GR ES PESTE ANS IR Len À à, = “ Pme Te y ; = cg HE Fr) TAN LERS Eee #2 SPORE s ut à Fs : ; A of LR De fs ot mage 2 6 M + Ava à 7m 4 L - LCR * k x LT TE TT US RS PTE RTL EAST re États de NE Esp LR GR ÉTÉ D MA y dé. LR S F3 % Date D JD DC nr J ms De CRE Pa CRI RETZ - 4 & £ part St. ‘ ef D NN ER ERTES se À TA FANS z RÉ . NE EE por ‘ RES ETES De Les EE DR rs rer » LUN ES CEE ete SN eee de RE . TETE r DL 2, Nef de à A ee Me. : Le LEVEL D TI É £ £ x 3 « : . a - , é . ve 2 L à 3e 0 ne ten Da SR LAT dit Er EN ÉÈ Leader entre < 2 z y . è es 2 Pr Lx PE e per Caps SR ME EP PSE eg? PIS PE EE FN sr » Fe : . = È 0 3.4 “ + a CREER RER | a > . Vs ee AR ; ennuis te x Er 7 à nés DES Men 196 A ane NU RE me OX . É v = s . . - J * ris e » » É _…. PER s * ds . - = ne = r n - ” > ” s « cr - . - ? É FOR THE PEOPLE FOR EDVCATION FOR'SCIENCE LIBRARY OF THE AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY BOUELETEN DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE r* ANA A0 HUUOJOON ATOS BULLETIN SOCIÈTÉ ZOOLOGIQUE POUR L'ANNÉE 1881 SIXIÈME VOLUME — SEE = — PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 7, rue des Grands-Augustins, 7 1881 mon À ÿ the RAA AUTO ae MALOZ HIT ASE ATALDOEH AIN EC ÉTLLE (FA Ÿ ,enlhaogui-18aerd gEsx ‘ v ……. | sal LISTE DES MEMBRES HONORAIRES ALCANTARA {Sa Majesté don Pedro II d’), empereur du Brésil, à Rio-de- Janeiro (Brésil). BARBOZA DU BOCAGE (Prof, José-Vicente), membre de l’Académie royale des sciences de Lisbonne (Portugal). BERT (Paul), député, professeur de physiologie à la Sorbonne, 9, rue Guy-de- la-Brosse, à Paris. BRÉAU DE QUATREFAGES (Comte de), membre de l’Institut, professeur d'anthropologie au Muséum d'histoire naturelle, 36, rue Geoffroy-Saint- Hilaire,‘à Paris. GUÜUNTHER (Dr Albert), F. R. S., directeur de la section zoologique au British Museum, à Londres (Angleterre). LACAZE-DUTHIERS (D' Henri de), membre de l’Institut, professeur de zoologie à la Sorbonne, 7, rue de la Vieille-Estrapade, à Paris. NORDENSKJOLD {le baron E.), à Stockholm (Suède). ROBIN (Dr Charles), membre de l’Institut, sénateur, professeur à la Faculté de médecine, 94, boulevard Saint-Germain, à Paris. SCHLEGEL (Prof.) directeur du Musée royal d'histoire naturelle des Pays-Bas, à Leyde (Hollande). SÉLYS-LONGCHAMPS (Baron Edmond de), membre de l’Académie royale de Belgique, sénateur, 34, boulevard Sauvenière, à Liège (Belgique). SHARPE (R. Bowdlier), F. L. S., chargé de la section ornithologique au British Museum, à Londres (Angleterre). STREENSTRUP (Prof. J.-S.), à l’Université de Copenhague (Danemarck). TACZANOWSKI (Prof. Ladislas), conservateur du Musée de zoologie, à Var- sovie (Pologne). DOBSON ({D' G.-E.), royal Victoria hospital, à Netley, near Southa (Angleterre) LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ! Les noms des Membres fondateurs sont précédés d'un *, ABRAHAM (Phineas S.), Esq. M. A., B. Sc., F. R. M. S., F.Z. S., Scientific club, 7, Savile Row, à Londres (Angleterre). * ALIX (D' E.), professeur de zoologie à l'Université catholique de Paris, 410, rue de Rivoli, à Paris. ALLEON (Amédée), propriétaire, à Varna (Bulgarie). AMBLARD (D' Louis), médecin, 44 bis, rue Paulin, à Agen (Lot-et-Garonne). ARMEDEY (Clément), étudiant en médecine, 73, rue des Feuillantines, à Paris. BADIN (Adolphe), homme de lettres, 4, rue de Vigny, à Paris. BAILLY (J. F. D.), 202, Alexander street, à Rochester N. Y. (États-Unis). BAMBEKE (D' Ch. van), professeur à l’Universite de Gand (Belgique). BAR (D.), à Montfort-l’Amaury (Seine-et-Oise). BARROIS (Dr J.), docteur ès-sciences naturelles, 48, boulevard Vauban, à Lille (Nord). BARROIS (Théodore), 35, route de Lannoy à Fives, à Lille (Nord). BAVAY, pharmacien-professeur à l'École de médecine navale de Toulon, à Toulon (Var). BEAUFFORT (C! L. de), 53, rue des Arts, à Bruxelles (Belgique). BEAUREGARD (D° Henri), professeur-agrégé à l'École de pharmacie, 56, rue Gay-Lussac, à Paris. BEDRIAGA (D' Jacques de), boulevard de l'Impératrice, maison Salvi, à Nice (Alpes-Maritimes). BELTRÉMIEUX (E.), Président de la Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure, à la Rochelle {(Charente-Inférieure). * BÉMER, attaché à la Banque de France, 31, rue Saint-Lazare, à Paris. (1) La Société s’est vue dans la nécessité de rayer de la liste des membres um certain nombre de personnes qui avaient négligé de payer leur cotisation. VIII LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ BERTHELOT, préparateur au laboratoire de botanique du Muséum d'histoire naturelle, 302, rue Saint-Jacques, à Paris, * BERTRAND (Joseph), (Membre à vie), membre de l’Institut, professeur au Collège de France, 9, rue des Saints-Pères, à Paris. * BESNARD (Auguste), conducteur des Ponts-et-Chaussées, 16, rue des Ursu- lines, au Mans (Sarthe). BETTA {le commandeur Eduardo de), 41, Corso Castelvecchio, à Vérone (Italie). BIGOT (Jacques-Marie-François), officier d'Académie, 27, rue Cambon, à Paris. * BILLAUD (Baron Frédéric), propriétaire, 43, rue Lafitte, à Paris. BLANC (Marius), 22, quai du Canal, à Marseille (Bouches-du-Rhône). * BLANCHARD (D' Raphaël), préparateur du cours de physiologie à la Sor- bonne, répétiteur à l’Institut national agronomique, 52, rue Monge, à Paris. BLEILE (D' A.-M.), Lecturer of physiology, 267 S, 4° street, Columbus (Ohio). U. S. A, BONNAIRE (Érasme), interne à l’hospice de Bicêtre. BOSCA (Edoardo), cathedratico de historia natural en el real Instituto, à Ciu- dad-Real (Espagne). BOUCARD (Adolphe), officier d’Académie, 43, rue Guy-de-la-Brosse, à Paris. BOULENGER (G.-A.), aide-naturaliste au Musée royal d'histoire naturelle de Belgique, à Bruxelles (Belgique). BRANDT (Al.), professeur à l'Université de Saint-Pétersbourg (Russie). * BRANICKI {comte Constantin), (Membre donateur), 22, rue de Penthièvre, à Paris. BRUMAULD DE MONTGAZON (A.), préparateur de zoologie à la Faculté de médecine, 3, rue Mirbel, à Paris. * BUREAU (Dr Louis), professeur à l’École de médecine, 45, rue Gresset, à Nantes (Loire-Inférieure). CALLENDREAU (P.-G.-D.-Amédée), notaire, à Cognac (Charente). CAMERANO (Dr Lorenzo), au Musée de Turin (Italie). CAMPBELL (John M.), Kelvingrove park, à Glasgow (Écosse). * CARBONNIER (Pierre), pisciculteur, 20, quai du Louvre, à Paris. CERTES, inspecteur des finances, 21, rue Barbet-de-Jouy, à Paris. CESSAC (de), voyageur naturaliste. CHAPER (Maurice), ingénieur, 31, rue Saint-Guillaume, à Paris. CLÉMENT /A.), dessinatour, 34, rue Lacépède, à Paris. CLÉMENT (S.), 7, rue Maison-Carrée, à Nimes (Gard). COLLARDEAU DU HEAUME (farie-Philéas), 22, rue Chauchat, à Paris. * COLLIN DE PLANCY (V.), interprète à la légation française, à Pékin (Chine). CORY (Chas.-B.), Esq., 8, Arlingion street, à Boston, Mass. (États-Unis). COSSON (D'), membre de l’Institut, 7, rue La Boëtie, à Paris. COTTEAU, 36, boulevard Saint-Michel, à Paris, nn nn Se en LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ IX COUTAGNE (Georges), ingénieur à la Poudrerie nationale de Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône). * CRETTÉ DE PALLUEL (Albert), 41, rue Cambon, à Paris. DALGLEISH (John-James), B. O. U., propriétaire, 8, Atholl crecent street, à Édimbourg (Écosse). DASSY (Ferdinand), préparateur des travaux de physiologie à la Faculté de médecine, licencié ès-sciences, 31, avenue d'Orléans, à Paris. * DAVID (R. P. Armand), missionnaire en Chine, 35, rue de Sèvres, à Paris. * DELAMAIN (Henri), négociant à Jarnac (Charente). . DEMAISON (Louis), 9, rue Rogier, à Reims (Marne). * DEMOULIN (E.), conservateur du Musée d'histoire naturelle, à Mons (Bel- gique). DENANS (Albert), 25, rue du Château-Redon, à Marseille (Bouches-du- Rhône). DESFOSSES (Léonce), directeur-adjoint du laboratoire de clinique ophthal- mique de la Faculté de médecine, 52, rue de Seine, à Paris. DESGUEZ (Charles), attaché au Muséum d'histoire naturelle, à Paris. * DESLONGCHAMPS (Eudes), professeur à la Faculté des sciences, rue de Geûle, à Caen (Calvados). DESPAGNET (Félix), chef de clinique du d' Galezowski, 2, rue Monge, à Paris. DESSAIGNES {Juvénal), administrateur des forges et chantiers de la Méditer- ranée, 5, quai Voltaire, à Paris, DEYROLLE (Émile), 23, rue de la Monnaie, à Paris. * DOLLEFUS (Adrien), directeur de la Feuille des jeunes naturalistes, B5, rue Pierre-Charron, à Paris. DOUAI (1) (Musée d’histoire naturelle de), à Douai (Nord). DOUVILLÉ, ingénieur ordinaire des mines, attaché au laboratoire de paléon- tologie à l'Ecole des mines, 207, boulevard Saint-Germain, à Paris. DRESSER (H.-E.), Esq., F.Z. S., F. B. O. U., etc., S'-Margarets. Norwood hill. S. E., à Londres (Angleterre). DUBOIS (D' Alphonse), conservateur du Musée royal d'histoire naturelle de Belgique, 55, rue Mercelis, à Ixelles-les-Bruxelles (Belgique). DUPRAS, graveur sur pierres fines, 97, rue de Ménilmontant, à Paris. ÉBRARD (Sylvain), aux aciéries d'Unieux (Loire). * ELLIOT (P.-G.), (Membre à vie), Esq., F. Z. S., etc., à Staten island, près New-York. FAGOT (Paul), notaire à Ville-Franche (Haute-Garonne). Les établissements publics et les Sociétés scientifiques de la France et de l'Etranger peuvent être admis comme MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ aux mêmes charges et aux mêmes droits qu'un Membre ordinaire et peuvent se faire représenter aux séances par un de leurs MEMBRES /Art. 6 du règlement de la Société). x LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ FATIO (Victor), 4, rue Massot, à Genève (Suisse). FAUQUE (A.), à Épinac (Saône-et-Loire). FICATIER (D' Adrien), 27, rue d’Egleny, à Auxerre (Yonne). GARMAN (Samuel), assistant of Ichthyology and Herpetology at the Museum of Comparative Zoology, at the Harvard College, à Cambridge, Massachusetts (États-Unis). GAUDIN, bibliothécaire à l’Université catholique de Paris, 43, rue Bréa, à Paris. * GAULLE (Jules de), 73, rue de Vaugirard, à Paris. GAY (Octave), professeur agrégé à la Faculté de médecine, pharmacien en chef de la Salpétrière, à Paris. GAZAGNAIRE (J.), 37 bis, rue de la Clef, à Paris. * GERBE (Z.), à Bras (Var). GIARD (A.), professeur à la Faculté des sciences et à la Faculté de médecine, à Lille (Nord). * GIVENCHY (Henri de), au château de Nordausque, par la Rescousse (Pas- de-Calais). GOUJARD (Émile), étudiant en sciences nuturelles, 4, rue Racine, à Paris. GUERMONPRÉ, professeur à l’Université catholique, à Lille (Nord). GUERNE (J. de), licencié en droit, préparateur à la Faculté de médecine de Lille (Nord). GULAT (Dr Emile), 44, rue Descartes, à Paris. HAGENMULLER (D'}, 5, rue de l’Arsenal, à Bône (Algérie). HALLEZ (D' Paul), maître de conférences à la Faculté des sciences, 54, rue de Gand, à Lille (Nord). * HAMONVILLE (Baron Louis d’), (Membre donateur), conseiller général de Meurthe-et-Moselle, au château de Manonville, par Noviant-aux-Prés (Meur- the-et-Moselle). HÉRON-ROYER, négociant, 22, rue de Cléry, à Paris. HONNORAT, quartier des Sièyes, à Digne (Basses-Alpes). * HUGO (Comte Léopold), statisticien au Ministère des travaux publics, 94, rue de la Victoire, à Paris. * JOLY (D' Émile), médecin-major au 75° de ligne, 23, rue de France, à Gap (Hautes-Alpes). JOLYET (D' Félix), professeur à la Faculté de médecine de Bordeaux, 8, rue Cornu, à Bordeaux (Gironde). JOURNÉ (Camille), mail des Tauxelles, à Troyes (Aube). * JOUSSEAUME (D° Félix), 6, rue de Vanves, à Paris. JOUSSET DE BELLESME (D'), professeur à l'École de médecine de Nantes, à Nantes (Loire-Inférieure), et 12, rue Chanoinesse, à Paris. JULIANY (Joseph, 42, place de l’Hôtel-de-Ville, à Manosque (Basses-Alpes). ES LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ XI JULIEN (Alexis), répétiteur d'anatomie à l’École de médecine vétérinaire, à Lyon (Rhône). | JULLIEN (D' J.), 30, rue Fontaine, à Paris. JUMEAU, ingénieur, 23, rue Rôtisserie, à Béziers (Hérault). KEMPEN (Van), 42, rue Saint-Bertin, à Saint-Omer (Pas-de-Calais). KOPPERHORN (Émile), 6, rue Couesnon, à Paris. KUNCKEL D'HERCULAIS (J.), aide-naturaliste au Muséum d'histoire natu- relle, 26, rue Gay-Lussac, à Paris. * LACROIX (Adrien), 4, rue Clémence-Isaure, à Toulouse (Haute-Garonne), LAFFONT (D' Marc), préparateur du cours de physiologie à la Sorbonne, 53, quai Bourbon, à Paris. LALAIN-CHOMEL (Emmanuel de), 45, rue Richer, à Paris. LALLEMANT, pharmacien, à l'Arba, près Alger (Algérie). LAMBA (Jules), rue d'Antibes, à Cannes (Alpes-Maritimes). LANGLASSÉ (René), 42, quai National, à Puteaux (Seine). LARGUIER DES BANCELS (D), conservateur du Musée de zoologie de Vaud, à Lausanne (Suisse). LASSÈRE (Laurent), pharmacien, à Saint-Sever (Landes). * LATASTE (Fernand), répétiteur à l’École pratique des Hautes-Études,"7, avenue des Gobelins, à Paris. * LE BRETON (André), secrétaire de correspondance à la Société des Amis des sciences naturelles, 21, rue de Buffon, à Rouen (Seine-Inférieure). LE JEUNE (Adolphe), professeur à l’Institut de Kazan, à Kazan (Russie). LEMETTEIL (Pierre-Eugène), propriétaire, 2, rue de la Barrière, à Bolbec (Seine-Inférieure). LENOEL (D' Louis), professeur à l’École de médecine d'Amiens, préparateur au laboratoire de malacologie du Muséum, 55, rue de Buffon, à Paris. LE RICHE (J.-B.), instituteur, à Gézaincourt, près Doullens (Somme). * LESCUYER (F.), à Saint-Dizier (Haute-Marne). LESURE (Alfred), étudiant en médecine, 27, rue des Écoles, à Paris. LILLE (Faculté des sciences de), à Lille (Nord). * LUBOMIRSKI {le prince Ladislas), (Membre à vie), 15, allée d'Osejardoff, à Varsovie (Pologne). * LUCAN {le D' Albert), à Landana (Congo). * LUNEL (Godefroy), conservateur du Musée d'histoire naturelle, aux Bastions, à Genève (Suisse). MAILLES, 84, rue Saint-Honoré, à Paris. MAINGONNAT (Charles), 37, rue Richer, à Paris. MALLOIZEL (Godefroy), sous-bibliothécaire au Muséum d'histoire naturelle, 3, rue du Battoir, à Paris. MARCHAND (Jean-Albert), cloitre Notre-Dame, à Chartres (Eure-et-Loir). XII LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ * MARCHE (Alfred), voyageur naturaliste, en exploration aux Philippines (Océanie). MARION, professeur à la Faculté des sciences, à Marseille (Bouches-du- Rhône). * MARMOTTAN (D')}, député de la Seine, 31, rue Desbordes Valmore, à Paris. MAUXION (Abel), étudiant en médecine, 34, rue Saint-Jacques, à Paris. MAYER (Charles), 63, rue de Cléry, à Paris. MÉGNIN (P.), vétérinaire en premier au 42 régiment d'artillerie, à Vincennes (Seine). MILLIARD (Charles), quai des Fours, à Givet (Ardennes). MOESCHLER, à Kronforstchen, bei Bautzen (Saxe). MOLLIÈRE-LABOULAYE, avocat à la Cour d’appel, 2 bis, boulevard du Temple, à Paris. MONGROLLE (Léon), 4, rue Sainte-Cécile, à Paris. MONTFERRIER (le marquis de), 70, rue Blanche, à Paris. MORS (Émile), 4, rue Solférino, à Paris. NICHOLSON (Francis), Esq., Stamford road, à Bowdon, Cheshire (Angleterre). NICOUD (Louis), 42, rue Saint-Pierre, à Lachaux-de-Fonds, canton de Neu- châtel (Suisse). NINNI (D' Al.-P.), membro del comitato direttivo del civico Museo di Venezia, 3322, S. Lorenzo, à Venise (Italie). NOGUEY (Gustave), 14, rue du Chais des Farines, à Bordeaux (Gironde). OBERTHUR (Charles), imprimeur à Rennes ({Ille-et-Viliaine). OLPHE-GALLIARD, à Cambo (Basses-Pyrénées). OLIVE, 14, rue Montgrand, à Marseille (Bouches-du-Rhône). OUDRI, capitaine au 3€ bataillon d'infanterie légère, à Biskra (Algérie). PAQUET (René), avocat à la Cour d’appel, 34, rue de Vaugirard, à Paris. PARIZY (Émile), 58, rue Bonaparte, à Paris. PARKIN (Thomas), F. R. G. S., F. Z.S., à Halton Vicarage, Hastings (Angle- gleterre). | PARRENO (F.-J.), préparateur au laboratoire de tératologie de l’École pra- tique, 44, rue Lamartine, à Paris. PAUCHON (D A.), professeur suppléant à l'Ecole de médecine, 9, allée des Capucins, à Marseille (Bouches-du-Rhône). PÊCHEUR (Ch.-Marie-Jules), 13, Grande-Rue, Vieille-Ville, à Nancy (Meurthe- et-Moselle). PELLETIER (A.-J.-Horace), avocat à la cour d’appel de Paris, à Madon, com- mune de Condé, par Blois (Loir-et-Cher), PELLETIER (Xavier), industriel, à Elbeuf (Eure). PELZELN (August von), Custos am Naturaliencabinet, Vienne (Autriche). LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ XIII * PENNETIER (Dr Georges), directeur du Musée d'histoire naturelle de Rouen, professeur à l'École de médecine, 9, rue Alain-Blanchart, à Rouen (Seine-Inférieure). PETIT (Louis), à Landana (Congo). PEZON (Jean-Baptiste), propriétaire à Apchère (Lozère). PIERSON (Henri), 39, rue Coquillère, à Paris. PLATEAU (Félix), professeur à l’Université de Gand, 15, rue du Casino, à Gand (Belgique). POIRIER, aide-naturaliste du cours de conchyliologie au Muséum d'histoire naturelle, à Paris. RAFFRAY (Achille), vice-consul de France, à Massouah (Abyssinie). RAY (J.), conservateur du Musée zoologique, à Troyes (Aube). REGNARD (D' Paul), professeur à l’Institut national agronomique, directeur- adjoint du laboratoire de physiologie de la Sorbonne, 51, boulevard Saint- Michel, à Paris. RENAUX (Alfred), chimiste, pharmacien de 1'° classe, 2, rue Monge, à Paris. REYNAUD (Lucien), négociant, 6, rue Bourbon, à Lyon (Rhône). RICHET (D' Charles), professeur-agrégé à la Faculté de médecine, 5, rue Bo- naparte, à Paris. RIGAUT, étudiant en médecine, 29, rue des Saints-Pères, à Paris. RIOCOURT {le comte de), au château de Vitry-la-Ville (Marne). ROCHEBOUET (Fernand de), au château de Rouwolts, à Chaumont (Maine-et- Loire). ROGER-DUBOS (J.-B. Willeber), directeur de l'enregistrement en retraite, 26, rue Orbe, à Libourne (Gironde). * ROTHSCHILD (le baron Edmond), (Membre donateur), 19, rue Laffitte, à Paris. ROTROU (Alexandre), pharmacien, à la Ferté-Bernard (Sarthe). SAUNDERS (Howard), Esq., F. Z. S., F. L. S., etc., 7, Radnor place, Glou- cester square, à Londres (Angleterre). SAUSSURE (Prof. Henri de), administrateur du Musée de Genève (Suisse). * SÉDILLOT (Maurice), 20, rue de l’Odéon, à Paris. SEMALLÉ (René de), (Membre donateur), propriétaire, 1, rue de l’Ermitage, à Versailles (Seine-et-Oise). SEOANE (V. Lopez), avocat et propriétaire, à la Corogne (Espagne). SESCAU (Paul-Jean), 29, rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris. * SEVERTZOW (N.), voyageur naturaliste dans l’Asie centrale, à Bobrow, gouvernement de Voronège (Russie). SHELLEY (captain Georges-Ernest), (Membre à vie), F.Z., S., etc., 6, In- terden street, Hanover square, à Londres (Angleterre). XIV LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ * SIMON (Eugène), entomologiste, 56, avenue du bois de Boulogne, à Paris. SLOSARSKI (Antoine), 3, rue Widok, à Varsovie (Pologne). STEINDACHNER (Dr Frantz), directeur du Musée royal de Vienne, 20, Kohl- markt, à Vienne (Autriche). SUMICHRAST, à Fonal4, État de Chiapas (Mexique). TALAVERA (Dr Joachim), à Santiago (Chili). THOMAS (Ph.), vétérinaire en 4er au 40 hussards, à Pont-à-Mousson (Meurthe- et-Moselle). TIRANT (D° Gilbert), administrateur des affaires indigènes, Cochinchine. TOURNEUX (D° Frédéric), professeur à la Faculté de médecine de Lille (Nord). TOURNEVILLE (Albert), 36, rue Monge, à Paris. TRUTAT (Eugène), conservateur du Musée d'histoire naturelle, à Toulouse (Haute-Garonne). * TURATI (le comte Hercule), 43, via Meravigli, à Milan (Italie). * VALDAN (Charles-Auguste de), général de brigade, à l’Isle-Adam (Seine-et- Oise). * VIAN (Jules), (Membre donateur), #2, rue Neuve-des-Petits-Champs, à Paris. VIAN (Paul), 3, rue Turbigo, à Paris. VILEMAREST {le baron de), 44, rue des Saints-Pères, à Paris. VITZOU (N.-A.), licencié ès-sciences naturelles, 4, place Monge, à Paris. WAVRIN (marquis de), 49, boulevard du Régent, à Bruxelles (Belgique). WEBER (D' Max), professeur à l’Institut anatomique, à Utrecht (Hollande). WIEDERSHEIM (D' Robert), professeur à l’Université de Fribourg en Brisgau (Allemagne). WRZESNIOWSKI (le professeur Auguste), 42, rue Alexandria, à Varsovie (Pologne). sin J'TE d: Le she hŸ } LE Ko OR À Pa HONTE fie. 4 FALS fi: HA Er 4 Pa our “oi e 100 * AVE ut RENCA ds | AiFRie AT SON 2100 vaut TRS 13 En 41 4er Mat è Niur::, -.\ QU TRS lt ant Pa. ! LE Rte: OU PP LA DL cs DPAE) FRE ei CLR OUE PET LA Dé tie TERRES Ur [MN E2"2 AI "h | FA NOTE AVE Ha ROLL Man è f «“ 160 AN LH . CM CAE PA 4 ‘NUM Ms Lee (a AS NT TE AE 4 Lars 1 +0 Tan de 6 d 41e “, LES a We: À CAT 41 AUUTt 040 VSINPE EUR ï' P7 lé Ce ATTAS ur, ve CA 4 an lil 14 D" 4 SCOR OPENTOTNERRS C0 : À ne k L PATES" LEA A F #1 da à MICRO “6-20 s sn? 416.1 ar. DESCRIPTIONS D'ARACHNIDES NOUVEAUX D'AFRIQUE Par M. E. SIMON (Séance du 25 janvier 1881.) Genus RUNCINIOPSIS gen. nov. Cephalothorax longior quam latior, antice posticeque trun- catus rectus, fere parallelus sed antice abrupte angustior, fronte lata, transversim obtuseque carinata cum angulis acutis et antice oblique productis. Oculi postici fere æqui, lineam paulo recurvam formantes,fere æquedistantes.Oculi antici lineam magis recurvam formantes, mediis minoribus et inter se paululum magis quam a lateralibus remotis. Oculi medii trapezio vix longiore quam laliore et antice angustiore positi.Ciypeus verticalis, planus, area oculorum multo angustior. — Sternum ovato elongatum. — La- bium longius quam latius, antice attenuatum et obtusum, dimidium laminarum superans.— Abdomen angustum parallelum. — Pedes 1, 2, 4, 3, valde inæquales, pedes 1 et 2 posterioribus multo lon- giores et crassiores, pedes [I evidenter longior quam 2 ; tibiis me- tatarsisque I et II subtus longe seriatim aculeatis, articulis re- liquis cunctis inermibus. Generis Runciniæ affinis sed cephalothorace sternoque multo longioribus quam latioribus et pedibus 2i paris multo brevio- ribus quam pedibus 1: paris abunde differt. 1. RUNCINIOPSIS FLAVIDA SP. nov. @ Long 5m, Flavo testacea, cephalothorace lineis duabus exilibus dorsa- äbus fuscis notato, carina et angulis frontis albo opacis, clypeo rufobrunneo, chelis antice rufis linea flava oblique secatis. — Ab- domen longissimum fere parallelum, antice truncatum, postice paulo attenuatum et obtusum ultra mamillas paulo productum, utrinque longitudinaliter striatum. Pedes I et IT tibiis metatar- 2 2 E. SIMON sisque spinarum longissimarum seriebus duabus subtus instructis, temoribus I et II et pedibus 4 posterioribus inermibus. Zanzibar, ab A. Raffray reperta. Genus GASTERACANTHA Laitr. Subgen. Zetracantha E. $S., Hist. N. Ar., 1864, p. 285. 9. GASTERACANTHA SEPULCHRALIS SP. NOV. @ Scutum abdominale long. 4,6"; lat. 6,5", Cephalothorax ater, nitidus, leviter strigosus, breve et parce pubescens, in medio convexus et oblusissime bituberculatus. Pedes nigri vel fusco-picei, metatarsis, præsertim ad basin, paulo rufescentibus. Scutum abdominale latius quam longius, parum convexum, utrinque attenuatum et unispinosum, postice bispino- sum, supra læve haud granulosum nec punctatum nigro cya- neum, ad marginem anticum maculis parvis tribus a sese longe remotis, in medio pone spinas laterales utrinque maculis duabus majoribus elongatis et obliquis fere confertis, postice utrinque macula parva læte flavis ornatum; spinis æquis, brevibus et acutis, valde et parce granulosis atque setulosis ; ocellis anticis 10 parvis, ocellis mediis parvis præsertim anticis trapezium latius quam longius et postice quam antice multo latius formantibus. Venter valde granulosus, niger, ad marginem anticum macula parva flava utrinque notatus. Madagascar (coll. E. Simon). 3. GASTERACANTHA RUFITHORAX SP. NOV. $ Scutum abdominale, long. 4,7"m : larg, 7mm, Cephalothorax rufescens, nitidus, haud strigosus, parce albo pubescens, in medio convexus vix sulcatus, area oculorum mediorum vix prominula. Pedes læte rufescentes, tibiis, metatarsis tarsisque ad apicem infuscatis. Scutum abdominale paulo lon- gius quam latius, utrinque arcuatum, paulo attenuatum et unispi- nosum, postice bispinosum, supra fere planum, læve haud punc- tatum nec granulosum, læte albo flavescens, vitta marginali nigra intus valde bidentata et sæpissime in medio punctis duobus nigris ornatum ; spinis rufulis, brevibus, æquis, ad basin latis sed valde acutis, parce et valde granulosis et setulosis ; margine pos- ARACHNIDES NOUVEAUX D AFRIQUE 3 tico rufescente sæpe biflavo maculato leviter granuloso. Venter valde et sat dense granulosus, in medio niger præterea fusco rufescens maculis flavis numerosis notatus. Madagascar (coll. E. Simon). 4. GASTERACANTHA NIGRIPES SP. NOV. ® Scutum abdominale, long. 4,7%m;: larg, 7mm, Cephalothorax niger, nitidus, evidenter strigosus, breve et parce pubescens, in medio convexus et obtuse bituberculatus, area ocu- lorum mediorum prominula. Pedes nigerrimi, metatarsis tarsisque omnibus atque tibia IV ad basin obscure fulvo annulatis. — Scutum abdominale multo latius quam longius, fere planum, utrinque valde attenuatum et unispinosum, postice bispinosum, supra læve, haud granulosum nec punctatum, læte albo-flaves- cens, utrinque vitta marginali nigra extus valde arcuata atque spinas laterales includente ornatum ; spinis acutis valde et parce granulosis, lateralibus quam posticis multo longioribus; margine postico inter spinas posticas granuloso, nigro biflavo punctato; ocellis nigris parvis. Venter niger, valde et dense granulosus, in medio punctis flavis minimis quatuor in quadratum dispositis utrinque punctis et maculis, præsertim ad marginem, notatus. Madagascar (coll. E. Simon). 9. LARINIA LONGISSIMA SP. nOV. CrÉne 9 ni Cephalothorax angustus, elongatus, sat convexus, albo testa- ceus, longe albo pubescens, linea media fusca diluta, et linea mar- ginali exillima notatus. Oculi medii trapezium paulo longius quam latius et antice quam postice mullo latius formantes, posticis confertis, anticis majoribus atque a sese valde remotis. Sternum angustum, fere parallelum, postice acuminatum, fulvum, ad mar- ginem paulo infuscatum. Abdomen longissimum et angustum, fere parallelum, antice posticeque valde attenuatum fere acutum, supra sordide testaceum, vitta media lata et integra albida nota- tum, infra in medio longitudinaliter infuscatum, pube alba setis validis et longis albis ad basin infuscatis supra parce intermixta vestitum. Pedes longissimi et gracillimi, (antici posticis evi- denter longiores) albo testacei fere pellucentes, posticis supra parce nigro punctatis, femoribus, patellis, tibiis, metatarsisque longe fusco aculeatis, — Vulva scapo verticali, transverso, in 4 E. SIMON medio profunde emarginato, unco gracili et brevi recto apicem scapis haud attingenti. Zanzibar (coll. E. Simon) a Raffray reperta. L. Dufouri E. S. et tineata Luc. corpore pedibusque multo angustioribus facile differt; L. Chloreis Say. abdominis pictura, pedibus anticis multo longio- ribus quam posticis, forma vulvæ, etc., distinclissima. Genus POLTYS C. Koch. Poitys C. Koch., Ar., X, p. 97, 1845. Pleuromma Dolesch., Verh. d. Natuurk. V. Nederl. Ind., V.,1859. Cyphagogus Günther, Ann. mag. n. h., 3° sér., vol. X, 1862. Cyphonethis Thorell, On eur. Spid., I, p. 37, 1870. Mastigosoma Ausserer, Verh. z. b. Ges. Wien, p. 815, 1871. 6. POLTYS FURCIFER SP. nov. © Ceph.th., long. 3,5mm, — Abd:, long.-42,alt.152n: Cephalothorax obscure fulvo testaceus, longe albo pubescens, parte thoracica postice convexa et abrupte declivi, supra late et profunde sulcata, parte cephalica fere parallela postice valde convexa. Oculi medii in tuberculum crassum et oblusum fronte vix angustius positi, æqui, aream longiorem quam latiorem et antice quam postice vix angustiorem occupantes. Oculi laterales antici a mediis anticis sat approximati, oculi laterales postici longe remoti. Abdomen breve, altissimum et supra et infra longe pro- ductum, supra verticale parum attenuatum, sed versus apicem abrupte angustius cum utrimque tuberculo obtuso instructum, dein gracile, depressum, antice arcuatum atque ad apicem obtuse bifurcatum, antice obscure fuscum, postice obscure rufescens fusco punctum cum maculis duabus conferlis angulatis flavis albo marginatis versus basin ornatum. Pedes robusti rufi, pa- tellis, tibiis II et II totis, tibiis I et IV ad apicem, metatarsis tarsisque valde infuscatis ; tibia IT reliquis paululum crassiore et paullo arcuata ; femoribus inermibus, reliquis articulis spinis rufis armalis, tibiis metatarsisque I et II fpræsertim IT) intus spinossimis. Zanzibar (Raffray ; mus. E. Simon). Species abdomine supra maxime producto et furcifero valde insignis. ARACHNIDES NOUVEAUX D'AFRIQUE 5 7. POLTYS LARVATA SD. nov. @ Ceph.th., long. 4mm, — Abd., long. 3m; alt. gum, Cephalothorax flavo testaceus, longe albo pubescens, parte tho- racica valde convexa et postice abrupte declivi, supra profunde sed tenue sulcata, parte cephalica haud convexa, antice longe et valde attenuata, tubere oculorum altissimo, verticale conico. Oculi medii fere æqui, trapezium fere æque longius ac latius et antice quam postice paululum latius formantes. Oculi laterales minimi a sese parum disjuncti. Abdomen breve, altissimum, plus duplo altius quam latius et longius, et infra et supra longe pro- ductum, infra valde attenuatum et acute conicum, supra sensim dilatatum et paulo compressum, ad apicem truncatum atque aream dorsalem longiorem quam latiorem formante, postice ver- ticale atque tuberculorum parvorum geminorum 3 vel 4 serie notatum ; area dorsali antice truncata cum angulis paulo convexis et breve trituberculatis, postice rotundata et tuberculis duobus geminatis et obtusis instructa ; cinereo-albidum paullo fusco venosum, area dorsali dilutiore, fere sordide alba sed macula unica fusca rhomboedra in medio crnata — Siernum rufescens. — Pedes longissimi et graciles, fulvo-rufescentes, breve flavo pubescen- tes, femoribus ad apicem tibiisque infuscatis ; tibiis I et II graci- libus et longis evidenter curvatis, aculeis nigris brevibus parce instructis ; tibia IV gracili, paulo curvata et paulo depressa. — Vulva unco sat longo, testaceo et parallelo, scapo fusco ovali. Zanzibar (A. Raffray ; mus. E. Simon). Species insignis, forma insolita abdominis, pedibus longissimis, oculis lateralibus inter se approximatis valde distincta. 8. MIAGRAMMOPES RAFFRAYI Sp. nov. $ Long. 7mmn, Cephalothorax obscure fusco olivaceus, lævis, albo pubescens, plus duplo longior quam latior, postice sensim et leviter atte- nuatus, in parte cephalica evidenter latior sed haud angulosus, supra fere planus, pone oculos biimpressus, margine antico arcuato haud producto nec conico. Oculi lineam parum recurvam formantes, lateralibus paulo majoribus et a margine cephalotho- racis magis quam ab oculis mediis approximatis; oculi medii inter se multo longius quam a lateralibus remoti. — Abdomen angus- tum, longissimum, cephalothorace plus duplo longius, utrinque 6 E. SIMON paullo sinuosum, antice posticeque truncatum haud coarctatum, supra fulvo rufescens, nigro irregulariter maculatum atque linea media nigricante integra ornatum, subtus omnino nigrum, pube lanuginosa albida vestitum. — Pedes antiei fusci tarso paulo dilutiore; pedes II et III obscure fulvi; pedes IV olivacei tibia bi fulvo annulata, metatarso rufescente; pedes antici longissimi robustissimi tibia compressa, metatarso paullo depresso utrinque leviter carinato ; pedes IV metatarso tibia breviore, valde com- presso, supra paulo emarginato. Zanzibar (Raffray ; mus. E. Simon). Singulum exemplum femineum hujus Araneæ vidi. M. Guliveri Butler, ex ins. Rodriguez, M. Raffrayi aftinis est sed certe diver- sus. 9. LOXOSCELES COMPACTILIS SP. NOV. (o) 4 Gun ; : Cephalothorax fulvo rufescens, vittis fuscis duabus postice convergentibus in parte cephalica notatus. Oculi fere æqui, ap- proximalti, mediis lateralibus vix magis promotis, oculis mediis a lateralibus intervallo diametro oculi vix latiore separatis. Clypeus sat angustus, antice paulo arcuatus. Abdomen cinereo fulvum pilis tenuibus et longis parce vestitum. Pedes fulvo pallide tes- tacei. Algiria : Batna (F. Lataste). L. rufescenti et erythrocephalæ differt oculis multo minus dis- junctis atque mediis vix magis promotis quam lateralibus. Genus CYRTAUCHENIUS Th. 1870. Cyrtocephalus . Lucas, Expl. Alg. Ar., p. 92, 1842. Cyrtauchenius Thorell, On eur. Spid., p. 167, 1870. — Ausserer, Beit. z. Kennt. Territ., p. 45, 1871. SPECIES ALGIRICÆ. 1 — Sectio. Cephalothorax latissimus, parum longior quam latior, parte thoracica postice vix attenuata. Oculi antici æqui, lineam paulo procurvam formantes. Oculi medii postici a lateralibus posticis mullo magis quam a mediis anlicis approximati. — Pedes robus- D à ARACHNIDES NOUVEAUX D'AFRIQUE 1 tissimi et breves, I et II haud spinosi vel metatarsis spina unica subtus ad apicem instructis ; scopulæ tarsorum metatarsorumque let II crassæ et integræ. 10. CYRTAUCHENIUS WALCKENAERI H. Lucas, loc. cit., p. 94, pl. I. @ Long ren Cephalothorax fusco castaneus, fere lævis, parte cephalica fere glabra, vitta media setigera notata, parte thoracica sat dense et longe flavo pubescente.— Pedes fusco castanei; femoribus, pa- tellis, tibiisque I et IL inermibus, metatarsis subtus ad apicem spina unica instructis; patella II extus spinis brevibus 2, tibia TI et intus et extus bispinosa atque supra ad basin unispinosa ; metatarsis II et IV spinosis ; scopulis tarsorum metatarsorumque I et IL crassis et integris, scopulis posticis setis intermixtis. Algiria : Constantine (H. Lucas). 2 — Sectio. Cephalothorax elongatus, parte thoracica postice valde atte- nuata. Oculi antici lineam valde procurvam formantes, mediis lateralibus minoribus. Oculi medii postici versus medium inter- valli oculorum mediorum anticorum et lateralium posticorum siti. Pedes sat longi, parum robuslti, aculeati; scopulæ metatar- sorum [I et II subtus in medio longitudinaliter interruptæ. 11. CYRTAUCHENIUS VITTATUS SP. NOV. Q Long. 21mm, Cephalothorax obscure fulvus, parte cephalica infuscata, fere lævis, subtilissime coriaceus, nitidus. Series oculorum antica valde procurva, oculis mediis lateralibus plus triplo minoribus. — Abdomen testaceum, supra vitta lata fusco-violacea diluta no- tatum. — Pedes fulvi, femoribus cunctis, patellisque I et IT iner- mibus ; tibia I subtus extus serie spinarum validarum 6, tibia IT spinis 5 longis et gracilibus subtus armatis ; patella TT extus, tibia LIL extus et supra, metatarso toto, larsoque supra spinos- simis ; tibia IV subtus spinarum gracillimarum fere setiformium serie unica notala ; metatarso tarsoque IV subtus spinis nume- rosis armatis. — Coxæ pedum maxillarium setulosæ haud spinu-. losæ. Algiria : Batna (mus. E. Simon). 8 E. SIMON 12. CYRTAUCHENIUS GRACILIPES H. Lucas, 1812. d Mygale gracilipes H. Lucas, Expl. Alg. Ar., p. 91, pl. I, fig, 2. ® Cyrtocephalus terricola H. Lucas, loc. cit., p. 95, pl. I, fig. 4. g Long. 12-13", Cephalothorax elongato ovatus, sat angustus, fulvus, parte cephalica infuscata, fere lævis, subtile parceque coriaceus, parte cephalica sat convexa, parte thoracica margine postico spinis longis paucis instructa; area oculorum haud convexa. Oculi antici lineam proeurvam formantes, mediis paulo minoribus, fere æque- distantes. — Pedes elongati, parum robusti, fulvi ; femore I spi- narum (5 vel 6) serie unica, femoribus reliquis seriebus tribus supra armatis ; patella I intus bispinosa, extus ad basin unispi- nosa, subtus utrinque spina unica armala; patella IL intus ad apicem unispinosa; patella III antice spinosissima; patella IV inermi; tibiis metatarsisque omnibus spinosis; tibia metatar- soque I rectis, metatarso I subtus spinis 3 minimis armato; tarsis I et II inermibus ; IT et IV paullo dilatis utrinque breve spinosis. — Pedes maxillares longi, fulvi. — Abdomen supra fusco-violaceum, infra obscure testaceum, antice spinosum. PilLong-193nn, Cephalothorax obscure fuscus postice dilutior, fere lævis, subtile coriaceus, nitidus. Series oculorum antica valde procurva mediis fere duplo minoribus. Abdomen supra fuscum subtus obscure testaceum, — Pedes obscure fulvo rufescentes ; spinæ pedum ut in C. vittato dispositæ. — Pedum maxillarium coxæ spinulis setis- que munitæ. Algiria : Oran (H .Lucas) ; Daya (L. Bedeli. C. gracilipes $ a C. vittato differt præsertim oculis anticis minus inæqualibus atque coxis pedum maxillarium spinulosis. 13. CYRTAUCHENIUS LURIDUS SP. nOV. dons. 4120m Cephalothorax elongato ovatus sat angustus, fulvus, parte ce- phalica infuscata, linea media exili nigra notata, fere lævis nitidus, antice subtile rugosus ; parte cephalica humili parum convexa, parle thoracica margine postico spinis nigris paucis validis et brevibus armata; area oculorum vix convexa. — Oculi antiei li- neam valde procurvam formantes, mediis lateralibus plus triplo ARACHNIDES NOUVEAUX D'AFRIQUE 9 minoribus, fere æquedistantes. — Pedes elongati, parum robusti, fulvi; femore I supra spinarum (5 vel 6) serie unica, reliquis femoribus seriebus tribus supra armatis; patella I intus bispi- nosa, subtus ad apicem unispinosa ; patellis II et IV inermibuüs ; patella IIT antice spinis brevibus 10 vel 12 irregulariter armata ; tibiis metatarsisque cunctis spinosis ; tibia metatarsoque I rectis, tibia intus spinis 3 seriem unicam formantibus, metatarso subtus spinis 3 armalis ; tarsis I et II extus breve bispinosis ; tarsis III et IV gracilibus et cylindricis haud spinosis. — Pedes maxillares longi, fulvi. — Abdomen supra in medio subtus ad apicem fuscum, præterea fulvum, antice spinosum. Algiria : Tlemcen (L. Bedel). Species valde distincta præsertim oculis anticis maxime inæ- qualibus, parte cephalica humili, tarsis posticis cylindricis atque inermibus. 14. CYRTAUCHENIUS LATASTEI Sp. nov. d Long. 10mn, Cephalothorax elongato ovatus sat angustus, pallide lucidus, in parte cephalica linea media exili fusca notatus, fere lævis, nitidus, antice subtile rugosus, parte thoracica margine postico spinis nigris, sat brevibus armata ; area oculorum vix convexa. Oculi antici liñeam procurvam formantes, fere æqui, mediis vix minori- bus, valde approximati sed mediis a sese magis quam a latera- libus remotis. — Pedes longissimi, parum robusti, fulvo testacei ; femore I supra spinis 6 ordine unica dispositis, reliquis femoribus seriebus tribus supra armatis ; patella I intus spinis 3 (ultima lon- giore) extus et subtus unispinosa ; patella II intus bispinosa; patella TT antice spinis irregularibus 8 vel 10, supra serie spi- narum 6 vel 8 armata ; patella IV inermi; tibiis metatarsisque omnibus spinosis ; tibia I recto intus spinis 7 vel 8 series duas formantibus armata; metatarso I evidenter curvato subtus spi- narum parvorum 7 vel 8 serie unica armato; tarsis I et II extus breve bispinosis ; tarsis III et IV gracilibus, cylindricis et iner- mibus. — Pedes maxillares longi pallide testacei. — Abdomen testaceum supra infuscatum. Algiria : Bou-Saada (F. Lataste). Species distinctissima, præsertim oculis anticis fere æquis atque valde approximatis. 10 E. SIMON 15 CYRTAUCHENIUS DAYENSIS SP. NOV. d Long. 16mn,. Cephalothorax late ovatus, niger vel obscure fusco piceus grosse et parce rugoso coriaceus, in medio, versus foveam, fere lævis ; parte cephalica parum convexa, parte thoracica margine postico spinis paucis sat brevibus armata; area oculorum parum convexa. — Oculi antici lineam procurvam formantes, fere æque- distantes, mediis minoribus. — Pedes robusti, sat longi, fusco picei; femoribus omnibus spinarum seriebus tribus supra ar- matis ; patella I intus ad apicem bispinosa, subtus ad apicem intusque bispinosa ; patella II intus spinis 2 subtus spina unica instructa; patella IIT antice spinosissima,; patella IV inermi; tibiis metatarsisque cunctis spinosis; tibia I elongata, evidenter curvata et infra et intus spinosissima; metatarso I paulo curvato spinis 6 seriem unicam formantibus subtus instructo; tarso I spinis duabus minutissimis armato ; tarsis posticis paulo dilatatis utrinque breve spinosis. — Pedes maxillares longi, obscure fusci. — Abdomen supra nigricans infra obscure testaceum, antice spinosum. Algiria : Daya (L. Bedel). 16. CYRTAUCHENIUS BEDELI SP. NOV. calong: 15,508. Cephalothorax niger, late ovatus, crassus, grosse et parce co- riaceo rugosus, in medio versus foveam fere lævis; parte cepha- lica sat convexa ; parte thoracica margine postico spinis brevibus paucis armata, area oculorum valde convexa. — Oculi antici lineam procurvam formantes, mediis minoribus, fere æquedis- tantes. — Pedes robusti, parum longi, fusco picei; femoribus omnibus spinarum seriebus tribus supra armatis ; patella I intus bispinosa extus ad basin et subtus unispinosa ; patella IT intus bispinosa ; patella III antice spinosissima; patella IV inermi; tibiis metatarsisque cunctis spinosis; tibia I brevi, recta, intus spinis paucis mediocribus, subtus spinis validis armata ; metatarso I recto infra spinis 10 vel 12 instructo; tarsis I et IT inermibus; tarsis posticis depressis, distincte dilatatis, elongato ovalibus utrinque breve spinosis. — Pedes maxillares longi, fusco picei. — Abdomen supra nigricans infra fusco testaceum, antice spinosum. ARACHNIDES NOUVEAUX D'AFRIQUE 41 Algiria : Sebdou (L. Bedel). Præcedenti affinis, differt pedibus brevioribus et robustioribus, tibiis metatarsisque anticis rectis, etc. 17. PACHYLOMERUS ÆDIFICATORIUS Westw., 1840. Actinopus œdificatorius Westw., Trans. of the Ent. Soc. of Lond., Héo.170, pl. X,f61.à25/(1840): Actinopus algerianus H. Lucas, Expl. Alg. Ar., p. 96, pl. I, f.5 (1842). Cette espèce appartient au genre Pachylomerus Auss., le carac- tère du tibia de la 3° paire est même très proncé. L'identité des À. œdificatorius Westw. et algerianus Luc. ne paraît pas douteuse. Cette espèce est commune aux environs de Bône. 18. ATYPUS CORIACEUS SP. nOV. d Long. gum, Cephalothorax rufo-piceus, parte cephalica dense coriacea, parte thoracica, præsertim versus marginem striolis, variolosis irregulariter impressa. Tuber oculorum obtusum. Oculi antici ap- proximati, mediis multo majoribus et inter se paulo magis quam a lateralibus remotis. Chelæ rufo piceæ, parce granulosæ, margine inferiori dentibus 12 fere æquis armato. Sternum transverse striatum, impressionibus 4 anterioribus minutissimis. Pedes obs- cure fulvi, metatarsis I, IL et IIT supra atque tibia III antice valde spinosis ;, tarsis II et III spinis parvis supra parce instructis. Pedes maxillares normales. Algiria : Daya, ab L. Bedel repertus. À. affinis Eich. fere similis sed differt tarsis pedum IX et II supra aculeatis, metatarsis multo magis spinosis atque sterni im- pressionibus anticis minutissimis subpunctiformibus ; A. piceo Sulz. cephalothorace coriaceo atque oculis anticis a sese multo magis approximalis abunde differt. 1124 E. SIMON CHERNETES DE LA BASSE ÉGYPTE Recueillis par RE A. LETOURNEUX. 1. CHELIFER SUBRUBER E. Simon, Ar. Fr., VII, p. 30. Ramlé, près Alexandrie (A. Letourneux). 2. CHELIFER LETOURNEUXI Sp. nov. Long.4n: Cephalothorax fuscus, postice sensim dilutior, longior quam latior, fere parallelus, antice haud attenuatus sed rotundatus, supra planus, parum nitidus, subtile reticulato-striatus, strigis transversis nullis, oculis obsoletis vel nullis, pilis simplicibus et brevibus parce vestitus. Segmenta abdominalia testacea nitida setis fulvis gracilibus sat longis ordinibus transversis dispositis ornata. Pedes maxillares obscure brunneo rufescentes, robustis- simi parum longi ; coxa diluta nitida ; trochantero longiore quam latiore, postice parum supra valde convexo ; femore breve pedi- culato, crassissimo haud attenuato, antice leviter cavato, postice regulariter convexo, supra antice subtile rugoso, postice et infra fere lævi; tibia sat longe et anguste pediculata, dein late ovata et intus et extus fere æqualiter convexa, longiore quam latiore ad basin regulariter attenuata fere lævi ; manu tibia parum latiore fere parallela, ad basin fere recta, et supra et infra nitidissima, digitis robustissimis manu plus duplo brevioribus ; pedum maxil- larium articulis cunctis setis albis simplicibus sat longis parce munitis. Pedes breves, albo-testacei, fere pellucentes. Trouvé en grand nombre, par M. A. Letourneux, près de Ma- riout, sous les pierres et les touffes d’un talus. Voisin de C. politus E. $S., dont il diffère par le céphalothorax plus fortement réticulé, le tibia de la patte-mâchoire plus large, la main très lisse en dessous, nullement rugueuse près des doigts. — Il se distingue de suite de C. hispanus par les téguments nul- lement rugueux et par l'absence de strie transversale au cépha- lothorax. 3. CHELIFER SAVIGNYI SP. nOV. Long. 2,57, Cephalothorax et pedes maxillares læte rufo-brunnei, segmenta abdominalia brunneo-testacea, pedes testacei subpellucentes. — ARACHNIDES NOUVEAUX D'AFRIQUE 13 Cephalothorax coriaceus, opacus, longior quam latior, antice pa- rum attenuatus et rotundatus, striga 14 integra profunda fere recta, striga 22 obsoletissima, pilis simplicibus parce vestitus. — Seg- menta abdominalia coriacea, setis fulvis et longis ordinibus trans- versis dispositis ornata. — Pedes maxillares robusti parum longi, coxa nitida, trochantero femoreque supra regulariter et tenue co- riaceis, tibia et manu fere lævibus nitidis, articulis cunctis setis simplicibus sat longis parce vestitis; trochantero vix longiore quam latiore supra et postice convexo ; femore breve pediculato, crassissimo ad apicem evidenter attenuato, antice fere recto, pos- tice præsertim ad basin convexo ; tibia breve pediculata dein late ovali, longiore quam latiore intus valde et regulariter convexa extus in parte 22 parum convexa ; manu tibia evidenter latiore, ad basin fere recta ad apicem attenuata; digitis robustis, curvatis, manu parum brevioribus. — Pedes breves. Un seul individu, trouvé dans une maison à Ramlé, par M. A. Letourneux. Voisin de C. nodosus Schr., dont il diffère surtout par le cépha- lothorax chagriné mat, par la main moins ovale, tronquée pres- que droit à la base ; il se rapproche aussi de C. anachoreta E. Simon (Ann. Soc. Ent. Fr., 1878, p. 151) d'Algérie, mais s’en dis- tingue par les doigts plus longs et la seconde strie du céphalo- thorax effacée. 4. GARYPus BEAUVOISI Sav., Egypte, Ar., pl. VIII, f. 6. Commun sur le littoral, sous les pierres etles fucus de la plage. 5. OLPIuM PALLIPES H. Lucas, Expl. Alg. Ar., p. 227, pl. XVIII, f. 3, 1845. Olpium Hermanni L. Koch, Darst. Eur. Chernet., p. 37, 1873. — pallipes E. Simon, Ar. Fr., VII, p. 49. Très commun à Ramlé sous les pierres et les détritus. — Cette espèce est répandue dans tout le nord de l'Afrique et le midi de l'Europe. 6. OLpium Kocxr E. Simon. Chelifer Hermanni Sav., Egypte, Ar., pl, VIII, f. 5, 1827. Cephalothorax nigerrimus ad marginem posticum dilutior et rufescens, nitidus, transversim et oblique irregulariter striatus, 14 E. SIMON longior quam latior, antice ante oculos attenuatus et truncatus. — Abdomen segmentis I, Il, III albo testaceis membranaceis, seg- mentis reliquis nigris nitidis. — Pedes maxillares longi parum robusti, trochantero, femore tibiaque in medio obscure fusco- olivaceis ad basin atque ad apicem rufescentibus, manu niger- rima, digitis rufis; articulis cunctis fere nitidis setis gracillimis parum longis parce vestilis ; trochantero longiore quam latiore antice fere recto, supra et postice paulo convexo ; femore longo parum robusto, fere cylindrico ad basin abrupte angustiore ; tibia femore longitudine æqua, sat longe pediculata, parum lata, longe ovata, ad basin atque ad apicem attenuata; manu tibia multo latiore, ad basin obtuse truncata, ad apicem attenuata, intus valde extus parum convexa, digitis manu longitudine fere æqua, sat gracilibus et curvatis. — Pedes albo-testacei pellucentes, sat longi, femoribus III et IV valde compressis. Commun sous les pierres au nord de la grande Pyramide (A. Letourneux). Espèce très distincte de O. pallipes Lucas (Hermanni L. Koch) principalement par le fémur et le tibia de la patte-mächoire plus allongés, la main beaucoup plus large et d’une autre forme, étant large à la base et atténuée et non pas régulièrement ovale. Le nom d’Zermanni ne peut être maintenu, ayant été employé par Savigny par confusion avec le C. Hermanni de Leach, qui est synonyme de C. cancroides L. Genus MINNIZA nov. gen. Gen. Olpium affinis sed cephalothorace mullo longiore quam latiore plano antice haud convexo, oculis a margine cephalotho- racis haud separatis, abdomine longissimo, vermiformi, omnino membranaceo. Dans le genre Olpium le céphalothorax est plus court, plus ou moins convexe et les yeux sont séparés de la marge par un espace au moins égal à leur diamètre, enfin l'abdomen, de forme normale, est plus ou moins coriacé en dessus. 7. MINNIZA VERMIS SP. nOV. Long 9370 Cephalothorax obscure fuscus, nitidus, haud striatus, supra planus, mullo longior quam latior, fere parallelus, antice vix ARACHNIDES NOUVEAUX D'AFRIQUE 15 attenuatus. Oculi æqui, subcontingentes, a margine cepha- lothoracis vix separati. — Abdomen longissimum vermiforme, molle, albo testaceum plus minus rufescens, segmentis antice et supra et infra subtilissime striatis. — Pedes maxillares obscure fusci, trochantero digitisque rufescentibus, articulis cunctis ni- tidis, setis gracillimis sat longis parce vestitis; trochantero lon- giore quam latiore antice recto postice leviter convexo ; femore crasso, breve pediculato ad apicem sensim attenuato; tibia femore longitudine æqua, pediculo brevi et angusto, dein sat longe ovato, extus leviter intus magis convexo, manu tibia paululum latiore ad basin fere recta ad apicem paullo attenuata, digitis crassis manu evidenter brevioribus. — Pedes breves, albo-testacei sub pellucentes. Le Mex, près la corne occidentale du lac Maréotis (découvert par M. A. Letourneux). 8. CHTHONIUS TETRACHELATUS Preyss., 1790. Ch. trombidioides Auct. Trouvé à Ramlé sous les pierres par M. A. Letourneux. Espèce répandue dans toute l’Europe. OBSERVATIONS SUR QUELQUES OISEAUX AFRICAINS CAPTURÉS DANS L'EUROPE MÉRIDIONALE Par le baron d'HAMONVILLE (Séance du 25 janvier 1881) ALOUETTE DE REBOUD Alauda Reboudia Loche. Bec semblable à celui de la Calandrelle, et proportionnellement aussi fort; première rémige nulle, rémiges tertiaires courtes, larges, n’atteignant pas la sixième rémige primaire ; poitrine et flancs striés de brun noirâtre. Pieds grêles, ongles courts et mignons. Taille 0130. Calandrella Reboudia Loche, Catalogue des Mam. et des Ois. obs. en Algérie. 1* mars 1858, p. 83. Calandrella Reboudia Loche, Tristam Zbis 1859, I, 58, 422. Calandrella Reboudia Loche, Rev. Zool. 1860, page 148 et planche 2, fig. 1. Calandrella minor Dresser, Æistory of the Birds of Europe, by Sharpe and Dresser; sept. 1873, Part. 21, Figura unica. Calandrella minor Dresser, Birds observed in Malta and Gozo by C. A. Wright. Ibis, 1874, p. 225. Calandrella boetica Dresser, Bürds of Europ, sept. 1873, Part. 21, Figura unica. Calandrella boetica Dresser, Ornithology of the Strait of Gibraltar by L. Colonel, L. Howard, L. Irby, London, 1875, page 114. Alauda calandrina d'Hamonville, Catalogue des Oiseaux d’'Eu- rope. Paris, J.-B. Baiïllière, 1876, page 24. Note 1. Calandrella boetica Dresser, Howard Saunders, Catalogue des Oiseaux du midi de l'Espagne. Bulletin de la Soc. Zool. de France, 1877, page 91. DD te Re UE EL DR ut af éd de ns tés De QUELQUES OISEAUX AFRICAINS 17 d Parties supérieures de couleur fauve, semées de stries brun- foncé, plus nombreuses et plus étroites sur la tête ; couvertures des ailes passant au roux avec bordures des plumes plus claires ; vorge, devant et côtés du cou blanc sale, formant une sorte de collier; raie sourcillière, abdomen et sous-caudales de même nuance ; une longue tache brune sur les deux grandes sous- caudales ; poitrine d'un blanc légèrement roussâtre, uniformé- ment striée de brun-noir, comme chez la Pispolette ; flancs rous- sâtres, méchés de brun-fauve; rémiges d’un brun-isabelle, la 4re nulle, la 2° bordée extérieurement de blanchâtre, la 3° la plus longue, la 4° presque égale à la 2e et la 5° bien plus courte. Ré- miges tertiaires courtes, larges, bordée de blanc-isabelle, la plus longue n’atteignant pas la sixième rémige primaire. Queue échan- crée, à rectrices noirâtres, bordées de fauve, les médianes pas- sant à l’isabelle, les deux externes largement bordées de blanc et les deux sub-externes d’un simple liseré de même nuance; bec de la Calandrelle brun-jaunâtre, ayant 9"" du front à la pointe ; tarses et doigts de même nuance, le doigt médian ayant 10"% ongle non compris ; ongles mignons, celui du pouce a 8mm de longueur. 9 Ressemble au mâle : elle en diffère seulement par une taille un peu moindre et par l’absence partielle ou même totale de la tache brune des sous-caudales. Le blanc des rectrices varie d’étendue dans l’un et dans l’autre sexe. L’Alouette de Reboud n'ayant que 130% de longueur totale, alors que la Pispolette en a 145, la Calandrelle 141 à 144mw, l’'Élégante (Annomanes elegans À. Brehm), 135%", est la plus petite des Alouettes connues. C'est une bonne espèce, parfaitement caractérisée, ne pouvant se confondre avec la Pispolette, à laquelle elle ressembie beaucoup, puisqu'elle à le bec plus effilé et plus mince, les doigts et les ongles sensiblement plus gréles et plus courts, le tarse égal ou plus long (22%% au moins), la queue comparativement moins étoflée et plus courte, et enfin une taille beaucoup plus petite ; el moins encore avec la Calandrelle dont elle s'éloigne considérablement par des rémiges tertiaires courtes et larges, par les stries de la poitrine et enfin par les taches brunes des sous-caudales. Cette espèce est propre à l'Afrique septentrionale d'où elle s’égare quelquefois en Europe, à Malte où elle fut caplurée pour la première fois en novembre 1862 par M. C. Wright. Ce natura- liste assure qu'on la trouve en outre en Palestine, en Arabie. en 3 18 D'HAMONVILLE Égypte et en Nubie, ce qui lui donnerait, s’il n'y a pas confusion d'espèces, un babitat très étendu. Quoi qu'il en soit, nous l'avons trouvée en. 1856, et M. Loche après nous, dans le Sahara algérien où elle est assez répandue et semble remplacer la Calandrelle; car plus on avance vers le Sud, plus celle-ci devient rare, plus au contraire la Reboud devient commune, particulièrement dans la région située entre Djelfa et El-Aghouat où elle vit avec l'Isabelline (Alauda deserti Licht), l'Élégante, la Bifasciée (Cer- thilauda desertorum Stanley) et le Rhamphocore de Clot-Bey (2. Clot-Bey Bonaparte). L'Alouette de Reboud a un petit cri court, aigu, qu’elle pousse en s’élevant de terre, et un vol caractéristique qui avaient tout d’abord attiré notre attention, et qui nous la faisaient immédia- tement reconnaître quand nous la rencontrions dans nos chasses. Nous avons toujours trouvé dans son œsophage les mêmes In- _sectes et les mêmes petites graines que dans celui de ses congé- nères de cette région. Elle niche à terre, dans un petit enfonce- ment et compose assez néglisemment son nid de petites tiges et de fleurs sèches de graminées. Les œufs, au nombre de quatre, sont bien caractérisés, ils sont plus allongés que ceux de la Calandrelle et se rapprochent, pour la forme, de ceux de la Pis- polette. Ils sont marqués sur fond blanc-sale de petits points roux-brun ou brun-foncé se détachant bien sur le fond de la coquille et souvent réunis en couronne. Ceux de la Calandrelle sont marqués de points pâles, ocracés, comme effacés, ceux de la Pispolette de points cendrés ou bruns, mais non roux : en somme c'est avec les œufs de l’Alouette des champs que ceux de la Reboud ont le plus d’analogie. Grand diamètre 0019 à 0"020. Petit diamètre 0013 1/, à 0"014. Dans le Catalogue des Oiseaux d'Europe que nous avons publié en 1876, nous avions cru pouvoir laisser à cette espèce le nom de Calandrina sous lequel nous l’avions étiquetée le jour de notre première capture d’Ain-el-Ibel, le 11 juin 1856, et soumise avec d’autres espèces nouvelles ou peu connues à notre ami Jules Verreaux; mais celui-ci n'ayant à notre connaissance rien publié au sujet de cette nouvelle espèce d’alors, nous devons perdre notre priorité qui revient de droit à Loche qui a retrouvé cet Oiseau deux ans après nous et l’a inscrit sous le nom de Calan- drella Reboudia dans son catalogue du 1° mars 1858. Le nom de minor (Cabanis Africa, 1860) adopté par M. Dresser est postérieur de deux ans el nous croyons de plus qu'il ne se rapporte pas à QUELQUES OISEAUX AFRICAINS 19 notre espèce mais à l’Alauda ruficeps de Ruppell. Nous en dirons autant de la Culandrella ferruginea Brehm donnée comme syno- nyme par l’auteur des Birds of Europa et qui n’est autre, Croyons- nous, que l'A! Cordofanica Strikland ou la Galerita rutila von Müller, espèce bien différente que nous avons aussi capturée dans le Sahara algérien. Il nous reste une question à examiner pour Compléter notre petit travail : la Calandrella boetica Dresser, qui à été découverte par Lord Liffort dans les champs qui avoisinent le Guadalquivir, près de Séville, où l'espèce se reproduit et n’est point rare, est- elle une espèce différente de la Reboudia, ou doit-elle être iden- tifiée, ainsi que nous le faisions pressentir, mais avec un point de doute, dans notre Catalogue des Oiseaux d'Europe, de 1876 ? Nous avouons que nous hésitions à nous prononcer à ce sujet, d’abord en raison de la grande autorité du descripteur de la boetica et ensuite parce que les éléments de comparaison nous faisaient en partie défaut. Mais notre hésitation doit disparaître aujourd'hui, grâce à la complaisance et à la libéralité de notre savant collègue le D' Louis Bureau, qui a gracieusement mis à notre disposition une série de sujets d’Alauda boetica qu'il a dernièrement reçus de Séville. Ces différents sujets d et $ adultes, qui ont encore Ia livrée sombre de leur robe d'hiver, ont tous été tués le 4 avril 1880, à l'exception d’un seul d tué en mai, qui est en noces, et diffère de ses congénères par un ventre plus blanc et par des taches plus nettes et mieux délimitées, mais sans autre caractère saillant. Nous avons minutieusement examiné et mesuré chacun de ces exemplaires, et ils nous ont exactement présenté les mêmes mesures moyennes, que nous avons données à l’Al. Reboudia au commencement de cet article. Le bec est le même ; les tarses, les doigts, les ongles présentent les mêmes dimensions, la même gracilité ; les rémiges primaires et tertiaires ont la même taille, la même disposition ; la queue est aussi courte, aussi peu étoffée ; au point de vue donc de la taille et des différentes dimensions, il y à identité entre les deux espèces. Nous avons alors comparé nos exemplaires d'Afrique et d’'Es- pagne au point de vue de la coloration et constaté que les diffé- rences de largeur et d'intensité de ton, des taches de la poitrine et de la tête (dont les auteurs anglais font un caractère) sont tout aussi grandes, entre les divers sujets de l’A. boctica, qu'entre ceux-ci et ceux de l'A. Reboudia, et que la seule différence bien 20 D'HAMONVILLE apparente entre les deux formes d'Afrique et d’Espagne, repose uniquement sur la teinte générale de la tête et des parties supé- rieures de ces Oiseaux. Chez l'espèce africaine, ces parties sont d'un fauve roussâtre ; chez l'espèce espagnole elles sont d'un cendré-brunâtre. Tel est le seul caractère appréciable que nous ayons trouvé entre la Reboudia et la boetica : suffit-il pour le maintien de l’es- pèce nouvelle? Nous ne le pensons pas. En effet, chacun sait combien, dans les Alaudinæ, chaque sujet de même espèce et de même pays peut varier d'individu à individu, et aussi quelle srande différence de teintes on observe entre certaines Alouettes indigènes et leurs similaires du Sahara algérien ; celles de France tirant toujours du plus ou moins sur le cendré ; celles d'Afrique, au contraire, empruntant au sable du désert une livrée fauve ou roussâtre qui leur sert de certificat d’origine. Nous concluons donc, et nous pensons, que les ornithologues partageront notre manière de voir : que l’Alauda boetica Dresser n’est point une espèce distincte, qu’elle doit être identifiée à l’A. Reboudia; sauf à la considérer, si l’on veut, comme une race locale de sa congénère africaine. a NOTE SUR UN PROCÉDÉ DE COLORATION DES ORGANISMES MICROSCOPIQUES VIVANTS (Communication préliminaire) Par A. CERTES (Séance du 25 janvier 1881) Il y a longtemps que les micrographes et, parmi les plus an- ciens, Ehrenberg et Dujardin, ont réussi à faire avaler aux Infu- soires de fines particules de carmin ou d’indigo. Cet exemple a été suivi et il est devenu classique de se servir de ce procédé soit pour localiser les organes de la nutrition, soit pour déterminer la place de l'ouverture buccale ou de l'anus. La plupart des Infusoires ciliés et même flagellés peuvent ingé- rer des particules colorées. Les Opalines, les Haptophrya et quel- ques autres espèces parasites chez lesquelles on ne retrouve aucune trace de bouche font toutefois exception. Les Amibes et les Rhizopodes englobent également les matières pulvérulentes à l’aide de leurs pseudopodes, et l’on n’a pas oublié les curieuses expériences de M. le professeur Ranvier, qui a fait absorber des. granules colorés aux cellules lymphatiques de la Grenouille dont on suit alors plus facilement les migrations à tra- vers les parois des vaisseaux capillaires (1). Dans toutes ces expériences, on n’emploie que des corps inertes. Les matières pulvérulentes sont simplement en suspen- sion dans le liquide où se développent les organismes. Il y a ingestion ; il n’y a ni digestion, ni assimilation. Les solutions colorées qui sont le produit, sinon d’une combi- naison chimique, du moins d’une fusion plus intime entre la ma- tière colorante et le liquide, en d’autres termes les teintures sont ou ne sont pas toxiques pour les organismes, suivant leur (1) L. Ranvier. Traité technique d'Histologie, p. 165 et 611. 22 A. CERTES composition chimique, mais, en toute hypothèse, les tissus ne se colorent jamais qu'après la mort des cellules, qu'il s'agisse d’In- fusoires ou d'éléments anatomiques (1). Des expériences poursuivies depuis près d’un an m'ont permis de constater qu'il y avait au moins une exception à cette règle générale. Placés dans une solution faiblement colorée de bleu de quino- leine ou cyanine (2), les Infusoires, que j'ai eus à ma disposition, se colorent rapidement en bleu pâle et continuent à vivre vingt- quatre et même trente-six heures. Depuis, sur les indications obligeantes de M. le Dr Henneguy, je suis également arrivé à colo- rer des Infusoires vivants avec le brun d'aniline dit brun Bismarck. Récemment enfin, je me suis assuré que les cellules lympha- tiques de la Grenouille se comportaient, comme les Infusoires, vis-à-vis de la cyanine. Après vingt-quatre heures de séjour dans une chambre humide, en contact avec la cyanine qui les avait colorées dès le début de l'expérience, ces cellules présentaient encore des mouvements amiboïdes, qui ont pu être suivis et des- sinés à la chambre claire de quart d'heure en quart d'heure (3). Ces mouvements sont caractéristiques de la vie des cellules. Bien entendu, on ne peut dans cette expérience faire usage d’une so- lution aqueuse. J’ai eu recours au sérum qui, mieux que l’eau, dissout la cyanine (4). La même expérience a été tentée sur les épithéliums à cils vibratiles de l’Huître, de la Moule et de la Gre- nouille. Mais je dois constater qu'elle a échoué, aussi bien avec le sérum qu'avec l’eau cyanisés. À raison de leur taille et de leur structure, les Infusoires se prêtent mieux que les cellules lymphatiques aux observations de détails. La coloration est plus ou moins intense suivant les es- pèces. Parmi celles que j'ai eu occasion d'examiner, les Chilodons et les Opalines résistent mieux que d’autres à l’action toxique de (1) L. Ranvier. Loc. cit., p. 172 et 237. (2) Je n'ai pas calculé mathématiquement le titre de la solution que j'emploie. J'estime toutefois qu’il ne dépasse pas un vingt-cinq millième. (3) Ces dessins ont été placés sous les yeux des membres de la Société Zoolo- gique de France. (4) Dans des éléments aussi petits et surtout aussi minces que les cellules lym- phatiques, la coloration bleue de Ja cyanine ne peut bien s’observer qu’à la lumière du jour et à un faible grossissement. Il faut au contraire recourir à de forts grossissements pour suivre et dessiner les mouvements amiboïdes du proto- plasme lymphatique. nd dé dE PROCÉDÉ DE COLORATION 23 la cyanine, tout en se colorant plus fortement. Or, il est à remar- quer que les Opalines n’ont pas d'ouverture buccale. Il s’agit donc bien d’une teinture et non d’une simple ingestion de matières pul- vérulentes. Quant aux Chilodons, je rappellerai que c’est dans cette espèce que la matière glycogène, moins abondante, se pré- sente sous la forme de granules rares et disséminés, faciles à re- connaître avec le serum iodé (1). Dans ces Infusoires et dans les Paramecium aurelia, on reconnaît à de forts grossissements que la coloration se concentre sur les granulations graisseuses du pro- toplasma. Elle est très faible, pour ne pas dire nulle, dans les cils vibratiles, la cuticule, les vacuoles contractiles et dans les expan- sions sarcodiques que l’iode colore si fortement, en manifestant la présence de la matière glycogène. Les noyaux et les nucléoles restent également incolores, même lorsqu'ils se trouvent en contact direct avec la cyanine, par suite d’un accident quel- conque. Ce dernier point est à noter. L'action élective du carmin sur les noyaux et les nucléoles est connue depuis longtemps. Ainsi que l’a fait observer M. le professeur Balbiani, le carmin ne colore jamais les globules graisseux (2). Le bleu de quinoléine, au con- traire, est un des meilleurs réactifs de la matière grasse (3). Son. emploi constitue donc la contre-épreuve de la réaction du carmin et les phénomènes constatés démontrent une fois de plus la diffé- rence de composition chimique du protoplasma cellulaire et du protoplasma nucléaire. Au point de vue de l’étude des phénomènes intimes de la vie cellulaire, la coloration des Infusoires vivants offre des avantages sur lesquels il convient d’insister. Les organes non colorés et no- tamment le noyau et le nucléole deviennent visibles sur les indi- vidus légèrement comprimés. Il est dès lors facile de suivre sur le vivant — ainsi que je l’ai fait pour des Paramecium aurelia en voie de scissiparité, — toutes les phases de la division du noyau dé- crites il y a plus de vingt ans par M. Balbiani (4). Je n’ai pas eu (1) Cf. Comptes-rendus. Séance du 12 janvier 1880. Note sur la Glycogénèse chez les Infusoires. (2) Balbiani. Recherches sur les phénomènes sexuels des Infusoires. Note, p. 27, 1861. (3) Il est facile de s'assurer sur les globules du lait de l’action que la cyaninç: exerce sur la graisse. (4) Journal de Physiologie, t, HT, p. 61-87. 1860. 24 A. CERTES malheureusement l’occasion de renouveler cette expérience sur des Infusoires en voie de conjugaison (1). Bien que certaines espèces résistent plus longtemps que d’autres à l’action de la cyanine, il y a chez tous les animacules des symp- tômes d’empoisonnement suivis de mort au bout d’un temps plus ou moins long. Ces observations de pathologie expérimentale offrent un intérêt d'autant plus grand qu'il s’agit d’animacules qui, à raison de leur extrême petitesse, paraissaient se prêter moins que d’autres à des expériences de cette nature. En général, les Infusoires intoxiqués par la cyanine sont pris d’une sorte de tremblement. Ils se mettent à tourner sur leur axe; puis leurs mouvements se ralentissent, ce qui facilite l'étude de certaines espèces dont l’excessive agilité fait le désespoir des observateurs. Les vacuoles contractiles cessent de fonctionner régulièrement et atteignent des dimensions anormales. Les ani- malcules se gonflent; ils deviennent comme hydropiques. À une période plus avancée, tantôt il se produit des expansions sarco- diques incolores; plus souvent la cuticule se distend outre mesure sous la pression des liquides intérieurs incolores, tandis que le protoplasma chargé de granulations, les unes bleu foncé, les autres incolores, quelques-unes violettes, se rétracte de toutes parts et se condense autour du noyau jaunûtre où incolore. À cette phase de l’empoisonnement, les cils vibratiles conservent encore leurs mouvements; mais bientôt toute apparence de vie dispa- raît. Tels sont sur le vivant les phénomènes que l’on observe le plus fréquemment à la suite de l’action prolongée de la solution aqueuse de Ccyanine. Sur les animalcules tués soit par d’autres réactifs, soit même par la solution alcoolique de cyanine, les phénomènes de colora- tion diffèrent de ceux qui viennent d’être décrits. Certains éléments, et quelquefois le noyau lui-même, se colorent en violet ou en rouge. Cette teinte violette des noyaux, celle du proto- plasma en bleu pâle et des granulations graisseuses en bleu plus foncé, rentrent dans la description des effets du bleu de quino- léine sur le mésentère, donnée par M. Ranvier (2) dans son Zraité technique d'histologie. J'ajouterai que la cellulose, comme le car- tilage, se colore en violet. Il en est de même de la carapace des (1) Voir à la suite de la présente Note les observalions complémentaires dépo- sies à la séance du 8 mars. (2) Cf. p. 102. | | PROCÉDÉ DE COLORATION 25 Diatomées dont les globules huileux prennent une teinte bleuâtre. Les préparations à la cyanine de Diatomées, d’Algues et de cellules végétales présentent des détails fort intéressants. Malheureuse- ment ces colorations variées disparaissent rapidement sous l’ac- tion de la glycérine. Il y aura sans doute des renseignements à tirer de ces réactions de la cyanine sur les végétaux. Comme l'acide osmique et le sérum iodé, dont j'ai préconisé l'emploi pour l'étude et la préparation des Infusoires (1), la solu- tion alcoolique de cyanine (alcool au :tiers) fixe dans leur forme un grand nombre d'espèces. En résumé, d’après les observations qui précèdent, l'introduc- tion du bleu de quinoléine dans la technique des Infusoires, con- stitue un précieux moyen d'étude des phénomènes intimes de la vie cellulaire normale ou pathologique. Il décèle dans le protoplasma extra-nucléaire la présence de matières grasses qui font défaut dans les noyaux et dans les nucléoles. Enfin, il permet d’affirmer que la cellule vivante n’est pas absolument impénétrable aux réactifs colorants. Si ces conclusions sont, comme je l’espère, suffisamment justi- fiées par les faits, la physiologie générale paraît appelée, comme l’histologie, à faire son profit des procédés de coloration des tissus vivants, animaux et végétaux (2). OBSERVATIONS COMPLÉMENTAIRES (Séance du 8 mars 1881) En communiquant à la Société, dans la séance du %5 janvier, les premiers résultats obtenus par l'emploi du bleu de quinoléine, j'exprimais le regret de n’avoir pu expérimenter ce réactif sur des Infusoires en voie de conjugaison. Depuis lors j'ai trouvé des Paramecium aurelia conjugués et j'ai pu combler cette lacune. Dans les individus légèrement comprimés, préalablement traités (1) Cf. Comptes-rendus, séances des 3 mars 1879, 12 janvier et 14 juin 1880. (2 Des préparations d'Infusoires vivants colorés par le bleu de quinoléine et le brun Bismarck ont été placées sous les yeux des membres de la Société zoolo- gique de France à la séance du 22 févier 1881. 26 A. CERTES par la cyanine, les nucléoles se découvrent sans trop de difficultés. A de forts grossissements, j'ai retrouvé les plaques équatoriales et les fuseaux striés si souvent décrits, dans ces derniers temps, par les auteurs qui ont observé les phénomènes de la division cel- lulaire chez les animaux ou les végétaux. Dans ses « Recherches sur les phénomènes sexuels des Infusoires, » dont je place les planches sous les yeux de la Société (1), M. Bal- biani avait déjà signalé, non sans rencontrer quelques contradic- teurs, l'existence des striations nucléolaires et des plaques équa- toriales. Je n'ai pas l'intention d'examiner si l'interprétation alors donnée par l’éminent professeur est à l’abri de toute critique. On sait que M. Balbiani voyait des spermatozoïdes dans les bâtonnets des nucléoles. Il me suffira d'insister sur ce point que, désormais, les phénomènes décrits par lui peuvent être observés sur le vivant, à l’aide de la cyanine. Je ferai également remarquer que, dès 1861, le savant français avait signalé chez les Infusoires conjugués ces curieuses figures nucléolaires qui ont été pré- sentées comme des nouveautés, à une époque toute récente, par des observateurs étrangers. (1) Cf. loc. cit., pl. VII, fig. 5 et 6 b, fig. 12 L-M et N. bai On à opté PR ete nt dupe à. éme mess dé st ‘nés Én ee SUR LES LARVES DES GENRES PIPA ET DACTYLETHRA A PROPOS DE LA CLASSIFICATION DES BATRACIENS ANOURES DE M. LATASTE Par G. A. BOULENGER (Séance du 22 février 1881) Dans ces dernières années, mon savant ami M. F. Lataste s'est attaché à appliquer à la classification des Batraciens anoures les différences que présentent les espèces à l'état larvaire. L'étude comparative, négligée jusqu'alors, des Tétards de nos Anoures européens lui avait fait reconnaître parmi eux deux types bien distincts : l’un, comprenant les genres Alytes, Bom- binator et Discoglossus, possédant le spiraculum médian ; l’autre, comprenant tous nos autres Anoures, à spiraculum latéral et situé du côté gauche (1). Frappé de l’analogie des conclusions auxquelles il était arrivé par l'étude des Tétards avec celles de M. Cope, tirées de l’étude des caractères ostéologiques, M. Lataste résolut d'appliquer à l'ordre entier des Anoures la division, qu'il avait d’abord proposée pour les Raniformes (Dum. et Bibr.) seulement, en deux grands groupes : les Lœvogyrinidæ et les Mediogyrinidæ (2). Le premier, caractérisé par les vertèbres procæliennes et le spiraculum latéral, à gauche, comprend la plupart des Anoures ; le second, carac- térisé par les vertèbres opisthocæliennes et le spiraculum mé- dian, correspond aux familles des Bombinatoridæ, Asterophry- didæ, Dactylethridæ et Pipidæ de Cope. Les Musées ne renferment malheureusement que très peu de Tétards déterminés ou déterminables des espèces exotiques. La (1) Voyez : Actes Soc. Linn. Bord.,t. XXXI, 2 livr., 1876, et Revue Intern. des Sciences, 1878, t. II, p. 488. (2) Actes Soc. Linn. Bord., t. XXXIIL, 1879, p. 339. 28 G. A. BOULENGER larve du Pipa, cette espèce si commune dans les collections et dont les femelles ont les cellules du dos le plus souvent remplies de rejetons, est très rare et peu de naturalistes ont eu l’occasion de l’étudier. Il nous a été impossible, à M. Lataste et à moi, de mettre la main sur un seul exemplaire porteur d’embryons peu avancés. M. Lataste dut donc se borner à conclure par analogie lorsqu'il essaya d'appliquer à l’ordre si nombreux des Anoures sa division en Lævogyrinidæ et Mediogyrinidæ. Les larves de Dactylethra et de Pipa, les seuls genres d’Aglos- ses, sont heureusement connues. Le Tétard du Dactylèthre a été décrit en 1862 par Wyman (1), en 1864 par Gray (2), et en 1877 par W. K. Parker (3). Le premier rapportait cette forme à Dactylethra capensis, Gray en faisait un genre nouveau, Silurana tropicalis ; c'est à D. calcaratus Ptrs qu'elle appartient réellement, du moins celle décrite par Gray et plus tard par Parker. Or, il résulte des descriptions de Wyman et de Parker, ainsi que de l'examen auquel je me suis livré sur quel- ques-unes de ces larves conservées au Musée Britannique, qu’il y à deux spiraculums, ou fentes pour l'issue de l’eau qui a baigné les branchies, un de chaque côté; ces orifices persistent beau- coup plus longtemps chez ces Tétards que chez ceux des autres Anoures, car ils ne donnent pas issue aux membres antérieurs et par conséquent les individus dont les quatre membres sont déjà complètement développés montrent encore une fente parfaite- ment distincte au-devant de chaque bras. Il est inutile de revenir sur les autres caractères de cette larve, si remarquable par son énorme bouche, absolument différente de celle des autres Tétards, par ses longs appendices labiaux semblables à ceux des Silures, par le prolongement en avant jusqu'au milieu du ventre de la membrane inférieure de la queue, etc.; il suffit de recourir aux descriptions et aux figures que je viens de citer. L’embryon du Pipa a fait l’objet de deux petites notes par Wyman (4) et par Wylder (5), et a été figuré par Parker (6). Cet embryon, qui dans son ensemble rappelle plus celui d’un (WÉProc*BostSoc.N. He, 41 IX, p.155: (2) Ann. and Mag. N. H., 3e sér., t. XIV, p. 315, et Proc. Zoo!l. Soc., 1864, p. 458. 3) Philos. Trans. Roy. Soc., vol. 166, p. 625, pl. 56. 1) Journal of Science and Arts, 1851, 2 sér., vol. XVII, p. 369. 5) Amer. Natur., vol. XI, 1877. ( ( (5) (6) Loc. cit., p. 648, pl. 60, f. 1 et 2. LARVES DES GENRES PIPA ET DACTYLETHRA 29 Poisson téléostéen que celui de n'importe quel Batracien, ne pos- sède des branchies que pendant une période si courte qu’elles n’ont pu être découvertes par Parker, et que leur présence a même été contestée ; mais il résulte de la note de Wylder qu’elles existent à une certaine période de l’état embryonnaire. Enfin ce dernier auteur nous apprend qu’il y a une fente operculaire de chaque côté, en arrière de la tête, fente que Parker dit être très semblable à celle de l'embryon du Saumon (1). Les Aglosses ne sont donc pas médiogyrinides. Il est regrettable que M. Lataste n’ait pas eu connaissance des travaux dont je viens de parler. Il aurait évité une erreur et il aurait trouvé la confirmation d’une idée qu’il a émise, mais qu’il n’a pas, que je sache, publiée. En effet, mon savant ami m'écri- vait en date du 26 octobre 1878 : « Vous m'’obligeriez, si vous avez quelques Tétards exotiques déterminés au Musée de Bruxelles, de me faire savoir comment est leur spiraculum. N'y a-t-il pas des espèces (les plus dégradées), munies de deux spiraculums symétriques, ou même dépourvues de spiraculum, comme les Urodèles ? » (1) Voyez Philos. Trans. Roy. Soc., 1873, pl. 1, f. 3 et 9, Op. LEPTODACTYLUS CALIGINOSUS GirarD ET L. ALBILABRIS Günraer Par G. A. BOULENGER (Séance du 12 avril 1881) M. le D' Brocchi a décrit succinctement en 1877, dans le Bulle- letin de la Société Philomathique, trois espèces mexicaines du genre Leptodactylus Fitz. (Cystignathus Wagl.) : caliginosus Gir., echina- tus et fragilis Spp. nn. J'ai trouvé les deux premières dans une belle série de Batraciens recueillis à l’isthme de Tehuantepec par M. Sumichrast et acquis récemment de M. Boucard par le Musée royal de Belgique. En les comparant avec les spécimens du Musée Britannique, je m’aper- çois que la forme décrite par M. Brocchi comme caliginosus est la même que celle décrite, il y a longtemps, par M. le D' Günther sous le nom de albilabris, tandis que echinatus représente le véritable caliginosus de Girard. Je crois que, à cause des grandes difficultés que l’on éprouve encore à déterminer les espèces du genre Leptodactylus, des des- criptions détaillées de ces deux espèces ne seront pas superflues. Leptodactylus caliginosus Girard. SYNONYMIE : Leptodactylus caliginosus Girard, Proceed. Acad. Nat. Sc. Philad. 4853, p. 422. — Id. U. S. Expl. Exped. Herpet., p. 31, 18. Cystignathus caliginosus Günther, Cat. Batr. Sal., p. 28, 1858. Platymantis Petersii Steindachner, Verh. zool. bot. Ges. Wien, 1864, p. 254, pl. xvi1, fig: 2. ? LS LS Sn AA DS Éd tn RS Se TS SE Sd té me ed € LEPTODACTYLUS CALIGINOSUS ET L. ALBILABRIS 31 Cystignathus ocellatus Steindachner, L. c., pl. x1, fig. 1. Cystignathus echinatus Brocchi, Bull. Soc. Philom., 7° sér., t. I, p. 181, 1877. DESCRIPTION. La langue est ovale, plus ou moins allongée, sa largeur comprise de une fois et un tiers à une fois et deux tiers dans sa longueur; son bord postérieur présente une faible échancrure. Les dents palatines sont disposées en deux séries transversales assez courtes, plus ou moins distinctement arquées, séparées par un intervalle bien sensible, et situées en arrière du niveau des orifices nasaux internes. La tête est peu déprimée, aussi longue que large; le museau est arrondi, ne dépassant que très peu le bord de la lèvre, d’un tiers plus long que le diamètre horizontal de l'œil; le canthus rostralis est faiblement marqué, la narine est percée plus près du bout du museau que de l'œil ; l’espace interoculaire est aussi large que la paupière supérieure. Le tympan est très distinct, arrondi; son diamètre égale les deux tiers de celui de l'œil. Le tronc mesure environ deux fois la longueur de la tête. Le membre antérieur étant appliqué en arrière le long du corps, l'extrémité du troisième doigt dépasse plus ou moins l’aine. Les doigts sont modérément allongés, obtus ; le premier est un peu plus court que le troisième, et plus long que le second qui est égal au quatrième; les tubercules sous-articulaires sont arrondis et bien développés. La paume présente deux grands tubercules aplatis, l’interne ovale, l'externe subcirculaire ou cordiforme. Le membre postérieur étant dirigé en avant le long du corps, l'articulation tibio-tarsienne arrive à l’œil ou un peu au-delà ; la jambe est assez épaisse. Les orteils sont modérément allongés, le quatrième mesurant la longueur de la tête; la membrane rudi- mentaire qui les unit à la base se prolonge de chaque côté sous forme d’une bordure très accentuée, surtout chez le mâle à l’époque de la reproduction; les tubercules sous-articulaires sont bien développés; la face plantaire est lisse ou semée de très petits tubercules; il y a deux tubercules métatarsiens bien distincts, l’interne ovalaire, l’externe, à la base du quatrième orteil, arrondi; le bord interne du tarse porte un pli bien dis- tinct. ; Le dos est parcouru par de petites glandules allongées, médio- 32 G. À. BOULENGER crement saillantes ; un pli passe au-dessus du tympan et se dirige vers l'épaule; les flancs sont tuberculeux. Les régions inférieures sont lisses, à l'exception de la moitié postérieure des cuisses, qui est pavée de granules; un pli médiocrement accentué décrit un disque ventral. Les faces supérieures présentent, chez les individus conservés en alcool, une teinte olivâtre, grisâtre ou brune, sur laquelle des taches assez indistinctes sont répandues irrégulièrement ; une de ces taches cependant est constante, quoique assez variable dans son degré d'accentuation : elle est située entre les yeux et repré- sente un triangle plus ou moins prolongé en arrière et dont la base est tournée en avant; une bande foncée s'étend le long du canthus rostralis et sur la région temporale; la lèvre supérieure est entrecoupée de grandes taches ; les membres postérieurs sont plus ou moins distinctement barrés de foncé; le derrière des cuisses est marbré ou réticulé de brun ou de gris foncé. Les faces inférieures sont tantôt immaculées, tantôt plus ou moins tache- tées ou vermiculées de brun ou de gris; la gorge est souvent entièrement obscurcie par ces macules, et marquée de petites taches blanches arrondies. Le mâle est pourvu d’un sac vocal sous-gulaire interne; ses pouces sont armés de deux tubercules coniques qui sont recou- verts, à l'époque du rut, chacun par un étui corné noir en forme d’épine. DIMENSIONS. TEHUANTEPEC. | AMÉR. MÉRID. | ÉQUATEUR. PR a | Ù | ——— 0®040 | 0047 | O"041 | 0"047 | 0046 | O"051 Du bout du museau à l’anus.... Tôte lONCUEUL AE CREER EE 0.014 0.015 0.014 0.016 0.017 0.018 Pres PE HU sale fe 0.013 | 0.015 | 0.014 | 0.016 | 0.016 | 0.019 à 0.0065! 0.007 | 0.007 | 0.0075, 0.008 | 0.0085 De l'œil au bout du museau..... Tronc 23. IE ANR 0.026 | 0.032 | 0.027 | 0.031 | 0.029 | 0.033 0.021 | 0.025 | 0.023 | 0.025 | 0.027 | 0.032 0.057 | 0.065 | 0.061 | 0.067 | 0.076 | 0.089 HABITAT. L'aire géographique de Leptodactylus caliginosus est extrême- ment étendue, car elle comprend l'Amérique centrale et une LEPTODACTYLUS CALIGINOSUS ET L. ALBILABRIS 33 grande partie de l'Amérique méridionale. Les spécimens d'après lesquels l'espèce a été décrite par Girard provenaient de Rio- Janeiro ; le type de Platymantis Petersii de Steindachner est de Maralutanas (Brésil) ; ceux de Cystignathus echinatus sont du Rio- Madre Nieja (Guatémala occidental). Le Musée de Belgique pos- sède l'espèce de Tehuantepec et le Musée Britannique en renferme de nombreux spécimens de l'Amérique du Sud sans désignation plus précise, de Bahia, du Mexique, de Moyobamba (Pérou) et de Sarayacu (Equateur). Leptodactylus albilabris Gthr. SYNONYMIE : Cystignathus albilabris Günther, Ann. Mag. Nat. Hist., 3 série, FANS p.217,1859. Cystignathus caliginosus Brocchi, {. c., p. 180, 1877. DESCRIPTION. La langue est régulièrement ovale, sa largeur comprise environ une fois et demie dans sa longueur, faiblement échancrée en arrière. Les dents palatines sont disposées en deux séries trans- versales plus ou moins distinctement arquées et nettement Sépa - rées, situées en arrière du niveau des narines internes. La tête est médiocrement déprimée, aussi large que longue ou, le plus souvent, un tant soit peu plus longue que large; le museau est d'environ un tiers plus long que le diamètre de l'œil, plus ou moins acuminé, son extrémité dépassant fortement le bord maxil- laire, surtout chez le mâle; le canthus rostralis est peu accentué : la narine est située plus près du bout du museau que de l'œil ; l'espace interoculaire est un peu plus étroit que la paupière supé- rieure. Le tympan est très distinct, arrondi ; son diamètre égale à peine les deux tiers de celui de l'œil. Le tronc mesure environ deux fois la longueur de la tête chez l'adulte, un peu moins chez le jeune. Le membre antérieur étant couché en arrière le long du corps, arrive avec l'extrémité du troisième doigt à l’aine, ou un peu plus x 34 &. A. BOULENGER loin. Les doigts sont modérément allongés et obtus; le premier est aussi long ou à peine plus court que le troisième ; le second, considérablement plus court que le premier, est égal au quatrième; les tubercules sous-articulaires sont arrondis et bien saillants. IL y a deux grands tubercules aplatis sur la face palmaire, l'interne ovale, l’externe subcirculaire. Le membre postérieur étant porté en avant le long du corps, l'articulation tibio-tarsienne atteint l'œil ou un peu au-delà ; la jambe est assez épaisse. Les orteils sont modérément allongés, le quatrième mesurant à peu près la longueur de la tête, obtus, à palmure rudimentaire et dépourvus de bordure; les tubercules sous articulaires sont bien développés, légèrement coniques ; il y a une rangée de très petits tubercules le long de chaque métatar- sien ; le métatarse est pourvu de deux tubercules bien distincts, l’interne ovalaire, l’externe, à la base du quatrième orteil, arrondi; le bord interne du tarse présente un pli bien distinct. La peau du dos est lisse ou présente des glandules allongées et très peu saillantes ; un pli glanduleux s'étend de chaque côté depuis l'angle postérieur de l'œil jusqu’à l’aine; un autre se trouve au-dessus du tympan et se continue parfois le long du flanc, qui est plus ou moins tuberculeux ; il y à une glande assez considé- rable à l'angle des mâchoires. Les régions inférieures sont lisses, à l'exception de la moitié postérieure des cuisses qui est pavée de granules ; un pli très accentué constitue un disque ventral. Chez les spécimens conservés en alcool, la teinte des faces supé- rieures est brune ou olivâtre, tachetée irrégulièrement de brun foncé ; une bande de cette dernière teinte s'étend le long du can- thus rostralis et borde le tympan au-dessus et en arrière; la lèvre supérieure est bordée de brun; il y a presque toujours entre les yeux une grande tache foncée, de forme variable, mais dont le bord antérieur représente assez constamment une accolade à angle dirigé en arrière; les membres postérieurs sont barrés transver- salement de brun foncé; le derrière des cuisses est marbré de brun et présente une ligne blanche bordée de brun, généralement très distincte. Les faces inférieures sont d'ordinaire immaculées, parfois abondamment maculées de brun; la lèvre inférieure est tachetée de brun; chez le mâle, les côtés de la gorge sont presque toujours bruns ou noirâtres. Le mâle ne se distingue extérieurement de la femelle que par la présence de deux sacs vocaux sous-gulaires; ceux-ci sont assez développés et se traduisent à l'extérieur par deux ou trois LEPTODACTYLUS CALIGINOSUS ET L. ALBILABRIS 35 plis de chaque côté de la gorge, plis qui rappellent, quoique à un degré moindre, ceux de Leptodactylus typhonius, la seule espèce qui présente des sacs vocaux véritablement externes. DIMENSIONS. TEHUANTEPEC. SAINT-THOMAS. d + d ? Du bout du museau à l’anus............ 0%038 10037 10036 107040 Ho lonauenr A LOIRE Sr EL 0.013 10.012 10.013 0.014 sr) VOS PI A MERE EPP TIRE 0.012 10.0141510.012 10,013 De l’œil au bout du museau............ 0,006 10.006 10.006 10.0065 DR NI Sn ce 0.025 10.025 10.023 [0.026 MMA ADICMEUT tee Sagreteto daga à ee 0 8 0,018 10.018 10.019 10.020 me HIDOSDOLIGUL, 2, URI are 0.056 [0.058 10.052 10.055 HABITAT. Les exemplaires du Musée Britannique proviennent des An- tilles ; ceiles de ces îles qui les ont fournis sont Saint-Thomas et Sainte-Croix. Ceux décrits par M. Brocchi ont été recueillis à Isabal (Terre chaude) et à Pansos (Haute-Vera-Paz). Enfin le Musée de Belgique possède plusieurs exemplaires recueillis, comme je l'ai dit en commençant, à Tehuantepec par M. Sumi- chrast. NOTE COMPLÉMENTAIRE LA PRÉPARATION ET LA CONSERVATION DES ORGANISMES MICROSCOPIQUES Par A. CERTES (Séance du 12 avril 1881) Dans deux notes insérées en 1879 et 1880 (1) dans les Comptes- rendus de l'Académie des sciences, j'ai décrit les procédés aux- quels on peut recourir pour fixer, préparer et récolter les Infu- soires et autres organismes microscopiques. Une expérience de cinq années n’a fait que confirmer l'efficacité de l'acide osmique et du sérum iodé pour préparer les Infusoires. Cependant il ar- rive parfois que, malgré les précautions prises, les Animalcules deviennent noirs et opaques par suite de l’action trop prolongée de l’acide osmique. Parfois aussi, — surtout lorsque l’on a fait usage du sérum iodé ou du jus de citron comme réactifs fixateurs, — Jes moisissures envahissent les préparations, soit que les bou- teilles aient été mal bouchées, soit que l’on ait négligé les précau- tions destinées à maintenir les récoltes à l’abri des germes. A ces inconvénients, il y a des palliatifs qu’il m'a paru utile de signaler à la Société qui, dans une de ses dernières séances, a pu juger des préparations d’Infusoires obtenues par les procédés que je préconise. L'ammoniaque au 1/3 éclaircit les préparations noircies par l'acide osmique, ce qui évite l'emploi, toujours dangereux, du cyanure de potassium. Mais, si l’on tient à ses récoltes, il faut surveiller l'opération avec soin, le temps d'immersion dans l’am- moniaque étant essentiellement variable, suivant l'épaisseur des animalcules et la quantité d'acide osmique en excès. Quant aux moisissures, j'ai reconnu qu'avec quelques précau- tions on pouvait filtrer sur la glycérine pure, le liquide qui tient en suspension les récoltes altérées. Pour augmenter le durcisse- ment des Animalcules, on enlève d’abord le liquide en excès et on le remplace, soit par l'alcool fort, soit par le picrocarminate, soit (1) Voir séances des 3 mars 1879 et 11 juin 1880. Été —_ és “Li. ous CONSERVATION DES ORGANISMES MIGROSCOPIQUES a par le picro-vert de méthyle, puis on verse doucement sur la gly- cérine qui, à raison de sa densité, se maintient au fond du réci- pient ; mais, au préalable, il faut avoir soin d'agiter vivement le liquide à filtrer, de manière à désagréger les animalcules rete- nus par leurs cils dans le feutre des moisissures. Les Infusoires ainsi isolés tombent les premiers au fond. Les plaques de my- célium qui offrent plus de surface et par suite plus de résistance, ne se déposent pas ou se déposent beaucoup plus lentement. On met à profit cette circonstance pour décanter le liquide avec une pipette et recueillir au fond des récipients les Infusoires. qui, isolés, se prêtent mieux à l'observation. A défaut d'acide osmique, le jus de citron filtré: peut être em- ployé pour fixer les organismes microscopiques; mais il faut suivre de près l’opération pour atténuer en temps.utile l’action du réactif qui doit être employé à haute-dose et qui, par suite, désa- grégerait à la longue les tissus si délicats des Infusoires. L'imprégnation par le chlorure d’or réussit généralement après l'action du citron. Souvent cependant le dépôt pulvérulent se mêle aux cils des Infusoires et gêne l'observation. Le filtrage sur la glycérine atténue cet inconvénient. Enfin j'indiquerai à la Société le procédé qui m’a paru le meil- leur pour conserver les intestins des Batraciens en vue d’un exa- men ultérieur des parasites qu'ils renferment. Après avoir lié l’in- testin aux deux extrémités, on le lave à l’eau distillée et on le dé- pose dans une solution d'acide osmique à ‘/,5%9: Au bout de 24 heures d'immersion, on remplace cette solution par l’alcook fort ou par de l’eau glycérinée. Dans ces conditions, les Opalines et autres habitants du rectum des Batraciens peuvent attendre, sans se déformer, le moment où l’on pourra les étudier à loisir. ÉTUDE SUR: LES VE PEU S DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS Par Albert TOURNEVILLE (Séance du 14 décembre 1880) Sensim ab ammodytide ad berum progreditur, ita cohærente agmine, ut unica vel quinque spe- ciebus (vel subspeciebus) constet… F. LATASTE. — Diagnose d'une nouvelle Vipère d'Espagne. (Bull. Soc. Zool. de France, 1879, IV, p. 132). INTRODUCTION Jusqu'en ces dernières années, la famille des Viperidæ était représentée, en Europe, par trois espèces qui semblaient bien éloignées les unes des autres et que même plusieurs auteurs clas- saient en deux genres différents. Comment en effet rapprocher Vipera berus, dont le museau est arrondi, et qui, fait presque unique parmi les Vipéridés, présente trois écussons sur la tête, de Vipera aspis, à museau carrément tronqué, retroussé, à vertex recouvert d’écailles semblables les unes aux autres, comme chez la plupart des représentants de ce groupe, ou de Vipera ammodytes, dont le vertex est semblable à celui de Vipera aspis et dont le museau n’est pas seulement re- troussé, mais s'élève en pointe charnue et conique? Quelques auteurs cependant avaient déjà remarqué que Vipera aspis pouvait aussi présenter sur le vertex des plaques plus grandes que les voisines, ce qui déjà la rapprochait un peu de Vipera berus (1). Mais dans ces derniers temps de nouvelles recherches ont (1) F. Lataste. Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux (séance du 9 dé- cembre 1874). ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 99 singulièrement rapproché ces trois formes, au premier abord si divergentes. En 1878 (1), en effet, M. Edoardo Boscä décrivait sous le nom de Vipera Latastei une nouvelle forme de Vipère que l’on confon- dait en Espagne tantôt avec Vipera aspis, tantôt avec Vipera am- modytes, car elle est si exactement intermédiaire à ces deux espèces, que ceux qui ne voudraient pas l’admettre seraient bien: embarrassés pour savoir à laquelle des deux la rapporter. Plus tard, en novembre 1879 (2), M. Lataste rapprochait à leur tour Vipera aspis et Vipera berus en décrivant sous le nom de Vipera Seoanei une nouvelle forme également espagnole, qui devait prendre place entre ces deux, plus près cependant de la deuxième. C’est pourquoi M. Lataste a cru devoir n’en faire qu'une sous-espèce et la désigner sous le nom de Vipera berus Seoanei. Aussi le groupe des Vipères d'Europe paraît devoir fournir un nouvel arzument en faveur de la théorie Darwinienne. Son étude en tous Cas nous à paru des plus intéressantes, et c’est pour cela que nous l'avons entreprise. Ce travail est divisé en deux parties : dans la première nous: donnons une description détaillée de Vipera berus Seoanei dont M. Lataste n'a publié qu'une simple et courte diagnose, puis, dans un tableau synoptique, nous mettons en regard les caractères différentiels de cette forme avec ses deux affines, Vipera berus et Vipera aspis. Dans la deuxième partie, nous décrivons également en détail Vipera Latastei, la description qu'en a donnée M. Boscä nous semblant un peu abrégée, et nous mettons également en relief dans un second tableau synoptique les caractères qui la.dis- tinguent de Vipera ammodytes et de Vipera. aspis. Nous terminons ce travail par un tableau dichotomique permettant de déterminer aisément ces cinq formes. Une planche (pl. [) représente, gran- deur naturelle, Vipera berus Seoanei, qui n'avait pas encore été figurée, et les têtes d’un certain nombre d'individus choisis du groupe étudié. Grâce à la collection de M. Lataste, mise obligeamment à notre disposition et aux quelques échantillons que nous possédons, nous avons pu réunir une quantité de matériaux assez considé- rable pour nous livrer d'une façon sérieuse à cette étude. Voici, (1) Bulletin de la Socisté Zoologique de France. 1878, t. ILE, p. 116. (2) Bulletin de la Sociité Zoologique de Frunce. 1879, €. IV, p. 132. 40 ALBERT TOURNEVILLE du reste, la liste des exemplaires qui figurent dans nos deux collections avec leurs numéros d'ordre, l'indication de leur pro- venance et les noms des donateurs, exemplaires que nous aurons l’occasion de citer et dont neuf individus ont été figurés : Vipera ammodyles : Environs de Goritz (Autriche). Envoi du Dr Schreiber. N° 253, collection Lataste ; n°° 508 el 509, collec- tion Tourneville. — Environs d'Athènes (Grèce). Envoi du D' J. von Be- driaga. N° 1278, collection Lataste. Vipera Latastei : Malagon, près Ciudad-Real (Espagne). Envoi de M. Ed. Boscä. N° 251, 252,1250, collection Lataste; n° 512, collection Tourneville. — Mont Édough, près Bône (Algérie). Envoi du D' Hagen- müller. N°5 1492, 14329, 4352, collection Lataste. Vipera aspis : Les Huttes (Gironde). N° 246, collection Lataste. — Barbizon (forêt de Fontainebleau). N° 247, — — — N° 248, — — Chailly — N° 249, — — Eaux de Labadaous, Saint-Sever (Landes). Envoi de M. Du- balen. N° 250, collection Lataste. —— Valpolicella (Véronèse). Envoi de M. de Betta. N° 809 , col- lection Lataste. — Forêt de Lamassane (Pyrénées-Orientales). Envoi de M. Valery- Mayet. N° 897, collection Lataste, | _— Forêt de Rumilly (Aube). Envoi de M. Ray. N° 1459, col- lection Lataste. — Forêt de Fontainebleau. N° 125, collection Tourneville. — Environs d'Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées). N° 127, collec- tion Tourneville. — Environs du Col d’Artouste (Basses-Pyrénées). N° 128, collec- | tion Tourneville. | — Environs de Bourges. Don de M. Gazagnaire. N° 507, collec- tion Tourneville. — Environs de Béziers (Hérault). Envoi de M. G. Jumeau. N° 648, collection Tourneville. Vipera berus Seoanei : Province de Galice (Espagne). Envoi de M. Seoane. N° 786 et 1454, collection Lataste; n° 371, col- lection Tourneville. Vipera berus : Doui (Ile Sakhalien). Envoi du Df Strauch. N° 24%, collec- tion Lataste. 7,7 Li à ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 41 Vipera berus : Mont Kouznetsk, gouvernement de Tomsk (Sibérie occiden- tale). Envoi du D' Strauch. N° 245, collection Lataste. — Serinchamps, province de Namur (Belgique). Envoi de M. Boulenger (Musée de Bruxelles). N° 632, collection Lataste. — Côte de Grâce (Honfleur). N° 778, collection Lataste. — Casalium (Véronèse). Envoi de M. de Belta. N° 810, col- lection Lataste. — Forêt de Fontainebleau, plaine de Bois-le-Roi. Don de M. Becker. N° 1030, collection Lataste. DESCRIPTION DE VIZPERA BERUS SEOANEI LATASTE. SYNONYMIE. Pelias berus (Linné) Seoane, Reptiles y anfibios de Galicia, 1877, p. 7 Pelias berus (Linné) Seoane, Notas para la fauna Gallega, 1877, p. 7. Pelias berus (Linné) Ed. Boscä, Calalogo de los reptiles y anfibios observados en España, Portugal e islas Baleares, 1877, p. 21. Esp. 38. DIMENSIONS DE DEUX INDIVIDUS : * Adulte. Jeune. Longueur de Jartéter. Fret: te 0"020 0m009 Éongueur totale... IV. Dates ie 0.500 0.160 Lonvueur de laqueuer. 7 Hu tnuot 0.070 0.020 Proportions. — La tête est très légèrement allongée, elle a les formes de Vipera berus, mais n'est pas ramassée comme chez cette dernière. Elle est aussi moins allongée que chez Vip. aspis. Son museau est arrondi, peut-être un peu moins que chez Vip. berus, mais en tout cas est bien loin de ressembler au museau carré- ment tronqué de Vip. aspis. Vue de profil, la tête est très faible- ment convexe; celle de Vip. berus l’est sensiblement davantage et celle de Vip. aspis au contraire est complètement plate. Vu en dessus, le museau offre à son extrémité et sur ses bords supérieurs un léger renflement qui n'existe généralement pas chez Vip. berus; en effet, sauf un seul cas constaté chez un jeune individu de cette espèce et sur lequel nous aurons à revenir à propos de l’écaillure, le museau de Vip. berus est arrondi sur les 42 ALBERT TOURNEVILLE côtés aussi bien qu’en dessus, tandis que chez Vip. Seoanei cette saillie existe, très faible, il est vrai, mais cependant appréciable à l'œil nu. Elle est fournie par les six écailles qui limitent en avant le museau à la partie supérieure de la tête et allant d'une surcilière à l’autre. Toutefois cette saillie est loin d’atteindre les proportions du bord très aigu que l’on voit chez Vip. aspis. Si l’on suit les contours de la tête en partant de l’extrémité du museau et en suivant les sus-labiales, les côtés subissent d'abord un rapide éloignement. De plus, il existe toujours une enflure très remarquable à la hauteur des crochets à venin, puis ces mêmes côtés vont s’élargissant encore jusqu’à la commissure des lèvres ou un peu avant. C'est à cet endroit que la tête est le plus large. Cette distance est inférieure d’un quart environ à la longueur totale de la tête. Elle est à peu près égale à la distance de l’occi- put à la pupille de l'œil. Chez Vip. berus, la tête est plus arrondie, sans angle brusque ; elle est carrée du bout et de formes plus ac- cusées chez Vip. aspis. Plusieurs des exemplaires que nous avons sous les yeux ont même l'extrémité si aiguë et le diamètre trans- versal si large que l’on peut les comparer, comme formes, aux cœurs de cartes à jouer. La mobilité des os rend du reste ces dimensions très inconstantes. Vu de face, le museau ressemble beaucoup à celui de Vip. berus; comme lui, il est arrondi en des- sus et sur ses côtés. Le dessus de la tête, aplati d’abord, devient légèrement convexe entre les deux yeux. Sur le vertex, à l'endroit le plus large, la disposition des os et des muscles sous-cutané dessine deux cavités très appréciables qui suivent les formes d’un V renversé, et enfin l’occiput présente sa dépression ordinaire. Les lèvres supérieures sont très saillantes comme chez Vip. aspis, elles dépassent et recouvrent les lèvres inférieures. Ce ca- ractère est bien moins accentué chez Vip. berus. Les yeux latéraux, à pupille verticale, comme chez tous les Vipériens (1), me paraissent moins saillants chez Vip. Seoanei que chez Vip. berus et aspis. Toutefois ce caractère doit être fort sujet à variations, suivant que l’animal a été plongé dans un alcool. plus ou moins fort et suivant l'effet que ce spiritueux peut produire sur les chairs. L’œil est généralement situé au-dessus de la 4° sus- labiale et de la 5° sous-labiale, quelquefois un peu plus en ar- (1) C'est par erreur que, sur la planche, la plupart des figures ont la pupille presque ronde, la faute en est au dessinateur qui a frop fidèlement copié l'animal conservé en alcool, sans s'inquiéter du vivant ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 43 rière (fig. V). Chez Vip. aspis, leur place est au-dessus et entre les 4e et 5° sus-labiales et les 5° et 6° sous-labiales (fig. 2472). En- fin chez Vip. berus on le voit au-dessus et entre les 4° et 5e sus- labiales et les 4eet 5° sous-labiales (fig. 728b). Les narines latérales, arrondies ou légèrement allongées verti- calement, sont creusées en entonnoir dans une écaille semblable de chaque côté du museau. Leur forme et leur disposition semblent identiques dans les trois espèces. Le corps relativement court et trapu se rapproche beaucoup par sa forme générale de celui de Vip. berus. Il est beaucoup moins allongé que celui de Vip. aspis, et paraît plus arrondi. La forme triangulaire est beaucoup moins appréciable chez Vip. Seoanei et Vip. berus que chez Vip. aspis. Le dessous est plat ou légèrement arrondi chez les trois espèces. La queue, courte, finit brusquement en cône, elle est aussi large à sa naissance que le corps à son extrémité près de l’anus. Sa longueur est comprise de 7 à 8 fois dans la 1ongueur totale de l'animal. D'après Fatio (1), la longueur de la queue chez Vip. berus serait contenue 6 à 10 fois dans la longueur du corps. Les mesures que nous avons prises ne nous donnent pas toutes ce résultat. Sur le n° 778, bel échantillon adulte de France, nous trouvons la queue comprise plus de 11 fois dans la longueur totale. Par contre, sur un autre individu, n° 244, venant d’Asie, nous ne la trouvons que 7 fois. Du reste il est à remarquer que parmi les di- vers exemplaires de Vip. berus dont la liste précède, les formes des exotiques sont beaucoup plus élancées que celles de notre pays. Vip. Seoanei, de même que Vip. berus de France, a les propor- tions générales courtes et trapues. Toujours d’après Fatio, la lon- gueur du corps chez Vip. aspis serait de 6 à 9 fois celle de la queue. Lataste (2) ne trouve pas ces mesures exactes. De notre côté, les mesures prises ont fourni les chiffres suivants : un bel échantillon de Vip. aspis $, provenant d'Eaux-Bonnes, n° 127, mesurait en totalité 7 fois la longueur de la queue. Un plus jeune de la forêt de Fontainebleau, n° 125, la mesurait 9 fois, enfin un autre de belle taille et recueilli aux environs de Bourges, n° 507, nous à donné en longueur totale 8 fois celle de la queue. On voit par ces chiffres qu'il ne faut pas attacher une trop grande impor- (1) Faune des Vertébrés de la Suisse, t. LT, Reptiles et Batraciens. (2) Essai d'une faune herpétologique de la Gironde, p. 168. 44 ALBERT TOURNEVILLE tance à ces proportions puisque, chez des individus de même es- pèce, nous trouvons des chiffres bien dissemblables et que chez des individus d'espèces différentes nous voyons les mêmes chiffres se reproduire. Écaillure. — La rostrale forme un triangle assez irrégulier. Sa hauteur égale sa base, elle est convexe en dessous pour le pas- sage de la langue, ses côtés s'élèvent d'abord parallèlement pen- dant environ un tiers de sa hauteur totale, puis s’inclinent rapi- dement l’un vers l’autre pour former le sommet. Celui-ci est arrondi. Cette forme triangulaire est plus nette chez Vip. aspis. Son sommet est cependant toujours arrondi. Sa base est inférieure à sa hauteur. Les écailles qui forment la proéminence du nez sont au-dessus de la rostrale et cette dernière ne fait nullement partie de cette portion du museau qu’on est convenu d'appeler le nez re- troussé de Vip. aspis, lorsque toutefois son museau n’est pas plat, ce qui, comme nous le verrons, peut se rencontrer. En regardant l'animal de face, on distingue faiblement chez Vip, Seoanei les deux premières écailles du nez. On les remarque très aisément sur la pointe du museau de Vip. aspis et enfin on ne les voit pas chez Vip. berus à cause des formes arrondies en dessus et sur les côtés de cette dernière espèce. De chaque côté de la rostrale sont deux écailles, les rostro- nasales, de forme oblongue et irrégulière. En regardant, comme ci-dessus, la tête de face, on voit ces deux écailles de 3/4. Il en est de même si l’on regarde la tête de profil. Dans les mêmes condi- tions, Vip. berus est semblable. Mais il est loin d’en être ainsi chez Vip. aspis, dont le museau est carrément tronqué ; en effet si, de face, on voit nettement les écailles presque entières, c’est à peine si on en voit un quart de profil. En dessus six écailles, nullement imbriquées comme celles de la partie postérieure de la tête, forment un demi-cercle irrégulier compris entre les coins antérieurs des surcilières et passant par le museau (fig. U et Z). Ces six écailles sont, comme nous l'avons dit, légèrement renflées, les deux de devant sont égales entre elles et de dimensions plus petites que les quatre autres, celles-ci sont égales entre elles. Puis viennent deux larges surcilières oblongues et très saillantes qui recouvrent entièrement les yeux et dont le plus grand diamètre comprend celui de l'œil une fois 1/2. Ce nombre d’écailles qui bordent le museau en dessus est très variable chez les espèces voisines. Chez Vip. berus des Basses- Alpes, n° 785, la seule qui ait un faible point de rapprochement nf .à ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 45 avec la Vip. Seoanei par la minime excavation de son museau, on remarque cinq écailles seulement (fig. 7851). Chez deux autres que l'on peut considérer comme les formes typiques de Vip. berus, on en voit six (fig. 7284 et 1030). Enfin chez les Vip. aspis, le nombre est encore plus variable, il y en a jusqu’à neuf (fig. H et 247b ). Entre ces écailles sont de petites squames lisses, de grandeur et de forme très diverses. A peine voit-on deux ou trois écailles un peu plus grandes que les autres, mais disposées sans ordre comme on voit quelquefois sur la tête de Vip. aspis. Il en est tout autrement chez Vip. berus, que trois écailles disposées en écusson céphalique constant et bien marqué font si facilement recon- naître (fig. 7282 et 1030). Cet écusson est composé d’abord d’une large plaque oblongue, limitée généralement par cinq côtés plus ou moins droits et légèrement convexe au centre. En arrière de celle-ci sont deux autres plaques plus petites qui viennent s’ac- coler obliquement à la precédente, tout en se tenant à côté l’une de l’autre ; elles sont du reste symétriques et parfaitement sem- blables. Deux échantillons de Vip. aspis, l'un des Basses-Pyrénées, n° 125, recueilli par nous aux environs d'Eaux-Bonnes, l’autre, qui est du à notre collègue, M. Jumeau, et qui a été trouvé par lui dans le département de l'Hérault (fig. H), présentent un écusson entièrement semblable à celui de Vip. berus. Les squames sont peut-être un peu plus petites, mais elles ont les mêmes formes et les mêmes dispositions. Ce caractère se retrouve encore sur les exemplaires n° 246 de la Gironde, et 128 du Col d’Artouste (Bas- ses-Pyrénées). Cette persistance de l’écusson céphalique chez les espèces mé- ridionales pourrait faire croire à une règle presque générale, mais il n'en est rien; en effet si les quatre espèces sus-dési- gnées appartiennent bien toutes quatre au midi de la France, nous avons d’autres espèces également méridionales qui en sont dépourvues : telle est la Vipère des Landes, n° 250, et une autre plus jeune des Pyrénées-Orientales, n° 897 ; à peine voit-on sur leur tête, entre les deux surcilières, une écaille un peu plus grande que les autres. M. Viaud-Grand-Marais, dans son travail sur les Vipères (1), constate aussi la présence de ces trois plaques sur la tête de Vip. aspis. « Deux Vipères à Faye-l’Abbesse nous ont présenté un (1) Études médicales sur les Serpents de la Vendée et de la Loire-Inférieure. In-8°, p. 40. 46 ALBERT TOURNEVILLE » museau retroussé avec trois petites plaques syncipitales ; et » deux autres de la même localité offraient un museau mousse » et portaient des écailles imbriquées, assez larges, sur toute la » tête. Elles avaient toutes les quatre plusieurs rangées d’écailles » sous l’œil et une bande post-oculaire non interrompue. » Doit-on les considérer comme des anomalies ou de la Vipère » commune ou comme des métis? Quoiqu’elles se rapprochent » beaucoup plus de l’Aspis que du Péliade, certains autres faits » nous font pencher vers la seconde opinion. Ce ne serait pas le » premier exemple de métis produit par des animaux à l'état » SAUVALE. » Si l'on ajoute à ces observations le dire de Duméril et Bibron, à propos du genre Pelias : « Si nous n'avions ces marques distinc- » tives des places syncipitales, il serait réellement fort difficile » de séparer ce genre de celui des Vipères..……. (1) », on arrivera forcément à conclure que Merrem et ses successeurs étaient peu fondés pour augmenter d’un genre la famille des Vipériens, puisque ces plaques céphaliques considérées comme caractère générique se retrouvent à la fois chez la Péliade et chez l’Aspis. D'autres caractères plus importants distinguent encore Vip. berus de Vip. aspis, mais il faut néamoins reconnaître avec M. Lataste que non-seulement elles appartiennent au même genre, mais que ces deux espèces sont même très voisines. Nous avons dû sortir un peu de notre sujet, mais cette digres- sion n’est pas sans quelque utilité pour justifier la dénomination de Vip. berus, la seule usitée dans le cours de cette description. Revenons donc à la Vipera berus Seoanei. Les écailles du vertex plus petites que celles de l'avant du museau sont légèrement im- briquées, elles deviennent encore plus petites dans la partie pos- térieure de la tête, c’est-à-dire un peu avant le cou, et, à cet endroit, on commence à voir sur chacune d'elles la carène fine- ment marquée. Sur les côtés, les sus-labiales sont au nombre de 9 (fig. V), la 4e et la 5° de beaucoup plus grandes que les autres. Chez Vip. berus, le chiffre varie de 9 à 10 (fig. 728b et 7852), enfin chez Vip. aspis il y à 10 et même quelquefois 11 sus-labiales, les 4e et 5e générale- ment plus grandes que les autres (fig. 2472). À côté et en arrière de la rostro-nasale, est une grande écaille creusée en entonnoir où est placée la narine. Celle-ci est séparée (1) Erpét. générale, t, VII, 2 partie, p. 1397, ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 47 de l’œil par deux rangées de petites squames. Il y en a 11 autour de l'œil, y compris la surcilière (fig. V). Chez Vip. berus, leur nombre varie de 10 à 11, les exemplaires exotiques paraissent en avoir 11, du moins chez ceux qui sont passés entre nos mains. Chez Vip. aspis, 11 et même 12. Ces caractères si minutieux n’ont pas élé rendus aux fig. 728b et 7852 avec tout le soin et l'exactitude désirables. La distance qui sépare l'œil des sus-labiales est comblée chez Vip. berus par une seule rangée d’'écailles : chez Vip. aspis par 4 rangées, et chez Vip. berus Seoanei par une et deux rangées, c’est- à-dire que, au-dessus de la moitié antérieure de l'œil, iln'yena qu'une, tandis que sous la moitié postérieure il y en a deux. Ces écailles sont disposées comme suit : en partant de la narine, 5 ou 6 petites disposées sans ordre, puis une plus grande à côté de la- quelle en est une semblable, ensuite les plus petites superposées deux à deux, enfin deux ou trois autres accolées à ces dernières et entourant l'œil. La pupille se trouve en ligne droite avec la jonc- tion de la rangée simple et de la rangée double. Ce caractère que nous avons constaté chez les six échantillons que nous avons ob- servés, tendrait à prouver une fois de plus, d'une façon sûre, que cette sous-espèce est bien intermédiaire entre ses deux congé- nères. C’est en effet aujourd’hui un des seuls caractères constants qui fait distinguer Vip. berus de Vip. aspis. Simple chez le premier, double chez le second, la rangée d’écailles se trouve être à la fois simple et double chez la nouvelle sous-espèce. Les écailles du dos sont de forme ovalaire en dessus, plus lar- ges sur les côtés, elles vont en grandissant à partir du cou jusque vers le premier quart de la longueur totale de l'animal, où elles ont acquis à peu près leur développement maximum. Elles sont deux fois plus longues que larges sur la partie culminante du dos, les quatre dernières rangées de chaque côté avant les gastrostè- ges sont beaucoup plus larges (fig. Y.) Elles sont imbriquées et finement carénées d'abord, puis la carène se dessine tout le long de l’animal sur le dos, jusques et y compris l'avant-dernière rangée sur les flancs. Les marginales qui sont accolées aux gastrostèges sont entièrement dépourvues de carènes. Des observations analogues ont été faites sur les deux espèces voisines. En comptant obliquement les écailles du dos, au premier quart de la longueur totale, le chiffre obtenu est invariablement 21; à La moitié de l'animal, ce chiffre reste le même, et aux trois quarts A8 ALBERT TOURNEVILLE de sa longueur, ainsi qu'avant l'anus, il se trouve réduit à 16 ou 17 seulement. Caractère également identique chez les trois espèces. Aux faces inférieures, on voit d’abord la mentonnière, grande écaille à forme de triangle renversé. La base de ce triangle est plus large que ses côtés , il en est de même chez Vip. aspis. Chez les Vip. berus, ce triangle paraîtrait plutôt équilatéral et plus petit proportionnellement que chez les deux espèces précédentes. Les deux premières sous-labiales sont longues et disposées en angles, elles sont accolées au-dessous de la mentonnière par un de leurs côtés, elles forment ainsi le commencement de la ligne médiane de la gorge. Il y a 11 sous-labiales, la 5° beaucoup plus grande que chez les autres. Il y en a également 11 chez Vip. berus indi- gène, 10 et 11 chez l’exotique, les 3 et 4 ou les 4° et 5e sont les plus grandes. Chez Vip. aspis, il y en a 10 et quelquefois 11, les 4e et les 5° sont les plus fortes. Deux larges sous-gulaires sem- blables, mais de forme irrégulière, sont situées au milieu de la corge de chaque côté de la ligne médiane. Les deux sous-gulaires suivantes sont beaucoup plus petites, les précédentes les contien- draient au moins 4 fois. Ces mêmes écailles sont encore plus grandes chez Vip. berus, par contre elles sont plus petites chez Vip. aspis ou au moins égales à celles de Vip. Seoanei. 6 rangées d’écailles lisses entre les dernières sous-labiales et les gastrostè- ges. Ce chiffre est commun aux trois espèces. : Les gastrostèges sont rectilignes, légèrement recourbées en avant et sur les côtés, les bords sont libres. Leur forme est celle d'un trapèze dont les plus petits côtés seraient arrondis. La préa- nale est simple. Voici les chiffres obtenus sur quelques échantil- lons de ces trois espèces : Vipera Seoanei adulte 143 gastrostèges. ) — jeune 135 à 140 = Vipera berus, adulte, mesurant 0"670, 450 gastrostèges. N° 778. No 371. — plus jeune, mesurant 0.480, 146 — N° 244. Vipera aspis, adulte, mesurant 0.540, 447 — N° 14927. — plus jeune, mesurant 0.400, 155 — N° 125. Tous ces chiffres correspondent parfaitement à ceux donnés par Fatio, qui en compte pour Vip. berus de 135 à 155 et pour Vip. aspis de 140 à 156. Les urostèges sont disposés en rang double, ils sont de forme hexagonale, bien marqués et plus larges que longs, allant ainsi en er © ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 49 diminuant jusqu'à l'extrémité de la queue dont le bout corné finit en pointe très acuminée. Vipera Seoanei, adulte, 36 urostèges. N° 371. Vipera berus, adulte, 28 — N° 778. — plus jeune, 38 — N° 244. Vipera aspis, adulte, Eh — N° 427. — plus jeune, 40 — N° 125. Les formes et dispositions des urostèges sont semblables chez les trois espèces. Par suite des chiffres si différents entre eux que nous venons d'obtenir pour des écailles de même nature et sur les mêmes es- pèces, on doit conclure qu'il ne faut nullement s'arrêter à ce moyen pour reconnaître telle ou telle espèce. Il est un petit nom- bre de caractères constants qui seuls peuvent faciliter la déter- mination de ces Vipériens, nous les mettons en regard dans un tableau synoptique à la fin de cette description. Coloration. — La couleur fondamentale de Vip. Seoanei est d’un roux olivâtre. Cinq exemplaires de cette espèce ont une teinte gé- nérale semblable, le jeune est cependant beaucoup plus clair, en dessus du moins. Quant à la disposition des taches noires et des endroits laissés très clairs, elle varie considérablement comme chez tous les Vipériens, tout au moins pour des questions de détail. En dessus, on constate sur le museau une raie transversale noire, plus ou moins marquée, puis deux ou trois taches de même nuance entre les yeux, se continuant jusque sur le ventre où elles sont mieux marquées ; elles vont, en cet endroit, s’élargissant su- bitement pour former un V dont les branches s'écartent jusqu’à la naissance du cou. Presque tous les auteurs se sont accordés à reconnaître la pré- sence de ce V renversé sur l’arrière de la tête des Vipères. Nous ne saurions être aussi positif et cela par ce motif que plusieurs des nombreux échantillons de Vip. aspis actuellement en notre possession ne le possèdent pas. Il est vrai que, par contre, la ma- jorité des Vip. berus passées ici en revue en sont pourvues. Il va sans dire qu'il ne faut pas comprendre dans ces derniers les variétés mélaniennes. Généralement encore les branches de ce V ne se rejoignent pas complètement. Un petit espace clair sépare ces deux lignes ou bien elles cessent d’exister un peu avant leur rencontre. Chez certains individus, ces lignes prennent la forme pi 50 ALBERT TOURNEVILLE de taches épaisses plus longues que larges et disposées oblique- ment l'une vers l’autre, leur plus grande distance étant à la base du crâne et leur point de rapprochement sur le vertex. Un échantillon de Vip. berus provenant de Véronèse, n° 810, a la tête entièrement noire jusques et y compris le V dont l'inté- rieur est très clair. En arrière de la tête, une large tache foncée prend naïissance sur le cou. Elle forme le commencement de la ligne sinueuse du dos qui lui fait suite; on peut comparer sa forme à celle d'un pilon. Sur les côtés de la tête, on voit une ligne noire partant de l'angle postérieur de l'œil et rejoignant sur le cou la série de taches brunes latérales situées le long du corps. Les lè- vres sont jaunâtres, tachetées fortement de noir sur les 3e, 4°, 5° sous-labiales. Cette coloration paraît moins vive chez les deux espèces voisines. Chez certains individus, la ligne dorsale est beaucoup moins marquée que chez d’autres. Chez plusieurs même, ce n’est plus une ligne, mais une série de taches disposées parallèlement et transversalement : à peine, dans ce cas, sont-elles reliées entre elles par une faible teinte brune. Lorsque la ligne existe sans discontinuité, elle se poursuit depuis le cou jusqu’à l'extrémité de la queue. Sur les flancs, on voit à droite et à gauche une rangée de taches noires, tantôt rondes, tantôt allongées verticalement. Elles sont toufours situées dans les intervalles laissés par les taches de la ligne dorsale. Elles commencent sur les côtés du cou et se pour- suivent sans arrêt jusqu’à l'anus. Là, elles deviennent bien moins appréciables, puis diminuent encore jusqu'aux trois quarts de la longueur de la queue où elles cessent à peu près complètement d'exister. Un curieux exemplaire (fig. Z) offre une coloration bien différente de celle que nous venons de décrire. Cette dernière, étant typique, a été détaillée minutieusement ; mais nous croyons utile de signaler cette variété dont l'aspect si joli à l'œil peut être remarqué par la figure que nous en donnons. Sa ligne dorsale, commençant en pilon, comme celle ci-dessus décrite, devient immédiatement droite. À peine quelques légères sinuosités viennent-elles rompre l'harmonie de cette raie qui semble si bien tracée. De chaque côté, sur les flancs, on voit une large ligne brune, uniforme d’abord comme la médiane, puis, vers le premier tiers de la longueur de l'animal, cette ligne s’efface pour être remplacée par de grosses taches'brunes, reliées entre elles par une teinte plus pâle. ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 51 Cette ligne cest large et très épaisse : elle est bien marquée jus- qu'aux marginales qui sont nettement teintées de petits traits clairs. Mais ce qui fait ressortir la régularité de cette coloration, ce sont les deux lignes parallèles claires qui se trouvent de cha- que côté de la ligne médiane; celle-ci se trouve donc séparée des larges taches des flancs par cette double raie d’un jaune d'ocre. Cette variété que nous constatons aujourd’hui chez les Vipé- riens se présente chez plusieurs Serpents de familles différentes. Dans la nombreuse famille des Potamophilidæ Jan, on connaît le Tropidonotus viperinus variété chersoïdes, dont quelques auteurs font une espèce distincte; nous avons en outre les Tropidonotus murorum el quincunciatus ; dans la famille des Psammophide, nous trouvons le Psammophis sibilans, dont la plupart des échan- tillons sont ornés de deux raies, etc. La variété mélanienne qui jusqu'ici n’est pas représentée parmi nos exemplaires de Vip. Seoanei existe bien chez Vip. berus; un exemplaire provenant de la Sibérie Occidentale existe dans ia collection de M. Lataste, n° 245 ; enfin on la voit aussi représentée chez Vip. aspis par un jeune échantillon des Pyrénées-Orientales, n° 897. Les faces inférieures sont les mêmes chez toutes les espèces de Vipères. Toujours des couleurs plus ou moins accusées, mais un aspect général et des taches partielles toujours semblables. La gorge est plus claire que le ventre. La lèvre inférieure est forte- ment maculée de noir. Peut-être l’est-elle un peu moins chez Vip. berus. Les gastrostèges, ainsi que chez les deux espèces voi- sines, sont d'un noir cendré quelquefois bleuâtre. Le bord est généralement blanc, sur les côtés et en divers points on voit, disposées sans ordre, quelques petites taches blanches. Le tout jeune exemplaire (individu né dans l’année) dont nous avons déjà parlé, a le ventre plus foncé que l'adulte. C'est le contraire qui a lieu le plus souvent chez des jeunes individus de Vip. berus et aspis. Un autre, jeune encore, n° 128, a la gorge et le ventre entiè rement blancs ; un adulte de taille moyenne, n° 195, a une teinte uniforme de blanc sale, semé de petites taches noires avec des reflets rougeâtres, la gorge plus claire partage cette coloration, Les marginales sont de la couleur des flancs chez Vip. berus et Seoanei; ce caractère nous à paru moins sensible chez Vip. aspis, | Quelquefois une ligne claire sur les marginales, semée cà et là de taches brunes est assez visible, mais c'est une exception à laquelle 52 ALBERT TOURNEVILLE il ne faut pas s'arrêter, car nous n'avons pas remarqué ce fait sur la plupart des échantillons étudiés. On peut cependant se l'expliquer par la position occupée par les marginales entre la bande foncée des flancs et les gastrostèges. Je ne puis, au sujet de la coloration des Ophidiens, que répéter ce que j'ai déjà dit à propos du nombre très variable de leurs écailles ventrales. Indépendamment des différences produites par l’époque plus ou moins rapprochée de la mue, on arriverait aisément à trouver une Vipère aspic et une Vipère bérus entièrement semblables et par contre on trouverait non moins aisément deux Vipères aspic entièrement différentes. Habitat. — D'après les renseignements qui nous ont été fournis par M. Seoane, notre collègue et correspondant, qui fit à deux re- prises, tant à M. Lataste qu’à nous, des envois de la nouvelle es- pèce, son habitat se trouve dans le Nord-Ouest de l'Espagne. Comme tous les Reptiles de ce genre, les endroits qu’elle préfère sont les rochers, les sites montagneux et en général les terrains incultes. M. Seoane en a recueilli à Cabañas, province de Coruña, au niveau de la mer ; aux environs de cette même province, à une altitude de 400 mètres; à Villalva, province de Lugo, à 474 mètres; dans la province de Pontevidea, à 860 mètres ; et enfin dans les provinces du Nord de l'Espagne : Santander, Bilbao, Vera (Na- varre) et dans les Asturies. Les deux espèces voisines sont communes en France : Vip. aspis est surtout très abondante dans le Midi et dans le Centre. Vip. berus, très rare dans le Midi, se rencontre également peu dans le Centre, par contre elle est très abondante dans le Nord. Aux en- environs de Paris, dans les forêts de Sénart et de Fontainebleau on rencontre les deux espèces, toutefois Vip. berus est très rare à Fontainebleau. D'après les travaux herpétologiques de divers auteurs, voici les pays où sont signalées ces deux espèces : Pour Vip. aspis : Les Pyrénées, la Gironde, l'Isère, la Charente, : a Charente-Inférieure, la Vienne, le Jura, la Loire-Inférieure, la Vendée, Maine-et-Loire, l'Yonne, Seine-et-Marne, la Somme, en Suisse. Elle est même signalée, mais comme très-rare, en Bel- sique et au Luxembourg. Pour Vip. berus : Belgique, Luxembourg, Moselle, Seine-et- Marne, Yonne, Maine-et-Loire, Loire-Inférieure, Vendée, Jura, PCT OR TT Pt Te D NP TES | ! ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 53 Vienne, Charente-Inférieure, Hérault et la Suisse. Elle remon- terait, d’après Lataste, jusqu'en Suède (1). Duméril et Bibron sont muets sur l'habitat de Vip. berus. Par contre, ils signalent Vip. aspis comme se rencontrant en Allema- gne, en Pologne, en Prusse, en Italie et jusqu’en Sibérie et en Norwège (2;. Dans l’état actuel de nos connaissances, nous croyons pouvoir affirmer qu'il y a eu confusion, au moins pour ces deux dernières localités. D’après M. Fatio (3), Vip. berus se trouve dans les localités ci- tées plus haut. Elle serait également en Angleterre. Elle est très commune en Suisse, dans toute la chaîne des Alpes et la plupart des cantons montagneux avoisinants, elle serait rare dans la Suisse occidentale, et manquerait au canton de Genève. Elle s’'é- lèverait jusqu’à 2,500 mètres. On la trouve dans le Tessin, non loin de Berne, dans la plaine suisse et serait abondante dans la Haute-Engadine. Selon le même auteur, Vip. aspis habiterait la chaîne du Jura jusqu'à Bâle, les cantons de Genève, de Vaud, du Valois.et de Neufchâtel, ainsi que le Tessin et les vallées méridionales des Gri- sons. Elle manquerait à la Suisse centrale et occidentale. Ainsi donc, comme en France, cette espèce ne s'étend pas aussi loin dans le Nord que sa congénère Vip. berus et reste à un ni- veau bien inférieur Afin de déterminer aisément les trois espèces de Vipères dont nous venons de donner les descriptions, nous mettons en regard, dans le tableau comparatif suivant, leurs principaux caractères distinctifs. Vip. berus. Proportions.— Tête ra- massée, museau arrondi et complétement plat en dessus. Faces supérieures de la tête légèrement bombées. Vip. berus Seoanei. Tête très légèrement al longée; museau moins ar- rondique chez berus, mais non pas tronqué comme chez aspis ; son extrémité et ses côtés supérieurs sont très faiblement ren- flés. Faces supérieures de la tête presque plates serap- prochant de l’aspis. Vip. aspis. Tète légèrement allon- gée et en général de forme ovoïde. Museau carré- ment tronqué et le plus souvent retroussé, mais parfois plat, quoique tou- Jours carré au bout. Faces supérieures com- plètement plates. (1) Distribution géographique des Batraciens et Reptiles dans l’ouest de la France — Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. XXXI. (2) Erpétologie générale, t. VII, > partie, p. 1410. (3) Faune des Vertèbres de la Suisse, vol. IX, p. 216 et 225. 54 À la hauteur de la com- missure des lèvres, la tête estarrondie ; puis, suivant ses contours le long des lèvres supérieures, elle va en diminuant jusqu'au bout du museau. La lèvre supérieure, de beaucoup plus grande que l'inférieure, la dépasse d’une façon sensible, Les yeux paraissent plus saillants que chez les deux espèces voisines, ils sont éloignés du museau d'une distance à peine supé- rieure à celle qui les sé- pare entre eux. Ils sont situés au-dessus et entre les 4° et 5° sus- labiales etles 4° et 5e sous- labiales. Cou rétréci, quoique moins distinct que chez les espèces voisines. Le corps trapu et ra- massé est de forme trian- gulaire, légèrement ar- rondi en dessus. Le des- sous est plat ou à peine convexe. La queue est courte et finit brusquement en cône. Elle nous a pe plus al- longée chez les individus d'Asie et chez ceux-ci avoir les dimensions de Vip. aspis. caillure.—Rostrale de forme triangulaire à som- met arrondi. Sa base est égale à sa hauteur. Elle est sensiblement convexe, suivant en cela les con- tours arrondis du museau. Au-dessus de la ros- trale, deux écailles arron- dies commencent la série des squames qui recou- vrent la tête, mais sans la surplomber. ALBERT TOURNEVILLE À cette même hauteur, un renflement très sen- sible, qui diminue subite- ment pour arriver plus fin à l'extrémité du museau. Ce caractère est encore plus prononcé que chez Vip. berus. Les yeux paraissent plus petits que chez Vip. berus. (Le séjour des têtes en al- cool peut rendre ce ca- ractère bien insignifiant.) Ils sont situés au-des- sus de la 4 sus-labiale et de la 5° sous-labiale. Cou bien distinctet sen- siblement rétréci au voi- sinage de la tête. “Le corps trapu et ra- massé paraît un peu plus élancé que chez Vip. be- rus. La queue est semblable à celle de Vip. berus. La rostrale présente les mêmes proportions que chez Vip. berus. Ses an- gles cependant sont moins adoucis. Au-dessus delarostrale, deux écailles sensiblement renflées dépassent les au- tres au-dessus de la tête. Lesdeux suivantes à droite et à gauche sont égale- ment bombées, et toutes six forment ainsi une très légère saillie circulaire. Dans les mêmes condi- tions, le renflement est en énéral plus accentué et a tête présente souvent l’aspect d’un as de cœur de cartes à jouer.Caractère du reste assez variable. Comme chez Vip. Seoa- nei. Les yeux, presque aussi saillants que chez Vip. berus, sont plus rappro- chés du museau que chez cette espèce et que chez Vip. Seoanei. Ils sont situés au-des- sus et entre les 4e, 5° et 6° sous-labiales. Cou encore plus rétréci que chez Vip. Seoani. Corps plus nettement triangulaire que chez les deux autres espèces et pins élancé que chez Vip. erus. Il affecte les mêmes formes en dessous. La queue est plus al- longée et se termine plus finement que chez les Vip. berus et Seoanei. La forme affectée par la rostrale est nettement triangulaire; son sommet seul est quelque peu ar- rondi. Sa hauteur est su- périeure à sa base. Elle est plate. Au-dessus de la rostrale. il y a généralement deux écailles, pee mé- me trois, la 3e plus petite, située en arrière des deux autres , fortement con- vexes, qui forment ce qu’on appelle le nez re- troussé de l’Aspic; les deux écailles de droite et de gauche, ainsi que leurs suivantes, sont complète- ment plates comme celles du crâne. Nous avons vu à la description que quel- quefois, mais par exCcep- tion, le museau de l’Aspic est plat. ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTÉS-ASPIS-BERUS 5) Le dessus de la tête est recouvert de squames inégales et d’abord nulle- ment imbriquées. Puis, entre les sourcilières, est située la grande squame principale de l’écusson céphalique, en arrière de celle-ci sont deux autres écailles accolées paral- lèlement, mais plus pe- tites que la précédente. Un peu avant le cou, on distingue la carène sur chacune d'elles. Il y a 9 à 10 sus-la- biales, les 4° et 5° plus grandes que les autres. Une seule rangée de squames entre les sus-la- biales et l'œil. Le nombre des écailles du dos, leur forme, leur disposition sont sembla- bles chez les trois es- pèces. Aux faces inférieures, la mentonnière a la forme d'un triangle équilatéral renversé. Elle est propor- tionnellement plus petite que chez les espèces voi- sines. Les autres écailles de la gorge, ainsi que les gas- trostèges et les urostèges, n’offrent pas, entre ces trois espèces, de dissem- blances méritant d'être signalées. Cependant le nombre des urostèges est moins considérable que chez Vip. aspis. Coloration. — Fond gé- néralement rougeûtre. Ta- ches noires moins foncées que chez les deux espèces voisines. Tête irrégulière- ment tachetée. Deux ban- des noires sur la nuque se rejoignant à peine vers les plaques syncipitales et dessinant généralementun V renversé. Variété mélanienne. Au- tre variété à tête seule en- tièrement noire. La gorge est plus clai- Le dessus de la tête est recouvert d’abord de squames semblables à celles de Vip. berus; puis d’autres écailles sembla- bles, parmi fesquelles on en trouve souvent une plus grande queles autres, sont situées entre les yeux et disposées sans ordre. À la hauteur des musles- masséter les écailles des viennent imbriquées, pui- la carène apparait sur cel les de la base du crâne. Il y a 9 sus-labiales, les 4e et 5e sont les plus grandes. Une seule rangée de squames au-dessous de la moitié antérieure de l'œil et deux au-dessous de la moitié postérieure. Le nombre des écailles du dos, leur forme, leur disposition sont sembla- bles chez les trois es- p èces. La mentonnière forme un triangle renversé dont la base est plus large que les deux autres côtés. Elle parait plus grande que chez Vip. berus. Les autres écailles de la gorge, ainsi que les gas- trostèges et les urostèges, n'offrent pas, entre ces trois espèces, de dissem- blances méritant d’être signalées. Le nombre des uros- tèges ne dépasse pas celui de Vip. berus. Fond rougeâätre comme chez Vip. berus. Teintes à peu près semblables. Ligne dorsale sinueuse, plus foncée que chez celle- ci. Chez d’autres, teintes grisätres, comme chez Vip. aspis. Intéressantes variétés à deux raies dorsales claires (pl. 2). Les teintes de la gorge Le dessus de la tête est recouvert de squames légèrement imbriquées. Le plus souvent, il y a ab- sence complète d’écusson céphalique. Quelquefois, comme chez Vip. Seoanei, on voit une ou deux écail- les plus grandes que les autres. Parfois encore, il y a trois plaques dispo- sées en écusson, comme chez Vip. berus, mais tou- tefois moins grandes que chez cette dernière. 10 et même 11 sus-la- biales, dont les 4° et 5° sont les plus fortes. Toujours deux rangées de squames entre les sus-labiales et l'œil, sur toute la longueur de l'es- pace occupé par cet or- gane. Le nombre des écailles du dos, leur forme, leur disposition sont sembla- bles chez les trois es- pèces. La mentonnière a les mêmes dimensions que chez Vip. berus Seoanei. Les autres écailles de la gorge, ainsi que les gas- trostèges et les urostèges, n'offrent pas, entre ces trois espèces, de dissem- blances méritant d'être signalées. Les urostèges sont plus nombreuses que chez les deux espèces voisines, ce qui s'explique aisément par la longueur de la queue. Fond rougeñtre, par- fois grisâtre, variant con- sidérablement. Se rappro- che souvent de Vip. berus et, par d’autres individus, de Vip. Seoanei. Toujours la raie dorsale sinueuse. Variété mélanienne. La gorge, quoique plus 96 re que les gastrotèges. Les gastrotèges sont de couleur foncée, sombre chez l'adulte; chez les jeunes, elles paraissent plus caires. ALBERT TOURNEVILLE se rapprochent davantage de la couleur fondamentale du ventre. Les gastrostèges parais- sent un peu plus claires que chez Vip. berus ; chez les tout jeunes (de l’an- née), l'abdomen est plus foncé que chez l’adulte. claire que les gastrostè- ges, en conserve faible- ment la teinte. Ces mêmes écailles sont généralement plus foncées que chez les espèces voi- sines. Chez les individus adultes, les gastrostèges sont claires, chez d’autres. plus jeunes égalemen claires, comme chez Vip berus. Nous croyons inutile de nous appesantir davantage sur des dé- tails de coloration qui, comme nous l’avons dit, sont sujets à tant de variations et ne peuvent servir en aucun point pour déterminer les espèces. DESRIPTION DE VZPERA LATASTEI Bosca. SYNONYMIE : Vipera ammodytes Lat. et Boscä (Catalogo de los reptiles y anfibios observados en España, Portugal e islas Baleares, 1877, p. 22, esp. 40. DIMENSIONS DE DEUX INDIVIDUS Adulte. Jeune. MTÉFEL: SRE. MAR: MULTI 0025 om017 Lonsueuritotale, SERRE Riu 0.480 0.300 Queens de Aa LR nn RE 2 0.075 0.045 Proportions. — Tête de forme ovoïde, très large à la hauteur des muscles masséter, mais se rétrécissant tout à coup au niveau de l'œil, pour finir brusquement au bout du museau. Celui-ci est nettement tronqué, son extrémité assez large chez Vip. aspis l’est beaucoup moins chez Vip. Latastei et encore moins chez Vip. am- modytes. Sa forme générale est tout à fait celle d’un cœur, comme nous l’avons déjà parfois constaté chez Vip. aspis. Un renflement assez prononcé existe à la hauteur des crochets à venin. La plus grande largeur de la tête est en avant de la commissure des lèvres, il en est de même chez Vip. ammodytes. Nous avons vu que la plus grande largeur est juste à l'angle des mâchoires chez Vip. ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 57 aspis. Autant que la mobilité des os a pu nous permettre d'en juger, la tête de Vip. Latastei serait moins longue que celle de Vip. ammo- dytes. En effet, chez celle-ci, sa largeur serait contenue une fois et demie dans sa longueur et chez Vip. Latastei à peine une fois un quart. Le museau, vu en avant, paraît presque pointu, la corne charnue dont il est agrémenté domine de beaucoup la tête, elle s’allonge d'avant en arrière et mesure un tiers de la rostrale (fig. 13522). Il est loin d’en être ainsi chez Vip. aspis où le museau est simplement retroussé et même quelquefois plat (fig. 247%). Chez Vip. ammodytes, la rostrale est très courte, elle entre à peine pour la moitié dans l'élévation totale du museau, en com- prenant la pointe; elle est inclinée d'arrière en avant, beau- coup plus haute que celle de Vip. Latastei, et disposée en cône. Au contraire chez Vip. Latastei elle est plate et large à la base, pour finir en pointe, ainsi vue de face on dirait une espèce de triangle à sommet arrondi. Chez Vip. Latastei d'Algérie, la pointe est moins considérable que chez cette même espèce provenant d'Espagne. Ses formes générales la rapprocheraient volontiers de Vip. aspis. Le dessus du crâne est plat, presque concave. Entre les yeux, sa surface subit une légère dépression, ainsi que sur les pariétaux, de chaque côté, près des maxillaires supérieurs. Chez Vip. am- modytes, la surface est généralement plate. Les faces inférieures sont plus régulièrement dessinées chez Vip. Latastei et aspis. Les côtés élargis d’abord à la commissure des lèvres, se rétrécissent assez rapidement pour s’arrondir à l'extrémité du museau. Chez Vip. ammodytes, ils se rétrécissent encore plus rapidement. Les lèvres inférieures sont recouvertes par les supérieures. L’œil, à peu près de même dimension chez Vip. Latastei et aspis, est beaucoup plus grand chez Vip. ammodytes. Il se trouve situé dans le premier tiers de la longueur totale de la tête en partant du museau. Il en est plus distant chez Vip. ammodytes. On le voit au-dessus et entre les 4° et 5e sus-labiales et les 5e et 6° sous-labiales, quelquefois aussi, il se trouve au-dessus de la 4e sus-labiale et de la 5° sous-labiale. Chez Vip. ammodytes, sa si- tuation est plus nette; nous l'avons du moins toujours constaté au-dessus des 4e et 5e sus-labiales et des 5° et 6e sous-labiales. La narine latérale placée dans une écaille creusée en entonnoir est plus grande que chez Vip. aspis, il en est de même chez Vip. 58 ALBERT TOURNEVILLE ammodytes. La distance qui sépare la narine de l'angle antérieur de l’œil est égale ou un peu supérieure au diamètre de l'œil. Le cou, chez ces deux espèces, est beaucoup plus rétréci que chez Vip. aspis. Peut-être la proportion du cou avec le corps est- elle la même chez toutes ces espèces, mais la grande largeur de la tête à sa partie postérieure fait paraître le cou plus étroit. Le corps est court et généralement plus fort, chez Vip. ammo- dytes, que chez les deux espèces voisines. Vip. Latastei d'Espagne serait un peu plus fort que Vip. aspis. Quant aux échantillons de Vip. Latastei d'Algérie, deux sont jeunes et le troisième, quoique adulte, est de petite taille. Aussi, les proportions du corps et de la queue sont à peu près les mêmes que pour les espèces décrites plus haut. Chez Vip. Latastei d'Espagne, la queue est comprise 6 fois et demie dans la longueur totale du corps. Chez la même espèce d'Algérie, elle l’est 8 à 9 fois. Enfin chez Vip. ammodytes, elle l’est 8 fois au moins. Écaillure. — La rostrale est très allongée, elle est creusée en dessous pour le passage de la langue. Les deux côtés sont d’abord parallèles, à peine jusqu’à la hauteur de la première sus-labiale, puis s’inclinent légèrement l’un vers l’autre jusqu'à l'extrémité de la pointe charnue. Elle constitue même, vue de face, tout le centre de cette espèce de verrue. Sa plus grande largeur à sa base est contenue environ une fois 3/4 dans sa hauteur et une fois 1/2 seulement chez les algériens. Nous sommes loin des proportions de cette même écaille chez Väp. aspis; mais nous allons nous en éloigner encore davantage en examinant la rostrale de Vip. ammodytes. Chez cette dernière donc, elle est d’abord creusée en dessous comme chez les autres, puis ses côtés sont arrondis et se terminent promptement en se cour- bant l’un vers l’autre presque au tiers de la hauteur totale de la venue du museau; elle est donc considérablement plus courte que chez Vip. aspis et par suite que chez Vip. Latastei. Ses dimensions en hauteur et en largeur sont égales. Nous avons observé ce ca- ractère chez les échantillons d'Autriche et chez ceux de Grèce. La proéminence nasale de Vip. Latastei d'Espagne est composée de la façon suivante : En avant, la rostrale occupe presque toute sa surface ; sur les côtés, les rostro-nasales s’allongent jusqu'aux deux tiers de la hauteur de la rostrale, puis, au-dessus, deux autres écailles plus petites que les précédentes leur font suite et s'inclinent l’une vers l’autre. Enfin la pointe est fermée par une ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 59 écaille dont on voit l'extrémité supérieure au haut de la verrue, mais dont la plus grande partie se trouve en arrière et à plat de cette même proéminence. En arrière, cette écaille occupe le centre de la verrue. De chacun de ses côtés, on voit les rostro-nasales que nous avons déjà constatées en avant et qui se recourbent sur elles-mêmes. Enfin, au bas de la grande écaille de l'arrière, sont trois petites squames divisées en triangle ; les deux premières parallèles touchent à leur supérieure qui forme le sommet et La troisième, avec l'extrémité des deux précédentes, vient toucher celles du crâne. Chez Vip. Latastei d'Algérie, le devant de la ver- rue offre la même écaillure que pour celle d'Espagne, mais en arrière il n'y a que deux squames au-dessous de celle qui occupe le point culminant, soit trois de moins (fig. 13522). Chez Vip. ammodytes, la composition de l’excroissance nasale est bien différente : en avant, au-dessus de la rostrale courte, comme nous l'avons dit,se trouvent deux écailles. Celle de droite, beaucoup plus grande que celle de gauche, placées côte à côte, et touchant la première à la rostro-nasale droite et la seconde à la rostro nasale gauche. Au-dessus de celles-ci trois écailles, la pre- mière située juste au milieu et les deux autres, de forme triangu- laire, à droite et à gauche. En remontant encore, on voit trois autres écailles plus petites que les précédentes; celle du milieu, large en haut, étroite en bas, ressemble à celle de l'étage inférieur, mais est beaucoup plus petite et les deux avoisinantes, très peu visibles de face, occupent une grande partie de l'arrière de la ver- rue. Enfin, comme chez Vip. Latastei, son sommet est formé par une écaille, mais de dimension plus petite, laquelle recouvre une partie de l'arrière. Au-dessous de celle-ci, et des deux qui lui sont accolées et dont nous avons déjà vu une portion en avant, se trouvent deux squames oblongues. Enfin, à la base posté- rieure de la verrue, au-dessous de ces dernières écailles , on en distingue plusieurs excessivement petites qui viennent faire suite avec celle du crâne. Cette disposition a toujours été remarquée avec une grande régularité chez tous les individus provenant d'Autriche (n°° 253, 508 et 509). Il n’en est pas ainsi chez deux individus provenant de Grèce (n° 1278). Le nombre d’écailles reste, à très peu de chose près, le même, elles sont également disposées en trois petites rangées circulaires, mais elles paraissent moins régulièrement placées. Pour nous résumer, il y a, en comptant la rostrale, chez Vip. 60 ALBERT TOURNEVILLE Latastei d'Espagne, 9 écailles qui composent la verrue du nez; chez la même espèce d'Algérie, il n'y en a que 6 ou 7 au plus, tandis que chez Vip. ammodytes il ÿ en a 15 ou 16 au moins. Les faces supérieures du crâne sont recouvertes de nombreuses squames imbriquées et irrégulières. Quelquefois une écaille plus grande que les autres se trouve entre les deux surcilières, quelquefois toutes sont petites ou inégales. Le premier de ces cas a été observé chez Vip. Latastei adulte d'Espagne et le second chez la même espèce de la même localité, mais jeune. Dans les espèces algériennes, on voit également les deux cas, parfois quelques squames faiblement plus grandes que les autres (fig. 1352b ), mais le plus souvent uniformément petites (fig. 1192). Tous les échantillons de Vip. ammodytes que nous avons cités n'ont que de petites squames sur le crâne. Nous avons vu qu'il en est souvent ainsi chez Vip. aspis (fig. 247b), mais combien d'échantillons nous en éloignent par leurs larges plaques sincipi- tales! Il y a toujours, chez les trois espèces qui nous occupent, deux rangées d’écailles bien distinctes entre les sus-labiales et l'œil, dix et le plus souvent onze écailles, y compris la surcilière, entourant l’œil (fig. 13522). Ce caractère est sujet à variation, en effet si nous l’avons toujours observé exactement chez Vip. Latastei, il n’en a pas été toujours de même chez Vip. ammodytes. Sur deux individus de même localité, nous avons trouvé, sur l’un 11 écailles autour de l’œil droit et 12 autour de l’œil gauche, et sur l’autre 11 à droite et 13 à gauche. Les sus-labiales sont au nombre de 10 et quelquefois de 11, la 4° et la 5e sont les plus grandes. Ce caractère n’a encore rien de bien précis. Nous l'avons constaté exactement sur des échantil- lons d'Espagne, mais nous ne pouvons en dire autant pour ceux d'Algérie. Sur la partie postérieure de la tête, les écailles sont pe- tites jusque sur le ventre où elles prennent une forme oblongue et où on commence à distinguer la carène. Elles sont cependant plus grandes en arrière des yeux, et surtout à la hauteur des glandes à venin. Cette différence est assez sensible chez l’adulte, et nous avons été à même d'observer un fait analogue chez de jeunes individus provenant de l’Aube (n° 1459). Tout le dos, depuis le cou jusqu'à l'extrémité de la queue, est recouvert d’écailles oblongues fortement carénées, l’'avant-der- nière rangée sur les flancs porte la carène beaucoup plus faible et la dernière rangée en est complètement dépourvue. PF nr à ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 61 Les écailles du dos, comptées en rang oblique à la moitié de l'animal, sont au nombre de 21; au premier quart de sa lon- gueur totale, on obtient un nombre semblable, mais aux trois quarts on n’en trouve que 17. Nous avons vu que les trois espèces de Vipères dont il a été déjà parlé nous ont fourni des chiffres sem- blables. Sur la queue, les écailles deviennent très petites et dimi- nuent graduellement jusqu'à son extrémité qui est formée d’une pointe cornée très aiguë quoique très courte. Les écailles des faces inférieures ressemblent en tous points à celles des Vip. berus et Seoanei. Aussi, ce chapitre devra-t-il être brièvement traité. La mentonnière forme un triangle renversé dont la base est le côté le plus large. La ligne médiane de la gorge est très accusée et ne disparaît qu'après la quatrième sous-gulaire. Les sous-labiales sont généralement au nombre de 11 à droite et de 12 à gauche, les 5° et les6° sont les plus grandes; chez d’autres, ce sont les 4° et les 5° qui atteignent les plus grandes dimensions. Les exemplaires algériens nous ont fourni des caractères à peu près semblables (fig. 13522). Le nombre des sus-labiales comptées sur Vip. ammodytes a toujours été de 11, les 5e et les 6e étant les plus grandes. Les deux premières sous-labiales touchent par leur extrémité postérieure à la ligne médiane. Les premières sous-gu- laires, qui sont toujours les deux plus grandes, nous ont encore paru de dimension supérieure chez Vip. ammodytes à celles de Vip. Latastei et aspis. Les autres écailles de la gorge n’ont rien de remarquable qui n'ait déjà été dit dans la description précédente. Voici quelques chiffres obtenus sur les individus qui ont servi à cette description : chez Vip. Latastei adulte (n° 512), 138 gastros- tèges y compris la préanale, qui est simple ; chez un jeune de la même espèce (n° 252) 140 au moins. Les Vip. ammodytes adultes (n° 508 et 509) en ont fourni jusqu’à 155. Sur les mêmes échantillons, les urostèges, disposés en ran- gée doubie, comme chez tous les Vipériens, sont au nombre de 45 pour le n° 512, 40 à 45 pour le n° 252 et seulement 37 à 38 pour le n° 508. Ce caractère, comme nous l'avons dit plus haut, est des plus variables. Coloration. — La coloration générale offre de grandes dissem- blances entre les divers échantillons de Vip. Latastei qui ont servi à cette étude. L’adulte d'Espagne est d’un gris sale, dont les parties les plus claires tirent sur le jaune, ses flancs sont toujours marqués de larges taches brunes. Le jeune de même 62 ALBERT TOURNEVILLE provenance est de couleur presque uniforme; le gris cendré re- couvre à peu près toute la surface supérieure et ne laisse distin- guer qu'avec peine la ligne sinueuse du dos. Le jeune ressemble- rait assez volontiers à Vip. ammodytes, tandis que l’adulte serait semblable à Vip. aspis. Les variétés algériennes de Vip. Latastei ont beaucoup d’analogie avec les divers échantillons de Vip. aspis de France dont il a été déjà parlé. Aussi est-ce à la description des couleurs de cette espèce que nous devons renvoyer le lecteur pour connaître exactement la robe de Vip. Latastei d'Algérie. Le jeune échantillon espagnol ne devra pas nous arrêter beaucoup non plus, puisque sa teinte gris-fer l'enveloppe en entier. Ce n’est donc que de l'adulte d'Espagne que nous nous occuperons. Plusieurs taches noires sont disposées sans ordre sur la tête, cependant deux plus fortes, oblongues, se trouvent sur les pa- riétaux, allant en s’écartant d'avant en arrière. On ne peut réel- lement constater la présence du V renversé que nous avons vu presque toujours chez Vip. berus et quelquefois seulement chez Vip. aspis. De chaque côté de la tête, en arrière des yeux, sont deux traits noirs très larges recouvrant en surface de 2 à 3 écailles. Ces lignes prennent naissance aux angles postérieurs des yeux et se continuent sans interruption et sans diminution jusqu’au cou, où elles se joignent aux lignes foncées des flancs. La rostrale est noire. Chez Vip. ammodytes, les faces supérieures de la tête sont plus claires que chez Vip. Latastei, on remarque cependant les deux taches oblongues situées sur le ventre et disposées en s’écartant d'avant en arrière. Celles commençant aux angles pos- térieurs des yeux sont d’abord peu marquées, puis deviennent larges et très foncées au point le plus large de la tête, se conti- nuant jusque sur les côtés du cou où elles diminuent de nouveau pour se joindre plus loin aux taches qui se succèdent de chaque côté du corps. Le dos, chez Vip. ammodytes et Vip. Latastei, est orné du même dessin. On voit le plus souvent une large ligne sinueuse très foncée, prenant naissance à la base du crâne et se continuant sans interruption jusqu'au bout de la queue, ou bien ce sont des taches disposées alteruativement l’une à droite, l’autre à gauche et reliées entre elles par un fond sombre. Vip. ammo- dytes paraît avoir des couleurs plus nettement marquées. Son fond grisâtre-clair ou faiblement rougeâtre laisse mieux distin- guer la coloration de ses faces supérieures. Les échantillons de Grèce paraissent bien moins colorés que ceux d'Autriche; ces derniers, provenant tous de la même localité, étaient identique- ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 63 ment semblables. En somme, ces deux espèces offrent de grandes ressemblances entre elles, si on n’en juge que par les couleurs ; elles ressemblent aussi beaucoup à de nombreux échantillons de Vip. aspis et même de Vip. berus. Le jeune individu de Vip. La- tastei présente la même coloration que ses aînés, mais ses couleurs sont très faiblement marquées et ce n’est qu'avec la plus grande attention qu'on peut reconnaitre sur lui les détails de coloration que nous venons d'énumérer. Sur les lèvres supérieures, et de chaque côté, sont deux taches noires situées la première sur les 2e et 3° sus-labiales et la deuxième sur les 4° et 5e. Les nasales sont également noires, toutes les autres écailles de la tête sont . irrégulièrement tachetées de jaune sale et de noir. Chez Vip. am- modytes, les 4° et 5° sus-labiales portent de petits points noirs uniformes et de la même couleur gris-sale que les parties claires de l’animal. Si la coloration des faces supérieures offre une grande ressem- blance chez les cinqespèces qui nous occupent, cetteressemblance est encore beaucoup plus grande pour les faces inférieures. La gorge, plus claire que les gastrostèges, est d’un jaune sale chez Vip. Latastei adulte, d’un blanc mat chez le jeune et d’un gris rougeâtre chez Vip. ammodytes. Les sous-labiales sont foncées d’un bout à l'autre, la mentonnière et la moitié antérieure des deux larges sous-gulaires le sont également. Les autres écailles. jusques et y compris les deux premières gastrostèges, occupent l'endroit le plus clair de ses faces inférieures. Une large tache noire très marquée est située sur la lèvre inférieure, elle com- mence sur la 5° sus-labiale, recouvre entièrement la 6° et se ter- mine vers le milieu de la 7°. Quelquefois, elle commence plus avant sur la 5e, de sorte qu'elle ne fait qu’effleurer la 7°. Une autre tache allongée, mais très étroite, se trouve au-dessous des 9 et 10° sous-labiales. Les gastrostèges sont de couleur sombre chez Vip. Latastei adulte, elles sont tachetées de noir et de blanc sale dans toute la longueur. Les marginales sont de la même couleur que les gastrostèges ou un peu plus claires. Prenons au hasard une de ces dernières et, par son analyse, on pourra se faire une idée de toutes les autres : son bord postérieur est blanc sale, puis à sa suite un espace de même grandeur est noir suivi d’un autre semblable au premier, à cet endroit le milieu de l’écaille est noir ou très foncé avec de très fines éclaircies, ensuite, comme dans sa première moitié, on observe successivement un espace blane, puis un noir et enfin un blanc. Quant au bord antérieur de la 64 ALBERT TOURNEVILLE gastrostège, il se trouve à moitié recouvert par la gastrostège précédente et ne laisse voir uniformément que de pctites teintes claires sur fond noir. Chez Vip. ammodytes, le gris cendré, plus foncé que le dos, s'étend depuis le cou jusqu’au milieu de la queue. Les gastrostèges sont à peu près uniformes, leur bord postérieur et les extrémités sont légèrement plus clairs. Somme toute, coloration beaucoup plus uniforme que chez Vip. Latastei. La queue, vivement colorée en dessous chez Vip. ammodytes, est également très claire chez Vip. Latastei; ce caractère, que nous n’avons fait qu’effleurer dans les descriptions précédentes et dont nos beaux échantillons étaient dépourvus, mérite ici une mention particulière. Chez Vip. ammodytes d'Autriche surtout, et même chez la même espèce de Grèce, on voit sur les urostèges recouvrant la 2° moitié de la queue et même sur ses côtés, une coloration rouge vif, tandis que la moitié antérieure de la queue partage la colo- ration du ventre. Chez les individus de Grèce, ce caractère nous a paru moins appréciable. Peut-être faut-il attribuer cela à leur mauvaise conservation dans l’alcool ? La queue de Vip. Latastei, du moins chez les échantillons d'Espagne, est également beau- coup plus claire sous la 2€ moitié de sa longueur. Seulement au lieu d’un rouge vif, c’est d’un jaune sale qu'elle est recouverte. Ainsi donc, Vip. Latastei et Vip. ammodytes auraient de grands rapprochements par ces colorations claires des faces inférieures de la queue et de la gorge. Habitat. — D'après M. Ed. Boscä, Vip. Latastei paraît com- mune dans la péninsule ibérique. Plusieurs échantillons lui sont parvenus de Burgos, de Valenciä del Cid, de Malagon, de Ciudad- Real. C’est de cette dernière localité ou des environs qu'il a fait plusieurs envois de cette intéressante espèce. Quant aux trois individus de Vip. Latastei d'Algérie, les deux jeunes ont été en- voyés par M. le D' Hagenmuller, de Bône, et le %, adulte, bien que de pelite taille, a été recueilli au Mont-Edough, près Bône, par M. Lataste lors de son voyage en Algérie, en 1880. Vip. ammodytes est signalée par Duméril et Bibron en Iialie, en Autriche, en Hongrie, dans l'Istrie, en Dalmatie, en Morée, en Sicile et dans le Dauphiné. Elle existe également en Grèce, d’où M.le DrJ.de Bedriaga en a envoyé plusieurs exemplaires. Les deux échantillons qui ont servi à ce travail proviennent des environs de Goritz et ont été envoyés vivants à Paris par M. le D’ Schreiber; deux autres, expédiés à M. Lataste dans les mêmes conditions et par le même donateur, leur ont été comparés, et il est intéressant Bébé + es ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 65 de noter combien ces quatre individus se ressemblaient dans leurs moindres caractères de proportion, d’écaillure et de coloration. Nous n'avons jamais été à même de constater une telle similitude dans nos diverses formes de Vipères, bien que provenant d’une même localité. Le Dauphiné, c’est-à-dire la France, serait habitée par la Vip. ammodytes ! Jusqu'ici le seul échantillon de Vipères que nous nous soyons procuré des Alpes est un individu dont la tête est représentée (pl. I) n° 785 et appartient à l'espèce de Vip. berus. Nous avons oui dire que des habitants de ces localités avaient vu des Vipères avec une verrue sur le nez! Le fait peut être exact et nous nous ferons un devoir de le mentionner à l'occasion, mais jusqu’à ce que la tête d'un de ces Ophidiens nous soit parvenue, nous nous contenterons, d'accord en cela avec Fatio et Lataste, d'ajouter un point d'interrogation à cet habitat cité par Duméril et Bibron. En Italie, elle est très répandue ; nous renvoyons le lecteur qui désire de plus amples renseignements à l'intéressant travail de M. de Betta (1). La même raison qui nous à fait réunir dans un tableau collectif les trois espèces de Vipères détaillées plus haut, nous engage à placer ici côte à côte tous les caractères importants qui ont à si juste titre engagé M. Boscä à créer une nouvelle espèce de Vipère. Par Vip. Seoanei, Vip. aspis se rapproche de Vip. berus et par Vip. Latastei, cette même espèce touche à Vip. ammodytes. C'est donc Vip. aspis qui sert de trait d'union dans ces deux tableaux : Vip. ammodytes. Vip. aspis. Proportions. — Tête lé- gèrement allongée et gé- néralement de forme ovoïde. Museau carrément tron- qué, le plus souvent nettement retroussé, quel- quefois cependant plat (Hg. 217. Vip. Latastei. Tête assez allongée mais très large à la hau- teur des muscles massé- ter. Museau carrément tron- qué et surmonté d'une proéminence charnue, lé- gèrement aplatie à sa base et de forme triangulaire, arrondie en haut, et incli- née d'avant en arrière. (1) Sulla Vipera ammodyte nell Italia e sulla sua Atti del R. Istituto Vento di scienxe, littere ed arti). Téte plus fine vers le museau et plus forte à sa plus grande largeur que chez les deux espèces voisines. Museau carrément tron- qué et surmonté d'une proéminence charnue, ar- rondie dans toute sa hau- teur et de forme conique. Cette excroissance, incli- née d’arrière en avant, a environ 1 fois 1/2 la hau- teur de celle de Vip. La- tastei. distribuzione geographica. 6 66 Faces supérieures de la tête complètement plates. A la plus grande lar- geur de la tête, le renfle- ment est souvent brusque sur les côtés, souvent aussi il ne diminue que sensiblement jusqu'au museau. Les lèvres inférieures sont fortement dépassées par les supérieures. Yeux saillants, mais as- sez petits. Ils sont situés au-des- sus et entre les 4 et 5° sus-labiales et les 5e et 6° sous-labiales, Cou retréci. Corps légèrement al- longé, de forme triangu- laire. La queue est également assez allongée. Écaillure. — Rostrale triangulaire, sa hauteur n’est pas supérieure à sa base. La rostrale ne dépasse pas le nez. Le bout du museau, quand il est retroussé, est formé par la forte convexité des 2 et quel- quefois des 3 écailles pla- cées à son extrémité, en arrière de la rostrale et la surplombant ainsi un peu. ALBERT TOURNEVILLE Faces supérieures de la tête légèrement concaves sur le museau et sur le ventre. En ce même endroit, le renflement considérable diminue presque toujours subitement pour rendre le museau plus fin. La même proportion pa- rait moins accentuée que chez Vip. aspis. ; Les yeux sont à peu près de même dimension que ceux de Vip. aspis. Ils sont situés au-des- sus et entre les 4e et 5e sus Jabiales et les 5e et 6 sous-labiales, parfois au-dessus de la 4e sus- labiale et de la 5° sous- labiale. Cou plus retréci que chez Vip. aspis. Corps de proportions à peu près semblables, surtout chez la variété al- gérienne. Chez celle d’Es- pagne, corps plus trapu et plus fort. La queue est un peu plus courte que chez Vip. aspis, mais sans différence bien sensible. La rostrale est triangu- laire. Sa base est contenue une fois 3/4 dans sa hau- teur. La rostrale s'étend pres- que jusqu’au faite de sa corne nasale. La proéminence char- nue du museau est formée en avant par la rostrale et sur les côtés et en ar- rière par 8 écailles au plus (5 seulement chez les espèces algériennes). De chaque côté de la ros- trale sont deux écailles oblongues, l’une au-des- sus de l’autre, le faîte est surmonté par une autre plaque recourbée sur elle- même et très large en arrière, mais qui, de face, ne laisse voir qu’un an- gle qui forme l'extrémité de la corne. Faces supérieures de Ja tête généralement plates, un peu concaves sur le vertex. Même caractère que chez Vip. Latastei. Mu- seau encore plus fin et plus eflilé, Caractère à peu près identique à celui de Vip. Latastei. Les yeux sont beaucoup plus grands que chez les deux espèces voisines. Situation des yeux ana- logue à celle de Vip. as- pis. Cou encore plus rétréci que chez Vip. Latastei. Corps arrondi plus court et plus fort que chez les deux autres espèces. La queue est beaucoup plus courte que chez Vip. Latastei. La rostrale très-courte se termine en haut par un arc de cercle ou une pointe émoussée. Sa largeur est au moins égale à sa hau- teur. La rostrale moins haute que le nez ne fait nulle- ment partie de sa proémi- nence charnue. Cette méme partie est formée de 15 à 16 écail- les au moins disposées sur trois rangées circu- laires. Chez les uns, cette disposition offre une cer- taine régularité; chez d’autres, toutes les squa- mes sont disposées sans ordre. L'écaille du sommet seule parait conserver la même forme. de ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 67 Le dessus de la tête est recouvert de squames légèrement imbriquées. Quelquefois il y a absence complète d'écusson cé- phalique. Souvent il y a au milieu de la tête, entre les deux surcilières, une ou deux écailles un peu plus grandes que les autres. Quelquefois encore il y a 3 plaques disposées en écusson céphalique chez Vip. berus, quoique moins grand que chez cette dernière. 10 sus-labiales, les 4° et les 5e les plus grandes. 11 à 12 écailles y com- pris la surcilière entou- rent l'œil. Faces du dos compo- sées d'écailles carenées dans toute la longueur ; petites d'abord, elles at- teignent leur plus grande dimension au premier quart de ja longueur to- tale. Diminulion rapide et progressive de leur gran- deur sur la queue. On en compte 21 au premier quart de l'animal, 21 à la moitié et 16 à 17 au troi- sième quart. La mentonnière a Ja forme d’un triangle ren- versé dont la base est le plus grand côté. Les deux premières sous-gulaires sont les plus grandes. La ligne médiane de la gorge est bien marquée. Gastrostèges larges, à bords recourbés. Préa- nale simple, urostèges doubles. Coloration.— Fond rou- geàtre, ou gris foncé, parfois clair, parfois sombre. Taches noires dorsales généralement re- liées entre elles et for- mant le plus souvent une ligne sinueuse non inter- rompue. Coloration très variable suivant les individus. Dessus de la tête recou- vert de squames imbri- quées, irrégulières et dis- posées sous-ordre. Chez certains individus, sur- tout ceux d'Algérie, on voit quelquefois une ou deux écailles un peu plus grandes que les autres. En tous cas, jamais appa- rence d’écusson cépha- lique. 10 et quelquefois 11 sus-labiales, les 4e et les 5e les plus grandes. Généralement 11 écail- les, y compris la surci- lière, entourent l'œil. Les faces supérieures du dos sont recouvertes d'écailles en tout point semblables à celles de Vip. aspis. Leur nombre dans les diverses parties du corps de l'animal est éga- lement le même que chez cette espèce. La mentonnière a la même forme que chez Vip. aspis. Les deux premières sous-gulaires paraissent plus grandes que chez Vip. aspis. Ce caractère est plus prononcé chez l'espèce précédente. Gastrostèges, préanale et urostèges semblables à celles de Vip. aspis. Fond grisätre foncé, ob- servé du moins chez tous les échantillons espa- gnols. Ligne dorsale bien marquée. La variété algé- rienne a beaucoup de rapport avec Vip. aspis. Tête entièrement recou- verte de petites squa- mes imbriquées et dispo- sées sans ordre. Jamais d'écailles sensiblemert plus grandes que les au- tres et par suite pas trace d'écusson céphalique. 10 et 11 sus-labiales. Les plus grandes sont les mêmes que chez les es- pêces voisines. Dans les mêmes condi- tions, il y a 11, 12 et quelquefois 13 écailles. Forme et nombre des écailles du dos analogues à ce qui se voit chez les deux espèces voisines. La mentonnière paraît proportionnellement plus petite que chez les deux autres espèces. Les deux premières sous-gulaires semblent encore plus grandes que chez Vip. Latastei. Caractère semblable à celui de Vip. Latastei. Gastrostèges peut-être un peu plus larges que chez les espèces voisines, la préanale et les urostè- ges leur ressemblent en tous points. Fond grisâtre, et le plus souvent rougeâtre. Ligre dorsale moins épaisse que chez Vip. Latastei, mais tracée avec plus de régularité. L'ensemble de la coloration est à peu près la même sur tous les individus que nous avons eus entre les mains. GS Deux bandes noires sur la nuque formant quel- quefois un V renversé. Sur les côtés, deux lignes noires prennent naissance en arrière des yeux et vont se rejoindre à la série des taches qui recouvrent les flancs dans toute la longueur du corps. Celles-ci dispa- raissent à peu près à Ja hauteur de l'anus. La coloration des faces inférieures est toujours plus claire que le dos. Les sous-labiales sont parfois claires, parfois maculées de noir. Géné- ralement il y a de chaque côté, sur les lèvres, deux taches noires qui s’éten- dent chacune sur deux sous-labiales. La gorge est plus claire que l'abdomen. Le fond s’assombrit à partir de la 3e gastrostège pour garder une Coloration semblable presque jus- qu'à l'extrémité de la queue. Parfois foncées, parfois plus claires, les gastrostèges sont tou- jours semées de taches claires sur un fond som- bre. Chez les jeunes. elles sont Éénéralement d'un blanc sale. Les faces inférieures de la queue partagent la co- loration générale de l’ab- domen; l'extrémité seule est quelquefois un peu plus claire. ALBERT TOURNEVILLE Sur le vertex, deux ta- ches brunes épaisses, ne se joignent pas et ne for- ment que bien imparfaite- ment le V renversé. Au même endroit, les deux lignes sont plus larges et plus foncées et se continuent ainsi jusque sur les flancs où des ta- ches foncées offrent le méme aspect que chez Vip. aspis. Les sous-labiales sont noires chez l'adulte et claires chez le jeune, du moins pour la variété es- pagnole. Elles sont géné- ralement claires ou à peine tachetées chez les échantillons d'Algérie. Les mêmes caractères de coloration sont à re- marquer chez les indivi- dus d’Espagne et ceux d'Algérie. Ceux de cette dernière localité surtout sont tout à fait semblables à Vip. aspis. Le dessous de la queue, dans sa moitié antérieure, a la coloration de l’abdo- men, mais dans sa se- conde moitié est d’un jaune d’ocre verdâtre très accusé. Cette nuance se rapproche de celle de la gorge. Caractère moins appréciable chez les é- chatons d'Algérie. Deux petites taches pa- riétales beaucoup moins marquées que sur les es- pèces voisines. En arrière des yeux, à peu de distance, une ligne foncée commence faible- ment, puis disparaît à la naissance du cou en pre- nant la forme d’une tache ronde. Sur les flancs pas de taches visibles, à peine de simples teintes som- bres reliées entre elles et disparaissant complète- ment avant la naissance de la queue. Les lèvres inférieures portent une tache noire de chaque côté, qui com- mence sur la 5° sous- labiale, recouvre la 6e et se perd sur la 7°. Les au- tres sont claires. Carac- tère constant chez tous les individus d'Autriche. Gorge claire à fond ro- sätre ou pointillé de rouge. Gastrostèges plus foncées que chez.les es- èces voisines, leurs ords et extrémités seuls sont faiblement teintés de blanc. Aspect général sombre. Comme chez Vip. Latas- tei, les urostèges, dans la deuxième moitié de la queue, offrent une colora- tion bien nette. Après avoir éte sombres comme les gastrostèges, elles de- viennent presque subite- ment d’un rouge carmin très vif, ayant quelque analogie avec la couleur de la gorge. Les échantillons d’Au- triche ont toujours été les mieux marqués. ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 69 TABLEAU DICHOTOMIQUE DES ESPÈCES EUROPÉENNES DU GENRE VIPERA. Deux rangées d’écailles entre les sus-labiales et l'œil........... 2 1 | Une seule rangée d’écailles entre les sus-labiales et l'œil ou au moins sous la partie antérieure de cet organe........,....,... 4 Museau carrément tronqué, quelquefois plat, mais généralement retroussé, ,... D Arc ient fe ARR RP Vip. aspis. ; | Museau carrément tronqué surmonté d’une proéminence charnue........ ET D PO PR CRETE 3 Proéminence charnue, plus grande, inclinée en avant et recouverte déuUSsquamestansmoinss it ssh, dus Vip. ammodyles. : Proéminence plus petite, couchée en arrière et composée depfsquames au: pluss-.e ae cine ullies. Vip. Lalastei. Dessus du museau plan, généralement une frontale et deux pariétales beaucoup plus développées que les plaques voisines, Vip. berus. $ Museau légèrement excavé; toutes les plaques du Nonesiaubeepales RER ERA ILE a nes Vip. berus Seoanei. CONCLUSIONS Comme nous l'avons vu par ce qui précède, Vipera Latastei, qui semblait d'abord si exactement intermédiaire à Vip. ammodytes et Vip. aspis se trouve sensiblement plus rapprochée de cette der- nière, grâce aux formes algériennes à corne nasale moins sail- Jante. Si l'on considère la distribution géographique de ces trois espèces, on constate que Vip. Lalastei est occidentale, Vip. ammo- dytes orientale et Vip. aspis intermédiaire. Cette dernière existe au nord et au sud de la Méditerranée, mais la forme du sud se rapproche davantage de l'espèce occidentale. Il ne nous paraît donc pas invraisemblable qu'on puisse trouver sur le littoral africain, en s’avançant vers l’est, des ‘transitions semblables entre Vip. Latastei et Vip. ammodytes. Nous espérons même que des recherches dans la Tripolitaine, peut-être même en Égypte, amèneront ce résultat. Cette espé- rance paraît d'autant plus raisonnable que beaucoup d'espèces 70 ALBERT TOURNEVILLE circumméditerranéennes semblent avoir pris naissance, ainsi que M. Lataste le conclut de ses recherches en Algérie, soit sur la côte africaine, soit sur les terrains aujourd'hui submergés de la Méditerranée qui seraient restés plus longtemps en connexion avec l'Afrique qu'avec l'Europe. Ainsi la forme-mère des Vip. ammodytes, Latastei et aspis, habitant un de ces terrains submergés en connexion avec l'Espague par Gibraltar ou les Baléares à l'Ouest, avec la France par les îles italiennes au nord, avec les terrains qui font aujourd’hui le pourtour oriental du bassin mé- diterranéen à l'est, aurait été d'abord séparée de ces trois points d'attache ; et, dans chacune de ces régions, la forme-mère aurait fourni les trois formes actuelles Latastei, aspis et ammodytes, tandis que, beaucoup plus longtemps rattachés à l'Afrique, elle n'aurait pu, grâce au mélange continuel des individus divergents, s’écarter autant de son aspect primitif. La forme algérienne serait, dans cette hypothèse, celle qui rappellerait le mieux la forme primi- tive. Vip. berus est vraisemblablement la plus ancienne forme du groupe de nos Vipères d'Europe. Son immense distribution géo- graphique, de l'Angleterre au Kamschatka et de la Suède à l’Es- pagne (par sa sous-espèce Seoanei) semble le démontrer, ainsi que l'intervalle plus grand qui, malgré sa sous-espèce Seoanei et les nombreux individus d’aspis ou de berus convergeants (sans doute par atavisme), la sépare des autres espèces du même groupe. Aussi ne croyons-nous pas qu'il y ait lieu de chercher une nou- velle forme fixée entre Vip. Seoanei et Vip. aspis. Vip. berus et Vip. aspis ne doivent pas, à notre sens, être rattachés directement l’un à l'autre ; c’est par Vip. Seoanei et Vip. Latastei que doit avoir lieu leur parenté; et la forme-mère de nos cinq Vipères d'Europe a dû se présenter avec des caractères intermédiaires à l'une et à l’autre de ces deux formes. Existe-elle encore? et où devrait-on la chercher? Il est impossible de répondre, même hypo- thétiquement, à la première de ces deux questions. Quant à la deuxième, une étude comparative très sérieuse d’autres espèces plus éloignées fournirait peut-être quelques points de repère, et permettrait de se prononcer avec quelques probabilités ; mais nous nous abstiendrons pour l'instant. Voici comment nous concevons l’ordre généalogique de ces espèces : tan tits in . Ant, DE à d ÉTUDE SUR LES VIPÈRES DU GROUPE AMMODYTES-ASPIS-BERUS 71 io $ é 7. 2 6 a © V. berus V. Seoanei. V. aspis V. Latastei V. ammodytes Quoiqu'il en soit, ce groupe des Vipères met une fois de plus en évidence l'ignorance ou la mauvaise foi de ceux qui objectent au Darwinisme qu'on n’a jamais trouvé de transition d’une espèce à l’autre. Chaque fois qu'un nouvel échelon est découvert intermé- diaire à deux autres, ceux dont nous parlons ne cessent pas de triompher : si ces transitions sont nombreuses et sans interrup- tion, c’est qu'on s'était trompé sur la valeur spécifique des deux formes qui n’en devaient former qu'une, plus ou moins variable; si, au contraire, ces formes intermédiaires sont séparées par des intervalles de leurs voisines, c'est tout simplement qu’il existait plusieurs espèces là où on n’en croyait qu’une. Mais laissons-là ces discussions stériles pour aborder une ques- tion plus sérieuse, quoiqu'elle paraisse n’intéresser que la no- menclature, mais on sait que souvent sous une question de mots se cache une question plus profonde : Dans le cas de Vip, aspis, Latastei et ammodytes, où deux ou plusieurs formes très voisines ne sont pas séparées par des limites bien nettes, doit-on, comme on faisait autrefois, alors que pareil cas ne se présentait pas souvent, réunir toutes ces formes extrêmes sous un seul nom spécifique? Nous ne le pensons pas. En effet, ce n’est pas seulement Vip. ammodytes, Latastei et aspis, mais aussi Vip. Seoanei et berus qu'il nous faudrait désigner sous un seul nom, si, chose possible, nous trouvions les degrés qui séparent Vip. aspis de Vip. Seoanei; et si la paléontologie, dans ses progrès ultérieurs, chose qui n’arrivera certainement pas, mais que nous pouvons supposer, puisque le fait est admis par tous les Darwinistes, nous révélait tous les 72 ALBERT TOURNEVILLE degrés perdus de l'échelle zoologique actuelle, en nous occupant seulement de l’embranchement des Vertébrés, celui-ci ne forme- rait donc plus qu’une espèce; c’est-à-dire qu'il n’y aurait plus de classification zoologique. Évidemment il n’en saurait être ainsi. La surface de la terre est continue, et cependant nous donnons des noms aux différents lieux, aux collines, aux vallées, aux croisements des routes, etc. Nous croyons qu’on devra agir de même chaque fois qu’en zoologie on trouvera une série d'êtres dont les extrêmes seront suffisamment divergents, bien que reliés par une série de modifi- cations insensibles; et que, notamment en ce qui concerne les Vip. ammodytes, aspis et berus, alors même que l'on ne pourrait plus dire, tant les transitions seraient nombreuses, où finit une de ces espèces et où commence l’autre, il faudrait conserver au moins les trois noms anciens. EXPLICATION DE LA PLANCHE I. Z. Vipera berus Seounei. — Grandeur naturelle, variété à deux raies. X. Vipera berus Seoanei. — Typique, grandeur naturelle, fragment du tronc, coloration du dos. Y. Vipera berus Seoanei. — Grandeur naturelle, proportions, forme et nombre des écailles. U. Vipera berus Seoanei. — Grossie 1 fois ‘/,, tète vue en dessus. V. Vipera berus Seoanei. — Grossie 1 fois ‘/,, tête vue de profil, museau excavé. 728. Vipera berus. — Grossie 1 fois !/,; a. Tête vue en dessus, 3 plaques sincipitales ; b. Tête vue de profil, museau rond. 785. Vipera berus. — Grossie 1 fois !}, ; a. Tête vue de profil, museau plat; b. Tête vue en dessus, 1 plaque sincipitale. 1030. Vipera berus. — Grossie 1 fois ‘/,, tête vue en dessus, 3 plaques sincipitales. H. Vipera aspis. — Grossie 1 fois !,. tête vue en dessus, variété à museau retroussé avec 3 plaques sincipitales. 247. Vipera aspis. — Grossie 1 fois {/,; a. Tête vue de profil, à museau plat ; b. Tête vue en dessus, squames céphaliques égales. 1192. Vipera Latastei. — Grossie 1 fois !/,, tête vue en dessus, museau allongé. 1352. Vipera Latastei. — Grossie 1 fois 1} ; a. Tête vue de profil, excroissance nasale ; b. Tête vue en dessus, squames céphaliques égales. SUR LES BROSSES COPULATRICES DE PELODYTES:PUNCTATUS Par G. A. BOULENGER (Séance du 12 avril 1881) Tous les auteurs qui ont décrit les rugosités copulatrices du Pélodyte ponctué mâle se sont bornés à mentionner cinq paires de ces plaques, une sur la poitrine, une sur le bras, une sur l’avant-bras et une sur chacun des deux doigts internes. Seul Schreiber (Æerpetologia Europæa) mentionne de plus de petites pointes noires couronnant chaque granule ventral. Aussi mon étonnement fut-il grand de trouver, chez des Pélodytes en rut provenant de Grenade et conservés au Musée britannique, des rugosités sur d’autres parties du corps, notamment au menton et sous les orteils. Désireux de constater si pareil fait se produit chez les individus de provenance plus septentrionale, j'écrivis à Paris à notre collègue et mon ami M. Héron-Royer, bien connu par ses recher- ches sur la ponte et le développement de l’espèce en question, le priant de bien vouloir m'envoyer des Pélodytes en rut. Quelques jours après, je recevais sept individus vivants (5d et 29); ils étaient en rut et j'eus même le plaisir d'assister à un accouple- ment. Je constatai que deux mâles, chez lesquels les plaques copulatrices étaient le plus développées, présentaient de petites pointes noires au menton et sur le ventre, mais pas la moindre trace sous les orteils. Il est donc probable que, en France, le Pélodyte ne développe pas ses appendices nuptiaux au même degré que dans le Midi de l'Espagne. Les petites pointes qui garnissent les pieds chez les spécimens de Grenade sont disposées en série longitudinales de chaque côté de la face inférieure de chaque orteil, à l'exception du premier, et forment deux lignes noires interrompues de temps en temps par les tubercules sous-articulaires. Sur le ventre, elles sont espacées, chaque tubercule en portant une entourée d’autres plus petites; ces pointes sont moins développées chez les spécimens de Paris que chez ceux de Grenade; la même observation s'ap- 74 G. A. BOULENGER plique aussi à celles du menton qui, chez les spécimens espagnols, sont très serrées et forment une bordure noire sur la moitié anté- rieure du contour de la mâchoire inférieure. Sur les huit genres de Batraciens anoures d'Europe, deux seu- lement étaient connus comme étant pourvus de brosses copula- trices aux pieds; ces genres sont : Discoglossus et Bombinator. Au point de vue du développement des brosses copulatrices, les Anoures d'Europe se divisent ainsi : Des brosses : Aux doigts internes, au bras, à l’avant-bras, à la poitrine, aux orteils, au menton et au ventre. ...... RP RS RES a RUE . Pelodyles. Aux doigts internes, aux orteils, au menton et au ventre..... Discoglossus. Aux doigts internes, à l’avant-bras et aux orteils, ..,...,..,.. Bombinator. OS OISE NI GEDBSE 1 Re A 2e cu RS CO Bufo. PR DOUCRS Re SNA ue ee eee Nc DA USE CU PERS LE 8e 2 AE Une très petite pelote rugueuse à la base du pouce. ..., sde ce ec TUIANIARS PAS OE NTOSSES | Luca ue LR ARRET AU RARE Pelobates, Alytes. a. Vu en dessous, grandeur naturelle. b. Pied, vu en des- c. Granules abdomi- sous, grossi deux fois. naux, très grossis. Pelodytes punctatus d'. (1) Cette pelotte a été découverte par Lessona /Atti Accad. Lincei, Mem. cl. sc. fis e nat., 1, 1877), qui l’a figurée, M. Héron-Royer m'informe qu'il a aussi COns- taté sa présence. Quant à moi, elle m'a échappé jusqu’à présent. en listes … tonte. à éd été LRU. + dede di dés SSSR io thiitdt PS CE SUR LES CARACTÈRES FOURNIS PAR LA BOUCHE DES TÉTARDS DES BATRACIENS ANOURES D'EUROPE Par HÉRON-ROYER et Ch. Van BAMBEKE Communication préliminaire (Séance du 26 avril 1881) Quand on observe à l’œil nu ou simplement à la loupe la bouche des têtards de nos Batracicns anoures, on constate des différences plus où moins grandes, dont on peut tirer parti pour la classifi- cation de ces animaux. Ces différences portent sur la forme de la bouche considérée dans son ensemble, sur les lèvres externes, enfin sur le nombre et la disposition des lèvres armées ou lames pectinées. Le bec corné ne présente que des modifications d’im- portance tout-à-fait secondaire. Pour faciliter la description, nous diviserons la bouche en deux parties ou segments, séparés par une ligne horizontale passant sensiblement par le milieu de l’espace compris entre les deux mandibules du bec corné. La partie située au-dessus de cette ligne, partie supérieure ou segment supérieur, comprend : 1° la mandibule supérieure du bec corné ; 2° les lèvres armées ou lames pectinées supérieures, que nous désignerons simplement sous le nom de palatines (1); et 3° la lèvre externe supérieure. Quand elle sera armée de crochets ou dents cornés, nous lui donnerons le nom de labre pectiné. La partie inférieure ou le segment inférieur comprend : 1° la mandibule inférieure; 2° les lèvres armées ou lames pectinées qui l’environnent et que, pour plus de simplicité, nous appellerons linguales ; 3° la lèvre externe inférieure. (1) Pour plus de simplicité et de clarté nous employons les termes palatines et linguales, bien qu'ici ils ne soient pas rigoureusement exacts, anatomiquement parlant. 76 HÉRON-ROYER ET CH. VAN BAMBEKE Les lames pectinées, soit palatines, soit linguales, ou bien tra- versent la ligne médiane, ou bien sont interrompues au niveau de cette ligne. Dans le premier cas, nous les désignons sous le nom de médianes, dans le second sous celui de latérales. On peut dire que généralement les supéro-labiales ou latérales palatines sont très distantes de la ligne médiane, tandis que l’écartement à ce niveau, des inféro-labiales ou latérales linguales est faible, parfois à peine appréciable. D'autre part, l'examen au microscope fait dévouvrir, dans la forme et la disposition des dents ou crochets cornés qui garnis- sent les lames pectinées, des différences plus ou moins notables et qui, malgré les caractères macroscopiques, peuvent être utili- sées pour la classification. Dans une communication antérieure 1), l’un de nous a décrit et figuré ces organes chez quatre espèces. Les recherches dont nous donnons ici les principaux résultats ont porté sur les espèces ou sous-espèces suivantes : . yla arborea Linn. 2. Rana viridis Rœsel. 3. Rana mascareniensis D. et B. 4. Rana agilis Thomas. 5. Rana fusca Rœsel. 6 7 8 en . Rana fusca Honnorati Héron-Royer (2). . Rana arvalis Nillson. . Pelobates fuscus Laurenti. 9. Pelobates cultripes Cuvier. 10. Pelodytes punctatus Dugès. 11. Discoglossus pictus Otth. 12. Bombinator igneus Laurenti. 13. Alytes obstetricans Wagler. 14. Alytes Boscai Lataste. 15, Alytes Cisternasi Boscä. 16. Bufo vulgaris Laurenti. (1) Recherches sur la structure de la bouche chez les tétards des Batraciens anoures. Bull. de l’Ac. royale de Belgique, 2 sér., t. XVI, p. 253, pl. I et II. (2) Voir le travail de Héron-Royer : Note sur une nouvelle forme de Grenouille rousse du Sud-Est de la France (Rana fusca Honnorati). Bull. de l’Acad. royale de Belgique, 1881, p. 139, pl. I-II. Nota. En attendant la publication in extenso et avec figures de notre travail sur les bouches des tétards d’anoures, les fig. 4 et 5 de la pl. II du mémoire susdit, et représentant, l’une la bouche du tétard de R. fusca, l’autre celle de R. fusca Honnorati, pourront servir de guide à tous ceux qui liront la présente communt- cation. 1 1 BOUCHE DES TÊTARDS DES BATRACIENS ANOURES D'EUROPE 17. Bufo viridis Laurenti. 48. Bufo calamita Laurenti. 19. Bufo regularis Reuss. FORME DE LA BOUCHE. — Si l’on en juge par ce qui s’observe chez Æyla arborea, la forme de la bouche chez la larve des Zylidæ est losangique. Elle est elliptique-losangique chez les Ranidæ, elliptique chez les Pelobatidæ. Chez les Discoglossidæ, le segment buccal supérieur, de forme hémisphérique, déborde l'inférieur, ce qui donne à l'ouverture buccale un aspect tout-à-fait caracté- ristique. Cette disposition se retrouve, mais beaucoup moins pro- noncée, chez les Alytidæ, de sorte que la bouche, dans son en- semble, reprend une forme elliptique. Enfin, chez les Bufonideæ, nous trouvons une bouche de forme trapézoïde. Lèvres externes et labre pectiné. — Tous les Ranidæ et tous les Bufonidæ possèdent un labre pectiné. Il manque chez les Hylidæ, les Discoglossidæ et les Alytidæ. Chez les Pelobatidæ, nous trouvons une disposition variable d’après les genres : en effet, le labre pectiné, absent chez les Pélobates, est bien développé chez le Pélodyte ponctué. Certains caractères, variant d’après les espèces, sont fournis par la forme du labre pectiné, sa couleur. Ainsi, le labre pectiné qui, chez R. viridis, a la forme d'un rectangle légèrement incurvé suivant son grand axe, est polygonal chez R. agilis, en forme d'arc chez R. iberica et R. fusca, dilaté dans son milieu, d'où une forme de visière, chez À. arvalis. Le labre pectiné de 2. agilis présente, près de son bord libre, une fine ligne noire qui manque chez les espèces voisines. La forme des lèvres externes, le mode d'union de la lèvre supé- rieure avec l'inférieure, la présence ou l’absence de papilles, le siège, la forme et la disposition de ces papilles labiales, varient, dans des limites assez larges, d’après les genres, ou même d’après les espèces. Palatines. — Le nombre et la disposition de ces lames sont généralement assez tranchés pour fournir des caractères distinctifs de familles. Leur nombre varie de 2 à 7. Elles sont tantôt médianes, tantôt latérales, tandis que, chez d’autres espèces, il en est à la fois de médianes et de latérales. On en compte 3 chez les ÆZylidæ (Hyla arborea), dont une mé- diane supérieure, et deux latérales très rapprochées l’une de l’autre. Chez les Ranidæ, le nombre des palatines varie de 2 à 6. Toutes 78 HÉRON-ROYER ET CH. VAN BAMBEKE sont franchement latérales et très distantes de la ligne médiane. Chez les aquaticæ, le nombre est de 2; il est de 4 chez les fempo- rariæ (R. agilis, R.iberica, R. arvalis, R. fusca Honnorati), tandis qu'il est de 6 chez la R. fusca typique. C'est chez les Pelobatidæ, que les palatines sont surtout nom- breuses ; il y en a 7, dont 1 médiane supérieure et 6 latérales. Une disposition non moins caractéristique se rencontre chez les Discoglossidæ, où 2 palatines médianes, incurvées en arc de cercle, sont parallèles entre elles et au contourexterne du segment buccal supérieur. On compte également 2 palatines médianes chez les Alytidæ, mais la supérieure seule représente un segment de sphère paral- lèle au rebord buccal, tandis que l’inférieure, à contour polygonal, offre trois côtés, un médian et deux latéraux. Enfin la présence de 2 palatines latérales seulement constitue un caractère distinctif de la famille des Bufonideæ. Linguales. — La disposition et le nombre des linguales, en général moins tranchés que ceux des palatines, varient souvent d’après les espèces et, comme tels, fournissent des caractères spécifiques plutôt que des caractères distinctifs de genre ou de famille. Le nombre des linguales oscille entre 3 et 9. Générale- ment, chez une même espèce, les linguales sont en partie mé- dianes, en partie latérales; seuls, le Bombinator igneus, le Bufo vulgaris et le Bufo viridis, font exception sous ce rapport; on trouve en effet, chez ces espèces, 3 linguales médianes. Comme nous l'avons déjà fait remarquer, l’écartement entre les linguales latérales n’est jamais aussi prononcé que celui que l’on constate fréquemment pour les latérales palatines ; aussi serait-on porté à admettre que, dans certains cas, une linguale médiane résulte de la fusion de deux latérales. C’est ce qui s'applique, par exemple, à la médiane interne des trois espèces dont il vient d'être question. Chez tous les têtards d’anoures, la linguale inférieure, c'est-à- dire celle la plus rapprochée du rebord du segment buccal infé- rieur, est médiane, et les linguales latérales, quand elles existent, sont toujours internes par rapport aux médianes; en d’autres termes, jamais une linguale médiane n’est située entre les linguales latérales et la mandibule inférieure. Les Aylidæ ont 4 linguales, dont 2 médianes et 2 latérales. Chez les Ranidæ, le nombre des linguales varie de 4 à 5, d’après qu'il existe 2 (R. viridis, R. arvalis) ou 3 médianes (R. agilis, R. fusca, R. iberica) ; chez toutes, on compte 2 linguales latérales. É | | PPPT NP NP PL ET Te À, BOUCHE DES TÊTARDS DES BATRACIENS ANOURES D'EUROPE 79 C’est chez les Pelobatidæ que les linguales, de même que les palatines, se trouvent en plus grand nombre. Ce nombre varie de 7 à 9, et les différences portent uniquement sur les linguales laté- rales; il y en a 6 chez Pelobates fuscus, 8 chez Pelobates cultripes et Pelodytes punctatus. Un caractère commun à tous les Pelobatideæ, c’est la présence d’une seule linguale médiane. Les Discoglossidæ ont 3 à 4 linguales. Quand il y en a 3, toutes sont médianes (Bombinator igneus) ; s’il y en a 4, 2 sont médianes et 2 latérales (Discoglossus pictus). Tous les Alytidæ ont 4 linguales également réparties : 2 média- nes et 2 latérales. Par ce caractère, ils se rapprochent des Aylidæ. Pour le nombre et la disposition, les linguales des Bufonidæ rappellent celles des Discoglosses ; on en compte aussi de 3 à 4. Quand il y en a 3 (B. vulgaris, B. viridis), toutes sont médianes: quand il y en a 4, 2 sont médianes et les 2 plus internes latérales (B. calamita, B. reqularis). Il est encore certains caractères accessoires fournis par les lames pectinées, mais qui toutefois ne sont pas sans valeur au point de vue de la diagnose des espèces. Chez le Crapaud commun, les 2 palatines latérales sont relativement très rapprochées l’une de l’autre, tandis que chez B. regularis, B. calamita, B. viridis, ces mêmes lames restent très éloignées de la ligne médiane. Chez le Pélobate cultripède, les palatines et les linguales présentent un trajet ondulé tout à fait caractéristique, et qu'on ne retrouve pas chez le Pélobate brun. Chez Bombinator igneus, Alytes obstetricans et partiellement chez Alytes ammoryctis, les lames, tant palatines que linguales, sont doublement pectinées (1). Dents ou crochets cornés. — Les crochets où dents cornés, qui garnissent les lames pectinées ou la lèvre supérieure (labre pec- tiné), se composent de deux parties que nous désignons avec C. Vogt sous les noms de coupes et d’entonnoir ou gaîne (2). Ces crochets qui ont été décrits et figurés pour un certain nombre d'espèces, et récemment encore chez le têtard du Discoglossus pictus, par notre savant collègue, M. F. Lataste (3), varient peu (1) Il ne faut pas confondre la disposition signalée ici avec l’emboitement des crochets de chaque rangée les uns dans les autres. (2) Voir Recherches, etc., loc. cit. (3) Étude sur le Discoglosse. Extrait des Actes de la Société linnéenne de Bor- deaux, t. XXXIIL, p. 19, pl. V, fig. 5 et 6. Nota. Dans notre travail définitif, nous donnerons un historique complet de cette question; nous y parlerons également du développement de ces petits organes. 80 HÉRON-ROYER ET CH. VAN BAMBEKE sous le rapport de la forme; de sorte qu'après avoir étudié ces petits organes chez une vingtaine d'espèces, nous n'avons pas découvert de dispositions typiques autre que celles décrites par l’un de nous dans la notice déjà citée. Les différences fondamentales portent : (a) sur la présence ou l'absence de dentelures ou denticules; (b) sur le nombre de ces derniers. Les denticules manquent chez tous les Pelobatideæ ; c’est là un caractère distinctif du groupe. Nous ne nous arrêterons pas pour le moment, aux autres particularités que présentent les dents cornées de ces espèces. Quand les denticules existent, ce qui est le cas pour tous les autres anoures, leur nombre varie de 2 à 12. Le nombre des denticules constitue, pour les Radinæ aquaticæ, un caractère parfaitement tranché; on en compte de 2à 4. S'il y en a 2, elles sont de même longueur, s’il y en a 3, la mé- diane est plus grande et les deux latérales sont plus petites; enfin, s’il y a 4 denticules, les deux médianes sont plus grandes et les deux latérales plus petites. Chez tous les autres têtards d’anoures, les denticules plus nom- breuses varient quelque peu sous le rapport du nombre et de la forme ; toutefois ces variations n’ont plus la même valeur que les précédentes, surtout quand on a égard aux différences que peu- vent offrir les crochets chez une même espèce. Les variations auxquelles nous faisons allusion ne pouvant être bien comprises sans l’aide de figures, nous n'insisterons pas 'sur elles dans la présente communication. Bec corné. — Chez tous nos Batraciens anoures, la structure du bec corné est assez uniforme (1). Celui du têtard de Rana agilis présente, au milieu de la partie basale de la mandibule supérieure, un petit tubercule corné de la même nature que la substance du bec et souvent flanqué de deux tubercules latéraux de moindre dimension. Généralement ces saillies sont un peu plus foncées que le bec lui-même. Chez le Pelodytes punctatus, les deux man- dibules ne sont pigmentées que sur leurs bords; le reste du bec est blanchâtre. Nous résumous, dans le tableau ci-joint, les principaux carac- ières fournis par la bouche des têtards des anoures d'Europe, en adoptant la classification de M. F. Lataste. (1) I semble en être autrement pour certaines espèces exotiques, à en juger d'après la manière d'être du bec corné chez une Rana de Pondichéry que nous avons sous les yeux en ce moment. ait 81 , ANOURES D EUROPE ACIENS BOUCHE DES TÊTARDS DES BATR Principaux caractères fournis par la bouche des Tétards des Batraciens anoures d'Europe. FAMILLES FORME DE LA BOUCHE| LÈVRES EXTERNES PALATINES LINGUALES r ARBRE NE rat CORNÉS médianes|latérales médianes|latérales HUB EE: Losangique. Absence de labre 3 los (1)? 4 2 2 [Crochets à denti- pectiné. cules nombreuses [9 aquati- Aquaticæ. 2-1 den- Ranid Lt ee nn: F 6 IS D UT APRONORREE Elliptique-losan- Labre pectiné. 2-6 0 Re RUE 2-3 Lemporarte Ne DRASS £ a | ticules nomb. Pelobatidæ ....... Elliptique. Absence de labre| 7 1 m.s. 7-9 1 6-8 [Absence de denti- pectiné dans le g. ÉS cules. Pelobates. Existe d. le g. Pelodytes. Discoglossidæ .....|Segment buccal sup.| Absence de labre 2 2 0 3-4 2-3 0-2 |Denticules nombr. en demi-cercle, dé- pectiné. A bordant le segment parallè- inférieur. HA Alytidæ...........|Elliptique. Segment| Absence de labre 2 2 0 4 2 © 2 |Denticules nombr. buccal supér. dé- pectiné. SUbx bordant faiblement pe l'inférieur. 3 côtés). Bufonidæ......... Trapezoïde. Labre pectiné. 9 0 2 3-4 2-3 0-2 |Denticules nombr. (1) m.s. Médiane supérieure, ARACHNIDES NOUVEAUX OU RARES DE LA FAUNE FRANÇAISE Par E. SIMON (Séance du 26 avril 1881) 1. DICTYNA BOÏORUM SP. nOV. d Long. 2m, Céphalothorax brun-rouge plus ou moins vif sur la partie cé- phalique, brun foncé presque noir sur la partie thoracique, fine- ment et uniformément chagriné, garni de poils blancs longs et très épais, serrés sur la partie céphalique, espacés sur la partie thoracique; partie céphalique longue, sensiblement attenuée en avant, assez convexe dans le milieu et un peu inclinée en avant. — Yeux supérieurs égaux, formant une ligne presque droite, pres- que équidistants, leurs intervalles environ doubles de leur dia- mètre. Yeux antérieurs formant une ligne presque droite, à peine arquée en arrière; les médians plus petits, plus séparés, leur intervalle au moins de moitié plus large que leur diamètre. — Bandeau plus étroit que l'aire oculaire. — Chélicères brun-rouge clair, étroites et longues, assez fortement chagrinées dans la première moitié, presque lisses dans la seconde, sensiblement déprimées, leur échancrure interne étroite et longitudinale. — Plastron noir, lisse, garni de poils blancs épais. — Pattes fauve rouge-obscur avec les fémurs et les tibias très rembrunis, presque noirs, mais graduellement éclaircis à la base, garnies de poils blancs. — Patte-mâchoire courte et robuste; patella à peine plus large que longue, convexe, inerme, un peu atténuée et arrondie en avant; tibia environ de même longueur que la patella, presque aussi large à la base, régulièrement et fortement élargi à l’extré- mité, complètement inerme, sans apophyse; tarse très grand, presque aussi long que les trois articles précédents et beaucoup plus large; bulbe discoïde, très convexe dans le milieu, proje- tant en arrière, sous le tibia, une épaisse apophyse très obtuse. . ARACHNIDES NOUVEAUX OU RARES DE LA FAUNE FRANÇAISE 83 $ Longueur 2mn5, Céphalothorax et pattes comme chez le mâle. — Abdomen ovale, court, déprimé, à téguments fauve rougeâtre en dessus, noirâtres sur les côtés et en dessous, présentant en dessus, dans la pre- mière moitié, une bande longitudinale noire marquée de deux faibles élargissements anguleux, et, dans la seconde moitié, deux bandes longitudinales très découpées et sinueuses, convergeant en arrière; un épais revêtement de pubescence blanche laissant paraître seulement les bandes noires postérieures. Espèce remarquable par l'absence complète d'apophyse à la patte-mâchoire du mâle. Je l'ai trouvée au Cap Ferret, près Arcachon, sur Le sable, sous les touffes d’ÆZelichrysum stæchas. 2. DICTYNA BICOLOR E. Simon, 1870. A la synonymie de cette espèce il faut ajouter : Dictyna scalaris Canestr., Atéi Soc. Ven. Trent., éte: FVOlMTE 1873, p. 48. Aux localités : Gironde : Cap Ferret! —- Hérault : dunes de Palavas! — Var : Hyères (A. Grouvelle), Saint-Mandrier! — Aude : la Clape! — Turin. 3. DICTYNA PUSILLA Thorell, 1856. Cette espèce, qui était jusqu'ici étrangère à la faune française, a été trouvée à la Sainte-Baume (Var) par M. M. Sédillot. 4. LETHIA PATULA E. Simon, Ar. Fr., t. I, p. 197 (sub Dictyna). Cette espèce rentre mieux dans le genre Lethia. Le Rev. O. P. Cambridge, auquel je l'avais communiquée, l’a décrite de nouveau en 1878 (Ann. and Mag., p. 108) sous la rubrique sp. n0v., oubliant la description que nous en avions donnée en 1874, dans le tomel de nos Arachnides de France. 9. TRABEA JUGORUM SP. nov. ® Céph:.th., long. 9n"2; larg. 6"®7, — Abd., long. 12m". larg, 7mm, Postes 1"p:, 2208828 p., 21076 pate Asp 980 Céphalothorax et abdomen noir mat concolores, revêtus d'une pubescence courte et serrée fauve rougeâtre obscur. Chélicères 84 E. SIMON et plastron noirs. Pailes noirâtres avec les hanches un peu éclaircies, brun rougeûtre. — Yeux antérieurs petits, en ligne légèrement courbée en arrière; les médians un peu plus gros, leur intervalle un peu plus étroit que leur diamètre, celui des latéraux au moins de moitié plus large que ce diamètre. Yeux de la seconde ligne très gros, leur intervalle un peu (à peine) plus étroit que leur diamètre. Intervalle des yeux de la seconde ligne aux latéraux de la première à peine plus large que le diamètre de ces derniers. — Chélicères robustes, convexes, presque lisses, très légèrement striées en dessus dans la seconde moitié, garnies de crins jaunâtres inégaux,; crochet robuste, sans saillie en dessus. — Plastron lisse, brillant, garni de crins noirs épars et de pubescence gris blanchâtre peu serrée. — Pattes robustes, assez longues, celles des trois premières paires presque égales, garnies de pubescence courte et peu serrée, fauve obscur; tarses et métatarses des deux premières paires garnis de scopulas ser- rées jusqu'à la base; tibias I et II pourvus en dessous de deux séries de 4-4 fortes épines dont les trois premières plus resserrées et de 2 ou 3 épines latérales internes et externes; métatarses I et II pourvus en dessous de 3-3 épines dont les terminales plus petites; patellas I et II inermes; III et IV pourvues d’une épine interne et d’une externe; patella et tibia IV environ de la longueur du céphalothorax. — Filières presque égales, brun-rouge. — Épi- gyne en fossette semi-circulaire, plus large que longue, limitée en arrière par un rebord plat lisse, rougeâtre, parallèle, droit ou un peu arqué. Le Trabea iugorum est l’un des Lycosides les plus remarquables de la faune européenne, sa taille le rapproche de ZLycosa narbo- nensis, sa coloration, d'un noir uniforme, le distingue à première vue. Il a été découvert par M. l'abbé Clair sur les montagnes qui avoisinent Saint-Martin-Lantosque (Alpes-Maritimes) dans les parties les plus élevées, près des neiges. 6. LIOBUNUM AURANTIACUM SP. nov. d Long-20n05)2:3m Céphalothorax blanc-jaunätre mat un peu rougeûtre, avec une petite tache brune marginale allongée correspondant au pore la- téral, et de chaque côté une série oblique, parallèle au bord, de taches fauves irrégulières un peu enfoncées; partie abdominale ARACHNIDES NOUVEAUX OÙ RARES DE LA:FAUNE FRANÇAISE 8) brunâtre, bordée latéralement de fauve blanchâtre et marquée en dessus de quatre ou cinq paires de points de même couleur, sou- vent peu distincts, mamelon noir avec une fine ligne médiane testacée. — Céphalothorax lisse; abdomen parsemé de petites rugosités noires peu denses. — Mamelon relativement grand et élevé, sensiblement plus large que long, très légèrement cana- liculé, inerme et lisse, vertical en avant et en arrière. Yeux gros, plus rapprochés de la base que des bords latéraux. — Espace membraneux blanc testacé inerme. — Patte-mâchoire fauve tes- tacé concolore, garnie de crins noirs, tous plus courts que le dia- mètre des articles; patella légèrement saillante à l’angle interne; tibia beaucoup plus long que la patella, au moins d’un tiers, grêle, parallèle, inerme. — Hanches inermes, testacées concolores; tro- chanters inermes testacés, un peu rougeâtre-orangé; les autres articles brunâtre plus ou moins foncé, avec les fémurs éclaircis et rougeâtre-orangé à la base, dépourvues de denticules, ne pré- sentant que de très petits crins isolés; tibias un peu comprimés, à peine élargis à l'extrémité. © Long. 4 à 6mm, Céphalothorax gris-blanc, marqué d’une tache noirâtre triangu- laire en avant du mamelon, de trois petites taches allongées for- mant une ligne oblique parallèle aux bords latéraux, et plus en dessus, de chaque côté, de trois ou quatre taches irrégulières, disposées en ligne oblique; mamelon noir, avec une fine ligne médiane testacée. — Abdomen brun-noirâtre, fortement varié de testacé en dessus, avec les côtés, en arrière les trois derniers segments et la face ventrale gris-blanchâtre testacé; celle-ci tra- versée de quelques lignes de points noirs espacés. — Mamelon inerme, peu élevé, droit, beaucoup plus long que haut. — Hanches testacées plus ou moins ponctuées de fauve sur les bords; tro- chanters rembrunis sur les côtés; pattes brunâtres avec les fémurs éclaircis à la base et marqués d’un large anneau terminal brun- foncé précédé d'un anneau clair testacé; tous les articles inermes, garnis de crins courts espacés. — Patte-mächoire inerme, fauve, avec l'extrémité du fémur, la patella et la base du tibia fortement rembrunies; côté interne de la patella et du tibia garni de crins fauves, assez courts et plus serrés. Saint-Martin-Lantosque. Sur la lisière des forêts, sous de grosses pierres ou sous des troncs abattus. 86 E SIMON 7. PLATYBUNUS EQUES Sp. nOV. Q Long. 6mm7, Gris-blanc, fortement ponctué et varié de noirâtre. Céphalo- thorax présentant en avant du mamelon une simple ligne longi- tudinale et, de chaque côté, plusieurs taches irrégulières, disposées en ligne oblique divergeant en arrière; sur l'abdomen une large bande médiane vague, ponctuée, élargie transversalement un peu avant le milieu, tronquée en arrière, n’atteignant pas les derniers segments; côtés marqués de séries de points noirs en- foncés correspondant aux plis. Bord antérieur du céphalothorax et corps en dessus entièrement mutiques; bords latéraux pourvus en avant, entre l’angle antérieur et le pore latéral de 3 ou 4 très petits tubercules piligères. — Mamelon très grand et très élevé, un peu plus long que large et canaliculé, fortement élargi d'avant en arrière; chacune de ses carènes formée de 7 ou 8 petits tuber- cules blancs, obtus, presque égaux. — Chélicères lisses, inermes, testacées avec la base des articles ponctuée de noir. — Patte- mâchoire blanc testacé avec le fémur, la patella et le tibia mar- qués en dessus d’une ligne brun-rouge et plus ou moins tachés latéralement ; trochanter marqué en dessous de 2 forts denti- cules dont le second plus long; fémur présentant en dessous, dans toute sa longueur, une ligne de 7 grands denticules inégaux, le 4° et le 6e plus courts, mais sans ligne de denticules au côté externe; son extrémité élargie et épineuse, dilatée au côté interne en forme de tubercule surmontée de denticules aigus; patella inerme en dessous et au côté externe, armée au côté interne, dans la première moitié, de deux denticules rapprochés, apophyse assez épaisse, cylindrique, droite, un peu moins longue que l’ar- ticle, son côté interne garni, jusqu'aux denticules, de crins serrés formant brosse; tibia présentant en dessous, au côté externe, 2 forts denticules et 2 plus petits intermédiaires, son côté interne un peu creusé, saillant à l'extrémité en forme d’apophyse courte et arrondie, garnie de crins semblables à ceux de la patella; tarse présentant en dessous, au bord externe, une ligne de 6 ou 7 denticules inégaux. — Hanche I pourvue au bord antérieur d'une ligne de 3 ou 4 forts denticules dont le dernier plus petit; les autres inermes. — Pattes courtes et peu robustes, fauve clair testacé avec les fémurs, patellas, tibias et métatarses, largement et nettement annelés de brun; complètement inermes, sauf des ARACHNIDES NOUVEAUX OU RARES DE LA FAUNE FRANÇAISE 37 denticules articulaires courts et obtus aux fémurs et patellas ; fémurs presque cylindriques; tibias comprimés. Saint-Martin-Lantosque. Dans les forêts sur les troncs de sapins et les rochers. Par la forme de son mamelon oculaire, cette espèce se rap- proche de P. rufipes C. K., elle s’en distingue surtout par la pa- tella de la patte-mâchoire pourvue de 2 denticules internes et par le fémur ne présentant qu'une seule ligne de denticules en dessous sans denticules externes. 8. MEGABUNUS GROUVELLEI SP. NOV. @ Long, 4mmi, Gris-blanc; céphalothorax marqué de chaque côté de trois taches latérales irrégulières et d’une ligne marginale deux fois interrompue, noirâtres, et en avant du mamelon d’une ligne lon- gitudinale abrégée; abdomen marqué en dessus de linéoles trans- verses irrégulières ponctuées et d’une large bande longitudinale gris-noirâtre, élargie et anguleuse sur les trois premiers segments, atténuée et effacée en arrière, n’atteignant pas l'extrémité. — Bord antérieur du céphalothorax pourvu d’une petite pointe blanche aiguë et verticale (au moins deux fois plus petite que chez M. diadema); bords latéraux pourvus de quatre denticules semblables, dont le 1‘ et le 4 seulement plus petits. Abdomen complètement inerme, très finement et peu densement rugueux. — Mamelon fauve, avec le tour des yeux et la pointe des tu- bercules noirâtres. très grand, plus long que large, faiblement élargi d'avant en arrière, de profil fortement resserré à la base; chacune de ses carènes formée de 5 très longs tubercules grêles presque égaux et presque équidistants. — Chélicères inermes et lisses, fauves, tachées de brun. — Patte-mâchoire testacée avec le fémur taché de brun latéralement; trochanter pourvu en dessous de deux denticules dont le second au moins deux fois plus long ; fémur pourvu en dessous d’une ligne de 6 grands denticules ne dépassant pas le tiers terminal, dont le 1° et le 3° beaucoup plus petits, de plus quelques petits spicules intermédiaires et laté- raux; en dessus une ligne externe de 3 petits denticules, angle supéro-interne prolongé en tubercule assez grêle, obtus et sur- monté de crins; patella inerme, atténuée à la base, son angle supéro-interne prolongé en avant en apophyse très épaisse et obtuse presque aussi longue que l'article, son côté interne, sauf 88 E. SIMON à la base, pourvu d’une brosse serrée de crins noirs inégaux; ti- bia pourvu en dessous, au bord externe, de deux denticules assez petits, surtout le premier, son côté interne un peu creusé, dilaté à l'extrémité en forme d’apophyse obtuse, plus courte que le diamètre de l’article, hérissée de crins; tarse inerme, garni en dessous d’une série de forts crins légèrement soulevés. — Hanche I pourvue au bord antérieur d’une ligne de forts denticules iné- gaux, les autres inermes. — Pattes grêles, peu longues, fauve rougeûtre avec les tibias un peu éclaircis dans le milieu; fémurs cylindriques, garnis de séries de petits denticules diminuant à la base; tibias de séries de denticules plus petits et moins serrés; articulations supérieures des fémurs et des patellas armées cha- cune en dessus de deux très longues épines grêles, aiguës, dres- sées, un peu divergentes. Hautes-Pyrénées : Trumouze (A. Grouvelle). Voisin de M. diadema dont il offre entièrement le faciès, il en diffère surtout par les séries denticulées des tibias et des fémurs et par la pointe antérieure du céphalothorax beaucoup plus petite. 9. MASTOBUNUS TUBERCULIFER Lucas, 1845; — E. Simon, Ar. Fr., t''NUT D: 169: A la synonymie de cette espèce il faut ajouter : Sclerosoma sicanum P. Pavesi, Ann. mus. civ. s. n. Gen., VIT, 446, 1876. 10. AsTROBUNUS KkOcHI Thorell, 1876; — E. Simon, L. c., p. 169. Cette espèce fait partie de la faune française, nous l'avons trouvée, en 1880, à Saint-Martin-Lantosque dans des mousses hu- mides sur la lisière des forêts; M. le Marquis J. Doria l'a égale- ment capturée à Camporosso près Ventimiglia. Nora. — Le genre décrit par M. le D' L. Koch sous le nom de Liodes, changé plus tard par l’auteur en celui de Prosalpia que nous lui avons conservé dans nos Arachnides de France, t. VII, p: 189, était antérieurement publié par Doleschall in Sitzungsb. d. Wien. Akad. Wissens., math.-n. CI. 1852, p. 622, sous le nom de Dicranopalpus qui doit lui être restitué. L'espèce type s’appel- lera dès lors Dicranopalpus gasteinensis Dols., en place de Prosalpia bibrachiata L. Koch, tombé en synonymie. ARACHNIDES NOUVEAUX OU RARES DE LA FAUNE FRANÇAISE 89 11. NEMASTOMA CENTETES SP. nOV. d' Long. 1mn, Corps noir profond avec les grandes épines abdominales testa- cées presque diaphanes. Céphalothorax garni en avant et sur les côtés de fortes granulations arrondies irrégulières, présentant en arrière du mamelon deux fortes carènes transverses formées de tubercules connivents, égaux et très réguliers, élargis et tron- qués au sommet en forme de T. Segments abdominaux indiqués par des sillons transverses éparsement et irrégulièrement gra- nuleux en dessus mais non carénés, pourvus d’épines très lon- gues, grêles, cylindriques et un peu arquées en arrière, tronquées et très légèrement élargies au sommet : segments I, IL, II et IV pourvus chacun d’une ligne transverse de 6 épines, presque équi- distantes dont les externes plus courtes. — Mamelon grand, élevé, presque arrondi, entièrement garni de grands tubercules élargis et tronqués au sommet comme ceux des carènestransverses et disposés en deux lignes peu régulières, ceux de la face anté- rieure du mamelon pluspetits que les dorsaux.—Chélicères noires, lisses, 1* article pourvu à la base au côté externe d’un petit den- ticule tronqué et près de l'extrémité en dessus d’une grande apo- physe verticale moins longue que l’article, tronquée obliquement avec l'angle antérieur un peu prolongé et infléchi en avant, et le côté interne échancré; second article sans apophyse. — Patte- mâchoire fauve très obscur avec le tibia brunâtre, patella garnie en dessous, tibia et tarse en dessus et en dessous de crins clavi- formes très fins et blancs; fémur assez fortement atténué à la base; patella, tibia et tarse presque d'égale épaisseur; tibia envi- ron d’un tiers plus court que la patella; tarse plus court que le tibia, fusiforme obtus. — Pattes longues, brunâtre obscur avec de petits anneaux testacés aux articulations fémorales et patellaires ; fémurs très grêles à la base, assez fortement élargis à l'extrémité, coupés d’un grand nombre de fausses articulations et marqués de verticilles irréguliers et espacés de petits denticules; patellas plus larges que les fémurs et surtout que les tibias; tibias grêles, lé- gèrement élargis à l'extrémité, sensiblement granuleux, surtout les antérieurs. © Lonÿ.1AP2sa Fans Épines du corps plus courtes, surtout les postérieures. — Pre- 90 E. SIMON mier article de chélicères un peu convexe et inégal en dessus, sans apophyse. Saint-Martin-Lantosque! Dans les mousses épaisses des forêts, près des torrents. C'est la plus petite espèce du genre; elle se rapproche un peu de N. bacilliferum E. S., mais s’en distingue de suite par les grands tubercules du mamelon, les carènes postérieures du céphalotho- rax, la disposition des épines dorsales, etc. 12. NEMASTOMA RUDE SP. nOV. @ Long. 9m, Corps entièrement noir, très fortement et densement granuleux comme chez N. scabriculum. Bord postérieur du céphalothorax et segments abdominaux indiqués par de très légères dépressions transverses, sans carènes granuleuses; les cinq premiers segments présentant chacun une paire de petits tubercules coniques, pres- que égaux, assez rapprochés, surtout les premiers, et dessinant deux lignes divergeant un peu en arrière. Segments libres de l’abdomen et pièce anale sans tubercules, plus finement et moins densement granuleux que la face dorsale. — Mamelon grand, pres- que arrondi, non déprimé, garni de tubercules irréguliers sembla- bles à ceux du corps. — Chélicères assez robustes : 1er article noirâtre, convexe et un peu inégal en dessus, garni de quelques longs crins; 2° article brun-fauve. lisse, pourvu de quelques crins semblables. — Patte-mâchoire fauve testacé avec le trochanter, le tibia et le tarse un peu rembrunis; fémur et patella en dessus garnis de crins simples, patella en dessous, tibia et tarse entière- ment, garnis de crins claviformes blancs et fins; patella presque aussi longue que le fémur, un peu atténuée aux extrémités. — Pattes peu longues, brun-fauve très obscur, avec les hanches et les trochanters noirs, garnies de très petits crins espacés; fémurs I, III et IV épais, fortement atténués à la base, tibias des mêmes paires larges et un peu comprimés, fémur II marqué un peu avant le milieu de 4 ou 5 cercles testacés rapprochés; fémur I, de 3 à la base, et fémur IV, de 3 ou 4 à la base. Saint-Martin-Lantosque! Dans les mousses des forêts. Je ne connais que la femelle, il est probable que le mâle pré- sente une apophyse patellaire comme chez N. dentipalpe. Se distingue de N. dentipalpe par les téguments beaucoup plus LL: ARACHNIDES NOUVEAUX OU RARES DE LA FAUNE FRANÇAISE 91 granuleux et les tubercules plus faibles; de AN. scabriculum, par les fémurs des pattes complètement lisses, la taille beaucoup plus grande, enfin par la présence de tubercules dorsaux. 13. NEMASTOMA SCABRICULUM E. Simon, Ar. Fr.,t. VII, p. 284, 1878. Cette espèce a été trouvée, en 1880, par M. A. Grouvelle sur divers points des Hautes-Pyrénées : au Lac Bleu, au col de Rives, au col de l'Araillé, à Marcadare et à Gavarnie; elle paraît com- mune dans ces régions. 14. AMOPAUM SORENSENI Thorell, 1876; E. Simon, Ar. Fr., t. VII, p.292. J'ai trouvé cette espèce en nombre, en mai 1880, à Menton, au Vallon-des-Primevères sous des mousses épaisses et terreuses recouvrant des parois très humides. 15. OBISIUM MYopPs Sp. nov. pont Très voisin d'O. Simoni L. K., il en diffère par le céphalothorax un peu plus long relativement à sa largeur; par le fémur de la patte-mâchoire fortement et régulièrement granuleux en dessus et en avant, mais entièrement lisse brillant en dessous depuis la base, chez O. Simoni le fémur est en dessous, surtout à la base, distinctement granuleux quoique beaucoup plus finement qu'en avant et en dessus; par le tibia de la patte-mâchoire régulière- ment et assez fortement convexe au bord interne, tandis que chez O. Simoni il est presque droit au-dessus du premier élargissement; enfin par les yeux beaucoup plus petits, surtout le second, chez O. Simoni, les yeux sont gros et le second plus gros que le premier. Alpes-maritimes : Sospel! mai 1880. RECHERCHES SUR LES PONIDES HOSAMLEES DE L'ALGÉRIE Par M. Ph. THOMAS Vétérinaire en 1er au 10° Hussards (Séance du 26 avril 1881) La paléontologie des Ruminants, notamment celle des Bovidés, présente encore de nombreuses lacunes. Ce n’est pas faute, ce- pendant, de nombreux et très savants travaux sur les Ruminants fossiles, car où les Cuvier, les Gervais, les Lartet, les Brandt, les Rütimeyer et les Gaudry ont passé, ils ont coupé et mis en gerbes une riche et lumineuse moisson de faits. Ce dernier vient, surtout, de projeter une vive lumière sur l’histoire ou mieux sur l’évolu- tion des Ruminants, dans son magnifique ouvrage sur les Enchat- nements du monde animal, ouvrage auquel nous aurons beaucoup à emprunter, mais en ce qui concerne spécialement les Bovidés, on ne possède encore que des données dispersées aux quatre coins de l'horizon, sans aucun lien qui permette au naturaliste d'en tirer une vue d'ensemble sur leur histoire paléontologique. C’est pourquoi nous avons pensé qu'il pourrait être utile de faire précéder la description des Bovidés fossiles de l'Algérie d’un ré- sumé des nombreuses recherches bibliographiques que nous avons été obligé de faire sur les Bovidés en général. I ORIGINE ET ÉVOLUTION DES BOVIDÉS. Les Bovidés appartiennent à l’ordre des Ruminants et ils con- stituent un groupe générique comprenant quatre types principaux ou sous-genres, Savoir : BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 93 . les Bœufs, . les Bisons, c. les Buffles, d. les Ovibos. & à L'ordre des Ruminants apparaît sur notre hémisphère vers le milieu de l'époque tertiaire. On le voit se détacher peu à peu, comme un rameau divergent, du gros tronc des Pachydermes dont il devait plus tard devenir le rival en puissance numérique et en extension géographique. On comprendra que cette évolution dut être très lente à l’origine, si l’on tient compte qu'elle eût pour effet principal la transformation d'organes aussi importants à la vie de nutrition et de reproduc- tion que le sont l’estomac et le placenta. Les complications anato- miques et physiologiques que ces organes eurent à subir, ne purent évidemment se produire qu’à la faveur de modifications lentes et profondes de leurs fonctions, produites elles-mêmes par des modifications non moins profondes des milieux et, consé- quemment, des conditions vitales dans lesquelles vivaient les Pachydermes à estomac uniloculaire et à placenta diffus. Il y a loin, en effet, entre les Pachydermes de la période éocène, même ceux qui accusaient déjà quelques tendances vers les formes des Ruminants (Xiphodon, Amphimeryx) et les premiers Ruminants qui apparaissent dès la fin de cette période géologique (Gelocus, Dremotherium). Et l’on sent qu'il à fallu, pour que les uns aient pu descendre des autres, l'intervention de puissantes modifications dans les conditions climatériques et telluriennes dans lesquelles les premiers ont vécu. Or, ces modifications sont démontrées par l'étude paléontologique et géologique de ces temps lointains. Époque éocène. — L'époque éocène fut une ère de renaissance créatrice où commença réellement la grande ébauche de la nature animée actuelle. La température de notre hémisphère était alors plus élevée et surtout plus uniforme que de nos jours, climat dû en partie à l'étendue beaucoup plus grande des mers, lesquelles découpaient profondément les continents alors plus faiblement émergés, et en partie aussi, sans doute, aux puissantes émissions hydro-thermales qui ont déposé les gypses éocènes. Aussi la flore de cette époque nous montre-t-elle une végétation essentielle- ment angiosperme et ligneuse, destinée à nourrir une faune com- posée en majeure partie de lourds Pachydermes et Marsupiaux, dont la dentition à la fois mamelonnée, anguleuse et tranchante, 94 PH. THOMAS semble mieux faite pour broyer des végétaux fibreux que les tiges tendres et aqueuses des graminées. Époque miocène. — Avec l'époque miocène, les révolutions sou- terraines qui avaient si souvent secoué les terres émergées et déplacé les mers de la période précédente, et avaient été assez puissantes pour soulever les Pyrénées et les Karpathes, sont ter- minées. L'ère des continents s’élargit et s'exhausse chaque jour davantage, en même temps que se tarissent les émissions internes hydro-thermales : le climat devient plus froid et les terres des continents s’assèchent. Dès lors les animaux n'ont plus besoin d’une aussi large base de sustentation pour cheminer à la surface des terres moins humides et moins vaseuses ; aussi plusieurs grands Pachydermes disparaissent {Palæotherium, Anoplotherium), tandis que les Ruminants aux membres plus fins, plus sveltes et mieux disposés pour la course se multiplient (Gelocus, Dremo- therium, Hyæmoschus). Alors aussi, sous l'influence d’un climat plus sec et plus froid, le développement des végétaux arbores- cents dut beaucoup diminuer et sous leur voûte moins épaisse les végétaux herbacés purent sans doute se développer plus faci- lement. Sous l'influence de ce nouvel état de choses, l’évolution des Ruminants fit de très grands progrès, aussi les trouvons-nous déjà très répandus dans le miocène moyen, bien qu'ils fussent en général petits et peu variés (1). Mais peu à peu les progrès de la végétation s’accentuèrent davantage, devançant toujours, comme c’est la règle, l’évolution organique des Herbivores. Dès l’époque du miocène moyen, le noisetier et le châtaignier avaient commencé à peupler les vastes forêts du Nord de l’Eu- rope, empiétant ainsi sur les palmiers, les camphriers et les canneliers, dont l'extension jusqu’au cinquantième degré de latitude boréale témoignait néanmoins de la douceur relative du climat de cette époque (2). En même temps, la faune des Ruminants s’accroissait et tandis que s'éteignaient les derniers Marsupiaux éocènes, de légers Cervidés apparaissaient {Dicrocerus elegans), ainsi que les premiers Quadrumanes (Dryopithecus, Oreopithecus) et de vrais Carnassiers (Hyœnarctos). Un peu plus tard, c’est-à-dire dans le miocène supérieur, lorsque les palmiers eurent décidément émigré vers le 1) A. Gaudry. — Enchaïinements du monde animal, p. 78. 2) G. de Saporta. Tableau de la classification des étages 3° et 4°, 1878, BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE J5 Sud ct que le chêne, la vigne, le hêtre et l'érable prirent enfin possession du centre de l'Europe, nous voyons alors pulluler les Néo-Ruminants et apparaître les immenses troupeaux d’Antilopes et de Cerfs du Léberon et de Pikermi (Antidorcas, Tragocerus, Palæoreas, etc.) associés à l'Æipparion et au majestueux Æella- dotherium (1). Tous les petits Ruminants étaient alors pourvus de cornes pleines ou de bois aux formes élégantes et variées, presque aussi parfaites que celles des petits Ruminants actuels; mais les cornes creuses et persistantes des Bovidés n'avaient point encore paru ; car l’Æelladotherium, qui s’en rapproche le plus à cette époque, n’en était pas pourvu (A. Gaudry). Peut-être faut-il faire une exception pour le Sivatherium et le Bramatheriun de l'Inde, qui étaient d'énormes Ruminants, mais nous n’en sommes pas absolument certain. Cependant, chez tous les Ruminants du miocène supérieur, le système dentaire s'était de beaucoup sim- plifié et c'est sans doute de cette époque que date l'appropriation définitive de leur estomac et de leur placenta aux conditions nouvelles d'existence. Avec l'apparition des premiers Carnassiers et peut-être même de l'Homme miocène, l'instinct de la conservation dut bientôt obliger ces êtres pacifiques à se grouper en troupeaux dans un but de défense commune, mais il laissa de plus en plus subsister l'instinct individuel qui fait d'un troupeau une masse essentiel- lement mobile et dévorante. Dès lors dévorer vite, mastiquer incomplètement et emmagasiner hâtivement les aliments, furent autant d'obligations fatales pour ces êtres. Or, cette mastication incomplète et cet emmagasinage hâtif sont absolument incompa- tibles avec un estomac uniloculaire et une nourriture exclusi- vement herbacée et fibreuse, d’une digestion toujours longue et difficile. On peut donc affirmer que les Herbivores des troupeaux de Pikermi et du Léberon étaient déjà pourvus d’un estomac multiloculaire et qu'ils étaient probablement aussi doués de la faculté de ruminer. On peut également supposer que le perfec- tionnement organique de ces animaux fût en partie dû au progrès de leur instinct de sociabilité, stimulé par les exigences de la lutte pour l'existence, car à mesure qu'elle se groupait et se multipliait dans un espace donné, l'espèce dut nécessairement devenir de plus en plus mobile. Les membres s’allégèrent et devinrent propres (1) A, Gaudrv, ouvrage cité. 96 PH. THOMAS à la course à mesure que l'estomac se disposait pour emmagasiner une quantité plus considérable d'aliments et que s’accroissaient les troupeaux, car il fallait parcourir d'autant plus d'espace et dévorer d’autant plus vite qu’on était plus nombreux. C’est ainsi, sans doute, que le poids et le volume d’une nourriture rapidement ingérée forcèrent les membranes du cul-de-sac gauche de l’esto- mac de se dilater et à se transformer peu à peu en un vaste magasin de réserve {rumen), tandis que le cardia et le cul-de-sac droit se disposaient de façon à permettre, le moment de la sécu- rité et du repos venu, la régurgitation et une nouvelle mastica- tion des aliments emmagasinés. Cette modification de l'estomac uniloculaire des Pachydermes en un estomac aussi complexe que celui des Ruminants, paraît si bien être le résultat nécessaire de modifications successives, dans le mode et la nature de leurs alimentations que nous voyons, même chez nos Ruminants actuels, les proportions relatives des diverses parties qui composent ce viscère varier avec l’âge, c'est- à-dire avec le mode et la nature de l'alimentation de ces animaux. Ainsi, chez le Ruminant à la mamelle, c'est la caillette qui a le plus grand développement, tandis que chez le même animal adulte le rumen acquierra un développement 12 à 15 fois plus considérable que la caillette (1). D'autre part, ne voyons-nous pas chez certains Marsupiaux et Tardigrades actuels (Kanguroo, : Paresseux) et même chez quelques Rongeurs (Rat d’eau, Mulot) dont l'alimentation a dû varier bien souvent, selon les temps et les lieux, l'estomac se compliquer de poches multiples et même présenter des vestiges de gouttière œsophagienne ? Nos Camé- lides eux-mêmes, qui sont des Ruminants ayant retenu certains caractères des Pachydermes dans leur dentition et leur squelette, n’ont-ils pas un estomac composé seulement de trois poches, tandis que les Ruminants parfaits en ont quatre ? La complication de l'appareil digestif des Pachydermes devenus des Ruminants, n'est donc qu’un fait d'évolution graduelle procédant du simple au composé, parallèle et compensateur du phénomène inverse qui s’est produit dans leur dentition et leur appareil locomoteur, lequel a procédé du composé au simple. S'il est vrai que « l’his- » toire de l’évolution individuelle n’est qu'une répétition courte » et abrégée, une sorte de récapituiation de l’histoire de l’évo- » lution », selon l'expression de F. Müller, nous ne devons pas (1) Siebold, Anatomie comparée. II, p. 460. BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 97 être surpris de retrouver dans la nature actuelle des faits indivi- duels démonstratifs de cette grande loi et en corrélation avec le développement progressif des êtres animés. Époque pliocène. — Mais ce n’est en réalité qu’à la fin de l'époque pliocène qu’apparurent, dans notre hémisphère, de vrais Bœufs à cornes creuses, en même temps que s’y développaient les Proboscidiens à dents lamelleuses (Éléphants) descendus eux- mêmes des énormes Proboscidiens à dents tuberculeuses (Mas- todontes). Une importante révolution s’est faite dans le monde des Ruminants à cette époque, car en même temps que se dessi- naient les premiers Bovidés vrais, les Antilopes, jusque-là nu- mériquement prépondérantes, cédaient le pas aux Cervidés (A. Gaudry). C’est d’ailleurs le moment où, d’après M. G. de Saporta, s'opérait dans le monde végétal « le passage de la nature an- » cienne à la nature actuelle », où les dernières espèces tertiaires disparaissaient et où la végétation mêlée d’un climat correspon- dant à peu près au climat actuel des îles Canaries, se répandait dans toute l'étendue de notre vieille Europe. A la faveur de cette température régulièrement douce et humide, les forêts de coni- fères couvrirent les sommets de l'Europe méridionale où l’on vit, comme dans le Gard et l'Hérault, par exemple, le pin d’Alep et le pin des tourbières se développer côte à côte avec le chêne de Portugal et l’épicea. Les Bovidés apparaissent alors pour la première fois avec tous leurs caractères génériques et sous deux formes distinctes : la première appartient au type désigné par Bojanus sous le nom de Bos primigenius, duquel dérivent toutes les espèces domestiques connues, la seconde appartient au type Bison. Époque quaternaire. — Nous arrivons ainsi à l’origine des temps quaternaires, à cette première période décorée du nom d'âge du Mammouth dans le Centre et le Nord de l’Europe, d'âge de l’Ztephas antiquus dans le Midi. Après les grands phénomènes glaciaires qui se sont accomplis au début de cette période, une élévation considérable de la température se produisit et alors commença, avec la fonte et le retrait des glaciers, une nouvelle distribution géographique des êtres animés à la surface de notre hémisphère (A. Gaudry). Beaucoup de formes nouvelles apparurent, analogues aux actuelles mais offrant, pour la plupart, des caractères de transition qui les reliaient plus ou moins directement aux précé- dentes. Mais d'où venaient ces nouvelles espèces, où s'étaient- elles constituées ? Sur place ou bien dans des contrées lointaines 8 98 PH. THOMAS où l'extension de nos glaciers aurait refoulé leurs ancêtres? Nous ne pourrons mieux répondre à cette question qu'en citant textuellement M. A. Gaudry, notre guide en ces matières : « Tandis que les Quadrupèdes de Sansan, de Pikermi, du Léberon » ont eu des analogies avec ceux de l'Afrique actuelle, la faune » pliocène de l'Auvergne semble avoir eu des rapports avec les » faunes de l'Inde, soit parce que les animaux dont elle est com- » posée sont venus de l'Inde, soit parce qu'ils y ont émigré » lorsque la température s’est abaissée dans notre pays. En effet, » les Cerfs qui sont plus nombreux à Perrier sont du groupe des » Rusa ou des Axis de l'Inde; les Tapirs se rencontrent encore » dans la presqu'île de Malacca. Les Chevaux et les Élé- » phants, dont les restes fossiles abondent dans le pliocène et le » quaternaire de l'Europe, ont pu provenir des monts Sewalick, » puisqu'ils y ont vécu plus tôt; on doit en outre remarquer » qu'on n’a pas encore trouvé dans le miocène supérieur de nos » contrées des animaux fossiles aussi rapprochés du genre » Cheval que l’Æipparion antelopinum et aussi rapprochés du » genre Éléphant que les Mastodontes de l'Inde. Peut-être les » grands Hippopotames sont également venus de l'Asie, car c’est » dans cette contrée qu’on en connaît les plus anciens spéci- » mens. Il ressort de là que les formes de plusieurs de nos ani- » maux quaternaires ou actuels peuvent ne plus résulter des » changements accomplis dans nos pays, mais provenir de l'im- » migration d'animaux importants dans l'histoire des diverses » époques géologiques (1). » Quoi qu'il en soit, presque dès le début de cette période géolo- gique nous sommes en pleine renaissance du règne animal, lequel s'épanouit largement à la faveur d’un climat doux et humide, assez uniforme pour permettre aux figuiers et aux lauriers de Tlemcen (Algérie) de prospérer en même temps à la Celle (Seine-et-Marne) et assez tempéré pour favoriser le dévelop- pement du pommier sauvage, du framboisier et de l’aubépine aux Aygalades (Bouches-du-Rhône), à côté du laurier des Canaries, du figuier et du micocoulier (G. de Saporta). Apparemment les herbages durent être riches sous un tel climat, favorisé par la régularité du cycle périodique des saisons, car les Ruminants (Auroch, Bœuf primitif, Cerf élaphe), prirent aussitôt une exten- sion géographique considérable et rivalisèrent, sous le rapport du G) Histoire des Mammifères quaternaires ou actuels de nos pays, préface, 1876. 4 BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 20 développement physique, avec le Rhinocéros à narines cloison- nées et avec le Mammouth. Puis, peu à peu, la température rede- vint plus sèche et plus froide, les grands fleuves diluviens s'abaissèrent dans les larges lits qu'ils s'étaient creusés, tandis que dans les anfractuosités de leurs berges, bientôt recouvertes de lierre grimpant, de ronces et de vignes, nous voyons l'Homme apparaître tout à coup, venant on ne sait d'où, pauvre et misé- rable, mais déjà industrieux. Ce ne put être qu’un retour à une température plus froide qui le contraignit à chercher un refuge dans ces abris rupestres, où nous trouvons ses ossements pêle- mêle avec ceux du Renne, cet hôte providentiel des zones gla- ciales, du grand Ours des cavernes, de l’Aurochs, du Bœuf primi- tif et d’un nouveau venu, le Bœuf musqué (Ovibos moschatus), aujourd'hui confiné dans les régions les plus boréales du Nou- veau-Monde. Mais l'espèce humaine n'aurait pu se développer facilement sous un pareil climat, aussi voyons-nous celui-ci faire bientôt place à un climat plus tempéré et très analogue à celui dont nous jouissons actuellement, bien qu'un peu plus froid. L'Homme dut alors quitter ses sombres et humides retraites et songer à utiliser les mille richesses que la nature éparpillait autour de lui; on sent du reste qu'elle est toute prête à seconder, à favoriser son développement matériel et intellectuel, car voici réunis autour de l'Homme, en grand nombre, ses futurs serviteurs : le Cheval et le Bœuf, peut-être aussi l’Ane et le Chien. Cependant notre vieux monde eut encore de nouvelles révo- lutions climatériques à traverser avant d'arriver à l’époque actuelle, car nous voyons successivement s’y produire, vers la fin des temps quaternaires, des émigrations importantes. D'une part le Renne, si abondant dans les cavernes du Périgord, fuit vers le Nord avec le Bœuf musqué, tandis que les grands Car- nassiers et les Antilopes se retirent vers le Sud. Puis nous voyons, d'autre part, l’Aurochs, le Saïga et peut-être aussi le Cheval quaternaire émigrer à leur tour vers les vastes steppes orientales où déjà sans doute les vents alizés qui soufflèrent de l'Orient pour assécher nos terres détrempées par les récents déluges, avaient apporté les graminées sur leurs ailes, fertilisant ainsi la longue zone qui s'étend du désert de Gobi au Sahara actuel, zone que la persistance de ces mêmes alizés devait plus tard stériliser. Époque actuelle. — Nous touchons ainsi à l’époque actuelle, 100 PH. THOMAS laquelle reçut de l’ancienne toutes les formes de Ruminants connues, savoir : 4° Les Camélidés, dont les canines et quelques incisives supé- rieures sont conservées, n'ayant point de cornes ou seulement des cornes rudimentaires et dont l'estomac est dépourvu du com- partiment nommé feuillet chez les autres Ruminants ; 20 Les Cervidés, caractérisés par leurs cornes ou bois cadu- ques, par l'absence d'incisives à la mâchoire supérieure et par leurs molaires à fût très court, orné d’un appendice ou denticule court et pointu ; 3° Les Antilopidés, caractérisés par leurs cornes osseuses, pleines et persistantes, ainsi que par leurs molaires à fût très allongé et dépourvu d’appendice ou denticule ; 4° Enfin, les Bovidés, caractérisés par leurs cornes osseuses creuses et persistantes et par leurs molaires à fût élevé, auquel se soude un appendice ou denticule aussi élevé que lui. IT CARACTÈRES ET DISTRIBUTION DES BOVIDÉS FOSSILES. Nous allons essayer, d’après les travaux de G. Cuvier, Pallas, Lartet, Pictet, P. Gervais et de M. Brandt pour les espèces géolo- giques, d’après ceux de M. Rütimeyer pour les espèces préhis- toriques, d'indiquer les principaux caractères des Bovidés, ainsi que leur distribution géographique depuis leur apparition jusqu’à l’époque actuelle. À. —s.g. Bœuf. Frontal carré et plat, souvent plus haut que large, formant avec le plan occipital un angle aigu. Orbites très éloignés de la base des cornes et peu saillants. Cornes non caduques, cylin- driques, lisses, fortes et souvent très longues; à noyaux osseux très celluleux et communiquant avec les sinus frontaux; atta- chées aux extrémités de la protubérance frontale nommée chi- gnon ; généralement dirigées en dehors et en haut, puis recour- bées en avant ; pouvant manquer totalement dans certaines variétés. Treize paires de côtes. Six vertèbres lombaires. Pas BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 101 d'incisives à la mâchoire supérieure ; pas de canines, pas de pré- molaires dans l’âge adulte ; molaires à fût élevé, présentant entre leurs collines internes pour les supérieures, externes pour les inférieures, de petites colonnettes ou denticules soudés au fût dans toute leur étendue et aussi hauts que lui. Formule dentaire : 0 — 32. Membres courts et trapus. Queue longue, terminée par un bouquet de crins. Une seule espèce de poils, courts, raides, couchés sur la peau, présentant des colorations plus ou moins variées, souvent un peu frisés sur la nuque chez le mâle. Quelques variétés, généralement petites, présentent une ou deux loupes ou bosses graisseuses plus ou moins volumineuses, placées sur le garrot. — Est répandu à l’état domestique dans les cinq parties du monde. Une seule espèce fossile : Bos primigenius Bojanus. — C’est l’Urus de César, le Taurus fossilis de Baër, le B. urus priscus de Schlesing, le B. trochoceros de de Meyer, le B. synophris de Fischer, le B. giganteus de Croizet, le B. velaunus de Robert, le B. intermedius de Marcel de Serres, le B. frontosus de Nilson, le B. tauri var. culta de Rütimeyer et Daw- kins, enfin le B. taurus sylvestris primigenius de Brandt. Le B. lon- gifrons où brachyceros d'Owen ne paraît être qu’une variété de cette espèce. Les caractères de cette espèce sont ceux du genre indiqués plus haut, avec des variations d'autant plus nombreuses qu’on se rapproche davantage de l’époque actuelle. Elle s’est perpétuée à l'état sauvage jusqu'à l'époque romaine et même jusqu’au moyen- âge dans les forêts de la Germanie. Les plus grands spécimens fossiles de cette espèce ont été retirés des tourbières du Nord de la France et de l'Allemagne : l’un d’eux devait mesurer, d’après G. Cuvier (1), 2"11 au garrot et 389 de longueur ; la variété fossile la plus. petite se retrouve à l’état domestique, dans les cités lacustres néolithiques de la Suisse. De nos jours, l'expres- sion la plus parfaite de ce type primitif se retrouve, d’après Cuvier, Bell et M. Rütimeyer, dans la belle et grande race de Frise. Sa forme actuelle la plus aberrante est un Zébu de l'Inde, gros comme un Mouton, dépourvu de cornes, sentant le musc et portant deux bosses graisseuses sur le garrot. Il est curieux de remarquer que cette dernière difformité, qui se retrouve dans (1) Recherches sur les ossements fossiles, t. VI, p. 302. 102 PH. THOMAS plusieurs variétés de Zébus confinées dans les régions chaudes de l'Asie et de l'Afrique, coïncide dans ces mêmes régions avec d’autres cas d’aberrations analogues, soit dans l'espèce humaine (stéatopygie des Hottentotes), soit dans d’autres espèces animales (Chameaux à une et à deux bosses, Mouton syrien à large queue). Cependant, d’après G. Cuvier lui-même, toutes ces races pré- sentent les caractères fondamentaux de leur type ancestral, qui est le Bos primigenius de Bojanus ; voici, textuellement, son opi- nion. à Ce sujet: «...… Les caractères assignés à l'espèce du Bœuf » ne sont pas seulement ceux d’une ou deux variétés : ils se sont » trouvés constants, non-seulement dans tous nos Bœufs et » Vaches ordinaires, mais encore dans toutes les variétés étran- » gères que nous avons examinées, telles que : les petits Bœufs » d'Écosse, les Bœufs à grandes cornes de la Romagne, les » Bœufs sans cornes, les Zébus ou Bœufs à bosses, grands et » petits, avec des cornes ou sans cornes, enfin jusque dans les » crânes embeaumés des grottes de la Haute-Égypte, rapportés » par M. Geoffroy » (1). M. Rütimeyer, qui a étudié cette espèce sur de très nombreux spécimens retirés des cités lacustres néolithiques de la Suisse, lui reconnaît déjà, à cette époque, quatre races distinctes, toutes domestiquées, qu'il caractérise commme suit (2) : a. Bos brachyceros où Bœuf des tourbières. — Dolichocéphale ; petit, à membres grêles ; chignon saillant, formant un angle aigu avec l’occipital; front plat et allongé ; cornes épaisses et courtes, dont la longueur ne dépassait pas le périmètre de la base, con- tournées en dehors et en avant. M. Rütimeyer l’identifie au B. longifrons d'Owen,; il voit en lui la souche de la race brune actuelle de Schwitz et peut-être aussi des races aujourd’hui com- munes dans le nord de l'Afrique, en Algérie notamment. De son côté M. Marinoni a retrouvé cette race dans les terramares néoli- thiques de la Lombardie et il la considère comme spéciale actuel- lement au centre de l'Afrique (3) ; il est probable que cet auteur l’identifie au Zébu du Soudan. b. Bos trochoceros. — Dolichocéphale ; ossature forte et lourde ; taille inférieure d’un tiers environ à celle du Bœuf primitif; front carré, plat; chignon arrondi, sans tubérosité ; cornes (1) Ossements fossiles, t. VI, p. 221. (2) Die Fauna der Pfahlbauten in der Schweiz, Basel, 1861. (3) Matériaux pour l'histoire prim. et nat. de l'Homme, t. XIE, p. 129. BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 103 grandes, épaisses, dirigées d’abord en arrière et en dehors, puis en avant et en bas, formant un demi-cercle dont les extrémités se dirigent vers les yeux. Cette race semble avoir pris naissance en Italie, pendant l'époque quaternaire, d’où elle serait ensuite remontée vers le nord. c. Bos primigenius. — Dolichocéphale ; taille moyenne ; front long et plat; chignon concave en son milieu, élevé vers les cornes ; celles-ci sont parfois très longues, toujours plus longues que le périmètre de leur base et leurs pointes sont dirigées en dehors et légèrement recourbées en avant et en haut. D’après M. Rütimeyer, cette race aurait pris naissance dans le sud-est de l’Europe, elle serait la souche des races des steppes, de la Hongrie et des Romagnes. Nous verrons, dans la suite de ce travail, que cette race se retrouve, confondue avec la précédente, dans les alluvions quaternaires des bas-niveaux ainsi que dans quelques stations humaines paléolithiques de l’Algérie, bien qu'elles ne semblent ni l’une ni l’autre y être représentées ac- tuellement. d. Bos frontosus. — Brachycéphale ; plus petit que le Bœuf pri- mitif, plus grand que le Bœuf des tourbières; frontal épais, convexe entre les cornes, piat ou un peu concave entre les yeux; chignon saillant et fortement courbé sur l'occiput ; noyaux osseux des cornes allongés, dirigés en dehors et souvent un peu contournés sur eux-mêmes. Celte race serait originaire de la Scandinavie et aurait été la souche de la race Suisse actuelle dite tachetée. A l’époque où les races domestiquées qui viennent d'être décrites vivaient dans les cités lacustres de la Suisse, leur type ancestral, le B. primigenius, était répandu dans tout le nord de l’Europe, en Danemark notamment où M. J. Streenstrup l’a trouvé dans des tourbières remplies de feuilles bien conservées du pin sylvestre (Pinus sylvestris) (1). IL était commun aussi dans les stations néolithiques du Sud de l'Europe. Mais déjà dès l’époque immédiatement antérieure, c'est-a-dire dès cette période du quaternaire récent que l’on est cunvenu d'appeler chez nous l'âge du Renne, cette espèce se montre très répandue et on la retrouve un peu partout, notamment dans les cavernes du sud- ouest de la France, où elle est associée à l’Aurochs ‘Bison euro- pœus) et au Bœuf musqué (Ovibos moschatus), ainsi qu'à une plus (1) Matériaux, t. VII, p. 301, 104 | PH. THOMAS petite espèce qui n’en est qu'une variété et qui, d’après M. Boyd Dawkins, est identique aux Bos brachyceros d'Owen et frontosus de Nilson (1). C’est cette petite variété, que l’on retrouve aussi dans les stations de l’âge du Renne du nord et du centre de l'Europe, notamment à Veyrier (Suisse) où elle est abondante, qui a été prise pour une espèce domestiquée ; mais nous verrons tout-à-l’heure qu’elle existait déjà avec ses caractères essentiels dès la fin des temps tertiaires et que, dès lors, il n’est pas possible d'admettre qu'elle soit un produit de la domestication du Bos pri- migenius. D'après M. Brandt (2) le Bos primigenius de Bojanus constitue la variété fossilis du sous-genre Bos taurus de Baër. Ce savant naturaliste l'identifie aux espèces suivantes : a. Bos brachyceros ou longifrons Owen. b. Bos frontosus Nilson. c. Bos trochoceros H. de Meyer. d. Bos tauri, var. culta Rütimeyer. Il a reconnu cette espèce parmi les ossements fossiles des cavernes de l’Altaï, dont l’ensemble constitue la faune caracté- ristique de notre quaternaire ancien, ou âge des animaux éteints. Citons parmi cette faune : l’Elephas primigenius, le Rhinoceros tichorhinus, l'Hyœna crocuta, race spelæa et l'Aurochs ou Bison europæus. Les ossements de B. primigenius trouvés dans ces cavernes présentent, d’après M. Brandt, des caractères physiques différents de ceux d'Aurochs provenant cependant des mêmes couches, caractères desquels il se croit en droit de conclure que déjà, à cette époque, le B. primigenius était domestiqué. Mais de ce que les os de ce dernier se sont montrés « plus mous et plus décomposés » que ceux de l’Aurochs, il ne s’en suit pas nécessairement, à notre avis, que le B. primigenius ait été domes- tiqué dès cette époque. Nous croyons que si la diminution de la densité des os du Bos primigenius de l’Altaï avait été réellement le fait de la domestication, ce phénomène se serait très probable- ment accompagné d’une réduction notable de leur volume, réduction qui n'a pas été constatée, que nous sachions, car d’après M. Brandt lui-même les dimensions du squelette du B. (1) Quarterly Journal of the Geological Soc., Août 1867. (2) Recherches sur les Mammifères des cavernes de l'Altaï, trad. d'E. Oustalet. BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 105 primigenius de l’Altaï égalaient celles de l’Aurochs, à tel point qu'il n’était pas toujours facile de distinguer les ossements appar- tenant à l’une ou à l’autre de ces espèces. La présence, dans les terrains tertiaires supérieurs d'An- gleterre (pléistocène où âge du forest-bed), d'une petite espèce bovine à laquelle Owen a donné le nom de Bos brachyceros ou longifrons, n'est pas un argument plus sérieux en faveur de la domestication du Bœuf primitif à ces époques reculées. Owen voyait dans cette petite espèce, recueillie en abondance parmi des débris d'Elephas meridionalis et antiquus, de Rhinoceros lep- torhinus, d'Ursus avernensis et d'Hippopotamus major, la souche des petites races actuelles courte-cornes et sans cornes d'Écosse et du pays de Galles, car elle s'est continuée sans interruption, en se modifiant insensiblement, dans toutes les formations d'An- gleterre intermédiaires à l'époque tertiaire et à l'époque actuelle. D'autre part, cette même petite espèce a été reconnue, comme nous l'avons dit plus haut, dans plusieurs stations de l'âge du Renne du sud-ouest de la France et du centre de l'Europe (Gourdan, Duruthy en France, Veyrier en Suisse, Schussenried en Würtemberg, etc.), où elle s’est trouvée associée au Bos pri- migenius, au Bison europœus et à l'Ovibos moschatus. Enfin, un peu plus tard, pendant l'époque néolithique, M. Rütimeyér lx retrouve encore dans les cités lacustres de la Suisse, parmi trois. autres races domestiquées : c'est sa race brachyceros. Partout donc, depuis la fin de l’époque tertiaire jusqu'à l’époque actuelle, cette petite espèce se retrouve avec ses caractères essentiels qui la rattachent spécifiquement au Bos primigenius. Or, comme on ne peut pas admettre qu'elle ait été domestiquée dès l’époque pleistocène et qu'aucun fait certain n'autorise à l’admettre comme domestiquée avant l'époque néolithique ou Robenhausienne de M. de Mortillet, nous nous croyons fondé à la considérer, pendant les temps géologiques, comme une race formée indépendamment. de toute intervention humaine, sous l'influence de causes natu-- relles conformes « à la loi suprème de la nature, qui est celle de: » l'appropriation au milieu, qui fixe les types et détermine leur » invariabilité pendant les périodes d'état stable et permanent duvmilieu..... et qui préside aux transformations pendant les » périodes de troubles ou de révolutions où les conditions du mi- » lieu subissent des modifications plus ou moins profondes » (1). (1) J. Tissot, Essai de philosophie naturelle, t. I, p. 152. Constantine 1881. 106 PH. THOMAS La douceur du climat qui a présidé à la formation des dépôts pleistocènes d'Angleterre, ayant permis à un Mammifère amphibie tel que l'Hippopotame de vivre sous ces hautes latitudes, il faut exclure l’action du froid des causes qui ont présidé à la formation de cette race, ou bien admettre qu’elle s’est formée à une époque antérieure dont la température était plus froide. Mais quelle que soit la cause initiale qui a pu présider à la formation de cette race, cette cause n’est nullement en contradiction avec les lois na- turelles de l’ordre organique, car tous les paltontologues savent que de tout temps, même pendant les périodes géologiques bien antérieures à l'apparition de l'Homme sur la terre, les espèces ani- males ont été douées de la faculté de se fractionner en races, de telle sorte que « alors comme aujourd’hui, il est impossible de dire » où commence l'espèce et où s'arrête la race » (1). La preuve de la domestication du Bœuf pendant les époques géologiques, si tant est qu'elle ait existé alors, reste donc à faire sur des données autres que celles tirées du développement du squelette et de la densité plus ou moins grande de ses parties composantes, carac- tères qui peuvent appartenir aussi bien aux races naturelles qu'aux races domestiques. Pour ce qui est de l'existence du Bos primigenius pendant l’époque tertiaire sur notre hémisphère, elle n’est encore établie que sur quelques faits, en dehors de celui relaté plus haut. Les alluvions pliocènes de Perrier (Puy-de-Dôme) ont notamment fourni à Croizet les débris de deux Bovidés dont il a fait son Bos elatus, var. magnus et var. minor (2). Mais nous croyons que la première de ces deux variétés seule doit se rapporter au Bos pri- migenius ; cependant nous n'oserions Flaffirmer. G. Cuvier cite plusieurs ossements isolés des brèches osseuses des côtes de la Méditerranée qui pourraient appartenir à cette espèce, mais qui n'ont pas été déterminés spécifiquement. Enfin, nous avons nous-même recueilli, dans les dépôts pliocènes fluvio-lacustres à Hipparion des environs de Constantine, quelques ossements que nous décrirons plus loin, en tout semblables à ceux du Bos primi- genius du quaternaire algérien. B. — s. g. Bison. Frontal bombé, plus large que haut, formant avec le plan occi- (1) À. Gaudry, Enchainements, p. 244. (2) P. Gervais, Zoologie et puléontologie francaises. BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 107 pital, qui est saillant et incurvé en demi-cercle, un angle obtus. Orbites assez éloignés de la base des cornes et très-saillants. Cornes laterales, médiocres, courtes, cylindriques, parfois très élargies à la base ; insérées au-dessous de la ligne incurvée en demi-cercle qui sépare le front de l'occiput; dirigées en dehors, puis légèrement recourbées en avant. Quatorze à quinze paires de côtes. Avant-main plus développée que l’arrière-main ; garrot très proééminent. Membres plus grêles et plus longs que ceux du Bœuf. Queue longue. Mufle allongé et conique ou large et carré. Dentition semblable à celle du Bœuf. Deux sortes de poils, les uns doux et laineux, les autres très longs, durs et grossiers, ces derniers recouvrant les parties antérieures du corps jusqu'aux épaules ; le reste du corps est recouvert par un poil ras, couché et de couleur moins foncée. Ces animaux répandent une forte odeur de musc. Ils n’ont jamais été domestiqués. La distribution géographique de ce genre est aujourd’hui très limitée : en Europe on n’en retrouve que quelques rares repré- sentants dans les forêts de la Lithuanie et dans les montagnes du Caucase ; autrefois il était très répandu dans toute l’Amérique septentrionale, mais, depuis la découverte, il s’est retiré dans l'Ouest avec la race Indienne, à la destinée de laquelle son existence semble liée. Pendant les temps géologiques, comme pendant l'époque actuelle, ce genre a été représenté par une espèce commune à l'ancien et au nouveau continents, espèce dans laquelle on dis- tingue deux variétés : le Bison europœus (Aurochs) et le Bison americanus (Buffalo). Aurochs fossilis G. Cuvier. — C'est le Bonasus d’Aristote, le Bos priscus de Bojanus, le Bos Buffalus de Pallas, le Bos latifrons de Fischer, le Bison latifrons el antiquus de Lerdy, le Bison priscus d'Owen. C’est, enfin, le Bison bonasus seu europœus, seu americanus de Brandt. Frontal bombé dans tous les sens, beaucoup plus large que haut, dans la proportion de 3 à 2. Protubérance frontale en demi- cercle, se projetant en arrière au-delà des cornes. Orbites très saillants, tubuleux. Cornes courtes, massives à la base, attachées a 10 centimètres environ en avant et au-dessous de la protubé- Jance frontale, à noyaux moins celluleux que chez les Bœufs et es Buffles; dirigées horizontalement de côté et à extrémités légè- rement recourbées en avant. Taille très élevée, égale à celle des plus grands Rhinocéros quaternaires. Membres relativement longs 108 PH. THOMAS et grêles. Apophyses épineuses du garrot très hautes, plus. lon- gues que chez tous les autres Bovidés. Dentition semblable à celle du Bœuf; cependant M. Brandt a remarqué dans la denti- tion de l’Aurochs des cavernes de l’Altaï une particularité impor- tante à noter : c'est la forme élargie et arrondie du bord posté- rieur de la dernière molaire inférieure, laquelle, dans: l’Aurochs actuel, a ce même bord comprimé et terminé par une arête assez tranchante (|). G. Cuvier n'a presque pas trouvé de différence entre les crânes d'Aurochs fossiles et ceux d’Aurochs vivants quil a comparÿs : « leur ressemblance va même au point qu'il » est très difficile de ne pas les considérer comme identiques» (2). Certains auteurs, MM. Brandt et Jäger notamment, considèrent le Bison d'Europe et celui d'Amérique (Bos americanus Gmelin) comme appartenant à une même espèce à laquelle ils donnent le nom de Bison bonasus. G. Cuvier lui-même considérait les dif- férences ostéologiques qui caractérisent ces deux variétés comme « n'étant pas aussi fortes que celles qui existent entre l’Aurochs » fossile de Bonn et l'Aurochs d'Europe actuel ». Mais Agassiz a publié un parallèle entre les Bisons d'Europe et d'Amérique qui les éloigne davantage que ne l’admettaient les savants ci-dessus désignés. Voici le tableau comparatif dressé par Agassiz (3): a CARACTÈRES TIRÉS DE : BISON AMERICANUS BISON EUROPÆUS (Buffalo). (Aurochs). Mufle formé par les inter- Large et carré. Allongé, se terminant en maxillaires. cône arrondi. Surface triangulaire des | Régulière, se terminant. | Devenant graduellement pariétaux. en pointe. cônique, mais non en pointe; se terminant par une suture trans- versale. Lacrymaux. Très obtus et très avan- Presque carrés. cés sur les maxillaires supérieurs. Portion supérieure du Non proéminente. Élevée et proéminente. frontal. Voüûte palatine. Carrée. Ovale. (1) Nouvelles recherches sur les Bisons des cavernes de l'Altai, (2) Ossements fossiles, t. VI, p. 281. (3) Matériaux, t. IV, p. 169. pe BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 109 M. Rütimeyer admet une distinction spécifique entre le Bison d'Europe et celui d'Amérique; il les sépare même spécifique- ment de l’Aurochs fossile tout en reconnaissant, il est vrai, que ces espèces peuvent toutes provenir d'un tronc commun. Quant à nous, nous pensons que les différences qui séparent ces trois espèces de Bisons sont moins importantes que celles qui s’obser- vent dans beaucoup de nos races de Bœufs actuelles, toutes issues, cependant, d’une seule et même souche éteinte depuis bien peu de temps. On ne voit pas, du reste, pourquoi les deux races actuelles de Bison descendraient de souches différentes, dès lors qu'il a été reconnu par G. Cuvier (1) que l’Aurochs fossile d'Amérique, découvert par Peale dans le big-bone-lick du Ken- tucky, est semblable à l’Aurochs fossile d'Europe. Il est vrai que l'hypothèse d’une souche unique suppose une communication quelconque entre l’ancien et le nouveau monde, pendant les temps géologiques ; hypothèse que, du reste, bien d’autres faits appuient de leur autorité. IL est remarquable, par exemple, que ce sont précisément les deux points extrêmes de notre vieux monde par lesquels on suppose qu’il a pu communiquer avec le nouveau : la Sibérie d’une part, le sud-ouest de l'Europe d'autre part, sur lesquels se retrouvent en plus grande abondance les restes fossiles de l'Aurochs. Voyons maintenant, aussi rapidement que possible, l’histoire du Bison d'Europe dans le temps et dans l’espace. Nous avons vu plus haut que l’Aurochs s’est perpétué jusqu’à nos jours en Europe. Les habitants de la Germanie, dont il habitait encore les vastes forêts au moyen-âge, lui avaient donné le nom de Thur ; Aristote et Pausarias lui ont donné pour berceau la Pœonie (Bulgarie actuelle) et M. Brandt pense, avec G. Cuvier, que le -grand Bœuf sauvage que chassaient les rois d’Assyrie n'était autre que l’Aurochs. Sur le seuil des temps historiques, c’est-à- dire pendant la période néolithique, nous le retrouvons avec M. Rütimeyer dans les cités lacustres de la Suisse ; ce savant naturaliste constate que, dès cette époque, l’Aurochs était beau- coup moins répandu que le Bœuf primitif, déjà fractionné en plusieurs races domestiques, et que ces deux espèces ne se trou- vaient guère réunies à l’état sauvage et en nombre à peu près égal, que sur quelques points très limités du centre de l'Europe; en effet, on n’en a jamais retrouvé de traces dans les immenses (1) Ossements fossiles, t. VI, p. 287. 410 PH. THOMAS amas de débris de cuisine du Danemarck (Xjoeckenmoedings). C'est que déjà, dès la période précédente, c’est-à-dire vers la fin de l'époque quaternaire, l’Aurochs avait commencé, avec le Saïga et probablement aussi avec le Cheval, son mouvement d’émi- gration vers l’est. Pendant l’âge du Renne l’Aurochs semble avoir eu une plus grande extension numérique, dans l’ouest de l'Europe notamment. Nous le voyons alors, en effet, très répandu dans toutes les ca- vernes du sud-ouest de la France : à Bois-du-Roc, au Placard-de- Rochebertier, à La Chaïize dans les Charentes, où M. A. Gaudry l'a reconnu en compagnie du Renne, du Mammouth, du Saïga tar- tarica et du Bœuf primitif; à la Madeleine, aux Eyzies, à Lau- gerie-Basse, où Lartet et M. Massénat l'ont aussi retrouvé. Mais l’'époquedesa plus grande extension géographique semble avoir été celle des animaux éteints (quaternaire ancien). Pander, Ratbke (1) et Brandt l'ont trouvé en grand nombre dans le nord de l'Asie, tant dans les alluvions quaternaires des fleuves Sibériens que dans les cavernes de l’Altaï, associé à ÆZlephas primigenius, Rhino- ceros tichorhinus, Hyæna spelæœa, Equus caballus el Bos primigenius. C’est vraisemblablement de la même époque que proviennent les crânes d'Aurochs des bords de la Vistule et du Rhin décrits par Klein et Faujas, puis par G. Cuvier, ainsi que les très nombreux crânes déterrés dans les alluvions quaternaires du nord de la Péninsule Italique (2). Le bassin quaternaire de Paris a également fourni à M. Reboux, l’Aurochs associé à Bos primigenius, Equus plicidens, Rhinoceros tichorhinus, Ursus spelœus, etc. Enfin, Cuvier et après lui Pictet (3) citent des ossements isolés, qu'ils ne peu- vent distinguer de ceux de l’Aurochs fossile, dans la caverne de Kirkdale en Angleterre, dans les alluvions du canal de l’Ourcq et de la vallée de la Somme, ainsi que dans celles du val d’Arno, de Romagnano et de Ronca en Italie, localités où ils se sont trouvés associés aux mêmes animaux éteints que ci-dessus. Une détermination erronée, qu’un nouvel et plus complet examen nous a permis de rectifier, nous avait fait croire à l’exis- tence, dans le pliocène supérieur de Constantine, d’un Ruminant ayant des caractères intermédiaires ou de transition entre les Antilopes et les Bisons. Mais depuis la présentation de notre (1) Nouveaux mémoires des naturalistes de Moscou, t. III. (2) Ossements fossiles, t. VI, p. 282 et suivantes. (3) Paléontologie, I, p. 365. BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 411 mémoire au congrès d'Alger nous avons pu reconnaître que le Ruminant d'Aïn Jourdel, auquel nous avions donné le nom de Bison africanus, appartient bien plus à la famille des Antilopidés qu'à celle des Bovidés et qu'il ne nous était pas possible de main- tenir notre première détermination. La descriptio de ce Ruminant sera mieux à sa place dans un prochain travail que nous publie- rons sur les petits Ruminants pliocènes et quaternaires des envi- rons de Constantine. Mais l'existence du type Bison ne nous paraît pas douteuse pendant la période pliocène d'Europe, car il y a très probablement un Bison en voie d'évolution dans l’une des deux variétés du Bos elatus découvert par Croizet dans l’alluvion pliocène de Perrier, près Issoire (Puy-de-Dôme), espèce à laquelle P. Gervais assigne les caractères suivants : « membres très » grèles, cornes médiocres, très recourbées, molaires antérieures » ayant un tubercule bien développé au milieu de leur base » interne, à l'opposé de l'intervalle des convexités. » (1). Le même auteur dit que M. Pomel (2) nomme Bos elaphus, en le regardant comme une espèce à part, la même variété que Croizet nommait Bos elatus minor. D'autre part, Pictet dit que M. Pomel a nommé l’une des deux variétés du Bos elatus de Croizet : Aurochs antilope (3). Ajoutons que dans l’Amérique du Nord, où l’évo- lution des êtres animés pendant les dernieres époques géolo- giques paraît avoir élé en avance sur celle de notre hémisphère, M. Marsh a constaté l'existence de Ruminants à cornes creuses dès le pliocène inférieur, époque où, d’après ce savant paléonto- logue, ils auraient été représentés par deux espèces de Bisons (4). C. — s. g. Buffe. Frontal très épais, uniformément bombé, aussi large que haut mais plus étroit à la base qu’au sommet; formant un angle droit avec le plan occipital. Protubérance frontale élevée, régu- lièrement arrondie d'un côté à l’autre, dont la face postérieure présente une large surface plane pour l'insertion des muscles du cou. Orbites effacés et placés très près de la base des cornes. Cornes à noyaux celluleux s’insérant aux extrémités de la protu- (1) Zoologie et Paléontologie francaises. (2) Pomel, Catalogue méthodique, p. 114. (3) Paléontologie, I, p. 866. (4) Revue scientifique, n° du 11 mai 1878. 119% PH. THOMAS bérance frontale, longues et effilées aux extrémités; anguleuses et plates sur leur face inférieure, ou bien cylindriques ; elles peuvent être aussi, comme chez le Buffle du Cap (Bos caffer Sparmann), très élargies à leurs bases, lesquelles recouvrent presque complèlement le frontal et ne sont séparées l’une de l'autre que par un espace très étroit, en forme de canal; elles sont dirigées d'abord plus ou moins obliquement en dehors et en bas, puis elles se relèvent en décrivant une large courbe à conca- vité supérieure. Extrémité de la tête plus allongée et plus étroite que chez les autres Bovidés. Chanfrein étroit, légèrement excavé vers la naissance des os du nez. Treize paires de côtes, plus larges que celles du Bœuf et du Bison. Taille élevée ; le Buffle du Cap a des formes massives et beaucoup de fanon. Membres plus trapus et plus forts que ceux du Bœuf, mais à ce point de vue la différence n’est pas aussi grande qu'entre le Bœuf et l’Aurochs. Queue longue et pendante. Pelage uniforme, foncé, composé d'une seule espèce de poils durs, clair-semés et courts. Les quatre mamelles du mâle sont disposées sur une ligne trans- versale. Habite l'Inde, l'Afrique centrale et australe, l'Italie et l'Asie mineure. Il paraît n'avoir été introduit en Europe que vers le v° ou le vr° siècle de notre ère. On ne connaît, jusqu’à présent, qu'une seule espèce fossile découverte dans le quaternaire récent de l'Algérie, en 1852, et décrite par Duvernoy sous le nom de Bubalus antiquus. Les soi- disant Buffles fossiles de Sibérie découverts par Pallas (Bos Pal- lasi de Kay, Bos canaliculatus de Fischer, Buffle musqué fossile de Cuvier), doivent être restitués au sous-genre Ovibos, ainsi que l'ont établi les faits recueillis postérieurement. G. Cuvier avait du reste lui-même émis un doute sur sa détermination, car il a écrit ceci en résumant son étude sur les Bœufs fossiles : « On n’a » encore rien trouvé parmi les fossiles, qui rappelât aucune » variété du Buffle des Indes, ni le Buffle du Cap; par consé- » quent si les fossiles venaient d'espèces vivantes, ce ne serait » pas d'espèces de pays chauds, mais bien d'espèces de pays » froids. Les crânes semblables à ceux du Buffle musqué » d'Amérique, n'ayant été vus que trois fois et sur les côtes de » Sibérie, il reste des doutes à leur égard..……, etc. » (1). Bubalus antiquus Duvernoy. — Frontal aussi large que haut, (1) Ossements fossiles, t, VI, p. 332. pe BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 113 moyennement et régulièrement bombé, formant avec le plan occipital un angle droit. Protubérance frontale saillante, réguliè- ment arrondie d’un côté à l’autre, à surface postérieure plane et rugueuse, offrant une large surface d'implantation aux muscles du cou. Noyaux osseux des cornes cylindriques, très celluleux, très longs, naissant aux extrémités de la protubérance frontale ; beaucoup plus longs et volumineux, par rapport au volume de la tête, que dans n'importe quelle autre espèce de Bovidés ; dirigés d’abord en bas et en dehors, puis se relevant en forme de croissant et décrivant une longue courbe à concavité supé- rieure. Apophyse basilaire prismatique, très large à sa base. Chanfrein étroit, légèrement concave entre les orbites, se resser- rant brusquement au-dessous du frontal, beaucoup plus étroit à son extrémité inférieure qu'à sa base. Orbites très effacés et comme enfoncés sous les noyaux des cornes ; leur axe n'est pas latéral, comme dans les Bœufs et les Bisons, mais obliquement dirigé en bas et en avant. Voûte palatine large, presque carrée. Dentition semblable à celle du Bœuf. Taille très élevée; les membres sont hauts, quoique très puissants ; la grande longueur des apophyses épineuses des premières vertèbres dorsales indique un garrot saillant; le bassin est moins développé, proportion- nellement, que la cage thoracique ; la croupe devait être courte et inclinée, à en juger par la longueur relative et l’incurvation des diverses parties du coxal et du sacrum ; l’étroitesse de la sur- face articulaire postérieure du sacrum indique un faible dévelop- pement des vertèbres coccygiennes. Cette espèce a été décrite pour la première fois, en 1851, par le naturaliste Duvernoy, d'après un crâne incomplet découvert dans les alluvions quaternaires des environs de Sétif (département de Constantine){1). Depuis lors, trois autres crânes ont été décou- verts en Algérie, dont un sur la rive gauche du Rummel, à 20 ki- lomètres en amont de Constantine, près du village d'Aïn Smara; il a été décrit en 1859 par M. E. Ollivier, pharmacien militaire (2) et se trouve actuellement déposé au Musée de Constantine. Le troisième aurait été découvert dans les alluvions quaternaires de la plaine de la Mitidja, non loin d’Alger, mais nous ne possé- dons sur lui aucun renseignement précis. Le quatrième enfin, a été trouvé, en 1876, sur la limite sud des hauts plateaux de la (1) Comptes-rendus de l'Académie des Sciences, 1851. (2) Constantine, avril 1859, librairie Bastide, brochure in-&, 114 PH. THOMAS province d'Alger, dans les alluvions quaternaires de l'Oued Djelfa ; M. Dautremant, qui l’a découvert et donné au Musée de la ville d’Alger, a recueilli au même endroit les ossements de plusieurs individus, ossements dont il a bien voulu nous confier l'examen au moment même de la découverte. Après avoir exa- miné nous-même le gisement et avoir pris les mensurations exactes de tous les ossements découverts, nous les avons fait connaître en 1875, d’abord à la Société climatologique d'Alger (1), puis à P. Gervais, alors professeur d'anatomie comparée au Muséum. Ce dernier a reconnu, dans le spécimen de Djelfa, le Bubalus antiquus de Duvernoy et a publié nos mensurations dans le Journal de Zoologie, avec une planche mettant en regard les spécimens de Sétif et de Djelfa (2). L'espèce vivante de laquelle le Buffle fossile d'Algérie semble le plus se rapprocher, par les caractères du crâne notamment, est la plus grande espèce de l’Inde nommée Buffle Arni {Bos arnee Schauw). Il suffit, pour se convaincre de leur ressemblance, que nous examinerons plus en détail dans la 3e partie de ce travail, de comparer les crânes d’Arnis représentés par Cuvier (3) avec les figures 1 et 2 de notre planche II. D. — s. g. Ovibos. Frontal plat, fort élargi au niveau des orbites, qui sont très saillants et ouverts latéralement en forme de tubes. Chanfrein busqué, comme celui du Bélier. Museau étroit et sans mufle. Cornes noires, lisses, longues et fort larges à leur base ; naissant très près l’une de l’autre sur le sommet de la tête et séparées par un étroit sillon; dirigées d’abord presque verticalement en bas, puis se relevant brusquement en arrière et en haut. Même for- mule dentaire que chez tous les Bovidés, mais il manque aux molaires les arêtes saillantes inter-lobaires qui, chez ces der- niers, montent jusqu’au niveau de la table dentaire. Membres robustes et courts. Queue fort courte. Pelage généralement brun foncé, formé de deux sortes de poils, les uns très longs, les autres fins, laineux et courts. Taille peu élevée. La seule espèce vivante connue est Américaine. C’est le Buffle (1) Bulletin de la Société climatologique d'Alger, mars 1875, p. 65. (2) Journal de zoologie, t. IV, p. 72, et pl. tr. (3) Ossements fossiles, atlas, pl. 170 et 171, fig. 13, 10, 11 et 12. BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 4115 des Célèbes de Pennant, le Bos moschatus de Gmelin, le Bœuf musqué de Buffon et l’Ovibos moschatus de de Blainville. Son habitat actuel est confiné au nord de l'Amérique, entre le 60° et le 80e degrés de latitude boréale. Le Bœuf musqué a été signalé pour la première fois par Jérémie, officier français au Canada pendant la guerre de succession. Parry, lors de son célèbre voyage au pôle nord, en découvrit et en tua par 75 desrés de latitude. Mais cette espèce paraît avoir habité des latitudes beaucoup plus méridionales antérieurement à la découverte du Nouveau-Monde, car les Espagnols l’ont rencontrée à leur arrivée dans l'Amérique du nord, par 40 degrés de latitude (1). On n’en connaît qu'une seule espèce fossile, commune à l’an- cien et au nouveau continent. Ovibos moschatus, var. fossilis Lartet. — C’est le Buffle musqué fossile de Cuvier, le Bos canaliculatus de Fischer et sans doute aussi le Bos Pallasi de Kay. Ses caractères crâniologiques sont les suivants, d'après G. Cuvier (2) : Crâne d’une épaisseur excessive. Dolichocéphalie très pro- noncée. Front plat. Museau en prisme à peu près tétraèdre. Bases des noyaux osseux des cornes occupant tout l’espace com- pris entre les orbites et la crête occipitale, se rapprochant sur une ligne droite et laissant entre elles à peine de quoi loger le petit doigt; noyaux osseux des cornes creusés de plusieurs cellules et infléchis presque verticalement le long- des tempes. Voûtes des orbites très proéminantes, renforcées en avant par un tubercule osseux défendant le trou et le canal surciliers. Arcades zygomatiques très grèles. Trou occipital plus petit, proportion- nellement, que dans les autres Bœufs. Taille analogue à celle des Bœufs actuels. Pallas fit connaître deux crânes de cette espèce fossile, recueillis dans les alluvions quaternaires récentes de la Sibérie, l’une sur les bords de l'Obi, l’autre plus au nord, du côté de Tundra (3) : ce sont les deux crânes décrits par Cuvier sous le nom de Buffle musqué fossile. Beaucoup plus tard, E. Lartet découvrit l'Ovibos musqué fossile en France, dans le Périgord : « sur une station » humaine d’une très haute ancienneté... montrant un état de » fragmentation analogue à celui des autres os d'animaux dont (1) Cuvier, Ossements fossiles, t. VI, p. 276. (2) Ibid., p. 311. (3) Nov. comment. petrop., XVII, p. 601. 416 PH. THOMAS » se nourrissaient nos indigènes primitifs. Ces ossements d'Ovibos » musqué se sont trouvés là associés à des restes de grand Ours » et de grand Chat des cavernes, de Renne, d’Aurochs, de » Cheval, etc., et au milieu de débris d'industrie humaine, témoi- » gnant ainsi.d’un climat glaciaire au moment où l'homme s'était » déjà établi dans cette région de notre Europe, aujourd'hui si » tempérée..……. L'Ovibos musqué, présentement relégué dans » l'Amérique arctique, ne vient jamais en deçà du 60° degré, » c'est donc de 15 degrés de latitude plus au sud qu'il s’est » avancé chez nous, dans les premiers temps de la période qua- » ternaire. Il est digne de remarque que M. Milne-Edwards » arrive à des conclusions analogues par l'étude qu'il a faite des » Oiseaux fossiles de nos cavernes et autres stations humaines » du Périgord. » (1). Plus récemment, l'Ovibos musqué a été retrouvé dans d’autres stations humaines du centre de l'Europe, notamment par M. Fraas, dans une caverne de Hobhlefels, près d'Ulm (Würtemberg), où il l'a trouvé associé au Renne, au Mammouth, au Rhinocéros, au Lion, au Cheval et à un autre Bœuf (2). Enfin, d’après le célèbre paléontologue américain C. O. Marsh, « le Bœuf musqué n’était pas rare à l'époque post-tertiaire (équi- » valent de notre quaternaire) dans l'Amérique du Nord, où ses » restes se retrouvent un peu partout » (3). ITI DESCRIPTION DES BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE. Jusqu'à ce jour, les Bovidés fossiles n’ont été reconnus en Algérie que dans les terrains tertiaires supérieurs et dans les dépôts quaternaires récents. Afin de ne pas allonger outre mesure le présent travail, nous renvoyons pour la description de ces terrains à notre mémoire intitulé : « Recherches sur les Équidés fossiles des environs de Constantine » (4). On y trouvera les rensei- snements géologiques essentiels. (1) Comm. à l’Académie des Sciences du 21 août 1865. (2) Matériaux, t. VII, p. 33. (3) Discours à l'Association américaine pour l'avancement des sciences, 1877. (4) Revue des Sciences naturelles et Bull. Soc. des sciences physiques et natu- relles d'Alger, année 1879. BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 117 Nous dirons seulement que la formation pliocène dont il s’agit ici est un fluvio-lacustre paraissant appartenir à la série tout-à- fait supérieure de cet étage. Il s'agit d’un ensemble de dépôts stratifiés, sableux et calcaréo-gréseux, d’une assez faible puis- sance. Ces dépôts ont été profondément ravinés par les grands courants diluviens, lesquels les ont partout recouverts de leurs puissantes couches de galets plus ou moins agglomérés et de leurs limons plus ou moins rougeûtres ; sur quelques points ils pa- raissent avoir été dénivelés, sans doute par les dernières disloca- tions alpines qui se sont fait sentir jusque sur le littoral africain. Nous ne savons pas exactement à quel horizon européen corres- pondent ces dépôts ; cependant, si l'on s’en rapportait surtout au degré d'évolution de leur faune de Vertébrés, on pourrait peut-être les considérer comme synchroniques des alluvions et de certains dépôts pleistocènes du val d’Arno en Italie, et de Perrier en Auvergne. Comme dans ces dernières localités, en Algérie la faune de ces dépôts a un caractère de transition évident, car à côté d’un Mastodonte tapiroïde (1), d’un grand Hippopotame et peut-être aussi d’un Rhinocéros (2), nous y avons reconnu un Hipparion présentant les caractères les plus récents du genre et associé au Cheval, un grand Bœuf, enfin quelques Antilopes et une molaire ayant appartenu à un grand Singe. Il faut sans doute aussi considérer comme des équivalents marins et littoraux de ce fluvio-lacustre des environs de Constantine, les dépôts fluvio-marins et d’estuaire des environs d'Oran, notamment du puits Kharoubi, dans lesquels M. Pomel a découvert des osse- ments d'Hipparion et d’une grande Antilope. D’après notre ami M. le D' Bleicher, qui a étudié et décrit ces derniers dépôts (3), leurs alternances fluvio-lacustres et marines seraient dues à des mouvements lents d’exhaussement et d’abaissement du sol qui, « pendant l’époque pliocène, ont fait alterner des couches marines » avec des couches lacustres, lesquelles contiennent une faune » de transition à la fois tertiaire et actuelle, qui a des liens nom- » breux avec les faunes des gisements analogues d'Europe ». En ce qui concerne les terrains quaternaires récents dont il sera question dans ce travail, nous rappellerons qu'il s’agit exclu- = (1) Récemment découvert à Saint-Arnaud, près Sétif, par M. le curé Rouquette. (2) Découverts au pied de la colline d’Aïn El Hadj Baba, près Constantine, par MM. Jullien et Heinz. (3) Recherches sur le tertiaire supérieur des environs d'Oran. Rev. des sciences naturelles, Mars 1875. 118 PH. THOMAS sivement de dépôts alluvionnaires des bas-niveaux, visibles prin- cipalement dans les parties les plus profondes des berges des cours d’eau actuels, dépôts argilo-marneux, parfois tourbeux et évidemment constitués après les grands ravinements diluviens. Ces dépôts renferment une faune très semblable à celle actuelle par ses caractères génériques, mais elle s’en distingue par des formes spécifiques généralement éteintes ou profondément mo- difiées et ayant avec les faunes plus anciennes de nombreux traits d'union, aujourd'hui atténués ou disparus. On peut con- sidérer ces dépôts comme synchroniques de quelques-unes de nos tourbières et palafittes du nord de l'Europe; comme celles-ci, ils renferment de grossiers instruments de silex taillés par l'Homme, et les différences qui séparent leurs faunes de celles actuelles indiquent plutôt l'influence de modifications lentes et sraduelles des milieux que l’action de perturbations violentes et. brusques. Nous commencerons par la description des Bovidés du quater- naire récent de l'Algérie, parce qu'ils sont les plus nombreux et les mieux connus. A. — Bovidés du quaternaire récent. Les plus anciennement connus appartiennent au sous-genre Buffle et à l'espèce Bubalus antiquus Duvernoy ; les autres font partie du sous-genre Bœuf et appartiennent à l'espèce Bos primi- genius Bojanus, dont ils ne sont qu’une variété ou race que nous désignerons sous l’épithète de Mauritaine, pour indiquer qu’elle a été découverte sur le territoire de l'ancienne Mauritanie. Ces deux espèces proviennent de couches alluviales identiques et non remaniées : il faut donc les considérer comme contempo- raines. Leurs débris ont été trouvés en assez grand nombre, mais toujours très irrégulièrement disséminés, plus ou moins mutilés et sans aucune trace de pétrification ; cependant leurs angles ne sont pas émoussés, ce qui indique qu'ils ont été déposés par des eaux dont le régime était plutôt calme que violent. Les érosions produites par les crues sur les berges des cours d’eau actuels les mettent fréquemment à jour en entraînant les terres argilo-marneuses qui les renferment et les conservent parfaite- ment, mais le plus souvent ils se décomposent et se détériorent rapidement au contact de l’air. Dans quelques circonstances, ces ossements ont été recueillis dans des stations humaines paléo- BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 119 lithiques bien caractérisées par leurs silex taillés ; leur état frag- mentaire dans ces stations et quelques traces de carbonisation, indiquent que leur présence y est due à ce qu'ils ont servi à l’alimentation humaine. C'est vraisemblablement à ces mêmes dépôts quaternaires récents qu'appartiennent les limons stratifiés, plus ou moins argileux ou graveleux, qui occupent les régions les plus dépri- mées de nos grandes plaines algériennes, dépressions auxquelles on donne les noms de Chotts ou de Sebkhas. Et il convient sans doute de considérer comme contemporains de nos grands Bovidés quaternaires de Djelfa et de Constantine, l'Hippopotame, l’Elephas africanus et le Buffle découverts dans ces dépôts par Nicaise et autres, sur divers points de la Mitidja ? Nous ne savons à quelle époque appartiennent les ossements (astragales, canon, radius, phalanges, cornes) paraissant appar- tenir à un grand Bovidé du genre Buffle, découverts par le véné- rable doyen des naturalistes algériens, M. le D' Bourjot, dans les grès littoraux d’une grotte de la Pointe Pescade, près d’Alger (1). M. le D' Bourjot pense qu'ils sont de l’époque quaternaire la plus récente, mais l’âge de ces loess marins n’a pas encore été déterminé exactement. Nous ignorons également à quelle espèce appartiennent les ossements du genre Bos que M. Pomel a signalés dans les dépôts quaternaires moyens du massif de Milianah (2) où il les a trouvés associés à l’Ælephas meridionalis, à une Antilope voisine de la Gazelle, à une grande Tortue terrestre, à un Rhinoceros et à un Hippopotame. À. — 5. g. BurFFLE : Bubalus antiquus Duvernoy. Le premier spécimen de cette grande espèce a été découvert en 1851 dans les alluvions quaternaires des bords de l’'Oued Bou Sellam, dans les environs de Sétif (département de Constantine). Il a été décrit par le naturaliste Duvernoy (3) et c’est d’après le moulage de cette pièce conservée au Muséum de Paris qu'a été gravée la figure A de notre planche IT. Les caractères de ce fossile sont ceux que nous avons donnés en détail dans la seconde (1) Matériaux, t. IV, p. 422. (2) Description géologique du massif de Milianah, 1873. (3) Bulletin de l'Acad. des sciences, 1851, et Bulletin de la Société d'acclima- tation, 1854. 120 PH. THOMAS partie de ce travail, d'aprés le spécimen beaucoup plus complet découvert à Djelfa en 1874 et aussi d’après un autre crâne décou- vert en 1859 sur la rive gauche du Rummel, à 24 kilomètres au sud-ouest de Constantine et décrit par M. Ollivier, pharmacien militaire, lequel termina sa description par la conclusion sui- vante : « Nous dirons donc que cette tête fossile appartient à un » Bubalus (Arni) antiquus, et sous toutes réserves, à cause des » parties manquantes, peut-être au Bubalus (Arni) giganteus Ha- » milton Smith, voisins l’un et l’autre du Taurelephantus Ludolf, » du genre Bubalus (1) ». Duvernoy admettait une grande ressemblance entre l’Arni indien et le Bubalus antiquus et les considérait comme deux espèces très voisines. Mais quelle que soit leur ressemblance, que nous admettons également, nous pensons qu'il existe entre elles des différences assez importantes pour qu'il soit nécessaire de les faire ressortir ici : 1° La taille actuelle de l’Arni ne dépasse guère, en hauteur et en longueur, celle du Buffle ordinaire dont il n’est qu'une légère variété, différente surtout par la longueur exagérée de ses cornes lesquelles peuvent atteindre, d’après G. Cuvier, une longueur totale de 3"25 et 226 d'envergure, tandis que le crâne porteur de ces longues cornes ne mesurait, entre leurs bases, pas plus de 021 de largeur (2). Au contraire, d’après les proportions admises par Cuvier et en tenant compte des variations qui s’ob- servent dans les races actuelles, on voit que la taille du Bubalus antiquus devait être beaucoup plus élevée que celle de l’Arni; on voit, par exemple, que la taille du grand spécimen de Djelfa devait atteindre 1"86 au garrot, bien que ses cornes ne fussent pas, à proportion, beaucoup plus longues que celles de l'espèce vivante (3"26 de longueur totale, sans l’étui corné). G. Cuvier avait déjà remarqué que la longueur des cornes, chez les Bovidés, « n’est » point en rapport constant avec leur taille ». Aussi n'est-ce pas sur les longues cornes du Bubalus antiquus de Djelfa que nous avons basé nos calculs pour l'évaluation de sa taille, mais seule- ment sur les dimensions de son crâne et des rayons de ses mem- bres comparées à celles des Buffles vivants ; 2° Le Bubalus antiquus diffère encore de l’Arni en ce que, dans celui-ci, les orbites sont percés plus bas et font une saillie qui (1) Opusc. cite. (2) Ossements fossiles, t. VI, p. 257. Ré BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 12È manque absolument dans le premier. Dans l’Arni, les cornes, au lieu de recouvrir et de cacher les orbites sous leurs bases très inclinées, comme cela se voit dans le Bubalus antiquus (figures B-4 et B-3, planche IL), se relèvent davantage à leur naissance, for- ment un croissant moins ouvert et sont d’ailleurs beaucoup plus minces et plus effilées. Mais en dehors de ces quelques différences, rien ne ressemble plus à un crâne de Bubalus antiquus qu’un crâne d’Arni, de même que rien ne ressemble plus à un squelette de Bubalus antiquus qu'un squelette de Buffle du Cap (Bos caffer). Mettez un crâne d’Arni, en le grossissant un peu, sur un squelette de Buffle du Cap et vous aurez quelque chose de très approchant de notre Bubalus antiquus, au point de vue des proportions générales. Celui-ci était donc un animal de très grande taille, comparable à celle de l’Aurochs, aux formes amples et puissantes, surtout dans l’avant-main qui était un peu plus développé que l’arrière- main. Ses membres ne manquaient pas de hauteur, bien qu'ils fus- sent larges et massifs. Son garrot était saillant, épais et prolongé: en avant par une encolure courte et massive, surchargée de mus- cles puissants, à en juger par leurs larges surfaces d'implantation. Cette encolure supportait une tête conique, bombée au sommet, légèrement camuse vers son milieu et fine à son extrémité, paraissant petite auprès des puissantes et longues cornes qu’elle supportait. Les yeux, cachés et enfoncés sous les bases incli- nées des cornes, devaient avoir une expression singulièrement farouche, quelque chose comme les yeux du Buffle du Cap actuel, dont l'expression est si sauvage. Ajoutons à cette restitution, faite d’après le crâne et le squelette de Djelfa que nous avons particulièrement étudiés, une croupe un peu courte, peut-être un peu avalée et terminée par une queue grêle, sans doute pen- dante comme dans les Buffles actuels. On comprend, d'après ce qui précède, que l’homme ne dut pas songer un seul instant à domestiquer un pareil animal, que le formidable développement de ses défenses frontales et son énorme puissance musculaire devaient rendre particulièrement redoutable. On conçoit difficilement aussi qu’un animal pourvu d’appendices frontaux de plus de deux mètres d'envergure, ait pu circuler ailleurs que dans de grands espaces découverts, ana- logues aux pampas américaines actuelles, baignées par de larges fleuves ou de grands lacs où les Buffles aiment à se plonger, à se vautrer, et recouvertes d’une riche végétation herbacée. Remar- 122 PH. THOMAS quons que les gisements où le Bubalus antiquus a été reconnu jusqu’à ce jour sont situés au voisinage des hauts plateaux algé- riens, situation qui confirme assez bien ces inductions. Ainsi, à Djelfa, il gisait sous les alluvions entraînées vers le bassin dé- primé des Chotts Zahrez par les eaux qui, jadis, remplissaient la cuvette fluvio-lacustre occupée par le village actuel, et comme sur ce point les débris de plusieurs individus ont été trouvés réunis, il est à croire que leur présence à cette altitude élevée (1167 mètres) n’est pas due simplement à un hasard qui aurait pu amener là un individu perdu et isolé. De même, le crâne trouvé à Aïn Smara, près Constantine, dans les alluvions pro- fondes de la rive gauche du Rummel, y a sans doute été entraîné par les courants qui reliaient entre eux les grands lacs quater- naires de la plaine des Tel’arma et de Constantine. Enfin, à Sétif, ses débris se sont aussi rencontrés sur les pentes baignées autre- fois par les eaux du lac Melloul, non encore complètement tari aujourd'hui et intermédiaire entre le vaste bassin si déprimé du Hodna et celui de Constantine. Dans tous ces gisements la donnée géologique est la même : éparpillement des débris osseux dans des dépôts argilo-marneux, parfois un peu tourbeux, comme à Djelfa (1); dépôts non rema- niés, presque toujours situés à la base des berges des cours d’eau actuels, reposant directement sur le fonds rocheux où s’est arrêtée l'érosion produite par les grands courants diluviens et, enfin, directement surmontés par des alternances de marnes et de graviers à stratifications diffuses et atteignant parfois cinq à six mètres de puissance. La faune malacologique de ces dépôts, étudiée par M. Tournouër (2), n’a pas paru différer sensiblement de celle actuelle. Enfin, dans l'épaisseur de ces dépôts nous avons trouvé en place, notamment sur les bords de l’Oued Seguen, des silex grossièrement mais manifestement travaillés par l'Homme. Dans tous ces gisements aussi, le Bubalus antiquus s’est trouvé associé à une faune essentiellement herbivore; à Djelfa, il était associé au Cheval, à des petits Ruminants et à des Oiseaux de la taille de l’Autruche actuelle. 11 a dû être éga- lement le contemporain de l'Elephas africanus et de l'Hippo- potame des alluvions quaternaires de la Mitidja d’où, d’après Nicaise, un crâne de Buffle aurait été retiré; enfin, comme nous () Voir notre description dans Bull. Soc. de climatologie, Alger, 1875, p. 65. (2) Voir notre Mémoire sur les Equidés fossiles. BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 123 le verrons plus loin, il a également été contemporain du Bos pri- migenius mauritanicus. Nous allons faire connaître les dimensions principales des crânes de Djelfa et de Constantine, ces dernières prises par M. OI- livier et les autres relevées par nous-même sur le crâne et le squelette presque complet de Djelfa. Nous mettrons en regard de ces dimensions du Bubalus antiquus, celles de pièces corres- pondantes provenant de Buffles actuels, empruntées à G. Cuvier. A l'appui de ces mensurations, nous avons fait reproduire dans la planche II ci-jointe le crâne décrit par Duvernoy (fig. A) et celui de Dijelfa (fig. B-1, 2, 3), ainsi qu’une molaire supérieure (fig. 4) et l’un des canons postérieurs (fig. 5 et 6) de celui-ci. Tableau I. | BUFFLES |2- ANTIQUUS]|B. ANTIQUUS DESIGNATION DES PARTIES MESUREÉES I de de vivants (1). Djelfa. Constantine. Longueur de la tête, prise de la crête occipitale au bout des os maxillaires. 0°480 (2) 07620 Longueur du front prise de la crête occipitale à la racine des os du nez. 0.220 0.300 0300 Largeur du fronf entre les orbites ..… .0220 0.165 — — entreles deux cornes. 0.320 0.295 — des os du nez, au milieu... 0.050 0.095 Longueur des os du nez............ 0.200 0.310 Diamètre vertical des orbites... ..... 0.075 0.090 Longueur de l’espace occupé par les LIURONSURT RP DRAP PPT ERS 0.140 0.150 Largeur du frontal prise entre les HOURAICONIES SRE EU A AR 0.210 (3) 0.328 0.295 Longueur des cornes d'une pointe à l'autre, en suivant la courbure ex- térieure dre otre stete cn lA TRE Ne ot e 3.250 (4) 3.260 Distance, en ligne droite, entre les deux pointes des cornes...,..... 2.260 2.350 Circonférence d'une corne ou d'un noyau osseux à sa base.......... 0.130 0.470 0.530 Scapulum, longueur totale sans le cartilage de prolongement........ 0.450 (1) Toutes les mesures des Buffles vivants ont été empruntées à G. Cuvier. (2) Cette mesure et les cinq suivantes de cette colonne ont été prises sur un Bufle du Cap. (3) Cette mesure et les trois suivantes de cette colonne ont été prises sur un Arni (4) Chez l’Arni, les mesures des cornes ont été prises sur les cornes entières l'étui corné compris. 124 PH. THOMAS BUFFLES |2- ANTIQUUS|B. ANTIQUUS DÉSIGNATION DES PARTIES MESURÉES ; de de LE Djelfa. Constantine. Humérus, longueur totale 0,350 (1) 0.420 — largeur transversale de la tétemniénieure. 4. NME 0.092 0.105 Radius, longueur totale 0.315 0.380 — largeur transversale de la tête inférieure 0.088 0.100 Fémur, longueur totale 0.405 0.500 — largeur transversale des deux condyles 0.116 0.130 Tibia, longueur totale 0.390 0.490 — largeur transversale de la tête inférieure 0.075 0.080 Astragale, longueur dela face externe, 0.090 largeur de la face anté- AR A Métatarsien principal, longueur totale. 0.275 — — largeur trans- versale de la tête inférieure 0.085 1° phalange postérieure interne, lon- gueur tolale 0.055 1" phalange postérieure interne, lar- geur transversale de la tête infé- 0.040 Coxal, longueur de la pointe de l'is- chion à l'angle antérieur externe de l'ilion 0.700 Coxal, diamètre transversal de son ouverture antérieure 0.220 Vertèbre dorsale répondant aux six premières, longueur de l’apophyse épineuse Vertèbre dorsale répondant aux six premières, largeur moyenne de l’apophyse épineuse Vertèbre dorsale répondant aux six premières, longueur du corps, face inférieure Vertèbre dorsale répondant aux six premières, diamètre vertical de la tête Taille au garrot d'un Buffle ordinaire d'Italie, ayant la tête longue de 0"500 et le frontal large de 0230 entre les deux cornes (2) Cette mesure et les suivantes ont toutes été prises sur un Buffle ordinaire d'Italie. BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 125 B. — s. g. Bœur : Bos primigenius mauritanicus. Cette variété africaine du Bos primigenius n’est encore connue de nous que par deux crânes et quelques ossements isolés, tous recueillis dans l’ouest de Constantine sur l’ancien territoire de la Mauritanie sétitienne, lequel était séparé de celui de l'antique Numidie par l’Amsaga (oueds Bou-Merzoug et Rummel actuels). Un premier crâne fut découvert par un soldat du génie, il y a dix ans environ, dans le lit de l'Oued Seguen, affluent du Rummel, près du marché des Tel'arma. dans la plaine de ce nom. C’est celui qui est représenté, réduit au sixième, par les figures C-1 et C-2 de notre planche IIT; sur la figure C-1 nous avons tenté une restitution des cornes, d’après les proportions et la direction de celles d’un autre crâne découvert par nous dans le même gisement et que nous avons fait figurer sur la même planche figures D-1, 2 et 3. Malheureusement ce dernier n’a pu être conservé avec ses cornes entières, à cause du mauvais état de conservation de celles-ci: nous avons pu, néanmoins, constater et noter leur direction sur place, avant l'extraction du crâne; celui-ci gisait sur la rive droite de la rivière, à quelques centaines de mètres au-dessous du moulin Jouanolo, dans l'argile affleurant au niveau de l’eau et surmontée en ce point par des berges verticales de 4 à 5 mètres d'élévation. Il était accompagné d’un astragale très bien conservé (fig. D-4, 5, 6, pl. II), d’une vertèbre dorsale, d'une tête supérieure de côte sternale, d'une moitié inférieure de scapulum, d’une tête supérieure de cubitus et d’une épiphyse inférieure de radius non soudée, lesquels sont incontestablement d’un grand Bovidé; les proportions et tous les caractères de ces ossements correspondent exactement à ceux du crâne qu'ils accompagnaient, et nous sommes convaincu qu'ils ont tous appartenu au même individu. Non loin de ces ossements gisaient, dans la même couche argileuse, un crâne d’Antilope bubale (An- tilope bubalis Pallas) et quelques débris d’Equidés que nous avons décrits ailleurs. Quelques ossements isolés et incomplets, nous paraissant ap- partenir à cette espèce, ont été exhumés d’un tumulus de l’époque paléolithique situé près du village d’Aïn Mila (1), sur la route de Constantine à Batna, et d’une autre station humaine également (1) Voir nos Observations sur le tumulus d'Ain M'lila, Bull. Soc. climatologique d'Alger, 1877. 126 PH. THOMAS paléolithique, nommée Bir Ensa (1), située à sept ou huit kilo- mètres à l’est de Sétif. Du tumulus d’Aïn M'lila, nous avons eu entre les mains : 1° un fragment important de frontal très plat, à sinus très développés, dont le plan avait dû former avec le plan occipital, en partie détruit, un angle très aigu et dont les dimen- sions indiquaient qu'il avait appartenu à un individu de très grande taille ; 2° un très volumineux axis (2e vertèbre cervicale) de Bovidé, dont le corps atteignait 0169 de longueur; % plu- sieurs fragments de noyaux osseux de cornes très celluleux, à parois très épaisses, mesurant en moyenne 0"10 de diamètre et dont quelques-uns portaient des traces incontestables de com- bustion. Avec ces ossements ont été recueillis plusieurs chevilles osseuses de cornes d’Antilopes très semblables à celles de la Gazelle actuelle, mais un peu comprimées latéralement, ainsi qu'un fragment important de crâne d’Antilope bubale. Ces osse- ments étaient tous brisés et dispersés dans l'épaisseur du tumu- lus, où se voyaient çà et là de nombreuses traces de foyers et où, avec des ossements humains appartenant à une race mésati- céphale et platycnémique, nous avons recueilli plusieurs éclats de silex grossièrement mais manifestement retaillés ; nous avons été supris de la quantité considérable de coquilles d’Escargots que renfermaient les parois de ce tumulus, coquilles qui, d’après la remarque faite par M. le Dr Reboud, étaient pour la plupart brisées à la columelle, ce qui ferait supposer qu'elles avaient servi aux repas funéraires, en même temps que les grands Bœufs et - les Antilopes dont on a retrouvé quelques ossements carbonisés. À Bir Ensa, nous n'avons recueilli que deux vertèbres et deux premières phalanges d’un grand Bovidé, insuffisants pour déter- miner l'espèce de laquelle ils proviennent, mais dont les propor- tions répondent exactement à celles des ossements du grand Bœuf de l’Oued Seguen en particulier et, en général, aux propor- tions du Bos primigenius d'Europe. Ces ossements gisaient à 1m20 au-dessous du bord supérieur d’une tranchée récemment pra- tiquée pour faciliter l'écoulement des eaux d’un puits romain, dans une terre noire, pulvérulente, farcie de coquilles d’Es- cargots et renfermant de nombreux éclats de silex ; nous n’avons pas remarqué si les Escargots étaient brisés à la columelle comme ceux du tumulus d’Aïn M'lila, mais nous avons constaté (1) Voir la notice de M. Westerveller Sur les silex taillés de Bir Ensa, in Rec. Soc. archéologique de Constantine, 1878. BOVIDÉS FOSSILES DE L ALGÉRIE 497 qu'ils étaient de la même espèce {Æelix melanostoma Drap). Les vertèbres consistent en une lombaire et une dorsale ; les pha- langes sont les deux premières d’un membre antérieur droit; on trouvera les dimensions de ces ossements dans la troisième colonne du tableau ci-après. La vertèbre dorsale avait perdu la presque totalité de son apophyse épineuse, mais à en juger par la largeur et l'épaisseur du tronçon conservé elle devait être aussi longue que celle du Bos primigenius mauritanicus de l'Oued Seguen, à laquelle elle correspond par sa place dans le rachis. Le travail des silex trouvés avec ces ossements est nettement paléolithique. C’est d'après ces divers documents, mais principalement d’après les deux crànes de l'Oued Seguen, que nous avons déterminé ce grand Bovidé et que nous avons été amené à le considérer comme une variété de la grande espèce quaternaire nommée Bos primi- genius par Bojanus, variété ou race à laquelle nous donnons le nom de mauritaine. Comparée au Bœuf primitif classique de notre quaternaire européen, cette variété s’en distingue à peine. Elle présente tous les caractères essentiels de l'espèce, savoir : « Front plat et même un peu concave, carré...., sa hauteur » étant à peu près égale à sa largeur, en prenant sa base entre » les orbites... Cornes attachées aux extrémités de la ligne sail- » lante la plus élevée de la tête, celle qui sépare l’occiput du » front... Plan de l'occiput quadrangulaire et faisant un angle » aigu avec le front... » (1). Mais notre Bœuf africain ne ressemble pas seulement par ses caractères fondamentaux au Bos primigenius, il lui est encore égal en taille et les proportions relatives des diverses parties connues de son squelette sont les mêmes, ainsi que l’on pourra s’en con- vaincre en consultant le tableau n° 2 ci-joint. Les seules différences que nous ayons constatées entre nos crânes et celui du Bos primigenius quaternaire sont les suivantes: 1° le front du Bœuf mauritain serait un peu plus long que large, en prenant sa base entre les orbites ; 2° sa crête occipitale est plus mince, moins saillante et moins étendue transversalement, au moins chez les vieux sujets; 3 son plan occipal forme un angle plus aigu avec le plan frontal ; 4° ses cornes sont un peu plus relevées à leur base. Mais les deux crânes que nous avons étudiés présentent aussi (1) G. Cuvier, Ossements fossiles, t. VI, p. 220. 128 PH. THOMAS quelques différences entre eux, différences que nous avons atliri- buées à l'influence de l’âge et aux modifications que cette in- fluence apporte toujours dans la forme et la direction de certaines parties du crâne, telles que la protubérance occipitale et les cornes notamment. Tout le monde sait, en effet, que le front est plus bombé, le chignon plus épais et plus saillant chez les jeunes Bovidés que chez les vieux, que la direction de leurs cornes se modifie souvent beaucoup sous l'influence de l’âge et des chan- gements qu'il amène dans la forme du front et du chignon. L'un de nos crânes de l’Oued Seguen appartient à un très vieux sujet, c'est celui représenté par les figures C-1 et C-2 de notre planche III et qui figure dans les colonnes de mensurations ci-après, sous le n° 1; l’autre (figures D-1, 2, 3 de notre planche III et n° 2 du tableau) est, au contraire, d'un sujet encore jeune, car son occipital n’est pas encore complètement soudé au pariétal, tandis que dans le premier toutes les sutures du crâne sont com- plètement synostosées. Or, tandis que dans le plus vieux de ces deux crânes nous voyons un chignon mince, concave, étroit et des cornes extrêmement relevées à leur base, nous voyons dans le crâne du jeune sujet un chignon arrondi, épais, commençant cependant à s’amincir à sa région médiane, plus étendu trans- versalement et aux extrémités duquel les cornes sont moins relevées, plus horizontales. Mais agissez par la pensée comme auraient pu le faire les années sur ce dernier, et vous verrez les noyaux osseux de ses cornes se relever à mesure que son chi- gnon s’amincira et s’abaissera par l'effet de la condensation lente du tissu osseux. Voici l’idée que nous nous formons de notre variété mauritaine du Bos primigenius au point de vue des formes extérieures : C'était un animal de très grande taille puisque, en admettant que ses proportions générales furent les mêmes que celles de nos Bœufs actuels, il a eu, au garrot, une élévation d’au moins un mètre quatre-vingt-dix centimètres et une longueur, de tête à croupe, de plus de trois mètres ; c’est-à-dire une taille équivalente à celle de notre Dromadaire algérien actuel et plus élevée que celle du Bubalus antiquus de Dijelfa. Son front était long et plat; son chignon était concave ou à peine saillant ; ses yeux, situés loin de la base des cornes, devaient être saillants et s'ouvrir latérale- ment, comme dans tous les Bœufs à front plat et long; ses cornes, longues et puissantes, étaient situées sur le sommet de la tête, se dirigeant d'abord en haut et de côté, puis se recourbant bientôt BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 129 en avant, en ramenant leurs pointes en dedans et en bas. Le garrot était fort élevé, à en juger par la longueur de l’apophyse épineuse d’une des premières vertèbres dorsales, laquelle était de O"41 sans le cartilage de prolongement. Le volume et l’incur- vation d’une moitié supérieure de côte sternale recueillie dans le voisinage du crâne n° 2, indiquent une poitrine très large eb très longue. Enfin, les fragments d'os des membres que nous avons pu découvrir semblent indiquer des proportions moins massives et plus élancées que celles du Bubalus antiquus. On est effrayé à la pensée de l'énorme puissance musculaire et de la vélocité que devaient posséder de pareils êtres : leurs troupes errantes dans nos plaines quaternaires devaient avoir, semble-t-il, la vitesse et la force dévastatrices de l'ouragan. Nous avons recherché si, parmi les races domestiques de l’époque néolithique décrites plus haut, il s'en trouvait auxquelles on püt comparer notre variété mauritaine. Aucune ne nous a paru répondre complètement à celle-ci, mais on trouve dans les caractères réunis de deux d’entre elles, les Bos trochoceros et pri- migenius de M. Rüliimeyer, tous ceux qui distinguent notre variété. En eflet, presque tout dans le Bos trochoceros semble correspondre à notre jeune crâne n° 2 (fig. D-1, 2, 3. pl. II) tandis que notre vieux crâne n° 1 (fig. C-1 et C-2, pl. II) répond mieux, par ses caractères généraux, sauf en ce qui concerne l'ouverture de l'angle occipito-frontal, à la race primigenius du même auteur. Mais, comme nous l’avons expliqué plus haut, les différences qui existent entre nos deux crànes sont dues à leur âge et, d'autre part, leur angle occipito-frontal très aigu ne répondant pas à celui de la race prümigenius qui, d'après M. Rütimeyer lui-même, est presque droit, nous nous croyons autorisé, de par ces diffé- rences, à maintenir notre variété ou race maurilaine. C'est évidemment entre les deux races néolithiques de M. Rüti- meyer que doit prendre place notre race quaternaire, tout au moins d'après ce que nous en connaissons jusqu'à présent. Les berceaux de ces trois races semblent appartenir tous au même grand bassin méditerranéen, car, d'après M. Rülimeyer, la race trochoceros « semblerait avoir pris naissance en Italie pendant » l'époque quaternaire, d’où elle serait ensuite remontée vers le » nord, tandis que la race primigentius aurait pris naissance dans » le sud-est de l'Europe et serait la souche des races des steppes, » de la Hongrie et des Romagnes ». Nous avons encore recherché si, dans nos races domestiques 10 130 PI. THOMAS nord-africaines préhistoriques et actuelles, il ne s’en trouverait pas qui puissent être considérées comme issues directement de la variété quaternaire dite mauritaine, mais nous avouons n'être pas en mesure d'aborder cette question importante. Nous avions commencé à réunir, en vue de cette comparaison, quelques crânes et pieds osseux des races actuelles, mais nous n'avons pu nous les procurer assez nombreux et surtout assez authentiques. Cependant nous croyons devoir résumer ici, sous toutes réserves, les quelques observations que nous avons pu faire sur ce sujet d'anatomie comparée. En ce qui concerne les races préhistoriques algériennes, nous sommes assez pauvres en documents. Nous ne connaissons guère, à part quelques fragments isolés d'os des membres et du tronc recueillis par nous dans des dolmens de l’âge du bronze ou du premier âge du fer, époques qui semblent se confondre dans le nord de l'Afrique, que les Bœufs représentés par les sculp- tures rupestres découvertes par le voyageur Barth dans la vallée Teli-Sarhe, entre Mourzouck et Rhât, ainsi que celles de Tyout, au sud-ouest de la province d'Oran. Les Bovidés sculptés sur ces rochers sahariens, à une date très ancienne mais inconnue de nous, paraissent tous appartenir à une même espèce du sous- genre Bœuf. Leur conformation extérieure, autant qu'on en peut juger d’après des dessins aussi primitifs, présente quelques carac- ières qui paraissent assez constants, savoir : 1° un développe- ment plus considérable de l’avant-main que de l’arrière-main ; 90 la forme élevée et empâtée de la région du garrot, laquelle n’est cependant pas gibbeuse comme chez les Zébus; 3° des cornes cylindriques, médiocrement grosses et longues, très rele- vées sur le sommet de la tête et décrivant une courbe à concavité supérieure, en forme de croissant; 4° enfin, l'effacement du chi- gnon. Les proportions de ces Bœufs, comparées à celles des êtres humains et des autres animaux qui les accompagnent, indiquent une taille assez élevée. Nous avons découvert dans les environs de Sétif, à plus de 800 mètres du lac Melloul, sous une couche de travertin encore en voie de formation, et recouvrant un dépôt alluvial tufacé qui formait le fond de l’ancien lac avant son taris- sement, aujourd'hui presque complet, un canon de Bovidé adulte qui peut bien, il nous semble, en raison de sa situation dans le tuf, sous une couche de 0"30 de travertin, être considéré comme très ancien et au moins préhistorique. Or, ce canon antérieur n’a déjà plus du tout les proportions des espèces quaternaires, il est — BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 131 beaucoup plus court, relativement à sa grosseur, que le canon antérieur d’un Bœuf quaternaire que nous avons trouvé isolé dans le lit de l’Oued Seguen : BŒUF BŒUF DÉSIGNATION DES PARTIES MESURÉES ARENAUTe du e l’Oued Seguen| lac Melloul. Longueur totale 26: 0.177 Largeur de Ja tête inférieure . 0.066 Largeur moyenne de la diaphyse .0: 0.035 Quant à la comparaison des races actuelles du nord de l'Afrique avec l'espèce quaternaire, elle est encore plus difficile à faire, car il faut tenir compte des modifications profondes introduites dans la faune domestique de cette partie de l'Afrique : 10 par les nombreux croisements étrangers, principalement depuis l’occu- pation romaine ; 2° par les effets accumulés de la domestication et 3 surtout, par la transformation climatérique du nord de l'Afrique, laquelle s'accentue chaque jour davantage par la prédominance du climat saharien sur le climat atlantique. Et puis, il est encorc possible, comme cela paraît avoir eu lieu pour les espèces quaternaires de l'Europe occidentale, que vers la fin de l’époque quaternaire l'espèce mauritaine ait aussi émigré vers l'Est, pour ne revenir dans le nord de l'Afrique qu'avec la civili- sation Robenhausienne, c’est-à-dire domestiquée et profondément modifiée au contact des espèces ou des races orientales. Quoi qu'il en soit, la petite race algérienne actuelle ne rappelle par aucun caractère saillant notre variété mauritaine quaternaire. Mais, nous le répétons, c'est là une question à revoir; le pro- blème n’est pas insoluble, nous le croyons, mais il faudra attendre du temps et de la bonne volonté des chercheurs les éléments de sa solution. Espérons que la science algérienne, en s'organisant sous l'influence du foyer récemment créé à Alger et à la tête duquel se trouve l'un de nos plus éminents paléontologistes, saura rassembler peu à peu les éléments du problème si intéres- sant de l’origine des espèces domestiques dans cette partie du vieux monde. Nous avons résumé, dans le tableau suivant, les données posi- tives que nous possédons sur le Bœuf primitif mauritaine. 132 PH. THOMAS Tableau II. DÉSIGNATION BŒUFS | BŒUF | BŒUF BŒUF BŒUF uaternaire|quaternai 22e des vivants |quaternaire M lPOued % l'Oued Fer Has 3 à Seguen Seguen d’Aïn PARTIES MESURÉES (1) d'Europe. | d’Arpajon No 1. No 2. Jourdel. Longueur de la tête, de la crête occipitale au bout des maxillaires.......... 0"500(2)| 0"665 Largeur du front entre la base supérieure des deux CONNE SEE EC encre Largeur du front entre la base inférieure des deux 0.190 0.190 0.270 0.300 CONES RENE CRE 0.240 0.280 0.324 0.310 Largeur du front à sa partie Ja plus étroite........... 0.190 0.230 0.276 0.240 Largeur du front entre les (di) el brins NAPPES. 0.210 0.290 Longueur des cornes d’une pointe à l’autre en sui- vant la courbure exté- TIEUTEN AC ere 1.900 Distance, en ligne droite, entre les pointes des deux COLNES ee rooms 0.900 0.640 0.760 Diamètre d’un noyau de corne à sa base......... 0.090 0.140 0.168 0.126 Distance entre la crête occi- pitale et le bord inférieur du trou occipital........, 0.225 0.170 0.194 Largeur de la face occipi- tale entre les deux nee mastoïdiens ............. 0.310 0.330 Largeur des deux condyles OCCIDIAUX EPS Core 0.162 0.137 Diamètre transversal du trou ORBIDAl eee. 0.042 0.036 Longueur de l’apophyse ba- OT 08 Lans e 0.114 0.080 pis médiane de l'apo- physe basilaire.......... 0.078 0.075 Radius, longueur totale....[ 0.325 — : Jargeur de la tête INFÉRIEUR NEC 0.082 Radius, largeur d'une épi- physe inférieure non sou- AÉCR M NEe o 0.108 Cubitus, largeur entre le le bec olécrânien et le bord 0.083 pOSTÉTIEUT . +460. ue este (1) Toutes les mesures des deux premières colonnes sont empruntées aux tables de G. Cuvier. (2) Cette mesure et les six suivantes ont été prises sur une réduction au t/,, d’un crâne de Bœuf des Romagnes à grandes cornes. Oss. foss. Atlas, pl. 170, fig. 7. BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 133 DÉSIGNATION BŒUFS| BŒUF | BŒUF | BŒUF | BŒUF quaternaire|quaternaire jaire des vivants [quaternaire| de l'Oued | de l’Oued Ngr RIaire Seyuen Seguen d’Ain PARTIES MESURÉES d'Europe | d’Arpajon N° 1. No 3. Jourdel, Tibia, longueur totale...... 0.403 0.472 — largeur de la tête in- FÉNIGUTO ARTE dec 0.067 0.085 Astragale, hauteur de la face AONTACMSE TENTE ONE 0.075 0.096 RNA ARR ONE 0.065 0.086 Astragale, largeur moyenne de Îa face supérieure....| 0.045 0.059 Astragale, largeur de la face INTÉTIOUTOES EE 0.050 0.061 1'° phalange interne, gueurttotale....:........ 0.080(1) 1e phalange interne, lar- geur de la tête supérieure. 0.014 Yertèbre dorsale (une des 4 premières) largeur d’une apophyse épineuse...... Vertèbre dorsale (une des 4 premières) longueur du corps à sa face inférieure. Vertèbre dorsale (une des 4 premières) diamètre ver- tical de la tête articulaire. Vertebre dorsale (une des 4 premières) largeur des apophyses transverses... Yertèbre dorsale (ane des 4 premières) diamètre trans- verse du canal rachidien Yertèbre dorsale (une des 4 premières) diamètre ver- tical du canal rachidien.. Taille, au garrot, d’un Bœuf des Romagnes, dont le front a, entre les deux cornes, une largeur de RÉ aalee frs ete diet 1.460 B. — Bovidés du tertiaire supérieur. Le gisement d’Aïn Jourdel est situé à mi-chemin, à peu près, entre Constantine et le pénitencier agricole d’Aïn El Bey, non (1) Cette mesure et les suivantes de cette colonne ont été prises sur les pièces trouvées à Bir Ensa, près Sétif. 134 PH. THOMAS loin et un peu à l'est de l’ancien télégraphe aérien de la ligne Constantine-Batna; il a été mis à jour en creusant une tranchée profonde de 4 à 5 mètres, pour le passage de la conduite qui porte à Constantine les eaux d’Aïn Fesguia. L’altitude de ce gise- ment est d'environ 700 mètres ; il consiste essentiellement en un dépôt fluviatile de quelques mètres de puissance, formé, à sa base, d’un conglomérat gréseux à ciment calcaire très dur et de sables plus ou moins encroûtés de calcaire au sommet. Ce dépôt a été raviné et démantelé par les courants quaternaires dont, près de là, on peut voir les poudingues et les marnes rougeûtres ; il repose sur une argile noire assez compacte à Unio Dubocqui et Helix sub- senilis Crosse ; il contient lui-même, à l’état de moules, de nom- breux Unios, Bulimes, Néritines, Hélices et Mélanopsides dont M. Tournouër a bien voulu entreprendre l'étude. Çà et là, dans l'épaisseur de ce dépôt fluviatile et principalement dans sa couche inférieure en contact avec l'argile noire, se rencontrent de nom- breux ossements complètement pétrifiés, c'est-à-dire transformés en une matière calcaire amorphe et cassante, dispersés très irré- gulièrement dans l'épaisseur de cette couche, la plupart brisés et en très mauvais état. Ce gisement, que nous n'avons pu explorer que très incomplètement et sur un très petit espace, ne nous a fourni, comme Bovidés, que quelques ossements d’un Bœuf de très grande laille que nous décrirons provisoirement sous le nom de Bos primigenius. s. g. BŒUF : Pos primigenius Bojanus. Cette très grande espèce n'est représentée jusqu’à présent, dans le gisement d’Aïn Jourdel, que par un astragale et un tibia. Nous avons donné les dimensions de ces deux os dans la 5° co- lonne de notre tableau n° 2 ci-dessus. L’astragale (fig. E-1, 2, 3, pl. II) comparé avec le plus grand soin à l’astragale du Bos pri- migenius mauritanicus n° 2 (fig. D-4, 5, 6, pl. Il), n'a paru en dif- férer par aucun caractère important ; leurs facettes articulaires sont disposées absolument de la même façon et ont des dimen- sions à peu près semblables ; ils ne paraissent différer l'un de l’autre que par leur degré de fossilisation et de conservation, car l’astragale d’Aïn Jourdel est un peu fruste et complètement pétrifié, tandis que celui de l'Oued Seguen ne l'est nullement et se trouve, au contraire, dans un parfait état de conservation. Ces BOVIDÉS FOSSILES DE L'ALGÉRIE 135 deux os comparés, ainsi que le tibia trouvé à côté de l’astragale d'Aïn Jourdel, aux mêmes os du Bubalus antiquus de Djelfa, en diffèrent notablement par les proportions relatives de leurs diverses parties. Nous croyons donc pouvoir, provisoirement, attribuer au Bos primigenius Bojanus le tibia et l’astragale d'Aïn Jourdel, et nous ajouterons qu'ils ne paraissent pas différer des ossements connus de sa variété mauritaine. RÉSUMÉ. Les deux premières parties de ce travail, consacrées à l’étude de l’origine, de l’évolution et des caractères des Bovidés fossiles en général, peuvent se résumer dans les quelques faits ci-après qui paraissent acquis : 1° Il faut remonter jusqu'à la fin des temps éocènes pour retrouver les types ancestraux des Bovidés. Les premiers Bovidés vrais n'apparaissent, avec tous leurs caractères ostéologiques, qu'à là fin de l’époque tertiaire, après avoir passé par une série de formes intermédiaires entre celles des Pachydermes et celles des Ruminants. Dans la série des transformations successives par lesquelles ont passé les Pachydermes pour devenir des Rumi- nants, notamment des Bovidés, on voit une confirmation remar- quable de la grande loi physiologique qui subordonne la forme de l'organe à sa fonction. 2° La domestication des Bovidés, pendant les temps géologiques, ne saurait être déduite avec certitude des faits paléontologiques connus. Cela tient à ce que les races n’ont pas besoin, pour se produire, de l'intervention de l’homme : celle des milieux suffit. Dans la troisième partie de ce mémoire il est spécialement question des Bovidés fossiles de lAlgérie. Nous pouvons la résumer dans les quelques faits suivants : 1° Les espèces de Bovidés fossiles reconnues jusqu’à ce jour en Algérie sont au nombre de deux, bien caractérisées dans les alluvions des bas-niveaux (quaternaire récent) des provinces d'Alger et de Constantine. La première est un énorme Buffle (Bubalus antiquus Duvernoy) ayant beaucoup d’analogie avec une espèce vivant actuellement dans l'Inde : l’Arni. La seconde est un Bœuf de très grande taille qui n’est qu'une variété du Bos 136 PH. THOMAS primigenius d'Europe, variété à laquelle nous avons donné le nom de Bos primigenius mauritanicus, et à laquelle nous avons trouvé la plus grande analogie avec certaines espèces néolithi- ques originaires du bassin méditerranéen {Bos trochoceros et pri- migenius Rütimeyer). 2 Cette dernière espèce semble avoir existé pendant l’époque tertiaire dans le nord de l'Afrique, car nous avons trouvé dans les dépôts pliocènes des environs de Constantine, un astragale et un tibia qui paraissent lui avoir appartenu. ds DIAGNOSES DE MOLLUSQUES NOUVEAUX POUR LA FAUNE FRANÇAISE Par P. FAGOT (Séance du 10 mai 1881) 1. HELIX POUZOUENSIS. Testa pervio-umbilicata, supra subplanulata aut subconvexa, solida, opaca, cretacea, grosse striata, uniformiter albido-luteola ; — spira compressa, parum convexiuscula ; apice robusto, Iævi- gato, nitido ac nigrescente; — anfractibus 5 1/2 supra vix con- vexiusculis, regulariter lenteque crescentibus, sutura parum im- pressa separatis ; ultimo mediocri, ab initio subangulato (angulus obseletus ad peripheriam evanescens), supra convexiusculo, subtus rotundato, superne ad insertionem recto; — apertura parum obliqua, leviter lunata, exacte rotundata, etiam alta quam lata; peristomate recto, acuto, intus valde incrassato; callo fere inconspicuo. Alt. 4mm, — Diam. 8m, Découvert au Pouzou (Charente-Inférieure), par M. le D' Jous- seaume. Coquille obliquement ombiliquée, presque plane ou subconvexe en dessus, solide, opaque, crétacée, uniformément blanc-jau- nâtre ; spire comprimée, à peine convexe ; sommet robuste, lisse, brillant, noirâtre ; tours au nombre de 5 1/2 à peine convexes, à croissance lente et régulière, séparés par une suture peu pro- fonde ; dernier tour médiocre, anguleux à sa naissance (l'angle est peu accusé et s'évanouit vers l'ouverture) convexe en dessus, arrondi en dessous, droit auprès de son insertion supérieure ; ouverture peu oblique, légèrement lunaire, exactement arrondie, 138 P. FAGOT aussi haute que large; péristome droit, aigu, fortement épaissi en dedans ; callosité à peine visible. Cette nouvelle espèce est voisine de l’Æelix loroglossicola J. Ma- bille (Testar. novar. diagn. in Bullet. Soc. zool. France, t. IL, p. 304, 1871); mais il est impossible de les confondre à cause de leur taille (l’Zelix loroglossicola à : Diam. 13m", Alt, 5%"), leurs stries différentes, le bourrelet moins accusé chez la dernière espèce, etc. L'Helix pouzouensis est surtout caractérisée par sa coquille épaisse, sa forme aplatie, son ouverture exactement ronde, ses bords bien écartés et par son ombilic peu profond en forme d'entonnoir. 2. HELIX NEPHÆCA. Testa aperte umbilicata fumbilicus ad summum productus, in ultimo dilatatus) supra convexo testiformis, subtus tumida, rotundata, grisea, in ultimo ad aperturam luteolo-rubra, parum solida, grosse striata ; — spira convexa; — apice exiguo, lævigato, corneo ; — anfractibus 5 1/2 convexis rapide ac regulariter cres- centibus, sutura lineari, impressa tamen, separatis; ultimo amplo, rotundato, ad aperturam dilatato ac subito descendente ; — aper- tura obliqua, parum lunata, fere transversa, rotundata ; — peris- tomate recto, acuto, ad marginem columellarem leviter reflexo ; — marginibus conniventibus, valde approximatis. Alt, 7mm, — Diam. 5-6", Plan des Estables de la forêt d'En Malo, au-dessus d’Axat (Aude), à environ 1,000 mètres d'altitude. Coquille pourvue d'un ombilic large, en forme d'entonnoir, ouvert jusqu’au sommet et dilaté au dernier tour, convexe, testi- forme en dessus, renflée en dessous, arrondie, grisàtre et d’une coloration jaune-rougeàtre au voisinage de l'ouverture, peu solide, grossièrement striée; — spire convexe, sommet exigu, lisse, corné ; 5 tours 1/2 convexes, à croissance rapide, quoique régulière, séparés par une suture linéaire profonde ; dernier tour grand, arrondi, dilaté, et descendant brusquement vers l’ou- verture qui est oblique, peu en croissant, presque arrondie trans- versalement, péristome droit, mince, légèrement refléchi à l'ex- trémité du bord columellaire, muni d’un bourrelet blanc peu enfoncé ; bords convergents, très rapprochés, Cette nouvelle espèce appartient au groupe de l’ÆZelix nubigena. MOLLUSQUES NOUVEAUX POUR LA FAUNE FRANÇAISE 139 On la distingue de ce dernier à son ombilic plus ouvert, à son dernier tour plus bombé en dessous, à son bord externe plus avancé, ce qui fait paraître l'ouverture plus rejetée en arrière, etc. 3. PUPA ANCEYI. Testa minute perforata, subfusiformi-elongata, conica, corneo- rufa, nitida, pellucida, capillaceo-striata (striæ obliquæ, irregu- lares, in ultimis anfractibus distantes, evanidæ); — spira elongata, acuminata ; apice obtuso, mamillato; — anfractibus 10, primis convexis, cæteris convexiusculis, lente ac regulariter crescen- tibus, sutura sat impressa separatis ; ultimo vix majores ad aper- turam ascendente ac circa perforationem paululum compresso; — apertura obliqua, oblongo-rotundata, septemdentata, A. plicæ palatales duæ, quarum una angularis, tuberculosa, altera pro- funda, sat valida; B. duæ plicæ columellares in fauce sat remotæ, superior tamen minus remota; C. plicæ palatales tres (inferior parva, remota,media valida, elongata, ad aperturam fere porrecta, superior non marginalis, longe interrupta); peristomate incras- sato, undique expanso ; marginibus remotis, subæqualibus . AIE. 7mm, — Diam. 1m" 1/2-1mm 3/4. Val de Crède, près Marseille (Bouches-du-Rhône). Coquille faiblement perforée, subfusiforme-allongée, conique, corné-roussâtre, brillante, transparente, très finement striée, à l'exception des tours embryonnaires qui sont lisses ; les lours suivants sont ornés de stries obliques, irrégulières, lesquelles s’espacent et s'évanouissent sur le dernier tour ; — spire allongée, acuminée (sommet obtus, mamelonné; 10 tours convexes, à crois- sance lente et régulière) les premiers très convexes, séparés par une suture assez profonde, le dernier à peine plus grand en pro- portion, remontant vers l'ouverture et un peu comprimé autour de la fente ombilicale; ouverture oblique, arrondie-oblongue, munie de 7 denticulations ainsi placées : deux plis pariétaux, dont un à l'angle externe en forme de tubercule, le second assez fort, enfoncé; deux plis columellaires saillants, enfoncés, le supé- rieur un peu moins ; trois plis palataux, le premier petit, écarté, le médian fort, arrivant presque au bord externe, le troisième n’atteignant pas le péristome et longuement interrompu, de sorte que la portion interne ressemble à un quatrième pli séparé; 140 P. FAGOT péristome encrassé, réfléchi de tous côtés ; bords écartés, presque égaux. Cette espèce nouvelle, découverte par M. Ancey, de Marseille, auquel nous la dédions, appartient au groupe des Pupa Mortil- leti (1) et Micheli (2); mais on la séparera du premier par sa denti- culation plus délicate et du second par ces mêmes denticulations différentes et des deux par sa forme plus fluette, rappelant celle du Pupa granum. 4. BYTHINELLA GINOLENSIS. Testa subimperforata, cylindraceo ovata, alba, sæpissime limo viridi inquinata, parum nitida, lævigata ; spira vix acuminata ; — apice minuto, obtuso ; anfractibus 4 1/2 convexis, ad suturam pla- nulatis ac pseudo subcanaliculatis, celerrime crescentibus, sutura lata et impressa separatis, ultimo magno, antice inflato, postice tertiam testa longitudinem adæquante, ad aperturam retracto, non ascendente ; — margine libero recto, deorsum provecto ; — apertura magna pyriformi-rotundata; peristomate expanso con- tinuo, patulo ; margine dextro regulariter arcuato, vix producto, columellari obliquo, armato, patulo, ad perforationem expanso ; marginibus callo conspicuo junctis. Operculum profunde immersum, album, læve. Alt. 3 1/4-3mm 1/2. — Diam. fere 2mn, Ruisseau des bains de Ginoles, au-dessus du bel établissement thermal, sur la route du village, près Quillan (Aude). Coquille à fente ombilicale presque nulle, ovale-cylindrique, blanche, mais presque toujours recouverte d’une incrustation verte, peu brillante, lisse. Spire à peine acuminée ; sommet petit, obtus ; 4 tours 1/2 convexes, aplatis vers la suture, ce qui donne à cette partie de la coquille une fausse apparence de canalicula- tion ; à croissance rapide, séparés par une suture large et pro- fonde ; dernier tour renflé et comme globuleux, égalant presque le tiers de la longueur totale, ce qui donne à la spire une forme élancée, malgré l’obésité du dernier tour, rejeté en arrière près de l'ouverture et ne descendant point ; bord libre droit, à peine projeté en arrière ; ouverture grande, ovale-pyriforme, péristome (1) Stabile, Moll. terr. viv. Piémont, p. 96, tab. 2, fig. 4, 1864. (@) Terverin : Dupuy, Hist. Moll. France, 4 fasc. p. 397, tab. XIX, fig. 11, 1850. MOLLUSQUES NOUVEAUX POUR LA FAUNE FRANÇAISE 141 réfléchi, continu, épaissi, bord droit régulièrement arqué; bord columellaire obliquement arqué, rejeté du côté de la perforation qu'il recouvre presque totalement ; bords réunis par une callosité appréciable. Cette Bythinella, qui ne ressemble à rien de ce qui a été publié jusqu'à ce jour, servira de type à une série de formes, non encore découvertes dans le département de l'Aude. Malgré la forme élancée de la spire, le dernier tour est globu- leux et arrondi, ce qui rend l'ouverture très grande pour la taille de la coquille, caractère que nous n’avons point constaté chez les espèces connues. D. VALVATA FAGOTI. Valvata Fagoti Bourguignat, in sched. 1877. Testa exigua, aperte pervio-umbilicata, depressa, supra con- vexa, subpellucida, nitida, corneo-lutescente, subvalido lente argutissime striatula ; — spira brevi, convexa; apice obtuso, valido, luteo ; — anfractibus 3-3 1/2 convexis, circa saturam sat impressam subplanulatis, celerrime accrescentibus ; — ullimo maximo, amplo, rotundato ; — apertura leviter obliqua, exacte rotundato-circulari ; — peristomate recto, crassiusculo, margi- pibus continuis ; — operculo…. (ignoto). Alt, 2mm, — Diam. 3", Découvert à Saint-Pardoult (Charente-Inférieure) par M. le D' Jousseaume. Coquille petite, munie d’un ombilic profond et ouvert, déprimée, convexe en dessus, presque transparente, brillante, d'un corné laiteux, pourvue de striations très fines, quoi qu'un tant soit peu robuste, spire courte, convexe; sommet obtus, fort, jaunâtre. 3 tours à 3 tours 1/2 très convexes, presque aplatis, auprès de la suture assez profonde, à croissance très rapide, dernier tour très grand, développé, arrondi, ouverture légèrement oblique, exac- tement arrondie-circulaire ; péristome droit, épais ; bords réunis ; — opercule inconnu. La Valvata Fagoti appartient à un groupe d'espèces que notre ami M. Bourguignat a l'intention de faire connaître. Sa taille petite, sa forme un peu convexe, son ombilic moins ouvert sont les caractères principaux qui serviront à la recon- naître des espèces voisines. REMARQUES AU SUJET DE QUE LOUES Tr GRIMES Par Alph. DUBOIS (Séance du 10 mai 1881) L'intéressant travail monographique du groupe Oreocincla, pu- blié récemment par M. J. Vian (1), nous a engagé à fournir quel- ques remarques complémentaires sur certaines Grives. Comme on le verra, nous ne sommes pas toujours d'accord avec notre savant confrère; si nous nous permettons de rectifier certains points, c’est uniquement dans l'intérêt de la science. - A. Turdus varius Pall. Les apparitions de cette espèce en Europe sont bien plus fré- quentes qu'on ne le pense généralement. Elle a été prise une fois en Suède sous le 63° (Sundevall) et une dizaine de fois à Helgoland (Gätke). Naumann cite une capture près de Vienne, deux près de Hambourg, une sur les bords du Rhin et une à Elbingen; il faut ajouter à celles-ci l’'Oiseau tué près de Cologne. Mais il est à sup- poser que cette Grive se montre bien plus souvent en Allemagne, à en juger par les nombreuses captures faites dans l’Europe occi- dentale. Ainsi, d’après M. Harting, douze Grives dorées ont été prises en Angleterre de 1828 à 1872. La même Grive a été prise six fois en Belgique : la dernière capture date de 1870. Quant aux sujets tués en France et en Italie, ils ont été men- tionnés par M. Vian. 2. Turdus Horsfieldi Bp. et T. lunulatus Lath. M. J. Vian réunit ces deux espèces sous le nom de 7. lunulatus, (1) Bull. de la Soc. Zoo. de Fr., 1880, p. 210. REMARQUES SUR QUELQUES GRIVES 143 en se basant sur le type défectueux de Bonaparte ct sans avoir sous les yeux des spécimens complets et authentiques de Java. Il est pourtant certain qu’en décrivant son 7. Jorsfieldi, le prince Bonaparte a parfaitement reconnu chez cet Oiseau la présence de 14 rectrices. Du reste, la même année, le professeur Sundevall, de Stockholm, sans connaître le travail de Bonaparte, décrivit le même oiseau sous le nom de Oreocincla malayana (1). Si M. Vian avait lu la notice de M. Sundevall, il aurait certainement hésité à supprimer une espèce aussi caractéristique. Dans ces dernières années, tous les auteurs qui ont eu à s’oc- cuper des Grives javanaises ont reconnu le 7. Æorsfieldi pour une bonne espèce; la confusion à seulement régné avant les travaux de Bonaparte et de Sundevall, et il est fâcheux de la voir renaître. Le T. lunulatus d'Australie n’a que 12 rectrices, tandis que le T. Horsfieldi de Java en a toujours 14; c'est bien là un caractère spécifique certain. Nous avons examiné six individus envoyés directement de Java et tous les six ont quatorze rectrices. Des sept espèces du groupe adoptées par certains auteurs, deux seulement (7. varius et T. Horsfieldi) ont 14 rectrices ; tous les autres (T°. imbricatus, nilgiriensis, iodorus, dauma et lunulatus) n’en ont que 12. Le T. Horsfieldi ne peut donc être confondu qu'avec le T. varius, mais il diffère de ce dernier par la proportion des rémiges. Chez le T. varius, la deuxième rémige est égale à la quatrième et la troisième est la plus longue (2). Chez le 7. Æorsfieldi, la deuxième rémige est égale à la sixième ; les troisième, quatrième et cin- quième sont égales en longueur. Pour ce qui regarde la taille, le bec et la coloration, ce dernier ressemble beaucoup plus au 7. lu- nulatus qu'au T. varius. Il résulte de ce qui précède que le 7. Æorsfieldi est une espèce distincte qui ne saurait être confondue avec aucune autre. Il y a donc lieu de rétablir la synonymie de la manière suivante : 1° Turdus Horsfieldi Bp. Turpus varius Horsf. Linn. Tr. XIII, p. 149 (1821). Turpus LUNULATUS Sundev. Vetensk. Acad. Handl. 1840, p. 37. (1) Journ. f. Ornith. 1857, p. 161. (2) La première rémige ou batarde étant très courte, la deuxième est donc la première des longues rémiges. 144 ALPH. DUBOIS OREOCINCLA HORSFIELDI Bp. Rev. et mag. de zool. 1857, p. 205. OREOGINCLA MALAYANA Sundev. Journ. f. Orn. 1857, p. 161. Turpus MALAYANUS Gieb. Thes. ornith. III, p.714 (1877). 20 Turdus lunulatus Lath. Turpus LUNULATUS Lath., Znd. Orn., suppl. p. 52 (1802). Turpus varius Vig.et Horsf. Linn. Tr. XV, p. 218 (1826). OREOCINCLA MACRORHYNCHA @bO. NOVÆ-HOLLANDIÆ Gould, Proc. zool. Soc. 1837, p. 145. OREOCINCLA LUNULATA Gould, Birds Austr. part XXX (1848). OREOCINCLA HEINEI Cab. Mus. Hein. I, p. 6 (1850-51). Les Turdus iodorus Gould, de l’Australie septentrionale, émbri- catus Layard, de Ceylan, et nilgiriensis Blyth, des monts Neilg- herries, nous sont encore inconnus; nous n’en parlerons donc pas pour le moment. 3. Turdus viscivorus var. Bonapartei Cab. MM. Sharpe et Dresser, dans leur ouvrage sur les Oiseaux de l'Europe (1), mentionnent, dans la synonymie du Turdus viscivo- rus, le T. Hodgsoni Hom., ce qui est une erreur. Le 7. Hodgsoni de M. von Homeyer (2) est la même espèce que celle que Blyth a décrite sous le nom de T. mollissimus. L'erreur provient du prince Bonaparte qui a cru reconnaître, dans la race himalayenne du T. viscivorus le T. Hodgsoni Hom. Cette race ou variété diffère seulement de la Grive draine par une taille un peu plus forte et par la présence d'un peu plus de blanc à la rectrice externe. C’est pour éviter toute confusion à l'avenir que M. Cabanis à proposé d'appeler T. Bonapartei la variété du T. viscivorus qui ha- bite les monts Himalaya (3). 4. Turdus fuscatus et T. Naumanni. Nous venons de traiter l’histoire de ces deux Oiseaux dans notre ouvrage sur les Oiseaux de la Belgique (4); mais nous croyons (1) À History of the Birds of Europe, part VI (1871). (2) Rhea, II, p. 190 (1849). (3) Cabanis: Journ. f. Ornith. 1860, p. 183. (4) A. Dubois, Faune illustrée des Vertébrés de la Belgique, sér. des Oiseaux, t. J, p. 283 (1881). REMARQUES SUR QUELQUES GRIVES 145 être agréable aux ornithologistes qui ne connaissent pas notre publication, en reproduisant la partie qui traite de la valeur spé- cifique de ces variétés ou races. Nous avons eu l’occasion d'examiner un grand nombre de T. fuscatus et Naumanni, et nous avons été frappé, comme beau- coup de nos confrères, de la grande variabilité de ces deux formes, qui appartiennent, sans aucun doute, au même groupe spécifique. Jamais les individus à dos roussâtre de la var. Nau- manni ne peuvent être séparés spécifiquement de ceux dont les parties supérieures sont d’une teinte olivâtre, comme le pense M. E. von Homeyer, De même, il est impossible de séparer le T. fuscatus du T. Naumanni, car entre ces deux formes nous trou- vons tous les plumages intermédiaires; il n’est pas rare de ren- contrer des individus dont le plumage ne permet même pas de dire avec certitude s’ils appartiennent plutôt à l’une qu’à l’autre race. Dans une note publiée récemment, M. J. Vian cherche à démon- trer que les deux Grives en question sont bien des espèces dis- tinctes. « Si l’on examine avec soin, dit M. Vian, les couleurs originaires des deux types, on s'explique comment ces deux espèces se fondent à une certaine époque de l’année. La couleur noire du Merle brun n’est pas franche, elle contient, pour ainsi dire, en dissolution une teinte pourpre; dans le Merle Naumann, dejà roux aux parties inférieures, la couleur olive des parties supérieures laisse entrevoir du roux. Pendant le voyage, le noir et l’olive disparaissent plus ou moins sous l’action de la lumière et des agents extérieurs ; le roux, au contraire, persiste, sans doute parce qu'il est plus solide de teint ou plus réfractaire. » Quant à la question de séparation spécifique, M. Vian pense qu'elle doit être tranchée d’après la livrée neuve et intacte de ces Oiseaux, et non d’après leur plumage décoloré pour ainsi dire accidentellement, enfin d’après des Oiseaux de la Chine et non d'après ceux de la Daourie ; ainsi il admet les deux espèces (1). On voit, par ce qui précède, que pour M. Vian les Grives Nau- mann dont les parties supérieures sont roussâtres, seraient des individus décolorés. Pour M. l'abbé David, au contraire, ces indi- vidus ont leur plumage de noce, tandis qu’en automne, ces mêmes parties sont d’une teinte olive uniforme, et le mâle ne différerait alors guère de la femelle. Le savant missionnaire dit avoir (1) Bull. de la Soc. Zool. de Fr., 1878, p. 113. 41 146 ALPH. DUBOIS remarqué que chez les mâles la prédominance des teintes rousses, qui s'étendent même sur le dos, résulte simplement de l'usure des plumes (1). Ce qui paraît confirmer la remarque de M. David, c’est que nous voyons un fait analogue chez certaines de nos Grives indi- gènes. Ainsi, la Grive litorne a, en automne, les plumes grises bordées d’une teinte légèrement olivâtre, et les plumes couleur marron bordées d’une nuance plus pâle ; au printemps, par l'usure des plumes, ces bordures d’une autre teinte ont généralement disparu. Il n’est donc pas douteux que les individus à dos roussâtre de la Grive Naumann, sont des mâles à plumage printanier. Il est du reste à remarquer que les Grives Naumann, prises en Europe, ont généralement été capturées en automne ou en hiver, alors qu'elles ne pouvaient plus avoir leur plumage du printemps ; aussi tous les individus pris sur notre continent ont-ils les parties dorsales d’une couleur olivâtre. C’est pour cette raison que Nau- mann et d’autres ont figuré l’Oiseau sous ce plumage. D'après M. Middendorff, le 7. Naumanni serait le plumage de noce d'individus encore jeunes du 7. ruficollis dont la teinte rousse prédomine (2). Pour M. Radde, les Oiseaux désignés sous le nom de 7. Nau- manni, sont tout simplement des jeunes des 7. ruficollis et fuscatus. L'Oiseau figuré par M. Radde (pl. VII, fig. a), comme étant un hybride de ces deux derniers, nous paraît bien être un Nauwmanni au printemps, et sa pl. VII (fig. a) représente positivement le même Oiseau en’automne, bien qu’il soit donné pour un T7. rufi- collis à l’âge de trois ans. M. E. von Homeyer ne paraît pas connaître la Grive Naumann sous le plumage que nous désignons, avec M. David, comme le plumage du printemps ; pour lui aucune des figures de Radde ne se rapporte au Naumanni; il est vrai que M. von Homeyer se contente de les comparer à celles que Naumann a données dans son tome XII, pl. 358, qui représente des individus à dos oli- vâtre. Pour conclure, M. E. von Homeyer dit : « Parmi toutes les descriptions et figures données par Middendorff et Radde, il n’y en a pas une seule qui puisse se rapporter au 7. Naumanni ; d'où il résulte que ni l’un ni l’autre de nos voyageurs n'ont trouvé le (1) David et Oustalet, Les Oiseaux de la Chine, p. 154. (2) Middendorff, Sibirische Reise, II, 2, p. 170. REMARQUES SUR QUELQUES GRIVES 147 T. Naumanni en Sibérie, que la patrie de cet Oiseau est restée plutôt inconnue jusqu'ici et ne doit pas être cherchée aussi loin qu'on l’a cru, surtout que par suite des fréquentes apparitions de cet Oiseau en Hongrie et près de Vienne, il y a lieu de supposer que les Carpathes et la Transylvanie pourraient bien être le séjour d'été de notre Oiseau (1) ». Nous ne partageons nullement cette manière de voir, mais nous devons convenir que M. Radde est très diffus dans ce qu'il dit et qu'il est fort difficile de tirer de ses remarques des déductions sérieuses. M. Radde termine en disant : « Ce qui me frappe, cepen- dant, c’est qu'il résulte de l’ensemble des matériaux rapportés de Sibérie, que la forme type du 7. fuscatus a justement été trouvée là où le 7. ruficollis est rare, tandis que dans les localités où l’on rencontre communément la forme décrite comme Naumanni en même temps que le ruficoilis, la forme type du fuscatus est beau- coup plus rare (2) ». Comme on le voit par tout ce qui précède, on est peu d'accord au sujet de l'espèce qui nous occupe. Suivant nous, le T! ruficollis est une espèce parfaitement distincte, tandis que les 7! fuscatus et Naumanni ne forment qu'une seule et même espèce qu’on peut diviser en deux variétés ou races, comme nous l'avons fait. M. David dit que ces deux Grives vivent ensemble dans les mêmes conditions, ont les mêmes mœurs et le même cri d'appel, et qu’elles doivent se croiser avec la plus grande facilité. Ceci prouve encore que nous avons affaire à deux races d’un même groupe spéci- fique, dont les individus diffèrent plus ou moins entre eux par suite de l’âge, des saisons ou de circonstances fortuites. 5. Turdus Swainsonti et ses variétés. M. Elliot Coues divise cette espèce en trois variétés (3) et nous partageons complètement sa manière de voir. Voici les diagnoses que M. Coues donne pour chacune d'elles (4) : «a. SWAINSONI (les deux sexes). — Olivaceus, cauda concolore . subtus albus, lateribus griseo-olivaceis, pectore, jugulo, palpebris, (1) E. von Homeyer, Journ. f. Ornith, 1868, p. 174. (2) Radde, Reisen im Süden von Ost-Sibirien, Il, p. 237. (3) E. Coues, Birds of the Northwest, p. 4 (Washington, 1874). (4) E. Coues, Birds of the Colorado Valley, I, p. 31 (Washington, 1878). 148 ALPH. DUBOIS cum lateribus capitis et colli subflavicantibus, pectore et jugulo ma- culis magnis fuscis notatis.. b. Arrcræ (les deux sexes). — Olivaceus, lateribus capitis concolo- ribus, jugulo viæ flavido-tincto. Major; rostro longiore, graciliore. c. UsTULATUS (les deux sexes). — ÆRufo-olivaceus; cœteris T. Siwainsoni sat similis. » Par les rares captures faites en Europe de la Grive de Swainson, cet Oiseau présente un intérêt particulier pour ceux qui s’occu- pent d'ornithologie ; nous croyons donc que quelques détails sur cette espèce seront lus avec plaisir. Les descriptions qui vont suivre sont faites d’après des individus du Musée de Bruxelles. À. Turdus Swainsoni Cab. Turous MINOR Gm., S. N. I, 2, p. 809 (1788) confondu avec le T. fuscescens. Turous Fuscus Gm., S. N. I, 2, p. 817 (1788). Turpus sozirArIuS Wils., 4m. Or. V, pl. 34, f. 2 (1812) non le texte p. 95. Meruza Wizsonr Sw. et Rich., Faun. bor. Am. IT, p. 182 (1831). MERULA OLIVACEA Brew., Proc. Bost. Soc. 1844, p. 191. TurDus OLIVACEUS Gir., Birds of Long Isl. p. 92 (1844). Turpus Swainsont Cab., Faun. Per. p. 187 (1845-46). Turpus MINIMUS Lafr., Rev. zool. 1848, p. 5. Description. — Parties supérieures et queue d'un cendré-oli- vâtre foncé ; paupières, côtés de la tête et du cou ainsi que le haut de la poitrine, roussâtres; gorge d'un blanc-roussâtre ; ré- gions parotiques variées de brun ; côtés du cou et poitrine tachés de brun, ces taches passent à l’olivâtre sur les côtés du bas de la poitrine ; côtés de la poitrine et flancs olivâtres ; milieu du bas de la poitrine et du ventre, ainsi que les sous-caudales, d’un blanc pur ; rémiges brunes bordées extérieurement d’'olivâtre. Longueur totale 0®17 ; ailes 0m102 (individu de l'Amérique sep- tentrionale). B. Var. Aliciæ Baird. Turous ALICIÆ Baird, Birds N. Am. p. 217 (1858). Turpus SwaINsonI var. Aliciæ Coues, Key, 1872, p. 73. Description. — Semblable au type pour les parties supérieures et la disposition des taches ; mais les côtés de la tête sont égale- REMARQUES SUR QUELQUES GRIVES 149 ment d’un cendré-olivâtre, et la poitrine n’est que légèrement lavée de jaune-roussâtre, car cette teinte tranche à peine sur le blanc de l'abdomen (Individu du Labrador). C. Var. ustulatus Nutt. Turpus usTuLATUS Nutt. Man. orn. U. S. 6d. 2, I, p. VI, (1840). Turpus SWAINSONI var. USTULATUS Coues, Key, 1872, p. 73. Description. — Semblable au type, mais toutes les parties supé- rieures, au lieu d'être d’un cendré-olivâtre, sont d'un brun-roux légèrement olivâtre ; la teinte rousse domine même sur les aïles et sur la queue (Individus pris en Belgique). On voit par les descriptions qui précèdent, que ces trois formes représentent bien un même type spécifique, et qu’elles ne diffèrent entre elles que par une très légère modification dans la distri- bution des teintes. Le Musée royal d'histoire naturelle de Belgique possède un spécimen de la var. Aliciæ provenant de la Nouvelle-Grenade, qui est entièrement semblable, par sa coloration, aux individus de l'Amérique septentrionale, mais dont il diffère par une taille un peu moins forte et par un bec moins grêle. La taille ne paraît du reste pas être un caractère sérieux, car nous avons sous les yeux deux spécimens que nous rapportons à la var. ustulatus, dont l'un, de l'Équateur, mesure 0"132, tandis que l’autre, de Guaté- mala, mesure 0145 ; l'individu pris en Belgique, de la collec- tion de M. le baron de Sélys-Longchamps, présente la même colo- ration que ces derniers, et nous croyons ne pas devoir hésiter à le rapporter à la var. ustulatus. Hab. — La Grive de Swainson habite toute l'Amérique septen- trionale à partir des côtes de la mer Polaire; son aire de dis- persion s'étend depuis le détroit de Behring jusqu’à l’Ocean atlan- tique (Coues) et descend au Sud jusqu'au Pérou etle Nord du Brésil (Sclater,Cabanis, von Pelzeln). Cet Oiseau habite également Cuba (Grundlach) et les îles Bermudes (Baird), mais il ne paraît pas se montrer dans la partie Sud-Ouest des États-Unis (Coues); il visite aussi accidentellement le Groenland (Reinhardt). La var. Aliciæ habite également le Nord de l'Amérique, mais elle est surtout abondante dans les parties les plus septentrio- nales : elle émigre au Sud jusqu’à Costa-Rica (Frantzius), l’île de Cuba (Grundlach) et la Nouvelle-Grenade (Mus. Brux.); M. Tacza- 4150 ALPH. DUBOIS nowski signale l'apparition de cette variété dans la Sibérie orien- tale au cap Tschukotsk. La var. ustulatus est répandue le long des côtes du Pacifique depuis l’île Sitka jusqu'au Mexique (Coues) et les îles Tres-Marias (Grayson); elle paraît cependant descendre plus au Sud, car le Musée de Bruxelle possède un individu de Guatémala et un autre de la République de l'Équateur. Les apparitions de cette espèce en Europe sont peu nom- breuses : un individu a été pris à Helgoland le 2 octobre 1869 et se trouve dans la collection de M. Gätke ; un autre a été tué en Ligurie (Salvadori); un troisième a été pris en Belgique dans les environs de Namur en octobre 1843; comme nous l'avons dit plus haut, ce dernier appartient à la var. ustulatus. LES AMOURS DES AXOLOTLS Par F. GASCO Professeur à l'Université de Gênes (Séance du 10 mai 1881) Quoique de nombreuses publications aient paru, surtout depuis. une dizaine d'années, sur le mode de fécondation des Batraciens urodèles, on peut affirmer que nos connaissances à ce sujet sont bien incomplètes. Nous ne connaissons avec certitude la fécon- dation d'aucun Urodèle autre que les Tritons. Dans mon mémoire « Gli amori del Tritone alpestre (Triton alpes- tris Laur.) e la deposizione delle sue uova » (1) je déclarais que « certains faits me faisaient supposer que les phases érotiques. » des Tritons se répétaient de même chez les Axolotls, c’est-à-dire » les caresses du mâle suivies de l'émission de son spermato- » phore à quelque distance du cloaque féminin et son adhésion » aux lèvres sexuelles de la femelle dès que celle-ci se porte » au-dessus ». Mes suppositions semblèrent un peu aventurées à M. le Prési- dent de la Société Zoologique de France qui, analysant la publi- cation mentionnée plus haut, dans une de ses communications récentes et pour moi très flatteuse, écrivait : « Quant à l’Axolotl, » en présence des témoignages d'Ever Home, de Duméril, de » Robin, il est permis de conserver des doutes sur la façon dont » le spermatophore est recueilli par la femelle. Pourquoi celle-ci » ne le saisirait-elle pas, avec les lèvres entr’ouvertes de son » cloaque, sur le cloaque même du mâle, au lieu d'aller le cher- » cher sur le sol » (2)? Mes suppositions cependant se sont parfaitement confirmées. Au commencement du mois de novembre de l’année dernière, M. le (1) Annali del Museo civico di Storia naturale di Genova, vol. XVI, 1880, (2) Fernand Lataste, Encore sur la fécondation des Batraciens urodèles, dans la Revue internationale des Sciences, 4° année, 15 février 1881. 152 F. GASCO professeur G. Malfatti m'envoya deux couples d’Axolotls parvenus à leur complet développement et en excellentes conditions phy- siologiques. Ils étaient nés dans un aquarium du Museo civico di Storia naturale de Milan, au mois d'avril 1879. J’eus la précaution de séparer immédiatement les femelles des mâles et de nourrir soigneusement les unes et les autres chaque jour avec de petits morceaux de viande. Lorsque, au commencement de février, la température, qui était exceptionnellement tombée pendant quel- ques jours en janvier à + et +3 C, se fut élevée de quelques degrés, je plaçai les mâles et les femelles dans un même aqua- rium à fond de verre mais partagé en deux compartiments égaux grâce à une cloison de verre dépoli, mobile à la volonté de l’ob- servateur. L’aquarium s'élève du sol à 1"80 : il mesure en longueur 080, sa largeur et sa hauteur étant de 040. L'eau ne le remplit que jusqu’à la moitié de sa hauteur, c’est-à-dire 0"20. J’eus soin de maintenir l’eau en parfaite limpidité en la renouvelant fréquem- ment afin qu'aucune particularité, aucun mouvement ne puisse m'échapper. Dans le cours de la journée mes quatre Axolotls étaient presque constamment immobiles, mais je ne tardai pas à m'apercevoir, en me plaçant avec la plus grande précaution au-dessous de l’aquarium, qu'ils étaient en revanche presque constamment en mouvement pendant les heures de la nuit. Quand la température se fut élevée à + 8 C, j'observai que tant les mâles que les femelles, celles-ci étant devenues très grosses par le développement des œufs, étaient en rut. Je réunis les couples pendant le jour à plusieurs reprises dans le cours de février et de mars en enlevant la cloison de verre dépoli qui les séparait. Mais je ne tardai pas à me convaincre que les Awxolotls ne dévoilaient pas leurs amours à la vive lumière du jour. Cette circonstance importante explique comment les phases érotiques les plus intimes de ces Urodèles ont pu échapper à des observateurs aussi distingués que Everard Home, Aug. Du- méril, Ch. Robin, Blanchard, Vulpian et d’autres. Ceux-ci n'ayant observé les Axolotls que de jour se trouvèrent naturel- lement entraînés à des suppositions erronées. L'obscurité si recherchée par nos amants me jetait dans un embarras sérieux. Chaque fois que j’entrais avec une lampe dans la pièce, les Axotols arrêtaient brusquement leurs évolutions. Je surmontai pourtant cet obstacle en les habituant petit à petit à la LES AMOURS DES AXOLOTLS 108 faible lumière d’une lampe munie d’un abat-jour et placée à terre, à 4 ou à mètres de distance de l'aquarium. Lorsque je neles voyais plus alarmés par la lumière, à laquelle ils s'étaient graduellement habitués pendant plusieurs heures, j’enlevais avec beaucoup de précaution la cloison de verre et je réunissais les deux couples amoureux. L'expérience m'apprit bientôt pourtant qu'il convenait de ne laisser dans le même compartiment qu'un mâle et une femelle, car, lorsque les deux couples étaient réunis, ou que les deux femelles étaient avec un seul mâle et vice versa, il arrivait tou- jours des inconvénients car ils se dérangeaient mutuellement dans leurs entretiens amoureux. Les faits les plus importants mentionnés ci-après ont été observés plusieurs fois pendant la nuit, entre 10 heures du soir et 2 heures du matin. D'ordinaire la femelle est la première à faire des avances au mâle en le flairant, le caressant. Et il arrrive souvent que leurs museaux étant en contact, la femelle essaie de mordre le mâle, ou bien c’est celui-ci qui feint de mordre sa compagne. Dans l'un et l’autre cas, ils se séparent brusquement en frappant violemment l’eau de leur queue. Après quelques minutes, le mâle, devenu plus hardi, commence à son tour à courtiser la femelle. Les deux amants se poursuivent lentement et en décrivant un cercle, la tête de l’un touchant la queue de l’autre. On croirait par moments qu'ils veulent s’as- surer qu'aucun danger ne les menace, car ils cessent de se pour- suivre, regardent autour d'eux, pour reprendre bientôt leur course tournante, se touchant, s’excitant tour à tour. Leur peau, si souple, montre une exquise sensibilité. L'animal se sent-il lé- gèrement effleuré sur quelques points du corps, il se retourne aussitôt avec une rapidité merveilleuse pour rendre, et avec usure, la caresse reçue. Bientôt pourtant les caresses du mâle s’accentuent tellement que la femelle surprise, je dirais presque, par les brûlantes décla- rations de son compagnon, devient de plus en plus passive : elle laisse faire. Le mâle alors avec une souplesse, une agilité, une élégance de mouvements que je chercherais en vain à décrire, tantôt s’agite autour de la femelle, tantôt passe au-dessous d'elle en se frottant amoureusement contre son corps. Parfois il la sou- lève de son museau et la transporte, en la poussant, à quelques décimètres de distance. La femelle le laisse faire et semble par- 154 F. GASCO fois un corps inerte qui flotte au gré du mâle. Les mouvements de celui-ci sont si vifs, si variés, qu’en peu de minutes il n’y a pas une partie de son corps*qui, en se frottant, n'ait été en contact avec celui de sa compagne. Ce frottement érotique émeut, excite extraordinairement le mâle. Son agitation l’'oblige même de temps à autre de se déta- cher de la femelle. Avec une célérité vraiment merveilleuse, il parcourt l'aquarium à plusieurs reprises, en rasant le sol. Il ne s'élève à fleur d’eau que pour respirer. Il nage et marche en même temps : ses extrémités antérieures et ses élégantes houppes bran- chiales serrées au corps, on dirait une anguille, un serpent; en certains moments il ne nage ni ne marche, il glisse. Quel étrange contraste chez cés Urodèles entre l’inertie, l’im- mobilité calculée du jour et le mouvement, la vie, l'agitation de la nuit! La femelle, à son tour, se met en mouvement, mais avec moins d’'ardeur : se rencontrent-ils, les deux amants reprennent leurs caresses interrompues. En très peu de temps les lèvres du cloaque du mâle subissent un changement remarquable. Elles se gonflent d’abord sensible- ment, surtout dans leur moitié postérieure, puis leurs bords inté- rieurs s’écartent et éoute la partie interne des lèvres se creuse et laisse apercevoir une teinte rosée et même rouge qui contraste vivement avec la couleur noire de la robe de l’Axolotl. L’éloignement etle rapprochement des lèvres sexuelles du mâle peuvent avoir lieu lentement ou! rapidement. Les contractions se succèdent quelquefois avec tant de force que les deux lèvres semblent pulser. L'ouverture du cloaque mâle peut ainsi rapide- ment changer de forme et de dimensions à la volonté de l’animal. Quand ses lèvres sont le plus écartées, la partie rose, creusée, qu'elles laissent à découvert, rappelle dans l’ensemble un as de cœur, la partie échancrée étant tournée postérieurement. Le mâle, se sentant prêt à l'émission spermatique, se porte au- devant de la femelle, soulève de son mieux sa queue en en fai- sant onduler le bord supérieur, et accomplissant avec celle-ci des oscillations tantôt grandes, tantôt petites, tantôt lentes, tantôt accélérées. On aperçoit dans son tronc des contractions conti- nuelles : il se dégage de ses poumons quelques bulles d’air; il présente son système cloacal le plus béant qu'il peut, et, ne pouvant, comme les Tritons, se flageller le flanc ni les lèvres du cloaque, il invite la femelle à le seconder, à appeler l'émission LES AMOURS DES AXOLOTLS 155 séminale, en excitant, en chatouillant ses lèvres sexuelles veloutées. Mais souvent la femelle ne se rend pas à la première invitation : le mâle alors se retourne promptement et recommence à flairer, à toucher, à heurter la femelle, à glisser à côté, au-dessus et au- dessous d'elle pour l’exciter et s’exciter en même temps. Il fait ensuite quelques tours rapides dans l'aquarium et revient se placer au-devant d’elle en agitant sa large queue comme un dra- peau. Et cette fois la femelle s'approche, touche et frotte de son museau tout autour les parties rosées et gonflées du mâle. Tout convulsif et faisant toujours onduler sa queue, le mâle écarte peu à peu les lèvres de son cloaque dans toute leur moîtié postérieure et émet son singulier spermatophore. Par sa large base le spermatophore adhère immédiatement au fond de l'aquarium. La masse gélatineuse qui le constitue s'élève à la hauteur d’un centimètre environ, en se rétrécissant et en prenant la forme d’un cône comprimé. A son sommet se trouve le peloton des spermatozoïdes, qui tranche par sa blancheur sur toute la partie accessoire qui est très transparente. Bientôt recommencent les caresses, les élans affectueux du mâle vers la femelle qui dans le courant d'une ou deux heures, excitant de son museau les parties cloacales du mâle, détermine l'émission de plu- sieurs spermatophores (5, $, 7 et peut-être plus), qui se fixent par la base, portant en haut la partie essentielle, c’est-à-dire la masse des filaments spermatiques. Cette disposition des spermatozoïdes leur permet de s'insinuer plus facilement entre les lèvres peu tuméfiées, peu écartées de la femelle, quand il plaira à celle-ci de les recueillir, ou qu’elle en éprouvera le besoin. Les spermatophores ne peuvent pas toujours adhérer au fond de l’aquarium et j'en dirai plus loin la cause : mais la plupart même de ceux qui adhèrent régulièrement ne sont point recueillis. Ils plient sous le poids du corps de l’Axolotl, ou lorsqu'ils sont heurtés par ses extrémités, sans se détacher..Ils deviennent libres lorsque les compressions et les coups se renouvellent. Ils flottent alors d’ici et de là, battus par les coups de queue et d'ordinaire se couchent sur le flanc. Dans cet état, même s'ils conservent pendant plusieurs jours leur forme intacte, ils sont indubitable- ment perdus et sont relégués bientôt dans les coins de l’aqua- rium. J'avais assisté bien souvent à l'émission des spermatophores, mais j'avais vainement, pendant plusieurs nuits et durant de Ion- 156 F. GASCO gues heures, observé attentivement la femelle pour découvrir de quelle façon elle les recueillait. Je crois opportun d'exposer ici brièvement ce que je réussis enfin à voir le 1° mars. Je réunis durant 5 heures pendant le jour les deux mâles et les deux femelles. La température oscille entre 9 et 10° C. Aucun Axolotl ne bouge, excepté une femelle qui depuis deux jours refuse toute nourriture. Elle s'élève dans l’aquarium en nageant lentement et en tenant ses bras serrés contre ses flancs : elle s'arrête par moments à côté des mâles, mais les trouvant indiffé- rents et immobiles elle recommence à nager. Cependant la nuit étant survenue, les deux mâies se montrent fort disposés à courtiser la femelle agitée, quoique dans les six nuits précédentes l’un d’eux eût émis cinq et l’autre sept sper- matophores. A 8 heures du soir, je place à quelques mètres de distance de l'aquarium une lampe munie de son abat-jour. Je rentre dans la pièce à 11 heures et je fais passer d'un côté un mâle et de l’autre une femelle, en ayant toujours soin de tenir les deux couples séparés par la cloison de verre. La femelle, qui était restée im- mobile pendant le jour, se montre tout-à-fait indifférente à l’ar- dent amoureux qui lui est échu en partage ; l’autre, au contraire, encourage promptement et seconde les caresses affectueuses de son époux qui est en quelques minutes arrivé à un tel point d’excitation que je puis, sans troubler ses étonnantes évolutions, non-seulement approcher petit à petit la lampe de l'aquarium, mais enlever l’abat-jour qui la voile. Ils sont à peine réunis depuis 10 minutes que le mäle émet un gros spermatophore, qui adhère fortement au fond de l'aquarium. La femelle continue à l’exciter et il se dispose, à 11 h. 20, à une seconde émission séminale : mais s'étant aperçu que le premier spermatophore n’avait pas été recueilli, il le fait correspondre à la cavité de son cloaque et dépose sur la première une seconde masse spermatique. Dans les 5 minutes qui suivent, le mâle revient une 3e et une 4e fois serrer entre les lèvres de son cloaque les deux masses séminales déjà émises en y ajoutant la 3° et la 4e. Les caresses amoureuses recommencent et, à 11 h. 35, le mâle, rencontrant sur son chemin les quatre masses séminales éjacu- lées précédemment et réunies ensemble, y ajoute la 5°. La femelle ne cherche pas non plus cette fois à recueillir cette LES AMOURS DES AXOLOTLS 157 masse d'éléments, qui se penche à droite et à gauche selon que le mâle la touche avec ses extrémités ou que la femelle passe au-dessus. J'observe que les quatre dernières émissions séminales sont accompagnées d’une très petite quantité de la substance géla- tineuse transparente produite par la glande cloacale. Les 5 masses spermatiques posées l'une sur l’autre mesurent un peu plus d'un centimètre. Je dois noter ici que, chaque fois que le mâle va émettre un nouveau spermatophore ou bien un grumeau de spermatozoïdes, la femelle qui le suit pourrait, en continuant ses caresses, trou- bler l'opération. Mais le mâle détourne ce danger en appliquant, sans comprimer, ses pattes postérieures sur ses lèvres cloacales. La femelle cesse de l’agacer de son museau et la nouvelle émission est assurée. A 11 h. 38, le dépôt du 6° spermatophore a lieu. Je dis sperma- tophore et non masse spermatique, puisque cette fois cette der- nière est fournie d’une régulière quantité de substance gélati- neuse accessoire : elle à la forme d’un parfait spermatophore qui est déposé de même sur l’amas séminal émis précédem- ment. Le mâle alors s’avance lentement et la femelle le suit : mais celte fois enfin elle s'aperçoit de la présence de la volumineuse masse spermatique et s'arrête pendant l’espace d'une demi-minute en s’efforçant de la faire correspondre à son ouverture cloacale. Mais elle ne se contente pas pourtant, comme la femelle des Tri- tons, d’un rôle aussi passif : en effet, elle s’aide de ses deux pattes postérieures pour serrer et presser contre son cloaque ce riche dépôt de spermatozoïdes. J'observe encore qu’elle ne recueille ainsi qu’une petite partie seulement du 6e peloton d'éléments fécondants. Elle suit de nou- veau le mâle pour toucher et agacer ses lèvres sexuelles large- ment béantes. Trois minutes s'étaient à peine écoulées après la 6e émission que le mâle, toujours suivi et caressé par sa compagne, en faisant le tour de l'aquarium s'arrête encore pour ajouter aux précédents son 7e spermatophore. Cette fois encore, il a soin de placer ses pattes postérieures sur le cloaque et d'interrompre les caresses de la femelle pour pouvoir avec sûreté accomplir la délicate opé- ration. Cette fois encore la femelle s’avance aussitôt que le mâle 458 F. GASCO s'éloigne et se pose sur l'énorme et oscillante masse séminale. Et j'observe de nouveau qu'elle la serre avec le plus grand soin avec ses extrémités postérieures, l'applique et la fait pénétrer en partie dans sa cavité cloacale. Après être restée dans cette position pendant une minute à peu près, elle s'éloigne lentement et je parviens à voir distinctement que presque tout le 7° spermatophore est pénétré dans son cloaque d’où il ressort après n'avoir laissé dans la cavité qui l’a accueilli qu’une petite portion de cette 7° masse spermatique. Ne perdant pas de vue les mouvements du mâle, il me semble voir qu’il cherche avec insistance de reconduire la femelle là ou sont les 7 spermatophores qui se sont accumulés en moins d’une heure. Mais la femelle, qui a maintenant son ouverture cloacale fermée, n’insiste plus dans ses caresses au mâle quoique ce der- nier renouvelle ses assauts amoureux et l'invite à plusieurs reprises à le seconder dans l'émission d’un autre spermatophore. Ce mâle avait déposé dans l’espace de 15 nuits 14 sperma- tophores ou, si l’on veut, 14 masses spermatiques qui furent toutes perdues, moins une faible partie des deux dernières. Vers 1 h. 1/2 du matin, le 2 mars, je séparai de nouveau les mâles des femelles, fort satisfait d’avoir enfin obtenu mon but, c’est-à-dire d’avoir pu observer dans tous leurs détails les phases érotiques les plus intimes de cet intéressant Urodèle. J'ai noté plus haut que les spermatophores ne pouvaient pas toujours adhérer au fond de l'aquarium. En effet, dans la nuit du 23 février (l’eau avait la température 11°), ayant réuni un mâle et une femelle dans le même compartiment, je vis que cette dernière, avec une constance vraiment singulière, frottant son museau sur le cloaque béant du mâle, détermina l'émission de 7 spermatophores. Ceux-ci furent tous perdus car le mâle, pendant l'émission, se couvrait le cloaque avec une ou même ses deux pattes postérieures, mais il appliquait ces dernières avec trop de force de sorte que le spermatophore ne pouvant parvenir au fond de l’aquarium restait attaché à ses pattes. Après quelques minutes, le spermatophore se détachait des pattes du mâle continuellement en mouvement et, battu d’ici et de là, finissait par se reléguer, nullement recherché, dans quelque coin de l’aquarium. La femelle fécondée la nuit du 19° mars continue à refuser la nourriture pendant les deux jours suivants. Le 3 mars, pendant LES AMOURS DES AXOLOTLS 159 le jour, elle se montre fort agitée. Elle nage sans s'arrêter : les lèvres de son cloaque sont saillantes et outre les lèvres externes on aperçoit distinctement deux autres petites lèvres ou replis roses à l’intérieur. Son ouverture cloacale est longue de 0"O1à peu près et sa plus grande largeur est de 3 à 4m“, Les lèvres exté- rieures se montrent beaucoup plus tuméfiées que dans les jours précédents. Il n'y a dans l'aquarium ni plante, nipierreet quand dans sa course elle rencontre sa compagne, et va pour passer sur elle toujours immobile, elle se hâte de serrer entre ses extrémités postérieures tantôt le bord supérieur de sa queue tantôt les bran- chies en les appliquant contre son cloaque. Toute cette manœuvre indique qu'elle est prête à la ponte de ses œufs. En effet, à 4 heures de l'après-midi du même jour, elle écarte le plus qu'elle peut et applique ses lèvres sexuelles au fond de l'aquarium : elle soulève quelque peu la queue en en faisant onduler le bord supérieur et dépose enfin ses premiers œufs qui se fixent aussitôt fortement au verre. J'en détache promptement quelques-uns et je me convaincs qu'ils sont tous fécondés, apercevant distinctement sur leur sur- face un ou plusieurs érous vitellins dus au passage des sperma- tozoïdes. Je me hâtai alors de placer dans l'aquarium une poignée de conferves sur lesquelles peu à peu furent déposés tous les autres œufs, d'ordinaire par groupes de 12 à 20. La femelle dont M. le professeur Aug. Duméril obtint six pontes dans les deux années 1865 et 1866, se délivrait de ses œufs en moins de deux jours. La mienne en employa cinq, déposant : AE TR a ad a ee se 161 œufs. RE bre a des douce 256 — VE TS qe pr À 5 2 Tnt 282 — OU ES INR TRE LE 213 — le 7 NE SE Te MR RE 185 — Total asus 1,047 œufs. Pendant ces cinq jours, comme dans les trois qui les avaient précédés, elle refusa constamment la nourriture et, ni de jour ni de nuit, ne témoigna le moindre désir de renouveler les jeux d'amour et d’être nouvellement fécondée. Elle marchait inces- 160 F. GASCO samment, mais lentement. Pendant les derniers jours de légères contractions accompagnaient la ponte de ses œufs : mais dans la première journée elle tordait à droite et à gauche avec force tout son Corps, pressant tantôt avec une, tantôt avec les deux extré- mités postérieures les lèvres de son cloaque devenues fort tuméfiées. Les sensations qu'elle éprouvait lui faisaient appliquer fré- quemment contre son cioaque les conferves en se servant de ses paites postérieures, même quand elle ne pondait pas ses œufs. J'étais impatient de savoir si tous les œufs, surtout les der- nières centaines, étaient fécondés. À mesure qu'ils étaient déposés je les enlevais de l’aquarium en coupant avec des ciseaux les conferves auxquelles ils adhéraient. Tous se segmentèrent régu- lièrement, excepté une trentaine sur 1.047. Même les derniers 13 œufs, réunis dans un seul groupe, étaient fécondés. Voici le nombre des trous vitellins comptés diligem- ment sur eux dans les deux premières heures : 3 œufs avaient ...... 4 trou vitellin 2 — 1212 trous vitellins 2 — DERNESN ES — 2 — dadote CE — 2 an RÉ NUE — 4 œufr avait M2: 706 nr. 4 = ete 42 — On peut donc bien dire que d'ordinaire plusieurs spermato- phores sont perdus sans aucun dommage pour la multiplication et la conservation de l'espèce, puisqu'il suffit qu’un seul d’en- tr'eux parvienne à destination pour assurer la fécondation de tous les œufs. Dans notre cas, la femelle n’avait recueilli avec soin et retenu dans sa cavité cloacale qu'une petite partie des deux masses spermatiques. À mesure que la femelle pondait les œufs, elle diminuait sensi- blement de volume et donnait en même temps des signes de grande fatigue. Son corps, qui était si tuméfié, finit par devenir aussi mince que celui du mâle. J’ajouterai même que le dernier jour de ponte et de jeûne elle était plus mince encore que les mâles. Mais cette apparence eut une courte durée, car dans les dix jours suivants elle dévora toujours de 2 à 4 morceaux de viande, 0 LES AMOURS DES AXOLOTLS AGi reprenant avec une rapidité surprenante {due surtout au dévelop- pement de plusieurs centaines d'œufs dans ses ovaires) presque les 2/3 de son volume primitif. Les amours des Tritons et les amours des Axolotls (que je fis connaître à plusieurs collègues et amis, herpétologues distingués, dans ces deux derniers mois) m'induisent naturellement à croire que sinon chez tous, certainement dans la plus grande partie des autres genres d'Urodèles, les choses se passent à peu près de la même manière : et que, par conséquent, à n'y a aucune sorte de contact cloacal, ce que la généralité des zoologues avait jusqu'à ces derniers jours admis. Il est très probable que dans plusieurs autres espèces, par exemple chez la Salamandra maculosa, chez la Salamandra atra, Pleurodeles Waltli, etc., les amours ont lieu de préférence pen- dant la nuit (1), circonstance qui expliquerait notre complète ignorance des phases érotiques les plus intimes de ces Batra- ciens, quoique plusieurs observateurs distingués aient essayé de les dévoiler (2). Il est très probable également que, même dans les espèces (1) Nous sommes redevables à M. Boulenger d’une notice bien détaillée dans laquelle il expose comment une Salamandra maculosa et une S. atra se livrèrent pendant la nuit à leurs jeux d'amour. Il communiqua ses observations à M. F. Lataste, qui les inséra dans sa récente publication « Encore sur la fécondation des Batraciens urodèles {loc. cit.) ». (2) Parmi les herpéthologues qui se sont le plus activement occupés de décou- vrir les amours des Batraciens urodèles, M. F. Lataste mérite une mention spéciale. L'accouplement chez lés Batraciens urodèles est le titre d’une de ses intéressantes publications sur ce sujet, publication insérée dans la Revue internationale des Sciences, 1° année, t. IL, p. 496, 1878, mais qui, n’etant pas registrée dans l'index de ce volume peut passer inaperçue même quand on la recherche. Avec une franchise qui l’honore, M. Lataste déclare qu’il termina ses observa- tions « sur les amours du Triturus viridescens Raf., sans avoir pu saisir le moment précis et la façon exacte de l'émission du sperme et de l'acte reproduc- teur » et qu'il put observer encore « mais d'une façon également incomplète l’accou- plement de l’'Euproctus pyrenœus D. B. ». Il faut convenir que M. Lataste n'a pas été heureux, Plus que la qualité des récipients, ce fut probablement la lumière avec laquelle il les cbservait qui ne lui fut pas favorable, car, dans le cas contraire, avec beaucoup de probabilité il aurait, lui le premier — ce qui ressort de la lecture diligente des manœuvres amoureuses si bien exposées par lui du Triturus viridescens et de l'Euproctus pyrenœus, — il aurait découvert qu'il y a des Urodèles qui s'accouplent, mais dont l’accouplement toutefois n’est suivi d'aucune sorte de contact cloacal, le mâle déposant ses sper- matophores à quelque distance de la femelle. 12 162 F. GASCO d'Urodèles chez lesquelles on a observé un mode d’accouplement quelconque, et dont les mâles sont quelquefois, à cet effet, fournis de plaques et de brosses copulatrices, il ne se fait aucun contact cloacal. Cet accouplement, je dirais presque celte agression, ne serait dans ce cas qu'une manœuvre du mâle pour mieux disposer la femelle à seconder ses désirs amoureux. Une fois assuré du con- sentement et du concours de la femelle, il s'en éloignerait ensuite quelque peu pour déposer le spermatophore que sa compagne aurait soin de recueillir (1). (1) Pour un Batracien urodèle algérien qui s’accouple (le Glossoliga Hagenmülleri toul récemment décrit et suivi aussi dans ses amours par M. F. Lataste), ce fait est maintenant hors de doute. Il s’agit d’une importante découverte de M. le docteur J. von Bedriaga, qui a bien voulu me la communiquer ; elle repose sur des bases un peu plus solides que celle de M. le professeur Nauck sur les amours de deux Tritons, car celui-ci se perd dans une série de quiproquo dans laquelle M. von Bedriaga s’est laissé aveuglément entrainer. (V. Nauck’s Müittheilung über die Fortpflanzung der Tritonen, in Zoologischer Angzeiger, n° 79). Il suffisait en effet d'observer pendant quelques heures des Tritons en amour pour reconnaître aussitôt que l'explication des faits exposés par le professeur Nauck est loin, bien loin de la vérité et qu’au liéu de contenir le germe de la publication de Gasco /Gli Amori del Tritone alpestre. etc.), elle aurait été pour son auteur le point de départ d’un récit fantastique. Mais je reviendrai bientôt là- _ dessus dans une nouvelle note par laquelle il me sera facile de prouver par des faits qu'en 1864 l'acte de fécondation des Tritons n’a été nullement connu par le professeur Nauck. EGEENT AE OUMELS SUR QUELQUES ESPÈCES DE BRYOZOAIRES CHEILOSTOMIENS Par le Dr J. JULLIEN (Séance du 24 mai 1881) J'ai trouvé dans la collection de Mollusques de notre distingué collègue M. Chaper, de nombreuses coquilles chargées de difré- rentes espèces de Bryozoaires. Je présente ici le résultat de mes observations sur quelques-unes de ces espèces. Chaperia australis J. Jullien. Synonym. : Membranipora spinosa Quoy et Gaimard (sec. Busk), non d'Orb. nec Joliet. Busk (1) a figuré sous ce nom une espèce qu'il rapporte, avec doute, à celle décrite par Quoy et Gaimard dans un livre que je n'ai pu trouver à la bibliothèque du Muséum. Cette espèce existe en abondance au Cap de Bonne-Espérance, d'où M. Chaper l’a rapportée sur diverses coquilles de Cape-Town (Aulacomia crenata, Thecanla concamerata). Elle se présente dans des états de conservation différents ; quand les zoæcies sont en bon état, eiles présentent une ouverture très vaste, fermée par un grand opercule membraneux et blond; la lèvre supérieure de l’ou- verture est ornée de longues épines calcaires (4-7) ordinairement six, articulées sur des supports cornés et blonds, enfoncés dans le rebord de la zoœcie. Dans les exemplaires avariés, morts depuis longtemps ou maltraités, la zoœæcie se montre sous un autre as- pect : l’'opercule et les épines ont disparu, laissant voir une ou- () Busk, Zoology of Kerguelen Island, p. 195, pl. x, fig. 3, in Phil. trans. extra-volum 168 (1879). 164 J. JULLIEN verture profonde, entourée d’un rebord granuleux, dont les grands pores arrondis indiquent la place qu'occupaient les épines. La paroi antérieure de la zoœæcie qui s'étend depuis le fond jusqu’à la lèvre inférieure de l'ouverture est très variable dans ses propor- tions. Sur les colonies que portent les coquilles d'Aulacomya, cette paroi atteint à peine la moitié de la hauteur de l’opercule, la zoœæ- cie est annulaire; sur celles que portent les Thecalia, elle a souvent deux fois la hauteur de l’opercule. De là deux aspects très diffé- rents de cette espèce, dans le premier cas, on dirait une Membra- nipora, dans le second, une Lepralia. Les zoæcies sont granuleuses, épaisses, non ponctuées disposées en quinconce ou irrégulière- ment. Quant au fond de l’ouverture, il présente latéralement deux cloisons obliques, verticales, plus rapprochées vers la lèvre supé- rieure que vers la lèvre inférieure qu’elles ne dépassent pas, quelle que soit la longueur très variable de la zoœcie, formant ainsi de chaque côté une sorte de gousset fermé en haut par l’area membraneuse qui s'appuie sur ses bords, et partout ailleurs par les parois de la zoœcie; dans l'angle postérieur et inférieur de ces cloisons existe un pore arrondi qui fait communiquer l’inté- rieur du gousset avec la cavité principale. Je ne fais aucune supposition sur l'usage de ces goussets. Ser- vent-ils d’ovicelle, comme Hincks le pense (1), ou n’en servent- ils pas ? Je n’en sais rien ; mais ils me paraissent établir un détail d'organisation suffisant pour légitimer la séparation de cette espèce du genre Membranipora où Busk l’a placée, et en faire le type d'un genre nouveau que je dédie à M. Maurice Chaper pour perpétuer le souvenir de ses travaux dans l'Afrique australe. Le nom d'espèce sous lequel Busk en parle, faisant double emploi avec celui d’une autre espèce que d'Orbigny (2) a décrite aussi sous le nom de Membranipora spinosa, je propose de changer spinosa en australis, à cause de la distribution géographique de ce Bryozoaire. Le professeur Smitt (3) a établi un nouveau genre (Stegano- porella) dont voici la description traduite d’après Hincks (4) : « Zoarium encroûtant ou (exceptionnellement) naissant en expan- sions foliacées. Zoæcies avec les caractères externes des Micro- pora, mais ayant une cavité intérieure occupant inférieurement (1) Hincks, B. M. Polys., p. 171. (2) d'Orbigny, Voy. dans l'Am. mérid. {Bryoz.), t. V, p. 16, pl. vu, fig. 1-4. (3) Smitt, Florid. Bryoz., pars IT. (4\ Hincks, B. M Polyz., p. 176. QUELQUES ESPÈCES DE BRYOZOAIRES CHÉILOSTOMIENS 165 la totalité de la loge, rétrécie en avant pour former un passage tubuleux qui communique directement avec l'orifice ou s'ouvre dans une seconde cavité immédiatement au-dessous de lui.» L'au- teur anglais fait sur ce genre les réflexions suivantes : « L'espèce dans laquelle les caractères de ce groupe sont les plus évidents est la Membranipora magnilabris Busk. Pour plusieurs raisons cette espèce est particulière et nous avons un meilleur représentant de ce genre dans notre espèce anglaise : Steganoporella Smitti Hincks. Or, il est impossible d'admettre dans le même genre la Membra- nipora magnilabris et la Steganoporella Smitti; si cette dernière espèce, tout à fait calcaire, peut être considérée comme un type du nouveau genre de Smitt, il faut en détacher la Membranipora de Busk qui est membraneuse ou semi-calcaire avec une struc- ture toute différente. Bien que je ne connaisse pas la M. magni- labris autrement que par le dessin de Busk (1), les goussets qui paraissent indiqués par transparence sur l’opercule m'autorisent à réunir cette espèce au genre Chaperia. Membranipora echinata d'Orb. M. Chaper m'a procuré de superbes exemplaires de cette espèce établie par d'Orbigny (2), mais décrite et figurée par lui d’une manière incomplète. Ainsi, cet auteur ne parle que de six épines mobiles placées sur la moitié antérieure des cellules, il compare ces épines à celle des Oursins, puis il ajoute que lorsque l’en- semble est altéré, les épines tombent et il ne reste plus qu'un trou à la place. Sur les nombreux exemplaires que je possède de cette espèce, on peut aisément retrouver des places avariées identiques aux dessins de d’Orbigny ; mais il est facile de cons- tater dans les cellules en bon état que le fond des zoœæcies est protégé par des épines calcaires grèles, recourbées sur le devant de l’area, réunies au bord calcaire par un ligament chitineux. De même que pour les grosses épines de la partie antérieure, le liga- ment ne permet à celles plus délicates de la partie postérieure que des mouvements insignifiants, l’élasticité de la substance chitineuse humide tout en exerçant une grande influence sur la conservation de ces appendices les maintient énergiquement à la (1) Busk, Cat. mar. Polyz., pl. zxv, fig. 4. (2) D'Orbigny, loc. cit., t. V, p. 16, pl. vit, fig. 13-17. 166 J. JULLIEN même place. Sur les échantillons desséchés, on ne les voit pas autrement que dressés à leur place, ne tombant jamais sur les côtés comme dans les espèces où les spinules sont fixées par des chairs molles. Ces petites épines du fond de la zoæcie sont ordi- nairement au nombre de quatre, mais elles varient assez fréquem- ment de quatre à six; les grosses épines sont presque toujours au nombre de six, j'ai vu des cellules peu nombreuses, il est vrai, qui n’en portaient que quatre. Enfin on trouve sur le zoarium des aviculaires pédonculés, analogues à ceux de la Membranipora spinifera Johnston, ils sont dispersés irrégulièrement sur le bord des zoœæcies. J’en ai vu qui avaient pris naissance au milieu de la dernière paire des petites épines du fond, d’autres étaient placés entre les petites et les grosses épines, d’autres entre la première et la seconde paire d’épines antérieures, enfin on en trouve quelquefois qui naissent au milieu de petits espaces (aviculaires intercellulaires de Busk(1), au point de contact de plusieurs zoæcies. Le pédicule de ces avi- culaires est très grêle, l’articulation est charnue, en sorte qu'on les trouve toujours plus ou moins couchés sur le côté, souvent appuyés contre les grosses épines. Cette Membranipore a une distribution géographique considé- rable, les échantillons que je possède viennent tous de la côte occidentale d'Amérique, depuis les rivages du Chili jusqu’à ceux de Sitka ; la seule différence à noter entre ces exemplaires qui permette de les distinguer les uns des autres, c’est que dans ceux de l'Amérique du Nord, de Sitka par exemple, le ligament chiti- neux des épines est blond, et les épines un peu plus grêles que dans ceux de l’Amérique du Sud et de Californie, dont le ligament est brun foncé. Si nous rapprochons à présent la Membranipora spinosa de d'Or- bigny (2) de la Membranipora echinata du même auteur, il apparaît clairement que ces deux espèces ne sont que des états différents de la même, mal dessinée et mal observée; le bord ovale et granuleux existe dans l’une et dans l’autre; les épines plus ou moins conservées des exemplaires de d’Orbigny l'ont seules guidé dans l'établissement de ces deux espèces qui doivent être réunies désormais sous le nom de Membranipora echinata. La Membranipora spinosa, décrite comme espèce nouvelle par (1) Busk, Crag Polyzoa, p. 64. (2) D'Orbigny, Voy. dans l'Am. mérid., t. V, p. 16 , pl. van, fig. 1-4. —1 QUELQUES ESPÈCES DE BRYOZOAIRES CHÉILOSTOMIENS 16 L. Joliet (1) dans sa thèse de doctorat, ne doit pas être confondue avec les M. spinosa dont je viens de parler, elle me paraît être simplement une variété de la M. pilosa des auteurs ; dans tous les cas il est impossible de conserver cette appellation puisqu'elle a déjà été employée par d'Orbigny. Mucronella Alvarezi d'Orbigny. Une Ostrea de Valparaiso m'a offert une superbe colonie de l’es- pèce décrite par d'Orbigny (2) sous le nom d’ÆEscharina alvareziana. Cette espèce varie assez dans la forme générale des zoœæcies. Le dessin de d'Orbigny a été fait d'après des cellules déjà âgées, et bien qu’il représente l'idéal de cette forme on ne peut cependant le considérer comme type, car sur le même testier ou zoarium, ce sont quelquefois les plus rares cellules qui ont cet aspect. De nombreuses loges sont dépourvues d’aviculaires, beaucoup n'en ont qu'un seul, quelques cellules isolées en ont deux, enfin par places on trouve des groupes dont toutes les zoæcies ont deux aviculaires. L'ouverture elle-même varie aussi de forme, on la trouve souvent suborbiculaire, avec ou sans tubercule au-devant d'elle, d'autrefois elle est réniforme, trilobée, avec un tubercule rostral sur le milieu de la lèvre inférieure, tubercule qui autorise le classement de cette espèce dans le genre Mucronella de Hincks. Les zoæcies ne sont pas toujours lozangiques, elles sont quel- quefois arrondies, ou rhomboïdales, ou même étranglées dans leur milieu comme un sablier, avec un seul aviculaire sur cet étranglement, le débordant des deux côtés ; j'ai vu des loges plus petites que l'ouverture, rappelant ainsi la forme de certaines Membranipores. Busk (3) a donné la description d'une espèce qu'il a nommée Ze- pralia alata. Cette espèce originaire du cap Horn, où elle vit sur les pierres par 40 brasses de fond, est identique avec l’Escharina Alvarezi de d’Orb., la forme de la bouche est la même, les avi- culaires sont les mêmes, les côtes latérales sont les mêmes; le dessin et la description de Busk n'indiquent de plus que le tuber- (1) Lucien Joliet, Contribution à l'histoire des Bryozoaires des côtes de France, 1877, p. 98. (2) Alc. d'Orbigny, Voy. dans l'Amér. mérid. {Bryozoaires), t. V, p. 14, pl. vi, fig. 1-4. (3) Busk, Cat. mar. Polyz. B. M. (851), p. 71, pl. LxxIx, fig. 3. 168 J. JULLIEN cule antébuccal et des épines orales. Or je viens de dire que dans les zoæcies bien conservées le tubercule existe toujours, il dis- paraît sur les exemplaires en mauvais état; quant aux épines orales, elles n'existent (comme chez beaucoup d’autres espèces) que dans le premier âge des cellules; sur les six cellules du dessin de Busk, elles manquent dans trois, il n’est donc pas bien extraordinaire que je ne les aie pas rencontrées sur l'échantillon ue je possède, et que d’Orbigny ne les ait pas vues lui-même. Je pense donc que l’on doit identifier la Lepralia alata de Busk, avec l’Escharina Alvarezi de d’Orbigny, et que ces deux espèces n’en faisant qu'une seule désormais doivent être placées dans la classification sous le nom de Mucronella Alvarezi. Membranipora monostachys Busk. Sur une Ranella cælata de Panama, j'ai trouvé un superbe exem- plaire de Membranipora monostachys dont les zoœæcies unisériées sont exactement semblables à la figure de Hincks (1) qu’il présente comme la forme linéaire de cette espèce. Dans l'échantillon de Panama, les deux épines droites qui garnissent le bord antérieur de l’area sont un peu tordues en dehors comme les bras d’une lyre ; mais les zoæcies offrent aussi la forte épine inférieure du Monostachys et les cinq paires de spinules qui protègent l’area dans le dessin de Hincks. Les cellules sont plus petites que dans les exemplaires d'Europe. Jusqu'à présent cette espèce n’a été trouvée que sur les îles du Cap-Vert et en Norvège, j'ajouterai à sa distribution géogra- phique les rivages de Panama et ceux du Portugal. Les exemplaires de ce dernier pays ont été trouvés par moi sur les Huîtres qui se vendent à Paris sous le nom d'Huîtres de Por- tugal et qui se pêchent à l'embouchure du Tage. Les zoæcies sont groupées les unes à côté des autres, elles portent souvent trois fortes épines aiguës, une de chaque côté de la bouche, la troi- sième sur le milieu du bord inférieur de l’area. Ordinairement l'épine inférieure existe seule, on la voit parfois réduite à la forme d’un simple tubercule aplati, et alors les épines du haut de l’area sont absentes. On pourrait donner à cette variété le nom de Mem- branipora monostachys var. portugalensis. (1) British marine Polyzoa, pl. xvir, fig. 3-41. OBS ERIN A lRONS POUR SERVIR A L'HISTOIRE DU COLE FAURE UT X (CORVUS FRUGILEGUS Lin.) Par Auguste BESNARD (Séance du 24 mai 1881) Le Corbeau freux, qui est un Oiseau des contrées du Nord de l'Europe et d’une partie de l’Asie, descend sur la France septen- trionale et centrale, dès le mois de novembre, par troupes plus ou moins nombreuses, qui se répandent sur les champs ense- mencés où elles causent des dégâts incalculables au moment de la germination des blés. Ces troupes, qui restent compactes pendant la plus grande partie de l'hiver, se cantonnent le plus souvent et ne changent de quartiers que lorsque les Vers, qui composent essentiellement leur nourriture, commencent à devenir rares; mais au moment du départ, à cause de leur sociabilité, aucun Oiseau ne manque à l'appel ; il est même rare de voir un Freux isolé ; quand ce fait se produit, on est à peu près certain de rencontrer dans le voi- sinage quelque bande en train de picorer. Dès le mois de février, une grande partie de ces troupes, sensi- blement diminuées par le plomb du chasseur et par les engins de toutes sortes, dans lesquels les Freux tombent assez facilement, reprennent le chemin des régions septentrionales de l’Ancien- Monde, régions qu'elles ne semblent abandonner, du reste, qu'à cause du manque de vivres, car un froid, même assez intense, ne paraît pas les incommoder beaucoup. Parmi les troupes qui ne regagnent pas le Nord de l'Europe, il en est quelques-unes qui nichent chaque année sur quelques points du département de la Sarthe, tels que les parcs des chà- teaux du Lude, de Sourches, en Saint-Symphorien, de Bordigné, à Bernay-en-Champagne, etc., auxquels il convient d'ajouter les jardins de la préfecture, au Mans, où, chaque printemps, une 170 AUGUSTE BESNARD dizaine de couples se reproduisent, de préférence sur les pla- tanes les plus éfevés de la futaie, dans les premiers jours de mars. C'est surtout le parc de Sourches que l’on doit placer en pre- mière ligne comme centre de reproduction. Dès la fin de février, les Freux commencent à bâtir leurs nids en société sur les grands arbres du parc, et il n’est pas rare de rencontrer des chênes qui en contiennent jusqu’à 20. Je me rappelle avoir vu un arbre énorme que l’on venait d'abattre dans le parc du Lude qui portait 42 nids. Je m'empresse d'ajouter que je considère cependant ce fait comme très exceptionnel (1). La confection des nids ne dure pas plus d’une dizaine de jours, et souvent, dès le 15 mars la ponte est entièrement terminée, lorsque la saison n’a pas élé trop rigoureuse. Dans la Sarthe, on ne doit pas être loin de la vérité en affir- mant que la moyenne des œufs pondus est de 7 par couvée, d'après mes observations personnelles qui portent sur un certain nombre d'années. Cette année encore, j'ai pu constater sur le même chêne, la présence de 62 œufs dans 9 nids différents, et j'ai pu aussi m'as- surer que les œufs ne commençaient à être couvés que dans un nid, qui en renfermait 8, ce qui peut faire supposer que la ponte n’était pas encore terminée dans tous les nids. Les œufs de Freux sont excessivement variés de forme, de cou- leur et de volume; il est même difficile d'en rencontrer deux absolument semblables. 11 s’en touve qui ne sont que de la gros- seur de ceux du Merle noir, et d’autres, ce sont les plus nom- breux, qui sont un tiers plus gros que ceux de la Pie commune. Il y a quelques années, le régisseur d’une propriété où les Freux nichent en grand nombre, me montra un sapin sur lequel un couple de ces Oiseaux avait autrefois établi son nid. Ce sapin, d'assez faible dimension, ne pouvait donner asile qu'à une seule couvée. Le fils de ce régisseur, qui n’était alors qu'un enfant et qui, comme tous les enfants de son âge, aimait à dénicher les Oiseaux, découvrit le nid et grimpa aussitôt dans le sapin pour enlever la couvée ; mais heureusement l'enfant n’enleva rien du tout, à cause de la surprise dont il fut saisi, à la vue de l'intérieur du nid qui renfermait 15 œufs. L'enfant descendit prestement et (1) À ce propos, je me permets de relater, puisque je m'occupe d'Oiseaux qui nichent en société, que dans une excursion ornithologique, j'ai compté 98 nids d'Hirondelles de fenêtre, sous le porche assez restreint d’un hôtel du bourg de Connerré. [AL . OBSERVATIONS SUR LE CORBEAU FREUX 171 vint raconter à son père ce qu'il avait vu; et tout joyeux l’en- traîna vers le sapin pour qu'il pût lui-même constater la présence des 15 œufs dans le même nid. Des mesures furent prises pour s'assurer si, par hasard, plu- sieurs couples de Corbeaux n’habitaient pas ensemble, mais on ne put jamais voir plus de deux Freux à la fois jusqu’au moment où les petits quittèrent le nid, au nombre de 12, 3 œufs s'étant trouvés inféconds. Le régisseur ajouta qu'il avait vu plusieurs fois des nids de Corbeaux freux qui renfermaient 9 et 10 œufs. Dès la fin d'avril, les jeunes Freux sont déjà assez forts pour abandonner les nids et se tenir sur les branches qui les entou- rent. Dans la deuxième quinzaine de mai, ils sont assez robustes pour entreprendre de petites excursions dans les environs. A la fin des nichées, les Corbeaux freux pullulent tellement à Sourches, que, dans le courant de mai, on est obligé de les abattre à coups de fusil pour en dimininuer le nombre. Par ce moyen, barbare mais nécessaire, on atténue considérablement les dégâts qu'une pareille colonie causerait sans conteste aux champs de toute la contrée à plusieurs kilomètres à la ronde. On peut évaluer, sans crainte d’être taxé d’exagération, à plu- sieurs milliers, le nombre des jeunes Freux qui sont ainsi sa- crifiés par nécessité chaque année. DES CEE DIOANT DE NOUVELLES COQUILLES Par le Dr JOUSSEAUME (Séance du 12 juillet 1881) Tutufa caledonensis. Avant de donner la description de cette nouvelle espèce, je commencerai par émettre l'opinion que je me suis formée sur le groupe des coquilles que l’on désigne sous le nom générique de Ranella. J'ai déjà écrit, à différentes fois, que cette coupe faite par Lamarck était heureuse; mais que son auteur avait eu le tort de prendre pour caractéristique de son genre la position des varices, caractère sans importance, comme nous avons eu l'occa- sion de le démontrer, et qui l’a conduit à placer dans les Ranella le Murex reticularis de Linné et le Murex argus de Gmelin qui sont deux Tritons ; les Ranella bitubercularis, pygmæa et le Murex gyrinus de Linné qui pour nous sont des Murex à deux varices, et enfin de placer dans les Tritons le Murex lampas de Linné, Buccinum-muricatum Ajax de Klein, qui présente tous les carac- tères des Ranella. Actuellement le nombre des espèces appartenant au genre Ranella est assez considérable pour qu'on ait pu les ranger en un certain nombre de groupes présentant des caractères net- tement tranchés. Les auteurs qui ont eu l’heureuse idée de faire ces groupements n'ayant pas voulu toucher aux mémorables tra- vaux de leurs devanciers, se sont trouvés dans l'obligation de créer des sous-genres, détruisant d'un seul coup la méthode binaire, si scrupuleusement respectée par ceux qui lui ser- vaient de guide. Lorsque l'immortel Lamarck, le profond obser- vateur qui à ouvert à deux battants la porte au darwinisme, a fait la classification des Animaux sans vertèbres, nous le voyons DESCRIPTION DE NOUVELLES COQUILLES 173 prendre dans les genres de Linné toutes les espèces qui lui sem- blaient présenter des caractères distincts pour en faire un genre nouveau. C'est ainsi que l’on retrouve souvent quatre ou cinq des genres de Lamarck dans un des genres de Linné. Je me de- mande pourquoi cette méthode n’a pas été suivie et qu'elles sont les causes qui ont empêché les auteurs de diviser en plusieurs genres un des genres de Lamarck? division, du reste, qui aurait certainement été faite par Lamarck lui-même s'il avait eu à sa dis- position les matériaux et les documents que nous possédons ac- tuellement. Nous avons dit que le genre Ranella de Lamarck avait été sub- divisé, qu'avec les espèces qu'il renfermait et celles qu’on a découvertes depuis cette époque on avait fait divers groupements rationnels auxquels on a donné la dénomination de groupe ou de sous-genre. Pour moi, dont l'esprit n'a pas encore pu pénétrer dans le sanctuaire trois ou quatre fois saint de cette nouvelle méthode, je resterai, en attendant qu'elle m'’ait ébloui de son éclatante simplicité, dans les ténèbres de l’ancienne, et je consi- dérerai les groupes ou les sous-genres de Ranella comme des genres dont l’ensemble formera la famille des Ranellideæ. Fam. RANELLIDÆ. Coquille buccinoïde, dont l'ouverture est creusée à chaque extrémité d’un canal en forme de gouttière dont la direction se trouve dans le plan même de l'ouverture. 1. Genre Ranella Lamarck. Type Murex crumena Lam. Coquille granuleuse ovale déprimée, 9 tours de spire dont 3 1/2 embrionnaires, bourrelets distiques formant de chaque côté de la coquille un rangée longitudinale. Ouverture allongée ovale, dont le diamètre dépasse toujours la moitié de la longueur totale de la coquille, canal antérieur et pos- térieur profonds et ouverts ; bord externe large, déjeté en forme de collerette, bord columellaire recouvert d’une large lamelle dont le bord externe est détaché. Sp. : Ranella crumena Lam., [ Ranella foliata Brod., — margarita Desh., — _ thersites Redf, 4174 JOUSSEAUME 2, Genre Bufonaria Schumacher. Type Ranella spinosa Lam. Coquille granuleuse déprimée, 9 tours de spire dont 3 1/2 em- bryonnaires, bourrelets distiques placés en rangée de chaque côté de la coquille. Ouverture ovale allongée dont le grand diamètre dépasse à peine la moitié de la longueur totale de la coquille; canal antérieur presque droit, long, large et profond, postérieur très large, évasé en arrière et armé en dehors d’une épine plus ou moins longue, creusée en gouttière, qui fait suite au canal; bord externe droit en arrière, déjeté en avant, columellaire n'étant pas recouvert comme dans le genre précédent par une lamelle saillante en con- tinue. Sp. : Bufonaria spinosa Lam. Bufonaria subgranosa Beck, — albivaricosa Reeve. — Suensoni Morch, — elegans Beck, — rana Lin. 3. Genre Bursa Bolten. Type Murex bufonius Gmelin. Coquille épaisse, peu déprimée, granuleuse et tuberculeuse, 6 tours de spire sans compter les tours embryonnaires, le sommet étant toujours érodé; bourrelets continus, distiques et latéraux. Ouverture étroite, ovale, dont le grand diamètre égale à peine la moitié de la longueur totale de la coquille; bords larges et évasés; canal antérieur court, étroit et très profond ; canal posté- rieur très long, a la forme d’une fente profonde dont les bords, très rapprochés, la transforment en un canal presque complet, l'extrémité de ce canal forme au sommet de chaque varice une corne plus ou moins saillante. Sp. : Bursa bufonia Linné, Bursa tuberosissima Reeve, — Lamarcki Desh., — syphonata Reeve, — venustula Reeve, 4. Genre Colubraria Schumacher. Type Murex candisatus Chemn. « Coquille turriculée fusiforme ; les tours à bourrelets alternes longitudinalement » (Schum), granuleuse et à spire formée de 9 à 10 tours dont 3 embryonnaires. Ouverture ovale le grand diamètre, beaucoup plus court que la moitié de la longueur de la spire ; canal antérieur assez court et DESCRIPTION DE NOUVELLES COQUILLES 475 courbe ; le postérieur, en forme de gouttière ouverte, est très court, son extrémité ne dépassant pas la varice ; bord columel- laire assez large, plissé, bord externe déjeté en dehors, surtout antérieurement. Sp. : Colubraria cardinata Chem., Sp. : Colubraria pustulosa rare, — granifera Lam., — cumingiana Dunk., — affinis Brod., — coriacea Reeve, — ponderosa Reeve, — albifasciata Sow., — livida Reeve. —— nana SOW., — semigranosa Lam., —1? crassa Desh. — cœlata Brod., 5. Genre Crossata nob. Type Ranella ventricosa Brod. Coquille ventrue à bourrelets latéraux peu saillants, 7 ou 8 tours de spire. Ouverture dilatée dont le diamètre égale à peu près la moitié de la longueur totale de la coquille, canal postérieur et antérieur très court et largement ouvert, bord columellaire très large, col- laux presque lisses, l'extérieur assez large et un peu déjeté en dehors. : Sp. : Crossata ventricosa Brod., | Sp.: Crossata californica Hinds. 6. Genre Tutufa nobis. Type Murex lampas Linné. Coquille turriculée, non déprimée, granuleuse et tuberculeuse, à bourrelets alternes. Ouverture presque orbiculaire dont le diamètre est toujours plus court que la moitié de la longueur de la coquille, canal anté- rieur courbe, profond, large et à bords rapprochés, canal posté- rieur très court et largement ouvert, bord externe large, évasé et lacinié, bord columellaire rugueux et recouvert par une large in- crustation lamelleuse. Sp. : Tutufa lampus Linné, Sp. : Tutufa ranelloïdes Reeve, — caledonensis nob.. | — serobiculatus Linné. 7. Genre Lampasopsis nob. Type Ranella rhodostoma Beck. Coquille se distinguant de celles du genre Tutufa par leurs 176 JOUSSEAUME varices opposées formant de chaque côté de la coquille des bour- relets longitudinaux, à canal antérieur plus court et plus ouvert. Son canal postérieur, également court et ouvert permettra de le différencier des Bursa dont les bords du canal postérieur sont presque en contact. Sp.: Lampasopsis rhodostomum Beck., | Sp.: Lampasopsis ? asperrimum Dunk., — cruentatum SOW., — ? Grayi Dunk., 8. Genre Aspa H. et À. Adams. Type Ranella lœvigata Lamarck. Coquille ventrue, lisse ou striée, à spire très courte, et érodée chez l'adulte, formée de 6 à 7 tours. Ouverture étroite, ovale, occupant un peu plus de la moitié antérieure du dernier tour, le canal postérieur étant appliqué sur sa moitié postérieure; canal antérieur court et ouvert; bord externe épais et mousse, bord columellaire recouvert d’une in- crustation large et épaisse. Sp.: Aspa lævigata Lam , Sp.: Aspa Brocchii Brong., Foss. — marginata Brong., foss. La caractéristique que nous avons donnée de la famille des Ra- nellidæ, c'est-à-dire de l'existence d’un canal postérieur de l’ou- verture dirigé en arrière, est certainement le caractère distinctif le plus constant et le plus facile à observer. Je dois cependant avouer qu'il existe au Muséum d'histoire naturelle un Triton Lam. du groupe du variegatum qui présente ce caractère. C’est jusqu’à présent la seule coquille des Tritonidæ possédant un canal posté- rieur placé dans l’axe de l'ouverture, alors que dans toutes les autres il lui est perpendiculaire. Afin d'éviter la création de noms nouveaux et pour perpétuer la mémoire des savants qui se sont occupés de cette famille, j'ai conservé les noms de tous les genres et sous-genres que l’on avait précédemment créés en n’apportant de modifications que dans le mode de groupement des espèces. J’ai restreint le genre Ranella de Lamñarck aux seules espèces qui se groupent autour de la Ranella crumena que j'ai prise pour type. Le genre Bufonaria de Schumacher à été créé pour deux espèces: le Murex rana de Linné et le Murex serobiculatus auquel il donne le nom de pes leonis. J'ai conservé comme coupe générique la pre- mière espèce en prenant pour type,avec certains auteurs, la Ranella DESCRIPTION DE NOUVELLES COQUILLES 477 spinosa Lam. comme offrant les caractères les plus nettement tranchés et j'ai rangé le M. serobiculator dans le sous-genre Lampas. Le genre Bursa de Bolten est considéré par plusieurs natura- listes comme l’équivalent du genre Ranella, ils ont remplacé cette dernière appellation par celle de Bursa. J'ai accepté ce genre pour le groupe d’espèces voisines du Murexæ Bufonia. Le genre Colubraria de Schumacher a été, selon nous, mal inter- prété, car si cet auteur renvoie pour la première de ses espèces à une figure de Chemnitz, qui représente le Triton maculosum La- marck, et pour la seconde au Murexæ caudiratus de Chemnitz, il est bien certain que sa description s'applique à cette dernière espèce et non à la première, et que les auteurs qui ont considéré le genre Colubraria comme l’analogue de l’Epidromis de Klein n'ont pas lu avec attention la diagnose de l’auteur. Nous aurions dû peut-être placer dans les Ranellidæ le genre Spinigera de d'Orbigny ; mais l'état de conservation des espèces que nous avons examinées laissant à désirer, nous avons préféré nous abstenir, trouvant du reste que ces coquilles avaient plus de rapport avec les Fusus qu'avec les Ranellide. Lampas caledonensis. Testa ovato-conica, apice truncata, inferne ventricosa, trans- versim granuloso-costata, costis alternantibus valde tuberculatis, fulvo rufescente et castaneo-maculosa, anfractibus 6 angulatis ; cauda breviuscula contorta ; apertura subcircularis, aurantiaca. Columella reflexa, expansa, rugosa plicata, margine dextro ex- panso, laciniatio, maculis castaneis ornato, intus dentato. Lone. 120un ; larg. G5mm, Alt. 5amm, Coquille dont la forme, la taille, la coloration et la disposition des côtes pourrait, à première vue, la faire confondre avec le M. lampas de Linné, dont on la distinguera facilement par les tuber- cules de la surface moins saillants, le moucheté noirâtre de son bord externe et l'absence, au-dessous du sillon du bourrelet de côtes blanchâtres s'étendant assez profondément dans l'ouverture. J’ajouterai en outre que chez tous les individus adultes de cette espèce que j'ai examinés, le sommet était érodé. Cette coquille, plus trapue que celle du lampas, a la forme d’un ovale allongé ; sa couleur est d’un jaune-brunâtre maculé de brun- foncé entre les tubercules. Les tours de spire sur lesquels s'élè- 15 178 JOUSSEAUME vent de forts bourrelets longitudinaux et alternes sont cerclés de côtes granuleuses. La spire, dont le sommet est érodé, est formée de 6 tours légè- rement anguleux dont le développement s'effectue assez réguliè- rement ; ils sont séparés par une suture ondulée; à leur surface s'élèvent 9 bourrelets arrondis et saillants ; l’animal décrit donc les deux tiers d’un tour de spire avant de former un second bour- relet au lieu de n’en décrire que la moitié, comme cela a lieu dans la plupart des Ranelles; le dernier tour, ainsi que les précédents, est divisé par des côtes circulaires d'inégales largeurs, chagrinées de très fortes granulations ; la côte placée au niveau de la partie anguleuse des tours est surmontée de très gros tubercules gra- nulés, assez régulièrement espacés, dont les intervalles sont tachetés de brun noirâtre, en avant on constate l'existence de deux à trois autres côtes présentant, comme la précédente, des tubercules d'autant plus rapprochés et moins saillants qu’elles sont plus antérieures. Entre chaque côte tuberculeuse existe un large cordon strié et granuleux, toutes ces côtes sont séparées par de petits sillons circulaires très nettement accusés. Les côtes tuberculeuses s'étendent sur le bourrelet en saillie granuleuse blanchâtre, alors que les zones intermédiaires, avant d'arriver au sommet du bourrelet, où elles forment des saillies moins fortes, granuleuses et brunes, se creusent en une fossette assez profonde, placée en arrière et d’une teinte un peu plus claire que celle des parties environnantes. Le bord columellaire se déjette en dehors en une large lamelle saillante étendue, dans les sujets très adultes, d’un canal à l’autre; cette lame, dont le bord externe est libre, surtout à la partie antérieure, est très légèrement rugueuse en dehors. Sa face interne, recouverte d’un enduit brillant et jaunâtre, maculé dans le jeune âge de brun-noirâtre, est recou- verte d’un très grand nombre de côtes transversales irrégulières, souvent interrompues et légèrement sinueuses, se terminant en dehors à des granulations plus ou moins fortes et irrégulièrement disséminées. Dans le jeune âge le sommet est accuminé, saillant et d’un blanc opaque sur les 4 tours qui font suite au nucléus embryon- naire; les bourrelets opposés sont disposés en séries longitu- dinales. Cette coquille présente donc ,à la première période de son évolution, la caractéristique donnée par Lamarck à son genre Ranella. Dans la lampas les bourrelets des premiers tours ne sont presque jamais disposés en séries longitudinales continues. DESCRIPTION DE NOUVELLES COQUILLES 179 Habitat : Nouvelle-Calédonie, où elle doit être assez commune. Nous en possédons 4 individus, dont 2 jeunes, 1 adulte, et 1 inter- médiaire. Nous en avons vu un exemplaire envoyé au Muséum d'histoire naturelle de Paris par l'abbé Lambert. Ce mode d’ornementation du bourrelet donne à cette partie de la coquille une telle ressemblance avec la patte d’un carnassier que Schumacher avait donné le nom imagé de Pes felis au M. lampas de Linné. L'ouverture presque circulaire, blanchâtre dans le fond, jaune-päle luisant en avant, est divisée au-dessous de l’em- preinte interne du bourrelet par de larges côtes arrondies qui s’enfoncent très profondément dans l'intérieur. L'ouverture est échancrée en arrière par un canal très court en forme de demi- gouttière dont la longueur ne dépasse pas la largeur, et en avant par un canal courbe très profond, formant au-dessous du bord columellaire une gouttière dirigée en bas et en avant, alors que dans sa partie antérieure il se dirige obliquement en haut et un peu à droite, dans cette dernière partie, dont les bords sont rap- prochés le canal forme à l’extérieur une large tubérosité cou- verte de granules disposés en séries linéaires se dirigeant à droite et dont l'extrémité est échancrée par le canal. Le bord droit, placé en avant du bourrelet, est large et évasé; sur sa face externe se continuent les côtes rugueuses de la surface, dont la termi- naison festonne le bord en lobes irréguliers séparés par des fis- sures maculées de noirâtre en dedans; ce bord est creusé de goultières superficielles correspondant aux sillons de la surface ; ces gouttières sont divisées par douze dents saillantes. Petholata Euthymi nob. L'espèce que nous allons décrire appartient au groupe du 7! petholatus, pour lequel Klein, en 1753, avait créé le genre Cochlea petholata. Malheureusement le nom de ce genre étant formé de deux mots doit, d'après la méthode binaire, être rejeté de la no- menclature. J'avais l'intention de conserver pour les espèces de ce groupe le nom unique de Petholata, mais après avoir retranché du genre Turbo de Linné toutes les espèces pour lesquelles on à créé des subdivisions, je me suis aperçu qu’il ne restait plus dans le genre Turbo de Linné que les Turbo petholatus, autour duquel 180 JOUSSEAUME vient se grouper les Turbo magnificus et militaris de Reve, le cale- donicus de Fischer, etc. T. Euthymi. Testa ovato conica, imperforata lævi, nitida, ma- culis luteis et virescentibus criberrime picta, et quinque zonis viridibus cincto, anfractibus, 7 rotundatis et regulariter augen- Apertura circulari intus margaritacea, peritremate continuo viride cincto. Alt. 40. D. mag. 93. D. min. 27m, Coquille ovoïde, lègèrement ventrue et à sommet conique, son test épais, solide et brillant paraît lisse à l'œil; mais avec un verre grossissant on découvre à la surface de petites stries d’ac- croissements irrégulières et très finement divisées par de petites linéoles circulaires légèrement ondulées, assez serrées et d’une ténuité extrême ; sa couleur est formée de petites macules d'un vert-bleuâtre se détachant sur un fond jaune-orange pâle; ces macules, très rapprochées et très irrégulières de forme et de dimension, semblent disposées en flammules ondulées ; on aper- çoit également sur le dernier tour cinq bandes circulaires d’un vert-olive-foncé. La spire, élevée et conique, est formée de 7 tours convexes et arrondis, se développant d’une façon régulière et assez rapide, les deux premiers très petits, lisses et luisants, sont d’un rouge-vi- neux assez intense, les suivants, très finement striés, présentent les macules jaunes et verdàtres que nous avons décrites ; plus larges et plus nettement séparées sur les premiers tours elles forment, sur le dernier, par une intrication indescriptible un nuageux jaune-verdâtre, divisé par 5 bandes circulaires d’un vert- olive; la première borde la suture alors que la troisième, vive- ment colorée, occupe la périphérie; entre ces deux bandes on aperçoit la deuxième beaucoup plus étroite et de couleur moins intense, la quatrième et la cinquième, placées à la base, sont presque aussi larges et de couleur aussi intense que celle de la périphérie. Le dernier tour se relève pour venir se fixer au tour précédent, de sorte que la première bande se trouve dans une dépression d'autant plus prononcée qu'on approche davantage de l'ouverture. À sa base, longeant le bord columellaire, existe un bourrelet semi-lunaire peu saillant et grisàtre, séparé en de- hors du reste de la coquille par un sillon nettement accusé qui prend naissance à la région ombilicale et se termine en avant au péristome de la coquille; à la surface de ce bourrelet on aper- çcoit, à l’aide d’une loupe, des stries irrégulières, obliques et trans- verses. ee, DESCRIPTION DE NOUVELLES COQUILLES 181 L'ouverture, déjetée en bas et en dehors, occupe un plan légè- rement oblique à l’axe ; très peu évasée et de forme circulaire, elle présente, au niveau de la suture, un sillon assez profond. Recou- verte dans le fond d’une mince couche d’enduit terne, elle laisse à découvert, en approchant du péristome, un espace annulaire et nacré de largeur variable. Le péristome continuant, est légère ment échancré au niveau de la suture, très large, mince et tran- chant dans sa moitié externe, il devient mousse et épais dans sa moitié interne ; sa couleur est d’un blanc-terne-verdâtre. Opercule crétacé, irrégulièrement hémisphérique, présentant une surface externe lisse, convexe, plus épaisse, blanchâtre et chagrinée dans sa dernière moitié, d'un marron sombre sur le bord opposé et d’un vert-olive brillant au centre. Sur sa face adhérente, presque plane et de couleur marron, on aperçoit un enroulement spiral d'un développement rapide et régulier com- posé d’un petit nucléus central et de trois tours séparés par une suture noire; sur les tours de spire on aperçoit de très fines stries denticulées, semi-circulaires et parallèles au bord intérieur. Grand diamètre 1mn, petit diamètre 14nn, épaisseur 6m, Habitat : Nouvelle-Calédonie. Nous devons la connaissance de cette espèce à M. le frère Euthyme, assistant du supérieur-général des Petits-Frères de Marie; nous le prions d’en recevoir la dédi- cace comme témoignage d'amitié et d'estime. Il existe dans les galeries du Muséum d'histoire naturelle de Paris, sous le nom de Turbo petholatus, sans indication de localité, un second exemplaire de cette nouvelle espèce. Cette coquille doit être très rare, car, parmi les nombreux envois de coquilles que nous avons reçus de la Nouvelle-Calédonie et les collections que nous avons visitées, nous n'avons encore rencontré que les deux individus que nous venons de signaler. Cyclostremma Carbonnieri nob. Testa minutissima, orbicularis, albida, late umbilicata. Spira plana anfractibus 3 subplanulatis, ultimo transverse striato et longitudinaliter tricarinato. Carenis decussatis et area plana sepa- ratis, carena superiore angulosa, inferiore minore, media late ex- pansa. Apertura irregulariter quadrangulata, peritremate con- tinuo, superne rostrato. Long. 1m, larg. 0mm8, alt. Ommÿ. Coquille très petite, aplatie, orbiculaire et blanchâtre, dont 182 JOUSSEAUME on ne peut voir les détails et la forme qu’à l'aide d’une forte loupe ; son test même est assez solide et plutôt opaque que transparent, sa face supérieure est plane alors que l’inférieure est percée d'un ombilic largement ouvert, dans l'intérieur duquel on voit se dé- rouler tous les tours de spire, nettement séparés par une suture assez profonde. La spire tout-à-fait plane est formée de 3 tours à développement régulier. Le premier est très petit, lisse et brillant, et les suivants anguleux et striés transversalement. Le dernier est orné de trois carènes tuberculeuses dont la médiane est plus saillante, et l’infé- rieure, un peu plus petite, est plus rapprochée que la supérieure de la carène médiane. Des tubercules assez espacés de chaque carène par de petites côtes assez saillantes qui divisent transver- salement les espaces compris entre les carènes et les sutures. Les tours de spire sont séparés par une suture profonde et très visible, malgré la petitesse de la coquille. L'ouverture occupe un plan très oblique à l’axe ; sa forme est irrégulièrement triangulaire, ses bords, reliés entre eux par un bourrelet assez épais, appliqués sur l’avant-dernier tour, forment un péristome irrégulier, continu et mousse, présentant, au niveau de la carène supérieure, un petit rostre anguleux et saïllant. La petite taille de cette coquille, ses trois carènes tubercu- leuses, les stries transversales, sa spire aplatie et le rostre que présente son péristome au niveau de la carène supérieure sont des caractères qui permettront de la distinguer avec facilité. Habitat : Je n'ai trouvé que deux individus, dont un seul entier, dans un litre de sable coquillers recueilli aux environs d’Aden, par M. Paul Carbonnier, auquel je la dédie. Observations. — Parmi les Cyclostremma recueillis à Aden, je dois signaler : C. Philippii Issel, recueilli par MM. Carbonnier et Deschamps. C, micans À. Adams, recueillis en grand nombre par M. Des- champs. J'en ai également trouvé quelques-uns, en très mauvais état de conservation, dans les sables pris dans cette localité par M. Carbonnier, J’ai comparé avec soin l’espèce de la Mer Rouge et celle des Philippines et je puis certifier qu’il y à identité. Tinostoma Deschamps nob. Test parva, crassiuscula, complanata, orbicularis, alba supra DESCRIPTION DE NOUVELLES COQUILLES 183 concentrice et valde costata (costis 7-8). Subtus obsolete sulcata; anfractibus 4 subplanulatis, ultimo supra peripheriam acutissime carinato. Callositate opaca, circa rimulam umbilicalem gyrente, apertura rotunda; margine acuto supra, minute sulcato. Long.2mm, lerg:4re8 alt. 1203. Coquille petite, discoïde, déprimée, à test assez solide, blanc opaque chez les individus morts, présentant à la périphérie une carène lamelleuse très saillante. Sa face supérieure, en forme de cône surbaissé, est orné de stries circulaires assez fortes et assez régulièrement disposées ; on en compte 7 à 8 sur le dernier tour; la face inférieure, presque plane est sillonnée, près de la carène, de 3 à 4 stries semblables à celles de la face supérieure ; au centre, l’'ombilic est bordé par une callosité rugueuse qui l’obtrue en partie. La spire est formée de 4 tours arrondis, légèrement déprimés près de la suture et entourés, à la périphérie, d’une lamelle sail- lante. Le premier est lisse, luisant, punctiforme et saillant, alors que les suivants présentent, à la surface, les stries circulaires que nous avons signalées. Le développement s’effectue d’une façon régulière et très rapide, ils sont séparés par une suture linéaire bien marquée et bordée en dehors par sa première strie assez saillante de la face supérieure. L'ouverture circulaire occupe une place presque parallèle à l’axe, son péristome continu à bords tranchants; le supérieur et l'externe sont découpés en dehors par les sillons de la surface alors que le columellaire, épaissi par la callosité ombilicale qui, remontant vers la face supérieure, recouvre l’avant-dernier d’un enduit épais qui s'étend jusqu’au bord supérieur, avec lequel il s'unit. La forme discoïde avec la carène lamelleuse de la périphérie, et la disposition des stries de cette espèce suffisent pour la dis- tinguer des espèces connues. Habitat : Trouvée en petit nombre et en mauvais état de conservation dans des sables recueillis aux environs d’Aden par M. Paul Carbonnier. L'individu un peu mieux conservé qui à servi à notre description a été trouvé également à Aden par M. Deschamps, de Marseille, à qui nous sommes heureux de dé- dier cette nouvelle espèce. 184 JOUSSEAUME Tinostoma Carbonnieri nob. Testa minima, depressa, subdiscoïdes-ovata, alba, seu hyalina, lævi, nitida, anfractibus 3, rapide augentibus ; ultimo dilatato regione umbilicali callosa ; apertura rotundata, labro solido, intus suturam vix Calloso. Long. 1"; larg. 8mm: alt. Oum, Coquille très petite, déprimée et orbiculaire, dont le dernier tour, manifestement dilaté vers l'ouverture, lui donne l’aspect d'un Cyclops en miniature. Son test, assez solide, lisse, hyalin vitreux et transparent, devient blanc opaque lorsque la coquille morte a séjournée quelque temps sur la plage. Sa face supé- rieure est très légèrement bombée et convexe, alors que l’infé- rieure est presque plane. Au centre de cette dernière, on aper- çoit à la place de l’ombilic une callosité étendue qui part du bord columellaire et dont le bord externe, nettement accusé, décrit une courbe arrondie. La spire est formée de trois tours arrondis en dehors, et très lé- sèrement déprimés de haut en bas; leur développement s'effectue d’une façon régulière et rapide jusque vers le milieu du dernier tour qui, en approchant de l'ouverture, se déjette un peu en de- hors, ce qui le fait paraître dilaté. La suture linéaire qui les sépare, logée dans unerainure formée par la dépression des tours, S'aperçoit assez distinctement. L'ouverture, de forme arrondie, occupe un plan légèrement oblique à celui de l’axe. Son péristome continu, droit, assez épais et mousse, présente un bord supérieur convexe qui dépasse un peu l’inférieur. Entre l'ouverture et l’avant-dernier tour, il existe un très fort bourrelet qui s’épaissit en haut au niveau de la suture et s'unit en bas à la callosité ombilicale. La très petite taille de cette espèce, qui mesure à peine un mil- imètre, sa forme et son absence de stries, permettront de la dis- tinguer facilement des espèces connues. Habitat : J'ai rencontré un très grand nombre d'individus de ce Tinostome dans des sables recueillis à Aden par mon excellent ami M. Paul Carbonnier, auquel je suis heureux de la dédier. Teinostoma rhinoceros. Testa minutissima, ovato-depressa, hyalino-vitrea seu alba ; an- DESCRIPTION DE NOUVELLES COQUILLES 185 fractibus 3, irregulariter augentibus, ultimo dilatato et tenuissime spiraliter striato, striis supra peripheriam majoribus et decussatis, regione umbilicali callosa, apertura subcirculari, peritremate con- tinuo contracto, supra peripheriam calloso. Long. 8mm;: lat, 6mm: ait Den5: Coquille très petite, aplatie, ovale, rappelant par sa forme, comme le 7. Carbonnieri, celle d’un petit Cyclops. Son test mince, vitreux, hyalin et transparent, devient blanc opaque lorsque la coquille a séjourné quelque temps sur la plage. Sa face supé- rieure, légèrement convexe, est formée par les tours étagés de la spire ; l’inférieure, presque plane, présente à la place de l’om- bilic une large callosité prenant naissance sur le bord columel- laire. Avec une forte loupe, on découvre à la surface des stries circulaires très fines et très nombreuses; ces stries très fines à la face supérieure qui paraît comme déprimée, deviennent beau- coup plus fortes à la périphérie et diminuent insensiblement à la face inférieure en approchant de la callosité ombilicale. Des sil- lons dont la dimension est en rapport avec les stries qu'ils séparent sont très finement et régulièrement divisés par des petites lamelles perpendiculaires. La spire est formée de trois tours légèrement déprimés, surtout à la face supérieure, et très légèrement carénés au niveau où change brusquement la dimension des stries. Les premiers se développent assez régulièrement alors que le dernier se dilate fortement en approchant de l'ouverture. Ils sont séparés par une suture superficielle très apparente. L'ouverture, en forme d’ovale arrondi, occupe un en oblique à l'axe, elle est surmontée en dehors, à la périphérie du dernier tour, d’un rostre saillant qui semble dû à un plissement des bords et qui donne à cette charmante espèce un aspect particulier et bizarre; son péristome droit, mousse, contracté et continu, pré- sente un bord supérieur légèrement convexe, plus avancé que l'inférieur qui décrit une courbe concave. Le columellaire est épaissi par la callosité qui recouvre l’ombilic et l’avant-dernier tour dans sa partie aperturale. La petite taille de cette coquille, son mode de striation, et la gibbosité qui existe sur le bord externe de l'ouverture suffiront pour la distinguer à première vue de toutes les espèces déjà décrites. Habitat: Trouvée en assez petit nombre dans des sables recueillis aux environs d'Aden, par notre ami M. Paul Carbonnier. 186 JOUSSEAUME Marginella Anna. Testa minima, oblongo-ovata, spira producta, lævi, nitida, cinerea, lineis rufis undulatis, criberrime serratis longitudilaliter ornata, in medio zona alba antice crenata. Apertura angusta antice dilatata, columella quadriplicata, labro marginato, intus lævi, extus incrassato et rufo maculato. Dimensions : Long. 3"m1/2; larg. 2mm, Coquille oblongue ovoïde, un peu renflée au milieu, et atténuée aux extrémités; son test épais, lisse et luisant est marqué de deux zones brun-rougeûtre interrompues par une bande centrale blan- châtre. Les deux zones colorées, dont la postérieure est très étroite relativement à l’autre qui occupe la moitié antérieure du dernier tour, sont formées par la réunion de linéoles très fines, très serrées et ondulées. En arrière la zone antérieure est cré- nelée par de petites taches brunes un peu plus foncées, qui séparent des crénelures à peu près de même dimensions surmon- tant la partie antérieure de la zone centrale blanchâtre. La spire, de forme conique et a sommet mousse, est formée de quatre tours séparés par une suture linéaire bien marquée; l'ouverture allongée et étroite s’élargit un peu en avant où elle se termine en un canal profond. Il existe également en arrière une échan- crure légère; le bord externe lisse intérieurement est épaissi en dehors par un fort bourrelet sur lequel on constate l'existence de 3 à 4 petites taches d’un brun-violacé; le bord columellaire presque droit est armé dans sa moitié antérieure de 4 petites dents assez saillantes. Par la forme et la taille, cette charmante petite espèce res- semble à la M. picturata de Nevill. Elle s'en distingue par l’absence d’une bande blanche à l'extrémité antérieure, et les cré- nelures qui occupent le bord antérieur des fascies colorées dans la picturata existe, au contraire, dans la M. Anna sur le bord pos- térieur. Ces fascies sont, en outre, dans la picturata d’une teinte uniforme, au lieu qu’elles sont formées par la réunion de petites linéoles dans la M. Anna. Habitat : Nossi-bé. Cette espèce, que je possédais depuis long- temps sans indication de localité, a été trouvée dernièrement par M. Marie, à Nossi-bé. C'est de Me Vimont, à qui je suis heureux de la dédier, que j'ai eu ces renseignements. DESCRIPTION DE NOUVELLES COQUILLES 187 Volvarina Cessaci nob. Testa ovato-oblonga, nitidissima, rubra, zona albida postice cincta. Spira brevissima, obtuse conica; anfractibus 4, suturis linea subalbida cinctis; apertura angusta, elongata, antice latius- cula; labro extus rubro et albo unimaculato, intus lævigato:; columella ad basim alba et quadriplicata. Long. 11%" ; larg. 5mm; dir Coquille dont la forme est celle d’un ovoïde allongé, arrondie à son extrémité antérieure, et terminée en une pointe légèrement conique en arrière; son test, assez solide, opaque, lisse et lui- sant, est d’un beau rouge-vineux, interrompu en arrière par une zone circulaire blanchâtre dont le bord antérieur est plus nette- ment défini que le postérieur qui vient en dégradant d’une ma- nière insensible se fondre avec la teinte rouge de la coquille. La spire est composée de quatre tours dont le dernier forme, presque à lui seul, la totalité de la coquille, alors que les trois premiers s'élèvent et forment à l’extrémité un très petit ma- melon conique. La suture qui les sépare, linéaire superficielle et blanchâtre, est recouverte d’une légère couche d’un enduit bril- lant. L'ouverture occupe sur le côté droit de la coquille un plan presque parallèle à l’axe; sa forme est celle d'une fente profonde, étendue d’une extrémité à l’autre, et beaucoup plus étroite en arrière qu'en avant, où elle s’élargit sensiblement et finit ensuite en une gouttière large et peu profonde. Sa couleur un peu moins vive que celle de la face externe est d’un rouge fauve. Son bord externe, un peu incliné sur l'ouverture, mousse, lisse, et légère- ment blanchâtre en-dedans, est doublé en-dehors d’un large bourrelet rouge vif, maculé au niveau de la zone d’une large tache blanche. Sur quelques rares individus, il existe également un petit point blanc à la partie moyenne. Le bord columellaire concave et blanchätre dans son tiers antérieur est légèrement convexe et rose en arrière, il est armé, dans sa partie concave, de quatre plis qui deviennent plus longs, plus saillants et plus obli- ques en approchant de l'extrémité, et dont le premier se continue en dehors avec le bord de la gouttière antérieure; il existe assez souvent en arrière du dernier pli un petit tubercule qui simule une cinquième dent. Il est impossible d'établir aucun passage avec les espèces voi- 188 JOUSSEAUME sines du même genre, tous les individus de cette espèce sont à un millimètre près de même taille, de même forme et de colora- tion identique; il est même rare de trouver dans tous les indi- vidus d’une même espèce une aussi grande constance des ca- ractères. Habitat : Je suis heureux de dédier cette espèce a mon excel- lent ami M. de Cessac, qui l’a recueillie vivante aux îles du cap Vert. SUR DE PETITS HELMINTHES AGAMES ENKYSTÉS QUI PEUVENT ÊTRE CONFONDUS ET QUI L'ONT ÉTÉ AVEC LA TRICHINA SPIRALIS OWEN Par P. MÉGNIN (Séance du 28 juin 1881) Depuis la découverte de la Trichina spiralis par Owen, en 1835 (1), on a assimilé à cet Helminthe une foule de petits Vers de dimen- sions à peu près pareilles et enkystés de la même façon, soit sous le péritoine, soit dans les muscles. C’est ainsi que Siebold a décrit comme appartenant au même genre des Vers assez semblables trouvés dans de petits hystes du péritoine de divers petits Mam- mifères, Oiseaux ou Reptiles (2). Dujardin a aussi indiqué sous le nom de 7richina inflexa un Nématoïde formant un amas compact blanc dans l’abdomen d’un jeune Mullus de la Méditerrannée (3). Mais c’est surtout lorsqu'il s’est agi de rechercher l’origine de la Trichinose du Porc que l’on a vu des Trichines un peu par- tout, non-seulement chez les petits Animaux dont les cadavres servent quelquefois de pâture à notre Pachyderme domestique, mais encore dans les végétaux : ainsi Chacht a observé qu'il se produit dans les radicelles des betteraves à sucre de petites cap- sules dans lesquelles sont contenues des Animaux vermiculaires semblables aux Trichines (4); Kulm et surtout Hein ont confirmé cette opinion. Langenbeck a découvert dans l'intestin des Vers de terre (Lom- bric terrestre) jusqu'à 600 petits Helminthes qu'il a regardés comme de véritables Trichines. Haubner a partagé cette opinion et regardé en outre les Rats, les Souris et les Taupes comme in- festés très fréquemment de Trichines. Kulm a démontré, par de (1) Transactions de la Société géologique de Londres, vol. I, p. 315. (2) Wiegman's Archiv, IVe année, p. 312. (3) Helminthes, p. 294. (4) N. Archiv., t. XXXI, p. 350, 190 MÉGNIN belles études comparatives, accompagnées de planches très exac- tes (1) qu’en ce qui concerne le Nématoïde enkysté de la Taupe et celui du Ver de terre, qui est de la même espèce mais à un degré de développement moins avancé, ils sont zoologiquement parfaitement distincts de la Trichina spiralis, car les kystes chez la Taupe sont beaucoup plus grands aussi bien que le Ver qui y est contenu. Aux petits Mammifères ci-dessus Cobbold ajoute le Hérisson comme infesté fréquemment de Trichines (2). Enfin deux méde- cins, M. le D' Merlan de Chaillé, exerçant à Luçon (Vendée) et M. le professeur Tigri, de Sienne, auraient vu des kystes volumi- neux, contenant des Trichines, dans des poumons de Moutons; mais M. Delpech (3) a démontré que ces prétendues Trichines ne sont autre que des embryons de Strongles filaires, et nous avons été à même souvent de reconnaître l'exactitude de la démonstra- tion de M. Delpech. L'assertion de Cobbold, relativement à l'existence fréquente de la Trichine chez le Hérisson, aussi bien que celles des différents auteurs que nous avons cités, sur la présence très commune du même parasite chez le Rat, la Souris, les Reptiles terrestres et amphibies, n’ont pas encore été révoquées en doute et sont généralement acceptées pour vraies par les naturalistes et les hygiénistes. Des preuves irréfragables ont été, du reste, données de l'existence de la Trichine chez des Rats, dans les pays où la Trichinose est endémique chez les Porcs, mais nous avons de fortes raisons de douter que les Rats soient porteurs du parasite en question dans les pays où la Trichinose n'existe pas chez les Porcs indigènes. Nous avons déjà disséqué un grand nombre de Rats d'égout {(Mus decumanus P.) à Vincennes et aux environs de Paris où ils abondent, et nous n'avons pas encore pu rencontrer de Trichine dans les muscles de ces Rongeurs, nous savons de plus que des recherches du même genre ont été faites à Paris et qu'elles ont été tout aussi infructueuses que les nôtres. D'après certains auteurs, le Porc ne serait pas le seul Animal qui aurait le pouvoir de nous transmettre la Trichine ; on a incri- miné aussi les Oiseaux domestiques et autres, et plusieurs jour- naux spéciaux ont rapporté, d’après Lo Spallanzani, qui en a pu- (1) Cobbold, Parasites, London 1879, p. 295. (2) Cobbold, Parasites, London, 1879, p. 295. (3) Delpech, Les Trichines et la Trichinose, Paris 1866, p. 54. abis SUR DE PETITS HELMINTHES AGAMES ENKYSTÉS 191 blié la nouvelle le premier, qu’en 1878, les soldats allemands de la garnison de Thionville avaient été atteints de Trichinose, à laquelle deux avaient succombé, par suite de l’ingestion de viande d'Oie. Déjà, en 1865, M. Demarchi a annoncé avoir trouvé la Trichine disséminée dans les muscles de la cuisse et de la jambe gauche d'une Poule. Le docteur Barkodes, de Pesth, a avancé aussi l’avoir trouvée dans les parois du ventricule succenturié et dans l’es- tomac de deux Poules sans avoir réussi à la rencontrer dans les muscles. Avant ces auteurs, Pagenstecker, après avoir examiné plusieurs Oiseaux du genre Anas, avait admis aussi une espèce de Trichine particulière à ces Oiseaux. Herbst aussi avait vu cette Trichine spéciale des Oiseaux, et, de plus, la Trichina spiralis chez le Chat, une autre espèce transmissible de la Taupe au Pigeon, et enfin une quatrième espèce transmissible du Chien au Chien, et du Chien au Blaireau et réciproquement. Mais Wedl a montré les différences anatomiques qui existent entre la Trichina spiralis et celle des Oiseaux, et Pagenstecker est venu affirmer que, d’après ses tentatives, le Chien ne pouvait être attaqué par la vraie Tri- chine, mais qu'il en possédait une qui lui était spéciale. Diesing, dans son Systema Helminthium, distingue deux espèces dans le genre TricxiNA : la Trichina spiralis Owen et la Trichina affinis D., rangeant, dans cette dernière, provisoirement, toutes les espèces de Herbst; celles-ci auraient été trouvées enkystées dans le péritoine, et la plèvre des Chiroptères et des Oiseaux suivants : Vespertilio auritus et noctula; Strix bubo, otus et flammea ; Cypselus apus; Lanius minor; Sylvia rubeola; Vanellus cristatus ; Numenius arquatus; Larus fuscus, ridibundus et argentatus; Buteo vulgaris; Grus cinerea, et de plus, dans le Chien, le Chat, le Loup et le Sanglier. Toutes les assertions des auteurs ci-dessus ont déjà soulevé bien des critiques ; ainsi Linstow n'hésite pas à déclarer, après avoir examiné de près le travail de Barkodes, qu'il a commis une erreur de détermination et qu'il s’est trouvé en présence d’un Spiroptère. Des expériences, du reste, n’ont-elles pas été faites et répétées, qui prouvent qu'en faisant ingérer à des Oiseaux quelconques de la viande contenant des Trichines enkystées, les parasites sont promptement mis en liberté, qu’ils s’accroissent rapidement, com- plètent leur appareil génital et s’accouplent, et le plus souvent 192 MÉGNIN les femelles sont expulsées de l'intestin avant la sortie des em- bryons, et que quand ceux-ci sont déposés dans le canal digestif, ils ne tardent pas à être expulsés à leur tour. Jamais on ne cons- tata de migration dans les muscles des Oiseaux. MM. Rivolta et Delprato (1), sur des Poules des environs de Pise, ont constaté aussi les dissemblances qui séparent la Trichine du Porc de la prétendue Trichine des volailles : « Celle-ci, disent-ils, était renfermée dans un kyste arrondi, parfois ovale, d’un milli- mètre de diamètre environ, placé dans le tissu conjonctif peri æœsophagien, principalement, ou dans l'épaisseur des parois intes- tinales et dans le mésentère. Bien qu’on y mit la plus grande attention, jamais on ne la découvrit, soit dans les muscles, soit dans le tissu conjonctif intermusculaire; striée transversalement, d'une longueur moyenne de 2 millimètres, elle est enroulée à la façon de la Trichina spiralis, mais elle s’en distingue au premier coup d'œil en ce qu'elle s’agite dans le kyste quand on l’ouvre, tandis que la Trichina spiralis est toujours immobile et comme morte. La partie antérieure de son corps est très étroite, la posté- rieure est plus grosse que dans ia Trichine d'Owen; mais ce qui constitue un caractère vraiment spécifique, c’est que sa bouche présente deux papills coniques très marquées. L'œsophage et l'intestin sont tapissées de cellules cylindriques grosses et très distinctes. On voit aussi autour de l’œsophage deux masses cel- lulaires qui sont peut-être des glandes salivaires. La confu- sion du parasite dont on vient de donner une brève description, avec la Trichina spiralis, doit cesser. Maïs doit-on se contenter d'adopter l'appellation de Trichina affinis proposée par Diesing ? On doit se rappeler que l’auteur ne l'avait proposée que comme tout-à-fait provisoire. Aujourd'hui que les choses sont plus avan- cées, on pourrait, sans inconvénient, adopter les noms proposés par différents auteurs pour désigner dés parasites dont l'habitat et un peu les formes diffèrent. C’est ainsi qu’on aurait la Trichina agilissima Molin qui habite le péritoine de quelques lézards; la Trichina anguilla Bowmänn qu'on trouve dans l’Anguille; la Trichina cyprinorum Diesing qui se voit dans plusieurs espèces de poissons autres que l’Anguille; la Trichina circumfteæa (Palonio) enkystée dans le péritoine et non dans les muscles du Rat, et enfin le parasite qui fait l’objet de la présente étude, et que nous proposons d'appeler Trichina papillosa à cause de la conformation ) Giornale di Anatomia, Fisiol. e Pathol. degli animali. Pise, 1879. SUR DE PETITS HELMINTHES AGAMES ENKYSTÉS 193 de la bouche et dont l'habitat est le tissu conjonctif de quelques parties du corps des Oiseaux. » Comme on voit, MM. Rivolta et Delprato, en ce qui concerne les prétendues Trichines des Oiseaux et en particulier celle de la Poule, les considèrent comme très différentes spécifiquement de la Trichina spiralis du Porc, mais ils persistent à les ranger dans le même genre TRICHINA. Nous n'avons pas encore eu occasion d'étudier le parasite de la Poule, que MM. Rivolta et Delprato nomment Trichina papillosa, mais nous en avons étudié un autre, qui est peut-être le même, chez le Combattant (Machetes pugnax), ainsi que quelques espèces voisines chez des lézards et des grenouilles ; nous allons les décrire et les figurer, ainsi que ceux du Hérisson et de la Taupe, et si nous les comparons à la Trichina spiralis du Porc, nous verrons que, non-seulement elles en diffèrent spécifiquement, mais encore qu'elles n’appartiennent pas au même genre. Nous allons commencer par donner une figure très exacte du Trichina spiralis, prise sur nature, et les caractères de cet Hel- minthe pendant sa période agame et enkystée. La Trichina spiralis (fig. 1, À, pl. VI) est un ver filiforme, fin comme un Cheveu (d’où son nom, qui dérive du mot grec @ë cheveu), long à peine de 1/2 à 1"", en cône très allongé; à extré- mité antérieure très mince, large de 1 à 2/100° de millimètre, au centre de laquelle est percée la bouche sous forme d’une petite ouverture ronde à lèvre nue; à extrémité postérieure tronquée et obtuse, large de 5 à 10/100° de millimètre, au centre de laquelle est percé l'anus ; tégument transparent presque lisse, finement strié transversalement. Tube intestinal droit, offrant trois parties distinctes : une première à parois minces, élargie d'avant en arrière, offrant une section triquètre, c’est l’œsophage ; une deuxième, traversant une couche de cellules empilées qui sans doute jouent le rôle d’organe secrétoire, est l'estomac confondu avec l'intestin grêle ; une troisième, à parois musculeuses, corres- pond au rectum (Chez certains spécimens, très avancés en déve- loppement, de Trichina spiralis enkystés, on voit, vers la partie antérieure de la 3 région intestinale, une ouverture qui est un rudiment d’organe génital). On trouve les Trichines agames enkystées principalement dans le tissu musculaire de la vie animale, de préférence dans les mus- cles abdominaux, intercostaux, diaphrägmatiques, cervicaux ; on les a rencontrées aussi tout récemment (M. Joannes Chatin) dans le 14 194 MÉGNIN tissu adipeux et dans les muscles des parois intestinales. On les y voit enroulées en spirales comme de petits serpents entre les faisceaux musculaires, et, autour de l’espace sphérique que cha- cune occupe, se fait un dépôt de matière granuleuse incolore, plus abondant vers les deux pôles, l’axe de ce dépôt étant parallèle aux fibres musculaires; ce dépôt prend ainsi une forme allongée, conique, ce qui donne au kyste qui en résulte l'apparence d'un fuseau plus ou moins allongé (fig. 1, B). Un seul kyste ou capsule ne contient ordinairement qu'une Trichine ; on en a trouvé quelquefois deux, plus rarement trois. Les dimensions du kyste sont par cela même variables : en moyenne il a 0mm33 de longueur sur 0"25 de largeur ; ses parois varient d'épaisseur entre 0""03 et 0""04, la plus grande épais- seur étant aux extrémités. Plus tard, pas avant un an chez l'Homme, après quatre-vingt jours chez le Lapin, selon Fuchs et Pagenstecker, et après cent jours chez le Porc, les parois du kyste s’incrustent de sels calcaires, la calcification commençant aux pôles pour s'étendre ensuite à toute la capsule. La Trichine peut continuer à vivre dans un kyste incrusté de sels calcaires ; après sa mort elle subit la dégénérescence graisseuse et s’incruste aussi de sels calcaires. Le kyste trichineux incrusté de sels calcaires peut se voir à l'œil nu, sur les muscles qui en sont farcis, comme un tout petit point blanc. Avant ce moment il est trop transparent pour pouvoir être vu sans le secours du microscope. Les caractères de Trichina spiralis enkysté étant ainsi bien posés et appuyés sur des figures exactes et complètes, nous allons comparer à ce parasite ceux que nous avons étudiés chez de petits animaux, Mammifères, Oiseaux et Reptiles, et avec les- quels on pourrait le confondre. On trouve assez communément chez la Taupe d'Europe, pen- dant les mois de mars et avril, et à la surface externe de l’es- tomac et des intestins, de petits kystes sous-séreux, appendiculés, contenant dans leur intérieur un petit Ver enroulé comme un Serpent (fig. 2, pl. VI). Si Aubner a pu prendre ce petit Ver pour une Trichine, ce n’est que par suite d’une grossière analogie. En effet, la comparaison des dimensions seules aurait dû le mettre en garde contre une pareille interprétation : le Ver enkysté sous- péritonéal de la Taupe a six fois la grandeur de la Trichine de l’âge correspondant; du reste ce Ver-ci est rosé, surtout à l'extrémité antérieure; il a les téguments fortement striés; la SUR DE PETITS HELMINTHES AGAMES ENKYSTÉS 195 bouche est ornée d’une papille, le corps est plus cylindrique ; l'intestin ne présente pas une région gastro-intestinale entourée d'une région celluleuse; enfin l'extrémité postérieure n’est pas tronquée ; il y a, au contraire une queue conique à la base de laquelle s'ouvre l'anus. Tous ces caractères différentiels avaient déjà été signalés par Kubn, et on sait, du reste, maintenant, que le petit Ver des kystes péri-stomacaux et péri-intestinaux de la Taupe d'Europe ne sont autres que l’état agame et larvaire du Spiroptera strumosa Rud., dont les individus adultes se rencon- trent dans les cavités stomacales et intestinales des mêmes sujets qui fournissent les kystes habités en question. Nous ne connaissons pas encore les kystes prétendus trichi- neux vus par Siebold chez le Lézard gris; mais, grâce à l’obli- geance de M. le D° Raphaël Blanchard, nous avons pu en étudier d'analogues sur des Lézards ocellés venant d'Espagne, kystes répartis en grand nombre, non-seulement dans le tissu muscu- laire, mais encore dans le tissu cellulaire intrà-viscéral et sous- cutané dans toutes les régions du corps. Nous représentons (fig. 3, pl. VII) un de ces kystes, qui ont en général un miliimètre de diamètre et sont presque circulaires. Le Ver qu'il contient a 3 millimètres de long sur 0,15 de milli- mètre de large, il est presque cylindrique, atténué seulement vers la tête et à tégument nettement strié transversalement; sa bouche ronde est ornée de deux papilles coniques; elle se con- tinue par un pharynx court, et celui-ci par un long œsophage charnu en massue occupant presque la moitié de la longueur du corps; cet œsophage se continue par un intestin qui vient s’ouvrir, par un anus, à la base d'une queue courte et mousse. Les caractères anatomiques de ce Ver sont encore ceux du genre Spiroptera et nullement ceux du genre Trichina; et puis le kyste a une teinte brun-clair générale, due à la couleur des gra- nulations moléculaires qu'il contient et à celle de ses parois, que ne présentent jamais les kystes de Trichines. Notons enfin que les intestins et l'estomac des Lézards ocellés, dont le tissu cellulaire était farci de ces kystes, contenaient une grande quantité de Spiroptera abbreviata Rud. adultes, et que, par suite, les Vers agames contenus dans les kystes n'étaient autres que leurs larves. En disséquant un jour un Combattant {Machetes pugnax L.) nous avons rencontré, dans le tissu cellulaire intrà-viscéral et sur- tout sous-cutané, une grande quantité de petits kystes bruns 196 MÉGNIN ovoïdes, ayant moins d’un millimètre dans leur plus grand dia- mètre et contenant un petit Ver agame, enroulé en Serpent, me- surant 2 millimètres environ de long sur Omm10 de large ; ce Ver, cylindrique, atténué seulement vers la tête, a une bouche ronde ornée d’une papille conique suivie d’un œsophage divisé en deux parties distinctes : uue sorte de long pharynx séparé de la seconde partie par un épais diaphragme musculaire (fig. 4, pl. VIT); cette. seconde partie longue, musculeuse, en massue ; l'intestin qui fait suite à cet œsophage vient s'ouvrir à la base d’une queue courte et mousse par un anus étroit. La disposition particulière que présente l’œsophage dans ce Ver a servi à Dujardin pour réunir dans un genre nouveau, le genre Dispharagus, tous ceux qui la présentent et qui auparavant faisaient partie du genre Spiroptera. Les Dispharages se rencontrent particulièrement chez les Oi- seaux et Dujardin en décrit 18 espèces, mais ni lui, ni aucun autre auteur que nous sachions, ne parle du Dispharage du Combattant ; c'est donc une nouvelle espèce que nous avons rencontrée, et encore n'en connaissons-nous pas l’état adulte. Le Hérisson présente très fréquemment sous le péritoine et surtout entre les lames de l’épiploon, où ils sont très faciles à observer, de petits kystes ovoïdes ayant de 0""40 à 0mm50 dans leur plus grand diamètre et renfermant dans leur intérieur un petit Ver roulé en serpent ayant à peine un millimètre de long sur 0m"05 dans sa plus grande largeur. Comme ce sont à peu près les dimensions des kystes à Trichines et des Trichines elles- mêmes, on comprend que la confusion ait pu être faite, même par des naturalistes des plus distingués. Ici encore on s’est : trompé ainsi qu'on peut s’en assurer par le dessin très exact que nous donnons fig. 5(pl. VII) et par l'étude des caractères du Ver. Ce Ver est cylindrique, à peine atténué du côté de la tête, mais se terminant par une queue effilée, premier caractère différentiel et des plus saillants qu'il présente avec la Trichine. La bouche est ronde, ornée de deux papilles, Se continuant par un pharynx, puis par un æsophage musculeux et en massue qui occupe la moitié anté- rieure du corps; l'intestin s'ouvre par un anus à la base de la queue. Tous ces caractères anatomiques sont propres au genre SprroPTÈRE et nullement au genre TRICHINA. Du reste, chez les Hérissons qui présentent ces kystes sous- péritonéaux, — lesquels, entre parenthèse, sont aussi de couleur brune comme ceux du Combattant et du Lézard ocellé, autre SUR DE PETITS HELMINTHES AGAMES ENKYSTÉS 197 caractère différentiel que ne présentent jamais les kystes trichi- neux, — on trouve généralement, dans l'estomac et dans les intes- tins, de nombreux exemplaires adultes du Spiroptera clausa Rud. dont les petits Vers enkystés sont très probablement les larves. Nous avons eu, il y a quelque temps, l’occasion d'étudier un petit Helminthe qui vit à l’état agame enkysté dans les muscles de la Grenouille et qui, plus que les précédents encore, pourrait être confondu avec la Trichine; il nous a été envoyé par M. le pro- fesseur Poincarré, de la Faculté de médecine de Nancy, et nous donnons (fig. 6, pl. VIII) un dessin très exact du kyste et du Ver qu'il contient. Le kyste est irrégulièrement ovoïde et mesure environ 0""30 de long sur 095 de large; toutes les parties non occupées par le Ver sont remplies de granulations brunes, formant une tache assez foncée. Le Ver est cylindrique, légèrement atténué en avant ; il mesure 0"60 de long sur 0""(04 dans sa plus grande largeur ; ses téguments sont presque lisses, très finement striés en travers ; sa bouche est ronde accompagnée d'une papille et suivie d’un pharynx qui se continue par un œsophage musculeux en massue occupant presque la moitié antérieure du corps ; l’in- testin qui suit est gros et se termine par un anus étroit à la base d’une queue courte et mousse. Comme on voit, ce sont encore les caractères des Spiroptères que présente le Ver enkysté des muscles de la Grenouille, à l’ex- clusion de ceux de la Trichine qui, on se le rappelle, sont : un corps franchement conique, effilé antérieurement, tronqué posté- rieurement sans trace de queue ; un œsophage court ; un gastro- intestin traversant une région celluleuse qu’on ne rencontre que chez la Trichine et que nous n’avons vue chez aucun des Vers que nous venons d'étudier. L'étude comparative que nous venons de faire de quelques Vers qui simulent la Trichine devra être répétée chaque fois qu'il s'agira de la trouvaille réelle ow prétendue de ce parasite, même chez des Animaux susceptibles de lui servir d'habitat. On com- prend la nécessité d’une détermination exacte, dans ces cas, sans qu'il soit nécessaire d’y insister. 198 Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. MÉGNIN EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE VI. . Trichina spiralis Owen, au grossissement de 265 diam. A. Une Trichine agame libre. B. La même, enkystée. . Spiroptera strumosa Rud., agame, dans un kyste sous-péritonéal péri- intestinal de la Taupe. Grossissement 50 diam. PLANCHE VII. . Spiroptera abbreviata Rud.. larve enkystée du tissu cellulaire du Lézard ocellé. Grossissement 100 diam. . Dispharagus...?, larve enkystée du tissu cellulaire du Combattant. Gros- sissement 100 diam. PLANCHE VIII. . Spiroptera clausa Rud., larve enkystée de l’épiploon du Hérisson. Gros- sissement 265 diam. . Spiroptera..….?, larve enkystée du tissu cellulaire intermusculaire de la Grenouille rousse. Grossissement 265 diam. À. larve sortie du kyste ; B. larve dans le kyste. LrSTE DES IR OZ CREER LI RECUEILLIS A ÉTRETAT (Seine-Inférieure) PAR LE Dr P. FISCHER ÉTUDIÉS ET CLASSÉS Par le D' Jules JULLIEN. (Séance du 12 juillet 1881) À la suite d'une excursion faite à Étretat (Seine-Inférieure), M. le D' P. Fischer a bien voulu me confier l'étude des Bryo- zoaires qu'il y avait recueillis. Une quinzaine de coquilles d'Huf- tres mortes, trois ou quatre cailloux n’excédant pas le volume du poing, un débris d’ÆEschara foliacea, un échantillon de Flustra foliacea, et enfin un morceau d'Algue formaient tout le contenu d’une petite caisse qu'il me remit généreusement. Les coquilles d'Huîtres et les cailloux ont été dragués au large par des pêcheurs en présence de M. Fischer. Si les fonds de mer étaient peu abon- dants, ils avaient été à coup sûr bien choisis, à en juger par le nombre d'espèces rencontrées sur des matériaux qui auraient pu tenir dans le fond d’un chapeau. Voici la liste des Bryozoaires d'Étretat, conjointement à celle que M. Joliet a publiée pour ceux de Roscoff. Afin de rendre chacune d'elles plus intéressante pour le lecteur, j'ai adopté la nouvelle classification proposée par Hincks. | Roscoff. | Étretat CI, — BRYOZOA Erh. Ordo I. GYMNOLÆMATA Allman. Subordo Ï. CHEILOSTOMATA Busk. Fam. Aeleidæ. Aetea Lamouroux. Zn nains russes RMS: RON METRE x 200 J. JULLIEN Aelea truncata Landsborough — recla Hincks trs tests ce ne nes res esse tee e Fam. Eucrateidæ. Eucratea Lamouroux. — chelata Linné Fam. Cellulariide. Scrupocellaria Van Beneden. — SCRNDs MA AANE + 1 de rie ct en eR à CET — reptans Linné Caberea Lamouroux. — Boryi Audouin — Ellisi Fleming ns. CC CPC CC Fam. Bicellariide. Bicellaria Blainville. — ciliala Linné Bugula Oken. — avicularia Linné — plumosa Pallas — flubellata J. V. Thompson........... sÉnpeetes Beania Johnston. MAT ADS JORTSION ET AS AE Se MORE Ê Fam. Cellariideæ. nn nettes esse. ...... Salicornaria Cuvier. — farciminoides Ellis et Solander Fam. Flustridæ. tot to Flustra Linné. et JOUER AANNO LS ep a eee mrios TS De Noel — papyracea Ellis et Solander Carbasea Gray. — indivisa Busk Fam. Membraniporide. Membranipora Blainville. _ Lacroixi Audouin — pilosn LAIDNb.- ee ve né sde dre ce net eee Ce — membranacea Linné — lineata Linné rot uses sr see tee CCC CC oser eee — Flemingu Busk.: ae PS me ete — discrela Hincks Fam. Cribrilinidæ. Cribrilina Gray. — radiata Moll. {Lepralia innominala Busk)....... *X * | Étretat. * X *X X *X *X * BRYOZOAIRES RECUEILLIS A ÉTRETAT NO © x : 5 Cribrilina fiqularis Johnston.......,..... sn ee dite Mage * Membraniporella (part.) Smitt. | — nitida Johnston. ,....... Ce CU sois PE Fam. Microporellidæ. Microporella Hincks. — ciliala Pallas. SEE Te Do le SES Tee en | *% — Malusi AU dou MU UT ce ES — impressa Audouin (Lepralia gr anifera Johnston)... .. | 2% — violacea Johnston............ CO cc Co * — Marty. Joliet:.1,.....1 D OL ln OR ire Chorizopora Hincks. — Brongniarti Audouin........ DRE LAS EU Cr ME Fam. Myriozoidæ. Schizoporella Hincks. — unicornis Johnston.…........... RE ss — simplez Johnston................ ses à «Mere — linearis Hassall.. ........:......24ha0 a aies) 2 — biaperta Michelin. .......... 1. i2}o ts SAN ET ef CAN —- auriculele. Hagsalles ss es Se ON ie — hyalina Linné.......... Ve ete cet RENE x Mastigophora Hincks. — Hyndmanni Johnston...,..... donna ene AE Schizotheca Hincks. MN BUS... ess Ne du SR re —MtdienNorman. ne EE less DAT Séielee — lepieepe nov: LS RE ue non Dec Lo Hippolhoa Lamouroux. — divaricata Lamouroux........,......:............ x Elune ManZON. 2-5 TS RATES D ARE FRS (?) Fam. Escharidæ. Lepralia (part.) Johnston. —" 'POIREL MOI 1e nc NE A nn A ee % — foliacea Ellis et Soland. (Eschara)........,.......... ” en PENIUS RÉDÉE. st ae euiais 2 CS are oie arte Abe dette * SL Gdpres80 BUSK 453 ne tereau ste ts ds sa son aftadqaetes Umbonella Hincks =. (oerrucosa Espor (Leprahal 1,11... 44e é alt Porella Gray. nn Buële, Tee sas ae NL ET — compressa Sowerby (Eschara cervicornis Auct.)..,,.,.... x Smittia Hincks. — Landsborovi Johnston...,,..,.,.......... RER PRE RNCS narrheuintJ- MacelliviaYy.. .. 00.0 x = OTEnEnAIe JONNSONN se een ed nc tentfath a oiaRe | Étretat, %X # *%X * CE, 0 Sr D * 202 Phylactella Hincks. cobarts Norman; et nee J Mucronella Hincks. Peach, Johnston PA ES RS L'MRLARTE J. JULLIEN coccinea Abildgaard, ..... DA D ANA Palmicellaria Alder. Skenei Ellis Rhynchopora Hincks. biépinesa Johnston. .....4...004 80H00 MMS Retepora Imperato. cellulosa Jameson...,.... PRE LETTRE TC ER CRT NICE à AE Cellepora (part.) Fabricius. Fam. Celleporidæ. pumicosa Linné et:Solanderye sie muni Mere: — ramulosa Linnbs a ue dec LE M PMOMEN ME, à à où tovicularis Hincks.. un n'en ee RENNES 0 Cilubigera (Busk, Hincks), 44445407 40 RE EP 'PPrANMIONBStON LE TLC, Len à NRER ANNEE Subordo II. — CycLosSTOMATA Busk. Fam. Crisude. Crisidia Milne-Edwards. An cornuig Linné dass beserssassest 35 48 MATIURENEPTAN Crisia (part.) Lamouroux. — hreburnea Linné.! se fit ui COS ONE = Vdentieulala Lamarck: : 22:55:05 + 26000 SEE Fam. Tubuliporide. Stomatopora Bronn (Alecto). — granulata;M.-Edwards ....,.,.. se CNE —— nadjor JOHNSON EL PRES NE RAA Me PAP RATES — dilotans Johnston: se RE me ee — expansm EIRORES SE ILE ETES NEA RE NE MONA CE — incurooia'EHincks: — Sur les brosses copulatrices de Pelodytes punctatus... 73 A. CERTES. — Note sur un procédé de coloration des organismes microsco- DITES AVAST RE Re Eee due te Ent 21 — — Note complémentare sur la préparation et la conservation des OTÉANISMESMICEOSCOPIQUES er eee OO OC 36 — — Sur les procédés de coloration des organismes microscopiques vivants (Note complémentaire). Coloration des noyaux...... 226 — — Sur la préparation et la conservation des organismes micros- Copiques Note rectihcative) Le sente te eee 228 — — Note sur la vitalité des germes de l’Artemia salina et du Ble- pharma latente see des lt ee 229 — — Sur les résultats de l’examen microscopique des sédiments recueillis pendant l'exploration zoologique faite en 1881 dans la Méditerranée et dans l'Océan à bord du vaisseau de l’État CES TR AUOT LE re cd is re ce Ton 258 — — Sur les procédés de coloration des organismes microscopiques vivants (Note complémentaire. — Infusoires marins et des PAU PA DERR PE eee at quo as eee à 3 à N: en. # 3 & 4° PARTIES Séances d'Avril-Juillet PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 7, rue des Grands-Augustins, 7 1881 Paru le 10 octobre 1881. EAN 7 en BUREAU & CONSEIL © SOCIÉTÉ Z00LOGIQUE DE FRANCE à . POUR 4881 ia Membres du Bureau : : MM. Présiden Docs M LAPASES: E. SIMON. (| KüncKEL D'HERCULAIS. “D De Vice-Présidem. Secrétaire général. .…. Me RS re BLANCHARD. J. GAZAGNAIRE. SET OLOIT OS SU de LT À. MAUxION. | £ À. BRUMAULD DE MONTGAZON. TÉESOMEREPETS Ne EIRS . . . : HÉRON-ROYER:. | - Archiviste- Bibliothécaire.. . . : À. TOURNEVILLE. Membres du Conseil: MM. MM. D' ALIx. Bon D'HAMONVILLE. BÉMER. ||. D' JousSEAUME. B9n BILLAUD. D' JouUssET DE BELLESME. Ce C: BRANICHT. . D" JuLLIEN. D'L Bora. D' MARMOTTAN. : CHAPER. Bo pE ROTHSCHILD. é CRETTÉ DE PALLUEL. De SEMALLÉ. : ELLIOT. J. VIAN. 3 2. GERBE. SOMMAIRE : E. Simon. — Arachnides nouveaux ou rares de la faune française. 82*- Pr. Tuouas. — Recherches sur les Bovidés fossiles de l'Algérie. 1208 (Blanches Iiet ADS M Mas ete PR 92 | À P. FAGoT. — Diagnoses de Mollusques nouveaux pour la faune française Len Re PT D TM Done de » D' Acru, Dupois. — Remarques au sujet de quelques Grives.... 442 D' F. Gasco. — Les Amours des Axolotis, .:,::.,:. ,.:.01: 4154. D' J. JULLIEN. — Remarques sur quelques espèces de Bryozoaires : chétlostomiens : : 2.2... 22, es ; 163. ... CCC À. BesnarD. — Observations pour servir à l’histoire du Corbeau freux (Gorvoûs frugilegus Linn.).: 7... 11: tu AN CUP OR D' F. JousseauMe. — Description de nouvelies coquilles. ....,.. 472. Procès-verhaux, ........ PÉTER 4 SR AT à 2 D Ne EU 3.22 SERVENT ed Meulan, imp. de. A. Massox BULLETIN DE LA SOCIÈTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE POUR L'ANNÉE 1881 PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 7, rue des Grands-Augustins, 7 1881 Le Bulletin paraît tous les deux mois SOMMAIRE : Dr F. JousseauME. Description de nouvelles coquilles (suite et fin). P. MÉGNIN. Sur de petits Helminthes agames enkystés qui peu- vent être confondus et qui l’ont été avec la Trichina spiralis ORAS NÉE AS EST ELA EE 0 Pine 0 ER AE EN CPR A 2 D' J. Juzuen. Liste des Bryozoaires recueillis à Étretat (Seine- Inféniéure)/tpar 1e D FiSCRôr 2 LR Ce duo Nour F. Larasre. Sur un Rongeur nouveau du Sahara algérien, Cteno- daclylus mzabi, n. sp. (avec 8 figures intercalées dans le texte). A. CERTES. Sur les procédés de coloration des organismes micros- copiques vivants. (Note complémentaire) Coloration des noyaux. A. CERTES. Sur la préparation et la conservation des organismes microscopiques (Note rectificative)..,.,,............... A. CERTES. Note sur la vitalité des germes de l’Artemia salina et du Blepharisma lateritia.......... QE de PÉTER E. SumicarasT. Note additionnelle à la première contribution à l'histoire maturelledu Mexique ; 4.420424 0h ere ec 231 Procés=-verbaux: 42e: ture BE A CL OR AS PACE QE XXV-XLVIIT AVIS L'auteur du mémoire qui comportait les planches IV et V ayant retiré son manuscrit, aucune planche ne portera ces numéros, Meulan, imp. de. A. Masson Be ANNÉE BULLETIN SOCIÈTÉ ZOOLOGIQUE | POUR L'ANNÉE 1881 — GERS — PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÈTÉ 1, rue des Grands-Augustins, 7 1881 Le Bulletin paraît tous les deux mois Es 3 00e ee: r 4 Ë Fr * r Pr ANT OURE MEULAN } imprimerie de SW À: MASSON We Z F DeeNTIriE & 45 + : SRE nas : : AMNH LIBRARY Mit 1] 100044105