•i;t:! m I . , Ul\}\:.: ■••■■■■ i!&fi .; .:i i ^ 1 1 JL l! 'i'IiliilîlH::;:^ X^ .(J^é/3 m BULLETIN DE LA f r SOCIETE D'HORTICULTURE DE CHEFlBOXJFia- 23^ ANNEE ANNÉE 1891 CHERBOURG IMPRIMERIE l'hoTELLIER, PLACE DU CHATEAU ET RUE DU BASSIN, l6 1892 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE DE CMEFIBOURO- -^.X^BÎ.g». 23^ ANNEE ANNÉE 1891 YORK :al q)o(S^OTANlC. CHERBOURG -IMPRIMERIE l'hOTELLIER, PLACE DU CHATEAU ET RUE DU BASSIN, l6 1892 A"VI S Les opinions exprimées dans les rapports et mémoires insérés au bulletin sont personnelles au auteurs. Le Comité de Rédaction peut autoriser l'insertion au Bulletin de tout article, que son auteur soit membre de la Société ou qu'il y soit étranger. CONDITIONS D" ADMISSION Pour être admis à la Société, il faut se faire présenter par un membre delà Société et être agréé par le Conseil d'administration. La cotisation annuelle est de 5 fr. ' Chaque membre reçoit gratuitement le Bulletin. RÉUNIONS Les séances ont lieu le premier dimanche de chaque mois, à i h. 1l2 après-midi au siège de la Société rue Montebello, 46. Les ordres du jour sont portés à la connaissance des sociétaires par la voie des journaux. Quand il ij a heu, des convocations so7it adressées à domicile. La séance de janvier, consacrée aux élections annuelles, a lieu, par anticipation^ le dernier dimanche de décembre. Membres d'Honneur de la Société Présidents d'honneur | Président honoraire M. le sous-préfet de rarrondisscment. M. le maire de Cherbourg. M. Emm. Liais ^, ancien directeur de l'Observa- toire impérial du Brésil, Vice-Président honoraire : M. Orry I Q, avoué honoraire. Membres du Bureau pour 1892. Président : M. le docteur Renault ^ Q, rue de la Poudrière, 4. Vice-Présidents, MM. Conseillers d'adminis- tration, MM. Cauvin, propriélaire, rue Bonhomme. 18. Lëvesque, marchand de fer, pi. de la Fontaine, 8. Hervieux, propriétaire, rue de l'Aima, 26. DE la Chapelle P, contrôleur des douanes retraité, rue de la Comédie, 41. Jolliet ^, chef de bataillon d'infanterie de marine retraité, rue du Chantier, 62. DuTOT, greffier du tribunal de commerce, rue MontebeIlo,56. Trésorier : M. Orange, agent comptable do la marine retraité, rue Bonhomme, 38. Secrétaire : M. Lelièvre, Paulin, rue de la Polie, 18. Secrétaires- \ Macé, Adrien, négociant, rue de la Duchée. adjoints, MM. i Thommin, commis de la marine, rue Cachin. Bibliothécaire : M. Noyon, rue de la Marine, BibHothécaire-adjoint : M. Cavron, Léon, horticulteur, rue- Gambetla. Commissions permanentes. cultures d utilité. MM. Lëvesque, président, Havard, maître principal du port retraité, v. -président. Le Carpentier, avocat, rap- porteur. Lemagnent, horticulteur. Paysant, ^, maître au port, retraité. Maillard, négociant. " cultures d AGREMENT. MM. Cauvin, président. NicoLLET, I p, professeur en retraite, vice-président. d'Aboville, propriété, rap- porteur, Corbière p, professeur de sciencesnaturelles au lycée. Legrin, avocat. \ Rosine, ancien avoué. Comité de Rédaction. MM. DE LA Chapelle ||, président. Dutot, secrétaire. MM. les membres du bureau. — MM. Corbière, p, Nicollet I Q, d'Aboville. Directeur du jardin : M. Hervieux. Professeur d'arboriculture : M. Lëvesque. Délégué pour convoquer aux inhumations des sociétaires • M. d'Aboville, rue Bondor, 21. BULLETIN DE 1891 TABLE DES MATIÈRES Marcanville. p. Lelièvre. DE LA Chapelle . L. Corbière. R. d'Aboville. P. Lelièvre . R. d'Aboville. P. Lelièvre. R. d'Aboville. DE LA Chapelle, E.. d'Aboville, et La Rédaction. J. Levesql'E. La Rédaction, P. , Lelièvre. DE Lapparent. La ; Rédaction. J, Levesque, Cauvin. M. Le i Rédaction. m. Id. Pages. Composition du Bureau et des Commissions permanentes pour 1892 Chronique horticole 5 Extraits des procès- verbaux des séances. . . . 11 Excursion de la Société Linnéenne de Nor- mandie à Granville et à Chausey(juin 1891). 32 Compte rendu des excursions botaniques faites par la Société Linnéenne de Normandie aux environs de Granville (juin 1891) 37 Rapport sur les effets de l'hiver 1890 91. . .. 45 Les végétaux considérés comme thermomè- tres enregistreurs 68 Visites dejardms 71 Roscoff et Tourlaville. Leurs cultures 75 Les jardins et jardiniers de Cherbourg (suite) jardin de M . Pierre Gosselin. . . . < 81 Bibliographie 83 Revue des publications ■. . 86 Jurisprudence. Protection contre les chats. Droit de les tuer comme animaux nui- sibles 90 Tahiti 93 Taille de la vigne, selon la méthode de M. Dezeimeries 100 La température 104 Compte rendu de l'Exposition de Valognes (septembre 1891) 111 Rosiers nouveaux 115 Notre nouveau jardin d'arboriculture pratique. 1 22 Nécrologie , 122 Errata 124 Membres admis 127 CHRONIQUE HORTICOLE Bataille de fleur» et de fourrages. — Fête de nuit et concert. — a Le matthiola sinuata, » plante indigène. — Déménagement. — Elections annuelles, influenza, le Chroniqueur aux arrêts. — Distinction honorifique. — Si la Société d'horticulture n'a organisé cette année aucune exposition, même partielle, il y a eu du moins une fête dans laquelle un grand nombre de belles plantes et de fleurs ont été montrées au public. Il nous paraît que c'est au chroniqueur à dire quelques mots de cette fête, qui a été organisée en dehors de notre Société et à laquelle notre bureau a témoigné sa sympathie en votant une modeste subvention. L'initiative de cette fête, intitulée : Cavalcade enfantine et bataille de fleurs, est due, pour la plus grande part, à notre col- lègue et ami, M. Alfred Rossel, dans le but de procurer des secours aux familles des marins naufragés. L'administration municipale a, d'ailleurs, autorisé et favorisé l'entreprise. Le 28 juin 1891 , une cavalcade a parcouru la ville suivant un itinéraire fixé; elle était divisée en deux parties distinctes : les chars de fleurs, de musique et de quêteurs, et la cavalcade villageoise. Pour la première partie, les horticulteurs avaient gracieusement prêté leur concours et installé les chars à leurs frais. — Avant d'aller plus loin, il est du devoir du chroniqueur ^ de déclarer qu'il n'a eu, pour ainsi dire, qu'à transcrire les notes S2 que le secrétaire-général de la Société lui a remises avec les '-'j listes des plantes, d'après les renseignements fournis par les ^ horticulteurs eux-mêmes. Il y avait dix chars, dont quatre décorés par MM. Balmont, Léon Gavron, Halopé et Levée! aine, puis celui de la Société ^ Colombophile (cages de pigeons, dont le lâcher a eu lieu sur la place d'Armes pendant le trajet), ce char était décoré de verdure et de fleurs par M. Letullier, celui des sonneurs de trompe, avec des guirlandes d'œufs, celui de la cuisine (un fourneau gigantesque avec beaucoup de jambons), celui de VUnion, et une petite barque à voiles avec un équipage enfantin. Il y avait, en outre, d'autres voitures, environ une douzaine, décorées de fleurs et de feuillages, parmi lesquelles il faut citer celle du comité de la cavalcade, celles des sociétés de gymnastique Cherbourg et La Patriote^ celle de M. Belmont (place de la Fontaine), voiture très mignonne, décorée par M""' Halopé, et remplie de charmants enfants. N'oublions pas de mentionner, parmi les personnes qui ont prêté leur concours pour la décoration des voitures, M°" veuve Le Contour, née Augustine Letellier, qui a obtenu souvent, à nos expositions, (notamment à celle de 1890) des récompenses pour ses corbeilles et bouquets. D'autres dames et demoiselles ont aussi prêté leur gracieux concours. Un rapide aperçu sur les plantes prêtées par nos horticulteurs : M. Balmont: palmiers, araucaria excelsa, dracsena variés, rosiers, pelargoniums, bégonia rex, bégonia tuberculeux, maran- ta variés. M. Léon Cavron : cyathea dealbata, chamœrops humilis, anthurium crystallinum, kiesea hieroglyphica, hoteia Japonica, campanules, azalea-reine-Albert, iris d'Espagne, glaïeuls blanc, nombreuses et belles roses disposées avec beaucoup de goût. M. Halopé : au centre du char, un fort latania borbonica; aux quatre angles, un cyathea medullaris, un alsophila australis (fougères), un phœnix reclinata et un areca sapida (palmiers) . Petites plantes: adiantum cuneatum, kentria Balmoria, k. Forste. riana, k. Canterburiana, cocos campestris, corypha australis, cycas revoluta, latania barbonica, coleus variés, lobelia royal pourpre, géraniums et pétunias variés. Tout autour, guirlandes de roses sur fond de verdure pour 7 — dissimuler les roues et le derrière du char, deux gerbes de fleurs à la place des lanternes. M. Levéel aine : musa sinensis et paradisiaca,strelitzia augusta areca Baueri et sapida, phœnix canariensis, corypha australis, géraniums, campanules, etc. Dire que pas une de ces plantes n'a été endommagée serait dire une invraisemblance, si l'on considère l'empressement tumultueux autour des chars, des citoyens de l'avenir — en langage vulgaire, des gamins. La seconde partie de la cavalcade était, dans son genre, très réussie, et la couleur locale y était rigoureusement observée. Tous nos compliments à l'organisateur. Sa description devrait trouver place dans une Chronique agricole^ mais puisque notre Société d'Agriculture n'a ni bulletin, ni chronique (personne n'est parfait\ disons-en quelques mots : Voiture de blé, paysan conduisant plusieurs vaches et quelques veaux, paysanne tenant avec amour un jeune cochon (chez nous, on dit un vêtu de saie), une paysanne assise près d'un tounè de hère et simulant un bon plumet, une charrette de paysans parmi lesquels M. Gohel, auquel je conserverai l'épithète d'inimitable jusqu'à ce qu'on lui trouve un imitateur. (*) M. Gohel chantait son répertoire et était soutenu par ses compagnons. Dans la rue de la Fontaine, un peu avant la fin de la tournée, a eu lieu la bataille de fleurs. On s'est jeté les uns aux autres, on a jeté au public (mettant un peu plus de moelleux en s'adressant aux dames) un grand nombre de roses et autres fleurs, mises gracieusement et abondamment à la disposition du comité par nos horticulteurs. Quand les fleurs ont manqué, on a fini par mettre en pièces plusieurs bottes de tremaine (trifolium pra- tense, var sativum) qui se trouvaient dans une charrette villa- geoise. On s'est surtout acharné sur la paysanne au vêtu de saie. Celui qui gardait, peut-être le seul, son sang-froid, c'était le (*) Nous lui connaissons pourtant un devancier, mais il ne se fait entendre que dans 1 intimité la plus restreinte. — 8 — cheval monté par un brigand (un citoyen paisible ainsi costumé, l'habit ne fait pas le moine) le cheval faisait une copieuse collation avec la tremaine qui jonchait le sol autour de lui. Mais je m'éloigne de l'horticulture, revenons-y. — Le Jeudi 30 juillet, une fête de nuit a été donnée dans le jardin de la rue Montebello^ aux sociétaires et à un certain nom- bre d'invités. Comme parmi ceux-ci il y avait des officiers de la marine impériale russe, l'hymne national de cette nation amie a été exécuté par la fanfare que dirige M. Thommin, et qui nous offre si souvent son gracieux concours, qu'on pourrait l'appeler « la fanfare horticole. » Elle est composée en grande partie de membres de l'Union. Les sonneurs de trompe, dirigés par M. Beau- lieu, s'y sont fait entendre également. L'illumination, organisée par plusieurs sociétaires très zélés parmi lesquels il y a lieu de citer M. R. d'Aboville, comprenait, entre autres, une certaine quantité de verres blancs et bleus, disposés sur la pelouse, de manière à figurer le pavillon russe. — Avec le mois d'août commence pour quelques-uns d'entre nous le moment d'aller à la campagne. Il n'y a pas partout des jardins intéressants, mais on peut s'en dédommager en étudiant les fleurs des champs. Quand j'étais tout jeune, mon grand-père, auquel je dois mes premières notions de botanique, se plaisait à me faire con- naître certaines plantes, particulières à la flore de Flamanville et des environs. Il en est une dont il m'a souvent parlé, sans jamais me la faire voir, c'est le matthiola sinuata (giroflée sinuée) que les flores de Normandie indiquent, avec la mention: très-rare, dans les champs sablonneux du littoral des Pieux et du Rozel. Pen- dant longues années, je n'ai connu cette plante que par Yexsicca- tum de mon herbier, dont les fleurs ont disparu. Au mois de juillet dernier, M. Paul Lepelletier, horticulteur et membre de notre société, m'a montré dans son jardin une plante que j'ai reconnue pour être le «matthiola sinuata », il l'a obtenue de graines qu'on lui avait apportées de l'endroit sus désigné. — 9 — L'aspect est celui de nos giroflées ordinaires, si ce n'est que les plus grandes feuilles sont plus ou moins dentées ou sinuées : la fleur est d'une charmante couleur lilas tendre, lavée de blanc vers le centre: à la différence des giroflées que nous cultivons, elle est complètement inodore. M. Lepelletier va essayer, par la culture, d'obtenir des variétés de couleur, ou des fleurs doubles. En attendant, il m'a donné plusieurs jeunes pieds que j'ai repi- qués et qui sont repris. L'horticulteur était satisfait, mais non le botaniste, qui aime à trouver les plantes dans leurs stations naturelles. M, Corbière m'ayant donné quelques indications de nature à circonscrire le champ de mes recherches, je m'y suis rendu le 8 août, et à la limite des champs sablonneux et de la plage de Sciotot. juste en face le hameau de ce nom et de la Roche à Coucou, j'ai trouvé deux forts pieds en graine, portant encore quelques fleurs, et un certain nombre de jeunes pieds de l'année. Quelques-uns de ceux-ci poussant en plein sable, ont été facilement enlevés avec leur longue racine pivotante, et je les ai replantés dans mon jardin de la campagne. Je n'ai pas poussé plus loin mes recherches, il ne faut pas détruire les stations Ç). J'ai eu l'occasion de remarquer, au château de Flamanville, le nigella damascena à fleur blanche; je ne connaissais que le type qui est à fleur bleu pâle, et qui se reproduit, de graines, dans nos jardins, souvent plus qu'on ne le voudrait. — Notre jardin d'arboriculture fruitière, situé impasse Dorival, ayant été vendu il y a environ deux ans, appartient à un nouveau propriétaire qui, voulant en jouir lui-môme, n'a point renouvelé notre bail. Au moment où j'écris ces lignes, la Société cherche un autre terrain pour y continuer les mêmes études. (*) Le jour même où l'on a commencé limpression de cette chronique, un jeune botaniste, gendre d'un de nos meilleurs collègues, m'apprend qu'il a trouvé le matthiola sinuata sur le littoral de Nacqueville. 11 a vu sur le bu-eau de mon jardin quelques graines queje destine à « créer une nouvelle station » dont l'emplacement n'est pas encore choisi. Quant à la station de Nacqueville, si elle est de façon de quelqu'un, elle n'est pas de la mienne. — 10 — Nos élections annuelles, qui ont eu lieu, comme d'usage, le dernier dimanche de décembre, n'ont apporté aucun changement dans la composition du bureau et des commissions. Tous ont été réélus, soit à l'unanimité, soit avec une majorité plus marquée que précédemment. Notre président a été réélu pour la 19° fois ce qui n'est arrivé pour aucun de ses prédécesseurs. Exception- nellement, il n'assistait point à la séance des élections, on sait pourquoi : l'influenza qui a reparu cette année ne lui laisse pas un moment de repos. Du moins, cette fois-ci.il n'y a point payé tribut. — Bien que notre Société ne soit pas menée militairement, le prési- dent a dû mettre aux arrêts un certain nombre de sociétaires, dont plusieurs membres du comité de rédaction, ce qui ne les a pas empêchés de travailler pour le bulletin — au contraire. En ce qui me concerne, pendant ma courte réclusion, j'ai passé en revue tous lesBulletins de notre Société, dont jeconserve pré- cieusement la collection complète. J'y ai retrouvé que, à l'exposi- tion de 1872, il a été fait une mention très honorable de l'ouvrage de M. le docteur Boisduval, « Essai sur l'Entomologie horticole. » Ce travail existant dans notre bibliothèque, il n'y a pas lieu de continuer le petit travail commencé dans le Bulletin de 1888, sous le titre « Quelques notions d'Entomologie à l'usage des horticulteurs » . — Parmi ceux de nos concitoyens qui ont obtenu des distinc- tions honorifiques depuis l'impression de notre dernier Bulletin, nous citons, avec plaisir, un membre de la Société, M. Pignot, président de la Société de Secours mutuels la Cherbourgeoise, et entrepreneur de travaux publics, auquel les palmes académiques ont été décernées le 14 juillet dernier. Cherbourg, le 11 février 1892. Marcanville. ~ 11 — EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE L'ANNÉE 1891 SÉANCE DU 2 FÉVRIER. Effets de l'hiver 1890-1891 ; — L'a\olla caroliniana ; — Le suc des nepenthès; — Une fougère, — La poire de Néhou; — La pomme rabattue. 38 membres présents. M. le président fait part à la Société du décès de M. Nicolleau et rappelle les services rendus par ce sociétaire infatigable et des plus dévoués f) M. le président dit que les décès et les changements de résidence surtout, ont fait perdre à la Société un certain nombre de membres et qu'il serait bien à désirer que l'on tâchât de faire de nouvelles recrues. Car, l'hiver 1890-1891 occasionnera de grands frais pour le remplacement des arbres morts dans le jardin de la rue Monte- bello. Non seulement, les grands dracœnas de ce jardin sont morts, maiscelui deM. Orange qui a fleuri, pour la première fois, en 1872, parait avoir subi le même sort. M. Emm. Liais pense, dit un sociétaire à cette occasion, qu'un certain nombre de végétaux ne sont pas entièrement morts et repousseront au printemps. M. le président fait remarquer que ce n'est pas, surtout, le froid, mais l'abaissement subit de la température qui a causé tant de dommages. M. Gauvin dit qu'à Caen le thermomètre est descendu à moins 22°, que les pommiers en cordons sont morts. (*) Si les paroles prononcées par M. le président ne sont pas repro- duites in extenso, c'est qu'une notice nécrologique, publiée au Bulletin de 1890, indique les services rendus par M. Nicolleau. — 12 — M. Levesque dit, aussi, qu'il est mort des arbres à fruits dans les campagnes avoisinant Cherbourg. Il est 1q un intéressant article de M. Denis, dans le bulletin de la Société d'horticulture de 1879 sur les effets de l'hiver 1879- 1880; ce qui permet d'établir une comparaison avec la saison que nous traversons. La Revue horticole signale comme envahissante l'azoUa caroli- niana. Nous en avons eu la preuve au jardin de la Société et dans les mares des environs où M. de la Chapelle en avait mis. Ce sociétaire avait entendu dire que cette plante détruisait la lentille d'eau; c'est le contraire qui est arrivé. M. Gauvin entretient l'assistance d'un article du bulletin de la Société centrale d'horticulture, rédigé par M. Duchâtre et dans lequel il dit que: d'après certains auteurs, la liqueur des nepen- thès détruit les insectes; d'après d'autres, les pourrit; et d'après d'autres encore, n'a aucune action sur eux. M. Bertin dit que certains liquides sécrétés par les plantes, par exemple le suc de la papaye, désagrègent la viande. M. le docteur Renault répond que le fait est exact et qu'on en tire parti en médecine. Il ajoute que, puisque M. Emm. Liais possède une nombreuse et belle collection de nepenthès, il serait facile de faire des expériences sur l'action du liquide formé par ces plan- tes; car, il y a lieu de penser que M. Emm. Liais s'y prêterait volontiers. M. Bertin ajoute que certaines plantes retiennent les insectes. Il lui est répondu qu'il en est ainsi pour les sarracenia et qu'il y en a même d'indigènes non loin de Cherbourg. 11 est, ensuite, question d'une fougère notochlena vellêa, reçue de Banyuls par M. Corbière, qui dit que cette plante n'était connue que comme se trouvant en Corse, et qu'elle a été découverte dans les Pyrénées-Orientales. La Société de pomologie française (d'après son bulletin) s'est occupée, dans la séance d'octobre 1890, d'une pomme appelée de Néhou^ envoyée par M. Levesque avec une note indiquant que les — <3 auteurs désignent à tort ce fruit sous le nom de Méhou^ tandis quec?e Néhou, est son vrai nom et celui d'une commune du dépar- tement de la Manche (arrondissement de Valognes). M. NicoUet demande à M. Levesque s'il connaît la pomme appelée rabattue dans les environs de Cherbourg. A Hainneville, on cultive surtout ce fruit. Seule, cette année, cette pomme a produit; elle est, en général, très-fertile. M, Levesque dit que M. Levieux l'estimait beaucoup. Il doit la posséder; mais il n'a pas fait de remarques à son sujet. Il est rappelé que la Société d'agriculture a nommé une com- mission composée de trois membres de la Société d'horticulture : MM. Nicollet, Corbière et Levesque pour étudier, dans un champ d'expériences, l'anthonome et les moyens de le détruire. La Société d'horticulture espère qu'il lui sera fait part des observa- tions et des travaux de cette commission. SÉANCE DU \" Mars. La pomme Cherbourg; — Une fougère translucide; — Efets de l'hiver; — Envoi de Tahiti; — Communications diverses. 41 membres présents. M. d'Aboville lit une note fort intéressante sur la pomme Cherbourg qu'il avait remarquée à l'exposition de Caen. M. Latour, qui l'avait présentée, a bien voulu donner à M. d'Aboville les renseignements qu'il possédait sur ce fruit dont il a envoyé un spécimen; mais il ignore d'où lui vient son nom. M. Latour a envoyé, également, des spécimens de l'anthonome et des renseignements sur la destruction de cet insecte sont don- nés dans la note de M. d'Aboville. Ce sociétaire est prié de remercier M. Latour et lui-même il reçoit les remercîments de l'assistance. M. de la Chapelle dépose sur le bureau un exemplaire de sa brochure : « Souvenir d'une excursion à Serck et à Guernesey, » dont il fait hommage à la Société. — 14 — M. de la Chapelle présente une fougère translucide : tricho- manes radicans. Dans le pot où elle se trouve, on voit des pousses nouvelles, M. Lelièvre lit des passages d'un rapport qu'avait demandé M. le sous-préfet, au sujet des pertes considérables subies par les maraîchers et les horticulteurs de l'arrondissement pendant l'hiver 1890-1891. Ce rapport se termine en exprimant le vœu que des démarches soient faites auprès des compagnies de chemins de fer, en vue d'obtenir des réductions pour le transport des plantes. Plusieurs sociétaires font part du décès de M. l'abbé Le Jeune, curé de Benoistville, qui était un horticulteur distingué. Il avait envoyé, pour notre dernière exposition, de beaux légumes qui arrivèrent trop tard par la faute de la personne qui était chargée de les remettre. Il est lu un très-intéressant article de M. Le Roux, au sujet de la température pendant les périodes de froid que nous avons tra- versées. M. Levesque lit une lettre de M. Picquenot, commis des colo- nies à Papaete (Tahiti) qui lui avait envoyé des graines qui ont été remises à M. Liais, pour être essayées dans ses serres. M. Picquenot sera remercié de son gracieux envoi. SÉANCE DU 5 Avril. Envois de greffes par M. Angran; — Bois perforé par un insecte; — Envoi de poires à la société de pomologie par M. Levesque, M. Angran, de Rouen, a envoyé une nombreuse collection de greffes, surtout de pommes à cidre et de poires à poiré qui sont distribuées aux sociétaires qui en désirent. De vifs remercîments seront transmis à M. Angran. M. Levesque dit qu'une partie des espèces envoyées sont con- nues ici, que beaucoup sont bonnes, mais que quelques-unes ne réussiraient pas dans notre contrée . — 15 — M. Levesque présente une branche de pommier qui a été per- forée, dans le bois sain, sur une longueur dedix centimètres, par la larve d'un insecte qui s'est logée au fond du trou qu'elle avait fait pour s'y transformer en chrysalide. La branche a été perforée de bas en haut. On voit la chrysalide dans le trou. La branche était à 6 mètres du sol. M. le docteur Renault dit qu'en 1868, la Société d'horticulture avait été consultée sur l'insecte qui perforait les peupliers du cimetière. On trouva que c'était la sësie apiforme. M, le prési- dent ajoute que la larve présentée par M. Levesque pourrait être la même et que l'insecte creuse, avec ses mandibules, une sorte de galerie dans le bois, en l'amollissantavec l'espèce de salive qu'il secrète. M. Levesque est remercié de son intéressante commu- nication. Dans les publications reçues, notamment dans le Bulletin de la Société d'horticulture de Seine-et-Oise, on trouve divers articles dans lesquels il est question d'une nouvelle théorie de circula- tion de la sève qui détruit celle de la sève ascendante et des- cendante. Le Bulletin de la Société de pomologie signale l'envoi, par M, Levesque, à cette association, de poires (beurré Henri de Cour- celles ei Charles Cognée)^ et de renseignements sur les résultats obtenus à Cherbourg avec ces fruits. La Revue horticole publie une lettre de M. Levesque rendant compte des pertes éprouvées à Cherbourg pendant l'hiver 1890- 1891. La même publication signale plusieurs plantes pour boucher les vides causés par l'hiver dans les jardins : le ricin^ le polygo- num orientale^ le datura. Il est présenté des spécimens de tuteurs envoyés par la société des bois de Normandie, à Lisieux. Ces tuteurs en chêne coûtent : 1"10, 0 f. 19 c; l'^âO, 0 f. 23 c. Avec le port, ils reviennent à environ 25 c. en moyenne. — <6 — SÉANCE DU 3 Mai. L'anthonome; — Ses moyens de destruction; — La phalène e^euil- lante; — Communications diverses. 43 membres présents. Dans la Revue horticole, une note est consacrée à la greffe herbacée de la vigne que M. Levesque dit avoir pratiquée plu- sieurs fois. Le même sociétaire a trouvé dans la Maison de Campagne du 1" avril un article de M. le docteur de Maisonneuve sur l'antho- nome. D'un autre côté^ M. d'Aboville a reçu de M. de Maisonneuve une brochure sur le même sujet. Iliésulte de ces travaux, d'après leur auteur, que « l'antho- » nome adulte pond ses œufs en automne et les introduit dans » les boutons à fleurs; l'œuf passe là tout l'hiver, et ne donne » naissance à la larve que vers la fm de la saison froide. Cette » larve dévore la fleur, en commençant par les étamines. » D'autre part, l'insecte parfait ne ménage pas ses piqûres aux » boutons, pour se nourrir des organes que ceux-ci renferment.» M. de Maisonneuve fait observer qu'il est fort difficile de recon- naître pendant l'hiver, à première vue, les boutons attaqués, la piqûre de l'insecte étant très-peu apparente; mais lorsque la sève commence à circuler, les boutons atteints se recouvrent d'un liquide visqueux brunâtre, lequel suinte par la piqûre. Pour arrêter les ravages de l'anthonome, M. de Maisonneuve a fait répandre sur les poiriers, à l'aide d'un pulvérisateur, un mélange formé d'une dissolution de sulfate de cuivre et d'un lait de chaux, avec une certaine quantité de jus de tabac. M. Nicollet dit qu'il a recueilli des anthonomes ayant passé l'hiver et il en montre des spécimens. Ce sociétaire n'est pas de l'avis de M. de Maisonneuve. Il se demande si la ponte s'effectuait en automne ou en janvier, com- ment il se ferait que l'insecte vécût aujourd'hui; car, il est re- connu que presque tous ,les coléoptères meurent après la repro- — 47 - duction. Il y a lieu, plutôt, de penser que la ponte se fait à cette époque de l'année où la fleur va s'ouvrir. Le ver se nourrit de l'étamine et du pistil; les pétales ne sont pas attaqués. Si l'in- secte naissait en février, de quoi se nourrirait-il, se demande M. Nicollet? Ce sociétaire dit avoir ouvert le 1" mai des boutons prêts à s'épanouir et n'avoir rien découvert. Il pense que la ponte n'était pas encore faite. M. Levesque avait présenté, à une précédente séance, la phalène effeuillante, chenille arpenteuse, qui, sur une branche d'arbre, imitait un bourgeon. Le papillon qu'elle a produit est remis à M. Nicollet qui l'étudiera et le déterminera. M. Levesque présente des cônes de Wellingtonia gigantea, pro- venant d'une propriété de Martinvast, et un cône desséché de l'araucaria imbricata . Sont déposés sur le bureau des spécimens des bois des arbres et de dracoenas morts dans le jardin de la Société. M. Lebouteiller a envoyé, pour être distribuées, des graines de dracœna indivisa. M. Lepelletier a déposé sur le bureau deux exemplaires d'un beau pelargonium à fleurs blanches très doubles. Madame Thi- bault, qu'on peut se procurer chez lui. Il est lu dans le journal le Cidre et le Poiré du 1 =' mai un arti- cle de M. Levesque sur la greffe anglaise. M. de la Chapelle fait une communication au sujet de la Clan- destine, originaire de la Loire-Inférieure, comme l'a constaté un de nos correspondants, M. de Saint-Germain f). M. le président annonce qu'un certain nombre de plantes ont été achetées pour combler les vides causés par l'hiver dans le jardin de la rue Montebello. Un sociétaire dit que c'est par milliers qu'on a envoyé de (*) Cette plante croissaDt avec de nombreuses touffes d osmunda autour d'un vieux saule, s'est naturalisée à Flamanville auprès d'un osmunda provenant de la station sus désignée. L'an dernier nous le pensions, cette année nous l'affirmons. H. l. c. — 18 Cherbourg et des environs, cette année, des œilletons d'arti- chauts à Paris et dans l'intérieur. Séance du 5 Jujn. L'anthonome; — Soins à donner aux arbres pour s'en débarrasser; — la mouclic St-Marc; — Notice de M. Rosette sur la culture des chrysanthèmes; — Communications diverses. 32 membres présents, A propos de la lecture du procès-verbal de la séance précé- dente, M.d'Aboville fait remarquer que l'insecte dont s'est occupé M, de Maisonneuve est l'anthonome du poirier. M. Nicollet répond que la différence est peu sensible entre l'an- thonome du poirier et celui du pommier. M. Nicollet croit toujours que la ponte de cet insecte ne se fait qu'au printemps; il montre des spécimens qu'il a trouvés de vers qui se sont changés en nymphes (*) et en insectes parfaits. La nymphe de l'anthonome a le bec recourbé sons le ventre. Des habitants de la campagne voyant qu'il faisait des recher- ches de l'anthonome ont signalé à M. Nicollet la mouche St-Marc (bibio marci nigra) qui apparaît au moment où les fleurs du pom- mier ouvrent, vers la St-Marc. M. le secrétaire a trouvé une certaine quantité de ces mouches; il les a placées dans des conditions favorables pour les faire éclore et ses expériences l'en font se rapporter aux entomologistes qui prétendent que la mouche en question éclôt dans la terre et dans le fumier. Pour lui, elle est complètement inoffensive, quoique les paysans lui attribuent le mal causé aux pommiers, parce qu'ils le voient voltiger et non l'anthonome. M. Nicollet dit qu'il existe, aussi, le bibio hortula, dont le mâle est rouge et la femelle noire. (*) Les insectes à métamorphoses éclosent à l'état de larve, se trans- forment en nymphes, puis en sortent à l'état parfait. L'usage est d'ap- peler chenilles les larves des papillons, et chrysalides leurs nymphes. — 49 — Il ajoute qu'il n'a pas vu d'anthonome voler; en en disséquant, il a bien trouvé des ailes; mais elles lui ont paru trop rudimen- taires pour permettre de voler. M. Levesque dit qu'ayant enfermé, chez lui. dans une boule à treillage métallique, des fleurs contenant des anthonomes, ces insectes sont venus se placer sur l'abat-jour d'un bec de gaz. M. Nicollet répond qu'il est possible que l'anthonome, comme beaucoup d'autres insectes, ne vole que la nuit. M. Nicollet est vivement remercié de son intéressante commu- nication. M. Levesque dit que, dans un article du journal le Cidre et le Poiré il est prétendu qu'aucun badigeonnage n'amène la destruc- tion de l'anthonome. M. Nicollet pense qu'avec du sulfate de fer ou de chaux et avec un lait de chaux on peut les détruire. M. le docteur Renault dit qu'il est bon de nettoyer les arbres avant de les badigeonner. M. Levesque répond qu'un propriétaire des environs avait nettoyé et sulfaté ses pommiers et qu'il était désolé d'avoir trouvé cependant, des larves de l'anthonome. Qui dit, répond à son tour M. Nicollet, que ce ne sont pas des anthonomes d'arbres voisins qui sont venus remplacer ceux qui ont été détruits ? M. le docteur Renault ajoute que, ce ne peut-être que par des successives de traitements qu'on arriverait à en débarrasser complètement les pommiers. M. d'Aboville communique une lettre de M. Rosette, horticul- teur à Caen qui, en souvenir du bon accueil fait à ses produits à l'exposition de l'an dernier, a envoyé quelques notices sur la culture des chrysanthèmes, pour être distribuées, et qui se met à la disposition de la Société, pour les renseignements dont elle aurait besoin . M. le président dit que les commissions ont décidé qu'il serait fait une enquête sur les plantes mortes ou ayant résisté à la suite — 20 ~ de l'hiver et il donne connaissance d'un modèle de tableau qui sera adressé aux horliculteurs et à divers propriétaires pour être rempli de façon à permettre aux commissions de faire un travail d'ensemble. M. Levesque montre des débris de tubercules de glaïeuls que l'hiver a détruits. M. Thommin présente deux photographies faites par lui (dont l'une d'une partie du jardin public). M. le président engage M. Thommin à faire quelques reproduc- tions de jardins, par exemple de celui de la Société. M. d'Aboville présente une fleur de boule de neige remarqua- blement belle par sa forme et sa dimension. M. Levesque signale dans la Revue horticole du 16 mai un article sur la taille de la vigne par la méthode Dezeimeries qui peut être appelée à rendre de grands services. Il est décidé que cet article sera reproduit dans le bulletin de la Société. Dans la même publication on trouve: i° une notice sur le lobelias vivaces hybrides qui ont parfaitement résisté à l'hiver 2° des renseignements sur l'influence du froid à Brest et dans le environs. Les effets ont été là à peu près les mêmes qu'à Cher- bourg. Le pinus insignis y a souffert comme ici^ ainsi que l'arau- caria imbricata qui, à Cherbourg, paraît avoir résisté. Séance du 5 Juillet. Anthonomes iués par lait de chaux et sulfate de fer; — Rapports de visites de jardins; — La Société linéenne à Chausey; — Cheimatobia brumata, inse&te ravageur des pommiers; — Tavelure des feuilles du pommier. 28 membres présents. M. Nicollet montre des anthonomes parfaitement morts qu'il a soumis à l'action d'un lait de chaux additionné de sulfate de fer. M. le président présente le bulletin qui va être distiùbué. M. d'Aboville, n'ayant pu assister à la séance, a envoyé son — 21 — rapport (dont il est donné lecture) sur les visites faites par les commissions aux jardins de MM. Rossel aine et Paysant. M. de la Chapelle lit un intéressant récit de l'excursion aux îles de Chausey de la Société Linnécnne de Normandie. Il y est question d'une communication faite par M. Lecœur, pharmacien à Vimoutiers, sur un insecte: cheimatobia hrumata (famille des Phalènes), qui ravage les pommiers. M. le docteur Renault a vu, dans la vallée d'Auge, les ravages de ce terrible insecte (plus redoutable que l'anthonome) qui détruit non-seulement les fleurs, mais aussi les feuilles des arbres. M. Nicollet croit avoir connu le mâle; mais il n'a pas trouvé la femelle. Celle-ci a des ailes rudimentaires et impropres au vol. Des spécimens et des renseignements seront deuiandés à M. Lecœur. M. Levesque fait une communication sur la tavelure des feuilles du pommier due à une sorte de cryptogame de la famille de roïdiuQi. M. Levesque dit qu'il sera remis à quelques membres du bu- reau des fraises du jardin de l'impasse Dorival ayant donné de bons résultats, notamment l'espèce lucida superba, qui a l'avan- tage d'être tardive. A cause de la pluie, il n'a pu en apporter à la séance. M. Lelièvre lit un rapport préparé sur la demande de M. le sous-préfet, pour être soumis au conseil d'arrondissement. Les conclusions, qui sont les suivantes, sont adoptées à l'una- nimité des membres présents : « En résumé, les vœux que la Société d'horticulture recom- » mande à la bienveillante attention du Conseil d'arrondissement » et du Conseil général sont les suivants: » 1° Maintien et même augmentation, s'il était possible, des » subventions du gouvernement et du département, pour lui » permettre d'encourager davantage encore l'horticulture, et de II. — 22 — » réparer les pertes causées par l'hiver 1890-1891 dans son jar- » (lin d'expériences d'acclimatation; » 2" Indemnitésaux horticulteurs et aux jardiniers à la journée » pour les pertes causées par le froid ; .) 3° Diminution des frais de transport par voie ferrée des D plantes vivantes, considérant, surtout, qu'elles ne peuvent être B envoyées qu'accompagnées de terre ; » 4° Pour éviter des démarches, souvent gênantes, à nos hor- » ticulteurs faisant des expéditions, — dispense de production de » certificats indiquant que le phylloxéra ne sévit pas dans notre » réc'ion où il est inconnu et où on ne cultive pas la vigne à l'air » libre; » 5° Organisation de cours d'arboriculture et de collections de j) reproductions de pommes à cidre et de fruits de table dans les » écoles de chaque canton de l'arrondissement ; » 6° Protection, aussi efficace que possible des petits oiseaux V et emploi de moyens pour leur repeuplement dans les campa- » gnes. » SÉANCE DU 2 Août. Rapports; — Cheimatobia bnmala; Mœurs; Modes de destruction; L'anthonome; Moyens de destruction; — Pertes causées par l'hwcr; - Concert au jardin; — Apports d'œiltets et de poires. M, de la Chapelle a envoyé un rapport sur une visite des jardins de M. Fenard, travail dont il est donné lecture. Le secrétaire de la Société, comme cela a été décidé à la der- nière séance, a écrit à M. Lecœur, pharmacien à Vimoutiers, qui s'est occupé de l'étude de la cheimatobia hrumata ou Phalena hyemale, insecte encore peu connu ici et qui ravage les pommiers de la vallée d'Auge. M. Lecœur a envoyé deux cheimatobies mâles, de l'an dernier, qui ont été remises à M.NicoUet et qui sont montrées à la Société. Il a ajouté à l'envoi un dessin de la femelle. La couleur générale est noire, lavée de roux, avec écailles blanches formant de petites — 23 — taches ça et là sur l'abdomen et les ailes, et donnant un peu de gris à l'aspect du papillon, — ailes très courtes et très petites. Dans le recueil des actes administratifs de l'Orne M. Lecœur a publié la note suivante : » La chenille verte des pommiers ou cheimatobie d'hiver » [cheimatobia brumata) Mœurs : \° œufs pondus par le papillon » à partir du \o octobre jusqu'aux fortes gelées de décembre; » 2° Ces œufs restent tout l'hiver sur les bourgeons et éclosent » à partir du 20 avril et jusqu'au 20 mai environ. » 3" Les chenilles d'un vert noirâtre ou jaunâtre vivent jusque » vers le 15 juin sur le pommier où elles sont écloses et dont » elles dévorent toutes les fleurs et toutes les feuilles ; » 4° Du 10 au 15 juin, les chenilles se laissent tomber des » pommiers, s'enfoncent en terre pour s'y transformer en chrysa- » Udes et restent dans cet état pendant les mois de juillet, août, » septembre et octobre ; » 5° A partir du 15 octobre environ, les papillons sortent des » chrysalides, puis de terre, et les papillons femelles qui ne n peuvent voler, montent sur le pommier, par le tronc, dans les ■n branches, pour y pondre sur les bourgeons. ;> MODES DE DESTRUCTION : y> 1" Destruction des chenilles. — Entourer le tronc, à partir » du 20 mai, d'une bande de papier large de 0"30 collée à la colle » de farine, puis l'enduire de goudron de Norwège; » Secouer, ensuite, les branches des pommiers pour faire » tomber les chenilles et rebadigeonner la partie supérieure des » bandes avec le goudron sans attendre que les bandes sèchent; » continuer à les entretenir ainsi jusqu'au 1 5 juin ; » '^° Destruction des papillons. — Rebadigeonner à partir du »15 octobre, jusqu'en novembre si besoin est, les anciennes » bandes de papier goudronnées du mois de juin précédent. Les » femelles pourvues d'ailes trop courtes pour voler se colleront » sur ces bandes en voulant monter sur le pommier pour y — 24 — » pondre. Chaque femelle supprimée représente la destruction de » 25 chenilles pour le printemps suivant. » Dans le même recueil, M. Lecœur conseille pour détruire Va?i- thonome: en hiver, de gratter les troncs des pommiers et les grosses branches tous les deux ans; de brosser, ensuite, les parties grattées pour détacher les insectes, recevoir les débris et les anthonomes sur des bâches et les brûler; — au printemps, de secouer les branches au dessus d'une bâclie de 12 m. de côté au moins, de la façon suivante : Du 2() avril au 20 mai, les pommiers de première fleur; du 10 mai au 20 mai, les pommiers de deuxième fleur; à paitir du 20 mai environ^ les pommiers de troisième fleur. Brûler les antho- nomes et les débris recueillis. M. Lecœur qui a écrit plusieurs lettres au secrétaire de la Société, adresse à M. Nicollet ses félicitations pour les observa- tions très exactes de ce sociétaire sur l'anthonome ^publiées dans le bulletin de 1890 de la Société d'horticulture de Cherbourg), et concordant absolument avec celles qu'il a faites dans le cours de l'année, et relatées, mois par mois, dans la revue le Cidre et le Poiré, depuis février 1891. Seulement, il considère que la bouillie normande (sulfate de fer en dissolution avec de la chaux éteinte ou lait de chaux) ne peut tuer les anthonomes sur le pommier. En laboratoire, on y arrive diflTicilement. dit-il, car l'insecte est tellement feutré de poils noirs, qu'il n'est mouillé par aucune bouillie. Dans la pratique, selon lui, outre la difficulté très-grande d'application, le résultat est nul. M. Amiot a bien voulu remettre un extrait des comptes-rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, où il est question d'essais faits sur l'action insecticide d'une solution de mo- nosulfure de potassium et de sodium. Il est donné lecture de cet extrait à la Société. Il en a été envoyé une copie à M. Lecœur qui a répondu qu'il avait essayé le monosulfure de sodium sur l'an- thonome et que cette solution ne le mouille pas et ne le tue pas. Il — 25 ne l'a pas essayé sur la larve, mais il se demande comment, dans la pratique, atteindre cette larve; la solution du monosulfure de sodium qui est très alcaline, détruirait les fleurs non garnies de larves qui sont renfermées, abritées sous les pétales recro- quevillées. M. Lecœur déclare que, par son intéressant bulletin de l'année 1890, qui lui a été envoyé, il a vu que dans la Société d'horti- culture de Cherbourg on travaille et que le but poursuivi est pratique. M. Lecœur, sur la proposition de M. Lelièvre, est admis comme membre correspondant, et la Société charge le secrétaire de trans- mettre à M. Lecœur ses remercîments pour les utiles et intéres- santes communications qui lui ont été faites. M. Nicollet fait part à l'assistance de ses observations au sujet des lettres de M. Lecœur. Il continue à penser que tout en prati- quant le grattage recommandé par M. Lecœur, il n'y a pas lieu de néghger le badigeonnage avec la solution du sulfate de fer et de chaux. Il est d'avis que cette solution pourra tuer un certain nombre d'anthonomes et qu'on ne peut trop employer de moyens pour se débarrasser de cet insecte. Il se propose de rechercher, dans le courant de l'hiver, la cheimatobie si bien décrite par M. Lecœur et qu'il n'a pas rencontrée, encore, souvent dans nos environs. M. le docteur Renault remercie M. Nicollet de ses communica- tions, et il espère que ce savant sociétaire voudra bien continuer à faire part à la Société de ses recherches et de ses observations au sujet des insectes nuisibles aux pommiers. M. le président dépose, ensuite, sur le bureau, pour être remis à la commission des cultures d'agrément, des tableaux remplis par diverses personnes et indiquant les pertes de plantes subies par suite de l'hiver 1890-1891, dans l'arrondissement de Cher- bourg. Il en sera fait un dépouillement et un groupement. M. le président dit que, le 24 juillet, il a été donné un concert dans le jardin de la Société par un groupe de musi- — 26 ciens sous la direction de M. Tliommin fils. Le jardin a été orné d'illuminations disposées avec goût. Des airs de cor de chasse, exécutés par quelques amateurs, sous la direction de M.Beaulieu, alternaient avec les morceaux de musique. Cela a été une char- mante soirée et des remercîments ont été adressés aux organisa- teurs, notamment à MM Thommin fils et d'Aboville, qui ont fait preuve de goût et de dévouement. M. Girard, jardinier, a fait déposer sur le bureau une remar- quable collection d'œillets très jolis et très variés. De chaleu- reuses félicitations et des remercîments sont adressés à M. Girard. M. Levesque dépose, aussi, sur le bureau trois poires sur les- quelles il donne quelques renseignements. Ce sont : Citron des Carmes, poire Saint-Clair et Doyenné de Juillet. SÉANCE DU 6 Septembre. Champignon attaquant les racines du poirier et de la vigne; — Un arbre restauré; — Un scorpion à Cherbourg; — L'exposition de Valognes; — Communications diverses. M. Levesque, à propos d'un article de la Revue de la Société d'horticulture de Marseille ayant trait à un champignon qui attaque les racines du poirier et de la vigne, dit que l'arbre qu'il a présenté à une séance précédente et qui paraissait complète- ment mort, a été restauré par lui, qu'il est parfaitement rétabli et en bon état. Le champignon des racines est un parasite con- tagieux; la vigne résiste mieux à ses attaques que le poirier. M. Levesque présente un scorpion qu'il a trouvé; cet insecte est très-rare dans notre pays. M. Nicollet est disposé à faire pour la Société une collection d'insectes nuisibles, par exemple de l'anthonome à ses divers états. M. d'Aboville rappelle que. dans le courant du mois, il y a eu à Cherbourg, à l'occasion des fêtes de l'Assomption, Saint-Louis et Saint-Augustin, de très-beaux marchés aux fleurs qui étaient 27 de véritables expositions, vu le nombre et la variété des plantes apportées. M. Levesque dit qu'il est allé le samedi 5 septembre, à l'expo- sition de Valognes, où il a représenté, comme délégué, la Société d'horticulture de Cherbourg. M. Lalisel avait apporté de très- nombreuses pommes de terre (90 à 95 variétés); l'exposition de M. Léon Cavron était remarquable. Il y avait une belle collection de légumes présentée par l'hospice civil de Valognes. Parmi les plantes de M. Léon Cavron, on pouvait voir de jolis bégonias bulbeux de semis de l'année. — Un lot de glaïeuls était fort beau. SÉANCE DU 4 Octobre. Mémoires de la Société Académique; — La matthiola sinuata; — La fête des fleurs; — Envois de Tahiti. Dans le volume des mémoires de la Société académique qui vient de paraître et qui a été offert à la Société d'horticulture, il se trouve un certain nombre de travaux intéressants, et dans l'article nécrologique écrit par M. Jouan, l'attention est appelée sur des notices biographiques consacrées à deux personnes qui étaient bien connues des membres de la Société d'horticulture: M. Ternisien, qui s'est beaucoup occupé d'acclimatation des plantes exotiques, et M. de la Chapelle, père de M. Henri de la Chapelle le dévoué président du comité de rédaction, qui s'inté- ressait, aussi, beaucoup à la Société et dont de charmantes pièces de vers ont été publiées dans nos bulletins. M. H. de la Chapelle lit deux passages de la chronique qu'il a préparée pour le bulletin prochain: le premier au sujet de la matthiola siîiuata (giroflée sinuée) qu'il avait vue chez M. Lepel- letier et qu'il a trouvée, sur les indications de M. Corbière, à la limite des champs sablonneux de la plage de Sciotot. Le deuxième extrait décrit d'une façon humoristique la fête des fleurs avec cortège rustique qui a eu lieu à la fin de juin. Cette innovation a obtenu un grand succès. — 28 — M. Picquenot, qui a adressé deux ouvrages sur Tahiti et qui se met à la disposition de la Société d'horticulture pour lui en- voyer de cette ile ce qu elle pourrait désirer, est nommé membre correspondant. Séance du 8 Novembre. Capucine la Perle; — Multiplication des Echeveria; — Envoi de brochures; — Le Congrès pomologique de L'Ouest; — Commu- nications diverses. M. Levesque dépose sur le bureau une branche d'une capucine peu connue, appelée la capucine la perle, parce que ses graines ressemblent à des perles. La Revue horticole publie divers articles dont il est donné connaissance à la Société, notamment : sur la descendance de la gloire de Dijon qui se compose de 32 variétés; — sur une fougère odonïéranie^polypodium pustulatum ; — sur la multiplication des echeveria. M. Jeanne dit multiplier ces plantes dans un panier. M. Sahut, président de la Société d'horticulture de Montpellier, a adressé une brochure (avec dédicace à la Société d'horticulture) ayant pour titre: 1° « Les végétaux considérés comme thermo- » mètres enregistreurs; 2° Roscoff, son figuier géant et la végé- » tation de cette partie de la Bretagne. » M. Levesque n'a pu assister, comme il en avait l'intention, au Congrès pomologique de l'Ouest qui s'est tenu à Avranches à la fin d'octobre; mais il est donné connaissance à la Société d'un compte-rendu de ce congrès et de l'exposition de fruits qui l'a accompagné, publié dans le journal le Cidre et le Poiré. On y remarque que MM. Simon, de Cherbourg, ont obtenu d'impor- tantes récompenses pour leurs appareils destinés à la fabrication du cidre. M. de la Chapelle dit que Terythrœa diffusa dont il a entretenu, parfois, la Société est appelé maintenant scilloïdes. — 29 SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE, Pomme moulée: — Chrysanthèmes de M. Halopé; — Silitation financière et travaux de la Société pendant l'année 1891; — Un nouvel établissement horticole à Cherbourg;— Questions diverses. Est déposée sur le bureau une pomme moulée par M. Lemétais et peinte par M. Devannes. C'est une reproduction, fort bien réus- sie, d'une belle pomme obtenue par M. Levesque d'une greffe reçue de M. Angran (de Rouen), auquel le nom sera demandé. Dans le journal le Cidre et le Poiré, il est donné connaissance d'un long et intéressant article de M. Lecœur. pharmacien à \'v moutiers, sur la cheimatobia brumata dont il a été question dans les précédentes séances. Le journal de la Société centrale d'horticulture recommande l'emploi de la bouillie bordelaise contre la tavelure du poirier. M. Halopé a fait déposer sur le bureau une boite contenant une belle et nombreuse collection de chrysanthèmes, remarquables par leurs formes et leurs coloris. On peut se rendre compte des résultats obtenus par la culture, pour ces fleurs qui sont si pré- cieuses à cette époque de l'année. De chaleureux remerciments sont adressés à M. Halopé. M. Levesque rappelle qu'il a présenté, il y a quelque temps, à la Société, un poirier qui paraissait mort et dont les racines étaient bien malades. Il a coupé les racines mortes et a placé l'arbre dans de l'eau; de nouvelles racines se sont formées sur le coignassier et l'arbre est, maintenant, en bon état. M.d'Âboville lit le rapport.rédigé par lui, au nom de la commis- sion chargéed'examinerles comptes dutrésorier et composée, avec lui, de MM. Jeanne et Le Garpentier. Il résulte de ce travail que : Du P' novembre 1890 au 1 "novembre 1891, les recettes se sont élevées à 3.901 fr. 87 Et les dépenses à ^.iS\ 82 Le restant en caisse au 1" novembre 1891 était de 1 .420 fr. Oo Comme, de cette date à la fin de l'année, il restera à payer ou à faire diverses dépenses s'élevant à. . . 684 50 Le restant en caisse au 1 " janvier 1 892 serait de . 735 fr. 55 — 30 — En 1888, les cotisations non perçues s'élevaient à 30; en 1889 à 24; en 1890 à 29 et en 1891 à 22. M. le rapporteur exprime le vœu qu'une propagande active amène de nouveaux adhérents et que le bureau étudie les moyens d'atténuer les pertes de sociétaires provenant de diverses causes (décès, départs, démissions), soit en donnant plus d'intérêt aux séances, soit en organisant des expositions pariielles ou des exhibitions de fleurs diverses, telles que œillets, chrysanthèmes. M. d'Aboville fait remarquer que le jardin de l'impasse Dorival rendait de grands services, permettant de faire des cours d'arbo- riculture, de récolter des fruits et d'élever des plantes destinées à orner le jardin de la rue Montebello, et qu'il ne coûtait, pour ainsi dire, que la location. 11 serait à désirer, ajoute-t-il, que dans un bref délai il pût être trouvé un jardin destiné à remplacer celui de l'impasse Dorival dont le bail est expiré, et que le pro- priétaire reprend. Les conclusions du rapport, demandant à la Société d'approu- ver les comptes du trésorier et de lui décerner des félicitations et des remerciments pour le dévoùment dont il fait preuve depuis de longues années, sont votées à Funanimité. M. d'Aboville lit, ensuite, une intéressante note sur la création d'un établissement important d'arboriculture et de culture ma- raîchère par M. GosseUn fils, rue du Val-de-Saire. Il reçoit pour ce travail et pour son rapport sur le compte du trésorier, les vifs remerciments de la Société. M. Jeanne dit qu'il a un poirier Duchesse passé au franc. Il demande s'il faut couper les racines. M. Levesquenelelui conseille pas et il pense que l'arbre portera bien sur franc; d'ailleurs, il considère ce poirier comme capri- cieux. M. de la Chapelle lit dans le bulletin de la Société d'archéolo- gie d'Avranches un compte-rendu de l'excursion de la Société linnéenne de Normandie aux iles Ghausey. Il y est question du gros figuier couvrant 100 mètres carrés. — 3i — M. le secrétaire lit, dans une brochure dont M. Félix Sahut a fait hommage à la Société, des renseignements sur le climat et les cultures de Roscoff dont la température ressemble beaucoup à la nôtre. M. le président rappelle que la présente séance est la der- nière de l'année et il retrace les travaux: de la Société en 1891. Comme il n'y a pas eu d'exposition, il a été déployé moins d'acti- vité que l'an dernier. Cependant, les séances ont été très intéres- santes et ont fait l'objet de nombreuses communications. Diverses questions ont été traitées. Des acquisitions de plantes ont été faites pour combler, autant que possible, les vides causés par l'hiver dans le jardin de la rue Montebello. La Société a perdu un certain nombre de végétaux; pourtant, dans le courant de la belle saison, ce jardin présentait un aspect des plus agréables et il était orné de nombreuses plan- tes fleuries dont quelques-unes fort remarquables. M. Levesque, dit M. le président, mérite les remerciments de la Société pour le dévouement qu'il a montré, en professant des cours d'arboriculture et en donnant ses soins au jardin de l'im- passe Dérivai. Ce jardin étant vendu et le bail expiré, le bureau en recherche un autre. Un bulletin volumineux renfermant nombre d'articles des plus intéressants a été publié, et a valu à la Société les compliments de plusieurs correspondants étrangers à l'arrondissement. Un brillant concert a été donné, sous la direction de M. Thom- min fils, dans le jardin de la rue Montebello, illuminé avec goût. « La Société, ajoute M. le président, vient d'entendre un » remarquable rapport de M d'Aboville, sur les comptes du tré- » sorier, et je m'associe au rapporteur pour prier les membres » présents de redoubler de zèle pour amener à la Société de » nouveaux adhérents, en vue de combler les vides que causent, w annuellement, la multiplicité des sociétés locales, les décès, et » surtout les changements de résidence si nombreux à Gher- » bourg. » — 32 - En terminant, M. le président exprime le vœu que les commis- sions permanentes fassent, on 1892, aussi fréquemment que possible, des visites de jardins, des rapports et des communica- tions à la Société. Les extraits qui précèdent sont d'une certaine longueur, et, pourtant, il en a été éliminé tout ce qui paraissait présenter le moins d'intérêt. Il n'a pas été possible (pour ne pas s'étendre par trop), de signaler les nombreux articles des publications que reçoit la Société et dont il a été donné connaissance dans les séances mensuelles. Des notes de M. Levesque qui seront publiées ci-après y suppléeront. Pour faciliter la lecture et les recherches, un som- maire précède le compte-rendu de chaque séance. Le secrétaire, P. Lelièvre. Excursion de la Société Linnéenne de Normandie A GRANVILLE & A CHAUSEY (5-7 Juin 1891) Comme je l'ai déjà dit dans le bulletin de 1884 (*), la Société Linnéenne de Normandie dont le siège est à Caen, est obligée par ses statuts de choisir, chaque année, une ville différente de notre province comme centre d'excursions scientifiques, et pour y tenir sa séance publique et solennelle, en juin ou juillet, autant que possible. Une circulaire est adressée, à ce sujet, à tous ses membres. Cette année, Granville était choisi comme point de ralliement, et le programme comportait une excursion à Chausey. Aussi, ce (*) Page 7. La Société Lianéenue à Cherbourg. lEUe y fêtait son cinquantenaire). — 33 — programme attrayant avait amené des adhérents au nombre de quarante, à peu près le triple de la moyenne. Parmi les membres correspondants de la Société Linnéenne qui ont répondu à l'appel, figuraient quatre membres titulaires de notre Société d'horticulture, appartenant aux: commissions per- manentes ou au bureau : MM. Corbière, Dutot, Macé et moi, et un de nos correspondants, M. Joseph-Lafosse (*). Les Linnéens étaient divisés en botanistes, zoologistes et géolo- gues. Les botanistes formant, je crois, la majorité, avaient été mis, par le programme, sous la direction de M. Corbière, un savant qui ne pontifie pas, et qui connaissait le pays, ayant déjà hiîrborisé sur toute la côte depuis le Mont-Saint-Michel jusqu'à Granville. L'herborisation du vendredi 5 juin, conduite par lui a été fructueuse ; M. Corbière en rendra compte dans le bulletin de la Société Linnéenne. Je ne vous parlerai que de ce qui a rapport à l'horticulture. Le samedi 6 juin, nous sommes partis pour Chausey par le Reynaud, navire à vapeur des ponts et chaussées, gracieusement mis à notre disposition. Beau temps, mer satisfaisante. Après avoir passé deux ou trois heures dans des recherches conformes aux aptitudes de chacun, nous nous sommes rassemblés pour le déjeuner, qui, par la cordialité et l'entrain, rappelait tout à fait les déjeuners de nos excursions horticoles. Entreautrescuriositésderile,nous avons visité un jardin attenant à la maison de M'"" Hédouin, propriétaire de Chausey. Ce jardin nous a tous vivement intéressés, non seulement nous quatre, vos collègues, mais encore les autres Linnéens, qui tous aiment plus ou moins l'horticulture, et dont plusieurs, probablement, font font partie d'autres sociétés horticoles. Nous échangions nos observations comme si nous avions été une commission nommée par vous. (*) C'est par erreur que dans des buUelins précédents, nous avons écrit: M. Lafosse. — Joseph n'est pas ici un prânom, mais une partie du nom de famille. 34 — Derrière la maison est un vaste jardin carré : potager et frui- tier. Le « clou » de ce jardin est un figuier énorme, dont l'enver- gure est de 16 mètres sur 12 environ: il est soutenu par de nombreux appuis, ses feuilles étaient entièrement développées et il était couvert de fruits. Non loin de lui en existe un autre, presque aussi considérable. A eux deux, ces figuiers rappellent le figuier légendaire de Roscoff. Le jardin est garni d'espaliers en plein rapport, de légumes de la plus belle venue : la nature du terrain est telle que le jardin produit beaucoup sans qu'il y ait besoin d'y mettre de ^'engrais. Dans un coin se trouve un olivier de 3 ou 4 mètres, qui n'a nullement soufiért de l'hiver, dont la rigueur ne s'est point fait sentir dans l'ile. Dans ce jardin, rien n'y a péri. Nous y avons vu quelques fleurs, notamment de belles roses. Ce jardin est borné au sud par une haie qui la sépare, en partie d'un champ, en partie d'un beau jardin anglais, ou vaste bosquet. Dans ce bosquet se trouve un assez fort chêne-Uège qui, lui, a un peu souffert de l'hiver, mais n'est pas autrement compromis. Les deux jardins de Ghausey ont ensemble une contenance d'environ un hectare. En ma qualité de membre de votre Société, je me suis entre- tenu avec le jardinier. M. Lecarpentier. 11 est de Caen, et après avoir fait à Granville son service militaire, il a pris cette place qu'il remplit avec talent. Il y a dans mon récit quelques passages qui sentent le rapport : on me charge si souvent d'en faire que c'est devenu chez moi une habitude. Au cas présent, et en dehors de notre circonscription, je n'ai pas de conclusions à formuler. Pourtant, je tiens à vous dire que M. Lecarpentier est un jardinier distingué, comparable de tous points à ceux de nos environs dont nos commissions visitent les travaux et récompensent le mérite. Qu'il soit au moins cité honorablement dans une Société d'horticulture habituée à voir des jardins qui sortent de l'ordinaire. Nous avons vu aussi les deux petits jardins du presbytère de — 35 Chausey : un petit potager bien garni, un petit parterre bien fleari, et un figuier qui, bien qu'inférieur de dimensions à ceux que j'ai décrits plus haut, est, toutes proportions gardées, vigou- reux et bien couvert de fruits. Tout cela est soigné par M. l'abbé Hébert, de Cherbourg, qui compte parmi nous quelques bons anus f). A la séance publique et solennelle, tenue le 7 juin à Granville, dans la grande salle de l'hôtel de ville, il a été fait plusieurs communications, dont deux se rapportent à l'horticulture. M, Lecœur, pharmacien à Vimoutiers,a parlé de l'anthonome.Ce qu'il en a dit ne différait pas essentiellement de communications qui nous ont été faites, à plusieurs reprises, par MM. Levesque et Nicollet. Il a dit ensuite que le pommier a un ennemi plus dange- reux encore que l'anthonome, c'est le cheimatobia brumata, de l'ordre des lépidoptères ou papillons. Il annonce que les ceintures de goudron préconisées par MM. Iluet et Louise, professeur à la faculté des sciences de Caen pour empêcher les femelles de la phalène (cheimatobia) de monter dans l'arbre, peuvent être emplo- yées aussi avec succès contre les chenilles. En effet, chaque jour ces chenilles se laissent tomber du pommier le long d'un fil, puis remontent sur le tronc pour aller manger les feuilles. En appli- quant une couronne de papier empoissé autour d'un tronc de pommier, il a pu, en 24 heures seulement arrêter plus de 2,000 chenilles qui sont venues s'y coller et y mourir. A l'appui de ses explications, M. Lecœur montre à la Société ces feuilles empois- sées qui portent encore les cadavres de leurs victimes. (J'em- prunte cette analyse au Journal de Granville reproduit par le Nouvelliste du 18 juin). M. Joseph-Lafosse parle des bambous originaires de Chine. Vu le peu de temps qui reste avant l'heure fixée pour le départ du plus grand nombre desLinnéens, M. Joseph Lafosse ne peut faire qu'une rapide analyse de la note qu'il publiera dans le Bulletin. (■) Depuis que ceci a été écrit, M l'abbé Hébert a quitté Chausey pour cause de santé, et s'est retiré à Fécamp. — 36 - Il pense que l'industrie française pourrait utiliser ces bambous, comme le font les Chinois. De magnifiques échantillons apportés par lui sont offerts au musée de Granville. Je termine, messieurs, en me faisant l'écho de tous nos collé gués qui ont gardé le meilleur souvenir de la prévenance et du bon accueil qu'ils ont trouvé chez la famille HouUegatte, tenant l'hôtel de ce nom. Quand on a trouvé en voyage une maison aussi recommandable sous tous les rapports, on doit la signaler à ses amis, et c'est ce que je fais aujourd'hui. Cherbourg, le 16 juin 1891. H. DE LA Chapelle. La lecture de l'alinéa qui termine, à la fois, Tarticle ci-dessus et un article analogue écrit pour la Société artistique et indus- trielle a provoqué, dans les deux sociétés,, la même observation: « C'est une réclame! » Quand cela serait, je ne vois rien qui s'y oppose dans les statuts des deux sociétés, que je viens de relire attentivement. N'est-ce pas une juste réclame que font nos Bulle- tins quand ils signalent le mérite d'un horticulteur ou d'un indus- triel, soit dans un rapport, soit dans la simple proclamation des récompenses obtenues dans un concours? Ici, d'ailleurs, c'est moins une réclame qu'un conseil tout amical, un renseignement pour ceux de nos collègues qui pourront avoir affaire à Granville : on doit toujours signaler les bons endroits, et des remercîments à M. Corbière, que la Société Linnéenne avait choisi pour <( four- rier » de l'expédition ! A la suite de cette lecture, notre Société s'est mise en rapport avec M. Lecœur, qui est devenu un de nos membres correspon- dants. Si nous sommes affligés de la présence de Tanthonome, nous avons, du moins, le bonheur de ne point posséder dans nos envi- rons le cheimalobia hrumaia qui cause tant de ravages dans le pays d'Auge et la vallée de la Dives. Nous pouvons nous en rapporter pour cela à notre président qui connaît le pays. M. Renault, en effet, a passé son enfance et sa première jeunesse à Vimoutiers, et s'y échappe encore, quand il le peut, pour affaires de famille. — 37 — COIIIPTE-BENDU DES EXCORSIONS BOTANIOOES FAITES PAR LA r r SOCIETE LINNEENNE DE NORMANDIE Les 5, 6 et 7 Juin 1891 AUX ENVIRONS DE GRANVILLE (*) Le programme de la réunion de 1 891 offrait aux botanistes un grand attrait. La visite aux pittoresques falaises de Granville et de Garolles, l'exploration de la mare et des sables maritimes de Bouillon, celle des dunes de Donville et de Bréville, et, par des- sus tout peut-être, le voyage aux îles Ghausey, promettaient, en plus du plaisir des yeux, une riche et intéressante moisson. Aussi l'affluence des Linnéens qui, cette année, avaient répondu à l'invitation de la Société, était-elle particulièrement nombreuse. Une seule chose était à craindre : la persistance du mauvais temps qui durait depuis plusieurs semaines. Mais heureusement les craintes que l'on avait pu concevoir à ce sujet ne se sont pas réalisées, et tout a concouru à faire de cette réunion de Granville une des plus réussies à tous égards. JOURNÉE DU 5 JUIN. Le vendredi 5 juin, pendant que les géologues allaient explorer les environs de Saint-Planchers, trois voitures emportaient zoolo- gistes et botanistes pour les falaises de Garolles. Nous traversons {*) Les nombreuses occupations de notre savant collègue, M. Cor- bière, ne lui ont pas permis, surtout à la suite d'une maladie, d'écrire un article pour notre Bulletin. Mais il a bien voulu nous communiquer, avec autorisation delerepro« duire. l'article qu'il a écrit pour le Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie. On pourra s'apercevoir que dans cet article se trouvent quelques détails déjà rapportés dans le précédent. Mais les deux auteurs ne s'étant pour ainsi dire pas quittés pendant l'excursion, il est tout naturel qu'ils se soient rencontrés sur plusieurs points de leurs récits, écrits, d'ail- leurs, pour deux sociétés différentes. La rédaction. III. ( \ — 38 — d'abord le joli village de Saint-Pair, puis bientôt nous mettons pied à terre à JuUouville : station balnéaire toute récente, mais qui possède déjà un casino, deux hôtels et quelques villas, et même des courses de chevaux ! Qu'on ne croie pas que je fasse ici de la réclame. Bien au contraire. Le botaniste qui est en moi voit avec trop de regret l'extension croissante prise par toutes ces constructions balnéaires qui ont déjà anéanti, sur la côte nor- mande, quantité de stations de nos meilleures plantes. En attendant l'heure du déjeuner, qui nous réunira au Casino de JuUouville, les zoologistes et les botanistes se séparent. Ceux- ci explorent tout d'abord les sables maritimes qui s'étendent, pour la plus grande partie, sur la commune de Bouillon^ puis gravissent ensuite les falaises de CaroUes. Les sables nous offrent : Polygala dunensis Dum. — Plante commune dans toutes nos dunes, où elle offre des formes à fleurs bleues, blanches ou ro- sées, parfois plus ou moins ciliées; c'est, dans ce dernier cas, le P. ciliata Lebel ! Par ses feuilles toutes alternes et l'absence de rosette foliaire, le P. dunensis se rapporte évidemment au groupe du P. vulgaris L., dont il constitue une race ou sous-espèce remarquable, répandue non-seulement en Belgique et en Nor- mandie, mais encore sur toute la côte ouest de la France, et pro- bablement aussi en Portugal et en Angleterre. Centaurea aspera L. — Espèce nouvelle pour le département de la Manche, et connue seulement dans les dunes de Merville (Calvados), où elle est fort rare, ainsi qu'à JuUouville, du reste : car nous n'en avons observé qu'un pied, découvert par l'œil exercé de notre vénéré collègue M. Bertot. Carex nitida Host. — Cette intéressante espèce que j'avais découverte il y a quelques années sur les coteaux maritimes de Biville, et tout récemment dans les dunes de Donville et de Bré- ville, est assez commune dans les sables maritimes de Bouillon et de Saint-Pair et dans les falaises de CaroUes. Tous nos collègues en ont fait une bonne provision. — 39 — Carex stcyocarpa Lebel ! — Cette plante n'est sans doute qu'une forme — ou un cas tératologique — de Carex prœcox Jacq., dont elle se distingue seulement par ses fruits resserrés au-dessus de la base et en forme de gourde. Trois pieds que j'avais ramassés sans beaucoup d'attention, les prenant, à pre- mière vue, pour des Carex prœcox ordinaires, se rapportent tous les trois àcette curieuse forme. Salvia pratensis L. var. parvifîora Lec.etLam. {S.dumetorum Bor.) — Variété intéressante distincte du type par ses fleurs deux fois plus petites. — Vue dans les dunes de Jullouville, non loin du Casino. — Cette variété, non signalée encore en Normandie, a été trouvée également cette année, dans la Seine-Inférieure, à Gisors, puis à Elbeuf, par M. Martel. Les autres plantes les plus remarquables de cette station sont : Silène conica L., Ranunculus surdons Cr., Taraxacum erythrospermum Andrz., Myosotis versicolor Roth, Salvia verbetiaca L., Montia rivularis Gmel., Allium sphaerocephalum L., Carex hirta L., Avena puhescens L., Kœleria albescens DC, Festuca oraria Dum., et enfin Elymus arenariusL.^ la plus belle de nos graminées. Les falaises de Carolles, que nous avons explorées jusqu'à une maisonnette de douanier, d'où la vue embrasse le Mont-Saint- Michel, Tombelaine et toute l'étendue de la baie, nous donnent : Orchis morio L., dont plusieurs échantillons à fleurs rose pâle ou complètement blanches, et un autre de teinte ordinaire, mais dont toutes les fleurs sont complètement retournées, le labelle occupant la partie supérieure et dressé presque verticalement. Ce curieux spécimen [forma resupmata mihi) a été récolté par M. Dutot. Veronica spicata L. (var. minor Bréb.) qui, dans la Manche, ne se rencontre que là et dans les dunes de Vauville et de Bi- ville ; Teesdalia iberis DC, Thlaspi arvense L., Lepidium Smithit Hook., Silène nutans L. et S. marttimaWiih.,Spergulasubulaa — 40 - Sw., Potentilla verna L.^Rosa jnmpinelli folia var. spinosissima (L.) GG., Scleranthus annuut var. hybernus'Rchh.,Hypochœrts glabra L., Scilla autumnalis L., Allium sphœrocephalum L., etc. Une très rare hépatique, que j'ai le premier signalée en France (Musc, de la Manche, p. 346), le Madotheca thuja Dum. {Porella thuja Lindb.) est fort abondante sur les rochers à la pointe de Carolles. Je l'avais aussi récoltée dans les falaises de Granville, du côté de Donville. Après le déjeuner, nous nous dirigeons vers la mare de Bouillon récoltant tout d'abord dans une flaque d'eau au milieu des dunes . Chara aspera VVilld. type, avec une variété intéressante, le Chara curta Braun; puis Chara hispida L., et Potamogeton heterophyllus Schreb. Les bords marécageux de la mare sont d'un accès fort difficile- aussi, de ce côté, notre exploration n'a pas donné des résultats en proportion de la peine que nous avons prise. Les meilleures espèces rencontrées sont : Ophioglossum vulgatum L., Nymphœa alba L., Pedicularis palustris L., Nasturtium amphibium R. Br., Orchis viridis Cr., 0. latifolia L. et 0. laxiflora Lam., Trifolium patens Schreb., Ranunculus aquatilis L. var. heterophyllus \)Q,.^Carex disticha Huds.et C. acuta Fr., Scirpus silvaticus L., etc. JOURNÉE DU 6 JUIN. Cette journée a été tout entière consacrée à l'exploration de la « Grande-Ile » de Chausey, la seule habitée. Partis de Granville à 7 heures du matin, nous sommes arrivés à Chausey vers 8 heures et demie. De ce moment jusqu'à il heures — heure du déjeuner — les botanistes ont parcouru les parties Nord et Est de l'île, préoccupés surtout de retrouver VErica vagans L., la grande attraction botanique de l'ile; mais c'a été en vain : il est à craindre que l'exploitation du granit, faite principalement à la pointe orientale - 41 de l'ile, où la plante est signalée par M. de Brébisson. n'en ait amené la destruction. Après le déjeuner, nous avons consacré les deux ou trois heures qui nous restaient à explorer les parties méridionale et occidentale de l'ile et à visiter le jardin « la Ferme y appartenant à la propriétaire de l'archipel. Ce jaidin, remarquablement fertile, possède deux superbes figuiers dont le développement extraor- dinaire est à peine surpassé par ceux de RoscofF, devenus légen- daires. Nous remarquons aussi un olivier, qui n'a point souffert des atteintes du rude hiver de 1890-91, pas plus que les grena- diers, myrtes, chénes-lièges, magnolias et autres arbres ou arbus- tes qui viennent là comme dans leur propre patrie et témoignent de la douceur du chmat de Chausey. Le caractère de la végétation des îles Chausey a été soigneuse- ment indiqué par M. Crié dans l'un de nos Bulletins (année 1875- 76, 2' série. 10" vol., p. 295). Ce travail, auquel je ne puis mieux faire que de renvoyer le lecteur, contient en appendice la liste de toutes les plantes signalées dans l'archipel, avec l'indication de leur dispersion relative dans les iles anglo-normandes. Sont mentionnées : 208 phanérogames, 4 fougères, 1 mousse et un assez grand nombre de lichens et d'algues marines. La saison relativement peu avancée ne nous a point permis de constater la présence de toutes les plantes indiquées par notre savant con- frère ; mais en revanche nous avons noté près de 50 phanéro- games ou fougères non mentionnées dans son « Essai sur la végétation des iles Chausey, » à savoir : Fumaria Borœi iord.-^Sinapis arvensis L.; Diplotaxis murahs DC; Polygala dunensis Dum.; Cerastium tetrandrum Curt ; Hypericum humifusum L.\Genimum dissectum V,.\Sarothamnus scopariusV^imm.; Medicago lupulina L.; Medicago deyiticulala Willd.; Medicago maculata Willd.; Medicago minima Lam.; Tn- gonella ormthopodioides DC; Tnfoliiim striatuniL.; Trifolium suhterraneumL ; Trifolium filiforme L. [Trifolium minus Keh\.; Ornithopus perpusillus L.; Vicia lutea L.; Poterium dictyocar- — 42 — pum Sp.; Scleranthus annuus L., var. hijbernus Rchb.; Umhi- licus pendulinus DC; Pimpinella magna L.; Conopodium denu- datum L.: Hydrocotyle vulgaris L.; Galiiim aparine L.; Filago mo7itana L.; Bellis perennis L.; Hypochœris glabra L.; Thrincia hirta Roth; Solanum dulcamar^a L.; Veronica officinahs L.; Salicorma radicans Sm.; Rumex pulcherL.; Triglochin maritî- mum L ; >lrît7?2 italicum Mill.; Carej? distans L., forme des vases salées; Carea? entensa Good.; Carej? QË'den Retz; .4îra caryophyllea L.; Airaprœcox L.: Poa annua L.; Vulpia sciuroi- de^Gmel.; Bromus mollis L., v. com/mc^iw Bréb.; Brachypo- dium pinnatum Pal. B.; Blechnum spicant Roth; Asplenium lanceolatum Huds . M. Crié signale dans la « Grande Ile » Salicornia fruticosa L., que nous y avons cherché en vain. A notre avis, il n'est pas douteux que M. Crié, — comme M. de Brébisson — a désigné sous ce nom le S. radicans Sm., qui est assez commun dans une petite baie vaseuse, non loin de l'auberge. Peut-être aussi que Y Arum maculatum de M. Crié est A. itali- cum Mill. La saison pour la récolte des muscinées était bien peu favora- ble. Nous avons seulement noté les espèces suivantes : Mousses. Dicranella heteromalla Schimp.; i9/crawMW scoparium; Hedw. Campylopiis fragiliser. euT.;Ceratodonpurpureus Bnd.;Trichos- tomum littorale Mili. ; Barbula ruraliformis Besch.; Grimmia leucophœa Grev.; Grimmia trichophylla Grev.; Ptychomitrium polyphyllum Br. eur.; Orthotrichum affine (*) Schrad.; Orthotn- chum pumilum Ç)Sw.; Orthotrichum diaphanum [') Schrad.. Entosthodon ericetorum Schimp. ; Brijum capillare L. ; Cryphœa arborea Lindb. (sur le grand figuier); Pterogonium ornithopodioides Lindb.; Scleropodium illecebrum Br. et Sch. Eurhynchium circinatum Br. etSch.; Hypnum cupressiforme L., var. imbricatum Boul.; Htjpnum resupinatum Wils. (*) Sur le grand figuier du jardin de la « Ferme. » — 43 — Hépatiques. Nardia scalaris Benn. et GY.;Scapania compacta Dum. Diplo- phyllum albicans Dum.; Frnllania dilatata Dum.; Frullania tamarisci Dum.; Fossombronia angulosa Raddi. Toutes ces espèces indiquent nettement la nature granitique de l'ile. Nous ne dirons rien des lichens et des algues, notre compétence ne s'étendant point à ces deux classes de végétaux. Favorisés, au retour comme à l'aller, par un temps à souhait, nous étions rentrés à l'hôtel HouUegatte vers six heures. JOURNÉE DU 7 JUIN. Le programme de la journée — ou plutôt de la matinée — du 7 juin comportait une excursion dans les falaises de Granville et les dunes marécageuses de Donville et de Bréville. Cette dernière partie du programme a été remplie comme le reste. Les falaises nous ont offert, avec le plupart des espèces re- cueillies à Garolles : Brassica olereacea L., formant un véritable bosquet au-des- sous des casernes, où il paraît bien spontané; Saxifraga granu- lata L., plante fort rare dans la Manche et cantonnée uniquement dans les falaises de Granville, de Carteret et de Flamanville; Daucus gummifer Lam.; Armeria maritima Willd. var. pubes- cens (Link); Hijpericum montanum L. et un assez grand nombre de muscinées intéressantes, Je citerai : Humenostomum w'crostomum R. Br ; Ditricluim flexicaule Lindb.; Pottia lanceolata G. Miill.; Didymodon rubellus'Qv. eur.; Trichostomum crispulum Br.; Trichostomum littorale Mitt.; Trichostomum brachydontium Br.; Trichostomum flavovirens Br. ; Barbula cyllndrica Schimp. ; Barbu/a Hornschuchmna Schultz; Barbula squarrosa Brid.; Barbula subulata Pal. Beauv. var. integrifolia Boul.; Barbula muralis Timm var. obcordata Schimp.; Barbula montana (Nées) Gorb.; Zygodon Stirtoni Schimp. (une seule touffe). Zygodon viridissimus Brid, var. 44 — rupestn's (Lindb). Boul.; Orthotrichum anomalum Hedw. bien typique, avec des formes passant à la var. saxatile (Wood); Eurhynchium circinatum Br. et Sch.; Rhynchoslegium rusci for- me Br. et Sch. var. sguarrosum Boul.; Hypnum cupress? forme L. war. lacunosum Brid.; Madotheca ihuja Dum. [Porel/a iA^ya Lindb; Plagiochila asplenioides Dum. var. minor Lindenb. Dans les parties sèches des dunes de Donville nous récoltons : Carex nitida Host, Silène conwa L., Avena pubescens L., Poly- gala dunensis Dum., Phleum arenari'umL.^ Poa bulbosa L., Bromus hordeaceus L. et Br. mollis var. compactus Bréb. Taraxacum erylhrospermum Andrz. etc. Dans les fonds marécageux des dunes de Donville et de Bré- ville, spécialement sur le territoire de cette dernière commune : Ranunculus Droueli Schultz avec la forme terrestris; Veromca anagallis L., Taraxacum palustre DC, Cardamine pratensis L., forme à fleurs doubles (AC), Scirpus pauciftorus Lightf., Schœ- nus nigricans L., Carex vulgaris Fr. et C. hirta L. ; Chara hispida L., et la var. gymnoteles; Chara aspera Willd. avec une var. inerme fort intéressante [Ch. Corbieri Hy in lût.). Hypnum giganteum Schimp.; Hypnum lycopodioi'des Schwœg.; Hypnum scorpioidesL.; Hypnum vermcosum Lindb. Gomme nous rentrions pour prendre part au banquet tradition- nel, notre collègue, M. Henri de la Chapelle, nous apporte et partage avec nous de beaux échantillons de Doronicum plantagi- newn L. qu'il avait récoltés sur les pentes d'un coteau boisé, à peu de distance de l'église de Donville. L. GORBIÈBE. — 43 — Rapport sur les Effets de l'Hiver 1890-91 L'hiver de 1890-1891 a été assez rigoureux à Cherbourg et dans le? environs, quoique cette saison soit généralement bénigne surtout en la comparant au climat des autres parties de notre France. Il n'est pas sans intérêt de rappeler le remarquable travail fait par notre collègue, M. Leroux, traitant des observa- tions météorologiques dans notre pays et qui a paru dans notre dernier bulletin. La température la plus basse a été de — 8°, d'après l'Observatoire de la Marine, et même de — 10% suivant l'endroit où le thermomètre était placé. Les désastres horticoles ont été nombreux et on doit les attribuer non pas seulement aux grands froids, mais plutôt encore aux gelées précoces et intenses qui sont arrivées subitement, lorsque les plantes étaient dans leur pleine végétation. En effet, comme le fait remarquer M. J.-B. Blanchard (*), au 1"' novembre beaucoup de végétaux à feuilles caduques avaient encore leurs branches chargées de feuilles; ceux à feuilles persistantes n'avaient pas encore fini d'aoùter leurs pousses. Beaucoup de plantes vivaces et annuelles ainsi que celles de serre, comme Pétunias, Verveines, Héliotropes, Géraniums, Dahlias, etc. qu'on met à la pleine terre pendant l'été, n'avaient pas encore cessé de fleurir, quand est survenue cette température si saisissante. Il est à signaler que les arbres ou arbustes qui étaient plus ou moins abrités ont été beaucoup plus éprouvés que ceux en plein air, et enfin que la neige a servi de manteau protecteur pour les boutures, les racines et les parties basses des végétaux. Les plantes de serre en ont aussi beaucoup souffert : dans une serre à bonne exposition le thermomètre avait marqué — 3" et les héliotropes et les boutures de pélargoniums y avaient péri. C'est une profonde erreur, comme il a été dit dans une de nos (*) Revue horticole du 16 février 1891, — 46 — réunions mensuelles, d'appliquer le mot acclimater aux plantes exotiques qui sont cultivées chez nous en si grande quantité, nous n'avons fait que les introduire ; quelques-unes y vivent au moyen de soins plus ou moins minutieux, et d'autres y résistent jusqu'à ce qu'elles rencontrent l'àpreté d'un de ces hivers qui leur portera un coup mortel. Néanmoins il ne faut pas se,décou_ rager, car peut-être, à force de précautions, on pourra arriver à leur faire supporter des hivers comme celui de 1890-91. Conti- nuons donc à introduire les plantes exotiques, car si nous avons quelques déboires, les succès les compensent souvent. C'est aux pays étrangers à qui nous sommes redevables du grand nombre d'arbres fruitiers, des végétaux alimentaires et industriels, des plantes à fleurs qui ont généralement résisté aux grands froids. Notre Société d'horticulture a voulu se rendre compte des dégâts occasionnés durant cet hiver à nos végétaux, et afm d'apprécier son importance, elle s'est adressée aux sociétaires, aux horticulteurs-marchands et aux jardiniers de notre ville et des environs. Un certain nombre de personnes ont répondu à cet appel, mais il a été fort regrettable que la plupart des horti- culteurs-marchands et les jardiniers de nos châteaux environ- nants se soient abstenus. Les rapports que nous avons entre les mains sont très-bienfaits, et même quelques-uns sont à signaler par leur étendue et leur ponctualité, aussi la Société d'horticulture est heureuse de remercier tous ceux qui ont bien voulu prêter leur concours en nous fournissant des documents, ce qui prouve combien l'horticulture est non-seulement estimée à Cherbourg, mais qu'elle y progresse sensiblement par le grand nombre de personnes qui font partie de notre Société et qui s'y livrent à de sérieuses études. Les renseignements que 'nous donnons ci-après ne s'appliquent qu'aux jardins pour lesquels on a bien voulu donner des indica- tions sur les effets de cet hiver, mais non sur la généralité des jardins de Cherbourg et des environs. Nous nous sommes occu- pés seulement des végétaux d'origine étrangère . 47 428 variétés de plantes ont été soumises à notre examen et d'après les listes qui nous ont été communiquées, et en les com- pulsant, nous les avons réparties comme suit ; I. — 209 PLANTES ONT RÉSISTÉ ENTIÈREMENT. Acérinées Acer Negundo (Etats-Unis). Id. variegata. saccharinum (Etats-Unis et Canada). 1735(") striatum id. 1755 4 mpelidées Ampélopsis striata sempervircns (*') (Amérique sep) . Araliacées Aralia spinosa (Etats-Unis). 1688 Aristolochiées kv\s\.o\och.m Sipho id. 1763 Berberidées Berberidopsis corallina (Chili). Berberis dulcis (Magellan). » rotundifolia (indigène). » stenophylla (***) (Hybride). » vulgaris rubrifolia (indigène). Bignoniacées Bignonia jasminoides (Nouvelle-Hollandej. 1830 Catalpa bignonioides (Etats-Unis). 1726 » speciosa. Bixacées Azara microphylla (Chili). Idesia polycarpa (Japon). Calycanthées Calycanthus Floridus (Etats-Unis). 1726 Capri foliacées Aheha floribunda (Mexique). 1845 Chamœcerasus Tatarica (Russie). 1752 Viburnum Balearicum (Iles Baléares). » tinus hirtum (Europe méridionale). » lucidum . » plicatum (Japon). » Yeitchi . Weigeha rosea (Chine). 1845 Celastrinées Evonymus japon, maculatus aureus (Japon). (*) Cette date indique l'année de l'introduction de cette plante en France. (**) Synonyme de Vitis sempervirens. (***) Hybride du Berberis empetrifolia par Darwini. 48 ~ Cistinées Cistus (indigène). Composées Olearia Haastii (indigène). » dentata (Nouvelle-Hollande). 1793 Conifères Abies alcoquena (Japon). » balsamea (Amérique septentrionale\ » cephalonica (Géphalonie). » concolor (Colorado). » Douglassi. » lasiocarpa (Californie). » Nordmaniana (Crimée). » numidica (Kabylie). » Sieboldii (Japon). Biota orientalis aurea (Chine et Japon). Cedrus Atlanticaet ses variétés (Afrique). 1842 » Libani (Syrie), 1683 Cephalotaxus Fortunei (Chine). 1848 Ghamœcyparis lycopodioides (Japon). » obtusa. id, » pisifera . id . » plumosa . id . » tetragona. id. Cryptomeria Japonica (Japon). Juniperus communis (indigène). » rigida (Japon). » virginiana (Virginie). Pinsapo (Espagne). 1839 Pinus Austriaca (Autriche). » Beardsleyi (Amérique). » Gembra (Japon). 1846 Sahsburia adiantifolia (Chine). 1754 Sciadopitys verticillata (Japon) . Taxodium distichum (Etats-Unis). 1640 Taxus baccata (Irlande). » Hibernica (Irlande). » lobbii (Californie). — 49 — Conifères Taxus orientalis (Canada). » orientalis (Chine et Japon). » pygmaea. Thuiopsis borealis et autres variétés fJapon). 1831 » dolabrata id. » variegata. id. Cornées Aucuba japonica mascula id. » id. femina id. Cornus florida (Floride). » sanguinea (Europe). Crucifères Dentaria scabra (indigène). Cupulijères Quercus eegilops (Grèce et Asie-Mineure). 1731 » chrysophylla (Colombie) » glabra (Japon). » ilex (France méridionale). Daphnéacées Daphné Mazelli Diosmées Choisya ternata (Mexique). Ehénacées Diospyros lotus (indigène). ou styracées » virginiana (Louisiane). 1620 Eléagnées Eleagnus pungens (Japon). » id. variegata. Hippophae rhamnoides (Europe sud-est) . Encacées Andromeda Hendersoni. » Japonica variegata (Japon). » mariana (Maryland). » vulgaris. Azalea amœna (Inde). » Belle Gantoise (Hybride). » Jean Thibault (Hybride). » le comte de Flandre (Hybride). » tubiflora. » à petites fleurs. Clethra alnifolia (Xmérique-Septentrionale). 1731 Kalmia latifolia (Canada). ^734 — 50 — Ericacées Pernettya lilacina fMagellan). » mucronata et ses variétés (Magellan) 1 828 Rhododendrons alpinum (des Alpes). y, deBodaërt. » fulgens (Himalaya). v neige id. Fougères Cyrtomium atratum. » falcatum (Japon). » id, Fortunei. Onoclea sensibilis (Amérique septentrionale). Pycnopteris Sieboldii (Japon). Struthiopteris japonica id. Fumariacées Dielytra spectabilis (Chine). 1810 Garryacées Garrya macrophylla (Mexique). Graminées Bambusa mitis (Chine et Japon). » nigra id. » quadrangularis id. » quiloi id. » species id. » viridi glaucescens id. Eulalia japonica aurea striatis (Japon). » rubrara id. » univittata id. Granatées Punica granatum (Mauritanie) . 1 548 Hippocastanées Pavia macrostachya (Etats-Unis). 1796 Hypéricinées Hypericum patulum (Nepaul). 1820 llicmées Skimmia japonica macula (Japon). » id. femina id. Jasminées Jasminum officinale (indigène). Juglandées Juglans pra?parturiens (Etats Unis). 1837 Légumineuses Acacia angustifolia » dealbatfe (Nouvelle-Hollande). » macrophylla. » pyramidalis . seraperflorens. 9 I — 51 — Légumineuses Cassia lœvigata (Brésil). Cytisus albus (Portugal). 1752 Gleditschia triacanthos (Etats-Unisj. 1 700 Gymnocladus canadensis (Canada). 1748 Virgilia lutea (cladastris) (Etats-Unis). 1812 Wistaria (glycine) chinensis (Chine). 1818 Liliacées Aspidistra lucidam Viridis (*) Rhodea japonica et ses variétés (Japon). Ruscus racemosus (Egypte) . 1759 Yucca plicata pendula (Amérique septentrionale). Magnoliacées lUicium religiosum (Japon). 1842 Liriodendron tulipifera (Etats-Unis). 1663 Magnolia Coinpbelli » Lennéi. » yulan (Chine). * 1789 » Stella ta. Malvacées Altheea frutex Hibiscus syriacus (Syrie) . 1 596 Menispermées Akebia quinata (Japon). Stauntonia latifolia (Népaul). Morées Boussonetia Kœmpferi (Japon). Morus (Chine). Myrtacées Callistemon rigidum (Chine). 1800 Oléacées Chionanthus virginica (Etats-Unis). 1736 Forsythia Fortunei (Chine et Japon). » viridissima (Chine). Ligustrum Ibota (Japon). » jap. marginatum argenteum (Japon), » lucidum ^Chine). 1794 » «lacrophyllum » ovaHfolium marg. aureum (Californie.). » regellianum (Thibet). Osmanthus ilicifolius. (Japon). (f') Qui résiste à Cherbourg, mais qui no pousse pas, faute de chaleur l'été. — 52 — Oléacëes Phillyrea angustifolia (Indigène). » laurifolia décora, id. » oleifolia. id. Onagrariées Fuchsia coccinea. (Magellan) Papaveracées'^OQConidi cordata (Chine). 1795 PhiladelpIiéesIieviizïïicrQndXdi (Japon). 1833 » gracilis. id. 1845 » scabra, id. 1833 Philadelphus coronarius ('Europe méridionale;. » microphylla. Pontédériacées Pontederia cordata (Amérique septentrionale). Renonculacées Clematis lanuginosa (Chine). » montana (Himalaya). » odorata (Inde). Rosacées Alisier ou Sorbus. Amélanchier vulgaris (Europe). 1656 Cerasus lusitanica (Portugal). 1648 » rosea plena ("Japon). Cormus domestica (Europe). Cotoneaster horizontalis (Asie). » Simonsii (Mexique). Cratœgus torminalis. Eriobothrya (Japon). 1787 Exochorda grandiflora (Chine). » Alberti (Asie centrale). Photinia dentala (Japon). » glauca ou serrulata (Chine). 1804 Prunus Pissardi. Pyrus saUcifolia pendula (Russie). 1780 Salicmées Populus Balsamifera (Canada). Sapindacées Xanthocera .=orbifolia (Chine). Saxifragées Hortensia involucrata (Japon). Hydrangea scandens, id. Sc/îi^awdmcees Kadsura japonica, id. 1838 Scrophularinées Paulownia imperialis (Japon). 4835 — 53 — Staphyléacées Staphylea colchica (Colchide). 0 pinnata (Europe Méridionale). 1560 Styracées Halesia tetraptera (Virginie). 1756 Térébinthacées Rhus vernicifera (Japon, Nepaul). 1823 Tamariscmées Tamarix africana (Afrique). » gallica (indigène). Ternstrœmiacées Cleyera japonica tricolor (Japon). 1822 » Tliea viridis (Giiine). Verbénacées Clerodendron Bungei, id. Zanthoxylées Ailantus glandulosa (Japon) ainsi que toutes les plantes et arbustes communs et tous les arbres plus ou moins forestiers du pays: les abies — fagus — fagus pupurea — fraxinus — ilex — piiius — platanus — popu- lus — séquoias — speudo-platanus — ulmus — les fougères et autres plantes herbacées, enfin tous les arbres fruitiers, sauf les figuiers qui ont perdu quelques branches et dont la récolte a été très-réduite. 52 autres plantes que l'on trouve comme ayant résisté dans quelques jardins, tandis que dans d'autres elles ont été plus ou moins avariées et ou même quelques-unes sont mortes. 1° Parmi celles dont quelques exemplaires sont morts, 19 sont à citer : Araliacées Aralia papyrifera (ile Formose) . » Sieboldii (Japon). 1885 (*) Asleliacées Astelia Bivittata. Capri foliacées Weigelia variegata. Conifères Gedrus deodora (Népaul). 1822 Gryptomeria japonica (Japon) . 1844 Pinus insignis Californie). 1833 Cortiées Benthamia fragifera (Népaul). Daphnéacées Daphné laureola (indigf^e). 1875 (*) Cette date indique l'année de la plantatiun. iv. — 54 — Ericacées Rhododendron arboreum (Indes-Orient.) 1820 » Aucklandii(l). » Dalhousiae . » Edgeworthii (Himalaya). Gesnériacées Mitraria coccinea (ile Ghiloë). Labiées Rosmarinus offlcinalis (France méridionale). Saxifragées Itea virginica (Virginie), 1744 Scrophularinées Veronica Traversii (2). Solanées Desfontainea Hookeri (3) (Amérique méridionale) . Fabiana imbricata (Chili). 1832 2° Parmi celles qui ont perdu leurs parties aériennes 3 sont à mentionner : Ericacées Rhododendron ponticum (Asie mineure). 1763 Oléacées Ligustrum californicum (Californie). Rosacées Cotoneaster microphylla (Népaul) . 1820 3° Parmi celles qui ont perdu leurs feuilles ou souffert, 1 5 sont à signaler: Conifères Cryptomeria elegans (indigène). Larix europœa (Europe). Pinus excelsa (Himalaya) . Cupulifères Quercus ilex (indigène). Ericacées Azalea pontica (Caucase) . 1793 Erica arborea odorata (Europe méridionale). 1804 Rhododendron ciliatum (Himalaya). Fougères Lomaria zamioides. Garryacées Garrya elliptica (Californie) . 1828 Graminées Gynerium argenteum (Paraguay) . (1) Les rhododendrons Aucklandii, provenant de graines récoltées dans notre pays, ont seul résisté. (2) Parmi celles qui sont mortes, la plus ancienne a été plantée en 1880. (3) Le Desfontainea Hookeri sans aucun abri n'a pas souffert chez M. Levéel aîné. — 55 - Oléacées Forsythia suspensa (Chine et Japon) (1) . Ligustrum japonicum (Japon). » microphyllum. Palmiers Chamœrops excelsa (Chine, Japon) (2). Phœnix canariensis (Canaries). 4* Parmi celles qui ont perdu, ou leurs parties aériennes, ou leurs feuilles et ou ayant souffert, o sont à remarquer : Conifères Cupressus Lambertana (3) (Amérique septent.) Euphorhiacées Buxus balearica (Turquie d'Europe, et d'Asie). 1770 Gunnéracées Gunnera scabra (Chili) . Saxifr âgées Escallonia rubra id. 1826 Ternstrœmiacées Camellias (4) (Chine et Japon). 5" Parmi celles qui ont perdu leurs parties aériennes ou sont mortes 2 sont à indiquer : Polygonées Muhlenbeckia (Nouvelle-Zélande ou Australie) . Rosacées Lauro-cerasus (Caucase). 1576 6° Parmi celles qui ont perdu leurs feuilles ou qui sont mortes il n'en a été trouvé que 2 : Amaryllidées Bonapartca ou Littœa gracilis (Amer mér.) 1800 Conifères Araucaria imbricata (*5) (Chili) . 1796 7° Parmi celles qui ont subi tous les effets il en existe 6 : Capri foliacées Viburnum tinus (6) (Europe méridionale). 1596 (1) Les Forsythia perdent quelquefois leurs feuilles dans les hivers rigoureux, mais ils les gardent souvent. (2) Les Chamœrops ont eu généralement 1 extrémité de leurs feuilles gelées . (3 4) Les Cupressus Lambertiana et les Camellias ont eu l'extrémité des branches geléerj, et pour ces derniers la floraison n'a pas aussi bien réussi. (.5) Un araucaria (chez M. Milcent, à Flamanville), d'environ 15 à 20 ans, a eu la tête et les branches supérieures bien vivantes et les bran • ches inférieures plus ou moins desséchées. 11 en est mort 6 chez M. Boulai d de 1888, celui du jardin delà Société et quelques autres ont résisté. (6) Les Viburnum tinus ont tenu bon, mais toutes les jeunes pouasea qui recouvraient leur tronc ne tardèrent pas à être grillées. — 56 — Ericacêes Arbutus unedo (1).' Laurinées Laurus nobilis (2) (région méditerranéenne) . Lili'cacées Cordyline angustifolia (3) (Nouvelle Zélande) . Magnoliacées Magnolia (4) Drimys Winterii (Nouvelle Grenade'. » grandiflora (Caroline mérid.) 1734 Beaucoup de rosiers ont été épargnés. La mort a atteint les thés, les noisettes, les bengales et ceux qui avaient peu de vigueur . n. — 43 PLANTES ONT PERDU LEURS PARTIES AÉRIENNES. Berbéridées Berberis ilicifolia (Terre de Feu). 1791 Calycanthées Calycanthus Pompadoura (Etats-Unis). 1726 (1) Les Arbutus ont fleuri beaucoup moins bien. (2) Les Laurus-nobilis (lauriers dApoUon) ont beaucoup souffert. Nous en remarquons un de 40 ans chez M^" Lecarpentier, qui a perdu ses parties aériennes; quelques uns sont morts et parmi ceux-ci on compte celui de M. Hainneville, au Becqoet, planté en 18i'0; celui de la Société avait un tronc de 13 '^/°» de diamètre; plusieurs ont résisté chez M, de la Chapelle; en général leur feuillage a noirci et leurs pousses ont péri comnae celles du Virbunum tinus, (3) Peude Drac3enas(dont le nom botanique est Cordyline angustifolia) ont été épargnés par cet hiver rigoureux Qi-ielques uns ont résisté non sans avoir beaucoup souffert, mais les victimes ont été nombreuses, la date de leur plantation était de 1863, 71. 72,75, 81, 8?, 89 et parmi ceux ci nous en comptons plusieurs que d'autres rudes hivers n'avaient pas atteints, entr'autres ceux du jardin de la Société d horticulture; deux étaient surtout remarqués par leurs dimensions : le premier avait 6'"20 de haut et t^oOde circonférence, la hauteur delà seconde était de 4"10 et sa circonférence de 0™84 plusieurs autres quoique moins forts et ayant de 2"25 et 3™}!' de haut et 18 et 20 ^l<^ de diamètre sont également à mentionner. (Voir le-BuZ^eim de la Société d'horticulture de 1890, p. H2) M. Milcent, aa château de Flamanville, en possédait un qui, rabattu, avait le tronc de ?5 7™ ^le diamètre. La cordyline indivisa, plantée dans le jardin de M. Hamond, an- cien consul d'Angleterre, a subi le même sort que les cordylines angustifolia. ^4) Malgré que l'on ait à enregistrer la perte de quelques magnolias dont quelques-uns avaient douze ans de plantation ainsi que d'autres qui passaient pour être des plus vieux à Cherbourg (chez MM Mahieu et Leblanc). La plupart de ceux qui ont résisté ont eu une partie de leurs branches brisées par la neige, comme cela est arrivé pour les vibur- num tinus, les myrtus, les rhododendrons, les veronica, etc. — 57 — Capri foliacées Evonymus angustifolius (forêts de la Géorgie). 1806 » japonicus (Japon). 1804 » macrophyllus Leycesteria formosa (Népaul). Lonicera caprifolium (indigène) . » variegata. Viburnum folius décidii , Conifères Cupressus macrocarpa (Californie] . Fitz-roya patagonica (Patagonie). 1852 Retinospora ericoides (Japon) . » obtusanda (Japon) . Andromeda latifolia (Canada). Ericacées Arbutus andrachnoïdes (Orient). 1822 Azalea à grandes fleurs. Erica Méditerranea (indigène) . Rhododendron barbatum (Sokim et du Botan). 1837 » Comtesse Haddingston. (1) » Eximium. » Hodgsonii (Himalaya). » Ochraceum . » princesse Alice (Himalaya) . » Sesterianum. Graminées Arundinaria falcata (Népaul) . )) Simonsii (Chine). Ilicinées Ceanothus divaricatus. Jasmmées Jasminum triumphans. » à grandes fleurs jaunes. Légumineuses Indigofera décora (Chine). Liliacées Yucca filamentosa (2) (Amérique septen.) 1675 Myrtacées Myrtus communis (Europe méridionale). 1597 Oléacées Eugenia apiculata (Chili-Pérou). (1) Aujourd'hui ce rhododendron qui avait trop souffert a fiai par mourir, malgré quelques jeunes pousses qui s'étaient formées. (2) Beaucoup de yuccas ont eu les feuilles brisées par la neige. 58 - Oléacées Phillyrea buxifolia (Europe méridionale) . Onagraviées Fuclisia arborescens (Guatemala) . 1 823 Polygonées Muhlenbeckia complexa ou nummulariaefolia (N.-Z.) Rhamnées Rhamnus (indigène). Rubiacees Gardénia japonica (Japon). 1804 Saxifragées Escallonia floribunda (Nouvelle-Grenade). 1827 )) rubra (Chili) . 4826 Hortensia blanc (Chine) . » rose. Ternstraemtacées Camellia sasanqua (Japon). 1811 III. — 35 PLANTES AYANT SOUFFERT OU PERDU LEURS FEUILLES. Acanthacées Acanthus lusitanicus (Portugal). Libonia floribunda (Brésil). Acérinées Acer Negundo (Etats-Unis) . 1688 Amaryllidées Agave macracantha (Amérique). Apocynées Rhynchospermum chinense variegata (Chine). Araliacées Hedera hélix (indigène). » dentata (Caucase). Artocarpées Ficus repens. Bignoniacées Tecoma radicans (Virginie). 1640 Cistinées Cistus albidus (France méridionale). 1640 Conifères Abies Morinda (Himalaya). 1818 Araucaria brasiliensis (Brésil). 1816 Ilex Fordii. Pinus virginica (1) (Virginie). Taxodium sempervirens (Californie). Ericacées Azalea indica (Indes). 1 808 Pernettya candida. Rhododendron Bijou de Paris. „ M"° Vandeverussen. Graminées Bambusa Metaké (Chine) . Grossulariees Ribes sanguineum (Amériqueseptentrionale).18I7 (1) Ce conifère a eu ses feuilles gelées. — 59 — Jasminées Jasminum revolutum (Népaul). 1812 Légummeuses Cercis siliquastrum (Europe méridionale). 1596 Colutea arborescens indigène). Indigofera Dosna (Népaul). LiUacées Phormium (1) astropurpureum. » colensoi. tenax (Nouvelle-Zélande). » tenax variegata, id. » Weitchii var. Morées Maclura aurantiaca (Etats-Unis). 1824 Oléacées Ligustrum japonicum tricolor (Japon). Osmanthus roondifolius id. Phillyrea latifolia (Europe méridionale). 1597 Rosacées Kerria (corchorusj, japonica (Japon). 1700 IV. — 53 PLANTES SONT MORTES. Amaryllidées ks^diVes filifera (Amérique). 1865('') » Salmiana (Mexique) . 1 865 Ampélidées Ampélopsis striata sempervirens. Araliacées Aralia crassifolia (Nouvelle-Zélande), 1865 )) hétéremorpha. 1880 » intégrifolia. 1865 » quinquefolia . 1880 » trifoliata . 1 880 Artocarpées Griselinia littoralis (Nouvelle-Zélande). Berberidées Mahonia Nepalensis (Népaul) . 1 865 • Bignonacees Bignonia capreolata (Etats-Unis) . 1888 1710 Borraginées Lithospermum fructiosum (France mér.)1887 Capri foliacées Viburnum rugosum (lies Canaries). 1887 » suspensum. 1887 (l)Un grand nombre de phormiums, à quelque variété qu'ils appar tiennent, se ressentent encore des suites de l'hiver 1890 91, et actuelle - ment ils ont 'peut être un plus triste aspect qu ils n'avaient à cette époque; les Escailonias, les Eucalyptus, les Myrtus et d'autres plantes sont dans ce cas. (*) Cette date indique l'année de la plantation. — 60 — Cistinées Gistus ladaniferus (Espagne). 1870-1880 1659 Cemposëes Eurybia argophylla(l) (N.-Hol.)l 880-81 -83-85 1804 Conifères Cupressus funebris (Chine). 1865 1846 » (retinospora) pisifera aurea 1885 Libocedrus chilensis (Chili). 1865-1887 1848 » Doniana (Nouv.-Zélande). 1865 1842 Pinus Gembra (Japon) . 1846 Podocarpus taxifolia (Pérou). 1886 » totara (Nouvelle-Zélande). 1864 latifolia (Inde). 1884 Convolvulacées Convolvulus Mauritanus (Mauritanie) . Eléagnées Eleagnus angustifolia (Europe Mérid.) 1886 Ericacées Rhododendron calophyllum ('2) (Himalaya). » Gibsoni. . Keysii. id. 1864-65 Fougères Dicksonia squarrosa . 1 887 Lomaria gibba. Scolopendrium . Laurinées Laurus camphora (2) (Chine). 1871 Légumineuses Coronilla (à grandes fleurs) glauca(Esp). 1881 1722 Edwardsia microphylla (3) (Nouv.-Zél.) 1772 Mimosa (Brésil). Spartium junceum (Espagne). 1885 1548 Liliacées Yucca quadricolor (Amérique). 1871 Myrtacées Callistemon floribundum (Nouv.-Hol.) 1865 Eucalyptus resinifera (Australie). 1788 Omhellifères Ferula communis (Europe Mérid.). 1881-1888 1597 Palmiers Phœnix canariensis (lies Canaries). Pittosporées Pittosporum chinense ouTobira. 1864-71 -75-78 1804 » coriaceum (Madère). 1885 1787 (1) Cet arbuste est appelé à tort Eleagnus crispa. (2) Le tronc de celui qui est mort dans le jardin de la Société mesure 8 cent, de diamètre. (3) Celui qui est mort au jardin de la Société a il cent, de diamètre au tronc. — 61 — Pittosporées Pittosperum makii. 1865 » nigra. 1886 » undulatum (Nouv-Galles). 4789 Rosacées Chamoecerasus Albei'ti. 1887 Saxifragêes Anopterus glandulosa (Van-Diémen) . 1887 Bauera rubioides (Nouvelle-Hollande). 1887 1793 Scrophularinées Habrotamnus coccineus (Mexique). 1S87 Veronica Lindleyana (Australie). 1843 » speciosa (Nouvelle-Zél.) . 1888 1835 37 plantes qui sont mortes dans quelques jardins, mais qui, dans d'autres ayant résisté aux intempéries de la saison^ ont été plus ou moins avariées. Elles se répartissent ainsi. 1° 17 ont perdu leurs parties aériennes : Apocynées Echites suaveolens(1j (Buenos-Ayres). 1838 Nerium oleander (Europe méridionale). 1396 Cannacées Canna (Indes). 1370 Capri foliacées Virbunum Awafuskei. Célastrinées Evonymus fimbriatus (Indes Orientales) . n japonicus sempervirens. Eléagnées Eleagnus reflexa (Japon) . Ericacées Azalea indica (Indes). 1808 Rhododendron Cavroni (Himalaya). Ilicinées Phylica ericoides (du Cap). 1730 Liiiacées Yucca aloifolia (Amérique) . 1696 Mijrtacées. Eucalyptus globulus (2j (Australie). 1822 Oléacées Olea Europaea (3) (Europe méridionale). 1370 Ombellifères Eryngium pandanifolium (Amérique). Onagrariées Fuchsia arborescens (Guatemala). 1823 (1) Parmi les Echites suaveolens. plus connus sous le nom de mande devilla suaveolens, chez M. de la Chapelle il en est m .rt un très bea'i et donnant des graines. (2) Parmi les Eucalytus globulus qui ont péri, celui du jardin de la Société avait 20 cent, de diamètre au tronc. (3) Le tronc de l'Oléa, mort au jardin de la Société, avait 11 cent, de diamètre. — 62 — Rosacées Raphiolepis ovata (Japon et Chine). Scrophularinées Budleia globosa (Chili). -1774 2° 10 ont perdu leurs feuilles ou ont souffert : Amaryll idées Agave americana (Amérique). » americana variegata id. » Mexicana (Mexique). Apocynées Rhyncospermum jasminoides (Chine). Broméliacées Pourretia argentea (1) . » Joinvillei (2). Ericacées Erica arborea (Europe méridionale). 1658 Rhododendron argenteum (^Himalaya). » barbatum (Népaul) . Solanées Solanum pubigerum id. 3" 6 ont perdu leurs parties aériennes ou leurs feuilles et ou ont souffert : Célastrinées E von y mus variegatus (3) . Liliacées Phormium Gooki (4) (Nouvelle-Zélande) . 1839 Myrtacées Eugenia Ugni (5) (Chili) . Myrtus andalousise (6) (Andalousie). Palmiers Jubœa spectabilis (Chili). Passiflorées Passiflora cœrulea (Brésil et Pérou) , (1) Il en est mort un au jardin de la Société. (2) Il en est mort un chez M. Delafosse. (3) La mortalité a été très grande sur les Evonymus, n'importe à quelle variété ils appartiennent, entre autres : 2 de 1875 et- un semper virens de 3 ans qui avait 1 m. 50, et ceux qui ont échappé ont tous souffert en grande partie. Un Evonymus japonicus maculatus aureus a résisté au jardin de la Société. (4) Le phormium Cooki, ou plutôt Cookianum, qui est mort est celui que M. Letellier, jardinier, avait donné à . la Société d horticulture, comme descendant du pied rapporté en 1839 directement de la Nou- velle-Zélande à Cherbourg par M le capitaine Doucet 11 avait fleuri la première fois le 15 mai I8i7. (Pour plus de détails voir le bulletin de la Société d'horticulture n" 2 de l'année 1848). (5) La perte a été très sensible pour les Eugenia ugni qui étaient de 1871-80 87, cependant chez M. Paysant et au jardin de la Société ils ont été préservés. (6) Les Myrtus Andalousioe ont été plus ou moins endommagés. — 63 — 4" 2 ont résisté ou ont perdu leurs parties aériennes : Rhamnées Cœanothus divaricatns. Colletia cruciata (Chili). 5° 2 ont résisté ou ont perdu leurs parties aériennes ou leurs feuilles et ou ont souffert : Palmiers Chamœrops humilis (Afrique). Saxifragées Escallonia macrantha (ile Chiloë). Il y a eu des plantes qui, placées dans le même jardin, n'ont pas subi les mêmes effets, ainsi: Des Cordylmes angustifolia (M. de la Chapelle) une qui a perdu sa tête aérienne, 2 qui ont perdu leurs feuilles et 2 qui ont résisté . Id. (M. Leroux) 6 de 1886 qui ont perdu leurs têtes aériennes et 4 de la même année qui sont mortes. Id. (M. Boulard) une de 1880 qui a perdu sa tête aérienne et 6 de 1888 qui sont mortes. Evonymusfimhriatus, (M.Delafosse)unqui a perdu sa tête aérienne et un autre de 1865 qui est mort. Garrya elllptica, (M-n» Lecarpentier) un qui a perdu ses feuilles et un autre qui a résisté. Larix Europœa, (M^^Lecarpentierjun qui a perdu ses feuilles et plusieurs qui ont résisté. Laurus nobilis, (M. de laCnapelle);unqui aperdusa tête aérienne et 2 qui ont résisté. Myrtus Andalousiae, (hospice civil) 2 qui ont perdu leurs' feuil- les et 3 de 1868 qui sont morts. Olea, (M. Fenard) un qui a perdu sa tète aérienne et un autre qui est mort. />Aî//ica er?coï(/e5 (M . Fenard) un de 1875 qui a perdu sa tête aérienne et un autre de 1875 qui est mort. Pinus insignis^ (M"" Lecarpentier) un de 1885 qui est mort et un autre qui a résisté. Id. (M . Fenard) le plus vigoureux a totalement résisté et les autres ont eu de fortes branches gelées. — 64 — Rhododendrons ordinaires^ (M. de la Chapelle) un qui a perdu sa tête ordinaire et 10 qui ont résisté. La cause est que ces plantes différaient les unes des autres, ou par leur diverse végétation, ou par leur âge, ou par la qualité du terrain, ou enfin par l'endroit du jardin où elles étaient pla- cées qui aura été plus ou moins protégé contre les gelées. Il est à remarquer que l'on s'est trop hâté d'arracher les plan- tes, car dans quelques jardins où l'on a agi avec plus de pru- dence, on en a vu quelques-unes qui passaient pour être mortes repousser comme: les Dr acœ7ias^ les Eucalyptus globulus, les Muhlenbecida, les Myrtus, les Laurus nobil/s,les Evonymus, les Phormiums^ les Olea, et d'autres qu'on serait heureux aujour- d'hui d'avoir, au lieu des places vides qu'on a bien de la peine à combler. Remontant à l'hiver 1879-80, au sujet duquel nous trouvons un intéressant travail dans le bulletin de la Société de cette époque, fait par M. Denis, de regrettée mémoire, car il était un de nos anciens vice-présidents, et en le comparant aux hivers de 1890-91 nous remarquons quel'Anopterusglandulosa, — le GalUs- temon floribundum, — le Laurus camphora, — Podocarpus, — et la Veronica speciosa avaient péri également. Le Gephalotaxus et les Kalmias, qui étaient morts en 1879-80. ont résisté en 1890-91 . Les Aralia crassifolia et hétérémorpha n'avaient pas souffert pendant l'hiver 1879-80 tandis qu'ils ont péri en 1890-91 . L'Acacia dealbataa résisté en 1890-91 , contrairement à 1879-80 pendant lequel il est mort. La Fuchsia coccinea n'a pas souffert, tandis qu'il avait eu en 1879-80 ses parties aériennes détruites. L'Agave americana a eu pendant les deux hivers ses feuilles détruites, mais cette année il y en a eu que quelques-unes de mortes. Les Cannas n'avaient eu en 1879 et 80 que leurs parties aérien- nes détruites, tandis que la mortalité a sévi sur eux en 1890-91. i — 65 — L'Eucalyptus resinifera est mort, contrairement à l'hiver 1879- 80 où il avait résisté. Les Eucalyptus globulus avaient été attaqués dans leurs parties aériennes pendant les deux hivers, mais plu- sieurs n'ont pu survivre en 1 890-9 L Les Gunnera scabra — Myrtus communis — Virbunum awa- fuskei et les olea ont eu pendant les deux hivers leurs parties aériennes détruites. R. d'Aboville. p, S. — Une délégation du comité de rédaction s'est rendue chez M. Emmanuel Liais pour réclamer de son obligeance quelques données sur les effets de l'hiver 1890-91, produits sur les arbres et les plantes qui, disposés avec tant de goût, font de son domaine une agréable et ravissante propriété. Après avoir été introduite, elle fut reçue avec une grande affabilité par M. Liais qui voulut bien répondre à son désir. Dans un entretien qui, par son grand intérêt, parut fort court, les renseignements suivants furent recueilhs: Les pertes horticoles sont dues, non aux grands froids, mais au verglas qui a saisi les arbres, arbustes et plantes qui avaient alors une végétation active, obtenue par la chaleur de l'automne précédent. C'est dans la nuit du 25 novembre que les effets désastreux se sont produits, et ce sont les végétaux délicats qui ont été les plus éprouvés. La température la plus basse a été de 4° 1/10, ce qui peut très bien se faire qu'en y comprenant son rayonnement, les chiffres qui ont été donnés au commencement de l'article soient exacts. Ce même degré de température s'est rencontré le 15 mars de l'année dernière, mais le mal ne s'est pas fait sentir autant,, à cause de la neige qui recouvrait nos végétaux et dont la fonte, par suite de son épaisse couche, s'opé- rait lentement, et par là empêchait le contact du verglas; tandis que pendant l'hiver de 1890-91, à mesure que la neige tombait, — 66 le verglas, qui se formait, avait fini par en être recouvert. Il faut remonter en 1840 pour trouver un hiver aussi rigoureux. M. Liais a cité des exemples frappants pour démontrer que le verglas devait être la seule et unique cause des dommages que notre horticulture avait éprouvés. Au milieu du parc se trouvait un massif d'azalea indica qui, malgré son exposition à tous les caprices de la saison, a donné une magnifique, sinon une plus belle floraison, tandis que d'autres azelea de la même espèce, garnissant une plate-bande adossée à une serre, ont eu une flo- raison très-inférieure parce qu'ils avaient souffert, ayant reçu du verglas provenant du vitrage de la serre. Pour tous les laurus en général et pour d'autres également, ils ont été atteints d'abord à leur base, les jeunes pousses périssaient ensuite et le long du tronc, à tous les endroits qui avaient été frappés par le verglas, la force végétatrice disparaissait. Il en résultait que, favorisée par la température, la tête avait conservé son entière vigueur, tandis que la végétation avait disparu du milieu du corps, par suite la sève disparaissant peu à peu, l'arbre réussissait à vivre encore quelques mois et finissait par mourir. Voilà comment s'explique la perte de nos cordylines angustifotia. M. Liais considère une plante comme acclimatée : toutes les plantes dont les racines subsistent et d'où partent des rejetons, ainsiles Cordylines anyustifolia^les phorîniumsei ceriains cannas sont acclimatés. L'appréciation donnée plus haut sur l'acclima- tation des plantes exotiques ne se trouve pas en rapport avec celle de M. Liais. Ses paroles faisant autorité, nous sommes disposés à nous y rallier. Ensuite, passant en revue dans sa mémoire, M. Liais a donné quelques noms de plantes sur lesquelles la mortalité a été fatale et d'autres qui y ont échappé. Sont morts : Erica nigra, — tous les Pittosporum. — Balan- tium antarcticum, — Fougères, — Rhododendron laureum. Ont résisté : Acacia calamistrata et calamifolia, — Jubœa spec- tabilis, — Phœnix canariensis. — Chamœrops excelsa, — Gha- — 67 — maerops humilis, — Quercus ilex, — tous les Ligistrum, — tous les Evonymus, — les Cannas, — Calla éthiopica, — Metrosideros, — Nymphsea odorata rosea, ainsi que tous les autres, — les Laurettes, — Passiflora cœrulea, — les Hortensias ont fleuri abondamment, — les Gunnera, — les Gynerium, — tous les Rhododendrons de l'Himalaya, — quelques Véroniques, — les Kalmias, — Azalea indica, — Amaryllis belladona, — Bégonia semperflorens, — tous les Bambous, — les Yucca, — Hedychium Gardenerianum, — Hedychium grandiflorum, ainsi que trois géraniums zonales dont les racines sont reparties de sous terre. La délégation a pris congé de M. Liais, non sans l'avoir beau- coup remercié de l'extrême obligeance qu'il avait montrée à son égard, et en se retirant elle a admiré deux Mimosas retino'ides fîoribunda et deux Mimosas dealbata, chacun de 5 mètres de haut (ils avaient été rabattus parce qu'ils avaient atteint la partie supérieure de la serre) et dont les deux derniers n'ofïraient qu'un immense bouquet composé de grappes jaunes. En jetant un coup- d'œil sur l'imposante collection de camellias remarquable par sa grande floraison, deux sont à signaler : un rouge panaché qui est très florifère et qui n'a cessé de porter des fleurs depuis le mois de décembre et un rose double d'une grande pureté qui depuis un mois a ses boutons éclos. R. D'A. 68 Les Végétaux considérés comme des Thermomètres enregistreurs. Tel est le titre de la première partie d'une brochure queM. Félix Sahut, président de la Société d'horticulture et d'histoire natu- relle de Montpellier, a adressée avec une aimable dédicace à notre Société. Le travail de M. Sahut nous rappelle un article de M. Denis, publié dans notre Bulletin de 1879, ayant pour titre de la Météorologie en Horticulture^ et a d'autant plus d'intérêt pour nous que ses observations concordent avec ce qu'on a pu remar- quer, ici, à la suite de l'hiver 1 890-91, et avec les effets du froid signalés dans le rapport de M. d'Aboville. « Les végétaux, par leur nature même, dit M. Sahut, sont essentiellement impres- sionnables et très sensibles aux variations atmosphériques. Pour quiconque connaît leurs exigences culturales, pour celui qui les observe avec beaucoup d'attention, les végétaux d'un ordre élevé, ceux qui sont ligneux surtout, laissent deviner les impressions qu'ils ressentent et cela d'une façon très exacte. Ils nous mon- trent à quel degré leur sensibilité est éprouvée, tout aussi bien que si nous consultions à coté les meilleurs instruments em- ployés en météorologie. Toutefois, hâtons-nous de le dire, la ques- tion est moins simple qu'elle n'apparaît au premier abord. En y regardant de près, on s'aperçoit, au contraire, qu'elle se compli- que de nombre d'autres facteurs dont il faut tenir compte si l'on ne veut pas s'exposer à faire fausse route. «C'est ainsi que des observations faites sur un assez grand nombre de végétaux, et poursuivies pendant plus de trente années consécutives, nous montrent qu'il est plus difficile qu'on ne le croit généralement de préciser avec exactitude le degré de refroidissement qu'un arbre ou une plante peut supporter impu- nément. L'expérience indique, en effet, qu'il peut y avoir sous ce rap- — 69 — port des différences assez grandes parmi les divers individus appartenant pourtant à une même espèce végétale. L'impression ressentie par cet arbre ou cette plante, pourra varier considéra- blement, selon que sa végétation sera encore active ou bien à l'état de repos à peu près absolu; selon aussi que son bois aura plus ou moins bien mûri, que l'atmosphère sera plus ou moins saturée d'humidité, qu'elle sera calme ou agitée, que le refroidis- sement sera plus ou moins durable. Elle variera également selon l'âge, le développement plus ou moins grand, et l'état de santé des sujets . Enfin, dans le cas même où toutes les conditions resteraient égales entre les individus appartenant à une même espèce, quel- ques-uns pourront, néanmoins, montrer une résistance plus grande aux influences du froid que les autres individus de cette même espèce, quoiqu'ils proviennent, tous, du même semis et aient été cultivés de la même manière. En résumé, la résistance au froid des individus appartenant à une même espèce végétale peut varier considérablement, selon les conditions des milieux dans lesquels les sujets se trouvent placés, et, aussi, selon les aptitudes qui sont variables et particu- lières à chacun d'eux . On voit donc que, pour comparer exactement les effets du froid sur les végétaux, il faut tenir compte de ces diverses conditions de milieux et d'aptitudes et que, par conséquent, cette étude f très complexe exige de la part de l'observateur une très grande attention. » M.Sahut compare, ensuite, des localités situées dans des régions dont le climat ne diffère guère que sous le rapport thermométri- que, mais dont les autres conditions de milieu sont à peu près les mêmes; puis, il développe les causes qu'il a énumérées sommai- rement dans le passage reproduit ci-dessus et qui influent princi- palement sur les végétaux. V. — 70 — M. Sahut ajoute: « Nous croyons qu'il est possible, par une sé- lection intelligente et poursuivie pendant un certain nombre de générations successives, de créer, dans beaucoup d'espèces végé- tales, des races moins frileuses que celles que nous connaissons.» On trouve dans le rapport de M. d'Aboville des faits venant à l'appui de cette manière de voir. Nous regrettons que la place qui nous est réservée dans le Bul- letin ne nous permette pas de nous étendre plus longuement sur l'intéressant travail de M. Sahut; nous ne pouvons qu'engager les membres de la Société, notamment les horticulteurs, à le lire dans son entier, et à tirer profit des renseignements qu'il donne. Citons, cependant, encore un passage pour terminer : « Les derniers froids^ ceux surtout du mois de janvier 1891, » ont exercé des ravages considérables dans tous les jardins du » littoral de la Méditerranée. Les désastres ont été importants, » même dans la plupart des localités ordinairement si privilé- » giées qui sont situées entre Toulon et Vintimille. Il en a été de » même en Roussillon, et les montagnes des Pyrénées n'ont pas » suffi cette fois pour abriter efficacement les jardins situés sur » le littoral espagnol, au sud de cette chaîne. A Port-Bouc, par » exemple, les dracœna eux-mêmes ont été sérieusement atteints » et plusieurs ont été gelés. » Les refroidissements très intenses de la fin de novembre » 1 890 et des mois de janvier 1 891 , ont exercé leur action funeste, » non seulement sur toutes les régions du littoral méditerra- ?) néen, mais aussi sur les côtes de l'Océan qui avaient été jus- » que-là si heureusement préservées. La Basse-Bretagne qui ') pouvait être considérée, à bon droit, comme une autre Pro- » vence a particulièrement souffert. » Notre contrée n'a, donc, pas été la seule à être éprouvée par le froid. Nous avons écrit à M. Sahut pour le remercier de son gracieux envoi, et nous avons appelé son attention sur notre climat. — 71 — 11 nous a répondu par une lettre dans laquelle il nous dit avoir remarqué, à la page 101 de notre bulletin de 1890, que les minima ont été uniformément plus bas, à Cherbourg qu'à Toulon, depuis le 26 novembre jusqu'au 17 décembre, et qu'à partir du 18, jusqu'à la fm de janvier, c'est l'inverse, qui s'est produit. Il se demande si cette particularité ne doit pas être attribuée à la direction de vents persistants. M. Sahut se propose de venir étudier ici, la végétation et d'établir une comparaison avec le climat de Montpellier et celui du littoral Méditerranéen français. Il peut être assuré du concours de la société d'horticulture pour lui faciliter ses études. P. Lelièvre. VISITES DE JARDINS Rapport lu à la Séance du 5 juin i891. Le dimanche 28 juin, à 8 heures du matin, les membres des com- missions d'utilité et d'agrément avaient été convoqués pour aller visiter un jardin, rue d'Inkermann. MM. Gauvin, Levesque, Corbière, Nicollet, de la Chapelle, Legrin, Paysant et d'Aboville avaient répondu à la lettre d'invi- tation qui leur avait été adressée. Ce fut par un temps magnifique et sous un soleil dont nous avons ressenti les efîets calorifiques, que notre excursion s'est effectuée. Nous fûmes reçus à la porte par le propriétaire du jardin qui nous en a fait les honneurs avec une grande courtoisie. M. Rossel n'est pas pour la plupart de vous tous un inconnu, car il est un de nos plus anciens sociétaires et qui de vous. Messieurs, ne se rappelle encore ses compte-rendus si appréciés lorsqu'il était rapporteur de la commission des plan- tes d'utilité. — 72 — Situé sur le côté de son habitation, ce terrain, séparé en deux par un mur, renferme deux jardins cultivés tout à fait de la même manière. Nous avons remarqué la grande propreté des allées, bien entretenues par le consciencieux jardinier qui n'est autre que notre aimable hôte. M. Rossel s'est donné pour but de joindre l'utile à l'agréable et c'est dans cette intention que, cette visite a eu Heu. Comme plantes à fleurs, les rosiers seuls y abondent et, placés en double rangée sur toutes les plates-bandes, ils forment une vraie guirlande dont les fleurs remarquables nous offrent des coloris agréables à l'œil. Le nombre des variétés en est très grand et leur culture en est très soignée. Les sujets sur lesquels l'écusson a été posé sont droits et très vigoureux ce qui, joint à la constitution de l'écusson, a une grande influence sur sa floraison et sa longévité. Je ne puis pas vous mentionner toutes les espèces, tant en thés qu'en hybrides, qui se déroulent sous nos yeux, mais les roses sont toutes très belles, suivant leur genre, par leur grandeur et leur diverses couleurs. Maintenant comme plantes d'utilité : les légumes y sont représentés par diverses espèces de pommes de terre remar- quables par la fraîcheur de leur verdure; il en était de même pour diverses salades, des poireaux, des pois, de l'oseille, du persil, etc.; en un mot. nous y avons vu tous les modestes légumes que les ménagères sont heureuses de posséder. Beaucoup d'arbres fruitiers, soit en espalier, soit en quenouille offrent de belles apparences. D'après cette succinte description que je viens de vous lire, permettez-moi, Messieurs, de vous faire remarquer que nous devons reconnaître l'habileté et le bon goût de celui qui, après ses heures de travail de bureau, a rendu, tout en venant y respirer un air pur et sain, ce jardin, comme vous avez pu en juger, très fertile et très prospère, et j'ose espérer que vous voudrez bien en prendre bonne note. — 73 — M, Paysant, un des membres de la commission des plantes d'utilité et dont vous avez pu juger l'activité et le bon goût au moment de notre Exposition d'horticulture de l'année dernière, nous offrit, puisque c'était sur notre passage, d'aller voir son jardin, rue Fleury. Nous nous y rendîmes de grand cœur et là nous nous sommes trouvés en présence d'une superbe pro- priété; car la grandeur était le double de celle que nous venions de visiter. En sortant de la maison, après avoir vu à notre gauche, placées sur un gradin plusieurs fougères que M. Paysant avait recueillies dans ses excursions, nous nous sommes trouvés en présence d'une grande pelouse ayant cinq massifs ou corbeilles. Celui du centre, garni de pensées obte- nues de semis par M. Paysant, renferme un jeune araucaria imbricata; à gauche, une corbeille garnie de rosiers hautes tiges de diverses variétés avec des pétunias et un massif assez grand et de forme allongée, comprenait, en outre, des pélargoniums variés, élèves de M. Paysant, quelques arbustes : un mahonia à feuilles de houx, un arbousier, un pittosporum undulatum à petites feuilles et un aucuba. Un peu sur le côté, derrière ce massif se trouve un petit bassin, renfermant quelques petits pois- sons rouges, où végètent, au milieu, une touffe de roseaux garnis de cresson et quelques nénuphars, dont les feuilles et les fleurs d'un- blanc pur flottent sur les eaux tranquilles; à droite, deux autres corbeilles : l'une de canna indica entourés d'un cordon d'oeillets des fleuristes, et l'autre de géraniums. Un petit retinospora et deux thuya aurea complètent l'orne- mentation du gazon où ils font un très bel effet. Un cèdre pleureur et un dracœna, atteignant 4 mètres de haut, ont été, dans ce jardin, les principales victimes du rude hiver que nous avons eu. Des massifs d'arbustes existant à droite et à gauche, dissimulent les communs : l'un se compose d'un escallonia rubra, weigélia, lilas, fusains; l'autre de lauriers de Portugal ayant sur le devant des fuchsias et des reines-marguerites. Nous avons pénétré dans une serre garnie de vignes à raisin 74 — blanc, où nous avons admiré une cinquantaine de fuchsias obtenus de semis, par les soins de M. Paysant. Après en être ressortis, nos regards se sont portés sur deux jeunes figuiers placés dans deux encoignures et qui ont échappé aux intempéries de l'hiver. Enfin, pour terminer cette partie de jardin, qui est toute d'agrément et qui en occupe la moitié de son étendue, nous avons remarqué deux plates-bandes, l'une de fuchsias et d'hor- tensia, l'autre remplie de différentes plantes vivaces qui garnissent le pied des deux murs ainsi que deux autres, la première composée de chrysanthèmes, la seconde de fleurs de toutes espèces. Nous circulions, dans cette propriété, dans des allées d'une très grande propreté. J'oubliais de vous mentionner une centaine de boutures de rosiers que M. Paysant a faites au mois d'Octobre et qui ont pleinement réussi; car nous y avons vu des fleurs. Nous passons, maintenant, à l'autre partie qui est consacrée uniquement au potager, composé de 4 carrés et dans lesquels sont cultivés divers légumes dont plusieurs ont attiré notre attention par leur végétation précoce. Nous y avons observé du céleri frisé nain, comme en voit peu à cette saison, des haricots sans rames, deux planches d'asperges dont l'une de greffes d'un an, ayant 7 mètres de long et l'autre de semis, des artichauts en rapport, des salsifis très beaux pour la maison et bons à manger, des pois à écaler, des carottes, des pommes de terre Royal Sydney, des fèves qui pourront être cueillies d'ici peu de jours et un carré de choux grappes. Beaucoup d'arbres fruitiers tels que : poiriers, cerisiers, pruniers et pommiers sont en espaliers ou en plein vent. Plusieurs poiriers promettent d'avoir une belle récolte;aussi nos regards se sont portés sur la Louisebonne, le général Totleben, le Châtelleraut, le Soldat laboureur, le beurré d'Amanlys, le maréchal Decourt. Un prunier en plein vent est passablement chargé de fruits qui sont plus beaux que ceux qui sont en espalier. M. Paysant nous — 75 — a montré un pommier qui ne rapportait pas; aussi s'est-il empressé de le raccourcir et d'y pratiquer plusieurs greffes en fente et en couronne, d'après les principes émis par notre dévoué professeur d'arboriculture dans ses cours si intéressants. Pour ses vignes, M. Paysant s'est inspiré également des instructions données par M. Levesque. Notre visite terminée, nous nous sommes retirés satisfaits d'avoir vu un jardin si bien tenu et si bien cultivé. Nous avons pu constater que M. Paysant, tout en étant méthodique, s'était donné beaucoup de mal pour obtenir un aussi bon résultat d'un terrain dont la qualité laissait beaucoup à désirer. R. d'Aboville. ROSGOFF & TOURLAVILLE LEURS CULTURES La deuxième partie de la brochure de M. Sahut, dont nous avons déjà parlé, a pour titre : Roscoff^ son figuier géant et la végétation de cette partie de la Basse-Bretagne. Les produits maraîchers de Roscoff étant en concurrence sur les marchés, avec ceux de Tourlaville, il nous a paru y avoir intérêt à rappeler les points de comparaison qui existent entre ces deux localités. Roscoff est situé dans le département du Finistère vis-à-vis de l'île de Batz. « Il y a là, dit M. Sahut, de vastes plaines de sable » presque entièrement consacrées aux cultures maraîchères, » dont les produits très estimés sont exportés en Angleterre, ou » contribuent à l'alimentation de Paris et de beaucoup d'autres » villes du continent. » On y cultive surtout des artichauts, des asperges, des bette- » raves^ des carottes, des chicorées frisées, des choux-fleurs et^ — 76 — » choux-brocoli, des navets, des oignons, des panais, des » poireaux, des pommes de terre, etc., etc. Les aspergeries » alimentent, en outre, une fabrique de conserves. » Les artichauts produisent, ici, tout l'hiver, absolument » comme à Hyères ou à Perpignan. 1) Les agriculteurs roscovistes ont sous la main un engrais » économique en récoltant les goémons ou varechs que la marée » haute dépose sur la côte. Ces algues, mêlées au sable de mer et > conservées ainsi pendant quelque temps, produisent, dit-on, un » fumier très-estimé. » D'après les renseignements fournis à M. Sahut, c'est par mil- lions que se chiffrent à Roscoff les affaires réalisées par la vente des légumes. A Tourlaville, on retrouve le même sol, les mêmes engrais, les mêmes produits qu'à Roscoff; mais les cultures y sont surtout consacrées aux choux-fleurs, aux choux de toutes sortes et aux pommes de terre. Dans le bulletin n° 4 de 1870, page 40, M. de la Chapelle, dans un article sur la nature géologique de l'arrondissement, dit : « C'est une plaine sablonneuse que celle de Tourlaville qui » s'étend entre les coteaux arides de cette commune, la montagne V du Roule, la ville de Cherbourg et la mer. C'est, de là, en » effet que provient l'élément calcaire qu'on y rencontre, dont la » présence est révélée par l'efTervescence que ce sable fait au » contact des acides, et qui n'existe pas dans les roches voisines. » La plaine des Miellés est cultivée spécialement par les maraî- » chers; son sol léger, à proximité des engrais que fournit la » mer, est éminemment propre à la culture des choux et des » pommes de terre. » J'ajouterai que sur les caisses servant à l'exportation des » pommes de terre se lit la marque : Cultures de Tourlaville » Cherbourg^ sans doute parce que la réputation des produits de » Tourlaville est connue et appréciée du consommateur anglais.» — 77 - Dans le bulletin de la Société d'horticulture de 1848, M. Mauger a consacré à ces cultures,- un article dans lequel il a donné des détails sur les soins apportés par les maraîchers de Tourlaville, A cette époque, il y avait peu d'années que l'on cultivait là, les légumes; depuis, les moyens de communication augmentant, l'exportation a fait développer considérablement les cultures. Le varech, disait M. Mauger, est un engrais fort recherché et dont l'action stimulante aide puissamment à la production à l'air libre, de nos primeurs potagères. M. Mauger disait encore : « La culture des choux-fleurs est » entourée dans nos Miellés des circonstances les plus favorables, » les gelées atteignent, et encore incomplètement, cette plante, » tout au plus un hiver sur cinq; c'est le seul ennemi qu'elle ait » à redouter. » Cette culture serait fort avantageuse, si le débouché qu'elle » avait trouvé sur les marchés du Havre, n'était depuis quelques » années, exploité également par les jardiniers de Roscofî dont » les produits sont aussi beaux que ceux de Tourlaville et sont » peut être obtenus plus facilement dans cette dernière localité. » D'après ce qu'on nous rapporte, la culture de RoscofT est peu » soignée; et pourtant le chou-fleur qui en provient est d'une » couleur plus blanche que le nôtre, est plus volumineux et » peut-être livré au commerce à plus bas prix. » Mais pour ce qui est de la qualité, de la saveur, il ne peut » supporter la comparaison; la supériorité de celui de Tourla- » ville est bien constatée sous ce rapport, et lui conservera sans » doute l'avantage sur les provenances de Bretagne. » Il résulte des renseignements qui nous ont été donnés, que ce que disait M, Mauger continue à se produire, les cultures sont toujours moins soignées à Roscofl" qu'à Tourlaville. La concurrence s'est étendue de part et d'autre, sur les marchés français et anglais, les moyens de transport se développant. Dans le 3' bulletin de 1870, page 34, l'un des regrettés prési- dents de notre société, M. Dalidan, a fourni des indications sur ce — 78 — qu'était devenue, alors, à Tourlaville. la production des légumes qui avait pris, déjà, des développements considérables. Il éva- luait à 325 hectares les terrains consacrés aux pommes de terre, dont 225 hectares produisant en l-^" récolte : 175 hectares des choux-fleurs, 50 hectares des choux grappes, choux prompts, etc. Car, l'avantage de ce terrain est de permettre de faire plu- sieurs récoltes par an. D'après les calculs de M. Dalidan, la production annuelle représentait plus d'un million de francs, pour la plaine de Tourla- ville seulement, sans compter la partie située dans le voisinage de la montagne du Roule, au sud de la rue du Val-de-Saire, vers la Glacerie. Les cultures maraîchères ont gagné la plus grande partie de cette commune, la banlieue de Cherbourg et tout le littoral vers l'Est. Les légumes, comme les plantes, ont eu à souffrir de l'hiver 1890-1891 et M. le maire de Tourlaville estimait, en janvier 1891 , à 2,977,200 les choux-fleurs, les choux à planter qui auraient été perdus, sans compter les choux de renouveau, salades et autres légumes. Chacun de nous sait qu'au commencement de l'été, nos quais sont encombrés de voitures venant porter aux paquebots quoti- diens et à de nombreux voiliers, de grandes quantités de caisses de pommes de terre. D'après les relevés officiels, les exportations, pour l'Angleterre, ont été En 1890 : En 1891 : /Pommes de terre.... 3.889.100\ 9.335.500^ \ Lé2;u3ies verts, choux-\ DE CHERBOURG ^f^^^,^^ ^.^^^^^^ ^^ 2.415.200^ 531.500". \ plants, etc. j /Pommes de terre.... 4.884.400". 4.381.000". DE BARFLEUR Légiiiiies vcrts, choux- ( fleurs, etc » 235.000". Ce qui prouve que si l'hiver a nui à la production et à la vente — 79 — des choux-fleurs et des choux, en revanche, bien que les semen- ces aient un peu subi l'atteinte du froid, la production et l'expor- tation des pommes de terre ont été plus fortes en 1891 qu'en 1890 Le prix de ce tubercule est très variable, selon les espèces et le moment de son embarquement. Certainement, on peut, sans exagération, évaluer à un million et demi de francs, au moins, la valeur des pommes de terre et des légumes embarqués, en 1891, à Cherbourg et à Barfleur. Si l'on y ajoute celle des 2.883 100 kil.{*) de pommes de terre et de choux divers gui ont été expédiés., en 189i, de la gare de Cherbourg ^om diverses localités, (Paris, Rouen, Dieppe, Lisieux, Bayeux), etc., plus la consommation locale d'une ville de l'impor- tance de la nôtre et des communes voisines, on voit que le rap- port des produits maraîchers atteint plusieurs millions de francs dans l'arrondissement de Cherbourg, et qu'il est une source de revenus importants. Outre les maraîchers qui s'y adonnent spécialement, nombre d'ouvriers et de retraités se livrent à la culture des légumes et trouvent, là, un moyen d'augmenter leurs ressources. Notons que dans une commune du sud-ouest de cet arrondis- sement — Surtainville —on cultive aussi (dans un ?ol semblable à celui de Tourlaville) les légumes et principalement le persil dont il est dirigé, surtout vers Paris, annuellement, pour 40,000 francs en moyenne. Ce qui prouve bien que les produits maraîchers ont plus souf- fert dans l'intérieur, de l'hiver de l'an dernier, qu'ici, c'est qu'il a été envoyé, en 1891, de nombreux œilletons d'artichauts pour réparer des pertes subies. Il résulte des indications que nous devons à l'obhgeance de M. le Receveur des Douanes de Roscoff, qu'il a été embarqué dans ce (*) En 1890. il avait été expédié de la gare de Cherbourg 1,899,900 kilog. de choux divere et de pommes de terre, ce qui prouve que les euvois ont été aussi plus forts, en 1891 par voie ferrée, par suite de la production des pommes de terre. — 80 — port : pommes de terre, 3.092.861 kil. en 1890 et 5.281.400 kil en 1891, légumes verts (aulx, oignons, carottes), etc., 2.732.675 kil. en 1890 et 2.767.450 kil. en 1891. Les artichauts et les choux-fleurs sont expédiés, par voie ferrée, dans diverses villes de France. (*) Si, de Roscoff, il est exporté plus de légumes divers, en revan- che, de Cherbourg et de Barfleur, il part plus de pommes de terre. En résumé, les cultures maraîchères sont, aussi bien ici qu'à Roscoff, une source de richesse. Dans les deux contrées, leur développement est favorisé par le sol, par les engrais de mer et par la température (à peu près la même, quoique Cherbourg soit plus au nord que Roscoff). — A Roscoff et dans les environs, M. Sahut,dans le travail dont nous avons donné plus haut le titre, signale aussi : 1°un figuier géant qui a les branches soutenues par 79 colonnes (dont 48 en granit et les autres en bois ou en fer), qui peut abriter 200 person- nes et qui serait âgé de 256 ans; — 2° la présence à l'air libre de nombreux végétaux exotiques que nous voyions ici, pleins de vigueur et de santé, avant l'hiver exceptionnel de 1890-1891. Il est probable que, depuis la visite de M. Sahut à Roscoff, qui devait être antérieure à la mauvaise saison de l'an dernier, les plantes ont souffert, là comme ici, des atteintes du froid. Quoique cette année, nous ayions encore quelques dommages, par exemple en ce qui concerne les phormiums et les dracœnas, et provenant, comme le croient des horticulteurs, surtout ce que l'été de 1891, n'ayant pas été très réparateur, ces plantes n'étaient pas très bien remises des atteintes de l'hiver précédent, espérons (*) M. le chef de gare de Roscoff a bien voulu nous donner les rensei- gnements suivants : ail a été expédié de cette gare : Pommes de terre année 1890 7 t. 8 année 1891 11t. 2. Choux fleurs « 2H0 t. » 857 t. Artichauts » 620 t. » 432 t. La différence en moins pour le tonnage expédié en 189!, provient de ce que les choux fleurs ont, en partie, était gelés » Ce qui prouve que les cultures de Roscoflf ont souffert comme celles de Tourlaville pendaat Ihiver 1890-1891. 81 — que les pertes se répareront avec le temps et que, dans quelques années, nous reverrons prospères de beaux végétaux semblables à ceux que nous avons perdus. D'ailleurs, l'important travail de M. d'Aboville nous permet de constater que si nous avons eu des morts, le nombre des survi- vants est beaucoup plus nombreux. Comme en Bretagne, nous avons des figuiers généralement plus développés que ceux du Midi, mais il faut bien le reconnaître, ils sont loin d'être aussi forts que celui de RoscofT, surtout parce qu'ils sont moins âgés. Ils ont un peu souffert l'an dernier. Seront-ils endommagés cette année? Nous ne pourrons le savoir que dans quelque temps. Il nous a été rapporté, jadis, qu'un savant allemand de passage dans notre ville avait eu son attention appelée sur ces arbres fruitiers, et qu'il avait prétendu que nos figuiers étaient d'une espèce particulière, la même que celle qui se trouvait dans le Paradis terrestre. Il serait assez difficile de donner la preuve de cette assertion, qui a paru tant soit peu hasardée. P. Lelièvre. 15 mars 1892. LES JARDINS & JARDINIERS DE CHERBOURG (suite) JARDIN DE MONSIEUR PIERRE GOSSELIN Séance du 6 Décembre 189L MM. Gosselin père et fils, jardiniers-maraîchers, rue du Bois ne sont pas, pour la plupart de vous tous, des inconnus, car, lors de notre dernière exposition, vous avez pu juger de leurs connais- sances en arboriculture par la collection d'arbres fruitiers qu'ils y avaient mis. M. Pierre Gosselin, se séparant de son père pourfaire à son compte de la culture maraîchère, vient à la Saint-Michel dernière de se — 82 — rendre locataire d'un terrain de 1 hectare 90 ares, à proximité de la rue du Bois et compris entre les rues de Sennecey et du Val- de-Saire, au Sud et au Nord, et ayant pour voisinage à l'Est d'autres petits maraîchers établis dans un autre terrain, apparte- nant à M"" Hérault, occupé précédemment par M°" Lemaî- tre qui y faisait des gros légumes. Le sol y est très bon et sablonneux, mais pas trop vif et, depuis la création de ce jardin, les légumes y viennent très-bien. M. Gosselin vient de faire un petit voyage il y a 2 mois àGuerne- sey; il y a séjourné environ une huitaine de jours et il a consacré tout son temps à visiter des jardins en grand nombre. Dans ce pays, chaque jardinier a sa spécialité de culture pour telle ou telle espèce de plantes. Les arbustes , m'a-t-il dit, n'y ont pas souffert comme ici l'année dernière; aussi a-t-il été étonné de voir des dracœna indivisa de 10 mètres de haut et en fleurs, d'énormes pieds de véroniques, etc. Quant aux primeurs, il paraît qu'à l'époque de leur récolte, de tous les jardins partent des files de voitures qui en sont chargées, et se rendent au quai pour l'expor- tation, comme ici au moment de la récolte des pommes de terre. Les vignes y sont cultivées avec un si grand soin qu'on a toute l'année du raisin dont les grains sont très-gros. Horticulteur intelligent, M. Gosselin a voulu améliorer les moyens à employer afin d'obtenir une bonne culture. Voici com- ment il a disposé son terrain : du côté de la rue du Val-de-Saire seront tous ses châssis, au nombre de 268, pour la culture des melons. L'année dernière, il avait fait venir d'Allemagne une centaine de dessus de châssis en fonte dont il a été très satisfait, à cause de leur prix moins élevé et de leur entretien qui sera moins coûteux. Sur un emplacement de 1,000 mètres carrés, seront 4 serres en bois, placées côte à côte, construites suivant ses idées conçues de son voyage. Les châssis et les serres occu peront le 1/3 du terrain. Chaque serre aura ST^SO de long, 6°'70 de large et 3'"20 de hauteur avec pignons au Nord et au Sud; celui du Nord sera plein. Il a substitué aux chevrons qui supportent le vitrage, des planchettes, placées sur champ, de 60 cent, d'inter- — 83 - valle, qui offriront plus de raideur et supporteront un poids plus considérable; des traverses, également en bois, sont employées pour éviter l'écartement. Au lieu de tabatières, un côté de dessus du vitrage se lèvera tout d'un bloc, au moyen d'un levier ûxé au milieu de la serre à une tige de fer qui aura, de distance en distance des équerres. Ces serres seront employées à la culture du raisin, des tomates, pommes de terre et d'autres légumes pouvant être présentés comme primeurs. Le reste du terrain sera cultivé en divers légumes gros et petits. Pour l'arrosage, M. Gosselin a pris l'eau de la ville au compteur; des tuyaux sont sous terre et, tous les 10 mètres, il y a une bouche à laquelle s'adapte un tuyau muni d'une énorme pomme d'arrosoir qui répandra l'eau en pluie; le rendement de l'eau par heure sera de 1 ,500 litres. Je pense, que dans un an et même avant, MM. les membres de la commission d'utilité pourront s'y rendre et apprécier les avan- tages réels, obtenus par les innovations que M. Pierre Gosselin a introduites dans sa culture. R. d'Aboville. BIBLIOOJFlAF^ÏilE On nous a communiqué un ouvrage intitulé : « Select extra-tropical plants, readïly eligible for Industrial culture or naturalisation^ with indications of their nativen countries and some of their uses, ByBaron Ferd. Von Mueller Governmen t's hotanist for Victoria. — Melbourne, i888. » Choix de plantes extra-tropicales, facilement susceptibles de culture industrielle et de naturalisation avec des indications sur leur pays d'origine et quelques-uns de leurs usages, par le Baron Ferd. Von Mueller, botaniste du gouvernement pour Victoria (Australie). — Melbourne, 1888. J'extrais de cet ouvrage, en le traduisant, le paragraphe relatif à une plante dont j'ai plusieurs fois entretenu la Société : — 84 — « Lavandula stœchas, Linné, (en français, Lavande des îles » d'Hyèresj, Europe méridionale, nord de l'Afrique — nom y> vulgaire en anglais « Topped Lavander » (lavande couronnée) . » Cet arbuste peut, aussi, être utilisé pour la distillation de son » huile essentielle et pour les autres usages auxquels on emploie » les deux autres lavandes (*). La qualité de l'huile essentielle de » ces espèces parait différer selon les localités où elles ont poussé. » M. James Dickinson, de Port-Arhngton, Victoria, nous informe » que celle-ci est à sa connaissance, la meilleure des plantes pour » arrêter les sables. Elle pousse plus rapidement que les ajoncs; » chaque graine qui tombe, germe tellement qu'autour de chaque » touffe, chaque coup de bêche amène des quantités de plantes » levées bonnes pour la transplantation. Dans les régions tempé- » rées, elle est cinq mois par an en pleine fleur, attendu qu'elle » fleurit de bonne heure. Les abeilles sont extrêmement avides » du nectar de ses fleurs. M. Dickinson calcule qu'on peut obtenir, » chaque année, une tonne du miel le plus parfumé d'un acre » (environ 40 ares 1/2, un peu plus de deux vergées) de cette » lavande. » Il y a dans cet ouvrage des descriptions plus ou moins longues, selon que les arbres ou plantes sont plus ou moins intéressants, et un index géographique d'autant plus précieux à consulter, que les noms des plantes sont en latin, et les noms d'es pays faciles à à traduire. En ce qui concerne la lavande des îles d'Hyères, n'oublions pas que ce qui est vrai en Austrahe peut ne pas l'être à Cherbourg. M. Gustave Levéel et moi nous avons constaté que cette plante n'est pas rustique à Cherbourg. Les gelées de cet hiver ont détruit tout ce que j'en avais mis en pleine terre. Toutefois, je renouvel- lerai l'expérience. H. DE LA Chapelle. (*) Lavandula vera (de CandoUe) angustifolia,G. Bauhin et lavandula spica, de CandoUe, latifolia, Bauhin. — 85 — Au commencement d'avril, 1891, M. le docteur Maisonneuve, professeur à la Faculté des sciences d'Angers, dans une brochure déposée sur le bureau de notre Société d'horticulture par M. d'Aboville et dont, par un oubli involontaire, il n'a pas été fait mention dans le procès-verbal de la séance du 3 mai, mais dont M. Lévesque parle dans sa Revue des Publications^ a traité de l'anthonome qui s'attaque aux boutons à fleurs des poiriers. Il y a décrit la façon dont s'y prend cet insecte pour exécuter ses ravages, démontré le signe par lequel on peut reconnaître sa présence dans les boutons, et indiqué un moyen pour le combattre. Dans une nouvelle brochure, communiquée à notre Société d'horticulture, le 7 mars 1892, M Maisonneuve précise les faits relatés dans son premier travail, qui avaient été contestés ou du moins acceptés avec une grande réserve. Il fait observer que l'anthonome qui attaque le poirier n'est pas celui qui attaque le pommier, et que ces deux insectes difîèrent l'un de l'autre, aussi bien au point de vue anatomique que par leurs mœurs et leur caractère; ce qui a été, en grande partie, la cause du peu d'importance que l'on avait apporté, dès le début, à ces études approfondies faites sur cette espèce de charançon. Il est à désirer que la lecture de ces deux brochures contribue à faire bien connaître cet anthonome dont il faudrait débarrasser nos arbres fruitiers. R. d'Aboville. L'article qui précède était déjà sous presse, lorsque notre collègue, M. Nicollet, nous a lu, à la séance du 3 avril 1892, une note dans laquelle il émet un avis contraire, et dont nous croyons devoir donner une rapide analyse. Notre savant collègue ne croit pas que l'anthonome du pommier et celui du poirier soient deux espèces distinctes. D'autre part, la différence des tachesdont parle M. Maisonneuve n'est pas constante, et varie, plus ou moins, selon les individus. TI, 86 quelque soit l'arbre sur lequel on les ait recueillis. Les deux types passent de l'un à l'autre par des degrés tellement insensibles que M. Nicollet ne voit pas la limite entre les deux espèces, et conclut à leur unité. Il a fait passer sous nos yeux des individus vivants pris sur les deux espèces d'arbres. (') Quant à la ponte, M. Nicollet ne croit pas qu'elle se fasse à la fin de l'automne sur les poiriers, pas plus que sur les pommiers. En effet, dans ce cas, l'insecte disparaîtrait après avoir assuré, par la ponte de ses œufs, la continuité de son espèce, comme disparaissent, généralement, les coléoptères après l'accomplisse- ment de cet acte. Or, l'anthonome se trouve, en hiver, bien vivant, comme l'a prouvé notre collègue, caché sous les mousses, les lichens et les morceaux d'écorce qui recouvrent le tronc des poiriers, aussi bien que celui des pommiers. 11 attend donc, là, selon notre collègue, que la chaleur du printemps vienne faire ouvrir es boutons des poiriers pour aller déposer un œuf dans chaque fleur, exactement comme le feront, un mois plus tard, les anthonomes qui auront passé l'hiver sur le tronc des pommiers. Personne, parmi nous, ne cherche à ouvrir une polémique sur la question, mais de la discussion jaillit la lumière. La Rédaction. REVUE DES PUBLICATIONS La Maison de Campagne, du \" avril, contient une note du Docteur Maisonneuve, communiquée à la séance de la Société d'agriculture des sciences et arts d'Angers, du 16 mai dernier, et qui n'est plus en rapport avec les théories émises par la plupart des savants qui ont étudié les mœurs de l'anthonome. (*) Dans son ouvrage, M. le docteur Boisduval distingue l'anthonome du poirier, et dit qu'il pond en mars. — 87 — Voici cette note . € Au milieu des grands froids de l'hiver, que nous venons de traverser, en décembre et janvier, je pris au hasard des boutons à fleurs sur des poiriers qui avaient fort souffert pendant les années précédentes des attaques de l'anthonome. Ces boutons furent disséqués à la loupe au commencement de mars seulement. Un grand nombre des boutons renfermaient ou des œufs ou des larves d'anthonomes très petites, fraîches écloses et^ d'ailleurs, dans un état de développement identique à celui que présentaient des larves logées dans des boutons recueillis au commencement de mars. » En présence de cette observation, il faut, forcément, admettre que la ponte a lieu en automne et très probablement vers la fin de cette saison, de telle sorte que les œufs n'ont pas le temps d'éclore avant l'arrivée des froids. M. Maisonneuve a fait observer qu'il est fort diffîcile de recon- naître, pendant l'hiver, à la première vue, les boutons attaqués, la piqûre de l'insecte étant très peu apparente; mais, lorsque la sève commence à circuler, les boutons atteints se recouvrent d'un liquide visqueux, brunâtre, lequel suinte par la piqûre. Nous devons donc prendre bonne note de cette nouvelle obser- vation, et rester de plus en plus convaincus que les mœurs de ce redoutable ennemi de nos plantations fruitières ne nous sont encore qu'imparfaitement connues, de même que les moyens préconisés pour sa destruction sont loin d'avoir l'efficacité qu'on leur attribue. Méfions-nous surtout des annonces d'industriels et fabricants de pulvérisateurs à petite et grande pression, qui sont faits pour tout autre chose que pour la destruction de l'anthonome. 3 mai 1891. — 88 Bévue horticole du 1" juillet. — Fruits recommandés: Fraises Edouard Lefort très-précoces; — Brugnon Cusin, obtenu par M. Cusin, secrétaire-général de la Société Pomologiquede France. Très précoce. La même revue recommande, à propos de l'oïdium et autres maladies cryptogamiques des végétaux, d'agir toujours préven- tivement, c'est-à-dire de ne pas attendre que le mal apparaisse pour le combattre. Il faut, en quelque sorte, deviner le mal à venir et le devancer. Signalons dans le Bulletin de la Société d'horticulture de Genève l'article intitulé : « L'Effeuiixage dans la culture frui- tière » fait d'une façon très judicieuse et duquel pourront pro- fiter certains arboriculteurs, souvent, trop pressés d'enlever les feuilles de leurs arbres, opération délicate et qui demande certai- nes précautions. La pomologie de la France (juil. 1891) donne quelques pro- cédés pour la destruction des insectes : 1° Destruction des chenilles, des pucerons et de la cloque du pêcher : Dans un litre d'eau de pluie, ajouter 5 grammes de sel de soude, agiter ensuite; verser doucement, en remuant l'eau, 30 grammes d'huile de lin; projeter le liquide sur les arbres avec une seringue à trous fins. 2° Contre les attaques du kermès, du tigre et du puceron lanigère pendant le repos de la végétation : Dans 10 litres d'eau de pluie, mettre 50 grammes de sel de soude ou 50 grammes d'ammoniaque liquide ; verser toujours en agitant; employer ce liquide au pinceau. 3° Destruction des chenilles et du puceron : Dans 30 litres d'eau de pluie, verser 150 grammes d'ammonia- que liquide, remuer le tout, verser doucement sans cesser d'agiter le liquide; on emploie ce liquide à la seringue ou bien au badigeonnage pour la destruction du puceron lanigère. 89 — Provence agricole du 2 juillet iSGl. — Je ne puis passer sous silence un article des plus intéressants sur le déboisement consi- déré comme cause de la détérioration des climats, de la misère 9t de la dépopulation. Cette note très détaillée conclut à la nécessité du reboisement, en expliquant le rôle hygiénique des arbres comme régulateurs et modérateurs des agents atmosphériques. 2juillet 1891. Revue tiorticole du 16 octobre. — Multiplication des echeverias par les feuilles simplement déposées sur terre au printemps, et maintenues fraîches à l'aide de bassinages .sous châssis. Les feuilles ainsi traitées donnent promptement quelques racines, puis une petite rosette de feuilles, comme dans la multi- plication par feuilles des bégonias. Le plus récalcitrant à ce genre de multiplication est le metallica. Destruction de la larve de la mouche à soie ou fausse chenille du groseiller, l'ennemi le plus terrible de ce petit arbrisseau. Au moment de l'apparition de la fausse chenille, pulvériser sur les groseillers le liquide suivant : Sulfate de cuivre \ kilogr. Carbonate de soude 1 n Eau 40 litres. Les chenilles atteintes par ce liquide deviennent noires et racornies et elles ont cessé de vivre. {Bulletin de la Société d'horticulture d'Epernay, sept. 1891). 8 riDvombre 1891. La bouillie bordelaise et la tavelure des fruits. — Depuis quelques années, on recommande, contre la tavelure des fruits, l'emploi de la bouillie bordelaise, composée de 3 kilogrammes de sulfate de cuivre, 4 kilog. de chaux vive dans un hectolitre d'eau; \QBulletin mensuel de laSociété d'horticulture deLoiient, décembre 1891, contient un petit compte-rendu du résultat — 90 — d'expériences faites sur ses arbres par M. de Tassigny, qui a obtenu de ce procédé un succès complet. Trois ou quatre seringages pendant la végétation, de mai à juillet, sauvent, sans exception, tous les fruits tavelés. Le champ d'expériences chez nous est malheureusement trop vaste où, dans certains terrains, les espèces les plus précieuses se couvrent de taches noires et de crevasses qui perdent, littéralement, les trois quarts des fruits. Dans ce nombre, nous avons entre autres la doyenné d'hiver, le beurré Diel, le beurré d'Aremberg, Charles Cognée et surtout la bergamotte Esperen, et même la Louise bonne. Le Bulletin de la Société d'horticulture d'Epernay reproduit la même note. La Revue horticole du i" janvier mentionne une nouvelle cerise appelée à jouer un rôle important dnns l'arboriculture fruitière, la cerise Belle de Franconville, remarquable non seule- ment par la beauté et la bonne qualité de ses fruits, mais surtout par sa tardivité; elle se cueille vers la mi-septembre. Cette cerise est le produit d'un semis de hasard trouvé dans un bois. Cette espèce se trouve chez M. Arthur Menard, pépiniériste à Francon- ville-la-Garf nne (Seine-et-Oise) . Cette espèce pourrait être essayée aux environs de Cherbourg, Sottevast et Négreville par exemple, où les cerises se produisent par quantités prodigieuses. Levesque . 2 février 1892. JURISPRUDENCE Protection contre les Chats. — Droit de les tuer comme Animaux nuisibles. A la séance du 6 mars 1892, M. Levesque, en analysant les publications reçues a donné connaissance d'un article figurant au Bulletin de la Société d'horticulture de la Sarthe. Bien qu'il doive — 91 - en être faite mention dans notre Bulletin de 1892, aux « Extraits des procès-verbaux » nous croyons devoir donner ici un extrait, sans attendre l'année prochaine ('): Des chats appartenant à M. N. . ., voisin du jardin de la Société d'horticulture du Mans, ont causé dans ce jardin des ravages, enlevé des poissons et des animaux qu'on y élevait. Le président de la Société a appelé M. N... devant le juge de paix, qui a fait connaître son opinion et a donné lecture de nombreux juge- ments dont quelques-uns sont cités ci-après, établissant le droit de chacun de se défendre contre les déprédations des chats (des chiens même au besoin), et faisant jurisprudence en la matière. Paris, premier arrondissement, 15 décembre 1892. Chats : Droit de les tuer. — Dommages-intérêts. Sommaire : « Les chats étant des animaux sauvages, le proprié- » taire sur le terrain duquel ils causent des déprédations » peut les tuer sans être passible de dommages-intérêts . » Jugement : Millot et Carbonnier « Nous, juge de paix : attendu que Millot réclame à Carbonnier » une somme de 150 fr. pour réparation du préjudice que ce » dernier lui aurait causé, en tuant à coups de fusil, les 20 juin et » 3 octobre, deux chattes appartenant au demandeur; que Car- » bonnier reconnaît le fait, mais qu'il prétend avoir agi dans » l'exercice de son droit; » Attendu qu'un propriétaire a le droit de protéger sa chose » contre les atteintes dont elle est l'objet, soit en s'adressant à la » justice si le trouble est causé par des hommes ou des animaux » domestiques, soit en employant la violence ou la ruse, si le » trouble est causé par des animaux sauvages ou des animaux » domestiques; » Attendu que les chats, malgré une apparente domestication, (*) Notre Bulletin, qui, chaque année, est commencé en février, et s'achève dans le courant du printemps, renferme quelquefois des communications faites entre le !«' janvier et l'achèvement de ladite publication. — 92 — » conservent toujours un caractère essentiellement sauvage; » qu'ils ne reconnaissent pas de maîtres, que sur eux leur » propriétaire n'a aucune autorité, ne peut exercer aucune sur- » veillance utile; qu'il est impuissant à s'opposer à leur instinct » de divagation et de rapines; » Attendu que sur le terrain sur lequel Garbonnier s'adonne >) à la pisciculture et à des tentatives de crt)isement de certains » gibiers, les chattes de Millot se sont nuitamment introduites. » et ont détruit plusieurs jeunes saumons et plusieurs jeunes « léporides; » Attendu qu'en tuant lesdites chattes, au moment de leurs » déprédations, Garbonnier n'a pas agi sans nécessité, par pure » méchanceté, dans une intention malveillante à l'égard de » Millot, mais uniquement dans un but de préservation de ses » élèves et en cas de légitime défense. » Par ces motifs : Déboutons Millot de sa demande. » Chats pris et tués au piège. — Absence de contravention. Le fait de tendre chez soi des pièges auxquels des chats vien- nent se prendre et s'étrangler, ne constitue ni la contravention prévue par la loi du 2 juillet 1850., — ni la contravention prévue par l'art. 419 § f" du code pénal. D'ailleurs, on a le droit de se protéger par tous les moyens contre les déprédations des chats. (Justice de paix du canton centre de Lille, 23 décembre 1881 .) Moniteur des juges de paix., année 1882, page 9. La destruction du chien d'autrui est un fait licite, lorsqu'elle est justifiée par la nécessité, et accomplie au moment oii l'animal porte atteinte à la propriété de celui qui se défend par ce moyen extrême; tel est le cas où le chien d autrui est venu se prendre dans un des pièges qui ont été tendus dans un jardin clos de murs pour en protéger les cultures contre les incursions dommageables des chiens du voisinage» — 93 — Arrêt de cassation, chambre criminelle du 7 juillet 1871.— Dalloz p. 71.1.271. Voir également dans ce sens trois arrêts de cassation : 1° Du 17 décembre 1864 Dalloz 65 — 1 — 102 2° Du 17 novembre 1865 — 66 — 1—95 3" Et du 7 mai 1868 — 69 — 1 — 71 L'honorable colonel F , président, a prévenu M. N. qui ne semblait pas convaincu, que, dorénavant, on s'efforcerait de détruire ses chats pénétrant dans les jardins de la Société, tout en se réservant le droit de demander des indemnités lorsqu'un des chats serait vu causant des déprédations. Depuis cette entrevue, d'autres déprédations ont été commises par les chats de M. N., l'un d'eux a reçu un coup de fusil et de plus, d'après des renseignements parvenus au président, celui-ci sera en mesure, à la prochaine occasion, d'intenter une action en dommages-intérêts à M. N. Nous croyons que l'extrait qui précède sera de nature à rectifier l'opinion de certaines bonnes gens qui enseignent magistralement que les chats sont des animaux domestiques (?) qu'ils ont le droit (???) d'aller partout, et que le propriétaire d'un jardin ravagé par eux n'a que « celui » de les prier de s'en aller, en leur parlant poliment, encore ! La Rédaction. TAHITI [Note lue à la Séance du 6 mars 1892) . Messieurs, Dans plusieurs des bulletins de la Société ont été publiés des renseignements très intéressants sur le Japon, la Cochinchine, l'Annam, le Tonkin et leur végétation, renseignements qui avaient été fournis par divers correspondants, entre autres nos 94 — excellents amis si vivement regrettés, MM. Legallois et Henry, M, Janson, etc. Actuellement, se trouve, à Tahiti, un Gherbourgeois, M. Pic- quenot, qui a bien voulu se mettre à la disposition de notre Société. Il nous avait fait des envois de graines et de deux ouvrages publiés sous les auspices de l'administration coloniale ( i° l'an- nuaire de Tahiti^ et 2" Tahiti : les îles Sous-le-Vent), nous permettant de nous renseigner exactement sur ce pays si vanté, mais dont les descriptions par divers auteurs, ceux par exemple, du « Mariage de Loti « d' ■< une idylle à Tahiti » s'écartent, d'après M. Picquenot, de la réalité et se rapprochent plutôt du domaine de la fiction. Il est vrai que notre correspondant, comme je l'ai dit, est un Gherbourgeois et que pour lui la «Perle du Pacifique» ne vaut pas la vallée de Quincampoix, que, nous autres, nous trouvons si belle, alors, surtout, que les senteurs des aubépines et des pommiers en fleurs embaument l'air et qu'un brillant soleil fait miroiter ses rayons dans les eaux paisibles de la Divette, qui parcourt en serpentant de vertes prairies émaillées de char- mantes fleurettes, et encadrées entre les coteaux de Martinvast, d'Octeville, de la Loge, du Roule et de la Fauconnière. M. Picquenot redouble de dévouement et de complaisance pour notre Société; car, par lettre du 15 décembre dernier, reçue dans le courant de février, il nous a annoncé l'envoi d'un ouvrage paru récemment, la Floj^e Tahitienne, et il nous promet de nous envoyer, par chaque courrier mensuel, pour en former une collection dans notre salle de réunions, les graines dont il aura trouvé les noms scientifiques, et des photographies de l'île qu'il habite. Aussi, serai-je, j'en suis persuadé, l'interprète des sentiments de notre société, en adressant ses plus chaleureux remercîments à M. Picquenot, qui mérite si bien le titre de membre correspon- dant qui lui a été décerné. Si vous le voulez bien me le permettre, messieurs, d'après les documents que nous avons reçus et auxquels j'emprunterai des - 95 — passages entiers (surtout à l'ouvrage « Tahiti, îles Sous-le-Vent) , je vais vous donner quelques indications sur Tahiti et sa végé- tation. On appelle, souvent, Tahiti du nom de l'île principale, tous les étabhssements français de l'Océanie qui se composent : 1° des îles du Vent (Tahiti, Moorea, Tetiaroa et Meetia; 2" des îles Sous- le-Vent (ces deux premiers groupes formant l'archipel de la Société); 3" des archipels des Marquises, des Tuamotu, des Gam- bier, des Tubuaï et de Râpa; 4" des îles Manihiki et Rakaanga. Nous ne nous occuperons que de l'île principale « Tahiti » dont l'agglomération d'habitants la plus importante est Papeete, siège de l'administration coloniale et qui a 104,215 hectares d'étendue. Elle est comprise entre IT* 29' 53" et 17" 53' de latitude sud 151» 26' et 151° 58' de longitude. Température^ vents, aspect général. — Cette île est réputée parla salubrité de son climat; la température, toujours assez élevée, n'éprouve généralement pas de variations brusques pen- dant le jour; mais les matinées sont quelquefois très fraîches. Les plus grandes chaleurs coïncident avec la saison de pluies et se manifestent de Janvier à Avril; le thermomètre atteint alors, à l'ombre, jusqu'à 32 degrés centigrades. A partir du mois de mai, la température commence à baisser et le minimum se produit de Juin à Octobre, sans descendre cepen- dant au-dessous de 14 degrés pendant la nuit; la température s'élève pendant les premiers jours de Novembre. Des expériences faites à Papeete ont permis de constater que si les pluies contribuent à l'abaissement de la température, les vents diurnes n'exercent aucune influence sur le thermomètre, quelle que soit, d'ailleurs, leur direction. Mais, on ne saurait en dire autant de la brise de terre qui s'élève le soir et souffle pen- dant la nuit. Cette brise se fait, souvent, sentir de minuit à six heures du matin, et c'est alors que le thermomètre accuse le minimum de température. 9(3 La saison humide commence en Novembre ou en Décembre, rarement plus tard, et finit en Mars ou dans les premiers mois d'Avril. On a remarqué, cependant, que cette période n'est pas absolument régulière et qu'elle présente des écarts assez sensi- bles d'une année à l'autre. La saison des pluies, improprement appelée hivernage, est caractérisée par la perturbation de l'alizé, les calmes, une tempé- rature plus élevée et une tension électrique maxima. Générale- ment, les grandes pluies sont accompagnées de violents coups de tonnerre. Certaines années, la quantité d'eau tombée a dépassé un mètre; mais, elle est restée souvent inférieure à ce chiffre. Pendant la saison sèche, elle est minime et varie de 0"'16 à Qi^lS. Les mois les plus secs sont généralement Juillet et Octobre; mais, comme pour les mois pluvieux, on ne peut assigner à cette classification une régularité absolue. De Mai à Août, le vent alizé souffle du Sud-Est; de Septembre à Décembre, il vient le plus souvent de l'Est. De Janvier à Mai, sa direction est celle du Nord-Nord-Est et du Nord-Nord-Ouest; elle coïncide avec la saison des pluies. La brise de terre que les indigènes appellent « hupe » s'élève au commencement de la nuit et est le plus intense au lever du soleil. Elle semble prendre naissance au centre de Tahiti et souffle dans tous les sens, suivant les rayons qui partent de ce point. De hautes montagnes occupent le centre de l'île. Ces monta- gnes ont déterminé des vallées d'écoulement dont les nombreux cours d'eau d'une transparence et d'une limpidité peu communes, ne sont pas navigables, mais rendent ce pays l'un des plus arrosés du monde et contribuent à lui maintenir sa belle végé- tation et sa fertilité légendaire. Végétation, plantes. — Le sol est d'une fertilité inouïe. La plu- part des plantes de la zone tropicale qui y ont été introduites se sont naturalisées spontanément. Si la végétation luxuriante — 97 — témoigne hautement par son abondance de la richesse du sol, par contre la flore indigène est, au point de vue du nombre des espèces, d'une pauvreté remarquable. Tahiti est un des pays les. plus mal partagés sous ce rapport ; en comptant toutes les plan- tes, les plus petites et les plus modestes, telles que les mousses et les lichens, on arrive à un total de 520 espèces indigènes. Mais si la flore est pauvre, la qualité et l'utilité des espèces représentées viennent compenser largement ce défaut. Le sol se prête, d'ailleurs, si merveilleusement à presque toutes les cultures que le nombre d'espèces introduites et naturaUsées est, déjà, plus de trois fois supérieur à celui des espèces indigènes. En effet, la « Flore Tahitienne » publiée par M. Edouard But- teaud en 1891, nous donne une longue hste des végétaux exis- tant actuellement dans cette île et des renseignements sur l'in- troduction de ceux qui ne sont pas indigènes. Nous retrouvons, dans cette Hste. les noms de beaucoup de plantes de notre pays: pommier (apara en langage indigène], absinthe (apitati) , tabac (avaava), céleri (céleri), cerfeuil (cerfeuil), ail (oniani piropiro), olivier (orive), haricot (,pipi), fève (pipi rarahi), lentille (pipi nainai), pêcher (piti), sensitive (pope haavare), chou ordinaire (pota tihopu), chicorée (pota hinu roroa), radis (ratî), grenadier (remuna), rosier (roti)^ jasmin (tafifî), fenouil (taretare), laurier rose (tarona), carotte (taroti), tomate (tomati), figuier (tute), pomme de terre (umara putete), vigne (vine). Mais, si les légumes introduits do France et acclimatés contri- buent à l'alimentation avec le fruit à pain, le taro, la pomme de terre douce, l'igname, le coco, la canne à sucre, les oranges, les citrons, les bananes, la mangue, la pomme cythère, la pomme cannelle, la gogave, l'ananas, la papaye, l'avocat, — en revanche la culture du pommier ne paraît pas bien répandue encore; car, M. Picquenot .nous dit qu'on se fatigue vite des fruits du pays et que l'on achète, de temps en temps, des pommes de Californie à 50 c. la pièce. Une pomme pour un Normand (il y en a une douzaine dans — 98 cette colonie) c'est un régal; cela se comprend, car ce fruit lui rap- pelle le pays natal. Dans la Flore tahitienne, nous trouvons, encore, des noms de plantes qui ne nous sont pas inconnues ; nous avons pu admirer leur port superbe et leur magnifique feuillage dans les serres de M. Emm. Liais. Ce sont par exemple : casuarina equi- setifolia, bois de fer (en indigène aito); — citrus aurantium , oranger (anani); — persea gratis^-ima avocatier (a vota); — pandanus (fara); — musacées (meia); — cocos nucifera, cocotier (haari); — carica papaya, papayer (i ou i\.a)\-^ artocar pus incisa, arbre à pain (maiore); — sacchaj^um officinaj^um, canne à sucre, (maohi); — bromelia ananas, ananas (painapo), — thea viridis, thé (ti); — theobroma cacao, cacaoyer (totarà); — artocarpus incisa, arbre à pain (uru); — vanilla aromatica, vanille (vanira), etc. Parmi ces végétaux, quelques-uns sont considérés comme les principales plantes utiles du pays : \° Le fei, {musa fei, musacées) dont le fruit n'étant pas sucré, peut être mangé avec le poisson et toutes espèces d'aliments. Le goût du fei ne plaît pas aux Européens; il faut y être habitué dès l'enfance. C'est en délayant de la pulpe de feï cuit avec un peu d'eau de coco qu'on obtient la papoï-feï avec laquelle on nourrit les nouveaux-nés. 2° L'arbre à pain [artocarpus incisa, artocarpées) uru ou maiore en tahitien. produisant un fruit farineux , lequel cuit au four est d'un goût excellent et constitue avec le feï et le taro la base de l'alimentation des indigènes. 3° Le cocotier {cocos nucifera, palmiers), haari, qui est, aussi avec l'arbre à pain, le feï et le taro une des plantes les plus utiles aux polynésiens. 11 n'exige pas grands soins de culture. Il rap- porte à 6 ans et demi ou sept ans et demeure en plein rapport au moins un siècle; cent cocos donnent environ 15 litres d'huile. C'est avec l'huile fraîche de coco, parfumée au moyen de santal, ou de sommités fleuries, que les Tahitiennes préparent le fameux monoï qui sert à oindre et à parfumer la chevelure des jeunes — 99 — filles. Cent cocos donnent environ 15 litres d'huile. On peut exporter le fruit du cocotier sous forme de coprah, c'est-à-dire l'amande ayant été concassée et séchée au soleil. Marseille reçoit, sous cette forme, une quantité considérable d'amandes. Si nous avons l'anthonome du pommier, à Tahiti on a un autre parasite {aspydiotus conchyformis) qui attaque les cocotier? dans les sécheresses. 4° Le taro {colocasia esculenta^ aroïdées). Les rhizômese des nombreuses variétés qui croissent à Tahiti constituent un aliment d'une finesse et d'un goût exquis. 5" La canne à sucre [saccharum officinarum , graminées) dési- gnée sous lenomdeto,ouMahoi à Tahiti et qui passe pour être origi- naire de cette île où Cook et Bougainville la trouvèrent à l'état sauvage et d'où elle fut transportée dans d'autres colonies, notam- ment aux Antilles et à Bourbon. Il en existe à Tahiti sept variétés cultivées et deux variétés sauvages. Les cannes, d'après les essais faits, donnent un quart de jus et un sixième de sucre cristallisable de plus que les cannes de nos autres colonies. Mais la main-d'œuvre étant rare à Tahiti, cette Ile ne fournit pas assez de sucre pour la consommation locale. e-Le cotonnier, {gossypium ta'itense)^vavaï,en tahitien, qui est, là, dans sa terre d'élection . Les cotons cultivés à Tahiti sont les plus beaux du monde; mais la main d'œuvre manque encore pour en tirer suffisamment parti. 7» L'oranger {citrus aurantium) poussant un peu partout dans les vallées fraîches. L'orange de Tahiti est réputée comme excel- lente et on en fabrique un liquide très agréable et capiteux, appelé vin d'orange par les Européens et namu ou ava-anani par les Tahitiens. 8" Le café {coffea arabica, rubiacées), se naturalisant prompte- ment dans les districts humides. Il fleurit 2 fois par an, en Mars et Septembre. 9° La vanille [vanilla aromatica, orchidées) qui réussit très bien dans les vallées humides et ombreuses, quoiqu'elle ne soit pas originaire de Tahiti, — 100 — 10° Des variétés de tabac introduites qui ont donné d'excellents résultats. Les bras manquent pour tirer parti des richesses végétales existant déjà dans cette île et les voisines, et de celles qui résul- teront des naturalisations qui se font continuellement. Denrées. — La rareté des fourrages dans l'ile et la suppression de la vaine pâture rendent difficile l'élevage, en grand, des bes- tiaux; ce qui fait que le beurre valait, en 1889, 10 fr. le kilog.; la viande n'atteignait pas, pourtant, des prix par trop élevés. La farine valait, 1" qualité, en sac de 90 kilog., 45 fr.; 2* qualité^ 40 fr.; le pain, 0 fr. 80 le kilog. On ne peut guère compter sur la main-d'œuvre des indigènes. N'ayant pas besoin de travailler pour subvenir à leur alimenta- tion, ils acquittent le prix de quelques objets de toilette dont ils ne peuvent se passer et le paiement de l'impôt, en apportant au marché des fruits, des cocos^ du poisson, des crustacés. Aussi, les ouvriers d'art obtiennent-ils des salaires élevés. J'arrête là mes emprunts aux documents envoyés par M. Pic- quenot, et je crains que cette note n'ait été déjà trop longue. Si j'ai abusé de votre attention, messieurs, mon excuse sera d'avoir voulu vous donner un aperçu des intéressants envois faits par notre aimable correspondant. P. Lelièvre. TAILLE DE Lw^ "VIOISTE SELON LA MÉTHODE DE M. DEZEIMERIES Le Bulletin du ministère de ragriculture publie le rapport suivant : Monsieur le Ministre, j'ai eu récemment l'occasion d'exami- ner, auprès de Cadillac, un fait viticole très intéressant et qui me paraît très digne d'attirer votre attention. Il s'agit non d'un — 101 — système nouveau de taille de la vigne, mais d'un mode d'opé- ration applicable aux différentes tailles. C'est M. Dezeimeries, conseiller général de la Gironde, viticulteur distingué, observateur persévérant, qui préconise ce mode opératoire particulier de la taille, qu'il applique depuis trois années dans son vignoble avec un réel succès. Il consiste à ne pas faire, au moment de la taille, l'ablation totale des bois qui ont porté du fruit, ou des sarments inutiles dans la production de l'année suivante; mais à les couper immédiatement au-dessus du premier nœud, en éborgnant les yeux qui s'y trouvent. L'ablation totale du chicot ainsi laissé n'est faite que l'année suivante, ou même deux ans après, quand sa mortification est complète et alors que la sève, circu- lant autour de sa base, y a provoqué des bourrelets bien accentués qui la contournent et auront vite fait de se rejoindre, dès que la section du bois mort aura été faite à leur niveau. M. Dezeimeries se base sur le fait que toute plaie produite par la taille, soit au ras des branches charpentières, soit au- dessous du premier nœud, doit forcément amener une mortification pénétrante, avec décomposition de tissus, qui entrave d'autant plus la circulation de la sève que les plaies sont plus rapprochées les unes des autres par suite du mode de taille adopté et que la charpente du cep est plus contournée. Pour en faire la démonstration, il a fendu à la scie nombre de souches plus ou moins âgées, et les coupes montrent manifestement que les tissus actifs resserrés, déviés, contournés par mortifications malsaines intérieures dues à des sections rares, se trouvent souvent réduits à des proportions absolument insuffisantes pour que la sève circule bien et puisse alimenter les sarments. Au contraire, lorsque la section est faite au-dessus du premier VII. — 102 — nœud (avec éborgnement des yeux), la mortification s'opère lentement, sans décomposition des tissus. Le bois se durcit, mais ne pourrit pas et, à la base, la partie indurée dans la branche charpentière est aussi réduite que possible et parfaite ment saine. D'autre part, la sève n'ayant pas trouvé de porte ouverte largement pour s'écouler et se perdre inutilement, est employée en plus grande quantité à hâter la formation des bourrelets, qui sont destinés dans la suite à recouvrir rapidement l'emplacement de la section après ablation définitive du chicot. Les pieds ainsi traités depuis trois ans, sciés en long par le milieu, paraissent donner raison à cette séduisante théorie, et de vieilles souches, qu'on a cessé de martyriser {selon l'expression de M. Dezeimeries), ont pu retrouver une vigueur inespérée, qui se manifeste nettement par la diff"érence de grosseur des chicots laissés. Les sarments de l'année, très longs, ont un diamètre double de celui de l'année dernière, qui eux-mêmes sont beaucoup plus gros que ceux de l'année précédente. De plus, il y a une abondance de production de raisins, alors que dans les vignobles voisins elle est très minime. Je ne dois pas omettre de dire ce qui a conduit M. Dezei- meries à adopter ce mode opératoire, qu'il pratique en grand, c'est que, ayant constaté en 1885 l'amoindrissement extraor- dinaire et même le rabougrissement d'un grand nombre de pieds d'Herbemont soumis à la taille du pays, et ne sachant à quoi l'attribuer, il s'est décidé à ne pas en tailler quelques-uns, qui, dès l'année suivante, reprirent une grande vigueur, et à recéper les autres qui poussèrent, de terre, des sarments magnifiques. De là à conclure que le mal n'était pas dans la racine, mais bien dans la partie aérienne, il n'y avait pas loin pour un esprit aussi logique que celui de M. Dezeimeries, de même qu'à se poser la question de savoir si le martyre du mode d'opération de la taille imposée aux vignes françaises — 103 — n'était pas pour beaucoup dans leur impuissance à résister aux atteintes du phylloxéra. Il avait conservé dans son vignoble une étendue de 50 ares environ de vieilles vignes qui, tout en se rabougrissant de plus en plus chaque année et étant presque arrivées à l'état de complète improduction, végétaient encore quelque peu. Tout le reste avait été arraché et replanté en cépages américains. Il a pratiqué depuis trois ans son mode d'opération de la taille, et je suis obligé de reconnaître que ce coin de vigne est actuellement dans un état de prospérité extraordmaire. Les sarments ont une longueur et une grosseur exceptionnelles, et au du'e de M. Dezeimeries, la production de raisin est aussi forte qu'elle a jamais été au temps de la prospérité; ce qui est d'autant plus curieux que le raisin est peu abondant, cette année, dans la contrée de Cadillac. De plus, il affirme qu'il n'a appliqué aucune fumure, ni aucun insecticide. Enfin la vigne est bien phylloxérée, j'ai pu le vérifier; car, outre des traces irrécusables sur les radicelles, j'ai trouvé des familles nombreuses d'insectes. Mais ces racines sont vives, bien actives, témoignant d'une réparation rapide des plaies faites. Tels sont les faits. Monsieur le Ministre, faits dont vous apprécierez certainement l'intérêt sans en tirer, plus que moi, des conclusions optimistes au point de vue de la possibilité de défendre avec succès les parties du vignoble français qui ne sont encore qu'au débutde l'invasion. Mais sans se faire l'illusion que, par le seul fait de la modifi- cation du mode opératoire de la taille,on puisse arriver à rendre la vigne française capable de résister aux blessures de l'insecte, on peut admettre que l'action des insecticides trouverait là un utile auxiliaire. __ <04 — J'estime donc qu'il y aurait intérêt à multiplier les essais de ce procédé et appeler l'attention de MM. les professeurs départementaux sur une question qui intéresse à un haut degré les contrées où la reconstitution des vignes par les cépages américains est faite, ou se fait. Le greffage, en effet, constitue par lui seul une entrave trop grande à la circulation de la sève pour qu'on ne cherche pas à la compenser par une autre taille que celle en usage. De Lapparent, Inspecteur général de l'agriculture. LA TEMPÉRATU R E Les renseignements qui avaient été fournis par M. Le Roux, l'an dernier, sur la température et qui ont été publiés dans le Bulletin, ayant attiré l'attention et ayant permis de se rendre compte des causes des pertes éprouvées, nous avons pensé qu'il y avait lieu, cette année, de publier un travail du même genre, que nous avons fait, en nous aidant des renseignements puisés dans les Bulletins de la Société d'horticulture de Toulon et de ^ceux que M. Thommin a eu l'obligeance de recueillir à l'Observa- toire de la Marine. Nous avons regretté de ne pas avoir des indications pour Paris, mais le tableau que nous avons dressé pour Cherbourg et pour Toulon représente, déjà, un certain ensemble de renseignements. Chacun sait, d'ailleurs, que la température est généralement plus basse à Paris, en hiver, qu'à Cherbourg et plus élevée en été. Il y a^ surtout, intérêt à comparer notre température avec celle d'une localité du midi. Il a été remarqué, l'an dernier, que si le thermomètre était — 105 — plus descendu à Cherbourg qu'à Toulon, à la fin de novembre et au commencement de décembre, en revanche, dans cette der- nière ville, le froid avait été plus accentué que chez nous dans le courant du mois de janvier; ce qui a continué à se présenter dans le mois de février, pendant lequel les minima ont été souvent inférieurs à Toulon à ceux de Cherbourg. Mais il est à noter que les maxima sont, en général, plus élevés que les nôtres dans cette localité et qu'il y a, presque toujours, là, une différence notable entre les températures les plus basses et les plus hautes des mêmes journées. En Mars 1891^ le 12, nous avons eu moins 1", alors qu'à Toulon il y avait à minima + 1 .6; le 23, moins 1 .5 ici et à Tou- lon 0; à Cherbourg, le 24, -j- 4% et le 25 -j- 8 et à Toulon, les mêmes jours, — 0°7 et — 0*5. En Avril^ le thermomètre a remonté, mais nous avions encore des minima de -j- 2° le 1 ", de + 3° le 1 3, de + 2» le 1 3, de -f 3« le 18. A Toulon, ils étaient, le 1", -f 2«2, le 14, -f 3°6, le 16, -f- 3°6. Le 30 avril, le thermomètre marquait à Cherbourg à minima 11°, à maxima 17°; à Toulon, à minima, 8°6 et à maxima 20°. En Mai, nous avons encore eu des minima de -j- o et de -J- 6 le 23, avec des maxima, les mêmes jours, de + ^ 2° et 13°, et deux fois, le 13 et le 31 des maxima de 20". A Toulon, le ther- momètre remontait généralement, quoique le 18 mai, il y ait eu + 6 à minima. Dans le courant de l'été, la température a été généralement, notablement, plus élevée à Toulon qu'ici; on y a observé 30» le 13 juillet. 29 le 20, le 31 juillet et 13 août; la plupart du temps, dans la journée, elle était supérieure à 20°. A Cherbourg, a minima, il y avait ordinairement de 15 à 20°; cependant, le 25, le 28, le 29 et le 30 juin, on observait 24"; le 24 et le 26 juin, 23"; le 17 août, 23°, le 12 septembre, 25°, le 13 septembre, 27°. A la fin d'Octobre, le thermomètre a commencé à baisser sensiblement. Il marquait : — 106 — A Cherbourg, le 30, à mininia. 5" et à maxima 10". » et le 31 , 50 8°. A Toulon, le 30, à minima lâ^e et à maxima li^S. et le 31, » 902 » ]^°Q. Cet hiver, le froid est arrivé plus progressivement qu'en 1890- 1891. car ici le thermomètre n'a commencé à descendre au- dessous de zéro que le 4 9 décembre, après avoir été à -^- 1" le 18 alors que dès le 27 novembre 1890, il marquait — 2°. Cette période de froid a duré 9 jours et la température la plus plus basse observée à la Majorité de la Marine n'a été que de — i° le 24 décembre, alors que l'an dernier on y avait relevé — 6 le 29 novembre et — 8 le 1 1 décembre. En Janvier 1892. nous avons eu zéi'o le 8, le 9 et le 16. A Toulon, il y a eu 0, le 20 décembre 1891 , ainsi que le 7. le 11 , le 16 janvier 1892 et plusieurs autres jours de ce moi& 1, 2 et 3 degrés. Pendant l'hiver, les températures minima de cette ville sont souvent à peu près égales à celles de Cherbourg. ' D'ailleurs, en examinant le tableau ci-annexé qui s'arrête à la fin de janvier 1892, il sera facile de s'en rendre compte. En résumé, il résulte de ce qui précède que s'il ne fait pas, dans les années ordinaires, excessivement froid ici, l'hiver, il n'y fait pas non plus très chaud l'été, comme cela a été déjà signalé maintes fois, notamment par M. Emm. Liais, dans le Bulletin de la Société d'horticulture de 1848. Quoique le froid ait recommencé en février et en mars, nous avons lieu de penser que, si quelques végétaux, par exemple des dracœna, des phormium, des agave americana paraissent avoir encore souffert, cette année, la saison que nous traversons ne sera pas préjudiciable aux plantes comme celle de l'an dernier. Un deuxième tableau permettra de se rendre compte des vents ayant régné le plus souvent à Toulon et à Cherbourg ainsi que de la quantité de pluie tombée. Il résulte de ce deuxième tableau que les vents dominants ont |k — 107 été, ceux d'Est (depuis le N.-E. jusqu'au S.-E), ici comme à Toulon, en février; en avril à Cherbourg; en juin, octobre et novembre à Toulon. Les autres n)ois, les jours de vents d'ouest ont été plus fré- quents dans les deux localités. Si les totaux des jours de pluie et de la quantité d'eau tombée sont plus considérables, pour 12 mois, à Cherbourg qu'à Toulon, il est à remarquer que, pour certains mois, par exemple mars, avril, il y a eu égalité; qu'en février 1891, nous n'avons eu qu'un jour de pluie avec 1 "/■"; que, pour nous, les mois les plus pluvieux ont été août, octobre et décembre; pour Toulon, mai, octobre, novembre et que, là, la quantité d'eau tombée est plus considérable, parfois, proportionnellement au nombre de jours de pluie que chez nous. Ainsi, à Cherbourg, nous avons eu 219™/" pour 21 jours en octobre et à Toulon, le même mois, 182 "/" pour 9 jours. Si nous avions pu établir la comparaison avec d'autres points de la France, surtout du littoral, nous aurions démontré, nous n'en doutons pas, comme nous l'avions fait précédemment, que Cherbourg n'est pas, ainsi qu'on le prétend, une des villes où il tombe le plus d'eau, et que la réputation qu'on lui a faite à ce point de vue est exagérée. La Rédaction. — 108 FÉVRIER 1891 MARS 1891 AVRIL 1891 TEMPÉRATURE TEMPÉRATURE TEMPÉRATURE ^ — , . - 1. — — ^- ^— — ^ - — — — ^ - ^ •— *■ . --^ — — ^ ■-- 1 -ï1 minima maxima minima maxima minima maxima 1. . Il ^ a.--^^»» >^ - — -»_^^— «— ^ — -«_^— »- — - ^ ^* "^ ^^ *»» — ~-^ " V 1 Cher- Tou- Cher- Tou- Cher- Tou- Chci- Tou- Cher- Tou- Cher- Tou- bourg. 6 lon. jourg. 8 lon. 11 bourg. Irn. 1 jourg. lon. 14 ijourg. 2 lon. 2 bourg. lon. 13 1 6 8 12 11 Î2 2 4 10 4 8 2 12 14 5 5 12 13 3 6 3 9 13 6 3 9 18 6 o 12 14 4 8 0.4 9 10 7 10 13 8 9 13 17 5 6 0 9 12 8 1 12 13 8 10 13 16 6 3 0.2 9 11 8 3 10 13 6 8 14 16 7 6 4 8 10 8 5 11 13 7 W 8 15 8 5 4 8 9 8 9 12 14 4 9 7 15 9 4 3 5 9 4 9 4 14 5 6 9 16 10 0 5 6 12 7 10 11 14 5 8 10 16 11 2 -0.4 8 10 2 9 5 12 4 7 9 15 12 6 0.2 9 10 - 1 1 o 13 6 5 9 15 13 2 0 8 12 F» O 9 7 12 3 6 10 14 14 1 3 7 10 M O 6 6 10 2 3 9 16 15 2 -1 8 9 1 4 9 14 6 5 10 16 16 0 -0.6 8 11 3 3 9 13 7 3 14 17 17 4-3 0.2 8 12 3 8 8 15 9 4 11 16 18 1 8 16 4 9 8 11 3 6 12 18 19 5 7 13 4 O 7 13 5 5 9 16 20 1 1 8 13 1 4 8 15 7 8 9 17 21 0 1 8 13 3 10 6 12 7 6 11 17 22 0 12 12 2 3 7 7 8 7 11 17 23 3 0 10 14 -1 0 5 9 11 10 16 24 3 0.8 8 13 4 -0.7 11 10 8 11 10 15 25 3 0.8 11 13 8 -0.5 12 13 7 10 10 18 26 3 0.4 13 15 6 5 9 13 6 5 9 16 27 5 o 11 13 4 8 9 14 7 9 11 17 28 4 1 12 13 o 8 9 12 7 10 14 16 29 5 5 10 14 7 8 16 21 30 5 5 8 14 11 8 17 io 31 4 L 7 11 109 H Q 1 2 3 4 o 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 NOVExMRRE 1891 TEMPERATURE minima Cher bourg. O 8 9 9 i 7 4 4 / 9 6 8 6 8 8 9 8 11 10 9 6 6 7 6 4 7 4 7 6 Tou- lon. 2 4 9 4 4 9 4 3 5 7 9 13 13 15 14 9 7 11 9 11 12 10 9 13 14 13 8 4 5 7 maxinia ChPr- liourfr 12 12 10 11 10 9 10 9 9 11 12 11 11 9 12 11 11 13 14 12 10 10 9 8 9 9 9 8 11 11 Tou- lon. 14 13 14 13 14 12 12 12 14 15 15 16 17 16 17 16 15 19 18 17 16 15 15 17 16 14 14 13 14 13 DECEMBRE 1891 TEMPERATURE minima Chrr- Tou- Ijourjr. Ion. O 10 6 12 12 11 8 8 10 10 8 4 10 9 10 9 7 1 -2 - I 0 -3.5 - 3 - 4 1 3 6 4 9 11 11 12 6 8 4 4 4 7 9 4 o 3 7 3 9 10 11 10 O 2 Ô 2 4 5 7 8 10 9 6 5 9 12 maxima Cher- 1)1 lur". 11 11 13 13 14 12 M 11 11 12 9 10 12 10 13 11 9 5 1 3 3 2 3 3 o 9 8 7 11 12 11 Tou- lon. 14 14 15 14 13 13 14 13 12 13 14 13 13 15 16 15 15 10 9 6 6 11 11 11 11 12 12 11 12 15 19 JANVIER 1892 TEMPERATURE minima Cher- bourg. / 7 5 4 1 7 2 0 0 1 4 pj o 4 4 2 0 2 5 6 7 5 5 9 8 6 2 8 7 9 8 8 Tou- lon. 14 5 1 0 3 0 6 3 6 2 0 6 8 7 2 0 7 10 11 4 6 7 4 3 11 4 2 2 2 7 •7 maxima Cher- Ijours 9 8 8 M O 7 10 5 5 3 2 M O M O O O 5 4 7 8 9 9 9 7 11 10 8 8 10 9 10 10 10 Tou- lon. 16 9 10 9 6 10 12 11 8 8 10 11 12 10 6 7 12 12 14 12 10 9 12 13 14 12 10 11 12 14 17 ~ 110 H o H > c! 0-. o-. o 3 ce CJî 8 4^ O 00 o CD o O) 3 cr CD O o O en 'H 3 o < ^ 30 CD 2 o 1—1 C/3 ^ JO — ti^ — OC tô i.4i o= Oi 5^ Cl-? c g >:;■ CD — (D s i en rn ^ M tXi -^1 -^ co ■io o to ts M -4 co ^ *^ C^ lï^ t't» ta 2 -- e iNeotô>(='"-J'^'^i*^'^'^'^'^ j. t© -s- -i. txï) t.© •!« -^ t^a -^^ -^ o cr. i / co » i>S ï i.^o- 2 O CfO CD ►- fD 55 C5.^.ii.O'**-COCOC;'ît-«C50C/; _ , z ^ o C) ti. CD -, CD ca CD c« W o K M w o C^ o: 00 00 -^ t-O 00 co -^ Ci or ^^ij -a i« t*^ a^ i*^ Oï o -=- bo CJT co t-Ô' 00 co OT o> >?» 3 CD 2 4ï.O;--JOO.C5CJ*^CO-^'^>C5 H •^ooco;sC5iT^cooi05'^i-*-i-s o B w H E 2 = B » « » CTQ CD ^ CD ea CD c/2 ï^ H o a o — m COÎVIPTE-BENDU DE L'EXPOSITION t)ui a eu lieu Valognes les S, 6. 7 el 8 Septembre. Messieurs, Dans notre séance mensuelle dii 2 Août, vous mavez fait l'honneur de me choisir pour aller représenter notre Société à l'Exposition de Valognes, qui devait s'ouvrir le o Septembre suivant. Je croirais manquer à une partie de mon mandat, si, après avoir pris part aux opérations du jury, je ne vous disais quelque chose de cette exposition : Reçu par M. Sébire sénateur, maire de Valognes et depuis longues années président de la Société d'horticulture, le jury, composé de MM. Magny. président de la Société d'horticulture de Coutances; de Mondésir. propriétaire et maire de Sauxemesnil; Godey , jardinier à Chef-du Pont ; Lepelletier , propriétaire à Valognes; Lesage, instituteur à la Bonneville; Lempérière, jardi- nier à Etienville et votre délégué, a d'abord procédé à son installation. A l'unanimité, M. Magny a été nommé président, et M. Lesage, rapporteur. L'exposition était répartie dans les vastes cours et sous les préaux du petit séminaire que l'administration de l'établissement met gracieusement à la disposition de la Société, toutes les fois que ses expositions coTncident avec les vacances. Les produits maraîchers étaient exposés dans la grande cour d'entrée, dans laquelle, ancien élève de l'établissement, j'ai été heureux de retrouver les grands marronniers séculaires, à l'om- bre desquels j'ai passé quelques années de ma jeunesse, et qui a été, depuis, ornée d'un massif, au centre duquel croît à vue d'œil, entouré de plantes ornementales, un splendide wellingtonia gigantea, frère de celui de notre jardin de la rueMontebello et qui comme lui germa dans mon jardin. — M2 — Pardonnez-morcette petite digression demi-horticole et revenons à notre exposition. MARAICHERIE Le jury a eu d'abord à examiner deux lots de légumes très complets^ et réunissant l'un et l'autre des produits absolument hors ligne. L'un appartenant à M. Quesnel, jardinier de l'hospice de Valognes, l'autre était exposé par M. Lacour, maraîcher, à Bayeux. En raison de l'importance de ces deux lots, le jury a attribué à chacun d'eux une médaille d'or bien méritée. Un de nos compatriotes et collègues, M. LaUsel, dont nous connaissons tous le talent en matière de culture, avait exposé une très nombreuse collection de pommes de terre, (plus de 80 variétés); nous avons attribué à son exposition une médaille d'argent grand module. Une autre collection également intéres- sante, mais moins nombreuse a valu à son propriétaire, M. Larose, jardinier à Valognes, une médaille d'argent petit module. FRUITS L'exposition de fruits, pas très riche, passez-moi l'expression, pour Valognes qui jouit cependant d'une certaine réputation pomologique comprenait seulement deux lots, composés princi- palement de poires, dont quelques-unes mal étiquetées, de quelques et de raisins, seulement pour mémoire. Pour ces fruits, M. Duclos et M. LecoUey, ont obtenu chacun une médaille d'argent. PLANTES ET FLEURS Après les fruits, le jury a successivement visité, l'exposition florale et décorative divisée en un assez grand nombre de lots offrant un intérêt différent celui-ci par la multiphcité des plantes, celui-là par la belle végétation des produits exposés. Je ne vous ferai pas l'éloge des belles plantes ornementales de M. Léon Gavron dont vous connaissez tous les grandes fougères arborescentes, les beaux cycas, les palmiers (etc.) auxquels étaient joints de surperbes gains de bégonias tuberculeux 113 présentés comme semis de l'année. Le jury lui a décerné une médaille d'or. L'exposition de conifères et arbustes divers de M. Larose et celle de M""' veuve Duclos ont obtenu une médaille d'argent 2° module. Les magnifiques bégonias rex de M. Tixier, jardinier de M. de Pontgibaud ont été jugés dignes d'une médaille d'argent grand module. Le jury a admiré une collection des plus intéressantes de glaïeuls hybrides de Gand, d'une culture qui ne laissait rien à désirer, présentée en flacons par M. Vautier, propriétaire-amateur à Gaen, et qui, en raison de la richesse et de la variété des plantes exposées, a obtenu une médaille de vermeil. Je passerai brièvement sur divers concours moins importants, auxquels les récompenses suivantes ont été décernées : Pelargoniums zonals panachés. — Médaille d'argent à M. Larose; médaille de bronze à M. Lepleux, de Valognes. Pelargoniums simples et doubles. — Médaille de bronze à M' Duclos. Fuchsias : très bonne culture. — Médaille d'argent à M. Larose. Héliotropes. — Mention honorable à M. Lepleux. Phormiums. — Médaille de bronze à M. Lepleux. Goléus. — Ces belles plantes aux feuillages si variés de nuan- ces et de formes étaient loin de valoir ceux de l'exposition précédente et n'étaient guère représentés que par le lot de M. Lepoittevin, qui n'a obtenu qu'un méd. art. 3" module. Un lot très remarquable de célosies ou crétes-de-coq a valu à M. Tixier une médaille argent 3' module. Galadiums et Achimenes. — Médaille d'argent et médaille de bronze à M. Lepoitevin. La collection de dahlias en pot, de M. Lepleux. bien cultivée, assez variée et renforcée par quelques variétés de M. Lelandais, de Gaen, a été récompensée par une méd. arg. 1" module. Médailles d'argent à M. Duclos et M. Lepoittevin, pour fleurs de dahlias coupées. — 114 Médaille d'argent à M. Lemonnier, jardinier chez M. d'Arreville et médaille de bronze à M. Larose, pour reines-marguerites coupées, bonne culture et bonnes variétés. Médaille d'argent à M. Lemonnier, pour ses fleurs de zinnias. BOUQUETS MONTl'lS, COURONNES ET DIVERS L'attribution des récompenses était laissée pour cette section aux Dames patronesses; qui, avec U7i accord parfait et a l'unani- mité absolue des sii/Jrages, ont accordé : Pour les bouquets montés, à M. Bidois; fleuriste chez M. Cavron une médaille d'argent. àM^'Duclos, une médaille d'argent et à M. LarosCj une médaille de bronze. Pour les croix et couronnes, médaille de bronze à M. Larose. Divers rustiques dont quelques-uns assez originaux et bien réussis, ont valu à M. Larose une médaille d'argent 2' module et une médaille d'argent 3" module à M""" Duclos. ARTS ET INDUSTRIES HORTICOLES M, Lepetit, tonnelier à Cherbourg, avait exposé ses collections de bacs à fleurs, les uns modestes les autres très soignés rentrant dans les objets de luxe. Il lui a été attribué une médaille d'argent 1" module. M. Carré, taillandier à Valognes, a obtenu une médaille d'argent 2° module, pour son exposition très complète de bêches et outils assez variés. M, Daigremont, une médaille d'argent 3" module, pour son exposition d'objets divers se rapportant à l'horticulture et à l'ameublement des jardins. Messieurs, Depuis 25 ans au moins, je visite les expositions de Valognes, soit comme amateur soit comme délégué, et je suis heureux de vous dire que, dans ce riche arrondissement, l'horticulture fait des progrès considérables, encouragée et soutenue par la Société d'horticulture dont le bureau pourrait presque être considéré comme permanent. — U6 — Ces messieurs, plus heureux que nous, trouvent le moyen d'organiser chaque année une exposition, alors que nous sommes obligés, pour des raisons que je n'ai pas à examiner, de ne faire les nôtres qu'à des intervalles trop éloignés. La ville sait au moins fournir aux exposants un emplacement qui ne coûte rien, et nos municipohtés n'ont pas encore pu, depuis près de 50 sns que notre Société existe, la faire jouir, pour trois jours, même d'une portion de nos Halles, sans avoir à supporter dos droits de ferrage considérables. 11 serait superflu de vous dire, messieurs, que j'ai trouvé, ainsi que les autres délégués, de la part de M. le Président et de MM. les membres du bureau, l'accueil le plus sympathique, la courtoisie est d'ailleurs de tradition chez hs Sociétés horticoles et c'est avec regret que j'ai été obligé, une occupation me rappe- lant à Cherbourg, de quitter Valognes sans assister au banquet de la Société, auquel j'ai été convié de la façon la plus pressante par M. le président, aux instances duquel se sont jointes celles de plusieurs de MM. les membres de la Société. Je leur adresse ici nies plus sincères remerciements. Cherbourg, le 1" Octobre 1891. J. Levesque. Ï^OSIEFIS 3NrOXJ\^E.A.XJX: Hectifications au Bulletin de l'année i890 : Page 106 : Blanche de Forco, au lieu de Farco. » 107 : Jaune Nabonnand, au lieu de Janne » 108 : Professeur Ganiviat, au lieu de Graviniat. » 109 : M^ Baboud, au lieu de M' Bahoud. 116 — 1891-1892 ROSIERS ILE-BOURBON Mademoiselle Alice Marchand (Vigneron fils, rosiériste à Olivet, Loiret), flour moyenne ou grande, pleine, globuleuse, tenue parfaite, coloris rose très tendre, s'atténuant à l'extrémité des pétales pour passer au coloris blanc légèrement rosé. Mademoiselle Berthe Clavel (Chauvry, 146, AUées-de-Boutaud, Bordeaux), coloris blanc, fond jaunâtre, centre rose, revers des pétales marbré et strié de violet et de rose vif. Variété fixée d'un rameau du souvenir de la Mal maison. Mistress Paul (G. Paul, rosiériste à Cheshunl fi. gr.. pi. , en forme de camélia, coloris blanc carminé, teinté de fieur de pêcher. Président de la Rocheterie (Vigneron fils), fl. très gr., pi., en coupe, tenue parfaite, col. rouge vif, centre légèrement ombré de pourpre, odorante. Souvenir du lieutenant Bujon (Moreau-Robert, horticulteur à Angers), fl. extra-gr., pi., ouvrant bien, en coupe, col. rouge clair, passant au carmin, très florifère, très odorante. . ROSIER MOUSSEUX Zénobia (MM. Paul et fils, àCheshunt), fl.gr., pi., en boule, à boutons bien mousseux, col. beau rose satiné, très tendre. ROSIERS POLYANTHA Joséphine Morel (A. AUégatière, horticulteur à Montplaisir.Lyon), fl. petites, très pleines, col. rose vif, brillant, extra. Mademoiselle Bertha Ludi (Hybride de Polyantha), (J. Pernet fils-Ducher, à Lyon), fl.gr., pi., belle forme, col. blanc pur passant au rose carné, floraison continuelle. ROSIERS NOISETTE Madame Charles Genoud (Godard), fl. moy., pi., odorante, col. jaune foncé, passant au jaune clair. Madame Pierre Cochet (Scipion Cochet, horticulteur-rosiériste à Grisy-Suisne, Seine-et-Marne), fl. moy., pi., cal. à fond jaune d'or, passant au blanc jaunâtre', revers des pétales jaune cuivre foncé; perfection de la jolie rose William Allen Richardson . ROSIER HYBRIDE DE NOISETTE Lydia (Geswind, vendue par Ketten frères), fl. moy., pi., en coupe, odorante, col. bl., à centre rose carné; très florifère. — 417 — ROSIER BENGALE Bijoux de Royat-les-Bains (Veysset, horticulteur à Royat-les- Bains), fl. moy., bien faite, col. rose argenté, pétales rayés de rose vif et rouée carmin. ROSIER RUGOSA Rosa rugosa fimbriata (G. Morlet, horticulteur à Avon, Seine- et-Marne), fl. assez gr., senii-pl., très bien faite, col. blanc très légèrement carné. ROSIERS THE Elise Heymann (G. P. Strassheira) fl. très gr., pi., pétales larges, très belle forme, col. jaune cuir nuancé jaune nankin, centre rose pèche, revers des pétales jaune chrome, retouché rose clair. Etoile Polaire (Tesnier fils, horticulteur à Angers), fl. gr., pL, bien faite, en coupe, col. pétales du pourtour rose fleur de pêcher bordé jaune, centre aurore saumoné, cuivré, brillant, à fond rouge cocciné, très odorante, couleur absolument nouvelle et de grand eiïét. Germaine de Marest (J.-B. Guillot et fils, horticulteur à Lyon- Guillottière), fl.gr., pi., très bien faite, coloris blanc crème, légèrement saumoné au centre. Golden gâte ou porte d'or (Dingée et Conard), fl. tr.gr., bien double, bouton long et pointu, solitaire, col. blanc crème, centre et base des pétales jaune d'or, souvent teinté de rose clair. Grand-duc héritier Guillaume de Luxembourg (Soupert et Notting, Luxembourg, Grand duché), fl. gr., pi., forme plate, pétales extérieurs larges et imbriqués, ceux du milieu plus étroits, col. saumon argenté nuancé de rose tendre, centre ombré de jaune. Grande-duchesse Adélaïde de Luxembourg (Soupert et Notting), fl. tr. gr., pi., imbriquée, pétales extérieurs en forme de pom- mes, col. jaune tendre luisant, centre plus vif. Grande-duchesse héritière Hilda de Bade (Soupert et Notting), fl. gr,, bien pleine, très belle forme, pétales extérieurs larges et bien arrondis, col. jaune nankin clair, ocre chromé au centre. Henry M. Stanlay (Dingée et Conard), fl. extra-gr., bien pleine et très parfumée, col. rose clair, nuancé parfois de saumon. VIII. — M8 — H.Plantagenet,conite d'Anjou (Tesnier), fl. tr. gr., tr.pl., solitaire, pédoncule long et ferme, col. rose de Chine, légèrement pour- pré, à fond éclairé d'un brillant reflet rose tendre vineux. Le Soleil (Dubreuil, rosiériste à Lyon), fl. tr. gr., tr. pi., dressée sur le pédoncule, en forme de coupe, pétales larges et épais, col. jaune intermédiaire entre le chrome et le canari, couleur nouvelle. Madame Benoît-Rivière (Liabaud, horticulteur à Lyon), fl. gr., pi., érigée, odorante, col. jaune abricot, à centre rose saumoné. Madame Bessoneau (Moreau-Robert), fl. gr., pi., ouvrant bien, globuleuse, col. jaune clair en ouvrant, passant au blanc crème. Madame Bonnet Desclaustres (Reboul, horticulteur à Montélimar, Drôme), fl. tr. gr., et tr. double, branches florales érigées portant de nombreux boutons, col. extérieur blanc crème, passant au jaune clair vers le centre. Madame Jessie Frémont (Dingée et Conard), col. blanc passant au rose chair parfois nuancé de rouge cuivré, très tendre. Madame la générale Gourko (Soupert et Notting), fl. gr., pi., pétales larges, bouton allongé, col. brillant rose soyeux, centre rose saumoné, pourtour rose laque. Madame Louis Patry (Tesnier), fl. tr.gr.. tr. pi., globuleuse, solitaire, pédoncule ferme et rigide, col. pétales du pourtour rose, légèrement pourpré à onglet jaunâtre, centre rose de Chine brillant, reflets rose aurore. Madame Pélisson (Brosse, horticulteur à Lyon), fl. moy., pédoncu- les longs, col. citron clair, pétales extérieurs blancs, toujours fleurie. Madame Rosine Caveul (Ch. Reboul), fl. gr., tr. pi., col. blanc pur, centre rose tendre, nuancé saumon. Madame Victor Caillet (Alex. Bernaix, rosiériste à Villeurbanne, Rhône), fl. gr., double, col. beau rose pivoine, reflets carmin, nuancé saumon, passant au blanc, présentant sur la même plante des fleurs rouges et des fleurs blanches. Mademoiselle Geneviève Goujon (Veuve Schwartz, rosiériste à la Guillotière, Lyon), fl. gr., col. crème nuancé de rose clair, ombré au centre de carmin et de rose saumoné, revers des pétales rose vif, rayé de blanc. Marie Page (Jean Perrier, rosiériste à Lyon), fl. gr., pi., pédon- cule ferme, col . rose pâle, centre jaune, extérieur des pétales rose carmin très vif sur les bords . - 119 Maud Little, (Dingée et Conard). fl. belles et pleines, col. rose Chine tendre, avec une teinte d'un brillant particulier. Médea (W. Paul & Sons), fl. gr., très pleine, globuleuse, très odorante, col. jaune citron, à centre jaune serin. Monsieur Aimé Colcombet (A. Bernaix), fl. moy., boulon rouge carmin pourpré, col. carmin vif, centre rose et blanc carné, de forme aplatie. Monsieur Edouard Littaye (A. Bernaix), fl. gr., pi., bouton ovoide, conique, col. rose carmin teinté amarante, passant au rose pâle, centre rouge violacé. Monsieur Tillier (A. Bernaix), fl. bien double, pétales nombreux, souvent imbriqués, col. rouge carmin nuancé brique, passant au rouge nuancé violet. Pearl rivers (Dingée et Gonard\ fl. tr. parfumée, d'une beauté exquise, col. blanc ivoire, nuancé et bordé de rose clair. Pink Perle des Jardins ou Perle des Jardins rose (Nauz et Neuner), fl. gr,pl., odorante, col. rose, accident fixé de Perle des jardins. Rosario Castel (Pries, vendue par Ketten frères), fl. moy., pi., odorante, col. carné rose à centre aurore. Ruby Gold ou Or rubis (J. O'Connor), fl. gr., pi., col. jaune d'or du maréchal Niel, mêlé au rose tendre de Catherine Mermet, accident fixé de Gat. Mermet. Sénateur Loubet (Ch. Reboul), fl. gr., tr. pi., col. rose tendre, se fondant en nuance jaune métallique vers le centre, et se chan- geant en rouge ponceau au complet épanouissement. Souvenir de Madame Levet (Etienne Levet fils aîné, rosiériste à Lyon), fl. gr., pi., bien faite, col. beau jaune orange foncé, tr. odorante. Souvenir de Pierre Magne (J. Puiravand, vendue par Ghauvry), fl. moy., semi-double, bouton allongé, col. rose de Chine foncé, à fond jaune cuivré, passant au rose clair. Vicomtesse du Ghafl"aud. (Ch. Reboul), fl.gr., tr. double, en coupe, col. rose brique ou chamois, très florifère. Waban (E. Wood etC'% dans les conservataires de Waban, Etat des Massachussets, Etats-Unis d'Amérique), fl. gr.. pL, pédon- cule long, col. rose carminé, panaché de rouge garance flambant. ROSIERS HYBRIDES DE THÉ Augustine Halem (J.-B. Guillot et fils), fl. gr., pi., globuleuse, très bien faite, odorante, col. rose pourpre carminé, très belle variété. — 120 Baronne G. de Noirmout (Scipion Cochet), H. gr., pi., globuleuse, pétales larges, col. rose clair, légèrement saumoné, passant au blanc rosé. Grand-duc Adolphe de Luxembourg (Soupert et Notting), fl. tr- gr., presque pleine, col. rose brique à l'intérieur, revers laque géranium brillant. La Fraîcheur (J Pernet-Ducher), fl. tr. gr., en coupe, col. blanc rosé passant au rose vif carminé. Madame Joseph Bonnaire (J. Bonnaire, rosiériste à Lyon), fl. très gr., tr. pi., ouvrant très bien, atteignant jusqu'à 18 centimè- tres de diamètre, col. rose Chine vif, revers des pétales argenté. Madame Pernet-Ducher (J. Pernet-Ducher), fl. gr.. presque pleine, bouton turbiné, admirable, col. jaune canari, pétales extérieurs lavés de carmin, passant au blanc crème. Madame veuve Menier (Veuve Schwartz), fl. gr., tr. pi., de forme parfaite, chifl"onnée, col. rose pâle, fond blanc, rosé, nuancé d'aurore et de carmin très tendre, onglets des pétales jaunâtres. ROSIERS HYBRIDES REMONTANTS Bruce Findlay (G. Paul), fl. gr., pi., col. cramoisi brillant. Duke of Fife (J. Cocker & Sons, rosiéristes « Aberdeen, Angle- terre), fl. gr., pi. et de belle forme, col. cramoisi écarlate des plus riches, Duchess of Fife (.J. Cocker & Sons), fl. .gr., pi., en coupe, col. tendre rose argenté, nuance toute nouvelle. Frère Marie Pierre (A. Bernaix), fl.gr., double, en coupe, col. rose de Chine s'atténuant en incarnat avec l'âge, très odorante. Général baron Berge (Pernet père, horticulteur à Lyon), fl. gr. > presque pi., très odorante, tenue parfaite, col. rouge grenat. Jeanne Masson (Liabaud), fl.gr., pi., globuleuse, souvent en coupe, odorante, col. blanc, reflété de carmin. L'ami Maubrey (Benout-Guepet, ancien horticulteur à Chalon-sur- Saône), fl. gr., tr. double, tr. odorante, col. rouge clair ombré de violet tendre. L'étincelante ("Vigneron), fl. gr., pL, en coupe, col. rouge excès ^ sivement vif, intérieur légèrement velouté. Madame Anatole Leroy (Anatole Leroy), fl. gr., pi., col. rose tendre, centre plus foncé. — 121 — Madame Benoist (Moreau-Robert), 0. Ir. gr., tr. pi., plate, odo- rante, col. rose clair satiné très frais et très résistant. Madame Edouard Michel (Liabaud), fl. tr. gr., pi., odorante, col. beau rose vif. Mademoiselle Dubost (Permet père), fl. gr. presque pi., pédoncule droit et ferme, col. rose carné vif, plus foncé au centre. Marchionoss of Dulferin (A. Dickson & Sons, horticulteurs àNew- Townards), fl lr.gr., pi., col. rose vif lavé de jaune, à la base des pétales, qui sont rabattus. Margaret Dickson (A. Dickson), fl. gr., pi., col. blanc nuancé de chair pâle au centre. Mon rêve (Vigneron), fl. gr., pi., globuleuse, tr. dorante, col. rose lilacé, s'atténuant à l'extrémité des pétales, centre plus, foncé. Monsieur de Morand (Veuve Schwartz), fl.gr., pi., col. cerise cramoisi vif, nuancé de pourpre lilacé bleuâtre, les pétales du centre imbriqués comme un camélia ont l'extrémité marginée de blanc rosé. Président Carnot (Prosper Degressy, horticulteur à Ghâlon-sur- Saône), fl. gr., pi., bien faite, col. rose vif nuancé de carmin à reflet feu. Prince A. de Wagram (Scipion-Cochet, horticulteur-rosiériste à Grisv-Suisne, Seine-et-Marne), fl. gr., bien pi., forme parfaite col. fouge pourpre vif, passant au rouge carmin vif. Salamandre (William Paul & Sons) fl. gr., pi., pétales externes élégamment rabattus, pétales centraux bien dressés, col. cramoisi écarlate éclatant. Souvenirs de .lean Sisley( Dubreuil), fl. gr., pi., très odorante, col. carmin foncé pourpré, nuancé de Magenta et d'amarante. Souvenir de Louis Moreau (Moreau-Robert), fl. gr., pi., globu leuse, col. rouge feu éblouissant, passant au cramoisi foncé. Souvenir de Madame Dor (Liabaud), fl. gr., pi., en coupe, odo- rante, col. beau pourpre velouté, mélangé de cramoisi. Spincer (Paul et fils), fl.gr., bien pleine, forme compacte, col. beau rose satiné, pétales extérieurs ombrés et à reflets blancs. Gauvin, 122 Notre nouveau Jardin d'Arboriculture Fruitière Ceci est un post-scriptum à la Ciironique horticole, où il est dit (page 9) que la Société cherchait un jardin pour remplacer celui de lïmpasse Dorival. Le nouveau propriétaire ne pouvait continuer de nous le louer; il vient d'y bâtir une maison de maître qu'il va habiter. Nous lui avons cédé plusieurs de nos arbres, quenouilles et espaliers; mais le reste, et nos contre- espaliers, oîi les mettre ? Le terrain situé au n° 10 du passage des Jardins, rue de la Duchée, ayant appartenu à M. Férey, notre regretté secrétaire- adjoint, nous convenait beaucoup; mais on voulait le vendre et non le louer. Afin de nous tirer d'embarras, il s'est présenté un acquéreur qui a loué ce jardin à la Société pour 15 ans. Immédiatement ce jardin, resté inculte pendant un an, a été, sous la surveillance de M. Levesque, remis en état par M. Letul- lier et deux aides, les contre-espaliers sont en place, ainsi que plusieurs quenouilles. M. NÉCROLOGIE Depuis la publication de son dernier bulletin, la Société d'Horticulture a eu à déplorer le décès d'un certain nombre de ses membres : M'"^ Paul, dams patronnasse, MM. Chan- ceaulme,Druet, Leconte, (Jules) de Pontaumont,Regnault, ROMY et SiMÉON. Madame Paul , depuis de longues années , avait bien voulu accepter le titre de dame patronnasse, et lors des expo- sitions elle assistait aux réunions de dames en vue de décerner des récompenses pour les bouquets. — 123 — M. Chanceaulme, commissaire de marine en retraite , s'intéressait vivement à la Société d'Horticulture. Pendant un certain temps il a fait partie du bureau comme conseiller d'administration, et il y rendait de précieux services. M. Druet, ancien notaire, était un homme de beaucoup de goût, comme il aimait les fleurs, il était naturel qu'il fit partie de la Société d'Horticulture, s'il ne prenait pas une part active à ses travaux, il n'en saisissait pas moins les occasions de lui être agréable, M. de PoNTAUMONT, propriétaire, était membre d'un certain nombre de sociétés, il faisait des recherches et des travaux sur l'histoire locale et possédant plusieurs jardins, il prenait intérêt à la culture des plantes. M. Regnault, maître au port retraité, comptait parmi nous un certain nombre d'amis, comme il était voisin du jardin de la rue Montebello, il s'y rendait assez souvent et ne se désin- téressait pas des travaux de la Société. MM. SiMÉON, pâtissier et Romy, libraire, s'ils n'assistaient pas régulièrement aux réunions tenaient cependant à faire partie de la Société d'Horticulture, comprenant les services qu'elle rend. M. Jules Leconte, négociant, membre de la Chambre de Commerce de Cherbourg et du Conseil de Fabrique de Sainte- I Trinité, vice-président de la SociétèV Union Comme7xiale, etc., est décédé le 9 février dernier, à Paris, où il s'était rendu, ' vers le jour de l'an. Il y fut atteint de l'influenza, qui se montra l'abord bénigne, mais malgré toutes les pré'cautions prises, une rechute eut Heu, bientôt de graves symptômes se manifestèrent IX. les secours de l'art, les soins les plus dévoués n'ont pu :onjurer le dénouement fatal: il n'était âgé que de 41 ans. La mort si prématurée de notre honorable concitoyen ^plonge dans un deuil tous ses parents, ainsi que ses nombreux <24 amis, elle va priver aussi toutes les œuvres pieuses et charita- bles d'un concours actif et précieux. M. Jules Leconte était un homme de bien dans toute l'acceptation du mot. La droiture de son caractère, l'agrément et la sûreté de ses relations lu i avaient concilié l'estime et la sympathie générales. Aussi la nouvelle de sa mort a-t-elle produit dans toute notre ville la plus pénible impression. Cette émotion sera partagée par les camarades de M. Leconte dans le 225® régiment mixte, où il avait le grade de capitaine. On se souvient qu'en 1870, à peine entré dans l'armée, notre concitoyen prit part vaillamment à la campagne contre les Allemands, puis à la reprise de Paris occupé par la Commune. Aux lignes qui précèdent , et qui sont empruntées au Nouvelliste du 1 1 février, nous ajoutons que M. Leconte avait fait partie, depuis 1876 jusqu'en 1879, de notre bureau en qualité de secrétaire adjoint, il était resté sociétaire et s'occupait avec bonheur d'horticulture dans les rares loisirs que lui lais- saient ses diverses occupations. Il était en outre secrétaire de la Société des Courses, et président de la Société de Tir. Les nombreux titres qu'il portait montrent en quelle estime était tenu le regretté défunt. ERRATA Page G, ligne 25, au lieu de glaïeuls blanc^ lisez, glaïeuls blancs. Page 10, ligne 19, au lieu de ce travail, lisez^ cet ouvrage. Page 32, note, au lieu de {Elle y fêtait son cinquantenaire)^ lisez, [elle y était déjà venue en 187i, fêter son cinquantenaire). — 125 — Page 53, ligne 14, au lieu de speudo-platanus, lisez, pseudo- j)latanus. Page 59, ligne 27, au lieu de fructiosum, lisez, fruticoswn. Page 61, ligne 17, et page 65, ligne 5, au lieu de virbunum, lisez, viburnwn. C — 1S7 — Liste des membres admis en 1891. MEMBRES TITULAIRES. MM. BuHOT Eugène, père, négociant. DE Ghampozon, propriétaire à Lucet, Tourlaville. ^ Damel, docteur en médecine. DuTOiT, capitaine d'artillerie de marine en retraite. Grouard Léon, négociant. HiRARD Alexandre, ouvrier au port militaire, rue du Bois à * Tourlaville. Ledentu, propriétaire. Leparmentier, propriétaire. Le Querrurikr, sous-chef de bureau retraite. Lerooge, jardinier au Gaz. Pelletier, jardinier, rue Saint-Sauveur. Marie, jardinier, rue Asselin, Point, propriétaire à Tourlaville. Sant Octave, élève jardinier cliez M. Fontaine. Sauvé, maitre-tailleur. MEMBRES CORRESPONDANTS. MM. Lecœur, pharmacien à Vimoutiers (Orne), Picquenot, commis de l'Administration coloniale à Papecte, (Tahiti). Sahut. président de la Société des Sciences naturelles et d'horticulture de Montpelliei*. Cherbourg. — Imprimerie L'hotellier. Horticulteurs, Jardiniers & Marchands de Graines DE CHERBOURG FAISANT PARTIE DE LA SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE. >^SîK>*COi^S<:» MM. BALMONT, horticulteur-fleuriste, rue de la Duchée, 48. GAVRON Père, horticulteur, rue de la Bucaille. CAVRON (Léon), horticulteur-fleuriste, rue Asselin et rue Gara- betta, 12. DUFOUR, horticulteur-jardinier à Equeurdreville, Fourches. FONTAINE, horticulteur-maraîcher et marchand de graines, rue de Sennecey, 74. GOSSELIN, horticulteur-maraîcher, rue du Val-de-Saire et rue de Sennecey, (Cherbourg). GIRARD, jardinier, rue Hélain, 114. HALOPÈ-CAVRON, horticulteur-fleuriste, rue de la Fontaine, 8. LEMAGNENT, jardinier, rue du Chantier, 114. LE PELLETIER, horticulteur-fleuriste, rue de la Duchée, 70. LE TELLIER père, horticulteur-fleuriste et marchand de graines, rue Hélain, 68. LE TELLIER Fils, hoiticulteur, rue de la Polie. LE TERRIER, marchand de graines, place de la Fontaine, 1 bis. LE TULLIER, jardinier, entrepreneur de jardins neufs et de constructions de rochers artificiels, rue Amiral-Courbet (impasse ' Leblanc). LEVÉEL aîné, horticulteur-fleuriste, rue de la Duchée, 109. LEVÉEL jeune, horticulteur-fleuriste, rue delà Duchée, 115. MARIE, jardinier, rue Asselin, 46. BULLETIN DE LA r r SOCIETE D'HORTICULTURE DE GïiEFlBOXJirlGî- -S»«^^3K*<*- 24' ANNEE. ANNÉE 1892 CHERBOURG IMPRIMERIE l'HOTELLTER, PLACE DU CHATEAU ET RUE DU BASSIX, l6 1893 BULLETIN DE LA r r SOCIETE D'HORTICULTURE DE GliEFlBOTJlrlO i^p^^^niî tf,. 24^ ANNEE, ANNÉE 1892 .ORK NICA! CHERBOURG IMPRIMERIE l'HOTELLIER, PLACE DU CHATEAU ET RUE DU BASSIN, l6 1893 A."VIS Les opinions exprimées dans les rapports et mémoires insérés au bulletin sont personnelles aux auteurs. LeConiité de Rédaction peut autoriser l'insertion au Bulletin de tout article, que son auteur soit membre de la Société ou qu'il y soit étranger. CONDITIONS D'ADMISSION Pour être admis à la Société, il faut se laire présenter par un niembn: de la Société et être agréé par le Conseil d'admi- nistration. La cotisation annuelle est de o fr. Chaque membre reçoit gratuitement le Bulletin, RÉUNIONS Les séances ont lieu le premier dimanche de chaque mois, à / h. 1/2 après-midi au siège de la Société rue Montebello, i6. Les ordres du jour sont portés à la connaissance des sociétaires par la voie des journaux. Quand il y a lieu, des convocations sont adressées à domicile. La séance de janvier, consacrée aux élections annuelles, a lieu., par anticipation, le dernier dimanche de décembre. Les leçons d'arboriculture, annoncées par la voie des journaux, sont données au jardin spécial de la Société, 10, passage des Jardins (entre les rues de la Duchée et de la Polie). Membres d'Honneur de la Société. ,,, i M. le sous-préfel c.e rarrondissement. Présidents d honneur j ^^ le maire de Cherbourg. Président honoraire ; iM. Emm. Liais ^, ancien directenr de l'Observa- toire impérial du Brésil, maire de Cherbourg. Vice Président honoraire : AI. Orry I p, avoué honoraire. Membres du Bureau pour 1893. Vice Présidents, MM. Conseillers d'adminis- tration, MM. Président : M. le docteur Renault ^ B, rue de la Poudrière, 4. j Lëvesque, \^ ni^gwciant, pi. de la Fontaine, 8. i Cauvin, prupriélairo. rue Bonhomme. 18. I DE LA Chapelle O, contrôleur des douanes retraité, rue de la Comédie, 41. Jolliet ^, chef do bataillon d'inFanterie de marine retraité, rue du Chantier, 02. Hervieux, propriétaire, rue de l'Aima. 26. DuTOT, greffier du tribunal de commerce, ad- joint au maire, rue Montebeilo, 56. Trésorier : M. Orange, agent comptable de la marine rctrailé, rue Bonhomme, 38. Secrétaire : M. Lelièvre, Paulin, rue de la Polie, 18. Secrétaires- » Macé, Adrien, négociant, rue de la Duchée. adjoints, MM. ( Thommin, commis de la marine, rue Cachin. Bibliothécaire : M. Noyon, rue de la Marine. Bibliothécaire-adjoint : M. Cavron, Léon horticulteur, rue Gambetta. Commissions permanentes CULTURES D UTILITÉ (M. Levesque, ^, président). MM Havard, mai Ire principal au port retraité, v. -président. Le Carpentier, avocat, rap- porteur. Lemagnent, horticulteur. Paysant, ^, maître au port, retraité. Maillard, négociant cultures d a g r é m e n t. (M. Cauvin, président.) MM. Nicollet, I U, professeur en retraite, vice-président. Corbière Q, professeur de sciences naturelles au lycée. Legrin, avocat, rapporteur. Robine, ancien avoué. Point, propriétaire, n Tour- laville. Comité de Rédaction. MM.de la Chapelle Q, président. Dutot, secrétaire. MM. les membres du bureau. — MM. Corbière, p, Nicollet I p. Directeur du jardin : M. Hervieux. Professeur d'arboriculture : M. Levesque, BULLETIN DE 1892 TABLE DES MATIERES N'arcanville, p. Lelièvre. H. DELA Chapelle. J, Levesque. H. DE LA Chapelle P. Lelièvre. F. NiCOLLET. P. Lelièvre. J. Levesque. La Rédaction. M. Cauvin. La Rédaction H DE LA Chapelle Id. J, Levesque. P. Lelièvre. La Rédaction. Id. Pages . G mposition du Bureau et des Commissions permanentes pour lb93 4 Chronique horticole 5 Extrait des procès verbaux des séances de 1892 10 Compte rendu de l'Exposition horticole de Caen (mai 1892] 31 Compte rendu de l'Exposition horticole de Rouen (juin 1392) 42 , Une station 'exceptionnelle d'aspleniur.i ma rinuiu 50 Tahiti (suite). Rapport lu à la séance du 5 juin 1892 51 Encore quelques remarques sur l'anlhonome du pommier 61 Le cotonnier. Les diverses espèces, culture, historique de l'industrie colonnièrc 65 Les abeilles et le pommier (extrait de la revue b Cidre et le Poiré) 71 Envois de Tahiti faits par M. Picquenot, membre correspondant. 75 Collection de graines do M . Ferey 8t3 Rosiers nouveaux, 1892-1S93 87 La température 93 Félicitations . 98 Bibliographie. Les orchidées rnsliques par Henry Correvon 99 — L'art de greffer, par M. Ch. Baltet 100 — L'horticulture française, ses progrès et ses conquêtes de- puis 17&9. par M. Ch. Baltet 101 Nécrologie 10-4 Liste des Membres de la Société d'horticul ture au U' avril 1893) ^Oj CHRONIQUE HORTICOLE Expositions normandes. — Une fougère peu répandue. — Ln société Linnéenne de Normandie dans le département de l'Orne. — Fête de nuit, illunnination réussie. — Une récompense bien méritée. — Nouveau jardin d'arboriculture pratique. — La Lavande Stœchas. — Félicitations. — Adieux à un dévoué collaborateur, et an revoir. — Le musée de la Société. — Notre Société qui, comme nous l'avons déjà dit, ménage ses forces pour célébrer son cinquantenaire, en 1894, par une exposition exceptionnellement belle (c'est, du moins, son in- tention), a envoyé en 1892 deux membres de son bureau comme délégués, à deux Expositions normandes : à Caen, au mois de mai, un conseiller d'administration; à Rouen, au mois de juin, un vice-président. Ces délégués ont écrit leurs comptes-rendus, que l'on trou- vera dans ce Bulletin. La Société de Valognes, qui a exposé en juillet, a offert à ses visiteurs un bel échantillon de l'horticulture cherbourgeoise. M. Gustave Levéel (aîné), notre collègue, n'a pas à regretter son dérangement ; il a remporté : deux médailles de vermeil pour plantes ornementales et fougères; une médaille d'argent grand module pour pelargoniums; quatre médailles d'argent moyen module pour pelargoniums zonale, pelargoniums pana- chés, bégonias rex, bûches rustiques; deux médailles d'argent CD petit module pour fuchsias, bégonias bulbeux; une mention 22 honorable pour géranium peltatum; enfin, pour l'ensemble co de son exposition, une « médaille d'or. » cvî ^me Q Levéel (aîné) a remporté une médaille d'argent grand ^, module pour bouquets et couronnes. — 6 J'avais, lors de notre dernière Exposition, parlé assez lon- guement des fougères que M. Levéel cultive, surtout de celles de plein air. Cette année, M. Levéel en a exposé un lot des plus remarquables. Parmi ces fougères figurait V « Aspidium lonchitis», fougère des hautes montagnes, que j'avais longue- ment, soigneusement et vainement cherchée à l'Exposition universelle de Paris, en 1889, et que je n'ai encore vue sur aucun catalogue. Je connais bien l'exemplaire exposé par M. Levéel : il m'a appartenu, — nous faisons quelque fois des échanges. Cette espèce est remarquable et bien caractérisée, mais ses frondes ne dépassent pas 4o centimètres dans les stations naturelles de la plante, et dans nos jardins, n'atteignent pas cette dimension. D'ailleurs, M. Levéel et moi, nous verrons. — La Société Linnéenne de Normandie a fait, au mois de juillet 1892, son excursion annuelle dans le département de l'Orne. Les botanistes ont herborisé aux environs de Bagnoles, et c'est à l'établissement thermal que se sont réunis à eux les géologues, pour le banquet et la séance pubUque. Un seul Linnéen de Cherbourg y a pris part : c'est un de nos vieux collaborateurs. Dans le cours de l'herborisation, qui a été intéressante, il a, en l'absence et sur la recommandation de M. Corbière, examiné avec soin toutes les fougères du pays pour voir si parmi elles ne se trouvait pas le « Lastrea a:mula ou « Nephrodium fœnisecii. » Toutes les fougères recueillies dans l'herborisation lui ont été représentées; celle-ci ne s'y trouvait pas. A la séance publique, notre correspondant M. Lecœur a lu un mémoire sur la Cheimatobia brumata, les moyens de la détruire par les bandes engluées ou goudronnées; il a rendu compte aussi des expériences qu'il a tentées pour tuer cet in- secte en lui communiquant divers parasites animaux et végé- - 7 — taux, la maladie du ver blanc. Nous serons tenus au courant de ces expériences, qui paraissent devoir réussir. — Le 28 juillet, notre Société a ouvert son jardin aux socié- taires et à de nombreux invités, par une fête de nuit : concert et illuminations. Le concert a été donné par le groupe d'ama- teurs que dirige avec tant de talent et de zèle notre collègue M. Thommin, il a été vivement applaudi. Les morceaux alternaient avec des fanfares de trompes de chasse exécutées par les amis de Saint-Hubert, sous la direc- tion de M. Beaulieu. Les sonneurs de trompe ont fait de grands progrès, et ont obtenu aussi beaucoup de succès. Les amateurs dirigés par M. Thommin ont ajouté à leur programme, très bien choisi d'ailleurs, l'hymne russe et la Marseillaise que l'on a entendus avec grand plaisir. — L'illumination, à la disposition de laquelle notre collè- gue M. d'Aboville avait pris la plus grande part, ne laissait absolument rien a désirer. Divers sujets avaient été figurés, sur les gazons, au moyen de verres de couleur : à l'entrée, une lyre; ailleurs, des papillons; au milieu du jardin, une croix du Mérite agricole. — En figurant cet emblème, l'organisateur de l'illuniination avait voulu montrer au pubHc combien était heureuse la So- ciété de voir, enfin, notre sympathique et dévoué professeur d'arboriculture, recevoir une juste récompense de ses longs services. L' «Officiel » du 21 juillet portait, en effet, que par décret du lé, M. Levesque était nommé chevalier du Mérite agricole. La distinction que vient de recevoir notre vice-prési- dent ne peut que resserrer davantage les liens qui l'unissent à la Société, et particulièrement au groupe de ses fidèles audi- teurs, qui s'augmente graduellement. Les leçons de M. Leves- que, basées sur une connaissance approfondie de son sujet. 8 - sont simples, faciles à comprendre, éminemment pratiques. Il répond avec empressement aux questions que chacun est libre de lui taire, et souvent même, connaissant les cultures de la plupart de ces auditeurs, il leur adresse personnellement des conseils dont tous peuvent profiter. Avec lui, on peut apprendre à connaître les meilleurs modes de taille, de pince- ment, de greffes; on peut surtout, ce qui est très important, apprendre à choisir les espèces d'arbres à fruit les plus avan- tao;euses pour notre terrain et notre climat. L'arboriculture et la pomologie sont le trait d'union de l'horticulture et de l'agriculture. M. Levesque est secrétaire adjoint de cette dernière Société qui s'unit à la nôtre pour se réjouir de la faveur dont il vient d'être l'objet. — Depuis la fin de l'hiver (février et mars 1891) les leçons de M. Levesque sont données dans le nouveau jardin d'arbo- riculture de la Société, passage des Jardins, n° 10 (ce passage est aussi désigné sous le n° 36 de la rue de la Duchée). La Société ne saurait trop se réjouir de l'heureuse combinaison qui a permis de reprendre, presque sans interruption, les cours d'arboriculture qui avaient lieu précédemment impasse Dorival. Dans ce jardin se trouve une vaste serre en bon état, où l'on cultive de nombreux pieds de vigne, où on peut remiser, en hiver, nos plantes trop frileuses, et faire des élèves. — Ce jardin est tout près du mien. Comme M. Levesque venait dans celui-ci, en voisin et en ami, m'annoncer la grande nouvelle, je lui ai fait voir, entre autres choses, la « Lavandula stœchas » en fleurs, bien que ce ne soit pas sa spécialité. Cette lavande présente sur un court pédoncule un épi ovoïde de fleurs d'un rouge très foncé : je dirai même aussi noires que peuvent être des fleurs. Le tout est terminé par une petite houppe de bractées violettes. Cette plante était, à la même époque, sur le point de fleurir chez M. Gustave Levéel. — 9 — J'ai revu en octobre les lavandes de M. Levéel; elles étaient encore en fleurs et on avait lieu de considérer cette plante- comme bonne à cultiver. Elle me paraît préférer la terre de bruyère. M. Levéel en a offert un pied pour le jardm de la rue Montebello, on l'a planté dans la fougeraie. Mais les gelées de décembre-janvier ont tué cette plante presque partout. J'en ai sauvé un pied que j'avais abrité à temps. — Je terminais, il y a quelques semaines, la chronique du Bulletin de la Société Artistique et Industrielle en félicitant un des vice-présidents de cette Société, M. Gutelle, architecte de la Ville, qui par décision ministérielle du 12 janvier 1892, a été nommé Officier d'académie; M. Gutelle est membre titu laire de notre Société et doit recevoir également ici nos félici- tations. Au 1=' janvier 1893, la croix de la Légion d'honneur a été décernée à M. Henri Leroux, proviseur de notre lycée, au moment où il prenait sa retraite. En même temps, M. Leroux me faisait part de son désir d'entrer dans notre Société où il est le bienvenu. — A la fin de l'année 1892, nous avons perdu le concours d'un de nos collaborateurs les plus dévoués. M. René d'Abc- ville, en se mariant, est allé habiter La Flèche : il nous reste, du moins, comme correspondant. Nous espérons, d'ailleurs, qu'il reviendra de temps en temps parmi nous. — La salle de nos séances s'enrichit chaque jour de divers objets intéressants. Nous mentionnons entr'autres une belle collection de graines, que M. Férey, notre regretté secrétaire adjoint, avait fait figurer à la dernière exposition et que sa famille nous a offerte, ainsi que des envois de Tahiti, dont on trouvera le détail dans les procès-verbaux des séances et — 10 — dans d'autres articles du présent Bulletin. Notre salle de réu- nion commence à devenir un musée. Cherbourg, le 26 janvier 1893. Marcanville. EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES Séances de l'Année 1892. SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1892. L'anthonome; le raisin gr^os colman; la Lavandula stœchas. 48 membres présents. Dans le journal le Cidre et le Poiré, est signalé un long article avec une gravure représentant l'anthonome à ses divers états. Cet article est consacré à l'insecte ravageur des pommiers et aux moyens de le détruire, dont quelques-uns paraissent bien difficiles à employer. MM. Nicollet et Levesque sont toujours d'avis, comme ils l'ont déjà déclaré, que l'anthonome ne pond qu'au moment où la fleur va s'épanouir. M. Levesque dit que la larve est dépourvue de moyens de locomotion; il en a trouvé qui n'avaient pas bougé de place. M. Nicollet ne partage pas cette manière de voir. Ce sociétaire ajoute, qu'en somme, on attribue par trop d'importance à l'antho- nome et que, ce qui, l'an dernier, a surtout détruit les fleurs, cela a été le mauvais temps; le cultivateur n'en doit pas moins soigner ses arbres pour les débarrasser, autant que possible, des insectes qui leur sont toujours préjudiciables. — il — MM. Levesque et NicoUet disent que sur chacune des espèces d'arbres se trouve un insecte se rapprochant beaucoup de Tan- thonome. Le Journal de la Société centrale et nationale d'horticulture publie une notice nécrologique consacrée à M. Hardy, directeur de l'Ecole d'horticulture de Versailles. M. Levesque avait reçu d'Angleterre du raisin (gros colman) ayant dos grains de 23 à 30 -n/"" de diamètre. Il en a envoyé des spécimens à M. Carrière avec une note qui a été publiée par la Revue horticole. Dans cette note, il est aussi question des plantes ayant résisté à Cherbourg aux froids de 1890-1891. M, de la Chapelle remet pour la loterie un pied de Lavandula stœchas, des lies d'Hyères, offert par lui. 11 dit qu'on ne peut savoir encore si cette plante, que M. Gustave Levéel a fait venir il y a quelque temps déjà, résistera à Cherbourg. SÉANCE DU 6 MARS. L'anthonome du pommier et celui du poirier; travail de M. d'Aboville sur les effets de l'hiver; envois de M. Picquenot; questions diverses. 51 membres présents. M. NicoUet dit qu'il est de plus en plus convaincu que l'antho- nome ne pond qu'au printemps. Il a trouvé, peu de jours avant la séance, 20 anthonomes (dont il montre quelques uns bien vivants) dans des poignées de mousse arrachées à des pommiers; ce qui prouve que ces insectes n'ont pas encore pondu. M. d'Aboville a reçu de M. de Maisonneuve, professeur à la Faculté des sciences d'Angers, une nouvelle brochure sur l'antho. nome. Un aperçu en est donné à la Société. M, de Maisonneuve explique que l'anthonome du poirier quoi- qu'ayant des ressemblances avec celui du pommier, en est bien distinct, surtout au point de vue des mœurs. Le premier pond en hiver et le deuxième au printemps, comme l'ont reconnu MM. NicoUet et Lecœur; il accompUt ses métamorphoses dans la fleur — 12 — du pommier qu'il pique au moment du débourrage. L'évolution a lieu d'avril à juin. Les moyens de destruction indiqués par M. de Maisonneuve et beaucoup de personnes s'étant occupées de la question, paraissent peu pratiques. Le nettoyage des arbres et la protection des petits oiseaux, fait observer M. le Président, semblent ce qu'il y a de plus sérieux pour se débarrasser de cet ennemi. M. Nicollet dit qu'il n'a pas étudié l'anthonome du poirier. Il s'en occupera et fera part de ses observations à la Société. MM. Nicollet et d'Aboville sont remerciés de leurs intéressantes communications. « Les arbres doivent-ils être plantés profondément ? » Telle est la question posée par le journal le Cidre et le Poiré à ses correspondants. La majorité a été d'avis qu'ils doivent être plan- tés le moins profondément possible, et au nombre des correspon- dants ayant cette manière de voir, se trouve M. Levesque. Il est annoncé une exposition à Caen, pour le courant de l'été; M. de la Chapelle y représentera la Société d'horticulture de Cherbourg comme délégué. M. d'Aboville lit des passages d'un important travail qu'il a fait sur les effets de l'hiver 1890-1 891, d'après les renseignements fournis dans des tableaux qui avaient été distribués à divers sociétaires et d'après les indications à lui données par MM. Emm. Liais, Levéel et LetuUier. Le tout a été classé avec un grand soin et d'une façon très méthodique; ce qui a demandé beaucoup de dévouement de la part de M, d'Aboville, auquel la Société manifeste ses remercîments par de chaleureux applaudissements. M. Lelièvre fait part d'envois de graines et de photographies de Tahiti, faits par M. Picquenot qui a déjà envoyé trois ouvrages sur cette colonie et, en dernier lieu, la Flore Tahitienne par M. Edouard Butteaud. Le secrétaire est chargé de remercier vivement M. Piquenot et il lit des passages d'un rapport au sujet de ces envois. Ce travail (ainsi que celui de M. d'Aboville et divers autres dont les titres sont donnés) sera inséré au bulletin qui s'imprime. — <3 — SÉANCE DU 3 AVRIL Exposition de Rouen; poires Bicolor d'hiver et Madame Hulin; la cochenille du pommier; les légumes à Cherbourg et à lios- coff; l'anthotiome du pommier et celui du poirier. 48 membres présents. Parmi les publications reçues se trouve le programme de l'ex- position d'horticulture qui aura lieu à Rouen du 15 au 20 juin 1892 à l'occasioa du concours régional M. le président fait remarquer que la société de cette ville ayant envoyé des délégués à nos expositions, et plusieurs fois M. Angran qui s'est montré si aimable pour notre société, il serait à désirer que Cherbourg fût représenté par un délégué à l'exposition de Rouen M. Levesque a apporté 2 poires qui sont dégustées. Ce sont : 1° Bicolor d'hiver, inconnue ici jusqu'à ce moment, obtenue cette année, pour la première fois, chez M. Levesque et touvée médiocre (d'ailleurs elle n'était pas suffisamment mûre); 2" M""" Hutin, poire reconnue passable. M. le docteur Huet, maitre de conférences à la faculté des science et professeur suppléant à l'école de médecine de Caen, a publié dans le bulletin de la société Linnéenne de Normandie (1891 page 217) un article sur le mgtîlaspts pomorum ou coche- nille du pommier, article dont M. de la Chapelle donne lecture. Ce parasite, d'après M. Huet, cause de grands dégâts dans les pépinières; il détruit les greOes. L'auteur se propose de communi- quer, s'il y a lieu, le résultat de ses .recherches à la société LinneenneetM.de la Chapelle s'empressera en recevant le bulletin d'en donner connaissance à la société d'horticulture. Le secrétaire donne les renseignements qu'il s'est procurés tant à Roscoff qu'a Cherbourg, au sujet de l'expédition des légumes et, des pommes de terre par voie de terre et par voie de mer. Ces renseignements seront publiés dans le bulletin en cours d'impres- sion. Il en résulte que dans ces deux: locaUtés,la culture et le commerce des produits maraîchers ont pris de larges développe- — u — ments et qu'ici on expédie moins de légumes divers qu'à Roscoff, mais que de Giierbourg et de Barfleur, il part beaucoup plus de pommes de terre. M. Nicollet lit une note sur l'anthonome du pommier et sur celui du poirier. 11 n'est pas du môme avis que M. de Maison- neuve. Il considère que l'anthonome du poirier et celui du pom- mier ont seulement de petites différences dans les taches, mais pas assez tranchées pour en faire deux: espèces différentes. M. de Maisonneuve reconnaît que les différences de conformation ne sont pas bien grandes, mais il prétend que la ponte a lieu en octobre. C'est ce que ne peut admettre M. Nicollet; car, après avoir accompli l'acte de la reproduction, les coléoptères meurent. S'il en était comaie le pense M. de Maisonneuve, comment M. Nicollet en aurait-il trouvé de très-vivants le 12 et le 19 mars, cachés sous des lichens et des mousses et devant attendre le soleil pour entr'ouvrir les fleurs et leur permettre d'y pondre? Ce savant sociétaire montre des spécimens des 2 espèces d'anthonomes se ressemblant beaucoup. M. Nicollet ajoute que celui du poirier doit pondre un mois plus tôt que celui du pommier, mais non en octobre. M. Levesque dit que M. le docteur de Boisduval dans son ouvrage l'entomologie horticole signale l'anthonome du poirier. De vifs remercîments sont adressés à M. Nicollet pour son intéressante communication. SÉANCE DU 3 MAI Vanthonome du poirier et celui du pommier; présentations diverses. 38 membres présents. A propos du procès-verbal de la séance d'avril, M. d'Aboville lit une lettre de M. de Maisonneuve qui persiste à ne pas être du même avis que M. Nicollet au sujet de l'anthonome. Il considère que celui du poirier et celui du pommier forment deux espèces — 15 — bien différentes; la première pondant au commencement de l'hiver et la deuxième au printemps. Les études qu'il a faites au micros- cope lui ont permis d'avoir cette opinion. M. de Boisduval dans son entomologie, parle de ces deux anthonomes, mais au sujet de l'époque de la ponte il est plutôt d'accord avec M. NicoUet qu'avec M. de Maisonneuve. M. Levesque dit qu'il est possible que les anthonomes trouvés par M. Nicollet sur des poiriers provinssent de pommiers et qu'on ne pourra résoudre,ici, facilement la question de différence, que quand on en aura trouvé de nés dans des poiriers. M. Nicollet disant qu'il ne croit pas que l'anthonome se trouve dans les sapins, M. Levesque répond qu'il en a été trouvé dans conifères bordant des pommeraies; ce qui explique le fait. M. Levesque présente de jolies fleurs de calcéolaires ayant supporté la neige et de clianthus fleuri depuis un mois. M. de la Chapelle montre à la Société des fleurs d'un romarin dont il a parlé déjà. Avec une bouture, il a obtenu en 2 ans un arbuste de 2 mètres de haut; ses feuilles sont différentes de celles du type, la fleur est plus grande; la couleur est aussi différente et d'un gris bleu clair. SÉANCE DU 5 JUIN. L'anthonome; compte-rendu sur l'exposition de Caen; envois de M. Picquenot; présentations et communications diverses. 41 membres présents. Le bulletin de l'instruction primaire de la Manche signale que M. Denis, de Barne ville, a mis à la disposition des instituteurs 500 exemplaires d'une brochure ayant surtout trait aux soins à donner aux pommiers et aux précautions à prendre pour se débarrasser des insectes nuisibles aux arbres fruitiers, insectes dont la brochure donne la description. M. Nicollet a constaté, cette année, d'importants ravages cau- sés par l'anthonome. Des vers et des nymphes de cet insecte sont présentés par MM. Nicollet et Levesque. 16 M. NicoDet dit que le badigeonnage avec le mélange de lait de chaux et de sulfate de fer, dont il a déjà parlé et le nettoyage des arbres sont les seuls moyens pour se débarrasser de ce rongeur, M. Levesque ajoute que l'anthonome ne réunit pas en paquet les fleurs d'un même bouquet, mais les laisse isolées. M. le secrétaire dit que la Société d'horticulture de Cherbourg s'est beaucoup occupée de l'anthonome dans son bulletin, dans les extraits de procès-verbaux des séances publiés dans les journaux, dans des rapports à M. le sous-préfet. Elle a signalé l'intérêt qu'il Y aurait à faire connaître cet insecte aux enfants dans les écoles, à faire nettoyer les arbres fruitiers, à favoriser le développement des petits oiseaux en les protégeant. Notre Société ne peut voir qu'avec plaisir que le Conseil général de la Manche, les Chambres et le Gouvernement s'occu- pent delà guerre à l'anthonome, qu'il est question de placer, dans les écoles, des tableaux représentant ce ravageur des pommiers, de prendre des mesures efficaces pour la protection des petits oiseaux et de rendre l'anthonomage obligatoire. Le secrétaire ajoute qu'on ne pourra amener les cultivateurs à avoir soin de leurs arbres qu'en les y contraignant. M. de la Chapelle lit son compte-rendu de l'exposition d'horticul- ture de Caen à laquelle il a assisté comme délégué de la Société de Cherbourg. 11 présente une pomme reinette de Bailleul provenant de la collection de M. le Président de Caen, pomme que iM. Leves- que ne connaît pas. On la cultive dans le département de l'Eure. M. de la Chapelle est remercié de son travail qui sera inséré au bulletin. Sur sa proposition sont nommés membres corres- pondants : MM. de Formigny de la Londe, présidimt de la Société d'horti- culture de Caen; Colmiche, secrétaire général, et de Longue- marre, secrétaire de correspondance de la même Société. (1) (1) De même el comme gage do relations fraternelles, la Société de Caen a nommé correspondants trois nxmbrcs de notre bureau, comme on le verra plus loin, (réd.) — 17 — M. Levesque a apporté des pieds de calcéolaires qu'il a arra- chés de pleine terre et de belles fleurs d'autres variétés de cette plante. Il dit qu'on devrait la cultiver surtout pour décorer les jardins au printemps; elle supporte le froid, puisque ces pieds ont été plantés 2 jours avant la neige. M. Picquenot, membre correspondant, a fait, de Tahiti, un bel envoi à la Société, envoi se composant.- de photographies, de graines, d'une gousse de fromager avec son coton. Les photogra- phies représentent l'ile de Tahiti et des indigènes portant des fruits du pays. Cet envoi a été l'objet d'un travail lu par M. Lelièvre et qui sera inséré au Bulletin. De chaleureux remerci- ments seront adressés à M. Picquenot. SÉANCE DU 3 JUILLET. Petites pommes ayant résisté aux attaques de l'anthonome ; chenilles à Tourlaville ; envoi de chrysanthèmes par M. An- gran; brochure de M. Lecœur sur la chématobie; M. Levesque à l'Exposition de Rouen comme délégué; envois de Tahiti par M. Picquenot; communications diverses. 43 membres présents. Sur la demande du secrétaire, M. Denis a envoyé plusieurs exemplaires de la brochure qui avait été signalée à la séance précédente, brochure qui s'occupe, non seulement de Tantho- nome, mais aussi de quelques autres insectes s'attaquant aux arbres fruitiers. M. NicoUet a trouvé des pommes se développant normalement bien que la fleur ait été attaquée par l'anthonome. Gela tient, selon lui, à ce que la fécondation de la pomme était faite avant l'éclosion de l'œuf de l'insecte. M. Nicollet montre à l'appui de son dire, de petites pommes qu'il a recueillies. Ce sociétaire ajoute que la pomme « Rabattue » dont il a parlé précédemment est la seule espèce ayant des fruits dans la commune de Hainne- ville. — \8 M. Levesque signale la disparition à Tourlaville des jeunes choux par suite de la présence de chenilles dévorant le paren- chyme et laissant une sorte de parchemin. M. Levesque a conservé de ces chenilles pour voir ce qu'elles produiront, M. Levesque fait connaître que M. Angran, de Rouen, membre correspondant, a envoyée la Société une collection d'une cinquan- taine de chrysanthèmes qui complètent l'envoi fait précédemment par ce dévoué correspondant. De vifs remercîments seront adressés à M. Angran. M. Lecœur, pharmacien à Vimoutiers, a envoyé à la Société, dont il est membre correspondant, une brochure sur la chématobie. Cette brochure est accompagnée d'un tableau présentant, d'un côté, cet insecte à ses divers états et la disposition de bandes de glu sur les pommiers pour détruire la chématobie. Sur le revers du tableau est imprimée une notice donnant des renseigne- ments : sur le papillon, la chenille, la chrysalide de la chématobie, sur les moyens de détruire cet insecte au moyen de bandes de papier goudronné. Ce travail très intéressant est appelé à rendre de grands services dans les contrées où se trouve la chématobie et où elle cause aux. pommiers des dommages beaucoup plus grands encore que ceux occasionnés, ici, par l'anthonome. M Levesque dit qu'il s'est rendu à Rouen comme délégué delà Société d'horticulture de Cherbourg et qu'il a vu, là, une exposi- tion des plus intéressantes. Il y avait beaucoup de lots à examiner. Deux jurys ont opéré toute la journée. Les roses étaient très nombreuses et très fraîches. Il y avait de belles collections de gloxinias et de bégonias doubles et simples. La maison Vilmorin- Andrieux avait un très beau massif de plantes annuelles. M. Levesque a vu le jardin public qui est magnifique et très bien tenu. Il y a 12 grandes serres, un demi hectare de plantes de réserve, une vergée de châssis. Rouen consacre 70.000 fr. par an pour son jardin public. M. Lehèvre lit une lettre intéressante de M. Picquenot donnant des renseignements sur le jardin botanique de Tahiti qui est un peu négUgé — 19 — M. de la Chapelle parle de l'exposition de Valognes. M. Gustave Levéel avait exposé ses beaux produits. Ce sociétaire ajoute qu'il a remarqué dans le jardin de M. Maillard une fleur de buto7nus umbellatus espèce de jonc provenant de Querqueville. SÉANCE DU 7 AOUT Chenilles des choux, des pommiers et du peuplier; pommes ayant résisté à Vanthonome; nominatio7i de M. Levesque comme chevalier du Mérite agricole; lettre de M. Orry, vice- président honoraire; le figuier de Roscoff; les figuiers blancs en Basse-Normandie; concert dans le jardin de la rue Monte- bello; envois de M. Picquenot; présentations de fruits et de très grosses pommes de terre; communications diverses. M. Levesque dit que les chenilles qu'il avait recueillies sur des choux qu'elles ravageaient à Tourlaville se sont transformés en petits papillons qui seront examinés pour en déterminer le nom. Un sociétaire dit qu'une goutte de pétrole les asphyxierait. M. NicoUet a apporté des chenilles trouvées sur des pommiers et le papillon qu'elles produisent. C'est le myelois cribrum qui cause quelques dégâts aux pommiers à l'extrémité des bran- ches. On trouve ce papillon sur les prunelliers. M. NicoUet avait dit que des pommes attaquées par l'anthonome paraissaient avoir résisté. M. Cauvin a répondu que ces pommes tomberaient. M. NicoUet a trouvé récemment des pommes attaquées qui ont résisté et qui grossissent. Le même sociétaire dit que la chenille qui lui avait été envoyée après avoir été trouvée dans le jardin de la rue Montebello, croît en ce moment; on la trouve sur les peupliers. Elle produit un papillon [harpya hermmea), dont M. NicoUet présente un spéci- men. La chenille est appelée queue fourchue. M. le président annonce que M. Levesque vice-président et professeur d'arboriculture de la société a été nommé chevalier du mérite agricole, et M. Renault lui adresse les félicitations de la société d'horticulture. — 20 — La distinction accordée par le gouvernenien^t à M. Levesque est la juste récompense des services qu'il a rendus dans l'ensei- gnement et la propagation de l'arboriculture. Les paroles de M. le président sont accueillies par les applau- dissements répétés de l'assistance qui tient à témoigner le plaisir avec lequel elle a appris la concession de cette distinction. M. Levesque i^emercie M. le président, la société et il prie M. Renault de transmettre ses l'emerciments à M. le sous-préfet. Il est donné ensuite, lecture d'un passage de la chronique horticole rédigée par M, de la Chapelle pour le bulletin et ayant trait à la nomination de M. Levesque comme chevalier du mérite agri- cole. M. de la Chapelle qui n'a pu assister à la séance a envoyé une lettre de M. Orry, le sympathique vice-président honoraire de notre société qui a cessé d'habiter Cherboui'g. (1) On y Ht le passage suivant : « Quant à vous personnellement, mon cher collègue en horticul- » ture, j'ai conservé de trop bons et trop doux souvenirs de nos » relations dans notre vieille société horticole pour ne pas m'em- » presser de les rappeler ici et je serais très heureux si. vous » vouliez bien, quand l'occasion s'en présentera, dire à mes » anciens collègues que leur vice-président dautr-efois s'intéresse » toujours aux progi'ès et aux succès de notre chère société et » ne cesse de faire des vœux pour sa prospérité. » La société qui a conservé un si bon souvenir de son vice-prési- dent, M. Orry, charge le secrétaire de lui transmettre ses remer- ciements. M. le président remercie M. Thommin pour l'organisation de la partie musicale du concert, qui a eu lieu dans le jardin de la rue Montebello, et M. d'Aboville pour le goût et le dévouement avec (1) Dans cette lettre, M. Orry que la société accadémique de Gherb urg venait de nommer membre correspondant, accusait réception à M. de la Chapelle, archiviste- trésorier, de son diplôme et d'un volume de mémoires réd. — 21 — lequel il a fait disposer les illuminations. 'Avec le groupe de musiciens dirigé par M. Thommin et dont l'exécution a charmé les auditeurs, alternaient les corps de chasse de la fanfare Saint- Hubert, sous la direction de M. Beaulieu qui sont fort en progrès. De nombreux verres de couleurs, des lampions, des lanternes variées décoraient le jardin de la rue Montebello et cette fête a obtenu un grand succès. M. Lelièvre dit que M. Le Jolis lui a rapporté — à propos de l'article sur Roscoff publié dans le dernier bulletin de la société, — qu'il a vu récemment le célèbre figuier de RoscofTet que cet arbre, qui n'a nullement souffert des derniers hivers, est vraiment très remarquable. M. Le Jolis a ajouté que le savant allemand qui avait étudié les figuiers de notre pays était M. de Soolms de Laubach, qui était d'avis que nos figuiers à fruits blancs devaient être indigènes en Bretagne et en Basse-Normandie; mais il n'avait pas prétendu que c'était la même espèce que celle du paradis terrestre. M. Levesque dit que le hannetonage obligatoire demandé par diverses personnes ne serait pas pratique; ce qui vaudrait mieux, selon lui, ce serait la concession de primes. Il en est de même pour l'échenillage et l'éguiage, M. Nicollet dit que le gui existe peu dans l'arrondissement de Cherbourg. Il lui est répondu qu'il n'en est pas de même dans le sud du département. M. Picquenot a encore envoyé une importante collection de graines de Tahiti étiquetées avec soin, au sujet desquelles il est donné lecture de passages de la Flore Tahitienne. La société charge le secrétaire d'adresser ses remerciments à M. Picquenot. M. Gauvin a envoyé deux énormes pommes de terre provenant des cultures du fermier de M. Point à Tourlaville. L'une pèse 765 grammes et l'autre 650 grammes. Le nom en sera donné prochainement. M Levesque présente : — 22 — 1° la poire fondante de Biorel, mûrissant vite, très-productive, remarquable par sa précocité, provenant de greffes envoyées par M. Angran de Rouen; 2° des pofyvmes Astrakan 7^ouge; 3" un spécimen de petites groseilles à grappes, blanche tra^is- parente de Bordeaux^ 4° des grappes de raisin très précoce portant beaucoup, Made- leine blanche, mûrissant à l'air libre sans l'abri de serres. M. Levesque à propos de l'annonce de la tenue à Bordeaux du concours pomologique de France, dit qu'on lui avait demandé si une réunion de ce congrès ne pourrait avoir lieu à Cherbourg. Il lui est répondu que la principale difficulté serait qu'il faudrait des dépenses assez élevées que la société ne pourrait supporter. SÉANCE DU 4 SEPTEMBRE La chenille du chou; décès de M. Forneij: envois de Tahiti: balsamine impatiens sultani, raisins^ haricots nouveaux pré- sentés par M. Levesque; dahlias envoyés par M G. Leveél; grosse pomme de terre Royal Jersey; concert dans le parc de M. Emm. Liais; communications diverses. 40 membres présents. D'après un article du bulletin de la société centrale d'horticul- ture la piéride ou papillon du chou pondrait isolément sur le chou. M. Levesque dit avoir remarqué que les œufs étaient rangés symétriquement. Les publications horticoles consacrent des articles nécrologi- ques à MM. Vigneron d'Olivet près Oi-léans, Ketten, Margottin décédé à Bourg-la-Reine, Oudin fils et Forney. M. Forney avait fait deux fois pour la société d'horticulture des conférences ti'ès intéressantes sur l'arboriculture, dont l'une sténographiée par M. Bossela été publiée en brochure par la société. M. Levesque présente une jolie plante Balsamine impatiens sultani qu'on ne peut qu'exceptionnellement hasarder â l'air — m libre. Le vent macule ses feuilles et ternit ses charmantes fleurs d'une délicatesse extrême. M. Picquenot a fait de nouveaux envois de graines et de pho- tographies de Tahiti. Le secrétaire donne des renseignements sur ces graines d'après la flore Tahitienne, M. Picquenot indiquant toujours les pages de cet ouvrage où il est question des plantes dont il envoie des graines. Les photographies qui seront collées sur carton, seront ensuite encadrées et placées dans la salle des séances. Il est aussi donné lecture de l'aimable lettre de M. Picquenot qui se propose de faire plus tard un herbier pour la Société. Le secrétaire est chargé de renouveler les vifs remerciements de la Société d'horticulture à son infatigable et dévoué corres- pondant, M. Picquenot. M. Levesque présente le haricot valentine amélioré essayé au jardin du passage des Jardins et qui est recommandable. Il est sans parchemin et productif. Il en sera distribué. Un autre haricot gloire de Paris^ avec parchemin, a été, aussi, apporté par M. Levesque; mais ce haricot n'est guère intéressant à propager quoique très productif. Les grosses pommes de terre envoyées par M. Cauvin à la dernière séance étaient des pommes do terre Royal Jersey pro- venant des cultures de M. Thomas Lelong, à Tourlaville. M. Levesque présente des raisins du jardin du passage des Jardins, dont le rendement a été très grand cette année et qui sont fort beaux, Ce sontentre autres: un raisin qui semble être le Chasselas rouge de Falloux; rouge vieux Cherbourg, aussi appelé Chasselas de la Malmaison. Aï. Levéel aîné a fait déposer sur le bureau une magnifique boite de très beaux dahlias des plus remarquables par leurs formes et leurs couleurs variées. Des remerciments sont votés à MM. Levesque et Levéel pour leurs intéressantes communica- tions. M. Emm. Liais avait bien voulu ouvrir son parc et ses serres. — 24 — le dimanche 28 août, aux membres de la Société d'horticulture, et à ceux de l'Union cherbourgeoise ainsi qu'à leurs familles. On ne se lassait pas d'admirer les magnifiques plantes qui peu- plent cette incomparable propriété, en entendant les morceaux de musique exécutés d'une façon si brillante par la société l'Union. La Société d'horticulture décide que ses remerciments seront transmis à M. Emm. Liais et à la musique l'Union cherbour- geoise. MM. Nicollet et Levesque disent que, cette année, les pêchers ont plus fructifié, à Cherbourg, que les années précédentes. Cela tient, sans doute, à la température. SÉANCE DU 6 NOVEMBRE Nouveaux envois de M. Picqiienot; la pomme Cherbourg; succès de MM. Simon au concours d'Evreux; moyen de destruction des limaces] communications diverses. 44 membres présents. M. le Président expose que le bureau de la Société d'horticul- ture a fait offrir une corbeille de raisins de son jardin du passage des Jardins pour le banquet de la Société d'agriculture qui a eu lieu dans le commencement d'octobre. Cette corbeille décorée de fleurs, avait été disposée avec goût par M. Letullier. Il est donné lecture d'une lettre de M. le Président de la Société d'Agriculture remerciant notre association de ce témoignage de cordiale confra- ternité. MM. Renault et Lelièvre annoncent qu'ils ont reçu des lettres de M. le secrétaire de la Société d'horticulture de Caen, leur apprenant qu'à la demande de M. de la Chapelle, ils ont été nommés membres correspondants de ladite Société, ainsi que M. Levesque. M. Picquenot membre correspondant à Tahiti a fait, encore, des envois de graines par le dernier courrier. 11 est donné lecture de passages de lettres très intéressantes de M. Picquenot. — io — Il est présenté, également de mngnifiques photographies adressées par ce dévoué correspondant. M. Picquenot sera vive- ment remercié. A la séance du 2 novembre 1890, M. d'Aboville avait signalé qu'il avait remarqué, au concours pomologique de Caen, une pomme appelée Cherbourg. Ce nom avait attiré son attention (1); aussi avait-il fait des recherches pour connaitre son origine et ses qualités. C'est, dit M. d'Aboville, M. Latour, agriculteur à Sur- ville (Calvados), qui l'avait exposée avec un certain nombre d'autres variétés. M. Latour a obtenu des récompenses aux différents concours pomologiques, entre autres un deuxième prix, médaille de ver- meil, au concours de Caen 1892, et au dernier concours qui vient d'avoir lieu à Evreux, le premier prix, diplôme d'honneur, pour collections exposées par des fermiers ou propriétaires. M. d'Aboville a reçu de M. Latour des pommes Cherbourg qu'il dépose sur le bureau. Ce fruit doit être originaire des environs de Carentan. L'arbre est des plus vigoureux, de belle forme, très rustique et fertile. Il fleurit en mai et la maturité a lieu en octo- bre. M. Truelle, pharmacien à ïrouville, chargé d'expériences au laboratoire pomologique, a écrit à M. d'Aboville que les résultats analytiques de cette pomme étaient très bons. M. Latour est disposé à donner des greffes aux sociétaires qui en désireraient. M. d'Aboville est remercié de son intéressante communication et il est prié de transmettre les remerciements de la Société à M. Latour. M. Levesque dit qu'il considère que ce sont les espèces de pommes qui font varier le cru plutôt que le terrain. Quelques sociétaires ne partagent pas cette manière de voir. M. Levesque présente des poires provenant de greffes envoyées par M. Angran, de Rouen : (I) Nous disons, anticifant sur les procès verbaux de 1893, qu'à la séance du 5 février, M. Levesque a fait connaître que le nom de cette pomme ne doit pas être Cherbourg, mais bien kerbourg C'est sous ce nom qu'elle a été exposée au Concours pomologique d'Evreux. — 26 ~ i° Prémice de Maria Lesueur, belle poire, mise à l'étude par le Congrès pomologique de France; 2" beurré Luizet, bon fruit; 3" beurré Baltet, père; 4" figue d'Alençon; 5' nouveau Poiteau. M. Levesque dit que la liste des poires ne s'enrichit pas, qu'il n'a remarqué à Paris en vente que des poires de Curé. M. I.elièvre lit des passages d'an très intéressant récit de voyage aux îles Gilbert fait par M. Picquenot, qui donne une idée des mœurs des habitants des iles de l'Océanie. En faisant le dépouillement des publications reçues pendant le mois, M. Levesque signale, d'après le journal le Cidre et le Poiré, les nouveaux et brillants succès remportés au concours pomolo- gique d'Evreux, par MM. Simon, de Cherbourg, pour leurs instruments agricoles et surtout pour leurs broyeurs à pommes très perfectionnés. Le même journal mentionne les propositions faites par M. de la Sicotière, sénateur, pour la protection des petits oiseaux. Le bulletin de la Société nantaise indique un moyen de détruire les escargots avec un mélange formé de sciure de bois, de sulfate de cuivre '1 k. 500 gr.) et d'un litre d'eau bouillie, que l'on dis- pose en traînées sur lesquelles les limaces viennent mourir. Il est rappelé au sujet de cet article que M. Vallette avait répandu une solution de sulfate de cuivre dans des allées et qu'il avait arrêté la marche des limaces. M. Levesque dit qu'il pourra être distribué des chrysanthèmes. Il ajoute qu'il a remarqué à Paris des massifs entiers de cette plante formés d'une seule espèce et produisant un bel effet. SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE Envois de Tahiti par M. Picquenot [graines, photographies^ cos- tume d'indi(jè7ic'); rapport sur les comptes du trésorier; situa- tion de la Société, ses travaux en iS!h2; chrysanthèmes de M. Girard; communications diverses. 40 membres présents. Sont présentés divers envois de M. Picquenot : — 27 — -l" des graine? et de belles photographies de Tahiti destinées à la Société; 2" un costume de gala d'un Atiu (atiou), indigène de l'archipel de Cook; le costume se compose de trois pièces (1° une sorte de couronne; 2" une grande pèlerine; 3" une ceinture) faites en tapa (étolïe principale orni?e de dessins). Le tapa est de l'écorce d'arbre (artocarpus incisa ou arbre à pain) macérée dans l'eau et battue nombre de fois. Les fibres formant les ornements et la ceinture proviennent du Bourao [hibiscus tiliacens ou Paritium Tilia ceum) purau des indigènes. C'est un arbre dont il a été déjà parlé à la Société à l'occasion des envois de graines et de photographies de M. Picquenot. Le costumeest destiné par M. Picquenot au musée de curiosités de la ville de Cherbourg. Les couleurs sont obtenues à l'aide du safran. (1) M. Picquenot sera de nouveau remercié pour ses envois tou- jours si intéressants qui formeront une belle collection pour la Société. M. Lelièvre a déjà disposé sous forme de tableau une partie des graines de M. Picquenot. Il continuera ce travail. M. Levesque, en faisant le dépouillement des publications reçues, signale divers articles intéressants notamment dans la Revue horticole celui qui a pour titre: « Les raisins et les guêpes ». L'auteur prétend que le raisin sain et mûri dans de bonnes conditions n'est pas attaqué par les guêpes. - M. Macé dit que des procès ont été perdus par des personnes prétendant que les abeilles attaquaient le raisin. (1) Après avoir été présenté aux assistants, à l'ouverture de la séance, le costume a été transporté, par les soins de M. de la Chapelle, au local de la Société artistique et industrielle, où le public était admis à visiter le musée de cette Société, et les travaux manuels récompensés la veille. Un peu plus tard M. Lelièvre s'est rendu à ce local, et a donné quelques explications au conservateur et aux personnes présentes. A la clôture de cette exhibition. M. de la Chapelle a déposé le costume au cabinet de la Ville où il a été rais en placeparM. le commandant Jouan, conservateur, (réd.) — 28 — M. Levesque répond que l'abeille n'attaque pas le raisin; mais il pense que les guêpes continuent à détériorer les fruits déjà attaqués. Le même sociétaire présente des Poires Charles Gognet. M. d'Aboville donne lecture du rapport qu'il a rédigé au nom de la Commission nommée dans la précédente séance pour exami- ner les comptes du trésorier. De ce rapport, il résulte que du \" novembre 1891 au 1" novembre 1892, les recettes se sont élevés à 4.265 fr. 05 et les dépenses à 2 . 768 47 11 restait en caisse au 1" septembre 1892 1 .496 fr. 58 Mais, comme il reste à régler certaines dépenses et que d'autres devront être faites au l" novembre au 31 décembre, il y aura à payer dans cette période. 692 » Il resterait entièrement disponible du 1" janvier 1894 804fr. 58 Le nombre des cotisations perçues a été de 329 sur 346 quit- tances établies. Les 17 non perçues se décomposent comme il suit par suite de décès, de refus de paiement ou de démissions 14 et de départ 2. Les non perceptions ont été moins nombreuses que les années précédentes. La multiplicité des sociétés qui se sont créées depuis la Société d'horticulture, les départs, les changements de rési- dence les décès, etc., font perdre, chaque année, un certain nombre de membres. Les conclusions de la Commission proposant de chaleureux, remercîments au dévoué M. Orange, trésorier depuis de longues années et un vote lui accordant décharge pleine et entière , sont adoptées à l'unanimité. M.Girard présente une magnifique collection de chrysanthèmes dont il possède les noms. Ce jardinier a 150 variétés de cette plante. M. Girard est remercié de sort intéressante communica- tion. -— vi29 — M. le Président rappelle que la présente séance est la dernière de l'année et il fait le résumé des travaux de la Société en <892: Il voit avec regret le nombre des sociétaires diminuer pour diverses causes indiquées par M. d'Abo ville. ïl invite tous les membres de la Société à faire une propagande active en vue de combler les vides qui se produisent. La Société devra organiser une brillante exposition, en 1894, à l'occasion du 50" anniversaire de sa fondation. Elle aura besoin de ressources pécuniaires assez importantes et du dévouement de ses membres. En 1892, il y a eu des dépenses assez élevées à supporter pour l'installation d'un nouveau jardin d'arboriculture, passage des Jardins. Mais, cet établissement a déjà produit une abondante récolte de raisin grâce aux bons soins du dévoué professeur d'arboriculture, M. Lsvesque, qui s'occupe particulièrement du jardin en question Du raisin a été distribué à diverses autorités, aux dames patronnesses et il en ? été oiîert à la Société d'agricul- ture une corbeille pour son banquet. Les vides causés par les deux derniers hivers dans le jardin de la rue Moatebello commencent à se combler, un certain nombre d'achats de plantes ayant été faits et d'autres repous- sant. Le nombre de sociétaires assistant aux séances est de plus en plus nombreux; ce qui est une preuve de l'intérêt qu'elles présen- tent par suite des communications qui y sont faites. Le bulletin publié en 1892 a été encore plus complet, plus varié et plus intéressant qu'à l'ordinaire; il a été très recherché et les articles qui y ont été publiés ont fortement attiré l'at- tention. Une fête de nuit avec concert a été organisée dans le jardin de la rue Montebeilo; grâce au concours de sociétaires dévoués, entre autres MM. Thommin et d'Aboville, elle a été très brillante et elle a obtenu un grand succès. Malgré toutes les dépenses effectuées, l'état de la caisse est bon. -. 99 — M, le président remercie, au nom de la société, outre MM. Levesque, Thommin, d'Aboville, Orange, trésorier, MM. Lelièvre, secrétaire et Noyon, bibliothécaire, de leur concours. M. Renault ajoute qu'au printemps prochain plusieurs établis- sements horticoles nouvellement créés seront à visiter par les commissions, auxquelles les motifs de visiter peuvent parfois faire défaut. SÉANCE DU 25 DÉCEMBRE. Elections; — communications diverses; — chrysanthèmes de M. Girard. Cette séance est surtout consacrée au renouvellement du bureau et des commissions permanentes, (i) M. le président expose que M. d'Aboville quittant Cherbourg, lui a fait connaître qu'il ne pouvait plus remplir les diverses fonctions qu'il occupait précédemment (rapporteur de commis- sions,membre ducomité de rédaction, etc.). La Société vote decha- eureux remercîmentsàM.d'Aboville pour le zèle et le dévouement infatigables qu'il a montrés dans toute circonstance; le secrétaire est chargé de lui exprimer les regrets de la Société de le voir aller habiter relativement loin de Cherbourg et de n'avoir pu lui témoigner directement sa sympathie et sa reconnaissance. M. Levesque présente les derniers fruits du jardin d'arboricul- ture entr'autres : Bergamotte espéren, fruit exceptionnellement sain, cette année, en plein vent. M. Girard a apporté de magnifiques fleurs de chysanthèmes remarquables par leur forme et leur magnifique coloris, notam- ment « lumière électrique ». M. Girard est fortement remercié. M. Levesque annonce que M. Charles Baltet lui a envoyé, pour la Société, une nouvelle édition de son ouvrage l'Art de Greffer. (Ij Le tableau figurant en tête du bulletin indique la composition du bureau et des commissions à la suite des votes de la séance du 25 décembre. — 31 — Les remerciments de la Société seront transmis à M. Charles Baltet. P. Lelièvre. Compte-Rendu de l'Exposition Horticole de Caen (MAI 1892) Messieurs et chers collègues, Ayant eu l'honneur d'être délégué pour vous représenter à l'exposition horticole qui a eu lieu à Caen, au mois de mai 1892, je me suis rendu dans cette ville, le 12 mai, par le train de 6 h. 30. Si, au lieu d'un compte-rendu officiel, il s'agissait d'écrire une chronique, Adrien de Marcanville ne manquerait pas de vous expliquer comme quoi les affaires coloniales ont eu pour effet direct, de le priver d'une demi-heure, sur laquelle il comp- tait en arrivant à Caen, pour se retourner un peu avant l'heure fixée pour la réunion des délégués. Le train de 6 h. 30, en effet étant d'une longueur inusitée, emportant un assez fort détache- ment d'infanterie de marine, traîné en outre par une seule machi- ne, est arrivé à 10 h. 50 au lieu de 10 h. 29 figurant sur l'horaire. Mais, rentrons dans les termes du compte-rendu. En me faisant transporter vivement au lieu du rendez-vous, j'ai pu constater l'arrivée, après moi, de plusieurs autres délégués. MM. de Formigny de la Londe, président, Colmiche, secrétaire général, Pelpel, trésorier et plusieurs autres membres nous ont accueillis tous avec leur cordialité accoutumée, et nous ont présentés les uns aux autres. M. Héron, président de Rouen, avait eu un empêchement et n'était pas venu. Les délégués présents sont pour moi des connaissances nou- velles, sauf M. Cauchepin, que j'avais vu déjà à Caen, il y a quatre ans . — 32 — Les neuf délégués qui ont répondu à l'appel, sont MM : Alexandre Oudin, délégué de la société nationale d'horticulture de France; Gabourg, de la société régionale d'horticulture d'Elbeuf; Thomine Desmasures, de la société des agriculteurs de France; Paroisse, de la société d'horticulture et de botanique du Havre; De la Chapelle, de la société d'horticulture de Cherbourg; Fromage, de la société d'horticulture et de botanique du centre de la Normandie, à Lisieux; Bazin, de la société d'horticulture de Pont-l'Evéque; Cauchepin, délégué de la société d'agriculture de l'Eure, (sec- tion de Bernay). M. Marguet, de la corporation de St-Fiacre de l'arrondissement de Bayeux Le nombre de dix a été complété, aux termes de la décision du 20 juin 1882, par l'adjonction d'un membre de la commission permanente. Le sort avait désigné M. Béquet fils. (La commission permanente, dans la société Caennaise, a été instituée pour visiter sur place les cultures, vérifier l'origine des gains, etc., — c'est à peu près ce que font chez nous les deux commissions permanentes qui, en pareil cas, se réunissent pour les visites — mais elle ne s'occupe pas de la revue des publica- tions, ce soin est confié à une commission spéciale, analogue à notre comité de rédaction). Selon l'usage, après l'appel, les délégués ont été invités à déjeuner immédiatement. La table était mise cette fois dans une des salles de l'Hôtel-de-Ville, servant ordinairement aux cours municipaux de musique. L'exposition elle-même était comme de coutume établie dans un grand salon de l'Hôtel-de- Ville, qui est le prolongement du grand salon des fêtes. — Une grande porte que l'on ouvre au besoin, permet de réunir ces deux vastes et magni- fiques pièces . — 33 — L'exposition florale ne ressemblait point à ce que nous avons coutume de voir à Cherbourg; point de massifs de plantes à fleurs ou à feuillage ornemental. Quelques palmiers, prêtés par le jardin des Plantes^ avaient été disposés avec beaucoup de goût à cha- cune des extrémités de la salle, ça et là quelques gracieux adiantes, tous de la même espèce, avaient été mis pour l'orne ■ ment. Sauf une collection de pelargoniums zonale et inquinans l'exposition florale consistait à peu près exclusivement en fleurs coupées. Des anémones surtout, mais spendides, et comme on n'en voit pas à Cherbourg. C'est d'ailleurs, m'a-t-on dit, une culture toute locale. Il y avait aussi des calcéolaires, des pensées, des giroflées quarantaines, des ravenelles, des ixias, des coléus, des bégonias tubéreux. «L'exposant de ces bégonias, M.Marguerin, de Gaen,a fait», dit le rapport de M. de Longuemare»,des efl"orts dont on ne saurait trop le louer en les présentant à une époque si éloignée de leur floraison, malheureusement il n'a pu être victoiieux du froid et du manque de soleil. Le jury, étranger à notre ville, a dû apprécier les résultats plutôt que les efl'orts faits, on peut le regretter, mais non s'en étonner. » Après avoir choisi pour président M. Oudin, délégué de la société nationale d'horticulture de France et pour secrétaire rapporteur, M. Colmiche, le jury est entré en fonctions. La so- ciété Caennaise, qui avait établi des carnets à feuillets de cou- leurs correspondant aux couleurs des étiquettes désignant les exposants par de simples numéros d'ordre, modèle adopté depuis par la société de Rouen, par d'autres encore et tout récemment par la nôtre, \ ient d'adopter un modèle plus petit, plus portatif, que je remets à vos archives, comme je l'avais fait précédemment. On songe à la perfectionner pour l'a venir, mais on nem'apasdit en quoi consistera le perfectionnement. A Gaen, comme à Rouen et, sans doute, dans d'autres villes, les médailles sont pour la plupart, offertes par des donateurs dont 34 elles portent le nom, par le ministre de l'agriculture, par le conseil municipal, par le conseil général, etc. d'autres par la société. Elles étaient exposées dans une boîte vitrée et sont remises aux expo- sants. 11 en est de même d'une fort belle coupe offerte par le président de la société, que le jury considère et attribue comme un prix exceptionnel. L'exposition maraîchère était disposée dans une galerie formant Comme un bas côté de la grande salle. — Le grand salon des fêtes est la nef transformée d'une ancienne église, il a ses bas côtés, et son prolongement qui servait de salle d'exposition a été construit sur le même modèle. J'y ai remarqué diverses variétés de haricots, des poireaux magnifiques et des asperges énormes, cultivées dans une commune du Uttoral (Colleville-sur- Orne), du raisin conservé, enfin un bon choix de légumes — cultures civiles : les jardiniers militaires n'ont point exposé cette année. Dans cette même galerie se trouvait, parfaitement disposée, une belle collection d'instruments horticoles. Le jury a constaté que plusieurs greffoirs, sécateurs et autres instruments, avaient été inventés ou très-perfectionnés par l'exposant. Je signalerai un sécateur à rosier de forme très allongée permettant de travailler sans se piquer les doigts. — En ce qui me concerne j'apprécie vivement cette heureuse innovation. Dans la cour, un fort lot de terre de bruyère et de terreau de feuilles : l'exposant demeure à Montmorency (Seine-et-Oise) et la terre de bruyère vient de Rambouillet (même département). Ces produits ont été jugés excellents par le jury et par deux de nos collègues, horticulteurs venus à l'exposition comme visiteurs. Après examen et délibération, presque sans discussion, le jury s'est rendu dans le premier salon des fêtes pour coUationner les carnets avec le relevé établi par M. le secrétaire. Pendant ce temps les dames patronnesses s'étaient réunies dans la salle d'exposition pour attribuer le prix d'honneur. Nous n'avons pas tardé à savoir que ces dames en décernant le prix d'honneur à — 35 — la magnifique collection d'anémones de M. Lenormand (rue Saint- Sauveur, cultures, rue de l'Académie) étaient du même avis que le jury qui avait décerné au même exposant la coupe de M. le président. Il peut y avoir, et il y a presque toujours cumul en pareil cas. Une autre collection d'anémones.très doubles, nous a vivement intéressés. L'exposant, M. Pelpel, trésorier de la société, ne concourait pas. Il avait des gains remarquables qu'il a dédiés à divers membres du bureau : une anémone rouge et de forme monstrueuse a été nommée «président de Formigny de la Londe » une autre de dimension ordinaire^ de forme très régulière et d'une couleur violet intense ; « secrétaire Col miche ». Vous trouverez ci-après, messieurs, la liste des récompenses, d'après un journal que chaque délégué à reçu. par les soins de M. le secrétaire général. (Le Moniteur du Calvados). On s'est séparé à quatre heures, pour se réunir à sept heures autour de la table du banquet. Dans l'intervalle, la plupart des délégués, ont été visiter, sur place, la culture des anémones de M. Lenormand. Un tapis de fleurs aux couleurs éclatantes analo- gue au lot exposé, et mesurant quarante ares, soit deux vergées. Quelques délégués m'ont dit que j'aurais du voir cela. J'ai répondu que je n'étais pas de la partie, que j'avais diverses visites à faire en ville, mais que le samedi j'y enverrais deux horticulteurs fleuristes de Cherbourg, avec lesquels j'avais rendez vous. Ils y ont été en effet, et ont justement admiré ces cultures. Le banquet a eu lieu à 7 heures, dans le même local que le déjeuner. Il réunissait 21 convives, membres du bureau, délégués, lauréats, représentants de la presse. Le diner, excellent, avait été fourni, comme le déjeuner, par M""^ Thouroude, hôtel Sainte Barbe. Je n'ai point à le décrire ici. En dehors du menu, figu- raient sur la table deux corbeilles de pommes hautes en couleur, d'une belle forme : elles sont douces et assez bonnes et provien- nent d'une des propriétés de M. le président, dans le département de l'Eure. J'ai témoigné le désir d'en présenter un spécimen à — 36 — notre séance mensuelle de juin: voici cette pomme (1) qui s'appelle « Reinette de Eailleul 9 . M. le président a dit que rien ne serait plus facile que d'en procurer des greffes à ceux de nos amis qui en désireraient. Ici se présentait tout naturellement le nom de notre professeur d'arboriculture. Plusieurs délégués ont rendu pleine justice aux. connaissances de M. Levesque : les uns l'ont rencontré, d'autres en ont entendu parler, dans divers congrès pomologiques. L'opinion de M. Levesque fait autorité, et nous en félicitons notre vice-président. Au dessert, selon l'usage, M. le président a pris la parole. Il a dit que l'an dernier, à la suite des pertes causées par le terrible hiver, l'exposition n'avait pas été possible. Cette année grâce à de vigoureux efforts, plusieurs horticulteurs ont pu être en mesure d'offrir leurs produits à l'admiration du public. Il a rappelé les noms des donateurs, la mémoire des fondateurs dé- cédés, il a remercié les délégués et a conclu en portant un toast : A messieurs les horticulteurs qui n'ont pas désespéré ! Aux donateurs, qui se sont montrés généreux I A messieurs les délégués qui ont bien voulu avoir foi aux travaux des horticulteurs de notre région . Le président du jury n'ayant pomt réclamé la parole, je l'ai demandée et après avoir rappelé l'union qui existe entre toutes les sociétés horticoles, j'ai, en votre nom, messieurs, porté un toast à la société de Gaen et à son président, et j'ai, toujours en votre nom, invité tous ces messieurs à venir voir notre exposi- tion de i 894, que nous nous proposons de faire exceptionnelle- ment belle, à l'occasion de nos noces d'or. M. le président m'a paru bien accueillir cette invitation, et semble disposé à s'y rendre. M. Colmiche a bu aux dames patronnesses, aux lauréats et à la presse. (1) Cette pomme est supérieure comme pomme à cidre, assez bonne pour dessert et très décorative. — 37 — M. Jourdain, de Gaen, en sa qualité de doyen de la presse, a bu à la prospérité de la société en l'assurant du concours qu'elle trouvera toujours auprès de lui et de ses confrères. — C'est à Caen comme à Cherbourg. On s'est séparé vers dix heures et demie, tous enchantés d'une réunion entièrement fraternelle. J'avais résolu de passer trois jours dans le Calvados, mais noo. pour les consacrer entièrement à l'horticulture. J'avais écrit d'avance le programme de ma journée du vendredi 13. qui malgré le mauvais augure que certaines personnes pourraient y trouver, a été remplie ponctuellement, et à ma complète satisfaction. Il s'agissait de visiter rapidement, Dives, Beuzeval, Touques, Trou- ville et Deauville. Je n'ai à vous signaler que la beauté de la végétation et l'admirable dessin des jardins que j'ai aperçus à Beuzeval et surtout autour des chalets dant l'ensemble forme la partie Nord de Trouville : le Trouville élégant en un mot. A Dives,dans mon entretien avecM.Lerémois. hôtelier et maire, le mot d'horticulture ayant été prononcé, M. Lerémois m'a montré un petit jardin très bien tenu, au centre duquel se trouve un assez beau chamserops, je lui ai dit qu'à Cherbourg, il y en avait de semblables dans presque tous les jardins. Peut-être les cha- maerops sont rares dans l'intérieur. Dives est un port de mer, à l'embouchure de la rivière du même nom. J'ai admiré la cour de l'hôtel, entourée de bâtiments de XVI' siècle, et largement tapissée de fort belles glycines. Le samedi, j'ai revu l'exposition, j'y ai rencontré les deux horticulteurs cherbourgeois dont j'ai parlé plus haut, ils ont visité plusieurs étabUssements horticoles, notamment ceux de MM. Le Normand, Evrard, Secourable et Lelandais où je les ai revus de nouveau. Ils y ont fait quelques commandes. J'ai profité de l'occasion pour faire venir l'Aubrietia Hendersoni, à nombreuses fleurs d'un violet intense que j'avais admiré chez M. Lelandais, et nous sommes rentrés tous trois ensemble par le dernier train. — 38 — J'allais oublier de vous dire, que ces messieurs du bureau de la société de Caen m'ont engagé avec la plus grande bienveillance à revenir voir leuic expositions ultérieures. Sans vouloir acca- parer le titre de délégué perpétuel de Cherbourg à Caen, à l'exclusion de collègues plus compétents, j'avoue que j'y retour- nerai avec plaisir, surtout lorsque je me présenterai sans con- currents. En attendant, messieurs je vous remercie de m'avoir encore délégué cette année. Cherbourg, le 15 mars 1892. H. de la Chapelle. -t«i- LISTE DES RÉCOMPENSES ACCORDÉES 1" PAR LES DASIES PAT RON N ESSES DE LA SOCIÉTÉ Médaille d'or, décernée à M. Lenormand, marchand-grainier, membre de la société, à Caen, pour son splendide apport d'ané- mones de Caen. 2» PAR LE JURY Médaille de vermeil, à M. Laffaiteur, horticulteur-marchand, membre correspondant de la société, à Bayeux, pour se.= tableaux de pensées et fleurs coupées. Prix d'honneur, coupe offerte par M. de Formigny delaLonde, président de la société, à M. Lenormand, déjà nommé, pour son magnifique apport d'anémones de Caen. PRIX LETOT Médaille d'or, d'une valeur de 200 francs. — Réservé. Prix de. Donnechose, offert par M. de Bonnechose, membre honoraire de la société, à Bayeux, en mémoire de son père, médaille d'or, à M. David Beaujour, président de la chambre de commerce, membre de la société, à Bretteville-l'Orgueilleuse, (M. Queudeville, jardinier), pour sa riche collection de légumes, pour ses fruits conservés et ses coléus. — 39 — Médaille de vermeil^ offerte par M. le ministre de l'agriculture au nom du gouvernement de la République, à M. Guerrier, horticulteur-marchand, membre de la société, à Gaen, pour l'en- semble de son exposition (rosiers en pots et anémones d« Gaen) . PRIX DU CONSEIL GÉNÉRAL Médadle d'or, à M. Rosette, marchand-grainier, membre de la société, à Gaen, pour son magnifique apport de légumes et pour ses pensées en pots. M. Rosette, marchand-grainier à Gaen, dont tout le monde se rappelle les merveilleux chrysanthèmes, aux formes et au co- loris bizarres, qui eurent tant de succès il y a deux ans, a voulu, cette année, nous montrer qu'il était aussi bon maraicher qu'habile fleuriste; sa collection de légumes est digne d'attention en tous points. A remarquer, entre autres une série de 34 variétés de pommes de terre pour culture forcée. Médaille de vermeil, offerte par la société des Agriculteurs de France, à M. AUain, horticulteur-marchand, rue Rasse, à Gaen, pour son bel apport de géraniums. Médaille d'argent, offerte par la société des Agriculteurs de France, à M. Gustave Fremy; jardinier à Cambes, pour sa collec- tion de légumes. Médaille de bronze, offerte par la société des Agriculteurs de France, à M. François Gharmeux, horticulteur-marchand à Tho- mery, pour ses raisins frais conservés (récolte septembre 1891). Médaille de bronze, offerte par la société des Agriculteurs de France, à M. Samson, amateur, membre de la société à Gaen, et à Golleville-sur-Orne (M. Langlois, jardinier), pour son lot d'as- perges. Médaille de bronze, offerte par la société des Agriculteurs de France, à M. Etienne Oger, jardinier à Gaen, pour ses pensées en pots et en fleurs coupées. Médaille de bronze, offerte par la Ghambre de Gommerce de Gaen, à M. Frémy, déjà nommé, pour ses apports de coléus. — 40 — MÉDAILLES DE LA SOCIÉTÉ, HORTICULTEURS-MARCHANDS Médaille de vermeil, à M. Laffaiteur, déjà nommé, pour ses tableaux de pensées en fleurs coupées. Médailles d'argent, grand module, à M. Marguerin, horticulteur- marchand, membre de la société à Gaen, pour l'ensemble de son exposition (anémones de Caen, pensées en pots, ixia, bégonia lubéreux et réséda. Médaille d'argent^ petit module, à M. Leroy, maraîcher-pri- meuriste à Caen, pour son apport de giroflées quarantaines. Remerciements à M. Leroy, pour son apport de légumes, présenté hors concours. HORTICULTEURS-AMATEURS Médaille d'argent, petit module, à M™» Boissée, dame patron- nesse de la société (M. Barbou, jardinier), pour son tableau de pensées et spécialement pour son lot de ravenelles. Médaille de bronze, grand module, à M"' Le Ghartier, dame patronnesse de la société, à Sannerville (M. Gallot, jardinier), pour ses fruits frais conservés. Médaille de bronze, à M"' Blandin, à Maltot ^M. Gallot, jardi- nier), pour son tableau de pensées Médaille de bronze, à M. Gombeaux, à St-André-de-Fontenay (M. Gouvrechef, jardinier), pour son apport de calcéolaires. Mentions très honorables, à M'"^ Riom, à Troarn (M. Louvel, jardinier), pour ses fruits frais conservés. A M. Thouroude, membre de la société à Gaen, pour ses poireaux. Diplôme hors concours avec félicitations du jury, à l'unani- mité, à M. Léon Pelpel, trésorier de la société, à Caen, pour son apport remarquable hors concours d'anémones doubles de Caen. M. Léon Pelpel, trésorier de la société, ne veut pas de récom- pense, et sa modestie a tenu à placer à l'écart les produits de ses cultures, mais tous savent que M. Pelpel est un des plus éminents vulgarisateurs de l'anémone de Caen. — 41 Félicitations du jury ^ à M. Formigny delà Londe, président de la société, à Caen, pour son bel apport hors concours de fruits frais conservés. Diplôme de félicitations^ à MM. Augis, père et fils, pour la bonne tenue des serres du jardin des plantes. INDUSTRIE HORTICOLE ET OBJETS SE RATTACHANT A l'hORTICULTURE Médailles d'argent^ à M. Delaunay, fabricant d'outils horticoles, membre de la société deBernay (Eure), pour ses outils horticoles perfectionnés (greffoirs articulés, sécateurs à longue tige et cueille-fruit). A M. Lesage, fabricant à Caen, pour ses sièges de jardin. A M. Dufy, marchand de terre de bruyère à Montmorency, pour son apport de terre de bruyère, terreau de feuilles, spha- gnum et polypode. Médaille de bronze^ petit module, à M. Mahieu, entrepreneur de fêtes publiques à Caen, pour son apport d'objets de vannerie. Rappel de médaille de bronze obtenue en 1885, à M. Mauduit, pharmacien à Caen, pour son mastic horticole Oger. Mention très honorable, à M. Lallemand, fabricant à Caen, pour ses pensées et corbeilles à fleurs. RÉCOMPENSES ACCORDÉES PAR LA SOCIÉTÉ SUR LA DEMANDE DE LA COMMISSION PERMANENTE CHARGÉE DES VISITES DES JARDINS Médaille de vermeil, à M. Lenormand, horticulteur-marcb" grainier, membre de la société, à Caen, pour la bonn^^ -^i>H" ses jardins, l'intelligence de ses cultures et pour •> tenue de de porte-graines potagères et de fleurs. - ses collections Médaille d'argent offerte par la C^ Leroy, maraîcher-primeuriste à '~ ..»ambre de commerce, à M. jardin et l'ensemble de se" ^ daeu, pour la bonne tenue de soft Médaille d'aryen*^ .^ cultures maraîchères. Beaujour, à P- ^ à M. Queudeville, jardinier chez M, David jardins ' ^.etteville-l'Orgueilleuse, pour la bonne tenue de ses . tJi notelligence de ses cultures. MMmlle d'argent petite module, à M. Constant Lehéricy, jardinier chez M. Léoû Felpel, trésorier de k société, à Uen, pour la bonne tenue de ses jardins. — 42 APPORTS FAITS AUX SÉANCES MENSUELLES DE LA SOCIÉTÉ Médaille d'argent, petit module, à M. Gustave Fremy, déjà nommé, pour son apport de calcéolaires herbacées. BONS ET LOYAUX SERVICES DES JARDINIERS A GAGES QUI SE SONT SIGNALÉS PAR LEUR ZÈLE, LEUR INTELLIGENCE ET LEUR ATTA- CHEMENT A LEURS MAITRES. Médaille d'argent^ grand module, à M. Théodore Legoubé. jardinier depuis 27 ans chez M"" Barette, à Biéville en-Auge. Médaille de vermeil, à M. Victor Ghesnot, jardinier depuis 42 ans chez M"' Vauloger, à Vieux. Compte-Rendu de l'Exposition Horticole de Rouen (JUIN 1892) Messieurs Dans notre séance du o juin, vous m'avez fait l'honneur de me choisir pour aller représenter notre association à l'exposition que la société centrale d'horticulture de Rouen et de la Seine-Infé- rieure devait organiser du 15 au 20 du même mars, coïncidant avec le concours régional. Le 16 au matin, à l'heure désignée parle programme, je me suis rendu dans les jardins de l'Hôtel de Ville, siège de l'exposi- tion, tout près de la magnifique égUse Saint-Ouen, cette vieille basilique de la cité Rouennaise. J'ai été reçu par M. Héron, président de la société, ainsi que les autres délégués devant com- poser le jury, qui étaient : MM Loutreut delà société d'horti- culture de France^ Bissière, de la société de Lisieux, Gaunel,de la société de Pont-Levèque, Mauvoisin, de la société de Seine-et- Oise, Bardiaux de la société de Chartres, Durand, de la société de Gaillon, Camus, de la société de Beauva'is, Cauchepin, de la société de Bernay, 43 — A l'unanimité, M. Loutreul, dont chacun de nous connaissait la parfaite compétence pour la circonstance a été nommé prési- dent. Un jury spécial était en outre constitué pour la partie indus- trie horticole, je ne vous en parle que comme mémoire. La section florale, parfaitement disposée par les soins de MM. Lucet et Varenne, directeur des jardins publics de la ville, dans des tentes de grandeurs différentes, et dans une grande serre provisoire pour les plantes délicates, comprenait un très grand nombre de concours : 14 pour plantes de serres chaudes et tem- pérées, autant pour celles de serres froides, une vingtaine pour les fleurs et arbustes de pleine terre, deux, pour végétaux d'in- troduction récente, deux pour nouveautés, de semis, deux pour belle culture et deux pour bouquets. Ajoutez à cela les dix concours de maraîcherie, les six pour arboriculture fruitière, plus l'imprévu et vous aurez une idée de la besogne qui était taillée à notre jury : aussi, ses travaux cou- pés par un déjeuner offert à l'hôtel, ont-ils absorbé la journée toute entière. Si quelques-uns des concours étaient peu ou point remplis, la plupart l'étaient d'une façon très brillante, et le jury a parfois été embarrassé pour l'attribution des récompenses. Sans entrer dans de longs détails sur les produits exposés, je dois citer les deux remarquables collections de bégonias tabéreux, simples et doubles de M. Marie horticulteur à Rouen, et celle de M. Lemaitre. Les remarquables orchidées de M. M. Wood de Rouen, les coleus de M. Gilbert, jardinier de M. le marquis de Belbens, les splendides gloxinias de MM. Wood et Lemaitre, dont le classemement a été assez laborieux, les deux collections se disputant le premier rang l'une par la richesse de sa floraison, l'autre par la beauté de sa végétation. Je citerai encore les jolies plantes d'hortensias fleuries de M, Jules Leclerc, horticulteur à Sotteville et les très fortes plantes d'azalées de M. Wood, encore couvertes de fleurs un peu hors saison ce qui prouve chez l'exposant un certain talent horticole. Malgré mon désir d'être bref, je ne puis oublier les — 44 roses, qui sont toujours et partout les reines des fleurs, et dont quelques collections étaient des plus variées, et offraient aux amateurs un assez grand nombre de nouveautés. Malheureu- sement, les fleurs coupées fanent assez vite, et perdent prompte- ment un de leurs principaux mérites, la fraîcheur. Avant de passer à l'énumération des récompenses, deux mots encore sur le magnifique groupe de plantes annuelles et bisan- nuelles de la maison Vilmorin et Andrieux, marchands grainiers à Paris, a éritable école defloriculture, comprenant des spécimens en fleurs de la majeure partie des plantes de son catalogue, dis- posés avec un goût parfait en un vaste massif aux teintes les plus variées, et qui ont du faire l'admiration des nombreux visiteurs de l'exposition. Le jury ayant à sa disposition un diplôme d'hon- neur avec recommandation spéciale de ne pas en abuser, nous avons trouvé sa place en l'attribuant à l'unanimité à ce splendide groupe de fleurs. Résumé du Palmarès; PRIX DES DAMES PATRONNESSES M. Gh. Marie, horticulteur à Rouen, médaille d'or pour ses collections de Bégonias tuberculeux. PRIX DÉCERNÉS PAR LE JURY HORTICOLE (Délégués des sociétés correspondantes). FLORICULTURE Plantes ornementales . MM. Delivet, père et fils (Rouen) grande médaille d'argent, offerte par la ville de Rouen; M. Wood, (Rouen) grande médaille en argent, offerte par M. Ricard, garde des sceaux, député de la Seine-Inférieure; M. Ch. Marie, grande médaille d'argent, offerte par M. le minis- tre de l'agriculture. 45 Collections d'anlhuriums en fleurs M. Wood, grande médaille d'argent offert par M. Vadcar, Bégonias à feuillage. M. Bègue, jardinier, à l'asile Saint- Yon, mention honorable. Fougères de serre. M. Marie, grande médaille de vermeil, offerte par M. Givon, Orchidées exotiques en fleurs. M. Wood, médaille d'or, offerte par la Compagnie des Chemins de Fer de l'Oaest. Broméliacées . M. Lemaitre, (Sotte ville) grande médaille de bronze. Gloxlnia 5 mètres ; feuilles en cœur arrondies, crénelées, duveteuses, » vert cendré au-dessous. Cette plante offre un intérêt indus- » triel, car c'est avec son écorce qu'on attache les paquets de » cigares dits Havane; ces ligaments sont excellents pour » attacher les plantes délicates. » * * Les cocos, les bananes feï, les ananas et les fruits de maïoré, comme nous l'avons déjà dit, sont au nombre des principales plantes alimentaires de Tahiti. * * Le cocos nucifera (famille des palmiers, tribu des cocoinées) produit un fruit drupacé, coriace, fibreux, renfermant un noyau monosperme, muni de 3 trous à la base ; embryon très petit. Ce palmier atteint de 30 à 40 mètres d'élévation, ses fruits sont gros ou petits ; l'épiderme verdâtre ou violet. L'endosperme contient de l'eau, quand il est jeune ; plus tard, il a une consistance semblable à celle de l'amande ; cette sorte d'amande, une fois séchée, est vendue sous le nom de coprah. Certaines peuplades se servent de cette eau pour produire une boisson fermentée qui peut, ensuite, donner de l'alcool. Aux îles Gilbert, cet alcool est obtenu d'entailles faites sur les régimes; on y suspend des tasses de cocos, abritées par des feuilles, pour empêcher l'évaporation, et il découle de ces régimes un liquide qui forme une boisson très spiritueuse. Les fibres extérieures des truits servent, aussi, à différents usages; les indigènes en font des cordes, du combustible et s'en servent pour calfater leurs pirogues. Les feuilles font de jolis paniers (comme celui représenté à la photographie et comme on peut en voir un spécimen au musée de curiosités de Cherbourg) et des couvertures pour les cases. Le stipe équarri donne un assez bon bois employé en poteaux, piquets ou bordages d'embarcations. Le coco râpé forme une sorte de — 54 farine usitée en pâtisserie et qui trouve un assez large débouché aux Etats-Unis. * * Le maïoré des étrangers, uru des indigènes [artocarpus incisa, arbre à pain ou Jacquier, famille des urticées, tribu des artocarpées), est un arbre de première grandeur, écorce grise, rugueuse, d'où s'écoule un suc laiteux ; feuilles alternes, stipu- lées, caduques; fleurs monoïques, les mâles disposées en chatons jaunes, mous, de 25 centimètres; les femelles, nom- breuses et insérées sur un réceptacle charnu. Le fruit est stérile par avortement des graines, résultat de l'agglutination des nombreux ovaires. II est de couleur verte, pâlissant vers l'époque de la maturité; sa forme est ronde ou allongée; il recouvert de protubérances polyédriques indiquant les lignes de soudures des ovaires. Ce fruit donne deux récoltes pleines et une intermédiaire par an ; et dans les pays où n'existe pas le feï, il est conservé dans les silos et prend, alors, le nom de tioo. C'est une pâte fermentée, qui est conservée pour la mauvaise saison. On faisait aussi, autrefois, avec l'écorce intérieure du tronc, des étoffes dont les indigènes se couvraient. * * * Il nous est facile de reconnaître, à la photographie de M. Picquenot, le régime de bananes feï (par suite de la facilité que nous avons de voir des bananiers avec leurs fruits dans les incomparables serres de M. Emmanuel Liais\ Le musa fehii ou. feï (famille des musacées) indigène à Tahiti, forme dans les vallées de grandes réunions nommées pehs. Cette variété croît sans culture et son régime contient de 40 à 60 fruits. Il n'est pas de plantes qui, sur un petit espace de terrain, produise une masse de substance nourrissante aussi considérable. Le feï, cuit vert, contient le môme principe nourrissant que le blé, le riz, etc. Le fruit mur est, pour les indigènes, un mets agréable, que l'on prépare de plusieurs 90 façons. On peut le conserver comme les figues et, dans cet état, ainsi que d'autres bananes, du reste, prenant le nom de piere, il devient un objet de commerce. On tire, en outre, du pétiole une paille très noire, formée de l'épiderme, qui sert à la confection des chapeaux du pays. « « Nous connaissons, tous, l'ananas, plusieurs même d'entre nous ont pu goûter grâce à l'obligeance de M. Emm. Liais; de ce fruit, mûri à Cherbourg, je ne donnerai, par suite, de drescription ni de la plante ni du fruit. Je copierai simplement le passage suivant de la Flore Tahitienne : Bromeda ananas ou ananassa saliva (broméliacées. — Ananas commun. Fleurs en octobre et en avril. Maturité des fruits en avril et septembre. On le mange par tranches, soit au naturel, soit en y ajoutant du sucre et du vin; on en fait, aussi d'excellentes confitures. Le suc exprimé donne une limonade agréable qui, par fermentation, produit un vin fortifiant. Les feuilles fournissent des fils textiles d'une grande beauté qui servent à la confection de la toile d'ananas. * • ♦ Quant à la sauce canaque que contient le bambou creusé de la photographie, il paraît que c'est un mets dégageant une forte odeur et prisé des indigènes, mais non des Européens. D'ailleurs, ces derniers sont, en général, d'avis que les fruits des colonies ne valent pas ceux de notre pays : les poires, les pommes, les pêches, les raisins, etc. Au sujet du morceau de canne à sucre (saccharum officinarum) que tient à la main le deuxième de la photographie, je ne donnerai pas de nouveaux détails, en ayant déjà parlé à l'article publié au bulletin. D'ailleurs, plusieurs d'entre nous connaissent cette remar- quable graminée, que l'on prétend originaire de Tahiti, et à laquelle nous devons le sucre, le rhum, le tafia et autres denrées. Les photographies nous montrent, aussi, d'autres — o6 — plantes du pays dont je ne parlerai pas pour ne pas m' étendre par trop. Je ne vous ai entretenu, Messieurs, que des photographies envoyées par M. Picquenot; mais comme je l'ai dit, son envoi comprenait, aussi, des graines et une gousse du fromager, au sujet desquels je vais vous demander encore, l'auto- risation de vous donner quelques renseignements. Malheu- reusement, malgré les soins pris par notre correspondant pour l'emballage, tout est arrivé mélangé et abîmé. Les photographies ont été restaurées par M. Mas. J'ai envoyé à M. Picquenot des spécimens des -graines que j'avais reçues pour le prier de nous donner, de nouveau, les noms, en vue de les reconnaître facilement. Les graines envoyées étaient celles du Bourao (dont je vous ai déjà entretenu), de la pomme cannelle, du goyavier, du manguier, du fromager, d'un crocus à fleurs roses employé comme bordure, et d'un cercis. * L'anona squamosa (famille de anonacées), tapo-tapo en tahitien, est un arbrisseau à fruits écailleux, comme le dit son nom; il atteint 4 à 5 mètres. Les fleurs sont verdâtres, plus petites que celles des autres anona. Le fruit est U pomme cannelle. Cet arbrisseau, originaire de l'Amérique méridionale, a été introduit à Tahiti, en 18 17, par un missionnaire. Il perd totalement ses feuilles au commencement des mois d'août et de septembre; puis il se couvre de bourgeons axillaires qui portent de 3 à 5 fleurs. En général, les deux tiers de ces fleurs tombent. Les fruits mûrissent en février-mars. Le goyavier {psidium pyriferum) goyavier poire, tuava en tahitien, famille des myrtacées, est un arbuste pouvant attein- dreplusieurs mètres, à rameaux quadrangulaires; feuilles ellipti- 57 — ques-aiguës, pubescentes et veloutées en dessous ; fleurs blanches solitaires à l'aisselle des feuilles supérieures. Le fruit, la goyave, est jaune, de grosseur moyenne, à chair rouge et parfumée. Le goyavier, originaire de la Guyane, introduit à Tahiti, en 1815, y fleurit en octobre et novembre, et mûrit ses fruits en février-mars. * Le Manguier (mangifera indica) vil papaa en langue indi- gène, famille des térébinthacées, est un grand arbre à feuilles simples et petites fleurs très nombreuses, couleur blanc ver- dâtre et élégamment disposées en panicules au bout des rameaux, ayant une corolle et 5 etamines dont une ou deux seulement fertiles, les autres sont dépourvues d'anthère. Le fruit est une drupe comestible plus ou moins grosse contenant une ou plusieurs graines. Cet arbre peut atteindre 10 à 13 mètres de haut ; les branches sont plus ou moins étalées ; feuilles oblongues, lancéolées, pointues, lé à 20 centimètres de long, coriaces, d'un vert foncé. On a obtenu une quantité d'espèces et il ne faudrait pas chercher à établir des variétés, car là où la mangue est belle, son noyau ne donnera pas les mêmes spécimens et on recommande de greff"er par approche les sujets si l'on veut obtenir de bons fruits. Le manguier a été introduit à Tahiti. Il est originaire des Indes-Orientales. Le Fromager [\)om\)XA malabaricum) famille des sterculiacées est un arbre dont la plus grande hauteur atteint environ 20 mètres et qui produit des fruits auxquels il doit, à cause de leur grosseur, son nom. M. Picquenot nous a envoyé de grosses capsules brunes du fromager, contenant des graines entourées d'une sorte de laine végétale très soyeuse, employée par les mdigènes à la confection d'oreillers et de matelas. Cet arbre donne deux récoltes par an, en juin et décembre ; il se dépouille complètement de ses feuilles avant la maturité de — 58 — ses capsules. Il est très répandu dane les îles de la Société où il a dû être introduit par des missionnaires protestants. Le fromager est fort droit, ses branches sont armées de piquants. * « « Les graines envoyées par M. Picquenot ne peuvent produire des plantes chez nous que dans des serres chaudes comme celles de M. Emm. Liais, où nous voyons, Messieurs, tous les végétaux dont je vous ai entretenus; mais nous les disposerons avec les photographies de M. Picquenot dans un cadre pour notre salle de réunions. J'ai cru être votre interprète en transmettant de nouveau les remercîments de la Société à notre aimable correspondant. Si je vous ai donné quelques détails au sujet de son envoi, c'est que j'ai pensé que, pour nous qui sommes en rapports constants avec des navigateurs, il y avait intérêt à connaître des plantes dont nous entendons souvent parler. -t«»- MOUVEMENT COMMERCIAL M. Picquenot nous a fait parvenir des statistiques ds la naviga- tion et du commerce des Etablissements Français de l'Océanie, pendant l'année 1891, (annexe au Journal Officiel, de cette colonie). Nous y voyons que lesimpoi'tations se sont élevées, de France et des colonies françaises à 665.936^35 de pays étrangers ... 3 006 . 373 54 Total 3 672 309 54 !De marchandises du cru de la colonie 344.137^01 \ 344.137 01 Provenant d'im- portations Néant. — 5§ — / De marchandises pour \ du cru de la l'étranger. < colonie 3.912.757 37 } 4.028.044 25 / De marchandises \ prov. d'import. 115.286 88 iDe marchandises \ du cru de la J colonie 3.713 45 \ 190.770 72 De marchandises \ prov. d'import. 187.057 27 y Total 4 562.951f98 Les exportations ont donc été supérieures comme valeur aux importations, mais il est à remarquer que le commerce avec la France est bien moins important que celui avec l'étranger et que le transport se fait surtout sous pavillon étranger. Les importations françaises proviennent principalement de Bordeaux par navires français; les importations de l'étranger, de San-Francisco (2.109 631 fr. 16], d'Auckland (346.378 fr. 79), de Hambourg (280.326 fr. 92), etc. Les exportations pour la France ont été : Par navires français — Bordeaux 110, 377^70 Par navires étrangers. — Marseille 232.754 31 Par navires étrangers. — Le Havre 1 .005 » 344.137 f 01 Les exportations pour l'étranger sont surtout à destination de San-Francisco (1 .815 226 fr. 46), de Lisbonne (1 492.513 fr. 80), de Liverpool (247 988 fr. 93), de Hambourg (270.138 fr. 25). Les importations se composent principalement de produits pour l'alimentation et d'objets manufacturés. Quoique la canne à sucre pousse très bien à Tahiti et dépendances, on y est obligé d'avoir recours à d'autres pays pour avoir du sucre, car ce qui manque à cette colonie c'est la main d'oeuvre. Il a été importé de l'étranger par exemple^ 1 .184.252 kilos de farine de froment représentant 316.123 fr. 56, et pour 1.922 fr. 30 — 60 — de pommes fraîches. Nous avons dit précédemment, que les pommes de Californie sont très recherchées à Tahiti. Ce qui vient surtout de France, ce sont les vins et les liqueurs. Dans les exportations nous relevons ; Pour la France Pour l'étranger Total. Nacre....: 21,747150 i. 252. 725141 1.274.472191 Oranges — 66.762 75 66.762 75 Cocossecs - 88,357 89 40.548 75 Cocos râpés - 40 . 548 75 40 . 548 75 Cophrahouamandes ^ ^ de cocos desséchés. 308.399 66 1.631. 442 35 1.939.842 01 Graines de coton ... 9.31485 28 . 838 67 38.153 52 Arbres, arbustes, plantes (pour l'é- traneer 320 . 020 pieds) ~ 19.300 .) 19.300 » Café 444 » 14.36175 14.805 75 Vanille (pourla Fran- ce, 115 k.. pour l'é- tranger, l'l. 060k.) 1.680 . 186.592 95 188.272 9o Cotonégrené - 539.154 15 539.154 15 Les exportations se composent, donc, surtout de produits du sol; elles ont donné en 1891, une plus value sur celles de 1890, principalement pour le coprah, le coton égrené, la vanille, les oranges; cela tient en partie a ce qu'une assez grande quantité de produits emmagasinée en 1890 n'a pu être exportée qu'en 1891 . Les documents envoyés par M. Picquenot, ont un grand intérêt parce qu'ils permettent de se renseigner sur l'état du commerce dans notrecolonie de 1 Océanie. Les exportations de produits du sol seraient encore bien plus considérables si les bras ne manquaient pas pour la culture de et s'il était possible de tirer parti des avantages du sol et du climat. P. Lelièvre, — 61 ENCORE QUELQUES REMARQUES Sur l'Anthonome du Pommier. Depuis deux ans, dans notre société, comme dans toutes celles qui s'intéressent à la production des pommes à cidre, on s'est tellement occupé de l'anthonome du pommier, que jecrains d'être importun en venant encore vous parler du même sujet. Toutefois qu'il me soit permis d'en dire encore quelques mots, à propos d'une observation que j'ai faite dans le courant de l'été dernier 1892. Comme les années précédentes, cet insecte a été très abondant dans notre contrée, et y a, comme toujours occasionné de grands ravages. Pendant les mois de mai et de juin, j'ai constaté sa pré- sence et ses effets destructeurs dans les champs de pommiers que j'ai visités. Une grande quantité de fleurs attaquées par sa larve n'ont pu être fécondées et sont restées atrophiées, en formant, comme à l'ordinaire, ce que nos paysans appellent le clou de girofle. Vers la mi-juin, je remarquai dans les mêmes champs, que des fleurs visiblement attaquées par l'anthonome avaient cependant produit des fruits qui commençaient à se développer et à grossir d'une façon normale, .tout en étant quelque peu déformés. La partie avoisinant l'œil du fruit était plus ridée, les sépales du calice étaient tordus et plus recroquevillés que dans les autres qui n'avaient subi aucune atteinte. J'ouvris quelques-uns de ces petits fruits, et je trouvai, dans les uns des anthonomes arrivés à l'état presque parfait, soit que les sépales en se rapprochant les eussent empêchés de sortir, soit qu'ils fussent morts avant d'avoir pu atteindre leur entier développement. Je trouvai dans cet état des vers, des nymphes et des insectes presque paifaits. Dans d'autres petites pommes l'insecte était parfaitement vivant - 61 — et était cependant encore resté dans l'œil du fruit dont la fleur avait été sa nourrice et son berceau. Et pourtant déjà à cette époque, comme plus tard, je vis des anthonomes se promener sur les feuilles des pommiers où ils cherchaient leur nourriture. Pourquoi cette différence ? Pourquoi parmi les fleurs attaquées, les unes s'étaient-elles flétries et étaient-elles restées stériles, tandis que les autres avaient survécu et continuaient leur évolu- tion en produisant des fruits malgré la présence bien constatée de leur parasite ? La seule explication qui me semble possible, c'est que les œufs pondus dans les premières y avaient été déposés avant l'épanouis- sement du bouton, avaient éclos dès que les pétales avaient com- mencé à se montrer, et le petit ver avait eu le temps de ronger les étamines, avant que le pistil eût été fécondé, et avait ainsi empêché le développement du fruit. Dans les secondes au con- traire l'œuf n'avait dû être déposé par la femelle qu'au moment où la fleur était déjà à moitié épanouie. Quelques étamines déjà mûres avaient eu le temps de s'ouvrir, des grains de pollen avaient pu pénétrer jusqu'au stigmate, et la fécondation s'était opérée, malgré la présence de la larve de l'anthonome. Celle-ci avait vécu en dévorant ce qui restait des étamines et s'était développ3e, mais n'avait pu arriver qu'à un état plus ou moins parfait. Elle avait ainsi sans doute empêché le fruit d'atteindre toute sa beauté et toute sa grosseur, mais n'avait pu en arrêter complètement la croissance. A notre séance du premier dimanche de juillet, je présentais une certaine quantité de ces fruits attaqués, dont l'œil était quelque peu déformé. En les ouvrant je fis remarquer dans l'inté- rieur une petite tache brunâtre. Comme je prétendais qu'une fleur même attaquée par l'anthonome pouvait donner un fruit, un membre de la société, en me montrant la petite tache dont j'ai parlé, m'objecta que ces pommes étaient malades et certainement n'ai riveront pas à maturité. — 63 — Je ne me tins pas pour battu. Je retournai dans un petit champ où se trouvaient seulement six pommiers. J'examinai avec soin les pommes que j'avais visitées quinze jours auparavant et qui m'avaient semblé attaquées. Elles conti- nuaient à se développer, tout en restant peut-être un peu infé- rieures aux autres. Dans le champ on avait semé du sarrasin qui commençait à lever; mais ne couvrait pas encore entièrement la terre et la laissait presque à nu sous les pommiers. J'y retournai encore plus tard : pas une pomme n'était tombée, à la grande joie du cultivateur, qui deux mois auparavant avait cru sa récolte perdue, et ce petit champ a produit une bonne demi-année. Dans l'œil des pommes presque mûres j'ai encore trouvé des débris de notre insecte. De là je conclus qui si la ponte de l'an- thonome se fait un peu tardivement, la présence du ver n'empê- che pas le développement du fruit. C'est probablement une des causes pour lesquelles les pommes ont été assez abondantes cette année dans notre contrée, malgré la présence bien constatée de l'ennemi en quantités considérables. Au reste, je Tai déjà dit, et je le répète, je crois que l'on a quel- que peu exagéré les dégâts causés par l'anthonome, quoiqu'ils soient, je dois l'avouer, considérables, surtout dans les années où les fleurs ne sont pas très abondantes. Je me permettrai encore une fois de conseiller aux agriculteurs d'enlever avec soin, au commencement de l'hiver^ les vieilles écorces, les mousses et les lichens qui garnissent trop souvent les troncs et les maîtresses branches de leurs pommiers, de brûler immédiatement ces détritus et d'étendre sur toutes les parties ainsi nettoyées un bon lait de chaux additionné d'une petite quantité de sulfate de cuivre ou de fer (couperose verte ou bleue) . Quoique l'efïicacité de ce remède ait été contestée, je maintiens qu'ils détruiront en agissant ainsi un grand nombre d'anthonomes et je rappelle qu'en faisant disparaître une seule femelle, ils sau- veront peut-être une trentaine de pommes. Que l'on calcule — 64 — maintenant la quantité que l'on sauvera, si l'on détruit seulement, ce qui n'est nullement exagéré, une vingtaine des parasites qui se trouvent sur chaque arbre. Puisque je suis à parler des pommiers, je voudrais encore vous dire quelques mots d'un petit insecte bien moins dangereux, mais qui pourtant dans un des champs que j'ai visités dans le courant de l'été dernier, a causé quelques ravages. C'est un petit papillon de douze à quinze millimètres de lon- gueur : le Myelois cribrum (le crible) ainsi appelé parce que ses ailes supérieures sur un fond blanc sont ornées de 22 petits points noirs, qui les font ressembler à l'instrument dont il porte le nom. J'en ai présenté quelques-uns à la même séance du mois de juillet 1892. J'avais recueilli les chrysalides enveloppées dans une espèce de toile semblable à celle des araignées, etces toiles enveloppaient des bouquets de fleurs de pommier. Ces fleurs rongées ainsi que les feuilles par les larves de cet insecte s'étaient flétries sans pouvoir se développer. Ces chrysalides^ au bout de quelques jours, m'avaient donné les papillons que je présentai à notre Société. Cherbourg, le 25 janvier 1893. F. NlCOLLET, — 65 LE COTONNIER Les diverses Espècesj Culture; Historique de l'Industrie cotonnière. M. Picquenot fait, constamment, de Tahiti, à la Société d'horti- culture, des envois toujours des plus intéressants. Dans l'un d'eux, se trouvaient des échantillons de coton, avec des tiges de cotonnier, des feuilles, des capsules et des graines. On peut voir ces spécimens au milieu dun tableau de graines de Tahiti, dans la salle des séances de la Société. A cette occasion, j'ai cru devoir grouper, avec les indications fournies par M. Picquenot, les renseignements donnés parle dictionnaire de Bâillon, le Nouveau Jardinier illustré, et des dic- tionnaires commerciaux, sur les diverses espèces de cotonnier et sur la propagation de leurs cultures. Chacun de nous connaît le coton, cette espèce de laine végétale, si précieuse, dont l'usage a pris, sous des formes bien variées, un large développement et qui, pour l'industrie, est une grande source de richesse. Le coton est produit par un genre de plante dicotylédonée, capsulifère, le gossypium (cotonnier), appartenant à la famille des malvacées. Le nom de gossypium était appliqué par les anciens Egyptiens, selon Pline, à un arbuste qui fournissait une laine blanche et douce; il vient très probablement du mot arabe goz, qui signifie matière soyeuse. Cette plante a des espèces et des variétés nombreuses, parce que les cotonniers dégénèrent facilement, ou s'hybrident mutuel- lement. Dans certains pays, elle est herbacée; dans d'autres, elle forme des arbustes et même des arbres. — 66 — * * Les botanistes ne sont pas d'accord sur le nombre des espèces du gossypium. Linné en compte 5, Lamark et d'autres, 8 et i3, Rohr, 38, sans parler des variétés dérivant de l'influence du cli- mat, du sol, de l'engrais, de la culture et du mélange des graines. Ces causes tendent non seulement à augmenter le nombre des variétés, mais encore à altérer la durée de la plante. Ainsi, le cotonnier arboreum qui vit pendant 5 ou 6 ans dans certaines contrées, est une plante annuelle aux Etats Unis. Les espèces les mieux connues sont : 1" Le gossypium herhaceum^ qui croît en Egypte, en Syrie, en Perse, aux grandes Indes et dont la culture s'est propagée dans les lies de la Méditerranée, dans l'ancien royaume de Naples et sur les côtes de l'Andalousie. Quelquefois, c'est une plante annuelle ne dépassant pas 49 à 54 centimètres, quelquefois un arbuste de l^eO à 2" et dont la la tige est vivace et ligneuse dans la partie inférieure. La récolte du coton se fait quelques jours après l'ou- verture des cosses, en août, septembre et octobre. Telle est l'espèce cultivée aux Etats-Unis ; 2" Le gossypium arhoreum. qui atteint parfois une hauteur de 5 à 10°, croît dans l'Inde, l'Arabie et l'Egypte, d"où il a été transplanté aux Canaries et en Amérique. On trouve, aussi^ le cotonnier arbre en Chine, dans l'intérieur et sur la côte occiden- tale d'Afrique; 3° Le gossypium arbuste ou indicum, espèce qui paraît tenir le milieu entre les deux précédentes et être originaire des Indes- Orientales. Cette espèce comprend un certain nombre de variétés qui croissent spontanément dans les régions tropicales de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique; 4" Le gossypium hirsutum, originaire d'Amérique, tige rameuse, herbacée, velue, pétioles des feuilles molles et pubescentes des deux côtés ; 5*» Le gossypium, religiosum, petit arbuste de 1™ à I^SO, cul- tivé en diverses parties du globe, surtout dans l'Inde. 67 ~ Comme l'herbaceum est une des espèces les plus répandues, c'est sa description que je vais donner : la fleur est d'un jaune pâle comme celle de la mauve, ayant un large pistil et cinq pétales, avec une tache couleur pourpre au fond de chaque pétale. Lorsque la fleur tombe, on voit paraître une enveloppe capsulaire supportée par cinq feuilles vertes, triangulaires, forte- ment dentelées à leurs extrémités. Le coton est renfermé dans une cosse ou capsule à semence et adhère aux graines. La cosse atteint les dimensions d'une grosse noix aveline de forme presque triangulaire, avec le bout terminé en pointe. Elle renferme trois compartiments. Sa couleur devient plus brune lorsque la graine est parvenue à son degré de maturité, et quand l'enveloppe s'en- trouvre sous l'action de la chaleur du soleil, des flocons de duvet formant houppe d'un blanc de neige ou jaunâtre sortent des com- partiments qui renferment les graines auxquelles ces filaments sont fortement attachées. La cosse protège le coton contre les injures de l'air et de la poussière jusqu'à ce qu'il soit arrivé au degré de maturité qui le rend propre à l'industrie. Les graines ont quelque ressemblance avec des pépins de raisin; mais elles sont beaucoup plus grosses. La récolte du coton se fait quelques jours après l'ouverture des cosses. Elle exige les plus grands soins, car la manière dont est faite influe sur la qualité des produits ainsi que le moulinage, opération qui consiste à séparer les filaments de la graine. Les diverses espèces de cotonnier ont de grands rapports entre elles. Elles diff"èrent, surtout, au point de vue de leur développe- ment, au point de vue des feuilles (qui sont arrondies dans les unes, dentelées dans les autres), des graines, qui sont vertes pour l'herbaceum et l'hirsutum, et noires pour l'arboreum, des gousses, qui sont plus ou moins développées, plus ou moins pointues. * * Les gousses que nous a envoyées M. Picquenot paraissent provenir d'une variété de l'arboreum à longue soie. — 68 — Le gossypium religiosum, d'après la flore tahitienne, croit à l'état sauvage dans certaines vallées de Tahiti. Autrefois, les indigènes employaient sa soie nommée Puru à la confection des oreillers et des matelas; mais l'usage en a été abandonné. Ils se servent maintenant de la laine végétale du fromager (bombax nialabaricum). Le gouvernement a encouragé l'introduction de bonnes espèces de cotonnier de provenance d'Amérique, surtout de Géorgie (Sea- Island), pour remplacer les mauvaises qui existaient dans File. La hauteur maxima du cotonnier à Tahiti est de 10", mais il n'at- teint que rarement cette hauteur, les colons lui coupant la cime pour faciliter la récolte. 11 peut vivre 10 ans, mais on le remplace tous les 3 ans. * * Au point de vue commercial, on distingue surtout les cotons en longue soie et courte soie. Les cotons longue soie proviennent de l'arboreum et du cotonnier arbuste, les courte soie de l'herba- ceum et de l'hirsutum. La culture des cotonniers du Levant et des Indes a été intro- duite en Amérique en 1786. Mais il existait, dans cette partie du monde, des gossypium à l'état sauvage, puisque les navigateurs, lors de la découverte, y ont trouvé la fabrication des tissus de coton parvenue à un certain degré de perfection. La culture des cotonniers s'est développée un peu partout où ce genre de plante peut prospérer, mais surtout en Amérique. Les Etats-Unis produisent les plus beaux cotons longue soie et courte soie; le Brésil, seulement des longue soie; l'Inde et le Levant, des longue soie et des courte soie. Ces deux espèces sont recherchées par l'industrie, car elles trouvent leur emploi pour des travaux différents. Les cotons ayant acquis une réputation commerciale sont par ordre de valeur : Longue soie. — Ceux de Géorgie (Sea-Island), Bourbon. Jumel — 69 — ou Egypte, Porto-Rico, Cayenne, Fernamboac, Camouchi, Bahia, Marignan, Haïti, Guadeloupe et Martinique, Cumana, Pérou. Courte sois. — New-Orléans, Louisiane, Cayenne, Mississipi, Natchez, Texas, Arkansas, Alabama, Tenessee Mobile (Alabama), Caroline, Géorgie, Sénégal, Floride, — Souboujac, Kinich, Bengale, Madras, Surate toomels, Alexandrie ou Egypte. Les cotons de ces dernières provenances sont aussi connus dans le com.-nerce sous le nom de coton du Levant. A cette énumération, il faudrait ajouter les cotons de nos nou- velles colonies oi^i ce produit est maintenant récolté. Nous avons déjà dit que les cotons de Tahiti sont beaux (on peut en juger par l'envoi de M, Picquenot), et qu'ils ont obtenu les premières mar- ques sur les marchés de Londres. A Liverpool, il en a été vendu à plus de 3 fr. le kilogramme (I), mais la main-d'œuvre manque dans cette colonie pour l'égrenage du coton. L'usine qui. seule, expédie, de Tahiti, du coton sur les marchés de San-Francisco, de Liverpool et de France (en très petite quantité pour la France) appartient à un Américain. Les quantités de graines de coton et de coton égrené exportées de Tahiti en 1890 ont représenté 492.782 fr. 95. * * * La culture du cotonnier, la durée, la hauteur et la force aux- quelles parvient sa tige varient suivant la graine ou le plant, les habitudes du pays où il est cultivé, la position et la qualité des terrains. Le colon provenant des mêmes cotonniers aura plus ou moins de force, de longueur, de propreté et d'éclat suivant que la tem- pérature aura été favorable et que la récolte aura ou n'aura pas été faite en temps. Avec de bonnes espèces, on ne peut obtenir que d'excellents résultats à Tahiti où le climat et le sol sont si favorables aux cultures. (i) Le prix moyen des 2G0.112 kiL de coton égreué exporté de Tahiti en 1891. a été de 2 fr. 08 le kilog. Les graines de coton et le coton égrené exportées en 1891 ont représenté 577.307 fr. 67. - 70 — En général, le cotonnier demande un sol sec et sablonneux. Le sel paraît, aussi, contribuer à la belle qualité du coton; car, c'est sur les côtes de la mer que le cotonnier fleurit le mieux et donne les meilleurs produits, c'est-à-dire la soie la pius fine, la plus nerveuse et la plus longue. A Tahiti, le coton est planté sur le bord de la mer; les planta- tions tombent presque au rivage que côtoie la route de ceinture del'ile. La nuance blanche est considérée ordinairement comme la marque d'une qualité secondaire, tandis que la beurrée, quand elle est le résultat de la parfaite maturité du coton et non celui d'une humidité accidentelle ou de l'intempérie des saisons, est considérée comme l'indice d'une grande finesse. Le célèbre coton Sea-Island ou Géorgie longue soie, a ses fibres plus longues qu'aucun:; espèce; il est, aussi, plus fort, plus soyeux et sa couleur est d'un blanc beurré. Les graines du cotonnier fournissent de l'huile qui se vend facilement. Des chimistes leur attribuent un pouvoir nutritif important. Elles contiendraient près du tiers de leur poids de substance albuminoide et pourraient être utilisées pour la nour- riture des animaux. La graine des cotonniers de Tahiti est envoyée surtout à Liverpool pour faire de l'huile. La société commerciale de l'Océanie (allemande) s'occupe spécialement de cet envoi. Il est survenu, récemment, à Papeete, un incendie terrible à bord d'un navire norwégien chargé de coton non égrené. Cet incendie était dû à la fermentation des graines. * D'après Hérodote, Arien, Pline et Strabon, le commerce du coton et la fabrication des étoffes de coton étaient en usage chez les Arabes, dans l'Inde et en Perse, longtemps avant J.-G. Cette industrie est restée dix siècles environ stationnaire sur les bords delà Méditerranée avant de traverser cette mer pour pénétrer en Grèce et en Italie. 71 — Elle était, encore, dans l'enfance en Angleterre, il n'y a guère plus de 100 ans et maintenant, elle emploie â elle seule presque autant de capitaux et autant de bras que toutes les autres indus- tries réunies. Elle est une des principales sources de richesses de ce pays. En France, les plus anciennes traces de la fabrication des fils et tissus de coton ne remontent guère au-delà des 40 dernières années du XVIP siècle. On l'importa, d'abord, du Levant à Marseille. En 1760, une manufacture de velours de coton fut établie à Amiens et il y fut installé des machines à filer le coton d'après des dessins venus d'Angleterre. D'autres essais furent faits ensuite, mais c'est surtout à partir de 1802 que des développements importants furent donnés à cette industrie, grâce aux encouragements du Gouvernement et aux découvertes de Richard Lenoir, le véritable créateur de la filature mécanique en France. Elle est devenue, aussi, chez nous, une source de richesse et s'est répandue dans un grand nombre de pays. Le génie de l'homme tire parti des sources végétales que produit le sol. C'est le cas de répéter : « Travaillez^ prenez de la peine, c'est le fonds qui manque le moins. » P. Lelièvre. LES ABEILLES & LE POMMIER Conformément au vœu exprimé par la Société, dans sa séance men- suelle du 5 février 1893, nous insérons ici un article d> Pour moi, je crois pouvoir dire : qu'on interroge les vieillards de nos campagnes, des nôtres du moins^ sur cette question, ils en riront. Ils vous diront qu'il y a, dans nos campa- gnes, autant d'abeilles qu'il y a quarante ans et depuis, alors que nos arbres rompaient sous la charge des fruits et qu'on ne savait que faire du cidre. Je pourrais aussi, enfant de la campagne, et ayant le privilège d'avoir vu passer derrière moi cinquante-huit printemps, en parler avec quelqu'expérience. Je pourrais citer entr'autres un fait absolument actuel : je parcourais dernièrement trois campagnes voisines de nous, dont je cite les noms pour mieux préciser : Breuville, Rauville et Quettetot, de l'arrondis- sement de Valognes, et qui ont eu, cette année, la bonne fortune d'une pleine année de pommes, alors que nos deux arrondisse- ments n'ont pas en moyenne un quart de produit. Pensez- vous que ces campagnes possèdent des abeilles ? Un peu comme partout, quelques ruches en paille par-ci par-là dans le jardin de quelques fermes, et j'ai vu des champs couverts de fruits à deux ou trois kilomètres de toute habitation, et peut-être à quatre kilomètres du plus petit rucher. Qui a fécondé ces pommiers ? Les remarques de M. Froissard, apiculteur, ne prouvent pas davantage; « En 1888, dit-il, la floraison des pommiers a été » admirable en Savoie, et a coïncidé avec un temps parfait; mes » abeilles ont emmagasiné, pendant cette période, 600 kilos de » miel, et la récolte des pommes a atteint des proportions fabu- » leuses. En 1890, même floraison, mais avec une pluie constante, » et pas de pommes. » Mais, cher monsieur, depuis quand les — 74 — années de pommes ne coïncident-elles pas avec les beaux prin- temps, et n'a-t-on pas toujours redouté les mauvais temps: gelées, brumes, pluies, vents, etc., pendant la floraison des arbres fruitiers, quels qu'ils soient ? Je ne saurais davantage admettre la prétention d'hommes considérables dont parle M. Noël, qui supposent que les abeilles chassent ou détruisent l'anthonome. Ces hommes, qu'on ne cite pas, devraient au moins nous dire quand et comment ces inté- ressantes petites bêtes se livrent à cette chasse. Est-ce au prin- temps, au moment où l'insecte fait sa ponte dans les boutons à fruit ? Non certes ; les abeilles ne font encore, en ce moment, que quelques rares sorties pour se dégourdir du long séjour qu'elles viennent de faire dans les ruches et pour chercher, sur quelques fleurs prinlanières, le peu de miel qu'elles y trouvent, et ne s'occupent nullement de ce que fait l'anthonome sur des arbres qui ne donnent encore guère signe de vie. Serait-ce la larve de l'insecte qu'elles iraient dénicher dans la fleur qui ne s'épanouit pas? Encore bien moins, l'abeille butine sur les fleurs bien ouvertes, sans se douter que la larve d'un petit coléoptère la prive d'une assez grande quantité de fleurs qui, sans elle, augmenteraient son butin. Je reste donc, jusqu'à preuves concluantes, absolument scep- tique sur l'utilité des abeilles dans le verger, et je ne puis que conseiller à ceux qui s'occupent de pomologie et d'apiculture de laisser le plus près possible de l'habitation, afin de pouvoir donner au rucher, petit ou grand, les soins les plus assidus, laissant chaque chose à sa place et à chacun le rôle que lui a assigné le Créateur dans le grand concert de la nature. LEVESQUE, Professeur d'Arboriculture de la Société d'Horticulture de Cherbourg, Chevalier du Mérite agricole. — 75 — ENVOIS DE TAHITI Faits par M. PIGQUENOT, Membre correspondant. -KK- Comnie l'ont indiqué les extraits des procès-verbaux, M. Pic- quenot a fait, en 1892, à la Société d'Horticulture, de nombreux envois de graines, de photographies, d'échantillons de bois, etc. Les graines sont surtout celles de végétaux connus de nom, au moins pour la plupart, et dont les fruits ou les produits sont employés pour l'alimentation et pour diverses industries. Les photographies représentent, principalement, des groupes de plantes et d'arbres. Tous ces envois ont été choisis et faits a^ec beaucoup de soin et accompagnés d'indications permettant de se renseigner à leur sujet. M. Picquenot mentionnant toujours les pages de l'ouvrage La Flore Tahi tienne, par Edouard Butteaud, qu'il nous a envoyé, nous donnerons — en énumérant les graines que nous avons reçues — quelques renseignements puisés, surtout, dans cet ouvrage. I. — GRAINES. Abrus PRECATORius •— Pois d'Amérique ~ légumineuses, tribu des papilionacés. Acacia Farnesiana — Cassie — légumineuses, tribu des mimosées. Arbrisseau glabre, fleurs jaunes en petites boules portées sur des pédoncules. Feuilles composées de 8 à 16 pennes portant de 10 à 20 paires de petites folioles Unéaires. Acacia insularum — Taroire des indigènes — même famille que ci-dessus. 76 — Les graines reçues provenaient des acacias de l'avenue Bruat à Papeete, dont l'une des photographies envoyées par M. Picquenot reproduit une partie. Acacia myriadena — même famille que ci-dessus . Les graines reçues provenaient des acacias des casernes d'artil- lerie, avenue Bruat, à Papeete. Algarobia ou Prosopis — légumineuses, tribu des mimosées. On dit qu'en faisant fermenter les fruits de ce végétal avec un mélange d'eau, on obtient à la distillation une boisson nommée Chico dans l'Amérique du Sud. Aleurites triloba — Bancouliei — Euphorbiacés — Tiari das indigènes. Arbre de 10 à 15 mètres. Il découle de l'écorce une gomme blonde. Le fruit est une drupe charnue. La graine, formée d'une enveloppe très dure, renferme une amande. Ce fruit carbonisé servait autrefois de teinture pour les tatouages. Les amandes servaient aussi de flambeaux, enfilées les unes après les autres dans des morceaux de bois formant les mèches. Anonâ squamosa — Pomme cannelher — anonacées. Voir note spéciale où il en est question (note in=érée au bulletin). Areca catechu — Arec — palmiers, tribu des aricinées, Fruit, noix d'arec, entrant dans la composition du bétel. Barringtonia sPECiosA — Bonnet d'évëque — Myrtacées. Arbre à rameaux étalés, feuilles très grandes, fruit ligneux à 4 angles. Les indigènes, avant la maturité, se servent de ce fruit, après l'avoir râpé pour étourdir et même empoisonner les poissons sur les récifs. Le poisson est, cependant, comestible. BixA orellana, — Rocou, — Bixacées. Arbre de 5 à 7 mètres, tiges rougàtres, feuilles en cœur; fleurs rose pâle en panicules terminales. Les graines servent à préparer une pâte colorante employée pour teindre en jaune ou en jaune orangé. Introduit à Tahiti en 1845. - 77 — Les spécimens envoyés par M. Picquenot sont des graines adhérentes à leurs capsules ouvertes, capsules brunâtres et velues réunies en bouquet à l'extrémité de branches. BoMBAx MALABARicuM, — Fromager, vavaï des indigènes, — Sterculiacées. Arbre dont les capsules, très grosses, s'ouvrent vers le mois de septembre et laissent échapper les graines entourées d'une soie fine ressemblant au coton et dont les indigènes font des oreillers. La chute des feuilles a lieu avant la maturité des capsules. Le nom de Fromager vient de la grosseur des fruits. Les envois de M. Picquenot comprenaient des graines, des capsules et du coton de Fromager. Calophyllum iNOPHYLLUM, — Tamunou des indigènes. — Clusiacées. Anciennement arbre sacré dans la Polynésie; — servait aux mêmes usages que le bois de rose. Arbre peu élevé, tortueux; fleurs en grappes régulières; odeur douce et agréable. Les fruits servent de flambeaux aux indigènes qui les enfilent les uns après les autres dans des baguettes de bois formant les mèches. Cet usage tend à disparaître devant l'emploi de l'huile de schiste. Le bois est indestructible, mais d'un travail difficile. Une partie des redoutes de l'occupation française (1846) était construite avec cette essence qui est toujours en bon état de conservation. M. Picquenot a envoyé, outre les graines, des échantillons de bois de Tamanou. Casuarina equisetifolia, — Fdao à feuille de Prêle ou bois de fer ou plutôt de massue, — Gasuarinées. Arbre à ramules grêles filiformes, — bois tenace et dur. A l'aspect de certains genêts dépourvus de feuilles. Est considéré comme un arbre sacré en Gochinchine et en Annam, — 78 Les habitants de la Polynésie conservent, aussi, pour lui un respect particulier. L'écorce donne une couleur rouge analogue à celle du Rocou. - Des plantes obtenues de graines de l'ilao envoyées de Gocliin- chine par M. Henry, ont résisté un certain temps à lair libre à Cherbourg; mais les grands derniers hivers que nous avons eu à subir les ont fait disparaître. Capsicum frutesceïns, ~ Piment, — Solaiiées. Le piment est bien connu comme condiment employé en cuisine. Dans l'envoi se trouvaient des graines et des spécimens des piments rouge long, cerise, jaune long du Chili et tomate. Carica papaya, — Papayer, — Papayacées. Arbre d'introduction récente à Tahiti. Le tronc et les feuilles renferment un suc laiteux amer qui mêlé avec de l'eau est employé à faire mariner les viandes coriaces qui se ramollissent très promptement. Ces propriétés sont utilisées par la médecine et par l'industrie. CiTRUS AURANTiuM, — Oranger, — Aurantiacées. Les oranges de Tahiti sont très estimées et font l'objet d'un commerce sérieux avec la Californie. L'introduction de l'oranger aux îles de la Société est attribuée à Cook. 11 est, d'ailleurs, question des oranges de Tahiti dans une des notes sur les produits de cet ile, insérées au bulletin. CiTRUS MEDicA, — Cédratier citronnier, — Aurantiacées. Croit à l'état sauvage à Tahiti. Diffère peu du limonier dont les fruits sont connus sous le nom de citrons. A été l'objet d'un commerce avec l'Amérique. Son jus se vendait, aussi, avec avantage à Sydney. CiTRUS HiSTRix, — Cambavu, — Aurantiacées. Sorte de citron de la Réunion au pai'fum exquis. Une infusion de feuilles est un excellent remède contre la fièvre. — 79 — CoccoLOBÀ uviFERA, — Raisiuier de mer, — Polygonées. Bel et grand arbre à feuilles cordiformes, arrondies, coriaces; fleurs blanchâtres; fruits purpurins^ acides ou peu sucrés, comestible-;. Cqffea, arabica, —Caféier d'Arab'e ou de Caffa, -^ Rubiacées. Le caf j vient très bien dans l'Archipel des îles de la Société et y est de fort bonne quaUté. Le caféier y fleurit deux fois par an. en mars et en septembre; il réussit bien dans les districts humides ou il se naturalise promptement. Le terrain donne un goût spécial au café d'Arabie. Le café de Libéria cultivé à Tahiti est beaucoup moins parfumé. Goix LACRYMA, — Lurmes de Job ou larmilles, — Graminées. Jolies graines ovales, dures et grisâtres que l'on monte souvent en colliers ou en bracelets. Crocus, — Iridées. Ce crocus à fleurs roses, est employé pour faire des bordures dans les jardins à Tahiti. CoLViLLEA RACEMOSA, — Flamboyant, — Légumineuses, tribu des césalpiniées. Arbre pouvant atteindre 12 mètres, nommé flamboyant à cause du coloris et de la masse de ses belles fleurs pourpre bordé de jaune. (1) DoLiciios URENS, — OEU de bourrique, — (?) Légumineuses^ tribu des papilionacées. (I) Cette légumineuse n'est pas originaire de Tahiti même; elle existe à Raiatea et l'enchevêtrement de ses rameaux est tellement impénétrable, que les rebelles de cette île qui sont réfugiés dans la vallée d'Avéra, sous la conduite de Terahupoo, s en serviraient comme d'un pont aérien pour aller d'une colline à l'autre. Raiatea est une des iles sous le vent, groupe nord-oueot de l'archipel des îles de la Société. Les indigènes de l'endroit prétendent que cette légumineuse a une origine miraculeuse. Cette légende est la suivante: Dans une famine qui aurait désolé 1 île, un père se serait tué pour ne pas être à charge de ses enfants De son tombeau aurait jailli cette liane qui aurait alimenté de ses graines toute la population En tout cas, il lailait avoir de fameuses mâchoires et des estomacs solides pour les digérer. C'est à M. Butteaud, frère de 1 auteur de la Flore Tahitienne que je dois de pouvoir vous envoyer ces graines. {Extrait d'une lettre de M. Picquenot. ) 80 La graine de cette liane, couleur chocolat se trouve au milieu d'une grande enveloppe parcheminée. Elokis GUi.NEFNsis, — Palmiers, tribu des cocoïnées. ■Petit palmier à fruits comestibles de la grosseur d'une prune. Leur brou donne une matière solide, jaunâtre se liquéfiant facilement," nommé Beurre de palme. A été introduit à Tahiti. EuGENiA JAJIBOSA vuLGARis, — Pouime rose, — Myrtacées. Arbre de grosseur moyenne, fleurs blanches en panicules terminales formant des aigrettes; fruit globuleux répandant une odeur de rose. Ficus proljxa ou urostigma prolixum, — Figuier des Banians, — Artocarpées. Araa des indigènes. Gardénia grandiflora, — Rubiacées, Est couvert une grande partie de l'année de fort belles fleurs. GossYPiuM viTiFOLiuM, — Cotomiier à feuille de vigne, — Malvacées. Variété du gossypium arboreum ou Sea-Island. Hauteur maximum 10 mètres. Voir article spécial sur le cotonnier. Outre des graines, les envois de M. Picquenot, comprenaient des capsules de cotonnier avec leur coton, leurs tiges et leurs feuilles. Hibiscus tiliaceus ou paritium tiliaceum, — Bourao, — Malvacées. Arbre dont il est question à un article spécial du bulletin. Un costume d'indigène des îles de Gook envoyé par M. Picque- not au musée de Cherbourg est en grande partie en fibres de Bourao. M. Picquenot a, de plus, envoyée la Société d'horticulture une sorte de couronne en fibres d'écorce de Bourao. et des échantillons des bois de cet arbre. HvMENOEA couRBARiL, — Légumineuscs, tribu des Gésalpinées. — 81 — Fleurs en mai et oc'obre, fruits en avril et août. Introduit à Tahiti en 1820. L'écorce de cet arbre laisse s'écouler une résine dite animé occidental ou copal tendre. Le bois est très beau, comme le fait voir un échantillon envoyé par M. Picquenot. Inocarpus edulis, — Mapé des indigènes^ — Sapotacées. Arbro de haute taille, tronc droit, gris, cannelé. Le fruit est une drupe dont le noyau renferme une amande charnue, épaisse, longue de 5 à 7 centimètres sur 4 à 5 de longueur. Ces fruiis mûrissent vers les mois d'octobre et de novembre. Le brou des fruits (qui sont très nourrissants et pourraient se conserver comme les châtaignes), contient du sucre en quantité notable. De la sève de cet arbre, on peut obtenir 7 couleurs différentes variant du rose au violet. MaNIHOT L'TILISSIMA OU MANIHOT JATROPHA, - • MonioC, — Euphorbiacées. Arbrisseau, introduit à Tahiti en 1850. On obtient de sa fécule 30 0/0 d'alcool. La racine sert, en Amérique, à faire une sorte de pain nommé cassave. Le suc du manioc reçu dans un vase laisse déposer 3 sortes de fécule : le tapioka ou sagou blanc, le cicipa ou moussache et la couaque. Makgifera indica, — Manguier, — Térébinthacées. Grands arbres à feuilles simples et petites, disposées en pani- cules au bout de rameaux. Le fruit est de grosseurs différentes, car on a obtenu une grande quantités d'espèces. La meilleure des mangues a le goût de pèche, beaucoup ont un goût d'essence de térébenthine. La greffe par approche est celle qui réussit le mieux. Les rues de Papecte sont bordées de? deux, côtés de manguiers comme l'indiquent les photographies envoyées par M. Picquenot, Les enfants, malicieux à Papeete comme ailleurs, font tomber des mangues sur le dos des passants nous dit notre correspondant, pour avoir le plaisir de tacher les vêtements. 82 - MoRiNDA ciTRiFOLiA, — Moritide. nono des indigènes, — Rubiacées. Les fruits de cet arbrisseau sont employés par les indigènes, sous forme de cataplasme, contre la piqûre des guêpes et de certains poissons. La racine donne une teinture jaune très belle. Pandanus odoratissimus, — Pandanées. Bel arbre atteignant une certaine hauteur à Tahiti, comme on peut s'en convaincre par l'une des photographies de M. Picquenot. Les feuilles sont employées à la couverture des cases. Les indigènes de certaines iles se nourrissent du fruit. Croit sponta- nément sur les plages et dans les vallées. Passiflora quadrangularis, — Barbadine, — PassiQorées. Magnifique liane à tiges très grosses, feuilles grandes, ovales, cordiformes; fleurs solitaires, odorantes, roses, à couronne panachée de blanc et de violet; fruits énormes et comestibles. PsiDiuM pyriferum, — Goijaviev poire, — Myi'tacées. Arbuste pouvant atteindre plusieurs mètres; à rameaux qua- drangulaires ; fleurs blanches solitaires à l'aisselle des fleurs supérieures. Fruit jaune de grosseur moyenne, à chair rouge et parfumée. Fleurit en octobre en novembre; mûrit ses fruits en février-mars. Introduit à Tahiti en i815. RicJNiis coMMUNis, — Ricin, — Euphorbiacées. Cette plante croît à l'état sauvage à Tahiti; on en voit de chaque côté des rues, comme l'indiquent les photographies. L'huile purgative bien connue est extraite de ses graines. Sapota aciiras, — Sapotillier, — Sapotacées. Bel aibre à rameaux couverts d'une écorce fauve, laissant exsuder un suc blanc très visqueux, employé comme fébrifuge. Le fruit est une pomme ovale à peau brune et à chair succulente, fondante et sucrée. On dit que les amandes de ses pépins donnent avec l'eau une émulsion administrée contre les rétentions d'urine et les coliques. Introduit à Tahiti par l'amiral Hamelin en 1846. — 83 Spondias dulcis ou poîsdea cytiier.e, — Pomme cyt/ière, — Terébinthaéées. Géant des forêts tahitiennes; perd ses feuilles en septembre; fleurit en octobre, moment où ses pousses grandissent avec ses fruits. Cet arbre peut être appelé le baromètre des forêts polynésiennes. Ses fruits sont délicieux; ils fournissent une excellente eau-de-vie rappelant le Kirck-Wasser. La fermentation pure et simple donne un vin que l'administration de Tahiti s'est vue dans l'obligation d'interdire souvent. Theobroma cacao, — Cacaoyer, — Byttnériacées. Petit arbre à écorce brune, à ramifications latérales. Introduit à Tahiti en 1848. Croit très bien aux iles de la Société; mais y est peu cultivé, faute de bras. Termiinalia catalpa, — Variété de Badamier ,— Gombrétacées. Fruits comestibles. Termlnalia glabra, — Variété de badamier, -Autaraa ou Taraire des indigènes. Arbre dont les amandes sont comestibles et produisent une huile analogue à celle de l'olive. Xylosma suoveolens ou X. LEPiNEi, — Bixacécs. Arbuste à floraison odoriférante. La plupart des végétaux qui sont énumérés ci dessus ne résisteraient pas à l'air libre à Cherbourg où ils ne peuvent prospérer que dans les serres chaudes. On voit. déjà, des spécimens d'une grande partie de ces plantes dans les magnifiques serres de M. Emmanuel Liais. Les graines envoyées ont été disposées en forme de tableaux dans la salle des séances; quelques-unes ont été remises à des horticulteurs. Peut être, cependant, sera-t-il obtenu quelques 84 plantes pouvant être essayées à l'air libre. N'en avons-nouc pas, déjà, dans nos jardins un certain nombre originaires de l'Océanie? En tout cas, les envois de M. Picquenot permettront de reconnaî- tre les graines des végétaux des pays chauds. II. — PHOTOGRAPHIES. l*" Remise du pavillon du roi Pomaré V à la France, après la mort de ce roi en juin 1891 ; 2" Chapelle funéraire du roi Pomaré V; 3° Carte de Tahiti; 4° Indigènes vêtus de pareu (pareou), pièce d'étoffe et portant des produits du pays. (Voir note spéciale au bulletin); 5" Les mêmes hommes et 2 femmes indigènes; 6° Habitation indigène en bambou, toit recouvert en pandanus; devant groupe de pandanus et de mangifera indica (manguiers'; 7° Maison de M. Raoul négociant à Papeete, devant laquelle des buissons de Bougainvillea (nyctaginées), arbriseaux sarmenteux, poilus; 8° Pirogue, avec indigènes, à Haapape (Mahina), district de Tahiti; 9° Mataiea (Mataïa), 45 kilomètres de Papeete, Cocotiers, Bourao, Pirogue; 10" Vue de Papeete, Hot-motu-uta, le Duquesne avec grands pavois; 11» Vallée de Tipaerui (Tiperoi), Papeete, Fougères arbores- centes, choux caraïbes (colocasia esculenta.aroïdées): 12° Jeune fille Tahitienne, 14 ans; IS" Femmes indigènes; 14° Panorama de Papeete. Ilot Brander couvert de cocotiers (loué par feu M. Liais et situé à 500 mètres de sa propriété), hôtel du gouverneur, île 3foorea à l'horizon; 15° Panorama de Papeete. Cale de halage, magasins de la marine, parc à charbon, service des Travaux publics (arsenal de Fare-Ute); — 8o — 16° Papeete. Partie de la rue de Rivoli aboutissant au pont de Tiperui. (Cette rue est plantée d'acacias.) Groupes de ricins (ricinus communis\ bananiers, artocarpus incisa (arbre à pain ou maioré^; 17" Papeete. Partie de l'avenue Bruat où se trouvent la caserne et les divers bâtiments du service de l'artillerie (cette avenue est plantée d'acacias}; 18" Le roi Pomaré V, en costume d'amiral; 19" La rivière Fautaua (prononcez Faotao), qui sert de limite à la ville de Papeete à l'Est; 20» Pont de l'Est; 21" Rue de Rivoli; une partie plantée de manguiers, ricins, bourao. Ces photographies toutes fort bien réussies, et faisant honneur à la photographe (Madame Hoaré), montrent la magnifique végé- tation et les splendides plantes. Grâce à M. Picquenot, la Société d'horticulture possède une belle et bien intéressante collection. III. — ÉCHANTILLONS DIVERS. 1" Couronne de chapeau, —joli travail fait en fibres de bambou tressées avec beaucoup de goût; 2° Couronne en fibres d'écorce de Bourao (hibiscus tiliaceus ou paritium tiliaceum); 3° Echantillons de bois de Bourao; 4^ Echantillons de bois de Mangifera indica (manguier); 5" — — d'Hymenœa Courbaril', 6° — — deCallophylliwiInof/hyllum,{lamdLno\i) 6' — — de Psidium Pyriferum (goyavier); 8° • — — de Cordia sehostena. Cordiacées. Ce bois supérieur au noyer, peut servir a faire de très jolis meubles . L'écorce est employée dans la médecine Tahitienne; 9' Morceau de tige de ricin [ricinus communis); — 86 — 10» Bourre de coco. Les arbres dont des spécimens de bois ont été envoyés se trouvent, pour la plupart, reproduits aux photographies, et des renseignements sont donnés à leur sujet dans l'énumération ci-dessus des graines. Les envois de M. Picquenot constituent, déjà, une belle collection. Nous avons lieu d'espérer que son exemple sera suivi. COLLECTION DE GRAINES DE IVI. FÉREY M. Ferey dont nous avons tous conservé un si bon souvenir et qui est décédé, étant secrétaire-adjoint de la Société d'horticulture avait formé une très importante collection de graines, se trouvant généralement dans le commerce, graines de légumes, de plantes d'agrément, d'arbres et d'arbustes. A la dernière exposition artistique et industrielle, une médaille attribuée par la Société d'horticulture aux produits horticoles présentés, avait été décernée à M. Ferey pour cette importante collection. Madama veuve Ferey m";re vient de faire don à notre Société de cette collection qui a été placée au fond de la salle des séances. Elle est disposée dans 2 belles vitrines en pitchpin divisées en petits casiers contenant des planchettes mobiles sur lesquelles ont été collées les graines. Il y a 300 espèces de graines étiquetées a vec soin . La collection de M, Ferey aura un grand intérêt pour la Société d'horticulture, et elle lui rappellera le souvenir d'un de ses membres des plus regrettés. Les graines qui y figurent et qui sont celles de végétaux vivant à l'air libre dans notre contrée ne feront pas double emploi avec celles des pays chauds envoyées par M. Picquenot. Les deux collections se compléteront mutuellement. - s: ROSIERS NOXJ-VEIAUX 1892-1893 ROSIERS ILE BOLRRON Henri Puyravaud (M. Chauvry), fleur large, pleine, d'un beau rose saumoné vif, passant au carminé, à fond blanc. M. Cordeau (Moreau-Robert), fl. très grande, pleine, coloris rouge vif carminé, ombré de vermillon, très odorante et florifère. ROSIERS POLVANTHA Filius Strassheim (Soupert et Notting), fl. petite, pleine, imbriquée, les pétales de pourtour argentés, ombre d un très tendre jaune rose, centre jaune cbromo ocre, très odorante. Madame E. A. Nolte (Alexandre Bernaix), fl. en corymbe, jaune chamois, pâlissant avec l'âge et passant au blanc rose. Madame Frédéric Weiss (Soupert et Notting), fl. en corymbe, petite, coloris rouge carmin nuancé magenta, souvent variée de blanc pur et marquée dans le milieu d'une ligne blanche. Mademoiselle Pauline Nodet (M™"^ veuve Schwartz), 11. grande pour le genre, pétales allongés, chiffonnés au centre, colo- ris variant du jaune soufre au jaune cuivré, éclaire de blanc crème sur les bords. Petite Léonie (Soupert et Notting), fl. petite, pleine, imbri- quée, pétales extérieurs d'un blanc porcelaine, teinte rose clair, centre carmin laque luisant. Princesse Elisabeth Lancellotti (Soupert et Notting), fl. gran- de, pleine, plate, fleurissant en corymbe, coloris blanc jaune clair, centre jaune canari. ROSIER RUGOSA Blanc double de Coubert (Cochet-Cochet, rosiériste à Coubert), fl. grande, double, presque pleine, coloris blanc le plus pur, a odeur d'églantine, corymbe de 5 à 10 fleurs, ouvrant par deux ou trois à la fois. ^ 88 — ROSIERS THE Antoine Gaunet (Ch. Reboul), fl. très grande, pleine, coloris saumoné cuivré, nuancé de rose, pétales larges, odorante. Archiduc Joseph (Ph. Nabonnand et fils), fl. très grande, très pleine, forme en coupe, d'une tenue parfaite, coloris rose bleuté, centre cuivré vif, bords des pétales plus pâle. Baronne J.B. Morand (veuve Schwartz), fl. grande, supportée par un pédoncule allongé, coloris blanc carné jaunâtre, nuancé de rose très tendre, onglets jaunes. Beauté inconstante (J. Pernet fils-Ducher), fl. grande, pleine ou demi-pleine, coloris rouge capucine à reflets carmin nuancé de jaune. Cette rose avait tout d'abord été nommée Beauté de Lyon. Comtesse de Broleuil (J. Pernet fils-Ducher), fl. très grande, en coupe, pétales extérieurs larges, ceux du centre plus étroits, coloris extérieur saumoné rose, centre nuancé rose pêche abricoté, entremêlé de jaune chrome foncé. Comtesse Festetics Hamilton(Ph.Nabonnand et fils), fl. grande, pleine, pétales cornés, coloris rouge carminé brillant, reflets cuivrés au centre, pétales extérieurs plus foncés, colorés sur les bords. Comtesse O'Gorman (Ph. Nabonnand et fils), fi. moyenne, demi-pleine, coloris rose de Chine, fond doré, superbe couleur très vive. Directeur René Gérard (François Pelletier), fl. grande, coloris jaune canari au centre avec reflets incarnats et d'un frais rose de Chine, nuance magenta sur les bords. Docteur Grandvilliers (P. Perny), fl. moyenne, pleine, coloris jaune chamois foncé. Eczherzog Franz Ferdinand (Soupertet Notting), fl. grande, pleine, en coupe, pétales extérieurs larges, rouge pêche sur fond jaune, pétales intérieurs forme de pivoine et d'un bel aurore, le centre carmin laque avec des reflets d'r, très odorante. Erbprinzessin Marie von Ratibor ou Princesse héritière Marie de Ratibor (R. Tûrke), fl. moyenne, pleine, coloris rouge capucine sur fond jaune capucine. Fata Morgana (Drogemuller), fl. grande, pleine, coloris rose satiné souvent ombré de rose incarnat ou de rose foncé. — 89 - Ingegnoli predilatta (Alex. Bernaix), fl. remarquable de forme en coupe, coloris rose vif presque carmin extérieurement et fleur de pêcher à l'intérieur, Joseph Teyssier (Dubreuil), 11. grande, bouton d'une forme élégante de couleur changeante à l'épanouissement: tantôt carmin vif au sommet, atténuant en jaune de chrome à la base, tantôt rose nuancé magenta et incarnat. Jules Bourquin (Chauvry), fl. très grande, très pleine, coloris jaune de chrome, revers des pétales blanchâtre, bordé lilas clair. Karl Maria vonWeber (R. Tiirke), fl. moyenne, pleine, colo- ris rouge carmin foncé sur fond jaune carmin foncé. Krimhilde (Drogemuller), fl. grande, pleine, coloris jaune chamois, allant au rose pourpre, cœur d'un jaune d'or cuivré. La Caleta (Priés), fl. grande, pleine, coloris blanc nuancé de rose, centre jaune cuivre saumoné. Le Hugues ou The Hugues (Frank L. Moor, de Châtain, New- Jersey, Etats-Unis), fl. grande, coloris rose foncé. Léon Xni (Soupert et Notting), fl. grande, pleine, coloris blanc ombré légèrement jaune paille, centre ocre clair. Léonie Osterrieth (Soupert et Notting), fl. grande, pleine, en ombelle de cinq à six fleurs, en coupe, coloris blanc porce- laine brillante, nuancé jaune très tendre au centre. Louise Bourbonnand (Ph. Nabonnand et fils), fl. très grande, pleine, coloris rose frais, légèrement doré, reflets tendres glacés, fond doré. Madame Catherine Fontaine (Liabaud), fl. grande, demi- pleine, coloris jaune crémeux. Madame Freulou (Moreau-Robert), fl. grande, presque pleine, coloris beau blanc très légèrement rosé, extra florifère et odorante. Madame Henri Gréville (Tesnier fils), fl. très pleine, globu- leuse, coloris jaune terre de Sienne au centre, largement bordé rose carné saumoné. Madame La Baronne Berge (Pernet, père), fl. grande, bords des pétales moitié rose vif, centre jaune clair. — 90 Madame La Baronne Erlanger (Lévèque et lîls), 11. très grande, pleine, globuleuse, coloris beau rose clair, nuancé de rose cuivré foncé et éclairé de saumon, de jaune, ma- gnifique. Madame Louis Gaillard (Liabaud), 11. grande, pleine, coloris blanc, nuancé jaune. Madame Louis Levéque (Levêque et fils), fl. lar^e, pleine, globuleuse, coloris rose vif ombré jaune clair, nuancée saumon et blanchâtre, centre plus foncé. Madame Martin Cahusac (Levéque et fils), fl. très grande, pleine, globuleuse, coloris cuivré rose cuivré, jaune orangé, fond rouge, nuancé et ombré jaune or. Madame Ocker Ferenez (Alexandre Bernaix), fl. de très belle forme, pétales épais, satinés, brillants, coloris très clair, canari pâle, presque blanc, teinté de chrome atténué sur l'onglet. Pétales extérieures souvent lavé sur les bords de rose carminé. Madeleine Guillaumez, (Joseph Bonnaire) fl. grande, globu- leuse, pédoncule ferme, coloris beau blanc à centre saumoné nuancé de jaune orange. Mademoiselle Marguerite Preslier (Jean Ducher-fils) , fl. grande presque pleine, coloris rose clair mélangé de rouge pêche, intérieur légèrement jaune, revers dés pétales blanchâtre. Mai Fleury (Tesnier fils), 11. très grande, très pleine, à grands pétales arrondis, coloris beau blanc pur, glacé, satiné, brillant, odenr très prononcée de jasmin. Maman Cochet (Spicion Cochet), fl. très grande, pleine, colo- ris rose carné, lavé de carmin clair mêlé de jaune nankin saumoné. Monsieur François Ménard (Tesnier fils), fl. très grande, pleine, globuleuse, coloris beau rouge cramoisi, centre rouge cerise, passant au cramoisi velouté. Monsieur Pierre Mercadier (Jean Ducher fils), fl. très grande, très pleine, coloris jaune crème, intérieur parfois cuivré, pétales rose saumoné. Pilar Domedel (Priés), fl. moyenne, pleine, coloris rose très vif, marbré de blanc, rose pale en ouvrant, centre éclairé de jaune. — 91 Président de Lestrade (J. Puyravaud), fl. grande, pleine, eoloris beau rouge ponceau, marbré de rose et parfois cuivré. Siegfried (Drogeniuller), fl. grande, hémisphérique et serrée, coloris laque foncé. Sœur Séverin (Ch. Reboul). (1. grande, pleine, coloris blanc argenté, très légèrement souîîrée au cenire, pétales exté- rieures larges, ceux du milieu finement limbriés. S. A. R. Princesse de Monaco (Dubreuil), fl. grande, pleine, en coupe, à pétales larges et épais, coloris extérieur rose incarnat teinté chamois, intérieur jaune canari brillant, bicolore, rose et jaune. Souvenir de Ludovic de Talancé (François Pelletier), fl. moyenne de forme parfaite, coloris blanc carné, centre incarnat frais, onglet des pétales, jaune canari. Souvenir de Madame A. Henneveu (Alexandre Bernaix), fl. de duplicature moyenne, i)olychrome ou à nuance variable, coloris rose de Chine satiné, veiné de carmin, souvent cuivre rouge avec des reflets amarantes; pétales à onglets jaune d'oeuf. Souvenir de Mademoiselle Victor Caillet (Alexandre Bernaix), 11. en coupe évasée, coloris blanc pur, avec un large onglet crème. ThirionMantaubain (Chauvry), fl. grande, pleine, coloris beau rose brillant, parfois rose foncé. ROSIERS HYBRIDES DE THÉ Lady Henry Grosvenor (Bennett), fl. grande, pleine, en boule, (cette rose n'est pas encore mise au commerce) coloris chair. Madame Charles Boutmy (Vigneron fds), fl. très grande, pleine, en coupe, coloris rose chair, passant, à la complète floraison, en un beau rose tendre. Madame Emile Metz (Soupert et Notting), fl. très grande, pleine, les pétales du pourtour larges, coloris blanc argenté ombré et nuancé rose clair, centre légèrement carmin, quelquefois jaune, revers des pétales rose clair soyeux. Michel Buchner (Soupert et Notting), fl. très grande, pleine, imbriquée, en coupe, coloris magnifique rose brique clair retouché d'un tendre rose incarnat. — 92 — Paul Marot (Joseph Bonnaire), il. grande, pleine, coloris beau rose de Chine pur. Richard Wagner (R. Tûrker), fl. très grande, serrée et d'une forme achevée, coloris jaune laque passant à la couleur chair. ROSIERS MULTIFLORES Nymphe Egéria (Geswind), fl. moyenne, pleine, en coupe, coloris rose vif frais, centre souvent rose pourpre. Olivet (Vigneron fils), fl. de première grandeur, pleine, plate, coloris rouge très clair, centre légèrement plus foncé. ROSIER PORTLAND DIT PERPÉTUEL Souvenir de Monsieur Poncet (Pernet père), fl. grande, presque pleine, coloris beau rose clair, très odorante, re- montant franchement. ROSIERS HYBRIDES REMONTANTS Boronne M. de Lostende (Chauvry), fl. grande, très pleine, coloris rose foncé au centre, pourtour rose vif et rose tendre à la floraison d'automne. Claude Jacquet (Liabaud), fl. très grande, pleine, bombée, coloris pourpre écarlate, légèrement ombré. Dybowski (Lévêque et fils), fl. très grande, pleine, bien faite, coloris beau rouge vermillon clair. Grand-duc Alexis (Lévêque et fils), fl. grande, pleine, coloris beau rouge sang, nuancé de pourpre et de vermillon clair, éclairé carmin vif. Impératrice Maria Feodorowna (Lévêque et fils), fl. grande, globuleuse, coloris rose tendre vif, clair et brillant. J. Prowe (Lévêque et fils), fl. grande, bien faite, coloris beau rouge vil éclatant, uniforme. Madame Henri Perrin (Veuve Schwartz), fl. grande, de forme parfaite, coloris rose vif carminé lilacé, pétales extérieurs larges et concaves, ceux du centre chiffonnés, parfois striés de blanc pur, ils sont toujours bordés et éclairés de rose tendre à reflets argentés, onglets jaunâtres. Madame Louis Ricard (Duboc fils), fl. grande, bien pleine, pétales larges, épais et réfléchis, coloris rose pâle, plus vif vers le centre. — 93 - Madame Vignat (Liabaud), fl. très grande, pleine, coloris beau rose tendre, quelquefois rose vif. Souvenir du docteur Payen (Vigneron fils), fl. grande, pleine, bien faite, belle tenue, coloris beau rouge vif, légèrement velouté. CAUVIN. LA TEMPÉRATURE Le beau temps exceptionnel dont nous avons joui pendant le mois de mars 1893, donne un grand intérêt aux observa- tions météorologiques que M. Thommin a bien voulu relever à l'Observatoire de la Marine. Le tableau publié ci-après permet d'établir une comparaison entre la température de l'hiver 1892-1893 et celle de l'hiver 1891-1892, en se reportant au tableau inséré aux pages 108, 109 et 110 du Bulletin de la Société d'horticulture, année 1891. Pendant l'hiver 1891-1892, le thermomètre est descendu à zéro et au-dessous, 17 fois, le 19, le 20, le 21, le 22, le 23, le 24 décembre; le 8, le 9, le 16 janvier; le 17 lévrier; le 2, le 3, le 4, le 5, le 8, le 9 et le 12 mars. La température la plus basse a été moins 4, le 24 décembre 1891. Pendant l'hiver 1892-1893, le thermomètre est descendu à zéro ou au-dessous, 13 fois, le 24, le 25, le 26, le 27, le 28, le 30 décembre; le l^r, le 2, le o, le 6, le 15 janvier; le 5 février; et pas du tout en mars. La température la plus basse a été moins 4, le 29 et le 30 décembre 1892. Le froid est arrivé un peu plus tardivement et a cessé plutôt en 1892-1893 qu'en 1891-1892.11 s'est, aussi, produit bien plus tardivement qu'en 1890, puisque, cette année-là, il est arrivé brusquement, le 27 novembre, moins 2, — 94 — Au 2 mars 1892, le thermomètre marquait 0 à minima, 4 degrés à raaxima, et au 2 mars 1893, à minima 10° et à maxi- ma 12o3. La môme différence s'est produite pondant une partie de la durée des mêmes mois de ces deux années. Au 31 mars 1892, il y avait à minima 4» et à maxima 8°, au 31 mars 1893, à minima 7° et à maxima 17°. La température moyenne a été, en février 1892, de 7° au- dessus de 0; en février 1893, 8° au-dessus; en mars 1892, 5^4 au-dessus de 0, en mars 1893, 9'^ au-dessus. Il est à remarquer que la température se refroidit, souvent, vers le milieu d'avril (ce qui parait se produire cette année), caren 1891, il y avait à minima le 12 avril, 6°, le 13dumême mois, 3°, le 14, 2'^; en 1892, le thermomètre marquait à minima le 12 avril, 7-^; le 14, 2°; le 15, 3»; le 16, 2», le 17, 2»; le 18, 3»; le 19, 3°. — A la lin d'avril 1892, la température était plus basse qu'au commencement, puisque le premier il y avait à minima 6° et à maxima 12°; et le 30 du même mois 4° à minima et 9° à maxima. En février 1891, il y a eu 1 jour de pluie. — 1892, — 11 jours de pluie. — 1893, — 19 — En mars 1891, — 11 — — 1892, — 6 — — 1893, — 6 _ — L'hiver a été sec, mais moins que celui de l'an dernier. Le beau temps persévéré en avril 1893, mais la température s'est un peu refroidie. Nous ne continuerons pas à établir de comparaison entre les températures de nos derniers hivers. La douceur de celui que nous venons de traverser a favorisé la végétation et permettra de réparer en partie les dommages causés, dans nos jardins par celui de 1890-1891. 11 avril 1&93, ~ 95 — En 1892, il y avait eu 12 jours de pluie en avril, tandis qu'il n'a pas plu dans le même mois de 1893 et que la pluie n'a commencé à tomber que le 14 mai. — Deux mois se sont passés, cette année, sans pluie à Cherbourg. La température a été généralement douce pendant cette période. 20 mai 1893. La Rédaction. — 9« — m TEMPÉRA lTURE AVRIL 1892 NOVEM. 1892 FÉVRIER 1892 MARS 1892 tq H < 1 niinima m a xi m a minima maxiina ininima niaxiina ininima maxima 7 10 3 6 6 12 4 12 2 5 8 0 4 8 10 6 11 3 M O 8 0 2 8 12 9 14 4 5 9 1 2 7 17 11 15 0 9 10 0 5 7 12 11 14 6 7 10 1 3 8 14 8 13 7 9 M 1 3 7 12 4 11 8 10 11 -1 4 8 12 4 9 9 8 10 0 8 12 8 12 10 8 10 2 4 7 12 10 13 11 8 10 î 5 6 12 10 13 12 7 8 — 1 5 7 11 9 13 13 6 8 2 6 5 9 10 13 14 5 8 1 6 2 7 10 14 15 2 8 6 9 3 8 12 14 16 2 2 9 13 2 8 11 14 17 -1 3 8 15 2 7 6 10 18 2 5 6 14 3 8 6 11 19 2 6 6 10 3 8 5 11 20 3 10 7 9 8 13 5 11 21 6 10 7 12 9 14 6 9 22 4 11 6 8 7 14 7 8 23 5 11 6 7 7 14 8 10 24 5 12 5 7 7 13 10 12 25 5 12 0 9 5 12 10 12 26 6 13 9 15 5 12 10 12 27 5 7 6 11 7 13 7 11 28 5 7 4 4 6 9 9 11 29 5 8 4 5 6 8 9 12 30 » >) 6 7 4 9 7 9 31 « » 4 8 » » » » 97 — Ou TEMPÉR. ATUR t FÉVRl E DÉCEM. 1892 •JANVIER 189c ER189c î MARS 1893 H < Q 1 minima maxinia minima maxima minima maxima minima maxima 9 11 -3 1 8 9 9 12 2 9 11 0 1 9 10.6 10 12.3 3 6 11 0 3 8 11 10 12 4 3 6 2 o 2 9 9 13 O 3 7 0 4 0 8 10 6 6 8 0 2 2 6 7 11 7 6 6 1 4 8 10.7 7 12 8 4 7 4 6 6 9 7 11 9 o 8 6 i 7.2 10 7.4 9 ■10 4 6 4 6 8 10 3 9 M 8 10 3 3 6 11.4 o 15 12 8 11 1 5 4 8 8 12 13 3 8 4 6 6 9.2 8 13 U 7 11 2 7 7 11.2 8 13 15 11 11 0 2 7.4 12 8 12 16 10 11 1 6 5 10 6 12.4 17 7 10 6 8 5 9 6 8.4 18 6 10 4 7 9 13 5 8 19 6 7 7 8 6 15 1 6 20 6 10 6 9 7 10 2 8.6 21 6 9 7 8 6 10.3 6 12 22 5 7 6 8 5 8 6 10 23 3 7 8 9.5 4.4 5 4 12 24 0 3 8 10 5 6 5 12 25 0 3 7 10.5 5 7 4 10 26 —1 5 5 9 5 8 4 9 27 — 1 M 0 3 6.3 6 9 6 11 28 —3 6 4 8 6 7 8 13.5 29 -4 2 8 10 » » 7 13.6 30 —4 2 8 11 » » 7 14 31 » >) 8 4 12 » » 7 17 98 — Dtius le mois de février 189^, il y a eu 11 jours de pluie et la température moyenne a été de 7^ au-dessus de 0. Dans le mois de mars 1892, il y a eu 6 jours de pluie et la température moyenne a été de o^So au-dessus de 0. Dans le mois d'avril 1892, il y a eu 12 jours de pluie et la température moyenne a été de 8^ 7 au-dessus de 0. Dans le mois de novembre 1892, il y a eu 17 jours de pluie et la température moyenne a été de 10° au-dessus de 0. Dans le mois de décembre 1892, il y a eu 13 jours de pluie et la température moyenne a été de 6» au-dessus deO. Dans le mois de janvier 1893, il y a eu lo jours de pluie et la température moyenne a été de o*^ o au-dessus de 0. Dans le mois de février 1893. il y a eu 19 jours de pluie et la température moyenne a été de 8» au-dessus de 0. Dans le mois de mars 1893, il y a eu 6 jours de pluie et la température moyenne a été de 9» au-dessus de 0. FELICITATIONS Au moment où l'impression de notre Bulletin est très avan- cée, nous apprenons, avec une grande joie que, par décret du 21 avril, M. Diény, sous-préfet de Cherbourg, est nommé chevalier de la Légion d'honneur. Le décret donne pour motifs de cette distinction: services exceptionnels rendus pendant l'épidémie cholérique de 1892. Cela est de notoriété publique. M. Diény s'est fait à Cherbourg et ailleurs un grand nombre d'amis; aussi a-t-ilreçu, à cette occasion, une véritable pluie de lettres, de cartes et de télégrammes. Président d'honneur de notre Société d'horticulture, à laquelle il témoigne la plus grande bienveillance, M. Diény voudra bien recevoir ici les félicitations de la Société. H. DE LA Chapelle. — 99 — BIBIL.IOGi-RAF»H:iE Au nombre des ouvrages récemment acquis par la Société, pour sa bibliothèque, figure un volume de 240 pages, illustré de 39 figures. Les Orchidées rustiques, par M. Henry Correvon, directeur du Jardin alpin d'acclimatation, à Genève. Si les orchidées indigènes n'ont pas l'éclat des magnifiques orchidées de serre chaude, elles n'en sont pas moins dignes d'intérêt. Ce sont des plantes à fleurs d'une forme générale- ment étrange; elles sont trop peu connues, et pourtant elles méritent d'être étudiées et cultivées, soit en massifs spéciaux, soit en rocailles. Nous avions, depuis trois ans, un ouvrage du même auteur, Les Fougères rustiques. M. Correvon prépare, pour la fin de cette année, un nouveau livre qui sera intitulé : Les plantes des montagne notaire (à Tourlaville). A'astcl. sous agent administratif de la Marine. MEMBRES CORRESPONDANTS : MM. André, Edouard, rédacteur de L(i Hc'vue Horticole, à Paris. Angran, archiviste de la Société Cenirale d'horticulture de la Sei- ne-inférieure, à Déville lès Houen. Ann(dot, |)rocureur de la Hépubli (|ue à Vire. Raltet, Charles, horticulteur à Tro- yes. I)ertin,cai)ilaine d'inf''' de marine. Clamorgan.lieutena ni -colonel d'in- fanterie (le marine. Colmiciie, secrétair." de la Société Onlrale d'horlicullure du (Cal- vados, à Luc-su r-Mer. de Formigny de la Londe, prési- dent de la Société Centrale d'hor- ticulture du Calvados, à Caen. — H1 Ciodefroy-Lelxi'uf. Iiorliculteur à Argenteuil. Jjseph-Lcit'ossp. propriétaire à St Côme-(lu-^[oiit (Maiichr). Krelage, hortiruitcur à Harlem (Hollande). Lecd'ur. pliarniaeien à A'iinoutiers (Orne). de Longuemare, secrétaire de cor- respondanee de la Société Cen- trale d'horticulture de Caen et du Calvados, avocat à Caen. Malherhe, iiorticulteui' à lîayeux. 1 .Manlin. (icor^ics. IW. (|uai de lîillv. Paris. t_ Marclianl, Henri, cliel de bureau ^K au Ministère de rAgi-iculture. Hf Molin, horticulteur, i), i)lace Bel- ^ coui-, Lyon. Orry. avoué honoraire, aux .Vyga- lades (Mai-seiile). Picquenot. commis de TAdminis- Iration coloniale, àPapeete, Ta- hiti. Poteau, (dief de division à la Pré- fecture de la Man(di(\ à St Lo. Rousseau. Henri, directeur de riM'ole du Paragon. à Joinville- le-Pont. Rogé, pharmacien, rue Vivienne, Paris. Rozeray, ancien professeur d'agri culture du département de la Manche. Simon, directeur de la Succursale delà [5aii(|ue de France àStLo. Sahut, Félix, président de la So ciélé d'horticulture de xMontpel- lier. Comte de Saint-Germain, proprié- taire à Trenon (Loire-Inférieure). »H* Cherbourg. — Imp. L'hotellier. '•> et ',cirine i f, 'le. ite. le tu res. Ira Cal 1^ Mcillr Maiili! Horticulteurs, Jardiniers & Marchands de Graines DE CHERBOURG FAISANT PARTIE DE LA SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE. ♦.->s«)3<î légumineuses, tribu des mimosées; 80 Aleurites triloba, bancoulier, eupliorbiacées (voir bulletin de 1892, page 76); Coccoloba uvifera, raisinier, polygonées (voir bulletin de 4892, page 79); Colvillea racemosa, flamboyant, légumineuses, tribu des césalpiniées (voir bulletin de 1892, page 79); Eugenia Jambosa vulgaris, pomme rose, myrtacées (voir bulletin de 1892, page 80); Eugéniamallaccensis, myrtacées, pomme tahitienne;mêmes caractères que le précédent, croit dans toutes les vallées, le fruit est très-aqueux; il existe deux variétés bien tranchées : celle à fruits rouges et celle à fruits blancs; les indigènes se servent, aussi, des feuilles pour faire des infusions dans le traitement des blennorrhagies et des plaies; Melia semper virens, melia toujours vert, méliacées, arbuste à feuilles profondément incisées un peu rudes, luisantes. Fleurs nombreuses en panicules axillaires; Santalum Freycinetianhim, santal; arbre de l'Inde, dont le bois plaît beaucoup aux indigènes à cause de l'odeur qu'il exhale. Les Tahitiens préparent avec de l'huile de coco fraîche, parfumée au moyen de Santal le monoï qui sert à oindre et à parfumer la chevelure des jeunes filles. Le sandal n'est pas employé pour les constructions; on le débite en petites bûches et on le livre ainsi au commerce, à cause de son odeur aromatique qui n'est pas du goût des européens, mais qui plaît beaucoup aux habitants des îles du Pacifique. Les Chinois brûlent ce bois dans leurs temples; Thespesia populnea, miro ou bois de rose (voir ci-dessus les explications données au sujet de l'envoi de graines de cet arbre;) Feuilles desséchées de : Bœhmeria tiivea, Ramie, urticée. Introduite à Tahiti en — 81 1869 par M. de la Roncière. Cette plante a été importée de Java en France où elle se cultive dans certains départe- ments. Elle paraît appelée à jouer un certain rôle dans l'in- dustrie; on fabrique déjà une certaine quantité d'étoffes avec ses fibres; Calophyllum inophyllum, Tamanou (voir bulletin de 1892 page 77); Coffea arabica, caféier, feuilles et fleurs (voir bulletin de 1892, page 79 et page 75 de la présente année); Hihiseus tiliaceus ou paritium tiliaceum, boùrao (voir bul- letin de 1892, pages 52 et 80; Mangifera indica, manguier (voir bulletin de 1892, page 81 ;) Manihot utilissinia, manioc (voir bulletin de 1892, page 81 ;) Nephelium Litchi ou Euphoria Litchi, sapindacées. Introduit à Tahiti de plants provenant de Nouvelle-Calédonie; Per^ea ^ra^wwna, avocatier, laurinées; arbre de 12 à 15 mètres, d'un beau port, feuilles alternes, ovales, épaisses; fleurs en panicules, fruit en forme de poires très gros. Intro- duit à Tahiti par l'amiral Hamelin en 1846; Terminalia glabra, variété de badamier (voir bulletin de 1892, page 83); Toutes ces feuilles ont été très bien conservées, avec beau- coup de soin. Il résulte des énumérations qui précèdent que M. Pic- quenot cherche à faire connaître à la Société d'horti- culture les divers produits des végétaux de Tahiti (graines, fruits, feuilles et bois). En outre, il donne une idée de leur port et de leur forme par de belles reproductions. III. PHOTOGRAPHIES Rivière Vaïtepiha, (District de Tantira), 79 kilomètres de Papeete. Dans le fond des fromagers dépouillés de leurs feuilles; pirogues de pêcheurs; — 82 ^2" Même rivière, vue d'un autre point. Hibiscus tiliaceus, bourao. Cette rivière est une des plus jolies, sinon la plus belle de la colonie; 30 Allée de Pandanus; 4° Le Ficus proHxa (banian), du cercle militaire, dans les branches duquel est une espèce de belvédère, (ces deux photographies faites par un aspirant de la « Durance »); 5" Un déjeuner à Paea. Cette reproduction groupe diverses personnes se trouvant dans la colonie, M. Picquenot et des indigènes; 6° M. Picquenot et son enfant. Ces deux dernières photo- graphies par M. Nicollet, fils, enseigne de vaisseau, embarqué sur la « Durance ». EXTRAITS DE LETTRES DE I. D'ABOVILLE -3=-0-!S- Rnigné-Sainte-Colomhe (La Flèche), 3 août 1893. J'ai attendu mon arrivée ici pour vous adresser cette lettre et pour vous dire combien j'ai pensé à vous en particulier et à tous les membres de la Société d'horticulture. J'ai regretté que les circonstances m'aient amené à quitter Cherbourg ; recevant le journal de la localité, j'y ai vu que vous faisiez des visites dans les jardins et si j'avais été près de vous, j'aurais pris une grande part à vos travaux. Je viens de recevoir, ces jours derniers, le Bulletin. Je vous remercie de me l'avoir envoyé, car je l'ai lu et il m'a fort intéressé. Je rentre d'un grand voyage que je viens de faire en Angleterre et en Belgique. Dans ces deux pays, je me suis rendu compte un peu de ce qui touchait à l'horticulture ; étant très pressé, I 83 — j'ai eu le regret de n'avoir pas eu le temps de prendre quel- ques notes; car la culture diffère de la nôtre, surtout en ce qui concerne la disposition des plantes. Je croyais qu'en Angleterre les jardins étaient négligés. En Angleterre, les gazons sont fort soignés et offrent de véritables tapis de verdure qui orneraient avec avantage nos jardins. Les parcs qui existent en grand nombre à Liverpool sont fort bien dessinés etont des accidents die terrain agréables à l'œil. Tous ces jardins sont publics; le riche comme le pauvre peut venir respirer l'air pur. Sur ce point comme sur plusieurs autres, la liberté existe beaucoup plus entière en Angleterre, surtout pour ce qui regarde l'hygiène, et le peuple diffère du nôtre en ce qu'il n'en abuse pas. Parmi les jardins ou parcs que j'ai visités, je citerai ceux de Kiew, situés près de Londres. Dans cet immense jardin, il y a beaucoup de serres garnies de collections de plantes, très bien étiquetées et au centre de cette vaste culture, il en existe une d'une grande hauteur; elle renferme des plantes remarquables. Dans l'intérieur existe une galerie circulaire et l'on y accède par des escaliers tournants ayant une quarantaine de marches. Quand on s'y promène, on domine toutes ces grandes et belles plantes exotiques. Comme fleurs, c'était la saison des tulipes et des jacinthes. Disposées par couleur, elles formaient des dessins ayant des tons criards qui de loin paraissent remarquables; d'après ce que j'ai pu voir, les nuances sont peu du goût des jardiniers anglais. En revanche, ils utilisent le lierre d'une façon fort agréable, soit en chaîne, barrière ou encadrement des massifs ou plates-bandes en laissant un ruban de gazon entre deux. Les parcs, jardins publics et squares sont l'objet de soins très minutieux, aussi bien en Angleterre qu'en Bel- gique. Dans ce dernier pays, j'ai été frappé par un singulier, mais un ingénieux moyen d'orner les squares en hiver, et l'effet en était charmant. Au square des Sablons, rue de la Régence, sur les pelouses des mosaïques sont faites avec des — 84 — petits'cailloux de différentes couleurs et cassés comme ceux que l'on emploie pour charger nos routes. Il y en avait des blancs, gris, rouges, roses et bleuâtres. Quand on approchait la belle saison, je voyais ramasser avec soin ces cailloux par espèce et ils étaient remplacés au fur et à mesure par ces petites plantes à feuillages variés dont nous nous servons our les mosaïques ou bordures de nos massifs. Ayant fort peu de temps. Madame d'Aboville et moi nous circulions rapidement. Bien qu'ayant peu de choses à vous dire j'ai tenu néanmoins à vous les communiquer, voulant conserver tou- jours avec vous les bons rapports que je me suis félicité d'avoir eus. Il ne sera pas impossible que je retourne en Angleterre et, alors, connaissant déjà un peu le pays, je pourrai mettre un peu plus de temps à visiter les jardins et, par là, vous faire un article intéressant. — A propos de la pomme que M. Latour avait exposée sous le nom de Cher- bourg, quel est son véritable nom, est-ce Cherbourg ou Kerbourg ? A-telle été présentée par le même exposant ? Je trouve que, dans votre bulletin cela n'a pas été bien défini et il peut exister des doutes. Du reste, j'écris à ce sujet pour m'en informer. René d'Aboville. * * Le Ruigné-Sainte-Golombe (La Flèche), 27 septembre 1893. Voici la pluie qui ne fait que commencera tomber, mais c'est si peu qu'on est obligé d'attendre encore pour faire les semences. Le thermomètre, qui est monté jusqu'à -|- 38o à l'ombre, est aujourd'hui à -{- \\°; les nuits sont très fraîches et le thermomètre marque à 7 heures du matin + ^°- Vous me dites que les fruits sont abondants; par ici également ils sont en grandes quantités, mais beaucoup de poires et de pommes sont tombées et elles sont généralement véreuses. Le fruitier en sera peu garni, caries poires qui, d'ordinaire, se 85 — mangent l'hiver sont mûres maintenant. Les pommes seules en garniront les tablettes. Les pommiers sont chargés de fruits et l'on a été obligé d'étayer les branches. Les pommes que l'on rencontre le plus par ici et qui sont citées pour faire du bon cidre, sont : le Nicolaié, le Peking et la groseille. La bonne nature et la geôle sans compter les reinettes sont les meilleures pommes à couteau. Les vignes ont été chargées de raisin. La récolte de pommes de terre a été mauvaise; je vous dirai que c'est un des produits du pays, à cause des féculeries et de l'élevage du gorain. Des pieds ne rapportaient rien ou bien une bonne partie était molle et noircissait. Il y a une exposition horticole au moment du concours agricole. Il y a peu de jardinie rs à La Flèche; ils sont cinq. Mais il y a beaucoup d'amateurs. L'exposition avait lieu sur un boulevard garni de grands arbres; les chemins et les allées étaient dessinés artistement. J'ai remarqué ; une grande collection de cannas à grandes fleurs variées dont le feuillage était très ornemental, une superbe collection de géraniums, une autre de bégonias tubéreux, des coleus, des gloxinias. D'autres plantes, en grande quantité, étaient arrangées avec goût. Les arbres fruitiers étaient très remar- quables. Maintenant les produits de la culture maraîchère, parmi lesquels les variétés de pomme de terre se trouvaient en grand nombre, attiraient l'attention. En somme, pour une petite ville qui ne possède pas de Société d'horticulture, c'était assez réussi. René d'Aboville. _l|oI- Vi. — 86 LES PRODUITS MARAICHERS D'après les renseignements que nous devons à l'obligeance de MM. Mauger, président, et Chardine, archiviste de la Chambre de commerce, les exportations pour l'Angleterre de produits maraîchers ont élé : De Cherbourg. Barfleur . .. StVaast.. . POMMES DE TERRE 1892 ms 3.016.420'' 3.648.000 483.150 3.368.7^20'' 3. 611. 020 468.200 LEGUMES FRAIS 1 892 ""^1893" 1.392.415'' » 1.468.350'' 65.000 Nous regrettons de n'avoir pu obtenir de la Compagnie de l'Ouest d'indications pour les envois par chemin de fer. Malgré la grande sé3heresse de l'année dernière, les expor- tations ont monté à un chilïra plus élevé qu'en 1892; cela tient sans doute, à ce que le printemps a été favorable aux primeurs. Mais, les cultures maraîchères, notamment celles de Tourlaville ont eu à souffrir beaucoup du manque d'eau; sans cette circonstance, il y a lieu de penser que les exportations auraient été encore plus importantes. M. le Maire de Tourlaville nous écrit : « Ce que les cultiva- teurs avaient pu à grande peine, préserver de la sécheresse, c'est-à-dire les choux-fleurs et une partie des pommes de terre, a été complètement détruit par les quelques jours de froid sibérien que nous avons eu au commencement de janvier. » M. Contant ajoute : « La récolte de choux fleurs SI r laquelle nos cultivateurs comptaient pour se récupérer des pertes considérables causées par les chaleurs persistantps que l'été dernier leur avait fait éprouver, a été perdue et les pommes de terre ont gelé dans les greniers. » 87 — En ajoutant à cela que les 9/10 des fourrages ont été aussi perdus par suite du manque d'eau, on voit que les cultiva- teurs de nos environs, ont eu beaucoup à souffrir de la sé- cheresse de l'été, puis de la basse température de l'hiver. On n'avait pas, demémoire d'homme, éprouvé de froids aussi forts que ceux que nous avons eu à subir dans le commencement de janvier. Les semences n'avaient pas souvent gelé, comme cette année, dans les greniers, ni l'eau dans les appartements. EFFETS DE L'HIVER 1893-1894 Si les froids de janvier ont occasionné des pertes dans les cultures maraîchères, ils ont, aussi, causé de grands dégâts dans les jardins. La chaleur de l'été dernier avait permis à un certain nombre de végétaux exotiques, qui avaient souffert de l'hiver 1 890-1 891 ,de reprendre un peu de forceet de vigueur.Les phormium elles dracœna qui, alors, avalent été si fortement atteints, recommençaient à présenter un aspect agréable. Mais, les quelques jours de grands froids qui sont survenus au commencement de cette année, ont frappé, de nouveau, ces plantes, et il est bien à craindre que, cette fois, elles ne repoussent guère. Ce n'est pas, encore, en ce moment qu'on peut se rendre compte exactement des pertes réelles; mais, quand il sera possible de les constater il serait à désirer qu'il pût en être fait un relevé dans le genre du travail si intéres- sant et si complet que M. d'Aboville a entrepris pour les effets de l'hivf^i^ 1890-1891 et qui a été publié dans le bulletin de 1891, page 45 et suivantes. Nous ne pouvons trop engager à se reporter à cet important rapport pour établir des com- paraisons entre ce qui s'est passé alors, et ce qui a eu lieu cette année. — 88 — Espérons que M. d'Aboville quoique n'habitant plus Cher- bourg,viendra y passer quelque temps etqu'il contribuera, au moins, à la formation d'un travail comme celui qu'il a fait précédemment. M. Letullier, jardinier de la Société, nous a bien remis un tableau, en ce qui concerne le jardin de la rue Montebello; mais il est prématuré, croyons-nous, de le reproduire en détail. Disons seulement qu3 des végétaux (comme une énorme Erica arborea odoraia qui était toute couverte de fleurs l'an dernier et n'avait qu3 bien peu soutïert précédem- ment, et des laurus nobilis (très forts) paraissent morts. Des plantes qui avaient résisté en 1890-1891, sont bien atteintes cette année; d'autres qui avaient soutïert ou étaient mortes, après avoir repoussé ou avoir été replantées, ont été de nouveau frappées, par exemple, les phormium, les dracœna. des eugenia ugni et apiculata, des rhododendrons de l'Hima- laya. En revanche, certaines autres paraissent n'avoir que soutïert ou même avoir résisté entièrement, alors qu'elles avaient pàti ou avaient succombé en 1890-1891 , par exemple : Veronica Travesii, Aralia Siéboldli^ Azalées de l'Inde, Yucca alo'ifolia variegata, Andromeda japonica latifolia, Desfontainea Hookeri ou spinosa. Les chamœrops excelsa, les camellias, des rhododendrons et un certain nombre d'autres végétaux exotiques semblent avoir résisté; la liste des survivants est heureusement plus longue que celle des morts. Mais, cependant les pertes sont sensibles dans tous les jardins et dans les cultures à l'air libre de nos horticulteurs. Il est possible qu'on renonce à certaines plantes qui paraissaient acclimatées, ici, par exemple les phormium et les dracœna et qui réussissaient si bien. Espérons, pourtant, que nous ne reverrons plus les basses températures que nous avons éprouvées dans ces derniers temps, et qui nous ont tant surpris. Elles auront rappelé que la prudence est la mère de la sûreté. 89 M. le président de notre Société qui a eu l'occasion de visiter le jardin public de Goutances a remarqué que, là, les plantes avaient bien moins souffert qu'ici. Gela tient sans doute, pense-t-il, à ce que ce jardin par sa situation s'est trouvé à l'abri des grands vents d'Est qui, peut être, ont encore plus causé de dommages chez nous que la basse température. Sur la Visite de la Collection de Chrysanthèmes de M. Girard. Le dimanche 17 novembre 1893, le bureau et les commis- sions se sont rendus, sur la demande de M. Girard, dans son jardin situé rue de la Polie, près de la barrière du chemin de fer de l'arsenal. Ge jardin, nouvellement installé, renferme une collection de chrysanthèmes élevés les uns en pleine terre, les autres en serre. Les chrysanthèmes en pleine terre ayant eu à subir les rigueurs de la température étaient, pour la plupart, dété- riorés. Mais, nous avons admiré, enserre, une magnifique collection de ces plantes attirant l'attention par leurs belles formes et leurs riches coloris et composée de plusieurs variétés nouvelles cultivées par M. Girard au moyen de boutures. Parmi les plus remarquées de ces plantes nous citerons les espèces suivantes : Michel Ange; Gloire Saint-Martin; Blanche Pigny; Miss Mary Whaler; Mars; — 90 Anaïs Molin; Val d'Andorre; Mme Pauline Lévy-Morton; Souvenir de la petite Madeleine; George Daniel. Nous félicitons M. Girard des bons résultats obtenus par lui dans la culture de ces chrysanthèmes. D'ailleurs, ces résultats lui ont valu les récompenses suivantes qui lui ont été décernées au concours de Valognes, et que nous avons le plaisir de mentionner. 1er prix, médaille d'argent, grand module, pour sa collec- tion de chrysanthèmes. 2« prix, médaille d'argent, grand module, pour la bonne culture de ces mêmes plantes. (*) L e Rapporteur : LÉON THOMMIN. (Famille des Gunnéracées). Presque tous les cherbourgeois connaissent une jolie propriété située sur le versant Nord du coteau qui sépare Octeville de Cherbourg, qui fait face à deux de nos principales rues, les rues de la Poudrière et Montebello, et qui appartient à M. Lesieur. Parmi les nombreux végétaux remarquables que contiennent les jardins qui bordent cette propriété, jardins d'ailleurs très coquettement tenus, surtout pendant la belle saison, les regards des amateurs se portent naturel- lement sur une énorme plante de Gunnera scabra qui se voit très bien de la partie haute de la rue Montebello. Cette plante (originaire du Chili) n'est certes pas une nou- veauté, mais celle dont je parle a atteint des proportions (*)M. Halopé a également obtenu à l'exposition de Valognes, pour ses chrysanthèmes, des récompenses dont il est question dans^ le cours du présent bulletin. Réd. r — 91 telles qu'elle trouverait difllcilement son pendant, et, à ce titre, elle mérite une petite note dans noire bulletin. Elle occupe, sur le bord d'un gazon, un massif ovale, qu'elle couvre en entier, et dont la circonférence est d'environ ^o mètres. Une quantité considérable d'énormes feuilles d'envergures variant entre 1 mètre oO et 2 mètres, supportées sur de très fi.rls pétioles garnis dans toute leur longueur de dards en forme de crochets, en font une plante du plus bel effet décoratif, et dans l'intérieur de laquelle on ne peut s'aventurer qu'avec précaution. On aperçoit, à la base des feuilles, et sortant directement des rhizomes, de nombreuses productions florales en forme de gros goupillons ou cônes très allongés dont quelques unes sont couvertes d'innom- brables points rouges que j'ai pris pour des graines arrivées à maturité; mais sans que je me soie assuré d'une façon précise de leur nature. Cette plante doit être âgée d'une quarantaine d'années au moins, et elle a supporté, depuis deux ans surtout, des températures assez basses,— 1 1 à — 1 3degrés cent., sans d'autre abri que ses propres feuilles que le jardinier coupe à rap- proche de l'hiver et entasse en couverture sur la plante, laquelle doit, au printemps, leur donner des remplaçantes, qui, comme elles, vivront l'espace d'un été. La photograpliie ci-jointe, due au talent de notre sympa- thique secrétaire-adjoint, M. Macé, prise avec l'autorisation du jardinier et avec l'assentiment tacite du propriétaire, dont l'obligeance ne fait de doute pour personne, peut du reste donner une idée de la beauté de eette plante. Quelques renseignements qui me sont parvenus depuis que cette note est écrite me permettent de supposer que la plante dont il s'agit a été plantée par M. Dorange, aïeul de la famille Lesieur, et dont le nom figure sur la liste des membres de la Société d'Horticulture de Cherbourg dans le bulletin de 1848; toutefois M. Duprey, dans une très longue revue, publiée dans le môme l)ulletin, des végétaux exotiques dont on ten- tait à cette époque la culture à l'air libre à Cherbourg, n'en parle pas encore. D'un autre côté, M. Ed. André (illustration horticole 1872), dit avoir observé à Cuernesey, au parc de Saint-Georges, un exemplaire splendide de Gunnera scabra portant une douzaine de feuilles. Cette plante n'était cependant encore, à cette époque, qu'un petit rejeton de notre belle plante cherbour- geoise. LEVESQUE — 92 — ROSIERS NOUVEAUX Au bulletin de l'année 1893, page 87, lire : Madame Fré- déric Weiss, obtenue par M. Bernaix, et non ; Soupert et Notting. Rosiers de 1893-1894 ROSIERS ILE BOURBON Lorna Doone (William Paul et fils, de Waltham Cross), fleur grande, globuleuse, bien faite, coloris carmin magenta, onjbré d'écarlale. Madame Edmond Laporte (Philbert Boutigny, à Rouen), fl. très grande, demi globuleuse, pleine, intérieur blanc argenté, revers des pétales rose d'une grande fraîcheur, très remontante. Madame Nobécourt (Moreau- Robert), fl. extra grande, en coupe, beau rose clair satiné, corymbifère et très odorante. Mademoiselle Louise Boudin (Vigneron), fl. grande, pleine, bien faite, carmin frais, très odorante. ROSIER POLYANTHA Turner's Crimson Rambler, sarmenteux cramoisi de Turner, importé du Japon par le mécanicien d'un bateau à vapeur, de qui M. Turner, horticulteur à Sloug, Angleterre, en fit l'acquisition. Coloris cramoisi. Il en existe une variété dont les fleurs seraient plus pâles. D'après le Moniteur d'horticul- ture, qui emprunte son dire au The Garden, ce rosier aurait été acheté par un S"" Jenner vers 1878 avec un stock de plan- tes expédiées par le naturaliste R. Smith, de Tokio. Ce rosier avait d'abord été cultivé par M. Jenner sous le nom de the engineer (L'ingénieur), qui en fit don à M.John Gilbert, horticulteur à Bourne, dans le Lincolnshire. C'est de ce der- nier que M. Turner acheta ce rosier, il le baptisa du nom de Turner's Crimson Rambler (Sarmenteux cramoisi de Turner). — 93 — ROSIER RUGOSA America. Ce rosier est introduit des Etats Unis, sa descrip- tion ne figure pas encore dans les catalogues. ROSIERS NOISETTE Comtesse de Galarde Béarn (Bernaix), fl. grande, jaune canari clair, très florifère. Marie Robert fScipion Cochet), IL grande, centre rose vif, marbré de saumon, pétales du pourtour plus pâles. ROSIER HYRRIDE DE NOISETTE Souvenir de Lucie (M"ie veuve Schwartz), 11. moyenne, bien faite, en corymbe, variant du rouge rubis à rose carminé pâle, centre blanc rosé, revers des pétales blanchâtre, coloris nouveau. ROSIER BENGALE La Neige (Ch. Reboul), IL moyenne, coloris blanc neige, corymbifère. Variété précieuse pour la Heur coupée. ROSIERS THE Albertine Borguet (Soupert et Notting), 11. grande, pleine, large, coloris jaune mauve, centre canari verdàtre très lui- sant. Baronne Charles de Gargan (Soupert et Notting), fl. grande, pleine, pétales du pourtour d'un jaune narcisse clair, centre jaune de Naples luisant, odorante. Capitaine A. Malibran (Tesnier fils), il. très grande, soli- taire, coloris rose de Chine, carminé brillant à fond cuivré, bord des pétales du pourtour rose vineux pourpré clair, très odorante, coloris nouveau. Variété extra. ColonelJuffé (Liabaud), 11. moyenne, pleine, coloris rouge pourpre, passant, aussitôt épanouie, au pourpre noir. Comte François Thun (Soupert et Notting), M. grande, pleine, en coupe, boutons en s'ouvrant brun velouté, coloris de la tleur rouge sang amarante, nuancé acajou, passant au carmin foncé. Odorante. La plus foncée des roses thé. Comtesse de Ménon (Liabaud), fl. très grande, pleine, en coupe, coloris blanc verdàtre, se lavant de rose sur le déclin de la fleur. — 94 - Comtesse d'Eu (Levèquo et fils), IL grande, très bien faite, coloris blanc soufré, ombré et teinté de rose cuivré et légère- ment strié de rose. Comtesse Dusy (Soupert et Notting), il. grande, pleine, de belle forme, imbriquée, coloris d'un blanc magnifique, très florifère, odorante. Comtesse Livia Zichy (Soupert et Notting), 11. grande, pleine, imbriquée, coloris blanc de marbre, centre ocre clair nuancé rose satiné très tendre, odorante. Corina ou Corinna (William Paul et Son), 11. moyenne, coloris rose inèlé de jaune cuivré à la base des pétales, plus rose à la partie supérieure. Docteur Alpbons.', Schlumbergor (Soupert et Notting), 11. grande, pleine, de bellle forme, coloris saumoné, revers des pétales rose incarnat, très florifère, odorante. Docteur Rouges (V^ Schartz), fl. de forme irrégulière, imi- tant celle du Dahlia cactus, pétales roulés en cornet, coloris rouge de Chine sur fond aurore, variété bien tranchée. Elise Heymann(C.P.Strassheim), 11. grande, pleine, coloris jaune cuivré nuancé jaune nankin, centre quelque peu rose pèche, pétales extérieurs jaune chrome nuancé de rose clair. Frau (Femme) Thérèse Gliick (Ottogluck, de Landsberg, Allemagne), fl. d'un beau rose tendre, se rapprochant quelque peu de celle du Souvenir de la Malinaison, en coupe en hiver, globuleuse en automne. Graziella (Dubreuil), 11. grande, centre légèrement rosé, revers des pétales blanc, très florifère. Hélène Puyravaud (J. PuyravauJ), 11. grande, pleine, colo- ris jaune foncé, boutons allongés nuancés de carmin. Madame Albert Bleunard (Tesnier fils), 11. grande, pleine, coloris blanc, centre teinté de blanc jaunâtre, très llorifere. Madame Alexandrine Danowchi (Soupert et Notting), 11. grande, pleine, en coupe, coloris jaune orange, centre jaune ocre, nuancé de jaune or, revers des pétales rose clair, très odorante. Madame Augustine Bardiaux (Levèque et fils), fl. grande, pleine, très bien faite, globuleuse, coloris rose cuivré jaune ombré et teinté de rose. 9o Madame Buzo (Liabaud), 11. grande, pleine, coloris jaune "beurre frais brillant, imbriquée. Madame Garnot (Pernet père), 11. très grande, presque pleine, bouton très allongé, coloris blanc jaunâtre, fond lavé jaune d'œuf. Madame Edouard Helfeinbein (Pierre Guillot), fl. grande, pleine, coloris jaune chamois abricoté, nuancé de rose de Chine carminé clair et foncé. Madame Ernesline Verdier (obtenue par P. Perny, vendue par J. Aschery), 11. très grande, très pleine, boutons d'une teinte rosée nuancée, le coloris de la fleur est un mélange de rose, de blanc et de rouge, très belle. Madame Louis Laurans (Joseph Bonnaire), fl. très grande, pleine, odorante, bouton allongé, coloris rouge foncé, reflété magenta. Madame Molin (Liabaud), 11. grande, pleine, coloris carné, légèrement saumoné. Mademoiselle Antonine Veysset (Veysset), fl. moyenne, pleine, odorante, rebord légèrement saumoné, intérieur blanc lavé jaunâtre, panachée rayée de rose vif. Mademoiselle Lucie Chauvin (Moreau-Robert), fl. très grande, pleine, globuleuse, coloris jaune saumoné nuancé abricot, corymbifère et très odorante. Mademoiselle Yvonne Gravier (Alexandre Bernaix), fl. grande, pleine, coloris nouveau, d'un beau jaune crème, revers des pétales d'un beau rose tendre, centre nuancé de jaune canari. Mariano Yergara (Pierre Guillot), fl. grande, bien pleine, coloris rouge magenta, éclairé de veruiillon et de pourpre. Monsieur Perrier (Tesnier fils), 11. très grande, très pleine, S(ditaire, coloris blanc légèrement jaunâtre au pourtour, centre jaune maïs vif. Perle de feu (F. Dubreuil), fl. moyenne, coloris cuivré rouge, nuancé jaune nankin, avec des reliefs chamois pour- prés. Princesse Marie Dagmar (Lévèque et fils), fl. larges, coloris blanc carné jaunâtre, boutons allongés, pétales souvent om- brés de carmin très léger. — 96 Souvenir dn Franz Deak (.luliusPerrotti), II. gramU;, coloris blanc, 1res odorante. Souvenir de Madame Liidmilla Scliulz(Soupert et Notting), fl. très grande, coloris rose de sienne nuancé de blanc, centre rose laque, mélangé ocre clair. IlOSIERS HVBRIDKS DE THÉ Arciiiducliess(! Maria IJorotliée Amélie (Balocli), 11. grande, pres(jue pleine, coloris rose jaunâtre, nuancé de rouge, très odorante. liaron M. de Lostendc (.T. Puyravaud), 11. grande, double, coloris rose violacé argenté, bouton très allongé. Hippolyte Barreau (Peruct-Duchcr), 11. grande, très pleine, coloi'is niuge carminé, ombré de cranu)isi velouté, surtout à la lloraison d'automne. Madame Joseph Combet (Joseph Honnaire), II. grande, très pleine, imbrication parfaite, coloris blanc crème ombré de rose, intérieur jaune aurore. Madame Jules Finger (Cuillot), 11. très grande, pleine, glo- buleuse, coloris blanc crème, légèrement nuancé de rose saumoné au centre, passant au blanc pur. Mademoiselle Germaine Trochon (Pernet-Ducher), 11. gran- de, pleine, globuleuse, bouton allongé, coloris carné sauuioné, centre jaune nankin orangé, bord des pétales nuancé de rose. Marquise Litta (Pernet-Ducher). (1. très gramle, très pleine, en coupe, coloris rose carminé, centre rouge vermillon. Princess May (William Paul et Son), 11. grande, pleine, globuleuse, coloris rose ()pa(iue très clair. ROSIERS HYBRIDES REMONTANTS American Belle (J. Burton), 11. grande, coloris blanc. Amiral Avellan (Lévèque (>t lils), II. grande, excessivement bien faite, rouge vif carminé. Baron Kliside Saint Albert (V'' Selnvarl/), H. très grande, bien faite, coloris beau rouge carminé très vif, passant au rouge lilacé, aussi grande (juc Paul Neyron. Capitaine Peillon (Liabaud), 11. grande, pleine, coloris rouge pourpre cramoisi. — 9: Clio (William Paul et filsi. 11. grande, coloris chair, centre rose. Duc dT'zès (Lévèque et tîls), fl. grande, coloris rouiie maron nuancé de rouge foncé, presque noir, éclairé rouge feu. Etelvina (Pedro Dias), fl. grande, très double, en coupe, coloris cerise légèrement carminé et strié de blanc. Général de Miribel (Lévèque et lils), fl. grande, imbriquée, coloris rose vif nuancé. Grand Duc Michel Alexandrowitch (Lévèque et fllsl, fl. grande, globuleuse et imbriquée, coloris rouge vif carminé, ombré de cramoisi. La Vierzonnaise (Charles André), fl. grande, coloris rose lilacé clair, nuancé de rose plus foncé, ombré et glacé de rose légèrement carminé. Lucien Duranthon (Joseph Bonnaire) fl. grande, pleine, coloris rouge carmin pur très vif. Madame Adolphe Aynard (Liabaud), fl. très grande, coloris rose tendre glacé argenté. Madame J. Goujon (Philbert Boutigny),fl. grande, bombée, pleine, coloris rose très frais. Madame Paul Tanche (Liabaud), fl. grande, pleine, en coupe, coloris rose vif, mêlé d'orange et de saumon. Mademoiselle Marie Perrin (Scipion Cochet), fl. grande, double, globuleuse, coloris rose tendre arijenté. Marchionness of Londonderry (Alex. Dickson et tîls), fl. très grande, coloris blanc d'ivoire le plus pur. Monsieur Baconnier (V'^' Schwartz). fl. moyenne, coloris rouge grenat velouté, nuancé de cerise vif. Monsieur Célestin Port iTesnier tilsK fl. très grande, très pleine, coloris rouge vermillon écarlate velouté, centre rouge orangé. M. Edouard Détaille (Auguste Gouchault) fl., grande, très pleine, coloris rouge pourpre foncé, ombré noir, centre rouge vermillon. Monsieur Louis Ricard (Philbert Boutigny). fl. grande, coloris pourpre noirâtre velouté, éclairé de vermillon brillant. — 98 — Préfet Rivaud (Pernet père), fl. très grande, presque pleine, globuleuse, coloris rouge vif, très odorante. Paul's Early Blush (Paul et fils), 11. grande, pleine, coloris rouge pourpre devenant blanchâtre. On peut ajouter à ces nouvelles espèces de rosiers le nou- vel églantier pour sujet haute tige, vendu par Messieurs Ketten, frères, de Luxembourg. A. CAUVIN. Exposition Horticoie à Cherbourg EN 1894 La société d horticulture de Cherbourg tiendra sa P6" exposi- tion, du samedi 7 Juillet 4894 au mardi 10 juillet inclusivement, dans un local qui sera ultérieurement désigné. Les horticulteurs, jardiniers, maraîchers et amateurs, étrangers ou non à l'arrondissement de Cherbourg et particulièrement les membres de la société, sont invités instamment à prendre la plus grande part possible à cette exposition qui coïncidera avec le 50^ anniversaire de la fondation de la société d'horticulture. Les dames patronnesses auront à accorder des médailles : l** aux plus belles plantes fleuries de serre et de pleine terre, faisant partie d'un lot reconnu méritant; 2° aux plus beajx bou- quets montés; 3° à la plus belle garniture de fleurs pour surtout de fable; 4° à la plus belle garniture de jardinières et de suspen- sions d'appartement. Des médailles d'or, des médailles de vermeil, d'argent et de bronze de divers modules, des livres et instruments d'horticul. ture, des primes seront mis à la disposition du jury pour êtra attribuées, selon le programme détaillé, savoir : — 99 — Au lot de 20 plantes, d'espèces différentes de serre, rares ou nouvelles; Au lot de 20 arbustes de culture de plein air, réunissant un mérite supérieur; Aux plus belles collections de dix espèces de plantes de serre à feuillage ornemental; De 20 variétés de rosiers en pot, les mieux fleuris; De 30 variétés au moins de roses coupées (trois échantillons au plus par chaque variété); De 30 pelargonium à grandes fleurs: De 30 pelargonium zonale et inquinans; De 30 pelargonium peltatum ou à feuille de lierre; De 20 bégonias bulbeux; De 20 variétés de fuchsias en pot; De gloxinias; De 2") variétés d'œillets; De 2J espèces, en 5 genres au moins, de plantes annuelles; Au plus beau lot de légumes de la saison et au plus beau lot de fruits provenant des cultures et des jardins de l'arrondisse- ment; h l'introduction dans les cultures de l'airondissement d'espèces ou variétés nouvelles de produits maraîchers; A.x pépinières paraissant donner les meilleurs résultats; aux outils, instruments de jardinage et constructions en métaux, fer fec lionnes ou fabriqué' par des exposants appartenant à l'ar- rondi sèment. Aux plus beaux meubles rustiques et objets d'ornement et d'application journalière en horticulture; A la tneilleure collection de poterie horticole; A la plus belle décoration florale et à la meilleure tenue des pelouses des jardins de l'arrondissement; Aux instituteurs pour l'enseignement horticole et à leurs élèves; A la meilleure collection d'insectes utiles et nuisibles à l'horti- culture, recueillie dans l'arrondissement; — 100 — Aux jardiniers travaillant à la journée pour la tenue des jar- dins et la taille des arbres fruitiers; Aux jardiniers des propriétaires et des établissements horti- coles pour leurs services et leur intelligence du jardinage. 300 fr. seront distribués en primes entre les exposants appartenant à l'arrondissement qui auront présenté les plus belles et les meilleures plantes. Pour les divers concours qui exigeraient la visite préalable des commissions permencntes, tels que ceux des légumes, fruits, serres, pépinières, tenue de jardins, on devra'se faire inscrire au moins un mois à l'avance au siège de la société, rue Montebello, 44. Si en dehors des prévisions du programme, il était présenté des collections de plantes et de fleurs d'un mérite supérieur, le jury aurait tout pouvoir pour accorder des récompenses. Huit jours au moins avant l'ouverture de l'exposition, chaque exposant est tenu de faire connaître, par écrit, au président de la société, le nombre approximatif des articles qu'il a l'intention de présenter, en même temps que la surface qui lui est nécessaire. Les objets exposés doivent être accompagnés d'une étiquette indiquant 'le nom de chacun d'eux, le prix pour ceux destinés à être vendus et d'une Uste générale des produits présentés par chaque exposant. Les apports des plantes et objets divers devront avoir lieu, avant midi, le vendredi 6 juillet; ceux de légumes, fruits, bou- quets et fleurs coupées, le samedi, avant lo heures du matin. Le jury commencera ses opérations à 11 heures précises, le samedi 7. — La distribution des récompenses aura lieu le mardi 10 juillet, à 2 heures de l'après midi. La compagnie de l'Ouest a accordé le retour gratuit pour les objets ou produits envoyés à l'Exposition. Nous espérons qu'un grand nombre d'exposants répondront à l'appel de la sociétéd'horticulture et que l'Exposition de 1894 sera au moins aus-i brillante que les précédentes, organisées à Cher- — lOf — bourg où nos établissements horticoles et nos jardins sont si ri- chement pourvus de belles et bonnes plantes. La Rédaction. LA TEMPÉRATURE M. Thommin a bien voulu, comme il le fait chaque année, relever à l'observatoire de la Marine les renseignements ci- après sur la température. Cette année, ces indications auront d'autant plus d'intérêt qu'elles permettront de faire des comparaisons avec celles qui figurent dans les bulletins précédents. On y verra qu'il n'a pas tombé de pluie en avril 1893, et que l'eau a été rare jusqu'en septembre. Si, dans l'hiver qui vient de finir, nous avons eu moins de jours de gelée que les années précédentes (8 seulement), en revanche il a fait beaucoup plus froid, — Les instruments de l'observatoire de la Marine n'ont marqué que moins 9 le 4 janvier, et moins 8 le 5; c'est déjà une tem- pérature plus basse que celles qui y avaient été relevées précédemment. Mais, dans diverses parties de la ville et des environs, on a constaté que le thermomètre était descendu davantage au commencement de janvier, jusqu'à 11, 12, 13, 14 degrés au-dessous de 0. Il arrive parfois (cela tient sans doute à la situation différente des instruments), qu'on relève ailleurs des températures plus basses qu'à l'observatoire de la Marine. Cependant, les constatations étant faites là tou- jours dans les mêmes conditions, il y a intérêt à établir des comparaisons avec ce qui y a été remarqué précédemment. Nous avons eu peu de jours de neige pendant l'hiver 1893- 1894; mais d'un autre côté, un vent très fort de la partie do l'Est précédant les gelées (qui sont arrivées plus tard qu'à l'ordinaire) a beaucoup nui à la végétation. VII. — 102 Dans un précédant bulletin, se trouve un bien intéressant article de M. Cavron sur les dégâts causés dans les jardins par les grands vents d'Est. TEMPÉRATURE ;®^i=="=— " AVRIL 1893 NOVEM. 1893 DÉCEM. 1893 JANV . 1894 FÉVR . 1894 H Q 1 mini ma maxima minima maxima minima maxima 9 minima 4 maxima minima 6 maxima 7 13 5 11 3 6 8.8 2 9 12 12 14 4 (i —1 O 9 10 3 8 13 11 14 5 6 3.4 0 3 10 4 7 12 11 14 7 10 —9 2 6 9.6 5 7 12 8 12 4 8 —8 —4 8 10.7 6 8 13 7 9 7 10 7 -hO.6 9 10.7 7 7 12 o 8 0 10 0 9 10. S 8 8 11 6 8 6 10 0 3 6 10 9 8 10 5 7 4 8 2 4 7 M 10 8 12 6 9 6 9. 6.3 9.3 8 10 11 7 9 4 9 5 8 7 10 S 12 12 6 S 2 8 7 11 8 10 3 9 13 0 10 4 7 8 13 8 10 4 7 14 3 s 9 11 3 8 6 10 4 8 15 4 11 5 9 4 9 6 10 4 10 16 6 12 6 11 2 8 9 10 4 9 17 8 12 6 13 3 4 8 11 6 10 18 9 17 2 8 4 6 7 9 0 6 19 14 20 3 6 5 9 8 10 1 4.3 20 12 17 6 7 6 10 7 10 1.4 4.3 21 14 23 7 8 4 8 7 10 1 3.5 22 13 26 3 8 6 9 3 9 1 3.4 23 9 16 3 5 3 10 1.6 6.3 1 7 24 8 17 • 8 9 7 10 1 7 4 . 9 23 11 17 9 11 4 10 7 8 5.3 9 26 9 lo 4 10 4 10 6 7 9 11.8 27 9 12 5 7 3 8 10 7 11.7 28 7 12 10 11 2 7 4 7 6 10 29 9 13 7 10 1 6 6 8 )) )) 30 8 12 7 8 0 4.3 7 9 )) » 31 )) )) )) » 1 7 1 3 7 )) » — 103 — CHERBOURG NOMBRE de ' jours de neige. ?ÎOMBRE de jours de pluie. QUANTITÉ d'eau tombée en m/m. NOIV de Jours d pur EST IBRE î Vents des ;ios. OUEST 20 00,7 10 2 4 6 7m/m7 10 4 » » » 8 1 » 4 33m/mi 3 3 » 5 24"i/n^l 4 10 s 16 83,9 1 8 )) 7 22,2 1 6 » 16 109,7 2 6 )) 24 194,4 3 5 » 22 53,2 3 9 1 20 105,3 6 8 » 18 79,1 4 10 )) 20 123,5 13 10 4 En janvier 1894, il y a eu en outre, 2 jours de grêle, 7 jours de gelée blanche et 2 de brume. La moyenne du mois a été manima 3» 5', et maxima 6» 5'. La Rédaction. 104 — BIBLIOOFi^^F^HIE La culture fruitière aux Etats-Unis. — M. Félix Sahut, président de la Société d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault, auquel nous devons déjà un certain nombre de travaux horticoles des plus utiles et des plus intéressants, a publié sous le titre que nous venons d'indiquer un nouveau mémoire que nous avons lu avec le plus grand plaisir. M. Sahut nous expose les progrès immenses accomplis aux Etats-Unis dans la culture des arbres fruitiers; mais, il démontre que c'est en grande partie à la France que sont dues les espèces introduites en Amérique. L'auteur nous donne des indications sur l'American Pomological Society, fondée aux Etats Unis en 1848, c'est-à-dire avant la Société pomologique de France qui ne date que de 1855, et la com- mission royale de pomologie belge et étrangère qui fut insti- tuée à Bruxelles en 1852. Cette société américaine a contribué largement au développement de la culture fruitière aux Etats-Unis. D'après M. Joly, M. Sahut nous apprend que déjà « il y avait, en 1877, dans les vergers de l'Union améri- caine, 112 millions de pommiers, 30 millions de poiriers, 112 millions de pêchers et 142 millions de pieds de vigne. Il n'était pas rare de voir des vergers renfermant de 25,000 à 30,000 arbres fruitiers, et cela par deux ou trois variétés seulement, celles qui étaient adaptées à la grande production et, sans doute aussi, au climat de la région. Depuis 1877, les Américains ont créé partout de nouveaux vergers ; ils consa- crent aux arbres fruitiers des surfaces de plus en plus consi- dérables. Aussi, non seulement la consommation des fruits par tète d'habitant est-elle, aux Etats-Unis, beaucoup plus élevée qu'en France, mais la production augmente si rapide- ment que l'exportation des fruits frais ou préparés en conserve, ou encore desséchés par les évaporateurs s'y fait I — 101 aujourd'hui surde gigantesques proportioiio. Déjà, en 1885, les Américains envoyaient en Angleterre, seulement, 1,349,798 bushels de pommes fraîches, soit 475,628 hectolitres, et cette exportation a considérablement augmenté d'année en année. En 1889, elle se chitïrait par 1,500,000 barils. lien est de même des fruits conservés par le procédé Appert ou par la dessiccation. » L'American pomological Society publie chaque année divers travaux et un catalogue des fruits. M. Sahut nous donne sur la confection de ce catalogue des renseignements que nous regrettons vivement de ne pouvoir reproduire. Laissons la parole à M. Sahut : « 1 «Pommes (apples).— Le catalogue en énumère 339 variétés. Le pommier est l'arbre fruitier le plus répandu aux Etats- Unis. On le cultive plus ou moins dans tous les Etats, sauf dans ceux de Dakota, Montana, Wyoming et Idaho, de la région Nord; New Mexico et Arizona, de la région du Sud ». — Suit la liste des variétés les plus propagées. En parcourant cette énumération, dans la brochure de M. Sahut, on voit que les pommes les plus estimées en France ne sont pas celles que l'on préfère aux Etats-Unis « puisque la plupart des nôtres ne se trouvent pas dans la liste des variétés géné- ralement cultivées en Amérique. » Il a été inventé des machines pour peler, vider et couper par tranches les pom- mes destinées aux évaporateurs. Les résidus, les pelures et le cœur des fruits sont utilisés pour faire des gelées ou du cidre. 2o Poires (pears).— Le catalogue n'en décrit que 117 varié- tés parmi lesquelles on remarque : Angoulème (Duchesse), Anjou (beurré d'), Bartlett (William), Boussock (Doyenné Boussock), Clairgeau, Beurré Gillard, Louise bonne of Jersey, Belle Lucrative, Doyenne d'Eté, Beurré superflu, Doyenné blanc. — 106 — « Les variétés de poires les plus estimées aux Etats-Unis sont presque toutes des variétés européennes. Les Américains se sont, en effet, attachés à rechercher les nouveaux fruits de pommier plutôt que de poirier. Là-bas comme ici, la poire William est l'une des plus appréciées par tout le monde. » 30 Pêches. — Le catalogue porte, pour les pêches, 114 varié- tés, pour les prunes 86 variétés, pour les abricots 13 variétés, les cerises 41 variétés, les framboises 43 variétés, les gro- seilles à grappes 12 variétés, les groseilles à maquereau 9 variétés, les mûres 3 variétés, les ronces 18. « La culture de la vigne, nous dit M. Sahut, n'a pas pris aux Etats-Unis, cette extension considérable que les Améri- cains avaient rêvé pour elle. Le catalogue nous montre que malgré les nombreux semis, les viticulteurs américains en sont encore réduits à cultiver, partout, les cépages qu'ils nous avaient envoyés il y a vingt ans. Sur les 62 variétés de vignes américaines décrites dans le catalogue, 4 se rapportent au type vitis rotundifolia appelé vulgairement Round-leaved-vine (vigne à feuilles rondes). En France, ces plantes se sont montrées délicates et n'ont présenté, jusqu'ici, qu'un intérêt de curiosité. (( A la suite des 62 cépages américains que nous venons d'examiner, se trouve un autre tableau comprenant 33 de nos meilleures variétés européennes (grape foreign), » et le catalogue ne donne cette liste que pour la culture de serre. Le catalogue énumère de plus, les principales espèces ou variétés de fruits des pays chauds cultivés aux Etats-Unis. Ce sont : les ananas, les anonas, les bananes, les bibasses, les figues, les goyaves, les grenades, les kakis, les mangues, les oranges et citrons. « En outre, la 27° section du catalogue donne l'énumération de 85 espèces ou variétés d'autres arbres ou arbustes à fruits comestibles dont la culture est plus ou moins répandue dans 107 — les divers Etats de l'Union américaine. On y voit figurer : les noyers, les châtaigniers, les noisetiers, le sapotiller, le carambolier, le baobalD, le papayer, le cocotier, les eugenias, l'abricot de St-Dominique, l'avocatier, l'amande, les néfliers, etc. » Comme le climat a beaucoup d'influence sur les cul- tures, et qu'il est varié dans un pays aussi vaste que l'Union, M. Sahut donne, ensuite, des indications sur la climatologie des Etats-Unis. Dans ses conclusions, nous voyons que, pour la culture fruitière, le rapport de 1889 évalue à 1,500 millions de francs, la valeur marchande des fruits de toutes sortes récoltés annuellement sur le territoire de l'Union américaine. M. Sahut termine ainsi : « L'american pomological society a le droit de revendiquer sa part d'influence sur le dévelop- pement si rapide de la prospérité aux Etats-Unis. Elle a rendu un service signalé au pays, en augmentant considéra- blement la production des fruits, qui entrent pour une si large part dans l'alimentation publique, et qui fournissent déjà aux américains un élément, de plus en plus, important de leur commerce d'exportaition. » Il nous a semblé que nous pourrions tirer de tout cela un enseignement précieux, et c'est pourquoi nous avons pensé devoir nous étendre sur ce sujet, en dépassant plus de mesure les limites d'un simple et banal compte-rendu. » Nous regrettons de ne pouvoir parler plus longuement du savant travail de M. Sahut, qui dénote des connaissances particulières du sujet traité, et que toutes les personnes qui aiment un peu l'horticulture liront avec le plus grand intérêt. D'ailleurs, on doit être reconnaissant à l'auteur de signaler les efforts faits par les araéripains pour donner de l'extension à leurs cultures fruitières; cela ne pourra qu'inviter à ne pas se laisser distancer par eux. De l'émulation résultent les progrès. La brochure de M. Sahut a une grande utilité au point de vue général, et nous ne pouvons trop en recomman der la lecture. Pour nous, nous avons à le remercier, tout 108 — particulièrement, de nous avoir donné l'occasion de connaî- tre ce travail si intéressant à tous égards. Ikanamaui (*) {Nouvelle-Zélande) . — Tel est le titre d'une at- trayante brochure que M. Lièvre, sous-commissaire de la marine, a bien voulu nous adresser. Il nous a été d'autant plus agréable de pouvoir nous faire une idée de ce pays, d'après le récit de M. Lièvre, que nous entendons, souvent parler de la Nouvelle-Zélande, à laquelle nous devons un certain nombre de plantes. Dans le bulletin de 1848, envoyait, dans un article de M. Duprey sur les végétaux exotiques cultivés à l'air libre à Cherbourg que, parmi les 221 genres qui avaient subi conve- nablement la température des hivers, 18 genres étaient, déjà, originaires de la Nouvelle-Hollande et de la Nouvelle-Zélan- de. Dans le même bulletin, on lisait un mémoire de M. Le Jolis consacré au phormium ou lin de la Nouvelle-Zélande et signalant la floraison à Cherbourg, en 1847, d'une plante du genre phormium, jusqu'alors inconnue en Europe et rap- portée directement de son pays d'origine, dans notre ville, en 1839, par le capitaine au long-cours, M. Doucet. Les descendants de ce premier pied ont eu à subir les atteintes des derniers hivers, et il n'est pas possible de savoir si quelques phormiums qui, jusqu'en 1890-1891, n'avaient jamais souffert ici, pourront résister désormais. En tout cas, d'autres plantes de Nouvelle-Zélande peuvent être considérées comme ayant survécu dans les jardins ou contribuent à l'ornement de certaines serres, par exemple, la superbe fou- gère Todœa. Chacun sait que la Nouvelle-Zélande, possession anglaise de l'Océanie, se compose de deux grandes îles, séparées par le détroit de Cook, dont l'une est Ikanamaui que nous décrit M. Lièvre. La cité la plus peuplée de cette île, Auckland, compte 45,000 habitants. (*) Ou Ika-a-Maui, le poisson de Maui, — i09 « Si la ville n'a pas de monuments à faire admirer à ses visiteurs, elle a su, en revanche, se ménager, nous dit M. Lièvre, quelques jolis jardins : le Domaine, le jardin bota- nique avec ses camellias, Western park, Albert park, ce dernier agréablement situé, au centre même de la ville, sur une des collines qui la dominent. La promenade la moins banale est celle du mont Eden; elle nous repose du classique jardin anglais avec ses alternances de massifs fleuris, d'ar- bustes et de gazon. Le mont Eden est dans un faubourg; on y va par le train ou par l'omnibus. C'est un ancien volcan, énorme cône tronqué qu'on aperçoit de la rade, élevant sa tête nue par-dessus les maisons ; quelques noirs bouquets de sapins s'abritent dans ses replis. Du faite, on a une vue très étendue sur la rade, la ville, ses maisons peintes, ses jardins verts et, aux alentours, la plaine aride, toute bossuée de mor- nes rocailleux et pelés. Ce sont autant de volcans retraités, » D'après le récit de M. Lièvre, l'intérieur de l'ile a des aspects des plus variés. Tantôt on parcourt des landes sans fin toutes mamelonnées ({ où pousse seule la maigre fougère de nos campagnes fran- çaises; tantôt on rencontre des vallées profondes où s'entasse une exubérante végétation : le totara, le cyprès, le pin noir, des géants, protègent toute une clientèle de lauriers, de puketus et de magnolias qui se pressent contre eux, n'osant pas approcher le fier kauri, le roi des forêts néo-zélandaises, qui vit à l'écart dans le vide des clairières. Le kauri (dam- mara australis), superbe conifère, atteint jusqu'à cinquante •et soixante mètres de hauteur. Il donne un beau bois qui reçoit de nombreux emplois dans l'industrie. Le kauri tacheté (mottled kauri), produit une résine dont les indigènes façon- nent une multitude d'objets curieux, d'ornements et de bijoux. » La famille des conifères est largement représentée dans cette contrée; citons encore le pin blanc (podocarpus dacry- — 110 — doides, kakikalea des indigènes), le pin rouge (Riinu; dacry- doïdum cuprœsinum) , le rewarewa (knightia excelsa) qui, sans atteindre les dimensions du kauri, contribuent, de leur part, à la majestueuse grandeur de la forêt. » C'est là, aussi, qu'une des fougères les plus belles et les plus rares de la Nouvelle-Zélande, la todœa superba, déploie, sous les arbres centenaires, son gracieux diadème de den- telle. Ailleurs, des lianes énormes enserrent dans leurs bras les géants de la forêt. Les lianes, les ratas, dont la semence est déposée sur une branche, poussent en descendant vers la terre comme un îi! tenu; arrivées au sol, elles s'y implantent, grossissent, se serrent contre leur bienfaiteur qu'elles entou- rent de leurs colliers robustes et finissent par étouffer. Leur tuteur pourri et disparu, elles prennent sa place et atteignent souvent, alors, la taille des plus beaux arbres. De loin en loin, le bruit de la voiture fait disparaître un faisan qui s'envole lourdement et disparaît dans le fourré. » M. Lièvre nous décrit, ensuite, la région des lacs chauds où l'on voit « à perte de vue une plaine immense couverte de » myrtes nains; pas une branche qui s'élève plus haut que » l'autre dans cette moisson uniforme... La route après » avoir traversé le champ de myrtes, s'engage dans un )) pays accidenté, plus aride encore et plus triste; ce ne sont, » de chaque côté, que des landes sans fin dont le sol rocail- » leux et stérile est à peine recouvert d'un tapis misérable de » maigres fougères herbacées. Bientôt, on débouche dans une » plaine humide. Ici, c'est une monotonie d'un autre genre, )) partout des phormiums baignant leur pied dans les llaques' )) d'eau et rien que des phormiums. De ci, de là, cependant, )) un bouquet de roseaux agite son panache argenté, au-dessus )) du marécage. Mais les phormiums et la nappe de verdure )) uniforme n'ont qu'un temps. » — Au sud, de l'île se trouve Wellington, la capitale néo zélandaise, quoiqu'elle ait moins d'habitants qu'Aucklaud (28.000). Derrière les terrasses 111 (quartiers aristocratiques s'adossant aux premiers contre- forts de la moutagne, qui, à l'Ouest, domine la ville), (( au » fond d'un étroit vallon se blottit le jardin botanique, jardin » demi-cultivé, demi-sauvage, où les fougères arborescentes )) el les fleurs néo-zélandaises croissent au milieu des chênes u et des arbres de l'Angleterre, sur les deux rives d'un » profond ravin. Lower Hutt est le champ de courses de » Wellington (et s'en trouve à quelques kilomètres). II y a, )) aussi les Mac Nab's gardens, entre la ville et le champ de B courses: un restaurant champêtre, quelques bouquets de )) grands arbres, des massifs de fleurs et des champs de » fraisiers. Le prix d'entrée est d'un shilling, pour ceux qui » ont la malchance de rencontrer le caissier à la porte. Pour » les heureux, l'entrée est gratuite. Moyennant ce prix une » fois payé, vous pouvez saccager les plates-bandes, empor- )) ter des bouquets, manger des fruits, si vos prédécesseurs » ont eu la bonté de vous en laisser, et faire même vos pro- )) visions pour la semaine. Inutile de dire que les carrés de )) fraisiers sont les plus visités. J'ai vu un vieillard respectable )) et digne, qui avait dû pour entrer profiter de l'absence du )) caissier, s'adjuger un carré et en donner un, en fief, à sa )) femme et à chacun de ses enfants. C'était son Egypte à cette » famille; et il fallait voir comme elle s'empressait de l'épui- » ser, sachant bien que le soir venu, il lui faudrait regagner » son logis. La petite armée munie d'énormes paniers, » avançait méthodiquement en ligne, de file, annexant tout » sur son passage, laissant à peine quelques fruits verts, à » glaner, aux malheureux retardataires. » En somme, si, dans cette île, il y a des régions désolées, cependant pittoresques et possédant des sources d'eau chaude, la plus grande partie a un aspect des plus riants et des plus fertiles. « On comprend, dit M. Lièvre, le lyrisme de nos voisins quand ils parlent de ce pays, le plus beau et le plus salubre de la terre » . — \\1 — La lecture de la brochure de M. Lièvre nous a fait passer de bien agréables instants et sas descriptions si claires, accompagnées, d'ailleurs, de dessins de l'auteur, nous ont per- mis de connaître l'île d'Jkanamaui. Les extraits que nous en reproduisons ci dessus, en ce qui peut intéresser plus spécia- lement la société d'horticulture, ne donnent qu'une bien faible idée de ce récit des plus intéressants. * Nous avons reçu, trop tardivement pour qu'il en soit fait un compte-rendu dans le présent bulletin, le Traité sur la culture du rosier de M. Boutigny, chevalier du mérite agri- cole, membre des sociétés d'horticulture de Rouen et de Dieppe. Cet ouvrage forme un volume coûtant 2 fr. 50 et édité par Mégard et C'^, imprimeurs-éditeurs, 136, rue Saint- Hilaire, Rouen. La commission des cultures d'agrément fera connaître, ultérieurement, le résultat de son examen de ce travail qui, certainement, attirera l'attention de toutes les personnes (et elles sont nombreuses) qui s'intéressent à la culture du rosier. P. LELIÈVRE. NECROLOGIE Chaque année, nous avons à signaler le décès d'un certain nombre de membres, mais, jamais, la société n'avait été, encore, aussi éprouvée qu'elle l'a été depuis la publication du dernier bulletin. La mort a frappé lourdement dans ses rangs, et elle a enlevé deux membres correspondants : MM. de Gasté et Poteaux et treize titulaires : MM. Avoine, Bataille, Bostien, Desprès, Leloutre, Lepeuple, Levastois, Alfred Liais, le docteur Mesnil, Meslet, Menut père, Mouchel, Amédéé Rossel. 113 — Tous ces sociétaires étaient particulièrement attacliés à notre association; leur perte en a été d'autant plus doulou- reuse. M. de Gasté, ancien ingénieur de la Marine, député du Finistère, avait été conseiller général de Cherbourg, et il s'intéressait vivement à toutes nos institutions locales. Pendant un certain nombre d'années, il a été membre titulaire de la Société d'horticulture, et il a saisi avec empres- sement les occasions de lui être utile. Longtemps après le moment où il avait cessé d'habiter Cherbourg, il avait conti- nué à faire parvenir sa cotisation annuelle. — M. Poteaux, chef de division à la Préfecture de St-Lo, était originaire de notre ville où il avait été un certain temps, conducteur des Ponts et Chaussées. Plusieurs d'entre nous avaient conservé avec lui les meil- leurs relations, et jamais nous n'avions recours, en vain, à son obligeance quand il s'agissait d'être agréable à la Société d'horticulture. Un des membres de sa famille avait, d'ailleurs, fait partie du bureau. Lorsque nous avions appris qu'il avait été frappé brusquement par la mort, nous en avons été vive- ment peines. — M. Avoine, commissaire général de la Marine était aussi originaire de Cherbourg, où il comptait beaucoup d'amis. Il faisait partie depuis de longues années, déjà, de notre asso- ciation, d'autant plus qu'il aimait particulièrement l'horti- culture. Pendant longtemps, nous avons vu M. Avoine prendre part aux travaux de la société, en assistant aux séances mensuelles, aux visites de jardins, aux excursions horticoles. De ses voyages, il avait rapporté divers végétaux exotiques, notamment des cycas. Nous nous rappelons, — entre autres choses, — que M, Avoine avait présenté à une séance, de la moelle d'aralia papyrifera, provenant de Chine et qui, dans ce pays, une fois découpée en petites lamelles, sert à faire une sorte de papier. 114 — A cette époque, nous n'avions pas encore d'aralia papyrifera dans nos jardins où ces plantes ont résisté depuis, à l'air libre, pendant quelque temps avant l'hiver de 1890-1891 . Un nombreux cortège d'amis et de membres de notre société accompagnait à sa dernière demeure M. Avoine, et, sur sa tombe, M. Rossel,,Aniédée, avait prononcé un discours dans lequel il s'était fait le fidèle interprète des sentiments des assistants. M. Rossel rappelait que M. Avoine aurait pris prochainement sa retraite et qu'il se proposait de consacrer ses loisirs à l'horticulture. Lorsque nous entendions M. Rossel prononcer ces paroles, nous étions loin de songer que, moins de deux mois après, nous aurions aussi, à déplorer sa mort. — Chacun de nous se souvient avoir vu assister assidûment aux séances mensuelles : MM. Rataille, propriétaire et Meslet, receveur de l'hospice civil, qui paraissaient y pren- dre beaucoup d'intérêt. — Si M. Desprès, maître retraité de la Marine y venait dans ces derniers temps un peu moins régulièrement qu'au trefois, nous savons qu'il était, cependant, particulièrement attaché à notre société. — M. RosTiEN, commis de la Marine était, toujours, disposé à être utile quand l'occasion se présentait. Il s'empressait de prêter, avec dévouement, son concours lors des expositions ou des fêtes organisées dans le jardin de la rue Montebello. — MM. Leloutre, conducteur principal des Ponts et Chaus- sées, Lepeuple, propriétaire et le docteur Mesnil s'intéres- saient aussi beaucoup à la Société d'horticulture et plusieurs d'entre nous avaient avec eux d'excellents rapports. ~ M. Levastois, ancien entrepreneur, prenait part régu- lièrement à nos séances. Dans les extraits des procès-verbaux on verra que, peu de temps encore avant sa mort, il avait fait d'intéressantes communications. 115 M. Levastois aimait beaucoup l'iiorticulture et, toujours, il était disposé à nous faire part de ce qu'il remarquait dans ses jardins, dont il s'occupait tout particulièrement. Car, outre celui qui tenait à sa maison d'habitation, il en possédait à Brix,dans une belle propriété que la société avait visitée plusieurs fois. Nous nous souvenons de la dernière excursion faite à Brix et de l'affabilité avec laquelle nous fûmes reçus par M. Levastois et sa famille qui voulurent bien venir assister au petit banquet que nous avions organisé sous l'ombrage des pommiers, à Délasse. M. Levastois avait été membre des commissions perma- nentes et de celles d'organisation des expositions. Tous ces témoignages d'intérêt et les bonnes relations que nous avions tous avec lui nous ont rendu sa perte par cela plus sensible. — M. Alfred Liais était un des plus anciens membres de la Société d'horticulture, puisque, d'après une liste publiée dans le bulletin de 1848, nous voyons qu'il en faisait déjà partie à cette époque. — Nommé conseiller municipal en 1846, M. Alf. Liais devint adjoint en 1850. Il occupa les fonctions de maire de 1865 à 1878. C'est, pendant le cours de son administration comme maire, que notre société put réaliser son projet de création d'un jardin d'expériences. Une pétition fort bien faite, signée de MM. Dalidan, président, et Rossel, secrétaire, et retraçant les services rendus, fut adressée au conseil municipal le 12 novembre 1871 , afin d'obtenir, en vue d'y créer un jardin, la location, par un long bail et moyennant une rétribution minime, de terrains vagues appartenant à la ville et s'accédant par la rue Montebello. Le conseil municipal fit droit à cette demande, grâce à l'appui de M. Alfred Liais, qui, lui-même, voulut bien con- tribuer à la plantation de ce terrain, puisqu'il offrit quelques — 116 jeunes arbres provenant de ses propriétés. Mais le jardin une fois créé, il était nécessaire qu'il y fût construit un bâtiment pour y avoir une salle des séances et un logement pour le concierge-jardinier. (Dans les débuts, la même personne réunissait ces fonctions.) Alors (comme nous le disait M. le Président à la séance où il rendait compte du décès de M. Alf. Liais), M. Alf. Rossel composa une charmante pièce de vers (bulletins n°^ \ et 2, année 1872, page 34), ayant pour titre : a La Maison du Jar- dinier » et se terminant ainsi, — en s'adressant à M. Orry : Va, chansonnier populaire De la fête des Jardins, Apprendre à Monsieur le Maire Nos projets en tes refrains; Dis-lui Et qu'aujourd'hui l'on réclame La maison du Jardinier. M. Orry, vice-président, ancien adjoint au maire du temps même de l'administration de M. Alf. Liais, rédigea aussitôt au nom de la société (*) une pétition en vers au maire et au conseil municipal (publiée dans le bulletin de 1872,nes3et 4, p. 5), commençant par ces vers : Voyez, au sein de notre ville, Ce nouveau jardin qui surgit, Le sol en est riche et fertile; Les fleurs y croissent à l'envi. Mais, quand la brise meurtrière Viendra flétrir rose et rosier, Il faudra une chaumière, La chaumière du Jardinier. et finissant par la strophe suivante : Hier, une foule empressée, En parcourant nos verts massifs, Applaudissait notre pensée; * Pour nous ses vœux sont des plus vifs. (*) Cette pétition figure à la fin du bulletin de 1871. 117 Oh ! quand la cité tout entière Par ma voix vient vous supplier, Donnez, donnez pour la chaumière, La chaumière du Jardinier. La voix de M. Orry, le chansonnier populaire, fut entendue. Le conseil municipal, en novembre 1872, décida, à l'unani- mité, sur la proposition de M. Alf. Liais, la construction du chalet qui se trouve actuellement à l'entrée du jardin de la rue Montebello. A la suite de ce vote, M. Alf. Rossel, lors de l'exposition de 1873, créa une nouvelle et bien jolie composition poétique (bulletin de 1873, p. 47), ayant pour titre : « Merci!)) et débutant comme il suit : Volontiers, chanter, je pense, C'est un devoir, en eifet. Lorsque la reconnaissance M'inspire un nouveau couplet, Ma muse, souvent légère, .Connaît ses devoirs aussi; Nous avons notre chaumière, Monsieur le Maire, merci ! Si, dans les circonstances que nous venons d'indiquer, M. Alf. Liais prêta un concours empressé à la Société d'horti- culture,dans toutes autres occasions,il fut également disposé à lui être utile, notamment au moment des expositions. Aussi, le bureau a-t-il, lors de son décès, donné l'assurance de la reconnaissance et des vives condoléances de la société, à sa famille, dont plusieurs des membres ont bien voulu, depuis longtemps, se faire inscrire au nombre de nos adhé- rents et portent un grand intérêt à l'horticulture. — M. Auguste MoucHEL, ancien directeur du Phare de la Manche, aimait beaucoup notre société, et toujours il saisissait également les occasions de lui être utile. C'est dire que, sous sa direction, la publicité du Phare de la Manche était entière- ment à notre disposition. Son successeur, à ce point de vue* marche sur ses traces. — 118 D'ailleurs, le premier secrétaire de la Société d'horticul- ture, M. Chevrel, a été longtemps propriétaire de ce journal. Dans les banquets organisés à l'occasion des expositions, c'est M. Mouchel qui, en sa qualité de doyen de la presse, répondait par d'aimables paroles au secrétaire remerciant les journaux du concours qu'ils voulaient bien donner à la société. — Depuis 1870, notre bulletin était imprimé par M. Mouchel qui y apportait tous ses soins. — Pour le tracé et la tenue de ses jardins, il consultait souvent les plus compétents de nos collègues. M. Mouchel, comme conseiller municipal, fut chargé du rapport au sujet du projet de création du jardin public dans les terrains du Gauchin, situés derrière la gare. De là, le coup d'oeil aurait été magnifique. Ce ne fut pas la faute de M. Mouchel si ce projet n'a pas reçu d'exécution; car, son rapport était des plus complets et des plus concluants au point de vue des avantages qui auraient résulté, pour la ville et pour l'horticulture, de cette création. — M. Amédée Rossel, commissaire de la marine, nommé officier de la Légion d'honneur en juillet dernier, comme le rappelle notre collègue dans sa chronique, avait interrompu son service depuis quelques jours seulement, lorsqu'il a été frappé par la mort. Sa perte a été, pour notre Société, un nouveau deuil et des plus sensibles. M. Amédée Rossel, depuis sa jeunesse, s'adonnait à l'horticulture et il y consacrait tous ses loisirs. — Ceux d'entre nous qui, en 1891, ont pris part à une visite de son jardin, faite par les commis- sions permanentes, ont pu se rendre compte, de nouveau, des soins particuliers qu'il donnait à ses rosiers et à ses légumes. Aussi, M. Amédée Rossel, depuis de longues années déjà faisait-il partie de la Société d'horticulture, et l'on peut dire qu'il fut au nombre des membres qui ont le plus contribué au développement de sa prospérité. En 1868, il contribua au classement de notre bibliothèque, et, de son écriture remar- 119 — quablemont belle, il disposa le premier catalogue; il fit partie à cette époque du groupe de sociétaires à la tête desquels se trouvait M. Dalidan, et qui eurent l'idée de reprendre la pu- blication du bulletin. Il fut l'un des premiers et des meilleurs collaborateurs de cette publication qui, dès ses débuts, attira l'attention par la façon dont elle était composée. C'est tou- jours avec plaisir qu'en en parcourant la collection, on y lit les notes intéressantes que M. Amédée Rossel avait consa- crées à certaines cultures spéciales, et la revue des publica- tions horticoles qu'il faisait à chaque séance en sa qualité de rapporteur de la commission des cultures d'utilité. Nous nous souvenons de la réunion intime des fondateurs du bulletin, qui eut lieu un an après l'apparition du premier I numéro de cette publication, et à laquelle M. Amédée Rossel ;et son frère, M. Alfred Rossel, contribuèrent à donner un cachet tout particulier de cordialité et d'entrain. De ceux qui (s'étaient trouvés groupés alors, il en reste peu maintenant. Les très nombreux amis et membres de notre Société qui avaient tenu à rendre les derniers devoirs à M. Amédée Rossel, témoignaient des vifs regrets que causait sa mort, et ce n'est pas sans une sincère émotion que nous avons entendu les paroles éloquentes par lesquelles M. Le Brisoys-Surmont, commissaire de Marine, rappelait l'aiïabi- litéet les autres précieuses qualités du regretté défunt. La Société d'horticulture a pris une large part au deuil qui a frappé sa famille, dont fait partie M. Alfred Rossel, l'ancien et excellent secrétaire de notre association, qui, lui-même, s'adonne tout particulièrement à la culture des lleurs surtout des pensées et des roses, et qui compte au nombre de nos meilleurs collègues. — Nous allions clore cette revue nécrologique déjà bien longue, lorsque nous avons appris le décès de M. Menlt père, conseiller municipal. C'était encore un de ceux de ses mem- bres qui s'intéressaient beaucoup à notre société. Quoiqu'il — i20 fût déjà souflrant, à ce moment, sa présence à la fête donnée à la Société d'horticulture, par M. Emm. Liais, en juin dernier, dans ses jardins, en était une preuve. D'ailleurs, M. Menut, père, avait présidé quelque temps la Société artistique et industrielle, qui a été pour ainsi dire fondée par la nôtre et avec laquelle nous entretenons toujours les plus cordiales relations. Le président actuel de la Société artistique et industrielle est notre vieil ami et cher collègue M. Henri Menut, fils du défunt. De plus, M. Menut, père, était le parent de notre aimable et dévoué secrétaire-adjoint M. Macé. Ils peuvent être assurés des vives condoléances de la Société d'horticul- ture. Notre tache, cette fois, a été des plus pénibles. Malgré la longueur de cette nécrologie, nous n'aurons pas pu exprimer comme nous l'aurions voulu, tous les regrets causés par ces pertes nombreuses et qui nous ont si profondément affligés. o mars 1894. * * * Nous avons encore à signaler le décès d'un 14^ membre titulaire dont la perte a été aussi des plus sensibles. M. Auguste Laurent, négociant, ancien conseiller munici- pal s'intéressait beaucoup à la Société d'horticulture et, comme il aimait les plantes, n'ayant pas de jardin pour sa maison du quai de Caligny, il en avait disposé sur une terrasse très élevée d'où l'on jouissait d'un beau coup d'œil. 23 mars. . * , Lorsque nous rappellions à propos du décès de M. Alfred Liais, la part prise par la pétition en vers de M. Orry dans l'obtention du chalet du jardin de la rue Montebello, nous étions loin de penser que nous aurions à consacrer une notice nécrologique à notre excellent et sympathique vice-président honoraire. — 121 -' La nouvelle de sa mort a, vivement, peiné tous ceux qui l'avaient connu et particulièrement les membres de la Société d'horticulture. Un extrait de lettre publié dans le bulletin de 1892, page 92, montrait que si M. Orry avait cessé d'habiter Chcrbonrg, il n'avait pas oublié « notre chère société » et qu'il faisait des vœux pour sa prospérité. Nous, non plus, nous n'avions pas oublié et n'oublierons, jamais, les bonnes relations que nous avons eues avec lui. D'un caractère des plus aimables et toujours disposé à ren- dre service, M. Orry, avait été adjoint au Maire, président de l'Union Cherbourgeoise, vice-président de la société Sainte- Cécile et du Conseil d'administration de l'hospice, suppléant du juge de paix, etc. Il avait été nommé officier de l'Instruc- tion publique. — Mais c'est, principalement, pour la Société d'horticulture qu'il ne ménageait pas ses témoignages d'atta- chement, et il est, certes, un de ceux qui ont le plus contribué à sa prospérité. En sa qualité de poëte,il aimait de tout cœur la société qui avait pour but le développement de la culture des fleurs. Depuis un certain nombre d'années déjà, il était l'un des membres titulaires les plus dévoués, lorsqu'en 1870, il fut nommé vice-président. Dans toute circonstance, on le voyait à l'œuvre, notamment au moment des expositions et des fêtes horticoles, ne ménageant pas les conseils de son expérience, et ne s'épargnant ni fatigues, ni ennuis. M. Orry, s'occupait tout particulièrement de l'organisation des banquets et des excursions, auxquels il savait donner un cachet spécial d'entrain et de franche cordialité, d'autant plus que, pour ces occasions, il composait ces charmantes chansons, qui resteront populaires, ici, et qui étaient de véritables petits chefs-d'œuvre de poésie et d'esprit. — Nous n'en citerons que quelques unes : La Pomme, Fleurs et Vins (1869); Toast aux Jardinières (1872); Toast à du Breuil (1873); La Sainte Alliance des Jardiniers (1875); Les Choux (1878); La Carotte (1885). — 122 — Nous regrettons bien de ne pouvoir reproduire quelques pas- sages de ces jolies compositions, pour montrer combien elles étaient poétiques et pétillantes d'esprit. D'ailleurs, elles se trouvent en grande partie dans la collection de nos bulletins. Pour leur interprétation, M. Orry avait ordinairement recours à la belle voix, bien timbrée, de chanteurs membres de notre Sociéié. Il serait vraiment fâcheux que les œuvres de M. Orry fussent dispersés. Espérons que quelqu'un se chargera de les recueillir et de les éditer. M. Orry avait été frappé dans ses affections les plus chères, ayant perdu successivement tous les membres de sa famille, et nous avions vivement compati à ses peines. Il avait quitté, il y a quelques années, notre ville pour habiter auprès de Marseille, où il est décédé à l'âge de 79 ans. Il était revenu à Cherbourg, l'année dernière; sa santé paraissait encore robuste, et rien ne faisait penser qu'il pût être frappé, aussi- tôt, par la mort. Nous conserverons, précieusement, la mémoire de M. Orry; en faisant ce que nous pourrons pour la prospérité de la Société d'horticulture, nous réaliserons les souhaits de notre regretté vice-président honoraire. 1er avril 1894. RECTIFICATIONS & ADDITIONS Page 14, ligne 19. Au lieu de: la détruire, lire : les détruire. Page 18, ligne 26. Au lieu de : docteur Maurère: lire doc- teur Morère. Page 65, lignes 18 et suivantes. C'est dans sa '3'> serre que M. Halopé a appelé l'attention de la commission sur son système de vitrage, qu'il a d'ailleurs appliqué d'une manière générale, h. l. c. - 123 — Page 72, dernier mot, lisez : Décernées. Page 91 : Sur la photographie du groupe de Gunnera décrit par M. Lévesque, on reconnaît, à droite, l'auteur de l'article. Notre professeur, dont la taille dépasse la moyenne (1^76), s'est placé là, pour faire mieux ressortir, par comparaison, la dimension des plantes. La phototypie sort des ateliers de M. Dupont, fils aine, membre de notre société. RÉD. -Ooll- — 124 — Liste des Membres admis en 1893 MEMBRES TITULAIRES : MM. Berger, retraité de la Marine. Dax, professeur au lycée. i DiETSTH, lieutenant-colonel du 73' régiment territorial. Eguay, marchand bimbelotier. Harel, contre-maître chez M. Racine. Lecceur, chef d'escadron d'artillerie de marine. Lefauconnier, aide-commissaire de la marine. Lehoullier, magasinier de la marine. Le Roux, proviseur honoraire du lycée. De Meus, Paul, directeur de l'usine à gaz. MoucHEL, instituteur. Rauch, chef de bataillon en retraite. Vaslot, commis du commissariat de la marine. Ventrillon, maître entretenu retraité de la marine, conseiller municipal. ViviÈs, lieutenant-colonel d'artillerie de marine. MEMBRE CORRESPONDANT: M. Latour Fils, Propriétaire-Agriculteur à Surville (Calvados). Horticulteurs, Jardiniers & Marchands de Graines DE CHERBOURG FAISANT PARTIE DE LA SOCIÉTÉ D'HORTIOU[.TUKE. ->=WOO*CO^S<» MM. BALMONT, horLicuUeur-fleurisle, rue de la Duchée, 48. GAVRON Père, horticulteur, rue de la Bucaille. GAVRON (Léon), horticultcur-flcurisle, rue Asselin et rue Gam- betta, 12. DUFOUR, horticulteur-jardinier à Equeurdreville, Fourches. FONTAINE, horticulteur-maraîcher et marchand de graines, rue de Sennecey, 74. GOSSELIN, horli :ulteur-maraîcher primeur s e.rue duVa!-do-Saire. GIRARD, jardinier, rue Asselin, 59. HALOPÉ-CAVRON, horticulteur-fleuriste, rue de la Fontaine, 14. LEMAGNENT, jardinier, ruo d'j Chantier, 114 LEMOIGNE, jardinier à Tourlaville. LE PELLETIER, horticulteur-fleuriste, rue de la Duchée, 70. LE TELLIER pore, horticulteur-fleuriste et marchand de graines, rue Hélain, 68. LE TELLIER Fils, hoiticulteur, rue de la Polie. ; LE TERRIER, marchand de grajnes, place de la Fontaine, 1 bis. LE TULLIER, jarJinior, entrepreneur de jardins neufs et de constructions d; rochers arliticiels, rue Amiral-Courbet (impasse Leblanc). LEVÉEL aîné, horticulteur-flâuristo, rue de la Dachée, 109. LEVuiEL jeune, horticulteur-fleuriste, rue delà Duchée, lié. MARIE, jardinier, rue Loysil, 14. ^ BULLETIN DE LA. _£ r SOCIETE D'HORTICULTURE DE GMEIFIBOUFIG;- -a>«j 26^ ANNÉE t ANNÉE 1894 CHERBOURG } IMPRIiMERIE L'hOTELLIER, PLACE bL CILVTEAU ET RUE Di; BASSIN, lU 189o BULLETIN DE LA r w SOCIETE D'HORTICULTURE DE CMElFlSOUFiGî- .)a.»wgjK.cg- 26^ ANNEE -♦o»- ANNÉE 1894 LIBRARY NKW YORK Il Aki>f CHERBOURG IMPRIMERIE l'HOTELLIER, PLACE DU CHATEAU ET RUE DU BASSIN, 16 1895 U^"V^I© Les opinions exprimées dans les rapports et mémoires insérés au bulletin sont personnelles aux auteurs. Le Comité de Rédaction peut autoriser l'insertion au Bulletin de tout article, que son auteur soit membre de la Société ou qu'il y soit étranger. CONDITIONS D'ADMISSION Pour être admis à la Société, il faut se faire présenter par un membre de la Société et être agréé par le Conseil d'admi- nistration. La cotisation annuelle est de 5 francs. Chaque membre reçoit gratuitement le Bulletin. RÉUNIONS Les séances ont lieu le premier dimanche de chaque mois, k 1 h. 1/2 après-midi au siècle de la Société rue Montebello, U. Les ordres du jour sont portés à la connaissance des sociétaires par la voie des journaux. Quand il y a lieu, des convocations sont adressées à domicile. La séance de Janvier, consacrée aux élections annuelles, a lieu, par anticipation, le dernier dimanche de Décembre. Les leçons d'arboriculture, annoncées par la voie des journaux, sont données au jardin spécial de la Société, 10, passage des Jardins (entre les rues de la Duchée et de la Polie). — iNe^ïWWï» ; Membres d'Honneur de la Société. Présidents d'honneur j M. le sous-préfet de l'arrondissement. I M le maire de Cherbourg. Président honoraire ; M. Emn:i. Liais ^, ancien directeur de l'Observa. toire impérial du Brésil, maire de Cherbourg- Membres du Bureau pour 1893. Président Vice-Présidents, MM. M. le docteur Renault Lëvesque, #, rue de la Poudrière, 4. négociant, pi. de la Fontaine, 8. Gauvin, propriétaire, rue Bonhomme, 18. Hervieux, propriétaire, rue de l'Aima, 26. DuTOT II, greffier du tribunal de commerce, ad- jo;nt au maire, rue Montebello, 56, DE LA Chapelle CI, contrôleur des douanes retraité, rue de la Comédie, 41. Jolliet ^, chef de bataillon d'infanterie de marine retraité, rue du Chantier, 62. M, Orange, agent comptable de la marine retraité, rue Bonhomme, 38. Secrétaire : M. Lelièvre, Paulin, rue de la Polie, 18. Secrétaires- » Macé, Adrien, négociant, rue de la Duchée. adjoints, MM. ( Thommin, commis de la marine, rue Cachin. Bibliothécaire : M. Noyon, rue de la Marine. Bibliothécaire-adjoint : M. Cavron, Léon, horticulteur, rue Gambetta. Conseillers d'adminis- tration, MM. Trésorier Commissions permanentes. cultures d'utilité. (M. Lëvesque, ^, président). MM. Havard, maître principal au port retraité, v. -président. Paysant, ^, maître au port, retraité. Le Carpentier, avocat, rap- porteur. Maillard, négociant. Lemagnent, horticulteur. CULTURES d'agrément. (M. Gauvin, président.) MM. NicoLLET, I Q, professeur en retraite, vice-président. Corbière ||, professeur de sciences naturelles aulycée. Rosine, ancien avoué. Legrin, avocat, rapporteur. Point, propriétaire, à Tour- laville. Comité de Rédaction. MM. DE LA Chapelle 0, président; Dutot 4|, secrétaire; MM. les membres du bureau; — MM. Corbière, ||, Nicollet I 0. Directeur du jardin : M. Hervieux. Professeur d'arboriculture : M. Lëvesque, BULLETIN DE 1894 TABLE DES MATIERES Marc A.N VILLE, H. L. C. P. Lelièvre. L. Thommin. Legrin. H. DE LA Chapelle. Id. Marcanville. L. Thommin. Legrin. Id. H. DELA Chapelle Id. Rédaction. Phare et Vigie. H. DE LA Chapelle Id. Angran. P. Lelièvre. H. L. C. CiVUVIN. » H. L. C. Rédaction. Id. Pages. Composition du Bureau et des Commissions permanentes pour 1895 4 Chronique liorticole 5 Extraits des procès-verbaux d^=! séances 8 Rappoit sur la situation morale et financière de la Société 31 Compte rendu de l'Exposition horticole de Caen (ji.in 'i894) 37 Rapport sur la visite faite par le Bureau et la Commission au château àa St-Pierre-Eglise 44 Visite aux pépinières de M. Barbey, à Tol- levast ^T Visite au jardin de M. Eugène Buhot, à Hainneville 49 Propriété de M. Dutot, à Acqueville 51 Rapport sur les pépinières de M . Laplace, à Acqueville 52 Visite du jardin de M, le Directeur de 1 usine à gaz, à Cherbourg 52 Visite du jardin de M. Courval 5^ Visite de la propriété Laiisel, à Octeville. . . 54 Serres de M. Liais (M. D Lecappon, jardinier) 57 Propriété de M. Leblond, à Octeville 59 26'^ exposition de la Société. Banquet du 7 juillet 60 , Rapport du jury de la ''li- exposition lifi Historique de la Société d Horticulture 74 Extrait du compte-rendu fait à la Société d'Horticulture de la Seine-Inféiieure sur la 26" exposition de Cherbourg 79 Les pommes à cidre au XVL siècle dans l'ar roudissemenl de Cherbourg 83 Bibliographie Nouvelle Flore de Normandie, par M. Corbière 87 Rosiers nouveaux (l89i 189.) 89 La Température 96 Nécrologie 9 ' Envois et apports de M, Picquenot &9 Liste des membres admis en 1 Sy4 100 CHRONIQUE HORTICOLE NEW YORK Noces d'Or de la Société et Noces d'Argent du Bulletin. Exposition de Gaen. -* Fougères de Bretagne. Une petite Mésaventure. Un peu de Chronique agricole. — Félicitations. > > t < « Comme nous l'avons annoncé l'an dernier, notre Société a fêté, au mois de juillet, son cinquantenaire par une Exposition, dont elle s'est tirée à son honneur. Mais la Chronique n'a pas à en parler, car on trouvera plus loin le compte-rendu de cette fête. Quant à notre Bulletin, dont deux numéros ont été publiés en 1845 et 1847, il a été rétabli en 1869 pour paraître depuis, sans interruption, chaque année. L'année 1894 a, donc, été celle des noces d'argent du Bulletin périodique. — Au mois de mai, la Société d'horticulture de Caen a fait son Exposition. Elle nous avait demandé un délégué. Un grand nombre de sociétaires m'ont désigné pour cela, avec une per- sistance qui ne pouvait que me faire honneur, et cela sans tenir compte d'une excuse que j'invoquais : Je devais, à ce moment, être de retour depuis deux jours d'un long voyage circulaire en Bretagne, Anjou et Touraine. Mais notre collègue M. Thom- min, qui manie aussi bien la plume de rapporteur que le bâton de chef d'orchestre, a bien voulu accepter le mandat. Et la difficulté que j'invoquais pour excuse a été transformée en im- possibilité absolue. Mon voyagea été reculé de huit jours, et c'est de la Loire-Inférieure que j'ai écrit à M. le président de Caen pour témoigner mon regret de ne pouvoir me rendre ^^ près de lui, et lui rappeler la promesse qu'il m'avait faite d'ho- "^ norer de sa présence notre Exposition cinquantenaire, pro- -1: — 6 — messe que M. Thommin lui a rappelée de son côté, et qu'il a tenue. — J'ai donc parcouru la Bretagne. Dans une excursion à Plougastel-Daoulas, on m'a proposé l'ascension de certains rochers qui sont une sorte de Tronquet, mais en beaucoup plus grand. La nature de la roche étant également de quartzite, j'ai jeté un coup-d'œil rapide pour voir si je n'y trouverais pas l'hymenophyllumTunbridgense, mais inutilement. Par contre, je suis à peu près certain d'y avoir vu le Lastrea œmula, ou mieux Polystichum œmulum. Je comptais vérifier en redes- cendant, mais mon fils, qui me conduisait, a pris un autre chemin pour le retour. Le peu de temps dont nous disposions ne permettait pas d'herboriser. J'ai lu depuis dans la Nouvelle Flore de Normandie de M. Corbière, que cette fougère, pro- pre à l'Angleterre, se trouve, aussi, dans le Finistère et le Mor- bihan. Je ne doute plus, dès lors, que ce soit elle que j'ai vue. L'osmunda regalis existe abondamment dans le Finistère, et j'ai été surpris d'apprendre que l'un de nos plus anciens collè- gues, M. Jardin, n'ait pu la cultiver dans sa propriété à St-Marc. J'y ai vu de magnifiques fougères mâles, mais c'est tout : pas un Aspidium cmgulare! Je n'ai trouvé celle-ci que dans un jardin de la Loire-Inférieure, mais il faut dire que j'avais assisté à son enlèvement à Tourlaville, et procédé à son emballage... De plus, elle vit, mais n'a pas l'air vigoureuse. — A l'automne de 1893, M. F. Sahut, de Montpellier, avait envoyé à la Société un certain nombre de glands de chêne liège, qui ont été distribués. Chez la plupart de nos collègues, il n'en a levé qu'une faible partie, chez moi, pas un. Mais M. Cauvin, plus heureux ou plus habile, en a obtenu plusieurs, et m'en avait donné un fort joH exemplaire. M' étant décidé à le planter à la campagne, je l'avais fait emballer par un horti- culteur soigneux, je l'avais transporté avec des précautions minutieuses et planté de même le 8 août. Mais j'avais eu le tort — 7 — d'en trop parler, et de l'accompagner d'une étiquette trop visible qui a simplifié les recherches de quelque maraudeur, lequel m'avait entendu faire l'éloge de l'arbre. Enfin, au bout de 4 jours, il avait disparu. Mais grâce à lobligeance d'un membre de la Société, un autre chêne liège sera bientôt planté et mieux dissimulé. Notre Société d'agriculture, un peu plus âgée que la nôtre, tient régulièrement son concours d'arrondissement le premier jeudi d'octobre. On voit sur la place Divette de magnifiques bestiaux. Dans le bas-côté sud de lahalle^ les volailles, les légu- mes, les céréales, les beurres. J ai surtout examiné les légumes: c'est presque de l'horticulture. M. et M'^'Lalisel avaient exposé un lot considérable de pommes de terre, où l'on remarquait la « Cinquantenaire » (Voir ci-après le rapport du jury de lEx- position horticole). La Société d'agriculture, comme la nôtre, leur a décerné une récompense distinguée. Le premier prix, dans ce genre de concours, a été décerné à M. Lebaron (de Tocqueville) qui avait exposé divers produits du sol, un autre prix à M. Lefèvre (Marin), cultivateur à Digosville. Parmi les petits animaux en cage, on admirait les lapins angoras-russes exposés par M. Bertaux, notre collègue. Leur poil est long et très soyeux. Ils sont entièrement blancs, sauf les extrémités noires, et par conséquent ne sont pas albinos. Le banquet ressemblait beaucoup aux nôtres par son entrain et sa cordialité; il a eu lieu vers 3 heures de l'-après-midi et s'est terminé à 7 heures. Il faut bien tenir compte des nombreux sociétaires qui demeurent dans des communes éloignées. La Société d'horticulture n'était pas officiellement représentée à ce banquet, notre Président n'ayant pu accepter l'invitation qui lui est toujours faite, mais elle l'était effectivement, jus- qu'à un certain point, par plusieurs des nôtres, principalement par M. Levesque, secrétaire-adjoint de l'agriculture. Pour moi, sans renier ma chère Société d'horticulture, je représentais h — 8 Société artistique et industrielle, sur la demande de son Prési- dent titulaire, qui était en deuil. — Notre excellent collègue, M. Alphonse Dutot, conseiller d'administration, vient d'être nommé officier d'académie. Mem- bre et secrétaire du Conseil municipal depuis 1884, M. Dutot est, depuis 1892, adjoint au maire de Cherbourg; il est égale- ment délégué cantonal. Qu'il reçoive, ici, nos plus sincères féli- citations. Sa double qualité d'horticulteur et de conseiller municipal lui a donné une certaine autorité en ce qui concerne le jardin public, et l'on doit à son initiative plusieurs améliorations dans la distribution et la plantation de ce jardin. Cherbourg, le 25 janvier 1895, M ARC AN VILLE. EXTRAITS DES PRÛCÉS-VERBAUX DES Séances de l'Année 1894. SÉANCE DU 4 FÉVRIER 1894. Fructification de l'araucaria imbricata. — Poires signalées. — Alimentation des porcs par les glands. — Froids en janvier i89i. — Coloration de certaines fleurs par des procédés chi- miques. — Exposition de i89i. Présidence de M. Lévesque. 52 membres présents. M. Lévesque signale, d'après une communication de M. Sahut à la Bévue Horticole, la fruclification de Varaucaria imbricata à Montpellier. Ce fait, qui paraît rare dans cet arrondissement, est assez commun dans notre région, mais — t) ce sont plutôt les individus niàlcs qui portent des cônes; pourtant il s'en est trouvé sur un araucaria femelle, à Brix, chez M. Levastois, cette année. Les araucarias ne paraissent pas avoir trop souffert du froid de janvier. A propos d'un article qu'il trouve dans une publication, M. Levesque dit que la suppression complète du liseron est difficile. Dans la Pomologie française, il signale, avec l'appréciation de leur mérite, des poiriers acquis par la Société, savoir : Alexandre Chômer, Bergamotte Liébaut, Charles Ernest, qui sont recommandés. La Maison de Campagne publie un article relatif à l'alimen- tation des porcs par les glands de chêne. Ce fait est rare dans notre région, mais il est commun en Bretagne, même dans le sud de notre département, où, à la fin de l'été, les femmes et les enfants vont à la glandée et recueillent les glands pour la nourriture des porcs. M. Levesque signale la poire Beurré Henri Courcel comme ayant été rayée, par le Congrès Pomologique de France, de la liste des fruits à l'étude. M. Piard dit que cette poire est fertile lorsqu'elle a été grefiée sur le Beurré d'Amanlis. M. Lelièvre donne connaissance de renseignements fournis par M. Thommin, d'après les relevés de l'observatoire de la Marine, sur la température en janvier. Il n'y aurait eu, comme température minima, le 2 janvier, que — 1^; le 3, — 3o4; le 4, — 9°; le 7, —5°; le 8, 0°. Divers sociétaires disent que dans divers endroits on a observé que le thermomètre était descendu plus bas; on aurait constaté le 4 janvier — 12% — 13° et même — 14^». Il leur est répondu que cela peut dépendre des expositions des instruments, et, qu'en ellet, généralement on a remarqué qu'à l'observatoire de la Marine quoique les instruments soient excellents et bien réglés, on a noté des températures plus élevées que dans d'autres par- ties de la ville. Un thermométrographe sera acheté pour la Société. M. de la Chapelle lit plusieurs passages de la Chronique 10 — destinée au Bulletin de 1893. A propos d'un mot d'une lon- gueur démesurée qui s'y trouve (le nom d'un sel au moyen duquel on obtient des œillets verts), M. Levesque signale dans la Hevue Horticole un procédé chimique pour la colcra- tion des lilas en bleu, jaune, rouge et vert. La Société adopte à l'unanimité la date de la prochaine exposition du 7 au 10 juillet, à l'occasion du cinquantenaire de la Société, dont la première réunion a eu lieu le 5 juil- let 1844. SÉANCE DU 4 Mars 1894. La violette le « Tsar ». — La poire Charles Cognée. — Communications diverses Présidence de M. Levesque. 42 membres présents. M. Levesque présente une jolie violette, dite le Tsar, et une poire Charles Cognée dont l'arbre a bien fleuri cette année. Il annonce aussi avoir demandé à M. Lhérault, d'Argenteuil, des fraisiers nouveaux et recommandables : on lui a envoyé six espèces bien connues, entr'autres le Docteur Morère et Marguerite Lebreton. 11 a vu, dans le bulletin de la Société d'horticulture de Soissons, une note au sujet de l'utilité des abeilles pour la fécondation des arbres fruitiers. Dans la Revue Horticole, il est dit que les jardins de Paris occupent 150 hectares, qu'on y place au plus 200 espèces de plantes, quoique le nombre des plantes de garniture d'été s'élève à 650,000. M. le Secrétaire lit une intéressante lettre de M. d'Aboville donnant des renseignements sur l'horticulture dans les Basses-Pyrénées. Il lit, ensuite, des passages d'une brochure qu'il a reçue de M. Sahut, président de la Société d'horticulture et d'histoire naturelle à Montpellier, sur la culture fruitière aux Etats- Unis. 11 — SÉANCE DU 1«i" Avril 1895, La Société Les Enfants dé Cherbourg. — Exposition. — Cul- ture du rosier. — Helminthe trouvé par M. Point. — Fruits recommandés. — Publications diverses. — Pertes subies dans le jardin de la Société. Présidence de M. le docteur Renault. 46 membres présents. L'assistance approuve une réponse préparée par le bureau à une demande de la Société de gymnastique « Les Enfants de Cherbourg » qui proposait de se faire inscrire comme membre honoraire. Le bureau a répondu que les statuts ne prévoient que des membres titulaires ou résidents et que des membres correspondants, et qu'ils ne permettent pas d'ins- crire comme membre une Société ou un groupe de personnes mais que la Société verrait avec le plus grand plaisir M. le vice président, faisant fonctions de président des « Enfants de Cherbourg », demander personnellement à être admis comme membre titulaire. La démarche faite est un précieux témoignage de cordiale confraternité de la Société « Les Enfants de Cherbourg », et il y a lieu d'espérer que les meilleures relations continueront à exister entre les deux Associations. Le programme de la prochaine exposition est distribué et M. le Président invite chacun des membres présents à faire son possible pour obtenir de nouveaux sociétaires et d'enga- ger les personnes qui pourraient le faire, à exposer, afin que cette exposition, qui coïncidera avec le cinquantenaire de la Société, soit aussi brillante que possible. Les conseillers généraux de l'arrondissement avaient été priés de demander à l'assemblée départementale de voter une médaille pour l'exposition d'horticulture. MM. Vrac et de Tocqueville ont chaleureusement appuyé cette demande qui, malgré leurs efforts, n'a pas été prise en considération. MM. Emm. Liais, Bonamy et Lemoigne étaient empêchés, pour diverses raisons, d'assister à cette session, mais ils avaient, M. Liais surtout, recommandé la demande à leurs collègues. — 12 — Un ouvrage sur la culture du rosier, envoyé gratuitement à la Société, sera remis à M. Cauvin et soumis à l'examen de la Commission des cultures d'agrément. M. Point a trouvé dans l'eau d'un lavoir un helminthe qu'il a placé dans un bocal avec de l'alcool et qui est soumis à la Société. Il appartient à l'ordre des filaires, dont l'un, le filaire de Médine, s'infiltre dans les membres inférieurs de l'homme et donne naissance à une maladie parasitaire. M. Nicollet étudiera cet helminthe, qui est très long et ténu. Une exposition horticole aura lieu à Caen du 26 mai au 3 juin. Dans le bulletin de la Société de Genève, il est question d'une nouvelle plante aux œufs écarlates. Un journal agricole signale l'obtention chez un proprié- taire, en Russie, de 100,000 k. de prunes. Dans la Pomologie française, M.Lévesque a remarqué comme fruits recommandés : poire fondante Fougères, acquise parla Société, la poire Directeur Alphand, qui, dit M. Lévesque, n'arrive pas à maturité ici. La meilleure poire du monde, ajoute notre professeur d'arboriculture, est le Doyenné du Comice. Dans la Revue horticole, est signalée une note sur la culture des crêtes de coq. Dans la Maison de Campagne, un article sur l'incubation des œufs par les abeilles. M. le Président donne connaissance d'indications fournies par M. Letullier sur les pertes subies dans le jardin de la Société par suite de l'hiver. Il serait à désirer qu'il fut fait cette année un travail comme celui si intéressant et si utile que M. d'Aboville avait fait pour les effets de l'hiver 1890-91, et que, pour le permettre, les sociétaires voulussent bien remplir des tableaux indiquant ce qu'ils ont observé dans leurs jardins. SÉANCE DU 6 Mai 1894. Subvention offerte par « l'Union Commerciale et Industrielle )). — Dépôt du Bulletin de 1893. — Polygonium shakaliense. — Publications reçues. — Effets du dernier hiver, — Exposition de Caen, [ - 13 - Présidence de M. de la Chapelle. 36 membres présents. M. le Président donne lecture d'une lettre du bureau de l'Union Commerciale et Industrielle annonçant que cette So- ciété met à la disposition de la Société d'horticulture une somme de 50 fr. pour être attribuée en médailles à l'occasion de l'Exposition du 7 juillet. Des remerciements seront adres- sés à V Union Commerciale et Industrielle. Est déposé sur le bureau le Bulletin de 1893 qui forme une brochure de 124 pages contenant un grand nombre d'articles très intéressants et la reproduction d'un beau gunnera sca- bra, se trouvant dans le jardin de M. Le Sieur, route des Pieux, reproduction obtenue au moyen d'une photographie de M. Macé et d'une phototypie de M. Dupont fils aîné. M. Lévesque présente des tiges de polygonum shakaliense. Cette plante, dont on s'occupe beaucoup en ce moment et qui est recommandée pour servir de fourrage dans la période de sécheresse. M. Lévesque donne un compte-rendu des publications reçues pendant le mois. Les Annales de la Société Nantaise d'horticulture donnent une reproduction de la floraison d'un musa ensete en plein air à Nantes. La Revue Horticole contient un dessin colorié d'une variété d'oeillet cyclope simple ayant de très belles nuances. M. Lévesque dit que beaucoup d'arbres ont souffert cette année, par exemple un Wellingtonia qu'il avait donné à la Société d'horticulture. La Société de Caen demande un délégué pour son exposi- tion qui s'ouvrira le 26 mai. M. le Président verra si, dans le bureau ou dans la Société, quelqu'un serait disposé à accep- ter la délégation. Il est donné lecture de lettres de MM. Picquenot et d'Abo- ville. — 14 SÉANCE DU 3 Juin 1894. Vesse-loup géante. — Récompenses offertes à la Société pour son exposition. — Le figuier de Roscoff, figuiers remarquables ayant existé à Cherbourg. — Tilleuls malades. — Exposition de Caen. Présidence de M. le docteur Renault. 41 membres présents. Mme Barbey a apporté un énorme champignon, ou plutôt lycoperdon(*), recueilli par son mari, à Tollevast, mesurant: circonférence, 1^20, hauteur, 0^25, diamètre, 0^36 et pesant 5 k. 1 00 gr. C'est la vesse-loup géante (lycoperdon giganteum). Sa description et un dessin se trouvent dans un ouvrage sur les champignons existant dans la bibliothèque de la Société. On y lit : « Chair d'abord blanche, passe peu à peu au jaune » verdàtre, puis au gris brun et finit par se convertir en une » masse de poussière brune. Croit en automne dans les friches » et pâturages. Dans le jeune âge, il a l'odeur et le goût des » champignons de couche. Quand la chair devient grise, elle » n'est plus alimentaire, mais on peut en fabriquer un très » bon amadou. Les Finlandais font prendre de la poussière » de cette plante mêlée avec du lait aux veaux qui ont la » diarrhée. » Il est donné connaissance des récompenses mises à la dis- position de la Société pour l'exposition de juillet. Ce sont : un prix de M. le Président de la République ; des médailles d'or, de vermeil et d'argent, ainsi que la subvention annuelle de 300 fr. accordée par M. le Ministre de l'Agriculture ; des estampes du Ministre de l'Instruction publique; deux médail- les d'argent et une de bronze de la Société Artistique et Indus- trielle; 50 fr. de VUnio7i Commerciale et Industrielle de Cher- bourg pour une ou plusieurs médailles à décerner en son nom; 500 fr. votés par la Ville pour contribuer à l'installation et aux récompenses de l'Exposition. Peut-être, M. le Ministre, (*) Les lycoperdons ou verso loup faisant autrefois partie de la famille des champignons, forment aujourd'hui une famille distincte et voisine. — 15 — de l'Industrie et du Commerce, qui a demandé des renseigne- ments, accordera-t-il aussi des récompenses. Par suite de ces dons, un supplément au programme a été imprimé et dis- tribué. La Société nomme, à l'unanimité, membres de la Commis- sion d'organisation de l'exposition, MM. d'Aboville, Nicollet, Maillard, Salley, Paysant et Robine. M. de la Chapelle dit qu'il lui aurait été complètement impossible d'aller à l'exposition de Caen. Il vient de faire un voyage en Bretagne. Il a visité les cultures de Roscofî et le figuier géant de cette localité, qui a beaucoup souffert de l'hiver, mais qui n'est pas mort. Il couvre 150 mètres carrés de terrain et se trouve dans 3 jardins. Il est soutenu par 78 poteaux, la plupart en granit. Le meilleur profit qu'on en retire est de le montrer pour 0 f. 25 par visiteur. M. Dépinée dit qu'il existait autrefois à Cherbourg, impasse Liot, un très fort figuier ayant plus de 0^60 de diamètre et qui vivait sans racines soutenu par des pommiers coupés. A côté, se trouvait un géranium atteignant le 2^ étage. M. Levesque ajoute que le figuier de M. Fafin, rue du Fau- bourg, était très gros et donnait des milliers de figues. M. Renault fait remarquer qu'à Cherbourg tous les vieux et gros figuiers ou sont morts ou ont bien souffert par suite des coïncidences météorologiques de nos derniers hivers. M. de la Chapelle dit qu'il n'a pas vu, dans les 5 départe- ments de la Bretagne, l'aspidium angulare. Il a rencontré à Brest M. Jardin, inspecteur en retraite de la Marine, qui a été longtemps membre titulaire de notre Société. Comme le lui a promis M. de la Chapelle, il sera inscrit au nombre des membres correspondant, dont il fait partie de droit. M. Picquenot a envoyé de Tahiti diverses photographies, notamment d'indigènes. Il a écrit une lettre fort aimable dont plusieurs passages sont lus ; de vifs et chaleureux remercie- ments lui sont adressés. M. Le Cappon présente des feuilles malades de tilleuls du jardin public et demande d'où il pourrait provenir que des — 16 tilleuls souffrent là et sur la place Divette. M. Renault répond que l'eau de mer s'infiltre dans le sous-sol de la place Divette, surtout à marée montante. Il serait possible que cette eau atteignît les racines et fit mourir les arbres. D'ailleurs, la place Divette, établie sur un ancien marais, est composée de remblais et peut-être n'y a L-ii pas eu assez de terre végétale au pied des arbres. M. Renault ajoute que M. Levéel père montrait, dans le cimetière, des tilleuls ayant souffert place Divette et qui, ayant été transplantés, étaient redevenus prospères. Il est probable que si les tilleuls souffrent et si leurs feuilles sont endommagées, cela vient surtout de ce que les racines sont atteintes. Pour que ces arbres prospèrent, il faut des fosses bien comprises et remplies de bonne terre végétale, et que le pied soit dégagé des cailloutis et des her- bes pour recevoir et conserver l'eau de pluie et les arrosages. L'insecte qui se trouve sur les feuilles présentées est une espèce de cochenille que l'on voit sur les vignes. M. Nicollet pense également que les insectes s'attaquent surtout aux arbres malades. Il croit que l'essence de pétrole détruirait les cochenilles. M. Levesque ajoute que le pétrole pourrait être employé sans dommage pour les arbres en choisissant bien le moment favorable. M. Thommin, qui est allé à Caen représenter la Société de Cherbourg à l'exposition caennaise, dit qu'il a été l'objet du meilleur accueil. L'exposition par elle-même ne présentait rien de bien exceptionnellement remarquable, tout en étant cependant intéressante. SÉANCE DU 5 Août 1894. Les tilleuls et le gaz. — Coup d'œil rétrospectif sur l'exposition de juillet. — Ouvrage de M. Lelièvre offert à la Société. — Nouveaux envois de M. Picquenot. — Propriétés à visiter en i895. — Photographies offertes par M. Point [Araucaria) et par M. Le Petit (ensemble de son exposition de tonnellerie). Présidence de M. le docteur Renault. '60 membres présents. A propos du procès-verbal de la dernière séance, un socié 17 — taire dit qu'il a été constaté que c'étaient des infiltrations de gaz qui avaient fait périr des tilleuls sur la place Divette. Il est répondu que ce n'est pas le gaz qui a fait du mal à ceux du jardin public. M. Renault dit que s'il n'y a pas de séance en juillet, c'est que dans les premiers jours de ce mois là, -il a été organisé une exposition d'horticulture qui a été très belle sous tous les rapports. Les produits exposés ont été fort remarqués par les délégués des sociétés de Paris, de Rouen, du Havre, de Caen, de Bayeux, d'Avranches, de Coutances et de Valognes. Ils ont constaté que l'on rencontre rarement en province des plantes comme celles qui avaient été présentées, et qui étaient remarquables non seulement au point de vue du choix, mais aussi à celui de la culture; et que de notables progrès avaient été réalisés depuis la dernière exposition. Les encouragements et les concours n'ont manqué à la Société qui fêtait le oO^ anniversaire de sa fondation. M. Renault remercie de nouveau la Société pour la belle corbeille qui lui a été offerte à cette occasion, "^et il a été des plus sensibles à ce témoignage de sympathie. M. Cauvin répond que tous les membres de la Société étaient unanimes pour la remise d'un souvenir à M. le président qui, depuis de longues années dirige la Société avec dévouement, et avec lequel chacun a eu les meilleures relations; qu'on a eu qu'un regret, c'est de n'avoir pu, surtout par suite du défaut de temps et,aussi,pour ne pas donner trop de publicité, faire une souscription à laquelle tous les sociétaires se seraient empressés de par- ticiper. M. Renault dit que d'autres souvenirs ont été remis à divers membres de la Société, notamment aux fondateurs. La Société d'horticulture de Caen a mis à la disposition du jury de l'exposition une magnifique médaille de vermeil. Des remerciements ont été adressés au président, M. de Formigny de la Londe, pour ce précieux témoignage de sympathique confraternité . Les délégués ont tous exprimé des remerciements pour — 18 l'accueil qui leur a été fait. Ils ont visité diverses propriétés.. Dans une excursion en rade, ils se sont rencontrés avec le petit-fils de M. du Breuil, le célèbre professeur d'arboriculture et ils ont visité le Snffren, dont le commandant en second est M. Gervaise, fils d'un de nos anciens présidents. Après la distribution des diplômes et récompenses diverses, M. le président annonce la remise sur le bureau d'un exem- plaire d'un ouvrage de M. Lelièvre, ayant pour titre : Les environs de Cherbourg, la Hague, offert par l'auteur à la Société. Il est donné lecture de passages d'une lettre de M. Pic- quenot qui a fait de nouveaux et nombreux envois. Des remerciements chaleureux sont adressés à cet infatigable et très dévoué correspondant. M. Lelièvre avait envoyé à M. Baltet un exemplaire de son travail. Ce savant horticulteur, en remerciant, demande si la pomme de Dur Ecu, résistant aux vents de la mer, provien- drait du manoir de ce nom, mentionné dans l'ouvrage, et se trouvant près de Landemer. Divers sociétaires répondent que cela est possible, mais qu'il y a plusieurs « Dur Ecu » dans nos environs. M. de Mondésir, qui occupe l'ancienne propriété de M. Herpin de Frémont, à Brix, a écrit au secrétaire qu'il rece- vrait avec plaisir chez lui la Société, qu'il pourrait faire visiter plusieurs propriétés de sa famille proches de la sienne, et que le moment le plus propice serait celui de la floraison des rhododendrons, du 15 mai au 15 juin. Ce serait une excursion à organiser pour l'an prochain. M. de Mondésir est originaire de Cherbourg. M. de la Chapelle présente une fronde de Phegopteris calcarea, fougère qu'il a trouvée en 1893 aux Eaux-Bonnes. Sont offertes à la Société de belles photographies faites par M. Point, représentant le superbe araucaria de sa pro- priété, ainsi que les cônes mâles que cet arbre à portés, et des fructifications femelles fécondées par le pollen de ces cônes, et provenant de la propriété de M. Levastois, à Brix, 19 Ces photographies ont figuré à l'exposition avec des cônes mâles et des fructifications femelles, et ont été fort remar- quées. De plus, M. Point avait eu la gracieuseté d'en offrir un exemplaire à chaque délégué. De vifs remerciements sont adressés à M. Point, ainsi qu'à M. Le Petit, qui remet, aussi, une photographie de sa belle exposition de tonnellerie horticole. Sont distribuées des graines de cinéraires offertes par un sociétaire. Les admissions de cette séance comprennent 2 dames patronnesses et 29 nouveaux membres titulaires. SÉANCE DU 2 Septembre 1894. Chêne liège du Vast. — Insectes offerts et promis à la Société. — Nouveaux envois de M. Picquenot. — Excursion à Cherbourg de la Société nationale pour tavancement des Sciences. — Brochure de M. de Formigny de la Londe sur l'horticulture normande, écrite à l'occasion du congrès tenu à Caen par la société précitée. — Brochure de M. Sahut: influence des gelées sur la végétation. — Journal du sire de GouberVille. Présidence de M. le docteur Renault. — 35 membres présents. M. LetuUier dépose sur le bureau des spécimens de liège, de branches et de bois d'un chêne liège se trouvant dans le parc de M. de la Gerraonière, au Vast. Cet arbre que notre Société avait eu lieu de remarquer,il y a une vingtaine d'an- nées, lors d'une excursion au Vast, a toujours prospéré; il avait été planté il y a environ 40 ans par M. de Fontenillat. M. Nicollet a déterminé et disposé deux insectes envoyés par M. Picquenot dans son envoi reçu le mois précédent. Ils seront conservés pour la collection d'insectes que créera la Société, grâce aux dons qui pourront lui être faits. M. Nicol- let promet d'en donner un certain nombre de doubles qu'il pourrait avoir ou recevoir de Tahiti par son fils qui se trouve actuellement dans cette colonie. — Il dit que les deux insec- tes envoyées par M. Picquenot sont assez communs dans les mers du Sud, et se retrouvent souvent sous l'Equateur. — 20 — M. Picquenot afait un nouvBl et important envoi de graines et de feuilles de plantes diverses, et il est donné connaissance de passages d'une aimable lettre accompagnant cet envoi. M. le Président dit que la Société Nationale pour l'avance- ment" des Sciences ayant tenu un congrès à Caen dans le courant du mois d'août est venue à Cherbourg en excursion. Le bureau de la Société d'horticulture a cru devoir, au nom delà Société, faire déposer une corbeille de raisins et de fleurs sur la table de l'hôtel de France où le principal groupe^ comprenant le bureau, était descendu. Les raisins ont été trouvés excellents et les dames qui étaient présentes se sont partagé les fleurs. M. le Président de la Société pour l'avan- cement des Sciences a dit à M. le docteur Renault que son Association avait été sensible à cette attention de la Société d'horticulture et lui adressait de vifs remerciements. Le Secrétaire donne lecture de passages d'une brochure de M. de Formigny de la Londe, président de la Société d'horti- culture de Caen, ayant pour titre : Etat de VhorticuUure sur plusieurs points de la Normandie et principalement du Calva- dos. Cette brochure, composée à l'occasion du Congrès tenu à Caen par la Société pour l'avancement des Sciences, est offerte par son auteur à notre Société. Elle rend compte som- mairement des progrès horticoles accomplis dans l'arrondis- sement de Cherbourg. M. Sahut, de Montpellier, a envoyé, avec une aimable dédi- cace, une brochure sur la crise viticole, ses causes et ses effets, et sur l'influence des gelées tardives sur la végétation. M. Sahut signale que lorsque le refroidissement se produit pendant une nuit calme et.sereine, il suffit de quelques nuages venant à couvrir le ciel avant la fin de la nuit pour former un écran salutaire qui arrête le rayonnement et empêche l'atmosphère de se refroidir outre mesure, c De là est venue, dit l'auteur, aux viticulteurs, la pensée de produire des nuages artificiels par un dégagement abondant de fumée qui s'étend au dessus du vignoble en s'y conservant d'autant mieux que l'atmosphère n'est aucunement agitée. » Mais M. Sahut cons- - 21 — tate que ces sortes d'écrans sont insuffisants quand les vents froids du nord ou du nord-est viennent à souffler avec persis- tance pendant plusieurs jours. M. Lelièvre signale la publication du précieux manuscrit d'un gentilhomme campagnard qui vivait au Mesnil-au-Val, dans notre arrondissement. Le journal du sire de Gouberville, qui donne, pour les années 1552 à 1562 des renseignements sur ses recettes, ses dépenses et ce qu'il faisait chaque jour, nous montre non-seulement ce qu'étaient les mœurs de cette époque, mais ausi l'état de l'agriculture. On voit, dans ce journal que Gilles de Gouberville s'occupait tout particuliè- rement de l'élevage des pommiers. C'est ce que signale sur- tout M. Lelièvre dans la note dont il donne lecture au sujet de ces mémoires. On voit que beaucoup d'espèces de cette époque ont été conservées. M. Levesque n'ayant pu assister à la séance avait envoyé des raisins du jardin, passage Desjardins. Des remerciements sont adressés à M. Levesque pour les soins qu'il donne à ce jardin, et à toutes les personnes qui ont fait des envois ou des communications, notamment au dévoué et infatigable M. Picquenot. SÉANCE DU 7 Octobre 1894. Décès, à Rouen, de M. Varenne. — Gunnera de M. Lesieur. — La Nouvelle Flore de Normandie, par M. Corbière. — Rareté, cette année, des glands, marrons et agarics. — Champignons trouvés au Roule. — Poires et raisins du jardin fruitier de la Société. — Champignon souterrain. — Chrysanthèmes de la Société. Présidence de M. Levesque, vice-président. 41 membres présents. Il est donné connaissance d'une lettre de faire-part de la Société d'horticulture de la Seine-Inférieure annonçant la mort de M. Varenne, vice-président do cette Société et direc- teur des promenades et jardins publics de Rouen. II. — 22 M. Levesque fait remarquer que M. Varenne dirigeait un Important et magnifique jardin public et que, grâce à l'inter- médiaire de M. Angran, il avait envoyé un certain nombre de greffes à la Société d'horticulture de Cherbourg. Il est décidé que notre Société adressera, à l'occasion de ce décès, une lettre de condoléance à celle de Rouen. Dans la Revue Horticole est publiée, avec un article de M. Edouard André sur les gunnéracées, une reproduction un peu modifiée de la photographie du gunnera scabra de M. Lesieur, photographie dont il a été parlé précédemment, et dont M. Levesque avait envoyé un exemplaire. M. de la Chapelle dépose sur le bureau un important ou- vrage de M. Corbière, dont l'auteur fait don à la Société. Ce livre, qui a 715 pages, est intitulé : Nouvelle Flore de Nor- mandie. C'est un travail du plus grand mérite, résultat de 25 ans d'herborisation. M. Nicollet dit que ce livre est non seulement utile pour les botanistes, mais qu'il est aussi excellent pour les commençants, étant accompagné de tableaux analytiques très clairs. Il est destiné à remplacer la Flore de Brébisson, qui est épuisée. La Société vote de chaleureux remerciements à M. Corbière, et, par une salve unanime d'applaudissements, elle exprime toute sa satisfaction pour la publication de cet utile et important ouvrage qui fait le plus grand honneur à son auteur, membre de la Société. M. de la Chapelle dit que les glands et les marrons d'Inde étaient rares cette année. M. Nicollet répond que la pluie qui est tombée pendant toute l'année en est la cause. M. de la Chapelle dit qu'il avait planté, à Flamanville, un petit chêne-liège provenant de glands envoyés par M. Sahut et qu'on le lui a enlevé, ainsi qu'un petit chêne vert. M. Nicollet dit, de son côté, qu'il a rencontré peu de cham- pignons (agaric comestible), mais ila trouvé sur la montagne du Roule une grande quantité d'une espèce qu'on n'y trouvait pas précédemment, Vhydnum repandum. M. Levesque donne quelques renseignements sur les poires provenant du jardin fruitier de la Société, entr'autres : — 23 — Fondante Thiriot, provenant d'un arbre greffé par lui; pourrait être comparée à la Louise Bonne, comme espèce précieuse, porte beaucoup, pousse bien, à propager. Beurré piou des Urbanistes; jolie poire, saine, fine. M.Piard dit qu'il en a vu une portant le même nom, dont le pied était plus petit que dans l'échantillon présenté. Nouveau Poiteau, fruit très répandu. Prémices de Maria Lesueur, envoyée par M. Varenne, de Rouen. M. Levesque fait observer que les fruits sont petits, car les arbres sont trop chargés, et qu'il y a intérêt, dans ce cas, à en supprimer au printemps. En général, dit M. Levesque, les raisins ont été abîmés, cette année, dans les serres, à cause de l'humidité de la sai- son. Il en a, cependant, été peu perdu dans la serre de notre jardin fruitier, parce que les vignes ont de l'air et de la lumière. Il en a été offert, comme d'usage, aux dames patron- nesses, à la Société d'Agriculture pour son banquet, et à diverses personnes rendant particulièrement des services à la Société. Les raisins qui sont apportés pour la loterie mensuelle sont surtout Frankenthal et Vieux Cherbourg. M. Piard dit que, suivant M. Gosselin, ce dernier raisin serait la Made- leine. M. Levesque répond que la Madeleine est plus petite. En tout cas, le Vieux Cherbourg est une espèce précoce et mûrissant bien. M. Bertaux présente plusieurs échantillons d'un champi- gnon souterrain trouvé àNacqueville dans un terrain sablon- neux. Ce champignon ressemble un peu à la truffe, mais M. Bertaux, qui en a goûté, l'a trouvé insipide. Personne, dans l'assemblée, n'étant pour le moment en mesure de le déterminer, on décide qu'un échantillon sera soumis à l'examen de M. Corbière. M. Levesque dit que le mois prochain il pourra faire voir, passage des Jardins, la collection de chrysanthèmes de la Société, collection qui s'est enrichie cette année. — 24 SÉANCE DU 4 Novembre 1894. Exposition internationale d^horticulture en mai 1895, — Ouvra- ges reçus. — Médaille offerte à la Société par l'Association française pour l'avancement des Sciences. — Calcéolaires, Eucalyptus, échenillage, poires diverses. Présidence de M. Renault. 47 membres présents. M. de la Chapelle dit que le champignon présenté à la der- nière séance par M. Bertaux a été reconnu par M. Corbière pour une sphœrie, ce genre est assez éloigné des truffes. Il est donné lecture d'une lettre de la Société centrale et nationale d'horticulture de France annonçant une exposition internationale des produits de l'horticulture et des industries qui s'y rattachent, laquelle aura lieu du 22 au 28 mai 1895. La Société nationale demande qu'il soit donné de la publicité à cette exposition et que des prix soient créés pour donner plus d'éclat à cette solennité horticole. Cette question sera examinée par le bureau, ainsi que la demande de participation faite par le Comité du monument à ériger à Gréville, en mémoire de Millet. Sont déposées sur le bureau les publications suivantes, adressées à la Société : Guide pratique de la fabrication du cidre et du poiré, édité par M. Simon; Liste des Orchidées, de M. Georges Mantin; prospectus de M. Correvon, de Genève, annonçant la publication d'une Flore de poche avec illustra- tions coloriées. M. le Président dépose sur le bureau une magnifique mé- daille de bronze ayant un cachet artistique particulier offerte à notre Société à titre de souvenir par l'Association française pour l'avancement des Sciences. M. le docteur Renault rappelle que cette Association ayant tenu, en août dernier, un Congrès à Caen, plusieurs de ses membres étaient venus en excursion à Cherbourg. La Société d'horticulture avait alors fait déposer sur la table de l'hôtel de France, où était descendu le groupe principal comprenant Zo — le bureau, une corbeille de raisins et de Heurs disposée avec goût par M. Letullier. Cette démarche avait été très appréciée et des remercîments en avaient été déjà faits à M. Renault. En signalant les articles qu'il a remarqués dans les publi- cations reçues pendant le mois, M. Levesque dit qu'il a lu dans les Annales de la Société nantaise d'horticulture une note sur les calcéolaires. Il ajoute qu'ici les calcéolaires supportent la neige et deviennent des plantes superbes au printemps. Dans d'autres bulletins, il est dit que l'Eucalyptus peut supporter un froid de — 8». On signale la Reine Marguerite à fleurs blanches, ne ressemblant nullement, dit M. Levesque, à la Reine Marguerite ordinaire. A propos d'un article sur l'échenillage, dans le Bulletin de la Société d'horticulture de la Sarthe, M. Levesque dit que, d'après les avis officiels, l'échenillage devrait avoir lieu en février, ce qui est trop tôt. M. Nicollet répond que ces avis doivent s'adresser aux départements méridionaux, où il y a déjà des chenilles en février. Ici, elles se montrent deux mois plus tard. Sont signalées d'autres notes sur la transformation des vrilles de la vigne, sur le greffage des chrysanthèmes sur anthémis, sur la destruction de la grise par la bouillie bor- delaise, sur le bouturage à froid du rosier, etc. M. Levesque présente une belle fleur de chrysanthème rose et blanc, appelé M^q de la Motte. M. Levesque donne quelques renseignements sur des poires provenant du jardin du passage des Jardins. Ce sont : Doyenné du Comice; Charles Ernest, reçu il y a 2 ans, bonne espèce, bon fruit. Marie Louise Delcour; Nouveau Poiteau, laisse à désirer au point de vue de la qualité; Anna Aubusson, etc. M. Dépinée montre une poire dont il voudrait connaître 26 le nom. Grue, elle n'est pas très bonne, mais cuite elle est bien meilleure. Il en a eu 1,700 sur un arbre et il en est tombé au moins 200. Cette variété est inconnue des membres présents. MM. Jeanne, Le Carpentier et Robine sont nommés mem bres de la Commission chargée d'examiner, conformément aux statuts, les comptes du trésorier. Il est lu des passages d'une aimable lettre de M.Picquenot Les remerciements de la Société lui seront transmis. SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1894. Framboisiers, ronces cultivées, ronces indigènes. — Chêne au Kermès. — Chrysanthèmes. — Moulage de poire. — Comptes du Trésorier . — Rapport du Secrétaire sur l'état et les tra- vaux de la Société pendant l'année.— Conclusion du Président. — Revue des publications du mois. — Herbier offert à la Société. — Raisins de M. Piard. Présidence de M. le docteur Renault. 44 membres présents. M. de la Chapelle dit que, désirant se procurer certains arbres d'ornement, spécialement des chênes, il a demandé et reçu le catalogue- prix-courant de MM. Barbier frères et fils, successeurs de Transon frères, à Orléans. Il a fait une com- mande de quelques arbres qu'il vient de recevoir. En parcourant ce catalogue, il y a remarqué une liste de 31 variétés de framboisiers et d'autant de variétés de ronces à gros fruits. Il émet le vœu que quelques-unes des variétés de ronces soient demandées et plantées dans le jardin d'arbo- riculture. Il rappelle que, suivant la Nouvelle Flore de Normandie, de M. Corbière, il existe dans notre province 32 espèces de ronces indigènes, en y comprenant le framboisier, qui forme à lui seul une subdivision ou un sous genre. Parmi ces 32 espèces, plusieurs sont subdivisées en sous espèces. La flore susdite Indique 25 ronces différentes pour la Manche. Deux de ces ronces ont été découvertes dans nos environs, comme Zl l'indiquent leurs noms : Rubus Lejolisli Corb. {\) variété du scaber, et Bubus Corbierei Boul. espèce nouvelle trouvée d'abord aux environs du Nardouet. Si la culture des ronces s'introduit dans nos jardins, M. Corbière trouvera facilement de quelles espèces botaniques proviennent les variétés horticoles. M. le président, prenant la Flore de M. Corbière, lit un paragraphe où il est dit « Ce genre si répandu se compose moins d'espèces définies que d'une multitude de formes qui s'enchaînent de telle façon que l'étude en est assurément très difficile, mais non insurmontable. M. l'abbé Boulay, en fon- dant l'association rubologique, a grandement contribué à la connaissance et à la saine appréciation des formes de notre région. M. de la Chapelle présente ensuite un Quercus coccifera, (chêne au kermès) qu'il vient de recevoir de la maison Barbier. Cet arbrisseau ressemble, par son feuillage, au chêne liège, mais il reste toujours en buisson très bas. C'est sur cet arbrisseau que vit le kermès, sorte de cochenille très recher- chée pour la teinture en rouge. M. Lelièvre lit une aimable lettre de M. d'Aboville, dans laquelle il est donné d'intéressants renseignements sur la culture des chrysanthèmes à la Flèche. M. Dépinée présente des fleurs magnifiques de deux beaux chrysanthèmes, obtenues en serre. L'une à 16 centimètres de diamètre. Ce sont : Mistress Isaac Price (jaune) et Lilian bride. M. Levesque dit que M. Levéel aîné possède une superbe collection de chrysanthèmes provenant de M. Nonin, le vainqueur du dernier concours de Paris. M. Piard présente des lleurs du chrysanthème gerbe d'or^ pour lequel la maison Vilmorin a été récompensée. M. Cauvin fait don à la Société d'Bn beau moulage obtenu par M. Le Mettais et peint par M. Devannes, d'une poire (l) M. Lejolis, mentionaé plus loia comme uu de nos fondateurs, est depuis longtemps connu, dans le monde savant, comme un botaniste distingué. 28 Belle de Bruxelles, bergamote sans pépin, obtenue l'an dernier. L'original pesait 495 grammes. M. Lecarpentier lit le rapport fait par lui, au nom de la Commission chargée d'examiner les comptes du trésorier, et composée de MM. Jeanne, Lecarpentier et Bobine. La Société adopte à l'unanimité les conclusions du rapport ainsi conçues : (( La rigoureuse exactitude avec laquelle sont tenus les » comptes de notre trésorier nous porte à conclure à leur » approbation et à vous proposer, en outre, de lui décerner » des félicitations spéciales pour le zèle infatigable qu'il » apporte dans l'accomplissement de ses fonctions ». Il est, de plus, décidé, conformément à l'article 14 des statuts, qu'il sera rerais un extrait du procès-verbal de la séance à M. Orange, pour lui servir à titre de décharge. Le secrétaire, conformément à l'article 13 des statuts, lit ensuite son rapport annuel sur les travaux de la Société, ses recettes et ses dépenses. La Société demande l'insertion de ce rapport au Bulletin. (On le trouvera ci-après). M. le Président dit que le rapport du secrétaire le dispense de faire le résumé des travaux qu'il rappelle à pareille époque de l'année, mais il tient à adresser tous ses remercie- ments aux nombreux sociétaires qui ont prêté leur concours avec tant de dévouement à l'occasion de l'Exposition : M. Levesque, le dévoué professeur d'arboriculture, à M. Thom- min, secrétaire- adjoiût, qui se multiplie constamment, au l)ibliothécaire, M. Noyon, à tous les membres du bureau et des commissions (i) avec lesquels les rapports sont si cor- diaux. M. Levesque présente : 1» une belle fleur du chrysanthème blanc Favorite du Mikado, envoyé par M. Ch. Baltet, de (1) A la lecture de ce procès-verbal, qui a été faite à la séance sui- vante, beaucoup de sociétaires ont fait observer que le Secrétaire général a passé sous silence les compliments bien mérités qui lui ont été adres- sés à lui-même. Le devoir de la Rédaction est de réparer cette omission. RÉD, — 29 — Troyes ; 2«> dés fleurs de Schizostylis, plante introduite par M. Hamond, vers 1872 ou 1874, et qui s'est propagée considé- rablement dans nos jardins. Dans le dépouillement des publications reçues pendant le mois, M. Levesque signale : Revue Horticole, reproduction de dahlia à fleurs de cactus ; Journal des Roses, la rose Alix Hudié ; Revue Horticole, Cornus florida rubra. Dans la même publication, est signalée une note sur la cul- tures des chrysanthèmes pour massifs, un autre sur la mala- die des allantes ou vernis du Japon. Dans la 3/aùon de Campagne sont signalés les soins à donner à la culture du choufleur. La Société a reçu des spécimens de deux publications nou- velles : L'Horticulture de la France, par MM. Gusin père et fils, et Le Monde des plantes, par M. Paul Constantin. Dans le journal Le Cidre et le Poiré se trouve un article sur le concasseur de MM. Simon, de Cherbourg. Le Journal des Roses recommande la nicotine comme insecticide. M. Barbey dit qu'il tue le puceron lanigère avec de l'oseille. M. Petit a fait don à la Société d'un herbier très volumineux pour lequel il lui sera adressé de chaleureux remerciements. Il sera demandé aux botanistes de la Société de l'examiner. M. Piard présente de magnifiques spécimens de raisins très bien conservés, plusieurs sont gros comme des prunes. Ce sont : Gros Colman ou Rumonia de Transylvanie, gros rouge, Frankenthal (grappe énorme), Black Alicante des An- glais ou Sainte-Marie d'Alcantara, Cahouck du parc de Versailles. Des applaudissements et de vifs remerciements sont adres- sés à M. Piard. On remercie^ également, les sociétaires qui ont fait des apports, des communications ou lu des rapports à la séance. — 30 — SÉANCE DU 30 DÉCEMBRE 1894. Renouvellement du bureau et des commissions permanentes . — Décès de MM. L.-Ph. Leblond et Cavron père. Présidence de M. Renat-lt. 53 aiembres présents. Il est procédé, suivant l'ordre du jour annoncé par les convocations, au renouvellement du bureau et des commis- sions permanentes. Tous les titulaires sortants sont réélus. (Voir le tableau en tèle du présent bulletin.) M. le docteur Renault remercie la Société du vote qu'elle exprime pour la 23<^ fois et dit qu'il continuera à essayer de se rendre digne de la confiance qui lui est témoignée. L'élection terminée, M. le Président rappelle le décès de M. Louis-Philippe Leblond, de Tourlaville, qui appartenait à une famille de maraîchers plusieurs fois récompensés dans nos expositions, et de M. Cavron père, qui fut un de nos fondateurs. M. Cavron, qui était un horticulteur émérite, avait rendu de très grands services à l'acclimatation, à l'horticulture cherbourgeoise et à notre Société. 11 fut le créateur de notre marché aux fleurs. Lors de la dernière exposition, il avait reçu, à l'occasion du 50^ anniversaire de la Société, une médaille d'argent en sa qualité de fondateur. Il avait long- temps collaboré au Bulletin, donné des leçons d'arboricul- ture, préparé des notes pour les séances mensuelles. On peut dire qu'il a été le créateur de l'horticulture à Cherbourg. M. le Président prie les membres présents de s'elïorcer de recruter de nouveaux adhérents, pour combler les vides qui se sont produits pendant l'année. Pour le Secrétaire^ H. L. C. — 31 — RAPPORT SUR LA Situation Morale & Financière de la Société Par M. LELÏÈVRE. I i^ I Messieurs, Les comptes du trésorier m'ont donné l'occasion de m ac- quitter de la tâche qui m'est imposée par l'article 14 de nos statuts, c'est-à-dire de faire le rapport annuel des travaux de la Société; c'est, en effet, par l'étude des recettes etdes dépen- ses qu'on peut se donner une idée de ce que notre Société a fait en 1894. Les recettes dont la commission chargée de l'examen des comptes de M. Orange, vous a indiqué le montant se divisent en ressources ordinaires et ressources extraordi- naires. Les ressources ordinaires ont été : En caisse au l^r novembre 1893. . Subvention annuelle de la Ville.. Id. de l'Etat... id. dudépartem* Produit de 350 cotisations 1 Total 4.458 fr. 41 4. 458 fr. 41 Les ressources extraordinaires se sont décom- posées comme il suit : Allocation spéciale de la Ville pour contribuer à l'organisation et aux récompenses de l'Expo- sition 500 fr. » Allocation de VUnio?i Commerciale et Industrielle, pour récompenses 50 » Produit de la Loterie de l'Exposi- tion 1.580 1 .508fr.41 500 » 300 » 400 )) 1 750 )) A reporter ;;, 2.130 fr. » 4. 458 fr. 41 — 32 - Report S.ISOfr. )) 4.458fr.4l Souscriptions pour le banquet. . . 294 » Total des ressources extraordi- naires à l'occasion de l'exposition 2.424fr. » 2.424 » Total des Recettes 6 . 882 fr. 41 Les dépenses payées jusqu'au l®"^ novembre 1894, montent à 5.396 84 Il restait en avoir à cette date 1 . 485 fr. 57 plus 4 années d'intérêts non marqués au livret de la Caisse d'Epargno. Mais, comme nous ne savions pas au juste ce qui pourrait être réglé, un certain nombre de dépenses, tant pour le service courant de la Société que pour l'Exposition, n'ont pas encore été payées, d'autres restent à faire d'ici le 31 décembre. Elles s'élèvent en totalité à 2.423 55 En absorbant entièrement nos ressources 937 98 il nous resterait, donc, à payer sur 1894 745 20 et en conservant le montant du livret de Caisse d'Epargne 1683 18 Cette somme pourra être, facilement, payée au commence- ment de l'année prochaine sans absorber la réserve de la Caisse d'Epargne puisque les recettes annuelles (subventions et cotisations) sont au moins de 3.000 fr. Les dépenses payées et non payées se seront subdivisés comme il suit : Restant ;\ payer PAYÉ ou à faire jusqu'au TOTAL 31 décembre Dépenses ordinaires delà Société 994f.24 1272f.70 2266f.94 Dépenses d'organisation de l'exposition et du banquet 1.786 70 552 30 2.339 » Dépenses de la loterie de l'Exposition 1.191 70 30 80 1.222 50 Souvenirs et récompenses ' à l'occasion de l'Expo- tion '1.424 20 566 75 1.990 95 5.396f.84 2.422f.55 7.819f.39 33 — Les dépenses de l'Exposition ayant été (frais d'organisation, loterie, récompenses) de 5.551 fr. 45 et les recettes (subventions extraordinaires, loterie, souscriptions du banquet) 2.424 » il est resté à la charge de la Société 3 . 1 37 fr. 45 La Société d'Horticulture a tenu à organiser en 1894, l'oc- casion de son cinquantième anniversaire une solennité horti- cole qui a été très brillante et très variée. Par suite, elle a dû y consacrer plus de dépenses que pour les Expositions précé- dentes. Ainsi, elle aura supporté pour récompenses et souvenirs, 1990 fr. 95, alors qu'en 1890 elle n'avait dépensé, pour cet objet, que 1 .221 fr. 70, et, en outre, cette année, un certain nombre de récompenses avalent été mises extraordinairement à la disposition de la Société. Nous sommes loin des \^''^^ expositions d'il y a 50 ans envi- ron, auxquelles il n'était attribué que 5 médailles d'argent de petits modules et 2 de bronze. Il a été dépensé 1.191 fr. 70 en achats de lots aux exposants alors qu'il n'en avait été acheté que pour 1.026 fr. 70, en 1890. C'est, donc, environ 3.000 fr. qui ont été répartis en récompenses et en achats de plantes ou objets divers. L'Exposition du mois de juillet à laquelle avaient pris part des horticulteurs de Guernesey (peut-être grâce à un mariage qui avait lieu le jour même de notre exposition), a été très remarquée non seulement du nombreux public qui l'a visitée, des Ofïlciers de l'Escadre, qui se trouvait alors sur rade, et surtout des Délégués des Sociétés correspondantes qui étaient venus faire partie du Jury, et dont je ne rappellerai pas les noms puisqu'ils figurent dans le rapport sur l'Exposition. Ces délégués étaient, sans contredit, des plus compétents en matière horticole et ils ont conservé la meilleure impression de ce qu'ils ont vu tant à l'Exposition, que dans leurs visites de cultures et de jardins; ils ont été convaincus que l'horti- culture cherbourgeoise est à la hauteur de sa réputation. Ce qui a contribué au succès de l'Exposition cela a été, non seulement, les apports d'une valeur incontestable des expo- sants et leur variété, mais aussi les précieux témoignages de — 34 -- bienveillante sympathie qui ont été données à notre Société et qui lui ont permis d'accroître le nombre des récompenses à distribuer. M. le Président de la République a bien voulu mettre à notre disposition un vase de Sèvres d'une beauté exception- nelle, (notre Société n'était pas, d'ailleurs, une inconnue pour le regretté M. Carnot); M. Viger, ministre de l'Agricul- ture, se souvenant qu'il avait été élève de notre collège et qu'il avait eu comme professeurs de nos ansiens présidents et vice-présidents, a ajouté une médaille d'or aux médailles d'argent et de vermeil que son déparlement accordait précé- demment pour nos Expositions. De plus, nous avons reçu des médailles du Ministre de l'Industrie et du Commerce, des estampes du Ministre des Beaux- Arts, un objet d'art de M. le Sous-Préfet, une subven- tion extraordinaire de 500 fr. du Conseil municipal de Cher- bourg; la Société d'Horticulture de Caen et des Sociétés locales (la Société Artistique et Industrielle et V Union commer- ciale] en mettant à notre disposition des récompenses ont donné à notre association un gage de cordiale confraternités dont nous avons été vivement touchés. Le succès de l'exposition a été, également, dû, au concour dévoué prêté par de nombreux sociétaires dont il est impos- sible de rappeler ici tous les noms. 11 faut, en effet, pourvoir aune foule de détails à l'occasion d'une Exposition (fréquentes visites de jardins, de pépinières et de cultures) suivies de rapports, organisation et installation de l'Exposition, place- ment des billets de la loterie, achats de lots, organisation du banquet, règlement de comptes, etc. Si l'Exposition a été la principale occupation de l'année, la Société n'en a pas* moins suivi le cours de ses travaux ordi- naires. Il a été distribué un bulletin très complet et plus intéres- sant encore que les précédents. Il contenait une jolie repro- duction d'un magnifique gunnera scabra de la propriété de M. Lesieur, indiqué par M. Levesque et photographié par M. Macé. Les séances mensuelles, toujours très suivies, ont fait l'objet de nombreuses et intéressantes communications, no- — 33 tamment d'envois faits par notre dévoué et infatigable cor- respondant à Tahiti, M. Picquenot. Les deux jardins de la Société ont été loin d'être négligés. Celui d'agrément de la rue Montebello, malgré les pertes éprouvées les années précédentes, était véritablement char- mant et très coquet pendant le courant de l'été. Il a été tout particulièrement remarqué par MM. les Délégués qui nous ont chargé d'exprimer leurs compliments à M. Letullier, auquel nous devions la disposition si bien comprise de l'Exposition. Le jardin du passage des Jardins consacré plus spéciale- ment à l'aiboriculture a été l'objet des soins de M. Levesque, il ne les a pas ménagés; les beaux raisins qu'il y a obtenus, en serre, malgré les intempéries de l'année, en ont été une preuve évidente. Tout en soignant les arbres de ce jardin, M. Levesque a continué à donner ses leçons toujours si appréciées. Là aussi, il a fait une place aux fleurs, car, outre les élèves faits pour le jardin de la rue Montebello, il a entretenu et complété notre collection de chrysanthèmes. De cordiales relations ont été entretenues avec diverses Sociétés de France et de notre ville. La participation des délégués aux opérations du jury et la création de récom- penses pour notre Exposition en sont un témoignage. Comme les années précédentes une corbeille de raisins a été offerte pour le banquet de la Société d'Agriculture. L'Association française pour V avancement des Sciences qui tenait, en août, un congrès à Caen, étant venue en excursion à Cherbourg, la Société d'Horticulture a fait remettre sur la table de l'Hôtel de France où était descendu le groupe prin- cipal comprenant le bureau, une corbeille de raisins et de fleurs disposée avec beaucoup de goût par M. Letullier. Cette attention a été appréciée et, non seulement des remerciments ont été adressés à M. le Président, mais la Société d'Horticul- ture a reçu une magnifique médaille de bronze envoyée par l'association en question, à titre de souvenir. D'ailleurs, ses membres qui étaient venus de Caen à Cherbourg ont été à même d'admirer les incomparables spécimens horticoles que possède notre président honoraire, M. Emm. Liais, et dont il avait bien voulu, donnant une nouvelle preuve de l'intérêt — 36 qu'il porte à notre Société, laisser figurer de beaux échantil- lons à notre Exposition de juillet, où ils ont été remarqués. Cette année, le nombre des cotisations perçues a été de 350, alors qu'il n'était que de 325 l'an dernier. C'est, donc, une augmentation de 25 membres et même de 38 en y ajoutant le chiffre des cotisations non perçues qui ont été de 13, par suite de décès (3), de démissions (6), ou refus de paiement, de départs (4). Précédemment, les cotisations non recouvrées variaient de 20 à 30. Ce qui prouve que l'exposition a eu pour résultat, non seulement d'accroître le nombre des adhérents, mais aussi d'empêcher des défections. Il est impossible à la Société d'organiser, tous les ans, des expositions complètes; car il faut pour cela des ressources financières assez importantes, mais aussi du dévouement de la part de nombreux sociétaires que l'on ne peut mettre trop souvent à contribution. Mais elle devrait rechercher, il me semble, les moyens d'entretenir l'intérêt, par exemple, en organisant aussi sou- vent que possible des excursions et des expositions partielles. Par exemple, au printemps prochain, lors de la floraison des rhododendrons, nous pourrions profiter de la promesse que nous a fait M. Canuet de nous faire visiter l'ancienne propriété de M. Herpin de Frémont, à Brix, et d'autres pro- priétés voisines. A l'automne, dussions-nous reporter quelques dépenses sur l'exercice suivant, on pourrait, peut-être, avoir une expo- sition de chrysanthèmes et de fruits, en profitant des 300 fr. du gouvernement que nous sommes obligés de distribuer en primes. Les frais d'installation seraient peu élevés. Une exposition de chrysanthèmes a été réclamée par un certain nombre de personnes. Il n'est guère possible que notre ville, où l'horticulture est tant en honneur, reste en arrière au point de vue de la vogue dont cette plante est l'objet. J'émets donc le vœu que les questions dont je viens de parler soient étudiées par le bureau. Des excursions et des expositions partielles auraient, non seulement, l'avantage d'arrêter les défections et de procurer des recrues. Elles seraient, aussi, des occasions pour les — 37 — sociétaires de se rencontrer, de travailler ensemble et con- tribueraient fortement à entretenir cet excellent esprit de confraternité qui existe dans notre Société et dans son bureau, grâce à la direction de l'aimable et excellent docteur Renault qui préside avec tant de dévouement à ses destinées depuis 25 ans environ et dont le concours lui sera acquis, espérons- le, de longues années encore. En résumé, la Société d'horticulture n'est pas restée inac- tive ; elle a été fidèle à la devise figurant sur ses anciens diplômes : Miscnit utile dulci, devise me rappelant notre excellent professeur de rhétorique, M. Duprey, qui se désolait parfois de ne, pas nous voir toujours comprendre la beaaté des œuvres du poète Horace et qui, comme l'un des premiers présidents de la Société d'horticulture, a contribué fortement à son développement. Sa situation est très prospère; mais elle se souviendra que noblesse oblige, et elle continuera, certainement, à marcher dans la voie du progrès, à donner des preuves de son utilité et à se rendre digne de l'estime dont elle jouit généralement. COMPTE-RENDU DE L'EXPOSITION HORTICOLE DE CAEN [26 Mai au 3 Juin i89i) yo»o« Messieurs et chers collègues, Ayant eu l'honneur d'être délégué pour vous représenter à l'exposition horticole de Caen qui a eu lieu au mois de mai 1894, je me suis rendu dans cette ville le 26 mai. Pour des motifs inconnus, et que je n'ai pas cherché à con- naître, la municipalité de Caen avait refusé à la Société d'horticulture la salle de l'Hôtel de Ville, lieu habituel de ses expositions. Aussi, au dernier moment, le bureau et la Com- ni, 38 mission d'organisation ont choisi et obtenu pour faire l'expo- sition « La place de la Préfecture. » A mon arrivée à Caen, je me suis rendu à l'exposition oià j'ai été reçu avec une aimable courtoisie par M. Colmiche, secrétaire général de la Société d'horticulture, qui a invité à déjeuner les délégués présents avant l'ouverture du con- cours. Après le déjeuner, servi dans une salle d'une Société de gymnastique, nous nous sommes rendus à l'exposition avec le Président de la Société d'horticulture et la Commission d'organisation, puis on a fait l'appel des délégués. Le Jury se composait de : MM. WooD, délégué de la Société centrale d'horticulture de France; Mansel, délégué de la Seine-Inférieure; Croise, délégué de l'Orne; Letellier-Alaboisette, délégué de l'Eure; Cauchepin, délégué de Bernay; Savalle, délégué du Havre; Thommin, délégué de Cherbourg; Férard, délégué de Saint-Germain-en-Laye; Crosville, délégué de Valognes; Magny, délégué de Coutances; Cabourg, délégué d'Elbeuf; Olivier, délégué de Lisieux; Fourrey, délégué de Pont-Levêque; Roussel, délégué d'Avranches; Martin, délégué de la Corporation de St-Fiacre,à Bayeux. M. WooD, délégué de Paris, a été nommé président du jury, et M. Colmiche, secrétaire général de la Société, a été nommé secrétaire-rapporteur. La place de la Préfecture était décorée avec un goût exquis et jamais on ne se serait cru sur une place publique de Caen, mais plutôt dans un véritable jardin à l'apogée de sa beauté; aussi le jury, dès le début, a adressé ses félicitations à M. Barret, jardinier paysagiste de Caen, auteur du plan de l'ex- position. Dans l'allée de droite, on remarque tout une rangée de jolis conifères placés avec symétrie et avec goût. En face, l'exposition des outils horticoles, poteries et ustensiles de jardin et un magnifique lot de pierres de mer et pétrifica- tiqjis. I m — 39 — Au milieu de l'exposition, plusieurs massifs de rosiers, géraniums, coleus, pensées; mais ce qui frappe le plus nos yeux, c'est une mosaïculture au centre de laquelle se trouve écrits ces trois mots : « Soyez les bien venus. » Sur le côté gauche, se dresse une magnifique tente sous laquelle se trouve l'exposition de fleurs. Parmi les plus belles, nous remarquons : 1° Bégonias, pensées, gloxinias, géraniums, anémones, renonculacées roses coupées, giroflées. 2o Un bel apport de renonculacées en fleurs coupées pré- senté par M. Pelpel, trésorier de la Société. 3» Une exposition de gloxinias en pot et renonculacées Iris, Pyrethres, en fleurs coupées, présenté par M. Marguerin, horticulteur à Caen. 40 Un splendide apport d'orchidées, d'anthurium et autres plantes de serre chaude, exposé par M. Duval, de Versailles. 5° Une belle collection de plantes vivaces, annuelles et bisa- nuelles, présentée par M. Barrette (1), Sous une autre tente adjacente à la première, se trouve l'exposition de plantes à feuillage, et plusieurs lots de géraniums zonale (2) et de pélargoniums. Quant à l'exposition des légumes et des fruits, elle n'en est pas moins remarquable que celle des fleurs : lo Un magnifique lot d'asperges présenté par M. Fauvel, jardinier à l'établissement de l'Ecole normale des instituteurs de Caen. 2° Un autre lot d'asperges présenté par M. Lamy, amateur à Luc-sur-Mer. 3<^ Une collection d'arbres fruitiers très bien entretenus présentée par M. Wattebled fils, de Dieppe. 40 Une grande variété de melons présentée par M. Leroy. Mais le clou de l'exposition était, ou plutôt aurait été, un (1) Dans uû coin dé cette tente se trouvait un mignon petit rocher construit par M. Tatoux, cimentier à Caen, et qui a fait l'admiration de tous les membres du jury. (2) Parmi ces derniers, nous remarquons un lot do ces plantes qui a valu à M. Foniaine, exposant, des félicitations pour leur choix et leur bonne présentation 40 — magnifique lot de pivoines exposé par M, Lenormand au milieu de l'exposition. Ces pivoines herbacées, cultivées en panier, n'ont pu être jugées par suite d'insuffisance de floraison, aussi le jury regrette-t-il de ne pouvoir accorder à M. Lenormand que des félicitations et des éloges. Après avoir terminé ces divers concours, le jury a visité de nouveau l'exposition et a décerné le vase de Sèvres, prix offert par M. le Président de la République, à M. Rosette, de Caen, pour l'ensemble de sa splendide exposition de fleurs, légumes et fruits. Je ne veux pas. Messieurs, terminer mon compte-rendu sans parler d'une classe de travailleurs que l'on trouve tou- jours sur la brèche quand il s'agit de développer chez l'enfaut le goût et l'amour du travail : je veux parler des instituteurs. A cette exposition, nous avons remarqué un magnifique herbier présenté par M. Brison, élève-maître à l'école normale de Caen, le jury n'ayant qu'une médaille de bronze à sa dis- position l'a décernée à cet instituteur avec félicitations. De plus, la Société d'horticulture de Caen a décidé de remettre à M. Brison un exemplaire du dictionnaire d'his- toire naturelle offert par M. le Ministre de l'Instruction publi- que, pour apports de plantes nouvelles aux séances men- suelles de la Société. Après examen et délibérations, le jury s'est rendu dans un petit local du Musée, afin de vérifier avec M. le secrétaire général de l'exposition les prix accordés aux exposants. (Voir les récompenses à la suite du compte-rendu). On s'est séparé à 5 heures pour se retrouver à 7 heures autour de la table du banquet qui se tenait, comme le déjeu- ner, dans la salle de gymnastique. Au dessert, M. le président a pris la parole et a dit que : Tout en respectant les scrupules de ceux qui ont cru s'abs- tenir, n'ayant pu obtenir tous les résultats qu'ils espéraient, il doit féliciter ceux dont les collections n'étant pas arrivées au point désiré, les ont néanmoins exposées aux regards. L'honorable président a continué en parlant du Congrès qui doit s'ouvrir à Caen au mois d'août 1 895, et a prié MM. les délégués d'insister près des Sociétés qu'ils représentent pour =- 41 que leurs membres prennent part aux travaux de ce Congrès, et y apportent le tribut de leurs connaissances horticoles. M. le président a ensuite porté un toast à M. le Président de la République, à M. le Ministre de l'Instruction publique, à l'Administration municipale qui a permis d'établir un jar- din improvisé pour l'exposition, à MM. les délégués et à tous les exposants, à la presse locale et à tous ceux qui ont con- tribué au succès de cette fête florale. Enfin, le dévoué et infatigable secrétaire général de la société M. Colmiche, dont l'éloge n'est plus à faire, a porté un toast aux dames patronnesses. Le banquet s'est terminé à onze heures et chacun s'est séparé en se promettant de se retrouver ensemble à la pro- chaine exposition. Mon voisin de droite au banquet était M. Rosette, horti- culteur à Caen, si avantageusement connu dans la contrée et dans plusieurs villes de France. Après avoir causé de diffé- rentes choses, nous avons abordé la question « Chrysanthè- mes. » Eh bien, Messieurs, je pense avec lui que nous devrions avoir une exposition de ces superbes fleurs à Cherbourg cette année ou l'année prochaine. M. Rosette m'a promis, si cette exposition a lieu, d'envoyer une centaine de variétés de chrysanthèmes, lesquels lui ont valu la médaille d'or à l'ex- position de Paris en 1894. Valognes a fait une exposition de chrysanthèmes; il faut que Cherbourg soit à la hauteur de certaines localités qui ne négligent rien pour développer par tous les moyens possibles le goût de l'horticulture dans leur contrée. Léon Thommin. *** Liste des principales récompenses accordées par le Jury. Médaille d'or offerte par le Ministre de l'Agriculture à MM. Letellier père et fils, de Caen, pour l'ensemble et magni- fique exposition de conifères. Prix Letot, médaille d'or d'une valeur de 200 fr. pour l'en- semble de sa magnifique exposition. - 42 Prix du Conseil municipal, médaille d'or à M. Leroy, maraîcher primeuriste à Gaen, pour son très remarquable apport de légumes. Coupe offerte par M. de Formigny de la Londe, président de la Société d'horticulture de Caen, à MM. Letellier père et fils, pour leur magnifique apport de roses en fleurs coupées. Médaille de vermeil offerte par le Ministre de l'Agriculture à M. Marguerin, horticulteur marchand à Caen, pour l'en- semble de son exposition (gloxinia en pots et renonculacées en fleurs coupées). Médaille de vermeil offerte par la Société des Agriculteurs de France à M. Duval, horticulteur marchand à Versailles, pour son splendide apport d'orchidées, d'anthurium et autres plantes de serre chaude. Médaille de vermeil offerte par M. le baron Gérard, député du Calvados, à M. Tatoux, cimentier à Caen, pour sou rocher avec jet d'eau. Médaille de bronze à M. Wattebled fils, amateur à Neu- ville-les-Dieppe, pour ses arbres fruitiers. Médaille d'argent offerte par le Ministre de l'Agriculture à M.Fauvel, jardinier à l'établissement de l'Ecole normale des Instituteurs de Caen pour son magnifique lot d'asperges. Médaille d'argent à M. Dirais, jardinier en chef de l'Hôtel- Dieu pour ses légumes. Médaille de bronze offerte par la Société des Agriculteurs de France, M. Leroy, pour ses melons. Médaille d'argent, M. Barette, pour ses différentes pièces de mosaiculture. Médaille de bronze, M. Oger, horticulteur à Caen, pour son exploitation de géraniums zonale et son tableau de pensées en fleurs coupées. Médaille de bronze petit module, M. Quatravaux, amateur, pour son apport de giroflées. Médaille d'argent grand module, M. Comptet, de Caen, pour ses poteries horticoles. Médaille d'argent petit module,M.Drouai'd,de Foulletourte (Sarllie), pour ses poteries horticoles. Médaille d'argent grand module, M. Delaunay, fabricant à Bernay, pour ses outils horticoles. 43 Médaille de bronze, M. Barette, pour son lot de pierres de mer et pétrifications. * * * Récompenses accordées par la Société d'Horticulture de Gaen à l'occasion des visites de la Commission perma- nente. Médaille de vermeil offerte par M. Zévort, recteur de l'Aca- démie de Caen, à l'établissement de l'Ecole normale d'Insti- tuteurs de Caen pour l'enseignement horticole. Médaille de vermeil grand module, M. Barette, pour l'ins- tallation de l'Exposition. *** Bons et loyaux services des jardiniers à gages qui se sont signalés par leur zèle, leur intelligence et leur attache ment. Médailles d'argent grand module à: MM. Fauvel, jardinier à l'Ecole normale depuis 19 ans; Luce, jardinier chez M. de Montamy, à Remy-sur-Mer, depuis 21 ans; Lecarpentier, jardinier au monastère de Notre-Dame de la Charité, à Caen, depuis 23 ans; Poirier, jardinier au couvent de la Vierge fidèle à la Délivrande, depuis 23 ans. Médaille de vermeil à M. Milon, jardinier à l'établissement du Bon-Sauveur depuis 52 ans. L. Thommin. 44 — VISITES DE JARDINS & PÉPINIÈRES EN VUE DE L'EXPOSITION Rapport sur la Visite faite par le Bureau et les Commissions permanentes au Château de Saint-Pierre-Eglise. Le dimanche 17 juin 1894, plusieurs membres du Bureau et des Commissions permanentes se réunissaient, à 8 heures du matin, au jardin de la Société, pour aller visiter les jardins et le parc du Château de Saint-Pierre-Eglise. Etaient présents : MM. Cauvin. vice-président; Hervieux et Dutot, conseillers d'administration; Thommin, secrétaire-adjoint; Havard, Paysant, Lemagnent et Maillard, de la Commission des cultures d'utilité; Nicollet, Point et Legrin, de la Com- mission des cultures d'agrément; M. d'Aboville, se trouvant à Cherbourg pour quelque temps, et M. Salle, membre de la Commission de l'Exposition, faisaient partie de l'excursion. Arrivés à Saint-Pierre vers 11 heures, nous avons parcouru les principales rues du bourg, et nous avons pu constater que les Saint-Pierrais ont le goût des fleurs, on en voit en pot derrière les fenêtres de beaucoup de maisons, nous avons remarqué notamment de fort jolies calcéolaires, très vivaces et formant de belles touffes. Dans un jardin près de l'Ecole des Frères, de grands rosiers sont couverts de fleurs, ils croissent librement, sans souci du sécateur, et si l'art peut y trouver à redire, ils ne manquent cependant pas d'une grâce un peu rustique qui n'est pas sans charme, et me rappellent les grands rhododendrons des bois de Sauxemesnil. Sur le chemin de Cosqueville, nous trouvons le long des haies de belles cymbalaires, elles s'amélioreraient encore si elles étaient cultivées; certaines plantes des champs, auxquelles nous ne faisons pas attention parce que nous les voyons tous les jours, gagneraient à être transplantées dans nos jardins, ainsi que cela s'est fait pour plusieurs d'entre elles. — 45 A une heure, il a été procédé à la visite, but de notre excursion; le régisseur du Château, M. Lesaché s'étant excusé, nous avons été reçus par le garde, M. Leconte, et par le jardinier, M. Orange. Le Château est précédé d'une magnifique avenue de chênes séculaires aboutissant à la route de Cherbourg. Il a été bâti dans la première moitié du siècle dernier, sur les plans de Nicolas Blondel, architecte du Roi; de la terrasse Nord une vue magnifique s'étend sur la campagne et la mer. (1) A gauche se trouve l'emplacement de l'ancien Château, qui vit naître l'Abbé de Saint-Pierre; on l'appelle la Cour des Acacias; de forts beaux, en effet, y sont plantés; de la terrasse, on aperçoit le jardin du fermier, que des murs divisent par compartiments de culture, afin d'avoir une plus grande place pour les espaliers. Ces sortes de jardins s'appellent dans le pays des Chartreuses. Les jardins où plutôt les parterres du Château se composent de deux longs trapèzes et d'un labyrinthe, le tout tracé et taillé dans le style de Versailles. Comme plantes nous n'avons rien trouvé de bien remarquable, mais le temps a permis à certains sujets de se développer d'une façon que l'on ren- contre rarement dans nos jardins plus modernes, nolamment les houx, les lauriers-tins dont un grand nombre sont morts à Cherbourg pendant les derniers hivers; un genêt d'Espagne, un arbousier, un arbre à belles fleurs blanches, le bouquet de la mariée (un très joli nom qui ne donne pas envie de rechercher le nom scientifique), un rosier au pied énorme, il paraît si vieux que le jardinier l'appelle papa Adam. Une jolie collection de jalousies et de belles variétés de roses ont vivement intéressé les Commissions; une rose d'un blanc rosé, appelée Laure de Saint-Martin, a été particuliè- rement remarquée non-seulement par sa beauté mais encore par sa rareté; quelques belles pensées ont aussi attiré l'attention. (1) Pour le Château et son histoire, il est intéressant de consulter l'ouvrage de M. Louis Drouet : Recherches historiques sur les Communes du Canton de Saint-Pierre. — 46 Ce labyrinthe est formé d'hortensias variés au milieu desquels sont plantés des magnolias qui ont souffert, mais qui reprennent, d'autres à feuilles persistantes ont péri. Sur les pelouses se trouvent un très beau charme, un bel araucaria bien fourni du pie K un séquoia; dans un champ se dresse isolé un hêtre pourpre, ayant bravé la cognée. Du jardin, nous sommes allés dans le parc, planté de hêtres pour la plus grande partie; il ne contient pas moins de 56 hectares et est clos de m.urs, le temps nous a manqué pour le parcourir en entier, nous avons vu seulement les parties les plus remarquables, tels que les deux ronds points à l'un desquels aboutissent huit avenues, la vieille tour de garde, qui tombe en ruines; certaines allées, par exemple celle qui aboutit au Saut-de-Loup, rappellent par leur hau- teur et la jonction de leurs branches les nefs ogivales des cathédrales. On dit dans le pays que pour avoir le plus beau domaine du monde, il faudrait réunir le Château de Fontenay, la Basse-Cour de Chiffrevast et le Parc de Saint-Pierre. Je ne connais ni Fontenay, ni Chiffrevast, mais s'ils méritent leur réputation comme le Parc de Saint-Pierre, le dicton pourrait . bien être vrai. Si nous n'avons point eu à constater de plantes nouvelles, ni de véritables raretés, les Commissions n'en sont pas moins unanimes à constater que la tenue des jardins fait honneur au jardinier, un vieux serviteur, chargé spécialement de ce service depuis cinq ans. Un léger détour, en revenant à Cherbourg, nous a permis de traverser le joli village de Fermanville et de voir le Cap Lévy; dans quelques champs, le chrysanthème sauvage (chrysanthemum arvense), forme mélangé au trèfle incarnat des mosaïques rouge et jaune du plus gracieux effet; encore une plante rustique qui devrait avoir droit de cité dans nos jardins. Nous avons, en passant à Tourlaville, admiré le jardin si bien tenu de notre collègue, M. Point, et sa belle collection de roses en pleine floraison. Je ne m'étendrai pas sur ce 47 — sujet, cette visite n'étant pas au programme et le compte- rendu étant officiel. A 7 heures 1/2 nous étions de retour, contents de notre journée malgré les menaces delà pluie et une température qui faisait plutôt pensera la Saint-Michel qu'à la Saint-Jean. Le Rapporteur, Legrin. Visite aux Pépinières de M. BARBEY, à Tollevast. Messieurs, Le 22 juin dernier, plusieurs membres du Bureau et des diverses Commissions se sont rendus à Tollevast pour visiter de nouveau les pépinières de M. Barbey. Nous les avions déjà visitées le 22 mai 1893 et nous étions, ce jour-là, très nom- breux. Cette année, la Commission se composait de MM. Gauvin, Hervieux, Thommin, Nicollet, Havard, Maillard, Paysant, Salley et du soussigné. J'aurais bien désiré ne pas être chargé de faire le rapport de la visite. Quelque soin que mette un rapporteur à bien noter les impressions de ses collègues, il lui est impossible de ne pas insister sur ce qui l'a frappé lui-même. En 1893, j'avais fait le rapport de la première visite et m'étais appliqué à ne rien omettre. J'étais donc exposé à me répéter ou à dire peu de chose de nouveau ; un autre rapporteur aurait pu présenter de nouveaux aperçus. Mais l'exposition était très prochaine et déjà les rôles étaient distribués à la plupart de ces Messieurs. Nous avons trouvé la pépinière dans le même état que l'an dernier. Les arbres ont grandi, il en est venu de nouveaux. Mais il y a un agrandissement notable qui est en voie d'exé- cution. M. Barbey a reculé vers le nord, c'est-à-dire en remontant le coteau, sa clôture aux dépens d'un herbage; ce nouveau terrain, recevra 10,000 pieds de pommiers. 48 — Pour le moment, il n'y en a que 900, mais la place est réservée pour le reste. Le travail de préparation de la terre est pénible car elle est pleine de cailloux qu'il faut éplucher un à un. Mais M. Barbey ne se rebute pas, il en a fait bien d'autres. Le grand chêne que nous avions remarqué l'an dernier a été rabattu parce qu'il ombrageait trop de mètres carrés de terrain dans la pépinière. M. Barbey, nous l'avions dit, emploie exclusivement, et avec succès, la greff^^ anglaise. Nombre de pommiers ont été greffés en pied d'al^ord et en tête ensuite. Plusieurs ont été rabattus au niveau du sol, ils repoussent du pied ; on choisit ensuite la meilleure des pousses, qui forme un nouveau pied plus fort que le premier. Plusieurs pommiers de 7 ans sont retenus par divers pro- priétaires et sont étiquetés à leurs noms. Nous avons lu ceux de deux habitants de Cherbourg qui sont propriétaires à Teurthéville-Hague. M. Nicollet a recueilli quelques anthonomes, mais il n'y en a pas à l'excès. M. Barbey nous a ensuite fait voir un de ses vergers, la récolte sera bien moindre que l'an dernier, mais il en est de même partout. Le rapport de l'an dernier mentionnait les volailles, bien que ce ne soit plus de l'horticulture ; une chose qui nous a vraiment amusés, c'était de voir, à l'appel du maître, toutes les volailles accourir, quelques-unes de très loin. Il y avait distribution de vivres. Pour en revenir aux pépinières et résumer : tenue irrépro- chable et agrandissement en cours d'exécution. H. DE LA Chapelle. — 49 — Visite au Jardin de M. Eugène BUHOT, à HainneviUe. (M. MuLAG, jardinier.) Le 23 juin, jour fixé pour deux visites de jardin et de pépi- nière à la campagne, se sont réunis MM. Cauvin et Lévesque, vice-présidents, de la Chapelle, Hervieux et Dutot, conseil- lers, Thommin, secrétaire-adjoint, Paysant, Point, Lema- gnent et Salley, membres des Commissions. On m'a chargé de rendre compte de la première visite, celle de la propriété de M. Eugène Buhot, ancien négociant, située à HainneviUe, près le hameau aux Anglais. La propriété, que M. Buhot habite la plupart du temps, se compose d'une maison de maître, d'un très beau jardin et de quelques her- bages. Le jardin était exploité autrefois par un jardinier nommé Hébert, M. Buhot s'en est rendu acquéreur et s'est agrandi . Le jardin actuel de M. Buhot mesure 60 ares, il est en pente douce du sud au nord et, de trois côtés, il est bordé par une haie double servant de promenade et garnie, surtout au sud, de rosiers provenant de boutures. Ce vaste jardin est consacré, pour la plus grande partie, aux cultures d'utilité. H renferme de nombreux contre-espa- liers tout en bois, la plupart remontent à trois ans de date. Hs sont de hauteurs différentes et généralement dirigés dans le sens de leur longueur, du nord au sud. L'un d'eux, au con- traire, est orienté à contre soleil; les arbres plantés du côté du nord sont placés surtout pour abriter du vent de mer ceux qui leur sont opposés; néanmoins, ils reçoivent, par les interstices des branches des autres, assez de soleil pour être chargés d'une récolte abondante. Tous ces poiriers appar- tiennent à des variétés estimées, dont les noms sont écrits très lisiblement sur les contre-espaliers. Les longues allées de ce jardin, garni de légumes divers dont le détail serait trop long et dont la Commission a sim- plement constaté la belle venue., sont bordées de fraisiers — 50 — appartenant, pour la majeure partie, à la variété Docteur Morère. Un long talus, bordant le jardin à l'est, est tout garni d'un autre fraisier très précoce, dont je regrette de ne pas savoir le nom. Tous ces fraisiers, quoiqu'ils soient, donnent chaque année une récolte très considérable, dépassant de beaucoup la consommation de la famille. Dans le fond du jardin, il y a à gauche une petite pépi- nière, à droite un carré de pommiers à cidre. En avant, nous avons remarqué deux vastes serres en bois, bien garnies de vignes promettant une abondante récolte; l'une d'elles est, en outre, pleine de tomates. Non loin de ces serres, il existe un bassin ovale donnant d'excellente eau de source, que des tuyaux amènent à une pompe auprès de la maison : il est en outre bien rempli de cresson. Les murs qui séparent le jardin de la grande route de Beau- mont, ainsi que la maison de maître elle-même, sont garnis de pêchers et abricotiers en espalier. Un carré suffisamment grand auprès de la maison, est aménagé en parterre fort bien dessiné, avec pelouse et massifs. On y voit un araucaria im- bricata, haut d'environ 4 mètres, irréprochable de forme, ayant 9 ans de plantation, un cedrus diodora, divers rosiers à hautes tiges, etc. Quant aux rosiers à basse tige, il y en a une fort belle collection aux abords des serres et du bassin. Le jardin est tenu, depuis neuf mois, par M. Louis Mulac, qui habite avec sa femme un logement attenant à la maison de maître, il est en outre concierge, a soin du cheval, etc. Mais la tenue des arbres fruitiers nous le signale comme un jardinier très méritant, et nous pensons qu'il y a lieu de le mentionner aussi pour ses excellents services, bien qu'ils ne remontent qu'à une époque peu éloignée. M. Buhot nous dit qu'il n'enverra rien à l'Exposition. Mais il a fait une Exposition d'un autre genre dont la Commission garde le meilleur souvenir. M'écartant pour cette fois d'une loi que je me suis imposée, comme les autres rapporteurs, mes collègues, de passer sous silence les repos qui suivent — 51 souvent le travail des Commissions, je crois devoir citer la remarquable collection d'énormes fraises, abondamment disposée dans une salle où nous avons été invités à entrer : la Commission a examiné en conscience ces magnifiques produits et leur a fait honneur. Mentionnons pour mémoire la boiserie extrêmement remarquable de la salle à manger, bien que ce soit plutôt du ressort de notre Société Artistique et Industrielle. Cette boiserie est toute en pitchpin admirablement veiné et moiré, dont le choix fait honneur au propriétaire et dont la dispo- sition est lœuvre d'un véritable artiste. Cherbourg, la 24 juin 1894. H. DE LA Chapelle. * * * De Hainneville, nous nous sommes rendus à Acqueville, où il y avait à visiter des pépinières. Mais avant la visite de ces pépinières, dont M. Thommin va vous rendre compte, M. Dutot nous a invités à visiter la belle propriété dont il s'est rendu acquéreur, il y a deux ou trois ans, dans cette commune. Vastes pelouses, magnifiques bosquets admirablement disposés, étang qui demande peu de travail pour devenir superbe^ et qui est placé dans une délicieuse vallée, jolie maison de maître, rien n'y manque. Tout cela est charmant. Mais, il n'y a pas lieu à rapport : nous n'étions plus une Commission, mais un groupe de collègues et amis invités à un déjeuner très frater- nel, dont Madame Dutot a bien voulu faire les honneurs avec une grâce exquise. Aussi je donne ma démission de rapporteur — jusqu'au prochain rapport qui me sera réclamé — et je reste pour le moment le chroniqueur Marcanville. 52 — Rapport sur les Pépinières de M. LAPLACE, à Acqueville. Messieurs, Après avoir pris congé de M.etMmeDutot qui nous avaient si bien reçus à leur propriété d'Acqueville, les Commissions se sont rendues chez M. Laplace qui avait demandé à la Société d'Horticulture de faire la visite de ses pépinières. Ces pépinières, divisées en deux parties, forment un ensemble de 7.000 pommiers environ plantés avec symétrie, et, au premier coup d'oeil, on juge un cultivateur intelligent et laborieux. Ces pommiers qui sont fort beaux ont été obtenus au moyen de la greffe en fente, et M. Laplace nous a dit avoir vendu beaucoup de ses produits à plusieurs Membres de la Société d'Horticulture, entre autres à M. Boulard, Commis- saire-Priseur à Cherbourg. Ces arbres qui ont donné de très bons résultats comme quantité et comme qualité est la seule chose que l'on puisse demander à un pépiniériste marchand. En conséquence, nous proposons M. Laplace pour une médaille d'argent et une prime de 13 francs pour l'entretien de ses pépinières et l'excellent résultat de leurs produits. Le Rapporteur, L. Thommin. ►«aio**c02gâ<* Rapport sur la Visite du Jardin de M. le Directeur de l'Usine à Gaz de Cherbourg. Le mardi 26 juin, les Commissions se sont réunies rue Hélain, au jardin de M. de Meeus, directeur de l'usine à gaz. Etaient présents: M. Cauvin, vice-président, MM. Havard, Hervieux, de la Chapelle, Point, Levesque, Paysant, Maillard, Nicollet, Thommin et Legrin. ]L,a maison d'habitation, chalet élégant, est placée contre le - 53 - jardin d'agrément et le jardin fruitier. Les deux sont confiés aux soins de M. Lerouge, qui y consacre six heures par jour depuis trois ans. Nous visitons d'abord le jardin d'utilité; les arbres sont couverts de fruits; plantés pour la plupart en 1870, ils sont bien guidés, toutes les branches sont d'égale grosseur: remarqué de beaux pieds de Beurré-Hardy, de Maréchal de Cour, Beurré magnifique, figue d'Aiençon, qui a eu une seconde floraison jusqu'à la Toussaint. Beaucoup, même trop de raisin dans la serre, où nous admirons des camellias d'une belle vigueur, et qui sont durant l'hiver cou- verts de fleurs. Un pied énorme de clématite s'appuie à une salle verte. Un figuier, hélas ! est mort comme tant d'autres ! Revenus dans le jardin d'agrément, montant vers la mai- son en pente légère et gracieusement dessinée, je fais sur nos plantes indigènes la réflexion que j'ai déjà faite en rendant compte de la visite au château de Saint-Pierre; on ne songe pas assez aux jolis effets que l'on peut en obtenir: dans un endroit où rien ne prospérait. On a planté des sedum, petite fleur qui croit en abondance sur la montagne du Roule, et une exquise mosaïque a été rapidement obtenue. Nos fougères garnissent de nombreux monticules. Les arbres sont nom- breux et serrés; on a un peu l'illusion d'un parc. Les plates- bandes sont soigneusement fumées; aussi les fleurs sont-elles fortes et vigoureuses. Dans la serre, nous nous arrêtons devant un magnifique arum venu de Chine. Aucun des membres présents n'en avait vu un aussi bel exemplaire. La bonne tenue du jardin fait honneur au goût du pro- priétaire et à l'activité du jardinier. Le Rapporteur, Legrin. ->feSs030CftÉ«< IV. ■i4 — Rapport sur le Jardin de M. GOURVAL. En sortant du jardin de M. de Meeus, les Commissions se sont rendues place du Cauchiu, chez M. Courval. Le jardin est situé derrière la maison de commerce; il est, à la fois, d'utilité et d'agrément. Chaque chose a sa place et pas un pouce de terrain n'est perdu. Les arbres fruitiers sont nom- breux et bien dirigés par M. Letullier; les poiriers sont plantés en contre-espalier à quatre branches. Un Beurré d'Amanlis se fait remarquer par la grosseur promise de ses fruits; les cordons de pruniers sont chargés de fruits qui promettent aussi d'être très beaux. M. Courval vise, d'ailleurs, plutôt à la grosseur et à la qualité qu'à la quantité. Sur une verte salle, une aristoloche étale ses larges feuil- les; les roses sont les fleurs préférées. Nous remarquons de fort beaux spécimens de Cnpitaine Cristi, Capitaine Grill, Marie Salviati, Gloire de Duclier, M^e Margotin, très florifère; en espalier, une belle rose, le Bouquet d'Or. Dans la serre, des vignes jeunes et vigoureuses. Les allées et les plates-bandes sont soigneusement cou- vertes de tan. Ce jardin, très bien tenu, fait honneur à M. Courval qui s'occupe lui-même des fleurs et des légumes, et à M. Letullier qui a la direction des arbres à fruit. Le Rapporteur^ Legrin. -^X/*0*r- Propriété LALISEL, à Octeville. Après les deux visites précitées, M. Legrin, rapporteur, s'est séparé de nous, à cause de l'approche de l'audience où l'appelait son devoir professionnel. M. Thommin nous a rejoints alors, mais comme il a sa — bo bonne part dans les rapports, j'ai été chargé, sur sa demande, de faire celui-ci. La propriété de M. et M'^^ Lalisel, qu'il s'agissait de visiter, est située à Octeville, un peu au sud du Carrefour Baquesne, et domine la vallée deQuincampoix On reconnaît facilement, du chemin de fer, la maison au belvédère élégant qui la surmonte, et qui est assez élevé pour permettre de voir la rade. Depuis plusieurs années, je vais assez souvent, isolément, visiter la propriété et surtout le jardin. La propriété, depuis l'automne dernier, a été tellement agrandie qu'elle peut être considérée comme une création. Le jardin qui contenait 20 ares en contient aujourd'hui 90. Il y avait autrefois, à gauche en entrant, une petite serre qui a disparu: nous dirons plus loin l'emploi qui a été fait de ses matériaux. Une serre neuve en fer, longue de 20 mètres, large de 6, haute de 7, est attenante à la maison et communique avec le salon. Elle est fort bien garnie, bien que, par la négligence du chauffeur, beaucoup de belles et bonnes plantes aient péri le 5 janvier dernier. Nous y avons remarqué un strelitzi reginae, en fleurs, deux beaux bananiers, un musa sinensis (jeune), un xiandra dont des boutures ont été offertes aux Membres de la Commission, ainsi que des boutures de magnifiques pelargoniums pelta- tum, appartenant à trois variétés, et garnissant la serre de tous côtés. Il y a des palmiers obtenus de semence, un beau balantium antarcticum, un araucaria excelsa et des vignes de planta- tion toute récente. Un beau pêcher se trouve dans la même serre adossé à la maison, il a eu 44 pêches : il en avait 17 au moment de notre arrivée, mais à notre départ ce nombre était diminué, M°i^ Lalisel ayant voulu que chacun de nous en remportât un échantillon. Ces pèches sont très mûres et excellentes. Celte grande serre, à l'exception, peut-être, de la conduite -bé- dés vignes, est l'objet des soins personnels et continuels de U^^ Lalisel. Le centre de la partie nouvellement ajoutée au jardin est occupée par une très vaste pelouse, dont le fourrage est destiné à la récolte. Dans la partie gauche sont les plancbes de légumes qui sont très variés et bien cultivées. Mais, ce que le professeur me recommande bien de mentionner, c'est un long contre-espa- lier, en courbe à grand rayon, garni de poiriers disposés en V simples et V doubles, autrement dit à deux ou quatre branches verticales, transplantés depuis l'automne dernier. Ces arbres sont bien garnis de fruits. Leur conduite fait honneur au jardinier, M. Louis Girard, qui en est spéciale- ment chargé, et fait en outre dans le jardin (une ou deux fois la semaine) les travaux que M. et M°i° Lalisel ne se sont pas spécialement réservés. Du côté opposé, c'est-à-dire à droite, sont plusieurs châssis où Mme Lalisel fait des semences qui réussissent: légumes, plantes annuelles pour corbeilles, etc. Ceux de nous qui l'ont désiré ont reçu de jeunes plantes de bignonia, catalpa, carou- bier, abraria umbellata, et autres. Près de ces châssis, est une petite serre de travail, cons- truite avec les débris de l'ancienne serre qui était à l'entrée. Elle sert, aussi, à M^e Lalisel pour y faire des semences et des élèves. Nous y avons remarqué de jeunes araucaria brasi- liensis, longs de quelques centimètres seulement. Nous rapprochant de la maison, nous avons vu une épaisse tonnelle établie sur un petit tertre et formée d'un peuplier pleureur. Un de nous (c'est je pense, M. Point) a fait observer qu'une branche verticale partant du centre devait être sup- primée au plus tôt; sans quoi les branches latérales perdraient leur caractère et finiraient par dépérir. Ce conseil, appuyé par plusieurs Membres de la Commission sera prompte ment suivi. Nous rapprochant de la maison, nous avons admiré, entre autres fleurs d'ornement, une campanule à collerette et une belle collection de pensées. Il y en a quelques-unes d'un - 57 - beau rouge ou orange foncé, appartenant au type appelé Météore. Plusieurs de nous auraient bien voulu qu'il en fut fait un apport à l'Exposition, mais il paraît que le plus beau moment de leur floraison est passé. La propriété occupe, avons-nous dit, le penchant d'un coteau qui domine la vallée de Quincampoix dans la partie la plus pittoresque; aussi le point de vue dont on jouit du jardin est des plus beaux qui soient en Normandie. Un grand et bon tableau qui orne le salon le reproduit fidèlement. Nous avions remarqué, dans la partie potagère du jardin, de nombreux plants de pommes de terre, appartenant à des variétés nombreuses et bien choisies. Mais ce n'^^^st que la plus faible partie des cultures de ce genre. En quittant la maison et nous rapprochant du Carrefour Baquesne, nous avons visité un autre terrain plus exclusivement consacré à cette culture. Il y a, aussi, des plants d'asperges et des arti- chauts. Le jury de l'Exposition appréciera la collection de pommes de terre qui sera mise sous ses yeux ; la Commission a rempli son mandat, pour ce qui concerne cette culture, en certifiant l'origine des produits exposés. Cherbourg, le 26 juin 1894. H. DE LA Chapelle. Serres de M. LIAIS (M. Désiré Legappon, jardinier). Les serres et le parc de M. Emmanuel Liais sont souvent visités, soit par des Commissions, soit par des sociétaires isolés, et de nombreux articles insérés dans nos précédents Bulletins ont tenu les lecteurs au courant des agrandisse- ments de la culture, des inlroductioas nouvelles. « 38 La Commission réunie le 29 juin, composée de MM. Cauvin, Hervieux, Maillard, Havard, Salley et Lemagnent, laquelle m'a chargé de faire le rapport, n'a pu qu'admirer la belle végétation des serres et rendre pleine justice au zèle et au talent de M. Désiré Lecappon, chargé seul des soins à don- ner aux merveilles des serres et aux plantations du parc. M. Liais a promis de prêter pour l'Exposition un certain nombre de plantes, qui contribueront singulièrement à son ornement. Parmi les végétaux, rares et précieux, dont la plupart ne pourraient, sans graves inconvénients, échanger la tempéra- ture chaude des serres pour celle de l'Exposition, la Com- mission a remarqué particulièrement : Plusieurs Plumeria, Pandanus angustifolia, Cunna indica (de graines envoyées de Tahiti par M. Picquenot), Frangipa- nier, des Cacaoyers venus de boutures. Caryota rirens, de de semence, Cycas, également de semence, Arrawroot, Dra- cœna umbraquilifera. Un Latania aurea dont le tronc seul a 3 mètres de haut, et pour lequel il a fallu surélever la serre où il se trouve. Canna saccharifora de bouture, des Ananas dont les fruits, quoique dû, loppés, ne sont pas encore à maturité. Papayer de semis, Erythrine, Theophrasta, bel arbre qui se trouve dans la grande serre attenante à la mai- son, et qu'on avait oublié de signaler précédemment. Zamia, un Volkameria japonica, solanée dont les fleurs doubles exha- lent une odeur suave tandis que ses feuilles froissées sont très fétides. Dans la serre la plus voisine de la rue du Chantier sont des végétaux de très grande taille : on y voit notamment deux touffes d'un certain bambou dont les tiges dépassent dix mètres. Dans une longue serre, peu élevée, consacrée aux élèves, nous avons vu plusieurs géranium-lierre (pelargonium pelta- tum) appartenant à plusieurs variétés, dont la plus remar- quable, à fleurs doubles et d'un rouge cerise, se nomme Sou- venir de Charles Turner, m ~ On a beaucoup admiré la splendide floraison des nénu- phars roses de la Tour Mariac. Quant au nelumbium bleu, que l'on croyait tué par l'hiver, une petite feuille très fraîche témoigne de sa vitalité. M. Lecappon, dont nous avons tant de fois fait l'éloge, n'a point démérité: bien loin de là. Cherbourg, le29juiu 1894. H. DE LA Chapelle. Propriété de M. LEBLOND à Octevillc Cette propriété, qui a été plusieurs fois visitée, et dont la description figure dans des Bulletins précédents, a été égale- ment, cette année, visitée par une Commission. Le rapport de cette visite, si toutefois il a été écrit, n'esL pas parvenu à la Rédaction. Les visiteurs ont constaté que la propriété n'avait pas subi de changements sensibles, et qu'elle était toujours tenue de la manière la plus irréprochable. Aussi, sur les conclusions des visiteurs, les Commissions réunies ont décidé qu'il y avait lieu de décerner des médailles à MM. Lemagnent et Buhot, jardiniers, le premier à la journée et le second à l'année. La Rédaction. — 60 — 26^ EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE BANQUET DU 7 JUILLET La Société d'horticulture de Cherbourg a fait coïncider sa 26e exposition avec le cinquantenaire de sa fondation (juillet 1844). Cette exposition qui était fort belle ressemblait, d'ailleurs, à celles qui l'ont précédée, mais elle était plus complète. Des groupes de plantes comme on en voit rarement dans les autres villes : palmiers, bananiers, fougères arborescentes, orchidées, etc., ont, pendant trois jours, charmé les yeux du public. Le bas côté Est de la halle était occupé par M. Léon Cavron, le bas côté Sud par M. Halopé, le bas côté Ouest par les plantes de M. Emm. Liai», les produits maraîchers, l'in- dustrie horticole et autres objets dont on retrouvera l'énu- mération dans le rapport du Jury. Il y a lieu de mentionner, en outre des produits horticoles proprement dits, divers objets ayant contribué pour une bonne part à l'ornementation de l'exposition : graines envo- yées de Tahiti par M. Picquenot et disposées avec goût par M. Lelièvre, collection d'insectes de M. Nicollet, plusieurs photographies, notamment celle qui représente l'araucaria de M. Point. C'est après les opérations des divers jurys, délégués et dames patronesses, que le public a été admis à circuler. On entrait par la rue Collard ; l'entrée est libre, mais il faut passer sous le feu d'un groupe de sociétaires zélés et irrésis- tibles chargés de placer les billets de la loterie, opération qui a été très fructueuse. On sait que les lots sont des plantes achetées aux exposants avec le produit de ces billets. 61 — Le soir, à 6 heures 1/2, le banquet traditionnel a réuni dans le grand salon de l'Hôtel de Ville les délégués, le bureau de la Société, les invités et un bon nombre de sociétaires. A la table d'honneur, on remarquait M. Gosse, Président du Conseil d'arrondissement, et M. Lejolis, un des 4 fondateurs survivants. M. le Sous-Préfet et M. le Maire, qui, au moment de l'ouverture des opérations du jury, étaient venus nous donner, parleur présence, une marque de sympathie, s'étaient comme plusieurs autres autorités, excusés de ne pouvoir assister au banquet, à cause du deuil national. Le banquet était servi par l'hôtel de l'Etoile. M. Thommin, secrétaire-adjoint, qui, comme on sait, a formé un groupe de musiciens amateurs que l'on entend aux fêtes de nuit de la Société, avait fait à celle-ci la surprise d'offrir le concours de cette musique au banquet. Le premier toast, porté par M. le Président, a été celui ci : « Je lève mon verre en l'honneur de M. le président de la » République, Casimir-Perier. « A la mémoire vénérée de M. le président Carnot, qui fut » notre bienveillant protecteur. » La musique a fait aussitôt entendre la Marseillaise. Puis M. Gauvin, 1«i' Vice-Président, a fait au Président une char- mante et courte allocution en lui offrant, au nom de la Société, à l'occasion du cinquantenaire et en rappelant que M. le docteur Renault est dans sa 21 « année de présidence, un objet d'art consistant en un fort joli surtout de table. Naturellement, cet objet d'art avait été orné de fleurs dis- posées avec un goût exquis. Après avoir remercié, M. le Président a porté de nouveau les toasts suivants : (( Je porte un toast à M. Gabart Danneville, Député de la )) Manche ; au Gonseil général ; à M. Diény, Sous-Préfet de )) Cherbourg; au Gonseil d'arrondissement; à M. le Maire de » Cherbourg et au Conseil municipal, dont l'appui et le » généreux concours nous ont permis de donner le plus » d'éclat possible à notre exposition. ^ 62 — )) Aux membres fondateurs de notre Société : aujourd'hui » où nous fêtons notre cinquanlièms anniversaire, nous )) avons le plaisir (et nous espérons l'avoir encore longtemps) )) de compter parmi nous trois de ins membres fondateurs, » MM. Gavron père, Le Jolis et Lelellier. Nous y ajoutons le )) nom de M. Emmanuel Liais, Président honoraire, qui fut » presque un des ouvriers de la première heure; chez lui, » l'amour de l'horticulture n'a fait que s'accroître avec les » années et l'a porté à créer à Cherbourg un véritable musée » horticole. » Nous avons voulu consacrer ces souvenirs en faisant » frapper une médaille que nous les prions d'accepter en » mémoire de la Société qu'ils ont organisée et à la prospérité )) de laquelle ils ont puissamment contribué. » A nos amis, à nos collaborateurs: l'œuvre établie en 1B44 » a montré qu'elle était pleine de vitalité, et si l'héritage qui » nous a été transmis n'a pas périclité, c'est grâce au con- » cours de tous. )) Aussi, je suis heureux, en ce moment, de solliciter vos )) applaudissements pour Messieurs les membres du bureau » d'administration et des commissions permanentes, dont le » zèle ne s'est pas démenti un seul instant, et en particulier )) pour notre excellent secrétaire général. )) Remercions chaleureusement MM. Cauvin. Levesque, )) Thommin, Robine, Maillard, Paysant, Salle et d'Aboville » pour l'organisation de l'exposition et du banquet qui nous » réunit ce soir, ainsi que MM. Leparmentier et Dépinée qui )) ont bien voulu remplacer MM. llavard et Nicollet, retenus » chez eux pour cause de maladie. » Portons la santé des poètes et des artistes qui ont honoré )) la Société par leur talent et égayé nos fêtes. » A la mémoire de MM. Edouard de la Chapelle et Orry. )) MM. liossel, Cousin et Chardine. » A la musique VUnion Cherbourgeoise. )) A l'inimitableartiste M, Gohel. » A notre dévoué secrétaire-adjoint, M. Léon Thommin, qui )) nous a fait, ce soir, la surprise agréable d'entendre son » orchestre, applaudi tant de fois dans les fêtes de notre » jardin de la rue Montebello. Permettez-moi, mon cher » Thommin, de vous offrir, au nom de la Société, ce modeste )) souvenir, témoignage de notre amicale reconnaissance. » 63 — M. le Président remet alors à M. Thommin un hàton de chef d'orchestre. M. Thommin n'est pas, d'ailleurs, seule- ment le « chef d'orchestre » de la Société; il a été infatigable pendant toute l'exposition comme peridant sss préliminaires: organisation, loterie, opérations du jury, banquet; il s'est multiplié au-delà de toute expression. M. Thommin, qui avait été délégué à la dernière exposition caennaise, a adressé à la Société voisine, représentée par son honorable Président, M. de Formigny delà Londe, ses remer- ciements pour l'excellent accueil qu'il a reçu à Caen, et s'est fait l'interprète de ceux qui l'y avaient précédé et avaient gardé de la Société de Caen le meilleur souvenir. Puis, M. le Président remet une médaille à M. Lejolis, seul membre fondateur présent. D'autres toasts ont été portés, un par M. Levesque au jury et aux dames patronnesses, un à la presse, un par M. Selles à la Société, etc.; ils alternaient avec des morceaux de mu- sique. Nous empruntons celui de M. Selles à la Vigie: M. Chatenay, président du jury de l'Exposition, délJ'jaé de la Société d'Horticulture de France, dont il est secrétaire général, a complimenté les horticulteurs de leurs remar- quables produits. M. de Formigny de La Londe, président de la Société d'Hor- ticulture de Caen, a remercié en excellents termes la Société de l'invitation qui lui a été faite et a vivement exhorté nos horticulteurs à s'unir aux syndicats qui se sont formés pour l'exportation des produits de leur industrie. M. de Magny, président de la Société d'Horticulture de Coutances, a convié la Société à se faire représenter à la pro- chaine exposition horticole de Coutances. M. Charles Selles, répondant au toast porté par M. le Prési- dent Renault à la Presse locale, a fait ressortir en ces termes le rôle des fleurs dans principaux événements de la vie publique et privée : 64 « Messieurs, » Des voix plus autorisées que la mienne vous ont corapli- )) mente des résultats de la brillaoi ^ Exposition par laquelle » vous célébrez le 30^ anniversaire Je votre Société. » Ce n'est point à moi de considérer le côté positif et » pratique des succès qui ont couronné vos efforts dans la » recherche des moyens les plus eiTicaces d'obtenir les pro- )) duits les plus riches, les plus variés et les plus capables de » flatter notre goût, notre flair et surtout les mieux conformés » pour exciter lo plaisir des yeux. » Qu'il me suffise, seulement, d'envisager de vos travaux la » partie qui intéresse spécialement les fleurs et de voir en » celles-ci, non le profit qu'elles rapportent à ceux qui les » vendent, mais plutôt le plaisir et les consolations qu'en » retirent ceux qui les achètent et qui les donnent. » Permettez-moi de fixer un instant votre attention sur la )) nécessité esthétique et morale bien conforme, d'ailleurs, à » notre tempéramment de Français, du rôle que jouent les » fleurs dans toutes nos joies, dans tous nos deuils de la vie » privée et de la vie publique. » Vous savez tous, comme moi, que les journaux ont, ces » jours-ci, compté le nombre des couronnes déposées au » Panthéon sur le cercueil de l'homme intègre et respecté )) qu'une main sacrilège vient d'arracher si lâchement à » l'affection des siens et à l'estime de la France et du Monde. » On a supputé le chiffre approximatif de la dépense faite » pour l'achat de toutes ces fleurs et cette supputation accu- » serait, dit-on, plusieurs millions de francs. » Quelques journaux, sans s'écarter du sentiment de regrets » que laisse derrière lui le grand citoyen que nous pleurons » tous, ont trouvé, en pensant à cette somme colossale, qu'on » eût peut-être mieux fait de l'employer à la fondation de » quelque œuvre humanitaire, à laquelle on aurait attaché le )) grand nom de Carnot. » On a même allégué, comme exemple, que les Anglais, ))- gens pratiques, pour honorer leurs morts illustres, préfè- » rent fonder une de ces œuvres, sous le vocable du défunt, » plutôt que de dépenser l'argent en pure perte. ))Mais comme le faisait remarquer, hier, un de nos cou- )) frères de la Presse parisienne, les Anglais sont des Anglais, » et nous gens de France, nés sous un plus doux climat, — 65 — )) nourris d'éducation latine, nous sommes plus épris de ce » qui fait le charme des yeux; nous sommes plus amoureux » de l'estliétique et de ses visions, ne fussent-elles qu'éplié- » mères. » Non, dirons-nous avec lui, elles n'étaient pas inutiles )) ces fleurs qui disaient, et d'une façon si charmante, nos » regrets, notre douleur et les vertus de l'homme qu'elles » accompagnaient au Panthéon. » C'est qu'en effet, messieurs, les fleurs sont pour chacun » de nous, individu, famille, nation, et surtout pour nous, )) Français, d'éloquents et poétiques interprètes, que le » créateur a généreusement placés à nos côtés pour exprimer » dans le plus délicat langage nos sentiments les plus intimes. )) Laisuns donc à leurs calculs et à leurs remontrances les » esprits utilitaires. Ne regrettons point l'argent que nous » coûtent ces choses superflues, parfois plus indispensables )) à notre génie national que les choses nécessaires. )) Et ne craignons jamais d'être prodigues quand il s'agit » de faire parler pour nous l'éloquence des fleurs. » Et maintenant. Messieurs, je bois à la Société d'horti- ») culture », Puis, M. de la Chapelle, dans un petit discours que l'on trouvera ci-après, fait l'historique de la Société depuis sa fondation jusqu'à ce jour. M. le Président lui a, ensuite, remis une médaille sembla- ble à celle des fondateurs, mais destinée à rappeler la part qu'il prend, depuis 25 ans, à la rédaction du Bulletin. Après quoi, MM. de la Chapelle et Thomrain se sont par- tagé la lecture de la liste des récompenses décernées. On a applaudi les lauréats. Ensuite est venu le tour des chansons ; M. Gohel était là et s'y est surpassé. Après un monologue dit par ce dernier, M. le Président a pensé que, l'heure étant avancée, il y avait lieu de lever la séance, et, sur un signe de lui, la musique a fait de nouveau entendre la Marseillaise, qui a été suivie immé- diatement du Père la Victoire. C'était un hommage à la mé- moire de Carnot, aussi tous se sont levés et l'ont entendu avec le plus respectueux silence. — 66 - Le compte-rendu qui précède est emprunté au Phare et à la Vigie. Le Nouvelliste a donné aussi un compte-rendu à peu près semblable à celui du Phare. Une petite feuille locale, dont le gérant était au nombre des invités, en a donné aussi, dans son numéro du mercredi M juillet, un dans lequel il est dit: Quant aux toasts et aux discours, nous ne les insérons pas (( faute de place... et d'intérêt ». Quelques-uns d'entre nous ont pensé que, si « la place » manquait, on pouvait facilement supprimer ces mots : « et d'intérêt » qui tiennent de la place et sont déplacés. La Rédaction. RAPPORT DU JURY DE LA 26" Exposition d'Horticulture de Cherbourg Messieurs, Je vais avoir l'honneur de vous faire connaître le résultat des opérations des divers jurys : celui des dames patronesses pour les spécialités qui lui sont réservées par le programme, celui des délégués des Sociétés correspondantes pour les groupes de plantes, fleurs et produits maraîchers de l'expo- sition, et celui qui, composé des Commissions permanentes assistées du Bureau, ont visité sur place des jardins et cultu- res, tant dans la ville qu'à la campagne. Prix décernés par les Dames patronesses. La médaille de vermeil destinée à récompenser l'exposant de la plus belle plante fleurie de serre est donnée à M. Halopé- Cavron, pour plusieurs orchidées faisant partie, comme le veut le programme, d'un lot reconnu lui-même méritant. C7 — La médaille de vermeil pour la plante lleurie de pleine terre, réunissant les conditions ci-dessus, est décernée à M. Léon Cavron, dans le lot duquel les dames ont remarqué une collection magnifique de bégonias bulbeux en fleurs. Pour les plus beaux bouquets montés faits dans l'arron- dissement de Cherbourg, il a été établi deux catégories : Bouquets de couleur : Médaille de vermeil, M^eLéon Cavron; Médaille d'argent, M™^ Halopé, née Cavron; Mention honorable, M™° veuve Lecoutour. Bouquets blancs : Médaille d'argent grand module, M^"^ Halopé; Médaille d'argent moyen module, M^ie Léon Cavron; Médaille d'argent petit module, M^i^s veuve Lecoutour. Jardinières et surtouts de table : Pour l'ensemble de son exposition, une médaille de vermeil grand module est décer- née à Mme Halopé; Une médaille de vermeil à VL^^ Léon Cavron pour sa cor- beille ; Suspensions : Médaille de bronze à M. Girard. Couronne de fleurs : Médaille d'argent, M^ae veuve Lecoutour. A 1 1 heures du matin, M. le Président de la Société, accom- pagné de M. le Sous-Préfet, de M. Emm. Liais, Maire, prési- dents d'honneur, des Membres du Bureau et des Commissions permanentes, a reçu les délégués des Sociétés correspondan- tes qui devaient former le jury. Ces délégués étaient: MM. de Formigny de la Londe, pré- sident de la Société centrale d'horticulture de Caen et du Calvados ; Magny, président de la Société d'horticulture de Coutances; Abel Chatenay, officier du Mérite agricole, secré- taire général de la Société nationale d'horticulture de France; Angran, archiviste de la Société d'horticulture de Rouen; Crosville, chevalier du Mérite agricole, secrétaire de la Société d'horticulture de Valognes ; Tanquerel, délégué de Bayeux ; Touchard, délégué de la Société du Havre; Hamel, délégné d'Avranches; Hainneville, chevalier du Mérite agricole, président de la Société d'agriculture de Cherbourg; Menut, officier de l'Instruction publique, président de la Société 68 — Artistique et Industrielle de Cherbourg; Dumez, président de l'Union Industrielle et Commerciale de Cherbourg. Le jury, s'étant constitué en choisissant M. Chatenay pour président, a visité les lots exposés et a décerné les récompen- ses suivantes : Vase de Sèvres ofîert par M. le Président de la République au groupe de plus belles plantes ornementales concourant le ^ mieux à la décoration de l'exposition, M. Léon Gavron. | Médaille d'or de la ville de Cherbourg au plus beau lot de \ 20 plantes d'espèces ditïèrentes de serre rares ou nouvelles, "| M. Léon Cavron; ) 2e prix, médaille d'or petit module, M. Halopé. I Médaille de vermeil grand module au plus beau lot de 20 * arbustes de culture de plein air, M. Halopé. A la plus belle collection de 10 espèces de plantes de serre à feuillage ornemental, médaille d'argent grand module, M. Cavron ; Petit module, M. Halopé. A la plus belle collection de 10 espèces de plein air à feuil- ' lage ornemental; le prix a été reporté à un autre concours. j A la plus belle collection de 20 variétés de rosiers en pot fleuris, médaille d'argent, M. Halopé; Médaille de bronze. M. Girard. A la plus belle collection de 30 variétés au moins de roses coupées, prix ex-aequo, médaille d'argent moyen module, M. Lepelletier, de Cherbourg, et M. Duclos, de Valognes; Médaille de bronze, M. Halopé. A la plus belle collection de palargonium, médaille d'argent à M. Girard. A la plus belle collection de 20 bégonias bulbeux, M. Léon Cavron (bégonias en pots), médaille de vermeil otïerte par la Société d'horticulture de Caen et félicitations du jury; M. Pitrais, de Bayeux, médaille d'argent grand module (fleurs doubles coupées). A la plus belle collection de 20 fuchsias en pots, médaille de bronze, M. Halopé. A la plus belle collection de fougères arborescentes, mé- daille de vermeil grand module, M. Léon Cavron. — 69 A la plus belle collection de fougères herbacées, soit de serre soit de plein air, prix ex-aequo, médaille d'argent moyen module, MM. Halopé et L. Cavron. Concours imprévus entre horticulteurs-marchands. Médaille d'argent, M. Léon Cavron, pour dracœnas. Bégonias rex et metallica, médaille d'argent, M. Halopé; Médaille d'argent petit module, M. Girard. Collection de plantes bulbeuses (fleurs et bulbes), médaille de vermeil grand module, MM. Hubert et Mauger, de Guer- nesey. Collection d'anthurium, médaille d'argent, M. Halopé. Collection d'orchidées, médaille de vermeil grand module, M. Halopé; Médaille d'argent, M. Léon Cavron. Cannas et autres plantes fleuries, médaille d'argent M. Halopé. Jardiniers de propriétaires. Pour un lot de grandes plantes de serres rares ou nouvel- les, médaille d'or à M. Lecappon (Désiré), jardinier chez M. Emmanuel Liais; Pour coleus (concours non prévu), médaille d'argent à M. Lecappon; Médaille de bronze, grand module, à M. Emile Becquet, jardinier de M. de Beaudrap, à Sotteville; Pour bégonias, médaille d'argent à M. Lecappon; Pour maranta, médaille d'argent à M. Lecappon;; Pour calladium, médaille d'argent à M. Lecappon. En outre, le jury a attribué à M. Désiré Lecappon, pour l'ensemble de son exposition, l'objet d'art offert par M. le Sous-Préfet. Amateurs. A M°ie Lalisel, mention très honorable, pour plantes di- verses; V. 70 A M. Maillard, médaille de bronze grand module, pour roses coupées. Une collection d'oeillets, arrivée tardivement et présentée par M. Hamel, délégué d'Avranches, a mérité les félicitations du jury. Primes décernées aux horticulteurs marchands pour apport de belles et bonnes plantes. 150 fr. à M. Cavron, 120 fr. à M. Halopé, 30 fr. à M. Girard. Produits maraîchers. La médaille d'or offerte par M. le Ministre de l'Agriculture est décernée à M. Alphonse Lelong, pour spécimens très com- plets des cultures de Tourlaville, avec prime de 50 fr. Médaille de vermeil à M. et M™® Lalisel, pour une belle collection de pommes de terre et autres légumes; Médaille de vermeil à M. Gosselin fils, pour ses raisins et ses tomates; Prime de 40 fr. à MM. Hubert et Mauger, de Guernesey, pour raisins, tomates et melons; Médaille d'argent, moyen module, aux jardiniers militaires de l'infanterie de marine, pour leurs légumes (M. Brugnon, caporal jardinier); Médaille d'argent, petit module, à M. Lecappon, pour ananas; Médaille d'argent, moyen module, à M. Piard, pour ses raisins; Médaille d'argent, petit module, à M. Maillard, également pour ses raisins; Mention honorable et prime de 15 francs à M. Becquet, jardinier de M, de Beaudrap, à Sotteville, pour un petit lot de légumes et l'ensemble de son exposition. Concours imprévu. Médaille d'argent à M. Girard, pour un pécher avec fruits. Arts et industries horticoles et objets divers. Médaille de vermeil, à M. Rioult, de Brécey (Manche), pour — 71 — un beau lot d'outils et d'instruments de jardinage, fabriqués par lui; Médaille de vermeil, de VUnion Commerciale et Industrielle, à M. Lepetit, tonnelier à Cherbourg, pour bacs, tonnelets, jardinières avec et sans pieds, collection très complète d'ob- jets fabriqués par lui; Médaille d'argent, offerte par la Société Artistique et Indus- trielle, décernée à M. Bailleul, pour meubles de jardin; Médaille d'argent, petit module, offerte par la même So- ciété, décernée à M. Divetain, pour divers objets servant à l'horticulture; Médaille de bronze ofierte par la même Société, décernée à M. Fournier, de Taverney (Seineet-Oise), pour ses paillas- sons; Médaille d'argent du Ministre du Commerce et de l'Indus- trie, à M. Picquenot, commis de l'administration coloniale à Tahiti, membre correspondant de notre Société et de plu- sieurs autres Sociétés locales, pour ses envois de photogra- phies,de bois d'essences diverses, de graines et de feuilles de plantes de Tahiti; Médaille d'argent petit module, de VUnion Commerciale et Industrielle, à M. Teynac, apiculteur à Espiet (Gironde), pour miel et confitures; Médaille de bronze, de la même Société, à M. Picquenot, rue du Château, à Cherbourg, pour ses fruits confits; M. Mouchel, instituteur à Cherbourg, rue Hervieu, qui a exposé une collection d'insectes utiles ou nuisibles, recueillis par ses élèves, reçoit comme prix deux gravures offertes par le Ministre de l'Instruction publique; M. Nicollet, professeur en retraite, officier de l'Instruction publique, membre de la Société, a bien voulu exposer une remarquable et nombreuse collection d'insectes exotiques, et surtout indigènes , admirablement cataloguée , le jury lui adresse des remerciements et des félicitations les plus cha- leureuses Sont attribuées : à M. Demay, instituteur à Sinceny (Aisne) , la médaille de bronze du Ministre du Commerce et de l'In- dustrie, pour travaux scolaires; A M. Couenin, à Beaucourt (territoire de Belfort), une mé- daille de bronze pour travaux scolaires; — 72 A M. Montoy, architecte-paysagiste à Thiais (Seine), mé- daille d'argent du Ministre du Commerce et de l'Industrie, pour dessins et plans de jardins. Prix décernés par le Bureau et les Commissions permanentes réunies, pour les concours ne figurant point à l'Exposition. A la suite de plusieurs visites, et après avoir entendu la lecture de plusieurs rapports faits par divers membres du Bureau et des Commissions, la réunion a décidé qu'il y avait lieu de décerner : I. Pépiniéristes. A M. Barbey, officier de l'Instruction publique, ancien chef d'institution, propriétaire et pépiniériste à Tollevast,un diplô- me de rappel de la médaille de vermeil, grand module, qui lui avait été décernée l'an dernier à la suite d'ime visite sem- blable, avec éloges et félicitations, pour ses pépinières. A M. Laplace, cultivateur et pépiniériste à Acqueville, mé- daille d'argent offerte par le Ministre de l'Agriculture et une prime de 30 fr. II. Propriétaires de jardins. A M. et M^eLalisel, une médaille d'argent moyen module, pour la bonne tenue de leur jardin et de leur serre, travail qu'ils se sont réservé à peu près exclusivement, et qu'ils se partagent. A M. Eugène Buliot, propriétaire à Hainneville, une mé- daille d'argent pour la belle tenue de son jardin. IV. Jardiniers à l'année. AM. Lecappon(Désiré), une prime de 40 francs pour la tenue du parc et des serres de M. Emmanuel Liais. Comme j'ai eu l'honneur de le dire à MM. les délégués, ils voudront voir cela, et ils admireront un grand nombre de plantes intertropicales qui n'auraient pu, sans inconvé- nients graves, échanger la température chaude et humide des serres, pour celle du local de notre exposition. I - 73 - A M. Buhot, médaille d'argent moyon module, pour la bonne tenue du jardin potager de M. Loblond, à Octeville. A M. Lerouge, jardinier de l'usine à gaz, médaille d'argent petit module. A M. Mulac, jardinier à l'année chez M. Eugène Buhot, à Hainneville,une prime de 30 francs à titre d'encouragement. A M. Orange, jardinier du château de Saint-Pierre-Eglise, une médaille de bronze. V. Jardiniers à la journée. A M. Lemagnent, médaille de vermeil grand module, pour soins donnés aux arbres à fruit et autres, chez M. Leblond, à Octeville. A M. Letullier, pour la tenue des arbres fruitiers chez M. Gourval et cL ns divers autres jardins, une prime de 40 francs. VI. Tenue des pelouses et décorations florales. Une médaille de vermeil, offerte par le Ministre de l'Agri- culture, est attribuée à la plus belle décoration florale et à la meilleure tenue des pelouses de l'arrondissement. Au seul énoncé du concours auquel est attribuée cette mé- daille, il n'est pas un membre du Bureau ou des Commissions qui n'ait spontanément prononcé le nom de M. Letullier, dont la tenue de divers jardins, notamment ceux de MM. Gourval, Maillard, celui de la Société d'horticulture, etc., a été très remarquée et qui a disposé avec goût l'Exposition. Il ne reste plus qu'à faire graver ce nom sur la médaille. VIL Services horticoles. Sur le témoignage rendu par M. Théodore Fenard, pro- priétaire, au sujet des bons services de son jardinier, M. Théault, la Commission décerne à ce dernier une prime de 30 francs. Les Commissions et le Bureau ont regretté de ne pouvoir accorder de récompenses à l'ouvrage de M. Boutigny, sur la culture du rosier, qui se trouvait en dehors des prévisions du programme. Le Rapporteur , H. DE LA ChAI'ELLE. 74 -^ On a pu lire dans plusieurs journaux une version inexacte et tronquée du rapport. Le Phare seul a publié le texte offi- ciel, signé du rapporteur. Nous devons ajouter que l'attention du jury a été appelée sur une pomme de terre obtenue de semence par M. Lalisel, et que le jury, sur la proposition de M. le docteur Renault, a nommée la Cinquantenaire. Ce détail n'a été connu que tardivement du rapporteur, parce que le jury s'était fractionné pour accélérer ses opérations. H. L. C. HISTORIQUE DE LA SOCIÉTÉ O'HORTICULTUBE -^-O-eS- (Note lue au Banquet des Noces d'Or de la Société le 7 Juillet 1894.) Messieurs, Avant de vous donner lecture du rapport des jurys, je vais avoir l'honneur de vous retracer sommairement l'histoire de notre Société, dont nous celé! rons aujourd'hui le cinquante- naire. Je le fais au lieu et place de notre cher Secrétaire général, que nous regrettons vivement de ne pas avoir, ce soir, au milieu de nous, et qui a bien voulu compléter mes renseignements. A défaut de lui, je semblais tout désigné pour cela, attendu que mon grand-père peut être considéré comme le principal fondateur de notre Association. Les commencements de notre Société datent du mois de juillet 1844. A cette époque, plusieurs amateurs d'horticul- ture et plusieurs jardiniers de Cherbourg (entre autres MM. Cavron, Chevrel, qui fut le premier secrétaire. Le Jolis et Le Tellier) se réunirent et se mirent sous la direction de mon grand-père, Pierre Adrien de la Chapelle, qui depuis longtemps s'occupait de botanique et faisait du jardinage sa plus chère occupation. Une première séance eut lieu le 5 juillet, à l'Hôtel de Ville, - 75~ sous la présidence du Maire de Cherbourg, l'honorable M. Noël Agnès. Des statuts provisoires furent adoptés le 29 juillet ; aux termes de ces statuts, le Maire de Cherbourg étant président de droit, la direction des travaux de la Société appartenait à M. P. A. de la Chapelle avec le titre de vice-président. C'est dans ces conditions que la Société passa les premières années de son existence. Sa première exposition eut lieu les 13, U et 15 juin 1845; il y fut décerné 4 médailles d'argent et 4 de bronze. Cette exposition était loin de ressembler à celles de nos jours, à celle que nous avons ouverte aujour- d'hui, mais c'était beaucoup que de commencer. On sait quelles sont les difficultés qui s'attachent généralement aux débuts. Mon grand-père, voyant la Société en bonne voie, voulut alors rester simple sociétaire. Le nombre des adhérents s'étant accru; on jugea à propos d'élaborer de nouveaux sta- tuts qui furent adoptés le 5 octobre 1845 et diffèrent peu de ceux qui nous régissent aujourd'hui. Aux termes de ces statuts, le Maire de Cherbourg devenait, de droit, président honoraire, et la Société se donnait, par voie d'élection an- nuelle, un président, ce qu'elle a continué de faire jusqu'à ce moment. On élut, alors, pour président M. Jules Duprey, professeur de rhétorique au collège, homme d'un grand savoir en litté- rature et en botanique. Sous sa présidence, la Société prit une nouvelle extension, fit plusieurs expositions et publia deux Bulletins dans lesquels on trouve des articles fort re- marquables sur les végétaux exotiques susceptibles d'être cultivés à Cherbourg en plein air. Cette étude consciencieuse, commencée par M. Duprey, a été continuée après lui. Il en est de même des études sur le climat de Cherl)ourg, dont le signal a été donné par un article de M. Emm. Liais, qui était alors secrétaire-adjoint. Après avoir présidé avec distinction la Société pendant 17 ans, M. Duprey voulut se retirer et lut nommé président - ^6 honoraire, titre qu'il a gardé jusqu'à sa mort, et on lui donna pour successeur, le l^'" janvier 1863, son meilleur ami, M. Gervaise, professeur à l'école primaire annexée au collège. M. Gervaise était également très dévoué aux intérêts de la Société et peut même être considéré comme victime de son dévouement. Le 6 novembre 1868, étant allé soutenir devant le Conseil municipal, dont il était membre, la demande de création d'un jardin public, il gagna, en subissant les in- fluences d'un temps humide dans un long trajet — sa maison étant distante de l'Hôtel de Ville de 3 kilomètres — une maladie qui devait l'enlever le 29 du même mois. M. Gervaise avait fait, le 28 mars 1868, un arrêté sur le fonctionnement des commissions permanentes ; cet arrêté est toujours resté en vigueur. Aux élections annuelles qui suivirent de près la mort de M. Gervaise, la Société, par un vote unanime, appela à la présidence le rapporteur de la commission des cultures d'agrément, M. Frédéric Dalidan. Sous l'impulsion de ce président, qui s'appliquait à faire aimer la Société et à se faire aimer lui-même, la Société acquit un nouveau degré de prospérité. C'est à l'initiative de M. Dalidan et à celle de plusieurs sociétaires zélés que l'on doit le rétablissement du Bulletin, qui parait régulièrement maintenant une fois par année. Aux approches de l'exposition de 1869, M. Dalidan fit un appel général à la suite duquel le nombre des sociétaires fut considérablement augmenté.C'étaient alors les noces d'ar- gent de la Société; si, comme je le crois, on a oublié à ce moment de mentionner ce détail, je le rappelle aujourd'hui. M. Dalidan occupait dans les bureaux de la douane l'emploi de commis principal; ses camarades, qui l'aimaient, se firent tous, à ce moment, horticulteurs. Aujourd'hui, tous man- quent à l'appel, sauf un seul qui, depuis son entrée dans la Société, est resté constamment un de ses plus fidèles colla- borateurs. Mais M. Dalidan, qui possédait toutes les qualités de l'esprit et du cœur, ne jouissait point d'une bonne santé. Après avoir 77 — présidé la Société près de deux années, il est mort, le 29 novembre 1871, à l'âge de 53 ans. Dans les derniers jours de sa vie, il avait prodigué les meilleurs conseils et le concours le plus actif à la commission nommée par lui qui a fondé la Société Artutique et Industrielle. La Société mit alors à sa tête M. Emm. Liais, connu dans le monde scientifique par d'autres titres que ceux qu'il pos- sède parmi nous. M. Liais n'était pas tout à fait un fondateur, mais bien peu s'en faut, puisque nous l'avons vu déjà, en 1845, secrétaire- adjoint et collaborateur du Bulletia. Puis les exigences de sa carrière l'ont tenu longtemps éloigné de Cherbourg et de la Société. M. Emm. Liais, directeur de l'Observatoire impérial du Brésil, étant venu passer quelque temps à Cherbourg, fut élu président pour 1872. Il présida à l'exposition qui fut établie rue Montebello, dans le terrain qui est maintenant le jardin de la Société. Il honora de sa présence la première exposition de \di Société Artistique et Industrielle, en 1872. Après avoir présidé la Société d' Horticulture pendant environ deux anj, il retourna au Brésil et fut nommé président honoraire. Revenu à Cherbourg définitivement, M. Liais a créé, près de sa maison, ce magnifique ensemble de serres que nous connaissons, dont nos Bulletins parlent souvent, qui s'accroît de jour en jour et dans lequel les membres de notre Société sont accueillis avec une bienveillance toute particulière dont nous ne saurions témoigner trop de reconnaissance. Les honorables délégués des Sociétés correspondantes, qui ont bien voulu former notre jury, tiendront à voir ce véritable palais horticole, une des merveilles de Cherbourg; je puis leur assurer qu'ils y seront les bienvenus. Aux élections qui eurent lieu à la fin de 1873, la Société choisit comme président M. le docteur Renault, qui avait été rapporteur de la commission des cultures d'agrément, puis vice-président; ce qui, pendant les absences de M. Liais, n'était pas une sinécure. - 78 Messieurs, quand ou écrit l'iiistoire contemporaine, on doit être bref et se borner à rappeler les faits. Je vais donc essayer d'être bref. M. le docteur Renault est celui qui, depuis la fondation de la Société, a le plus longtemps occupé la présidence. Son caractère éminemment conciliant l'attache à nous de plus en plus. Bien que M. Renault ne soit à Cherbourg que depuis 1868, il est devenu par adoption un véritable Gherbourgeois. Il a été adjoint, il est toujours conseiller municipal. Il semble avoir fait une étude approfondie des traditions de la Société et, tout en cherchant patiemment et prudemment le progrès, il écarte toute innovation qui serait de nature à jeter du trouble dans la Société, craignant que le mieux ne soit l'en- nemi du bien. Sous sa présidence, la Société a créé son jardin de la rue Montebello, un jardin pour la culture des arbres fruitiers, où des conférences sur la taille des arbres à fruit sont fréquem- ment faites par un vice-président compétent et dévoué ; les expositions, qui sont toujours très remarquables, ont lieu toutes les fois que l'état de nos finances le permet ; le Bulle- tin continue de paraître chaque année. Enfin, la Société se maintient en bon rang au milieu des Sociétés nouvelles qui se créent autour de nous et qui ont, d'ailleurs, chacune leur utilité. J'ai promis d'essayer d'être bref et je ne le suis pas. Je finis cependant. Il ne faut pas que l'affection qui m'attache à M. Renault comme à M. Dalidan, et plus encore, m'entraîne à en dire davantage. D'ailleurs, notre président sait bien qu'il possède l'affection de toute la Société qui, avec un véritable enthousiasme, le réélit pendant 21 années consécutives. Quand nous serons à 25, nous célébrerons les noces d'ar- gent de sa présidence. H. DE LA Chapelle, — 79 ■- EXTRAIT OU COIWPTE-RENDU Fait à la Société Centrale d'Horticulture de la Seine- Inférieure sur la 26« Exposition de Cherbourg, ayant lieu à l'occasion du cinquantième anniversaire de la création de la Société, par M. ANGRAN, Archiviste. -^xxs- Messieurs, Bien qu'ayant été délégué aux Expositions de la Société d'Horticulture de Cherbourg, d'abord en 1875 puis en 1878- 81-85-90, j'ai été très heureux d'avoir l'honneur de vous re- présenter encore une fois en -1894. Dès la première année, la Société de Cherbourg me fit l'honneur de me nommer membre correspondant, titre qui équivaut chez nous à celui de membre honoraire. N'ayant aucun droit à cette distinction, j'en reporte tout le mérite à notre chère Société, et toute ma reconnaissance à celle de Cherbourg. C'est avec le plus grand plaisir que votre '^'élégué s'est retrouvé au milieu de cette aimable famille horticole. Le samedi 7 juillet dernier, à onze heures du matin, sous les halles, derrière le théâtre, M. le docteur Renault, prési- dent de la Société, chevalier de la Légion d'honneur, accom- pagné de M. le Sous-Préfet, de M. E. Liais, maire, président d'honneur, des membres du Bureau et des Commissions per- manentes, a reçu les délégués des Sociétés correspondantes qui devaient former le jury. Un vin d'honneur leur a été offert. Nous avons parcouru et visité dans son ensemble cette très remarquable exposition, contemplé tous ces beaux végé- taux exotiques groupés ou disséminés dans toutes ses parties. C'était vraiment admirable de voir ces nombreux spécimens de palmiers tout à fait hors ligne. Je vous citerai seulement quelques plantes d'élite, telles que: le Cocos Bonetti et le Weddelliana, l'une des plus gracieuses espèces de la famille des palmiers; parmi les nombreux Cijcas, le Cycas neo-caledo- nica; le revoluta, le sinensis et le circmalis. Dans les fougères — 80 — arborescentes V Alsophila australis, le Balantium antarcticum , et V Alsophila armala remarquable par ses frondes garnies d'épines en dessous. Cette magnifique plante n'avait pas moins de trois mètres de haut et présentait des frondes de deux mètres. Tous ces nobles végétaux semblaient protéger les groupes de plantes à feuillage ou en fleurs, par la hauteur de leurs tiges et la longueur de leurs frondes, ou de leurs feuilles for- mant couronne au-dessus des massifs. Vu l'importance de cette exposition, le jury s'est divisé en deux sections. Tous les délégués étrangers ont examiné la partie ornementale proprement dite, et MM. les Présidents des diverses Sociétés de Cherbourg, cités plus haut, se sont occupés de toute la partie comprenant l'industrie et les arts horticoles ainsi que la culture maraîchère et les fruits. Aux dames patronnesses étaient réservés les bouquets, couronnes, surtout de table, etc. (*) A l'issue du banquet, les délégués ont été invités à se rendre, le dimanche matin, à l'Exposition, pour de là, visiter certaines propriétés qui pouvaient les intéresser. Dès neuf heures du matin, M. Lelièvre, le tout dévoué secrétaire général, nous a conduits, d'abord, dans les jardins de l'hôpital de la Marine, situé en dehors de la ville, en face du port militaire; sa contenance est de neuf hectares Tout autour do l'hôpital, sont situés les jardins, potager, botanique et fruitier. De l'entrée, une allée de palmiers conduit à la partie ornementale, que seule nous avons visitée et qui sert de promenade aux malades. Les allées sonl spacieuses, bordées d'arbres, d'arbrisseaux, de massifs de plantes fleuries. Des vallonnements bien com- (1) Le samedi 7 juillet, dans l'après-midi, MM. Point et Cauvin avaient conduit MM. les délégués des Sociétés correspondantes visiter les serres de M. Gosselin fils, les cultures raaraîch'ïres de Tourlaville, les jardins et le château de M le vicomte de Tocqueville Mais M. Angran n'assis- tait pas à rett i excursion. Les délégués ont eu l'occasion de voir lo bel araucaria de M. Point, d'où provenaient les cônes mâles présentés à l'Exposition et dont le pollen a servi à féconder des cônes femelles d'un araucaria de la propriété de M. Ijevastois à Brix, dont des spécimens figuraient aussi à 1 Exposition. M. Point a bien voulu remettre à chacun des délégués une photographie de .sou araucaria, et, tous, ont adressé à M?rl. Cauvin et Point leurs vifs remerciements pour lo plaisir que leur a causé cette intéressante excursion. La Réd. — 81 pris et la sinuosité des chemins ont décuplé l'espace à par- courir. Une espèce de labyrinthe conduit dans une délicieuse vallée où se trouve de l'eau et un rocher entourés de superbes palmiers, d'Eucalyptus et autres végétaux, protégés des grands vents par des arbres et arbrisseaux. Ce charmant site est l'endroit préféré des malades. C'est sous la direction de M. Dagoury, autrefois jardinier- chef, qu'a eu lieu celte belle transformation qui lui a valu la décoration de chevalier du Mérite agricole. Nous visitons ensuite le coquet jardin de la Société, si bien tenu, si gracieux; c'est une véritable bonbonnière qui sert de promenade aux membres de la Société, auxquels il est donné de temps en temps, ainsi qu'à leurs familles, un con- cert vocal et instrumental avec éclairage aux lanternes véni- tiennes. En sortant de cet endroit, nous visitons l'établissement Cavron (principal lauréat de l'Exposition). Les serres sont au nombre de sept. Une grande quantité de châssis et de plates-bandes contiennent toutes les plantes usuelles et mar- chandes. Les serres étaient à peu près dégarnies à cause de l'Expo- sition, et d'autant plus que ces superbes végétaux ne sont pas d'une vente courante. M. Cavron les loue pour décoration d'appartements et de n'importe quelle cérémonie, il en tire ainsi un parti avantageux. Enfin nous visitons l'incomparable propriété de M. Liais. Je ne vous retracerai pas de nouveau l'histoire de l'importa- tion des végétaux, des arbres et des plantes à fruits du Tropique qui font l'admiration de tout le monde, soit par leur luxuriante végétation, par leur beauté, leur rareté et quelquefois la singularité de leurs fruits. Je vous dirai seu- lement que le parc qui était en formation, lors de notre dernière visite, est aujourd'hui complètement orné d'arbus- tes, d'arbrisseaux et d'arbres à haut jet formant rideau ou massif. Des terrasses édifiées derrière et à la hauteur des serres sont garnies de végétaux, aujourd'hui adultes, qui dépassent et complètent le cadre et ne laissent aucunement deviner la campagne et la ville qui les entourent. Cette partie, si bien encadrée, est garnie de végétaux exo- tiques ou indigènes se faisant valoir l'un par l'autre, de 82 massifs de plantes ornementales, de plantes fleuries et d'ar- bustes. Au milieu d'un joli gazon, une pièce d'eau ornée de plantes aquatiques, nouvelles ou rares, en fleurs, je n'en citerai que quelques-unes : le Nymphéa rosacea, à grandes fleurs roses très doubles et très odorant; le N. odorata alba, de la Géorgie, à grandes fleurs d'un blanc pur à odeur de vanille ; le A^ cœrulea, jolies fleurs blanches à la base et azu- rées au sommet; le N. lutea dont les fleurs très doubles, d'un beau jaune canari, sont aussi très odorantes, etc. Ici se termine notre visite, nous prenons congé de ce grand savant avec un bon souvenir de plus. L'après-midi fut consacrée à faire une promenade dans la remarquable rade où se trouvait l'Escadre du Nord, depuis la veille seulement. Nous avons eu la bonne fortune de visiter le vaisseau-amiral, dont on ne peut juger les colossales pro- portions que lorsqu'on est à bord. Je ne saurais vous expri- mer l'impression qae fait éprouver ce géant. Pour descendre par les petits escaliers, aussi polis que raides (non à l'usage des vieillards), il faut prendre des pré- cautions. On se trouve alors en présence des canons, véritables mo- numents, et d'amoncellements de projectiles en forme de pain de sucre; il faudrait deux hommes pour les soulever. Les canons, les projectiles et toutes les autres parties du bâtiment sont d'un poli et d'un brillant à faire pâlir la plus méticuleuse ménagère. Plus bas encore, que vous dirai-je de ces colossales chaudières, dont les fourneaux sont de vérita- bles gouffres à charbon, mais qui paient leur dépense en faisant mouvoir avec aisance et dextérité le géant qui les porte ? On reste en admiration devant le mécanisme si bril- lant, si compliqué et pourtant si docile à la force qui le fait mouvoir. Nous remontons sur le pont, là nous voyons de véritables bijoux de canons et toutes ces bonnes figures de matelots. Comme c'était dimanche, la musique faisait entendre ses plus joyeuses polkas, valses et quadrilles. Aussi les marins s'en donnaient-ils... à jambes que voulez-vous. Nous descendons enchantés de notre visite et nous conti- nuons notre course vers l'imposante digue dont nous escala- dons les degrés jusqu'à la plate-forme où, de place en place, 83 une batterie est installée de manière à envoyer les piles de dragées qui se trouvent au pied à tous ceux qui auraient la curiosité de voir ce qui se passe dans cette enceinte réservée. Il n'est pas facile de se hisser sur le parapet pour jouir de la vue de la pleine mer dans sa grandiose majesté; quelques- uns des nôtres y parviennent cependant. Notre retour ne s'effectue pas sans quelques appréhen- sions; car le temps se fâche et contrarie quelque peu l'arrivée de notre embarcation. Nous en sommes quittes néanmoins pour être un peu mouillés. Nous nous rendons à l'Exposition; elle est tellement enva- hie par la foule qu'il est impossible de circuler, et nous nous trouvons bientôt dispersés. Il est vrai que l'entrée est gra- tuite, mais des membres tout dévoués sollicitent les visiteurs en faveur de leur loterie, en leur offrant des billets à 0 fr. 25. Il n'est pas rare de voir les recettes s'élever jusqu'à 2,000 fr. Cette somme est entièrement consacrée à l'achat de plantes aux horticulteurs exposants, et qui sont le partage des heu- reux gagnants. N'ayant pu adresser do vive voix mes remerciements à tous ceux qui m'ont fait passer si agréablement mon séjour parmi eux, je les adresse ici avec la plus sincère reconnais- sance à MM. le président Renault, aux vice-présidents Cauvin et Levesque, de la Chapelle, Thommin, et tout particulière- ment à M. Lelièvre, dont le dévouement n'a d'égal que son inépuisable complaisance. Je vous réitère, chers Collègues, la satisfaction que j'ai eue de vous représenter en cette circonstance. LES POiVIIVIES A CIDRE AU XVh SIÈCLE Dans l'Arrondissement de Cherbourg. M. l'abbé Tollemer avait découvert et publié un vieux manuscrit sous le titre : « Le Journal du sire de Gouberville ». Cet ouvrage a été complété de documents recueillis par notre excellent ami, M. Amiot, bibliothécaire-archiviste de la ville, 84 d'une introduction et d'un appendice par M. de Robillard de Beaurepaire, secrétaire de la Société des Antiquaires de Normandie, et publié de nouveau, en 1893, à Caen, par M. Henri Delesques, imprimeur-éditeur. — Gilles de Gouberville (dont le nom patronymique était Picot), habitait Le Mesnil- au-Val, dont il était seigneur, et, avec ses recettes et ses dépenses, il notait ce qu'il faisait chaque jour. Le journal que l'on a découvert a trait aux années de 1553 à 1562. On y trouve de bien intéressantes indications sur l'état, à cette époque, de l'agriculture et de la culture des arbres frui- tiers dans notre arrondissement. A la fin duXVI*^ siècle, le cidre était entré dans la consom- mation en Normandie; mais on paraissait y faire surtout usage de la bière. Quant au vin, on l'employait dans les grandes circonstances; on n'en avait pas de provisions et nous voyons que Gilles de Gouberville en envoyait chercher quelques pots à Cherbourg ou à Valognes quand il avait in- vité quelqu'un à dîner. Ce gentilhomme campagnard doit avoir été l'un des principaux propagateurs de la culture du pommier dans notre région. On voit les soins qu'il donnait à ses arbres. Dans les voyages fréquents qu'il faisait en Nor- mandie, il avait dû se procurer les espèces les plus réputées à cette époque. Il avait des suretières et des jardins ou plants où il n'y avait que des arbres fruitiers (comme il en existe dans le sud du département), et où étaient réunis ses pom- miers et ses poiriers; car il faisait non seulement du cidre, mais aussi du poiré. Il retirait soigneusement des marcs les pépins pour les semer. Il garnissait largement les pieds de ses arbres de fumier, étendait de grands lits de fougères vertes dans ses pépinières et il se gardait bien de laisser ses pommes en tas, exposées, sans abri, à la pluie et au soleil. Après la cueillette, il les rentrait, les faisait monter sur le plancher du pressoir, d'où elles n'étaient descendues qu'au moment de la pilaison. Il greffait de préférence les pommes de Haye, de Tostomiet, de Couet^ de Thommine- Roger, de Gentil, d'Epicé, de Dumont, 85 - de Gros-doulx, de Feuillart, de Becquet. de Moysi, de Menuel, d'Amer-Doulx, de Jumelle, de Coustour, de Clerel, de Guillot- Roger, de Doux-Raillé, de Bec de Raillé, de Durepel, de 5ar- baryeou BarbarHaii, d'Osenne, d'Orange, de Marin-Onfroy. Quelques-unes de ces espèces étaient dues, surtout l'Epicey et le Barbarye, à Guillaume Dursus ou Dursue (originaire de Navarre dans la partie confinant à la Biscaye), qui vint s'éta- blir dans notre pays, qui, en 1522, avait repoussé un corps d'Anglais débarqué à Urville pour surprendre Cherbourg, et qui était devenu propriétaire et seigneur du fief de Lestre. Il aurait fait venir de la Biscaye et introduit dans nos envi- rons des variétés de pommiers très supérieures à celles que l'on cultivait avant son arrivée. Il paraît que le roi Fran- çois \^^ passant, en 1532, par Morsalines, trouva le cidre de la commune d'Epicey bien meilleur que les autres cidres et qu'il en fit une certaine provision. Ce fruit aurait disparu de Morsalines parce que les pommes étaient bonnes à manger et que les propriétaires dont on abimait les récoltes pour aller en cueillir avaient détruit leurs arbres. — Le châtelain du Mesnil-au-Val mettait à part les pommes de chaque espèce qu'il pilait isolément quand l'importance de la récolte le permettait, par exemple, pour les pommes de Haye, de Tos- tonnet, de Couet, de Durepel et d'Epicé. Il avait soin de mettre de côté les surets non greffés qui donnaient de bon fruit ; il signale, par exemple, quinze espèces de pommes doulces, fort excellentes, venues sans greffe. Le sire de Gouberville cite avec éloge les cidres de Tourlaville et de Morsalines qui paraissaient être, alors, les grands crus de la contrée. La terre du Mesnilau-Val comprenait des cultures variées (froment, trémois ou blé de printemps, orge, seigle, sarrasin, maïs), et des herbages ; il n'est pas question dans le Journal de betteraves, de carottes, de sainfoin, de luzerne, ni de trèfle. Mais les feuilles de houx et les glands que l'on cueillait dans les forêts contribuaient à l'alimentation des bestiaux. La ferme était pourvue de chevaux, de juments, de pou- lains, bœufs, taureaux, vaches, veaux, moutons, chèvres et VI — 86 pourceaux; mais en outre il y avait un certain nombre d'ani- maux qui vivaient à l'état sauvage dans la forêt voisine. Quand on voulait opérer la prise de ces haras ou hêtes folles, ce n'était pas une mince alïaire ; il fallait réunir un certain nombre de personnes pour leur faire la chasse. Dans les années où le gland était abondant, Gilles de Gou- berville prenait, moyennant redevance, un grand nombre de porcs étrangers à sa ;)eM55ow, comme il disait, pour les nourrir dans la forêt des glands qui lui appartenaient. Aussi, veil- lait-il d'une façon particulière à ce qu'on ne vint pas voler ses glands. Le faîne était encore plus apprécié que le gland ; les porcs qui stationnaient sous les hêtres et qui se nourris- saient en grande partie de faînes acquéraient une finesse de chçiir qui les faisait rechercher. Du temps du sire de Gouberville, on ne cultivait pas, com- me maintenant, les fleurs et les plantes d'agrément et on n'en offrait pas alors de superbes bouquets lors des fêtes. Le 1er septembre, jour Saint-Gilles, il invitait ordinairement à dîner les curés et notabilités du voisinage et offrait aux fem- mes des « bourses, des gans, des esplingues ». On lit, par exemple, i^r septembre 1557 : « Après disner, j'acchaté des » bourses, des gans, des esplingues que je départy à la dame » de Denneville, Barnavast et Charlotte Gabart, et aultres » femmes et filles de cette paroisse. Le tout coûta L sols. » C'est dans la forêt du Mesnil-au-Val qu'étaient pris les bois qui servaient aux réparations du moulin, des portes et du pont de Cherbourg. Le Journal dont je viens de parler et l'introduction de M. Robillard de Beaurepaire, à laquelle j'ai fait des emprunts, permettent de se renseigner sur les mœurs et les usages d'il y a 350 ans et sont des plus intéressants à cet égard. J'ai cherché à en donner un aperçu en ce qui pouvait atti- rer plus particulièrement l'attention de la Société d'horti- culture. SIBIL.IOOR.2\.F>ÏÎIE NOUVELLE FLORE DE NORMANDIE par M. CORBIÈRE, Professeur de Sciences naturelles au Lycée de Cherbourg, Officier d'Académie, Lauréat de l'Institut. Caen, E. Lanier, Éditeur, 2 et 3, rue Guillaume le Conquérant, Plus d'une fois nous avons parlé, dans nos séances, de ce remarquable travail, qui a été livré au public dans le courant de l'été. Nous avons salué avec joie son apparition, car l'au- teur est des nôtres et vit au milieu de nous. M. Corbière, qui professe avec distinclt^i, dans notre lycée, toutes les sciences naturelles, est avant: ^^^ et par goût, botaniste incorrigible en ce sens que les int-^^^éries ne l'arrêtent pas quand il veut faire une excursiou^^i vue de recherches ou de vérifi- cations. Quant à son cai^tère, il suffît de prononcer son nom pour provoquer des marques de sympathie. Aussi, craignant d'être accusé de partialité dans l'appré- ciation de son travail, nous allons glaner çà et là, dans diver- ses publications que nous avons sous les yeux, quelques passages de comptes-rendus dont les auteurs ont une com- pétence bien supérieure à la nôtre. « La Flore de Brébisson, revue par Morière, étant épuisée, » celle de M. Corbière était attendue impatiemment par les n botanistes herborisants de notre région. La Flore de M. » Corbière ne constitue pas, d'ailleurs, une nouvelle édition » de celle de Brébisson, c'est bien un ouvrage complètement )) nouveau et qui renferme partout la trace des qualités de » son auteur : le savoir réel, la précision des détails jointe à )) un grand tact de détermination et à un grand respect pour » les travaux de ses prédécesseurs ou de ses collaborateurs. )) L'auteur s'est beaucoup préoccupé de rendre la détermi- » nation facile dans tous les cas et même pour les débutants. » Il a soigné énormément les caractères employés dans les - 88 » clefs dichotomiques, et il a mis en outre des clefs dichoto- » miques spéciales pour les genres aberrants de certaines )) familles. Les localités sont indiquées avec le plus grand » soin. Outre les e^joèce^ véritables, M. Corbière indique encore » et décrit les sous-espèces, les variétés et même les formes. )) Enfin, beaucoup de plantes importées et fréquemment cul- » tivées ont été décrites en plus des espèces indiquées. . . » 0. LiGNIER, {Bull. Société Linnéenne de Normandie^ i^ série, 8^ vol.) « La science ne s'arrête jamais; les sciences d'observation » surtout s'enrichissent chaque jour de nouvelles découver- » tes, et les livres qui en traitent ont besoin d'être sans cesse » complétés et mis au courant. Les botanistes de la Norman- » die et des régions voisines — et ils, sont assurément beau- » coup plus nombreux qu'on ne se t'imagine généralement » — attendaient donc avec impatience un livre qui les mit à » même de continuer avec fruit et facilité leurs études. M. » Corbière a rempli leur désir de la façon la plus heureuse. )) Sa Nouvelle Flore de Normandie arrive juste à point pour )) combler une fâcheuse lacune et est, je ne crains pas de le )) dire, ce qu'on pouvait espérer de mieux dans la circons- » tance. )). . . Les connaissances acquises de M. Corbière, dès long- » temps reconnues, sa vie presque entière consacrée à l'en- » seignement des sciences naturelles dans un lycée, les » fréquentes explorations qu'il a faites pendant de longues » années, en compagnie de nombreux botanistes ou de ses » élèves, principalement dans l'Orne, à laquelle il appartient » par sa naissance, sa famille et une partie de sa carrière; » dans le Calvados, où il a fait ses études sous la direction » de M. Morière; dans la Manche, où il professe depuis long- » temps, l'ont mis à même de donner à son œuvre toute la 9 perfection dont elle est susceptible. » H. Beaudouin. {Bull, de la Soc. Historique et Archéologique de l'Orne, t.XlJl, 1894) 89 - « Nous ne pouvons pas, dans une rapide analyse, faire res- » sortir en détail les additions apportées, par l'œuvre qui » nous occupe, aux quatre éditions de la Flore classique de » Brébisson. Il suffira à nos lecteurs de comparer la Nouvelle » F/ore aux travaux antérieurs pour en mesurer l'importance. » On doit tout autant louer l'auteur d'avoir fait bonne justice » de certaines espèces, douteuses pour la région, et qui » figuraient dans les ouvrages précédents. » Enfin, pour résumer en quelques lignes l'importante » publication de M. Corbière, nous croyons pouvoir dire » qu'elle constitue l'un des meilleurs travaux de botanique » systématique publiés en France depuis une dizaine d'an- ■ nées. » E. Gadeceau. (Bulletin de la Société des Sciences naturelles de l'Ouest, t. IV, 48 trimestre i89i.) Il nous est impossible de reproduire, même par extraits, les notices bibliographiques qui ont paru sur la Nouvelle Flore de Normandie dans tous les journaux de Cherbourg et dans ceux d'un grand nombre d'autres villes normandes. H. L. C. ROeiERS MÛ¥¥EA¥JÇ (1894-1895) ROSIERS ILE-BOURBON Mademoiselle Marie Page (M°i6 veuve J. Schwartz), hybride de Bourbon et de Noisette, Heurs en corymbes, grandes, pleines, bien faites, en coupe; coloris rose clair satiné, très frais, pétales veinés de rouge clair vif. Monsieur Clerc (Vigneron), fleurs grandes ou moyennes, pleines, en coupe, beau coloris rouge velouté éblouissant, très florifère. 90 — ROSIERS POLYANTHA Climbing White Pet (Corbœuf Marsault), fleurs petites, coloris blanc, variété non remontante. Magdeleine de Chatellier (Dubreuil), fleurs en corymbe de 10 à 15 boutons allongés, coloris jaune pâle nuancé capucine; fleurs ouvertes jaune soufre plus foncé au centre. ROSIERS RUGOSA Belle Poitevine (Bruant), bouquets de 20 à 25 fleurs très larges, d'un beau rose, doubles sans être très pleines, très florifère, parfum exquis rappelant la rose cent-feuilles et l'œillet. Rosa Calocarpa (Bruant), fleurs de moyenne grandeur, simples, parfum suave, beau rose pur, étamines jaunes au centre et nombreuses, fructification très abondante. Souvenir de Christophe Cochet (Cochet Cochet), variété du rosier du Kamstchatka, fleursen corymbe grandes, coloris rose légèrement lavé de carmin, centre plus foncé avec reflets légèrement violacés, les nombreux et énormes fruits rouges rendent à l'automne la plante excessivement décorative. ROSIER NOISETTE La Ninette (J. Puyraveaud), fleurs petites, semi-doubles, coloris beau blanc mat à fond légèrement saumoné, au centre couronne d'étamines jaune d'or, très florifère. ROSIER BENGALE Madame Eugène Resal (P. Guillot), fleurs grandes doubles, bicolores, coloris variant du rouge capucine au rose de Chine, très vif sur fond orange. ROSIERS THÉ André Sibourg (Ch. Reboul), fleurs grandes, globuleuses, très doubles, coloris rose saumoné avec reflets jaunes vers la base, revers des pétales s'atténuant en blanc argenté. Variété florifère et odorante. Baronne Gaston Chandon (Lévêque et fils), fleurs très gran- des, bien faites, pleines, coloris cuivre jaune métallique, nuancé orange et pêche, au centre reflets or nuancés et ombrés de rose carminé, coloris superbe. Comte Chandon (Soupert et Notting), fleurs grandes, plei- — 91 — nés, "coloris des pétales du pourtour jaune laque clair, centre jaune clirome citron luisant. Duc d'York (W. Paul et fils), fleurs grandes, bien fournies, variant du rose foncé au blanc, bordé.^s de blanc et tachetées de rose; variété très florifère et odorante. Eduard von Lade (Soupert et Nottin;?), fleurs très grandes, pleines, coloris rose aurore, centre 03re, revers des pétales rose carmin clair satiné. E. Veyrat Hermanos (Alexandre Bernaix), fleurs grandes, bien doubles, très odorantes, corolle bicolore, coloris jaune abricot et rose carmin tendre avec reflots rose amarante. Fiammetta Nabonnaud ou Papa Gontier à fleurs blanches (Nabonnaud) fleurs grandes, coloris blanc satiné, légèrement teinté de rose carminé très pâle sur les onglets des pétales. Francis Dubreuil (F. Dubreuil), fleurs très pleines à pétales épais, en coupe, coloris nouveau, rouge cramoisi, pourpre velouté, à reflets cerise vif amarante. Gloire de Puy-d'Auzon (Nabonnaud) fleurs assez grandes, demi-pleines, coloris rouge carminé, centre doré, coloris transparent, vif et éblouissant. Grande Duchesse héritière Anne-Marie de Luxembourg (Soupert et Notting), fleurs grandes, pleines, coloris jaune de Naples très clair, nuancé de rose, centre rouge pêche. Variété odorante et florifère. Harry Laing (Soupert et Notting), fleurs grandes, pleines, coloris rose orange clair à centre aurore, revers des pétales carné. Louis Lévêquo (Lévêque et fils), fleurs grandes, pleines, très bien faites, coloris jaune brique rougeâtre clair, nuancé de chamois et de vermillon. Louis Neyret (Ch. Reboul), fleurs grandes, pleines, coloris rose de Chine, avec fond nuancé de jaune orangé, pétales extérieurs largement marginés de blanc.Variété très florifère. Madame Charles Franchet (Liabaud), fleurs moyennes ou grandes, globuleuses, coloris rose très frais, nuancé jaune cuivré, pétales marginés de rose vif. Madame Georges Bouland (Lévèque el Ois), fleurs grandes, pleines, très bien faites, coloris beau jaune soufre brillant, ombré très légèrement de jaune orangé rose. Madame Georges Durrschmitt (François Pelletier fils), fleurs — 92 — énormes, de forme toute nouvelle, globuleuse et en coupe rétrécie sur les bords, coloris beau rose de Chine à revers incarnat, nuancé de jaune au centre. Variété très florifère. Madame Héloïse Mantin (Lévèque et fils), fleurs très gran- des, pleines, coloris jaune citron vif, centre plus foncé, quel- quefois nuancé rose pêche. Madame J. F. Trièvoz (Veuve J. Schw^artz), fleurs pleines, coloris jaune saumoné, nuancé aurore et nankin. Madame Jean-André (F. Pelletier fils), fleurs très grandes, pleines, imbriquées, coloris beau rose foncé quelquefois panaché de rose clair. Madame Jules Siegfried (Nabonnaud) fleurs très grandes, assez pleines, en coupe, coloris blanc crème, légèrement carné, centre plus foncé. Madame Laurent Simons (Lévêque et fils), fleurs très gran- des, pleines, coloris jaune cuivré rose, nuancé de rouge chrome et teinté de rose incarnat. Madame Mulson (Alexandre Bernaix), fleurs grandes, plei- nes, très odorantes, unicolores et polychrome, pétales exté- rieurs satinés, jaune d'Arménie et aurore saumoné à reflets nankin, ceux du centre canari à reflets cuivre rouge. Cette variété produit un eflet sais'ssant par les trois couleurs de ses pétales. Madame Rozain-Boucharlat (Liabaud), fleurs moyennes, de forme bombée, coloris jaune chamois nuancé ombré de rose. Madame Thirion (J. Puyraveaud), fleurs moyennes, coloris fond blanc, centre rose foncé, bord des pétales blanc argenté, revers rose nuancé. Variété très florifère. Madame Wagram. comtesse de Turenne (Alexandre Ber- naix), fleurs très grandes, coloris rose satiné, rose de chair en s'épanouissant, onglet soufre passant à l'incarnat vif, avec des reflets rose de Chine lorsque la fleur est ouverte. Mademoiselle Denise de Reversaux (Lévèque et fils), fleurs grandes, pleines, coloris blanc, ombré finement de jaune paille, nuancé ocre clair. Mademoiselle Françoise de Kerjégu (Lévêque et fils), fleurs très grandes, pleines, superbe coloris blanc mat, lavé fine- ment de rose, centre quelquefois rouge pèche très clair sur fond blanc jaunâtre. Variété à odeur de violette. — 93 Mademoiselle Germaine Raud (Docteur Raud), fleurs gran- des, pleines, beau coloris blanc crème, centre plus foncé. Mademoiselle Marie Grepey (Pernet, père), fleurs grandes, presque pleines, coloris blanc jaunâtre bordé de rose vif. Les fleurs secondaires sont parfois d'un coloris jaune cuivré. Variété remontant franchement. Mademoiselle Marie-Louise Pagerie (Etablissement des cent mille rosiers à Bordeaux), fleurs très grandes, pleines, en coupe, coloris jaune chromé, passant au blanc à la déflorai- son, revers des pétales lavé et pointillé de rose, jaune doré à la floraison d'automne. Maria Cristina, reine d'Espagne (Perny), fleurs grandes, pleines, coloris rouge pourpre ponceau. Marquise de Pontoi-Pontcarré (Lévêque et fils), fleurs très grandes, coloris rose clair brillant, nuancé de rose plus vif et de jaune abricoté. Miss Katharine G. Warren (Alexandre Bernaix), fleurs unicolores, doubles, coloris rouge carmin grenat s'atténuant en rose de Chine brillant. Mistress Mirabel Grey (Nabonnaud) fleurs grandes demi- pleines, coloris rouge carmin foncé, velouté extérieurement, centre plus clair. Monsieur le chevalier Angelo Ferrario (Alexandre Bernaix) fleurs grandes, pétales épais, très larges, coloris rouge pour- pre cramoisi éclairé vers les onglets de carmin plus clair. Princesse Marie de Roumanie (Soupert et Notting), fleurs grandes, pleines, à pétales larges et arrondis, coloris blanc crème nuancé de rose laque tendre, centre rouge vermillon très clair. Princesse Ouroussofl (Soupert et Notting), fleurs grandes, pleines, de belle forme, coloris rose de Chine, nuancé chair melon jaune. Rose d'Evian (Alexandre Bernaix), boutons allongés d'un beau rouge magenta avant l'épanouissement, fleurs très grandes, bien doubles, en coupe, coloris beau rose de Chine sur les revers, incarnat carminé sur la face intérieure. Souvenir de Ferike d'Antunovics (Soupert et Notting), fleurs moyennes, très pleines, imbriquées, coloris blanc laite. Souvenir de Laurent Guillot (J. Bonnaire), fleurs grandes, 94 — très pleines, coloris beau rose de Chine à centre jaune pêche, bords des pétales liserés do carmin. Thérèse Barrois (Nabonnaud) fleurs grandes, demi-pleines, coloris rose glacé, rose de Chine doré avec reflets éblouis- sants, teinte dorée au centre. Valentine Gaunet (Nabonnaud) fleurs très grandes pleinese érutées, à très grands pétales, bien rangés, coloris beau ros, clair, onglets des pétales argentés, extérieur légèrement teinté de carmin. V. Vivo è Hijos (Alexandre Bernaix), fleurs grandes, bien doubles, coloris rose carminé plus pâle au centre et à la base, pétales du milieu jaune aurore, saumonés, abricotés, souvent teintés d'incarnat. ROSIERS HYBRIDES DE THÉ Charlotte Gillemot (Pierre Guillot), boutons en forme d'œuf allongé, blanc pur, pétales imbriqués, coloris blanc d'ivoire îiiat pur ou blanc de lait. Variété très florifère, finement par- fumé. Joséphine Marot (J. Bonnaire), fleurs grandes, pleines, coloris beau blanc mousseline légèrement teinté de rose, ainsi que le bouton. Madame x'Vbel Châtenay (J. Pernet-Ducher), fleurs de gran- deur moyenne, pleines, coloris rose carminé, ombré de rose vermillon pâle et nuancé saumoné. Rosomane Alix Huguier (J. Bonnaire), fleurs très grandes à imbrication parfaite, coloris d'un beau blanc nacré, sau- moné intérieurement avec des reflets rose chair. Souvenir de Madame Eugène Verdier (J. Pernet-Ducher), fleurs grandes, très pleines, de forme ovale, coloris blanc électrique, fond jaune safran, parfois ombré de jaune plus foncé. Souvenir du Président Carnot (J. Pernet-Ducher), fleurs très grandes, pleines, à grands pétales au pourtour, coloris rose chair très tendre au centre, ombré de blanc carné aux extrémités des pétales. Variété très florifère. Elle a été pré- sentée à l'exposition universelle de Lyon sous le nom de Mademoiselle Alice Furon. ROSIERS HYBRIDES REMONTANTS Baron de Saint- Albe (Veuve J. Schwartz), fleurs bien faites, à pétales bien imbriqués à la périphérie, chiffonnés au centre, — 95 - coloris beau rouge cramoisi velouté, nuancé de pourpre et groseille. Variété très odorante. Baronne Gustave de Saint-Paul (Glantenet), fleurs extra- grandes, beau coloris rose pâle, avec reflets argentés. Colonel Mignot (J. Puyraveaud), fleurs très grandes, plei- nes, globuleuses, coloris rose lilacé, revers des pétales rose argenté, à odeur de cent-feuilles. Eugène Labruyère (Veuve Labruyère), fleurs grandes, soli- taires, coloris rouge mêlé de Magenta, d'amarante et de pourpre violet. Hybride non remontant exhalant une odeur forte et pénétrante. Général Annenkoff (Lévéque et fils), fleurs très grandes, pleines, bien faites, coloris rouge vermillon foncé nuancé de brun et de ponceau. Variété très florifère. Madame Antoine Rivoire (Liabaud), fleurs extra-grandes, en coupe, coloris rose très tendre glacé à reflets carminés. » Madame Cépbalie Laurent (Ph. Boutigny), fleurs très gran- des, très pleines, globuleuses, odorantes, coloris d'un beau rose frais. Madame de la Bastie (Liabaud), fleurs très grandes, pleines, bombées, coloris rose tendre saumoné, blanc sur le rebord des pétales, revers des pétales lie de vin. Monsieur Guillaume Popie (Corbœuf-Marsault), fleurs gran- des, pleines, en corymbes, coloris beau rouge vif pur. Madame la Duchesse de Lorge (Vigneron), fleurs très grandes, pleines, en coupe, coloris rose carmin. Variété très odorante. Madame Marguerite Marsault (Corbœuf-Marsault), fleurs grandes, pleines, bien faites, bombées, coloris rouge vif, à reflet violet, extérieur des pétales bleuté au parfait épanouis- sement. Marie Hartmann (Hartmann), fleurs grandes, pleines, im- briquées, coloris rouge sang, velouté nuancé de vermillon. Variété florifère à odeur de cent-feuilles. Merveille des Blanches (Pernet, père), fleurs très grandes, presque pleines, coloris blanc pur légèrement lavé de rose au centre. Variété remontant franchement. Monsieur de Syras (Veuve J. Schwartz), fleurs solitaires, grandes, bien faites, coloris beau rose vif carminé éclairé de rose nacré. Variété franchement remontante et très florifère. — 96 — Monsieur Ernest Dupré (Ph. Boutigny), fleurs grandes, pleines, coloris rouge carmin très vif, nuancé de carmin grenat foncé velouté. Souvenir de Charles Verdier (Eug. Verdier), fleurs moyen- nes ou grandes, pleines, réunies en corymbes de cinq à huit fleurs, coloris violet pourpre illuminé de rouge cramoisi, fortement nuancé de pourpre ardoisé. Variété très odorante. Souvenir de Madame Eugène Verdier (Jobert), fleurs extra grandes, bombées, coloris excessivement frais et délicat d'un beau rose vif avec le revers des pétales argenté. A. CAUVIN. LA TEMPÉRATURE Cette année, si le froid n'a pas été aussi vif que l'an der- nier, il a duré bien plus longtemps avec persistance (près de 8 mois), ce que l'on a rarement vu ici. Le 4 janvier 1894, d'après l'observatoire de la Marine, le thermomètre avait marqué 9 degrés au-dessous de 0, tandis qu'en 1895 la tem- pérature la plus basse relevée à cet établissement n'aurait été que de 4 degrés au-dessous de 0 environ. Nous aurions voulu faire un résumé des températures de Cherbourg et de diverses localités en décembre 1894, janvier, février et mars 1895, d'après les bulletins du bureau central météorologique que M. Giot, capitaine du port de commerce, a bien voulu nous communiquer, mais l'espace nous aurait fait défaut. Nous avons remarqué que le froid a été aussi persistant dans le reste de la France qu'à Cherbourg et que dans beaucoup de localités, même à Nice, il a sévi fortement. Quelquefois, il est même arrivé qu'il faisait plus froid dans cette ville qu'ici. Ainsi, le 3 janvier, à 7 heures du matin, il avait été observé à Paris 0» 1 , à Cherbourg 5° 2, à Nice 0° 0; à 6 heures du soir, à Paris 0o9, à Cherbourg 3o0, à Nice 2o5. Le 8 février, il y avait à Paris — 13° 3, à Cherbourg — 3° 4, à Lyon — 1 1^, à Marseille — 4°, — 97 — Il est vrai qu'à Cherbourg môme, les thermomètres ont marqué des températures diflérentes, selon l'endroit où ils étaient placés, — ainsi que nous avons pu nous en rendre compte par les bulletins dont il est question ci-dessus et les renseignements que nous a donnés M. Piard pour les jours du 0 au 15 février 1895. En somme, les plantes exotiques et les cultures maraîchères qui n'étaient pas habituées à sup- porter de si longues périodes de froid auront, encore, beaucoup souffert cette année, et nous aurons de nombreuses pertes à déplorer. NECROLOGIE C'est un devoir, pour nous, de saluerici d'un dernier adieu les Sociétaires décédés pendant l'année. La Société a perdu, depuis l'impression du dernier Bul- letin : M. Cavron (César), horticulteur. Né à Avranches, il était depuis longtemps fixé parmi nous. Il fut, comme l'a dit M. le Président à la séance du 30 décembre, un de nos fonda- teurs. En peu de mots, M. le Président a rappelé les services rendus par M. Cavron à notre Société et à l'horticulture cherbourgeoise, dont il a été pour ainsi dire le créateur. M. Cavron s'est éteint à l'âge de 80 ans. M. Fenard (Jules), négociant, rue du Rivage. M. Liais (Edouard), ancien conseiller d'arrondissement et consul de Belgique. M. Ed. Liais est décédé à Nacqueville, où il s'était retiré depuis quelque temps. M. Le Blond (Louis-Philippe), propriétaire et débitant à Tourlaville, très ancien sociétaire appartenant à une famille de maraîchers souvent récompensée par la Société. Lorsque l'un de nous avait l'occasion de passer chez lui, il s'informait toujours, avec un vif intérêt, de l'état et des travaux de notre Société. 98 M. Le Danois, maitre entretenu de la marine en retraite, chevalier de la Légion d'honneur (beau-frère de M. Mouchel, du Phare), était un de nos assidus autant que l'état de sa santé le lui a permis. M. PosTAiRE, propriétaire, rue Montebello, vis-à-vis le jar- din de la Société. M. Sanson (Emile), négociant, rue Louis XVL M. ScHMiTT (Gustave), Commissaire de la Marine en retraite, officier de la Légion d'honneur, décédé après une longue et cruelle maladie. Tous ces sociétaires regrettés n'étaient pas assidus à nos séances, mais s'ils ne prenaient point part à nos travaux, ils leur portaient beaucoup d'intérêt. La Société d'horticulture de Rouen, déjà cruellement éprou- vée par la perte de son vice-président, M. Varenne, vient encore de perdre son archiviste. Nous perdons, nous aussi, en lui un de nos correspondants les plus honorables et les plus sympathiques, M. Angran (Pierre-Sévère). M. Angran était, depuis longtemps, reconnu en fait par la Société de Rouen et par la nôtre comme le délégué attitré de Rouen aux expositions de Cherbourg. Il a encore assisté, en cette qualité, aux fêtes de notre cinquantenaire et en a donné, dans le Bulletin de sa Société, un compte-rendu que nous avons reproduit par extraits. Qui aurait pu penser, lorsque nous le voyions au milieu de nous, au banquet, si aimable et si gai, que c'était pour la dernière fois ? M. Lelièvre possède une lettre que lui écrivait M. Angran, le 6 février dernier; il lui parlait de divers sujets horticoles, de la Nouvelle Flore dé M. Corbière et finalement d'une grippe dont il souffrait encore, tout en allant mieux, disait-il. Mais il avait 80 ans, et, le 2 mars, il avait cessé de vivre 1 Nous conservons pieusement le souvenir du respectable M. Angran. H. L. C. 99 -^^, ENVOIS DE TAHITI Le défaut de place, par suite de divers rapports de l'exposi- tion, nous a empêchés de faire le relevé des nouveaux envois de notre dévoué correspondant de Tahiti, M. Picquenot,dont le zèle ne s'est pas ralenti et que nous avons le plaisir de voir venir passer un congé de quelques mois parmi nous. M. Picquenot nous avait envoyé encore depuis la publication du dernier bulletin un certain nombre de graines, d'échantillons de bois et de feuilles de végétaux de Tahiti. Il a rapporté avec lui une nouvelle et importante collection mise à la disposi- tion de la Société et dans laquelle se trouvent divers objets qui, sans être horticoles, seront reçus avec reconnaissance par des membres de la Société d'horticulture. De plus, M. Picquenot a fait des lots ayant beaucoup de valeur et d'in- térêt pour le Musée colonial de Paris, pour le Musée d'his- toire naturelle de Cherbourg et pour la Société Artistique et Industrielle. Il s'y trouve des objets d'autant plus précieux qu'on en rencontrerait difficilement de semblables désormais. RÉD. »»=^03*COlSâ<* — 100 — Liste des Membres admis en 1894 Dames Patronnesses. Mmes d'AfiOVILLE, MARTIAL, RoBERT, Membres titulaires, MM. AvoYNE, négociant, Grande-Rue. Railleul, marchand de vannerie. RuHOT, entrepreneur. RuHOT, marchand quincailler, Canuet, enseigne de vaisseau. Courtois, Georges, commis-négociant. CouRVAL, restaurateur. Crestey, représentant de commerce. David, représentant du fermier du terrage. Degord, sous-directeur des Contributions indirectes. Delpy, procureur de la République. DuMEZ, négociant. DuMONCEL, Henri, propriétaire à Tourlaville. DuREL, commis du Commissariat de la Marine. Faisant, loueur de voitures. Fatosme, capitaine au long-cours. Fenard, Léon, négociant. FouRNiER, capitaine d'Infanterie de Marine. Garot, libraire. GossELiN, commis du Commissariat de la Marine. Hamard, négociant. HÉBERT, Auguste, propriétaire à Tourlaville. HoucHET, Léon, commis-banquier. Jardin, maître cordonnier de l'Infanterie de Marine. JouBLiN, ancien percepteur. Lebrettevillois fils, marchand épicier, sous-lieutenant de réserve. Laplace, pépiniériste à Acqueville. Le Cavelier, retraité de la Marine. Le Crest, clerc principal d'avoué. Le Derubey, vérificateur des Douanes. Le Flamand, contre-maître à l'Ecole élémentaire de l'arsenal de la Marine. Lelong, Alphonse, maraîcher à Tourlaville. Lev aillant, commis de comptabilité de la Marine. MuLAG, jardinier chez M. Ruhot, à Hainneville. Passe, Café du Théâtre. Picquenot, représentant de commerce. Raoult, maître au port retraité. RÉMY, commis des postes, Sanson, employé de commerce. Turbert, docteur en médecine. Horticulteurs, Jardiniers & Marchands de Graines DE CHERBOURG FAISANT PARTIE DE LA SOCIÉTÉ D'HORTICU[/rUKE. •■^SBiJ^K&C»!^» MM. BALMONT, horticulteur-fleuriste, rue de la Duchée, 48. CAVRON (Léon), horticulteur-fleuriste', rue Asselin et rue Gam- betta, 12. DUFOUR, horticulteur-jardinier à Equeurdreville, Fourches. FONTAINE, horticulteur-maraîcher et marchand de graines, rue de Sennecey, 74. GOSSELIN, horticulteur-maraîcher priraeurisle,rue duVal-de-Saire. GIRARD, jardinier, rue Asselin, 59. HALOPÉ-CAVRON, horticulteur-fleuriste, rue de la Fontaine, 14. LEMAGNENT, jardinier, me du Chantier, 114. LEMOIGNE, jardinier à Tourlaville. LE PELLETIER, horticulteur-fleuriste, rue de la Duchée, 70. LE TELLIER père, horticulteur-fleuriste et marchand de graines, rue Hélain, 68. LE TELLIER Fils, hoiticulteur, rue GranJe-Rue. LE TERRIER, marchand de graines, place de la Fontaine, 1 bis. LE TULLIER, jardinier, entrepreneur de jardins neufs et de constructions de rochers artificiels, rue Amiral-Courbet (impasse Leblanc). LEVÉEL aîné, horticulteur-fleuriste, rue de la Duchée, 109. LEVjiEL jeune, horticulteur-fleuriste, rue do la Duchée, 115. MARIE, jardinier, rue Loys. 1, 14. BULLETIN DE LA _2 r SOCIETE D'HORTICULTURE DE GHEFIBOUR-O- ► liM^rntimr 27^ ANNÉE ANNEE 1895 CHERBOURG IMPRIMERIE l'hOTELLIER, I>L\CE UU CHATEAU ET RUE DU BASSIN, 16 1896 BULLETIN DE LA _r r SOCIETE D'HORTICULTURE DE CHiEFtBOUFia- 2T ANNEE — «c»- ANNÉE 1895 q)0@ NEW VOks (i^cT BOTANiCAt aAK■)É:^ CHERBOURG iKiPRIMERIE L'hOTELLIER, PLAGE DU CHATEAU ET RUE DU BASSIN, 16, 18% A.VI© Les opinions exprimées dans les rapports et mémoires insérés au Bulletin sont personnelles aux auteurs. Le Comité de Rédaction peut autoriser l'insertion au Bulletin de tout article, que son auteur soit membre de la Société ou qu'il y soit étranger. Il est rendu compte des ouvrages dont la Société reçoit des exemplaires. CONDITIONS D'ADMISSION Pour être admis à la Société, il faut se faire présenter par un membre de la Société et être agréé par le Conseil d'admi- nistration. La cotisation annuelle est de 5 francs. Chaque membre reçoit gratuitement le Bulletin. RÉUNIONS Les séances ont lieu le premier dimanche de ciiaque mois, à 1 h. i/2 après-midi,au siège de la Société, rue Montebello, ii. Les ordres du jour sont portés à la connaissance des sociétaires par la voie des journaux. Quand il 7j a lieu, des convocations so?it adressées à domicile. La séance de Janvier, consacrée aux élections annuelles, a lieu, par anticipation, le dernier dimanche de Décembre. Les leçons d'arboriculture et de cultures d'agrément, annoncées par la voie des journaux, sont données au jardin d'arboriculture de la Société, 10, passage des Jardins (entre les rues de la Duché et de la Polie) et au jardin d'agrément, rue Montebello, 44. — — »--«.^ï>rwv» : Membres d'Honneur de la Société. Présidents d'honneur \ JJ" J^ ^^^^-^f^^A^ ^'^, l'Arrondissement. M. le Maire de Cherbourg. Président honoraire : M. Emm. Li.ms ■'^, ancien Directeur de l'Observa- toire impérial du Brésil, Maire de Cherbourg. Membres du Bureau pour 1896. Président : M. le Docteur Renault '-^ ||, rue de la Poudrière, 4. Vice-Présidents, MM. \ Levesque §, négociant, pi de la Fontaine, 8. ( Cauvin, propriétaire, rue Bonhomme, 18. j Hervieux, propriétaire, rue de l'Aima, 26. i JoLLiET ^, chef de bataillon d'infanterie de Conseillers d'adminis- ^ "^^^/^e ^'^f^^^'té, rue du Chantier, 62. tration MM '^ Dutot #, grelTier du Tribunal de Commerce, ' ■ / rue Montebello, 56. '' Corbière Q, professeur au Lycée, rue Dujar- din, 30. Trésorier : M. Orange, agent comptable de la Marine retraité, rue Bonhomme, 38. Secrétaire : M. Lelièvre, Paulin, rue de la Polie, 18. Secrétaires- i Macé, Adrien, négociant, rue de la Duchée. adjoints, MM. | Thommjn, Commis de la Marine, rue Cachin. Bibliothécaire : M. Noyon, rue de la Marine. Bibliothécaire-adjoint : M. Cavron, Léon, horticulteur, rue Gambetta. Commissions permanentes. cultures d'utilité. (M. Levesque H, Président). MM. Le Carpentier, avocat. Paysant %:, maître au port, retraité. Lemagnent, horticulteur. Maillard, négociant. PiARD , marchand de nou- veautés. cultures D AGREMENT. (M. Cauvin, Président). MM. NicoLLLET, I. Q, professeur en retraite. RoBiNE, ancien avoué. Point, propriétaire, à Tour- laville. Legrin, avocat. Leparmentier, propriétaire. Comité de Rédaction. M. Corbière ||, Président; MM. les Membres du Bureau; M. Nicollet, L Q. Directeur du jardin : M. Hervieux. Professeur d'arboriculture : M. Levesque ^. Jardinier de la Société : M. Letullier. BULLETIN DE 1893 TABLE DES MATIÈRES Pages, La Rédaction. Composition du Bureau et des Commissions perma- nentes pour 1896 3 A. Mage. Chronique horticols 5 L. Thommin. Faits-divers horticoles 12 P. Lelièvre. Extraits des procès-verbaux des séances. 19 Halopé. Rapport sur l'exposition d'Angers 40 L. Corbière. Rapport sur l'excursion du 26 mai 1895 42 Levesque, Compte-rendu de l'exposition de Coutances 45 L. Thommin. Compte-rendu de l'exposition de Garentan 51 Levesque. Exposition de Valognes 55 A. Letullier. Notes horticoles sur le Havre, Trouville, Honfleur et Gaen 63 L. Thommin. Compte-rendu de l'exposition de Ca-'n 68 Barbey. Sur la transplantation des pommiers . , 72 L. Thommin. Visite de la propriété de M . Leldond 74 L. Corbière. Visite de la propriété de M. Lalisel 74 A. Cauvin. Rosiers nouveaux (1895-1896) 77 L. Corbière. Bibliographie. — Ch. Baltet : « L'Horticulture dans les cinq parties du Monde » 83 P. Lelièvre. Bibliographie. — Mouchel : « Usages, coutumes . .. dans l'arrondissement de Cherbourg « 84 R. de Noter: « La taille des arbres fruitiers, etc ». 87 P Lelièvre. j ^^ température 90 L. Thommin. J '^ P . Lelièvre, Nécrologie 95 La Rédaction. Liste des Membres admis en 1895. 99 -^ faites à ces séances. Aux élections du mois de décembre — 6 dernier, notre sympathique collègue, M. Corbière, a été nommé conseiller d'administration, en remplacement de M. de la Chapelle. La Société ne pouvait faire un meilleur choix; les importants travaux botaniques de M. Corbière le dési- gnaient naturellement à l'attention des membres de notre Société, à laquelle il pourra rendre de grands services. — Depuis longtemps, la Société avait émis le vœu qu'il fût organisé des conférences sur l'horticulture ornementale, dans le genre de celle que notre cher et honoré vice-président, M. Levesque, donne sur l'arboriculture fruitière. Ce vœu sera réalisé à partir de l'année 1 896. Sur la demande qui lui en a été faite par le bureau, M. Letullier, jardinier de la Société, a bien voulu accepter de faire chaque mois une réunion parti- culière; dans ces réunions notre dévoué collègue traitera de l'art des jardins, de leur entretien et de la culture des plantes et arbres d'ornement. Un tel sujet réunira certainement un grand nombre de sociétaires; aussi nous ne doutons pas du succès de ces conférences (1). — Chaque année, la Société Linnéenne de Normandie, dont le siège est à Caen, tient, vers les mois de juin ou juillet, une réunion générale dans une localité de Normandie dési- gnée à l'avance. En 1895, la Société avait choisi Valognes pour lieu de rendez-vous. En compagnie de MM. Corbière et Dutot, membres de notre Société, j'ai eu le plaisir d'assister à l'assemblée générale, tenue le 23 Juin, ainsi qu'aux excur- sions qui l'ont suivie et qui ont eu lieu à St-Vaast-la-Hougue et à Gatteville. Le programme de l'excursion comportait une visite au laboratoire maritime de Tatihou; M. Malard, sous- directeur du laboratoire, nous en a fait les honneurs avec une amabilité extrême. Nous avons pu ainsi visiter en détail les différentes parties de cet établissement et les collections d'al- gues, de mollusques, de crustacés, d'annélides, etc. Ce vaste laboratoire, établi dans l'ancien lazaret de la Marine, a été aménagé spécialement en vue de l'étude de la flore et de la (1) La première réunion a eu lieu le 16 février 1896, en présence d'une trentaine de membres de la Société. M. Letullier avait pris pour sujet: le tracé des jardins. faune maritimes de la partie du littoral avoisinant St-Vaast. De nombreuses salles, ayant chacune une destination parti- culière, permettent aux spécialistes qui viennent travailler au laboratoire de Tatihou de se livrer à leurs études dans les meilleures conditions qu'il soit possible de réunir. Un aquarium parfaitement iistallé conrinnt, entre autres, diffé- rentes espèces de poissons de nos (outrées, que l'on peut ainsi étudier sur le vif. — A la séance générale de la Société Linnéenne tenue à Va- lognes, le président, M. Joyeux-Laffuie, a remis au nom de cette Société une médaille de vermeil à notre savant collègue M. Corbière, pour ses remarquables travaux jjotaniques sur la flore de Normandie, travaux qui lui ont déjà valu un prix à l'Académie des Sciences de Paris. — Dans cette même séance, M. Joyeux-Laffuie a donné lecture d'une note intitulée: a La taupe est-elle un animal nuisible ou utile? )) qui intéresse aussi bien les iiorticulteurs que les agri- culteurs. Après avoir passé en revue les dilïérentes expé- riences faites par plusieurs naturalistes sur la taupe, M. Joyeux-Lafïuie conclut que jusqu'ici on n'a pas assez recherché quelle était la nourriture ordinaire de cet animal, et en parti- culiersi la taupe se nourrit de la larve du hanneton, vulgaire- ment connue sous le nom de ver blanches expériences que M. Joyeux-Laffuie a entreprises à ce sujet lui ont fait reconnaître que non seulement la taupe ne mange pas les vers blancs, mais qu'elle se nourrit de vers de terre. Or, on sait que le lombric, loin d'être nuisible à l'agriculture, joue un rôle important dans la formation de la terre végétale et que nous n'avons aucun intérêt à le détruire. «Enfin, dit en terminant l'auteur de la note, si j'ajoute que la taupe, par les galeries qu'elle creuse et les taupinières qu'elle forme, commet des dégâts importants dans les champs cultivés, je suis conduit à conclure qu'elle est un animal nuisible qui doit être impi- toyablement détruit. )) — 8 — Les chrysanthèmes étaat actuellement, plus que jamais, à la mode, il est naturel de leur consacrer quelques lignes. En 1895, plusieurs Sociétés d'horticulture ont organisé des expositions spéciales de ces charmantes plantes. Notre Société aurait bien désiré, elle aussi, avoir son exposition de chry- santhèmes; malheureusement nos finances ne nous permet- tent pas de réaliser ce désir, du moins pour le moment. Ce n'est pas cependant les exposants qui feraient défaut, car à Cherbourg la culture de ces plantes est en grand honneur; j'esp'^re donc que l'année 1897 ne se passera pas sans que nous ayons un concours de chysanthèmes dans notre ville. Le n' 9 de 1895 de la Revue Horticole contient une très inté- ressante étude de ces plantes. L'auteur de cette note, M. Rosette, horticulteur à Gaen, recommande, pour hâter la floraison, de faire un bouturage hâtif (décembre), et pour avoir une floraison tardive, un pincement tardif (août). De plus le sulfate d'ammoniaque employé à dose convenable avance, paraît-il, de quelques jours la floraison. A propos de chrysanthèmes, j'ai vu, l'automne dernier, une superbe collection de ces fleurs obtenue par un amateur, qui les cultive d'une façon toute particulière. Les plantes ne sont jamais rentrées en serre; les boutures sont faites de bonne heure, sous châssis; au printemps on les met en plein air, où elles restent jusqu'à leur floraison. A ce moment elles sont placées sous des hangars construits spécialement et qui les préservent du soleil et des grandes pluies. Con- trairement à l'idée généralement répandue que, pour avoir de grandes fleurs, il ne faut conserver qu'une seule tige sur chaque pied, les plantes que j'ai vues présentaient un grand nombre de fleurs; quelques pieds en avaient plus d'une centaine, toutes de dimensions remarquables. La culture des chrysanthèmes, sans être très difficile, demande des soins presque journaliers; l'arrosage particulièrement doit être fait d'une façon raisohnée. Pour cette opération, de l'eau dans laquelle on a mis infuser de la suie de bois donne, parait-il, d'excellents résultats. Enfin il est utile de ne cultiver ces plantes qu'en pots. — 9 — D'après la Revue horticole, le lierre des bois ne vaut rien pour former rapidement des murailles vertes et bien homo- gènes; il est préférable de planter la variété dite Lierre d'Irlande (Hedera Hélix hibernica) à larges feuilles, laquelle peut être également employée pour la bordure des jardins et des parcs. A côté de cette variété, il en existe un grand nom- bre d'autres, au moins aussi belles, qui se recommandent par leur vigueur et leur beau feuillage. quelquefois d'un vert foncé et pourpre, d'autres fois panaché vert et blanc; l'on peut également employer avec succès ces dernières variétés. — Une coutume très répandue parmi les horticulteurs est de dire « un conifère ». C'est une erreur. Conifère est féminin de même que crucifère, ombellifère ou orchidée. Par contre, on ne doit pas dire « une chrysanthème », mais bien « un chrysanthème ». Un usage, même fréquent et populaire, ne saurait prévaloir contre la raison et la gram- maire. — Après les rigoureux hivers que nous avons subis depuis quelques années, un grand nombre de végétaux, qui cepen- dant semblaient parfaitement acclimatés, ont disparu de nos jardins. A Cherbourg notamment, nous avons eu à déplorer la perte de superbes /)rocœna, lauriers-tins et même de fusains. En prévision du retour de saisons aussi rigoureuses, il est bon de connaître quels sont les arbustes d'ornement qui ont le mieux résisté aux gelées des hivers précédents. La Revue Horticole signale comme étant dans ce cas : le Laurier du Cau- cause {Cerasus Laurocerasus var. Caucasica), le Troëne d'Italie et le Phillyrea Vilmoriniana. Ce dernier arbuste à feuilles persistantes est propre aux mêmes usages que le Laurier-cerise et le Laurier de Portugal, dont il a l'aspect. — Jusqu'ici, l'une des plus sérieuses et des plus impor- tantes questions qui se rattachent à l'art de l'horticul- ture est celle du forçage ; de ce côté, grâce à l'emploi d'ap- pareils spéciaux de chauffage, on est arrivé à produire des fleurs et.des fruits aux époques de l'année où on les attend - 10 le moins; mais ce système est fort dispendieux et d'une application souvent difficile; déplus il demande une sur- veillance très active. Ces inconvénients ont conduit certains horticulteurs à rechercher si l'on ne pourrait pas arriver au même résultat en employiint des procédés moins coûteux et plus certains. D'après le journal Vlllustration Horticole, la solution de ce problème serait enfin trouvée. Cette solution consiste à employer une méthode diamétralement opposée à celle qui a été pratiquée jusqu'à présent. Au lieu de forcer les plantes, on les retarde. C'est tout particulièrement le cas du muguet et aussi des Deutzia, du Spirea japonica, du lilas ordinaire et des azalées de Gand. Pour obtenir ce résultat, on place simplement les plantes dans une glacière jusqu'au moment où l'on désire les faire entrer en végétation. Pour le muguet, on peut avoir par ce procédé une belle floraison et uûe proportion de 95 pour 100 de griffes donnant des fleurs depuis la fin de l'été jusqu'à Noël, alors qu'avec le système de chauffage, il n'y en avait que 50 pour 100 avec une floraison moins hâtive (ou tardive) — je ne sais lequel des deux termes il faut employer dans le cas présent, — c'est-à-dire que la floraison commence plus tard pour se prolonger jusqu'en janvier. Le procédé par réfrigération n'est applicable qu'aux plan- tes absolument rustiques dans notre pays et qui supportent plusieurs degrés de froid; il a été adopté avec succès en Alle- magne et en Angleterre. Cette méthode de culture est loin d'être nouvelle; elle était connue du gouverneur de Kashmir, au temps des Mogols. Voici, sur ce sujet, un extrait tiré du journaliste officiel Sri- gnagar : « L'un des empereurs de Delhi, à qui l'on avait dit que les vergers de Kashmir méritaient sa visite, donna l'or- dre que les arbres du jardin de Shalimar attendissent sa Royale présence avant de se permettre de fleurir à la saison propice du printemps ! Le rusé gouverneur de la vallée, qui savait qu'une désobéissance à un ordre royal lui coûterait la tète, fit immédiatement transporter des milliers de blocs de glace du glacier dans le jardin et les fit placer autour des racines des arbres. C'est ainsi que les empereurs Mogols savaient faire obéir à leurs ordres. » — i] Il est bien heureux pour le gouverneur en question que des ordres en sens contraire ne lui aient pas été donnés, car la culture forcée aurait été plus difficile à pratiquer que la culture retardée. — Je ne saurais mieux terminer cette trop longue chroni- que qu'en adressant mes sincères félicitations à notre cher collègue, M. Alfred Rossel, pour sa nomination d'officier d'Académie. Sans parler des nombreuses œuvres que M. Rossel a organisées ou rétablies à Cherbourg, notre collègue a beaucoup travaillé au développement de notre Société, dont il a été pendant plusieurs années le Secrétaire général. Avec MM. Dalidan et Renault, il a obtenu la créa- tion de notre jardin de la rue Montebello et la construction du pavillon où se tiennent nos séances. De plus, M. Rossel est un amateur distingué; ses collections de roses et de pen- sées ont obtenu de nombreuses récompenses dans les diffé- rentes expositions où elles ont figuré. Enfin, personne n'ignore ici que notre dévoué collègue, surnommé à juste titre (( le chansonnier normand )),est un poète fort apprécié, et que quelques-unes de ses chansons ont été faites spécialement pour les banquets de notre Société, entre autres : Choux, pois et salade et La Maison du Jardinier. Mars 1896. Adrien Macé. — 12 — FAITS-DIVERS HORTICOLES Dans le but de faire connaître à nos collègues les menus faits qui intéressent l'horticulture en général, j'ai lu atten- tivement la Revue horticole et V Illustration horticole, que la Société a reçues dans le courant de l'année i89o, et j'ai fait le dépouillement de toutes les nouvelles qui pouvaient inté- resser, laissant à d'autres le soin d'analyser les travaux de longue haleine. J'ai groupé le résultat de mes recherches sous le titre ci-dessus, sans autre ambition que celle d'être utile à ceux qui n'ont ni le temps ni la possibilité de parcourir nos journaux. Et d'abord quelques mots sur la température dans les principales villes de notre contrée. A Toulon et à Hyères,le thermomètre est descendu à —S» et — 90 et de grands ravages ont eu lieu parmi les palmiers. Le 28 décembre il est tombé de 15 à 18 centimètres de neige, et cinq jours plus tard une nouvelle couche de 8 à 1 0 centimètres a recouvert la i^^ qui n'était pas encore fondue; le poids de cette neige a brisé de grosses branches d'Eucalyptus. La neige, à Menton, avait une épaisseur de 8 à 10 centimètres et a fait incliner les feuilles des palmiers jusqu'à l'horizontale. A Orléans, la gelée n'a pas causé de dégâts sérieux parmi les rosiers. Beaucoup d'arbustes à feuilles persistantes, qui ont souffert dans les jardins, sont absolument indemnes dans les pépinières où ils ont été recouverts de paille ou de mousse. Le thermomètre est descendu à Orléans, en 1895, à — 16°, tandis que pendant l'hiver 1879-1880, il était descendu à — 28°. Les froids dans la région de Paris ont donné pendant le mois de janvier 21 jours où le thermomètre est descendu au-dessous de 0; et 9 jours de gelée continue. D'abondantes chutes de neige ont, dès le début de l'hiver, recouvert la terre d'un manteau protecteur qui a empêché la gelée de pénétrer trop avant dans le sol. — 13 Seulement tout ce qui, par sa hauteur, sort de la couverture de neige est soumis à l'action entière du froid, et les régions forestières ont eu certainement à souffrir de la rigueur des gelées. Bien des arbres, en eflet, éclatent sous l'action d'un froid rigoureux et sont ainsi perdus pour l'industrie. Ce phénomène est produit par la congélation de la sève qui fait éclater le bois, comme l'eau d'une carafe placée en plein air fait éclater le verre en se congelant. Le soleil est parfois aussi funeste à certains arbres. Un correspondant d'un journal anglais raconte avoir vu dans une ville d'Amérique un érable à sucre (4cer saccharinum) mort d'un coup de soleil. Agé de 25 ans et mesurant 1™25 de circonférence, cet arbre présentait un tronc de forme triangulaire, ne laissant que les trois angles du tronc réelle- ment vivants. Dans ce* conditions et en présence de l'été très chaud et sec qui a sévi de l'autre côté de l'Atlantique, l'arbre ne put fournir à la masse du feuillage qu'il portait la quantité d'humidité dont elle avait besoin et mourut de soif ou mieux d'asphyxie. On aurait pu prévenir ce résultat en coupant en temps utile les parties pourries et en badigeonnant le tronc de substances antiseptiques. Ces morts subites d'arbres ne sont pas très rares chez nous. On les constate surtout sur les pêchers. Je terminerai ma chronique sur la température en con- cluant que, d'après les données climatologiques de 60 années: 1' Jamais un hiver froid n'a été suivi d'un été très chaud; 2" Dans la grande majorité des cas, l'été qui survient après un hiver rigoureux est lui-même froid. En somme, l'effet ordinaire d'un hiver froid est de refroidir l'été qui suit. Je me bornerai à signaler ensuite quelques nouveautés et d'intéressantes particularités concernant des fleurs, des plantes, des fruits et des légumes. — 14 - 1° Fleurs. On signale l'apparition en Angleterre de deux collections de chrysanthèmes à fleurs vertes, issues de la belle variété Viriand-Morel. Plantes vigoureuses avec des fleurs d'un vert nuance pois clair. La rose Maréchal Niel à fleur blanche vient d'être obtenue par un rosiériste de Thuringe; elle sera misa en vente dans le courant de l'année Î896. Il paraît que les racines de la violette odorante recèlent un poison pouvant agir d'une manière fatale sur la respi- ration et les mouvements du cœur. Une certaine relation intime, dit un journal anglais, a été constatée récemment entre l'action des racines et celle du parfum, lorsque celui-ci est trop intense. Il appartient à l'expérience de rechercher la vérité de ces assertions. Il en est de même des primevères de Chine. Tous les jour- naux horticoles ont parlé de l'irritation de la peau causée parfois chez ceux qui manient des Primula obconica. Un fait analogue vient de se manifester dans la famille d'un médecin de Norfolk : un eczéma s'est produit aux mains et à la figure d'une personne par le maniement de Primula si7ieîisis. J'ajouterai que si l'on tient à conserver fraîches les fleurs coupées, il est recommandable de couper nettement le bas des tiges au moment même de les mettre dans l'eau. En outre, il est bon de renouveler l'eau chaque jour et de couper cha- que fois un bout des tiges. Il est bon aussi de mettre dans l'eau une pincée de sel ou bien de salpêtre ordinaire (nitrate de potasse). Veut-on garantir mieux encore la conservation, on recouvrira durant la nuit d'une feuille de papier de soie les fleurs et le vase qui les porte. 2o Arbres et Plantes. La Société d'Horticulture de Limbourg (Hollande) annonce que le lierre aurait l'inconvénient de produire des picote- ments douloureux aux yeux de ceux qui le manient. Nous ne connaissons pas d'exemple de ce fait; mais il est vrai que 1W o les jeunes branches et les feuilles de la plante sont couvertes d'un duvet qui se détache facilement et qui pourrait bien, en effet, donner lieu à ce mal passager. Beaucoup de propriétaires et éleveurs ignorent que toutes les parties de l'if sont toxiques à un certain degré. Le fruit contient très peu de poison et on peut consommer sans crainte la pulpe qui l'entoure, mais la graine dure est dangereuse. La feuille est l'organe le plus dangereux chez cette plante. Seules, les jeunes feuilles qui sont encore d'un vert tendre peuvent être consommées. Les oiseaux de basse- cour sont rapidement empoisonnés par les feuilles d'if. Les palmipèdes rejettent prompteraent en vomissant le poison qu'ils ont absorbé et échappent ainsi à la mort. Six cents grammes de feuilles d'if tuent un cheval de 300 kilog., tandis qu'il faut 3 kilog. de feuilles pour amener la mort d'une vache du même poids. Le poison de l'if est encore imparfaitement connu. On ne lui connaît pas de contre-poison. Il sera donc bon de se gar- der de ce danger en évitant de placer cet arbre auprès des fermes et des maisons d'habitation. Un mot sur la culture des Rhododendrons. Ces plantes souffrent d'autant moins du froid qu'elles sont plus abritées du soleil. L'exposition Nord leur convient le mieux. Un massif ainsi placé, contre de hauts rochers, n'a pas souffert de la rigueur de la saison. Il en est généralement ainsi de presque tous les arbustes persistants à larges feuil- les. Cette observation peut guider l'architecte paysagiste et le jardinier dans le choix d'un emplacement pour ces plantes qui, par leur feuillage vert sombre et leur magnifique florai- son, forment le plus beau cadre à une habitation élégante à la campagne. 3° Fruits. Une nouvelle pêche précoce, nommée Triomphe, a été obte- nue en Géorgie par M. Hurted. Son grand mérite est de pré- senter toutes les qualités de la pêche Alexander, avec une chair non adhérente au novau. — 16 — Je signalerai aussi une « Duchesse d'Angoulême » mesurant 0ra387 de circonférence et d'un poids de 978 grammes. Cette poire a été Cueillie sur un arbre en cordon chezM. Edw. Molyneux, le chrysanthémiste anglais bien connu. Beaucoup de personnes ne se doutent pas que, dans la fabrication du vin de Champagne de médiocre qualité, on emploie le jus d'une variété de poire nommée La Champa- gnère. Cette poire, d'origine allemande, introduite en 1889 et cultivée à Dreux, n'est pas mangeable; mais quand elle a bletti en tas pendant 8 ou 15 jours, on en retire un jus d'une belle couleur avec le pétillement du Champagne; aussi ne nous étonnons plus de l'excessif bon marché de certains vins soi-disant de Champagne. Plusieurs membres de notre Société, amateurs de fraises, demandent comment on peut le mieux emballer les fraises pour faire une expédition. Nous recommandons l'emploi de boîtes légères ou de petits paniers pouvant contenir une quantité d'un demi-kilog. au plus. Les fruits ne doivent y être déposés que sur deux couches. Le fond de la boîte est garni d'ouate ou de fine laine de bois recouverte d'une feuille de papier. Les fraises peuvent se toucher, sans être serrées; elles sont recouvertes de papier Joseph et puis de fpuilles de vigne ou de feuilles de platane. On peut même fort bien em- ployer des feuilles d'épinards. Le couvercle peut légèrement serrer celles-ci. L'année 1895 a donné une récolte de pommes très abondante, supérieure aux autres années. Il est bon de rappeler que ces fruits donnés aux enfants au déjeuner et au souper ne cons- tituent pas seulement une friandise, mais qu'ils sont une bonne nourriture. Les enfants qui en mangent ont les joues plus colorées et sont plus sains que les autres. L'usage des pommes, si nous en croyons un vieux dicton, rend les gens joyeux, dissipe la mauvaise humeur et combat la bile. Je mentionnerai aussi un nouveau procédé de conservation des fruits, dû à un Français du nom de Rossignol. Dans une caisse ou dans un tonneau, on étend une couche de tourbe finement tamisée. Sur cette couche, on place un lit de fruits, — 17 — puis une nouvelle couche de tourbe, et ainsi de suite jusqu'à ce que la caisse soit remplie ; naturellement, le tout est recouvert de tourbe. Des fruits ont été conservés ainsi dans un lieu non chauffé pendant une année entière, sans souffrir le moins du monde des variations de la température exté- rieure. 40 Légumes. M. de Converon a fait connaître un effet curieux produit par la consommation du Lactarius deliciosus, un de nos meilleurs champignons comestibles. Ce champignon a la propriété de colorer les urines en rouge, sans que le consommateur en paraisse incommodé. Un journal anglais résume d'une façon humoristique les vertus reconnues dans un certain nombre de légumes. L'asperge est diurétique ; L'oseille, rafraîchissante ; La carotte, qui contient du sucre, est considérée comme indigeste ; Le gros oignon doux contient des éléments alcalins qui réussissent contre la goutte et les rhumatismes ; L'ail est antiseptique ; L'épinard, laxatif; Le cresson, expectorant. Au sujet de la culture maraîchère, j'ajouterai que les Américains ont commencé à se servir de la lumière électri- que pour la culture des légumes d'hiver. Je ne puis résister au désir d'indiquer la composition de certain gâteau dans lequel entre en première ligne la reine des fleurs, la Rose; je veux parler du Pudding de Roses : Prenez 223 grammes de fleurs de roses, 123 grammes de biscuit, 23 grammes d'amandes douces, 12 jaunes d'œufs battus avec 230 grammes de sucre en poudre; mélangez et remuez en tournant 13 minutes et ajoutez en même temps 3/8 de litre de crème douce, une cuillerée de cannelle et une pincée de sel. Versez le blanc de 12 œufs battus en neige et mettez le tout dans des moules ou plats beurrés à l'intérieur — 18 et saupoudrés de farine de biscuit. Faites bouillir au bain- marie 1 h. 1/2 et servez avec un peu de sauce à la crème. Mais, direz-vous, il faut l'arroser, ce gâteau ; je répondrai que le vin ne fera pas défaut, puisque, en 1894, la production totale pour la France a été de 39,000,000 d'hectolitres. Toutefois, ce chiffre est inférieur de 1 1 ,000,000 d'iiectolitres à celui de 1893, tout en représentant une augmentation de près de 9,000,000 d'hectolitres sur la récolte moyenne des 10 années précédentes. Des vignobles ont été reconstitués sur une grande étendue de terrain; néanmoins, la superficie de l'ensemble des vignobles de France a encore diminué en 1894 de plus de 26,000 hectares. Je ne terminerai pas cette chronique sans rappeler le sou- venir de ceux qui ont largement contribué au développement de l'horticulture et sont disparus pendant l'année qui vient de s'écouler : MM. Bataline, botaniste distingué, directeur du Jardin Im- périal de Saint-Pétersbourg ; Camille Bernardin, rédacteur et fondateur du Journal des Roses ; Truffaut, fondateur de la Société d'Horticulture de Versailles ; Pierre Notting, le grand rosiériste luxembourgeois; William Thomson, qui s'est occupé tout particulière- ment de la culture de la vigne sous verre. Signalons enfin l'inauguration, le 16 décembre 1895, du monument que la ville de Montpellier a élevé à Planchon, le savant qui découvrit le phylloxéra. Léon Thommin. -(•»- — 19 — EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES Séances de l'Année 1895. SÉANCE DU 3 FÉVRIER. Prix d'irrigation. — Fraises nouvelles. — Droits des locataires entrant et sortant, en ce qui concerne les récoltes de légumes. 37 Membres présents. M. le Président fait remarquer que, dans un volume adressé par le Ministère de l'Agriculture et reproduisant les rapports sur les primes d'honneur année 1890, on trouve des rensei- gnements sur les travaux d'irrigation faits par M. Canoville, Louis, d'Eculleville, canton de Beaumont, qui a obtenu un prix d'irrigation 1r« catégorie, pour ses prairies. Dans la Revue Horticole, il est signalé que des orchidées, envoyées d'Allemagne à l'occasion de la mort de M. Carnot, ont produit 78,000 francs. Dans la même publication, on trouve des notes et articles sur les chrysanthèmes à fleurs simples (qui ne sont pas sans mérite), sur la culture et la multiplication des phlox de Drummond. Dans la Maison de Campagne, la fraise Skarlet-Queen est mentionnée comme une nouveauté. M. Piard signale également, comme fraise nouvelle, le Tsar. Diverses publications recommandent l'emploi de la nicotine comme insecticide. M. le Président dit qu'on en vend à la Régie. M. Mouchel demande si quelqu'un parmi les sociétaires pourrait donner des renseignements au sujet des droits des locataires entrant et des locataires sortant, en ce qui concerne — 20 les récoltes de légumes. M. Lecarpentier répond que la loi règle la question des plantations d'arbres et arbustes à haute et à basse tige; mais qu'en ce qui concerne les légumes, c'est une affaire à régler par le juge de paix, d'après les usages locaux, qui ont été recueillis, en ce qui concerne l'arrondis- sement, il y a quelques années. De vives félicitations sont adressées par la Société à M. Dutot, Conseiller d'Administration, qui vient d'être nommé officier d'Académie et qui, depuis de longues années déjà, est l'un des membres les plus dévoués et les plus sympa- thiques de la Société d'Horticulture. SÉANCE DU 3 Mars. Le Rouge des arbres. — Le Chasselas de Fontainebleau. — Destruction de la Toile. — Greffe de la vigne. — Origine de la poire Louise-Bonne d'Avranckes. — Le Polygonum sac- chalinense. — Le Phlox subulato,. .56 Membres présents. Dans le journal Z.O Fa//ee d'iw^e, du 21 Février, publié à Lisieux, se trouve un article signalant une belle collection de 42 variétés de pommes à cidre qui figurait à Paris (palais de l'Industrie), au concours agricole de 1895, et qui a obtenu une médaille d'argent, l^r prix, la plus haute récompense qui ait été attribuée dans cette section. Ladite collection était exposée par M. Latour fils, propriétaire agriculteur à Surville (Calvados). Les fruits de M. Latour ont été signalés plusieurs fois à notre Société, dont il est membre correspon- dant, et à laquelle il a envoyé des spécimens de la pomme Cherbourg. Il est aussi donné connaissance à la Société d'une note du journal la Paix, numéro du 5 janvier, ayant pour titre : « Le Rouge des arbres ». Cette maladie serait causée par un parasite, le Nectria cinnabarina, qui attaquerait, dans les plantations de Paris, les marronniers, les tilleuls, les érables, 21 — les ormes et les allantes ou vernis du Japon. Les substances toxiques étudiées en vue d'adopter un traitement rationnel sont: les sels de cuivre, le tannin et lenaphtolate de soude; ces deux derniers agents se sont montrés les plus actifs. Dans le bulletin de la Société de Montmorency on remarque une note sur le Cbasselas de Fontainebleau. M. Piard dit à ce sujet que c'est le grand-père de M. Rose Gharmeux qui a commencé la culture de ce raisin, obtenu de ceps plantés par lui à Fontainebleau. Le bulletin de la Société du Loiret, hr trimestre 1894, page 41, donne, d'après le bulletin du Cercle borticole du Nord, des indications sur la destruction infaillible de l'en- nemi des boutures appelé la Toile. La solution à employer se compose de 200 grammes de sulfate de cuivre pour 100 litres d'eau et 240 grammes d'ammoniaque liquide; mais il faut agiter cette solution avant d'en faire usage. M. le Président donne un aperçu d'un long article sur le greffage de la vigne, publié par le bulletin de la Société du Puy-de-Dôme, 2^ et S^ trimestres 1894, et signalant la greffe anglaise toujours employée. M. Piard dit que la greffe en fente pleine est meilleure et qu'elle réussit surtout dans les vignobles. Dans le Bulletin de la Société du Doubs, 8 décembre 1894, est signalé un passage du compte rendu du Congrès pomolo- gique de l'Ouest fait par M. Ch. Baltet. Ce passage a trait à l'origine delà poire Louise-Bonne d'Avranches, qui aurait été obtenue par M. de Longueval, eu 1780, et baptisée du nom de u Bonne Louise d'Avrancbes» en l'honneur de M^^ede Lon gueval,par l'abbé Le Berryais, « le plus savant agronome et pomologue du 18^ siècle », ami de Racine, de Gresset, de Buffon, de Vilmorin, le collaborateur de Duhamel pour son traité des arbres fruitiers, l'importateur de la pomme de terre dans la région d'Avranches et le fondateur d'une école de jardinage à Tirepied. L'abbé Le Berryais, né à Brécey II. (Manche) le 31 mai 1722, mourut le 7 janvier 1807 au Bois- Guérin. Dans la « Maison de Campagne », janvier 1895, est publiée une note sur le Polygonum sacchalinense, qui ne paraît pas jusqu'ici avoir produit, comme plante fourragère, d'aussi bons résultats qu'on l'avait espéré. Dans la Revue Horticole, 16 février 1895, on lit un article sur les Phlox nains vivacesAont le plus répandu est le Phlox subulata, qui donne un si grand nombre de fleurs et forme un tapis fleuri des plus gracieux. SÉANCE DU 7 Avril. Décès de M. Angran. — La poire nouvelle « Louise-Bonne Valette ». — L'empoisonnement du bétail par les feuilles d'if. — La poire « Charles Cognée )). 42 membres présents. Le Secrétaire fait part du décès de M. Angran, notre dévoué et aimable membre correspondant, qui habitait Réville-lès- Rouen. Le bureau a adressé des lettres de condoléance à Mme Angran et à M. le Président de la Société d'Horticulture de Rouen. M. Angran avait représenté plusieurs fois, comme délégué, cette Société à nos expositions. Sont mis à la disposition des membres qui en désireraient des greffes d'un poirier nouveau, obtenu par M. Valette de pépins de la poire Louise-Bonne d'Avranches.Cet arbre, appelé « Louise-Bonne Valette », a donné, en 1894, des poires de 8 centimètres de hauteur, juteuses, fondantes, légèrement aigrelettes, mûrissant du 10 au 15 octobre. Au sujet d'un article de la Revue Horticole signalant l'em- poisonnement du bétail par les feuilles d'if, M. Hervieux fait remarquer que ces feuilles n'empoisonnent pas lorsqu'elles sont à l'arbre, mais lorsqu'elles en sont détachées. A propos d'un article du journal Le Cidre et le Poiré, il est dit que le semis est préférable au bouturage du pommier. — 23 — M. Levesque, en indiquant que la Pomologie française mentionne la poire « Charles Cognée » parmi les meilleurs fruits, ajoute qu'elle laisse à désirer à Cherbourg au point de vue de la maturité. SÉANCE DU 5 Mai. Les feuilles d'if. — Apport de M. Picquenot. — Les Mémoires de la Société Académique, A propos du procès-verbal de la séance d'avril, M. Leves- que dit qu'il pense que les feuilles d'if empoisonnent les animaux aussi bien quand elles sont à l'arbre que lorsqu'elles en sont détachées. M. Hervieux répond qu'il a entendu sou- tenir le contraire. M. le Président de la Société d'Horticulture de Rouen a fait un envoi, dont il a été remercié, de greffes de pommiers et de poiriers à poiré, qui ont été distribuées à des sociétaires. M. le Président fait remarquer que deux des meilleurs correspondants de la Société assistent à la séance. Ce sont : M. d'Aboville, qui continue à faire d'intéressantes communi- cations de la Flèche, où il a fixé sa résidence, et qui, lorsqu'il habitait Cherbourg, saisissait toutes les occasions de témoi- gner son dévouement à notre Société, — et M. Picquenot, qui habite Tahiti et qui est venu passer un congé à Cherbourg. M. Picquenot a fait de nombreux envois de photographies, de spécimens de graines, de feuilles et de bois de Tahiti, qui ornent la salle des séances. Il a, de plus, apporté avec lui un grand nombre d'objets qui sont déposés sur le bureau et dont une partie sera distribuée par la voie du sort. Sur la demande de M. le Président, M. Picquenot donne quelques renseignements sur ses apports. Ce sont, entre autres : des spécimens de bois iVInocarpus ednlis, de cocotier (la feuille du cocotier de Tahiti pèse 25 kilos), de l'arbre à pain (Artocarpus incisa) servant à faire des pirogues; des échantillons de fibres du Sida frutescens (Malvacées), em- — u ~ ployées pour confectionner des balais; de l'osier de Tahiti {Freycinetia) dont on fait des vases, des paniers à chevrettes et à fruits. Dans l'apport de M. Picquenot se trouvent de ces paniers faits avec des feuilles de cocotier,des graines curieuses d'Alixia stellata, plante dont les feuilles servent à faire des couronnes et ont une odeur très agréable; des noix d'acajou {Anacardium occidentale); d'autres noix appelées noix du Texas, ayant un très bon goût; une partie d'un très gros coco; de nombreuses pintadines ou huîtres perlières et d'autres objets curieux et très intéressants. M. Picquenot explique que la canne dont il est porteur est une tige d'oranger lépreux et dit que, quand l'oranger est dans cet état, il ne produit plus. De chaleureux remerciements sont adressés à M. Picquenot pour ses apports et ses explications. M, de la Chapelle dépose sur le bureau le volume qui vient de paraître des Mémoires de la Société Académique de Cher- bourg. On y trouve : un travail de M. Picquenot ayant pour litre « Perles et Pintadines », une intéressante pièce de vers de M. Frigoult sur le vieux Cherbourg, un article de M. de la Chapelle, etc. M. Dépinée présente deux spécimens d'une fleur dont il ignore le nom. Plusieurs sociétaires pensent la reconnaître; mais M, Corbière sera consulté à ce sujet. SÉANCE DU 2 Juin Présentations, — Les Géranium et les Pelargonium : différences. Meconopsis cambrica. — Communications diverses. 41 Membres présents. M Hervieux dépose sur le bureau plusieurs roses; Madame Chanvry, Souvenir de L.Gambetta, Bennet et Bouyère, ainsi qu'une clématite blanche double appelée Lucile Lemoigne et un Pelargonium zonale très florifère. Le mot Géranium ayant été prononcé dans l'assemblée, M. — 2o Levesque dit que les vrais Géranium sont tout à fait diffé- rents par l'aspect des Pelargonium zonale et autres que l'on cultive dans nos serres. Beaucoup de Géranium indigènes sont de très petites plantes tout à fait insignifiantes. M. Corbière explique les différences qui existent entre ces deux genres. Il montre que dans les Pelargornium un des sépales se prolonge par sa base sur le pédicelle en éperon creux et étroit. Ce caractère sufTit à lui seul pour distinguer les Pelargonium des Géranium. M. de la Chapelle présente des fleurs d'aubépine de la variété simple et rose très vif. Cette variété que le sociétaire sus- désigné possède dans son jardin est moins répandue, dit M. Levesque, que la variété rose double. La fleur présentée à la dernière séance par M. Dépinée, et que plusieurs sociétaires ont dit avec raison être une papavé- racée, est le Meconopsis cambrica. M Corbière l'a reconnue d'autant plus facilement que c'est lui qui l'a plantée dans le jardin où elle se trouve et dont il a joui comme locataire. Il l'avait reçue de M. Joseph-Lafosse, de Saint-Côme-du-Mont. C'est une plante alpine et du centre de la France, que M. Corbière mentionne, comme plante introduite, dans sa JVom- velle Flore de Normandie, page 32. Au sujet des plantes que le dernier hiver a fait disparaître de nos jardins, M. Levesque mentionne le Tigridia. M. de la Chapelle dit qu'il a constaté récemment dans son jardinla repousse de deux labiées aromatiques qu'il craignait d'avoir perdues: Vhysope officinale el\a sarriette vivace {Satureia montana). Cette dernière possède exactement le même arôme que la sarriette commune et peut fort bien la remplacer. Dans un rapide examen des publications reçues, M. Leves- que signale en particulier, dans le Journal des Roses, un article sur la manière de tailler les rosiers et sur l'époque la plus avantageuse, qui paraît être le mois de mars. Dans une autre publication, il est question du gui, qui 26 — passe, suivant les uns, pour être très nuisible aux pommiers, suivant les autres, pour occasionner peu de préjudice. M. Levesque dit qu'il est à sa connaissance que, dans certaines campagnes, les cultivateurs emploient le gui, après une cer- taine cuisson, pour la nourriture des porcs. SÉANCE DU 7 Juillet. L'horticulture dans les cinq parties du monde, — Rosiers nains nouveaux. — Apports divers. 42 membres présents. Est déposé sur le bureau un important ouvrage de M. Ch. Baltet ayant pour titre : L'horticulture dans les cinq parties du Monde. Une notice y est consacrée à la Société d'Horticulture de Cherbourg. Cet ouvrage, qui est un véritable monument hor- ticole, rendra les plus grands services par les nombreux renseignements qu'il contient. M. Baltet a été remercié de l'exemplaire dont il a bien voulu faire don à la Société. Cet exemplaire est remis à M. Corbière, qui veut bien se charger de l'examiner et de faire un rapport à son sujet. Il est donné lecture à la Société de renseignements fournis par M. Halopé au sujet de l'exposition qui a eu lieu le i\ mai à Angers. Dans le Bulletin de la Société d'horticulture de Coutances, est signalé un compte rendu de l'exposition qui a eu lieu à Cherbourg en 1894, compte-rendu écrit par de M. de Magny, président, qui était venu faire partie du Jury. M. Corbière lit la note suivante extraite de la Revue Scien- tifique du io juin 189o (n^ 24, 4« série, tome 3, p. 762) : « Ujie Rose nouvelle. — La particularité de la nouvelle rose » introduite dans l'iiorticulture par M. Vilmorin consiste en » la rapidité de sa croissance. Le rosier est nain, c'est-à-dire » qu'il n'a pas plus de 40 à 45 centimètres et porte des roses -- 27 » tout l'été. On peut semer les graines le 15 janvier, et au 15 » avril il y a déjà des fleurs. Ce rosier est le résultat d'un » croisement entre des polycmtha japonais et des roses hybri- » des perpétuelles et d'une sélection attentive. La rapidité » de croissance est assez indiquée par le fait que M. de Vil- )) morin a pu montrer deux plants provenant de graines » semées le l^rniars et qui fleurissaient le 3\ et le 28 du » même mois. Ce rosier, qui porte de petites roses du genre » Pompon, simples, semi-doubles et doubles, a une curieuse » tendance à former des corymbes comme la rose polyantha, » de qui elle la tient évidemment. » M. Lalisel présente de jolis spécimens des roses signalées par la Bévue Scientifique. Les graines ont été semées fin mars et les plantes sont actuellement en fleurs. Toutes les graines de M. Lalisel ont réussi. M. Girard dit que plusieurs horticulteurs, et notamment le voyageur de M. Vilmorin, ont reconnu qu'on n'obtenait pas toujours d'aussi bons résultats. M. Corbière fait observer que, dans les hybrides, les graines sont relativement rares, et il s'en faut que toutes soient fertiles. Chez M. Querquelin, les graines des rosiers en question ont donné le même résultat que chez M. Lalisel. M. Lalisel a apporté, en outre, diverses fleurs et des spéci- mens de cette pomme de terre qu'il a obtenue de semis, et qui, ayant été présentée à l'exposition de 1894 à Cherbourg, a reçu du Jury le nom de « Pomme de terre du cinquante- naire ». Elle est bonne, belle et produit beaucoup. M. Hervieux présente d'énormes feuilles, mesurant 32 cent, de diamètre, d'une vigne qu'on lui a donnée sous le nom de « Labruscat ». M. de la Chapelle a apporté un bouquet de Géranium pour montrer la diflérence entre les Géranium et les Pelargo- nium . De vifs remerciements sont adressés aux sociétaires qui — '28 ont fait des communications et des présentations, et en par- ticulier à M. Lalisel. SÉANCE DU 4 Août. Communications diverses. — L'exposition de Coûtantes. 35 membres présents. Des sarments de vigne couverts de taclies particulières ont été apportés par M. Lagarde. MM. Piard et Cauvin pen- sent qu'il y a de l'oïdium et une autre cryptogame. M. Thommin présente d'énormes navets de semis pesant au moins 3 k. 400 et du rutabaga de 5 k. 400, servant pour les bestiaux et pour la cuisine. Le Secrétaire communique un ouvrage de M. Mouchel, membre de la Société, ayant pour titre : « Usages, coutumes, règlements locaux et contrats de louage dans l'arrondisse- ment de Cherbourg ». On y trouve des renseignements fort utiles. Ceux qui concernent les plantations intéressent plus particulièrement la Société. M. le Président signale le décès de MM. Avoyne etPoullain. Une notice leur sera consacrée dans le Bulletin. M. Levesque, qui a fait partie du Jury de l'exposition de Coutances, dit que cette solennité horticole avait lieu dans les halles. Les produits lloraux et maraîchers étaient très remarquables. L'ensemble était des plus intéressants, bien qu'il y eût moins de grandes plantes qu'aux expositions de Cherbourg. La belle collection de pommes de terre présentée par M. et M™« Lalisel a été très remarquée. Le Journal des Roses signale une nouveauté hybride : « Madame de la Bastie ». A propos d'une note parue dans l'un des bulletins reçus, sur la floraison extraordinaire d'un rosier, M. Levesque dit que, dans les serres, il ne faut pas que les rosiers soient gênés par les vignes. — 29 M. Cauvin annonce qu'il a obtenu, de bulbes venant du Japon, un Lili'um auratum virginale dont les boutons avaient 20 centimètres de longueur. M. Levesque a remarqué que, celte année, contrairement à ce qui se produit souvent, il y a beaucoup de prunes à Cherbourg. 11 est lu et signalé divers articles et notes des publications reçues, notamment : sur le rosier nain multiflore remontant, dont M. Lalisel a montré des spécimens le mois précédent; sur la poire Bergamote Collette (M. Levesque déclare n'en avoir jamais eu de mangeable); sur les variétés de choux de grande culture (le chou de Tourlaville recommandé). SÉANCE DU iQ'" Septembre Lilium auratum regale très remarquable. — Plante alpine : V Edelweiss.— L'exposition de Valognes. — L'exposition de Carentan. — Apports des horticulteurs de Cherbourg à ces expositions. — Communications diverses. ■ 26 Membres présents. M. Cauvin a envoyé une fort belle photographie (faite par Mme Point) d'un superbe lis, Lilium auratum regale. Toutes les personnes qui ont eu l'occasion de voir cette plante ont admiré les incomparables fleurs qu'elle a portées. Le bulbe, de grosseur moyenne, a été rapporté du Japon par M. le docteur Delisle, médecin principal de la Marine, vers la fin de février dernier. Il a été planté dans les premiers jours de mars et, malgré la saison avancée, il a bien végété. La tige avait 7 m/m de grosseur sur 60 centim. de hauteur; les feuilles 9 centim. de longueur sur 1 de largeur. Les fleurs, avant l'épanouissement, avaient: pédoncule, 0^10 de longueur; pé- tales, 0^20; circonférence, 0^12; les fleurs épanouies, 0m36 de diamètre, très odorantes. Coloris blanc pointillé de rose brun avec une bande étroite jaune pâle au centre de — 30 chaque division. Six pétales : trois intérieurs de 0^06 de large, et 3 extérieurs de 0^03 seulement. La tige supportait trois fleurs épanouies en même temps, et chaque fleur a conservé sa fraîcheur 4 ou 5 jours. M. Cauvin, n'ayant pu assister à la séance, avait donné par lettre ces renseignements. M.Levesque présente une belle plante a\p[nG,V Edelweiss ou Immortelle des neiges (Leoutopodium alpinum), paraissant découpée dans de la flanelle blanche. Elle ne se trouve que sur les rochers très élevés des Alpes. Le même sociétaire rend compte de l'exposition de Valo- gnes, ouverte la veille, et dont il a été l'un des membres du jury, ayant été délégué par la Société de Cherbourg. Cette exposition a été brillante, surtout par suite des apports des horticulteurs de notre ville, notamment MM. Léon Cavron, Halopé, Levéel aîné. La Société de Saint-Fiacre de Bayeux avait envoyé de beaux lots de fleurs (bégonias, roses, dahlias, zinnias, glaïeuls, etc.) Plusieurs exposants de Caen avaient fait aussi des envois, particulièrement de glaïeuls. M. et Mi°« Lalisel avaient présenté leur collection de pom- mes de terre et de dahlias; M. Girard, des dahlias. M. Lelièvre dit que l'exposition de Carentan,qui a eu lieu le 10 août, était principalement intéressante par les apports de MM. Levéel, Cavron, Halopé, M. et Mn^e Lalisel. Ces deux ex- positions ont prouvé, une fois de plus, que Cherbourg est la ville du département où se cultivent les plus belles plantes. Le secrétaire rapporte qu'on lui a montré des productions ressemblant à de gros pompons, et qui se sont formées sur des églantiers. MM. Levesque et Hervieux répondent que le fait n'est pas rare dans les campagnes, et que ces produc- tions, appelées Bédégars, sont causées par un insecte galli- cole, le Cynips Rosœ. Il est donné lecture d'une lettre de M. Baltet annonçant que son ouvrage L'horticulture dans les cinq parties du monde ^ 31 — sera envoyé, au prix de faveur de 12 fr. broché et 15fr. relié, aux Sociétés qui le distribueront ou le propageront. M. Levesque dit que, celte année, le raisin n'a pas réussi au gré de tout le monde, et qu'il en a été beaucoup perdu avant la maturité dans les serres, mais que dans la serre de la Société, il n'a été obligé de couper qu'une ou deux grappes s'étant trouvées gâtées. Il donne quelques conseils pour empêcher les raisins de se perdre. De chaleureux remerciements sont adressées aux sociétai- res ayant fait des communications. Séance du 6 Octobre. Décès de M. de la Chapelle. — Transplantation des pommiers. — Insectes rares trouvés dans les environs de Cherbourg . — Le Beurré Picquer y. — Récompenses à la suite de visites de jardins. — Communications diverses. — Leçons sur les cultures d'agrément.. 45 Membres présents. M. le Président consacre quelques paroles émues à la mémoire de M. de la Chapelle, décédé dans le courant du mois précédent, à Flamanville. M. le docteur Renault rap- pelle les qualités de cet excellent sociétaire et les nombreux services qu'il a rendus. Les paroles prononcées par M. le Président sont écoutées avec recueillement par l'assistance, qui s'y associe de cœur. Une notice nécrologique sera insérée au bulletin. Il est ensuite donné lecture d'une lettre de M. Barbey au sujet de la transplantation des pommiers, de la façon de les arracher, des fosses à creuser, des soins à prendre pour la plantation et la reprise. M. Nicollet présente des insectes qu'il n'avait pas encore trouvés dans les environs de Cherbourg et dont l'apparition est due, pense-t-il, à la chaleur de la fin de l'été. C'est, d'abord. 32 — un coléoptère.le Ceramhyx inoschatus ou Aromia moschata, qui croit sur les saules dont l'intérieur est devenu du bois mort. M. Nicollet n'en avait rencontré qu'un depuis neuf ans. MM. Picquenot, Hervieux et Nicollet en ont trouvé quel- ques-uns cette année. Cet insecte répand une odeur de rose, ou plutôt de pommade à la rose, au moment de l'accouple- ment. M. Nicollet présente ensuite un papillon, le Cossus ligni- perda (Cossus gâte-bois). Il eu avait trouvé à Hainneville une chenille, qui se transforma en chrysalide, puis en papillon. Quelque temps après, M. Corbière lui donna un papillon semblable trouvé à Cherbourg le soir du 14 juillet. MM. Nicollet et Picquenot en rencontrèrent encore quelques-uns dans leurs excursions. On prétend, dit M. Nicollet, que les dames romaines en mangeaient avec délices. La chenille vit dans l'intérieur des ormes et des saules malades. Pour M. Nicollet, cet insecte n'attaque pas les arbres sains. Le même sociétaire présente encore une chenille transfor- mée en chrysalide qui, si elle n'est pas morte, donnera au printemps un papillon. C'est le Smerinlhus populi ou sphinx du peuplier. Il y a aussi, dit M. Nicollet, le sphinx tête de mort, introduit avec la pomme de terre et qui ne vit que sur cette plante. La chenille ne fait pas beaucoup de mal aux pommes de terre, parce qu'elle ne vit que de feuilles. M. Lalisel a déposé sur le bureau des fleurs de Mina lobata, plante grimpante annuelle qui présente des épis de fleurs jaunes et orange. M. Nicollet soumet à l'examen delà Société une poire qu'on lui a donnée pour du Beurré Picquery ou des Urbanistes. M. Levesque pense que le nom ne doit pas être exact, le Beurré Picquery étant rond. La poire est dégustée, et M. Levesque croit que c'est une Fondante de Charneu. Des remerciements sont adressés aux Sociétaires ayant fait des communications. — 33 Le Secrétaire fait connaître qu'à la suite des visites orga- nisées dans le but d'attribuer des primes sur la subvention mise par le Gouvernement à la disposition de la Société d'Horticulture de Cherbourg, le Bureau et les Commissions ont décidé de décerner les récompenses suivantes : A M. Lemagnen, pour taille et conduite des arbres frui- tiers du jardin de M. Le Blond, à Octeville, prime de 35 fr.; A M. Louis Buhot, pour tenue du jardin potager de M. Le Blond, prime de 35 fr.; A M. et Mme Lalisel, pour obtention de légumes et spéciale- ment de nouvelles variétés de pommes de terre, médaille de vermeil ; A M. Letullier, pour tenue de jardins, et surtout pour la tenue de celui de la Société, prime de 35 fr. M. Lalisel remercie la Société, et, sur la demande de M. Cauvin, il promet une note sur la culture des pommes de terre. M. Levesque présente des fruits du jardin du passage des Jardins. Ce sont : Maréchal de Cour ou Conseiller de Cour, bon fruit; Beurré d'Albret, également bon fruit; Madame Treyve; Nouveau Poiteau; Van Marum ou Calebasse carafon; Beurré Hardy. M. Levesque présente, en outre, du raisin qui a très bien mûri dehors dans les premiers jours de septembre et qui est excellent. C'est Madeleine Angevine. La température ne permet pas souvent au raisin de mî^ir à l'air libre; mais cette année, le beau temps en a favorisé la maturation. M. Dépinée demande qu'aux séances mensuelles il soit donné des indications sur la plantation, la taille et la culture des plantes d'agrément. M. Dax propose d'installer chez le concierge du jardin de la rue Montebello une boite où l'on déposerait des bulletins indiquant les questions sur lesquelles on désirerait avoir des — 34 — renseignements: ce qui permettrait, après avoir fait le dé- pouillement des bulletins, de préparer des réponses pour être données aux séances mensuelles. La Société décide que la question sera soumise à l'examen du bureau. SÉANCE DU 3 Novembre. Renseignements sur la floriculture. — Collections de pommes à cidre, — Poires. — Fraises. — Chrysanthèmes nouveaux. — Communications diverses. 47 membres présents. M. le Président dit que le bureau s'est occupé de la ques- tion soulevée à la dernière séance au sujet de renseignements à donner sur la floriculture. Un programme sera étudié d'après les bases de l'ouvrage de M. Gresseut, « Parcs et Jardins », et M. Letullier, jardinier de la Société, sera prié de donner, aussi souvent qu'il le pourra, les renseignements en question. M. Letullier lit un intéressant récit d'un voyage au Havre, àTrouville, Ronfleur et Caen, dans lequel il signale ce qu'il a remarqué au point de vue horticole. Des remerciements sont adressés à ce sociétaire et il est décidé que son travail sera inséré au bulletin. M. Lalisel dit que, comme M. Letullier, il a remarqué qu'à Trouville on ne voyait que des plantes très ordinaires. Sont déposées sur le bureau trois collections de pommes à cidre provenant : l'une, de la vallée d'Auge; l'autre, de la Ha- gue; la troisième, de chez M. Barbey. Quelques-unes des pom- mes seulement étant étiquetées, M. le Président demande à M. Laplace s'il connaît les noms des autres. Ce sociétaire dit que celle qui porte l'étiquette « Blanc Mollet » est connue dans le pays sous le nom de « Louis Moulin » et qu'il arrive sou- vent que, ne sachant pas le vrai nom des pommes, on leur donne celui des personnes de qui on les a reçues. — 35 — On remarque que quelques-unes des pommes présentées appartiennent à des espèces connues depuis longtemps dans le pays, puisque l'on en retrouve les noms dans le « Journal du sire de Gouberville », écrit de 1553 à 1562. (Voir article du Bulletin de la Société d'Horticulture de Cherbourg, 1894, page 83 : a Les pommes à cidre au XVI« siècle dans l'arron- dissement de Cherbourg »). M. Levesque dit que les petites pommes sont meilleures pour faire du cidre que les grosses, parce que plus les pommes sont petites, plus elles ont de parties exposées à l'air et au soleil et que les parties extérieures des fruits sont les plus avan- tageuses. Il est répondu que, dans les campagnes, on préfère les pommes mêlées. A propos des noms des pommes apportées, M. Levesque fait remarquer qu'il est assez difficile de déterminer exactement ces noms lorsque les fruits ne sont pas pendants aux arbres, parce que les arbres ont leurs formes particulières, leur ma- nière de végét&r et divers signes qui permettent de les distinguer. Plusieurs sociétaires demandent qu'il soit organisé à Cher- bourg une exposition de fruits et de chrysanthèmes. M. Levesque dit qu'il faudrait la tenue d'un congrès pomo- logique à Cherbourg, mais que cette organisation entraînerait de grands frais, M. le Président répond que la question pourrait être exa- minée parle bureau. M. Levesque présente le vrai « Beurré Picquery ou des Urbanistes » (ne ressemblant pas au fruit donné sous ce nom à M. Nicollet et qui avait été apporté à la séance précédente) et différentes autres poires : « Pierre Tourasse », espèce nou- velle, très bonne, très méritante, arbre végétant très bien et fertile; «Marie-Louise Delcour», jolie poire; « Prémices de Maria Le Sieur »; « Général Totleben », beau, mais non très bon; € Doyenné du Comice », l'un des meilleurs fruits; « Figue - 36 d'Alençon «; « Crassane »; • Emile Diest »; u Alexandrine Douillard ». M. Levesque dit que pour avoir de beaux fruits, il faut en abattre au printemps et soigner les arbres. Il existe une cin- quantaine d'espèces de poiriers au jardin de la Société. M. Amiot a envoyé des échantillons de grosses fraises des Quatre-Saisons provenant des cultures de plein air de M. Le Saulnier, jardinier à Valognes, rue de l'Eglise d'Alleaume. D'après les renseignements fournis par M. Le Saulnier, cette espèce, dont il ignore le nom, serait originaire du Cal- vados et on la cultiverait en grand au château de Blanche- Lande, près La Haye-du-Puits. 750 grammes de fruits mûrs et 100 stolons ont été envoyés, sur commande, à la fin d'oc- tobre, à un propriétaire du Becquet, par M. Le Saulnier. M. Macé présente des tiges d'une graminéede grande taille, le Gymnothrix latifolia, recommandée par M. Vilmorin, et qu'il a introduite à Cherbourg, où elle a résisté à tous les hivers. Elle présente de très fortes touffes et est avantageuse au point de vue de l'ornementation des jardins. Il en remettra pour le jardin de la Société. M. Hervieux dépose sur le bureau de belles fleurs de chry- santhèmes obtenus de graines apportées du Japon. Il a appelé une de ces plantes « Mademoiselle Marie-Anne Point.» M. Levesque dit qu'il serait à désirer que les pépiniéristes donnassent leur concours pour la propagation des meilleurs fruits.Il ajoute que les plus avantageusement connus à Cher- bourg ont été introduits autrefois par des jardiniers : MM. Jacques Jean et LetuUier. Plusieurs sociétaires disent qu'il arrive souvent qu'on donne aux arbres vendus des noms autres que ceux qu'ils ont réellement. M. Levesque annonce que M^^^ de la Chapelle met à la dis- position de la Société la collection de tulipes de son mari et les plantes de son jardin qui pourraient être agréables. 37 — Des remerciements sont adressés à Mm« de la Chapelle, ainsi qu'aux différentes personnes ayant lait des envois et des communications à la séance. SÉANCE DU 1er DÉCEMBRE. Pommiers et collections de pommes. — Indemnités aux maraî- chers de Tourlaville. — Comptes du Trésorier. — Radis rai- fort géant. —■ Résumé des travaux de l'année. 46 membres présents. M. Laplace a apporté deux pommiers qu'il offre pour con- tribuer à la loterie de la fin de la séance, et aussi une belle et nombreuse collection de pommes à cidre. M. Piard a également déposé sur le bureau une collection de pommes provenant de Gatteville. M. Caiivin dit que les maraîchers de Tourlaville ont obtenu du gouvernement des sommes s'élevant en totalité à 10 ou 12,000 fr. pour les indemniser des pertes subies pendant les derniers hivers. M. Cauvin a été chargé par eux de remercier la Société d'Horticulture pour la lettre signée des membres du bureau, qui a été adressée à M. le Ministre de l'Agriculture en vue d'appeler son attention sur les dégâts causés dans les cultures de l'arrondissement par les hivers exceptionnels de ces der- nières années. M. Thommin lit son rapport sur l'exposition de Caen, où il a représenté, comme délégué, la Société d'horticulture de Cherbourg. Ce rapport sera inséré au bulletin. M. Le Carpentier donne lecture du rapport qu'il a rédigé au nom de la Commission qui, conformément aux statuts, a été chargée d'examiner les comptes du trésorier, et qui était composée de MM. Jeanne, Le Carpentier et Robine. La Société adopte, à l'unanimité, les conclusions du rap- port proposant des félicitations et des remerciements au tré- III 38 — sorier, M. Orange, pour son zèle et son dévouement. Elle décide, en outre, conformément à l'article 13 des statuts, qu'il lui sera délivré un extrait du procès-verbal pour lui servir de décharge. M. le docteur Turbert présente un 7'adis raifort géant qui paraît destiné à remplacer le rutabaga. M. le docteur Turbert donne les renseignements suivants : « Historique. — Origine anglaise. — 1893, année de grande » sécheresse, importé du Creusot à Teurthéville où, mal- )) gré la sécheresse, le raifort a prospéré mieux que cette » année. Inconnu chez M. Vilmorin où j'en avais demandé » en 1893. » Culture. — Semé après la récolte du blé sur simple » coup de charrue, produit en 2 ou 3 mois une belle racine. » C'est une plante très robuste qui se contente de tous les » terrains; craindrait plutôt l'humidité que la sécheresse. » Cette année elle est peut-être moins belle qu'en 1894. » Utilisation. — Se conserve longtemps, pas autant que la » betterave. Le bétail en est friand. Ne donne pas au lait le » goût désagréable du rutabaga. En septembre 1893 les » feuilles mêmes servaient à nourrir le bétail et ont rendu » presque autant de services que la racine. » Des remerciements sont adressés à tous les sociétaires ayant fait des communications ou des lectures à la séance. La présente séance étant la dernière de l'année, M. le Pré- sident fait le résumé des travaux de la Société en 1895. Notre Société n'est pas restée inactive, bien qu'il n'y ait pas eu d'exposition. Il a été fait une excursion et des visites de jardins, à la suite desquelles des rapports ont été rédigés et des récompenses décernées. Les séances mensuelles, très suivies, ont été l'objet d'inté- ressantes communications. — 39 — Les deux jardins de la Société ont été très bien entretenus et ont pu fournir d'utiles indications. M. Levesque a donné avec son dévouement habituel des leçons d'arboriculture toujours suivies avec beaucoup d'inté- rêt. Des dispositions ont été prises pour que des causeries du même genre soient faites désormais en ce qui concerne les cultures d'agrément. Le nombre des cotisations recueilliesa été de 325, sensible- ment le même qu'en 1892 (329) et en 1893 (324). M. le Président invite tous les sociétaires à faire tous leurs efforts pour trouver de nouveaux adhérents et contribuer à combler les vides causés par les décès et les changements de résidence. Les démissions sont peu nombreuses. M. le Président ajoute qu'il se félicite des excellentes rela- tions qu'il a eues avec tous les membres du bureau et il tient à les remercier, personnellement, de leur précieux concours. P. Lelièvre. -,ô«- 40 — RAPPORT SUR L'EXPOSITION D'ANGERS (11 Mai 1895) Monsieur le Président, C'est avec la pensée de vous êtes agréable que je m'em- presse de vous adresser quelques détails relatifs à l'exposition d'horticulture du il mai, à Angers. Je dois vous dire tout d'abord que j'ai été surpris de la beauté et de la quantité de plantes fleuries, principalement des Azalea, Rhododendron, Rosiers, Pelargonium, Clématites, Gloxinia, etc. Les Gloxinia ^WTioni étaient, ajuste litre, considérés comme le clou de l'Exposition. Il fallait, comme on dit vulgairement, le voir pour le croire; aussi l'exposant a reçu des félicitations de MM. Truffant et Duval, horticulteurs à Versailles, mem- bres du Jury, qui lui ont avoué qu'ils avaient rarement vu aussi beau. J'ai remarqué une magnifique collection de palmiers en beaux exemplaires, appartenant aux genres Kentia, Cocos, Areca, Caryota, Ceroxylon, Chamœdorea, Livistona, Seafor- thia, et aussi une très belle collection de Clématites à grandes fleurs. Les Rosiers figuraient bien comme nombre (1200 pieds), en haute tige, demi-tige et franc de pied ou basse tige, mais les fleurs laissaient à désirer sous tous rapports; ces plantes étaient fatiguées, par excès de chaleur probablement. M. de la Devansaye, Président de la Société d'Horticulture d'Angers et amateur distingué, avait exposé un ensemble de plantes de serre chaude et de serre tempérée du plus bel effet, — 41 parmi lesquelles figurait uq lot splendide d'Anthurium de semis, à fleurs énormes et de coloris varié, depuis le blanc en passant par divers tons de rose pâle plus ou moins sablé ou moucheté et tous les tons rouges. Je ne vous cite, bien entendu, que les apports les plus remarquables. Détail à noter: il n'y avait à cette Exposition qu'un seul exposant d'arbres fruitiers, et encore son apport était relativement restreint, faute de place pour les pépinié- ristes. Les étrangers qui sont venus à Angers dans l'intention de voir une belle exposition d'arbres fruitiers ont donc été fort désappointés. Halopé. — 42 RAPPORT SUR L'EXCURSION Faite par la Société d'Horticulture le 26 mai 1895 Le dimanche 26 mai, la Société d'Horticulture inaugurait ses visites de l'année par une excursion des plus intéres- santes aux magnifiques propriétés de Frémont et de Roche- mont, situées l'une et l'autre dans l'arrondissement de Valognes, la première sur la commune de Brix, la seconde sur celle de Sauxemesnil. Etaient présents : MM. Cauvin, vice-président; Hervieux, Macé, Thommin, membres du bureau; Nicollet, Corbière, Legrin, Point, membres des commissions permanentes; auxquels s'étaient joints : MM. Bouin, Hamelin, Langlois, Leparmentier, Picquenot et Provin. Nous nous dirigeons sur Brix, où M. Thommin, qui a bien voulu se charger des fonctions de fourrier, nous a fait préparer à déjeuner. Mais tout d'abord nous donnons un coup d'oeil à l'église et au superbe paysage qu'elle domine de tous côtés. La campagne, couverte d'une verdure nouvelle, à laquelle se mêle la neige des pommiers en fleurs, offre en ce moment un aspect vraiment féerique. Les plus alertes descendent dans la gorge sauvage et fort pittoresque qui sépare du Mont-à-la-Kaine la colline sur laquelle se dresse l'église de Brix. Les botanistes, chemin faisant, récoltent quelques bonnes plantes, en particulier le Corydalis clavicidata et VHymenophyllum tunbridgense, cette rare petite fougère qui offre l'aspect d'une mousse. Mis en appétit par cette course assez rude, nous faisons honneur aux mets qui nous sont servis. Après le déjeuner, nous remontons en voiture pour nous - i3 diriger vers le château de Prébois. A peu de distance de Brix, nous rencontrons M. de Mondésir, le très aimable châtelain de Prébois, qui nous attend pour nous guider vers son habitation. Nous mettons pied à terre à l'entrée de magnifiques allées de hêtres, dans lesquelles nous nous engageons avec le plaisir que procure un ombrage épais au milieu d'une chaude journée. Quelques-uns d'entre nous récoltent avec empressement le Doronicum Pardalianches, jolie composée à larges capitules d'un jaune d'or, qui semble spontanée dans ce bois. A l'entrée de sa propriété, M. de Mondésir nous fait voir un bélier hydraulique, appareil fort ingénieux et très simple qui fait monter l'eau jusqu'à S^oO de hauteur; puis une riche et très intéressante collection d'insectes qu'il a rapportée de ses lointains voyages. M^o de Mondésir a la gracieuse atten- tion de se joindre à son mari et à son fils, pour nous faire les honneurs de Prébois. Cette propriété est remarquable à plus d'un titre; mais notre attention et notre admiration se sont portées spéciale- ment sur le beau parc qui l'environne. Là se trouve réunie une splendide collection d'arbres et d'arbustes rares, dont la vigueur est telle qu'on pourrait les croire originaires du pays. Citons, un peu au hasard : des Séquoia gigantea dépassant 25 mètres; des Chamœrops excelsa hauts de 8 mètres, toute une plantation d'AraucaiHa imhricata de très belle venue, de gigantesques Rhododendrons, de superbes Cèdres de l'Atlas, des Thuyas de Lobb, Pinus Cembro, Ahies nobilis, Thuijopsis delabrata, Tsuga Mertensii; de nombreuses espèces d'Epicéas : Picea orientalis, Morinda, Menziezii, Japonica, etc.; de belles touffes de Bambous, en particulier Bambiisanigra, etc., etc. Tout cet ensemble constitue le parc le plus remarquable de nos environs. Sous ces ombrages, à la vue et au bruissement de ces feuil- — 44 lages exotiques, l'esprit devient aisément le jouet des illusions, et un moment on peut se croire transporté au milieu de quelque forêt américaine. De Frémont à Rochemont, sur une longueur de 2 à 3 kilomètres, s'étendent de grands bois, que nous parcourons sous la conduite de MM. de Mondésir père et fils. Nous arrivons bientôt à Rochemont, dont le propriétaire est frère de notre aimable guide, et où se renouvelle pour nous le même charmant accueil que nous venons de recevoir à Frémont. La serre et les jardins sont tenus avec le plus grand soin. De grands arbres et une large pièce d'eau, au-delà de laquelle la vue s'étend au loin, ajoutent au charme de cette belle propriété. Parmi les arbres, nous avons remarqué en particulier un beau Fraxinus Ornî^5 et une curieuse variété de hêtre à feuilles pennatiséquées. Outre leurs propriétés respectives, ces Messieurs de Mondésir ont encore eu la gracieuseté de nous faire visiter le château de l'Ermitage, relié à celui de Rochemont par une magnifique allée rectiligne de grands hêtres et de beaux rhododendrons. Le parc de l'Ermitage est une magnifique futaie de hêtres, à l'ombre desquels croissent deux fougères fort rares et très intéressantes : VHymenophyllum déjà vu à Brix et le Polysti- chum œmulum. Après avoir joui de la vue et de la fraîcheur de ces beaux arbres, nous reprenons le chemin de Cherbourg, non sans avoir exprimé à MM. de Mondésir nos plus vifs remerciements pour leur accueil si empressé et si cordial. L. Corbière. — 45 — COMPTE-RENDU DE L'EXPOSITION DE COUTANCES -«•»- Messieurs, Vous m'avez fait l'honneur de me déléguer pour faire partie du Jury de l'Exposition organisée par la Société d'horticulture de Coutances, et qui devait s'ouvrir le samedi 13 juillet. Le Jury était convoqué pour 10 heures, heure à laquelle nous avons été reçus par M. Magny, Président de la Société, qui, après nous avoir souhaité la bienvenue, nous a fait visiter d'une façon sommaire l'ensemble de l'exposition installée dans les Halles. Les Membres du Jury étaient: MM. Quatrevaux, Vice-Pré- sident de la Société de Caen ; Boher, Membre du Conseil d'Administration de la Société de Valognes; Morel, Vice- Président de la Société d'Avranches; Petrais, de la Société de Bayeux ; et votre Délégué. Après avoir choisi M. Quatrevaux pour notre Président, et M. Lesouef, Secrétaire de la Société de Coutances, pour Rap- porteur, nous nous sommes mis à l'œuvre pour l'attribu- tion des récompenses prévues au programme en passant en revue les différents lots exposés. RÉCOMPENSES DÉCERNÉES PAR LE JURY Ire Série. — Maraîcherie, Légumes et Fruits. Ire Catégorie. — Praticiens. Médaille d'or à M. Laurent, horticulteur à Coutances. — 46 2e Catégorie. — Amateurs. Médaille de vermeil grand module, à M. Lenoir, Jacques, jardinier chez M. de Mobecq, à Ver; Médaille de vermeil petit module, à M. Lalisel, de Cher- bourg. 2e Série. — Plantes et Fleurs. Le Jury accorde les récompenses ci-après. A M. Laurent, horticulteur à Coutances : 1o Géraniums, médaille de vermeil grand module; 2" Fuchsias, médaille d'argent; 3» Héliotropes, médaille d'argent grand module; 4* Bégonias, médaille d'argent; 5" Giroflées Quarantaines, médaille de bronze; 6o Prix d'honneur pour l'ensemble de son exposition. A. M°ie Laurent : Bouquets et couronnes, médaille d'argent ex-œquo. A M. Lecocq, horticulteur à Coutances : |o Pétunias, médaille de vermeil; 2" Fuhcsias, médaille d'argent; 3« Héliotropes, médaille d'argent; 4" Bégonias, mention honorable; 5" Plantes d'ornement, mention honorable; 6" Médaille de vermeiJ grand module pour l'ensemble de son exposition. A M. Coquière, horticulteur à Coutances : 1» Bégonias, médaille de vermeil grand module; 2° Œillets, mention honorable; 3" Feuillages, médaille d'argent; 4" Conifères, médaille d'argent; 5* Médaille de vermeil grand module pour l'ensemble de son exposition. - 47 — A M. GuiLLOTTE, horticulteur à Coutances : Hr — 51 — COMPTE-RENDU DE L'Exposition d'Horticulture de Carentan (Août 1895) Messieurs, Dans la séance du mois d'août, vous m'avez fait l'honneur de me désigner pour aller représenter notre Société à l'Expo- sition que la Ville de Carentan avait organisée pour le 10 août 1895. Au jour fixé, je me suis rendu dans cette Ville, où j'ai été reçu à la gare par une délégation des Conseillers municipaux de la Ville de Carentan. Le Jury était composé de : MM. Magny, Président de la Société d'Horticulture de Coutances ; Chevalier, Horticulteur à Valognes; Lempérière, Horticulteur à Chef-du-Pont ; Thommin, Membre de la Société d'Horticulture de Cherbourg. Carentan ne possédant pas encore de Société d'Horticulture, le Jury a commencé dès le matin la visite des jardins de la Ville et des environs. Un seul jardin d'agrément a été visité par le Jur^, celui de M. Gouville, Conseiller général. Ce jardin, d'une petite éten- due, est entretenu avec un soin tout particulier qui fait grand honneur à M. Lebas, jardinier de M. Gouville. Quant à la culture maraîchère, qui est l'une des principales ressources de la ville de Carentan, elle est, à tous points de — 52 — vue, très remarquable. Nous trouverons les principaux légu- mes exposés dans une des salles de l'Exposition d'horticul- ture. Nous avons terminé dans la soirée la visite des jardins des Frères des Ecoles chrétiennes, dont le Directeur, le Frère Victor, est un horticulteur de mérite. A signaler une serre de tomates qui n'ont pas souffert de la maladie et qui ont donné de très bons résultats. Après un déjeuner offert par la Ville de Carentan, nous nous sommes rendus à l'Exposition d'Horticulture, qui avait lieu dans une des Halles. Cette Exposition mérite une mention spéciale. De vastes tentures avec crépines d'or, sur lesquelles s'étalent des fais- ceaux de drapeaux, encadrent les murs. Au centre, de super- bes massifs de plantes vertes exposées par MM. Léon Cavron et Levéel, de Cherbourg. M. Halopé, horticulteur, expose de magnifiques corbeilles de fleurs coupées. Une remarquable collection de glaïeuls et d'oeillets est exposée par M. Barette, de Caen. Les anémones figurent agréablement, quoique hors saison, à côté de ses glaïeuls et de ses géraniums. MM. Besnard et Lempérière, de Carentan, présentent une riche collection de dahlias et de bégonias bulbeux. Une col- lection d'orchidées, de plantes ornementales, de fougères, de Pelargonium, Géranium, Fuchsia, Pétunia, bégonias bul- beux, bégonias rex, est présentée par M. Levéel, de Cherbourg. Cette remarquable collection de fleurs, disposées avec un goût parfait, offrait, avec les plantes vertes de MM. Halopé et Cavron, un spectacle charmant. Nous pasions à l'exposition de légumes, qui est très belle, et où l'on peut admirer les magnifiques produits des jardins légumiers. MM. Lebas frères et Dufour, de Carentan, ont exposé des produits de leur culture qui ont été fort appréciés des Mem- bres du Jury. - 53 — N'oublions pas un de nos collègues, M. Lalisel, qui, avec tout le talent que nous lui connaissons en matière de cul- ture, avait exposé une très nombreuse collection de pommes de terre (150 variétés), collection qui lui a valu une médaille d'argent grand module avec félicitations du Jury. L'instituteur de Brévands nous présente les produits de son jardin. Nous admirons ses salsifis et ses pommes de terre. Il nous montre aussi le miel de ses abeilles. A remarquer aussi les ustensiles de jardinage et de cou- tellerie horticole de M. Delaunay, de Bernay. Les visites étant terminées vers 6 heures, le Jury s'est réuni pour décerner les récompenses énumérées ci-dessous : Médaille d'or, M. Levéel, de Cherbourg, pour l'ensemble de son exposition ; 2 médailles de vermeil, 6 médailles d'ar_ gent, 7 médailles de bronze et 4 mentions honorables pour l'exposition de fleurs. M. Halopé, 4 médailles d'argent. M. Cavron, 2 médailles de vermeil, 2 médailles d'argent et une médaille de bronze. De plus, M. Lalisel a obtenu une médaille de bronze pour son exposition de fleurs coupées et pour ses verveines. Médaille de vermeil, M. Lebas, pour son apport de légu- mes. Médaille d'argent, M. Ledur, jardinier à Grandcamp, pour ses légumes. TENUE DES JARDINS DE CARENTAN {P7ix décernés par le Jury). Médaille de vermeil, M. Vieil, domestique chezM.Gouville. Médaille de vermeil, M. Lebas, Jules, maraîcher. Médaille d'argent, MM. Lebas frères, maraîchers. Médaille d'argent, M. Dufour, maraîcher. Médaille d'argent, M. Guillotte, jardinier. Médaille d'argent, M. Dufolr, maraîcher. IV. — 54 — Le lendemain soir, à 7 heures, avait lieu le banquet; mais ayant été nommé rapporteur du Jury pour le concours de musique, qui avait lieu à Carenlan le même jour, et étant très fatigué, je n'ai pu à mon grand regret assister à ce ban- quet, qui réunissait les Jurys d'horticulture et de musique, et je suis rentré à Cherbourg par le train de 10 h. 1/2 du soir. Léon Thommin. — 55 EXPOSITION DE VALOGNES Le 1«'' septembre dernier, la Société d'Horticulture de Valo- gaes était en fête : elle célébrait ses noces d'or, et, à cette occasion, elle avait voulu faire voir à la ville qui l'avait vue naître et grandir, toujours entourée de son bienveillant concours, qu'elle ne cesse de marcher vers le progrès. C'est qu'en efîet, grâce au zèle et au dévouement de quelques uns de ses membres, et aux efforts et à l'intelligence des exposants, elle venait d'organiser une exposition dont la réussite dépas- sait les espérances de ceux qui en avaient pris l'initiative. Les fleurs, qui doivent toujours faire le principal ornement des jardins et des expositions, s'y trouvaient en grand nom- bre; aussi les nombreux massifs, vraiment éblouissants et rivalisant de beauté, ont-ils plus d'une fois rendu difficile la tâche du jury pour l'attribution des récompenses. Plusieurs horticulteurs cherbourgeois, avec leurs nombreux apports de plantes à feuillage ornemental, ont puissamment contribué au succès de l'exposition. Les lots collectifs de légu mes, de fleurs et de fruits d'un groupe d'amateurs de Bayeux occupaient aussi, avec la belle collection de pommes de terre de M. Lalisel, une large place sous les préaux et dans les salles du collège, gracieusement mis, pour la circonstance, à la disposition de la Société d'Horticulture. Une petite critique cependant : peu de fruits nouveaux, et absence complète de raisins de quelque valeur. Constatons, toutefois, qu'à Valognes, comme dans toutes les villes qui ont la bonne fortune de posséder une Société horticole, l'amour des belles plantes, des légumes de choix et des beaux fruits grandit toujours. Après un déjeuner gracieusement offert par la Société à l'hôtel du Louvre, le jury, dont votre délégué avait l'honneur de faire partie, a commencé ses opérations, qui se sont termi- nées vers 5 heures, en donnant les résultats suivants : 56 LISTE DES RECOMPENSES Exposants de l'Arrondissement de Valognes. Légumes de la saison. — ler prix,médaille de vermeil oflerte par M. le lieutenant-colonel Guérin, député : M. Godey, jar- dinier au château du Val, à Chef-du-Pont; 2« p., médaille d'argent grand module olïerte par M, Oury, maire de Valo- gnes : M. Quesnel, jardinier à l'hospice de Valognes; 3e p., médaille d'argent offerte par la Société d'Agriculture de Valognes : M. Lecolley, jardinier à Valognes. Fruits mûrs. — Mention h. : M. Lecolley, précité. Tomates. — M. h. : M. Letellier, jardinier à Valognes. Fruits divers. —1er p.^ méd. d'arg. 3« mod.: Mme Duclos, hor- ticulteur à Valognes; 2° p., méd. de br.: M. Lecolley, précité; 3e p., mention honorable : M. Lepaumier, jardinier à Saint- Sauveur. Plantes diverses. — I'^'" p., méd. d'arg. 2^ mod.: M. Lepleux, jardinier à Valognes; 2e p., méd. d'arg, 3^ mod.: M™=Duclos, précitée; 3e p.: M. Boulland, horticulteur à Valognes. Géraniums zonales. — l'^''' p., méd. d'arg. 2e mod. : M. Leche- valier, horticulteur à Valognes; 2^ p., méd. de br. : M^^ Du- clos; m. h.: MM. Lepleux et Boulland. Glaïeuls. — Pr., méd. de br. : M'^e Duclos. Glaïeuls de semis. — Pr., méd. d'arg. 3» mod.: M. Noyon, jardinier au château de Chiffrevast. Dahlias. — 1^i"p. ex-aequo, méd. d'arg. 3e mod. : M™» Duclos, M. Tixier, jardinier au château de Fonlenay ; 2e p. ex-aequo, méd. de br. : MM. Godey et Lepaumier, précités. Reines-marguerites. —1er p^ méd. d'arg. 29 mod. offerte par la Société d'Agriculture de Valognes : M. Letellier; 2» p., méd. de br. : M. Lechevalier; m. h. : M™»^ Duclos, M. Lepau- mier et M. Sauvé, jardinier au château de la Chesnée. Zinnias. — 1er p,^ méd. de br.: M. Noyon; m. h.: M. Sauvé. Pétunias. — M. h. : M. Boulland. - Bégonias bulbeux. — l^r p., méd. d'arg. 2" mod. : M. Leche- valier; 2o p., méd. d'arg. 3e mod. : M. Sauvé; 3e p., méd. de br.: M. Couppey, horticulteur à Valognes; m. h.: M. Boulland. Oi Bégonias Rex. — 1«"- p., méd. d'arg. 2« niod. : M. Tixier; 2e pr., méd. d'arg. 3" mod, : M. Sauvé; m. h. : M. Boulland. Coléus.— <«!■ p., méd. de br.: M. Sauvé; m. h. : M. Boulland. Conifères. — Pr. : M. Boulland; m. h. : M. Lepleux. Bouquets. — M. h. : M. Duclos. Industrie: Bacs à fleurs.— Méd. d'arg. 3e mod.: M. Levacher, tonnelier à Valognes. Méd. d'or offerte par M. de Moudésir : M. Lechevalier, hor- ticulteur à Valognes, pour l'ensemble de son exposition et la bonne culture des plantes exposées. Médaille de vermeil ofierte par M. du Mesnildot : M. Sauvé, jardinier chez M. Le Marchand, château de la Ghesnée, à Rauville-la-Bigot, pour l'ensemble de son exposition. Médaille d'argent grand module offerte par M. le Sous-Préfet, décernée à M. Boulland pour l'ensemble de son exposition. Le Jury a adressé des félicitations pour une rose de semis, Jean Dacier, obtenue à Valognes. Prix aux anciens serviteurs. 1er p.^ méd. de vermeil offerte par M. Prémont, conseiller général: M. Godey, jardinier au château du Val, à Chef-du- Pont; ^'^ p., méd. de vermeil offerte par l'Association nor- mande : M. Tixier, jardinier au château de Fontenay; 3' p., méd. d'arg. offerte par M. le Ministre de l'Agriculture : M. Poupet, jardinier chez M. de Mondésir, à Sauxmesnil; 4ep., méd. d'arg. offerte par l'Association normande : M. Sauvé, jardinier au château du Val, à Chef-du Pont; 5« p., méd. de br. ofierte par M. le Ministre de l'Agriculture : M. Noyon, jardinier au château de Ghitfrevast. Prix décernes aux Instituteurs pour leur Enseignement horticole, 4er p.. méd. de vermeil offerte par M. le comte de Pontgi- baud, cons. gén. : M. Plautagenet, instituteur à Golomby; 2«p. ex-aequo, méd. d'arg. offerte par M. le Ministre de l'Agriculture : M. Mabire, instituteur à Sainte Mère-Eglise; méd. d'arg. offerte par la Société nationale d'encouragement o8 à l'agriculture : M. Beillard, instituteur à Barfleur; 3e p., méd. d'arg. 3e mod. : M. Lemesle, instituteur aux Moitiers- d'Allonne; i^ p., méd. de br. offerte par la Société nationale d'encouragement à l'agriculture : M. Dumouchel, instituteur à Breuville; o^ p., méd. de br. offerte par l'Association nor- mande : M. Duchesne, instituteur à Valcanville ; m. h. : M. Laronche, instituteur à Amfreville. Exposants étrangers à l'arrondissement. Légumes de la saison. — l^ip., méd. de vermeil offerte par la Société d'horticulture : M. Lacour, maraîcher à Bayeux; 2e p., méd. de br. : M. Lelong, de Tourlaville. Légumes (amateurs). — Pr., m. d'arg. 3e mod.: M.Lalisel,de Cherbourg. Pommes de terre. — Pr. méd. d'argent gr. mod. offerte par M. Mariette-Boisville, cons. d'ar.: M. Lalisel. Héliotropes.— Pr., méd. de br : M.Levéel aîné, horticulteur à Cherbourg. Orchidées. — ier p., méd. d'arg. 2e mod. : M.Cavron, horti- culteur à Cherbourg; 2e p., méd. d'arg. 3e mod. : M. Levéel; m. h.: M.Halopé, horticulteur à Cherbourg. Palmiers de serre froide.— Pr., méd. d'arg. 2e m.: M. Halopé. Palmiers de serre chaude. — Pr., méd. de vermeil offerte par M. Le Bouteiller, cons. gén. : M. Cavron. Cycadées. — Pr., méd. de vermeil offerte par M. Crosville, secrétaire de la Société : M. Cavron. Plantes diverses : ornements de serre. — 1er p.^ méd. de vermeil offerte par M. le Ministre de l'Agriculture : M.Levéel; 2e p., méd. d'arg. 2'^ mod. : M. Cavron; 3e p., méd. d'arg. 3e mod. offerte par la Société d'Agriculture de Valognes : M. Halopé. Anthuriums. — Pr., méd. de br. : M. Levéel. Broméliacées. — Pr., méd. d'arg. 3e m. : M. Levéel. Fougères arborescentes. — Pr., méd. de vermeil offerte par la Ville de Valognes : M. Cavron. Fougères herbacées. — Pr., méd. d'arg. 2e m. : M. Halopé. Fougères variées. — Pr., méd. d'arg., 3e mod. : M. Levéel. 59 Cannas. — Pr., méd. d'arg. 3® mod.: M. Cavron. Pélargoniums, Géraniums peltalum, Géraniums panachés et Géraniums zonale. — Pr., méd. de br. : M. Lévéel. Fuctisias. — Pr., méd. de br. : M. Levéel. Glaïeuls. — l'^'" p., méd. de vermeil offerte par la Société nationale d'encouragement à l'agriculture : M. Barette, hort.- paysagiste à Caen; ^« p., méd. d'arg. offerte par M.Marguerie, cons. gén : M. Vautier, propriétaire à Caen. Dahlias. — le^ p. ex-»quo, méd. d'arg. 3e m. : MM. Cavron et Girard, jardiniers à Cherbourg; 2^ p. ex-œquo, méd. de br. offerte par M. le Ministre de l'Agriculture: M.Marguerie, hor- ticulteur àCaen; méd. de br.: M. Levéel; m. h. : M.Lalisel, et M. le curé de Fermanville. Verveines. — M. h. : M. Lalisel. Plantes à feuillage panaché. — Pr., méd. d'arg. 2^ mod.: M. Levéel. Bégonias bulbeux. — i^r p., méd. d'arg. 3^ m. : M. Barette; 2e p. ex-œquo, méd. de br. : MM. Levéel et Cavron. Bégonias Rex. — Pr., méd. d'arg. 3^ mod. : M. Halopé. Liliura. — Pr., méd. de br.: M Levéel. Conifères — Pr. ex-aequo, méd. d'arg. 3« m. : MM. Levéel, Halopé. Œillets tige de fer.— I^rp., m.d'arg. 3em.: M. Cavron; 2ep., méd. de br.: M. Nonin, horticulteur à Chàtillon-sous-Bagneux. Anémones. — Pr., méd. d'arg. 3^ mod. : M. Barette. Corbeilles de fleurs. — 1er p. ex-œquo, méd. d'arg. 2emod.: MM. Cavron et Halopé; 2® p., méd. de br. : M. Levéel. Bouquets. — |e>- p., méd. d'arg. 2e mod. : M. Levéel; 2e p. ex-aequo, méd. d'arg. 3e mod. : MM. Halopé et Cavron. Bûches rustiques.— lerp., méd. d'arg. 2-^ m.: M. Cavron; 2e p., méd. d'arg. 3e mod.: M. Halopé; 3'^ p., méd. de br. : M. Levéel. Couronnes.— l«''p., méd. d'arg. 3» mod. : M. Levéel; 2e p., •méd. de br. : M. Cavron; m. h. : M. Halopé. Vannerie artistique. — M. h. : M. Levéel. 60 — LOTS D ENSEMBLE La Coupe de Sèvres, prix d'honneur offert par M. le Prési- dent de la République, a été décernée à M. Léon Cavron, de Cherbourg. La médaille d'or, ollerte par M. Sébire. a été décernée à M. Levéel aîné, de Cherbourg. La médaille d'or, offerte par la Société d'Agriculture de Valognes, a été décernée à M. Halopé, de Cherbourg. Une médaille d'argent a été décernée à M. Nonin, de Châ- tillon, pour ses dahlias, cactus et œillets tiges de fer. Une médaille d'or a été offerte par la Société d'Horticulture à la Société Saint-Fiacre de Bayeux, pour l'ensemble de son exposition: fruits, dahlias, reines-marguerites, zinnias, roses,, bégonias bulbeux simples et doubles. Une médaille de vermeil, offerte par M. le Ministre de l'Agriculture, a été accordée à la même Société pour ses magnifiques légumes, dont deux lots de pommes de terre appartenant à MM. Lamare et Terrée, de Bayeux. Une médaille de vermeil, offerte par M. de Formigny de la Londe, Président de la Société d'Horticulture de Caen et du Calvados, au nom de cette Société, a été décernée à M. Cros- ville, le dévoué Secrétaire de la Société d'Horticulture de Valognes, à l'occasion du cinquantenaire de cette dernière Société, pour les nombreux et excellents services rendus depuis longtemps. La journée s'est terminée par le banquet traditionnel, qui est toujours un trait-d'union entre les divers membres d'une Société ainsi qu'entre les Sociétés correspondantes représen- tées par leurs délégués. Ce banquet, qui réunissait une cin- quantaine de convives, se tenait à l'hôtel St-Michel,sous une tente très gentiment aménagée pour la circonstance, et déco- rée de plantes et de ffeurs. Quelques notabilités de la ville, entre autres M. le colonel Gué- rin, député de l'arrondissement, avaient bien voulu répondre à l'invitation qui leur avait été faite, et honorer la Société de 61 — leur présence. Il serait superflu de dire que cette soirée s'est passée de la façon la plus cordiale. Au dessert, plusieurs toasts ont été portés, le premier par M. le docteur Lebouteiller, le nouveau vice-président de la Société d'horticulture, qui, avec beaucoup de tact et certainement trop de modestie, s'est excusé de son peu de compétence en horticulture et a fait ressortir l'importance des services rendus par ses regret- tés prédécesseurs MM. Dupoirier de Portbail et Sébire, qui, par leur zèle, leur dévouement, leurs connaissances horticoles et leur bonne direction, ont fait prendre à leur Société un développement tel qu'elle peut aujourd'hui rivaliser avec les Sociétés de villes plus importantes. Ensuite, il a adressé ses remerciements : d'abord à ses zélés collaborateurs, qui ont bien voulu, a-t-il dit, lui confier le dangereux honneur de la présidence; puis aux exposants de la localité et à ceux des Sociétés étrangères, qui, par leurs nombreux et beaux apports, ont puissamment contribué à rehausser la splen- deur de l'Exposition; aux autorités de la Ville et du dépar- tement pour leur généreux concours; au colonel Guérin, député de l'arrondissement; aux délégués des Sociétés cor- respondantes; aux dames patronnesses, pour leur gracieux concours, et pour l'empressement qu'elles ont mis à venir, cette fois-ci, en très grand nombre prendre part aux opéra- tions du jury des récompenses; enfin aux organisateurs de la fête et particulièrement au zélé secrétaire de la Société, qui étaient si bien dédommagés de leur peine par le succès de l'Exposition. « Souhaitons, Messieurs, a-t-il dit en terminant, que les jeunes qui se trouvent aujourd'hui parmi nous fêtent le centenaire de notre association ». L'heure du départ avait sonné; l'inflexible sifflet de la locomotive ne laisse même pas une minute de répit aux convives rangés autour d'une table aussi généreusement servie, il faut s'arracher aux instances d'amis qui cherchent à nous retenir et à nous persuader que le banquet a été de trop courte durée. La journée du lendemain dimanche devait offrir aussi plus d'un attrait, ce qui donnait une véritable envie 62 — de la passer à Valognes. La Société d'Agriculture de l'arron- dissement organisait une exhibition d'animaux reproduc teurs qui devait être remarquable; notre Société de gymnas- tique La Patriote et l'excellente musique l'Harmonie Lepel- letier de Carentan avaient promis leur concours et devaient forcément attirer en ville une foule inusitée de visiteurs. J'aurais un grand plaisir à entendre cette nouvelle gamme et aussi, sans doute, ces tons nouveaux d'une musique dont la réputation n'est plus à faire, mais à laquelle j'avais en- tendu donner en ville le nom de réactionnaire. J'ai bien rencontré, par ci parla, dans les expositions de fleurs, quelques jalousies, cette vieille plante aux nuances si variées et à laquelle les membres d'un Jury ne daignent même pas faire attention ; mais j'ignorais absolument que la réaction pût se mêler à la musique et bouleverser l'harmonie d'une fête où tout avait été fait pour être utile et pour faire plaisir, et au sortir de laquelle chacun pouvait appliquer à la Société d'Horticulture de Valognes cette vieille devise : Miscuit utile dulci. Cheiboarg, le 8 septembre 1895 Levesque. — 63 - NOTES HORTICOLES SUR Le Havre, Trouville, Ronfleur' & Caen. Messieurs, Le 28 septembre dernier, je me trouvais à passer par le Havre, et les quelques instants que je fus libre, je les employai à visiter quelques squares de la Ville. Je commençai par celui de l'Hôtel de Ville, et je dois reconnaître qu'il est très bien tenu, les massifs plantés richement. Entre autres, je remarquai un massif en mosaïque, formant de grands festons faits çVAltenianlhera de deux espèces, de Mesembryan- themum, de Pijrethrum et d'autres petites plantes qui, par leurs teintes et par leurs dimensions produisaient un magni- fique effet; puis d'autres petits massifs, également en mosaï- que, formant des étoiles, et, surtout un beau massif de Coleus aux feuillages variés, avec un superbe Musa ensete au centre. J'ai remarqué qu'on employait beaucoup les Musa comme plantes décoratives l'été, et qu'ils n'ont pas les feuilles déchirées comme à Cherbourg. Je crois que cela tient à ce que de hautes maisons entourent les jardins et les abritent des vents que nous avons si forts ici. En revanche nous possédons de beaux Chamœrops excelsa que l'on voit très peu au Havre en pleine terre. Je n'en ai vu que de faibles exemplaires. Je citerai aussi de beaux massifs de Canna dont les fleurs faisaient un grand effet, ainsi que des tabacs à grandes feuilles. Les gazons étaient très bien tenus et bien res- pectés. Je n'en dirai pas autant du square Saint-Roch qui, au dire de personnes du Havre, a perdu sa splendeur depuis — 64 — que l'aquarium n'existe plus. Ce square est très fréquenté; aussi l'on y trouve des parties, surtout celles qui bordent le fond, où le gazon a complètement disparu, par suite du piétinement des enfants qui respectent peu les gazons, malgré le gardien. Ce jardin possède une assez jolie rocaille avec jardin et petit pont; mallieureussment les abords de la rocaille, entre les rochers, ne sont pas plantés, et les enfants montent et griuipent et empochant toute végétation, qui animerait et ferait meilleur effet. J'ai constaté que les froids avaient fait disparaître à peu près les mêmes végétaux qu'à Cherbourg; car les massifs ne sont composés que d'Aucuba, Fusains, Houx variés. Bambous metahi. Chênes verts, Wegelia et quelques Magnolia nouvellement plantés. Les grandes chaleurs que nous avons supportées au mois de septembre ont fait fleurir les marronniers blancs une seconde fois. J'ai vu, entre autres, un pied de marronnier, qui possédait peu de feuilles, couvert de fleurs blanches. Je citerai encore les deux petits squares non publics, situés sur la place Gambetta, dans lesquels sont érigées les statues de Casimir Delavigne et de BernarJin de Saint-Pierre; ces squares, dessinés dans le style régulier, quoique n'étant pas plantés avec des fleurs bien rares, sont très gentiment tenus. Je ne serai pas du même avis pour celui qui entoure l'église Notre-Dame, la principale paroisse du Havre. Ce jardin est mal tenu et peu respecté, et je ne comprends pas qu'une Srande ville comme le Havre, puisse laisser ce square en pareil état. A mon grand regret, je n'ai pas eu le temps de visiter les pépinières de la Ville, où sont élevées toutes les plantes qui ornent les squares. Je ne puis passer sans vous dire que je me suis rendu rue de la Côte, où est située la villa de M. Félix Faure. J'ai pu jeter un coup d'œil indiscret sur la partie du jardin qui est devant la maison; j'y ai vu, près de l'entrée d'une des grilles, 65 ^ une petite mosaïque très bien faite, mais sobre de plantes de couleurs voyantes; puis des massifs de rosiers dans lesquels on avait mélangé difiérenles plantes annuelles à fleurs : manière de planter les massifs que l'on a adoptée depuis quelques années, et qui fait fort bien par la diversité des fleurs; puis, sur les massifs qui longent les clôtures, de grandes lignes de Bégonia variés, où dominent beaucoup les lignes de Bégonia Vernon qui font un charmant eflet sur la bordure de gazon admirablement tondu, ainsi que la pelouse devant la maison. De grands arbres encadrent le jardin et donnent un excellent ombrage sur les côtés. Je termine pour le Havre, en vous disant qu'il existe, en face le théâtre, un marché aux fleurs, très bien approvisionné en plantes d'appartement et autres. Je dirai un seul mot sur les minuscules jardins des petites villas de Ste-Adresse et sur quelques jardins privés du boulevard maritime, ainsi que sur ceux du casino Marie-Christine. Les petites villas possèdent toutes un jardinet où, ce qui manque surtout, c'est de la terre; aussi la végétation se compose surtout de peupliers, de sureaux du Canada et de petites plantes annuelles. Les massifs sont bordés de pierres que l'on trouve au bord de la mer au pied des falaises . Le jardin du Casino est surtout formé de massifs et de bosquets d'arbustes, de sureaux et de pins maritimes, qui n'ont rien de bien gai. J'ai remarqué, supportant le perron d'une maison de maître, une grotte où des plantes poussent entre les rochers qui la composent, le fond de la grotte étant occupé par une grande glace qui éclaire un appartement du rez de- chaussée. En quittant le Havre, je me suis rendu à Trouville-sur-Mer. Je croyais trouver dans la reine de nos stations balnéaires de ravissants jardins; mais j'ai été déçu en voyant que toutes ces villas grandioses et si variées dans leur style étaient entassées les unes sur le? autres et possédaient si peu de — 66 jardins ! Il est aisé de voir que l'on vient là pour la mer et non pour les fleurs. Tous ces petits jardins très bien fleuris mais possédant peu de verdure, font désirer de grands arbres qui ne nuiraient certainement pas à l'aspect des villas. J'ai visité un square qui se trouve à côté du stand de tir, square sans arbres où existe un emplacement pour la musique; on se serait cru sur les dunes de Biville, tellement tout était sec et aride ! Les pauvres plantes, quand elles ne sont pas fanées, sont brûlées par le vent. De chétifs troènes de Cali- fornie, tout rabougris, donnent une triste idée de la végétation à Trouville. Toutefois je noterai un arbrisseau que l'on emploie beau- coup pour garnir les tonnelles, berceaux et rocailles, et qui vient très bien au bord de la mer. Il fait un charmant effet. C'est le Lycium vulgare, à peu près inconnu à Cherbourg. Je suis allé aussi à Honfleur, mais je n'ai fait qu'apercevoir en passant quelques jardins de propriétés privées. Au lieu de la nature aride de Trouville, on voit sur les collines de la verdure, des bouquets d'arbres superbes, et aussi quelques Chamœrops en pleine terre. Arrivé à Caen, ma première visite, le matin, est pour le square de l'église Saint-Pierre, qui est fort bien tenu et où je vois avec plaisir que, là aussi, on revient à faire des mas. sifs de Canna à fleurs, lesquelles sont de toute beauté en cette saison; les Anthémis à fleurs jaunes, en lignes, produisent aussi un excellent effet. En parcourant la ville, je me trouve au square de l'Hôtel de Ville, fort bien tenu et bien plante. Je me permets en passant de faire remarquer que les gazons , quoique bien tondus, ne sont pas aussi frais qu'au Havre et pas aussi purs comme gazon. L'après-midi, je m'étais réservé la visite du Jardin des Plantes. J'ai parcouru le parc situé derrière l'Orangerie, j ai remarqué quelques beaux spécimens de Conifères et d'arbres à feuilles caduques; mais je n'ai pas trouvé la tenue de celte partie du jardin très bien, il y a un peu de laisser aller. - 67 — En passant près de l'Orangerie, je suis entré et j'ai visité la grande serre qui se trouve à droite, en entrant à gauche. On était en train de refaire une grande serre en fer aussi grande que celle que j'ai visitée, dans laquelle il existe quelques beaux exemplaires de la famille des palmiers, en première ligne un Phœnix dactylifera de grandes proportions. Je n'en avais jamais vu un aussi fort; il a un tronc d'au moins 3 mètres de haut, plus une immense couronne de feuilles qui ont bien chacune 4 mètres de long; puis un superbe Areca, un Livistonia, un Latania et d'autres plantes très fortes, la plupart en bac. En sortant de l'Orangerie, je suis remonté vers un massif de Canna discolor, où une charmante plante faisant bordure au massif m'attirait; c'était une plante de la famille des graminées, le Panicum palmifolium. Ce massif avec ces deux genres de plantes produisait un effet de toute beauté. Je n'ai fait que jeter un coup d'(Eil dans les petites serres qui se trouvent en dessous de l'Orangerie et je suis entré dans le jardin botanique que j'ai parcouru. J'y ai vu unSa/«^ undulata très joU, un Chionarithus virginica, un Cardon Casablanca très curieux et une multitude d'autres plantes très intéres- santes mais que le peu de temps dont je disposais m'a empêché de noter; je ne tenais, du reste, qu'à en avoir un simple aperçu. Je citerai encore un superbe cèdre qu'il m'a été donné de voir sur un monticule, à l'hospice, à côté de l'abbaye aux Dames. J'ai visité aussi le musée des Antiquaires de Normandie, situé rue de Gaumont, dans l'ancien collège du Mont, et, quoique cela ne soit pas de l'horticulture, j'engage fort ceux de nos collègues qui iront à Caen à le visiter : il est extrê- mement intéressant pour les personnes qui s'occupent de l'histoire de notre pays. ^ , . A. Letullier. Octobre 1895. — 68 — COMPTE-RENDU DE L'EXPOSITION DE CAEN (Novembre 1895) Messieurs, Ayant eu, l'honneur d'être délégué pour vous représenter à l'exposition de chrysanthèmes et de fruits qui avait lieu à Caen le 7 novembre 1895, je me suis rendu dans cette ville la veille du concours. L'exposition se tenait dans les salles de l'Hôtel de Ville, mises gracieusement à la disposition de la Société d'horti- culture par le Maire de Caen, président honoraire de cette Société. A 10 heures les opérations ont commencé sous la présidence de M. le délégué de la Société nationale d'horticulture de France. Dans la première salle se trouve l'exposition de chrysan- thèmes; les plus beaux sont ceux exposés par MM. Rosette, de la Crouée et Couillard. Les deux massifs de plantes en pot, qui ornent la salle, montrent tout ce que cette culture, lorsqu'elle est bien com- prise, peut donner de résultats avantageux. La variété, la richesse des nuances, le port droit de la fleur, tout s'y trouve réuni à souhait. M. Rosette vient d'ajouter à ses succès de Paris un nouveau triomphe. Nous remarquons aussi le magnifique massif exposé par M. de la Crouée. Les plantes presque naines, bien formées, ont fait entre autres l'admiration du Président du Jury qui, parlant de la culture anglaise si vantée, constatait que dans celle-ci, les fleurs, fort belles il est vrai, se trouvaient à l'ex- trémité des tiges ayant 1"i50 à 2 mètres de hauteur. — (39 — Quant aux fleurs coupées, ce sont de vraies merveilles. Le massif du milieu, culture de M. Rosette, les 175 variétés de chrysanthèmes de M. Couillard, de Bayeux, montrent ce que peut être cette fleur si remarquable. Au milieu de la salle nous voyons une table recouverte d'un gracieux surtout: c'est l'œuvre d'une fleuriste, M^q Fontaine. Nous avons pu juger du bon goût de cette dame. Les massifs de plantes à feuillage qui entourent cette salle ont été très bien disposés par M.Secourable fils. Dans le fond de la salle se trouvent les rocailles et les plans exposés par M. Barette, paysagiste à Caen. M. Barette a découvert des pierres rocheuses propres à l'ornementation des jardins d'hiver et même des parterres et des parcs; son talent de paysagiste lui a permis de les dispo- ser d'une façon artistique et gracieuse. Après l'exposition des chrysanthèmes, nous passons à celle des raisins présentés par des horticulteurs marchands et par des amateurs. M. Gharmeux, le viticulteur bien connu de Thommery, a envoyé des spécimens nombreux et remarquables. Quant au concours d'amateurs, trois concurrents étaient en présence : MM. Piard, de Cherbourg; Lagrave, de Bordeaux; Dannebey, de Cresserons. J'ai été heureux de constater qu'après un examen très sérieux de ces raisins, et après dégustation, le jury, à l'unanimité, a décerné le l^r prix (médaille de vermeil), à M. Piard, notre dévoué membre, à qui je renou velle ici, au nom de la Société, toutes nos félicitations. En nous rendant à l'exposition des légumes et des fruits, il faut admirer les magnifiques conifères de M. Letellier, les arbres fruitiers de M. Buot, les poteries et objets hortico- les de M. Compté. L'exposition de légumes est tout à fait remarquable à tous Vt 70 les points de vue. Une collection de 300 variétés de pommes de terre, bien étiquetées et placées avec symétrie, est présentée par M. Rosette, de Caen, ainsi qu'une autre belle collection de 292 variétés, présentée par M. Léger, horticulteur à Caen. Une collection de cucurbitacées parmi lesquelles nous remarquons une magnifique courge baleine pesant 45 kilos, une courge olive, un potiron gris de Boulogne, est présentée par M. de la Crouée. Quant à l'exposition des fruits (poires et pommes), elle comprend un grand nombre de spécimens; toutes les espèces de la contrée y sont représentées, bien placées, bien étique- tées, ce qui rend facile la lâche du jury. Je termine. Messieurs, en vous donnant quelques détails sur la magnifique collection de fruits à pressoir, présentée par M. Cassé, propriétaire à St Aubin de Scellon (Eure). Elle est composée de 200 variétés disposées sur des assiettes avec les indications suivantes pour chaque espèce de pommes: Qualité, — Floraiso7i, — Fertilité, — Rusticité, — Forme de l'arbre, — Maturité, — Vigueur, — Analyse chimique. Une étude sur la classification de ces 200 variétés avait été remise aux membres du jury, et ceux-ci ont regretté de ne pas se trouver dans un concours de l'association pomologique. Le jury, à l'unanimité, a décerné, avec toutes ses félicitations, le prix d'honneur à M. Cassé. Le banquet avait lieu à 7 heures dans une salle du musée Langlois; il réunissait une quarantaine de convives : membres du bureau, délégués, représentants de la presse. Comme d'habitude la plus grande cordialité n'a cessé de régner parmi les invités. Après les toasts j'ai annoncé à M. le Président de la Société d'horticulture de Caen, qu'une médaille de vermeil lui était offerte par la Société d'horticulture de Cherbourg. M, le Président a été vivement touché de cette marque de — 71 — sympathie; il m'a remercié et a exprimé le désir qu'une bonne entente continue à régner entre les deux Sociétés. LISTE DES PRINCIPALES RÉCOMPENSES Médaille de vermeil oflerte par la Société d'horticulture de Cherbourg: M. Dannebey, jardinier chez M. de Clock,pour son apport de légumes. EXPOSITION Médaille d'or: M. Rosette, de Caen, pour l'ensemble de son exposition de chrysanthèmes. Médaille de vermeil : M. Couillard, de Bayeux. CHRYSANTHÈMES EN POT Grand prix d'honneur : M. Rosette. Prix d'honneur, médaille de vermeil : M. de la Crouée. FLEURS COUPÉES Médaille de vermeil : M. Rosette (100 variétés). CONIFÈRES Médaille d'or : M. Letellier, pépiniériste à Caen. LÉGUMES Médaille d'or : M. Rosette. FRUITS Prix d'honneur: M. Cassé; dictionnaire d'histoire naturelle offert par M. le ministre de l'Instruction publique : M. Henry, instituteur. ARBRES FRUITIERS Médaille d'argent: M. Letellier, de Caen, pour ses pommiers à cidre greffés. OBJETS DIVERS Médaille de vermeil : M. Barette, de Caen, pour ses rocailles. Médaille d'argent : M^^ Fontaine, pour son surtout de table. Léon Thommin» — 72 — SUR LA TRANSPLANTATION DES POMMIERS La Société d'Horticulture de Cherbourg voudra-t-elle bien " me permettre, vu l'intérêt qu'elle porte à ma pépinière, de lui rendre un compte fidèle de la transplantation, en décem- bre dernier, d'une trentaine de pommiers de ma pépinière. Age. — Ces pommiers ont 9 ans, ils proviennent d'une centaine de surets plantés par moi en 1886. Ces trente pom- miers, faibles par rapport aux autres, ont dû être déplantés pour ne pas être étouffés par les forts. Arrachage. — Ils ont été arrachés parmi les autres à l'aide d'une chèvre, dont j'ai vu le modèle dans l'Eure et qui, sans endommager les voisins, extrait le pommier avec racines et chevelu d'une longueur de 60 centimètres à un mètre. Fosses. — Les fosses ont deux mètres de diamètre et une profondeur de 35 centimètres au plus. Les terres sont triées en trois sections : le gazon, la terre du milieu, celle du fond. Plantation. — Un tuteur est d'abord fixé à peu près au centre delà fosse, et un bâton plus long que le diamètre delà fosse repose sur les bords de la dite fosse pour indiquer la position exacte (à part le tassement de la terre) du collet de l'arbre. Ce point déterminé, le pommier est fixé au tuteur. On a soin au préalable de rafraîchir les racines et le chevelu, de manière que la coupe soit en sifflet et en dessous. Cela fait, le gazon est mis au fond de la fosse. Avec la terre du milieu, on fait au centre une taupinière sur laquelle repose le pommier et sur le versant de laquelle les racines inférieures et le chevelu sont étendus avec soin et recouverts de cette terre ou de la terre de fossés ; et ainsi pour chaque étage de racines. A ce moment, des landes, (ajoncs) mises dans la fosse sont ensuite recouvertes de la terre du fond. Du fumier — 73 - placé sur le tout et recouvert de landes achève la plantation du pommier. Reprise. — Dans ces conditions, la reprise est assurée, même à la place de vieux pommiers, ce qui est mon cas. Le pommier ne s'aperçoit pas de sa transplantation. Greffe, il fleurit, donne des pommes dans l'année et présente des pousses aussi vigoureuses et aussi fortes que celles des pom- miers laissés en pépinière. Le fait a été constaté et peut l'êlre encore. Ces pommiers resteront tendres et continueront certaine- ment à se développer vigoureusement chaque année, parce que leurs racines trouveront dans le sol, par suite des engrais répandus à la surface, les sucs qui doivent les alimenter et les fortifier. Transplantés dans ces conditions, tous les pommiers de ma pépinière, crûs dans un terrain médiocre et sans y être chauffés, goûteront toute espèce de terrain. Ainsi disparaîtront le durcissement et, par suite, le dépé- rissement des pommiers, effets dont les principales causes sont : pommiers trop poussés par les engrais en pépinière, transplantation trop profonde. Tel est le résultat de mes observations sur mes pommiers et sur ceux que j'ai achetés il y a neuf ans et que je suis forcé de remplacer. La comparaison est intéressante et instructive. Barbey. Tollevast, 13 septembre 1895, 74 VISITES DE JARDINS ♦ M»- RAPPORT sur la Visite faite le 7 juillet 1895 à la propriété de M. LEBLOND, à Octeville. Messieurs, M. Leblond désirait que l'on visitât sa propriété, afin dé- faire participer ses jardiniers aux récompenses décernées par le Département pour l'année <895. Je n'entreprendrai pas la description de cette magnifique propriété, l'ayant fait dans un rapport du mois de juin 1893 (Bulletin de la Société d'Horticulture, page 67). Je me bor- nerai à renouveler à M. Leblond toutes nos félicitations pour la façon remarquable dont il dirige ses jardiniers, MM. Le- magnen et Buhot. Ceux-ci ont de nouveau montré tout leur talent, le premier pour la taille des arbres, le second pour la culture maraî- chère, et ils ont réussi à faire de la propriété de M. Leblond une des plus belles et des mieux entretenues de notre région. Aussi la Société a-t-elle été heureuse d'accorder à chacun d'eux une prime de 35 francs. Léon Thommin. * * * Visite à la propriété de M. LALISEL, à Octeville. Après avoir visité la propriété de M. Leblond, la Commis- sion s'est rendue à celle de M. Lalisel, qui en est très voisine- L'an dernier, notre regretté collègue, M. de la Chapelle, a décrit soigneusemeiit cette propriété (26e année du Bullet., p. 54); il serait donc oiseux d'y revenir. Disons seulement que M. et M™« Lalisel continuent avec la — 75 même ardeur et le même succès la culture des légumes et celle des fleurs, joignant ainsi de la façon la plus heureuse l'utile à l'agréable. La Commission a remarqué, notamment, une très belle collection de dahlias, de verveines et de pensées. Mais l'objet principal de sa visite était la nombreuse collection de pommes de terre, formée de plus de 150 variétés, que M. Lalisel a ras- semblées depuis de longues années et dont plusieurs ont été obtenues par lui de semis. La plus remarquable de ces variétés, celle que notre Président a nommée Cinquantenaire, en souvenir du 50« anniversaire de la Société d'Horticulture de Cherbourg, est de la part de M. Lalisel l'objet de soins particuliers, et elle semble destinée à un succès bien mérité. Son rendement est considérable. Chaque pied olïre, en effet, de nombreux tubercules d'une belle venue et de forte taille, à pulpe blanc jaunâtre. Nous avons mangé de ces tubercules; la chair en est savoureuse et très agréable. D'autre part, M. Lalisel ayant envoyé des échantillons de cette 'pomme de terre au Syndicat National Agricole, elle a été l'objet d'une analyse qui a donné les résultats suivants : Analyse élémentaire . Eau 78,80 «/o Matières azotées i ,474 Matières grasses 0,110 Matières cellulosiques 0,376 Matières minérales 4,240 Matières hydrocarbonées. . . 16,000 (Fécule, environ 15 %) Analyse minérale. Acide phosphorique 7,840 Potasse 43,476 Soude 0,105 Chaux 1,995 Magnésie 0,505 — 76 — M. Lalisel est dans l'intention de se spécialiser de plus en plus dans la culture de la pomme de terre et il est décidé, non seulement à sélectionner les meilleures variétés, mais encore à tenter des hybridations par la fécondation artifi- cielle entre les variétés actuellement connues parmi les plus remarquables au point de vue de leurs qualités et de leur rendement. Nul doute que cette entreprise, très délicate et de longue haleine, mais à laquelle M. Lalisel est bien préparé, n'ait les plus heureux résultats. C'est en exprimant ce vœu et en remerciant M. et M™eLali- sel de leur très aimable accueil que nous prenons congé d'eux. Ajoutons que, à la suite de notre visite, la Société d'Horti- culture a décerné à M. etM™^ Lalisel une médaille de vermeil, à titre de récompense pour les importants succès qu'ils ont déjà obtenus et d'encouragement pour leurs efforts et leurs succès à venir. L. Corbière, f7 — ROSIERS NOUVEAUX 1895-1896 ROSIERS ILE BOURBON Mademoiselle Marie-Thérèse de la Devansaye (Ghedane- Guinoisseau) ; fleurs grandes, pleines, très odorantes, colons blanc pur, bouton allongé. Philémon Cochet (Cochet Scipion); fleurs très grandes, très pleines, souvent solitaires, légèrement globuleuses, colons beau rose vif foncé. ROSIERS POLYA.NTHA Aglaïa (Peter Larabert);tleurs grandes, formant de petits bou- quets, on compte jusqu'à 150 fleurs sur chaque rosier; coloris jaune verdâtre, le centre de la fleur a quelques reflets bleuâtres; parfum doux, délicat et très pénétrant. Belle Vichysoise, variété rapportée de Vichy. MM. Lévéque n'ont pu la reconnaître et pensent que c'est une très ancienne variété qui n'existe pas dans les collections. Sa beauté a engagé ces messieurs à la multiplier. Fleurs en corymbes petits ou moyens, coloris blanc rosé ou rose clair, les deux à la fois dans la même panicule. Euphrosine (Peter Lambert); cette rose ressemble beaucoup à Mignonnette comme forme et feuillage; colons rose pur, boutons demi-ouverts carmin clair; les étammes très nom- breuses et d'un jaune très foncé rehaussent l'éclat de la fleur. Mademoiselle Anais Molin (Molin); fleurs petites, très doubles, d'abord en coupe, puis à pétales imbnques, bouton incarnat s'atténuant insensiblement et arrivant par degré au blanc de neige, fleur exhalant une odeur suave, rappelant celle de la rose musquée. Princesse Marie-Adélaïde (de Luxembourg) (Soupert etNot- ting);fleurs petites, très pleines, imbriquées, parfum très agréa- ble, eu corymbes, coloris blanc ivoire, nuance de rose chair, centre rose luisant, parfum très agréable. 78 — Thalia (Peter Lambert); cette rose est absolument analogue à Aglaïa et à Euphrosine, comme végétation et mode de floraison; coloris beau blanc immaculé. ROSIERS RUGOSA AgnèsEmilyGorman (obtenu àC!iicago);fleurs demi-pleines, coloris rouge vif, comme le général Jacqueminot, bouton allongé très beau. Chédane Guinoisseau (Ghédane-Guinoisseau); fleurs très grandes, très pleines, en corymbes, coloris très beau rose satiné, dit vieux rose (coloris nouveau). Souvenir de Ghristophe Gochet (Cochet-Cochet); tleurs grandes, coloris rose carné vif, centre carminé vif. ROSA KAMTSCHATICA Souvenir de Pierre Leperdrieiix (Cochet-Cochet); fleurs grandes, doubles, en corymbes, coloris rouge vineux vif, à odeur d'églantine. Cette rose est dédiée à l'arrière grand-père maternel de l'obtenteur. ROSIER BENGALE Irène Watts (Pierre Guillot); fleurs grandes, pleines, coloris variant du blanc saumoné au rose de Chine très tendre. Queen Mab (W.Paul et fils); fleurs petites, pleines; coloris rose abricot orange teinté de rose. ROSIERS THÉ Auguste Comte (Soupertet Nolting); fleurs grandes, plei- nes, coloris rose garance, les pétales extérieurs rouge carmin avec un large bord plus foncé. Baronne Fanny van der Noot(Kelten frères) ; fleurs grandes, pleines, odorantes, coloris jaune cuivré abricoté au centre, pourtour jaune crème, teinté rose. Gérés ^Veuve Schwartz); fleurs grandes, pleines, coloris crème, centre éclairé d'aurore et de rose de Chine. Comtesse Bardi (Soupert et Notling); fleurs grandes, pleines, à odeur de réséda, coloris jaune de cuir clair rougeâtre, centre rouge corail avec des reflets d'or. Comtesse de Grailly (Puyravaud); fl. grandes, très doubles, 79 - odorantes, coloris blanc satiné légèrement strié de rose, re- vers des pétales rose argenté. Cette rose est dédiée à un ama- teur de roses, château de Lamothe, près St-Malo. Comtesse Lily Kinsky (Soupert etNotting); fleurs grandes, pleines, coloris blanc nacré légèrement jaunâtre. Grand-duc Pierre de Russie (P. Perny, mise au commerce par Cochet-Scipion); fleurs et boutons énormes, coloris rose pâle veiné de rose plus foncé. Isaac Demôle (Paul et Clément Nabonnand); fleurs très grandes, très pleines, érectées, coloris rouge carminé, centre plus foncé, pourtour des pétales liseré d'un filet blanc. L'Enchanteresse (William Paul et fils); fleurs grandes, pleines; coloris blanc crème avec une légère teinte fauve au centre. Léon de Bruyn (Soupert et Notting); fleurs grandes, plei- nes, coloris jaune paille clair, le centre jaune de Naples. Madame Borriglione (Nabonnand); fleurs grandes, demi- pleines, coloris rose carminé cuivré, fond doré. Madame Corvasier (Lévêque); fleurs grandes, pleines, glo- buleuses, coloris cuivre jaune brillant. Madame Henry Grairei^Lévêque); fleurs moyennes, pleines; superbe coloris jaune chamois ombré de rose, de carmin clair, souvent le centre pêche foncé. Madame von Siemens (Nabonnand); fleurs très grandes, pleines, coloris rose carné. Mademoiselle Lucie Jolicœur (Soupert et Notting); fleurs grandes, pleines; coloris rose blanchâtre très tendre, sur fond rose vif satiné, carminé. Mademoiselle Mario-Louise Oger (Lévêque); fleurs très grandes, coloris beau blanc lacté, ombré très légèrement, jaunâtre. Maréchal Niel à fleurs blanches (DeegenJ.), accident fixé du maréchal Niel; fleurs blanc soufré. Marie-Louise Puyravaud (Puyravaud); fleurs grandes ou moyennes, pleines; coloris jaune citron, strié de jaune canari à son complet épanouissement; pétales fimbriés, bordés de rose pêche, revers blanc. - 80 - Marie Soleau (Naboanand); fleurs grandes, pleines, coloris rose argenté ravissant. Monsieur Albert Patel (Godard); fleurs moyennes, pleines, odorantes, coloris rouge brique, nuancé or, onglet des pétales jaune luisant. Princesse de Venosa (Dubreuil); fleurs grandes, doubles, très odorantes, coloris jaune nankin doré, nuancé de carmin, avec des lueurs violettes améthyste. Reina Maria Christina (Aldrufeu); fleurs grandes, pleines, globuleuses, parfum très suave, coloris jaune fortement orangé, centre jaune carminé. Souvenir de Catherine Guillot (Guillot); fleurs grandes, pleines, très odorantes, coloris variant du rouge capucine carminé sur fond jaune orange, au jaune indien carminé. Souvenir du Père Lalanne (Nabonnand); fleurs grandes, pleines, à grands pétales; coloris rouge carmin brillant, centre doré. Sylphe (Paul and son); fleurs grandes, pleines, coloris blanc teinté de violet et de pêche. Zéphir (Paul and son); fleurs grandes, pleines, en coupe, coloris jaune soufre passant au blanc. ROSIERS HYBRIDES DE THÉ Antoine Rivoire (Pernet-Ducher); fleurs grandes, pleines, en forme de camélia, coloris rose carné très clair à fond jaune ombré et liseré de carmin vif. Beauté Lyonnaise (Pernet-Ducher); fleurs très grandes, très pleines, en coupe; coloris blanc, à fond légèrement teinte de jaune très clair. Belle Siebrecht (Dickson and son); fleurs grandes, pleines, globuleuses, coloris rose clair. Madame Charles Detraux (Vigneron); fleurs très grandes, pleines, globuleuses, odorantes; coloris rouge vif, légèrement carminé. Madame Corbœuf (Corbœuf-Marsault); fleurs grandes, demi-pleines, en coupe, coloris rouge écarlate reflété de ve- louté clair vif. — 81 — Madame Jules Girard (Godard); fleurs grandes, pleines odorantes, coloris blanc carné glacé. Madame Tony Baboud (Godard); fleurs grandes, demi- pleines, odorantes, coloris jaune nankin chamois passant au canari. Mademoiselle Alice Furon (Pernet-Ducher) ; fleurs grandes, pleines, globuleuses, coloris blanc jaunâtre. Mademoiselle Hélène Cambier (Pernet-Ducher); fleurs gran- des, très pleines, coloris variant du rose carné saumoné au rose cuivré. Monsieur Tony Baboud (Godard); fleurs grandes, très pleines, très odorantes, coloris rouge velouté cramoisi à reflets feu. Preciosa (Louis Vieweg);fleurs grandes, pleines, très odoran- tes, coloris rouge carmin foncé velouté passant au cramoisi. Rosette de la Légion d'honneur (Joseph Bonnaire); coloris carmin saumoné, pétales lignés de jaune au milieu. Le bou- ton prêt à éclore imite singulièrement la rosette d'officier de la Légion d'honneur. Souvenir d'Auguste Métrai (Guillot); fleurs grandes, pleines, odorantes, coloris variant du rouge pourpre au rouge cramoisi. ROSIERS HYBRIDES REMONTANTS Comtesse de Ganay (Lévèque); fleurs grandes, pleines, glo- buleuses, coloris rouge cramoisi foncé, ombré de pourpre et de carmin. Comtesse de Mercy d'Argenteau (Lévèque); fleurs grandes, coloris rouge ponceau, ombré et nuancé de brun et de violet foncé, éclairé de cramoisi feu. Eclaireur (Vigneron); fleurs grandes, pleines, en coupe, odorantes, coloris rouge vif foncé, pétalesextérieurs veloutés. Exposition de Provins (Cochet-Cochet); fleurs grandes, plei- nes, coloris beau rouge velouté, éclairé de reflets éclatants. François Coppée (Veuve Ledéchaux); fleurs moyennes, plei- nes, coloris cramoisi brillant, illuminé de rouge grenat ve- louté, revers des pétales plus sombre. Graf Fritz Metternich (Soupert et Notling); fleurs grandes, pleines, très odorantes, coloris rouge brun velouté ombré noir, centre rouge cardinal vif. Madame Verrier-Cachet (Chedane-Guinoisseau); fleurs très grandes, très pleines, globuleuses, très odorantes, coloris rose nuancé vermillon à reflets ardoisés. Marchionness of Dov^^nshire (Dickson and son) ; fleurs grandes, pleines; coloris rose œillet satiné, ombré rouge clair. Mistress Crawford (Dickson and son); fleurs grandes, pleines, coloris rose œillet foncé, bords plus pâles. MonsieurGonin (Pernetpère) ; fleurs grandes, presque plei- nes, très odorantes, coloris rouge vif légèrement carminé. Robert Lebaudy (Lévêque); fleurs grandes, coloris beau vermillon étincelant, nuancé de pourpre, ombré de brun et d'amarante. Souvenir d'AlbertLaBlotais (Pernet père); fleurs grandes, presque pleines, très odorantes, coloris rouge vif foncé, péta- les extérieurs veloutés. Souvenir de Bertrand Guinoisseau (Chédane-Guinoisseau); fleurs grandes, très pleines, très odorantes, coloris rouge pourpre nuancé de cramoisi. Souvenir de Maman Duboc (Duboc fils) ; fleurs très gran- des, très pleines, très odorantes, coloris rose tendre. T. B. Haywood ( — »— ); fleurs grandes, pleines, coloris rouge ponceau écarlate, retouché de noir. A. Cauvin, — 83 — BIBLIOGRAPHIE I. Charles BALTET. — L'Horticulture dans les cinq parties du monde. — Paris, 1895. La Société nationale d'Horticulture de France, a u Congrès horticole qu'elle avait organisé en 1893, avait proposé, entre autres, la question suivante : Etude comparative entre l'Hor- ticulture française et l'Horticulture étrangère. Le livre de M. Gh. Baltet est la réponse à cette vaste question; et il est conçu d'une façon si remarquable que, en 1893, le Congrès lui a décerné sa médaille d'or, la Société nationale d'Horticulture le prix Joubert de l'Hyberderie, et, en 1893, l'Académie des Sciences, à son tour, vient de lui attribuer un prix de statis- tique de la valeur de 600 francs. Après de pareilles récompenses, l'éloge de l'ouvrage n'est plus à faire. D'autre part, le caractère de ce travail est tel qu'une analyse succincte, comme celle qui nous est permise ici, est impossible . Bornons-nous à constater que, dans les 776 pages qui le composent, le livre de M. Baltet embrasse l'étude horticole comparative de l'Europe tout entière et de la plupart des autres Etats du monde, au total de 77 pays, qui se succèdent dans l'ordre alphabétique, en commençant par l'Algérie. Ecrit dans un style élégant, qui rend facile la lecture des détails même les plus arides de la statistique, cet ouvrage, sans précédent chez nous , est rempli d'une multitude de rensei- gnements qui intéressent l'a venir horticole et la prospérité de notre pays. C'est un de ces livres de fonds qui doivent être — 84 — dans la bibliothèque non-seulement de toute Société d'Horti- culture mais encore de tout horticulteur. Notre Société est mentionnée à la page 347 de l'ouvrage, et les détails précis qui la concernent permettent d'apprécier avec quel soin est écrit l'ouvrage tout entier. L. Corbière. II. MOUCHEL. — Usages, coutumes, règlements locaux et contrats de louage dans l'arrondissement de Cherbourg. Sous ce titre, M. Mouchel, membre de la Société d'horti- culture, a publié un intéressant ouvrage de 236 pages qui sera de la plus grande utilité. Nous sommes persuadé que nombre de personnes tiendront à le posséder. — Les questions de droits, de servitudes sont parmi celles sur lesquelles on a besoin d'être, à tont instant, renseigné . D'ailleurs ses divisions, sa disposition permettent de trouver facilement les indications dont on a besoin — . Après chaque article du Code sont donnés des commen- taires, les usages, la jurisprudence. Mais nous ne nous occu- perons que des passages ayant le plus particulièrement trait à l'horticulture, répondant à des questions que nous avons entendu parfois soulever, et au sujet desquelles nous avions eu l'intention de donner, nous-même, des renseignements dans le Bulletin de la Société d'Horticulture. M. Mouchel indique qu'à Cherbourg les espaliers se plan- tent le long des murs à une distance de 0^\^ à 0^15, et que la Commission des usages locaux a déclaré que, pour les arbres de haute tige et les arbres fruitiers de plein vent, la distance fixée par l'article 671 du Code civil (i) n'est pas (1) 2 mètres de la ligne sépatative des deux héritages pour les planta- tioQs dont la hauteur dépasse deux mètres, et un demi-mètre pour les autres plantations. — Pour les espaliers (d'après l'art. 671), on n'est tenu à aucune distance, pourvu que les arbres ne dépassent pas la crôte du mur. — 85 — observée. La seule précaution à prendre pour celui qui veut planter est de ne pas causer de préjudice notable par l'ombre ou l'égout des arbres. A propos des droits des locataires et des fermiers sur les plantations, M. Mouchel dit : « L'expression plantations » de l'art. 555 n'étant limitée par aucune restriction, » il s'ensuit que les arbres fruitiers et arbustes de déco- » ration, quelle qu'en soit la taille, peuvent être retenus » par le propriétaire, mais pour que ce dernier puisse utile- » ment user de son droit d'option, il doit, à l'expiration du )) bail, signifier au preneur son intention de garder les plan- » tations. (Cass., Chambres des Requêtes, 8 mai 1877). » Le droit d'option accordé au propriétaire n'empêche pas » le preneur d'enlever ou de modifier, pendant le cours du » bail, ses plantations et ses constructions; mais cette faculté » ne lui appartient plus quand le bail est sur le point d'ex- » pirer. (Cassation, Chambre des Requêtes, 1865). » Quant aux pépinières créées par le preneur, elles ne » doivent pas être comprises dans le sens de l'article 555 ; ce » ne 5on/pa5 des plantations proprement dites, puisqu'elles » ne sont pas placées à demeure ; elles ont le caractère de » fruits par rapport au fermier ou locataire qui a le droit » d'attendre la saison la plus favorable pour les transplanter, » c'est-à-dire vers les mois de novembre et décembre. (Mar- » cadé, t. I). » Si le fermier a trouvé sur le fonds une pépinière établie, » il doit, au fur et à mesure de l'enlèvement, remplacer les » arbres qu'il tire par le même nombre de jeunes plants de » la même nature, et autant que possible la nouvelle pépinière » doit être créée sur un autre terrain. Enfin, l'art. 555 est » encore susceptible d'un certain tempérament. Si le preneur » QsV jardinier arboriculteur, nul doute que le locataire n'ait » le droit d'enlever ses plantes et arbustes en prouvant qu'il » les a lui-même plantés, argument tiré de l'expression des- » tination présumée d'après les circonstances (art. 1728). » 86 — A propos des droits de l'usufruitier sur les bois, nous trou- vons encore d'utiles indications dans l'ouvrage de M. Mou- chel, au sujet des pépinières et de la transplantation. Mais leur reproduction nous ferait trop nous étendre. Nous le regrettons. Sous le titre : Réparations locatives suivant l'usage des lieux, nous voyons que « les locataires sont tenus d'entretenir en » état les allées sablées, les parterres, les plates-bandes, le» )) haies, les bordures et les gazons; que les arbres et arbris- » seaux doivent être rendus en même nombre et de même » espèce qu'ils étaient au commencement du bail. S'il en » meurt quelques-uns, le locataire doit les remplacer. (Goupy » sur Desgodels, p. 476; Lepage, t. XI, p. 158). —S'il s'agit, » cependant, de plantes exotiques, ajoute M. Moucbel, nous » pensons que le locataire ne saurait être tenu de les rem- » placer. » La taille des arbres fruitiers incombe au locataire ainsi » que d'autres soins d'entretien des jardins » indiqués par M. Mouchel. A la page 194, nous lisons que «le locataire ou fermier » sortant a la faculté d'attendre la saison convenable pour » l'enlèvement des légumes et fruits qui ne parviendraient à > maturité que postérieurement à la Saint-Michel. » Dans tous les cas, fruits et récoltes doivent, dans les » champs comme dans les jardins, être enlevés pour le jour » Toussaint. Exception est cependant faite en ce qui con- » cerne les choux fourrages, vulgairement appelés choux » blancs, qui doivent être laissés sur pied avec leur œil.» Nous voudrions pouvoir faire quelques autres emprunts au livre de M. Mouchel qui, en plus des servitudes et des con- trats de louage, traite de divers sujets intéressant les culti- vateurs, les propriétaires, les locataires, les commerçants. On y trouve: la législation sur les varechs et sur les anciennes paesures; des indications sur les toisés de maçonnerie, de — 87 — plafonds, de couvertures, de peinture; le règlement de la ville de Cherbourg sur la voirie, les constructions, les répa- rations, etc, En résumé, cet ouvrage, comme le dit M. Mouchel lui- même dans sa préface « est le fruit de patientes recherches, > de compulsations laborieuses et, pour employer une ex- » pression un peu surannée, il répond à une véritable » nécessité. » Nous ne pouvons trop féliciter M. Mouchel d'avoir entre- pris ce travail, de l'avoir mené à si bonne fin et nous enga- geons les membres de notre Société à se le procurer. Il y a lieu de penser que l'édition ne tardera pas à en être épuisée. III. La taille des arbres fruitiers ; — Le chrysanthème ; — Les bégonias; — La mosaïculture; — L'escargot. Sous ces titres, M. 0. Bornnemann, éditeur, <5, rue de Tour- non, Paris, successeur de M. Le Bailly, a publié des brochu- res de M. Raphaël de Noter dont des exemplaires ont été adressés à la Société d'horticulture. Ces petits livres, de 25 à 35 pages et ornés de figures hors texte, nous ont paru d'autant plus intéressants qu'ils sont peu étendus et que la lecture en est, par suite, facile. Il est vrai que ce ne sont pas des traités complets ; mais sous une forme concise ils donnent des notions des sujets dont ils s'occupent. Ils pourraient être mis, par exemple, à la disposition d'élèves. En ce qui concerne la taille des arbres fruitiers, les indi. cations sont très sommaires. Elles nous ont paru utiles surtout pour les personnes qui n'ont pas de connaissances en arboriculture. Les divisions de cette brochure sont : principes généraux de la taille, étude des ramifications, conduite des arbres fruitiers, opérations d'hiver, opérations d'été, la taille 88 des divers arbres fruitiers; fruits à noyaux (le pêcher, l'abricotier, le cerisier, l'amandier, le prunier); fruits à pépins (le poirier, le pommier, le cognassier); fruits en baie (le groseiller); fruits nuculaires (le noyer, le noisetier); fruits à osselets (le néflier); fruits agrégés (le framboisier). Il est certain qu'un sujet aussi étendu est bien incomplè- tement traité sous une forme aussi restreinte et qu'il ne peut suppléer aux excellentes leçons de notre dévoué profes- seur d'arboriculture, M. Levesque. * * La brochure Le Chrysanllième a pour sommaires : histoire du chrysanthème, considérations générales; multiplications (semis, éclatage, bouturage); culture en massifs; culture en pots; culture du chrysanthème à grandes fleurs; la greffe du chrysanthème; forme à donner au chrysanthème; classi- Tication du chrysanthème; maladies et insectes nuisibles; choix des meilleures variétés de chrysanthèmes. Ce dernier chapitre est une -énumération de chrysanthèmes classés d'après leurs nuances. Cette Heur est en vogue maintenant, et cela se conçoit d'autant plus qu'on est arrivé par la culture à de bien remarquables résultats. (1). * * Les Bégonias sont des plantes d'autant plus appréciées pour la décoration des jardins, des serres et des appartements qu'elles comprennent des espèces différentes, se subdivisant en nombreuses variétés : les unes recherchées pour leur beau feuillage, les autres pour leurs fleurs aux riches couleurs et devenues si belles par les perfectionnements de la culture. (1) Au sujet de la brochure Le Chrysanthème, M. Piard a fait con- naître à la Société que M. Cordonnier, de Bailleul (Nord), avait obtenu Aaa floiirs \vps. remarfîiiahlfls de cette niante, nar un nrocédé aui lui est 89 M. de Noter nous rappelle que le premier bégonia tuberculeux fut introduit y a une trentaine d'années (par un anglais), du Pérou où il végète à une altitude de 4,000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les premiers bégonias fleuris que l'on vit à Cherbourg provenaient de Belgique et figurèrent, croyons-nous, à une exposition qui eut lieu, en 1868, au Casino des bains de mer. C'était, alors, une nouveauté qui attira l'attention. Que de perfectionnements et d'extension ont été donnés depuis à cette plante ! L'ouvrage de M. de Noter fournit des indications sur les divers espèces de bégonias, sur le semis, la multiplication, la conservation des tubercules,' la culture, etc., tous renseignements qui nous ont semblé utiles pour les personnes qui s'intéressent à ce genre de plantes. *** La brochure La MusaicuUure peut offrir de l'intérêt aux amateurs de cette sorte de décojation des jardins, qui paraît commencer à se passer de mode. Quant à V Escargot, nous ne relevons pas dans notre ré- gion, au contraire nous sommes heureux lorsqu'un amateur de ce mets peut en débarrasser nos jardins. M. de Noter nous dit que ce mollusque terrestre était con- sidéré chez les anciens comme un préservatif contre les indigestions et que la satiété ne venait jamais en en mangeant. Quel que soit son mérite particulier, de toute la série des brochures dont nous nous occupons, celle qui traite de Vescargot est celle qui a le moins d'intérêt pour nous. Les petits livres de M. de Noter ne coûtent que 0 fr. 50, et même on les obtiendrait à 0 fr. 40, 0 fr. 35 ou 0 fr. 30, en en faisant venir 10, 50 et 100 exemplaires au choix. P. Lelièvhe. — 90 — LA TEMPÉRATURE Le hasard a fait tomber entre nos mains un article de M. Le Saout, horticulteur à Saint-Pol-de Léon, publié dans le jour- nal le Morlaisien du \\ avril 1896. Cet article ayant pour titre : Les récoltes d'hiver à Roscoff et à Saint-Pol-de- Léon en 1895-96, a paru dans la Revue Horticole. M. Le Saout rapporte que, si l'hiver 1894-1895 avait fait subir des pertes importantes aux cultivateurs de Roscoff, en revanche la douceur de la tempé- rature, pendant la même saison 1895-1896, a favorisé la végé- tation et fait obtenir d'excellents résultats. « Les petites » gelées et le froid très modéré de l'hiver n'ont eu sur les )) récoltes aucune influence mauvaise. » M. Le Saoùt a vu, le 18 mars, à Roscoff, un panier contenant environ 6 kilog. de pommes de terre « Marjolin » ayant atteint largement moitié de leur grosseur naturelle. « Ces pommes de terre avaient » été plantées dans une plate-bande de jardin bien exposée )) au midi, mais n'ont reçu aucun soin spécial pendant leur » végétation. Ni châssis, ni paillassons, ni quoi que ce soit » n'a été employé pour les obtenir autrement que par les » procédés ordinaires. » M. Le Saout ajoute que, dans le courant du mois de mars, il a vu à Roscoff des rosiers « Souvenir de la Malmaison » et « Gloire de Dijon » en pleine floraison; des rosiers de Ben- gale couverts de fleurs bien parfumées et ayant une belle végétation. « Dans les jardins en pleine terre, ajoute M. Le )) Saout, les géraniums et autres plantes molles n'ont nulle- » ment souffert et sont actuellement en fleurs. C'est là de » quoi bien s'étonner; il est vrai de dire que l'hiver n'a été » rigoureux nulle part. Mais ces faits sont assez rares pour » être mentionnés; ils permettent de constater combien notre » coin de terre est favorisé quand l'hiver n'est pas trop mé- » chant et comme nous savons en tirer parti. » - 91 — *** Ce n'est pas seulement à Roscofï que la douceur de la tem- pérature de l'hiver qui vient de se terminer a fait sentir son action bienfaisante pour les végétaux. A Cherbourg, on a remarqué des faits nombreux du genre de ceux qui sont signalés par M. Le Saout. Par exemple, dans le jardin de la Société, un prunus Pis- sardi qui avait commencé à fleurir en février n'avait pas souffert des petites gelées de la fin dudit mois et, au com- mencement de mars, il était tout couvert de nombreuses et jolies fleurs qui réjouissaient la vue. Les pélargoniums ne sont pas, non plus, morts dans notre jardin, et nous n'avons pas eu à remarquer de pertes nota- bles de végétaux exotiques. Si l'on n'a pas récolté, en mars, des pommes de terre à l'air libre, en revanche les vastes serres de M. Gosselin en ont produit de très bonne heure. Nous avons constaté^ces jours-ci, qu'il n'en reste que très peu à cet horticulteur-maraîcher et que, déjà, il a de beaux raisins bien avancés. — On nous a signalé que, ces jours derniers, deux personnes de Vauville ont apporté au marché de belles pommes de terre de pleine terre. * * * Le tableau ci-après que M. Thommin a relevé à l'observa- toire de la Marine permet de se rendre compte de la douceur de la température à Cherbourg, de novembre 1895 à mars 1896. On y peut voir qu'en décembre 1895 et en janvier 1896, le thermomètre a marqué souvent plus de 10 degrés au-des- sus de zéro. Par exemple, le 31 décembre, la température était à minima 11 '^o et à maxima 13« ; le 1'^'" janvier, minima 9», maxima 12o5. Il n'est pas tombé du tout de neige. Il n'y a eu que trois jours de légères gelées et l'on a observé : le 24 février — 0,8 à minima et -f 4.8 à maxima. le 25 » — 0.8 » et -f 6 » le 26 » — 1.8 » et -f 4.8 » — 92 — Le 21 février, il y avait à minima + 7" et à maxima + 12o2. Le l'r mars, le thermomètre était remonté à 9" (minima) et 12° (maxima). Il y a eu un certain nombre de jours de pluie pendant tous les mois d'hiver, notamment en novembre (21 jours), décem- bre (26), mars (17). Le tableau de M. Thommin démontre qu'en février 1895, il y a eu 16 jours de gelées. De même, décembre 1894 et janvier 1895 avaient été bien plus froids que décembre 1895 et jan- vier 1896. En résumé, si nous avons subi plusieurs hivers d'une ri- gueur à laquelle nous n'étions pas accoutumés, en revanche cette année nous en avons traversé un d'une grande douceur. La série se poursuivra, espérons-le, et, à côté des plantes que nous avons conservées, nous pourrons alors revoir dans nos jardins des spécimens des magnifiques végétaux exotiques que nous avons perd us et qui faisaient l'admiration des étran- gers; notre ville pourra, par suite, continuera être appelée (( la Nice du Nord ». (1) 2 Mai 1896. P. Lelievre. (1) Après la lecture en séance de !a présente note, M. Lefauconnier a dit qu il a gelé aux Salins d'Hyèrks (Var) dans la nuit du 9 au K) jan- vier 1896. Dans l'apiès-midi du 10, vers 3 heures, il a brisé à terre ur-e couche de glaee de plus d un centicûètre d'épaisseur. Il a également gelé dans cette localité pendant la nuit du !0 au 11 et les nuits suivantes jusqu'au 15 janvier; les feuilles des artichauts ont été à moitié gelées et, par suite, traînaient à terre. Ce qui prouve que, dans le Midi, il a fait plus froid qu'à Ghei bourg, comme l'ont montré, d'ailleurs les renseignements donnés p r M. Thommin, à la page 12 du présent Bulletin. ~ 93 — TEMPÉRATURE c/2 H FÉVR. 1895 niinima 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 lo 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 ie 27 28 29 30 31 maxinia —4 —3 —0.4 —3 — 1 -6 —4.4 —4.4 —3 0 —0.4 —4.2 -3.4 —4 —3 -1 + 1 + 1 + 1.6 +2.8 + 3.1 +2 +6 +0 + 4 + 4 +2.5 +2' » )) ,5 .5 0 + 1.2 2 3 0.8 2 1.2 0.8 2 2 2.8 3.5 5.5 0.2 2 2 3 3.6 4 4 5.4 5.6 6.5 4.5 4.5 4.5 6 7 » )) » MARS 1895 minima niaxima +4.5 4.5 0 2 2 3.2 5.5 9 9 8 5 j. de pluie. 5 j. de neige. 16 j. de gelée et de glace. 7 7 5 4 6.5 3.8 2.2 5 4.4 3 2 3 9 9 6.6 5 7.0 7 7 8 7 4 5.6 5.6 AVRIL 1895 minima 7.5 6.2 45 4.4 6 10 9.8 10.8 11.2 6.2 6 8 7.2 7'.8 11 9.2 11 9 10 12.2 13.6 10.5 11.4 11.5 12 12 12.8 12 8.8 9.2 8 5 j. de bruine 27 2 3 2 8] de pluie, de neige, de rosée, de gelée, de brume niuxima +2.4 5.8 IL» o 4.5 2 6.4 6 7.8 8.8 5.5 6 7.4 6.2 6.5 6.6 11.4 8 8 7 9 11 11 10 11 10 13 8 8 8.4 13 NOV. 1895 minima 8.8 8 7.8 8.6 98 11.2 11.5 14 14.4 13.4 11.4 9.8 8.5 8 6.2 6.8 11.8 14 14 14 15 14 17 15 17 15 13 9 9.2 6.2 maxima .5 .5 +6 5 7 7 9 13 13 14 12 10 10.5 10.5 10.5 9.4 9.2 9.5 11 6.2 6.3 8 12 11 9 6 5 4.6 5 9 10 11 )) 11 j 1 J 11 j de pluie, d'éclair. (le lonnerre. de brume 12 10 11 10 12.2 15 15.2 18 17 14 14 13 13 14.2 14 14.2 17.2 12.2 12.5 11 14 17 14 9.5 7 7 7.3 13 13. £ 13 21 j. de pluie. 1 j. de grêle. 1 j. de brume 94 ^ H i) 9.2 7.6 14.2 24 3.8 6 0.8 9.2 —0.8 4.8 9 14 2 25 6 9 4 6.5 -0.8 6 10,8 19.4 26 5.4 7.5 8.6 11 -1.8 4.8 8.7 17.3 27 7 5 10.5 6.4 10.6 + 1.8 4.4 7 12.4 28 7.5 9.6 8.4 11.2 5 7.2 5.8 10.2 29 8 10 6 10 7.2 11.2 6.4 9.6 30 11 11.5 2.2 9 1) » 5.4 8.6 31 11.5 13 3 8.6 )) )) 5.8 9.6 26 j. de ) pluie. 10 j. de pluie. 4 j. de pluie. 17 j. de pluie. 3j. d( î grêle. 1 j. de grêle. 2 j. de gelée. 2 j. de grêle. 1 j.de brume 2 j.de brume 10 j.de brume 4 j.de brouillard — 95 — NÉCROLOGIE Depuis la publication du dernier Bulletin, la mort a frappé plusieurs des membres de la Société : MM. Avoyne, proprié- taire, rue de la Paix; Boulard, commissaire-priseur ; Henri DE LA Chapelle, contrôleur des Douanes en retraite; Crestey, représentant de commerce; Lambert, ferblantier-lampiste, rue du Bassin; Letellier père, horticulteur, rue Hélain. * * * La perte de M. de la Chapelle nous a été plus particuliè- rement sensible. Il aimait vivement la Société d'Horticulture à laquelle il était entièrement dévoué. H lui a rendu de bien nombreux et signalés services. Son collègue dans l'administration des Douanes, M. Dali- dan, notre regretté président, ne tarda pas à intéresser M. de la Chapelle à la Société d'Horticulture, d'autant que son grand-père, l'un des fondateurs, en avait été le premier vice-président faisant fonctions de président. Peu de temps après son admission comme sociétaire, en 1869, M. H. de la Chapelle acceptait de faire partie du Comité de rédaction et partageait avec M. Dalidan la tâche de la rédaction de la chronique du Bulletin. Après le décès de M. Dalidan, en 1871, M. de la Chapelle continua seul la chronique et accepta de se charger de la direction du Bulletin, auquel il se consacrait de tout cœur, rédigeant un certain nombre d'articles sur des sujets variés, se mettant en rap- ports avec l'imprimeur, corrigeant les épreuves, etc. Son style facile et ses nombreuses connaissances contribuaient à donner un grand intérêt à notre Bulletin, et si cette publica- tion est devenue intéressante et appréciée, c'est à M. de la Chapelle qu'on le doit, du moins en grande partie. Ce regretté collègue aimait beaucoup les fougères; il s'oc- cupait d'histoire naturelle, notamment de géologie et de botanique. Depuis qu'il était en retraite, il soignait lui-même 96 — son jardin du passage des Jardins. A chaque séance, il faisait des communications toujours intéressantes. A nos expositions, il se chargeait de la tâche difficile de faire le rapport général, et, grâce à la facilité de rédaction qu'il possédait, il trouvait moyen de donner lecture de ses rapports le soir même des délibérations des Jurys. M. de la Chapelle avait été longtemps rapporteur de com- missions, et, en cette qualité, il avait fait connaître le résul- tat des visites. Il continua cette tâche, même lorsqu'il eut été nommé conseiller d'administration. Délégué à plusieurs expositions en dehors de notre ville, il avait resserré nos relations avec les Sociétés correspon- dantes. Non seulement M. de la Chapelle aimait notre Société, mais il trouvait encore le moyen de faire profiter de son dévouement et de ses connaissances diverses autres associa- tions, notamment les Sociétés Académique, Artistique et Industrielle, l'Association des anciens Elèves du Collège et du Lycée de Cherbourg, la Société Linnéenne de Normandie, etc. Il fut l'un des membres de la commission de la Société d'Horticulture qui fonda la Société Artistique et Industrielle, et dans cette nouvelle association, dont il fut le premier pré- sident et dont il était resté président honoraire, il ne ména- gea pas non plus sa peine : il organisa les premières exposi- tions, fonda un Bulletin, etc. M. de la Chapelle a écrit divers mémoires, récits d'excursions, etc., très intéressants. Il avait fait des manuscrits enjolivés de lettres peintes et de dessins dans le genre des anciens manuscrits. Ses connaissances, les services rendus à diverses Sociétés, ses travaux littéraires, lui avaient valu la décoration d'otTieier d'Académie. Si M. de la Chapelle était dévoué pour diverses Sociétés, il était plein d'humour et toujours aimable pour les personnes avec lesquelles il s'était trouvé en rapports. Il était considéré comme un véritable ami par la plupart des membres de la Société d'Horticulture, notamment par ceux du Bureau, qui avaient avec lui les plus cordiales relations et qui conserve- ront toujours de lui le meilleur souvenir. 97 Aussi la nouvelle de sa mort nous a-t elle tous pénible- ment affectés. Quoiqu'il fût malade depuis quelque temps déjà, nous étions loin de penser qu'il put nous être enlevé aussitôt. C'est pendant qu'il était allé passer les vacances dans sa propriété de Marcanville,à Flamanville, qu'il a été frappé par la mort. Nous avons vivement regretté de n'avoir pu l'accom- pagner à sa dernière demeure. Lorsque M. le président, à la séance qui suivit son décès, rappela en paroles émues qui avaient leur écho dans les cœurs de tous les assistants, les qualités du regretté défunt et les services rendus par lui, la Société décida qu'une couronne de perles serait déposée en son nom sur la tombe de M. de la Chapelle, à Flamanville, comme un faible témoignage de bien sympathiques regrets. Jusqu'au dernier moment il s'est intéressé à la Société et au Bulletin; en faisant notre possible pour continuer à rendre intéressante cette publication nous répondrons certainement à ses derniers désirs. M. AvoYNE aimait aussi beaucoup la Société d'Horticulture. C'était un amateur de plantes, surtout de plantes à fleurs. Nous avons eu souvent l'occasion d'admirer ses belles collec- tions de roses, d'oeillets et de chrysanthèmes, qu'il augmentait constamment et auxquelles il donnait tous ses soins. *** Si nous voyions M. Boulard assister rarement à nos séances, nous savons qu'il ne s'en intéressait pas moins vivement à notre Société et à ses travaux. * * M. Crestey avait été admis récemment et il n'avait pu encore témoigner tout l'intérêt qu'il portait à la Société d'Horticulture et dont, cependant, son adhésion était une preuve. — 98 — * * * M. Lambert assistait régulièrement aux séances. Il était bien rare qu'il y manquât; ce qui prouvait son attachement à la Société. * * * M. Letellier père était déjà âgé. Il marchait difficilement dans ses dernières années. Cependant le l^r dimanche du mois dans lequel il est décédé, il tint à se faire conduire à la séance, et M. le Président lui exprima le plaisir que ses collègues éprouvaient en le revoyant parmi eux après quelque temps d'absence. Tant qu'il l'avait pu, M. Letellier avait assisté à presque toutes les séances; il prenait part aux discussions horticoles qui y avaient lieu et donnait son avis basé sur sa longue expérience. Pendant plus de 50 ans, M. Letelliera été horticulteur à Cherbourg où il a fondé un important établissement. Il s'occupait d'arboriculture et de cultures d'agrément. Il a contribué à la propagation de bonnes espèces d'arbres à fruits et de végétaux exotiques. Il a obtenu des récompenses dans de nombreuses expositions. Il était au nombre des quelques personnes qui, en 1844, fondèrent la Société d'Horticulture, et dont il n'existe plus qu'un survivant. A l'occasion de son cinquantenaire, la Société remit à M. Letellier, en sa qualité de membre fonda- teur, une médaille commémorative de la fondation. M. Letellier jouissait de l'estime générale. Pour la confec- tion des bouquets et les travaux de jardinage, il avait eu plusieurs élèves parmi ses enfants. Sa mort a été très sen- sible à notre Société . P. Lelièvre. -®- — 99 — Liste des Membres admis en 1895 DAMES PATRONNESSES. Madame de la Chapelle. Mademoiselle Postel. MEMBRES TITULAIRES. MM. Bernard, propriétaire. BuHOT, Louis, contre -maître chez M. Le Blond, à Octeville. Courtois, agent comptable principal de la Marine. Demay, dessinateur à la Marine. Fayol, jardinier en chef du château de Tourlaville. Fournier, lieutenant de vaisseau. Le Blanc, commis de comptabilité de la Marine. Le Boullanger, lieutenant des Douanes en retraite. Le Magnen fils, commis du Commissariat de la Marine. Le Rendu, trésorier des Invalides de la Marine. Lenormand, sous-agent du Commissariat de la Marine. Manceau, pharmacien. Ménard, adjudant principal de la Marine en retraite. Petitville, capitaine au long-cours. Rabeg, entrepreneur. Ruel, propriétaire. Sautron, agent administratif de la Marine. MEMBRE CORRESPONDANT. M, Falaize, propriétaire à Valognes. -+-X-+- Horticulteurs, Jardiniers & Marchands de Graines DE CHERBOURG FAISANT PARTIE DE LA SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE •-.! ;=o > î< o"gc«- MM. BALMONT, liorlicuUeur-fleuriste, rue de la Duchée, 48. CAVRON (Lkon). liorticulteiir-fleuriste, rue Asselin et rue Gam- betta, 12. DUFOUR, liorticulleur janlinier, aux Fourches, Equeurdreville, FONTAINE, Iiorticulteur-maraicher et marchaad de graines, rue de Sennecey, 74. GOSSELIN,liorticulteur-jnaraicherprimeuriste,ruedu Val-de-Saire (jIRARD, jardinier, rue Asselin, o9. HALOPÉ-CAVRON, horticulteur fleuriste, rue de la Fontaine, 14. à Cherbourg, et rue Gambetta, à Octeville. LEMAGNENT, jardinier, rue des Carrières, 1-j. LEMOIGNE, jardinier à Tourlaville. LE PELLETIER, horticulteur lleuriste, rue de la Duchée, 70. LETELLIER, horticulteur, rue Grande-Rue. LETERRIER, marchand de graines, place de la Fontaine, 1 bis. LETULLIEK, jardinier, entrepreneur de jardins neufs et de constructions de rochers artificiels, rue Amiral-Courbet (impasse Leblanc). LEVÉELaiué, horticulteur-fleuriste^ rue de la Duchée, 109. LEVÉEL jeune, horticulteur-fleuriste, rue de la Duchée, 145. MARIE, jardinier, rue Loysel, 14. New York B°*^"'"L||fi|llT[lllMm|7H^ 3 5185 00259 6938 ; . , ■ : . : : . . , ■ 1 i . : S : , ' , - w ■ ■ • ; ; > • ■ ■ ■ ; ■ ■ i : ; i i •^j^::.::';:;:.;;:.:'^ii::;n;;i''::-:'i!i