( ^.'73^-^-.'aAaKni9nMe«9>^ ' BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Deuxieme Serie. TOME XV. BUllLAU Dl- l.\ SOCII''!!: (elections du 10 AViuL 1840.) Presidtiit. yice-Preside iits. ScnitaUiirs. Secretaire. M. If ronitc Jalbkiit, iihiuIjic ilc la (iliainlnf des depiili-s. \ M. le baron JeLAsCASLs,iiuiiil>it' dt-lu (.liaiiiliredesd(-[iiilL'S. f M. le vicomie de Santarem. ( M. Bajot , roiisei-vateiir des bibliulheqiirs ul' la iiiariiic. I M. Aksart, prulesseur au colli-yi- Saiiil-Li.uis. M. CAf.r.iEit . clivf d'escadron au corps royal d'uial-major. Liste des Presidents liviioraiics de la Sucicte dcjjiiis son origine. MM. I e marquis de Lapi-ace. Le marquis de Pastoket. Le^icon)tede Chateaubriand. Le oomte Cuadrol ue Voi.vic. Becqdey. Le baron Alex, de Humboldt. Le comteCHABROL de Crousoi.. Le l)aron Cuvier. Le baroii Hyue de Neuvii.i.e. Le due de Doudeauvxi.i.e. MM. J.-B. Eyriks. Le comic df Ki(;ny. DuiMoNT u'Urvim.k. Le due UtcAZEs. Le I'oinle de Montalivet. Le haroii di^ 1)Araiite. Le lifuli'iiaul-geiieial I'ef.et. GuiZOT. De Sai.vahdy. Le liarou TunniER. Correspondants et rangers dans Vordre de leur nomination. MM. Le docteur J. Mease, a Pliiladel|>hie. H. S. Tanher. a Philadilphie. W. WooDBRiDGE, a Koslun. Le major Edward Sabine, a Limciik. Le colonel Poinsett, aux Etals-Tijis. Lecol. d'Abrahamson, a Cojjcnlia^'ue. Le professcur Schumacher, it Altoua. Ue Navarrete, a Madrid. Le docteur Reinganom, a Berlin. Le capit. sir J. Franklin, a Loiidres. Le docteur Richardson, a Loudrcs. Le prolessi-ur Rafn, a Copenhague. Le capitaine Graah, a Copcnliayue. Ainsworth, a Edimbourg. Le conseillcr Aurien BALBi,aVienne. MI\L Lecomt'GRABERGDEHEMSo.a Florence. Le colonel Long, aux Etals-Unis. Sir John Barrow, a Loudrcs. Le capitaine Macokochie, a Sidney (Nou%ellcGal!cs,. Le capilaiuc sir John Ross. Le conseillcr dc Macedo, a Lisbonne. Le professiiii- Karl Ritter, a Berlin. P.-S. DU Ponceau, a Pbiladelpbie. Le capitaine G. Back. F. DcBoisDt MoNTrEREux,a Neufclialel. Le cap. Jolin Washington, a Lniidres. Le (ol. Ferdinand Visconti, a Najdcs. P. DE Angelis , a Biieuos-Ayres. •AKIS. i5ii'i;iMi;r,iK de liOUiiruxir.E et m.vuiinei ■no iMu\,. 30 BULLEniS DE LA f r SOCIETE DE GEOGIUPHIE. Deuxieme Serie. <£omr €Xuin?icmr. PARIS, CHEZ ARTHUS-BERTRAND, LIBBAIRE DE LA SOClixi DE GEOGRAPHIE, RUE BAUTEFEUILI.E, N" 23. 1841. COMMISSION CENTRALE. CO SI POSITION DU BUREAU. (Election du 8 Janvier 1841.) Piesldftit. M. D*rssy, I'icc-Preiidents. MM. NoEr.-DESvcRGERS , PuiLtoN-BonLA\E. Secretaire-general. M. Bertbelot. Section de Conespondance. MM. Bajot. MM. Cesar-Moreau. Barbie du Hocage. D'Orhignv. Diilinc. Pejtifr. D'Eichthal. Lp baron Roger. Tsambert. De la Roquet le. Jaul)ert. VVaidtn Lafond. Section de Publication. MM, Albert Monlemont. MM. Le baron Ladoiicctte, Ansart. De Larenaudiere. Bianchi. Roux de Roclielle. Le colonel Coraboeuf. Le vicomte de Sanlarem. D'Avezac. Yi»ien. Eyries. Le barou Walckenaer. Jomard. Section de Comptabilite. MM. Bonoher. MM. Le colonel Denais. C. Callier. De Montrol. Le baron Coslaz. Ternaux-Compans. Comite charge de la publication du Bulletin. MM. Albert-Monteniont. MM. Jomard. Barbie du Borage. De Larenaudiere. Berlbelot Noel-Desvcigers. C. Callier. Puillon-Roblaye. Daussy. De la Roquetie. D'Avezac. Roux de Roclielle. M. Chapellier, notaire bonoraire, trrsoricr de la Soriele, rue de Seine. M. Woirot, agent-geueral el bibliotbecaire de la Societc, rue dc I'Univer- site , n" ai. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGIUPHIE JANVIER 1841. PREMIERE SECTION, mi<:moires, extra its, analyses et rappohts. Apercus ciwiRAUX SDR LA Syrie , par le comte A. DE Caraman. ( Extraits d'un voyage fail en i838. } De toutes les conlr6es de I'Orient , aucune ne se pre- sente au voyageur, avec autant de litres a Tint^ret et a r^tude, que la Syrie. En effet, chaque'pas y estmarqu6 par quelques souvenirs du peuple de Dieu , du chris- tianisme et des croisades, ou par de beaux restes d'antiquit6s grecques et romaines. L'ouvrage de Volney , a quelques inexactitudes pr^s, avait bien fait connailre I'j^lat moral et physique du pays, al'epoque oil il I'avait visits; mais la domination 6gyptienne I'ayant modifie d'une manifere remarqua- ble, il ne sera peut-etre pas inutile de signaler Ics principaux caracteres de celle influence. Le premier, et Ic plus saillant, est I'titablisscment ( G ) (1 un ponvotr uukjiic , donl la consequence immediale a ele une surele complete sur les routes, lant pour les transports du commerce que pour les voyageurs; car il est devenii impossible aux voleurs et aux malfaiteurs de se soustraire au cliatiment, en fuyant d'un paclialik dans un paclialik voisin, le plussouvent rival, elm6me ennemi. Des lors, les Francs et Icur costume ont 6t6 respec- I6s, les pelerins alfranchis de lout tribiil, et les leli- pieux de Torre-Sainte onl pu , sans crainle d'avanie , reparer leurs edifices. I'n second rdsullat a ^te , pour la nation niaronite , une angmcniation de consideration aux yeuxdesTurcs, et cela dans la personne de son chef i'^mir Bicliir, qui avait, sans hesiter, embrass6 le parti d'Ibrahim, et conserve , par la , aux Maroniles une altitude redou- table. Enfin, on a vu soumis au frein de la discipline mili- laire les Ansari^s, Metoualis, deux sectes habituel- lemcnt hostiles au resle de la population, el inlerccp- tantsouvcnt les communications par leurs brigandages, nolammcnt dans la vallee de Balbek. C'est en parcourant le.LihaTi, el en voyant tons ses sommels couronn^s par les croix des couvents , et re- tenlissant du son des cloches, qu'on est forc6 de ren- dre justice a la tolerance musulmane. II faul dire aussi, h la louange des chretiens, que leurs couvents sonl, en tout temps, ouverts aux musulmans comme aux Chre- tiens, Toutes les secies ytrouvcnt non seulement I'hos- pitalite, mais encore un asile inviolable. El qu'on sc garde bien d'altribuer cette tolerance reciproque al'in- dllTerence religicuso , qui en est ordinairement la pre- miere source en Europe ; car c'csl dans les pays oii ( 7 ) nil gi.'ind nonibre do croyances rcligiouscs sonl en presence, que la pratique est la plus lervenle. INous nous sommes Irouve plusieurs fois, el, entre aulres, au celebre couvent dc Koshaya (Saint-Antoine), loge avec des Turcs qui fuvaient la conscription. De memc , au couvent lazariste d'Antoura , deux jeunes Turcs vivaicnt Iranquillemcnt sous celte protection , landis que sept recruteurs, armes de batons , se bor- naient a les guetter au-dehors, dans I'espoir de les voir sortir. Les secies mullipliees, ^parses sur le sol de la Sy. rie , se composenl de Mahometans, de Latins (parmi iesquels il faul comprendre les Grecs-unis etles Maro- nites), d'Armeniens, de .Tuifs , de Samarilains, de Druses , d'Ansari^s et de M^toualis. Dans ce nombre , les Maroniles sont ceux qui m^ritent le plus d'etre etudies. Leurs religleux ne ressemblent en rien a ceux d'lta- lie ou d'Espagne, carils sonl laborieux et industrieux; ils exercent les divers metiers de lisserand, lailleur, cordonnier, marechal-ferranl , et meme d'imprimeur. Cest surlout dans leurs travaux de terrassemonts pour la culture, el dans la conduite des eaux qu'il faut admirer ces montagnards. Leur habilet^ dans ce der- nier genre peut etre compar^e a cellc dont les Maures onl laisse de si belles traces dans le royaume de Va- lence , ou leurs sages reglements gouverncnt encore la Hiierta de Valencia. Les Maroniles, par des prodiges de patience et d'enlenle , donnenl la vie a une conlree, et les sites les plus arides deviennent ferliles entre leurs mains. Les occupations dont nous vcnons de parler, ne les empechent pas de suivre des oHices Ires longs. Ceux-ci ( 8) se font (Ml j^en^ial en langue aiabe, mais porfois aussi en ancien syriaque , qu'aucun d'eux ne coni- prend plus aujourd'hui. C'est un spectacle curieiix que celui de ces hommes a barbe et a moustache, chantant d'un ton nasillard et monotone, pendant des heures enlieres , les avant-bras appuy^s sur de liaules b^quilles, qui leur tiennent lieu des bancs de nos choeurs. Quoiqu'ils soient catholiques, il estdiiricile a un Europeen de comprendre leurs c6r6monies ; le pretre ensence beaucoup les assistants, et prom6ne lesSaintes-ficritures. Pendant qu'il marche au milieu des fideles, ceux-ci cherchent a baiser ses ornements sacerdotaux. Durant son chant, una voix, dans un coin de I'eghse, fait la basse. II nous semblait elre dans une synagogue. Les ^glises, malgr6 la fervente devotion du clerg«i et des lideles, sont mal tenues; on ne les blanchit pas meme a la chaux , qui donne un air de propretd ^ celles d'ltalie ou d'Espagne. Les ^vfiques maronites (au nombre de huit) sont pro- poses, comme dans la primitive 6glise , par la nation au patriarche, qui choisit sur trois candidats, et Rome confirme son choix. Quant au patriarclie , il est 6lu, par le sort, parmi les huit 6veques. Autrefois il y avait un college maronite h Rome ; mais depuis qu'il n'existe plus, on se borne h envoyer, de loin en loin, quelques sujets ^tudier a la propaganda L'archilecture des couvents grecs et maronites est tres irregulidre et sans goCit, et I'interieur p6che non seulement par I'absence des premieres commoditds de la vie, mais aussi par le manque de propret6. Les appartements destines aux strangers, conticn- nent, pourtousmcubles, quelques vicux tapis ounattcs, ( 0) cl ruiuinont des divans. Les fenelres ne sonl fenncies (juc par des volets en bois, si bien que Ton est r6duit a se gelcr dans la mauvaise saison , si Ton veut s'occu- per, Una pluie prolongee traverse, le plus souvent, la terrasse et le plafond , a tel point qu'il nous est arriv6 de fixer noire parapluie ouvert au-dessus de notre tete, pour pouvoir dorinir tranquillement. Quand I'eau penfctre trop fortement, les religieux s'empressent de recharger les j)lates-fornies avec des terres, que Ton tasse au moyen de gros cylindres. Les habitudes Interieures sonl tout-a-fait lurqucs ; le pain et Tensmible de la nourriture fort mauvais. Tous les inconvenients que nous venons de signaler sont cependant minimes, en comparaison de la curio- site importune , et a la longue intolerable, de ces re- ligieux. Tonte leur attention et leurs questions portent sur des objels nialeriels. II faut ajouter qu'ils sont , raalgre ces dt^fauts, simples et credulescomrae des en- fanls. Nous en vimes une trentaine autour de leur cveque, le traitant trfes fiimiliferement , tout en lui bai- sant la main. Nous remarquerons ti ce sujet qu'on est frapp^, en Orient, de I'espfece d'(^galit6 qui y regne, au milieu de tous les gouvernements despotiques. Un cercle est-il formd autour d'un Stranger et du mai- Ire de la maison , les gens les plus mis6rables par leur rang ou par leur tenue y sont admis , soil pour ecouter, soil pour prendre part a la conversa- tion. Le dernier venu se place, sans susceptibilite, der- riere les premiers arrives, si I'espace manque. Quand on pcut agrandir le cercle, les deux personnes, auprfes dcsquelles il se place, se levonl, en repondant a son salut. Jamais d'humeur de la part de celui qui se trou- vovait presse par ses voisins. Cespelites reunions sont,. / V 'o ) on un niol, un inodolc cle l)ionvcill;incc leciproquc. Quant aux fommcs ct aux filles chrtilicnnos, on Ics Iraile 6 peu pros en scrvanles , el clles ne sont point ad- inises a s'asseoir. Ordinairemcnt, elles sc rclircnl, apres avoir baisc !a main do I'olranger. Ce n'est pas loutefois dans le Liban propremenl dit que se renconlrcnt les traditions religieuses et Ics souvenirs sacr6s, qui allirenl lamajorite des voyageurs. (leux-ci sc trouvent lout nalurellemcnt guides dans leurs recherches, par rcniplacemenl meme des couvenls Hits de Terre-Sainte. lis sont situes a Jaffa , Ramele, Jerusalem, Saint- Jean du D6sert (Ain-Rerem), Belh- ]6em, Nazareth ; on peut y joindre (hien que ce ne soil plus Terre-Sainle) , Daruas, Saint-Jean d'Acrc et Ic monl Carmel. Chacun de ces licux a une 6glise et un logcmcnt pour Ics elrangers, qui s'y trouvent infini- ment mieux et plus Iranquillcs que chez les Maroni- les ou chez les Grecs, On n'y voil ni obs^quieux, ni iiTiportuns. C'esl une image de I'Europe, inais d'une Europe peu inslruilc. Le lolal de ces religieux, la plupart Italiens, Espa- gnols ou Portugais , peut s'^iever a cent. Avanl les troubles de la Peninsule , ils faisaient face h toutes les dispenses, avec le produit des aumones de ces deux pays et de I'llalie , ce qui pouvait faire un revenu de 55o,ooo fr. On est ^lonne qu'ils se soutiennent main- tenant, ct Ton se demande s'il ne serait pas prefera- ble de supprimer quelques uns de ces couvents , qui n'ont pas de veritable tradition sacr^c , parexemplc, ceux de Saint-Jean du i)6sort, de Ramcl6 et de Saint- Jean d'Acre. Les egliscs dc Damas el di' Na/arelh nous ont paru 1 I Ics plus cl<''fi;cuilcs de loules. Cosl l;i dcrnicrc qui a i'ourni Ji INolre-Dame-de-Lorellc sa santa-casa. Les lieux saints , qui sont pour ainsi dire jalonnes par descouvonls, no sont pas les seuls interessants pour les p^ierins. Combien de scenes de I'Evangile se trouvent groupi^es autour du lac de Tib6riade ! Sur ses bords on voit Capharnaum ( aujourd'hui Telboum) et Magdala, palrie de Marie Madeleine ; ce lac a ete le- moin de la ]ieclie miraculeuse ; on y voit aussi des ruines considerables, qui datcnt des croises ; des eaux thennales , que Josephe designe sous le nom de bains d'Ammaiis. Naplous (I'ancienne Sicheni, capilale du royaume d'Israel ) a conserve une colonic de 60 a 70 Samari- tains, donllesc6r6moniesreligieusesrappellent, moins le recueillement, celles des musulmans. Trois fois I'an, ilscelebrent un service sur le mont Garizim, qui domine Naplouse. Les Arabes le nomment Djebel- Eltour, comme le mont de I'Ascension a Jerusalem. Sichem elait, avec Hebron ( aujourd'bui Hkalil ) , un des lieux d'asile consacres par Moise , qui avail or- donne a Josue d'y conduire les Israelites pour y sa- crifier. Sur ce site aride, duquel on ddcouvre la mer et Djebel es Scheik, point le plus eleve du Liban , on Irouve Tenciinle cari'ce d'une citadelle ruin6e. A deux heures au N.-O. de Sichem est Sbasle(Sama- rie ) , ou Ton voit un reste d'^glise chretienne. Ce que nous appelons le mont Thabor, est , proba- blcmenl, le mont Itaburin, ou les Juifs se defendirent contre Vespasien ( voir Josephe , liv. iv , chap, vi ). Get bistorien porte sa hauteur a 3o stades , ce qui doit ctre une erreur de chiffre ; car 5 stades s'accordcnl avcc la realiti' , et donnent 552 metres; telle est aussi ( »*^ ) la hauteur appio\lnuili\o do S.iloil , (juc , du soiumet (lu Tliabor, on voit Ires dislinclement, commc aussi une portion du lac de Tibdriade vers le nord , et la mer de Saint-Jean d'Acre a I'ouesl. II est difficile de retrouver sur quoi on s'est fondd, pour faire du Thabor le mont de la Transfiguration , puisque I'Lvangile ne parle que d'une haute monla- gne. C'est ecpendant en commemoration de la trans- figuration, qu'une fois par an , le convent de Nazareth vicnt y c^lt^brer la messe dans une polite chapelle. On est agreablcmcnt surpris de rencontrer, sur lo haul de ce cone tronqu^ et inhabite, Tenceinte fortilii^e d'une ville trtjs (^tendue. Les portes et fossds s'y sont conserves au milieu d'une vegetation qui a tout envahi , et se fait jour a travers les pierres. On y marche au milieu do citcrnes, de piscines et d'un hippodrome convert de verdure. Les monts Thabor et llermon dominent la belle jilaine d'Esdrelon , oil Rleber difit les Damasquins. On les poursuivit jusqu'a Guisser-Benat-Yacoub ( le pont des fiUes de Jacob ) sur le Jourdain ( Es-Sche- riat). On pent visiter sur la rive droite , et a une tr^s petite distance du pont, une redoute et un fort, desti- nes tous deux, a des inlervalles de temps bien eloignes, a defendre ce passage. La redoute dale de celle defaite des Turcs. Qualre ou cinq plates-formes y sont encore conserv^es; on est seulement eionne de voir que eel ouvrage , conslruil par le corps du g^nie de I'armee d'Lgyplc, est i(e , elc. , des jardJns d'Armide. La vue cliange a chaque sinuosile du senlior, qui se plie au cours des eaux. Si Ton porle ses regards dans la direction d'Aiitioche, que Ton ne dcicouvre pas de ce point , Toeil s'arrete avec admira- tion sur les iraposantes montagnes qui dominent celte viUe. Doueir est a 2" 1/2 d'Antioche, et cependant Jo- sephe ( liv. 1, chap, x), dit que Daphne I'ormail uii faubourg de la ville balie par S^leucus Nicanor. On ne iinirait pas si Ton vouhiit decrire toutes les beaut(is de ce bassin de I'Oronte, quand on le consi- dere du haut de I'ancienne citadrlle d'Antioche ; la ligne des reniparls et lours, encore debout, occupe un developpement de plus de 8,000 metres, car le systeme de defense avait embrasse jusqu'aux plus hautes mon- tagnes, qui auraient pu la dominer. Les pontes les plus escarp^es sonl forlifiees. Des citernes sont comprises dans les tours, dont beaucoup ont deux etages. Les murailles n'ont pas moins de 5 metres de largeur. L'encombrement caus6 par les rouces et les d(imo- litions rendent cetle exploration excessivement peni- ble; mais, en compensation, quelle vue sur I'Oronte et sur le lac d'Antioche 1 L'etendue de celui-ci est aussi considerable que cellc du lac de Tiberiade ; il est born6 , au nord, par les dernieres pentes du Taurus ; au nord-ouest, par les hautes montagnes, qui condui- sent, par Beylan, a Alexandrelte ; au couchant, I'oeil ( 'i^ ) peul suivre au loin les siniiosit«s de I'Oronte dans une vallee lr6s accidenl^e, et (jui est lerinin6e par la vue du mont Cassius. La ville actuelle d'Antioche, etahlie au Lord de I'C- ronte , dans une tres petite zone des anciens reniparls, ne compte gu^ie que 5 a 6,000 habitants. Sans quel- ques minarets qui s'y elevent, on la prendrail, avec ses toits en tuiles, pour une petite villo de France. Ce manque de physionomie est un d^faut propre a une foule de villages du Liban. On regrette qu'ils n'aierit. pas le clocher 6leve qui, en Europe, annonce de loin le village, et que les maisons soient d'une couleur grise qui se confond avec celle du sol. Si I'on devait passer en revue les sites completement agr6ables par leur fraicheur ou leur verdure , la listo n'en serail pas Ir^s longue. On aurait a citer surtout Beylan, lout le bassin de I'Oronte entre Antioche et Soueidie , celui de la Rodisclia entre Tripoli et Bc- harr6; le village de Zahkle, la vaste plaine de Damas, les environs d'Antoura, de Beyrout, Gaza, Seide ; lu ville de llama , le Ouad-el-Kadi et plusieurs sites du Liban. Ce qui donne le plus de piquant a un voyage en Syrie , est le contraste tranche entre I'aspect physique des divers lieux. Ainsi , de Halep a Bir sur I'Euphrate, durant une marche de 24 heures, on pourrail so croire en pleine mer, si Ton ne rencontrait de loin en loin quelques villages : pas un arbre sur lequel la vue puisse s'arreter. II en est de meme entre Iloms et Hama, sur une distance de 12 heures qui separe ces deux villes. La vaste el I'ertile plaine des Philistins, en appro- chant de Gaza, a la meme physionomie. ( >G ) En partant de Jerusalem, dans nne iliri'clion quel- conquo, on n'a devanl soi que des nionlagnes aridos. II en est ainsi de la route de Balbeck a Damas. Suit-on le lillnrai, on traverse dcs plainestju iont ra- rement plusd'une demi-lieuede largeur; eilessont hien cultivees, et les montagnes, au pied desquelles elles vien- nent expirer, portent, sur leurs pontes, ou a leurs sora- mets, de nombreux villages. Les cours d'eau multiplies qui en descendent, manquant souvent de ponts, rendent leur passage difficile ; c'est pourquoi, si Ton trouve, dans ces plaines , deux chemins paralleles , il est pr6f6rable de suivre le plus 6loign6 de la mcr : il offre toujours moins de difficult^s que cclui qui se rapproche des embouchures. Ces marches sont en general egay^es par le spectacle de la mer, et par une suite de caps, qui sont autant de changemenls de scenes et de decors, Quitte-t-on le bord de la mer pour se rendre soit A Bleddin , chez I'emir Bt^chir, soit aux Cedres, soit k Da- mas ou a Jerusalem, on rencontre ioutes les difficul- t6s que des chemins peuvent offrir ; mais quels dedom- magements dans la beauty imposanle des points de vue! On retrouve presque toujours le spectacle de la mer par-dessus les plus hautes montagnes, accumuleos les unes sur les autrcs. Nous avons tenl6 , sur de faux renseignements , comme on les a le plus ordinairement en Orient, de nous rendre, a travers les montagnes Rouges (Djebel- Akmar) , de Soiieldi^ , pr6s de I'ombouchure de I'O- ronte , a Scandroun ( Alexandrette ) : sur une fouJe de points les chevaux ne marchaient plus; ils etaicnt r6- duils a se laisser glisser dans les descentcs; pas un seul ne putgax'der ses fers. II y avail cependant eu des ( '7 ) d^tachementsdecavalerie d'Ibrahim qui s'^taient, pre- cedemment, risques a ce Irajet. Ces montagnes sont couvertes de bois propres a la marine , et neanmoins onn'a jamais songe a oavrir, pourleur exploitation, une route jusqu'a la mer. Apres avoir fait tomber un arbre en le brulant a son pied, on le traine, a i'aide de qua- torze boeufs , jusqu'au petit port d'Arsous, qui est a 5 heures au sud d'Alexandrette. Ce transport est sur- tout contrarie par des rochers enormes, quisemblcnl y etre entasses par la main des Titans, ces eschcleurs da del , suivant I'exprcssion de Montaigne. Les voyageurs auxquels do beaux paysages ne suf- fisent pas, ont encore un assez vaste champ ouvert a leurs recherches critiques dans les restes d'antiquites hebraiques, romaines ou grecques , el dans les ruines des Sarrasins ou des ciois^s. A la tete des premieres , on peut placer les bassins de Salomon , non loin de Bethl^em , et peut-etre ceux de Ras-el-Ain pr^s de Sour (Tyr), les tombeaux d'Abraham, de Sara, d'l- saac et de Jacob a Hebron , celui de Rachel entre Bethl^em et Jerusalem; enfin, plusieurs des piscines de la ville sainte. Les plus beaux vestiges des sccondes sont , sans contredit, Balbek, Antioche , dont nous avons decrit ks remparts , I'aqueduc dit Ranatcr - Zebeide , a 2 heures de Beyrout , un theatre a Djebeli sur la cote nord de la Syrie ; a Lataki ( Laodicee) un reste d'arc de triomphe et de portiquo; a Tarsous , un vaste mo- nument dont on n'a pu encore preciser la destination. II consiste en un rectangle dont les longs cotes ont 87 metres sur 8 de hauteur et 6 d'epaisseur ; aux deux extr^mites sont deux plates-formes qui s'»^levent au raeme niveau que cette magonnerie, dont elles setrou- XV. JANVIER. 2. 2 ( '8 ) vent Isoldes par un fosse. Quel etait surlout I'objet cle COS plales -forincs? on I'ignoie. Tous les vestiges d'antiquites a Tarsous sont ro- mains, notamnient une voic de 3 metres de largeur , qui traversait tout Tempire jiisqu'a Bysance. La fon- dalion de Tarsous est altribuee a Persee , comme I'in- dique Juvenal , satire III, v. 117. La ville , qui ren- ferine beaucoup de maisons ruin6es, est bien arros^e. Au nord passe le Cydnus, illustre par Gleoputre, avanl de I'elre par un prince croise. Scs caux ne nous onl pas paru avoir un degre de froid parliculior. A Dana , sur la route d'Alep h Anlioche, se trouve un monument sepulcral bien digne d'etre vu , quoi- qu'il n'ait pas d'inscription. II est tr^s 6lev6 , compos6 de larges pierres , et sa forme quadrangulaire et ses colonnes le font distinguer de la plupart de ceux qui ont 6t6 decrils et dessines. On serait tenle de prendre pour des tombeaux pb6- niciens ceux qui sont a 1 1/2 heure au sud-est de Torlose, car leur architecture a un grand caractere d'antiquit6 et d'dlrangete. Le petit temple de Bziz6 dans la monlagne , sur la route de Djebail aux C6dres, est probablement grec. A Deir el-Kalaa, a 5 heures dans Test de Beyroul , sont quatre fragments de colonnes d'un dianietrc co- lossal, et restes d'un temple de Jupiter Sabazius , dont le culle s'elait inlroduit a Rome; car, I'an 6i4 de la republique , le preteur C. Cornelius llispallus lit chasser de Pvoine les adorateurs de ce dieu. Dans un coin de bois du couvent, et au couvenlmeme, sont resides une foule de pierres sculpl6es el d'inscrip- tions. Les villes ruineos dAscalon et dc C. Les principaux monuments ont ^le d^truits et le chateau mis hors detal de se di- fendre. On remarque pourtanl encore dans celle ville l)lusieurs edifices d'archilecturo musuhnanc qui me- ( 2C, ) rilent d'etre etudi^s. L'un d'eux est un imarel (i) pr^s de la grande mosqu6e, dont la construction, d'une 6poque recente , est attribute par quelques mollahs a un prince Alabeg. Le second monument , aujourd'hui en ruines, est une ancienne mosquee. En suivant la vallee de I'Araxe , par Hassan-Rale, les voyageurs passfirent le Sovanli-Dagh et arrivorent a Kars , qui ouvrit ses portes aux armees du czar, et dont la position est cependanl des plus favoral)les pour la defense. Entoure de trois cot^s par les detours d'un fleuve (le Kars), et situ6 au sommet d'un rocbor es- carp6 de toutes parts, son chateau pourrait etre rendu imprenable. Cette situation a beaucoup d'analogie avcc celle de Constanline. On trouve a Kars quelques eglises armenienncs qui ont 6te converties en mosquees , mais qui n'ont rien de remarquable. A 8 heures J» I'E. de Kars il existe des ruines qui ont deja et6 signalees par quelques voyageurs, entre autres par Ker-Porter, et qui meritent le plus grand int^ret sous le rapport de I'art. Ce sont les ruines d'Ani , ville royale des Ai-m6niens, qui fut prise et saccag^e par Timour, Les monuments qui subsislent encore et qui ont souffert de legeres atteintes du temps et des hommes, sont d'un style particulier a ces con- Ir^es et qui n'a pas d'analogue connu en Occident. Pour en donnor une idee , on pourrait dire que c'est un melange de bysantin et d'arabe. Les monuments qui subsistent encore sont des Eglises , des baptisleres, un palais , des tombeaux de difTerents genres; mais il parait qu'avant I'invasion de Timour les musulmans avaient deja droit de bourgeoisie dans la ville, car on (i) Tmart'l , hospice. ' 3o ) romarquf Ics ruines de deux inoscjuics el des mlna- rels. D.'S sentences du Koran en caracleres cduIuiius, gra\eesen relief surles nuirailles, uUeslenlla perl'eclion des details en meiue temps que i'antiquile de ces mo- numents. 1-a \ille d'Ani est sllu^e sur une presqu'ile formee d'un c6t6 par I'Arpa-Tchai , riviere tres encaissee ct lr(^s rapide , et de i'aulre par une valine dont les (lanes verticaux forment un rempart nalurel. Tout le terrain des environs est un tuf volcanique tendre ot de diverses couleurs, que les liabilanls onl ingenieusomcnl ( ni- ploye pour varier les Jacades de leurs edifices et de leurs remparts, Des compartiments en mosaique or- nent les laces des bastions et repr^sentent des croix et des emblemes reiigieux. Les eglises sont construites en pierres de differentes couleurs et sculptees avec gout et d^licatesse. L'interieur de la cathedrals est entiere- menl couvert de tableaux peints a fresque , represen - tant des siijets reiigieux et des l6gcndes de la religion armcnicnne. A I'ext^rieur, tous les monuments por- tent des inscriptions en langue armenicnne, ([ui jelte- ront un grand jour sur I'liistoirc de celte ville quand elles seront expliqu6es. Le palais, que les nomades appellenl encore palais de Nouschirwan ( Nouschirvvan serai ) , a [)lus soull'ert que les autres edifices. Quanl k la citadelle qui occupe la pointe sud de la ville , c'est un amas de decombres incomprehensible ; ii n'esl pas une muraille qui ait conserve sa I'orme. A lexltiriour 'de la ville, les tours et les remparts portent des traces des rudes assauts qu'ils ont soulferls ; les embrasures des meurtrieres sont percees de miliicrs de trous trian- gulairesqui ne sont autre chose que les traces desgreles de fitches qui pleuvaienl sur les assieg^s. ( 3i ) En descendant vers le lit de la riviere on rcconruiil les traces d'un pont d'une seule arche , et un chemin convert qui condulsait a une chapeHe sepulcrale d'une conservation parfaite et d'un style extremement ori- ginal. Tous ccs cantons de I'Armenie ofTrirenl aux voyageurs des monuments curieux et un pays nouveau a explorer. Bayazid, ancien chef-lieu de pachalik dans le Kur- distan , est une ville de I'ondation moderne ; mais il est certain qu'elle occupe un emplacement qui fut peuple dans la haute antiquite, car on voit sur les ro- chers voisins du chateau des has reliefs de style persan extremement anciens. Les villages isoles qu'on rencontre dans les monla- gnes du haul Kurdistan sont habiles par des peuplades que les musulmans designent sous le nom de yezidis ou adorateurs du diable, Ces paysans cachenl les cere- monies de leur culte aux yeux des etrangers; ils avouent qu'ils ne reconnaissent ni le Christ ni Ma- homet, mais ils ne rendent aucun culte exterieur au diable. Ils sonl d'autant plus defiants quand on les interroge sur leur religion , que Mehemed-Uechid- Pacha , dans la guerre du Kurdistan en i836, en a extermin6 douze ou quinze mille qui habitaient le versant des montagnes du c6t6 de Diarbekir. Quoique les yezidis vivent en bonne intelligence avec les musulmans, ccs derniers les regnrdent toujours avec une superstilieuse frayeur; ils sont convaincus qu'ils seraient tues par les yezidis s'ils s'avisaient de xnal parler du diable devaut eux. Les yezidis n'ont a I'ext^rieur rien qui les distingue des aulres habitants; quelques voyageurs ont cru qu'ils all'ectaient de porter les couicurs noire et rouge ; mais ces couleurs sont ( 32 ) populairos dans lo Kurdislan : les chrdtiens, les mu- sulmans et les yezidis los afTcclionnent d^galement. Le costume de lous les Kurdes se compose d'un aba en lainc noire, d'un panlalon raye de rouge el de noir, et dont la forme s'approche beaucoup du panlalon europeen , dune ceinture rouge et d'un turban noir. lis sont toujours armc^s de toutes pi6ccs, el les seuls ornemcnts qu'ils admeltonl consistent en poudrieres et sachets a cartouche de dilTc^rentes formes. Ces peo- ples sont trfes belliqueux , impossibles a soumettre ; les guerres acharn^es que Icur font les pachas ne font que les irriter davantage contre le joug de la Porte. lis sont hospitaliers, comme tous lespastours, et les voyageurs n'ont eu qu'a se louer des rapports qu'ils ont eus avec les Kurdes. Parvenus a Khoi le i4 octobre i85g, les voyageurs enirerent en Peiso. En traversant la fronti^re , dit M. Texier, on est frappe du changcment subil qui se manifeste dans le caractere des populations : dun cotti les Turcs sont s^rieux , graves et taciturnes; de lautre cote de la frontiere , h un myriam^lre de dis- tance, on trouve une population petulante , active, loquace el curieuse. Mais ce qui , dans le premier mo- ment, paratt devoir donner au voyage une agreable va- riety devienl bicntot une fatigue insupportable, car il est impossible de se soustraire a I'indiscrfete curiosity des Persans, a leurs questions presque loujours l)a- nales el insipides. La foule suit les strangers dans les rues, s'assemble aux porles de leurs maisons; en un mot, on ne s'appartienl pas. Les Persans de distinction rachfctenl ces defauls par des mani^rcs polies et un esprit qui ne manque pas de finesse ; mais chcz eux le d^sir d'avoir n'esl pas ( 33 y- moindre que cliez los gons Jn j)eiiple, et Tidtlie d'tm prtisent a recevoir ne les quilte jamais quand lis sont en vue d'un etranger, Quoique le present ou backchich soil aussl d'un usage Ires r^pandu en Turquie , les Turcs savent mieux se conlenir et montrent plus de gravite. Sultanieh , qui dans le si^cle dernier dlail encore une viile imporlanle, n'est plus aujourd'hui qu'un amas de d^combres ; le palais du schah est presque abandonn^ et s'^croule de toutes parts; les construc- tions modernes de Sultanieh sont I'aites de briques crues qui se fondent a la pluie; de sorte que I'empla- cement de la ville ne se reconnait plus qu'a des masses d'argile plus ou moins alignees qui indiquentla direc- tion des rues. Ln edifice remarquable subsiste encore presque en entier, mais fendu el lezarde de toutes parts, il aura bientot le sort des aulres monuments de Sultanieh : c'est le tombeau du schah Koda-Benda , mort en i53o. Ce monument est de forme oclogone et couvert par une coupole ovokle; a I'exterieur il etail d^core de faiences colorees, et dans I'interieur les bri- ques 6maillees formaient une mosaique remarquable par le dessin. Plus tard (environ un sifecle), un mol- lah eut I'idee de faire couvrir toutes ces mosaiques de slue blanc et de faire execuler des inscriptions arabes comme ornement de I'edifice. On prelend que le Koran tout entier avail ete ecrit dans I'inlerieur du tombeau. Les leltres sont d'azur sur fond blanc ; on a employ^ des caracteres kouli- ques, karmatiques et cursifs modernes; toutes ces in- scriptions, variees avec art, Torment une decoration qui ne jnanque pas d'originalite ; mais I'liumidile a fail lomher le slue, el la peinlure s'elfaco pen a peu. XV. JANVIER. 5. 5 { H ) C.e lombeau, qui sorvail de niosqiiee, porlait ;'i ronlour (III (Ionic liuil colonnes qui servaient de minai'els. Hainndan ne presente plus aucune trace de i'an- cienne Ecbalanc ; on \oil soulonicnt a quelqui^s kilo- metres de la ville, dans les rochcrs du aionl Elvond, une inscription cuneifortne en trois colonnes qui a deja iii^ copi^e. II est a remarquer que celte inscrip- tion dlait originairement cachec par des volets mo- biles, car dans les angles on veil des Irous de scelle- ment qui paraissent avoir servi a retenir des gonds. Le temple de Diane Persique a Rangavar n'avail pas encore ^le observe en detail; M. Texier et ses compa- gnons de voyage se sonl assures que la partie qui sub- siste encore apparlcnait a un vasle poribolc qui cn- lourait I'edifice sacr6. Pendant son s^jour A Ispahan, M. Texier eut le loisir d'^ludier en detail les monuments de cette ville, de mesurer les mosquees et de lever les plans du pa- lais sans 6lre inquiete par aucun parti; la protection du scheik Islam lo mit a I'abri de tout danger a cet 6gard. En franchissanl les montagnes de Pira-Zoun et en descendant les grands contre-forls qui soulicnnent le vasle plateau de la Perse , nos vo\ ageurs arriverent dans un pavs jieu connu sous le rapport gcographique, et dans lequel I'arclieologue peut encore esperer de faire d'imporlantes decouvertes. La ville de Scliapour, dont les ruines el les curieux monuments n'avaient encore 616 signal6s aux savants que par un memoire de J. Morier, charge d'alTaires d'Angleterre pres la cour de Perse, a offcrt aux voja- geurs un ensemble unifjue de monuments laiilos dans le roc et d'imo conservation admirable. Tons les bas- ( 5-^ ) I'eliels, qui cioivent elre rapporttis a I'^poque sassa- iiide, sont destines a rappeler les hauls fails de Sapor, d'Ardechirel de Kosroes. Le plus remarquable de ces inonumenls avail ^l^ explique par M. de Sacy, d'aprfes la doscriplion de J. Morier. M. Texier est le premier voyageur qui ait rapporl6 la collection complete de ces bas-reliefs el le dessin de la statue colossale de Sapor, sculpt^e dans uno grotle profonde qui se trouve au sommet d'une monlagne. En quittant les ruines de Schapour, les voyageurs se dirigerent au sud-est, avec I'inlenlion d'entrer dans la Suziane , de remonler le Louzistan , el d'arriver h Bagdad par la roule de Kermanschah. Mais arretes dans la ville de Baibahon par les autoriles, qui ne rougirent pas de les raetlre a contribution et de leur demander des sommes enormes pour les laisser con- tinuer leur voyage, ils parvinrent a s't^chapper, aiddis par les ofliciei's de la garnison, qui leur fournirent une escorte ; ils retournerent sur leurs pas , furent s'embarquer a Bender-Dillam, petit port du golfe persique, et effecluerent leur retour par I'Euphrate , la Syrie et rtgyple. Le voyage de MM. Texier, de la Guiche et de La Bourdonnaye a eu pour r^sultat de faire connaitre les routes peu connues du haul et has Kurdistan , les hauteurs barom^lriques des plateaux du Kurdis- tan et de Perse jusqu'a Ilamadan , les plans de villes et de monuments anciens et modernes peu connus. On pourra puiser dans leur relation plusieurs details geographiques imporiants. Nous signalerons ici los principaux. Dans leur exploration en Phrygie el en Carie , leurs observations les onl conduits a placer sur la carte le ( 36 ) sommot du monl Ca«lmus (Baba-Dagh) un peu plus a I'E. au N.-N.-E. de la ville de Ghejra (Aphrodisias). Dopuis Smyrne jiisqn'a Conslanlinople ils onl lenu un joui-nal exact de leurs obsi-rvalions barom^triquos. Ce Iravail nouveau et plein d'inlc^ret determine le prolil de toule cetle partie de I'Asie Mineure et les conduit a cette conclusion : c'est que de lous les plateaux inler- raediaires le plateau d'Azani (Tchafd^re-Hissar) est le point culminant. Les observations comparatives faites entre Broussa et rOlympe donneront la bauteur relative de cetle montagne , et les observations entre Broussa et la mer donnent sa bauteur absolue. En Phrygie, les trois voya- geurs ont eu I'occasion de rectifier differents cours d'eau ; nous citerons entre autres la ville de Selenti (Silandos) que les cartes placent sur I'Hermus, tandis qu'il n'est que sur un des affluents. Parvenus aux sources du Rliyndacus , apres avoir franchi le plateau de kedis. M.Texieret sescompagnons eluditjrent le cours du fleuve sur toute son etendue , et s'attach^renl a 6claircir un point de g^ograpbie an- cienne encore douteux. II parait, d'api-<^s leurs remar- ques, qu'il y a eu confusion dans les noms des lacs de Miletopolis, Arlynia, Apollonias-Dascylltes ; car il n'y a que deux lacs dans cette partie de la Bitliynie , et Ton ne saurait supposcr qu'un lac eilt disparu depuis la fin de I'empire romain. Des nivellements baromcilriques ont 6t6 pris sur la route qu'ils ont suivie de Trebisonde a Erzeroum. Cette route s'eleve a une bauteur considerable au-dessus du niveau de la mer, et passe par des montagnes volca- niques dont les contro-forls sont compos(^s de terrains de transport argileux el de scbistes. ( 37 ) A Line journ^e tie marclie do Baiboulh, oi'i se trome le point de paiiage des eaux de la mer Noire el du golfe Persique , le baromelre inaiquail o"',566,i6. Tout le terrain qui encaisse le lac de Van du cote de Test est un calcaire marin grossier, quelquefois re- couvert par de I'argile; mais nulle part on ne voil des traces de volcans, tandis que la chaine volcanique de Tendurek-Dagh s'etend vers I'ouest, et forme les cotes septenlrionale et occidentale h I'angle desquelles s'e- l^ve le Sepan-Dagh , grand cone volcanique qui est convert de neige preque toute I'annee. Pour se rendrc a Tabriz, les Irois voyageurs passerent par Dilmen , afin de dessiner un bas-relief sassanide sculpts dans les rochers voisins du lac d'Ouroumieh. De la comparaison barometrique des hauteurs res- pectives des deux lacs, d'Ouroumieh et de Van , il ri- sulte que celui d'Ouroumieh est un peu plus bas, quoiqu'a une grande hauteur au-dessus du niveau de lamer; car la constitution geologique de ce plateau est telle que son elevation n'ost pas progressive , mais abruple. A deux journees de Tr^bisonde on a alteint la hauteur g^nerale du plateau de Perse, et I'on ne commence a descendre qu'a Decht-e-Arsoun. A tiois journees sud de Schiraz, toutes les ondulations de ter- rain que Ton rencontre entre ces deux points sonl presque insignifianles. Le mont Elwend est de tout le plateau de la Perse la seule chaine de formation granilique ; tout le reste est de formation calcaire de differcnls ages : le calcaire subapennin , le calcaire a hippurites et les gypses qui constituent la grande chaine qui s'etond depuis Ics rives de I'Euphrale , traverse Ic Kurdistan, laSuziane, ( 58 ) el lile vers I'lnde en Iraversant la province de Chor- mesir an nord du golfe Persique. Enfm , c'est a Ilamadan que les voyageurs eurenl le malheur de casser leur dernier barom^lre. A parlir de ce point, ils n'eurent d'aulre moyen d'cslimer la hau- teur des plateaux sur lesquels ils niarchaiont qu'en tenant compte des pentes de leurs routes ; de Ilamadan jusqu'a Scliiraz, ils esliment qu'ils sonl rcstes h pcu de chose pres de niveau. OiiSERVATiONS ineteorologiqnes faites auSeneg(tl, a Sn rut- Louis , pcir M. d'Aboville , lieutenant rle vaisseau. La connaissance des climats interessc sp<^cialcraent la geographic , et j'ai pens6 que la Societe accueillerait avec bienveillance le travail que j'ai I'honncur de lui soumeltre. II est relatif a des observations met(^orolo- giques fartes au Senegal, a Saint-Louis, jiar M. d'A.- hoville, lieutenant de vaisseau. Ccs observations ont ^t(^ failes dans un meine lieu , par un meme obscrvateur, et d'une maniere continue pendant une annee enliere, de juin iSScj a juin i84<». Elles forment un ensemble dont on peut lirer des r6- sullats reellement acquis a la science, et oifrent par cela mdme un interet plus grand que celles faites seu- lement pendant quelques jours en des liciix dilTerenls el a des 6poques irr^guli^res. — Aussi Timportance que Ton attache aujourd'hui avec justice aux publications mcleorologiqucs et aux voyages ile nircuunuuiiialion . ( '~>9 ) lait-elle mieux senlir encore celle qu'dn cloil accorder au travail de M. d'Abovillc. II est seulcmcnt faclieux que cet oflicier n'ait envoye que ses observations brutes , qu'il n'ait pu lui-nieme les classer, les resunier , et en deduire les principaux resultals. — Telle est la lache que je me suis impos(^e , et ce sent les consequences de I'examen auquel je me suis livre que j'ai I'lionneur d'adresser a la Soci^te. Les observations du barometre et du tbermomfetre onl 6t6 faites a quatre heures difTerentes du jour, 9'' du matin, midl , 3'' et 9'' du soir. On notait en meme temps la direction des vents, letatdu ciel, lapluie.etc... 11 faut y joindre aussi les observations d'un thermo- m^tre a maxima et ci minima, et celles d'un Ihermo- m^tre enfonc«!! de i4 pouces dans le sable; mals ces instruments ayanl m cassis dans le courant de I'an- n^e, le travail est moins complet sous ce rapport. Le barom^tre 6tait etabli a 8",3G au - dessus des basses eaux dans I'botel du gouvernement. Les thermom^tres places a I'abri du soleil, a 8 pou- ces d'une des murailles du kiosque qui surmonte I'hotel. L'udometre au-dessus du kiosque. Le resume general de I'observation de ces trois in- struments est donn6 par les trois tableaux qui suivent : ( 4o ) BAROMl-TRJi. J nil). Juill. Aodi. Sepi Ocl. No.. Die. J;ii)v. For. .\l,.rs. A>rll. Mai. Moyennp i 9'h. matin Midi 3 h 9 h.soir.. . . Moycnne gi-l I nerale. . .( 761,2 760,0 760,0 760,6 760,6 761,2 759,0 759,9 760,9 758,7 759,4 759,9 758,0 758,1 760,6 758,6 759,1 760.6 758,6 759,3 759,4 759,1 758,1 759,1 758,9 759,7 759,1 758,8 759,6 759,4 760,6 760,1 759,4 760,7 760,2 763,8 762,8 761,8 763,7 763,0 759,6 759,4 758,6 759,4 759,3 760,8 760,4 759,8 760,5 760,4 760,1 759,9 759,2 760,0 759,8 759,3 759,2 758,8 759,3 759,1 Moyenne de I'ann^e 760—0—0. TUERMOMkTRB. Juin. Juill. AoiJI. Srpl. 33,1 32,9 32,3 2S,5 31,7 Ocl. Not. Dlc JatiT. Fit,. Mar». A.ril. M-i. Moyenne a 9h. matin. Midi 3 h 9 h. soir. . . Moyenne g^.; n^rale. . - .27,4 28,3 27,9 24,1 . 26,9 29,5 30,5 29,7 26,1 28,9 30,6 31,8 31,4 28,1 30,5 31,9 32,4 32,1 27,6 31,0 26,0 29,3 27.8 22 2 26,3 23,7 29,6 27,1 21,1 25,4 22,5 27,3 26,6 19.7 24,0 22,5 23,9 21,7 174 21,4 22,3 21.9 20,5 18.3 20,7 23,1 22,3 20,8 19,9 21,6 23,8 24,6 24,2 21,2 23,5 Moyenne de I'ann^e 26—0—0—, UDOMiiTRE. Juili Juillel. Aofli. Sept. Oclob. nov. Die. Janr. F<:». Mai-b. A»r. M-ii Quantity / dVau lonibee Nombre de.s jrs de pluie. . 0,0005 . 1 0,0143 5 0,1581 19 0,0695 11 0,0013 3 0 0 0 0 0 0 0 0 0,0053 2 0 0 0 0 Quantity totale d'eau tomb^e 0,2485 Nombre de jours de pluie 41 (4« ) En comparanl les indications baroinelriqiies aux lieures ou on les a observ^es , on I'emarque de snite line loi constammenl suivie, quelle que soil I'^poque de I'ann^e ; — le minimum est a S^ ; le maximum est con- stamment a gi" du matin , et peu different de I'indica- tion de 9*' du soir, quoique celle-ci soit toujours plus faible ; mais dans les dixiiimes de millimetres, entre lo maximum et le minimum, la difference est de » a 2 millimetres, beaucoup plus considerable que celle qu'on trouve a Paris, ou d'ailleurs la meme loi sub- siste , el suivant les memes heures. Les moyennes maximum et minimum, celles de Jan- vier et d'aout, sont 763, o5 et 758,62 , et ne se Irouvent pas en rapport avec la temperature, car ce ne sont pas les mois le plus chaud et le plus froid. — L'abaisse- ment du barom^lre paroit plutot etre determine par les pluies du mois d'aout. — On ne pput cependant pas admettre que ce soit la la seule cause agissanle , puisqu'il y a eu plusieurs mois sans une goutte de pluie, et que les indications barometriques ont varie, tantot dans le sens de la temperature, tantot en sens contraire. La temperature varie peu ; le mois de mars, le plus froid , a une moyenne de 20", et le plus cbaud, celui deseptembrede 01 ",7. — Si nous comparons la moyenne de I'annee, 26", a celles donnees par les notices sla- tisliques sur les colonies , le seul ouvrage ou il soit possible de trouver quelques renseignements meleoro- logiques sur le Senegal, nous trouvons une difference de i'',25, — CCS notices indiquant la moyenne g^ne- rale de 24", 76 d'aprfes des observations faites de 1824 a 1 828. On a seulomenl oublie de dire a quielles etaient dues. ( 42 ^. Le Ihermometre a maxima esl monl^ jusqu'h 4 •" les b ct 4 oclobre, et celui a minima esl descondu a iS" le 17 mars. — Mais les observalions n'ayant pu, comma nousl'avons dit, elre suivics , on ne doit pas adcnellre que la temperature n'ait pas . verses conlrees de la terre , scion les temps , les licux »et les dlalcctes. La science g^ograpliique est in- » complete lorsqu'on ne la considerc qu'a une seule »6poque. » II faut done siiivre les diverses revolutions physiques et politiquos qui ont apporte des changements dans les conlrees, tenircompte de ces changements, car, pour (I former I'ensemble dos notions qui composcnt la » science g^ographique > il est n^cessaire de raltachor » enlre eux les anneaux bris6s de cette science, d'etablir » une comjiaraison analylique enlre la geographic an- » cienne el la goographie niodcrne. »L'idenlite de quelques lieux se demontie par les ') monuments hisloriques ; mais il en est un bien plus » grand nombre sur lesquels ces monuments se taisent. »I1 est done n6cessaire de d6couvrir un moyen qui » supplee a celui des recits de I'histoire pour dt^termi- » ner les positions des lieux antiques, on, ce qui est »souvent la meme chose, la correspondance des noms » anciens avec les noms modernes des mdmcs lieux. » Ptolt^mee nous enseigne un moyen dont il a us6 : dans sa goographie , « il donne des tables de longitude set de latitudi", et assigne a lous les lieux , a tous les nobjets geographiques , leurs positions sur le globe »par le moyen de leur plus courte distance a I'equa- » teur el a un premier mOridien. » Mais la geographic de PlolemOe ne nous donne pas les seuls matOriaux de cartes qui nous restentdes anciens; ils avaient encore des portulans pour les navigateurs d'apros les rumbs de vents et des observations celestes, lis avaient des ( 53 ) carles ilini^i'airos ou elaient Iraceos les grandes rouks avec leuis diverscs rainificalions. Us avaient encore les periples oil se Irouvaient toutes les distances et les in- dications n^cessaiies pour tracer les carles marines. La geographie de Ptolemee, ritin(!!raire d'Antonin , i'itineraire maritime, litineraire de Bordeaux a Jeru- salem, la table Tlieodosienne, sont des materiaux pre- cieux a I'aide desquels on peut r^tablir les cartes de la geographic ancienne, et les dresser m6me avec plus do perfection que n'onl pu le faire les anciens geogra- phes, parce que nos cartes modernes sont plus exactes. En assignant a chaque lieu geographique la place qu'il occupait, on aura en meme temps le nom du lieu mo- derns qui occupe le mcme emplacement. Travail difficile , raais aussi travail plein d'inl^ret et jusqu'ici trop neglige. Jusqu'a prdsent, en effet, pres- que tous ceux qui se sont occuj)es de la geographic ancienne onl indique sur la ineme carte tous les lieux menlionnt^s dans les auleurs a toutes les ^poques de I'antiquit^; ils ontconfondu les temps; et leurs cartes, comme celles de Reichard , ne sont utiles que par I'exactitude avec laquelle sont enlasses tous les noms geographiques qu'on peul trouver dans les auteurs an- ciens. M. Walckcnacr pense avec raison que les maleriaux dont j'ai parl6 meritent ])lua de confiance que n'onl voulu leur en accorder quelques savants. Pour lout ce qui regarde les cotes, les donnees de Ptolemee sont gdndiralement vraies, etcette exactitude a ete reconnue par les geographes modernes; mais j)our ce qui re- garde I'intdrieur des terres, les tables de Ptolem6e olFrent une masse d'erreurs inextricablcs. Sous Alexandre cl sous ses succosscurs, du Icmps de ( 54 ) Jules-C,6sar el tl'Augusle , on ecri\il des p^riples el cles ilineraires executes avec le plus grand soin , et qui em- brasst^ronl a peu pr^s tout le mondo connu des an- ciens, au moins loutes les conlr^es sur lesquelles on avail des lenseignemenls certains. Lne grande cause d'erreurs chez les geographes an- ciens vient de la diversile des mesurcs employees en calculant les distances; cetle diversile de stades et de milles , loujours employes sous le meme nom , mais avec des valeurs dilferenlcs, rend cxlremcmcnl difficile tout travail sur ia geographie ancienne; mais avec de la patience et de la sagacite, il n'est point impossible de triompher de ces difficulles, par la comparaison d'un grand nombre de licux anciens dont ridentit6 avec les lieux modernes est bien connue. Par la juste application des differentes mesures sur des cartes mo- dernes, dressees sur une grande echelle et avec beau- coup d'exactitude , on a pu assigner I'emploi de ces mesures et en determiner la valeur. On a pu (^gale- ment se convaincre que les ilineraires avaient et6 dress6s avec un soin cxtieme, et qu'ils miritcnt la confiance des geographes. « Dc lout cola il resulte , )>dit M. Walckenaer, que celui qui aspire a hater les nprogrts de la geographie ancienne, a enrichir la • science de notions positives el certaines , doit, avant nlout, chercher a rclablir, par le moyen des mesures »anciennes, la carle de Ptolem6e, la carte Theodo- » sienne et les ilineraires anciens sur le plan de la carle »moderne de la conlree qui est Fobjet de ses Ira- » vaux. » C'esl lorsque la carle antique a 6le ainsi rclablic que Ton retrouve facilement les positions des autres lieux dont il n'a pas el6 fail mention dans ces monu- ( 55 ) menls geographiquos , inais tlonl les noms se trouvenl dans les auteurs ancions , surJes iTK^dailles et sur los inscriptions. C'esl alors aussi que Ton peut parvenir a concevoir clairemenl I'imporlance des diverses divi- sions g^ographiques des peuples dent les auteurs ont parlt^, qu'on peut d'apres leurs ouvrages tracer les limites de chaquc peuple , et indiquer ainsi avec une certaine precision I'elendue du pays qu'il a occup6. Tels sent somtnairemont les principes de la m6- Ihode que M. Walckenaer recommande a quiconque voudra Iravailler sur la geograpliie ancienne ; ce qu'il prescrit , il I'a execute strictement, coraine ou peut s'en convaincre dans I'ouvrage ou plulot dans les ou- vmges dont j'entreprends de rendre compte ; car I'a- nalyse gd'ographique des ilineraires et la geographic coniparee des Gaules sont deux ouvrages distincts sur les memes contrees. lis sont destines h s'^clairer I'un I'aulre, et a se communiquer mutucUement de la force. La geographic comparoe des Gaules est un ouvragc complet ; il y a vingt-huit ans qu'il est compose, el lout y est si bien traite que depuis ce temps I'auteur n'a pas Irouve vingt pages a y ajouter, ce que comprendra par- iaitement tout lecteur aitentif ; il n'en est pas ainsi de I'analyse geographique des itlneraires; quand on sail , et I'auteur le dit lui-meme dans son introduction , quand on sail sur quel plan cet important travail a 6te compose , on eprouve les plus vifs regrets qu'il n'ail pas ete donn6 au public dans son entier, avec tous ses d^veloppemenls , avec les memoires s^pares pour cha- quc route, accompagn6 d'une carte spi^ciale de cctlc route. L'analyse gtiographique n'estdonc qu'un abrcge dun plus grand travail; inais lei qu'il «st |)iibli(3, il est en- core I'duvrage le plus complot , le plus conscicncieuse- inent erutiit qu'on ait public sur les Gaules, peul-6tre siir aucun pays. La nature de ce travail se prete pcu a una analyse, el s'il fallait enlrer dans la discussion des lextes , des ilin^raires , los comparer entre eux, jusli- lier on criliquer le clioix de M. Walckenaer, elablir one discussion sur I'emploi de diverses slades, donner un avis sur I'usage des autres mesures employees dans les itin^raires, comparer les cartes anciennes avec les inellleures cartes moderncs, verifier sur ces derniferes les cbifTres adoptes par M. Walckenaer, s'il fallail en nn mol refaire le travail de M. AValckenaer, je me (Icclarerais incompetent. Je n'ai ni le loisir, ni peul- olre la sagacit<^ n^cessaire pour moner a bien unc oeu- vre semblable. Je me bornerai done a dire que, pour dresser I'ana- Ivse geograpliiquc des itineraires anciens pour les Gaules, M. Walckenaer a extrait des itineraires lout ce qui a rapport aux deux Gaules cisalpine et trans- alpine; il les a compares, il a rompl(^l6 et souvent corrige I'un par I'autre , eta reduil loutes les mesures en milles romains; puis, il a compart la carte dressce pour les itineraires avec les bonnes cartes modernes, et a donnti les noms des lieux modernes auxqueJs cor- respondent les lieux anciens, indiquant egalement en milles romains les distances entre ces lieux modernes. II a fait ainsi tm ilineraire extrdmemenl delaille , une espece de livre de poste. C'est une cenvre de patience ; mais elle exigeait Egalement de grandes connaissances historiques, cl une extreme sagacity ; car on ne |)eut faire un pas dans une semblable carriere sans etre cxpos6 a commcllre des erreurs, el il I'aut une alien- ( 5/ ) lioM ol une perspicacile tres grande pour s'en ga- ranlir, Dans ['analyse gt'-ographiquc dcs itineraires pour I'interieur des deux Gaules , M. Walckenaer n'a donnc que le r^sultat de son travail sans raccompagner de notes ni d'observations ; mais dans I'analyse dc I'iti- neraire maritime , il a juge avec raison qu'il 6lait im- possible de presenter, comme dans I'itineraire terres- tre , les tableaux des distances comparees, sans les remarques qui les concernent, Mieux que tout autre, celte portion du travail dc M. Walckenaer fait comprendre comment il discute et inlerprete les texles; elle met en evidence toules les qualiles que je me suis plu a reconnaitre dans I'ana- lyse. Quelquefois, on le voit, la comparaison avec les cartes modernes, dont les lieux ont conserve les noms anciens malgr(^ de legeros alterations , I'a amen6 a res- taurer les textes altc^res. Mais M. Walckenaer est tres sobre de semblables restaurations. Ce qui frappe en lisant une page quelconque de son ouvrage , c'est le respect pour les texles qui ont ete si souvent corrig6s , ou plulot alteres par les scoliastes et les commenta- teurs , et qui, cntre leurs mains, sont souvent deve- nus meconnaissables. i^l. Walckenaer r^tablit les textes d'apres les manus- crits avec un rare bonheur, s'appuyant toujours de la comparaison des itineraires et des carles les plus esli- m^es; mais dans I'itineraire maritime, la serie des positions n'esl pas toujours bien observee ; il y a sou- vent confusion, il y a inexactitude apparenle. M. Walckenaer retablit avec une grande habilete la sei'ie des positions telle fpi'elle devait elre , el fail ainsi ( 58 ) iVisparailre ce qu'on avail pu preaJre pour de I'in- cxaclitude. Je ne termlnorai pas cette analyse , je dirais prosquo cet extrail du 3'' volume de I'ouvrage dc M. Walckonaer, sans expriraer le regret que divers travaux tros importants, depuis long-temps executes par lui, divers Memoires fort intc^ressanls sur la geogra- phic ancienne, soient encore manuscrits , et n'aient ete communiques qu'a uu petit nombre de savants. Tous ceux qui s'intiressent aux Eludes geographi- ques, parlageront mon vif desir de voir livre au pu- blic les oeuvres d"un hommo qui s'est place a la tfitc de la science. Non seulement elles porteraient la lumiijre sur la geographie des contr^es dont elles traitent , mais en- core elles apprendraient a ceux qui voudront marcher sur ses traces, la route qu'ils doivent suivre pour ar- river au but. Felicitons-nous au moins de ce que la geographic de la Gaule comparee ait 6te publi^e. C'est un rao- dilo d'erudilion intelligenle et spiritucllc. POUHIN DE BOSSAY. Note sur des iles de glace ur/cs dans les enuirons du cap de Bonne-Esperance. Un journal a donne dernierement Tcxlrait d'un rapport de mer du capitaine Courlois, commandant rAdotphe^ arrive de Bourbon a Nantes, qui annonco que le i5 octobro i B^o il avail apcr^u unc nouvclle ilc ( h ) dans le sud du cap des Aiguilles, par 36" 3' de lat. S, et 23'^' 39' de long, orienlale. EUe a, dit-11 , 2 a 3 milles de longueur S.-E. etN.-O. Le navire etait rest^ en vue de cette ile depuis 5'' du malln jusqu'a loh, a la dis- tance de 12 a i5 milles. 11 est inutile de faire remarquer qu'il n'existe ancune ile dans ces parages, et que ce ne peut etre qu'une masse de glace flottante qui aura ele vue ; mais le fait meme d'une ile de glace de cette dimension parvenue jusqu'a cette latitude est int^ressant a remarquer. Le meme capitaine ajoute : Le 17 octobie nous avons communique avec le navire /e Herald, capitaine W. Deval , venant de New-Bedfort et allant h la Nou- velle-Hollande. Ce capitaine nous a rapporte avoir ren- contre deux iles de glace par 36" 10' de latitude S. et 13" 4 •' de longitude E. Enfin nous ajouterons qu'un autre navigaleur, al- lant de Dordrecht a Batavia, aurait rencontr^ le \l^ sep- tembre une grande montagne flottante de glace , ayant une hauteur de i5o a 200 pieds, et 4 Heues de cir- conference; elle etait par 37° 54' de lat. S. et 14" 6' de long. E. La presence de ces masses de glace par cette lati- tude et la decouverte du continent austral , qui a pu etre reconnu sur plusieurs points par les expeditions fran^aise et americaine, font presumer qu'en 1840 les glaces polaires ont epi'ouvd une grande dislocation. Nous csperons que I'exp^dition anglaise, sous les or- dres du capitaine .James Ross, n'aura pas ete moins heureuse que les deux autres, et qu'elle agrandira encore le cercle de nos connaissances dans ces regions derobees si long-temps a noire curiosite. P. D. ( Go ) DELXIEME SECTION. Actes de la Societea liXTRAIT DES PROOES-VERHAU X DES SEANCES. PRicSIDEKCE DE M. DAUSSY. Seance dn 8 jamner 1 84 1 • Lo proces-vorbal de la dernicre stance esl lu et adopts. 11 est cnsuilc donn<^ communicalion du px'oces- vcrbal de I'Assemblee gen^rale du i8 d^cembre. M. Ic comle Cancrine , minislre des finances en lUissie , adresse a la Soci6le I'Annuaire magnetique ct ineleorologlque dii corps des ingenieurs des mines. M. Ic direcleur dos colonies adresse le l^' volume des Notices slalistiques sur les colonies francaises, pu- bli6cs par le ministre de la marine. M. le baron d'Hombrcs (Firmas) annonce que dans nn voyage qu'il vienl de faire en Bclgique et en llol- lande, il a recueilli quelques Notes sur les antiquilcs a , nomnie par les habitants Houadou. Get atoll est un des plus grands du groupe des Mal- dives; il a 42 milles de long du N. au S, sur 34 de large de I'E. a I'O. Sa pointe N. est par 0° 55' N. et 71" I'E. La profondeur dans I'interieur est plus grande que dans les autres atolls, on y trouve jusqu'a 91 me- tres; il est aussi moins embarrasse de recifs. On compte dans son centre 3o iles, dont 2 siluees dans la partie du N.-O , sont habilees. Celles qui se trouvent sur les limites de I'atoll sont nomhreuses, i5 d'entre elles sont habitues, et presenlent une population d'en- viron 2,000 individus. Los habitants sont sujets a un gonflement de la parlie inf^rieure des jambes, maladie connue sous le nom d'elephantiasis, et commune a Ceylan et sur la cote de Malabar. En 1802, un navire marchand de Surate qui avait 6le pris par un corsaire frangais fit naufrage sur la partie N.-O. de cet atoll; un Frangais de I'equipage resta dans le pays ; il adopta les cou- tumcs et la religion des habitants, se maria et eut vuic famille. Cet homnic , dit le capilainc Moresby, ( 90 ) elait mort quelques ann^es avant noire arriv^e, niais sa femme el ses enfanls vivaienl; nous les vimes el leur parlames. lis elaient Ires alarm^s, supposant que nous voulions les emmencr, Pauvres creatures I dies avaiont bien pcu de trails qui d^nolassent leur origine curopeenne; la femme el les enfanls ^laienl aflecles de r«^l6phanliasis d'une maniere horrible. Le principal emploi des liommes de cet atoll est la peclie ; les femmes font des natles en jonc qui servent de lit; ces nallos sonl jolies. Les joncs , qui sont une production du pays, sonl leinls en diverses coulours; une bonne nalle peut 6lre vendue de 25 a 75 francs. Les principales lies sonl Guddou , ou la plus grande parlie de ces natles se font ; elle est sur le cote S.-E. deTatoll, par 0° 18' N. et 71" 8'E. ;Ghang, a i mille a rO.-S.-O. de la pr^cedente; elle a i mille { d'eten- due; Mali fourie, a lo milles -; a I'O.-S.-O. de la poinle IS. de TatoU, par 0° 5o' N. et 70" Sa' E. ; elle est bien peupl^e et a de bonne eau ; Willie gelly, a i miller au N. i N.-E. de Mah-fourie ; Tin-a dou , silu^e par qoSi' iN. et 70" 4i' E. ; celle ile a 1 mille d'etendue, et conlienl environ 200 habitants ; elle a de bonne eau ; Kauda-dou, a 5 milles au S. de Tinadou ; celle ile est grande et habitee ; lloundadou,.au S. deKandadou,est une des plus grandes iles de I'atoll el la residence du chef; on y compte environ 200 habitants; I'eau y est bonne ; Feour-warie, qui est aussi une des plus grandes iles, est par o ih' N. el 73° 10' E.; elle est habitee; Matura, qui esl la plus S. de I'atoll, par o" 12' N. ct 70''55'£.; elle estaussi habitee ;Wah-dou, pare" i4'i]N. et 70" 58' E.; elle a 1 mille 1 de longueur del'E. a 10, sa largeur varic de un demi-mille a trois quarts de mille. ( y ) Leshabilanls discnt qu'ellecontenaitaulrefois 1,200 in- dividus et elait Ires fertile ; depuis quelques ann6es elle a ^te presque abandonn^e, il n'y a plus gufere que 100 habilanls, et I'ile est Ires pauvre. On n'indique pas la cause de ce changement. Celte ile merite d'6lre visitee, Ics anciennes mosqu^es, les cimeti^res etplusieurs au- Ires points sont dignes d'etre examines. Kan-dou-hou- lou-dou, par 0° 21' N. el 71" 12' E. ; elle est habil6e et a de bonne eau ; Kou-bourah, par o''20' N. et 71° i4' E.; Roun-day,par 0° 5o'N. el 710 i4'E. ; elle est habilee; Nillandou , par o" 38' ^ N. et 71° 7' E. ; elle est habitue el a de bonne eau ; et enfin Kouberdou , par o" 44' N. et 71 7' E. Ile Phoiva Molokii. Cello ile, a laquelle les premiers navigateurs ont donne a tort le nom d'Addou , est a 53 milles au S. 27° E. de ia pointe S. de I'atoll Suadiva; son centre est par o" 1 7' i S. et 7 1° 8' E. Elle a 2 milles de lon- gueur N.-O. et S.-E. et d'un demi a trois-quarls de mille de largeur. On ne Irouve pas de fond au N. , a I'E. et a rO. lout pres de celte ile; mais du c6t«^ du S. , il y a un banc qui s'etend ti \ mille -.. Elle contient de 5 a 4oo habitants, qui sont pi-incipalement occupes a la peche et a la fabrication des eloffes de colon. Elle est la residence d'un membre de la famille royale de Mal^, auquel on donne le nom de Die-die. On peut se procurer ici des tortues , quelques vivres, du bois et de I'oau, Les naturels visilent souvent les navires qui hissent leurs pavilions en passant devant I'ile. Quel- ques uns parlcnt I'hindoustani. On trouve dans cet lie des arbres de 70 a 90 pieds de hauteur. ( 92 ) Atoll Adou. Get aloll, que les premiers navjgaleurs avaienl ap- pele a tort Phoulah Moloquc, est riche , hien liabite et convenable pour les bailments qui ont besoin de ral'raichissements. II forme I'extr^mil^ S. de la chaine ■ des Maldives, et est Ic plus petit de tous les atolls, n'ayantque lomilles de I'E. a TO. el 7 milles du N. au S. 11 a la forme d'un croissant dont la partie con- cave serait tourn^e vers le N. Sa poinle N.-O. est par 0° 35' S. et 70° 46' K. ; la pointe N.-E. par o" 35' S. el 70° 55' E. ; et le milieu de la partie du S. est par 0° 4'' ^ S. et 70° 5o' E. II conlienl neuf grandes iles et plusieurs petiles. Les deux principales sont situees, I'une sur la poinle N.-O. , et I'autre sur la pointe N.-E. La premiere se nomme Hit-ta-dou; elle a 5 milles de longueur S. -S.-E. etN.-N.-O, el d'un quart i un demi- mille de largeur. Au S. de celte ile est Marradou , qui a environ 1 mille d'etendue ; puis Faidou, qui est plus petite; plus au S. encore Gung, dont I'elendue est de 1 mille i, et qui est la plus S. et la plus conlrale du groupe. On trouve ensuile a I'E. -N.-E. deux peliles iles nommecs Willing-gilly. La plus grande des iles qui sont sur la partie de I'E. est celle dont nous avons d6ja parl6 et qui est a poinle N.-E. ; on la nomme Modou el llouloudou, d'aprfes les deux villages qui sont au centre. La profondeur de I'eau dans I'int^rieur de I'aloll est de 55 a 64 metres ; vers le milieu , au- prfes des iles A I'E. et a I'O. , on trouve de 37 a 46 me- tres; It's balimenls peuvent y mouiller. Ces iles four- nissenl en quanlile des fruits, de la volaillc, dc I'cau el du bois a briilcr. Les habitants sonl Ires honnetes; ( 95 ) ils echangent leurs denr^es conlre de I'argenl ou du riz, du biscuil, du Sucre, du sel, etc; mais ils sont tr^s paresseux et craintifs a I'^gax'd des etrangers. On ne peut les engager a aider a falre de I'eau ou du bois qu'en les payant d'avance, encore faut il les forcer a Iravailler. lis sont sous la domination du sultan de Male, et les elrangers doivent s'adresser a I'atoll- warrie pour oblenir des provisions. Quelques habi- tants parlent la langue hindouslani. Leur principale occupation consiste a faire des etofifes de coton de couleurs blanche, rouge et noire melees; ils les tei- gnent eux-meines et les vendent a un prix assez ele\6 dans les autres atolls. Le gouvernement ne leur permet pas de trafiquer avec les etrangers, lous les produits doivent etre vendus a Mal6. lis visitent rarenient les navires qui passent, de peur d'etre molestes ; car ce peuple , pauvre et inoffensif, a eu quelquefois a re- grelter la visite de certains batiments marchands. L'a- toll conlient environ 5oo habitants; ils sonlmusulmans et ressemblent assez aux Indiens de la cote de Malabar. ( 94 ) }ii\kaomE sur ies ubsert'atiu/is /kites y en i Soy, par M. le cnpitaine tin genie Trum.hikr, dans son Toyagc en Perse; par M. Da ussy. En coramuniquant, en i838 (i), a la Sociele I'ilind'- raire descriptil" de la route de Tainan a le/.d , en passant par Meched, parcourue en 1807 par M. Trui- Ihier, capilaine du genie, j'avais annonce que je lache- rais de donner plus lard les principaux resuUats que Ton pouvail iirer du reste de ses manuscrils el de scs observations aslronomiques ; jc vais rcmplir cetle pro- messe, qui pourra procurer quelques documenls nou- veaux pour la geographic de ces contrees. Les manuscrils du capilaine Truilhier ne donnenl, comme nous I'avons dit precedemmenl , en description que I'ilineraire de Tehran a Meched et de Meched a lezd; mais ils contiennenl en outre une suite de rele- vements fails a la boussole sans interruption de lezd a Ispahan, Renguever, Hamadan, Tehran, Meched, et se terminent a Feizabad sur la route de Meched a lezd. Ces relevements sont trop etendus pour pouvoir elre donnes ici , mais j'ai pense qu'apres avoir conslruit toutes ces routes, je pourrais en ddduire les posilions relatives de lous les points de station qui terminent les journ6es de marche; ils sont au nombre de by el sont les principaux lieux de tout ce long circuit; je crois devoir nt^anmoins donner d'abord ici la premiere journ^e lout entidire, afin de faire bien connailie comment M. Truilhier a opere. (i^ ^oir le Memoire desci iplil' de la route de Telirau a Murlicd cl de Meched a le/.l, par ?.1. Iruilliier. /iiilhcin, niais, niai et juillet iS38. ( 9^ ) Premiere journee du voyage de Tehran d Meched. De Tehran a Rehoiin-abad. Vitesse moyenne , 463 1 itiPtrts a I'lieiirc. a Parti de la villa a 7 h. i'; Perdu 4' ; A 7 h. 25' file de puils de Nazabad; A 7 h. 39' village Nazabad (100 maisons) 600 toises, a droite; *. A 7 h. 35' = 188". b est une citeriie, bouue eau ; A 8 h. 26' halte a ua muulin, ruisseau de gauche a droite et pout d'uue arche; De la halte sur a = 190° ; sur le pic de Damavend = 1 18° i; sur la tour de Rai=: 19"; sur Cha Abdoul Azem et sur uu Ismam Zade = 3 5i° ; sur la poiute du chateau de Rai , sur la hauteur = 3o°; sur uu village d'Abas Mirza ^ i32" a 600 loises. Reparti a 5 h. 7'; Premieres ruines de Rai a 5 h. 12 ; c Sur la halte 5 h. 3o' = 177°, je crois; La tour de Rai 600 toisei a gauche ; L'imam Zade i5o toises a droite dec; d Oil commence la cullure 5 h. 39' ; Presque aussilot commencent les Jardins a droite ; Cha AbJoul Azam 000 m.) = S h. 45' = Soo loises a droile; c Oil fiiiissPDt les jarJius = 5 h. 56' ; / Imam Zade de c ^ 6 h. i 3'=; 196° {; f Tour de Riii = t 82° a peu pres; An poiul d on sort de I'enceinte de Rai, un chemiii va a gauche a Aiouuek. Ruisseau qui sort de Cha Abdoul Azem , on le coupe avauty et on en longe la rive droite ; / 0 ( I ) ruiiie en avant = 3 1 " ; A 6 h. 3o' Soulouiubour (20 ni. ) 800 toises a droile; ^/ 7 h. 4' = 2i3<' g Firoiiz abad (^60 m. ) = 101° \ a 400 toises; g Deykher ( 3o m. ) = 299° a 5oo toises; Le 0 mine en avant de/, reste 200 toises a droile a 7 h. 54'; Goultepe ( 3o m. ) 3oo loises a droite ii 8 h. 20' ; ,1)0 ii{;iiitn* iii'tulin ( 9«i ) h 0 mine precedent y li. -' = 12a"; h Kliouniri abad ; »o 111. " r= J2y" a 600 loises ; h Kiiiiie en forme de redoiile a loo loises= 32o"; I 0 mine en avaiit de /^ 10 li i' ^ ii-)" \; i Khartcliek ( .'|0 ni. ), on y passe nn niissean de gauihe a droite; Peidu 4'; A 10 h. 45' misseau de gaurlie a droile cl Mafi abad 4 ni. ) too toises a droile ; A 10 b. 5o' misseau de g. a dr.; On oblique un ppu a droile; A 0 mine en avant de/ 2 18" =; : i h, 8', A Mafiabad= 282"; A Bouinek ( 60 ra. ) = 358" i ; A II b. 1 5' |)elitc riviere de g. a dr. ; A II b 23 intie a Buuiuek; m Bouinek 11 b. 5V^= 2o3° ^; in Kbeir abad 60 m. ) =: ago" a 400 loiscs ; in Bt'liuun abad ^ 55° ; A m misseau de g. a dr. ; Perdu 2'; A 12 h. 5' misstau de g. a dr.; A 12 b. 17' rui.sseau de gaurlie a dr.; Arri\e a 12 b. 25'. Ainsi qu'on le voit par celle journ^e, M. Truilhier marquail avec soin lous les instants de sa route. II de- signait par une lellrc tous les points de celte route ou il changeail de direction ct ou il prenait des releve- ments, ce qui lui perraettait de noter sans de longues circonlocutions les points qu'il relevait en arriere, II elait done facile, en connaissanl la valeur de sa mar- che , de conslruire loute sa route. Chaque journee porte en I6te la vilesse inoyenne par heure; celte vilesse est donnee en metres ; i5 fois elle est de 4,65 1 metres, mais elle presente quelquefois des valeurs qui nu difl'erpnt que de quelques metres. 11 m'a ete impossible de savoir quel moyen il avail cm- ( 97 ) ploy6 pour determiner ainsi sa marche, je I'ai done prise simplement conime elle est donnee. Apres avoir construit ces routes a una 6chelle com- mune d'environ 25 millimetres pour i myriametre, il s'agissait de d^duire de celte construction les difTe- rences de latitude et de longitude de chaque journee ; pourcela il fallait dt^terminer pour chaque jour la decli- naison de I'aiguille aimanl^e, car tous les relevements avaient 6te pris a la boussole. M. Truilhier avalt, il est vrai, observe a Tehran un azimuth qui lui avait donne pour la declinaison 4° i5' iN.-O. Je Irouve encore dans ses cahiers qu'il avait trouve a Ispahan, au moyen d'une meridienne qu'il avait Iracee , 5° 5o' N.-O. pour la di^clinaison ; mais je voulus chercher a determiner moi-meme cet element important, par le moyen des observations de hauteurs meridiennos. Ma construction me donnait la distance dc deux points et leur gisement magnetique. Lorsque par des observations de hauteurs meridiennes j'avais ob- tenu la latitude de ces deux mferaes points, je pou- vais avec leur distance calculer le gisement vrai de I'un par rapport a I'autre , et en le comparant avec le gise- ment magnetique j'avais la declinaison. On congoit que les erreurs commises sur les latitudes pourraient Jeter une grande incertitude dans ces determinations, surtout lorsque Ton sait que I'inslrument qui servait a observer les hauteurs etait un mauvais sextant en bois. Pour diminuer autant que possible les chances d'er- reur, j'avais soin de n'employer que les observations des memes eioiles pour avoir les diflferences de latitude. Je r^unis ainsi sS determinations de la declinaison. La moyenne etait dc 5° i6' N.-O.; mais comme les operations s'etendaienl sur un assez grand espace pour XV. FEVRlliR. 5. 7 (98 ) que Ion piit supposer quo la d^ciinaison n'elait pas la meme parlout, je formal trois groupes de ces observa- tions. Le premier depuis Kenguever jusqu'a Goulpaigan elReuschkek; le second, d'uii cole, depuis Goulpaigan jusqu'^ lezd.el de I'autre, depuis Keusclikek jusqu'a Cha- rout; el le Iroisi^me depuis Charoul jusqu'a Feizabad. .le trouvai que dans le premier groupe , qui est le plus a VO. . la ddclinaison moyenne elait de 4° 45'; dans le second de 5" i4'; el dans le Iroisieme de a" 2'; cela semblait done indiquer une diminution de la d^cli- naison en allant de I'O. a I'E. , et c'est ;iussi ce que donnerait une observation que IM. Truilliier avail faile a Alep , el qui lui avail donne pour declinaison y" 45' N.-O. J'ai done cru devoir adopter une decli- naison de 2° N.-O. a Meclied , augmentanl graduelle- ment de I'E. a I'O. jusqu'a Kenguever, ou elle serait de 5° 10'. Les tableaux suivanlsdonnen I pour cbaquejourn^ele r6sultatde la construction des relevementsel du calcul, savoir : la distance des deux points extremes, leur gi- sement magnetique, la dt^clinaison employ«^e pour le reduire au N. du monde, enfin les differences en lati- tude et en longitude. Les distances sont exprimees en secondes sur une sphere dont le rayon est egal au rayon de courbure de la sphere osculatrice a 34" de latitude dansl'hypotbfesed'un aplalissemenlde i/3o8,6, le logarithme de ce rayon exprime en metres 6tant (), 80507. Aofa. Pour eviter de r^peter deux fo-is les noms, on n'a mis sur chaque ligne que celui du point d'arrivee, -la ligne sup6rieure comprenant toujours le nom du point dc depart. (99) UESULTATS OEDLITS DE LA COIVSTUUCTION DES ROUTES. De Tehran a Mcched. Vite&se ROUTE CONSTRUITE. Uecli diff£rekce N 0 \\ S. Iieuif -«» -'• ■^--^ naisot) adopt. '^ ~ - Uisl.illci'. Dirccl. Uiiig'n. i\.-0. 111 loitgiliid. .11 latitude. lUiiisous. (iii'l. 1 ne Tehran, 4000 >t „' „" »" 1 »" »' »' ,," ,>' >." 2 ti Rehoun-abad, 200 4631 21 1 S. 26 48 E 4 15 13 18 E 18 OS 3 a ATouaaek, 200 4631 23 12 S. 79 38 4 10 28 16 2 30 h a A radon, GO 4325 21 49 S. 80 18 4 5 26 37 2 8 5 a Deyncniek, 5 4675 12 6 S. 88 49 4 0 14 48 1) 36 N 6 a Laskiert, 50 4852 19 31 .\.64 15 3 55 20 50 9 40 7 i Scmnann, 600 4866 19 26 N.59 29 3 50 19 45 10 58 8 a source d'Akhouri. 5013 30 6 N.61 57 3 45 31 35 15 52 9 a Baklish-abad, 50 4993 24 47 .\.45 12 3 35 13 16 18 31 10 \ Demglian, 400 4631 9 31 N.63 56 3 30 10 16 4 41 11 i Deymollah, 150 4631 20 39 N.73 42 3 25 24 10 6 58 12 a Charout, 400 4631 14 49 N.53 54 3 20 14 15 9 24 13 \ Bedescht, 25 463J 5 5 S. 84 22 3 15 6 19 .. 13 S 14 a ;\Ieianienn, 100 4631 28 52 S. 86 2 3 10 35 57 » 24 15 i Daskiert, 50 4631 27 44 S. 49 50 3 5 27 27 16 44 16 a Abbas-abad, 20 4631 21 8 N.50 38 3 0 19 26 14 14N 17 a Mezinann, 100 4631 22 30 8.78 49 2 52 27 41 3 15S 18 a Mt^lir, 40 4168 18 48 S. 83 55 2 45 23 21 1 6 19 a SM)zrvar, 1000 4631 28 40 S. 76 56 2.37 35 1 5 12 20 a liobati Zafrani, 15 4468 20 18 S. 80 27 2 30 25 () 2 29 21 & Beher-abad. 4728 29 13 \.86 42 2 25 36 7 2 55N 22 alS'eychabour, 2000 4631 6 29 S. 79 27 2 20 7 57 » 55 S 23 a Kademga, 50 4631 15 3 S. 63 26 2 15' 17 1 6 12 24 a Glierif-abad, 15 4027 21 57 .S.74 0 2 10 26 24 5 15 25 aMeched, 4000 4909 16 23 N.22 51 2 5 7 10 15 19N De Chorif-abad )> )) » )) )) )) 26 a Robali Cefid, 5026 16 21 S. 23 50 0 2 5 7 29 0 15 12 S 27 a Tourbet. 4444 31 3 S. 16 19 2 10 9 19 30 7 28 i Fefz-abad. 6096 31 17 8. 56 38 2 15 31 9 18 13 De Djoiimlnn )} » » » » » 29 i line station. 5608 14 18 8. 54 14 2 22 13 16 8 50 30 a 'I'oiin. 5608 14 48 S. 57 23 2 27 14 38 8 31 ( '00 ) UESI'I.TATS DEDIITS DE I. \ CONSTRUCTION DES HOUTFS. De Jezd d Tehran par Ispahan et Hamadan. Vilcsse ROUTE CONSTRl ITE. rwcii- DIFF^REXCE N 0 M S. par beurc. ■ ■"^ adopt. "^ -^^^ DiMancp. l>irect. maf II. en lonpilud. en laliludn. maisons. met. .N.-O. 1 Dc lezd, (iOOO )) ,)' »" »*' .)' ,." »' .)' ,," o' «" 0 a Abraiul-abad, 300 5118 5 33 \.57 23 0 3 20 5 610 2 43 N 3 a Bidev, iO 5000 20 37 N.36 /i7 3 30 15 /ll 15 /l/l /( k Aghda, 150 5118 22 52 \.52 /l5 3 /lO 22 29 12 39 5 Ji Tcliarouasch , car. 5025 21 /i7 N.72 20 3 50 25 2 5 12 G a Iioiiscliklian. 80 509/1 26 10 \.61 /l/l 3 55 28 25 10 51 7 JiSi-kzi, 100 523G 30 /lO \.86 30 !x 5 36 23 » 19 S 8 h Ispalian, 30000 5118 21 /i9 S. 89 /lO /l 10 25 52 1 /i3 9 a Tclialessia, carav. 538/j 22 26 \./l3 59 k 15 19 51 l/l 57 N 10 a lloiisni, 60 5G/1/1 22 13 N.53 6 /l 20 22 16 11 58 11 a Dour, 150 5/1 /i3 26 52 \.51 13 U 25 2() 27 15 10 12 adoulpai'san, 2000 5/iG9 21 /i2 \.63 0 /l 30 23 57 8 18 13 a Leiikan, ZiO 5050 2/1 31 N./l6 1/i /I 35 22 /|5 15 29 iti ci Klioiirin-abad, 30 /l599 12 /i3 N.57 17 /l /lO 13 30 6 0 15 a Kaloua, 50 5385 19 /j3 N.53 6 ll ho 20 5 10 30 IG a Parit, 150 51G8 22 35 N.55 21 h 50 23 36 11 I'l 17 a Melir-abad, 50 5281 20 21 X./l8 36 Zl 55 19 /i6 12 7 18 a I'ercschpt', 100 5253 27 36 \.63 26 5 5 31 5 10 6 19 ;\ KciiKUOvor, 300 52/i9 18 /i3 N.81 57 5 5 22 39 » 58 De Pi-rcsclipi; » )) }) » 1) » 20 ci Toiissirklian, 600 5200 8 59 N.72 12E 5 2 10 2 E 3 29 21 iMIamadan, /iOOO 5050 18 3 N.23 12 5 0 6 51 17 8 22 a Maravaii, ZiO 5100 15 52 S.73 3/1 /i 55 18 56 3 10 S 23 a Klicrkhourd, 90 5100 15 22 S.3/1 55 /I 52 11 .57 11 48 2/1 h Koiimi'zan, GOO 50/1 5 20 50 N.66 21 /i 50 22 l/l 9 56N 2o a Aklidja Khalo, GO /i6'i/j 20 39 N.31 /il /l /|5 11 23 18 25 20 a Noiivaraii, 80 /l812 l/l 38 N.,55 /|6 /l /lO 13 5/1 9 11 27 a Kciisclikck, 30 /|799 27 111 N.79 2/1 /l 35 32 'i8 7 17 28 h I'lasniidjan, 100 /|877 21 35 N.88 1 /l 30 2() 17 2 26 29 a Mart, 35 /l918 2'j 12 N.68 51 /l 22 26 /i6 10 26 30 <'i Tehran. 4812 21 17 N.68 /|2 /I 15 23 35 9 11 ( «ni ) Nous avonsdonne dans les deux lubleaux precedenls toulce qui peutelre Ur^desrel^vemenlsqueiVl.Truilhier a prisdansloulle circuit qu'il aparcouru en Perse. Celte suite estcertainement un document tres important pour la g^ographie de ce pays ; on ne peut pas douter qu'elle ne donne avec exactitude la position relative des lieux qui se succfedent sur celte route ; mais si on voulait, au moyen de ces differences journalieres, obtenir en par- tant d'un point la position absolue de tous les autres, il serait a craindre sans doute que les erreurs prove- nant de I'inegalit^ de la marche, du defaut de preci- sion des rei^vements et de I'incertitude de la decli- naison supposee, ne s'accumulassent de maniere a donner a la fin un r^sultat 6loigne de la verile. II deviendrait n^cessaire , pour 6viter cet inconvenient, d'avoir des observations aslronomiques qui puissent donner les moyens de rectifier les erreurs et d'em- pecher qu'elles ne s'accumulent. C'est dans ce but que M. Truilliier avait fait tout le long de sa route des ob- servations de bauteur du soleil et des eloiles les plus brillantes pour determiner immddialementles latitudes de ses principales stations; il avait meme en quelques points observe aussi des distances lunaires pour deter- miner la longitude; mais, comme nous I'avons dit precedemment, son instrument etait beaucoup trop imparfait pour que Ton put compter sur le resullat de ces dernieres observations; aussi, apres avoir fait de nombreux calculs pour essayer s'il ne serait pas possible d'oblenir au moyen des observations menies les corrections que I'instrument exigeait, j'ai 6te oblig6 de renoncer tout-a-fait h en tlrer parti et de me reslrcindre aux seules latitudes ; pour ces dernieres memes il eiait necessaire, vu la grandc defecluosile de I'instrument, ( '02 ) <]c sassurer juscju'h quel point on poiivait compter sur les rtisultals des observations; c'est ce que nous allons examiner ici. Le sextant avec leqnel M. Truilliier observait etait en bois ; la chalcur avait produit un tfl ellel sur lui que le vernier no contenail pas le meine arc sur les diffe- renles parties du limbe. Ainsi vers o", lorsque le zero du vernier etait mis en coincidence avec une division du limbe, c'elail le ir)*" Irail el non pas le -io" qui a I'aulre extremilc du vernifr coincidait avcc une autre division du limbe; vers 43", les trails du voinior qui coincidaienl en meme temps avec deux divisions du limbe etaient o et 16; vers 50°, c'etail o ot i4; vers So", c'^lait o et 16 , etc. , ce qui prouvait evidemment ou que la division du limbe n'elail pas sur la circon- f6rence d'un cercle , ce qui pouvail provenir de I'ine- gale diminution des rayons qui liaient le centre a la circonlVirence , ou que le centre de mouvement de I'alidade n'elail pas celui de la division. Avec les er- reurs qui venaienlde celte source devaient necessaire- ment se confondre cellos qui pouvaient elre pro- duitos par le d^faut de parallelisme des surfaces du grand miroir, celles du poinle el celles qui provenaienl de ce que Tare total n'esl jamais dans ces iuslrumenls de 120° juste. II est a regrelter que M. Truilliier n'ail pas pense a faire quelques observations bien faciles qui auraient pu faire connaitre son instrument, comme de mesurer un grand angle en renversant le grand mi- roir dans sa monlure, ce qui aurait fait voir si les sur- faces etaient paralleles; d'observer un lour d'horizon avec des objets eloignes de 90" environ et peu Aleves au-dessus de I'borizon , ce qui aurait fait connaitre hi valeur de Tare , elc. Dans Iclat des observations ( in3 ) coiDiiic ellos 6laienl donnees, il eUiit impossil)!*! di' dtiineler rinfluence de cliacune de ces causes J'trreur; ce n'etait done que par la comparaison des resullals obtenus, soil enlre eux , soil avec ce que d'aulres ob- servateurs avaient eu , qu'on pouvail se faii^e una id6e du degre d'exactiUide sur lequel il elait permis de compter. Cesl dans ce but que nous donnerons ici dans un premier tableau la serie de toutes les lati- tudes [voir pag. i lo, tableau n" I) (i) observees par iVl. Truilbier, et dans un second ( voir le tableau n° 11 ) , comparativement avec les moyennes de ses observa- tions pour cliaqne point, les latitudes qui ont etc obte- nues par d'autres observateurs. En examinant le premier tableau , nous voyons que parmi les points ou M. Truilbier a observe il y en a cinq, savoir : Meched , lezd , Ispahan, Ilamadan et Tehran , ou les observations sonl en assez grand nombre pour que Ton puisse esperer que les erreurs accidentelles du vise et de la lecture auront pu se compenser. Sans les erreurs constantes que I'instru- ment peut donntrsur toutes les latitudes, la moycnne de ces observations serait probablement peu ^loignee de la verite; on pourra done, en examinant quels sont les ecarts que pr^sente chaeune des observations iso- lees autour de cette moyenne, apprecier quelle est I'erreur probable d'une seule observation due au pointe et a la lecture de ce vernier, que nous avons vu etre si inegal par rapport a la division (]u limbe. (i) M. Truilhier avail caiciili; Ini-niottic on Perso (oules ses ol)sciva - lions, riiais en iiegligeaiit I'aberialiou et la iiularioii des etoiles ; j'ai vrrihe Idus ses calruls el les ai rotnplctes. ( io4 ) Or, nous IroLiNons : A Meched , par 1 1 observations, niie 49", Plus yranJes erreurs A lezd , par 17 observations. Erreur juoycniie 4g". Plus "ranJes erreurs , . ,, Erreiir iiiuveDne 3-". Plus qraudes erreurs < , , .,, ( -\- i' 16" A Ispahan, par 16 observations. Erreur iiioveniie aa". Plus craudes erreurs ! T ' ^ ,, I -|- o' 36" A Hamadau , par 16 observations. Erreur muveune 40". Plus grandes erreurs j T ", , „ ■ I + ■ 34 A Tehran , par 9 observations. On pent conclure de ces comparaisons que pour une observation Isolde on aura Ir^s raremenl, pour les deux causes que nous examinons, une erreur de plus d'une minute, mais aussi qu'on ne doit pas esperer une precision plus grande qu'une demi-niinute. Dans le second tableau , on remarquera que les la- titudes de M. Tiuilhier sont loules plus petites que celles de Fraser, de Burnes ct de Trezcl. Si nous te- nons coniptc , pour combiner ces diflcrences , du nombre d'observations dont chacune est lerdsuitat, nous trouverons pour moycnne 2' 2 7"5. J'ai pris en nombre rond 2' 3o" que j'ai ajout6 a toutesles latitudes de M. Triiilbier ; car, comme je I'ai dit ci-dessus, ce n'est guere qii'a une demi-minute qu'on peul compter sur ces latitudes. II restait maintenant a combiner les risultats des relfevements successifs de la route avec les latitudes deduites ainsi des observations; car pour les longitudes ( «o5 ) que Fraser a obtenues par des Eclipses de satellites et par le moyen d'un chrononielre , les erreurs qui af- fectenl chaque observation en particulier sent bien plus fortes que celles qui peuvent venir de Teslime de la route. II y aurait done un inconvenient grave a vouloir se servir de ces observations isol^es pour cor- riger Ics differences de longitude obtenues par la route. Ce n'est que sur line grande distance que Ton pourrait se servir de ces observations astronomiques pour s'assurer que la suite des relevements n'a pas trop 6loign6 les exlreniites. C'est ce que nous avons cru devoir faire seulement enlre Ispahan et Tehran. Nous restreignant done aux latitudes observ6es, nous verrons se manifester ici tout ce qu'il reste en- core d'incertitude sur la determination des routes ; nous ne les dissimulcrons aucunement, car on verra par la en meme temps quels sont les points sur les- quels on peut compter. Le resullat de ces combinai- sons est contenu dans les deux tableaux suivanls qui contiennent tout le tiajet parcouru par M. Truilhier. Nous I'avons divise , comme il I'avait fait dans ses ma- nuscrits, en deux routes sdparees, savoir : i° de Tehran a Meclied et de Meched a Feizabad , plus une petite partie de route detachee de Djouminn a Toun; 2° de lezd a Ispahan, llamadan, Kenguevcr et Tehi^an. Nous allons donner I'explication de ces tableaux et faire connailre les motifs qui nous onl guide pour I'adop- tion definitive des latitudes et des longitudes. ( Foir les tableaux n°' III et IV. ) ( 'o6 ) PKMlkRE r.OUTK. De Tehran a Mec/ird el de Mcched a Feiz-abad. J'ai pris pour depart la latitude de Tehran observec par Alexandres Burnes , 35° l^o' o", ainsi que la longi- tude qui a ete delermin6e par Fraser au nioNcn dc Irois eclipses de satidiiles. Les longitudes de lous les points suivants ont 6t6 d^duites de celle-ci au nioyen de la route. Nous avons mis a cole dans le tableau les longitudes donnees par Fraser; on verra qu'elles pro- sententdes diilerencos quil est impossible d'expliquer, et qui doivent bien plulot etre attributes aux erreurs des observations aslronomiques , qu'a I'appreciation de la route. Quant aux latitudes , nous allons expliquer comment nous les avons d^duites. Apr6s Tehran , le premier point ou Ton Irouve des observations est Deynemek ; la latitude observee par Truilhicr dilT6re de 54" seulement en plus de celle que nous avions conclue de la route; j'ai cru devoir r6partir cette difierencc sur les Irois points pi dcedenls , Rehoun-abad , Aiouanek el Aradon. J'ai cru devoir ajoutor ici la position du pic de Da- raavend, qui a ete releve de Rehoun-abad el de trois auTres stations. J'ai calcule la position de cbacunc de ses stations au moven de la route, ol cnsuilc celle du pic au mo J on des relevcments qui sonl donnes en degres seulement. Voici au reste les resullals obtenus par les diverses combinaisons de ces rclcvemenls. Comme les stations i ct 2 6laicnt trt's pros I'une do I'aulre , j'ai combine successivomenl la station 1 avoc les stations 3 ' 4" ; ce serait done 5' 29" a re- partir entre ces deux points ; mais ayant considere qu'en partanl de la latitude adoptee pour Somnann , la route nous donnait sur tons les autres points oii la lati- tude a ete observde , une difference presque conslante dont la moyenne ctait l^' a6" , j'ai pense qu'il elail pr6- ( '08 ) f6rable de faire subir a la position de Demghan donnee par I'ilin^raiie , celle correction nioyenne , ce qui ne donnera plus que de l^geres differences en plus et en moinssur les aulres points. L'accord qui regne jusqu'a la fin enlre les rc^sultats des observations astronomi- ques et le calcul de la route, nous senable prouver qu'on peut regarder celle parlie comme assez bien d^termin^e. DEUXikME ROUTE. D'Jezd a Tehran par Ispahan et Hantadan. Nous avons pris pour point de depart des latitudes , celle qui a ete observee a lezd par M. Truilhier ; en pai'tant de celle donnee nous avons trouv6 pour les points suivanls jusqu'a Ispahan , enlre les latitudes ob- serv^es et les latitudes deduites de I'itin^raire , des dif- ferences de_|- i' 16"; — o' 5" ; — i'24" ; +0' 17" ; la cor- rection moyenne serait -f- 1". Nous avons cru pouvoir la negliger et ne rien changer aux resultats obtenus par la route jusqu'a Ispahan. Ici nous avons repris pour point de depart la latitude observee par M. Trui- lhier, Sa" 9' 4". Les latitudes observ^es a Housni , Dour , Goulpaigan , Lelikan, Rourm-abad, Parit , Pereschp6 et Kenguever nous onl pr6senl6, avec celles que Ton deduisait de la route, des differences qui variaient de 5' I ao ' ;; j'ai pris la moyenne 4' 28 " que j'ai adoptee ; c'est-a-dire que j'ai diiuinu^ la latitude illlousni de cette quantity, et apres avoir r^parti cetle diffi^rence de 4' 28" entre Ispahan , Schalessia et Ilounsi , je suis parli de la pour calculer toulesles autres latitudes au moyen de la route jusqu'a Pereschp^. Pour Kenguever qui se trouvefitre unc exlreniile de lignc , j'ai pris la latitude ( 'o<) ) observee , qui est plus pdilo dc i' yS" quo celle qui aurait 6le deduite de la route. Hamadan est un point dont la latitude a ete observee par M. Trullhier , par un assez grand nombre d'obser- vations. La difference de latitude entre ce point et Pereschp6 est, d'apres les observations astronomiques, de 18' o", et d'apres la route de 20' Sy". Comme j'a- dopte la position astronomique d'Hamadan , je fais porter une partie de cette correction sur Toussirkan , en la r^partissant en entier enire Pereschp6 el Ha- madan. En partant de la latitude d'Hamadan , la route nous donne les latitudes de Roumezan , Keuschkek , Alart el Tehran , avec assez de precision; il y a une diffe- rence en moins de 3' sur Nouvaraz, une de 1' 4o" dans le meme sens sur Akdjakhale, et une de I'en plus sur Rasmidjan; je n'ai pas cru devoir changer la serie pour cela. Quant aux longitudes, pour que celles d'Ispahan et de Tehran, observ^es par Frascr au mojen des satellites de Jupiter, s'accordassent avec la difference donnee par les routes , il a suffi de changer seulemenl de 3 a 4" chacune des differences donnees par la route. Je suis loin de croire que les determinations que j'ai adoptees ici presentent une grande rigueur ; mais j'ai pense que le travail de M. Truilhier, tout imparfait qu'il etait.m^ritait d'etre conserve et porle a la connaissance des g6ographes. Lorsque par la suite on possfedera des observations astronomiques plus certaines , on pourra encadrer les routes que cet officier a relevees avec beaucoup de details, d'une mani^re beaucoup plus precise que je n'ai pu le faire ici. ( 110 ) PREMIER TARLEAL. Latitudes observees en Perse par M. Truilhier. Deyncnick Si'inniiiiii 1(1 ICliarout Id Abbas-abad . . . . Id ISabzavar Id Id iMechcd Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Cherif-abad . . . . Id Robaticcfid . . . . id Toiirbot Feyz-abad (i()mi-nj);ul . . . . Slalion fiitreGoiin- abad cI I'oiin . . Devmoliainined . . Tebbes Kaliiiers Id Pouscbtibadoun . , Id Souklian Kliaraiiay . . . . , Id., maiiv. obs. lezd , Id Id Id Id Id Id Id id 35" 17' 28" 35 30 Zi'i .. 3.'i 68 )(} 21 25 >> 22 33 36 18 56 17 37 36 10 23 i 9 57 36 10 Ik 36 13 52 » ilx 14 ). 15 56 » 15 1 ■)) 12 hi » 13 k .. \k hh » 15 17 » l.'j 39 » IZi hi » 13 1/4 35 57 13 » 59 35 35 Zi2 /lO .) Zi3 35 35 13 25 3Zi 55 6 1 3/1 16 28 f3/i 17 19 33 Zi8 13 33 33 30 33 2.'i 51 33 27 IZi 32 56 15 32 58 7 32 27 57 32 18 /|6 31 /|7 8 31 52 i .) 50 2 » 50 /|3 .) /i9 52 » 50 /il » 50 31 » 52 26 » 51 /il .. 51 21 ' scorp. asagili. A sagiU. A sagill. 7 sagitt. f> capr. i capr. A sagitl. a jS capr. £ 0 capr. fomalh. (7 sagitt. (3 capr. 0- sagitt -sagitt. f> capr. 17 sagilt. a capr. ■J sagill. Iczd id id. . . . , id Id. ... id. ... Id id lezd-abad. . Agiida. . . . id 'I'cbarouasch. Iiouscliklian. 31" 51' 45" 51 2/1 51 16 51 /lO 50 22 51 Zi9 51 /i3 32 32 » 32 !32 51 1 3 18 solcil. id. soleil. ?o capr. kuiiba 1 32 I.pahaii. . . . id id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Iloiisni .... Dour id Goulpaigan . . Id. . . . Lcligliann. . . Klioiirm-abad . Id. Amarct .... Ilessar Parit l>rescbp('. . . 1 Id I Id Kcngiievor . . llamadan . . . 1 Id Id 2/1 31 22 33 27 23 36 55 39 26 35 25 36 hi 36 30 36 59 36 /il 36 36 36 11 35 32 36 39 36 30 37 10 36 /i9 36 53 36 9 37 37 33 » 33 58 33 13 19 I'l 33 25 2/1 33 33 16 /l6 38 2i 33 33 34 3/1 43 46 49 SI 6 12 59 18 4 13 27 45 27 58 27 24 27 8 45 30 45 12 46 10 6 capr. solcil. solcil. ,5 capr. sok'il. id. ^ capr. fomalli. id. id. solcil. id. id. id. id. id. id. id. id. id. id. id. id. id. id. id. id. fomalli. id. j3 balci. .lupilcr. Siriiis. n. Iiydre fomalli. ,3 bill. Sdlcil id. foiiialb. rigcl. X Orion. Siriiis. solcil. id. ronialb. /Jgr.cb. 1.1 ) llamadan Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Station entre Bai-a- van et Khcrd- khourd Kherdkliouid . . . Id. Id. Td. Kourm^zan Id. \'aous. 3/t"/(6'/il" » 4/1 hG .) /i5 28 » U7 15 » /i6 30 » tiQ 58 .) 44 53 .) 46 27 » 45 22 » 45 5 » 45 32 » 44 50 » 45 57 34 34 3 34 30 10 .. 29 12 » 29 55 .. 30 55 34 40 37 .. 40 50 34 46 55 Sirius. f gr. cli. solcil. rigel. |3gr.cli. Sirius. (Jgr.ch. /3 bai. solcil. fomalli. soleil. id. P bal. soleil. [i bal. rigr.ch. I navire ct iiydr. P bal. rigel. Soleil. Aklidjakbalc; Id. . . . Noouaran . . Id. . . . Keiischkck. . Id. . . . Id. . . . Id. . . . Ilasinidjaii. . Id. . . . Mart Id. . . . Id. . . . Id. . . . Tell ran . . . Id. . . . Id. . . . Id. . , . Id. . . . Id. . . . Id. . . . Id. . . . Id. . . . 34" 57' 35 3 35 5 35 5 24" 52 9 23 35 16 18 35 16 18 » 16 6 » 16 11 35 18 43 » 19 20 35 28 5 » 28 21 >> 27 51 » 28 33 35 37 0 » 37 29 » 37 .) 38 » 37 » 38 40 » 39 9 » 38 32 I. 38 21 36 6 18 /3 bal. f> bal. rigel. '"igel. "Orion. /5gr.cb. Sirius. (i bal. rigel. rigel. Orion. l3gr.ch. Sirius. solgil. id. id. id. id. id. id. id. id. ( "2 ) ir TABI.EAI . I-ATITIDES URSEinilF.S PAH M. TlllI(.IIIER Comparees avec celles obtenues par d'autres o''servaleurs. NO MS. Nom- l»ic d'c.b Tehran Otyiirnifk. . ScMinanii . . Oharoul . Abbas abaJ. Sabzavar . . Sleeked Cherif-abad Robaii-cehd Tourl)Pl Ft yz-;ibiul (idiin-aliad SialioiieiiiLeGoun-abadf ft Toiiii \ IVvnioliammcd. . . T l)l)es Kaad. . . . Aniarel He'.sar Paril I'crcschpt; KenRUtver PAR M TR111.H1ER. PAR DIVERS dif»^:r. 1 1 2 2 1 1 IH 1 2 1 I 16 1 2 2 1 2 I I 1 3 1 I Hamadan i" 16 Stalinn ciilre RaraYan^ cl Kfikouid. . . . .f Koiimi?zaii j 2 Vaous 1 Akhdja-khalf 1 Nooiiaraii 2 Kriisrb kik RaMnidJaii Al.irt Tehran , 35" 38' A 35 17 35 32 .36 21 36 18 .36 10 ,36 14 35 58 35 « 35 13 31 55 34 16 33 48 3:i ;« 33 26 32 57 32 27 32 18 31 32 32 23 32 27 32 36 32 39 32 36 32 58 33 13 33 25 33 38 .33 44 33 49 33 59 34 i 34 27 .34 27 34 27 34 45 34 30 .34 40 34 46 34 57 35 5 .35 16 .35 19 35 28 35 38 I yrr< zfl. ' NBtiriu's. M'ra-^iT. Fras. 2 Id. 6 > 1 , » 2 ^BiirriPf. 19 ■^Fia.sci. rMoyi'u. 24 7 25 6 2.S 34 17 19 13 30 2 11 57 46 10 18 32 23 55 26 34 33 56 1 •> 49 12 18 13 42 55 > 41 3 43 55 24 16 13 1 12 4 35" 35 35 35 35 36 36 36 36 36 39' 40 39 ,33 25 30 ! + 20 + 25 50* 12 45 15 44 17 40 > 16 42 ^ t 1 46' 0 ,39 3 2t » 2 30 2 23 Frastr. 32 .39 34 ^ 3 0 I.VTITIIIIKS aiigillc II- lee.s df 2' 30". ' Rcjfi*. 35-10' « 35 19 58 35 35 21 36 24 •2^ 36 20 46 36 12 45 ,36 16 49 36 0 54 35 45 37 35 15 55 34 57 6 34 18 58 34 19 49 ,33 50 43 33 36 0 33 28 32 32 59 41 32 30 27 32 21 16 31 53 40 32 3 48 32 26 2 32 29 53 32 39 25 .32 41 56 32 39 4 33 I 3 ,33 16 26 33 27 31 33 40 51 33 47 19 33 51 4> 34 1 48 34 6 43 34 m 12 34 .30 0 34 48 11 34 32 .33 34 43 13 34 49 25 34 59 54 .35 7 46 35 18 43 35 21 31 35 :^0 42 35 40 0 ( i>5 ) (:oMBIN\ISo^ DE i.\ nouTi; wkc les ubseivv ations. Route de Tehran a Mechcd eta Feiz-abad. Noln. Dans 'a colonne de lalilude observ^e T. designe TrnilhiPr, t. Tnzpl, f. Fi ascr el b. Barnes. Toiiles les lougilndes obsei'vecs rout ele par Fiaser par le moycii il'un clironoTi!^lr(',el qnel(iuef()is(in^ind il y fii adPiixpardes I'clipsesdcs salt Hit' s do.Jiipii. !■. Diirer. LATITUDE IlilTer. LONGITUDE de latil. df long. NOMS. d'apres la ^ d'.ipres la route. Id lotile. obsfFTt'tf. adcpl^fi. roule d'jpies In lOlltP. obNervee. Tehran, depart. . B ' » ' 35" »' »"j 1 40' 34 T.) 39 55 1. '. 39 dif.L 40 » b; 40' 0' B' »■' 49" b' .' 2' 6' Daniavend u » ^6 » » n » 0 0 B B 49 46 30 II H hunu- bud . . . 18 OS 35 22 0 B B 22 1 i 13 18 F. 49 15 24 » AiDuam k 2 30 35 20 3(1 • B 211 59 28 16 49 43 40 > AradoM 2 8 » 18 28 1 B 19 11 26 37 50 10 17 0 Diyneiii: k. . . . « 36 N » 19 4 19 58 19 58 14 48 511 25 5 » Laskierl 9 40 » 30 38 » 41 36 ; B B 26 33 20 50 50 45 55 5i 33 Senuianii 10 58 35 21 T.I 33 30 T.S 34 25 19 45 51 5 40 7 34 Soiiri'e d'Akhouri. 15 52 . 50 17 I B 48 48 31 35 51 37 15 » B;)ksh- 16 1 15 30 f. 16 1 24 10 52 24 57 41 54 Cbaroul 9 24 . 25 25 24 29 T.J .,, „, 25 20 f . ^ ^^ 25 14 15 52 39 12 ! 46 54 39 36 Bedescht 0 13S . 25 12 25 15 T. 25 12 6 19 52 45 34 50 41 47 56 Meiamenn » 24 . 24 48 B B 24 48 35 57 53 21 27 H UaskicTt 16 44 B 8 3 B B 8 3 27 27 53 48 54 » Abbas-abad . . . . 14 14N » 22 18 ■ k20 46 T. (25 50 f. ' 22 18 19 3 19 26 54 8 20 11 15 Mezinann 3 I5S . 19 3 . B ) 27 41 54 36 1 > M^Ur 1 6 B 17 57 » B 17 57 23 21 5'. 59 22 » S^liz^Tar 5 12 . 12 45 W2 45 T. )\-2 45 f. 12 45 10 14 35 t 55 34 23 21 18 Rob.iti Zafrain . . 2 29 1. 10 16 10 14 T. 25 0 55 .57 23 46 !0 Bcher abad . . . . 2 55 IN 1. 13 11 B B 13 12 36 7 56 35 30 B Ncychabour. . . . 55 S » 12 16 12 20 T. 12 20 7 57 56 43 27 31 11 27 51 Kadfiiisa 6 12 . 6 { B B 6 8 17 1 57 0 28 Chciif-aijad. . . . 5 12 » 0 49 0 54 T. 0 54 26 24 57 26 52 * i'f6 49 T. /16 i5 Mechid 15 19 iV » 16 5 17 40 f. 7 10 57 34 2 17 \i 1 15 44 b. Cherif-abad. . . . n » » » n » ■ » B B B BIB M Robaii-cvfid. . . • 15 12.S 35 45 37 45 37 T. 45 42 7 29 0 57 19 23 » TourbLl 30 7 » 15 20 34 57 17 15 55 T. 57 6 T. 15 35 57 22 9 19 31 9 57 10 4 56 38 55 n Kuz-abad 18 13 DJuuminn » » B B » » » B \ B » » 1) » , Sialiou 8 50 M » » 19 49 T 19 49 13 36 )i » n « Toun 8 31 34 11 18 » B 11 18 14 38 DM)) M XV. i-i;vniKi\. /|. ( '•4 ) rOMBINAlSON DE l.\ UOLTE WEC LES OltSEIl V \TIO\S. Route d'k'zd a Tehran par Ispahan el Ilamadan. !^ota. Dans la colonne dc latitude observ^e T. desifiiic Tinilhier, t. Trczel, f. Frascr H b. Biinics. l-c.'- liPhKiludis obsi'ivC'cs I'onl eto par Kraser par le inoyeii des I'clipses deisalellil sde Jnpiler linpr. I.ATlTUDli liill',.r. LONGirUDE de l.ilil. dp l.m^. NOMS. d'apres 1 "■ ~" d'aprt-it ^■—^ — *^ la roiile. d'apres la roulc. obcei vec. adtiplt-e. la route. adopl^c d'aprrs la route. I'Lfter^tf . lezd, d(*parl. . . '' • ' ' 31" .' .■ 53 40" T. 53' 40" »' »" 52" 1'39" Abraiid-abad . . . 2 i.\ ^ 31 56 23 » » 56 23 5 410 51 55 58 Bidey 15 4{ 32 12 7 M 0 12 7 15 41 51 40 17 Aghda 12 39 32 24 46 26 2 T. 24 46 22 29 51 17 48 Tiliaroiiasc'h . . . 5 12 32 29 58 29 53 T. 29 58 25 2 511 52 46 Roiischkh.in. . . . 10 .01 32 40 49 39 25 T. 40 49 28 25 50 24 21 S kzi » 19 S 32 40 30 n a 40 30 36 33 49 47 58 Ispahan 1 43 .32 .« 47 -^39 34 f 39 4 25 52 49 22 6 22' 6" Ti'ha'cssia 14 57 N 32 54 1 » > 51 ;33 19 51 49 2 11 Housiij 11 58 33 1 31 1 .3T. 1 31 22 16 48 39 M I),)Ur. 15 10 33 16 41 33 24 59 16 26 1 . 27 31 T. 16 41 24 59 2() 27 23 57 48 13 IS 47 49 16 (ioii'ti^iitian ... 8 18 I.clikau 15 29 33 40 2S iO 51 T. 40 28 22 45 47 26 26 Klioitrm-abjd. . . 6 0 .33 46 28 i7 19 T. 46 28 13 30 47 12 53 Kaloua 10 311 33 56 58 » » 56 58 20 5 46 .52 44 I'aril 11 14 .34 8 12 6 43 T. 8 12 23 .36 46 29 3 Mehr-abad 12 7 .34 21) 19 S 1) 20 19 19 46 46 9 13 Heie»chp(' 10 (> 34 30 25 30 12 T. 30 25 31 5 45 38 2 Kenguevtr » 58 34 31 23 ■ii) 0 T. 30 0 22 39 45 15 18 I'ere.schpii > ■ 34 . . " » 30 25 * » 45 .38 2 Tou^sirlvli.iii 3 29 .34 ;33 54 ** » 33 5 10 2 E 45 48 2 lldiiiadaii .... 17 8 34 51 2 48 II T. 48 11 C 51 45 51 .52 Baiavan. ..... 3 KiS 34 45 1 " N 45 1 18 56 46 13 44 Khci kliDunl. . . . 11 48 31 33 13 1 » 33 13 11 57 46 25 39 Koiiinzaii 9 .56 ^ 34 43 9 i'> 13 T. 43 9 22 14 46 47 49 ■Xkh.lja-kliaie. . . 18 25 35 1 34 59 54 T. 1 34 11 23 46 59 10 Nouvaran 9 11 35 10 45 7 46 T. 10 45 13 54 47 13 1 Keusi'hkik .... 7 17 3£ 18 2 .',? i'^ '!'• 18 2 32 48 47 45 43 Ka.sinuljaii 2 20 35 20 28 ^l 31 T. 20 2,S 26 17 48 II .55 A art 10 26 35 30 54 •^f 42 T. 30 54 26 46 48 3S 3(i IVhran 9 11 35 iO 5 ^0 0 b. 40 0 23 35 1 49 2 6 i 6 Nota. Dans cc tableau , el dans le prt'cOderit, on a siippriiiK* Ics dcRiffi dans Irs t'O- loiiiies inliluli'es : latitude obiervec-, latitude adoptt^e tl loiigituilc adoptee, et on n'a donnt^ que les iiiiiiuies el sccondes. Les degres se troiivenl seulemeni dans les colon- nes , laliUide el longitude d'apr6« la route. iu//r//// at- M .l'i>cyyh-^ ////^>/5y/ ,A /^/Jh>y,'/r'r/f' Croffra/j//^. 'rO^/-tiy////^' {/'rM-ttr/S^J i7 J£- "^^ Hajiiail.itl o^t&iui- . Y Tehran vKw/»/rti^/z, JD(^€^ftU2^a^ < xi^oiif ^a^MU^e^i^ \j:^'-"' M^-" ,,>' ./i&r/o. -fi^ma//aA- ■(l&bu,-. _.X- Iczd J^^UfcAHdadetat^ tJ'ffi^f A«4f it'itl^tlM -^/Jeumoflt/nni^f ■■"4 JllNllcl ysyjwbi f //>/» la-d^ ■tJaSad ri'cr/84fj 7' Longitude a !'( rieni d\i Meridicn de Par s. -—■ — Ts --■ —a 1 S^ CARTE JfE LA PAliTIF. Dr GKAXH OCEA^V ColIlp^l^p entrt.' IpsIIcs Salomon et la Luuisiaic .A ., 9" ^-'-' _ ^ y.e&iAhffl ; i' ■ ■'■ \ ^ lies ri-iil)ri;\ii(l \ "i J /» /.layj-c^m 1 ' - » /. K/oat/c/icu ' ^ ^ x'T>J^; \..- ] j 1 i i i I. ■X — : J- "" J ■'^ /'tO'J'ort. '<:^-'"^^i^ / \ « 1=! Laughlnnd \ \ t '"^ fcJ. id' ' : '■ "-TV S : He S'. Aii'iian / ->-<«:_ «.' 'd'. ''^< c is. -?• • Tl /6.//«5- '%C ■■'■ I •-'^ _. ,- ••;"**■;>"'' i A^ "^^ % l-f „- yj ' ^ i.i *•" ( "5 ) NOUVELLES lI.ES DANS L'octAN PACIFIQUK. He WooiUark (i). Cetle lie, d'une etondue considerable, est situee enlre les ilesLaughlan et la Louisiade ; elle ne se trouve sur aucune carte ; la description sulvante, quoique tr6s succincle, pourra encore elre do quelquc utility jusqu'a ce que celte parlie du globe soil exploree. 27 septemhre i836. — Vu les lies Laugblan. (Nous avions quitt6 deux jours avant les iles de la Tresorerie et la Nouvelle-G(!!orgie. ) La position et I'aspect de ces iles donnas par Horsburgh sont exacts. Dimmue de voiles pendant la nuit et mis le cap vers le N. Au point du jour port6 a I'O.-S.-O. et mis loutes voiles dehors. A onze heures du malin, nous voyons dans le S. un ro- clier petit, mais iiaut(2) ; nous n'en etions pas tres pres, mais nous pouvions eslimer qu'il elait par 9" 12' S. et 155"* 'iS' E, (Gr.) Porl6 vers I'O. ; vu la terre devant nous; en approcliant nous vimes qu'elle 6tait d'une certaine etendue; porte vers la terre jusqu'a ce que nous soyons a un mille des brisants ; pris la bordee du large pendant la nuil; le matin, ported Pierre et envoye deux embarcations , avec ordre d'aborder si on ne voyait pas d'habitants, car la terre paraissait couverte de cocotiers; mais avant qu'on n'eut atleint la icrre, deux canots quitt^renl la cole. Nos embarcations rejoignirent ces canots , et en obtinrenl une petite quantite de tarra el quelques poissons, en echange de couleaux de poche et de morceaux de cercles de fer. Je croisai au large de la cote N. de celte tie pendant (i) On trouvera la position de cetle ile marquee sur la petite rarte jointe a ce numero; c'cst une partie de la carle des arcliipels des iles Salo- mon et de la Louisiade, liree du voyage de Dentiecasteaux , sur laipielle j'ai trace la route de M. Durville en 1817, lorsqu'il a determine les iles LaiigUlan. P. D (•2) C'est le rdciier Caiiiiac dc M, Durville. 8. ( l.f. ) deux jours, et je la trouvai acore el exempte de dan- gers; elle a onviron 4o millos d'clendue el court a peu presE. iS. -E. etO. iN.-O. ; son el^valion esl mediocre. On voil dans I'inl^rieur quelques nionlagncs donl la plus haute est romarquable par sa forme en pam de Sucre. II y a de ce c6l6 une ou deux baies ; sur le Lord O. de la plus profonde j'ai remarqu6 I'entr^e d'un petit goulel ou d'une riviere ; mais comme je n'avais pas be- soin d'eau a cette epoque , je ne I'examinai pas. Les naturels sont des Papous. Lors de ma seconde croi- siere devant celte ile , au raois de n vembre suivant , plusieurs grands canols nous visit^rent; les hommes qui les montaient paraissaiont bien disposes pour ces communications; ils vinront h bord sans hesitation, et Iraliqu^rrnt librcmcnt du petit nombre d'objets qu'ils avaient apporlds, et qui consistaienl en larra et en noix de cocos. Je ieur donnai en retour d'excel- lenlesbananes (yams) donl j'avais pris une bonne pro- vision ail cap Denis. Ils avaient cependant dans leurs canols beaucoup d'arcs , de (leches et de lances. Je place rextr^mite E. de cette tie par 9" 9' S. el iSb" 5' E.,el l'exlremil6 0. par 85" 3' S. et iSvi^a^'E. Je pense qu'elle a peu de largeur dans le sons N. el S. el qu'il y a au large de la cole S. quelques pelits ilols qui y sont probublement reunis par des r^clfs; mais comme je n"ai pas pass6 au S. , je n'ai pu former mon opinion que d'apres ce que j'ai vu du haul des mats, 6tant a Textrcmite de I'ile. Vers I'O. , el en vuc de la pointe O. de cette lie, il y a Irois autres petiles lies elevees, et non pas quatre , comme on le voit nKirqu6 sur quelques cartes; je les place ainsi qu'il suit: la plusE., iat. 8" 5o' S. , long. i52° o'E.; celle du milieu, lat. 8° 49' S., long. i5i"56'E.; la plus 0., Iat. 8°40' S. . long, i.ii" 5a' E. A environ 10 milles a TO -N.-O. de celle derniere se trouve I'lle Jouvency. Lorsque Ton va des lies Laughlan au cap Denis, on ne perd jamais t "7 ) la lerre de vue. Je ne pretends pas r^clamtr la prio- rile de lad^couverte de celte ile, qui a 616 vue pour la premit^re fois par le capitaine Grimes, commandant le JFoodlark, de Sydney; j'ai rencontre ce navire a mon retour au mois de novembre , et quoique la route du Brislow trac6esur la carle deM.Norie passe sur la pointe 0. el que celle ile semble trop grande pour ne pas avoir 616 roconnue, il n'en est pas moins vrai qu'elle existe bien la, car la longitude a ete fixee au moven de deux chronometres el en s'appuyanl sur les posi- tions du cap Denis , des lies Treasury et des lies Lau- glilan. Comme j'avais a borddeux chronometres, il ne doit pas y avoir une grande erreur sur la position res- pective de ces lies. Comme ces parages ne sont pas ires fr6quent6s, il ne sera pas hors de propos de re- commander aux navigateurs d'etre sur leurs gardes en communiquant avec les naturels, surtoul lorsque Ton doit d6])arquer. On peut leur permettre sans danger de venir commercer le long du bord, quoique g6nera- lemenl ils soient bien armes de lances, d'arcs et de fleches , raais on ne doit jamais descendre a terre sans motif et sans etre bien arm6. J'ai sp6cialemenl en vue les lies Salomon ; on peut quelquefois descendre a terre sans voir personne, mais on n'est pas plulot 6loigne des bateaux qu'on lesvoit sorlir des laillispar cenlaines. C'est ce qui est arriv6 a la Nouvelle-Georgie a un ou deux baliments : ce ne fut qu'avec beaucoup de diffi- culles que les 6quipages regagn6rent leurs canols avec plusieurs bless6s, dont quelques uns mortellement. Je dois ajouter que la Louisado el les lies Salomon sont tres imparl'aitemenl connues. {Extrait du joiuiial du capilaiiic Hunter.) ( 'tS ) SUH LES MOMNAIES, POIDS l-T MESURES EN USAGE £N GnkCB , Par M. I'EYTIER , citef d'eicwhon aii corps roijal d'ilcU-mfijor. Lors de I'arriv^e en Groce du comle Capo cl'Istria, appele a gouverner le pays avec le tilre de president (en 1H28), lesmcsuresen usage 6laient, en general, les memes que celles employees a Constantinople. Au moment de sa mort.le comte Capo d'Istria n'avait in- troduit aucun changoment dans les poids et mesures de la Gr^ce (le m^tre cependant avail deja ele em- ploye dans les mesures relatives aux constructions du gouvernement ) , mais il avail essayd de changer le sys- teme monetaire et de le baser sur une piece analogue a notre franc , qu'il appelait plienix . et qui etait di- visee en 100 lepta ou p.iras. Ce plienix etail le sixieme de la piastre forte d'Espagne, qui est la monnaie la plus rechei'ch^e dans le Levant. II avait aussi fait frap- per des pieces en cuivre de 5 ct de 10 lepta. Le peu qui fut frappe de pheuix se trouva a un titrc inferieur el fut retire de la circulation. Ces plienix retires, la monnaie turque a continue a 6tre celle du pays (les monnaies europeennes ay ant cependant cours en general) jusque vers la fin de i(S35 , epoquea laquelle le gouvernement du roi Otlion a change le sysleme monelaiie, en adoptant la meme uu'iii que le comte Capo d'Istria, nuiis avec la d«^no- mination de drachme. Plus lard il a 6galement change le systeme des poids et mesures et en a adopts un bas6 sur notre metre ct notre kilogramme. 11 est vraiment surprenant de voir la facilite avec la- quelle les Grecs adoplent ces changoments dans leurs monnaies etdans leurs poids ct mesures, sans (juc cela ( "9 ) occasionnc le in;>indre trouble , ni m6me des plaintes ; il est vrai , qu'habilu^s a recevoir les monnaies delous les pays, qui, en general, ont cours en Gr^ce,ilne leur paraissait pas tr^s extraordinaire d'en voir une nou- velle remplacer celle qui etail la plus commune ( la monnaie turque). Les monnaies qui circulent en Gr^ce sont ensi grand nombre , qu'on ne peut faire lemoindre comple sans prendre la plume; ainsi en recevant la monnaie d'unepi^ce de 5 francs , on a quelquefois une pifece anglaise , une piece russe , une pi6ce bavaroise et une espagnole. Vers la fin de i835, lorsque lar^gence supprima le cours de la monnaie turque, il n'y avail pas encore assez de monnaie nouvelle en circulation, el elle ful obligee de retarder cette mesure , non pas que les Grecs en eussent murmure , mais parce que les ^changes ne pouvaient s'op^rer, la monnaie nouvelle raanquant tolalement dansquelques localites. Un peu plus tard la mesurefutmise a execution , et depuiscette epoque la monnaie turque , la scule qui n'ait plus cours en Gr^cc, a disparu. Je vais d'abord donner le tableau des mesures , poids et monnaies en usage en Grece lors de I'arriv^e du coniteCapo d'Istria,et je ferai connaitre ensuite le nou- veau systeme adopts par le gouvernement du rolOlhon. POIDS, MESURtS ET MONNAIES EN USAGE EN 1828. Mesures de longueur. Les mesures de longueur en usage, en 1828, pour mesurer les eloffes, ('4aient le bratso et la pique des marchands , correspondanl h la grande et ^ la pelile pique de Constantinople, qui valenl o"',6G9o8 el o"',G4787 (Gassendi, Aide-memoire de I'oJJicier d'ur- tillerie). L'almanach grec publie a Athcnes par le doc- ( J'-^o ) ti'ur Cla(io clonne pour le bials(» el la piquo o"',6r)(j et o'" ,C)liS ; inais je pense qu'il a voulii donner les me- siires olTicielles de Constanlinople , et que ccs mesures varienl un pen dans les diverses provinces; car j'ai mesiir^ a Na-.plie , en iSaS, un hratso et une pique qui ^laient fix^s, commc 6lalons , sur une des portes de la ville , et j'ai trouve pour le bratso o"',G855, et piiur la pique o"',649- Saif^ey donne o"',f)86 pour la valeur de la grande pique ou bratso a Patras, equiva- lanl, dit-il, a la coudee de v pygmes ou 36 doigls ^gvp- tirns ( cependant 36 doigts feraient o"',675 en adop- taiil ()'", 01875 que donne Saigey pour la longueur du doigt) ; il donne o", 635 pour la valeur de la petite pique a Patras. U est probable que I'origine de ces mesures rcmonte aux anciennes coudees. Mesures pour les constrifctions. Indepeudaniment de ces mesures usil^es pour la vente des 6to(fcs, il y avaitune autre pique plus grande employde dans les constructions par les masons , me- nuisiors et charpentiers, et qu'on appelail pique des inastori (desmaitres ouvriers). Sa longueur variait de o"',75 a o"',78, selon leslocaliles. L'almanach du doc- teur Clado donne o'",75 ; j'en ai mesure a Corinlbe qui avaienl o"\yy, eta Naupliequi avaient o"',78. Ao"',75, cetle mesure serait I'ancien pas grec de a pieds I, et a o'",77 , ce serait le mcme pas de 2 pieds ; olympiques. Mesure des distances. Pourmesurer les distances, lesGrecs n'avaientriende correspondant a noire lieue, lis complaicnt par lieure de marclie, et on congoit corabien cela devail filre in- ccrlain. Aussi ai je entendu dire souvenl : il y a 8 licniros I ( >^' ) do tel village a lei autre, et on ajoutait qu'ilfallaittoule une grande journee d'6t6 pour faire celle route. Le inille marin etait un peu connu; mais on n'avait sans doute pas une idee exacte de sa longueur. Mesiires de superficie. La mesure de superficie 6lait appelde stremma , et variait sans doute selon les localil^s, de meme que I'arpent en France, L'almanach du docteur Clado dit que le stremma du Peloponese 6tait un carre de 55 pelitos piques de cote ( piques de o"',648 ) , ou de 35*", 640. M. Gropius. consul-general d'Autriche, qui habite Atht'nes depuis un grand nombre d'anndes, donne au cole du stremma une longueur de 1 le pieds anglais, ou de 34"',i37. Cependant , partout oil j'ai demande la valeur du stremma, on m'a repondu que c'elait un carre de 4o pas ou de 4o piques de cote , sans pouvoir me preciser la longueur du pas oudela pique. (La terre ayant peu de valeur en Gr^ce du temps des Turcs, le stremma se mesurail au pas ou quelquefois avec une corde. ) En divisanl par 40 la longueur donn^e par MM. Clado el Gropius, on aurait o"',89o8 et o"'8534 pour la pique du stremma. Je regarde comme proba- ble que ces deux I'^sultats sonl faux , et que le stremma eiait un carr6 dont le cote avail 4o piques de mastori. Maisquelle longueuradopterpour cette pique? o'",75 donnerail un carre de 100 pieds grecs anciens de cote egal a I'ancienne pblethre dquivalanl 39 ares. Si on adoptait o'",77,resultat qui me parait plus proba- ble , on aurait egalementun carr6 de 100 pieds olym- piques de cote equivalant ;'i la phlelhre olyinpique et a 9'"",48()4. 11 est done probable que I'origine du stremma remonle a I'ancienne plil^tbre grecque. ( «22 ) Poids. Le poids employ^ pour peser des quantil^s ordi- naiies elait Toque en usage ci Constantinople , valant i""', 275656 (Gassendi) el divis6een4oo parties appe- lees drames. Comuie il n'y avait pas de verification des poids et mesures, les poids des marchands ne devaienl pas 6tre toujours bien justes. Quelques uns se servaient de pierres pour peser des objets de peu de valeur. Pour peser les objets lourds , le kandari, valant 44 oques , correspondait a notre quintal. Lachaux, le charbon , etc. , se vendaient ainsi ; le bois se vendail aussi au poids, inais plus souvent a la charge de cheval ou de mulct. Mesures de capacite. Losliquides etmeme les grains se vendaient quelque- foisa I'oque-poids; mais il y avait aussi une mesure de capacite, appel^e ^galement oque, analogue a noire litre? et qui, puisque I'oque-poids equivaut a i'"'ii756.56, devail equivaloir a i'|J, 27.5656. Los liquides se \en- daient done g6n6ralcment a I'oque , mesure de capa- citt!; ; on Les vendait aussi a la double oque, appelt^e botsa , et a la charge de 80 a 90 oques. II y avait en outre quelques mesures de localite. Les grains se vendaient en detail a I'oque ; mais en gros ils se vendaient avec une mesure analogue a noire boisseau et appelee kilo. L'almanach du docteur Clado donne pour le kilo 53'",iG6; Saigey donne pour celui de Constantinople 33 litres. J'ai mesur^ a Nauplie , en 1828, un demi-kilo depos^ chez un agent du gouver- nement ; c'(5lait un cylindre en bois un peu deformd dont voici les dimensions : ( '-^s ) Plus grand el plus petit dianietie °„,' ' ° ' Moy. o"',283i5 J u Saosj ) -^ ' / Moyeniie. Plus jjranileet plus petite hauteur °"''^'^° Muy. o'",i8o35 \ """'^^'^S 0™,2S27 ) I 11 est probable que ce cylindre devail avoir sa hauteur egale au diamtjtre de sa base, et que la moyenne o'",28i75 representerait a peu pres chacune de ces deux dimensions; ce qui donnerait 17'", 4744, pour la contenance de ce derai-kilo, et 34''',9488 pour la contenance du kilo; resultat qui differe sensiblement de ceux de Clado et de Saigey. 11 est done probable que le kilo etail variable selon les provinces comme notre boisseau. 11 y avait encore quelques autres mesures pour les grains, entre autres le vachel et le coffino. Sai- goy donne 27'"-,4 pour le premier, qu'il trouve 6gal a I'ancien metrites, ou pied cube , valant 100 cotyles; le coffino parait peu differer du demi-kilo , puisque d'apres Saigey il 6tait a Chypre de 17''' ,6. Monnaie. Jusqu'a la fin de i835, la monnaie turque, dont I'n- nite est la piastre divisee en 4o paras, a 6t6 celle du pays. Cependant la majeure partie des moimaies euro- peennes avait couis en Grece,de meme que cela a lieu maintenant. Les monnaies espagnoles , frangaises et anglaises etaient les plus repandues apr^s la mon- naie turque. En jSa.i, la piastre forte d'Espagne valait en Grece i5 piastres turques. En i833 fa la fin), elle valait 21 piastres turques; ce qui donne une id6e de la rapidity de I'alteration de la monnaie turque. 'I'ai (lit, au commencement do cetle note , un mot ( '-^4 ) sur I'essai iiifruclueux (jiie lit le comic Capo d'lslria pour changer le systeme mon^laire. ^O^JVBAU SYSTliMI'. DE POIDS ET MESDRES ET DE MOMHAIES ADOl'Tfe PAH LE G<)i;VER>EME>T DU BOI OTIION. Vers la fin lie i833, legouvernement du roiOlhon a change le systeme mon^taire, et plus lard celui des poids et mesures. Comme le comle Capo d'Istria, il a pris pour unite monelaire le sixieme de la piastre forte d'Espagne , inais il lui a donn^ le nom de drachme. Quant au sys- teme de poids et mesures, il I'a base sur noire metre et sur noire kilogramme. Mesures de longueur. L'unit6 de longueur appel^e pique est 6gale au metre. On a adopte comme pour le metre la divisidn d^cimale , el les subdivisions sont appel6es : Palme , 6gale au d^cimfetrc. Doigt, i^gal au centimetre. Ligne , 6gale au millimetre, Mesures de marche. Le stade , de 1,000 piques, c^gal i» noire kilometre. La schoene, de 10,000 piques , 6gale au myriaui^tre. Mesures de superftcie. On a adopt6 pour mesure de superficie la pique carr^e , 6quivalente au metre carre , et pour les terres un stremma de i,ooo piaues carries ou metres carres 6quivalant a 10 ares. Mesures de capacite. Pour les liquides, on a adopts noire litre, egal a un 125 ) milli^mede pique cube ou un decimetre cube , subcli- vis^en: Cotyte, 6gal audecilitre, Mystre, 6gal au centilitre . Cube ou de, egal au millilitre. Pour inesurer les grains , on a adoptii un kilo de 100 litres, qui est ie dixieme du m^tre cube. Poids. Pour peser les petites quantit(^s et objets de valeur, on a adopts notre gramme, que Ton a appel^ drachme, subdivist' en : Obole, 6gal au dt^cigramme , Grain , egal au centigramme. Pour les marchandises ordinaires, on a adopte un poids de i,5oo grammes ou dracbmes , auquel on a donne le nom de mine , 6quivalant a 4*>8,75 anciennes drames turques Pour los grandes quantit^s et les gros poids , on a adopte le talant de loo mines, correspondant a notre quintal, et le tonneau de lo talants ou \ ,000 mines. Monnaie. L'unile moni^laire adoptee , appelee dracbme , estle sixifeme de la piastre forte d'Espagne et est divisee en 100 lepta. On a frappe des pieces d'argent de 5 dracb- mes, de I , de i et de 7, des pieces d'or de 20 et de 10 dracbmes, et des pieces de cuivre de i , 2 , 5 et 10 lepta. Voici la valeur de quelques monnaiesen dracbmes : Le franc vaut i''' 11' 68 La pifece de 5 francs 5 58 4o Cclle de 20 francs 22 33 5o Lacouronne anglaise (de 5scbelings , 1816). 6 48 5o La livre sterling. . . . , viS ir>, oG ( "»6 ) DEIXIEME SECTION. Actes de la Societe- EXTRAIT DES PROCES-VERBA13X DES SEA^CE.S. PRtsiDENCE DE M. DAUSSV, Seance du 5 fevrier 1 84 1 • Le proems- verbal de la derniere stance est lu et adopts. M. lo contre-amiral d'Urville 6crit de Toulon , le 21 Janvier, a M. le President, pour le remercier des f^licitalions qu'il a bien voulu lui adresser au nom de tous ses collogues. II est heureux que ses longs el p6- nibles travaux lui aient merits de si honorables suf- frages. M. d'Ui'ville regrette qu'une maladie , donl il atlribuc particuli^roment I'aggravalion aux reconnais- sancesexdcul^es dcpuisson depart d'Hobarl-Town, ne lui permelte pas encore de se lendre a Paris pour prendre de nouveau pari aux utiles travaux de la So- M. Adolphc Barrel, consul-genciral de France dans rindo-Chinc, 6crit de Manille , lo o aoul i84o, qu'il V a lrouv6 , a son i-etour, la lellrc et les inslruclions de la Sociele , el qu'il s'ellorcera de r<^pondre aux diverscs (|ueslions qui lui sont adress^cs. ( ''^7 ) M. Desvergers ajoute , ;\ cette occasion , qu'il a regu de M. Challaye, vice-consul de France h Macao, una lettre qui lui annonce , pour la Soci6t6 , des renseigne- menls sur les lieux qu'il a visiles avant de se rendre a sa destination. M. le baron de Las Cases, president de la Soci6t6 et membre de la mission de Sainte-Helene, lui adresse son journal ^crit a bord de la fregate (a Belle-Poule. M. d'Avezac ecrit a M. le President pour le prler d'offrir, en son nom , a la bibliotbfeque de la Society, plusieurs ouvrages qu'il poss^de en double exemplaire ; il serait beureux que son exemple determinat ses col- legues qui ont anssi des doubles dans leurs bibllotbi- ques a leur donner la meme destination. M. Daussy, president de la Commission centrale , depose sur le bureau plusieurs nouvelles cartes hydro- graphiques executees au Depot de la marine. Le meme membre lit I'extrait d'une Notice geogra- phique et nautique sur les iles Maldives, d'apres la re- connaissance de ces iles, faite en i855 par le capi- taine Moresby. M. d'Avezac lit un Menioire sur les delimitations des possessions romaines dans I'Afrique septentrionale. MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIKTi. Seance du 5 fevrier 1 84 i . M. Esprit-Joseph-Edmond de Bovis , enseigne de vaisseau, officier de la Belle- Poide. M. Prosper FLURY-HiiRARD. Seance du i 7 fevner 1 84 i . M. Gourmez , directeur du London and Paris Ad\'er- tisspv. ( "8 ) ouvRicES offi:rts a I.A SOCliTk. Seance dii 5 fei'rier i 84 1 • ,;^".' Pnr le Depot general de la marine : Carte dc la partle du grand archipel d'Asic comprise entre Java , la Nou- velle-Guinee et la Nouvelle-Hollande, dressce par M. Daussy, i feuille. — Carle dcs lies Philippines , Ce- lebes el Moliiques, dress(ie par M. Daussy, i feuille. — Plan du mouillage de Port-Louis (ile de lajCuade- loupe), leve en iSSg , d'apr^s les ordros de M. JulH'lin'^ par M. de Rerouarlz . i feuille. — Par M. le baron dc Las Cases : Journal ecrit a bord de la fregate la Belle- Ponle , 1 vol. in-8". — Par M. d' Ai'ezac : A view of tlie present condition of the slates of Barbary, or an ac- count of IMarocco , Fez^A^gi*!^, Tripoli, Tunis , etc. ; by William Janson. Londres, i8i6, i vol. in-12. — ^ iggio da Tripoli di Barberia alle frontiere occidentali deU'Egilto, fallo nel 1817 da) dollore Paolo Delia Cclla. Milan, 1826. 1 vol. in- 12. Seance da 1 9 fevricr. Par M. le ministre de la marine : Catalogue general des livres composanl los bibliolheques du deparlomont de la marine et dcs colonies, tome III. Geographic et Voyages, i vol. in-8°. — ParM. P. Jacrjuemonf : Voyages dans rinde, par Victor Jacquemont, 29' et So*" livrai- sons. — Par la Societe geologique de France : M(5moircs de celle Society, tome IV, i^partie, ln-4". — ParM.d'A- vezac : Hisloire gdnerale des voyages et ddcouverles maritimes et continenlales, depuis le commencement du monde jusqu'a nos jours. Traduile de I'anglais dc W. Desborough Cooley, par Ad. Joanne et Old Nick. 3 vol. in- 1 9. ( La snile nii prochnin niimcrn. ) BULLETIN DE LA SOGIETE DE GEOGRAPHTE MARS 1841. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTHAITS, ANALYSES ET IlAPPOIiTS UN VOYAGE DE SUEZ A Mi'•;D(^E. Pousse en Orient par le d^sir d'etudier la civilisation musulmane, si pen connue encore, et de visiter alten- tivement le terrain merae sur lequel elle s'est d^ve- lopp^e , apres avoir parcouru les diverses provinces de I'empire ottoman, je voulus, comme Ali-Bey et Biirckhardt, penetrer dans le coeur de I'Arabie. Plus heureux que mes devanciers , grace a ma quality d'employ^ de Mehemed-Ali , je pus voyager sans crainte avec los armees ^gypliennes. Un sejour de Irois ann^es m'a permis d'cxplorer une parlie de celle p(^- ninsule, berceau de I'islamisme, qui , selon les expres- sions de M. Jomard,«esl appel(^e a jouer bientot un role , habitue qu'elle est par une population belli- XV. MARS. 1. * 9 ( '50 ) qiieuse , Iravailluo par iin schismo roligieux, riclie d'uncicns souvenirs, prosque aussi grandc quo la Perse el le Caboiil ensemble, interposro onfin enlre la re- gion du Nil et celle de I'lndus . dc inaniere a influer un jour, quand elie sera ruti\ eii 1811, par les \\ ahha- ( '39 ) Ijiles. A Tissiio de celtc plaine est line gorge longuo . etroite , torlueuse et delondue par rles monlagnos qui s'^levenlcomrae des remparls nalurols. Sur les flaiics , sur la Crete de ces montagnes , K s bedouins ont elahli une sorte de sysleme de retrancliements en grossi-s pierres. De la, avec des teux croises, ils ont souvent arrele des caravanes; ils pourraient meme disputer le passage a toute ime armee, Ces lieux sont en outre defendus par des I'ossfis et par des bois de dattiers qui retrecissent le vallon. C'est dans I'interieur de cette gorge que se trouve Djodoide; c'est la que les cara- vanes doivent s'arreter pour prendre de I'eau ; aussi etaient-elles soumises h un impot arbitraire. Les sim- ples voyageurs etaient pilles et souvent egorges. DjezzarPacha et Abdallah, pacha de Damas, qui fu- rent souvent les princes du p6lcrinage , avaient 6le repousses plusieui's fois et contraints de prendre une route a Test peu commode el depourvue d'eau. Mehemed-Ali , qui avait en Arable etabli sa domina tion sur les debris de celle des Wabhabitus, avail traite avec les bedouins, alin quo les vrais croyants pussent aller prier libremenk sur le tombeau du pro- phele. L'expedilion dont je faisais partie avait pour but de chatier les bedouins de Djodeide qui venaient de se re- voUer, parce que I'annee prdc^dente I'argenl qui leur (.'tait du d'apres le Iraite n'avait pas ete integralemenl paye par le gouverneur de Medine. II n'entre p;is dans mon recil de decrire la balaille a laquelle j'assislai. ,\i' me bornerai a dire que Tarinee du vice-roi rcnct)ntra les Arabes a trois licues sur la route avarit d'arriver a Djodeide pres de llamra. I^'inlantenc egyptienne , pie- cedee d'un clieikh qui porlail retendard de la It i , marchuil en invoquanl le dieu de Mohamet, el les be- douins repondaienl a ces invocations en poussttnt des cris aigus. lis furonl details : ieuis prisonniers eurent la tete tranchee, Les bedouins bumilies fuirent un pays ou ils avaient toujours parl6 en mailres. lis se re- lirferent a quelques lieues au nord de Djodeide , sur une nionlagne d'un accfes difficile qui separe lambo de Medine. Ce lieu, queferlilisenl des sources abondantes, est tout a la fois une relraite sure et un s^jour deli- cieux. Dans les pa\s peu civilises, souniis au droit dii plus fort, les plaines sont abaiulonn^es, et soii\ent c'csl dans les rochers qui oflVent une defense nalurelle qu'on trouve un coin de lerre laboux'ee et quelques ha bita lions. Le chemin que nous venons de parcourir n'esl pas le seul qui exisle entre lambo et Djodeide. II y a une autre route plus directe qui laisse Bedr au sud, gagne lambo- el -Nahkle ou lambo -des -Daltiers h Test, et aboulit a Djodeide en deux journees de marche. Ello suit les penles de plusieurs monlagnes et n'est pratica- ble que pour les caravancs non cluirg6es. 11 ne laut pas confondre lambo-el-iNahkle avec lambo-el-bahar dont j'ai parle en premier lieu. lambo-elJNahkle qu'on appelle aussi Jara-Iambo ( lambo-des-Eaux) oulambo- ( 1-Barr (lambo-de-Terre), se trouve a six lieues est 100 JN. de lambo-de-Mer. Niebuhr ne mentionne pas, dans sa description de I'Arabie, Iambo-el-l\ahkle ; aussi croll-il <|u'Abul-Feda s'esl lromp6 quand il a ecrit (ju'Iambo est a une journee de la mer. Ali-Bey ne con- naissait que le chemin de Bedr; il le croyait le plus court, aussi a-t-il suppose Djodeide a une trop grande distance d'lambo. De I'un a I'aiilre de ces deux points, il n'y a que vingi lieues E. t S.-E. ( >4' ) laml)0-(los-Dallieis coinprcnd hull villages peu dis- lanls Ips uns des aulres. Celui qui est le plus 6loigne de la mer se trouve a qualre lioues du premier. 11 s'ap- pelle Souega : scs fortifications et la position qu'il oc- cupe dans un dePdelui donnentunegrande importance. La plaine, au milieu de laquelle sent balis ces villages, est bornee au nord par quelqucs collines donl I'une est appelee D/c/je/-Loii/i [montagne du Diamant ), au pied de laquelle on voit beaucoup de ruines. Les Arabes ont fait des fouilles pour chercher des tresors qu'ils y supposent caches. A mi-cole s'^leve verlicalement un rocher que les Bedouins ont essaye d'enlever; mais jusqu'a present ils n'ont fait que des tentatlves aussi vaines que le tresor meme dont ils enviaient la d^cou- verle. A une journ^e de marche nu nord, est une vasle chaine de monlagnes appelee Djebel-Radouah , courant de rO.-S.-O. a I'E.-N.-E. et habitue par des sauvages. C'est dans ces montagnes, a ce que je suppose, que s'est refugi^e une partie des tribtis juives repandues dans le Hedjaz a I'^poquc de la naissance de I'islamis- me, souvent vaincues, jamais dompt6es par les armes du Propht'te. Elles cherch^rent un asile entre les ro- chers de Djebel-Radouali. Les voyageurs n'ont jamais visits cette region monlagneuse, ot les Bedouins eux- memes n'osent pas s'y aventurer. Ils la supposent feconde et riche en troupeaux. J'^prouvais un vif desir d'y faire une tournee , ct j'avais pri(^ le pacha qui com- mandait I'arm^e egyptienne de me donner une escorte; mais il ne crut pas devoir exposer scs soidats pour une exploration qui n'entrail pas dans ses operations mili- taires. C'est de celle chaine de montagnes que decou- lenl les eaux qui ferlilisenl le Icrroir d'lanibo el Nahkle, ( «4'- ) L'l lui pL'Tinollonl trenlrclonic do vaslcs jartlins ol ilos j)lanlations considerables de dalliors. (le lul a lanibo-do-Terre , (jiic I'annee egyplicnne, \iclorieuse a Djodeide , alia prendre ses canipenicnls, Dans ces dilTerenles marches, j'ai vu souvent des honi- mes lomlier el mourir lout a-conp. O'aboid un mou- vement convulsif s'cmparail d'eux. Si on ouvrait une vcincaubras, Ic sang no paraissait point. Avant lo depart, les soldals uiangeaienl dii biscuit el sc gor- geaient d'eau ; ce qui me fait supposer que la digestion, Iroubl^c par la fatigue el la chaleur, ctail la cause de CCS accidents. A lambo des Dalliors, nous vimcs arriver de nou- velles troupes qui venaienl du Cairo pour p^n^trer dans le Nejd. Les deux camps forniaient un conlraslc .-ingulicr sous le rapjiorl de la lenue ol de la discipline. Dans I'un 6taienl des lentes dis|)oseos avec ordre , des fusils places en faisccaux sur le front de bandiere, en iin mot , une armee presquo organisee. Dans I'autre, (les Ionics diverscs s'6lcvaienl pelc-mele aulour des drapeaux dos differcnts corps. On y voyail des Alba- nais, des Mogrebins, des Turcs , qui n'avaienl jamais ou d'autre mdlior que coiui des armcs; des hommes de toules les nations de I'islarn ipii , apros avoir quitle los bazars, s'claienl onrolcis volontairemenl pour aller pillor los bddouins. Cos soldals marchaicnl sans ordre ol se baltaient bravomonl, tenant pcu a la vie el beau- roup au butin. C'etail encore la niilico du temps du propbcte moins renthousiasmo religieux. Les nou- veaux regiments sonl sujierieurs aux troupes irregu- ii^res ; mais ia conscription aclucUe leve son tribul sur la parlie la jilus \ivaro ot la plus laboricuse do la j)opulalion, tandis (juo lo recrulemont d'auin iois pur- ( '4-^ ) gciiil Ic'S villes crun ranias de gens sans aveii , ijiii pas- saient lour lemps an jeu el dans les caf^s, faisanl ar- gent de tout, loujours prcls a d^gainerou a decharger lours pislolets sur le premier venu. A celte epoque le vice-rol avait qualre amides en Arable. Si les gendraux avaient mis tout esprit de jalousie de cote, s'ils avaient combine leurs operations, s'ils avaient eu un plan de campagne, si surtout ils avaient He capables de I'executer, nul doute que Me- liemed-Ali ne fut aujourd'hui le souvorain de I'Arabie. Get homme, qui a tout fait par lui meme et qui a He si mal seconds , nc se verrait pas reduil h rondre ses possessions a la Porte, dont la puissance ne saurait s'etendi'o jusque dans ces regions dloignees. De Djodeide a I'ancienne Yalbrib, qu'on a appelce Medinet-en Nabi , la ville du prophete , il n'y a que deux journees de marcho de neuf lieues chacune. La route court dans la direction N.-E. i E. , presque tou- jours encaissde dans les ramifications de la chaine de montagnes qui se prolonge du nord aw sud de I'Arabie et au pied de laquelle Medine est situee (i). Ellc tra- verse une grande plaine boisde , puis un lieu appel(^ Ouadi-Scboada , Ouadi des lemoins ou des martyrs , ou sont les tombeaux de quelquos soldatsde Mabomot, et laisse a droilo Byr Ali, qui est un tout petit liameau a une lieuc de la ville sainte. Les montagnes s'dcarlent, lour Crete semble s'alTaisser, parco que le sol va tou- jours s'dlevant vei's le centre de la contree, et Ton de- couvrc le plateau do Medine, born6 au N. par le grand (i) Ce iioiii de Meiline se irlroiivi; tu tspagiii-, ni'i ic^i Arabes I'a- v.iient iiiipiiite , dans li-s designalli iis eiirdie iisilee.s de Medina Sidonia, l»il (.ain|H>, Dil Kit). A Malle, la Civila Veccliia elail aiissi aji|)ilee Me- diiii-. ( '44 ) desert el u I'E. par quelquescollines, derrifere Icsquelles s'6lencl le Nejd , rune dos regions les plus forliles do I'Arabie. Les alenlours de ceUe ville, au N. , au S. el k I'E. , ofTrenl le spoclacle d'une vegetation puissanlc el sent couvcrts de forfils de dalliers. On dil qu'apres sa fuilo de la Mekke, dont le lerriloire est lieriss^ de rochers el couvert de sables brulants, Maliumct Tut frappci d'admiralion a {'aspect des jardins de M^dine , et alors il eiit I'idee de son paradis , que ses successcurs surcnl rt^aliser sur la terre par la conqueto de THgyple et de I'Espagne. Lorsqu'on arrive par I'ouest, on entre d'abord dans un vaste faubourg, en laissant a gauche un hospice el a droile une caserne pour la cavaleric. La rue princi- pale , couranl de I'O. a I'E. , conduit a une grande place oil Ton voit une foule de cabanes appel^es //5o ) gumes. Ses dalles jouissenl d'une grande rdpulalion. On en exporle beaucoiip , jusqu'en Europe, dans dc peliles ))oUcs rondes. EUes sonl Ir^s grosses el Ir^s charnuos. Le nejd cnvoie a la ville du prophele dii Iromenl el des chevaux de race les plus eslim^s du monde. Telle est Mc^dine ; el si mainlenanl vous ouvrez le diclionnaire de Balbi , vous y trouvex'ez au conlraire que celte ville esl situ^e dans un lieu creux enlre des montagnes arides; que ses habilanls sont Irop nom- breux pour les denrees que produit son lerriloire , el qu'ils n'onl pour se defendre de la mis^re que le tombeau du prophele. A eel egard , je dois faire ob- server que de lous les niiisulmans qui font Ic p^leri- nage de la Mokke, il n'y a a peu prfes que ceux qui suivcnt la caravane de Syrie qui ailknl a Medine. D'ailleurs, avant I'hegyre, Yalhrib 6lail deja une ville importanle par les ressources de son lerriloire. Ce fut en i836 que des troupes regulieres , organi- sees ])ar des chr6tiens , cnlrerent, pour la premiiire fois, a Medine. Deux bataillons d'inianlerie firent avec beaucoup d'ensemble des Evolutions et I'exercice a feu. C'6lait un spectacle lout nouveau pour les habitants; niais parnii eux il y avail des fanatiqucs qui crurent voir I'ombre de Mahomel sur le dome de son tom- beau, agitanl son linceul et r(!!prouvant celte milicc qui ne pensail plus que la foi fiit sulTisantc pour rendre des guerricrs invincibles. La marche des chameaux et les directions que j'ai indiquees donnent pour r^sullante d'lambo a Medino trente-cinq lieues E. lo" N. D'apres la carle que j'ai Iraci^p, je trouve pour la ville du prophele : ( '.'i' ) Lalil. , -ik" 2 1' 20". Long., 37" 5o' 35". J't^lais dans la cit6 sainle a I'epoque du solslice d'^le, et je pus me convaincre qu'elle nVst pas 6loi- gnee du Iropique comnie I'indiquenl la pluparl des carles. Niebuhr, qui savait puiser a de bonnes sources les documents qu'il recherchait, a determine sur sa carte de 1763 le point de Medine d'une maniere assez exacte. Ali-bey place celte ville a 2» 4o' E. d'lambo (1); ce celebre vovageur ful arrete par les Wahhabilcs a Djedeide et oblig*^ de rclourner sur ses pas. Les geo- graphes arabes ne CDmptent que Irois jours de Medine a la mer. Moi-meme j'ai fait celte route en deux jours. J'^tais avec une caravane qui n'avait point do bagages et qui marcha conslammenl sans s'arreter, en suivant la ligne la plus direcle. J'avais acquis dans la marine I'babilude des obser- vations et des oalculs aslronomiques, el je regrellai alors de manquer d'inslrumenls; car sous la protec- tion du pacba , qui a dirige I'armee egypticnne a travers les deserts de I'Arabie jusqu'au golfe per- sique , j'aurais pu donner quclques notions sur la geographic encore peu connue des lieux conquis par les troupes de Mehemed-Ali. De la Mekke j'avais ^crit h M. Arago pour lui dc- mander des instruments; mais tandis que le minislcrc, avant de les accorder, prenait des renseignements au- pr^s de 1\I. de Lesseps, alois consul de France a Alexandrie, le temps s'ecoulail el une occasion pre- cieuse lut manquee. Dans CCS cimlrees !cs obscrvalions soul d'aiiUuil (1} latiilni est pill ■2',"' I"' lal. I'l 3(i" 5' lony. li. ( 152 ) plus necessairos qu'il esl diiricile d'oblonir des don- iiecs salisfaisanles de la part des liabitanls. Les Be- douins reduisent a deux les Irente-deux iiinibs de la boussole; ils ne connaissenl que deux directions, la droite ct la gauche, lis n'onl d'unit6 de mesiire ni pour le temps, ni pour I'espace. DilTicilemenl ils vous diront quelle distance il y a d'un lieu a un autre , parce que s'ils osaienl aflirmer qu'il faul , par exem- ple, Irois journees de marche pour atteindre le but, ils croiraicnt avoir usurp6 la science de Dieu qui, pour les punir, pourrait les laisser plus long-temps en route. Aussi, a loutes les demandes de ce genre, repondenl-ils : Dieu le sail, Dieu est raagnifique I Prax, Ancien cleve de I'Ecole polyleclmiqne , ex-qfficier deja marine roynle. NoTiCK gcographiqae snr le Yucatan, par M. Francis LavaLl^e , vice-consul de France el inembre de In Societe, Celle partio du Mexique , dans I'isthme du memo nora, est born^e au levant par la baie de I'Ascension et Balise ou Yucatan anglais ; h I'O. par la baie de Cani- peche et celle de Sisal dans le golfe du IMoxique ; au S.-O. par ri^Jat de Tabasco ; au N. par le cap Calocbc , ot au S. par les lUats de Verapaz. La population gene- rale de cet isthme esl de G5o,noo a 700,000 amcs paimi lesquclles on peut porter aux deux tiers la pro- portion (les ludiens. On parle gen6ralonient espagnul ( '55 ) dans los villes de Campeche, Merida , Kalkini , Isainal et les aulres peliles villes cl villages qui sonl sur les routes el dans le rayon de Campeche, Merida et Isa- mal. Tout le reste parle la langue mnya , qui est celle des anciens Indiens qu'on croit elre d'origine azleqiic. Sous les 19" 5o' 45" de latitude septentrionale et les 92° 5o' 45" de longitude occidenlale de Paris, se trouve situee la cole de Campeche , si basse qu'elle semblc se confondre avec la mer qui baigne un rivage de sable grisalre , formant un plan incline couvert de debris calcaires, restes organiqucs des nonibreux mollusques qui habilent ces mers. On dis tingue la terro, d'abord par une foretde hauls palmiers et aulres gros arbres toujours verts qui indiqucnl une forte v6g6tation. C'est le principal port de mer de I'islhme , cepcndant il est peu sur et peu profond. Les batiments de i5o lonneaux ne peuvent guere appro^ cherde I'embarcadfere qu'a environ unelieue etdemie. La ville de Campeche , qu'on apcrcoit d'une lieue en mer, est enlour^ede murailles assez fortes; et quoique lesfoitifications soient de troisieme ordre.elles onl pu resister avec energie a I'atlaque des Anglais en 1609, a celle des pirates en 1678 , et repousser avec perte les flibusliers en i685. Son enceinte represenle un hepla- gone irregulier et est percee de quatre portes : une au N. qui communique au port; la seconde au S.-O. com- munique au faubourg San-Romnn et porte ce nom ; la troisieme au S.-E., appelee Puerta de Tierra, com- munique au faubourg Santa- Ana , et la qualrieme au N.-E. , appelee porle de Guadeloupe , communique au faubourg de ce nom et a celui de San- Francisco, faisanl suite au jiremier. f.a p()|)ulalion inlrn-iiiuros dc (Jampccho csl do ( >54 ) 10,000 hal)ilanls, el nest guerc susci-pliblo il'accrois- semcnl a cause de sa circonscriplion limilie. Cellos des faubourgs San-Roman, Santa-Anna, Guadalupe ct San-Francisco represenlent une masse agglomiree d'au uioins 9 a 10,000 ames. Campfeche est asscz mal percee ; scs rues ne sont pas larges et sont peu r6guli(^res. 11 y a deux eglises pririci|)ales : la calhtJ-dralc , qui n'offre rien de bien parliculier, et San-Jose, donl la coupole et le porrujuo sont cligncs de quelque interet. II y a sur les liautcurs de San-Francisco un fort assez insignifiant ; on trouvc aussi du c6t6 de San-Roman une espece de rcdoute assez bien construite. La vie est assez ch6re a Campeche , cependant beaucoup moins qu'a Vera-Cruz, Los eaux des puils sont k^gercment saumalres; ccUe que Ton boil ordi- nairenient vienl d'une fontaine assez 6loignee de la ville , en-deca de Santa-Ana. Les habitants do Cam- peche sont bons et polis ; il v a beaucoup d'aisance et peu de luxe : a peine voit-on circuler dans la ville une voiture par jour. L'air de Campeche est assez sain ; cepenilnnl lorsque la mfiree baissc, il survient du ri- vage des emanations fetides fort desagrt^ables el mal- saines. Lors du cholera, Campeche a beaucoup souf- t'ert par I'imprevoyance du gouverneur Toro, qui n'a- vaitpris aucune mesure pour alt^nuer les runesles cl- lels de ce fl6au deslrucleur. Le principal commerce de Campeclie consisle en lahac, tant en rames qu'en cigares et cigarettes, fabri- quties en papier ou en feuillcs de mais. Les ventos de bois de teinlure si rcnommes se I'ont en majeure par- lie a Campeche ; mais les cliargements s'elTecluenl a la l.ai^iiiia, aulrr pelil [tort dt- mer dependant iiir iialuralisle , se propose de faire un nouveau voyage chez les peiipladcs indienne$ qu'il a deja visilees et qui sont pour la plu|iart entierement inronuiies des Europeens. Son iatenliuu n'est pas de donncr maintenant de grands details sur les pays qui s'elenJeut de chaque cote de rOyapock, ni sur les niueurs des saiivages qui I'liaMtint ; I'assurance qu'il a dc puuvoir tenter plus fruclueusemeni un second voyage , I'engage a ne pas se pronoucer encore definilivement sur une infiuite de particularites qui I'ont fr.ippc. Cepoudani , il ne croit pas [louvoir se dispt'iKcr de tracer rapidcineut les priucipales circonstan- ces dc sn plus longue chassc. ( i6i ) me rendrc a la bale d'Oyapock ou j arrival !e 8, avec line jeune Indienne de la nation des Palicours, et qui devait m'accompagner. Le 12 , a deux heures du ma- tin , le canot charge de mon bagage comraenga a re- monter le fleuve , tandis que pour metlre en d^faut la vigilance du poste frangais , qui interdit a lout Euro- peen I'entree de I'Oyapock, au-dessus du premier saut, je me fis conduire a travers les forels, et a cinq heures du soir je parvins au lieu du rendez-vous que mon com- pagnon avait fix6. Le lendemain, au point du jour, nous apergumes le canot, qui 6tait arriv6 pendant la nuit, apr^s avoir double heureusement la pointe Ma- ripa. Ce ne lut reellement que ce jour, i3 juillet, a sept heures du malin , que commenga pour moi I'histoire des vives emotions dont le souvenir ne s'effacera ja- mais de ma m^moire, et dont je dois plus tard entre- prendre le recit. J'etais entre Maripa et Cacheri, au milieu des torrents, des cascades, des tourbillons, el- fray^ de la hauteur des rochers, frappe de I'agilite, de la force et de i'adresse de mes Indiens, qui faisaient avancer le canot au milieu des 6cueils, et qui le diri- geaient h I'aide de la pagaye, a travers des courants rapides comme la fleche. J'aurais voulu pouvoir oublier lahaine desnfegres bonittes centre un des derniers gou- verneurs de Cayenne , afin de me faire d'eux une id^e plus favorable, et de n'avoir seulement qu'a songer aux dangers de la navigation. Cependant je n'^prouvai d'eux aucun mauvais Iraitement. lis me regurent avec bonte, et me firenl promettre de demander pour eux au gou- vernement de ma nation leur libre etablissement sur les rives de I'Oyapock. Apres avoir visite les ruines de I'edifiee qu'^leverent XV. MA us. 5. 11 ( '6» ) autrefois a Saint-Paul des missionnaires fran^ais, jv. me (Jirigeai vers l' embouchure de la Nolaille , ou je fus pr6sent6 au vieux Alexis, chef de la tribu. II avait en- viron quatre-vingt-dix ans. Je le vis assis au milieu de sa famille. Son accueil toula-fait patriarchal m'en- couragea beaucoup; il m'invila a parlager son repas, puis il me fit des cadeaux. De mon c6t6 , je lui oflris du Tafia , el je dislribuai des biscuits hi ses femmes el a ses enfants. Avant de le quitter, je d^sirais connaiire quelques details sur les Indiens qu'il gouvernait. 11 s'empressa de satisfaire ma curiosity el il me raconta les guerres d^sastreuses des Galibis el des Karana, qui se dispulerenl si long-temps les rives de I'Oyapock. II m'offrit de remonter avec moi la riviere de Nolaille , vers laquelle avaient fui les vaincus ; mais je ne voulus pas m'arreter plus long-tomps, el je lui promis de le revoir a mon relour de chez les Oyampis. Je pris conge de lui, accej)tanl les services deMalhurin, sonfilleul, qui s'offrit pour m'accompagner dans ma chasse. Le 25 juillel, nous arrivames a I'embouchure de I'Approuague, au milieu d'une petite tribu un peu ci- vilis^e ; nous rcnconlrames sur les rives des Indiens qui construisaient des canots et qui coupaient des bois d'acajou pour les transporter au quarlier de I'Oyapock. Non loin de la est I'un des sauls les plus p^rilleux ap- peld Karalhenlon ; il barre entieremenl la riviere , el il faiil une heure el demie pour Ic franchir. Je visilai, au-dessus du saut, une riviere enliercmenl inconnue que les Indiens appellent Kirka Cirea ; on n'ose pas la remonter. Mcs Indiens m'assuri^rcnl que ceux qui ha- bitenl les lieux de sa source sont extremeraent sauvages ; quand ils sent seuls ils sont iv^s limides , et les femmes fuienl devant les Indiens qu'ollos ne connaissenl pas. ( i63 ) Mes chasseurs, en ces contr^es, prirenl lesplus beaux colingas. Le 26 , je me Irouvai a renibouchure du Camoupi. Celle belle riviere aplusieurs bras; I'un joint I'Appoua- gue , un autre s'elend vers le Maroui; c'est Hans I'es- pace qui se Irouve entre ce bras el le Maroui que sont les nfegres bonilles dontj'ai d6ja parle. On ignore, dans Ics tribus que j'ai Iraversees, la source du Camoupi. Le 27, nous etions a Coumaraoua ou sont plusieurs elablissements indiens. Un des principaux appartienl au lieutenant Ourachine , sous les ordres du chef Oua- ninica. Oui'achine voulul nie voir; il n'avait pas quilte son hamac depuis deux ans ; il etait malade et aveugle. Ourachine est trfescurieux; il ful enchant(^ d'entendre parler un blanc des pays Ininlains ; puis, a son tour, il me raconla la cause de son nial el la cause de la deso- lation de sa famille ; il me parla des vastes forels oil il passa sa jeunesse, el des motifs qui I'engag^rent a s'a- vancer sur les rives de I'Oyapock avec son ami Ouani- nica. II avouait ses torts envex^s les Indiens, auxquels il avail enlev6 leurs possessions , et le souvenir de ses cruautes envers les Emerillons lui causait de vifs re- grets. Je recueillis avec aviditd les r^cits du vieillard, et je fus touch(^ jusqu'aux larmes de I'histoire de ses aventures. A mon retour, je fus temoin des horribles douleurs donl il devint la proie ; le 3 decembre j'assis- tai a son agonic et h sa morl. Le 1*=' aout, je Iraversai le saut Massakara, et a deux heures nous descendimes chez les Gros-lndiens, oil je fus oblige d'engager deux hommes de plus pour nous aider a surmonler les dilficulles qui allaient croissant a chaque pas. Les Gros-lndiens sont les derniers qui aient quelque vetement sur le corps. Apr^s avoir quilte { M ) leurs possessions , je no Irouvai plus que des Sauvages cnlitremenl nus, no comprenant pas le crt^ole. J'eus des relations avec quclques uns de cos Indians, qui me donn^renl des rcnseigoemcnls sur rinleiiour do leur pays. Je compris , a leurs r^cils, qu'iis venaient des sources de I'Amazone ; ils m'oHrirent de me conduire. dans leur nation qui est , disaient-ils, tr6s nombreuse. II s'agissait de franchir par des jiassages a eux connus la chaine des Cordillitires ; alin de nie determiner, ils me lirent le tableau de leur pays; ils m'assur^rent qu'il y avail de beaux oiseaux , beaucoup de chevaux el des Iroupeaux de bcsufs sauvages. Je me serais v^ritable- menl decide , si mcs provisions el mcs marchandises pour les payer n'eussent 6t<^ presque epuis^es. Je leur promis de relourner chez eux dans peu de temps. Le 6 aout, je me vis a I'entr^e de la riviere d'lave. Les peuplades qui sont vers le haul de celte riviere sont peu connues deslndicns de rOyapock; copondaniceux- ci vont quelquefois y construire des cauols et y clier- clier des provisions de fruits. Un peu plus loin , je Irou- vai une autre riviere ajjpclee laroupi. Pramanoupa, fr^re d'Ouaninica , est 6labli en cet endroit : il a soixante-cinq ans; je restai quinze jours chez lui. Le 2'2 aout, j'arrivai au saut Sainl-Caiman; au-delh, je fus recu par le chef indien Ouaninica, homme vi- gourcux etplein de courage ; il a six pieds do taille. Je m'empressai de lui donner des noiivelles de son ancien compagn n Ouarachine, ce qui ne conlribua pas peu a me faire bien accueillir de lui. II ajouta aux r^cils que je connaissais deja, el m'cngagea a visiter la plaine de Maloura , ou je Irouvai beaucoup de gibier el un beau lac. Le 1 1 septembre, j'elaisen face desfameux Iroissauls, ( »65 ) ou se Irouve la belle cascade marquee sur les cartes sous le nom de cascade de Saint-CIoiul. Nous fran- chimes ces passages a force de patience et d'efforls, el nous arrlvanoes a remboucluire de la Miangarini ou nous nous repos&mes deux jours. D6s ce moment, il nous fut impossible de pousser plus loin nos canols, les rochers devcnaient trop dangereux el les eaux n'6- laient pas assez grandes. Nous fiimes obliges de nous contenter de nos armes et des objets les plus indispen- sables pour approclier de plus pres du pied des Cordil- li^res. Ce fut apr^s avoir march^ luiit jours a travers des peuplades entierement sauvages que nous arri- vames chez le chef Damoucoume. Get Indien parle la langueindienne-portugaise, qui est celle des Tapouilles ; il me dit dans ses r^cils qu'il etait autrefois sur la rive de I'Amazone ; niais que , tracass6 par les Portugais , il s'^tait enfonce dans les montagnos pour y vivre tran- quille. Ce fut le dernier chef de tribu chez qui je fus regu. Manquant de provisionspourcontinuer plus long-temps mon voyage, je dis adieu a la source de rOya[>ock et aux sauvages Cordillieres que je venais d'altcindre. ( '6G ) NoTiCH nbre75 ) relev^e de Barbara , variait enlre le S. ^ S. E. el lo S. 1 S.-O. II m'a donn^ ainsi les noms de nombre dans le Ian- gage du harar : i, ahad. — 2 , koud. — 5, chicbli. — 4, harad. — 5, kbaniisli. — 6, sedisti. — 7, soiid. — 8, sat. — 9, led-hen. — 10, achar. II m'a encore nomme comme pays souwahaly au-dela de Harar les suivanls : Barsouk, Abskoul, Longaden, Ilawe, Hamar, Barawar. Un autre Somfdy m'a donne une lisle differenle pour la meme route , ce qui ne doit pas surprendre, puisque les caravanes ne voyagent pas loujonrs avec la meme vilesse. i" jour, a Boulenli ; arbres. 2' Roulahar. 3' Douibeuiiau ; fail. 4' Isa'rab; ean el troupeaii. 5* Ha'iicher. e>' Farigal. •j' Gome. 8' Isa'ragjgirales, eiephaiils et buffles(8o ) Jans line de ccs occasions, un ollicier a el6 grievemeni bless6; une autre I'ois, deux onTiciors ol Irois s(»ldals du 4o* regiment furent allaqu^s par environ deux cents vaillanls Cihinois; mais Ic petit d^lacliemenl fit une reception si chaude a ces assaillanis , avec des pis- lolels, des fusils de chasse et des baionnetles , que, apr^s une courto Iiille , un de ces coquins tut Iu6 , une, demi-douzaine d'enlre eux fut blossee , et le resle s'en- fuit. Nonseulement ces laches altaquesontett^ endurees avec une apathie extreme par les autorit^s , mais on n'a emp'ov6aucunemesure pour empecherleur repetition; en ce moment meme on a commence a monlrer des dispositions favorables a ces brigands. Lorsque Thomme tue Tut apporteici, Ic pieux M. G... et un ou deux autres 6lev6rent la voix , et tournant les veux vers le ciel, se recrierent contro la barbaric avec laquelle on traitait ces pauvres indigenes inolTensifs. Le gouvcrneur lui-meme qualifia cet acte de meurtre : il aurail Iraduit les ofliciers devant une cour marliale , s'iln'avait pas 616 prouv6 par la deposition de Cliinois teuaoins de cette affaire que le detachement n'avait fait feu que pour sa defense. Ce qui rend cette conduite insensde plus r6voltanle , est la certitude que ces attaques ont ete faites a I'instigalion de soldats clii- nois qui rodent deguises dans I'ile; il est meme tres pi'esumable qu'il yah Ting-hai un grand nombre de ces gens el de mandarins , el que quelques uns sont ca- ches dans ce que 1 on appelle les maisons prot6g6es, c'esl ;i-dire celles dont les habitants sont revenus et se sont places sous la sauve-garde britannique. On sail (juf |)lusieurs sont habitues, bien que constamment lermees, et la police mfime ignore les occupations de ceux qui y demeurent. ( i8i ^ L'aulre nuit, lalai'me fut tlonnee : on dit qu'iine flolte de jonquesvenait nous rendre visile, caron I'avait vue tourner ca el la du c6l6 de I'ile. On donna ordre aux Iroiipes de se tenir pretes pour uno allaque noc- turne , et de se coucher lout habillecs ; mais , le lende- main matin , on reconnut que ces jonques de gueri(> 6taienl loulsimpleme'nt desnaviresmarcliands charges de Sucre. On en a capture vingt-huit que Ton d^tienl. Le nombre des jonques prises, qui sonl acluolKment dans le port, est d'environ quaranle, non comprises les jonques vides qui furenl Irouvees coulees a fond dans le port , quand nous nous rendimos mailres de la place. Si Ton avail gaid6 toules celles qui etaienl on pouvoir de nos balimcnls , il y en aurail pres de cent. Dernieremenl, plusieurs navires sonl arrives ici : c'elaienl des entreprises parliculi^resj ils onl apporle diverses clioses pour I'usage inlerieur el exl6rieur de I'homme. fyJnna, un de ces navires, a ete frelde a Ma- cao par un Parsi qui I'a charg^e de toules sorles de pro- visions solides el liquides, el a oblenu la perniissiori d'ouvrirun magasindans la vilie. La seule circonstance qui ail amorli le plaisir cause par sa venue a 6te le prix excessif qu'il demandede toules ses marchandises, el qui est de loo, quelquefois de 200 p. 0/0 et pins au-dela de celui de Calcutta. Ncanmoins ces approvl- sionnemenls etaienl devenus Ires necessaires , et nous scrions bien aises de voir encore venir quelques na- vires; car, si le commissariat, do meme que d'autros animaux qui dormcnt pendant I'hiver, s'abandonnail ;'i line inaction absolue durant les Ictnps Froicls, nous d^pcndrions enli^rcment, pour noire subsislancc, des provisions qui pourrai;nl otre apporlees ici avanl le cbangemcnt de mousson , c'esl a-dire si nous sommcs ( l82 ) condamnds a hiverner ici. Peut-6tre, avanl que nous quitlions Tchou-san , la nc^cessite pourra conlraindre nos eslomacs h elre aiissi pcu scrupuleux que coux des gens qui nous ontourent : ils regardont un chien ou un cluit morl el en elal de decomposition comme un mels digne de regaler un roi. A propos des eslomacs de Tchou-san , on raconle ici une plaisanle hisloiie , que peut-elre vous regarderez comme trop drole pour elre vraie , el qui pourlant esl bien averee. Un savant naluralisle, allacli^ a I'exp^di- tion, prit a son service un jeune Chinois nalif de I'ile pour I'aider dans ses travaux enlomologiques. Ce jou- venceau de belle esperance monlrail presque aulant de z6le que son maitre h ramasser des insecles, niais r^venement prouva qu(! c'elait par un motif absolu- ment different. Quand la collection devint considera- ble, il se mil h la manger. U s'ecoula quelque temps avant que son mailre put s'expliquer la clisparilion mysterieuse de ses plus beaux echantillons ; a la fin , ses soupgons tomb^rent sur le Chinois, el il decouvrit que celui-ci choisissait^ I'occasion une grosse araignee, un dodu myriapode, ou tout autre insecte qui lui fai- sait envie , el le tenant par I'epingle avec laquelle on I'avait empale, le personnage oranivore le faisait IVire avec de la chandelle et un peu de graisse par regal, et I'avalait en donnant des marques evidenles de satisfac- tion ! Le naluralisle, qui n'approuve pas du tout celle maniere de disposer du fruit de ses recherches, s'ecrie qu'elle cause un prejudice incalculable au mus6e bri- lannique. ■1$ sepieuibre. On parlail dopuis long-temps du projel de delogcr les troupes du camp el de leur fairc prendre leurs { 'S3 ) quartiers dans la ville : ce changemenl va s'effecluer; elles seront Irfes a I'^troit, et cependanl des centaines de maisons sont inhabitees, el I'onl ^te depuis noire arrivee dans I'ile. On pourrail croire, d'apres ces ma- nagements , que ce sont des palais de marbre , tandis que ce ne sont que de ch^lifs et sales repaires, dans des rues tres resserr^es; ils sont enloures de haules murailles qui erapechent de voir h une trentaine de pieds ; dans plusieurs endroils, des fosses pleins d'une eau verdatre et stagnante se Irouvenl audessous des fenetres. Le seul avantage qui resultera de passer du camp a des quartiers en ville sera d'etre pr6serv6 du froid , si nous restons ici I'hiver prochain , et de procurer la facilite de mieux soigner les malades. Tout ceci est excessivement desagreable; mais, depuis long-temps, nous avons cess6 d'en elre surpris, et nous ne pouvions que nous y attendre. Tout cequi se passe a Tchou-san semble elre dirige par des regies absolumenl oppos^es au sens common et h la justice, ou h I'equite ordi- naire. Lespreuves ne me manqueraient pas pour vous le d^montrer, si c'elait n^cessaire ; mais celles que je yous ai donn^es suftisent. ( The Indian Netrs and Chrouicle of Eastern affairs, n° 9. London, 'j.b'^^ January- i84l.) Tclioii-saii 4 novernbre 1840^. Nos troupes continuent a soufTrir des maladies. II esl difficile de dire lequel de nos trois regiments ou du re- giment indigene esl le plus maltraite... Lorsqu'ils en trouvent I'occasion , les Chinois tirent sur nous comme sur des chicns , ou bien nous assassiiient quand ils ( '84 ) tious renconlrenl seuls. II nous est (leleiKlu par I'ami- ral el le gouveincur tl'iiser de reprt^sailles... ^'ous ap- prenons que deux cents hommes, sous les ordres du major Tomlinson , sont partis. Les Cliinois onl essay6 de mettre le feu a notre magasin h poudre : tout notre regiment est sorti h la hale et en chemise quand I'ex- plosion sest fait entendre, et on est parvenn a retirer encore cinquante-six harils de poudre des ruines de la ma^onnerie en feu. Si un seul haril eut fait ex|)losion , loutle regimenl eut saute en I'air. .. Exlrail d\i Standard (Journal cles Debats, iSmars i84i). { Article communique par M. EvRiks. ) I De LUTiLiTi qu'on peut tirer de I'etude couipuiaiive des cartes geograpfiiques. L'etude comparative et I'examen atlentif des carles g^ographiques ont servi plus d'une fois a resoudre des questions de politique, de diplomatic ou d'hisloire, comme a eclaircir des contestations judiciaires. Sans vouloir ici en rassembler les divers exemples, nous en rapporlerons un lout recent, el qui par son importance merite unc des premieres places. L'ulilite des cartes n'a cerles aucun besoin d'etre d^montrc^e; mais il est hon de faire voir les diffdrentes applications dont elles sent susceptibles; il en resultera, pour les bons csprits. la necessite d'encourager de plus en plus la formation des grandes collections geographiqucs ; c'cst un genre de bibliolheque speciale , autrefois presque inconnu, et ( i85 ^ dont le besoin aujourd'hui commence a se taire scnlir universellemenl. Et qu'on ne dise pas qu'il sulTit de posseder les carles les plus nouvelles;car, a ce comple, outre qu'elles ne sont pas loujours les moilleures ou les plus exactes (il s'en faul), a ce compte , disons- nous , il faudrait bannir de nos bibliollieques Its pre- mieres oeuvres de rimprimorie. Ce n'est que par la comparaison des productions successives d'une science qu'on peut en faire I'histou'e , et c'esl quelqueiois dans les plus anciennes qu'on trouve la solution des diffi- cult^s. La bibliographie des carles doit done desormais, selon nous , prendre rang dans la science g^ogra- pUique (i). Passons a I'exemple que nous avons a citer. Les assises d'Ldimbourg , en iSSg , ont retenti d'un proces cel^bre, qui a fait (^galemenl du bruit hors de I'Angleterre. Ce proces est celui du soi-disant comte de Stirling (2), r^clamaiit au Canada d'immenses pro- pri^tes. II a cout6 des sommes enormes; soixante 16- moins ont et6 appeles, on en a fait venir sept de France h grands frais. Les plaidoirios onl occupy le jury en avril et niai iSSg; qualre-vingl-dix-neuf docu- ments ont el6 produils de part el d'autre ; enfin, les avocats du prevenu comme celui de la couronne (soli- citor general), et le juge-president ont fait pour ainsi dire assaul d'eloquence ; toules les charges et preuves dans les, deux sens ont ete disculees et approfondies avec un soin minutieux et peu ordinaire. Eh bien ! dc toules les preuves all^gu^es pour amener la convic- tion , aucune n'a eu aulant de valeur et n'a fait aulant (i) II y a loug-temps que M. Beuchot, dont I'excellent esprit coiimic le savoir est bien coiinii , a sciiti la iiccessile de dislraire les cartes des rslaiii- pes, el d'en faire nil catalogue a part dans son precleiix rtcucil p( rioJi(pie, (i) J'oyez Biillilin de la Sueiete de geograpliie , t. \1. p. Vi;, iSJij. I i86 ) d'iuipiession sur lauditoire , les jures el les jugos (i), que cello qui rt!!sulte de la comparaison des cartes du Canada, par Guillaume De Lisle. C'est par I'elude at- tentive de ces cartes, par la comparaison de leurs litres, de leurs dates, bien plutol que par toute autre circonslance, qu'on est parvenu a convaincre de faus- sele les pieces qu'Alexander Ilumpbreys faisait valoir a I'appui de sa pretention au litre de comte de Stirling. Celle assertion est confirtu6e par la publication des pi6ces du proces('.i vol. in 8°. Edinburgb and London , 1809). Quelques mots sufliront pour (^lablir la question. Sous le regne de Jacques \", sir ^^illiam Alexander, secretaire d'Etat, oblint, par une charle de 1621, do- nation du terriloire de la Nouvelle-Ecosse, avec le droit d'en conceder des portions a divers , en meme temps que le litre de baronnet. En 1628, diaries I" y ajoula le Canada; enlin , en jG35, sir William acquit une parlie ilc New-England cl lout le terriloire de Long- Island. II avail ele elev6 h la pairio en iG5o, avec le litre dc vicomle de Stirling; et, a I'occasion du couronne- ment, on Tavaitcr^e, en 1 655, comte de Stirling, vicomte du Canada. Sir William mourul a Londres en iG^o. Le cinquieme berilier du litre est mort sans post^rite en 1759. Vingt ans apres, un cerLiin William Alexan- der, .!i7/n's documents ont un tel (i) Nous oniclldiis a dcs'.iln un yraiid iionibie de (-ircoiislanrfs iion nioins curieuses, mais qui ue lieiincnl pas dirfctemeiii au sujel de cede notice , par oxeniple , uu biHol de 4ou,oo() fr. , sousciit par Alexaudcr Humphreys, nu iTufil de niadenioisellc L. , suriiurnmee la iibrtU- Jimictiise . ( 'gi ) air de vraisemblance, ou du moins sont coordonn^s avec un art lei, qu'il fallail absolument, pour lejeler 16- galement lapi^ce, d^couvrir des preuvos mat^rielles de supposition. En effet, Flechier rcconnait pour autlien- lique 1;) note de M. Mallet, el I'^crilure de Flechior est jug^eaulhonlique elle-nieme par un habile connaisseur. F^nelon i-econnait cetle meine note pour vraie, el I'e- criture de Ft^nelon est acceptee pour vraie par noire grand aicliivisle , le plus savant homme peul-etre de noire 6poque ; il en est de menae de I'ecrilure de Louis XV ; lous les aulres documents concordenl pour les dates comme pour le reste; comment altaquer raulhenticile de la piece? II a bien 616 lire de fortes inductions conlre la des- cendance du prdtendu comle de Stirling; el quant a la pifece malerielle, I'avocat de la couronne a bien plaide qu'elle avail et6ecrile avec une encre conipos6e et recemment fabriquee , el non avec I'encre du temps; mais le fail est : i" qu'il n'y avail la que pre- sumption de faux el non preuvesuffisanle ; 2° que le te- moin le plus important a declare, en presence de I'imi- talion parfaite des 6crilures de Flechier, Louis XV el Fenelon , que Yexamen de Vecriture est toujours une preuve inccrtaine , et que c'6tait la carte incn/e de Gnil- laiinie De Lisle qui fournissail une preuve irrefragable. Nous devicms done donner ces developpemenls pour rendre palpable rulilile de la comparaison des carles g6ograpbiques. Mainlenanl voici ou a failli Textreme habilele de ceux qui onl forge le litre. Pourquoi onl-ils choisi celle carte de Guillaume De Lisle , ])our y 6crire ou y annexer lous ces documents? II lenr fallait une feuille ( »9-^ ) impriiiiecavanl 170I); un papier tout blancde I'rpoque n'aurait pas |)u so Iroiiver facilcmpnl, il vahiil niioux d'aillours se procurer une gravurc du temps. I ne feuille iinpriinee en 1 70^ pouvait servir nalurellement a des pieces de 1706, 1707 et i7i2'(i ). Le clioix d'uno carte du Canada 6lait 6galement nalurel ; el surloul pour un Francals comine le sieur Mallet qui se Irouvail alors a Lvon, le clioix d'une carte deGuillaunieDc Lisle. II existe au moins trcnte carles delui de 1700 a 1706; ils n'ont pas pris arbitrairement la premiere venue; ils en ont pris une de I'epoque inlermediaire , et riche d'ailleurs de details relatifs au sujel , et comme devail le faire , selon la vraisemblance, I'liomme qui arrivait d'Acadie, " afin que loule personne en ouvrant cette carte de » nos ])ossessions d'Am^rique puisse se faire une idee ode la vasle eslendue de lerriloire qui ful conced^e B par le Roy d'Anglolerre a un de ses sujets. » Malheu- leusemenl pour leur combinaison, I'exemplaire de la carte de 1703 n'est pas de lyoo; ils ne se sont pas apercus que I'exemplaire porlait, apres le nom de De Lisle, de I'Academie royale des sciences, les mots : premier geographe du Roy. Or, De Lisle n*a eu cette charge que le 24 (loill 1718, ainsi que le constate le brevet qu'on en conserve encore. Ils n'ont pas vu non plus qu'apr^s le nom de De Lisle reste une place vide qui avail 6le occupee en 1703 par le xnoi geographe ; ils n'ont pas remarqu6 que la ligne : premier geographe du Roy est Ires serree entre la ligne pr^cedenle et la suivante . ce qui rend palpable rinterpolalion ; ils n'ont pas vu \v changement d'adresse du geographe ; ils (i) Co ii'esi (|iiV'n t-ii '|iie I'AnKlflfirc fit rniliiV en possrssion dii Cauadu. ^H ( '95 ) ignoraient aussiladale du brevet de De Lisle; enfin ils n'onl passu qu'il existait des cartes du Canada r6elle- ment imprim^es en 1703 , et qu'ils aurajent du les re- chercher preftlirablement. Ce fait est commun d'ailleurs A une inullilude d'au- Ires cartes de Guiliaume De Lisle. Des qu'il eut ele nomm^ premier geographe du Roy, il fit ajouter ces mots siiv prcsque tons les cnii'res de ses carles; cetle operation se fit sans precaution el quelquefois meme avec maladresse. II n'y a que la carle des comles d.- Hainaut et Namur, i 706 , oh le litre complet esl regu- lierement grav^ , parce qu'on a grall(!! enlierement qualre lignes sur le cuivre ; cependant elle porte en- core les marques d'une subslitulion , notamment en ce que les mots « de l' Jcademie royale des sciences » ont ete effaces. Mais il fallait pour faire toutes ces re- marquos compulser les differcntes espfcces des cartes de De Lisle, il fallait d'abord en connaitre I'existence, et tout cela n'etait pas sans difficulte (1). Au resle, en examinant tres attenlivement les deux editions de la carte du Canada, on Irouvcrait peut- filre, dans le corps meme du dessin, d'autres caracteres propres a les faire distlnguer, tels que des traces de riviferes ou dc limites, des noms de lieux ou d'autres trails geographiques etablissant des differences. II suit de lout ce qui precede que le hasard a mal (i) La coiitraJiclloii eiitie la dale de la carle, i^oj, it les iiiols pn- niier geographe liit Roj\ a ele r('niari|iiee, je crois, pour la priniicre fuis, par M. Francisqiie Michel. M. Teulet , premier employe aiix archives du rovaiime, a relronve le brevet de De Lisle. L'e.xainen de toiiles les carles de De Lisle depusees an cal)iiiel t;ciigraphii]ue de la liibliothetiue ro) ale , nous a occiipe aiissi |)t'iidaiil it coiirs du proces d'Edimbonrg, et nous avoiis fouriii des dociiincnls doiil il a elc I'liil nsaj;e dans la pnblicalion du proies. XV. MA US. 5 10 ( >94 ) sorvi les faussaires, mais aussi qu'il pouvait leur 6lre favorable » que s'ils fussenl lombes sur une carle da Canada imprim^e en 1700, peu apros la publication, il edl 616 fort difficile de les convaincre de faux ; I'ha- biiete exlrdme d6ploy6e a contrefaire toules les 6cri- tures aurail lroinp6 lous les juges, comme elle a trompeM. Daunou, et la pretention d'Alexander Hum- phreysreslait intacte de ce c6t6. Non seulementil exisle plusieurs espc-ces d'exemplaires des carles de De Lisle, mais rorlhographe de son nom a change sur les cartes plusieurs fois ; le nom a et6 6crit en un, en deux et en trois mols. De Lisle signail quelquefois en letlres ma- juscules , et le graveur a imit6 celte signature ; on peul consuller a cet 6gard les pieces du proces qu'il a sou- tenu en 1705 contre NoUin, pour conlrefacon de sa mappemonde (1). De I'exemple que nous fournit le memorable proces du comle de Stirling, on peut tirer celle consequence legitime que, dans certains cas , I'^lude comparative des cartes geographiques peul netre pas sans impor- tance pour I'ordre social, de meme qu'elle en a une incontestable dans I'hisloire des sciences. Nous en don- nerons bienlot d'aulres applications. J.-D. (i) fair les carli-s annexees aiix piccoi tin prores de Nollin , sons le n" 563, Rcy. ^, du oubinel des carles seographiqties de la I'.il)lioihci|iic Royale, HEIXIEME SECTION. Actes de la Societe> KXTRAIT DES HROCES-VEllKAUX DKS SEANCES. PRiSlDJilNCIi DE M. DAUSSY, Seance du \\j fevrier i84i. M. le Minislre de rinslruclion publique onnouce a la Soci(!!l6 qu'il vient de r^tablir sur le pied de 25 exem- plaires la soiiscription au 4" volume des M^nioires. S. Exc. se f^licite de pouvoir donner a la Soci6l6 ce nouveau t^moignage de I'inl^ret que lui inspirenl ses publicaliong. M. le comto de Abaunza, consul de la republique d'Uruguay, 6cril a la Soci6l6 qu'il est flatle de I'lion- neur qu'elle lui a fait en I'admeltant au nombre de ses Menibres, et qu'il s'oslimera heureux de pouvoir oon- Iribuer a ses utiles travaux, M. le conseiller de Mact^do , secretaire perpeluel de rAcad(iniie royale des sciences de Lisbonne, remercie la Societe pour I'envoi du 6" volume de ses M^moires. L'Academie voit avec le plus grand plaisir, dans la continuation de ses relations avec la Soci^le de geogra- phic, uue nouvelle preuve de la confraternite qui r^gne enlre les corps savants des deux pays, et que I'Aca- d<^mie s'elTorcera de conserver ct do rcndre encore plus inlime. ( "Jti ) M. Martin de Moussy, Mcmbro de la Sociblo, Iqi ecrit qu'il est siir le point de parlir pour un voyage medical dans I'Amerique du Sud, et il la prie de vou- loir bien I'aider de ses conseiis. Quoiquc son voyage ail principalement pour but I'^tude des modifications que les Europeens eprouvent dans Icur organisation sous rinfluence de cos cliinals et des maladies ende- miques de ces conlrees, M. Martin de Moussy ne n6- gligerd pas tout ce qui a rapport a la geographic et a rethnographie. M. le President invite les Membres de la Commission cenlrale, el en particulier M. d'Orbi- gny, a vouloir bion preparer quelques questions pour ce voyageur. M. Jomard annouce I'arrivee de M. Rochet, voyageur en Egypte et en Abyssinie de 1808 a 1840, qui a fail Ic vovage de Tadjoura a Ankober, et qui a dresse une carle du cours de I'llavvasch. M. Rochet a lenu un journal circonstancie qu'il est dans I'inlenlion de pu- bliorj il rapporle plusieiirs manuscrits interessanls. M. Jomard annonce en meme temps la presence de M. Prax, qui vient de faire un voyage en Arabic, en figypte et dans diverses provinces del'empire ottoman. Le meme Membre lit : 1° une leltre de M. d'Abbadie, apportee par M. Rochet, ou se trouvenl des remarques sur les mcsures employees a Ai'wa el sur rilineraire de Barbara a llurar; 2° une leltre de M. Mah«ilin , consul de France a Guatemala, en date du 6 no- vcmbre 1840, annoncanl que les monuments et statues de Quirigua paraisscnt devoir etre Iransporles bicnlol aux Elals-Lnis. M. Mahelin conlirme la nouvelle de la mort de M. le colonel Galindo, correspondanl de la Sociel(^. M. .Jomard signale cnsuilc la collection sino-japo- ( '97 ) naise de M. Paul Ginier, de Marseille, qui a fait plu- sieurs voyages a la Chine el dans la mer des Fndes. Cetle colleclion ayant ele cedee par le voyageur, se trouve Iransporlee a Paris depuis six semaines; elle se compose de pres de Irois mille objets qui se rap- portent aux mceurs, coutuines et usages des peuples et a leur physionomie ; aux arts et a I'induslrie ; auxcos- tunaes et aux cert^nionies ; a la navigation, a I'art militaire, etc. II pense que celle colleclion uieriterait d'etre examinee par les IMembres de la Societt^, comme I'a et6 la collection indienne de M, Lamare-Picquot. M. le Secretaire lit la lisle des ouvrages oflerls a la Societe. La Commission ordonne le d^pot ^ la bi- blioth^que, et vole des rcmerclments aux auteurs ou donateurs. M. le President communique, de la part de M. De- lamarcLe, ingtinieur-hydrographe de la marine et Membre de la Society , un travail sur des observa- tions met^orologiques faites a Saint-Louis au Senegal, par M. d'Aboville, lieutenant de vaisseau de la marine royale. Celle communication est renvoyee au Comite du Bulletin. M. Pi-ax lit un fragment de ses voyages, ay ant pour litre : Voyage de Suez a Medine, L'assemblee ecoute celle communication avec un vif int^ret, et la renvoie au Comile du Bulletin. Sur la proposition de l\l. Iloux de Roclielle , la Com- mission cenlrale nommc au scrulin une Commission speciale, pour examiner le concours relalif au prix offert par S. A. R. M. le due d'OrUans. MM. Eyries, Jomard et Roux de Rochelle sonl (Aus, commissaires. Seance du 5 mars, Lcs Academies rovalcs des Sciences de Berlin et de ( "J« ) Turin adicssenl a la Soci^le la suilc do Kurs Me- nioires. La Soci^lti cimericaino ties Anliquaires adressc les lomos I el 11 dc sos Transaclions , avcc le calalogiie des oiivrages dc sa bibliolheqiie. M. Joniard annonce que M. lo ininistre de la guerre a Tail reinellre a la Bibliolhuque Royale un cxemplaire de rouvrnge d'Ebn-Klialdoun , qui avail tilci depose a la bibliolh^que d'Alger, on il ne pouvail Hire a la dis- posilion que d'un Ut^s pelil nombre d'orienlalislcs. 11 enlrelienl ensuile I'assemblee de deux pcliles mappcmondes, I'une del'an i4>7 . conservee dans un manuscril de la bibliolln^que de Reims; i'aulre, qui porail daler d'environ 1072, el au bas de laquelle se Irouve la signature de Cliarles V. Cos deux ligures sont loin de reprdsenler Telat des connaissances gt^o- gra|ibiqiies aux t^poquesdont il s'agil, el ce tail prouve, selon Jui, que les carles, mcnie porlanl une dale, ne peuvcnl monlrer le degrd d'avancemenl de la science gdograpbique que pour le lieu meme ou elles onl 6l«^ failes, ou plulot que pour la personne qui en est I'au- leur. Le meme Membre ajoule que I'ann^e derni6re, le vojagcur anglais Ainsworlli a recucilli des inlorma- lions sur les cliretiens nesloriens qui onl long-lemps liabile les monlagncs du Kurdislan , el sur lesqueis on n'avail rien appris dc|Hiis Marco-Polo; les rcclier- ches onl inalbeureusemenl ele interrompues par les e\tincmonls de la guerre de Syrie. M. de Laroquclle annonce que la Society des Anli- quaires de Copenbague vienl d'elire pour son president le prince r()\;il de Danemark, ijui a acccple ces ho- norables louclions. M. le profcsseur Rain , st)n secri- !aire, a presenle un rajjpurl sur la silualion cl les ( 199 ) Iravaux de la Society pendant I'annie i84o. M. de La- roquetle donne ensuite une analyse succincte des qualre volumes publies recemment , ainsi que des communications I'ailes dans la derni^re seance ge- nerale. M. de Santarem donne quelques details sur deux manuscrils ayant pour litres : De Situ orhis , par Duarle Pacheco, et Descobriinento da Ilhn da Madeira, par Jeronimo Dias Leite , compose en iSjg. M. d'4vezac enlretient la Sociele des recherches qui ont 6te faites ou qui se poursuivent acluellement a sa priere dans les principales bibliotheques de I'Europe, dans le but de relever los varianles des manuscrils les plus importanls des deux morceaux de geograpbie ancienne , connus sous les tilres vulgaires de Cosmo- graphie d^Ethicus et A'ltineraire d^ Antonin. 11 signale comme offiant, par sadate,le plushaut interet, le ma- nuscrit en lettres onciales, de la bibliolb^que imperiale de Vienne , que Gentilolli avait suppose du vii* si^cle , mais qui , verification faite, parait elre seulement du vni" si^cle. H y a d^ja plusieurs mois que M. Wolff, secretaire de la bibliotbeque,Iui avait fait parvenir une collation de la portion appeleeCosmograpliled'Etbicus. Tout recemment, M. d'Avezac a recu une copie en- ti^re , et presque figuree , de I'llineraire d'Antonin , due aux soins du docleur Endiicber. II a recu ^gale- ment dcM. de Navnrrelte une collation soigneusement faite d'un autre manuscrit de I'llineraire, sur I'age et le gite duquel ii n'a point encore d'informalions pre- cises. M. Eyries lit I'exlrail d'une lelire daleo de Ting-llai (19 juillet iiS4o),conleuanl des details iuierossants sur la position des Anglais en Cbine. ( 200 ) M. Noel Desvcrgers lit la suite dc sa Notice sur rAfrique sous la fiominalion dcs Arabcs. M. \ Ivien communique la premiere partie de son Precis sur I'histoire ct la geographic de la Circassie , servant d'inlroduclion a un ouvrage qu'il va publier sur cette conlr6e. MEMBRK ADMIS DANS LA SOCIET/c. Seance du 19 mars 1841. M. DE JfeRAMiic , ancien directeur du London ff"d Pa- ris adi'ertiser. OtVRAGES OFFERTS A LA SOCltTfe. Suite des seances du niois dr fcvrier. Par I\J. Roux de Bochellc: Report from the secretary of the Treasury of the commerce and navigation of the United Slates for the year, 1809, i vol. in-S". — Par M. Thomassy : Des relations de la France avec I'em- pire de Maroc (suite), in-8. — Par M. de Briere: Notice sur le chateau seigneurial d'lssy, connu sous le nom de chateau do Childebert, et sur quelques antiquil^s qui y ont etc decouvertes ; suivie d'un coup d'oeil sur le se- minaire , broch. in-8. — Par M. le conite. Graberg de Hemso : Cenni geografici e statistic! su I'Asia centrale e principalmcnle sul paese dei Kirghizi e sul khanate di Khiva, broch. in-8. — Mdmoire sur la necessity en Toscane d'un Inslltut d'agricullure et d'^cononile ru- ralc, lu par le marquis de Riccardi del Vernaccia au premier congres scientifique italien tcnu a Pisej tra- duit par M. Graberg de Ilemso , broch. in-8. — Par M. de Parai'ey : Note abr(^gee relative aux obos ou fu- midus du Bosphore Cimmerien , analogues aux stoupas de rinde occidentale, in 8. ( La siiilr an j)r<)cluun niiiucrii. ) liiiij.KriN nii I.* SOCIETI^ DE GEOC^UAPHIK. AVRIL l84l. PREMIERE SECTIO]^. Ml^.MOlHES, KXTiiAlTS, ANALYSKS F.T liAT'POHTS ASSEM13LEE GENERALK DU 2 AVRH. iSil. J ) i SGOim S ITO U VERTt U\ K PROISOKCE PAR M. LE BARON DE LAS CASES, Membiv clu la Cliamhie des Deputes , PiesiJenl ile la Sociele. Messieurs, La g^ographie a suivi parlout les conqufelescoinnier- ciales, politiques oureligieuses deriiommo ;el, conim(; la civilisation moderne, donl le flot coule sans jamais s'epuiser, elle conlinue a s'elendre sur la surface du nioiide. C'esl api^s en avoir fail le lour, apres en avoij' explore les loinlains parages el inlerroge les merveilles les moins connues, qu'elle revienl chaque annee dans vos reunions enumerer ses d^couverles, raconler ses XV. AVRIL. 1. >4 ( 2>0 ) jx'iils el ses futigiies , el vous inlercsser au sorl cle qui- conque a bien inerilt^ de riuinianU6, en impriinanl sur un nouvcau point dii globe ses pas audacieux on l)ienraisanls. Appreclalenrs de ces elTorls g^uereux , jugos do lous ces lra\aux, c'esl vous, messieurs , qui en consacrez les resullals en dressanl le glorieux inven- laire d'une science qui de jour en jour aspire a devenir !(' palrimoine privilegie de loules les nations. En bornant ces considt^ralions au poinl de vue parli- cu'ier a la France, quel interel ne devons-nouspas en- core allachcra la geographic, h ravanceraentdelaquelle tant de nos compalriotes ont pris une si belle pari? El comment la negligerions-nous maintenanl, en pre- sence de cette expansion de plus en plus necessaire pour nos facultes et nos ressuurces nalionales , el de ce dtWeloppement reclame d'une voix si unanime pour noire marine et noire commerce exidrieur? Qui n'ap- precierail, sous ce rapport, I'imporlance loujours crois- sanle des notions g^ographiques el I'nrgence de leur donner en toule occasion un caraclfere pratique elposi- tif ? Ce n'esl qu'en passant de la llieorie h I'application que la science acquierl une valeur definitive el inconles- lee. Aussi, I'histoire, cetle sceur de la geographio, qui aspire comme elle a prendre loule la pari d'inlluonce qui lui apparlient. poursuil-elle de son c6l6 le meme but en apportant I'aulorite de ses ant(ic6denls, par- loulounaguere encore nous n'aimionsa raisonnerquV? priori ei indepcndammenl de la clarte des Tails. Or, les fails g^ographiques, qui onl I'avanlage d'etre loujours presents, el d'etre visibles, palpables, maleriels pour chaque generation qui passe, ne sauraicnl avoir a coup sur moins d'antorile. Des lois parfailemenl 'uialogues regissent d'ailleurs los uns el Irs aulres; ol c'esl los ( ^•'> ) t^clalrer mutiu'lU'iiienl que de conslalcr la corrcilaiidu qui les unit. L'liistoire et la g(!!ograpliie convergent en elTel vers un meme centre d'etudes. Elles reliint, par leur al- liance de plus en plus iulime, les desllnees de I'hoinme h celles de la nature , et elles marchent d'un meme pas au meme but, avec la seule difference que celle-ci ap- pr^cie les distances, et I'aulre les dates; que celle-ci mesure I'espace , etl'autre le temps. C'est ainsi qu'en remontant le fleuve du Nil.les guerriersdel'expedition d'l^gypte remontaient aussi le fleuve des ages, et trou- vant sur la meme route, mais comme monuments d't'- poques diverses, Alexandria, Memphis, Thebes, Me- roe, s'elevaient dans le cours des siecles ^coules et dans les souvenirs des civilisations anterieures, a chaque etape qu'ils faisaient dans les profondeurs du conti- nent africain. Si done la philosopliic de I'histoire , qui prdoccupe tant notre epoque, veut proceder avec melhode et in- spirer quelque confiance , qu'elle prenne aussi pour base les notions geographiques. (le n'est qu'avec de jiareils points de depart que celte philosophic pourra s'elever du certain au conjectural, et arriver a d^gager I'inconnu de tousles problemes du passe. Au lieu done de se borner comme elle I'a fait jusqu'ici ii suivre la chaine chronologique des temps, qu'elle etende aussi son r^seau sur I'espace , qu'elle 6tudie , qu'elle fouille , qu'elle embrasse toutes les latitudes de civilisation , non moins diverses et non moins indispensablesa con- nailre que les si^cies dont se compose la chaine des faits humains. Oui, I'etude des voyages et des t'aitsg(!;o- graphiques n'imporleni pas moins a la philosophic de I'histoire , si bien surnommee par Vico la science non- i4^ { 212 ) ('«f//«;,. que leliicle des cliruiiiqiios cl des iiKiiiuiiit'nl.s prinnlifs de clia(jue [)eu[)le. Co n'cst que do nos jours qu'on s'esl bieii peiuHie de ririiporlanle corielalioii de ces eludes, Irop lonj^- ItMiips fuulives el incompletes pur leur isoloinent uieme , niais destin^rs enfin a relrouvcr dans une in- . dissoluble alliance la force invincible de I'unile. Ce n'est pas Irop en ellol du coiicours de tous ces auxi- liaires pour remonler aux orij;ines de la civilisation , en suivre les develo|)penients jusqu'h nos jours, et en pressenlir les transformations futures. Ainsi done se completenl el se cootrolent muluellemenl les etudes historiques et geographltjues , dont I'union forme la veritable raison critique des fails et des idecs , el eleve a sa plus haule porlee rintelligence de 1 'houime el (ie I'univers. Hisloire et geographic sont les deux revers de loute (juestion positive. Les >U,udier simullanement, est Ie seul moyen d'en Irouverla solution complete el defini- tive : temoin eel immense problt^me d'Oricnl, oii tout se lie, oil lout s'enchaine par des traditions imme- moriales , el ou la saine el complete intelligence des conditions actuelles du sol , du climal el des popula- tions donnerait cgalement I'inlelligence du pass*^ el Ie secret de I'avenir. Ce qu'il y a, en effel, d'invariable et de permanent dans ces conditions , produisanl des ef- fets de mfime nature, force toujours Ie pass6 a se renou- velerplusoumoins semblable ^luimeme. Deslors, une position insulaire ou conlinenlale , Ie relief des mon- tagnes ou Ie cours desfleuves, on un mot, tout ce qui interdil ou lacilite la communication des hommes en- tre eux, lout ce qui rend la vie rude ou aisee, et relienl les peuples dans la barbaric ou les conduit a une ( 2 1.-^ ) proinpto civilisaliuii, Ions ces elemeiils, dis-je, oxercent nne influence irresistible , qui determine aussi bien les ev^nemenls futurs qu'elle explique les evenements ac- complis. Ainsi, la geographie unit le passe a I'avenir, en vertu de la loi qui , rapprochanl sans cesse les ph6- noinenes moraux des phenomenes physiques, force les premiers, malgre leur libre nature, a se coordonner lot ou tard avec les seconds; ainsi, messieurs, la science dont vous eles les representants est devenue dans vos mains, et pour la plus grande gloiie des ei lidos modernes , le fondement a la fois de I'hisloire positive et de la vc^ritable philosopliie de I'liistoire. Nous n'avons sans doute point a parler ici des pro- gres des etudes historiques; mais il fallait en indiquer le rapport avec les progr^s de la geographie pour mieux apprecier cos derniers , qui distinguent egalement et lionorenl an plus haut degr(^ notre epoque scientifi- que. Quant a ceux-ci en particulier, qui jiourrait dou- ter de leur brillant avenir, envoyant, dans les seules qiiarante annees qui viennent de s'^couler, plus d'il- lustres voyageurs que n'en ont pu fournir les deux ou Irois siecles precedents? C'esl que toutes les questions geographiques sont devenues presquo soudainement universelles depuis que, parson chevaleresque secours, la France a fait triorapher I'ind^pendance de I'Ame- lique, et, par I'expedition d'Egypte, a donn6 le branle a Timniobile Orient. Ce n'est, en efTet, que depuis cette epoque que la civilisation chretienne a vraimentfait le lour du monde, el a mis en presence tous les inl^rets modornes. Aussi maintenant, lesconquStes geographi ques ne sont plus qu'un immense concours, (u'l Ton ne pent toucher un seul point du globe sans quo toiilos les nations n'y portent aussilol leurs regards ot ( *^i4 ; leurs enlnprises. La recenle expedition de rj.strohdn: et de In Ze/eea l^moigne ^ la lois, ot de celle gloricuse concurrence, ol du la pari que la France sail y conque- rir. Ilonneur au marin franQais, honneur a ramiral Dumont d'Lrville ,-qui a d^voile un inonde inconnu , qui a aborde el nommt^ la Tene Adelie, le meme jour oil ce conlinenl polaire elait aiissi ticcouverl par des iiavigot(Hirs aiuericains ! lit puisse ce coinmun succes danslesconqueles pacifujiies, rendre encore plus cliere udeuxpeuples allies la genereuse conlVaternilede leurs pavilions! La meme emulation va se manil'esler sur un point beaucoup plus rapprocbe du globe , maisgueremoins ignore jusqu'Ji ce jour. L'inlerieur de rAfrique, ce re- paire impenetrable de la barbarie, auquel nous ponr- rons faire brfeche lot ou tard , et par I'Alg^rie et par le Senegal, sera bienlol aborde par une expedition an- glaise qui se propose de remonter le cours du Niger. Mais la France , si bien poslee au nord el a I'ouesl de ce vieux continent , ne se laissera pas ravir les avanta- ges que lui assure la proximile des relations; el le souvenir de I'intrepide Caillie lui rappellera sans doule aussi a qui doil revenir la priorile des decouvertes. iNaguere encore , TAlVique elait un problfeme a re- soudre j^resque aussi inconnu que les sources du Nil , cachees au sein des montagnes de rElhiopie. La con- quele d'Alger I'a rendu plus accessible; et les secrets s'en revelenl cbaque jour a de nouveaux exploraleurs. Comme au temps des llomains , la g^ograpbie y inar- clie sur les pas de la guerre. Elle s'y fail conquei inilc avec nos soldats, el, sous le leu meme de I'cnnemi, re- lablil les ilineraires ancions , signalc les vestiges des precedentes colonisalions , ii.'cueille lous les monu- ( '■*»'> ) menls el souvenirs hisloriquos , s'cinpare du lemps aussi bien que de I'espace, rapporle enfin de ses inva- sions dans le passe, de ven^rables d^pouilles, imp6rissa- bles trophies pour notre civilisation. Fondee sur des notions exactesetrigoureuses, la geographie comparee devient aujourd'hui scientifique et politique , comme h I'epoque de C(^sar el d'Alexandre. Mais qui nous em- pecherait de la rendre encore commergante et positive comme a I'epoque de Tyr et de CarlUage? Nous avons sous les yeux I'exemple de I'Anglelerre qui nous y con- \ic. N'oublions done pas les nombreux voyageurs ni lesmissionnaires melhodistes, colporteurs de bibles et de marchandises, que celte puissance entretient dans loules les parlies du monde , et I'accueil empresse qu'elle fait a lous leursprojels? N'avons-nous pas enfm le n)emo in terelhouvrir des debouches nouveaux a noire Industrie nalionale, et h protcger energiqueraent non seulement noire commerce partout ou il peut s'eta- blir, mais encore nos croyances, avant-coureurs de nos produils materiels, introducleurs de notre civili- sation. Tel est le but pratique quedoivent pousuivre en tous lieux les progagateurs de la science, et que vous avez conslammenl signale vous-memes a vos correspon- danls. Le prix I'onde par le Prince Royalpoui'le nnvign- teur qui aiirait fait la decoiwerte la plus utile a P agricul- ture, al'i/iflustrie ou a V humatiite , rdpond egalemenlaux intentions de voire Soci6t6 ; car il tend Ji accelerer la marche , el a multiplier I'application des d^couvertes gt^ograpbiques, en les metlant sous la protection des sentiments genereux , mobiles constants des plus no- bles comme des plus utiles enlreprises. Emprunler aux climats loinlains et aux pays l)ar- ( 2l(i ) bares les plnntos alimentaires , coiniiK.' la j)oiiiine dc terre originaire du P^rou, ou Itien de iioiivellos races d'aniinaux donit'stiqiies , capables do se naluraliser dans noire zone; rendre a noire lour aux peoples qui n'en connaissenl point I'usage, los germes feconds donl nous seuls connaissons la culliire , el niultiplior partoLil les echanges LienFaisants el les Iransplanlalions uliles : lei devrail elre lobjel qtiolidien de la geogra- phie; car c'est ainsi qu'elle a fait de cbaciine de ses decoiivertes un bienfait pour I'luimanite , etque, ja- louse de planter sos pavilions sur tous les points du globe , elle en a d'abord audacieusement explore tous les parages, etbrille mainlenantderecbaufferlemonde de son influence civilisalrice. Or, une science dont les progres marquent les eta- pes du genre buniain et se ratlacbe a tous ses develop- penients, a neccssairement sa source dans un des replis les plus ])r<)fonds de noire cceur, et ses auxiliaires dans quekjues uns de cos puissonls mobiles qui donnent le branle aux grandes epoques. Amour des aventures, d^vouement a la science , sainte passion de I'liuraa- nil6, voila, je le crois, les Irois principales causes des piogres de la g^ograpbie. Cclle-ci est n6e tour a tour (lu d^sir ambilieux de cbanger de position et de par- venir, du bosoin intellectuel et moral de tout voir et de lout connaitre , el de I'inslinct providentiel de conque- rir a la civilisation les ames incullos ct sauvages qui I'ignorent. Ainsi nos guerriers, nos voyageurs ct nos missionnaires ontele ol sont encore nos premiers geo- grapbes; el, soil r^unis, soil isoles, lous se sontmon- tres egalemenl iiifaligables pour I'avancement de celle science: beurcux suiloul, birsqu'en de comnuMK-s ii\enlures, ils pouvaienl se tcmoigner rdcipioquemenl raU'ectiun si ualurelle a des freres d'armes. ( 217 Miiinlennnt que resulle l-il cle ces points Ho contacl cliez des hommes donl on n'a voulu voir jusqu'ici que les points d'opposilion? c'est qu'il y a necessairement en eux des conditions communes pour une alliance egalemenl utile aux uns et aux autres, egaleraent fa- vorable auX interfits nationaux , aux interets de I'hu- manite. Si Ton considere, en ed'et, avec quel devoue- ment ces divers agents de notre civilisation ont perse- vere dans la carriere que cliacun d'eux s'et;iit choisie, on voit quelle superiority de travaux resulterait de la combinaison de leurs eflforls; et Ton regrette amere- m»Mit que tanl d 'hommes genereux aienl pu se priver jusqu'a ce jour du secours mutuel qu'ils devaient se preter. Mais desormais , Messieurs, votre action vivi- iiante est la; et il deviendra facile de reunir ce qu'on a trop long-temps divise. Vos lumieres, entretenues avec une si belle perse- verance, eclairent la France et forment I'opinion pu- blique, qui, h son tour, r^agit sur le gouvernemenl. Sous voire bienveillante influence, on verra done se concentrer tant de pr6cieuses ressources jusqu'ici epar- ses et disseminees, mais dirigees euiin , a concourir vers le memo but, la grandeur el la prosperite du pays, I'instruclion et le bien-elre du monde;eta la vue de ce philosopbique resuUal, vos neveux, Mes- sieurs, laisseront ecbapper cet eloge, la plus belle, la plus douce recompense des nobles coeurs, etils s'ecrie- ronl un jour : lionneur a la Societe de geographic ! ( 2l8 j Y^KVPORTSKi/f com ours an Pil.v (uiitiiel pour la decouverte In i>lu.s itnportante en geographic. Miissitb'iis , Loistju'il y a vinj^l ans quelquos personnes qui s'oo- rupaieiil dc I'^liide de la geographie se reunirenl pour former une sociole dcslinec specialemont a en favo- riser les progies , dies ])ensereiil que , dans des reu- nions Irequenles , ceux qui cullivcnl celle belle science donl les raniificalions soni si elendues, Irouveraicnt a seclairer nuiluellemonl et formeraienl comme un laisceau de volonl^s donl la force serait toujours plus grande que loul ce qu'on peulallendre des efforts iso- les de chacun. Un des premiers moyens employes pour favoriser les iravaux geographiques jiarul h. la sociele devoir elre de (lonncr lous les ans a I'auleur de la decouvcrle la plus jniporlanlc une intidaille d'honneur : non sans doule j)our exciter I'emulalion des vo\ ageurs , car ce ne sera jamais dans riini(pie but de gagner la medaille qu'on s'avcnlurera dans des pays inconnus; mais pour 16- inoigner baulemenl le vif inlerel que la societe prend a tout ce qui lend a agrandir le cercle de nos con- naissances. Tousles ans, il est vrai , no presenlenl pas de ces docouverles qui altirenl sur elles I'atlention du public; la terre commence a elre assez connue pour qu'il ne .soil plus (lonne qu'a un ])ien petit nombre de voya- gours de signaler des points justju'alors inconnus; mais s'il est dillicilc aujourd'bui de iaire du nouf en geogra- jibie , il resle encore sur loule la surface du globe de ( ^'9 ) nombrcux Iravaux a faire pour conipleler nos connais- sances : Iravaux moins brillanls peut-elre , mais aux- quels la society n'aftaclie pasmoinsun vifinteret. Pour nous que la Providence n'a pas appele a chercher au loin de nouvelles acquisitions pour la science, et qui , archilectes modestes , nous contenlons d'emplover les niateriaux que d'aulres onl ete chercher au p6ril de leur vie ; il nous reste un devoir bien doux a rem- plir, c'est de Iresser la couronne de nos inlrepides explorateurs el de signaler leur exemple a ceux qui enlrent dans la carri^re. La Commission centrale avail designe celle annee pour examiner la question du prix annuel , MM, Eyries, Joniard , Larenaudi^re , Walckenaer clmoi ; je suis charge de vous rendre comple du rosullal de eel exam en. Parmi les voyageurs qui, en 1808, chorchaienl a etendre le domaine de la science , on comple le ma- jor Rawlinson , oflicier anglais au service de la Perse, connu dejapar ses voyages dans les provinces perses du Khusislan et du Lurislan. Parli de Tabriz en oclobre i858 pour se rendre dans le Gliilan, M. Piavvlinson parcourut le Kiirdislan, )echerclianl a\ec soiii loul ce qui pouvail porter quelques Iracesd'anliquile; il visila les ruines de Takhli Soleiman, oil il reconnul la posi- tion de I'ancienne Ecbalane Alropalene. Son memoire est un document precieux pour la geographic de ces conlrees qui pr^scnlenl lanl d'interet sous le rapporl hislorique. Kn i858el iBocj, M. Berlou , par des ol)servalions i)ai()uielriques, conlirma d'une maniere cerlaine ce Tail curieux el inatlendu d'une vasle depression de la vallee du Jourdain. On avail hcsile long-temps a ad { 2S!0 ) rnellre une dit'lercnce de niveau pou consid<^rable entre la surface de la iner ('.asplcnne et cclle de la mer Moire , et on avail cherclie a roxpliquer par I'abaisse- ment successil" des eaux de la Caspicnne par Teffet de r^vaporalion ; niais ici I'elendue de la depression ne permot de voir que dans un obranlement general de celle conlree la cause de celle difference de plus de 4oo metres. Ainsi desoruiais hi surface du globe aura ses valines inft^rieures au niveau des mers commo elle a ses chalnes de niontagnes qui les doniinenl. Nous ne signalerons quen passant et seulemeni pour Icmoigner tout rinleretque lui porte la soci^t^, qu'en I 838 noire inlrepide collc'-gue, M. Anloine d'Ab- badie, visilait deja I'Abyssinie , theatre encore aujour- d'hui de ses travaux el de ses recherches. Pers^verant dans ses desseins malgr6 les obstacles qu'il ^prouve et les dangers qu'il court; si en iSSg il est revcnu qiiel- que temps dans sa famille , c'elait pour v chercher de nouveaux moyens et s'6lancer encore une foisdans la carrifere. La meme ardeur animeM. Lcfebvro, dontvous avez eutcndu avi'C interet les communications , et qui est relourne aussi dans les memes conlr^es y ouvrir , s'il est possible, une nouvelle route a noire commerce. Je suis necessairement oblige de passer sous silence une foule de voyages imporlanls dont la society a suivi les progres avec interet; je m'arreterai seulemrnl ici siu' (juelques uns de ccux qui pr<^senlent des decou- vertes nouvelles. Je cilerai d'abord les explorations de M. Scbom- burgk ; eel intrepide exploraleur de la Guyane n'a pas uesse depuis i855 de poursuivre avec une peisevc- rance infaligable la reconnaissance de ccs vastes con- ( .2 1 ) li^es encoro si en dehors de la civilisation el oil one rare |)0|)ulalion anime a peine des pays qui seraienl susceptibies den faire vivre une immense. Dans une premiere expedition qui dura depuis ie y i septembre iSSyjusqu'au i5 f^vrier i83H, M. Schoni- l)urgk remonta TEssequebo jusqu'a sa source donl il d^lermina la position. Reprenantensuite un affluent, il parvint a la ligne de separation des cours d'eau (|ui se versenl d'un c6t6 dans cette rivifere, et de i'autrc dans I'Amazone, et suivant un de ces dernicrs il alleignil I'equateur, le 1 7 decembre iSSy. Le petitnombre d'ln- diens qu'il rencontra dans cette excursion n'avaiont pour la plupart jamais vu de blancs; ils elaiont reunis par peuplades de trente a cinquanle au plus, vivant de chasse ou de peche. Reparti le 3 mars i858 de la station oil il etait re- venu, M. Schomburgk.se dirigea vers I'O. et rencontra d'abord retablissemeiit de Pirara oii il s'arreta pen- dant six semaines pour envojer chercher a George- town de nouvelles provisions, profitanl de ce temps pour examiner en detail toute la contree environnante : il se remit en route, le 6 juin, et alteignit le fort Sainl- Joacquim, limite de la Guyane bresilienne, oil il passa la saison des pluies et donl il deterraina la position geographique. Du fori Saint-Joaquim , qu'il quitta le 20 septembre i838, M. Schomburgk revint a Pirara, etde la, se diri- geant vers I'O. cl le N., il visita la montagne de Ro- raima, haute de 5, 200 pieds au dessus de la plaine voisino. Un s^jour de Irois semaines fut employe a vi- siter lous les environs; puis il repril sa route vers I'O. Apres avoir remonte pendant quelque temps leParima, il alteignit enfin la region oil se fail le parlage des (...) tMux enlre C(Ule riviere el rOr»^no(|iit' ; (lfj:'i il sc dn i- ij;t';iil vers les sources de ce lleuve, soutenu conire les dinicuHi's dune route p^nible p;ir torre par I'espoir d'arriver enfin au but de ses recherches, lorsque ses Indiens, efl'ray^s par la nouvelled'une altaque faile par une Iribu voisine, le forcferenl A r^lrograder. Toulefois, d'aprfcs les dilf^rents cours d'eau qu'il Iraversa el les dires de ses guides , il put assigner approximalivement la position de ces sources; el I'espace dans lequel on doit les chercher est r^duit inainlenant a une etendue de 3o milles au plus. Frustre dans son desir sur ce point , M. Schoniburgk voulut cependanl atteindre un aulre but qu'il s'^tait propose, qui etait de rejoindre ses operations avec celles deM. do Humboldt a Esmeralda. Oblige de I'aire un grand detour vers le nord pour tranquilliser ses In- diens, il rejoignit enfin I'Oienoque , et parvint a Es- meralda le 2-2 f(^vrier iSSg. La, il put s'assurer que ses observations coincidaient avec celles de M. delfinn boldl, et si la perte de son cbronomelre pouvail lui laisser quelques doules sur ses longitudes, ils se Irou- vaient do beaucoup diminues par la fixalion de son point extreme. De Esmeralda, M, Schoniburgk revint [)ar le Cassiquiare, le Rio-Negro et le Rio-Branco, au forfde Saint-Joaquim, oil il arriva le 22 avril, apres avoir, dans I'espace de sept mois, parcouru un clretiil de 2,200 milles. Les explorations de M., Scliomburgk sonl (Tun haul inler^t : il a rectified un grand nombre d'erreurssur la position el I'etendue des rivieres qui arrosenl ce pays; la gL^ograpbie doit a son courage et a sa perseverance des donnees nouvelles el prerieuse^ sur ces contrees ( 2 9.5 ) encore hien nud octnnues el siir les planles ([u\'llcs prodiiisent. Les reconnaissances de M. Schomburgk dans la Guvane nous amenenl naturellement a vous parler dc celles quiontele execul^os dansl'Etal de Venezuela pat M. le colonel Codazzi. En i83o, le congres de eel Llat chaigea cet olficier de lever la carte de ce pays encore bienimparfailementconnu. Ce Iravail aduredix annees enlieres. La lalilude et la longilude de Ions les poinls principaux ont et6 determinees au moyen d'ohservn- tions astronoiniques; les hauleurs des lieux habiles, des plaines, des grandes vallf^es et des soinmols les plus remarquables, ont ele oblenues, les unes par des observations barom^triques , les autres au nioyen d o- perations trigonomctriques. Plusieurs des poinls ainsi determines I'avaient elt^ |)r(^cedeniment , soil par M. de Humboldt, soil par M. Boussingault, et I'accord parfait qui r^gne en general entre les resullats obtenus prouve que le travail de M. Codazzi m^rite la plus grande confiance. Outre cette carte qui est construite sur une echelle assez grande pour que les moindres villages aient pu y trouver place , pour que tous lescbeniins grands et pe- lits y soienl traces, et que le point ou cliaque riviere navigable cesse de porter bateau y soil indique avec precision , M. Codazzi a dresse un alias du meme pays , danslequel des cartes reduilesrepr^scnlentles divisions poliliques du pays a dillorenles e|)oques, dans I'eUd actuel , pendant les guerres de I'lndependancc, sous la domination espagnole , el avant I'arrivee des Euro- peens. Dans cette derniere carte, les fleuves, les mon- tagnes , les provinces, conservent les noms qui leur avaient et(^ imposes par les indigenes. L'einplarement ( '^'■'4 j cle cluujue Uibu aiiiericaine, a la liii dn x\<- siL-clf , y eslsoigneiiseinonl incliqu6, eliine nolalioii parlictilit'ie pcrinel cle reconriallre les pcuplades ([ui luibileiil oii- core leur ancien lerriluire, celles qui se soul (I(!'plac6es oil fondues avec d'aulres, el celles onfin qui out com- pletement disparu. I ne des carles de I'allas esl deslintlio a moiilrer les diileronls bassiiis du s\slenie hydrof^raphiquo de Vern^- zu^la; une aulie iiulique les parlies du pays en cullure, celles qui sont tii prairies, el propres seulemenl ti la nourrilure du b^lail , enfin celles qui sont encore cou- vertes de forels. M. Coda/.zi a jo.nl a ces cartes de nombreux do- cuments qui contiennenl les elements d'uneslalistiqiie comj)l^te du pays. Certes, quoique ce travail ne soil pas un voyage de d^couvertes proprement dil, cepentlant on avail si peu de donni^es exaclos sur la geograj)liie de ce pavs qu'on peul regarder celle exploration comme un des ouvrages les plus importants pour la connaissance du globe; et le talent, le courage rl la j)ers6v6rance avoc lesquels I'auteur I'a poursuivi pendant dix ann^es en litres, lui donnenl des droits inconteslables a la recon- naissance des g^ograplies. Les liiniles septentrionales de I'Am^rique onl (^le encore en 1808 et i83g le theatre de nouvelles rorher- clies el de d^couvertes imporlantes. Df^j'i en iHSj, MM. Dease et Simpson avaient comble la laciine qui existait entre les travaux de Franklin et ceux de Beechey ; continuant leur p6rilleuse enlreprise , ilsvou- lurent, en i838 rejoindre aussi ceux du meme capi- taine Franklin avec les explorations fles capilaines Back et Ross, et resoudre ainsi le problcme de savoir ( ^25 ) si la terre nommee Boolhia ¥6\\\ par Ic capitaine John Ross 6tait on non li^o au continent d'Am^rique. L'an- n6e i838 ne ful pas favorable h nos intr^pides voya- geurs ; repousses par les glaces a pen de distance du cap Turnagain , ce fut par terre seulement que M. Simpson puls'avancer d'une centaine demilles en- viron vers I'E. Mais cette nianiere de voyager ne pou- vait avoir lieu que pendant un petit nombre de jours, car il fallait porter avec soi les bagages, les instru- ments et les vivres pour Taller et pour le retour , aussi au bout de dix jours fut-il obligt^ de rebrousser chemin ; mais le desir d'accomplir la lache qu'ils s'etaient vo- lontairement imposeo, ramena ces voyageurs, en iSSg dans les memes parages; plusheureux cette fois.ilstrou v^rentlamerlibre, laoii I'annee pr^cdidenteils I'avaient travers^esur la glace; aussi purent-ils. apresune naviga- tion p^rilleuse au milieu d'un labyrinthe de petites lies, arriver enfin a la grande riviere du Poisson (ou de Back) , apres avoir pass^ par un cbenal de quolques milles de largeur, qui s^pare le continent d'Amerique de I'ile sur laquelle se trouve le cap F^lix du ca- pitaine Ross, lis prolongerent meme leur exploration au-del,^ de la grande riviere, el apergurent vers le N. des terres qui leur parurent devoir etre la pninle S. de la terre Boolhia Felix; il ne resle done pUis a reconnaitre pour completer la cole N. de I'Amc^- rique, que ce golfe indique par les i'squimaux, et qui doit s'approcher Ir^s pres du fond de la bale Repulse ; c'est celle parlie que le capitaine Back devait explorer on i83() , lorsque les glaces lui en fermerent I'acc^s. Les d^couvertcs de i\lM. Dease et Simpson sonl Iros interessanles ; ils onl recule les l)ornes de nos coiinais- sances et soulev^ un coin du voile qui cache encore a XV. \VI\IL. 2. i5 \ 226 ; notre avide curioslle les terres qui environneni le p6lp arctique. C'est maintenant vers les deux poles que le champ est ouvert pour de nouvelles d^couverles; aussi la so- ci6l6 a-l-elle suivi avec un vif inl^ret les traces de notrt- calibre confrere M. Dumont d'Urville, lorsque, s'elan- 9ant encore une tois dans la carriere , il cherchait a p^netrer aussi au milieu des glaces qui entourenl le pole anlarctique. Je ne viendrai pas vous retracer ici, Messieurs, la route de celle.importanle expedition; ce serait lepe- ter inutilcment ce que cliacun de vous connait. Je vous signalerai seulement que, parti en 1887, M. d'Lr- ville avait d^ja , en i858, fail une premiere tentutive pour pen6trer vers le pole S. Repousse par les glaces , malgre une perseverance infatigable et une hardiesse presque t^m^raire , M. d'Urville ne put parvenir que jusqu'a 64° de latitude sud , mais d^jail avait reconnu dans ces parages glaces 100 milles environ d'une terre nouvelle situ^e a I'E. de la terre de la Trinity, et qui senible elre une pointe avanc6e de ce fameux continent austral , qui , apr5s avoir long-temps figur^ sur nos cartes et en avoir et6 cffac^ par suite de recherches infructueuses, reparait aujourd'hui et ne fail deja presque plus I'objet d'un doute. D^ja, en i832, le ca- pltaine Biscoe, auquel vous avez accords une m^daille, avait apergu sous le cercle polaire la terre Enderby; dej)uis le depart de M. d'Urville, on avait eu connais- sance que le capitaine Baleny avait vu dans les monies latitudes , mais beancoup plus k I'E., de nouvelles iles auxquelles il avait donn^ son nom, ell'apparence d'une terre qu'il nomma Sabrina-land. Depuis encore et a la meme ^poque 011 I' Astrolabe et la Zelee faisaienl ( ^'-^7 ) leur exploration , I'exp^clilion americaine command^e par le capitaine Wilkes visilait ces memes parages et reconnaissait a quelques jours d'intervalle las cotes explorees par M. d'Urville; mais il etait donne a des Francais de mettre les premiers pied a terre sur cette terre a laquelle M. d'Urville a donn6 le nom d'Ad^lie , el d'y deployer le noble pavilion aux trois couleurs; ici aucun doute ne pent plus subsister, des roches de- tachees de cette terre ont 6te rapport^es comme un te- moignage irrecusable du succ^s des travaux de notre intrepide navigaleur. Sans doute ce nouveau pays n'est pasappele a jouer un grand role sur la scene du monde et, sans quelque changement incalculable, il restera long-temps encore enseveli dans une ceinture de glaces inabordables, mais sa d^couverte n'en est pas moins un des faits les plus imporlants de notre epoque. L'exp^dition de M. Dumont d'Urville a en outre 6te signal^e par une masse considerable de travaux dont la geographic aura a s'enrichir. L'exploration d'une partie du d^troit de Magellan, la reconnaissance des iles Viti, Samoa et Salomon , de plusieurs groupes des Carolines, des iles Aukland, d'une partie des cotes del'ile meridionale de la Nouvelle-Zelande, de la Loui- siade dont la jonction avec la Nouvelle-Guinee a 6t6 constatee, et du d^lroit de Torres, formeraient d6ja un ensemble qui, a lui seul , suffirait pour rendre une expedition Ires remarquable , mais il faut encore v ajouter les reconnaissances non moins importantes faites dans I'archipel indien , lelles que celles des lies Banda , Arrou , Ceram , d'une partie des c6tes de Min- danao, de la Nouvelle-Guin^e et de Borneo , dos d^- troils de Banca el de Sincapour; toute cette masse de ( 228 ^ Iravaux forme certainemenl le plus beau resullal qu'une expedition puisse rappoiler. Qu'il ine soil perniis d'ajouler ici, Messieurs, qu'il y avait a bord de I' Astrolabe un ing^nieur hydrographe, M. Vincendon Dumoulin; c'est a lui que M. d'Lrville avait confie le soin des observations physiques el des. reconnaissances sous voiles; il a repondu digneinent a celte marque de confiance , il a su pcrfectlonner les m^l'iodes employees jusqu'a ce jour; c'est a son z6le et a son activile qu'on doit la porlection des tr;ivaux g^ographiques que cetle memorable expedition a rap- porles ; mais quand on a le bonheur d'avoir un com- mandant comme M. dTJrville, toujours empress6 d'al- ler au devant de tout ce qui peut favoriser les Ira- vaux, on sent son Anergic doubl6e, et on Irouve un bonlieur indicible a remplir dignement la tache qui vous est confine. Je vous ai trace rapidement, Messieurs, les princi- paux traits des differenls voyages qui ont 6l6robjel de notre examen ; vous avez pu remarquer que tous ont compris plusieurs ann^es, et que ces travaux sonl tel- leraent lit^s qu'il serait difficile d'assigner ce qui doit etre pour I'ann^e i838, et ce qui doitetre r^serv^ pour I'annee iSSg. Votre commission a done et6 d'avis qu'il fallait dans cette circonstance s'arreter principalement k I'importance des decouvertes; et, apr^s un mur exa- men, elle a cru devoir adjuger le prix k M. Dumont d'Urville, dont le voyage pr6sente a la fois , et la d^- couverte la plus imnortante et la masse de travaux la plus consid(iiable ; mais en meme temps elle croit devoir accorder unemenliontrts honorable a MM. Dease el Simpson pour leurs decouvertes h la cote N. d'Ame- riquc, a M. Schomburgk pour ses explorations de la ( 2 29 ) Guyane, el a M. le colonel Codazzi pour son granri pI important travail dans la republique de V^n^zuela. Signe : Eyries, Jomard , La RemaudiIsrb , Bar. Walckeimaer et Daiissy, rapporteur. Rapport siir le concours relatif au Prix fonde par S. A. R. M''' le due d'Orleans, en faveur dti naviga- teur on dii vojageiir dont les travanx geographiqucs auront procure la decouverte la plus utile h l' agricul- ture, a I' Industrie ou a I'humanite. Messieurs, Plusieurs genres de recompenses et de gloire sont reserves aux voyageurs les plus laborieux et les plus eclair^s. Les uns atlachent leur nom au domaine des sciences el de la g^ographie dont ils ont 6lendu les d^couvertes : fideles observaleurs de la nature , ils en eludient tous les regnes, et s'ils apergoivent quelques objels qui ne soientpas encore compris dans nos col- lections, ils s'appliquent a combler celte lacune el ^ concourir a la richesse de nos museums , de nos me- nageries, de nos jardins botaniques. D'autres voyageurs dirigent vers un but parliculier leurs reclierches et leurs paisibles travaux : frapp^s de Tutilitd de quelques productions elrang^res dont noire Economic rurale , nos manufactures, nos connaissancesbygi^niquespeu- vent lirer avanlage, ils ont en vuc de les multiplier, de les acclimaler sur noire territoire, si le sol ou la temperature le permel; et c'est pour exciter une si louable emulation que S. A. R. M^' le due d'Orleans a fonde un prix de 2,000 fr. pour le navigaleur ou le voyageur dont les travaux geograpbiques auraient pro- ( 2 00 "> cure la decouverle la plus utile a I'agricullure , a i'in- dustrie ou a I'huinanite. La Soci^le de geographic ayant a examiner les Memoires qui peuvent 6tre admis au concours , s'est altach«^e de preference aux voyages accompagnes d'itineraires el d'observations g^ogra- phiques ; el le prix deja propose en 1 836 n'ayant pas die oblenu, le concours a ei6 prolong^ les anndes suivanles. Les termes du programme, sa precision el ses limiles vous indiquent, messieurs, que la Commission chargee de vous rendre compte des travaux qu'elle a dil examiner, n'a pas h vous enlretenir des grandes expeditions, entreprises dans le seul int6rei de la science ou pour reculer les bornes du monde que nous connaissons; vous leuravez reserve un autre prix : il vienl d'etre decerne a un navigaleur illustre, el nous avons ici a nous restreindre a d'autres explorations, donll'uti- lite soil usuelle et directement applicable k nos besoins. Voire Commission , composee de MM. Eyries , Jo- mard et de moi , a d'abord fixe son attention sur les voyages qui onl eu pour but d'acclimater sur notre sol des animauxou des planles exoliques. Aucune question agronomique ne pourrail nous interesser plus vi- vemenl ; elle s'agrandil encore lorsqu'on I'embrasse dans son ensemble, qu'on la considere sous un point de vue eleve, el que Ton suit a Iravers les sifecles la marcbe et les progrds de ces transplantations qui ont change la face de tous les pays. Si nous jelons les yeux autour de nous, el si nous comparons Tetat acluel de notre terriloire a ce qu'il ful dans les temps anciens, quand le sol n'elail cou- verl que de ses produils sponlanes, el quand chaque region se bornait a ses planles indigenes, nous recon- iiiiissons dans la varieic cl la mulliplicile de nos ri- ( ^^^ ) chesses un accroissement qui a contribu6 d'age en Sge au d^veloppemenl de nos ressources. A mesure qu'on a d^frich^ les forels d'une contr6e sauvage, et que les Iravaux de la culture onl rendu s^dentaires les habi- tants que les besoins de la vie avaient souvent forciis a changer de demeures , nous avons obtenu des pays d»!!Ja cultives les plantes alimentaires qui leur 6laient propres ; el les relations commerciales ouvertes entre les differents peuples ont rendu plus faciles et plus fi6- quentes ces acquisitions. L'emprunl des plantes les plus utiles a la vie remonte h des temps assez recules pour qu'on ait perdu la tradition historique de ces Emigrations et qu'on ne reconnaisse plus la patrie ori- ginaire d'un grand nombre de v^g^taux; ils ont passe d'une contr^e a I'autre , et souvent ils y ont el6 ams, d 11 nous paraitraii ( '^l^^^ ) (lij^no d'l'lri' appele a conliniipr tin si liel ouviii^c. L'auleur fait paiiie de volro Commission cenlrale, (4 ce litre ne liii permct pas de prendre part a vos con- coiirs; mais il ne nous defend point de rendre jus- lice a ses Iravaux el de desirer pour lui une auire re- compense. Nous aurions pu , messieurs, reslreindre davanlage I'analyse que nous venons.de vous olFrir, si I'impor- lance du concours ne nousavaitpas fait un devoir de don- nera nos observations quelques developpemenls. L'u- liMledes acclimalalions d'animaux et de plantes (^Irari geres nous a parlicuiierement frappes, et nous avons mis sous vos youx les progres que ces naturalisations ont fails d'age en age , soil dans I'ancien continent lorsque c'etait la seulc partie du globe que nous con- nussions, soil ontre les differentes regions du monde, a mesure qu'il s'est agrandi pour nous. Les Iravaux individuels de quelques voyageurs fran- cais ont ensuile ete rappeles, afin de suivre jusqu'a no s jours I'encliainement de ces colonisations. Tons les travaux des membres de voire Commision cenlrale, el lous ceux qui ctaient anterieurs a I'annee i854, ne pouvaient pas etre admis au concours; mais nous avons sp6cialement remarque parmi tons les aulres ceux de M. Perrotlel, et le developpement qu'il a donne a ses premitVes importations et a ses recherches sur Fagri- culture de nos colonics, qu'il avail deja enrichies de differentes planles des Indes oricntales et occiden- lales. Quelque recommandables que soient les litres de M. Pcrroltet, ce rapport vous a expose les motifs qui empechcnt de le couronner; mais voire Commission le croit digno d'oblonir une menlion IrAs honor.ihle. if). ( 244 ) Elle a ogalemonl penst^ que le concours ouverl sur If sijjct (in Prix londe par S. A. 1\. M^' lo due d'Orleans. (Icvait elre prolonge jusqu'au i" avril i84'^, afin d.' laisser, soil a M. Perrollel, soil aux aulres voyageurs (jiii sei'aienl animes des memos vues , ot qui se trouvo- raionl engages dans quelque cxpedilion loinlaino, le lemps de revenir en France, ol d'enricliii' leur palrie (Ju fruit de leurs recherches. Nous ne nous dissimulons pas combien il est diflicilo de remplir les conditions du programme acluel , ol d'augmenler les ressources agricoles d'un pays fertile, induslrieux ct civilis^. D'autres regions nous ont donnt^ avec une telle profusion leurs arbrcs a fruits, leurs co- rc^alcs, loules leurs plantcs alimenlaires , que les nalu- ralisalions les plus faciles se sont deja r6aliso'es. Ce- pcndant depuis que les possessions de la France se sont «^tendues vers le midi par I'acquisition de I'Alge- rie, nous pouvons esperer d'y elablir aussi ce svsleme do transplantations; el s'il faul altirer surce pays I'al- tenlion des naturalisles etdesagronomes , ne pourrail- on pas y senior le riz des montagnes, dont la culture est plus salubre que cclle des bumides rizieres? N'v trouverait-on pas quelques expositions ou pourraient r(!!ussir la race des lamas el cello des vigognes, que Ton a essaye plusieurs fois de naluraiisor on Espagne, sans donner assez de suite a ces tenlatives, et quisonl encore rel^guesdans les Cordillieres de rAmerique du Sud ? Ne pourrait-on pas aussi tenter racclimatation do I'arbrc a cire de la Louisianc , de I'arbre a suifde la Cbinc, de I'arbre u pain dccouvert par Anson dans i'ile de Tinian, relrouve onsuite dans d'autres regions, (Toil on la liansplantd plus au loin , ol d'ou il est onlin par\(Miti jiisque dans le jardin holaniquo de ( 245 j Cayenne, grace aux premiers Iravaux do M. PciroUel, anlerieurs a I'dpoque du concoui'S acluel? L'dconomie rurale est aujourd'hui si avancee parmi nous, qu'elle peut sans doute recevoir encore de nou- velles applications et multiplier les ricliesses de noire sol. Mais si les importations agricoles meritenl d'etre encouragees, vous vous rappelez, messieurs, que le programme du concours embrasse 6galement les au- tres decouvertes utiles a I'industrie ou a I'liumanit^. Un vaste et libre champ est ouvert aux voyagours ani- mes de I'amour du bien public : il Icur offre en per- spective les conquetes les plus belles et les plus durables: I'opinion generale les approuvo, les benil; et la science appliquee au bonheur des hommes a droit a leur I'e- connaissancc et a leur respect, Signe : Evniics, Jomard et Roux uk RocHiiLLE, rappovtenr. Notice suv id iSlekke et siir les fcinines nuisit/jiiaiws. En i83.5 , J'arrivai a Djedda avec un regiment d'in- tanterie de ligne parti du Kaire pour lenir garnison a la Mekke. Ce fut avec oe regiment que j'enlrai dans la metropole de I'islamisme. Les soldats de Meh(5met-Ali s'etaienl purifies par une ablution complete ; cnvelop- pes d'un long drap blanc appele el hi ram , la tele de- couverle, les pieds nus , le fusil sur I'epaule et le sac au dos, ils defil(^rent par pelotons devant la mosqu^e, au milieu de laquelle s'eleve le temple bali par le lils d'Agliar. Les tambours ballirent aux champs, les sol- dats porlerent les armcs, et c'etail un spectacle inipo- sanl el curieux que ccs musulmaus, sans autre vete- ( -Mo ) infill que leui \uile , n'a\anl pour coillme qu uiie iii^cht; lie cheveux lombanl sur leurs epaules cuinnio 1 a crinicru d'un casque, fuleles, dans I'accoinplisse- nicnl (Jo coUo antique ceremonie, a leurs Iradiliuns ol i'l l;i discipline dc leurs innovations militaires. La Mekke tsl a j5 lieues a I'E. de Djedda, au lond dune vallee sablonneuse, sise cnlre deux ramilicalious dc la grande chaine de montagnes qui longe du N. au S. le lilloral de la iner llouge. Les liaules collines au pied desquolles la ville est balie fornient une sorle de rldeau brun qui ne s'enlr'ouvre qu'au moment oil Ion penelre dans la cite sainte. En suivant la rue principale , on voit tout d'abord une citadelle con- strulte sur un mamelon du rameau meridional et com- mandant a la fois la ville el la route de Djedda. Ln petit tort qui domine la route de Taif complete le sysleme de defense de la Mekke. Les maisons sont toules en pierrcs de laille; elles onl Irois ou quatre etages et dc nombreuses croisees dont les jalousies elegantes sonl dccoupees en arabesques. Les portes ont des piliers d'une elevation remarquable, couronnes d'une ogive el accompagnes dans lous leurs mouvemenls par une succession de lignes de diverses couleurs comparables a un arc-en-ciel. Un canal apporle a la ville les eaux dt^licieuses d'une source qui est au-dela du nionl Arafa a Djebel-Kara. II portc le nom de Zobd'ide , limme de llaroun cl-Raschid. Sa longueur totale est de huil lieues. Cbaque annee , lorsqn'un orage d'hivcr inonde toul-a couple lerritoire sacre , un torrent tra- verse la ville et se fait un lit de la rue principale. La mosquee consiste en une vaste cour rcctangu- laire iormee j)ar qualrc galcries ;'i Irois rarjgs de co- lonnes, relioes par dcs arccaux , vccouMrtcs dc polilo)- ( 247 ) coupoles et eclairees la nuit par des lainpes en verre. Les murs, les arcades et les sept minarets de la mosquetj sont points en couleurs vives; partout I'cbII rencontre des bandes jaunes , rouges et bleues, et des colonnes en marbre dont le nombre s'eleve a plus de 5oo.Au centre de la cour est la Raaba, que les Arabes appellant aussi Ret-Allah ou maison de Dieu. Get edifice a lo me- tres de long et de large environ sur i5 mfetres d'6le- valion. On y penetre par una seule ouvcrture pratiqu^e a hauteur d'homme dans ie mur qui regarde I'orient et tenue presque toujours fermee par une porte riche- ment orn(^e. A trois ^poques solennelles un escalier en bois s'adaple a cette ouverlure et permet aux fideles I'entree du sanctuaire, vers lequel des dilT^rents points du globe ils sont obliges de diriger leurs pritjres. La toilure en est plate et soutenue par Irois piliers en bois; les murs, recouverls de marbre dans leur par tie infi^rieure , sont tendus d'une riclie ^toffe de sole rouge. La, les lideles prient en se tournant successi- vement vei's les quatre cotes. La Kaaba lout entiere est revetue a I'exterieur d'une sorte de manteau noir en soie qui forme a I'ouverturc un rideau broclie en or. Cbaquc anneo cette robe est renouvel^e; celle qu'on enleva est partagee en lambeaux et vendue aux pele- rins. A Tangle S.-E. est placee dans le mur du temple la fameuse pierre noire polie par les baisers de tant de generations de croyanls. En face de la porte de la Kaaba est le puils de Zem- zem, dont I'eau depuis Aghar iusqu'c\ nos jours n'a pas cessc d'etre mlraculeuse. Aussi les Musulmans ne manquent jamais d'en emporter avec eux au retour de leur pelerinage. L'hiram qui a servi pendant les cere- monies religieuscs est trcnipe dans I'oau de Zenuom , ( «48 ) ft c'esl avec cc drap que la depouille du vrai croyaul sera depos^e dans la terre. Ceux qui veulenl se jurer une amitid on un amour inviolable remplissenl une coupe de cellc eau sainle et y portent leurs Ifevres en uienie lemps. La barbe, qui est veneree cliez les Mu- sulmans et sur laquoUe ils jurent comme nous sur I'honncur, la baibe qui a m baignee dans I'cau de Zenizcm alleint alors le siinimum de la vencralion. Aux jours dc ian)adan , jours de jcQne et d'abslincncc, les fidcles, assis sur les dalles de la mosqut^e, atten- dcnl I'heurc du magreb pour se desallerer a celte source; car leur priere sera agreable a Dieu, leurs mauvaises actions seront effacees du grand livre. Le musee d'hisloirc nalurelle possede une cruclic d'eau dc Zemzem que je fis puiscr sous nies yeux el que je remis a M. Botta. Dans plusieurs malsons de la Mekkc il y a dcs puils donl I'eau , scion Ali-bey, est de la meme nature el provicnt de la meme source que celle de Zomzem. D'ou il resulte, dit ce celebrc voyageur avec raflecta- iion de la naivete musulmane , que ces puils n'ont pas la verlu d'attircr la benediction cl la grace divine comme le puits miraculeux. Tons ces puils sont alimenles par des courants sou- terrains; car dans les vallees ile I'Arabie , bicn plus arides quo la plaine de GrencUe , les eaux qui s"infil- Irenl a travers les sables se lonl un lit des couches graniliques du sol. I>a population de la Mckke esl de 25,ooo ainos, mais elle seleve a 80,000 a l'ej)oquo du pelerinage, (jui met en contact les peuples de I'Oriont el de I'Occidenl. Alors, compie Ic dit M. de Larenaudierc, « les llindous, les Malais musulmans, les Cachemiriens, les liominos ( 24y ) de Boukhara el de Samaixande, de la Tarlarie , de la Perse , des cotes de Melinde , de Monba/.e et de lous les points de I'Arabie se trouvent en rapport avec les peu- ples de I'Afrique, septentrionale et inl^rieure, avec les Turcs , les Syriens, les Albanais , et meme avec les Grecs el les Arnieniens qui se melent partout. » Comme un grand fleuve qui a la fin de sa course depose des terrains d'alluvion , le pelerinage laisse a la Mekke quelques etrangers qui pr^ferent la villo sainle a leur patrie ou qui ont ele relenus par la mi- s^re. Le Mckkois a une figure pleine d'expression et des traits d'une regularite remarquable; son teint est le- gerenient basan6; ses yeux sont noirs et ardents; sa demarche est accompagneed'un balancement preten- tieux; ses picds nus, d'une proprele extreme, ne chaussent que des babouches ou des sandales. La re- forme du costume ne s'esl pas encore introduite en Arabic : un calecon de toile , un caftan de mousse- line , une ceinlure , et par-dessus un autre caftan de drap , completent riiabillement. Surla tele est une ca- lotte brodee et tout aulour un chaleblanc, bien plie et roule obliquement, formant ainsi des echelons a droite et a gauche. Un leger tapis qui sert a falre la prierc est souvenl jete sur une cpaule, c'est une mode en usage parmi les gens devols par ostenta- tion , et Dieu sail combien il y en a a la Mekke! Sur les joues des habitants on voit deux ou trois cicatrices verlicalos qui sont loin dembellir leur figure. On pre- tend qu'avant cet usage les polerins avaient sou vent vole des enfanls pour les vendre ensuite ou les garder comme esclaves; aujourd'hui les Mckkois portent un signe qui les fail reconnaitrc. ( 200 ) Les lemuies placunl sur leur l6lo uii drap bleu laye qui descend jusqu'aux lalons et cnveloppe lout le corps. Que ce vode tombe , et alors la femme ap- parait gracieuse, avec ses formes svelles el delicales, que fait ressortir I'ampleur d'un pantalon , attache au- dessous de la ceinture el se dcssinanl a largcs plis. Son scin se montrc au-dessus d'un corset ecbancro r» travers le lissu transparent d'une chemise dont la blanchcur contrasle avec le teint chaud ot anime deces filles d'Orienl , a qui il ne manque, pour meriler la reputation qu'on leur fait d'etre aimantes et passion- necs, que Testinie des houimos et le sentiment de leur propre dignite. Les femmes musulmancs ne vont pas generaleraent dans les mosquees, non qu'ellcs aient ete jugees indi- gnes d'y penetrer, mais uniquement pour ne pas se Irouver au milieu de la foule qui, surtout le vendredi, se presse dans le temple aux heures de la priere. A la Mekke , dont la mosquee est vaste , on voit les femmes qui se placent toutes du meme cote devant la Kaaba , el les cunuquosqui veillenl sur ellcs, afin que dans leurs rangs ne se glisse pas quelque amanl lemeraire. Ces femmes voilees baissent leur front Jusqu'a tcrre ; elles prennent una posture humble commc le role qu'ellcs jouenl en Orient. Les femmes musulmanes n'ont d'autre souci que celui de plaire , moins par les charmes de leur ospril que par les graces de leur beaute ; car cc n'esl quo par les sens qu'ellcs peuvent exercer quelque influence sur leurs ^poux et leurs mailrcs. Aussi ont-eiles recours a une foule d'arlitices : du noir melallique accuse for- lemenl el agrandit Tare des sourcils; le bord des pau- pieres, aussi point en noir, usage qui remonte a la ( i^Si ) plushaule antiquile, ole au regard de sa pudeur, rend les yeux plus brilianis et leur donne une allrayanle t^nergie. La paume des mains et la planle des pieds sont rougies par les feuilles du henne [Lawsoiiia iner-mis des bolanisles). Les femmes etendent en outre quelques atomes de muse sur leur gorge et ecrasent sous leurs dents des parfums qui semblent s'echapper de leurs levres. Qu'on ne cherclie point dans les appartemenls qu'elles occupent ces meubles somptueux quin'appar- liennenl qu'au luxe de i'Europe; rien n'en fait I'orne- ment que I'eld'gance des arabesques ; tout aulour r^gne un divan ; le pied ne s'y pose que sur des tapis ; des ja- lousies les dt^fendent contre les rayons du soleil el les regards indiscrets; el I'eau , ce nectar des climats chauds , y occupe sa place dans des vases d'une po- terie legire et poreuse. C'esl dans ces appartemenls, embaumes de la fumee de I'encens et du bois d'aloes, que setiennenl les femmes dans un neglige voluptueux. Dans ce boudoir, elles allendent leur epoux, qu'ex- citent les aspirations frequentes du long tchebouk et la liqueur de Moka. iNul bomme n'y p^netre, excepts les eunuques, qui ontle trisle privilege de vivre aupres des femmes pour les servir, veiller a leur conduile et infliger les punitions. Tel est le bareni , ou lieu de- fendu et sacre. II est comme la mosquee de la Mekke , qu'on appelle aussi El-Hniam , et ou Ton voit la Kaaba voil^e et gardee par des eunuques. Le harem est respecle comme la propriety d'autrui. Celui qui enlre dans une maison ou il y a des femmes so fait annoncer par les domesliques qu'il rencontre a la porte; sinon, il appelle lui-meme le maitre, monle lenlemont les escaliors , et fail assez de bruit pour que Ics fejnmes qui sont sur son passage puissent sc retirer. ( 20 2 ) II repelc plusieurs lois le mot persan dastoitr, qui signi- lie permission. Los Espagnols qui onl conserve beau- coup d'habitudes mauresques discnl en pareille cir- conslance : yivc Maria. Le niusulman qui, nialgre loules CCS precautions, rencontre une femme , baisse les yeux, passe outre ou se retire. S'il lui parle ce n'cst que lorsqu'il ne I'apercoit plus. Les femmes ne sonl pas seulement la propriele , elles sont le luxe des vrais croyanls. Tout riclie musul- nian a des chevaux pur sang, des armes magnifiqucs, de belles pipes , des esclaves et des fommes. Le chel" des eunuques lui-meme ne se dispense pas d'entrelcnir a grands frais un harem. Copendanl les fidtlcs ne peu- vent avoir plus de quatre femmes; lis doivent nieme restreindre ce nombre , si leur position ne leur permet pas de les faire vivrc convenablement. II est vrai que le Goran, lout en limitant le nombre des I'emmes legiti- mes, ne fixe pas celui des esclaves. Les jeunes personnes sont elevees dans le harem de leurs meres, d'oii ellcs ne sortent que pour cnti-er dans cclui de I'epoux qu'on leur a choisi ; elles appor- tent en so mariant leur trousseau el une parlie du me- nage qui reslent toujoursleur propri^te. Elles rccoivenl de leur epoux des cadeaux et une dot plus ou moins considerable. Le jeune homme ne verra pour la pre- miere fois sa fomme que dans la couche nuplialc. Aussi la I'raude se glisse-t-elle quelquefois dans ces ma- riagcs , surlout lorsqu'une mi;re ou quelque parenlc in- leress6e n'est pas la pour faire un choix convenable. On conceit quel doit elre le desappoinloment de celui s d'une aulre Abyssinienne qui, plus heureuse qu'elle , avail pour mari un vieux rendgat, digne homme qui faisail "hon menage, nialgre I'humeur fanlasque de sa noire moili6. Pour finir en quclqucs mots I'hisloire de Bahr-Ez- zein, je dirai qu'elle conlracla un second mariage , qu'elle divorca deux mois apres, qu'elle eul encore un Iroisieme mari , sans jamais relrouver un Ali-El'fendi ; el qu'enlin elle mourut jeune , comme la pluparl des Abyssinionnes qui s'eliolent loin de leur pays, regreU lanl peu la vie, ou plutol la quillant avec la douleur d'une femme qui , apr^s avoir r6ve le bonheur, ne fait que marcber de cbule en chute vers la tombe. Telle est en Orient la position des femmes. Toulefois, mon butn'estpas de ("aire la critique du legislaleur arabc. Tout ce qui de son temps t^tait possible en fa- veur des femmns il I'a fait, malgre los prd'juges et les habitudes dos Arabes. S'il a laisse peser sur elles I'au- torit^ de riiommc , s'il n'a pas aboli la polygamie , il a du moins restreinl le nombre des femmes legiti- mes, il les a souslraites a la malveillance de I'oplnion publique et aux emporlemenls de la jalousie. Voyez comme sa sollicilude eclate dans ccs passages du Coran : « Ceux qui accuseronl d'adull^re une femme ver- lueuse, sans pouvoir produire qualre tdmoins, seionl punis do qualro-vingis coups de fouct. "Ceux qui accuseronl leurs fcinmes el qui n'auronl 1 '2,57 ) d'aulres l^moins a prodiiire qu'eux-inemes , jureron qualre fois devant Dieu qu'ils disent la verity ; ))El la cinqui^me fois pour invoquer la malediction de Dieu sur eux s'ili: ont menti. » On n'infligera aucune peine a la femme , si elle jure qualre fois devanl Dieu que son mari a menti; » Et la cinqui^me fois, en invoquant la maledic- tion de Dieu sur clie , si ce que le mari a avance est vrai. » Relalivemenl a I'accusation port6e conlre Aiecha , sa femme bien-aimee, le proph^le ajoute : « Ceux qui accusentles femmesvertueuses qui, fortes de leur conscience, ne s'inquietent pas des apparen- ces, ceux la seront maudits dans ce monde et dans I'autre ; ils 6prouveront un chatiment terrible ! »Un jour leur langue , leurs mains et leurs pieds l^moigneront contre eux. » On a souvent accuse Mahomed de n'avoir point fait de part aux femmes dans la distribution des recom- penses eternelles. Voici son langage meme : « Le Proph^te aime les croyants plus qu'ils ne s'ai- ment eux-memes. Ses femmes ;-ont leurs meres. dNous reservons une belle part au paradis Micelles qui pratiqueront la vertu. » Les hommes el les femmes qui se r^signenl , les personnes pieuses des deux sexes qui supporlent lout avec patience, les hommes et les femmes qui font I'aumone , qui observent le jeiine , les personnes chas- tes des deux sexes, les liommes et les femmes qui se souviennenl de Dieu a tout moment, tous oblien- dronl le pardon de Dieu et une r^^compcnse gdne- reuse. » Si j'avais voulu faire la po^sie du harem , j'auruis XV. AViuL. 4- 17 ( -^58 ] dil avec M. Jacques Cognal (Encjclopedie des gens dii inonde, article Harem ) : « N'est-ce pas un culte rendu a la heaule que loutes ces precautions dont on I'entoure? n'esl-ce pas lui r6- v6ler sa puissance ? n'est ce pas lui dire que son em- pire est irresistible, qu'il lui suffitdcse montrcrpour charmer ot pour seduire? n'est-ce pas la regarder comme une divinity qu'on est oblige d'adorer des qu'on I'a vue ? Le harem devient un sanctuaire enrichi des tr^sors de I'arl, oil Ton briile des parfums aux pieds de la beauts. Comme nos basiliques du moyen age, il jouit du droit d'asile. Le malheuroux poursuivi par la rigueur des lois est sauv6 , s'il parvient a fran- chir la porte d'un harem en implorant la protection des femmes. Au ciel , la m^re de J^sus est le re- fuge des prehears; les odalisques la remplacent sur la terre. » Malgr6 le culle de la beaute et les prerogatives du harem, peu de femmes d'Europe, a ce que je suppose, scraient tentees d ^changer leur destin^e contra celle de leur sexe sous la loi de Mahomet. J'ai vu au Caire une Francaisc qui s'elait laissde se- duire par I'amour d'un Arabe envoy^ a I'ecole ^gyp- lienne de Paris. Peut-6tre aussi son imagination avait- elle embelli I'Orient de toutes les merveilles que nous racontentles Mille et une Nuits. Arriv^e sur cellc terre de prestiges, elle trouva la reality au fond d'un harem, dans le(]uel elle fut enfermee apres avoir embrass^ la reUgion du Proph6te. Elle (Jtait mere, elle aimait; elle se resigna a son sort. D6s ce moment ses yeox n'eurent plus a se reposer que sur les murs de son ap- parlement et la face de son mari. Lorsqu'elle devait sorlir pour idler au bain . on pour (aire une visitc dans ( 2^9 ) nil aulre harem, la giiselte parisienne etall hiss6e sur iin ane , el deux fiddles serviteurs places I'un k sa droile I'autre a sa gauche la conduisaient sans jamais la quit- ter, tandis que ses yei:x elaient voiles par le drap noir qui la couvrail en enlier et retomhait sur son visage. Je puis affirnier que hien souvent elle a regrelt6sa pa- trie, car son amour n'a pu lui faire corapl^lemeot oublier le sacrifice de sa liberie. Prax. PROGRAMME DKS !• H I \ PKOPOSKS K ^ 1841. I. PRIX ANNUEL I'ODR LA DiCOUVERTIi LA PLUS IMPOHTANTK E> ciOGRAPHIB. La Soci^te oflVe sa grande medaille d'or au voyageur qui aura fait, en geographic, pendant le cours de I'an n6e 1839, la decouverte jug^e la plus imporlante parmi celles dont la Soci^te aura eu connaissance ; il recevia, en outre, le litre de Correspondanl perpe- tuel , s'il est stranger, ou celui de Membre , s'il est Frangais, el il jouira de lous les avantages qui sont attaches a ces litres. A d^faul de d^couvertes de celte espece , des me- dailles d'argent ou de bronze seront d^cern^es aux voyageurs qui auront adress6 pendant le meme temps a la Socidite les notions ou les communicalions les plus neuves et les plus utiles au progrds de la science. lis seront port^s de droit, s'ils sont strangers, sur la lisle des candidats, pour les places de correspondanl. ( -2 60 \ 11. PRIX KOiNDK PAH S. A. H. M"' LE DUG u'oRLiANii. Mednille dor de la valeiir de 2,000 /nines. S. A. R. Inducd'Orl^ans offre un prix de deux millo francs an navigateiir ou an voyageur donl les travaux geographiques auront piocur^, dans le cours des an- n^es 1841 ol 1842, la ddcouverte la plus utile a I'agri- culture, arinduslrieouariiumanil^. S. A. R. ayantbieu voulu charger la Sooiete de geographic de decerner ce prix, la Soci6t6 s'attachera de preference aux voyages accompagn^s d'ilineraires exacts ou (i 'observations geographiques. iMVELLEMENTS BAROMli TRIQl ES. Dcu.v niedailles dor de la valenr de 1 00 Jrancs chacanc^ Deux medailles d'encouragement sont ol'fertes aux auleurs des nivellemenls barometriques les plus eten- lus el les plus exacts faits sur les lignes de parlage des eaux des grands bassins de la France. Ces medailles , de la valeur de cent francs chacune , scront decero^es dans la preraifere assembl^e gen^rale annuflle de 1842. Les memoires et profils, accornpagnes des cotes el des elements des calculs , devronletre deposds au bu- reau de la Commission centrale, au plus tard,le3i de cembie i84i. Les fonds de ces deux medailles out ete fails par M. Perrot , membre de la Soci^le. ( ifi' ) DEIJXIEME SECTION. Actes de la Societea EXTRAIT DFS PROC.F.S-VHRP.Ar X DPS SEANCES. PRi:SlDKNCK DE M. DAUSSV, Seance du 19 vrnrx 1841. M. I'intendant-gen6ral de la lisle civile adresse a la Society, au nom du Roi , le 6*" volume de la Descriplion des galeries historiques de Versailles. M. de Barboza, secretaire perpetuel de I'lnstitut his- lorique et geographi(jue du Bresil , ecril a M. le Pr<^- sident pour le teliciler des relations qui viennent do s'^tablir eulre les deux Socieles. II le remercie de Teii- voi de la a' serie du Bulletin , et exprime le desir de poss6der la V serie de ce Recueil, quoiqu'elle soil in- complete. M. de Barboza transmet a la Sociele. au nom de I'lnstitut hislorique, les sept premiers cahiers de sa Revue Irimestrielle et la i'* livraison de ses M^- moires. M. le vicomte de Santarem appelle Tattenlion de la Society sur les documents contenus dans ces deux in- t^ressantes publications. M. Rummer, de Berlin, fail hommage a la Soci(^l«i de trois cartes- reliefs dc I'Europe et de I'Amf^rique ; il ( 262 ) deniamle I'examen ile ces carles, el solliciU- le suf- frage de la Soci^te de Paris, ayanl d^ja oblenu celiii des savanls allemands, anglais , etc. M. Jomard rappelle a celte occasion les nombreux Iravaux de celle nature dcja ex6cut^s par M. Rummer, etil cile enlre aulres sa belle carte-relief de la France. MM. Jomard et de Laroquelle sont charges de faii e un rapport h la Societe sur ces divers Iravaux. M. Alberl-Montemont depose sur ie bureau , pour elre dislribu6s aux membres presents, plusieurs exem- plaires d'une ode a M. I'amiral Durnonl d'Lrville sur sa nouvelle expdidition dans le Grand-0c6an. M. Jomard ofiVe a la Societe, de la part de M. le comle Garberg Hemso, un compte-rondu de la tra- duction franq-aise de I'ouvrage de M. de Lowchine sur les Kirghis-Kazaks. M. d'Avezac annonce que M. le capilaine John Wa shiiigton , ancien secretaire de la Society royale g6o- graphique de Londres, vient de prendre le comman- dement d'une expedition pour les mers du Nord. M. d'Eichllial lit une Notice sur la direction de I'^mi- gralion des peuples de la Polyn^sie. M. Jomard lit une Notice gt^ographique sur le Yuca- tan , qui lui a et6 adressde pour la Society par M, Vi. Lavallee, vice-consul de France h la Havane. M. le D' Benet , ancien medecin du roi de Lahore , lit plusieurs fragments d'un Meinoire qu'il va |)ul)lier sur I'oiigine, les moeurs el la puissance des Sicks. As.seinhU'e gcnerale dn i (n'ril i 84 i ■ La Society de geographie a lenu sa premiere assem- blee generale de i84i , le -i avril, dans une dessallcs de ril6l('l-de-\ ille, sous la presidence de M. le baroii de Las CiKies , menibre dc la (;iiauibrc d^s l<^|)nlL^s. ( 2(i3 ) M. le Presideiil ouvre la seance par un disoonrs sur I'unporlance des sciences geograpliiques el sur les el- torts g^nereux que fait la Soci^le pour en hater les prog res. M. Daussy , au iioin d'une Ciommission speciale , fait un rapport sur le concours relatif au prix annuel ])oui' la decouverle la plus importanle en g^ographie. D'apres les conclusions de ce rapport, la Society de- cerne sa grande uiedaille d'or a M. le conlre-auiiral Duniont d'Lrville pour sa decouverle des lerres Louis- Philippe et Adelie ; son voyage pr^sente a la fois la de- couverle la plus importanle et la masse dc Iravaux la plus considerable. La Societe accorde aussi des men- lions tr^s honorables a MM. Dease el Simpson pour U'urs decouverles a la cote nord d'Amerique , a M. Schomburgk pour ses explorations dansla Guyana, et a M. le colonelCloda/zi pour son grand el important travail dans la republique de Venezuela. M. Roux de Rochelle , au nom d'une seconde Com- mission , fait un rapport sur le concours relatif au prix fonde par S. A. R. M^, le due il'Orl^ans en faveur du navigateur ou du voyageur donl les Iravaux g^ographi- ques auront procure la decouverle la plus utile a I'agri- cullure, a Tinduslrie ou a I'humanitd!, D'apres les con- clusions de ce rapport, il est accords a M. Perrottel une mention Ires honorable pour la continuation de ses Iravaux sur ragriculture des colonies, el pour les utiles importations (ju'il y a faites. M. d'Avezac lit quelques fragments dune Notice sui' le pays el le peuple de \ebou, en Afri(jue. M. Prax , voyageur arriv^ recemmenl de I'Araijie, ill une Notice sur la iMekkc d sur les lemmes musul- niiines. ( 2G4 ) • L'assembl^e proc^de an renouvelleineiil ties Vli'in- bres de son Bureau pour I'ann^e i84«, et elle nomine au scrulin : M. Villemain , pair de France , mi- nislrede I'inslruclion publiqup. f M. le baron ^VaIckonaer. meml)re de ' rinslitut, ' M. lo contre-am. Duinonl d'l rville, ( M. Ternaux-C'ompans , ( M. Firmin Didol. M. d'Avezac. President. Vice-Presid" Scrulaleurs. Secretaire, Seance t/u iG ai'ri/ iS^i Le proc^s-verbal de la derni^re seance est In pI adopts ; aprds cette lecture, M. de Santarem annonce que Ton. vient de decouvrir a Porto le Ms. in-4° de I'ouvrage intitule : Tratado dos Reinos de Giiine i Cabo- Verde, Trail*!! des royaumes de Guinee et cap Vert, par Andre Alvares, natif du cap Vert, et capitaine dans ce pays au xvi* si6cle. M. Villemain, ministre de I'instruction pul)lique , ecrit a la Societ*^ qu'il accepte avec empressement le litre de President qu'elle lui a confer^ dans sa stance generale. M. le minislre l^moigne en m6me temps a la Societe ses remerciements et sa vive sollicitude pour ses travaux. M. Daussy , president de la Commission ccntrale , annonce que les membres du Bureau ont t^te re^us par M. le ministre, et que S. Ex. a bien voulu s'enletenir avec eux des moyens de donner une nouvelle impul- sion aux travaux de la Society. M. le President ajoute que M. If' rnnlre-amiral Du- ( y()o ) inonl crUrville , auquel il a reinis la ni^claille d'or de la Soci^te, I'a charge de t^moigncr ses vifs remercie- menls a la Commission centrale. M. Bei'tlielot communique quelques details sur I'ex- pedition anglaise au pole austral. 11 annonce que d'a- pi OS une leltre de M. le piofesseur Kookcr d'Edimbourg on avail regu en Anglolorre la facheuse nouvelle do la perte d'un navire du commerce , porteur de tous les rapports relatifs aux travaux scienlifiques de I'expedi- tion polaire, et qui avaient ete reinis au capitaine de ce navire par le commandant des doux bailments ex- peditionnaires. M. Noel Desvergers oflVe a la Societe son Histoire do I'Afrique sous la dynaslie des Aghlabites, et de la Sicilo sous la domination musulmane , d'apres le texle arabe ' d'Ebn-Khaldoun , accompagne d'une traduction fran- caise et de notes. M. Daussy annonce que M. Delamai"cho , membro de la Societe, est attache comme ingenieur hydrogra- phe de la marine a I'expedition de I'Erigone , qui va se rendre dans les mers de Chine. M. Delamarche so propose d'enlretenir des relations avec la Societe, et do lui communiquer des renseignemenls sur los parages qu'il visitera durant sa navigation. M. de Laroquette so proposait de fairo quelquos ob- servations a M. d'Avezac sur les diverses communica- tions qu'il a faites a la Soci^td; relatlvemont au pays el au peuplo deYebou; mais d'apres les explications qui lui sont donnees, il annonce qu'il attondra la publication de la Notice que prepare M. d'Avezac, pour donner suite ci ses observations. M. d'Avezac lit quelques fragments d'lni Momoiro sur los ilos d'Afrique. ( 266 ) MKMBRF. ADMIS UANS LA SOCI^T&. Seance generale du 2 (wril. M. Vii.LESiAiN, pair de France, rninislre de I'ln- slruclion publique. OUVRAGES OFFERTS A LA SOClferfc. Seance clu 5 mars 1 84 1 ■ Vav V Acadeniie royale des sciences de Berlin : Ab- liandlungen der Konig. Akad. der Wissenschaften 7,u Berlin (i832, 3" et 4' parties, et i838), in-4". — Be- richt nber die zur Bekanntmachung geeigneten ver- handlungen der Konig. Preus. Akad. (juillet i83(j a juin 1840), in-8. — Par r Academic royale des sciences de Turin : Memorie della reale Academia delle scienze di Torino , seria ?econda, lomo II, in-4. — I'nr la So- ciete americaine des Antiquaires : Archcologia ameri- cana. Transactions and collections of the american Antiq. Society , vol. 1-2 , in-8. — Catalogue of books in the library of the american Antiquarian Society, 1 vol, in-8. Seance dn \C) mars i84i. Par M, I' intcndant- general de la liste civile : Galeries bistoriques du palais de Versailles, tome VI , in-8. — Par M. hummer: Carles - reliefs de I'Europe el de I'Amf^rique , 4 feuilles. — Par I'lnstitut histnrique el geographique du Bresil : Revisla Irimensal d^ istoria e geographia , n"' 1 a 7, in-8. — Memorias do Instiluto bislorico e geographico Brasileiro, 1" liv., in-8.— Es- talulos do Instiluto , in-8. — ParM, leconite Griibergdc Heniso : Descri/ione delle orde e delle steppe dei Kirg- liizi kniaki, olr.. dal signer A. Lewchinc (analyse de ( sG; ) eel ouvragf) , in-8. — Paj- V Academic i-oycile dcs scien- ces deR ouen : Precis analylique de ses Iravnux pour 1840, 1 vol. in-8. — Par M. Jlbert-Montenwnt : A M. le contre-amiral rl'Urville sui'S anouvelle expedition dans !e Grand Oc6an. Ode lue an Caveao, le h mars 184 1 . Seance generale dii 2 ami 1S41. Par M. le niinistre des affaires etrangeres : Vo\ages ])illoresques et romantiques dans I'ancienne France , par MM. Taylor, Nodier et Cailleux. Languedoc, iSTa iSy' livraison — Picardie, 54'' a 66" livraison. — Par M. le niinistre de P Instruction pubiiciue : Voyage en Orient, par M. Leon de Laborde , ly* a 9.4 livraison. — Voya- ges dans I'Amerique m^ridionale, par M. d'Orbigny, 47' ^ 5 1' livraison. — ParM. le cointe Deniidoff: Voyage dans la Russie meridionale, iS" et i4' livraisons. — Par M. le colonel Codazzi : Mappa fisico y politico de la re- publica de Venezuela, 2 feuilles. — Par M. Vivien: Journal d'unc residence en Circassie pendant les an- nees 1837, i838 et iS^g , par J.-S. Bell; traduit de I'anglais , augmente d'une introduction historique ot g^ographique et de notes, par L. Vivien. 2 vol. in-8. — Par la Societe royale de Londres : Philosophical Transactions for the year 1840, i" et 2-^ parties. — Proceedings of the Royal Society, n^s k^i ^ et 44- — The Royal Society, 00 novembre 1840. Seance da 1 6 avril \ol^\. Par M. Noel Desvergers : Histoire de I'Afrique sous la dynastie des Aghlabites, et de la Sicile sous la do- mination musulmane, texte arabe d'Ebn Khaldoun, ac- compagn^ d'une traduction fran^aise et de notes, par A. Noel Desvergers, i vol. in-8. — Par l' /Icailemir ( .08 ) ii>Y" 87 ( mars 1 8; 1 . i'age ib'i . lii;uts 4,5, Maroiii : lisez Maroiii. 1*17, 10, 11 el al. Wii.^^ . WopisUw ; lisi'z Wnvslaw. — 20, Mi'sie; /isez M- t\a. — ^.l, Joiissiliis ; lisez JuU|>aii( BULLliT[N Uli L\ SOCIETE DE GEOGRAPHIE MAI l84l. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTHAITS, ANALYSES EX RAPPORTS. CONSID^IRATIONS cfeOGR APHIQUES ET COMMERCIALES SUr Ic golfe Jrabique, le pays iV Adel et le royaaine de C/ioa (Abyssinie m^ridionale ), pa/- M. C. F. X. Rochet d'Hericourt , n/einbre titalaire de V Academie des sciences et beaux-arts de Florence , membre corres- pondaiit de la Societe royale de medecine de Mar- seille. Lorsque je partis du Raire, le 22 fevrier iSSg.pour me rendre en Abyssinie, mon intention ^tait de tra- verser I'Afrique cenlrale en suivant une direction pa- rallfele a I'^quateur; je comptais prendre pour point (le depart I'un des ports du royaume d'Adel sur I'O- c^an Indien , et deboucher par la Guinee inf^rieure sur la cote de I'oc^an Allantique. II suffit pour carac- t^riser I'importance d'une pareille enlreprise et pour en indiquer tout I'inleret scientifique de dire qu'elle XV. MAI. 1. 18 ( «7o ) n'a ele encore ni congue ni teniae. Reduil a mes scules lorces, ne possedant qu'un fort pclit nomhre H'ii^stru- menls, n'etant pas familiarise avec beaucoup de con- naissances qui devaient me faire. esp^rer de recueillir d'amples moissons dans une expedition comme la raienne , je ne me dissimulais pas que mon voyage nc j)ourrait otlrir du premier coup a la science des r^sul- lalscomplels el universels; je crus neanmoins que s'il elait men6 a bonne fin, il lui serait suflisamment utile, ne fit-il que frayer une route aux investigations euro- peennes a travers un continent vasle el inconnu , et dechirer le voile mystcirieux qui le couvre. A coup sin- la geographic y devait beaucoup gagnor, el j'esperais que mes connaissances en geologic n'y seraient pas sans profit pour la magnifique etude qui analyse dans ses elements la composition de la surface tcrrestre , et decouvre les revolutions qu'elle a subies. Cependant il ne m'a pas ete permis de realiser mon projet a la premiere tentative; j'ai descendu la mcr Rouge dans loute sa longueur; sorli du detroit de Bab-el-Mandel , j'ai aborde au royaume d'Adcl que j'ai traverse du nord-est au sudouest; puis, jesuisen- tre dans le royaume de Choa (Abyssinie meridionalc). Le souverain de cetle contree m'ayanl rolonu aupres de lui , a cause des divers services que je lui avais rcn- dus , je I'ai traversee a sa suite dans ses deux dimen- sions. Frappe des clioses importautos que j'y ai re- marquees , j'ai pense qu'avantde me lancer dans une entreprisc perilleuse, dont Tissue est environn^c de tanl dedoules, il etail peul-etre de mon devoir d'appe- ler rattention de la science et de mon pays sur une contree aussi imporlante que le royaume de Choa; j'es- perais d'aillours qu'un nouveau sejour on Europe, el (les eulrolicns avoc les hommes (jui imprimenl aii\ sciences leur impulsion, me fourniraienl de plus grandes lumieres el des donnees plus precises pour remplir dignemenl la mission de decouverte que y m'etais assignee dans I'interieur de I'Afrique. J'ai done pris la resolution de toucher encore une fois le sol de la patrie, et de placer mon oeuvre sous la noble tutelle des savants auxquels je voulais offrir le concours (\o. mon courage et de mes efforts. J'ai parcouru la cole orienlale de la mer Rouge de- puis Suez jusqu'a Moka. Je ne nommerai pas les etapes presque quotidiennes de ma navigation au milieu des ecueils de celle mer difficile; je la fis sur des barques arabes; elle dura deux mois; je demanderai seulement la permission de dire quelques mots sur les positions les plus importantes du littoral arabique au point de vue commercial : El-Torra , Djedda , Odeida et Moka. El-Torra, dans le goH'e de Suez, n'esl plus qu'un ha- meau de 17 a 20 maisons en ruines habilees par des Grecs, des Kopbtes et des Arabes; il fut dans I'anti- quile rentrepot central du commerce des Indes ; dans le XVI* siecle , a I'epoque oil les Portugais ambilion- naient le monopole du commerce indien vers lequel ils venaient de se frayer une route nouvelle , ils s'em- parerent d'El-Torra , sous la conduile de don Juan de Castro, el y elev^rent quelques fortifications dont il resle une petite citadelle en ruines. El-Torra n'a plus qu'un seul des elements de son ancienne splendeur; c'est son port, qui peul conlenir i5 a 20 bailments de la portee de 2 a 000 lonneaux. Toutefois, ce hameau me semble destine a reprendre le rang qu'il a deja oc- cupe parmi les villes conimerciales de la mer Rouge. iS. ( 272 ) Sa position est en efletdelapliisgrande importance, El- Torra sera loujours sur legolfe Arabique I'entrepot na- tural du commerce du transit de I'lnde avec TEiirope. Si le retonr de ce commerce ramenait dans la raer Rouge un mouvement maritime actif et considerable, le port d'El-Torra en serait le terme et le point de depart. La, les navires viendraientdecharger les produits de I'lnde, la ils viendraient embarquer ceux de I'Europe. Casta la complete surete de son mouillage qu'EI-Torra de- vrait cat heureux privik^ge. Les dangers de la rade de Suez sont tres grands; ceux de la navigation d'El- Torra h Suez ne sont pas moindres; ils sont redoutes des marins les plus expdrimenl^s de la mer Rouge. Djedda est entouree d'une muraille flanqude de pe- tites lourelles , qui ne pourrait ollrir qu'une faible re- sistance; sa population, qui est de i5 a 1 8,000 ames, la beaute et la surety de son port, sa position avanta- geuse qui lui donne le privilege d'approvisionncr tout I'Hedjas , concourent a placer Djedda au premier rang des villes commergantes du golfe. L'eau y est excel- lente et trfes abondante; les objets d'exportation que Ton y trouve au moment du pfelerinage sont, la gomme arabique, le copal, I'encens, des plumes d'autruche, qui proviennenl principalementduporl de Souaken , situe en face de Djedda sur la rive opposee , des cachemires, des tapis de Perse, des perles lines , des pierres pr^cieuses , des turquoises, des topazes, des grenats , ainsi que des quartz- agatbes tr6s varies; le caf6 ne se montre sur ce marche qu'en tres petite quantity. Les importations sont la branclie la plus considerable de son commerce; elles consistent en riz, Sucre, epiceries, tapis de Perse, cacbemires , dilTerenles etolTes de colon ol de soieries provcnanl ( .73 ) des Indes, des objets de mercerie , des crlslaux , de la porcelaine, de la coutelleiie et de la verro terie grossi6re. II vient par an a Djedda 1 5 a 1 8 gros navires de 4 a 600 lonueaux arm^s par les Banianis, sujels indoiis de I'Angleterre. En 1808, la douane a rapporl6 2()o,ooo talaris; six a sept ans auparavant, elle en produisait de 4oo a 4^0,000 ; cette diminution, d'apres les renseignemenls que j'ai pris , ne doit pas etre attri- buee a un decroissernent de commerce. Le chiffre de la recette des douanes, qui devrait etre d'environ 5oo,ooo talaris ( 2 millions Soo.ooo francs) peul servir de base a une evaluation approximative du com- merce de Djedda; en supposant que la moyenne des droits percus soit de 10 p. 100, la valeur de ce com- merce s'^lfeverait a 25 millions de francs. Odeida est une petite ville de 3 a 4>ooo ames ; sa rade pourrait contenir 5o navires de haut-bord; elle est ouverte a I'ouest. Les navires qui y mouillent sont quelquefois obliges d'y sejourner plusieurs jours sans pouvoir en sortir , a cause des vents conlraires qui re- gnent frequemment. Odeida fait un commerce d'ex- portation assez important; les principales marcliandi- ses qui le composent sont, le caf6 qui se vend en sorte , la soude brute, le sene, le tamarin, I'encens, la garance, des esclaves, des peaux de boeufs, de clie- vres et de moutons. En i838 , la douane d'Odeida a produit 80,000 talaris; elle en rapportaitil y a six ans de 120 a 140,000. Pas plus qu'a Djedda cette dimi- nution de revenu n'est la consequence du dep(5risse- menl du commerce. Le mouvement commercial d'O- deida peut 6tre evalue h i5 millions de fi^ancs. Moka est la clef de la mer Rouge; sa rade, plus sure que celle d'Odeida, est une c^tape n6cessaire de { '-^74 ) la navigalion enlre 1 hide el la partic supericurfi du goife Arabiqne ; elle pent contenir iin grand nombre (le navires. C'esl par ello que les productions du ^e- inen prennenl leur debouche; c'esl Moka qui fournit li! commerce de detail de cellc conlr^e des marchan- dises donl clle a besoin. Les navires qui sent forces d'v relacher pour faire de I'eau , en trouvent d'assez bonne que donnent one douzaine de puits , et qui se \end a Ir^s bon comple. Si importanle qu'elle soil , la position de Moka n'esl pas delendue par ces fortifica- tions illusoires qui font mine de prolegcrles ports tlu golfe Arabique. La premiere puissance europ^enne qui parailrail devant sa muraille d'enceinte cr^nelee, tlanquee de ridicides tourelles, et garnie au basard de (juelques canons inoffensifs, y entrerait presqiic sans coup ferir. Du reste , une fois qu'elle en serait mai- Iresse avec une garnison do 200 hommes au plus, elle pourrait defier les indigenes de Ten d^loger. La popu- lation de Moka est d'environ 4 a 5, 000 times, dont les (icux tiers sont attaqu6s de la plaie du Y^men. Cette cruelle maladie , qui sevit princi[)alement sur la classo indigente , fait plus de ravages a Moka que partout ail- lours. Les marcbandises que Ton exporle de Moka sont, le cafe , la gomme arabique , la myrrhe , I'ivoire , les peaux de boeuf, de cbfevre et de nioulon; les objels que Ton y importe sont, Icriz, les epiceries, les dalles, du Sucre, toutes sortes d'^toifes de colon, des soieries, des cacberaires , des lapis de Perse, de la couloUerie Ires ordinaire, descristaux, de la verrolerie grossiere- inenl Iravaillee , du cuivre , du zinc el de I'etain. La douanc de Moka a rapports Tannic derniere 120,000 Pilaris; il y a quebjucs annees, elle eii produisail I ( 27'"' ) 200,000. La valeur du commerce qui se fait annuelle- ment a Moka est d'environ 16 millions de francs, D'apres les donnees que m'ont fournies diff^renls apaltateurs des douanes de Moka et d'Odeida , j'ai dresse un tableau des exportations de ces deux villes , ou j'ai insure le prix ordinaire de chaque raarchan- dise; je publierai dans raon ouvrage ce tableau , qui pourra etre utile au commerce. I. Pays d^ Adel. J'ai abord 34 lieues de lon- gueur sur 6 a 7 de largeur. Ce vaste canal , dont I'entr^e est defendue ou plulot obstruee par une infinite de petits ilots, est parsemt^ dans toule son etendue de recifs places 37,5, 3 et meme 2 pieds sous I'eau. Aussi pr6sente-l-il un mouillage tres p^rilleux, ou les navires demeurent exposes aux vents d'ouest-quart-sud- ouest et du nord-quart-nord-ouesl qui y soufFlent sou- vent avec impetuosile. Le petit village de Toujourra est situ6 au fond du canal; 5 ou 600 habitants s'abritent sous les 3oo cabanesgroupees sur la plage. L'aspect de ce hameau et de ses environs donne, au voyageur un avant-gout de la physionomie g^m^rale du pays d'Adel ; je ne sais rien de plus ti'isle que ce paysage. Au bord de la mer une grfeve blanchatre et ardente, sur laquelle sont jel6es adossees les unes aux aulres les hullos mesquines qui fornient le village de Toujourra; au fond, se dressant a une hauteur considerable, des montagnes rocailleuses de productions volcaniques, qui 6tendent du sud au nord leur ligne severe , et elevent de Test a I'ouest leurs gradins d6pouill(!!S ; voilti le spectacle unifonnc qu'une nature avare oU're ( ^7(> ) Ml COS li(.'ux. Quelqut's arbusles rubougris soul les seules traces de vegelalion qu'y rencontre la vue altris- i6e ; il semble que toute vie se soit retiree de la, et il ost impossible de soustraire son ame aux impressions de desolation qui ^manent de cette aflVeuse et mono- lone aridite. Les habitants de Toujourra sont inusuhnans itmu- sulmans tres orlhodoxes. Le mobile commercial est le seul qui les ait reunis et les retienne sur cette plage ; ils sont les intcrmediaires du petit commerce qui se fait entre I'Abvssinie meridionale el i'Arabie : leur unique occupation est d'aller en Abyssinie acheter des escla- ves, et quelques autres objets qui sont si peu de chose (ju'il ne vaut pas la peine d'en parler ; ils vont vendre ces csclaves a Moka et Odeida, ou ils ach^tent destoiles bleues, du vieuxcuivre, du zinc, de mauvais ciseaux , couteaux et rasoirs , ainsi que des pifeces de soieries , qui sont les objets d'echange avec I'Abyssinie. Sans cesse en voyage, ils negligent toute esp^ce de culture et d'induslrie ; aussi re^oivent-ils du dehors leur ap- j)rovisionnement en comestibles , ce qui fait que les denrees de premiere n^cessite sont fort cheres a Tou- jourra. Le ble , le doura, y vienncnt de I'Abyssinie ou d'Aoussa, la principale ville du royaume d'Adel ; le riz , les dattes, le caf6 et le tabac sont import^s de Moka. Cette petite population de Toujourra, par les rela- tions qu'elle entrelient avec I'Abyssinie meridionale , par la connaissance qu'elle a des mceurs, des goiits et des besoins des habitants de ce pays, pourra, je pense , etre precieuse aux Europccns , lo jour ou ils voudronl se mcltre en contact avec lui. Los habitants de Tou- t>nrra rempliront alors ontre nous et les Abyssins ( ^77 ) I'oHice de courtiers; nous Irouverons chez eux des gui- des et des interpreles. Peut-etre done n'est-ilpas sans inleret d'esquisser ici les principaux traits de leurs mceurs et de leur caractere. Les naturels de Toujourra portent I'empreinte de leurs habitudes de n^goce ; ils les contractent de bonne heure : enfants , ils vont a I'ecole des I'age de trois ans ; il est rare qu'^ dix ans ils ne sachent pas lire etecrire I'arabe ; a cette 6poque, ils commencent a suivre leurs p^res dans les caravanes ou sur mer, et a les seconder dans leurs operations mercantiles ; hommes , on les voit appliques a leurs affaires, lis ne sonl pas guerriers ; il ne sont rien moins qu'ardents a se lancer comme les Bedouins dans les hasards d'une lutte, attires par le seul altrait du combat; au con- traire , ils sont doux, prudents , ranges; peut-etre faudrait-il leur reprocher un peu de timidity. Quoique aimant le gain , ils ne sont pas voleurs, et lorsqu'on vient d'Egypte, ou les fellahs sont menteurs a un degre peu commun , on eprouve en reti'ouvant la verite dans la bouche des habitants de Toujourra une surprise aussi agreable qu'inaltendue. Leur sobriete est ex- treme : une poignee de biscuit de doura suflit a leur nourriture pendant une journee de voyage ; la plupart du temj)s meme le laitage est leur seul aliment. Ils ne fument pas; ils chiquent et ils prisent , et, dans cette derniere habitude, leur esprit pai'cimonieux se revele souvent d'une maniere assez coraique : ils lien- nent leur tabac enferm6 au fond d'une petite bourse de boyau qu'ils ont bien soin de rouler sur elle-memc pour que la poudre precieuse ne puisse pas s'echapper. S'ils prisent en societe, apr^s en avoir depli^ les tours avec une minutieuse precaution, ils plongent dans ( 278 ; I'ouverture le pouce et I'index , les relirent possesseurs d'une mince pinc^e qu'ils presenlentaux personnesde leur compagnie , leur offrant, chose peu facile , d'en saisir quelques grains enlre leurs doigts serr^s, et lors- qu'ils ont rempli cette formule de g^n^reuse politesse, ils respirent , avec la salisfaclion de gens qui connais- sent lout le prix d'un plaisir, les grains qu'ils ont su se conserver. On pense bien d'aprt^s leur pauvret^ el la clijileur ducliinal que leur costume ne doit etre ni ri- che ni complique ; il se borne h une pifece de colon dans laquelle ils se drapent, et a une courte pii;ce de meme eloH'e donl ils s'entourent le milieu du corps depuis les reins jusqu'aux genoux, retenue a leur ceinture par la courroie a laquelle leur couteau-poignard est allacli^. lis ne recouvrenl jamais leur tele, et laissenl croilre leur abondanle chevelure qui frise nalurelle- moiit. Les femmes portent une cspece de blouse ; leurs longs cheveux tresses en un grand nombre de naltes qui descendent jusqu'a la chute des reins , sont leur plus belle parurc. Quoique musulmanes , elles ont la mfime liberie que les hommes ; elles ne se voi- Icnl pas le visage. — L'int^rieur de leurs demeures est aussi simple, aussi pauvre que leurs vetements; il est ordinairement divise en deux parties par une grossiere cloison ; des plians ( serir ) en osier ou plus souvent en courroies de cuir, quelques vases pour recevoir le lait de leurs ch^vres et de leurs brebis, en forment lout I'ameubloment. Quelques unes de ces cabanes sont tapiss^es a Tintdrieur de nallos on feuilles de pal- mier, diversement color6es en noir, rouge et jaunc , que les femmes Iressent avec habilet^ , et qui ne uian- quenl pas d'niic cerlainc elegance. II ne faul pas ou- ))!iiT lo boiiciii r cl la lance, qui sont la principale d6- ( 2 79 ) coration de la chaumi^re ; ce sont leurs seules arines ordinaires, ils les portent toutes les fois qu'ils sortent, ils ne font pas litl6ralement un pas sans elles; cepen- dant ils connaissent les aruies a feu , mais ils en font tr^s rarement usage. Toujourra a merae de Tartillerie ; elle consiste en un canon de 12, piece allongee en fer. Les autoriles qui sont a la tele de notre hanieau , sontle sultan, le visir, lecady elle maitre d'6cole ; elles peuvent s'assimiler a un maire, un adjoint, un juge de paix et un maitre d'ecole de nos villages. A la mort du sultan, le visir lui succede, et le fils aine du sul- tan dd;cede devient visir, en attendant d'occuper a son lour la place de son p^re. Les pouvoirs du sultan sont, de meme que ses revenus, Ires-bornes ; toutes les af- faires se debattent et se decident en conseil a la majo- rite; chaque habitant a le droit d'assister au conseil , et participe en consequence a la decision commune. Toujourra, Rahieta et Gargori, village situe a 7 lieuL's a I'ouest d'Aoussa, sont les residences de trois sultans qui se partagent la suzerainete nominale du royaume d'Adel. Ils sont independants les uns des au- tres, et d'ailleurs n'ont guere d'influence hors desha- meaux qu'ils habilent. En effet, !a contree impropre- menl appelee royaume d'Adel, puisqu'elle n'est point soumise a un pouvoir monarchique , est occiip^e par diverses tribus, qui se regissent chacune a sa guise sans reconnaitre d'autorite superieure i celle de leurs rns. La forme generale de leur gouvernement est Ir^s 6le- mentaire et rappelle les temps primitifs; il est tout a la fois r6publicain et aristocratique : republicain, parcc (jue rien nc s'y fait sans que tous les membres do la Iribu aient cte appelos a delibercr , el que la majo- ( 280 ") rite ait rendu sa decision; ce sunt ces assemblees qui projettenl la guerre ou ari'dlent la paix , qui delermi- nent les Iravaux a entreprendre , qui fixent I'^poque ou Ton quillera un lieu, les palurages ou Ton ira cam- per, etc. Corlaincs prerogatives, fondees sur d'anli- ques usages, sur I'influence morale dont jouissenl les families des ras et dos sultans, annoncent parmi ces peuples I'exislence du principe aristocratique. Les ras ne sont soumis en aucune mani^re aux sultans; ils ne leur sont attaches par aucun lien de d^pendance; c'est au point que si , par exemple , une des caravanes de Toujourra qui traversent I'Adel pour se rendre a Efat-Argouba , ne faisait quelqucs petils cadeaux aux ras qui se trouvent sur la route , elle ne passerait point ou du raoins courrait risque d'etre attaquee et de- "pouillee. J'ai traverse au sud dans toute sa largeur, depuis Toujourra jusqu'au royaume de Choa, la conlr6e im- proprement d6sign6e par les geographes sous le nom de royaume d'Adel ; la direction g^ndsrale est sud-sud- ouest; c'est une distance de 129 lieues environ ; on ne peut la parcourir qu'a I'epoque ou les pluies annuelles remplissent d'eau les reservoirs naturels que Ton ren- contre sur la route; si Ton se hasardait a se mettre en route dans une autre saison , on serait expos6 a p(^rir de soif. Le vaste desert qui forme le pays d'Adel est un terrain de soulevement, de productions volcaniques, rarement susceptible de culture, et plus raremenl en- core cultive; il est coup6 en tous sens par des chaines de collines de hauteur mediocre , qui portent toutes I'empieinte du travail des feux soulerrains. J'ai ren- contre dans le royaume d'Adel un grand nombre de volcans eteiiils , mais je n'en ai vu aucun qui fiil en combustion. ( '^81 ) Depuis Toujourra jusqu'au royaume de Choa, j'ai aussi vu vingl-trois sources d'eau chaude donl les tem- peratures diverses varient au thermorn^tre de Reau- mur depuis 53° jusqu'a la chaleur de I'eau boull- lante. J'ai indiqu6 avec soin dans mon Joui'nal et dans ma carle toutes les t^tapes de ma route a travers I'A- del. La population de ce pays se compose de tribus nomades , qui n'ontd'autre occupation et ne connais- sent d'aulre industrie que celles de la vie pastorale. Plusieurs d'entre elles sont adonnees au pillage , quel- ques unes sonl tres f6roces , et lendent souvent vicli- mes de leur cupidite les caravanes qui passent sur leur lerritoire. Voici les noms de celles que j'ai rencontiecs depuis Toujourra jusqu'auroyaume deChoa: les Kabi- les , ad-Ali, Debenet, Achemali , Debenet-Buema , Azouba, Takaide. Ces diverses Kabiles appartiennent a la meme race, et se donnent lenom national de Dana- kiles, mais n'ont entre elles d'autre lien commun que I'uniformiledu langage. Le dialecte danakile differe de I'arabe , de I'abyssin moderne , de I'ethiopique et de la langue des Gallas; ce dernier idionie est pourtant ce- iui avec lequel il a le plus de points de contact. En gen(^ral , les Danakiles sont de belle taille , bien muscles et fortement constitues; leur teint est cuivre plutot que noir ; mais les traits de leur visage les ral- tachent a la race caucasique ; ils ne ressemblent point a la race nfegre ; en effet leur front est large et haul; ils ont le nezpresqueaquilin.la bouclie bien taillee, et leurs l^vres ne sont pas 6paisses comme celles de la race noire proprement dite. Les Danakiles appartiennent nominalemenl a la re- ligion musulmane ; ceux de Toujourra sont tres fanu- ( .8y. ) liqiies ; luais a niesure qu'oii avunce dans i'inl^rieur, on voil les teinlcs religieuses s'ellacer de plus en plus , si bien que chez plusieurs Kabileson n'observeaucune pratique religieuse. lis sunt d'un sobriety extraordi- naire; le lait est leur principal aliment lorsqu'il n'esl pas leur nourriture exclusive. Les fcmines participent en ce pays de rexcellente constitution des liommes : lour longue cbevelure, qui se repand jusqu'a la chute des reins, montre bien que les Danakiles n'apparlien- nent point a la race negre. On pourrail se deinander d'ou celle population tire son origine ; je n'ai pas sur ce point de donn^es precises; je dirai seulement que le cadi dc Toujourra m'a rapporte comme une tradition enracin^e dans le pays que les Danakiles sont venus d'Arabie en Afrique. Celte version est probable. La principale ville du royaume d'Adel est Aoussa , siluee a 25 lieues de Toujourra, et qui n'est separee que par i4 lieues de la mer Rouge. D'apres les renseignemenls que j'ai obtenus des na- turels du pays, Aoussa est une agglomeration de i4 a ),6oo chaumieres , dont la population peut s'evaluer a 5 ou 6,000 habitants, tous cultivatours el mar- chands. Le sol des environs d'Aoussa est Ires fertile ct susceptible de toute sorte de productions; il fournit du doura b la majeure partie du royaume d'Adel. 11 y a auprt^s d'Aoussa un grand lac qui se remplit i)endant la saison des pluies en Abyssinie. Ses eaux debordent chaque ann6e, et, comme celles du Nil en figypte, de- posent un limon bienfaisant qui nourrit et augmente la fdcondite des terres ; a I'extremit^ de ce lac , les naturels ont construil une ecluse pour retenir los eaux; ils la ferment juseju'a ce que les terres soicnt compl^tement imbibees; lorsque ce resultat est ob- ( y85 ) tenu , ils ouvrenl I'ecluse, el ies eaux siirabondanles vont se (ieverser dans un lac natron , entoui'e de mon- tagnes , silut^ plus has a 5 lieues au nord-ouest ; apres la recolte, qui se fait ordinairement en Janvier, le ter- rain devient sec et brulant. De Toujourra jusqu'aux Lords de I'Awache , la surface deserte du pays d'Adel est parcourue par des antilopes, des gazelles de deux vari^les, des anes sauvages , des autruches, des pinla- desj mais Ies animaux que Ton y rencontre en plus grand nombre sont Ies hyfenes tachet^es ou Ies loups- tigres du Cap, dont Ies caravanes ont a redouter la voracite. Les environs de I'Aouache sonlfrequentes par des lions, des pantheres, des leopards, des loups- tigres, des 6l6phants , des bippopotames, des z^bres , des anes sauvages, des antilopes, des gazelles, des chamois et un nombre irifini d'oiseaux d'esp^ces di- verses. La vegetation du royaume d'Adel est tres bornee ; on y voit quelques gommifercs, des alo6s, et surlout des agaves fdamenteuses dont les nalurels font de tres bonnes cordes. II. Royaume de Choa. Lorsque, apres avoir traverse I'Aouacbe , on entre dans le royaume de Choa, on eprouve un indicible sentiment de joie a I'aspect du paysage riche et gra- cieux qui se dt^couvre soudainement a la vue. II est impossible de Irouver un contraste plus frappant aux arides solitudes du pays d'Adel. Les montagnes, dont les diverses chaines prolongees du nord au sud sont 6ta- g6es comme par gradins les unes derriere les autrcs , lorment un magnifique amphitheatre que decore une v6gelalion vigoureuse et splendidement variee. En { .84 ) ineme lenips qua la structure origiuale du terrain el h sa pompeuse richesse , on reconnait en ces lieux une nature g<^nereuse et pittoresque. La r^gularite «Jes cul- tures annonce que partout la main industrieuse de I'honime a su meltre ses dons a profit. Mais ce n'esl pas sculemenl le paysage qui change ainsi soudaino- ment; le climat se transforme de meme par enchante. menl : au sortlr des plus brOlantes ardeurs de la zone torride , on se Irouve tout-a-coup sous une tempera- ture moderee , plus agreable mdme que celle de la Basse-figypte , si justemenl vanlt^e. Je suis demeure sept raois dans le royaume de Choa, je I'ai parcouru d'une extr^mit^ a I'autre en plusieurs sens; partout j'ai observe un climat 6galement doux, favorisant la mfime fecondil6 du sol. Les provinces qui obeissent au roi de Choa forment une contree a peu pres circulaire , ayant loo lieues environ de diamelre , enclav^e entre le royaume de Gondar qui la borne au nord , le royaume de Zingiro, la province de CafTa, qui lui sont contigus au sud- ouest, le INil dont les eaux forment sa frontifere occi- dentale, les monlagnes habilees par les Aroussis ou Itou Gallas au sud , et le pays des Adels a Test. Sa superficie presenle cinq systemes de montagnes. La premiere chaine que Ton rencontre en venant de Test porle le nom de Amba-Mabrate : c'est la chaine d'Angobar; ellc prend son origine dans le Biil^a ^ province du royaume de Choa a 18 lieues d'Ankobar, el penelre dans la province de Ouello ^ ap- parlenantau royaume de Gondar, a 38 lieues au nord d'Angolola; elle va du sud au nord; son versanl oriental s'abaisse progressivement \ers le pays d'Adel, par une serie de coleaux dont la haulcur dirainue a mesure I ( 285 ) qu'ils s'eloignenl du tronc principal. Son point culn>i- nant est la montagne de Metatite, situ6e non loin d'Aii- gobar; sa largeur pent 6tre de 12 a i5 lieues. A environ 4o lieues de distance, s'eleve dans la meme direction la chaine de Gara-Gorfou ; eWe prend nais- sance chez les Gallas de la Kabile-Guerinaman et se | lermine au Nil. Semblable a la chaine d'Angobar, elle el^ve ses gradins de Test a I'ouest; sa largeur est de 3 a 4 lieues. Au nord deGara-Gorfou sont les montagnes Moguere f qui vont de Test a I'ouest sur une etendue de 18 a 20 lieues. Derri^re les Gara-Gorfou, a 7 ou H , lieues de distance, une autre chaine oblique a I'egard des precedentes va de I'est-sud-est a I'est-sud-ouest : elle commence a Souloulta, et prenant dans sa lon- gueur les noms des Kabilesqu'elie traverse, se termino «n s'elevant dans la province de Zaraettia , ou elle separe le bassin du JNil qui baigne son versant nord- ouest, du bassin deTAouache au sud-est. La me parait etre le point le plus eleve du royaume de Choa; enfin , plus loin encore, s'^tend du sud au nord, derriere I'Aouache, la chaine des Soddo-Gallas, qui, parlant du Soua6 , va rejoindre au nord les montagnes de Zamet- tia. Les directions des divers cours d'eau qui suivent les inclinaisons de ces systfemes de montagnes acheve- ront d'indiquer la pente g^n^rale du pays. Apr^s le iNil, qui, descendant du nord au sud, fait une echancrure dans le royame de Choa , oil il decrit un arc de cercle d'une trentaine de lieues , le principal cours d'eau est celui de I'Awache. Je suis le premier Europeen qui ait visits ses sources; elles sont situ(^es dans la province de Zameltla-Galla. Ce sont plusieurs mares de diverse grandeur, placees a la surface dti sol ; les plus grandes de ces flaques d'eau peiivent XV. Mil. 2. 1() ( 28G ) avoir de 5 a 7 minutes de circuit ; quelques unes com- muniquent entre elles; leurs deviations reunies enun seul ruisseau donnent naissance a I'Aouache. (]e fleuve coule du sud-ouest a I'est-nord-est, ot apr^s avoir tra- verse la partie m^ridionale du Choa et avoir parcouru une 6tendue de 200 lieues environ , se jetle dans le lac d'Aoussa, qui peut avoir 5o lieues de circonf^rence a r^poque des pluies en Abyssinie. Du pied de I'lndotlo (i) s'6chappe une riviere noin" in6e Robie-Ouanze (2) ; elle se divise en deux branches dans la Rabile des Gallas Metta-Fotchia-Tchiu-Hobie. L'une , conservant le nom de Robie-Ouanze , va flu sud au nord , et se jette dans le Nil apr^s iin cours de 18 a 20 lieues; I'autre prenant le nom de Sana-Robie , coule de I'ouest au nord-est, et se perd dans I'Aouache apres un cours de 35 lieues environ. La riviere do Tchia-Tchia prend sa source dans le BuJga; elle coule aussi du sud-ouest au nord-est ; elle porle ses eaux a I'Aouache. Enfin , rHaoudh^ sort du lac de Maloule ci 5 lieues nord-est d'Angobar, coule comme les pr6c6- dentes de I'ouest au nord-est et rejoint I'Aouache. D'apri-s toutes ces donn^es , on voil que la pente ge- nerale du terrain se dirige , dans le royaume de Choa , du sud-ouest au nord-est. II y a en outre dans celto contiee plusieurs petits lacs, dont le plus important est celui de Sonne , situe au sud-ouest dans la province rlu mfeme nom. D'apr^s les renseignemenls que j'ai pu (ibtenir, il parait avoir de 9 a 12 lieues de circonlerence. Knsuite vient celui de Leado, situ6 h I'est-sud-esl el non loin de I'Aouache; il a 3 a 4 lieues de circuit. A (i) Indotto, montagne siliiee a 5o lieues sud otiest d'Angobar. (2) Ouanze en lan;;iie amharique signifio ruissoaii , riviere. ( -^87 ) 5 licaes plus ;i I'esl sont qualre petils lacs noinim'-s Elaubelaux, ayant chacun environ 20 minutes de cir cuit. La richesse naturelle du royaume est exclusivemcnl placee dans Tagriculture ; le ciel I'a gen^reusemenl la- vorise sous ce rapport, et le climat qu'il lui a donne contribue pour beaucoup a sa fecondile. Les deux sai- sons de pluies qui r^gnent periodiquement chaque ann^e permeltent a ses habitants de faire par an deux moissonsde cereales. Les grandes pluies commencent vers le milieu du raois de juin ; elles durent deux mois et demi, trois au plus , et se terminent dans les pre- miers jours du mois de septembre ; les deux premiers mois , la pluie lombe jour et nuit comme par torrent; elle est quelquefois accompagnee de grosse grele ; le tonnerre ne cesse de se faire entendre. Les petites pluies commencent aux premiers jours de Janvier dans Test; I'^poque de leur apparition varie sur les dilTerentes parlies de la surface du pays ; elles durent de quinze a vingt jours ; ce sont des averses qui tombent par intervalle de temps a autre. Quoique d'une superficie peu vaste, le royaume de Cboa renferme deux climals bien dislincts, celui du haut pays, c'est-a-dire depuis Angobar, oapitale du royaume, situee a 18 lieues du pays d'Adel , jusqu'a Zametlia, province situee a I'extr^mite occidentale, el celui d'Efat-Argouba. Sous le premier, I'air est con- stamment frais et leger; c'est le climat tempere de ritalie moyenne. Le cultivaleur y recueille deux fois chaque annee dans le meme champ, le ble , le Ihefle, le doura, les ffeves , les petitspois , le lin ; les arbres y sont couverts d'une eternelle verdure. Voici trois series d'observalions thcrmomc^lriques '9- ( 288 ) qui donneront une id^e de la tempo ratuic do ce pays. 17 observations faites dans le mois d'oclobre 18.59 a Angolola , deuxieme capitale du ro}aurae, offrent line raoyenne de Reaumur de 1 1 ° 45/ 1 00' : c'est le mois lo plus froid de Tannic; lo observations recueillies au mois de novembre dans la meme ville , donnenl une moyenne de Reaumur de 18° aS/ioo* ; 17 observa- tions I'ailes au mois de d6ceml)re a Angobar repre- sentaiont une moyenne de 20" 4o/'^i'' R«iaumur. La temperature de la province Efate-Argouba pent se comparer a celle de I'Egypte , avec celte dill'^rence que I'atmosphere n'y est jamais charg^e de la poudre t6nue et legfere que le vent souleve en passant sur lis sables du desert. Les arbres y sont toujours verts; ils portent deux fois par an dos (lours el dos IVuils ; les oiseaux toujours en amour font aussi deux fois par an leur nichee : c'est un printemps qui ne finit point. Le cullivateur recueille (^galeraent dans cette partie du royaume sa recolle bisannuelle; toute I'l'-nneo on y Irouve des Cannes a sucre sur pied. L'agriculture est partout dans le royaume a i'^tat le plus dlementaire ; les terres sont naturellement si fecondes qu'elles n'ont pas besoin d'etre enfumees, et qu'on ne les laisse pas reposer. Les Abyssins les la- bourent avec la charrue antique ; ils la font si pou compliqu6c et si l^g^re , qu'un bomme pout la porler une lieue loin sans 6lre trop fatigue; ils y altellent des boeufs ; ils coupenl I'herbe el font la moisson avec une faucille dentelee ; ils ne hersent point; ils font fouler aux pieds des boeufs leursc6realesrassemblees sur une aire. La plus precieuse des productions du royaume de Cboa est le coton-arbusle ; le colon est I'^l^mont uni- ( 289 ) que (Jes t'lssus dont se vetissent les habitants. Celui qu'ils r^coUent est de I'espece appel6e courte-soie ; n^anmoins sa qualite est unedesplus belles queje con- naisse; les ^toITes que Ton fabrlque avec ses fils offrent line souplesse soyeuse que je n'ai jamais renconlree dans les tissus de coton manufactures en Europe. Rien n'cga:le le moelleux de son duvet. La culture du coton est aujourd'hui born^e aux besoins de la consomma- tion locale; si dcs rapports commerciaux avec les elran- gers I'exigeaient, on pourrait I'^tendre dans de tres grandes proportions. Uindigo fei-a hirsuta croit spontanement al'etat sau- vage; les Abyssins ignorent ses propri^tes, et n'en ti- rent aucun parti. Comme I'usage du cafe n'est point permis aux Amharas , la culture de cet arbuste n'est pas entretenue parmi eux ; mais il n'en est pas de nieme chez les Gallas; il y a aussi des plantes de cafe dans la province Efat-Argouba ; ce cafe est egal en valeur a celui de Moka. Les vignes sonl peu nombreu- ses; le raisin qu'elles portent est de tres bonne qua- lite; on pourrait en extraire un vin excellent; les Abyssins ne connaissent pas celte liqueur. Comme j'en avais parle au roi, il eut la curiosite d'en boire ; il fit cueillir deux grandes corbeilles de raisins avec lesquels je lui fabriquai deux jarres d'un vin qu'il trouva fort de son gout, et qui meritait effeclivement les eloges qu'il lui donna. II y a tres peu d'arbres frui- liers; la grenade , le cedrat, la banane , le raisin , sont les seuls fruits du pays. Leroyaume deChoa se divise quant a sa population, cl par suite a son territoire, en trois parties bien dis- linctes. II y a d'abord sur los premiers mamelons dc la chalne oricntale en face de I'Adel les musulmans , ( 29« ) cnsuile dans la parlie cenlrale les cliretiens , el enfiu loutc la parlie occideiilale esl occup^e par les Gallas. La bande de lerre qui s'^lond depuis la fronlifere de I'Adel jusqu'adeux lieueskrestd'Angobar esl lagrande jirovince d'Efal - Argouba , que j'appelle ainsi de la reunion de deux noms, Efalel Argouba, sous lesquels elle est indiff^remment designee par les Danakiles. J'ai lndiqu6 dans le recit de mon voyage les districts qu'elle renferme , ainsi que les noms des principales kabiles qui se parlagenl le Icrritoire assigne aux Gallas. Les diverses informations que j'ai recueillies me per- mellenl de supputer a i,5oo,ooo ames la population lotale du royaume de Choa. Les Gallas en formenl la parlie la plus considerable ; puis viennent les chr6tiens, el enfin les musulmans de meme race que ceux-ci , mais qui descendent des habitants d'Efat - Argouba , que le conqu^ranl Saumali ( Mahamet Gragne ) cou- vertit par la force a I'islamisme lorsqu'il envahitl'A- byssiuie au commencement du xvi' siecle. Je ne terminerai pascelte esquissesans parler d'une population qui habile au sud du royaume d'Adel , une ville situee enlre I'ocean Indien etle royaume de Clioa, el qui par son industrie joue un grand role dans celte parlie de I'Afrique; celte population est celle d'Ha- rar. Ilarar esl une Ires jolie ville donl les maisons ba- lies en pierre el blanchies h la chaux sonl groupies sur le sommet d'une pelite colline, haulcs dun elage, el lerminees par des lerrasses a la maniere des maisons egypliennes; des porles placet's aux exlremites des rues en garantissenl la surete. Harar peul avoir de 12 a 1 4,000 habitants, mahom^lans de religion, apparle- iKiiil a ia race saumali. Elle esl separ6e de Barbara par une distance de ijo lieues el eloiguee de Zcila do ( agi ) 25 a 3o seulement ; elle est a une distance a peu pres egale de Tiannou, le premier village que Ton rencon- tre a Test du Choa. La contr^e qui s'etend entre elle et la mer est habitee par plusieurs tribus independantes. Les Gallas-Itou-Tchier-Tchier, qui I'inquifetent fre- querament, habitent I'espace h I'ouest qui la s^pare du royaume de Choa. Parmi les routes commerciales qui lient le royaume de Choa aux pays environnants, laplus frequent^e est celle qui conduit de la province Efat-Argouba a Ha- rar; elle ouvre aux productions du Choa les d6bouch6s maritimes de Z^ilaetde Barbara; la population d'Ha- rar est sans conlredit la plus industrieuse de I'Afrique orientale , celle dont les aptitudes se sont appliqu^es au n^goce avec le plus de succfes; les habitants d'Harar sont m6me les veritables facteurs du commerce de celte partie de I'Afrique; ils penetrent jusque fort avant au sud-ouest du Gouragu6; aucun des idiomes que par- lent les tribus diverses de ces contrees ^loignees ne leur est inconnu. Ce petit peuple offre done un immense int^ret a la science comme au commerce de I'Europe ; car il sera indubitablement utile aux voyageurs qui s'efforceront d'arriver par Test dans le centre du con- tinent africain. ^ Les deux ports par lesquels les Hararguis exporlent leurs marcliandises sont ceux de Zeila ct Barbara. Z6ila est une petite ville plus grande , plus peuplee , mieux batie el mieux dotee a tous 6gards que Tou- jourra; elle est defendue par 4 pieces de canons en mauvais (§lat, dont deux protegent le port, et les autres, plac^es a I'ouest de la ville, servent a faire peur aux Bedouins de I'iulcrieur. Z^ila a deux ports; les barques ( ••'92 ) vienncnt ancrer dans celui qui est place sous la Mile; le second est a lo minutes au sud ; il a de 4 f« •'> brasses de prolondeur, el ollre iin mouillage paifaitement siir A 8 ou 9 bailments de 3 a 4oo tonneaux. 5o Bedouins armes de fusils a m6che Torment la garnison de Zeila. Pendant quel' Arable appartenait a Meh^met-Ali, celte ville d^pendait de Moka ; son gouverneur, nomnie Said-lMahaniet Elbar, en conservait le commnndenient moyennanl la somme de 5oo talaris elfeclir, qu'il payait annuellement a Ibrahim Pacha, petil-fds de Me- hemet-Ali. On trouve a Zeila, grace a ses rapports avec llarar, du cafe, de la gomme, des peaux de boeuf , du (ioura. Le bazar est ouvert tons les jours. A une lieue et demie au nordouest, il y a dans un lieu nommd> Quohodji de I'eau excellente, que Ton vend 4 piastres liirques la charge de chameau. Barbara est compose de 2,5oo a 5,ooo chaumi^res, qui demeurent presque entierement dc^sertes apres la grande foire qui s'y tient depuis le mois d'oclobre jus- qu'au mois de f^vrier. Pendant ce temps , il y vient lo a 12 gros navires des Indes, et lo barques chargees de marchandises y entrenl ou en sortent journellement. Les Banianis 6lablis sur le golfe Arabique se rendent a Barbara pour I'^poque de la foire ; la majeure parlie du commerce passe entre leurs mains; ils couvrent ' leurs operations du plus grand myst^re, et en tirent sans doule des benefices importants. II n'est sorle d'astuces qu'ils n'inventent pour voiler leurs fraudes , lie sorle que, doublement dupes, les Bedouins lespren- nent pour de fort honneles gens. Diuant la foire , les articles commerciaux (jui paiais- seiil en quantity considerable sui \v. niarch^ de Bar- bara sont, le eafe , la gomme arabique , la niyrrhe , ( ags ) I'ivoire, les plumes d'autruche, le muse de clvelte , la cire , le gros et menu b^tail , les peaux de bceuf , de lion, de panlhere et de leopard. lieise uin die Erde durch ISord-Asien imd die beiden Oceane in den Jahren i8a8, 1829 et i83o, ausgefiihrt von Adolph Erman. ( Voyage aulour du monde a travers le nordde I'Asie et les deux Oceans, execute en 1828, 1829 et i83o , par Adolph Erman. ) Les Irois premiers volumes de celte int^ressanle re- lation ont paru successivement a Berlin en i835, 1 855 et 1808. Deux d'enlre eux sont consacr^s a la relation liistorique du voyage depuis Berlin jusqu'au Kamtschatka; le troisieme renferme les observations magnetiques el la determination des coordonn^es geo- graphiques de differents lieux de I'Europe, de I'Asie et de I'Am^rique. L'auteur a publie en outre un alias d'histoire naturelle, son itineraire , quelques coupes g^ologiqueset une magnilique carte du Kamtschatka. Le complement encore in^dit de I'ouvrage secompo- sera de I'historique du voyage ;i travers la presqu'ile du Kamtschatka et du relour de l'auteur a Berlin en touchant a I'ile Sitcha , a la Californie , a Olahiti et a Rio-Janeiro. La partie scientifique int^dite contiendra les observations g^ologiques et m^teorologiques faites [)endant le voyage par terro et par mer. Depuis Petersbourg jus(iu'a Irkuxk, M. Erman voya- goa dans la compagnif do MM. Hanstcon et Due, qiie^ ( 294 ) lo gouvernemonl norvegien envoyait dans le nord de I'Asie pour y faire des observations magncliques. Ce gouverneraent, dont le budget s'eleve a peine a quel- ques millions , accorda sans hesitation la somme n6- cessaire pour arrivcr a la solution d'une question pu- rementscientifique, la recherche d'un pole raagn6lique dans le nord de I'Asie , et les tonds furent votes par le Storthing le jour meine ou il refusait ceux qu'on lui demandait pour batir a Christiania un palais au roi de Suede. Nous allons chercher a donner une id^e de tout ce que M. Erman a public jusqu'ici sur son interessant voyage, en comiuen^ant par la partie hislorique. Nous ne nous arreterons point sur la description du pays et des villas comprises entre Berlin et Moscou ; toulefois, nous ne saurions passer sous silence ses observations sur le soul^vement probable des cotes du golfe de Fin- lande , soulevement moins bien constats que celui de • la presqu'ile scandinave, dont les preuves se trouvent Sorites partout, sur le rivage et dans les traditions his- loriques. Plus on avance vers le pole et plus ce soulevement paralt avoir 616 considerable. Mais enlre le Sg* et le 6o'' degr6 de latitude entre lesquels s'6tend le golfe de Finlande , il n'est probablement pas tel qu'on puisse le reconnaitre imm^diatement a I'exislence des lignes d'anciens niveaux de lu mer, difliciles a voir sur des plages unies et sablonneuses. M. Erman insiste avec raison sur la necessity de tra- cer tr6s exaclement les contours du rivage au moyen d'une bonne triangulalion secondaire ; car il scrait pos- sible que le soulevement fut moins considerabio au liiiifl (le la mei que dans I'interieur des lerres ou des ( 295 J haiesprofoiicles, coinnie nous I'avons reconnu, M. Bra- vais et moi, dans le fiord d'Alten en Norvfege, sous le 70* degre de latitude. Mais si le dessin Indique rigou- reusement les moindres sinuosiles du rivage , alors la disparition des baies ou cliques peu profondes, leurs transformations en lacs lorqu'elles sont a I'embou- chure des rivieres, la presence de terrasses paralleles, restes de I'ancien lit du fleuve, ne laisseront aucun doule sur la realite du ph6nomene. Nous passons a regret les details int^ressanls que I'auteur donne sur Riga , P^tersbourg , Moscou , Kasan et Perm pour transporter le lecteur en Asie.dans les pays encore mal connus situes au-dela des monts Ourals. Le point le plus elev6 de la route que nos voya- geurs travers^rent pour se rendre de Perm a lekatarin- bourg, estsituea 490 metres au-dessus du niveau de la mer d'apres leur determination barom^trique. Aucun des sommets nc s'eleve a plus de 65o metres , ct ne conserve de neige pendant loute I'ann^e. Le sommet le plus eleve, le Taganai, n'atteint pas 1000 metres. C'elait a la fin daout , et la ville 6tait pleine de mar- chands de Tobolsk , qui revenaient de la foire de Ni- jnei-Novogorod, ou se rendaient h celle d'Irbit, qui a cependant beaucoup perdu de son importance. Au- trefois les Armeniens et les Grecs se rendaient a Irbit pour y echanger des marcliandises anglaises contre des peileteries. Lorsque leur introduction dans I'em- pire russe fut prohib6e en 1807 , les Armeniens ne vinrent plus , et cette foire fut de moins en moins fr6- •juenlee. Ce ccmmerce avait dt^ja lieu des les temps les plus recules. On en trouve des indices dans Marco- Polo , et les perles et pierres precieuses qu'Hei ber- slein assure a\oir (ile vuos do son temps (i()oo) cnlre les mains cles lril)us Je chasseurs de la Siberie occ'i- (lenlale, ne laissenl aucun doule a ce sujet. Ces maichands arintiniens elaienl a celle ^poque les plus grands voyageurs de la terre. Deux d'entre eux , Gregori et Daniel Athanasof, onl accompli un voyage, (jiii a dure seize ans, a travers le Rurdislan , I'Afganis- tan, le Caboul.les montagnos du Thibet etde la Chine. M. Erman a tra luit dans les Annales de Bcrghaus, an- nee i832 , la Notice qu'ils avaient publiee en russe. II se fait a lekalarinbourg un grand commerce de to- pazes, d'amethisles , d'emeraudes, et un grand nom- bre d'ouvriers sont occupes a tailler et polir ces pierres precieuses. Les belles maisons en pierre de Jekatarinbourg rappellent une ville de fabrique europeenne ; et quoi- que des negociants fort aises soient des serfs qui paient a leurs proprietaires das redevances tres on6reuses, ils paraissent satisfaits de leursort. Au nord de la ville, on Irouve des restcs de forlificalions destinees a defendre autrefois la ville contre les invasions des Baskirs. Chose singuliere ! ce sont maintenant ces rafemes Bas- kirs qui torment la garnison de la ville, et escorlent souvenl en Siberie des Kusses condamnt^s a I'exil et descendants de ceux qui les onl conquis autrefois. En partant de cetle ville , M. Erman se dirigca vers le nord le long du versant oriental de I'Oural. A Nevv- jansk il y a des exploitations considerables , dominees par un vieux chateau dont la construction remonte au temps de Picrre-Ie-Grand. Ses proprietaires ne I'habi- taient pas , et ne I'avaient pas visite depuis de longues annees. On inlroduisit les voyageurs duns de ;;raniles salles descrte.s , lapissees de portraits de iamille, en- lourees de vieux mcublcs dans le gout hoUandais , que ( «97 ) Pierre 1.-, avail rendu dominant en Piussi(>. Vr\ inlendanl a longue barbc pria les voyagours d'allendre, el leur fil servir ensuite, a leur grande surprise, un excellenl souper accompagne de vins de Madere et de Cham- pagne. Le lendomain , M. Erman choisit pour ses observa- tions magneliques un rocher isole de serpentine, qui lui parut exempt de parlicules metalliques. Mais le nombre qu'il obtint pour rinelinaison de I'aiguille magnetique, 66° 67' , etail trop different des r^sultals obtenus jusqu'ici , et indiqu^s par I'analogie (70° en- viron ) pour ne pas 6veiller ses soupcons. II trouva en elfet que des fragments de celte roche repoussaient lo pole nord de I'aimant, el M. Hansleen, qui observait a un autre endroit , obtint un resuUat different. Les voyageurs ne sauraient elre assez en garde con Ire ces perturbations locales. Au-dessus de Thorshavn aux Ferpe , j'ai vu un rocher qui renversait corn- pl^temenl I'aiguille aimant^e. Lorsque les effets son I aussi frappants , ils ne sauraient par cela meme etre dangereux; mais ce sont les petites perturbations con- tre lesquelles I'observateur doit etre sans cesse en de- fiance. Nos voyageui'S continuerent leur route dans la meme direction, et visiterent les usines et les exploitations de fer apparlenant aux families Df^midoff et lakolevv. M. Erman fit plusieurs observations interessantes sur la temperature de la terre , des puits , les aimants na- lurels, I'or et le platine des mines de Blagodat , et il signale I'existence d'elans giganlesques dans les vaslos et 6paisses forets de ce district. A quelques lieues au nord de la ville de Werchoturie (lat. 58° 52'IN., long. 58° 25' E. ) , il trouva la limite de la culture lie Torge ( 2.j8 ) el (Ic'S cer(^alcs en general, sous If iMoiidicn dr lik.;»l;i- rinbourg. C'est a BogosloAvsk , sous le 6o* degre do hilituclf , qu'on voit quclques Wogules , peuple chasseur que la domination russe a peu a pen refoul^ dans le Noid. Les trails (le lenr pbysionomie sont fort diffc^rents de ceux des Russes; leurs yeux enfonc6s, leurs regards farou- ches , leurs pommetles saillantes trahissent une ori- gine mongole qui n'esl point deraentie par leur ex- treme defiance. Les Wogules sont nomades. Leurs huttes ne sont ja- mais au nombre de plus de cinq, et cesgroupes sont 6loignes de i5 versles au moins, afm de ne pas effrayer le gibier. Les rennes sont leurs betes de trait el de somme. En hiver, ils vont a la chasse ; mais pendant I'ete, ils tombent dans un sommeil eslival , et ne sor- lenl presque pas de leurs liulles remplies d'unc ^paisse fum^e qui les garanlit de la piqure des mous- tiques. On ne trouve pas de Baskirs au nord de lekalarin- bourg; ils s'6tendent a Test de I'Oural , mais ne s'ap- prochent pas de la chaine , pai'ce qu'ils n'aiment pas le voisinage des peuples civilis(^s. On dislingue trois cantons habitus par des Baskirs; chacun d'eux est gouvern6 par un chef 6leclif ordinairement entoure d'un certain nombre d'aventuriers russes qui fornient son conseil d'fttat de ces petits. Comme les La- pons , les Baskirs sont lour a lour nomades el s6- dentaires. L'hiver, ils habitent de petits villages pla- ces sur la lisiere des bois; I'^t^, ils se repandent dans les plaines verdoyantes avec leurs moutons et leurs chevaux. Chaque i'amille possede une lente qu'on pent rouler el oniporlcr sur la rroiqx' d'nn ( 299 ) cheval. lis n'errent point Isolds, inais reunis en tri- bus.Leurs Iroupeaux paissenl autour des camps ou ha- bitations tempoi'aires qu'ilsont etablis.UnBaskirestun veritable centaure : habile a tons les exercices qui peu- vent se faire a cheval, il esllourd elparesseux des qu'il est a pied. Dans les plaines que ces tribus parcourenl , on voit I'herbe s'elever jusqu'au poitrail des chevaux , et on ne congoit pas que ces peuples n'aient pas en- core eul'id^ederecolterdu foin. L'hiver, leurs chevaux sent reduits a manger les v^getaux qu'ils trouvent sur la neige, et a chei'cher sur les fumiers des villages un(^ nourriture insuffisante. En 6te, on r^unit les jumenls pour les Iraire , et on prepare avec ce lait une boisson qui , jointe a la chair de raouton , fait la base de la nourriture des Baskirs. L'excellente sante dont jouis- sent ces hommes a engage plusieurs Russes h se sou- mettre au meme regime. On envoie habituellement les personnes d6licates, les phlhisiques mener dans le de- sert une vie nomade, el ilparaitque Texercicehabiluel du cheval et I'usage du lait ont souvent r^tabli des constitutions delabr6es. Sievers avait lait la meme ob- servation chez les Rirguises. Les Baskirs chassent avec des faucons , le li^vre et d'autres petits animaux; une grande esp^ce , le Faico chrysaetes, s'atlaque aux re- nards et meme aux loups. lis preparent avec les fruits du merisier a grappes [Prunus pndus ) un aliment dont il est deja question dans H^rodote, a propos des Argip- p6ens ; I'ecnvain grec le nomme itn^u, et les Baskirs le designent sous le nom d'^tschui. Entre lekatarinbourg et Tjumen , M. Erman vit en- core, a sa grande surprise, de beaux tilleuls sur les bordsd'un lacauquelilsont donne leur nom, par 67" 2' lal. l\. : c'est le point le plus septentrional auquel eel { ooo ) arl)rc piiisse vivrc sous ce mcridieii ; en iN'orv^ge, il s'e- leve jusqu'au 64"- Le 7 oclohre 1828, les voyageurs enlrerenl a To- bolsk accorapagn^s par la neige qui tombait |)our la premiere lois de I'annee. Dans la saison inlerm^diairo qui forme le passage enlre 1*616 et I'biver , il est im- |)ossil)le de voyager en Sib^rie ; les chemins ne sorit alors praticables ni (■>our des voitures ni pour deslrai- neaux; les rivieres sonl prises dans une parlie de leur cours fit ne le sont pas dans I'aulre. Tous les habitants s'occupent de leurs preparatifs pour la saison rigou- reuse qu'lls appellent de lous leurs vceux. Ces considera- tions deciderent M. Erman et ses compagnons k passer quelque temps a Tobolsk pour y completer les obser- vations mel6orologiques que le D"^ Albert y faisait deja depuis quinze ans. II elait aussi tr6s important de bien de- terminer lescoordonnees g^ograpliiques de Tobolsk ou Cihappe avait observe en 1761 le passage de Venus sur le disque du soleil. L'n ofTicier d'arlillerie suedois, agd de quatre-vingls ans, montra a ces messieurs le lifeu oil Chappe avait fait construire un observatoire. M. Erman fixa sa position laliludinale de la ma- niere suivante : lat. 58' 12' i5", 9 M., determination qui differe de 8" seulement de celle de Chappe. Au moyen d'une sonde , il fit percer un trou dans la terre, et un thermomctre entoure de corps mauvais conducteurs fut descendu dans une boue liquide a la profondeur de 10 metres, oii Ton trouva une tempe- rature constante de -f 2° 5 C. Le 19 oclobre , la temperature de I'airne s'elevapas au-dessus de +4" C. , et le 3o octobre , les tralneaux parcouraient la ville. lis se rendaient principalemenl au bazar, oi'i Ton trouve les produits de I'industrie chi- ( ^'"' ) jioise nielos a ceiix de I'Europe. Les liabilanls de la Siberie pr^ferent toiijours les premiers a cause de leur has prix et de leurs qualities; ainsi les toiles bleues de la Chine sont le vetement ordinaire des gens du peuple. On trouve souvent dans la soci^te de Tobolsk des criminels d'Etat qui y ont ^te exiles pour des fnutes leg^res : on les appelie les malheuretix ; ceux qui ont commis des fautes plus graves sont relegues plus loin vers Test ou vers le nord. II arrive quelquefois que ce sont des employes de la Siberie meme, et alors leur lieu d'exil se trouve plus rapproch6 de la capitale que leur residence ant^rieure. Un ancien gouverneur d'Ochozk se trouvait dans ce cas. La facilile avec laquelle ces bommes , qui appar- liennent souvent aux premieres classes de la noblesse, |)assent de toules les recherches du luxe Ji la vie des paysans siberiens est reellement extraordinaire, lis laissent croUre leur barbe, leurs cheveux, et tous s'ac- cordenla dire que leur vie acluelie estbeaucoup moins p^nible qu'ils ne se I'etaient imaging. Souvent ils epou sent des Siberiennes, et il est impossible de retrouver dans les enfants issus de ces unions la moindre Iraci: du rang de leurs pferes, pas plus qu'on ne saurait re- connaitre parmi les gens du peuple les descendants des anciens princes tartares. Le 21 novembro, nos voyageurs partirenl sur des traineaux en suivant le cours de I'Obi pour se jendre a Beresovv. Le Ihermom^tre marquait — 20" C. Rien n'estplus intt^ressant que le recit de ce voyage , tantot sur le fleuve glace, lanlot sur ses bords, ainsi que la peinlure des mceurs et de la maniere de vivre des Osliaks qui habilent ces bords. Le 3o novembrc , xiv. MAI. 5, 20 ooy M. Ermaii ot scs compagnons arriv^rent h BeresinA. Lne complete Indillerence ou iine curiosity ent'antine etaienl les seuls senlimenls que les exp(^riences aslro- noraiques on inagn^llqups de nos savanls avaient eveilles jusquela. Ces aiguilles, cos theodolites, ces cer- cles ^taient des instruments telle ment inconnus, que les paysans allroupes autour d'eux ouvraient de grands yeux, et no liasardaient pas menie une question, Innt Ms avaient le sentiment de leur jnofonde ignorance. A Beresow, il en I'ut autremenl: inlerrog^s sur le but de leur voyage, sur la nature de leurs travaux, nos sa- vants repondent a dos gens qui les enlendcnt , et qui par de nouvelles questions prouvent qu'ils ont parfaile. mont compris les explications qu'on leur a donnees. D'oii peut provenir un pareil changement? Comment les lumiferes peuvenl- elles augmenter ainsi en raison dir< etc de Teloignement de leur foyer ? C'est a Tin fluence des exiles poliliques qu'il faut atlribuer eel heureux r^sultat. Depuis plus de deux cents ans, la fleur de I'aristocratie russe , les homnies d'energie et d'ex^cution qu'elle a produits sont venus expier dans ces deserts le tort d'avoir c-t6 vaincus; leurs corps re- posent sous la neige , dans le sol toujours glac6 de Beresow, et leurs descendants, qui peuplent ce pays , ont recueilli I'heritage intellecluel des diplomates rt des g^neraux les plus distingues de la Russie. Oster- man, Dolgorouki, MenzikolT, ont termine leur vie dans cetle solitude. Le favori de Pierre It^'' 6lait le sonnetir d'une petite eglise qu'il avail construite lui-m&ine, ot on 1729 les habitants I'entcrr^renl dovant la porte , afin de pouvoir relrouver la place oil reposait I'honime qu'ils avaienliousappris h aimer. En 182 i,quatre-vingt- douze ans apr^s sa mort, son cercueil futdelerre; le ( ?io3 "^ sol qui i'entoiirait etait gele, et son corps parraitemonl conserve ; ses habits , son cceur, ses sourcils ot d'au- tres parties furent envoyes a ses descendants coaimc un souvenir du prenfiier liomme de leurrace. Conn us sous le nom de malhenreuxdu i4 decemhre , lesauleurs de la derniere conspiration ont ete disper- ses en Sib^rie. A Beresow , se trouvaient I'ex-gene- ral de cavalerie Gorski et les capitaines Focht et Tscliernilof. Les jours de fete, ils porlaient des ha- bits a I'europ^enne pour faire voir la trace des deco- rations qui y avaient ete cousues. Les deux derniers etaient fort decourages , et croyaient que TEurope en- tiere deplorait leur sort. Le vieux g^n^ral ne se plai- gnait que d'une chose, c'est des obstacles que le iMord opposait a I'equitation. Les chevauxdu pays pouvaient a peine le porter, et il s'elait fait I'instructeur dedeux Cosaques; mais la neige en hiver, le sol marecageux en et^ , s'opposaient a ses exercices favoris. D'aulres exiles accompagnes de leurs feinmes s'etaient plon- ges dans une solitude profonde. II est inexact de repe- ter que ces condamnes politiques sont forces de luer un certain nonabre d'heruiines chaque annee. S'ils sont faits aux travaux manuels, on les fait travailler dans les mines , ou on les cnvoie comme colons gagner leur vie, mais s'ils appartionnenl aux haules classes de la society, I'Etat poiu'voit a leurs besoins. 11 etait inl^ressantde comparer la temperature dusol deBcresowaveccelledeTobolsk. M. Erman fil percerun trou de G^So de profondeur. A Fair, le thermometre enlour^de corps niauvaisconducteur marquait — lo" C. Apr^s trois heures de sejour au fond du trou, il mar- qua 4- i",86 C. ; ainsi 5 peu pres la meme tempera- ture qu'a Tobolsk. M. Erman observa aussi une belle 3o: ( 5o/, 1 auron; boieulo occidenlnlf, et oliulia son inllueuce sur la dcclinaison et linclinaison de I'aiguille ainianlee. Le 3 decembrc, il quilla Beresow par un froid de 26" C. II parlit avoc des Iralneaux alleles de reiines pour se rendre a Obdoisk, village silu6 pr^s de I'em- bouchure de I'Obi dans la mer Glaciale , lat. 60° 01' 7", long. 64' 21' 5 1 " E. de Paris. L'un de ces Iralneaux etait d^couvert , I'aulre fermd comme une belle. Pen- dant son voyage, I'auleur parcouriit des pays occu- p6s par les Osliaks, pecbeurs et chasseurs, peiiplos encoi e sauvagcs , chez lesquels le talouage est usile, du moins cliez les femines. 11 donne des details cntiere- menl neufs sur leur costume , leurs mcEurs , leurs su- perstitions , leur langue. La coniparaison de cello ci avec le hongrois; le grand nombre de mots sembla- bles dans l'un et dans I'aulre idiome ont conduit M. Erman h emeltre I'opinion que c'estdans le nord de I'Asie qu'il fallait placer I'origine de ce peuple, dont plusieurs etbnographes ont ele chercher le berceau jusqu'aux sources de I'lndus. II donne une foule d'ap- per^us et un \ocabulaire comparatif des deux langues a I'appui de son opinion. A Obdorsk , par une profondeur de 6", 4 il trouva dans le sol une temperature de — 1°, 85 C. Malgre un froid de — 35°, noire courageux voya- geur n'besila pas a enlreprendre un voyage dans les montagnes voisines. Yelu comme les Samoyedes el les Osliaks qui lui servaienl de guide, il voulut braver comme eux la rigucur du climat. II passail les nuils sous une lenle , enveloppe de peaux de renne. La con- stitution geognoslique de ces monlagnesvoisines d'Ob- dorsk est la meme que celle de I'Oural, et M. Erman no doule pas qu'on n'y relrouve un jour les memes ri - ( 3o5 ) chesses iniiK^rales, et en particulier Tor et le plaline. Dans ces monlagnes, il a vu un phenom^ne deja si- gnale dans les Alpes, c'est que la quantite de neige y etait moindre que dans les plaines; partout dans le volsinage des blocs de rochers, la neige avail 6te fon- due et convertie en glace brillanle. Des Samoyedes parcourent ces conlrees avec do nombreux troupeaux de rennes qu'ils dispulent a la voracile des loups. Le 27 decembre, M. Erman ^lait de I'elour a To- bolsk apres une absence de trente-cinq jours. La il se s^para de ses compagnons de voyage. Dans I'inlerel de leurs observations magn^liqaes, ces messieurs r6- solurent de se rendre st^tparement a Krasnoiarsk, lat. 56" 1' o", long. 90° 36' 55" E. de Paris. Cette ville est maintenant le siege d'un gouvernement qui doit sa pro- sperite a M. Alexandre Slepannoff. Get homme distin- gue s'est affectionne aux habitants. Il s'attache a leur faire voir tous les avantages qu'ils peuvent tirerdu pays. Des ateliers dans lesquels des bannis niettent en oeuvre tous les produits indigenes ont ete etablis par ce raa- gistrat. Non content de donner ainsi une vive impul- sion au perfectlonnement materiel , il cherche aussi a encourager les belles lettres qu'il s'efforce d'acclima- ter dans ces regions eloign^es. MM. Petroff , Kusmin , Amvrosoff , tous Siberiens, ont commence la publica- tion d'un almanach poetique. M. Stepanoff I'a enricbl de poesies pleines de charmes. Dans I'une d'elles , il s'adresse aux Tongouses de sa province , et s'ecrie : (1 Descendez de vos rochers sur le fleuve, et sovons amis ; vous trouverez en moi un frere ; car je crains les hommes autant que vous ! » Dans cetle ville , M. Erman a rencontre deux debris dp I'aimee fran^aise ; I'un , ancion grenadier de la ( 5o6 1 vieilJe i;;u(Je, elait mailre-d'holef tlu gouverneur ; il avail epouse une Sib^rienne, el n'eprouvail pas la plus legt're envie de rclourner en France, oii, disail-il, on devait I'avoir oubliedepuis loQg-lemps; I'autre, appele rornarini , no a Ancone , avail elabli une fabrique de poterie qui elait en pleine aclivile. M. Erman observa dans le voisinage de la ville plusieurs sources donl la It'rnperalure elait de + 4° C. La vallee dans laquelle Krasnoiarsk est siluee pre- senle un ]>henomene Ires remarquable, c'esl qu'elle n'esl point couveile de neige pendant toute la duree de I'hiver. Cela ne lienl pas h ce que la neige ne tombe l)as, caron en Irouve des amas enormes dans les vallees \oisines lalerales; mais les vents tferribles qui rfegnent lonl I'hiver le long de la vallee la balayenl coinpl^le- ment, et il ne resle qu'un sol nu el fendu de lous co- les par la gelee. A moiti^ chemin , enlre Krasnoiarsk et Irkuzk, M, Erman rencontra pour la deuxifeme fois M. Ilansteen ; il se separa de lui et d'un domeslique qui I'avait accompagne jusqu'ici. L'emolion nalurelle qu'il eprouva en quiltanl ses compagnons europ^ens etait niiligee par le sentiment de Ihospitalit^ siberienne donl il avail d6jh si souvent ressenli les eflels. Telma (•stun cndroitremarquble par une fabrique de draps el une verrerie ; celte derni^re donne des produils tr^s parfaits , el M. Erman y fit faire des lubes barome- triques rccourbds donl le diamelre elait si uniiorme , que lous s'adaptaient parfaitement a la meme monlurc en cuivre. La description d'Irkuzk est tellemenl seduisantc sous la plume de M. Erman, qu'on est presque lente de I'accuser de celle parlialile que les voyageurs onlmon- Iree de tout temps ])our les pays qu'ils onl visiles. ( 3o7 ) Toutet'ois, on ne saurait accuser J'aiileur d'avoir etc seduit par une beaute relative ; cat-c'est apr6s avoir vi- sits Otahiti et Rio-Janeiro, les deux plus beaux pavs du monde , qu'il a trace le tableau d'Jrkuzk. Bade sur un plateau de 1,000 metres d'elevalion au-dessus du niveau de la mer, cette viile jouit d'un ciel presque toujours serein et d'un air priv6 d"huiniditi^. Centre de la Siberie orientale, voisine des iVonti^res de la Clnne, clle reunit les avantages d'uno petite capilale a ceux d'une place frontiere.EUerenfernae de beaux bati- ments, unegarnison nombreuse, et la presence d'exiles politiqaes y entretient les traditions d'une civilisation avancee. L'inspecleur de la police, M. Mouravvieff, appartient a une des premieres families de I'empire ; il se trouva aflili^ a la conspiration de decembre 1826, et fut d'abord exile au-dela du Baikal; puis graci^ a inoitie, et nomm6 au poste qu'il occupait alors. Sa I'emme et sa sceur I'avaient accompagne dans son exil , et ornaient le petit cercle qui se groupait autour de I'illuslre exile. Singuliere coincidence dans la destin(§e d'un meme homme ! C'est ce meme Mourawieff, chef (ie la police d'une petite ville sur les IVontieres de la C-h-ne, qui avait dirigd; celle de Paris pendant I'occu- pation. Malheureusement pour lui , il ne sut pas se ga- rantir de la contagion des idees liberates qui devaienl gerrner dans un ccEur genereux tel que le sien. Pen- dant le sejour de M. Erman un autre exile de la merae epoque traversa la ville: c'etait M. Tschernitself , un parent de I'ancien Etman des Cosaques. On lui avail accorde sa grace, c'esla-dire qu'il avait recu I'ordre d'enlrer comme simple soldat dans I'armee du Cau- case. Aussi etait-il peu touche de celte faveur; car il laissait un ami en Si!)6rie , et sa sanle delabree ne lui ( 5o8 ) perinil j)>is raeine li'alleindre le lieu de son nouvel exii. Irkuzk etait alors un petit centre scienlilique des mieux composes. Plusieurs savants 6taient venus pour s'y livrer a I'etude du chinois. iM. Turtschaninoff elu- diait la flore du pays, MM. Hess, SpheridotT, There- min , etc. , etaient a la recliercbe de ses ricliesses rainerales; M. Rajewski, un exile, se livrait a des essais })o^liquesen russe et en allemand, Le 12 fevrier, M. Erman se init en route pour visi- ter la province de INerlschinsk au-delh du lac Baikal et le temple buddisle des Buriaites. Le lac complele- ment gele tut rapidement traverse, et de I'autre c6t6 il li oijva de nouveau une cootree d^pourvue de neige. Mais ici le phenomene depend, non de la violence des vents, mais de lextreme secheresse de lair. II altei- gnit bienlol Kiacbla , ville moitie russe et moitie cbi- noise on il se fait un commerce d'ecbange tr6s im- j)orlant. Rien n'est curieux comme le contraste des deux moities de cette ville. Lorsque Ton a depasse le mur en jilancbes qui sert de fronliere entre la Cliine el la Russie, la froide r6gularit6 d'une ville euro- peenne est reniplacee subitement par des babitations pointesde mille couleurs, et ornees de lanternes et de drapeaux chinois. Dans celte ville, M. Erman recueillil ^ une foule de details curieux sur les diverses anibassa- desdes Russes a Pdkin. Le gouverneur do Kiatcba avait fait partie de la derniere , et tout ce qu'il avait eprouv6 lemoignait de la douceur, de la patience, mais aussi de la juste et incurable meliance des Cbi- nois en\ers les etrangers. M. Erman entre dans les details les plus curieux el les plus circonslanci^s sur le commerce d'ecbange ( 3o9 ) qui se fait entre la Riissie et la Chine. 11 doiine une id^edes representations theatrales dont il a el6 t^moin; puis il rend compte de sa visile au temple buddiste des Buriaites sabaikals. Non seulement il decrit le temple , mais il lapporle des details Irfes interessants sur les ce- remonies fort analogues h cellesdu rite catholiqne aux- qnelles il a assists. Ayant ete re^u par le grand-prStre, il lui adressa plusieurs questions sur la religion bud- diste qui montrenl encore mieux son affmite avec le christianisme , ou du moins avec le Manicheisme. Deux missionnaires avaient et6 envoyes d'Angleterre pour converlir les Buriaites au methodisme ; leurs ef- forts ont 6t6 vains , et ces messieurs avaient eu le bon esprit de se consoler de leur insucces en etudiant les dialectes raongols , et en travaillant a la confection d'un dictionnaire anglais-mongolique. Revenu a Irkuzk , M. Eiman n'y sejourna pas long- temps, et se remit en route le long de la Lena pour gagner lakouzk. II effectua son depart le 19 mars 1829. La vallee que parcourt la Lena est etroite, bois6e, el a une elevation mediocre au-dessus du niveau de la mer. 11 y trouva les goitres tres frequents et des traces de cr6linisme. L'analogie de cette vallee avec celles de la Suisse, ou cetle infirmity est si commune , le conduit a des paralleles tr^s interessants sur les causes delerminantes de cetle maladie. lakuzk , oil M. Erman sejourna du ^ au 23 avrii, est une des localiles les plus int^ressantes du monde pour la physique du globe et la meleorologie. En eCfet, cette ville se trouve a la fois sous le meme m^ridien que le pole magnetiqne siberien et sous celui du plus grand froid. Elle est siluee par lat. 69° 1' 29" et long. 127" a/j' 35". D'apres les observations de deux negocianls ( 5io ) inlelligeuls, MM. Katakazia et Newierovv , doul M, Er- man corrigea les Ihcrmornetres a alcool , la Iemp6ra' ture moyenno cic lann^e est de — 7°, 5 C. Tous les hivers le Uiernioraelie descend a 5o" C. dans les pre- mieres scmaines de Janvier; ainsi , en 1827, le 3o et 01 Janvier, le thernionaetre se lint conslamnaenl enlre — 54" et — 49°» G- En 1828, du 1"" au 10 Janvier, I'alcool resla constamment au-dessous de — 5o°, et la inoycnne de deux mois de I'annee est au-dessous de — 4o° C. A ces liivers si rigoureux succedent des et6s relativement trcs cliauds qui durent ordinaire- inent depuis le 12 mai jusqu'au i5 seplembre. Les inoyennes de juin, juillcl et aoiit sont + i4". + »9" et 4- 16", et a I'onibre Ic Ihermometre monle souvent a -f 25". La temperature de la terre confirrae pleinement ces lesultals; en et6 , elle ne d<^gele qu'i la surface et au I'ond d'un pults sans eau profond de G metres, M. Er- nian Irouva la terre I'orlemcnt gelee et Ic thermom(^tre s'y lint toujours au dessous de — 7", 5. A hikuzk, notre voyageur recueillit une foule de ren- seignements sur les gisemenls de defenses d'elephanl et de rhinoceros femelle , et sur les idiomes des lakou- los el des Tarlarcs. Le 2 1 avril , il se miten route avec (los lakoutes et des Tougouses pour traverser les nionts Aldan. Celte partie du voyage fut la plus peni- lile, mais c'est aussi la plus pitlorcsque : tanlot a che- val sur des rennes, tantot traSne par des chiens, nolro voyageur v6cut de la vie nomade des Tougouses qui n'ont encore rien emprunt6 a la civilisation de leurs . voisins, etsavent lulter avec leurs seuls moyens contre les dangers el les fatigues sans nombre do la vie no- made sous uii (les climals les plus rigoureux de la ( oil ) lerre. Le 19 niai, iM. Eiman arriva a Ochozk sur les Lords de I'ocean Pacifique. Noire analyse ne saurait donner qu'une idt^e bien iinparfaite de ce voyage , dont nous appelons I'enlifere publication de tous nos voeux. Fils d'lin des physiciens les plus distingues de I'Allemagne , M. Adolpli Erman r^unissait loules les connaissances astronomiques , physiques, linguisliques et des notions suffisanles d'his- toire nalurelle pour ne rien laisser passer de ce qui pouvait inl^resser I'Europe savanle, Aussi son voyage n'a-t-il rien de celte (^Iroite specialite de la plupart de ceux qui se font mcme de nos jours. Les savants y trouveront les renseignements les plus varies, et les gens du monde le liront avec tout I'inleret d'un re- man, dont les ev^nements sont des verites. La nouvelle carte de la presqu'ile du Kamts- chalka qui accompagne cet ouvrage a 6te publiee par Schropp a Berlin; elle comble une precieuse lacune pour la geographic physique et la geologie ; nous ne saurions mieux foire pour en donner une idee que de renvoyer le lecleur a la letlre dont M. Erman I'avait accompagnee en I'envoyant au capitaine Washington ^ secretaire de la Sociele royale de geographie a Londres . Nous donnons ici la liste des principaux points doni Ja position geographique a et6 fixee par M. Erman. ( 5l2 ) Coordonnees geographiques de plusieum points de la Siberic asiatique , deterniinees paryi. Adolph Erman. 2* parlie, vol. i", page 408. f LIEUX. LONGITUDE ORIEKTALE DE PARIS. Irkalarinburg Nijni'i-Tagilsk Kuschwa . . ^lollla^ne magiieiiqiie de Blago- dat.' , Katschkanar Wei'i-lioluric Sut;azk Tjiimen Iiijakowa Tobolsk , ville d'eu haut. Deiijikdwo (elisarnwo Srhorkal Beresow Obdor.-k Ajewskji-Wolok Taia rscliiibiim Ojasch Tomsk Kasii'ka K.ia'iiiojar>k iVsalfWjk Irkuzk Troisko-Sawsk Moiioclioiiowo \rslHnsrht\va Bolowsk Usikiizk. . i . . . . tCiicnsk. . . ... (wanowsk I'arsohinks lerbiiik WIeiisk Obkma Issik lakuzk Ponitowsk Lebegii'e LATITU DE BOREALE. 58" 57 57 5- 57 58 61 63 64 65 67 66 63 62 64 i3'49" 32 5o 22 28 26 38 4 48 25 4i 23 47 6 5o 45 59 55 41 35 19 I 10 i3 44 43 36 21 3i 82 48 36 90 36 55 Ilaiiteiir sur | la inrr tn piedsde Pari* 56''3o' 38" 57 54 36 58 17 5 58 t6 58 43 58 52 56 59 57 9 57 3i 58 II 59 57 61 i5 62 44 63 55 M 3i 56 34 56 54 55 5 55 56 56 56 37 I I 55 27 lOI 59 3o 52 16 K14 8 0 50 2 1 I04 8 35 5o 58 104 35 25 5i 16 55 9 56 46 57 47 58 37 59 7 60 2S 60 0 60 22 60 47 127 24 35 62 I 129 29 28 6-2 I iS, •-» 1 4" i')f 1 1 56 18 '9 48 35 5o 40 48 o 20 59 7 5o o 4 I i5 39 3o o 6 20 5 6 42 58 3 18 44 i5 I o 24 6 29 ID iS 91a 828 996 1434 2-66 334 1 164 2082 9:6 820 627. 58i 456 404 384 3 16 450 276 ( rii-T ) LIRUX. Nochlii'ik Aldanskji-Perewos Tschf I iioljf s . Gariiaslach AiiKiha Oi hozk Enihoiichnre du Tigil Tigilsk TiiiiJia [eldwka ■ • . Pointe orienlale du Sclnwelu- Iscli- Pointe occideiitale de la meme niontayiie Chart'irliinsk. Kliiitsrliwe>k " SDHimet du volcan de Miuts- chew-k Kosuiifw^k "Volran de Tolbalsrhinsk. . Maschiira Nalschika Pojt de Sainl-Pierre et Paul. i\eii-Ariliaii;,'elsk sur Silclia. San Fl•Hm•i^ro LONGITUDE ORrENTALE DE PAKIS. 132-36' '^9" 1 33 1 3 43 i34 2 32 i34 39 48 i36 19 26 i;o 5r :o i55 54 19 i56 16 o tS-j 55 3fi i58 34 20 i58 53 52 1 58 56 27 i58 23 I i58 2£ 53 t58 .10 48 i57 i3 48 [57 40 8 1 56 34 58 r55 55 14 1 56 19 48 222 14 20 235 r5 o LATITUDE BOREALE. 61056' 6 1 53 3i 29 o 2 1 I 45 4 53 45" 22 i3 36 59 29 25 55 36 53 56 39 39 56 40 32 56 3 I 6 56 19 55 56 4 18 55 52 5 ,'i5 5t 26 55 4 21 5 3 6 3o 53 o 27 57 2 44 37 48 44 Hauleiir ^ul■ la lUPr fn |)i»-dsdti I'iiris 702 396 924 l43t 22 12 2022 462 8249 9898 50 14790 726 7800 Ch. Martins. CoMPTE-RENDU de Voiwrage intitule : The Negroland of the Arabs, /Jrtr William Desborough Cooley. Parmi les myst^res resits impenelrables aux invesli- galions de lageographie,parinilesconlrees qu'eJlecber- che avec ardeur a nous faire connailre en soulevant quelqiiepeu le voile quib's derobe aux regards, I'Afrlque occupe le premier rang. La sont de grands perils h af- fronter, la (\q grandes conqueles a faire, Terrcs ol pen- ( 5.4 ) pies, mceurs il langagos sonl encore bien pen eludies; el si les bordures de ce grand continent ont ete relevees avec soin, d^crites avec exactitude, il est encore, au centre de cette masse compacte , beaucoup de lieux ignores qui t^moignent en blanc sur nos cartes corn- bien sont insulTjsants les efforts tenlcs jusqu'a ce jour. IVIalgr^ le z^le des bonimes de science el de courage qui ont affronte les dangers du desert, inalgrd le de- vouement avec lequel ils ont le plus souvent pay6 de leur vie ieur mission liasardeuse, c'est encore aux Arabes que nous devons peul-elre, sur la Nigritie, les plusnombreuxrenseignements.Dcpuis la fin du vii* si6- cle, rislainisme, ceuvre de conqueteet deproseljtisrne, poussa au-delh de I'Allas ses audacieuses phalanges, l.ne fois maltres de I'Afrique du Nord , les yVrabes eta- blirent , avec les peuples qui babitaient le centre du conlinenl, un commerce aclif h I'aide duquel ilsaug- menlerent leurs richcsses et (itondirent leur puis- sance, lis allerent chcrcher dans le Soudan la poudre d'or qu'ils envoyaient aux suzerains de Baghdad , et Jes esclaves noirs dont ils formaicnt de nombreux ba- taillons. (^'est le resultat de leurs courses frequentes , de leur habitude du desert, que M. Cooley a voulu conslaler dans un travail dont il vous a fait hommage. Eclairer la geograpliie de I'Afrique centrale , ^tablir quelquc concordance entrc les descriptions g^ographi- ques que nous onttransmisoslesOrientaux, donner une valeur nouvelle a ces documents en comparant le pre- sent au passe , tel est le but de I'auleur. Quiconque a voulu meltre a profit les trait^s de geographic com- poses par les Arabes, a dQ remarquer combien un tra- vail lout special de critique est necossoire pour pouvoir profiler iles docunienls (jirils nous onl fait parvenir. Naifs, sinc^res, quelquefois mememinutieux et diffus, leurs travaux cependant manquent de profondeur et d'exactilude. lis entassont sans choix un amas de ma- l^riaux confiis dans iesquels beaucoup d'ecrivainsmo- derncs ont clioisi cliacun ce qui ponvait convenir a I'objet special de ses etudes, cherchant quelque rap- prochement de son toujours facile, a I'aide des no- menclatures varices que donne lortliographe incer- taine des Orientaux, M, Cooley s'est propose d'etendre sur lout le pays, depois le lac Tchad h Test, jusqu';i Galam a I'ouesl, el depuis les frontieres du Maroc au nord , jusqu'aux limites seplenlrionalcs de la Guinee, vers le sud , cette critique consciencieusc , seul guide du geographe au milieu des renseignemenls divers qui forment comme un labyrinllie inextricable. L'espace compris dons ces recherches contient h la fois el ces plaines de sables donl la chaleur brulanle n'est jamais rafraichie par les pluies du Iropique , el ces lerres arrosees par le Dio- liba , ou se pressenl des races de negres tellement melees, que cinq ou six langues sont quelquefois par- lees sur ime petite etendue de lerritoire. Le premier chapilre est consacr6 a I'examen d'une question geo- graphique d'un haul int^rel; c'ost de determiner I'em- placement de Tancicnne Ghanah des Arabes. El-Bekri, Ebn-Khaldoun.Edrisi, onl parl(^ decolto ville situee sur les bords du Nil des iNoirs, ou les Musulmans avaient douze mosquees, des imams, des muezzins, des juris- consultes, des savanls dislingu^s , dont le roi habitait un palais entoure de pavilions non loin d'une foret sacree , oil residaient dos magiciens chargers du culle religieux. M. Cooley, aprrs ;ivoir examine avec soin les f 'm6 ) ilinerahes Iraces par les Arabes depuis TainedoU el Sedjelmessa , a Iravers le Sahra, jusqu'a Audaghost et Ghanah , arrive a celte conclusion que Ghanah a du exisler non loin du lieu oii mainlenanl s'eleve Tom- boktou. La description de la ville et des routes qui y ame- naient les caravanes do I'Afiique septenlrionale pour v chercher des amies renomm^esou desdenr6espr6cieu- ses, les relations de Glianah avec les Zenagha, et parli- ouli^remenl avec les Morabiles , le tableau de son com- merce avec les tribus qui habitaienl le bord de la mer, la position des Djenawuh, le cours du (leuve , les rap- ports de Gbanah avec Minah , Masin , Anbara , la con- iormite des lois , des usages , des liabiludes , toules ces preuves sont babilement groupees pour arriver k la solution du probleme que s'etait propose le geogra- phe anglais , determiner la position de Ghanab. La calastropbe qui fit disparaJlre Gbanah de I'borizon po- litique de la Nigritie ne nous est pas revelt^e par les cbroniqueurs arabes. Ccpendant a I'aido d'un frag- ment do riiistoiro des Mali, tire d'un MS. des Prol6- gomenes d Ebn-Rbaldoun que possede le British Mu- seum, M. Cooley a cbercb6 a fixer d'une maniere approximative la date de la grande conquele qui mit fin a I'empire de Gbanah. Selon lui, les habitants de cette ville, forces par les Morabiles d'abandonner I'i- dolatrie pour embrasser la foi musulmane , accompli- rent ce grand changement en I'annee de Ihogire 469. de J.-C. 1076. Gouverncs par un descendant d'Abou- Talcb en 548 , de J. C. 11 55, c'est non loin de cctle epoquc qu'il faut placer I'irruplion des Mali de la race mandingue qui vinrent envahir Ghanah, el probable- meril delruire jiisqua sou nom. tndemi-si^cle apres, ( 5i7 ) on ijio tie i'lit^gire , tie J.-C. i •' i 5 , Toinbokloii cMail fondle pai- MansaSoleiman. Apr^s avoir analyse les voyages d'Ebn-Batoula dans I'inlerleur de I'Afrique, apres I'avoir suivi de Sedjei- raessa, a Iravers le desert, jusqu'h Mali,iM. Cooley I'ac- compagne a Tomboktou , et de la, en descendant le cours du tleuve , a Kaukau , oii il tourna an nord-est pour traverser de nouveau le3 plaines de sable. Ces formidables barrieres ne pouvaient arreler Fintrepide voyageur, dont la mission sur la terrc semblait eire de parcourir toutes les parties du monde connu. Le savant anglais, a I'aidc d'une discussion profonde de cot im- mense itin^raire , rechercbe I'emplacement de la viUe de Mali, et arrive aussi a celte conclusion que Kano, malgr^ I'autorite de d'Anville et de Renneil, malgre I'a- nalogie du son, malgro les insinuations que I'on pour- rait tirer dun passage de L«^on I'Africain, ne peul etre I'ancienne Glianah. Le dernier cliapilre de Touvrnge de M. Coolev est relatil aux divisions de la INigritio et au classenienl des diflerenles tribus qui I'babitenL Aprus avoir C()!Uj)ar(' la liste des peuplades n^gres donnee par L(^()n IVVfri- cain h celle que pr^sente Ebn-Said, M. Cooley terinine ainsi :« La position des differents Etats de la Nigritie 1) cil^s par les auteurs arabes ayant ete convenableuient ndisculee, noire tuche npproclie de sa fin. Les preuves »qui peusent amener a cette conviction que Chanali oelait situee entre le Sahra et le Niger, non loin de 0 Tomboktou, rendent a la fois probables et naturels nles rapports qui ont exisle entre cet Etat el ceiui de r> Sedjelmessa. La nation dont la langue estparlee dans I) la plus grande partie de la Nigritie est njaintenaal "connue. Les Tekrur ont ete suivis depuis Silla, nou w. MM. 4 ^* ( 5i8 ) »loin do Djeiiue jusqu'u la rive orienlale clu Kowara. aLliistoire tie Mali s'est devoilt^c ix nos regards, ct Ics ulimlles dc col onipirc onl pu clrc en parlie d^lermi- »n6es. II aele d(^inonlreclairement queKagho ful aussi » appele Raukaii ; mais (jiie cetle derni^re appoUalion, nappliquee a un ou plusieiirs aulres licux places plus a dI'csI, a occasionne unc deplorable confusion. L'igno- » ranee el les liypolh^sos erionees des Africains relati- xvonient au coins du Kowara ont pris naissance dans »les anciennes notions du lac Koura. La s'arrelaienl »les connaissances positives des Arabes, dont la geo- Dgraphie Uieorique embrassait loulefois, et ce lac et »les Demdeni qui en babilalenl les rives. l)e nombreu- » ses inductions qui portent en elles un caraclere de » vraisemblance et se confirnaent mutuellement ont et6 » tiroes non de testes choisis d'une mani^re arbitraire, n mais du concours de cliaque ouvrage soumis d'abord » a un exanien critique et raisonne. Rappelons niain- •• tenant I'attention sur les principales revolutions bis- » toriqucs qui ont ete devoil^es dans le couts de ces n recbciches. Les guorres, les conquetes des Moiabilos • ouvrirenlle grand desert occidental aux enlroprises »(iu commerce. L'impulsion donnee par leur cntliou- ) siasme religieux au Tekrur sc r^pandit rapidement B(iaiis foucst de la Nigritie jusqu'a ce que les babi- >i tants du Mall, devenus mailres de Glianab, compte- urent une partie des Zenagba au nonibre d(! leurs B tributaircs. L'esquisse bistoiiqu e des Mali merile une » attention particulier(\ L'etublissementd'empireseten- » dus el puissanls dans les premiers ages de la societe a X presque loujours ete un acbeminement vers la civili- rsation , en brisant les obstacles qui s'opposaienl aux a relations des peuples entre eux, et en favorisant ainsi » les progrt'is du commerce ct de rindustrie.* ( 3i9 ) Cest dans ce dernier chapitre surtoiit, qu'exami- nant les ouvrages des auteurs arabes qui ont obtenu une reputation de veracil6 , que s'aidant du MS. de Bekri poss6de par la Bibliotheque de Londres , el qui parait contenir les points diacritiques dont mallieu- reusement est le plus souvent priv6 celui de notre Bi- bliotheque royale, I'auteur anglais a developpe aussi complelement qu'il lui a 6te possible les renseigne- ments donnas par les Orienlaux. Quand I'expose de leur systeme est clair , nalurel , concordant , il n'a fait que le presenter sans chercher a Talt^rer par des conjec- tures arbitraires; mais quand a« contraire il I'a trouve obscur ou contradictoire, il a pris soin de s'informer quelles ^taient les sources auxquelles avait puis^ la geographic arabe , quel (^tait I'^tat des connaissances et des systemes geographiques adoptdis de son temps , quelles sont les parties qui peuvent etre considerees comme originales ou aulhentiques , et quelles sont celles fondees simplement sur des suppositions. C'est a ce travail consciencieux, el qui demandait de grandes connaissances acquises, que nous devons I'ouvrage dont vousm'avez charge, messieurs, de vous rendre compte. N. D. V. Analyse du premier volume de VHistoire du Venezuela , par M. S. Berthelot , Secrelaire general de la Coruiuission cenlralo. Le colonel Codazzi el ses collaboraleurs, MM. Ba- ralt el Diaz, ont termini la lache qu'ils s'6laicnt im- posee des leur arrivee a Paris. La publication des 21. ( .i-io ) (jimlro viiluines Ao Vllistoire du Venezuela a niarcli(' s mullan^incnl avcc la gravurp de la grande carte et lie I'allas qui onl ele oH'ei Is a la Sociele. La r(5daclion de eel important travail, poursuivic avoc line ardeur digne d'cloges, a dol6 le Venezuela d'une oeuvre nalionaln qui assure a ses aulcurs la gra- titude de leurs conciloyens, el les recommande a I'estime i\o lous les amis des progr^s et de la civilisa- tion. Nous n'enlreprendrons pas une analyse gcn^rale des quatre volumes qui viennenl de paraitre; cet exa- me nne pent etre fait qu'en detail, car la variele des mati6re?a reclame plusieurs subdivisions. D'abord I iiisloire ancienne , qui comprend d'une part lotil cc qui se raltache a I'epoque de la d^couverle , aux an- nales dela conquete, a la marche et aux progres de la colonisation consider^e dans ses rapports adminislra- tifs; del'autre, I'hisloire moderne , c'est a-dire cellc qui embrasse la nouvolle organisation polilicpie depuis I'instant oil Ic Venezuela jeta le cri d'ind^pendance et donna aux populations bispano-am^ricaines I'exemple du d^vouement a la cause de la liberie, jusqu'a celui oil le pouvoir qui avail lenu si long-temps le pays sous le joug du monopolc , se trouva lout-a-coup depossede de son ancienne conquele. A partirde cetle revolution, Iraversee par les cliances d'une guerre implacable ol signalee par les plus glorieux fails d'armes , commence un syst^mc nouvcau. Cetle troisieme partie de I'bis- loiie politique est consacr^e au dtiveloppemenl des principes qui onl constilu6 la nnuvelle sociele : I'au- teur indique le caraclere que lui ont imprime les cve- nf^mcnls accomplis, les idees conquises au milieu d'une lutleacharnee , el pour complement de son oeu- vre , il termine en envisageanl Tavenir que preparent ( 321 ) ;m pays ies insliliilions naissantes. La qualiieme jjai- lie de I'ouvrage est le resume ties Ijelles observations geograpliiques et stalistiques du colonel Codazzi , dont la Society a su apprecier et rocoinpenser le uie- rile. Ainsi, I'liistuire du Venezuela einbrasse a la fois !a connaissancc des ev^nements Ies plus meiuorables et lensemble des tails qui delermiuenl ies conditions physiques, econoniiques et civiles du pays. Le congres de Venezuela comprit lout ce que I'in- struction publique pouvait gagner h la connaissance de ces importantes malicres, lorsqu'il ordonna avec tant de liberalite la publication de I'ouvrage qui doit ser- vir a leur etude. La Commission geographique qu'il chargea de ce travail a r^pondu a la confjance du gou- vernementpar d'excellents resultats. Nous allons donner un expose succinct du premier volume, dont la rddactien est due prcsque enlierement a M. Baralt. Get habile ecrivain y traite un sujet du ressort de la Societe, et qui nous a paru digne de son attention. Jetant d'abord un coup d'eeil sur I'elat de la geographic au moment ou Christophe Colomb concut I'audacieuse pens6e de traverser I'Ocean pour ouvrir une nouvelle route aux navigateurs, M. Baralt expose Ies raisons qui le diiterminerent a tenter cette grande entrcprise. La relation de ses voyages et de ses decou- vertes fait suite a ce preambule que lermine une bril- lante esquisse du caractere de I'illustre Genois. « Si le meiite des horames, dit M. IJaralt , s'eslime par I'im- portance des entreprises qu'ils executerent, celui de Colomb peut se placer au premier rang. Les nations europeennes lui doivent un des fondemenls de leur ])uissance, I'Espagne son plus beau litre do gloire etla ^iouroe d<> sa piospciile; niais si, sans s'arrcler aux ( 322 ) resullals, on n'onvisage quo les diflTiculles de I'enlre- prise , celles que Colomb surmonta avec tant de con- stance et de courage n'ont rien qui puisse leur etre compare. II lui fallut tout vaincre, car tout s'opposait a ses projels, la science, les hommeselles elements. La post6rit6 en immorlalisant sa m^molre pouvailseule le payer du service qu'il rendit a I'Ancion-Monde par la decouvcrte du INouveau. Colomb etaitdoue d'un ge- nie vaste, d'une volonle forte; il poss^dait toutes les connaissances de son 6poque en maticres relatives a sa profession. Ln coeur sensible, une inlelligonce vive t;t f(^conde, que mod^rait un jugement droit et ralion- nel, venaient temp6rer en lui IVIan des passions dange- reuses. Sa grande ame, qu'enflammait I'arabition de la gloire , avait I'orgueil des belles actions L'histoire nous le montre d'un caractere grave, ceremonieux et reserve, mais plein d'alTabilile et do courtoisie, et comrae un modele dos coulumes domostiques et des vertus civiques de son temps; fidele et bon avec ses amis, envers ses ennemis toujours g^nereux. oL'amiral de la mer Oceane ( poursuil M. Baralt ) croydil seulement avoir ouvert une route iiouveile au commerce de I'lnde, et d^couvort ces regions orion- tales du Cathay jusqu'alors inconnues. Colui qui se laissait aller si facilemcnt aux ecarts d'une imagination exallee, qui voyait la Chersonese d'or dans les riches coteaux de Veragua, rOfir de Salomon dans I'ile Es- pagnole , qui rogardait la cote ferme d'Amerique comme le Paradis terrestre , cette ame contemplative qui croyait entendre une voix du ciel le consoler on I'encouragoant, cot liomme en un mot d'un esprit a la fois poelique el |)hilosophiquc , mourut sanscompren- dre son ceuvre. Quelle satisfaction n'eiit-il pas ^prouvee ( 523 ) s'il eiil connu toute la grandeur el la nouveaule de sa decoiiverle, et qu'il eut midite siir les immonses con- sequences de ce fait ! Mais un monde nouveau , separ6 comme une ile de loutes les autres lerres, elait une id^e tellement grande el en dehors des previsions de I'espril huniain , qu'elle ne put nailre de celui meme qui le decouvrit, » II fallut en effet plusieurs voyages ol une serie d'oU- servations pour que la viritt^ se fit jour , a|)res que le grand decouvrour eut accompli sa mission, et lorsque la precision du fait geographiquc en doubia ('impor- tance. Mais alors le hcros de la decouverte etait dans la tombe ; rion ne pouvait plus le consoler de I'ingra- litude des hommes et des injustices qui remplirent sa vie d'amertume ; la posterite, a laquelle il etait du de les reparer toutes, sanctionna la plus inique en don- nant au monde qu'il decouvrit le nom d'un obscur aventurier. II elait reser\6 a notre siecle , si eminem- ment positif, de relevor une erreuraussicoupable, et la Soci^t^ de geographic de Paris doit s'honorer de comp- ter trois de ses membres (i) parmi les ecrivains de inerite qui ont pris a lache de devoller au monde sa- vant I'enchainement de circonslances qui concouru- rent h propager la fausse renomm(^e du navigateur florenlin. Nous sommes heureux de voir M. Baralt s'di- clairer de leur judicieuse critique , et se guider dans I'apprecialion des faits d'apres leurs laborieuses re cherches. Americ Vespuce , qu'on nous passe ici une expression triviale , eut plus de savoir-faire que de ve- ritable savoir; mais il sut juger sans doute mieux que (tj Le l.iiioii de Vliinihnldl , le Ij.uoii VV.ili Imilht cI If \ii()inlt' de S.mlarem. 5 2 4 CuloiDi) dc 1 imporlaiice do la iiouvelle clecouverle, el en prtivoir les consequences. Ses liaisons avec les per- sonnages les plus »^minenls de son siecle lui pennirent de repandre dans le nionde des lelalions de voyage qui acci'^diterenl une crreur devenue vulgaire en le fai- sanl passer pour le premier explorateur du nouveau continent, eireur irreparable, car le temps I'a con- sacree. Ce fut ainsi , Tail observer M. Baralt, qu'on appela Jmenijuc cetle vaste region qui eut du recevoir un nom plus illuslre; exemplo etonnunl ct unique peut-elre (hi liion)plie d'une imposture gencr;domcnl reconnue. L'Espagne scule n'accepla pas cetle usurpation fla- gianle , ot, a I'imitalion du veritable d^couvreur, elle oonlinua d'appeler hides (V Occident les terres du Nou- veau-Monde. » Les voyeiges d'Alonzo Miilo , de Yanez et d'Arias Pe- ri / , ceux de Diego Lepe, de Guerra, de Baslidas el d'Ojeda , dont M. Baralt reproduit les relations, formenl le second Episode de la d6couverte de I'Am^- rique. L'autour decrit les premiers etablissemenls des Espagnols dans le Venezuela, les vicissitudes qu'ils eprouverent, et les combats qu'il leur fallut soutenir. C'cst au milieu de ces conflits, alors qu'une guerre d'extermination etait poussee a oulrance conlre une race d'iiommes sur laquelle s'acharnferent les conque- ranls, qu'on voit apparaltrc sur l.i scene liislorique rilluslre 6v6que de Chiapa, ce venerable Las Casas , le g6nie lut^laire des Indieiis et I'apotre de I'liumanitd. Mais toules ks tentatives de cet homme de bien furent vaines i)our ramoner ses compalrioles a des sentinionls meilleurs , ct coloniser le pays sans sacrifier les habi- lanls. bes exliortalionSj ses vues philanlliropiques, ses ( 325 ) projels les mieux combines, ne purent rien conlrc I'audace et le d^reglement de ceux qui voulalent joulr a tout prix , et arrivaient avec la s if des richesscs- Une auloril^ plus puissante encourageait les injustic js et les expoliations. En iSsy, Charles-Quint, par un d^crel inique, ordonnait I'esclavage de tous les Indiens qui r^sislaient a la conquete, et cedait a litre de fief he - redilaire de la couronne, auxVelsi^res, richesbanquiers d'Augsbourg, auxquels il avail fail des emprunts consi- derables, loule la province de Venezuela depuis le cap de la Vela jusqu'a Maracapana. Ces Allemands, privile- gies du nionar jue , oblinrent des pleins pouvoirs pour nomnierdesgouverneurs. Ambroisc Alfinger el Barlhe- lemy Sailler arriverent du fond de la Souabepour gou- verner la colonie, le premier avec le tilre d'adelanlado , le second avec celui de lieulenantg^neral. 4oo fanlas- sins espagnols et Socavaliers lesaccompagnaient. Celle pelile armee debarqua en iSaS. Coroja premiere ville qui avail ^te fondle dans celle partie du continent am^ricain , devinl le siege du gouvcrnement. Alfinger j>enetra dans Tin terieur, et mit lout a feu eta sang; mais bless6 a mort paries Indiens dans la valine de China- cola, il ful successivement remplace par un autre gou- verneur d'origlne aileniande, George Spira , que vint seconder bienlot Nicolas de Federmann dans une avcn- lureuse exp{klilion aux montagnes do ia Nouvellc- Grenade. La colonisation fit peu de progres sous I'ad- ininistralion ludesque. Guides dans leurs operations jjar I'appat du gain el le desir de so rembourser promp- lenient des fonds que la compagnie d'Augsbourg avail avancds a I'empereur , les delegu^s des Vclsferes use- rent largemenl de loules les franchises qui b-ur avaiont etc oclroyees. Bcaucuiq> d'lndieiis furenl leduiLs a ( D'iG ) I'esclavage, un pins graiul nombrc fut inipitoyable- inenl massacri, el dans I'espace do dlx-huit annoes que dura le privilege de ces conqu6rants usuriers, dcs va- li uis considerables en or et en perles fines passercnt en Allcniagnc. Don Rodrigo de las Balisdas , premier evequede Coro.remplaca uninstanllesadminislraleurs ludesqucs dans le gouvernemenl de la colonic ; mais ce prelat, emporle par Texemple, se laissa enlralner a I'ar- deur des conqucles mondaincs. Ilenvoya une exp(;di- tion aulacdeMaracaybo poury enleverdeslntlicnsdont la venle dovail lui i'ournir les fonds necessaires a la ten- tative qu'il m^ditait sur le />orac/o, conquele illusoire qui seduisit long-lemps les premiers explorateui's. L'imagi- nalion remplie des merveilles qu'on racontait de ce pays, I'eveque du Core ajouta foi aux absurdes relations des indigenes. Un Allemand, Pbilippe de Urre, I'ut design^ pour diriger celte folic entreprise , et perdit une an- n6e a chercber I e pays introiivab/e. Toulefois, son ex- ploration fut des plus audacieuses ; il parcourut une contree d'une immense etendue, traversa le Guayare vers Macatoa, pour pen^trer dans le pays des Oma- guas , et vint mourir a son retour dans la province de (loro, victime de la plus infume trabison. Le licen- cie Don Juan Perez de Tolosa ful le premier gouvcr- neur espognol noramti par Cbarles-Quint in 15/47, aprfes que les banquiers d'Augsbourg eurent fini Icur bail dans le Venezuela. M. Baralt fait connaitre les entreprises ex6cut6es par les ordres de ce cbef , et qui fournirent des notions geograpbiqucs sur les pays de I'inlerieur. I'n i554, Jean de Villegas jelait les fondements de la ville de Valence, une des plus im- porlanles a cause de sa belle situation. En i55G, les alcadcs de Tocuyo, cbargds de radmiuislralion par la 327 ) mort clu gouverneur-g^n(^ral , proc^daienl h la fonda- lion de Trujillo pr^s du Rlo-Motatan Ce fut vers Fan 15G7, sous le gouverneraent de Ponce de L(!!on, que s'eJeva la ville de Caracas, ou s'6lablirent plus tard les principales auloril^s ; mais la resistance des In- diens de la contree relarda de quelque temps ses progr^s Trois intdressants episodes vienncnt vaiier les an- nales de celte seconde epoque de la colonisation. La premiere est celle de Francisco Fajardo , mdlls d'un caractere audacieux , auquel le sang espagnol avail communique la force d'ame et la valeur indomptable qui distinguaienl les conqu^rants. Les services que cet homme infaligable rendil a la colonic furent des ])lus importants.L'invasionde I'aventurier Aguirre dansl'ile de la Marguerite el ses criminelles lentatives sur le Venezuala font le sujel du second (Episode. Dans le Iroisieme, qui n'est pas le moins drainatique, M. Ba- rall mel en scene le brave Guaicaijiuro , ce cacique inlrepide qui combattit pendant plus de dix ans pour I'independance tie sa palrie el mourut glorieusement les amies a la main. Sa disgrace amona la soumission d'une foule de Iribus qui jusqu'alors s'etaienl montr^es hosliles aux Espagnols. Ces heureux conquerauts se montrerenl impitoyables envers les pauvres indigenes qui se courbaient sous le joug de leur domination. Vingl-lrois caciques furenl livr^s au supplice des tor- lures dans la crainte d'une recrudescence belliqueuse parmi les Iribus, car on avail appris a connaitrc loule Finfluence que pouvaient exercer les chefs sur I'esprit des populations. Paramacoui, successeur de Guaicai- |)iirt),qiii voukil d'abord resisler quclqucs instants, \inl bientot lui-meme deinander (juartier, (?l son ( 528 ) exemple enlraina les Indiens du dislrict de Caracas, qu'iaiiterent ensuile ceux de la vallee de Mamo. En 1071, le capilaine Pachoco fondait la ville do Mara- caybo; en iSyg, Garci-Gonzales, un des mililaires les plus aguerris de la conquelo, dispersail les liiijus de Cumana et les hordes des Cliicapates el des Chaymes; enfin, en 1080, une epidemic d^sastreuse (la pelite- verole), apporlee par une caravelle porlugaise qui relournait de Guin6e, deciinail la mallieureuse popu- lation indigene et emportait dos tribus enlieres. Cinq ans apres, la ville de San Crislobal pronait naissancc sur le lerritoire des Cumenagolos reduils. En un mot, ie gouvernemcnt de Venezuela , qui a son origine ne oomprenail que le pays situe enlre Maracapana et le cap de la Vela, etendit peu a peu ses fronlieres et prit le litre de Capitainerie generate. Sa juridiction s'dlendit alors sur les provinces de Caracas, de Cumana, de la Cuyane, de Maracaybo et de Barinas. La Marguerite, qui lui etait annexde, avail son gouverneur particulier, de meme que la Trinile, celte ile imporlanle sur la- qnelle s'cst assis le leopard britannique, comme pour \eiller sur la mer des Anlilles et fermer les bouches de 1 Urenoque au commerce des autres nations, Les renseignements que nous donne M, Baralt sur ia mission du Cai'oni sont pleins d'interet. En 1788, soixante-douze ans apr^s la fondalion de leur (ilablis- scment, ces conqueranls paciliques avaient r^uni Sous leur administration 1 7,754 Indiens distribucs en Irenle villages; ils poss6duient 1000 letes de gros betail et 80,000 moutons ou brebis. L'bistorien nous apprcnd encore que la population indigene du baul et l)as Orenoque , qui au commencement du xix' siocle elait de 2i,o34 habilanls, se trouve leduilf aujourd'hui ( 092 ) i'l 7,o5i. " 24' 10". Cetlc position cor- respond aux entr(!;es du golfe appele Monnt-llopc-Bay, Parmi les ouvragcs offerts a la Soci^ld , la Commis- sion centrale remarque celui de M. Cooley , ayant pour tilre : The Negrolnnd of the Arabs , etc. M. Desvergers est j)rie d'en rendre compte. M. Rochet, voyagcur qui arrive de I'Abyssinic , lit des considerations g6ograplii(]ues el commerciales sur le golfe Arabique, lepaysd'Adcl et le royaume deChoa. ( 33i ) Seance dn 2 1 inai 1 84 1 • Le proces-verl)al cle la derni^re seance est lu et adopte. M. Alpli. flc Fonlvanne adresse une Note insereo dans la Presse de Seine-et-Oise , relative a la irx^moire de son p6re, feu Desjardins de Fonlvanne, ancien niaire de Versailles et ancien membre de la Sociele. W. Noel Desvergei*s rend compte de I'Duvrage odert a la Sociele par I\l. Cooley sous le litre de : T/ie Nci^i-o- Innds of the Arabs , etc. Apres la lecture de ce rapport, M. Jomard fail observer qu'il semble resulter de I'ou- vrage deM. Cooley, que I'auleurregarde Ghanah comme ayant existe non loin de Tombouctou ; cependant au- cune relation, aucun renseignement ne fait connailre I'existence d'une ancienne ville dans ses environs. D"a- pres la description de I'auteur arabe El-Bekri , fra- duite par M. Quatremere, et dont la Society a public un extrait dans le second volume de ses Memoires , il faudrait regarder Tombouctou comme la ville meme qui a succf^de a Ghanah, et sur le meme emplacement. Au reste, la distance donnee par Edrisi entreGhanah et le pays de Wangarah a Test, est a peu pr^s la meme que celle qui separe la r(^gion de Tombouctou du grand lac central. M. le D' Martins prtSsente une analyse du voyage au- tour du monde, a travers le nord de I'Asie et les deux Oceans, execute en i 828, iSaget i83o,parM. Adolph Erman. Celle analyse , ainsi que le compte-rendu de I'ou- vrage de M. Cooley, est renvoy6e au comite du Bulletin. M. d'Avezac lit la suite de sa Notice geographique el historique sur les lies d'Afrique. ( 55 V! M. Noel Desvcigeib, vico-prusidenl de la C.oinmis- sion cenlrale, annonce qu'il va avoir le regret de ne pouvoir assisler a ses seancos pendant quelquos mois. Charge par M. lo niinistre de linsliuction piihlique do recuiiilif lout ce qui pent concerner lolablisseinonl des Normands et les Iracos IVangaises laiss^es par ccs pouples dans les npuxSicilos, il prio la Soc'k^Io delui donner ses instructioi^s, ot olTro dc fairo dans ce pays toutes les recherches qui pourraient procurer de nou- veaux documents sur la geograpliie do ces conlrees au inoven age. La Conitnission ccnlralo acccpte avec em- pressement les olTres de M. Desvergers. OUVRVGES OFFERTS A L\ SOClfcTfe. Seances des y e( ly mni i 8^ i . Par M. Jacquemonl : Voyage dans I'lnde, oic a 5i>* livraisons. — Par M. BiLiton : De la Traite des esclaves en Afrique et des moycns d'y reind'dier . I vol. in 8. - Par M. Cooler : The Negroland of the Arabs, i vol. in-8. — Par M. T horn as : Geographie ancienne du departement de ITli^rault, in /). — Par la Socu'te royalc gcographiqtie de Londres : Journal de cello Societe , vol. X, ac part. — Par la Societe royalc des sciences de Lille : Menioires de celte Soci^le pour iS^o, in-8. — Par V Academic de Dijon : Meiiioires j)Our i85()'et i84o, in-8. — Par Iqs aitteurs et cdifeurs : Nouvelles annales des voyages , avril. — Annales mari- limes, avril. — Bulletin dc la Sociele de genlogie , tome XII , feuilles G a i i. — Revue tcienlifique, mars et avril — Annales de la propagation de la foi , niai. — Journal des missions dvangeliques , mai. — Memo- rial encycloj)edique , mars. — Recueil dc la Societe polyteclmique, mars. — Bulletin de la Sociele d'enui- iation de Rouen pour i84o. — Memoires de la Societe d'agricullure de I'Aube, n" 76. — Seance de la So- ciele d'agricullure de Caen ( 19 fevrier 18/Ji. ) — Le Licco \ alenciano, n^s 1 a 7. — L'lnslilut el I'lichn du monde savant. BULLETIN DE L.\ SOGIETE DE GEOGIIAPHIE JUIN i84i. PREMIERE SECTION. MEMOir toil en fenillcs s^ches de bananiers esl lo seul abri veiiliible qu'elJes possedenl conlrc les pliiies , qui , sur loulo la cole du sud-ouest de celle republlque, durenl dopuis le i5 maijusqu'aii i5 novembre. y\. quelque distance, on peul cumpler les conquetes de celle population sur les forels par le noml)re d'enc(3inles fermdes , lanlpar des haies de caclus que par dcs clotures faites apres defrichement de grands arbres brutes el enlrelaces. Nous nous dirigeames sur Managua, autre grand bourg de G a 8,000 ames oil nous nous arrelames , el dont I'aspect, quoique compose des memes dlenients que celui de Masaya, esl cependant loin de valoir ce- lui de ce dernier endroil par le defaut d'arbres. De Ma- nagua jusqu'a L^on , nous parcourumesvingl-six Heues de forels resserrees entre I'ocean Pacifique el le lacde Managua, en passanl par Maliar^s-Nagarole cl Pueblo- Nuevo. Le premier de ces hameaux comprend au plusunedizaine demaisons, etlNagarote de 600 a 1,000 habitants. Quanl a Pueblo-Nuevo, dont la population est moindre, il esl silue h quatorze lieues de Managua el a douze de Leon. Celle ville , oii nous arrivames le lundi iG dans la soiree, s'annonce a deux ou trois lieues de distance paries vasles champs cultiv6s el enclos qui I'avoisinenl ; el quoique ces belles terres ne produisenl gufere que du mais, par suite de I'incurie de ses habitants, elles annoncenl une ville importanle, qui pourrait le deve- nir bien plus encore, grace h I'^tenduc presque incal- culable des lerres inculles qui I'entouront. C'est pendant noire marche de Managua a Matiarcs que nous Iraversaines I'extreraitd d'un terrain long, dit-on , de deux ou trois lieues , enliercment convert f 540 ) de laves du plus beau noir v6g6lal. On dirail, a voir quel- quosarbres, donl le feuillafje domlne isolement au mi- lieu d'unevasle plaine enlierementdepouillec d'herbe, d'lin cbamp soigneusemenl labour^ de la veille. Pueblo-Nuevo tire parti du voisinage du lac pour des exploitations de sel. L»?!on n'cst aujourd'hui que le plus important des bourgsde I'Klat de Nicaragua; il a conserve moins en- core que Grenade les apparences d'unc ville ; mais il a de plus que cetle derniere I'avantage d'une popula- tion au nioins double, et celui do quelques monuments rcligieux quirappellent son passi^. Lacath^drale est un beau vaissoau a cinq nefs d'un bon style arcbitecloni- que ; divers portails couverts de sculptures d'assezbon gout se font egalement remarquer. Autour de ces di- vers monuments (Jstaient autrefois conslruites les liabi- tations de la classe ricbe, qui loutes onl disparu pen- dant les guerres civiles. Le site de L6on n'a rien de rcmarqual)le ; assis au milieu d'une vallee , il est en- tour6 de coHines insignifiantes. La grande place est depourvue dc portails harmoniques et sullisamment t'ileves; quelques rues sont pav6es. Cette ville , la seconde en importance de cette capi- tainerie-g^nerale, sous le regime espagnol , s'est dis- tinguee , lors de I'insurreclion conlre la metropole , comme unique centre de resistance a main arm^e en faveur du regime colonial. Cette resistance, dirig^e parT^veque, ne cessa que lorsqu'on eut exil6 ce der- nier h Guatemala, apres plusieurs anneos de d^saslros civiis (pii ruiuerent Leon ct Grenade, centres de resis- Jiiiice des deux j)arlis ennt^mis, que Ton appela depuis scrviles el libc-raux. Apres un ropos de trois jours entiers dans L6<»n , oii nous no renconlramcs que deux pacolillcuis fran^ais ( '^4- ) pleins dobllgeance , nous nous mimes en route le Juncli to pour Chinandeya, ou nous arrivames le meme jour a midi. La route sablonneuse qui r^unit ce grand bourg a L6on est ouverte en entier au milieu des bois. Chinandeya, situe surun sol plat, est le centre de populations qu'appuie le port de Ri^alejo ; c'est dans ce bourg que les batimonls trouvent les approvision- nements n^cessaires, aussi bien qu'un debit assure. Chinandeya , qui reunit une population de 3 a 4,ooo ames, sert aussi tie ligne de partage entre deux sortes de navigation. A une distance de qualie lieues , se trouve le Port de R^alejoqui recoit les bailments pon- tes, et a celle de cinq lieues au nord , se trouvent ceux de la Presidenia el de Palomino fi), silues sur le golfe de Fonceca , communemenl appele de Concha- gua , el qui regoivenl les pirogues qui traversent le golfe. Palomino est a son lour appuye par le village El-Viejo, qui renlerme 2 l\ 5, 000 ames, vivant aux pieds d'un volcan du meme nom. Tout pres de la se trouve le Coseguina, sllu6 sur la pointe meridionale de renliee du golfe de Fonseca , el fameux depuis i855 par une grande eruption de cendres qui s'^lendit jus- qu'a la Jamaique , apres avoir laiss6 les environs a trente lieues h la ronde dans une obscurile qui dura deux ou Irois jours. Nous quillames Chinandeya le 25 mai , dans le couranl de la journee, el arrivames de bonne heurc a Realejo, apres avoir fail qualre a cinq lieues. Le 29, nous mimes a la voile pouila Liberlad. Le village de Realejo a le plus trisle aspect : il est com|)l^temcnt enlouri^ de forels qui accusent la pro- (ij I.e< carles iie sonl |ii>iiit il'accorci avec rt'I iliiu'raiip pour li's dis- lancps. II faiidrait remonti-r Cliinandpya vers Ip nord, pl cliaiifjor la roii- (ii;iirali<)ii (liiiiiipc par les carlps. ( 54'^ ) foiide iDsouciance des hnbilanls , qui, coiuplant siir (■hinandc^ya pour so nourrir, ne s'occupent nulloinenl do culture. Do grands marais salos fonnont une aulre cspfcce de limiles pour cetle popidatlon de loul au plus 4 ^ 5oo hahilanls. On comuiuiiiquo de ce point jusqu'a la incr au inoyen de Tune des branches de la riviere R^al^jo, longuc de Irois lieues. Les raarecs ain^nenl les cmbarcations jusqu'aux pieds des maga- sins de la douane , ^tablis a I'une des extr^mites de ce village malsain. (-'est a une lieue et demie environ qu'est lemouillage, dans la partie basse du fleuve, dont les eaux sont prolondes et le cours pitloresque, quoi- qu'il soil Ires souvenl allrisl*^ par ras()ecl do nombreux paletuviers. Un jour viendra sans doute ou le gouver- nement ccnlro-americain, plus eclair6,plus riche et plus puissant, Iransporlera au centre de ce fleuve, dont il delVicliera les bords , la meme oh s'^love un debris de forlin ospagnol , un surcroit de population inutile au centre des terros a Chinand^ya , et dont Tabscnce, causeo par la peur dos corsaires , qui dans un temps ont ravage ces coles, livre ces parages, ap- peles assuromont a une hauto importance militaire et commerciale, a la plus aflligeanlo barbarie. Ce fleuve, dont I'embouchure pout avoir pros d'une demi-lieue de large, n'a qu'une seule el etroite issue vers le mer. Les batiments sonl a I'abri de tout danger dans son enceinte. On pent dire que les deux ports de Realejo et de San-Juan de Nicaragua sont los douxscules issues que poss^de jusqu'a present I'tlat de Nicaragua. Ses com- munications par tcire avec celui de Costa-Rica sont tres pcu nombrouses et de peu d'importance , par le dofaul de routes el de populations scinoos a distances. i ( r^45 ) Ses communications avec la cole des Mosqullos sonl celles qui peuvent exister avec des tribus lioslilos et sauvages, qui poss^dent d'ailleurs de Ires beaux de- bouches sur Ja mer des Antilles, ou ils entreliennent des relations commerciales suivies avec la Januiique el Baiise; enfin, ses fron litres vers I'Etat de San-Salva- dor sonl de vastes I'orets inhabilees jusqu'ici, et au Iravers desquelles on ne songe meme pas a percer des routes a la maniere du pays , puisqu'on peul se ren- dre d'un pays dans I'aulre au moyen de simples piro- gues a defaut de baliments. On met vingt heures a se rendre en pirogue par un temps ordinaire de Palo- mino a la Union, en traversantle goli'e deFonseca. Get Etal estcelui que la richesse de son sol (tons les produits des climats intertropicaux peuvent s'y recoller) et ses admirables communications avec Ks deux mers ap- pellent au premier role. Le jeudi 2 juin vers midi, nous jctions I'ancre dans le port de la Libertad. Ce port est un mouillage ouvert en pleiiie cote. Au mois de juin, la mervient s'y bri- ser en Irois 6normes lames qui se chassent I'une I'autre, et dont la premiere n'a pus moins de 20 pieds de bauleur. Une trentaine de cahultes abritent une po- pulation de 100 a 200 ames ; d'assez beaux magasins de douane peuvent y conserver des marchandises. L'u- nique meritj de ce port est d'etre a douze lieues seule- ment de San-Salvador, ce qui le fait preferer par le commerce a celui d'AcajutIa, dont j'aurai occasion de parler plus lard. La roule de San-Salvador est ouverle au milieu des montagnes au pied desquelles se brisc I'ocean Pacifique. Les flancs de ces larges defiles sont semes de vastes champs dc mais. Au I'ond de leurs rat- ions s'elevent quelques demcures isolecs , et dans les ( 544 ) parlies !es plus haulcs. non d6fricli(^es encore, crrenl de nomlireiises bandes do bocufs ot de g(^nisses. iSan-Salvador osl silin^ au centre d'une plaine elen- due fermeoau nord el au sud, ouverlo de I'esl a I'ouesl. Le caractere pailiculier de son sol esl d'etre extreinc- menl brise : de lous coles , d'enorines ravins, de nom- breuxinamclonsa forme coniquc, d'immenses amas de pierres volcanis^es revetues d'un luf viigital trcs leger el Ires fertile. En gravissant les hauteurs de San-Marcos, el mieux encore celles du volcan I'ltallo, 5 vingl lieues de la , on en saisit parfaitcment rcnsomble; c'est alors que celle plaine, qui sous divcrses formes se prolongc jusqu'a la mer a vingl-six lieues dans I'ouesl, semble se ralla- cher, commc a un poinl interm^diaire, au volcan El- Salvador, d'ou part une nouvelle valine qui va mourir dans Test, sur les fronti^res avancees de I'filal de Hon- duras, en changeant plusieurs fois de nom. Les Cordili6res , qui Iraversenl celle republique du sud au noril , lui donnenl deux climats dislincls, quoiqu'elles y perdenl leur caraclfcre giganlesque ; la partie Est est moins chaude que la partic Ouesl ; de plus une opposition complete se trouve dans le re- lour de la saison sechc el de la saison pluvieuse. Celle dcrni^rc dure sur les coles de I'ocean Pacifique du i5 mai au i5 novcmbrc , cl la saison seche du i5 no- vembre au 1 5 mai; sur les cotes de la mer des Antilles , c'csl le contraire. A ce sujel, jc dirai ce que c'esl a San-Salvador que la saison pluvieuse : pendant les six mois qu'cUe dure, il ne pleul ordinaiiementpas plus de deux ou Irois fois par semaine , rarcmenl avanl Irois heures de I'apris- niiili. C'i'sl lo plus commum'imenl la null qu'onl lieu d ( 345 ) ces grands orages ties cliinals ile la zone loiiidc, ine- l6s d'elTroyablRS relenlissemenls dc la foudrt'. Lasajson pluvieuse est aussi la plus chaiide, c'esl celle pendant laquelle le Ihermomelre s'eluve quelquefois jusqit'a 3o° (R»!!aumur); il se mainlient ordinalrcment a ^5. Pendant la saison s6che, il ne pleiit pas; un orage d'une demi heme a quel(|uefois lieu cliaque mois ; le Ihermomelre ne s'el^ve pas a plus de 20 a as" (Reau- mur ), el peut descendre le matin jusqu'a lo". Des vents de nord Irfes violents soufflent pendant cette saison une ou deux fois le mois et durent souvent trois jours. C'est aussi pendant la saison s^che que les tremblements de terre se renouvellent le plus. On peut eprouver alors, environ trois fois par semaine, des series de secousses qui se succ^dent la nuit el le jour; elles sont g^neralement d'une faible importance; do m^moire d'homme elles n'onl point amenede d^saslres dans San-Salvador. Kien dans le site ni dan.s le climal de cetle ville ne semble nuisible a la sanle publique; ses habitants sonl cependant Ires generalemenl affectes de goitres qui acquierenl un d^veloppement hideux. lis sont de ])lus Ires souvent alleints de li^vres. Les causes de ces maladies semblent se Irouver dans le dereglement des mcEurs, dans le defaut d'hygiene presque general, dans une consommation excessive des fruits du pays , dans la mauvaise construction et I'elat de delabrement des habitations deJa classe pauvre, enfin dans le mode des voyages. Les mules (^tant la exclusivement em- ployees , tanl aux transports des hommes qu'a celui des marchandises , laissent les premiers , pendant la saison des pluies, a la merci de toutes les variations de ( 346 ) temperature, variations Ir^s funestes sous un climal tres cliaud. Par exception, pendant la saison pluvieuse, commu- ni^menl a|>pelei la hh>er , des orages se succ6dent nuil et jour pendant une semaine entiere , et sont lies les uns auxautres par la chute d'esp^ces de brume. Je n'ai pas vu ce phenomene se renouvelor plus d'une fois dans le cours J'une annee. Cetle ville possede a son centre une grande pl;ice reguliere enlouree de Irois c6l6s de maisons garnies de portails en hois hauls de vingt pieds environ; Ic quatrieme est decor^ par la fagade de I'^glise princi- palc , qui ne m^rite aucune description. Aucune des maisons de la ville n'a plus d'un rez-de-chauss6e; elles sont toutes de pis6 [adobes) , carrement conslruites, revelues de chaux a I'inlerieur et a I'ext^rieur, dislri- bueessans gout. Les rues, qui se coupenta angles droits sur cetto place et sur celle de Santo-Domingo qui lui est parallele composent ce qui merite le nom de ville et formenl une vinglaine de cuadras : le resle de la po- pulation est repandu dans d'assez vastes faubourgs ba- lls sans ordre. La population s'dleve a i5,ooo ames environ. Le commerce de la ville est tout de consom- mation locale; il est concentre dans les boutiques et les magasins ouverts sous les portails de la grande place, qui serl aussi pour le march^ journalier. La plupart des rues sont pav^es , mais le sont pitoyable- ment. Grace a la nature volcanisee du terrain des en- virons, on rencontre cependani, en creusanl a un ou deux pieds en terre , d'6normes lits de pierres brisees; souvent aussi , et a vingt lieues a la ronde, s'ofTrent a la surface du sol de grandes masses granitiques qu'il ne faudrait que vouloir debiler. lei , pas plus que dans ( "^47 ) la pliiparl des autres villes de I'Amerique espognole , il n'exisle de police pour la voirie. San-Salvador ne renrornie aucun monuinenl ; les eglises seules offrent quelques portails, mais le rosle des mernes edifices ne rappello soiivent que les miirs d'une grange. Les coiii'e/ifs , au nombre de trois , onl rccu dcpuis 1829 une desllnalion civile el politique. L'un , celui de San-Francisco est devenu, en 1826, I'liote! du gouvernement federal, assez pileusoment log^ dans ses obscures cellules; I'oraloire a cependant olferl des proportions assez heureuses pour que Ton put en faire une salle d'audience presidentielle convenable , quoi- queforl modesle. Celui de Santo-Domingo s'esl Irouve assez vasle pour loger la garnison federale (80 hom- mes sur le pied de paix), et pour servir en outre d'ar- senal (une douzaine de canons de petit calibre) et de quartier de cavalerie. Le troisifeme enfin , celui de la Merced, le plus ruine des trois, loge I'une des deux ecoles de la ville. Ces ^coles, les seuls etablissements scientifiqucs du siege de la conl'^deralion, snnt exclusi- vement destinees a I'enfance. L'enseignemeiit mutuel y est la melhode adoptee pour I'educalion de deux cents enfants environ. Ln resultat vraiment important du a cet cnseignement est la creation de quelques niaitres qu'on s'empresse de repandre dans I'elendue du district federal, pour ouvrir dans chaque village un cnseignement caique sur celui de la capitale. II n'existe pasd'^coles pour les filles. Le President occupe une maison particuliere aussi bien que le congres, le s^nat el la cour supreme de justice ; I'bopilal jouil de fi.ooo francs de revenu el possede quaranto lits : c'esl une fondation pailiculiere leguee a la ville. Si la ( 548 ) pensee a ^16 bonne, on pcul ivgreller que jusciu'a present die ait el^ si peu comprise par la legataire , qui- laisse inoccupe un vasle terrain , inachev6es les constructions commenc6es , et abandonno les mallieu- reux malades dans des sallcs obscures et hutnides ou Ton aurait honte en Europe de laisser vivre des chiens. Chaque malade , couch6 sur un giabat couvert d'unc natte, est rel6gu6 cnlre deux murailles qui lul compo- sent une csp^ce de cellule : rien de plus repoussant et de plus malsain. Quant a la prison, qui renfcrme habiluellement une centaine d'hommes , et pourrait au besoin, dil le geo- lier, en renfermer trois cents, elle atlriste parle meine d^fautde loules precautions sanitaires. Lesdelinquanls sent tous enlass^s pele-mele dans deux ou trois sallcs extremement (itroites qui ne prennent d'air que sur une cour completement insuffisanle pour neulralisor des exhalaisons letides. Les criminels sont beaucoup plus favorablement trailes. On les renferms dans des cacliotsqui se Irouvent de niveau avec une cour a mu- railles 6lev6es qui parait fort saine et sur laquellc ils ont vue. On peut considcrer San-Salvador comrae le centre d'une ligne cultiv^e de quarante lieues d'6tendue , se prolongeant depuis Santa-Ana au nord jusqu'a San- Vicenle au sud, Celte ligne , dont la largeur 6gale quelquefois la longueur, compose au nord uno partie de la route de Guatemala, au sud une partie de celle qui conduit au port de La Union , situe sur le golfe de Fonseca , et aux divers sieges des foires , telles que San-Vicente et San-Miguel, C'est la qu'est le centre de la richesse de I'etat d'El-Salvador. De ces plaines sor- lenl les scules r^coltes d'indigos que fasse celte r6pu- ( 349 ) blique, et qui s'6lt;vent annuelleraent de trois a cinq mille surons (chacun de i5o livres) ; celles dii sucre et du mais; ony el^ve egalement d'assezbeau betail. Au- tour de San-Salvador se propage une nouvelle culture limitee jusqu'ici a I'l^tat de Guatemala , celle de la co- chenille. De nombreux essais se lentent sur une assez grande echelle. L'exporlation du sucre a ele jusqti'h present presque nulle : on le consomme sur place et dans les villes un peu importanles , on le transforme en eaux-de-vie , dont les malheureux Indiens font un funeste usage. Acesdiverses branches d'industrie dont viventles proprietaires du sol, j'en ajoutorai une autre parliculi^re a la capitale , celle des rebosos , chales en forme d'echarpes dont les femmes du peuple se ser- vent la pour se couvrir la tete et les 6paules : la ma- tifere premiere , la soie et le coton en est fournie par I'Angleterre, le tissage en est fait sur les lieux; le prix en varie de deux a vingt piastres (i). La nourriture du peuple se compose particuliere- ment de mais dont on fait des tartillas , de haricots de bonne qualite et de pores dont on elfeve a San-Salvador une ^norme quantite. II est cependant impossible de tenir ces animaux plus mal qu'on ne le fait , puisqu'on les laisse constammenl errer dans les chemins et dans les rues. Le bananier est egalemcnt cultiv^ ici en abon- dance ; ce fruit remplace souvent, pour les pauvres , tout autre aliment. A Test de la ville et a ses portes existent de nom- breuses sources d'eaux thermales, presque toutes sul- fureuses; aucune d'elles n'est devenue I'objet d'entre- prises; elles servent done tout a la foisde bains publics (i) La piastre vaiil eiivirnii 5 ff. 4n. XV. JUIN. 2. 2r5 ( 35o ) graluits et do lavoirs pour les habitants. Le caractere de ceux qui peuplent cet Elal eslnaturelltmontdoux : les homicides ct les blessures graves no sont la plupart du temps que le resuUal del'ivresse favoris^e par roisivel6 du dimanchc et I'usage de I'eau-de-vie, dont dc faibles quantil^s suffisent a enivrer sous un climat chaud. La part importante qii'ils ont prise h I'^tablissement dc la forme iederale ne saurail s'expliquor chez eux par une preference politique donl les rend compld'tement incapables leur profonde ignorance. Cetle lullc pro- liingee qui s'cst Iraduite en guerre civile n'^tail que le resullal dedcux aulres mobiles, leur haine provinciale contre ranlique capitals deGualemalaetses pretentions a la suprematie, leur aveugle confiance dans un indi- vidu qui ne voyait dans I'exislence d'une confederation qu'un moyen d'obtenir une position plus avantageuse. Dans la classe riche , deux vices minent sourdement cette sociele naissante, I'oisivete et le jeu. Le premier dure dix mois de Tannee et ne cesse guere que pen- dant les I'oires : des majordomes elant prepos^s a la direction des haciendas , les proprietaires vivent a la ville : le second ne fait qu'augmenter a I'epoque des foires; leur avoir, celui de leurs femmes, de leurs amis sont Irop souvent sacrities. Cette passion combinee avec un grand relachement de mceurs semble expli- quer le celibat de la plupart des filles de famille. Au- cun point d'arr^t ne surgira probablement de long- temps pour s'opposer a cet etat de choses : point de colleges, point d'etablissemenls scienlifiques , aucune croyance religieuse ou po]ili(|ue, point de tliealres, de reunions, de promenades publiques : leshommes sculs s'on vontle soiise promcner a cheval dansd'eiroils sen- tiers. IMusieurs tonlali\cs onl eie faites pour la publi- ''1 ( 35i ) cation de quelques journaux , toutes ont avorte dfes leur debut. II n'existe qu'une imprimerie assez raauvaise ; elle est soulenue par le gouvernemont. Les pompes religieuses viennent seules ^mouvoir les habitants de cette ville. Pendant la semaine sainte ont lieu les processions usitees en Espagne. La felo de la Transfiguration ofTre aussi un spectacle assoz cu- rieux : on construit une esp^ce de Mont-Tliabor sur le- quel le miracle du jour est figure par des enfants per- dus au milieu de nuages simul^s. Ce theatre portatif, resplcndissant de lumieres, s'avanco au milieu de I'obs- curil6 et d^bouchesurlagrande place, oii I'accueillent de nombreux feux d'artifice. Le 1 5 soptembre, jour anniversaire de I'indc^pendance centro-americainc, le president de la r^publique pro- mene par toute la ville le pavilion national , suivi de toutes les autorit^s fedt^rales etd'un nombreux cortege. La richesse du sol de cctElat, sa position centrale, ses 3oo,ooo ames de population, ses ports de La Union et Triiinfo a I'embouchure du Rio-Lnmpa sur I'ocean Pacifique et A'AcajiitIa , ses nombreuses foires lui as- sureront toujours, quoi qu'il arrive, le second rang dans cette portion du territoire amc'^ricain. Les con- stantes anfractuosites du terrain sont le senl obstacle que la nature ait oppose a un developpcment rapide; mais si depuis des siecles les rapports de cet Etat avec ses voisins sont reduils a des transports a dos de mu- lcts, il possede cependant exclusivement des commu- nications r^guli^rcs et directes avec tous lesfitats de la Confederation. Cet avantage utilise aurait entierement change I'etat politique de ces provinces, si aux yeux des Espagnols il I'cutcmporte sur la beaute du site de Guatemala. La vie sociale , au lieu de se concentrer a 25. ( 552 ) I'uno dos exlremiles les plus sl^riles de ce lerriloiro, sc serail ^galemenl rt'-panflue dans sesdivorses parlies, au rnoyen des richesses de la province cenlrale, et Ton n'aurait pas vu s'amasser ces haines provinciales qui sont encore aujourd'hui I'expression de Tanique mal r6el de cette r^publique. L'exemple dcs Elats-Unis du nord semble avoir 6t6 aussi funeste h TAmeriquc du centre qu'il I'a el6 au Mexique ; rapplicalion du svsl^me fc^di^ratifa el6 pro- f'ond^nient nuisible. La conslitulion de 1824 annihilant le pouvoir ex«'>culif , a ddtruit ce qui exislait sans ricn metlre ;i la place. L'expirience , apres quator/.e ans d'anarchie et de st^rilite , aldee de rexemple du Chili, du Venezuela et de la Nouvelle-Grenade , onl prepare pour un toinps plus on moins ^loigne un relour a la forme cenlrale : quanl a I'organisalion civile de la so- cit^lc^ , elle est reside la meme que sous le regime espa- gnol , ol future an nombre des enlraves donl souffre ce pays. Les revenus du gouvernemonl se composenl des re- celles dos dousines el des monopoles du labac et des portes. Les premieres , par suite de la conlrebande et de I'impuissance du gouvernemenl , ont donne en 1837, 4o a 5o,ooo liv. ; quant aux deux aulres, ils ne donnent rien, quand ils couvrent les frais. (iC gouvernemenl ne possfede aucune force mari- time. La seule place forte de cette rtipublique est le chateau d'Omoa. Dans le cours de i8~i8, le teruie stipule pour la du- rce du traite enlre I'Amerique du centre et les Ltats- Lnis s'est accompli , et cette republique a cess6 ainsi loute relation avec les puissances ^trangires , sauf un traits conclu avec la Colonibie pour un temps illiniile. ( 553 ) Le chiffre exact cles imporlalions el des exporlalions de ce pavs ne ppiit etre tl^termin(^ d'une inaniero posi- tive; le gouvernemenl lui-ineine I'igiiore; mais on pout estimer a 10,000,000 fr. la valeur cles rticoltes du pays annuellement exporl^es. Le 19 avril i8'8 , je quittais San-Salvador , mc diri- geanl sur Acajulla. Deux roules conduisent a ce port: I'une, longue de Irente lieues et pralicahle dans toute son elendue pour les betes de somme, passe par les villages de Mexicano , Nexapa , Saltepec , pour aboutir a celui de los Ateos; I'autre, plus courle de qualre lieues , communique directement avec ce dernier vil- lage, en traversant le lit qu'une petite riviere nommee le Guarumal s'est creus6 a six lieues de San-Sahador, sur un cours de plus d'une lieue, entre deux bancs de roches hauts de 60 pieds environ, ^loignes I'un de I'autre a leur base de 10 h i5 pieds seulement. Le village de los Ateos est situe a neuf lieues de S.^n-Salvador , el comprend environ 200 habitants. A trois lieues de dis- tance se trouve celui de Guaimoco , dont la population est a peu pr^s triple. A six lieues plus loin , on arrive au bourg important d'Isallo, donl la population pres- que toute indienne peut s'elevcr a 8,000 anies. A deux lieues seulement est situ6 Zonzonate , qui en compte environ 6,000. Cette ville elait au temps des Espagnols le siege d'une alcadia mayor, que sa fertilite et son voisinage du porl d'AcajutIa , qui n'esl plus qu'a six lieues, dislinguaient particulierement. Ces avantages naturels, auxquels il faul ajouter ceux d'une population relativement forte , de produits speciaux, tels que le baurae, et dun sol nivele, arrosti par des cours d'eau noiubreux el iniporlants, oiil as- sure a ce district une culture tlorissaiito , un com- ( 354 ) merce local aclil el un Ijansil considerable pour Jes Elals de San-Salvador el de Giialemala. Dans la chalne de monlagnos aux pieds doqiu lies esl assis Zonzonale, se Irouve le volcan on aclivil^ I'l- sallo (i). Quoique sa position fasse dc celle ville I'une de celli'S do TAmerique du cenlre ou la lemp^raluie soil le pluselcv^e, elle se dislingue ccpcndanl par I'espril d'eiilreprise de ses habilanls. Placeo a distance de liois foyers r^volulionnaires , Guatemala, San-Salvador el Leon, elle serait resloe presque enlieremenl ^tran- g^re aux d^saslres civils, si i-lle n'avail vu a supporter plusieurs fois la fermelure de son port d'Acajulla, qui n'a ete rendu a une liberie entiere que pendant la ses- sion de ]838. Seule cnlrc toules les villes de celle r6- pubilque, elle a i\c\(.'. a ses frais depuis la proclamation de lindepcndance un monument d'ulilil(!; pubiique , en faisnnl jeler un ponl en pierre sur la riviere qui coiilo a ses pieds. Quelques Fran^ais y ont des mai- sons de commerce , enlre aulres les MM. Lonouvcl , de Saint Malo, qui y ont I'onde depuis deux ans une maison de commission. La route qui conduit au port est ouverle au milieu de forels, qui sont divisees en un petit nombre d'/ia- cieiidas. L'une des plus poliles, quant a I'elendue , 12 d i,5oo arpenls, acheles 2,000 liv. , mais des mieux cultives, apparlionl a M. Drivon , fils d'un Creole de Salnte Lucie , docteur de la facultii de mdde- cine de Paris. Ces alelieis,qui etalenl loin d'etre aclreves en i858, rappellent ce qu'il y a de beau en {ij Pruhalilcnieii) Izaico, cili' par Ifs raiies e{ pai' M6iitVii'f{;io daHis M (irojiiii/ia i^riicriil, etc., en 4 vol. iiiipriini'e a Caiacas, i833. «il ( 355 ) ce genre aux Anlilles. Les produHs de celle luicienda sont ceux des pays inler-tropicaux ; on y recolle par- ticuliferement la canne a sucre et I'indigo. Une anse ouverle en pleine cote compose le port d'A- cajulla. Le calme de la mer dans ces parages rend cettebaie assez sure; mais I'absence de debarcadere et de toule espece de canots propres au port annonce com- bien les relations commerciales sont encore r^duites, Le d^cret de r^ouvcrture a du cependant d^ja mo- difier considerablement les clioses , grace a I'aisance et Ji lacliviie des liabitanls de Zonzonate. De grands magasins de douane, recemment r^pares, sont con- struits siir la plage. i5o habitants peuplent Acajutla. ( Lima, i5 a\ril 1839.} Reconnaissance de la riviere San- Juan de Nicaragua et du lac de Nicaragua (i). La riviere etle lac de Nicaragua out et6 examines , suivanl les ordres de M. EdouardBarnett, commandant (i) Kieii que lieja piil) ic dans le Muniteur unn-etsel, nous avons cru devoir leproduire le uioictaii ci-joiut , qui doil etre siynale romme un ducmnenl interessant pour les sciences geoyrii plaques ; c'est line re- couuaissauce delaillee qui, si elle eiait Lieu rendue, iJounait servir de modele a plus d'lin vojageur pour relever les pays qu il parrourt. Nous regrttloiis heauioup de u'avoir pas le texte original sous Irs yeux , pour nous assuier de I'exaclilude de la Iraducliou ; luais nous n'a\on3 appiis qu'apres I'lmpression de eel article qu'il elail extrait du Joiiiual an- glais intitule Aatiticn/ Magazine, et que IVxcuision doni il donne le ( 551') ) le vaisseau d'observalion de S. M. B. le Tonnerre , par RI. Lawrence, second et inspecleur adjoint sur le in6nie vaisseau , el ses compagnons , qui onl delermine et in- di(iue les principales positions geotjrapliiques sur le lac el hi riviere. Voici un exlrail du rapport de cet ol- ficier. Le 8 mars, M. Lawrence , accompagn^ de M. Scott, second mailre, et d'un negre de confiance nomm^ Demerett , quilla le vaisseau el s'enibarqua sur un canot prepare a celle intention , elporlant cinq \igou- reux Indiens de la tribu de Bama , qui sonl repu- tt^s les ineilleurs Lateliers de la cote , el un intelligent palron colonibien qui parlait anglais. lis etaient ap- provisionnds pour sept jours et munis de Irois excel- lents cbronom^lres et autres instruments n^cessaircs. Apress'etre arreles a la \ille a faire quelqucs empletles d'utilite pour les Indiens elrecevoir des leltres d'inlro- duclion pour des personnes do Grenade et de Nicara- gua , ils continuerent leur voyage. La premiere nuil, ils passereut pros d'une eminence de sable dessccbe pr6s de I'ile de Canon. Le long de la plus basse parlie de la riviere quils venaient de c6- recit a%ail eii li-ii en i8io. M. E. Barnctt (|iii rommandail li- liatiment sur le(|ijel etait fnil)ai(nn' M. Lawrence t'lail i(i< iipe a lever les cotrs liu Yucatan. Nous avons ciii enr cliii la scunce tu n pioduisaut ctt exliait du journal a la suite de I'it'neiaire que nous a\ons im|irinie au ci.innien- ccniint de re nnmiro sur le nieriie pa\s. Cts deux nioiceaiix se lient tro|> Tun a laiilre jxmi ne pas Ohe itiinis dans le nienie bulletin. l\(ius i'eiuns ol)seiv,r qn il fant liadiiire Ifs niesurt-s anglaises en mesiires Iran- <;ai>t'S ; tVsl ce (|ai- nous avuus tait toiites les fols que des enoncialioii.s de chitfres Tout necessile. Le pied anyiais est eyal a o"',3o4. Nous ol)erve- rons e^alemenl que dau^ ce rappurl il eiit question dii Diilie anglais (sans doule le niillr tnann ), qui e.«t dei'"' ,85i. ( 557 ) iojer.les rives sont enfonc(ies, mar^cageuses et de difliclle acc^s, revalues de haules herbes inculles, et couvertes de diff^rents arbres; la largeur du courant est d'environ trois quarts de la longueur d'un cable (i), son cours Ires lent; ses eaux sont sans profondeur et son lit pluin d'iles d'alluvions. Dans la saison plu- vleuse , tous les terrains bas sur lesquels fut elTectu^ le debarquenient se Irouvenl inond^s. Le iendeniain matin , en conllnuant leur che- uiin , ils pasberent devant la colline de Juanilla, qui est elevee de 1,249 Poet's anglais (Syg™, 676) au- dessus du niveau de la mer. Vis a vis de File de la Con- ception , au pied du rivage septentrional, qui est liaut de i5 pieds (4'",5Go), ils observ^renl, comnie au cen- tre de la riviere, des masses de roclies d^lacbees on des 6cueils qui se monlraienl au-dessus de I'eau. Les rives, depuis le Colorado, deviennent plus ^levees et la vege- tation plus riche; les arbres, dans I'iie de Gigant , n'ont pas molns de 100 pieds ilebaut (3o'°,4). Eiilre cette ile et le lieu ou ils s'etaient arretes le matin, ils ne virent pas d'habitalions, si ce n'est quelques mauvaises huttes, residence temporaire des bommes qui recueillent la salsepareille. Ils avaient alteint le confluent du Jua- iiillo ; la profondeur etait la de 8 a 1 o on meme ) 5 pieds '^2"', 4; 5'°,o4 ; 4"", 5), et le courant d'environ deuxnoeuds. Au confluent du Serapegui, il est large a pen prfes de Irois quarts de cable, et a 29 milles (55'^'' ,079) de dis- tance de la pointe Arenas, les rives s'^leventa 10 |)ieds (5°',o4), et les arbres, en y compronant I'el^valion des rives, ont 100 a i5o pieds (5o a 45" env. ) de bauteur. Les plus grands de ces arbres sont I'arbre i^ colon et (i) L.i lungm-ui dun table on t'encabiuie est d'euviroii 200 metres. ( 558 ) rt''bivre. — Caractere des habitants. I-e reverend P. Jean Veniamlnoff , Russe d'ori- ginc , mais no dans les colonies sur la cole nord-ouesl d'Amorique, a profile d'un sejour de dix ans au milieu des babilants des lies Aleoutiennes pour otudier lour langue el rocueillir une foule ile ronscignemonls in- leressanls sur les mceurset les babiludos decelle pcu- plade , dont il a 6le pendant si long- temps le perc spiriluol. On demandera peul-etre quel inleret peuvent offrir le Inngage et les mtrurs d'lm peuple si pou nom- breux, habilanl sons un ciel rigoureux une chaine ( •'<>/ ) nes de I'AnK^rique en general est encore tellement eiiveloppee de tenebres; les re- chercbes sur les migrations vraies ou supposees i!e ces peuples presentent tant de dilliculles, que cbaque no- lice donl rexaclitude est hors de doute , eut-ello pour objel une peuplade en apparence de pen d'impor- lance, ne saurait manquer d'interet. Ajoulons que les renseignements sur les Aleoutes dont on est redeva- ble au P. VeniaminolT, se distinguent essentiellement des notions de certains voyageurs, qui sonvent nous parknt avec assurance des inceurs , des habitudes et du caraetere d'un peuple cliez leqiiel ils se sont a peine arretes quelques jours, el dont i!s n'ont jamais appris la langue. Cc digne pasteur ayanl vecu de longues an- nees au milieu de la penplade donliis nous entrefient, fait a toutes ses habitudes, il connail si bicp. I'idiome de ce peuple, que c'est meme liii qui vierit de le fixer povu- ainsi dire, Le P. VeniamlnofI" est I'auleur dune Grammaire de la iangne a/eoii'e, ouvrage pour lequcd I'Academie des sciences de Saint-Petersbourg lui a d6- cerne, en jSog, un des prix Deniidoll" (1), de sorle fi) M. Anatoli? de Denildoff, fils dii donalaire , e^l m inhre de la So- (ic'te de gco^iajihie de I'aris, rl I'mi li; -ps vic«-prc>idt'iili,. ( 36S ) qin' grace « ses rcclierclies, ridionio du poiiple de cos Jles esl aujourd'luil , jiarmi loules les langues parlees dans celle parlie du globe, celui que Ton connail Ic niioux. Pour rcndre avec txaditude tous les sons de celle langue , le P. \ eniainlnoll a invenle on alpliahel nouveau, ou plutot il a ajoule a I'alphabel russe quel- ques signes destines a expriuier les sons de la langue aleoule, qui n'onl point d'analogues dans les langues slavonnes. Malgre un si long sejourparmi les Al^outes, qui lui onl loujours t(^moigne beaucoup d'aiTeclion cl one conliance parfaile, le P. Veniaminofl" n'a guere reussi a recueillir des traditions tanl soil peu precises, ni sur VaiHiciitie religion du pays , ni sur V histoire de sa po- pulation jusqu'au moment ou les Russcs vinrent s'y elablir. On dirait que les Aleoutes n'ont conserve au- cun souvenir de cetle 6poque encore si peu eloign^e. A peine sait-on qu'ils avaient autrefois des Schanianes , qui exercaient sur eux une tres grande influence au nom d'une religion probablement assez vague, et en s'ai- danl de loules sortes de prestiges, Ce qui nous est parvenu des riles de celte religion nous apprend qu'ils consistaienl en chants qu'on n'enlend plus aujourd'bui, et en danses desormais oubli^es, pendanl lesquelles les donseurs se cachaient sous des masques hidcux. (le qui est positif , c'est que celle religion aulorisait la |)0- lyganiie. Quant a I'liistoire de cette peuplade, elle se reduil a un r«!!cil vague de gucrres civiles qui Tont de- cliiree autrefois, de querelles sanglantes et inlermi- nables enlre les habitants des differentes lies. 11 Depuis la fm du dernier siecle, les Aleoutes sonl Chretiens de I'eglise grecque russe , et fort attaches a la religion. I\on beulcmenl ils en observenl tous les rites avec unc scrupuleuse exactitude, mais dans les ( 5*39 ) lournees quo son sainl minislert; lui iiuposail, le P. VeniamiiJofTse voyait partout recu avec lesplus vives demonslratlons de joie , temoignages aussi rarcs qu'ils sont sinceres pariiii les habilanls deces iles; lesmalades lueine quittaient leur couche pour venir au-devant de lui; homines et femmcs accouraient des points les plus eloignes , abandonnanl les travaux les plus urgenls pour assisler a la lituigie et au sermon, toujours ^coute avec I'attenlion la plus soutenue. Ce qui doit frapper le plus I'^ti'anger qui visits ces iles incultes , c'est , dit le P. VoniaminoIT, I'exlreme uniformile que Ton remarqtie dans I'exterieur des ha- bitants autant que dans leur caracl^re : « lis sont tous comme jeles dans un nieme mdule , » dit notre voya- geur ; el cette uniformite lui parait d'aulant plus singu- li^re que les Aleoutes etablis sur un rivage tres etendu, a de grandes distances les uns des autres, ont dans le fait assez peu de relations entre eux ; do maniere qu'on en comple beaucoup qui n'ont jamais visite Vetablisse- ment principal , et qui meme n'ont jamais connu que les habitants de leur hameau ou du voisinago imrae- diat. Peut-etre celle espece d'isolement dans lequel vivent les Aleoutes la plupart du temps, est il precise- menl une des causes de I'uniformile de caractero dont parle le P. Voniaminoff. Plus les relations enlre Us hommes soul frequentos et raultipliees , et plus elles doivent, en developpant les facultes intellectuelles ot les caracleres, leur imprimer do variete. Au premier aboi'd, les Aleoutes paraissent froids , taciturnes, tres reserves, peu susceptibles d'emotions et toujours resignes. Cette espece d'apathie semble pouvoir etre attribuee aux vicissitudes d'une vie a la lois poiiil)lri ot monotone. Ilabilanl un sol ingiat, sous ( 070 ) wn climat severe, vkanldes produils dc la |)eelie sur one culo presque conslammentcoiiverlede brouil lards I'Altioute se voil souvenl expos6 aux privalions les plus penibles, el a loulcs les soulTrances qui en sonl I'ine- vilable consequence; liabilue h une telle existence , il la supporle sans jamais murniuror ou se plaindre ; on est meme lcnl6 de croire que cette rt^signallon habi- luelle ant^aiilil on lui jusqu'h la laculle d'etre sensible a un suit plus heureux. Son mainlien est presque toujours le meme; le mallieur et les privations ne le reduiront jamais au dt^sespoir, le bonheur el I'abon- dance ne sauraient I'exciler a la joie. Peut-elre cette indilierence esl-elle cause en partie de sa paresse et de son insouciance pour I'avenir. II allache trop peu de prix 5 un sort meilleur pour tra- vaiiler avec une veritable application et avec perseve- rance a se le procurer. Souvent on en voit qui suppor- tcnt pendant dcs journees entiores une soil ardente , siiiiplemenl pour s'^pargner la peine d'aller puiser de I'eau a la source voisine, et si un Aleoute possede ce qu'ii lui laut de nourrilure pour le moment, le temps le plus favorable ne saurait I'engager a aller a la peche. C'esl en et6 surtout qu'il devrait I'aire ses provisions pour la mauvaise saison , el toute la population s'en occupe effectiveraent a cette epoque, mais avec si peu de soins et de calcul, que le pere de famille le plus prevoyant recueille a peine pour Irois ou quatre raois de vivres. Tanl que I'Aleoute croil |30ss6der des pro- visions en abondance, il ne mange d'un poisson entier que son morceau favori , celui qu'il juge le plus Iriand, el il jette le reste. Souvent un Aleoute qui, dans ses relations avec les Ilusses en a contracle quel(|uos usa- ges, prodigue de plus une grande pailie des produils ( 571 ) tie sa peche aux convives d'un re|)as qull se plail a (ionner chez lui le jour de sa fete ou a qnelque autre opoque solennelle; il n'est done pas ^tonnant que fre- queininenl la population entiere de toute une ile se trouve reduite a la plus horrible disetle. La resignation des Aleoules dans ce cas, et la faculte qu'ils ont de supporter les souffrances les plus intole- rables a nos yeux, est vraiment digne d'admiration : un Al^oute passe jiisqu'a trois ou quatre jours sans prendre la moiudre nourriture, et sans jamais proferer une plainte; s'il ouvre la bouclie c'est pour consoler ses enfants qui apprennent bientot a leur tour a souf- I'rir en silence; si on lui deinande ce qu'il a, pourquoi il est si pale, il ne repond que par un sourire. Jamais il ne demande de secours, et meme lorsqu'on lui offre des aliments apres plusieurs jours d'une pareille absti- nence involontaire, un melange de fierle et d'indiffe- rence I'engagera h ne pas en proliter avanl d'avoir ter- mine avec une certaine Icnteur le travail dont il est occupe. C'est encore dans ces moments de disette que Ton peutjuger de I'amour que les Aleoutes portent a leurs enfants : meme dans les jours heureux. les mor- ceaux les plus delicats et les plus beaux vetemenls sont toujours reserves aux enfants, surlout au plus jeune. Lorsque la famille commence a manquer du neces- saire, c'est surlout des enfants qu'on a soin, et souvent on voit alors dans les chaumieres des Aleoutes des exernples d'un devouemcnt vraiment heroifiue dont personne cependant ne se montre surpris, que tout le monde au contraire regarde comme une chose Ins simple, el qui doit elre ainsi. II n'est pas rare d'v \oir (les enfants vigoureux, bien nourris el coulenis , (andis que les parents meurent de laim dans I'accep- lion rigourcusc de co mot. Si dans de pareils niomenls quelque Aleoule, favorise par le hasard , a ele assez heureux pour luer quelque plioque ou une baleine , si le sort lui a ete propice a la peclic, le Iresor qu'il vient d'acquerir ainsi appartlent de droit a tons ceux qui viennent le parlager avec lui : c'esl plus qu'uii usage, c'esl une loi de morale h la- quelle le pfecheur, qui revicnl d'une heureuse expedi- tion , ne saurait manquor d'oheir. Tons ceux qui ont hesoin de secours viennent alors c» sa rencontre sur le rivage , naais ils ue lui adressent aucune dcmande; assis autour de loi sans proferer une seule parole , ils attendent le parlage : leur seule presence sulTit pour faire comprendreau chasseur leurs souffrances el leurs desirs, et en donnant a chacun sa part, I'houreux pe- cheur ne s'attend a aucun retour, ni meme a des re- merciemenls, el jamais il ne gardera pour lui-meme une portion plus grande que celles qu'il distribue aux aulres. A quelque exlremitt^ qii'un Aleoute se voie reduit, un depot est toujours sacre a ses yeux. Le P. Venia- minolf rapporte, enlre autres fails, quayant visile en auloiTine Tile d'Oumnak, il ne put en partanl refuser un cadoau offert par un Aleoule; ne pas accepter un present est aux yeux de ce peuple un signe de mepris et i'affront le plus grave. C'^taient quelques poissons sees qu'on lui avail offcrls; il les oublia sur le rivage; d'ou I'Aleoute, qui les y houva plus lard , les rapporta dans sa cliaumiere. Bien que cet homme se vil ensuile pen- dant les mois de novembrc el decembre avec toute sa lamllle en pruie h une famine affreusc, il n'eut garde i;<;pendant de toucher a ce qu'il ne regardait plus ( S;^ ) coninie sa piopriele ; el I'occasion s «n olanl presen leo au mois de Janvier, il expedia fidelemeti ]es i)oissons au P. Veniaminoff qui n'en avail aiicuii.l)esoin et qui n'y pensait plus dcpuis long-temps. Nous esperons pouvoir lirer du meme recueil i>sse donl ce morceau est extrait quelques details sur la get graphie des iles aleouliennes. II est a ddsirer que I'ou- vrage du P. Veniaminoff soil connu et mis h la port^e des savants qui s'occupent de celte partie si interessante de I'Am^rique , espece de chainon (jui lie en quelque sorte I'ancien continent au nouveau. Ln scjour aussi long f dix ans) a du mellre le venerable pasteur dans le cas d'^ludier h fond la structure g^ologique el g^o- graphique de ces Iles. Abyssinie. Extrait d'une leltredu I)'' Brke , dulce d' kn- kobar , cnpitale dn royaume dc C/ioa. Le 3 mars 1841. « J'ai enfin la satisfaction de vous apprendre qu'avec I'aide de Dieu je suis arrive sain et sauf dans ces con- tr^es lointaines. Mon voyage de Tajurrah a Farri sur les frontieres d'Ifat a dur6 quarante-sept jours, jours d'ennui et de soucis; car presque partout, durant ce voyage, on m'annoncait que ma vie 6tait en danger, el que les Bedouins avaienl recu I'ordre de se defaire de uioi sur la route; cependant comrae j'altribuais cos menaces a I'intention que Ton avail de me ranconner et de lirer de moi quelque argent , jo puis dire (]ue jo u'ai pas eu de crainlcs reelles. »J 'arrival a Ftiti dans la inatiiioc dii 5 fuvrior, apr^s avoir parcourJ en vinj;l quaUe hoiires sous I'escorte de qiielques I'edouins la roule depuis Dvhhliinlei jiisqu'a resld^l'H'ioU''ch. -de nelul que le 12 que j'atleignis Angolalla, princi- j)ale residence du roi de Choa, et ou il se trouve en ce moment. Trois jours apres seulemenl, je fus remis en possession d'une partiede monbagage. Cetle privation, jointe a ce que pendant les premiers jours j'ai 6t6 con- btamment retenu aupres du roi ou Nf^gus (i), m'a ein- peche de consacrer a mon journal le temps neccssaire pour le metli-e en ordre , le retoucher et le reduire. J ai pretere m'occuper d'abord do la preparation Inline carte gcograpJiique de la route que j ai parcouriie. Cletle carte sera d'une beaucoup plus grande ulilile qu'un r^cit purement personnel, puisqu'elle offrira le resume de mon voyage. »Le fait pent etre le plus interessant que j'aie con- stale pendant le cours de mon voyage est le i^rnnd iibaissement du lac sale d\-ls.sal au-dessous du niveau de rOeean, abaissement correspondant d'une mani^re remarquable a celui de la mcr Morle... Vient ensuitc i'observation de lahauteurdu lit de lari.iere d'Haouacb qui , a I'endroit ou je I'ai Iraversee, c'est a-diro a Dybhhinloi, lieu do slalion dcs caravai»es sitii6 dans la meme valine, n'a cerlainement pas molns de 2,178 pieds anglais ( biio metres environ). Enfin la grande elevation 8,4<>7 pieds anglais ( 2, 50*2 metre.f environ) du pays comparativement plat dans lequel (\')t situe Angolalla est un fait egalemcnt important jiour la geographic physique do cette parlie si inleres- (t I ill ( i|ii'oii tliiiiiii' (111 I oi ilii choa. ( 3/5 ) sanle ikrAIVique; aussi neregarclera-l-on pas coininc paradoxal, que, au milieu cle ct'tle conlree , je nic sois cru un moment piulot dans le nord de rEuro|)e qu a lo degres de la ligne. Ankobar, quoique dans un district montagneux , et sur le sonimet meme d'une monlagne , est cependant environ 200 pieds anglais (environ t)5 metres) plus has qu'Angolalla. » Sur la route deFarri.j'ai recueilli un certain nombi'C d'echantillons geologiques que, par les raisons deja expliquees, je n'ai pu encore mettre en ordre. Je me propose de vous les envoyer par la premiere occasion. Quant a present, je vous dirai que , sur toule la route depuis le village d'Ambabbo prfes Tajurrah jusqu'h la ville de Farri , on ne rencontre pas un seul village ni m6me une cliaumi^re fixe : la campagne est habilee par dos Bedouins qui construisent des hultes de bois couvertes de naltes de palmier , et qui s'6lablissent partout ou ils peuvent trouver des paturages pour leurs troupeaux, se transportant d'un lieu dans un autre suivant le besoin. t Depuis mon arrivt!;e dans ce pays, j'ai ele souvenl occupe aupr^s du Negus, qui s'est monlre Iris em- presse de voir tout ce que je possede , de connaltre mon savoir faire et de recbercber en quoi je puis lui etre utile. Sa curiosite un peu satisfaite , j'ai enlin ob- lenu la permission d'elablir ma residence a Ankobar oil je suis depuis avant- hier avec M. Krapt" qui est venu a ma rencontre , et auquel je dois exprimcr ma reconnaissance pour ses soins empresses et ses atten- tions amicales. > Le principal Irafic cntre ce pays el la cole 1 st le (■(imiDcrcc (les i'schn'cs. Depuis (|ue je suis ici, eliaque jour me prou\i' duvantage (pic ce lieu est uii [ui^le im- ( 5-0 ^ porlant pour ol>(onir cles dociinu-nts el rcnseignoinenls slalisliques 5ur loscliivagc dans le nortl dc rAIViejue. » Jo n'ai pu jusqu'a present arrfilor aiicun plan de cono'ullc ; il est nccossairc , avant tout, d'acquerir la coufiance du Negus, qui, quoique extremcmcnl allable pour Ics strangers, ne voil pas leur sejour d;ms son pays sans une cerlaine defiance ; en sorte que leur residence doil 6tre regardee pendant les premiers mois comme une sorte de douce captivite ; mais hien- tot cette conlrainte s'adoucira , el je serai plus libre dans toutes mes actions. » Jo suis ici precisement dans le moment d'une dcs rccoltes da cotonnier, qui, dit-on, en donne /ro/.v dans le cours de I'annde ; je vous en adresse un eclianlillon. <.et eclianlillon est justo tol que se trouve le colon lorsqu'onle livre auxfemmes quile nelloient el le filent enti^reraenl avec les mains , ou tout au plush I'aide des plus grossiers instruments. A Goncho , residence du Vellesma Mohamed , gouverneur de la fronlicro, j'ai vu le colon apporl6et pes6 auxfemmes dans une apr^s- inidi, et dans le courant du jour suivant, il etait sur le metier. »J'espere pouvoir vous donnor, dans ma procliainc leltre, des details sur la fabrication , ainsi que sur plu- sieurs autros ubjets interessants. » AsiE. Ertwurf... etc. — CavU: du theatre de la guenr fiitre ^ la Rnssie et I' Etat de Kkwa , par M. C. Zimmermams. Berlin, 18/^1,1 feuil. — Gengrnphische... eic. — Jna- lyse gi'ograj)/iuj/ie de la carte de tAsie interieiire par le memo. Tome i*""^, in-4'> avec 5 plancbes. En presentant a rAcad^mie des sciences , dans sa seance du •a\ juiu diTnici, do nouvolics (•;iil<'s dc V ^77 ) M. Charles Ziming^'mann , le sccrelairo en a (loniK' un apercu que nous einprunlons au comple-rendu de celle seance. 11 La premiere carle represenle risUime entre le l;ic Aral et la mer Cas|)ienne ( le terrain compris enlre Orenbourg et le khanal de Khiva sur I'Oxus ) ; c'est le theatre de I'expedition mililaire des Russes en i85(). La carle de M. Zimniermann olfre I'enseinble des routes des voyageurs depuis le xvni* si^cle, les traces de I'ancien etat des bassins hydrauliques de I'Aral el de la Caspienne; des profils indiquent les deux nivol- lenienls geod^siques el baromelriques entre la nicr INoire et I'Aial. A ce travail est joint un memoire ana- lylique qui renlerme la discussion des jiositions et des recherchos sur I'ancien cours de I'Oxus. La bihliolluN- quederinstilul ne possedait jusqu'ici que la traduction anglaise de I'ouvrage de M. Zinimermann, publle sous les auspices de la Societdi geographique de Londres. La seconde carle est celle de I'Asie cenlrale com- prise enlre '2° 4^*' *^l 4~>° 6' de latitude el les meridiens de 59" 3o' et 76" 5o'. Rile est on 4 leuilles, el se fonde sur I'ensemble des observations aslrononiiqucs des ilin^raires et des ii^esures hvpsometriques. M. Zini- mermann y a joint une cincjuii^me feuille , olTraiit, selon la melhode de M. Elie de Beaumont, la direc- tion des si(rg/ssei?ie/its lineaircs enlre la chaine \olcani- que des monls Celestes (leTian-Chan des geogra|)hcs chinois) el la chaine de I'llimalaya. Un ouvi-age in-4", Analyse geosraphiqiie de Ui rtonvelle carte de V Asie ccn- trnle , rcnferme la discussion de trois cents positions d'une certitude Irts inegale ; les positions des aslrono- mes arabes compareesaux determinations modernes; le lableau des iondemcnls de nos connaissances ac- lucllos (tableau bibliographiquc ) : un resunu' hypso- ( -^/S ) nii''lri(}iio ilo prt'S do dmix conl ciiK]iianlo points on Its liauleiirs (jui rosullonl des inesures baromolrujues sonl soigneuscnipnl dlslingudes de cellos qui ne se fon- dent que sur les degr6s de I'cau bouillanle. M. Zim- inermann confirme par ces mesures, par lo cours des eaux , par une foule de poinls donl hi hauteur au-dos- sus du niveau de I'Ocean est connue , par des conside- rations de temperature, de gi^ographie des plantos et de cerlaines cultures (colon, grenadiers, oran- gers, canne a sucre), I'opinion d6ja emise de la non- existence dun plateau central conlinu dans I'Asie in- terieure. II n'y a, dans cetle region, coninie a Quito el aulour du hic de Tilicaca , que des intumescences parlielles entre deux chaines de monlagnes. Au centre de I'Asie, la ou I'lrtyche sort du lac Djaisang , sur le lerriloire chinois, le sol n'a que ooo metres d'elevalion ahsolue ; c'est presque aoo metres de nioins que la hauteur du sol ou pav6 de la ville dc; Munich- Les lacs Djaisang el Otislyamenogerv , ou Ton a porte un h;i- roni6lre de Bunion, sonl cej)en(hinl plus pros de la mer de rinde que de la mer Glaciale. Le plateau du Gobi, entre Peking et le lac Baigal , donl les geographes et les vovageurs avaienl si long-lemps exagere la hauteur, n'a que la hauteur moycnne de 1,000 metres. La \yay- tic cenlrale de ce desert, pres d'Ergi , r>'a que 780 me- tres au-dessus du niveau de la mer : ce n'est pas le double de la hauteur do Clermont. Cepcndanl le de- sert de Gobi a cte mesure tout recemment, non par le moyen do I'eau bouillanle, mais au moyen du baro- melrc , par des voyageurs experimentes , I'astro- iiome M. Fuss et le botaniste W. Uunge, l,e memoire analytique de M. Zimmormann indique de grandes depressions dans le plateau de la Perse , qui ersant de la Baltique, habile par 7 millions d 'habitants, et caiaclerise , quant aux produits ct aux industries, par I'exploitation des bois, la cullure du lin, par I'ex- ploitalion de beaucoup de carrieres dc rochcs cristal- lines ct autros; enlin par des industries maritiiues. Pe- tersbourgest le iojerdece versant quicontient presque exclusivement les terrains cristallins, siluriens el ceux du vieux gres rouge du I\.-0. de la Russie. 2. De cclte premiere chaine decoUines dites du Wal- daysQ detache, au suddu Vdcd' Onega, un plateau ^leve, qui. se prolongeant vers le sud de \ ologda , va se ralta. cher a la chaine de I'Oural, versle Gae degr^ de latitude nord. Celte crele de collines de 20 a l^o werstes de large(2),atleint a 22 werstes sud de la ville de Vologda, a Grczowitz^ 'j'b'b pieds de hauteur. Celte elevation I'ormc la n^gion de parlage enlre la Dwina seplentrionale et ses (i Ces mesiiifS out ete delenninoes baroineli i(|U('iiu'iit par M . le coniie Kiiysei iiii};, coiiipaniioii de voyage de M. ile MeyeiiJoilT. I.'oliscivatoiri- di' l'rtersl>oiirg riant romplci a 3o p'cds de I'aiis aii-Jessus ilc la Killi- que, et robseivalniie du l)as ile l.i ville dc Moseoii a 'ioo |)iids aii-dessus de la menie mi'i'. (1 La >vi isl"; = I nxirou 1,000 ini'Ires. ( 58i ) ■ - iiflluonls et les alTluenls Ju Volga, Kile cuuronne le ver- Scint do la inor Blanche. Elle liniile a peu pies au sud la plus grande pailie de la region boisee de I'cnipiro qui s'6lend depuis les hauleurs de JV ald(i~\ en s'elar- gissant vers la iner Blanche, iusqu'a rOural seplonliio- nal. Celte region conlienl encore au-dela de 4o millions d'heclares de bois conlinus, et qui sont presque ex- clusivenient une propriete dcs domaincs de I'ttat. La population n'est que de 1,200,000 habitants. 3. Une Iroisieme region de collines caracleristiques se detache egalenient du prolongement des hauteurs de Waklay jusqu'au sud de Smolensk. La pres de Jelna se trouve un noeud principal de ces hauteurs, donl la mesure a et^ trouvee de 707 pieds. Ellcs s'cMendenl de la le Ions; de la Desna , vont vers le sud de la ville de Kursk, ou elles alleignent, a Schdekowa , une hauteur de 82b pieds. Elles remonlent apris Tino vers Poiiza . d'oii, deviant en demi cercle vers le sud de Tomboff , elles vont rejoindre vers Samara le coude si reniar- qiiable du Volga; elles vont s'y confondre aux collines qui forraent le bord eleve du Volga, et auxquelles oi\ peut assignor une hauteur moyenne de l^oo pieds au- dessus de la mer Caspienne. L'ensemhle de ces collines centrales (\q la Russie forme la region de partage enlre I'Oka et sos affluents , et en - tre les principaux affluents du Dnieper, du Don et du Volga inferieur. Moscon se trouve presque au milieu du plateau central, limile au nord par les hauteurs de par- tage des eaux de la mer Blanche et au sud par les hau- teurs de partage qui separenl ce plateau centra! du vei - sant meridional de rompire. Ce plateau conlient i5 a J 4 millions d'liabilants. Toule rinduslrie des tissus et celle des metaux y est concenlree. Leslignes saillantos XV. juiN. 4- s5 ( 582 ) qui torminenl co plateau dans sa parlie sud , t-l lor- inenl inio chaiiio cenlialo de collines uiiissanl cellos (111 Volga a celles pr6s de Smolensk, sonl en meine « temps la limite des terrains terliaires continiis el des terrains cr^tac^s. C'est egalemenl a peu pres la limite de ce terrain d'humus v6g6tal d^compos6, ^ppele tscheruoyzem dans le pays, terrain noir qui occupe , (lepuis ces collines au nord el jusqu'aupr^s des con- trees du Don au sud , el depuis le pied des Carpalhes a Kanienil/.-Podolsk jusqu'au pied do I'Oural, une surface de plus de 80,000,000 d'hectares. Cetle region, du plus fertile terrain , nourrit au-dela de 20 millions d'Labitants, el doverse iinnuellemenl sur I'etranger ct sur les autres parlies de I'empireplus de 20 millions d'hectolitres decer^alcs. Ceversant meridional est ter- mini par un elage ou un echelon de collines qui s'6- lend depuis le Dnieper a Ekaierinoslaw , a travers le Donelz , pour aller rejoindre au nord du Don les col- lines qui longenl le Volga. ^. Cetle derniere rangee de collines limite en grande parlie au nord la region pastorale de la Russie d'Ku- rope , qui va de la Bessarabie a I'Oural. Elle compte environ 5 millions d'habilants; elle comprcnd les steppes sous toules les dominations; elle est caracleri- see par une absence totale de bois, el par une ricliesse de productions demali^res animales sans exemple dans cetle etendue. Celteplaine, donl les mers Noire el Cas- pienne occupenl les bas-fonds, va mourir aux pieds des monts Caucasiens. Ainsi, en resume, on voil que la Russie d'Europe peul 6lre parlag^e en cinq regions : I" Versanl ballique, limite par les hauteurs du ^Val- day entre Smolensk el i'Oni^ga. Bois , lin, activity ma- ritime. Pelersbourg comme centre. ( 3S,^ ) •i° Versanl de la mer Blanche, iimile par uue ligne tout le terrain plat etait convert d'eau, C.ette parlie plate etait au reste une ile, de I'aulre cole de luquelle nous avons passe en descendant. Quelques milles plus haul, I'eau etait toul-a-fait douce; on voyait sur Ies bords du lin de la Nouvtdle-Zelande ; I'escarpement de la montagne a droite continuait tou- jours; a gauche, on voyait des taillis, maisnulle part on n'aperQut une plaine oii I'lierbe crut naturelle- ment. Apres avoir remonte cette crique pendant 8 a lo miller^, le catiot lut arrets par des bas-tonds, quoi- que la iner fut haute. Des troncs d'arbres obslruaiont le 111 el Ies bords de la riviere; on tut done oblig^ de s'arrcler et de dcbarquer sur \\\\ banc de gravier siii ( 586 ) lecjuol on liala a lone le canot pour sen I'aire un abri conlre one pluie violcnle en le lenversanl. Nous nous psliniions alors a 5o milles de I'enlrc^e dn canal, el le lull que Ton s'elail propose (de Irouver des terras con- vcnahles pour un eUiblissenienl) ne pouvait evidemmenl 6tro ronipli ; car lors meirii; qu'il y en aurail eu plus haul, on n'aurail pu y arriver facilement ni par terre a cause des nionlagncs , ni par eau a cause du peu de profondeur dc la riviere. Le soir, la pluie conlinuant, on craignil que le banc ne liil subnu-rge , el on redressa le canol; heureuse- menl elle ccssa sur les neuf heures; mais la riviere s'eleva presque jusqu'au poinl ou on s'6lait elabli. Nous suivimes a pied la crique en remontant aussi loin que nous le ptimos; mais nous la Irouvames lou- jours encaiss6e dans de hautcs monlagnes presque perpendiculaires qui ne doivenl pcrmellre que fori lard au spleil d'y penelrer. La pluie avail beaucoup augniente la force du cou- ranl ; il 6lail impossible de remonler plus haul avec le tanol ; nous comniencames done a redescendre ; mais quoique la bauleur de I'eau fill augmenlee dc 2 pieds , le couranl lilail devenu si rapide qu'il fallail la plus grando adresse pour nous tirer de ce passage dan- gereux ou nous eussions infailliblement peri , si I'em- i)aicalion avail beurl6 conlre un des Ironcs d'arbres qui obslruaionl en quelques endroils la riviere, el qui laissaienl a peine I'espace sudisanl pour faire usage des rames. Noire pilolc nous dil qu'avant I'abandon de relablissemenl que les nalurels avaienl forme plus haul, il y avail cbaque annee plusieurs canols submerges el des bommes noyes dans cos dangereux passages. Nous le crilines facilemenl,el nous regardons ce lieu comme loul-a -fail imj)roprc a un elablissemcnt. ( 387 ) La rner elail basse lorsque nous liavcrsamfs !'■ pla- Icaii (li? vase qui se tiouve a I'enti^e do la criqu«; anssi nous touchanics plusiours fois. Lc vent (^lanl conlraire , nous descendimes le delroil , el le soir , nous nous arrelames dans une ansc profonde que Tonne une des branches de cet estunire. Nous limes avec des branches une espece de tente au pied do la nionlagne ; niais le lendemain malin , a la pleine rner, nous vlmes que Teau venail presque jusque la. Nous arrivames enfin le 12 Janvier vers dix heures du soir a I'anse du Piiole , rendant grace au ciel d'etre revonus sains et saufs, el rapportant une fort mauvaise opinion de rOwerrie,qui est bien plulotun brasde mer qu'uiit; riviere, el qui ne nous parait j)ouvoir etre d'aucune ressource. L'anse du Piiole doiil nous sommcs partis el ou nous sommes res'enus est un pelil renfonc nienl sil :e a environ 1^4 de mille de I'onlree a gauche en entrant ; on y trouve un ou deux acres de lerrescullivablcs : c'cst le poinl le plus avanlageux que nous ayons vu. Le ca- pilaine Stein y debarqua,il y a quelques annees, qnel- ques besliaux'dont'le nombre a, dil on, beaucoup aug menle , mais ils onl abandonne la maison qu'on liiir avait conslruileel se sonl r(^fugies dans les nionlagnes, en sorle qu'ilful impossible, menieaux nouveauxZelan- daisles plus aclifs,de parvenir a en apercevoir un seul. Le colonel Wakefield , que nous renconlrames au Port-Hardy dans I'ile d'Llrvillo, nous dil avoir remonle rOvverrie 20 milles plus loin que nous; il en avail une opinion aussi defavorable. Le 1 5 Janvier au soir, le capilaine Pihodes , de la barque r Eleanor de Sydney , accompagne de M. Espie de Poverty-Bay , arriverenl au menie point apids avoir remonle TOvverrie pendant deuxjours, dans linlentioii ( 588 ) d'aclieter des naturols qiielqiies terrains; inuis ils etaienl icvcnus convaincds quo personne ne voudrait en faiie I'acquisilion , memo 1 rsqu'on ies donnerait pour rien , si on y allachail la condition d'y roslder. Parrni lea inconv^nienls que nous ^prouvames dans notre courie residence sur la cote avant de remonter la rivid're , on doll compler I'excessive clialeur que I'or) eprouve amivli, elantau pied d'une monlagne qui emp6- rhe la circulation de i'air;on doity ajouteraussila visite desagrc^able de grosses rnouchcs bleues qui d^lruisenl, par Ies vers qu'ellos dejjosent, fescouveitures el tous Ics objcts de iaine. Les nalurels dtaient Ires ennuyeux, parce qu'ils domandaient lout ce qu'ils voyaient , mais ils etaienl bonnetes, el on ne s'esl pas apercu qu'ils aient rien derob6. L'aiileur du present article a visits dans le mois de decembre el Janvier derniers difierents points du de- Iroil de Cook , il pense que le cliraat n'csl pasfavorable pour un elablissement. II alia a bord de V Aurore , pre- mier navire de la compagnie de la Nouvelle-Zelande qui amena des Emigrants, avant el apr^s I'arrivee de ce batiment au port Nicholson. Los emigrants etaienl en bonne sante et contents, mais ils n'admiraient pas I'aspeclmonlagneux de la tcrre. Lorsquel'auteur quitta ce port, quelques unsavaient d«ija el6 d^barqu^s ; mais ils n'avaienl Irouse nicabanes, nilentes.ni aucunees- pt^ce d'abri, el leur nouvelle residence avail un aspect assez inhospitalier. On a su di^puis qu'il leur avail «^t6 permisde courber a bord pendant quelques nuils : cette mesure etait absolument n6cessaire, car il avail plu Irfcsviolemment la premiere nuit.et le lieu 06 ils avaienl ele mis a terre paraissait etre un inarais convert de broussailles. lis furcnt bienlol envoyis aucolonel ^Va- kLlield |)our rcjoindre Ies pionniers qui etaienl occu- ( 5Sg ) pes a tracer les liinites du canlon auquol on avail donne le nom de Britannia, ft dont I'cmplaccmenl avait ^te a peine ai rete avant leur arriv^e. II parait , d'apresles journaux, qu'on a ete oblige depuis d'aban- donner cette localite, et d'enchoisii* une autre pour I'e- labllssement. Plusieurs Emigrants se trouvaient meme alors si Iromp^s dans leur atlente, qu'ilsdesiraient vi- voment Irouver moyen de revenir ^ la Nouvelle-Galles du Sud. Les lerr. sau portNicbolsonresseniblenlbeaucoup a celles de la riviere Pelorus, et loute conununication avee I'inttirieur du pays est rendue impossible par des montagnes impraticables. C'est par nier seulement que le canton de Britannia peul se procurer tout ce qui lui est necessaire. Le port Nicbolson n'estpaslui-meme un bon abri; il est trop large, et nn plateau de rocbes en partie couverles et en partie hors de I'eau s'etend devant le nouvel etablisstment. Loin que la Nouvelle-Zelando puisse devenir le gre- nier de la Nouvelle-Galles du Sud , c'est a peine si , vu I'augmentation de sa population , elle peut d'ici a (juel- ques annecs sidfire a ses |)roj)res besoins ; el il est douteux que I'^leve des troupeaux et que la culture des lorres puissenty prendre un grand developpemenl. Le manque presque absolu d'berbages et la frequence des pluies torrenlielles sont des obstacles serieux h la prosperile des lroiq)eaux, et la nature generalement monlagneuse des lerres ainsi que le d^faul de route, ne s'opposent |)as moins au developpemenl de la culture. Le cliuiat de la baie des lies est bien meilleur (pie 1 elui du delroit de Cook ; cependanl on v eprouve aussi IVequemment des pluies longues el violentes. ( Sgo ) DEIXIEME SECTION. Actes de la Societea KXTRAIT DES PROCES-VERRAUX DES SEANCES. PR^SIDIiNCE DE M. DAtSSY. Sen nee ilu 4 / lin i 84 I • Le proc^s-verbal do la derni^re stiance est lu el adopts. M. P. de Angolis ecrit de Buenos-Ayri^s, le 24 fe- vrier i34i, pour remercier la Soci^lc?! du litic de cor- rcspondant etranger qn'ellc a bien voulii lui dicerner ; iiiais il n'a pas encore recu les envois qui lui ont ete fails par i'enlremise de M. le marquis tie Paranagua , Sims (ioute a cause des embarras du blocus. M. de An- grlis annonce qu'il va reprrndre incessammenl la j)ul)licalion de son ouvrage sur le Piio-de-la-Plata , (jui a ele intoi-rompue par les monies molds. II delxilora par ce qui a rapport aux missions des CUiquilos , sur lesquelles on a si peu de rensoignemenls aullionliques. II lui roslo encore a exploiter une I'oule de documtmls inconnus sur la derniere demarcation des limilos entre les possessions ospagnoles el porlugaises dans le Nouveau-Mondo, ainsi que sur la region magollanique, si imjiarlailomint ro[)rosenlee dans [)resquo lous les ouvrages de geographic. L'auleur regrolle que I'elat naissant de la gravure dans ce pavs no lui permelle pas de faire usage de sos cartes inediles, qui pourraienl conlribucr a rectifier plusieurs erreurs el a en empe- clier le relour. iVI. Hortliclot offre a la Sociele, de la pari de M. le colonel ("ioda/zi , le i"" volume de I'ouvrage qu'il |)U- blie sur lo Venezuela, el (pii conlient rUisloire de eel ttal. par M. Barall. ,M. Brrllielol en piesenle I'ana- lyse , el resuuie lopiiiion de l'auleur sur la decou- vcrle de I'Amerique el sur Americ V esj)ucc. (iello ( 59> ) parlie tie I'analyse cloiine lieu a diverses observalions. M. Jomaid annonce qu'il vient de recevuir une carte du DaifoLir, deslin^e a accompagner le voyage que vient de faire dans celle contr^o un jeune cheik du Caire. M. Jomard donnera communication de cetle carte a la prochaine seance; il ajoute que IVl. le D*^ Per- ron, directcur de I'ecole de m^decine en Lgypte . qui lui a transmis cette carle, s'occupe d'une traduction francaise du voyage au Darfour. M. Thomassy lit un M(^moire sur les origines de Maguelone en BasLanguedoc. Seance du i 8 jnin i 84 i • Le proces-verhal de la derni^re seance est lu et adopte. M. Lanier 6crit de Cienfuegos pour remercier la Sociele de I'avoir admis au nombre de ses menibres et lui faire ses olTres de services. M. le chevalier de Paravey adresse une Note relative a un passage d'El-Bakoui, traduite sur sa demande par M. de Hammer sur les migrations des anciens Arabes vers la Chine ; il joint a cet envoi une autre Note re- lative au nom conserve pour les monuments tuneraires dans toules les parties de I'ancien Monde. M. le vicomte de Sanlarem olTre a la Societe un exem- plaire de I'ouvrage qu'il vient de publier sous le titre de : Chronica do descobrbneiito e conqnistn de Giilne, pnr G. de Azurara , et il donne quelques details sur le ma- nuscrit de la Bibliolheque royalc d'apres lequel il a fait celte publicalion. M. de Sanlarem est prie de re- meltre une anal\se de eel ouvrage au comile du Bul- letin. Le meme membre prie la Sociele d'adresser la col- lection de ses Memoiies a I'liistitul geographique et hisloiique du Bresil dont les tra\aux otlVent un \if in- leret pour la gfiographie et I'hisloire de celle contrt^e, Celle proposition est accueillie avec empressemenl. M. Roux de Rochelle uffre de la part de M. \ad, des Ltals-Lnis, membre de la Societe, ur\ ouvrage ayant poui' tilre : /)c In lilterdtme et des lio'iiiitcs de l< tires ( ^'92 ) (Ics F.lats-lJitis (V .tnurujiie ; ol de la pari do M. le haron Svlvestre, une Notice nt^crologiciue sur M. Ilueine cle 1*011111101180 , ancien piesidenl de la Society. Le infeme membre ollVc on son noni , a Toccasioii du innniimonl que la ville de Carliaix elove a la nioiiioire ^.\^; I.aloiir d'Aiivorgne , uno Notice liistorifiuo puhlic^e en Tan viii sur le heros bieton qui rhoiiora do son ainitio. M. Roux annonce ensuite la nioit de M. le due de Doudeauville.quiasuivi avectanlde z(ileles travaux de la Society dont il elait un des presidents honoraires. Sur la demande de sos collogues, M. Roux preparera uno Notice neciologique j)our le Rullolin. M. Daussy enlrelienirassemblee des nouvellos carles li\drogra|ihiques leceniment puhliees jiar TAmiraute d Angloterre, ol que le Dopol de la marine vienl de rocevoir. M. Rochet d(^pose sur le Bureau, pour elre dislri- l)uos aux mombres presents, plusiours oxemplaires du Rapport fail a I'Academie des sciences sur ses obser- vations concernant la geograpliie pliysi'[uo, la nitl'l^o- rologie el la g(iologie de quolquos parties des bords de la nier Rouge el de I'Abjssinio. M. K\rios ojoule que rAcadcmie des sciences a roniis a M. Rochet tons les iiiblruinonls (jui pouvaiont lui etre utiles pour le nou- \eau voyage qu il vu enlreprendre dans les memes conlr^es. M. d'Avezac lit uno Notice histori(pio sur U()uv(>l do rOzier , capitaine de vaisseau , et sur les missions dont ce marin a elo charge. OUVRACES Ol !• IinS A I.A SOClliTK. Seance du 4 ,/'"" 1 8^ • • P(tr la Societe voyale d' Edimbonrg : Transacrums de celleSociete, vol. xiv . part. 2 , in-Z,. -Rullolin des seances, iSz^o-iS^i , n"^ .yet i8. — PnrM. iMiiigne , Kx[)osition du svstimo des vents, i vol. iii-8. — - / ''"■ M. d'Ahaunza .-Carta geogralica de I'Estado oriental del Uruguay y posesionos adyacenlos iVa/.ada segun los documeiitos mas recionles y exactos. Pubhcada bajo la diroccion del senor A- Roger, consul de Franoia , une leuille. — Ihir M. Ixonx dc /uxhellr : Rapport sur le I ( 5<)'i ) c<>nc()urs rchilil ;iu piix loiule |);ir S. A. II. le due d'Orlf'nns en faveiir du tiavigjitoiirou dii voyagoiirdonl les Iravaux geogiaj)lii(jii('s auront prociin^ la d^coii- verle la plus ulile a Fagricullure , a linduslrie on a riuimanite , iu-ii. Seance (III I H /III /I i84i. Par 31. Ic vicoiiile de Saiitdicm : Chronica do dosco- brinieiito c concpjisla deGuine, esciita por mandado de el Vxo'i D. Alfonso V, etf . , pelo chronista Gomos Eannes de A/.urara , etc. , precedida tie mna inlrodiic- cao, e illuslrada coin algmnas nolas pelo viscoiide de Santarem , i vol. in-8. — Par M. Eug. A. P'ail : De la lilleralnre et des homines de lellres ties Elals Unis d'yV- inerique, i vol. in-8. — Par M. Le Prevo.st : ^vl\^Yi\('- inenl an memoire sur les villes et voies romaines en Basse-Norinandie , br. in 8. — Par M. Rochet : Rap- port fait a rinstilut sur des observations de ftf. lio- chet, roncernant la geographic physique, la meleo- rologie et la gtiologie de quelques parlies des bords de la mer Uouge et de I'Abvssinie, in-4. — Par M. Roiix de Roc/iel/e : iNolice sur la Tour-d'Auvergne. Paris, an VIII, brocb. in 8. — Par M. le baron Sihestre :'Ho- lices biograpliiqnes siir M. Huerne de Pommeuse et M. J. P. Labbe, in-8. — Par M. Bajot : Annales mari- times et colon ia les, annees iBSg et i84o , et mai 184 i. Par les auteurs et editenrs : iNouvelles annales des voyages, mai. — (>eviie scientifiqiie ctindustriolle, mai. — Bulletin de la Soci^te de geologic , torn, xii , feuilles 12 a 17. — Journal ties iMissions evangeliques, juin.— L'lnvesligaleur , journal de I'lnslilut historique , mai. — • Mt^morial encvtioptnlique , mai. — Bui etin de la Sociele pour I'lnslruclion (?l6mentaire , avril. — Jour- nal gentjral tie la Litleiaturc de France, mars. — Seance de la Socielti rovale tragricuHure de Caen ( i (> avril 1841 ). — L'Inslilut, n " 087 a Stjo. — L'Ecbo du Monde savant , n"' G34 a 640. AVIS. La carle de la loule il lainlio it MtJine , joiiile ace Niinn'ro , doit elre .iiinixfT nil voyns;p rlo M. !'ro\ , de Suez ;i Mcdiiie, pnlilii' dans Ic C'a- hu'i de mars i f!/, t . O TABLE DES MA TIER ES CONTKlUlIgS HANS LE XV' VOLUME DE LA 2' SEKIE. N"^ 85 a 90. (Janvier a Juin 1S41.) PRE^lltiRE SECTION. MfeMOIRES, KXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Apercus geiieraux sur la Syrie, par M. le comte A. de Cahaman. ( Extraits d'uii voyage fait en i838) H Renseignements arclii'ologiques et geographi(|uessurqiielqiie> points de I'Asie-Mineure, de rArmeiiie et de la Ptrse, ]>ar M. Charles Texier a(i Observations meleorologiques failes a Saint-Louis dn Senegal par M. d'Aboville . litulenant de vaisseau. — Article comniuiiiqne par M. A. Delamarcue, ingenieiir-liydrographe de la marine. . 38 Note sur la position de Tefesad (^Tipasa) , par M. Puii.i.on-I5o- Bi.AYE , chef d'escadron d'elal-major 46 Geographic anricniie historique et comparee des Gaules cisalpine el transalpine, suivie de I'analyse geographique des ilineraires anciens, par M. le baron If^alvkenaet. (Analy-ede cat ouvrage par M. Poui.AiM de Bossay. ( i" partie ) Si Note sur des iles de glace vues dans les environs du cap de I'.onne- Esper Vi yage en Abyssiiiie. — Extrait d'liiie K'tire de M d'Abbadie a M. Joinnrd. 173 Epistido de IVxpedilion des Anglais conlie la Chine. (Cunimnnique par M. P^YRiEs. ! 170 De I'utilile i|U on |)eut Iner de I'etude comparalive des cartes geo- grapliiques. (J.D. j 184 Notice sur ia Mtkke et sur les tVnimes niusulmaues par M. Prax. . 245 CoU'-idei'alious geogiaphiqiies et coninierciales sur le golfe Arabi- qiie, le pays d'Adel e t le royaume de Choa (Abyssiiiie nieri- diouale) , par M. C. F. X. Rochet (d'Hericourlj adg ■Voyage auloiir du monile a travers le nord de I'Asie et les deux Ocean , execute en [828 , 1829 el i83o par A. Ennan. ( Ana- lyse de ce voyage par M. t^li. Martins) '^?;. . . jy'^ Conipte-rendude I'ouvrage intitule : The Negroland oj the Arabs, etc. par W. D. Cooley, (M. Noel Desvergers! 3r Analyse du premier volume de I Hisloire de Venezuela. ( Histoire nncienne par HI. Baralt , par M. S. Herthelot, secretaire gene- ral de la Commission cenlrale 3ig Iiincraire de Sau-Juan de Nicaragua ( mer des Antilles) a Acajulla (ocean Pacifiquey en Iraversaut I'Aiuerique du centre; par M. E. P. .E. C 332 Reconnaissance de la riviere San-Juan de Nicaragua et du lac de Nicaragua , par M. Lawrence 35j Amitique seplentiioiiide. — lbs Aleoutiennes. — Religion. — Ma- * niere de vivre. — Caracteie des babilanis 36f> Abyssiiue. — Extiail d uue lettie du D' Beke , datee d'Ankobar, ca- pitate du royaume de Cliua 3^3 Asie. — Ertwurf... ete. — Carle du theatre de la guerre enire la Russie et I'Elat de Kbiia, par M. C. Zimmermann. — Geo- graphische... etc. — Analyse geograpbique de la carle de I'Asie iulerit ure par le nieme 376 [ 590 ) liitssie d' Europe — Commiillioatloii^ ilt- M. lo li.non d«- M tVFxnuKFF a rAcadpiiiie Kn.ilf lies srieiici-s 379 R'nicre Owi-rrie 011 Ptln'^ns dacis le detroit dc Cook Nouvillr- ZflanJe 383 DEUXliiME SECTION. ACTES DK I,.\ SOClixi. Assemhlee geiierale dii 2 m-ril i S 4 i . Disrours d'liuvfriuie |iroin)iic('' par M. le biiron de Las Cases, pi't'- sidctil de la Soiiilo . 2(19 Ita|>|ioit sur lo cunroiirs an [iiix aiintirl pmir la dccinneiie la plus ir-ipoilaiile en (;eogra|ihie ; fail an noiii d'litie roininitrie ou a riiiiiiiaiiile ; lail au iioin dune Comniission S|)iciale, par M. Roi;x de Hochei.lk , rappurtein . , i^jc) Programme des pi ix proposes par la Socicle alij I'rores-verbaux des seances de la Comniission cenlrale de Janvier a jinn fio , 126 , 19.11, afii , 3?o et 3(|ci I'lores-M-rlial de la seanre ^eneiale du 2 avril aftu Membres adinis dans la Soriete 63 , 127, 200. el 2(i() Ouvrages oflerts a la Sociele. . 64, 128, 200, 266, 232 el Sg?. Pl.ANCIIKS .lOINTES »U W*" VOMJME. Kniile de /)/. TniilhiiT en 1S07 a'snjetlie a ses observations. . . 114 Ciirle de la partie du C.i aiid-Occaii comprise enire les iUs .Salomon et la Lousiade 'i3 Caite de la route de .J/. Prax d'lambo a Medine 229 FIN DE I.A TADI.E TlV XV^ VOM'VF,. «-ii