai- ndes, enlre o.ulves \e Polygonum jiinceiii/i , csp^ce de ronco sans feuilles. Le i3 aout , le major quitta le fort Bourke et les rives du Darling pour reprendrc le cliemln du Bogan, cctte riviere dont la source est cacliee dans la chaine des moots Harvey que nous avons deja cites. Le 6 sep- tembre, la caravane entra dans une magnifique forfit de pins, dits callistris j)yrami(lalis , arbre qui poiirra rivaliser d'ulilite avec le c6dre du littoral de lacolonie, on Ton etait de retour vers la miseptembre. On avait \n aussi les acacias pendulas orner par intervalles les rives du Bogan, maisl'berbe y (^lailrare, etle troupeau eut a en souflrir. On avail remarqu6 aussi I'uniformite de la petite riviere du Bogan , dans son cours de 25o milles ; ses rives n'avaienl olTert aucune variety, le lit avail la mfeme largeur , el pen ou point de cail- loux ; pas de I'oseaux sur les bords , gc'n6ralemenl nus et inclines. La vilocile du courant 6tait de 4 milles :i I'heurc dans sa partie la plus occidcnlale. II avail souvenl de seconds rivages, et comme le Darling, une ceinture ou Iisi6ie de p^lils eucalyptus, de buis ou d'arbres a gomme. enfermait les grands arbres ( 145 ) les plus voisins avcc sa blanche elbrlllanle ecorce, qui ci'oil pres des eaux de la riviere. Le Began avail 6gale- menl le long de ses rives olTerl de belles plaines , mais bien moins ferliles que celles dn Darling, Les nalurels du Bogan , moins f^roces (jue ceux du Darling, se divisent en plusieurs Iribus qui subsistent beaucoup plus de la chair de I'opossum , du kangarou et de r^mu que du poisson de leur riviere. Ici la p^che est enlierement abandonnee aux femmcs, qui ramas- sent aussi les herbes nourriciferes du rivage el des Clangs, leurs enfants atlnches a leurs epaules, et por- teuses d'un bommereng, d'unc pelle el d'un petit sac pour conlenir les provisions. La Iroisieme expedition, laquelle avail pour but de reconnaiire la ])artie S. -E. de la Nouvelle-Hollande, en alteignant au travers des lerres le fleuve Murray pour le suivre ensuite jusqu'a I'endroit ou il recoil le Darling, se mil en marche le i 7 mars i856 de Buree, extreme limite N.-O. de la colonic, vers les SS" lat. S. et 149" long. E. ; re lieu avail deja servi de station lors du second voyage. On avanca long-temps de I'E. a rO. , puis vers le S.,c'est-a-dire qu'on suivil le cours de la riviere Lachlan, deja reconnu par Oxley en 1 81 7 ; on le suivil presque depuis sa source jusqu'a sa junc- tion avec la belle riviere de Miirntinhirl^i , par 34° 20' lat. S., 144° long. E. , et ce dernier courant jusqu'a son confluent, par 34° 4o' lat. S., 143" 10' long. E. avec le fleuve Murrny , arrivant aussi de I'E. Cette partie du voyage , qui dura jusqu'a la fin de mai , comprend une (^tendue de pays d'environ 100 lieues. Le 4 avril , on avail campe a la jonction du Goiibang dans le Lachlan, par 33" 5' 20" lal. S., 147° i3' 10" long. E. La riviere du Goubang arrive du N.-E, el prend sa source au XIII. MARS. 2. 10 ( '4G ) flanc rneridioncal du monl Juson , rcconnu par !<■ ma- jor Mitchell dans sa prec^denle expedition vers le Bogan. Le major avail el«^ frappe du cours majestueux, con- slamment plein, de la MwTumbidgi , large do 5o Aards ou metres, aiix eaux limpides et profondos, aux ri\a- ges l^gfiromcnl hoises et hauls de ii pieds, rivages dont le sol elail plus ferme que ceux du Darling; en iirrivant sur le Murray, il eul a admirer un couranl niagnifique de 1 65 yards on moires de largeur, aux on- fles blanchalres, aux bords non sujets a inontlalion el hauls clc 20 pieds. C'esl ce fleuve qu'il va longer jus- qu'au Darling, qui s'y jelle 4o lieues plus a I'O. , d'oii le Murray se rend bienlol el presque en ligne directe au S. vers la mer. Mais a\anl de I'y suivre , revenons sur nos pts pour dire un mot du Lachlan. Oxley , en I'explorant vingl-lrois annees auparavaiil, n'avail vu parloul que dcs pays inondes el pros(pie . Le major Mitchell Urmino son ouvrago par un ta- ( '5. ) bleau recapiliilalif donl nous repioduirons les trails suivanls, qui seront aussi la conclusion de celte longiu' analyse. Le sol de la Nouvolie-Gaiies du S. n'est fertile que quand legranit, le trap ou la roche calcaire eu for- nienl la base; ndanraoins le gres domine assez pour composer environ les six septi^ines d'une surface qui conlienl dans ses liiailes ig comles. Le pays qui envi- ronne Sydney a toujours ele prefere a celui qui en esl 6ioign6; cependant I'Auslralle heureuse esl uiieux par- tagee , el il en esl de meme du pays au midi du Mur- ray. Des collines peu elevees en occupent le centre , entre le fleuve el la mer; elles sonl boisees el couverles des meilleurs paturages, enlrecoupes par une multi- tude de pelits ruisseaux Le fleuve Murray, aliments par les hautes montagnes de I'Orient, peut fournir assez d'eau pour arroser lout le pays et remplir les ca- naux de navigation que Ton voudrait ^tablir dans ces conlrecs encore vierges ou Ton a carte blanche pour tracer des divisions poliliques , des routes , des empla- cements, des villes , etc. Les indigenes de lAuslralie, lout abrutis qu'ils soienl, lout iguoranls qu'ils soient du sentiment de la pudeur el des vertus privies ou sociales, geiieridemcnt superstilieux , cruels ou meme barbares, en un mot, places au plus bas echelon de I'espece humaine, amants aveugies de la liberie sauvage, couchanl nus en pleiu air, ne se nourrissanl que de larves et aulres elres im- mondes, lorsque la chasse ou la peche ne fournil plus h leursbesoins; les indigenes auslraliens , disonsnous, n'onl point paru au major Mitchell, generalement par- lant , inhabiles a apprendre une fouie de ces choses qui constituent la civilisation europcenne; ilsn'elaienl ( l5-2 ] jamais gauches; ils prouverenl de rintelligence eldelu penetration; ils ^taieiit surloul d'excellents mimes, contrefaisant |)lusieurs des compagnoiis du major. Les hommea portent des ceinlurons faits avec le |)oil de I'opossum , et auxquels est suspendue une sorle de queue de la mdme maliere; voila I'unique ornemenl qui pormotte do leur supposor une idee de la decence^ puisqu'ils vivent dans la plus complete nudity , saul K; manteau de peau qui pend aux (^paules de certains chefs. Cesceinturons ou ces bandcs semblent avoir ele adopt(^s j)our soutenir les \iscferes inferieurs plutot que pour tout autre motit. Les cornel jes ou pretres y renl'erment des cristaux ou des pierres pr^cieuses et brillantes, qu'ils evitent avoc soin de montrer , sur- tout aux femmes. Tous ont un bandage ou fdet autour de la lete , et qu'ils blanchisscnt avec de la lerre de pipe comme un soldat nctloie son baudrier; ils y ajoulent une ligne rouge. Ils s'arrachent tous uno des dents iVontales a I'age de puberle. Les jeunes gargons, avanl de subir cette mutilation, doivent avoir pass6 plusieurs jours dans la solitude et s'etre abstenus de toute nourriture animalo. Cost un coradjo qui est K'dontiste de la lril)u et qui opt^re avoc un ciseau de bois dur. On coupe aussi la dcrni^re phalange du petit doigtaux femmes, etl'on perce le cartilage du nez aux deux sexes, alin de pou- voir y suspendre comnio ornement un petit os ou tm fragment de roscau. Se peindre le corps est une coulume egalemeiit uni- verselle; les deux couleurs les plus gen6rales sont le blanc et le rouge. Les larges piqilres ou sillons sur dif- ferentes parties du corps en lignes droites ou en lignes courbcs , distinguent los aborigenes australions ea ( '55 ) quelque lieu qu'on en rencontre. Us ont aussi la cou- lume de se faire des entailles ou balafres en signe de deull , a la morl d'un de leurs parents; il n'est pas rare de voir de ces blessures encore loutes saignantes aux tenipes et ailleurs sur le corps : le major eut plus d'une lois ce bien trisle spectacle dans ses voyages. Le respect pour I'age est universe!, sauf peut-etre dans quelques Iribus. Les vieillards et les fcnimes agees exercent une grande aulorite parnii les tribus assem- blies, et r^glent avec leurs voix la grande guerre, lors- qiie deja Ton tient a la main la lance et le bommereng. On admel les jeunes gens dans I'ordre des vieillards , conformement a certains rites que les coradjes ou pre- tres ont la sagacild de tcnir secrets ou mvsterieux. II n'est permis a aucun jeune lionimc de manger de la chair ou des oeuts de I'emu ; c'est une nourriture de luxe que I'on reserve aux vieillards etaux femmes. Le chaliment inflige aux jeunes gens pour avoir mange de r<^mu consiste en blessures ou plaies qu'on leur iait sur tout le corps. La non-existence du chien natif , dans la tcrre de Van-Diemen ou Tasmanie , qui n'est separee de la Nouvelle-Galles du S. que par un bras de mcr, est un fait rcmarquable , en considerant la resscmblance des habitants des deux pays, et la jonclion probable, a une peri de reculee , de celte ile a TAustralie. D'un autre cote , deux animaux , le dasyiire et le thylacyn existent en Tasmanie, et n'ont pas encore ele vus en Australia : ont-ils ele d^truits dans celte derni6re con- trde par le chien , lorsqu'on I'y a eu inlroduil ? Quoi qu'il en soit , les Australiens montrcnt une grande humanile cn\ers leurs chiens; il n'est pas rare devoir des femmes allaiter les pt tits el les clever, niais n'ayanl { '54 ) jircsque jamais que la peaii siir les os. Lo luirlemeiit du chien, dans les deserls, est le cri le plus luelanco- lique el le plus lamenlable qu'on puisse imaginer; ce cri ressoinble bcaucoup a celui dun chion d'Kurope qui a perdu son inallro. Nous avons cile la lance el le bommereng , comme les principales amies des sauvages Auslraliens. lis jotlont la lance au moyon d'une baguetle flexible, aj)])elee JV ammera , ayant a un bout une niche pour recevoir la lance, jelee par eux du resle avec une grande force tl une grande juslesse de diroclion. Le bommereng est un mince baton courb^ d'environ 2 pieds 4 pouces de long, que la main jellc en I'air , de facori a lui faire decrirc une roue ot a faire un ri- cochet C'est une arme plus parliculi^remenl eniptoyee a luer les canards, sur les rivieres et les etangs. Les Auslraliens onl aussi le bouclier, piece de bois, mince, longue de 2 pieds 8 pouces, conique ou poinlue aux deux bouts , avant un Irou au milieu , derriere la par- tie la plus 6paisse, pour y nieltre la main. C'est une defense utile contre les fleches, pour eviler d'etre alleint ol blesst^ par elles. Les naluiels de I'Auslralic cuisonl leurs viandes en creusanl un trou dans la terre , en y plagant un feu el en y chaulTanl des pierros. On met le kangarou dans ce trou avec la peau dessus , el en couvrant le lout de cendres chaudcs ou de pierres brulanles. L'opossum, qui conslilue la nourrilure la plus ordinaire des Aus- lraliens, n'esl pas cuil avec aulant de soiii , on le nambeseulemenl pour en briiler le poil, et on lo mange dans eel elat. Nous avons eu deja en i852 I'occasion de faire ( ''"JS ) connallre, dans le Ballet in de la societede Geographie ( i ) , quelques Iraits de moeurs des Australions de la Tene ou bale du Roi George; les details que nous venous d'exposer no lendent, pour la plupart, qu'a confirmer nos premieres donnees. Soulenienl ici le major Mitchell ne parle point de liulles, il dit posili\ement que les sauvages de I'inlerieur couchent en plcin vent , et sans aucun abri, pres des I'eux qu'ils out alliim^s; parlout il les a vus, au reste , se nourrir de lezaids, de lourmis , et de larves , lorsqu'ils manquaient de gibier ou de poisson. II parail que la polygamie est de pratique gene- rale ; mais les usages interieurs ne sont pas encore I iens connus. II n'y a point de ceremonies nupliales , et les mariages sl' font souvcnt a la suite d'enlevemenl de jeunes filles, par ceux (jui veul^nt les posseder. II y a des sigisbees, et les maris sont tr^s toleranls a cot 6gard ; un leger present suflit pour les rendre faciles et les dis|)oser a preler leurs (Spouses. S'il n'y a point de funerailles a la mort d'un menibre de la I'amille ou de la tribu , nous avons vu qu'il y a des cris plaintifs et des entailles volonlaires el nombreuses sur le corps des survivants. Les inorts out aussi, en beaucoup d'endroits, des especes de lombeaux ou terlres, recouverts de branchages et de pierres. Quant a lalangue, elle est peu variee; elle abonde en \oyclles el ne parait pas, en general, depourvue d'une certaine harmonic. Le major Mitchell, a joint a son ouvrage un vocabulaire que les olhnographes nc manqueronl pas de consulter. Al,15EUT-MoNTiMO>"r. (i) Ciihitr (if uidi iSJa. ( >-^<' ) Voyage en Palestine et en Syrie par M. Geokge Ro- binson , (H>ec i'lies , cartes et plans. Traduction rci'tie el annotee /jar/'autcitr. 2 vol. in-8. Paris, Arlhus Bci- Irand , 1 858. L'auteurde eel inl6ressant voyage I'effectua de i85(. a i832. Apres avoir potisse en 1800 ses excursions jusqu'h la seconde calaracte du Nil, il se rendil par Daniielle a Jaffa , visila loule la Syrie et la Palestine, y conipris les pays qui sont a Test du Jourdain et de TAnli-Liban , et passa I'liiver a Alep. 11 eniploya le prinlernps et I'ele de 83 1 a parcourir les parlies les plus curieuses de I'Asie-Mineure , et reparut a Con gtmlinoplc pour 'revenir ensuilc en France par la Greco et I'ltaHe. Nous n'avons ici a r.^ppeler que la parlie do son voyage relative a la Palestine et a la Syrie. L'ancienne Joppe, aujourd'hui Jaffa ou Yaffa , port oil furent amends les cadres du Xiban destines au temple de Salomon , oil N06 construsit I'arche , ou Juda Mac- cliabco brula la flotte des Syriens, n"a pu fournir a M. Robinson qu'un petit nombre de lignes , parce que c'est un lieu trop connu. 11 eprouve le meme enibarras devant Jerusalem; il d^crit ccpondant d'une maniere atlacliante los abords et I'interiour de la cit6 saintc. A mcsuro qu'il en approcbe , la route devienl de plus en plus pierreuse, et Ton n'apercoil plus aucune trace de vegetation. Les rocliers sont a peine converts de terre, ol les herbos sont brQlecs par le soloil. (^es licux , (lit le voyageur, semblent ne rcnfermer rien de vi- vanl ; rieu n'indiquo le voisinagc de Tancicnne metro- ( '57 ) pole de la Judee. Neanmoins , d'un col eleve, on en decouvre les murs creneles , puis les pointes de quel- ques coupoles et de quelques minarets; enfin, elle apparait cnlre desmontagnes sur un sol privet de cul- ture et d'eau , et Ton y penetre du village de Beth- leem par 'a porte de ce nom , devant laquelle passe le torrent de Gihon , qui va au sud joindre le Cedron ou Kedron coulant du nord au sud , et longeant le c6l6 oriental de .lerusalem, pour se jeler ensuite un peu plus has dans la mer Morle , ou arrive le Jourdain , mais un peu plus a Test. Nous passons sous silence les details concernanl la loj)ograpljie de la ville , los temples ou njosquees, les lombeaux ou cimetieres, la vallee de Kedron, celle de Josapliat, le mont des Oliviers , la iontaine dfilisee, le mont des Offenses, le village et les environs de Belhleem , le puits de Jacob, etc Tout cela est trop connu de nos lecleurs. II en est de meme du mont Carmel , de Saint-Jean d'Acre, de Nazareth, de la Galilee, de Cana , de Gen^zarelh, du Mont-Thabor , de Tiberias et de Tyr; tous articles contenus dans le premier volume. Le second traite de la Syrie , nolamment de Bei- rout, de Tripoli, de Balbec, du Liban , de Damas, d'Alep , d'Antioche et de Latakieh. Les remarques du voyageur sont judicieuses , et il offre souvent des aper- rus ing^nieux sur les lieux qu'il a visiles. On nous saura gre sans doute tie donner ici quelques uns de ces apercus pour la partie geographique. La ville moderne de Bcirout, I'ancienne Berytiis , est situde a I'exlremite orientale d'une pointe de ler re en forme de triangle qui savance dans la mer, a quatre milles environ en dehors de la cole. Elle ( i58 ) osl halio sur iiiio pclite ^l^valion pros du rivage , el |)('iil ;>\oir Irois iDillos de circonference. Les murailles clii coie de lerrc sonl recentes el peu sol'ules; los rues sont (^troiles el irr^guli^rcs; cependant elles onl tin troUoir, el dans le milieu un ruisseau qui conlribue essenliellomenl a la proprcle de la ville , a laquolie il donne un air de Fraicheur en (i-td-Pas d'odilices publics, quelques vaslcs bazars; population en majeure parlie maronilc , el qui s'(^lt've a pies de 8,000 ames. 11 pa- rait que Beirout est la seulo ville de Syrie qui ail une bonne auberge. Le port est forme par une petite baie dont I'entr^e est ddfondue par deux lours carries. Une de ces lours presenle une ruine assez pilloresque. A I'ouest , on retrouve (pielques traces d'un pav6 en inosaique, et au nord quelques restes de I'ancien theatre construit par Il6iode Agrippa. Beirout a beau- coup soulTrrt dcs tremblementsde lerre el des guerres des croist^s. Elle est encore a present une ville agreable , qui. par sa belle -situation, la salubrity du clitnalcl la riche vegetation de ses environs, altire el rctienl I'^trangor. PiHi loin de Beirout on trouve les Druses , peuples plus ignoranis que vicieux. Us paraissent, dil M. Ro- binson, avoir les memes rappoits avec les mahom^- tans que les samaritains avec les julfs. Les Druses, de I'ordrequ'on nommesacre, nepeuvenl fumer du labac ni jurer; il leur est n^anmoins permis de se marier. Parvenu a un certain age, lout Druse qui le desire et dont la conduite a ele sans taclie , peut entrer dans Tordre sacr^. Les Druses babitonl une des basses regions du Liban, d leur nombreexcide 70,000 &mes. Us sonl repandus c^galemenl dans la contr^e d'llaou- ran , an sud-csl de Damas. ^ i59 ^ Docepajs, M. Robinson arr'ne a DJebni/, ou Gebyle, I'ancienne Byblns , vllle marllime consifl(^rable sous les rois d'Anlioche. enlouree aiijourd'hui d'un mur (le hail tour mo}enne, flanqueo de lours carrees de dis- tance en distance. Son port (^tant comble, ne fait plus de commerce. Ses habitants sont presque tous des Maronites qui soignenl quelqups champs el cultivent du labac. Presque toulos les anliquitesde Djebail sont rninninos. Cclle ville est a une journ^e de marcho de Tripoli. On croit, dit M. Robinson, que le mot T'/vyw//, qui signilie trois villes, derive de Irois colonies dislinctcs , venues de Tyr, de Sidon et d'Aradus, qui s'elabiiront a trois endroits diffdsrenls du promonloire. Elles ne lormerent pas d'abord une seule ville ; mais leurs fau- bourgs s'etant accrus progressivement , elles finirent par se confondre en quelque sorte I'une avec I'aulre, de maniere que les trois noms primilifs n'en formerent plus qu'un seul, donl les indigenes firenl par corrup- tion Tarabolos. La ville actuelle esl batie an pied des collines les plus basses du Liban , a environ une dcmi- lieue de la mer. La rivifcre de Kadisha (sainle) , au- Ircment dite Nar-Abou-Ali , la traverse et la partage en deux portions inegales, dont celle du sud est la plus considerable. Elle est enlouree d'un mur peu eleve et qui ne peul opposcr de resistance serieuse. Ses de- hors sont converts de jardins plantes d'orangers, de citronniers et de murlers qui s'etendent a quelque dis- tance dans la plaine. La ville est propre et elegante ; les maisons, balies en pierres grises, sont bien conslrui- les a I'inlerieur comme a I'exterieur ; elles ont presque loutes des toils en terrasses. C'est la que les habitants, ot j)lus parliculieremenl les f« inmes, se retirent le soir ( i pieds; aprfcs quoi ils coiiimonccnt a s'dtendre borizon- talcmcnt; il y en a qui ont plus de 3o pieds de cir- conference, et les brancbes en ont Irois fois autant. 11 y en a d'aulres qui sont beaux et d'une trosbollc venue. Les brancbes etle feuillage des pelits cadres commen- cenl tres pres du sol , et portent tme plus grande quan- tity de II nils ^iie les gros. Ces arbres sont I'objel He ( •<>' ) la v6n6ration des habilanls des pays environnanls , el jin jour dans I'ann^e est consacre a la fete des cadres. A.M. Notice sur les Incliens de V Amerique da Aord , par Eu- cliNE A. Vail, citoyen des Etats-lJnis d'Am^rique ; brochure in-8°, orn^e de 4 portraits et accompagnee d'une carte. Paris, Arthus Berlrand, i8/,o. Get ouvrage oflVe des notions inti^ressantes et nou- velles sur les Indiens de I'AnK^jrique du Nord. 11 se di- vise en qualre chapilres, qui traitent principalement des fails suivanls : i° conjectures sur I'origine des sauvages et sur quelques ruines pr^tendues ; a" nombre pr6- sumedes indig^nesdeTAmerique du Nord,avant 1776, compart a leur etat actuel; des regions appelees /j/r«- ries ; 3° description et aspect des Indiens, leurs vete- ments, leurs habitations; 4°leurs moeurset coutuines, religion , connaissances, etc. Dans le premier chapitre I'auteur fait connaitre que 81 Uibus indiennes ont dii occuper le nouveau conti- nent; que depuis les montagnes rocailleuses jusqu'a rOcean atlantique, et de I'extreme limite des fitats- Unis au b'2' degre de latitude N., tout le territoire qui maintenant conslitue les Ltats-Unis et une parlie des possessions anglaises et russes dans lAme^riquedu Nord 6tait dans I'origine en la possession de huit grandes tribus seulemenl, et que chacune' d'elles parlait une langue a part, divis6e en dialectes qui differaient entre eux par de legeres nuances. Ces tribus 6taient les Es- XIII. M.VRS. 5, 1 1 ( iGa ^ kimaux, les Atliapascas , les Blackfeel (Piocis noirs) , les Sioux, les Alf^onqiiins-Lenape , les Iroquois, les Cherokees el les Mobilians. Ces8i Iribus sedivisaient en 27 families ,donl 8 sou- lement se parlageaient la porlion du pays qui, en rai- sou de sa fertilild, la inullilude de ses rivieres, et sa ji;ranHe ^tcndue de coles , devait elre la plus populeuse. L'auteur rappelle qu'on ne poss^de aucun vestige (Tun langage indien ecrit. On sail seulement que, pour la tradilion d'6venemenls hisloriques , les Indiens se servaient d'une ceinlure qui consislail en grains de po- tcrie grossieremenl manufaclur^s , qu'ils enfilaienl et leignaienl de diverses couleurs, el qui ^laienl dispo- ses de facon a avoir, suivanl leurs nolions , une faible ressemblance aux objels qu'il s'agissail de decrire. Maintenanl on leur en manufaclure en vcrre de cou- leur el en coquillages. De cetle maniere elaienl conser- ves les proc^s-verbaux des conscils de la nalion. A la suite de sosremarques sur les langues primiti- ves, M. Vailpresenle quelquesmols el quelques phrases dont raullienlicile lui a paru la plus incontestable. II comple dans I'alphabel cberokee 48 caract^res dislinc- tiis. II donne, comrae il suit, le r(^sume par Irlbu de loules celles qui sont connuos dans le territoire des Etals-Lnis el dans celui de I'Amerique anglaise , tant au Canada que sur I'Ocean pacifique : E>kimaxn, Athapaicas Atnashs el liihus siir I'orcan PaciluiuB jiisqirau dt'lroit de Fuca an Sud 60,000 ames. Indiens sur la riviere Colombia et les rives du Pacifl- que, du42au49® degre de lat. N 5o,ooo A'gonquins- L-nape sur le ii-rriloire anj^lai^ ct aiix Report . . . I ro 000 ( '(i-^ ) Kr|)iirl. ... I 10,000 Elati-Unis 60,000 Iro(|iioi.s 7,000 (Ihortiws et Chicasas 24,000 Mukogfes tt Semiiiolis 26,000 ChtTokees i5,ooo Uchees, Natchez, etc 4,000 Sioii\ . 5o,ooo I'awnees 11,000 Blackfeet et ladiens rapides. ...... 33, 000 ChieDues 2,000 Kaskaskai , Kiawas , Tctes-cUauves, etc. . . . 3, 000 Toial 345,000 ami's. AuxElats-Unis, M. Vail indique ce qu'on entendpar prairies : c'est une vaste ^lendue de pays sans culture et que la nature n'a pas couverte de bois; c'est un ter- rain plat et peu accidents , couvert d'une rlche ve^geta- lion el sur lequel cioissent naturellcment une herbe fori haute et des fleurs de toutes nuances et de toutes couleurs. II en est d'une telle elendue que I'oeil se perd sur leur horizon. Piien narrele ici la vue, sice n'est ca etla quelques bouquets d'arbres apparaissant coinme aulant d'iles vertes llotlantes sur un immense oct^an. La hauteur des herbages de ces prairies est de 5 a 7 pieds. C'est dans ces savanes qu'errent d'innombrables trou- pes de chevaux sauvages difficiles a apprivolser. On dit communement la peau cuii'ree des Indiens : M. Vail fait remarquer qu'cUe est cependant loin de ressembler au cuivre dans son brillanl, et qu'elle en approche encore moins quand elle est dans son 6tat de bronze. Chez quelques Indiens on sail que I'aplatissement de la tete est considerc comme une grande boaule. Pour 1 1. ( '^4 ) ohlonir ce r^sullal, on place la t&te de rentant enlre fleiix planches qui sonl joinles par deux liens, ou pres- sees par le moyon d'un poids, jusqu'h ce que la com- pression donnea la teledu nou\eau-ne la lornicrequise. (idle couluine incomprehensible , comme le raccour- cissement dcs pieds des Chinoiscs, a principalemenl lieu chez les Iribus de la cote el a renihouchure des lleuves. Les huttes des Indians sont adaplees a leur degr6 de civilisation; M. Vail enlre a cet cgard dans des details assez etcndus que I'espacene nouspermeltrait point de rapporter ici ; nous renvoyons a rouvrage meme, ains^ que pour les mccurs el coulumcs de ces tribus no- mades. A. M. Relation (Vim voyage de Zeila et Tadjonrra siir In cote d^ Ahrssiiiie .^ ) quoi on peiil employer les chameaux pendant toute la route. Les stations par lestjuelles nous passames (^taient Amhabo , Dullul , Sagallo , Sokti et Wardalli- wan. Ce ne sonl, a vral dire, que des stations de ca- ravanes, car il n'y a ni villages, ni aucun lieu habite , du moins pendant cette saison, car le manque d'eau avait foi'c6 les habitants a abandonner tous les points qui se trouvaient sur notre route. Les Danakils sont un peuple errant; ils vont d'un lieu a un autre, suivant qu'ils trouventde I'eau et des paturages pour leurs troupeaux. Ils n'ont point de maisons rdtguli^rement baties, mais des huttesd'^pines qu'ils couvrenten paille ou avec des nattes. La nation se compose de plusieurs tribus , dont je n'ai pu savoir le nombre. La tribu la plus puissante est celle des Shodeitos , qui resident entre Beglol et la mer Rouge dans les environs de I'Efat. II y a une autre tribu nom- m^e Dewine ; elle est en bonne intelligence avec la tribu Wema , a laquelle notre guide appartenait. Notre voyage eut lieu presque en entier a Iravers le pays de ces deux tribus, qui sont souvent en guerre avec les Sbodt^itos. II y a quelques annees, 700 de ces derniers lurenl tu(!!s dans une bataille qui eut lieu pres de la montagne de Badu dans les environs d'Errer; notre guide 6tait de cet endroit. La langue de toutes ces tribus est la meme ; c'est le daucalli qui est parl6 dans une grande etendue de pays, depuis les Somalis jusqu'a Massouah et depuis la cote jusqu'a Efat et au pays des Gallas. La langue des Shohos pri^s Massouah est la meme que celle des Dancalli. Ils sont mahome- tans et trfes attaches a Icar religion; ils conservenl ce- pondant des relations aniicales avec les chrelionsd Elat otde Shoa ; ils portent dans ces pays du ble et de la ( '(ifi ) foile ainsi que du sel a Lfat; ils onl des boucliers el des lances , mais ils n'onl point de filches comme leurs voisins les Somalis qui se servent dans les combats de ilcches cnipoisonnees. Le nom Dancalli ( sinj^ulier, au pluriel Danakil ) est une denomination arabe; ils s'ap- pellcnt cux-memes AITar, ce qui rappelle a Tespnl le mot latin afer : Adael ou Adali est un tcrme lure qui correspond a I'expression gen^rale Francs. Le cinquieme jour de noire voyage , nous revSmes encore le golCe de Tadjourra. Ce golfe s'etcnd pres- qu'aux cbamps sal6s que nous \imes en arrivant a la station de Dal'arreh. Los cbamps sal6s onl environ six niilles de longueur et Irois de largour. Du c6l6 del'O. ils onl I'apparonce de neige , el du cole de I'E. ils resscmblcnl h de I'eau. Avant d'arriver a cette station, nous apercumes diverses indications de volcans qui ont probablement ele la cause elficienle de la formation du golfe nleme et des cbamps sal6s. Ces environs ainsi que plusieurs autres dans lepays de Dancalli seraient Ir^s inleressanls a examiner pour un g^ologue. Les cbamps sal6s fournissenl du sol au pays de Danakil el d'Efal. Si une puissance elrangere 6lail en guerre avec les Danakil , il serail facile de s'emparcr de leur pays, en faisanl entrer des vaissoaux dans le golfe de Tadjourra el en prenanl possession des cbamps sales qui en sont tout pres. Le g^lfe devrait etre auparavant re- connu. La route avant d'arriver aux cbamps sales est mauvaise pour les cbameaux, a cause des pierres qu'on y Irouve , el il est souvent n^cessaire de faire de grands detours , c'est pourquoi ils n'aimenl pas cbarger beau- coup leurs cbameaux. Nous avons Irouve Ic climat Ir^'S cbaud dans celle saison dans les Heux que nous avons visiles, ainsi que ( .67 1 • dans loul Ic voyage en general, jusqu'a noire arriv^e a la riviere llanash. A Dafan'6h, auprfes des champs saljis , le Ihermom^tre monla a io5 et iio degres Farenlieit ( 4o '5, a 43°3 centigrades ). Aupr^s de la riviere Hanash nous avons eu 96" Farenlieit (55° 6). Nous avons cntrepris ce voyage dans la saison la plus chaude , ce qui fit que nous fumes souvent obliges de prendre avec nous de I'eau pour plusieurs jours; dans les autres saisons on Irouve de I'eau presque partout. Apres avoir laiss6 derriere nous les terres salves, nous passames par plusieurs vallees dans les- quelles nous trouvames de I'eau, et nos animaux des paturages. La grande vallee de Gagate est situee a trois ou quatre journees vers le S.-O. des champs sales ; c'est vraiment dommage que de si belles posi- tions ne soient pas cultiv(^es. A Gagate, une caravane qui elail venue avec nous deTadjourra, nous quilta pour aller aAussa, plus vers le N. que nous. Aussaest une des vail^esles plusimpor- tantes de ce pays; elle est situee aupres de I'Anash ou Ilanash, qui forme la un vasle lac, produit par I'eleva- lion du terrain qui arrete le cours de cette riviere. On compte deTadjourra aAussa douze journt^es, dont neul" surle terrltolre d'un puissantGalla le prince d'Argobba, nomme Bera , avec qui le roi de Shoa avail etc en guerre, quelques semaines auparavant. Des posses- sions de Bera jusqu'a Gondar , on compte neuf jour- nees. Ces renseignemenls m'onl ele donnes par un de nos gens. Nous passames ensuite une autre belle vallee , on la nomme Gobaad ; dans ses envii'ons on apercoit la riviere Hanash quand le temps est clair. La brune ne nous permit pas de la voir. Au S.-O. de Gobaad eslRamud^lc, autre belle vallee, ou nous ( i68 ) vfmes pour la premiere fois beaucoup d'anes sauvages, IVolre Danakil en lua nn , en fit cuire une porlion etia mangea avec bon app^lit. Aprfes avoirpass^ Ramudeie, nous traversames une montagne de G a 700 pieds environ d'dlevalion (180 a 210 melres). Nous n'a- vions pas pris lo chemin ordinaire, ayant 616 in- I'onn^s que la Iribu Galoile , qui est en guerre avec les autres tribus, 6tait dans les environs de la route. Apres avoir foil un asscz Idng chemin en lournant, nous arrivames a la station Al'ul , oil Ton trouve au pied de la montagne plusieurs puits deau chaude. Le 18 mai nous arrivames a Mullret, ou habitait le pere de notre guide Muhamed; de ce point nous avions encore dix journ^es de marche pour arrivcr sur les I'ronti^res de I'Efat; nous etions tres pres du pays des Gallas, Alia ct Iltoo , ce qui eftVayait beaucoup notre DancallijCarccs peoples ont souvent attaque et lue ses corapatrioles. D'apres leurs lois, les Gallas sont obliges de tuer un certain nombrc dennemis avant de pouvoir obtenir le rang de chef; c'estpourquoi ils sont toujours en course dans les pays qui les environnent , et ils tuent tous ceux (pi'ils roncontrent. Phis nous appro- chions de la rivifere Hanash , plus nous trouvions le pays peuple. A Great Mulla nous vlmcs pour la pre- miere fois de noire voyage des 6l6phants qui patu- raient sous des arbres. Le 29mai, noustraversamesl'lianash, qui est presque a sec dans celle saison el qui a environ 55 ou 60 pieds (16 a 1 8 metres) de largeur ; ses rives sont haules de i5 aao pieds ( 5 a 6 metres), et sont bordees de beaux arbres, a I'ombie desquels on voit pailro ou se reposer toules sortes d'animaux. Nous vhnes distinctemcnl de la les haules monlagnes de I'Efat , que nous avions deja ( '<'0 ) apercues dans le commeiiceinenl cie notre voynge. Le 3 I nous arrlvames a un endruit oii Ton paie les droits; nousfumesregus parMusa Soleiinan,chef de la douane, et par Abbagos Muhamedj gobverneur de la parlie de I'Argobba qui appartient an roi d'Pjfat. L n messager fut envoy^ au roi, qui reside maintenant a Argobbole , pour rinfonner de noire arriv6e. Je fus rejolnt dans ce lieu quelques jours apr(is par le merae bomnie que j'avais vu un an auparavant a Mocka, ildevailpar- lir dans quelques jours avec une caravane pour aller a Tadjourra; il avail avec lui une jeune esclave et une letlre que le roi I'avait cbarge de ine remeltre h Mocka. Je refusal I'esclave et nous ouvrimes la lettre ; le roi (^crivait que nouspouvioiis venir vers lui, et nous demandait de lui apporler un bon fusil et des reniedes pour les maux d'yeux. Le roi demandait aussi une personne babile a batir, car il voulait faire conslruire une maison et une egiise. Nous esperons voir le roi dans deux ou trois jours; lorsque nous serons admis auprcjs de lui, nous lui ferons connaitre noire but, et nous soUiciterons son assistance et su proteclion. Tableau cioGRAPHiouE et statistique de l'empiue de Maroc , /-><■/;• M. le comte Jacob Graberg de IIemso, o/'/icicr consulaire de L.L. M.M. les rois de Sidle et de Sardaigne (i). Nous avons pr^senle aux lecteurs du Bulletin de In Vo- (i) Specchio gengiajico e stdtistico d'eW iinpero di /)/i/ 4" long. O. du me- ridian de Paris. II a au nord le delroit de Gibraltar et la mer Mediterranee , a I'est I'Algdrie, au sud le Sahara ou grand desert, et a I'ouest I'oc^an Atlanlique. Dans ces limites uaturelles, I'empire de Maroc occupe sur la superficie du globe un espace de 219,400 milles carres italiens de 60 au degre de latitude. Generalement parlant , le Moghreb se divise en royaumes de Fez, de Maroc, de Sedgelmece etde Tafi- let avec les provinces de Darah , Guzul el Sous, Les royaumes de Fezet de Maroc se divisaient d'ordinaire cbacun en dix provinces; malsaujourd'huices deux pro- vinces principales sont adminislr^es partrente gouver- neursou prefets avec un pouvoir plus oumoins illimit^. Le royaume de Tafdet ou des Amazirghis fideles est gouverne par deux cadis, dont Tun reside dans le gros bourg de Tafilet, et I'aulre dans le village de Ressant. Le reste de I'empire obeit a des chefs ind6- pendanls sous la tutMe dun cheik ou chef supreme qui commande aux tribus des Berbfercs et des Chellhus ou Chellochs, etablis dans I'empire. La partie du Moghreb-el-Acsa baignee par la Me- diterranee comprend 270 milles de longueur depuis le lieu dit Tyunt ou Tavunt, c'est-hdire en idiome amazirga Fecuoil , jusqu'au promontoire de Tarf-es- Scbiaccar, ou limile extreme de la vegetation , ancien- nemcnt appelee promontoire Ampelusio ou cap Sjjar tel. De la cette limite s'^tend vers le sud libyen, au-dela de 56o milks jusquau capd'Agulon, limite des ( '7'^ ) populalions indeporulMiilos cle JSiis ol-Acsa.Dansloul ce circuil (Je cotos . 11 n'v a sur la iMecJilerrant-e d'aulre port que celui tie Toluan ou Telouan , aux bouches du petit fleuve iMartil. Sur le dulroil dc Gibraltar est la petite baie dc Al -Cdstir-es-Saghir , et puis celle de Tanger ; sur I'ocean Allanlique on Irouve des ports Ir^s peu siirs. comme Azilla pr6s le fleuve Ajachia ou Ayasah; El-Aiaische ou Larache ou Liiccos , ville situt^se par 55" i 2' 5o" lat. N., 8^ 20' o" long. O. du m^ridien de Paris, a I'eniboucbure du fleuve Luccos ou Luxos; lialnit. par 34" 2' 3o" lat. N., S" 40' o" long. 0. aux bords sud-ouest de la riviere a Burugrcb ou Buregreb; Feidalla ou Fidalla , par 33" 44' o" lat. N. , 9° 5o' o" long. O. dans une ile du uiemc nom ; Dar-el-Beida , par 53" 36' 00" lat. N. , 9° 56' o" long. O. , ou Casa- Bianca , petite ville mur^e ; Azamor ou Azamore, par 32° 17' l-j" lat. iN.. 10" 5o' o" long. O., ville entource de murailles en mines a remboucbure du fleuve Oum- er-Begli, arrivant de I'Atlas; Mazagan, sur la liinite d'une baie sablonneuse, par 34" i4' o" lat. N., 10" 40' o" long. O. pr^s le cap Blanc ; Asfi ou Saffi , au sud du cap Cantin , entre ce cap et le fleuve Tensift, qui arrive de Maroc et prend sa source dans I'Atlas; Mo- gadore ou Mogodore ou Suerah , a I'emboucbure d'une petite riviere peu loin du cap Ger ou Gber, appele par les Amazirghis cap Fermi ou A/'crmi , lequel ter- n)ine un rameau de la Cordilliere des monls Atlas. dependant II n'est pas permis aux navires euro- pi^cns d'aborder a tous ces ports; Ttl^touan , Tanger , El-Araische, Babat (Jasa-Bianca , Mazagan , Saffi et iMogadore sont los souls aujourd'bui oil les Europeens puissent cbarger ou decbargcr leurs baliments. Les Esj)agnols possedent ncaninoins sur la cole seplen- ( <7"' ) Irionale les presides de Ceula, Pognon dc Velez , A I- hacema et Melilia . sans aucune communicalion avec le continent voisin. La baie de Tanger est Ires sure , et ineilleure meme que celle de Gibraltar. La ville de ce nom est siluee par 35° kl' 54" lat. N. , 8° lo' o" long. O. sur une pente escarpee au bord de la mer , h Test du cap Spar- tel, et a I'ouesl de Ceuta. L'etablissement de la mar^e dans les jours de nouvelle lune et de pleine lune est a i'> 36™ le matin , et h s'l apres midi. Les echelles de Tetouan et d'El-Araische sont trfes mauvaises, et leurs habitants ne valent gu^re mieux; ce sont les plus per- lides de tous les indigenes de I'empire niarocain. De petits navires peuvent arriver jusqu'a El Araische et mouiller dans le fleuve. Cos navires sont beaucoup plus en surety a Rabat et a Sale, et peuvent s'y repa- rer et se ravitailler. Ces deux derni^re;; villes reunies comptent 5o,ooo habitants, etont en outre I'avantage d'etre peu eloignees de M^quinez et de Fez, ce qui les rend tr^s vivanles sous le rapport commercial. Mogadore meme, avec ses 17,000 habitants, el bien que pouvant se considerer comme le port et le dtipot de la capitale de I'empire , et du trafic avec Sous et I'Afrique centrale , ne pourrait se comparer a Rabat et a Sale, si ces deux villes avaient un meilleur mouil- lage et si elles possedaient des negociants europeens 6tablis dans leursein. Le principal avantage de Moga- dore est dans sa position avantageuse pour le com- merce avec les Arabes et avec les Maures du Grand Desert , qui apportent a celte ville les riches marclian- dises du Soudan ct des aulros parties inlc'rieures de I'Afrique ccnlralo. La chalne do niontagnosqui dans loute son immense ( '74 ) t^tendue s'cl6ve en pliisieiirs lieux i"i plus do lo.ooo ])ieds au-dossus du niveau de la mer, prciscrvo le pavs dc toules Its inj(uos dos vonls qui anivcnl du Grand Desert, donl le soullle ardent hriiio ct detruit la vege- tation. Pendant toute I'annee les somraets de ces inon- tagnes sonl couverts de neige , et cetlc neige amonce- lee dans les llancs et dans les gorges, donnc nais- sance a une multitude de ruisseaux qui, repandus dans les vallees et les plaines,y maintiennent la fer- tilile et la fraiclieur durant les saisons de I'annee ou le manque de pluie condamnerait le sol a une lo- tale sterilile. La portion de la Cordilliere de i'Allas qui separe les royaumes de Fez et de Maroc du reste d'EI-Mogrcb, commence sur les confins de I'Algerie, desmontsBeni- Ammer au sud du desert d'Angad, et s'6tend jus- qu'aux promonloircs de Ger et de Nun, ou ellc se plonge dans I'Ocean pour se relever dans les lies Ca- naries. Les points les plus eleves se trouvent dans la province d'Ajana , de Todla et de Sous, aux environs de Tarudant, ou le rameau qui se tcrmine au mont Bibauan pr^s le cap Ger se dcilaclie de celui d'Adrar, (pie Ion devrait considei'er comme le vrai type primor- dial de toute la Cordilliere atlanlique. Les sommets des monts Ilentel au nord de la \iile de Maroc sont les j)lus elevcs de toute la chaine ; il y en a qui atteignent 28,000 pieds au-dessus du niveau de la nier. Cest du groupe principal entre les proxinccs d'Ajana etde Ta- rudant que descendent les principaux fleuves du Mo- ghreb, tant ceux qui debouchent dans la Mdditerra- n6e et dans I'ocean Atlanticjue que ceux qui vont se pcrdre dans les sables mouvants du Saliara. Pros de Fez cnlre le fleuve Mulvia ct les sources des fleuves ( i;^ ) Levcn elGuerga ou Varga se tleUiche un autre ramcau clu pelit Alias, Icquel biFiirque cnsuile dans los environs de Teza , el s'elond jusqu'au cap des Tix)is I'ourclios cl celui de Spartel. D'aalres pelils rameaux se delaclient pour former dans la Medllerranee les capsQuilales, Ne- gro et Ceula, el sur I'ocean le Ras-Dura, le cap Blanc, le cap Canliii, le RasFerne ou capGers, el ceux de Tafflane, Agulon el Nun. Les provinces situ6es entre les haules monlagnes et rOcean , surloul au midi du fleuve Sebou , conlien- nenl un nombre infini do \asles et ferlilcs vallees et des plainos, comme celles de Cbiavoia, Temsna , Zerara et Ducalla. 11 y a aussi de belles vallees a Test de Fez : une des plus belles de loutes les plaines du Mogbreb esl sans conlredil celle do C-biara-er-Rumla , qui loucbe au fleuve Luccos ou El-Kos el au Sebou. La circonierence de cette belle plaine ddpasse i5o niilles ilaliens. Nous avons deja nomine les principaux fleuves de celle region, parmi lesquels rOum-er-Beg, le Mulvia et le Tensift pourraient facilemenl devenir navigables et servir avec un grand avantage aux communications inlerieures en donnant la vie a beaucoup de branches d'induslrie , si le gouvernement elait plus t^claire et plus liberal , et si les proprietes etaienl protegees par des lois sages et immuables. Le iMulvia ou Miilva des anciens qui nail sur le fleuve oriental d'une des mon- lagnes de la grande chaine de I'Atlas , el qui a au moins 55o milles de cours, recoil une infinite de ruisseaux et dc torrents a sa droite el a sa gauche, pour aller deboucherdans la Mcdilerranee , peu loin de Tlemsen, limile occidenlale de I'Algc^rie. Le Naccor ou Tanuula des anciens debouche dans la baie de Alhacemas. ( '/fi ) Le M'shern-d-Aschcf el le SchlieJ on Zilis ou -ElAja- cliin , d(^bouclienl clans I'Ocean entre Tniwer et El- Araiche , el olTront nioins d'imporlance ; mais Ic J.ucns qui (lescetul .iu Hill ct forme avec le confluent du Vad- el-Mliluisin , le poit d'El-Araiche, a iin cours de 85 milles et rend Ires ferliles les pays qu'ii arrose. Le Sebou , I'ancien Subiir (\m a ses sources cacliees dans les bois du mont Salelgo ou Salilgo dans la province d'Ajana , ollVe un cours environ de 210 milles ilaliens, et s(^pare une partie de la province d'Azgar de cellc de Hasbat; il regoit a sa droite le Leven , le Verga . I'Ar- dal et TAllanin, eta gaucbe I'Emkez el TOrdom; il a generalement dans son cours un volume d'eau con- siderable; mais il offre beaucoup de lieux ou on peut le passer a gue. II abondeen excelients poissons, prin- cipalement en Iruites , aloses et brocbets. Son em- boucbure pr^s de laquelle est silu6e la ville de Meb- hedia est eniierement ferm^e de sable, ce qui lejend peu propre a favoriser les communications avec Tin- tdrieur. Les environs de Mebbedia et de Mamora sont souvenlinond^s par les eaux du fleuve,qui,ne Irouvant pas nn libre passage pour deboucber dans la mer, submorgont les plaines de la cole , et y formont d'im- menses marais qui . meles avec les eaux de la baute mer, produisent un grand nombre de rocbes salines nalurellcs. D'un autre cote , les sables que I'Oc^an depose et amasse continuellemenl sur la cote , ct qui liniront par rendre inaccessibles tous ces ports et les emboucbures des fleuves, ont tellcment thieve les dunes autour des boucbes de la Sebou el jusque vers celles du Felisle , gros torrent qui lombe dans la mer, peu loin du B/i Mitg/rb , dont les boucbes s<^paront Sale de Rabat , que les eaux de deux aulres fleuves ( '77 ) nonpelils, c osl-a-dirc le But el le />/(-i\rt,s-.v,'(/. nepon- vant reussir ;'i alteindre I'O^ean , onl lorme eiitre le Sebou el le Felisle un grand lac, appele Bat , el qui, dans les temps de pluie , verse ses eaux surabondantes a la Sebou; mais, duranl la majeure parlie de raniiee, resle isole ,.sans issues el par consequent stagnant. Le Bu-regreb, ou plus exaclement Ba-rgaha , c'esl- a-dire ami desbroussailles, qui descend du mont Itala, recoil a sa gauche le ruisseau de Criicru ou de l^'ia?-u , el d^bouche dans la mer enlre Sale el Rabat, comple environ 80 railles de cours el repand la ferlilite dans les lerritoires qu'il traverse. UOiim-er-begh ou VOum-er-r'bie'/i, c'esl-a-diremere de la verdure, des herbes el du prinlemps, fleuve beaucoup plus considerable el, sans nul doute , lo plus majestueux et le plus bienfaisant du Moglireb, le Cusa des Romains, ne dans les monls d'Ajana ou Siz, couvre d'eau les plaines d'Adahbsum dans les provin- ces de Tedla et deTemsna, et passant de la par des val- ines eiroiles, ou se Irouve un beau pont, fertilise, par ses nombreux ruisseaux tributaires, les provincesd'Es- cura, deZerara, Scberagna et Ducalla , auxquelles il sert de limite jusqu'a la mer, ou il deboucbe pres il'A- zamor. En biver el au prinlemps on ne peut le passer a gue ; mais les habitants des campagnes environnanlcs transporlenl les personnes et les objets de transport sur des esp^ces de radeaux en joncs, soutenus par des oulros gonfl^es. La lonj^ueur du fleuve est d'environ igo milles et ses eauxabondenl en excellenls poissons. 11 rec^oit a droile et a gauche un grand nombre de ri- vieres , enlre aulres la Denia el le Fad-el-Abid ou ri- viere des esclaves. Enlre les provinces de Schedina el Abda ooulc le Xlir. MAhS. 4- 1'^ ( '78 ) (\eu\'eTe/isiff, ((ni vcnanldes inonis Annimmei , passe dans le voisinat^e de la ville de Maroc , roroil siir sa gauche les riviuresde ^Ighnidt o\i Hamatz, Sei/-c/-ine//, Evfifn ou Enj:s , Schioiishiava on Issn^'a , pour gagner 1 1 mer entre Safli el Suira , au pied du Gebel llliahid, ou niont de I'er. Son cours esl d'environ 180 milJes , a cause de ses grandes sinuosilos. Gen^ralemenl il esl trfes abondant et profond ; neanmoins en beaucoup d'endroils, on peut le passer a gue ; pr^s de Maroc il esl Iravers^ par un ponl de vy arches, une des plus belles conslructionsde ce genre qui exislenlen Afrique. Enfin , le Sus ou Sous ne m^riterait guere d'Glre ici nientionne, si! n'elait pas la v^rilable limiledela par- lie meridionale dts possessions du sultan de Maroc. 11 nail dans la Ires haute moulagne do Bibauan ou Hi- bauenne , a I'esl de Tarudanl ; il a un conranl rajiido, il feconde par des canaux un des plus magnifiques pays du monde , pI enlredans la mer, apr(>s un cours d'en- \iron i3o milles ilaliens. II separe nin>i In parlie de Sous, qui relove reellemenl du sullan , de celle qu'on nomine Tesset ou Sns-al-dcsa, quise divise en plusieurs pelilcs seigneuries ou republiques plus ou uioins in- dependanles , donl la plus formidable a pour chef un prince descendant des anciens souverains de Maroc, delrones dans le i7''si^cle paries sheiifs. Ine autre riviere du meme nom do Sns nail plus vers lesud, au monl Ilalem et court dans le centre du Tesset , pour deboucher prfes de la ville de Messa , un peu au nord du cap Aguilon. Le Fad-nun ou fleuveNun, c'est-a-dire fleuve desanguilles, quid^bouche | r^s le cap Nun, est la dernicre limile de ce c6l6 du Moghreb, consid6r6e comme region geographique. Parml les rivieres qui du versant m6ridionaldel*At- ( <7') ^ las (loscondenl vers Iv grand descil , nous cilcrons spu- leraent le Dmh , le Fcrkehi on Fi/e/i, le Zis et le Gh'u: Le climat de loute celle region est un des plus salu- bres et des plus beaux de toutes les conlrees du globe. Les maladies conlapieuses et epidemiques y sont tres rares ; la peste ne s'y monlre point, si ce n'est quand elle yeslapporlce d'Orient. Les chaleurs de I'di^y sont beaucoup moins inlenses qu'on ne pourrait le croire , eu egard a la situation geographique du pays. D'un autre cote la baute cbaine de I'Atlas arrete les vents suffocants du desert, pendant que le voisinage de la mer rafraichit I'atiTiosphfere et repand une brise qui de la cote penetre dansl'interieurdu pays. Les saisons demeurent circonscrites par la secberesse et les pluies. Dans les jours los plus fioids , il est rare devoir geler , si ce n'est sur le baut des montagnes, dont quelques unes sont constamnient couvertes de neige. Bien que, sous la basse latitude de 29", unsi beau ciel feraitnaitre et perfectionner tous les arts, fleurir tous les talents, si ces jardins des Hesperides n'etaient point gardes , comme dans les temps fabuleux, par des monstres a figure bumaine, priv(§s de I'intelligence propre a utili- ser des ricbesses si copieuses. Les productions naturelles sont, pour ainsi dire, en- core vierges pour les naturalistes europeens. Les mon- tagnes recelent des mines d'or d'argent, de cuivre , d'etain , de plomb , de fer et de beaucoup d'autres me- laus ; mais I'indolence du pouvoir et la stupidite des habitants n'ont pas su en tirer parti. D'ininienses fo - rets revetent les vallees ct les flancs des montagnes , surlout des provinces septentrionales ; ce sont desche- nes, des sapins odorants , appel^s dans le pays Ssa/16- bar.ci des gen6vriers thurif^rcs, nommes >7/y?/-, qui at- I 2. ( '8o ] teignent jusqii'a 35 pieds de hauteur. Plus vers le sud on renconlre dcs elcondendrons, dos mimosas, des geni^vros de Plu^nicio ot tonics sortes de bois de char- j)enle. Vers Sous et dans le Talilel regnent les lorets de palmiers et de datliers, qui donnent des fruits ex- celients. Sous un autre gouvernement et sans le mode rui- neux des transports , cette rc^gion in^puisable fourni- rait I'Europe entiAre de ble, d'orge et d'autres comesti- bles. Le raais, le riz, les feves, les pois et toutcs sortes de legumes qui y sont cultises, y viennent en abon- danco; il en est de merae dos olives, de la vigne , du tabac, du chanvre , du coton , dos arbres a gomme, du safran , du sesame , de I'anis, de la coriandre , de la canne a ^ucre , des oranges, des figues et autres fruits des pavs m^ridionaux , plus sp^cialement les amandes, qui forraent une des ricbesscs vog^tales de I'empire. On cultive le lin dans quelques provinces maritimes. La semencine, le fenouil , le tournesol , le pyretre, la coloquinle, lo caprier, le pouliol, viennent surtout dans les provinces du sud. Les fruits sauvages , enlre autres le sidrn ou lotus des ancicns , apjiele par les Maures nufar, les figuiers de I'lnde , les jujubes , !es glands, les arbousiers,les miires et lescaroubes sont egalement communs, ainsi que les plantes medicinales. On cul- tive en outre le dourn, ou IVoment africain le plus nu- tritif . qui rend i 5o a 200 pour un. Le pcuplc en fait du pain , qui constitue presque son unique aliment. Les animaux grands et petits sont innombrables , surtoullesdromadaires , les cbevaux arabes, les mules, les anes , lesbetes bovines, les moutons , les ch^vres, etc. Le gibier pullule dans les bois. Le lion . la pan- there , I'once, la byi'-nc, le singe, le loup ,1a gazelle et ( '8. ) aulies beles lauves peuplent les niontagiies, Ics plaines el les tleserls. Les sangllers abondent partoul et rava- genl souvent lescanipagnes. Paimi les oisoaux il nefaul pas oublier les aulruches, qui se lapprocbent du Sa- bara. Les cigognes , lesb^casses, les grives de marais, sont ici des oiseaux de passage ; mais les caillcs sont fixes etmultiplientarinfini. Malbeiireusement aussi les sauterelles causent souvent des giands maux et devo- renl parfois loule la v^gelalion qu'elles Irouvent sur leur passage. Les liabitants arabes et les Maures des campagnes vivent g6neralemeiit sous deslentes, dont une centaine forme un douar ou village \,^ plus apparenle est au cen- tre et sertde mosquee. Si ce douar est permanent, et place sur un coteau ou une colline, on I'appelle mers, c'est-a-dire bourg. S'il est sur le versanl d'une mon- tagne , on le nomme sluarf\ c'est-a-dire village eminent. Dans les lieux infesl^s par les lions , on entoure les vil- lages d'epines et de ronces dont ces animaux ont grand'- peur. Cbacun de ces \illagcs est gouverne par nusheik, ou cbol ancien ; et si plusieui s villages obeissent a un seul slieik, il prend aloi's le tilre desheik-el-kebir, c'est- c^ dire vieillard ou grand seigneur. Ces sheiks sont cnsuite soumis a des kadis ou gou- verneurs des provinces. Quelques tribus composees d'anciens Arabes etde Maures n'habitent pas sous des' lontes et ne cbangent pas de demeures , mais ont des habitations stables dans certains villages alpestres nommes dascar, qui se composenl de plusieurs mai- sonnettes ou cabanes appelees^'7///i/e, faites de boue et de pierres, el dont les toils sonl couvertsen paille avec un planclier de leuillage. Ces villages , qui lurenl par les anciens ecrivains nommes inapulia, dumol puiiique ( .82 ) mnpitl, qui si^nifie habitations fijces , sonl encore ceux qii'ils d^crivirent parmi les peuples de la Maurilanie. Les Amazirghis vivent encore de celte maniere. U nous rcste a decrire, pour la parlie gtiographique, les villes elprincipaux lieux remarquablesdu Moglirob. Si Ton esceple les vilics imperiales de Fez, Muroc et Moquinez qui servent alternaliv-emenl de residence au souveniio , Tanidant, qui est la capilale de la province de Sous, el les villes maritimes de TcHouan , Tangcr , El-Araische , Sale, Rabat et Mogadore , les aulres ci- tes de remi)ire sent genc^ralement peu importanles. M. Graeb de lleniso entre neanmoins dans quelques develop pemenls sur ces divers lieux; nous ne citerons on oxtrairons que les plus saillanls dans les trois divi- sions qu'il a adoptees, savoir : le royaunie de Fez, celui Maroc et les villes au-dela de I'Atlas du c6t6 dii desert. Royaunie de Fez, Tariger, la Tiiigis des Romains, appel^e par les Maures, Tangia, eslsiluee sur une coUine qui, de la rivit^'re des juifs s'6lentl jusqu'au bord de la mer , a la partiela plus elroitedu dtHroilde Gibralt.ir.a i 2 milles a I'esl du cap Spai tel , el terniinee 5 milles plus loin par la poinle de Malabalta , appel6e par les Arabes lias-el-Menar , c'est-a clire cap du IMiare , du Signal ou de la liinite , oil descend dans la nier un ranieau du Petit Alias qui donne son noui 9' ) chevalier Fricdrichslhal , allache u la legation d'Aulri- che. Cellc lellre, qui conlicnt dcs rcnseignemenls siir la geographic de rAmerique cenlrale, est rcnvoyee an comilt!! dii Bulletin. M. Ejri^s, au nom de la Commission sp• |iui'p\iraiii tiii;;cie iiislilucrat. ■■ 'Miiu'. Lil). VI, r:i\\. xxwi. ( 20f) ) riers jellent un plus grand joui' sur )o pouple guan- clie. Nous voulons parler d'une oxpiWlilion soitio de Lisbonne , el composee de trois vaisseaux sons le coin- niandement du Florentin Angiolino del Teg^liia (i). Elle eut lieu en ir)4i sous le roj^ne dAlpbonse IV, et se dirigca sur les lies Fortunecs : favorisee par un bon vent, cinq jours lui sulTirent pour se rendre sur les coles de eel arcliipel. Ce Irajel , a parlir du cap Saiiil- Vincent, esl eslime a 900 mijles par INicoloso da Recco, pilotc genois. L'ile 011 abordcrent les nouveaux argo- nautes est celle qui Kui- fournil la plus grande parlie de leur chargement; ils s'y procur6renl dts peaux de chevre , du suif , de I'huile de poisson el des depouilles de pboquos. Celle ile devail etre encore Lanccrolle ou Fonlavenlure , si abondanles en chevrcs au Icmps de de la conquele. « Le pays en est fort pcuple et plus que nulle (les aittres iles ^ ^crivaiont en 1^02 les cliapelains de Belhencourt ; on potirrait en prendre cJuKpie an soixante niille ^ et inettre a profit les cnirs et graisses y carc^estmerveille la graissequ'ils rendetit. » C'elail sur I'l- (i) La relation de ce voyage, errile eu lalio , provienl d'lin maniisrrit autograplie du celebre Boccace, conserve dans la l>il)lioth. aia;;linl)ecl\iana de Florence, et piiblie par S. Ciampi aiiqnci on eii doit la decouverte, et <]ni en a donne line traJiirlioii ilaliciiiie avcc des illii'itratIon<. (Voy. A/o- niimenti cfiin inarioscrieto aiitog. e/i messer. Gio. Boccaci da Certaldo^ Trovati ed illust. da Seb. Ciampi. Firenze, G'ws Oallelti , 1827.) On lit en marge du manuirrit : Le Florentin qui commanduit les vait- seniix s'oppelait ytngiolirio del Tegghia de Carbizzi , neveii de Gherar- dino de Gianni; et cet avertisscmeiit , joint au litre de Cakaria et de INSULIS REr.IQDIS CLTRA HISPAIflAM IN OCOEAItO KOVITER REPERTIS », prouve que cehii qui a transcrit ces dociimmts ooniiaissait liieii les rela- tions de famille du rlicf de I'tnlrpprise , el qu'il etait prohiMement f ontpmp'.iriiin des porsoniiagos ritos, car I'exprcssion de noviter repirris , iiouvelltnient retrouvcs , se refere sans doute a laniiee de I'expedition donl la date est aiiisi inonree : XVU. Ka!., dcrem , anno, ab incsn, VerLo. C.CCXM ) ( 2"7 ) fcl do Lobos(i), clans le canal qui s^pare lesdeux gran- (les i!os, que les aventuiiers normanils allalent ohasser les phoques ou loups mav'ins pour la necessite de chaus' sure quit faUoit aux cornpag/ions , comme ils clisent flans leur histoire. ( Hist, de la prein. descouverte et cnnqiicte des Canaries , par Bontier el Le Verrier. ) Le nanateur designe sous le nom de Cannria la se- conde lie que les equipages de I'expedition portugaise visiterent ensuite. Parmi lesnaturels qu'ils curenl oc- casion de voir, les uns porlaient des especes de ta- bliers courts en fibres de palmier ; les aulrcs ^taienl v^tus de peaux de chfevres , et ce costume se rapporte parfailement aux indications des historiens de la con- quete qui s'expriment en ces termcs : Us i'o/it touts jiuds , fors les brayes qui sont de feuilles de palmier] d'autres sont nffuhles de peaux. Le vent porta ensuite les navigateurs surune lie cou- verte de grands arbres(2), probablement celle deFer, rcnommee par ses superbes mocans, ses pins 6lev6s ct ses beaux genevriers. De la ils pass^i-ent a une autre : « abondantc en ruisseaux , garnie de bois , peuplee de pigeons sauvages plus grands que les notres , disent-ils, et meilleurs (3). » Ce passage de la ndation designe (i) La petite ile de Lobos , que Kuntier el Le Veirier designent sous le nom de I'l'i/t' de Loupes. <■ La vUiinent (tint de loups marins que c'esl merveille, » diseiit-ils , et ils assurent que la chaise de ces aiiimaux pou- ▼ait rappoiter par an citiq cents doubles d'or on plus. Mais les phoques , trop inquii'tes par les aventurieis , abaudoniiereiit bieiilot les locliers qui leur servaient de retraite , et fureiit chercher ailleurs uu meilleur gite. (a) ■' In qua nil aliud pr.-eter proceras arbores pturimum atque di-- '< rectas in caelum iuvenerunt. « (3) .. Inde ad abam naviyantes earn rivis et aqui'i opliniis copiosan*' ( 203 ) ivideminonl Tile ile Gom«re, voisine do la procedenlc, el arrosee par de nombeux torrenls. Scs somljres forets servent dc relraite a une belle esp^ce de co- lombe (i) qui so nourril de baies de laurier , ct dont la chair est tres savoureuse. L'iie qu'ils di^couvrirenl cnsuile, aux monlagnes rochcuses, Ires ^levees el couvertes de neige (2),ne peulelre que celle de Palma, la plus haule des Canaries apres T^neriffe, qu'ils indi- qucnt bienlot apr^s, et ou ils n'osercnl debarquer. Ces aventuriers parvinrcnl a s'emparerde qualrena- lurels de I'ile de Canaria.Le narraleur les dt^peinlconime des jeunes gens non circoncis, gais, riants, aux cheveux longs et blonds, d'une intelligence remarquable, fidd- les et pleins de loyaut^. « Ces inxulnires , ajoute-l-il ail- Icurs , sold en goncral rVnne belle prestance , grands , ro- bitstei , cniirageii.v , assez civilises et mains snm>nges que bien des Espagnols. Leurlangne est tres douce; la pronnn- ciation en est vive et precipitee conime Vilalien ; ils comp' tent convne nous en niettant les unites (levant les dizaines.* 11 donne ensuite leur nom de nombre jusqu'Ji 16 , et la plupartde cesnoms ramenes a leur veritable orthogra- phe concordenl avcc ceux des Berber-Schlouhh du Marock occidental , a s'en rapporter du moins aux catalogues de Chenier, de Venture el de Graberg dc Heniso. Toutefois, d'apres la relation dont nous faisons ici une analyse tr^ssuccincte.les habitants de I'archipel " inveneiiint , el in I'adeiu ligua pliirima el paliimLies , quos baculis et » lapiclihiis capiebaiit et cotneJebaut , iiiveveniiit. Hos dicuiit maiores " iiuslris rt giistiii tales ant meliores. » (i) Colttinba latirifora. Nob. [ Voy. tHit. des Cun. ) Zoolofjie , oi- seaux. Pi., 3. (a) III i|iia la|)i(lci iiioules t-iaiit excelsiiiiiiii, et pro niajori teniporis ■■ p:irle iiiibibiis tcdi el in ea pliivia- crelirie. •• ( 209 ) canarien parlaient divers dialectes, etn'avaienl entre eux aucunmoyende communication d'une ile al'aulre. ignorant enti^rement I'art de la navigation. Ces peo- ples vivaient dans des maisons grandes et commodes, constriiites en pierres tailloes, recouvertes de belies charpentes et blanchies a I'int^rieur (i). 11 est fait mention d'un petit temple danslequel les explorateuis liouvferent une statue de pierre repr^sentant un homme qui tenait une boule dans sa main (2). Celte idole fut Iransportee a Lisbonne. Les iles ou ils aborderent etaient la plupart trfes peuplees et bien cultivees; ils y virent des figuiers, des dattiers, du ble , des legumes et des herbages; elles nourrissaient des Iroupeaux de ch^- vres, de moutons et de cochons sauvages. Cette relation de I'expedition portugaise envoy^e aux Canaries en i54i est d'une haute importance his- torique. Le celebre chroniqueur Azurara n'en ditrien dans sa conquete de Giiinee \o) ; mais il fait mention des (i) " Domus vero cum essent pulr^rriniae , et ligius pulcerrimis contec- » tEe iutorsum onines eraiii albissimaB ; laD(|uam ex cypso viderenliir • albala;. •• (a) « Invenerunt et insiiper oraloriiim unum scu teniplnm , in quo » penilus nulla erat pictura , ntc aliiiJ adornameutum pra'ter statnam » uuam ex lapide sculplam , imayiiieiu liominis habentem , midain , fenio- •> ralihus palnieis , more suo', obscena legenlem , manuque pilam te. ■> nenlem. » (3) La chroniqiie de la conquete de Giiint-e, maniiscrlt prerleiix du xv« siecle, que I'on ero\ait perdu, a ete receinnient rt-tiouvee a la BihI. roy. , par M. Ferd. Denis, bibliolhecaiie du minislere de I'inst. publ. , qui en a donne uu fragment accompague de notes fort curieuses dans ses chroniqnes chevaleresq. de FEspag. et du Portiig , t. 2. p. 4 i. et suiv. Gumer Eanez d'Azurara , premier archivisle du Portugal et nu des hommes les plus rem.irquables de sou temps, fut I'auleur de ce liel ou- vrage, si souvent eite par Jesn-do-Barros. Nous sommes heureux de pou- voir annoncer dans cette note que notre collegue, M. le vicomie de San- larem, vapubliercettechrouique, precedee d'une introduction dans laquelle il pourra deveiopper sur un vasle cliamp cet esprit dejudicieuse critique qui I'a si bien guide dans ses aulres ecrits. Les chapitres 68, 79 et 80, doni Xlll. AVRU.. 2. l4 ( 210 ) voyages qui furenl executes sous les auspices de I'in- f'ant D. Henri , /e nai'iga tear. En i4'-*4i ce prince fil explorer les Canaries par D. Ferd. de Castro , qui commandait une flolle a bord de laqucllc on embar- qua 2,5oo liomnios el 120 cbevaiix (i). En rtprenanl riiisloiye de plus haul, nous avons vu que Pline n'avait fait qu'indiquer les anciennes For- tun^es sous le rapport geographique. Apres plusii-urs si^cles de silence , le vague r6cit des Arabes magbrou- rins nous tournit la premiere notion sur le peuple qui vint s'^lablir dans cet arcliipel; mais a mesure que nous nous rapproclions de I'epoque de la conquete , les renseignements deviennent plus precis et mieux cir- constanci(^s, la physlonomie des Aborigones setiessine moins vagucment; degagee d'hypolbese el de fictions, celle nation trop long-temps oubli^c et souvent m<5- connue se montre sous son vrai caractere el dans un etat de civilisation qui correspond aux descriptions des historiens conlemporains. Nous d^signons sous ce litre Bontier et Le Verrier, Cadamosto et Fray Alonzo de Espinosa. Les deux premiers , s'occupant beaucoup plus des fails el gesles du baron normand et des avonluriers qu'il avail entraines a sa suite, qiic de riiistoirc du peuple conquis , ne nous onl Iransmis que fort peu de details sur lout ce qui a trail aux usages; mais Ton il a bien voulii nous rommnniqiier quelqiics extraits contieiiiient des rcH- seiyiiements jileins il'inleret, sur les mcEurs el coutunies iles haliitants des lies de Puliiic ft de la Goniere. (i) L'iiifaiit Don Hnnri voiilail se rend:!' nia ili e d'uno des iles, rjon si n- lement [lour tn fail e uiie i-clielle de iiavii;alion , entre les porls de la nie- tropole el les etablissemenls de romnieire foiidcs snr ia eole d'AIVique, mais aussi pour y maintenir uiie force uavalc qui lu'il faire respecter aii^ besoin, dans res niers. ie pavilion porlufjais. II parait cepeuilant que celle ealreprise ii'eul pas loiil le fueees (ju'on s'etail proniit. ( UM ) peut saisir de loin en loin, dans leiir recit simple et naif, quelques traits generaux de physionomie , de mceurs et de caractere. Les anciens habitants des Canaries y sent d^peints comrae des bommes de belle race, courageux et rus^s, a la I'ois pastein-s et guerriers, soiimis a des chefs h^rdditaires , reconnaissant uno sorte d'aristocratie, parlant divers dialectos, tous issus ^videmmentd'une langue-mere. fiJllez par tout lemonde^ disent-ils, et 'vous netroui'erez ualle part plus belles gens, ne mieux forinez qui sont es isles de par ca , homines el femnies ; et sont de grand entendernent s'lls etissent (jiu leur nionstrast. d Dans le chapitre LXIX ( de la Grand Canarie et des gens qui y sent) , ils ajoutent : « Cen.i qui habitent cette He se disent gentilsliontnies, sans cea.r d'autres conditions ^ ils portent leurs che\'eux liez par der- riere ainsi qu en maniere de tresses, et leurs f'eninies sont bien belles, i, lis signalent la position des bourgs de Telde, d'Argones et d'Arguinegy , dont les mines re- velent encore de nos jours le mode de construction des maisons canariennes. En traitant des naturels de Fontaventure, ils s'expriment en ces termes : v Ce sont gens de haute stature ; a peine les peut-on prendre vifs , car ils courent comnie des licpres. » lis parlent de ceux qu'ils convertirent a la foi chretienne; mais ils ont soin d'observer « qvCils sont moults fennes en leur loy et qu'ils ont temples oil ils font leurs sac>-i/ices. Dans diff6- rents endroils de leur recit, les chapelains de Belhen- court nous montrent ces insulaires jaloux de leur li- berte et combaltant souvent avec avantage des enne- mis bien arm^set aguerris. « -Jnssi, disent-ils, ils nous renvoyerent maintesfois les tetes sanglantes , les bras et janibes rompues de coups de pierre , car il semble que ce soit un carreau d'arbalestre quand ils les jettent. » i4. ( 212 ) La relation deCadamoslo n'a pas ajoul6 grand'chose aux renscignemenls des bisloriens de la conquele. Ce genlilhomme venilicn paiiit du Portugal en i45.5 avec une caravelle du prince Henri le Navigalcur, pour ex- plorer la cote occidontale d'Afrique. A cetle (ipoque Canaria, Tenerille ctPalma, les Irois ilcs les plus im- portantes de I'archipel Canarien, n'etaicnt pas encore soumises : la premiere pouvait r^unir 9,000 conibat- tants et la seconde complait une population de plus de i5,ooo ames. « Cette race d'hommes , dit Cadamosto, est tres courageuse. 11 serait difficile de rencontrcr des gens plus robustes et en meme temps plus lestes et plusadroils; les sauts qu'ils font en francbissant les rocbers surpassent tout ce qu'on pourrait dire; ils Ian- cent une pierre avec une force etonnante et ne man- quent jamais Icurbut. La vigueur deleur bras est telle que quelques coups leur suffisent pour mettre unbou- clier en pieces. » Nousretrouvons dans le r6cit du voja- geur v^nitien le meme peuple que les chapelains de Belbencourt nous ont d6jh fait connaltre. Ce sont tou- jours ceshommes inlrepides dans le combat, bumbles et fiddles apresleur soumission. Mais arrivons a Fray Alonzo Espinosa , qui ecrivit 80 ans environ apr^s la reddition de T^n(5riffe. L'ouvrage quecemoine dominicain fit imprimer a Seville em 5g4 est consacre en grande partie a V Histoire de la miracit- leuse apparition dela vierge de la Chandeleur. Cependant il contient aussi le precis des 6v^nements de la con- (tj Del Origeii y mtlagros tie la Sniitn imiigem tie riucstrn seiiora- de Candelaria, que npartcio en la isia tie TeneriJ'e , con la descripcion de esca isln ; por el R. P Fr. Alon/.o do F.spiiioza , ( tc. Sevilln , tn casa deJiian de Leim , anu de i5f)',.j ( 2.5 ) quete de T«!!n*^rille , avec plusieurs renseignements cu- rieux et aiithentiques sur les anciens habitants decelte ile. Fray Alonzo parle de la maniere d'cnibauraer, et nous apprend qu'iine sorte d'infamle posait sur ceux qu'on employait a vider les cadavres. II explique la forme dugouvernement de T^ndsrilTej il eniimtre les neuf prlncipautes ou Menceyafs, qm subdiviserent I'he- rilage de Tinerf; il indique I'ordre de succession , cite la formule de serment a I'av^nement des Menceys et les c6r6monies en usage dans ces grandes solennit^s. Nous lui sonimes redevables des premieres notions sur les croyances des Guanclies. « Au commencement »du monde, disaient-ils, Dieu cr6a un certain norabre » d'hommes et de femmes avec de la terre et de I'eau , Met leur r^partit les Iroupeaux necessairesaleursubsis- »tance. Plus tard 11 en crea d'autres et ne leur donna >. rien; alors ceux-ci ayant reclame leur part, Dieu leur )> repondit : Servez les nutres et il vous donneront. De 1^ » proviennent les maitres el les serviteurs, c'est-a-dire » les nobles et les roturiers.» — Ainsi le droit divin etail un point de doctrine. Reconnue d'une origine sacree, la noblesse guancbe etait en dehors des conventions humaines et trouvait sa sauvegarde dans la sainlete de la tradition. Ces idees dune caste superieure et privil^giee , qui flattaient I'orgueil des chefs, se sonl propagees aux Ca- naries parmi les descendants des Menceys et des Gua- nart^mes. Los Bencomo et les Doramass'estiment bien plus nobles que los titres de Castille [titidosde Castil/a); et certesles seigneurs de notre epoque n'oseraient leur contcstcr cette supr6matie , car la plupart n'ont dte ennoblis que dopuis la conquete : le domaine usurp^ ( 2 14 ) di's princes j^uanches a 6te convert! pour oux en liefs litiilairos. Frav Alonzo nous apprend encore que les guanches n'aclmeltaienl pas do conslance dans la bravoure ; le plus \aillant pouvait faiblir. lis disaient senlement du guerrier : « Tol jour ilfiU brm>e; » mais en prenant dale du service rendu, ils ne repondaient pas dc I'avenir. Eire brave uncfois nesuflisait pas a la repulalion d'un lionime ; I'opinion publiquo cxigeail plus. « IJni fiih Cuntdiiaja (i). » AUons , failes conime les braves ! Tel elail le cri de guerre en comniencanl le combal , et eel appel au courage, qui reclaniail des nouvelles preuves, s'adressail a lous indislinclemenl. Le P^re Espinosa avail connu les guanches de la principaul^ deGuimar, qui, s'6lanl fails les auxiliaires des conqu^ranls , furent ^pargnds aprfes la souniission des aulres dislricls. Malgre les alliances conlract^es avcG les Espagnols , ce dernier resle de la population in- digene conserva encore long-temps ses nioeurs el ses usages. C/eHl h Candelaria a yVrafo , a Fasnea el dans les aulres parlies de la bandem^ridionale deT(^nerilTe, en remontant de Guimar jusqu'h Cbasna , qu'on re- trouve encore, parmi les villageois, quelques unes des coutumes d^criles par Fray Alonzo. Les expressions de I'ancienne languc qui onl pr^valu, les noms guanches que ccrtaines families portent encore el dont elles se glorifienl , les danses populaires, les cris de joie , la manidre de se procurer le feu, de Iraire les ch^vres, (ij Ces iiiuU oii( t'le Iraduils avec des variaiilfS : Viera, d'aprcs la ver- sion du P. Sosa , tt.pos^rnf. de Can. : dit /Jombres haccJ coino biienos , Xoticids.T. HI, [irol.Viaiia el Oalindu onl tradnit, invstrame con nnimo, failfs jiu'iive dc luuiage ! ( ^'5 ) de preparer le beurre ei lefromage, deinoudrele grain, tout cela subsiste toujours aprcs plus de 5oo ans d'une domination elrangfere. Bien que les Canaries ne soient plus aujourd'luii ce qu'elles furent jadis sous la domi- nation paternelle des Guanartemes et des Menceys , cependant, au milieu du radinement des coutumes , des perfectionnements de I'induslrie , parmi tant de creations nouvelles, et du sein meme des progres de lout genre qui ont faconne Ic pays aux pratiques euro- p^ennes, ameliore le bien-etre de la vie en mullipliant les ressources, d'anciennes coulumes percent encore; I'innovalion leur a porl^ respect etl'invariablc habitude les a perpetu^es d'age en age comme une tradition des temps passes. Ainsi, le systeme agricoleetabli dans les sept lies et les avantages que I'economie rurale en a retires n'ont pas fait renoncer aux pelits moyens. Les produits du sol ont passe par les industrieuses prepa- rations que la pratique et I'exp^rience ont consacrees, mais I'habitant de la campagne, le palre, lelaboureur, tout cc peuple aux moeurs agrestes, toujours fidele a ses habitudes, continue la vie d'autrefois; il torrefieson orge, il la moud lui meme entre les deux pierres he- redilaires piac6es dans son humble reduit , et prefere au pain du riche le go/io de ses aieux, — Le beurre de ch^vre se confectionne a Chasna et dans presque lous les districts du sud de T^nerifTe, d'apr^s I'ancien pro- c6d6 : c'est toujours du lait renferm6 dans une outre suspendue que deux personnes placees h distance se renvoicnt de I'une a I'autre. Les vases qu'on fabrique a Candelaria n'ont vari6 ni de forme ni de nora ; ce sont encore les anciens gdnii^os des indigenes. La peche au flambeau, qui se faisait de nuitle long de la cote , s'opere maintenanl au large sur des ba- ( 2.6 ) teaux months de six hommes, el neanmoins il est en- core des peclieurs de rivage qui , a I'exemple des Guanches, parcourent aux mdmes heures les rochers du littoral avec des torches enflammies pour saisir Ics crabosqu'attirentla lumiereet lespoissonsqui s'appio- chent du bord de I'eau. La peche a la Tahniha est lou- jours en usage, el la plante qui sort h empoisonner les mares conserve son ancien nom (i). I ne parlie de la population habile encore dans les grottes, donl les comparlinients sont toujours formes par des cloisons de roseaux. Le patre excelle encore au tir de la pierre ; il iniite la inaniere de siffler des anciens chevriers ; il aime ces troupeaux originaires dont il cstime la race; inlrepide , infaligable et non moins lesle que ses devanciers , il saisit les ch^vres a la course, se sert de la longue lanco, el glisse sur ce frele appui pour s'elancer du haul des montagnes et franchir avec un aplomb 6lonnant les precipices les plus dangereux. II temoigne son all^gresse par une sorte de rire ind(ifinissablo qui ressemble au cri du bouc , et rappelle ces Alaridos des Guanches dont parlent les auteurs canariens. Les berceaux et les guirlandes de feuillage, la ver- dure et les fleurs qui jonchent le sol dans les rejouis- sances publiques, I'usagc de jeter du grain au visage des nouveaux mari^s, lout cela parail imit6 des indi- genes. Les luttes sont encore ce qu'cllcs furent autre- fois; maintenanl c'est le cur6 et I'alcade qui les pre- sident et inlerposent leur autnriie pour meltre lin aux disputes, commc le faisaient jadisle/('/)r(« el le ^jy^a)/-^. Le costume est reste le meme quant a la forme; hi - (l) Kujihoibiii jiiiculorii. Viiljjo. Tubatbn. manta ou la couverlure de laine plissee autour du col esl venue remplacer a T^neriffe le tamarck des Guan- ches; la longue blouse rayee et le manteau canarien sont des variantes de la houppelande de peau decrite par les liistoriens de la conquete; les has sans dessousde pieds tiennenl lieu de hirinas (i), et les souliers de cuir brut lac^s a la cheville sont les representants des an- ciennes sandales [.vercos). II est loutefois dans le cos- tuine certaines parties qu'il faut ranger parail les in- novalions : par exemple, le bonnet a visiere des gens da peuple a Lancerolte, a Fonlaventure et a Canaria , parait calqu6 sur I'armet des soldats de Bethencourt; le gilet plastronne est une imitation de la cuirasse , et le large calecon de toile a 6t6 emprunte sans doute aux Mograbins, dans les invasions en Afrique sous les Herrera et les Saavedra. Ainsi, le contact europ^en n'a pu effacer les traits caracterlstiques de la nation guanche; les vaincus et les vainqueurs ont forrn^ un nouveau peuple; il y a eu melange de deux races , mais il est facile de faire la partde ces deux origines. Le type africain domine sur la masse; on le reconnait de prime-abord chez les pas- teurs des montagnes et parmi les populations agricoles des hautes valines. Ce sont des hommes au teinthal6, plus ou moins bruns, a la figure ovale et osseuse, aux trails r^guliers , au front saillant et un peu etroit, aux grands \eux vifs , fendus, fonces , quelquefois vcrda- tres , ci la chevelure epaisse, un peu crepue et variant du noir au rouge-brun. Le nez est aquilin sans pro6- minence , les narines sont dilatees , les levres fortes , la boucbe grande , les dents blanches et bien rangees ; (i ; Especes de guetres. ( '-"S ) lu corps est sec et robusle , les muscles fortemenl prononc6s et la taille ordinairement au-dessus de la moyenne. Le regard chez ces insulaires ne dement pas leur bon nalurel; il est plein d'expression chez les femmes et presque provocateur. Humbles et doux en general, mais tres facilement impressionnables , ces yeux melancoliques s'animent d'uii geste ou dun mot el d^celent tous les mouvements de lame ; le visage s'opannuit aux moindres sensations, la joie eclate de loute part; c'ost un rire que rion ne peul plus conte- nir; tous los membres trcpignent el se metlenl a I'u- nisson pour accompagner cetle joie du coeur. Ou bien, c'est le d^sespoir qui s'exhale en sanglots, appelant h son aide tout ce qui peut I'alimentGr, cherclianl des confidents a sa peine el se tourmonlant dans son d6- lire. Ainsi, suivant les impressions qu'il recoil, le sen- timent qui agile ce peuple se manifeste au plus haul degre; mais il y a toujours dans cetle facility de se produire au-dehors un certain calcul, une pens6e arre- t(ie d'avance pour int^resser en sa faveur, captiver I'auditoire , flatter I'elranger ou plaire a son hole , car la ruse perce a travers ce fond de bonhomie et lout cet exterieur de franchise. Mais revenons sur nos pas; interrogeons encore I'histoire pour y chercher de nouvelles notions, ct recapitulons d'abord celles que nous avons deja ac- quises. Les chapeiains de Bethencourt qui virenl i'ancien peuple des iles Fortunees combatlre pour son ind6- pendance purent Tappi^Jjcier lorsquo , tout a ses cou- lumes, il n'avait pas encore ^prouve I'inlluence d'une autre civilisation. Cada Mosto, qui visila les Canaries un demi-siccle apres I'invasion des avcnluriers nor- ( '-^'9 ) inands, observa ce meme peuple regi par d'aulres lois. Le fief que Bethencoui't s'^tait adjug^ par droit de conquele avait passe en d'autres mains, et la moili6 de rarchipel reconnaissait don Diego de Herrera pour son seigneur et maitre. Toutel'ois, Tenet ilTe, Grand- Canaria et Palma avaient su d^fendre leur liberie con- Ire d'injusles agressions, et le voyageur venitien ne put parler de cos pays que sur le rapport de quelques prisonniers chr^tiens ^chappes a I'esclavage. Quarante ans plus tard, la domination etrang^re elendait sa puissance, les trois dernleres lies subissaient le joug , et Fernandez de Lugo plantait I'etendard de Castille jusque dans les derniers retranchements de ce peuple de braves qui lui avait dispute le terrain pied a pied. Un si^cle s'etait 6coul(5 depuis celte victoire , lorsque Fray Alonzo, Iransporle d'un saint zele, vint precher rfivangile aux mallieureux debris de la nation guan- che , et recueillir des anciens pasteurs de Guimar les traditions de leurs aieux. Apres les 6crivains de cos trois epoques, plusieurs aulrcs s'occuperent des primitifs babitants des Cana- ries; mais ce n'est qu'avec beaucoup de reserve qu'on doit admellre a tilre de renseignements celte foule d'ouvragesimprimes ouin^dits, qui, dans le coursdes xvu'^ et xvih" siecles , vinrent grossir les annales d'un peuple que la guerre et I'esclavage avaient decim^s. Ces difl'erenles productions ne meritent pas toulcs la meme confiance , et il n'est pas facile de reconsUuire lout un passe avec des mat^rianx puises a des sources obscures. Pour arriver a la connaisance de la v^rit6 avec ces elements belerogencs, il faut faire la part a chacun des notions Iradilionnellesqu'il apu recueillir, de ce qu'il a lire des actes notaries, dos arcblves des ( •2'20 ) premieres municipalil^s [ayuntamientos) , des regislres des conseils g^n^raux [cabihlos) ou des ecrils de ses devanciers; car, a partir de la conqu6te , el apres ceux qui racont^rent co qu'ils avalenl vu. nous n'avons plus, pour nous servir de guide, que les livres ou les raanuscrits de ceux qui compilerent les auteurs con- lemporains. Or, les compilaleurs proc(^derent tous de la monie mani^re; ils se copiferent successivemont en aclnieltant tout sans examen , et souvent sans ci- tations. II est cepcndant plusieurs distinctions 4 faire parmi ces ecrivains; inais nous ne parlerons ici que du ba- chelier don Antonio Viana, auteur d'un poeme histo- rique sur les antiquites canariennes (i) , dans lequel il traite plus sp^ciaiement de la conqu6te de T^neriffe , sa palrie. Get ouvrage, qu'on imprima a Seville en 1 6o4, est devenu aussi rare que Ic manuscrit. L'auteur le de- dia a Don Juan Gucrra de Ajala , seigneur du Val de Guerra et noble descendant d'un des compagnons de I'Adelantado Don Alonzo Fernandez de Lugo. Viana puisa la majeure partie de ses renseignements dans le livre du Pere Espinosa et dans les archives de la fa- mille des Ayala. Nous devons a ses recherches un grand nombre de noms propres qu'il a sauves de I'ou- bli , quelques phrases de I'ancienne langue transmises en rimes , et les traditions des conqu^ranls embellies du charme de la po^sie. S'll n'y avail Irop de danger (i) « Antiguedades lie las isbs Afoilmiadas dt> la i,ran Cauaria ; en » verso suflto v octava riina : DirigiJo al C:a|)ilan Don Juan de rjucrra de •• Ayala; seflor del Mayora/.go del Valle dcGiiena, por el liacliiller Don ■■ Antonio de Viana, natural de la Ciiidad de la Lagiina en Tenerifc. ■• Impreso en .Sevilla por Barlholome Oonier de Pa.-lrana. Ano de 1604. ( 22l) jDour I'historien de croire un poete sur parole , i'ou- vrage de Viana pourrait nous fournlr les renseigne- mentslesplus varies. Cependant, aparl sesnombreuses licences, on doit lui tenir compte de ce qu'il a ecrit d'apr^s des t^moignages authentiques. (I Les soins du troupeau et le choix des meilleurs herbages, nous dit-il, 6taient pour les Guanches des devoirs importants; aussi , ils y mettaient toute leur science. Ces hardis pasteurs pouvaient rassembler en quelques instants tout le b^tail disperse dans la mon- tagne ; ils le comptaient d'un coup d'oeil , et savaient distinguer cntre mille brebis I'agneau de chaque mere. Le berger charmail ses loisirs sur sa flute champelre , chantait ses amours ou les combats de ses peres. » Cctte vie pastorale , cette existence des premiers temps ont inspire a Viana les plus belles pages de son poeme. Le gracieux Cervantes n'aurait pas desavou6 ces bucoliques dont nous allons reproduire un frag- ment des plus remarquables parson originalite. C'est r^pisode du prince Zebensui que Viana a versifi^ d'a- pr6s les traditions recueillies par Fray Alonzo. 0 Zebenzui , que les Espagnols surnommerent le PaiH're-Hidali^o, commandait en despole dans une pe- tite principaule siluee enlre les montagnes d'Anaga et de T^gueste, vers la pointe la plus scplentrionale de Ten^rilTe, Jeune et audacieux, il poussa la t^m^rit^ et Tabus de la force jusqu'aux actions les plus coupables, opprimant ses vassaux et leur enlevant le fruit de leurs labeurs. Des rapines sans cesse renouvel^es dans les bergeries du voisinage I'avaient rendu le fleau de la contr^o , lorsque les pasteursalarm^sr^solurentd'aller implorer le puissant Bencomo jiour mettre un terme ( 2 29 ) au brigandage donl ils etaicnl les victimes. Mais le vieux Mencev , voulanl concilier I'honneur de sa race avec les devoirs de la justice , prit soudain une resolu- tion digne de son caractfere. 11 part de la vallee de Tahoro , et s'engage soul dans des senliers pnu fre- quenlespour traverser en quelqueslieures une distance de huit lieues, et surprendre Zebenzui en flagrant d6lit. Arrive brusquement dans la grotte du" prince , il le Irouve achevant son repas et depe^ant un che- vreau qu'il avait derob^ la veille. A cette apparition subite Zebenzui reste petrifie; il reconnalt le grand Bencomo, que ses vertus et sa sagesse onl eleve au rang supreme : « Quebelu , lui dit-il en se prosternant, la presence en ces lieux et a cette lieure me reinplit de confusion; toi, le premierparnii les Menceys, dans celte humble demeure !...Que puis-je t'offrirdans ma misere pour me rendre digne de cet lionneur? Permets du moins que je m'absente quelques instants, et bientot je te traiterai comme tu le m^rites en te rendant les devoirs de Thospitalite. » — Mais Bencomo le retient par le bras au moment qu'il allait franchir le seuil de la grotte, et fixant sur lui un regard severe, il lui re- pond en ces termes : — Reste, Zebenzui, et ne va pas voler le bien d'autrui pour m'en I'aire olFrande ; reconnais ton 6garemcnt , ct souviens-toi que le prince ne doit pas se nourrir aux d6pens de ses vassaux. Donne-moi de Teau et du golio, c'est la nourrilure du pasleur. » Alors Zebenzui, tout confus, lui pr^sente le gofio et I'eau en s'excusant de manquer de sel. Le Mencey le delaie lui-meme et continue ainsi en savourant ce mets grossier : — O Zebenzui, si tu savais apprecier le gout de la farine p6lrie par des mains pures, et que ( 2 20 ) les larmes du pauvre n'ont pas huinectee ! Les brebis grasses , cuiles clans le lait , les tendres agneaux arra- clies violement du sein de leurs meres et ravis au ber- ger sans defense, sans te faire plus riclie, miserable prince, te renilront lopprobre des liens et I'execration de tes sujets. » — Le Mencey se Ifeve en achevant ces paroles, et s'elangant hors de la grotte, il reprend le chemin de la montagne et disparait aussilot. Nous sommes loin sans doute d'avoir reproduit les graces naives qui font le cliarme du vieux recit. Les fleurs que Viana a semees sur le sol de la patrie per- dent de leur forme et de leur couleur en passant sur une terre etrangcre; une traduction n'est que le revers d'un tapis. Laissons au poele son style inimit;ible , et n'envisageons, dans ce drame palpitant d'interet, que riiistoire simplement dite , degagee des prestiges du merveilleux et de I'enthouslasme poetique. Ainsi , sans prendre a la kttre le portrait qu'il nous fait de Bencomo , en ramenant a leur plus simple expression la pliysionom ie et la lournure du vieux Mencey d'Jluro- topala ( Orotava , on peut en deduire un assez bon type. Malheureusement Viana, s'aulorisant d'un conte populaire auquel il elait loin sans doute d'ajoutcr foi , a laisse au h6ros guanche sa taille gigantesque de sept coudees et ses quatre vingts dents. « Bencomo , dit le poete , etait bel homme, grand et » robuste de corps ; les rides de la vieillesse et les soucis » de la guerre sillonnaient son front chauve , bien qu'il »eut encore de longs cheveux. II avail I'air riant, mal- »gr6 son aspect sauvage et son leint brun. Son coup » d'ceil elait rapide, ses yeux vifs el noirs, ornes de gran- 1) des paupieres et d'epais sourcils; son nez bien fail, » quoiqu'a larges narines ; sa moustache , bien fournie , xn'ombrageait qu'en partie de grosses levres qui lais- ( 224 ) Bsaienl voir uno raiigee de dents brillanles d'email . »Sa barbe blanche lui descendait presqiie jusqii'a la sceinture, et ses bras nerveux elaienl couverls do ci- » Ciilrices. Encore leste et aclil", plein de hautes pensees, nil etail sdvere, modeste , grave, prudent, et surlout »d'une arrogance extreme. » ( Viana, chap. III. ) La bcaute des fenimes guanchessert souventde Icxte aux inspirations podtiques du bachelier. Parmi celles dont il depeint les trails figurent Dacil , Rosalva et Guaciniara. La princesse Dacil, au port noble et gracioux , 6tail lille de Mencey Bencomo : « de pclils soiircils do- » res , nous dit Viana, se dessinaient sur son beau » front, de longues paupitjres erabellissaient ses yeux »jaloux, et ses joues etaient colorees d'un vif in- » carnal, n Rosalva etait, selon le poete, une belle blonde au md- lancolique regard. Dans Guacimara au contraireil nous ddipeinta une brune aux yeux noirs, que la nature avail dot^e de I'^nergie des homnies. » Mais dans ces trois por- traits, Viana ne nousmontre que des varieles decetype de race au teint plus ou moins blanc , aux longs che- veux, au nez effde, aux l^vres grosses et courtes (\). On aurait tort de croire que Timagination du poete ait fait tous les frais de ces descriptions; car, bien qu'il alt mis en oeuvre les ressources du style pour flatter a sa maniere les portraits de ses h6ros , il est pourtant certains traits caracterisliques emprunl^s aux traditions qu'il s'est attache a reproduire , et ce sent ceux-la qu'il nous importait de signaler. Au temps (i) Nivelada iiariz , l)ooa pequena Minero ile pieriosas marfjaiilas , dial (le coral cercada de dos labios Ornosos y i'i>''losde color purpurea. Viana. Cant. lU. ( 225 ) de Vlana on gardait encore dans les families des conqueranls tous les souvenirs du la conquele. Plu- sieurs freres d'armes d'Alonzo de Lugo s'etaient allies aux fdles des princes guanches ; le capilalnc Garcia del Castillo, qui fut bless^ et fait prisonnier au fameux combat d'Acentejo , ^pousa la belle Dacil (i). Le sang- de Tinerf se rnela a celni de Castille , dit Viera dans ses notices ; un des anciens Menceys de T^neriffe , qu'on baplisa du nom de Pierre , et qui fut appele depuis don Pedro de Adexe , contracta mariage avec dona Maria de Lugo , parente de V Adelantado , et huit enfants furent le fruit de celte union (2), Maciot de Bethencourt, qui succeda a son oncle Joan dans le gouvernemcnt des trois premieres lies conquises , avait donne I'exemple de ces alliances en ^pousant la fille du roi de Lancerotle, et Prud'homme de Be- thencourt qui prit pour femme la ni^ce d'un Guanar- teme (3) , perpetua aux Canaries le nom du baron normand. Les annales historiques, a partir de I't^tablissemcnt des Europeens, fournissent de nombreuses preuves de la fusion des deux races. Apres la pacification , les soldats suivirenl I'exemple des chefs et se cherche- rent des compagnes parmi le peuple vaincu. Le type guanche dut se reproduire chez les enfants qui provin- rent de ces alliances , et le poete Viana , qui fut con- (i) Yiana. Cbant. XVI. (aj Viera. Noticias de la hisCoria general de las islas dc Canarias. T. HI , prologue. (3j Cette princesse fut appelt-e depiiis Dona Luisa ■• de Doita Liiisa , dit Viera , descienden los Berthencoiires de Gaidar y de su hemaiia y(ti- tindara la lima de los Cabrejas de Lanzarote," Noticias. T. II , p. fij'. IXII, AVRIL. 3. ■ li ( 2 20 ) temporaiii do celle generation, put s'inspirer des souvenirs r(^cenls et de la physionomic dii people qui avail conserve lous les caract6res de son origine. Aujourd'hui encore, on retrouve dans I'insulaire des Canaries, le porl, l;i figure, les couliimes el les inocurs dii Guanchc. II n'a plus ses croyances ; il a oublie son langage dont il ne prononce plus que quelques niols allert^s ; raais il I'imile encore dans son os- lume ; il conserve ses habitudes el ses maniL'res. Doux, prevcnanl clpalelin, il est conime lui humble, insi- nuant el rus(i , passanl de la joie la plus expansive a la Iristcsse la plus concenlree ; hardi jusqu'a la Idmo- rile dans Ic danger le plus imminenl, ou mofiant et crainlif pour des riens ; ami du jeu, du chant el de la danse, passionne pour tons les exercices gymnasli- ques, brise aux plus rudes Iravaux el loujours infali- gable; grave dans son mainlien , simple dans sos gouts, senlencieux et reserve dans ses paroles, lei est le campagnard des Canaries habilanl le hameau , isol(5 dans sa grolle ou parqud dans les monlagnes. Disons-le a I'honncur de ccs braves insulaires : leur race tient bien plus du Guanche que de TEspagnoI. Le stylet andaloux, que les paysans canariens porlent liabiUiellemenl a leur ceinlure, ne leur scrt guere que pour tailler des courroies; les coups de couteau sont inconnus des Islenos, et le baton est la soule arme a la- quelle ils ont recours pour vider leurs querelles. Deux reparties aclieveronl celle esquisse. In riche proprietaire de Teiicriffe, consultant un jour son vieux fermier sur la nioralile un peu equivoque du ma- jordome de la ferme, n'cn put obtenir que celle reponse : « Si /"fH'ais r>ta laiigiie a Teneiif'fe et ma Icte a la GnmeiT , je Tnn.s dirai.s cr fjn'i/ est. » In laboureur f 2.7 ) qui reccvait des reprochcs do sa fomme siir la Irop grande quanlile de Ijlequ'il avail semee dansun champ lui dit d'un Ion d'oracle : « Fa, sn/s tranquille, si la terre a trap /ecu, elle aura honte de iie pas reiulre. » N'y a-l-il pus dans ce peu de niols quelque chose de tres caracl^rislique ? Mais examinons les actions de risleiio , mainlenanl surtoiit que sa physionomie, ses coulumes et ses discours nous r^velent son ancicnna orjgine. L'hospltalite la plus franche , la v^n^ralion pour la vieillesse, le respect filial et Tainour de ses proches sent des vertus h^r^ditaires que les Guanclies ont le- guees a leurs neveux. Nous avons vu dans les plus mi- s6rables chaumieres de pauvres chevriers partager avec Tetranger leur golio et leur laitage , et ne lui deman- der en echange que sa benediction pour leurs enfants. Du plus loin que I'lsleno voit venir son vieux pere , il s'arrete pour I'attendre, descend de sa mule et s'age- nouille pour lui baiser la main. Voila bien les descen- dants de ces barbares qui estoient si remplis de vertus naturelles et d'honneste simplicite , comme disaient in- g^nument les chapelains de Bethencourt. 11 est con- solant pour I'hisloire de Ihumanite de voir ces moeurs patriarcales se conserver incorruptibles au sein de la societe moderne; car ces belles qualites se sont pro- pag6es avec le sang d'une race pure. Les conqueranls du xve si^cle, ces hommes fanatiques et impitoyables , qui viol^rent les lois les plus sacrees , qui ne procede- renl que par le meurtre et le saccage , pouvaient-ils inspirer aux vaincus des sentiments de vertu et de sa- gesse,euxqui, au m^pris des droits des nations et de la I'oi jur(ie, se montr^rent perfides et inhumaius , i5. ( 228 ) eii?; qui nc suienl rien respecter, pas lueine lours pra- pres sevmenls. S. Bertuei.ot. Loinbock , Ball) ., Sitmbawa. — Lc conniierce des t'schu'es nvec Bourbon. — Les Uoitguis j leiir genie , Iciir puis- sance dans la Malaisie. L'lle de Loinbock est gouvernee par un raja , Irt- Ijutaire du sultan Cerang dans I'ile de Java ; ce raja reside dans la petite villo de Malaran , situ^e sur la cole Quest, Le sol de Lombock est Iris fertile; il offre des plaines (itendues parfaltement cullivdes, et les ba- bilants sont renomm^s pour leurs moeurs douces et paisiblcs. L'lle de Bally n'est separ6e de Lombock que par un bras de mer, qui prend le nom de d6- Iroit de Bally, et sa population forme un parfaitcon- trasle avcc celle de celte derniire ile : autant les ha- bitants de Lombock sont inoffensifs , autant ceux de Bally sont turbulents et hostiles; ils aiment la guerre, le pillage, les aventuros perilleuses; ils font des es- claves sur leurs ennemis, vendent leurs propres ser- viteurs , ci nc se font aucun scrupule de surprendre et d'enlever les navircs , lorsqu'ils en trouvent I'oc- casion. Leur ile rst une terre montagncuse , et cou- verte de sombres ol epaisses forels; elle est peupl^ de bergers et de chasseurs; tandis que Lombock est un pays de plaines d^couvertes, habitues par des la- boureurs. Ceci est un exemple , en petit, de la diffe- rence de mtEurs que Ton remarque partout cntre les ( 229 ) peuples pasleurs et les peuples cultivateurs ; les pre- miers puisent dans la vie solitaire et nomade , au mi lieu de leuis monlagnes, une Anergic farouche, et dans leur pauvretd le besoin du pillage ; tandis que les iiabitants des plaines , trouvant dans leurs travaux une existence assurde, contractent le germe de ver- tus sociales dans des villages et des hameaux. Le commerce principal de Lombock, celui qui peut ^tre d'une grande utilite pour notre colonic de Bour- bon, consiste en riz, que I'on dolt venir chercher d^ septembre en novembre ; on peut I'acheter a fort bon comple , si Ton a eu soln de se procurer des objets d'^change , tels que poudre , fusils, pistolets, fer. acier, grosse quincaillerie , calicots ordinaires , in- diennes a grands ramages , quelques satins ouvrages de la Chine , et surtout des monnaies de cuivn? chi- iioises (caussings), des piastres espagnoles et des rou- pies indiennes ou javanaises. On y trouvera , suilout apres les recollcs , une grande abon*dance de riz , de la viande seche de eerf et de cochon sauvage , quel- ques peaux et des chevaux. Mais il est une autre branche de commerce peu con- ■nue en Europe, sur laquelle nous allons donner quel- ques details; commerce abominable, qui, heureuse- ment pour I'humanit^, s'annihilede jour en jour. On fait des esclaves dans loutes ces lies; on les achete pour servir comme domestiques ou comme cultiva- teurs. Tous les rajas poss^dent des esclaves en plus ou moins grand nombre, selon lour richesse; ce sont quelquefois des Malais d'autres lies, pris par des pira- tes; quelquefois des habitants de I'inlerieurdes gran- des lerres , vendus par des tribus viclorleuses de leurs ennemis, ou des serviteurs vendus par leurs mailres. ; 'iHo ) Bally, Timor fournissaient naguciv; un grand noni- bre de ces esclaves, que les Francais el les Porlugals achelaient pour leurs etablissemenls. Les Porlugais les prenaient surtout a Timor-Dely et les exporlaient a Macao , a Goa , et jusqu'a Rio Janeiro, oii Ton en voit encore beaucoup. Les Frangais de I'ile Bourbon imit&rent cet cxem- ple : et quand la Iraite sur la cote d'AIVique devint difficile, ils firent celle des Malais par conlrebande. Ces speculations craployaicnt chaque annee qualre a cinq navires de i5o a 200 lonneaux , briks lagers et fins voiliers, montes de vingl ei vingl-cinq horames d'e- quipage. Ces op ) Bouro , et dont la hauteur a 6t6 calcul6e a a,«oo me- tres. Bouro est une des grandes lies des Moluques, regie par un resident hollandais, qui a lo litre de sous- gouverneur. Sa partie orientale est 6lev6e. On y voit un fort sur lequel flotte Ic pavilion hollandais ; un beau village au bord de la plage , et un bon port (Cajelli) , ou los navires peuvent se procurer de I'eau et des vivros a meiileur marched, dil-on, que dans tout autre endroit deces parages. La cole de Bourou est par- lout trfes saine , et peut s'apj)rocher de fort pr^s. Sur la rive orientale on trouve plusieurs havres, baies ou anses, qui off rent d'excellents abris aux navires, el dont le India Directory indique les positions ; loulefois il est plus prudent d'eviter ces relaches et le passage du detroit, surtout pour les pelits navires, qui feront bien de prendre leur route par la cote 0. opposee au detroit , a cause de la piraterie des habitants , qui , bien que nioins dangereux que ceux de la cote do Borneo, profitenl cependanl de loules les occasions pour surprendre les embarcalions. II faut dans ces parages elre conslammenl sur ses gardes et prendre loules les precautions necessaires pour se meltre a I'abri d'un coup de main de la part des Malais. C'est des environs d'une bale de Tile de Bouro ( Cajelli ) que Ton retire cette huile, si utile dans les prepara- tions pharmaceutiques sous le nom de cayaponti (bois blanc ) de Bouro ; mais les Hollandais s'iitanl reserve I'exploilation de celle denree, lours navires seuls sonl admis dans celle baie, el les })a\illons elranguis nc sonl rcgus que dans le cas de grosses avaries. Un detroit st^pare Bouro des lies de XuUa , au nom- bre de Irois. iNotre navire se dirigca vers la plus pe- tite el la plus orientale , designee sous le nom (\o ( '^'^1 ) Xulla-Bessey (la petite Xulla) ; elle est d'une moyenne elevation , et ses rivages sont profondement decoup^s par des baies et des criques, qui s'enfoncent de toutes parts dans I'interieur des terres. Le lendemain nous apercumes Oby , autre petite Sle a Test de Xulla- Bessey. Son approche est entl^rement exempte de dan- ger, et la parlie S.-E. de la cote est tout-a-fait plate 5 circonslance commune a la plupart des Moluques , dont generalement une partie du sol est parfaite- ment unie, landis que I'autre s'eleve en montagnes plus ou moins hautes. Ces lies ont d'ailleurs dans leurs formes, dans leurs contours, leurs aspects et I'ensemble de leur construction une singuliere et frap- pante analogie enlre elles; je me bornerai done a dire, qu'aprfes avoir reconnu les iles de Ceram et de My- sol , nous enlreprimes de sortir des archipels entre Gilolo et Waigiou. Je ne saurais rien comparer au charme de cette navigation a travers ces iles, et aux tableaux mer- veilleux qu'une riclie et feconde nature d^roulait 4 chaque instant a nos regards. Toutes ces terres , les unes basses et plates, les aulres escarpees , pyrami- dales ou s'dilevant en pente douce, se paraient uni- form^menl d'une verdure eternelle; les montagnes se couvraient de magnifiques arbres, especes de colosses de la v^g^tation , tandis que des collines doucement ondul^es se couronnaient de palmiers, dont les vents agitaient mollement les feuillages d^coup^s. Parfois nous apercevions pros du rivage une maison construite presque a I'europ^enne, mais entour^e des varandasde rigueur et des batimenls de d^pendance ; c'^tait la de- meure du resident hollandais, veritable sultan du pays. L« soir venait, le cr^puscule succtjdail iV un pompeux ( «58 ) coucher du soleil ; dans ce moment la douceur de I'air , la transparence de ralmosplu're repandalcnt aiiloiir de nous un calme inolTable ; la brise frc^mis- sait dans nos agr^s , et son doux nuirmure ajoulait aux harmonies ct aux charmes de ces belles nulls. Parfois , lorsque nous rangions la cole , la bi-ise nous apporlail les emanallons parfumc^es de la lerre ; el le malin , a peine les premiers rayons de I'aurore commencaienl-ils a sorlir des ilols, que lout scmblait s'animer; sur le rivage , une multitude de cacalofes , des perruches, des perroquels de loutes les couleurs, de loulc grandeur; des nuees d'aulros oiseaux de loute cspece s'^veillaienl , s'agilaient, \oUigeaicnt de branche en branche , el semblaienl par leurs oris et leurs cbanls saluer le retour de I'aslre du jour. Souvent M, Rilltr, excellent niusicien , pendanl ces nuits Iranquilles, s'asseyait sur le couronnement du navire, prenait sa flute et en lirait des sons si me- lodieux , que Tequipage , ronont^^ant au sommeil, venait s'^tendre au pied du grand mat et ecouter en extase ce nouvel Orph^e. On sail quel est le charme de cet instrument au milieu du caluK' de la nuil; il devienl encore bien plus puissant, lorsqu'on en joue dans un bateau sur une ri\iere, ou a bord d'un navire; on peut done juger de relTel que produisail M. Ritler avec son inimitable talent sur nous tous, el surlout sur les malelols, hommes simples , incultes , rudes , mais eminemment impressionnables el exall(is. Ln jour le calme nous surprit au milieu d'un groupe d'lles, dont les j)rincipales sonl designees sous les noms deWvang, Sy angel OEil; les deux dernieres sonl basses et unies, la premiere montagneuse et escarp U K LA DKCOUVERTE LA PLUS IMPORTANTF. EN cioCRAPIIIE. Medaille dor de la valeiir dc i,ooo /raiics. La Soci^t^ oITre une medaille d'or de la valeur de mille francs au vo/ageur qui aura fait, en geographic, pendant le cours de I'ann^e i858, la dicouverte jug6e la plus importante parmicellesdont la Soci(^te aura eu connaissance; il recevra , en outre, le litre de Corres- pondant perpeluel , s'il est etranger, ou celui de Meni- bre, s'il est Frangais, et il jouira de tous les avantages qui sont attaches a ces titres. A defaut de d^couvertes de celte espece , une me- daille d'or du prix de cinq cents francs sera decern6e au -voyageur qui aura adresse pendant le meme temps a la Societe les notions et les communications les plus neuves et les plus utiles au progres de la science. 11 sera port6 de droit, s'il est Stranger, sur la liste des candidats pour la place de corrcspondant. II. I»U1\ F0M)6 PAH S. A. U. I.K DUG DORLtAIVS. M('(/((i//(' dor (te la imleur dc 2,000 frnncs. S. A. R. Ic Hue d'Orleans offre un prix de deux mille francs au navigaleiir ou au voyageiir dont les travaux geogiapliiqiies auront procure, dans Ifi coiirs de i84o. la docouvrrlL' la plus iilik- a I'agricullure , a I'induslrie ou a riuimanile. S. A. R. avant bien voulu charger la Soci^le de g^ographle de d^cerner ce prix, la Soci^l^ s'allachera de preference aux voyages accompagnes d'itin^raires exacts ou d'observalions geograpliiques. III. M\ELLEMEi\TS BARO^ltTRlQLES. Deua mi'dadles d'or de la valeur de \ 00 francs chacune. J^cux mdidailles d'encouragement sont offertes aux auleurs de nivellcmenls baromelriques les plus eten- dus et les plus exacts , tails sur les lignes de partage des caux des grands bassins de la France. Ces medailles, de la valeur de 100 Irancs chacune, seronl d^cern«5!e6 dans la premiere assemblee generale annuellc! de i84i ■ Les m^moires et profds, accompagnes des cotes et des elements des calculs. devront elre deposes au bu- reau de la Commission centrale, au plus tard le 5i decembre 1840. Les funds de ces deux medailles sonl fails par M. Pkhrot , membre de la Socieie. COiNDITlOlNS GfiNtRALES DES CONCOLRS. La Socieie desire que les memoires soient Merits en francais ou en lalin ; cependanl elle laisse aux concur- ( 547 ) renls la faculte d'^crire leurs ouvrages en anglais , en italien , en espagnol ou en portiigais. Tons l«s m^moires envoy^saii concours doivenl filre merits d'unc maniere lisible. L'auteur ne doit point se nommer, nl sur le litre, ni dans \e corps de I'ouvrage. Tons les m^moiies doivenl elre accompagnes d'line devise et dun? billet cachele, sur lequel celle devise se Irouvera repelee , et qui contiendra dans I'inl^rieur le nom de l'auteur el son adresse. Les memoir es resteronl deposes dans les archives de la Societe , iiiais it sera lihre aitx aiiteurs denj'aire lirer des copies ■ Cliaque personne qui deposera un memoire pour le concours est invitee a retirer un r^cepiss6. Tous les membres de la Society peuvent concourir, exceple ceux qui sonl membres de la Conimisiou cen- tra le. Tout ce qui est adresse a la Societe doit elre envoys franc de port , el sous le couverl de M. le president, a Paris, rite de rUnii>ersite , n" '2 0. Paris , le in aviil r 840 NiCROLOGIli. M. Julicn Desjardins, ne a I'ile de France le 'jy juil- lel I 799, vient d'etre enleve a la Societe de geographie qui ['avail adniis depuis quelques mols au nombre de ses membres. II avail montre de bonne lieure son aptitude pour les sciences naturelles; el lorsque sa fa- mille I'envoya en France, h I'age de vingt-un ans, pour y perfectionner ses etudes et ses connaissances, il y rechercha les conseils et y suivit les cours des profes ■ sours los plus recommandables par leur savoir. ( 2/,8 ) L ile de Fiance etail dovenue, sous le rioin d'ilo Maurice , unc des possessions coloniales do I'An- gleterre; mais en romplissant ses devoirs de fidolilii envers le nouveau gouvernement , M. Desjardins con- servait ses inclinalions pour son ancienne palrie. Lorsqu'il ful retourn^ a 1 lie Maurice apres deux ans d'absence, 11 fil a noire Museum il'liisloire nalurelle de nonibrcux envois de planles, de mineraux, de zoologie, conserva ses correspondanccs a\cc nos savanls, donl il 6lail devenu I'eniule et I'ami , et chcrcha 5 rendre ces relations encore plus utiles , en s'atlachanl a develop- per dans la colonic Tamour des slcnces. M. Boulon , dont le nom est cher aux homines qui les cullivent , parlageait des vues si genereuses ; les deux amis desi- raient fonder, au college royal de I'ile Maurice, i^n Museum d'histoire naturelle : ils olfraieul, pour le for- mer, toutes les collections qu'ils poss^daicnt alors en commun, et ils proposaient de consacrer leur temps et leurs soins a onrichir et a faire prosp^rer cet ela- lj]iss(,'mont. Leurs offros ne furent pas acce|)l^es; mais aucune contiarif^ile ne decourageait leur devouement ; ils etaienl convaincus de la n6cessil6 d'offrir a la jeu- nesse studicuse de nouveaux^ sujets d'observation , de donner a ses travaux un stimulant qui leur avail man- qu6 jusqu'alors . d'ouvrir unc carri«re a la plus hono- rable des ambitions , a colle de la gloire que procurcnt les developpemenls el les triomphes de I'lnleHigence. Le vtEu le plus chei- de M. Desjardins elait que la colonic de I'ile Maurice put s'elever au rang des pays les plus civilise'^s : lous ses efforts tendaient a ce but : il agrandissail le domaine des sciences qu'il cullivail lui-meme, et il parvinl a obtcnir par son /.6le louable el peiscveranl la iornialioM dune sociele d'histoire ( 24<) ) natiirclle qui devinl un dcs plus beaux etahlissenients dc I'ile Maurice. On choisit pour la seance d'ouverture I'epoque anni- versaire de la naissance de Cuvier, le '^4 aout 1829, ell'on dd'cida que la seance anuuelle ctpublique aurait lieu chaque ann^e a pared jour. Le nom de Cuvier etait devenu europeen; il jouissait des respects de tout le monde savant; et les Anglais s'associerent aux anciens Frangais de la colonic pour lui rendre un solennel hommage L'illuslre savant, sous les auspices duquel la nouvelle societe seniblait mctlre ses travaux, tut vi- vement sensible a cet honneur: il lui envoya son busle, lui offrit la derniere edition de son Regne animal , el la pr^vint de I'intention ou il 6tail de lui adresser ceux de ses ouvrages qui pourraient lui manquer encore. Comme secretaire de cette Society dont il etait un des principaux fondateurs, Julien Desjardins, travailleur in- fatigable, donnait Texeraple. Doue a la fois d'une intel- ligence puissante etd'une vive imagination, ileniployait son temps, sa fortune a soutenir cette oeuvre, dont les bienfaits se sont fail deja senlir, et il concourait au progres de la science par tous les moyens que lui sug- gerait une ame ardenle pour ce qui est beau, pour ce ({ui est bien, et par ceux que la fortune mettait dans ses mains. Ainsi , tandis que le Museum, la mena- gerie, les sorres du Jardin-du-Roi recevaienl chaque ann6e de nouvellos richesses pour les sciences natu- relles, olTertes avec un noble desint^ressement et avec grandeur, les savants voyageurs recevaienl de M. Des- jardins une hospitality genereuse; ils etaient aides dans leurs recherclies; ils pouvaient disposer de collections prepar^es avcc soin et d'une bibliolheque unique cii son genre; tresors precioux (jue jusqu'alors on aurait ( 25o ) vainement cherch^s :ui-dela desmers, MM. dLrville » Quoy, Gaymard enlre aulres, onl rappel6 avec recon- naissance dans leurs ouvrages ces soinshospilaliers.ces lemoignages d'uiiianit6 , ces rcssources inlellectuelles misesplusd'une fois a leiir disposition ; el dans les ou- vrages des Cuvier.des Blainville.des Bory de Saint-Vin- cenl.dcs Audouin,des Brongniart, des Guerin Mene- ville, des Dejean , des Silbcnnann, etc., le nom de Julien Desjardins est parloiit inscrit en caracteres ineffacabies. L'^mulation scientifiqiie qu'il a fait naitre dans celte colonie est devenue son plus beau litre de gloire , ce- lui dont, avec raison , il etait le plus tier , celui enfin qui I'emportera toujours aux yeux des amis de I'bu- manll6 sur la celebrite que lui ont acquise les genres qu'il a cr66s , et ceux qui lui ont Hi d6di(^s dans les ouvrages des hommes les plus savants de la France et de rAnglelerrc. L'ann^e derni^re , il vint domandor a la France pour ses fds I'instruction dont il connaissait si bien le prix; il voulait qu'ils aimassenl aussi I'ancienne m^re-palrie. II apporlait au Jardin-du-Roi de nou- velles ricliesses , et a I'Acad^mie des sciences des ob- servations m^teorologiques d'une haute ulilite. Lne parlie de ses collections I'avait suivi, et il se propo- sait de publier le fruit de dix-huit ann^es de recher- ches , I'bistoire naturelle do I'ile Maurice , quand la mort est venue le frapper a I'age de (juarante et un ans. L. T. ( y5i ) nEUXIEME SECTION. Actes de la societe* PROCES-VERHAUX DES SEANCES. PR^SIDENCE DE M. ROUX DE ROCHELLE. Seance du 3 cn'ril i84o. Le proces-verbeil cle la deinifere seance est lu el adopts, La Societe philosophique de Philadelphie adresse le volume VI de ses Transactions, et la Societe royale g^ographique de Londres le tome X( i'''' parlie )de son Journal. M. Jomard donne lecture d'une Note qui lui a 6t6 adress^e sur une nouvelle nomenclature geogra- pliique. M, le President communique a la Soci6t6 une Note adressee h M. Berriat Saint-Prix par M. le maire de Putignano dans le royaume de Naples. Cette note est relative a I'usage que Ton fait encore de la langue grecque dans quelques lieux voisins de la ville de Lecce. Get usage ne paralt pas remonler h I'epoque des anciennes colonies de la Grande Grece; mais M. le maire de Putignano regaide cette langue comnie un vestige des elablissemenls formes dans le royaume de Naples par un cei lain nombre de fainilli'S grecqucs , vers Ics derniers temps du nioycn age. Assemblee genevale du lo avril i84o. La Soclete de g(^ographie a lonu sa premi6re Assem- bl6e g6nerale de i84o, le vcndredi lo avril , dans une des salles de I'llolel de-Villc. Pliisieurs savants stran- gers , parnii lesqucls on rcmarquait M. Russegger, conseiller des mines de rcmpereur d'Aulriche, assis- laionl a celte reunion. M. le baron Tupinier, president de la Socid'tS, avanl fail conniiilre que la convocation d'un conseil dont il faitpartie I'empechait d'assister a la seance, I'Assein- blee a ele presidee par M. Iluerne dePommeuse, I'un des vice-presidents. !M. Roux de Rochelle , president de la Commission cenlrale, appelle Tallention de I'Assembl^esur la belle collection de cartes russes oflerlos par M. le comle Demidofl", vice-president de la Sociele. II l^moigne combien la SociStS est reconnaissante d'un si precieux envoi, et il fait ensuite remarqiier I'intSret d'un ou- vage que M. Dc^midoff vienl de j)nblier sur ses voyages dans la Russie meridionale et en Crimee. M. le secretaire fait lecture d'une lettre de M. le capitaine du genie Caretle, membre de la Commission scientifique de I'Algerie. Les details geographiques et archeologiques que cet officier a donnas sur la pro- vince de Constantine sont accueillis avec beaucoup d'inlerel par ]'Y\ss('mbl(ie. M. Jomard, au nom d'une Commission speciale , composcie de MM. Daussy , Eyries, Jomard, Lare- naudi6re et \ alckenaer , presente un rapport sur Ic concours rclalif au Prix annuel propose par la Socielril 1840. Le procfes-verbal de la derniere stance est lu el adopt voulais au contraire enricbir les Antarayes en leur » donnant des marcbandises d'Euiope en ecbange du "superflu de leurs produils. Les explications de ce »Malgaebe pioduisirent un tres bon effet sur I'audi- V toire; los anciens repiocbereiit a Ramourab^ ses pa- » roles peu mesurees , lorsqu'ils apprirent qu'ellcs om'avaient offense, et que d^s le jour nieme j'elais a dispose a quitter le territoire de Manamboundre.n Ramourabe finit par faire des excuses aM. Leguevel, qui, apres avoir reconnu les avanlages que ce pays lui otlraitpour le commerce, conclut un marche avec ce chef; celui-ci en ecbange d'une certaine quantite de marcbandises, parmi lesquelles figuraient dix barils de ]K)udre pesant cliacun 5o livres, lui vendit sur la cole une grande 6tendue de terrain, et lui octroy a la fa- culte d'y construire dfs cases. Le marcbe fut sanc- tionn6 par le sacrifice d'un taureau que les Antarayes se parlagerent, M. Leguevel leur donna, pour celebrer son arriv«!!e, une dame-jeanne d'arrack qu'ils enlev6- renl avec de grandes demonstrations de joie. Depuis Flacourt, aucun blanc n'avait traverse cetle contree, et la j:)lupart des indigenes n'avaient jamais goiile de cette boisson. Cette negociation heureusement termimiie , I'eta- bbsscment I'ut promptement forme, et M. Leguevel vit son commerce prosperer; mais au bout de quatre mois, Ramourabe, qui nelui avail jamais inspire beau- coup de confiance, leva le masque, convoqua une ( 2/0 ) assombMc dii peuple , cl accusa noire compalriole d'avoir violti les coulumcs et soiiill^ la lerre de son pays en y enfouissant des cadavrcs de bccufs morls de nialadie. Malgre I'eloquence de son fulele Reindous, M. Legudvol fut condarane a payer an chef dix bccufs, a faire exhumer les cadavres, el a les faire jeter lout de suile a la mer. Le desagr^ment qu'il venait d'^prouver lui d6mon- tra qu'il devait quitter ce pays; il ecouta done les pro- ])()sitions de Razouma, chef de Mananghare , qui 1 invitait a vcnlr s'^tablir sur son lerritoire. La cession iki terrain pour la construction des batimcnts neces- saires h la Iraite fut faite suivant I'usage. Cepcndant il etait indispensable que M. Leguevel retournat a Ma- nainboundie pour en enlevor ses marcliandiscs ; il put expedicr les plus precieuses a Mananghore. Mais Ic perfidc Mourabe , toujours occupe de son projcl de depouiller I'etranger, lui suscita un nouveau pro- cfes. M. Leguevel avail achete par curiosile des fetiches d'un jongleur malgache , et les avail enfermes dans une malle; Mourabe I'accusa d'etre complice des sor- ciers qui causaient lous les maux possibles aux Anla- rayes, et concluta ce qu'il fill chass6 du pays, payal une amende de trois cents boeufs, et pcrdit son eta- i)lissemont, qui serait incendie avec les fetiches. Les elforls de Reindous el du propre frere de Ra- mourabt^ parvinrenl a faire diminuer I'amende de moilid', el a sauver les marcliandiscs et los cases. M. Leguevel sortit d'un pays qui lui avail 616 si fu- nesle, el courut se refugior a Mananghare, ou le com- merce 6tait beaucoup plus lucralif. Bientot il (juitta cet etablissoment pour un autre situe a Chandcrvi- nangue, qui est au sud do ManambounJre. 11 fallait ( 27» ) passer pres du tcrriloirc de Mourobe ; M. Legm^vel iul encore la viclime de la rapacile do ce chef. II elait a peine dans son nouvcl ^labiissement , que cet im- placable ennemi dirigeacontre lui une expedllionj ses soldals se pr^cipitei^enl siir les cases, forcerent les por- Ics desmagasins, emporlerentlesmarchandiscset em- jnenerenl les bceufs, Le pillage fini , M. Legu^vel , dangereusement blesse , fut transports a la limile da lerriloire de Chandervinangue. II hesilait a contlnuer son voyage vers Manamboundre ou il lui etait enjoint (Taller. II craignait avec raison de se Irouver de nou- voau a la merci d'un homme acharne a lui nuire ; cependant il dit a ses porleurs de poursuivre leur chemin. Quelle fut sa surprise on arrivant d'apprendre que, la veille meme, Mourabe avail 616 deposS , et son jfune frere elu a sa place. Mourabe, ayant voulu resister a cette decision, avail 616 tue a coups de za- Le nouveau chef olfiit sa protection a noire voya- geur dont il avail precedemmenl pris la defense ; celui de Chandervinangue prorait egalement de I'indera- niser de ses perles. Depuis la niorl de Mourabe , M. Leguevcl n'eut plus a se plaindre des Anlarayes; il commerga paisiblemenl avec eux. Ses affaires le rappelant a Bourbon, il revil cette colonic le 19 fe- vrier 1828. Infatigable dans ses entreprises , il mil de nouveau il la voile le i5 mars; son dessein etait d'approvision- ner de marchandises ses posies de Madagascar ; il en avail aussi achele quelques unes pour Anjouan , ou il desirail de relacher pUitot pour revoir ses connais- sances que dans I'inlenlion d'y comuierccr. Une voie ( 27» ) tl'eau consi(l<^i'abl equi scmanifesla lorsqu'il out doiiblsiens, qui ddgaini^rcnt alors leurs sabres, nous d6- » fendraienl au y>ir'i\ de bur vie. » Le gendroux Hussein avail pu soustraire les naufra- gds a la mort , mais ils furenl raenes h la villo , exposes aux injures el aux insultes d'une populace fanalique el grossiere , cnlin vendus au profit du sultan, et r6- duils en esclavage. Ils en sortirent au bout de quelques mois par rintorventiou du [)rinco Hussein, qui avail inslruil son fr6re de Icur malbeur. Le sultan cbargea aussitot le prince Ali , un autre do ses frires, do s'em- barquer pour Moheli avec des marcliandisos deslinoes ( '2/5 ^ a payer 1ft raiiron ck's Franrais qui avaipnt sur\ecu a lenr inforlune. M. Lcguevcl cl SOS coinpagnons eurcnt cle nonvellcs actions de grace a rcndrc a I'inepuisable hospitalild des Anjouanais; ce peiiple bienveillant s'esl conslain- mcnt distingue par sa conduite liumaine cnvers les strangers. Un navire de I'ile Bourbon ayant relach6 h Anjouan pour y fairedes vivres et de I'cau , M. Leguevel s'enlendit avec le capitaine qui remboursa au sultan sesdepcnses. Le 28 mai il debarquait a Manamboundre. Son eta- blissement prosperait; il renoua ses liaisons avec les indigenes, conlinua de commercer jusqu'cn i85o, sans entreprendre de grands voyages. A la fin de cette annee, la nouvelle des evenements de juillet et le desir bien nalurcl de revoir sa palrie, le ramenerent en France, ou il airiva en niai 180 i . II n'a pas eu la pretention d'ecrire un vovage savani, mais on lui dolt la justice de dire que son ouvrage est int^ressant etinstructif. Iln'omet pas une occasion de decrire I'aspect dii pays, les moeurs et les babitu- des du peuplo; il raconte les traditions de ces derniers sauvages, toujours si interessantes pour quiconque veut etudier I'bisloire de riiomnie. On reconnait aise- ment que M. Leguevel n'inventc pas ses narrations , qu'il nc cliarge pas ses portraits, qu'il ne pare pas ses tableaux d'ornements elrangers. II a bien reellement fait im livre de bonne fol ; il ne cbercbe pas a eblouir par ces pbrases a pretention et cos locutions bizarres qui n'attostont le j)lus souvent que la st6rilit6 du fond pourloquel elles sont prodiguees.Pourquoi n'a-t-il pas touioii's ele correct dans sa siniplicile si louable ? L'cxactilude grammalicaleQstd'obligalion impcricuso. Xin. MAI. 2. 18 ( «7i ) Si Ion chcicho iniilllomenl ilaiis 1 owvraj^o do M. Lo- gue\el un aper^u general qui pr^sinle ronsemblo dcs connaissaDccsacquisessur]\Jadagascar, il ncfaut pas liii en I'aire un roprocho, car il a seulemenl voulu publier Jc rcsullal do ses iioUs cl de ses observalions , ayanl. jiige qu'il poiivait elre ulilo. D'aillcurs celle lacune esl heureuseniont reniplie par la nolice dc M. Eugene de Frobcrville, qui esl en tele du prenoicr dcs deux volu- mes que nous venons de passer en revue. M. do Fro- bonillo a deja lu, a divcrses seances de la Soc;el6 de geograpbie, dos notices qui onl ele non seulemenl ecoul^es avec plaisir, mais aussi applaudies. Si raon lomoignago paraissait enlacb6 de partialite parce que CO jeune lill^raleur parle de moi avcc bienveillance , j'eu appcllerai au Icmoignage de lous mcs conlVores. Jo n'ai jamais pass6 pour flalteur ; je m'y prendrais iin pou lard pour faire I'apprenlissage do ce sot ct onuuyeux melier. M. do Froberville a conduit I'bisloire de Madagascar jusqu'aux Ovenenienls qui se sonl passes en i858; ses rccits dissiperonl peul-elrc des ideos fausses propa- gecs par la credulile; nous lo soubailons sincoremenl. Quolqucs mols encore siir lo livro do M. Legui^vel. Commerson , el d'apios lui Modave , Rochon , enfm Raynal, avaienl parle des Rimos, people do nains qui babilo I'inlerieur de Madagascar. Rocbon adresse des rej)rocbes a Flacoui I parce qu'il range Tcxislence dc ce peuple parmi les fables. M. Leguevel prescrile modes- lomcnl uno conjeclure a ce sujel ; il pcnse que la posi- tion du canton iiabile par Ics Belsilos olanl cello que les auleurs onl as'^ignoc un pays des Kimos, on pout regardcr commc vraiseniblable que la tradition con- cornanl ccs nains a pu olre appliqure a cos Belsilos, ( ^75 ) qui, par la lailU', la clie quo pr rent les (\iravaiics. Us I'oiit liai'Cf d'aprt's l»is rensciyuciiinils piis d,ins !<• pays. ( 288 ) laniho qti il fut renconlro par lo docleur Ceconi qui liii ferina les veiix. Les nolos quo jo posscde sui' l'Ab\ssin'ie el leSclioa, !o pays des Adels, la mer Rouge et 1' Arable, sonl ren- fonnecs dans six gros cahiors. Dans cluique pays, dans cliaque villo, sur cliaque marche, nous avons etudie et ndlece que valaionthonimos etinarchandiscs, comment on devra se scrvir des ims et aclieter Ics aulres , nous avons le prix ot le polds de chaque denr^e, selon les cndroils; nous savons quels articles sonl les meilleurs a eclianger. Nous connaissons les caracteres el I'id^e dominanle do cliaque chef, ce qu'il aime cl ce qu'il prefcre. Les femmcs , le clerge, deux puissanls leviers , nous avons tout fait pour nous les rendre lavorablos, el je crois que nous y sommes parvenus. La politique qui fait mouvoir les dillerents princes a ete poiu- nous un sujel serieux d'observation , car c'esl dans la slabilile du j)ouvoir que reside la surete commerciale. 11 est facile en Abyssinie d'obtenir cetle surety lorsqu'onlevoudra; aussi nouspourrons donner tie bons el ulilos renseignemenls sur la politique qui flirige Oubi , le Has Ali et Ouallcd Salasse, les souls souverains de I'llabescu el du Scboa. La geograpliio , la g(''ologie et la mineralogie de ces conlries n'ont pas elci oubliees ; une carte rouliore a 6le dress6e. La medecine a eli jiour moi un point Ires important ot surlout Ires utile. Ce n"cst pas parce que je suis medecin que je le dis; mais dans ce pays un modccin adroit iVia plus a !ni soul que cenl autres personnes reunies. J'ai elpdid avoc soin les maladies de la inor Rougi' et do I'Abyssinio. II y a dos mcxons d\ vi- ler cos fiovres quiluenl lesvoyagcurs el qui onirailjierir ( '-^89 ) Dufev , car que poui rail-on faire s'il y avail a craimlrc pour sa sanle elsa vie? ('.'est du resle ce qui jusqu'a ce jour a fait manquer Lous les ei^ililissemcnls que Ton a voulu former sur les coles de la iner Rouse. Nous pouvons dire que nous avons recherche el eludio loul ce qui se rallache a uno vaste ei)lre()risc civilisa trice el commerciale. Vous savez maintenanl messieurs, quel elail le hut de noire voyage. Les Musulmans de la cole ne I'igno- rent pas; deja ils s'efforcenl de jcter sur nous, sur les rcnseignenicnlsque nous posstidons, sur les Irailes que nous avons fails el que Dufcy a payes de sa vie, loule la defaveur possihle ; je sais meme qn'il y a des Euro- peens jaloux qui ont la faihlossc d'accepter les paroles des Musulmans et de s'en faire les echos. Oh I mon Dieu , qu'ils viennent a moi , lous les renseignemonls que je possede sonl a Icur disposition ; je serai content de diriger leurspas vers les pays Mahesch; car les pro- jets que nous avons commences , je les ahandonne, pourvu qu'on les execute. Nous avons explore les bords do la mer Rouge el de TAbyssinie; Dufey a parcouru Ic Solioa, les Adels,. TArabie , tout cela dans un but, celui d'enlever le haul commerce aux Musulmans et de le donrier a la France. Notes , itini^raires, prix des marchandises, Irailes, echanlillons sonl h\ pour qui voudra executer les demandes de marchandises faites par les negociants et les rois d'Abyssinie. Lier des relations avec les pays Habesch, rattacher a la civilisation europeenne cetle population qui nous d6sire d nous demande, est un hut noble el beau: c'esl [)ar le commerce qu'il faul le faire, el non par le calholicisme ou le protestantismc , commc quelques xiii. MAI. 5. nj ( 29'> ) nns le croienl. Cclto trisle experience religieuse a deja ete lenlec au xv T' siecle par les j(!!suiles , ct I'on cii con- nail la fatale el sanglanle issue. Les querelles reli- fiieuses onl ele pour hoaucoup dans la cluilo tlu pou • \o\v des iN'egus. Que nous imporle aujourd'liui que les Alnssins ne veuillent pas reconnailre I'aulorit^ du pope? lis sont Chretiens, par consequent frercs. Ces [XMiples bons, aflables, allendenl que nous leur por- tions la civilisalion ; faisons-le , messieurs, c'esl chose facile si on le veut ; quant a moi , je suis d^voue a celte JEuvre. Tot ou taicl les projels de Dui'ey, qui sont aussi les miens , seronl executes ; pour ma part je veux punir les Musulmans qui onl tuemon compagnon de voyage, en leur arrachanl le commerce de la mer llouge ct de I'Abyssinie , etdes aujourd'liui je fais appel aux n^go- ciants eui-op^ens quels qu'ils soient. Notice snr la colonie anglaise de fValiz ou BeJise ^ ^g^^' lenient connue sous le noin de Yucatan anglais , ex~ traite dhin voyage inedit fait au jyexifjiie en )852 et i853. Nous croyoiis ulile, dans rintcrrt de la geographic, de repro- (luirc ici uiie Notice sur la colonie anglaise de Waliz ou Belize, egaleinent cotiii'ie sous le nom do Yucatan anglais. Ce docnnieiil, fourni par RI. Ilersant, aiicien consul de I'rance a Campcchc, cl aujourd'liui a I'alma, esl extrait d'lm \oyage inedit fait au Me.xi- queen 1832 et 18;?3. Cette colonie anglaise de Wall/., dont le principal conitneroe consisle dans la vciite des hois d'aciijou , de campi'clie cl de ci;- drc, et dans I'ccaillc de torlue, est siluee au milieu du Yucatan a la liinite nieridionale des Elals iiicxicains sur la cote du goli'cdn Mexique. Coinme elle prend un ) connu, et sur le(iuc! la seo-inpliie manque de rcnseigiiements detailles (I). Origiiie el f'ondation. Les Espagnols s'etaionl a jieine etablis dans li- Nouveau-Monde.qu'ilscbercherenta en eloigner les autresEuropecns, et non contents de leur fermei' I'entrt^e du pays,ils les chasserent de toutes les mers environnantes. Mais les nombreuses ilcs qui se trouvent a remboucbure dela riviere (a laquolle le I'a- mcuxfllbustier Wallice (y ), qui fu I long- temps la terreur de ces eaux, donna son noni),servirent de refuge a des Anglais qui, connaissant la ricbesse du pays, elaient determines a en partager les avanlages avec les Espa- gnols , malgre les efforts que ceux-ci faisaient pour en 6tre les seuls possesseurs. Les navigateurs qui frequentaiont ces cotes , ayant remarque qu'il s'y Irouvait l)eaucoup de bois de lein- ture, proliterenl de celle decouverte , se mirent a ex- ploiter les t'orets, et en tirerent d'immenses benefices. Le gouvernemenl espagnol n'ignorant pas ce qui se passait , tacha d'expulser les nouveaux venus, tanlot aumoycn dcnegociations avec lecabinct anglais, tantot en envoyanl quclques batiments de guerre; mais tout fut inutile. Le minist6re britannique, dont les forces navales ne pouvaient agir dans cet arcbipeldangereux, sul csquiver la question. Quoique prives des secours de ( 1 , Oa Iroiiveia ilaiis ^ollVl■a^e aii;;la!S liililulc Statistic of tJie Colo- nies of llie Dricish j^iiipii if in tkc W'eit-lndies South America , North America, Asin^ Aiis:nil-Aiiii, Afncn ^ \a:^ Ksp3j;iiols ecvlvi'iil Jf'/i/iz . doiil la p- (inDuriallnii rcjiTi-spniul a pen pics a (flic du mot aiij^lais Wallice; de Waliz , on a Liit lUiHize, et eufiii ])clizr ^ aiiisi (pi'oii appelle gcueialiinent la coloiiie anjounriuii. ^ 292 I leur gouvernomenl, lus Anglais smvnt non sculemcnt se defendre , mais purenl bienlol allaqiier les cotes avoisinanles. Expedition espagitole. Leur puissance s'aiigmcntant de jour en jour , les Espagnols prircnl la resolulion do faire une expedilion conlre ceUe colonie naissanle, en envoyant des troupes I'altaquer par terro. En con- sequence, en 1754, 1 5,000 hommcs bien amies et pourvus do lout equipeinent neccssaire , furenl ex- pediefc de Vile Peden , situee a trenle-cinq lieucs dc Belize. Ilsopererenl leur d^barquemenl a une grande distance de la colonie , et arriv^rent sans obstacle jus- qu'a dix lieues de I'emboucbure de la riviere (ou liuit horanies seulement rcnfermes dans un petit fort en bois [Blockhouse) les arreterent dans leur niarcbe). Cetle falhle garnison sul lour resister pendant deux jours, jusqu'a ce que 210 hommcs, la plu- part csclaves, vinrent a leur secours. Alors, ces forces reunies atlaquercnt les Espagnols ot les conlrai- gnirent a prendre la fuite. De cetle epoque pout da- tor I'etablissement de facto de la colonie anglaise de Belize. Trnite de 1763. Plus tard, en 17(50, un Iraite, con- clu a Paris, en legitima la possession. Par cc traite , S. M. C. conceda aux Anglais le droit de s'installor sur la cote, et d'y faire la coupe des bois , a la condi- tion d'y d^molir les forts qu'ils avaient construils. II fut en outre stipule qu'en cas de guerre il leur sorait allou6 six mois pour se defaire de leurs cffets el mar- cbandises. En i/Go, sir \\illiam Barnaby Knight, chef de I'eta- blissement, til quelques reglenionls iiumicipaux pour la ville , et un code de lois pour la colonie. ( -^[p ) Seconde pierre. En soplombro 1779, conlraircment au Iraite cle 1760 , les Espagnols lomberent a I'iinpro- viste sur les colons, les firent prisonniers, los tians- porlerent a Iravers la peninsule de Yucatan, jusqu'a Merida el Campeche. De la, il les firent parlir pour la Ilavane , ou its les assujellirent aux plus mauvais Irailements. En 1782, on permit a ceux qui vivaient encore de se rendre a la Jamaique, d'ou ils retournerenl 'k Belize. Traites de 1783 el 178G. Le traits de 1780, sis2;ne a Versailles le 3 septembre , entre I'Espagne etl'Angle- terre , stipula que les sujels de S. M. Brilannique au- raienl la faculte de coupor, cbarger et transporter le boisde leinture ou de campeche dans le district qui se Irouve conipris entre les rivit;res Walliz ou B^lise ot Rio- Hondo , en prenant pour limites le cours des deux diles rivieres , dont la navigation devint commune aux deux nations, savoir : par la rivi6re Waliz ou Belise, depuis la mer en remontant jusque vis-a-vis d'un lac ou Ijras inort, qui s'inlroduit dans les terres et forme un islhme ou gorge avec un autre bras qui vient du cole de Rio-ISievo on Nav- River, de facon que la ligne divisoire traversal en droiture ledit ixthnw , et abou- tissait hi un autre lac produit par les eaux de Rio-Niet'o ou A ew-Rhuv iwsqu ii son couraiil. Ladite ligne conli- nuait par le cours de Rio-Nuevo en descendant jusque vis-^-vis d'un ruir.seau, dont la carle marque la souice QwivQ Rio-Niiei'o tii Rio-Hondn, lequcl ruisseau servail de limite aussi commune jusqu'a sa jonclion avec Rio-Hondo, el de la en descendant Rio-fiondo jusqu'a la mer. [ 294 ) Cel arrangement procura a TAiigleterre pres de qiialre cents lieues carries , sur une elendiie de vlngt lioups de cotes baign^os par la mcr ot trois grandes rivieres pour la defloclalion dii hois qui pouvait 6lre coup^. La convention conclue le i/, juillet 1786, pour expliqucr Tarlis le G du irailo de 1780, accorda aux Anglais drs liniilcs plus ctenducs encore, el ces llmites, qui ajoutcrent environ trois lieues de cotes au sud , furent enlendues de la manierc suivanle : La ligfic anglaise , en commenrant de la mer , prond le centre de la riviere Sibdri on Su/mj/i , par ou olle continue, jus- qu'a la source de ladite riviere ; de la clle traverse, en ligne directe , la lerre inlerini^diaire jusqu'a ce qu'elle coupe la riviere Belize; et par le centre de celle-ci , la ligne droite descend cherclier le milieu du couranl jusqu'au [)oint ou elle doit joindre la ligne deja elablio ft marquiie en 17.S3. Les Anglais recurcnl en outre la permission d'occu- pcr la petite lie connue sous les noms de Casinn- Sdiiit-Gcorges , Key ou Cayo-Cns.sina , par les 17" 5(j' latitude nord , yoo aS' longitude ouest. La coupe du bois d'acajou qu'ils faisaient depuis long temps d'une maniere illicite tut ^galemenl ajou- tee a leurs privileges. De son c6l(i, I'Angleterre s'engagea a evacuer toule la cote des Mosquilos, d'ou les colons vinrent, avec leurs esclaves , grossir la population de Belize. Des lors, la colonie commcnca a prosperer. Troisieine et tierniere guerre. Cependaiil sa Iranquil- lile ne fut pas enlieremcnt assurdc , car plus les colons se repandiront dans riiitericur , plus la jalou.sle des ( 2()5 ) Espagnols s'augmenla, et tie loinps en temi>s ties lios- lilites avaicnl lieu. Vers le milieu de I'ann^e 1798, on appril qu'une expedilion se pr^parail a Campfeche , et on s'occupa de suite des moyens de la repousser. On 6rigea des forlilications ; tous les habitants libres et esclavcs de- vinrent soldats, et afin de priver les Espagnols de loutes sorles de secours, on mit le feu aux habitations qui se Irouvaient sur I'ile Saint-Georges. Le 10 septtin- bre, I'ennemi parul; des goelettes , des chaloupes et desradeauxarnids.soulonus par unvaisseau de guerre, lui furent opposes. Un combat opiniatre s'ensuivit; inais vers le soir du 12, les colons (dont quelqucs uns resident encore a Belize) eurent la satisfaction de voir la flotte assaillante s'eloigner. Les esclaves se conduisirent parfailemcnt bien , et quoique les Espagnols leur eussent offert la liberte , ils reslerent (ideles a leurs maitres. Depuis lors , il n'est rien survenu a la colonic, et cetle prolongation de Iranquillite a permis h ses habi- iants d'^tendre de beaucoup les limiles arreties par lestrait^s. lis se Irouvent maintenant les maitres d'une grande ])arlie des cotes du golfe tl'Honduras, qu'ils out sur- nomrae le Yucatan Anglais {English Yucatan), et ont pousse leur |)atronage jusqu'au fond du petit golfe Amali(]Lie. Dans I'inttJirieur , ils se sont egalement avances jiisqu'a Bacalar ,et an moyen de quelques pre- sents derhum aux chefs des Caraibcs qui occupentune partie des nombreuses caves entre Belize , Omoa, etc. , ils se sont empares presque cxclusivemenl des lieux qui produisent le bois de teinture. In 6tablissement anglais a 6te forme entre les caps ( '^'jG ) Camaron et Ilonduias. Toule la cole dcs Zainbus est soiiinisc a son influence. In roi indien , de la race des i\Iosqiiilos, s'csl mis hii-mome avocson village sous sa protection. II a ete couronne avec pompe , comrae sespredecesseors,a Belize, oii son sacrc olTrit un melange affreuxde ceremonieschrelienneselpaiennes.il senom- me Frederick, et a 6te deve a la Jamaiijue. Ses grands- ofiiciers portent des noms anglais celebres , tels que Nelson, Duncan, elc. On trouve dans leurs cabanes dc vieux ohapeaux galonnes et de vieux uniformes anglais (jij'ilsmetlent dans les grandes occasions , et ricn n'est plus risible et ridicule en meme temps que de voir leurs corps cuivres et aulrement nus, recouverts de ces oripcaux curojiecns. MaisTuniforme britannique est en veneration , et il siiffit d'en elre revetu pour elre res- pecle de ces peuplades sauvages. Ces Indiens sont en general foils et bien faits, mais extremement inepteset ivrognes. Colons fraiintis. Le fameux Gregor, Mac Gr^gor , dont tant de nialhcureux Anglais avaienl dc^ja6t6 les du- pes el les \ictimes, ayont encore reussi h faire croire a des Francais qu'il avail des droits acquis a une elen- due considerable de terrain dans le pays des iMosqui- tos , une sociele sc forma a Paris sous le litre de Socu'le Neiistrieniic. ICIle ciivoya environ 70 colons qui dt^bar- querenl sur la cote du Sud, au commencement dei85o, pour prendre possession de leurs concessions. l\lais bienlot le roi Frederick les fit revenir de Icur erreur; il leur declara qu'il ne reconnaissail nuUemcnl la vali- dile de leurs litres, mais que s'ils se conduisaienl pai- siblement, il leur donnerail lai-meme desterres. Leur situation , deja si malbeureusc, s'aggrava encoic par ( '-^'J/ ) les dispult'S qui les diviscrcnl (i); pen apres leiir ani- v^e , plusieurs s'embarquerent pour Truxillo et d'au- Ires ports liispano-am^ricains , el ceux qui i-eslerent succomberent blenlol a la maladie et a la misere. lie Rattan. Apros avoir cherche plusieurs fois a s'eta- blir sur I'ile de Roatan ou Rattan, les colons, que les Espagnols etaient parvenus a chasser, ont enfin r^ussi h s'v maintenir. Depuis quelques ann^es , plusieurs families anglaises y resident, Celle ile, situee au nord- ouest de Truxillo, a dix lieues de longueur depuis la poinle esl-nord-est jusqu'a son extremity ouest-sud- ouest. Le climat en est chaud , mais sec et sain ; son sol est fertile, quoique sa surface soil montagneuse ; ellc ren- ferme beaucoup de gibier. Les recifs dont elle est en- tour^e en rendent surtout I'abord difficile, exceple dans la partie du sud-est, oii elle a un bon portappelo '^ I ) La cause de res dlspules tut, eiitre autres cliuses, (|iie plusieurs iie vouluient point obeir a la personue nommee par la sociele pour etre a li'ui letc. Force liii fut alors d'en appeler au roi et de lui demandrr |iro- leclion. Eii reponse , S. M. Mosquitienne lui fit ecrire en an;^lais la ktire suivante, par nn Anglais qui lui servait a la fois de ininislre et de se crt'laire. A. M. Sl-Victur. " .T ai leeii votre lettre ni informant du fj'u lieux cvcnemeul (|ui VdU. ist arr:VL'. Quconqiie xoudia s'opposcr a la justice et aux lois du pa\.s sera puni ixtmplairemenl. Je conteste a sir Gregor , M.ic Grcgnr, ou a i«u\ autre , le droit de disposer de tirres dans tnon pays : mais j'en donneiai a reux de vos conipatrioles qui se conduiiont paisilij. nient. Pour cr (lui concerne voire surile personuelle , vous pouvcz com|iler sur ma prn- tiction. " FrEDF RICK, » rui dc 1(1 nnlio'i ties Mo.njiiiloi, >■ ( 29S ) I\'ei\>-Port-Rojn/ , ol qui est inline au N. ol a l'(). p.ir )cs coles de I'ile , ol a I'E. cl au S. par des r^cils el dos cayos. Son enlree osl elroilo, avant h peine nm^ demi-encablure de large; mais heureusemenl ce rhe- nal n'a pas plus d'une encahlure et dcmie de longueur. Le porl est defendu par doux fnrls dont les feux se croi- senl; I'un, appele \e fort Frederick , est place sur I'ilc elle-meme; I'aulre, le fort Sciint-Georges , esl sur une cave coDOuo sous le noin de Georges' He , au sud de la poinle est. L'exlicmilc^ orientale de Vile liattnn esl, par les iG** 23' longitude nord el 88° 35' i5'' longitude oucsl, nic- ridien de Paris, et son exlr(imil(i occidenlale par lus i6° i3' et 89-5' 10". Belize. Les Anglais poss^dant depuis 1798 le pays par droit de conquele, n'ont plus dfes lors tenu au- cun compte des stipulations des trailes qui leur de- fendaionl de conslruire des fortifications: aussi oul-iis ele\e les deux qui soul h I'enliee de New-Port Royal ; et , en 1800 , ils onl bali le fort Saint-Georges, cjui sc irouve en avant de la nouvelle ville de Belize, sur une pitile ile a flour d'oau reslant au nord-ouosl domi- ouest. Renseigneinents statistiqiics. Celle ville, siluee sur la terre fermo , a rembouchuredc la rivi6re de Belize , par les 17° 32' latilude nord el 90" 54' 4i" longitude, nie- ridien de Paris , a 6te fondde depuis peu d'anneos des deux c6l6s de la riviere sur laquclle un poiil on hols a «^te jete. Les maisons , dont le rez-de-chaussee serl de magn- sins.sonten bois; les rues, au nombre de qualre ou cinq, parallelos a la iner , sont plantee3 de cocolicrs. ( «'J9 ) La rivicro a pea Je protondeiii' , ot des iles nomhrcusos ) sont semees. Belize possede un li6tel-de-vllle, une prison, un hopital , une ecole gratiiite et quati'e ^glises , donl une anglicane , une methodiste , une anabapliste ct une ca- Uiolique. La maison du surinlcndant, situ^e au sud de laville, sur le bord de la mer , vis-a-vis de I'eglise anglicane, n'est pas grande, mais de fort bon gout el entouree d'un superbe jardin. Au nord , dans une plaine, entre la mer et les marais, a peu de distance , sont assez mal plac^es les casernes el les maisons des ofiiciers. La vill'e, au surplus, est assise sur un rocher sablon- neux, peu elevee au-dessus de I'oau , etses environs ne produisent absolument rien. L'eau de source n'elant pas potable, on y boit l'eau de pluie qui est recueillie et conservee dans des cilernes. Les boeufs viennenl d'Omoa. et tous les vivres , en general , de I'interieur du Yucatan et de Bacalar. Le climat de Belize est un des meilleurs des Indes occidentales. La temperature y est elevee , mais desbri- scs r^gulieres de mer et de terie la rendent suppor- table et delruisent I'influence des marais environnanls, d'ordinaire si malsains sous le soleil brulant des tropi- ques. La lievre jaune y est tout-a-fait inconnue. Los Ircmblemenls de terre sont g^n^ralemont moins violenlsqu'a Gualimala , mais diflercnlcs fois il y a ou des ouragans terribles: celui de i 787, dont on conserve encore le souvenir, y avait renverse la plus grande partie des maisons. Les principales rivieres du Yucatan anglais sont : Jlio- Hondo , (Vmi la rive nieridionalc foime la limiio { ooo ) nortl aiiglaisc , l\('i\'-Ii/\>er, /f''off/iciis-I\i\'('r on Ifor- t hens- Creek, rii'iere IVallice ou Belize, Sibiiii-JSlanali , Mu//in's river, IVorth-Staiuling Creek, Monkey rit'er, Litle river , Santhem Standing-Creek , Deep river, Middle river, Golden-Stream, Rio-Grande , Mohn river, Tee- Marsch , Sarstoon , Cacollo ou Cocoalee el Iho-Ditlce (\u\ forme la liinite sud; il ya en oulre beaucoiip de criques. Lapliipail de ces rivieres onl une gi anile largeiir et une grande profondeur, mais elles sonl loutes obslruecs a leurs embouchures par des barres sur lesquelles il n'y a pas plus de trois a huit pieds d'eau. Leurs rives, en general, a I'exceplion de Belize, sonl tres belles et la vegetation y est magnifique. Les cotes sont parsem6es de jolies ties bois^cs qui s'elendent a une grande distance 5 Test , et rendent difficiles les approches du port de Belize , a cause des bas-l'onds et des recifs dont elles sonl cnlources II est done necessaire , pour les 6viter, d'employer des pilo- tes exp^rimenles; mais une fois dans le port, les bati- monls sont en parfaite security. Sur uno de ces lies [Half-Moon- K ey), a environ iC lieues a Test de Belize, et par les 17" 20' 3o" lati- tude et 89" 47' 20" longitude, un beau pliare a <'le conslruit en 1820. Son feu est a Go pieds au-dossus du niveau de la mer , et pcut etre apercu par un beau temps h quatre lieues au large. C'est a Half-Moon Key que se liennenl les piloles de Belize. Plusiciiis batimenls sY'lant perdus sur les rocifs.eii allanl allondmas, a cause de la dinicull6 do disliii- guer English-Key et Gof'f's''liey (enlre lesquels est la seule passe pour enlrer a Belize), des aulres caves nombreusesqui se trouventsur le grand banc derochers a Test de rombouchure de la riviere , le ma}or-g<^n6ral ( 5oi ) Co(li'l,surintendauUle la colonic en iiS25,a fait inoUre siir English-Roy un mat do pavilion hautde Gopiods, et a\ant an bout une jilaquo oclogone. L'interienr do Belize est ties monlagneux, mais, de merae que les cotes, presque enli^reinent convert ci'(!:paisses forels. Les pioduits des trois r6gnes sont les memes que sur les cotes do I'Amtlirique centralo. La cidture des denrees coloniales n'otant point por- inise , Belize en est approvisonnee par la Jamaique; il n'existe done que des plantations de bananiers et quel- (iiies jardins polagers sur les bords des rivieres. Ccux qui s'en occupenl sont , pour la plupart, des nogres qui, apros avoir servi comnie soldals, sonl liberes et reqoivont une |)onsion. lis apportent au inarche les I'ruits de lours jardins d;insde petites chaloupes; mais lis sont en gonoi^al siparesseux, qu'ils cultivent beau- coup moins de fruits et de legumes que le necessaire. II s'ensuil une raret6 souvent Irfes incommode ot une clierto qui les rend inaccossiblos a la moyenne classe. Les aulres provisions sont gen^ralemenl fort chores , a I'excoption du poisson et de la lorlue, qui soul on grande abondance et qui forment la priiicipale nour- rilure du peuple. L'administration publique de Belize se compose dun surintondant et dun secretaire nommo par le roi d'Anglclerre. La colonie depend de la Jamaique. Cost avec son gouvernour que lo surintondant correspond pour loutes les affaires politiques et militairos. La justice est rendue par sept magistrals choisis , chaque annde, parmi les principaux habitants. Toulos les porsonnos domiciliees el jouissant d'uue certaine aisanco se rounissent, a des opoquos fixees.. ( 5o*2 ) en assomhlees legislatives, donl Jes resolulions ont l)i!Soin do In sanclioii du surinlondant pour avoir force de loi. Le larif des douanes est ^labli par les colons eux- niemos. Tons les ciloycns libivs sont mombres de la mi- llcc et font Ic service conjoinlement avec 1,000 bom- ines de troupes regimes, negrcs ou mulalres parfai- Icmonl amies, ^rjuipes et disciplines, qui fornieiit ordinairement la garnison. Tous les officicrs sont Idancs. Depuis les troubles qui ont eu lieu a la Jamai- que en i855, une pailie des troupes y a ^te envov^e. La population de la colonie est d'environ six a bnit mille aines, y compris la garnison. Plus des deux ti ts occupent la ville. El!e se compose de blancs anglais , environ un cinquifcme ; mulalres et negres llbres, deux cinquiemes; et esclaves , deux cinquiemes. Los ])lancs , qui exorcenl toute espece dindusiric , sont en general adonnt^s a I'ivrognerie el a la paresse; ils conlractent ces defauls , qui caracterisent toujours les negres et les raulatres, par suite d'unc longue resi- dence sous les tVopiques dont \c climat enleve a I'Eu- ropeen une partie de sa force ot diminue ogalement los besoins de la vie. Les nt'gros et les mulatres libres vivent amicalement avec los esclaves qui travaillcnt cboz eux a la journee ou a la lucbe. Mais , par suite de leur pcu d'activit^ , ils nicnent raremcnt une vie aussi beureuse et aussi excmpte de soins que les derniers , dont plusieurs par- viennenl par un utile emploi do leur temps, a sc faire do jolics fortunes. Souvenl ils vondonl a lours mailres (li's vi\ros pour los ouviiers el des provisions pour ios cL(\aux et les boeufs. ( 3o5 ) Les esclavos sonl lorl Lien Irailes a Belize, el nulle pari leur sort n'esl probahlcment aussi doux que clans celle colonie. Soil que uans roriglne la naluredes Ira- vaux all ^tabli une sorle de fainiliarilci entre le niailrc eli'esclave, soil que le maitre senle la necessil^ de s'allacher a I'esclave a cause du \oisinage de la repu- l)!ique du Centre Am^rique , vii ce dernier n'aurail qu'a s'eiiluir pour oblenir sa liberie , il est de fait que Ics osclaves ne sont soumis qua un Iravail lr6s nio- dere, qu'ils sont bien nourris, bien loges , et qu'ils ne sonl jamais chali^s, a moins qu'ils ne se conduisent d'unc mani^re lout-ii-fait reprehensible. A la Noel , lis jouissenl pendant deux ou trois se- noaines d'une liberie qui apj)rocbe de la licence ; ils viennent de I'inliirieur en ville par ccnlainesetne son- gent qu'a se diverlir. Ce ne sont, nuit et jour, que te- les, reunions, danses , et toutes aulres sorles d'amu- semenls. C'estle cai-naval de la colonie. Mais une prudence sage a fail clioisir aussi cclte epoque pour les exercices de la milice ; de sorle que les blancs et les liommes de couleurs libres ( pour qui la Noel est 6galement un temps de fete), elant sous les amies, se Irouvent pr^ls a agir en cas d'insurreclion de la part des esclaves. Belize peu t etre mis au rang de ccs pays ou des in- dividus doues d'une cerlaine energie , n'importe quel soil leur elal, pourvu qu'ils menenl une vie ri^guliere , sont certains de se crdjer un lionnete aisance. I ne ferme bien conduite est surtoul un moyen assur^ d'ar- river a la fortune , puisqu'on tire du dehors lout ce qui est necessaire a la vie. Les salaires sonl si Aleves que les indigenes de Truxillo et d'Onioa viennent en ( 3o4 ) foulc diuanl une cerlaine saison de Tannic v cherchei* (le I'ouM'age. Coiij>e (Ic hois. Les Lords de la riviere de B6lize 6lant depouilles d'acajou, la coupe s'en fait principalement siir les aulros rivieres au nord et au sud. En conlinuant a les remonler pour cet ol)jet, les coupeurs sont par- \enus ^ s'approcher de liio-Ditlce , quoique le gouver- neinenl n'accorde pas a ccs distances de concessions de lerres comme il le fait en-deca des limitesnon con- lesl6es Par consequent, ceux qui vont couper des bois liors de ces liniites (c'cst-a dire depuis Rio-Hondo au nord jusqu'a la riviere Sarstoon au sud, prescnlant environ une 6lenduede plus de qualre-vingls licucs de cotes) , le font sans aucune regularite, a nioins qu'ils ne s'entendent entre eux. Ces sorles de coupes ncj se font que parnii les grands entrepreneurs. Depuis long-temps , la coupe des bois de leinlure a (ile consideree comme secondaire a celle de I'acajou. En effet, les maitres s'en occupent fort peu el la lais- senl en g^n^ral a leurs esclaves , qui la font pour leur j)ropre compte. Aussi la plus grande parlie de ce qui en est cxpedie a I'etranger vient de Bacalar, village mcxicain au nord de la cuionie. Le campechc qui y est coupe ct d'une meilleuro quality, cit nettoy»i avec plus de soin ; il vaut environ dix j)our cent do plus. Le bois d'acajou 6lant done le principal article d'ex- j)orlation du Yucatan Anglais, il n'est pas sans interfit de savoir comment on le coupe el le Iransporte jus- qu'a Belize. (le qu'ou appelle les Travaux ( The-Works) est un pelll banicau compose d'une habilalion pour les mai- tres et de plusieura cases pour les negres, le loul silue sur les bords d'une riviere. De ce hameaii pari un ( 5o5 ) clicniin <]iii »'Si lailli duns la I'oiel jiisqirii roiulroil oi'i se fail la coupe du bois qui a Ic plus de prix. II dcviciil par consequent de plus en plus long a niesure; quo les arbres sonl abatlus. Les oum'k IS sont divises parbandes de vingl a cin- quante individus qui Iravaillent sous la direction d'un commandeur, souvent esclave conime eux. Uii desplus habiles, nomnie le chercheur {fhe hunter) , s'onfonce dans la I'oret pour chercher les acajoux. A cet effet, la hache en main , il se fraie un chemin jusqu'a ce qu'i\ rencontre un terrain un pou eleve. Alors il monte au haut d'un arbre et a soin do choisir le plus grand , afin que sa vue puisse planer au loin. Ccjmnie celte reclierclie a lieu au niois d aout, ou les feuilles dcs acajoux prennent une teinle rouge jaunatre , son ceil excrce trouve promptenient la place on cos arbres sontleplusabondants.il redescend ensuite, marche de nouveau dans la foret, dans dcs lieux ou probable- ment jamais le pied de I'liomme n'a ete empreint, et (lecouvre avec une sagacite surprenante I'objet de ses recberches. II va de suite en instruire ses compagnons, qui se rendent a I'endroit qu'il leur indique , pour y couper les arbres qu'ils jugent convenables. Ordinai- remenl on les scie a buitou dix pieds au-dessusdu sol. A ct't elfet, les ouvriers se placenl sur une estrade qu'ils out d'abord commenct^ par (Clever. Une fois les arbres abattus , ils sont scies de nouveau, d'apres leur longueur, en deux, Irois et quatre morceaux pour en faciliterle transport. Dans celte operation , on cbcrcbe a egaliscr les char- ges aulant que possible en donnant plus ou moins de longiR'ur aux blocs, suivanl qu'ils sont plus ou moins gros. Le plus lourd qui ait jamis 6t6 envoye a Belize XIII. MAI. 4- iiO ( 5oG ) avail 17 picdsdelong, 67 polices dc large , cl 64 pou- cos d'epaisseiw, raisanl ensemble iino suporficic de 5,168 pieds d'un pouce d'cipaisseur el pesant i5 lon- neaux (5o,ooo liv, ). Lcs blocs sent en outre degarnis de leur ecorce et dcs parlies exlernes , el coupes plus ou moins carre- nienl, aulant pour en diminuer le poids que pour ai- der a les cbarger plus facilemenl sur les cbariols des- tines au transport. Apres la coupe en decenibre , on s'occupe de for- merun cbemin propre au cbarriage : cela conslilue a j)eu pros les di ux tiers du travail. En f6vrier la saison des pluies cesse . et vers aviil Ic sol est assez ferme pour supporter le poids dcs cbariols; c'est alors que le transport commence. La distance de I'endroit ou la coupe a lieu jusqu'aux Trai'niijrcsl rarcmenlde j)lus dune adeux lieues; mais on congoit aisement qu'on n'avance qu'avec lenteur. Cbaque cbariot esl allele de douze a quatorze bceufs. Le cbarriage se fait le plus souvenl la nuil et aux flam- beaux. On 6vite de cette maniferc la cbaleurdu jour, el on epargne les bommes et les animaux. Arriv6 aux Tratmux, le bois esl marque des leltres iniliales du proprietaire et jete dans I'eau, ou il resle jusqu'au relour de la saison des pluies. Elles com- mencenl en mai; et en juin, les rivieres ont assez d'cau pour perrnettre a I'acajou de descendre avec le courant. Les negres le suivent dans de petites cbalou- pes , afin dc debarrasser les blocs des brandies des arbres qui souvenl encombrenl le passage (1). A (i) Comme dans l'Ameri(|uu reiiti'.ile , on fail a Belize dcs rliiil(m|)cs d'nn seiil lioiic il'.ivbre. soiuciil iljircjoii , rnii «'• par !<• feu , nvi-c eclli; ( 5o7 ) remboiichure dos rivieros est plac6 iin arl)re qui em- peche d'aller ouli-e, et la les negros st-paront les dilTc- rentes marques. lis construisent alors des radeaux do ce bois et les conduisent aux chanliers des propri^- taires respedifs. Commerce general. La coupe des bois n'est plusl'ii- niqiie brancbe d'industrie de Belize. Depuis plusieurs annees, c'esl le commerce avec la r^publlque du Cen- Ire-Ameriqiie , avec les dilTerents points du } ncata/t et la cote des Mosquitos , qui active principalement cette colonic. Note .snr le cosmogrnpJie Ph!i.ippe Guillen. M. de Varnhagen a remarque dans la savante ana- lyse de la Notice hiographu[ac sur le cosmographe de Chax'les V, Alonzo de Santa Cruz, par notre collegue M. Bertlielot (i) , le passage suivant : « Philippe Guillen ayant el6 informe des variations de la boussole observees par les pilotes qui faisaient les voyages de Seville a la Nouvelle-Espagne , r^solut de passer en Portugal vers Ian i525, pensant retirer dans ce royaume une plus forte recompense pour son invention. Bicn accueilli en ellet par le roi D. Juan IIS difleri-nce ce|)iiidaiil, qii'a Belize elles soiit extiemement jolies et com- modes , t.iuJis qu'a Gualimala elles soul yrosiieies et pen s li^nees. Celles qii'on uonime Pitpnn soiit gr.iiides et servout a la uavii^alioii jus- qn'an\ Travan r. Il y en a de pelites qui s'appelleiil Dories. (t) V.iv lliilletin dc la Societe de geo^rnphie , toim; X.I, ii" (3j, Feviier iSSg. 20. ( oo8 ) (cc prince lu piil a son service) , Guillen conslruisif un inslruraenl en forme de cercle gracing , aiiquel il adapla uno petite aiguille avec Irois filSjCt I'employa ])our observer le soleil a des hauteurs 6gales, avanl et apres niidi. II reconniit quo la ligne meridienne don- nait la variation de I'aiguille , el il en deduisit la longi- tude du lieu en la ramenanl a sa position regulic;re. Cet instrument, qui devint d'un usage general , lut tres npprouve en Portugal par los savants d'alois, et les pilotes s'en servirent quelque temps a bord des vais- seaux. » M.de Farnhngen ayant lu ce passage dans le Bulletin, vient de m'adresser, dans une lettre dal^ede Lisbonne 28 mars dernier, des renseignemenls foit curieux au sujet de Philippe Guillen, renseignemenls qu'il a pu decouvrir aux archives royalcs du royaume en Portu- gal. II me prie d'en donner communication a la Sociele de geographic. Si les notions que cet habile ecrivain a bicn voulu me Iransmettre ne viennent pas conjpletcr entlercment la notice relative a I'astronome espagnol du xvi. sife- cle, du moins elles servent a eclaircir la savante no- tice que j'ai clldse phis haul dans ia partie relative a Guillen , et elles nousr^velentaussi une expedition faite dans I'int^rieur duBresil en i56i, expedition h laquelle Guillen a prisparl.etdontiln'esl question dans aucun des ecrits qui nous sont conn us sur cettc partie du nou- veau continent. En eHVt, ni IMagalhaens de Gandavo, le premier historien du Br6sil , ni lo prc^cieux ouvrage de G abriel Soares ( 1 670- 1 67 1 ),ni la Corogmjia Brnsilica,n\ ;iucun autre ouvrage plus moderncn'en fait mention. Le roi Jean III, monarque qui donna une grande impulsion h la colonisation du Briisil el a I'exploralion ( 3(.«) ) de ce vasle pajs , parail avo'u' voliIu doter celle contr^e d'hommes copahles d'y fuice des observations scienliT fiques, et peul elre d'y crtier des ecoles nauliques. On pourrait au moins concevoir cette opinion en lapprochant du passage de la notice analysee par M. Berthelot, et Iranscrile plus haul, les docu- ments que M. de Varnhagen cite dans la lettre qu'il ni'adrcsse. En etTet, Philippe Guillen rcgut de Jean III des temoi- gnagesqui atleslent que les services qu'il arendus aux sciences nautiques avaient ete appreci^s. Peu de temps apres son arrivee en Portugal, le roi le nomma potii- i'oyenr (Procurador) de Porto-Seguro au Bresil, et lui accorda, par lettres-patentes du 'i novembre i528, 20,000 reis d'appointements , afin qu'il utilisat .v^'^- mstrunienls , et qu'il en lit usage dans les observations (le la haiileur du pole par le soleil et les etoiles , etc. Nous voyons done Guillen nomm6 a un emploi important au Bresil, et charge en meme temps d'une commission scientilique dans le Nouveau-Monde. M. de Varnhagen n'a pu rencontrer aucune notice ni aucune nolo sur notre astionome et sur sos occupa- tions pendant un laps de temps de vingt-deux annees (dei5-28 ui55o). 11 pense neanmoins que Guillen, dans cc long intervalle, a du etre employe soit a des expe- ditions maritimes , soil en Portugal. Quoi qu'il en soit,d'apres la confrontation des dates des deux documents (2 novembre i528 et 20 juillet i55o) , et par les indications de leur contenu, il me semble probable que Guillen est toujours re&l6 au Bresil. En elTet, nous vo\ons qu'il avail ^A6 nomrne ponr- i'oycitr a Porto-Seguro en i528, et M. de Varnhagen Vi ( 3io ) d'aulrcparl, nous annoncequ'il a Irouv^aux archiNes,cn (Jale do Porlo-Sd'guro , '20 juillcl i55G, ime Kllre de Guillen lui-niume, dans laquelle cc savanl siunale la decouvcrle d'unc uionlagne qu'on pic&umait elrc Ires riche en pierrcs prticieuscs (M. de ^ arnbagen croil, avec raison, qu'il s'agll icl de la Sena das Esmeraldaff). Gan(la\'o, qui, dans le cliapilre )4 dc son Ilisloiie de la province de Santa-Cruz, parie dos picrres precieu- ses, ne dil rien de cellc expedition dc Guillen, (jui eul lieu vingt anneos avantla publication de cet bistorien. On doit croire que les services rendus par Guillen au Bresil conlinuerent d'etre apprtcies par le roi, puis- que noire cosii]opraj)be,})ar une letlrc dalee du 29 juil- let dc I'annee iJoi , el adiessee a la reine , remercie celte piinccsse de la sommc de 5o,ooo reis d'ajipoinle- menls que le roi venait de lui accorder. Ainsi , Guillen avait obUnu aussi la protection de la reine Calberino, de celle princesse qui , douee des talents les plus distin. gu(5s, prolcgeoil les savants etpretaitson appui a loules les entrcpriscs utiles , el qui exerca line grande etsalii- tciire influence sur Us affaires. J'ai Irouve moi-menie plusieurs IcUres de Calbcrinc pour 1). Juan de Caslro el pour d'autres personnages; ces kltres alteslenl Ics soins de cclle princesse el la vive sollicitude de la ri-ine pour la prospt'-rite ('es vastes colonies du Portugal ; cc qui lui acquit une popularite telle, qu'ayaiit voulu re- noncer h la regencc, Ics coz/rw considereronl sa retraite des affaires con)nie une calamile pubbque. II parait que Guillen conlinua a rt^sider au Bresil, puisque t'.ix ann^es apres, dans une leltre qu'il adresse, le \9. mars i5(ji , a la reine, il lui fait part d'une reii- conlrc qu'il a faile des lndiens7'///7/«r(r.y, lorsqu'il allail avec MX) bonimes a la decouvcrle de mines d er. ( 5,, ) iNl. do Vainli i;^iMi fait la reuianjuo ({(ic I'^ci'lluro rle (Juillcn est si belli- [)our lY'poqiio, qii'ello rcsscinblo an golliiqtic impriniii. Telle osl I'imporlance des dicouvertes el des invcs- ligalions dans lo doinaino des docmnonls inidils, quo lors memo quo cos docouvoilcs soul incoinpl(''l(!s, i^llos vicniKMil loiijours cnrichir Ihislon'o de fails iiouvoaux. ■I'aiis , re 24 iivril 1840. v. Ill' Saniaiihm. I'jXruMT (inn Ktppovt adrcssc an ministrc dc la iiKinnc el (Ics colonics par .1/. Ic capitainc >lc )>i'tis.sc((ii l)uiMv>M' d'Urvii.lk , comiii'tmldiil Ics con'etlcs I'Aslrolabc el la Ziiloc. Hi.liail Town, Tasiiianic, '> i dcceniljic 1 S iy Monsieur i.k munistuh , Dans la Idlro que j'ai eu I'honnotir de voiis adressor, on dalo ilu i T) docombro (celte loUrc n'osl |)as (Micoro j);n'venue au minisloi'C do la marino ol dos colonif's) , ol qui a d il vous parvenir deux ou tro'is somaines avan t co Ho- ci, aprtjs vous avoir rendu compte dos (Wonomonls do Im campagnc, dopuis le depart do Satnarang jusqu'a nolto arrivoo a fIf>hart-Toa>n , je vous annon(;ais quo mon in- lonlion 6lail do laiss(;r la Zclee a IIobarl-Town avrc Ions los malados, landis ([uo jo poiissorais , seul avoc r Astrolfthc , unc poinlo au sud. Contre mon allonh;, il nous a olo possible de rencon- lier quelf[u('s bominos pom' romplaccr en parlio los vi- ( 012 ) des laiss6s dans nos equipages par Ics morls cl les ma- lades. M, le capilaine Jacquinol m'a promis d'Olrc lui-nieme prOt a rcniellre a la voile pour I'epoquc que j'avais (ixee , et il m'a Icmoign^ lant de rogrels d'etre oblige de me quitter dans cctte nouvelle |)hase de navi- gation, que j'ai fini par accepter sa compagnie. Unrf autre consideration bien puissantc pour me decider, elail la certitude que I'absence de la Zelee ne pour- rait produire qvi'un clTct tres facbcux sur le moral do nos matelots, accoutumes a voir dansce navire, noire fidelc compagnon , un asilc pret a les rocevoir el a les sauver en cas d'accident. Dans cc nou\el arrangement , je laisscrai a I'liopilal de Uobart-Town les maladcs, jn'obablcment ai: noni- brc de quinze ou seize, encore Irop falblespour repren- dre la mcr, sous la surveillance medicale ct adminis- Iralive de M. le docleur Ilombron. A noire sorlie dos glacos, M. le eapitaine Jacquinol viendra les rcprcndre a liohart-Tovvn , taiidis que jc continuerai nos opera- tions sur la Nouvelle-Zulande, el nous nous rejoindrons a la Baie-deslles , au mois de mars ou d'avril, pour nous diriger ensemble vers la France. Le gouverneur de Van - Dicmen's -Land, sir Jobn iranklin , et toules les aulorites de la colonic, nous ont combles do politesses, et se sont empresses di> lournir a lous nos ijesoins avec la plus parfaile obli- geance. Mon projet de poussi>r unc nonvollc poiule au sud , sous lemeridlen de llobart-Tovvn.n'avxiil d'abord pour l)ul que d'ajouior a lous nos Iravaux dt^ja accomplis un honorable supplement; mais ce que j'ai apprisicim'a prouve que celle tentative etait presquc une obligation pour nous. L'exj)edilion americaine qui se lrou\c en ce (5.5) momeiil II S\(!ney el l'exp(5dillon clu capilalne James Ross, qui vaarriverincessamment ici, poursuivent avec ardeur le meme but, et chacun ne pense qu'aux pro- gres possibles vers les regions antarcliques. Dans un pa- reil mouvement des esprils, il eut ele facheux qu'une expedition francaise eut ele obligee de se tenir en ar- riere, Reste a savoir jusqu'a quel point la fortune va nous favoriser dans cette nouvelle tentative. J'ai I'honneur de vous adresser les caiques de deux carles contenant nos operations sur la cote S.-O. dela Nouvelle-Guinee, et sur la cole S.-E. de Borneo. Comme ce sont deux morceaux importanls de geo- graphie , j'ai dt^ssire les assurer contre toules les chan- ces de malheur, et je serai bien aise qu'il leur soil donn6 de la publicile dans le Bulletin de la Sociele de geographie , et dans les Annales mnritiines. Expose des obse?vations concernant la physique dii globe, faites a bord des corvettes 1 'Astrolabe et la Zelee , da \" jiiin i838 au i5 deceinbre i 809. Depuis que les corvettes francaises I' Astrolabe et la Zelee onl quitl6 la rade de Valparaiso, jusqu'a I'epo- que de leur arriv^e a IIobart-Tovvn , leur route a lia- vers I'Oceanie nous a permis de reunir une foule d'observalions concernant la physique clu globe; plus occujxis a recueillir des donnt^cs, lorsque les occasions s'en sont presentees, qu'a en discuter les resullats, nous ne pouvons aujourd'hui que donner I'expose des inaleriaux dont nous avons onrichi nos journaux. Guides dans nos recherchos par la main habile de M. Arago , nous aurons atleinl noire but si nous avons r(^pondu , aulant qu'il deipendait de nous , aux dcsi'de- ( r^i/, ) rata cxpriincs par rinstilul dans les instrticlioiis qui nous ont ^le remises. En se rapprochant de I'eqdaleur magnclique , la route (Ics corvettes somblait nous recominander par- llculic'remont toutes les obson alions qui peuvent 6clai- rer I'explicalion des phenomines magnelifpies. Nous avons pu raesurer la declinaison, rinclinaison ell'in- lensite inagnetiques sur les lies Juan Fernandez, Gambicr , Nouka-Hiva , Taiti, Samoa ( ou desNaviga- gateurs ) , Vavao , Hapai, Salomon, llogoleu , el enlin Guam, ou un plus long sdjour nous a permis d'v jolu- dre une serie d'observr.tions de la variation diiirne. En quitlant le groupe des iles Marianes pour conli- nuer notre route a Iravers le grand archipel d'Asie , nous avons pu repeter les memes observations sur Mindanao , Ternale , Amboine, la baie Triton ( Nou- velleGi:inee), la baie Raffles (Nouveilellollande), Tile Wama (groupe des Aarou) , Cerani (baie Warou ) , Macassar , la pointe Salatan (Borneo) , Batavia , Sin- capour, Sooloo , Samboangan (pointe sud de Minda- nao), Pulo-Laut , Samarang et le detroit de la Sonde. Pendant tout le sejour des corvettes sur les ra Ics d'Amboine , Piaffles , Bala\ia , Samboangan, les varia- tions diurnes ont ele suivies nuit et jour et de quart d'beure en quart d'lieure, pendant un espace an moins de huit jours et plus, lorsque la dun'-e de la relache a depasse celte limite. La loi des variations de la force magnetique a difle - rentes liauteurs au-dessus du sol nous a conslanim ul occupes ; mais, malgre nos desirs, peu d'occasions se sont presentees de poiivoir cludier ce problijme , en reunissant louti-s lostlonnees necessairesh sa solution. I)ej;'i , lors de noire ascension sur le jiic de Ti^nerillo ( 5..-) ) et sur le soinuiel du monl Tarn (detroit de Magellan) , nous n'avons pu qu'avoc des difficulles extremes trans- porter notre boussole d'intenslle magnetique. Malgre nos regrets, nous avions du reconnaitre I'impossibi- lite d'y transporter des instruments plus genants par leur poids et surtout leur volume. Depuis notre depart de Valparaiso, les memes experiences se sont rep^tees sur le mont Duf ( ile Gambier) ; mais la encore, mal- gre le concours des naturels si habiles a gravirles ro- chers , lous nos efl'orts ont ete vainement employes jiour joindre aux observations d'intensite magnetique celles d'inclinaison : nous avons regrett^ bien vivement de ne pas etre pourvus d'instruments pof latifs pour ob- server rinclinaison , comme nous avons pu le f'aire pourl'intensite magni^tique. Le peu de temps qui s'est ecoul6 entre le moment oil le voyage des corvettes a ete decide et I't^spo^que de leur depart eslseul cause de cette lacune. Si les plienomenes magnetiques ont principalement attire notre attention pendant cette derniere periode , nous avons eu soin de noter soigneusement tous les phenomfenes celestes qui sont venus traverser la route des corvettes. Les halos ont ete mesures avec le corcle a reflexion; la pluie dans les regions tropicales a etc recueillie avec un udom^tre : sa temperatnre a ete re- cherchee avec soin. Le mouvement et Ja direction des nuages nous ont fail reconnaitre les differents couranls a^riens a des hauteurs dilT^rentes. L'arc cn-ciel , les trombcs marines, les etoilcs fdantes, les vagues de la mcr et les vents qui les produisent , nous ont fourni quelques donnees a ajouter a notre expose. Jaloux de rapporter notre p;ui d'obserxations , qui plus tard pcut-etre amencront a la connaissaiice com- ( "^'G ) plele des phenoniL-nos nn^leorologiques, nous a\( ns continue a suivre avec soin les Icmp^ralares do I'imh de la mer, dc I'air au niveau de I'Ocean el dans la mature, ainsl que les variations baroiiK^triques et hy- giometriques. Des essais nombreux ont etc I'aits pour oblenir la temperature moyenne des lieux visiles par les navires fran^ais dans les regions tropicales. Enfin , nous desirions terminer eel cxpos6 par trois tableaux contenanl, I'un une seric de loutes les de- pressions de I'liorizon qui onl«^l6 obsorv6es a bord des deux navires pendant Ic cours du voyage ; les deux au- ires eussent presente le resullat de loulos les experien- ces tenl^es afin de determiner les lois du refroidis- sement nocturne par voie de rayonnemenl, ainsi que celles de I'inlensile tie la cbaleur solaire sous differenls paralleles. Dans ces deux derniers tableaux, loutes les circuu- stances atmospheriques onl etc soigneusement notees, I'lilat hygromelrique de Fair conslammenl consuite. Mais au milieu de ces observations si delicales , oil lout doit enlrer en ligne de compte , nous nc nous dissimulons point tout ce que chacune de ces ex[)e- riences laisse encore de vague el d'incomplel. II de- vienl urgent d'avoir bon nombre d'observalions de ce genre pour pouvoir les comparer enlre olles en les dis- culanl. Si dans la /one torride de friiquentes occa- sions se sonl presenl(^es de pouvoir melUe nosinslrii- menlsen observation, nous avons ele moins beureux dans les latiludes 6lev6es ; le retour des corvellcs virs la France semble nous pemnetlrc une roule plus di- recte du sud au nord ; nous nous proposonsde conli- nucr nos |)remiers essais, et par des observations plus immodiales nous esperons des rdsullals plus com^ parables. ( 3i7 ) La longucia- (le ccs tableaux, el suitoiil Ic; desir tie !cs presenler moins imparfails, nous ont engages a dilTei'er. DUMOULIN , Tngcnieur Itydrograplie a hoid dc i'Aslrolabe. Ccsl a ma prifcre que M. Venccndon Dumoulin a l)ien voulu tracer cet expos6 des Iravaux de physique el de nieteorologie de la campagne. Je repute encore une fois que ces Iravaux sent presque enti^rement dus a I'infaligable aclivite, a la Constance admirable de cet ing^nieur. Je declare de nouveau n'y avoir pils d'auUe part que de lui avoir facility les moyens d'execution, aulant que cela m'etail possible, el d'avoir quelquefois modifie la raarclie de la campagne dans ce but, tout aulant neanmoins que je pouvais le faire sans nuire aux imporlanles reconnaissances donl j'^lais charge. Malgre la mulliplicite de ses occupations, M. Dumoulin a aussi reussi h mellre a jour les nombreuses cartes qu'il a levees, et a I'arrivee en France , toute la partie hydrographique seraprete a etre livree a la gravure. d'Urville. ^.«r;o/«/-'f ; Holjai t-Towii , 3i dectmbre 1839. ( 3.8 ) DEUXIEME SECTION. Actes de la socletea I'XTRAIT DES PROCES-YERRAIJ X. DES SEANCES. PRf'SIDENCE DE M. ROUX DE ROCHEELE. Seance du 8 mni i84o. Le procos-verbal de la deiniere soancc est In e\ niloplo. M. le president et M. le secretaire de rAcadi^mie royale des sciences de Turin ^crivcnt a !a Societe pour 1 informer de la deuxieme rc^union des savants ilaliens qui doit avoir lieu dons cetlc ville, du i5 au oo sep- tembre prochain. M. Lefebvre , offjcier de la marine francaise , qui arrive d'Abyssinie , ou il doit bientot rclourner pour completer sa mission, est present a la seance. Get ollicier donne sur la premiere partie de son voyage et parliculieremcnt sur les sources du Nil des details qui sout 6coutcs avec beaucoup d'interet. M. Coulier adresse a la Sociele une INole sur la tor- niinologie geograpbique, principalcmenl siu- remfjloi des bomonymcs et dessynonymes; des traductions qui ( 3'9 ] en sonl lailos, do leur vicieusc application ol des moyens d'y remedier. M. Joinard fait les communications suivantes : i" line leltre de M. le D' Riippel , dans laquelle co voyageur annonce a la Soci^te I'envoi da second vo- lume de son voyage en Abyssinie; le premier tome nest pas encore parvenu. 2° Line letlre de M. Combes, datee de Djedda , contenant des renseigncmenls sur son voyage el siir celui de ses compagnons en Abyssinie. 3° Ln tableau des observations m^teorologiques iiiites au Caire pendant I'annee 1809 , par M. Desloii- ches , membre du conscil-gendsral de sante en Egypte. 4° In etat des forces de terre et de mer de I'armee ogyptienne avec leurs emplacements au 1*' avril 1840. 5° Une letlre du president de la Societe egyp- lienne du Caire, annoncant les progres de celle in- stitution. G° Lin tableau des observations barometriques faites en Savoie pendant I'ann^e iSSg, par M. Cbaix de Ge- neve, avec une Note de M. le colonel Corabceul" sur le travail de cet observateur. Le meme membre annonce I'acqulsition par la Bi- bliothfeque royale des Notes que M. Klaprolh a faites sur les voyages de Marco-Polo. Enfin, il rend compte a la Commission des perfectionnements apporl^s par M. Bunlen dans la confection desbarometres que i\l. le ministro des travaux publics se propose de placer, conformemenl au vceu de la Soci6t6 , dans le cbef- lieu de cliaque deparlemenl, II est donne lecture du M6moire de M. Coulier, annonce au commencement de la seance. ( r>20 ) Seance dii 22 nidi \'6l^o. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopld;. M. Jomard communique , de la part de M. le colonel Msconti une Note sur'Telablissement d'un syslcme de mesures uniformcs dans le royaume des Deux-Si- ciles; ce S}st(^me est fonde sur une base naturelle qui est la grandeur du degre lerreslre sous la latitude du 45'' parallele; il offre ensuite , de la part de I'auteur, uii ouvrage sur Ics mesures, poids et monnaies, publie a Maples par M. de Rivera. Le meme membre communique un cahier du Jour- nal del'Inslitut historico-geographique dc Rio Janeiro, ou il est question de rochers sculples et couverts de caracteres runiques dans les environs de Baya. M. le pr(!!sident rappello que i'lnstilut geograpliique du Bresil a esprini^ le desir d'entrer en relation avec la Sociele, et il propose de lui adresser la collection du Bulletin Cetle proposition, appuyee par plusieurs membres , est adopl^e par la Commission centrale ; mais la i'''sorie du Bulletin n'^tant pas complete, I'envoi se bornera a la 2*^ s6rie. M. Jomard olTre a la Society, de la part de M. Caille, residantau Senegal, Tilineraire manuscrit d'un voyage dans I'intdrieur de I'Afrique, depuis le 6 aout 1 820 jus- qu'au 8 octobre iSsi. M. Lercbvre depose sur le bureau la Notice qu'il a lue dans la derniere seance sur son vovage en Ab\s- sinie , et il presente la traduction qu'il a faite d'une relation de ce pays, ecrite en langue amhari(|ue. Ces deux documents sont renvoy^s au comit«i du Bulletin. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE JUIN 1840. PllEMIERK SECTION. MEMOIRES, EXTItAITS, ANALYSES ET liAPPORTS. VOYAGE DE HOMS A PALMYRE ET RETOUR. Les lenlalives faites, a diverses ^poques, pour visiter les ruines de Palmyre ont eu des chances si contraires, que le r^cit de celles qui ont ete couronnees de suc- ces peut ne pas elre sans utilile pour les voyageurs h venlr. Ce sera souvent par analogic que ceux-ci se guideront en Orient, ou I'elat politique est aussi varia- ble que les usages le sont peu ; ainsi la connaissance et I'apprecialion de quelques details en apparence peu imporlants contribueront peut-etre a faire 6viter les ni6saventures funestes dont les voyageurs ont souvent ^t^ viclimes. L'excursion dont nous presentons ici le recil a eu XIII. JUIN. I. 21 ( 5.2 ) lieu on d^cenibre iSoj. Lu S\iie Ireinblail alois sous le regime ^'gyplien , anqiiol on ne pouvail roprochcr cju'un excfcs d'onergie. Le pays elait occiip6 par plus de 70,000 homniesflc Iroupos rf^gulieres, independam- ment des Bedouins d'l^gxple, en\oy6s par le vice-ioi pour lo service dos conespondanccs ol la police des routes. Cclles-ci dlaii iil d'une telle sOrete, qu'on pou- vait se transporter dune extremite de la Syrie a I'aulre sans arnies , sans escortes , inalgr6 les rigucurs exer- c6es sur les pojndations par les recruteurs du pacha ; les lial)il;.n's des villages luyaient a I'approclie du moindre de ses agents. Les Ansaries, les Metoualis s'elaienl souniis en fremissant a la conscription , qui ieur paraissait une innovation odicuse. L'autoril6 c lui (>l avec sos amis, ses i^ens el les nolres ; cliacun puisail au meme plat. Pendant la nuit , le niallro se relirait dans son harem, et nous laissait lous dormir pele-m6le sur des couverlures duns la grande salle oil nous avions mangt^. L n bassin , qui coulail conlinuellem''nl au milieu de la cour, scrvait a iios ablutions. L'arrivee de la maison, donl rinl(§iieur elait passablcment ordonn6 , elaitd'une saletc el d'une incommodil6 extremes. En compagnie de ce Tuic el dp ndlre drogman , [SOUS noi:s rendimes clioz le gouverneur, cliez lequel elaient reunies Ics principalos aulorites mililaires, A pr6sle ceremonial d'usage, la pipe ctle cafe, notre drog- man exposa I'objel de notre visile en I'appuyant de la presenlalion du firman , deli\rmande, mais bien aux Afu\ r/'gimenls d'infanlerie de la gai do canlonnes I'l r\ '1 ,1 Uama el a un bel liopilal (|u'on achovall, nous hasar- dames quel(|aes reflexions sur la rigueur de la con- scription que rien ne somhiait necessiter dans ce mo- ment. On nous r^pondit que pendant I'hiver li s fleurs et les plantes restaienl cacheos dans le sein (!<• Ja terre, inais que la chaleur du prlntemps et de Tele produisail les fiuils. Celte inaage orientale annoncait assez clairement que ces prepaialifs de guerre etaient justifies par ce qui co tramait au s^rail de Constanti- nople, dont le vice-roi , quoique eleve loin de ce pa- lais, connaissait mieux que porsonne les detours. Nous ne pouvions en elTet prevoir que, dix huil mois plus tard , le canon relentirait a Nizib. Notre entretien se terniina par la remise de deux letlres, I'une pour un cheik ^gyptien nommeSeid, qui etait cantonne avec ses cavaliers pros de Ilonis et I'autre pour un cheik des Anases nomme Malimoud. Nous repiimes le meme jour li route de Horns , raalgre une pluie continue. Apr^s un jour de repos a Homs, le gouverneiu- nous onvoya un de ses Caouass , pour nous condiiire chez le cheik Seid, a Deir-Maalbe, village a 3/4 d'heure de Homs, vers le N. E. Un brouil- lard epais regnait sur toute la plainc, en sorle que nous voulions ajourner le depart de quelques h'ures; mais lien de |)lus pressanl (ju'un Arahe, quand il a interet a se debarrasser ti'uii message , et force nous fut de nous nieltre en route avec nos deux servileurs et nos propres chevaux. C.'elail le \[^ decembre , epo- que deja Irop avancee poin' jonir dun ciel sans nua- ges , meme dans les deserts de Syrie. Cheik Seid , au lieu de uo cavaliers qu'il devail nous lournir, n'en put reunir que trois; il nous exprinia son regret d'etre coniraint par I'ordre venu deHama, ( 5-iG ) d'aller a la recherche du choik Maliinoud , se faisanl fort de nous conduiro sains ct saufs jiisqu'a Palmyre , sans autre escorte que celle des trois cavaliers. La ville de Honis, situ^e dans une plaine qui s'e- tend a porte de vue, est cntouree de quelques villages, dont le plus eloigne n'ost qu'a donx heures de marche, el determine pour ainsi dire la frontit-re du desert du cot(i de Test. Ce lut en marchant a travels champs, dans Tespoir de rencontrer los tcnles de Mahuioud , que nous travcrsamcs successivemenl Ics polils villages d'Ahiin el de Zoukcra. ou nous vimes dessilos ou ma- tamores usites enAlgerie etau Maroc. Les habitations sont en terre , el surmontoes de cones comme dans la Basse-tgypte. Sur un renseignement donne par deux Arabes, nous gagnames aprcs hien des sinuosites un petit fond appel6 Afir, du noui d'une eau voisine. Nous y trouvames un campcmenl du pasleurs, chez lesquels nous primes notie gile ; de eel cndroit nous decouvrimes parfailement la citadelle de lloiiis , pla- c6e sur un mamelon arlificiel. (ietlc premioie mar- che de six heures peut se rcduire a trois en ligne directe. Entoures de tous les Bedouins qui nous pre- parerent quelque nourrilure, nous pumes ecrire cea notes. Le i5, nous repartimes de bonne heure dans I'Est. On aurait une fausse idee de la nature du sol dans le dtiserl enlre Horns el Palmyre , si on la croyait sa- blonnouse ct privee de loute vegetation, comme au sud de I'Allas ou sur la lisiere dc rKgyplc. On y Irouvc des chenes verts , des caroubiers, de.s broussailles et une terre qui serait Ires susceptible de produirc , si elle etait ariosee. Aussl en liiver, ou les pluies four- nissenl le moven d'abreuvcr les bestiaux, on rcncun- ( '^'^7 ) Ire de iu»mljreuses Iribus nomacles avoc do grands troupeaux de chameaux, tl'anes de clievreseldo mou- tons. Ces meines tribus, contrainles I'ete de se rap- procher de Horns ou de flama, lombent ains'i dans une sorle de dependance dcs autorites (le ces villes. Ci'est la ce qui explique I'ordre parti de Hamn pour le cheik Mahmoud. Le terrain que nous parcourumos dans la journee pourrait se comparer aux vagues d'une mer Ires agi- t6e ; on nionte et on descend continuellemcnt. La premiere eau un peu imporlanle sur laquelle nous arrivames, se nomme Seid-el-Ma (chasse de I'eau). Nous fimes ensuite une lialte d'une demi-lieure a un campement elabll dans le district de Cboumari. Sur noire gauclie ^lait une chalne de montagnes nommee Djebel el-llebi^ (la montagne enceinte), etnous fimes lialte pour la nuit au district de Monlar-el-Abal. A plusieurs reprises , Clieik-Seid s'elail arrets pour discuter assez violemment avec ses bommes sur la di- rection a sui\ re; cbacun donnait son avis, qui 6tait modilie a chaque rencontre de Irlhu. A Montar el-Abal , les femmes occupaient dans les tenles une parlie s^parec par des naltes en jonc. Les tentes , en general , ne sont fermeos que du cote ex- pose au vent; une toile mobile sert a cet objel. Motre escorte s'etait accrue dopuis notre depart de divers cavaliers qu'ello avait recrules dans les tribus ; elle compta un moment jiisqu'a i i bommes, qui se redui- sirent a 9 , parce que la marcbe se prolongea |)lus de buit beures. Le iG, nous reparlimes dans I'Est avec unvcnttrt'S IVoid ; la marclie ne I'ut ]ias , comme la vedle , mar- quee par un langage continuel, mais par d'imuienses ( 5.8 ) plaines ou valines , tra\ers«^es par quclqiies lits de tor- rents. Nous Irouvames dans iin pli de terrain les abreuvoirs nomm^s Dgeb-Gcrah. lis consistent en un puils d'une dizaine de metres de profondeur ; la pierre qui en forme le couronnement est creusee par le frot- tement des cordes. II elait environne d'une foule d'Arabes avec leurs cliameaux ; ce n'est qu'en Orient, ct surlout dans le desert , que sc reproduisenl los scenes les plus pitloresques de la Bible , comnie au temps des paliiarches. Le costume europd-en fut pour ces bommes I'objet de I'examon le plus minutieux , pendant qu'ils puisaient de I'eau pour nos cbcvaux. Kotre escorte , reduite a G bommes, s'accrut d'un nouveau guide arme d'une pcrcbe, longue de 4 metres, ct assez semblable a celle des Cosaques. Apres une succession de pelils valjons, nous par-^ vlnmes a un terrain plus fortement accidente ct tr^s bois(^ , ce qui donnait a cette contree un aspect tout different do celui des jours precedents. IMusieurs Irou- peaux que nous apercumes sur les bauteurs au milieu desarbros, nous fircnt esp^rer que les tenles, qui devaient necessairemcnt enetre assez rapprocbees, se- raient enfin celles de Mabmoud ; mais uno altercation violente entre nos bommes et ceux de ces lentes, nous apprit bientot que nous n'etions pas encore sur la bonne direction. Quelques coups furcnt dlslribues a ces pasteurs , et mcme aux guides qui nous avaient accompagnes depuis le niatii). Soid supposait aux premier's rinlentlon de nous conlraindre a acceptor leur escorte jusqu'a Palmvre, au lieu do cello de Mab- moud, et il accusait los secomls de feindre d'ignorer oil etait camp6 Mabmoud. Enfin le cabnesc retablit, el nous primes noire gile dans une dc cesmiscrables tenles. ( 3^9 ) Nous ^tions au militiu des monlagnes designees par lo nom de Djebel-Belas. Seid nous prouva en celte cir- constance , a quel poinl le gouvernemenl egvptien eLiit redoule, jusqu'au milieu de ces tribus si dange- reiises sous les Turcs. Nous en avions eu la veille un l^moignage plus sensible encore a notre c;!mpeinent, oil Ton pleurail la perle dun vieilhird mort des suites des coups que lui avail porles un Bedouin d'Egypte qui passait par cello Iribu. Peisonno n'avait ose le vengei' ! Le 17, nous conimencames par error dans les fonds de Djebel-Beius , puis quelques Icnles d'Anases s'of- frirent pour la [)rfmiere fois a noire vue; elles nous lournirent un autre guide, arnie d'une lance; ii nous liil d'aulanl plus utile que le brouillard etail Ir^s epais; des cbanieaux paissaient en grand nonibresurles hau- teurs; enfin, apres quelques montees el desceules a Iravcrs des caroubiers, nous alteignimes le campe- nient de MaluDoud , a qui Seid remit aussitol I'ordre ilont il etait porteur pour lui. 11 y elait dd qu'il aurait a nous conduire a Palmyre avec toules les precautions possibles, etque si nous elions voles, on lui fer.iit payer dix Tuis la valeur de la perle ; sur quoi , le cbeik s'e - cria que c'elait une luile qui lui lombait sur la lete , ])uis(]u"il ne pouvalt repondre d'unc attaque faile par des forces superieures. II n'en (it ])as moins , en pre- sence de Seid, de grandes protestations de devoue- ment et d'obeissance aux volonles du pacha , el pro- mit a Seid de nous I'ournir des^'-cv/.y r/c bdlaillc, c'esl- a-dire des servileurs les plus fideles. II pouvail choisir dans 5o on 60. Mahmoud elail age d'environ dix-huil ans. Son pero avail eledecapil^ h llama par I'ordre d'Ibrahim , lorsde ( 55o ) la conqufele de la Syrie. La lenleou nous fiimes re^us, comme deslin^e aux elrangers, n'elait remarquable (|iie par sa longueur ; I'air y pen6lrail de fous coles, el nous y gellons, nialgre un grand feu aulour duquel nous nous groupions tous. Les I'enames occupaicnl la droile de la tenlc sdpar^e de nous par un(! cloisoti en loilc. Cheik-Seid avec lequel nous avions err6 pondanl qualre jours, nous quilla dans la malinee do i8 pour aller rendre compte de sa mission au Koufelan- Agliassi Nousluircmiines 200 piastres turques (5o fr.) en Bakcliich ( cadeau ). Nous ne tardames pas a reconnatlre que le desert, nialgre son imraensite , n'est qu'une 6lroite prison , dans laquello on ne saurait pas plus se mouvoir conlre certaines volonles , qu'on ne le fait en mer sur un na- vire; car lorsque dansla soiree, nous insislames sur un prompt depart, Mahmoud r(^pondit que le lendemain, I 8 pour nous, etait un 21 pour eux,elun jour nt^fasle, c'esl-a-dire qu'on aurait guerre, si on parlait un pareil jour ; qu'il en 6lalt de mcMne de lous les morcredis. II faut le dire , en Orient, le temps est la seule chose qui n'ait pas de valeur. A toutes nos instances , Mah- moud repondait que notre manifere 6tail une, celle des Bedouins une autre. Notre cheik savait ecrire, mais il ne pouvaildirc pri^cis^ment combien de lenles se ran- geaienl sous ses ordres; il nous dit seulement qu'en lem[)s do guerre il commandcrait a environ 700 cava- liers Anases. Cepcndant, durant notre sejourchez lui, nous ne vimcs j)resque pas de chevaux , quoiqu'on les disc tres nonibrcux et les meilleurs du desert. Quant uux chameaux, ils |)aturaient sur toutes les hauteurs ■environnantes ; Icurs abrcuvoirs, comme cclui de nos I 33i ) chevaux, consistaient on quelques eaux tie pluie qui se rassemblaient dans des creux de terrain. Mahmoiid nous fit grandement Iis lionneurs de la table. On nous servait a diner un immense pilau compose de moulon et de riz ; nous y plonglons les doigts , voire meme la main entiere. Le soir, au- lour du feu , arrivaient les confitures au miel , le cafe , les grenades; nous etions pele-mele , nos serviteurs et les siens. Dans le courant de la journee , couches sur le venire au soleil, nous jouions aux ecliecs ( sa- taranlge ) avec une passion extreme. La pluie traver- sait la tcnle pendant la nuit, ce qui rendait le repos difficile ; en somme , la vie bedouine nous parulrude, el aprfes I'avoir parlagee, on est moins surpris de voir la plupart des Bedouiues laides el sales. Quoique musulmanes, elles ne se soumetlenl pas, comnie les femmes des villes , a I'usage de se couvrir le visage. Malimoud , apres nous avoir combles de polilesses pendant les deux premieres journees, ne put jusqu'au bout dissimuler son caractere fourbe et interesse. Assis auprt's de noire drogman , il lui passa le bras aulour du cou pour lui parler a I'oreille, pendant que le resle ties assistants gardait un silence profond dans I'espoir de saisir quelques paroles. Le drogman nous Iransmitla proposition du cheik.qui consistail a lui don- ner d'avance ce que nous destinions a Tescorte; nous lui repondimes aussilot qu'il etait pass6 le temps oil Ton faisail conliibuci- les voyageurs , el que nous doiine- rionsau relour, si nous etions salisfails. INousviinesdans ce manege i'inlention de lasser noire patience , el nous demandames a notre lour au clieik de nous ramener a lioms , s'il ne voulait accepter nos conditions; mais ( 33^ ) que nous reviendrions avcc une nouvcUe escoile d avec une s6v6re remonlrance pour liii. Colle convi-r- salion, dovcnue peu ainicale , se tcrniina par la pvo- messe de preparer 1(> di-iiarl pour le malln sn.vaiit. Mais qiiand Ic sou- fut vouu, Malimoud mil noire pa- tience a une nouvelle epreuve en prelcndanl cpie ses gens n'avaient pas cu !e loisir di-puis 4^ lieures de pre- parer leurs ohameaux. II pril nieine un fusil pour courir, (tisail-il, apres ceux de ses liommos qui lar- daientlrop, el pendant celle sortie ridicule les Be- douins rcsles avec nous nous dirent que leur clieik dtait un enfant sans barbe. Enfin , sur les 9 heures, en dt^pil d'un brouillard epais, nous parliuies. L'escorle se composail de 10 hommes monies deux par deux sur 5 chamoaux. Quand le brouillard nous permit de dislinguer le ter- rain , nous sorlions d'une gorge elroile pour enlrer dans une vallee d'un quart do lieue de largeur, el ler- minee par une chaine dile Abou-Jouhour de 1 20" de bauleur. Pour la gravir, nous suivlmes le Hi d'un tor- rent et marchames cnsuite sur un plaleau parfois ondul^. Nous avions a 3 lieues en avanl une autre chaine ^tendue nomm^e Abiad (la Blanche), el au pied de laquelle nous Irouvames un sol sablonneux et cal- caire Celle chaine de coliines au lieu de se dessiner en blanc, suivanl son nom , se dessinc au conlraire en noir. Ses flancs sonl sillonnes par des pluies; sa hauleur, ou-dessus de la plaine , n'excede pas 100". Nous nous V elevames par des zigzags assez roides ; le sommel el la pcnle op|)os(^e sont couverls de ro- chers. Vers les 3 houres, nos Anasiis nous demanderent si nous |)i'6ferions conlinuer a marcher poui gagncr I'al- ( "'o5 ) myre, ni6mo cle unit, ou iious arreler a an campemonl quils connaissaient siir iiotre gauche; puis, sans al- lendie noire reponse, ils se deciderent pour ce der- nier parli , et, apres une lieure el deniie de marche incortaine , nous decouvrimes la Iribu qui nousregut. line forte f^olee blanche convrit la terre pendant la nuit. Le 90, de Ires bonne heure , nous repriraes la di- rection de Palmyre , jouissant d'une assez douce tem- perature due a la presence du soleil. Nos chevaux se tenaient a peine sur les roches inclinees et glissantes qui torment les dcrnieies pentes de Djebel-Abiad. De distance en distance , nous apercevions sur la gauche dans le flanc de la monlagne des excavations sembla bles a celles du Mokaltam pres du Caire , et sans doule ellcs avaient servi aux memes usages. Devant nous, a nos pleds, s'^lendait une immense plaine , couverte de vapeurs blanches; elles ne s'elevaient qu'a 1 ou 2 metres au-dessus du sol. Nous y vimes ime ci- lerne nommee Gessel, et environndje de traces de campeuients et de nombreuses tombes au milieu de quelques arbustes rabougris. Le sol de la plaine est im sable fcrme , doux aux pieds dcs chevaux et des chameaux , et sillonne de mille sentiers, qui ne sont qu'une seule et meme route Le bouillard avait reiuhi I'atmosphere glaciale. Apres deux heures de marche , une l^gere monl^e , remarquable d'ailleurs par quelques tombes et des genets noirs, nous ayant Aleves au-dessus du brouil- lard , nous pumes voir des collines de sable vers les- quelles nous nous dirigions. Nos Anases s'y porl^renl en rampant sur le ventre , parce que c'est le lieu or- dinaire des embuscados. Le hasard fit qu'au meme ( 334 ) inornenl i!s dc^couvrirent au loin une lungue lile dc chameaux ou dromadaires qui leur causa une inquie- tude reelle ou feintc; avanl de se decider a conlinuer, ils prepar^renl Icurs fusils a meches. L'objcl de lour crainteetait,.comme nous le sumes deux heures apres, une caravane qui arrivalt de Danias , el qui, en nous voyanl poindie sur Thoi'izon , sc crul de son cote nie- nacee. 11 nous scmble que rien ne sauralt peindre plus Iristemenl le desert que cetle crainte de rencon- trer des hommes, aprfes jilusieurs jours dc marclie , et malgr^ un si grand besoin de repos. Nous plonglons alors sur un vaslc bassin enlour^ de hautcs monlagncs; cellos de Test supporlaicnl quelques tours qui , placees la commc des vigies , avertissaient seulement qu'on approcliait de Palniyre. On ne rencontre avant d'arriver a ces lours qu'un objet remarquable , la cilernc dite Ma-Aboulfoua- ris , oil se pr(5parenl souvonl les coups de main des Bedouins voleurs. La route de Iloms el cclle de Damas se rojoignent a rextr^mitd de la plaine , ou I'ori distingue mieux I'enceinte forlifiee qui formait la defense de ce cole. EUe embrasse deux bauteurs Ires rapprocbees qui ont I'air de s'abaisser toules les deux, pour donner un passage plus facile a la route. Cclle- ci somble s'ecarter comine |)ar respect de I'ave- nue triompbalc dc colonnes qui restenl sur la gauche. II faut etre arrive a ce point pour commencer a ap- precier les inagnifiqucs resles de Tadmor, Dans les di- verses inflexions du cliemin, le voyageurpeul voir les details de cet admirable ensemble. Ce sonl d'abord des lours ornees de sculptures , qui servaient de lom- beaux aux grandes families de Palmyre ; puis des lignes de colonnes a travers lesquelles I'air se joue si ( 335 ) Jibj'cmont que lour legereld les fail paraiti-e presquo grdles. Ces colonnes, d'line belle couleur, se peignanl sur un ciel d'un Ijleu doux avec un loinlain de mon- Ingnes roiigeatrcs, s'elevant sur une ligne bien Iran- cbec de sable , tel etail le coup d'ceil qui s'offrail a g.iucbe. En avanl se voyait une masse compacte foimee de grosses pierres, et surnionl6e de colonnes elegantes ou de creneaiix grossiers; c'6tait le village de Palmy re , ou loul est contraste comme a Louqsor ; de sales et mcsquines constructions y sont adossees ou enlremelees a de riclies sculptun^s; c'est h la resi- dence du cbcik que nous dcscendimes. Motre petite caravane traversa la porte pele-mele avec celle de Da- mas , apres s'etre toutes deux precipitees sur une source cbaude et snlfureuse ( EUKabritie ) , qui sert aux deux ou Irois cents Arabes qui habilent Tadmor. Nous avions marcbe plus de quinze lieures depuis notre depart du campement de Mabmoud. A peine inslalles dans noire logcment, non loin du temple du Soleil , nous courumes |)rendre une id6e g^ndrale de ces ruines , qui , bien qu'embrassant une etendue d'environ trois quarts de lieue, nous parurent inlerieures sous tous les rapports a celles de Tbt^bes.On y trouve tie petits temples isoles , quelques colonnes cannelees , des details de cbapiteaux, de cornicbes, de portes, de fenelrcs d'une grande ricbesse ; on y ob- serve le meme soin h reunir les pierres par des tenons en bronze , dont on trouve partout des traces. Les inscriptions grcctpies v sont tres multipliees; il nous semblait suivre une avenue decoree pour un triompbe, avec des stations de repos pour le friompbateur ; par- lout des colonnes interroraj)ues de loin en loin par des piedestaux massifs propres ci recevoir sa statue. ( 336 ) Les profils desraontagnes sont, par lour originalile el leur beau Ion , en liarmonie avcc tout I'^clat de ces ruines. line forteresse modernc, qu'on appelle Kalaa fiben- man , se Irouve perchee sur la pointc d'un cone, et ne parait point deplact^e au milieu de ce beau ta- bleau. On suit avec inleret les lignes do defense , les debris des tours qui ontrecule, ou peut etre aussi avance la destruction de tant de cbefs-d'oeuvre ! car le desert n'est ennemi que de rbommc ; Palinyre n'est pas en droit do faire a son desert les reproclies que I'Egyple fail a ses sables, qui caclionl cbaque jour de plus en plus les monuments des Pharaons- La soli- tude de Tailmor sort au contrairo do protcclrice a la ville de Zonobie. Quelques jardins de dattiers et d'olivitrs (jui avoi- sinent la grande (mceinle du temple prouvent que ce lieu , qui d'ailloius ne manque pas d'eau, pourrait ^Ire environne d'une belle verdure, et alors quel ad- mirable tableau ! Les colonnes dont la hauteur totale n'exc6dp pas 7 a 8 metres presentent une particularit«^ (jue nous n'avons observ^e nulle part ; c'cst un epe- ron saillant, taill6 en meme temps que Tassise a la- quelle il appartient , et qui, sans doule, dcvait recevoir une statue ; si cette multitude de statues 6lait, comme on peut le supposer, execul^e par des artistes de talent, quel beureux ornemenl ce devait etre pour cette harmonieuse architecture I Comme nous rentrions, vers la nuit, de celle pre- miere exploration , nous fUmes accost^s par un jeune hommovenu d'Alep. Son escorte lui avait appris I'ar- rivee d'un Europeen, ot il s'etait empress^ de venir nous Irouvor. On lui assigna une maison rapproch^e ( "^-'7 ) i\c la noire , qui dovenail glaciale des que !e soloil avail dispani. In venl froid Iraversait la chanibre on lous sens, el independammenl de colle contrarielo , nous 6lions constamnienl liarcel^s par les demandos des Anases . soil pour la nourrilure de leurs chameaux, soil pour pressernolre depart. U n'y a que les postil- ions italiens qui sashent se rendre plus imporluns que les Arabes. Nous passames les journ^es des 21 , 2 2 et 25 d^cem- bre, lantot a dessiner , lantot a parcourir le leriain. Si Ton veut comparer entre ellos les deux rulnes les plus celebres du monde, celles de Palmyre el celles de Thebes, on accordera toule la superiority aux der- nieres , comme ^lendue , conception el execution. La seule parlie de Palmyre qui puisse entrer en parallfclo avec les constructions d'hgypte, est le temple du Soleil. 11 a conserve une cella obslruee par les ca- hules des Bedouins et par une mosquee. Nous re- marquames sur une magnifique porte d'enlree un ai- gle sculpte sur des boules, comme I'epervier d'Egypte sur le globe aile. La cella elail environn^e de colonnes, donl quelques unes seulemenl sont intacles ; elles composaienl un vaste portique , qui elait lui-m6me entoure de riches colonnes encore debout et de murs largemenl construils. En sorlant de ces murs, on enlre dans les rangees de colonnes, donl on peul porter le nombre h 4oo ; Thebes oppose a cela ses longues ave- nues de sphinxs et des colonnes qui, au lieu de 7 a 8"", onl jusqu'a aS" de hauteur sur 8" de circonfd- rence. A une demi-heure du temple sonl les lombeaux bouleverses qui semblenl avoir recu loules les riches- ses de la sculpture. On y voil des femmes appuyees Xlll. J DIN. -2. •I'A ( 558 1 sui des urnes , des guoriiois sm- leurs casques , rles (If'ini-reliefs de la fortune aii^e sur un globe, line par- lie des sepullures consisle en sarcoj)hagcs , les aulres soiit leunies dans des lours Ires curieuses a visiter. Les morts y etaienl places dans des augcs ou fosses, le.s uns au-dessus des aulres. Dans les parois des tours se sonl conserves plusieurs luistes sculptes; les plafonds soril peints, el portent des rosaces scnihlables a celles des arcs de Iriomplie anciensel modernes. On enlr.iil a Palmy re coinme a Pompei, par la rue des lombcaux. On nous a souvent demande a noire retour siir lo littoral, si nous prelerions les ruines de Palmyre a relies de Balbek. iNous n'besiterions pas encore au- jourd'hui a repondre adirmativemenl ; car I'alinyre a, connne Bidbek, un beau temple du Soleil, et, de plus que Balbek, une for6t de colonnes au debors; il faul y joindre I'inlerel et la surpri.se qu'excilent des mer- veilles sur lesquelles on tombe toul-a-coup au milieu du d(^sert. La forleresse turque , abandonnee aujouid'bui , n'a rien d'interessant que sa situation , qui lui donne lair d'un refuge de voleurs. Ella est protegee par un foss6 qij'on a dil creuser dans le roc par la mine. Depuis la destruction du pont-levis, il est difficile de se bisser 5 I'inlerieur ; mais la bauleur a laquelle on se trouve plac6 sur le pourtour de son sommet , suflTit pour faire jouir d'une vue Ires curieuse ; I'oeil embrasse a la fois les ruines, la ligne infinic du desert, et la belle cbalne des montagnos qui formenl Iborizon a gauche. Nous doulons que la forleresse , proprcment dite , puisse 6tre d'une haulc anliquile. Quant aux belles constructions d'arcbilecturc , Wood les fait remonter au si^cle d'Anlonin-le-Pieux. ( S5c) ) I)e beaux et antiques soulerrainsconduisenl leau do la source sulluieuse jusqu'aux jardins et au lemplo. Nous nous glissames dans le conduit, et nous confianl dansles assurances d'un vieillarddu village, apres avoir nage dans I'eau I'espace de quatre a cinq metres, nons arrivames en effet a la source dans une excavation nalurelle, plus haute que stature d'hommc ; nous y primes un bain d'autant plus agreable, que la tem- perature ext^rieure etait froide. On voit au lever du soleil celte eau I'umer et degager une forte odeur de soufre. La population , qui n'en boit pas d'autre , est remarquable par son air de sant^ , et les femmes par leur beauts. On sail que Palmyre est un point de repos el d'ap- provisionnement pour les caravanes qui vont de Bag- dad a Damas. Les Anas6s, avant la domination egyp- tienne, venaient souvent piller ces dernieres, soit a Palmyre, soit plus au loin dans le desert, et ils ne permettaient Facets de ces ruines aux Europeens que mojennanl une transaction et une somme tres iorte. On voit combien nous trouvames eel 6tat de choses change, et combien les Anas^s devaient s'en trouver l^ses. La vue de ceux qui m'accompagnaient faisaient horreur a notre hole, dont ils avaient tue le pere cinq ans auparavant. Lours imporlunites a mon egard, el le d^sir bien naturel dans notre hole de los voir partir, contribuerent beaucoup a nous faire abreger nutrc se- jour au milieu de ces ruines. Nous aurions voulu re- venir sur Damas et meme sur Homs par une autre route; mais ricn ne put decider notre escorte a le faire. Elle pr^tendit ne pouvoir plus repondre de nous sur une autre direction , et il nous fallut de nouveau errer a la recherche du clieik Mahmoud. ( 34o ) Nous parlluies \p a^ «^^c la m6me suitp, aupmcn- l«W' loiilefcis de deux IVmmesdolct famille du chcik. 11 pTi r^siilta que nous ne marchamos plus que fori doii- cenienl, nos Anases usanl de ce prdtexle pour fuire conlinuellemcnl manger leurs chameaux. La plaine que nous avions Iraversee en venant par un hrouil- lard epais, elail au rotour remarqiiable par une teinle jaune qui so foudail en rose , et se delachait sur des nionlagnes d'un violet presque noir. Le ciel t^taitcou- verl, et laissait seulement entrevoir lo disquc du soleil. Apr^s six heures de marche, comme la pluie lombait depuis une couple d'heures on se disposait a planter la leite des femmes , lorsque deux hommes furent apergus. Aussitot les notresdc quitter leurs chameaux. saisir leurs armes et courir sus , afin de s'assurer s'ils n'etaient pas suivis d'aulres compagnons. Quant a nous, nous suivimes au galop, el ne vimes pas sans suiprise nos Anases metamorphoses en gardes nui- nicipaux , interrogeant les hommes apres les avoir pro- \isoirement depouilles de leurs vetements et de leurs armes. Cependant la preuve ayant ete acquise que ces hom- mes etaient a la recherche de leurs chameaux egar^s, tout leur fut rendu et Ton se s^para. Nous domes, malgr6 nos justes preventions, ren- dre justice a Tactivite de nos Bedouins , qui en quel- ques instants eurent diesse une grande tente, allume le feu , cherche de I'eau. Les deux I'cmmes ne furcnl pas oisivcs a peine arrivees, et quoique baign^es par la pluie, elles se mirent a p6trir; elles nous envoys- rent un plat de bl^ bouilli avec des ognons crus , et dujusde grenade; le tout aussi peu cuit que la ga- Jelte qui servait de pain. Vne autre fois, elles nous ( 54' ) donnerenl de la galetle treinp6e dansclu beiirre ranee, et saupoudr^e de sucre. Nous regrellions le riz d'E- gypte ; malheureusement on n'en liouva pas a Tadmor. La tente , couverte de givre et de giele , ne fut lev6e que lard dans la malinee du aS. Le froid elait lifes vif ; la nelge avail legerement blanclii les monlagnes de I'horkon. Nous nous flallions cependant que nous ar- riverions le soir chez le clieik Malunoud ; mais la ma- niere inconcevable dont les Aiabes se dirigent en re- meUant loul a Dieu , nous fit arrlver a un campenient de la monlagne Schaar. Nous nous y arrelames pour la null aprfes six ou sept lieures de marche plus lente que la veille ; car cbacun s'ecarlait a droile et a gauche pour faire manger les chameaux , ou pour allumer un feu el se chauffer. Prieres, menaces, promesses, lout ^chouail contre la force d'inertie des Arabes, qui lan- 161 pr^lextaient le froid , tantot la raaigreur dj leurs chameaux. Celui qui marche avec une semblable Iroupo ne sail ou se tenir pour conuailre la direction a suivre , cba- cun en tenant une quelconque; lous les quarts d'heure ces directions viennent converger pour un moment a un meme point, ou on se separe derechef. Des hom- mes a pied se d^lachent parfois pour cliercher la route du haut des collines. Bref, il est etonnant qu'on arrive. Si Ion marche en lele dans I'espoir d'entrai- nersur sa piste, on se trouve bientot seul. II est diffi- cile d'imaginer quelque chose do plus faligant, et nous ne voyons pas de puissance capable de faire de- vier ces gens de leurs habitudes. On ne pent leur con- tester des qualil^s de guerre , une grande resistance contre la fatigue, la faim et meme le froid, car ils sont tres pen v^lus ; mais il faul toute la lenacit<^ du f 342 ) gouvernement ^gyplien pour se faire craindre el ob6ir par de pareilles hordes. Quand nous leur parlions uii pcu vcrlement , ellos nous repondaient que , pou d'an- nees auparavant, nous leur aurions pay^ au moins 2,000 piastres pour voir Tadnior. FjC 26, nous parlimcs lard coinme a I'ordinairo; aussi nous ful-il impossible de relrouver le nouvoau campement de Mahmoud avant la nuit. Dans celte niarclu' de liuil lieuros, Ics monsonges de nos hommos so succ6daienl a mcsure de nos ui«!;coniplos el de nos inipaliences. Nous avions laiss6 ios femmes en arriere, afin de marcher plus lestcmenl. Nous avions fini par declarer que, munis de nos firmans, nous irions Irouver le premier cheik que nous verrions, el que nous nous ferions conduire par lui a Homs. Les liommes nous r^pondirenl que personne n'elail capable de nous guidor, el que pas un cheik ne saurait lire le firman. Apr^s celle discussion, nous nous engagoamcs dans des gorges sinueuses, ou nous commengions Ji soup- conncr quelque mauvais dessein , quand nous apercu- mes de loin la lenle de Mahmuud, qui, ce memo jour, avail changed de sile , el s'elail lransporl6 dans le dis- Iricl de Koukouf-el-Boum ^ hi main du liihou ). Nous vlmes avec plaisir la mani^rc alTectueiise el patriarcale donl Mahmoud re^ut ses servileurs , les baisaiil I'uu aprfes I'aulre sur le front. Le soir, nous causames aulour du feu, et nous ne m^nagoames pas I'aniour-propre dcs Bedouins, di- sant^ leur chef (jue nous a\ious cru Irouver, loit) clos viiles , des gens aussi sinc^res, aussi purs que I'air du 'dtisi'rl, landis que nous n'avions rcnconlre ({ue faus- setes et iiianques de parole. Lc cheik chcichail a eloi- gner celte conversation , qui meconlcnlall visiblement ( 543 ) les Bedouins; nous v joignlmcs une demi-menace de faire connallre nos griefs au Routelan-Agassi. Le seul avantage positif que nous relirames ilc cat enlrelien ful celui dc voir haler noire depart, que nous reclamions pourle lendemain. Effectivement , le 27, apres avoir remis publique- ment 4oo piastres (100 fr.) aMahmoud pour dislribuer a I'escorte , nous quitlamcs sa tente au lever du soleil, avec un seul guide, monle sur un chanieau. Nous Irou- vames de I'eau de pluie gelee ; nos clievaux la rompi- rent avec les pieds pour se procurer a boire. Nous marclianies les deux premieres heures dans I'ouest, et lilteralement par monts et par vaux; puis, nous parcourumes une suite de grandes vallees , oii , pour la premiere fois depuis notre sejour dans le de- sert, nous viines un peu de gibier r^uni, des san- gliers, des renards, des perdrix, mais pas une gazelle ; les oiseaux de proie, comme les aigles et les vautours , y sont noinbreux et d'une taille extraordinaire. Ln fait qu'on aura peine a croire, c'est que nous ne pumes oblenir qu'une seule fois du lait clu z Mah- moud, quoique nous rencontrassions souvent de riches troupeaux. Apres quatre heures dc marcho , nous enlrames dans la plaine qui s'etend jusqu'a Horns sur une lon- gueur de 1/4 lieues. Elle est occup6o par de nombreu- ses tribus; nous nous arretanies a celle qui se trou- vait pres de Djebel-el Hebl6. Le vent avait ele glacial , malgr6 un soleil eclatant. Une circonstance qui nous frappa d'etonnement durant cette marche el la suivante. fut la fixile de di- ( 344 ) leclion do noire guide , malgr6 Tallure louvoyanle de ^a monlure el I'absencc de roule.La boussole nous in- (liqua qu'il so lonait si cxaclemcnl enlre 2g5 olooo" que nous crumes pouvoir acquiescer a la demande qu'il nous fit de se rendre pour une couple d'lieures a una Iribu qui 6lail sur noire gauche. Guides par la bous- sole, nous conservames la direction precedente. Quand le guide nous rejoignit, apres les deux lieures convenues, il nous ti^moigna sa surprise sur ce que , nialgre les ondulalions du lerrain , nous n'eussions pas fail fausse route ; il eut cl6 difficile dc lui oxpliquer que loul le merile sc Irouvail de son cole. En quillanl le canipemenl de Djibel elllebl^, nous suiviines le pied de celle chaine , donl la bauleur n'excede pas 70", el nous Irouvamcs los traces d'une veritable roule. Une pluie el un vent de glace nous es- corl^renl jusqu'au soir. A trois bcures de Iloms, nous traversames les pre- mieres terres cullivees; nous repassames a Abr^n , qu'une coupole blanche fail dislinguer d'assez loin au milieu de la plaine. A peine lenlres an couvenl, nous apprimes qu'une insurrecti n des Druses avail eclal6 dans le llauran , que le Koufelan-Agbassi elail parli de llama a la I6le de 2,000 chevaux. Le 1'' regiment de la garde avail ^galcment quille llama pourse porter vers le foyer de rinsurrcclion. Nous nous f^licilames de ce que ces bruits fachcux ne se fussenl pas repandus chex les Anases, loujours prels a se soulever quand rauloril^ du pays est mena- cee sur quehjue point. La plaine de Horns elail couseile ile -a decimetres de neipc, rn sorlc «|ue nous nous resignauicsplus la- ( 345 ) cllement a un repos de quelques Jours aprfes les deux semaines passees dans le desert. Nous avons observe les directions de noire route a I'all^e el au retour, et nous pensons que Berghaus a tort de placer Palmjre au S. -E. de Horns; Teniplace- inenl de ces ruines nous parait 6lre a tres peu pr^s a I'E. de I'ancienne Emese. AuOLPHli DE CaRAMAN. Rapport de m. Dumont-d'Urville a M, le rninisire de lai' la Constance de sa tcinte et de ses formes. Elle r^sista au coucher du soleil , a son absence et a son relour sur riiorizon. l)6s lors , je fus convaincu que la terre 6tait sous mes yeux, et il ne s'agissail plus quo de nous en rapprocher suffisammcnt. J'y lenais d'autanl plus que nombre de personnes ne parlageaient pas ma convic- tion. Par malheur, la journee du 20, qui nous gratifia d'un ciel d'uiic purete el d'une beaute bien surpre- nante pour ces climats , ne nous apporta pas un souf- lle de vent. Nous restamcs a la vue de celte terre qui excilait si vivement noire impaliente curiosite. Nos jojeux raatelols , qui n'avaient quilts la viande ( '-^^i') ) iV.ilche que Hf[iuis deux on trois jours , ol (jni ton? , sans exception , se portaienl a mervcille, iinaginferciit d'eniployer ce beau temps a une cercinonie de leur invention , analogue au baplenie de la Ligne. Cette fois, c'elait le ])6re ^ntarvticpie qui, a la tete de son cortege burlesque, venait nous ouvrir la porte cle ses Etats, moyennant une initiation a laquelle chacun de nous devait se soumeltre. Je me pretai de bonne grace a ces fac^ties ; Ics officiers en firent aulant; el ce fnl une journ<^e complete de fete et de rtlsjouissances pour I'equipage de I' Astrolabe. II n'est pas bosoin de dire que les ablutions d'eau froide n'euront pas lieu comme au baplcme de la Ligne , la tempt^rature t'-tait loin d'v convier les acteurs; mais ils s'en d^dommagerent co- pieusement par des ablutions inlerieures d'un autre liquide plus rechauffant. Cependant lout se passa par- failement bien , et il n'\ eul aucun desordre. Le 21, des une heure du matin, je profitai d'une jo- lie brise du S.-E,, poussant au S. S.-O vers la lerre. Pour y parvenir , nous avions a traverser une cbaine immense de grosses glaces en forme de tables et des plus fortes dimensions. Je cherchai des yeux le canal le plus ouvert et le moins perilleux. De deux h six heures, nos corvettes defilerent tranquillement dans ces delroits de nouvelle espece. Quelquefois les canaux n'offrent pas plus de deux on trois cables de largeur , et alors nos navires semblaient ensevelis sous ces res- plcndissantes murailles de loo a i5o pieds de hauteur verticale , dont la masse enorme semldait prete a nous an^anlir. Puis le canal s'ouvrant lout-a -coup , nous passions subitement dans des bassins plus spacieux , environnes de glaces aux formes bizarrcs et fantnsti- ques qui presentaient le spectacle le plus merveilleux, ( 35o 1 pI rappelaient involonlairement ces palais de crislal el de dlamanls jadis si conimuns dans les contes dos f6cs. Uncielpur , un temps delicieux, une brise ^ souhail, nous servirenl admirablemenl dans cotle audacieuse navigation. Nous sortimes enfin de ces canaux torlueux et resserrf^s, dont les hautes parois nous avaienl long- lenips dernbe la vue des terres , et nous nous trouva- mes sur un espace relativement degage, d'ou nous pumes contenopler la cote dans toute son etendue \\ - sible. Distante denous, alors,d'cnviron 8 ou i omilles,c'6tait un inamense ruban de terra , s'etendant a perte de vue du S.-S. E. a rO.-S.-O. , haut de 2 a 3oo loises, enli^n- ment couvert de glace et de neige qui en avaient com- pldtement nivel6 la cime , tout en laissant subsister les ra\ines sur la pente des terres, ainsi que les baies ol les pointes au rivage. Tanlol ces glaces n'ollraieut qu'une nappe plane , uniforme , d'une blancheur terne et monotone ; lanlot leur surface 6tait sillonndo, liachee, trouee, tourmentee comme si elles avaient subi Tac- tion d'une violente convulsion ou d'un dcgel subil et irregulier dans ses eilets. Ln grand nombre de monta- gnes de glace , recemment detachees de la cote , n'avaienl pas encore eu le temps de s'oii eloigner, et en delen- daient le plus souvent I'approche. Celte solide barri^re nous interdisait lout progr6s vers le sud ; mais le m^ridien sans inclinaison devait se trouver peu eloigne dans I'oucst. M. Dumoulm avait d^ja observ«^ prcs de 8G degres d'inclinaison . el je pou- vais essayer du moinsd'approcber du pole magnetique austral, autant que les terres me le permeltraient. D'ailleurs une jolie petite brise de I'E.-S. E. semblail sourire a ce projet. ( .^'=»' ) rle mis done le cap a I'oucst , el iios cor\clles delile- lenl le long de la teiTe a 5 on () milles de distance, sa- luees de temps en temps par le cri lauque des grotes- ques pingoins, auxquels iios malelols repondaient de k'ur niioiix. A midi , d'excellenles observations donn^- rent 66 degr^s 3o minutes latitude sud, rt i58 degres 9 1 minutes de longitude est. Toutes les boussoles des navires affolaient d'une maniere bizarre, strange, etsur /'Js/rolabe il n'v eut que le compas renverse de ma dunelte qui continua de marquer la route avec une cerlainc precision. Notre nonvelle decouverlesV-tenclail done pr^cisemenl sous le cercle polaire anlarctique, puisqu'elle courait a peu prfis est et ouest. En outre nous etions peu eloignes du pole magn^tique. A cinq heures du soir la brise fit place an calrne , et j'en profiiai pour expedier MM. Dumoulin el Coup- vent sur une Ires grosse glace , a deux milles de distance, afin d'y ex^culer les observations d'inclinaison , de- clinaison et intensile magn^tiques lout a leur aise. C.es operations leur prirenttrois heures entieres , etils nn- Irerent a bord h neuf heures trenle minutes, tressatis- faitsde leur station. Jusqu'alors nos yeux, armes de toules les lunettes dubord , avaient interroge minutieusement tons les accidents du sol, el n'avaient pu y saisir nn seul point que la glace eut laiss6 k d^couvert. Malgre I'invraiscmblance d'une glace compacle de i,5oopieds de hauteur , on eut pu conserver encore quelques dou- les sur I'exislence positive de la terre. D'ailleurs , je le- nais infinimenl a pouvoir oiFrir a nos geologues des echantillons de cetle portion de noire globe , les pre- miers sans doute qui auronl ^te soumis aux regards des hommes. En fin , vers cinq heures trenle minutes, apr(^s fh- ( 5.52 ) verses deceptions occasionnties pai' les fausses annon- ces ties hommes en vigie, M. Durocli altira mon alleii- tion siir des taches noires situdes sur la |)arlie nidn)e du rivagc la plus rapprochee , partie qui nous avail H^. jusqu'aiors masqu^e par une longue chaine de glacos tres serr^es qui regnail entre elle el nous. Apr^s quel- ques instants d'examen, je ne pus conserver aucun doule : c'elait vraimenl des rochcs effleurissanl a la surface de la neige qui frappaicnt mcs regards, el sin- ce point, la glace avail laisse le sol a nu dans une cer- taine ^lendue. In moment j'hesilai a envoyer des ca- nolsaussi loin des na\ ires (prt^s de 6 millesde distance): car je savais combien les venis sont peu stables en cos parages, el les brumes ^paisses el fr«^quenles. C'elait une idee affreuse pour moi d'etre expns^ a livrer a une perte inevitable, a une mort horrible les equipa • ges de deux umborcalions, sides venIs du large vc- naient me forcer a m'eloigner subilement de cello cole dangereuse. Toutefois , plaganl ma confiance en m;i destinee , dans I'aspecl s^duisant du ciel , el craignani de no plus retrouver une aussi belle occasion, j'exp<'- diai un canol de cbaque corvette vers ce poinli nlt^res- sant de la cole MM. Durocb , Dumoutier el Lc Breton s'embarque- renl dans ma baleiniere, el MM. Dubouzet el Leguil- lon dans la pirogue du capilaine Jacquinot. Le ciol nous lut favorable. Les nialelols, qui partageaionl eux-m6m( s rardeuretrentbousiasme de leurs ofliciers, ram^renl avec une vigueur incroyable; el dt'js onzo bi'urcs di; la null les deux canols renlraienl a bord apr^s avoir accompli leur rude el longue corvee. Les deux einbarcalions elaient chargees de cailloux arra- ches a la roclie vivc : c'^taienl des granils de leinles ( 553 ) varices, plus on inoins battiis par la lame. lis rappor- laieril aiissi quelqiies pingouins, qui me parurent d'une espece differente de celles que nous avions observ^es dans notre premiere course aux places. Enfm, M. Du- moutier me remil quelques fragments d'une grande fucacee , jetee par la Lame sur la roche. Du resle , on n'avait observe aucune autre trace vivanle d'etre orga- nise, soit dans le regne animal, soit meme dans le regno vegetal. A i'aspect de ces roches, personne a bord ne conserva le moin Ire doule sur la nature do la haute et puissante barrifere qui fermait la route a nos navires. Alors j'an- non^ai aux oflTiciers rassemhies en presence de I'equi- page que celte terre porterait d^sormais le nom de terre v^<^/^Vie.Cette designation est destiiK^e a perp^tnerle sou- venir de ma profonde reconnaissance pour la compa- gne devouee qui a su par Irois lois consenlir a une separation longue et douloureuse, pour me permettre d'accomplir mes projets d'explorations lointaines. Ces pensees m'avaient pousse dans la carriere maritime d^s ma plus tcndre enfance. Dema part ce n'est done qu'un acte de justice , une sorte de devoir que j'ac- cnmplis, auquel chacun ne pourra s'empe('herde don- ner son approbation. Ainsi , dans la nuit et la journee suivante , 22 Jan- vier, je continuai de suivre la terre a deux lieues de distance avec une petite brise d'est. Le ciel etait tou- jours beau, mais il faisait tres froid. Dans la nuit le mercure avail descendu a 5'- 5 au-dessous de zero, et en plein midi I'cau qui tombait sur le pont s'y conge- lait sur-le-cbamp a Tombre. Le 20, je voulus continuer de prolonger la terre, qui s'^tendail ind^finiment vers I'onosl: mais des qua- Xlll. .TUIN. 5. 23 ( '^H ) til' lietircs (lu inntin les glacrs se resserrtTcnl, i-l qiiand nous en fiimes assez pr^s, nous reconniiines (jnCllrs 6t;iient soudees par une banquiso qui semblait s'elen- dre de la lerre vers le nord. En consequence, je serrai le vent tribord, pour essaver de doubler celle barri^re inallondue par I'csl; m;ii.s an bout de cbaque bordi^e file se remonlrait bieii Iranchee.et paraissait nous en- velopper de ses longs replls. vMois, je n'eus plus d'aulre ressource que de loii- \oyer enlre la lerre el la banquise , pour me relever du Irisle cul-de-sac ou je me trouvais enloncii. V ingl- quatre heures apres, an [)oui de deux longuos bor- dees, je virais encore sur le i)ord de la banquise, qui semblait loujours courir au N,-K., aussi loin que la vue pouvail s'l'tcndre. Jusque la , pourlanl , ce n'elait encore qu'une alTaire de patience et de vigilance ; car, apres tout, dans des circonstances oidinaircs nous pouvions toujours rsp^rcr de scrlir par le ciiemin oii nous etions venus. Mais le lenips, si constammenl beau dej)uis qualre jours , changea subilenient : le ciel se cbargea de toutes parts, le vent fraicbit subile mentu I'E.-S.-E., cl fl^s midi soidflail en coups de vent furieux, accouipagnes de rafales violentes. Ces rafales elaient cbargees d'une neige ^paisse qui S(! gla^ait en tombant sur le pont et Ics agr6s , el bornail le plus souvent noire boiizon {Kpielqius longueurs de navires. Accules comme nous rations enlre la terre d'une pari el la bantjuise sous le vent, en outre obligt^s de rourir nos bordt^es au Iravers d'un espace parseme de ulaces, noire position devinl des plus mena^anles.Jene pouvais songer a garder une cape ordinaire sous petite voilure, sans lombor promptement el inevilabletnenl dans les falales banqiiisos , cm nous aurions i'i^ bienlol ( 555 ) demolis. 11 fallul conserver la toile assez pour soutenir les corvettes le plus long-temps possible et les empe- chcr de tomber sousle vent. Ileureiisementnos matures purent resisler a ce rude assaut. Mais, a moinsd'avoir passe par ces ^preuves, il est (linicile d'imagincr ce que nos equipages eurent a soiifFrir en celte circon- slance. La moindre manoeuvre exigeait pour son exe- cution le concours de tous les bras, et entrainait les plus grandes dilTiculles, a cause de la glace qui roidis- sait les cordages et les empecliait de courir dans les poulies, revelues elKs-uiemes dune croute de verglas el de neige glacee. Je vis que le froid , la fatigue et I'epuisement allaient bientot me priver du secours precieux des bras des njatelots , si je vouiais tons les conserver sur le pont. Aui*si, malgre la gravite du moment, je les divisai en deux bordees, qui se relevaient d'heure en heure. L'une des bord(^es se recbauffait autour de tous les feux allum^s, et y s^cbait ses vetements . tremp(^3 de neige et d'eau de mer, tandis quel'autre vcillait sur le pont. Mais toutes les deux se reunissaient pour cha- quemanoeu\re a cxecuter. Les otTiciers se relevaient aussi par bordees. Pour moi , abrit^ sous ma du- nette. mais I'oeil conslamment fixd; sur les moindres variations du temps ou de la mer, je n"en bougeai point ])endant toute la durtie du coup de vent, elje donnais de la les ordres a executer a roflicier de quart. Nonobstant tous nos efforts el la voilure effrayante que nous portions, je m'apercus bientdl que nous de- rivions dans I'ouest, ot que si le coup de vent durait plus de vingt-quatre heures , il nous restait bien pen de chances de salut. La position de la Zetre devint encore plus precaire 23. ( 356 ) el me causa les plus vivos inqiiieludes Mulgrt^ la fu- reiir cles rafales, inalpr6 I'^paisseur de la neige , elle avail su se maintenir a Irois on qiiatre encahlurcs dan^ nos eaiix , elle avail meme f.uivi noire viremenl de hord pres de !a tene Adclic ^ qiiand a six lieiin s Irente minutes elle me dit qu'cUe carguait son grand liunicr. Dans une jiarcille position, une avarie seule pouvait conlraindrele cajiilaine Jaquinol a diminuorde voili'S, et je kii fis le signal de libevte de niniuvin>re , qii'il ne put voir, car au meme instant un tourbillon de neige plus epais que les precedents s^para defini- livement les deux navires. II n'y eul pas d'am^lioration sensible dans nolr(> position jusqu'a minuit ; mais a parlir de ce moment le vent s'affaiblit par degr^s, la mer s'adoucil, el I'lio rizon s'dargit jusqu'a un domi mille, quelquefois a un mille de distance Dans la matinee du 25, nouspiimes augmentcr de voiles, et I'espoir vint renallre au coeur de lous les habitants de r Astrolabe. Ma!gr6 le mauvais temps qui r^gnait encore, nous eontinuaines hardi- ment nos bordees pour nous clever au vent. Les craintt'S memes qui nous tourmentaient sur le sort de noire conserve furenl a peu pr^s dissip^es. Des cinq heures, la vigie crut Tenlrevoir un momenl a 6 ou 7 milles sous le vent a nous , peu loin des gran- des lies de glace (]ui bordaicnt la banquise ; a neuf lienrcs Ircnte minutes quelques personnes crurent I'a- voir vue Ires clairement. Enlin , a six heures du soir , ilans une longue bordee que nous poussions sur la 'crre, nous reconniimes tout-a-coup et tres visible- ment noire fulMc compagne cinglant sur toutes voiles pour nous rallier, car elle ^tail tomb»ie pres de 7 ou 8 milles sous le vent. Aussilot je laissai arrivei' lout ( 557 ) plal sur file , el deux lieures aprfes les deux corvetles liavigunionl paisiblomeul I'une pres de I'autie, comine s'il n'6tait rien arrive. En CO moment, mon cccur Tut soulage d'un grand poids; car, (juelle que Fiil la satisfaction que m'eut causee la decouverle de la terre Jdelie , elle eul et6 a jamais einpoisonnee par la perle de la Zelee, si une funeste catastrophe eul lermine sa carriere, ou raeme s'il m'avail fallu I'abandonner dans ces trisles pa- rages. Dans la soiree, la mor s'embellit; il vint une pelile brise de S.-O. , et je congus un moment I'espoir de pouvoir suivre celte fois la terre du cole de I'E. , apr^s avoir ^te si brusquemenl arrete dans TO. Toute la journee du 2G Tut en consequence employee a rallier la terre dont nous n'etions plus, le soir, qu'a 5 ou 4 lieues, et a reparer ies avaries souffertes dans le der- nier coup de vent. En douze heures il avail fait plusde tort a nos voiles el a noire greemenl que six mois de nos navigations anlerieures. Le 27, des minuit, le vent repassa a I'E.-S.-E. el I'raichit tr^s proinptement , accompagne de raf.les el de grains de neige. Nous Aliens en ce niomenl engages enlre deux cliaines de blocs enoimes et Ires lappro- ch6s qui se complaient par cent et deux cents. Celte position n'elait[)as agreable. Aussi, renonc^anl a tous projels ult^rieurs d'exploralion sur celle portion de terre Adelie , je m'empressai de porter au nord , sous toute la voile possible, pour nous ^chapper du labyrinlhe ou nous etions engages V^ers cinq lieures, nous nous trouvames sur un espace ou les glaces clair- semees nous permeltaient du moins de naviguer avec moins de p^ril. II 6tail temps d'y arriver, carle vent ( 558 J soufflu de Douveau a IK. avoc une violence exlrtime , soulovanl line uior Ir^s dui'e, el nous enveloppanl aussilot d'une neige dpaisse ot conlinuelle qui uous masquuit enlii remeni I'lioiizon. Cepondanlje laissai successivemenl {)oi ler au N.-M.- O., N.-O. ct O.-N.-O., et meme a I'O., afindo rallier au plus lot le moridien sans declinaison. Les fragments do glaces elaientnombreux sur notre roulo : mais nous no vinies que quelques grosses glaces. La neige nous cachailles aulres. Vers Irois lieures cinquanle minutes, nous tombames loul-acoup au milieu d'un lit foil epais dcs menies glacuns , et nous vonions enfin de doubler a une petite distance la poinle nord de la facheuse banquise qui nous avail cause tanl de soucis Irois jours auparavanl. Ce second coup de vent s'apaisa vers minuil, aprcs avoir rendu la journee encore Irfes penible pour I'equi- [)age, a cause du froid de la mcr qui diiferlait Ire- qucmmenl sur le na\irc, el dv la neige qui se gla^ail en tombanl sur loulcs ses parlies. Le 28 Janvier, le vent souffla du S. au S.-O. avec un cicl Ires sombre et une neige conlinuelle qui ne cessa de burner noire vue a une lr6s courle distance. Pour- lanl je poursuivis ma route a TO. Dans la journee sui- \anle, le venlrepassa a I'E. grand frais, par rafales, et cbassant une neige plus ^paisse que jamais, qui nous mainlinl dans I'ignorance complete de ce qui se trou- vail aulour de nous. Ello encombra la corvette , el il fallut la Jeter a la mer de temps en temps. Sur les Irois heures de raprts-mldi, le ciel s'eclaircil, mais Thorizon resta fori embrume. Toulofois, je gouvernai au S.-O. , el des Irois heures Irenle minutes noire route fulbarree par une banquise flanquee de quelques ( 559 ) gros gla^ons, el dislanle au plus de 3 ou 4 inilles. Sur les deux corvelles, quolques matelots crurent aperce- voir des portions de leire au-dela de la banquise. Mais ce fail inerile confumalion; je suis presque sur que la lerre AdUie , dont nous avions trace environ luo milles d'etendue , doit se prolonger jusque la , mais Irop loin dans le sud peut-etre , pour qu'elle put etre apercue du point de vue ou nouselions. Le 3o , a Irois heures du matin, le vent IVaichit de nouveau a Test, soulfla avec une grande violence des cinq lieures, et amena son cortege liabituel de ralales , neige et grele. Toulefois, I'horizon etant un peu moins born6, je piquai dans le S.-O. . fdant six noeuds au travers d'une iner tres grosse. A huil lieures vingt minutes, la vigie signala la terre devant nous. D'abord simple ligne , basse, l^gere et confuse, elle s'eclaircit, se dessine peu a peu et pr6- sente enfin a nos yeux un spectacle nouveau. C'est une muraille de glace parfailement verticale sur ses bords et horizontale a sa cime elevee de 120 a i3opieds au- dessus des flols. Pas la moindre irregularite , pas la plus l^gere eminence no romj>it celte uniform! te dans les 20 lieues d elendue qui furent tracees dans celte journee , bien que nous en ayons passe quelques lois a 2 ou 5 milles de distance, de maniere a en saisir les moindres accidents. Ca el la quelques grandes glaces gisent le long de la glace coinpacte , mais en general la merest presque libre au large. Ce jour, a midi , les observations donnferent 64 degres .to minutes latitude S. , et I 29 degres 54 minutes longitude E. La sonde ne trouva pas le fond a 160 brasses. Touchant la nature de celte muraille enorme , les avis furent encore une fois partages. Les uns voulaienl ( 56o ) que ce lie liU qu'une masse do gl;ice compacte el intle- pendanle de toiile leire. Les autres , el je partuge celle o])inion , soulenaienl (|uu celle rorinidable ceinliire seivail au iiioins d'envcloppe, do croiiU; a uno base solide, soil lerre , soil rocliers, soil nieme bas-londs ^pars en avanta'une grande terre. En cola, je nie fonde loujours sur le principe qu'aucune glac(! d'linc grande 6lendue ne peul se former en pleine mer, el qu'il Itii faul loujours des points d'appui solides, pour lul pi'i - mellre de s'elablir a posle lixe. Ainsi , dans les regions jiolaires arcliquos, on voil en hiver de grandes elen- dues de coles entiercnienl ensevelies sous d'epaisses croules de glace; ainsi, meme dans les regions sep- lenlrionales de la France , on voil , apr6s d'abondanles chules de neige, suivies d'une forte gelee; on voil, dis- je , les inegalites du sol s'eiracer peij a peu , el souvent disparailre sous les couches de neige qui les recou- vrent. Seulemenl, dans celle hypothese , j'avoue qu'il est dillicile de s'expliquer la parl'aite uniformitt^ des couches de glace qui i'ormaienl noire graiule muraillo. Je ne saurais adnieltre que des masses aiissi giganles- ques soienl le produit dune seule ann6e , el Ion de- vrail y dislinguer I'apporl des annees successives par des couciies plus ou moins inclineesa I'liorizon. Qiioi (pi'il en soil, apres a\oir couru a I'O -S.-O. I'espace tie '20 lieues, celle I'alaise glacde pril toul-a- coup sa direction au S.-O. 11 elail alors dix houres du soir; je conlinuai ma route au S.-C)., nratlendanl a la relrouver au jour le iendemain matin. Mais, lo 5i , a Irois heuies du malin, quoiquo j'eusse pique au S. , k sa place nous ne Irouvames plus qu'une formidable chaine de grosses iles de glace , el plus loin , au S -0. , nous relombames sur une veritable bunquise qui re- ( 56, ) gnait desormais aussi loin dans TO. et le N.-O. quo la vue pouvait s'^lendre du haul des mals. Lavorialion, de N.-E qu'elle etait, ^lait devenue N.-O. et nieme nssez forte. Nous avions done depasse, dans ces journees tempetueuses, le m^ridien ou la de- clinaison etait nulle. MM. Dumoulin et Coupvent pen- saient avoir recueilli des documents sudisanls pour determiner la position du pole magnelique austral a moins dun dogre pres, et ce pole ne pouvait se trou- ver que sur la terre Ad^lie elle-meme, ou du moins SUP les glaces compactes qui I'accompagnent. Je jugeai done que notre laclie etait remplie. L As- troluble et la Zelee pouvaient se retirer de la lice , apr^s avoir fourni pour leur part on contingent honorable a la geographie et a la physique. Sans contredit , il n'eut pas ele impossible de pousser plus loin a I'O., d'y tra- cer une plus grande etendue de la banquise , peut-etre meme d'y retrouver la terre ; car je pense qu'elle en- vironne la majeure partie du cercle polaire, et qu'elle finira |iresque toujours par se montrer aux yeux du navigateur assez heureux ou assez temeraire pour t'ran- chir les masses de glaces accumulees qui la eeignent d'ordinane, pourvu toutefois qu'une banquise rebelle et insurmontable ne vienne pas frustrer tous ses efforts ; mais je pris en considdtration I'etat des equipages, ce- lui de la Zelee surtout, bien plus faible encore que celui de V Astrolahle. Je pensai qu il y aurait de la cruaute a abuser de leur courage et de la confianco qu'ils m'avaient Itimoi- gnee en me suivant jusqu'icl sans murmurer , si je vou- lais les enlrainer a des perils sans cesse renaissants. Je reflechis que des travaux importants el une longufi navigation reclamaienl encore leur concours et leurs ( 56i ) forces pour huil aiois au luoios Enlin , je puis I'avouer sans rougir, j'etais nioi-meme Ires lallguo du rude me- tier que je venais de iaire , et je doute fori (jue j'eusse pu y resistor long-leinps. Ainsi, lo i" fcvricr i84o, par Go dcgrcs 20 minutes latitudes, et 128 degres 21 minutes loiigitudo E., je dis un adieu definilif a ces regions sauvages el mis Ic cap au IN. pour rallier llobarl-Town. J'avais pris le parti de faire une seconde relache dans cette colonie , afin de procurer quelques jours de repos et de rafraichis- semcnt a nos marins avanl de les conduire a de nou- velles fatigues. Certes , ils avaienl bien merite cette petite douceur, car il est impossible de di^ployer plus de courage, de resignation et meme d'abnegalion et de mepris de la mort, qu'ils ne I'ont fait dans les mo- ments les plus critiques. INolre retour s'accomplil sans diflicultes el sans inci- dents remarquables. Les vents del'E. et du N.-E. con- tinuerent de nous conlrarier durant quelques jours. Maisceux de I'O. leurayaiit succede , nous pousserent rapidement vers ilobart-Town, oil nous sommes arri- vt^s le 17 fevrier au soir, Les glaces nous ont suivis en- core assez long-temps, et nous avons vu la derniere par le parallele de 57 degr6s de latitude S. Dans cette courte, mais ponible et p^rilleuse cam- pagne, lous les officiers , eleves et medecins des deux corvettes, sans exception, ont parfaitement fait leur devoir, et je n'ai que des 6loges a donnor a lour con- duite. D'Liu 11.1.1;. TVoiis ajoiilemns a eel inleiessani rapport de noire lour.ij^eux vollegue un fraginent i\'\>ne. lelUe ccrile par un des oKiciers de ia ( 565 ) Zeiee , qui faisait paiiie tie la petite expedition eiivoyee sur la tei le Adelie pour en prendre cunnaissance et en rappoiter ties ecliaiitiilons geologiques. « Leai Janvier, nous vimes se detacher de la cole, uu milieu d'un aiiias de glaces, de petils ilols d'envi- lon ao metres de hauteur, dont la neige avait aban- donne les flancs. iNous en elions a huit raUles; mais le temps etailLeau, et perdre une pareille occasion, c eut et6 s'exposer h ne jamais la retrouver. On expt^- dia done de suite un canot de chaque corvette : j'etais dans celui de la Zelee. Nos matelols forcereut telle- ment de ranies.qu'au bout dedeuxheures nous abor- dames sur un de ces ilols , ou nous j)lanlames de suite notre drapeau , comme signe de prise de possession. Cel usage est tombe en desuelude depuis que les de- couvertes sont si rares ; mais nous pouvions le faire re- vivre alors , sans craindre le ridicule, car nous ne de- possedions que les phoques et les pingouins. 11 nous semblait alors que nous venions de conquerir pour noire pays une nouvelle province, et noire enlbou- slasme elail en proportion. Celle-ci, quilui apparlient a des lilres si legitimes, a sur les aiilres I'avanlage que je ne pense pas qu'elle force jamais la France a rocou- rir a la guerre pour soulenir son droit. L'usage des anciens navigateurs prescrivait une autre fornialit^, celle de faire une libation pour meltre le sceau a cet acte de prise de possession ; nous diiincs le suivre re- ligieuseinenl comme I'aulre , et I'obligation elait douce. Lne bouleille de vin de Bordeaux fit les hon- neurs do celle cercnionie. Ln de nous avait eu la loua- ble prevoyance de la glisser dans sos bagages; nous la \idames a la gloire de notre pa\s. Le vase fut depose ( 564 ) cnsiiite sur le roclier. en guise de nied;tille ou d'in-" scriplion pour prouver aux sifecles fulurs el a ctnix qui nous suivront ( je doule qu'ils solcnl l)ien noni- broux), que lout s'est pass6 suivant les regies, dans I'acle de prise de possession. Grace a ce divin breu- vage, notre sang qui rircula avec phis de force nous permil de reagir contre le froid de 5° au-dessous de K^ro, el bienlot aprts, amies de masses el de mar- teaux . nous demolimes a qui mieux raieux la roclic granilique rebelle que nous foulions , el pilmcs nous procurer en pea de temps assez de fragments pourpou- voircontenlerlouslessavantsel faire encore desheureux ailleurs. C/cst lout ce qu'il y avail a fair(> en histoire nalurelk', h-s aulrcs regnes n'y elaicnl pas reprcscii- les. Nous ralliames apres celle operation le plus vile possible nos corvettes , apres avoir dit adieu , pour la dernifere fois, par des houriis repel^s, a cos rt'gions in- grates; les (Helios que la voix humaino Iroublait [)our la derniere fois reprirent apr^s leur silence habituel , imposant, el fait pour inspirer de rrllVoi au milieu de ces glaciers. Deux heures aprfes nous elions de retour A bord , ravis d'avoir pu completer ainsi noire decou- verte. .. Ici raiiiciu clc la leUre decril la navigation darigereuse des 25> 26 el 27 Janvier dime nianieie toiil-a-lail conlorriie au lapporl du ilief de i'expedilion , et il cuiitiiine aiiissi : « Le vent d 'Est, qui reprille ^8,nousforca de nous eloigner de nouveau et pour toujours; il revenait avec sa force habltuelle elses atlribuls de neige etd'obscu- ril6; nous courumes encore de grands riscjues en ua- viguanl, pour ainsi dire, a talons dans une mor en- ( 565 } combree d'iles de glaces; nous slmcs a plusieurs repri- ses, en courant dans I'Ouest dans les ^claircies , la hanqiiise par 65" de latitude. Le ag, a notre gvande surprise , on aper^ut un brick de I'exp^dition am^ri- cainc. II venait du nord, et les coups de vents d'Est qui venaient de regner I'avaient chasse loin et hors de vue de nos lerres dont la decouverle ne peut plus nous elre enlevee. » Le 01 Janvier, nous vimcs pour la derniere fois les glaces compactes par 65" 20' de latitude, et 128" de longitude EsL Notre laclie ^tait remplie, car nous etions beaucoup dans I'Ouest du m^ridien du pole magn^tique (1) , et nous nous serions , en continuant, beaucoup eloignes du point ou nous devions revenir. Nous sorlions d'ailleurs des parages qui n'avaienl pas encore ^te explores, el un sejour plus long sous ce climat eut pu etre funeste a des Equipages fatigues el affaiblis par trenle inois de navigation. Nous fimes done route au Nord, et grace a la lempete qui a depuis constammenl enflfi nos voiles , nous elions le i5 en vue do la Tasmanie. » Notice de M. LEpfevRE sitr son second I'oyage en Abyssinia. Le 11 decembre 1808, j'ai quitte Marseille sur i.n paquebot a vapeur de I'Etat, en corapagnie de M. Petit, docteur inedecin envoy ^ par le Jardin-des Plantes en Abyssinie pour y faire des collections d'ornilbologie, (ij Nos obstrvatioiiS |ilac(iil n' point pai 7a" df lal S. et i34° 2*4' de long. v.. ( 566 ) et de M. Daiclie, envoy6 c\e la maison Menlicr , el ^^ ngtipr, qui devait explorer la mer Rouge sons le rap- perl commercial. Nous devions atlendre M. Dillon, autre docteur m^dscin, qui devait s'occuperde In parlie bolanique du voyage. Cn retard du bateau a vapeur nous ayanl forces k un s^jour dans I'lle de Syra, je mis a profit Ics instants pour adresser unc note sur Ics travaux hydrauliques du mole, etenvoyer quelques pierresde cette construc- tion prises k diverses profondenrs pourqu'on put juger de la valeurde la pouzzolane de Santorin dont jet'aisais passer quelques echantillons. Get envoi , qui 6tail fait au minislre de la marine, etail accompagn^ d'une notice hislorique pour la Soci^te de geographic. Je fis, pendant mon sejour dans cette ile, un tableau meteorologique que j'ai continued depuis pendant le cours de mon voyage. Arriv^ a Alexandrie , j'y suis rest(^ quelques jours pour r^gler mes chronometres et faire quelques ob- servations barom^triques que je voulais faire servir de tableau comparatif a celui que je dresserais sur la mer Rouge. Au Caire, je pris plusieurs renseignemcnis sur I'in- lerieur de I'Afrique, el je fis un envoi de graines et de bois de teinture. Je continual nussl mon vocabulaire abyssin , et j'eus le temps de I'acbever avanl I'arriv^e de M. Dillon que nous attendions pour continuer notre voyage, mais j'ai du changer au moins la moitie des mots aussilol que j'ai pu mieux me faire comprendre. Je dois done pr^venir M. Jomard que le petit ma- nuscritquc je lui ai donn6 est sujet a un grand nombre d'erreurs'i). (l) Cr llldmiMlll Csl lit'jiOil- dll 1)111 IdU le so Irouve la plaine de Asia, oil il y a une ville du raenie nom, qui a He balie parSeba- gadis. (letle plaine esl dans la province de Sahhasle, xm. JUiN. 4- ^4 { 370 ) el {)Iiis has encore osl la provinco monlugneuse dii Temben. A une heure tie Debra-Ayle, on trouve Adrla- Giieba, village tout |)rt>s duqiiel on Irouve la cr^lo d'nne montagne couverlc de maisons. Cel endroit est Iri^s ruin^, mais I'ciiile. " En parlant dc la, apres une demi-lieue, on trouvo le bon village appele Addasoraoiie , cache onlre les inimoses el lospoinlesdes nionlagnes. Apres la forel de mimoses, on trouve le paj-s do Fessassit ,et en sortant a une domi-beuru de la route, il y a le pays de Ayla , dont les environs sont un plaleau inbabile. Apr^s avoir descendu le plateau , on Irouve la pjaine de Saml6, et a droitc il y a la montagne , I'eglise et le village de Edfla Abba Tela , Ires sujet aux saulcrclles. Get endroit estplein d'arbres et de cailloux quartzeux. A deux beures d'Abba Tela , il y a le village d'Inavvoy. La route ontre ces deux villages est pleine de sable qui monte b mi-jambe. Lnc lieure eldemie apr^s Inavvoy, il V a la riviere de Zanimera , confluent dii Taccaze , qui vient de Wogerat et qui entre dans la province de Boure Seraoue et dans celle d'Enderta , en apporlanl avec soi un volume d'eau considerable. • De cette rivi^r*; on entre dans la province de I'Agau , et c'esl la que finit celle de Bour^-Seraou^ , qui avait comnienc^ a Debra-Aylo. » Apr^s la riviere de Zammera on trouvo une plaine couverle d'arbres de mimoses ot spina Cbrisli, apres laquelle on monte au village do Sakha. L'autre des- cente de la montagne est peut-eire la plus difficile du pavs. Lorsqn'on .irrivp an has. on est pros do la ri- viere de Tsalari. 0 De Sakha h Tsalari, o'osl uno forM d'arbres e( de fit- ( 571 ^ liaules herbes ; on v Irome los plus jolis oiseaux d'Abyssinie. »Apr^s cette foret, on rencontre Ouambode Guc- dame sur une montagne; apros une monlec de cpiel- quesheuresest le village cle Sakola. La route passe de la a Marakeda , Abdelbadil, Gual, Merkovias el plusieurs autres villages; cependant je me suis pli^ a droite, parce que les soldats d'laboubaria Welda Gabriel de- pouillaient les passants. »Etant sorli a droite, les premiers villages sont Wal6 et iWibelou, apr6s laquelle se trouve la monta- gne de Jala donl la hauteur doit etre la meme que celle de I'Amba-Haye au Semen. On trouve sur son plateau la menie v6g6tation que sur ceux du Semen ; on y trouve de la neige fondue, et le Iroid y est Ires intense. La route se compose de rochers escarpes. Viennent ensuite la montagne et le village de Gueralia avec une riviere du meme nom ; ensuite c'est une au- tre montagne et un village appel6 Mococo ; de la on descend k Tsaba ou il y a une riviere appelee I\larv, I'un des confluents les plusconsiderables du Taccaze, et qui sert de confin a I'Agau et au Lasta. » Gelte province est une des plus barbares. Les ha- bitants professent 1h christianisme, mais la nature de leur pays elev6 el montagneux les a rendus voleurs. La province ne presenle qu'un amas de rochrrs et de ter- rains arides. La langue est I'Agau, mais on vcomprond I'Amhara et le Tigre. » Ces hommes sont aussi tres superslilieux. »Apr^s le Mary, le premier village est Bebbala , ou sont les rnines d'une ^glise balie par les Portugais se- lon les uns , ot par Lalibala, solon d'autres. Apres ce village la premiere halte so fait a Dangobat. u4. ( 57» ) » Apres Dangobat on trouve line riviere asser consi- derable , appel^e ("alcbinaba : de la on traverse des rnonlat^nes couverles de neige et les villages de Nebela Djilgodelo, (Ibaria, et Ton onlre dans los Edjoiis Gal- las > ^ oici inainlcnanl nn itineraire d'un voyage dopiiis Derita jusqu'a Nart^a , qui m'a ele donnd par un babi - tanl de Derita , nonirn^ Adgo. Jo donnerai dans line autie note I'histoire de cet Abyssin , qui est un des hommes les plus aventureux de son pays. On va en deux jours do Gondar a Derita , qui so Irouve au S.-E. de la capitale. Avant d'arriver , on francbit une montagne derrifcre laquelle se trouve I)^- rila , dans tine plaine assez etondue. De D^rila , les caravanes qui veulent se rendre a Narea terminent leur premier jour de marcbea (dieni,, de Cheni , ils ariivent le 9.' jour a Aasalef; d'Aasa- lef il leur faut un jour pour atleindre Mabbail6ra- Mariam; do Mabbad^ra - Mariam ils vont i'aire balte le 4' j^i^"' dans une petite foret ; le 5'', ils liaverscnt Ic Nil et viennent s'arreter a Agamoa. D'Agamoa ils alleignenl Mota , qui est une ville grande et commer- cante; de Mota ils arrivenl a WoTit, pres do laquelle passe un grand courant d'eau , appele Quee , qui va se Jeter dans le Nil. On descend alors une mon- tagne assez rapide et Ton va se reposcr dans la plaine le f)* jour. On continue le lo" jour sa route duns la plaini- , el Ton vieiil s'arreter prts d'une monlagne qui reste sur la droile ; il y a uni" grande (^-glise sur celle montagne. Le i r jour on alteint Iodj6-Oubi6, le grand marcb^ du pays de Basso ; on descend ensuito le pla- teau et Ion arrive dans une plaine; non loin du Nil, on traverse le fleu e, el Ton sarrete le i a' jour dans ( 3:3 ) un desert Irfesboise, ou vivenlun grand nombie d ele- phants et de rhinoc^ios. Le iS*" jour la caravane fait halle a Araddahio. II a fallu pour y arriver flescendre encore un gradin du plateau. Les Gallas exigent un impot des marchands, elil faut la de longues conversations avant d'enlrer en accommodemenl. Le 14"^^ jour on arrive h Assendabo, dans une vasle plaine. Le i5° jour a Cobba, ville du pays de Goudrou. Cobbo est a une journ^e de marche de Horro qui resto ^ ro. De Cobbo on va le i 6<^ jour a Djinnna, pays de plaine, il y a des chretiens parmi cette population. De Djimma, le i-je jour on alleint Lega-Mara. DeLega-Mara, le 18*^ jour , Tebbd'. De Tebb(^, le 19'. Tchel-lea. C'est la que Ton |)asse le Guibie, que mon voyageur croit prendre sa source aux environs des monlagnes des Abeze-Gaye, au S.-E. de Nounno. Le pays des Abeze-Gaye esl pres de celul des Djindjero ou Zindjero. Leur pays fournil de Tor qu'iisapporlent enpetits lingolsau marche de Nounno ; ilsconduisent aussi a cc marche des chevaux, des anes, des boeufs. Les Abeze-Gaye ont la levre inferieure trfes pendante el h's dents canln ts Irt's longues. Le nez est plat el coupe a la racine. Le costume des hommes se compose d'lin pagne auloi.r des reins et dune loileje- tee sur les epaules, comme le font les Abyssins. Seu- lement, suivant la coutume des Gallas, ils enduisent leur toile de beurre. Les femmes ont simplement une pagne qu'elles at- tachent d'abnrd a la ceinlure au-dessus des hanches , puis elles reinvent la partie de i'arri^re en la faisant { 374 ) j)asscr entre Ks juinbes el rattachenl par-devaril. de iiiani^re a simiiler un pantalon. Couime je I'aideja dil a M. Jomard , les Gallas regardenl le Guibi6 comnie »!'lanl plus grand que le Nil bleu. II est possible que ce cours d'eau aille se r^urfir au INil bleu , il peut aussi se lalre qu'il continue sa course dans une autre direction. De Tclielleaon va le 20* jour a Likagabia ou iNouuno. De Nounno a Moga, le 21' jour. Enfin de Moga a Narea, le 22* jour. i^e pays des Gallas, dans lequel on est entre apr(^s avoir traverse le Nil pour la seconde lois depuis le d6* pal cle Derita, sont lous independants les uns des au- tres , el se font conlinuellenient la guerre entre eux , ce qui n'cmpeche pas les caravanes de traverser le pays en loute securite. A i'exception de iNarea, qui poss^de un gouvcrne- ment beredilaire, les aulres pays de celle route sont gouvernes par des presidents ^leclifs qui changent chaque annee. Ces presidents sont cbarges de prelever rinapol , el c'est un litre a une nouvelle election que d'avoir reussi a faire contribuer largement les cara- vanes. Parmi les Gallas on Irouve beaucoup d'bomraes blancs. En general ils sont bien fails el d'une physio- nomie agreable. Leurs femmes onl un genre de beauts qui plait aux Orientaux, el sont Ires rechercbees sur les inarcbes d'esclaves. II y a dans la nation galla qualre dialectes princi- paux en usage. Tous sont agreables a rorcillc et onl quelques rapports avec ramhara. La religion qu'ils sui^ent est I'lslamisme , et les mariages w^ font selou les usages de celle religion. Lour induslrle n'est pas aussi avancee qut celle des [ -'7'' i Abjssins, mais leur pays est plus riche en piodue- lions du sol. Us font travailler leurs lances et leurs sa- bres chez les Felachas. Us portent, en general , une espfece de couteau de chasse ayant la forme d'un poi- gnard. Lefebvre. Obseivation sur la relation pHcedente. Aprfes avoir examine attentivement I'itineraire qui precede avec celui de Ouare-Rillho ( voy. torn, xu, p. 5), Ton trouve enlre les deux r^cits une concor- dance qui a lieu de surprendre. En ecrivant sous la dictee de Oua're les noms des lieux qu'il a parcourus et les distances qui les separent, j'^tais loin, quoique persuade de sa veracite , de supposer une aussi grande exactitude dans son recit que celle qui resulte aujour- d'liui de la comparaison avec ie recit de Adgo. J'ai fait ce rapprochement avec attention , et en voici le court resum^ : La route de Gondar et Derila a Na- r6a peut se tracer avec la plus grande facility sur la carte du voyage de Ouare vers Gondar et Khartoum (i). La journee de voyage est d'environ neuf heures. On traverse le Mil deux fois , precisement a la distance marquee par I'itineraire de vingt-quatre jours ; les can- tons de Goudrou, Djimma Tchallia, sont exactement aux places marquees par Ouare. Enlin la position de Djindjiro est la meme dons les deux itin^raires. La montagne des Abeze-gaye doit consequemment se pla- cer au S.-E. de Tchallia et de Djedda. J. Obsenations meteomlogiques , faites en Egypte. Nous devons a M. Jomard la communication d'un tableau d'observations meteorologiques faites au Caire, par M. Destouches , durant les annf^es i855, i836, (ij Voy. ccltf I ■.i|iiiss»' , tome XII - ( 37(i ) 1807, 1 838 el iSSg. Le tableau relalir^i839 lenferine los r^sullats moyens des observations de cliacun des niois, ceux des qualie ann^es precedentes indiqueiil soulernent les r^sultals moyens de toute I'annee. Dans le premier tableau on vcmarquc que les hau- teurs baromelricjue svarienl fort peu, la plus pelite est de^SB""", ot correspond au mois do juin, laplusgrande est de 762""", et se rapporle au mois de fi^vrier; les mois d'octobre , novembre, deccmbre et Janvier onl donii6 761""" les mois d'avril, mai, juillet , aoiit, septembre 7.59"'"', et le nuiis de mars 7G0'"". Pour les temperatures , on regretle que I'observateur n'ail point fait connailre si son Ihermomfelro portait ia division centigrade ou Reaumur, il y a cependant lieu decroire quece doitclre celte dernifere division. On remarque dans ce tableau des lemperaluies uioyennes mcnsuelles, que la plus petite, correspondanleau mois de Janvier, est de i3° 8 , el que la plus grande est de 3o" 2 , el se rapporle au mois d'aoill; dans cet inler- valle les temperatures vont en croissant d'un mois a I'autro, et aprfes le mois d'aout elles vont en diminuant progrossivement jusqu'en Janvier. \'oici du reste la s^rie de ces temperatures inoyennes mensuelles , en commencant avc c I'annee et suivanl I'ordrc naturel des mois, 1 3° 8, I ^o 7, 17" 3, so" (1 , 24° 4, 28° o, 29' 4, 3o" 2 , iiO 5, 25" 7, 20° 3, i5'8. — La lem|)eriLtijre moyenne dc; I'annee est de 2^0 1. Le tableau des observations m^teorologiques , poLir I'annee 1839 , conlienl une colonne, donnanl les indi- cations de I'hygromeire. La |)lus faible, ou en d'aulres ^■nnes celle qui correspond a la plus petite quantity d'bumidite r^pandue dans Tjiir almo^|)lKrique est de 4 ' , el donnn la mnvmne des dogr^s d'humidile poui' le ( 377 ) niois de juillel ; rindicalion la plus forte est de 7 '2° et se rapporte aux mois de deceinbre et de fevrier; les mois les plus sees sonl ceux de mars, avril, mai , juin, juillet et aout , pendant lesquels Thygrometre ne varie qu'entre 4'" et 5i"; et les G aulres mois, qui sont les plus huinides, donnent des variations hygromdtriques, depuis 58" jusqu'a 72". Dans I'ann^e 1859 , il n'y a eu que 8 jours de pluie ainsi reparlis: u en Janvier , 2 en fevrier , i en mars, 2 en novembre et i en decembre , les quantit^s d'eau conespondanles sont o"',oji5, o"',oo5o , o^^ooio, o'",ooii, o'",ooi3, pour toute I'annee, 0^,0079. Huit colonnes, correspondant aux 8 divisionsprinci- jjales de la boussole , indiquent pour chaque mois les divers vents qui onl regne. Celui du nord est le plus fidjquent, il a souffle 5Go fois en 1809, et principale- n)ent dans les mois de join , juillet, aout, septcmbre et oclobrc. Apr^s les vents de nord les plus frequents sont ccux du N. 0. , ils ont souflle i55 fois, et surlout en Janvier, fevrier, mars et mai; ceux qui regnent le moins souvent sont ccux de S.-E. , ils n'ont souffle que 10 fois dans I'annee. Les vents d'ouest sont presque aussi frequents que ceux do N.-O. , et soufflent prin- cipalement en dt^cembre , Janvier, fevrier el avril ; les vents de N. E. viennent ensuite. Le vent cbaud, appel6 J\hanis/ii, s'est fait senlir 7 fois en 1839 , 5 fois au mois d'avril , 2 fois en fevrier , i fois en Janvier et en mai. Le tableau des 4 annees precedentcs est tout-a-fait conforme h celui de 1839, quant a ces diverses obser- vations sur les vents qui regnent au Caire. En jetanl un coup d'oell sur la parlie du tableau lelative a I'etat du ciel, on remarque qu'il n'\ a eu que I 5 fois du brouillarti, 6 fois en decembre, 4 fois eu ( .^78 ) uuvenibre el eii Janvier, el i loib en f6\rier. Le del clair est r^lal almosphorique le plus ordinaire an Cairo, on I'a nol^ 7'io fois dans le cours de I'annee 1889 , el principalement dansles mois, demai, juin, juillet, aoiit. et seplembre ; Ics mois d'octobre et de novembre dil- r^renl pen des precedents. L'elal nuageux a et6 observe 269 tois durant I'annee , et c'esl surtoul dans les mois de Janvier, fe- vrier , seplembre , et puis dans ceux d'avril, oclobre , decembre el aoiit ; le mois de juin est celui ou les nuages se sont montr^s le plus rarement. Dans le cours de I'annee le ciel a 6le couvertgS fois, les mois ou eel etat almosph^rique s'est pr6senl6 le plus frequemmenl sont ceux de fevrier et Janvier , puis ceux d'avril, de mars el de decembre , jamais le ciel n'a ete couverl en juillel, aoiit el iiovcmbre , et seulemenl 2 el 3 fois en se[)lembre, octobre el juin. Deux orages seulemenl onl delate en iSSg; I'un en fevrier el I'aulre en octobre. La recapitulalion des tableaux relatifs aux annees i8?-5, i836, i857,i8.tS etiBSg, donnera un apercu general des diverses observations que nous a susiger^es le tableau d^taillf^ de j 859 ; elle pr^sente les moyennes pour chacune des annees , et dans la dernidre ligne les moyennes des 5 annees. Voici ce tableau. ( ^79 ) -5? 5! Sb G ^ a-' to a> a: CO ~ci to ^ t>. "^ lO cc *t »n -* vi- M v.i- 0-) es cs o «o ^. a ( 38o ) DEIIXIEME SECTION. Actes de la societe* EXTR4IT DF'S PROCES-VERBAUX. DBS SEANCES. PRtSIDENCE DE M. ROUX DE ROCHELLK. Seance du h juin i84o. Le proc6s-verbal de la derni^re stance est lu el adopt*^. M. le baron Roussin , minislre de Ja marine , 6crit k la SocK^le qii'il vient de recevoir les caiques de deux cartes presenlant le rdstillat des Iravaux liydrographi- ques executes, pendant la cainpagne de I Astrolabe et de la Zelee, sur lu cote S.-O. dela iVouvelle-Gulnde et sur la cole S.-E. de JJorneo. M, le minislre annonce que, d'apres le desir de M. d'Urville, il a charge M. le directeur gene^ral du Dej)6t de la marine de cnmmuni- quer ces cartes a la Sociele. M. le baron de Lascases, dispute, nomme vice-pre- sident de la Soci6l6 dans la derniere seance generale , adresse ses remcrciemcnls a la Commission centralc. La Sociele royale de Londres et les Sociel^s asiali- ques de la Grande-Breliigne et du iiengale envoient les volumes de leurs Transactions pour la biblio- iheque. M. I'abbe Voisin , directeur tlu s^minaire des Mis- sions 6trang^res, communique a la Soci6t6 une carte du Se-Tchuen\ elle a ete dress^e d'apres celle de Dan- ( 38' ) vilk' , augmentt^e el corrigre pour les nouvelles limites el la nom&nclalure cles lieux , par M. Delaraare , mis- sionnaire aposlolique en Cliine. M. Francis Lavallee, membre cle la Sociele , et vice-consul rle France h la Trinidad de Cuba, adresse pour elre d^posee au Musee une caisse renfermanl plusieurs productions nalurelles qui consistent princl- palement en coquillages et en echanlillons mineralo- giques, Le meme membre communique la suite de ses No- tices sur la geograpbie de I'ile de Cuba avec deux plans des ports de Matanzas et de Mariel, ainsi qu'une Note sur la decouverte d'un nouveau quadrupede dans cetle lie. M. Jomard communique une leltre de M. le colonel Visconti , correspondant de la Soci6t(^ a Naples, dans laquelle ce savant remercie la Commission centrale do litre qu'elle a bien voulu lui accorder. Cette lettro conlient de nouveaux details sur retablisscmcnt du systeme melrique napolilain et sur les operations Iri- gonomclriques qui ont re\\6 la Slcile au royaume de Naples par des triangles dii premier ordre. M. Visconti adrepse aussi a la Sociele une carle en 9 feuillcs des environs de Naples, a lecbelle du tt;;— ainsi que la premiere feuille de la carle du royaume des Dcux- Sicilfs , executee par le D^pol lopograpbique de Na- ples a I'ecbelle du v^^ir M. Jomard fait connaitre les grands travaux d e ca- nalisation executes recemment en Iigyple;il donne des nouvelles de M. Texier , qui vient de se rendre d'Isp'ilian a Chiraz et de cette ville a Bagdad ou il est arrive avec ses compagnons de voyage le 9.0 mars der- nier. ( 58. ) M. Roux de Rochelle lit iin coruple lendu de I'ou- vrage dp M. Mauduil siir la Troade. Son rapport fsl renvoy6 an comild du Bulletin. M. le capilaine Gabriel Lafond lit un fragment ayant pour litre : Pelerinage a Sainte-Iie/ene. (le fragment est exirait de son ouvrage intitule : Qitinze ans de voyages autoitr (hi tnoiide. M. Bcnet, ex-m6decin du roi de Lahore, est present a la seance. Ce voyagcur met sous les yeux de Tassem- bl6e une collection de figurines et de dessins executes avec beaucoup de soins par des indigenes, et repi'^sen- tant Ics divers costumes des peuples du Lahore. Seance Jii j q iiiin 1 84o. Le procfes-verbal de la derniere stance est lu et adopte. M. Tanner, corrcspondant de la Society h Philadcl- phie , annonce I'envoi de plusieurs ouvrages sur lis travaux d'amd'liorations inlerieures aux Etats-Unis et un exemplaire d'une nouvelle edition de ses voyages am^rlcains. M. Daussy communique I'cxtrait d'une leltre de Londres, contenant des observations sui le cours de ITndus. 11 resulte d'une exploration r^cenle, que ce fleuve offre moins de ressourcespour la navigation (jue ne semblaient I'indiquer des observations ant^rieures. M. Jomard annonce le retour au Caire de I'expedi- lion envoyee par le vice-roi d'Egypte pour explorer le Bahr-el-Abiad. M. le |)r6sident enlretionl Tassembhie du rapport dans lequel M. le commandant d'Urville rend compte de sa nouvellle tentative d'exploration dans les mers antarctiques et de la d^couverte d une lerre siluee par 66° 3o' lat. S. et i58" 21' de long. E. ( 385 ) M. Rev communique une lelUe qui! a regue dun dos officiers de In Zelee : cette lellre conlient des details inlerossanls sur la meme expedition. II en sera insere un exlrail dans ie Bulletin. M. de Angelis, corresj)ondant de la Societe a Bue- nos-Avres, adresse le 6° volume de I'importante col- lection qu'il publie sur I'histoire et la geographie an- cienne et moderne de la R^publique Argentine. M. Berthelot est prie de faire un rapport sur cette collection. M. le secretaire dorme lecture dun Mcmoiro do M. Lavalloe , membie de la Societe et vice-consul de France a Cuba , sur les districts de Matanzas et de Mariel. Cette lecture est ecout^e avec int^ret et le Me- moirede M. Lavallee est renvoyd au comity du Bulletin. MEMBUES ADMIS DA.NS LA SOClfeTi!. Seance du 5 juin. M. le D'. Bknet, ancien medecin du roi de Lahore, Seance du ic) juin. M. de BriJire. OUVRA.GES OFFERTS A LA SOClferi. Seance du il^ avril iH^o. ParV Academie royale des sciences de Turin: Mdmoires de cette academie, 2*" serie, tome I*"', in-4"- — Paries Academies et Societes royales des sciences de Dijon, Lille, Metz , et Nancy: Mdmoires de ces socidtds pour i838- 1839; 4 ^f'- in-8". — Par les editeurs : Nouvelles annales des voyages ; avril. — Journal asiatique ; mars — Reciieil de la Society poly technique, mars; — Bulle- tin de In Society indiistrielle (TAngors ; n"' 4 ft fi dc 1 839 et 1' de i84o. ( 384 ) Seances iles mois rle mni et jiiin. Par M. Dubois : Voyage en Crimee , au Caucase . en Armenie, elc. ; lo* ii'et 12" liv. in-folio. Par M. le comte Dcmidoff : Voyage rlans Ja Riissie m^ri- dionale ; Album clu \oyage, h' livraison. Observations scienlifiques, lexte el plancbes, (i*^ et y' livraisons. Par M. Jacqiteinont : Voyage dans I'lnde, a,)' et 26' liv. — Par M. le D'. Ihippcfl: Voyage en Abxssinie . 2*- vol, — Par M. le colonel Visconti : Carlo topograjjliique du royaume des Deux-Siciles, dressee a rc^cbelle de TTJTTT, i"feuille. — Carte lopograpliique des environs de Naples, a I'echelle de 7rlr„, ij feuilles. — Par M fie y///^^e/?> .Collection d'ouvrages el de documents rela- lils a I'bisloire ancienne et moderne des provinces du Rio de la Plata, enricliie de notes el de dissertations, tome 6, in-folio. — Par la societe royale de Londres : Transactions pour iSSq, 2» partie. — Compte-rendu des stances n" 4o, 4i et 42. — Catalogue de la bi- Miolh^que de la Societe , i vol. in-8 — lUaf de la so- ciele au 5o novcmbre- 18.19. — Par la societe asiatiqiie dii Bengale : Recbcrclies asialiqucs , torn. 1 (> , 2' parlie, in 4- — P^ir la Societe asiatiqiie de Londres : Journal n" XI , in-8. — Par la Societe philosophique americaine : Message du piesidont des fitats-lnis loucliant les li- miles de ce pays avcc les possessions de la Crande- Bretagne el la r^publique du Mcxique , 2 vol. in 8. Rapport de rOffice des lerres pidiliques aux E. IJ, sur les operations de ce d<^parlenicnt pendant les annees 18-7 et 1808, I vol. in-8. — Reglement de la Sociele philosopbique, revu et definitivement adopts en i853. — PnrM. Boiiffard : Atlas des Ardennes. Cartes topo- grapbique.slatislique et iiistorique des cantons deBu- zancy.deCbaumonl-Porcien el d'Omont; dressees sous radniinislralion de M. C. d'Arnouville , pn'-rt , de M. Roduan, dirccleur des contributions direclt'S, sur I'autorisalion du conseil-g^neral . d'apres les plans et documents du cadastre, par M. Vcndol, ingenieur g^o- mitre en cliet'. a I'echelle de i^L^, gravdes par M. Bouf- fard . 5 feuilles. — Carle de la France, iudiquaul les rivieres navigables, les canaux , les chemins de fcr, ( 585 ) executes et projetes, les bassins houillers el speciale- nient la situation des usines a fer r^unies par groupes , I fcuille. — Par M. Reinaiid : Geographie d'Aboulfeda, texle arabe pul)lie d'aprts les manuscrils de Paris et de Leyde, par MM. Reinaud et Mac Guckin de Slane, 2' et derni^re livraison in ■l^. — PaiM. de Rivera : De la restitution du systeme mi^lrique napolitain des me- sures, poids et monnaies, a son ancienne perfection, 1 vol. in-8. — Par M. Asher : Itineraire du rabbin Ben- jamin de Tudele , tome i''" , texle bebreu et version an- glaise. — ParM. Jimihal Ranuzzi : Essai de geograpbie pure , ou 6tude sur I'anatomie de la lerre , in 8. — Par iH. Pitois-Leviuult : Diclionnaire usnel et scientifique oi.i.e ao Note sur un vovH;,'e de Han£;liok a Pak plireck. — Extrait d'une Icltre de M. Ct.EMEScEiv, inissionnaire apostolique a llanykok, a !^f. Lnn»lois , superieur du seminaire des Missions eirangeres. .'{5 Note sur la carle d'assemblage de la Gallre de M. Fitiiitin , p.ir M. Bertiiei.ot ''•^ Kxtrail d'uup lettre de M. A.-T. i)'AnB\i)iE a M. Joinard, nicni- bre de I'lnstitiit '1 ' F.xirait d'une letlre de M. le docliiir Quartin-Dim.on , voyageur iiaturaliste en Ahysinie , comnniniquce par M. Jiminrd ', J Kxirail de deux lellres adressees a HI. dji'cznc . par M. C.-l". LefJcvre , cnseigne de vaisseau /i7 Note sur tin vovage de -V. Toiimmd a \ra\crs\ei Rody-lHoiin- tnins. (VV.j . ... > i J cltrr de M. le C" de DEMiDnKE , vice-piesident [de la Societe ^\f geographic, a M. le president dc la Coniinissidn rentralc. . i'> Vovac;c en Ahysiinie par M. Fnor,\Rr) Ri rriri.. Analyse par M.^V..T. llriml/ton P. D. } fi'» 8 3 1 I f. ii3 ( '^S; ) Nolice siir I'vmigralion des fennicrs h illandais dn rap dc lloniie- Espeiaiicc t^t siir leiir etaljlissemeiil aiipies dii Poil-Natal , par M. p. Dais y Nolice sur la foiet pelrifiee des environs du Caire, par M. Linant. <)7 Nouvellesde difforentes expedilionsmantimes. — Expedition aniericaiiie dans la mer du Snd lo' — Fxpedition de V Astrolabe el de la Zelee i "^ — Viiyage du Bombay Projet d'une nouvelle expedition en Afrique en remontant le Niger Lettie a I'editeur du Xautical /\lnga ziiie , s\ir \m mnuvenient de terrain qui a eu lieu pres Axmonth , sur la cole du Dc;voiishire. i i 4 Trois expeditions dans I'interieur de I'Anslralie orienlaie, avec la description de la region recemmenl exploree de I'Australie Heu- rense, et Petal actuel de la rolonie anglaise de la Noiivelle-Galles dnStid; par le major IMitcliell , ingenieur-general (Analyse par M. Ar-BERT-MOKTEMONT) J-Jl) Voyage en Palestine et en Syrie par M. George Robinson (Analyse par M. A -M.) i5(!) Nolice sur les Indiens de TAmerique du Nord, par Eugene A. fail. (Analyse par M. A.-M. ] i (i 1 Relation d'un voyage de Zeila et Tadjourra sur la cole d'Aljys- sinie aux frontiercs d'Efal, en avril et en mai 1839. ( Traduit parM.P. Daussy) (>', I'ableau geoi;raphique et slatislit|ne de I'empire de Maroc, par M. le conitc Jacob Graberg de tfc/n^o. (Analyse |)arM. A.-M.). ifij Fragments liisioriques sur les aneiens liahitants des lies Fortunees, par yi. S. liERTHEi.or jo). Lombock , B;illy , Siimbawa. — Le commerce des csclaves avec Hcjur- bon. — Les Rouguis ; leur genie , leur puissance dans la Malaisie. (Fragment incdit des voyages de M. le eapitaine Gabriel Lafond). ■!.■>.% Extrait d'une lettre de M. Carrettf. , membre de la Commission scientKiqne de I'Algerie. — Situation de I bilippeville et de la pro- vince de Constantine en mars 1840, . . * • ■ ... 2'|(5 Necrologie — Notice sur M. Julien Dcsjarclins. 247 Voyage a Madagascar et aux iles Comores (iSiS a i83o , par 11. -F. Lcgiicvel de Lacoinbe. (Analyse par M. Eyries j. . . 257 (lomniiinicalion faite a la Societe de geographic , |>ar L. Aubeht , I). !\I, P., I" sur le voyage commercial en Abyssinie el sur la ( o88 , uiei Rouge de MM l)i cey el AruKKj- ; i" slir li'S voviigrs dans le Sclioa, TKIat , it a travt'is le rnyanine des Adels , sur Tajuura el Zeila , aiiisi (|iie sur le voyage de Lolieia a Sanali, en Arabic, executes par M. Dufev seiil , en 1817, i838 et iSSg. . . aS.i Notice sur la colonic anglaise de Waliz on lUMize, cxiraile d'liti voyage inedil fait an Mexique , eu rS3a it i833 , par M. HtR- SAMT a<>o Note snr le cosningraphe Philippt Guillen^ par M. Ic viromlc de Sawi'mikm 3,, 7 Kxlralt dun rapport adrcsse .lu niiuislre de la marine it di's colo- nies par M. le capitaine de vaissean Domokt d'Urvu.f.e , coin- man. laiit les coivcttcs r.4siroliihe vl la Zi-h'e 3it Kxpise ilis obscivniions com i-rnai.t la pliy-iqiie du globe, failcs a hord des corvettes t'A>trolube vl In Zclee , dn i""'- jnin iS3S au i5 dccembre 1839, par M. DuMout.ii«, ingenieur liydro- grapbf , a bord de rjstrolabe 3,3 Voya^'B de Horns a Palniyre et retonr, par M. de Carhman. . :\,.i RHp|)()rt de M. le capitaine Dumoht dUrvili.e au ministie de la marine sur les derniers Iravaux de rex|>cdilion de rAsrvlube .1 de /« /fe/ee; dans les mers antarcliipies 345 Notice de M. Lf.febvrk sur son second voyage en Ab)$sinie. . . 388 Resume des observations meleoiologiipies I'aites an Caire pendant les annees i835 a 1839, par M. DtsToucnts 377 DEIXIEME SECTION. ACTFS DJC LA SOCIKTj':. Rapport de la Commission spccialc sur le Prix annuel pour la decou- verle la |)lns iniporlanle en gcograpbie faile pendant I'annee j 837. — Commissaires, MM. Walrkenaer, Kyries, I.arenaudiere, Daussy et Jomard, rapporteur ,^ Programme des I'rix proposes par la Socicte en .840 245 Prores-verbaux d^s seances de la Commission centrale de Janvier ^ j"'° 58, 120, 189, 25t, 3i8 et 38<> Proccs-verbal de la scauce gcueiale du 10 avril 1840. . . . aSa ■Membres admis dans la Sociclc. . . . G3, 125, 191, 254 et ?S2 Ouvrages offerts a la Socicle 63, 12,5, 192, 234 el ;)Si FIN DE l.A TAr.I.F. DU Xlll'' VOIAME.