id rnb odann pe die SR PO PS AR dd 8 AS : - A bee ad qe an Nm PET ns à REA dame mere An mr ; : LS RARE ter pra rs L “ phares de s È E RO Re LE PER 4° Æ 6 CA , LME =. [v1= En ES PSM SO TS = Gi. És 6e l d GPA sl 5 À 1/18 » frastae 2 AUS? IR (8 ! É £ 5 é == cÉES | À —S » BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 4 # 7? Le &" \n ® , % 3 , te , N dx — BULLETIN DE LA Souété Nationale d'Acclmatation de France FONDÉE LE 10 FÉVRIER 1854 RECONNUE ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE Par Décret du 26 Février 1855 ANNÉE 1909 CINQUANTE-SIXIÈME ANNÉE ——_—_—_—_—_———————— PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 33, RUE DE BUFFON, 933 1909 | ) BULLETIN. ide HÉCSDV ELA DE FRANCE 56 ANNÉE JANVIER 1909. SOMMAIRE — Espèces et variétés { A PP AU SIÈGE SOCIAL L _ Revue des Sciences naturelles appliquées D PE ati Le Sandre commun . : 2... 0 ) PE CLEMENT. — Le Lamia textor Re M ER ER AL Re PR EE SA GR .… Extraits des procès-verbaux des séances des sections. RRERIeRe section : Mammifères. — Séance du 6 avril 1908. . . . . . . . . . . . . — — Séance du 2 novembre 1908 à. 0, .* Dianione section : Entomologie. — Séance du 9 novembre 1908 . . . . . . . . . Sixième section : Colonisation. — Séance du 23 novembre 1908. . . . . . . .. Bibliographie. COUREPD Le Cheval aliment 2... : |. de Nr ea =. Contributions diverses à l'hydrogenèse . . . . . . . . . . . . . — Encyclopédie des connaissances agricoles (les Conserves alimentaires, NEA les Plantes oléagineuses, la Betterave à sucre) . . . . . RUE . GC: MAÏILLES. — Parasites et Maladies parasitaires des Oiseaux domestiques Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50 DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT TOUS LES MOIS Gpsété Nationale d'Acelinatatir 1 Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. Vice-Présidents. siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BuFFoN — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR Président, M. Edmond PERRIER, membre de l’Institut et de l'Académie de Médecine, pres du | Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Baron Jules de GUERNE, 6. rue de Tournon, Paris. Comte de PoNTERIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. C. RAYERE=T-WAïTTEL, Directeur de la station aquicole du Nid- de- Verdier, ; 20, rue des Acacias, Paris. Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le ForT, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Ztranger). H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint- Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). MiLKE- POUTINGON, 44, rue de la Chaussée-d’Antin (Zntérieur). Ch. DEBREUIL, %5, rue de Châteaudun, Paris (Séances). Trésorier, M. le D' SeBiLLOITE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. MArLzes, rue de l'Union, La Varenne-St-Hilaire, Seine. Membres du Conseil MM. M:GAUD-D' AUBUSSON, 18, rue Erlanger, Paris. Comte Raymond de Damas, 26, rue de Berri, Paris. LEcoMTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris. LE MYRE De Vicers, 3, rue Cambacérès, Paris. D' LEPRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. Dore MARCHAL, Professeur à l'Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologique de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. M. Mersey, Conservateur des Eaux et Forêts, Chef du service de la Pêche et de la Pisciculture au Ministère de l’Agriculture, 87, boulevard Saint-Michel, Paris, Ph. DE ViLMoriN, Verrieres-le-Buisson, Seine-et-Oise. Comte d'ORFELILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. ACHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. | Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. WuIRION, 7, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine. Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1909 Janvier SÉANCES DU CONSEIL, le Jeudi à 5 heures. Are SECTION. — Mammifères, le lundi AADANEUTESE 0 EAN PEN, CARE NTe SECTION. — Ornithologie, le lundi Ava h:4/2: 4: SECTION. — (1 de Aquiculture, le lundi à 5 heures . SECTION. — Entomologie, le lundi à 3 h. 1/2. RTE SECTION. — Botanique, le lundi à 3 h. 1/2. . SECTION. — Colonisation, le lundi à à héurés - . . 18 SOUS-SECTION d'Etudes Caprines, le ven- MON ee AN NNIe TER 22 (1) BatracienS, Reptiles et Invertébrés aquatiques. Février Mars Novembre | Décembre SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE OT ANICAR AR DEN ORGANISATION POUR L'ANNÉE 1909 CONSEIL — COMMISSIONS — BUREAUX DES SECTIONS CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1909 BUREAU Président. M. Edmond PERRIER, membre de l’Académie des Sciences et de l’Académie de Médecine, directeur du Muséum d'Histoire naturelle. Vice-Présidents. MM. C. RAVERET-WATTEL, Directeur de la Station aquicole du Nid-de-Verdier, Comte de PONTBRIAND, Sénateur. Baron Jules de GUERNE. D. BOIS, assistant au Muséum d'Histoire naturelle, professeur à l'Ecole coloniale. Secrétaire général. M. Maurice LOYER. Vice-Secrétaires. MM. R. LE FORT, Secrétaire pour l'étranger. H. Hua, Directeur-Adjoint à l'Ecole des Hautes-Etudes, Secré- . taire du Conseil. MILHE-POUTINGON, Docteur en droit, Secrétaire pour l'Inté- rieur. Ch. DEBREUIL, Secrétaire des Séances. Trésorier. M. le D' SEBILLOTTE. Archiviste-Bibliothécaire. M. MAILLES. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 1 MM. MM. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION MEMBRES DU CONSEIL! ACHALME, directeur du Laboratoire colonial du Do d'Histoire naturelle. Comte Raymond de DALMAS. LECOMTE, professeur de Botanique au Muséum d'Histoire naturelle. LE MYRE DE VILERS, ancien ministre plénipotentiaire, ‘ D' LEPRINCE. MAGAUD-D’AUBUSSON, docteur en droit. P. MARCHAL, professeur à l’Institut national agronomique, Directeur de la Station entomologique de Paris. L. MERSEY, conservateur des Eaux et Forêts, chef du ser- vice de la Pêche et de la Pisciculture au Ministère de l'Agriculture. Comte d'ORFEUILLE. E. TROUESSART, professeur de Mammalogie au Muséum d'histoire naturelle. Ph. de VILMORIN. .- WUIRION, ancien Inspecteur général au jardin d’Acclimata- tion. e Présidents honoraires. Albert GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, LE MYRE DE VILERS. Vice-Président honoraire. M. BUREAU. MM. Secrétaires généraux honoraires. Amédée BERTHOULE. Baron Jules de GUERNE. Archiviste-Bibliothécaire honoraire. M. MOREL. Membre honoraire du Conseil. M. le D' BLANCHARD. COMMISSION DES CHEPTELS MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. Membres pris dans le Conseil Membres pris dans la Société MM. DEBREUIL. MM. Duriez. TROUESSART. : GÉRÔME. WUIRION. MAILLES. RON PTE ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ 3 COMMISSION DES RÉCOMPENSES MM. le PRÉSIDENT et le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL (Membres permanents). Délégués du Conseil. MM. DEBREUIL, DE GUERNE, RAVERET-WATTEL. Délégués des Sections. Première section. — Mammifères. — MM. MAILLESs. Deuxième section. — Ornithologie. Troisième section. — Aquiculture. Quatrième section. — Entomologie. Cinquième section. — Botanique. Sixième section. — Colonisation. — WUIRION. — PELLEGRIN. — MARCHAL. = Bors. — PERROT. COMMISSION DE COMPTABILITE MM. Le Fort, D'ORFEUILLE, RONSSERAY. COMMISSION DES ARCHIVES MM. Le ForT, D'ORFEUILLE, RONSSERAY, COMMISSION DE PUBLICATION La Commission de publication est composée des Présidents de Section, du Secrétaire général et des Vice-Secrétaires, BUREAUX DES SECTIONS 4re Section. — Mammiféres. MM. Deereuir, déléqué du Conséil. TROUESSART, président. WuIRION, vice-président. MARTIN, secrélaire. Sous-Section d'Etudes Gaprines. MM. DE GUERNE, président. D'ORFEUILLE, Vice président. CREPIN, secrélaire. 2e Section. — Ornithologie. MM. 0e Darmas, délégué du Conseil. Macaup p'AuBussoON, président. MÉNEGAUX, vice-président. D'ORFEUILLE, secrétaire. 3° Section. — Aquiculture. MM. DE GUERNE, délégué du Conseil. MERSEY, président. Agent général de la Société : RAVERET- WATTEL, dent. BRUYÈRE, secrétaire. vice-prési- 4° Section. — Entomologie. MM. MarcHaz, délégué du Conseil. CLÉMENT, présidenl. MARCHAL, vice-président. ROYER, secrétaire. 5° Section. — Botanique. MM. Lecoure, déléqué du Conseil. Boïs, président. Poisson, vice-président. GÉRÔME, secrétaire. 6° Section. — Colonisation MM, Hu, déléqué du Conseil. CHEVALIER, président. ACHALME, vice-président, LaBroy, secrétaire. M. Henri Courter. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE ARRÊTÉE AU 15 JANVIER 1909 Ce signe * désigne les Membres à vie. A. — MEMBRE BIENFAITEUR 1907. — S. M. FerpiNanD I, roi de Bulgarie, Palais de Sofia (Bulgarie). B. — MEMBRES HONORAIRES 1908. — Howarp (L. 0.), Chief of Bureau of Entomology United States Department of agriculture, Washington (Etats-Unis). 4897. — Le Myre De Vicers, 3, rue Cambacérès, à Paris. 1898. — ScLaTEr (Philippe), à Winckfield, Hantz (Angleterre). 1875. — Van Gorxom, à Baan (Pays-Bas). 1896. — Zocrar (N. pe), Professeur au Musée polytechnique, à Moscou (Russie). C. — SOCIÉTÉ AFFILIÉE 4909. — SOCIÉTÉ BELGE D ACOLIMATATION, à Watermael-lez-Bruxelles (Belgique). D. — SOCIÉTES AGREGÉES 1907. — MEzun (Société horticole, viticole et botanique de), Seine- et-Marne. 1871*. — MarsgiLce (Société d'Agriculture de), 19, rue Venture, à Marseille, Bouches-du-Rhône. ©? LISTE DES MEMBRES 1898. — Mouuxs (Société d'Horticulture de), Allier. 1875. — Tourouse (Société d'Agriculture de la Haute-Garonne, à), Haute-Garonne. E. — MEMBRES ACTIFS 1906. — AonALuE (Pierre-Jean), Directeur du laboratoire colonial du Muséum, 1, rue Andrieux, à Paris. 1905. — AcneLcer, Notaire, 11, rue de Rome, à Paris. 1907. — ALRERTIN (Jo.), Aviculteur, à Louveciennes, Seine-el-Oise. 4907. — ArGLAvE (M'e Louise), Propriétaire, grande-place, à Valen- ciennes, Nord. 1908. — ArLmana NEGREIROS (A. L. ne), Publiciste, 40, rue Roche- chouart, à Paris. 1873. — ALLaIn (Gaston), 12, rue Godot de Mauroy, à Paris. 1900. — Aunersr (Lady Florence), Didlington Hall, Brandon, Nor- folk (Angleterre). 1887. — Annecy (Albert p’), 9, rue Chaudron, à Paris. 4871". — Annecy (Maurice D’), 36, rue Matignon, à Paris. 18817*. — Annecy (Stéphane p’), au Môle, par Aigues-Mortes, Gard. 1873. — AnDré (Edouard), 30, rue Chaptal, à Paris. 1908. — Anpré (Ernest-Emile-Lucien), Vice-Président de la Société d'Histoire naturelle, 64, rue Carnot, à Mâcon, Saône-et-Loire. 1907. — AnrHony (Raoul-Louis-Ferdinand), Docteur ès sciences, préparateur au Muséum, 55, rue de Buffon, à Paris. 1888. — ArBi8 (Ange D’), 45, rue de l’Echiquier, à Paris. 1897. — Arcos (Santiago), à Saint-Jean-de-Luz, Basses-Pyrénées. 1905. — ARENBERG (Prince Ernest D’), 10, rue d’Astorg, à Paris. 1891*. — Anxmancourt (Comte D’), 3, rue des Vieux-Rapporteurs, à Chartres, Eure-et-Loir. 4876. — Armann, villa Rocheliane, à Antibes, Alpes-Maritimes. 1906. — Aron (Armand), Notaire, 28, avenue de l'Opéra, à Paris. 1908. — Asre-FLeurimonp (Lucien), Conseiller extérieur de la France, 91, avenue de Villiers, à Paris. 1871. — AuBEerJoNois (Gustave), villa Beau-Site, à Lausanne (Suisse). 1881". — Aupier (Gaston), rue d'Angoulême, à Périgueux, Dor- dogne. 1880. — AuBusson (Magaud n°), 18, rue Erlanger, à Paris. 1881*. — Aupe (Sextius), 37, rue Saint-Georges, à Paris. 1876*. — Auzoux (Hector), Saint-Aubin d’Ecrosville, par le Neu- bourg, Eure. 4873". — BarLoy (pe), Marambert, par Saint-Viatre, Loir-et-Cher. 1880*. — BaLues (E.), Avocat, ancien notaire, 14, boulevard Lan- crosse, à Toulouse, Haute-Garonne. 6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 4907. — Barme (Jean), Botaniste exportateur d'Orchidées, 788, Apar- tado, Mexico (Mexique). 1907. — BarBaup (F.), Président du syndicat général de la bou- cherie hippophagique de France, 8, rue Descartes, à Paris. 1895*. — Barpa (Edmond), à Quito (Equateur). 1867*. — Barracuin (Edmond), 4, rue Saint-Florentin, à Paris. 1900. — BarrAU DE MuRATEL (Emile pe), à La Sabartarie, par Castres, Tarn. 1906. — Barrerro (Abel-Juvins), Industriel, à Rio-grande-do-Norté. Natal (Brésil). 1882. — Bas (ne), Notaire, à La Haye (Hollande). 1891*. — BÉéarm (Comte DE), château de Clères, Seine-[nférieure. 1907. — Béarn (Comte François DE), Propriétaire-éleveur, château d’'Eslayon, à Lescar, Basses-Pyrénées. 1908. — B£arn (Comtesse R. pe), 123, rue 8aint-Dominique, Paris. 1891*. — BEaucHaAINE (Gustave), à Châtellerault, Vienne. 1896*. — Beprorp (Duchesse pe), Woburn Abbey, à Woburn, Bed- fordshire (Angleterre). 1908. — Bzicce (Docteur Guillaume-Lucien), Professeur agrégé à la Faculté de médecine, 35, rue Constantin, à Bordeaux, Gironde. 1901. — Bercr, Ingénieur civil, 13, rue Pierre-Charron, à Paris. 4889*: — Berrrano (Emile), 35, boulevard des Invalides, à Paris. 1899. — BErTrann (Lucien), Négociant, à Diégo-Suarez (Mada- gascar). 1904. — BEsNIEeR, à Péreuil, par Blanzac, Charente. 1900. — Besson, Horticulteur, 178, rue de France, à Nice, Alpes- Maritimes. 1903. — Beramonr (Daniel), 14, boulevard Emile-Augier, à Paris. 4889. — Berrinc, Directeur des Grandes brasseries, à Maxeville, par Nancy, Meurthe-et-Moselle. 1871. — Beurces (Comte DE), 51, avenue Montaigne, à Paris. 1907. — Béziers (Mne), Propriétaire, 76, rue de l'Hôpital, à Lorient, _ Morbihan. 1865“. — Bicnon (Louis), 12, avenue du Bois de Boulogne, à Paris. 1906. — Bixarp (Emile), 3, rue du Général-Foy, à Paris. 1876. — Brorcay (Paul-Emile), 22, rue Hamelin, à Paris. 1889*. — BIvort DE LA SAUDÉE (E. DE), château de Roisin, Hainaut (Belgique). 1894. — Bizeray, villa du Jagueneau, près Saumur, Maine-et-Loire. 4879*, — Bracque (Alfred), 78, rue de Monceau, Paris. 1895*. — BcancnarD (Docteur Raphael), membre de l’Académie de médecine, 226, boulevard Saint-Germain, à Paris. 1888. — BLancuer (Victor), à Rives-sur-Fure, Isère. 1886. — BLaauw (J. E.), S'Graveland, par Hilversum (Hollande). 1895. — BocquenrTiN (Paul), domaine de Laversine, par Creil, Oise. LISTE DES MEMBRES { 1898. — Bon, Directenr de la Compagnie française de la Côte occidentale d'Afrique, à Marseille (Bouches-du-Rhône). 1903*. — Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Faidherbe, à Saint-Mandé, Seine. 1885". — Boisson (Mathieu), route de Bordeaux, à Nérac, Lot-et- Garonne. 1888. — Borau, Directeur ru Jardin zoologique, à Hambourg (Allemagne). 1894. — Bonaparte (Prince Roland), 10, avenue d'Iéna, à Paris. 1866. — Borezzr (Georges), 25, rue Saint-Nicolas, à Marseille, (Bouches-du-Rhône). $ 1884°. — Borrowro (Comte Giberto), 7, place Borromeo, à Milan (Italie). 4895*. — Boscx y Fusricueras (A.), 52, Cuerta de Saint-Domingo, à Madrid (Espagne). 1876*, — Bosquizzon pe GENLuis, Secrétaire d'ambassade honoraire, 22, rue Dufour, à Amiens, Somme, 1907. — Boucaacourt (Antoine-Louis-Hugues), Capitaine au 7° Cui- rassiers, 1, boulevard du Nord, à Lyon, Rhône. 1873". — Boucuer (Auguste), à Seurre, Côte-d'Or. 4879*. — Bouninxox (Adrien), 85, rue de la République, à Saint- Chamond (Loire). ° 1907. — Bourx (Louis), 98, boulevard de Courcelles, à Paris. 1888*. - Bouxey (Etienne), 146, avenue des Champs-Elysées, à Paris. 1884*. — Bouts, à Saint-Julien, par Narbonne, Aude. 1904. — Bour.zer (Eugène), Banquier, à Corbie, Somme. 4873". — Bouvier (Aimé), 3, rue Fessard, à Boulogne-sur-Seine, - Seine. 4902*. — Bouvier, Membre de l'Institut, professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 55, rue de Buffon, à Paris. 1902. — BourBon (Alain), villa Saint-Hubert, Les Agets Saint- Brice, Mayenne. 1908*. — Bruer (Georges), Administrateur des Colonies, 39, avenue Rapp, à Paris. 1905. — BruxET, Avoué, 95, rue des Petits-Champs, à Paris. 1905. — BruYÈRE (H.), Attaché au Muséum, 57, rue Cuvier, à Paris. 1885". — Bruzow, 35, rue Rosière, à Nantes, Loire-Inférieure. 4891. — Bureau (D'), Professeur honoraire au Muséum d'Histoire naturelle, 14, quai de Béthune, à Paris. 4906". — Buxareo-ORrIBE (Félix), Propriétaire éleveur, 25, Mayo, n°447, Montevideo (Uruguay). 1899. — Burrixorer, Directeur du Jardin zoologique, à Rotterdam (Hollande). 8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 1888. — CaBrié (Emile), Les Pradel, par Narbonne, Aude. 1897. — CaLmann-Lévy (Gaston), 8, rue Copernic, à Paris. 1894*. — Canczaux (Comte ne), Ministre plénipotentiaire, 90, bou- levard Flandrin, à Paris. 1894*. — CANTELAR (DE), Capitaine de port de 1re classe, à Dakar (Sénégal). 1898. — Caxu (D' Eugène), 43, boulevard Dannon, à Boulogne-sur- Mer, Pas-de-Calais. 1894. — Carposo (Edouard), 31, boulevard Beauséjour, à Paris. 1904*. — Carié, à Curepipe (Ile Maurice). 1875*. — CARUEL DE SAINT-MARTIN, 50, boulevard de Courcelles, à Paris. 1885. — Carvazxo Monrermo (A. DE), 70, rua do Alocrins, à Lisbonne (Portugal). 1878. — CasarTi (Comte Gabrio), 5, via San Vicenzino, à Milan (Italie). 1908. — Caucurte (Me René), Moulin de la Madeleine, à Samois- sur-Seine, Seine-et-Marne. 1907. — Caucurrte (René), Propriétaire, moulin de la Madeleine, à Samois-sur-Seine, Seine-et-Marne. 1902. — CHapez (Fernand pe), château de Cardet, par Lédignan, Gard. 1906. — CnarPezLiEr (Albert), Ingénieur-agronome, licencié ès sciences, 46, faubourg Poissonnière, à Paris. 1871. — CHAPPELLIER (Paul), à La Commanderie, par Chécy, Loiret. 1905. — CHarLey-Pourrau, villa de la Barrière, à Lommel, Limbourg (Belgique). 1904. — CHARPENTIER (Mme), 1 bis, rue de Longchamp, à Boulogne- sur-Seine, Seine. 1892*. — CHaRTRES (S. A. R. le Duc pe), 12, rue Jean Goujon, à Paris. 1879. — CnassainG, 6, avenue Victoria, à Paris. 1880*. — CHAuvassaIGNEs (Franck), château de Thoeix, par Royat, Puy-de-Dôme. 1880*. — CnauvassaiGnes (Paul), château de Mirefleurs, par les Martres-de-Veyres, Puy-de-Dôme. 1875*. — CHavaGnac (Comte DE), 66, rue de Paris, à Moulins, Allier. 1904. — Caevarier (Auguste), 14, boulevard Saint-Marcel, à Paris. 1873*. — CnEevaLuiER (Adrien), 7, avenue de Messine, à Paris. 4895*. — Crrac (G.), château de Soalhat, par Puy-Guillaume, Puy- de-Dôme. 1883. — Cnouer, 8, place de l'Opéra, à Paris. 1890. — CLayBrook£ (J. pe), 5, rue de Sontay, à Paris. 1879*. — CLÉMENT /A.-L.), 34, rue de Lacépède, à Paris. LISTE DES MEMBRES 9 1876*. — CLos (D'), Directeur du Jardin des Plantes, à Toulouse, Haute-Garonne. : 1875*. — Corcnarp Octave), 77, rue Saint-Nicolas, à Sablé, Sarthe. 1896*. — Coccur (Igino), 51, Via Pinti, à Florence (Italie), 1908. — CozeTte (Veyriras et Cie), Exportateurs, 46, rue d'Enghien, à Paris. - 1886. — COMMISSION DE PISCICULTURE AU MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE, 38, rue de Louvain, à Bruxelles (Belgiqne). 1880*. — Conte (Gustave), 20, quai Victor-Hugo, à Narbonne, Aude. 1902. — CosrTanTIN, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue de Buffon, à Paris. 1891*. — Cosnier, château de Sauceux, par Senonches, Eure-et- Loir. 1906. — CoTriN AnGar (M!!e), 9, rue Royale, à Paris. 1874*. — Corn (Ernest), 13, rue de Clignancourt, à Paris. 1874*. — Corn (Eugène), Veretz, par Tours, Indre-et-Loire. 1889*. —- CorriN (Louis-Valence), 76, rue Saint-Lazare, à Paris. 1875*. — Coupray, ancien notaire, à Chelles, Seine-et-Marne. 1871*. — Covrcez (Baron Alphonse be), 10, boulevard Montpar- nasse, à Paris. 1905. — Counter (Henri), Surveillant général du Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue de Buffon, à Paris. 1894. — Couracne (Georges), 29, quai des Brotteaux, à Lyon, Rhône. 1899*. — Couvreux (Charles), 33, rue Vineuse, à Paris. 1889. — Crépin (Félix), à Chambly, par Sainte-Suzanne (Ile-de-la- Réunion). 4899. — Crepin (Joseph), 82, rue de Grenelle, à Paris. 1875*. — Crévecœur (A. DE), 47, rue Labruyère, à Paris. 1904*. — CRiIVELLI SERBELLONI (Comte), 21, Monte Napoleone, à Milan (Italie). 1907. — CromBez (Raymond), Attaché de légation, 129, boulevard Haussmann, à Paris. 1895*. — Cros (D'), 6, rué de l’Ange, à Perpignan, Pyrénées- Orientales. 1902*. — Crouzar (Léon), à Castelnau, par Lézignan, Aude. 4899*. — Cuénor, Professeur à l’Université, à Nancy, Meurthe-et- Moselle. 1908. — Dacry, Pisciculteur, 20, quai du Louvre, à Paris. 4896*. — Dazwas (Comte Raymond pe), 26, rue de Berri, à Paris. 4907. — Dancrane (Mme), château de Sauveterre, par Lombez, Gers. 1908. — Darrasse (André), Négociant, pharmacien de 1" classe, 13, rue d'Enghien, à Paris. 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 1906. — Dasser (Georges), 19, rue d’Aumale, à Paris. 1909. — Derreuiz (Mme), 25, rue de Châteaudun, à Paris. 1889. — Depreuiz (Charles), 55, rue de Châteaudun, à Paris, et 50, quai Pasteur, à Melun, Seine-et-Marne. 1906. — DEcHAMBre, Professeur de Zootechuie à l’Ecole d’Alfort, 25, rue des Ecoles, à Charenton, Seine. 1907. — DésarniN (Eugène-Constant), Industriel, 23, rue Claude- Lorrain, à Paris. 1867*. — Derrance, 17, avenue de l’Hippodrome, à Bruxelles (Bel- gique). 1878*. — DEnAyniN (Camille), 486, faubourg Saint-Martin, à Paris. 1899*. — DEgEan, 53, quai de Bosc, à Cette, Hérault. 1894. — Deraurier (Amédée), 1, place Jean-Faure, à Angoulême, Charente. 1906. — DeLamarRe DE Moncnaux (Comte Maurice), 6, rue de Belle- chasse, à Paris. 1908. -- Deccuez (Pierre-Abel), Docteur en médecine, 15, rue Lafaurie-Monbadon, à Bordeaux, Gironde. 1906. — Derorme (Mile Berthe-Jeanne-Emilie), Propriétaire, à Lavalla, par Izieux, Loire. 1908. — Dewirry (Jean), Jardinier en chef de l'Ecole supérieure de pharmacie, 4, avenue de l'Observatoire, à Paris. 1907. — Descomses (Paul), Directeur honoraire des Manufactures de l'Etat, 142, rue de Pessac, à Bordeaux, Gironde. 1874*. — Dersy-WeLces (Georges), avenue Bugeaud, à Paris. 1907. — Dicusr (Léon), Chargé de missions scientifiques, 16, rue Lacuée, à Paris. 1876*. — Donon (Armand), 12, boulevard Maillot, à Clichy, Seine. 1902. — DROUELLE, 7, rue Drouot, à Paris. 1907*. — Dugosc (E.-G.), château de Préfossé, par Etretat, Seine- Inférieure. 1884*. — Ducerr (Jules), 12, rue de Longchamps, à Neuilly-sur- Seine, Seine. 1907. — Ducneuin (Mme Angèle), à Hermes, Oise. 1884. — Dumériz, château d'Emalléville, par Evreux, Eure. 1904*. — Duriez (Georges), Pharmacien, 44, boulevard Henri IV, à Paris. 1871*. — Eicuraz (Louis »'), Les Bézards, par Nogent-sur-Vernisson, Loiret. 1888. — EcerTon (Edwin Henri), Ministre plénipotentiaire, à Ter- rington, York (Angleterre). 1905. — ErBEau, 100, boulevard Sébastopol, à Paris. 1907. — Eroc (l'abbé), Préfet à Notre-Dame de Sainte-Croix, 30, avenue du Roule, à Neuilly-sur-Seine, Seine. ND Ra: * LISTE DES MEMBRES 11 . 4873*. — Eu (Comte D’), 7, boulevard de Boulogne, à Boulogne-sur- Seine, Seine. 1879. — FaBre-FirmiN, à Narbonne, Aude. 1876*. — Faucxe (Eugène), 155, boulevard Haussmann, Paris. 1902. — Fercus, Administrateur des Colonies, Parakou, Dahomey. 1906. — Ferranp (Elie), Propriétaire, ancien conseiller d'arrondis- sement, à Segonzac, Charente. 1877*. — FertTÉ (Georges), à Bonne-Maison, par Coucy-le-Château, Aisne. 1906. — Fizcor (Henri), 134, rue Saint-Honoré, à Paris. 1907. — Forrin (l'abbé Théodore-Marie-Charles), Docteur en théo- logie, à Bretteville-sur-Odon, par Venoix, Calvados. 1903. — Foucxer (l'Abbé), 24, rue Cassette, à Paris. 1903. — Foureau (Mile Marie-Alice), château de Frédière, par Saint- Barbant, Haute-Vienne. è 4888*. — Fournier (Henri), château des Patys, par Vouvray, Indre- et-Loire. 1880. — Foy (Comte Armand), 25, rue de Surène, à Paris. 1893*. — Frézazs (Georges pe), Case 11-208, à Fribourg (Suisse). 1888*. — Froissartr-Dumas, 16, rue Jean-de-Jouy, à Douai, Nord. 1906. — FromentT-Meurice (Jacques), Statuaire, 6, rue de Balzac, à Paris. 1898. — Gacne DE LA Rocne-Cor8on, 201, avenue Victor-Hugo, à Paris. 1886*. — GarzLARrp, les Ormes-sur-Vienne, Vienne. 4908*. — Garros (Charles-Benjamin), Négociant, 32, faubourg Poissonnière, à Paris. 1908. — GazLots, Vétérinaire, 893, Calle Rivadaria, à Buenos-Ayres (Argentine). 4907. — Ganay (Marquise pe), 9, avenue de l’Alma, à Paris. 4907. — Garnier (Augustin), Agriculteur, à Villegats, par Pacy-sur- Eure, Eure. 1889*. — Gavory (Charles), 5, rue Armeny, à Marseille, Bouches-du- Rhône. 1883*. — Gaurier (Eugène), Négociant, à Issoire, Puy-de-Dôme. 1907. — GazenceL (Lucien), Propriétaire, domaine de Brécourt, à Labbeville, par Nesle-la-Vallée, Seine-et-Oise. 1883. — GeLcrior, château de Saint-Martin-d’Ablois, Marne. 4871. — Georrroy-SainT-Hicairx (Albert), à Vault de Lugny, par Avallon, Yonne. 4881". — GÉrarp (Alfred), 15, rue Chanzy, à Reims, Marne. 4878. — GérarD (Baron Maurice), 2, rue Rabelais, Paris. 1863*, — GErmAIN, rue des Acacias (cité Mondésir), à Périgueux, Dordogne. 12 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 190%. — GÉrômE (Joseph), Jardinier en chef du Muséum, 57, rue Cuvier, à Paris. 1908. — Grccer (E), Industriel, 78, quai de la. Rapée, à Paris. on /r) 1879*. — Gixoux DE FERMON, à Maisonneuve, par Souesmes, Loir-et- Cher. 1893*. — Gorria y RopriGuEz, 5 Aguirre (entla-izqda), à Madrid (Espagne). - 1886*. — Gompauzr (Roger), 44, rue Banier, à Orléans, Loiret. 4875*. — Gorry-BoutEAu, à Belleville, par Thouars, Deux-Sèvres. 1908. — Gonris, Chef de travaux à l'Ecole supérieure de Pharmacie, 4, avenue de l'Observatoire, à Paris. 1907. — Gouraixe (Comte pe), Sénateur, 9, place du Palais-Bourbon, à Paris. 1907. — GrAFFrIN (Marc), château de Vennevelles, par Luché, Sarthe. 1873". — Graxninier (Alfred), château de Saint-Rimault, par Saint- Just-en-Chaussée, Oise. 1898. — Granxcey (Comte DE), 146, rue de l’Université, à Paris. 1908. — GrAverEAUx (Jules), 4, avenue de Villars, à Paris. 1890. — GrExer (Albert), à Ladon, Loiret. 1873*. — Grisarp (Jules), 12, rue Danrémont, à Paris. 1871. — Gros-HArTMANx, à Wesserling (Alsace-Lorraine, Allemagne). 1886. — Guere (Baron Jules D), 6, rue de Tournon, à Paris. 1908. — GuizcaumiN (André), Licencié ès sciences naturelles, 7, rue des Chantiers, à Paris. 1884*. — HacexBecx (Karl), Thierpark, Stellingen, à Hambourg, (Allemagne). 4897. — Hazxa pu Freray, château de Quefferon, par Lamballe, Côtes-du-Nord. 1908. — Hamezce (Henry), Industriel, 21, quai de Valmy, à Paris. 1879*, — Hays (Jules), à Saint-Maixent, Deux-Sèvres. 1902. — HéBrarp Samr-Surpice (Fernand »°), 2, avenue Elisée Reclus, Parc de la Tour Eiffel, à Paris. 1888. — Heck (D'), Directeur du Jardin zoologique, à Berlin (Alle- magne). 1891. — Hecxez (Edouard), Directeur de l'Institut Colonial, 31, cours Lieutaud, à Marseille, Bouches-du-Rhône. 1881*. — HereLLe (Paul), 21, rue Clément-Marot, à Paris. 1906*. — Hermenier (Georges), 58, rue de Londres, à Paris. 1889*. — HERvINEAU (Raoul), à Fontenay-le-Comte, Vendée. 1876*. — HorriNeuer (Francois), 38, rue de Provence, à Paris. 1877*. — Horrmnçeuer (Jean), 14, rue Laffilte, à Paris. 1907. — HourBerre (P.), Négociant, agriculteur et éleveur, 233, rue Saint-Martin, à Paris. LISTE DES MEMBRES 45 1896. — Hua (Henri), 254, boulevard Saint-Germain, à Paris. 4907. — Husauzr (André-Paul-Eugène), aux Beni-Caïd, près Djidjelli, Constantine, (Algérie). 1871. — Huseert-Brière (A.), 25, rue du général Foy, à Paris. 1906. — Hussox (Robert), à Preuilly, par Donnemarie-en-Montois, Seine-et-Marne. 1902. — Icxes (Lucien), 57, Cavilla-Correo, à Buenos-Aires (Répu- blique Argentine. 1900. — JisourAYE (Antoine), à Yzieux, Loire. 1907. — JacoBs-DE-LAIRE (D' F.), Médecin en chef de l'hôpital Sainte- Elisabeth, 15, rue des Capucines, à Anvers (Belgique). 1907. — Jacor (Louis-Edmond), Négociant, 95, avenue du Roule, à Neuilly, Seine. 1891*. — Jacquer (Louis), Directeur de l’Agriculture, à Hanoï (Tonkin. 1875. — Jamesox (Conrad), 115, boulevard Malesherbes, à Paris. 4897. — Jaxer (Charles), 71, rue de Paris, à Voisinlieu, près Beau vais, Oise. 1874*. — Jaxzé (Comte Albert pe), à Neufchâtel, Seine-Inférieure. 1888*. — JExxison (James), Directeur du Jardin zoologique de- Bellevue, à Manchester (Angleterre). 1877*. — Jessé-CHarLevaL (Vicomte DE), château de l'Arc, par Fuveau, Bouches-du-Rhône. 1906. — Jozriver (Jules), Directeur de la Station agronomique et agricole, à Conflans Sainte-Honorine, Seine-et-Oise. 1907. — Jougert (Etienne), Professeur d'agriculture, 34, rue Guérin, à Fontainebleau, Seine-et-Marne. 1907. — Jousix (Louis), Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 88, boulevard Saint-Germain, Paris. 1903. — JuizceraT (Eugène), Directeur de l’Aquarium du Trocadéro, 31, boulevard Arago, à Paris. 4877". — JuuiEx (Gabriel-Alexandre), château de Bellevue, à La Mulatière, Rhône. 4877*. — Kaxn (Max). 26, rue Murillo, à Paris. 1890. — KerBerr (Conrad), Directeur du Jardin zoologique, à Amsterdam (Hollande). 1878. — KervenorL (Ch. pe), château de Talhouet, par Pontivy, Mor- bihan. 1905. — KerviLce (Gadeau ne), rue du Pont, à Rouen, Seine-Infé- rieure. 1875*. — Kircrax (Auguste), 10, rue de Brissac, à Angers, Maine- et-Loire. 1904, — Knrauss, 23, rue Albouy, à Paris. 14 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION 1908. — Lasroy, Chef des serres au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, à Paris. 1879*. — La Cnesnais (Edmond pe), 401, Corniche, château du Roucas Blanc, à Marseille, Bouches-du-Rhône. 1891. — Lagcer-NAvès (Fernand ne), château de Navès, par Castres, Tarn. 1874*. — Lair (Comte), 10, rue Las-Cases, à Paris. 1906. — LaLanne (Gaston), Docteur ès sciences et en médecine, au castel d’'Andorte, Le Bouscat, Gironde. ? 1908. — Lamarque (Maurice), Ingénieur civil des mines, 36, rue de Bellechasse, à Paris. 1907. — Lamerx (Comtesse Suzanne DE), château d'Hénencourt, par Warloy-Baillon, Somme. 4890. — Lamorre (D' Louis), 37, rue Ricard, à Beauvais, Oise. 1908. — Lanpowskr (Henri), Chimiste expert près le Tribunal de Ja Seine, 1, rue de Lille, à Paris. 1902. — LanpreAu (Louis), 25, Haute grande rue, à Nantes, Loire- Inférieure. 1874. — LanJuinais (Comte Paul-Henri pe), 31, rue Cambon, à Paris. 4880*. — Laour (Louis-Edmond), 99, rue de Ia Faisanderie, à Paris. 1871. — Larcuer (D'), 97, rue de Passy, à Paris. 4907. — LarNAUDE (Ferdinand), Propriétaire, 92, boulevard Maillot, à Neuilly-sur-Seine, Seine. 4869*. — LarocxEe (Claude DE), à Grangeneuve, par Cluny, Saône-et- Loire. 1903*. — Lassazce (J.-B.), 19, rue de Presbourg, à Paris. 1908. — Lasseaux, 10, rue de Crosne, à Montgeron, Seine-et-Oise. 1883*. — Laraste (Fernand), à Cadillac, Gironde. 1897. — Laurence (Eugène), 6, rue Pierre-Martel, à Lille, Nord. 4900. — La Vaurx (Comte Henri pe), 122, avenue des Champs- Elysées, à Paris. 1871*. — Laviexe (Henri), 17, rue de l'Eglise, à Neuilly, Seine. 1882*. — Leseurnier (Jules Edouard), à Kérinou, près Brest, Finis- tère. 1877*. — LrEBoucxer (Constant), 24, rue des Epinettes, à Saint-Mandé Seine. 1898. — Le CEswe (Julien), 14, rue de la Faisanderie, à Paris. 1908. — Leconte (Arsène), Propriétaire, place du Champ de foire, à Trun, Orne. 1895*. — LecornTre (Comte Louis), à Maisonneuve, par Chatellerault, Vienne. 1905. — Leconte (D'), Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 24, rue des Ecoles, à Paris. * LISTE DES MEMBRES 15 1907. — Lené (D' Fernand), Médecin légiste de l'Université, 19, quai aux Fleurs, à Paris. 1876*. — LereBure (Edouard), 9, rue Las-Cases, à Paris. 1906. — LereBvre (Lucien), 53, rue de Saint-Quentin, à Nogent-sur- Marne, Seine. 1876*. — Lerorr (Ernest), à La Touche, par Mesland, Loir-et-Cher. 1904. — Le Forr (Raymond), 89, boulevard Malesherbes, à Paris, et château du Briou, à Menestreau-en-Villette, Loiret. 1908. — LePrer-Cointer, Agent de change, 5 bis, rue du Cirque, à Paris. 1902. — Le Perrgrier (Baron Maurice), château de Salvert, par Vivy, Maine-et-Loire. 1900. — Lrprixce (D' M.), 62, rue de la Tour, à Paris. 1881*. — Leroux (Benjamin), 2, rue Jean V, à Nantes, Loire-Infé- rieure. | 1880*. — Leroy (Henri), 21, avenue Niel, à Paris. 1867*. — LE SERGEANT DE BAYENGHEN, château d'Upon, par Thé- rouanne, Pas-de-Calais. 1874*. — LE SERGEANT DE Monnecove, 125, rue de Dunkerque, à Saint-Omer, Pas-de-Calais. 1908. — Lesse (André pe), Ingénieur agronome, 9, avenue de La Bourdonnais, Paris. 1905. — Levinter (E.), Avocat à la Cour d’appel, 116, avenue des Champs-Elysées, à Paris. 1903. — L’Hermire (Constant), à Orbé, par Thouars, Deux-Sèvres. 1901*. — Liexières, Directeur de l’Institut de bactériologie, Santa- Fé, 4299, à Buenos-Ayres (République Argentine). 1884. — Lizcers (Marquis DE), 15, avenue Montaigne, à Paris. 4894* — Loner (Edmond-Giles), Leonardslee, Horsham (Angle- terre). 1906. — Loisez (D'), Directeur du Laboratoire d'Embryologie à l'École des Hautes Etudes, 6, rue de l'Ecole de Médecine, Paris. 1871*. — Loupar (Duc pe), 53, rue Dumont d'Urville, à Paris. 1895. — Lover (Maurice), 12, rue du Four, à Paris. 1899*, — Luc, 9, quai Malaquais, à Paris. 1875. — Mac-Arrisrer (W.), château de la Mauvoisinière, par Liré, Maine-et-Loire. 1908. — Macès (Francis), 70, rue Borghèse, à Neuilly-sur-Seine, Seine. 1902. — Marzzarn, Sénateur, 88, boulevard Saint-Germain, Paris. 1883. — Marrces (Charles), rue de l'Union, à La Varenne Saint- Hilaire, Seine. 1900. — Maire (Joseph), Inspecteur des eaux et forêts, 52, avenue de Saxe, à Paris. » 16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 1877. — MAISONNEUVE, 8, quai de la Maison rouge, à Nantes, Loire- Inférieure. 1884. — Maisrre (Edouard), à Villeneuvette, par Clermont, Hérault. 1895. — Marcxaz (D' Paul), Professeur à l’Institut national agrono- mique, 142, boulevard Saint-Germain, Paris, et 30, rue des Tou- louses, à Fontenay-aux-Roses, Seine. 1896. — MarcILLac (A. DE), à Bessemont, par Villers-Cotterets, Aisne. 1896*. — Marian! (Angelo), 11, rue Scribe, à Paris. 1895. — Manrix (Antonin), 2, rue Massillon, à Montpellier, Hérault. 1898. — Marrin (René), 78, rue du Chemin vert, à Paris. 1909. — MA1sse (Paul), filateur, à Corbie, Somme. 1874. — MauBan (Henri-Georges), 5 bis, rue de Solférino, à Paris. 1895*. — Maurice (Charles), château d’Attiches, par Pont-à-Marque, Nord. 1878*. — Ménina (Crisanto), 3, rue Boccador, à Paris. 1872. — Ménarp (D' Saint-Yves), 8, rue Ballu, à Paris. 1906. — MÉNEGaux, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 55, rue de Buffon, à Paris. é 1897. — Menier (Henri), 8, rue Alfred de Vigny, à Paris. 1905. — MErANDoN (Ludovic), 24, rue de l'Hôtel-de-Ville, à Vincennes, Seine. 1899. — Mersey (L.), Conservateur des eaux et forêts, 87, boule- vard Saint-Michel, à Paris. 1908. — Mercanixorr (Laboratoire de M. le professeur), 25, rue Dutot, à Paris. 1903. — Meunier, Notaire honoraire, 17, rue du Cherche-Midi, à Paris. 1882*. — Meurior, 17, rue Berton, à Paris. 1904. — Mézin (Ernest), à Saint Jean du Gard, Gard. 1908. — Mrcnez (Jules), Propriétaire-éleveur, à Beynes, Seine-et- Oise. 1898. — Micue PouriNGon, #4, rue de la Chaussée-d’Antin, à Paris. 1907. — Moncuir (Baron Pierre DE), à Cuillé, Mayenne. 1877*. — Moon (L.), 31, allées Damour, à Bordeaux, Gironde. 1907. — Monracu (Comte Auguste DE), château de Bourron, à Bour- ron, Seine-et-Marne. 1877*. — MonrBLanc (Baron DE), château de Ingelmunster (Bel- gique). 1887. — MoreL, 38, rue de Laborde, à Paris. 1903. — Morez »'ArLEux (Charles), Notaire honoraire, 13, avenue de l'Opéra, à Paris. 1907. — Mon (E.), Notaire, à Etables, Côtes-du-Nord. 1906. — Mormaxp (Mme Marguerite), 43, rue de Sainte-Adresse, Le Havre, Seine-Inférieure. LISTE DES MEMBRES 17 1899. — Morraz (Charles), 39, Grand pré, à Genève (Suisse). 1907. — Mureau (Henri), Docteur en droit, 57, rue des Vignes, à Paris. 1908. — Napozéon (S. A. I. le prince Louis), chez M. le Comte de Moncalieri, 4, rue Jeau Goujon, à Paris. 1906. — Narran (M°° Jenny), 12, rue du Buisson, à Créteil, Seine. 1902*. — NiBEezLe. 9, rue des Arsins, à Rouen, Seine-I[nférieure. 1897. — NrcLAUSsE (Jules), 24, rue des Ardennes, Paris. 1877. — Nogrzzer (Auguste), 1, passage Bel-air, à Rennes, Ille-et- Vilaine. 1907. — NoGuès (Joseph), Architecte, 15, place des Vignaux, à Bagnères-de-Bigorre, Hautes-Pyrénées. 1883*. — Nouvez (Georges), 30, avenue Henri-Martin, à Paris. 1882*. — OpEnt (Xaxier), 9, rue Ernest-Renan, à Issy, Seine. 1895. — OLivier (Louis), 22, rue du Général-Foy, à Paris. 1892. — OrreuiLce (Comte D’), 6, impasse des Gendarmes, à Ver- sailles, Seine-et-Oise. 1904*. — Orro Wegener, 3, place de la Madeleine, à Paris. 1876*. — Parzcar (Louis), château d'Hymmeville, par Abbeville, somme. 1898*. — Parani (Baron pe), Porto-Novo da Cunha, Rio de Janeiro (Brésil). 1879*. — Parier (Louis), rue Edmond-Adam, à Montpellier Hérault. 1875. — Passy (Edgar), 27, avenue de Messine, à Paris. 4876. — Pays-Mecuier, La Pataudière, par Champigny-sur-Veude, Indre-et-Loire. : 1905. — Pécourt (Albin-Eugène), Ingénieur des arts et manufac- tures, 1, impasse Voltaire, à lvry-sur-Seine, Seine. 1905. — PezzeGrin (Dr J.), Assistant au Muséum d'Histoire natu- relle, 143, rue de Rennes, à Paris. 1905. — Pérrac (Me), 8, rue du Général-Foy, à Paris. 1908. — Périac (Roger), 90, Grande-Rue, à Saint-Brice-sous-Forêt, Seine-et-Oise. 1889. — Perrier (Edmond), Membre de l'Institut, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, à Paris. 1908*. — Perrot (Emile), Professeur à l'Ecole supérieure de Phar- macie, 4, avenue de l'Observatoire, Paris. 1882*. — Perrot (Julien), avenue de Déols, Châteauroux, Indre. 1890*. — Prcnon, 14, rue Maurepas, à Versailles, Seine-et-Oise. 1875*. — Picaor (Pierre-Amédée), 132, boulevard Haussmann, à Paris. BULL. S80C.-NAT. ACCL. FR. 1909 — 2 18 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 1877*. — Picoucue, château de Vespeilles, par Rivesaltes, Pyrénées Orientales. 1881. — Picasrre (Edouard), Avoué honoraire, 13, rue de l'Abbaye, à Paris. 1877. — Pinare (Albert), 51, avenue Bugeaud, à Paris. 4907. — Pins (Marquis DE), Député, château de Montbrun, par l'Isle-en-Jourdain, Gers. 1905. — Prorcer, Pavillon-Royal, à Seineport, Seine-et-Marne. 1906. — Poisson (Jules), Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, 32, rue de la Clef, à Paris. 1896. — Porës (M° p£), 39, avenue d’Iéna, à Paris. 1898. — PonrBrianp (Comte pe), Sénateur, 238, boulevard Saint- Germain, à Paris. 1888. — Porix (Paul), 74, boulevard Maillot, à Neuilly-sur-Seine, Seine. 1880*. — Porocxr (Comte Félix), 27, avenue Friedland, à Paris. 1909*. — Porocxr (Comte Joseph), quai Anglais 36/2, Saint-Péters- bourg et « Antoniny » Schepetowka (Russie). 1895*. — Porron (Auguste), 368, rue Saint-Honoré, à Paris. 1871*. — Pouypegar, place Henri IV, à Suresnes, Seine. 1896*. — Prara (Marquis ne Monrrort), 22, [Largo di Rato, à Lis bonne (Portugal). 1880*, — Preux (pe), château de Villette, à Saintain, par Valen- ciennes, Nord. 1877*. — Prix (Ch.-Alex.), Les Marats, par Condé-en-Barrois, Meuse. 1888*. — Procor (Alban), à Nersac, Charente. 1894. — Proscuowsxy (D' Robertson), parc des Tropiques, chemin des Grottes Sainte-Hélène, à Nice, Alpes-Maritimes. 1884*. — PROYART DE BAILLESGOURT (Comte DE), château de Morchies, par Beaumetz-les-Cambrai, Pas-de-Calais. 1906. — Quesnez DE LA Rozière (Me Jeanne), 12, place de l’Hôtel- de-Ville, à Sainte-Menehould, Marne. 1898*. — Rarrazovicx, 19, avenue Hoche, à Paris. 1877*. — Ra (Etienne), 24, place Malesherbes, à Paris. 1901. — Rapr (Mie Suzanne), à Compaimville, par Forges-les-Eaux, Seine-Inférieure. 1895. — Raspaiz (Xavier), à Gouvieux, Oise. 1865. — Raverer-WATTEL, 20, rue des Acacias, à Paris. 1908. — Ravmoxr (Théophile), Entomologiste et Taxidermiste, à Caracas (Venezuela). 1908. — Repous (Maurice), Constructeur-mécau _ien, 64, rue de Courcelles, à Levallois-Perret, Seine. LISTE DES MEMBRES 19 1888*. — Recave (Louis), 45, rue Saint-Pierre-de-Vaise, à Lyon, Rhône. . 4875*. — RexauniN (Henri), 149, rue de Grenelle, à Paris. 1876*. — RranTt (Théodore), à Cosnes-sur-l'OEil, Allier. 4884*. — Ricuet (D' Charles), 15, rue de l'Université, à Paris. 1878. — Rivière (Ch.), Directeur du Jardin d’Essai du Hamma, à Alger, Algérie. 1893. — Rocé (D'), 4, rue Dante, à Paris. 1879*. — Rocxer (Alfred), 90, rue de Courcelles, à Paris. 1871. — Rocer (Edgar), 27, rue de Tocqueville, à Paris. 1882. — Roceron (Gabriel), château de l’Arceau, par Angers, Maine- : et-Loire. -1895*. — RozLann-GosseziN, Colline de la Paix, à Villefranche-sur- Mer, Alpes-Maritimes. 1890*. — RoLLanp (Georges), 60, rue Pierre-Charron, à Paris. 1897. — Rozuinar (Raymond), à Argenton-sur-Creuse, Indre. 1907. — Ronpony (M®° Jeanne), château des Blanches Terres, par Rang-du-Fiers, Pas-de-Calais. 1907. — Ronsseray (Albert-Jules-Pierre), 29, rue de l’Orphelinat, à Fleury-Meudon, Seine-et-Oise. 1906. — Roques (Désiré), Ecole vélérinaire, à Toulouse, Haute- Garonne. 1905. — Rosranp, Membre de l’Académie française, Etchegoria, à Cambo-les-Bains, Basses-Pyrénées. 1904*. — Roruscuizr (Baron Edmond pe), #1, rue du Faubourg- Saint-Honoré, à Paris. 1871. — Roruscxizp (Baron Gustave DE), 23, avenue Marigny, à Paris. 1890*. — Rorasoniz (Walter), 148, Piccadilly, à Londres (Angle- terre). 1905. — Rover (D' Maurice), 55 bis, rue de Villiers, à Neuilly= sur-Seine, Seine. 1895*, — Ruyssexazrs, 1, Amaliastrass, à La Haye (Hollande). 1871. — Sanr-Quenrin (Auguste ne), à Cerisy-Belle-Etoile, par Flers, Orne. 4907. — SAINVILLE (Emmanuel pe), 56, rue Notre-Dame-de-Lorette, à Paris. 1875*. — SaLvaGE (Nicolas), 15, place Malesherbes, à Paris. 1904. — Sautron (René), château de la Hugoire, à Chambord, par Glos-la-Ferrière, Orne. 1884. — Sauvace (D'), 39 bis, rue Tour-Notre-Dame, à Boulogne- sur-Mer, Pas-de-Calais. 4877*. — Scsicecer (Baron pe), 17, place Vendôme, à Paris. 1869*. — ScacossmacHer (Jeau), 19, rue Béranger, à Paris. 20 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 1871. — ScaLumBERGER (Jules), à Guebwiller (Alsace). 1896. — SépizorTe (D'), 11, rue Croix-des-Petits-Champs, à Paris. 1906. — Secrrer (Ovide), Propriétaire, 6, place de Budapest, à Paris. 1908. — Séverin (Auguste), Propriétaire, au Theil, par Bourth, Eure. 1891. — Sicre, 8, quai de Gesvres, à Paris. 1868*. — Sion (Baron Alex. von), château d’Erbach, par Ulm, Wurtemberg (Allemagne). 1890*. — Srouzés, Banquier, à Athènes (Grèce). 1888“. — SronesTREET (Henri), à Villenave-d'Ornon, Gironde. 1903. — SuLeaAu (Charles), 11, rue Croix-des-Petits-Champs, à Paris. 1883*. — Tarnieu (D'), boulevard du Rhône, à Arles, Bouches-du- Rhône. 1881*. — Tarin (Ch.), 9, place des Petits-Pères, à Paris. 1905. — Ternier (Louis), 13, rue de l’Ancienne-Comédie, à Paris. 1875". — TerRiLLon (Edmond), 20, quai de la Mégisserie, à Paris. 1905. — Tuays (Ch.), Directeur des promenades el jardins publics, 3951, calle Santa-Fé, à Buenos-Ayres (République Argentine). 1906. — TuairouiT-LEFRÈRE (Gustave-Joseph), Propriétaire-éleveur, villa Parmentier, 11, chemin de la Fontaine-Baudry, à Dijon, Côte-d'Or. 1892*. — TaeLier (Ernest), 66, boulevard de Courcelles, à Paris. 1886*. — Taéron (Numa), Banquier, à Lézignan, Aude. 1887. — TixiEr - AUBERGIER, Avocat, à Clermont-Ferrand, Puy-de- Dôme. 1885*. — Tocquevicee (Vicomte René pe), 17, rue Viète, à Paris. [906. — Tocer, 28 avenue du Chemin-de-Fer, à - Fontainebleau, Seine-et-Marne. 1875*. — Tortar (Gaston), Juge au tribunal, à Saintes, Charente- Inférieure. 1881“. — TréBuciex (Ernest), 25, cours de Vincennes, à Paris. 1896. —, TROUESSART (D'), Professeur au Muséum d'histoire natu- ‘relle, 61, rue Cuvier, à Paris. 4876*. — VaiLantT (Léon), Professeur au Muséum d'Histoire natu- relle, 36, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, à Paris. 1889. — VazLor (Joseph), 37, rue Cotta, à Nice, Alpes-Maritimes. 1906. — Vaois (Joseph-Charles), 13, rue de l’Abbaye, à Paris. 1905. — Van KEmPEM, à Saint-Omer, Pas-de-Calais. 1905. — Varin, 140, boulevard Haussmann, à Paris. 1905. — Varin (Louis), 140, boulevard Haussmann, à Paris. 1878*. — VAUQUELIN DE LA BROSSE (DE), château de Drumare, à Sur- ville, par Pont-l'Evêque, Calvados. LISTE DES MEMBRES 21 1908. — VERGNES, Membre du Conseil supérieur des Colonies, 14, rue Grange-Batelière, à Paris. 190%. — VerRier (Léon), Artiste peiutre, pavillon des Bulins, à Mont Saint-Aignan, par Rouen, Seine-Inférieure. 190%. — VERSTRAETE-DELEBART (Me), 461, avenue Louise, à Bruxelles (Belgique). 1875*. — Vezins (Jacques ne), Péronne, par Vezins, Maine-et-Loire. 4906. — Vrcurer (D: C.), Professeur à l'Ecole supérieure des Sciences, 1, boulevard de France, Alger (Algérie). 1889. — VicuoriN (Maurice pe), 13, quai d'Orsay, à Paris. 1902. — Virmorin (Philippe DE), Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. 1908. — Vrcuorin (Jacques ne), Licencié ès sciences, 13, quai d'Orsay, à Paris. 1892*. — Wazrer (A.), 14, rue Rémilly, à Versailles, Seine-et-Oise. 1908. — Wecener (Arnold), Exploitation forestière à la Côte-l’Ivoire, Grand-Bassam, Côte-d'Ivoire. 1908. — Wicneman (Emile pe), Conser,ateur au Jardin botanique de Bruxelles, 112, rue des Confédérés, à Bruxelles, N.-E. (Bel- gique). 1879. — Wurrion (Edmond), 7, rue Théophile-Gautier, à Neuilly- sur-Seine, Seine. 1888. — WunperLicx (Francois), Directeur du Jardin zoologique, à Cologne (Allemagne). 1907. — Yricoyen (Mie Mathilde pe), Propriétaire, château de la Roche, par Couffé, Loire-Inférieure. 4889*. — Yvorre (Félix D’), à Yvoire, par Nernier, Haute-Savoie. 4875*. — Zeizzer, 47, rue Charles-Laffitte, à Neuilly-sur-Seine, Seine. LE SANDRE COMMUN (LUCIOPERCA SANDRA — PERCA LUCIOPERCA L.) par RAYMOND LE FORT Pour vous décrire le Sandre, je ne saurais mieux faire que d'emprunter à nolre grand Cuvier et à son aide Valenciennes la description de cet excellent Poisson, et je. dois en même temps exprimer mes regrets que ces deux auteurs soient si peu lus à notre époque. « Les fleuves et les lacs du nord et de l’est de l'Europe nour- rissent ce Poisson renommé pour son goût exquis. C'est le Sander, Sandel ou Sandat des Allemands riverains de la Bal- tique, le Schil des Autrichiens, le Nagmaul des Bavarois. Il est inconnu à l'Italie, à la France et à l’Angleterre; et rien ne fait croire que les anciens en aient parlé, bien que d’autres Poissons du Danube soient cités dans leurs écrits. La forme générale est plus allongée que celle de la Perche. Sa hauteur est cinq fois et un tiers dans sa longueur et son épaisseur une fois et demie dans sa hauteur. La longueur de sa tête, jusqu'au bout de l’opercule, est d’un peu plus du quart de la longueur totale, et l'œil est placé au tiers antérieur de la longueur de sa tête. Son profil descend obliquement en ligne droite jusqu’au bout du museau, faisant avec la ligne de la gorge un angle d'environ cinquante degrés. La tête, en-dessus, est arrondie transversalement, avec deux élevures longitudi- nales fort plates. Les mâchoires sont à peu près égales; la supérieure s’ar- rondit au bout; la gueule est médiocrement fendue; les trous de la narine petits et percés, l’un près de l'œil, l’autre près du bout du museau; les mâchoires sont garnies d’une bande très étroite de dents en velours, parmi lesquelles il y en a un rang de coniques et pointues encore assez petites à la mâchoire supérieure, et déjà plus grandes à l’inférieure et aux palatins : deux de ces dents aiguës en avant à la mâchoire supérieure, quatre à l’inférieure, et deux en avant de chaque palatin, plus grandes encore que les autres, forment de véritables canines; mais à la ligne transversale du vomer il n’y en a que de petites, en velours. ; LE SANDRE COMMUN 93 La langue n’en a point, elle est libre et douce. Celles des pharyngiens sont en cardes. Le préopercule est arrondi, fine- ment dentelé dans toute sa partie montante, et découpé en dents plus grandes et moins régulières à son bord inférieur. Les autres pièces operculaires sont entières ainsi que les sous- orbitaires : du moins, c’esi à peine si l’on voit un veslige de dentelure à l’interopercule ou au subopercule vers leur réu- nion; ie bout de l’opercule osseux est obtus, mince, et son bord comme un peu déchiré. Les ouïes sont fendues comme à la Perche, et ont de même sept rayons à leur membrane. Le suscapulaire ec l’huméral près de la pectorale sont très finement dentelés. Il n'y a point d'écailles sur le museau, ni entre les yeux, ni aux mâchoires; la joue paraît aussi couverte d’une peau nue; mais on en voit de petites sur le haut du crâne en quatre compartiments, et sur le haut de l’opercule et du préopercule. Les écailles du corps sont plus petites à proportion qu'à la Perche, mais de même rudes et dentelées au bord, finement striées en travers dans la partie cachée et festonnées vers leur racine de sept crénelures. La ligne latérale, parallèle au dos, est presque droite, elle se marque par une élevure triangulaire sur chaque écaille. Il y a entre l’occiput et la dernière dorsale un intervalle égal aux deux tiers de la longueur de la tête : cette dorsale est à peu près de la longueur de la tête et de moitié moins haute que le corps. Elle a quatorze rayons assez forts, très aigus : le premier est de moitié moins long que le second,. ensuite ils diminuent peu jusqu'aux trois derniers. Elle est séparée de la seconde par un intervalle sensible, où il y a place pour six ou huit écailles. Celle-ci, un peu plus longue que l’autre, a vingt-lrois rayons dont le premier est épineux et fort petit. L’anus est sous le commencement de cette seconde dorsale, et l’anale est de huit ou dix écailles plus en arrière : elle ne se porte pas aussi loin vers la queue; aussi n’a-t-elle que treize rayons, dont les deux premiers épineux, mais faibles. La caudale est un peu fourchue et a dix-sept rayons. Il y en a quinze aux pectorales, et comme à l'ordinaire un épineux et six mous aux ventrales. Celles-ci naissent un peu plus en arrière que les pectorales, et se portent un peu plus loin; leur srandeur est à peu près la même. Le Sandre est loin d’égaler la Perche pour la beauté des 24 BULLETIN DE LA SOCIÈTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION couleurs. Tout le dessus de son corps est d'un gris verdâtre qui, sur les flancs et en dessous, prend par degrés une teinte blanchâtre, argentée, uniforme, avec des reflets dorés. Sur la partie grise sont des taches nuageuses brunâtres, et dans les jeunes sujets des bandes verticales brunes; du moins, c’est ainsi que nous les avons vues dans quelques petits individus des environs de Berlin. On en compte huit ou neuf qui descen- dent jusqu’au milieu de la hauteur. Quelques marbrures brunes se remarquent sur les côtés de la tête. Les deux dorsales ont entre leurs rayons des taches noires sur un fond gris, qui sont plus grandes et moins nombreuses à la première et qui forment sur toutes deux cinq bandes longitudinales. On en voit aussi quelquefois à la caudale. Les autres nageoires sont päles et plus ou moins teintes de jaune. Les jeunes individus sont d’une teinte plus pâle que les adultes, et souvent de couleur cendrée. Le squelette du Sandre à quarante-huit vertèbres. L'inter- épineux du premier rayon dorsal s’insère entre les apophyses épineuses de la troisième et de la quatrième. Ce sont la dix- neuvième et la vingtième qui répondent à l'intervalle des deux dorsales ; et ce qui prouve bien que les interépineux ne sont pas des appartenances des vertèbres, les vingt-trois rayons de la deuxième dorsale sont portés par dix-sept vertèbres seule- ment. Des quarante-huit vertèbres, vingt-six appartiennent à l’abdomen et vingt-deux à la queue. . Les viscères ressemblent fort à ceux de la Perche. L'estomac est un long cul-de-sac à parois épaisses dont le fond est obtus. La branche qui va au pylore sort près du cardia. Il n y a que quatre appendices cæcales au pylore, et non pas six, comme le dit Bloch; elles sont plus longues que dans la Perche. Le foie et la rate offrent peu de différences. La vessie natatoire est bien plus épaisse et a ses parois fibreuses, opaques et argentées, et non pas simplement mem- braneuses et transparentes comme dans la Perche. Il y a deux ovaires également grands et également remplis, dans le temps du frai, d'une innombrable quantité d'œufs plus fins que des grains de moutarde. Le cœur est plutôt arrondi que trièdre. Le Sandre devient au moins aussi grand que le Brochet et croît plus vite. On en voit de trois à quatre pieds de long et de vingt livres de poids. La chair est très agréable au goût, grasse, et d’une blan- LE SANDRE COMMUN 25 cheur remarquable, lorsqu'elle est cuite. Grillée on la trouve moins bonne que bouillie. Elle prend le sel et devient alors plus ferme, on peut aussi la fumer et l’on en exporte beaucoup de Silésie et de Prusse sous ces deux formes. Il y a même des personnes qui mangent cette chair crue après l'avoir préparée avec de l'huile, du sel et du poivre. Il fraie aux mois d'avril et de mai, et dépose ses œufs sur les pieries ou les herbes aquatiques; ses œufs sont fort nombreux et vont à plus de trois cent mille par individu. C’est dans la profondeur qu'il se tient de préférence, ce qui le rend plus difficile à prendre que la Perche; il préfère les fonds de sable. Il n’a pas la vie si dure que la Perche ; quand il est renfermé, il ne mange point, et on a même de la peine à le conserver longtemps dans des vases, en sorte qu'il est difficile à transporter vivant. » Nous trouvons dans l'ouvrage de M. Joseph Susta des appré- ciations intéressantes sur le Sandre, dans son livre sur « La nourriture des Carpes et de ses camarades d’étang » (Stettin, 1888), reproduites dans le livre de « la Pisciculture » de M. Raveret Wattel. La façon dont la tête est reliée au reste du corps dénote. de la force et de l’agilité. Les muscles y sont minces, allongés, solidement attachés par de fortes aponévroses. La bouche est admirablement conformée pour saisir et retenir une proie. Cette espèce le cède, toutelois, au Brochet quant à la rapidité des allures. On peut donc en inférer que le Sandre ne doit s'attaquer qu'à de plus petites proies, et cette opinion se trouve corro- borée par l'examen du tube digestif. Le gosier, en effet, est peu extensible et l’estomac assez court n’a qu'un faible dia- mètre. Le Sandre ne saurait donc avaler des objets volumineux. Chez les nombreux Sandres, continue M. Joseph Susta, que j'ai examinés pendant la période d'été, l'estomac contenait presque toujours de petits Poissons, souvent mélangés et comme enveloppés de débris végétaux. Presque tous les auteurs s'accordent, dit M. Raveret Wattel, à présenter le Sandre comme ne s'attaquant jamais qu'aux petits Poissons, et cette observation est confirmée par ce fait, qu’en Allemagne, beaucoup de pisciculteurs mettent du Sandre dans leurs étangs à Carpes et que ce genre d'élevage est même très profitable. 26 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Le Sandre est difficile à transporter adulte; les raisons, d'après M. Frans Anderheggen, sont : 1° que ses yeux, étant très saillants, se blessent facilement contre les parois du réci- pient ; 2° la nageoïre dorsale étant fort tranchante, les Sandres se blessent les uns les autres pendant le trajet. Il faut donc. si l'on en transporte, avoir le soin de garnir l'intérieur des réci- pients de plantes aquatiques. Le Sandre peut vivre et pros- ‘pérer dans les étangs vaseux, mais il a besoin d'un endroit propre, à fond de sable, pour se reproduire. M. Raveret Watiel recommande, lorsqu'on vide des étangs contenant des Sandres, de ne les faire vider que lentement, car le Sandre, dès qu'il sent l’eau se retirer, s'enfonce dans la vase et périrait rapidement. Comme l'Anguille, dit le même auteur, le Sandre a des habitudes nocturnes, il mord mieux à la tombée de la nuit ou de très grand matin que pendant le jour. Pour le pêcher, on emploie les mêmes engins que pour le Brochet. Puisque je parle du Brochet, je tiens à relever une erreur que l’on trouve trop fréquemment dans les livres parlant de la voracité de ce Poisson. Dans un ouvrage paru en 1900, vous lisez cette phrase « Les pêcheurs affirment que le Brochet consomme en une semaine deux fois son poids de Poissons et que, par suite, des individus d'environ six ans pesant dix kilos auraient absorbé deux cent-cinquante kilos de Poissons. » Faisons le calcul. Le Brochet chassant toute l’année nous pouvons compter cin- quante-deux semaines; ainsi donc un Brochet pesant dix kilos, mangeant deux fois son poids par semaine, soit vingt kilos multipliés par cinquante-deux semaines, mangerait mille qua- rante kilos par an et non deux cent cinquante. C’est absolument extravagant. Prenons la dernière pêche de mon grand étang, en 1905, dans laquelle j'ai retiré cinq cents kilos de Brochets. Ces Poissons auraient, suivant la donnée précédente, absorbé en une seule année près de cinquante- deux mille kilos de Poissons! J'estime, pour ma part, après plusieurs expériences, que l’on peut affirmer que chaque kilo de Brochet représente une dépense maximum de vingt à trente kilos de Poissons absorbés, ce qui est encore joli. Un Brochet de dix kilos représenterait donc une destruction de deux cents à trois cents kilos de Poissons, non en un an, mais durant sa vie. 19 LE SANDRE COMMUN De Le Sandre, à mon avis, fera la même consommation, mais il grossit plus vite que le Brochet, d’après Cuvier: c’est un grand avantage, et il ne peut s'attaquer qu'aux petits Poissons. Il réussit fort bien en étang, ainsi que M. Pion-Gaud a bien voulu me le confirmer dans la lettre suivante : « J’elève les Sandres en étangs à eau complètement stagnante, fonds vaseux, herbés, terrains d'argile pure, l’eau s’élevant parfois à une température de 25 et 28° en été, pour se congeler forte- ment en hiver, et je ne m'aperçois d'aucune mortalité. « La femelle pond une quantité d'œufs sur des radicelles, de préférence; les sujets d’un été font quinze à vingt centi- mètres de long, le deuxième été deux cent cinquante grammes, pour atteindre un kilo au troisième été. « À partir d’un an sa croissance est moins rapide que celle du Brochet ; il cause par ce fait moins de ravages. » La Société nationale d’Acclimatation s’est depuis longtemps occupée du Sandre, de ses mœurs, de son importation et même des essais faits à l'étranger; je crois donc utile et intéressant de retracer ici les différentes séances dans lesquelles ses membres s’en occupèrent. En 1858, M. Millet mit sous les yeux de l'assemblée des Sandres communs (Luciopera Sandra) introduits et acclimatés par lui dans les eaux vives de l’Aisne, des Ardennes, ete. Il présenta, en même temps, une Carafe contenant un grand nombre de jeunes Sandres vivants, nouvellement éclos et pro- venant de Poissons acclimatés en France. En 1863, à la séance du 10 Avril, Valenciennes fait part à ses collègues de l'introduction du Sandre en Angleterre, l’année précédente, et leur demande de propager ce Poisson à la chair si délicate, blanche, que l’on voit sur les tables les plus riches d'Allemagne, et qui atteint un mètre de long; lui-même en a ramené un vivant de Berlin et long de 080. En 1874, M. Blanchère fit au Jardin d’Acclimatation une con- férence sur les Poissons à acclimater et, comme on le verra par les lignes suivantes tirées de sa conférence, il fut loin de prôner cette introduction; mais nous devons remarquer que les importations exotiques ne lui plaisaient pas en général « Il est malheureux selon nous, dit-il, que loutes les acclima- tations tentées ou encouragées jusqu'à présent aient eu pour objectif des Poissons carnassiers. Comme si le Brochet, la -Perche, la Truite, l’'Anguille, indigènes tous ceux-là, ne sufli- 28 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION saient pas el au delà à consommer nos espèces inoffen- sives. « Qne dire de l'introduction favorisée des Bass ou Bars américains, Perches pullulantes qui ne valent ni plus ni moins que les nôtres. De celle du Sandre, essayée, mais heureuse- ment manquée? De celle du Silure glanis, hélas ! trop certaine- ment réussie dans nos eaux de l'Est? Un mangeur pesant cent cinquante kilos, etc. » En 1877, M. Millet revient à la charge pour la propagation du Sandre et fait part à la Société que ses essais faits depuis 1857 sur la fécondation artificielle des œufs de ces Poissons, leur transport à de longues distances, et les avantages de leur , introduction dans nos eaux douces, ne laissent aucune incer- _litude à l'égard du succès des tentatives, qui seraient faites sous le patronage de la Société d’Acclimatation. En 1878, à la séance du 12 avril, M. Millet, de nouveau, vient plaider la cause du Sandre et signale les avantages de l'introdaction faite, par M. Lefèvre, de ce Poisson dans l'Aisne, sa croissance étant beaucoup plus rapide que celle de la Perche commune et ce Poisson acquérant un volume bien plus considérable; mais, naturellement, sa croissance rapide est en rapport avec la quantité de nourriture qu'ii consomme. Il en est de même d’ailleurs pour la plupart des autres Poissons. M. Raveret-Wattel confirme l'excellente qualité de la chair du Sandre, qui est, dit-il, un des plus beaux et des meilleurs Poissons alimentaires, mais n’est cependant pas partisan de son introduction à cause de sa voracité. En 1883, à la séance du 3 janvier, M. Raveret-Wattel fait ressortir l'intérêt qui s’attacherait à l'introduction du Sandre dans certaines eaux closes où il réussirait probablement fort bien, pourvu qu'il y trouve une eau pure autant que possible à fond de sable, et surtout une nourriture abondante. En 1885, M. Maurice Richard accuse réception et remercie la Société d’Acclimalation de l'envoi qui lui a été fait des jeunes Sandres offerts à la Société par M. Max von dem Bornn. Ces Poissons, qui lui sont parvenus en très bon état, ont été placés dans une des pièces d'eau du domaine de Millemont (Seine-et-Oise). Eu 1892, M. de Shaeck fait part que la culture du Sandre fait des progrès encourageants. Cette année, l'établissement de Hüningue éleva 1.450.000 Sandres et celui de Kôüslin 640.000. LE SANDRE COMMUN 29 Le « Deutsche Fischerei-Verein » en eut pour son propre comple 1.840.000. En 1893, la Société d’Acclimatation s'occupe des essais faits depuis quelques années dans le lac de Constance et remarque que le Sandre prospère et devient une ressource importante pour la région. L'hiver précédent, les bateaux qui traversaient de Romanshorn à Lindau en apportaient chaque jour des paniers d’une vingtaine de livres. Les Poissons pesaient de deux à trois livres, mais dans certaines localités on en a déjà pêché d’un poids de neuf à onze livres. En 1894, la Société d’Acclimatation, s’occupant de nouveau des résultats obtenus dans le lac de Constance, publie les recherches intéressantes sur la nourriture que ce Poisson prend dans le lac, recherches faites par M. À. Gruber et parues dans le Fischerei Zeitung. Dans l'estomac d'un Sandre capturé en juillet à Constance, M. Gruber à trouvé les restes en décomposition de Chabots (Squalius cephalus); les intestins contenaient une quantité d’écailles qui provenaient assurément de la même espèce. Chez un autre Sandre, pêché au mois de juillet près de Lindau, l'estomac contenait les restes plus ou moins digérés de quatre ou cinq Poissons mesurant 9 centimètres de taille, déterminés pour être des Ablettes (Alburnus lucidus). Enfin chez un troi- sième exemplaire, provenant d'Ueberlingen, l'observateur trouva également cinq Poissons de cette espèce; ils mesuraient seulement 4 centimètres de longueur. On reconnaît que le Sandre du lac de Constance se nourrit, comme la Perche, principalement des petits Poissons habitant le littoral. Pour peu que l'espèce s’y propage, cela ne nuira jamais à celles qui constituent les ressources de la pêche, question importante quand on introduit une espèce étrangère. La Société nationale d'Acclimalalion s’est donc occupée depuis longtemps de l'importation du Sandre, mais malheu- reusement, malgré le beau courage de M. Millet, les propaga- teurs ne se montrèrent que peu ou pas et la question resta en l'état. Maintenant, me direz-vous, pourquoi introduire un nouveau destructeur dans nos eaux? La réponse est aisée. Cuvier, le premier, fut partisan de son introduction, car le Sandre est un Poisson bien supérieur à tous ceux que nous possédons dans nos eaux douces, en exceptant toutefois la Truite. Il grossit 30 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION plus vite qu’elle et n’est guère plus vorace; vous n'ignorez pas qu’en Angleterre, dans les rivières où on élève le Saumon, on a soin de détruire la Truite qui, plus active, plus agile pour saisir sa proie, dévorerait les lout jeunes Saumoneaux et affamerait les plus gros. Ce n’est peut-être pas un Poisson à conseiller dès maintenant pour nos rivières, il faut l’étudier encore; mais dans les eaux closes, il remplacera avantageusement le Brochet puisqu'il ne s'attaque qu'aux petits Poissons, et fera le bonheur du pêcheur sportsman, car il se défend comme la Truite, et du fin gastro- nome, Car il n’a pas d’arêtes. Nous ne verrons plus ces caisses de marées encombrant nos gares le jeudi, puisque les pisci- culteurs pourront offrir des Poissons aussi bons que ceux pro- venant de la mer. Ce sera une fortune nouvelle pour notre belle France, unissons-nous tous dans ce but et occupons-nous un peu plus de nos Poissons d’eau douce, pour l'étude desquels on ne fait rien ou peu de chose. Il est assurément fort curieux de chercher à approfondir les mystères de la nature, de découvrir les faits et gestes d'un être vivant, d’un animalcule de ce bas monde, de tenter d'expliquer la formation de tout ce qui existe sur notre planète. Mais ne croyez-vous pas que la science n’est suriout intéressante et captivante que si grâce à elle on obtient une amélioration de notre vie, une source de richesse pour un peuple, ou une diminulion des souffrances et des maladies ? Ne pensez-vous pas, pour revenir à l’'Aquiculture, qu'enseigner aux pisciculteurs les meilleurs moyens d'augmenter le nombre - et la bonne qualité des habitants des lacs, étangs, fleuves ou rivières, de ne plus, en un mot, être les tributaires de l’étranger, ainsi que nous le sommes en ce moment, est encore plus utile et plus profitable que de faire des recherches sur des Poissons étranges, de pays lointains, dont les exemplaires seront avec peine conservés dans nos aquariums sans aucune utilité pra- tique ? Parmentier, à mon avis, en propageant la culture de la Pomme de terre, a fait plus pour l'humanité que Leverrier en découvrant une planète (1). (4) Le Fogosch, ce Poisson pêché dans le lac Balaton, et dont le roi Edouard VII fit grand cas, en 1908, durant son séjour à Carlsbad, ne serait autre, selon M. Raveret-Wattel, que le Lucioperca Sandra. til abc dE PS er LE ZAMIA TEXTOR LONGICORNE NUISIBLE AUX OSIERS Par A.-L. CLÉMENT. Les larves de Coléoptères sont généralement peu connues; aussi ai-je cru intéressant de signaler l'élevage de celles de Lamia textor, que j'ai eu occasion de réussir cette année. Elles m'ont été envoyées par M. Heckmann, de Nancy, qui les avait récoltées dans ses oseraies de Grandyvelle, dans la Haute-Saône, où elles avaient causé d'importants dégâts. Les galeries de la larve atteignent plus d'un centimètre de diamètre, et, dans le cas présent, il s’agit d’une oseraie qui fut attaquée dès sa troisième année de plantation. Au bout de trois ou quatre années, dit M. Heckmann, il ne reste plus une seule souche intacte. Cette larve, couleur d'os avec la tête brune, ressemble à celle de tous les grands Longicornes. La nymphose à eu lieu en mai et l'éclosion en juin. Les accouplements ont été nombreux dans mon élevage : pendant près d’un mois, ils se renouvelaient tous les jours et plusieurs fois par jour, pour les deux mâles et les trois femelles que j'ai observés; mais pourtant je n’ai pas obtenu d'œufs. Il m'a semblé que l'Insecte parfait se nourrit en rongeant l’écorce du Saule. La destruction de cet Insecte parfait semble difficile; le seul conseil que l’on puisse donner serait de rechercher les galeries de la larve et d'y introduire un tampon imbibé de pétrole ou de toute autre matière asphyxiante. Mais la recherche de ses galeries est-elle pratique au milieu des herbes qui généralement croissent dans les oseraies ? Les mœurs de l’adulte me semblent mal connues. Brehm le suppose nocturne; pourtant, en captivité, je l'ai vu très actif pendant le jour; le matin et Le soir je trouvais au contraire mes Insectes tapis sous les souches et à demi enfouis dans le sol. M. Heckmann me fait remarquer que chez lui cette espèce allaquait uniquement l'Osier grisette qu'il fait périr, alors que l'Osier jaune de Bourgogne et le rouge sang de bœuf restent indemnes. SUR LA FÉCONDATION CROISÉE DES BANANIERS Par H. RIVIÈRE. La culture des Bananiers comestibles à rencontré dans ces dernières années des conditions météoriques absolument défa- vorables dans le nord de l'Afrique, où ces Plantes sont, il est vrai, à la dernière limite de leur fructification plus ou moins normale. Les variétés du Bananier sont très nombreuses dans le monde entier et l’on se demande comment, avec des fruits non séminifères, la variation a pu être aussi grande? Il y a là un problème difficile à résoudre et il serait intéressant de savoir si l'on possède une indication sur cette question; aussi con- viendrait-il d'abord d'établir si, dans n'importe quel pays, dans un jardin colonial quelconque, on connaît l'obtention par la culture d’une variété nouvelle et quel moyen a été employé pour arriver à ce résultat. Mes tentatives au, Jardin d’Essai d'Alger ont été assez nulles; il est vrai que le milieu climatérique ne s’y prête guère. Cepen- dant, depuis une dizaine d'années, j'ai parfois essayé la fécon- dation du Musa japonica, si rustique au froid et à la chaleur, par des Musa sapientum et paradisiaca; mais les résultats semblent obscurs. Cependant, quelquefois, Le fruit du Musa japonica a grossi et pendant l'hiver 1900-1901, principalement, une certaine modi- fication s’est produite dans la grosseur du fruit, ainsi qu'une apparence de maturation : les graines étaient développées, mais stériles dans une pulpe plus épaisse. Saveur médiocre de Banane de maturité imparfaite. Ces quasi-fécondations étaient-elles dues à mon intervention ou à celle des Abeilles qui fréquentent avec assiduité ces inflo- rescences ? Cela est probable, car j'ai remarqué parfois aussi une sorte de pollinisation indirecte. Par une fécondation voulue du Musa japonica séminifère par une race rustique de ÂMusa comestible, pourrait-on obtenir une variété résistante, de plus en plus fructifère par la culture et remontant plus au nord, ou dans des climats moins chauds? SUR LA FÉCONDATION CROISÉÉ DES BANANIERS 33 Il va sans dire que le Musa comestible doit être pris tout d’abord comme mâle, car ce serait fort désagréable pour le consommateur de douer de graines la banane alimentaire; cependant, la contre-expérience aurait aussi un grand in- tete BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 3 . EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS le SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 6 AVRIL 1908 Présidence de M. Magaud d’Aubusson, membre du Conseil. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Wuirion rappelle, à propos des Moutons d’Astrakan, dont il a été question dans la dernière séance, qu'avant la guerre, le jardin d’Acclimatation a eu des reproductions nombreuses de cette espèce, que les peaux obtenues étaient de première qua- lité et qu'on aurait pu les prendre pour des peaux venant d'Astrakan. Le siège de Paris survint et l'expérience ne fut pas continuée. M. Ternier dépose sur le bureau de la Section le Rapport sur le Congrès de la Chasse de 1907. M. Loyer fait une communication sur la disparition progres- sive du Castor du Rhône. Cet intéressant Rongeur, qui habi- lait jadis les bords de nos cours d’eau, n'existe plus qu'en nombre bien restreint sur les rives du Bas-Rhône et du Gardon. Selon M. Maingaud, le distingué conservateur du Musée d'histoire naturelle de Nîmes, «le Castor se rencontre, par individus isolés, depuis Pont-Saint-Esprit jusqu’à Arles; il habite le Gardon et remonte cette rivière jusqu'au Pont du Gard. Mais c’est surtout dans les îles du Petit Rhône depuis Fourgues jusqu'au Mas de Sauvages que se sont réfugiés les dernières colonies de ces gros Rongeurs aquatiques, et c’est dans ces petites iles appelées ‘ons qu'ils construisent leurs terriers. On en capture aussi dans le Grand Rhône jusqu'au Salin de Giraud, près Port Saint-Louis du Rhône. I! y a encore EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 35 quelques années, l’île de la Cappe, sous Arles, était habitée par une colonie de Castors ». La disparition complète des Castors est imminente. Si l’on ny prend point garde, elle sera définitive dans quelques années. _ Leur nombre est depuis longtemps fort réduit, puisque M. Maingaud remarque (Bull. Soc. Etude Sc. Nat., Nimes, juin 1906) qu’en quinze années une vingtaine de Castors seule- ment lui sont passés par les mains. Et dans le même Bulletin, il ajoute : à ma connaissance, il se capture de six à dix Castors par an, soit dans le Grand et le Petit Rhône, soit dans le Gardon. D’autre part, il y a quelques jours, le service des Eaux et Forêts du Gard nous fournissait, par l'intermédiaire de notre collègue M. Mersey, directeur des services de la Pêche et de la Pisciculture au Ministère de l'Agriculture, les renseignements suivants : « [Il existe encore un nombre assez important de Castors dans le Rhône, on en a tué trois l’an dernier. C’est sur les rives du canal de Roquemaure que l’on en prend, dit-on, le plus grand nombre; ils séjournent aussi sur les rives de l’île d'Oiselet et, en aval du Pont Saint-Esprit, l'on peut voir encore des peupliers abattus, rongés à 0"50 de hauteur par les Cas- Lors. On les approche difficilement et on n'arrive à en détruire qu'au moment des hautes eaux du Rhône, lorsque les inonda- tions les font sortir de leurs terriers. Il en existe encore plus bas, mais il n’a pas été possible de savoir s’il en avait été détruit l’an dernier dans cette partie du Rhône. » Ces renseignements corroborent ceux donnés par M. Main- gaud et ne peuvent que nous obliger à déplorer la disparition, chaque année plus proche, des derniers représentants d’un des plus indusirieux et des plus intéressants Mammifères de l’an- cienne France. Pour le Secrétaire empêché : Le Secrétaire général, MAURICE Loyer. [re SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1908 Présidence de M. Magaud d’Aubusson, membre du Conseil. M. Pays-Mellier écrit, à la date du 4 mai 1908, à notre collègæe M. Debreuil, une lettre que celui-ci veut bien nous communiquer et dans laquelle sont contés les hauts faits d’un Pécari à collier, Dicotyles torquatus, élevé à la Pataudière. Nous laissons la parole à l’auteur de la lettre : « Trouvé, paraît-il, au Brésil, presque sitôt sa naissance, élevé par les matelots dans la cale d’un navire, j'ai acheté Aiki à son arrivée à Bordeaux, tout petit, ne buvant encore que du lait. « À la Pataudière, son gardien Langeron, le dresseur de mes Zèbres que vous connaissez, s'est chargé de son élevage et de son éducation. « Aujourd'hui le Pécari à collier est un animal vraiment bien extraordinaire, connu dans tout le pays, étonnant tout le monde !.…. « Toujours libre, il ne quitte pas d'une semelle son gardien qui l’'emmène avec lui, au milieu de tous les animaux du parc zoologique, dans la campagne, dans les bois, dans la maison ! « Kiki est son inséparable et fidèle compagnon ; il couche dans sa chambre et tout le jour il reste près de lui pendant qu'il travaille et qu'il vaque à ses affaires! « Il obéit sans murmure, sans hésitation, au moindre appel, il saute dans un cerceau au commandement ; il se couche et se pème, ridicule et impayable, quand on lui frotte le dos et le ventre ! Et quand son gardien essaie de le perdre dans le jardin, il court, il cherche partout, il grogne, il appelle et saute de joie, bien comiquement, comme un jeune chien, en retrou- vant son Langeron. « Kiki n’est pas méchant, il se laisse caresser et recherche même les caresses des étrangers ; mais gare au malappris ou au maladroit qui n’est pas poli ! Mon Cochon ne permet pas les familiarités inconvenantes. « Et quand un Chien, quand un de mes Singes le plaisantent EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 37 en lui manquant de respect, il a tôt fait de se retourner la gueule ouverte, menaçante et de les mettre à la raison. » M. Pays-Mellier annonce ensuite la naissance d’un jeune Mara (Dolycholes patagonica) complètement albinos. Le fait est fort rare sans doute et méritait d’être signalé. Au mois de juin, le même correspondant nous apprend que sa collection, déjà si riche, vient encore de s’augmenter d'un joli couple de Renards tricolores du Paraguay (Canis cinerec argentatus); à mentionner également les naissances, à la Pataudière, d’un faon Eldi (Cervus frontalis), de deux Daime blancs, d'une femelle de Cerf cochon (Axis porcinus) et d’un mâle de Cerf axis (Axis maculata). M. Crepin possède à Brunoy une femelle de Guépard mou- cheté (Cynailurus quitatius) dont il nous présente plusieurs photographies. Ce joli animal, rapporté du Soudan il y a quel- ques mois, est àgé d’un an et demi; il est fort apprivoisé, au point de jouer avec les enfants qui se roulent sur l’herbe avec lui, et ne sait que faire pour montrer son désir d’être caressé. Il mange la soupe comme les Chiens et n’exhale aucune odeur fétide; sa propreté est extrême ; sa légèreté, la grâce de ses mouvements en font l’objet de l'admiration de tous ceux qui l’approchent. Ces éloges à l'endroit de ce Léopard de chasse, comme on l’a déjà appelé, ne mous surprennent pas, car le Gué- pard jouit depuis longtemps d’une réputation de douceur et de mansuétude de caractère que l’on n’est point accoutumé à trouver chez les Carnassiers. Au reste, ils sont à moitié Chiens et à moilié Félidés. Comme les premiers ils ont les membres élevés, leurs ongles sont à peu près nonrétractiles et leurs inci- sives inférieures sont celles des Canidés. Comme les seconds, ils ont le pelage tacheté, la queue longue et fournie, les yeux aux larges pupilles; leur dentilion, sauf pour les incisives inférieures, est celle des Félidés dont ils ont la grâce et la sou- plesse. Ces qualités ont fait rechercher les Guépards dans les contrées qu'ils habitent, afin de les utiliser pour la chasse. L'espèce asiatique (Cynailurus jubatus) est depuis longtemps l’auxiliaire des riches seigneurs persans et hindous. L'animal que possède notre collègue pourrait, sans nul doute, être dressé à ce genre de sport. M. L'Hermite, d'Orbé, près Thouars, nous envoie le compte 38 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION rendu de son élevage de Mammifères pour 1908. « De quatre femelles de Lamas, que je supposais pleines, trois viennent de mettre bas et de me donner chacune un magnifique petit : quant à la quatrième, j'attends toujours, mais je commence à avoir des doutes sur son état. Malheureusement, un des petits est tombé malade quinze jours après sa naissance et a succombé en peu de temps, mais les deux qui nous restent sont très vigoureux. Mes Kangourous reproduisent toujours très régulièrement ; à peine un petit sort-il de la poche maternelle qu'il y est remplacé immédiatement. Malgré plusieurs décès, il m'en reste encore huit, alors que je n’en avais que trois au début. Quant aux Porc-épics, bien que la reproduction n’en soit pas régulière, J'ai eu, il y a trois mois, deux petits dont l'un vit encore en parfaite santé. La mère, au moment de leur naissance, ayant eu la malencontreuse idée de les changer de place, les a si longtemps trainés dans sa gueule, autour de son pare, que l’un des deux est mort aussitôt. » M. Loyer donne lecture d'un mémoire de M. Maingaud, conservateur du Muséum d'Histoire naturelle de Nîmes, sur la protection du Castor du Rhône. Après avoir fait justice des accusations portées contre cet intéressant Rongeur, que les riverains du Bas-Rhône accusent à tort de fouiller les digues des bords du fleuve pour y établir leur terrier, l'auteur de la note, qui depuis de longues années lutte contre la manie destructive des hommes, indique « quelques-unes des dispo- sitions qu'on devrait prendre pour sauvegarder la vie des derniers Castors du grand fleuve provencal ». Cet intéressant mémoire sera publié in extenso dans notre Bulletin et nous n'en reproduirons pas les termes dans le cadre restreint de ce procès-verbal ; toutefois notre Section manque- rait à loutes ses traditions si elle n’applaudissait pas à l’effort tenté, une fois encore, en vue de protéger une espèce en voie d'extinction, et si elle ne s’associait pas aux vœux exprimés par l’auteur : reconnaissance et protection du Castor comme gibier, surveillance des rives du Rhône et de ses affluents, élevage du Castor ou Castoriculture, comme cela se pratique aux Etats- Unis. À ces vœux, nous en ajouterons un autre, celui de voir la chasse du Castor interdite en toutes saisons pendant une période assez longue pour que ces animaux, dont la reproduc- tion est lente, puissent former à nouveau quelques colonies qui EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 39 resteraient désormais sous la sauvegarde de l'autorité publique au même titre que le sont certains sites pittoresque ou artis- tiques ainsi que les édifices classés comme monuments histo- riques. Pour le Secrétaire : Le Secrétaire général, Maurice LOYER. IVe SECTION. — ENTOMOLOGIE SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1908 Présidence de M. Clément, président. Le procès-verbal de la séance précédente est adopté. M. Rivière adresse un échantillon de Phaedranthus Lindleya- nus, Plante grimpante de la famille des Bignoniacées, envahi par le Lecanium oleæ. « Parfois il y a sur les tiges, écrit M. Rivière, un véritable revêtement brun el rugueux, dù à l'agglomération de cette Cochenille, qui heureusement ne pro- voque pas, au moins dans le cas présent, la formation de fuma- gine; sans quoi la Plante, ou vivrait mal, ou ne mériterait pas d'être cultivée. On doit reconnaître que ce sont dans les parties les moins aérées que cette Cochenille se développe sur cette grande Plante grimpante. » M. Rivière avait en décembre 1907 (Bull. p- 114, mars 1908) fait une communication sur les ravages exercés par un Thrips sur les Ficus à petites feuilles, arbres assez communs aux environs d'Alger, notamment au Jardin d’Essai. Notre collègue nous communique la note suivante : « M. le D' Marchal a reconnu, il y a quelques mois, que cette espèce était nouvelle et l’a nommée Phlæothrips ficorum. Cet Insecte a continué ses ravages pendant l’année courante, notamment sur les jeunes arbres. Chaque fois qu'un bourgeon est en développement, il est aussitôt envahi et les feuilles enroulées contiennent un nombre considérable d'’Insectes à divers états. A0 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION L'habitat est jusqu'ici bien limité aux espèces de Ficus à petites feuilles : Ficus lævigata, nitida, species, et je n'ai jamais rencontré l’Insecte sur les autres Ficus pourtant très voisins dans les pépinières du Aamma. Aucun remède na été trouvé; la coupe constante des rameaux contaminés devient par la suite une pratique dange- reuse pour l'arbre. On a avancé bien à tort que quelques parasites, Punaises principalement, avaient enrayé cette invasion : comme partout, il y a eu quelques cas de parasitisme sans effets géné- raux. » M. l'abbé Foucher fait ensuite part d'observations très inté- ressantes au sujet d'un Diptère parasite qui à l’état de larves ravageait au mois de mai un plant de Choux. Les feuilles n'étaient pas attaquées, la grosse racine pivotante présentait des petits trous et les radicelles étaient détruites au fur à mesure de leur apparition. Notre collègue fait passer sous nos yeux l’Insecte parasite, à l’état de larves, de pupes et d’imago. M. Mailles montre un tube renfermant des « PETITES BÊTES ». C'est en effet sous ce nom que les marchands d'articles de pêche vendent d'octobre en avril ce nouvel appât pour la pêche à la ligne. C’est une larve de Névroptère, appartenant proba- blement à la famille des Ephémérides. M. Debreuil communique un tube de verre d'environ 1 centi- mètre de diamètre qu'il avait laissé à plat, dans un abri, auprès d'une serre, et qui fat habité par des Hyménoptères. Il ne reste malheureusement que des pupes de parasites ; notre collègue n’a pu recueillir d'Hyménoptères. Ce fait est intéressant comme nidification exceptionnelle. Notre collègue signale en outre la capture, au mois d’août, d’une larve de Mantis religiosa L. à Melun. M. Clément fait passer sous nos yeux un carton renfermant de nombreux échantillons de Zamia textor L. [Col.|, à l’état de larves, de nymphes et d’imago, ainsi que des branches de Saule attaquées par ces Insectes, qui ont ravagé une plantation d'Osiers de trois. ans ; en trois ou quatre ans, il n’y avait plus une souche intacte. Seule, l'espèce appelée Osier grisette était EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 41 attaquée, à l'exclusion de l’Osier jaune et de l'Osier rouge sang de bœuf. M. Howard, directeur du service entomologique de Washing- ton, annonce que l'envoi de parasites d'œufs de Galéruques qui lui avait été fait par M. Debreuil a parfaitement réussi. M. Howard adresse en même temps cinq brochures pour la Bibliothèque. M. Debreuil déclare n'avoir remarqué qu'extrêèmement peu de Galéruques cette année. M. Magaud d’Aubusson fait la mème observation sur une allée d’Ormes qui l’année dernière, près de Clermont-Ferrand, avait été ravagée. Par contre M. Mailles a observé cette année les mêmes dégàäts que depuis quatre ans, au détriment des Ormes des environs de la commune de Saint-Maur (Seine). Il faut espérer que le T'etrastichus xanthomelenæ, parasite de la Galéruque, va se répandre. M. Mailles signale l'abondance de la Chenille d'Abraxas gros- sulariata, sur ARibes alpinum, sans extension aux autres es- pèces de Groseillers. Plusieurs collègues signalent la pénurie de Guêpes cette année, et s’en réjouissent. Un seul nid souterrain a été remar- qué par M. Debreuil aux environs de Melun ; la même observa- tion à été faite aux environs de Lardy ; en Sologne M. Le Fort n'en à pas observé un seul, M. Mailles non plus, et le raisin de ses treilles ne fut pas attaqué comme d'habitude; il n’en fut pas de même en Puy-de-Dôme. M. Desjardins, de Crépy en Valois, signale l'abondance des Taons dans un petit bois qu’il possède dans les environs. Il était impossible de pénétrer sous‘bois en juillet ; notre collègue demande un moyen de destruction. À cette occasion, M. De- breuil signale la pommade de Laurier qui éloigne les Mouches. Il existe aussi d’autres ingrédients. Au sujet de la prétendue destruction des pontes d’Acridiens par les Alouettes, M. Rollinat élève des doutes, étant donnée la 42 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ponte en profondeur des Acridiens, et les Alouettes n'étant pas des Oiseaux gratteurs. Le Secrétaire, D' Maurice RoYER. VIe SECTION. — COLONISATION SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1908 Présidence de M. Aug. Chevalier, Président. M. Courtet fait une communication sur la Patate douce et les Polynésiens. Avec une remarquable documentation, il établit le curieux rapprochement qui s’observe dans les noms indi- gènes de cette Plante en des points très distants des archipels du Sud, où la Patate semble avoir été dispersée depuis des temps très anciens. Il règne encore une grande incertitude sur Forigine exacte de cetle espèce vivrière, répandue dans toutes les contrées tropicales, et notre collègue n’est pas éloigné d'admettre que la paléontologie botanique pourrait contribuer à éclaircir la question. M. Courtet fournit ensuite quelques renseignements précis sur les Végétaux ou résidus de Végétaux susceptibles d'entrer dans la fabrication des pâtes à papier. Il s’agit d’une question d'actualité, préoccupant de nombreux pays métropolitains et coloniaux dont les réserves forestières sont sérieusement mena- cées par les énormes besoins de la papeterie. Le bois constitue, en effet, la principale matière première pour la pâte à papier ; à ce propos, M. Courtet rappelle que la sylve de nos posses- sions africaines pourrail fournir aux manufacturiers des bois très propres à cet usage, c’est-à-dire à grain uniforme et dépourvu de nœuds. L'étude de ces bois que notre Président a entreprise, en les faisant mieux connaître aux intéressés, con- tribuera à en hâter l’exploitation rationnelle. Les Graminées à grand développement telles que Sorghos, Mais, Andropogon, etc., dont on a préconisé l’emploi, sont d'un traitement rendu difficile par la présence de nœuds qui résistent au broyage et ne peuvent être séparés facilement par les moyens mécaniques. M. Courtet est d'avis que les Plantes EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 43 fibreuses, anodes, comme les Bromélias, les Cyperus, diverses Liliacées abondantes en beaucoup de contrées tropicales, seraient d'une utilisation plus économique. Dans ce cas, la pâte à papier devrait être préparée sur place, à l’aide d’un outillage mécanique spécial; l’approvisionnement en eau claire serait une des premières conditions à assurer. Il convient éga- lement d'envisager, dans cette entreprise, l'éventualité d’un droit d'entrée qui frapperait à leur entrée en Europe les pâtes fabriquées dans les colonies. M. le Président fait observer qu'une installation mécanique d’une certaine importance ne peut être établie que dans un centre assez peuplé d’une même espèce ou d’espèces voisines au point de vue du traitement pour assurer un approvisionne- ment suffisant et durable en matière première et dispenser d'un triage coûteux. M. Labroy ajoute quelques informations sur les essais indus- triels entrepris au Brésil et à la Trinité en vue de convertir en pâte à papier la bagasse de Canne à sucre, seule ou associée à d'autres matières premières d’origine végétale, telles que les Bambous, le Panicum molle ou Herbe du Para, etc. ; il en résulte que ces essais ne semblent malheureusement pas encore sortis de la période expérimentale. Après épuisement de cet important sujet économique, com- munication est faite d’une note de M. Ch. Rivière sur la fécon- dation croisée du Bananier comme moyen d'accroître sa rusti- cité en Aïgérie ; cette note sera insérée dans le Bulletin de la Société. En levani la séance, les membres présents remercient M. le Président de la très intéressante visite qu'ils ont pu faire à la galerie qu'il a aménagée avec les riches collections botaniques recueillies au cours de ses fructueuses missions en Afrique occidentale; ils lui adressent leurs meilleurs souhaits pour le nouveau voyage d'exploration qu'il va entreprendre dans ces colonies auxquelles il a consacré son existence. Le Secrétaire. O. LaBRoY. BIBLIOGRAPHIE Le Cheval aliment, par MM. les D'° Samuel BERNHEIM et Paul Rousseau, À vol. de 202 pages. Librairie Jules Roussel, 12, rue Monsieur-le-Prince. Paris, 1908. Livre bien documenté et précisant bien la question de l’alimentation avec la viande de Cheval. Dès sa fondation, la Société d’Acclimatation avait été saisie par son premier président, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, de l'intérêt que présentait la viande de Cheval, si négligée alors, et une aclive propagande fut ensuite faite par Decroix, membre de la Société. : Il y a quelques mois seulement, le buste de Decroix fut placé au -frontispice du nouvel abattoir hippophagique, hommage rendu à l’œuvre à laquelle il s'était dévoué. Le livre présenté par MM. Bernheim et Rousseau.est, en quelque sorte, la conti- nuation de cette œuvre. Il ne faut pas s'effrayer des données scientifiques, d’ailleurs très claires, qu’il renferme, car les auteurs ont jugé nécessaire, pour détruire les derniers pré- jugés, de bien démontrer la valeur d’un aliment devenu de première néceséité, non seulement dans notre grande eité parisienne, mais aussi dans la majeure partie de nos centres industriels de province. — H. CouRTEr. Contributions diverses à l'hydrogenèse, par Hippolyte Desso- LIERS, ingénieur des Arts et Manufactures, viticulteur à Ténès (Algérie). 1 vol. de 168 pages. Ch. Béranger, éditeur, 15, rue des Saints-Pères, Paris, 1908. Ce travail est l'œuvre de toute une existence et cela suffit pour qu'il soit pris en considération. L'auteur y aborde des questions très délicates; avec études à l'appui, et qui sont : production des sources, production des pluies. La première partie traite de la production des sources. Il y démontre que les pays forestiers sont peu favorables aux BIBLIOGRAPHIE 145 sources, par suite de la capacité de retenue des feuilles, sur- tout dans les bois de Pins, capacité de retenue défavorable, car l’eau que les feuilles retiennent et qui s'évapore ne peut par- venir au sol et s’infiltrer. En outre, par suite de la grande quantité d'eau nécessaire à sa végétation, la forêt serait un agent d'assèchement du sol d'une énergie extrême. Les ter- rains sous forêt seraient donc inaptes, quelle que soit l'ensemble des précipitations météoriques, à faciliter l’alimen- tation des nappes aquifères, et, par suite, la production des sources. La seconde parlie traite de la production des pluies, des influences des forêts sur les pluies, de l'accroissement et de la production des pluies par divers procédés, et de l'énorme importance d’une première pluie, même très limitée, provo- quée en temps opportun. Enfin, au début de ses conclusions, l’auteur croit avoir démontré que la plupart des actions naturelles tendent sponta- nément à accroître l'aridité des régions peu pluvieuses et chaudes, jusqu'à la limile néfaste caractérisée par les steppes et les déserts. L'homme doit donc intervenir vigoureusement pour remédier à cet état de choses, mais comment? c’est ce que l’auteur indique au cours de son travail. — H. C. Espèces et variétés, leur naissance par mutation, par HUGo DE VRiïEs. Traduit de l'anglais par L. BLARINGHEM, docteur ès sciences, chargé d'un cours de biologie agricole à la Sor- bonne. Un fort volume in-8°, cartonné à l’anglaise, 12 francs (Félix Alcan, éditeur). Tous ceux qui s’attachent à l'étude si passionnante de l’évo- lution du règne végétal, tous ceux qui veulent étudier l’origine des espèces, se renseigner sur la valeur de variétés nouvelles de plantes, auront besoin de consulter ce livre, car, dans une question aussi délicate, les documents ne sont jamais trop nombreux et il y a là un véritable puits de documents. L'auteur, d'accord avec les principes de Darwin, donne une analyse complète de quelques-unes des natures de variations, d'hérédité, de sélection et de mutation qui étaient nécessaire- ment vagues à l’époque où vivait l’'éminent savant anglais. H. C. A6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Agenda aide-mémoire agricole pour 1909, par G. WÉry, sous-directeur de l’Institut national agronomique. 1 vol. in-18 de 288 pages. Broché : 2 fr.; cartonné : 3 fr. Avec un almanach agricole, ensemble 438 pages, dans un portefeuille en maroquin bleu : 3 fr. 50 (Librairie J.-B. Bail- lière et fils, 19, rue Hautefeuille, Paris). Cet aide-mémoire, contenant une quantité considérable de renseignements, est véritablement une œuvre de précision scientifique, indispensable aux cultivateurs et aux agronomes. H:#0: ENCYCLOPÉDIE DES CONNAISSANCES AGRICOLES. Les Conserves alimentaires (Fabrication ménagère et indus- trielle), par M. LAvOINE, ingénieur agronome, professeur à l'Ecole d'agriculture. 1 vol. de 154 pages, avec 98 figures, cartonné, 1 fr. 80. Hachette et Ci°, 79, boulevard Saint-Ger- main, Paris. À la campagne où souvent les légumes et les fruits sont si abondants, que de pertes! et cela pourquoi? parce que les ménagères n'ont pas toujours à leur portée un petit livre pra- tique leur indiquant comment elles peuvent conserver les pro- duits de leur potager ou de leur verger. Elles trouveront dans ce petit livre tous les procédés qui leur permettront de les conserver, soit à l’état frais, soit à l’état de conserves proprement dites. Mais ce livre intéresse aussi le producteur agricole ou horti- cole qui, à l’aide des procédés qu'il donne, au lieu de livrer ses produits à des prix inférieurs, pourra les conserver et attendre un moment plus favorable à la vente, ou les vendre après transformation, dans des conditions meilleures. — H. C. Les Plantes oléagineuses, Colza, Navette, OEillette, etc., par L. MALPEAUXx, ingénieur agricole, directenr de l’École d’agri- culture du Pas-de-Calais, 1 vol. in-16 de 68 pages, avec 24 figures, cartonné, 1 franc. Hachette et C'°, 79, boulevard Saint-Germain, Paris. Les Plantes oléagineuses ont autrefois joué un rôle sérieux dans l’agriculture française, mais depuis un certain temps leur BIBLIOGRAPHIE 47 culture est en décadence marquée. C'est ainsi que l’on constate qu'en 4862, on cultivait en France 295.000 hectares de Plantes oléagineuses, et qu’en 1906, on n’en a cultivé que 38.000 hec- tares. Cette différence considérable provient, d’une part, de l'introduction de graines oléagineuses exotiques, Arachide, Sésame, graines de Coton, etc., etc., qui font à nos graines françaises une guerre acharnée, et, d'autre part, des modes d'éclairage nouveaux qui font dédaigner les anciens. Doit-on pour cela abandonner cette culture? Evidemment non, car elle est encore chez nous d’une grande utililé, non seulement à cause de la matière grasse qu'elle peut fournir, mais aussi parce qu'elle permet de varier. les assolements et d'utiliser certains sols défavorables à d’autres cultures. Tous les ouvrages, si restreints qu'ils soient, susceptibles de provoquer un perfectionnement dans la culture des Plantes oléagineuses sont donc les bienvenus. — H. C. La Betterave à sucre, La Betterave de distillerie et la Chicorée à café, par M. L: MarpEaUx, ingénieur agricole, directeur de l'Ecole d'Agriculture du Pas-de-Calais. 1 vol. in-16, cartonné, 1 fr. 50. Hachette et Ci°, 79, boulevard Saint-Germain, Paris. La Betterave est une Plante tellement importante au point de vue économique qu'on ne saurait trop en parler, et ce qu’a voulu l’auteur, dans ce petit ouvrage, c’est offrir aux cultiva- teurs un guide facile à consulter. Il traite donc de la Betterave à sucre et de la Betterave de distillerie en indiquant pour chacune d’elles leur importance agricole, les principales variétés adop- tées aujourd’hui, et certaines règles culturales indispensables au succès de toute entreprise. Il consacre ensuite, à la fin du volume, quelques pages à la culture de la Chicorée à café, Plante cultivée dans certains départements, en particulier dans le département du Nord. H. C. Parasites et maladies parasitaires des Oiseaux domestiques, par L.-G. NEUMANN, professeur à l’École nationale vétérinaire de Toulouse, 1 vol. in-8° de 230 pages, avec 89 figures, 3 francs. Asselin et Houzeau, place de l’École-de-Médecine, Paris. Les éleveurs, professionnels ou amateurs d'Oiseaux de basse- cour, de parc ou de faisanderie, voient souvent leurs élevages 148 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION en butte à des maladies dont, peut-être, les plus nombreuses et les plus importantes sont dues à des parasites. Elles ne peuvent être efficacement prévenues et combattues que grâce à la connaissance précise de la morphologie et de la biologie des êtres qui les produisent : parasites appartenant au règne animal ou au règne végétal. C'est dans ce but que M. Neumann a décrit, avec les dévelop- pements d’une étendue subordonnée au rôle pathogène de chacun d’eux, tous les parasites internes ou externes des espèces suivantes : Poule, Pintade, Faisan, Paon, Pigeon, Canard, Oie et Cygne. Successivement sont passés en revue dans huit chapitres différents les parasites de la peau, du tissu conjonctif et des muscles, de l’appareil digestif, du foie, de l'appareil respiratoire, de l'appareil circulatoire, de l'œil et de l'oreille, des organes génito-urinaires. Les maladies qu'ils provoquent y sont également étudiées ainsi que les moyens pratiques de les combattre: avec ie qu'il s'agisse de traitements internes ou externes. "Cet ouvrage très documenté, accompagné de nombreuses figures, sera utilement consulté par tous ceux qui s'occupent de l'élevage des Gallinacés et des Palmipèdes; le fermier, l'amateur, le garde-chasse y puiseront d’utiles renseignements et pourront, grâce à lui, éviter ou guérir les nombreuses affections parasitaires qui frappent nos Oiseaux. — C. MaAïLces. Le Gérant : À. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. é qui d hi ; \Graines offertes par M. FAUCHÈRES. olanum voampou. elon malgache. Graines offertes par M MOREL, 2 cacia cyanophylla. _ odoralissima. salicina. SÉIS.. carnea recurvala. onia radicans. ae arygdalina. eugemoides. globulus. hemiphloia. ‘MACrTOCAr pa _maculata. microphylla. piperita. robusta. rudis. demai ndes au Secrétariat, 38, rue de Buffon; 1e cheptels seront or eg Rite EN DISTRIBUTION Eucalyptus ruids roslralu. — siderophloia. = stuartiana. — , Trabuti. ÆEucorum tricoccum. ÆEupatorium atrorubrum. Eurya lutifolia. Grevillea robusta. Medeola asparayoiles. Melianthus major. Senecio platanifolia. Tetraclynis articulata. Graines offertes par M. DEBREUIL. Triticum turgidum (Blé de miracle). Lathyrus adorans (Pois de senteur d'Irlande). Graines offertes par M. BOIS. Chenopodium amaranticolor (Anserine amarante). OFFRES ès beaux Casarka roux 50 fr. le couple où %5 fr. _ pièce. — Canards sauvages 4 fr. pièce. ROGERON, à l’Arceau, près Angers (Maine-et- Loire). \ ot adulte. — 3 mâles Cabot 1908, à 35 fr. pièce. âle Cervule Muntjac adulte, ; 2 ans. cv Sika adulte. — — 2 ans. ladresser à la Société, 33, rue de Dofon, . DELAURIER, 11 Le Jean-Faure, Angoulême l OFFRES, DEMANDES, ANNONCES Femelle Emeu, adulte, excellent état, ‘emballage au compte de l'acheteur. M. GAZENGEL, Brécourt, (Seine-et-Oise). par Nesles-la-Vallée Lapins angoras blancs primés, ou échange contre volaille race pure. M. MORIN, Etables (Côtes-du-Nord). Co. Tragopans satyres adulles. Femelle Temminck adulte. Mie de YREGOYEN. La Roche, par Couffé (Loire-Inférieure). DEMANDES Place de régisseur ou gérance de propriété en France ou à l’étrangèr. M. DANNIN, 11, rue Littré. en Es SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE FONDÉE EN 1854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 1855 PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) x Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir :. {o à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; à l'introduction et à la propagation de végétaux utiles ou d'ornement. | Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures, comme au sol même de la France. L’attention des personnes compétentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses séauces publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo- sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graines qu’elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites agrégées où affiliées, la Société d’'Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc- cupées de science pure. — Le Bulletin, paraissant une fois par mois et formant chaque année un volume d’environ 400 pages, illustré de gravures, donne des rensei- gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissons, Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. Le-nombre des membres de la Société est illimité : les étrangers y sont admis au même titre que les Français : les dames peuvent également en faire partie ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo- ratoires, Jardins zoologlques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une coti- sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de la Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, elc faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lui sont également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix “réduit des publications de la Société antérieure à : à son admission: etc. Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accli- matalion a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-8, illustrés de nombreuses gravures et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes les matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à part, ont trait à des questions d’ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi- fères et leur élevage, les Oi Lychnis coronaria. Matthiola incana. — fenestralis. OEnothera suaveolens. I Onopordon arabicum. I Silybum Marianum. D. — Espèces vivaces rustiques, d'été. 10 Pour bordures. Æthionema coridifolium. Antennaria dioica. Anthemis nobilis flore pleno. Asperula odorata. Campanula carpathica. — pelviformis. — turbinata. Cerastium Bieberstenii. — grandiflorum. — tomentosum. Chrysanthemum Tchihatchewii. Crucianella stylosa. Dianthus plumarius. Epimedium macranthum. — Perralderianum. Funkia Sieboldiana. Gentiana acaulis. Helianthemum roseum. Hypericum calycinum. — Moserianum. Iberis sempervirens. Lamium maculatum. Linum perenne. Nepata Mussini. Pachysandra terminalis. Saponaria ocymoides. Saxifraga hypnoides. — sponhemica. — umbrosa. Sedum pulchellum. — spurium. — Fabarium. Stachys lanata. Teucrium Chamædrys. Thymus vulgaris. Veronica prostrata. Vinca major. — minor. — herbacea. Viola odorata. — cornuta. CHOIX DE PLANTES D ORNEMENT 159 20 Pour plates-bandes, rustiques. Acanthus mollis. Achillea Ptarmica flore pleno. Aconitum Napellus. — yariegatum. — paniculatum. Anemone sylvestris. — japonica. Antennaria margaritacea. Antirrhinum majus. Aquilegia vulgaris. — sibirica. — canadensis. — formosa. — cæœrulea. — chrysantha. Asclepias syriaca. — incarnata. Asphodeline lutea. Asphodelus albus. — ramosus. — subalpinus. Aster Amellus. — formosissimus. — multiflorus. — Novæ-angliæ. — horizontalis. — turbinellus. — ericoïdes. — floribundus. Astilbe japonica. — Davidii. Baptisia australis. Boltonia glastifolia. — latisquama. Campanula persicæfolia. — glomerata speciosa. — grandis. — lactiflora. — pyramidalis. Catananche cœrulea. Centaurea montana. Centranthus ruber. Chelone barbata. Chrysanthemum præaltum. — roseum. — lacustre. — uliginosum. Chrysanthemum sinense. — indicum. Coreopsis auriculata. — lanceolata. Delphinium elatum. — formosum. — grandiflorum. — cashmirianum. Dianthus barbatus. — hispanicus. — semperflorens. Dictamnus Fraxinella. Dielytra spectabilis. Echinops sphærocephalus. — Ritro. Epilobium spicatum. — rosmarinifolium. Erigeron speciosum. — glabelium. — aurantiacum. Gaïllardia picta. — aristata. — lanceolata. Galega officinalis. Geranium armenum. — Endressi. — ibericum. — macrorhizum. — pratense. — platypetalum. — sanguineum. Geum coccineum. Gypsophila paniculata. Hedysarum coronarium. Hieracium aurantiacum. Helenium autumnale, et var. superbum. — tenuifolium. Helianthus multiflorus. — lætiflorus. — sparsifolius. — rigidus (Harpalium). Heliopsis lævis. — var. Pitcheri. Hemerocallis flava. — fulva. — Middendorfiana. 160 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Hesperis matronalis. Heuchera sanguinea. — brizoïdes. Iris germanica. — belgica. — pallida. — plicata. — sambucina. — lævigata (Kæmpferi). — fœtidissima variegata. Lupinus polyphyllus. Lychnis Flos-Jovis. — coronaria. — chalcedonica. — grandiflora. — Viscaria. Lysimachia KEphemerum. — punctata. — ciliata. Lythrum virgatum. Malva moschata. Monarda didyma. — fistulosa. OŒEnothera speciosa. — macrocarpa. Pænia albiflora. — corallina. — officinalis. — paradoxa. — lenuifolia. — Witmanniana. Papaver croceum. Phalangium Liliago. — Liliastrum. — ramosum. Phalaris arundinacea. Phox paniculata. l Phox maculata. Platycodon autumnale. — grandiflorum. Polemonium cœruleum. Potentilla atrosanguinea. — nepalensis. Physostegia virginica. Ranunculus aconitifolius. — repens. — acris. — bulbosus. Rudbeckia laciniata. — amplexicaulis. — Drummondii. — purpurea. — speciosa. Saponaria officinalis florepleno. Scabiosa caucasica. Sedum Fabarium. Sidalcea candida. Spiræa Aruncus. — Filipendulina. — lobata. Statice latifolia. — elata. — Gmelini. — Limonium. — speciosum. Stokesia cyanea. Tanacetum vulgare, y. crispum. Thalictrum aquilegifolium. Tradescantia virginica. Trollivs europeus. — asialicus. Veronica spicata. — longifolis. 30 our isoler, rustiques. Arundo Donax. Astilbe Davidi. — rivularis. Aspidium aculeatum. Bocconia cordata. — macrocarpa. Cassia marylandica. Erianthus Ravennæ. Ferula communis. — tingitana. Glaucium luteum tricolor. Gunnera scabra. Heracleum persicum. — pubescens. Hibiscus roseus. — militaris. — palustris. Inula glandulosa. — macrocephala. Lisularia_Kæ mpferi. CHOIX DE PLANTES D ORNEMENT Ligularia macrophylla. Miscanthus japonicus (Eulalia). Osmunda regalis. Papaver orientale. — bracteatum. Pennisetum villosum. — longistylum. Polygonum cuspidatum. Rheum officinale. 161 Rheum palmatum. — undulatum. Tritoma Uvaria. Yucca flaccida. — filamentosa. — gloriosa. Veratum album. — nigrum. 40 À abriter l'hiver. Acanthus mollis. var. latifolium (A. lusitanicus). Bambusa Veitchi. Campranula nobilis. Dianthus Caryophyllus. Funkia subcordata. Gerbera Jamesoni. Gynerium argenteum. Hedysarum coronarium. Ostrowskia magnifica. Oxalis floribunda. Pentstemon. (diverses espèces). Phlox divaricata. Potentilla atrosanguinea. E. — Espèces non rustiques, hivernées ou multipliées en serre ou sous châssis, employées pour les corbeilles et les plates-bandes : 19 Ulilisées pour leurs fleurs. Agapanthus umbellatus. Agathea amelloides. Ageratum cœruleum. Asclepias curassavica. Begonia semperflorens. — Schmidtii. — versaillensis. — gracilis. — ascotiensis. — fuchsioides. — fruticosa. — Evansiana (discolor). — heracleifolia. — tubereux hybrides. — boliviensis. — Bertini. — Davisii. — Dregei. — rosæflora. — Fræbeli. — Baumanni. — fulgens. Calceolaria rugosa. Canna florifères. Chrysanthemum frutescens. Chrysanthemum grandiflorum. — fœniculaceum. Cuphea platycentra. — strigulosa. Dahlia variabilis. Fuchsia coccinea. — globosa. — Mmacrostemma. — fulgens. Gazania splendens. Heliotropium peruvianum. — incanum. Impatiens Sultani. — Holstii. — Marianæ. Incarvillea Delavayi. — grandiflora. Kalanchoe flammes. Lantana Camara. Lobelia Erinus. — fulgens. — cardinalis. — syphilitica. Mimulus cupreus. Nierembergia gracilis. 162 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Nierembergia frutescens. Oxalis floribunda. Pelargonium zonale. — inquinans. — lateripes. — grandiflorum. . Pentstemon Hartwegii. Phygelius capensis. Plumbago capensis. Primula obconica. — sinensis. Rehmannia angulata. Salvia splendens. — fulgens. — Grahami. — involucrata. — patens. — jianthina. — farinacea. Tagetes lucida. Torenia Fournieri. Veronica speciosa. Verveines hybrides. Vinca rosea. 20 Utilisées pour leur feuillage coloré. Abutilon Savitzi. — Souvenir de Bonn. Acalypha Wilkesiana. Althernanthera amabilis. — amæna. — chromatella. — paronychioides. = — spathulata. — versicolor. Centaurea candidissima. Chrysanthemum Parthenium, var. (Pyrèthre doré). Coleus Blumei. — Verschaffelti. — diverses variétés horticoles. Helichrysum petiolatum (Gna- phalium lanatum). — rupesire. Iresine Herbsti. — — var. acuminata. — — var. aureo-reticulata. — Lindeni. — Wallisii. » Senecio Cineraria. 30 Recherchées pour leur port, leur aspect pittoresque. Abutilon arboreum. — striatum. — yvenosum. Agane americana. Albizzia Lophantha. Alocasia macrorhiza. Aloe arborescens. Amorphophallus Rivieri. Cassia corymbosa. Colocasia esculenta. Cordyline australis. — indivisa. Cyperus alternifolius. — Papyrus. Dasylirion acrotrichum. Datura sanguinea. — arborescens. — suayeolens. Doryanthes excelsa. Dracæna Draco. Erythrina Crista-galli. Eucalyptus Globulus. — cosmophylla. Eryngium bromeliæfolium. Fatsia japonica. — papyrifera. Ficus elastica. Gymnothrix latifolia. Hibiscus Rosa-sinensis. Melianthus-major. Montanoa heracleifolia. Musa Ensete. — Arnoldiana. — japonica. Nicotiana glauca. — tomentosa (colossea). — tomentosa variegala. Panicum plicatum. Phormium tenax. Phœnix spinosa. Podachænium paniculatum. — (Ferdinanda). CHOIX DE PLANTES D ORNEMENT Phytolacca dioica. Solanum pyracanthum. Senecio Ghiesbreghtii. — Warcewiczi. — Petasites. Trachycarpus excelsus. Sciadophyllum pulchrum. Verbesina Mameana. Solanum laciniatum. Wigandia urens. — marginatum. — Wigieri. — robustum. Yucca aloifolia. F. — Espèces bulbeuses d'été et d'automne. 19 À replanter annuellement. Gladiolus gandavensis. Lilium auratum. — Lemoinei. — speciosum. — nancelianus. Montbretia crocosmiæflora. Iris Xiphium. Tigridia Pavonia. — xiphioides. 20 Plantées à demeure, rustiques. Allium ursinum. Crocus nudiflorus. — Moly. Galtonia candicans. Alstræœmeria versicolor. Gladiolus segetum. Amaryllis Belladona. Leucoium æstivum. Colchicum autumnale. Lilium candidum. — variegatum. — tigrinum. Crocus sativus. — croceum. — speciosus. Sternbergia lutea. 30 Espèces non rustiques. Chlidanthus fragans. | Pancratium illyricum. Crinum longiflorum. Polyanthes tuberosa. Cypella Herberti. Schizostylis coccinea. | Sprekelia formosissima. Vallota purpurea. Watsonia rosea. Hippeastrum vittatum. Nothoscordium fragans. Pancratium maritimum. G. — Plantes grimpantes. 19 Espèces annuelles, ou traitées comme telles. Adlumia cirrhosa. Lagenaria vulgaris. Cobæa scandens. Lathyrus odoratus. Cucurbita Pepo, var. pyxidaris. | Lophospermum erubescens. Dolichos Lablab. Maurandia antirrhiniflora. Eccremocarpus scaber. — Barclayana. Echinocystis lobata. — semperflorens. Humulus japonicus. Phaseolus multiflorus. Ipomæa purpurea (Pharbitis). Thunbergia alata. Ipomæa coccinea. Tropæolum majus. — Quamoclit. — peregrinum. — versicolor (Mina). — Lobbianum. 163 464 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 20 Espèces vivaces. Abobra viridiflora. Menispermum canadense Apios tuberosa. pe Passiflora cœrulea. Asparagus verticillatus. Phaseolus Caracalla. Boussaingaultia baselloides. Pueraria Thunbergiana. Calystegia pubescens. | Smilax aspera. Cucurbita perennis. — mauritanica. Dioscorea japonica. Tamus communis. Hablitzia tamnoides. Thladianta dubia. Lathyrus latifolius. Trichosanthes anguina. — grandiflorus. — cucumerina. — splendens. - Melothria punctata (Pilogyne suavis). 30 Espèces ligneuses. Actinidia polygama. Lonicera Caprifolium. : — Kolomicta. — sempervirens. Akebia quinata. — etrusca. Ampelopsis quinquæfolia. — Periclymenum. — -tricuspidata, v. Veitchi. — flava. Aristolochia Sipho. — japonica. Celastrus scandens. Periploca-græca. Clematis Vitalba. Polygonum baldschuanicum. — Flammula. Rosa multiflora. — viticella. — arvensis. — montana. — alpina, et diverses variétés — montana rubens. de rosiers. — lanuginosa. Tecoma radicans. — Fortunei. Vitis Coignetiæ. — florida. — Henryana. — patens. Wistaria sinensis. — frutescens. 40 Plantes grimpantes particulièrement propres pour le midi de la France. Bougainvillea fastuosa. |} Dioclea glycinoides. — spectabilis. Dolichos lignosus. — glabra, v. Sanderiana. Hardenbergia monophylla. Bignonia capreolata. Ipomæa Leari. — Cherere. — rubro-cœrulea. — Twediana. Jasmimunm ofticinale. — speciosa. — grandiflorum. — venusta. Kennedya nigricans. Buddleia madagascariensis. — rubicunda. Cobæa scandens. — Coccinea. Cereus grandiflorus. — macrophylla. — speciosissimus. Passiflora racomosa. — rostratus. —_"ACHNIA. CHOIX DE PLANTES D'ORNEMENT Plumbago capensis. Rosa Banksiæ. Tacsonia mollissima. Tecoma australis. — lævigafa. — capensis. Tacsonia ignea. — grandiflora. H. — Plantes aquatiques. 19 Espèces flottantes ou nageantes. (Quelques-unes, comme les Lemna, ne sont pas fixées au sol par leurs racines.) Les espèces marquées d'un X ne sont pas absolument rustiques. X Aponogeton distachyum. Calla palustris. X Eichhornia crassipes. X Hydrocleis Humboldtii. Hydrocharis Morsus-Ran æ. Lemma minor. — polyrhoza. — trisulca. Limnanthemum nymphoides. X Myriophyllum proserpina - coides. Nelumbum luteum. X — speciosum. Nuphar advenum. — luteum. — minimum. Nymphea alba. — flava. — odorata, — tuberosa. X Nymphea hybrides, de M. La- lour Marliac, tels que : Nymphea Andreana. — eburnea. — fulva. — Ladaykeri. — lucida. — Marliacea. — Robinsoniana. — Seignerouti. Polygonum amphibium. Potamogeton natans. — fluitans. — oblongus. Ranunculus aquatilis. — divaricatus. — fluitans. Trapa natans. Villarsia nymphoides. — reniformis. Utricularia vulgaris. 20 Espèces submergées. Leur intérêt réside surtout dans la nourriture qu'elles fournissent aux poissons herbivores, à l'abri qu'elles donnent aux œufs de divers pois- sons, et leur emploi dans les petits aquariums d'appartement. L'une d'elles, absolument envahissante, est à proscrire (Elodea cana- densis) ; d’autres, comme les Chara, donnent aux poissons un goût vaseux très désagréable. Ceratophyllum demersnm. — submersum. Chara (divers). Elodea canadensis. Myriophyllum spicatum. Naias major. — minor. Potamogeton compressus. — Crispus. Potamogeton densus. — gramineus. — lJucens. — pectinatus. — perfoliatus. —- rufescens. Vallisneria spiralis. Zannichelia palustris. 166 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION 30 Espèces amphibies ou émergées. Le nombre de ces plantes est très grand ; elles peuvent prendre des aspects très variés, suivant que le milieu où on les cultive est franche- ment aquatique, ou de moins en moins humide. Leur indication est donnée ci-dessous en plantes herbacées, et en plantes ligneuses (arbustes ou arbres). Les espêces de terrains simplement frais et humides sont précédées dune a) plantes herbacées. Acorus Calamus. Iris acoroides. X Actea spicata. — gigantea. Alisma Plantago. — lævigata. Arundo Phragmites. — Monnieri. x Aster Tripolium. — pallida variegata. X Athyrium Filix Fæmina. Juncus glaucus. Baldingera arundinaeca. X Jussiæa grandiflora. Butomus umbellatus. X Lastrea Thelipteris. Caltha palustres. X Leerzia oryzoides. — radicans. X Lycopus erectus. X Cardamme trifolia. X Lysimachia barystachys. Catabrosa aquatica. X — ciliata. X Catchartia villosa. X — chletroides. X Carex vesicarius. X — nemorium. X — maximus. X — punctata. X — Pseudo Cyperus. X — thyrsiflora. X Chrysosplenium alternifo - — vulgaris. lum. Lythrum Salicaria. X Cladium Mariscus. *X Malachium aquaticum. xX Comarum palustre. Menyanthes trifoliata. Cyperus alternifolius. X Mentha aquatica. X — Papyrus. X Mimulus lutens. X Epilobium hirsutum. X Myosotis palustris. X — spicatum. X Nasturtium amphibium. Equisetum limosum. Orontium aquaticum. Eriophorum latifolium. X Osmonda regalis. X Eupatorium caunabinum. X Parnassia palustris. X Gentiane bavarica. X Petasites albus. X — linearis. X — nivens. X — pneumonanthe. X — vulgaris. Glyceria fluitans. Phellandrium aquaticum. Gratiola officinalis. X Pinguicula vulgaris. Gunnera chilensis. X Podophyllum Emodi. Haloragis alata. X Polygonum amphibium. Hippuris vulgaris. X — Bistorta. Hottonia palustris. X — cuspidatum. Houttuynia cordata. | X — sacchalinense. Hyperium Elodes. Ranuncüulus Flammula. Iris pseudacorus. — Lingua. CHOIX DE PLANTES D'ORNEMENT 167 X Richardia africana. Rumex, diverses espèces. Sagittaria chinensis. — sagittæfolia. Samolus Valerandi. SauTUTUS CernUUS. — Loureiri. X Saxifraga aizoïdes. De ireulus: X — peltata. Scirpus Holoschænus variegatus. — cernuus. — lacustris. — lacustris zebrinus. — sylvaticus. X Scrofularia aquatica. X Senecio aquaticus. b) Plantes ligneuses (arbustes Abies balsaméa. Alnus cordifolia. — glutinosa. — viridis. Andromeda polifolia. Arctostaphyllos Uva-Ursi. Asimina triloba. Bryanthus Gmelini. Betula Lenta. — nana. Cassandra calyculata. Chamæcyparis sphæroidea. Chionanthus virginica. Chletra alnifolia. — fagifolia. — tomentosa. Cornus paniculata. — sericea. Corylopsis spicata. Dirca palustris. Erica ciliaris. — Tetralix. Euptelea polyandra. — Francheti. Fothergilla alnifolia. Gordonia pubescens. Hamamelis virginica. Itea virginica. Juniperus communis. Ledum palustre. X Sonchus palustris. Sparganium ramosum. X Spirea Aruncus. X — Ulmaria. X Swertia perennis. X Teucrium Scordium. Thalia dealbata. X Thalictrum flavum. X Tofieldia calyculata. Trollius asiaticus. — europeus. Typha angustifolia. — latifolia. X Valeriana officinalis. X — Phu. X Veronica Beccabunga. ou arbres) pour lieux frais. Liriodendron tulipifera. Myrica Gale. — pensylvanica. — cerifera Nemopanthes canadensis. Nyssa aquatica. Oxycoccos macrocarpus. Picea contorta. — nigra. — rigida. Pieris japonica (Andromeda). Pinus Strobus. Platanus occidentalis. Populus alba. — balsamifera. — monilifera. — nigra. — Tremula. Pyrus arbutifolia. Quercus aquatica. — lyrata. — palustris. — Phellos. Sambucus canadensis. — racemosa. Salix alba. — babylonica. — Capræa. — pentandra. — phylicifolia. 168 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Salix purpurea. Vaccinium pensylvanicum, — rubra. — uliginosum. — vitellina. Viburnum nudum. Taxodium distichum. Zenobia speciosa. I. — Plantes de rocailles, plantes alpines. Les espèces qui peuvent rentrer dans cette catégorie peuvent être plus ou moins nombreuses, selon que le propriétaire du jardin est plus ou moins collectionneur : nous n’en indiquons ici qu'un petit nombre parmi les plus classiques. Voir les ouvrages spéciaux. 10 Acæna microphylla. Gerbera Jamesoni. — novæ-zelandiæ. Geum coccineum. Actea spicata. — montanum. Adonis vernalis. Geranium (diverses espèces). Æthionema coridifolium. Gypsophila repens. Androsace carnea. Hieracium aurantiacum. — villosa. Helianthemum roseum. — vitaliana. Heuchera brizoides. Antennaria dioica. — sanguinea. - Arnebia echioides. Horminum pyrenaicum. Arénaria montana. Houtsonia cœrulea. Arnica montana. Haberlea rhodopensis. Astrantia major. Jasione montana. Aquilegia alpina. — perennis. — Skinneri. Leontopodium alpinum. Alchemilla alpina. Liatris spicata. Brunella grandiflora. Linaria alpina. Campanula nobilis. — Cyrmbalaria. — abietina. Lychnis alpina. — carpathica. Morina longifolia. Cornus canadensis. Mazus Pumilio. Cortusa Matthioli. Mimulus luteus. Corydalis nobilis. Mulgedium Plumieri. — thalictrifolia. Opuntia vulgaris. Cyclamen Coum. Pachysandra terminalis. — europeurn. Papaver alpinum. — neapolitanum. Primu'a cortusoides. Cypripedium Calceolns. — capitala. — spectabile. — denticulata. Delphinium nudicaule. — marginala. Dodecatheon Meadia. — japonica. Dianthus (nombreuses espèces). — Poissoni. Dryas octopetala. = TOSea- Epimedium Perralderianum. l’otentilla atrosanguinea. Erinus alpinus. Ramondia pyrenaica. Erodium Manescavi. Rhexia virginica. Francoa sonchifolia. | Rodgersia podophylla. CHOIX DE PLANTES D'ORNEMENT Romneya Coulteri. Sagina subulata. Sanguinaria Canadensis. Saxifraga (très nombreuses es- pèces à tiges couchées, ou à feuilles en rosettes). Scutellaria alpina. — macrantha. 169 Sedum (nombreuses espèces). Soldanella alpina. Thalictrum Delavayi. Tiarella cordifolia. Tricystis hirta. Uvularia grandiflora. Viola (nombreuses espèces). 20 (Plantes de rocailles pour la région du Midi). Capriers. Cistes. Helianthemum. Globularia Alypum. Cneorum tricoccum. Medicago arborea. Nicctiana glaucea. (Toutes ces espèces sont ou indigènes ou naturalisées). Puis des plantes grasses : Diverses Crassulacées : Cotyledon, Echeveria, Rochea, Crassula. Diverses Cactées : Cereus, Echinocactus. Opuntia. Diverses Ficoidées : Mesembryanthemum. Des Comiposées d’orangerie, à Pa- ris : Agathea amelloides, Vittadenia triloba, Lisularia Kæmpferr. Des Broméliacées : Dyckia, Bilbergia, Rhodostachys. Divers Agave, Ale, Ophiopogon, Lippia repens, Lobelia Erinus, Ephedra distachya, Pelargonium lateripes, etc. J. — Arbustes et arbrisseaux d'été. Dans ces listes n'ont pas été compris les grands arbres, tels que : Érables, Marronniers, Ailanthes, Cedrela, Celtis, Platanes, Peupliers, Noyers, Robiniers, Tilleuls, Ormes, Féviers, Chênez:, Hêtres, Aunes, etc.; je ny ai fait entrer que des arbrisseaux plus petits, et recherchés pour leurs fleurs ou leur feuillage ornemental. {Voir plus haut une liste d'arbres à floraison printanière.) Abelia rupestris. Caragana altagana, — triflora. — Chamlagu. Acer Negundo. foliis albis varie- — jubata. gatis. Ceanothus americanus. Æsculus parviflora (syn. Pavia — azureus. macrostachya). — divaricatus. Clerodendron trichotomum. Colutea arborescens. — cruenta. Cornus sibirica variegata. Coronilla Emerus, 19939 — 12 Berberis stenophylla. Buddleia curvitlora. — Lindleyena. — variabilis. Calycanthus floridus. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 170 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION Coronilla emeroïdes. — glauca. Daphne Cneorum. — crenafa. — discolor purpurascens. — scabra. Deutzia gracilis. Elæagnus angustifolia. Fuchsia Ricartoni. Halimodendron argenteum. Hibiscus syriacus. ; Hydrangea Hortensia. — paniculata. Kalmia latifolia. Lespedeza bicolor. Ligustrum vulgare. — ovalifolium. — japonicum. — sinense. Lonicera Alberti. — Ledebourii. = — translucens. — Korolkowi. Magnolia conspicua. — obovata. — grandiflora. Mahonia Aquifolium. Poænia Moutan. Philadelphus coronarius. — inodorus. — grandiflorus. Prunus Pissardi. Robinia neo-mexicana. — viscosa. Rwsiers (diverses variétés des séries suivantes) : Rosiers Thé. — hybrides de Thé. — hybrides remontants. — de l’Ile Bourbon. — Noisette. — hybrides de Noisette. — multiflores. — de Bengale. — Centfeuille. — jaunes. — mousseux. — Pimprenelle. — rugueux. — des Alpes. — Banks. (Pour choix de variétés de ces diverses races, voir les ouvrages spéciaux.) Sambucus nigra (variétés di- verses à feuillage ornemental). Sparlium junceum. Spiræa callosa. — Douglasi. — chamædryfolia. — Fortunei. — salicifolia. — sorbifolia. Symphoricarpos racemosa. Arbustes ornementaux à l'automne par leur feuillage ou leurs fruits. Ampelopsis. Caryopteris Mastacanthus. Cotoneaster horizontalis. — microphylla. — pannosa. — rotundifolia. — thymifolia. Cratægus corallina. Cratægus Crus-Galli. — Lalandei. — Pyracantha. Ligustrum japonicum. — Jucidum. Pommiers baccifères. Prunus Pissardi. Rhus Cotinus. K. — Plantes vivaces à floraison automnale. Aconitum autumnale. Anemone japonica. Aster diffusus. — ericoides. Aster grandiflorus. — mulüflorus. — Tradescantii. — turbinellus. CHOIX DE PLANTES D'ORNEMENT 474 Boltonia glastifolia. : Rudbeckia purpurea. — latisquama. — speciosa. Cyclamen europæum. Sternbergia lutea. — neapolitanum. Stokesia cyanea. Chrysanthemum uliginosum. Tagetes lucida. Dahlia variabilis. Tricyrtis hirta. Helenum autumnale. Vernonia novæ boracensis. Heliopsis lævis. — flexuosa. Nardosmia fragrans. — eminens. Plumbago Larpentæ. III. — PLANTES A FEUILLAGE PERSISTANT. A. — Conifères. Pour cette catégorie de végétaux, voir Carrière, Traité des Conifères, et Mottet, Conifères et Taxacées. La liste ci-dessous ne comprend que des espèces de petite et moyenne taille employées dans la garuiture des parcs et jardins. Pour les genres Abies, Cedrus, Cupressus, Juniperus, Picea, Pinus, Pseu- dolsuga, Sequoia, Taxodium, Tsuga, voir les ouvrages ci-dessus, de même que pour les genres Gingko et Larix, qui sont à feuilles caduques. Si, dans les jardins, beaucoup d'espèces de ces genres existent ou en grands exemplaires ou en jeunes sujets, la majeure partie des Conifères d'ornement les plus employés sont les suivants : Chamæcyparis Lawsoniana. Libocedrus tetragona. — pisifera. Taxus baccata (variétés diverses). — sphæroidea. Thuya occidentalis. — squarrosa. | — orientalis. Cryptomeria elegans. | | — gigantea. — japonica (nombreuses va- | Tsuga canadensis. riétés). — Sieboldii. De Dicotylédones. Arbustus Unedo. Hedera Helix (nombreuses va- Aucuba japonica. riétés). Berberis Darwini. Ilex Aquifolium (nombreuses — dulcis. | variétés). — ilicifolia. Ligustrum japônicum. — stenophylla. — Quihoui. — Wallichiana. — sinense. Bupleurum fruticosum. | — yunnanense. Buxus sempervirens. | Magnolia grandiflora. Cerasus Lauro-Cerasus. | — — var. Gallisonieri. Evonymus japonicus (nombreu- | Mahonia Aquifolium. ses variétés). Osmanthus ilicifolius. Photinia serrulata. — radicans. 172 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Phillyrea angustifolia. Rhamnus Alaternus. — latifolia. — californica. — Vilmoriniana. Skimmia oblata. Quercus Ilex. — japonica. — Suber. Viburnum Tinus. C. — Monocotylédones. Arundinaria falcata. Ruscus racemosus. — japonica. Smilax aspera. — Simonii. — mauritanica. Phyllostachys aurea. Trachycarpus excelsus. — nigra. Yucca filamentosa. — viridi-glaucescens. — flaccida. Ruscus aculeatus. — gloriosa. LISTE DES VÉGÉTAUX OFFERTS PAR LE MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE. (Service de la Culture.) 1° GRAINES. (Plantes d'ornement.) Galtonia candicans. Plante bulbeuse demi-rustique; nom- breuses fleurs blanches pendantes, le long d’une grande inflorescence raide et dressée. Eremurus Olgæ. Très belle espèce vivace d'Asie centrale, à fleurs blanches teintées de rose; mettre en siluation bien exposée; préserver de l'humidité pendant l'automne et l'hiver: Aniphophia aloides. Plus connu sous le nom moins barbare de Zritoma uvaria, belle plante vivace, à isoler sur les pelouses- Tulipa Greigi. Magnifique espèce du Turkestan, à grandes fleurs, de coloris très vif; à cultiver comme plante vivace, à demeure. Dioscorea Fargesi. Igname originaire de Chine, à tubercules globuleux, arrondis. (Voir Aevue Horticole, 1900, p. 684.) Centaurea babylonica. Plante vivace, à feuillage blanchäâtre en touffe d'où s'élèvent de longues tiges ailées de plus de 2 mètres, garnies comme un long épi de capitules jaune vif; à cultiver en pieds isolés. (Voir Manuel de l'amateur des Jardins, vol. 2, p. 639, figure noire.) Senecio clivorum. Espèce chinoise; plante vivace formant une forte touffe de feuilles cordiformes; fleurs jaunes en corymbes lâches au sommet de fortes hampes d'environ 1 mètre; terrains humides. | Helenium autumnale, var. superbum. Plante vivace très rustique de 1 mètre à 1"50 de hauteur; fleurs jaune d'or; magnifique floraison automnale, surtout si, au lieu de cultiver en touffe, on le cultive sur tige unique. (Voir Revue Horticole, 1902, p. 402, avec figure.) Ehretia serrata. Arbrisseau tout à fait rustique, de la famille des Borraginées, à feuillage caduc; peu répandu. Solanum glaucum. Plante vivace rustique, en forte touffe de 4 mètre à 1250 de haut; les tiges annuelles presque ligneuses à la base, sont glauques ainsi que les feuilles ; fleurs bleues en corymbes à la partie supérieure. 174 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Cyphomandra betacea. Tomate en arbre (voir Potager d'un curieux); à cultiver en pot ou en caisse, pour rentrer à l’oran- gerie l'hiver, où les fruits finiront de mürir. Physalis peruviana. (Coqueret du Pérou.) Fruit jaune. Physalis philadelphica. (Petite tomate du Mexique.) Fruit violet. Ces deux plantes sont très recherchées dans les pays chauds pour leurs fruits comestibles avec lesquels on peut faire des tartes, sirops, confitures, etc. Liqustrum yunnanense. Troène vigoureux, dont les feuilles persistent presque tout l'hiver. Hibiscus roseus. Plante vivace par la souche, rameaux herbacés annuels atteignant 1%50 à 2 mètres; floraison automnale. Citrus triptera. Seul Oranger rustique et pouvant fructifier sous le climat de Paris; tiges épineuses; feuilles caduques ; peut servir à faire des haies. (Voir fevue Horticole, 1885, p- 516, planche coloriée.) Cedrela sinensis. Arbre d’avenue, encore peu répandu. Xanthoceras sorbifolia. Petit arbre très florifère et à floraison printanière; fleurs en grappes dressées rappelant par la forme celles des Marronniers. Bartonia aurea [Mentzelia Lindleyi). Plante annuelle origi- naire de Californie, de la famille des Loasées, mais à poils non urticants comme les autres plantes de celte famille; tiges rameuses hautes de 50 à 60 centimètres ; grandes fleurs jaune vif; semis en place, situation chaude, courant d'avril. Benincasa cerifera, var. macrocarpa. Cucurbitacée annuelle de l'Asie orientale dont le fruit, recouvert d’une exsudation cireuse, se consomme comme celui du Concombre. (Voir Potager d'un curieux.) Œnothera speciosa. Plante vivace de l'Amérique du Nord, poussant en fortes touffes buissonnantes de 60 centimètres de haut; grandes fleurs blanches, odorantes, devenant rosées en vieillissant, se succédant de juillet à octobre. Soja hispida. Légumineuse du Japon, ressemblant à un Haricot demi-nain, mais à gousses velues ; au Japon, les grains de Soja sont la base de nombreuses préparations culinaires _ spéciales (fromage végétal). (Voir Potager d'un curieux.) Zea mays, var. pensylvanica; Z. mays, var. pseudo-andro- gyna ; Z. mays, var. præcox; Z. mays, Var. semi-præcox (formes différentes et récentes de Maïs). LISTE DES VÉGÉTAUX OFFERTS PAR LE MUSÉUM 175 20 ARBRES ET ARBUSTES (OWerts en pieds vivants). Caryopteris Mastacanthus. Petit arbrisseau de 1 mètre environ, originaire de la Chine et du Japon; floraison tardive, en septembre-octobre ; fleurs bleues, très recherchées des abeilles; à tailler au printemps, les fleurs naissant sur les rameaux de l’année. Cotoneaster adpressa. Petit arbuste à tiges s'appliquant sur le sol et s’y enracinant, ne dépassant pas 25 centimètres de hauteur, mais formant une touffe qui peut avoir 1 mètre de diamètre; voisin des C. horizontalis et C. buxifolia. (Noir Fru- licetum Vilmorinianum, p. 116, fig. n.) Ligustrum yunnanense. (Voir plus haut, liste de graines.) /Æsculus californica (Pavia californica). Très bel arbre, peu répandu. Ginkgo biloba. Grand arbre, dioïque, de la famille des Coni- fères, mais dont les feuilles sont à limbe élargi et caduques, prenant avant leur chute, à l’automne, une magnifique teinte dorée. Nota. Les parts de graines et de plantes vivantes disponibles étant en nombre limité, les envois seront faits dans l’ordre d'arrivée des demandes des sociétaires, en saison favorable. BIBLIOGRAPHIE ENCYCLOPÉDIE DES CONNAISSANCES AGRICOLES (Librairie Hachette, 11, boulevard Saint-Germain, Paris.) Huiïlerie agricole, par P. p'Aycarciers, professeur à l'Ecole d'Agriculture d'Oraison. Un volume de 30 pages, cartonné, O'fr. 75. Ceux qui liront ce livre y trouveront tous les renseignements intéressant la culture des Plantes oléagineuses, le fonctionne- ment el l'outillage des huïileries rurales, ainsi que l'utilisation des résidus et sous-produits employés en agriculture. Laïiterie, Beurrerie, Fromagerie, par V. HounET, agronome, directeur de l'Ecole nationale des Industries laitières de Mamirolle. Un volume de 142 pages avec 96 figures, cartonné, dr 1925! Dans cet ouvrage, M. Houdet s’est attaché à faire connaître les divers procédés actuels de fabrication du lait, du beurre et des fromages. Successivement sont étudiés : le lait, le traitement du lait, le beurre, le fromage et enfin Les exploitations laitières. Ce livre doit être signalé à l’attention de tous les producteurs de lait, propriétaires et fermiers, aux fabricants de beurre et de fromage ainsi qu'aux élèves des Ecoles d'Agriculture. Le Gérant : À. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, l, rue Cassette. ar e des disponibilités. L b Graines offertes par M. MOREL, @ cyanophylla. —_odoralissima. b salicinu. Lis. Winea recurvala. fia radicans. gpius amygdalina. botryoides. cinerea. colossea. eugempides. N Feld Bay. globulus. gomphocephala. goniocalyx. hemiphlæa. Lehmanni. leucoxylon. maAcrocar pa maculata. microphylla. - paniculata. pilularis. piperita. — robusta. - redunca. ; embres de la Société qui désirent obtenir des cheptels sont priés d'adresser ‘demandes au Secrétariat, 33, rue de Buffon; les cheptels seront consentis, après nen de la Commission compétente, suivant le rang d'inscription et au fur et à ni EN DISTRIBUTION Eucalyptus resinifera. rudis. pudis rostrata. saligna. siderophiæa. siderophloia. stuarliana. Trabuti. Eucorum tricoccum. ÆEupatorium atrorubrum. Burya latifolia. Freesia refracta. Grevillea robusta. Medeola asparayoides. Melianthus major. Senecio platanifolia. arborea. Tetraclynis articulata. Graines offertes par M. DEBREUIL. Triticum turgidum (Blé de miracle). 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A A M A RO LS yes FAT SOCIÈTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRA FONDÉE EN 1854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 1855 PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) ‘ Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concour 10 à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d’anima utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des ra nouvellement introduites ou domestiquées ; à l'introduction et à la propagation végétaux utiles où d'ornement. Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures, comme au’ même de la France. L’attention des personnes compétentes doit être appelés spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies es animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. ï La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appli te $ | encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résuliats da ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou aut Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des exf sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graill qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés di agrégées où affiliées, la Société d’'Acclimatation poursuit un but pratique d'util générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement, pré cupées de science pure. — Le Bulletin, paraissant une fois par mois et form chaque année un volume d’environ 400 pages, illustré de gravures, donne des re ns gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissa Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité : les étrangers y sont admiss même titre que les Français : les dames peuvent également en faire partie ainsi les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés ( ratoires, Jardins z0oloslques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d’ entrée de 10 francs et une C0 sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièremé gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, el faites par la Société, ou aux chep tels concédés par elle. — Divers avanlages lui s également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit M publications de la Société antérieure à son admission, étc. (cs Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Aë ( matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in= illustrés de nombreuses gravures et dont beaucoup ont plus de mille pages Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur loutes.à matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mamïñ fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et pratique de la Pisciculture. l’Entomologie appliquée et la pratique de l'Apiculture de la Sériciculture, la Botanique crane les Végétaux utiles, leurs produi leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dé plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pq les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix] Manuel de l’Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bi connus du D' Moreau sur les Poissons de France. Le Gérant : À. MARETHEUX. Paris. — L, MARETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. se neiété nationale d'Acelinatatior DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) VA : 56 ANNÉE À MAI 1909 l/ 4 k. SOMMAIRE LIEN SOBIAISIENN VE OMR Re EST R PAr ER ere EE 177 ‘2 “J. PELLEGRIN. — Les Poissons d’eau douce de la Guyane française. . . . . . . : . . . 179 a H COURTET. — La Patate douce et les Polynésiens. . . . . .. , . . . . . . . . . . 186 # Extraits des procès-verbaux des Séances des Sections. “= Section. — Mammifères. — Séance du 1 Février 1909. . . . . . . . . . . . . . . .. 192 jé — — Sous-section d'Études caprines. — Séance du 18 Décembre 1908. 195 2" Section. — OUrnithologie. Aviculture. — Séance du 4 Janvier 1909 . . . . . . . . . . . . 200 M 3 Section. — Aquiculture. — Séance du 11 Janvier 1909. . . . . . . . . . . . . . _ . .. 205 me Section. — Entomologie. — Séance du 11 Janvier 1909. . . . . . . . . . .. . . . . . . 207 M5: Section. — Botanique. — Séance du 18 Janvier 1909 . . . .. . . . . . . . . . . . . .. 209 (U VEa Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises L par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT TOUS LES MOIS Le déjeuner amical de la Société aura lieu le Lundi 17 Mai 1909 } à midi, au Buffet de la Gare de Lyon. rière de s’inscrire dès maintenant au Secrétariat. Prix : 6 francs. Av 17: > ue A * tr Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Socièté et les personnes qui désireraïient l’entretenir qu’il se tient à leur disposition, a siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. 4 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Tondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BUFFON — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1909 Président, M. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de l’Académie de Médecine, Dirocteus e. Muséum d'Histoire naturelle, Paris. ÿ | MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Baron Jules de GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. à Comte de PonTERIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. s GC. RAveRET-WATTEL, Directeur de la station aquicole du Nid-de- -Verdier, 90, rue des Acacias, Paris. j Vice-Présidents. Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Zfranger). | H. Hu, Directeur- -adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). : ge MILHE- POUTINGON, L4, rue de la Chaussée- d'Antin (ntérieur). | Ch. DEBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (Séances). Trésorier, M. le D' SEBILLOITE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. Marzres, rue de l'Union, La Varenne-St-Hilaire, Seine. Membres du Conseil MM. MaGaAuD-D'AUBUSSON, 18, rue Erlanger, Paris. Comte Raymond de DALMAS, 26, rue de Berri, Paris. LECOMTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris. LE MYRE DE VILERS, 3, rue Cambacérès, Paris. D' LEPRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. D: P. MarcaL, Professeur à l’ Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologique de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. M. MERSEY, Conservateur des Eaux et Forêts, Chef du service de la Pêche et de la Pisciculture au Ministère de l’Agriculture, 87, boulevard Saint- Michel, Paris, | Ph. DE VILMORIN, Verrières-le- Buisson, Seine-et-Oise. Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. 1 ACHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux. Paris: Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Wurrion, 7, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine. dl } Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1909 Janvier | Février Mars Ï Mai Novembre | Décembre Séances Du Conseir, le Jeudi à 5 heures. dre SEecTIon. — Mammifères, le lundi 4/5 heEURES AMONT NC AE NeMURE 2° SEcrion. — Ornithologie, le lundi à 9 ho SNS ENS R NRPERREe ve 3e Secrion. — (1), Aquiculture, le lundi ANDNeEUrES Re CNE EU fe Le SECTION. — ÆEntomologie, le lundi à 3 h. 1/2 RAR Be SECTION. — Botanique, le lundi RS Hd Ne D RE [| 69 SECTION. — Colonisation, le lundi à 5 heures . . Sous-SecrIon d'Etudes Caprines, À le ven- dredi à 5 heures . : Ne (4) Batraciens, Reptiles et Invertébrés aquatiques. LUCIEN MERSEY Vosgien d’origine, Lucien Mersey était né à Paris le 8 sep- tembre 1853. Élève de l'École forestière d'où il sortit le qua- trième de sa promotion, en 1875, il fut nommé successivement garde général à Pontaumur, Vervins et Senlis. Inspecteur en 1887, puis conservateur des Eaux et forêts en 1897, il fut Lucien Mersey (1853-1909). chargé par M. Méline,alors président du Conseil et ministre de l'Agriculture, d'organiser et de diriger le service des Améliora- tions pastorales, de la Pêche et de la Pisciculture. C’est vers celte époque qu'il devint membre de la Société d’'Acclimata- tion; sa compétence dans toules les questions se rattachant à l'Ichtyologie le désignait aux suffrages de ses collègues qui bientôt le nommaient membre du Conseil, puis président de la Section d'Aquiculiure de notre Societé. ; Il occupait ces fonctions depuis 1902, lorsque la mort est venue le terrasser en pleine maturité, à l’âge de cinquante- cinq ans seulement, au mois de février 1909. Aux obsèques de notre collègue, notre Président, M. Edmond Perrier, membre de l’Institut, s’est fait, en ces termes, l’inter- prète des regrets unanimes que la perte de Lucien Mersey a causés parmi les membres de notre Société : BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 13 178 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION « Au nom de la Société nalionale d’Acclimatation de France, je viens apporter au Collègue qui n’est plus, le douloureux hommage des regrets que nous cause sa fin prématurée. « Entré dans notre Sociélé en 1899, Lucien Mersey était rapidement devenu, grâce à sa remarquable érudition et à sa grande expérience, l’un de nos plus précieux collaborateurs dans l'œuvre scientifique que nous poursuivons. « Esprit délicat et fin, autant qu'observateur consciencieux, il s'était adonné avec passion à toutes les études susceptibles de conduire à quelques progrès dans l’important service qu'il dirigeait au ministère de l'Agriculture. On le trouvait partout où il y avait quelque occasion de dépenser, au profit du bien public, les trésors d’un dévouement sans limites. Aussi, lors- qu'en 1902, notre Section d’Aquiculture l’appela à diriger ses travaux, était-elle assurée de trouver en lui, non seulement l'homme éminent, digne de la mission qu'elle lui confiait, mais encore le président actif et éclairé, au dévouement duquel elle ne fit jamais appel en vain. -« Durant les derniers jours de son existence brisée, hélas! trop tôt, ses pensées allaient-elles encore vers nous ! Accablé par la maladie, en proie à de cruelles souffrances, il tint à venir présider encore notre dernière séance du 8 février. « Malgré des symptômes inquiétants sur lesquels notre affec- tion voulait s'illusionner, nous ne pouvions penser que la mort était si proche et qu’elle allait Le frapper à quelques Jours de là. « Vosgien, forestier, militaire, il avait toutes les qualités de patriotisme, de droiture, de courage, d’abnégation que com- portent ces origines. Il apportait partout cette calme urba- nité qui est le partage des hommes habitués à envisager les choses de haut, assurés de trouver dans leur esprit et dans leur cœur la force nécessaire pour faire triompher les causes qu'ils défendent. | « Nous pleurons aujourd'hui sa perte. Qu'il emporte dans la tombe l'expression unanime des regrets de tous ses collègues, qui étaient aussi ses amis; que la digne compagne de sa vie, si cruellement frappée, que son fils, héritier, nous le savons, des qualités paternelles, nous permettent de leur exprimer iei l'expression de notre douloureuse sympathie et de notre pro- fond dévouement. » LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE Par le Dr JACQUES PELLEGRIN. Docteur ès sciences, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle. Limitée de chaque côté par deux vastes fleuves, à l'Ouest le Maroni, à l'Est l’Oyapock, irriguée par d'importants cours d’eau aux affluents multiples comme la Mana, le Sinnamary (fig. 1), l'Approuague, pour ne citer que les principaux, notre colonie de la Guyane possède, cela se conçoit aisément, une faune ichtyo- logique dulcaquicole des plus riches et des plus intéressantes. Les Poissons, en effet, sont non seulement extrêmement abondants dans chaque rivière, mais encore les formes aux- quelles ils se rapportent sont extrêmement nombreuses et variées. Beaucoup sont comestibles et à ce titre méritent d’at- tirer l’attention, car ils constituent une ressource alimentaire pour les indigènes et pour les colons; d’autres sont tout à fait remarquables par leur aspect, par leurs mœurs ou leurs habi- tudes, par les soins qu'ils donnent à leur progéniture; quel- ques-uns enfin, doivent également être signalés parce qu'ils sont nuisibles pour l'Homme et les Animaux domestiques. Sans rechercher dans cette étude forcément limitée une liste complète de tous les Poissons susceptibles d’être rencontrés dans les eaux douces de la Guyane française, on trouvera néan- moins ici l'indication par familles de tous les-principaux genres qui y ontété signalés avec les détails nécessaires sur les espèces les plus dignes de fixer l'attention, aussi bien au point de vue purement scientifique qu’au point de vue pratique et écono- mique. Bien que colonisée depuis une époque relativement fort ancienne, la Guyane, prise dans son ensemble, c’est-à-dire.en y comprenant la Guyane anglaise, la Guyane hollandaise et l’an- cien territoire contesté franco-brésilien, n’est pas aussi bien connue, comme le fait remarquer M. le professeur Vaillant (1), (1) Léon Vaillant. Contribution à l'étude de la faune ichtyologique de la Guyane. Notes Leyden Museum. Vol. XX, 1898-1899, p. 1. 180 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION que l’on serait porté au premier abord à le croire. Beaucoup de découvertes intéressantes peuvent encore être faites dans ces régions comme le prouvent les récents envois de certains voya- reurs, comme M. F. Geay, par exemple, qui ont si considéra- plement enrichi dans ces dernières années les collections du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Peu d'ouvrages, en somme, ont été consacrés en particulier à la faune ichtyologique des Guyanes; l’Amazone, le Brésil ayant surtout attiré l'attention des ichtyologistes.Sans doute, bon nombre d'espèces guyanaises ont été décrites dans des trailés spéciaux dont les plus célèbres sont ceux de Cuvier et Valen- ciennes (1) et de Günther (2) ou dans diverses courtes notices éparses dans les grands recueils scientifiques. Il faut aitendre jusqu'à l’année 1841 pour trouver l'ouvrage le plus remarquable sur les Poissons de ces régions. Ce sont deux petits volumes dus au célèbre voyageur Robert Schombrugk (3), qui fourmillent de renseignements précieux sur la pêche et la faune ichtyolo- gique de la Guyane anglaise. Des planches coloriées un peu naïves mais assez fidèles ajoutent à l'intérêt de ce travail. Müller et Troschel quelques années plus tard, en 1848, reprirent l'étude détaillée de ces Poissons de la Guyane anglaise d’après les collections complétées de R. Schombrugk. La liste des espèces ainsi signalées ne s'élève pas à moins de 150. Sur ce nombre, il est vrai, une trentaine sont marines; mais à la Guyane, beaucoup plus que dans nos régions, il est le plus souvent fort difficile, comme on le verra plus loin, de faire une séparation bien tranchée entre les formes exclusivement ma- rines et les espèces dulcaquicoles. En effet, bon nombre d'’es- pèces à facies franchement marin remontent fort loin dans les rivières en des points où l’eau est plus ou moins complètement douce. Parmiles autres auteurs qui se sont occupés des Poissons des Guyanes, on peut encore citer : Kappler (4), qui a donné en 1854 et en 1851 une liste des Poissons de Surinam comprenant une {1) Cuvier et Valenciennes. Histoire naturelle des Poissons. 22 vol. 1828-1849. (2) A. Günther. Catalogue of the Fishes in the British Museum. 8 vol. 1859-1810. (3) Robert Schombrugk. Fishes of Guyana. 2 vol., 1841-1843 !%) Kappler. Hollandisch-Guiana. Erlebnisse und Erfahrungen während eines 43 jahrigen Aufenthalts in der Kolunie Surinam, 1881, p. 167. LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE 181 centaine d'espèces dont une vingtaine marines; Bleeker, qui s’est principalement occupé en 1864 des Siluridés de cette colonie renfermés dans les collections des musées de Leyde et d'Amsterdam ; L. Vaillant qui a fourni une liste de 18 espèces re- cueillies dans la rivière Berbice par le D" C.-G. Young (1)et de 40 espèces dues à M. Geay provenant de la Guyane française et de l’ancien Contesté franco-brésilien (2) ; Steindachner, Bou- lenger et moi-même auxquels on doit la description de quelques espèces de ces régions. Certainement à l'heure actuelle beaucoup de formes nou- velles de Poissons y restent encore à décrire, bien des observa- tions intéressantes y peuvent aussi être faites sur leurs mœurs ou leurs applications économiques. Ce sont des points qui doivent attirer l’attention des vaillants explorateurs qui choi- sissent cette colonie pour objet de leurs investigations. D'après A. Günther (3), le monde au point de vue dela distribu- tion géographique des Poissons d’eau douce peut être divisé en trois zones principales : l’une septentrionale, l’autre méridio- nale, la troisième équatoriale. C’est dans cette dernière, la plus importante et la plus riche, que rentre la Guyane française. La zone équatoriale est caractérisée, d’une façon générale, par l'abondance des Poissons de la famille des Siluridés, assez peu nombreux dans la zone septentrionale. On la sépare en deux grandes régions conlinentales : l’une, appelée division cyprinoïde, doit son nom à la grande quanlité de Cyprinidés qu on y rencontre associés aux Anabantidés etaux Ophiocépha- lidés, et qui renferme l'Afrique et tout le Sud de l’Asie; l’autre, où ces diverses familles font défaut et que Günther nomme acyprinoïde. Elle contient à son tour deux régions d’inégale importance, l’une, tropicale pacifique, réservée principalement à l'Australie, à la Nouvelle-Guinée, etc. ; l’autre, tropicale-amé- ricaine ou néotropicale, de beaucoup la plus vaste, à laquelle est rattachée la Guyane, et qui comprend toute l'Amérique du Sud à part l'extrémité méridionale, l'Amérique centrale, les Antilles et le sud du Mexique. Les familles des Cichlidés et des Characinidés également très répandues en Afrique y offrent un (1) L. Vaillant. Op. cit., 1898-1899. (2) L. Vaillant. Contribution à l'étude de la faune ichtyologique de la Guyane francaise et du Contesté franco-brésilien. Nouv. Arch. Mus. Hist. nal., 4e sér., t. II, 1900, p. 123. (3) A. Günther. An Introduction to the Study of Fishes, 1880, p. 217. $ 182 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION développement considérable. Les Gymnotidés y remplacent les Mormyridés africains. Enfin les Dipnoïques, les Ostéoglossidés y sont présents, comme en Afrique et en Australie. Quant à la faune ichtyologique de la Guyane française en particulier, elle offre les plus grands rapports avec celle du bas cours de l’Amazone dont elle se trouve, d’ailleurs, assez rap- prochée, et beaucoup d'espèces sont communes à ces rivières et au grand fleuve sud-américain. C’est ce que remarque M. le professeur Vaillant (1) : « La population ichtyologique de toute l'Amérique sud intertropicale, dans sa partie orientale, depuis la Cordillère des Andes, montre partout une très remarquable homogénéité qu'explique le régime particulier de plusieurs de ses fleuves, non des moins considérables, dont les bassins sont susceptibles de communiquer entre eux périodiquement. Il est probable qu’à une époque relativement récente, ces communi- cations étaient encore plus nombreuses et plus faciles. » Un . état de choses absolument comparable existe pour les grands fleuves africains tropicaux (2). - Un fait, en outre, qui mérite d'attirer l'attention, est la pré- sence, dans les cours d’eau de la Guyane comme dans l’Ama- zone de Poissons marins, non pélagiques, bien entendu, mais côtiers où archipélagiques qui ne craignent pas de remonter les estuaires à des distances considérables de l'embouchure et contribuent à donner à la faune un caractère mixte sur lequel il n’est pas inutile d’insister comme l’a fait par exemple, L. Agassiz (3), qui compare l'Amazone à « un archipel au milieu d'un océan d’eau douce ». Cette riche population ichtyologique est forcément l'objet d'une grande exploitation de la part des indigènes, les Poissons entrant, comme on sait, pour une large part dans l’alimenta- tion humaine. On ne saurait mieux faire que d'emprunter à M. F. Geay (4), le zélé voyageur du Muséum, qui connaît si bien la Guyane française, les renseignements suivants concernant l’un de ses fleuves principaux : (1) L. Vaillant. Op. cit. 1900, p. 128. (2) Cf. Dr J. Pellegrin. La faune du lac Tanganyika. Revue scientifique, 30 mai 1908, p. 680. (3) M. et Mme Louis Agassiz. Voyage au Brésil. Trad. par Felix Vogeli 1869, p. 241 (note). (4) F. Geay. Procédés de pêche dans l'Oyapock. Bull. Soc. Aquic., XIX, 1907, p. 60. Dr LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE 183 « Dans. l'Ovapock, les naturels se servent généralement, pour capturer les Poissons, d'une sorte de ligne de fond, qui porte, à la Guyane, le nom de « fpalan » et qui se compose d’une forte corde de coton, longue d'environ 100 mètres, et .passée soigneusement au ‘suc de 'bougouni, afin de la rendre imputrescible et presque invisible dans l'eau. Le long de ce Fic. 1. — Fleuve Sinnamary. (Cliché F. Geay.) câble, et solidement fixées en son milieu, à 1 mètre les unes des autres, pendent des cordes plus fines, de 0,40 environ, portant chacune un hamecçon à leur extrémité libre. « Un palan complet possède quatre-vingts de ces courtes lignes et porte à sa base une lourde pierre permettant de le mouiller au bon endroit, à l'heure où le flux se fait sentir. L'autre extrémité, laissée libre et mobile au gré des courants, est maintenue à la surface de l’eau par un flotteur végétal, gros fruit de cale bassier vide, calfaté soigneusement à la résine de mani, qu'un filet emprisonne et fixe au câble. Par suite de cette disposition inclinée de la ligne principale, les lignes 184 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION secondaires se trouvent réparties à des profondeurs différentes et dans des conditions toutes particulières de réussite. « C’est le procédé des riverains qui demandent au fleuve leur subsistance quotidienne et celle de leur famille. Pour eux la qualité importe peu, et il faut que chaque jour le palan ramène quelque chose pour joindre à la farine de manioc, au couac qui forment la base de leur nourriture. En un mot, Silures, Pristis et Requins, accrochés aux hamecçons, sont toujours les bien- venus. « Pour les pêcheurs de profession, il n’en est pas de même. Il leur faut écouler les marchandises, et ils doivent rechercher les meilleures espèces, les seules véritablement rémunéra- trices. Aussi modifient-ils le premier procédé en donnant à leur palan une position presque horizontale, à une profondenr déterminée. Cela s'obtient en ajoutant au câble quatre ou six calebasses supplémentaires, qui maintiennent les lignes amor- cées dans le milieu favorable. Les amorces employées sont des “Crevettes salées et des morceaux de jeunes Parassis (Æemiodus) Dans ces sorties, effectuées à l'embouchure d’un fleuve, on capture assez souvent des Squales et des Pristis. Ces Poissons n'ayant qu'une faible valeur marchande, servent uniquement à l’alimentation des équipages. « Si la pêche a été fructueuse, le produit en est conduit immé- diatement au village voisin, à la grande satisfaction des habi- tants qui, la plupart du temps, manquent de vivres frais. « Quand les centres sont trop éloignés, on choisit un site convenable et à proximilé des pêcheries où, après chaque marée, on prépare le Poisson salé que l’on fait sécher au soleil sur de longues perches disposées à cet effet. » Un procédé parfois employé dans les régions les plus sau- vages est la pêche au barbasco. On jette dans l’eau principa- lement les racines broyées et tordues de certaines Plantes qui ont la propriété d’enivrer ou d’empoisonner les Poissons. Ceux- ci remontent à la surface et deviennent une proie facile pour les pêcheurs. Les gros sont percés par les flèches et les sagaies et amenés sur le rivage où ils sont dépecés; les petits sont pris à la main ou à l’aide de filets de formes diverses. On trouvera une relation des plus intéressantes de cette pêche au barbasco, effectuée dans l'Ucayale, affluent du Haut-Amazone, dans l'ou- LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE 185 vrage sur les Poissons de l'Amérique du Sud du comte de Castelnau (1). La pêche des Poissons n’est pas seulement pratiquée à la Guyane française; elle l’est également dans le territoire limi- trophe jadis contesté entre la France et le Brésil et maintenant attribué à ce dernier pays. Voici quelques renseignements sur ce sujet dus encore à M. F. Geay (2) : « L'exploitation des pêcheries constitue une véritable indus- trie locale, et les pêcheurs préparent pendant toute l’année d’abondantes salaisons de Poisson sec et des vessies massives et volumineuses de Machoirans, vessies qui, desséchées, con- stituent un article commercial des plus recherchés pour la pré- paration de l” « ichtyocolle ». « Parmi les Poissons les plus. estimés, nous citerons : les Silures machoirans jaunes et blancs à peau lisse et visqueuse, dont quelques espèces de grande taille, pesant plus de 30 kilo- grammes, sont surtout abondants dans les eaux profondes des lacs et des estuaires; des Aimaras au corps allongé et épais qui dépassent la taille de nos plus gros Brochets; de gros Couma- rous de forme comprimée, d'immenses Piraroucous, des Pa- rassis (3), des Squales, de grandes Raies et enfin de nombreuses espèces beaucoup plus petites, telles que : Hypostomes, Cal- lichthys, Aspredos, etc., qui recherchent les lagunes et les cours d’eau peu profonds des prairies. » (A suivre.) () F. de Castelnau. Animaux nouveaux ou rares de l'Amérique du Sud. Poissons, 1855. Introduction, p. vi. (2) F. Geay. Rapport d'exploralion aux régions contestées de l'Amérique équinoxiale (1891-1898). Paris, 1899, p. 15. (3) Voir à la fin de l'index des noms vulgaires locaux. 4 LA PATATE DOUCE (BATATAS EDULIS) ET LES POLYNÉSIENS par H. COURTET La Patate douce est une de ces Plantes dont on ne connaîtra vraisemblablement jamais l’origine, car nulle part on ne l'a rencontrée à l’état sauvage ou spontané, et dans tous les pays tropicaux ou sub-tropicaux on en cultive de nombreuses variétés. Elle s’accommode d’ailleurs de climats assez divers, car sa limite de culture est au voisinage de 45° de latitude Nord et Sud. Les botanistes les plus autorisés sont en désaccord. Pour les uns, son origine est douteuse ; pour certains, elle est améri- caine, et pour les autres elle est asiatique. La raison pour laquelle on à pu lui attribuer une origine américaine est que les quinze espèces connues (de Candolle, Origine des Plantes cultivées, 1883) se trouvent en Amérique, dont onze dans ce continent seul et quatre à la fois dans l’Amé- rique et dans l'Ancien Monde. Pour la même raison, on pourrait la déclarer originaire de la Nouvelle-Zélande, puisque les Maoris en cultivaient environ vingt variétés provenant de Hawaiki (Potager d'un curieux, Pailleux et Bois, 1899), ou des Philippines où les indigènes en cultivent une trentaine de variétés. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas sans quelque surprise que l’on constate qu'elle existait à l’état cultivé, dans beaucoup de régions tropicales du globe, au moment de leur découverte, régions non seulement continentales, mais aussi insulaires, et dans des îles séparées du continent etentre elles par de vastes espaces. L'encyclopédie chinoise parle de la Patate et mentionne diverses variétés ; mais le D' Bretschneider a constaté que l'espèce est décrite pour la première fois dans un livre du n° ou 1n° siècle de notre ère. (Origine des Plantes cultivées.) L'opinion que la Patate est d'origine asiatique est peut-être celle qui se rapproche le plus de la vérité, et ce fait explique- rait son passage des contrées tropicales de l'Asie dans la Malaisie, et ensuite dans toute la Polynesie, étant donné que les archipels polynésiens ont été peuplés par une race qui a eu LA PATATE DOUCE (BATATAS EDULIS) ET LES POLYNÉSIENS 187 comme siège primordial le grand archipel asiatique. Il expli- querait en outre cette phrase des Maoris de la Nouvelle- Zélande : « Nos patates proviennent de Hawaiki », c’est-à-dire du Pays des Ancètres. La propagation de la Patate dans toute la Polynésie ne peut s'expliquer, si on Ja suppose d’origine américaine. D'un autre côté, si elle est originaire d'Amérique, comment expliquer son passage en Asie, et si elle est originaire d’Asie, comment expliquer son passage en Amérique ? Comment aussi expliquer sa présence en Afrique tropicale, car aucune raison ne s'oppose à ce que la Patate soit origi- naire de ce continent? Mais là les naturalistes sont moins embarrassés, car ils peuvent toujours dire qu'elle a été apportée d'Amérique par les premiers négriers, et que, de la côte, elle s’est répandue dans tout l’intérieur. Devant ce dire, dont la preuve n’est nullément faite, mais qui peut quand même être admis, il ne reste en présence que l'Asie et l'Amérique, et la question d’origine reste tout aussi obscure. Ce qui pourrait jeter un cerlain jour sur cette origine serait la découverte de la Patate à l’état fossile, car son ancienneté doit être telle qu’elle pourrait bien appartenir aux âges géolu- giques. De Candolle, d’ailleurs, tend vers cette solution quand il dit : « Une espèce qui supporte actuellement le climat de la Virginie et du Japon, peut avoir existé plus au Nord avant l'époque de la grande extension des glaciers dans notre hémi- sphère, et les hommes préhistoriques l’auraient transportée vers le Midi quand les conditions de climat ont changé. » (Origine des Plantes cultivées.) Cette communication n'ayant pas pour but de chercher à dévoiler le mystère de l’origine, mais de vous parler de la Patate et des Polynésiens, je vais dès maintenant aborder mon sujet. Puisque de Candolle dit que la Patate peut avoir existé avant l'époque de la grande extension des glaciers dans notre hémisphère, et que les hommes préhistoriques l’auraient trans- portée vers le Midi, je commencerai par une citation de Zaborowsky-Moindron (De l'ancienneté de l'homme, 1874), qui peut se rattacher à cette hypothèse : « La fin de l’âge de la pierre polie fut à tous égards une période décisive pour l’'huma- nité. Les Dyssémites occupaient l'Asie Mineure et le nord de 188 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION l'Afrique. La race aryenne s'était depuis longtemps constituée au sein des populations brachycéphales. Les populations du type brachycéphale étaient encore à l’époque de leur plus grande extension. La race australienne, puis les Papous, refoulés par elle, avaient occupé les îles de l'Océanie pendant qu'elles formaient alors un continent. Enfin, à leur suite, les Malais qui sont peut-être les représen- tants d’une des plus anciennes populations brachycéphales, et d'où sont provenus les Polynésiens par mélange avec des Ongro- Japonais, des Américains, des Papous, des Australiens, s'étaient répandus vers le Sud. Ils avaient obligé les Papous à aban- donner certaines îles ou à se retirer dans les montagnes de l’intérieur, et anéanti les Australiens dans d’autres. » La race australienne se rattacherait au type des plus bas niveaux quaternaires, elle a occupé la Nouvelle-Zélande jusqu'à une époque récente. Les Maoris en ont gardé le souvenir. Si la Patate était usitée dans l'alimentation des hommes préhistoriques qui existaient avant l’époque de la grande exten- sion des glaciers, il semble évident qu'elle a été propagée vers le Sud par les populations du type brachycéphale, dont parle Zaborowsky-Moindron. Nous entrons maintenant dans une période historique liée à l'histoire des Polynésiens. Au delà du xxvin° siècle avant notre ère, les Giao-Chi, ancêtres des Annamites, occupaient la région désignée aujour- d’'hui sous le nom de Tonkin. D’après les annales chinoises, leur histoire remonte à 2.874 ans avant J.-C. L’Annam proprement dit (Cochinchine) et le Cambodge fai- saient alors partie du royaume de Tsiampa (Tjam ou Cham, pr. Chiam). Dans la littérature de l'Inde, les noms de Kamboja et Tsiampa figurent sur la liste des nombreux royaumes de la péninsule, et selon M. Fergusson, le Camboja de la liltérature hindoue serait un endroit situé auprès de Taxila. Au zr1° siècle de notre ère, les Kmers (Cambodgiens) commen- cèrent une émigration qui se continua aux v° et vi siècles, et atteignit son maximum d'intensité aux x° et x1° siècles. Ils envahirent alors le royaume de Tsiampa, refoulant les occupants dans l’Annam proprement dit et dans les montagnes. Au 11° siècle de notre ère, le royaume de Tsiampa, indépen- damment des régions citées plus haut, comprenait, selon toutes probabilités, la presqu'ile de Malacca, une partie de Sumatra et LA PATATE DOUCE (BATATAS EDULIS) ET LES POLYNÉSIENS 189 de Java. Le Tsiampa annamite fut définitivement conquis par l’Annam en 1471. Il a donc existé à une époque déterminée un royaume nommé Tsiampa, qui, pendant plus de 3.000 années après cette époque, a occupé la partie de l’Asie que nous venons d'’indi- quer, et, en outre, Sumatra et une partie de Java. L'établissement de ce royaume, où plus tard, peut-être, les événements dont il a été le théâtre, ne doivent pas en général être étrangers à ce qui s’est passé dans le grand archipel voisin, et cela à des dates que nous avons considérées comme préhis- toriques. È On peut déduire que les Tjams, représentant à une certaine époque la race conquérante, se sont répandus dans la Malaisie et ont contribué à former la population de cette région, popu- lation dont sont issus les Polynésiens, les Malais et les Mal- gaches. (V. quelques réflexions sur l'origine des Malgaches. Bulletin de la Société de géographie de l'Est, 1898.) Les peuples ayant occupé la Malaisie, région insulaire, et surtout ceux qui habitaient les îles de moindre étendue, sont inévitablement devenus des marins hardis et aventureux, et je pourrais citer ici un certain nombre de faits nautiques de ces peuples à travers l'Océanie et l'océan Indien, soit volontaire- ment aidés par les vents et les courants, soit accidentellement entraînés par les vents et les courants; mais le cadre restreint de ce travail ne le permet pas. J’indiquerai seulement que, d'après Horatio Hales, les premières migrations polyné- siennes auraient eu lieu 800 ans avant notre ère; que d’après J.-B. Piolet (Madagascar, sa description, ses habitants, 1895), la migration des Hovas, les derniers arrivés à Madagascar, sur- vint il y a 1.000 ou 1.200 ans, soit au va ou 1x° siècle de notre ère; et qu’à la Nouvelle-Zélande la dernière migration polynésienne eut lieu il y à dix-huit générations, ce qui cor- respondrait, en prenant la date à laquelle elle a été visitée par Cook (1769), au xu° ou xur° siècle de notre ère. En Polynésie, la Patate porte les noms suivants : Nouvelle-Zélande . . . . . . . Kumara, orthographe polynésien pri- mitif. Gambier (ou Mangareva) . . . Kumara, orthographe polynésien pri- mitif. Raro-Tonga (arch: de Cook). . Kumara, orthographe polynésien pri mitif. 190 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Samoa (arch. des Navigateurs). Kumala, oblitération de r en I. Tonga-Tabu (Iles des Amis). . Kumala, oblitération de ren I. SANAWICD NE TER NU .umala, suppression du K avec explo- sive pharyngienne (1) et oblitération de ren I. TNA ES ns M STE .umara, suppression du K avec explo- sive pharyngienne. .uma.a, suppression du K et de lr M ets \ avec explosive pharyngienne. ES PA SE en ) Kuma.a, suppression de l'r avec ex- | _plosive pharygienne. Comme on le voit, la différence d'orthographe n’est qu'appa- rente entre les différents dialectes. Il y a lieu de faire remar- quer ici la coïncidence qui existe avec Cumar, qui est, d’après Seeman, le nom Quichuen de la Patate en Amérique. (Potager d'un curieux.) La Patate nous vient de Hawaïki, ont dit les Maoris de la Nouvelle-Zélande. Or, pour les Polynésiens, qu'est-ce que Hawaiki? Cest le Pays des Ancêtres et, par extension, le Monde ou la Terre. Ce nom s’orthographie ainsi dans les différents dialectes : Marquises . . . . Havaiki, polynésien primitif. Nouvelle-Zélande. Hawaiki, oblitération de v en w. Sandwich . . . . Hawaï.i, oblitération de v en w et suppression du k avec explosive pharyngienne. Karo-Tonga . . . .avaiki, suppression de h avec explosive pharyn- S gienne. AMIENS AMAR Havai.i, suppression du k avec explosive pharyn- gienne. Samoa. . . . . . Sawai.i, oblitération de h en s, et suppression du k avec explosive pharyngienne. Comme dans le nom de la Patate, la différence d'orthographe n’est qu'apparente. D’après les traditions recueillies à la Nouvelle-Zélande, Hawaiki est l’île d’où sont venues trois pirogues qui appor- tèrent dans l’île les premiers habitants (V. Cook, Horatio Hales, Dieffenbach). Dieffenbach {7ravels in New Zealand) rapporte une autre tradition d’après laquelle la Patate (Kumara) aurait été importée dans l'ile à une époque postérieure à l’arrivée des (1) Au sujet de l’explosive pharyngienne, voyez Gaussin : Du dialecte de Tahili et des îles Marquises, et en général de la langue polynésienne, 1853. LA PATATE DOUCE (BATATAS EDULIS) ET LES POLYNÉSIENS 191 premiers Maoris par une femme nommée Pani, venue de l’île de TFawaï (1). Tiki, son mari, quoique étranger, parlait la même langue que le Néo-Zélandais, et il leur ressemblait par la couleur de la peau. Les personnages nommés dans cette tradition sont des personnages légendaires et mythologiques que l’on retrouve jouant un grand rôle dans la mythologie tahitienne; ce rôle est ainsi défini : Taaroa (l'Être suprême, le créateur de l'univers) s’unit avec Hina (personnification multiple et féminine des Éléments de la Nature) et d'eux naquit 7%.1 (Tiki). Ti.i (Tiki) s’unissant avec Ani (Pani) donne naissance : Aux messagers des ténèbres, des tombeaux, et de la mort. Aux messagers de la clarté et de la vie, et à d’autres 7a.i (Tiki), qui sont : Les surveillants des intérêts des Dieux, Les surveillants des intérêts des Hommes, Les surveillants des Plantes et des Animaux. Les gardiens des Poissons et de tout ce qui est dans la Mer. Les gardiens des sables et des rochers (gardiens des rivages, chargés de maintenir la séparation avec la mer). Comme on le voit, l’origine de la Patate chez les Polynésiens appartient à une époque très reculée, puisqu'elle remonte jusqu’à une religion primitive dont on retrouve les traces dans toute la Polvnésie. La Patate ayant été trouvée partout cultivée par la race polynésienne, de l'ile de Pâques, perdue et isolée dans l’océan Pacifique, à la Nouvelle-Zélande et aux Sandwich, est donc, comme l’Arbre à Pain, une de ces Plantes que les Polynésiens emportèrent en quittant leur patrie primitive. (1) Dans nos notes prises à Tahiti, de 1882 à 1888, nous retrouvons ce nom orthographié: Tawai.i (Tawaiki). EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Ir SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 1°" FÉVRIER 1909 Présidence de M. Trouessart, président. Le procès-verbal de la séance précédente est adopté. M. Debreuil indique les difficultés qu’il y a à faire voyager les animaux, qui souvent sur les bateaux sont plutôt mal soignés. Il cite un correspondant d'Alexandrie qui enverrait volontiers des animaux, même des Insectes, mais il serait nécessaire, en Cas d’envois, d’avoir à bord du navire une - personne chargée de soigner les bêtes, d'Alexandrie à Marseille. Autrement, les animaux arriveront sûrement en plus ou moins mauvais état. M. le Président parle du petit Hippopotame, né dernièrement à la ménagerie du Jardin des Plantes. La mère a constamment refusé de s’en occuper et de le laisser téter, le repoussant même avec violence et le mordant. On l’a pris, bien qu'il fit tous ses efforts pour retourner à l’eau et on a essayé de l’élever au biberon. L’essai n’a pas réussi et il est mort deux jours après, blessé aussi peut-être par les violences exercées sur lui par sa mère. Sur la question des Chiens à employer pour la chasse en Afrique, M. le Président explique que les Chiens indigènes sont de petite taille, gros comme des fox terriers, et comme ils ne peuvent résister aux Hyènes et autres Carnassiers dont ils deviennent souvent la proie, ils sont craintifs et il est impos- sible de s’en servir. Il faudrait, pour la chasse du Lion et des Carnassiers, dresser des Levriers ou de gros Chiens de Sanglier. Cette éducation EXLRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 193 n'a jamais été tentée dans l'Afrique occidentale. Elle à été tentée au Cap, où du reste le Lion n’existe pas. Comme le Lion blessé cherche à se cacher dans les fourrés et qu’il est alors dangereux de s'approcher, des Chiens bien dressés qui indi- queraient où il se trouve, seraient très utiles aux chasseurs. Le secrétaire donne lecture d’un compte rendu du livre publié par M. Lydekker sur le parc de Pilawin, en Wolhynie, appartenant à notre collègue le comte Potocki. Ce parce, d'une immense étendue, entouré d’une forte et haute palissade de bois, contient des Bisons européens, des Bisons américains et plusieurs espèces de Cerfs qui y vivent à l’état sauvage ct qui, cependant, habitués à la présence de l'homme, se laissent assez facilement observer. M. Lydekker a visité le parc et nole des observations tout à fait intéressantes sur les animaux qui l'habitent, particulièrement sur les Bisons, les Élans et les Cerfs Wapiti, cette magnifique espèce d'Amérique dont une variété se trouve en Asie et qui a même existé en Europe à l’époque quaternaire. Dans le bulletin de la Société vaudoise des Sciences natu- relles de juin-septembre 1908, nous lisons le récit d'un voyage à Ceylan et à Sumatra fait par M. W. Morton, un naturaliste enthousiaste qui a récolté, pendant son séjour dans les deux iles, des quantités d'animaux intéressants, surtout des Oiseaux, des Ophidiens et des Insectes, et aussi quelques Mammifères quatre Singes de Ceylan et six de Sumatra, dont les Aylobates syndactylus Cuvier et entelloides Geoffroy ; neuf Chauves-Souris, sept Insectivores, sept Carnivores des genres Paradozurus et Herpestes; douze Écureuils et douze autres Rongeurs dont le Lepus nigricollis Cuvier, Mus Ratus rufescens et cinq autres espèces iudéterminées de Rats; Manis pendactyla et javanica; quatre Ruminants, la Chèvre sauvage, 7ragulus memmina Milne- Edwards, Æanchil Gray, Cervulus Muntjac et Nemorrhædus sumairensis Schaw, enfin deux Sangliers, Sus cristalus et Sus vittalus, ce dernier peut-être l'ancêtre de certains Porcs domestiques. IL a visité la partie montagneuse de Ceylan, maïs comme les indigènes tiraillent le gibier le jour et la nuit, les gros animaux sont extrêmement farouches et il a fait de maigres captures; le Semnopithecus senex et le Macacus pileatus, deux Singes BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 14 4 194 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION spéciaux à Ceylan et très communs, ainsi que Semnopithecus ursinus; il a tué Sciuropterus fuscocapillus, l'Écureuil volant et Sciurus macrurus, ce grand Écureuil à manteau d’un noir brillant tranchant sur la couleur du ventre d’un orangé vif. Il a vu de nombreuses traces d'Éléphants, mais n'a pas apercu les animaux; il a surpris la Biche Samboud qui, à la présence de l’homme, pousse un cri analogue à un coup de clairon et disparaît dans la jungle; il s'est même procuré en même temps un Oiseau intéressant, le (Gallus Lafayetti, si ressemblant à notre race domestique dite « de combat. » Enfin, il constate que la forêt vierge disparaît et qu'avant peu on ne la trouvera plus guère à Ceylan. À Sumatra, il est réveillé dès le matin par les aboiements furieux des Gibbons, dont les cris s'entendent à une énorme distance, et un planteur déplore devant lui les ravages du Semnopithecus cristatus, qui l’empêche absolument de cultiver certaines Plantes que ce Singe vient régulièrement arracher. Sumatra à, dit-il, une très belle faune; cette île est la plus riche en Mammifères des îles de la Sonde. On y trouve l'Éléphant, le Rhinocéros, le Tapir, deux Sangliers, un Chien sauvage, le Tigre, la Panthère, de nombreux Chats sauvages, une foule de petits Carnassiers, l’Ours malais, une quantité de Rongeurs et de curieux Insectivores, le très intéressant Galéo- pithèque ou Chat volant, d'innombrables Chauves-Souris, beau- coup de Singes, entre autres l'Orang-outang et trois Gibbons, quatre Cervidés et une Antilope, enfin le Pangolin. Mais jamais, durant le jour, on ne voit que les Singes et les Écureuils ; les autres ne sortent que la nuit. Il n’a pas vu de Tigres, mais il a examiné des trappes pour les prendre. Ce sont des huttes en pieux très solides dans lesquelles on place une Chèvre; deux couloirs mènent au centre de la hutte et à un gros traquenard où le Tigre tombe fatale- ment, de facon qu'on puisse ensuite le tuer, sans danger, à coups de fusil. En résumé, il y a encore beaucoup de gibier à Sumatra, mais comme presque partout aujourd'hui, notamment comme en France, certaines bêtes se font rares et un grand nombre d'espèces sont très difficiles à capturer, même à observer, même à apercevoir. Le Secrétaire, R. MARTIN. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 195 re SECTION. — MAMMIFÈRES (Sous-section d'Etudes caprines) SEANCE DU 18 DÉCEMBRE 1908 Présidence de M. de Guerne, président. Le secrétaire lit le procès-verbal de la dernière séance, dont les termes sont approuvés sans observation. Le Président fait part à la réunion de la nomination de M. Dechambre à la chaire de Zootechnie à l'École vétérinaire d’Alfort en remplacement de M. Baron. Cette nouvelle pro- voque une manifestation de sympathie à l'égard de M. De- chambre, auquel est envoyé, par insertion au procès-verbal, les félicitations cordiales de tous les membres de la sous-sec- tion d'Études caprines. L'ordre du jour appelle le renouvellement du bureau pour l’année 1909; sont nommés : Président, M. de Guerne. : Vice-président, M. d'Orfeuille. Secrétaire, M. Crepin. M. Lamarque entretient la Section des dispositions originales et peu coûteuses qu'il a prises pour installer et faire prospérer le petit troupeau de Chèvres qu'il entretient à la Maltournée. Dans sa chèvrerie, M. Lamarque posède une dizaine de Chèvres, ce qui équivaut, en zootechnie agricole, à la valeur seulement d’une Vache de bonne taille. Le but qu'il poursuit est des plus modestes; il cherche à donner un lait aussi parfait. qu'abondant aux multiples nichées de Chiens briards qu'il élève et sélectionne pour son agrément. Son succès sur le ter- rain des Chèvres est aussi grand que sur le terrain des Chiens: seulement avec ces derniers il remporte des prix partout où il les produit, tandis qu'avec les Chèvres il n’a pour récompense que la satisfaction intime que lui causent la beauté de ses pro- duits caprins et l'excellence du lait qu'il obtient en grande: 196 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION abondance. Le régime d'alimentation supérieure, qu'il est ainsi en mesure de donner à ses élèves, lui assure des sujets développés, précoces, de formes vigoureuses et en parfait état de résistance contre toutes les maladies qui déciment les jeunes Chiens. Les Chèvres qu'entrelient M. Lamarque sont des bêtes de race, cela va de soi; un zootechnicien amateur élevant des Chiens de valeur ne peut se passer de méthode scientifique pour tout ce qu'il fait. Aussi la race de Chèvre une fois choisie, il n'a cherché à développer dans ses animaux que les qualités par lesquelles la race doit se recommander utilement et ila laissé systématiquement de côté le fatras des petites considéra- tions inventées par le snobisme, la fausse science et souvent la spéculation. Les Chèvres dont il s’agit sont de race alpine, pur sang; elles sont fort belles et dans la plénitude de leurs moyens, puisque les quatre Chèvres qu'il avait en lait dans la belle saison lui donnai-nt une quinzaine de litres de lait, quantité qui est tombée à douze litres aux approches du froid de l'hiver. Ce “résultat est très beau. Entraînées à produire dans celte mesure, ces bêtes continueront à donner du lait en quantité convenable tout l'hiver et leur rendement s’accentuera et reviendra pres- que au niveau de l'été dernier, sans l’intervention d’une mise- bas, si M. Lamarque veut ne pas interrompre la production de lait immédiatement nécessaire à ses jeunes Chiens. Les Chèvres de M. Lamarque sont d’une rusticilé remar- quable et supportent la stabulalion sans le moindre inconvé- nient. Cependant il n'a pas échappé à leur maitre que le mou- vement au grand air est d’une hygiène supérieure à l’im- mobilité en lieu clos. Aussi s'est-il ingénié pour trouver une combinaison qui assuräâl à ses animaux ce grand avantage pendant la belle saison. À 2 kilomètres et demi de l’étable aux Chèvres, il exisle une carrière dont les galeries s'ouvrent au fond d'un vaste cirque tout couvert d’arbustes sauvages et de broussailles d’essences les plus diverses. Un petit train Decauville qui pénètre dans les galeries en ramène plusieurs fois par jour des chargements de pierres à l'usine à plâtre qui touche à la chèvrerie. Chaque jour, le matin, M. Lamarque fait accrocher au petit train qui part pour la carrière, une cage sur roues, condilionnée économique- ment et assez grande pour contenir huit à dix Chevres qui EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 197 vont pâturer sur le versant circulaire qu'elles débroussaillent avec bonheur et utilisent ainsi au mieux des intérêts du maître. Quand arrive ie soir, elles sont ramenées au bercail par le même procédé de locomotion, les mamelles gonflées de lait comme au temps de Virgile : Ipsæ lacte domum referent distenta capellæ Quant à l'écurie de ses Chèvres, M. Lamarque l’a construite et installée avec la préoccupation manifeste de tenir compte de l'instinct, du caractère et des besoins de nature de l'espèce ani- male à abriter. Celle-ci aime dominer l’espace, vivre dans l'air sec et la clarté. Aussi, le local qui lui est destiné est-il sous un toit élevé, fournissant le cube d'air nécessaire en hauteur, les barrières qui séparent les animaux sont assez basses pour que ceux-ci n'aient pas l'impression d'être encaissés el puissent se voir. Enfin, de larges baies vitrées inondent de lumière par le haut les compartiments où les Chèvres vivent à l'aise et pleines d’entrain. Ces compartiments faits de planches (la Chèvre aime Île con- tact du bois), surmontées d’un cadre grillagé, s’alignent sur un couloir central où se distribue le fourrage. Des ouvertures pratiquées dans la cloison permettent aux Chèvres de passer la tête et de prendre leur nourriture en dehors de leur clos, bien au propre, dans de grandes mangeoires disposées le long du couloir et vissées à la paroi; sur ces mangeoires est fixée une espèce de râtelier en fil de fer pour empêcher le foin de déborder par terre. Cette disposition offre l'avantage d’empé- cher les Chèvres de perdre de la nourriture. On sait, en effet, que la Chèvre refuse de manger tout ce qu’elle a piétiné. Or, comme elle aime choisir dans le foin qui lui est présenté, qu’elle attire à elle hors du râtelier plus qu’elle ne consomme, elle arrive par cette pratique à gâcher énormément et c'est là un dés griefs que le cultivateur lui reproche. Le dispositif employé par M. Lamarque et emprunté à des installations similaires du Brésil donne le moyen d'’obvier à l'inconvénient signalé en disposant la Chèvre à épuiser économiquement sa mangeoire-râtelier. L'hiver, le local n’est pas chauffé, bien que la Chèvre redoute le froid. Une bonne litière abondante, fréquemment renou- velée, ajoute aux effets des mash chaudes qui alimentent et 198 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION des couvertures épaisses qui recouvrent les animaux. Dans une écurie suffisamment close où règnent une dizaine d'animaux bien groupés, la température reste: suffisamment élevée pour que les habitants n'aient pas à souffrir des intempéries du dehors. L'air vicié monte et s'échappe par de petits ventila- teurs pratiqués en retrait du sommet des murs à l'endroit où posent les sablières du toit. Par cette disposition des ventila- teurs l'air froid pénètre horizontalement et ne peul frapper directement, de haut en bas, les animaux d'ailleurs bien garantis par leur couverture. Les murs de cette bâtisse sont constitués par l'assemblage de bois rustiques apparents garnis de carreaux de plâtre en double formant deux parois qui laissent régner entre elles un vide, c'est-à-dire un matelas d'air qui augmente l’étanchéité des murs contre l'influence humide et froide du dehors. La couverture du toit, très légère, est faite de minces che- vrons sur lesquels sont clouées des ardoises d'amiante résis- tantes et peu coûteuses. Cette chèvrerie si simple est plaisante et coquette, son cachet rustique produit le meilleur effet. Les animaux y sont heureux et beaux, soignés d'ailleurs sous la surveillance atten- tive de Mn° Lamarque elle-même, qui met tout son zèle à seconder son mari dans l’œuvre intéressante qu'il accomplit. Ce qui est encore remarquable dans cette organisation de chèvrerie, c'est le peu de dépense qu'elle représente à côté de l'effet pratique et esthétique obtenu. Le logement d'une Chèvre dans ces conditions ne conduirait pas au delà d’une dépense d'une quarantaine de francs. Si l’on ajoute à cela que, nourrie pour produire même intensivement, une Chèvre ne doit pas atteindre à plus de 80 à 90 francs de frais, on peut se rendre compte de son rapport estimé de 850 à 1.000 litres de lait par an vendu couramment à Paris à 4 franc le litre. Dans l'exposé qui précède, il convient de retenir également l'idée suggestive que présente l’usage de cages sur roues pour le transport des Chèvres à distance. Il n’y a là qu'un pas pour arriver à l'adoption d'automobiles confortables et élégantes qui transporteraient rapidement et facilement des bandes entières de Chèvres sur tous les points de la grande ville où ie lait de Chèvre servi à la chaleur de la traite peut être réclamé. Dans ce transport originai et pittoresque, l'entreprise commer- EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 199 ciale qui le pratiquerait trouverait le plus puissant moyen de se faire connaître que l’on puisse imaginer. M. Gérôme donne communication d’un extrait du Compte rendu du Congrès international d'Agriculture tenu à Vienne en 1907, qui a trait spécialement à l'élevage de la Chèvre. Les rapporteurs de cette intéressante question sont MM. Sch- neider, directeur de l'École secondaire d'Agriculture de Neu- titschein, et Hussmann, professeur d'Agriculture à Rothholz. Voici leurs conclusions : Résolution Schneider : « On favorisera cette branche de la petite économie en 1 accordant toute l'attention qu’elle mérite, spécialement l'établissement de Sociétés d'élevage de la Chèvre, par la cor. cession de subvention pour l’achat d'animaux reproducteur: doués de capacités productrices, par la protection des com- munes et des particuliers pour ce qui est de l'entretien des Boucs, par la plantation de pâturages pour les Chèvres, là où ne se trouvent point de pâturages naturels, et l'encouragement de tous les autres élablissements ayant rapport à la question ici traitée, autrement dit à l'élevage moderne rationnel de la Chèvre. » Résolution Hussmann : « En résumé de ce qui précède, on peut dire que l’encoura- gement de l'élevage de la Chèvre intéresse deux groupes de propriétaires fonciers : -« 1° Ceux qui, en raison de leur situation économique, se trouvent dans l'impossibilité d'entretenir des Vaches; « 2° Les propriétaires de pâturages de menu bétail. « Puissent les autorités compétentes et les corporations agricoles ne pas s’en tenir à cette manière de voir selon laquelle l'élevage de la Chèvre ne semble pas justifier d'encouragement! Si l’on a jusqu'ici manqué de soins concernant cet élevage, ce n'est point une raison pour que, dans l'avenir, il en soit de même. « Pour le relèvement de l'élevage de la Chèvre dans les pays de montagne, il paraît désirable et nécessaire : « 1° Que les corporations agricoles puissent se vouer dans l'avenir, plus qu’elles ne l'ont fait jusqu'ici, à la question de l'élevage de la Chèvre. 200 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION « Avant tout, une élévation de la capacité d'utilisation et de la capacité de production de nos races indigènes doit être entreprise, et cela avant de recommander le croisement avec des animaux de pays étrangers; 2° Que l’on ait en vue, d’une façon toute particulière, la con- servation des pâturages employés jusqu'ici. En cas d'établisse- ment de nouvelles ordonnances légales pour la protection des pâturages, on devrait aussi avoir égard à la Chèvre; « 3° Que les moyens reconnus favorables au relèvement de l'élevage du gros bétail puissent trouver également, autant que possible, leur application pour l'élevage de la Chèvre. » Le secrétaire, JosEPH CREPIN. II SECTION. — ORNITHOLOGIE — AVICULTURE SÉANCE DU 4 JANVIER 1909 Présidence de M. Magaud d’Aubussson, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Debreuil dit que le changement qui s’est opéré dans l’époque de la ponte de ses Oies d'Egypte est absolument l'in- verse de ce qu'a constaté M. de Quatrefages.Il y a dix-neuf ans que notre collègue possède les siennes; elles ont commencé par donner leurs œufs au mois de mars, puis la ponte s’est effectuée plus tôt, en février, ensuite cela a été en janvier, et maintenant c’est en novembre. À propos du fait rapporté par M. van Kempen, M. Le Fort cite celui d'un Choucas, vivant en liberté et ne quittant pas l'épaule d’un jardinier pendant son travail. M. Caucurte raconte l’histoire d’un Corbeau auquel des ouvriers tonneliers avaient appris à retirer de la terre, où ils l'avaient enfoncé, l'instrument appelé fausset. Un jour, l'Oiseau en arracha un qui tenait à une barrique, se régala de vin et devint ivre mort. Depuis lors, il se grisait tous les jours, pre- EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 201 nant la boisson qu’on lui présentait et bientôt il fut alcoolique; ce défaut lui devint même fatal, car, étant gris, il se laissa écraser par un haquet. M. Trouessart parle d’un Cheval qui, s'étant un jour grisé en brisant une bouteille, en avait pris l’habiltude, M. Caucurte cite, à propos des mœurs des Oiseaux, un fait des plus bizarres. À Navarrenx, petite ville du département des Basses-Pyrénées, il y a un pont construit sur le gave d'Oloron, et sous lequel habitent des Martinets. Les habitants ont, pour se distraire, l'habitude de jeter du haut de ce pont un feuillet de papier à cigarette, dans lequel ils ont pratiqué un trou; or, fort rarement et pour ainsi dire jamais, ce papier n'atteint l’eau. Dès qu'il est aperçu, un Martinet se précipite et passe la tête dans le trou du papier, qui devient pour lui comme une collerette. Quelquefois un Martinet en porte ainsi deux ou trois. Quel peut être le motif d’une semblable habitude ? Notre collègue, qui avait entendu raconter le fait et qui n’y croyait guère, voulut s'en assurer par lui-même. Pour ne pas paraître victime d’une mauvaise plaisanterie, il se rendit sur le pont, et à chaque coup son expérience réussit. On a écrit à M. Ménegaux pour lui demanders’ila jamais oui dire que le Rossignol fit son nid sur le Petit Houx. Les mem- bres de la Section croient que c’est impossible. Le Petit Houx, Ruscus aculeatus, Monocotylédonée de la famille des Liliacées, tribu des Asparagées, est une petite Plante très peu élevée et très faible n'ayant aucun rapport avec le Houx, lex aquifolium, qui est un arbre de la famille desIlicacées etpar conséquent une Phanérogame. Il est donné lecture d’une lettre de M. Blandenier, professeur à Alexandrie, qui, désirant être utile à notre Société, demande de lui fournir une liste des animaux qui pourraient nous linté- resser et qu'il nous enverrait. M. Magaud d’Aubusson pense que pour les Oiseaux, il y a lieu d'indiquer trois espèces : le Cormoran pygmé, qui habite le lac Mariout, près d'Alexandrie, le Court-vite isabelle et le Ganga cata, qu’on rencontre du côté d’Aboukir. M. Debreuil communique un entrefilet d’un journal de Melun, daté du 31 décembre, et conçu en ces termes : « Depuis un mois 202 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION environ, des milliers et des milliers de Pigeons sauvages, assez semblables à des Pigeons voyageurs, ont élu domicile en forêt de Fontainebleau. Ils vagabondent un peu partout, mais se tiennent assez volontiers dans les parages de la Croix de Tou- louse. En bandes serrées, ils volent avec un bruit d’ailes qui surprend tant il est fort et violent. Ces volatiles se nourrissent de glands, très abondants cette année. De savants ornitholo- gistes nous diront peut-être la cause de cette invasion ailée à laquelle nous ne sommes pas habitués. » M. Le Fort a constaté pour la première ce même phénomène dans le Loiret, et ces Oiseaux sont tellement nombreux que le bruit produit par leur vol peut être comparé à celui que fait un aéroplane. Ces Pigeons doivent être des Ramiers. M. Debreuil dépose sur le bureau le numéro de juin-sep- tembre du Bulletin de la Société vaudoise des Sciences natu- relles. Il est entièrement consacré à un « Récit de voyage à Ceylan et à Sumatra, par M. W. Morton. » Les membres de la Section y trouveront la liste très nombreuse des Oiseaux récoltés par l’auteur dans ces deux pays. | On se rappelle l'envoi de cartes fort intéressantes fait par M. de Chapel et ayant pour objet la migration des Oiseaux. M. Magaud d’Aubusson a fait part à l’auteur de certaines objec- tions. C'est ainsi que, M. de Chapel disant que les Cailles vien- nent d'Asie, d'Egypte et d’autres contrées d'Afrique, notre Pré- sident lui a demandé ce qu'il entendait par celles qui arrive- raient d'Asie; M. Magaud d’Aubusson ne croit pas qu'elles pénètrent en Europe. Celles qui viennent d'Afrique détachent des colonnes qui se dirigent vers l'Asie Mineure, se cantonnent sur le bord de la mer Noire et peuvent envahir la Turquie et la Grèce. Quant à celles des environs de la mer Caspienne, elles sont bien d’origine asiatique. M. de Chapel a admis l’objection; son Opinion provenait de la lecture d'ouvrages déjà anciens. Autrefois, les Cailles étaient chez nous fort nombreuses; ainsi, en Bourbonnais, à quatre fusils on en avait tué 1.200; elles sont ensuite devenues rares, mais heureusement elles tendent à revenir. Les cartes de M. de Chapel sont certainement à publier dans le Bulletin. M. de Chapel a profité de cette correspondance avec notre EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 203 Président pour lui demander si les membres de la Société d’Ac- climatation savent que les Brantes ou Siffleurs huppés se sont implantés dans les étangs situés du côté de Feurs, dans le département de la Loire. Le premier couple est arrivé, il y a douze ans, sur un étang appartenant à M. le marquis de Pon- cins. Ils ont niché et tous les ans ils reviennent avec les jeunes qui y sont nés, cette année ils sont au nombre de 76.11 est vrai qu'on les épargne; cependant, M. de Chapel croit qu'il en a été tué une quarantaine depuis ces dernières années. . En présence d’un fait aussi intéressant, M. Magaud d’Aubus- son s'est empressé d'écrire au chatelain de Feurs, et il a reçu de M. le comte Bernard de Poncins la leltre suivante datée du 24 décembre : « Le fait que vous me signalez de Siffleurs huppés, ayant niché et nichant dans nos étangs du Forez est parfaitement exact et vous avez été bien renseigné. Autrefois, ces Canards étaient extraordinairement rares dans ce pays-ci; je dirais même qu'ils n’existaient pas, puisque jamais il n’en avait été vu un seul sur les élangs; je me rappelle fort bien qu’un vieux garde de la maison, qui habitait au milieu des étangs et qui connaissait le gibier d'eau comme personne, n’en avait jamais vu un seul en soixante ans; puis un jour, en chassant, j'en ai tué un; mon père en a tué aussi à quelques jours d'intervalle, il y à de cela peut-être cinq ou six ans; nous avons pris l'habitude d’en voir et d’en tuer, et nous en avons peut-être bien cinq ou six empaillés ici, tant mâles que femelles. Ces Canards ne faisaient d’abord que passer, puis il en a niché une paire ou deux. Tous les ans ils se sont mis à nicher dans les étangs, et cette année-ci, par exemple, au moment de l’ouver- ture de la chasse, fin d'août, il y en avait un vol de 64 sur un de mes étangs. C'était toute la bande des petits de l'année; maintenant ils sont partis. Mais c’est l’époque des pêches, les étangs sont presque tous à mi-eau, ou même à sec, et l'absence de pluie prolongeant cet état, il est parti beaucoup de gibier. Seuls un gros vol de Cols-verts est resté; je suis convaincu qu'au retour du printemps les Siffleurs reviendront et nicheront à nouveau, comme ils en ont pris l'habitude depuis plusieurs années. C'est un fait qui était sans exemple dans ce pays et qui a beaucoup intéressé les amateurs de gibier d’eau, comme mol. » Cette lettre de M. de Poncins est, on le voit, fort intéressante. 920% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NA ,‘:ALE D'ACCLIMATAT!ION Le Brante roussâtre, ou Siffleur huppé, Pranta rufina, fuligulien, qu'il ne faut pas confondre avec Mareca penelope, vulgaire- ment appelé Canard siffleur, et qui lui est un anatien, appar- tient au sud-est de l'Europe. Jusqu'à présent il n'avait jamais niché en France; il s’agit donc d’acclimatation spontanée. Ce magnifique Oiseau serait une fort belle acquisition; on avait bien essayé de le faire reproduire en captivité, mais les tenta- tives ont toujours été infructueuses. À propos des Caillee, M. le professeur Trouessart parle incidemment de l'opinion d'un naturaliste allemand, qui pré- tend que les Caiïlles, dont se nourrirent les Israélites dans le désert, étaient des Ganga alchata. M. Magaud d’Aubusson répond qu'il s'agissait certainement de Cailles. Il à vu les terrasses d'Alexandrie couvertes de ces: Oiseaux; ils se trouvent même dans des terrains dépourvus d'herbe. Ce sont, dit-il, des pluies de Cailles. Le Ganga est erratique. La Caille n’est pas commune, c’est vrai; mais lorsqu'elle passe, il y en a des quantités innombrables. C’est à peine au contraire si on voit plus de vingt Gangas à la fois. M. le Président résume ce qui avait été dit précédemment au sujet de la protection des animaux en Afrique. M. Trouessart pense que le système à employer serait l'établissement d’un impôt, et M. Ménegaux dit qu'il faudrait s'entendre sur le nombre des Oiseaux qu'il serait permis de tuer; c’est ce qui a été fait, lorsqu il s’est agi des Otaries. On ne peut empêcher de tuer des animaux, croit M. Troues- sart; mais la visite de la douane à la sortie du pays est de rigueur. C'est, avec le permis de chasse et les réserves, comme les Anglais en ont créé, le moyen d'arriver à un résultat. M. Mailles est partisan de réserves temporaires à côté des permanentes. M. Trouessart répond qu'en territoire anglais le chiffre des animaux que l’on a le droit de tuer avec le permis peut changer tous les ans. Il n’y a pas de garde; c’est la douane qui fait le nécessaire, ses agents se rendent dans les magasins, et, quand on a sa feuille en règle, on peut partir. M. le Président dit que le rapport à présenter doit être général et non rédigé par les Sections, qui n’ont qu'à fournir le travail d'ensemble. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 205 Une réunion aura lieu à cet effet le dernier lundi de janvier; y seront. convoqués les présidents et sociétaires des trois Sections de Mammalogie, d'Ornithologie et de Colonisation. M. le professeur Trouessart fait une communication au sujet du travail d'un zoologiste américain, M. Guyer, sur les hybrides de la famille des Phasianidés. Darwin avait dit que chez les Oiseaux de ce groupe, le plumage primitif devait être chevronné clair et foncé, c'est-à-dire de couleur claire sur couleur foncée. L'auteur de cete étude a pris comme modèle, à l'appui de sa thèse, un hybride d’une Pintade et d’une Poule. Chez cet animal, les caroncules sont remplacées par une touffe de plumes. Le plumage ne présente pas de larmes, mais des chevrons, ce qui ne se rencontrait pas chez les parents hybrides; en revanche, les chevrons existent chez les femelles des Phasianidés. M. Trouessart demande à ses collègues s'ils ont connaissance de la présence du Nandou dans la région mexicaine, ce dont parle le romancier Gustave Aymard. M. Magaud d’Aubusson répond que cette affirmation ne se trouve dans aucun autre auteur, mais l'Oiseau en question existe dans les fermes de ce pays. Le Secrétaire, Comte D'ORFEUILLE. III: SECTION. — AQUICULTURE SÉANCE DU A1 JANVIER 1909 Présidence de M. Maïlles, membre du conseil. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. À l'occasion du procès-verbal, M. Raveret-Wattel consulté par notre collègue M. Le Fort, à propos du fogosh, a déclaré categoriquement que ce Poisson ne pouvait être que le Sandre comuun, Lucioperca Sandra. : M. Le Fort déclare être de l’avis de M. Raveret-Wattel. , 206 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. Debreuil entretient la Section du Jardin de Hamma ou Jardin d'essai d'Alger dont notre collègue M. Rivière est directeur. Il paraît que ce Jardin est à la veille d’être transformé en café-concert, et devant l'émotion bien légitime de son direc- teur, M. Debreuil, fidèle interprète de M. Rivière, propose à la Section d’aquiculture de vouloir bien émettre un vœu tendant à la conservation de ce jardin en vue de faire de la pisciculture et des études sur les Reptiles. M. Debreuil pense que notre Section serait bienvenue à formuler un vœu dans ce sens afin de sauvegarder un établissement si utile. La question adoptée en principe est renvoyée au Conseil pour la solution qu'il convient d'y donner. À propos d'un article récemment paru dans le Temps sous la rubrique : la Vie à la campagne, où l’auteur s'élevait contre la pratique des pisciculteurs consistant à briser la glace des étangs par les temps de gelée et à y introduire des bottes de foin de paille ou de roseaux, M. Le Fort prétend que les pisciculteurs ont le plus grand avantage à agir de cette facon, dans l'intérêt même des Poissons, qui peuvent res- pirer ainsi un air renouvelé pendant la journée et leur évite de venir humer directement un air d’une température trop diffé- rente de celle de leur milieu, ce qui causerait leur mort, de plus évite aux Poissons de petite taille d’être pris dans la glace en formation. parfois fort rapide, causée par le vent. Cette précaution les empèche aussi d’être caplurés par des ennemis extérieurs qui les guettent à ce moment, tels que Rats, Martins-pêcheurs, Canards, et par l'Homme lui-même qui peut s’en emparer si facilement avec une épuisette. Le Secrétaire, HENRI BRUYÈRE. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 207 IV° SECTION. — ENTOMOLOGIE SÉANCE DU 44 JANVIER 1909 Présidence de M. Clément, président. Le procès-verbal de la dernière séance est adopté. A l’occasion de la lecture du procès-verbal, M. Le Fort signale que si les Diptères du genre T'abanus ne s’attaquent ordinaire- ment pas à l'homme, comme les Chrysops et les Hæmatopota, il n’est cependant pas rare d’être piqué lorsque le temps est chaud et orageux. Notre collègue fut ainsi attaqué à plusieurs reprises en prenant des bains froids. M. Ch. Rivière envoie le Papillon d'une Noctuelle dont la Chenille a fait des ravages considérables pendant l’année 1908 dans les cultures des plaines d'Oran. C’est Prodenia littoralis, nommé par notre collègue, M. Mar- chal. Les ravages de la Chenille sont nocturnes, et dans la plaine de l'Habra s'étendent sur beaucoup de plantes, pommes de terre, artichaut, luzerne, prairies, et jusqu'aux herbes des chemins. Une jeune plantation de Ramie en a fortement souffert aux environs de Perrégaux pendant les mois chauds; la nuit, on ramassait les Chenilles par sac. Le jour, la Chenille se terre. Pour se transformer en chry- salide elle s'enfonce en terre; la transformation en Papillon a duré dix-neuf jours. On retrouve ce même Insecte en Egypte, dans l’Inde et dans d’autres régions chaudes ; c’est un ennemi du Cotonnier. M. l'abbé Foucher donne lecture d’une très intéressante note sur l'Anthomyia radicum (Dirr.) qui dévaste les plants de Choux. Ce travail paraîtra au Bulletin. Au sujet de cette communication, M. le président indique 208 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCCIMATATION comme moyen de défense l'arrosage des plantes attaquées avec une émulsion de pétrole. Cette pratique n'offre pas d’in- convénients par suite de l’évaporation rapide du pétrole. On dissout du savon dans du pétrole, on obtient une sorte de crème que l’on émulsionne ensuite dans de l'eau. L'alcool em- ployé en badigeonnage est nuisible, car, pour être efficace, il doit être employé à un degré assez fort et il risque de dété- riorer les plantes badigeonnées ; il en est de même de l'acide sulfurique. Cette question de préservation des plantes amène notre collègue M. Le Fort à nous parler de l’arrosage préventif avec le « Corbol ». Ce produit est un mélange de goudron, pétrole et acide phénique, dans les proportions suivantes : FOUALON IE EME ST NN PRES Re EEE 00 Pétrole Re MU RE 0 le 200 Ale Hrenique ss s Le 42 4040 Oeit A0 pour un quintal de semence. Brasser et sécher avec du plâtre ou du phosphate de chaux. On peut chauffer le mélange pour rendre le goudron plus fluide si la température est basse. M. Le Fort signale ensuite la présence, en grand nombre, d'Hemerobius sp.? (NÉvroPT.) dans une de ses propriétés, en Sologne, où les femelles s'étaient refugiées pendant l'hiver. Ces Insectes, dit M. Clément, sont uliles, car ils se nourrissent exclusivement de Pucerons et de Cochenilles. M. Debreuil entretient ensuite la Section, au sujet du Jardin d'Essai du Hamma. Le directeur actuel, notre collègue, M. Ch. Rivière, est sur le point de prendre sa retraite, et le Jardin d'Essai changerait complètement de destination; il est à craindre qu’une partie de l'établissement ne soit transformée en café-concert. Nos collègues attirent l'attention de la Société sur la menace de disparition du Jardin. M. Debreuil demande que la Société d’Acclimatation émette un vœu tendant à sa con- servation. Ce vœu émis par chacune des Sections serait ensuite transmis à l’autorité compétente. Cette proposition est adoptée à l'unanimité. Le Secrétaire, D' Maurice Rover. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 209 Ve SECTION. — BOTANIQUE SÉANCE DU 18 JANVIER 1909 Présidence de M. D. Bois, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Bois dépose sur le bureau, pour la Bibliothèque de la Société, le rapport quil a rédigé à titre de rapporteur du Jury du Concours international de Roses à Bagatelle, organisé par le Conseil municipal de Paris. Dans ce travail très documenté, 16 pages, il est divers passages qui méritent d'être mentionnés ici pour l'intérêt qu'ils présentent pour les amateurs. M. Bois donne l'historique de la création des collections horticoles au parc de Bagatelle, et plus particulièrement de la roseraie dont, au début, 4.500 variétés furent données par M. Jules Gravereaux. L'origine des variétés el races de Rosiers de nos jardins est ensuite passée en revue : variations spontanées, de nature gemmaire, des espèces indigènes, alors seules cultivées (exemple : Posa canina, BR. qallica), variations perpétuées par bouturage et greffage; puis varialions obtenues dans la descen- dance à la suite de semis de graines issues de fécondation directe, ou de métissage, ou d’hybridation avec les espèces ornementales introduites à la fin du xvii° et au début du xIx° siècle. Ces espèces sont : Rosier de Bengale {Rosa semper- fiorens\), 1780; Rosier multiflore (#. multiflora), 1820; Rosier Thé (2. indica), 1810; Rosier de l’île Bourbon (}. indica var), 1817 ; Rosier de Noisette, 1814. Par des croisements habilement faits avec les anciens Rosiers indigènes, qui ne fleurissaient qu'une fois, ou exceptionnellement deux fois, dans les variétés « bifères » et de « Portland », ces nouvelles espèces permirent d'obtenir les races de Rosiers si recherchés maintenant, tels que les « hybrides remontants » et les « hybrides de Thé », si remarquables par leur floraison presque toule l’année et la beauté de leurs fleurs. BULL. SOC. NAT. ACCL: FR. 1909 — 45 210 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. Bois donne, « dans l’ordre chronologique, une liste des principales variétés obtenues au commencement et au milieu du siècle dernier; ces variétés constituent encore la plus bril- lante parure de nos jardins, elles-mêmes ou leur descendance ». Voici cette liste, modifiée en ce sens que les variétés ont été groupées dans les diverses races auxquelles elles appartiennent: PorTLanp. Rose du Roi, 1812. SEMPERVIRENS. félicité et Perpétue, 1898. NoiserTEe. Aimée Vibert, 1828; chromatella, 1843. TBé. Safrano, 1839; Triomphe du Luxembourg, 1840; Gloire de Dijon, 1853; Comtesse de Labarthe, 1857; Homère, 1858; Rubens, 1859 ; Maréchal Niel, 1864. HYBRIDES REMONTANTS. Prudence Roeser, 1840; de la Reine, 1842; Baronne Prévost, 1842; Géant des batailles, 1846; Victor Verdier, 1851 ; Jules Margottin, 1852; Madame Récamier, 1852; Général Jacqueminot, 1854; Triomphe de l'Exposition, 1855; Empereur du Maroc, 1858 ; Madame Victor Verdier, 1859 ; Paul Neyron, 1860; Charles Lefebvre, 1861; Monsieur Boncenne, 1864; Baronne A. de Rothschild, 1868. BENGALE. Cramoisi supérieur, 1843. ” ILE BourBon. Souvenir de la Malmaison, 1843 ; Louise Odier, 1851. HyBrines D'ILE BourBon. Cicéron, 1854. HyBrIDES DE THÉ. La France, 1867. Vient ensuite l’indication des espèces qui, dans ces derniers temps, ont joué un rôle important dans l'obtention des nou- velles variétés : Æosa rugosa, À. lutea, R. Wichuraiana, et ont permis aux horticulteurs d'obtenir les variétés horticoles de Rosiers désignées sous le nom de Polyantha, de À. Perne- tiana et d'hybrides de Wichuraiana. Le but du « Concours international de Roses nouvelles » avait pour but de juger, par comparaison, les plus parfaites variétés de Roses obtenues dans l’année. En 1907, ce fut la Rose Marquise de Sinety, hybride de Thé, obtenue par M. Pernet-Ducher, de Lyon, qui obtint le premier prix. Cette variété est absolument remarquable par son coloris superbe, ocre de Rome nuancé de rose de Carthame (1), (1) Voir, pour l’'énumération et la description des variétés présentées à ce concours de 1907, la Revue horticole, n° du 16 juillet 1907, p. 333. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 211 Pour le concours de 1908, 87 variétés furent présentées par des horticulteurs de divers pays : Allemagne, Amérique, Angleterre, Autriche, Brésil, France, Hollande, Italie, Irlande, Luxembourg, Portugal, et se répartissent dans les séries sui- vantes, groupées par ordre d'importance au point de vue du nombre des variétés présentées : Hybrides de Thé, 43 variétés ; Thé, 17 variétés ; Hybrides de Wichuraiana, 7 variétés ; Hybrides remontants, 6 variétés; Muliiflores, 5 variélés; Bengale, polyantha, hybrides de rugosa, 2 variétés de chacune de ces séries; Et divers autres hybrides de Pernetiana, de polyantha, de rubrifolia, de gigantea. C'est, on le voit, la série des Æybrides de Thé, qui attire maintenant le plus l'attention des horticulteurs, tandis qu'il y a une quarantaine d'années, c'était celle des Hybrides remon- tants qui fournissait les meilleurs gains. Le tableau des variétés présentées en 1908, tel que l’a pré- senlé M. Bois, donne le numéro de concours attribué à chaque variété, son nom, la race à laquelle elle appartient, son origine par filiation, le nom et le pays de l’obtenteur, et le nombre de points qui lui ont été attribués. Il est à remarquer que, sur les 15 plus belles variétés, 11 sont des hybrides de Thé. Voici la liste de ces 15 variétés du concours de 1908, avec l'indication de leur série et de l’obtenteur; elle permettra aux amateurs de noter ainsi les nouveautés intéressantes qu'ils pourraient introduire dans leurs collections, et, s’ils en désirent un plus grand nombre, ils pourront se reporter au texte offi- ciel, publié dans les comptes rendus des travaux de la 3° com- mission du Conseil municipal de Paris. Lyon rose. Pernetiana. Pernet-Ducher, Lyon. Rhea Reid. Hyb. de Thé. E. G. Hill, États-Unis. Dorothy Page Robert. Hyb. de Thé. À. Dickson, Irlande. Madame Segond Weber. Hyb. de Thé. Soupert et Notting, Luxembourg. Mistress Dudley Cross. Thé. W. Paul et Sons. Angleterre. Frau Oberhofgariner Singer. Hyb de Thé. P. Lambert, Allemagne. 212 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Jean Noté. Hyb. de Thé. Pernet-Ducher. Lyon. Chäleau de Clos- Vougeot. Hyb. de Thé. Pernet-Ducher, Lyon. Mistress R.-A. Waddel. Hyb. de Thé. Pernet-Ducher, Lyon. Alix Roussel. Thé. À. Gamon, Lyon. Amiral Evans. Hyb. de Thé. E.-G. Hill, États-Unis. Hector Mackenzie. Hyb. de Thé: Guillot, Lyon. Mademoiselle Louise Leroy. Thé. L. Leroy, Angers. A ltmarker. Hyb. de Thé. J.-C. Schmidt, Allemagne. Madona. Hyb. de Thé. J. Gooke, États-Unis. M. Bois dépose ensuite sur le bureau, pour être distribuées aux Sociétaires, des graines de Chenopodium amaranticolor, adressées par M. Robert-Rolland Gosselin, el donne connais- sance d’une lettre de notre collègue sur les observations qu’il a faites sur le mode de végétation de cette plante (V. Bulletin, 1909, p. 58 et 59). M. Le Fort dit que la plante, chez lui, a d'abord élé comparée, comme aspect, au Chenopodium album, mais qu'en pleine végétation, c'est tout autre chose, et que, somme toute, les feuilles forment un très bon légume. M. Debreuil demande si la teinte toute particulière des feuilles, due à une sorte d’exsudation recouvrant l’épiderme, est particulière à cette espèce ; M. Bois répond que, dans le C. Quinoa, il y a un revêtement coloré analogue; le C. amaran- ticolor ressemble, d’ailleurs, beaucoup au €. Quinoa, var. pur- purascens ; mais « il s'en distingue surtout par sa taille beaucoup plus élevée, ses graines noires, luisantes, à bords subaigus ». (V. Revue horticole, 1908, pp. 77 et 78.) M. Heckel, directeur de l’Institut et du Musée eolonial de Marseille, a posé la question suivante, transmise à la Section de Botanique : « Sait-on, à la Société, que le Lantana Camara, introduit et acclimaté en Nouvelle-Calédonie (où je l'ai vu envahissant il y a quarante ans) comme plante ornementale dans les jardins devient un fléau tel dans cette île qu’il menace l'avenir des forêts et, par conséquent, le régime des eaux ? Les colons en sont très préoccupés; il y a acclimatation et accli- matation!!!...» M. Heckel demande si l’on a, à la Société, des renseignements précis sur ce sujet et ajoute : « Il paraïitrait, d’après les derniers renseignements qui me parviennent, que cette plante est devenue, dans les forêts, une liane qui épuise et tue même les plus grands végétaux en arbre, comme le EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 213 « Niaouli » (Melaleuca viridiflora Gærtn) etles Araucaria Rulei, dans l’arête centrale, ligne de partage des eaux. » Parmi les personnes présentes à la réunion, MM. Bois et Courtet ont eu l’occasion de voir le Lantana Camara dans les -contrées chaudes; ils n’ont pas remarqué qu'il eut des effets très nuisibles, et surtout ne l’ont pas vu prendre l'apparence de liane. C'est, disent-ils, un arbuste très envahissant, formant des broussailles enchevètrées, impénétrables et épineuses dans les parties découvertes, mais de formes arrondies, broussailles qui. servent de refuge pour les animaux sauvages de poils et plumes. La Section de Botanique manifeste le désir de voir M. Heckel lui communiquer les renseignements qu’il pourrait se procurer sur cette question du Lantana, notamment s’ils apportent des indications différentes sur son mode de végétation et son influence sur la végétation spontanée. M. Ronsseray rend compile des résultats qu'il a obtenus avec diverses graines d'Eucalyptus, recues de notre collègue, M. Morel, de Beyrouth; il offre en échange du Gaultheria pro- cumbens à quiconque lui procurera un pied de Gaultheria du Canada. Mais cette dénomination est bien vague. S'agit-il du G. myrsinites Hook, ou du G. Shallon Pursh.? Il y a d’ailleurs -un plus grand nombre d'espèces de ce genre que ne le croit notre collègue ; une dizaine figurent dans le Fruticetum Vilmo- rinianum. Il demande quelles sont les Cryptomeria cultivés dans les jardins. On cultive le C. elegas et le C. japonica, celte der- nière espèce sous forme d'un très grand nombre de variétés, belles surtout dans le jeune âge, se dégarnissant ensuite, et aimant de préférence une situation humide et ombragée; le C. elegans se dénude moins et vient mieux en sol un peu plus sec. M. Labroy fait part de diverses observations ou questions qui lui ont été faites par M. Prochowsky. 1° Avocater, floraison de plantes jeunes. « Les auteurs, dit M. Prochowsky, indiquent que l’Avocatier ne fructifie guère 214 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCIIMATATION avant l’âge d’une dizaine d'années. » Il ajoute qu'il cultive plusieurs pieds de cette espèce, provenant de semis qu'il a faits, graines reçues de différentes localités ; l’un de ces semis, âgé de deux ans, jeune plante de 45 centimètres, a produit « quatre panicules de fleurs »; notre collègue se propose de polliniser ces fleurs à une prochaine floraison pour essayer d'obtenir des fruits. 2° Albizzia Lophantha. Au sujet de cette plante, M. Pro- chowsky a fait une remarque analogue à celle ci-dessus. Cet Albizzia s'est naturalisé dans son jardin. « Autour des sujets de 12 à 15 mètres de hauteur et âgés de cinq à dix ans, il y a des centaines d’autres, nés spontanément de graines tombées des premiers. Parmi ces plants, issus de semis natu- rels, il y en a qui fleurissent déjà, à l’âge d'un an ou même moins, alors qu'ils n'ont souvent que 80 centimètres de hauteur. » Cette particularité est déjà connue et utilisée par les horti- culteurs qui se servent de jeunes semis des divers Alhizza comme plantes à fleurs pour les corbeilles d'été. - M. Prochowsky signale en outre que cet Albizzia Lophantha pourrait « être utilisé pour la production de bois de chauffage dans un climat analogue à celui de Nice et dans les plus médiocres terrains, graveleux et même très calcaires ». 3° Au sujet d’une note qu'il a lue dans le Bulletin de la Société d'Horticulture d'Algérie, 1908, p. 288, « Sur des dattes sans noyaux produites à Orléansville, la cause de l'absence des noyaux étant que le propriétaire renonce à la pollinisa- tion ». Notre collègue signale que le célèbre Dattier à fruits noirs de Nice (Phœnix melanocarpa Naudin) produit tous les ans des grappes énormes « d'excellents » fruits, que ses fleurs soient pollinisées ou non. M. Prochowsky émet cet avis : « La pollinisation parait n'avoir aucune influence sensible sur le développement en grosseur et aussi sur le goût des dattes, et on comprend combien sont supérieures les dattes sans noyaux qu'on mange sans aucun déchet. « Depuis une époque reculée, les peuplades qui cultivent le Dattier pratiquent la pollinisation. Mais, à juger d’après les deux cas, cette pollinisation n’est pas nécessaire pour avoir la production de dattes, et je puis ajouter que nombre d’autres Phænix sont dans le même cas, malgré que le nombre des fruits produits soit généralement moindre quand les fleurs so itialé EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 2415 n'ont pas été pollinisées, ce qui ne parait nullement être le cas avec le Dattier à fruits noirs de Nice.» M. Le Fort dit qu'il a déjà vu des dattes noires sans noyau au Maroc; elles sont plus charnues et excellentes, mais ne sont pas produites par le P. melanocarpa. M. Labroy, chef des serres du Muséum, fait ensuite une communication sur diverses Plantes à caoutchouc sur lesquelles l’attention a été attirée tout récemment. Il signale d’abord les Manihot des États de Bahia et de Piauhy, décrits en 1907 comme espèces nouvelles par M. le D: Ule, et qui sont : 1° M. dichotoma ou M. de Jéquié; le 4. hep- taphylla ou M. de San Francisco, et le M. piauhyensis ou M. de Piauhy, et compare les mérites de ces espèces entre elles et avec le A. Glaziovi. Ces renseignements, bourrés de chiffres, sont trop spéciaux pour être compris dans un procès-verbal; de même que pour ceux qui concernent les autres plantes passées en revue, ils feront l’objet d’une note spéciale pour le Bulletin. M. Labroy parle ensuite du « Guayule », Composée arbus- tive du Mexique (Parthenium argentatum) affectionnant les sols calcaires de la région du Texas, à des altitudes de 700 à 2.000 mètres; l’industrie que l'exploitation de cet arbuste a . fait naître ne pourra être de longue durée dès que ces réserves seront épuisées ; il faut au moins dix ans pour qu’une jeune plante soit exploitable, et d’ailleurs la multiplication en est très difficile. Le Bleckrodea tonkinensis Dub. et Eberhdt est un arbre de 12 à 15 mètres de haut, dont le tronc atteint jusqu’à 35 à 40 cen- : timèêtres de diamètre ; il appartient à la famille des Urticacées, tribu des Morées, et pousse dans des sols schisto-calcaires, où on le rencontre environ au nombre de 80 à 150 par are. C’est un arbre intéressant, dont il y a lieu d’abord de réglementer : l'exploitation par les indigènes pour éviter une destruction trop rapide; d’ailleurs, la plante se sème et se bouture bien. Le Raphionacme utilis Brown et O. Stapf, ou Ecanda, est une plante à souche tuberculeuse noire pouvant peser 300 à 500 grammes, poussant dans les régions découvertes et sèches de Benguela (Afrique tropicale) et renfermant 7 p. 100 de son 216 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION « poids de caoutchouc, qui est préparé par le pressage de la pulpe; caoutchouc de bonne qualité. L'Euphorbia fulva O. Stapf. est un arbuste mexicain des terres chaudes, produisant du latex en abondance, mais très résineux (60 p. 100 de résine); de même, l’£. candelabrum, essayé dans l’Angola, n’a pas donné de résultats. | Les Plectonia elastica (Mascarenhesia), liane du nord-ouest de Madagascar, produit un caoutchouc de bonne qualité, tandis que le Pentopetia elastica Jum. et Per. de la Bathie, autre liane de petite taille, ne donne qu'un caoutchouc médiocre. Enfin, M. Labroy signale la confusion qu'il y a eu dans les . espèces de Ficus produisant le caoutchouc rouge de Nouvelle- Calédonie, attribué au #. prolixa Foster, tandis que ce produit est dû en réalité à une autre espèce, #. Schlechteri. (N. Journal d'Agriculture tropicale, 1908, p. 984.) (4) M. le Président remercie M. Labroy de sa communication et lui demande de la compléter, pour le Bulletin, par les rensei- gnements qu'il pourra recueillir concernant l'£ucommia ulmoides, au sujet duquel on ne sait encore rien de bien précis. M. Debreuil fait part des démarches et demandes faites par M. Rivière, du Hamma, Alger, pour obtenir que le caractère de jardin scientifique et de collections soit maintenu à cet établis- sement, et demande à la Section de Botanique d’émettre le vœu que celte conservation soit assurée. La Sec.ion s'associe à ce vœu, dont les termes seront étudiés ultérieurement par le Conseil. Le Secrétaire, J. GÉRÔME. (1) Au moment de la mise en pages, nous apprenons que M. Dubard identifie le F. ScAlechteri Warb. au F. nilida Blume; le F. prolixa Foster existerait bien en Nouvelle-Calédonie, mais ne serait pas exploité pour le caoutchouc. JC Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, !, rue Cassette. PJ pe s Membre ure des disponibilités. Graines offertes par M. MOREL, cia cyanophylla. — odoralissima. salicine. "oséis, ucarnea recurvata. imonia radicans. calyptus amygdalina. ; botryoides. _— cinerea. — colossea. _— eugemoides. _— Feld Bay. globulus. _— gomphocephala. — goniocalyz. — hemiphlæa. Lehmanni. — leucoxzylon. 1 MACTOCATP maculata. microphylla. paniculata. pilularis. — piperita. ee robuste. — redunca. Der — OFFRES e Cervule Muntjac adulte. — — 2 ans. Cervus Sika adulte. À 2 ans. adresser à la Société, 33, rue de Buffon. elle Emeu, adulte, excellent état, emballage au ompte de l'acheteur. GAZENGEL, Brécourt, par Nesles-la-Vallée (Seine-et-Oise). pins angoras blancs primés, ou échange contre folaille race pure. BéCoq et Poules Caumont, le lot emballé, 35 fr. 1-2 Canards Rouen, anglais, foncés, 60 fr. — ïigeons, tambours de Boukharie, noir uni, couple, 00.fr: — Pigeons, tambours de Boukharie, blanc ani, couple, 100 fr. — Pigeons, cravatés chinois, blancs, très petite taille, couple, 20 fr. — Pigeons, lamantés, bleus de Syrie, couple, 20 fr. — Pi- beons, nègres à crinière, couple, 20 fr. — Pigeons, lHirondelles bleues de Saxe, couple, 25 fr. — igeons, Cigognes, blancs à marques noires, ouple, 30 fr. — Pigeons, Etourneaux, couple, BOtr. — Pigeons, queue de paon, écossais rouges, rembleurs, couple, 100 fr. — Tous sujets de oncours primés plusieurs fois et en plein travail. uple Colins de Californie, prêts à pondre, 20 fr. Belle. femelle Paon nigripennis, familière, 908, 70 fr. Louis RELAVE, à Lyon-Vaise (Rnône). OFFRES, DEMANDES, ANNONCES FOR À JR MOUSE iété qui désirent obtenir des cheptels sont priés d’adresser S demandes au Secrétariat, 33, rue de Buffon; les cheptels seront consentis, après mn en de la Commission compétente, suivant le rang d'inscription et au fur et à EN DISTRIBUTION Bucalyptus resinifera. _ rudis. — rudis rostrata. — saligna. — siderophlæa. — siderophloia. — stuartiana. — Trabuli. ÆEucorum tricoccum. ÆEupatorium atrorubrum. Eurya latifolia. Freesia refracta. Grevillea robusta. Medeola asparayoides. Melianthus major. Senecio platanifolia. — arborea. Tetraclynis articulata. Graines offertes par M. DEBREUIL. Triticum turgidum (Blé de miracle). Lathyrus odorans (Pois de senteur d'Irlande). Graines offertes par M. BOIS. Chenopodium amaranticolor (Anserine amarante). Poulettes Caussade, pleine poute, 5 fr. pièce. — OEufs à couver, 30 fr. le cent. M. M ZIN, Saint-Jean-du-Gard (Gard). Poudre d'os, spéciale pour l'alimentation des ani- maux, favorise le développement du système nerveux. Mre A. DUCHEMIN, Hermes (Oise). Trois mâles Paon nigripennis. M. de SAIN VILLE, Courbes-Vaux, par Saint-Ger- main-des-Prés (Loiret). Chèvre alpine en lait, très bonne laitière. Beaux boucs alpins de deux ans. M. GARNIER, domaine de Villegats, par Pacy (Eure). DEMANDES Co. Oïes du Canada. M. LOYER, 12, rue du Four, Paris. Un Coq et deux Poules Orpington noirs, garantis ure race ou œufs, même race. Mn QUESNEL de la ROZIÈRE, Sainte-Mene- hould, Marne). 3 femelles Ho-Ki adultes, ayant déjà pondu, 1 fe- melle Satyre adulte, 1 Paonne blanche. M. de SAINVILLE, aux Courbes-Vaux, par Saint- Germain-des-Prés (Loiret). # F. L Te DA 2. à À EN ARC Be FONDÉE EN 1854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 1855 PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) "1 5. Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux ee et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; à l'introduction et à la propagation de végétaux utiles on d'ornement. : : Ce programme s’applique au territoire des possessions extérieures, comme au sol même de la France. L’attention des personnes compétentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses sa publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres! Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo: sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graines qu’elle donne, par les cheptels qu’elle confie à ses membres, ou aux socites dites agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatatin poursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc- cupées de science pure. — Le Bulletin, paraissant une fois par m'is et formant chaque année un volume d'environ 4i0 pages, illustré de gravures, donne des rensei- gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Ois aux, Poissons; Abeïlles, Vers à soie, etc., et les Plantes do oe on nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité : les étrangers y sont admis aul même titre que les Français : les dames peuvent ésalement en faire partie ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo= ratoires, Jardins zoologlques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une coti= sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de la Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d’Oiseaux ou de Poissons, elc., faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lui sont également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d’achat à prix réduit des publications de la Société antérieure à son admission, etc. Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d Accli- matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-h'it volumes in-8, illustrés de nombreuses gravures et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le Bulletin de la Société renferme une foule de documents orisinaux sur loutes les matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importan's, tirés à part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi- fères et leur élevage, les Oi-eaux e! la pratique de l’Aviculture, les Poissons et la pratique de la Pisciculture, l'Entomologie anpliquée et la pratique de l’Apiculture et de la Sériciculiure, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits, leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dont plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pour les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix le Manuel de l’Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bien connus du D’ Moreau sur les Poissons de France. Le Gérant : A. MARETREUX. Paris. — L. MArREeTeEUux, imprimeur, Â. rue Cassette. © BULLETIN DE LA DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 56 ANNÉE JUIN 1909 SOMMAIRE | PiStersupplémentare desimembres: de /la-Société.t. 0.0 LENS LEE EE 217 | 3. PELLEGRIN. — Les Poissons d’eau douce de la Guyane française (suite). . . . . . . 249 _L:-O0. HOWARD. — Importation du Tetrastichus zanthomelznæ aux États-Unis . . . . . 228 44 Extraits des procès-verbaux des Séances des Sections. | 9e Section. — Ornithologie. Aviculture. — Séance du 1% Février 1909. . . . . . . . . , . 240 4° Section. — Æntomologie. — Séance du 8 Février 1909 . ... « . . . . … . . . . . . - . 244 5° Section. — Botanique. -- Séance du 15 Février 1909. . . . . . . . . . . .1e . à, . . 246 6° Section. — Colonisation. — Séance du 18 Janvier 1909. . . . . . . . . . . . . . . . . 248 ‘a — — — 1 Over AONO NN ANT Se BI ANSE 249 Bibliographie. | |. M: IL. — Encyclopédie des connaissances agricoles. . . . . . . . . . . . . . . .. , .. 252 La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, À fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT TOUS LES MOIS RO # un an put D ra k \ d jet: 4 N! mo ie LTAUE ë de Le Secrétaire Dental a H d’ informer MM. les Membres de Ua So et les personnes qui désireraïent l’entretenir qu’il se tient à leur disposition siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à "7 heures. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BUFFON — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1909 Président, M. Edmond Perrier, membre de l'Institut et de l’Académie de Médecine, Directeur d . Muséum d'Histoire naturelle, Paris. À MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'E coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Baron Jules de GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. Comte de PONTBRIAND, Sénateur, boulevard Saint- Germain, 238, Paris. C. Raverer-WarreLz, Directeur de la station aquicole du Nid-de- Vers 20, rue des Acacias, Paris. Vice-Présidents. Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. LE ForT, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Zfranger),. H: Hua, Directeur- adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, %54, boulevard Saint Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). MILHE- POUTINGON, 4%, rue de la Chaussée-d’Antin (Zntérieur). Ch. DEBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (Séances). Trésorier, M. le D" SeBiLLonre, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. Marzres, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. 5 e Membres du Conseil MM. MAGAUD-D'AUBUSSON, 18, rue Erlanger, Paris. Comte Raymond de DALMAS, 26, rue de Berri, Paris. LEcoMTe, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 44, rue des Écoles, Paris. Le MyRE DE ViLERrs, 3, rue Cambacérès, Paris. D: LEPriINCE, 62, rue de la Tour, Paris: D: P. Marc#AL, Professeur à l'Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologiq de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. Ph. DE VILMORIN, Verrières-le-Buisson, Seine- et-Oise. Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. ACHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris: Dr à. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. Wurrion, 7, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine. Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1909 Janvier | Février Mars Avril Mai Novembre Décembre Séances pu Conseir, le Jeudi à 5 heures. 7 n 4 À 6 4 1re Secrion. — Mammifères, le lundi AS NE UTE SAMU RSS Eee 2 1 1 5 3 8 2° SECTION. — Ornithologie, le lundi RCI US eue 2 À il 5 3 8 30 SECTION. — (1 j. Aquiculture, le lundi Ab heures uen sl 8 8 19 10 15 Le SECTION. — Entomologie, Je lundi EN D a VPN EEE ER RAIN AU PAR 18 8 19 10 15 ÿe Secrion. — Bolanique, le lundi : 2 Ma D 2 SRI ENTRE A EUR 15 15 26 17 22 6e SEcmon. — Colonisation, le lundi AROANELLES EN 18 15 15 26 17 22 Sous-SECTION d’ Etudes Capri ines, le ven- dredita)p heures sens nn nn) 19 19 93 DAPELNADE me (1) Batraciens, Reptiles et Invertébrés aquatiques: LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ARRÊTÉE AU 15 JUIN 1909 MESDAMES : Baumann (H.), château de la Clissonnière, par Annebault (Calvados), présentée par MM. Debreuil, Alain Bourbon et Jacot. BERGUE (Jeanne), château du Haut-Gèvres, par Treillières (Loire- Inférieure), présentée par MM. Loyer, Krauss et Debreuil. EPxrussi (Maurice), 19,avenue du Bois-de-Boulogne, à Paris, présentée par MM. Edmond Perrier, Marquis de Breteuil et Loyer. MM. BETHMANN (le baron de), 8, rue Auber, à Paris, présenté par Mue la Marquise de Ganay, MM. Edmond Perrier et le Marquis de Breteuil. BRETEUIL (le marquis de), 10, avenue du Bois-de-Boulogne, à Paris, présenté par Mr° la Marquise de Ganay, MM. Perrier et Loyer. Brianr (Francis), 13, rue Jouffroy, à Paris, présenté par MM. le Comte d'Orfeuille, Debreuil et Tolet. Caucay, 8, boulevard Denain, à Paris, présenté par MM. le Comte d'Orfeuille, Debreuilet Bruyère. Cayeux, 8, quai de la Mégisserie, à Paris, présenté par MM. le Contte d'Orfeuille, Debreuil et Bois. Deroet (Auguste), 32, avenue des Champs-Elysées, à Paris, pré- senté par MM. Edmond Perrier, le Baron de Guerne et le Comte d’'Orfeuille. ÆErxrusst (Maurice), 19, avenue du Bois-de-Boulogne, à Paris, présenté par Mr: la Marquise de Ganay, MM. le Marquis de Breteuil et Loyer. HorTrnNGuer, 7, rue Alfred-de-Vigny, à Paris, présenté par M®° la Marquise de Ganay, MM. Edmond Perrier et le Marquis de Breteuil. BULL. SOC. NAT» ACCL. FRe 4909 — 16 9218 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Larivière (Maurice), 148, rue de Longchamp, à Paris, présenté par MM. Edmond Perrier, le Marquis de Breteuil et Loyer. Loyer (Henry), Massy-Palaiseau (Seine-et-Oise), présenté par MM. Debreuil, le Comte d’Orfeuilie et Bois. MarTin (Edouard), Menestreau en Villette (Loiret), présenté par MM. Edmond Perrier, Le Fort et L. Varin. MauBourGuEr (René), Lormont (Gironde), présenté par MM. le Comte d'Orfeuille, Tolet et Debreuil. Murar (S. À. le Prince), 28, rue de Monceau, à Paris, présenté par Me la Marquise de Ganay, MM. Edmond Perrier, et le Marquis de Breteuil. Pgrenon (Eugène), à Poitiers, présenté par MM. Rollinat, Loyer et R. Martin. Rivière (Gustave), professeur départemental d'Agriculture à Versailles (Seine-et-Oise), présenté par MM. Edmond Perrier, Bois et Debreuil,. RorasciLp (le baron Edouard de), 140, avenue des Champs-Elysées, à Paris, présenté par MM. Edmond Perrier, Ephrussi et le Marquis de Breteuil. STEWART (William-Hood), 47, rue Copernic, à Paris, présenté par - MM. Edmond Perrier, Debreuil et Roger. WurTz (le D' Robert), 18, rue de Greuelle, à Paris, présenté par MM. Edmond Perrier, Debreuil et Roger. LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE (Suite) (1). Par le Dr JACQUES PELLEGRIN. Docteur ès sciences, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle. Avant de passer en revue maintenant, famille par famille, les formes les plus intéressantes qui peuplent les eaux douces de la Guyane française, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que la classe des Poissons est divisée généralement en six ordres principaux : les Léptocardes, les Cyclostomes, les Chon- droptérygiens ou Sélaciens, les Ganoïdes, les Téléostéens, les Dipneustes ou Dipnoïques. Les Léptocardes, les Cyclostomes faisant défaut dans les eaux douces de la Guyane seront laissés de côté. Les Ganoïdes, qui constituent comme on sait un groupe jadis très abondant, aujourd’hui en voie d'extinction, représenté, à part les Esturgeons, seulement par quelques formes très dis- semblables, doivent être cités ici pourrait-on dire pour mé- moire: les Amies, les Lépidostées, les Scaphirhynques et les Polyodons de l'Amérique septentrionale et centrale ne descen- dant pas jusqu'à la Guyane française. Toutefois, parmi les Esturgeons, Aug. Duméril (2) décrit un Acipenser cayennensis comme provenant du fleuve Oyapock. L'origine de ce Poisson n'est pas absolument certaine, il le reconnaît lui-même, d'ail- leurs. Toutefois, il n’y aurait rien d’impossible à ce que ce soit un individu erratique venu se perdre accidentellement sur les côtes de Cayenne en cherchant à remonter une rivière ainsi que le font ses congénères. Les Dipneustes forment un groupe encore plus réduit que le précédent puisque l’on n'en connaît plus maintenant que trois genres, les Ceratodus australiens, les LiSPDtreE africains et les Lépidosirènes sud-américaines. Le Lepidosiren paradoxa Fitzinger, animal si curieux dont (1) Voir Bull., mai 1909. (2) A. Dune Histoire naturelle des Poissons, t. Il, 1870, p. 189. : 290 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION les caractères établissent le passage entre les Poissons et les Batraciens, est fort rare, confiné dans quelques localités du Brésil et du Paraguay. On ne l’a jamais trouvé, que je sache, en Guyane. C'est cependant une espèce qui pourrait, sans doute, être rencontrée par les voyageurs, puisqu’elle habite des régions tout à fait voisines et de climat identique. Les Chondroptérygiens sont avant tout des Poissons marins, n'empêche qu'en Guyane un certain nombre d’espèces, aussi bien dans le groupe des Squales que dans celui des Raies, remontent assez haut dans les rivières. Les Requins ou Carcharidés sont extrêmement abondants, non seulement sur le littoral mais aussi dans l'estuaire de tous les fleuves de la Guyane. inutile d’ajouter qu'ils y sont juste- ment redoutés à cause de leur férocité, doublée d’une voracité insatiable. On peut citer, parmi les espèces de ce pays, le Carcharias porosus Ranzani, par exemple. Les Poissons-Scies s’avancent aussi à une certaine distance dans l'intérieur. Ces énormes animaux intermédiaires aux Squales et aux Raies, mais qui font partie de ce dernier groupe ou Batoïdes, à cause -de leurs ouvertures branchiales ventrales, ont la tête munie, comme on sait, d’un prolongement aplati ou bec égal au tiers ou au quart de la longueur du corps et garni sur les bords de dents acérées régulièrement espacées. Ils atteignent des dimen- sions considérables. C'est ainsi que M. Chapellier a capturé et observé en Guyane, à l’îlet La Mère à l'entrée du fleuve Mahury, un individu en train de s’échouer, appartenant très probable- ment à l'espèce Pristis Perrotteti Müller et Henle et qui ne mesurait pas moins de 52,58 de longueur, tout en pesant environ 600 kilogrammes (1). On peut juger si de pareils monstres doi- vent effrayer les pêcheurs! Les rivières de Guyane renferment en outre plusieurs espèces de Trygons. Ces Poissons forment une famille, les Trygonidés, peu éloignée des Raïes proprement dites ou Rajidés. Ils ont la queue fort longue, garnie à la base d’un ou de plusieurs aiguil- lons acérés, munis de chaque côté de fines denticulations. Ces épines constituent des armes extrêmement redoutables et pro- duisent des blessures dangereuses qui s’enveniment facile- ment sous ces climats brülants. Les Indiens le savent bien, (1) Cf. Dr J. Pellegrin. Les Poissons-Scies. La Nature, 15 octobre, 1904, p. 316. LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE 221 aussi se servent-ils souvent de ces aiguillons en guise de pointes à leurs flèches ou à leurs sagaies. Parmi les espèces principales, on peut citer le Trygon tuber- culata Lacépède, le 7. hystrix Müller et Henle, le 7. strongy- loptera Schomburgk. Les Téléostéens sont à l'heure actuelle l’ordre le plus impor- tant de la classe des Poissons, aussi bien à la Guyane que dans toutes les autres régions du globe. Les familles du groupe des Acanthoptérygiens, c’est-à-dire des Poissons osseux chez les- quels les nageoires sont en partie formés de rayons épineux, seront d'abord passés en revue. Bien qu’elles soient générale- ment marines, on rencontre bon nombre de leurs représentants dans les rivières de la Guyane, les uns sont arrivés en remon- tant directement de la mer, les autres, déjà depuis longtemps complètement adaptés à la vie dans les eaux douces, y sont nés et s'y reproduisent. Aux premiers, par exemple, appartiennent certains Serranidés qu'on capture dans les estuaires et à l'em- bouchure des principaux fleuves, comme les Centropomes qui se rapprochent beaucoup de nos Bars et fournissent comme eux une chair des plus estimées, quelques Pristipomatidés comme le Pristipoma cavifrons Cuvier et Valenciennes qui ne craignent pas de s’avancer assez loin vers l’intérieur. Les Nandidés sont plus intéressants, car ce sont des Poissons de la seconde catégorie, c'est-à-dire exclusivement dulcaqui- coles. Ils sont peu nombreux, présentent l'aspect général des Perches dont ils ont les habitudes carnassières et habitent l'Inde ou le sud-est de l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du sud. Le Polycentrus Schomburgki Müller et Troschel est une petite espèce de cette famille, à la coloration des plus agréables, assez abondante à la Guyane. Elle esl remarquable par le nombre considérable de ses épines, aussi bien à la dorsale où on en compte seize ou dix-sept, qu'à l'anale où il y en a treize environ. C’est un fait assez rare chez les Poissons acanthopté- rygiens que la présence de plus de trois épines à la nageoire anale et qui permet de reconnaître assez facilement ces jolis petits animaux. Les Sciænidés forment une famille importante de Poissons carnivores, généralement marins, à la chairle plus souvent fort estimée. Plusieurs espèces cependant vivent plus ou moins complètement dansles eaux douces et parmi celles-ci quelques- unes habitent les fleuves de la Guyane. Elles appartiennent 299 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION aux genres Micropogon, Corvina, Otolithus, Ancylodon, Nebris, Lonchurus, etc. On voit par cette énuméralion que la famille est très richement représentée dans notre colonie sud-améri- caine. Les Otolithes doivent leur nom, qui signifie pierre d'oreille, à leurs volumineux osselets de l’ouïe. Quelques-uns, comme l’Otolithus cayennensis Lacépède, ou Otolithe tou-rou atteignent une assez grande taille et fournissent un manger fort délicat. Les Carangidés sont des Poissons avant tout marins, aussi n'y a-t-il pas lieu d’insister beaucoup ici sur les quelques espèces des genres Caranx, Argyreiosus, Chorinemus, qu’on peut rencontrer plus ou moins accidentellement dans les estuaires. Les Polynémidés, les Capitaines comme on les appelle vulgairement aux colonies, sont des Poissons très recherchés au point de vue alimentaire. Ils remontent souvent assez haut dans les rivières et quelques-uns atteignent une taille respec- table. Ils sont reconnaissables aisément aux rayons détachés des nageoires centrales qui leur servent d'organes tactiles. Le Polynemus Plumieri Lacépède commun aux Antilles "descend quelquefois jusqu’à la Guyane. Les Mugilidés, désignés vulgairement sous le nom de Muges ou Mulets, sont fort comparables aux représentants de la famille précédente. Comme eux, ils sont très comestibles; comme eux, ils remontent les rivières. Ils sont très répandus sur nos côtes et dans nos fleuves métropolitains, et par consé- quent bien connus. Ils ont un régime plutôt herbivore com- posé de vase et de proies minuscules. Parmi les espèces guya- naises on peut citer le Mugil incilis Hancock. Les Gobiidés constituent une famille des plus vastes de petits Poissons carnivores habitant les côtes marines, les eaux sau- mâtres et parfois Les eaux douces. Plusieurs espèces se trouvent à la Guyane, mais n'offrent pas un grand intérêt au point de vue pratique. Elles appartiennent principalement aux genres Gobius et Eleotris. L'Eleotris gyrinus Cuvier et Valenciennes paraît assez commun. M. Geay a envoyé du Bas-Oyapock une forme curieuse remarquable par l’allongement de son corps, l'Amblyopus Broussonneti Lacépède. Les Batrachidés sont représentés à la Guyane par le Batra- chus surinamensis Bloch Schneider, qui est fort commun. Ce LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE 293 sont des animaux vivant dans le sable des rives et dont il faut se méfier à cause de leurs épines venimeuses situées à la dorsale et à l’opercule et capables de produire des blessures dangereuses. Ces propriétés nocives sont encore beaucoup plus accen tuées dans un genre marin voisin qu'on retrouve aussi sur les côtes de Guyane comme le prouve un envoi de M. Geay, de l'ilet le Père, le T'halassophryne maculosa Günther. Bien que n’attei- gnant que des dimensions assez restreintes, ce Poisson doit être évité avec soin. L'appareil venimeux qu'il possède est, en effet, tout à fait perfectionné et rappelle assez celui des Serpents les plus dangereux. Il est double, operculaire et dorsal. Une épine forte, légèrement incurvée en haut, conique et complètement canaliculée termine de chaque côté l'épine operculaire; son orifice extérieur se trouve tourné vers le dehors. Elle est en relation avec une poche à venin piriforme, d'aspect exlérieur fibreux. L’épine est enveloppée par la peau et l'extrémité seule est visible. Il n'existe cependant pas de muscles spéciaux pour chasser le venin dans la plaie. Celui-ci apparaît sous la forme d’une fine gouttelette à la pointe de l'épine. L'appareil dorsal est formé de deux épines courtes et coniques qui précèdent la dorsale rayonnée fort développée et se prolongeant jusque vers la queue. Ces deux épines sont en relation également avec un réservoir à venin ; elles sont creusées d’un canal central dont l’orifice exlérieur se trouve en avant. Les épines sont entourées d'une gaine (1). Les blessures causées par les Z'halassophryne sont des plus sérieuses. D’après M. Geay, « la piqüre du Poisson Crapaud, c’est ainsi qu'on désigne l’espèce à la Guyane, est très douloureuse suivie de fièvre, produisant souvent la nécrose. de la plaie ». Avec les Cichlidés l’on a affaire à l’une des familles les plus brillamment représentées et les plus caractéristiques des eaux douces guyanaises. Ce sont de fort jolis Poissons à la parure le plus souvent des plus chatoyantes, aux couleurs les plus vives et les plus agréables. Ils présentent assez souvent l'aspect extérieur de notre Perche d'Europe, mais leurs os pharyngiens inférieurs sont plus ou moins complètement soudés. Exclusi- dulcaquicoles, les 300 espèces de la famille habitent l'Amérique (4) Cf. L.-A. Bottard. Les Poissons venimeux, 1889, p. 143. 29% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION centrale ou méridionale, l'Afrique, Madagascar, la Syrie et l'Inde. La Guyane en possède pour sa part un nombre respec- table. Le Crenicara punctulata Günther est un type peu différencié de la famille, relativement rare et voisin des Acara, genre beaucoup plus répandu et dont on compte cinq ou six espèces différentes à la Guyane. L'une d'elle l’Acara Geayi Pellegrin a été dédiée par moi au zélé voyageur qui en a rapporté les pre- miers exemplaires de la rivière Camopi, affluent de l'Oyapock. Ce sont de petits Poissons carnassiers à la livrée des plus brillantes, qui possèdent trois épines à la nageoire anale comme la plupart des Acanthoptérygiens. L'Acaropsis nassa Heckel est très voisin du genre Acara, mais N NS 3 -PELEGRN Fic. 2. — Jeune Cichla avalant une proie volumineuse. s'en distingue par sa bouche extrèmement protractile. Le genre Cichla (ñg. 2), qui a donné son nom à la famille, est celui qui, par l’aspect, se rapproche le plus de notre Perche d'Europe. Il ne lui cède en rien ni pour la beauté des couleurs, ni aussi pour la voracité, mais la dépasse considérablement par la taille, car il atteint un mètre de longueur. Le Cichla ocellaris Bloch Schneider est très commun à la Guyane. Auprès de ce genre géant pour la famille, viennent se placer les Biotodoma ou Heterogramma qui en sont les nains, car ils ne dépassent guère, à l’état adulte, 4 ou 5 centimètres. Le genre Geophagus est un des plus importants. Il est carac- térisé comme le précédent par la présence, en haut du premier arc branchial, d’un lobe lamelliforme dont les fonctions sont encore assez mal connues. Ce sont des Poissons qui, comme leur nom l'indique, trouvent dans la vase une nourriture suffi- samment riche en matières organiques. On peut citer, parmi les espèces de la Guyane, le Geophaqus jurupari Heckel, le G. camopiensis Pellegrin, et surtout le G. surinamensis extré- mement abondant. LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE 225 On observe chez les Géophages, comme d’ailleurs chez plu- sieurs autres genres américains ou africains de la famille, cer- taines particularités curieuses. C’est ainsi que, parfois, des individus adultes du sexe mâle sont porteurs d’une gibbosité plus ou moins développée qui commence au niveau des yeux et s'étend sur le front jusqu'à l’origine de la nageoire dorsale, leur donnant une physionomie tout à fait bizarre. On n'est pas encore très bien fixé sur le rôle physiologique de cette protu- bérance singulière qu'on rencontre aussi parfois chez cerlains autres Acanthoptérygiens comme les Labridés, les Scaridés ou les Dentés par exemple (1). Les Géophages ont des mœurs fort intéressantes en ce qui concerne les soins qu’ils donnent à leur progéniture. Les pre- mières observations à ce sujet ont été faites par Louis Agassiz (2), lors de son voyage au Brésil en 1865. « J'ai observé, écrivait-il, une espèce de Geophagus dont ie mâle porte sur le front une bosse très saillante, qui manque entièrement à la femelle et aux jeunes. Ce même Poisson a un mode de reproduction des plus extraordinaires. Les œufs passent, je ne sais trop com- ment, dans la bouche, dont ils tapissent le fond, entre les appendices intérieurs des arcs branchiaux, et surtout dans une poche formée par les pharyngiens supérieurs qu'ils remplissent complètement. Là ils éclosent, et les petits, libérés de leur coque, se développent jusqu’à ce qu'ils soient en état de pour- voir à leur existence. » Chez les Géophages américains, c’est le màle qui se charge ainsi des soins à donner aux œufs et aux jeunes; chez les Cichlidés africains comme les Tilapies, c’est la femelle qui pra- tique l’incubation buccale ainsi que M. Boulenger et moi nous l'avons montré (3). Le Chætobranchus flavescens Heckel est assez abondant à la Guyane. Le nom du genre est tiré de ce que les branchiospines, sortes d’épines qui garnissent le côté interne des arcs bran- chiaux, sont extrêmement longues, faibles, serrées, sétiformes, indiquant, semble-t-il, un régime composé de particules très ténues; ces appendices remplissent, en effet, le rôle d’un vé- (4) CF. Dr J. Pellegrin. Les Poissons à gibbosité frontale. Bull. Soc. Philom. (9), III, 1900-1901, p. 81. (2) L. Agassiz. Op. cit., 1869, p. 224. (3) CF. Dr J. Pellegrin. Contribution à l'étude des Poissons de la famille . des Cichlidés, 1904, p. 79. 226 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION rilable crible et empêchent les matières nuisibles entrainées par le courant d'eau respiratoire de s'engager sur les lamelles branchiales. Le genre Cichlasoma et le genre Heros, tout à fait voisins, sont les plus riches en espèces du sud de l'Amérique. Plusieurs se rencontrent à la Guyane. Ces Poissons sont remarquables par le chiffre souvent assez élevé d'épines à la nageoire anale, dépassant toujours trois, nombre habituel chez les Acan- thoptérygiens. Ils possèdent des couleurs très brillantes et sont ornés de taches ou de raies, souvent d’un dessin très agréable. C'est ainsi que le Cichlasoma bimaculatum Linné, espèce extré- mement abondante à la Guyane et au Brésil et signalée déjà sous le nom d’Acara par Marcgrave, en 1648, possède une nm — = ———— Fic. 3. — Crenicichla Vaillanti Pellegrin. tache noire latérale et une autre tache ocellée en haut de l’ori- gine de la nageoire caudale, qui lui ont valu son nom spé- cifique. Enfin, il est un dernier genre de Cichlidés très commun à la Guyane, c’est le genre Crenicichla. Chez ces Poissons, le corps s'est allongé considérablement, est devenu presque cylindrique, s'écarlant de l'aspect général de Perche habituel dans la fa- mille. Les deux espèces les plus répandues, sont : le Crenicichla saxatilis Linné et le Crenicichla brasiliensis Bloch dont on dis- tingue plusieurs variétés remarquables par leur coloration. La dernière de ces deux formes était déjà distinguée par Marc- grave et Pison au milieu du xvu° siècle, sous le nom de Nhaquunda. A côté de ces espèces extrêmement vulgaires, il en est quelques-unes beaucoup plus rares habitant la Guyane et que j'ai fait connaître dans ces dernières années, le C. Geayi Pelle- grin, C. Vaillanti Pellegrin (fig. 3) et le C. multispinosa Pelle- grin. C’est, en somme, un genre qui présente une grande diffé- LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE 221 renciation à la Guyane, et la liste de ses espèces est certai- nement loin d’être encore close. Telles sont les principales formes de la famille des Cichlidés qu'on peut rencontrer à la Guyane, mais plusieurs genres non cités ici de ce vaste groupe, habitant le Bas-Amazone, pourront un jour venir grossir cette liste un peu sommaire. Quittant les Acanthoptérygiens, il faut passer maintenant à la division des Anacanthiniens qui, comme on sait, renferme les Gades et les Pleuroneclidés ou Poissons plats. Ces derniers seuls méritent d’être mentionnés ici; ce sont des animaux marins, cdrnivores, vivant généralement sur le fond des côtes sablonneuses. La plupart sont comestibles, et tout le monde apprécie chez nous les Soles, les Turbots, les Limandes, etc. Dans certaines régions tropicales, mais surtout au Brésil et à la Guyane, quelques Pleuronectidés remontent les rivières et vivent dans des eaux complètement douces. C'est ainsi que M. Geay a envoyé au Muséum une curieuse espèce aux yeux rudimentaires, le Soleotalpa unicolor Günther. Mais sans insister longtemps sur ce groupe, il y a lieu de s'occuper maintenant d'une division beaucoup plus importante des Téléostéens, les Malacoptérygiens, Poissons à nageoires à rayons mous, tous articulés, non épineux, car ceux-ci, à la différence des précédents Acanthoptérygiens ou Anacanthi- niens, habitent généralement plutôt les eaux douces que marines. (A suivre.) IMPORTATION DU TETRASTICHUS XANTHOMELÆNÆ ROND. AUX ÉTATS-UNIS Par L. O0. HOWARD (1 L'introduction accidentelle de la Galéruque de l’Orme (Gale- rucella luteola) aux Etats-Unis eut lieu. vers 1837 à Baltimore; l'Insecte se répandit alors vers le nord-est du côté de Boston et vers le sud, dans la Caroline septentrionale; il franchit, il y a relativement peu d'années la chaîne de l'Appalache et com- menca alors à se répandre dans le centre-ouest. En réalité, on ne lui connaît pas en Amérique d'ennemis ayant une action efficace, et il s’est multiplié sans entraves partout où il n’a pas été gèné dans son évolution par des conditions climatériques défavorables ou par les méthodes basées sur l'emploi des inseclicides qui ont été appliqués dans les villes. En Europe, par contre, il existe un ou plusieurs parasites des œufs de cet Insecte. En 1832, Boyer de Fonscolombe fit connaître un des parasites de ces œufs sous le nom de Ptero- malus Gallerucæ. En 1898, Kawall décrivit Pteromalus ooctonus des œufs de Galerucella Viburni. En 1877, Rondani décrivit Oomysus xanthomelænæ. La synonymie possible de ces formes n à pas à nous occuper ici. En 1905, le D' Paul Marchal publia dans le Bulletin de la Société Entomologique de France du 22 février, un article intitulé : Observations bivlogiques sur un Parasite de la Galé- ruque de l’Orme, auquel il donna le nom de Zetrastichus zanthomelænæ (Rond.). Dans ce très intéressant article, le D° Marchal appelait l'attention sur ce fait que le Coléop- tère de l’Orme s’était multiplié depuis quelques années de facon désastreuse aux environs de Paris, réduisant à l'état de squelette les feuilles dans les pares et le long des avenues, ainsi d’ailleurs que peuvent si fréquemment l’ob- server les habitants de nos villes de l’est aux Etats-Unis. (1) La traduction de ce travail, extrait de The Journal of Ecomic Ento- mology, vol. I, n° 5, 1908, est due à l'obligeance de Me L. Berne. IMPORTATION DU TETRASTICHUS XANTHOMELÆNÆ 229 En 1904, les ravages parurent cesser et les observalions de Marchal semblent démontrer pleinement que ce fût grâce au parasite des œufs. En juin 1904, il en observa les mœurs à Fontenay-aux-Roses, sa résidence près de Paris. Ses observa- tions publiées dans le Bulletin sont fort intéressantes : « Le 26 juin, à Fontenay-aux-Roses, je récoltai des feuilles d'Orme altaquées par la Galéruque; la plupart des pontes qui se dressaient à leur surface étaient depuis longtemps écloses, et des larves parvenues à des degrés de développement divers rongeaient le parenchyme; toutefois, malgré l’époque déjà tardive, il subsistait encore un bon nombre de pontes non encore écloses, et, parmi ces dernières, il y en avait dont les œufs présentaient une teinte grise, due à la présence du petit Chalcidien déjà tout formé et prêt à sortir, qui doit retenir notre attention. Le 98, ces parasites étaient éclos dans le vase où les feuilles avaient été renfermées; le 29 el le 30, j'assistais à la ponte du Chalcidien dans quelques groupes d'œufs de Galéruque non éclos et, par conséquent, en retard sur la grande majorité d’entre eux. Au travers du vase de verre, on pouvait voir les minuscules Hyménoptères faire de longues stations sur les œufs du Chrysomélien, et, pour observer l'un d’entre eux, il suffisait, à l’aide d’une pince, de retirer la feuille sur laquelle il était placé, puis de l’examiner à la loupe et tout à loisir. « De façon à être plus précis, je choisirai un individu parmi ceux que j'ai observés, et je relaterai la succession de tous ses actes, conformément à mes notes prises dans le cours même de l'observation. « Le Z'etrastichus est fixé sur le sommet d’un œuf de Galé- ruque, un peu latéralement et dans une attitude presque verti- cale; son abdomen s’incurve et, avec les pièces terminales du fourreau qui émergent vers la pointe, il tâtonne et marque la place où il va introduire son oviscapte; la pointe de celui-ci, qui sort de la face ventrale, se place juste au point marqué, puis l'extrémité de l'abdomen se relève et l’on voit alors la tarière, qui se présente avec l'aspect d’une soie longue et fine, pénétrer, en se dirigeant un peu obliquement vers la base de l’œuf. L'opération est assez longue et dure plus d’une minute : l'Insecte élève et abaisse son appareil perforateur à différentes reprises sans le retirer entièrement de l’œuf dans lequel il reste 9230 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION plongé et semble ainsi sonder son contenu; il parvient enfin à le faire pénétrer jusqu'à la garde, puis, après avoir maintenu quelques instants son abdomen en contact avec l'œuf, il l'en écarte progressivement et retire sa larière. C'est alors que com- mence une manœuvre des plus curieuses et qui constitue l’ori- ginalité de l’histoire biologique de cet Insecte. Aussitôt sa tarière retirée, l'Hyménoptère place sa tête au point où se trou- vait tout à l'heure son oviscapte, puis lèche avec avidité la petite plaie qui vient d'être faite. Ensuite il exécute le mouve- ment inverse et porte l'extrémité postérieure de son abdomen tout près de la blessure; puis, avec les pièces terminales du fourreau, il tâtonne fiévreusement, les abaissant, les soulevant, les déplaçant tour à tour jusqu'à ce qu'elles viennent se placer juste au niveau de la perforation. Ces tätonnements sont assez longs; mais, dès que le point cherché est trouvé, la tarière pénètre une seconde fois dans l'orifice qui a été précédemment ouvert; elle y reste plongée une demi-minute environ, puis l'Insecte la retire et, par une manœuvre semblable à celle déjà décrite, vient lécher avidement la blessure. _« Après s'être ainsi réconforté, il va prendre quelques ins- tants de repos et se promener sur la feuille, aux environs de la ponte deGaléruque, maisil revient rapidement à l'œuf qu'il vient de quitter et qu'il reconnaît au milieu de tous les autres; il le palpe, fait une tentative qui ne semble pas aboutir pour faire pénétrer sa tarière, et se remet à lécher la blessure; puis c’est une nouvelle et courte promenade aux environs, suivie d'une nouvelle visite au même œuf de Galéruque : cette fois le T'etra- stichus arrive rapidement à faire pénétrer sa tarière juste au même point que les deux fois précédentes; elle reste plongée environ une minute et, lorsqu'elle est dégagée, très vivement l’'Hyménoptère se met à lécher la blessure. A partir de ce moment, et sans autres interruptions que celles du tàtonne- ment préliminaire et celle du léchage consécutif, il fait péné- trer sa tarière vingt fois de suite dans l'œuf de la Galéruque. Si nous ajoutons les trois fois précédentes, nous arrivons à ce résultat que, pendant les 45 minutes que dura l'observation, l’'Hyménoptère fit pénétrer sa larière 23 fois dans le même œuf de Galéruque. Tous les coups de sonde donnés ne furent pas d'ailleurs identiques et les derniers furent, d’une façon générale, beaucoup plus rapides que les premiers : vers le milieu de la série, ils duraient d'un tiers de minute à une: IMPORTATIUN DU TETRASTICHUS XANTHOMELÆNÆ 931 demi-minute; vers la fin, l'Insecte ne faisait plus guère que plonger sa tarière et la retirer; mais, quel que fût le temps pendant lequel se prolongeait le coup de sonde, la méthode restait la même, et toujours on observait dans des conditions semblables les tâtonnements préliminaires et le léchage de la plaie. « Le lendemain, l'œuf de Galéruque qui avait été lardé par le Tetrastichus fut examiné : il présentait, voisines l’une de l’autre, quatre petites taches brunàâtres correspondant aux blessures faites par la tarière. L'Insecte, tout en cherchant, pour s’éviter une peine inutile, à retrouver la blessure qu'il a faite antérieurement, peut donc occasionnellement faire une nouvelle perforation s’il ne trouve pas assez vite l’ancien ori- fice. ; « Quel peut être maintenant le but de la singulière ma- nœuvre des Zetrastichus? Il est évident que l’Insecte trouve dans l’œuf de la Galéruque un aliment à sa convenance, et que, faisant servir sa tarière à un tout autre usage que celui auquel elle est habituellement destinée chez les Hyménoptères, il en fait le même emploi que celui que nous pourrions faire d’une épingle pour percer la coquille d'un œuf et humer son contenu. Si la blessure, lorsqu'elle vient d'être faite, est sou- vent trop petite pour qn'on puisse bien la distinguer, on peut en revanche constater que la place léchée par l'Hyménoptère est humide du liquide qui s'écoule de l’intérieur de l’œuf; par- fois même on peut voir une véritable goutte perler à la surface de l’œuf et être rapidement humée par l'Hyménoptère. « Il n’est donc pas douteux que l'un des mobiles qui pous- sent l'Insecte à donner ses coups de tarière réside dans l’in- térêt individuel; mais il est non moins certain, d'autre part, ainsi que nous le prouve le fait même de son parasitisme, que le Tetrastichus, conformément à l'instinet des autres Chalci- diens, peut se servir de sa tarière pour introduire son œuf dans l'œuf même de la Galéruque. Toutefois, parmi tous les coups de tarière qu’il donne, il ne doit y en avoir qu'un bien petit nombre consacrés à la ponte. En ouvrant les œufs des pontes les plus visitées par le Z'etrastichus, je n'ai mis en effet à décou- vert qu'un nombre très limité d'œufs appartenant au Chalci- dien parasite; or, cet œuf ovoïde, légèrement ineurvé, étant assez volumineux (0,23 millimètres) et relativement facile à mettre en‘évidence, il en résulte très certainement que le 932 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION nombre des œufs pondus est très loin d’être égal au nombre des coups de tarière donnés. On peut même avancer, d’une facon générale, que le parasite ne dépose pas plus d’un œuf dans l'œuf de la Galéruque. De plus, on peut ouvrir un œuf de Galé- ruque qui a reçu des coups de tarière multiples, sans trouver à son intérieur un seul œuf du parasite, et il semble bien en résulter que, dans certains cas, le Z'etrastichus pique l'œuf de la Galéruque exclusivement pour se nourrir. « Mes observations ne sont pas assez complètes pour que je puisse dire si lorsqu'il pique l’œuf de la Galéruque pour pondre, sa manœuvre diffère d’une façon sensible de ce que j'ai précédemment décrit, et si alors, par exemple, il se dis- pense des multiples coups de sonde qui doivent en labourer le contenu et arrêter tout développement embryonnaire. « Si les matériaux ne me font pas défaut, j'espère qu’il me sera possible, cette année, en commençant d’une facon moins tardive mes observations, d'apporter une précision plus grande dans l’histoire des curieux phénomènes qui accompagnent la - ponte du Zetrastichus xanthomelænæ. Il reste aussi à recher- cher comment se succèdent les générations, dans quelles con- ditions et à quel stade le Zetrastichus passe l'hiver, et enfin s’il est susceptible de s'attaquer à d’autres œufs que ceux de la Galéruque de l'Orme. » Ayantrendu visite au D' Marchal en juin 1905, après la publi- cation de son article, je lui demandai s’il avait pu continuer ses observations, mais il me répondit que cela ne lui avait pas été possible, l'Insecte étant pratiquement disparu des environs de Paris. Je le priai alors instamment de chercher par l’entre- mise de ses correspondants à se procurer des œufs parasités de Galéruque pour les envoyer aux Etats-Unis et réaliser ainsi l'introduction de cet important parasite de ce côté de l’Atlan- tique. Dans le cours de cet été, il fut impossible toutefois de tenter l'importation, car la saison était trop avancée et on ignorait de plus, à cette époque, dans quelles régions de la France se trouvait en abondance suffisante le Coléoptère de l'Orme. En 1906, les mêmes conditions se présentèrent ; une localité fut pourtant trouvée, mais les parasites faisaient complètement défaut. En 1907, étant revenu à Paris vers le 4° mai, je rappelai au IMPORTATION DU TETRASTICHUS XANTHOMELÆNÆ 233 D: Marchal mon désir d'importer le Tetraslichus de la Galé- ruque de l’Orme aux États-Unis; et m'étant rencontré avec lui et M. Ch. Debreuil, de Melun, chez le baron de Guerne, la con- versation fut mise sur cette question; M. Debreuil prit note de ma demande, et lorsque la saison fut plus avancée envoya des œufs de Galéruque aux États-Unis. Ces œufs furent immédia- tement confiés au Laboratoire des parasites à North-Saugus (Mass.); mais le moment de l'éclosion des parasites était alors passé. En avril 1908, la Société Entomologique de France eut la Tetrastichus xanthomelænæ Rondani, femelle adulte, grossie fortement. gracieuseté d'insérer dans son Bulletin (n°7),p.86,ma demande réclamant l'envoi aux Etats-Unis d'œufs de Galéruque de l’Orme pour l'élevage des parasites. Cette insertion amena une utile et rapide réponse. Vers le 20 mai, le professeur Valéry Mayet, de Montpellier, mon ami personnel, se procura un certain nombre de feuilles d'Orme d'Europe, portant des amas d'œufs de Galé- ruque, les plaça dans une petite boîte de fer-blanc et me les adressa à Washington. Ils arrivèrent le 28 mai et on les fit suivre à M. W. F. Fiske, du Bureau d’entomologie, au Labora- toire d'élevage des parasites à Melrose Highlands (Massachu- setts). Cet endroit avait été intentionnellement choisi, car, à cette époque, aucune localité des environs de Washington BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 17 93% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION n'avait de Galéruques, tandis que dans ces dernières années le Coléoptère avait fait des ravages considérables dans les envi- rons de Boston. Pour diverses raisons cet envoi subit un retard considérable; il arriva enfin le 1° juin, douze jours après son départ de Montpellier. Il fut possible de faire un envoi aussi précoce, grâce à la latitude de Montpellier qui est situé dans la région la plus méridionale de la France. En ouvrant la boîte, M. Fiske trouva un nombre considérable d'adultes bien vivants de Z'etrastichus. La plupart d’entre eux furent placés dans un vaste récipient contenant des feuilles d'Orme sur lesquelles se trouvaient des amas d'œufs récem- ment pondus par les Galéruques. Ces Insectes étaient en effet très abondants à Melrose et on n'avait aucune difficulté à se procurer une grande quantité de leurs pontes. Quelques-uns des parasites furent employés à des expériences de reproduc- tion dans des petits flacons et dans des tubes de verre, mais ces essais réussirent mal, car les œufs se desséchèrent rapidement et les parasites eux-mêmes emprisonnés dans un trop petit espace ne survécurent que très peu de temps. Dans les grands récipients le succès fut au contraire complet. Les femelles furent immédiatement attirées par les pontes des Galéraques, et il est probable que la ponte des parasites commença une heure après la réception du colis. M. Fiske fut à même de confirmer la plupart des observations du D’ Marchal, enregistrées dans l’article cité plus haut; mais il lui sembla que les femelles n’employaient pas toujours autant de temps que les notes du D' Marchal semblaient l’indi- quer. Plusieurs fois 1l remarqua qu'elles se nourrissaient du contenu des œufs au moment où il s'écoule des plaies déter- minées par leur tarière; ceci semble habituel et probablement nécessaire au maintien de la vie des Insectes parfaits. Il y eut plus d’une centaine d'adultes reçus dans l’envoi et très peu sortirent de l'amas d'œufs après le premier jour. Différentes méthodes d'élevage furent essayées, mais le résultat le plus satisfaisant fut obtenu dans le grand récipient sus-mentionné. Dans ce récipient il y eut des adultes qui vécurent trente-cinq jours, ce qui constitue une longévité remarquable et ce qui indique qu’ils peuvent probablement intervenir d’une façon active pendant toute la période de ponte de leur hôte. Parmi les notes de M. Fiske, les suivantes sont à signaler : « 1% juin. — Mise en place des parasites dans le récipient. IMPORTATION DU TETRASTICHUS XANTHOMELÆNÆ 239 « 4 juin. — Ils sont encore très actifs et du feuillage frais garni d'œufs de Galéruque est ajouté. « 8 juin. — Nouvelle addition de feuillage et d'œufs. « A1 juin. — Les /parasites, dont la plupart vivent encore, son! soigneusément transférés dans un nouveau récipient avec des pontes de Galéruque fraichement récoltées. Les 7etra- shichus conlinuent à être très actifs et on peut les observer en train de pondre tous les jours. « 18 juin. — Les parasites, toujours actifs, reçoivent du nouveau feuillage. « 23 juin. — Les parasites encore vivants sont transférés dans uw autre récipient. Il y en a environ une vingtaine. « 25 juin. — Ils sont encore actifs et de nouveaux œufs de Galéruque leur sont donnés. « 29 juin. — D'autres œufs sont encore ajoutés; un cértain nombre de pirasiles sont encore actifs et semblent pondre. « 4° juillet. — Un petit nombre de parasites vivent encore et sont changés de récipient avec précaution. « 5 juillet — On en remarque encore quelques-uns de vivants, mais après cette date aucun n’est observé en vie. « La reproduclion se fit dans tous les récipients mentionnés, bien que dans le dernier elle fût presque nulle. Il n’est pas possible que les parasites observés chaque jour fussent autres que les femelles importées (les mâles étaient morls aussitôt après la réception) et la remarquable longévité de l'espèce peut être dès maintenant considérée comme établie. Il est raisonnable de croire que ces Insectes auraient vécu plus longtemps encore en liberté et dans des conditions natu- relles. « Peu d'observations furent faites au sujet des mœurs des larves. Les premières larves furent trouvées le 9 juin, dans ce qui peut, semble-t-il, être considéré comme leur second état. Elles étaient, à ce moment, si petites, qu’elles étaient presque invisibles à l'œil nu; elles apparaissaient actives et bieu vivantes, lorsqu'on les plaçait dans une goulte d’eau apres les avoir isolées de la substance de l’œuf qui représente leur nour- riture. Ce qui les distingue à cette période, c'est une armature formée de petites épines qui bordent chacun des segments abdominaux postérieurs. Le dernier segment abdominal se termine par une série d'épines disposées d’une facon plus régulière. Après cette phase, la croissance devieut Irès rapide 236 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION et, trois ou quatre jours après, des larves déjà parvenues au dernier stade furent trouvées en grand nombre dans les pontes qui se trouvaient dans plusieurs des grands tubes consacrés aux expériences de reproduction. « Les premières larves du parasite arrivées au terme de leur croissance furent trouvées le 11 juillet. « De jeunes larves du Zetrastichus furent trouvées dans des œufs de Galéruque, déjà assez avancés dans leur développe- ment pour que l'embryon présentât des traces de pattes et de fete: « Beaucoup d'œufs de Galéruque, contenant des embryons plus avancés, furent examinés en même temps et bien que ces embryons parussent morts, tués par la ponte du parasite, aucune larve de ce dernier ne fut trouvée. Le parasite semble donc pouvoir pondre dans des œnfs contenant déjà une larve de Galéruque développée, mais il est douteux que dans ces conditions la reproduction aboutisse. « Dans un laboratoire d'élevage, il est préférable de ne pas prendre comme sujet d'expériences des œufs trop frais plus susceptibles de se flétrir par la sécheresse ou de moisir à l’hu- midité; il vaut mieux choisir des œufs ayant déjà quelques jours. On crut que les œufs fraichement pondus étaient préfé- rables; une certaine quantité de Coléoptères furent donc enfermés avec des feuilles d'Orme et les œufs, à mesure qu'ils furent déposés, furent employés à des expériences de repro- duction; toutes ces expériences manquèrent. Il est probable qu’à l'air, sur du feuillage non séparé de l'arbre, le résultat serait différent. « Le 15, des nymphes furent pour la première fois remar- quées. La coloration différente des œufs parasilés fut aussi notée à ce moment, et il fut reconnu possible de distinguer par leur seule couleur ceux contenant des parasites. « Ces œufs parasités rappellent un peu ceux contenant des larves de Galéruque prêtes à éclore, sauf qu'ils n'ont pas la teinte caractéristique verdâtre. Ils sont grisätres et ont une apparence terne et sans vie. Ils sont souvent flétris et, dans le cas de ceux employés pour les expériences, recouverts d'une légère couche de moisissure. « Les premiers adultes de cette nouvelle génération vinrent à éclosion le 21 juin, se montrant en très grand nombre à cette date. Ceci semblerait indiquer un cycle évolutif de vingt jours, IMPORTATION DU TETRASTICHUS XANTHOMELÆNÆ 237 car il est à présumer que la ponte commenca dès la réception des parasites. « Des générations ultérieures se développèrent plus promp- tement. Les pontes qui furent mises en expérience, le 11 juin, donnèrent des éclosions le 29, soit dix-huit jours après. Les pontes qui furent placées dans le même récipient, le 18 jüin, fournirent des éclosions seize jours après, c'est-à-dire le 4 juillet. Du premier lot d'œufs fraichement pondus qui fut placé dans le troisième récipient, où les parasites furent trans- férés le 23 juin, une abondante éclosion s’effectua le 8 juillet, après quinze jours seulement. Les pontes qui furent ajoutées, le 26 juin, donnèrent une éclosion semblable après une égale période de quinze jours, c’est-à-dire le 11 juillet. Le dernier récipient, dans lequel les parasites furent transférés le 1°" juillet, contenait, le 15 juillet, un très petit nombre d'adultes, sem- blant constituer leur progéniture et indiquer un cycle évolutif de quatorze jours seulement. La réduction graduelle du temps du cycle évolutif, d'autant plus grande que la saison est plus avancée, est un fait très curieux, mais qui n’a pas encore recu d'explication satisfaisante. La moyenne de la température à la fin de juin et au commencement de juillet fut plus élevée qu’au début de juin, mais il ne semble pas que la différence observée soit suffisante pour rendre compte d’une abréviation de six jours dans l’évolution d’un Insecte qui se développe aussi rapide- ment que le Z'etrastichus. » Les parasites adultes, obtenus par le laboratoire d'élevage, furent mis en liberté dans deux localités des environs de Boston, et des œufs parasités furent envoyés au professeur J. B. Smith, à New-Brunswick (New-Jersey) et au professeur M. V. Slingerland, à Ithaca (New-York). Le restant fut envoyé à Washington, où, depuis le commencement de juillet, des dégâts considérables causés par la Galéruque de l’Orme avaient _ été observés dans certaines avenues. La première colonie libérée, dans le Massachusetts, compre- nait environ 600 parasites contenus dans un tube ouvert qui, lui-même, fut attaché à un arbre de Harvard Yard à Cambridge, le 22 juin. M. Fiske pense que plus de cent adultes prirent leur vol, le jour de la mise en place et que la presque totalité d’entre eux furent mis en liberté dans l’espace d'une semaine. Des œufs fraîchement pondus furent vus en grand nombre 938 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION sur les arbres peu de temps après; ce sont là des constatations d'un excellent augure. Dans une letire datée du 22 juillet, M. Fiske nous annonce qu'il a trouvé des œufs de Galéruque à environ un quart de mille de la colonie et que ceux-ci semblaient parasités. A Melrose Highlands (Mass.) plus de 1.200 adultes furent libérés entre le 21 juin et le 8 juillet, el des œufs non éclos furent signalés à la fin de juiilet. Les œufs adressés au D’ John B. Smith lui arrivèrent dans de bonnes conditions, un certain nombre de parasites étant éclos pendant le voyage. Ils étaient bien vivants et il les mit en liberté sur un petit Orme qui portait déjà des pontes de Galé- ruque et qui est placé de telle facon qu'il lui sera très facile de les surveiller pendant l’été de 1909. II y a aussi de fort beaux arbres dans le voisinage, de sorte que les parasites pourront facilement voler de l’un à Fautre. Il sembla au D' Smith que les parasites étaient en trop petit nombre pour les disséminer. De ce qui fut envoyé à Ithaca au professeur Slingerland, quelques adultes seulement parvinrent à éclosion et ils mou- rurent avant que l’on put trouver des pontes fraîches de Galé- Tuque. Les pontes parasitées qui furent reçues à Washingion furent transportées à Dupont Circle, et les feuilles sur les- quelles elles étaient déposées furent attachées parmi les branches du premier Orme sur le côté nord de New-Hampshire Avenue, au sud du Circle et sur le quatrième Orme du côté sud de l'avenue. Des pontes de Galéruque se trouvaient déjà en abondance sur les feuilles de ces arbres. Nous venons, dans ce qui précède, de résumer tout ce qui concerne l'introduction de l'espêce parasite aux Etats-Unis, l'élevage d'une génération complèle en laboraloire el la colo- nisation de l’espèce. Reste la question de la naturalisation, et nous avons à ce sujet le fait suivant à signaler : Un petit lot d'œufs de Galéruque fraîchement pondus, récoltés à Melrose par M. Fiske, donna naissance à un certain nombre de parasites, le matin du 27 juillet. Vu le très petit nombre d'œufs récoltés, il est extrêmement vraisemblable qu'il y a eu dans la nature une multiplication très abondante de pa- rasites, et tout porle à croire qu'à l'heure actuelle l’espèce existe par milliers à Melrose. J'ai le ferme espoir que le Ze/ra- stichus passera l'hiver avec succès et que la ponte prochaine de IMPORTATION DU TETRASTICHUS XANTHOMELÆNÆ 239 Galéruque sera naturellement et abondamment parasitée par cet Insecte. L'intérêt de cet importation sera facilement compris par tous les entomologistes, ainsi que par tous ceux qui apprécient nos arbres et leurs épais ombrages; il y a là un remarquable exemple de ce qui peut être tenté dans cet ordre d'idées. Les remerciements de tout bon Américain sont dus au D’ Marchal, à M. Debreuil et au professeur Valéry Mayet pour leur assis- tance dans cette œuvre importante. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS II° SECTION. — ORNITHOLOGIE. — AVICULTURE SÉANCE DU 1° FÉVRIER 1909 Présidence de M. Magaud d'Aubusson, président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. A propos de ce qui y a été mentionné sur la reproduction des Brantes en France, M. Ménegaux dit avoir entendu raconter que ces Oiseaux nichent dans le Vendômois. “A la suite de la séance de janvier, où M. Caucurte avait parlé d’une expérience fort curieuse sur les mœurs des Martinets, M. d'Orfeuille fit part de ce récit à un ami, qui répondit par un sourire d'incrédulité et ajouta qu'il saurait bien la vérité. 1l s'adressa, en effet, à l’instituteur de Navarreux, et celui-ci a eu l’amabilité de lui écrire la lettre suivante : « J'ai le plaisir de vous témoigner que vous n'avez pas été mystifié au sujet des Martinets du pont de Navarreux. J'ai moi- même fait plus d'une fois l'expérience que l’on vous a fidèle- lement décrite. Pratiquez un trou circulaire à une feuille de papier à cigarette, lancez-la du parapet, et vous verrez les Martinets s’y précipiter jusqu'à ce que l’un d’eux l'emporte triomphalement à son cou; le plus drôle, si le trou est petit, est de voir l'Oiseau y engager le bec seulement, et s’en aveugler au point de se cogner aux arches et de prendre quelquefois un petit bain désagréable. À quelle cause attribuer cette bizarrerie? Est-ce la couleur sombre du trou qui, tranchant sur le blanc du papier, peut donner à l'animal l'illusion d’un Moucheron ? Je ne sais. En tout cas, croyez à la vérité du fait que l’on vous a conté. » M. Magaud d’Aubusson ajoute que, d’après les observations EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 244 . 7 : de M. Florent Prévost, les Martinets consomment des Insectes aériens en quantités véritablement énormes. M. Debreuil annonce la prochaine ouverture de l'Exposition organisée par la Société des Aviculteurs français. Il y a quelques jours, les journaux racontaient un combat terrible livré par un Aigle à un infortuné conducteur de train, sur la ligne Paris-Lyon-Méditerranée ; les détails étaient des plus émouvante et on se demandait comment le malheureux avait pu échapper à la mort. M. Debreuil a pris des informa- tions et le service de l’exploitation lui a téléphoné la vérité sur l'incident. Un gros Oiseau de nature non précisée brisa la vitre de la vigie, placée avant le frein de tête et tomba blessé, étourdi et inerte. Le conducteur-chef ficela l’animal et le remit à un homme d'équipe de Perrache, moyennant la somme modique de un franc. Et dire que beaucoup d’autres récits également dramatiques, et que le bon public lit chaque matin avec pas- sion, sont tout aussi dignes de foi. Il est donné lecture d’une lettre dont l’auteur désire élever des Tinamous, dans le but de les lâcher ensuite dans une chasse réservée. M. Debreuil saisit cette occasion pour exprimer le désir que, toutes les fois qu'on demandera des renseignements sur cet animal, on réponde que le Tinamou n'est pas un Uiseau de chasse; il vole mal, ne branche pas et deviendrait facilement la proie des braconniers. Si l’on possède un parc clos, on pourra en revanche y élever le Tinamou en demi-liberté, et alors il fournira un rôti excellent. M. Debreuil fait part à la Section de plusieurs lettres qui lui ont été adressées par M. Alfred Gaspart, rédacteur au Journal « Chasse et Pêche », de Bruxelles. Le 2 janvier, M. Gaspart était sur le point de recevoir de M. Onelli, directeur du Jardin zoologique de Buenos-Aires, des œufs de Nandou fraichement pondus et il allait tenter de les faire élever dans une couveuse Hearson n° 1. M. Gaspart, qui autrefois a élevé avec succès plus de 300 Autruches dans son estancia, s'avoue fort novice pour ce qui concerne l'emploi de cet appareil, et il a recours à l'expérience de M. Debreuil. Les œufs en question ont subi une traversée de vingt-quatre jours 249 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION et ils devaient arriver à Bruxelles le 4 janvier, M. Gaspart ter- mine sa lettre en demandant à M. Debreuil, s'il croit que l'élevage des Casoars présente un intérêt pratique et quelle est la facon dont on peut, en France, se procurer des œufs de Nandou? Quelques jours plus tard, M. Gaspart disait qu’il espérait dans la réussite. de l'expérience, les œufs de Nandou ayant été mis à bord par M. Onelli lui-mème, emballés avec le plus grand soin, et devant être débarqués par M. Gaspart. Ces œufs auront donc subi le minimum de choc possible; de plus ils sont, comme il a été déjà dit, d’une ponte très récente. L'auteur de la lettre ajoutait qu'il serait très heureux de posséder des indications sur les causes d'échec données dans les ouvrages qui traitent de l'élevage de l’Autruche dans l'Afrique du Sud. Les observations relatives à la température et au degré hygromé- trique lui seraient également précieuses. M. Gaspart annonçait aussi à M. Dubreuil l'envoi de photographies représentant les différentes phases de l'expérience. Enfin, le 19 janvier, M. Dubreuil recevait les détails suivants : À la date du 12, dix œufs de Nandou avaient été placés dans la _couveuse. La température a varié de 38 degrés à 39 degrés, les œufs ont été retournés chaque malin et chaque soir, et le Liroir est resté ouvert environ dix minutes. Deux œufs, dont la date de ponte était marquée au crayon sur la coque : 20 novembre et 22 novembre semblaient au toucher plus froids que les autres; le quatrième jour, celui du 22 novembre fut retourné, il avait une petite gercure de 2 millimètres, d’où il s'écoula un liquide nauséabond ; il était pourri. Celui du 20 novembre s'est fendillé le septième jour sur une longueur de un millimètre; il était également en état de décomposition. Les autres œufs sont tous du mois de décembre, ont un bon aspect extérieur et présentent au toucher une chaleur égale. Malgré cela, M. Debreuil n'ose croire au succès, et cepen- dant si l’on pouvait réussir, ce serait un grand pas fait pour l'acclimatation du Nandou. Il faut, en effet, ne pas oublier les difficultés énormes que présente l'importation. Sur 25 Nandous, qui nous étaient destinés, 22 se sont tués, les autres sont morts en route. On ne peut réussir qu'avec les jeunes sujets, qui ont été apprivoisés, et cela décuple les frais. Pour l'emploi des couveuses, il faut, dit-on, 2 degrés de moins que pour les Poules, et tout le monde a signalé le grand nombre d'œufs clairs. | EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 243 M. Trouessart ayant demandé si le jeune Nandou peut briser sa coquille, M. Debreuil répond qu'il le croit, car le pelit de cet Oiseau est très fort et M. Magaud d’Aubusson pense qu'on pourrait faire dans ls incubateurs des observations à ce sujet. M. Debreuil a mis dans une couveuse onze œufs de Casoar qui étaient tous clairs. M. Ménegaux fait une communication sur quatre nids de Fournier que le Muséum d'Histoire naturelle a reçu de la pro- vince de Salla, dans la République Argentine. Malheureusement les Oiseaux n'étaient pas joints à l’envoi, aussi ce n'est qu'avec un certain doute que notre collègue les rapporte à la forme typique furnarius rufus Gin., la plus commune à l'ouest des Andes boliviennes, charmant petit animal de la grosseur de l'Étourneau, et dont le bec long et peu arqué ne paraît guère approprié au travail que nécessite le chef-d'œuvre quil construit. Le Fournier n’habite jamais la forêt vierge et recherche au contraire le voisinage de l'homme, il le charme de son chant sonore et ce dernier, reconnaissant, prend +ous sa protection son nid, qu’on rencontre sur une branche d'arbre, un buisson, le faîte d’un toit ou la croix d'une église. On se demande vrai- ment comment un si petit Oiseau peut édifier un semblable monument, car cette motte de terre, dont l’intérieur est divisé par une cloison qui empêche de voir et de toucher les œufs, pèse plus de trois kilogrammes, et Burmeister en a même vu dont le poids dépassait quatre kilogrammes et demi. Pourquoi le trou de vol est-il tantôt à droite, tantôt à gauche? Cela dépend-il d’un système d'orientation, ayant pour raison la lumière ou les vents dominants ? Y a-t-il chez ces Oiseaux une disposition psychique particulière, et existerait-il parmi eux des droitiers et des gauchers? Autant de questions que l'on ignore. Uu nid de Fournier est tellement résistant qu'il peut facile- ment supporter le poids d’un homme, et, après la saison des pluies, il suffit de quelques réparations pour le rendre utili- sable à nouveau? Sa construction est d’une rapidité extraordi- naire, et, les habitants de l'Amérique du sud, s'imaginant que le Fournier ne travaille pas le dimanche, l'ont surnommé passero 94% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION cattolico ; d'Azara a été jusqu’à dire qu'un nid pouvait étre terminé en deux jours. M. Ménegaux a trouvé dans l’un d'eux des œufs très petits, qu'il attribue à une Hirondelle. C’est que la demeure du Four- nier fait des envieux. Un certain Perroquet Psittacula cœlestis: Less. ; un Troupiale, Molothrus bonariensis Gm. ; deux Hiron- delles, Progne tapera L. et Tachycineta leucorrheus Vieill., sont au nombre des voleurs. Aussi, quand au Brésil on veut exprimer qu un honnête homme a été dépouillé par un fripon, on dit : C'est comme le Perroquet avec le Joäo do Barro. M. le comte d'Orfeuille lit un travail intitulé : Les Cailles de la Bible, qui sera inséré au prochain Bulletin. Le Secrétaire, COMTE D'ORFEUILLE. IVe SECTION. — ENTOMOLOGIE. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1909 Présidence de M. Clément, président. Le procès-verbal de la dernière séance est adopté. M. Clément communique un carton renfermant les branches d'Orme dévastées par le Zetranychus telurius [Acarien]|. Ces branches et leurs feuilles sont complètement enveloppées d’une sorte de toile tissée par le parasite, au milieu de laquelle les Tetranychus pullulent et donnent l'aspect d’un semis de poudre rougeàtre. Ces branches communiquées par M. Clément proviennent de trois Ormes du nouveau parc du Champ-de-Mars. Ces arbres étaient depuis le pied jusqu’au sommet recouverts par cette toile filée par le Zetranychus et présentaient ainsi une sorte d'aspect vernissé. De longs rubans de deux à trois mêtres pen- daient des branches transversales. Détail curieux, aucun arbuste des massifs environnant ces trois Ormes n'était attaqué. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 245 Cette toile, qui donne aux plantes altaquées un aspect gris plombé, entoure les branches et les feuilles et amène rapide- ment l’étouffement et la mort. Les jardiniers donnent à cette maladie des noms de toile ou encore de grise. Le Tetranychus peut aussi dévaster les jardins potagers, et s'attaque également aux plantes sous châssis. Il à heureuse- ment un ennemi dans un genre de Coccinellides : le Scymnus minimus qui se nourrit de ces Acariens. M. Mailles à observé une sorte de grise sur les Tilleuls et aussi sur la Rose trémière; cette dernière plante attaquée, prend un aspect rouillé. Cette rouille est due à un Acarien, Acarus telarius, également dévoré par le Scymnus minimus, ainsi que l’a démontré M. Clément (Ann. Soc. ent. Fr. [1880] pl. 12), qui avait observé ce parasite sur le Grand soleil et sur les Haricots. On à préconisé contre la toile le seringuage avec les solutions ci-dessous : TOMSOUIrE RER EU 500 gr. 20 Sulfure de carhone. 125 gr. Cho ARRETE 1 kilogr. SAVON EN EEE 60 gr. RU Ne dans lo ee 20 litres. AUS ME NN 4 litres 1/2. La difficulté dans la recherche de ces solutions insecticides est de trouver un produit qui ne soit point toxique pour l’homme. Le sulfate de fer n’est pas un insecticide, le sulfate de cuivre en solution à 2 p. 100 a donné de bons résultats contre le mildew. M. Debreuil donne lecture de la traduction d'un rapport de M. Howard sur l'introduction en Amérique de Zetrashichus xzanthomelænæ, parasite de la Galéruque de l’Orme. Cette tra- duction paraîtra in extenso dans le Bulletin. Ouvrages offerts. — D" J. Carl, Nouveaux Locustides de Ceylan et de Bornéo (don de M. Morton). Ouvrages reçus. — Bulletin de la Société entomologique de France [1909], n° 17. Le Secrétaire, D' MauriIcE RoYERr. 246 BULLETIN ht LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCEIMATAT ON Ve SECTION. — BOTANIQUE. SÉANCE DU 15 FÉVRIER 1909 Présidence de M. Bois, Président. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. le Président adresse des félicitations, au nom du Bureau de la Société, aux membres de la Section de botanique qui ont reçu des distinctions honorifiques à la séance solennelle de distribution des récompenses : à MM. Lefort et Hua, qui ont reçu la croix de chevalier du Mérite agricole, et à M. Gérôme, qui a été nommé officier de l’Instruction publique. M. Debreuil fait remarquer que M. Bois a omis de signaler le rappel de médaille d’or à l'effigie d'Olivier de Serres qui vient d’être accordée au Président de notre Section par la Société nationale d'Agriculture, pour la troisième édition de son ouvrage : Le petit jardin. La correspondance comprend une lettre de M. Morel, de Beyrouth, avec une liste de graines offertes aux membres de la Société, et une lettre de M. Rivière, directeur du jardin d’essai du Hamina (Alger), accompagnant un colis contenant une inflorescence d'Oxera pulchella La Billardière, Verbénacée « très sarmenteuse, presque grimpante, originaire de la Nou- velle-Calédonie. « La floraison se prolonge de décembre à courant de mars; elle est du plus bel effet avec ses masses de grandes fleurs blanches un peu retombantes sur un feuillage persistant et très vert. « Cette plante, sans nom dans les collections du Jardin du Luxembourg, fut transportée à Alger, au Jardin d’essai, où elle fleurit vers 1870, ce qui permit à Decaisne de l'identifier. « Les graines sont rares; cependant, un semis a démontré qu'elles étaient fertiles, et c’est ainsi que l’on a pu remarquer que celle espèce aurait tendance à la variation, puisque cer- tains sujets ont présenté des fleurs d’un blanc beaucoup plus pur. « La bibliographie ne cite guère des observations sur celte EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 247 espèce qu'à partir de 1886 (voir notamment : Botanical Mago- zine, t. 6938 ; Gardeners Chronicle, 1887, part. 2, p. 108; Jllus- tration horticole, 1889, 76; hRevue horticole, 1890, p. 274, fig. noire; et 1891, p. 582; Semaine horticole, 1898, p. 153, etc.) ; cependant, il ne convient point d'oublier qu’en 1824, La Billar- dière l'avait bien décrite et figurée dans le Sertum austro-cale- donicum, t. 28 (planche noire). (Cette référence est indiquée dans le Dictionnaire d'Horticulture de M. Bois.) | « La plante est multipliée par bouture : elle est assez rus- tique pour avoir supporté, sans en souffrir, les neiges de ces dernières années. » M. Gérôme indique que l’Oxera pulchella est cultivé dans les serres du Muséum, mais qu'il ne l’y a pas encore vu fleurir. Des remerciements sont adressés à M. Rivière et à M. Morel pour ces intéressants envois. L'ordre du jour portaitqu'une communication sur les plantes de printemps devait être faite par M. Gérôme ; elle a été remise à la séance suivante, sous le titre plus général et plus étendu : Choix de plantes d'ornement, classées par nature d'emploi et par époque. M. Mailles demande si l’on a des renseignements précis sur la culture de la Morille, et cite les cultures essayées avec du marc de café. M. le comte d’Orfeuille dit qu'il a essayé sans succès cette culture de la Morille. M. Gérôme signale qu'il a récolté en 1899 de nombreuses Morilles qui s'étaient développées dans un carré du Muséum où, l’année précédente, on avait rapporté une forte couche de tannée pour enterrer des pots de plantes de serre froide. M. Lasseaux cite qu’à Montrouge il a eu l'oc- casion de voir des récoltes de Morilles dans des terrains où on avait enfoui des déchets de Valériane (déchets provenant d’une utilisation industrielle de la Valériane), et que cette produc- tion de Morilles s’est renouvelée par la suite. M. le Président remercie M. Lasseaux de son intéressante observation qui pourrait être le point de départ d'essais de cul- ture de la Morille; il fait part ensuite du départ prochain de notre collègue pour le Sénégal et la baie du Lévrier, où il va contrôler des essais de culture de diverses plantes pouvant 248 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION être utilisées dans ces régions, essais qui sont tentés sur l'ini- tiative de la maison Vilmorin. Il lui souhaite un heureux voyage, et lui demande de faire part à la Société d'Acclimatation des observations qu'il pourra faire à ce point de vue si spécial et si intéressant des produc- - tions végétales en pays désertiques. Le Secrétaire, J. GÉRÔME. VIe SECTION. — COLONISATION SÉANCE DU 18 JANVIER 1909 Présidence de M. Maïlles, membre du conseil. Après lecture et adoption du procès-verbal de la dernière séance, M. le secrétaire général informe la Section qu'il a recu une lettre de notre collègue, M. Morel, actuellement à Beyrouth (Syrie), dans laquelle il signale les dégâts qu’un récent ouragan a occasionnés à sa collection d'Eucalyptus. Un certain nombre d'espèces ont été compromises ou entièrement détruites par la violence du vent qui a brisé également plusieurs beaux exem- plaires d’Araucarias. M. Ferlus écrit du Dahomey qu'il a repris possession de son poste après un excellent voyage, et envoie ses meilleurs sou- venirs. Il a entrepris une série d’observations sur la peste bovine dont les résultats ne manqueront pas d’intéresser la Société. La parole est ensuite donnée à M. Courtet pour la communi- cation d’un travail personnel sur le Cocotier, qui paraîtra dans le Bulletin. Après un coup d'œil rétrospectif sur l'origine et la dissémination de ce précieux Palmier, il passe successivement en revue les différentes phases de sa culture et de son exploi- tation. Le sol et le climat sont l'objet d’une attention spéciale que justifie l'importance de tels facteurs ; l'établissement des plan- tations, leur rendement, la préparation du coprah et de ses dérivés, celle du « Dessicated-coconut » ont été décrits avec EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 249 beaucoup de netteté. Notre collègue a complété ces renseigne- ments techniques et culturaux par de récentes statistiques éta- blissant éloquemment l'importance que peut acquérir le Coco- tier dans plusieurs de nos colonies ; il porte spécialement son attention sur la Côte occidentale d'Afrique qui lui semble offrir des conditions favorables au développement de cette culture dont le gouvernement s occupe sérieusement. Le Secrétaire, O. LABRoOY. SÉANCE DU 15 FÉVRIER 1909 Présidence de M. le Dr Achalme, vice-président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observations. M. le Président donne ensuite la parole à M. Labroy, secré- taire de la Section, pour sa communication annoncée sur le développement des plantations d'Hévéas dans la région indo- malaise. L’Hevea brasiliensis a été introduit à Ceylan et à Singapour en 1875, de graines recueillies par M. Wickham dans les seringals du Rio Tapajos, l'un des affluents du fleuve Ama- zone. Plusieurs descendants de ce semis, effectué aux Jardins royaux de Kew, peuvent encore s'observer à Singapour et à Henaratgoda, où ils ont été l’objet de saignées expérimentales qui ont largement contribué à l'extension actuelle des planta- tions. De 25.000 acres qu'elles occupaient en 1903 à Ceylan, ces plantations se sont étendues à 180.000 acres au début de 1909. Pour les différents centres culturaux de la région de l'Est, les statistiques les plus récentes ont donné le chiffre total de 500.000 acrcs (environ 200.000 hectares) pour la superficie sous Hévéas; ces chiffres, forcément approximatifs se répartissent de la facon suivante : APCE ERA À 186.000 acres. . CEE AN RENE ES ES RES RE TR TE 182.000 — DEN NON ee LR OU DO DIRE EAN ST A UT AU MERE AE ZA ILES De FC 32.000 -— Bornéo et Nouvelle-Guinée . . . . . . . 10000 ImdefethBuEmans AE A ES DO DO (4) Dont moitié environ, occupée par le Ficus elaslica. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 1$ 250 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION Le Caoutchouc obtenu des plantations de l'Est n’est pas encore intervenu d’une façon très appréciable sur le marché, les exportations de 1908 étant évaluées à 1.800 tonnes pour les Etats malais et Ceylan ; — mais la progression sera beaucoup plus marquée dans les prochaines années et les statisticiens prévoient pour 1916 une production totale approchant la pro- duction actuelle du Brésil, fixée par MM. Figgis et Ci de Londres à 45.000 tonnes pour 1908. L'exploitation rationnelle de l’Hévéa en Asie, installée sur 200.000 hectares, mettant en œuvre plusieurs centaines de millions de capitaux, semble donc menacer le grand centre de production américain. Au début, le caoutchouc de plantation a donné lieu à cer- taines critiques des manufacturiers qui lui reprochaient de manquer d'uniformité et de régularité et de ne pas avoir les qualités physiques du para naturel. Ces reproches s’atténuent aujourd’hui avec l’âge des arbres cultivés, l'amélioration des méthodes de préparation, l’adoption par les planteurs de deux ou trois formes commerciales types, le classement par catégories d'égale valeur et l'accroissement de la production, assurant le consommateur d’un réapprovisionnement plus facile. De ces différentes formes commerciales, les plus courantes et les plus appréciées sont actuellement les crépes, bandes régulières de 1 à 2 mètres de longueur sur 12 cent. 1/2 à 95 centimètres de largeur souvent minces, à surface irrégu- lière, obtenues par épuration et lavage sur place, les feuilles ou « sheets », sortes de crêpes à surface lisse et régulière et les biscuits ou plaques circulaires de 22 à 30 centimètres de diamètre. Les blocs rectangulaires, représentant la forme la plus méthodique pour l'exportation, jouissent également d’une excellente réputation sur le marché, à condition d'avoir été préparés et séchés avec le plus grand soin. Les Hévéas atteignent généralement léurs dimensions exploi- tables vers la cinquième ou sixième année; ils doivent alors mesurer 50 centimètres de circonférence à 1 mètre du sol. On a adopté plusieurs systèmes de saignée dans les propriétés; les plus ordinairement adoptées sont cependant la demi-spirale, l’arête de poisson ou la demi-arête et le V, répétées à des intervalles de quarante-huit heures, le matin. C'est par semis que sont constituées les plantations; celui-ci \ EXTRAITS DES PROCÈS-VÉRBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 251 s'effectue en pépinières ou en paniers, en vue de la mise en place à l’âge de un an, à une distance assez variable, mais le plus souvent fixée à 5,40 X 6 mètres. Le rendement varie considérablement avec l’âge des arbres et leur entretien, la nature et la fertilité du terrain, le mode et la durée annuelle de saignée ; la moyenne de 1907 a été de 122 à 188 livres de caoutchouc sec par acre dans les principaux districts de Malaisie. M. H. Wright l’évalue à 1 tonne par 10 acres de plantations bien entretenues à la huitième année. À la suite de cette communication, que l’auteur s'excuse de n'avoir pas assez abrégée, il est décidé, sur la proposition de M. le professeur Perrot, que la question, offrant un intérêt spécial pour la Section et soulevant certaines questions écono- miques très importantes, serait maintenue à l’ordre du jour de la séance de mars. M. Guillaumin résume ensuite quelques-unes de ses obser- vations sur les résines produites par certains genres de Bur- séracées de nos colonies, en particulier par l’Aucoumé du Gabon et du Congo. Il est d’avis que, sans prétendre à se substituer au copal, la résine de cet arbre africain, exploité comme bois d’acajou, pourrait peut-être fournir un sous-pro- duit d’une certaine valeur pour l’industrie, notamment pour la préparation de vernis de seconde qualité. Plusieurs échantil- lons de ces résines ou des huiles essentielles obtenues par dis- tillation sont présentées par notre collègue et intéressent vive- ment les membres présents. Pour dissiper toute confusion entre les gommes de Burséra- cées et les copals, M. Courtet signale les différences entre les points de fusion de ces gommes etémet, sur l’utilisation indus- trielle des doutes que partage également M. le professeur Perrot. Une note spéciale résumant la communication de M. Guil- laumin sera insérée dans un prochain numéro de Bulletin. Le Secrétaire, O. LABRoY. BIBLIOGRAPHIE ENCYCLOPÉDIE DES CONNAISSANCES AGRICOLES (Librairie Hachette, 17, boulevard Saint-Germain, Paris.) Les Eaux-de-vie et les Alcools, par G. PAGES, ingénieur agro- nome, maître de conférences à l'Ecole nationale d'Agriculture de Montpellier. À vol. de 170 pages, avec 71 figures, car- tonné, À fr. 50. C'est un guide pratique du bouilleur de cru et du distillateur que M. Pagès offre aux propriétaires-viticulteurs. Ils y trou- veront tous les renseignements nécessaires pour la distillation des vins, des marcs, des piquettes, du cidre, du poiré, des fruits à noyaux, la fabrication des alcools de betterave, de topi- nambour, de grains, de pommes de terre, la détermination de ‘la richesse alcoolique des eaux-de-vie et des alcools, les diverses manipulations à leur faire subir et l'étude de leurs maladies et de leurs altérations. Le Vin (procédés modernes de préparations, d'amélioration et de conservation), par M. CHANCRIN, directeur de l'Ecole de Viticulture et d'Agriculture de Beaune. 1 vol. in-16 de 228 pages, avec 105 figures, cartonné, 2 fr. 50. Les viticulteurs trouveront dans le livre de M. Chancrin une étude très complète des procédés modernes de préparation, d'amélioration et de conservation des vins tout en observant scrupuleusement la nouvelle loi sur les fraudes que des com- mentaires expliquent très clairement. Viticulture moderne, par E. CHaANcCriN, ingénieur agronome. directeur de l'Ecole de Viticulture et d'Agriculture de Beaune. 1 vol. de 332 pages, avec 208 figures, cartonné, 3 francs... M. Chancrin a réuni dans la Viticulture moderne toutes les notions nécessaires à l'instruction des viticulteurs qui ne peuvent plus aujourd'hui se contenter des règles empiriques qui les ont guidés jusqu'ici. \ BIBLIOGRAPHIE 959 L'auteur y décrit les organes de la Vigne ainsi que leurs fonctions, les principaux cépages, les procédés divers de multi- plication, l'établissement d’un vignoble, les failles des diverses régions, la culture superficielle des Vignes, leur fumure, enfin, leurs maladies, leurs ennemis et les moyens de lutte à einployer contre eux. La Bière (Procédés modernes de fabrication et utilisation des Sous-produits), par À. Moreau, professeur de brasserie à l'Ecole nationale des Industries agricoles de Douai. 1 vol. de 32 pages, cartonné, 50 centimes. M. Moreau a exposé très clairement et très méthodiquement dans son petit livre les principes les plus simples de la fabrica- tion de la bière ; il s'est attaché particulièrement à indiquer aux cultivateurs les produits que la brasserie leur demande et les résidus que l’on peut employer à la ferme, les drêches pour l’'engraissement des bestiaux, les radicelles de l'orge et les marcs de houblon pour la fumure des terres. Le Houblon, par M. G. Moreau, professeur à l'Ecole nationale des Industries agricoles de Douai. 1 vol. in-16, cartonné, 15 centimes. Dans ce petit volume sont étudiés successivement les pro- cédés d'établissement et de culture d’une houblonnière, la récolte et le séchage du houblon. Les renseignements qu'il renferme sont intéressants à connaître pour tousles cultivaleurs des pays de bière. Les Prairies, par M. MarPeaux, directeur de l'Ecole d’Agri- culture du Pas-de-Calais. 1 vol. in-16, cartonné, 1 fr. 50. L'extension donnée à l'élevage du bétail par la production de la viande, du lait et de ses dérivés oblige les agriculteurs à développer la culture des plantes fourragères. Aussi accueil- leront-ils favorablement le livre de M. Malpeaux qui leur four- nira sur la création, l'entretien et l'exploitation des prairies naturelles et artificielles, des fourrages annuels ou arbustifs, sur la récolte et la conservation des fourrages, les plus utiles instructions 254. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION Les Plantes textiles (Lin, Chanvre, etc.), par M. BONNÉTAT, ingé- nieur agronome, professeur à l'Ecole d'Agriculture de la Vendée. 1 vol. de 45 pages, avec 25 figures, cartonné, 50 centimes. M. Bonnétat ne s'est pas contenté de décrire avec détail la culture du lin et du chanvre, il a aussi indiqué les moyens pra- tiques à employer dans cette culture pour concurrencer les lins étrangers et montré comment se fait la préparation des fibres dans les exploitations rurales. Le Tabac, par M. F. DE CoNFEvVRON, ingénieur agronome, véri- ficateur de la culture des tabacs. — 1 vol. in-16, car- tonné, O fr. 75. Guide pratique pour les agriculteurs désireux de se livrer dans de bonnes conditions à la culture du labac. Ils pourront y puiser d’utiles renseignements sur le choix et la préparation des terres, le semis et la plantation du tabac, ainsi que sur sa récolte, sa dessiccation et sa livraison. Les Plantes sarclées (Pomme de terre, Betterave, Carotte, etc.), par M. L. MarPEaux, ingénieur agricole, directeur de l'Ecole d'Agriculture du Pas-de-Calais. 1 vol. de 175 pages, avec: 92 figures, cartonné, 2 fr. Les cultivateurs consulteront avec fruit cet ouvrage, dans lequel se trouvent réunies les principales données relatives à chacune des plantes sarclées, leur répartition, leurs exigences, les procédés culturaux qui leur sont applicables, leur récolte et l’utilisation de leurs produits. Forêts, Pâturages et Prés-Bois, par M. A. Fron, inspecteur adjoint des Eaux et Forêts, professeur à l'Ecole forestière des Barres. 1 vol. in-16, cartonné, 1 fr. 50. Nul n'était mieux désigné que M. Fron, pour écrire un traité classique d'économie sylvo-pastorale. L'auteur étudie successivement la forêt, les paturages de montagne et les prés-bois, les friches et les terres incultes, la conservation des terres en montagnes et sur les pentes, la cor- rection des torrents. Cet excellent livre qui vient au moment où se produit un BIBLIOGRAPHIE 255 mouvement d'opinion en faveur du reboisement des mon- tagnes, sera utilement consulté par tous, propriétaires de bois et de terres incultes, agents forestiers ou instituteurs et par tous ceux qui aiment la montagne et s'intéressent à la conser- vation de notre domaine forestier. M. L. Moutons, Ghèvres et Porcs, par M. Dirrcora, professeur d’agri- culture. 1 vol. in-18 de 488 pages. avec 135 photogravures. Librairie J.-B. Baillière et fils, 19, rue Hautefeuille, Paris. Prix : 5 francs ; cartonné, 6 francs. L'encyclopédie agricole comprenait déjà 4 volumes : z00- technie générale, zootechnie spéciale, races chevalines et races bovines. Le 5° volume est consacré aux Moutons, Chèvres et Porcs. L'auteur ne s’est pas contenté de nous donner, dans ce der- nier volume, un résumé des grands traités et des monographies déjà publiés; il s’est largement documenté, non seulement aux concours agricoles, mais encore auprès des principaux éle- veurs. Aussi son ouvrage est-il aussi complet qu'intéressant. De plus, ses descriptions sont accompagnées de nombreuses photographies originales représentant un ou plusieurs types des principales races. — R. MARTIN. Les Essences et les parfums (Extraction et fabrication), par M. Antonin ROLET, ingénieur-agronome, professeur à l'Ecole d'Agriculture d'Antibes. Suivi de l'Æssence de térébenthine. par Edmond RABATÉ, ingénieur agronome, professeur dépar- temental d'agriculture du Lot-et-Garonne. 1 vol. de 104 pages, avec 103 figures, cartonné, 1 fr. 25. Les producteurs de fleurs doivent savoir mettre à contribu- tion, dans leur intérêt, les améliorations apportées depuis quelques années dans l'obtention et le traitement des essences et des parfums. C'est pour les guider dans cette voie que M. Rolet a réuni dans ce petit ouvrage ce qu’il est indispen- sable de connaître sur la matière. Le livre de M. Rolet s'adresse non seulement aux élèves des Ecoles d'Agriculture, mais aussi aux agriculteurs qui peuvent créer des coopératives de producteurs, aux petits industriels, au grand public. 256 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Chimie générale appliquée à l’agriculture, par E. CHANCRIN, directeur de l'Ecole de Viticulture et d'Agriculture de Beaune. 1 vol. de 260 pages, avec 164 figures, cartonné, 2 fr. 50. Les agriculteurs doivent posséder aujourd’hui des notions de chimie générale s'ils veulent connaître les propriétés des corps qu'ils utilisent et sur lesquels ils n’ont souvent que des rensei- gnements peu précis et erronés. Aussi l’auteur de ce livre rend-il un réel service à l’agriculture en présentant ce manuel pratique où sont étudiés les principaux corps que l’agriculture emploie : l’eau, l’ammoniac, le carbone, le soufre et leurs dérivés, les acides, les métaux usuels, les différents corps employés comme engrais, les matières organiques et albu- minoïdes. Chimie agricole, par E. CuaANcrIN, ingénieur agronome, direc- teur de l’Ecole de Viticulture et d'Agriculture de Beaune. 1 vol. de 2%5 pages, avec 45 figures, cartonné, 2 fr. 50. - La chimie agricole s'applique à rendre la culture rémunéra- trice: elle guide l’agriculteur qui désire obtenir la plus grande quantité possible de produits végétaux utiles avec un bénéfice maximum. De toutes les sciences, c’est elle qui contribue le plus à la marche en avant de l’agriculture dans la voie du pro- grès, elle est en quelque sorte la « lanterne » qui éclaire presque toutes les opérations agricoles. L'ouvrage de M. Chancrin est à la portée de tout le monde; pour le lire avec fruit, point n’est besoin d’avoir fait ce que l’on appelle de « bonnes études », tous les agriculteurs peuvent le consulter. — M. L. Le Gérant : À. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur. l, rue Cassette. = Où D] di Graines offertes par M. MOREL, a cyanophylla. odoratissima. salicine. tis. carnea recurvata. honia radicans. botryoides. cinerea. colossea. eugemoides. Feld Bay. globulus. gomphocephala. goniocalyæ. — hemiphlæa. “à Lehmann. - leucoxylon. macrocarpa maculata. microphylla. OFFRES èvre maltaise 1907 et sa chevrette par bouc même provenance, meilleure origine, les deux, 50 fr. à nen importée, pleine lactation, très forte, 200 950 fr. avec chevrette saillie, née 1908. nen, { an, ravissante, 80 fr. et plusieurs autres ets à céder. age primé France et Belgique, cockers 1° et 8%prix à céder : père importé, primé Angleterre, Irlande, etc. Nombreux {5 prix et spéciaux. Cellente origine, { an, commencent à chasser et porter, 200 fr. — Chiots 75 fr. au sevrage. e étalon rouen noir et blanc, 1# prix France étranger, de 60 à 100 fr. pour lice, pedigree, oil plat. : ienne cocker importée, excellent pedigree, reilles superbes, poil soyeux marron rouen doré, Ilie par“{er prix Bruxelles, 2e Paris, 1909, blanc loir, bon chasseur. — Cette chienne de petite lle, agréable compagne, a obtenu 2e prix Angle- re. À céder 400 fr. M: COTTIN-ANGAR, domaine Cossigny, Che- y (Seine-et-Marne). e nubio-alpine, sans cornes, en lait, excel- ente laitière. Prix très modéré à cause légère Joiterie. Photographies sur demande. REV Conflans-Sainte-Honorine (Seine- ise). Coq et Poules Caumont, le lot emballé, 35 fr. — 1-2 Canards Rouen, anglais, foncés, 60 fr. — Pigeons, tambours de Boukharie, noir uni, couple, 400 fr. — Pigeons, tambours de Boukharie, blanc i, couple, 100 fr. — Pigeons, cravatés chinois, nes, très petite taille, couple, 20 fr. — Pigeons, amantés, bleus de Syrie, couple, 20 fr. — Pi- andes au Secrétariat, 33, rue de Buffon; les cheptels seront consentis, après v des cheptels sont priés d EN DISTRIBUTION ; Eucalyplus paniculata. — pilularis. — piperita. — robusta. — redunca. — resinifera. — rudis. — rudis rostrata. — salign«. — siderophlæa. — siderophloia. — stuartiana. — Trabuti. ÆEucorum tricoccum. ÆEupatorium atrorubrum. Eurya latifolia. Freesia refracta. Grevillea robusta. Medeola asparagoides. Melianthus major. Senecio platanifolia. — arborea. Tetraclynis articulata. OFFRES, DEMANDES, ANNONCES geons, nègres à crinière, couple, 20 fr. — Pigeons, Hirondelles bleues de Saxe, couple, 2%5 fr. — Pigeons, Cigognes, blancs à marques noires, couple, 30 fr. — Pigeons, Etourneaux, couple, 30 fr. — Pigeons, queue de paon, écossais rouges, trembleurs, couple, 100 fr. — Tous sujets de concours primés plusieurs fois et en plein travail. Couple Colins de Californie, prêts à pondre, 20 fr. — Belle femelle Paon nigripennis, familière, 1908, 70 fr. M. Lous RELAVE, à Lyon-Vaise (Rhône). Poulettes Caussade, pleine ponte, 5 fr. pièce. — OEufs à couver, 30 fr. le cent. M. MEZIN, Saint-Jean-du-Gard (Gard). Poudre d'os, spéciale pour l'alimentation des ani- maux, favorise le développement du système nerveux. Me À. DUCHEMIN, Hermes (Oise). Chèvre alpine en lait, très bonne lailière. Beaux boucs alpins de deux ans. M. GARNIER, domaine de Villegats, par Pacy (Eure). DEMANDES Femelle Lophophore. M. LOYER, 12, rue du Four, Paris. Un Coq et deux Poules Orpington noirs, garantis ure race ou œufs, même race. Mn QUESNEL de la ROZIÈRE, Sainte-Mene- hould (Marne). 3 femelles Ho-Ki adultes, ayant déjà pondu, { fe- melle Satyre adulte, 1 Paonne blanche. M. de SAIN VILLE, aux Courbes-Vaux, par Saint- Germain-des-Prés {Loiret). FONDÉE EN 1854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 1855 PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourim ° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement ébala multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées; à l'introduction et à la propagation df végétaux utiles ou d'ornement. | Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures, comme au 50 même de la France. L’attention des personnes compétentes doit être appelée tou spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, dé animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. 1 La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées ei encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dan! ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécumiaires, organise des expq sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graine qu’elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés dite agrégées où affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un “but pratique d'utilit générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préo@ cupées de science pure. — Le Bulletin, paraissant une fois par mois et forman chaque année un volume d'environ 400 pages, illustré de gravures, donne des rense gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissons Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité : les étrangers y sont admis 4 même titre que les Français : les dames peuvent également en faire partie ainsi qu les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Laba ratoires, Jardins zoologlques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une co j sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de \ Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièremen gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d’Oiseaux ou de Poissons, elc faites par la Société, ou aux chep tels concédés par elle. — Divers avantages lui so également réservés, tels qu’annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit de publications de la Société antérieure à son admission, Etes Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accl matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-81 illustrés de nombreuses gravures et dont beaucoup ont plus de mille pages. Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes le matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés part, ont trait à des questions d’ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mamm fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et pratique de la Pisciculture, l’Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture 4 de la Sériciculiure, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produit leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, don plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient po les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix Manuel de l’Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bie connus du D’ Moreau sur les Poissons de France. dLe Gérant : À. MARETHEUX. Paris. — L, MARETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. PE ouen Société nationale d'Acelmatation +. (Revue des Sciences naturelles appliquées) 56 ANNÉE JUILLET 1909 î à SOMMAIRE ; D Comte d'ORFEUILLE * Les Caïlles. de lai Bible. . .:: 2, 2.2, Le 2. 1 7957 CADBBRENEE = esrOiseaux de parure stilamodes "12002 DR Le En. 265 é J. PELLEGRIN. — Les Poissons d'eau douce de la Guyane française (suite). . . . . . . 271 A CASTÉRAIN: = Les Colatiers\dupays:de Kissiiit se ANA MUR LE OU MMA 275 . H. COURTET. -— Les Phosphates du Pacifique . . . . . . NM ne) D te TR NN ED U 279 - La. Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT TOUS LES MOIS lu dt AA FR? nd RAP. AE LP EU OR LES ER ENS TEA, Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Sociétèl et les personnes qui désireraient l’entretenir qu’il se tient à leur disposition, au, siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à ‘7 heures. b. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BurFoN — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1909 Président, M. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur dun Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bors, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole | coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). 2e Baron Jules de GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. Comte de PoNTBRIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. C. RAVERET-WATTEL, Directeur de la station aquicole du Nid-de- Verdier, 20, rue des Acacias, Paris. 1 Vice-Présidents. Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Zéranger). H. Hua, Directeur- -adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Saint-\ Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). MILHE- POUTINGON, 4%, rue de la Chaussée-d'Antin (Zntérieur). Ch. DEBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (Séances). Trésorier, M. le Dr SeBiLLo1TE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. MarLLes, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. Membres du Conseil MM. MaGaAup-p'Augusson, 18, rue Erlanger, Paris. Comte Raymond de DALMAS, 26, rue de Berri, Paris. LEcomTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris. Le MYRE DE VILERS, 3, rue Cambacérès, Paris. D: LEPRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. Dr P. MarcHAL, Professeur à l’ Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologique de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. Ph. DE VILMORIN, Verrières-le-Buisson, Seine- et-Oise. Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. ACHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris: Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Guvier, Paris. WuirioN, 7, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine. Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1909 Janvier | Février Mars Mai Novembre | Décembre SÉANCES DU ConsEIL, le Jeudi à 5 heures. ——— | ————— | ———— || —— | ——— | ———…—— | ———|| Are Secrion. — Mammifères, le lundi 4) NEUTRE SE ER RENE RE AS % 1 1 6) 3 8 6 9e SEcTION. — Ornithologie, le lundi 463 NÉ AO Antenne In 4 1 il 5 3 8 6 3° SECTION. (1), Aguiculture, le lundi A5 heures rs es ANNE ER 8 8 19 10 15 13 4e SECTION. — Phone le lundi à 3 h. 1/2. Me RATE 8 8 10 A A0 AA SP 5e SECTION. — Botanique, le lundi don 2e SEE MAIRES 15 15 26 17 22 20 68 SECTION. — Colonisation, le lundi à 5 heures . . . 18 |-15 15 26 17 22-6720 Sous-Secrion d'Etudes Capri ines, le ven- dredi à 5 heures : . . . k |F299 19 19 93 21 26 9% sa —— (4) Batraciens, Reptiles et Invertébrés ace oies LES CAILLES DE LA BIBLE Par le comte dORFEUILLE. À la dernière séance de la Section d'Ornithologie, il a été incidemment fait allusion à l’opinion d’un naturaliste allemand, pour lequel les Cailles de la Bible n’auraient jamais été des Cailles, mais bien des Ganga alchata. C’est une opinion de plus à joindre à bien d’autres qui ne manquent pas d’étran- geté, quiconque, en effet, est un peu au courant des études bibliques sait combien d’interprétations, toutes plus ou moins bizarres, ont été émises à ce sujet. Celle du Ganga en est une de plus, et voilà tout. Nous avons pensé, cependant, qu’il serait peut-être intéres- sant de jeter un coup d’œil rapide sur les Caiïlles dont il est question dans l’Écriture, et nos collègues ne trouveront pas, il faut l’'espérer du moins, que c’est par trop s'éloigner du cadre de nos études ordinaires. En bonne logique, il est nécessaire de commencer par pré- ciser le fait historique, fait qui est double, car c'est par deux fois que le phénomène se produisit. Le premier de ces événements est rapporlé au chapitre xvi° de l'Exode. Les hébreux venaient de partir d’'Elim, où il y avait douze sources d’eau et soixante-dix Palmiers, et ils étaient entrés dans le désert de Sin, qui est entre Élim et le Sinaï; c'était près du rivage oriental du golfe de Suez et sur la route que l’on suit aujourd'hui quand on se rend du Caire au Sinaï. On était au quinzième jour du second mois après la sortie d'Égypte. « Toute l'assemblée des enfants d'Israël, dit la Bible, mur- mura dans le désert contre Moïse et Aaron. Les enfants d'Israël leur dirent : « Que ne sommes-nous morts par la main de « Jébovah dans le pays d'Egypte, quand nous étions assis « devant les pots de viande et que nous mangions du pain à « satiété? Car vous nous avez amenés dans ce désert pour faire « mourir de faim toule cette multitude. » La Bible raconte ensuite comment Jéhovah fit tomber la manne, et elle poursuit en ces termes : « Jéhovah dit à Moïse : « J'ai entendu les murmures des enfants d'Israël. Dis-leur : « Entre les deux soirs, vous mangerez de la viande et, au BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 19 958 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION di « malin, vous vous rassasierez de pain, et vous saurez que je « suis Jehovah, votre Dieu. » Le soir, on vit monter des Cailles qui couvrirent le camp, et le matin, il y avait une couche de rosée autour du camp. » Tel est, dans toute sa simplicité, le récit du premier épisode. Passons maintenant au second et, pour cela, ouvrons le Livre des Nombres, au chapitre xI‘. C'était après le départ du Sinai, qui eut lieu au vingtième jour du deuxième mois de la seconde année. Les juifs murmuraient encore et, pour les punir, le feu de Jéhovah, dit la Bible, dévora une partie du camp. L'endroit où ce fait eut lieu prit, de là, le nom de Thabéera. Toutefois, le peuple en marche n’en devint pas plus sage, « et, dit le texte, le ramas de gens qui se trouvaient au milieu d'Israël, et même les enfants d'Israël recommencèrent à pleurer et dirent : « Qui nous donnera de la viande à manger? Il nous « souvient des poissons que nous mangions pour rien en « Egypte, des concombres, des melons, des poireaux, des « oignons et de lail... Maintenant, notre àme est desséchée, «_plus rien! Nos yeux ne voient que de la manne. » Puis suit une longue plainte exhalée par Moïse, qui se termine ainsi : « Où prendrai-je de la viande pour en donner à tout ce peuple? Car ils pleurent autour de moi en disant : « Donne-moi de la « viande à manger. » C'est alors que Dieu chargea Moïse de dire aux juifs « Jéhovah vous donnera de la viande et vous en mangerez. Vous en mangerez non pas un jour, ni deux jours, ni cinq, ni dix, ni vingt jours, mais un mois entier, Jusqu'à ce qu'elle vous sorte par les narines et qu’elle vous soit en dégoût, parce que vous avez rejeté Jéhovah qui est au milieu de vous et que vous avez pleuré devant lui en disant : « Pourquoi donc « sommes-nous sortis d'Egypte? » « Jéhovah, ajoute le texte, fit souffler un vent qui, de la mer, amena des Cailles et les abattit sur le camp, sur l’étendue d'environ une journée de chemin, de chaque côté autour du camp, et il y en avait près de 2 coudées de haut sur la surface de la terre. Pendant tout ce jour, toute la nuit et toute la journée du lendemain, le peuple se leva et ramassa les Cailles; celui qui en avait ramassé le moins en avait 10 homers. » . Mais ce n’est pas seulement dans le Pentateuque que nous trouvons la trace des événements dont nous venons de parler. 15 LES CAILLES DE LA BIBLE 259 Les deux passages de Caiïlles dont se nourrirent les hébreux sont également cités dans le Livre des Psaumes. Il est fait allusion, en effet, au premier de ces vols dans le verset 40 du psaume 150°, le 104° de la Vulgate : « A leur demande, il fit venir des Cailles, et il les rassasia du pain du ciel. » Dans le cantique d’Asaph, qui porte le nom de psaume 78°, et que la Vulgate appelle le 77%, le passage du Livre des Nombres, que nous avons cité, est rappelé de la sorte : « Chacun mangea le pain des anges. Il leur envoya de la nour- riture à satiété. Il fit souffler dans le ciel le vent d'Orient. Il amena par sa puissance le vent du midi. Il fit pleuvoir sur eux . la viande comme de la poussière, et les Oiseaux ailés comme le sable des mers. Il les fit tomber au milieu de leur camp, autour de leurs tentes; ils mangèrent et se rassasièrent à l'excès. » Devant des textes aussi positifs, la plupart des commenta- teurs n’ont pas eu la pensée de voir dans ces Oiseaux autre chose que des Cailles, et, parmi ceux qui ont partagé cette idée, nous pouvons citer M. l'abbé Lesêtre, qui est en même temps un savant exégète et un zoologiste non moins distingué. Mais il est des auteurs qui ne se sont pas contentés d’une explication, trop simple sans doute, et ont voulu voir dans les Cailles du désert des Sauterelles, des Poissons volants, des Coqs de bruyère, le Canard appelé Casarca rutila, des Grues, et enfin, paraît-il, récemment, des Gangas alchata. Franchement, on ne peut s'empêcher d'admirer la dose d'imagination qu'il a fallu pour dicter ces interprétations; et cependant, si on s'était donné la peine de regarder d’un peu près la Bible, le texte hébreu, j'entends; si on avait consulté le premier dictionnaire venu, on se serait peut-être épargné lant de peine. Ces Caiïlles, elles portent un nom dans la Bible, un seul, le même, et ce nom est Selav. Or, où a-t-on été chercher que Selav n'était pas le nom de la Caïlle, mais signifiait un Canard, une Sauterelle ou un Poisson volant? Nul n’ignore la remar- quable identité des racines dans toutes les langues sémitiques, et telle racine hébraïque aura presque à coup sûr son équiva- lence en arabe, et vice versa. Dans l'espèce, l'hébreu Selav devient l'arabe Salwa,.et ici nous nous trouvons, non pas, comme on pourrait peut-être le penser, devant une simpie 260 BULLETIN DE LA SOCIËTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION — coïncidence, mais devant une déduction absolument logique. Selav et Saliwa proviennent, en effet, du verbe Salah, dont le sens est « être gras », qualité, nous le savons tous, que possède au plus haut degré la Caille, qui pourrait presque servir à la déterminer, et qui ne fut jamais, il nous semble du moins, la caractéristique de la Sauterelle, de la Grue ou du Poisson volant. Pour ce qui est des Sauterelles, leur identification avec les Cailles de la Bible est une simple absurdité, et cela pour plu- sieurs motifs. On ne voit pas trop, d'abord, comment la gour- mandise des hébreux, si avides de dévorer de la viande, aurait obtenu la réalisation de ses désirs en recevant des Criquets, nourriture peu succulente, au témoignage de Forskall, qui en avait usé, et qui ne passait pas chez les juifs pour un mets de sybarite, car, lorsque saint Marc décrit l’austérité de saint Jean-Baptiste au désert, il lui suffit de raconter qu'il s'y nour- rissait de Sauterelles. En second lieu, le Psaume, que nous avons cité, dit en termes formels que Dieu « fit pleuvoir Les Oiseaux aiïlés, comme le sable des mers ». Enfin, la langue hébraïque possède une grande richesse de mots quand il s’agit de désigner la Sauterelle, et la Bible ne nous en fournit pas moins de neuf, dont aucun n’a de rapport avec celui qui signifie Caille, Les neuf substantifs que l'Écriture emploie pour nommer la Sauterelle sont, en effet : Arbeh, Solam, Hargol, Hagab, Géb, Seläsal, Gâzäm, Yélég, Häsil. Est-ce la peine de rechercher si nos Cailles étaient des Pois- sons, même volants, alors que la Bible parle d'Oiseaux? Mais, là encore, le vocabulaire hébraïque s'oppose à une semblable identification. Un Poisson s'appelle Däg, Dâgäh, Täânnin, mais jamais Selav. | Quant au Coq de bruyère, Oiseau des régions froides ou témpérées, et au Ganga alshata, animal erratique, et qu'on rencontre par bandes d’une vingtaine d'individus, vous disait l’autre jour M. Magaud d’Aubusson, on ne voit pas trop où on a pu aller chercher leur identification avec nos Cailles. La première chose nécessaire, en effet, pour qu'on ait pu les retrouver dans la Bible, c’eût été de savoir comment les juifs les appelaient ; or, on peut mettre qui que ce soit au défi de démontrer que ce peuple ait jamais observé ces deux Oiseaux, dont il n’est fait mention nulle part. Je me suis donné la peine de recenser toutes les espèces de cette classe nommées LES CAILLES DE LA BIBLE 261 _ dans la Bible, et jamais, certainement, il n’y à été question ni d’un Tétra, ni du Ganga, ni d'aucun animal s’en rapprochant. La Bible parle de trente-deux Oiseaux, pas un de plus, pas un de moins; ce sont, par ordre alphétique, les suivants : Aigle, Aigle de mer, Autruche, Butor, Caille, Chouette, Cigogne, Colombe, Coq, Corbeau, Cormoran, Coucou, Cygne, Faucon, Grand-Duc, Grue, Gypaète, Héron, Hirondelle, Huppe, Ibis, Milan, Moineau, Mouette, Oie, Paon, Pélican, Perdrix, Pluvier, Tourterelle, Vautour, Vautour percnoptère. Sur ce nombre, on en compte vingt dont le Lévitique prohibe la chair comme impure. Restent le Casarca rutila et la Grue. Le premier est un Canard, et, comme la Bible est muette sur les Canards, nous n'hésitons pas à lui appliquer ce que nous avons dit du Coq de bruyère et du Ganga. Il n'en saurait être de même de la Grue qui, elle, peut être appelée un Oiseau biblique. Mais, ici, nous savons son nom : c'est l'Agür. « Comme l'Hirondelle et comme la Grue, dit Isaïe, je criais; je gémissais comme la Colombe. » Et Jérémie rappelle que « la Tourterelle, l’Hiron- delle et la Grue connaissent le temps de leur retour ». Du reste, les rabbins, auteurs du Talmud, et qui étaient fort experts en philologie hébraïque, ont, dans le traité Aidduschin, traduit Aqür par AXurakia, c’est-à-dire Grue. Mais d’où pouvait provenir une semblable quantité de Cailles ? Ici encore le texte biblique va pouvoir nous éclairer. « Jehovah fit souffler un vent qui de la mer amena des Cailles » ; le Psalmiste ajoutera plus tard : « Il fit souffler dans le ciel le vent d'Orient, il amena par sa puissance le vent du Midi. » Et Buffon, dans l’article qu'il a consacré à la Caille, après avoir parlé de l'influence des vents sur les passages de cet Oiseau, s'exprime de la sorte : « Nous voyons même que l’auteur de la nature s’est servi de ce moyen, comme le plus conforme aux lois générales qu'il avait établies, pour envoyer de nombreuses volées de Cailles aux Israélites dans le désert; et ce vent, qui était le Sud-Ouest, passait en effet en Égypte, en Éthiopie, sur les côtes de la mer Rouge, et, en un mot, dans les pays où les Caïlles sont en abondance. » Le savant M. Lesêtre, dans l’ar- ticle remarquable que nous avons déjà cité, rappelle aussi à ce sujet le témoignage des anciens. Diodore de Sicile atteste que les Cailles abondaiïent sur les frontières d'Égypte et de Syrie. L'historien Josèphe, racontant l'événement rapporté au Livre 262 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION des Nombres, dit : « Il arriva une grande quantité de Cailles, espèce d'Oiseaux que nourrit particulièrement le golfe ara- bique » ; et M. Lesêtre ajoute : « A leur première apparition au camp d'Israël, les Cailles venaient de la côte d'Afrique, et étaient amenées à travers le golfe de Suez par un vent du Sud- Ouest. Dans le second cas, le Psalmiste parle des vents de l'Est et du Midi. Les Cailles arrivaient donc du golfe d'Arabie et venaient de faire la traversée du golfe d’Akabah, » Tristam, dans son livre The natural History of the Bible, publié à Londres en 1889, traite aussi la question et s'exprime en ces termes : « Les Cailles traversent régulièrement le désert d'Arabie, en volant surtout pendant la nuit. Comme elles ne sont pas de haut vol, malgré leurs habitudes de migration, elles choississent instinctivement les bras de mer les plus étroits, et mettent à profit toutes les îles pour y faire une halte. Conformément à leur instinct bien connu, elles durent suivre les côtes de la mer Rouge jusqu'à l'endroit où la pres- qu'ile du Sinaï la divise en deux. Puis, profitant d'un vent favorable, elles traversèrent le détroit et se reposèrent près du rivage avant d'aller plus loin. C'est pourquoi nous lisons que le vent les amena de la mer, et que, se maintenant près du sol, elles tombèrent comme la pluie autour du camp. Elles com- mencèrent à arriver le soir, et le matin suivant toute la troupe se reposait ». Notre vénérable maître en zoologie, Pline l'Ancien, a peut- être bien exagéré un tantinet, — ceci soit dit sans lui man- quer de respect, — lorsqu'il a raconté que les Cailles, s'étant un jour reposées sur un navire, celui-ci avait sombré sous le poids de ses Oiseaux; mais il est un fait indubitable, c’est qu’on ne peut se figurer la quantité immense de ces animaux a certains passages. Notre président, M. Magaud d’Aubusson, qui connait si bien l'ornitholagie égyptienne, vous disait l’autre jour que les terrasses des maisons en sont littérale- ment couvertes, il s’est servi de cette expression « pluies de Cailles », et il a ajouté qu'on en voyait des bandes énormes dans des endroits arides, où ne pousse pas un brin d'herbe, et où l’on se demande ce qu'elles peuvent manger. « Les îles de l’Archipel, dit Buffon, et jusqu'aux écueils, en sont couverts, selon M. de Tournefort, dans certaines saisons de l’année, et plus d’une de ces îles en a pris le nom d’Ortygia, — du grec Ortyx, Caille. — Dès le siècle de Varron, l’on avait LES CAILLES DE LA BIBLE 263 remarqué qu'au temps de l’arrivée et du départ des Cailles, on en voyait une multitude prodigieuse dans les îles de Pontia, Pandataria et autres qui avoisinent la partie méridionale de l'Italie, et où elles faisaient apparemment une station pour se reposer. Vers le commencement de l'automne, on en prend une si grande quantité dans l’ile de Caprée, à entrée du golfe de Naples, que le produit de cette chasse fait le principal revenu de l’évêque de l’île, appelé pour cette raison l’évêque des Cailles; on en prend aussi beaucoup dans les environs de Pesaro, sur le golfe adriatique, vers la fin du printemps, qui est la saison de leur arrivée; enfin, il en tombe une quantité si prodigieuse sur les côtes occidentales du royaume de Naples, environs de Nettuno, que, sur une étendue de côte de quatre à cinq milles, on en prend quelquefois jusqu'à cent milliers dans un jour, et qu'on les donne pour quinze jules le cent (un peu moins de huit livres de notre monnaie) à des espèces de courtiers qui les font passer à Rome, où elles sont beaucoup moins communes. Il en arrive aussi des nuées au printemps sur les côtes de Provence, particulièrement dans les terres de M. l’évêque de Fréjus, qui avoisinent la mer; elles sont si fati- guées, dit-on, de la traversée, que les premiers jours on les prend à la main. » Buffon ne nous dit pas le revenu que pouvait se faire avec les Cailles l’évêque de Capri, mais Brehm affirme qu il bénéfi- ciait ainsi d'une somme de 40 à 50.000 francs. Waterton dit qu'à Rome on met parfois en vente en un seul jour 17.000 Cailles, et dans certaines contrées de la Grèce il y a une telle quantité de ces Oiseaux que von der Mühle raconte qu’en 1834, lors de l'insurrection de la Maïna, la proposition avait été faite d'y interdire la vente de la poudre, mais le ministre Cobetti s’y opposa vivement dans le conseil tenu par ses collègues, en donnant pour raison que l’on enlèverait ainsi aux habitants leur plus important moyen d’alimentation. On le voit donc, le nombre immense de Cailles, dont parle la Bible, n’est nullement en contradiction avec les observa- tions ornithologiques. Mais par là même que cet aliment est offert à l’homme en quantités si considérables, il a dû néces- sairement de bonne heure songer à conserver une denrée si précieuse, impossible à consommer immédiatement. Sonnini raconte que sur la côte de la Morée, et particulièrement à Maïna, on sale les Caiïlles, que l’on vient ensuite vendre dans 964 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION . les îles de l’Archipel, Les habitants de l’île de Santorin en font également des provisions d'hiver et les conservent dans du vinaigre. Enfin von der Mühle, que nous citions il y a un ins- tant, dit que les Maïnotes prennent les Cailles avec des filets, des lacets, des gluaux et que des enfants les assomment à coups de bâton à mesure qu'elles arrivent. On les plume, on leur coupe la tête et les pattes, on les vide, après leur avoir fendu la poitrine, puis on les emballe comme des Harengs et on les expédie. 3 Mais, on l’a dit, il n'y arien de nouveau sur notre planète et le bon Hérodote raconte que les Égyptiens faisaient sécher les Cailles au soleil. Bien que la Bible soit muette sur l’art fort ancien sans aucun doute de fabriquer des conserves, — qu'on nous pardonne cette expression par trop moderne, — ilest incontestable que les juifs, qui vécurent si longtemps en Égypte, en avaient dû soigneusement observer les mœurs et en emprunter les coutumes. Or, les Égyptiens, gens pratiques, avaient inventé un procédé encore plus perfectionné et que nous connaissons d'après une reproduction donnée par Cham- pollion. On voit un homme occupé à plumer l’Oiseau, et, quand un autre l’a vidé, un troisième le place dans une jarre avec du sel. Et maintenant il nous semble que, sans trop s'avancer, on peut s’en tenir simplement au texte biblique, sans aller cher- cher des explications qui ae reposent sur rien, et penser que l'Oiseau, dont parle l'Écriture, est bien le Coturnix communis. Laissons-lui la gloire peu commune d’avoir nourri tout un peupe et souhaitons à ce charmant Oiseau de pouvoir long- temps, grâce à sa fécondité, résister à la destruction toujours si imprévoyante de l’homme. La Caille fait la joie du chasseur, elle est le mets exquis que nous aimons à savourer, n’en pri- yons pas ceux qui viendront après nous. LES OISEAUX DE PARURE ET LA MODE Par G. DEBREUIL (1). Notre Société a toujours cherché à réagir contre la dispari- tion totale dont sont menacées certaines espèces d'animaux; dernièrement encore elle à émis un vœu pour la réglementa- tion de la chasse dans nos possessions africaines. Mais, quel que soit le résultat des mesures protectrices, les Oiseaux exotiques, entre autres, deviendront de plus en plus rares, et dispa- raîtront, peut-être bientôt, irrémédiablement. On leur fait une guerre sans pitié pour s'emparer de leur brillante parure, et nos élégantes ne s’apercevront des tristes effets de leurs inconscientes convoitises que lorsqu'il leur faudra payer, au prix d’une fortune, la derrière plume de leur dernière victime. Je me rends très bien compte qu'il est au-dessus de nos forces d'empêcher une jolie femme d’acheter le chapeau qu'elle convoite; je crois même, en toute franchise, que tout naturaliste que nous sommes, nous serions capables, malgré nos beaux discours, de l’aider, parfois dans ses désirs. Aussi, je voudrais tourner la difficulté et prouver à la mode que les Oiseaux exotiques n’ont pas seuls de chatoyantes couleurs et que les plus exquises parures peuvent se trouver sur des Oiseaux élevés dans notre pays. Les Oiseaux dont l'élevage est à recommander dans ce but peuvent, à mon avis, se diviser en deux catégories : 1° Ceux qui demandent de grands espaces, relativement peu de soins et qui sont à conseiller aux agriculteurs ; 2° Ceux qu'il est préférable d'élever dans des parquets plus ou moins spacieux ou dans des volières: qui demandent pour réussir, en grand nombre, un peu plus d'attention et qui sont à conseiller aux amateurs déjà expérimentés. Parmi les premiers, nous pouvons indiquer : le Nandou; le Casoar-Emeu; les Paons (le Paon commun, le Paon spicifère, le Paon blanc); les Dindons {le Dindon commun, le Dindon (1) Communication faite le 5 avril 1909, à la séance de la section d'Orni- thologie-Aviculture. 966 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION bronzé, le Dindon blanc); les Poules Phénix du Japon (dorée, argentée, blanche, cette dernière appelée Yokohama) ; les Pin- tades (grise et blanche); l'Oie commune blanche, etc. Parmi les seconds : les Faisans dits«rares » :le Doré, l’Argenté, le lady Ambherst, le Swinhoë, l’'Elliot, etc.; le Ho-Ki: le Coq de Sonnerat, les Tragopans; le Lophophore; l'Argus; les Tina- mous, eic.; certains Pigeons ; certains Palmipèdes, tels que le Carolin, le Mandarin, les Bernaches, le Cereopsis; l'Oie d'Egypte; l'Oie de Canada; le Cygne blane, etc. L'élevage du Nandou a été, ici, assez souvent indiqué pour que nous n’y revenions pas. L'Emeu s'élève à peu près dans les mêmes conditions et aussi facilement. Pour les Paons, il faut se souvenir que le Paon spicifère est plus délicat et qu'il demande quelques soins, pendant les hivers de notre région, surtout dans les premières années de son importation. Le Dindon blanc est un peu moins rustique que les autres. Les plumassiers prétendent que les plumes des Dindons venant d'Amérique sont plus belles que celles fournies par les Dindons français. La plume d'Amérique, disent-ils, a plus « d'œil », elle est plus résistante, plus étoffée, son grain est plus gros. Je crois que la vérité est que, recevant une quantité consi- dérable de ces plumes, les marchands peuvent plus facilement choisir les plus belles; en tout cas, si la critique est fondée, il serait facile d'arriver chez nous à un résultat meilleur; ce n'est qu’une question d'hygiène, de nourriture et de sélec- tion. Le Phénix est une Poule originaire du Japon (Voir £ulletin, année 1902, page 124, et l’article de M. Sainville : Sur quel- ques races de Poules domestiques); j'en conseille vivement l'élevage aux agriculteurs et aux amateurs. Cet Oiseau bien acclimaté dans notre région, serait d'un élevage idéal pour la parure. | Il y à, à la vérité, actuellement, peu de Phénix en France (je parle des Poules!), mais les quelques couples qu'on y trouve fourniraient rapidement un important troupeau. Le Phénix doré ou argenté s'élève comme le Dorking; ie Yokohama est un peu plus délicat. Ces Oiseaux donnent facile- ment et abondamment de merveilleuses parures. Les plumes LES OISEAUX DE PARURE ET LA MODE 267 des coqs, sans parler des longues plumes de queue, qui atteignent couramment 1"50 à 2 mètres de longueur, sont de toute beauté ; elles sont étroites. fines, souples, brillantes; cer- taines ont naturellement les tonalités les plus ravissantes et toutes se prêtent facilement à n'importe qu'elle teinture; chaque Oiseau en fournit une grande quantité, puisque de la tête à la queue, toutes les plumes du camail et du dos sont des plumes de choix. Ces plames, pour le moment fort rares, font prime sur le marché, elles atteignent des prix exceptionnels, et j'ai vu un chapeau, orné de « méchons » de Phénix argenté, dont on demandait, horresco referens, trois cent cinquante francs. Il est vrai que ce joyau sortait de chez la bonne faiseuse et qu'il était destiné à une de nos plus grandes dames. L'élevage des Pintades et des Oies est courant. Grâce aux observations de certains de nos collègues qui pos- sèdent depuis longtemps des Oiseaux de la seconde catégorie, l'élevage de ceux-ci est connu; il est facile pour un amateur tant soit peu expérimenté. Je crois cependant que pour notre but qui n’est pas celui de réunir une collection, il est bon de conseiller à chaque éleveur de se limiter à une espèce ou deux et d’en pousser activement la reproduction. Les plumes des Faisans des espèces indiquées sont actuelle- ment rares et peu employées dans la mode; celles du Doré, de l’Argenté, du lady Amherst se rencontrent le plus fréquem- ment. Les dépouilles du Swinhoë, de l’Elliot, du Ho-Ki, du Sonnerat, du Tragopan, elc., ne sont, pour ainsi dire, jamais vendues pour LTEEREES des chapeaux. Et cela tient non pas à ce que ces plumes, fort belles, sont dédaignées, mais à ce que l'élevage industriel, pouvant en fournir régulièrement de grandes quantités, n’a jamais été tenté. Il faut, en effet, pour qu’une plume soit acceptée par la mode qu'il y ait un gros stock de ces plumes chez les plumassiers. Ces commerçants ne peuvent lancer une plume qu’à la condi- tion d'en avoir beaucoup en magasin ; pour eux la rareté n’est pas intéressante, car il s'agit non pas de faire admirer une parure extraordinaire et unique, sur la tête d’une jolie femme, mais de vendre, en grand nombre, la nouveauté qu'ils viennent de présenter heureusement au public; il faut que les 268 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION modistes, sollicitées par leurs clientes, puissent trouver chez eux ce qui leur est demandé. Cela est vrai pour tous les Oiseaux dont je conseille l’éle- vage ; la vente de leurs plumes — il faut que les éleveurs s’en pénètrent bien — ne sera pour eux rémunératrice qu'à la con- dition d’en pouvoir fournir, à eux tous, une quantité suffisante pour alimenter le marché. J'ai indiqué certains Pigeons; les plumes de ces Oiseaux qui viennent de France, d'Italie et de Russie, ont une valeur moindre que celle des Faisans; au contraire, les plumes des Palmipèdes, dont il a été parlé, se vendraient, en général, un prix plus élevé; mais, pour ces Oiseaux, comme pour les Fai- sans, un élevage industriel est à créer entièrement. Il convient de noter que les plumes blanches sont toujours d’une vente plus facile; ces plumes en effet, prennent mieux toute espèce de teinture et, même naturelles, sont d’un emploi plus courant. Enfin, il est d'autant plus urgent de chercher à produire, dans notre pays, les plumes de parure, que l'importation plus considérable, chaque année, du nombre des Oiseaux exotiques, ne prouve nullement que le nombre de ces Oiseaux ne diminue pas, comme l’affirment les plumassiers. Cette importation, qui augmente sans cesse, en effet, n'indique pas une augmenta- tion correspondante dans la reproduction; c’est tout le con- traire qui a lieu, car si un très grand nombre d’Oiseaux pour parures arrive actuellement encore en Europe, c'est parce que les chasseurs, poussés par des primes, de plus en plus fortes, deviennent plus nombreux et recherchent les Oiseaux sur des territoires jusqu'alors inexplorés. Ces massacres, bientôt, prendront fin faute de victimes et un jour, très prochain, viendra où toutes les contrées ayant été dévastées, brusque- ment l'importation cessera. Il est impossible qu'il en soit autre- ment lorsqu'on voit de quelle facon les chasseurs opèrent; où ils sont passés, aucun Oiseau mäle ne se rencontre plus et fatalement, au bout de fort peu de temps, l'espèce disparait. Il est à remarquer cependant que bien que le nombre des Oiseaux importés soit considérable, les statistiques même les plus officielles, sont, en général, irès exagérées, et il ne faut pas prendre comme ‘exacts, par exemple, tous les chiffres du marché de Londres. Le commerce de plumes est, avant tout, un commerce de spéculation, les ventes se font à ferme et le LES OISEAUX DE PARURE ET LA MODE 269 même Oiseau peut être vendu deux, trois et quatre fois; dans ce cas, le chiffre des Oiseaux importés est à diminuer de 1/2, 2/3 ou 3/4. L'élevage en France, des Oiseaux de parure, serait donc, à mon avis, le moyen le plus efficace pour arrêter l'hécatombe inconsidérée des Oiseaux exotiques dont certaines espèces sont si belles et si intéressantes. Ce moyen, en outre, permet- trait aux Françaises de se croire toujours aussi jolies même sous un panache de leurs pays. Mes conseils seront-ils entendus? Je l'espère, mais j'y compte peu. Il faut sortir de l’ornière, avoir de l'initiative et surtout de la persévérance, savoir ne pas se décourager dès la première déception et là est la difficulté. Je connais, hélas! l’apathie de mes compatriotes, et si quelques-uns d'entre eux lisent ces lignes, c'est probablement avec le sourire scep- tique des gens soit-disant bien informés qu'ils tourneront la page. Il ne s'agirait pourtant que d'obtenir un premier succès; quand il aura été prouvé que le chapeau le plus suggestif doit toute sa vogue aux plumes d’un de nos Oiseaux, la femme, même la plus coquette, reviendra vite à sa bonté naturelle et criera pitié pour les Oiseaux exotiques. Ce jour-là, à la grande joie des amis de la Nature et des sages, ces Oiseaux seront sauvés, un nouvel élément de richesse pour nos éleveurs sera créé, et nous pourrons nous permettre d'offrir les chapeaux les plus volumineux et les plus emplumés sans le moindre remords. A titre de simple indication, voici les prix que paye, actuel- lement, le commerce de gros, mais ces prix sont très approxi- matifs, le cours des plumes subissant des fluctuations très considérables en fort peu de temps. Nandou. — Cette plume, qui a valu dernièrement jusqu’à 220 francs le kilogramme est tombée à 100 francs. Casoar-Emeu. — La dépouille entière, 100 francs. 0 970 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION Paon commun. — Queue (l'œil), 3 francs les cent plumes ; peut aller jusqu’à 20 francs. Les plumes bleues, vertes, dorées, 60 francs le kilo- gramme ; crête, 4 francs les cent plumes. La dépouille entière, 25 francs. Les plumes des Paons blancs se paient beaucoup plus cher. Dindon noir. — Le duvet (dit marabout), 100 francs le kilo- gramme ; 20 francs le reste. ’ Dindon blanc. — Le duvet, 150 francs le kilogramme ; 95 francs le reste. Phénix du Japon. — 30, 35 francs et plus la dépouille du dos et de la queue. Faisan doré. — Dépouille entière, 6 à 7 francs. Faisan argenté. — Dépouille entière, 15 à 25 franes. Lady Amdherst. — Dépouille entière, 15 à 25 francs. Lophophore. — Dépouille eñtière, 40 à 50 francs. -Arqus.— Dépouille entière, 40 à 50 franes ; a été payée 200 et 300 francs. Pigeon. — 15 francs le kilogramme. Cygne blanc. — 15 à 20 francs la dépouille entière. LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE (Suite) (1). Par le Dr JACQUES PELLEGRIN. Docteur ès sciences, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle. La famille qui sera d’abord citée, est celle des Siluridés, l’une des plus vastes de la classe des Poissons puisqu'elle comprend environ un millier d'espèces presque toutes dulca- quicoles. Elle est représentée à la Guyane par de très nom- breuses formes et, par conséquent, est des plus caractéris- tiques pour la faune de cette région. Dans la section des Bagrinés comprise dans son acception la plus large, il faut d’abord s’arrêter sur les Arius. Ce sont des Poissons qui, exceptionnellement pour la famille, sont plutôt marins, se tenant sur les côtes ou dans les estuaires. Aussi leur distribution géographique est-elle des plus étendues, compre- nant l'Asie, l'Afrique, l'Amérique, l'Australie. Ils atteignent parfois une assez forte taille, plus d’un mètre, et sont repré- sentés à la Guyane par un grand nombre d'espèces. Chez quelques-unes comme l'Arius luniscutis Cuvier et Valenciennes, l'A. guadriscutis €. V., par exemple, le premier rayon en forme d'aiguillon de la nageoire dorsale antérieure est articulé à la base par une véritable charnière avec un vaste bouclier ossifié, granuleux, qui protège la partie supérieure du corps. Bien souvent on trouve dans les collections d'histoire naturelle, de ces boucliers avec leur aiguillon, et ceux qui ne sont pas initiés sont parfois fort embarrassés pour déterminer l'origine de ces curieux objets anatomiques. Chez quelques espèces, comme l’Arius emphysetus Müller et Troschel et surtout l’A.physacanthus Vaillant, du fleuve Mahury c’est non le bouclier mais l’aiguillon dorsal lui-même qui pré- sente un développement inusité : gros, renflé, bien que toujours terminé en pointe aiguë. En dehors de ces dispositions bizarres, les Arius possèdent- (1) V. Bull., mai-juin 1909. 912 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION aussi vis-à-vis de leur progéniture des mœurs fort intéres- santes. Comme les Cichlidés, ils couvent leurs œufs et leurs petits dans la bouche, mais chez eux les œufs sont de propor- tions beaucoup plus considérables. Ils atteignent, en effet, chez l'Arius Commersoni Lacépède, grand Siluridé du Brésil et de la Guyane, d’un mètre de long, 17 à 18 millimètres de diamètre, c’est-à-dire que ce sont les œufs les plus gros qu'on ait rencontré jusqu'ici chez les Téléostéens. Il va de soi que des œufs aussi volumineux sont forcément peu nombreux. D’ail- leurs, chaque pelit, protégé par ses parents, a des chances de survie considérable. Point n'est donc besoin pour assurer la perpétuité de l'espèce de jeter des quantités innombrables de germes comme le font les Poissons qui abandonnent leurs œufs à eux-mêmes, les Morues, par exemple. Chez les Arius, la qua- lité remplace la quantité. L'incubation buccale a été constatée chez les Arius asiatiques aussi bien que chez les Arius américains. Pour ces derniers, c'est le D' Jeffries Wyman (1) qui a eu le mérite de signaler le premier, en 1857, cette habitude singulière chez des Poissons de la Guyane. Ces observations furent confirmées par À. Günther, “’Hensel, von Ihering. D'une facon générale c’est le mâle qui se charge des œufs, cependant, d’après von Ihering, chez l’Arius Commersoni Lacé- pède la femelle s’en occupe parfois. Grâce aux riches matériaux rapportés de la Guyane française par M. Geay au Muséum d'histoire naturelle, j’ai pu réunir une collection représentant les différents stades de l’incubation buccale chez deux espèces, l'Arius Herzbergi Bloch et l’Arius fissus Cuvier et Valenciennes (2) (fig. 4). J'ai constaté ainsi que dans ces deux cas c’est le mâle qui pratique l’incubation buc- cale; le nombre des œufs est généralement compris entre une dizaine et une vingtaine; les soins se poursuivent après l’éclo- sion jusqu'à la résorption complète de la vésicule ombilicale de l'embryon. En outre, comme tous les individus composant une couvée se trouvent dans des conditions de milieu iden- tiques, leur développement est égal et leur taille reste sensible- ment semblable. Inutile d'ajouter que pendant toute la durée (1) Cf. Wyman. A4mer. Journ. Sc. (2), XX VII, 1859, p. 5. (2) D: J. Pellegrin. L’incubation buccale chez deux Arius de la Guyane. C. R. Ass. fr. Av. Sc. Reims, 1907, p. 665. LES POISSONS D EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE 213 de l’incubation, ce Psisson, modèle des pères de famille, pra- tique le jeûne le plus absolu, et qu’en conséquence, à l’au- topsie des sujets en train de couver, on ne trouve aucune par- ticule alimentaire ni dans l'estomac ni dans l'intestin. Parmi les autres genres de la famille des Siluridés plus ou moins voisins des Arius, on peut citer les Ælurichthys égale- ment semi-marins et les Pimelodus représentés par plusieurs espèces à la Guyane. L’une des plus communes estle Pimelodus maculatus Lacépède. C’est un Poisson de petite taille qui vit en troupes; il est comestible, mais les aiguillons qu'il porte à la JPellequr Fic. 4. Tête d’Arius fissus, mâle couvant ses œufs. dorsale et aux nageoires pectorales peuvent faire des blessures douloureuses, susceptibles de s’envenimer facilement. Les Platystomes, comme le Platysioma Vaillanti Cuvier et Valenciennes, sont remarquables par leur museau aplati, déprimé, qui leur a valu leur nom générique. Le Piramutana Bloch C.-V. ou Bagre blanc atteint une assez belle taille et n'est pas rare à la Guyane. IL faut mentionner ensuite les Doradinés, groupe représenté par quelques formes à la Guyane; les Hypopthalminés avec les genres Ageniosus, Euanemus, Auchenipterus, Centromochtus,ete., puis les Callichthyinés. Ces derniers présentent un aspect très curieux; leur corps est complètement cuirassé. Cette cuirasse, écrivent Cuvier et Valenciennes, « consisie en deux rangées de lames étroites BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 20 274 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION et hautes de chaque côté, qui embrassent la totalité de la hauteur, chacune recouvrant un peu la suivante, et celles de la rangée supérieure se croisant un peu avec celles de la rangée inférieure le long de la ligne latérale, ou plutôt dans la direction qu'aurait cette ligne si elle existait » (1). Les Callichthys sont de petite taille, ils vivent sous les herbes, dans les marais et dans les savanes. Ils résistent à la privation d’eau. Pendant la saison sèche, ils se tiennent cachés dans la boue et la vase des petites mares où ils sont parfois réunis en quantités innombrables. En outre, s'ils ne pratiquent pas l’incubation buccale, du moins construisent-ils des nids en forme de gâteau flottant, à la face inférieure desquels ils placent leurs œufs, sur lesquels ils veillent avec une farouche sollicitude, se jetant sans hésiter sur ceux qui tentent de les leur ravir. Les espèces les plus répandues à la Guyane sont le Callich- thys littoralis Hancock, le C. asper Quoy et Gaimard, Le C. lon- gifilis Cuvier et Valenciennes (2). La famille des Loricariidés est souvent réunie aux Siluridés. Ces Poissons, ATDAIE M. Tate Regan (3) du British Museum de Londres à consacré, il y a one années, une Donne des plus D en sont d'assez petite les Tous ceux qu'on rencontre en Guyane ont le corps complètement cuirassé. Leur aspect est des plus singuliers. Les principaux genres sont les Plecostomus, les Hypostomus et les Loricaria. Contrairement à ce qui existe généralement chez les Poissons téléostéens, on constate souvent des différences sexuelles remarquables, de sorte que l’on reconnaît aisément si l’on a affaire à une femelle ou à un mâle. Ces derniers ont les côtés de la tête habituelle- ment garnis de soies dures et hérissées qui font plus ou moins complètement défaut aux femelles. Ils portent la barbe, Deal on dire. (À suivre.) (1) Cuvier et Valenciennes. Op. cit., 1840, XV, p. 294. (2) Ces Poissons ont été, à diverses reprises, rapportés vivants en Europe. C'est ainsi que j'ai pu voir récemment à l'aquarium d'Amsterdam, quelques spécimens vivants de ce genre curieux, au milieu des nom- breuses formes exotiques possédées par ce bel établissement. (3) G. Tate Regan. Tr. Zool. Soc. London, XVII (HI), 1904, p. 191. LES COLATIERS DU PAYS DE KISSI (HAUTE-GUINÉE FRANÇAISE, Par CASTÉRAN. A La Haute-Guinée doit être considérée comme un des pays les plus productifs de l'Afrique occidentale française, et les nombreux Européens qui ont séjourné dans cette contrée pri- vilégiée la dénomment volontiers « grenier de la Guinée fran- caise ». En effet, le Riz, le Mil et le Maïs y poussent abon- damment. | Habitat. — Un coin de la Haute-Guinée est particulièrement favorisé, grâce à son climat chaud et pluvieux : c'est le pays de Kissi, dont la presque totalité est comprise dans le cercle de Kissidougou, situé aux confins de la colonie anglaise de Sierra- Leone et de la République nègre du Libéria, à peu de distance de la frontière que délimite actuellement la mission Richaud. Les Kissiens cultivent largement un Riz blanc très apprécié, et récoltent de grandes quantités d'huile de palme. Ils tirent quelques profits d'un peu d'ivoire, mais les Colatiers qui four- nissent la noix connue de tous les noirs de l'Afrique (colo kissien, gouro en malinké) forment la principale richesse des Kissiens. La forêt kissienne. — Les Colatiers vivent admirablement dans les petites, mais nombreuses et épaisses forêts qui donnent au Kissi son principal caractère. Chaque forêt dénonce un village mystérieusement campé au milieu d'une vaste clai- rière. C’est dans cette forêt vraiment équatoriale, surmontée des Palmiers à huile et des cimes géantes de Fromagers, que se dressent, bien abrités du soleil, les Colatiers élégants dans leurs troncs gris, aux feuilles lancéolées, d’un vert sobre de ton. Des sentiers, invisibles pour les profanes, conduisent les Kissiens près de leurs arbres. Mais les routes tracées par les Européens à travers la forêt kissienne ont mis à découvert bon nombre de Colatiers. Et le voyageur pourrait ainsi croire qu'ils ont été plantés à dessein en bordure du chemin. Parfois, un spécimen barre la moitié de la route. C’est que le défricheur 276 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION n’a pas voulu sacrifier l'arbre vénéré, et le blanc a fermé les yeux. Récolte des colas. — Les Kissiens ont un grand respect de leur « arbre national ». Quand vient la récolte principale des noix de cola (deux récoltes annuelles) vers janvier, les vieillards notables et chefs de village tiennent à honneur de grimper sur l'arbre atteignast parfois la hauteur d’un Châtaignier. Follicules et graines. — Ils détachent avec soin les follicules obiongs, bosselés et brunâtres contenant les précieuses graines. Les foilicules sont remis aux femmes qui ont pour mission d’en retirer les graines après les avoir débarrassées du tégu- ment épais, blanc, luisant. Les graines, au nombre moyen de dix par follicule, apparaissent revêtues d’une brillante couleur rouge carminée (parfois rose tendre), ou blanche verdâtre. L'espèce renfermant dans le même fruit des colas, est appelée en kissien : Colas rouges, Colo sangn'’a. Colas blancs, Colo o’houmbo. Colas blancs et rouges, Colo calo. - Culture. — Le développement de la culture du Colatier à: pays kissien pourrait être gêné par une grossière superstition si l'Administration n'intervenait pas pour la combattre. Beaucoup de Kissiens sont convaincus que la personne qui plante un Colatier doit mourir dans l’année. Aussi, les vieil- lards sont-ils chargés généralement du soin de la plantation; mais ils s'en acquittent médiocrement, rendus inactifs par les fatigues de leur grand âge, ou retenus par la crainte de mourir comme le veut la sotte tradition. Par contre, les jeunes Kissiens ont compris tout l'intérêt que présentait la culture du Colatier qui n'est pas près de dépérir. D'ailleurs, sa culture est facile, La graine, enfoncée peu profondément dans le sol humide et ombragé de la forêt, germe rapidement. Il n’y a plus qu'à abriter le petit Colatier et à veiller à ce qu'il ne soit pas élouffé par les herbes. L’arbre commence à donner quelques fruits vers la quatrième ou cinquième année; ce n’est qu'à la sixième qu il fournira son maximum de rendement. Un arbre adulte peut produire annuellement de 2.000 à 3.000 graines. Consommation. — Usages. — Les Kissiens, comme toutes les races de l'Afrique occidentale, mangent le Cola frais à tout propos. Ils l’absorbent plus volontiers à la fin de leur repas de riz et se laissent aller aux douceurs de la conversation. Pour LES COLATIERS DU PAYS DE KISSI DU prolonger la fraicheur de la noix, ils la laissent séjourner dans un récipient d’eau fréquemment renouvelée. Ces noirs ont une excellente dentition dont l’éclatante blan- cheur est connue. Peut être en faudrait-il chercher un des secrets dans la mastication des noix. Mais les vieillards qui n'ont plus les dents solides absorbent les noix après les avoir rapées. Ils se servent pour cela de plaques de fer-blanc perfo- rées à l’aide de pointes de fer. Curieux usage insoupconné des vieilles boîtes à sardines abandonnées par les blancs! On connaît la valeur thérapeutique des noix de cola fraiches. Tous les Européens voyageant en Afrique occidentale savent qu'il est facile de relever l'énergie de leurs porteurs par des distributions de colas. Il n’est pas de plus agréable cadeau qu'on puisse faire à ces braves gens, qui repartent, plus vigou- reux que jamais pour une nouvelle étape, en faisant craquer joyeusement sous leur puissante mächoire, la noix libératrice de la fatigue et de la faim. Lanoix de cola et les pratiques superstitieuses. — À un tel pro- duit, les indigènes n’ont pas manqué d’attribuer des effets sur- naturels. Si les musulmans jurent sur le Coran, un grand nombre d'indigènes et surtout les Kissiens jurent sur les colas. Ils fabriquent un médicament (kamelila en malinké), composé d'une pâte de cola ràpée et d’un féculent quelconque. La per- sonne qui doit faire un serment avale cette pâte en présence de témoins et, si plus tard, elle viole son serment, le pouvoir du médicament agira aussitôt. La parjure tombera malade pour mourir ensuite. Heureusement qu'elle peut se délier de son serment en rejetant le kamelila au moyen d'un vomitif. Encore, faut-il pour que ce deuxième acte réussisse qu'il se passe devant les témoins du premier. Mélangée à du sang de poulet, la noix de cola entre dans beaucoup de sacrifices en usage chez les Kissiens (offrandes aux morts, offrandes aux statuettes (pombdo) représentant l'image des défunts. Leurs instruments de musique sont même imprégnés de ce bizarre mélange qui éloignerait une foule d’esprits malfaisants. Commerce. — Les Kissiens consomment donc beaucoup de noix sur place, mais ils en vendent la majeure partie, à raison de 0 fr. 05 pièce aux nombreux dioulas (colporteurs) venus de très loin, du Sénégal et du Soudan. Ces colporteurs, après avoir échangé les chevaux et moutons, la cotonnade, le sel et 978 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION la poudre surtout qu'ils ont amenés, repartent porteurs de charges de colas, pesant parfois 35 kilos. Moyens de transport. — Pour supporter le voyage, les colas sont enfermées dans des paniers tressés de feuilles épaisses. En cours de route, le « dioula » arrose fréquemment son panier ; au bout d’une longue étape, il retire les noix, les lave soigneusement, et les replace dans le panier. Elles arrivent ainsi en assez bon état à Conakry où elles sont vendues de 0 fr. 15 à O fr. 30 pièce; à Dakar, au prix de 0 fr. 30 à 0 fr. 50, et au Soudan, où elles atteignent des prix fort élevés (1). Les procédés de conservation de la noix, actuellement à l’étude permettront bientôt aux colons de la Guinée, et des colonies à Colatiers, d'exporter de grandes quantités de noix et de réaliser d'importants bénéfices. Les plus gros reviendront aux colons planteurs. Je cite pour mémoire la plantation de plus d’un millier de Colatiers qui ont tous bien « pris », faite par les Pères de la mission de Bronadou, à 12 kilomètres du poste de Kimiougou. (+) Certains indigènes attribueraient des propriétés spéciales à Ja noix blanche, dont les effets seraient plus énergiques que ceux de la noix rouge. Le fait d'offrir une noix blanche à un fiancé vigoureux pourrait être injurieux. LES PHOSPHATES DU PACIFIQUE Par H. COURTET (1). Depuis un certain temps déjà, notre système d'exploitation agricole s’est transformé, il s’est en quelque sorte industrialisé. Le développement de l’industrie sucrière, le souci constant de l'enrichissement du produit par rapport à l'unité de surface, soit en matières extractives pour la Betterave, soit en poids pour d’autres produits agricoles, nous ont conduit à desétudes intensives sur la nature du sol, sur la composition et la nutri- tion des Végétaux, études qui nous ont amené à employer et à généraliser de plus en plus en agriculture les engrais dits arti- ficiels de nature minérale. Parmi ces engrais, nous avons les phosphates et nous sommes loin à présent des exploitations de phosphates de chaux fossiles des Ardennes, que l’on exploitait sous le nom de cokins et dont Les gisements sont d’ailleurs en majeure partie épuisés, ainsi que ceux de cerlaines autres régions françaises. Les résultats obtenus, les demandes de plus en plus actives de phosphates ont amené à leur tour la découverte degisements abondants et précieux, surtout en Amérique, en Tunisie, en Algérie. Puis l'emploi des engrais minéraux se généralisant encore davantage, on chercha et on cherche de nouveaux gisements, et les prospecteurs s'aventurèrent dans les îles du Pacifique et y rencontrèrent des phosphates. Dans cet ordre d'idées, il semble bien établi que celui qui découvre un gisement de phosphates ou de sels de potasse rend infiniment plus de services au point de vue économique que celui qui découvre un gisement d’or. En ce qui nous concerne, nous sommes possesseurs dans le Pacifique d’un nombre considérable d'îles, d'’ilots et de rochers, je puis même ajouter qu'il n’est pas certain que nous les connaissions tous. Ces îles et ilots forment des groupe- ments qui sont les iles de la Société, dont la principale est (1) Communication faite à la séance de la section de Colonisation du 26 avril 1909. 280 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Tahiti, les Marquises, les Pomotu,les Gambier, etc., constituant les Etablissement français de l'Océanie, et la Nouvelle-Calé- donie avec ses dépendances. Dans ces iles ou îlots existent des gisements de phosphates, et c'est de ces gisements que nous allons d’abord parler. Il y a déjà longtemps que l’on soupconnait la présence de phosphates dans nos Etablissements de l'Océanie et la chose mérite d'être relatée. En 1884, un M. Rousseau, de Brest, né en Océanie francaise et y ayant passé une partie de son enfance, s’occupait des engrais phosphatés. Il croyait se souvenir qu'il avait vu des phosphates dans sa jeunesse, dans une île qu'il croyait être Raïatea. Ayant appris qu'un de ses amis habitant aussi Brest allait partir pour Tahiti, il lui fit part de ses souvenirs, et, considérant la chose comme ayant une certaine importance, il lui montra divers échantillons de phosphate en lui demandant de faire son possible pour aller à Raialea et voir si dans cette île il n’en rencontrerait pas de semblables. Delacour arriva à Tahiti, mais ce ne fut qu'assez longtemps après son arrivée, sur ses instances réilérées et pressantes, qu'il réussit à obtenir d'aller passer quelques jours à Raiatea, l’endroit fixé par les souvenirs de M. Rousseau. C’est en 1886 qu'il fit ce voyage. À Raïatea, Delacour ne trouva rien qui ressemblait à ce que demandait M. Rousseau, il rapporta néanmoins une certaine quantité d'échantillons rocheux qui furentexaminéset analysés ensuite au laboratoire de la pharmacie de l'hôpital militaire de Papeete. L'examen des échantillons démontra qu'ils n'apparte- raient, ni de près, ni de loin, à des roches phosphatées et tout en resta là. Personne ne songea à cette époque à pousser la chose plus loin et à voirsiles souvenirs de M. Rousseau ne se rapportaient pas à une autre île, ayant un nom se terminant par les mêmes lettres, et ayant une certaine analogie avec celui de Raïatea. Cependant l’idée de trouver des phosphates en Océanie per- sistait et, quelque temps après, d’autres analyses furent faites au même laboratoire sur des échantillons dont on a laissé ignorer la provenance et qui contenaient évidemment de l’acide phosphorique; mais il y avait bien loin de cela aux phosphates proprements dits ou aux roches phosphatées. - Pendant que l’on rêvait vaguement à Papeete, à des métaux LES PHOSPHATES DU PACIFIQUE 281 précieux dans les roches volcaniques de l'île, à des bancs de coraux suspendus aux flancs abrupts des massifs basaltiques, traces d'un soulèvement antique, à l'exploitation du charbon problématique de l'ile Rapa-iti, d’autres, des étrangers évi- demment, ayant des idées plus positives agissaient et décou- vraient des phosphates loin de Tahiti, c’est vrai, mais décou- vraient des phosphates aux îles Marshal, aux Gilbert, avec lesquelles Tahiti avait été en relation, puisqu'elle recrutait comme travailleurs agricoles des aorais des îles Gilbert, aux Palaos, à Clipperton, etc., et récemment dans notre archipel des Pomotu. Nous possédons, dans le Pacifique, Clipperton et l’archipel des Pomotu. Clipperton est une île très éloignée du centre administratif auquel elle a été rattachée, c'est-à-dire très éloignée de Tahiti. Elle est située au sud du Mexique par 109 degrés de longitude Ouest et par 10 degrés de latitude Nord. Reconnue en 1845, et déclarée française, chaque année la division navale du Pacifique devait aller la visiter et s'assurer qu'un pavillon quelconque n’y avait pas supplanté le nôtre. La convention de 1885 reconnaissait en outre nos droits. Nous nous sommes tellement bien acquittés de cette visite annuelle, : que nous ne nous sommes pas aperçus qu'une Compagnie américaine exploitait les phosphates de l'ile. Cette Compagnie les exploita jusqu'en 1897 et vendit alors son exploitation à une Compagnie anglaise, « Pacific Phosphate Company ». Le fondé de pouvoirs de cette dernière Compagnie se rendit à Clipperton, reconnut les gisements et se rendit ensuite à San Francisco pour traiter avec l’ancienne Compagnie, « Oceanic Phosphate Company, Corporation of San Francisco ». Dès que l'on apprit cette cession, comme les Américains considéraient l’île comme appartenant aux Etats-Unis, une vio- lente campagne de presse eut lieu prétendant que le Gouver- nement américain voulait vendre l'ile aux Anglais. Cette cam- pagne attira l'attention du Mexique qui protesta et réclama la propriélé de cette île. Le fondé de pouvoir de la « Pacific Phosphate Company » très ennuyé se rendit à Washington où on lui déclara que Clipperton n’appartenait pas aux Etats-Unis. Cette déclaration étant une sorte de sanction à la revendication du Mexique, il se rendit alors à Mexico où le Gouvernement lui accorda la concession de l'exploitation de l'île, où fut ensuite arboré le drapeau mexicain sous la garde d’un sergent, de dix 4 282 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION soldats et d’un lieutenant gouverneur. L'exploitation de la nouvelle Compagnie commença en 1905 après l'envoi de la gar- nisOn. Dans le cour ant de 1906, notre division navale du Pacifique se décidant enfin à voguer vers Clipperton constata officielle- ment qu’une autre nation s’y était installée et le commandant de cette division en avisa le Ministère de la Marine et fit de même en 1907. En 1908, le 20 mars, il lui fut alors répondu que l'affaire de Clipperton était à l'étude, ce qui ne changea rien, et la Compagnie continua son exploitation. Devant une occupation provoquée par notre négligence, que pouvait faire le Gouvernement francais? Ce qu'il a fait, pro- tester pour la forme et consentirque la question de la propriété de Clipperton soit soumise à un arbitrage. Ainsi présentée, l'affaire s'arrange à la satisfaction générale. Comme toutes ces négociations prendront un temps assez long, aussi long d’ailleurs qu'il sera nécessaire, si l'arbitre choisi qui est le roi d'Italie déclare que cette ile est bien à nous, le Mexique l’évacuera, mais alors les gisements seront épuisés, et il ne nous restera qu'un rocher; si, au contraire, l'arbitre déclare que cette ile appartient au Mexique, aux yeux du public le Gouvernement ones aura justifié son impardon- nable négligence. Les phosphates de Clipperton ne sont pas très abondants et ne constituent qu'une richesse passagère, néanmoins notre marine n’avait pas le droit de négliger la surveillance de cette richesse. L'archipel des Pomolu s'étend dans une direction NO-SE, de 15° de latitude sud environ et 151°,30 de longitude ouest, à 22° de latitude sud environ et 138° de longitude ouest. Son extré- mité NO est située au NE de Tahiti à 400 kilomètres environ. On a découvert des phosphates à Makatea, Matahiva et Niau, îles situées à l'extrémité NO de l'archipel. Les gisements les plus importants sont ceux de Makatea au NE de Tahiti à 240 kilomètres environ. Presque toutes les îles formant l'archipel sont des atolls, c’est-à-dire qu’elles sont constituées par une couronne madré- porique renfermant un lagon intérieur communiquant par une ou plusieurs passes étroites avec la mer. Les madrépores ont établi leurs édifices sur le sommet des roches sous-marines et les ont poussés jusqu'à la surface de la mer, les débris et le LES PHOSPHATES DU PACIFIQUE 283 sable ont achevé la constitution de la couronne, sur laquelle le temps a mis une mince couche de terre végétale. Makatea, sentinelle avancée entre Tahiti et les Pomotu n’est plus un atoll, quoique étant de constitution corallienne comme les atolls. C'est un rocher assez élevé au-dessus du niveau de la mer et qui doit vraisemblablement cette surélévation à une oscillation de la croûte terrestre. C’est par Makatea que l’on commence en ce moment l'exploitation, et dans ce but une puissante compagnie, « Compagnie française des Phosphates de l'Océanie », au capital de 6.000.000 de francs et ayant son siège à Paris, 28, rue de Chäteaudun, s’est constituée. On a dit, et cela n'étonnera personne, que cette Compagnie tout en ayant son siège à Paris, des Français dans son conseil d'administration, et ayant son directeur de l’exploitation fran- çais, est une Compagnie ou une ramification d'une compagnie étrangère. Une autre Compagnie, « Compagnie Française des Phosphates du Pacifique », au capital de 600.000 francs, ayant son siège social à Paris, 15, rue Lafayette, vient encore de se cons- tituer. La découverte de gisements de phosphates dans les Pomotu a attiré l'attention, de nouvelles recherches ont élé entreprises et cetle fois encore nous nous sommes laissé devancer. À proximité de l'archipel des Gambier, groupe assez impor- tant de nos possessions, et formant en quelque sorte le prolon- gement de cet archipel vers l'E-SE, se trouvent les petites iles OEno, Élisabeth ou Henderson, et Ducie. Au sud de OEno se trouve l'ile Pitcairn, célèbre parce qu'elle fut en 1790 le lieu de refuge des révoltés de la Bounty, navire que les Anglais avaient envoyé à Tahiti pour y prendre des plants d’Arbre à pain. Pitcairn, qui avait été ainsi occupée, était restée en quelque sorte anglaise. Quant aux trois autres petites îles, faute de nous en occuper, elles ont fait d’abord, selon les Anglais, partie du groupe des îles Pitcairn, et la prise de possession en a été ensuite confirmée officiellement par la note suivante que le consul anglais de Tahiti, M. R.-T. Simons, a fait insérer au Journal ofjiciel de la colonie en novembre 1908 : « Le publie est averti que les îles Henderson (Elisabeth), Ducie et OEno (possessions anglaises) ont été cédées à un concessionnaire, et que, en conséquence, il est défendu à qui que ce soit de débar- C] 28% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION quer dans ces îles, sans autorisation spéciale de ma chancel- lerie. » j _ Cette formalité suffit-elle pour une prise de possession? Cette question ne saurait être traitée ici, et je dois me borner simple- ment à relever le fait. Parmi les dépendances de la Nouvelle-Calédonie, nous pos- sédons aussi des îles à phosphates qui sont : //uon, située au NO, à 250 kilomètres environ, et Les îles Chesterfield à 590 kilo- mètres environ et à la hauteur de l'extrémité NO de la colonie. Les gisements de ces îles sont exploités par une compagnie anglaise. Les îles appartenant à des puissances étrangères et possé- dant des gisements connus sont : Angaur et Pililju, du groupe des Palau ou Pelew, à l’est des Philippines. Les îles Ocean (Baraba) et Vaurou (Pleasant) des Gilbert, presque sous l'équateur. Il est inutile de faire remarquer que ces gisements étrangers ne sont pas exploités par des compa- gnies françaises. Il y a lieu maintenant, pour fixer les idées sur l'importance de la découverte et de l'exploitation des gisements, de jeter un coup d'œil général sur la production et la consommation des phosphates. Les principales sources actuelles de phosphates sont : l’'Amé- rique (surtout le Tennessee et la Floride), la Tunisie, l'Algérie, la Belgique, la France, les îles du Pacifique, et enfin les pro- ductions restreintes de la Norvège, de l'Espagne, de la Russie et de quelques petites îles des Antilles. La production totale des gisements exploités pour 1906 et 1907 est approximativement la suivante : TONNES DIFFÉRENCES me en faveur de 1906 1907 1907 AMÉPIQUE MALE NUE 2.052.000 1.917.000 — 134.000 UNIS LEARN ee PRE 158.000 1.040.000 — 282.000 IPranCe SACARUPNTNESNSENE 425.000 315.000 — 50.000 ANTÉRIEURES 302.000 325.000 —+ 23.000 PaACHUE MERE Se 250.000 300.000 + 50.000 Belaique CAAPNPAONENES 155.000 180.000 + 25.000 DiTerS UE us QUE Enr CIE 100.000 100.000 » Totaux. . . 4.042.000 4.237.000 + 195.000 19 LES PHOSPHATES DU PACIFIQUE 285 La comparaison entre les trois dernières années est la sui- vante : AO 0: 5110 be NE NET DEL ete 3.622.000 AE DOM PR AE RE LM AM Ne, 4.042.000 LOUE MMS ESEE SR En RAP 4.237.000 En 1898, la production mondiale était évaluée à 2.000.000 de tonnes. Cette progression est remarquable, mais on voit que pour 1907 la production de l'Amérique a baissé de 135.000 tonnes et celle de la France de 50.000 tonnes. Quant à la consommation, il est à craindre qu’elle ne vienne à dépasser les moyens dont dispose la production. Elle aug- mente en effet dans des proportions considérables et, en ce qui concerne la France, elle a doublé en dix années. La con- sommation française de 1907 aurait été de 893.000 tonnes; celle de l'Australie, du Japon et de la Nouvelle-Zélande, régions ne consommant pas de phosphates, il y a une dizaine d’an- nées, aurait été de 215.000 tonnes. (La consommation mondiale des scories Dho-phatce serait de 2.000.000 de tonnes). La découverte et l'exploitation des phosphates du Pacifique intéressent fort peu l’agriculture européenne, car c’est vraisem- blablement vers le Japon, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, etc., que seront dirigés ces phosphates. Les gisements extérieurs qui nous intéressent sont ceux de l'Amérique, de la Tunisie et de l'Algérie; ces derniers surtout paraissent susceptibles d’une extension considérable dans leur exploitation. La quantité exploitable de certains gisements du Pacifique a été évaluée approximativement, et on donne les chiffres sui- vants : Makatea. — Superficie exploitable, 400 hectares, sur une épaisseur de 145, gisement évalué de 8 à 10 millions de tonnes. Angaur. — 2 à 3 millions de tonnes. Océan. — 15 millions de tonnes. La teneur en phosphate varierait entre 40 et 80 p. 100. Comment ont pu se produire les phosphates des îles du Paci- fique? Par l’action des déjections des Oiseaux sur lesjroches 286 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ou, pour mieux spécifier, par l’action de ce que l’on appelle guano sur :es roches sous-jacentes. Cette action a été scientifiquement démontrée par M. A. La- croix, membre de l'Institut, professeur de minéralogie au Muséum d'Histoire naturelle (Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, t. CXLIIT, p. 661, séance du 5 novem- bre 1906), qui s'exprime ainsi au sujet des phosphates, produits par les déjections des Oiseaux, sur les roches trachytiques et les calcaires des récifs coralliens. « Le mécanisme de cette singulière transformation est facile à expliquer : à San Thomé (ilot de Cabras), comme à la Marti- nique (ilot de la Perle), de même que dans l’atoll Clipperton dans le Pacifique du Nord, où M. Teall a observé une altéra- tion du même ordre aux dépens d’un trachyte (le rocher tra- chytique: dont il est question ici, occupe dans le lagon une position excentrique), les roches modifiées forment des rochers nus, servant de refuge à d'innombrables Oiseaux de mer, qui les couvrent de leurs déjections; ce n’est qu'à l’action chimi- que de celles-ci, constammentrenouvelées, action certainement aidée par des actions microbiennes, que l’on puisse attribuer "cette attaque profonde des roches volcaniques. On n’est pas surpris de trouver des calcaires et notamment ceux des récifs coralliens, transformés en phosphate de chaux sous la même influence ; mais il est plus remarquable de voir des silicates, comme l'orthose, aussi résistant aux agents chimiques de nos laboratoires, se détruire avec une telle facilité sous l'influence d'agents chimiques d’origine physiologique. Le phosphate bi-ammoniacal joue, sans doute, dans cette réaction, le rôle capital qu'a mis en lumière notre confrère M. Armand Gautier, dans son étude du phosphate alumineux, qu'il a découvert dans la grotte de Minerve (Hérault); mais il existe une différence essentielle dans le résultat ultime cons- taté dans ces deux catégories de gisements. Tandis que dans la grotte de Minerve, le phosphate résultant de l’attaque de l'argile fixe une grande quantité de potasse (la minervite résul- tante est, en effet, un phosphate hydraté d’alumine, de potasse, contenant une petite quantité de chaux et d’ammoniaque), dans les gisements tropicaux, non seulement il n’y a pas d’al- calis apportés, mais tous ceux qui existaient dans la roche ori- ginelle, de même que les bases terreuses, ont été éliminés, de telle sorte qu'il n’y a aucune différence entre le phosphate pro- LES PHOSPHATES DU PACIFIQUE 287 duit aux dépens d'un trachyte, riche en potasse, pauvre en chaux et en magnésie (îles de Cabras et Clipperton), ou d’une andésite, riche en chaux et en magnésie, médiocrement pourvue en alcalis, parmi lesquels domine la soude (Marti- nique, îlot de la Perle). Les conditions topographiques et climatériques, si diffé- rentes dans les deux cas, permettent de comprendre ces par- ticularités. Dans les îlots soumis au lavage intense des pluies tropicales, les sels solubles sont entraînés à la mer au fur et à mesure de leur production, au lieu de rester en contact avec la roche attaquée, comme cela a lieu dans la grotte de Minerve. Cette élimination de tous les éléments de la roche modifiée, autres que l’alumine et une partie du fer, est à rapprocher de celle qui caractérise la latérisation, cette autre maladie tropi- cale des roches silicatées. Le phénomène que je viens de discuter n'est pas limité aux trois îlots en question; le même phosphate d’alumine, désigné sous le nom de redondite, a été exploité jadis à l’île de Redonda (Petites Antilles). Il faut y rattacher aussi celui qui est extrait encore aujourd'hui de l’ilot du Connétable, sur la côte de la Guyane, où les roches altérées sont des gneiss et des dia- bases (L). » À Makatea, les phosphates sont en sables ou en nodules. Un fragment de nodule taillé en plaque mince et examiné au microscope montre un magma offrant l'aspect d’une coupe d’un calcaire oolithique; les grains coupés apparaissent quelque- fois vaguement zonés. Un des phénomènes remarqués dans les îlots coraliens à phosphates, c'est que les eaux fluviales glissant sur la surface se chargent de sels minéraux. Étant donnée la démonstration de la transformation de la surface de roches volcaniques, et, par conséquent, difficilement attaquables, ce qui explique que là, les phosphates forment une croûte, il est vraisemblable que les sables et nodules des îlots coralliens, dont la roche calcaire, poreuse, est plus facilement attaquable, sont des débris de celte roche qui, transformés par le phosphate, ont résisté aux agents atmosphériques, tandis que le reste de la roche dispa- raissait. Ces débris entraînés se sont ensuite accumulés dans (1) On exporte de la Guyane francaise de 6 à 7.000 tonnes par an, en moyenne, de roches phosphatées. : 988 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION des dépressions ou des cuvettes, ou sont même restés en place. Il est vraisemblable aussi que des roches coralliennes ou cal- caires, ayant reçu pendant une longue période d’années les déjections des oiseaux, soient phosphatées sur une certaine épaisseur, sans qu'il y ait eu décomposition avec résidu de sable et nodules phosphatés. Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. re des disponibilités. Graines offertes par M. MOREL, ia cyanophylla. odoratissima. salicin«. carnea recurvata. onia radicans. alyptus amygdalina. — botryoides. D Dicinerea: DL — colossea. … _— eugemoides. 6 Feld Bay. globulus. gomphocephala. — goniocalyz. — hemiphlæa. Lehmanni. RE leucozylon. — macrocarpa n — maculata.. W — microphylla. 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Un Coq et deux Poules Orpington noirs, garantis pure race ou œufs, même race: Mn QUESNEL de la ROZIÈRE, Sainte-Mene- hould (Marne). 3 femelles Ho-Ki adultes, ayant déjà pondu, 1 fe- :melle Satyre adulte, { Paonne blanche. M. de SAIN VILLE, aux Courbes-Vaux, par Saint Germain-des-Prés (Loiret). SOCIÈTÉ NATIONALE p ACCLIMATATION DE FRANCE FONDÉE EN 1854, RECONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUE EN 4859 PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir : 1° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la multiplication des races nouvellement introduites ou domestiquées, à l'introduction et à la propagation de végétaux utiles ou d'ornement. Ce programme s'applique au territoire des possessions extérieures, comme au sol même de la France. L’attention des personnes compétentes doit être appelée tou spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui sy rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo- sitions et des conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les graines qu’elle donne, par les cheptels qu’elle confie à ses membres, ou aux sociétés dite .agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc- cupées de science pure. — Le Bulletin, paraissant une fois par mois et forman chaque année un volume d'environ 400 pages, illustré de gravures, donne des rensei gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissons. Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. = _ Le nombre des membres de la Société est illimité : les étrangers y sont admis a même titre que les Français : les dames peuvent également en faire partie ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo ratoires, Jardins zoologlques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une coti- sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de le Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, eic., faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lui sont également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit des publications de la Société antérieure à son admission, etc. Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accli matalion a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-80, illustrés de nombreuses gravures et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes les matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et Ja pratique de la Pisciculture, l’Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture et de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dont plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pou les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix le Manuel de l’Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bier connus du D' Moreau sur les Poissons de France. : Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUx, imprimeur, 1, rue Cassette. ! BULLETIN DE LA Société nationale d'Acclimatation DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 56 ANNÉE AOUT 1909 SOMMAIRE “ MAGAUD d'AUBUSSON. — Sur l’acclimatation de quelques espèces d'Oiseaux appartenant à AR EUMNe NES M ÉS ADO és Er RETENUE OUEN EN PAR tree 289 4 erronée PIGHOM = TiCiedu Canada M TOR COUTEAU APRES 298 Mu D: J. PELLEGRIN. — Les Poissons d’eau douce de la Guyane française (suife et fin) . . 303 À Edouard de JANCZEWSKI. — Ancêtres des Groseilliers à DEAD POSE NUS NME METTE 313 | La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises M par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. 27 PS ET Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50 AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 83, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT TOUS LES MOIS Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Socié et les personnes qui désireraient l’entretenir qu’il se tient à leur disposition, 4 siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BUFFON — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1909 Président, M. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de l’Académie de Médecine, Directeur Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bors, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l’Eco coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Nr Bréndonts Baron Jules de GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. © Comte de PonreriAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. G. RAVERET-WATTEL, Directeur de la station FAMEOIEE du Nid-de-Verdie 20, rue des Acacias, Paris. Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le Forr, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Ztranger). H. Hua, Directeur-adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, %54, boulevard Sain Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). : MiLHE-POUTINGON, 44, rue de la Chaussée-d’Antin (Zntérieur). Ch. DEBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (Séances). Trésorier, M. le D: SeiLLorte, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. Marrres, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. Membres du Conseil MM. MacaUD-D'AuBusson, 18, rue Erlanger, Paris. Comte Raymond de DALMAS, 26, rue de Berri, Paris. LECOMTE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, Paris. LE MYrE DE Vicers, 8, rue Cambacérès, Paris. D' LEPRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. D: P. MARCHAL, Professeur à l Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologiq de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. Ph. DE VILMORIN, Verrières-le-Buisson, S'eine- et-Oise. Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. ACHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Pari Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. WurrroN, 7, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine. Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1909 Janvier | Février Mars Avril Mai Novembre | Décembré Séances Du ConsErr, le Jeudi à 5 heures. 7 U ze 1 6 Z D 1re SEcrion. — Mammifères, le lundi Aineunes Re en PEN ke il il 5 3 8 6 2e Section. — Ornithologie, le lundi : ENS I TES PD RD EN Pr RON D Ze il Î 5 3 8 6 3e SECTION. (1), Aquicullure, le lundi a bHiheure ser ME nee AIN, LA 8 8 19 10 15 13 4e SECTION. — pra e le lundi an 4/2r DE APR PA 8 8 19 10 15 13 5e SECTION. — Botanique, le lundi a3 ne 20e PALM ANS RUES 15 15 26 17 29 20 6e SECTION. — Colonisation, le . lundi à 5 heures . . . 18 15 15 26 17 22 20 Sous-SEcTion d'Etudes Caprines, le ven- dredi à 5 heures . . . . SR 19 19 23 2 EE 2% (4) Batraciens, Reptiles et Invertébrés Ce SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES D'OISEAUX APPARTENANT A LA FAMILLE DES MÉGAPODIDES Par MAGAUD d'AUBUSSON Je me suis occupé, l’année dernière, des Hoccos et des Péné- lopes. Par une suite assez naturelle, je me propose de parler aujourd'hui des Mégapodes qui, par leurs affinités, se rappro- chent des Gallinacés composant la famille des Cracidés. Ce sont des oiseaux fort curieux par leur aspectextérieur, leurs mœurs, leur distribution géographique, et surtout leur mode de repro- duction ou plutôt d'incubation. Ils ont pratiqué bien avant nous l’art ingénieux de l'incubation artificielle, on peut même dire qu'ils l'ont inventée dès les âges les plus lointains, car les Mégapodiidés représentent une forme extrêmement ancienne dans le monde des Oiseaux. Nous ne sommes guère que des imitateurs, imitation aux résultats souvent précaires, en dépit des perfectionnements que nous nous sommes efforcés d'ap- porter à ce genre d'incubation. Les Mégapodes, en effet, diffèrent de tous les représentants de la classe des Oiseaux par la manière dont ils se reprodui- sent. Tandis que les autres Oiseaux déposent leurs œufs dans un nid plus ou moins artistement construit et les couvent, soit par la femelle ou même quelquefois par le mâle seulement, soit par les deux parents qui accomplissent tour à tour ce de- voir, qui est aussi, pour eux, un puissant et impérieux besoin, les Mégapodes ne couvent jamais leurs œufs. Ils les enfouissent, tantôt dans le sable du rivage de la mer ou dans des tas de terre, tantôt dans des monceaux de détritus végétaux qu'ils ont amassés, et les abandonnent, pour les faire éclore, à l’action directe des rayons solaires et à la chaleur dégagée par la fer- mentation des substances végétales mélangées à la terre hu- mide. Sous l'influence de cette chaleur, étrangère aux parents, l'embryon se développe, et au bout du temps nécessaire, les petits font éclater leur coquille et sortent de leur prison sans aucun secours. Ils sont, dès leur naissance, remarquablement forts, et peuvent subvenir à leurs besoins; ils ont de très bonne BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1999 — 21 290 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION heure des plumes normales, la queue et les ailes presque com- plètement constituées et ressemblent, sauf pour la taille, à des Oiseaux adultes. Cette précocité n’est pas sans relation avec la grosseur extraordinaire de l'œuf, relativement à la taille de l’Oiseau qui l’a pondu : Le jeune, dans ce logis spacieux, peut pousser très loin son développement et acquérir la vigueur indispensable à ses premiers pas dans la vie, où il ne doit compter que sur lui-même, car les parents ne s'occupent en aucune façon de leur progéniture, si singulièrement arrivée à la lumière. La saison de la ponte dure fort longtemps chez ces espèces, la femelle pond à de longs intervalles, d’où il résulte que les éclosions dans un même nid se font successivement, et on com- prend que la mère ne saurait s’astreindre à rester accroupie pendant plusieurs mois sur les œufs, et ne pourrait les aban- donner un certain temps, sans inconvénient, dans un nid découvert. Quand on réfléchit avec quelque attention sur la manière anormale, dans la classe des Oiseaux, dont se reproduisent les Mégapodes, on ne peut s'empêcher de songer à ce qu’on observe dans une division voisine, de l’embranchement des vertébrés. Ces Oiseaux étranges semblent, en effet, avoir retenu dans leur mode de reproduction quelques traits empruntés aux reptiles : forme et aspect général de l’œuf, conditions dans lesquelles il est déposé, absence de soin des parents à l’égard des petits. Il ne faut pas, toutefois, exagérer la valeur de ces rapprochements, mais ils sont dignes de remarque. On reconnaît aujourd’hui que les Mégapodiidés constituent un groupe naturel dépendant des Gallinacés. Mais il n'en a pas toujours été ainsi, et certains de ces oiseaux, qui étaient encore mal connus, ont été tour à tour rapprochés des Rapaces (Vau- tours), des Echassiers ou des Passereaux (1). Si l’on examine, d'autre part, la place qu'ils doivent occuper dans l’ordre des Gallinacés, on s'aperçoit qu'ils oni des affinités au point de vue anatomique et même dans la conformation extérieure, non seu- lement, comme je l’ai dit, avec les Hoccos et les Pénélopes, mais aussi avec les Pintades, quoique cependant à un degré moindre. (1) Cuvier rangeait ses oiseaux parmi les Echassiers, Lesson dans les Passereaux. Latham avait fait du Talégalle un Vautour : New Holland Vulture (General History of Birds (1821), t. I, p. 32 et pl. VI). Car: PURES SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES D'OISEAUX 291 Mais si les Mégapodes ressemblent beaucoup aux Hoccos, aux Pénélopes et aux Pintades par leur charpente osseuse, leur système musculaire, et même par certains traits de leur physio- nomie, ils s’en éloignent par leurs allures et, plus encore, on l’a vu, par la manière dont leurs œufs sont couvés. Ils vivent, enfin, dans d'autres conditions. Ils habitent les forêts humides, les jungles qui croissent au voisinage de la mer, ou bien encore les plages arides et sablon- neuses parsemées de broussailles. Ils se nourrissent de graines et de fruits ramassés sur le sol, et gloussent à la manière de nos Poules domestiques en picorant. Comme elles, encore, ils savent gratter avec leurs pattes les détritus végétaux pour y découvrir leur nourriture, et aiment à se rouler dans la pous- sière. Ils marchent aisément, le dos arrondi, et courent avec rapidité quand un danger les menace, mais leur vol est lourd et de courte durée, et ils ne s’y décident que lorsqu'ils sont pressés par un ennemi. Dans le premier cas, ils se réfugient à la course sous le couvert; dans le second, ils se perchent sur un arbre, s’accroupissent sur une branche, immobiles, le cou > ? 5) tendu, et offrent ainsi un but facile aux coups du chasseur. Ces Oiseaux ont, en général, un plumage sombre, sans jamais présenter ces couleurs éclatantes ou ces teintes métalliques que l’on rencontre chez d’autres Gallinacés, chez les Gallinacés typiques en particulier. Les sexes diffèrent peu comme livrée et comme dimension, et même dans les espèces qui sont pour- vues de caroncules, ces appendices sont à peine plus déve- loppés chez le. mâle que chez la femelle. Les côtés de la tête et du cou sont fréquemment dénudés. Les pattes sont très fortes ainsi que les doigts, tous insérés au même niveau, terminés 1 par des ongles puissants, allongés, légèrement recourbés. La queue tantôt courte, tantôt assez développée, tend plutôt à s’étaler qu'à s'allonger en droite ligne ou à se recourber en faucilles. Le bec est robuste. On peut distribuer les Mégapodiidés connus en quatre genres : Mégacéphalon, Leipoa, Talégalle, Mégapode propre- ment dit. Le genre Mégacéphalon ne renferme qu’une seule espèce, le Mégacéphalon maleo (WMegacephalon maleo, G. R. Gray), qui habite exclusivement la grande île de Célèbes et deux petites îles voisines. Get Oiseau est remarquable par une sorte de casque noir qui 9992 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION surmonte la tête, et la présence de deux tubercules également noirs, situés en arrière des narines. Les joues, le menton, le cou et la gorge, de couleur noirâtre, sont à peu près complète- ment nus, parsemés seulement de quelques petites plumes brunes. Le mâle, adulte, a les parties supérieures du corps, les ailes et la queue d’un brun très foncé, tirant au noir et un peu glacé d'olivâtre; les parties inférieures ont une belle teinte sau- monnée assez vive sur l'oiseau vivant, mais qui disparait peu de temps après la mort. La femelle est à peu près de la même taille que le mâle, et son plumage est presque exactement le même, avec le dessous du corps seulement moins rosé, le casque et les tubercules nasaux moins prononcés. Les jeunes sont dépourvus de casque et de tubercules, et revêtus d’une livrée brune plus ou moins lavée de jaunâtre. Le Maléo habite les côtes septentrionales de l'ile de Célèbes, et vit dans les forêts voisines du rivage de la mer. Suivant M. Wallace, il se reproduit dans les mois d’août et de sep- tembre. Il sort alors de la forêt qui lui sert de retraite et des- cend vers le bord de la mer, recherchant les endroits éloignés "des habitations et formés d’un sable grossier. Lorsqu'il a ren- contré une place convenable, il gratte le sol avec ses pieds et pratique une excavation de 0®30 à 0"60 de profondeur, qu’il élargit jusqu’à 14"20 à 1"50 de diamètre. Les deux sexes pren- nent part à ce travail. Quand il est terminé, la femelle pond un œuf et le couvre de sable, puis les deux Oiseaux regagnent l’abri de la forêt. Au bout de treize jours, disent les indigènes, la paire revient et un nouvel œuf est déposé dans la cavité, à une distance de 15 à 20 centimètres du premier. Quand on ouvre ces excavations, après que les Maléos paraissent avoir terminé leurs pontes, on trouve dans les unes un ou deux œufs seulement dans le même trou; d’autres, au contraire, en con- tiennent sept ou huit, mais ce nombre ne représente peut-être pas le produit d’une seule et même paire, car les Maléogne choisissent pas toujours une place fraîche, ils se contentent souvent de déblayer une ancienne excavation qui peut servir ainsi à plusieurs couples. Ces œufs, de forme allongée avec les extrémités presque égales, sont très gros relativement à la taille de la femelle, ils mesurent environ : grand axe, 0098 à 0"100 ; petit axe, 0"063 à 02064. Ils peuvent différer comme coloration, rouge-brique SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES D'OISEAUX 293 clair, jaune ocreux, ou même blanc presque pur. Frais, ils sont, paraît-il, aussi délicats que les œufs de Poules, et beau- coup plus riches en matière nutritive. Les naturels du pays en font grand cas, et viennent de irès loin pour les recueillir. Je n’ai pu me procurer des renseignements très précis sur les mérites de la chair du Maléo; d'après le peu que j'ai appris, elle semble valoir celle des Hoccos et des Pintades. Je signale cette espèce à l'attention des amateurs d'Oiseaux. Elie serait intéressante à étudier en captivité, et a du reste été conservée déjà dans plusieurs jardins zoologiques de l'Europe, notamment au Jardin des Plantes de Paris et au Jardin de la Société zoologique de Londres. Malheureusement, cet Oiseau n’est pas très facile à obtenir, bien qu'on apporte assez fré- quemment des individus vivants sur le marché de Menado, en même temps que des œufs. Il est probable qu’on arriverait à le faire reproduire dans nos climats. Notre couveuse artificielle pourrait être employée au besoin dans ce but, au cas où les rayons trop attiédis de notre soleil ne suffiraient pas, en cer- tains cas, à échauffer la couche de sable mise en contact avec les œufs. Le genre Leipoa ne compte également qu'une espèce, le Leipoa ocellé (Leipoa ocellata, Gould) décrite pour la première fois par Gould en 1840 (1). Ce bel Oiseau est originaire du sud-ouest de l'Australie, où les colons anglais le connaissent sous le nom de /Vative pheasant, (Faisan indigène) et les indigènes sous celui de Marra-Ko. Suivant Gould, ils lui donnent encore les noms de Vgow-o-ou, Ngow-0o, ou Vjow. Cette dernière appellation fait, paraît-il, allusion à la touffe de plumes qui décore la tête de l’Oiseau. Le Leipoa a en effet le sommet de la tête et l’occiput ornés de plumes étroites, allongées, d'un brun foncé, glacées de gris avec la pointe rousse. Tout le plumage est varié de gris, de blanc, de noir, de roux, d’isabelle, en bandes transversales, en zébrures obliques et en lignes en zigzags, avec le dessous du corps d’un ton chamois. Ce plumage rappelle, en quelques- unes de ses parties, celui de certains Tétras. Cet Oiseau vit surtout dans les plaines couvertes de brous- sailles. Il se montre d’une timidité et d’une prudence extrêmes, et prend la fuite en courant à la moindre alerte. S'il est serré (1) Proceedings of the Zoological Society of London (1840), p. 126. 294 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION de près, il s'envole lourdement et se réfugie sur un arbre, mais. ordinairement il vit à terre et ne se perche que pour passer la nuit. Sa nourriture se compose de graines, et de quelques Insectes orthoptères et hémiptères. A l'exemple de l'espèce précédente, le Leipoa ne couve pas. ses œufs, mais il ne se contente pas, comme le Maléo, de les enfouir simplement dans le sable, il élève à grand’peine une sorte de butte formée de sable et de détritus végétaux, et con- fie à la chaleur du soleil, combinée avec celle produite par la décomposition des matières organiques, lesoin de les faire éclore. Les mounds,commeles Anglais appellent ces constructions, que _ l’on désigne plus généralement sous le nom de {umuli, sont. placés dans des clairières, et atteignent des dimensions considé- rables, puisqu'ils mesurent 12 à 14 mètres de circonférence et 1 mètre à 150 de hauteur. Ils sont l’ouvrage du mâle et de la femelle qui travaillent de concert. Ils affectent extérieurement la forme d’une fourmilière, et souvent les Fourmis blanches y creusent leurs galeries. Les œufs lorsqu'ils viennent d’être pondus ont une couleur rosée qui disparaît peu à peu par leur séjour dans le nid, et ‘lorsqu'ils arrivent à éclosion, ils sont décolorés avec des taches d’un brun foncé. On dit que leur goût ressemble beaucoup à celui des œufs des Tortues de mer, mais le jaune, même mé- langé à du thé, conserve une saveur très forte. Ils n’en sont pas moins recherchés par les naturels, qui pillent les tumuli deux ou trois fois par saison pour se les procurer. Le Leipoa, étant donnée son origine australienne, s’accom- moderait assez bien de notre climat, et on pourrait le conserver facilement dans nos volières. Sans doute arriverait-on avec des soins intelligents à le faire reproduire. On éclaircirait ainsi quelques parties de son histoire restées un peu obscures : par exemple la manière dont les œufs sont déposés etarrangés par le couple dans le tumulus, le nombre des œufs pondus, qui s’élèverait d’après certains rapports à 8 ou 10 et même 12, la durée de la ponte et de l’incubation, la période qui s'écoule entre le dépôt du premier œuf et l’éclosion du dernier, et bien d’autres points sur lesquels il règne encore quelque incertitude. Je sais bien que la captivité et le changement de climat peuvent quelquefois modifier dans une certaine mesure les habitudes d’un animal, mais nous n’en aurions pas moins des données suffisamment précises à ajouter aux renseignements déjà ac Se SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES D OISEAUX 295 recueillis par les observateurs sur cette espèce, à l’état sauvage. Nous en trouvons un exemple bien remarquable dans le Talé- galle de Latham. Ce curieux Oiseau qui habite, comme le Leipoa, l'Australie, mais dans le nord, l’est et le sud-est de ce continent, a vécu en Europe dans des jardins zoologiques, tels que le Jardin des Plantes de Paris, le Jardin d'Acclimatation du Bois de Bou- logne, le Jardin de la Société zoologique de Londres, et chez des particuliers comme M. Cornély, M. le marquis d'Hervey de Saint-Denys, M. le baron Alphonse de Rothschild, notre col- lègue M. Edgard Roger. Un grand nombre de Talégalles ont pu être ainsi observés depuis près d’un demi-siècle, et il est aujourd’hui acquis que toutes les fois qu’on placera ces Oiseaux dans des conditions d'espace suffisant, et qu'on leur fournira les matériaux nécessaires à leurs constructions, ils élèveront des tumuli semblables à ceux qu'ils édifient dans leurs forêts natales. Les observations faites sur des sujets tenus en cap- tivité, soit en Australie, soit en Europe, ont permis de con- trôler les assertions des voyageurs et des indigènes, au plus grand profit de la biologie de cette intéressante espèce. Nous devons les plus importantes et les plus précises à J. Gould, au D'Bartlett, à M. Sclater, au professeur Alphonse Milne-Edwards, à M. Cornély. M. Cornély, créateur de ce fameux parc de Beaujardin, près de Tours, qui a rendu de si éminents services à la cause de l’acclimatation, est le premier qui ait obtenu la reproduction du Talégalle de Latham en Europe. A ce titre, et au point de vue spécial qui nous occupe, nous devons nous arrêter tout d’abord sur cette expérience, si pleinement courohnée de succès et si digne d'intérêt. | En 1869, notre regretté collègue fit l'acquisition de trois Talégalles, un mâle et deux femelles, au Jardin d’Acclimatation du Bois de Boulogne. Ces Oiseaux vivaient dans cet établisse- ment depuis plusieurs années déjà, ils y avaient construit plu- sieurs nids, pondu un grand nombre d'œufs, mais aucun pro- duit n'avait pu être obtenu. M. Cornély pensant qu’une des causes de l’échec du Jardin du Bois de Boulogne résidait dans l’exiguïté de l’espace qui était consacré à ces Talégalles, leur abandonna, dès leur arrivée à Beaujardin, un enclos pius spacieux, et bientôt après les lâcha en toute liberté dans son parc. Ils n’y commettaient au- 996 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION cun dégàt, se rendaient de temps à autre dans le potager, et, bien loin d'exercer des ravages sur les légumes, comme le font tant d’autres Gallinacés, ils se montraient utiles en mangeant vers, chenilles et limaces. Le soir, ils venaient se coucher sur un grand pin, près de l'habitation, après avoir pris leur repas qui consistait en orge et quelques morceaux de pain. Ces Oiseaux menaient ainsi une existence calme, témoignant d’une grande familiarité, lorsque le 8 avril 1870, M. Cornély trouva dans un enfoncement de terrain et tout près du mur de clôture, un petit tas de feuilles sèches et de terre d'environ 0240 de hauleur, qu'il reconnut pour un commencement de nid de Talégalles. Il fait remarquer que, dans cette partie de la propriété, le mur de clôture est longé à une très faible distance par la levée du Cher qui supporte une roule, promenade très fréquentée. Ayant surveillé le nid commencé, il vit le mâle tra- vailler sans reläche et avec une ardeur extrème. Le dos tourné au nid, il lançait en arrière les feuilles mortes, de la terre, des aiguilles de pins, de la mousse. Du lever au coucher du soleil, l'oiseau travaillait sans prendre le moindre repos. Puis son ardeur se ralentit un peu, il suspend son travail ou ne s’en decupe que quelques heures, surtout lorsque survient la séche- resse. La femelle se décida, enfin, à aider le mâle, mais ne se donna pas grand'peine, du moins en commencant. « L'intérêt avec lequel je suis le travail de mes Oiseaux, dit M. Cornély, devient alors très grand. Le mâle et la femelle s'occupent pour ainsi dire de régler les pentes du monticule qui atteint plus d’un mètre de haut, ils en aplatissent le som- met. Le màle se rapproche de la femelle et lui prouve sa ten- dresse ; puis celle-ei s'accroupit dans un trou creusé dans la partie supérieure du nid par le Talégaille et reste dans cette position près d’une heure. Pondrait-elle? Chacun des jours suivants, le mâle consacre plusieurs heures de la journée à augmenter le monticule. Se servant de ses fortes pattes, il nettoie comme avec un rateau, à plus de 12 mètres, tout le tour du nid. » La femelle, ainsi que l’a observé M. Cornély, pond au sommet du nid, dans une excavation profonde, et le mâle rebouche le trou. Le nid est entretenu par ce dernier qui remplace les débris secs du sommet de la pyramide par des matières hu- mides. En cas de sécheresse prolongée, il faut avoir soin de renverser un ou deux tonneaux d’eau près du nid. La ponte A SUR L’ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES D'OISEAUX 29] terminée, le mâle et la femelle abandonnent entièrement le monticule. Peu de temps après que les Talégalles de Beaujardin eurent délaissé le premier nid, ils en construisirent un second contre le mur de la ferme, à deux mètres du passage le plus fréquenté par les jardiniers. Cetle nouvelle construclion ne ressemblait en rien à la première, elle n'avait rien de régulier, et quelle que fût l'activité de ses Oiseaux, M. Cornély ne crut pas que les travaux accomplis, auxquels s'étaient employés le mâle et les deux femelles, fussent de nature à donner aucun espoir de reproduction, :l en suivil l'exécution avec moins d'assiduité que pour le premier nid. Les choses en étaient là, lorsque le 6 août, passant près d’une touffe de Laurier-cerise, le propriétaire de Beaujardin fit lever devant lui un Oiseau qui lui rappela les anciens travaux de ses Talégalles. On traqua le petit animal, qui était venu d’abord se poser en volant sur le toit d’une écurie à trois mètres du sol, puis s'abatire dans un massif épais. On finit par s’en emparer, el, s'écrie M. Cornély en terminant son réeit : « J'ai la joie, bien vive pour moi, de tenir dans mes mains le premier jeune des Talégalles né sur le continent européen. » Le même jour, on découvrit un second jeune dans les envi- rons du premier nid; puis, le lendemain, on en prit deux autres ; un troisième s'échappa en franchissant le mur du parc. Il était donc né cinq jeunes Talégalles à Beaujardin. En fouillant un des nids, qui ne conservait presque plus de chaleur, on trouva un œuf froid et un œuf tiède. Ayant pris celui-ci dans sa main, M. Cornély le vit tout à coup « pétiller », dit-il, et se réduire en menus fragments laissant à nu un jeune poussin, ce qui explique pourquoi on ne trouve pas de débris d'œufs dans les anciens nids (4). Enfin, en 1874, M. Cornély écrivait à la Société : « L’acclima- talion du Talégalle (Catheturus Lathami) est un fait accompli. Partout où ces Oiseaux ont été mis en liberté, ils n’ont pas tardé à pulluler. L'année dernière, j'en ai obtenu plus de 10 jeunes (2). » (A suivre.) (1) Bulletin de la Société zoologique d'Acclimatation (1871), p. 598. (2) 1bid. (1878), p. 111. L'OIE DU CANADA Par PIERRE-AMÉDÉE PICHOT. L'OUie du Canada (Anser canadensis) est un Oiseau à la fois migrateur et sédentaire, c’est-à-dire que si elle obéit à l'instinct qui la pousse à se rendre pour nicher dans les régions hyper- boréennes, il en reste cependant un assez grand nombre dans les pays tempérés où elle vient fuir les rigueurs de l'hiver. C'est là une disposition favorable à l’acclimatation et à la domesti- cation de l'espèce. Cependant depuis deux siècles que les éle- veurs se sont occupés de l’Oie du Canada dans notre pays, l'assimilation de cet Oiseau à nos auxiliaires domestiques est restée stationnaire et l’'Oie du Canada ne compte guère chez nous que comme un Oiseau d'ornement. Assurément, il n’y a rien de plus décoratif qu’une bande d'Oies du Canada sur une pièce d’eau ou dans une prairie. Leurs formes sont élégantes, leur démarche légère, leurs “mouvements gracieux; la large cravate blanche dont leurs joues sont ornées tranche sur leur tête et leur cou d’un noir pur; les grandes pennes des ailes et de la queue également noires se détachent sur le fond brun de leur plumage; leur voix claironnante n’a pas les accents enroués des coups de trompette de l'Oie de nos basses-cours. Aussi les Oies du Canada furent-elles recherchées dès le xvur° siècle pour parer les pièces d’eau des résidences seigneuriales où les architectes des jardins mettaient à si bon profit toutes les ressources de la Nature. En 1678, Willougby notait leur présence parmi les Oiseaux aquatiques du pare de Saint-James en Angleterre, et en 1767 Salerne constatait que l’on en avait tué en Sologne, qui s'étaient apparemment échappées de la ménagerie de Chambord. Buffon dit, en effet, que l’Oie du Canada s'était assez multipliée en domesticité et s'était répandue dans les provinces. Il y en avait plusieurs centaines sur le Grand canal de Versailles, où elles vivaient familièrement avec les Cygnes. Elles se tenaient pourtant moins souvent sur l’eau que sur les gazons et il y en avait une grande quanlité sur les magni- fiques pièces d’eau qui ornaient les beaux jardins de Chan- Lilly. | L'OIE DU CANADA 299 De même, dans les Iles Britanniques, les Oies du Canada que tuent quelquefois les chasseurs de Sauvagine passent pour être des individus semi-domestiqués échappés de quelques collec- tions particulières. J. E. Harting, qui a dressé avec soin la liste des Oiseaux autochtones de la Grande-Bretagne, déclare qu'il n'y a pas de preuve que ces Oies du Canada viennent d'Amé- rique et tel est aussi l'avis de sir R. Payne-Gallway qui a publié un beau volume sur les chasses à la Sauvagine en Irlande. Charles Waterton à consacré tout un chapitre de ses Essais d'Histoire naturelle (2° série) aux Oies du Canada qui fréquen- taient le lac entourant sa demeure de Walton, Hall, dans le Yorkshire. Dans sa jeunesse, une bande de 13 de ces Palmi- pèdes y avait élu domicile et y était fixée, un peu contre leur gré, car son père les avait fait prendre et éjointer pour les empêcher de s'éloigner. On les désignait alors dans le pays sous le nom d’Oies d'Espagne. Pendant un des voyages du naturaliste en Amérique, ces Oiseaux disparurent, soit qu’ils eussent été la proie de quelque bête fauve, soit qu'ils fussent tombés sous les coups de quelque braconnier et pendant bien longtemps on ne revit plus d’Oies du Canada sur le lac de Walton Hall, mais un jour un couple de ces beaux Oiseaux fit une courte apparition et l'hiver sui- vant une bande de vingt-quatre Oies du Canada vint s’y établir. L'une de ces Oies paraissait être un métis, car elle n'avait pas le cou noir si caractéristique de l'espèce, ni la cravate blanche aussi bien marquée que chez ses compagnes. Elle était aussi beaucoup plus méfiante et était toujours la première à pousser le cri d'alarme et à s'envoler. Au moment de la pariade, deux ou trois couples de ces Oies restaient sur le lac pour nicher, mais les autres disparaissaient et on ne les revoyait plus qu'en automne, revenant toujours en même nombre, sans aucune augmentation ni diminution de la bande, ce qui donnait à sup- poser que leurs jeunes avaient été tués ou éjointés dans l'endroit où ces Oiseaux étaient allés Se reproduire. On sait que la mue des Oies et des Cygnes se produit presque d'un seul coup à la fin de juin et laisse ces Oiseaux sans défense pendant près d'un mois avant que les nouvelles plumes des ailes soient assez fortes pour les soutenir en l'air. On peut alors s’en emparer sans difficulté, si tant est qu'ils se laissent approcher. Waterton profila de la mue de ses canadiens pour mettre la main sur six d'entre eux et les éjoinler afin de les fixer sur son lac d'une 300 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION facon permanente. L'année suivante, une des femelles s’accoupla avec une Oie Bernache qui, ayant perdu sa compagne, avait rallié la bande des Oies du Canada et vivait avec elles en bonne intelligence. La première ponte de cinq œufs ne donna que des œufs clairs; et il en fut de même de la seconde, l’année suivante, mais l’année d’après (1843), sur cinq œufs, il y en eut deux fécondés. Les jeunes métis furent menés à bien; leur taille était intermé- diaire à celle des parents et leur plumage tenait de l’un et de l’autre ; la tache blanche de leur front ayant moins d’étendue que chez le mâle Bernache et le cou étant brun au lieu de noir, comme chez la mère canadienne. Le Révérend E. S. Dixon a remarqué cette tendance de l'Oie du Canada à s'accoupler avec des Oies d’autres espèces, mais quoique les produits ainsi obtenus soient d'un plus gros volume que l’espèce pure, il déplore que ces unions irrégulières donnent un plumage aussi barbouillé que celui des Oies qu’on faisait passer autrefois à travers les chemi- nées pour détacher la suie par les battements de leurs ailes. Les Oies du Canada, dit le même auteur, mangent beaucoup de Vers et d’'Insectes en outre des verdures dont elles se repaissent comme les Oies véritables. Ces Oiseaux se rapprochent, en effet, beaucoup des Bernaches et même des Cygnes, avec lesquels ils ont quelque affinité. Dixon déplore que l’on n'ait pas fait plus d'efforts pour domestiquer ce bel Oiseau; les couples producteurs devraient être séparés des autres au moment de la ponte, de façon à ne pas être tour- mentés par les Palmipèdes généralement querelleurs avec lesquels on les laisse cohabiter souvent en trop grand nombre et sans leur donner une nourriture suffisante. Aussi les Oies du Canada ne sont-elles pas tenues en haute estime pour la table en Angleterre, parce qu'elles sont maigres et en pauvre condition. Il en est tout autrement en Amérique. Un des plus importants chapitres de la Biographie Ornitho- logique d'Audubon est consacré à l'Oie du Canada. On sent que le naturaliste-écrivain s'est particulièrement appliqué à décrire en beau langage la vie d’un de ces Oiseaux caractéris- tiques de la faune américaine, qu'il mettait une certaine coquetterie patriotique à présenter à ses lecteurs, sous les couleurs les plus séduisantes. Il a observé leurs mœurs dans les plus petits détails, les ayant constamment sous les yeux, et L'OIE DU CANADA J01 a décrit les combats auxquels les jars se livrent pour la pos- session des femelles avec un lyrisme digne des tournois de la vieille chevalerie. Rien de plus grâcieux que leurs amours, de plus touchant que les soins dont ils entourent leurs jeunes que les mâles défendent avec une hardiesse devant laquelle l'homme même doit reculer. Pendant plusieurs années de suite, Audubon avait remarqué un certain couple qui venait nicher dans son voisinage et quil était facile de reconnaitre à la teinte particulière du poitrail du mâle, d’une nuance crème bien caractérisée. Lorsque le naturaliste approchait du nid, cet Oiseau qui montait la garde avec vigilance se jetait sur lui, le frappant du bec et des ailes au point d'engourdir parfois le bras sur lequel portaient les coups. Audubon se contentait de repousser doucement son agresseur et jetait à ces Oiseaux du maïs égrené dont il avait soin de se munir, si bien que toute la famille finit par s’accoutumer à la présence du visiteur et qu'un jour il captura sous une mue le mâle d’ahord, puis la femelle avec les petils qui venaient d’éclore. Il transporta toute la famille dans son jardin, où il y avait un petit bassin artiticiel, et, ayant éjointé ses captifs, il les conserva trois ans pendant lesquels le vieux couple ne se reproduisit point, mais deux couples des jeunes nichèrent et élevèrent. l’un trois, l’autre sept petits. Lorsqu'il quitta la localité, Audubon donna à un voisin tout ce troupeau de Canadiens parfaitement domes- tiqués. Audubon fait observer qu’un très grand nombre des Oies du Canada provenant d'œufs pris dans les nids des Oiseaux sau- vages ou de caplures failes au moment de l’éclosion manifes- tent très peu de dispositions à s’accoupler et à se reproduire comme si ces individus étaient stériles. Il en a vu que l’on a conservé jusqu’à huit ans en captivité sans qu'ils aient jamais songé à se mettre en ménage, tandis que d’autres, dès la seconde année, donnaient des jeunes. Waterton a noté la fré- quence des œufs clairs dans le cas de son croisement de la Bernache avec l'Oie du Canada, et Dixon attribue cette infé- condité fréquente à ce que l’on tient ensemble un trop grand nombre d’Oiseaux qui se tourmentent et se nuisent les uns les autres au moment de la pariade. Mais Audubon à aussi remarqué l’ardeur de certains mâles à s'accoupler avec des Oies domestiques dont on obtient des croisements fort estimés. Déjà de son temps les Etats de l’est et de l’ouest de l’'Amé: 302 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION rique du Nord produisaient beaucoup de ces métis très recher- chés sur les marchés. La vogue des métis d'Oies du Canada dure toujours. Dans les grandes bandes d’Oies que les engraisseurs rassemblent de tous les points des Etats-Unis dans les fermes de la Nouvelle- Angleterre où on les engraisse en prévision des fêtes de la Noël, on remarque beaucoup de ces mélis désignés sous le nom de Mongrels. Leur plumage est noir, plus ou moins panaché de blanc; et tandis que les Oies ordinaires se vendent de 80 cen- times à 1 fr. 25 la livre, les Mongrels trouvent facilement pre- neurs de 1 fr. 25 à 1 fr. 80. On ne les plume pas à fond pour les envoyer au marché comme pour les Oies vulgaires; on à soin de leur laisser les plumes des ailes et de la queue ainsi que celles dé la tête et du cou, ce qui pare la marchandise et fait ressortir dans un encadrement noir les teintes délicates de la chair blanche et rosée. Au marché de Faneuil Hall, à Boston, l’étal de M. Austin, l'un des plus forts engraisseurs d'Oies des États-Unis, est tou- jours abondamment approvisionné de ces succulents métis aussi recherchés que le sont chez nous les Moutons de M. de Béhague. dé md LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE (Suile et fin) (1). Par le Dr JACQUES PELLEGRIN, Docteur ès sciences, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle. Les Aspredinidés, comme la famille précédente, sont étroi- tement alliés aux Siluridés. Ces Poissons sont particulièrement abondants à la Guyane où ils portent le nom de Croncrons, à cause du bruit qu'ils font entendre, ainsi d’ailleurs que plu- sieurs autres espèces de la famille des Siluridés. Ces animaux curieux qui ne dépassent pas une trentaine de centimètres de longueur, ont un mode des plus singuliers d'assurer la conser- vation de leurs œufs. Il y a là un fait absolument comparable à ce qui se passe chez certains Crustacés, comme le Homard ou l'Ecrevisse, par exemple. Les œufs se trouvent fixés à la face ventrale de la femelle et quelquefois même jusque sur la face inférieure des nageoires paires; ils y contractent une étroite adhérence et y subissent leur développement en toute sécurité. Le nom d’Aspredo cotylophorus Bloch donné à une des princi- . pales espèces de la Guyane, fait allusion à cette bizarre parti- cularité. Après la famille des Siluridés, celle des Characinidés est incontestablement la plus richement représentée dans les eaux douces guyanaises. Ces Poissons ont une distribution géographique qui rappelle beaucoup celle des Cichlidés, c’est- à-dire qu'ils habitent l'Afrique et l'Amérique tropicale. Comme eux, ils sont exclusivement confinés dans les eaux douces. Le régime alimentaire des plus variables dans cette vaste famille qui comprend environ 500 espèces, a amené une différencia- tion extraordinaire de la dentition qui présente toutes les formes et toutes les associations imaginables. Le premier genre est le genre Macrodon. Le Macrodon mala- baricus Bloch, déjà désigné dans Marcgrave sous le nom de Tareira, qui malgré son nom scientifique n’habite pas l'Inde, (1) V. Bull., mai, juin, juillet 1909. 304 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION mais l'Amérique du Sud, a le corps allongé, cylindrique et ne possède pas cette petite nageoire non rayonnée en arrière de la première dorsale que les naturalistes appellent adipeuse et qui fait cependant rarement défaut dans la famille. Cest un Poisson de taille moyenne, carnassier, aux dents acérées et pointues, ainsi que celles de l£rythrinus unitæniatus Spix, forme assez voisine et aussi extrèmement abondante à la Guyane. Le Pyrrhulina filamentosa Cuvier et Valenciennes est une curieuse petite espèce qu'on rapproche des genres précédents. Elle n’atleint que 6 à 12 centimètres de long. M. F. Geay en a rapporté de nombreux spécimens de ses divers voyages. Les Curimates possèdent une nageoire adipeuse, mais sont complètement dépourvus de dents; ce sont des Poissons her- bivores, aussi leur inteslin est-il fort long et décrit-il de nom- breuses circonvolutions. L'espèce la plus répandue est le Curi- matus cyprinoides Linné. La dentition commence à apparaître, mais elle est encore extrêmement réduite chez les Prochilodus et les Cœnotropus. Les Æemiodus ne possèdent de dents qu’à la mâchoire supé- -Tieure. Chez les Anostomus, les Leporinus, la dentition est déjà bien développée; leur régime est végétarien ou mixte. Ces genres sont représentés par d'assez nombreuses formes à la Guyane. Ce sont des Poissons dont la chair n’est pas sans valeur et qui remplacent dans ces régions les Cyprinidés de nos rivières métropolitaines. Le genre Zetragonopterus est le plus vaste de la famille. Chez ces animaux plus ou moins carnivores, la dentition se complique. À la mächoire supérieure, les dents antérieures sont grandes et fortes, pluricuspides, les latérales plus petites. Un bon nombre de formes se rencontrent à la Guyane, l’une des plus communes est le 7. maculatus Linné. Elles restent toujours de petite tailie. Le Chalceus macrolepidotus Cuvier ou Chalcée à grandes écailles, qui rappelle tout à fait l’aspect de certains Alestes afri- cains, a une quarantaine de centimètres de longueur. C'est un fort beau Poisson, au dos bleuâtre ou verdâtre, avec des reflets argentés et que les Indiens pêchent volontiers. Les Brycon; représentés par quelques espèces à la Guyane, ont aussi une certaine importance alimentaire. LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE 305 Les Chalcinus, les Gastropelecus, les Piabuca sont remar- quables par leur corps comprimé en avant des ventrales, ce qui a valu à certains d’entre eux le nom fort expressif de Pois- sons à poitrine en couteau. Les Anacyrtus sont de curieux petits Poissons carnassiers chez lesquels l’anale est considérablement allongée, les dents sont coniques, fines et aiguës. L’A. gibbosus Linné ou Cynopo- tame bossu, doit son nom au curieux profil supérieur de son corps. Les Xiphoramphus et surtout les Aiphostoma par leur museau et leur corps très allongés ont une physionomie fort caracté- ristique. Plusieurs habitent les eaux guyanaises. Il faut encore citer les Cynodon, à la dentition véritablement terrible, composée de dents coniques inégales, indiquant des carnassiers farouches. Chez le Cynodon scomberoides Cuvier, du Brésil et de la Guyane, à la mâchoire inférieure, il y a deux énormes canines recourbées qui sont recues dans des facettes du palais ; ces dents sontsouventtellement développées qu’elles percent la mächoire supérieure et que quand la bouche est fermée on les aperçoit au-dessus du museau. La dentition des Serrasalmo en fait des animaux tout à fait redoutables. Les dents sont peu nombreuses, larges, compri- mées, triangulaires, leur bord est tranchant ou denticulé, par- fois elles possèdent des lobes latéraux. Ce sont des Poissons au corps court, comprimé, assez élevé et couverts de petites écailles. Bien que ne dépassant pas une taille moyenne, malgré leurs dimensions assez restreintes ils constituent un véritable fléau pour l'Homme et les animaux domestiques à cause de leur insatiable férocité. « Tous les voyageurs, écrivent Cuvier et Valenciennes (1), sont d'accord pour affirmer qu'ils entament la peau de l'Homme, que la morsure enlève souvent la partie attaquée. Tout animal qui tombe dans l’eau se trouve en très peu de temps dépecé et dévoré par des essaims de ces Poissons carnassiers. » « Le Caribe, c'est le nom local des Serrasalmo dans l'Oré- noque, suivant Humboldt, attaqueles baigneurs et les nageurs, auxquels il emporte souvent des morceaux de chair considé- rables. Lorsqu'on n’est que légèrement blessé, on a de la peine à sortir de l’eau avant de recevoir les blessures les plus graves. (1) Cuvier et Valenciennes. Op. cil., XXII, 4849, p. 261. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 22 306 BULLETIN DE LA SOCIËTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Les Indiens craignent prodigieusement les Poissons Caribes.…… Ils vivent au fond des rivières; mais dès que quelques gouttes de sang ont été répandues dans l’eau, ils arrivent par milliers à la surface. » Le père Gili n’a-t-il pas été jusqu’à rapporter le récit de cer- tains moines affirmant qu’un cavalier et son cheval voulant traverser l'Orénoque dans un gué, ont été à moitié réduits en squelette par ces Poissons diaboliques avant d’arriver.à la rive opposée? Il y a là sans doute un peu d’exagération, n'empêche que les Serrasalmo comptent parmi les animaux les plus dangereux de l'Amérique équinoxiale. « Quant à moi, ne peut s'empêcher de s'écrier l’intrépide voyageur F. de Castelnau, qui à parcouru en tous sens l'Amérique du Sud, après des années de séjour dans le désert, je puis déclarer que je n’y redoute que deux sortes de danger, mais que ceux-là me causent une terreur profonde ! Ce sont les Piranhas et les Moustiques. » Les Moustiques et les Piranhas ou Pirayas, c’est-à-dire les Serrasalmo. C'est, en effet, ainsi qu’on désigne ces terribles Poissons dans le Bas-Amazone. Cette appellation locale a même servi à Cuvier de nom spécifique, pour l’une des espèces les plus redoutables de la Guyane et du Brésil, le Serrasalmo piraya Cuvier. Pour donner une idée des dégâts causés par ces Poissons, M. Miranda (1) rapportait que son père, éleveur dans l'ile de Ma- raj0, à l'embouchure de l'Amazone au Brésil, avait perdu pendant la saison des pluies, de janvier à juillet 1899, près de 400 Vaches ou Génisses. Ces animaux, en effet, qui se tiennent alors dansles prairies inondées avec de l’eau jusqu’au poitrail, sont en butte aux attaques incessantes de ces terribles Piranhas. C'est aux pis que les pauvres bêtes sont surtout atteintes et elles. deviennent ainsi complètement impropres à la production laitière et doivent par conséquent être abattues. Aucun animal Lombant à l’eau n'échappe à la voracité de ces énergumènes qui méritent bien le nom que leur donnent les indigènes de « Poissons ciseaux ». Il y à lieu d'ajouter à leur décharge qu'à leur tour tous les Serrasalmes sont fort comestibles et que leur insatiable féro- cité en permet facilement des captures considérables. Il suffit (1) A. Miranda. Journal d'Agriculture tropicale, 1904. ' LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE 207 comme appas du moindre petit morceau de viande; il est vrai qu'il faut monter sa ligne sur fil de fer ou de cuivre el encore on n’est pas toujours certain de n'être pas coupé! Avec le Serrasalmo piraya Cuvier, on peut encore citer le Serrasalmo rhombeus Linné, peut-être un peu moins cruel. Auprès des Serrasalmo viennent se placer les Myleles, repré- sentés par une dizaine d'espèces à la Guyane. Ce sont des Pois- sons à corps élevé, comprimé, avec la carène ventrale dentelée comme les Serrasalmo. Leur régime est moins exclusivement carnassier ; ils ne dédaignent pas à l’occasion les matières végétales, aussi leur intestin est-il assez long comparati- vement à celui des Serrasalmo qui ne décrit qu'une seule circonvolution. Quelques espèces sont assez grandes pour la famille. Les Cyprinodontidés sont des petits Poissons cosmopolites à distribution géographique des plus vastes, puisqu'on les ren- contre dans les eaux douces ou saumâtres du sud de l’Europe et de l’Asie, dans toute l'Afrique et dans l'Amérique intertro- picale. On en compte environ 200 espèces. Les unes ont un régime carnivore ou insectivore, les autres sont végétariennes, aussi la dentition varie-t-elle dans des proportions assez no- tables, mais cependant à un beaucoup moindre degré que chez les Characinidés. Parmi les formes les plus intéressantes de la Guyane on peut citer les Aivulus, petits Poissons carnivores, aux dents pointues, coniques, comme le Æivulus micropus Steindachner, le Aivulus (reayi Vaillant. Cette dernière espèce des placers du Carsevenne, qui ne mesure que quelques centimètres de lon- gueur, a un genre de vie assez singulier, rapporté par M. le professeur Vaillant (1) d’après les observations de M. Geay: «se trouvant plutôt dans l'humidité au milieu des feuilles qu’à proprement parler dans l’eau; lorsqu'on fait un creux au milieu du sable et des débris végétaux pour y puiser du liquide, aussitôt un cerlain nombre de ces Poissons apparaissent. » Un autre genre des plus curieux est le genre Anableps. Ce sont des Poissons relativement assez grands pour la famille; ils mesurent une trentaine de centimètres de longueur. Les yeux de ces bizarres animaux, placés sur le sommet de la tête et proéminents, sont divisés en deux parties égales par une (1) L. Vaillant. Op. cit., 1900, p. 432. 308 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION bande horizontale, la supérieure étant adaptée pour la vue dans l'air, l’inférieure pour la vue dans l'eau. En outre, les Anableps sont ovovivipares, c'est-à-dire que les œufs se déve- loppent complètement dans le corps de la mère et que les petits naissent vivants, ce qui est l'exception chez les Poissons téléostéens, mais ce qui se rencontre relativement très souvent dans la famille des Cyprinodontidés. Les Ostéoglossidés sont les derniers représentants d’une vaste famille qui s'éteint comme les Dipneustes, dont ils rap- pellent beaucoup la distribution géographique. Quatre genres seulement subsistent à l'heure actuelle : les Scleropages, avec deux espèces, l’une australienne, l’autre de Sumatra et Bornéo; les Aeterotis du Soudan africain; enfin, les Osteoglossum et les Arapaima du Brésil et de la Guyane, ces trois derniers ne comprenant chacun qu'une espèce. L'Osteoglossum bicirrhosum Vandelli doit son nom spécifique à ses deux barbillons. Son abdomen est tranchant, sa dorsale et son anale très allongées, ses écailles fort grandes. Il atteint une taille considérable, de beaucoup dépassée par l’Arapaima gigas Cuvier, le plus gigantesque Poisson habitant les eaux douces américaines. Son corps est assez allongé, comprimé; sa tête est déprimée, le ventre arrondi; ses nageoires dorsale et anale, reportées très en arrière, sont plus courtes que dans le genre précédent; ses écailles sont plus petites; il ne possède point de barbillons. Ces énormes Poissons, désignés aussi sous le nom de Pirarucu, ont une longueur moyenne de 4"50, mais ces dimensions sont bien souvent dépassées. Schomburgk prétend que certains individus atteignent 15 pieds de long et un poids supérieur à 400 livres anglaises. Leur chair est excellente, aussi sont-ils pourchassés activement par les {ndiens. D'après Schomburgk et F. de Castelnau, ces grands Pois- sons feraient preuve d’une tendre sollicitude à l'égard de leurs petits : « Les pêcheurs brésiliens, écrit ce dernier (1), m'ont sou- vent parlé de l'affection singulière que la femelle du Pirarucu porte à ses petils. J'ai lieu de supposer qu’il en est de ce Poisson comme de plusieurs grandes espèces de Siluroïdes de ces régions, dont les petits nagent autour de la mère et viennent, en cas de danger, se réfugier dans sa bouche. Il y a (1) F. de Castelnau. Op. cit., 1855, p. vint. LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE 909 certainement dans ce cas un exemple d'affeclion maternelle qu'il est curieux de trouver chez les Poissons. » La famille des Clupéidés comprend environ deux cents espèces, la plupart marines, mais quelques-unes remontent les eaux douces et y vivent plus ou moins complètement. Ce sont des Poissons très comestibles et dont l'importance économique est considérable. Dans les rivières de Guyane, on rencontre un certain nombre d’Anchois ou Ængraulis ; une des espèces les plus communes est l’Z. Browni Linné Gmelin, qui vit par bancs dans la mer des Antilles. Le Megalops atlanticus Cuvier et Valenciennes, souvent réuni aux Clupes, parfois séparé dans une famille spéciale, celle des Elopidés, est un énorme Poisson qui entre dans les rivières et qu'on peut pêcher en Guyane. Il est remarquable par la grandeur de ses écailles, qui servent dans les Antilles à la confection d'une foule de bibelots et d'objets de parure féminine et qui lui a valu le nom de « grande écaille ». On l’appelle également 7arpon. Il se pêche à la ligne, ce qui constitue un véritable sport dont les Américains du sud des États-Unis sont particulièrement friands. Les Gymnotidés sont des Poissons assez peu nombreux, puisqu'on n'en compte qu'une trentaine d'espèces, confinées dans les eaux douces de l'Amérique du Sud et de l'Amérique centrale. Tous les principaux genres : Sternarchus, Rhamphi- chthys, Sternopyqus, Carapus ct Gymnotus, sont représentés à la Guyane. La bouche est souvent très réduite et le museau est parfois prolongé en une sorte de trompe rigide qui rappelle tout à fait ce que l’on observe chez certains Mormyridés afri- cains. L'espèce la plus remarquable est le Gymnote électrique (Gymnotus electricus Linné), dont l'aspect est fort analogue à celui d'une très grosse Anguille. C’est un animal qui atteint une forte taille. M. Geay a envoyé au Muséum un spécimen de 1250 provenant de l'Oyapock. Ce Poisson est bien connu à cause de son appareil électrique, constitué par des fibres mus- culaires modifiées, s'étendant sur toute la moitié ventrale de sa longue queue et capable de donner, sous la dépendance de la volonté, des secousses très puissantes. Dans le groupe des Apodes, quelques Poissons de la famille des Murænidés peuvent être cités comme s’avançant plus ou moins loin dans les eaux douces de la Guyane. Il en est de 310 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION même de deux ou trois Lophobranches de la famille des Syn- gnathidés. Parmi les Plectognathes, la famille des Tetrodontidés con- tient aussi une forme dulcaquicole guyanaise, le Tetrodon psit- taens Bloch Schneider. Les Tetrodons sont des Poissons prin- cipalement marins. N'empêche que, de même qu'en Afrique ou en Indo-Chine, on peut trouver dans l'Amérique du Sud quelques formes comme celles mentionnées plus haut, confi- nées exclusivement dans les eaux douces. Leur corps court, globuleux, leur bec qui rappelle assez celui du Perroquet, la propriété qu ils possèdent de se gonfler d’air comme une outre, tout cela attire l'attention des voyageurs. Comme ils se dessè- chent facilement, on les voit figurer souvent dans les collec- tions d'histoire naturelle d'amateurs. Ce résumé forcément abrégé des richesses ichtyologiques des eaux douces de la Guyane française pourra peut-être €ependant donner quelque idée du nombre et de la variété des Poissons, le plus souvent si différents de ceux de la mère Patrie, quon rencontre dans notre colonie sud-américaine encore trop peu connue à ce point de vue. Il sera intéressant de comparer cette faune à celles de nos autres possessions éludiées déjà par moi : Indo-Chine, Madagascar, Afrique tropi- cale française (1). On verra que c’est surtout de celte dernière, malgré l'absence des Cyprinidés, des Ophiocéphalidés et des Anabantidés, que se rapproche la faune de la Guyane. Bien des formes, en effet, très voisines se retrouvent de l’un et de l'autre côté de l'Atlantique, surtout parmi les Siluridés, les Characinidés et les Cichlidés, ce qui s'explique sans doute en dehors des migrations marines par la présence, à une période géologique relativement peu ancienne, d'une Atlantide méri- dionale, par où ont pu s'effectuer ces échanges de faunes. (1) Dr J. Pellesrin. Les Poissons d’eau douce de l'Afrique tropicale fran- caise. Bull. Soc. nat. Acclimat., 1905, p. 209. Les Poissons d’eau douce de l'Indo-Chine française. Op. cil., 1906, p. 268. Les Poissons d’eau douce de Madagascar. Op. cit., 1908, p. 48. LES POISSONS D'EAU DOUCE DE LA GUYANE FRANÇAISE 311 INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS VULGAIRES DES POISSONS A LA GUYANE FRANÇAISE (1). Acoupa: Sciæna, Ancylodon jaculidens BI. Schn. Acoupa céleste : Ofolithus virescens GC. V. Corvina ronchus CG. V. Acoupa roche : Miecropognon trifilis Müller et Troschel. Anguille : Symbranchus marmoratus BI. Anguille tremblante : Gymnotus electricus Linné. Atypa : Callichthys littoralis Hancock et autres Callichtys. Barbe roche : Pimelodus Mulleri Günther. Bessoa : Arius phrygiatus C. V. Calouéri : Pimelodus maculatus Lacépède. Calouerou : Curimatus cyprinoïdes 1. Camnari: Leporinus. Camnari doré : Leporinus Fredericn BI. Carpe : Leporinus megalepis Günther. Coco : Auchenipterus nodosus BI. Coco babe : Ælurichthys Gronovii C. V. Coco gouvernement : Pimelodus maculatus Lacépède. Coulan : £rythrinus unitæniatus Spix. | Couman couman : Arius Herzbergi Bloch. Coumarou : Z'etragonopterus et Curimatus cyprinoïdes L. “Crapaud : Batrachus surinamensis Bloch. Croncron : Aspredo cotylophorus BI. et autres Aspredo. Croupia : Pristipoma cavifrons C. NV. Dent chien : iphoramphus falcatus BI. Dorade : Caranx hippos L. Dui : Belone. Goret : Loricaria, Plecostomns verres C. NV. Goret croncron : Plecostomus quacari Lacépède. Goret fouet; Loricaria cataphracta L. Goret saut: Ancistrus megacephalus Günther. Gros ventre : Zetrodon psittacus BI. Schn. 2 (1) M. F. Geay, lors de ses différents voyages de la Guyanne, a noté sur place, avec le plus grand soin, ces désignations locales, pour la plupart des nombreux exemplaires récoltés par lui et dont j'ai fait ensuite la détermination spécifique au Muséum. On ne s’étonnera pas de trouver parfois sous le même nom vulgaire plusieurs espèces différentes que les indigènes ne distinguent pas entre elles. 312 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION Gros yeux : Anableps. Grondin : Arius. Hareng : £ngraulis spinifer C. V. Loubine : Centropomus undecimalis BI. Lune : Argyreiosus vomer L. Machoiran : Arius. Machoiran blanc : Arius Valenciennesi Castelnau. Manini : Pimelodus gracilis Valenciennes. Masouro : Leporinus multifasciatus Cope. Michelo : Arius fissus C. V. Pacou : Myletes rhomboïdalis Cuv. Palica : Wegalops atlantieus C. V. Pasani : Arius. Parassi saut : Æemiodus unimaculatus BI. Patagaï : Macrodon malabaricus Bloch. Pemecro : Arius Herzbergi BI. Petit-gueule : Arius fissus C. V. Piraroucou : Arapaima gigas Guvier. Piraye: Serrasalmo maculatus Kner. Poisson agouti: Oxydoras carinatus Linné. Poisson crapaud: Thalassophryne maculosa Günther. Poucici : Arius Herzbergi Bloch. Prapra: Heros spurius Heckel, Acara tetramerus Heckel. Prapra roche: Geophaqus surinamensis BI. G. Pellegrin. Prapra saut: Geophaqus surinamensis BI. Raie de rivière : 7’ugon tuberculata Lacépède. Ruis : Platystoma fasciatum C. V. Sabe : Zrichiurus. Sabre : Sternopyqus carapus Linné. Sardine : Zetragonopterus et Engraulis. Sardine longue : Z'etragonopterus affinis Günther. Sisioua : Loricaria cataphracta L. Yaya : l'etragonopterus et Curimatus. Yaya soleil : T'etragonopterus maculatus L. camopiensis ANCÊTRES DES GROSEILLIERS A GRAPPES par Edouard de JANCZEWSKI Professeur à l'Université de Cracovie. Jusqu’aux temps derniers, tous les horticulteurs croyaient que les Groseilliers à grappes de nos jardins descendaient d’une seule espèce botanique, le ÆRibes rubrum de Linné. Nos études sur les Groseilliers, poursuivies depuis dix ans, ont démontré que c'était là une idée préconçue, et qu’en réalité, trois espèces européennes ont pris part à la production des Groseilliers cultivés, savoir: le #. pelraeum habitant les Alpes, le À. rubrum originaire des pays du Nord-Est, et le R.vulgare spontané en France et malheureusement confondu par les botanistes avec le vrai À. rubrum, indigène en Suède, d’après Linné (1). Une comparaison rigoureuse de nos Groseilliers des jardins avec les espèces spontanées était cependant nécessaire pour établir leur degré de parenté et donner une base scientifique à leur classification. Cette tâche remplie autant que nos moyens le permettaient, nous croyons utile d'en communiquer les résultats essentiels à la Société nationale d’Acclimatation et d'y joindre quelques remarques d’un intérêt pralique. Il La culture des Groseilliers à grappes est, d’après tous les témoignages, bien plus ancienne que l'introduction des espèces étrangères dans nos jardins botaniques. Il est donc absolument inutile de chercher les ancêtres de nos Groseilliers autre part qu'en Europe où croissent spontanément quatre ‘espèces faisant partie du sous-genre ÆAibesia, c'est-à-dire du vrai Groseillier à grappes. à fruits acidulés, juteux, translu- cides, ordinairement rouges. 1. À. multiflorum Kitaibel. Arbrisseau trapu, à scions gros et raides. Grappes longues, serrées, contenant jusqu'à (1) Édouard de Janczewski. Monographie des Groseilliers. Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. Vol. XXXV, 1907. 314 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION 50 fleurs. Fleurs petites, verdâtres. pelviformes ; sépales et pétales réfléchis, étamines et styles allongés, saillants. Récep- tacle (partie centrale de la fleur) en coupe, muni de cinq gros mamelons reliés par un léger bourrelet. Fruit assez gros ou gros pour une groseille, globuleux, mürissant en septembre. Patrie: montagnes de l’Europe méridionale (Italie, Dalmatie, Croatie, Grèce). La patrie trop éloignée des pays qui ont le plus contribué aux progrès de l’arboriculture fruitière, la stérilité presque totale de cet arbrisseau dans nos cultures, et la maturité trop tardive de ses fruits expliquent bien le fait que cette espèce n'a pas pris part à la formation des Groseilliers cultivés. 2. R. vulgare Lamarck. Port des Groseilliers de nos jardins. Grappes moyennes, portant jusqu'à 20 fleurs. Fleurs rotacées, verdàtres; étamines et styles très courts, anthères plus larges que longues. Réceptacle presque plat, lobé, verdâtre ou lavé de rouge-brun, muni d'un bourrelet pentagonal arrondi. Fruit petit ou moyen, globuleux, mürissant en juin; l'insertion de sa mèche (fleur sèche) est pentagonale. Patrie: Europe ocei- dentale (France, Belgique et, probablement, les pays limi- trophes), dans des lieux humides (bords des rivières, forêts, etc.). Originaire des pays où la culture fruitière a atteint sa perfec- tion, cette espèce se prêta à l'amélioration voulue et gagna toutes les qualités demandées à un arbuste fruitier: produc- tion constante, volume et qualité de ses fruits. En outre, dans la première moitié du xix° siècle, elle donna naissance à une variété particulière, le Groseillier « Cerise » (/. vulgare var. macrocarpum), remarquable par le volume de ses fruits, le port irrégulier et les feuilles plus grandes, plus foncées. Les brindilles de cette variété ne produisent presque pas de bourgeons développés, excepté à leur base, et meurent l’année suivante ; c’esl la raison pour laquelle l’arbrisseau ne se prête pas aux formes régulières (candélabre, palmette, etc.) et reste rebelle à la taille. Les formes nommées, injustement qualifiées de variétés, descendant du 2. vulgare et de la variété macrocarpum cons- tituent environ 90 p. 100 de toutes celles que nous avons trouvé dans le commerce. 3. À. rubruim Linné. Arbrisseau ayant le même port, s'éle- vant jusqu’à 2 mètres. Grappes movennes, portant jusqu'à | € ANCÊTRES DES GROSEILLIERS À GRAPPES @3 LL) 20 fleurs. Fleurs pelviformes, verdâtres, plus souvent lavées de rouge-brun sur les sépales. Réceptacle en coupe, jaunâtre à l’intérieur, sans bourrelet ni mamelons. Fruit petit ou presque moyen, globuleux, mürissant en juin ; l'insertion de sa mèche est arrondie. Patrie : Europe du Nord-Est, jusqu'à la mer Gla- ciale (Pays scandinaves, Prusse, Pologne, Russie), dans des lieux humides (bords des ruisseaux, forêts, etc.), Asie du Nord, jusqu'à la mer d'Ochotsk (Steppes kirghizes, Sibérie, Manchou- rie orientale). Les descendants légitimes de cette espèce, excepté le Gro- seillier « Gloire des Sablons », ne sont pas cultivés dans les grandes pépinières de la France et de l'Allemagne. Indigène dans les pays dont les horticulteurs n'ont pas eu le savoir-faire et la persévérance de ceux de l’Occident, peut-être aussi de nature plus rebelle à l'amélioration, le Æ. rubrum n'a donné que peu de formes, cultivées encore Ho dans les jar- dins de la Lithuanie. 4. R. petraeum Waulfen. Arbrisseau plus ou que le Gro- seillier des jardins, à scions plus raides. Grappes assez riches portant quelquefois jusqu’à 40 fleurs. Fleurs campanulées, car- nées ou presque rouges, à sépales ciliés; style conique dans la partie inférieure. Floraison plus tardive. Fruit moyen ou assez gros, plus large que long, en forme de bergamotte, müûrissant en juillet. Chair plus compacte, moins juteuse que dans nos groseilles, rappelant un peu l’Airelle par la saveur. Graines habituellement stériles dans nos jardins. Patrie : hautes mon- tagnes de l’Europe (depuis les Pyrénées jusqu'au Caucase) et de l'Afrique septentrionale (cimes de l'Atlas), ainsi que l'Asie septentrionale (Sibérie jusqu’au delà du lac Baïkal). Comme tout arbrisseau alpin, le Groseillier des roches ne trouve pas dans nos jardins les conditions favorables à sa prospérité, et son seul descendant légitime, le Groseillier « Sans pépins », cultivé quelquefois en Allemagne, laisse beau- coup à désirer sous le rapport de sa productivité. IT Dans le genre AÆibes, les espèces voisines se croisent avec beaucoup de facilité et donnent des hybrides dont la fécondité égale souvent et surpasse quelquefois celle de leurs descen- dants légitimes. 316 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Dans tout jardin où il y a quelques espèces plantées à côté, les Abeilles se chargent du croisement; un certain nombre de graines est appelé à produire des plantes hybrides. La prove- nance de ces hybrides de hasard n’est pas difficile à recon- naître, parce qu'ils tiennent ordinairement le milieu entre les deux parents. C’est surtout la forme et la structure de la fleur qui trahissent l’origine de l’arbrisseau; pour la reconnaitre, l'analyse rigoureuse de Ja fleur est toujours indispensable, même supérieure à tout autre document. En nous servant de cette méthode, nous avons constaté que certaines formes de Groseilliers à grappes, et des plus estimées dans le nord et le centre de l'Europe, sont d’origine hybride et proviennent des croisements : petraeum X rubrum, pelraeum X vulgare, rubrum X vulqare. Les combinaisons : mulliflorum X petraeum, mulliflorum X vulgare ne sont cultivés que dans certains Jardins botaniques à titre de curiosité, le multiflorum X rubrum est encore inconnu. Enfin, nous avons produit l’hy- bride : vulgare X Warszewiczii ‘en vue d'obtenir des fruits de couleur pourpre, plus foncées que toute autre Groseille des jar- dins. - La postérité des Groseilliers hybrides est souvent semblable à leur première génération. Dans d’autres cas, lorsque les parents de. l’hybride différaient entre eux par la coloration de la fleur et du fruit ou par d’autres caractères secondaires, sa postérilé est hétérogène, suit la loi de Mendel sous ce rapport et peut même contenir des individus ayant quelque qualité entière- ment nouvelle. Il est donc aisé à prévoir qu'en croisant nos Groseilliers des jardins et les sauvages nous en multiplierons les formes dignes d’être propagées et obtiendrons de nouvelles combinaisons de qualités, profitables à nos cullures. [II Le meilleur moyen de ciasser les formes cultivées des Gro- seilliers, c’est de les disposer d'après les espèces botaniques dont elles dérivent. La chose devient difficile lorsqu'on se pro- pose de distinguer les unes des autres et d’en donner des dia- gnoses convenables. À cette fin, il serait indispensable de les cultiver dans les mêmes conditions et les comparer pendant quelques années de suite, car la vigueur de l’arbrisseau, la longueur de la grappe, le volume et la qualité du fruit dépen- ANCÊTRES DES GROSEILLIERS A GBAPPES 317 dent considérablement de l'exposition et de la nutrition de l’arbrisseau. On aurait pu débrouiller ainsi leur synonymie qui est assez nombreuse; aujourd’hui on reçoit, même dans les pépinières les plus renommées, le même Groseillier sous deux ou trois noms, dont le plus ancien doit être le seul valable. Nous n'avons pas eu les moyens pour entreprendre cette tâche, mais croyons utile de disposer les formes que nous avons cultivées d’après leur origine botanique et quelques carac- tères indépendants de la culture. Nous ferons précéder l’énu- mération de ces formes par le nom du pépiniériste qui nous les a fournies, pour nous dérober à la responsabilité de l’étiquc- lage. I. — Descendants légitimes du . vulgare, à fleurs rotacées, se subdivisant en : 1° communs, à végétation normale, à fruits rouges, roses ou blancs; 2 macrocarpes, à port irrégulier, à fruits toujours gros, rouges. 1° Les communs. Fruits de couleur variable. a) À fruits blancs. Réceptacle de la fleur toujours pâle, ver- dàtre. ï Simon-Louis frères : Blanche de Boulogne, Blanche impé- riale, Grosse blanche ancienne, Jaune allemande, Attractor. — Croux : Blanche de Versailles. — Baltet : Blanche transpa- rente. — Leroy : Blanche de Gondouin. — Maurer : Blanche d'Angleterre, Blanche de Hollande, Macrocarpa, Blanche de Bar-le-Duc, — Spaeth: Perle blanche. — #oser : Cerise blanche. b) À fruits roses-carnés. Réceptacle pâle, verdètre. Simon-Louis : Rose de Champagne. Maurer : Rose de Hollande. c) À fruits rouges. Réceptacle pâle ou nuancé de rouge- brun. Baltet : Rouge ordinaire, La fertile. Simon-Louis : Rouge grosse ancienne, Rouge de Wilmott (synonyme chez Simon- Louis : Victoria, et chez Maurer : Langtraubige rothe). Spaeth : Pomona. 2° Les macrocarpes. Fruits rouges, gros. a) Réceptacle floral pâle, verdâtre. Simon-Louis : Cerise merveilleuse, Cerise progrès, Belle de Saint-Gilles, Rouge impériale, Rouge de Knight. Baltet : Cerise. b) Réceptacle legèrement nuancé de rouge-brun. Simon-Louis : Cerise nec plus ultra, Cerise Séraphine, Fox € ,» re , & 318 BULLETIN DE LA SOCIETE NATIONALE D ACCLIMATATION new red, Fertile d'Angers, Rouge grosse de Boulogne. Croux : Fay’s new prolific. Maurer : Rouge de Frauendorf. c) Réceptacle distinctement coloré en rouge-brun. $Simon-Louis : Gerise Goliath, Belle de Fontenay, Hâtive de Bertin, Rouge de Versailles, Rouge clair de Buddeus. Maurer : du Caucase. II. — Descendants légitimes du À. rubrum, à fleurs pelviformes. a) À fruits blancs, assez gros. Fleurs päles, verdûtres. Forme bonne, cultivée avec succès en Lithuanie, introuvable dans les pépinières. b) À fruits roses, moyens. Fleurs pâles verdàtres. Forme assez bonne, cultivée quelquefois en Lithuanie, introu- vable dans les pépinières. c) À fruits rouges. Fleurs lavées de rouge-brun sur les sépales. Forme peu fertile, jadis cultivée en Lithuanie, se rencontrant encore dans les jardins des petits propriétaires. d) A fruits variables : blancs, roses ou panachés de rouge. Fleurs un peu lavées de rouge. = Ulrich : Gloire des Sablons. III. — Descendants légitimes du À. petraeum, à fleurs campanulées, rouges, ciliées. Maurer : Sans pépins (Kernlose), à fruits rouges. IV. — Hybrides : À. rubrum X vulgare, à fleurs subrota- cées, nuancées de brun. Maurer : Houghton Castle, à fruits rouges. Se reproduit fidè- lement par le semis. V. — Hybrides : À. petraeum X rubrum fructu albido, à fleurs subcampanulées. a) Fleurs lavées de rouge-brun. Fruits rouges. Descendance hétérogène. Spaeth : Rouge de Hollande, à fruits globuleux ; Rouge pyri- forme de Goegginger, à fruits ovoïdes ou pyriformes, certaine- ment un semis du Groseillier Rouge de Hollande. b) Fleurs pàles. Fruits blancs, ovoïdes ou pyriformes. Notre semis du Groseillier Rouge de Hollande; certainement aussi le Groseillier Blanche pyriforme de Goegginger, annoncé dans quelques catalogues. VI. — Hybrides : À. petraeum X vulgare, à fleurs pelvi- formes, rougeûtres, ciliées. ANCÈTRES DES GROSEILLIERS A GRAPPES 319 Simon- Louis : Rouge de Gondouin (synonyme chez Maurer : Hochrothe sehr frühe). Se reproduit fidèlement par le semis. EI La culture du Groseillier peut être vraiment rémunératrice, lorsque cet arhrisseau est vigoureux, rustique et fertile, son fruit bon pour laconsommation directe ou pour d'autres usages: compotes, sirops, gelées, confitures, vins, etc. D’après la théorie et Ia pratique journalière, les plantes améliorées par la culture sont rustiques dans les pays dont le climat ressemble à la patrie de leurs ancêtres spontanés. Les Groseilliers ne font pas d'exception à cette règle. Ainsi, en France et dans les pays voisins, les descendants du À. vulgare indigène doivent se trouver à leur aise et y sont en effet les plus estimés et généralement cultivés; dans le nord-est de l’Europe, le climat leur est trop rigoureux, et ils n’y donnent que des récoltes médiocres ou entièrement mauvaises. Tout au contraire, les descendants du 2. petraeum et du À. rubrum ne sauraient convenir au climat plus chaud de l’Europe ocei- dentale et y donner des résultats aussi avantageux que dans les altitudes supérieures et les pays du nord, où ces espèces croissent spontanément. Les hybrides héritant les bonnes qualités de leurs parents, peuvent être d’une utilité supé- rieure, comme le Groseillier « Rouge de Hollande » (petraeum X rubrum), le plus estimé de tous les Groseilliers dans les pays du Nord. Les qualités de tout fruitsont indiquées d'avance par sa des- tination. Aux groseilles ‘de dessert, nous demandons qu'elles soient grandes, juteuses, sucrées-acidulées, contiennentpeu de pépins, et forment des grappes longues et bien fournies. Toutes ces qualités sont heureusement réunies dans certaines formes horticoles qui descendent du ZÆ. vulgare, soit de son type (ex. « Blanche de Versailles » ) commun, soit de sa variété macrocarpe.(ex."« Rouge de Versailles » ). Beaucoup d’autres issues de la même souche, pêchent par l’un ou l’autre défaut : goût trop acide, pépins trop gros et nombreux, grappe trop pauvre, volume du fruit insuffisant, etc. Un fruit destiné à la fabrication du sirop, de la gelée ou du vin de groseilles, n’a pas besoin d’être présentable; il suffit 320 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION qu'il soit juteux, bien coloré, plutôt doux qu'acide, afin d'éco- nomiser le sucre. C'est encore les descendants du X. vulgare qui répondent le mieux à ces conditions ; de toutes les formes qui nous sont connues, le Groseillier « Rouge ordinaire » nous a paru supérieur pour ces usages ; le Groseillier « Rouge sucrée » donne des fruits encore plus sucrés, mais sa fertilité est jusqu'à présent douteuse. Nous avons obtenu cette dernière forme en fécondant le Groseillier « Rouge de Versailles » par le Groseillier « Blanche de Gondouin ». Pour confitures, compotes et marmelades, un fruit moins juteux, à chair plus compacte, et contenant aussi peu de pépins que possible, nous paraît être le plus convenable. Le À. pe- traeum spontané et son descendant légitime, le Groseillier « Sans pépins » possèdent bien ces qualités, mais sont trop peu productifs dans nos jardins. Les Groseilliers « Rouge de Hol- lande » et « Rouge de Gondouin », tous deux hybrides du 1. petraeum et remarquables par leur fertilité, ne répondent pas aussi bien à ces exigences. Il faut cependant espérer que d’autres hybrides du À. petraeum conserveront les qualités de son fruit et perdront ses défauts. Un de nos semis qu'il faut encore mettre à l'épreuve, parait justifier notre supposition. Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. é qui ésure des disponibilités. Graines offertes par M. MOREL, Acacia cyanophylla. — odoratissima. salicine. grostis. Ë Beaucarnea recurvata. nonia radicans. ucalyptus amygdalina. botryoides. : cinerea. colossea. 4 eugemoides. Feld Bay. globulus. gomphocephala. goniocalyz. hemiphlæa. Lehmann. : leucozylon. Do — macrocarpa maculata. microphylla. à OFFRES À Chèvre maltaise 1907 et sa chevrette par bouc … même provenance, meilleure origine, les deux, 2950 fr. Saanen importée, pleine lactation, très forte, 200 …_… ou 250 fr. avec chevrette saïllie, née 1908. ” Saanen, À an, ravissante, 80 fr. et plusieurs autres _ sujets à céder. Elevage primé France et Belgique, cockers 1% et M. 3 prix à céder : père importé, primé Angleterre, mn frlande, etc. Nombreux 1°" prix et spéciaux. …… Excellente origine, 1 an, commencent à chasser et rapporter, 200 fr. — Chiots 75 fr. au sevrage. mn Saillie étalon rouen noir et blanc, 1° prix France et étranger, de 60 à 100 fr. pour lice, pedigree, poil plat. 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L’attention des personnes compétentes doit être appelée tout spécialement sur l'intérêt qu’il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. à La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des EXPO sitions et des conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les graines qu'elle donne, par les cheptels qu’elle confie à ses membres, ou aux sociétés dites agrégées ou affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d'’utilitéd générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc-M cupées de science pure. — Le Bulletin, paraissant une fois par mois et formantA chaque année un volume d’environ 400 pages, ira de gravures, donne des rensei-M gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, rosos Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité : les étrangers y sont admis au. même titre que les Français : les dames peuvent également en faire partie ainsi que les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Labo-W ratoires, Jardins zoologlques ou botaniques, Musées, etc.). Le Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 40 francs et une coti-" sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de lan Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, etc. faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lui sont également TÉREINÉS, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit desw publications de la Société antérieure à son admission, etc. Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Accli-M matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-8°, | illustrés de nombreuses gravures et dont beaucoup ont plus de mille pages. Le“ Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur loutes les matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi- fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et law pratique de la Pisciculture, l’Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture et de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits, leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dont plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient pour. les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix lew Manuel de l’Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bien … connus du D' Moreau sur les Poissons de France. Le Gérant : À. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. « 3: ie Le a ce ne a ANNÉE. . sh : SEPTEMBRE 1909 . SOMMAIRE SDMOND BARRACHIN. . . . .... RE AA PURES RE ES PP RE ERA DATE 7 EE M ER Er AGAUD d'AUBUSSON. — Sur ein de grues espèces d'Oiséaux appartenant à la famille des Mégapodiidés (suite et fin). Se TE TU RS 922 E. ANDKÉ. — Variations saisonnières des papillons du: ver À soie de l'Ailante du on) :1.1329 Etraits des procès-verbaux des séances des sections. 4 Section. — Mammifères. — Séance du 1° Mars 1909. RS POER S ET EU AUE ST US — MARCRES (sous- section RPAIEs caprines), — Séance du 22 avi 1909. Mob ES On — Séance du 19 Février 1909. 338 52e Section. - — the Avicullure, — Séâncé du 1er Mars 1909 , . , CNE AUIE MARIE ARE 5 Section. — Nonuiure — Séance du 9 Février 1909. . . . L 4. ant ) : ‘349 RP DÉANGC AU OEMARS LOOTE PA ENT A EN AN ae TURN LE 1,950 4 Soction. — HER ER ARE rohSeance dues: Mans 1900 "4h un, Ne SR PT Es) 1804 5e Section. — Botanique. — Séance du 15 Mars 1909, : . . . . ... ., . . .. 56 6° Sectio by ‘Colonisation. — Séance do MATS) LIU MUR STE NUS A eee" ST SEEN Me Bibliographie. A Lee TR PE SRE RS Ne ee Re 359 _ Le Blé, lathannemtie Pains UN Ra UMR ES EEE cRrR NE Le Ces Ÿ Traité etre fruitière NN NE NE TE GA DANONE 8 360 t à Société ne > prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises RME pêr 1e auteurs CE se insérés dans le Bulletin. ‘Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 4 fr. 50 A Et OMR ie F Û } ; NAS | 3 A te. ù / AU SIÈGE SOCIAL use SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue. ds Buffon (près du. Jardin dés Plantes), PARIS AI LE BULLETIN PARAIT TOUS. LES MOIS pe NATIONALE DACELNANTON Dm ET { Fondée le 10 Février 1854 ÿ à : Reconnue d'utilité publique par décret en eur du 26 Février 1855. PURE RUE DE BurroN — - PARIS BUREAU ET CONSEIL. D'ADMINISTRATION POUR 1909 Prés ent, M Eämond PERRIER, Dome de l'Institut et de l'Académie se Médecine, Directeur du j Muséum d'Histoire naturelle, Paris. % MM. D: Bors, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Piofottens à ‘l'Ecole coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Baron Jules de- GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. Comte de PoNTBRIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. É GC. RAVERET-WATTEL, Directeur de Ra Station CHUeOIe du Nid-de- Verdier 20, rue des Acacias, Paris. LL « iv boréale général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le FORT, 89, boulevard Malesherbes, Paris PARA k H. Hua, Directeur- -adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, | boulevard | Saint- Germain, Paris (Conseil). < MiLHE-PoUTINGON, 44, rue de la Chaussée- d'Antin (Intér teur), AG + rue Er cet Paris md Membres du Conseil MAGAUD-5’ A DR 48, rue Erlanger, Paris. _ Comte Raymond de DALMAS, 26, rue de Berri, Paris. é 'LecomTe, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris. ” De Myre pe Vicers, 3,:rue- Cambacérès, Paris. . D° LepRiNcE, 62, rue de la Taur, Paris. . M et D: P. MARCHAL, ‘Professeur à l’Institut National Agronomique Directeur de la Station entomclogique. ë ‘de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris: | % Ph. DE VILMORIN, Verrieres-le-Buisson, Seine-et-Oise. PERTE $ LE Re # . Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. d me SA :AcHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire tele 4, rue Andrieux, Paris. : DE. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Guvier, Paris. L WUTRION, 7, rue Théophile-Gautier, Se sur-Seine. Sa Dates des cu ne Conti et des Sections POUR L'ANNÉE 1909 Janvier Février | Mars Avril © Mai | Novembre | Décembre SÉANGES DU CONSEIL, le Jeudi à5 heures. TAUPE SAN |Are SECTION. — Monnmefenss, le lundi JA D heures . : 95 SECTION. — ‘Ornithologie, le lundi]. an :1/271e0 SECTION. — (1 Aquicullure, le Dre AA) teures > SECTION. — Entomologie, Je lundi! à 3h12. Re Mae A SECTION. — Bolanique, le lundi LUNA AIR ADS 6e SECTION. — Colonisation, le lundi MONS UTEUTES En) 2 RE LOT SOUS- SECTION d' Eludes Capri ines, le ven-| ‘: l'Aredi;abiheures ent RETIRE LR ttee E eg ‘(1) Batraciens, Reptiles et Invertébrés aquatiques. EDMOND BARRACHIN La Société nationale d’Acclimatation vient de perdre un de ses plus anciens membres, M. Edmond Barrachin, décédé à Paris, le 16 août dernier, dans sa quatre-vingt-sixième année. Il fut du nombre de ces grands amateurs d'oiseaux qui se passion- nèrent vers le milieu du siècle dernier pour l’œuvre d'’Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, et avec MM. Andelle, Cornély, Delaurier, Jourdan, Le Prestre, Pomme, Touchard, Ruffier, etc., M. Bar- rachin consacra pendant longtemps ses efforts et sa fortune à doter notre pays d'espèces nouvelles, ou tout au moins à obtenir dans les parquets de sa faisanderie et dans son parc de Beauchamp la reproduction de mammifères et d'oiseaux exo- tiques. La Société d’Acclimalalion a plusieurs fois récompensé les résultats qu’il avait obtenus, et notamment, en 1835 et 1877, décerna sa médaille de première classe à M. Barrachin pour ses multiplications de Kaisans Vénérés et Amherst, de Lopho- phores, de Tragopans et d'Ereronniers qui, récemment intro- duits alors, sont pour ainsi dire, aujourd'hui, tombés dans le domaine public. En 1880, la Société d'Acclimalalion décernait encore sa grande médaille d’or à M. Barrachin pour l'élevage d'Emeus d'Australie. L’attention que portait cet habile éleveur aux espèces pou- vant être les auxiliaires de l'homme à un titre quelconque, lui fit aussi réunir à Beauchamp une collection d'oiseaux de proie dont il forma un équipage de vol qui a beaucoup contribué à la renaissance du bel art de la fauconnerie, tombé chez nous en désuélude depuis le perfectionnement des armes à feu. C'est ainsi qu'un certain nombre d'amateurs ont pu assister, aux portes de Paris, à des vols d’un très grand intérêt et s’ini- tier aux pratiques d’un dressage dont, avec infiniment d’habi- leté, M. Barrachin avait reconstitué les traditions Le vol de Beauchamp à compté à son rang des Aigles Bonnelli, des Ger- fauts, des Pèlerins, des Autours d'Australie et d'Europe, et aussi des Cormorans dressés à la pêche comme en Extrème-Orient. La Société d’Acclimatation conservera le souvenir de cet homme de bien qui, pendant de longues années, a pris une part si active à ses travaux. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 93 SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES D'OISEAUX APPARTENANT À LA FAMILLE DES MÉGAPODIIDÉS (Suite). Par MAGAUD d'AUBUSSON M. le marquis d’'Hervey de Saint-Denys (1) suivit l'exemple donné par M. Cornély et tenta comme lui l’acclimatation du Talégalle en pleine liberté. Il constata que les individus qu'il avait lâchés dans le parc de son château de Bréau-sous-Nappes, en Seine-et-Oise, ne paraïssaient pas souffrir du froid en hiver, mais lorsque la terre était couverte de neige, ils venaient dans la basse-cour se mêler aux autres volailles et partager avec elles les distributions d'avoine et de maïs. « De ces circons- tances et de quelques autres, ajoute M. d'Hervey, je conclus que si ces Oiseaux sont portés à demeurer dans les bois par la nécessité de construire leurs nids, d’une structure si particu- lière,ils n'en sont pas moïns portés aussi à se domestiquer tout naturellement. » Les Talégalles élevés en domesticité s’accoutument aisément en effet à une situation mixte, qui consiste à garder leur liberté complète tant qu’ils peuvent trouver leur nourriture au dehors, et à reprendre le chemin de la basse-cour dès que la disette se fait sentir. Mais les sujets nés dans les bois deviennent au con- iraire aussi sauvages que les Oiseaux indigènes. M. d'Hervey de Saint-Denys croit trouver dans ces faits la solution du problème à résoudre pour peupler un bois de Talé- galles sauvages. Selon lui, il suffirait « de posséder toujours un ou deux couples de Talégalles élevés en domesticité, comme producteurs réservistes, en cas d'hiver destructeur, tout en laissant d’ailleurs les générations qui se développent à l’état sauvage, courir toutes les chances des saisons bonnes ou mau- vaises, et nous donner elles-mêmes le dernier mot de leur acclimatation définitive, si quelques couples vigoureux par- (1) Bulletin de la Société zoologique d’'Acclimatation (1875), p. 51 — (1871), p. 569 — (1818), p. 113. SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES D'OISEAUX 323 viennent au même degré de résistance que nos espèces indi- gènes ou acclimatées depuis longtemps (1) ». C'est ce qui arriva chez M. d'Hervey. Ses Talégalles purent vivre dans le parc de Bréau, à l’état sauvage, trouvant leur nourriture eux-mêmes, sans qu'on leur donnât à manger et sans que la faim les poussàt vers l'habitation, même en temps de neige. Le fait reste acquis. On a élevé aussi de nombreux Talégalles à Ferrières, chez M. de Rothschild, mais ces éducations eurent toujours lieu dans des volières. M. Mairet, chargé de la direction de la magnifique faisanderie du château de Ferrières, écrivait en 1878 à notre Société : « Cette année, dans un seul nid et avec une seule femelle, j'ai recueilli 28 jeunes sortis du nid, plus 4 œufs fécondés trouvés en explorant le nid, ce qui donne une ponte de 32 œufs pour une seule femelle (2). » L'année précédente, M. Mairet n'avait obtenu que 7 ou 8 jeunes par nid. Mais cette fois il avait placé la même paire dans une volière plus spacieuse qui mesurait 250 mètres de superficie, et dont le fond était planté de sapins très élevés. C'est au milieu de ces sapins que le nid avait été construit. Le résultat n’en est pas moins fort remarquable pour des oiseaux conservés en volière, et pour une seule femelle. On a pu voir également, en 1883, un couple de Talégalles élever son tumulus dans un espace relativement restreint, au Jardin des Plantes de Paris. M. Huet, alors aide-naturaliste chargé de la ménagerie, nous a fourni, sur la manière dont ces oiseaux se sont comportés dans leur petit enclos, quelques renseignements pleins d'intérêt et d'une grande précision. « Nous croyons pouvoir dire, écrit M. Huet, que l’incuba- tion des œufs dure trente jours, car nous avons été témoin de la ponte d'un œuf ie 14 juillet et nous avons recueilli dans le parc un jeune Talégalle sortant du nid le 15 août : or, comme depuis cette date nous n’en avons pas vu d’autres, nous sommes en droit de croire que c'est bien ce dernier œuf qui a donné naissance à ce dernier jeune, d'autant plus qu'ayant remué le nid, nous n'avons pas trouvé d’autres œufs. Ii est assez facile de constater le moment de la ponte, car le mâle de Talégalle ne laisse venir la femelle sur le nid que pour (A) Ibid. (1880), p. 126. (2) 1bid. (1878), p. 176. \ 324 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION deux raisons, celle de l'accouplement et celle de la ponte; dans ce dernier cas, on voit la femelle faire un trou au milieu du tas de fumier, trou assez grand pour y disparaître presque complètement. Ce trou fait, elle s’accroupit en étendant les ailes, elle y reste quelques instants et y pond un œuf; alors, le mâle vient, regarde altentivement, bat des ailes, se rengorge el caresse la femelle (1), puis, ces témoignages de satisfaction terminés, pourchasse sa compagne pour s’occuper de l’enfouis- sement de l'œuf, ouvrage auquel il apporte le plus grand soin. Deux jours avant l’éclosion du jeune, le mâle, toujours aux écoutes, travaille au nid, avec une activité fébrile, faisant des trous au-dessus et sur les côtés du nid, dans lesquels il dispa- rail; sans aucun doute, il prépare et facilite par ce travail la sortie du jeune, qu'il entend probablement crier dans l'œuf. En surveillant les allures du mâle, on est donc averti et il est facile de trouver le jeune qui sort toujours un peu avant la nuit, ordinairement vers huit heures. Un mois après l’éclosion, les jeunes Talégalles, sans avoir atteint leur développement entier, ont toutes leurs plumes, et l’on peut déjà, à cet âge, reconnaître les mâles à une tache jdunâtre qui entoure le cou à la partie inférieure de la portion dénudée (2). » Dans une autre circonstance, antérieure aux remarques failes par M. Huet, M. Alphonse Milne-Edwards a pu détermi- ner la température de la portion centrale d’un tumulus de Talégalle de Latham. D'après ses observations thermomé- triques, elle s'élevait à 31 el même 39 degrés centigrades. Les œufs se trouvaient donc dans les mêmes conditions que s'ils avaient été couvés par une de nos poules domestiques. On s’est beaucoup occupé en France, pendant une quinzaine d'années, du Talégalle de Latham. Après le succès de M. Cornély il y eut comme une sorte d'engouement parmi les amateurs d'oiseaux, tout le monde voulait élever des Talégalles, ils étaient à la mode. Mais comme il arrive souvent en pareil cas, cette belle ardeur tomba, et on ne pense plus aujourd'hui ou presque plus à cette curieuse espèce, bien faite cependant pour attirer (4) M. Cornély vit, comme M. Huet, une femelle ponire au sommet du nid et le mâle la servir aussitôt apré:. (2) Notes sur les naissances, dons et acquisitions de la Ménagerie du Muséum d'Histoire Naturelle pendant les mois de mai, juin, juillet et août 1883. Bulletin Soc. Nat. Acclim., 1883, p. 612. SUR L'ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES D OISEAUX 32} l'attention et émouvoir le zèle des éleveurs. En m'étendant un peu longuement sur son compte, j'ai essayé de la remettre en mémoire et en honneur pour l’ornement de nos grands parcs, et même comme oiseau d'utilité, car sa chair est d’une exquise finesse, et si ses œufs ont, dit-on, une saveur mé- diocre, nous savons quelle influence considérable exerce la qualité de la nourriture distribuée aux oiseaux de basse-cour sur le goût de leurs œufs. On connaît plusieurs autres espèces de Talégalles, dont la plus singulière est, sans contredit, le Talégalle de Bruijn (Tule- gallus Bruijnii Oustalet) que l’on trouve à l'île de Waigiou, et auquel sa tête, son cou et sa gorge dénudés garnis de pen- deloques donnent une physionomie des plus étranges. Je citerai encore les espèces suivantes, toutes originaires de la Nouvelle- Guinée : Z'alegallus pyrrhopygius Schelegel; 7'alegallus Cuvieri Lesson; Z'alegallus fuscirostris Salvadori; Talegallus arfakia- nus Salvadori ; Z'alegallus jobiensis Meyer, qui habite l’île Jobi, et aussi la côte septentrionale de la Nouvelle-Guinée. Ces Talégalles, provenant de régions beaucoup plus chaudes que celles habitées par le Talégalle de Latham, doivent être proposés aux éleveurs avec une extrême réserve, car ils ne sauraient s'adapter aisément à notre climat et supporter la rigueur de nos hivers. Le genre Mégapode proprement dit comprend un assez grand nombre d'espèces. Ces oiseaux sont répandus sur une grande partie de l'Océanie, et sur quelques îles voisines de la région indienne. Sauf deux ou trois exceplions, les représen- tants de ce groupe portent une livrée sombre et ont les côtés de la tête el du cou plus ou moins dénudés. Ils habitent les forêts et les lieux où croissent des broussailles, le plus souvent dans le voisinage de la mer, et construisent aussi des tumuli com- posés de sable, de terre et de détritus végétaux, dans l’intérieur desquels ils déposent leurs œufs. Temminck les considérait comme les représentants des Tinamous dans les contrées de l’ancien continent, Gould des Pénélopes de l’Amérique du Sud en Australie et dans les îles de l'Océanie. Quoi qu'il en soit, ces Oiseaux habitués à de hautes tempéra tures offriront de grandes difficultés pour être acclimatés chez nous, et leur conservation en volière nécessitera des locaux régulièrement chauffés pendant une partie de l’année. Il faut en excepter toutefois une espèce, que nous pourrions peut-être 326 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION arriver à acquérir avec moins d'efforts. C'est le Mégapode de Duperrey (Megapodius Duperreyi Lesson), synonyme du Mégapode Tumulus (Megapodius Tumulus Gould), répandu non seulement sur la plus grande partie de la Nouvelle-Guinée et sur quelques iles avoisinantes, mais qui habite aussi les côtes septentrionales et occidentales de l'Australie. C’est le Jungle-fowl (Poule des jungles) des Anglais. Si l’on tient compte de cette origine australienne, on peut espérer que ce Mégapode ne tarderait pas, sans doute, à s’ha- bituer à notre climat, et il serait intéressant d'en poursuivre l’acclimatation. Cet Oiseau n’est pas de grande taille, maïs sa livrée est assez jolie. Il a le sommet de la tête orné d’une huppe élégante dont les plumes sont d’un brun rouge foncé. Une teinte marron s'étend sur le dos et sur la queue; le dessous du corps est ardoisé, glacé de brunâtre. « À la Nouvelle-Hollande, dit notre savant et regretté col- lègue M. Oustalet, dans l'excellente monographie des Mégapo- diidés qu'il a donnée voilà bientôt trente ans, mais qui n’a pas vieilli, à la Nouvelle-Hollande, le Mégapode de Duperrey ne se trouve guère que dans le voisinage de la mer; s’il s'avance à quelque distance dans l'intérieur des terres, c'est toujours en suivant les bords d’une large crique ou l’embouchure d’une rivière. Il vit isolé ou par couples dans les fourrés les plus épais et, comme la plupart de ses congénères, est d’un naturel extrêmement farouche. Comme les autres Gallinacés, le Mégapode de Duperrey cherche sa nourriture sur le sol; au moyen de ses ongles énormes il arrache avec facilité des racines succulentes ou déterre des larves d'insectes; il ramasse aussi cà et là des baies et des graines, ou saisit au passage quelques gros coléoptères. M. Mac Gillivray a trouvé, dans le gésier très musculeux d'un oiseau dont il a fait l’autopsie, de petits cailloux de quartz, de petites coquilles des genre Aelix et Bulimus et des graines noirâtres. D’après les observations de M. Gilbert, qui concordent avec les assertions des indigènes, la période de la ponte commence vers la fin d'août et se prolonge jusqu’au mois de mars, époque à laquelle les Mégapodes disparaissent momentanément de la contrée ou se retirent dans l'épaisseur des bois. De la sorte, deux périodes successives d’incubation ne sont pas séparées SUR L’ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES D'OISEAUX 921 par un intervalle de plus de quatre ou cinq mois, correspon- dant à la saison la plus sèche et la plus chaude de l’année. Les œufs sont déposés, comme ceux des Talégalles, dans des tumuli, dont la forme, les dimensions et la structure varient énormément. Il ya des tumuli coniques ou semblables à de grandes fourmilières ; il y en a d’allongés en ovale, il y en a d'irréguliers avec le sommet tout à fait excentrique. La circon- férence à la base mesure depuis 6 mètres jusqu'à 23 mètres ou même 45 mètres, et la hauteur, qui généralement ne dépasse pas 1250 à 2 mètres, peut, dans certains cas, atteindre 4"95. Il est probable, comme le fait remarquer M. Marc Gillivray, queles tumuli les plus volumineux sont l'œuvre de plusieurs généra- tions d'Oiseaux.… Les tumuli sont situés tantôt sur le rivage même, sur un point que les plus fortes marées ne peuvent atteindre, tantôt un peu plus loin de la côte; mais ils sont toujours cachés au milieu des jungles, ombragés par des arbres au feuillage épais ou entourés de grandes touffes d'Aibiscus, de telle sorteque les rayons solaires ne parviennent que difficilement jusqu à eux et ne peuvent guère contribuer à l’éclosion. Quandles tumuli sont voisins de la mer, ils sont formés exclusivement de sable et de coquilles; dans d’autres circonstances, ils consistent en un tas énorme de gravier et de cailloux ferrugineux; mais, dans l'immense majorité des cas, ils sont constitués par une terre végétale presque pure et de couleur noire. Cette masse de terreau contraste souvent, paraît-il, avec le sol environnant, de facon qu'au premier abord elle semble rapportée ; mais, en y regardant de plus près, on voit qu'elle doit résulter de la décomposition graduelle d'une foule de débris végétaux qui jadis jonchaient le sol à plusieurs milles à la ronde. A l’aide de leurs pattes, armées d'ongles puissants, les Mégapodes ont, avec une patience infinie, ramassé et accumulé sur un même point les feuilles, les brindilles et les racines, absolument comme à l’arrière-saison les jardiniers diligents réunissent avec leurs râteaux les feuilles sèches, qui se transforment en terre de bruyère. » (1) En résumé, les espèces de Mégapodiidés qui offrent aux (1) Monographie des oïseaux de la famille des Mégapodiidés (1880), Bibliothèque de l'Ecole des Hautes-Etudes, section des sciences naturelles. ra t. XXI, article n° 5, p. 89 et suiv. 328 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION éleveurs les plus grandes chances de succès se réduisent à quatre : le Mégacephalon maleo, le Leipoa ocellé, le Talégalle de Latham, dont on peut direquel'acclimatation est accomplie, mais quil s'agirait de vulgariser, et le Mégapode de Duperrey. Puissent les indications que je viens de donner, encore qu’elles soient très incomplètes, car je n'ai fait qu'effleurer un sujet riche en développements, encourager les amateurs à s'intéresser à ces curieux Oiseaux, afin d'en doter nos parcs et nos bois et peut-être un jour nos basses-cours. VARIATIONS SAISONNIÈRES DES PAPILLONS DU VER A SOIE DE L'AILANTE DU JAPON (Philosamia Preyeri BUTLER). Par E. ANDRÉ. Fin juillet 1907, j'achetai, en Bavière, 50 œufs fécondés de la race japonaise du Ver à soie de l’Aïlante. Les Chenilles, nées les 2 et 3 août, furent nourries pendant quelques jours de Lilas, puis exclusivement d’Ailante, sur l'arbre. Du 29 août au 10 septembre, j'obtins 50 beaux cocons pesant ensemble 160 grammes, en moyenne 3 gr. 10. En octobre, ces cocons donnèrent d’abord un Papillon mâle, puis successivement 6 femelles. Les quarante-trois cocons restants donnèrent leurs Papil- lons ainsi : le 18 juin 1908, une femelle; du 22 juin au 12 juillet, 26 mâles, et du 14 au 30 juillet, 16 femelles. La première femelle fut fécondée quatre jours après sa nais- sance, alors qu'elle avait déjà donné bon nombre d'œufs vierges et donna encore 80 œufs fertiles. _ Les Chenilles provenant de ces œufs furent nourries de Troène du Japon et 60 seulement purent faire leur cocon, bien dégénérés, et ne pesant que 80 grammes, en moyenne 1 gr. 33. De ces cocons sortirent : le 2 octobre 1908, un Papillon mâle, et le 5, du même mois, une femelle. Nous avons donc trois catégories de Papillons que nous allons examiner successivement. . Éczosion p'ocroBre 1907. — 1 mâle, envergure 115 milli- mètres ; 6 femelles, envergure moyenne : 133 millimètres (de 198 à 140). Teinte générale d’un jaune moins vif que Canningi et plus jaune que Cynthia vera; Thorax et espace basal des ailes brun jaunätre clair; Espace médian un peu plus foncé ; Espace terminal semblable, mais densément saupoudré d'écailles jaunes. 330 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Rayure externe formée d’une ligne noire, fondue intérieure- ment d'une ligne blanche, puis d'une large bande rose lilacé, doublée d’une autre plus claire et fondue en dehors; Bordure des quatre ailes jaundtre clair; Ailes supérieures avec ure bande antéterminale d'un jaune plus clair que la bordure ; Ailes inférieures avec une ligne antéterminale festonnée jaune. Écrosron p'Éré 1908 (frères des précédents). — 26 mâles, envergure moyenne: 124 millimètres (de 118 à 132) ; 17 femelles, envergure moyenne : 432 millimètres (de 125 à 144). Teinte générale brun noir, un peu verdâtre; Thorax et espace basal des ailes brun gris; Espace médian brun noirâtre ; Espace terminal plus clair et densément saupoudré d’écailles gris jaundätre ; Rayure externe formée d’une ligne noire, fondue intérieure- ment d’une ligne blanche, puis d'une large bande lilas violacé vineux et doublée d’une autre plus claire et fondue en dehors; Bordure des quatre ailes gris foncé verdâtre ; Ailes supérieures avec une bande antéterminale d’un gris plus clair que la bordure; Aïles inférieures avec une ligne antéterminale festonnée grise où gris jaunüätre. ÉcLosron n’ocropre 1908 (descendants des précédents, nourris de Troène). — Un mâle, envergure : 95 millimètres; une femelle, envergure : 90 millimètres, semblables à ceux d'octo- bre 1907, sauf la taille. Toutes les couleurs sont aussi plus pâles et plus ternes. Ces différences, sont de toute évidence, l'effet de la nour- riture et on peutconsidérer comme certain que, si les Chenillés avaient été nourries d'Ailante, ces Papillons seraient parfaite- ment semblables à ceux d'octobre 1907. Il reste à voir siles Papillons qui écloront en juin-juillet prochains seront semblables, sauf la taille et la vivacité des coloris, à ceux de l’été 1908, ce qui ne semble devoir donner lieu à aucun doute. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 17 SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 1° mars 1909 Présidence de M. Trouessart, président. L'ordre du jour de la précédente séance est adopté. M. le Président explique qu'il y a à faire plusieurs modifica- tions dans la liste des animaux de la faune africaine qu'il serait nécessaire de protéger. Il devrait d’abord être absolument interdit de tuer ou de capturer les espèces très rares, comme le Rhinocéros blanc, qu’on chasse à cause de la valeur de ses cornes ; comme l’Autruche, devenue rare dans l'Afrique occi- dentale et dont la chasse est prohibée dans les possessions anglaises. Il y aurait lieu aussi de protéger les Chevrotins; un Chevrotin de ces contrées, le Yomoscus aquaticus est, chose curieuse, presque identique avec un Ruminant fossile, trouvé en France, le Dorcatherium. Il faudrait aussi, parmi les animaux qu'il serait licite de tuer, fixer le nombre des têtes qu’on pourrait abattre. Ce serait tantôt une, tantôt deux, tantôt dix, par exemple, et établir des tableaux qui pourraient différer suivant les régions, le tableau 1 comprendrait l’Afrique occidentale proprement dite, où les espèces et les individus sont nombreux; le tableau 2, la Côte d'Ivoire et le Dahomey, où est située la grande forêt équato- riale, dont la faune est moins riche; le tableau 3, le Congo et le Gabon, avec un nombre d'espèces assez restreint; le tableau 4, le pays des Somalis. Quant aux réserves où la chasse serait complètement inter- dite, elles devraient être adossées aux réserves établies dans les colonies voisines des nôtres. La dimension d’une réserve serait d'environ 40 à 50 kilomètres carrés. 332 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Sur la question des Chiens d'Afrique, le Président fait remar- quer qu'en certains endroits, notamment dans le Haut-Oubanghi, on élève des petits Chiens, mais uniquement pour les manger, car les indigènes de ces contrées n’ont pas de troupeaux; en d’autres endroits, on élève des Chiens de grande taille, qu'on pourrait dresser à la chasse des Antilopes et même du Lion. A ce propos, M. Courtet raconte quil a vu, en effet, les petits Chiens dont il est question, quant aux grands, il en a vu dans un seul village, qui avait la spécialité de leur élevage, mais il ne Jes a jamais vu chasser. M. de Sainville parle des Lamas qu'il possède. Il à, en ce moment une femelle, grande, blanche, ayant le cou allongé, les oreilles longues et Le poil peu épais, et un mâle très diffé- rent, trapu, brun, ayant les oreilles courtes et une fourrure feutrée. Le 25 novembre dernier, il lui est né une femelle, qui a les oreilles plutôt courtes et présentant, sur un point, une sorte de cicatrice, ayant, du reste, les poils partie bruns et partie blancs. Ce petit ne craint aucunement le froid et a sup- porté une température de — 20 degrés, dans un enclos fait de planches mal jointes. D'après M. de Sainville, son Lama ressemble à un Guanaco du Jardin d'Anvers. M. le Président fait remarquer que le Gua- naco, qui est roux et a le dos voüté, est très différent du Lama. Revenant à son jeune ciève, M. de Sainville dit que son poil est laineux, qu'il commence à brouter et que sa croissance est rapide. Quant à son mâle, il se monte et s’attelle avec un simple licol pour le diriger et peut. porter une personne pesant 60, et même 80 kilogrammes. Ce mâle, il l’a obtenu en échange d’un autre à pelage blanc, qui, lui aussi, était dressé à traîner une charrette. Il résulte de ces observalions que le Lama est un animal facile à dresser et que, comme monture, ses réactions sont lrès douces. Le mâle ne crache jamais; la femelle crache parfois sur son mâle, mais jamais sur l’homme. L’accouplement se fait, les animaux étant accroupis; il dure longtemps; le mâle gonfle alors ses joues, bave et écume, et fait entendre un bruit qui se propage au loin, même, dit-on, à plus de 1 kilomètre. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 333 M. de Guerne fait observer que l’élevage du Lama est facile mais qu'il faut à tout prix lui éviter l'humidité. 1 Le Secrétaire, R. MARTIN. re SECTION. — MAMMIFÈRES (Sous-section d'Etudes caprines) SÉANCE DU 22 JANVIER 1909 Présidence de M. de Guerne, président. Le procès verbal de la dernière séance est lu et adopté. Il est donné communication d'une lettre du Ministre de l'Agriculture répondant à une demande faite par M. Ed. Per- rier, Président de la Société d'Acclimatation pour obtenir l’ad- mis-ion officielle de l'espèce caprine aux concours organisés par l'administration. Cette lettre refusant cette admission est ainsi conçue : MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE DIRECTION DE L'AGRICULTURE — TROISIÈME BUREAU Paris, le 19 janvier 1909. « À Monsieur Edmond Perrier, membre de l'Instilut, Directeur du Muséum. « Monsieur le Directeur, « Vous avez bien voulu appeler tout spécialement mon attention sur l'intérêt qu'il y aurait à admettre, dans les con- cours agricoles de l'Etat, les animaux d'espèce caprine, dits de stabulation. « J'ai l’honneur de vous informer que conformément à l’en- gagement que j'ai pris, j'ai soumis votre requête au Conseil des Inspecteurs généraux, auquel il appartient d'établir le projet de programme des concours organisés par mon administra- tion. Ce Conseil à émis l'avis suivant : 5 334 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION « Le Conseil des Inspecteurs généraux de l'Agriculture, con- sulté, considérant qu’il n’est pas possible de faire de distinction entre les animaux de l'espèce caprine, dits de stabulation ou autres et ceux pâturant en liberté; « Considérant qu'un encouragement donné à ces derniers serait de nature à porter un préjudice considérable à la conser- vation des massifs forestiers, et à compromettre les travaux de reboisement si coûteux et si utiles; « Considérant qu'il n’est pas possible d'admettre des mâles au concours, sans soulever des protestations énergiques et jus- tifiées du public; et que dans ces conditions, les encourage- ments donnés aux seules femelles n'auraient pas de portée; « Est d'avis qu'il n y a pas lieu d'admettre les animaux de l'espèce caprine à concourir. « Je ne puis qu'approuver les propositions du Conseil des Inspecteurs généraux. « Je me trouve par suite dans l'impossibilité de tenir compte aux éleveurs de la race caprine de votre bienveillante inter- vention et je vous en exprime mes plus vifs regrets. « Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération la plus distinguée. « Le ministre de l'Agriculture, «< RUAU. » M. Crepin demande la parole pour présenter les quelques observations suivantes : L'accueil que M. le Ministre de l'Agriculture avait bien voulu faire à la délégation de la Section d'Etudes caprines qui sollici- tait l'ouverture du Concours agricole de Paris pour l'espèce caprine et, d'autre part, les témoignages de bienveillance que les Inspecteurs généraux de l’Agriculture avaient donné en maintes occasions, individuellement, aux promoteurs de l'in- dustrie caprine ne laissaient pas supposer une pareille solution à cette question pendante depuis trente ans et reprise sans cesse avec ardeur et conviction par tous ceux qui lui prêtent une portée humanitaire considérable et la maintiennent quand même au rang des plus intéressantes, même dans l’ordre sim- plement économique. Ce nouvel ajournement d'une mesure si longtemps désirée est profondément regrettable et provoque nécessairement une réplique. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 335 MM. les Inspecteurs généraux ne sont plus à la question lors- qu'ils disent, « qu'il n'est pas possible de faire de distinction « entre les animaux de l'espèce caprine, dits de stabulation ou « autres et ceux pàturant en liberté ». Qui leur a demandé de faire cette distinction? S'il existe une différence physique entre une Chèvre de montagne et la bête de stabulation, elle s'efface presque immédiatement par le passage d’un régime à l’autre. La Chèvre que la domestication a allourdi et dont les facultés laitières se sont accrues des énergies non dépensées par les fatigues et les efforts des longues courses dans la mon- tagne, se modifie rapidement, si elle est jeune, lorsqu'on la rend à la vie vagabonde; une année suffit pour amincir la taille, transformer l’étoffe de sa toison et réduire sa produc- tion laitière à la durée et à la mesure du besoin du petit qu’elle élève. Il s'ensuit qu'il n’y à pas d'encouragement à donner aux animaux qui pâturent en liberté, attendu qu'ils ne peuvent jamais réaliser les conditions de qualité et de production requises pour être primés. La Chèvre qui produit, c’est celle qui est soignée, qui part le matin aux champs où elle est gardée, et qui trouve en rentrant le soir la mangeoire garnie d’une provende nourrissante. Cette Chèvre-là ne peut causer aucun dégât dans les forêts, pas plus que n’en cause le troupeau de Moutons conduit par le pâtre vigilant, ou la bande de Porcs menés à l’air par le porcher. Si les Chèvres n’ont pas leur place au Concours agricole, pour- quoi les Moutons et les Porcs l’ont-ils? . Au nombre des considérants, il y a lieu de relever également celui qui a trait aux mâles de l'espèce caprine qui pourraient soulever des protestations de la part du public. À cet égard, il est à remarquer que l’effervescence des Boucs serait considérablement calmée, si ceux-ci n'étaient pas mêlés aux Chèvres. Cette condition est facile à réaliser. D'autre part, les Boucs des bonnes races ont l'odeur moins fétide et péné- trante, et point essentiel à noter, quand ils sont tenus propre, l'odeur est nulle avant l’âge de dix-huit mois. Or, le Bouc est apte à la reproduction, dans la race alpine, dès l’âge de six mois ; c'est même avec des Boucs de cet âge que toules les montes d'octobre sont réalisées. En limitant l'admission au concours aux seuls Boucs âgés de moins de dix-huit mois, l’in- convénient redouté était conjuré. 9 336 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Il y a lieu d’ajouter, en insistant beaucoup, que les races caprines étrangères au moyen desquelles les amateurs de Chèvres désirent améliorer et perfectionner la population caprine de France, lorsqu’après sélection celle-ci sera suffi- samment au point pour subir l'empreinte desdites races étran- gères, comportent toutes des mâles absolument exempts du grave défaut de sentir mauvais. Lorsqu'un Bouc nubien dégage l'odeur hircine, il est sûrement imprégné de sang berbère ou d'Obok, alliage qui ne modifie qu'aux yeux du connaisseur la conformation physique du pur sang nubien zaraïbe. Il en est de même des Boucs des races mambrine ou d’Angora. Le considérant invoqué par les Inspecteurs généraux pour bannir les Boucs est donc également hors de propos en l'espèce. Les seules bonnes raisons qu’on aurait pu faire valoir pour écarter les Chèvres, quant à présent encore, du Concours agri- cole, il faut bien les dire, sont les suivantes : Le Concours agricole a lieu en mars, à une époque où il fait encore généralement froid. La Chèvre en stabulation est géné- ralement frileuse, mars est le moment où elle est en gestation avancée ou en plein lait. Il est contre-indiqué alors de la déplacer, de la troubler dans ses habitudes pour l’exposer à des refroidissements. Toutes les personnes qui ont de jolis ani- maux hésiteront d'autant plus à les exposer à des malaises et à des accidents que ces bêtes valent surtout par leur produit lacté, si ce critérium de valeur se trouve diminué ou perdu même momentanément, la valeur vénale de la bête s'atténue d'autant. Dans ces conditions, et étant donné que l'élevage caprin ne se pratique pas encore industriellement en France, les organisateurs du concours courent le risque d’avoir à leur exhibilion publique une représentation absolument insuffi- sante de l'espèce caprine dans ses races et variétés pour pou- voir donner des encouragements justes et efficaces. Il en est tout autrement en Suisse, en Belgique, en Alle- magne où les concours de Chèvres ont lieu dans les centres régionaux où l'élevage de cette espèce a pris des proportions importantes et où existent des connaisseurs pouvant désigner un juryidoine et compétent. De plus, on choisit dans ces milieux caprins la saison favorable où les Chèvres peuvent se présenter au public dans tous leurs avantages physiques et avec tous leurs moyens au lieu d'y venir dans l'état de moindre résis- tance que déterminent les fatigues et les suites des mises bas EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 39371 et avec la livrée d'hiver qui est toujours moins brillante que celle de la belle saison. Voilà les raisons que nous aurions voulu trouver dans la dépêche ministérielle et comme conclusion la promesse de nous faciliter le moyen d'ouvrir une Exposition particulière pour les Chèvres en mai ou en juin en plein Paris, aux Tuile- ries par exemple, à la suite de l'Exposition canine ou même pour assurer davantage le succès de celle-ci. M. le Président fait connaître qu'il lui a été adressé en mai 1908 par M°° Blazy, de Sorèze, une lettre demandant des ren- seignements et des conseils au sujet de l'élevage de la Chèvre de race aux environs de Montpellier. M. de Guerne était à cette époque en Chine et n'a pu, par suile, communiquer en temps voulu à la Section d'études caprines cette lettre qui lui était personnellement adressée. Il la verse à la correspondance de la séance en priant le Secrétaire d'y faire la réponse néces- saire. Celui-ci dit avoir reçu de son côté une lettre pour le même objet de M° Blazy et lui avoir conseillé d'user de grande pru- dence dans la réalisation de son projet. Pour faire une créa- tion qui doit avoir pour effet de modifier les habitudes du . publie, il faut disposer des ressources nécessaires pour attendre que l’idée nouvelle ait pénétré dans les esprits et y ait établi la conviction. Pour hâter le succès il faut frapper les imagina- tions et faire grand et bien. Si M®° Blazy ne peut ou ne veut pas faire les sacrifices nécessaires dans ce sens, on ne peut que l’engager à s'abstenir. Lui procurer par les relations de la Sociélé une Chèvre ou deux de bonne race ne pourra que la fortifier dans s1 confiance en la Chèvre, mais n’aidera en rien à la réalisation et au succès de ses projets. La discussion sur la question de la méthode des points ne peut être abordée en raison de l'absence de M. le professeur Dechambre dont le concours est nécessaire. Elle est donc ajournée sine die, bien qu'à l’ordre du jour de la séance, pour être reprise au moment favorable. Le Secrétaire, J. CREPIN. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1999 — 24 338. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION fe le SECTION. — MAMMIFÈRES (Sous-section d'Etudes caprines) SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1909 Présidence de M. de Guerne, président. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. Le Président, au nom de la Section, adresse des compliments à M. le capitaine Tolet, à l’occasion des palmes académiques dont il vient d’être décoré par le ministre de l’Agriculture à la dernière Séance générale de la Société d’Acclimatation. Le concours fructueux et éclairé que M. Tolet apporte depuis plusieurs années à l’étude de la question caprine et les services qu'il a rendus, d'autre part, par la sélection, la formation et le dressage des Chiens sanitaires ont depuis longtemps justifié la distinction honorifique qu'il vient de recevoir. Le secrétaire donne communication d’une lettre de M. le: capitaine Bouchacourt, qui demande que la Commission du livre d'origine des Chèvres se contente d’une photograpaie de profil pour l'inscription des animaux. Il fait valoir les diffi- cultés de tout genre auxquelles on se bute quand on veut pho- tographier les animaux, surtout l'espèce caprine. M. Debreuii fait remarquer que les mesures édictées ont été arrêtées en conseil; toutes modifications à celles-ci doivent être également mentionnées par le conseil; il portera donc la parole à ce sujet à la première occasion. Cependant M. Debreuil estime, d'accord avec M. ie professeur Dechambre, qu'un animal ne peut être bien déterminé, autant qu'il est possible de le faire sur photographie, que s’il est vu de face et de profil. Le jour où les Chèvres pourront être inscrites à la suite des concours et des expositions, la photographie n'aura plus le même intérêt, et une seule pose suffira certainement. M. Bouchacourt fait une communication au sujet de la maladie contagieuse qui a sévi sur son troupeau caprin. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 339 Une de ses Chèvres malades a fait deux séjours à l’École vétérinaire de Lyon, l’un en mai, l’autre à la fin de juin. Cette Chèvre, qui avait mis bas au commencement de mars, donnait à peine un demi-litre de lait, avait une forle diarrhée, beaucoup d’enflure dans l’auge (partie submaxillaire), prenait constamment la position accroupie. Elle mangeait cependant, mais maigrissait beaucoup. Après un séjour de trois semaines à l'hôpital vétérinaire de Lyon, cet état disparut sans l’inter- vention d'aucune médication. Mais, rendue à son propriétaire, le mal réapparut, à la fin de juin, avec des symptômes plus accusés; l’enflure avait gagné le cou, les muqueuses étaient devenues très blanches, maïs sans teinte ictérique. La courbe de température fut irrégulière, la respiration pénible et fré- quente; dans les excréments, on conslata de nombreux œufs de Douve, mais la diarrhée avait cessé. La mort survint bientôt. A l’autopsie, on trouva une fourmi- lière de Douves dans le foie et dans les reins. Aucun doute sur le genre de maladie : celte bête était atteinte de distomatose. Cette maladie atteint généralement les animaux qui pâturent dans des prairies basses et humides. Or, le domaine des Thi- nons, commune de Berzé-le-Châtel, est à 410 mètres d'altitude. Il n’y a pas ombre d'humidité dans les prairies, qui sont très en pente et donnent un foin très fin et très odorant. Ce sont ces raisons qui firent longtemps douter de la maladie ; chose particulière, cette maladie atteignit aussi bien des animaux importés que des animaux nés sur le domaine. Elle fit dans le troupeau de vrais ravages, Dans une note remise au nom du professeur Dechambre, de l'École d’Alfort, ce savant s'exprime comme il suit : « Il m'est tombé sous les yeux, depuis la publication du tra- vail si complet de M. Caucurte, une note relative à la placen- tophagie qu'il sera peut-être intéressant de communiquer, car elle relate un des rares accidents consécutifs à l’ingestion du placenta. Voici cette note : « Une Vache de six ans avale son arrière-faix et présente « trois jours après les symptômes caractéristiques d'une « obstruction gastro-intestinale. Le sulfate de soude à doses « massives se montre impuissant à vaincre la constipation, et « la bête est trouvée morte le lendemain matin. « Autopsie. — L’arrière-faix forme une masse compacte 340 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION « remplissant complètement le réseau et interceptant le cours « alimentaire vers le feuillet et la caillette. « Le rumen est rempli d'aliments, tandis que le restant du « tube digestif est complètement vide. » (American velerinary Review, avril 1908, par M. Clartz.) M. Debreuil donne lecture d’une lettre de notre collègue, M. Rossignol, médecin vétérinaire, à Melun, qui contient le passage suivant : « J'arrive à la strongylose. Je viens de faire une constatation qui me démontre mieux que toutes les dissertations qu'un des plus grands agents de propagation de cette anémie, c'est le Lapin de garenne. « Mon ami Dussort m'avait donné un superbe Lapin de garenne quil avait tué à La Chapelle-Gauthier, près de Bois- Boudran; la bonne, en l'ouvrant, avait été frappée par les nombreux filaments qui tapissaient le foie et le péritoine. « J'examine de près ces filaments et je constate qu'il s'agis- sait de Strongles qui s'étaient répandus dans la cavité abdo- minale parce que la charge de plomb avait déchiré la tunique stomacale. « En poursuivant mes recherches, j'ai trouvé dans l'estomac et le duodénum de nombreux Strongles appartenant les uns à l'espèce S, contortus et les autres à l'espèce $. filicolis. « J'ai rencontré en outre, dans le duodénum, deux Tœnias trapus; comme vous le voyez, la collection était complète. « Le Lapin est un agent propagaleur par excellence de la etrongylose. Il dessémine ses crottins au loin dans les champs et dans les clairières des boiset, de ce fait, les œufs s’altachent aux plantes; les Chevreuils, les Moutons et les Chèvres peuvent ainsi se contaminer. L'anémie du Chevreuil n'a pas d'autre origine à mon avis. « La Société d'Acclimalation fera donc bien de demander à M. Moussu une note complète sur la strongyiose et d’intercaler dans celte note des spécimens des différents Strongles qui peuvent envahir l’organisme du Mouton, de la Chèvre, du Chevreuil, du Lièvre, du Lapin, etc. « Quant au remède, il me paraît facile à trouver en ce qui concerne la Chèvre et le Mouton. « N'employer que des médicaments que les miles peuvent EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 9341 prendre d'eux-mêmes : salol et naphtol dissous dans l'alcool et mélangé à l'eau des boissons. « Perchlorure de fer ajouté à cette mème eau. « Et enfin nourriture intensive, Féverolles concassées et trempées notamment. La Féverolle a un coefficient nutritif qui est le double de celui de l’Avoine:; elle est donc recommandable à tous les points de vue. » Dans la Revue des sciences des Débats, du 26 novembre 1908, M. Henri de Parville a trouvé une nouvelle occasion de parler avantageusement des Chèvres. La Section d’éludes caprines ne saurait manquer de relever ce passage et d’adresser à ce sujet ses remerciements au distingué publiciste (1). Voici en sub- stance ce passage : M. le professeur Teissier, de l’Université de Lyon, associé national de l'Académie de médecine, met en pratique depuis quelque temps, pour combattre les affections du rein, une méthode de traitement opothérapique qui lui apparait pleine d'avenir. Il s’agit de la sérothérapie des néphrites, dont on parle beaucoup en ce moment. Elle rendrait des services signalés dans le traitement du mal de Bright, dans l’évolution progressive des dégénérescences rénales, et surtout pour parer aux accidents toujours si redoutables de la grande urémie. Le principe est le suivant : traiter le mal par des injections sous-cutanées du sérum sanguin extrait de la veine rénale de la Chèvre. Le D" Teissier a donné la préférence à la Chèvre pour diverses raisons, nolamment parce que son sérum est de toxi- cilé faible. Des expériences faites récemment à l’Hôtel-Dieu sur en enfant de quinze ans atteint de néphrite aigüe, en plein anasarque et avec des signes de grande urémie, ont donné au D" Teissier le résultat merveilleux d’une guérison complète de ce jeune homme. M. Tessier, après avoir « méthodisé » son procédé, a repris ses expériences avec son chef de clinique, M. Lucien Thévenot. Il à eu occasion de recourir sept fois à la sérothérapie dans l’évolution des néphrites. Il y a eu guérison à peu près dans chaque cas. (4) Depuis la rédaction de ce procès-verbal, nous avons eu le regret d'apprendre le décès de M. de Parville survenu en juillet dernier. 342 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. le président donne la parole à M. Moussu, professeur à l'École vétérinaire d’Alfort, pour entretenir les membres de la Section d'Éludes caprines de ses recherches sur la strongylose. Ce sujet emprunte aux circonstances un intérêt tout parti- culier, car de nombreux élevages caprins ont été décimés par les Strongles au cours des années 1907 et 1908 et notamment celui de M. Caucurte à Fontainebleau. M. Moussu, en mettant sous les yeux des auditeurs quelques pièces anatomiques envahies par des colonies de Strongles, expuse avec infiniment de science ét de clarté l'historique, l’étiologie et les symptômes de cette maladie parasitaire, qu'il a étudiée minutieusement, détaille toutes les phases de son évolution et indique les moyens prophylactiques permettant de l’enrayer dans une certaine mesure. Il ne croit pas beaucoup à l’action des médicaments, qui ne peuvent atteindre efficace- ment le Ver fixé dans les muqueuses de l'intestin et dans les replis de l'estomac; du reste, l'organe digestif des Ruminants se prête peu à la médication par la bouche, en raison des modifications et des dilutions qui neutralisent l’action du remède avant qu'il puisse arriver au lieu où il doit produire Son effet. Cependant, lorsque la maladie n’est pas trop avancée, lorsque l’anémie n’a pas trop gagné, un traitement peut encore être institué avec quelques chances de succès. La conférence de M. Moussu a vivement intéressé son audi- toire, qui demande sa reproduction intégrale dans le Bulletin de la Société, afin que tous nos collègues puissent la lire et qu elle reste comme document dans les archives. M. le président exprime à M. Moussu les remerciements de l'assistance. Le Secrétaire, J. CREPIN. SAT EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 343 II: SECTION. — ORNITHOLOGIE — AVICULTURE SÉANCE DU 1° mars 1909 Présidence de M. Magaud d’Aubussson, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le Président est heureux d’adresser ses félicitations et celles de tous les membres de la Section à l’un de nos collègues les plus zélés, membre du Conseil dé la Société, M. Le Fort, qui, à la dernière séance générale, a reçu la eroix de chevalier du Mérite agricole. M. Debreuil annonce également la nomination au grade d'officier du même ordre d’un aviculteur, également membre de notre Société, M. René Sauton.… À propos d’un passage du procès-verbal relatif au Tinamou, M. Le Fort dit avoir lâché de ces Oiseaux et acquis la preuve qu'ils ne volent pas mal. Il en a tué près de son étang, où ils aimaient à séjourner, se nourrissant de petits Vers. Notre col- lègue a constaté que le Tinamou se défend absolument comme le Râle de genêt et il croit qu'il ferait un gibier. M. Le Fort ayant dit, sur une question posée par M. Debreuil, que ces animaux n'étaient pas nés en liberté, ce dernier pense qu'on ne les retrouvera pas l’année prochaine, car jusqu’à présent, on n’a pas rencontré de Tinamous nés dans ces condi- Lions. : Toujours à propos du procès-verbal, M. Magaud d’Aubusson rappelle qu’en 1870, M. Sclater, de la Société zoologique de Londres, avait émis l'opinion que les Casoars naissent en émiettant l'œuf dans lequel ils sont enfermés, ce qui est le fait des Mégapodiidés. II demande à M. Debreuil s’il a fait des observations sur ce sujet; notre collègue répond que cela lui a été impossible, les œufs chez lui ayant toujours été clairs. M. Trouessart pense que la sortie de l’œuf se fait peut-être en deux temps chez le Casoar; il y aurait d’abord une brisure provoquée par un coup de bec et en second lieu, un émiette- ment causé par les efforts du poussin. 344 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. Debreuil fait une communication au sujet du Colin de Virginie. Au mois de mars 1889, M. Walter Gay, le peintre bien connu, avait lâché 120 de ces Oiseaux au château de Fort- Oiseau, à Villiers-en-Bière, près de Melun (Seine-et-Marne). On les vit pendant plus d’un an, puis ils disparurent sans avoir niché. Depuis cette époque, on en a signalé aux environs et notamment sur les confins de la forêt de Fontainebleau, à Barbizon. Un Colin de Virginie fut tué sur un poteau par un garde de M. Sommier, au château de Vaux-le-Vicomte, qui est situé de l’autre côté de la Seine, à environ douze kilomètres de Villiers. M. Gay pense que ces Colins ne sont pas migra- teurs, mais qu'ils changent de contrée jusqu'à ce qu'ils aient trouvé le terrain qui leur convienne. Il leur faut du sable, de l’eau et de vasles espaces; c’est ce qui explique que ces Oiseaux réussissent dans certaines grandes chasses et pas dans d’autres. Pour le moment ils figurent aux tableaux de battues en Sologne et dans l'Oise. Leur importation est à con- seiller;, malheureusement il est assez difficile de se les pro- curer en grand nombre. M. Debreuil rappelle que votre Secré- taire a publié dans nos Zulletins, en 1906, une étude sur le - Colin de Virginie, le Bob-White. M. Gay va tenter également, en Seine-et-Marne, l'élevage du Perdreau rouge. Dans une fort intéressante causerie, M. de Sainville raconte la visite quil a faite récemment à l'Exposition du Crystal Palace, à Londres, et où il a vu des variétés de l'espèce galline véritablement superbes et qui arrivent à une taille gigan- tesque; ils se vendent jusqu’à cent cinquante francs et encore est-ce un prix de faveur. Une fort jolie race qu’on trouve en Angleterre et qu'on ne voit pas en France, est le Sumatra. M. Magaud d’Aubusson rappelle que les Coqs indiens sont répandus dans toute l'Afrique orientale; il y en a beaucoup dans le Dongola. M. de Sainville a retrouvé en Angleterre le Dorking doré, qui n’apparlient qu'à un seul propriétaire, et il va pouvoir se le procurer. Notre collègue est amené aussi à parler du nouveau Combattant anglais, mais dans le pays on s’en délache complètement et on ne veut plus que de l’ancien, qui rappelle notre vieux Coq gaulois. Il nous entrelient aussi d'un bas relief remontant environ à 2.000 ans avant l'ère chré- tienne et représentant un Coq, qui est exactement le Bankiva. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 349 Il nous est impossible de reproduire ici les nombreux ren- seignements fournis par M. de Sainville, mais heureusement il nous promet une communicalion écrite pour notre séance d'avril. Nous abandonnerons donc ce sujet, non cependant sans enregistrer une opinicn de M. Debreuil, qui pense qu'en présence des mesures nouvelles de protection, le marché euro- péen va avoir besoin de plumes et que, par conséquent, les plumassiers se tourneront du côté des plumes de Coq, c’est- à-dire qu’un débouché nouveau s'ouvrira pour les éleveurs. M. de Sainville pense avoir retrouvé à Florence des repré- sentations fort anciennes du Paon nigripenne. Sclater avait cru qu'on pourrait rencontrer cet Oiseau en Asie, mais il aban- donna cetle idée; cet animal n’est autre chose qu'une forme mélanienne- de l'espèce ordinaire. M. de Sainville dit qu'il naît blanc, se colore à l'âge de sept ou huit jours, puis devient gris. À deux ans, il est plus abondamment marqué de noir et ce n’est qu'à trois ans qu'il prend tout son plumage. M. Debreuil communique une lettre de M. Pays-Melliér, constatant que, sur douze œufs pondus par ses Casoars, douze étaient clairs. C'est une véritable déception. Nous avons déjà eu l’occasion de parler de la manière de marquer les Oiseaux au moyen d’un anneau en aluminium, afin de se renseigner sur les questions de migrations, procédé employé en Allemagne et en Danemark; or, ces jours-ci Les journaux raconlaient qu'une Cigogne baguée en Poméranie avait été capturée en Afrique, à 45 degrés sud de l'Équateur. Il est bien à désirer que l’on généralise l'emploi des bagues; le bureau ornithologique de Hongrie a, lui aussi, adopté cette méthode pour les jeunes Cigognes, les Mouettes et les Hiron- delles. Le procès-verbal de notre séance du 6 avril 1908, publié dans le numéro de décembre, reproduisait des observations de M. Germain, de Périgueux, sur les migrations des Grues dans sa région, et nous exprimions le vœu que les membres de notre Société voulussent bien envoyer des notes sur ce sujet, parce qu'ainsi la ligne suivie lors des deux passages serait déterminée, au moins pour la France, et qu’ainsi on saurait le temps que ces animaux mettent à traverser notre pays. 346’: BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. Rollinat, toujours si zélé, a bien voulu répondre à cet appel et nous écrit : « Argenton-sur-Creuse (Indre) se trouve sans doute dans la partie de notre territoire traversée par les Grues lors des pas- sages de descente et de remontée, car bien souvent j'ai pris des notes de ces passages. Cependant, il y a de cela. deux. ou trois ans — et je l’ai aussi mentionné sur mes cahiers d’obser- -vations — j'ai vu peu de Grues, tant à l'aller qu’au retour, ces Oiseaux étant peut-être passés, le plus souvent, pendant la nuit. Et j'ai noté cela, parce que, chaque année, je vois PE beaucoup de Grues. » A la séance du 2 novembre 1908, M. Germain annonçait qu'au mois d'octobre il avait assisté à quatre passages, et il pensait — opinion partagée par notre Président, M. Magaud d'Aubusson — que Périgueux doit être un des points de la route habituellement suivie par les Grues dans leurs migra- tions à travers la France. M. Rollinat nous adresse à ce sujet la note suivante : « Le 12 octobre 1908, étant à chasser les Alouettes au miroir sur un plateau à environ sept kilomètres au nord-est d’Argen- -ton, j'ai vu passer deux fortes bandes de Grues, filant vers le sud, par vent très léger du sud-est. « Le 20 octobre, à neuf heures et demie du soir, par ia pluie, les Grues passent à une faible hauteur; les cris nombreux qu’elles poussent prouvent qu'il y en a en l’air une énorme bande composée certainement de plusieurs centaines d’indi- vidus. Elles tournent longtemps au-dessus de la ville, éclairée à l'électricité. Vent sud-sud-est, même presque sud. « Le 21 octobre, le vent est à l’ouest; dans la matinée l’eau tombe. Dans l'après-midi, le soleil brille et je vais au miroir; le vent descend au sud-sud-ouest, et est très faible. Beaucoup de Grues passent. Il y en a d'énormes bandes, filant assez haut et en ordre de route. Parfois, passant plus bas, à cinquante mètres de hauteur à peine et souvent moins, des groupes de deux ou trois individus semblent fatigués ; ils passent même des sujets isolés. « Le 22 octobre, le vent est au nord-nord-est; le 23, il est au nord, revient le 24 au nord-nord-est, et il y à 5 degrés au-dessous de zéro. Le 25, par vent faible du nord et temps couvert, de nombreuses troupes de Grues passent entre six et dix heures du soir et errent au-dessus de la ville. » EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 347 À la même époque, des observations du même genre étaient faites dans le Loiret, et notre collègue M. Chappellier adressait, de Boigny, la note suivante à la « Feuille des jeunes natura- listes », qui l’insérait dans son numéro du 1°" décembre 1908 : « Le mardi 20 octobre dernier, à six heures moins le quart du soir, est passé au-dessus de nous, et allant nord-sud, un vol de Grues qui me semble mériter d’être signalé, tant à cause de son importance que de sa disposition. Un premier V à branches très inégales : la plus courte, celle de l’ouest, comptait une centaine d'individus parfaitement alignés, tandis que vers l'est s’étendait une longue file sept à huit fois plus longue que l’autre. Des flottements continuels s’y faisaient sentir, et l’im- mense ligne ondulait comme un long ruban placé dans un léger courant d’air. Les deux branches faisaient avec la ligne de direction du vol des angles inégaux, et les derniers indi- vidus, perdus dans la brume, volaient presque perpendiculai- rement à elle. Puis à quelques mètres de ce premier vol, et inclus dans ses branches comme pour s’y mettre à l'abri, un petit groupe de vingt-cinq à trente individus; s'agit-il d’ani- maux plus jeunes ou plus faibles, ou simplement d'un voyage de conserve après rencontre fortuite? Cette réunion anormale de près d'un millier d'Oiseaux, précédée elle-même par deux autres vols de moindre impcrtance observés la: veille au soir, semble indiquer un départ pris à la hâte et coïncide d’une façon remarquable avec le brusque retour du froid. » M. Chappellier constatait ensuite qu’il y avait là la contre- partie de ce qui s’est passé au printemps, c'est-à-dire l’arrivée simultanée de plusieurs migrateurs dans le Loiret, fait qui avait été raconté dans le numéro de juillet 1908. L'auteur terminait en émettant l'espoir qu'on voudrait bien l'aider à reconstituer l’histoire de ce vol. Cette note étant tombée sous les yeux de M. Rollinat, il nous envoie les lignes suivantes qui contribueront à combler le desi- deratum de M. Chappellier : « L'important volier de Grues se trouvait à six heures moins le quart à Boigny, localité située à quelques kilomètres à l’est d'Orléans, où M. Chappellier l'observa. Les centaines de Grues qui 348 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION le composaient étaient sans doute au-dessus d’Argenton (Indre), à neuf heures et demie du soir, le même jour, 20 octobre. Or, Argenton est à environ 160 kilomètres au sud d'Orléans, à vol d'oiseau ; les Grues avaient donc mis irois heures quarante-cinq minutes pour accomplir ce trajet. Ces grues ne devaient pas occuper le même ordre qu'à Boigny. Il m'était impossible de les voir, puisqu'il faisait nuit; mais, d'après leurs cris, elles tournèrent longtemps pêle-mêle au-dessus d’Argenton et allèrent sans doute se reposer sur les plateaux situés au sud et au sud-ouest de cette localité. C'est peut-être cette énorme bande qui, se dirigeant légèrement alors vers le sud-sud-ouest, fut signalée à environ 180 kilomètres plus loin, à Périgueux, le lendemain, 21 octobre, par M. Germain. Le 21 octobre, j'ai vu passer beaucoup de Grues, mais dans l'après-midi, et ces Oiseaux, ont dû passer vers Périgueux à la nuit et n'ont peut- étre pas élé remarqués par M. Germain. » On le voit, la question devient très intéressante, et elle le sera encore bien davantage, lorsque MM. Germain, Rollinat et Chappellier auront de nombreux imitateurs. Aussi adressons- nous un nouvel appel à tous nos collègues, les priant instam- ment d'envoyer à la Société toutes les observations qu'il pourra leur être donné de faire sur la migration des Oiseaux. M. Loyer donne lecture, au nom de M. Rogeron, d'Angers, d’un mémoire sur l'élevage de la Bernache Jubata, qui est le complément d’une série d'études publiées antérieurement par notre collègue sur ce sujet. Ce mémoire sera publié in extenso dans le Bulletin. M. Pierre-Amédée Pichot dépose sur le bureau un mémoire concernant l'Oie du Canada, qui sera inséré au Bulletin, ainsi que l’intéressant travail sur les Mégapodiidés par la lecture duquel M. Magaud d'Aubusson termine la séance. Le Secrétaire, ComMTE D'ORFEUILLE. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 349 III: SECTION. — AQUICULTURE SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1909 Présidence de M. Maiïlles, membre du conseil. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans observation. M. Le Fort fait une communication sur l'établissement de pisciculture d'Ambazac, que notre collègue a eu l’occasion de visiter l'année dernière, et sur l'École d’aquiculture de Limoges. Celte communication était accompagnée de nombreuses pho- tographies. M. le Président remercie M. Le Fort des renseignements qu'il a bien voulu recueillir pour notre Société. M. Le Fort ajoute qu'il a eu l’occasion d'observer des Truites atteintes de cataracte qui les conduisaient rapidement à la cécité et qu'alors une pigmentation apparaissait pour faire place à une couleur chocolat qui devenait ensuite d’un noir d'ébène. Ces Truites nagent toujours en surface. M. Pellegrin dit qu'il y à une relation chez les Poissons, comme chez beaucoup d’autres animaux d'ailleurs, entre la pigmentation et les troubles de la vue. M. Le Fort réfute ensuite une erreur qui s’est glissée dans l'almanach Hachette, au sujet de la longévité de certains ani- maux. Ainsi, il y est dit que le Brochet pouvait vivre cent ans; or, M. Le Fort estime que ce Poisson dépasse rarement dix ans dans les cours d’eau où il a eu l'occasion de l’observer. Les Brochets, en eau stagnante principalement, sont fré- quemment atteints vers l'âge de six à sept ans de cataracte qui affecte d’abord l’un de leurs veux ; le second œil ne devient malade que lorsque le premier commence à être hors d'usage. Bientôt l'animal devenant aveugle et ne pouvant plus se pro- curer de nourriture, maigrit et meurt. M. Le Fort présente en fin de séance un croquis de notre eol- 350: BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION lègue, M. Dagry, représentant un nouveau bidon de son inven- tion dont il a été parlé l’année dernière à une de nos séances, au sujet du transport d’Alevins en Colombie, qui permit à ceux-ci d'arriver à bon port après un voyage de trente-trois Jours. Avant de se séparer, les membres de la section s’entretien- nent de l’acclimatation d’un nouveau Poisson de la Plata que veulent tenter les Belges, il s'agirait du Pesce rey. M. le D' J. Pellegrin dit qu'il s’agit d’un Poisson du genre Atheri- nichtys. Cette question est du reste renvoyée à la prochaine séance. Le Secrétaire, HENRI BRUYEÉRE. SÉANCE DU 8 MARS 1909 Présidence de M. de Guerne, délégué du conseil. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. En ouvrant la séance, M. le Président annonce la mort de M. Mersey, et adresse à la famille de notre regretté Président l'expression de notre douloureuse sympathie. Plusieurs de ros collègues ont tenu à assister aux obsèques de M. Mersey, et M. Edmond Perrier, directeur du Muséum, président de la Société nationale d’Acclimatation, a prononcé sur sa tombe l'éloge funèbre du défunt. En quelques mots émus, M. de Guerne rappelle les grands services que M. Mersey a rendus à la pisciculture depuis dix ans, où, à la tête de cet important service au Ministère de l'Agriculture, il avait su lui donner une impulsion toute par- ticulière, dont les heureux effets se feront sentir pendant longtemps en France. Il servit la cause avec une ardeur sou- tenue et jamais on ne fit en vain appel à son obligeance. C’est une perte irréparable pour l’aquiculture, qui comptait en lui un de nos plus ardents défenseurs. Sur la proposition de M. Pellegrin, les membres présents EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 351 décident par acclamation de nommer M. Raveret-Wattel, pré- sident de la Section d’Aquiculture. M. Pellegrin est également nommé vice-président. M. Debreuil lit le passage suivant d’une lettre que lui à adressée notre collègue M.de Sainville, à Courbes-Vaux (Loiret). « .…. Ces gelées interminables sont insupportables. Je crains pour mes Poissons, ma pièce d’eau ayant à peine dégelé huit jours (par deux ou trois jours à la fois) depuis soixante- treize jours. Je n’ai jamais vu ni connu un hiver pareil. « J'ai cependant loujours vu sous la glace, nager contre la surface des Ides mélanoter {miniatus), visibles par leur rouge éclatant, et j'espère qu'elles sont sauvées..….; mais il suffit d'un jour où leur nageoiïre dorsale collerait à la surface inférieure de la glace, dans leurs longues stalions immobiles, pour les capturer mortellement... » M. Pellegrin dit que les Poissons n’ont pas à craindre ce genre de capture, attendu que leur nageoire est le plus souvent à l’état de repos appliquée sur le dos, et il estime que les Poissons ne courent aucun danger du genre signalé par M. de Sainville. À propos des froids intenses que nous subissons cet hiver, M. de Guerne cite que dans une propriété qu'il possède dans l'Yonne, tous ses Poissons ont été gelés ; le fait ne s'était pas produit depuis le grand hiver 1879-1880. M. Courtet rapporte qu'en 1895, il observa à Cherbourg, pendant les froids très vifs de l'hiver, des Poissons venir mourir glacés sur la plage, principalement les Labres et les Congres; il en mourut une si grande abondance, qu'on resta pendant trois ou quatre ans säns pêcher de ces Poissons. M. Dubreuil dépose sur le bureau un travail de M. le pro- fesseur Coutière sur le prétendu appareil venimeux de la Murène Hélène. La section a en outre reçu un fascicule de la Société Lombarde de pisciculture, dont le président est notre collègue M. Crivelli- Serbelloni, et le Rapport annuel « of the Fishery boards for Scotland ». M. le Président remercie les donateurs de ces publications qui viennent enrichir notre bibliothèque. 352 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION M. Raymond Le Fort fait part à la Section des rensei- gnements que notre collègue M. Dubreuil a bien voulu lui fournir au sujet du « hadock » fumé. Voici ce qu'écrit M. Cligny, directeur de la Station aquicole de Boulogne-sur-Mer. « Le vrai hadock est bien le Gade églefin fumé, facile à reconnaître à sa ligne latérale noire, et je ne sache pas qu'on en fasse de contrefaçon avec d’autres Poissons. « Le véritable « finnon » le meilleur des hadocks se prépare avec du Poisson très frais que l’on vide, que l’on étête (avec une guillotine dans les grands établissements), que l’on débar- rasse de la membrane noire qui tapisse la cavilé générale et qu'on lave soigneusement. « Les Poissons sont ensuite fendus par le ventre jusqu’à un pouce de la queue, incisés dans leur épaisseur et lavés à nouveau. « Les Poissons passent ensuile dans une saumure de force suffisante pour faire flotter une pomme de terre (22 à 25 degrés au pèse-sel), et y séjournent de vingt minutes à une demi- heure suivant la taille de la pièce et le goût de la clientèle. « On les laisse égoutter et sécher, soit naturellement, sus- pendus dans un courant d'air, soit avec un ventilateur quel- conque, pendant toute une nuit; enfin on les fume pendant six ou huit heures avec un feu très fumeux de tourbe et de sciure de bois blanc. « Je ne crois pas que l'on fasse beaucoup de haddock fumé en France; quelques saurisseurs en font une pelite quantité pour leur entourage immédiat. On a préparé de facon ana- logue quelques petits merlus, que, pour ma parl, j'estime au moins autant que le meilleur hadock. » M. Raymond Le Fort pense qu'il serait très intéressant de tenter des essais de fumage avec certains de nos Poissons d'eau douce, principalement avec le Brochet et le Catfisch; il compte se livrer lui-même à ces essais dès le printemps. M. de Guerne dit que le Catfish se rapprochant plus de la nature de l’Anguille, il serait très intéressant pour le fumer d'imiter les préparations faites en Hollande, dans la Baltique, en Italie et en Allemagne, où l’'Anguille est ainsi fréquemment préparée. | EXTRAITS DES PROCÈÉS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 393 M. Pellegrin fait ensuite la communication inscrite à l’ordre du jour sur le Pesce-rey. Cette communication très intéressante sera reproduile au Bulletin. Une discussion s'engage ensuite entre les membres présents à l'effet de savoir, s’il serait très intéressant d’acclimater ce nouveau Poisson de la République Argentine dans les eaux saumäâtres de la Hollande et de la Belgique. M. de Guerne dit qu'avant d'introduire une nouvelle espèce, il faut agir avec beaucoup de prudence, et surtout faire une étude biologique de la question; or, en ce qui concerne le Pesce-rey, qui habite les régions chaudes de la République Argentine, il ne pense pas qu'il pourra se plaire dans les eaux plutôt froides des Pays-Bas. C'est une grande erreur de faire de l’acclimatation à tort et à travers, trop d'exemples nous donnent à réfléchir. M. Le Fort pense, au contraire, que la question de l’acclima- tation du /’esce-rey mérile d’être prise en considération, car, dans l'esprit des Belges et des Hollandais, l'introduction de ce Poisson ne serait pas pour supplanter les espèces indigènes, mais pour occuper des espaces aquatiques où on ne trouve pas de Poissons, principalement les eaux saumâtres. Il estime que le rôle de notre Société est de favoriser des acclimatations reconnus utiles, que des études doivent être orientées dans ce sens et non rejetées de parti pris sans essais. M. Bruyère signale l'apparition aux Halles de Paris de la Langouste royale, Panilurus regius. Vendue au marché sous le nom de Langouste de Mauritanie, elle est pêchée entre le cap Blanc et le golfe de Guinée, qu’elle ne paraît guère dépasser au sud. Recueillie dans des bateaux-viviers, elle est transportée dans les viviers-réservoirs de Brest et de Concarneau, où on l’en- graisse avant de l’expédier sur Paris. Cette espèce est si abondante au Sénégal, qu’à Dakar et à Saint-Louis une belle pièce de 3 à 4 livres se vend couram- ment de 4 à 5 sous. À propos de cette Langouste, M. Bruyère parle ensuite de quelques poissons rapportés par la mission Gruvel de la baie BULL, SOC, NAT. ACCL. FR. 1909 — 95 394 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION du Levrier et des services que peuvent rendre aux colonies et à la métropole les pêcheries de cette contrée. Le Secrétaire, HENRI BRUYÈRE. IV: SECTION. — ENTOMOLOGIE. SÉANCE DU 8 MARS 1909 Présidence de M. Clément, président. Après l'adoption du procès-verbal de la dernière séance, M. le Président donne lecture d'une lettre de M. Rivière (d'Alger), dont nous exlrayons les deux communitations ci-dessous : 4° « Dans la séance du 9 novembre dernier, plusieurs de nos collègues ont signalé la pénurie de Guêpes dans certaines régions. « Je confirme la même observalion pour la région deslacs du Jura où l’année précédente, 1907, les Guêpes, très abondantes, détruisaient tous les fruits malgré les moyens employés pour les protéger. « Or, pendant l’année dernière, saison des grandes fructifica- tions, les Guêpes furent entièrement absentes. De même, les Mouches communes n’envahirent que peu les habitations et les Taons qui pullulent ordinairement dans le sous-bois étaient absolument rares. » 2° « Au Jardin d’essai d’Alger, pendant le courant de l'an dernier, on a employé pour prendre les Insectes aïlés le piège Ortel, qui consiste en un récipient en verre contenant une pète en fermentation prolongée et odorante comme une sorte de parfum de fleur. « Beaucoup d’Insectes ont été ainsi capturés dans les arbres fruitiers mêmes dont la récolte a été ainsi protégéeet les fruits exempts des tares habituelles. « J'engage l’inventeur, qui me le promet, à vous soumettre sa méthode pour études complémentaires, car un piège efficace EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 9399 et pratique nous délivrerait de l'emploi dangereux des insec- ticides à base de sels arsenicaux si dangereux. « Parmi les Insectes capturés, il y avait des représentants du Dacus de l'Olivier dont la multiplication devient très redou- table dans le bassin méditerranéen. » La communication de M. Rivière sur la rarelé des Guëpes au cours de l’année dernière rappelle le souvenir du peu d'abondance de Mouches domestiques pendant cette même année. M. Debreuil dit qu'il a observé très peu de Musca domestica pendant l'été, mais que par contre il en constata un très grand nombre dans sa maison au mois d'octobre. M. Le Fort à observé également au mois d'octobre une éclo- _ sion d'une Mouche qui n’est pas la Mouche domestique. M. Maurice Royer signale, à ce sujet, que depuis plusieurs années, dès les premiers beaux jours du mois de mars,ila pu constater chez lui, à Neuilly-sur-Seine, au cinquième étage, une éclosion considérable de Teichomyza fusca Meq. Il a pu en prendre à l’aspirateur plus de six cents en une seule matinée. Ces Diptères viennent de la fosse d'aisance, et, malgré une désinfeclion au sublimé et à la créosote, l'éclosion n’a pu être enrayée. Elle s’est encore reproduite cette année, mais en moins grande abondance. Les locataires des étages inférieurs n'ont jamais eu ce désagrément. Quelques Teichomyza cepen- dant ont été observés au quatrième étage. Ces différentes communications amènent la discussion sur les divers moyens employés pour détruire les Insectes. M. Mailles préconise le sucre trempé dans du vin rouge pour les Sarcophaga et différents Diptères.M. Lefort indique la bière pour les Guêpes. Ces différents moyens de destruction et les pièges connus seront étudiés dans une prochaine séance. M. Clément donne lecture d'une communication de M. André, intitulée : « Notes sur quelques Attaciens voisins de l'Aftacus cynthia ». Notre collègue a observé pour l’Attacus Preyeri deux types saisonniers, le premier en été, de couleur très foncée, noirâtre, le deuxième en automne, de couleur beau- coup plus claire et plus jaune. Cette communication sera insé- rée in extenso au Bulletin. 336 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMiTATION Ouvrages offerts. — H. Gadeau de Kerville. Sur l’homochro- mie protectrice des femelles du Wisumena vatia Clerck [AracH|. Description d’un Coléoptère (Procerus scabrosus OÏ. var. tau- rica M. Ad.) à palte anomale et d'un Hémiptère Hétéroptère (Centrocoris subinermis Rey) à antenne anomale (Bull. Soc. ent. Fr. H907], pp. 145, 147): Id., Sur l’accouplement et les œufs d'Anisolabis mauritanica H. Lucas [Orru.] (Bull. Soc. ent. Fr. [1906], pp. 252-253). Id., Note sur l’accouplement, les œufs et l'amour maternel des Insectes orthoptères de la famille des Forficulidés, 1 br. 31 p. (fig.), Rouen, 1907. Id., Matériaux pour la Faune des Hyménoptères de la Nor- mandie, 5° note, fam. des Ichneumonidés, Pull. Soc. am. Sc. nat. Rouen |[1905|, pp. 63-74 (Don de l’auteur). Ouvrages reçus. — Bulletin de la Société entomologique de France [1909], n° 3. Le Secrétaire, D' Maurice Royer. Ve SECTION. — BOTANIQUE SÉANCE DU 15 mars 1909 Présidence de M. D. Boïs, Président. Lecture est donnée, par le Secrétaire de la Section, du pro- cès-verbal de la séance précédente, dont la teneur et les termes sont après quelques observations définitivement adoptés. M. Bois dépose sur le bureau, pour la bibliothèque de la Société un ouvrage de M. Maiden sur les plantes utiles d’Aus- tralie, intitulé : Useful Native Plants of Australia et pour lequel il a adressé des remerciements au nom de la Société. M. Debreuil dépose une note de M. Ronsseray, parue dans le Bulletin de la Société centrale d'apiculture, pour favoriser la diffusion du Mélilot blanc comme plante mellifère. M. le Secrétaire général fait connaître les demandes qu'il EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 9351 a reçues pour le concours de jardins organisé par la Section de Botanique; il sera pris ultérieurement, d'accord avec les intéressés, une décision pour la date de la visite de ces jardins. Il fait connaitre aussi que M. le professeur de Culture du Muséum a mis à la disposition des membres de la Société un certain nombre de graines et de plantes, dont l’énumération paraïlra au Bulletin (1) avec quelques indications sommaires. La parole est. donnée à M. Gérôme, secrétaire de la Section qui donne lecture d’une note intitulée : Choix de plantes d'orne- ment, classées par nature d'emploi et par époque (2). Primitive- ment, ce travail n'avait en vue que les plantes de printemps. M. Gérôme a tenu à lui donner un caractère plus général, pour qu'il puisse servir de mémento aux personnes qui s'intéressent au but visé par la Section de Botanique, celui de faire revivre le goût des collections variées de plantes d'ornement, et de faire connaître les espèces les plus propres à certaines utilisa- tions. Faute de place, il n'a pas cité un seul nom français ou vulgaire, mais les amateurs pourront trouver avec les quelques ouvrages indiqués dans celte note, tous les renseignements botaniques, historiques et culluraux dont ils ont besoin. Le Secrétaire, J. GÉRÔME. VIe SECTION. — COLONISATION SÉANCE DU 15 mars 1909 Présidence de M. le Dr Achalme, vice-président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Ge procès-verbal résumant la communication de M. Labroy sur les plantations d'Hévéas dans la région indo-malaise, est le point de départ d’une intéressante discussion à laquelle prennent part M. le Président, M. le professeur Perrot, M. Courtet et plu- sieurs autres membres présents. Les arguments apportés de (1) Voir Bull., avril, pages 173 à 175. (2) Voir Bull., août, pages 148 à 172. 358 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION part et d'autre, souvent étayés de chiffres et de stalistiques récents, visent principalement l’avenir des caoutchoucs de cueillette et celui des cultures d’'Heveas ou autres essences établies ailleurs que dans l'Est. Au cours de ces échanges de vues, M. le Président a présenté un échantillon de caoutchouc d'Hévéa, du type commercial répandu sous le nom de « sheets », qui provenait d’une planta- tion des états malais. Son élat de conservation était parfait et ses qualités indiscutables, malgré plus de deux années de séjour dans un milieu soumis à de forts écarts de température. La Section apprend avec le plus vif plaisir que son Président, M. Aug. Chevalier, actuellement en mission en Afrique occi- dentale, a fait parvenir d'excellentes nouvelles sur sa santé et sur les premiers résultats de ses travaux. Au delà des sources du Niger, il lui a été donné de retrouver des Caféiers de Libéria, d'Arabie et de Rio-Nunez en pleine fructification depuis leur plantalion en 1899, par un membre de la mission de Trentinian. 1l a observé que les productions agricoles et forestières spéciales étaient très variées et particulières aux diverses régions du Niger. Le Riz, le Sorgho, le Manioe, l'Igname, l’élevage, sans donner lieu à un commerce d’expor- tation, trouvent un écoulement très avantageux dans le trafic intérieur et font prospérer ces pays. M. Chevalier est d'avis qu'il ne convient pas de s'attacher trop exclusivement au caoutchouc et au coton qui ne rencontrent en Afrique oceci- dentale qu’un petit nombre de secteurs favorables à leur exploitation commerciale. D’autres observations de grand intérêt scientifique et écono- mique ont été faites par M. Chevalier qui, actuellement, pour- suit son voyage vers la Côte d'Ivoire. Le Secrélaire, O. LaBroY. AC BIBLIOGRAPHIE ENCYCLOPÉDIE DES CONNAISSANCES AGRICOLES ‘(Librairie Hachette, 11, boulevard Saint-Germain, Paris.) Les Céréales, par M. À. DesrioT, ingénieur agricole, direc- teur de l'École d'Agriculture de l'Allier. — Un volume in-16, cartonné, 2 fr. 50. (Hachette et Ci, Paris.) La production du blé, qui n’était que de 8 hectolitres par hectare au début du siècle précédent, dépasse actuellement 17 hectolitres. Malgré cette progression, la consommation s'étant accrue elle aussi, nous sommes souvent obligés de recourir aux blés étrangers. Pour l’avoine, les surfaces ensemencées ont augmenté très sensiblement ; il en est de même du rendement. Pour les autres céréales, les surfaces de culture ont peu varié, mais les rendements se sont accrus. Il y a donc eu, en général, un sensible progrès dans la cul- ture de toutes les céréales. Mais ce progrès ne doit pas s'arrêter ; il reste encore un effort à faire pour que la produc- tion atteigne les besoins de la consommation. Dans ce petit ouvrage que nous leur consacrons, nous avons cherché à indiquer aux cultivateurs tout ce qui est utile pour arriver à augmenter le rendement des céréales, tout en dimi- nuant le prix de revient de l’hectolitre. Le Blé, la Farine, le Pain. £'{ude pratique de la Meunerie et de la Boulangerie, par M. Ep. RABATÉ, professeur départe- mental d'agriculture du Lot-et-Garonne. — Un volume in-16, cartonné, 1 fr. 80. (Hachette et Ci, Paris.) Cette étude pratique de la meunerie et de la boulangerie ne : s'adresse pas seulement aux meuniers et aux boulangers. Elle peut encore être utile aux agriculteurs qui vendent du blé, achètent de la farine et des sous-produits de mouture, et qui, souvent, fabriquent leur pain; Aux négociants en grains, qui doivent posséder des connais- sances précises et détaillées sur les qualités et les défauts des blés ; 360 BIBLIOGRAPHIE Aux officiers d'administration du service de subsistances, pour leurs achats de blés et de farines ; Aux élèves de divers ordres d'enseignement : Secondaire, pri- maire supérieur, agricole et commercial, qui doivent connaître l’une de nos principales sources de richesse; Aux organisateurs de boulangeries coopératives; Enfin, au consommateur qui désire être fixé sur l’origine et la valeur du pain qu'il mange. Néanmoins, l’auteur n’a pas perdu de vue que la présente étude est, avant tout, destinée au grand public agricole. Traité d'Arboriculture fruitière, par P. Passy, maître de conférences à l'École nationale de Grignon, publié en 6 fasci- cules à 1 fr. 50 chaque. — I. Plantation et Greffage. — IT. Taille. — III. Culture du Poirier. — IV. Culture du Pom- mier, du Fiquier, du Châtaignier, du Noyer. — N. Culture du Pécher, de l'Abricotier, du Prunier, du Cerisier, du Framboisier. —= NI. Culture des Raisins de table. — Chaque fasciculese vend séparément, 1 fr. 50. (Librairie J.-B. Baillière et fils, 19, rue Hautefeuille, à Paris.) En présentant à tous les amateurs de jardins un 7raité d'Arboriculture fruitière, M. P. Passy s’est proposé de leur offrir un guide essentiellement pratique et clair, permettant à tous de trouver les indications nécessaires à la culture des arbres fruitiers. Pour rendre la culture du livre plus agréable et plus facile, M. Passy a dessiné un grand nombre de figures intercalées dans le texte, plus spécialement aux articles greffe et taille. Continuant à s'occuper pratiquement d'Arboriculture comme aussi de son enseignement à l’École nationale de Grignon, M. Passy a pu apporter, dans ce livre, le fruit de plus de vingt années d'expérience. Le Gérant : À. MARETHEUX. sont priés d adresser - “e DISTRIBUTION Bucatyptns paniculata. is » pilularis: piperita. robusta. redunca: resinifera. rudis. .rudis roslrata. = saligna. RÉREEN EAE siderophiæa. siderorhloia. | î stuartiana. ‘] Trabuti. Bucorum tricoccum. Æupatorium atrorubrum. un lutifolia. “Freesia refracta. Grevilléa robusta. Medeola asparayoides. Melianthus major. . Senecio platunifolia. — arborea. Telraclynis sr Mer on à go ou | OFFRES, DEMANDES, ANNONCES | ; OFFRES en tout climat; saison 1909 : pouleltes pour nt PÈRE hiver et coquelets, 6 fr. 50 pièce; 60°fr: les or s'inscrire. M. SAIN VILLE, membre du Gâtinais: Club, Saiat- Germain-des-Prés (Loiret). ue 1907. et sa chebretie par bouc te meilleure origine, les deux, orti ere Dleine lactation, très forte, PAL fr avec chevrette saillie, née 1908. : . 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L’attention des personnes compétentes doit être appelée à spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquéll encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultatsÆ@ sès séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou auf Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des ex _sitions et des conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les grai qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés @ agrégées où affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d’ul générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement pré cupées de science pure. — Le Bulletin, paraissant une fois par mois et for chaque année un volume d’environ 400 pages, illustré de gravures, donne des rm. gnements les. plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poisse Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. 4 Le rrombre des membres ‘de la Société est illimité : les étrangers y sont ad même titre que les Français : les dames peuvent également en faire partie ainsi, les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés « ratoires, Jardins zoologlques ou botaniques, Musées, etc.). ‘Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une € sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications d Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrem gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, @ faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lu également réservés, tels qu’annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit, publications de la Société antérieure à son admission, etc. a Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'A matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes ins illustrés de nombreuses gravures et dont beaucoup ont. plus de mille page Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tiré part, onf trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Ma fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons pratique de la Pisciculture, l’'Entomologie appliquée et la pratique de l’Apicultu de la Sériciculiture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs pro leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient 1 les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également Fe à moitié pi connus du D' Moreau sur les Poissons de France. Des Le Gérant A: MARETHEUX. 1 Paris. — L, MARETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) JL 56 ANNÉE OCTOBRE 1909 SOMMAIRE . COUTIÈRE. — Quelques notes sur les espèces de Crustacés du HOIOrA ENS CAMES ; . 361 Vian D I DIGUET. — Le Mesquero RE AE AU AT EEE SAC LIRE AC APR SAS EP RES TE EU LEE N: vi Extraits des procès-verbaux des séances des sections. k d r Séction. — Mammifères. — Séance du 5 Avril 4909 : . . +... . . : .. 2 a16 ; SE — : (Sous-section d'Etudes caprines). — See du 19 Mars 1909. Her À ri Section. — Onitholagie: Aviculture. — Séance du 5 Avril 1909. . . . . . . roliatelenele: OT ge Sections Agwicalture. — Séance du 19 Avril 1909.44 2514)... RS 387 “xSection. — Æntomologie. — Séance du 19 Avril 1909: . . . . . . . . .-. Re bar Ro Fe je Section. — Botanique. — Séance du 26 Avril 1909. . : ... . . . . . a Ne NOTE sens 0 RENTE La Socièté ne prend sous sa HR re aucune des opinions émises j ee les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. a : . . H'TAT SIÈGE SOCIAL 38, rue de Buffon (ps du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT TOUS LES MOIS et We personnes qui Ha 1 entretenir ou il Se tient à 1 e sièg ge de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de à 7 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855. 33, RUE DE BUFFON — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1909 | Président. M.. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de l’Académie de Médecine, Directeur Muséum d'Histoire naturelle, Paris. { : MM. D. Bois, Assistant au Muséum dietere naturelle, Professeur à l'Ecole à coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Baron Jules de GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. Comte de POoNTBRIAND, ‘Sénateur, boulevard Saint-Germain, 938, Pasta) G. RaAvERET-WATTEL, Directeur de la station aquicole du Nid-de-Verdi 20, rue des Acacias, Paris. ; à Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. LE Fort, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Z{ranger). ii 2 H. Hua, Directeur- “adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Sa ? Secrétaires. Germain, Paris (Conseil)... TUE MILHE-POUTINGON, 44, rue de la Chaussée- Adtn (Intérieur). ‘Ch. DEBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (Séances). Trésorier, M. le D' SemiLLottre, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste.Bibliothécaire, M. Marzces, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. ; Vice-Présidents. Membres du Conseil - MM. MAGAUD- D'AUBUSSON, 18, rue Erlanger, Paris. Comte Raymond de DALMAS, 26, rue de Berri, Paris. LECOMTE,-professeur de botanique au Muséum d'Histoire abnrotles 14, rue des Ecoles, Paris. LE Mvyee DE VILERS, 3, rue Cambacérès, Paris. … D" LEPRINCE, 62, rue de la Tour, Paris: D: P. MARCHAL, ‘Professeur à l’ Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologique: de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. Ph. DE VILMORIN,! Verrières-le-Buisson, Seine- et-Oise. A Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. : : ACHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d’ Histôire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. WurrroN, 7, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine. Dates des Séances du Conseil et des Sections | POUR L'ANNÉE 1909 E Avril Mai SÉANCES DÜ Conserr, le Jeudi à 5 heures. A % X “4 6 4 2 | Janvier | Février Mars Novembre Décembre | Are SECTION. — Mammufères, le lundi à 5 heures . . . 4 À 1 5 3 8 6 2° SECTION. — Ornithologie, ‘le lundi , à 3 h. 4/2... 4 1 1 5. 3 FRE LA 3e SECTION. — (1 ï Aquicullure, le lundi : + Ha DheuTes Al 8 8 19 1-40 45 13 | !.4f SECTION. — Entomologie, lé lundi = PE a 84h: 1/20 bite [oral 8 8 19.177 40 415 13 De SECTION. 1 Botanique, le lundi 1|l à3h. 1/2; 18 15 15 26 17 22 20 6° SECTION. — Colonisation, le lundi à PAS /NEUTES ele ie | 48 A5 NS 26 14515200 20 Sous-SecrTion d'Etudes Caprines, À le ven- à dredi à 5 Heures time EME Pas A Ne A 23 21 26 24 (4) Batraciens, Reptiles et RTE ner | A Nora. — Les membr es de la) Société qui désirent assisLer WuZ séances des Sections recevront sur leurs demande les ordres du jour HARAS des séances. , j QUELQUES NOTES SUR LES ESPÈCES COMESTIBLES DE CRUSTACÉS DU LITTORAL Par H. COUTIÈRE, Professeur à l’École supérieure de pharmacie. Ces notes sont destinées à un ouvrage sur l’histoire naturelle et l’utilisation des diverses espèces comestibles de Crustacés. Elles représentent quelques données que j'ai pu me procurer moi-même en visitant le littoral français, à diverses reprises, de Wimereux à Royan, y compris les îles anglo-normandes et celles de la côte bretonne et vendéenne. Quelques-unes des très nombreuses photographies que j'ai recueillies, trans- formées en dessins, ont figuré à l'exposition franco-britan- nique de Londres, en 1908. Les espèces comestibles de nos côtes sont toutes des Déca- podes et se laissent ranger, pour la commodité de l’exposition, dans les catégories des Crevettes, Homards, Langoustes et Crabes. Il faut y ajouter les Squilles, Crustacés des mers chaudes, qui sont propres à la Méditerranée, mais qui ont été capturés tout à fait exceptionnellement dans la mer du Nord. Les larves de la Squilla Desmaresti sont régulièrement prises dans l'Atlantique à la hauteur de l'Irlande, ce qui sup- pose que les adultes s’y trouvent également. Le Gulf-stream permet d'expliquer leur présence, et les eaux de ce courant chaud sont périodiquement refoulées dans la mer du Nord en contournant l’Ecosse, par le jeu des marées. Cette mer est d'ailleurs parcourue par un courant superficiel en forme d’U, dont la convexité contourne les hauts-fonds du Pas-de-Calais, et on y a récemment reconnu un courant profond à direction circulaire, de sorte que la présence dans cette mer de formes atlantiques insolites peut s'expliquer convenablement. Les Crustacés Cirripèdes du genre Pollicipes, dits « Pouce- pied », sont également comestibles. L'espèce P. cornucopiæ est commune dans les anfractuosités des rochers de la côte atlan- tique, surtout dans la portion violemment battue, ou « côte sauvage ». Ces Crustacés ressemblent, comme on le sait, à des Mollusques bivalves fixés par un pédoncule, et ils ont été pris BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 26 3062 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION pour tels jusqu’à ce qu'on ait pu suivre le développement de leurs larves. Le pédoncule charnu de P. cornucopiæ, une fois l’animal cuitlonguement dans l’eau de mer, — avec le morceau de rocher si l’on veut, et le microcosme que constitue toujours chaque bouquet de Pouce-pied étroitement serrés, — ce pédon- cule se laisse extraire de sa cuticule chitineuse par une brusque traction. C’est une friandise à goût un peu rude, que l’on con- soinme principalement sur les côtes d’Espagne sous le nom de « percebes ». On les colporte aussi dans les rues de Saint-Jean- de-Luz, Bayonne et Biarritz, sous le nom de « lampuernas » ou « apernas ». | Parmi les Crevettes, jé cite seulement pour mémoire, en rai- son de leur habitat méditerranéen, les Nika et les Pénées. Ces dernières diffèrent des Crevettes usuelles en ce qu’elles ont trois paires de pattes terminées par des pinces et ne por- tent pas leurs œufs sous l’abdomen. L'espèce Peneus caramote vient fréquemment sur les marchés d’Alger, de Marseille et de Toulon, sans être jamais commune. Vivante, elle est d’un « vieux-rose » somptueux, et sa chair passe pour très déli- cate. Elle peut atteindre 20 centimètres de longueur. On lui donne parfois le nom de « langoustine » qu’elle partage avec le Nephrops norwegicus. À noter qu'une autre espèce, le P. Bocagei, est pêchée activement sur les côtes du Portugal. D'autres sont usitées au Japon, et surtout aux Etats-Unis, dans les Etats du Golfe. On en prépare là des conserves excellentes. Les Crevettes de nos côtes, roses et grises, appartiennent respectivement aux genres Leander et Crangon. Les premières sont d'ordinaire désignées sous le nom de Palæmon, mais il convient de réserver ce nom aux espèces dulcaquicoles des régions tropicales, dont quelques-unes sont très grandes et recherchées comme aliment. Ce sont, par exemple,les « cama- rons » des Antilles, qui atteignent parfois la taille d’un Homard. Mais leurs grandes pinces sont toujours celles de 1a deuxième et non de la première paire, sans préjudice des autres diffé- rences. Les Leander sont d’eau saumâtre ou franchement marins; L. serratus, squilla, adspersus sont dans ce dernier cas, L. Ed- wardsi dans le premier. Cette dernière espèce est l’objet d’une pêche assez notable dans les estuaires de la Loire et de la Gironde: Je n’ai pu encore m'assurer si c'est bien elle que désigne Rondelet, en disant qu'on la pêche en hiver dans les SUR LES ESPÈCES COMESTIBLES DE CRUSTACÉS DU LITTORAL 363 Charentes, sous le nom de Santé. Ce nom s'applique, en effet, aussi bien au Z. serratus. Mais l'espèce existe, en tout cas, dans l'estuaire de la Seudre. Je l’ai retrouvée aussi à Honfleur, où l’on en débarrasse soigneusement les lots de Crevettes grises apportées au marché, sans doute parce qu'elle les déprécie en décelant leur lieu de provenance en eau saumâtre. On les vend . couramment à Nantes et à Bordeaux, en été, à des prix très bas, qu'explique son humble aspect. Elle reste blanche, en effet, après cuisson, et sa taille est petite, mais elle vaut mieux que sa mine et son goût est très fin. Dans l'estuaire de la Loire, elle est pêchée à Saint-Nazaire, Paimbœuf, Mindin, dans la zone où se mèlent les eaux douces et marines, elle remonte jusqu’à Nantes. La pêche se fait avec le grand haveneau en forme de T, engin classique des cre- vettiers; à l’aide de « trubles », sortes de poches de chalut triangulaires fixées sur un bateau amarré en plein courant, — engin d’ailleurs prohibé; — enfin avec l’ « épaule de mou- ton », filet carré rappelant une énorme écumoire à manche. Dans la Gironde, les principaux endroits où elle se pêche sont Lormont, à 9 kilomètres en amont de Bordeaux, et Monfer- rand, à 18 kilomètres aval. Ce sont à peu près les mêmes engins qu'en Loire. Parfumées par quelques grains d’anis ou de fenouil, ces petites Crevettes sont vendues à Bordeaux sous le nom de squirris. Les Leander serratus et squilla, souvent mélangées, consti- tuent le « bouquet » (petit boue, comme la « chevrette » est une petite chèvre). En beaucoup de points du littoral se ren- contre en outre avec elles le Z. adspersus. Il est rare que la Crevette rose de petite taille figurant sur les tables des « petits trous pas chers » ne renferme pas les jeunes des trois espèces. J'ai reçu L. adspersus d'Arcachon, je l’ai trouvé à Auray, au Croisic, à Honfleurégalement. L'espèce s’accommode mieux que le L. serratus des variations de salure des eaux; elle remonte jusqu'au Danemark et pénètre assez loin dans la Baltique. Elle est, dans cette région, l'objet d'une pêche très active, basée surtout sur les migrations périodiques qu’elle effectue, et sa biologie a fait l’objet d’un beau travail de M. Mortensen. Les L. serratus et squilla sont très peu connus à ce point de vue. Le Z. serratus se rencontre sur toutes nos côtes, partout où se trouvent les prairies de sables vaseux à Zostères, qui lui fournissent le gîte et le couvert. Mais l'espèce vit aussi dans les 4 304 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION algues brunes de la zone des marées, où elle est plus commu- nément pêchée par les « Parisiens ». On ne la trouve pas sur les grèves nues de sables ou de galets, et la mer du Nord mar- que l’une des limites de son aire de dispersion. Elle s’étend à peine dans l'estuaire de la Tamise et, bien qu’on la trouve au Tréport, — à Boulogne, d’ailleurs, aussi, — sa pêche ne com- mence guère qu'à partir de Honfleur. Elle est probablement plus abondante sur la côte anglaise de la Manche, et remonte fort loin le long des côtes d'Irlande. La « bichetière » ou « bichette à cornes », usitée pour sa pêche, concurremment au haveneau classique, est un engin fort ancien dont la monture est un X à branches très inégales. La ralingue du filet, parfois renforcée d’une perche, joint l’extré- mité des longues branches ; le pêcheur occupe l'intervalle des petites et pousse devant lui l'engin, le thorax appuyé sur une courroie. Chaque localité a sa variante de « bichette »; les branches se terminent soit par un sabot de bois, soit mieux par une corne de vache pour éviter qu’elles ne « piquent du nez ». La ralingue peut avoir 3 mètres, et l'engin rafle aussi bien qu’un chalut les Poissons immatures qu'il rencontre, tout en se prétant mieux encore à fouiller les fonds rocheux, où le chalut, aveugle, laisserait des plumes. On en trouve des modèles tout à fait analogues en usage aux îles Sandwich, chez les naturels. De même que le haveneau en forme de T, ces engins ne sont possibles que dans les herbiers assez unis comme fond. Dans les rochers, la capacité de l'engin descend jusqu’à une poche minuscule, qui permet de fouiller les moindres crevasses. Le Cotentin, depuis Morsaline et Saint-Waast jusqu'au Nez de Jobourg, avec Cherbourg comme centre, est la région clas- sique du « Bouquet » qui s’y montre avec son maximum de taille et sa plus belle livrée écarlate après cuisson. On y emploie surtout des nasses, ou casiers, ou claies mouillées isolément dans la région des Laminaires, habitat de prédilec- tion des grands spécimens et inaccessible aussi bien aux « Parisiens » parce que trop profonde, qu'aux chalutiers parce que trop inégale et rocheuse. À Saint-Vaast, Réville, Barfleur, les nasses sont celles usitées pour le Homard, à deux diffé- rences près : elles sont plus petites d’un tiers ou de moitié, et tressées en branches d’orme de facon à laisser un intervalle de 5 centimètres entre les brins verticaux. La barque mouille SUR LES ESPÈCES COMESTIBLES DE CRUSTACÉS DU LITTORAL 363 une vingtaine de ces engins, la nuit venue, chacun avec un orin d’une dizaine de brasses et une flotte de liège. Le dernier de la série en place, on relève le premier et ainsi de suite. Il y a un «coup » qui consiste à «souquer » sur l’orin de facon brus- que et sans arrêt, pour prévenir l'évasion des Bouquets. Toute hésitation dans le geste équivaut à une nasse vide. Deux dou- zaines de « brins » par nasse sont une belle pêche, assez rare- ment faite. Il est vrai que lesdits « brins » mesurent jusqu'à 12 centimètres du rostre au telson, et qu'ils atteignent sur les marchés les prix excessifs qu’on connaît, surtout en hiver. Un brave pêcheur de Réville, qui fabrique maintenant des nasses pour le compte d'autrui, après tant de nuits passées en mer, me contait comment le Bouquet lui avait permis d'élever six enfants et de finir modestement propriétaire. Les nasses qu'il faisait, petits chefs-d'œuvre de vannerie, étaient en baguettes de saule réunies par du fil de fer; d’autres tressées entière- ment en orme, mais loujours cylindriques, avec deux pre- fondes entrées latérales coniques. Ce sont aussi celles qu’on emploie à Cherbourg, sur la digue et aux environs, avec beau- coup de variantes d’ailleurs. Elles sont peut-être moins « pêchantes », mais elles travaillent seules et gardent leur butin jusqu'au jour suivant. Le Bouquet se pêche aussi sur toute la côte bretonne et les iles avoisinantes, mais les centres les plus importants sont sur la côte océanique, tels que : Plobanallec, Beg-Meil, Bélon, la pointe du Talud et Pérélo, Séné, dans le golfe du Morbihan, l'ile d'Hoédic et le Croisic. On use partout du haveneau bien connu, mais aussi de nasses et de chaluts. Les nasses ou casiers sont cylindriques et de deux types ; les unes ontune seule ouverture au centre de la base supérieure et sont lestées verticalement. Eiles sont mouillées en série, l’orin de chacune étant frappé sur une ligne commune, avec deux flottes extrêmes. Les autres, plus usitées, ont une entrée à chaque bout, elles reposent sur deux barres de bois, qui leur servent de berceau, et reçoivent aux extrémités la paire de galets ser- vant de lest. Elles sont construites en filet tendu sur des cercles, le tout coaltaré abondamment. Les entrées coniques sont irès peu concaves et le trou central très petit. On les mouille en série ou isolément, « boëttées » avec du poisson un peu « fait », têtes de Sardines, de Thon, de Maquereau, etc. Ces casiers, que l’on peut voir en quantité au Croisic, mesu- 366 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION rent 060 de long et 030 de diamètre. Chaque bateau en mouille une douzaine, par des profondeurs de 10 mètres au plus, et les relève le lendemain. À Lomener, Pérélo, le Talud, on emploie plutôt un modèle cylindrique aussi, mais lesté en son milieu et très largement ouvert en dessus, qui oblige, par suite, à coucher sur les casiers. Dans le goife du Morbihan, les quelque 60 petites chaloupes mi-pontées qui font le Bouquet appartiennent presque toutes au port de Séné, d’où le nom de « sénagots » ou « sinagots » qu'on leur donne. Elles pêchent à peu près toute l’année dans les herbiers du golfe, dans les chenaux que laissent les innom- brables îles, et vendent leur prise à des mareyeurs qui passent périodiquement à domicile. Leur engin, ou « drague », est un petit chalut à cadre rectangulaire en fer de 3 mètres de large au plus, tiré par une patte d'oie à 3 branches. Leur « bouquet » n’est pas aussi beau que celui du large, et le plus souvent mélangé de L. squilla. De la Loire à la Gironde, on compte aussi plusieurs centres importants : Noirmouliers, Saint-Gilles, la Barre de Monts, l’île d'Yeu, la Cotinière d'Oléron, la Tremblade. .La pêche s'y pra- tique presque partout au petit chalut, le même qui est usité dans la Manche pour le Crangon, mais monté de facon plus primitive, en ce sens que les étriers latéraux en fer sont rem- placés par une courte barre de bois verticale, mobile et lestée d'un lourd galet. La poche est rectangulaire et munie d’une « empêche » intérieure. Un semblable chalut est usité dans le Zuiderzée par les creveitiers hollandais, à cela près queles parres de bois lestées sont de lourdes massues aplaties en fer. Le chalut à Poissons des Turballais est aussi très analogue. D'ailleurs, la prise des crevettiers comprend parfois plus de Poissons que de « bouquet », et forcément beaucoup de spéci- mens immatures, Raies, Barbues, Soles, Carrelets, Limandes surtout, toutes ces régions littorales étant des « nurseries » pour les Poissons plats. Le rostre des Crevettes en embroche un bon nombre, d’autres sont écrasés par le rude frottement du chalui. Mais il faut reconnaître qu'au cours du triage effectué pendant chaque trait de chalut, beaucoup de ces jeunes sont rejetés encore, avec de sérieuses chances de survie. La vente se fait, en effet, à la rentrée des bateaux, sur la grève même, ce qui oblige au triage préalable. Dans les endroits inaccessibles au chalut, on tend des SUR LES ESPÈCES COMESTIBLES DE CRUSTACÉS DU LITTORAL 367 balances ou « cercles » dont chaque bateau porte une douzaine ou plus. Ces engins, extrêmement anciens, usités de tout temps en Norvège pour le Homard, consistent en une poche de filet conique dont l’entrée est un cercle de bois ou de fer. La boëtte est enfilée sur un diamètre constitué par une baguette de bois, et le tout est suspendu par trois brins à un orin muni d’une flotte. Les cercles usités à Saint-Gilles-sur-Vie et Croix-de-Vie, la pointe des Corbeaux (ile d’Yeu) ont 0"60 de diamètre et 1 mètre de poche, celle-ci lestée d’un petit saumon de plomb. A Noirmoutiers, surtout à l'Épine et à Barbâtre, on emploie de petits casiers cylindriques, lestés de briques, et largement ouverts dans leur moitié supérieure, de sorte qu'il faut, là aussi, et comme avec les « cercles », coucher sur ses engins. A l’île d'Yeu, ceux que j'ai vus à la pointe des Chaperlins, à la Meule, à la pointe des Corbeaux, ne diffèrent de ceux du Croisie que par les entrées latérales plus profondes. La pêche est souvent conservée dans de petites « boutiques » en forme de bateau, à parois perforées, pouvant jauger un demi-mètre cube. A l'embouchure de la Gironde, au Verdon, à la Grave, on pêche aussi ZL. serralus avec des « cercles », le long des quais, l'engin étant alors supporté par une perche oblique ou gui. Dans le golfe d'Arcachon, les « crassats » de la région des parcs à huîtres renferment en grande quantité L. squilla, mélangé de Z. adspersus. C'est également cette dernière espèce que j'ai reçue de l’embouchure de l'Adour, où elle est pêchée. (A suivre.) LE MOSQUERO NID D'ARAIGNÉE EMPLOYÉ DANS CERTAINES RÉGIONS DU MEXIQUE COMME PIÈGE A MOUCHES Par L. DIGUET, Chargé de missions scientifiques au Mexique. Parmi les survivances précolombiennes que l’on retrouve encore dans certaines régions mexicaines, il en est une bien curieuse qui consiste à placer dans les habitations comme piège à Mouches la nidification d'une Araignée sociale vivant en colonie nombreuse sous un même abri. Cette coutume, dont l’origine doit remonter à une époque assez reculée, s’est conservée couramment parmi les descen- dants des Indiens tarasques qui forment aujourd'hui la majeure partie de la population indigène du Michoacan. À la période de la saison des pluies, les habitations des villages sont toujours envahies par une grande quantité de Mouches et Insectes de toutes sortes ; pour se garantir de ces hôtes, dont la présence rend durant plusieurs mois de l’année les demeures désagréablement habitables, les populations ru- rales ont recours au piège assez original que leur fournit la nature. Pour cela, un rameau de l'arbre supportant le nid de l’Arach- nide, que l’on désigne sous le nom de Mosquero, est suspendu au plafond de l'appartement que l’on veut préserver et y reste pendant toute la saison critique. Aussi, chaque année, à l'approche des pluies, les Indiens ont-ils l'habitude d'aller dans les endroits boisés des mon- tagnes faire la récolte des Mosqueros, soit pour en munir leur foyer, soit pour les vendre au marché. L'Araignée du Mosquero, que M. Eugène Simon, l’éminent arachnologiste, vient de décrire sous le nom de Cæœnothele gre- galis (1), appartient à la famille des Dictynidées, où elle vient figurer un genre nouveau intermédiaire aux Dictyna et Phry- ganophorus ; c’est un animal aux formes massives et trapues, de petite taille, mesurant à peine 4 ou 5 millimètres (fig. 4). (1) Note sur l’Araignée Mosquero, Comptes rendus de l'Académie des sciences, 15 mars 1909, p. 736. LE MOSQUERO 269 Vivant constamment en recluses dans un nid qui a été édifié surtout en vue de l'élevage de la progéniture, les Cænothele sont d'une allure assez lente; elles ne sortent de leur repaire que pour l’abandonner définitivement et le laisser aux jeunes qui le conservent pour l’hivernage ; l'exode des adultes se fait en masse à la fin de la saison; ils vont alors, soit hiverner, soit mourir dans un endroit retiré. On rencontre habituellement les nids de Cœnothele sur les Chênes qui croissent à une altitude voisine de 2.500 mètres ; parmi ces arbres dont les espèces sont si nombreuses au Mexique, l'espèce qui parait avoir la prédilection est le Quer- cus polymorpha dont les ra- meaux touffus et contournés se prêtent à merveille à l’agence- ment d’une nidification qui rap- pelle par son facies externe celle bien connue que tissent sur des arbres analogues les Chenilles processionnaires. Ces nids sont de dimensions variables, on en rencontre qui peuvent couvrir une surface de 2 mètres carrés, ils sont cons- Fe. 1. titués extérieurement par une enveloppe composée de deux sortes de fils ; les uns sécrétés par les filières forment les câbles qui, s'étendant d’une branche à une autre, constituent les haubans qui maintiennent l'édifice ; les autres dits calamistrés, plus mous et franchement aggluii- nants, servent à capturer les proies ; l'intérieur de cette poche est rempli par un lacis de fils inextricablement enchevètrés entre lesquels de nombreuses alvéoles et galeries sont ména- gées, ce qui donne à la masse un aspect spongieux. Comme on le voit sur les figures 2, 3 et 4, la majeure partie de la nidification du Cænothele gregalis se trouve soustraite aux intempéries et aux ardeurs du soleil par l'abri naturel que lui fournissent les branches de l'arbre; le nid s'étend le long des grosses branches et ce n’est qu'aux extrémités les plus ramifiées et plus garnies de feuilles qu'il prend une forme globulaire. Comme la totalité du nid n’est pas nécessaire’ pour cons- PL Cletrrent s d D 7 À " RS AL EE EC, DLL et 13 Ant, vx ” #!, = k < LNS LE CURE | NE ?, \ ER 370 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION tituer le piège à Mouches tel qu’on l'utilise, ce sont habituelle- ment les extrémités touffues des rameaux que l’on choisit pour Suspendre dans les habitations, où elles peuvent même parti- LE MOSQUERO 1 374 ciper à leur ornementation en simulant un bouquet recouvert de mousseline (1). Comme il à été dit plus haut, les Cœænothele ne sortent jamais pour faire des incursions dans les endroits où on les a placés; si la saison de la vie active est terminée, si les Mouches qui constituent le fond de leur nourriture viennent à manquer, ou bien encore si une cause quelconque vient à les pousser à quitter leur nid, ces Araïgnéès abandonnent définitivement leur demeure et ne vont plus nidifier ailleurs ; il résulte de ceci qu’en aucune circonstance, elles ne peuvent devenir gêé- nantes pour les endroits où on les a placées. La surface du nid, comme la partie intérieure, est toujours d’une propreté remarquable, car la colonie comprend en com- mensalité un très. petit Coléoptère lathridide du genre Mela- nophthalma, long environ d’un millimètre, qui se rencontre en très grande abondance dans toutes les parties du Mosquero C'est le Corticaria nidicola À. Grouv. Le rôle social qui paraît incomber dans la communauté à cet infime commensal est d'en assurer la propreté en transportant et en faisant disparaître tous les détritus qui finiraient à la longue par encombrer ou souiller les galeries. Le Mosquero s'accroît concentriquement, pour ainsi dire, après chaque capture; lorsqu'un Insecte est venu se faire prendre, il est immédiatement saisi et recouvert de toile par l’Araignée qui en fait alors sa proie, le Melanophtalma vient ensuite et bénéficie des restes du cadavre, qu'il fait progressi- vement disparaître, laissant ainsi une place vide qui devient une nouvelle alvéole qu'occupera ensuite l'hôte du logis. On constate, en outre, que, dans les parties basses de la nidification, se trouvent des espèces de cloaques constitués par des poches ou des compartiments assez volumineux où se trouve une accumulation de détritus de tous genres dont profite toute une série d'Insectes et où très probablement et selon toute apparence l’évolution biologique du commensal a dû s’effectuer. (1) Les Chênes mexicains sont fréquemment envahis par différentes espèces de Laurenthacées, dont une principalement, dont le feuillage est épais et les fleurs d'un beau rouge écarlate; les touffes de cette plante parasite offrent un excellent support; il en résulte que les Cœnothele en profitent pour nidifier; ce sont donc ces parties de nid que les indigènes choisissent lorsqu'ils veulent avoir un piège à Mouche plus décoratif. de + me 312 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Dans la nombreuse colonie du Mosquero, le commensalisme ne s'arrête pas au minuscule Coléoptère, on y rencontre encore une Araignée errante de la famille des Drassides, le Pæcilo- chroa convictrix Simon, qui, trouvant apparemment une exis- 3 R1G:,3; tence facile et bien assurée, s’est fait l'hôte du logis ; cette dernière espèce doit, selon'toute vraisemblance, bénéficier en temps courants des captures journalières; mais si, pour une cause quelconque, les vivres habituels viennent à manquer, il est probable qu’elle doit avoir recours pour son alimen- LE MOSQUERO 313 tation aux Cœnothele qui lui donnent asile; ceci, du moins, paraît être indiqué par le fait qu'ayant envoyé au Muséum de Paris, dans des colis bien clos, plusieurs Mosqueros, avec leur colonie d'adultes au complet, et dont les loges ou les alvéoles contenaient des œufs récemment pondus, on n’a plus retrouvé, à l’arrivée, que les cadavres desséchés des jeunes, nés en cours de voyage, et le Pœcilochroa convictrix parfaitement vivant; tous les adultes avaient donc disparu en devenant la proie de leur commensale. Pic. #. La région et les conditions climatériques sous lesquelles ‘ vivent les Cœnothele présentent une nouveauté au point de vue biologique qu'il est important de signaler; toutes les Araignées sociales qui ont été jusqu'ici décrites habitent des localités chaudes et désertiques, l'espèce qui fait l'objet de ce mémoire se rencontre, au contraire, dans des conditions toutes diffé- rentes : région élevée, par conséquent assez froide, et, de plus, très humide pendant une partie de l’année. De telles conditions peuvent se rencontrer facilement dans les habitations ; c'est donc la cause qui a permis l'emploi et le concours de ces intéressants animaux dans les usages domes- tiques ; ce sera également un appoint sérieux et qu il sera facile de réaliser au cas où on voudrait tenter, soit des essais d’accli- Lys 31/4 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION matation, soit seulement une étude approfondie de ces Arai- gnées sociales, qui ont l'avantage sur leurs congénéres jusqu’ici décrites de présenter une sociabilité infiniment plus grande. Comme contribution à l'étude des mœurs de ces Cœnothele gregalis, je signalerai quelques observations qu’il m'a été pos- sible de faire dans leur pays même (Sierra de Tlalpujahua, Michoacan) pendant la période de l’année comprise entre octobre et janvier, c’est-à-dire à une saison qui, pour la localité, commence immédiatement après les pluies estivales et finit à l'entrée de l’hiver ; ces observations se résument ainsi : En octobre, les nids étaient en pleine activité et la colonie très nombreuse de Cænothele gregalis n’était composée que de femelles ; il ne m'a pas été possible de rencontrer de mâles; peut-être ces derniers vivent-ils en dehors de la nidification, ou plus vraisemblablement, leur vie effective étant terminée, avaient-ils cessé d'exister. Les alvéoles contenaient une grande quantité d'œufs, qui, un mois environ après, donnèrent nais- sance à la nouvelle génération ; à la fin de novembre, les adultes commencèrent à abandonner le nid, les Insectes qui se prirent à la toile y restèrent et se desséchèrent sans que, selon toute apparence, ils eussent servi de nourriture aux jeunes, qui, eux aussi, ne tardèrent pas à succomber, faute, probablement, d'une subsistance appropriée, En février, les nids restés sur les arbres ne contenaient que des jeunes qui ne semblaient pas avoir commencé leur hiver- nage; quelques rares adultes se rencontrèrent sous l’écorce des arbres où ils s'étaient réfugiés, peut-être dans un but d'hivernage. Pendant les trois mois que les nids furent suspendus, soit dans un appartement, soit sous une véranda, il a été facile de se rendre compte de leur propreté absolue, en constatant que sur une feuille de papier placée au-dessous aucun déchet ne s’en échappe. Le Mosquero, quoique n’exhalant pas d’odeur bien appré- ciable, n’en exerce pas moins, cependant, une très notable attraction sur les Mouches, car si on recouvre complètement ces nids d’une enveloppe de papier, on constate que les Mouches viennent s’y fixer en abondance, ce qu'elles ne font pas sur un papier placé à côté dans les mêmes conditions. Quoique de faible taille, l’habitante du Mosquero s'attaque à des proies beaucoup plus volumineuses que la Mouche domes- LE MOSQUERO 379 tique ; on à pu constater que des Guêpes, des Tabanidés et même des OEstres s'étaient capturés et avaient servi de pâture ; aussi dans les Corales, où l’on enferme les Chevaux, et, en général, les bestiaux, a-t-on coutume, dans les villages de Michoacan, de placer souvent des Mosqueros, afin de préserver les animaux des piqüres des Insectes ailés. En résumé, la nidification du Cæœnothele, qui, dans son pays d'origine, peut être considéré comme le piège à Mouche le plus pratique que l’on ait réalisé, se présente à bien des points de vue comme une nouveauté digne d'intérêt. Pour ce qui touche à l’ethnographie, c’est un fait apparem- ment insignifiant, mais qui met bien cependant en relief l’es- prit d'observation des Indiens tarasques, et qui démontre que ces derniers, qui formaient au moment de la conquête espa- gnole une des nations les plus civilisées du Mexique, avaient le souci de s'appliquer à profiter de tout ce que la nature mettait à leur portée. Au point de vue éthologique, le Mosquero, à bon droit, peut être considéré comme une véritable fourmilière où con- courent dans le commensalisme des individus différents; il offre donc un champ d'investigation assez vaste pour une étude biologique, car, ainsi que le fait remarquer M. Simon, une sociabilité aussi complète est un fait extraordinaire chez les Arachnides; jusqu'ici, parmi les Araignées sociales dont on connaît maintenant un certain nombre, il n'y a qu'une espèce australienne récemment décrite qui s’en rapproche ; cette espèce, qui appartient au genre Phryganophorus, construit, comme le Cænothele gregalis, de vastes nids soyeux où vivent en commun un grand nombre d’Araignées. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Ire SECTION. — MAMMIFÈRES SÉANCE DU 5 AVRIL 4909 Présidence de M. Magaud d’Aubusson, membre du Conseil. Le procès-verbal de la séance précédente est adopté. M. Mailles fait observer toutefois que, au sujet de la question des territoires où la chasse serait absolument interdite dans l'Afrique tropicale, ces territoires réservés devraient avoir une étendue de 400 à 500 kilomètres plutôt que de 40 à 50 kilomètres carrés, mesure certainement trop faible dans les conditions dont il s’agit et qui pourrait provenir d’une erreur. . M. Debreuil expose qu'une seule maison de comestibles parisienne, la maison Chatriot, rue Saint-Lazare, a reçu le même jour, du département des Deux-Sèvres, 14 Genettes dont une vivante, et il conclut que la Genette doit être bien commune dans certaines localités de ce département pour qu’on puisse en capturer un pareil nombre dans la même semaine. Le secré- taire est chargé d'écrire à ce sujet et de demander des rensei- gnements. M. Magaud d'Aubusson parle du Lièvre (Zepus timidus) dont le type ordinaire existe dans l’île d'Oléron, alors qu'on y trouve aussi une race plus petite qui y est assez commune et qui y vit depuis très longtemps. Mais on y rencontre aussi une variété qui se plait dans les terrains calcaires et rocailleux, qui est, sans doute, plus rare, et qui est connue sous le nom de « Lièvre noir ou Lièvre de Groix ». Ce Lièvre a les pattes plus courtes, est trapu avec le dos large et pèse ordinairement le double de l'espèce commune d'Oléron. Il n’est pas originaire de l’île; il y auraitélé, d’après la tradition, importé de Prusse il y a environ deux siècles, et il rappellerait un peu la race allemande qui est, en effet, plus grande et plus foncée de couleur que la race des Lièvres français. Les deux races ne se croisent pas. EXYFRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 377 Quant à la race plus petite, elle existe de temps immémorial puisque les Gallo-Romains la connaissaient déjà. Sidoine Appo- linaire faisant mention de ces animaux, parle des Lepusculi oleronenses, de l’île. L'ile d'Oléron, comme on sait, a environ 30 kilomètres de longueur. Dans sa faune ornithologique, on trouve la Perdrix rouge, tandis que la Perdrix grise n’a pu s’y fixer; les Cailles y nichent et y passent; on y a importé des Faisans. Il y a aussi quelques Lapins, ils ont assez bien réussi. Le Secrélaire, R. MARTIN. Je SECTION. — MAMMIFÈRES (Sous-section d'Études caprines) SÉANCE DU 19 mars 1909 Présidence de M. de Guerne, Président. Lecture est faile du procès-verbal de la précédente séance, qui est adopté. M. Debreuil demande la parole et propose de reprendre l'examen du vœu de M. Bouchacourt tendant à faire supprimer l’une des deux photographies exigées pour l'inscription des Chèvres au livre d'origine. La photographie jugée superflue par M. Bouchacourt est celle qui montre l'animal de face. M. Crepin appuie cette demande en faisant valoir que le profil seul, lorsqu'il est bien rendu, donne l'impression juste des lignes de la tête, et c'est dans la tête surtout qu'appa- raissent les principaux caractères de race. M. le professeur Dechambre insiste pour le maintien des deux photographies, parce que, dans les cas semblables, pour des animaux d’autre espèce, on exige des documents per- mettant de voir le sujet au moins sur deux faces. De plus, la BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 27 3178 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION » face triangulaire de la Chèvre de race alpine ne peut être exactement constatée qu'en voyant la bête de face. La manière de voir exposée par M. Dechambre recueille l’assentiment général et le maintien de la mesure est adopté. M. Debreuil sollicite M. le professeur Moussu, d’Alfort, pour qu'il voulüt bien faire une communication sur les résultats qu'il a obtenus dans des recherches récentes concernant les maladies parasitaires. M. Moussu déclare être pris un peu au dépourvu pour traiter en improvisation un sujet qui comporte des détails précis ; il demande que la question soit portée à l’ordre du jour de la séance du 23 avril sous la mention sui- vante : « Diagnostic des affections parasilaires par l'examen du sang ». ; L'ordre du jour appelle la discussion sur le tableau de poin- tage de la Chèvre alpine. M. Crepin a la parole et exprime la crainte qu’en établissant une corrélation entre le poids et la taille pour déterminer la forme idéale de la Chèvre, on ne courre à quelques mécomptes en ce sens que les meilleures laitières sont souvent très maigres. M. le professeur Dechambre fait remarquer que la Chèvre qui se trouverait en défaveur par ce côté peut se rattraper par d’autres. Il faut éviter de tomber dans l’écueil de croire qu’une bonne laitière doit être nécessairement maigre. Pour les Vaches, on prime des bêtes qui sont des laitières parfaites tout en conservant un certain embonpoint. M. Dechambre admet cependant que le coefficient de À proposé pour fixer l'impor- tance de ladite corrélation devra être abaissé à un demi-point applicable respectivement à la taille et au poids. M. Crepin jugeant les formes de la tête reconnaît que pour la race alpine elles sont bien telles que les porte le commen- taire proposé, mais il fait observer que les caractères de la tête s’accusent surtout au vieillissement et craint que cette circonstance ne mette les jeunes bêtes en état d’infériorité sur les plus âgées. M. Dechambre objecte que ce n’est pas le degré d'accusation des caractères qui sera marqué par des points, mais l'existence de ces caractères indispensables pour déterminer et manifester la race. Le juge restera libre de tenir compte de la considéra- tion d'âge et des harmonies esthétiques. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 379 Une discussion s'engage sur la valeur qu’on doit donner à l'absence des cornes. dans l'appréciation des animaux d'espèce caprine, le public paraissant rechercher la Chèvre non cornue. Comme il n'existe aucune race caprine complètement dé- pourvue de cet appendice frontal, que beaucoup de races le possèdent d’une facon constante au point qu'il est devenu caractère de race, quil est même considéré en zoologie comme attribut de l'espèce, les membres de la Section d'Etudes caprines se mettent d'accord pour admettre que les cornes _n’entreront pas en ligne de compte pour apprécier ou déprécier une Chèvre laitière. L’amateur restera absolument libre de ses préférences; d’ailleurs, la présence ou l’absence de cornes n'influence absolument en rien la valeur laitière d’un caprin. Les autres considérants du tableau de pointage n'ayant donné lieu à aucune observation notable, l’ensemble du travail a été approuvé et sera publié dans un des prochains numéros du Bulletin de la Société. Il est donné lecture d’une communication de M®° David, de Thourotte, qui signale à la Société que si, de ternps à autres, des acquéreurs de Chèvres de race ne trouvent pas dans leurs animaux les résultats qu'ils avaient espérés et escomptés, c’est parce que ces animaux n ont pasété soumis au régime alimen- taire approprié. Il est ancré dans l'esprit du public qu'une Chèvre ne doit rien coûter à son maître et l’on croit avoir tout fait pour assurer la subsistance de cet animal lorsqu'on lui à distribué quelques brassées de branches de Chêne ou d’autres feuillages tout aussi peu nutritifs. La laitière peut vivre à ce régime mais non produire du lait, pas plus qu’elle ne suppor- tera les fatigues de la gestation et de la mise bas. M°®° David nourrit ses Chèvres abondamment, mais économiquement ; la nourriture est substantielle, mais réglée à l’appétit et aux besoins de la bête. Aucun gaspillage n’est toléré et la plus grande propreté est observée dans la distribution d’une nourri- ture de qualité irréprochable. Aussi M David obtient, à la pre- mière mise bas d’une jeune Alpine, quatre litres de lait par jour pendant quatre mois; cette même bête lui a donné cinq litres de lait par jour à la deuxième lactation. Une laitière de cette valeur donnera facilement ses 1.000 litres de lait en un an, lorsqu'elle aura atteint tout son développement physique, c'est-à-dire à l’âge de cinq ans. M®%*° David fait également une 380 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION remarque très juste au sujet de l'habitude que certains ama- teurs de Chèvres ont prise et conservent obstinément, qui est d’attacher la pauvre Chèvre à un piquet sur une pelouse avec la conviction qu’elle va brouter à satiété et trouver sur place tout ce qui est nécessaire à sa prospérité. En réalité, la Chèvre tourne un ou deux mètres de corde, piétine et souille l'herbe sous ses pieds. Les Graminées n'ont déjà pas ses faveurs, mais lorsqu'elles ne sont plus propres, la bête se laisserait plutôt mourir de faim que d’y toucher : elle est là tirant sur sa corde, triste et dégoûtée, la pauvre Chèvre qui aime tant le mouvement, le changement et la société. On lui impose un régime contraire à son instinct et à ses goûts. Aussi ne tarde-t-elle pas à dépérir et, une fois bien anémiée, s’il sur- vient une gestation ou toute autre cause de dépression phy- sique, elle succombe aux attaques des nombreux éléments morbides qui assaillent les organismes épuisés. M®° David estime à 150 francs ce que lui coûte l'entretien de ses deux Chèvres par an, mais elle juge que c'est peu de chose comparé aux quantités considérables de lait que lui procurent ses laitières et qu’elle estime à trois fois la somme de sa dépense. Cependant, elle ne vend pas son lait, elle est heureuse de l'offrir dans la clientèle de son mari, qui est médecin, pour des enfants de complexion délicate que le lait de Vache, si indigeste par sa caséine massive, rend atrepsiques et malvenus. Ce lait de Chèvre fait merveille et M° David fait du bien. Il serait à désirer qu'elle eût beaucoup d'imitateurs: ce serait là un fort appoint à la solution du problème de la mortalité infantile. Le Secrétaire, JosEPH CREPIN. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 381 II: SECTION. — ORNITHOLOGIE. — AVICULTURE SÉANCE DU 5 AYRIL 41909 Présidence de M. Magaud d'Aubusson, président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le professeur Trouessart prie d’excuser son absence. M. Debreuil dépose sur le bureau plusieurs publications -ornithologiques de M. Paul Paris, préparateur de zoologie à la Faculté des sciences de Dijon. Les deux premières sont des tirages à part de notes parues dans le Bulletin de la Société zoologique de France. Dans l’une, M. Paris raconte que des ouvriers délogèrent à Dijon un nid de Martinets, Apus apus, contenant la mère et deux jeunes, déjà emplumés, mais très différents comme état de développement. On était au 31 juillet ; la mère, remise en liberté, disparut; à ce moment les Martinets avaient quitté la ville depuis plusieurs jours. Les jeunes res- tèrent sans nourriture jusqu'au 3 août, époque à laquelle ils furent remis très affaiblis à M. Paris. Celui-ci leur donna de la viande crue hachée, du jaune d’œuf broyé avec de la mie de pain et du lait; ils refusèrent toujours les Insectes. Au début, il fallut leur faire prendre la nourriture de force, mais bientôt ils la réclamèrent bruyamment et montrèrent beaucoup de voracité. L'aîné fut lâché le 19 août, l’autre le 31; ils ne tar- dèrent pas à disparaître, après s'être élevés à une grande hau- teur. Les couvées tardives qui influent sur le départ de ces ‘Oiseaux ne doivent pas être exceptionnelles, car l’auteur a encore vu voler un Martinet dans Dijon le 14 août au soir. L'expérience de M. Paris démontre dans tous les cas qu'on peut facilement sauver ces malheureux retardataires s'ils se trouvent abandonnés. La seconde note de M. Parisa trait à la nidification du Rouge-Gorge, Erythacus rubecula. On sait, comme l’a récem- ment fait observer M. X. Raspail, que cet Oiseau a l’habitude de faire son nid à terre et de le bien cacher par une voûte de feuilles ou d'herbe. Or, dans un parc de Chaumont (Haute- Marne), M. Paris a trouvé un nid de Rouge-Gorge dans une cavité d'Alisier, à environ 1"50 du sol. Ce nid avec ses sept 382 . BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION œufs ayant été enlevé, il fut remplacé par un autre, et cette cavité resta ainsi habitée plusieurs années. Dans la même loca- lité, il y eut aussi un nid de Rouge-Gorge dans un trou d'un Acer negundo. Le grand nombre de Chats et autres animaux de rapine, qui infestaient ce parce, explique cette dérogation aux mœurs de l'Oiseau, comme il est arrivé pour un Rossignol, PDaulias luscinia, qui, pour sauver sa couvée régulièrement détruite, a, dans un jardin de Dijon, établi, en 1906, son nid sur un If à environ 1"80 du sol, ce qui ne l'empêche nullement d’être dévalisé par les Chats. Notre bibliothèque s'est enrichie également du « Catalogue des Oiseaux observés en France » par M. Paul Paris. L'auteur a éliminé avec raison des espèces indiquées par certains auteurs, mais qui réellement n’appartiennent pas à notre faune. Un catalogue ne saurait être analysé; cependant nous nous arrêterons un instant sur un sujet qui a élé traité dans nos séances, nous voulons dire les variétés de la Perdrix grise. M. Paris rappelle, d’après le professeur L. Bureau, que deux formes bien distinctes. habitent la France : 4° celle du massif armoricain à parties supérieures rousses, à fer à cheval moyen marron foncé semblable au type linnéen de Scandinavie, Perdix scanica Altum; 2° la forme des plaines du nord et de l’est, à parties supérieures lavées de gris cendré, à large fer à cheval roux pâle, rappelant Perdix sphagnetorum Altum (Frise orientale), et Perdix lucida Altum (Prusse orientale). M. Paris constate aussi, avec M. Bureau, la présence dans nos Pyrénées françaises de la Perdix perdix charela. Quant à la damascena, autrement dit la Roquette, il rappelle qu’elle n’est pas admise par la plupart des auteurs qui n’y voient qu'une variété due à .ses mœurs vagabondes. Enfin, nous croyons rendre un vérilable service en signalant non seulement aux débutants dans l'étude des Oiseaux, mais encore à tous les ornithologistes, un charmant petit volnme intitulé : « les Oiseaux d'Europe ». Au moyen d’une analyse dichotomique, qui a dû exiger de l’auteur, M. Paul Paris, un travail véritablement énorme, on arrive à une détermination des plus promptes et des plus faciles. Nous souhaitons que ce manuel absolument portatif devienne le vade-mecum de tous les adeptes d’une des branches les plus attrayantes de la zoologie. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 383 M. Debreuil rappelle que depuis longtemps déjà la Société d'Acclimatation cherchait à se procurer des Dindons ocellés; elle vient de trouver au Honduras un correspondant et il y a lieu d'espérer que nous pourrons bientôt obtenir quelques-uns de ces beaux Oiseaux, dont l'importation est si rare. En atten- dant nous devons des remerciements à notre collègue M. Mé- negaux, qui à bien voulu faire une description sommaire de l'animal en question, et à M. Sauvinet, qui nous a donné des pho- tographies prises sur les spécimens des collections du Muséum. M. Magaud d’Aubusson indique toute l'importance qu'il y aurait à essayer l’acclimatation du Dindon ocellé. Déjà il n'existe plus au Yucatan; on ne le trouve qu'au Honduras. A l’époque de Cuvier, il y en a eu au Muséum; plus tard M. Cornély en a possédé à Beaujardin, où ils se sont repro- duits. Il y a donc lieu d’espérer qu'on pourrait sauver cette magnifique espèce, menacée de disparition. M. Debreuil communique une lettre de M. le professeur Lignières, de Buenos-Ayres, dans laquelle notre collègue exprime ses sentiments de gratitude au sujet de la médaille d’or qui lui a élé décernée; il nous assure à nouveau de son dévouement, considérant, dit-il, comme un devoir d’aider une Société dont les services ne se comptent plus. Les Oies d'Egypte de M. Debreuil, qui avaient eu quatre petits, le 24 novembre 1908, ont amené à bien une deuxième couvée de cinq jeunes le 25 mars 14909. Notre collègue, toujours à la recherche de ce qui peut inté- resser la Section, communique ensuite des observations de deux naturalistes au sujet des Gallinacés. Le premier, M. Cordier, qui faisait partie de la croisière du « Nirvana », raconte qu’à Java les indigènes ont une véritable passion pour les Coqs de combat et qu'on en rencontre fré- quemment portant sur le bras un de ces Oiseaux qu’ils ca- ressent. La Poule négresse soie est aussi entourée de soins particuliers; elle passe pour avoir des vertus spéciales. Les femmes en mangent à l'époque de leurs règles et quand elles vont accoucher. Presque toujours ces Oiseaux sont teints en bleu, rouge, vert, et ils produisent ainsi un effet des plus curieux. Le second, notre collègue M. Blaauw, rapporte que les Java- mais ont coutume d’emprisonner certains Poussins dans un 38% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION long et étroit bambou; seules les pattes restent libres. Au bout d’un certain temps on rend la liberté aux malheureux Oiseaux qui ont grandi dans leur prison et on obtient des animaux d'une forme cylindrique et étriquée, qui marchant dans une position verticale donnent une impression des plus singulières. M. Blaauw pense que les Poussins emprisonnés dans leur bawubou ne marchent pas et sont tenus couchés pendant leur croissance. Il en meurt beaucoup, cela va sans dire; mais cela inquiète peu les Javanais, qui sont d'autant plus fiers de ceux qui réussissent. M. Paul Verdalle, notaire à Navarrenx, pose des questions sur l'élevage de l’Autruche en France. Notre collègue M. Besnier désire savoir où il pourrait se procurer un couple de Wallich. M. Delaurier écrit d'Angoulême que l'élevage de la Perdrix du Boutan est très facile. Le couple tapisse de foin le nid en forme de four. À la naissance des jeunes on donne de la pâtée d'œufs durs, salade, provende et on ajoute quelques asticots ou œufs de fourmis. Ce régime dure un mois environ et sans perte aucune. Les couvées de cinq à six œufs se succèdent rapidement. Les Perdrix du Boutan de notre collègue vivent avec ses Argus et s'entendent à merveille; les uns et les autres soignent leurs jeunes et il n’y a jamais eu d’accidents. Il n’est guère de séance où nous u’ayons la bonne fortune d'entendre quelques communications de l’infatigable observa- teur qu'est M. Rollinat. Aujourd’hui, il nous dit que son tra- vail sur la « Chasse à la glu » ne pourra paraître qu’en 1910 au plus tôt, car il lui reste encore beaucoup d'observations à faire. Récemment notre collègue a rencontré un romanichel qui lui a enseigné l’art de faire de la glu avec de l'huile de lin qu'on fait bouillir et même brüler en partie; il à fallu plusieurs heures pour l'opération qui à réussi merveilleusement. Cette glu est très forte et de plus ne craint ni la pluie ni la gelée. Nombreux sont les zoologistes qui emploient la loupe et le microscope à l’étude des Invertébrés. M. Rollinat a fait de l'optique une autre application qui ne manque pas d’origina- lité. C’est en effet au moyen d'une longue-vue fort puissante qu'il observe le vol des Grues. Elles ont passé à Argenton-sur- Creuse le 8 mars par vent sud-sud-ouest; le 13, par vent nord- EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 385 ouest; le 14, par violente tempête de neige venant du sud-ouest, — Jes Grues étaient en ordre de route et filaient vers le nord —:; le 17, par vent d'ouest; le 18, par vent du sud. A notre époque d'aviation à outrance, le vol des Grues offre un intérêt nouveau, quand on étudie la direction et la violence du vent. Mais ce qui n'a pas dû en offrir un moindre, ce sont les manœuvres d’une bande de Freux observés avec la longue-vue de M. Rollinat. Ils étaient en train de dévaster un semis d'Avoine, et c'était, paraît-il, effrayant. En rien de temps un Freux fait un trou avee son bec-pioche qu'il remue dans tous les sens, rejette au loin des cailloux gros comme une noix et met les grains à découvert. Ces charmants animaux étaient encore à Argenton le 15 mars. M. Rollinat en possède un qui va très bien, mangeant beaucoup de viande crue, des noix, etc. Cette année, à Argenton, une Hirondelle de cheminée est arrivée le 28 mars, mais pendant plusieurs jours elle fut seule à évoluer dans l'air. Le froid, la neige et les intempéries ont été nuisibles aux oiseleurs qui emploient le piquet à lacets; de grosses troupes d'Oiseaux sont arrivées en retard. Dans son grand travail sur les Alouettes, M. Rollinat avait signalé, en mars, des sujets à costume terne, cendré, moins fauve que chez le type ordinaire de l’Alauda arvensis. Une quantité de douzaines n'étaient composées, pendant la seconde quinzaine de mars 1908, que de sujets aux couleurs ternes; puis vinrent des sujets normalement colorés. Cette année, les Alouettes des champs au plumage obscur n’ont pas passé dans la région; pendant tout le mois de mars celles qui ont été capturées appartenaient à l’autre type. À cause des froids de février et de mars il s’est pris, aux saunées et aux piquets à lacets, plus d'Alouettes lulus qu’à l'ordinaire. M. Magaud d’Aubusson, à propos de ces remarques sur la couleur des Alouettes, dit qu’il est connu que le plumage et la taille présentent chez l’Alauda arvensis des différences consi- dérables. Il est donné lecture d’un travail de M. de Sainville intitulé : « Notes sur quelques races de Poules domestiques et leurs origines », et d’une communication de M. Debreuil sur « les Oiseaux de parure et la mode ». Comme ces deux mémoires 386 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION doivent paraître au Bulletin, les analyser serait faire double- emploi. Cependant nous devons reproduire une observation de M. le baron de Guerne, à propos du travail de M. de Sainville. M. de Guerne repousse absolument le nom de Yokohama - donné à la Poule phénix; Yokohama est un port de mer et appeler ainsi un Oiseau équivaut à nommer un Crèvecœur Bordeaux, parce que ce serait le lieu de son exportation. La Poule phénix provient de l’ile de Sikoku, où prit naissance une célèbre école artistique, dont des peintures du xvr siècle représentent l'Oiseau en question. C’est un Anglais, professeur à Tokio, qui a publié le meilleur travail sur le Phénix; vers 1846 une notice parut en France. M. de Guerne a pu voir la Poule phénix dans son pays d’origine, où elle est fort prisée comme animal de luxe. Jamais cet Oiseau ne circule; le plus souvent on le voit perché sur l'épaule de son propriétaire. Si on le porte à un concours, on enroule sa queue. Au Japon, il pleut souvent et le Phénix est logé dans une boîte dont un côté est ouvert; ces sortes de cages sont très hautes et le Coq ne peut se retourner. Chez ceux qui sont destinés à la reproduc- tion on supprime les plumes. M. Le Fort, à propos d’une affirmation entendue par lui dans une conférence au Fishing-Club, demande à ses collègues s'il est exact que le Martin-Pêcheur s’immerge complètement en capturant sa proie, ou la saisit au contraire comme le fait le Fou de Bassan. M. Le Fort a peine à croire que le Martin plonge, parce qu’il ne perche jamais à une hauteur lui permel- tant de prendre son élan, parce que son plumage n'est pas huileux, parce qu'enfin il prend le Poisson quand ce dernier a, par le beau temps, le nez hors de l’eau. Il y a lieu d'interroger sur cette question les membres de la Société qui ont été Le plus à même d'étudier le Martin-Pêcheur, et qui, nous n’en doutons pas, se feront un plaisir de communiquer leurs observations. Le Secrétaire, Comte D'ORFEUILLE. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 387 3° SECTION. — AQUICULTURE SÉANCE DU 19 AvrIzL 1909 Présidence de M. Pellegrin, vice-président. M. Loyer est heureux d'annoncer qu'à l’occasion du récent Congrès des Sociétés savantes, nos collègues MM. Pellegrin et Mailles ont été nommés officiers de l’Instruction publique, et leur adresse au nom de la Section toutes ses félicitations. La Section délègue ensuite pour représenter la Société d'Acclimatation au Congrès des pêches maritimes des Sables- d'Olonne, qui aura lieu cette année du 11 au 16 septembre, MM. de Guerne, Le Fort, Pellegrin et Bruyère. M. Raymond Le Fort fait part à la Section que, sur la demande de notre collègue M. Robertson-Proschowsky, il lui a envoyé à Cannes, au nom de la Société d’Acclimatation, 140 Cat- fish et 28 Eupomotis qui, partis de la Ferté-Saint-Aubin, en grande vitesse, le 8 mars, né sont arrivés à Cannes que le 11 mars soit après trois jours de voyage. Malgré un trajet aussi long deux Catfish seuls étaient morts, et sur les 28 Eupomotis deux seulement paraissaient fatigués. M. Le Fort donne, en outre, lecture de certains passages suivants de la lettre de M. Robertson-Proschowsky qui peu- vent intéresser notre Section : « Les deux espèces que vous avez bien voulu m'envoyer sont de vieilles connaissances des États-Unis, où, pendant un séjour d’un an et demi daus les forêts sauvages de l’Arkansas, avec mes deux frères, nous en avons pris des milliers. « Je dois pourtant ajouter que je ne suis pas absolument sûr que les petits Catfish soient de même espèce, malgré que je ne relève aucune différence. Seulement je crains que le Catfish introduit en Europe ne devienne guère grand, tandis que l'espèce que nous prenions en Amérique, et qui ressemble absolument à ces petits Poissons, arrivait à un poids de plu- sieurs kilos. Il y avait encore une autre espèce de Catfish de couleur jaune brunätre, qui arrivait à un poids beaucoup plus considérable, c’est-à-dire à une vingtaine de kilos. 389 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION « Un jour, un de la grande espèce jaune avait avalé un exemplaire de l’autre espèce (qui me paraît identique à vos petits Catfish). Ce dernier pesait près de 2 kilogrammes et s'était fait prendre à une de nos lignes de fond, et le grand jaune l'avait avalé, mais le petit, grâce à ses épines, ne permit pas au grand de s’en débarrasser et nous l'avons pris. « Le Poisson-Soleil de la même espèce que vous m'avez envoyé était très nombreux dans les rivières de l’Arkansas, mais il y avait une autre espèce qui arrivait à un poids d’un demi-kilogramme et même plus, mais dont la parure était moins brillante; c'était un très bon Poisson qui mériterait d’être importé en Europe. Il y avait bien d’autres excellents Poissons dans ces rivières, notamment des Black-bass et Rock-bass, et aussi un Cyprin, qui ressemblait à notre Cyprinus carpio, mais dont le corps était plus allongé. « Il y avait aussi des petits Poissons de magnifiques cou- leurs et qui, je crois, étaient des Cyprinodontes, et enfin des monstres de la famille des Ganoïdes, dont une espèce à très long bec; je réussis à en prendre un de 70 kilogrammes (sept pieds et quelques pouces anglais de longueur), mais j'en ai vu de bien plus grands. » M. Le Fort signale que, d’après M. Proschowsky, les deux espèces de Silures, prises par lui dans l’Arkansas, étaient carni- vores, mais notre collègue n'indique nullement, sauf pour la plus grande, qu’elles étaient icthyophages. M. Le Fort s'élève contre l'erreur trop répandue que les Poissons carnivores sont en même temps icthyophages. Notre collègue fait remarquer qu'il prend dans ses étangs de Sologne l'Ameiurus nebulosus avec de la viande, mais que jusqu'iei il n’est jamais parvenu à en prendre un seul au vif. M. Pellegrin dit que le régime d'alimentation des Siluridés est extrêmement varié; parmi les centaines d’espèces que compte la famille, tant en Amérique qu'en Afrique, les unes sont carnassières, d'autres sont omnivores, d’autres herbi- vores, d’autres frugivores, d'autres enfin sont granivores. Il y a une spécialisation absolument étonnante dans la nourriture de ces animaux. M. Pellegrin cite une espèce de Clarias qui, la nuit, sort des marigots pour aller dans les champs dévorer des grains de Millet. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 389 M. Debreuil donne connaissance d’une lettre de notre col- lègue M. de Sainville dont j'extrais le passage suivant : « Les Ides mélanotes miniata ont très bien résisté au froid de l'hiver sous la glace. « Les Tanches rouges de Mongolie prospèrent et restent en rouges, très peu tachées. « Les Poissons-Chats grossissent et sont très actifs. On les prend à la ligne au ver de terre, en plein midi, plus qu'on ne le veut {car je relâche ‘ceux qui ne sont pas trop abimés par l’hamecon gloutonnement avalé). Je ne leur vois aucun fragment de Poisson dans les entrailles. Les Goujons demeurent très nombreux dans ma pièce d’eau, et les petits Goujons d'un an ne semblent pas plus attaqués que les gros. Cependant, les Poissons-Chats que je prends à la ligne ont une moyenne de 25 centimètres, avec une gueule énorme; et il y en a de beaucoup plus gros. Je vois. aussi, de petites Carpes d’un an. _ « Les Carpes-miroir semblent, selon leur réputation justi- fiée, grossir deux fois plus vite que la Carpe commune. » M. Mailles fait ensuite la communication suivante : Si je parle, aujourd'hui, de l'utilité qu'il y aurait à pro- téger nos trois espèces de Grenouilles francaises, ce n’est pas que je les considère comme rendant des services plus grands que nos autres Batraciens anoures. Mais les Ranidés, surtout les {ana fusca et agilis, sont l’objet d’une destruction abusive à l'époque de leur reproduction, février-mars. On capture, alors, ces animaux dans les mares et les étangs par milliers. A cetle occasion, une grande quantité d'œufs est détruite. Les Grenouilles ainsi livrées à la consommation sont amaigries par un long jeûne, n'ayant rien mangé depuis octobre, mais la facilité et de les prendre, et de les vendre, à l’occasion du carème, sont les causes de cette regrettable destruction de précieux insectivores. La Grenouille verte a des mœurs bien différentes. Sa ponte s'effectue en mai-juin. Elle est plus chascée que pêchée, et ceci, à une époque où cet animal s'alimente abondamment. Ce Batracien fournit, dans ces conditions, un mets délicat et de facile digestion. «J'avais proposé, jadis, des mesures législatives réglementant la pêche des Grenouilles. Je ne renouvelle pas ce vœu, mais ne pourrait-on pas apprendre aux enfants des écoles à respecter 390 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION les Batraciens, comme on leur apprend à respecter les nids des Oiseaux? Je pense que l’insuccès ne serait pas plus grand. « Les Grenouilles rousse et agile, autrefois confondues sous le nom improque de ana temporaria, se répandent, pendant la belle saison, dans les bois et les prés. Bien nourries alors, leur chair devient meilleure, et se rapproche beaucoup, comme saveur, de celle de la Verte. « Tous nos autres Anoures sont des insectivores émérites. Les services rendus par les Crapauds sont bien connus, même des profanes. Ceux que rendent les autres espèces ne sont pas moindres. Pélobates, Pélodytes, Rainettes, Alytes, Bombina- tors, etc., dévorent, à l’envi, les petits Invertébrés. Le Bombi- nator est chargé spécialement, par dame Nature, de mettre à la raison les incommodes et dangereux Moustiques. « Les Urodèles terrestres, Salamandres maculée et noire, sont également dignes de respect; quant aux Tritons de toutes espèces, ce sont de voraces destructeurs d'œufs embryonnés des Anoures et des Poissons; silencieux et sournois, leurs méfaits sont, le plus souvent, attribués aux honnêtes Gre- _nouilles. « Les animaux dont je prends ici la défense sont, dit-on, répugnants. Affaire d'éducation. Habituez, dès le jeune âge, les enfants à regarder et toucher les Batraciens ; cette répugnance sera facilement surmontée, au grand profit des uns et des autres. » M. Le Fort parle ensuite du Martin-Pêcheur et une discussion s'engage sur la possibilité pour cet Oiseau de plonger pour pêcher les Poissons, ou de raser seulement la surface de l’eau, ce qui nous vaut de la part de M. Magnaud d’Aubusson une communication très intéressante qui mériterait d’être renvoyée à la section d'Ornithologie. Le Secrétaire, H. BRUYÈRE. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 991 IVe SECTION. — ENTOMOLOGIE SÉANCE DU 19 aAvric 1909 Présidence de M. Clément, président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. F. Saconney, habitant à la Courneuve (Seine), ayant demandé une liste de plantes mellifères, notre collègue, M. Ronsseray, lui a envoyé la liste suivante qui indique les principales de ces plantes : le Perce-Neige, la Primevère, la Corbeille d'argent, la Jacinthe, la Tulipe, l’Iris, la Balsamine, le Mahonia. Toutes les fleurs des arbres fruitiers; puis les Légumineuses: Pois, Haricots. Les Papillonnacées, comme le Pois-de-Senteur. Les Labiées : le Galéope commun, le Lierre terrestre, le Napela Meyeri, le Thym, le Romarin, la Lavande. Les Con- soudes. La Gueule-de-Loup, les Ancolies. Les Campanulacées; le Réséda; le Mélilot jaune des prairies, blanc de Sibérie, bleu officinal pour bordures; les Plantes de prairies artificielles : le Trèfle incarnat, la Luzerne et surtout le Sainfoin, qui donne le plus abondant et le plus beau miel. Pour les Arbres : le Marronnier, l’Acacia, le Tilleul, le Chà- taignier. | L'Epine Vinette, le Framboisier. La Phacélie, plante ie mellifère, qui fleurit avant juin et jusqu'aux gelées. À l’arrière-saison, la floraison du Lierre attire encore les Abeilles, ainsi que l’Aster microphylle. Il faut surtout éviter l’Aïlante, qui donne du miel presque noir et d’un goût détestable. M. le Président fait remarquer que les plantes sont plus ou moins mellifères suivant le terrain, et qu’il convient d’en faire un choix. M. Mailles indique l'Eranthis hiamalis (Helleborine d'hiver). qui fleurit dès janvier, bien avant les Perce-Neige. Il est déposé sur le bureau : Une note du D Hugues sur l’Acherontia Atropos, extraite du Bulletin de la Société zoologique de Genève. 392 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION Un travail de MM. Bugnion et Popoff sur : « le Système ner- veux et les organes sensoriels du Fulgore tacheté des Indes et de Ceylan (Fulgora maculata) », extrait du Journal de Psycho- logie et de Neurologie, de Leipzig. Enfin, une rectification de MM. Bugnion et Popoff sur « la Cire blanche de Chine » (Bulletin de la Société Vaudoise). Les auteurs, se fondant sur une indication de Burmeister (1835), avaient dit, dans une publication précédente, que la cire blanche de Chine était sécrétée par le Flata nigricornis. I se peut qu'une certaine quantité de cire soit empruntée au Flata, mais la majeure partie de cette substance est fournie par le Coccus ceriferus Fab. La cire est sécrétée par l’Insecte mäle. Le Coccus pond ses œufs dans un pays de plaine; ces œufs sont ensuite transportés sur des montagnes élevées, la fraicheur du climat favorisant, paraît-il, la précieuse sécrétion des Insectes. Les Chinois, au nombre de plusieurs milliers, transportant les rameaux chargés d'œufs dans des paniers, escaladent, par des sentiers abrupts, les monts de Tze-Chouen. Le transport ne dure pas moins de quatorze jours, et se fait surtout la nuit, afin d'éviter la chaleur du soleil qui häterait l’éclosion. La longue file des lanternes, que l’on aperçoit de loin sur le chemin sinueux de la montagne, produit un effet très pittoresque (Recius). L'ordre du jour indiquant: « Les différents pièges à Insectes », M. le Président présente un piège à Puces, dont l'inventeur est M. le D' Lahille, de Buenos-Ayres, dont il a déjà été question dans une précédente séance. C’est une petite lame de bois, enduite de glu, protégée par un réseau de fil de fer. Cet appa- reil se porte dans la manche du vêtement et il fait, paraît-il, merveille dans l'Amérique du Sud où il est très employé. La parole est ensuite donnée à M. Diguet. Notre collègue nous apprend que le meilleur piège naturel à Insectes serait une Araignée du Mexique. Cette Araignée que M. Diguet a découverte dans sa dernière mission est nommée ÂMosquero dans le pays. Les habitants des parties élevées du Michouacan ont l'habitude d’avoir recours à cette Araignée, vivant en colome, pour se débarrasser des Mouches; ils suspendent au plafond de leur maison un rameau de l’arbre contenant une partie du nid de cet Arachnide. L'Araignée choisit de préférence pour construire son nid, qui EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 393 occupe, parfois, une superficie de 2 mètres carrés, le Quercus polymorpha. Les Mouches, qui semblent être attirées sur le nid, sont immédiatement saisies et enveloppées de toile, si bien qu'il ne tombe aucune malpropreté, et cela d’autant plus qu'un Coléoptère d’infime dimension, vivant en commensal, et en nombre considérable, fait sa principale nourriture des restes du repas de l'Araignée. Il ne reste pas un Insecte volant dans la pièce, c’est le piège idéal. Cette Araignée, qui, semble-&il, pourrait vivre dans certaines parties de la France, serait extrêmement utile à acclimater. On placerait son nid dans les habitations, dans les écuries, dans les endroits fréquentés par les Moustiques, les _Taons. etc. M. Diguet fait passer des photographies représentant des nids entiers établis sur des Quercus polymorpha. 1 montre éga- lement des parties de ces nids, qui appartiennent au Muséum, et que M. le professeur Bouvier a mis obligeamment à la dispo- sition de la Société; s’est un enchevêtrement de fils très feutrés qui, à première vue, ressemble beaucoup au nid des Chenilles processionnaires et surtout à celui de notre Liparis chrysorrhea. Cette Araignée est de très petite taille et en nombre consi- dérable dans chaque nid. M. Simon, qui a déterminé cette Araignée sociable, lui a donné le nom de Coenothele gregalis. M. le Président remercie M. Diguet qui promet d'envoyer un article détaillé pour le Bulletin. M. Le Fort fait ensuite une causerie, très documentée, sur les pièges à Insectes ; il en montre un grand nombre et explique leur fonctionnement. On peut, dit-il, diviser les moyens de se préserver des Insectes dans les habitations en cinq principaux : 1° Les tuer en les écrasant ou en les empoisonnant; 2° Les prendre dans des pièges englués; 3° Les capturer vivants dans des pièges en til de fer, des bouteilles, etc.; 4° Les éloigner par des poudres odorantes ; 5° Les attirer, au moyen de la lumière, dans des récipients garnis d’eau et de pétrole, d'huile, etc. Notre collègue explique que les bouchers, entre autres, se servent pour écraser les Mouches d’une sorte de batte plate et BULL. SOC, NAT. ACCL, FR. 1909 — 28 394 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION flexible. Il fait passer un instrument ressemblant à un petit balai plat, fait de fils de fer minces et reliés entre eux. Comme poison, il indique un morceau de sucre imbibé de Quassia amara; le Quassia a l'avantage d’être inoffensif pour les gens de la maison. Le formol au 1/10 placé dans des assiettes réussit fort bien; il est également souverain contre les Mites, mais il faut placer une petite veilleuse allumée au milieu de l'assiette. Il y a encore l'acide phénique, et les papiers Tue-Mouches. Le dernier appareil pour tuer les Mouches par le poison est construit en Allemagne; c’est une petite boîte en fer blanc, de forme rectangulaire et plate, sur laquelle sont peintes des fleurs de différentes couleurs; le cœur de ces fleurs est repré- senté par une mèche qui trempe dans un liquide empoisonné contenu dans la boîte ; les Mouches attirées par l'odeur viennent s'y poser en grand nombre et sont tuées. Ce piège peu encom- brant est assez élégant pour être placé sur un bureau. Pour les pièges recouverts de glu,les premiers vinrent d’An- gleterre, mais, aujourd’hui, on en fabrique de très bons à des prix très bas en France. Il y a de grands papiers englués, qu’on étend dans les écuries ; d’autres, plus petits, servent pour les cuisines; on emploie également du fil, trempé dans une matière gluante, que l’on fixe au plafond, aux suspensions, etc. On s’est d’abord servi d’Alfa, puis de ficelle de cuisine, plus résistante et conservant mieux la glu. Mais tous ces systèmes avaient le grand inconvénient de laisser tomber autour d'eux un grand nombre de Mouches; on a alors inventé une sorte de bobèche en papier, fixée au bas d’un fil, et qui reçoit les Mouches; dans le même but, un inventeur du nom de Fenéon a mis dans le commerce un petit ruban de fer qui se déploie à angles obtus, au-dessus d’une sorte de chapeau. Mais avec ces pièges la glu se sèche assez vite, et il faut la remplacer. L'appareil qui semble éviler cet inconvénient et parait le: plus pratique esi composé d’une lame mince de métal, d’en- viron 0,35 centimètres de longueur sur 1/2 centimètre de largeur, qui joue dans une petite boîte remplie de glu et qui permet, par un mouvement de va et vient, de se débarrasser des Insectes collés et d’être rechargée à volonté. Cette lame se suspend verticalement, Pour les pièges qui capturent les Insectes vivants, et dans lesquels on met du sucre, du sirop ou de la bière, M. Le Fort EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 395 cite les nasses fixes en fil de fer et insiste particulièrement sur une nasse mobile, mue par un mouvement d’horlogerie. Cette nasse, appelée Mouchivore, est surtout constituée par un disque tournant, sur lequel est placé un appât, et qui conduit les Mouches sous une nasse verticale qui les capture. Il y a également la bouteille sans fond, dans les replis de laquelle on verse de l’eau miellée, etc. Cette bouteille a été très améliorée, grâce à un système qui permet de l’accrocher soit dans les habitations, soit dans les jardins. Tous ces appareils, pour la plupart fort ingénieux, sont pré- sentés par notre collègue. Pour éloigner les Insectes, sans les prendre, il y a toute la série des poudres odorantes, le plus souvent à base de poudre de Pyrèthre, comme les « Fidibus » bien connus des Coloniaux. Ces poudres en brülant répandent une odeur qui, tout en n'étant pas gènanie pour nous, fait fuir très rapidement les Insectes. Pour s’en convaincre, on n’a qu’à s’en servir dans une écurie, en laissant les fenêlres et portes ouvertes; toutes les Mouches se précipitent dehors en véritables essaims. Il existe, aussi, des pulvérisateurs qui, amorcés avec des liquides désagréables aux Insectes, chassent ces derniers des moindres interstices des meubles. On emploie également les papiers à odeur qui se placent le plus souvent dans des tiroirs où dans des boites dont il s'agit d’éloigner les Mites. Ces papiers, en général très effi- caces, se trouvent dans le commerce sous divers noms. Enfin, la lumière est un des meilleurs moyens pour se débarrasser des Insectes en grand nombre. Il est fabriqué d'excellents appareils à l’acétylène, véritables phares, qui, entourés d’un récipient garni d'eau et de pétrole, font des hécatombes de tous les Insectes qui volent la nuit. M. Le Fort termine en indiquant quelques procédés suppri- mant la douleur et l’inflammation causées par les piqüres de Guêpes, d’Abeilles, de Moustiques, etc. Un des moyens les plus simples consiste à appliquer immé- diatement sur la piqûre une dissolution concentrée de bleu anglais ou bleu des blanchisseuses. Les pharmaciens vendent également certains produits; un des plus efficaces est la pâte Dudouis. M. le Président remercie M. Le Fort et le prie de rédiger sa 396 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION communication pour le Bulletin, en y ajoutant les dessins sché- matiques des principaux appareils. M. d’Orfeuille dit que dans le Poitou on se sert beaucoup de feuilles de Fougères suspendues dans les chambres; les Mouches vont s’y réfugier la nuit et on les brüle dès le matin. M. Diguet indique le 7'agetes lucida qui paralyse les Insectes ; on emploie beaucoup cette plante au Mexique en l’accrochant dans les habitations. Le Tagetes se cultive, d'autre part, comme succédané de l’Estragon. Certaines Fourmis, au Mexique, qui envahissent les alen- tours des habitations, à la fin de la saison des pluies, dé- truisent un grand nombre d'Insectes en dévorant tout ce qui se trouve entre autres dans les embrasures des portes et des fenêtres. Æcophylla smaragdina, de Ceylan, se comporte de même. M. Mailles rappelle les petits appareils pour capturer les Cafards, ainsi que les pièges de différents modèles qui servent aux jardiniers contre les Limaces, Cloportes, etc., et les blocs résineux dont les vapeurs tuent les chenilles. M. le Président dit que des filets flottants tendus devant les fenêtres ouvertes empêchent les Insectes de pénétrer dans les chambres; telle est également l'utilité des stores japonais dont les fins bambous, traversés par une ficelle, remuent constam- ment. Enfin M. Le Fort raconte l’ingénieuse façon dont les commis- voyageurs se débarrassent des Punaises dans certains hôtels, trop bien garnis, du Midi. Avant de se coucher, ils placent aux quatre coins du lit une pomme de Pin bien sèche; ils attendent une heure ou une heure et demie dans l'obscurité, puis, faisant brusquement de la lumière, ils ramassent leurs pièges impro- visés dans lesquels les Insectes apeurés se sont réfugiés; ils n’ont plus qu’à jeter le tout par la fenêtre pour passer une nuit tranquille. Pour le Secrétaire empéché : C. DEBREUIL. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 997 Ve SECTION. — BOTANIQUE. SÉANCE DU 26 AVRIL 4909 Présidence de M. Maiïlles, archiviste bibliothécaire. Le procès-verbal précédent est lu et adopté. M. le Président présente les excuses de M. Bois, empêché d'assister à la séance de ce jour, et dépose de sa part sur le bureau un manuscrit de M. de Janczewski, intitulé « Ancêtres des Groseilles à grappes ». Il souhaite la bienvenue à M. Hickel, professeur de sylvicul- ture à l'Ecole nationale d'Agriculture de Grignon, secrétaire général de la Société dendrologique de France, et à M. Gustave Rivière, professeur départemental d'Agriculture de Seine-et- Oise, présents à la séance. Le procès-verbal de la séance précédente est ensuite lu et adopté. La correspondance comprend une lettre de M. Ch. Rivière directeur du Jardin d’essai du Hamma, accompagnant un envo’ d'échantillons des espèces suivantes : 1° Tubercules d’Arumitalicum (l’un d'eux pesait140 grammes), « Aroidée confinée au littoral et aux terrains frais et ombragés, à aire de végétation très restreinte. En des temps de famine, les indigènes viennent de loin pour déterrer les tubercules et parfois les manger crus malgré leur caustique àcreté. » Après la famine de 1867, M. Ch. Rivière avait essayé de cultiver cette plante, mais la lenteur du dévelop- pement de son tubercule ne pouvait permettre un résultat économique. « Il est curieux de constater (ajoute notre collègue) que les indigènes affamés négligent la racine grosse et charnue du Smyrnium olusatrum, grande Ombellifère qui croît dans les mêmes localités. » Au sujet de cet Arum italicum, MM. G. Rivière et Hickel rappellent qu'il est naturalisé dans le parc de Trianon, Versailles. 398 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION On le distingue nettement de l'A. vulgare (ou A. maculatuwm) par ses feuilles vertes pendant l'hiver, hastées-sagittées, très grandes, entières, à nervures blanches. 2° Branche chargée de fruits du Ficus repens Hort. « Pendant tout cet hiver ce Ficus s’est couvert d’une abondante fructifica- tion; les figues plus ou moins grosses ; toutes celles observées étaient vides, c'est-à-dire sans réceptacle charnu. Cette fructifi- cation ne se constate pas tous les ans. » M. G. Rivière rappelle qu'il l’a vue autrefois se produire contre les murs de foud des serres du Muséum. M. Gérôme signale qu'un échantillon fructifié de cette même plante provenant de Corse a été, il y a quelques semaines à peine, présenté à la Société dendrologique ; il rappelle la planche coloriéeet lanote qui ont été consacrées à ce ficus dans la Aevue Horticole, en 1891 (page 448). (Le nom exact de cette plante est F. shipulata Thunb.) 3° Un échantillon de la variété à fleurs blanches du Sophora secundiflora, déjà signalée l’an dernier. « La greffe sur l'espèce type s’est très bien comportée et a donné naissance à des TAMeaux VIgOUreux. » | Des remerciements sont adressés à M. Ch. Rivière. M. Lasseaux dépose sur le bureau, au nom de M. Maurice de Vilmorin, une note sur le #hododendron adenopodum décrit par M. Franchet en 1895, en même temps qu'un certain nombre d'autres espèces. Cette note sera publiée au Bulletin. Elle constate la première floraison aux Barres de ce Rhododendron intéressant, remarquable par la grandeur de ses fleurs, comme le montrent les échantillons d'herbier présentés en même temps. M. Lasseaux fait ressortir que précédemment, plusieurs belles espèces de Rhododendron ont fleuri aux Barres pour la première fois en Europe; c’est le cas notamment pour les ZX. primulæflorum, chartophyllum, Augustini, etc. M. Debreuil pose à M. Lasseaux cette question, « Où trouver des graines de Glyceria fluitans? Très souvent les catalogues l’annoncent, maisles magasins ne peuvent lafournir,répondent que c’est épuisé. » M. Lasseaux répond qu'il prend note du désir d'un certain nombre de membres de la Société pour demander à la maison à laquelle il appartient de faire récolter de cette espèce une quantité plus grande qu'à l'ordinaire; il ajoute que pour ces EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 399 __ sortesde graines peu demandées les intéressésferaientsagement de signaler leurs desiderata avant l’époque de la récolte. Cette Graminée indigène est d'ailleurs très commune dans tous les fossés, ruisseaux, bords des rivières et des étangs, dans toutes les régions. Elle est connue sous un grand nombre de noms vulgaires tels que Chiendent flottant, Fétuque penchée, Herbe à la manne, Manne aquatique, Manne d'Allemagne, Manne de Pologne, etc.; ces derniers noms rappellent l'usage qui est fait de ses grains dans certains pays septentrionaux où on l’a quelquefois employée en temps de disette. Les tiges et les feuilles sont très estimées des Oies, Canards, etc. La parole est ensuite donnée à M. Hickel, pour une note sur les effets du dernier hiver. Mais, avant d’entrer dans ce sujet, M. Hickel tient à annoncer qu'il a en ce moment de jeunes germinations de Fagus obliqua, espèce originaire du Chili; ce sont ies seuls exemplaires de celte plante qui soient sur le continent. Notes sur l'hiver 1908-1909, dans la région de Paris, par M. Hicrer. « Indépendamment des dégâts, sans gravité d'ailleurs, des gelées précoces de l’automne 1908 (1) (dégàts qui se sont bornés à la flétrissure des feuilles encore vertes) et de ceux beaucoup plus importants causés dans les planches de semis par le déchaussement extraordinairement intense qui est résulté cet hiver d’une succession de nombreux dégels incomplets (contre lesquels il est d’ailleurs facile de se prémunir), je n’ai observé ni à Versailles ni en Normandie, aux environs de Gacé (Orne), que l'hiver écoulé ait été particulièrement désastreux. La tem- pérature la plus basse que j'aie observée à Versailles a été de 15 degrés. Malgré cela, les Laurus nobilis, très nombreux à Versailles, n’ont nullement souffert; seuls des plants de deux ans gelés partiellement en 1907-1908 sont morts. Dans les cultures de Trianon, que j'ai visitées à la fin de l'hiver, je n'ai remarqué aucun dégât, même pour des espèces réputées délicales, comme le Wagnolia glauca. Chez moi, des Pinus Pinea (1) On trouvera à cet égard une note de M. Ph. de Vilmorin dans le Bulletin de la Société dendrologique de France du 15 mai 1909. 400 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION de quatre ans, ayant encore la forme junévile, n’ont nullement souffert, non plus que des Chamaærops excelsa, placés en pleine terre contre un mur, à l'exposition du nord; ces plants ont été pris à Angers sous de vieux spécimens, et viennent de passer, sans avoir jamais été le moins du monde endommagés, leur quatrième hiver en pleine terre. Des Pinus edulis, des P. Gerar- diana n’ont nullement souffert, non plus que des Cercidi- phyllum, en dépit de leur végétation très précoce. Parmi mes semis d’un an, je puis signaler comme n'ayant subi aucune atteinte : Pinus edulis, les Abies cilicica, cepha- lonica, numidica, Pinsapo, Nordmanniana, le Pseudolarix Kaæmpferi et même le Prunus caroliniana réputé, à tort peut- être, peu rustique. Des Pinus Sabiniana d'un an, très peu montés, n’ont pas souffert; des Cupressus sempervirens de trois ans sont égale- ment restés indemnes. Parmi les espèces dont le feuillage a été légèrement atteint, je puis citer : Magnolia grandiflora, Quercus Ilex, Q. occiden- talis, Q. glauca, tous en semis d’un an. Un Cyprès et un Pin nouveau du Yunnan ont été partiellement roussis, mais repar- tent vigoureusement. Les Penthamia fragifera (deux ans), Zsuga Brunoniana, Quercus agrifolia, Prunus ilicifolia ont eu tout leur feuillage détruit, mais bourgeonnent vigoureusement. Enfin des Cassia marylandica repoussent vigoureusement du pied. Ces quelques exemples suffisent, je pense, à montrer que, dans notre région parisienne au moins, l'hiver écoulé ne peut être considéré comme exceptionnel. » Plusieurs membres font remarquer que pourtant nombre de végétaux qui ne souffraient pas les années précédentes ont été cet hiver fortement atteints. M. Debreuil cite dans ce cas ses Rosiers et ses Bambous et signale aussi que dans toute la Brie, les rosiéristes ont été énormément éprouvés. M. Gérôme a fait une enquête personnelle près de confrères ou d'amis établis dans diverses parties de la France; il signale les points les plus importants des réponses qu'il a reçues per- sonnellement ou qui lui ont été communiquées (réponses de MM. de Sainville et R. Rolland Gosselin). EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 404 Voici l’indication des localités, et les noms des correspon- dants desquels il a recu les renseignements résumés plus loin. Mirecourt (Vosges). M. Vaudrey, horticulteur-pépiniériste. Reims (Marne). M. Boidin, professeur de la Société d'Horti- culture. Marnay (Haute-Saône). MM. Bey-Rozet, pépiniéristes. Lille (Nord). M. Saint-Léger, jardinier en chef de la Ville. Lyon (Rhône). M. Chasset, pépiniériste à Quincieux. Tours (Indre-et-Loire). M. Lemoine, directeur des jardins de la Ville. Limoges (Haute-Vienne). M. Nivet, pépiniériste, Notes sur l'hiver 1908-1909, en divers points de la France, d'après divers correspondants. 1° À Nice, d’après lettre de M. Robert-Rolland Gosselin, à M. Bois : « Le résultat à été de retarder le tout d'environ trois semaines ; la température normale estrevenue fin mars. L'arrêt de la végétation a été complet sur tout le littoral, du 10 février au 15 mars, à la veille de la pousse. Les végétaux à feuilles caduques ont été plus sensibles que ceux à feuilles persis- tantes. Les oliveraies ont été beaucoup abimées par les neiges. » 2 Aux Courbes- Vaux (Loiret). Lettre de M. de Sainville à M. Debreuil. Il a gelé à — 25 degrés une nuit, et à —15 degrés, — 17 degrés pendant quatre ou cinq nuits. Oxr rÉsISTÉ : Espèces rares ou réputées sensibles aux grands froids : Pinus sabiniana (5 mètres); Abies nobilis glauca (4 mètres); Abies halepensis; Cedrus atlantica glauca C., Cedrus atlantica aurea, Cedrus Deodora verticillata glauca, Cedrus Deodora robusta pendula, Cedrus Deodora (type); Abies concolor; Abies Parryana cærulea; Acanthopanax ricinifolia, Acanthopanax Maximowiczu; Citrus triptera (en buissons); ÆXœlreuteria; Gingko biloba; Sophora. SONT MORTS ou très atteints (espèces rares) : Pinus insignis; Cupressus Lambertiana macrocarpa. ONT BEAUCOUP SOUFFERT (espèces communes) : Lauriers divers; Mahonia aquifolium. ROSIERS AYANT GELÉ JUSQU'AU SOL, malgré une couverture de feuilles : 402 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Réve d'or (noisette); Marie Van Houtte (thé); Turner's Crimson Rambler (sujets de quinze ans, et troncs énormes); Renée Barbier (hybride de Wichuraiïana); Fée Opale (hybride de Noisette), et bien d'autres donnéscomme peu robustes. A côté, ONT RÉSISTÉ : Beaucoup de Rosiers Thé. En somme, dans les Rosiers, les très gros et très vieux exemplaires de quinze à vingt ans sont morts ; les jeunes, déli- cats, à tige grosse comme un crayon, ont résisté. Morale : Renouveler beaucoup ses Rosiers par la coupe, sans conserver les trop vieux troncs. 3° À Mirecourt (Vosges). Dès la fin d'octobre, le thermomètre est descendu rapidement à — 8 degrés et — 10 degrés, ce qui a fait beaucoup de mal à toutes les plantes bisannuelles d’or- nement, dont loutes les feuilles ont été gelées; les variétés de Rosiers à bois tendre, thés, noisette, dont les yeux des greffes d’été avaient un peu poussé, ont été tuées par le froid. Après une accalmie en novembre, le froid est redevenu très xif pendant trois mois; plusieurs fois il a gelé à — 24 et — 25 degrés. La mauvaise saison n’a disparu que sur la fin de mars. Parmi les arbres fruitiers, les écussons de Poiriers, d’'Abri- cotiers et de Pêchers, quoique bien soudés, ont presque tous été gelés ; les Abricotiers ordinaires de 1 an et plus sont presque tous morts; l’Abricot-pêche de Nancy a le mieux résisté; Les Pêchers, Pommiers, Poiriers et Cerisiers ont moins souffert. Les Rosiers ont été très atteints. Chez les amateurs où on se contente d'emballer les têtes des hybrides remontants, tout est mort; là où on enterre, les Rosiers délicats ont gelé en grande partie. Le Rosier Crimson Rambler, si résistant, est également mort; je n’ai sauvé que les sujets greffés rez de terre et buttés; tout ce qui est au-dessus de la butte est gelé. Toutes les plantes vertes : Aucuba, Fusain, Laurier, etc., ete., quoique bien empaillées, sont mortes; je n’ai sauvé que ce qui avait été rentré sous châssis. Beaucoup d’arbustes ont succombé, notamment les espèces à bois spongieux; les sortes qui ont été le plus atteintes sont : Glycine, Althea, Buddleya, Ceanothus, Prunus japonica, Genista, Paulownia, Aralia spinosa, ete., etc. sega tdi dite EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 403 Les Conifères ont eu beaucoup de leurs feuilles brülées, entre autres les /fs, hetinospora, Cupressus, Cryptomeria, quelques variélés de Pins et les variétés de Thuya de Chine. Les Abies Pinsapo qui avaient été tués pendant l'hiver 1879-1880 n'ont pas souffert cette année. Toutes les plantes bisannuelles à floraison printanière sont mortes ; « malgré une couverture de branches de sapin, il ne m'est pas resté un seul pied de Silène, OEillet de poète, Digi- tale, Paquerette; les OEillets des fleuristes mêmes sont morts sous châssis froid ». Les plantes vivaces qui ont été couvertes de neige ont assez bien résisté; elles commencent seulement à pointer; c’est un relard de plus d’un mois. La Vigne dans les vignobles est totalement gelée; il n’a pas été possible de faire une bonne taille ; quelquefois on trouve encore un ou deux centimètres de bois vert à la base des sar- ments, mais les yeux ont été gelés. Toutefois, on rencontre par-ci par-là un contre-œil à peu près vivant. «En somme, cet hiver comptera ici dans les plus désas- treux. » 4° À Reims (Marne). « Température la plus basse — 22 degrés. Beaucoup de Rosiers gelés : presque tous les Thé et Noiselte en tige sont gelés ; par contre les hybrides de Thé se sont montrés plus rustiques. « Les Fusains ont fortement souffert, mais ne sont pas morts ; la vieille écorce des gros pieds n’est pas fendillée lon- -gitudinalement, « Les Aucuba ont beaucoup souffert sans être tués ; les plus “endommagés sont ceux qui sort exposés au midi et surtout à l’ouest. Ce fait pourrait s’expliquer par la présence de la neige sur les feuilles au moment où les rayons du soleil les attei- gnaient, ce qui aurait occasionné la désorganisation des cellules. «Les Lauriers-cerises ont aussi assez souffert ; dans la même situation certains pieds paraissent avoir mieux résisté que d’autres. « J'ai perdu un Ampelopsis Henryana, de deux ans de plan- tation en pleine terre; un pied de même âge chez un de mes amis n'a pas souffert. « Toute la treille du jardin-école de la Société d’horticulture -ast fortement endommagée; il ne reste pas plus d’un quart de Q] 404 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION jeune bois; je crois que cela est surtout dû à la grande gelée d'octobre qui l’a saisie en pleine végétation; les feuilles séchées y sont restées attachées tout l'hiver. « Dans le vignoble, où il n'y avait plus de feuilles (ravagées par le mildew), il y a aussi « du gelé »; tantôt ce sont des sar- ments entiers, tantôt des boutons seulement, et ce n’est pas d'une facon régulière, tout en suivant. » 5° À Marnay (Haute-Saône). « Chez nous, en Franche- Comté, l'hiver a été exceptionnellement dur et subit; nous avons eu —22° les 31 décembre et 1° janvier. « Heureusement, l'automne dans notre région avait été très long et très sec; les productions de l’année s'étaient bien aoû- tées et lignifiées ; sans cela, nous aurions eu beaucoup de perte dans les arbres fruitiers. « Les arbustes suivants : Jasmin blanc officinal, Laurier, Aucuba, Fusain, Houx, Osmanthus, Yucca, Romarin sont gelés. Il est à remarquer que ces arbres plantés au nord, à l'abri du soleil, ont mieux résislé et pourront être recépés; tous ceux plantés en plein carré sont irrémédiablement perdus. « Autre remarque suggestive : Ces mêmes arbustes, plantés dans un climat plus rude que le nôtre (plateau du Doubs), ont résisté merveilleusement à une température plus basse. « Les nôtres ont été saisis subitement par un froid de —22°, alors que ceux de Saône, Etalans, etc., sont habitués à des tem- pératures froides, mais progressives. : « Parmi les Conifères, les Cèdres du Liban et de l'Atlas, les Cryptomeria elegans sont roussis; dans les environs de Lure, ces mêmes espèces ont moins souffert. « Les Vignes ont beaucoup souffert; les plus atteintes sont celles qui ont déjà dépéri pendant l'été précédent sous les atta- ques des maladies cryptogamiques, faute d'un traitement con- venable ou fait à temps. « Nous avions reçu de la région parisienne des Poiriers et Abricotiers formés en palmettes, avec de très belles pousses, qui dénotaient une culture dans un sol riche et bien fumé. « L'hiver n’a pas laissé trace des Abricotiers, et a grillé toutes les extrémités des pousses de Poiriers, tandis que les mêmes essences élevées dans la région n'ont pas souffert. « Cette remarque est d’ailleurs vieille. Voici un autre exemple qui s y rattache : EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 405 « J'avais 250 Ifs pyramidaux panachés, et 120 Ifs pyramidaux d'Irlande, hauts de 40 à 50 centimètres, plantés depuis trois ans dans un terrain bien fumé; ces jeunes arbres étaient magnifiques : ils ont gelé! tandis que les mêmes variétés dans un terrain tout à côté, mais non fumé, n'ont pas une feuille atteinte. Ceci me fait considérer comme un article de foi « qu'un arbre venu trop vigoureusement ne lignifie pas suffisamment ses tissus, et ne résiste pas en climat froid. » 6° À Lille (Nord). « L'hiver a été long, très dur à supporter par ses longues périodes de froid humide, mais il n’a en somme rien détruit. Nous avons eu —16 et —17° comme plus basse tempéralure à deux reprises différentes; mais j'attribue à l’au- tomne superbe que nous avons eu et qui à permis la complète maturation des pousses de n’avoir pas de désastres à déplorer. Tout, ici, a résisté, à l'exception des Olearea Haastii. Les Buissons ardents, Troènes (Ligustrum macrophyllum et lucidum), les divers Lauriers qui sont souvent détériorés par des hivers moins durs n’ont rien cette année; les Fusains non plus, sauf les extrémités de la dernière végétation. Seulement, fout cela n'a plus de.feuilles ou elles ont été brü- lées par la neige, et devront disparaître. Les Rosiers, par exemple, ont été fortement endommagés, toujours les Thé et hybrides de Thé; les autres n'ont rien; hybrides remontants, polyantha grimpants, etc., ont été épar- gnés. J'ai contre mon habitation, à l’ouest, un William Allen Richardson qui a souvent gelé dans ses parties hautes; cette année il a bien un peu souffert, mais moins qu'à l’habi- tude. La neige, en mars, a abîimé beaucoup d'arbres, surtout les arbres verts, Conifères principalement, dont les branches n’ont pu résister au poids. » 7° A Lyon (Rhône). « Le 27 octobre 1908, il a gelé à —8°; beaucoup de dégâts ont été causés par cette gelée précoce, voici les plus nets : Les Lauriers-Cerises ont presque tous péri; les variétés à végé- tation peu tardive ont mieux résisté, telle la variété colchica, et surtout Schipkaensis qui s’est montrée la plus résistante. Parmi les Fusains, aucun n’a résisté; toutes les extrémités ont été gelées; les froids d’hiver ont fait tomber une grande %06 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION partie des feuilles. Pour le Phyllirea Vilmoriniana, les feuilles seules ont souffert. Le Micoucoulier de Provence en jeunes sujets(Celhis australis), les jeunes A/thæa (Hibiscus syriacus) ont été totalement gelés à la fin d'octobre; ces derniers rabattus ras de terre repoussent au collet de la greffe. Les Pommiers sur franc poussés d’un an ont leur extré- mité gelée par suite de la végétation tardive, il faut les rabattre de 15 à 20 centimètres pour trouver un bourgeon de prolon- gement. Beaucoup de Rosiers thé et hybrides de thé ont également gelé dans cette nuit d'automne (les uns en tige, les autres nains). Les Pêchers francs plantés d’un an et greffés à la base en août ont eu le quart supérieur de leur tige gelé ; ceci n’a aucun effet mauvais pour le résultat du greffage, mais c’est à signaler pour montrer les effets de cette gelée d'automne. Pour les gelées de l’hiver, rien de bien particulier à signaler ; le Gerisier greffé en tête a même moins souffert que les années précédentes; peu ou point de gel et dégel, peu de ver- glas, ce qui est l'essentiel pour nos arbres de pépinières. Les Cryplomeria japonica et elegans ont péri par les gelées de —18°, mais ils périssent souvent à moins. « En résumé, l'hiver long et rigoureux que nous avons subi n’a pas eu d'effets plus désastreux que les précédents, grace à la neige abondante tombée le 25 décembre ; seule, læ gelée d'automne, survenant brusquement après des semaines de beau temps, a surpris les arbres en pleine végétation et les a fait périr ou les a fortement endommagés. » 8° À Tours (Indre-et-Loire). 1° Arbres, arbustes ou plantes diverses qui ont passé l'hiver sans abri, et qui n'ont nullement souffert : Allium Shuberti, A. karataviense, A. Ostrowskianum, Ben- thamia fragifera, Baccharis salicina, Brodiæa grandiflora, Col- letia cruciala, Camellia japonica (plusieurs variétés à fleurs dou- bles ou semi-doubles); Cæsalpinia japonica, Feijoa Selloviana, Fendlera rupicola, Hovenia dulcis, Melia Azedarach (a très bien résisté en fort spécimen; des exemplaires jeunes ont péri); Myrica cerifera (qui n’a aucun mal en terre saine et sèche; en terre plus humide a les extrémités attintese par la gelée); EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS 407 Choisya ternata (mème observation que pour le Myrica) ; Olearia nummulariæfolia, Styrax japonicum, Veronica salicifolia, etc. 2° Végétaux abrités avec des feuilles sèches au pied, et dont les extrémités ont souffert : Bambusa palmata, B. Simonii, fol. var. (le type vert n’a pas eu de mal, de même que les autres Bambous de plein air); Colletia horrida (presque mort); les Quercus Suber, Pinus insi- gris, Umbellularia japonina ont leurs feuilles roussies; le Sterculia platanifolia à les rameaux supérieurs gelés; Desmo- dium cinerascens (sur 2 exemplaires cultivés l’un est gelé ras de terre, l’autre possède quelques rameaux indemnes), l’Ar- butus Andrachne, malgré son exposition au nord, contre un mur, a quelques feuilles atteintes, de même que l’Azalea indica; à signaler aussi le Jasminum officinale, et Coronilla glauca dont les pousses supérieures ont souffert. 3° Plantes qui ont disparu, malgré un abri au pied : Lavandula Stæchas, Teucrium fruticans, Leonotis Leonorus, Cæsalpinia echinata, Erica carnea, E. mediterranea, Fabiana imbricata. 4° Dans une planche de jeunes plants âgés de deux ans, mis en place au printemps 1908, exposition sud-ouest, les plantes suivantes ont disparu, faute d’abri ou par manque de rusti- cite : Cotoneaster integerrima, Caragana Gerardiana, Hamamelis moilis, H. arborea, Abelia lobata, Cornus cousa, Parrotia Jac- quemontiana, Disanthus cercidifolius, Olearia nitida, O. Fors- teri, O. macrodontà, Pinus rotundata, lex quercifolia C'oriaria hymalayensis, Viburnum dilatatum, V. pubescens. V. orientalis. Caragana Redowski (tiges gelées ras de terre). Les Lycium hor- rüdum et chinense ont disparu, le L. carnosum repart du pied, les autres espèces ont résisté. 5° Effets du verglas qui a succédé à la gelée de janvier. Plusieurs beaux arbres du Jardin ont été abimés : Un Cèdre du Liban a eu une maîtresse branche de 30 centi- mètres de diamètre cassée sous le poids de ce verglas; un fort Pin d'Autriche est ébranché en partie. Les Magnolia grandiflora ont perdu beaucoup de branches et de feuilles; j'ai pesé plusieurs de ces feuilles couvertes de ver- glas; le poids variait entre 62 et 66 grammes ! Les branches de ces Magnolias pendaient lamentablement. À signaler aussi, comme ayant souffert de ce verglas, les 408 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Pseudotsuga Douglasi et Sequoia gigantea, dont de nombreuses branches sont entièrement dépouillées de leurs ramifications ou feuilles. 6° A Limoges (Haute-Vienne). « Au sujet de l'hiver dernier, nous avons eu des quantités de neige, ce qui a brisé beaucoup de végétaux dans nos pépinières, surtout au début, quand ils se trouvaient tous garnis de feuilles. Les arbres greffés et surtout à bois tendre ont souffert tout particulièrement. Certains carrés de Chêne d'Amérique ont été couchés complètement, mais, leur bois étant flexible, ils se sont parfaitement redressés à la longue et n’ont pas eu de mal. Le givre, fortement accumulé, a eausé des préjudices ana- logues aux arbres, mais il a été encore plus nuisible aux fils télégraphiques pour lesquels il a causé 50.000 francs de dégâts dans une seule nuit. La température de l'hiver a été au-dessous de la moyenne ordinaire de notre région; nos plus fortes gelées n'ont guère dépassé — 10 degrés el nos végétaux ont souffert de la neige seulement et non de la température. » Les renseignements fournis sur l'hiver par les divers cbr- respondants auxquels M. Gérôme a envoyé un questionnaire sont loin d'être semblables, et cela se comprend puisqu'il s’agit de régions et de climats différents; ils font ressortir d’une façon générale l’action néfaste d’un froid brusque à l’au- tomne sur les plantes dont la végétation n'était pas arrêtée; des indications très précises sur la rusticilé de diverses espèces, eu égard aux conditions de sol et d'exposition, s’y trouvent mentionnées et ne peuvent qu'être utiles à connaître aux amateurs et aux collectionneurs. En fin de séance, il est décidé que la visite à l'École d’horii- culture de Versailles par la Section de Botanique aura lieu courant de juin, selon les indications de M. le Directeur de l'Ecole. Le Secrétaire, J. GÉRÔME. Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. #2 recuroata. ” odainee botryoides. cinerea- colossea. , _eugemoides. | Feld Bay. globulus. : ne » gomphocephala. … goniocalyz. S “hemiphlæa. : à ne : ; : Jeucoxzylon. | macrocarpa maculata. … microphylla. 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La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résultats dans ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres: Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des exp : sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les -graines qu elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés di agrégées où afhliées, la Société d’Acclimatation poursuit ün ‘but pratique d’util _ générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préoc- cupées de science pure. — Le Bulletin, paraissant une fois par mois et formant chaque année un volume d'environ 400 pages, illustré de gravures, donne des renseis gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poissons, Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes ho nouvelle. 4 | Le nombre des membres de la Société est illimité ; les étrangers y sont nes . même titre que les Français: les dames peuvent ésalement en faire partie ainsi qi _ les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés. (Labo ratoires, Jardins zoolosiques ou botaniques, Musées, etc.). 5 Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée. de 10 francs et üne cot (2 sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de 14 * Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions. FOHÉrER 4 gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, et faites par la Société, ou aux chep tels concédés par elle. — Divers avantages Jui sont également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit des PRODEARONE | de la DER antérieure à son neo etc. À É: ] or a de. depuis son Don en 4854, cinquante-huit volumes in-8 illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. ! Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur loutes 1 _ matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi= fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons et 1 _ pratique de la Pisciculture, l’'Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture et de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits, leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dont _ plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au. prix de revient poun les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix le D. Manuel de l'Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, + les auURsEe bien! connus du D' Moreau sur les Poissons de France. COR RS Le Gérant : A. MARETHEUX. Paris. — J. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) 56 ANNÉE NOVEMBRE 1909 H. COUTIÈRE. — Quelques notes sur les espèces comestibles de Crustacés du littoral. (Suite) 412 Th: RAYMOND. — Premiers états de Rhescynthis, Erythri Me allie NERO RARES 495 . M. de VILMORIN. — Introduction de Rhododendrons sino-thibétains . . . . . . . . Pi 208 A. GUILLAUMIN. — A propos de quelques résines de nos colonies fournies par des Bur- séräcées. . - . PES CAC 0 A NCA DRE PAT A LENS POP AIRE RE AE 432 H. GOUREET — Déjeuner amical du 17 mai 1909. PMR rte ON ME 435 LEE Bibliographie RÉ Ve GÉROME. — Les Végétaux, leur rôle dans la vie quotidienne DIE ET SN re NE Re 438 PR M. L. sr iculture PR ar rare 17 Na NS Ua Da re ARS rte À PRTEREE ae UE el 4 AO) Et is La Société ne es sous sa responsabilité aucune des ORERIUES émises Un numéro, 2 francs : — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. S FRA D © “AU SIÈGE SOCIAT DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE LTLRRRe | EE rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS : LE BULLETIN PARAIT TOUS LES MOIS siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de e a 7 heures. a e … SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Œ RANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 : 33, RUE DE BUFFON — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1909. Président, M. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur du Su Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bors, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole! : coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). É. Mie Présidents Baron Jules de GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. 4 M fes a Comte de PoNrzRIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris: ME j C. RAVERET-WATTEL, Directeur de la station aquicole du Nid-de- Verdier,h 20, rue des Acacias, Paris. Secrétaire général, M: Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. . MM. R. Le ForT, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Ætranger). Ve ; H. Hua, Directeur- -adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard CPR Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). je ra Micus-PouriNcon, 44, rue de la Chaussée-d’Antin (Intérieur). Ch. DeBreuiL, %, rue de Châteaudun, Paris (Séances). Trésorier, M. le D' SEBILLOITE, di, rue Croix-des-Petits- Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécatre, M. Marczes, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaire, Seine. Membres du Conseil MM. MAGAUD-D'AUBUSSON, 18, rue Erlanger, Paris. \ “Gomte Raymond de DALMAS, 96, rue de Berri, Paris. LEcoMTeE, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Ecoles, Paris. Le MyRrE DE Vicers, 8, rue Cambacérès, Paris. D: LePriNce, 62, rue de la Tour, Paris. À D: P. MARCHAL, Professeur à l'Institut National Agronomique, Directeur de la Station entomologiques de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. Ph: DE VILMORIN, Verrieres-le-Buisson, Seine- et-Oise. » Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. ACHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d’ Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Paris. ; Dr E. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 61; rue Cuvier, Paris. Wurrion, 1, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine, Dates des Séances du Conseil et des Sections Char POUR L'ANNÉE 1909 : Avril Novembre Décembre. Mars Maï 4 Janvier 7 Février 4 SÉANCES DU CONSEIL, le Jeudi à 5 heures. Are Secrion. — Mammifères, le lundi e à 5 heures . . . 8 9e SECTION. — ‘Ornithologie, ‘le lundi 12 à 3h. 4/2. . L 1 1 5 3 8 LE 3° SECTION. — (1), ‘Aquiculture, le lundi] RTS us à 5 heures . A AC A 8 8 19 | 140 15 12 l Le SECTION. — Entomologie, le lundil LL | A8 h01/2; ; EE EURE RE 8 | 8 19 10 15 FR 5e SECTION. — Botanique, le lundi| Hu 43h) Gr OU Lie ROSE) 15 26 17 22 J 6e rene — Colonisation, le Dir gt | ÿ'heures 10e 18 | 15 15 26 17 22 à Sous-Seonron d'Etudes Caprines, le ven- non à LS à ù ue AS HUM 172 Nora. — Les membres He la Société qui désinent assister aux séances des Sections recevront sur leur demande les ordres du jour mensuels des séances. , LES MIGRATIONS DES OISEAUX Par FERNAND DE CHAPEL. Les époques des migrations des Oiseaux sont à peu de choses près toujours fixes. Dans leurs voyages, les Oiseaux longent les montagnes, en évitant de les franchir et en profitant des vallées. Cependant, ce n'est pas une règle sans exception, et la manière dont ils se comportent dépend beaucoup des espèces. Quoi qu'il en soit, les grandes vallées de l'Europe indiquent à peu près les voies que suivent les Oiseaux migrateurs. En ce qui concerne ceux qui arrivent en France, trois grands courants se dessinent en Europe. : Un premier courant vient du nord et du nord-est : Russie, Suède, Norvège, ou bien passe par l'Angleterre, pour aboutir soit en Normandie, soit en Bretagne. Ce courant nous amène des Canards, des Bécasses, des Bruants des neiges, des Phala- ropes, des Grèbes, des Pingouins, etc. Une subdivision de ce courant amène des Oiseaux qui ne remontent pas plus au nord, certains Pluviers, par exemple. Un second courant partant du nord et du nord-est de la Russie et passant par la Bohême, est suivi par des Canards, des Bécassines, des Pluviers guignards, etc. Un troisième courant enfin nous amène d'Asie, par la mer Noire, quelques Oiseaux, comme le Syrrhapte paradoxal, et par la Turquie, l'Italie ou bien par l'Afrique, l'Espagne, les îles de la Méditerranée, Cailles, Hirondelles, Tourterelles, Guépiers, Rolliers, etc. Les Caiïlles nous arrivent d’Afrique, soit en suivant la chaîne des îles et presqu'iles qu'offre le sud de l’Europe, soit en fran- chissant la Méditerranée d’un seul vol. En effet, on a trouvé dans le jabot de Cailles arrivées le matin sur les côtes de France des graines de plantes africaines mangées la veille. A l'époque de leur passage, l'abondance de ces Oiseaux est très considérable. En Grèce, au sud de l'Italie, à Capri et aux îles Baléares ils s’abattent à bout de forces sur le littoral et on en prend alors d'énormes quantités. De même sur les rochers qui avoisinent Toulon. Les Cailles remontent jusqu’au nord de la Hollande, puis se font de plus en plus rares. Elles hivernent BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1999 — 29 410 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION au delà du Sahara et dépassent, dit-on, l'équateur. Au retour, elles se massent, avant de franchir la mer, dans toutes les régions de l'Afrique septentrionale. Celies qui suivent la vallée du Nil se divisent en deux colonnes dont l’une se dirige direc- tement sur les îles de l’Archipel, l’autre prend par l'Asie Mineure et va peupler principalement les bords de la mer Noire, d’où elle déborde en Europe par la Turquie. Quant aux Bécasses, on peut les considérer comme formant irois grands groupes. Premier groupe. — Les Bécasses de Norvège. Elles passent par l'Ecosse, l’est de l'Angleterre, arrivent en Normandie et Bretagne, continuent par Oléron, gagnent l'Espagne et pour- suivent leur route jusqu’en Afrique. De la presqu'île de Norfolk, ce premier groupe se divise en prenant soit par les côtes du sud de l'Angleterre, soit par Bruges, se répand dans le centre de la France et pousse en Espagne. Un second courant de migration part de la Finlande, traverse le Danemark, passe par Anvers et arrive également dans le centre de la France. Deuxième groupe, — Les Bécasses des côtes de la mer Bal- tique. Elles s’avancent par l’Allemagne, entrent en France par la vallée du Rhône et détachent des émigrants en Corse et dans l'est de l'Espagne. Troisième groupe. — Les Bécasses du nord de la Russie peuplent l'Italie et la Grèce. Un certain nombre de ces migrateurs nichent dans les Pyrénées et le Jura, mais en infime minorité. Quelques couples se reproduisent aussi dans les forêts du nord et du centre de la France. Leur véritable patrie est-le nord de l’Europe. Je crois que plusieurs causes se réunissent pour agir sur les migrations, par exemple la température et l’état hygromé- trique de l’atmosphère, dont souvent l'abondance et la disette de nourriture sont la conséquence. Ainsi à l’automne de 1907, pendant lequel nous avons eu de grandes chutes d’eau et des inondations, les Oiseaux, à l’exception des Canards, avaient disparu. En hiver, nous avons eu très peu de Grives, de Merles, de Rouges-Gorges, d'Accenteurs, etc... Je ne m'explique guère ce phénomène, car certaines espèces ne nous arrivent normale- ment qu'à une époque où les eaux sont déjà retirées. En revanche, au passage de fin mars, je n'ai jamais vu autant de Grives. Cela a duré huit à dix jours. Il en a été de même pour les Loriots, au commencement de mai. Pendant une dizaine LES MIGRATIONS DES OISEAUX AAA de jours, ils ont été extrêmement nombreux; leur chant, dans la matinée, retentissait de loutes parts. On sait que chez la Caille, ce sont les mâles qui apparaissent les premiers; j'ai fait la même remarque pour le Pinson, à son arrivée en automne. Chez la Bécassine, ce sont les jeunes qui passent dans les premiers jours d'août. J’ai connu un bracon- nier qui, en Camargue, en a attrapé au filet le nombre extraor- dinaire de soirante-douze douzaines dans une seule matinée. Il fut obligé d'aller chercher son âne et sa petite voiture pour transporter son gibier. Je crois me souvenir que sa matinée lui rapporta 300 francs. Et on se plaint que le gibier disparaît! Voici, entre autres, un fait relatif aux migrations. Mon fils revenait d'Afrique, le 20 ou 21 mai 1908. Le paquebot part à midi d'Alger. Vers trois ou quatre heures, il s’apercut qu’une Caille suivait le bateau, tantôt à bäbord, tantôt à tribord, et à un mètre ou deux seulement des bordages. Deux Tourterelles, uu Pluvier et trois Bruants volaient aussi autour ou au-dessus du bateau. Les trois Bruants se reposaient de temps en temps sur les cordages. À la nuit, les Oiseaux étaient encore là et on les revoyait le lendemain matin à dix heures. Mon fils n’a pu constater le moment précis où la Caille et les autres migrateurs e sont éloignés du paquebot. Il est probable qu'en vue des côtes de Marseille ils ont gagné la terre. Quelle influence a pu déterminer ces Oiseaux à suivre ce qu'ils ont peut-être consi- déré comme une planche de salut en cas de tempête, gros temps, vent? La Caille ne devait pas cependant chercher un abri contre le vent, puisqu'elle était tantôt à droite, tantôt à gauche du bateau. Des observations suivies en différentes régions pourront peut-être éclairer de quelque lumière la question encore si obscure de la migration des Oiseaux. J'habite un pays favo- rable à cette étude, car nous avons dans le Gard des Oiseaux qui viennent du Midi chercher un peu de fraîcheur dans nos marais ou nos montagnes, de même que notre climat assez doux en attire d’autres quand les frimas les chassent du nord. QUELQUES NOTES SUR LES ESPÈCES COMESTIBLES DE CRUSTACÉS DU LITTORAL Par H. COUTIÈRE, Professeur à l’École supérieure de pharmacie. (Suile.) La Crevette grise, Crangon vulgaris, très abondante sur tout notre littoral, est cependant plutôt une espèce des mers froides, où d’ailleurs la famille des Crangonidæ atteint son plein épa- nouissement, alors que celle des Palemonidæ est plutôt inter- tropicale. Crangon vulgaris est presque une exception parmi les Crangonidæ en ce qu’elle fréquente l'extrême littoral, tout en descendant à des profondeurs de 100 mètres et plus, comme dans les fjords de Norvège. Elle est représentée sur les deux versants américains et au Japon par des formes à peine sépa- rables spécifiquement. Très abondante en Norvège et en Dane- mark, où elle n’est pas utilisée comme aliment, elle compte en Angleterre deux centres principaux de pêche : les estuaires de la Mersey et de la Tamise. Son habitat de prédilection con- siste dans les plages et les bancs sablonneux ou vaseux, très superficiels ou découvrant à marée basse. Les estuaires ou les cordons d'îles basses parallèles au rivage réalisent le mieux la formation de ces bancs, aussi voit-on la pêche du Crangon par- ticulièrement intense sur les côtes du Schleswig-Holstein, l'estuaire de l’Elbe, le Jade, le Dollart, le Zuiderzée, l’estuaire de l’Escaut, de la Somme, de la Seine, et les portions de rivage intersituées. Les notions que l’on possède sur la biologie de l’espèce sont dues à des travaux anglais ou allemands, et sur- tout à celui d'Ehrenbaum. Bien des obscurités y subsistent encore, en raison des diffieultés, des causes d'erreurs que présente l’établissement du « calendrier » d’une espèce vivante et de la longue patience qu'’exige un tel travail. L'engin le plus universellement employé pour la pêche de la Crevette grise est le haveneau en forme de T, depuis le modèle minuscule vendu dans les moindres bazars jusqu’à celui dont la barre transversale mesure 2 mètres et dont le maniement SUR LES ESPÈCES COMESTIBLES DE CRUSTACÉS DU LITTORAL 413 est loin d'être un jeu. Il admet de nombreuses variantes, sui- vant que le filet est soutenu par un demi-cercle, par une seconde barre transversale, qu'il y a ou non des hausses en fer à la -barre antérieure, que la poche en filet est plus ou moins pro- fonde. On emploie aussi la forme à barres croisées en X, précé- demment décrite, ou encore à deux barres isolées, tenues sous chaque bras. On n'emploie jamais de casiers boëttés analogues à ceux usités pour le Bouquet, mais, en Allemagne surtout, en Hol- lande aussi, on use de vastes nasses, en osier ou en pitch-pin, pourvues d’un entonnoir antérieur, disposées en lignes paral- lèles serrées et toutes contiguës. Elles travaillent automatique- ment, par le jeu des marées. De même, celles construites en filet tendu sur des cercles, dont l'entrée se continue par deux vastes ailes, ou encore par deux haies de branchages longues de plusieurs centaines de mètres. De telles nasses ne se ren- contrent guère que dans la baie du Mont-Saint-Michel, où leur emploi a d’ailleurs été interdit. Dans l’estuaire de la Seine et du Thames, on use aussi d’un engin particulier, le « diable » des pêcheurs de Honfleur, vaste poche de chalut maintenue ouverte sur une armature rectangulaire, frappée par quatre chaînes sur une ancre à bouée, et qui travaille à marée haute avec le courant du flot. A Villerville, et aussi sur la côte franco- belge, on emploie comme engins fixes des filets tendus sur des pieux, gardant leur prise dans la bourse qu'ils forment infé- rieurement à marée basse, le tout, d’ailleurs, prohibé aujour- d'hui et ne servant pas exclusivement pour la Crevette grise. C'est ainsi que l'énorme « diable » capture surtout le Sprat; le « bag-net » du Thames, du Sprat ou du « whitebait », cette curieuse mixture de très jeunes Harengs et Sprats. Mais le chalut est le principal engin dans tous les centres importants, qui sont chez nous Dunkerque, Saint-Valéry-sur- Somme, Honfleur. Le quartier de Dunkerque arme 40 bateaux gréés en cotres de 1 à 2 tonneaux. Saint-Valéry, Cayeux, le Hourdel, le Crotoy, Etaples, Berck ont, en tout, 250 à 300 ba- teaux de 6 à 12 mètres, dont le travail au petit chalut est de beaucoup le principal. Ils sont généralement gréés en chaloupe et ressemblent assez aux barques sardinières de l'Océan. A Saint-Valéry, où leur type est très uniforme, ils s’alignent de long du quai en galets et clayonnages du canal de la Somme, chacune doublée de son petit canot pour l'accostage. Un seul Xl BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION homme suffit pour manœuvrer et le gréement et le chalut; le bateau n'ayant pas même de treuil. On en lrouve un, horizontal ou vertical, sur les bateaux pontés de Cayeux, d'Etaples, de Berck, que montent jusquà quatre hommes. Mais quatre hommes représentent six parts, el la prise d'un tel bateau est ldin d’être sextuplée. Ce sont, il est vrai, des embarcations à deux fins, qui font le Maquereau et le Hareng d'été, ou les cordes, ou le Mulet. Honfleur assure que ses « sauticots » laissent loin derrière eux les « sauterelles » de Saint-Valéry, et que la belle Crevette vient toujours de Honfleur, comme le beau Bouquet de Cherbourg. Je l’ai trouvée aussi délectable aux deux endroits. :Les embarcations sont toutes pontées, munies d’un treuil et d'une « boutique » dans laquelle la prise est conservée vivante. La pêche est moins exclusive qu’à Saint- Valéry, la plupart des crevettiérs faisant ‘aussi, à l’occasion, le Flondre ou le Sprat. De même à Trouville et Villerville, cette dernière localité ayant des « plates », gros bateaux ressemblant, en plus mal, aux « bisquines » cancalaises et qu'on ne construit plus guère. Trouville a les plus grands bateaux, mesurant jusqu’à 22 pieds de quille, et le chalut sert indifféremment pour la Crevette grise et les Poissons plats ou autres. Le Havre à aussi, dans son avant-port, une flottille assez importante de crevettiers. Mais on n'est plus guère « marin » sur les plages à la mode, et les casinos font tort aux manœuvres. « Laisse là tes filets, je te ferai pêcheur d'hommes »..., doublés ou non de belles dames fleuries. Je faisais cet irrévérencieux commentaire de la Parole en écoutant le patron du /30, à Trouville, la lippe entaillée par une pipe qui s’obstine dans son coin depuis un demi-siècle, me raconter comment Un Tel, sorti avec « du monde », avait pris au retour, la nuit venue, les feux de Cabourg pour ceux de Trouville, hors-d’œuvre non compris dans la pro- menade en mer, et qui fut peu goûté. Ce jour-là, d’ailleurs, il faisait calme, et le chalut du 730 ne ramena guère, en fait de Crevettes, que de la « glaire », cette horrible gelée urticante de Méduses ou de Cténophores. Il y a aussi de nombreux chalutiers à crevettes à Port-en- -Bessin et surtout à Grandcamp, à cause du vaste estuaire de la rivière d’'Isigny. Là encore, il s’agit de ports pratiquant toutes sortes de pêches, et crevettiers seulement à l’occasion. Dans toute cette région du petit chalut, comme, d’ailleurs, sur SUR LES ESPÈCES COMESTIBLES DE CRUSTACÉS DU LITTORAL 413 le littoral entier, la question du moteur auxiliaire est dans l'air. Il y a eu déjà quelques timides essais, qui se sont heurtés au prix élevé des appareils, du combustible, aux sournoises plaisanteries de l'eau salée, entremetteuse de courts-circuits, au choix trop hâtif de moteurs de complexion délicate, bref, à toutes les mésaventures pouvant naître entre des ignorants de ces capricieuses mécaniques et des constructeurs trop pressés de placer des modèles inadéquats. En Danemark, aux États- Unis, on paraît être sorti de cette période d’essuyage des plâtres, et les bateaux à moteur tonnant se sont multipliés très vite ; le développement de certaines pêcheries américaines de Crevettes et de Crabes leur est attribuable entièrement. La pêche au chalut de la Crevette grise n’est pas, que je sache, pratiquée dans l'Océan; bien que l’espèce soit extrême- ment abondante entre la. Loire eb la Gironde, on ne la pêche, à l’aide des haveneaux, qu'au voisinage des grands centres, où la clientèle tient à retrouver partout ses menus habituels. La saison du Crangon est l’année presque entière, mais sur- tout de février à juin inclus. On chalute de minuit à midi, ou de jour, suivant la marée, et à des profondeurs variant de 20 mètres à 2 mètres, suivant l'époque. Le trait de chalut dure une demi-heure en moyenne, parfois moins. La prise brute est vidée sur le pont et triée, puis criblée, aussi vite que possible. Pendant la nuit, cependant, on la laisse attendre, à cause des Vives (Zrachinus vipera) dont la plupart des pécheurs redou- tent extrêmement la piqûre, et qui pullulent. Elles sont parfois recueillies et constituent une friture fort présentable, mais on les rejette intactes le plus souvent, et leur espèce ne court aucun risque d'extinction. D’autres compagnons moins dange- reux, mais déplaçant beaucoup d'air, sont les Portunes, d’hu- meur extrêmement agressive et méritant le nom d’ « enragés » beaucoup mieux que le Crabe commun. Puis viennent de petites Raies, larges de 5 à 8 centimètres, toujours mortes, des Car- relets, des Plies, quelques Barbues, Turbots, Limandes et Soles mesurant, le plus souvent. quelques centimètres; de petits Merlans, quelques espèces non marchandes, Gobies, Callio- nymes, Syngnathes, et des jeunes, souvent encore transparents, de nombreuses espèces de Poissons ronds. Au total, une destruction indéniable de jeunes d'espèces comestibles, dans une région où ils abondent particulièrement, destruction un peu tempérée par le soin que prennent beau- 416 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION coup de crevettiers de rejeter vivant ce qu'ils peuvent, aussi rapidement que possible. Le petit chalut a une mauvaise presse, aussi bien à l'étranger qu'en France, et chaque année voit naître, ici ou là, quelque rapport mettant en relief ses méfaits et demandant son interdiction totale. C’est beaucoup. Summum jus, Summa injuria; on serait conduit à interdire de même la pêche à pied, le grand haveneau ou la « bichette » étant aussi des destructeurs de premier ordre de Poissons immatures. Je crains aussi que le petit chalut ne soit particulièrement attaqué parce qu'il est petit. Quel adjectif serait capable d’en- fermer le mépris d’un « beamless » de 600 chevaux, dont chaque « haul » peut rafler 10.000 merlus, pour ce parent pauvre qui traine avec un bout de toile son chalut de 3 mètres et s'estime heureux quand il débarque 20 kilogrammes de Crevettes ! Et croit-on que ces « grands frères » beam-trawl ou beamless-trawl, sont tendres pour les non-valeurs que ramène leur engin? Qu'on demande aux «skippers » du Dogger ou du Silver-pit combien de boîtes de Soles immatures ils ont débarquées à Grimsby, et combien de milliers de beaux Poissons adultes, écrasés par le rude engin, ont été jetés par-dessus bord comme « rubbish »! La cuisson des Crevettes, qui se pratique à bord sur les bateaux allemands, hollandais et belges, aussitôt après le eri- blage de la pêche, est toujours faite à terre, sauf quelques rares exceptions. La première méthode est certainement préférable ; la Crevette grise perd rapidement la finesse de goût exquise qu'elle possède fraiche et qui la rend même supérieure au superbe « bouquet ». Il y a pour cette préparation de nom- breuses variantes ; sur les bateaux allemands, on la cuit à l’eau de mer, concentrée par plusieurs opérations successives, et sou- vent on lave à l’eau de mer froide le produit étalé sur des claies. En France, on les cuit dans de l’eau douce salée, en ne met- tant que la quantilé stricte de liquide nécessaire, les Creveites fournissant le reste. Je signale en passant aux gourmets la salade de Crevettes, qui exige, hélas! leur épluchage préalable, et les « potted-shrimps » qui sont des Crevettes épluchées, con- files dans le beurre et vendues en petites terrines plates. C’est une préparalion très fine mais très périssable, inconnue en France, et très répandue, au contraire, dans le Lancashire. On prépare ainsi des shrimps (Crangon) et des prawns (Pandales); SUR LES ESPÈCES COMESTIBLES DE CRUSTACÉS DU LITTORAL 417 malheureusement, beaucoup de Crevettes épluchées sont im- portées et ne supportent le voyage que grâce à des « conser- vateurs » à base d'acide borique. On conserve aussi beaucoup de Crevettes grises en boîtes, en Hollande et en Allemagne. J'en ai consciencieusement goûté, mais n'ai pas recommencé l'expérience... À propos des « prawns » anglaises, je rappelle que le Pandalus montagui, qui les constitue dans le Lancashire et l’'Essex, est chaluté aussi en abondance à Honfleur, où il est mélangé aux Zeander serratus de petite taille. Il suffit d’avoir vu dans un vivier Langoustes et Homards pour comprendre que la grammaire leur attribue des sexes dif- férents. Habillée de couleurs un peu voyantes, la Langouste est une personne remplie de curiosité, toujours occupée à grimper le plus haut possible, poussant, à la moindre alerte, de petits cris exagérés. Elle adore le poisson frais. Le Homard est un seigneur circonspect et muet, à la carapace bien coupée, sobre de lignes et de couleurs, ami des coins obscurs et de l'ombre discrète. Au demeurant, un goinfre, qui préfère le faisandé et mange volontiers le voisin qu'un accident a privé de ses armes. J'ai pu assister à l’un de ces repas, fait aux dépens d’un spé- cimen en train d'achever sa mue, bien vivant, dont un confrère dégustail, à petites bouchées, les organes mis à nu, en dépit des violentes protestations du « consommé ». Notre Langouste commune (Palinurus vulgaris) est, comme toutes les espèces des Palinuridés, un Crustacé des mers chaudes, qui se trouve sur nos côtes grâce au Gulf-stream, et s'étend sur les côtes d'Irlande jusqu'à la hauteur de l'Écosse. On en aurait même pêché un spécimen, de provenance mal- heureusement imprécise, dans les parages de Bergen. Dans la Manche, sa limite est une ligne tirée de Cherbourg à Plymouth, encore ne la trouve-t-on que rarement aux îles anglo-nor- mandes. On en prend quelques spécimens à Guernesey. En revanche, elle prédomine sur le Homard dans la Méditerranée, où elle se rencontre partout. Elle s'étend aussi plus au sud, au moins jusqu'au banc d’Arguin, où elle est abondante, et peut- être beaucoup plus loin. Des espèces plus ou moins voisines de Langoustes sont répandues dans toutes les mers chaudes, ou réchauffées par des courants. La Langouste royale du banc d'Arguin commence à venir régulièrement sur nos marchés; à on pourrait pêcher d’autres espèces à Sainte-Hélène et proba- 418 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION blement en beaucoup d’autres points de cet immense rivage africain occidental, si peu connu. Au Cap, la magnifique Langouste de Lalande est mise en conserves, Si Robinson Crusoé revenait à Juan-Fernandez, il y trouverait des pêcheries de la Langouste frontale, servant aussi à préparer des conserves. Au Brésil, aux Antilles, trois ou quatre espèces sont utilisées; on en connaît d’autres en Nouvelle-Zélande, en Australie, à Madagascar, dans la mer Rouge, aux Indes et en Indo-Chine, au Japon, et dans la plu- part des archipels du Pacifique. En tout, une trentaine d’es- pèces, très largement distribuées. Au contraire, les Homards ne comptent que deux espèces, très voisines, confinées l’une et l’autre dans l'Atlantique nord, entre les parallèles 35 et52 en Amérique, 35 et 65 en Europe. Il faut y ajouter une remar- quable espèce spéciale à la région du Cap. mais qui est ter- restre et constitue, d’ailleurs, une rareté. Par contre, plusieurs autres genres de la famille des Homaridés ont une distribution beaucoup plus vaste. Notre Langouste est un Crustacé latin. Les Anglo-Saxons l'ignorent. Elle ne figure pas sur les mercuriales de Billings- gate et les pêcheurs d'Irlande ne trouvent à s’en défaire qu’à vil prix. Le Homard est, par excellence, anglo-saxon, sa pré- sence à Helgoland lui ayant procuré la nationalité allemande. Il en résulte qu'il y a quantité de bons travaux, norvégiens, danois, anglais, américains, allemands concernant la biologie de l’un, disette presque complète pour la Langouste. On sait que les larves du Palinuridæ sont, au sortir de l'œuf, des Phyllosomes au corps transparent et foliacé, muni de longues pattes bifurquées : elles sont surtout connues grâce aux travaux des savants allemands et anglais, et c’est Cunningham qui a donné récemment la meilleure description des Phyllosomes de la Langouste commune. L'histoire du développement de ces larves présente, d’ailleurs, encore un trou noir, entre le Phyl- losome le plus âgé et la Langouste la plus jeune, leur élevage étant resté, jusqu à présent, impossible. Elles sont le scandale de la « puériculture » invertébrée. D'ailleurs, la biologie entière de l'espèce, périodes de ponte, d’éclosion, de mue, migration possibles, est à peu près complètement inconnue, ce qui peut paraître surprenant pour un animal aussi commun. Que vaut, par exemple, l’assertion tenace, entendue si souvent sur le littoral breton, que l’on rencontre parfois au large de SUR LES ESPÈCES COMESTIBLES DE CRUSTACÉS DU LITTORAL 419 véritables bancs de jeunes Langoustes, à fleur d’eau. Je la tiens pour erronée jusqu'à preuve du contraire, mais elle vau- drait la peine d'être vérifiée, de même qu'il serait d’un grand intérêt de définir, comme nature, faune et flore, les fonds très limités sur lesquels la pêche de l'espèce est rému- nératrice. Cette pêche se pratique sur la côte bretonne à partir de Paimpol, peut-on dire, mais l'espèce est de plus en plus abon- dante à mesure qu'on va vers l’ouest. Molène, Ouessant, la chaussée de Sein, surtout, sont d'importantes stations. Au sud- ouest, on en prend sur le littoral breton et celui du golfe de Gascogne, en des points assez limités, dont on découvre, de temps à autre, quelque nouveau. Pour l'instant, c'est proba- blement la chaussée de Sein qui est le centre le plus notoire de cette pêche. Elle paraît s’y pratiquer depuis 1875, et elle a pris depuis cette époque un développement tel, que dans la saison, de juillet à septembre, il y a jusqu’à 500 bateaux, soit 10.000 ca- siers, sur les hauts-fonds situés au large de l’Ar-men, le fameux phare planté sur le dernier caillou de l’inhospitalière chaussée. Ces bateaux, gréés en cotre, sont de solides embarcations, de construction camaretoise en général, pontées ou demi-pontées, le plus souvent munies d’une citerne ou vivier. Les plus grands mesurent 11 mètres environ entre perpendiculaires, et la citerne s'étend depuis l’emplanture du mât unique jusque sous le roufle de l'arrière. Les casiers, cylindriques, de type très uniforme, mesurent 02,90 sur 02,60 de diamètre, ils sont cons- truits en lattes très espacées, montées sur 4 cercles; les entrées sont des cônes en filet tendus chacun par 4 brins, dont l’ou- verture oblique est un peu au-dessus de l’axe du cylindre. La boëtte fraiche est enfilée sur une cordelette qui assure en même temps la porte latérale par laquelle s’extrait la prise. Lesté de deux lourds galets allongés, chaque casier pèse 10 kilos environ. L'’orin est de 60 brasses; il porte 4 flottes de liège dont la dernière, formant bouée, est marquée « aux armes » du propriétaire qui le reconnait, Dieu sait comment, mais de façon infaillible. Il y a deux casiers jumelés sur le même orin et distants de 10 brasses. Le bateau, marchant sous le vent à toute petite allure, ou se laissant dériver au courant, mouille successivement ses 10 ou 12 paires, à des intervalles variables, suivant l'inspiration du patron et la place disponible. On va laisser les casiers deux heures en place, temps pendant 420 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION lequel le bateau est à la cape, ou croise suivant le vent et le courant. On en profite souvent pour pêcher la boëlte, qui con- siste surtout en Vieilles, magnifiques Labridés zébrés de vert et de rouge-brun. Après un circuit plus ou moins long et capricieux, où l’on ne manque pas d’interpeller les confrères passant à portée de la voix, on finit par se retrouver dans la région où flottent les minuscules bouées, puis par en aperce- voir une. Les « cirés » endossés, commence la course aux bou- chons floltants, qu'il s’agit de gaffer pendant que les accoste le bateau, qui tangue et roule de facon désordonnée sur la mer toujours dure de ces parages. La bouée est-elle manquée ou mal abordée, il faut virer lof pour lof, tanguant et roulant de plus belle, pour revenir la crocher. Une fois à bord, l’orin est chargé sur une fourchetle du plat-bord qui le relève, de facon à profiter des oscillations et à se haler dessus seulement lors- qu'il mollit. Le roulis fait ainsi la moitié de la besogne, com- pensation vraiment méritée. Les trois flottes, puis successive- ment les deux casiers, sont ainsi amenés dans un ruissellement d’eau. Chaque Langouste — s'il y en a — a les pattes de la première paire luxées par une brusque torsion du membre et jetée au vivier, dont la petite écoutille s'ouvre au pied du mât. Les Homards, toujours beaucoup plus rares, ont l'articulation du doigt des pinces entaillée d’un coup de couteau, parfois enclouée avec le dactyle d’une Araignée de mer (Maia squi- nado). Celles-ci sont abandonnées sur le pont, de même que les Crabes tourteaux de moins de 15 centimètres. Il est fréquent de ramener des Congres mesurant 1%,50 et plus. Dans ce cas, l’amorce a régulièrement disparu dans l'estomac de l’affreuse bête visqueuse et grise. Ces Congres sont dépecés et mis à sécher pour l'hiver, la soupe que l’on prépare avec les restes frais du dépeçage est une chose exquise. Les casiers sont si serrés sur les bancs que les orins s’em- mêlent fréquemment, surtout lorsqu'un confrère peu scrupu- leux est venu mouiller sa série sur une qui lui a paru en bonne place. C’est une complication fâcheuse de la besogne d’acrobate que nécessite la relève, et qui ne se termine guère sans quel- que belle bordée de noms d'oiseaux, sans compter les orins perdus, de même que les casiers et leur contenu. On ne fait guère dans la journée que deux relèves, par suite de l’éloigne- ment du port de Sein, à moins que le bateau ne passe quelques SUR LES ESPÈCES COMESTIBLES DE CRUSTACÉS DU LITTORAL 421 nuits sur les bancs, auquel cas il mouille encore ses casiers pour la nuit avec de la boëtte salée. Pendant les deux jours où je fus inscrit au rôle de la « Reine d'Armor » sur la chaussée de Sein, — deux jours de pluie et de « crachin » où le petit roufle à l'arrière me parais- sait un lieu de délices — nous rentrâmes le soir avec une moyenne de 40 Langoustes, trois Homards, une douzaine de Tourteaux ou de Maias, un Congre. C'est une prise de quel- que 150 francs à partager entre les trois hommes du bord et le bateau comptant pour deux, soit 30 francs pour chaque part. Il faut compter au plus six mois de sorties par an, parce qu'il y a trop de mer ou trop de calme. Ayant mis dix-huit heures au lieu de deux pour arriver à Sein, dont une nuit, d’ailleurs splendide, et une matinée dans la brume parmi les dangereux cailloux du Raz, j'ai pu me convaincre que le « calme » n’est pas un mythe. L'appauvrissement des bancs de la chaussée se fait déjà sentir, malgré cette sorte de protection naturelle, que les bateaux à moteur vont supprimer dans un avenir très proche. Aussi les gars de Loguivy, grands inventeurs et ravageurs de nouveaux fonds, ont-ils délaissé Sein pour les îles Scilly ou Sorlingues. La petite flotte des Loguiviens y va régulièrement faire des « morte-eaux » fructueuses, malgré l’obligation génante de se tenir hors des trois milles des eaux territoriales. De temps à autre, la tentation est plus forte que la crainte et chaque année voit revenir quelques cas de confiscation des engins et de la prise, plus l'amende, infligée par les inflexibles gardes-pêche de l’Amirauté. Les Bretons sont d'ailleurs très bien vus à Sainte-Marie, la principale des Scilly, chacun d’eux dépensant comme dix Écossais en gin et whisky — sans soda. Les casiers sont mouillés à Sein par des profondeurs attei- gnant parfois, au début de la saison, 70 et 80 brasses. Les Langoustes venant de ces niveaux sont un peu blanches, cou- vertes de Spirorbes et d'un léger duvet de Bryozoaires. Leur couleur fonce à mesure que la profondeur diminue, et aussi, paraît-il, leur qualité. Elles résistent mieux aussi au séjour en viviers. Belle-Isle, surtout le port de Sauzon et Locmaria, étaient autrefois très visités par les Paimpolais de Loguivy, qui venaient s'y établir avec leurs familles pendant la saison de pêche et 422 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION qu'on y voit beaucoup moins maintenant. J'ai vu cependant au Palais bon nombre de bateaux du Finistère avec le casier paimpolais, tandis qu'à Sauzon l'engin local est plus petit, avec le dessus en filet et le dessous en lattes. Au Croisic, ce sont aussi les grands casiers, du type industriel, si l’on peut dire, avec beaucoup de bateaux camaretois, douarnenistes ou capisles, qui viennent pêcher sur le Banche, le Four et autres fonds rocheux de la région. Dans la région de Groix, de Con- carneau, de Lorient, le même casier cylindrique est recou- vert de filet au lieu d’être en lattes. Noirmoutiers, dans les parages du Pilier, et surtout l'île d'Yeu, font activement le « chancrage ». Le petit port de la Meule, d'un pittoresque si intense, fait plutôt le Homard, et Port-Joinville la Langouste. Le « rouge » et le « noir », comme disent les Iliens, sans avoir beaucoup lu Stendhal, probable- ment. Les casiers d'Yeu ont la forme d'une petite maison voûütée et porlant une entrée unique, située au milieu de la voûte et conslituée par un cylindre à claire-voie, autour duquel on dispose la boëtte. Ils sont peut-être moins pêchants que les casiers paimpolais, mais plus fidèles en ce que l’évasion est ‘presque impossible. Ils sont plus compliqués comme construc- tion, plus « fignolés », moins uniformes comme type, moins industriels en un mot. Les gens d'Yeu ont longtemps exploité la roche de la Char- donnière, à la hauteur d'Oléron, haut fond très riche et aujourd'hui dépeuplé. Mais ce gisement n’eut jamais la célé- brité de Rochebonne, découvert vers 1885 par un Ilien de Sein, mort aujourd'hui, le capitaine Milliner. Il s’y fit d’abord des pêches miraculeuses. Des Langoustes de 2 kilos et plus rem- plissarent les casiers aussitôt posés, quand elles ne revenaient pas agrippées à l'engin, « complet » à l’intérieur. Le secret, très bien gardé, fut trahi, à ce qu'on m'a raconté, par la femme d'un matelot. Illettrée, elle dut montrer à une voisine une lettre chargée imprudemment explicite de son mari... Rochebonne, haut fond dangereux, où l'on établit actuellement un phare au prix de difficultés considérables, vit sa population de Langoustes décroitre avec rapidité. En dix ans, ilne « paya » plus. Ce n’est qu'actuellement, dix ans encore passés, que l’on commence à y revenir timidement. A partir de Biarritz, la pêche se poursuit très active sur toute la côte d'Espagne et de Portugal, et les bateaux-viviers TÉL SUR LES ESPÈCES COMESTIBLES DE CRUSTACÉS DU LITTORAL 423 bretons lui constituent un important débouché. Ribadesella, Oviedo, Ribadeo, Llanes, Coruña, Vigo, Povoa de Varzin et même Péniche sont ainsi visités couramment par les gens de Camaret, de Sein, d'Argenton, de Brest, de l’Aberwrach, de Roscoff, de Saint-Malo, de Guilvinec, de Loctudy, de Quiberon, de Lorient, du Croisic, etc. L'opération a été autrefois très fructueuse, en raison des prix auxquels on pouvait se procurer le fret de 5 à 800 Langoustes dans des pays dénués de toute communications. Les pêcheurs espagnols usent surtout du « red langostera », analogue au filet de Raïies des Douarne- nistes et des Hollandais du Texel et que les uns et les autres emploient d’ailleurs à l'occasion ou pour ia Langouste ou pour le Homard. C’est une série de nappes verticales avec lièges et plombs, à mailles carrées de 8 centimètres, assemblées en un seul filet, et mouillées près du fond avec une bouée à chaque bout de la nappe totale. L’engin n'a pas besoin d’être boëtté, ou plutôt il le devient automatiquement par les Poissons qui s'y prennent, et les Langousles s’y empêtrent par leurs pattes et leurs antennes. A la relève, il arrive fréquemment que des Langoustes soient pliées en arc à l'articulation thoraco-abdo- minale. Ce « tour de reins » se reconnaît à l'aspect, parait-il, et beaucoup de spécimens en meurent. Les bateaux-viviers emportent généralement avec eux leurs casiers, ce qui leur procure à meilleur compte une partie du chargement, mais la limite des eaux interdites aux étrangers est en Espagne de six milles au lieu de trois, ce qui rend la pêche très difficile par suite des profondeurs atteintes à cette distance. Le plus souvent, les bateaux vont directement charger auprès des viviers établis en de nombreux points de la côte, et qui ont centralisé les prises d’un certain nombre de pêcheurs espa- gnols. Au dire des mareyeurs, il y a des « races » plus sensi- bles au transport les unes que les autres, et qui donnent une grosse mortalité pendant le voyage. Il faut dire que les Lan- goustes sont traitées d'une manière fort brutale par les pêcheurs espagnols, et qu'il y a de multiples transbordements avant d'atteindre le repos relatif du vivier breton. Le droit de 15 francs les 100 kilos payable à l'entrée en France est, comme tout droit de douane, le point de départ d’une contrebande. Je me suis laissé dire que tel bateau ren- trant d'Espagne mouillait une partie de son chargement dans des casiers « bourrés », repérés soigneusement, et dont on 42% BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION allait reprendre le contenu quelques jours plus tard. Ou bien il remettait le plus possible de son fret à un bateau complice, sorti ostensiblement pour la pêche, et qui croisait, en l’atten- dant, à un lieu convenu. De leur côté, les douaniers assurent que ces malices leur sont non seulement connues, mais faciles à dépister, par suite de la différence d’aspect des Crustacés espagnols et bretons. Ce mouvement d'importation s’est peut- être un peu ralenti, en devenant moins fructueux par suite de l'élévation du prix d'achat; d'autre part, des essais plus auda- cieux ont été tentés d'aller prendre notre Langouste commune et la Langouste royale en Mauritanie. J'ai vu plusieurs milliers de ces dernières à Roscoff, en 1907, représentant ce qui restait d'un premier voyage, où le déchet avait été considérable. Depuis, cette espèce est assez couramment amenée jusqu'aux Halles. Il y aurait lieu évidemment de poursuivre des expé- riences comparatives entre le transport en bateau-vivier, le transport dans divers emballages refroidis par de la glace, enfin la conservation en chambres frigorifiques. Mais ces coùû- teux essais se font d'ordinaire aux dépens de qui les entre- prend, et les « martyrs » ne sont pas légion... (A suivre.) Et PREMIERS ÉTATS DE AHESCYNTHIS ERYTHRINÆ WALK [LÉPID|. Par THÉOPHILE RAYMOND. Cette note a pour but principal de rectifier une fausse opi- nion qui faisait attribuer à Rhescynthis erythrinae Walk (—Ar- senura Armida Cramer) un cocon qui doit probablement être construit par un Attacien de l'Amérique centrale. Comme on le verra par ce qui suit, cette espèce ne consiruit aucun cocon et ne doit, par conséquent, pas être considérée comme séricigène. Les œufs sont ronds, d’un blanc bleuâtre. Vers le quatrième jour après la ponte, ils se dépriment au centre et restent dans cet état jusqu’à l’avant-veille de la naissance des Chenilles qui a lieu quinze jours après la ponte. Au sortir de l'œuf, la Chenille est d’un gris sale; mais, quel- ques heures après, elle se colore en noir avec la tête rouge. Tout le corps est couvert de poils soyeux de couleur grise. Les deuxième et troisième anneaux portent des épines charnues assez longues. L’anneau anal est orné d'une épine charnue, ce qui lui donne beaucoup de ressemblance avec les Chenilles de Sphinx. Les incisions des deuxième, quatrième, cinquième, sixième, septième et huitième anneaux sont bordées de jaune. La première mue a lieu dix jours après la naissance. Au deuxième âge, la tête et les pattes membraneuses sont rouges, le corps est formé d’anneaux noirs et jaunes. Les premier et deuxième anneaux sont ornés, latéralement, d’une paire d’épines charnues noires; l'anneau anal comme au premier âge. La deuxième mue a lieu neuf jours après, sans amener aucun changement de forme ou de couleur. A cet âge, ces Chenilles sont très vives et très vagabondes. Huit jours après, la troisième mue se produit. Les anneaux jaunes sont alors plus étroits et beaucoup plus clairs; les noirs, au contraire, deviennent plus larges et plus foncés, coupés par des fils verdâtres. Les épines charnues existent toujours. Cet âge dure quinze jours. BULL, SOC. NAT. ACCL. FR. 4909 — 30 426 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Au cinquième âge (quatrième mue) la Chenille n’a plus d’épines et les anneaux jaunes deviennent d’une couleur ver- dâtre. Cet âge dure vingt-cinq jours. Enfin adulte, au sixième âge, elle est largement annelée de noir et vert, la tête et les pattes membraneuses sont rouges; les pattes écailleuses sont noires. A cet âge, la Chenille est très tranquille ét peu vorace. Elle vit cachée pendant le jour au bas des bifurcations des branches, souvent en compagnie d'une ou deux autres, et ne quitte sa retraite que la nuit, pour manger. Aussitôt qu'on la touche, elle vomit une eau visqueuse, rou- geàtre. Au bout de vingt-trois jours, elle arrive à son complet déve- loppement et mesure de 13 à 15 centimètres. Alors ses couleurs commencent à se perdre et, trois jours après, elie abandonne la plante qui la nourrissait et cherche un endroit convenable pour sa transformation. Quand elle l’a trouvé, elle s’enterre rapidement à une pro- fondeur de 25. à 30 centimètres. | | Arrivée à cette profoudeur, elle construit une loge ovale, de la dimension de son corps, sans la tapisser de soie et sans faire aucune espèce de cocon. Quatre jours après, elle se transforme en chrysalide. Celle-ci est d’un brun rougeâtre. La surface du thorax est sillonnée, les stigmates visibles, elliptiques et noirâtres. Les trois derniers anneaux rétrécis en arrière. Les pattes membraneuses encore visibles sous les deux pre- miers anneaux. L’extrémité abdominale terminée par une pointe sur la partie supérieure. Le papillon éclôt en juillet. La Cheuille se nourrit de guacimo (Guazuma ulmifolia), Sterculiacée et du ceibo (Bombax ceiba), Malvacée. C’est avec ces deux plantes (les seules sur lesquelles on a trouvé les Chenilles jusqu’à présent) que nous sommes arrivé à mener à bien l'élevage de quelques chenilles, car elles sont très délicates et difficiles à élever eu captivité. Pour obtenir de bons résultats, j’ai dû procéder ainsi : Au milieu de mon jardin, j'ai bâti une cage en gaze, de 2 mètres carrés sur 3 de hauteur; dans une boîte de 20 centi- € RHESCYNTHIS ERYTHRINÆ » WALK [LÉPID.| 427 mètres de hauteur, pleine de terre, j'ai placé un récipient d’eau assez grand pour contenir une grosse branche de la plante nourricière sur laquelle mes Chenilles pouvaient s'ébattre comme en liberté. Pour renouveler la nourriture, je n'avais qu’à placer une nouvelle branche à côté de l'ancienne et toutes les Chenilles passaient aussitôt sur la nourriture fraiche. Il fallut les soigner ainsi pendant trois mois pour obtenir leur complet développement. J'avais essavé plusieurs autres manières sans résultat. Cet élevage, long et difficile, ne produit donc que des Papil- lons pour collections, mais aucune soie, contrairement à ce qu'on croyait jusqu'à présent. Caracas, 23 avril 1909. INTRODUCTION DE RHODODENDRONS SINO-THIBÉTAINS Par MAURICE DE VILMORIN. On sait combien certains groupes de plantes sont localisés sur des points du globe qui semblent être de véritables centres de création pour telle ou telle famille. Les explorations des botanistes dans les montagues de l’Inde ont révélé un nombre de Primevères, Pédiculaires, Rhododendrons, etc., entièrement inattendu. Pour ce dernier genre il semble que les chaïînons des mon- tagnes de la Chine Occidentale soient encore plus riches en espèces que ne l’est l'Himalaya proprement dit. Sur les échan- tillons envoyés par des voyageurs et surtout par des mission- paires résidents, le regretté Franchet à décrit un fort grand nombre d'espèces nouvelles. Leur introduction est émi- nemment souhaitable. J'ai eu la satisfaction de pouvoir réaliser l'introduction d’un certain nombre des espèces chinoises-thibétaines et la liste ci-contre mentionne les espèces qui ont fleuri dans le Fructi- cetum des Barres. où plusieurs autres existent en sujets âgés de un à cinq et six ans. 1° Rhododendron Augustin Hemsley. Cette espèce est très différente des Rhododendrons hybrides de nos jardins et qui dérivent des ponticum, caucasicum, arhoreum catawb'ense, etc. ; leur beau feuillage rivalise d'ampleur et de densité avec le laurier du Caucase (Prunus laurocerasus, L.). Il en est tout autrement dans le #hododendron Auyustunri (dédié au D° Au- gustin Henry bien connu par ses voyages en Chine, où il était inspecteur des douanes impériales et correspondant des Jar- dins de Kew). La plante émet des branches plutôt fines, cou- verles d'une écorce gris foi cé et portant des feuilles petites, longues de 4 ou 5 centimètres au plus sur À centimètre de large, agréablement odorantes quand on les frois-e, espacées. La fleur assez grande, 3 centimètres environ, est en entonnoir blanc ponctué de brun ou parfois blane-bleuàtre, dans les pieds que je possède. Une belle planche en a été peinte par M. R_ d’Apre- val et figure dans la Flora et Sylva de Robinson, année 1905. Le pied que j'ai porté à l’exposilion de Gand en 1908, et ceux qui me restent aux Barres, atteignent environ 125; j'ai déjà INTRODUCTION DE RHODODENDRONS SINO-THIBÉTAINS 4929 des semis provenant des graines de ces sujets qui ont fleuri vers 1904. 2° Rhododendron Annx Franchet. Journal de Botanique de Morot, 1898. Rhododendion adenopodum Franchet. (Gliché communiqué par le journal {he Gardener's Chronicle, n° du 8 mai 1909.) J'ai recu en 1902 et 1903 des grains de ce Rhododendron par les soins de Mgr Séguin et de M. l'abbé Martin, mission- naire au Koëy-Tchéou. Cette province semble posséder un grand nombre d'espèces. J'obtins en 1906 et 1907 la floraison de quelques pieds. Un de ces pieds se distinguait par la forme . 430 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION presque rotacée de sa corole d’un blanc presque absolu et large de 25 millimètres environ; la profondeur de la fleur était presque nulle. La plante fut présentée en 1907 à la Société nationale d'Horticulture; elle avait alors environ 60 centimètres de hauteur. Un autre pied se mit à fleurir en 1908, présentant une dimension de fleurs un peu supérieure, une teinte blanc rosé et un pointillé brun très accusé à la gorge de la corole qui est bien plus profonde que dans la plante de 1907. 3° Rhododendron chartophyllum Franchet. Journal de Bota- nique de Morot, 1895. Je dois encore cette espèce aux récoltes de Mgr Seguin au Koëy-Tchéou. J'en ai reçu les grains en 1901 et elles ont donné des pieds florifères vers 1906. Le Æhododendron chartophyl um est une toute petite espèce rampante, elle semble ne pas dé- passer 30 centimètres de hauleur, mais étale ses rameaux à la surface du sol ou ils s’enracinent facilement. La fleur, large de 15 à 20 millimètres, mais profondément tubuleuse, est blanc rosé ou lilacé, assez attrayante. Cette plante très rustique sera une grande ressource comme plante de rocailles et plates- bandes à l'ombre. Un de mes correspondanlis écossais, collec- tionneur de Rhododendrons botaniques, m'écrivail il ÿ a un an en me disant l'excellent succès qu'il a obtenu des sujets que je lui ai offerts. La facilité du bouturage de cette espèce assure sa prompte diffusion. 4° Rododendron primulæflorum Bur et Franchet. Journal de Botanique de Morot, 1891. Je dois cette espèce aux recherches du regretté Père Soulié, qui en récolta les graines au Thibet en 1901. Ces graines pro- duisirent des plantes basses, à feuilles très petites, vert foncé, presque appliquées sur les rameaux et donnant à l’aisselle dans les branches florifères de minuscules fleurs blanc pur de 6 à 10 millimètres de dimension. La floraison s’en est produite en 1908. C'est uniquement une plante de collection. 5° Rhododendron adenopodum Franchet. Journal de Bota- nique de Morot, 1895. Je le dois aux fructueuses récoltes de M. l'abbé Farges, à qui je suis aussi redevable du Davidia involucrata qui a fleuri pour la première fois en Europe en mai 1906, aux Barres. Le Rhododendron adenopodum s'annonce comme une plante aussi remarquable par sa beauté que par sa rareté. Elle pro- vient des montagnes du Su-Tchuen oriental au nord-ouest INTRODUCTION DE RHODODENDRONS SINO-THIBÉTAINS 431 d'Itchang. Le semis fait en 1901 ne m'a donné qu'un pied. Bien que la rusticité de la plante sous le climat de Paris ne semble pas douteuse, j'ai hiverné mon pied chaque année en châssis froid. C’est dans ces conditions qu’il a développé plu- sieurs bourgeons floraux dans les premiers jours d'avril. La grappe se compose de fleurs peu nombreuses mais d’une dimension inusitée, car elles dépassent 6 et 7 centimètres d'ouverture. Elles forment un entonnoir évasé; la couleur de ma plante est d’un beau rose carné tendre, rappelant celle du bel hybride Æewense (griffithianum X Kookeri). J'espére récolter des graines dès cet hiver et pouvoir ainsi répandre cette très belle espèce. Sa feuille, grande, ceriace, est vert foncé en dessus et duveteuse, blanche au revers. Un de mes premiers semis dont le numéro d'ordre a été malheureusement perdu m'avait donné. il y a déjà longtemps, le Ahododendron Delavayi Franchet, Bulletin de la Société bota- nique de France, 1886. Comme pour la plupart des espèces pré- cédentes, je dois sa détermination à mon ami Bois dont l’obli- geance n'est jamais en défaut. Ce Rhododendron de la Chine du Sud se met difficilement à fleurs dans les conditions où je le cultive, c’est-à-dire en pleine terre l'été et l'automne, et en châssis froid l'hiver. Sa fleur d'un rouge foncé intense est longuement tubulaire, assez étroite ; il semble n'être inté- ressant que par son beau CON qui pourra le rendre utile pour des hybridations. Des semis antérieurs m'avaient donné le Rhododendron dahuricum L. et le Rhododendron indicum avec quelques diffé- rences légères qui ne méritent pas de retenir l'attention. J'ai l'espoir que les plantes non encore fleuries que j'ai en réserve aux Barres me permettront un jour de parler de quelques autres espèces curieuses. À PROPOS DE QUELQUES RÉSINES DE NOS COLONIES FOURNIES PAR DES BURSÉRACÉES Par A. GUILLAUMIN. Les Burséracées se rencontrent dans toutes nos colonies, mais au point de vue des résines, ou plus exactement des oléo- résines, les genres Bursera, Protium, Canarium, Pachylobus et Aucoumea sont seuls capables de donner des quantités considérables de produits utiles. Les résines de Pursera ou Gommarts, de Canarium (Ramy à Madagascar, Dammar noir dans l'Inde, Düa-tram-den au Ton- kin) et d'Aucoumea sont complètement solubles dans les dis- solvants ordinaires des vernis, tels que l'alcool ou l'essence de térébenthine. Dans l'Amérique centrale, l’industrie des vernis emploie les Gommarts de Bursera indigènes et achète ceux des Antilles françaises; les Américains recueillent aussi avec soin les sécrétions du Pursera Hindtiana de Basse-Californie et celles du Bursera fragilis du Mexique ; ils les appellent impro- prement copals et les emploient aux mêmes usages que les vrais. Pourquoi n’utiliserait-on pas dans l’Inde francaise les sécrétions des C'anarium qui s’y trouvent, alors que les Anglais savent tirer parti des dammars noirs que fournissent en abon- dance les Canarium du Silhet, du Turnevelly et du Travancore? Pourquoi n’en serait-il pas de même du Düa-tram-den fourni au Tonkin par les Canarium nigrum ou tonkinense (1)? Pourquoi n’emploierait-on pas aussi des Ramy actuels ou fossiles de Madagascar utilisés sur place pour fabriquer des vernis, bien que leur degré de solubil'té dans l'alcool soit moins grand que celui des résines des PBursera des Antilles et des Canarium asiatiques? Enfin l’Aucoumé du Gabon et du Congo fournit une grande quantité de résine presque inutilisée à l'heure actuelle, puis- qu’elle ne sert qu’au calfatage des pirogues et à la fabrication de torches grossières. Cet arbre est de très grande taille et très commun dans toute notre colonie : on l’exploite pour son bois, employé en France, en Angleterre et quelque peu en Allemagne comme succédané de l’Acajou. Des milliers de tonnes sont (4) Celui-ci vaut à Son-Tay 0 fr. 16 le kilo à l’état mou. A PROPOS DE QUELQUES RÉSINES DE NOS COLONIES 433 exportées chaque année, et il est dommage qu'avant de sacri- fier l'arbre on n'en n'ait pas tiré tout le parti possible. Si modique que soit le bénéfice provenant de la vente de la résine, il viendrait toujours s'ajouter à celui de l’exploitation du bois. Cette essence forestière étant très vigoureuse, on pourrait cer- tainement, sans nuire à sa croissance, pratiquer sur le tronc des saignées pour extraire le baume ; les canaux sécréteurs étant verticaux et localisés dans le liber, il serait très facile et bien peu coûteux de pratiquer toute une série d'incisions hori- zontales disposées en escalier, ce qui aurait l'avantage d’inté- resser tous les canaux résinifères. On pourrait de la sorte recueillir un produit peu coûteux quant à la main-d'œuvre. Certes, on ne pourrait penser à remplacer le copal par la résine d'Aucoumé, car celui-ci est déjà bon marché (1) et possède des qualités de dureté que ne saurait offrir la résine d’Aucoumé, . bien que son point de fusion soit déjà élevé. On sait que depuis quelques années, aux Philippines, les résines des Canarium sont exploitées pour en extraire les huiles essentielles qui entrent dans la composition des encres litho- graphiques (2); les sécrétions de Pursera, Canarium, Aucoumea et celles de Protium et Pachylobus (ces dernières incomplète- ment solubles dans l'essence de térébenthine et l’alcool et, par suite, complètement impropres à la confection de vernis) pour- raient servir à une extraction analogue. La proportion d'huile est naturellement d'autant plus forte que la résine recueillie est plus fraiche et, par suite, plus molle; mais dans la résine sèche on en trouve encore une quantité très appréciable. En résumé, les résines des Burséracées de nos colonies ne sauraient remplacer les copals, mais pourraient servir à faire des vernis de seconde qualité comme cela a lieu en Amérique et dans l'Inde; un mélange en proportion convenable avec des copals permettrait d'obtenir un bon vernis. Les huiles essentielles, facilement extraites par simple dis- tillation à la vapeur d’eau, pourraient servir à la fabrication des encres lithographiques, comme cela a lieu aux Philippines. (1) En décembre 1908, le Copal de Madagascar de 1r° qualité était coté de 300 francs à 35 francs les 100 kilos; et en janvier 1909, le Copal croû- teux d'Afrique, 65 francs les 100 kilos; et le Kauri de Nouvelle-Calé- donie, de 15 francs à 195 francs les 100 kilos. (2) A Clover. The terpene Oils of Manila Elemi, in The Philippine Journal of Science, IL (1907), no 1. Â34 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Pour l’Aucoumé en particulier, les arbres étant condamnés pour l’exploitation des bois, il serait bon d'utiliser la résine, qui autrement serait perdue sans profit pour personne : ne vaut-il pas mieux avoir un produit utilisé quel que soit son degré d'utilité plutôt qu’un produit totalement négligé? Il y a quinze ans déjà M. Henri Lecomte n'écrivait-il pas (1) au retour de son voyage au Congo : « En 1891, l’industrie française a utilisé pour 1.783.095 francs de résines provenant des colonies anglaises ou hollan- daises ; or, il existe dans les forêts du Congo de grands Arbres (Aucoumé) dont l'écorce laisse exsuder par les moindres inci- sions une énorme quantité de résine employée par les indi- gènes. à la fabrication des torches. Cette résine pourrait sans doute remplacer avantageusement celle que nous demandons à l'étranger (2). » (1) Les produits végétaux du Congo français, in Revue genérale des Sciences, V (1894), p. 197 et 80%. (2) Pour la composition des résines des Burséracées, cf. : J. de Cordemoy, Gomimes, résines d'origine exotique el végétaux qui les produisent particu- lièrement dans les colonies françaises, 1900, Paris, Challamel et A. Tschirch. Die Harze und die Harzebehälter, 1906, Leipzig, Gebrüder Borntraeger. DÉJEUNER AMICAL DU 17 MAI 1909 Le 17 mai eut lieu dans la grande salle du buffet de la gare de Lyon le déjeuner amical annuel clôturant la session 1908- 1009. Assistaient à ce déjeuner : M Caucurte, Debreuil, de Guerne, de Lesse, Loyer, Nattan, Périac, Royer, Sébillotte. MM. Edmond Perrier, président; Le Myre de Vilers, président honoraire ; Raveret-Wattel et de Guerne, vice-présidents ; Loyer, secrétaire général; Le Fort, Hua et Débreuil, secrétaires ; Sébil- lotte, trésorier; Mailles, archiviste-bibliothécaire; d'Orfeuille et Achalme, membres du Conseil. MM. Adrer, d’Albignac, Anthony, Alain Bourbon, Bruyère, Caucurte, H. Cauchy, André Cauchy, Louis Cauchy, Albert Chappellier, Clément, Colette, Courtet, Cravoisier, Dagry, Dechambre, Déjardin, Gallois, Gazengel, Goris, d'Hébrard de Saint-Sulpice, Hérard, Hérubel, Jacot, Krauss, Lamarque, Lassalle, D' Ledé, D’ Loisel, René Martin, Ménegaux, Morel, Moussu,, Perrot, Piollet, Charles Rivière, Gustave Rivière, Edgar Roger, Ronsseray, D' Maurice Royer, Sainte-Marie, Sauvinet, Savarit, Toiet, Veyriras, Weinberg, etc... Le menu était le suivant : Hors d'œuvres variés. OEufs d’Autruche brouillés nature. Fogosh (Sandre) sauce mousse!ine. Cive! de Kanguroos de la Nouvelle-Zélande à la bourguignonne. Nandou rôti à la broche. Pâté de foie de Nandou. Salade de Romaine. Contrefilet pommes nouvelles. Bananes en légumes. Glace coloniale. 436 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION DESSERTS Fraises, Bananes. Gelée de Goyaves. Gauffrettes. BOISSONS Malt Déjardin, Frénette, Hydromel Ronsseray, Pouilly en carafes, Bourgogne rouge, Beaune 1904, Champagne Mont Rolland. Café, Liqueurs. Les œufs d'Autruche, que l’on a voulu cette fois apprécier au naturel, viennent d'Algérie, toujours envoyés par notre col- lègue M. Charles Rivière, que nous avions d'ailleurs le plaisir de voir à nos côtés. Les Fogosh et les Kanguroos, obtenus gräce à l’active obli- geance de M. Le Fort, étaient originaires les uns du lac Bala- ton, et les autres de la Nouvelle-Zélande. Le Nandou provient des élevages de M. Debreuil el, grâce aux soins que son jardinier sait donner à ces Oiseaux, il était en excellent état; aussi a-t-il été accueilli par d'unanimes applaudissements quand il a été présenté... rôti. À ce sujet, disons que le Nandou, quoique mort, s'était perdu dans les dédales de la gare entre le quai d'arrivée et le buffet. Grand émoi, recherches d’abord infructueuses et ensuite couronnées de succès; le Nandou fut retrouvé et bel et bien mangé. Une des particularités du Nandou est d’avoir un foie énorme et excellent, et c'est pour cela que figurait au menu un gigan- tesque pâté, chef-d'œuvre culinaire du chef de cuisine du buffet, et qui fut très apprécié. Les bananes en légumes sont encore une nouveauté que les membres de la Société avaient besoin de goûter. Ce sont des bananes cueillies un peu avant maturité, c'est-à-dire vertes, et quand le sucre n’est pas encore formé. Commandées spéciale- ment à la Martinique, elles arrivèrent à point. On les consomme frites au beurre ou de toute autre facon. La gelée de Goyave, bien que n'étant pas une nouveauté, a besoin d’être plus connue, surtout en pots. Nous arrivons maintenant aux boissons particulières. Le Malt offert par M. Déjardin a été très apprécié; la Fré- nette, fabriquée et offerte par M. Debreuil, et dont le Bulletin DÉJEUNER AMICAL DU 47 MAI 1909 437 de février 1909 donne la composition, a eu beaucoup de succès aussi, et son auteur a élé vivement félicité. Ce n’élait pas la première fois que les membres de la Société faisaient connais- sance avec l'Hydromel Ronsseray, mais cette fois M. Ronsseray s'élait réellement surpassé dans la préparation de cette liqueur. Le menu ci-dessus n'ayant pas été divulgué à l'avance, ce n’est donc pas l’énumération de ses nombreuses particularités qui a réuni ce jour-là tant de nos collègues à la même table, mais bien la sympathie qui ne cesse de régner et de s'affirmer parmi nous. Aussi les causeries avant, pendant et après le repas ont-elles été très animées; nous nous empressons en outre de faire remarquer la présence d’un certain nombre de dames dont quelques-unes fréquentent d’ailleurs assidôment nos séances. Aussi espérons-nous bien qu'elles viendront, plus nombreuses encore, assister aux séances de la session pro- chaine, ainsi qu’au futur déjeuner amical. H. CourTET. BIBLIOGRAPHIE Les végétaux, leur rôle dans la vie quotidienne, par D. Bors, assistant au Muséum d'histoire naturelle, professeur à l'Ecole coloniale, et Em. Gadeceau, correspondant du Muséum. Un vol. in-8° écu de 370 pages. Prix, broché : 4 francs. (Pierre Roger et Ci*, éditeurs, 54, rue Jacob, Paris.) . Les auteurs de cet ouvrage (M. Bois, le très savant président de la section de Botanique de la Société nationale d’Acclima- tation, et M. Gadeceau, botaniste distingué et très érudit, de Nantes) ont réuni dans un petit volume la plus grande masse de renseignements utiles et précis que l’on puisse fournir en aussi peu de place sur le rôle des Végétaux dans la vie quoti- dienne. Tous les Végétaux ou produits végétaux utilisés par l'homme à un titre quelconque se trouvent indiqués et étudiés de telle façon que le lecteur est facilement renseigné sur les divers noms de la plante (noms vulgaires, et noms scientifiques exacts, indication de la famille, lieu d’origine, de culture ou de pro- “duction, utilisation, statistiques commerciales, renseignements historiques, etc.). Un tel livre, avec la disposition alphabétique d’un diction- naire, ou l’énumération suivant une classification botanique, serait d’une lecture très aride. L'ouvrage de MM. Bois et Gadeceau est, au contraire, de lecture attrayante et instructive, grâce à la précision du style, mais plus encore à la disposition du sujet en six conférences distinctes qui forment autant de chapitres du livre. Les trois premiers initient le lecteur à l’origine de la vie sur le globe, indiquent les relations entre les trois règnes et suivent le développement du règne végétal à travers les âges géologiques. C'est un résumé très concis, très simplement exposé, des notions de paléobotanique. Viennent ensuite des renseignements du plus haut intérêt sur l'utilisation première des plantes par l’homme, pendant la période préhistorique et pendant la période historique ancienne. On y trouve, pour les divers centres successifs de civilisation la liste des quelques Végétaux dont la culture et l’utilisation, par l'homme sont des plus reculées et se perdent dans la nuit des temps, puis l'indication des introductions successives. BIBLIOGRAPHIE 139 Le rôle de l’homme sur la végétation, tantôt nocif, tantôt défavorable aux plantes, selon les cas, est ensuite passé en revue. Dans les sept derniers chapitres, les auteurs abordent fran- chement le fond de leur sujet et passent en revue les diverses plantes utilisées par l'homme, en les groupant par catégories bien nettes au point de vue pratique et utilitaire. C'est ainsi que le lecteur trouvera successivement : les PLANTES ALIMENTAIRES (deux conférences), comprenant les fruits, les légumes, les céréales et les condiments: les PLANTES ÉCONOMIQUES (boissons, plantes à huile, à sucre, à fécule, etc.); À les PLANTES FOURRAGÈRES (pour prairies naturelles et artifi- cielles) ; les PLANTES INDUSTRIELLES (bois, textiles, plantes tinctoriales, à caoutchouc, gommes, résines, etc.); les PLANTES OFFICINALES ET VÉNÉNEUSES ; les PLANTES ORNEMENTALES. Un index alphabétique des noms cités dans le volume, placé en tête du livre, et une table méthodique des chapitres placée à la fin, permettent déjà de trouver, rien qu'avec ces deux tables, dans quelle catégorie se trouvent placés la plante ou le produit végétal que l’on cherche. En dehors de la très riche documentation du texte, cet ouvrage présente cette particularité, qui en double la valeur, de permettre au lecteur de compléter les renseignements dont il peut avoir besoin en recourant aux sources, grâce à une ingé- nieuse disposition de renvois bibliographiques dans le texte et correspondant à une liste d'ouvrages ou de mémoires à con- sulter, liste placée à la suite de chaque conférence. La simple lecture des titres des ouvrages indiqués permet de se faire une idée de l’érudilion des auteurs, de la somme de travail que ce volume leur a coûté, et de l'exactitude et de la précision des renseignements qu'il fournit. Les végétaux sont une véritable encyclopédie de Botanique appliquée ; les indications bibliographiques contenues dans l’ouvrage constituent un deuxième ouvrage, compris dans le premier, de bibliographie de botanique appliquée. L'ensemble fait le plus grand honneur à ces deux savants et trop modestes auteurs. J. GÉRÔME. 440 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Aviculture, par Cu. VoIrELLIER, ingénieur-agronome, profes- seur spécial d'agriculture (Libr. Baïllière et fils, 19, rue Haute- feuille, Paris), un volume in-18 de 486 pages, avec 162 figures. Prix : 5 francs). Cet excellent livre, que les éleveurs d’Oiseaux de basse- cour consulteront avec fruit, fait partie de l'Encyclopédie agri- cole publiée sous la direction de M. G. Wery, sous-directeur de l’Institut national agronomique. L'auteur étudie successivement l'anatomie et la physiologie des Oiseaux domestiques, l’aviculture dans ses rapports avec la zootechnie générale, les méthodes de reproduction ainsi que le choix des Oiseaux de basse-cour. La seconde partie de l’ouvrage est consacrée à l'étude des procédés d'’incubation, d'élevage et d’engraissement des volailles. Dans le troisième chapitre, sont décrites les espèces et les races de Poules, de Dindons, de Canards, d'Oies, de Pintades et de Pigeons; la valeur de chacune des races étudiées y est appréciée. Les règles générales de l'exploitation, celles à observer pour entretenir l'hygiène des volailles, l'étude de leurs maladies, la production des œufs et des volailles pour la consommation, l’aviculture comparée (à la ferme, industrielle et spéciale) font l’objet du quatrième chapitre. Enfin, pour terminer, l’auteur aborde la question des condi- tions économiques de l’aviculture, préparation et vente des produits avicoles, les importations et exportations françaises et la coopération en aviculture. Ce livre, destiné aussi bien aux éleveurs professionnels qu'aux amateurs, mettra à leur service, outre les règles essen- tielles de l’économie avicole, des méthodes perfectionnées d'élevage, et leur procurera, en leur suggérant une meilleure utilisation des produits de leur basse-cour, une source de plai- sirs et de profits. M. L. Le Gérant : À. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, l, rue Cassette. 3; s ponibilités. Run SRcries Ps M- MOREL, ui ÿlla. * odoralissima. salicinu. stis arnea reCUrTvaLG : 2onia radicans. al, jptus amygdalina. . botryoides: | cinerea. .colossea. | eugemoïdes. Feld Bay. ñ globulus. ‘gomphocephata. … goniocalyz: hemiphlæa. Lehmanni. leucozylon. : mACroCEr pa maculata. … maicrophylla. OFFRES re maltaise 1907 et sa chevrette par bouc pou provenance, meilleure origine, les one T importée, pleine lactation, très FU 200 50 fr. avec chevrette saillie, née 1908: nen, 1 an, ravissante, 80 fr. et plusieurs autres ujets à céder. | ge primé France et Belgique, cockers 1% et rix à céder: père importé, primé Angleterre, de, etc. Nombreux rs prix et spéciaux. llente origine, 1 an, commencent à chasser et rter, 200 fr. — Chiots 15 fr. au sevrage. étalon rouen noir et blanc, 1% prix France plat. ne cocker importée, excellent pedigree, eilles superbes, poil soyeux marron rouen doré, bon chasseur. — Cette chienne de petite >, asréable compagne, a obtenu 2: prix Angle- e. À céder 400 fr. COTTIN-ANGAR, domaine Cossigny, Che- : ( eine- -et-Marne). re nubio- alpine, sans cornes, en lait, excel- te laitière. Prix très modéré à cause légère erie. Photographies sur demande. OLIIVET, Conflans-Sainte- Honorine (Seine- se). { ucteur nubio- “alpin, 3 ans, inscrit. Détails ettre. UESNEL DE LA ROZIÈRE, Sainte-Mene- lould (Marne). Si ieurs prix Paris 1909 : poules et coqs Gâtinais länc. sélectionné. type Gâtinais Club Français, enpratique par excellence, pour tout usage miout climat; saison 1909 : pouleltes pour ponte er et coquelets, 6 fr. 50 pièce; 60 fr. les 10; Germain-des-Prés (Loiret). nn compétente, suivant le as d'inscription et au 1 fur et à EN DISTRIBUTION étranger, de 60 à 100 fr. pour lice, pedigree,, ie parder prix Bruxelles, 2° Paris, 1909, blanc Capitaine Tolet, 28, pi es anti seront consentis, es RusAaIS paniculata. pilularis. — piperita. — robusta. — redunca. — resinifera- — rudis: — rudis rostrata. =? salignas — siderophlæa. 2 siderophloia. — , stuartiana. — Trabuti. ÆEucorum tricoccum. ÆEupatorium atrorubrum. Eurya latifolia. Freesia refracta. Grevillea robusta. Medeola asparagoïdes. Melianthus major. Senecio platanifolia. — arborea. Tetraclynis articulata. __ OFFRES, DEMANDES, ANNONCES Belle femelle Casarka de 1908, 30 francs. M. ROGERON, l'Arceau près Angers (Maine-et- Loire). Couple perdreaux mâle Atrogularis, femelle Boutan, 40 fr, M: DELAURIER, place Jéan-Faure, Angoulême (Charente). Poudre d'os, spéciale pour l'alimentation des ani- maux, favorise le développement du système nerveux. Me À. DUCHEMIN, Hermes (Oise). 1.200 poules faisanes des hoïs, ayant servi à la ponte, 6 francs pièce. . M: ALBERTIN, faisanderie Louveciennes (Seine- et-Oise). Garde-régisseur de propriété, boisée, connaît l’amé- nagement, l'exploitation mécanique des bois et la pisciculture. M: COLETTE, Marmagne (Saône-et-Loire). Très beau bouc alpin pur sujet importé. Agé de 18 mois. D’ DELGUEL, 15, rue Lafaurie- Moubadon, Bor- deaux. El Oued, bouc maltais 3 ans, né à Alser, origine superbe: Inscrit au L. O., 100 francs. Au sevrage : Beaucerons issus parents dressés à la défense, belle origine, 60 fr. pièce. L avenue du Chemin-de-Fer, Avon-Fontainebleau. DEMANDES 3 femelles Ho-Ki del ayant déjà pondu, 1 fe- melle Satyre’ adulte, 1 Paonne blanche. M..de SAINVITLE, aux Courbes-Vaux, par Saint- Germain-des-Prés / (Loiret). 2 femelles Ho-Ki, sexe garanti: — 10 coqs versi- colores purs. — Paons blancs, sexes et âges indifférents. M. ALBERTIN, Louveciennes (Seine-et-Oise). 1e la demande de plusieurs collègues la Maison Vilmorin a fait venir des graines de Fétuque (glyceria fluitans), nourriture pour carpes. | FONDÉE EN 1854. RECONNUE D! UTILITÉ PUBLIQUE EN 1855 | PARIS. — 33, Rue de Buffon (RE du Jardin des Plantes) OR LR RS rer 40 à l'introdction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d’anima utiles et ne Lab 29 au perfectionnement et à la multiplication des ra ‘ nouvellement introduites ou domestiquées; à l'introduction et à la PHpieioe ‘végétaux utiles ou d'ornement. Ce programme s applique au territoire des possessions extérieures, comme au 0! même de la France. L’attention des personnes compétentes doit être appelée tou … spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies Ée d _ animaux et des plantes utiles choisis dans un lien convenable. ‘ La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées. encourageant les études qui s'y rapportent et dont elle vulgarise les résultats da ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autre Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des expo: sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciale, par les graines qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés d agrégées. où affiliées, la Société d'Acclimatation poursuit un but pratique d’uti générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement, Préoc; cupées de science pure. — Le Bulletin, paraissant une fois par mois et formant chaque année un volume d’environ 400 pages, illustré de gravures, donne des ren gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poisson Abeilles, Vers à soie, etc.,et les Plantes d'introduction nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont admis même titre que les Français: les dames peuvent également en faire partie ainsi les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés (Ea ratoires, Jardins zooloziques ou botaniques, Musées, etc.). ‘4 . Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 Puce et une coti = sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de Ja Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ou de Poissons, etc’ faites par la Société, ou aux chep tels concédés par elle. — Divers avantages lui sont également réservés, tels qu’annonces gratuites, faculté d'achat à prix “réduit des publications de la Société antérieure à son admission, etc. ._: Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'Ac _ matation à publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in- illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille .pages. - Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur loutes le matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tiré part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mamm fères et leur élevage, les Oiseaux et la pratique de l’Aviculture, les Poissons &; pratique de la Pisciculture, TEntomologie appliquée et la pratique de l'Apicul{ure de la Sériciculiure, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs Srodu leur culture en France, à l'Etranger où dans les Colonies. Ces mémoires, dont plusieurs forment de véritables. volumes, sont mis en vente au prix de revient pot Û les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié prix | Manuel de l’Acclimateur (Végétaux), par Charles onde et les Putrages pie d - connus du D’ Moreau sur les Poissons de France, Le Gérant : À. MARErgeux. Paris. — L, MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. DE FRANCE (Revue des Sciences naturelles appliquées) ES pe 56 ANNÉE AR { Ê DÉCEMBRE 1909 SOMMAIRE ser) e le Va na lotte LT den lle Tele el ie Ne e Le tt elle) te} ef lei rares Morte | 4 et NDS ue nt dou Elu | Le H COUTIÈRE. — Quelques notes sur les espèces comestibles de Crustacés du littoral. (Suite à Aug. CHEVALIER. — Une AS Sfon de Caféiers dans la région du Haut-Niger . . . . 456 “QE & Extraits "des procès-verbaux des séances Fa sections. : d ds Section, — Mammifères (sous-section d' Etudes caprines). Séance du 23 avril 1909 . . 462 de & sr Séance du 21 mai 1909, .. 464 de Section. — + atirdue. “Aviculture: Séance du 3 mai:1909:. : 4%, 2 1240 DEN, 467 F 4e Section. — due Séancé du 10 mai 4909... ....:..... PE RS AN TO fe { Bibliographie fes | CHARLEY- POUTIAU, -— Les Pécheries et les Poissons du Congo RME RUES AN ASt Table des rene 2 NACRE CAN AT ED EPS ES ENS NÉ RORE à 4 tu NSTASS Ft î | & e Hi É À Un numéro, 2 francs ; — Pour les Membres de la Société, 1 fr. 50. k ; # : . RSS AU SIÈGE SOCIAL : FOUDE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE E «33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) , PARIS LE BULLETIN PARAIT TOUS LES MOIS } L À “soit TT D'ACTION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 ‘ RUE DE BUFFON ue BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1909 Président M. Edmond PERRIER, membre de l'Institut et de DACAIbeRe de Médecine, Directeur du F Muséum d'Histoire naturelle, Paris. MM. D. Bors, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Ecole coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Baron Jules de GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. Comte de PONTERIAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. C. Raverer-WarreLz, Directeur de la station aquicole du Nid-de- Verdier 20, rue des Acacias, Paris: - MN. R. Le ForT, 89, no Malesherbes, Paris (ZÆtranger). ETRES H. Hua, Directeur- -adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 954, boulevard. Lu Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). Û : MrLue-PournINGoN, 44, rue de la Chaussée-d'Antin (Intérieur). At . Ch. DEBREUIL, %, rue de Châteaudun, Paris (Séances). ” Trésorier, M. le D' SeBiLiorTe, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. Marcres, rue de l'Union, La Varenne-Saint-Hilaïire, Seine. 4 Membres du Ro MM. Men DAS note 18, rue Erlanger, Paris. Comte Raymond de DarvAS, 26, rue de Berri, Paris. LecouTe, professeur de botanique au Muséum d'Histoire naturelle, 14, rue des Écoles, Paris: Le Myre DE Vicers, 3, rue Cambacérès, Paris. D' LEPRINCE, 62, rue de la Tour, Paris. D'P. MARCHAL, Professeur à l'Institut National Seroponque, Directeur de la Station entomologiqué de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. 4 Ph. ne VixmoriN, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. Comte d'ORrevILLe, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. ACHALME, Directeur du Laboratoire colonial du ‘Muséum d'Histoire naturelle, 4, rue Andrieux, Paris ; -Dr E. TROUESSART, Professeur'au Muséum d'Histoire naturelle, 61, rue Cuvier, FU WUIRION, “, rue "Thécphile: HART Neuilly- sur-Seine. Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1909 Janvier | Février | Mars il Mai | Novembre | Décembre, Séances pu Coxselr, le Jeudi à 5 heures. fre Section. — Mammifères, le lundi| AD NEUTRE A 2e Section. — Ornithologie, le lundi à. 9h; 12/00 3e. SECTION. (L ), Aquiculture, le lundi à 5 heures . 4e SECTION. — Entoriologie, ‘le lundi ao RAT) se 5e SECTION. — Botanique, le lundi! in AVR deRer 6° SECTION. — Colonisation, le Jundi} d:0 NEULES Er ! 'Sous-SEcriox d'Eludes Capri ines, le. ven REQUIS ETES SP PT Non — Les membres de la Société qui désirent assister aux séances des Saone Peceuroht sur toi 7 | démante les ordres du jour. mensuels des séances. SUR LA DURÉE DE LA GESTATION DES MARAS Par le prince ERNEST D ARENBERG. Il semble que l’on soit encore peu fixé sur la durée de la gestation des Maras. Bien des opinions ont été émises à ce sujet, mais, faute, gans doute, de faits précis : « adhuc sub judice lis est. » Malgré mon peu de capacité en la matière, je viens ici tenter de faire quelque peu la lumière sur cette question. Les débuts de mon élevage remontent aux premiers jours de septembre 1905; un mâle achelé à Marseille et deux femelles aimablement offertes par M. Pays-Mellier, en furent les pre- miers éléments. Je passe sur les morts et achats successifs, pour arriver au mois d'avril 1909, moment où il ne me restait que deux adultes de sexe inconnu. Jusqu'à cette époaue, malgré les rapprochements sexuels fréquemment copstatés, malgré l'agrandissement de l’enclos, malgré le choix de la nourriture, malgré, enfin, le grand ter- rier creusé par mes pensionnaires, aucune naissance n'avait été constatée, aussi, grande fut ma surprise d'apprendre, par lettre, que, le 1° juillet, on avait vu circuler dans l’enclos un des adultes survivants suite de deux jeunes bien portants. De ce fait, rien de précis à conclure pour la durée de la ges- tation, car, d’une part, l’âge exact des jeunes m'était inconnu et, de l’autre, j'ignorais le sexe du second adulte. Mais, le 11 juillet, l'idée vint à la personne qui s'occupe de mes ani- maux, de fouiller le terrier, et cette perquisition amena la découverte d’un petit cadavre de Mara, âgé, au plus, d’un jour et demi. Il devenait donc certain que mes adultes étaient deux femelles. Pour affirmer ceci, je m'appuie sur la différence d'âge séparant le jeune trouvé mort dans le terrier et les deux autres qui, déjà le 1° juillet, revêtus de tout leur poil, gamba- däient dans leur petit domaine. Or, en remontant en arrière, je constatai que le 10 avril un Mara était mort chez moi. C'était un mâle. Comme il vient d'être démontré que mes deux adultes actuels sont deux femelles, il n’est pas possible d'admettre un accouplement postérieur au 10 avril. Donc aucune saillie n'ayant eu lieu BUEL, SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 31 449 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION depuis le 10 avril et une femelle mettant bas le 10 juillet, au plus tôt dans la nuit du 9 au 10, la durée de la gestation me paraît facile à constater. On peut m'objecter que, si mes observations tenant à prouver que les Maras portent au moins trois mois, elles ne prouvent pas du tout qu'ils ne portent que trois mois. Cette objection est très valable. Néanmoins, comme je crois savoir que la discus- sion à, jusqu'à maintenant, roulé sur des durées variant entre moins de deux mois et deux mois et demi, j'ai l'espoir de n'avoir pas parlé en vain et d’avoir, sinon éclairé nettement la question, du moins jeté sur elle une faible clarté. : SSD LES CANARDS SIFFLEURS DE L'INDE Par G. ROGERON. A propos des Canards siffleurs de l'Inde qui se sont sponta- nément acclimatés sur les étangs du Forez, M. Magaud d'Au- busson indique qu'on a essayé de les faire reproduire en capti- vité, mais que les tentatives ont toujours été infructueuses (4). Ici, M. d’Aubusson est beaucoup trop affirmatif. Vers 1882 et 1883, on avait essayé etparfaitement réussi; je crois même avoir indiqué depuis quel était l’auteur de ces tentatives. C'était un de mes voisins de campagne, M. Roffay, extrêmement habile dans tout ce qui concerne l'élevage des Canards. Il avait acheté un couple de ces Oiseaux au Jardin d’Acclimatation et ne négligea désormais aucun moyen de leur témoigner la solli- citude la plus intelligente : nourriture très animalisée, lentilles d’eau à profusion qu'il récoltait dans toutes les douves du voi- sinage, lesquelles contiennent une très grande quantité de petits Insectes, eau limpide et courante, enfin, en essayant de leur donner toute l'illusion de la liberté. Toujours est-il, qu’à quelques années de là, il obtenait plusieurs couples de ces beaux Oiseaux qui trouvaient vite des amateurs tant en France qu'en Belgique et en Allemagne. Les journaux d’acclimatation de l'époque en font foi. Il essaya même d’après les mêmes principes, l’acclimatation d’un autre très beau Canard, le Canard cerclé ou à faucille, qu'il eut conduit sans doute avec semblable succès, s’il eùt vécu plus longtemps. Moi-même, je profitai de l’occasion qui se présentait à moi, pour lui acheter un couple de Siffleurs de l'Inde. Ce coupie pros- péra, et dès le second printemps j'en obtins une jolie couvée ; j'en expédiai, moi aussi, jusqu'en Allemagne. Cependantcomme ces Oiseaux mettaient beaucoup plus de temps à grossir et à s'élever que les Carolins et Mandarins qui se vendaient très bien à cette époque à un prix presque égal; je donnai la pré- férence à ces derniers (2). (1) V. Bull., mai 1909, p. 204. (2) Cf. Rogeron. Les Canards, p. 316 et 422, 1903. Baillière et fils, Paris. NOTE SUR LES CYGNES Par L. TERNIER. Le dimanche, 6 juin dernier, il a été abattu, sur le bassin de retenue de Honfleur, dans le Calvados, trois Cygnes. Ces Oiseaux faisaient partie d’une baude de cinq individus qui avaient stationné en mer pendant une partie de la matinée, en face du phare, à proximité de la côte. Vers dix heures du malin, ils avaient passé devant le port et étaient venus se poser sur le bassin. C'est là qu'ils ont été tués vers onze heures. Je n'ai pu voir qu'un seul d’entre eux. Celui que j'ai examiné était de l'espèce du Cygne tuberculé ou Cygne domestique (Cygnus mansuetus L). Il avait la base du bec, le bord des man- dibules, les lorums d’un beau noir, le front de même couleur et garni de deux protubérances de petite dimension. Le reste du bec était d’un jaune-rosé sale, avec l'onglet noir. Les pieds étaient noirs, avec les ongles usés et un peu obtus. Tous les dessous étaient blancs: sur le dos et les couvertures des ailes, le plumage était légèrement varié de gris-brun. La coloration pâle du bec et celle des plumes de dessus pourraient faire croire que l'Oiseau était une jeune femelle de l’an der- nier. Ces oiseaux étaient-ils des Cygnes ayant vécu à l’état libre, ou ayant été antérieurement tenus à l’état de domesticité? Je pencherais volontiers pour cette dernière hypothèse. Dans la baie de Seine, on voit régulièrement des Cygnes, lors des hivers rigoureux, mais jamais en dehors de la période des grands froids. Et ce sont généralement des Cygnes sauvages (Cygnus ferus) et non des Cygnes tuberculés. Ces derniers vivent, on lesait, en captivité, soit sur certaines pièces d’eau de France, soit, en grand nombre, dans les parcs des grandes propriétés de l'Angleterre, d’où ils s'échappent souvent. On a déjà tué aux environs de Honfleur, depuis quelques années, à deux reprises différentes, des Cygnes qui, ultérieu- rement, ont été reconnus comme domestiques et réclamés par les propriétaires des pièces d’eau d’où ils s'étaient écartés. D'un autre côté, les marins qui ont eu l’occasion de passer NOTE SUR LES CYGNES 445 auprès de la bande des cinq Cygnes, lorsqu'ils stationnaient devant le phare, ont déclaré qu'ils étaient très peu farouches et se-contentaient de s'éloigner à la nage quand ces bateaux les approchaient. _ Ces Cygnes ont été ensuite se poser sur un bassin entouré de digues sur iesquelles sont construits divers bâtiments et amé- nagés des jardins, à proximilé des quais où travaillent, aux chantiers de bois, des centaines d'ouvriers. Ils se sont facile- ment laissé tirer par les chasseurs, dont les uns les ont appro- chés à portée et tirés une première fois, en abattant un; ils ont passé ensuite, au vol, sur la digue, à faible hauteur, où ils ont été de nouveau tirés et où les deux autres ont été tués. Enfin, l'état des palmures et des ongles, qui n’ont pas la finesse de ceux d'Oiseaux ayant toujours vécu à l’état sauvage, toutes ces constatations peuvent faire penser que ces Cygnes ne sont pas des individus enlièrement sauvages. Ils sont, du reste, de l'espèce du Cygne domestique qu’on ne rencontre que très rarement à l’état sauvage dans les contrées occidentales. En règle générale, lorsque des oiseaux de cette espèce sont tirés, même en hiver, sur nos côtes, on n'est jamais bien cer- tain de leur provenance et, comme M. Gadeau de Kerville, j'es- time que le Cygne tuberculé, vivant à l’état domestique en des points forts nombreux de l’Europe occidentale, on ne peut dire si les exemplaires que l’on tue dans nos contrées, même quand ils ne portent aucune trace de captivité, sont des indi- vidus qui préalablement étaient sauvages ou domestiques. Aussi, lorsque quelques-uns de ces Oiseaux paraissent sur nos eaux et dans nos... bassins, à une époque anormale, peut- on, avec quelque raison, douter que ce soient des migrateurs purement sauvages et les considérer, au contraire, comme ayant antérieurement été tenus en captivité (1). (1) On m'indique, au dernier moment, que ces Cygnes pourraient pro- venir de l'étang de Cany, près Fécamp, d'où une bande de jeunes Cygnes se serait échappée dernièrement. Cela viendrait confirmer mes supposi- tions. Un jeune Cygne aurait été tué également, en juin, à Saint-Valéry, et serait de même provenance. QUELQUES NOTES SUR LES ESPÈCES COMESTIBLES DE CRUSTACÉS DU LITTORAL Par H. COUTIÈRE Professeur à l'École supérieure de Pharmacie. Suite (1). Autant que j'ai pu m'en rendre compte, le Homard ne vient qu'en seconde ligne comme importance dans les Crustacés de nos côtes. Les statistiques officielles comptent malheureuse- ment ensemble Homards et Langoustes, comme elles comptent ensemble Crevettes grises et roses. Cette routine fâcheuse qui serait, il me semble, plus facile même à éviter qu’à suivre, tant les pêches de ces espèces sont distinctes, rend impossible toute évaluation un peu précise. Comme je l’ai dit déjà, la distribu- tion géographique du Homard est tout autre que celle de la Langouste commune, bien que le Gulf-stream les fasse coha- biter sur nos côtes. C’est un Crustacé des mers froides, qui devient une curiosité sur les côtes du Maroc, où paraît se trouver l’une de ses limites de dispersion, mais qui se montre au contraire très abondant sur la côte ouest de l'Écosse et de ses archipels, et surtout en Norvège. Il se rencontre là jusqu’à l’archipel des Lofoden. Il est très rare en Irlande. L'espèce américaine, de son côté, est comprise entre la baie Delaware et le détroit de Belle-Isle, à l'angle du Labrador situé le plus à l’est. Les glaces arrêtent son extension au delà. On ne saurait trop répéter qu'il ne s’en trouve nulle part ailleurs, ni aux Antilles, ni en Californie, — où des essais d'introduction ont été tentés sans succès, au moins jusqu ici, — ni dans l'hémisphère sud du globe (sauf l'espèce terrestre du Cap), ni dans le Paci- fique et l’océan Indien tout entier. Il est donc fâcheux de lire dans des rapports officiels sur les ressources de l’Indo-Chine que si « les Langoustes sont très communes, les Homards sont plus rares ». La phrase prête à des réflexions chagrines, d'abord sur le degré de confiance qu'il faut accorder aux autres don- (1) V. Bulletin, octobre, novembre 1909. SUR LES ESPÈCES COMESTIBLES DE CRUSTACÉS DU LITTORAL 447 nées contenues dans le même document, puis sur la méthode déplorable qui consiste à écrire sur des ressources naturelles d'un pays sans que les animaux qui en sont l’objet soient exactement déterminés, par des spécialistes compétents. Faute de cette élémentaire précaution, les efforts les plus méritoires se trouvent dépensés en pure perte, à moins que l’on ne tienne pour suffisant de savoir qu'il s’y trouve, en un point déterminé, des animaux du « genre des Crevettes » affublés d’un nom indigène. Le Homard ne vit pas sur les mêmes fonds que la Langouste, il préfère les roches sablonneuses et se tient à un niveau plus superficiel. Bien qu'il soit un hôte caractéristique des côtes . formées de roches ignées, on le trouve sur toute la côte du Calvados et de la Seine-Inférieure, à Boulogne, et même à l'embouchure de l'Escaut, dans les îles plates et à peine émer- gées de la Zélande. Sur nos côtes, la pêche n’en commence vraiment qu'avec le Cotentin, de Saint-Vaast à Diélette, avec Cosqueville comme centre. On y fait usage de casiers hémisphériques tressés en Orme, à ouverture supérieure, à brins plus serrés que les casiers à chevrettes et souvent munis d’une anse en dessus. On les leste de galets amarrés sur le fond ; j'ai même vu utiliser dans ce but, du côté de Fermanville, de vieilles chaînes de cha- luts hors d'usage. Les îles anglo-normandes pratiquent beau- coup cette pêche ; on voit des théories de casiers mouillés dans chacune des petites criques si pittoresques de leurs côtes, sur- tout du côté du continent; les pêcheurs jersiais vont aussi les poser jusque sur les récifs des Bœufs et des Ecrehous, dans de petites barques non pontées. De même qu'aux îles Chausey, exploitées par les Granvillais, et sur la côte anglaise de la Manche, les casiers sont en osier, surbaissés en forme de cages à poules, plus grands que les casiers cherbourgeois, et certains, de dimensions appropriées, servent à garder en réserve les ‘prises. On pratique cette pêche sur toute la côte brelonne, dont il faudrait citer chaque localité, mais la différence de mœurs des deux espèces fait que, comparée à la pêche de la Langouste, celle du Homard est un « petit métier » que chaque pêcheur pratique individuellement avec un simple canot de 4 à 5 mè- tres. Il va le soir poser sa douzaine de casiers, ou bien en renouveler la boëtte, et les visite au petit jour, car le Homard A8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION ne « travaille » que la nuit, et surtout, croit-on, dans sa der- nière moitié. La région de Saint-Brieuc, celle de Loguivy, de Perros-Guïrec, Locquirec, Primel, Carantec, Roscoff, Kerlouarn, l’Aberwrach, Porsal, Molène, Ouessant, le Conquet, Camaret, Sein, Audierne, Penmarch, Guilvinec, Loctudy, Concarneau et les Glénans, Port-Manech, Lomener, la « côte sauvage » de Groix, de Quiberon, de Belle-Isie, de Houat et Hoedic, Piriac, le Croisic, le Pouliguen, l'Herbaudière à Noirmoutiers, la Meule à l’île d’Yeu, la Cotinière à Oléron, sont les principales loca- lités que l’on puisse citer, avec de nombreuses variantes dans les engins de capture. Les plus différents du type courant sont ceux de l'Herbaudière, cylindriques, construits mi-lattes, mi- filet, avec une seule entrée supérieure. On ne peut pas dire qu'il y ait un type « industriel » de casiers à Homards, comme on le rencontre sur la côte américaine, par exemple. La pêche ne suffit pas à alimenter la demande, et l'espèce atteint, en hiver surtout, des prix très élevés. La Belgique en consomme de grandes quantités, et l'Angleterre n’a jamais suffi à sa consommation, dans laquelle la Norvège entre pour une grande part. L'histoire de ce commerce d'importation est des plus curieuses. Il a été fait exclusivement par les Hollan- dais, ceux de Zierickzee surtout, depuis 4660; ce sont eux qui importèrent en Norvège l'usage des casiers et qui décidèrent les Norvégiens à se livrer activement à la pêche du Homard, auparavant négligée, l'espèce n’étant pas consommée par les pêcheurs. Alimentée par de petits cadeaux, parmi lesquels les pipes en terre étaient particulièrement appréciées, la pêche se développa si bien qu'à partir du traité d'Utrecht, surtout, une trentaine de bateaux purent faire deux fois l’an le voyage, à raison de 4 à 6.000 pièces chaque fois. Mais à partir de 1738, les Anglais et aussi les Norvégiens entrèrent en concurrence, et, à partir de 1776, la Hollande écrasée perdit entièrement ce genre de trafic au profit de l'Angleterre. L’apogée fut atteint vers 1830, avec 1.500.000 Homards exportés, chiffre qui n’a jamais été atleint depuis. Après avoir alimenté le commerce de conserves du monde entier, les pêcheries des États-Unis ont cédé le pas à celles du Canada. Celies-ci, traitées avec la même frénésie de destruction par les « packers » ont fortement fléchi comme rendement et se voient également menacées de ne plus « payer ». Le fait est d’ailleurs très remarquable que des fonds de pêche aient pu SUR LES ESPÈCES COMESTIBLES DE CRUSTACÉS DU LITTORAL 449 tenir un demi-siècle contre le mode systématique d’extermina- tion dont l'espèce a été l’objet. Ce sont les fabriques de con- serves qui ont joué le rôle le plus funeste en permettant d’uli- liser les jeunes avant qu'ils aient pondu au moins une fois. Aussi un énergique mouvement £ Abeille, 418. Acarus lelarius, 245. Acipenser cayennensis, 219. Æcophylla smaragdina, 396. Albatros, 83. Alouette, 385. Anacyrlus gibbosus, 305. Anableps, 307. Anser ægypliacus, 86. — canadensis, 298. Anchois, 309. Anostomus, 304. Apus apus, 381. Araignée du Mosquero, 368. Arapaima gigas, 308. Arius Cominersonti, 272. — emphyselus, 271. — fissus, 272. — Herzbergi, 212. — luniscutis, 271. — physacanthus, 211. — quadrisculis, 271. Axis, VI. Batrachus surinamensis, 229. Bécasse, 410. Bernache cravant, 83. — jubata, 97. Birgus latro, 453. Black-bass, 191. Bouc, 335. Brochet, 349. Brycon, 304. Caille, 19, 204, 257, 409, 472. Callychtys asper, 274. = littoralis, 274. — longifilis, 274. Callinectes sapidus, 454. Canard siffleur, 443. Cancer pagurus, 453. Carcinus mæœnas, 453. Caribe, 305. Casarka rutila, 261. Casoar, 343. Castor, 35, 38. Catfish, 387. Catheturus Lathammi, 297. Chabin, 118. Chalceus macrolepidatus, 30%. Chalcinus, 305. CGhévre 50 Mb ANG 105 685 00 318. 469, 464. Chien d'Afrique, 332. Chælobranchus florescens, 225. Cigogne, 469, 472. Clarias, 388. Cocceus cerilerus, 392. Cœnothele gregalis, 368. Cæœnotropus, 304. Colin de Virginie, 344. Coq, 544. INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX 148 Corbeau, 200. Corficær'ia nidicola, 371. Crangon vulgaris, 412. Crevette. 362. — grise, 412. Congre, 420. Criquet pèlerin, 419. Croncron, 303. Curimalus cyprinoides, 30%. Cygnes, 44%. Cynailurus qullalus, 37. Cynodon scomberoides, 305. Cynopotame bossu, 305. Daulias luscinia, 382. Dicotyles torquatus, 36. Dipylidium caninum, 126. Elan, 140. Engraulis Browni, 309. Erylacus rubecula, 381. Erythrinus unitænialus, 304. Eupagqurus bernhardus, 452. Etrille, 453. Faisan véneré, 474. Faucon, 145. Fogosh, 124. Fourmis, 396. Fournier, 243. Freux, 385. Galerucella luleola, 228. Galéruque, 41. Garrapate, 126. Gastropelecns, 305. Geophage, 225. Grand Duc, 410. Grenouille, 389. Grue, 15, 345, 384, 472. Guépard, 31. Guêpe, 354, Guillemot, 83. Grymnolus electricus, 309. Hadock, 352. Hemiodus, 304. Hetero!is, 308. Homard, 446, 4771. Huppe, 71. Hypolais, 75. Hippopotame. 192. Hipostomus, 214. Homard, 4179. Ide Melanote, 120, 477. Jungle-fowl, 326. Lama, 352. Lamia textor. 31, 40. Langouste, 417. — royale, 353, Lapin. 340. ©? Leander adspersus, 363. — serratus, 363. Leipoa ocellata, 293. Lapidosirem paradoxa, 211. Leporinus, 304. Lièvre, 376. Loricaria, 274. Lucioperca Sandra, 27. Macrodon ma'abarieus, 503. Maia squinado, 420, 453. Mara, 4/1. — albinos, 37. Martin-Pêcheur, 386, 467 Martinet, 75, 80, 201. 240, 351. Megacephalon maleo, 291. Megalops atlanticus, 309. Mégapodes, 289, 325. Megapodius Duperreyi, 326. Melanophtalma, 3TA. Merle, 85. — blanc, 15. Mougrels, 302. Moscas bravas, 104. Mouton Karakul, 134. Mugil incilis, 222. Myletes, 301. Nandou IX, %1, 82, 241. Nephrops norwegicus, 451. Uie du Canada, 298. Oiseaux (Migrations), 409. Osteoglossum bicirrhosum, 308. Palinurus vulgaris, 417. Pandalus borealis, 452. — montaqui, 417. Paon, 266. — nigripenne, 345, 475. Pape de Nouméa, 76. Pécari à collier, 36. Pesce-Rei,, 353. Perdrix du Boutan, 384. MN OTISE NT) Peneus Bocagei, 362. — Caramotli, 362. Phenix, 266, 386. Phlæothrips ficorum, 39. Phyllosome, 18. Piabuca, 305. Pigeon, 55. — sauvage, 202. Pimelodus maculatus, 273. Pingouin, 83. Pintade, 80. Piramutana Bloclu, 213. Piranha, 306. Pirarucu. 308. Platystoma Vaillanti, 273. 486 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Plecastomus, 214. : Serrasalmo piraya, 306. Pœcilochroa convictrix, 372. — rhombeus, 307. Poisson-Chat, 121, 476. Siffleur huppé, 203, 444. Poissons-ciseaux, 306. Squilla Desmarestli, 361. Poisson-scie, 220. Slomozys calcilrans, 104. Pollicipes cornucopiæ, 361. — nebulosa, 106. Polycentrus Schomburgki, 221. Syrrhapte, 81. Porltunus puber, 453. Talegalle, 295, 322. Poussin, 384. Talegallus Bruijnii, 325. Prochilodus, 304. Taon, 41, 109, 126. Prodenia lilloralis, 207. Tarpon, 309. Psitlacus erylhacus, 85. Teichomyza fusca, 355. Punaise, 396. Tetragonopterus maculatus, 304. Pyrrhulina filamentosa, 304. Teltranychus telarius, 244. Requin, 220, Telrastichus xanthomeiænæ, 41.228. Rhescynthis Erythrinæ, 125. Tetrodon psiltacus, 310. Rivulus Geayi, 307. Talassophryne maculosa, 223. — micropus, 307. Tinamou, 18, 81, 241, 343. Rossignol, 382. Trachinus vipera, 415. Rouge-gorge, 381. Truites, 349. Roussette de l'Inde, 114. Trygons, 220. Sandre, 22. Vache, 339. Scleropages, 308. Ver à soie de l’Ailante, 329. Scymnus minimus, 245. Wapiti, 138. Serrasalmo, 305. Yomoscus aquaticus, 331. e INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME Albizzia Lophanta, 214. Bursera fragilis, 432, Amanite citrine, 62. — Hindtiana, 432. — panthère, 64. Caféier, 456. — phalloïde, 63. Campanula urticæfolia, 91. — printanière, 63. Cananga odorata, 91. — tue-mouches, 64. Canarium tonkinense, 432. Anona cheirimolia, 92. Carica quercifoliau, 129. — muricata, 92. Ceiba Bailloniana, 131. — squamosa, 92. Champignons, 61. Ansérine amarante, 56. Chenopodium amaranticolor, 51, 93, Arum italicum, 397. 212. Aucoumé, 251, 432. Chorisia speciosa, 130. Avocatier, 213. Coffea arabica, 451. Bananier, 32. | — liberica, 451. Banisteria emarginata, 129. — slenophylla, 451. Barnisotte blanche, 92. Colatier, 275. Bleckrodea tonkinensis, 215. . Corrozo, 66, 135. Bombax ceiba, 426. Dattier, 214. Bougainvillea brasiliensis, 129. Davidia involucrata, 430. — glabra Sanderiana, 129. | Eriodendron leianthum, 130. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS Euphorbia fulva, 216. Ficus, 39. repens, 398. Frêne (cidre de), 94. Gerbera Jamesoni, 132. viridifoliæ, 132. Glyceria fluitans, 398. Groseillers à grappes, 512. Guayule, 215. Guazuma ulmifolia, 426. Hevea, 351. brasiliensis, 249. Hyphæœne thebaica, TL. Kochia trichophylla, 93. Lantana camara, 212. Lecanium oleæ, 39. Melilot, 95. Montagnea heracleifoliu, 128. Morille, 247. Musa japonica, 32. Oidium du Chène, 92. Oreodoxa regia, 91. Osier grisette, 40. Oxalis Deppei, 99. Oxera pulchella, 246. Pachylobus, 432. EXTRAITS DES 487 Pædranthus Lindleyanus, 39. Patate douce, 42, 186. l’hytelephas macrocarpa, 66, 135. Plantes mellifères, 391. — (Choix de) d'ornement, 148 à 1 Poireau perpétuel, 89. Protium, 432. Quercus polymorpha, 369. Raphionacme utilis, 215. Rhododendron adenopodum,39$, 130. Annwæ, 429. Augustinii, 428. chartophyllum, 430. Delanayi, 431. DES SÉANCES DES SECTIONS 1e Section. — Manrmifères. Séance du 6 avril 1908 34 — 2 novembre — 36 — 1 décembre — 13 — 4 janvier 41909 112 — 4er février — 192 —— 1er mars — 331 — 5 avril — 376 Sous-Section d'Eludes caprines. Séance du 22 mai 1908 114 — 20 novembre — 116 — 18 décembre — 195 — 22 janvier 1909 333 — 19 février — 338 — 19 mars — 311 — 23 avril = 262 — 21 mai — 264 — primulæflorum, 430. Rosiers, 209. Smyrnium olusatrum, 391. Solanum, 130. Sophora secundifolia, 90, 398. Tagetes lucida, 396. Usti'ago maydis, 131. Vasconella quercifolia, 129. Vilis gongylodes, 130. Volvaire, 63, on PROCES-VERBAUX 2 Seclion. — Ornithologie. Séance du 2 novembre 1908 16 — 1 décembre — 83 — 4 janvier 1909 200 — 1x février — 240 I UÉNTATS — 343 — 5 avril — 381 — 3 mai — 467 3e Section. — Aquicullure. Séance du 9 novembre 1908 120 — 14 décembre — 124 — 11 janvier … 1909205 — 9 février — 349 — 8 mars = 350 — 19 avril — 381 — 10 mai — 476 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION 4e Section. — Entomologie. . 5e Section. — Bolanique. Séance du 9 novembre 1908 39 Séance du 16 novembre 1908 — 14 décembre — 123 — 21 décembre — 14 janvier 1909 : 207 — 18 janvier 1909 = 8 février — 244 — 15 février — — S mars — 354 — 15 mars — — 19 avril — 391 — 26 avril — — 10 mai — 478 ; 6: Seclion. — Colonisation. Séance du 23 novembre 1908 42 — 21 décembre — 134 _ 18 janvier 1909 248 — 15 février _ 249 — 15 mars — 357 TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES > e PURLIÉS DANS CE VOLUME Ailante (Variations saisonnières des Papillons du ver à soie de l J'etlelne ail naines enone (Une nouvelle plante potagère l' Be ou Ja done croisée des) Barrachin (Edmond) . Bernache Aube (La) : Par des) De CE USE dc LP de or pie Caféiers dans le Haut- Niger (Une introduction de). . . . Cailles (Les) de la Bible -. - : : . . Canards (Les) siffleurs de l'Inde . . pe Champignons (Les empoisonnements par les) : Chèvre (La résistance de la) à l'infection tuberculeuse . Colatiers (Les) du pays de Kissi. . . . . . . . . . . . Congo (Le) au point de vue économique . . . . Rte Corrozo (La noix de) ou ivoire végétal et ses applicat.c ons . . DOM ETMOT ON OMO IEP OC NOMOL SO Crustacés (Quelques notes sur les espèces de) du!litttoral. 361, Cygnes (Notes sur les) . . . . . . Déjeuner amical du 17 mai 1909 PNEU PANRE $ Faucons célèbres pour le vol de la Corneille el du Héron : Groseilliers (Ancêtres des) à grappes DAME NTeLIOT ANR E PEER EC RE Re Maras (Sur la durée de la gestation des). MerseyiEUGIen) MEME EN ERULE Mosquero (Le) . Oïe (L’) du Canada. GA OISE PORTO TFO Où SN CU BE TRAOMC OP TE 89 197 209 246 336 397 BIBLIOGRAPHIE Griseansalesmierationsides). A0: Acer CRE EEE RUN 409 nrresdemparure et la; mode ME EP PE D EU NE EEE 265 — (Sur l’acclimatation de quelques espèces d') Appartenant à la fanmmietdes Mesa podtidés LP etre OUEN RETENUE 289, 0322 Patate (La) douce et les Polynésiens . . . . . D NT CAT 186 Phosphatesiiles) dur Pacifique MR MU 7 CU Ent 219 Pilawin (Le parc de) et les élevages du comte Joseph Potocki. . . . 137 _ Plantes d'ornement (Choix de) classées par nature d'emploi et par. EDIT: NS EE STE EMEA ASIE CET 148 Poissons (Les) d’eau douce de là Guyane françarse. TR), Aa STE Récompenses (Séance annuelle de distribution des). . . ... . . PNREOUCIE Rescynthis Erythrinz Walk (Premiers états de) . . . . . . . . .. 425 Rhododendrons (Introduction de) sino-thibétains. . . . . . . . . A8 SORTE RCOMINUN) (LC) Re EE NE er RE NET Ne 22 Stomozys calcitrans (Le) et le bétail argentin AD RE ARR NE RU 104 Tetrastichus xanlhomelenz (Importation du) aux Etats-Unis . . . . 228 BIBLIOGRAPHIE CHarLey-Pourrau. Les Pêcheries et les Poissons du Congo, 481. Courtet (H.). Agenda aide-mémoire agricole pour 1909, 46. Courrer (H.). La betterave à sucre, 41. Courte (H.). Le cheval aliment, 44. Covrrer (H.). Les conserves alimen- taires, 16. . Courter (H.). Contributions diverses à l’hydrogénèse, 44. Courtet (H.). Espèces et variétés, 45. Courret (H.). neuses, 46. GERÔME (J.). Les végétaux, leur rôle dans la vie quotidienne, 438. Loyer (M.). Aviculture, 440. Loyer (M.). Traité d'arboriculture fruitière, 360. Lover (M.). La bière, 253. Lover (M.). Le blé, la farine, le pain,:359. Loyer (M.). Les céréales, 359. Loyer (M.). Chimie agricole, 256. Les plantes oléagi- BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. EE Loyer (M.). Chimie générale appli- quée à l’agriculture, 256. Loyer (M.). Les eaux-de-vie et les alcools, 252. Lover (M.). Les essences et les par- fums, 255. Loyer (M.). Forêts, prés-bois, 254. Lover (M.). Le houblon, 253. Loyer (M.). Huilerie agricole, 176. Loyer (M.). Laiterie, beurrerie, fro- magerie, 176. Loyer (M.). Les plantes sarclées, 254 Loyer (M.). Les plantes textiles, 254. Lover (M.). Les prairies, 253. Loyer (M.). Le tabac, 254. Loyer (M.). Le vin, 252. Loyer (M.). Viticulture moderne, 252. Marcres (C.). Parasites et maladies parasitaires des Oiseaux domes- tiques, 41. MarTiN (R.). Moutons, Chèvres et Porcs, 255. pâturages et 1909 — 34 | BULLETIN DE LA ÊTÉ NA ALE D MATATION 490 E SOCIÈTÉ NATIONALE D'ACCLIM 10 TABLE DES GRAVURES Arius fissus (Tête d’), 273. Mosquero, 369, 310, 312, 373. Cichla (Jeune) avalant une proie | Rhododendron adenopodum, 429. volumineuse, 224. | Sinnamary (Fleuve), 183. Crenicichla Vaillanti Pellegrin, 226. | Tetrastichus xanthomelænæ Ron- Mersey (Lucien) (1853-1909), 177. | dani, 233. Le Gerant : A. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, l, rue Cassette. De © to > A 5 k En He CU à Ÿ 4 FE EN DISTRIBUTION. I. MOREL, dote uides: colossea. meute janiculata. - rudis roslrata. ‘saligna.. ; | siderophlæa. x siderophloia. . stüartiana. . - Trabuti. Eucorum tricoccum. Eurya latifolia. Freesia refracta. Grevillea robusta. : Medeola asparayoides. Senecio platanifolia. — . arborea. Tetraclynis articulata. Boutures de Cereus tricostatus Æol. 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L’attention des personnes compétentes doit être appelée spécialement sur l'intérêt qu'il y a d'acclimater, dans les colonies EURESS animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. , La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique plates encourageant les études qui s'y rapportent et dont elle vulgarise les résultats. ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise des exp sitions et des conférences. Enfin, d’une manière toute spéciale, par les grainé qu'elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, ou aux sociétés agrégées ou affiliées, la Société d’'Acclimatation poursuit un “but pratique. d'uti générale et qui la distingue de toutes les associations analogues uniquement préo( cupées de science pure. — Le Bulletin, paraissant une fois par mois et form chaque année un volume d'environ 400 pages, illustré de gravures, donne des ren gnements les plus variés sur les animaux : Mammifères, Oiseaux, Poisso Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. F2 Le nombre des membres de la Société est illimité; les étrangers y sont Jai même titre que les Français: les dames peuvent, ésalement en faire partie ainsi les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou Dre (La ratoires, Jardins z00logiques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 francs et une sation annuelle Le 25 francs ou 250 francs une fois versés." Les publications | gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d'Oiseaux ôu de PO One faites par la Société, ou aux cheptels concédés par elle. — Divers avantages lui également réservés, tels qu’annonces gratuites, faculté d'achat à prix rédui publications de la Société antérieures à son admission, etc. LE Publications faites par la Société ou lui appartenant. — La Société d'A matation a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in illustrés de nombreuses gravures, et dont beaucoup ont plus de mille pages. Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur loute part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Ma me fères et leur élevage, les Oiseaux'etl la pratique de l’Aviculture, les Poissons leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies, Ces Re plusieurs forment de véritables volumes, sont mis en vente au prix de revient les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitié. prb Manuel de l’Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages il connus du D' Moreau sur les Poissons de France. ; Le Gérant : A. MARETREUX. Paris. — L. MARETHEUXx. imprimeur, Â, rue Cassette. DE IE A dia 'Acimaain DE FRANCE 56 ANNÉE ANNÉE 1909 = Procès-verbal 2 EURE RE MO NES TEE à ÉCRAN LENS CEE FE NE anne PDT Ne AL 755 iscours prononcé par M. Ed. PERRIER, président de la Société. . . . . . . . .. III x apport au nom de la Commission des réeompenses, présenté par M. LOYER, secré- ARE ÉTIENNE MT EN ER TR TEE RER PE PEU ET 5 Re AE XCIIT Congo au point de vue économique ; Conférence faite par M. BRUEL, administra- UN LEE GES CCG ER AMORRE RENE SARA ES NPC ER Pen Ce XXIIT < _ Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises | par les auteurs des articles insérés dans le Bulletin. AU SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE 33, rue de Buffon (près du Jardin des Plantes), PARIS LE BULLETIN PARAIT TOUS LES MOIS FER RIELC EE N Le Secrétaire général a l'honneur d'informer MM. les Membres de la Socié et les personnes qui désireraient l’entretenir qu’il se tient à leur disposition, a siège de la Société, 33, rue de Buffon, tous les Lundis, de 4 à 7 heures. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE Fondée le 10 Février 1854 Reconnue d'utilité publique par décret en date du 26 Février 1855 33, RUE DE BUFFON — PARIS BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION POUR 1909 Président, M. Edmond PERRIER, membre de l'institut et de l'Académie de Médecine, Directeur ; Muséum d'Histoire naturelle, Paris. { MM. D. Bois, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle, Professeur à l'Eco coloniale, 15, rue Faidherbe, Saint-Mandé (Seine). Vice Présidents Baron Jules de GUERNE, 6, rue de Tournon, Paris. TB TIESC £ Comte de Ponr8rrAND, Sénateur, boulevard Saint-Germain, 238, Paris. G. RAvereT-Warrer, Directeur de la station aquicole du Nid-de-Verdiel 20, rue des Acacias, Paris. Secrétaire général, M. Maurice Loyer, 12, rue du Four, Paris. MM. R. Le ForT, 89, boulevard Malesherbes, Paris (Ztfranger). H. Hua, Directeur- -adjoint à l'Ecole des Hautes Etudes, 254, boulevard Sain Secrétaires. Germain, Paris (Conseil). MILHE- PoUTINGON, 44, rue de la Chaussée-d’Antin (/Zntérieur). Ch. DEBREUIL, 25, rue de Châteaudun, Paris (Séances). Trésorier, M. le D' SeBILLOITE, 11, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris. Archiviste-Bibliothécaire, M. Marczes, rue de l'Union, La Varenne-St-Hilaire, Seine. Membres du Conseil MM. MaGaAup-D'AuBusson, 18, rue Erlanger, Paris. Comte Raymond de Damas, 26, rue de Berri, Paris. LecomTe, professeur de botanique au Muséum d' Histoire naturelle, 14, rue des nee Paris. Le MyYrE DE VILERS, 3, rue Cambacérès, Paris. D' LEPRINCE, 62, rue de la Mour, Paris. D: P. MarcHAr, Professeur à l’Institut National Asronomique, Directeur de la Station entomologiq de Paris, 142, boulevard Saint-Germain, Paris. M. MERSEY, Conservateur des Eaux et Forêts, Chef du service de la Pêche et de la Piscicultui au Ministère de l’Agriculture, 8%, boulevard Saint-Michel, Paris, Ph. DE VILMORIN, Verrières-le-Buisson, Seine-et-Oise. Comte d'ORFEUILLE, 6, Impasse des Gendarmes, Versailles. ACHALME, Directeur du Laboratoire colonial du Muséum d'Histoire naturelle, 1, rue Andrieux, Pari Dr E. TrouEssART, Professeur au Muséum d’Hisloire naturelle, 61, rue Cuvier, Paris. WurrioN, 7, rue Théophile-Gautier, Neuilly-sur-Seine. Dates des Séances du Conseil et des Sections POUR L'ANNÉE 1909 Janvier | Février | Mars Avril Mai Novembre | Décembra a ire SECTION. — Mammifères, le lundi dBADEUTES EN MERE Reel EAN ie 4 il 1 5 3 8 6 20 SEcrion. — Ornithologie, le lundi à 3 h. 1/2. % À 1 5 3 8 6 3° SECTION. — (1 à, ‘Aquiculture, le lundi a bINeUTeS Ne 11 8 8 19 10 15 13 Le SECTION. — Entomologie, le lundi ÉD PA PENSE ur Re tR en Dre ne Va 8 8 19 10 15 13 5e SEcron. — Bolanique, le lundi CR D ASUS AE AUCR Bee EAU LE 15 15 26 17 22 REA D 6e Secrion. — Colonisation, le lundi à 5 heures . . 18 15 15 26 Ai 22 20 Sous-Secrron d'Etudes Caprines, le ven- dredifais heures es eo 19 19 23 DLAIENDE 24 (1) Batraciens, Reptiles et Invertébrés aquatiques. SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DE DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES PROCÈS -VERBAL La distribution solennelle des Récompenses de notre Société eut lieu le 14 février 1909 dans le grand amphithéätre du Muséum d'Histoire naturelle, sous la présidence de M. le Ministre de l'Agriculture. Au bureau avaient pris place S. Exc. le comte Gallina, ambassadeur d'Italie; MM. Mazeret, chef adjoint du cabinel de M. Doumergue, représentantle Ministre de l’Instruc- tion publique, André Gayot, représentant le Ministre des Colo- nies et Edmond Perrier, membre de l'Institut, Président de la Société. Plus de quinze cents auditeurs se pressaient dans le vaste amphithéätre au nombre desquels nous avons remarqué : MM. Clavilier, chef adjoint du cabinet du Ministre de l’Agricul- ture; Le Myre de Vilers, ancien ambassadeur, président hono- raire de la Société; de Pontbriand, de Guerne, Bois, vice-pré- sidents, Achalme, Debreuil, Le Fort, Hua, Mailles, Magaud d’Aubusson, Marchal, Trouessart, membres du Conseil: D" Se- billotte, trésorier ; etun grand nombre de membres de la Société et de personnalités scientifiques. Après un discours de M. Edmond Perrier, M. Maurice Loyer, secrétaire général, a proclamé les noms des lauréats au premier rang desquels figurait S. M. Victor-Emmanuel IT, roi d'Italie. M. le Ministre de l'Agriculture, dans une allocution fréquem- ment interrompue par les applaudissements, a dit lout l'intérêt qu'il portait à notre œuvre, tout le plaisir qu’il avait pris à la lecture de nos Bulletins. M. Ruau nous à fait espérer, en ter- minant, que le jour où il accorderait aux éleveurs de Chèvres BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 16 IT BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION le droit de participer au Concours national agricole, n’était point éloigné. Puis, M. le Ministre de l'Agriculture a décerné ànos collègues MM. Marchal et Sebillotte la croix d’officier du Mérite agricole, et à MM. Hua et Le Fort, la croix de chevalier du même ordre. Enfin, au nom du Ministre de l’Instruction publique, il a remis à M. Gérôme la rosette d'officier de l’Instruction publique, et à M. Tolet, les palmes académiques. La cérémonie a pris fin après une conférence très documentée et du plus haut intérêt faite par M. Bruel, administrateur des Colonies, sur le Congo francais. =. DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES 14 FÉVRIER 1909 DISCOURS prononcé par EDMOND PERRIER, membre de l’Institut, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ. Monsieur le Ministre, Monsieur l'Ambassadeur, Mesdames, Messieurs, L'an dernier, à pareil jour, je rappelais une époque, pas très lointaine, où la séance de la distribution des récompenses de la Société d’Acclimatation était une fête parisienne qui se don- nait au théâtre du Vaudeville, rempli d’un public des plus élégants, des plus choisis et qu'animait le brillant orchestre du Jardin d’Acclimatation, frère de la Société, tous deux étant nés au Jardin des Plantes. La famille un moment disjointe s’est en partie reconstituée; les finances de la Société sont en bonne voie, grâce aux excellentes mesures prises sous la présidence de M. l'ambassadeur Le Myre de Vilers, et soigneusement con- tinuées depuis. Nous pouvons étendre désormais notre action sans compromettre l'avenir, et voici que notre grande séance annuelle reprend l’ampleur qu’elle avait autrefois. Au nom de la Société, je prie M. le Ministre de l'Agriculture de vouloir bien agréer l'expression de toute ma reconnaissance pour la marque nouvelle de haute bienveillance qu'il lui donne, après tant d'autres, par sa présence à ce fauteuil; je remercie MM. les ministres de l’Instruction publique et des Colonies d’avoir bien voulu se faire représenter à cette séance, par des membres distingués de leur cabinet, MM. Mazeret et IV BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION Gayot, et je salue avec le plus profond respect S. Exec. M. l'am- bassadeur d'Italie, qui est venu recevoir lui-même la récom- pense exceptionnelle, qu’a bien voulu accepter de nos mains, l’Auguste souverain de son beau pays, si riche d’un incompa- rable passé artistique, si aimé de tout ce qui pense, si contra- dictoirement dolé par la Nature de splendeurs sans pareilles et de terribles foyers de cataclysmes. Qu'il me permette de lui dire que nulle part, l’effroyable catastrophe de ces derniers temps n'a soulevé plus sympa- thique émotion que dans cette nation qui, de Jules César à Victor-Emmanuel et Garibaldi, en passant par les Médicis, a tant de souvenirs, tant de sentiments, et si j'ose le dire, tant d'intérêts de race, communs avec celle dont il est ici l’illustre représentant. : La Société d'Acclimatation a été heureuse d'ajouter un anneau, si modeste soit-il, à la chaîne de sympatbies qui unit la France à l'Italie, en montrant dans quelle haute estime elle tient l’œuvre de conservation si bien conduite par les Souve- rains de la Maison de Savoie. Gräce à eux, les Alpes garderont leurs alertes troupeaux de Chamois et de Bouquetins, et le chasseur des hauts sommets ne risquera plus d’être réduit à l’état de personnage de ballet, n'ayant d'autre rôle que de donner à l'Opéra la réplique à l'insidieuse Fée des Neiges. C'est là un exemple à méditer. Les chasseurs se plaignent, non sans raison, de la rareté du gibier; par ure singulière contradiction ils semblent absolument convaincus cependant que le gibier est indestructible et que, quelque tribut que l’on prélève sur lui, l'être de raison qu’on nomme la Nature saura bien contrebalancer par des procédés sur lesquels on ne s'explique pas, l'œuvre de destruction à laquelle s'appliquent, avec une ardeur sans pareille, les hommes de toutes les races, depuis les nègres du Congo jusqu'aux désœuvrés en quête d'émotions fortes, car ces derniers quittent volontiers le boulevard des Italiens pour aller courir les aventures dans la brousse peuplée de fauves de cette Lybie jadis mystérieuse, aujourd’hui explorée en tous sens. Dans l'antiquité, Hérodote s'attendait toujours à en voir sortir quelque monstre nouveau. Hélas! les monstres de l'Afrique ne sont aujourd'hui que trop connus; leur nombre diminue rapidement, et si l’on n'y mettait ordre, ils passeraient bientôt à l’état de légende. Les espèces animales qui ont succombé devant l'Homme sont DISCOURS PRONONCÉ PAR M. EDMOND PERRIER V beaucoup plus nombreuses qu’on ne le suppose. C'est bien lui qui à anéanti, il y a quelques milliers de siècles, les espèces européennes d'Eléphants et de Rhinocéros, qui a chassé les espèces d'Ours, de Loups, de Lions, d'Hyènes, qui lui dispu- laient les cavernes quaternaires de la Vezère et de la Dordogne, les Édentés de l'Amérique du Sud, le Megatherium, le Mylo- don, le Glyptodon et qui a, dans celte même région, supprimé le Cheval, avant l’arrivée de Christophe Colomb; lui encore qui, en cinquante ans, a fait disparaître la fameuse Rhytine de Steller, sorte de grand Dugong, découverte en 1725, entière- ment disparue en 1785, et éloigné de nos mers les Baleines que chassaient jadis les Basques. Celles qui vivent encore en diffé- rents points du globe ne résisteront sans doute pas bien long- temps. Comme elles se raréfient dans les mers arctiques, il vient de se former une Société au capital de deux millions pour aller les poursuivre, dans les parages anlarctiques et jusqu'ici tranquilles, des îles de Kerguelen. L'Homme n’a pas mieux épargné les Oiseaux. Tous ceux qui, confiant dans la sécurité que donne la solitude ou dans l’énor- milé de leur taille ont cessé de faire usage de leürs ailes et les ont en partie perdues, ont été ses victimes; l'oiseau Roc, le gigantesque Dinornis de la Nouvelle-Zélande, les deux Æpyornis de Madagascar, le Dronte, colossal Pigeon sans ailes, grotesque et dodu des îles Mascareignes, d’autres espèces des mêmes iles, autrefois vues par Leynat, comme le Solitaire ou P'Aphanapteryx et, de nos jours, sur nos côtes mêmes, le grand Pingouin, ont été ses viclimes, de même que les grandes Tor- tues terrestres de l'ile Bourbon. L'Homme a donc été de tout temps un grand destructeur; partout où il s’est installé, les animaux sur lesquels s’est portée sa convoitise ont péri. Quand il s'empara de la vallée de la Vézère, les Eléphants, les Rhino- céros, les Antilopes, y vivaient côte à côte avec les Rennes et les Marmottes ; il n’est pas étranger à la retraite des uns vers l’'Equateur, des autres vers les hautes montagnes ou les ré- gions polaires et grâce à lui, le dépeuplement continue. Les bêtes carnassières auxquelles il donne la chasse pour se défendre, ne sont pas les seules qui deviennent rares; les im- menses troupeaux de Bisons ont disparu d'Europe d’abord, d'Amérique ensuite; les petits Savoyards ont quelque peine à se procurer des Marmottes dans les Alpes; l’ingénieux hydrau- licien qu'était le Castor est devenu sur les bords du Rhône un VI BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION modeste fouisseur, et parmi les Oiseaux, il n’est plus guère question, dans nos plaines, de la grande Outarde. Mais c’est sur- tout dans l’Afrique centrale que la destruction marche grand train. L'Eléphant, à cause de ses défenses, le Rhinocéros blanc pour la longue corne qu'il porte sur le nez et qui sert à fabriquer des objets sculptés, sont poursuivis sans trêve ; même avec les armes perfectionnées dont ils disposent, les vrais chasseurs, nos compatriotes, dont quelques-uns se vantent d’avoir tué 17 Hippopotames dans une matinée, sont encore moins dange- reux que les commerçants. Pour ceux-ci, ce sont les indigènes qui travaillent et ils n’y vont pas par quatre chemins. Un trou- peau d’Eléphants est-il signalé quelque part, on met Le feu à la brousse autour de lui. Cernés par les flammes, aveuglés par la fumée, à demi-rôtis, affolés par le sentiment d’une mort immi- nente, les malheureux animaux sont massacrés en bloc : mâles et femelles, jeunes et vieux, tout y passe. Naturellement, les Eléphants ne sont pas les seuls atteints par le feu. Au surplus, l'incendie périodique de la brousse est un des moyens de cul- ture usités par les indigènes. Qui sait ce qui devient alors inu- tilement la proie des flammes? Tout à l'heure, l'administrateur éminent qui a bien voulu accepter de nous parler de ce Congo qu’il connaît si bien, M. Bruel, dira les richesses de cette région et ce qu'on peut attendre d'une mise en valeur moins sommaire... Sile goût du lucre est le principal ennemi avec qui la faune africaine doit compter, elle en a un autre d’autant plus dange- reux qu'il vient doubler le premier; c’est le goût indestruc- tible chez les femmes, même les plus civilisées, pour les pana- ches. Dans l'année 1906, les seules colonies du Sénégal et du Niger ont exporté 353.113 peaux d'Oiseaux destinés à leurs cha- peaux. Aussi certaines espèces, l’Aigrette, par exemple, sont elles en diminution rapide et il serait vraiment dommage pour nos élégantes de les voir disparaitre. Les Gouvernements possesseurs de colonies se sont émus de cet état de choses. Dans l'intérêt de nos descendants, ils ont signé à Londres en 1900 une Convention réglementant la chasse dans l'Afrique tropicale. L’Angleterre, l'Allemagne, la Belgique, le Portugal ont immédiatement pris les mesures protectrices: recommandées par la convention et ces mesures protectrices ont parfaitement réussi. Il n’en a pas été de même en France; mais M. le Ministre des Colonies s’est préoccupé de cette ques- tion. L’étude en a été renvoyée aux Sections compétentes de la DISCOURS PRONONCÉ PAR M. EDMOND PERRIER VII Société d'Acclimatation et un lumineux rapport de nos collè- gues, M. le professeur Trouessart pour les Mammifères, M. Ma- gaud d’Aubusson pour les Oiseaux, va être remis dès demain, à M. le Ministre des Colonies. Les mesures qu'ils préconisent ne sont pas exclusivement des mesures de prudente administration, assurant l’avenir de ressources qui ne sont malheureusement pas inépuisables. Elles n’intéressent pas seulement le commerce; elles ont aussi pour la science pure un grand intérêt. Les grands Mammifères de l'Afrique tropicale sont ceux qui peuplaient l'Europe quand l'Homme y a fait son apparition. A ce titre, ils sont de vérita- bles monuments historiques, représentant une période zoolo- _gique un peu plus ancienne que la nôtre. Ceux d'Australie représentent une période plus ancienne encore, et il y a à la Nouvelle-Zélande, un Lézard, le Sphenodon punctatum, qui est le dernier survivant d’une famille de Reptiles, celle des Rhyn- chocéphales, qui remonte à la période carbonifère. Tous ces représentants d’un état de choses disparu doivent être soigneu- sement conservés, au nom de l’histoire du Globe. Le gouver- nement néo-zélandais l’a si bien compris qu'il a pris le Sphe- nodon sous sa protection. Assurer dans chaque pays la conservation de ce qu'il produit naturellement est, on ne saurait trop le redire, une œuvre qui intéresse l’acclimatation proprement dite et que la Société d’Acclimatation n’a jamais cessé d'encourager de son mieux. On s’est même demandé s’il n’y avait pas quelque témérité à en entreprendre une autre, et si essayer de troubler l’équi- libre de ses productions par des importations d'animaux d'une région dans une autre, au mépris de la géographie zoologique, n'était pas une tentative antiscientifique, vouée à un échec certain. Nous répondrons que le monde a été peuplé par des acclimatations naturelles dans un pays, d'espèces qui sont venues d’ailleurs ; le Chat domestique, le Coq, le Paon, le Din- don, la Pintade, le Maïs, la Pomme de terre sont des exemples d'heureuses importations étrangères, et le Rat d’égout s’est indiserètement acclimaté chez nous depuis Buffon; mais nous n'avons pas besoin pour justifier notre œuvre de ces exemples historiques ; nous pouvons nous en tenir à nos propres suc- cès. Il y a dans l’Inde un joli petit Cerf moucheté de blane, le Cerf-Axis. L’acclimatation dans nos forêts de ce charmant ani- mal est aujourd'hui un fait accompli. VEII BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION En décembre dernier, dans la propriété de Seine-et-Marne de M"° la Marquise de Ganay qui fait partie de notre Société, et lui a donné tant de preuves de sympathie, on a, pour la pre- mière fois, donné la chasse à courre à l’un d'eux. L'Axis s’est admirablement comporté devant l'équipage Lebaudy. Notre collègue, M. Debreuil, si actif, si chaleureux champion de la cause de l’acclimatation, a décrit cet événement cynégétique avec l'enthousiasme poétique qui lui est habituel. Il me per- mettra de citer textuellement la note qu’il m'a remise à ce sujet : « La curée aux flambeaux a eu lieu dans la cour d'honneur du vieux château de Fleury-en-Bière. A la lueur vacillante des torches, au son des fanfares de chasse, au bruit du piafflement des chevaux, dans un mouvant et féerique décor, parmi les amazones au tricorne galonné, les veneurs en tunique rouge, les piqueurs et les paysans venus de toutes parts pour assister à ce brillant spectacle, il semblait que l'antique demeure se fût redressée sur ses ruines et que ses fêtes d'autrefois fussent ressuscilées pour un soir. » Sans doute, il y a quelque mélancolie à penser que les bêtes paisibles que nous acclimatons sont le plus souvent vouées à éprouver un jour les affres d'une chasse ou d’une battue. Mais tant que les chimistes de l'avenir n'auront pas réussi à tirer de leurs cornues la succulente lablette nutritive que Berthelot jugeait capable de faire oublier le civet de Lièvre, le Faisan rôti ou le cuissot de Chevreuil, il faudra bien se résigner à mettre à mort les animaux dont nous mangeons la chair, et les antivivisectionnistes si sensibles aux méfaits des physiologistes fermeront prudemment les yeux devant les exploits des chas- seurs, feindront d'ignorer les cruautés du pêcheur à la ligne ferrant un malheureux Poisson qui n’a aucun moyen de se plaindre, et détourneront pudiquement la tête en frôlant les étals des bouchers. N'altirons pas leur attention. Aussi bien pourrons-nous obtenir leur pardon en remarquant que ies hommes éminents qui s'occupent d’acclimatation n’ont pas l'œil constamment tourné vers leur garde-manger. Ils se préoccupent aussi d'orner d'animaux gracieux et élégants nos forêts et nos parcs, voire même nos cours d’eau, de mettre sous la main de l'homme eeux qui lui procurent quelque matière première utile ou sim- plement quelque agrément. Et puis, ils recherchent les fleurs qui peuvent fournir à nos jardins et à nos serres des ornements DISCOURS PRONONCÉ PAR M. EDMOND PERRIER IX nouveaux. C’est à quoi s’est surtout employée dans le voyage qu'elle vient d'accomplir à bord de son yacht Le Nirvana dans l'Inde, aux îles de la Sonde et au Japon, notre collègue M°° la comtesse de Béarn, accompagnée de l’un de nos vice-prési- dents, M. le baron de Guerne et de M. Cordier. Ellz me permet- tra de la féliciter de son heureuse traversée et de souhaiter une bonne reprise aux Plantes qu'elle a récoltées ; les malheureuses sont ärrivées en douane tout juste pour subir les basses tem- pératures du 1° janvier, au moment où les ponts légaux entre les jours de fêtes chômées et le dimanche, avaient fermé tous les bureaux qui pouvaient les sauver. Dans une conférence prochaine, M. de Guerne s'apprête à nous faire connaître les épisodes de cette traversée où les élégances du monde se sont si aimablement mélées au souci des recherches scientifi- ques. Si variées qu'elles soient, elles ne seront pas certainement plus dramatiques que celles qui ont marqué les étapes de l’acelimatation du Nandou. Le Nandou est unepetite Autruche, ou, si l’on préfère, une énorme Outarde de l'Amérique du Sud. Il ne vole pas, mais court avec une étonnante prestesse. Il se nourrit d'herbes. Les plumes aux barbes détachées, comme celles de l’Autruche, mais non frisées, ont été si bien adoptées par la mode que soixante-dix Parisiennes sur cent en portent sur leur chapeau. On croyait naguère ne pouvoir les utiliser que dans la fabrication des plumeaux; les voilà classées parmi les ornements de luxe, sous le nom pittoresque de « Gerbe des Incas ». La gerbe des Incas n’a ni l’ampleur ni la somptuosité de la plume d’Autruche; elle est plus courte, plus lâche, mais aussi plus légère, et habilement disposée par une main experte, ne manque pas de grâce. Il n’y à pas de raison pour que la mode lui retire ses faveurs, si capricieuses qu'elles soient. La plume est la moindre utilité de l’Autruche d'Amérique. Sa chair ressemble à celle du Mouton sans en avoir la fâcheuse odeur. Un gigot de Nandou peut faire un plat des plus confor- tables et l’Oiseau mérite bien le qualificatif « d'Oiseau de bou- cherie » qui lui a été donné. Donc, grâce à l'initiative de M. Debreuil qui depuis longtemps élève des Nandous dans sa propriété, aux environs de Melun, la Société avait songé à ré- pandre le Nandou dans notre pays qui lui convient parfaite- ment, et la première opération devait consister à se procurer des Nandous. L'entreprise fut tentée en 1907 avec les plus X BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION précieux concours. Le premier qui lui fut acquis et pour lequel nous ne saurions montrer trop de reconnaissance fut celui de M. Gavarry, l’éminent Directeur des affaires administratives et techniques au Ministère des Affaires étrangères. dont le zèle et le dévouement sont acquis à tout ce qui contribue au mou- vement intellectuel et au progrès scientifique du pays. Bien que les questions d’acclimatation n’eussent qu'un lointain rapport avec la diplomatie, M. Gavarry voulut bien recom- mander notre entreprise à notre ministre plénipotentiaire de Buenos-Ayres, M. Bruwaert, que nos remerciements iront trouver dans sa studieuse retraite. M. Bruwaert trouva dans un grand ami de la France, M. Beazley, ancien Préfet de police de Buenos-Ayres, un collaborateur des plus empressés. M. Beaz- ley réussit à capturer 40 Nandous, mais 36 d’entre eux se sui- cidèrent avant d'alteindre le port d'embarquement; un autre mourut en route; trois seulement arrivèrent à destination. Notre collègue, M. Lignières, Directeur de l’Institut bactério- logique de Buenos-Avyres, voulut bien reprendre l'opération. On régla minutieusement tous les détails de l’expédition. Grâce à M. Matthey, Administrateur de la Compagnie des Transports maritimes de Marseille, en qui je suis heureux de retrouver inopinément un vieil ami et M. Py, président de la Banque française de Rio de la Plata, toutes les précautions furent prises pour que le transport de Buenos-Ayres en France s’effectuât dans les meilleures conditions possibles. Il ne manquait plus que les Nandous. M. Lignières constitua, à l’aide de ses gens et de gauchos habiles à capturer les Autruches, une petite troupe de chasseurs. La chasse des Nandous est des plus pittoresque. On com- mence par en cerner un certain nombre que l’on poursuit à cheval de manière à les enfermer dans un espace clos, le corral. On les prend ensuite un à un au lazzo. Les chasseurs de M. Lignières réussirent à s'emparer de 60 Nandous vivants. Mais, à peine pris, ces Oiseaux entrèrent en fureur contre eux-mêmes. Dans le seul trajet du lieu de capture à la gare voisine qui ne prend pas plus de deux heures, 21 s'étaient déjà tués. On essaya de leur lier les pattes; ils trouvèrent encore moyen de s'ouvrir le ventre ou la poitrine avec leurs ongles; aucun ne parvint à destination. Le Nandou pourrait servir d'emblème à l'amour de l'indépendance, et c’est peut-être pourquoi dans ce temps de féminisme, la plume de Nandou DISCOURS PRONONCÉ PAR M. EDMOND PERRIER XI flotte sur tant de chapeaux comme un discret étendard de ré- volte. M. Lignières conclut fort sagement qu'il n’y avait pas lieu de recommencer l'expérience. Par contre, écrit-il, si on élève de petites Autruches, elles s’apprivoisent facilement et on peut alors les faire voyager sans inconvénients. Il se mit donc en devoir d'essayer de ce nouveau procédé. Mais, décidément, la fatalité poursuivait l’entreprise créée par notre Société. Dans le monde des Nandous, c’est le père qui prend soin des jeunes, et les élève avec une touchante sollicitude. De jeunes Nandous assez grands déjà pour se passer des soins patérnels furent capturés et en mars 1908, 60 de ces oiseaux étaient soignés aux environs de Buenos-Ayres à notre intention par M. Alzaga qui avait chargé son majordome de veiller sur eux. Tout allait pour le mieux, les Oiseaux complètement apprivoisés étaient prêts à partir. Leur traversée était prévue, nous l’avons dit, dans les meilleures conditions. Ils devaient être recus à Mar- seille et s'y reposer plusieurs mois avant d’être envoyés à ceux de nos collègues qui en avaient fait la demande. Il faut croire que le succès dans l'élevage du Nandou ne suffit pas à racheter tous les déboires de la vie; quand son œuvre touchait à son terme, le majordome de M. Alzaga se suicida. Les Nandous furent abandonnés et lorsque M. Lignières se présenta pour les expédier, il n’en restait plus que 7. C'était un troisième désastre. Heureusement, M. Saturnino Ünzue en donna six autres, M. Onelli un. C'était un petit troupeau de 14 Oiseaux qui fut embarqué par les soins de notre Ministre plénipotentiaire à Buenos-Ayres, M. Thiébaut. Onze arrivèrent en bon état, mais l’un d’eux, à peine arrivé, se cassa les deux jambes en prenant part aux courses folles et aux gambades par lesquelles ces Oi- seaux fétèrent leur mise en liberté. Il n’en restait plus que 10. M. Thiébaut en obtint trois autres de M. Beazley. La Société, par cesenvois successifs, et par les naissances qui avaient eu lieu en France, a pu finalement cette année distribuer 18 Nandous. J'avais cru pouvoir écrire l’an dernier : « Jusqu'ici, les Nandous préfèrent mourir à quitter leur patrie; on les y décidera. » C’est aujourd’hui chose faite, mais l’histoire des tribulations qu’ils ont causées à ceux qui y sont parvenus, méritait d’être citée ; elle précise à quel degré nous devons leur être reconnaissants de tant de persévérants efforts. Qu'il nous soit permis de leur envoyer d'ici le témoignage de notre pro- XIT BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION fonde gratitude pour leur collaboration si énergique et si désintéressée à notre œuvre. Cette histoire pourra former dans les annales de notre Société un chapitre que Jules Verne aurait intitulé : Le Drame des Nandous. Je ne voudrais, en terminant, tirer de cette aventure qu’une morale. C'est qu’une Société dans laquelle se trouvent des hommes capables de tels efforts pour atteindre le succès, mérite qu’on lui fasse confiance. Ces efforts ne réclament pas seulement une grande dépense d'énergie; ils ne peuvent être accomplis qu'au prix de lourds sacrifices matériels. Pour les couvrir, la Société n’a d’autres ressources que les cotisations de ses membres, la subvention annuelle que veut bien lui accorder M. le Ministre de l’Agriculture, et l'intérêt d’un petit capital que, grâce à la bonne gestion de son Conseil, elle a réussi à se constituer. Elle fera de grandes choses si chacun de ses membres se fait le centre d’une active propagande. Les boules de neige gros- . sissent si rapidement! RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES MAURICE LOYER SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA SOCIÉTÉ Monsieur le Ministre, Monsieur l'Ambassadeur, Mesdames, Messieurs, Notre Société clôtaujourd'huisacinquante-cinquième session, et l’année qui vient de s’écouler n’est pas moins féconde en résultats heureux que ses devancières. Nosefforts persévérants nous permettent d'envisager l’avenir avec confiance, assurés que nous sommes des concours que nous apportent tous ceux qui aiment la Nature, l'admirent dans toutes ses manifestations et cherchent à en pénétrer les secrets : les uns nous accordent leur aide pécuniaire; les autres, leur subvention et leur concours actif pour pénétrer le mystère des problèmes que la nature propose à nos investigations. Aussisommes-nous heureux de venir proclamer devant vous, au milieu d'une sympathie aussi chaleureuse, les noms de ceux qui, cette année, ont concouru à la grandeur de l’œuvre que nous avons entreprise. RÉCOMPENSES HORS CLASSE Grande médaille de vermeil à l'effigie d’Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. Le développement intense de l’activité humaine a reculé les limites des domaines que parcouraient jadis librement les Mammifères sauvages de l'Europe centrale. XIV BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Chamois et Bouquetins disparaissent sous les coups répétés des chasseurs audacieux qui les poursuivent jusque sur les sommets, autrefois réputés inaccessibles, où ces noblesanimaux ‘ont trouvé un dernier asile. | Mais une volonté souveraine est venue arrêterle bras de leurs ennemis et assurer aux derniers représentants d'espèces en voie de disparition un suprême refuge. Je viens adresser icil' hommage respectueux de notre Société à Sa Majesté Victor-Emmanuel IIL, roi d'Italie, qui a institué dans les provinces d’Aoste et de Luneo deux vastes réserves où l’on compte maintenant 3.000 Bouquetins et 5.000 Chamois. Non content d'assurer la conservation de ces deux belles espèces indigènes, Sa Majesté, suivant en cela l'exemple de ses illustres prédécesseurs, encourage l'élevage du Chameau d'Afrique dans les environs de Pise, à San Rossore. Enfin le domaine royal de Castel Porziano renferme égale- ment, à côté de nombreux Cerfs, Chevreuils, Sangliers et Pores- Epics, un troupeau d'Antilopes Nylgauts, complètement accli- matées, qui compte aujourd'hui plus de trois cents têtes. Notre Société s’honore en saluant de tels exemples, aussi avons-nous accueilli avec gratitude la faveur que nous accordait Sa Majesté Victor-Emmanuel IIT en acceptant notre Grande médaille de vermeil (hors classe) à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Médaille d’or, offerte par le Gouvernement de la République francaise. La science française compte à l'étranger de nombreux repré- sentants. e L'un d'eux, M. Lignières, a conquis. à Buenos-Ayres, par l'importance de ses travaux, une situation prépondérante. Envoyé en mission dans la République Argentine en 1896, notre collègue est devenu, l’année suivante, le directeur de l’Institut national bactériologique de la capitale de ce pays. Il y a surtout étudié un groupe important de Bactéries : les Pasteu- relloses, dont il a fait connaître tous les caractères et la signi- fication pathologique. Enfin, toutes les maladies à parasites du sang (piroplasmoses, trypanosomiases) ont fait l'objet de ses RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES se travaux, notamment la Tristeza, propre à l'Argentine, pour laquelle il a découvert un vaccin. Bien que ses recherches scientifiques lui laissent peu de loi- sirs, M. Lignières s'intéresse à nos travaux; nous en trouvons la preuve dans le précieux concours qu'il nous a apporté lorsque nous avons mis à exécution le projet de faire venir de l'Argentine les Nandous destinésaux expériences d’acclimatation que nous tentons aujourd'hui. Aussi ne pouvions-nous faire un meilleur choix, lorsque nous avons désigné M. Lignières pour l'obtention de la Médaille d’or offerte par le Gouvernement de la République française. Ire SECTION. — MAMMIFÈRES Médaille de première classe. Le vingtième siècle verra disparaitre de la surface du globe bon nombre des êtres vivants qui en font encore aujourd'hui la parure. Nousassistons en France à l'agonie de certaines espèces qui, jadis, florissaient sur notre sol. Je dois citer ici la plus inté- ressante de toutes: celle du Castor. Il vivait autrefois en troupes nombreuses sur les bords de nos rivières : la Bièvre lui doit son nom. Aujourd'hui, quelques rares survivants errentsur les rives du Rhône en Camargue et sur les bords du Gardon. C’est à l’étude de ces intelligents Rongeurs que le distingué Conservateur du Musée d'Histoire naturelle de Nimes a consacré de nombreux mémoires ; bien plus, il s'efforce de les préserver d'un anéantissement complet en combattant les préjugés qui représentent ces industrieux animaux comme étant les destruc- teurs des digues du fleuve, leur dernier refuge; il demande l'interdiction de leur chasse au dehors du temps de la clôture annuelle, il en préconise la domestication, la Castoriculture, comme elle est pratiquée au Canada, en montrant toutle profit que l’on en pourrait tirer. Nous nous associons aux travaux et aux vœux de M. Galien Maingaud en lui décernant notre Médaille de première classe. XVI BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION SOUS-SECTION D’ETUDES CAPRINES. Grande médaille à l'effigie d’Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire Dansle domaine de l'élevage, la Chèvre a longtemps joué un rôle effacé. Dédaignée parce qu'ignorée, cette excellente lai- tière attendit longtemps sa réhabilitation. Elle l’obtint enfin, grâce aux patients efforts de quelques amateurs, guidés par les conseils de zootechniciens, parmi lesquels nous devons citer M. P. Dechambre, professeur à l'Ecole d’Alfort. Dans les nom- breux mémoires qu'ila publiés dans notre Bullelin, notre savant collègue s’est toujours préoccupé de coordonner les données scientifiques avec leur application à la pratique de l’exploita- tion de la race caprine ; les éleveurs de Chèvres y ont puisé maints renseignements précieux. Nous ne pouvons passer sous silence les divers travaux de M. Dechambre sur l'Ethnologie animale, ainsi que ses recherches sur l'alimentation du bétail, lhygiène et l'amélioration de nos races domestiques. Ce bref exposé des titres de notre collègue justifie amplement l'octroi de la Grande médaille, à l'effigie d'Isidore Geoffroy- Saint-Hilaire, que nous lui offrons aujourd'hui. 2° SECTION. — ORNITHOLOGIE Médaille de première classe. L’acclimatalion et la domestication du Nandou d'Amérique ont rencontré, parmi nos coilègues, de nombreux adeptes. Mais si ces tentatives sont, en France, couronnées de succès, nous devons en attribuer une grande part au concours aussi généreux qu éclairé que prétèrent à notre Société, sur les sol- licitations de MM. Bruwaert et Thiébaut, ministres de France à Buenos-Avres, quelques hautes personnalités de la République Argentine. L’une d'elles, M. Francisco Beazley, ancien préfet de police de Buenos-Ayres, avec un dévouement dont nous ne saurions trop le remercier, se chargea de réunir et de nous faire parvenir un certain nombre de ces Oiseaux. Nous sommes reconnaissants à M. Beazley, de sa généreuse RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES XVII entremise et pour reconnaitre le précieux concours qu'il nous a apporté dans l’œuvre de vulgarisation du Nandou en France, nous sommes heureux de lui décerner une Médaille de pre- mière classe. Médailles de seconde classe. L'étude des mœurs des Oiseaux chanteurs d'Europe a tenté bien des observateurs. L'un d’eux, M. Erbeau, nous a donné sur ces êtres charmants, sur leurs mœurs, leur plumage, leur chant, d'utiles renseignements dont nous apprécions tout le prix en donnant à leur auteur notre Médaille de seconde classe. Parmi les richesses agricoles de l'Afrique du Sud, figure l'éle- vage de l’Aulruche du Cap. M. le vétérinaire Grandmangin a voulu doter notre colonie de Madasgascar de cette nouvelle source de revenus. Avec une inlassable ardeur, que les insuccès des premières années ne vinrent point rebuter, M. Grandmangin a réussi à acclimater et à faire reproduire ce bel Oiseau dans les environs de Tulear. Aujourd'hui, cette autrucherie est en plein rapport. Nous constatons avec plaisir cet heureux résultat, et nous _accordons au créateur de l’autrucherie de Tulear une Médaille de seconde classe. Mentions honorables. L'aviculiure s'enrichit, chaque année, de nouvelles acquisi- tions. Nous devons mentionner, cette fois, l'introduction d’une nouvelle race de Poules, célèbre en Russie, la Poule Orloff. Cette nouvelle recrue est due à l’activité de M. Oscar Dresse, auquel nous accordons une Mention honorable. Depuis plus de vingt ans, M. Auguste Ludwig, jardinier chez M. Debreuil, à Melun, s'occupe avec le plus grand dévoue- ment de l'élevage d'animaux nouvellement importés et de la culture de plantes récemment introduites. Cetle année, grâce à ses soins, dix-huit Nandous importés d'Amérique ont élé remis en état et répartis parmi nos collè- gues. BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. LIMIT XVIII BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION Il est devenu ainsi un véritable collaborateur de notre Société, aussi sommes-nous satisfaits de pouvoir lui décerner, avec nos félicitations, une Mention honorable. 3° SECTION. — AQUICULTURE Grande médaille à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Depuis de longues années, M. Raymond Rollinat s'est adonné à l'étude des Vertébrés du centre de la France et plus particulièrement à celle des Batraciens et des Reptiles. Dans de nombreux et intéressants mémoires dont plusieurs ont été publiés dans notre Bulletin, notre collègue a décrit les mœurs, et la reproduction des Lézards, de la Cistude d'Europe, des divers Batraciens et Ophidiens de la France centrale. Ces savants travaux, fruits de patientes observations et de ‘consciencieuses recherches, ont puissamment contribué à la connaissance de ces animaux que notre collègue étudie non seulement dans son laboratoire, mais aussi dans leur habitat naturel. Notre Société est heureuse de témoigner publiquement à M. R. Rollinat tout l'intérêt qu’elle porte à son œuvre en lui. décernant pour l’ensemble de ses travaux erpétologiques, une Grande Médaille à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Médaille de première classe. M. Lhéritier, d'Ambazac (Charente), est le créateur d’un établissement de piseiculture qui peut servir de modèle à ceux qui s'occupent de l'élevage de la Truite. Avec une ténacité digne d’éloges, M. Lhéritier a non seule- ment fondé un établissement prospère; mais encore, par des conférences de plus en plus nombreuses, il a développé, dans la région qu'il habite, le goût de la pisciculture et de l’élevage rationnel du Poisson. Nous. secondons les efforts de M. Lhéritier en lui octroyant une Médaille de première classe. RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES XIX Médailles de seconde classe. Nous suivons avec le plus vif intérêt Les efforts tentés depuis quelques années pour repeupler les lacs et les cours d’eau de nos montagnes. Nous signalons aujourd’hui l'initiative, cou- ronnée de succès, de M. l'abbé Derbord, auquel est dû le repeu- plement en Truites du lac de Barroudes, situé à 2.400 mètres d'altitude, dans les Hautes-Pyrénées. En témoignage de notre satisfaction, nous accordons à M. l'abbé Derbord notre Médaille de seconde classe. Nous applaudissons aux efforts de ceux qui entreprennent de repeupler nos cours d’eau, mais nous devons signaler aussi le mérite de ceux qui les secondent en surveillant ces divers champs d'expérience, et en participant activement à la répres- sion du braconnage de la pêche. M. Francois Darcon, garde des eaux et forêts à Saint-Gaultier (Indre), a rendu, de la sorte, à la cause de l’Aquiculture, de nombreux services; nous le félicitons de son dévouement en lui attribuant une Médaille de seconde classe. 4° SECTION. — ENTOMOLOGIE Médaille de première classe. L’acclimatation des Bombyciens sericigènes a fait l’objet de études de notre Société depuis sa fondation. Elle est encore, aujourd'hui, à l’ordre du jour des travaux de notre quatrième Section. Aussi avons-nous salué avec satisfaction l'apparition du livre que M. Ernest André vient d'écrire sur les « Vers à soie sauvages ». Cet utile ouvrage est le résultat de recher- ches et d'observations faites avec le plus grand soin, nous en reconnaissons tout le mérite en accordant à son auteur notre Médaille de première classe. Médailles de seconde classe. M. le D' Maurice Royer a fait d’utiles observations sur les Insectes, en particulier sur ceux de l’ordre des Hémiptères. Les travaux de notre collègue nous permettront, en les con- XX BULLETIN DE LA SOCIËÊTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION naissant mieux, de lutter plus efficacement contre ces ennemis de nos jardins et de nos champs. Nous n’oublierons pas de mentionner, parmi les titres de M. Royer à notre gratitude, la part active qu'il prend à nos travaux, aussi lui altribuons-nous, avec le tribut d’éloges qu'il mérite, notre Médaille de seconde classe. M. Perceval Westell a publié sûr les Insectes, un livre où sont décrites les diverses espèces qui habitent le nord de l'Eu- rope. Tout en étudiant avec soin leur vie et.leurs mœurs, M. Westell s’est également préoccupé de rendre accessible à tous l’étude un peu délicate de l’'Entomologie. Nous félicitons l’auteur de ce bon livre et lui accordons une Médaille de seconde classe. 5° SECTION. — BOTANIQUE. Grande médaille à l’effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Nous devons à M. Maiden, directeur du Jardin botanique de Sidney (Australie), de remarquables travaux sur la flore du continent australien. Les Plantes utiles indigènes et celles dont l’acclimatation y a été tentée, ont été, de sa part, l’objet d'importantes études. Il a écrit, notamment, d'excellents ouvrages sur les Euca- lyptus et sur les diverses espèces de Conifères introduites et cultivées en Australie. ë L'œuvre accomplie par M. Maiden est considérable, aussi devons-nous témoigner tout l'intérêt que nous portons à ces travaux en décernant à leur auteur notre Grande médaille à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Médaille de première classe. La flore de la côte orientale de l’Afrique a fait l’objet des études de M. l’abbé Sacleux. Pendant de longues années, le distingué botaniste n'a cessé de recueillir les Plantes des régions qu'il a visitées, réunissant et envoyant en France des herbiers considérables qu'il avait déterminés seul. M. Sacleux ne s’est pas contenté de recueillir sur place et de RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES XXI classer les Plantes qu'il récollait ; il a fait également des envois fort importants de graines provenant de Plantes rares ou utiles, dont il est intéressant de poursuivre l'étude afin de pouvoir en tenter utilement l'acclimatation dans nos colonies. Ces services rendus à la science française justifient ample- ment l'attribution de la Médaille de première classe que nous offrons à M. l'abbé Sacleux. 6° SECTION. — COLONISATION. Médailles de première classe. L'un des plus beaux jardins d'essai de nos colonies est, sans contredit, celui de Kouroussa, en Guinée française. Le mérite de sa création revient à M. Pobéguin, administra- teur en chef des colonies. Dans les vastes pépinières de ce jardin croissent à l’envi les Plantes indigènes et celles dont l’acclimatation viendra aug- menter la richesse de notre colonie. Les services rendus par cette utile institution ne sont plus à compter. Mais là ne s’est pas bornée l’activité de M. Pobéguin : nous devons également rappeler que, non content de doter notre agriculture coloniale d’acquisitions nouvelles, il à puissamment contribué à faire connaître les Végétaux de l'Afrique française en envoyant en France des collections de Graminées de la Guinée française, et de Plantes utiles ou ornementales du Gabon, de la Guinée, du Congo et des Comores. En témoignage de la haute estime dans laquelie nous tenons l’œuvre accomplie par M. Pobéguin, nous lui décernons une Médaille de première classe. M. Leprince, administrateur des colonies et maire de Konakry, a beaucoup contribué au développement et à la prospérité de cette ville. Il a transformé la capitale de la Guinée française, qui n’était encore qu'un village en 1892, en une grande et belle ville qui ne compte pas moins de quinze kilomètres de boulevards ef d'avenues. Toutes ces voies sont bordées de magnifiques allées d'arbres, entrecoupées de squares ornés des plus belles Plantes tropicales. XXII BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION C’est à lui, enfin, que l’on doit le jardin public, large de cinq hectares, planté de plus de cent cinquante espèces d'arbres ou arbustes ornementaux sous l’ombrage desquels vient d'être créé le premier Jardin zoologique de l'Afrique tropicale. En considération des grands services qu'il à rendus à la cause de la colonisation, nous attribuons à M. Leprince notre Médaille de première classe. Médaille de seconde classe. Au cours de son long séjour à Madagascar et au Dahomey, M. Ferlus, administrateur des colonies, s’est livré à de mul- tiples recherches botaniques, à la suite desquelles beaucoup de Plantes indigènes et de produits de nos colonies africaines ont été connus et vulgarisés en France. Notre collègue poursuit également avec activité l'introduction de certaines espèces utiles, appartenant à notre flore et à notre faune françaises, dans la colonie qu'il administre. - M. Ferlus apporte à notre Société, aussi bien pendant son séjour aux colonies qu'en France au cours de ses congés, une collaboration active et dévouée. Nous en reconnaissons tout le prix en décernant à M. Ferbus notre Médaille de seconde classe. x En terminant, il me reste un triste devoir à remplir. Pendant cette dernière session, des vides douloureux se sont produits dans nos rangs. Permettez-moi de rendre ici un dernier hommage à la mé- moire de ceux de nos collègues que la morta frappés : MM. Baltet, de Beaurecueil, Bouel, Colette, François et Magne. Nous res- sentons d'autant plus vivement leur perte, que tous, à des titres divers, étaient des collaborateurs actifs de notre Société, aussi conserverons-nous fidèlement le souvenir de ceux qui nous ont quittés à jamais. Heureusement la science ne meurt pas. Ceux que nous pleu- rons nous laissent encore une grande tâche à remplir. Le monde entier, de plus en plus largement ouvert à La civili- sation, offre aujourd'hui un champ immense à notre activité. Envisageons donc l'avenir avec confiance et suivons avec persévérance la voie que nos devanciers nous ont tracée, pour le plus grand bien de l'humanité et l'honneur de notre pays. LE CONGO AU POINT DE VUE ÉCONOMIQUE Par G. BRUEL Administrateur des colonies. Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, Je suis heureux et fier de prendre la parole aujourd’hui dans ce Muséum d'Histoire naturelle où je suivais, il y a quatorze ans, les cours que l’on venait d'y créer à l’usage des voyageurs. Il m'est agréable de rendre hommage à ceux qui ont cherché alors à faciliter la diffusion des mille connaissances utiles à ceux qui vont dans des pays peu connus et j'espère vous mon- trer que l’enseignement scientifique m'a été profitable. Je dois enfin remercier M. Edmond Perrier, le président de la Société Nationale d’Acclimatation de France, qui a bien voulu songer à me demander de vous entretenir du Congo français, celte colonie qui m'est chère et à laquelle je me suis consacré depuis treize ans. La Société d'Acclimatation a fondé en 1895 une section coloniale pour montrer qu'elle s'intéresse d’une façon toute spéciale au grand mouvement d'expansion qui nous emporte depuis vingt-cinq ans. La période ingrate des débuts est enfin terminée et voici l'heure de la moisson qui sonne. En 1907, l’Algérie-Tunisie a fait un commerce de plus d'un mil- liard, pendant que nos autres colonies atteignaient le même chiffre, si bien que le mouvement commercial de la France d'outre-mer s’est élevé à 2 milliards 127 millions, c'est-à-dire à plus du sixième du commerce de la métropole, en augmentation de près de 900 millions sur le chiffre de 1898. Ce développe- ment rapide est dû, en grande partie, aux progrès agricoles réalisés, qui sont intimement liés aux tentatives d'acclimatation d’Animaux ou de Plantes, qui préoccupent de plus en plus l'Administration et les particuliers. Comme je m'efforcerai de vous le montrer tout à l'heure, la prospérité du Congo Français dépend en grande partie de la solution de divers problèmes d'acclimatation qui, heureusement résolus, permettront de compléter la révolution économique que produira l'exécution XXIV BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION des grands travaux publics qu’on est à la veille d'y entre- prendre. Deux mots de l’histoire du Congo ne sauraient être inutiles, car cetle dernière explique presque toutes les erreurs commises et permet seule la situation actuelle. Est-il nécessaire de rappeler que malgré l'occupation et la fondation de Libreville en 1849, le Congo francais est de toutes nos colonies la plus jeune et la seule qui n’ait pas encore atteint l’âge adulle ? De 1849 à 1875, le Gabon n’a été en effet qu'une station navale autour de laquelle gravitaient à peine quelques factoreries. De 1875 à 1899, c'est la période héroïque de l’exploration rapide, de l'occupation diplomatique à laquelle tout est sacrifié et où l’on ne songe guère à administrer, à mettre le pays en valeur. Les moyens sont d’ailleurs des plus limités. Aussi faut-il faire des tours de force, courir au plus pressé, évacuer presque complètement des régions entières pour planter le drapeau tricolore dans le Haut-Oubangui et sur les rives du Tchad afin de ne pas être étouffé par nos voisins. Nous devons, en effet, d’une part chercher à nous unir au bloc formé depuis 1899 par l’'Algérie-Tunisie et l'Afrique Occidentale et de l’autre chercher à déboucher si possible dans la vallée du Nil. En 1899, la Métropole, lasse des sacrifices considérables en hommes et en argent consentis pour conquérir et organiser l'Algérie, la Tunisie, l’Indo-Chine, le Sénégal, le Soudan, le Dahomey et Madagascar, croit devoir essayer d’une nouvelle formule coloniale, qui aura au moins l'avantage de limiter momentanément les dépenses de la France. À l’imitation de nos voisins de l'Etat indépendant, on crée donc des Sociétés conces- sionnaires, auxquelles on afferme les deux tiers du pays pour trente ans et pendant quelques années l'Administration inter- vient le moins possible, abandonnant les commerçants à eux- même. Mais, dès 1903-04, on commence à constater que l’Adminis- tration ne saurait s'abstenir, qu'il faut protéger et les commer- cants et les indigènes, aussi d'années en années les forces militaires et de police sont augmentées, tout en restant encore bien inférieures aux besoins. En effet, l'octroi des concessions dans presque tout le Gabon et le Congo proprement dit, nous a empêché de sérier les questions et d'avancer progressivement RL x LE CONGO AU POINT DE VUE ÉCONOMIQUE XXV après avoir organisé des bases solides. Nous avons dû dis- séminer nos forces et conlinuer à entreprendre tout avec des moyens absolument insuffisants. Faut-il s'étonner que dans de telles conditions on ait seule- ment végété et que bien des forces se soient perdues ! La seule chose qui nous étonne, nous qui avons vécu cette dernière période, c'est de voir que si parfois on a piétiné sur place, dans l'ensemble on a cependant progressé. Le commerce spécial du Congo français s’est en effet élevé aux chiffres suivants : Période 1892-1896, moyenne : 8 millions et demi; Période 1896-1902, moyenne : 13 millions; Période 1902-1906, moyenne : 21 millions, ce qui montre une progression de 53 p. 100 d'abord, puis de 61 p. 100. Le chiffre du commerce de 1907 est encore plus brillant, puisqu'il atteint près de 36 millions et que la progression par rapport à la moyenne quinquennale précédente est de 66 p.100. Ces résullats prouvent éloquemment que les efforts de nos commerçants, de nos capitalistes et ceux de l’administration n'ont pas été vains et que l’on est en droit d'envisager l’avenir avec confiance. En tout cas, ils confirment les impressions de ceux qui depuis longtemps avaient foi dans l’avenir de notre belle colonie Equatoriale. Souvent on oppose l'Etat indépendant à notre Congo et l’on prétend que les résultats obtenus par nos voisins sont bien supérieurs aux nôtres. Voyons ce qu'il peut y avoir de vrai dans une telle affirmation. Le commerce spécial de nos voisins est passé de 37 millions et demi en 1897 à 84 millions en 1907 et les moyennes quin- quennales de cette période sont de 55 millions et 74 millions, soit une progression de 35 p. 100, alors que la nôtre a dépassé 60 p. 100. Ne commet-on pas une erreur bien grossière en comparant les chiffres bruts, que l’on nous jette toujours à la lête, et ne fait-on pas un peu comme les gens qui veulent comparer une poire à une pomme ? Pour porter un jugement sérieux, ne faut- il pas ramener ces chiffres bruts à une même échelle en com- parant les capitaux utilisés dans les deux cas, ainsi que les XXVI BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION moyens mis en œuvre, de facon à voir si les rendements sont proportionnels ? L'Etat indépendant a réalisé pour 110 millions d'emprunts, pendant que la France n’a dépensé de 1875 à 1907, à titre de dépenses de souveraineté ou de subvention au budget local, que 60 à 65 millions au grand maximum. En 1908, le budget de l'Etat indépendant s’est élevé à 39 mil- lions, alors que le total de ceux de notre Congo atteint à peine 9 millions et demi, c’est-à-dire moins du quart du premier. Il existe à l'Etat indépendant 85 sociétés commerciales ou de transport au capital nominal de 483 millions, dont 110 pour les chemins de fer: Matadi-Stanley-Pool-Mayumbe-Grands Lacs. De notre côté, les 41 sociétés concessionnaires ont un capital nominal de 62 millions. Admettons que les colons libres et les sociétés étrangères aient engagé un capital de 3 millions, nous arrivons à un total de 65 millions, c’est-à-dire au tiers de celui employé par nos voisins. - Quant au nombre des Européens, il est de 2.706 à l'Etat indépendant et seulement de 1.278 au Congo francais. On le voit, les moyens d’action sont très inégaux et leur rap- port oscille entre un demi et un quart, alors qu’en 1907 notre mouvement commercial s'élevait à 43 p. 100 de celui de l'Etat indépendant. Nous pouvons donc affirmer que notre rendement est actuel- lement supérieur au leur. Mais, en sera-t-il de même à l’avenir? Il serait téméraire de l’affirmer. Comme nous le verrons tout à l'heure, pendant que nous n'avons fait presque aucune dépense d'outillage, nos voisins n'ont pas hésité à s’inslaller définitivement, à créer des moyens de transport à grand rendement, à doter largement leur budget agricole ; bref, ils ont songé à l'avenir alors que nous n’avons guère pensé à le préparer. Il est donc indispensable de regagner le temps perdu en utilisant les écoles qu'ils ont faites et en employant avec méthode des moyens proportionnés au but à atteindre. Examinons donc les chances d'avenir du Congo français et voyons si le pays vaut que l’on y fasse un gros effort financier et commercial. Pour qu'un pays soit appelé à se développer, il faut que LE CONGO AU POINT DE VUE ÉCONOMIQUE XXVII divers facteurs s'y rencontrent, soit à l’état latent, soit de facon apparente. Quels sont ces facteurs ? A notre avis, voici les principaux : 4° L'existence de richesses naturelles : minières, forestières, agricoles et industrielles; 2° La présence d'une population assez dense pour être capable de fournir un jour ou l'autre à la fois une main- d'œuvre abondante et de nombreux consommateurs ; 3° La sécurité; 4° Un outillage économique permettant le transport rapide de matières lourdes et encombrantes qui, seules, donnent naissance aux grands mouvements commerciaux. Cet outillage comprend : des ports, des voies d’eau, des chemins de fer, des routes d'intérêt général, régional et local. Etudions donc ces divers facteurs, constatons ce qu'ils sont actuellement et ce qu'ils peuvent devenir si nous mettons de gros capitaux dans l’entreprise congolaise. Bien qu'au Congo les études géologiques et minéralogiques soient des plus rudimentaires, dans la majeure partie du pays, nous savons depuis longtemps que la région sud est très miné- ralisée. Une bande d’une centaine de kilomètres de long, allant de Boko-Songo à Mindouli, est jalonnée par d'importants gise- ments de minerai de cuivre, de plomb et d'argent. \Signalés par Brazza, Thollon, Pobéguin et Dupont, étudiés de 1882 à 1895 par les missions Régnault, Lamy et Alvernehe, ils viennent d’être prospectés beaucoup plus à fond, depuis trois ou quatre ans, par MM. Lucas, Marc Bel et Levat. Il faut déplorer cette interruption de dix ans et regreiter que nos capitalistes, vrais moutons de Panurge, aient attendu de connaître les sacrifices consentis par les Belges et les Anglais dans les colonies voisines pour se décider à s'occuper de ces richesses minières. Après avoir étudié le Kalanga, qui est à 1.500 kilomètres à vol d'oiseau des deux océans, ils ont projeté quatre chemins de fer pour exporter des minerais de cuivre qu'ils y ont découverts. L'un de ces chemins de fer, qui est en construction, emprunte la vallée du haut Congo en amont des Stanley-Falls, et ses divers tronçons, d’un développement total de plus de 700 kilo- mètres, relieront entre eux divers biefs navigables du grand fleuve. XXVIII BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Le second, partant de l’Angola, pique droit vers l’est, et son premier tronçon est ouvert. Le troisième, prolongeant celui de Matadi, est à l'étude et empruntera la vallée du Kassaï, pendant que le quatrième sera un simple embranchement du fameux chemin de fer du Cap au Caire. Pourquoi cette timidité de nos capilalistes, qui hésitent à mettre leur argent dans des entreprises francaises, alors que, souvent, ils l’aventurent dans de nombreuses affaires étran- gères, attirés qu'ils sont par des réclames bien organisées et par l’appät de gros intérêts? Mais, ne sommes-nous pas aussi un peu coupables, nous autres les coloniaux, dont l'esprit critique devient souvent de l'esprit de dénigrement systéma- tique, si bien que le public connaît, de nos colonies, surtout les tares qui, hélas! s’y rencontrent comme partout, et ignore Les brillants résultats obtenus depuis dix ans? Les dernières recherches ont permis de constater que les gisements s'étendent en profondeur, et qu'au-dessous des malachites et des chalcosines, on trouve des masses considé- rables de pyrites et chalcopyrites à teneurs élevées. Le mouvement de prospection se précipite, puisqu'en 1906, on à accordé 140 permis de recherche, portant sur 404.000 hec- tares. Un decauville reliant Mindouli à Brazzaville est en construc- lion depuis quelques mois et on pense achever la pose des 121 kilomètres de voie d'ici dix-huit mois. À notre sens, c'est une solution bâtarde, imparfaite, et par suite mauvaise. Pour- quoi avoir hésité à construire la ligne à voie d'un mètre de Pointe-Noire à Brazzaville? Un tel chemin de fer aurait des- servi toute la zone minière Mindouli-Boko-Songo en permet- tant en même temps d'exploiter les richesses forestières du Mayombe et en assurant le transit d’une partie du haut Congo. Il nous aurait évité les coûteuses manipulations que nécessite la traversée du Stanley-Pool (45 francs la tonne), nous aurait affranchi de la servitude qui nous lie au chemin de fer de Matadi et aurait assuré à un de nos ports les avantages que procurent les embarquements et les débarquements, tandis que, maintenant, c'est Matadi qui en profile. Au Gabon, dès 1895, le géologue Barrat a signalé de la mala- chite, et même du cuivre natif, dans les monts de Cristal. Enfin, au sud du lac Toubouri, le pays Laka semble recéler, LE CONGO AU POINT DE VUE ÉCONOMIQUE XXIX lui aussi, des richesses minières, qui seront peut-être exploi- tées d'ici quelques années, grâce à la Bénoué, qui offre une voie de pénétration tout à fait remarquable. La grande forêt équatoriale couvre presque entièrement le Congo entre le quairième degré Nord et le quatrième degré Sud. Les arbres qui la composent atteignent souvent 30 et 40 mètres de haut et 1"50 à 2 mètres de diamètre. C'est une richesse précieuse, inexploitée faute de moyens de transport. Le commerce des bois ne se fait que près de la mer, le long des lagunes et des fleuves côtiers flottables. Le problème de l'évacuation de bois est d’ailleurs plus difficile qu'en Europe, puisque la majorité des essences de valeur a une densité supé- rieure à celle de l’eau. Comme, au Congo, il n'y a ni routes, ni animaux de trait, on en est réduit à n'exploiter, parmi les bois durs, que l’ébène, et l’on doit encore le fractionner en billes pesant de 25 à 60 kilos. Malgré ces difficultés, le commerce des bois est passé de 5.500 tonnes en 1897 à 34.000 tonnes en 1906, qui représen- tent, d'après la douane congolaise, environ 4 millions de francs, c'est-à-dire un quart des exportations de la colonie. La plus grande partie de ces bois vont à Hambourg et en Amérique. Parmi les espèces exportées, il convient de citer l’ébène, l’okoumé, beau bois jaune dont on fait un commerce considé- rable, diverses variétés d’acajou, des bois ressemblant au noyer, au buis, au bois de rose, etc. Je ne veux point vous citer leurs noms indigènes ou scientifiques et me contenterai de dire à ceux que cela intéresse, qu'ils n’ont qu’à lire, dans la Revue générale des sciences, une très belle étude de M. Lecomte, le botaniste distingué qui, dès 1894, avait cherché à attirer l'attention de nos commerçants sur ces richesses qu'ils ne soupçonnaient pas. Il a fallu dix ans pour les décider à s’en occuper sérieusement, ce qui prouve, une fois de plus, que les courants commerciaux ne s’improvisent pas. Outre les bois, la forêt renferme encore du caoutchouc, des graines oléagineuses et des gommes diverses. Nul n'ignore que le caoutchouc est actuellement la grande richesse congolaise. En 1906, il en est sorti près de 4.900 tonnes, estimées par la douane de la colonie, 7 millions et demi, c’est- à-dire un peu plus que la moitié des exportations. Le caoutchouc est le produit de la coagulation de la sève, XXX BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION appelée latex, de lianes, d'arbres ou de rhizomes. Autrefois, on ne connaissait que les lianes des genres Landolphia et Cli- tandra, mais, depuis six ou sept ans, on a reconnu que l’Ireh (Funtumia elastica) existait en abondance dans l'intérieur du bassin du Congo et que ce grand arbre fournissait un caout- chouc rivalisant, ‘lorsqu'il est bien préparé, avec celui des Landolphias. Il reste à l’acclimater à la côte et dans le bassin de l’Ogooué. Enfin, M. Chevalier a étudié les Landolphiées abâtardies par les feux de brousse, que l’on trouve en abondance sur les plateaux Batéké et dans le Haut Chari. Des machines ont été employées pour broyer l'écorce des rhizomes et en extraire le caoutchouc qui est de seconde qualité. Malheureusement, pendant ces dernières années, on a laissé les indigènes tuer la poule aux œufs d’or dans bien des régions, Là où il y a des ireh, il a été impossible d'empêcher les indi- gènes de les abattre pour récolter plus facilement le latex. Au Gabon, les mauvaises habitudes contractées il y a vingt et trente ans s'étendant et se perpétuant, les noirs continuent à mélanger les latex des diverses lianes, pour avoir rapidement de grosses quantités de caoutchouc, mais celui obtenu est poisseux et de qualité très inférieure. Au cours de la dernière crise, on pouvait à peine le vendre. Il est regrettable que les commerçants, oubliant qu'il faut préparer l’avenir, n’aient pas cherché, avec persévérance et sans se laisser rebuter par quelques insuccès temporaires, à dresser tous les ans quelques indigènes à ne récolter que le latex des bonnes lianes qu'ils connaissent parfaitement et à le bien préparer. Peu à peu les bonnes habitudes se seraient répandues et les commerçants auraient vu que l’argent dépensé leur produisait de gros intérêts. Suivant une habitude très coloniale malheureusement, on n’a songé qu'au présent, à la concurrence des voisins et l’on n’a rien fait. De son côté, l'Administration dont le rôle est de s'occuper des intérêts généraux et permanents du pays, n'aurait-elle pu, imitant la Guinée et l’Afrique occidentale, interdire l’expor- tation des caoutchoucs inférieurs, exiger le coupage des boules et amener les Sociétés et les commercants libres à subven- tionner largement les écoles caoutchoutières qu’elle aurait dû créer, puisque les intéressés ne le faisaient pas? Ces sages mesures auraient fait crier à l'arbitraire, mais, qu'importe, LE CONGO AU POINT DE VUE ÉCONOMIQUE XXXI nous savons tous que le Francais, frondeur par nature, pro- teste, chansonne, mais s'incline et que plus tard il remercie in petto ceux qui l’ont contraint à bien faire ou même leur élève des statues. La crise caoutchoutière qui vient de se terminer a ouvert, nous l’espérons tout au moins, les yeux de tous et les mesures nécessaires ne tarderont pas à être prises. Devant la brutalité de l’arrêt des achats, les indigènes du Gabon ont été inquiets et ont demandé quelle en était la rai- son. Dans de fréquents palabres on leur a expliqué que l'abon- dance des caoutchoucs bien préparés faisait qu’en Europe on ne pouvait plus vendre leurs mauvais caoutchoucs, et qu'ils devaient modifier leurs méthodes de récolte et de coagulation. À la suite de notre voyage dans la Ngounié, nous avons rap- porté l'impression que les indigènes se plieront à ces nouvelles méthodes si les Européens montrent de l'entente et veulent bien les préconiser avec persévérance. L’exportation des produits oléagineux est en baisse depuis quelques années. En 1906, on n'a fait sortir de la colonie seule- ment 440 tonnes de noix de palme et 91 tonnes d'huile. Ces chiffres sont infimes si on les compare à ceux du Dahomey, qui a exporté en 1906, 19.000 tonnes de noix de palme et6.300 tonnes d'huile, ou à ceux de l'Etat indépendant, qui la même année, a envoyé en Europe 5.000 tonnes de palmistes et 2.000 tonnes d'huile de palme. t Il en est de même pour les résines. Nous n'avons exporté que 11 tonnes de copal, alors que l'Etat indépendant en a exporté 850. À quoi cela tient-il? Est-ce que l’Elæis guineensis ou les Co- paliers sont plus rares chez nous que chez nos voisins? Non, répondent tous ceux qui connaissent le Congo, car ils savent que le long de l’'Ogooué, de la Ngounié, des fleuves côtiers, du Congo et de ses affluents, les Palmiers, les Bambous abondent et que les Copaliers existent en grand nombre dans la forêt. D'ailleurs, Lastoursville ne s’appelait-elle pas avant la mort de M. de Lastours, second de Brazza, de 1883 à 1886, Madiville, la ville de l'huile, parce que l’huile de palme y faisait l’objet d’un gros commerce de la part des Adouma et de leurs voisins. La véritable cause de ce faible commerce semble être l’indo- lence des blancs et des noirs, qui sachant qu'avec peu de KXXII BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D ACCLIMATATION peine ils peuvent gagner beaucoup grâce à l'ivoire et au caout- chouc, qui valent en Europe de 25 à 30.000 francs ou de 7 à 8.000 francs la tonne, se désintéressent de produits moins riches valant entre 580 et 250 francs seulement, ce qui réduit beaucoup les bénéfices possibles par tonne. Mais les Européens oublient que le commerce moderne cherche à gagner non pas beaucoup sur de rares marchandises, mais peu sur un grand nombre d'articles ou sur de grosses masses. En Europe, ne sont-ce pas ces théories qui ont fait le succès des grands magasins et la ruine des petits détaillants de province et n'est-ce pas la même cause qui a produit le développement prodigieux du commerce de l'Angleterre, des Etats-Unis et de l’Allemagne? Si l’on veut réussir, il faut avoir des idées de son siècle et non celles du siècle précé- dent. | Naturellement, les commerçants ne veulent pas reconnaître la justesse de ces observations, et déclarent d’une part que les noirs sont trop paresseux pour exploiter ces richesses, de L'autre que le fret est trop élevé pour permettre une exportation rémunératrice. Nous sommes persuadés que la Compagnie des Chargeurs-Réunis serait la première à abaisser ses tarifs, si elle voyait la possibilité de transporter 10 ou 15.000 tonnes de plus. D'ailleurs, en cas de besoin la concurrence française ou étrangère la forcerait à baisser ses prix. Pourquoi ne pas chercher aussi à Lirer parti des graines de l’'Owala, qui contiennent 47 p. 1090 d'huile, de celles de lOba dont les Gabonais tirent le Ndika, connu sous le nom de cho- colat des Pahouins, de celles du Moabi qui contient 50 p. 100 de graisse et qui toutes poussent spontanément dans la forêt? Ne doit-on pas espérer que du bassin du Tchad on exportera d'ici quelques années par la Bénoué des noix et du beurre de Karité, puisque cet arbre existe en abondance entre le 8° et le 10° degré Nord? Du Togo et du Soudan on en exporte. Ne pour- rons-nous pas en faire autant lorsque les voies d’accès auront été aménagées ? L'Administration n’a-t-elle pas le devoir de pousser les indi- gènes à exploiter d’une part les fruits des arbres existants et de l’autre à planter et à propager ces essences utiles? Ne faut-il pas songer à créer des produits d'exportation pour le jour où les fleuves étant aménagés, où les voies ferrées étant ouvertes, on aura besoin de trouver des produits à transporter en dehors ‘LE CONGO AU POINT BE VUE ÉCONOMIQUE XXXIIL de l’ivoire et du caoutchouc, qui ne donneront jamais des recettes kilométriques importantes? Enfin, à côté de ces arbres indigènes, ne faut-il pas faire le nécessaire pour amener les populations côtières à planter des Cocotiers et des Cacaoyers? Les premiers rapportent au bout de sept à huit ans de 2 à 3 francs par pied, paraît-il, etles seconds poussent fort bien dans tousles bons terrains du Gabon. Il ya une quinzaine d'années, M. de Brazza avait fait distribuer des graines de Cacaoyers aux villages pahouins de l'estuaire du Gabon et il y a trois ans le lieutenant Poupard a fait de même à la côte nord. 11 suffit donc de reprendre ces tentatives sur une plus grande échelle et avec plus de persévérance pour arriver à des résul- tats tangibles. Le malheur est que ces distributions ont été abandonnées dès que leur promoteur a quitté la colonie. Par- tout, mais surtout en agriculture, on n'obtient des résultats sérieux qu'avec de la méthode, du temps et de l’obstination. Les coloniaux oublient trop souvent ces vérités et se décou- ragent lorsqu'ils n’obtiennent pas des résultats visibles au bout d’un an ou dix-huit mois. Bien qu'au Gabon divers planteurs s'occupent du cacao depuisune quinzaine d'années, nous n’avons exporté en 1906 que 90 tonnes de cacao, alors que l'Etat indépendant en vendait en Europe 400 tonnes. Nous croyons que les planteurs doivent persévérer et continuer à planter des Cacaoyers et des Coco- tiers, mais il ne faut pas se faire d'illusions, il ne faut pas chercher à les étendre indéfiniment. Il faut surtout les consi- dérer comme des champs d'expérience, des fermes modèles où l’indigène viendra apprendre la culture et les bons procédés de récolte. On devra donc encourager les indigènes à faire chez eux des plantations leur appartenant. C’est le moyen d’avoir en rapport dans une vingtaine d'années des millions de pieds de Cacaoyers et non pas seulement quelques centaines de mille. Partout, d’ailleurs, la culture extensive n’a-t-elle pas précédé la culture intensive? Les résultats signalés à la Côte d'Or anglaise par M. Chevalier nous prouvent ce que l’on peut obtenir lorsqu'on s'oriente dans ce sens. Est-il nécessaire d'ajouter que notre opinion est la même au sujet des plantations de caoutchouc? Les Sociétés concession- naires sont tenues de faire des plantations proportionnées à leurs exportations de caoutchouc. Dans leur propre intérêt, elles doivent exécuter ces sages prescriptions qui, en 1929, BULL. SOC. NAT. ACCL. FR. 1909 — 18 XXXIV BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NALIONALE D ACCLIMATAT!ON leur permettront d’avoir des droits de pleine propriété sur de vastes étendues, mais elles ne doivent pas oublier qu'elles doivent aussi user de toute leur influence pour amener les vil- lages voisins à les imiter. Il est peut-être bon de rappeler que beaucoup de tentatives de cultures dirigées par des Européens ont mal réussi, car elles se heurtent aux difficultés suivantes : 4° Faute d’avoir maintenu ou créé un réseau de stations météorologiques, nous ignorons presque tout de la climato- logie congolaise; 2 Faute d'avoir créé une dizaine de fermes d'essai, nous ignorons quelles sont les diverses espèces qui réussissent le mieux dans une région, dans un certain sol, à telle ou telle exposition. Il nous arrive même d'être incapable d’avoir de bonnes graines ou de savoir les faire germer. Une Société, qui avait mis en terre 140.000 graines d’ireh, a obtenu à peine 100 jeunes plants! -3° Les agents chargés des plantations sont souvent des gens qui ignorent ce que c'est que l’agriculture, aussi exécu- tent-ils les yeux fermés les ordres reçus de Paris ou du poste central de la concession au lieu de les interpréter avec intelli- gence. Près d’une factorerie, nous avons vu une plantation d'ireh, pour laquelle on avait foré, à coup de barre à mine, des trous de 1220 de diamètre, au milieu d'un conglomérat ferrugineux qui commençait à 50 centimètres à peine au-dessous du niveau du sol. Il est vrai que ces trous avaient été remplis de terre végétale. Cela ne nous a pas empêchés, mes compagnons et moi, de rester très sceptiques au sujet de cette plantation faite dans de véritables pots. Nous avons admiré le travail fait, l'énergie dépensée, mais avons regretté le temps et l'argent perdus. Combien de plantations ont échoué pour des causes analogues! Lorsqu'on met à la tête des plantations des spécialistes, ce sont en général des débutants, sachant de la théorie, mais peu de pratique et ignorant en tout cas comment on mène le noir, Enfin, la maladie, la mort même, quand ce ne sont pas les con- flits de personne, font que bien souvent le spécialiste disparaît ou est remplacé par un agent quelconque; . 4° Il est difficile de se procurer et de garder de la main- d'œuvre. Si l’on a des engagés venus de loin, ils coûtent cher. LE CONGO AU POINT DE VUE ÉCONOMIQUE XXXV S'ils sont recrutés dans le voisinage de la plantation, ils déser- tent facilement si l’Européen qui les dirige n’a pas beaucoup de doigté. Dans une plantation, il faut bien astreindre le per- sonnel à une certaine discipline, mais il est indispensable que celle-ci soit adaptée à la mentalité du noir. En général et sur- tout au début, l'Européen ne sait pas rester dans un juste milieu. Il est ou trop faible ou trop sévère. L'attention de tous devrait bien s’arrèter sur l'extension qu il faut donner aux cultures vivrières et à l'élevage. De tous temps, les pays inorganisés ont été en proie à des famines terribles qui provenaient de ce que, faute de moyens de transport rapides et à grand débit, il est impossible de combler le déficit d’une récolte en important des vivres des régions voisines. Aussi ne faut-il pas s’étonner si, en bien des points du Congo, la vie matérielle est fort difficile. Nous avons d’ailleurs compliqué le problème en modifiant les coutumes existantes et en amenant la création d’une classe de gens qui sont seulement des consommateurs : miliciens, tirailleurs, porteurs, pagayeurs, ouvriers, employés de factorerie, etc. Dans la société noire, chaque famille produisait autrefois elle-même sa nourriture et, lorsque par suite de guerre, d’inva- sion de sauterelles, de sécheresse, etc., les récoltes venaient à manquer, tout le monde allait à la chasse, à la cueillette des fruits sauvages, à la recherche des termites, des chenilles. Maintenant le personnel noir, qui gravite autour de nous, ne peut pourvoir lui-même à ses besoins. Il faut donc que des agriculteurs produisent au delà de leurs besoins de facon à pouvoir vendre aux simples consommateurs. Dans ces conditions, notre devoir apparaît bien net : il faut développer l’agriculture indigène, acclimater et répandre des espèces nouvelles ou plus productives, faire connaître dans: bien des régions le Riz, le Mil, le Maïs, le Manioc, les Dazo, les Patates. qui ne sont pas répandus partout, comme on le croit en général. | Puisque le nègre adore la viande (au point de manger ses semblables), nous aurions dû depuis longtemps pousser les indigènes à élever en grand les Cochons, les Moutons, les -Cabris, les Poulets, les Canards et en distribuer dans les nom- breuses régions où certains de ces animaux n'existent pas. Enfin, il aurait fallu essayer en grand l’acclimatement du gros: XXXVI BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION bétail et faire ensuite son élevage dans toules les zones du Congo proprement dit où cela est possible. Qu'a-t-on fait dans ce sens? Douze ans se sont écoulés par exemple entre notre installation à Bangui et le jour où les mis- sionnaires y ont introduit les deux premiers couples de Cochons. Bien rares sont les Européens qui se sont occupés de ces questions d’acclimatation ou d'élevage. L’immense majorité d’entre eux s’est contentée de manger œufs, poulets, cabris, sans songer que leurs successeurs ne trouveraient plus de vivres frais en abondance, même à prix d’or (un canard vaut couramment 15 francs) et seraient réduits à manger des con- serves, qui sont très mauvaises pour nos estomacs. Il est donc grand temps de s'arrêter dans cette voie néfaste et on doit imiter les frères Tréchot, qui, dans la Likouala Mos- saka, récoltent annuellement une tonne et demie de pommes de terre, une tonne d'oignons, ou mon camarade Marsault, qui, songeant au dessert, a réussi à obtenir de grosses et succu- lentes fraises, que tout Brazzaville a fort appréciées. Nous devons ajouter qu'il a dû essayer trente-cinq espèces de graines de Fraisiers avant d'arriver à un résultat, ce qui prouve qu'en agriculture ou en jardinage il faut montrer une patience inlas- sable et ne jamais désespérer, du moment que l’on fait des essais méthodiques. De son côté, la Société Afrique et Congo cherche depuis l’an dernier à ravitailler Brazzaville en viande fraiche. Elle a fait monter par le chemin de fer belge deux cents bêtes à cornes venant de Mossamédés et elle fait des essais d'élevage autour de Brazzaville. Elle a fait installer un appareil frigorifique pour assurer la conservation de la viande, qu'elle vend 4 francs le kilogramme, l’un dans l’autre. Enfin, cette même Société a fait traverser le Mayombe à quatre-vingt-douze bêtes à cornes venant du Sénégal et elle va faire de l'élevage à Loudima. Nous sommes heureux d'enregistrer ces initiatives et nous souhaitons que l'Administration s'occupe de son côté d'assurer la sélection des Bœufs et des Chevaux dans le Logone et le Chari. Elle doit tout faire pour encourager l’élevage dans le bassin du Tchad, car c’est une des richesses les plus impor- tantes de ce pays. Des vétérinaires devraient être envoyés pour étudier les épizooties qui déciment parfois les troupeaux et pour enseigner aux indigènes les soins qu'il faut donner à leurs animaux. LE CONGO AU POINT DE VUE ÉCONOMIQUE XXXVII Actuellement, on peut dire que les entreprises industrielles sont inconnues au Congo. Doit-il en être toujours ainsi? Non. Lorsque les capitaux auront pris l'habitude d’aller aux colo- nies, on utilisera la houille blanche, qui peut être produite un peu partout grâce aux cours d’eau qui sont souvent coupés de chutes et de rapides. À ce moment, des usines s’ouvriront pour faire subir aux matières premières des transformations permet- tant leur exportation ou rendant celle-ci plus fructueuse. Des scieries débiteront des traverses de chemin de fer, des plan- ches, des poutres, des usines décortiqueront le Riz; d’autres, fabriqueront de la pâte à papier, avec des Papyrus pour les papiers de luxe, avec des bois ordinaires pour les papiers eommuns. On songera sans doute à presser mécaniquement les pulpes ou les amendes de palme, à utiliser les écorces des Palétuviers, des Kolatiers, des divers Ptérocarpus pour faire des extraits destinés à la tannerie et à fabriquer des cordes, des câbles en fibres d’Aloès, de Bananier ou d'Abaca. Mais, ce ne sera pas avant de longues années que l’on entrera résolument dans cette voie. Tout ce que l’on peut espérer, c'est que prochainement des usines portatives s'installent autour de Brazzaville pour extraire du caoutchouc des herbes et qu’une usine électrique se construise près des chutes du Djoué pour éclairer Brazzaville, faire marcher un tramway et traiter par l’électrolyse les minerais de cuivre venus du bassin du Niari après un premier enrichissement. On le voit, le Congo a des richesses variées, mais ce serait un pays sans valeur pratique si la population y était clairsemée, s'il fallait, pour l'exploiter, y introduire une main-d'œuvre étrangère. D'après les chiffres officiels, la population du Congo ne serait que de 3.600.000 habitants. Mais, d’après ces évaluations, le gouvernement de l'Oubangui-Chari-Tchad à lui seul en pos- séderait près de 3 millions, et cependant de l'avis de tous ceux qui connaissent notre colonie équatoriale, c’est le gou- vernement où la population est le moins dense. Ces chiffres sont donc man#festement inexacts. Ils se rappor- tent non au pays entier, mais seulement aux zones soumises ou à celles sur lesquelles nous avons la prétention d'exercer une certaine influence. Si l’on généralise les renseignements fournis par les voya- 4 XXXVIII BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION geurs qui ont pénétré dans les zones insoumises, où ils indi- quent. parfois des densités kilométriques oscillant entre 40, 15 et 20, on peut évaluer la population totale du Congo à 10 millions d'habitants au minimum. Ce chiffre, qui égale celui de la population de l'Afrique Ocei- dentale, qui est double de celui de notre Afrique du Nord, triple de celui de Madagascar, et égal aux deux tiers de celui de l'Indo-Chine, est faible si l’on songe à l’immensité-de ce Gouvernement général dont la superficie est égale à un peu plus de 3 France et demie. Nous devons dire que la faible densité de certaines régions tient à l’une des causes suivantes : Près de la côte, la traite des esclaves a saigné à blanc le pays, durant des siècles, jusqu’à 4 et 500 kilomètres de la mer, pendant que l'alcoolisme et les empoisonnements ont achevé de décimer la population. Dans les régions du nord, les razzias des Fellata, des Ouaddaiens et des Nubiens, les guerres de Rabah ont provoqué la disparition annuelle de dizaines de milliers de gens. Dans d’autres zones, la population n’a pu croître par suite de l’anthropophagie et des sacrifices humains. En effet, à la mort de certains grands chefs, on immolait sur leur tombe plusieurs centaines de femmes et d'esclaves. Enfin, partout la variole et la maladie du sommeil ont fait des coupes sombres. Maintenant que la paix règne et régnera de plus en plus à l'ombre de notre drapeau, que l'assistance indigène organisée largement va permettre de lutter avec certitude aujourd’hui contre la variole, demain contre la maladie du sommeil, que : des mesures vont être prises pour arrêter complètement la vente et la poudre et des fusils, on est en droit d'espérer que la populalion croitra rapidement et qu'elle doublera d'ici trente ou quarante ans au plus. Le Congo a donc dès maintenant une population importante, qui ne peut qu'augmenter, c'est-à-dire une main-d'œuvre pos- sible et des consommateurs nombreux. Mais, actuellement, la main-d'œuvre est-elle abondante? Loyalement, il faut répondre non. En eflet, nous ne commandons effectivement que sur une faible partie du pays : 26 p. 100 au Gabon, 19 p. 100 au moyen Congo, 38 p. 100 dans l'Oubangui-Chari-Tchad, et même dans ces zones nous ne nous sommes guère occupés jusqu'ici de faci- liter le recrutement de la main-d'œuvre. Lorsque nous aurons EE PEN Te EE NE ch K. ré F 4 x. h 1 he LE CONGO AU POINT DE VUE ÉCONOMIQUE XXXIX fait lentement évoluer la mentalité indigène, tant par l’occu- pation totale du pays que par des mesures bien appropriées, lorsque toutes les peuplades du Congo auront constaté notre bienveillance, notre équité et notre justice, les indigènes s’en- gageront à notre service avec plaisir. Déjà, les Loango, les Yahoma, les Bakongo, certains indigènes du moyen Oubangui acceptent de s’expatrier pour des périodes assez longues, d’au- tres fournissent de nombreux porteurs ou pagayeurs circulant à proximité de leurs villages. Peu à peu les autres, attirés par l’appât du gain, les imiteront. Mais il faut éviter avec soin des mesures hâtives destinées à révolutionner, même inconsciemment, leurs habitudes. Nous devons chercher à les faire évoluer lentement. La patience préconisée, à juste titre, par Brazza, est la première vertu que doit avoir un Congolais. Il faut d'abord chercher à acquérir la confiance de quelques indigènes choisis, puis les autres sui- vront par dizaines et plus tard par milliers. Pour obtenir la confiance des fétichistes il faut du temps, mais, lorsqu'ils ont constaté notre loyauté, lorsqu'ils ont vu que l’on s’occupait de les bien nourrir, et il faut bien le dire, lorsqu'ils se sont rendu compte qu'ils ne pouvaient nous tromper, ils obéissent et montrent même du dévouement. Une fois que l’on est connu d’eux, on obtient beaucoup, sinon tout. Certains prétendent que les Congolais ne sont pas perfec- tibles et qu'ils ne peuvent progresser. Cette thèse n’est sou- tenue que par des débutants, qui n'ont pu constater comme nous à dix ans de distance l'évolution visible, pour qui sait observer, partout où notre action s’est exercée de facon con- tinue, ou encore par ceux qui Se refusent à admettre que par- tout les progrès ne se font que très lentement. Combien a-t-il fallu au paysan du Bourbonnais, d’où je suis, pour se servir des engrais chimiques, des phosphates, des faucheuses et des moissonneuses ? Dix et vingt ans parfois, si je fais appel à mes souvenirs. Cependant nous avons des écoles communales, des professeurs d'agriculture, des concours agri- coles, des journaux, des propriétaires qui consacrent leur intelligence, leurs connaissances et leurs capitaux à la direction de leurs exploitations. Une loi, un décret peuvent modifier un régime douanier, imposer le repos hebdomadaire, le temps seul change les habitudes, les coutumes, les mœurs. Il ne faut donc pas demander aux Congolais l'impossible, XI BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION Pour prouver cette évolution, nous allons citer deux exem- ples : Autrefois les Inenga, les Galoa avaient le monopole du pagayage sur le bas Ogooué, aussi imposaient-ils leurs fan- taisies aux Européens et metlaient-ils en 1906 trois jours pour aller de Ndjolé à Alembé. À cette époque, les Mfang ignoraient l’art de naviguer en pirogues et se contentaient de traverser les rivières sur d’informes radeaux de Combo-Combo. Il y a quelques années, les pagayeurs de la Société du Haut- Ogooué s'étant mis en grève on les licencia, non sans difficulté, car ils tentèrent d'incendier la factorerie. Heureusement, l'admi- nistralion intervint et les embarqua manu militari pour Lam- baréné d'où ils étaient. M. Derindinger dressa alors des équipes de Mfang et le résultat obtenu est Le suivant : en décembre 1907, des pagayeurs Mfang m'ont monté plusieurs fois de Ndjolé à Alembé en sept heures, franchissant avec maestria rapides et tourbillons. Il faut ajouter que ces pagayeurs sont payés au voyage : 5 francs aller et retour. | - Dans la Ngounié, pour tourner les chutes Nagossi, Fouga- mou et Samba, des porteurs utilisent une route de 25 kilo- mètres. Actuellement, tous sont volontaires. Ils ont le choix entre des sacs de riz de 30 et de 50 kilogrammes. Beaucoup prennent les plus lourds. Autrefois on trouvait difficilement des porteurs pour des charges de 30 kilogrammes, mais à cette époque les porteurs étaient payés à la journée et on les faisait marcher en convoi. Maintenant on paye au poids et les porteurs voyagent à leur gré, mettant un jour ou deux pour faire le trajet. De même pour faire descendre l’ébène on laisse l’indigène choisir la bille qui lui convient et on la pèse à la bascule. Ils prennent souvent des billes pesant de 45 à 60 kilogrammes. Pour un voyage aller et retour, qui dure de deux à trois jours au plus, un noir peut gagner, s'il prend de grosses charges, jusqu’à 4 fr. 50 et 5 francs. On le voit, le travail libre, sans surveillance, convient au noir. On doit donc généraliser, chaque fois que cela est possible, le travail à la tâche. Il faut, en outre, employer des moyens de mesure et de pesage facilement vérifiables par l’indigène, qui cherchant toujours à tromper les autres est très défiant, et payer avec notre monnaie, qui permet de faire des payements rigoureusement proportionnels au travail accompli. LE CONGO AU POINT DE VUE ÉCONOMIQUE XLT Nous sommes obligés d'avouer que par ignorance et faute d'avoir observé ou su centraliser les renseignements donnés par les explrorateurs, nous avons commis une grosse erreur économique. Une légende presque indéracinable s’est établie, laissant croire que le seul commerce possible au Congo était le troc. Or, en réalité, avant l'arrivée des commercants européens, partout il y avait des monnaies indigènes, mais elles étaient lourdes, encombrantes, oxydables et strictement régionales. Lorsque l’on concluait un marché, on évaluait l’objet vendu en monnaie locale et le payement se faisait en partie au moyen de cabris, de moutons, de boucliers, de sagaies, de flèches, de couteaux et en partie en monnaie. Nous sommes donc en droit d'affirmer que la mentalité indi- gène n'est pas rebelle à la conception de la monnaie et qu’en faisant de nombreux palabres, on aurait fait adopter notre monnaie aux populations congolaises en leur montrant qu'elle présente les avantages suivants : 1° Elle est universelle, alors que les leurs sont seulement régionales ; 2° Elle est peu lourde ; 3° Elle ne s’oxyde pas; 4° Grâce à son faible volume, elle est facile à cacher ou à transporter. Nous pouvions donc présenter notre monnaies comme rem- plaçant les anciennes et nous aurions pu expliquer aux Euro- péens que loin de chercher à faire une révolution, nous enten- dions seulement suivre les lois de l’évolution. Faut-il ajouter que la monnaie a une haute portée sociale, puisque seule elle rend possible l'épargne, qui permet en temps de crise commerciale d’acheter des marchandises d’im- portation? En temps normal, l’argent facilite les transactions, et, à l’autre moment, c’est un régulateur du commerce. L’Administration, qui n'avait pas étudié ce problème dans toute son ampleur, a été impuissante à obtenir l'adoption par les sociétés concessionnaires de mesures efficaces destinées à assurer la diffusion du numéraire. Faute de pouvoir acheter toujours des marchandises avec son argent, l'indigène est amené à croire souvent que c’est une marchandise uniquement destinée à payer l'impôt. En persévérant dans leur attitude, les sociétés hostiles à XLII BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION l'argent amèneront, qu'elles le veulent ou non, l'installation dans les réserves si sagement prévues par la Commission des concessions, de commercçants libres, francais ou portugais, et de diverses maisons anglaises qui leur feront concurrence. L'indigène attiré par les mille articles ou bibelots d’une fac- torerie de détail vient de fort loin, dès que la liberté de circuler existe, pour y acheter l’objet de sa convoitise. Dans les factoreries des grandes sociétés, le choix desr mar- chandises est des plus limité (un directeur ne nous a-t-il pas dit qu'il était à la recherche du trente et unième article à intro- duire dans sa concession!) et, souvent, n'ayant plus les mar- chandises que l'indigène désire, le factorien doit suspendre ses achats de caoutchouc. En général, les factoreries de détail sont mieux approvi- sionnées, sinon comme quantités, au moins comme nombre d'articles et beaucoup de ceux-ci s’enlèvent en un clin d'œil. M. Vialle a vendu, par exemple, à Ouesso, une série de lan- ternes à pétrole, ce qui prouve que les gens de la Moyenne Sanga avaient le désir de se bien éclairer et qu'ils sont par süite tout disposés à brüler du pétrole. Voilà en tout cas qui étonnera bien les Européens qui ont quitté la Sanga après avoir lutté, les armes à la main, avec les Pomos et les Linos, qui venaient d’assassiner et de manger Labbe et Cazeneuve. Malgré les efforts faits depuis de longues années, on ne peut dire que la sécurité règne dans tout le Congo. Les 2/3 du pays échappent encore à l’autorité administracive. Or, les commer- cants ont essaimé souvent fort loin des zones administrées, si bien que l’on peut estimer que dans 1/3 du pays, ils sont isolés, perdus et par suite non protégés. Leur situation est par suite difficile. Pour être tolérés, ils sont souvent obligés de sup- porter mille vexations, qui énervent et font perdre le calme même à ceux qui, d'ordinaire, en ont beaucoup; aussi, cou- rent-ils de grands risques. Malgré quelques fautes indivi- duelles, ces pionniers de la civilisation méritent toute notre admiration et nous sommes heureux de pouvoir leur rendre ce public hommage. Il leur faut, en effet, journellement une patience, un courage, une endurance physique et morale que l’on met trop rarement en lumière. On aime mieux signaler les défauts, que vanter les qualités, surtout dans notre beau pays de France: LE CONGO AU POINT DE VUE ÉCONOMIQUE XLIII Le devoir de l'Administration est donc d'assurer à tous nos nationaux là protection qui leur est due, et cela ne peut avoir lieu que grâce à l'occupation intégrale du pays. Depuis quelques jours, on à renforcé les effectifs des Sénégalais, qui occupent une partie du pays et l’an dernier, M. le Ministre des Colonies a décidé l'occupation progressive et intégrale du Congo. Le lieutenant-colonel Mangin a été étudier sur place le programme d'occupation méthodique et rationnel, que l’on réalisera au cours des années qui vont suivre en créant quelques nouveaux bataillons de troupes indigènes. Nous serons amenés, croyons-nous, à entretenir avant dix ans 6.000 fusils divisés en 2 régiments et une garde de 3.000 hommes. Au commencement de l’an dernier, nous n’avions que 2.500 tirailleurs et 1.700 mi- liciens. Il faudra donc doubler au moins les effectifs. Lorsqu'on n’a jamais vécu qu’en France ou dans des colonies bien occupées, on ne peut se figurer ce que c’est que l’insécu- rité, et la gêne, la paralysie qu’elle entraîne. Il faut, comme nous, avoir vu Bangui il y a dix ans, alors que les Européens devaient y monter la garde en même temps que 5 Sénégalais, ce qui n'empéchait pas les indigènes de tenter des coups de main presque toutes les semaines, ou bien avoir fait le quart sur les vapeurs qui remontaient l'Oubangui, pour essayer d’en- traver la montée à bord d’isolés, qui cherchaient à voler ou à enlever un dormeur pour le mauger, ou bien encore s'être trouvé sur les frontières de l’Adamaoua ou du Ouaddai et presque impuissant, avoir vu bzüler et razzier des vingtaines de villages et assisté à l'enlèvement de milliers d'indigènes, entraînés pour être vendus comme esclaves, il faut avoir vu . tout cela pour comprendre quel bienfait nécessaire et indis- pensable est la sécurité, sans laquelle on ne peut faire de bonne administration ou de commerce sérieux. Saluons donc avec joie l’ère nouvelle qui s'ouvre et remer- cions la métropole des sacrifices qu’elle va s'imposer dans ce but. Quel est l’outillage économique du Congo? On peut répondre hardiment qu'il est des plus rudimentaire. Les ports sont de simples rades foraines, où il n'existe - aucun aménagement facilitant les transbordements. À Libre-. ville, les vapeurs mouillent à plus de 2 kilomètres de terre et \l en est de même partout sur la côte, avec la barre en plus, XLIV BULLETIN DE LA SOCIÈTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Seule, la rade de Cap Lopez est calme et permet aux vapeurs de rivière d’accoster les grands paquebots. Mais les déchar- gements à terre se font simplement sur la plage, après échoue- ment des canots ou des chalands. À Brazzaville, où aboutissent tous les bateaux du Congo et de ses affluents, il n'y a ni port, ni quai, ni appontement, ni grues de déchargement, ni grand slipp permettant de réparer les grands vapeurs, qui doivent se faire caréner sur la rive belge à Léopoldville ou à Kinchassa. Au point de vue matériel fluvial, des améliorations considé- rables se sont produites depuis quelques années. Les messa- geries fluviales du Congo, qui se substituent peu à peu aux sociétés concessionnaires pour assurer les transports fluviaux, ont lancé depuis quatre ans de gros vapeurs : L'Eugène-Etienne (100 tonnes), Le Commandant Lamy (150 tonnes), Le Gouver- neur général Ballay (200 tonnes). Les deux derniers sont amé- nagés pour recevoir confortablement les passagers et sont éclairés à l'électricité, si bien que les touristes peuvent main- tenant aller facilement jusqu'à Ouesso, Bania gt Bangui. Ces grands vapeurs constituent un progrès réel sur ceux lancés il y a dix ans et dont le tonnage dépassait rarement 30 tonnes, ce qui fait que les transports étaient peu économiques. Nous devons signaler la constitution toute récente de la Société gabonaise d’entreprise et de transports, qui va s'occuper d'organiser la navigation sur l’'Ogooué et ses affluents en lançant des vapeurs sur les biefs reconnus navigables. Actuel- lement, un petit motocanot fait un service régulier entre Ndjolé et Alembé, en cinq heures à la montée et en une heure et demie à la descente. Dans la colonie, il n'existe aucun chemin de fer, aucune route carrossable en dehors du monorail de 3 kil. 600 établi dans l'île d'Alembé par la Société du Haut Ogooué et de la route qu’elle a fait ouvrir le long de l’Ogooué sur une cinquantaine de kilomètres. Comme nous l’avons dit à propos des mines, on pose actuellement entre Mindouli et Brazzaville un decauville qui doit avoir 121 kilomètres de long. Les sentiers indigènes sont des plus mauvais et n’ont guère été améliorés, sauf entre Fort de Possel et Fort Crampel où l’on avait même commencé en 1903-1904 une route carrossable dont la construction fut arrêtée, faute de crédits, après avoir. atteint 20 kilomètres. LE CONGO AU POINT DE VUE ÉCONOMIQUE XLV On le voit, le Congo à l'heure actuelle est, au point de vue des communications terrestres, en retard sur la Gaule du temps de César, puisqu'à ce moment nos ancêtres pouvaient circuler sur des chars. Jusqu'ici, oubliant que le temps c’est de l’argent, tout le monde a accepté sans se plaindre d’être sans relations télégra- phiques, de voir des marchandises mettre six et même huit mois pour atteindre Bangui, de laisser des stocks de caout- chouc s'avarier en magasin faute de moyens de communica- tion. Cependant, ce sont ces difficultés de communication, beaucoup plus que l’imprévoyance des directeurs ou les acci- dents qui obligent nombre de factories à suspendre momenta- nément leurs achats faute d’avoir en magasin les marchandises que demandent les indigènes. | Faut-il s'étonner que,dans ces conditions, les commerçants cherchent à gagner 10 et 20 p. 100 lorsqu'ils font des transac- tions? Leurs bénéfices annuels seraient les mêmes, avec des prix de vente beaucoup moins élevés, si leur fonds de roulement pouvait être utilisé trois ou quatre fois par an. De même, des mesures intelligentes diminueraient les pertes, les avaries, pendant que d’autres abaisseraient le prix d'entretien du per- sonnel. On voit, d’après ce que nous venons de dire, qu'au Congo, le problème consiste à révolutionner les moyens de transport, grâce à nos capitaux, en augmentant leur vitesse et en décu- plant ou centuplant même leur débit. Il faut donc songer à créer deux grands ports bien outillés, l’un un peu au sud de Loango, à Pointe-Noire, l’autre dans l'estuaire du Gabon à Libreville ou à Pointe-Owendo. Des avant-projets détaillés permettront seuls de choisir entre ces deux points, en toute connaissance de cause, en tenant compte des installations existantes et des conditions physiques des _ deux rades. En tout cas, ces deux ports, distants l’un de l’autre de plus de 600 kilomètres, et par suite ne se faisant nullement concurrence, devront avoir des quais permettant l'accostage des grands vapeurs pour pouvoir embarquer ou débarquer les marchandises directement sur les trains. | . Pour ce qui est de la navigation fluviale, il importe de conti- nuer ce qui à été commencé et de mettre en service sur les divers biefs navigables de pelits vapeurs, de façon à pouvoir concentrer tous les pagayeurs disponibles, dont le nombre ne XLVI BULLETIN LE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION saurait croître proportionnellement au trafic, sur les régions de rapides qui, pendant quelque temps encore, ne pourront être franchis qu’à la pagaye. Des cartes hydrographiques bien faites, des balisages, une étude sérieuse des régimes fluviaux permettront de faciliter la ‘navigation et de la prolonger. Des travaux bien conçus permet- tront d'aménager des passes au milieu des bancs de sable, qui encombrent aux basses eaux la Sanga et l'Oubangui, spéciale- ment à hauteur d'Ouesso et de Baloï, pendant que la destruc- tion de quelques roches faciliterait le passage de quelques rapides ou seuils, comme celui de Zinga. Sur les rivières secondaires, il faudra couper les barrages d'herbes qui les encombrent parfois, et les débarrasser des arbres tombés, c'est-à-dire continuer ce que l’on a entrepris: sur l’Alima et la Tomy. Les voies ferrées, dont il faut prévoir la construction à brève échéance, doivent former deux lignes indépendantes, assez éloignées l’une de l’autre pour ne pas se faire concurrence et ‘complétant notre beau réseau fluvial qui, sans elles, ne peut atteindre son plein développement. Le chemin de fer Pointe-Noire-Brazzaville aura un triple loin à 1° Assurer le transit d’une partie du commerce du moyen Congo; 2° Permettre le transport des minerais de la région Boko- Songo-Mindouli ou des métaux déjà usinés; 3° Rendre possible le développement économique du bassin du Kouilou et des richesses forestières du Mayumbé. Dès maintenant, nous versons au chemin de fer belge 3 mil- lions par an, pour assurer un transit qui ne peut que croitre d'ici dix ans, époque où le chemin de fer atteindra Brazzaville. Le chemin de fer du Sud sera donc une bonne affaire et l’entre- prise privée peut et doit en assurer rapidement l'exécution. Au nord, la construction d’une ligne partant de l'estuaire du Gabon, qui se justifie par des considérations locales, s'impose par suite de la récente convention franco-allemande et de l’activité de nos voisins. Si nous tardions à adopler des déci- sions définitives, nous nous réveillerions d'ici quelques années en présence d’une situation analogue à celle de 1896. A cette époque, nous avons renoncé à entreprendre le chemin de fer de la vallée du Kouïilou, parce que nous constations que le LE CONGO AU POINT DE VUE ÉCONUMIQUE XLVII chemin de fer belge atteindrait le Stanley-Pool en 1898. IL est inutile de retomber dans les fautes de jadis et nous devons éviter de dépendre économiquement de nos voisins du nord comme nous le sommes de ceux du sud. Personne ne doit oublier, en effet, que depuis l’an dernier, les Allemands tra- vaillent au Kameroun à une première section d’un chemin de fer, qui atteindra un jour la Sanga, si nous ne le devançons. Faut-il, pour ce chemin de fer du nord, adopter la vallée de l’'Ogooué ? accepter une solution mixte et commencer la voie seulement à partir de Ndjolé? Ou bien, partant de l'estuaire du Gabon, piquer droit à l’est en restant sur les plateaux qui séparent le Voleu de l’Ogooué et ensuite l’'Ivindo de la Likouala- Mossaka, de facon à atteindre la Sanga dans les environs d'Ouesso en traversant la zone très peuplée occupée par les Mfang et les Bakota? Pour notre part, nous n’hésitons pas à préconiser ce dernier tracé, qui concorde, dans ses grandes lignes, avec le projet défendu dès 1899 par M. Alfred Fourneau au retour de sa belle mission d'Ouesso à la mer. Entre autres avantages, cette solution présente celui de favo- riser la moyenne et la petite colonisation dans la vallée du Como, tout en servant les intérêts de trois grandes sociétés, qu'elle traverse ou longe, et en étant utile à celles installées dans la Sanga et l’'Oubangui. Enfin, pour faire affluer les produits divers tant aux voies fluviales que ferrées, il est nécessaire de prévoir, dès mainte- nant, l'exécution d'un vaste programme de routes d'intérêt général, régional et local. Les premières seront utilisées par les automobiies, les secondes par des animaux de trait, les dernières par des porteurs ou des animaux de bat. Les che- mins d'intérêt local seront de simples sentiers, dégagés des racines, des branches, qui les encombrent et y rendent la marche lente et difficile. Doté ainsi d'un outillage économique complet et harmonique le Congo francais, qui vient depuis dix ans de subir une crise de croissance remarquable, provoquée par la venue des capi- taux apportés par les Sociétés concessionnaires, recevra ainsi un nouvel élan, qui lui permettra d'utiliser les nombreuses richesses énumérées tout à l’heure, si bien que l’on peut espé- rer que vers 1920 je commerce du Congo français atteindra 100 ou même 150 millions. À ce moment, le Congo sera défini- XLVIIT BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION tivement sorti de l’ornière où il se traîne depuis sa nais- sance. La France, fière de son œuvre, regardera avec Joie son plus jeune enfant arrivé enfin à l’âge adulte, plein de vie et de force, aspirant à suivre les traces de ses aînés. On constatera alors que la Métropole a eu raison d’avoir foi dans l'avenir et qu’elle a bien fait de semer au Congo quelques dizaines de millions après en avoir jeté des centaines ou même des milliards dans ses autres colonies. Le Gérant : À. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. re des disponibilités. = Graines offertes par M. MOREL, ia cyanophylla. _odoratissima. salicinu. 5 arnea recur «la. mia radicas. ptus amyydulina. botryoides. cinerea. colossea. eugemoides. Feld Bay. globulus. gomphocephal«. * goniocalyæ. hemiphlæa. Lehmannti. leucozylon. Macrocar pa maculata. microphylla. paniculata. pilularis. piperita. robusta. redunca. OFFRES. OFFRES e |Gervule Muntjac adulte. 2 ans. Poe Sika adulte. 2 ans. EHIesrez à la Société, 33, rue de Buffon. elle Emeu, adulte, excellent état, emballage au mpte de l'acheteur. AZENGEL, Brécourt, par Nesles-la-Vallée (Seime-et-Oise). ins angoras blancs primés, ou échange contre olaille race pure. 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PARIS. — 33, Rue de Buffon (près du Jardin des Plantes) nn PARTIS PS Le but de la Société nationale d’Acclimatation de France est de concourir: 4° à l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espèces d'animaux utiles et d'ornement; 2° au perfectionnement et à la muitiplication des races. nouvellement introduites ou domestiquées; à l'introduction et à la propagation de. végétaux utiles ou d'ornement. Ce programme s'applique au territoire des possessions extét ieures, comme au sol! même de la France. L’attention des personnes compétentes doit être appelée tout. spécialement sur l'intérêt qu'il y a d’acclimater, dans les colonies isothermes, des. animaux et des plantes utiles choisis dans un milieu convenable. La Société contribue aux progrès de la zoologie et de la botanique appliquées en. encourageant les études qui s’y rapportent et dont elle vulgarise les résuitats dans ses séances publiques ou particulières, dans ses publications périodiques ou autres. Elle distribue des récompenses honorifiques ou pécuniaires, organise .des expo- sitions et des conférences. Enfin, d'une manière toute spéciaje, par les graines | qu’elle donne, par les cheptels qu'elle confie à ses membres, où aux sociétés dites. agrégées où affiliées, la Société d’Acclimatation poursuit un but pratique d'utilité! générale et qui la distingue de toutes les associations analogues “niquement préoc cupées de science pure. — Le Bulletin, paraissant une fois par mois et formant, chaque année un volume d’environ 400 pages, illustré de gravures, donne des rensei-” gnements les plus variés sur les animaux : Hu nee Oissaux, Poissons, : Abeilles, Vers à soie, etc., et les Plantes d'introduction nouvelle. Le nombre des membres de la Société est illimité : les étrangers y sont admis au. se 4 même titre que les Français : les dames peuvent également en faire partie ainsi que. les Personnes civiles, les Associations, les Etablissements publics ou privés ( (ES ratoires, Jardins z0ologlques ou botaniques, Musées, etc.). Chaque membre de la Société paye un droit d'entrée de 10 frarcs et une cote sation annuelle de 25 francs ou 250 francs une fois versés. Les publications de la. Société lui sont adressées et il peut prendre part aux distributions entièrement gratuites de graines ou de plantes vivantes, d'œufs d’ Oiseaux, ou de Poissons, etc.,. faites par la Société, ou aux chep tels concédés par elle. avaniages ui sont également réservés, tels qu'annonces gratuites, faculté d'achat à prix réduit des publications de la Société antérieure à son admission, etc: Publications faites par la Société ou lui appartenant. -— La Société d'acte matalion a publié, depuis son origine en 1854, cinquante-huit volumes in-89, illustrés de nombreuses gravures et dont beaucoup ont plus de mille pages. L Bulletin de la Société renferme une foule de documents originaux sur toutes les matières dont elle s'occupe. Un grand nombre de mémoires importants, tirés à part, ont trait à des questions d'ordre général, à la Zoologie appliquée, les Mammi pratique de la Pisciculture, l’Entomologie appliquée et la pratique de l’Apiculture e de la Sériciculture, la Botanique appliquée, les Végétaux utiles, leurs produits leur culture en France, à l'Etranger ou dans les Colonies. Ces mémoires, dont les membres de la Société. Ceux-ci peuvent également acquérir à moitis prix je Manuel de l’Acclimateur (Végétaux), par Charles Naudin, et les ouvrages bien connus du D' Moreau sur les Poissons de France. \ Le Gérant : À. MARETHEUX. Paris. — L. MARETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. Il Il New York Botani | 5185 O0 l NS are CENT és et mas Ta ne à ar pers : à ” Em SAC ip, es sm : ere es rt Te nr ne ere Er ne AT Es Las non Peu : Dar mem ONT ps rien sv RP s: +47 german tete RE ET eV 4 + Ve ont > NN EE OS Lo pré aoms Ege étem r£. $ EE DCE Disc name v à a rx . res es La ae