/*-' r h BULLETIN RE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. <|^uatrieine S^rie. TOmX IX. rO M Al I SS I O N C V. N '! R A F, F:. COMPOSITION DU BUR E AD. (Election dti 4 Janvier i85i.) President. M. Jomard. rice-Presidents. M.M. d'Avezac et Isimberi. Secretaire general. M. de i,\ Roquette. Section de Correspondnnce. MM. A. d'ALbadie. MM. Meissas. I'.ajot. C. Moreaii. Callier. Noel-DesvergPM. Cocliclet. D'Orbiguy. Giii^'uiaul. Poulaiii de BosKay. LnloiiJ. Texicr. Lehas Section de Publication. . Alliert-Monlcmont. MM. A. Maury. Cortambert. de Sautareni. Diissieiix. .Sediilot. de Fioberville. Tiriiaux-Compans. Gay. Vivien de Saiiit-Maitin. Iinijeil di's Moltelettes. Wakkenaer, Section de Cowptabilite. MM. Le colonel Coraboeuf. MM. Jacobs. Daussy. de Lovenstern. Ell. de Briniont. Tbomassy. Comite charge de la redaction et de la publication du Bulletin. MM. de la Roqii^tlP, secretaire gfiieral MM. Uaiissy. de la Commission ccutrale, re- SeJillot. dactcur en chef. de Kroberville. Alfred Maury, secretaire adjoint. M. Meisnen, notaire, tresorier de la Societe, rue Saint-Honore , 370. M. Noirot, agent general cl bibliothecaire de la Sooiiti-, run de rUniver* bile, 2 3. BULLETIN DE r.A r r SOCIETE DE GEOGRAPHIE ' M, DE LA IlOQCETTll SECRETAIRE GENERAL DE LA COMMLSSION CENTRALE R^dactour eu cUef QUATRlfeME SfiRIE. — TOME DEUXl^ME ANNtE d851 JUILLET— d£cE.VIBRK. PARES, CHEZ ARTHUS-BERTRAND, LIBRAIRE DE LA SOCII^TK DE G^OGRAPBIE, RDK HAOTEFEUII.r.E, N" i3. 1851. BUREAU DE LA SOClfiTE, (elections DU 21 DflCEMBRE 18/l9.) Pitiidftt. Vice-Prestdeiits. Scnitateiir!. Secretaire. M. Dumas, ministrc de Tagricullure el dii commerce. MAI. IsAMIlERTCl TeRNAUX COMPANS. MM. At.BEIlT-MoNTEMONT el SEDri.LOT. M. dE FllODERVlLI.E. Liste lies Presidents honoraires de la Societe depuis son origine. MM. Do Laplace. De Pastoret. De Chateaubriand. Cbabroi. DE Vor.vtc. Hecqi.ey. Alex, nt Humboldt. CUABROL DE CrOUSOL. CUVIER. Hyde de Neuville. De Doudeauville. MM. J.-R. Eyries. L'aiuiral de Ricky. Dumont d'Urvillk Decazes. Dc MONTAHVET. De Rarante. l.e j;eneral Pelet. GuiZOT. De Salvandy. TurlNIER. MM. De Las Cases. "Vm.lemain. CUNIN GrIDAINE. L'ainiral Roussm. 1,'iimiral ile Mack.au. Le vice-aniiral Halgan. Walckekaer. Moi.E. JoMARD. Correspondants etrangcrs dans Vordre de leur nomination. MM. H. S. Tanker, a Philadelpliie. \V. WOODBRIDGE, ;i RoSloIl. Le It-col. Edward Sabike, a Londres. MM. Le docteur Kriegh, a Francfort. Adijlphe Erman. a Berlin. I.f dorleiir Wappaus , a GoellingUB. Le colonel Poiksett, a Georgetown , Le roloiiel Jacksok , a Londres. Caroline meridionale. Le docteur Reinganum, a Berlin. Le docteur Richardson, a Londres. Le professeiir Rafn, a Co|ienhague. Ainsworth, a Edimhonr^'. Le colonel Long, a Louisville. Ky. Le capitainc Maconochie, a Sydney. Le conseiller de Macedo, a LisboniR'. Le prince deGalitzin, it St-Pelersbonrg. Ferdinand de Luca, a Naples. Le docleur Ludde, a Magdebonrg. Le docleur IUruffi, a Tin in. Le general Semino, a Teheran. Le iieut.-col. Fr. Coello, a Madrid. Le profi'sseur McNiH, a Clirisliania. Le gen. Albert de la Marmora, a Turia . Fnlgeuce Fresnel, a Mossuul. Le professeur Karl Ritter, a Berlin Le cap. John AVashikgtok, a Londres. Ch. Schefer, a Constantinople. V. DE Angelis , a Buenos-Ayres. Correspondants perpetuels dans Vordre de leur nomination. M.M. Le capit. sir J. Franklik, a Londres. I.c capitaine Gra/.h, a Copenliague. Le capilaiiie sir John Ross, a Londres. MM. Le capitaine G. Back. Le capit. James Clark Ross, a Londres. Le docteur Leichardt. PAlilS. — IMPI11.MI.11IK [)i: L lliHlINi;!, LISTE DES RI^:COI\IPENSES DfeCERNl^lES PAR LA SOCIETK DE Gl'iOGRAPHIE DEPUIS SON ORIGINP. I. UfiCOMPENSES Dl VERSES. NOWS dps LAtREATS. 182r> Bruguierp ( Brc'Jsd OB JET DES PHIX Pt DES MF.DAILLES. nr. Pacho 1826 1 B.ugmere I PerrcJ Vnysse de \'illiei's 1827 1 Marc Jodol. . . . ' More Jodol .... V Lcpeiidry I828\ L'abbp Manet. . . Fabre VRciie Ciiillip'. . , . 183!) I8r>() isr.i Lopeudry Capitnine Dupaix. . 18". I el D'llombres-Firmas. IS-.2 I8r.> nan»esf|ue . Marc Jo'Iot . Dt? la diiertion di s chaiiies de mon- lagnes de I'Eiirope et de Iptiis lanii- firalions f Remaj-qnes sur la coniipxioii dps bau- leiirs de I'Eniope Viiik. 18-.0 l,SM 18>> issr, 18:> 1!$36 NOMS DES LAURCATS. 1827 Cupit. Juliii Kruiiklin. Huue Cailliti M:iji)r I.jing I8»8 1829 1830 1831 OBJET Di; VOVAGE. MONTANT PRIX ou del MEOAILLEg. UouvUIl- , Cupiltiue Jobn Ross . . Cipitaine Biscoo . . . ■'AlijiJu d'Orbigiiji. . . 18r.2| Alex. Biiiiics -\Arlhiir ConoUy. . . . - / C:t|>il;iitlti CiilUur, . , - f C(>ljuet Guliiidu . . . 1833. Bdrayage en Abyssmic J Med. d'argont . Heni.jire sur la gt-ographie I dti TAnieriqiie cenLraLe . . I Me'd. d'argent. Dei:ooverle des lerres Louis- Pililippc Ct Adelie I 1 000 fc. llisloirc el gdograpliie de Ve- 5t)0 1 000 1 000 :d. de b 1 000 fi . ed. d'arf I Mcd.de bronze 1 000 Ir . Med. d'argent. M.'d. d'argent. 1 000 f r. I 000 Igoogiapl iiezdela Deconverles dans left niei-s M-d.d\ ent. ,gj2j Claude Gay.. . . . . 00 Voyugo t-ii Al'yss.. J purtage. \ 5W Voyageeu Ausliul. ( Prix * riOO Vyyage au Chou. , ( parlage, ( 500 Voyage cii Ahyssiuie j 1 OUO Voyage a la iner Moile el au Jourdaiti i Mt'd. d'ui g-'iil. Voyage iui Soudan oriental. .\ Mtid. dai gout. Voyage dans les purlies ceil- I Irulcsdel Aniei'iq, du Siiil. / Med. d'aigotil. IlL l>RIX D'ORLfiANS POUR LA DECOUVEKTE LA PLUS DTILE A L'AGRICULTURI; , A L'INDUSTRIE OU a L'lIlIMANITli. NOMS MDNTANT des MOTIF DE LA RECO>]PENSE, du < LADBEATS. mix. 1 1841 PurniU'l Pttur SOS iinpoiiutiuiis Jaus les colonies finijfiiiscs el puur scs uliles recher- 1845 Oe M'jiiiieau .... , HcUei t cliu.- liulaniques ilaiis lesliides orieii- (ales Meiit. Iiouor. i M.-d.d'art;. Pour suii inipoiluli'jii eu France tlw lu Pour rimpDitalioii de pUiiilL'S anUve - ' ne'ueuses el la dccuuvei le tl'iin co- quilluge f suniissaiil uiiu buile coii- J ISiO, Ilier Medaillei dfiM-uur.ii;, Poiir riijjpui lalinn d« planles Uxliles. Puur l''iini>orUlii>n Je plaiUcs aiitivu- SiTapUin Lallier . , ' Rochul d'Hi.Ticuurt . \ Puur i'iinpui liilion d'liiie plutile (jul a la pruprii'lti d'expulst-r le tenia ou 1 / HeJde / Pour ses retlierches sui riudiistrie se- \ / ricole et les suierie> eu Chiue, . . . Huiisseniunii Pour ses lechercjies sur I'iiidustr'iff du meiiie pays couceruHut lea etoUes de !S47 ^ ReiiurJ \ W-ilailU'S j' U'eucouiMf;, Pour ses rerlieichc^s sur riuduslrie in- dieinie ayaut rappui t a la fibricaliuu ] des arlicU'S df luxe \ ' Kuudul Pour ses reclierclie'5 sur I'lUilnsliie iu- diriiue dans la propamliou et lu cou- ] J A BULLETIN DE LA. SOCIETE DE GEOGRAPHIE. JUILLET 1851. llleiuoires, Moticeii»; Docuiuentis orlgiuaiix, etc. d'uN liCRIT INTITULt t REFUTATION DES ARTICLES DE M. TR^MAUX, VOVAGECR FBANCAIS, PAR M. LE COLONEL KOVALEVSKY, VOYAGEUn RUSSF. ; SUIVl u'usE LETTRE ADRESSEE AU COLOREL KOVALEVSRf P\R M. BAER, Membre de I'Acadc'raie des sciences do 5aiut-Pe'tei'sbourg. RfiPONSE DE M. TBfiMAUX A MM. KOVALEVSKY ET BAER (l). Pendant I'ann^e 1848, M. le colonel Kovalevsky a fait, dans le Soudan oriental, sous le patronage du (l) Une discussion s'etant e'levee entre M. Kovalevsky, voyageiir russe, et M. Tiemaux, voyageur francais, au siijel d'une excursion qu'ils ont faite ensemble en 1848 dans le Soudan oriental, le comite de la Societe {jeofiraphitjue de Russie a desire qu'une note, deja pu- Lliee a ce sujct par le premier de ces voyageurs, dans le Journal de Saint- Petetsbotirg, fiil inscrce en tout ou en partie dans notrc Bui- ( <3) vice-ioi d'Egyplo, uii voy;igc amjuel je liis autorise a m'adjoindre. La relation de en voyage, redigec par cot ofTicicr, ol publioe I'annec suivanle en langue russe a Sainl-Polertibourg, arcc tine iarfe, o. ete r^siimee en f'rancais par M. le pinnce Euinianuel (Jalitzin, et inser^e dans l''S Noitvelles nimnles des voyages. Un caique de la carte accompagnait la Irnduction envoy^e. Qiielqiics distractions de I'lionoraljle voyageur sur des fails dont j'avais ete Ic lemoin m'ayanl paru par Iroj) fortes, j'ai cru devoir Ics iclcver dans le Hullelin de la Societe de geogra[jhie. iMcs ohservalions critiques scniblent avoir ddplu a M. Kovalevsky, qui a jug6 con- ^ enable d'y ropoiulre par des plaisanteries de niauvais goOt, par des assertions inexactes, et avcc un ton de superiorilo que ni ses travaux ni sa position dans le nionde savant ue lui dounenl !;.• droit de prendre a mon egard. Puis, pour donuer plus de poids a ce qu'il appelle sa Refittation do nies articles, il a appelt^ a son aide un grave acadeinicien , l\\. Bacr, (jui a ou la faiblesse de soutenir avf'uglement M. le colonel, ct qui s'esl expli- qu6 sur ma personne ct sur nics travaux avec une legferete et dans des tormes |)eu convenables pour un liommc qui a I'honneiu" d'apparlenir a un corps sa- vant aussl rcconiniandabic el aussi justetnenl estime lelin. NoMS lavoiis pioijiis, et nous eiissions donne d'aljoid larticle de M. Kovalevsky, si nous ne nous c'lioiis assure qu'il se trouve re- produil liltcraleuient dans la reponse (le M. Tremanx , pour tout ee qui inti'resse la geopfrapliie. C'est unitpiemeiit jionr nr ]i:is fairo de double einploi que nous (Iminons spnlcment la reponse du voyageur franqais. Le M'cicluirc gciierul Uu lu Cuniiiiissiou ceritrale, I)e la ROQUBTIB. ( 7 ) que rAcadeuiio iiuperiale cles sciences cle 8ainl-P6- lersbourg. Je vais examiner avcc calme les assei'lions de ces fleux messieurs, parvenues bieii lardivemenl a ma connaissance (1), quoiqu'elles aient 6le lues publi- quement a la seance de la Societe geograpliique de Russie, le 20 octobre 1850, ins(^rees le A Janvier 1851 dans le joui'nal de Saint-Petersl)ourg , ct repandues depuis a prolusion en Europe, traduiles en dilTerenles langues. Et d'abord, quel esl le point principal, le poinl vraiment s^rieuxdedissentiment qui existe enlre nous, e'est-a-dire entre deux voyageitrs ajaiit parcourn en- semble^ a la meine epoqtie^ la meinc coiilreei' M. Kovalevski/ pretend, par des motifs d'amour- propre faciles a apprecier, quV/ est descenda jusquau 8* degre de latitude nord; je souliens, au contraire, qu'tV ne s'est ai'ance, oiiphitot que nous iie nous sovimes avances, que j'usqu' an 10° degre. Conimengons done par exami- ner ce point capital, el cilons auparavant et textuelle- ment M. Kovalevsky : « A mon retour de Chine (dit en debutant le co- » lonel) , je Irouvai dans le Bulletin de la Societe de geo- r> graphic de Paris deux articles de M. Tremaux con- » cernant le voyage sur le Nil Bleu, vers les sources du « Toumate; ces articles offrent une ignorance si naive (i) Le 5 jnin i85i, le secretaire (lem'ral cle la Commission centrnle (le la Socielc {jeographique ile Paris iii'envoya a Charcey, pres Cha- lons, oil je me trouvais a celte e'poque, un exemplaire de la pretendue Refutation de MM. Kovalevsky m B.ier, qu'il avait recue de Saint-l^e- lorshoiirg le 2 on le 3 du meiiie mois, et qii'il coiiimuniqua a la pre- miere seance de la Commissioifdu 8 juin. ( ^ ) » des objcis en questum , quo , ceries , je ne me serais » pas donne la peine d'y r^pondro , si les remarques )) do M. Trdmaux n'avaient &ii reproduites dans notre » Soci^td. II sufllrait, pour se convaincre de cetlc ve- » rit6, de prendre connaissance de son raoyen de faire » une lev6e de plan Irigonomelrique, de vue , sans le » secours d'instruments; neannioins je crois de raon y> devoir do passer en revue , quoique sommairement, » les assertions de M. Tr^maux. » Viennent cnsuite des observations sur ma mal- adresse a la chasse ; sur ce qu'il appelle nies diatribes centre les Russcs; sur ce qu'il suppose que j'ai dil de sa decouuerte des sables auriferes; sur mes prctendues altaques contre M. d'Abbadic ; sur nia rancune causee par son rofus de me donner une escorle dans mes excursions; sur ce que j'aurais assure qu'il avail pris part a des cbasses aux (^l^pbanls, aux autruches , etc., etc. Je reviendrai sur ce sujet : mais il imporle de traiter avant tout ce que M. Kovalevsky appelle, comme moi, et ce qui est en effet, / aucune loi ni I'l iios illations, ni aux assertions ties » Turcs qui nous accoinpagnaient. Done, il ne faut )) croire que M. Tr(^maux. Quelle garantie nous pre- » sente-t-il ? II n'avait avec lui aucun instrument pour » quelque observalion que ce fut, pas meme un ther- » momelre ; il ne s'appuie sur aucune donnee, cxcepte » sur la determination aslronomique de Singue par » M. Cailliaud; encore s'il pei'sistait a la prendre pour » base, nous serions-nous content^ de cette donnee, » par respect pour la memoire de Cailliaud, voyageur )) aventureux au plus haut degre ; mais M. Trernaux » n'a pas voulu, ou n'a pas et6 a meme d'apprendre » qu'il y a deux Singut^, et, n'etant pas tombe d'em- » blee sur celui determine par Cailliaud, il a inlioduit » une confusion epouvantable dans ses rcclicrches. )) Le rapprochement des indications fournies par beaucoup )) de Tjoyageurs ayant droit d'aittorite, rapprochement » que j'ai cite a I'appui de mes propres determinations, )) en les relracant sur la carte , pourrait a lui seul faire )) penchcr la balance de ce cole , au prejudice des » assertions de M. Tr^maux, qui n'onl aucun poids , » ni en France , ni en Russie ; mais il y a plus encore. )) Kacane, dont la situation a ete d(^terminee deux fois, )) et une troisieme apres mon depart, a ^tc reconnu » comme se troiu'ant sons le O" et quelques minutes (que ))je ne precise pas ici, vu que les differenles detcr- » minations ont presente quelque divergence, quoique » insignifiante). De Kagane , selon le calcul de Tre- » maux lui-meme , nous avons fait cinq journees de » marche ; en meltanl de c6t6 tout calcul astrono- » niique, ayons recours au moyen le plus simple : en » comptant 25 verstes par journee , mSme un pcu ( 10 ) winoins, eo faisanl la pait des siiiuosil^s ou coudes » dc Ja riviere que nous avonssirnic, il restera loiijours » un pen plus ou un peu nioins d'uii dej^re, que nous » avons franchi en ligne droile vers lo sud , ce qui est » sufTisant pour me donncr le droit de dire que nous » souimcs jiarvcnus a peu pres jusqu'au 8°, comme » je I'ai aussi dit en termes bien dislincls. Ajoulcz a ce » calcul le rapprochement des donnees fournies par » des voyageurs Strangers dont j'ai parle , cl vous vous » convaincrez, messieurs, qu'en mettant de cote ines » propres observations, la foi de men autorit^ person- » nelle , comme si clle n'existait pas du tout, je vous » presente des donnees sufTisantes j)our determiner le » degre de latitude que nous avons pu atleiudre, tan- » dis que M. Tremaux ne vous en fournit d^cidement » pas une seule. » Pour terminer, jc Irouve inutile d'enlrer dans » quelque explication ullerieure concernanl les ar- » tides de Tremaux, tant publies que pouvant pa- » raltre dans quelque journal que cc soil. » En comballant ce que j'ai dit dans le Bulletin de la Societe de geographie (1), M. Kovalevsky afTirme, comme on vient de le voir, quo Kacane est situe an 9* degrc et (juelqites minutes de latitude (c'est ici que je reclame I'atlcntion); et pour prouver le fait avanc6 par lui, il s'appuie sur les Doyagews ayant droit d' autoritc ai stir ses observations. Or, sur I'extrait de la Carte du Soudan oriental, publi«^e par M. Kovalevsky lui-meme, el jointe a la (i) 3' Serie, t. XII (dc'ccmbre iS^g), p. 280 et suiv.; et avril i85o, p. 30 1 et 5ui\'. ( 11 ) tiadiictii)n francaiso do la relation de son voyage, on- voyoe en France par M, lo prince Emmanuel Galitzin, je trouve que M. le colonel russe a place Kacank au 10° Zi2' (1)! Si je consulte ensuite le texle francais de celte rafime relation, je vois que M. Kovalevsky indique (2) comme ajaiif droit (/'rititon'te MM. Cailliaiid, Russegger, Riippell, d'Arnnud et d'Ahbadic; el pour rendre la nomenclature complete, il y ajoute le scheik el-Abadine. On doit re- inarqucr d'ahord que le temoignage de Ruppell el de d'Abhadie doit etre ecarle, puisqu'aucun dos deux n'a visite cette partie du Soudan. Quant au scheik, on concevra facilement qu'en fail de determinations de latitude et de longitude, il devienne inutile d'examiner quelle a pu elre son opinion. M. d'Arnaud n'etant |)oinl en contradiction avec Cailli'aiid el Biissegger, exa- minons Ics resultals oblenus par ccs derniers, qui ont reellement droit d'aiitortte. Cailliaud et Letorzec ont determine cinq latitudes et deii.v longitudes a moins de deux journ6es, lant au- dessus qu'au-dessous de Kacane, et placent ce lieu aux 10" Zi9'. Russegger, accompagnci de Boreani, ont determine trois latitudes : Benichangorou , par 10° 16'; Singu^, par 10° 20'; et Kacane, par 10° 37' 30". De nion cote, en basant mes operations sur les points (i) Le texle de la traduction IVancaise abrc'gee de la Belation dM voyaye de M. Kovalevsky a etc inseree dans les Nouvelles annates des voyacjea de 1 85o, t. H, cahier d'avrii, p. 5o et suiv.; t, JII, caliier d'aoi'il, p. i3o et suiv.; et t. IV, (udiier de iioveinjjie, p. I 70 et suiv. (a) Nouvelles annates des voyages, a.ou\. i85o, p. i52. ( 1-2 " (l(^lerii)in('>£ par Cailliaud cl I.etor/.oc, qui Sonl les plus nombreiix, j'ai obtenu 10° 43'. Ainsinous sommcs tousd'accord.a quelfiucsmiiiutes prfes, } compris meme M. Rovalevsky en sa carte, sur la position de Kacane, qu'on peut fixer en moyenne h 10° 43' environ. Reraarquez en outre qu'on no peut prendre Kacane an milieu dos nonibreux points de- termines qui Tenlourent, ])our le reporter au 9", sans ^lablir quo tous ces points out aussl do fausscs lali- ludes, ou sans admettre qu'avec les deux Singne de M. Kovalcvsky il cxiste deux contrees cxactement sem- blables. Car sans cela , par exemplo, pour se rendre d'Akoro (situe par 10° 2' 30") a Kacane, oii Ton va en un jour ct quclques lieures, il faudrait de huit a dix jours au moins; de Benichangorou ou de Singue , au lieu do descendrc au noid , il faudrait remontcr bien loin au sud, etc.; cela ne peut done pas etre. Jelons maintenanl encore un coup d'ceil sur la carte et sur Titinerairc de M. Kovalevsky (1), et nous ver- rons : 1» Qu'il porte sur sa carle , pour Ic parcours d'uno partie de la journe du 26 mars, entre Kacane el la ri- viere Dys^ uue distance de 1/iO kUonikres rnesures a vol d'oiseau; 2° Qu'il n'indique pas les traces des quatre journees employees en va-et-viont, a partir de la riviere /hs, pour nous rendre a Benichangorou a I'ouest, et pour revenir sur le Toumate pr6s de la riviere Dys et de Ram a mil ; 3° Que, pour les deux Stapes suivantes, les derniires (i) NouvclUi annaUi des voyages, I. Ill i iui-menie, il annonce qu'il se presente coinme defenseur de son n compairiote, M. d'Abbadie; pas plus loin qu'a la page suivante, il > le contredit en tout, et cela sans s'en douterle moins du monde; il m prouvc par la qu'il n'avait ineme pas lu les derniercs lettres de » M. d'Abbadie, et n'avait aucune connaissnnce des justes eloges que » je ne pouvais ne point accorder a ce voyageur.» (2) L'operation de relever approximativement Ics principaux acci* dents de terrain a environ un degre dc distance, dans un pays tres* bien dispose pour cela, n'offre rien d'exiraordinaire. De Charcey, entre Chalons et Autun, ou j'ecris actuelleinent, jai sous les yeux, quand Tatmospliere est favorable, la chaine des Alpes, qui se irouvent a 70, 80 etgo licues (3° et plus); elle domine I'horizon d'une grande hauteur, et je pourrais relever au besoin »cs principaux points, ainsi que ceux des uiontagnes du Jur» , cjui font eii avant, sans quitter les coteaux dc men pays. ( 17 ) directe notre excursion du Toumate, tandls que j'ai dit trois etapes, a quatre reprises differentes. Est-ce la, j'en appelle aux propres compalriotes de M. Kovalevsky, une discussion loyale ? Sur quels passages de mes articles a-t-il pu motiver celte phrase de sa Bejutation : « Le second article, iiisere clans la Iwraison d'airil ISbO, est rempli d'atlaques contre les RussesP » Qu'il ose done citer, et citer litteralement, ce que j'ai dit, ainsi que je le fais, in6me en ce qui le concerne. Est-ce par hasard ce paragraphe? « Le colonel etait accompagn^ de deux ouvriers » russes tres-habiles : I'un d'eux , mecanicien tr^s- » exerc6 , aide par des ouvriers eg) ptiens , a ^tabli » pendant notre absence des machines comme celles » des mines de Russie ; I'autre, venu avec nous pour » faire des experiences du lavage des sables aurif^res... )) Le c/ioix des lieux nous etait iadiqne par les travaux » DES NliGRES, et par les negres eux-memes. » C'est la fin de ce paragraphe sans doute qui a choque M. Kovalevsky, parce que jeTlisais, et c'est la verity, qu'il n'a point fait de decouvertes , qu'il a tout au plus fourni des moyens d'uliliser d'une maniere plus avan- tageuse les decouvertes faites longtemps avant son ar- rivee en Egypte. M. Kovalevsky demande « comment faisait M. Tre- )) niaux pour s'absenter du camp, declare sur pied de )) guerre...)) Mais il repond lui-meme a cette question, lorsqu'il dit (1) : « En arrivant au campement , on » voyait les soldats se disperser pour aller a la re- » cherche d'oignons , de pommes de terre et de racines » sauvages. )> (i) Nouvelles annates de< voyages, II. JLILLET. 2, ( 18 ) Si les soldals quilloient lo camp, il eslprobal)le quu rien ne m'einpuchait tie fairc comnie eiix ; j'employais seiileinenl inon tomps clUrercHiment. M. Kovalevsky plaisante agrciaUlement siir ma mal- adresse a la ciiasse et sur mes collections composites de « quelques diseaux empaillos , toiil gates et jet^s » comme tels par M. Tzenkovvsky. » Je ne dirai rien pour d^fendre mon habilete comme chasseur, mais je lerai observer seuleinent que les col- lections que j'ai rapportees sont a Paris, qu'elles onl eli soumises A I'Acad^mie ties sciences, et que la commission dont M. Geoffroy Saint -Hilaire etait le rapporteur n'en aurait probablement pas tinumere et vante les echanlillons s'ils avaienl etc tels que le pre- tend M. Kovalevsky. J'arrive a une autre assertion de M. le colonel, et je lermine : t( jyi. Treinaux, dit-il, assure que, dans mon oui>rage, f> je pretends avoir pris part a des chasses aux elephants^ )) aux autruches, etc. Ceci est deja une pure invention de )) A/. Tremaux, que j'ai honte de citer; au contraire, » // deux reprises j'ai AFFiRMi que je n'ai pas vu un seul » itfepuANT Ni UNE SEULE AUTRUCUE, et que, ma/gre que )) M. Tremaux assure avoir rencontre des troupes enlieres )) des unes et des autres, tout le detachement a ri de ses )) recits, les traitant de contes : j'ai RACONTi des chasses » AUX J^LipUANTS ET AUX AUTRUCHES COMME DES CUOSES )) DOKT j'ai entendu parler trLs-souvent. » Je vais puiser ma r^ponse dans la Notice kie par M. Kovalevsky a la Socitile gdographique de Saint-Pe- tcrsbourg, le 12 Janvier 18Z|9, cl donl la traduction, laili- par M. le prince Emmanuel Galilzin, a cle in- ( 19) S(^r^c, ainsi (lue je crois I'avoir (Jeja (lit, clans los Nouvelles anunles des voyages. Qu'on vcuille bien lire la phrase suivanle, tome IV de 18/|9, p. 'l%h , en ne perdant pas de vue que c'eslM. Kovaievsky qui parle; elle n'a pas besoin de commentaire : « Pendant la premiere partie da -voyage , j'avais » ASSISTi A UNE CHASSJi AUX JiL^PHANTS ET A UNK CHASSK )) Aux CROCODiLiiS ; en in\m reiournant ^ j'assistai, a )) Dongola , A XJNE chasse aux autruches. » M. Kovaievsky dit, en terminant sa pr^lendue Refu- tation, qu'il trouue inutile d'entrer dans des explications ult^rieures sur les articles que je pourrai faire parallre a I'avenir. Je me ilatte qu'ii en excepte nia reponse actuelle ; il serait en effet par trop commode de criti- quer un voyageur qui cite tous les textes, ce qu'on n'a pas fait soi-meme , et de dire ensulle que desor- mais on considerera comme non avenu tout ce qu'il pourra ecrire pour justiiier et prouver I'exactitude de ses observations ! Yoyons maintenant s'il nous est possible de re- pondre au defenseur de M. Kovaievsky, et donnons d'abord textuellemenl la letlre que le savant acade- micien M. Baer a ecrile a ce dernier, et qui a ele lue egalement a la seance de la Societe geographique de Russie du 20 octobre 1850 : <( En relisant Vaiiicle de M. Tremaux, dans le XIII' vo- )) /«/«(?quil n'a mesure aucune distance, ligne ou base, en » langage matheniatique. Voila tout un nouvel edifice de )) science matheniatique, dont nous fait cadeau cet habile ( 20) » architecte. Jitsquici on cn'ait crit cjiie , pour juger des » distances, il ne suffisait pas de prendre des angles, Je » recomtnande cette nouvelle geodesic h la Societe geo- V) grap/u'(iue , -vu quelle dispense da travail, assez pc- » nible , de mesurer une base. » Mais M. Tremaux a communique une carte dans le )) XIIl' volume du Bulletin sus-nomme. Comment a-t-il )) done fait pour dessiner sa carte? II a trcs-simplemcnt » -voulu prendre pour base la distance entre Abquoulgui )) et Singue sur la carte de M. Cailliaud; cependant il a eu )) un double on triple malheur. Fans dites que le Singue de » Cailliaud n'est pas le voire, Mais, outre cela , le point » d'Jbqunulgui [Fa-Boar) n'a pas cte fixe par Cailliaud )) a raide d' observations astrononiiques ; cela n'a etejait » qua Singue. Mais regardez la carte de M. Tremaux, » et vous trouverez que le dessinateur a mi sles secondes » de la longitude orientale de Singue , trouvee par Cail- )) liaud ( 32° 20' 30" de Par-is), a gauche du meridien de )) 32°, comme si c'etait une longitude occidentale. Dans )) cette base assez courte , le seal poinl fixe a done perdu y> toute une minute de sa longitude ; jugez du resultat de )) la triangulation ! Mettez , je ■vous prie , Singue a sa }•) vraie place, et vous trouverez que Singue, yibquoulgui )) et la - Ronia , sont presque sur la menie ligne. Et f) M. Tremaux dit positivement [pfige 203) avoir fixe )) Fa-B6nia par DliS INTERSKCTIONS de LIOES , RELEViES » AU MOYEN DE LA BOUSSOLE, ET PRISES DIRECTEMENT SUR )) LES POINTS DE SiNGui ET Arquoulgui. . . Voila des obser- )) vations bien delicatcs executees par une boussole; et )) aprc's de tclles observations on deplace le seal point fixe ! n IS"est-ce pas le comhle du malheur !' » En 7ierite, il /aut plaindre M. Tremaux, mart) r de ( 21 ) » son zele pour la science. 11 vent brcu'enicnt penetrer ail )) centre de I' Afrique, mais les Tares et les Riisses lui re ■ •» fusent I'escorte; il vent piiblier une carte, les Parisiens )) luimettent a gauche ce cpiil faut mettre a droite; il vent yy faire la chasse aux betes sauvages, mais le sort, ou je » ne sais qui, lui refuse le fusil. » Voici ma reponse a ccs observations critiques. M. racademicien me reproclie d'avoir rectifie les distances de M, Kovalevsky par une sorte de triangula- tion , au moyen d'une grande boussole, sans avoir mesur^ mathemaliqucment aucune distance , ligne ou base , et do m'eUe simplement appuye sur la dis- tance enlre Abquoulgui et Singue de la carte de Cail- liaud , comma sur une base convenablement deter- minee, tandis que, par un double ou triple malheur : 1° J'aurais figure sur ma carte le Singue de Cailliaud toute une minute trop a I'ouest, ou nieme a gauche du meridien de 32°; 2° J'aurais pris pour le Singue de Cailliaud un autre Singue decouvert par M. Kovalevsky ; 3° J'aurais pris pour un point fixe Abquoulgui, qui n'avait point ete delermint^ par Cailliaud a I'aide d'ob- servations astronomiques. Voila, je crois, dans toute lour force les objections faites par M. Baer contre le trace de ma carte. II m'est facile de les delruire une a une. Et d'abord quelles sont les distances de M. Kovalevsky mises en regard de mes resultals? Est-ce I'eslime de la marche qui a ete employee? Dans cette hypoth^se, M. Baer voudra bion convenir que j'ai a ma disposi- tion le meme Element d'appreciation, et que des lors ( 22 ) j'ai aussi nies distances. Si elles different de celles de M, Kovalevsky, la question d'option entre les unesetles aulres pent, a defautde tout autre nioyen de controle, se rcsoudrc jiar un examen raisonne du laux d'estirne par journee , par lieure de marche, en tenant compte de I'alhirc de la caravane, compos^e en majeure partie de pietons, et traversant un pays accidente. M. Baer me pcrmcttra d'avoir plus do confiance dans mon appreciation que dans cclle de M. Rova- levskv. La mienne, en effet, fail ressortir a 2 milles et demi g^ographiques ou minutes, r^duclibles d'un tiers pour la conversion en distances a vol d'oiseau , tandis que celle du colonel, enlrc Racane, situ6 au 10° Z|2' de latitude nord d'apres sa carte, et le 8», point extrfinift de sa route, a ce qu'il prdtend, ne serait pas moindre de 162 milles geograpliiques en ligne direcle pour les 16 lieures de marche employees r(^ellcment a offectucr noire retour, cc qui ferait ressortir a plus de 10 milles a vol d'oiseau, et par corisequenl a en- viron 15 milles cd'cctifs, noire marche /;«/• heiwe! 3e £uis convaincu que M. Baer connalt j)arfaitement les calculs d'apres lesquels le savant major Rcnnell etait arriv6 "d cstimer a ce taux, iion pas les lieures, mais les /oiinices de n)arche des caravanes en Afrique. J'ose csperer en moine temps que M. Baer ajoulera autant de foi aux directions mulliples de notrc route relev^es a I'alde do la bonne boussolc a alidade dont j'etaismuni, qu'aux observations d'un honime habitue a juger sculement de la position en reniarquant s'il est a droile ou a gauche, et de son eloigneaicnl en regar- dant s'il est dans une teintc phis oumoins vaporeuse. Maintenant, si les elements que j'ai rccueillis peu- ( '--^ ) vent 6lre luis an nioiiis sur la inerac ligne que ceux de meme nature qu'aurait sii reiinir M. Kovalevsky, M. Baer me permettra encore, je I'espere, de consi- d^rer comme un conlrole utile pour un trac^ de carte les nombreux azimuts que j'ai eu soin de relever sur tous les points culminants du pays que sillonnaient nos routes, de mafii^re a multi^ilier les triangles successive- ment appuy^s sur ces diverses sommites; et le savant mathematicien admettra bien que les constructions sur le papier, meme a echelleindetermin^e.de triangles semblables a ceux que je relevais sur le terrain, ofTrent un premier rt^sullat planimelrique digne de quelque consideration. Quant a I'echelle , j'ajouterai, pour I'edification de M. Baer, que Fa-Ronia, qui, suivant sa remarque, serait presque sur la meme ligne qu'Abquoulgui et Singue, se trouve n^anmoins parfaiteraent determine par les azimuts de ces points, recoup^s presque a angle droit par ceux que j'avais pris d'autre part a Akaro, a Adassi, etc., etc. La, M. Baer ne trouvera pas men operation trap delicate. II est probable qu'en t-elisant mes articles, il n'aura pas rein la phrase qui pr^c^de immediatement celle qu'il cite, et ou je dis que ces donnees ne sont destinies qu'a en completer d'autns ; qu'il n'aura pas relu non plus les pages 160 et suivantes du t. XII du Bulletin, dans lesquelles je donne beaucoup de details, en citant meme les points determines par Cailliaud qui ne figu- rent pas sur mon ilineraire direct, afin qu'on ne sup- pose pas que je les ai negliges. Ainsi , j'ai pour m'appuyer de nombreux points connus, les uns parleur latitude, les autres par leur ( n ) lalitude fl leiir lonsi,iludc; C(^s points sont Singuc , Abquoulgui, Akaro ( pres du Touinalc ) , Adassi , Kil- gou, elc.,dont les ligncs de jondion forincnt autant do bases d'un degre d'etendue, tant pour determiner que pour verifier I'dclielle ct I'orientation de ma carle. Si M. Baer veut prendre la peine de jeter les yeux sur la planche I de I'Allas de Cailliaud, represenlant une vue de Singue prise de Test, il y rcconnallra que le point ou ce voyagcur elait place, pour sos operations et pour son dessin, correspond a la petite surface blanche qui se trouve dans ma carle sous les longilude et la- titude voulues. Quant al'observation du docte acad(^micien relative aux secondes de la longilude orienlale de Singue Irouvee par Cailliaud (32° 10' 38"), quelo dessinateur a mises a gauche du ni^ridien de 32% conime si c'olait une longitude occidenlale , si Ic docte acadeniicicn veut bien jeter encore une lois un coup d'ceil sur ma carle, il finira, je crois, par reconnaltre que je n'ai rien pu meltre a gauche da ineridien de 32° dans une carte qui tout eiitiere est bien loin a droite de ce meri' dieii . En ce qui concernc I'liypothese des deux Singue et k la confusion qui en resulte, on a vu suilisaniment, a ce que je pense , par I'examen de la carle el de I'iti- nerairo de M. Rovalevsky, oil se trouve cette pretendue confusion. Quant a ce que M. Baer appellc mon troisicmo malheur, je prendrai la liberie de soumetlre a son ap- preciation la question suivanle : Llant donnes un point connu (Singu6), un autre point dont on coimail la latitude (Abquoulgui), et, de plus, la direction ou ( 25 ) ovienlation tie la ligne qui [)asso par oes deux points, peut-on soutenir que ce second point est un point in- connu? M. Baer est trop bon geouietre pour que sa r^ponse soit douteuse. SUR LES NIAM-NIAMS OU IIOMMES A QUEUE. LETTRls DE M. F. DE CASTELNAU, Membie de la Sociele de gcographie, A M. DE LA ROQUETTE, Secretaire general de la Commission cealiale de la Sociiite de geogmphie, Mon cher coUegue , Je suis lellement accablc!; de travaux, qu'il m'cst im- possible de remplir entierement vos intentions; cepen- dant je vais le faire, autant que possible. Me Irouvant a Babia au milieu d'une immense popu- lation esclave, enlevee de toutes les parties de rAlVique, je pensai que, parmi ce grand nombre d'individus, j'en trouverais quelques-uns d'assez intelligents pour me donner des renseignements sur des parties inconnues de ce vaste continent. Je ne tarclai pas, en effet, a m'apercevoir que les babilants mabometans du Sou- dan etaient en general beaucoup plus avances que les populations idolatres de la cote. Plusieurs noirs des pays de Haoussa et d'Adamawah me dirent qu'ils avaient fait partie d'expeditions contre une nation appel6e Niam-Niams, et ayant des queues. Us mirent treize jours, en partant do Rano, et en tra- versant Booclie et Gourzoum, pour atteindre une le- gion boisde qui porta le nom de Lanchandon, et qui (26 ) est rcmplie de tigres, de girafes, d' canot, ce qui prouverait qu'il n'y a pas d'obstacle s^rieux. Le Guapore ou Itenes iorme, d'aprfes les trailes , la limile enlrc la Bolivie et le Bresil, luais apparlienl do fait a celtc derniere puissance, qui a bati deux rorlc- resses poui'en dominer le cours. La Bolivie eleve d'in- cessaiitcs reclamations que ne peuvent guere appuyor les 5000 honimes qui ferment le maximum qu'clle est en etat de metlre sur pied. C'est sans nul doute cetle riviere, dent la propriele est ainsi contestec, qu'on a confondue avcc le Madeira , landis qu'elle n'en est qu'uii affluent. Le G««/;o/y/ commence a etre navi- gable en canots a Matogrosso, par ill" 15' de latitude et 62° 10' de longitude : 70 lieues plus haul, a las Pic- dras, village place vis-a-vis de la Serrania de San-Carlos, sur la rive gauche, et ou se trouvent d'abondantcs mines d'or, le fleuve peut recevoir des bateaux a va- peur dc la dimension indiquee dans votre note. Du village de las Picdras jusqu'au conlluent du Maiitorc, principal affluent du Guapore, il y a 130 lieues. Ce dernier fleuve recoit aussi la Magdalena, navigable en canol sur uiie longueur de 56 lieues. Le Mainore sc nomme a sa source Rio-Grande^ et conserve ce premier noni jusqu'a sa jonction avcc le Secure. Cetle riviere prend alors le nom de iMamord, et va se jcler dans le Guajjore par 10° 30' do latitude et 62' 20' de longitude. Lc Rio- Grande commence a 6tre navigable j)our des canots a la Barca, a 16 lieues de Chuquisaca : il ne ( 29) Test pour les bateaux a vapeur qu'A Bivose, village situe a 15 lieues de Santa-Cruz de la Sierra, qui est lui-mfiine distant de Sucre de 127 lieues. Entre Bivose et Santa- Cruz , et a 10 lieues de cette derniere ville, se Irouve le port de Paylas, avec une route carrossable. Les eaux sent profondes a Pajlas, et pouiTaient rccevoir des bateaux a vapeur ; mais entre ce port et Bivosc il y a une petite cbute qu'il i'audrait prealablement faire disparaitre. De Bh'ose a la jonction du Rio-Grande avec le Secure, il y a environ 120 lieues d'eaux profondes a fond de sable. Le Rio-Grande recoil une foule de petiles rivieres non navigables ; mais il recoit aussi le Chapare et le Piray, navigables tons deux en canots, et se joint au Secure, qu'on remonle de meme a une grande distance. On parvient sur le /^//cy jusqu'a 2 lieues de Santa-Cruz; on remonte le Chapare jusqu'a V Asuncion, distant dc 50 lieues dc rembouchure du Chapare et de Zk lieues de I'importante ville de Cochabamba ; on remonle le Secure jusqu'a Puerto-Moleto, egalement h 50 lieues de rembouchure du Secure et a ZiO lieues de Cocha- bamba. Ainsi que je I'ai dit, le Rio-Gra/ide ■perd son nom en joignant ses eaux a celles du Secure, et se nomme alors Mamore. Sous cette nouvclle denomination, il parcourt un espace d'environ 120 lieues, pour aller se jeter dans le Guapora, arrosant des plaines d'une immense ferti- lite, ou des millions de bceufs vivent a I'etat sauvage. Les recensements statistiques fails il y a cinq ou six ans portaient a plus de deux cent niille l6tes de belail les animaux qui s'etaicnt pordus dans ces paturages, et qui depuis ont multiplie a rinfini. ( 30 ) Ainsi le Mamore, formu du Rio-Gmnde, du Piray, du Chaporc ct du Secure, va grossir le Guapore, qui a doja re^u la jMagdalcna, et qui va sc joinJic au Beni, a 8° hb' de latitude et 60" bh' de longitude , pour se nommer ensuite Madeira jusqu'a sa rencontre avcc le Maraiion, et s'appeler definltivement alors Amazone. II ne me resle done qu'a analyser le Beni, comme je viens de le faire pour los deux autres branches du Madeira, etvous aurez une idee claire et precise de la disposition fluviale qui concourt a former I'Amazone. Le Beni n'esl d'abord qu'une petite riviere qui re^oit divers cours d'eau navigabies sculomenl cii ba/zas, esp^ces de barques dc jonc. II n'esl lui-meme acces- sible qu'aux canots jusqu'a sa jonction avec le Coca, puissante riviere ayant en moyenne 2 metres de pro- fondeur sur 300 de largeur. C'est le Coca, dont les affluents ont un int^ret immense pour le nord de la Bolivie : il prend ce nom au confluent du Giianay et du Coroico, el le perd kb licues plus loin, a sa reunion avec le Beiu\ qui conserve son appellation, bien que ses eaux soient moins abondantes. Le Guanay est lui- m6me forme par le cours du Mapiriei du Tipuani, que Ton peut remonter a 70 lieues en canols d'un tonnage sufDsant pour les besoins du commerce. Mais le plus important est le Coroico, navigable en forts canols jus- qu'au bourg du mfimc nom, silu6 dans la province des Yungas, la portion la plus cullivee de toute la Bolivie, oh. se r<^coltent le coca, I'indigo, le cafe, le cacao, la cochenille, le quinquina, et une foule de plantes m6- dicinales. Tous les produits dcs Yungas pourraient parvenir a j^eu de frais a Coroico, qui est situ6 par 15" 50' dc latitude et 70" 38' de longitude, a :?5 lieues ( 31 ) seulement de la Via. La i!s scralcnl cliargL's sur les canots, qui les Iransporleraient a I'einboucluire du Giianay, oil se trouverait un service de bateaux a va- peur. Do ce point a la jonclion du Be/ii avec le Gun- pore, c'est-a-dire au Madeira, il y a il\0 lieues, sans tenir conipte des sinuosites du fleuve. (S2 ) itualyses, EilI raits d'oiiTragcs, etc. GtOGRAPHlE DU MOYEN AGE liTUDliK PAR JOACHIM LELEWEL. I. Atlas, compose Je no planches gravees par rantciir, coiitonaiit 145 figures et cartes gener.iles on particulieres ilo (|uatrr-vinj',t- huit geograplies arabes el latins lie iliftVrcntes I'poquos, y coiiipris les cartes comparatives douMes ou triples, accompagnees de I I cartes esplicatives, etc. II. Texte, t. I. Cartes tie geograplies du moyen age, latins et arabes, copiees on reconstruitcs et expliquecs, p. i-iag. i85o, i85i. Bruxellcs, die/. Fillet. — Paris, librairie polonaise, rue de Seine, n" 20. PREMIER ARTICLE. Lorsqu'a la fin du xvi' siecle, Sanson et de I'lsle commencaient a signaler les erreurs des Tables de Ptolt^mee, on no se doulaitguero que les Arabes avaient deja reform^ rceuvre du geographe d'Alexandrie , et que les Latins eux-mcmes s'elaicnt ecartes de la voie tracee par ce guide peu fiddle, jusqu'au Icinps de la Renaissance. C'est ce que M. le professeur Lelewel vienl de demonlrer de la maniire la plus ^videnle dans sa Geographie du moyen age, oil se iroiivent exposes et analyses iivec un rare talent tous les materiaux encore dpars que les laborieuses investigations des ch'udits ont mis au jour dans ces derni^ros ann^es. ( 3?' ) On sail qu'JM-atoslli^ne tut le premier parnii Ics Grecs qui r^duisit en systenie la description du globe i ses connaissances particuli^res en geographie et celles de ses contomporains dtaient tres-bornees, mais il parail qu'il avail a sa disposition des Iravaux d'une exaclitude assez remarquable : il ne se trompait que de 26° environ sur I'etendue des terres habilables de I'ocean Atlantique a I'embouchure du Gange, qu'il supposait se jeter dans la mer orientale, et qu'il con- sid^rail comme la limite extrfeme du continent. Mais iiexlslait pour lesdeteruiinalionsgeographiques de smonumenls d'une valeur inestimable : c'etaienldes itineraires, dont les anciens devaient lirer parti. Marin de Tyr, sans parler de Posidonius, entreprit de com- poser avec ces itineraires une geograpbie generate. 11 renferma toute la longueur des terres cntre deux m^- ridiens eloign^s I'un de I'autie de "l^b" : le premier passait par les iles Fortuuees, el le second par Sera et Thince. 11 exagerait les fausses evaluations d'Erato- slbene, puisqu'il comptait 145" des i/es Fortunees a I'emboucbure du Ga?ige, au lieu de 126° 7' 34", et 80" enlre le Gange et Thiiuv. Ptolemee vint ensuite; il reduisit les 225" de Marin de Tyr a 180°. Mais, loin de soumetlre a un examen approfondi les Iravaux de ses. devanciers, d'en faire ressortir les inexactitudes, de composer, en un mot, une ceuvre nouvelle et vraiment scientifique, il se con- tenta de reproduire sans aucune critique les denudes les plus incortaines, n'apportant aucune modification aux longitudes que Marin de Tyr avail adoptees depuis les iles Fortunees jusqu'au promontoire Cor)\ de I'lnde, a 125° 20' du premier m^ridien, et fixant syslemali- II. JUILLET. 3. 3 ( 8/1 ) quomeiU it 54° /|0' I'espace do 100" corapris entre le pioinonloire Cory et 1 liinci', afin d'arrivcr a un noinbre roncl de ISO" pour loule I'elenduc du conlinent. On ne concoit pas Iresbien coinint'iil on a pu ^crire dans le Journal des scn>ants (1) « que I'esprit ^minem- ment ordonnateur de Ptolemee n'avait pu consentir ^ employer les elements qui sc irouvaienl a sa disposi- tion qu'apr^s une nouvelle discussion dirigee avec toutes les connaissances mathemalirjues et astronomi- ques qu'il poss^dait. » M, Lclowel, qui a vu les choses de plus pres, n'hesite pas i reconnaitre que le tuons- trueua; produit decore du noni imposant de r Jstronome d'JIexandrie consacre en quelque sorte toutes les an- ciennes orreurs el n'olTre aucune trace d'un perfcc- lionftement nieme jiaiiiel; aussi I'autorit^' de Plolem6e devait-elle cxercer une funesle iniluence sur la marche et les progres des eludes g^ographiques. Les Latins et les Arabes s'alTranchirent de celle chalne, conime on ]c verra plus loin, pendant le moyen age. Mais Plo- Um^e reparut avec la renaissance des letlres ; son livre servil de base a la science, de module a la cartogra- phic, et les erudlls modernes, ignorant les travaux de leurs devanciers, ne s'apergurenl qu'ils faisaienl fausse route qnapres une longue et doulonrcuse pcrturbal/ou, et lorsque toule espece d'applicatiou leur devint impos- sible. C'est la une observation tres-importante que M. Le- lewel s' applique a justifier. Tandis qu'au v* siecle de notre ere Agalhodaimon dessinait des cartes a Alexan- drie, suivant les longitudes et les latitudes donnees par i) 18/(1, p. 5iG. ( 35 ) Ptol^tn<^e et Marin cle Tyr, .s'ell'orcant ainsi de faire prevaloir leiir systeine, qui surchargeail le globe tie continents inconnus, des geographes de differentes 6coles signalaient les vices de leur constiuclion et pri'- f^raient donner aux terres habilables une forme ronde, ovale ou carree; les chreliens adaplaient bien mieux ces id^es a la geographic biblique ; les descriptions de saint Jerome, 367; d'Eticus, ZiOO; d'Orose, /|16; de Jules Honorius, 500, ^laient bien eloign^es de la tra- dition des Alexandrins. Cassiodore reconiniandait aux nioines d'une maniere loute particuliere I'ouvrage de Jules Honorius. Cosuias Indicopleusles, 550, supposait V habitable carree; uiais la roiondile de la lerre dcvait prevaloir, parce quelle pernicltait de placer Jerusalem au centre du monde, quasi umbilicus terrce, disait Isi- doi'e de Seville, 600. L'empereur de Constantinople , Theodose 11 , im- prinaa des I'aun^e Z|35 une nouvelle aciivile aux Ira- vaux g^ogrgphiques, en ordonnant la refonle de la carte de I'euipire; mais ce fut Piavennes qui devint le foyer principal des etudes. La bibliotluque de cette ville posst^dait des itineraires anuotes el des tables routieres peintes, annotatce etpictcc, Le livre de Gui, liber Gui- donis, etait compose de nombreux exlraits des cosmo- graphes qui I'avaient precede. Gui, ne a Ravennes, Raveimte exortus, licet indoctus, florissait entre 658 et 698, II devait etre cople a son luur, el nous possddons une compilation treslntercssante d'un autre Raven- nate, que M. Schayes a commenlee avec soin, et qui fournit a M. Leiewel le sujet d'une de ses cartes les plus curieuses (planche VIII). Lorsque la barbaric du moyen age se fut elendue ( 36) 3ur tout rOccident, on ciiliiva encore dans les cloltres les connaissances profanes et la geographie. On y r6- digeait des descriptions de pays; on ecrivait, dessinait et preparait les peintures auxqiiclles la s^che nomen- clature de I'ecole de Ravennes semble avoir donn6 naissance. On voit deja au vn" si6cle le fondateur de I'abbaye de Saint- Gall posseder uno carte d'un dessin elegant, Mappa subtili opere. En Irlande et chez les Anglo-Saxons, au viiT siecle, les moines Fidelis, Suib- neus, etc., se raconlaient mutuellcment les aveniures de leurs pelerinages, apportaient des nouvelles de con- trees eloignees , el augmentaient leur bibliotheque assez riche pour ce temps-la en ouvrages de geogra- phic. En France, Cbarlemagnc s'efloroait de r^unir les savants autour de lui, et concevail I'idi^e de construire une carle generale du monde. Cette carle, qui lut en efl'et entrcprise et achevee, etait gravce sur trois tables d'argent. On y avail represent^ la lerre enti^re , les villes de Rome et de Constantinople. Les convents avaient pu fournir des mat^riaux pr^cieux, comnie le prouve le Polyptique de I'abb^ Irminon, conlemporain du roi frank. Mais dans la guerre que Lolhaire, fils de Louis le Di!ibonnaire, soulint conlre ses fr^res (841), la premiere de ccs tables, qui ^taitla plus grandc, fut mise en pieces et dislribuee par morceaux aux soldats. U en fut de m6me des deux autres, selon toute appa- rence. Vers le m6me temps, le moinc iriandais Dicuil (825), qui; MM. Walckenaer et Lelronne ont fait con- nailre en 1807 et en 1814, compose un ouvrage de g^ograpliie descriptive , qui rappelle la carte Th(iodo- ( 37) sienne, et uionlre conibion on s'inld-ressait encore aux etudes de ce genre. Alfred le Grand, digne emule de Charlemagne, donna une grande aclivile a la navigation anglo-saxonne, et r^solut de faire explorer les parages d'ou venaient les pirates danois. Wulfstan et Other, charges de celte mission, cotoyerent les rivages, les lies, les peninsules et la terre ferme, reconnurent la Baltique jusqu'a la Vislule, les cotes de Norv^ge, et rapporlerent la rela- tion de tout ce qu'ils avaient appris dans leiir voyage. Cette relation fut mise par ecrit en anglo-saxon. En uieme temps Alfred fit traduire en langue vulgaire la description du monde de Paul Orose, en la coniplelant avec les connaissances acquises sous son regne. C/est I'ouvrage connu sous le titre de Horinesla ; il est pro- bable qu'il n'etait point accompagnt^ de cartes geogra- phiques. Toutefois les Anglo-Saxons savaient les des- siner; celle qui est jointe au manuscrit de Priscien, du Musee britannique, est de I'^poque et pour I'^poque d'Alfred. M. Lelewel la reproduit dans la planche VII de son atlas, et la considere comme le dernier monu- ment bien aulhenlique de I'^cole geographique de Ra- vennes. Ainsi, chez les Latins jusqu'au x* si^cle de notre ere, Ptolemee est inconnu ou rejel6. II n'en est pas de meme en Orient. Sous les premiers Abbassides, les Arabes se livrent a I'etude des sciences exactes ; ils puisent dans les livres grecs des notions positives sur les mathematiques, I'as- tronomie et la geographic ; Ptolemee est leur principal guide ; toutefois ils n'adoptent pas ses idees sans exa- men. Le khalife Aluiamoun ordonne, en 820 de J.-C, ( 88 ) que de nouvelles observations iistronouiiqiies soient faifesa Bagrlad et la Table vcrifiee corrige V Almageste ; il veut que les longitudes terrcstres soiont d6termin6es avec plus de precision, et le Rasm-al-j4rclh (trac6 ou description de la torre) reproduit le sysl6me grec, mais avec de notables ameliorations: on peut croire qu'une parlie de ces am(^liorations (^laient dues aux savants nestoriens, qui avaient conserved intact le depot des con- naissan< PS des dcrniers to mps do Tocole d'Alexandrle, ct dont les Abbassides s'assurerent I'ulile cooperation par leurs bienfails, II est mfeme vraisemblable que le Rnsin-al-Jrdh fut compose A la fois en arabc , et en grec sous le titre d'op«yuo; -zr,^ oixoufi-v^; ; mais il faut bien reconnaSlre quo les astronomcs d'Almamoun , qui avaient mesur^ un degrd du meridicn dans les plaines de Sennaar, conlribuerent surtoul aux recti- fications pnrticllos apport^es aux Tables de Ptolemec. Ce qui jnslifie cette bypolhese , c'est que les correc- tions s'oppliquent principalement aux pays qui envi- ronnent Bagdad , c'cst-a-dirc au centre des Ktals mu- sulmaris. I/Arabie, le golf.' Persique , les contrees arrosees par le Tigre et I'Eupbrale, dont le cours est mieux etudie ; la Perse proprement dite, les coles m^- ridionales de la m. 170; ei mars i85i p. 2ui. ( ''1 ) faire en uii mot, pour I'Oiionl, ce que le Rasm-al-Avdk avail commence pour le centre de I'empire musulman; el a partir de cette epoque, son Canonn, litre qu'il avail donne a son Iraite geographique, sert de base a la plu- parldes cosmographies orientales. LePersan Kouscliiar le revise dans quelques-unes de ses parties, Uindis que I'astronome Omar Keiam reclifie le calendrier (1079) par ordre du sultan Melik-Schah, el determine de la mani^re la plus exacte la duree de ranneeTropique(l). Plus tard, Nassir-Eddin-Tliousi el I'anonyme Persan, vers 1260; le Kyas ou Table d'analogie, I'auteur du Zi(lj-aI-Hnmir, vers 1295, nous donnent le dernier terme des connaissances arabes sur le continent asia- lique. A cetle Epoque, nous n'avons plus a mentionner que des recits de voyages ou des compilations. C'est pendant cette periode (1000-1300) que parall Edrisi ( 115Zi); il elablil le premier point de contact enlre la geographic des Latins et la geograpbie des ecoles musuimanes; mais avanl de parler de sa Table Ronde, nous aliens completer noire expose de la re- fonte de la Carle grecque par les Arabes. On a vu que le Centre el I'Orient avaient et(^ trans- formes , pour ainsi dire, par le Rasm-al-Jrdh el le Canoiiii d'Albirouni; mais la parlie occidentale olTrait encore une longue serie de fausses indications; le lit- toral de I'Espagne et de I'Afrique seplcntrionale con- servait une ^lendue demesuree. L'aslronome Arzachel, de I'Andalousie, avail eu cependanl sous les yeux, en 1080, une bonne observation sur la longitude de Tolede, qu'il pla^ait a Ix h. 1/10 ou 61° 30' QVJrine. (i) Voyez Ifi Bulletin de fevrier i85i, p. i65. (42) La longueur de la mcr Mt^diteiran^e , (ixia d'abord k 62'* par Ptolemee, puis r^duitc a bh" par le Rasm-al- Ardh, se Irouvait ramende j">resque a sa juste valeur, ou hi"', raais on ne lira aucun parti de celte observa- tion, el il diait reserve a Aboul-Hassan-Ali, de Maroc, qui florissait vers 1230 (1), d'operer cette derni^re el importanle reforuic. Aboul-Hassan a etd fort mallraite par un redacteur du Journal des savants (2), qui, jugeant ies Arabes I^- gereinent, a pnrte le ddsordre dans Ies esprits par des id^es excentriques et des critiques mal t'ondees. Utl jour vicndra ou Ton sera I'orc^ de reconnailre qu'il ne suflit pas d'elre verse dans Ies Ihciories modernes pour expliquer Ies traditions du pass6, et qu'on a beau s'ap- pliquer a torturer Thisloire scientifique des ancicns peuples, en denigrant Ies uns sans Ies couiprendre, et en attribuant aux autres, sur des texles traduits a conlre-sens, des nitrites qu'ils n'onl jamais eus, on ne saurait niettre des liypotbeses loutes gratuitcs a la place do la vdrite. M. LolcAvel , plus impartial , declare que I'ceuvrc d'Aboul-Hassan est un des plus beaux monuments de la geograpbie ou de la cartographic arabe; il signale I'imporlance d'un travail qui monlre a quel degr6 s'ele - vaiont Ies etudes des Orienlaux a I'aide de la metbode aslronomique et malhdmalique ; il ajoute onfin que la (i) Al)0ul-II:is3aii, Trait; des inslniments ast>onom{riue$ iles Jrahes, traduit par J. J. Sedillot ft piiblio en i834. Nous avons donne une appreciadon de la partie geographique de cet ouvraye dans nos Materiaux pour servir a iliistoire comparee des sciences mathe'malique^ chez lei Grecs et Ics Oiientaux, I. II, p. 727 ct suiv. (2) Journal des savants, i84i-»847- ( /i3 ) plus courageuse proposition de rashonome de Maroc reside dans la reduction de la longitude, et que depuis Almamoun et Albirouni rien de semblable n'apparalt dans la geogrnphie des Arabcs. En dressant la carte d'Aboul-Hassan, M. Lelewel rappelle que nous en avons donnd unc des 18'j2 (1), en comparant Ptolem^e a Aboul-Hassan et aux modernes, et que jusqu'aujour- d'hui c'est la seule carte arabe qui ait ete reconsfruite dans sa partie africaine ; il ajoute que, reduit a des faits isolds, nousn'avonspu concevoir loullemerite d'Aboul- Hassan ; mais I'illustre erudit n'a pas remarque que nous n'avons expose que les principaux resultals de noire travail, ct que, pour arriver a ces resultats, il nous avail fallu faire une analyse tres-coinplete de I'oiivrage de I'auleur arabe, et r^unir tous les elements de la carte que lui-memc a publi^e avec un soin si parfait. Cependant une observation fort ing^nieuse appar- tienl en propre a M. Lelewel : c'est qu'Aboul-Hassan s'etait servi, selon toule apparence , d'une carte dres- see anterieurement , aussi l)ien qu'un autre geographe del'Occident, nomme Ibn-Said. Aboul-Hassan op^ra la refonte et la reforme d'une partie de cctte carte; mais Ibn-Said et ses copistes, ignorant cette refonte, Iransmirenl aux geographos de I'Orient la table pri- mitive avec ses erreurs : voila pourquoi Aboulfeda , etranger aux travaux accomplis sur I'Afrique et I'Es- pagne, laissa subsister de si regroltables lacunes dans une des plus importantes sections de son livre. (i) Memoire sur les sjstentes geograph'ujues des Grecs et des Arabes, tl en particulier sur Khobhel-Arine (la Coupole d'Arine). In-4°. 1 84a. ( /«A ) Apres Aboul-Hassaii el les geogrtiphes do la Perse que nous avous dies, M. Lelevvel signale, chcz les Arabes, une periode de decadence qui no doil plus s'arreler. Kazwini (moii en 1283), surnoinin6 avec raison le Pline de rOricnl, ne fit que iranscrire les recils de ses dcvancicrs, el porta toule son attention sur I'liistoirc nalurello. L'Encyclopedie do I'Egvpllen Nowaiii [vers 1320) ne conlient, dans sa partie geograpliique, au- cune observation nouvclle. Ibn-Bathoutba, qui aban - donna Tanger, sa patrie, en 1325, pour visiter I'lilgypte, la Perse, la Tiansoxiane, I'lnde ot la Chine, et qui vingt ans plus lard parcourait I'Espagne el I'Afnque jusqu'a Tombouklou, nousalaiss^ une relation de ses voyages, qui olTient un vif interet. Mais il dictail de nienioire, el le souvenir devait lui faire souvenl defaut ; avec plus d'instruction, il aurait i)u rendrc d'immenses services a la science : dispose a ajouler foi aux recits les plus absurdes , il ne se monlre pas assez severe dans le clioix de ses descriptions, et manque par cela nieine d'aulorile. Ibn-al-Ouardi , qui florissail a Alep vers la meine 6poque (1292-13/|9i, est auteur d'une compilation in- tilulee Perle des metveiUes, qui se trouve dans la plu- part des bibliotbeques de I'Europc , et qui a eu un cer- tain rclcnlibsement ; mais son ignorance eluit extreme, et Ton no doit se servir de son livre qu'avec circon- spection. Aboulteda (1271-1331), quine ful aussi qu'un abre- vialeur, merite cepcndant un rang plus honorable. S'appuyant avant tout sur les donnees mathemaliques, reprochanl a ceux qui suivaient un autre plan dans ( A5 ) leurs ouvrages la negligence des longitudes et des lati- tudes terrestres, ii composa ses Tables en copiant celles de qualre geographes a la fois, et nous a con- serve ainsi un veritable tresor; mais en transcrivant ce qu'il trouvait dans les manuscrits qu'il avail a sa disposition, il ne fit point attention aux erreurs el k ralt^ration de certains chilTres qu'il reproduisil sans examen ; il accepla pour exactes des logons evidem- nient fausses, ct chargeases auleurs de bevues impos- sibles, que le bon sens repousse : aussi M. Lelcwel , aprfes avoir passe en revue cc qu'il appclle les mjlr-' mites du prince de Hamali , le d(iclare-l-il tout a fait d^pourvu de I'inslinct geographique. Apr6s Aboul-F6da , on rencontre encore les nomS d'Al-Dzehebi, mort en 13/i7; de Bakoui, qui florissait vers 1397, et dont la compilation a 6t^ analysee par Deguignes; de Makrizi, 1367-14/13; et d'Ibn -Ayias ^ vers 1516. M. Lelevvel cite un giand nombre de geographes arabes dont les ouvrages ne nous sont pas parvenus. Celle lisle peulelre uliloment compar^e a la nomen- clature des astronomes de I'ecole de Bagdad, que nous avons donn«iedans nosProlegomenes d'Oloug-Beg (1) ; elle nous a paru Ires-complete dans I'elal actuel de nos connaissances; nous y ajouterons toulefois-^/cow/c', qui ecrivait son Traile a la fin du x* siecle et qui compte les longitudes, non pas des lies Forton^es ou de I'ho- rizon occidental de la Coupole d'Arine, mais de I'ex- Ir^mite oricntale du continent asiatique (2). (i) Paris, 1847, giand in-8°, Introduction, p. cciv etsuiv. (2) Voyez nil's Mateiinux pour servir h l')iistoire comparce des icieuccs viatlif'matiquvs cliez les Grecs et les Orienlatix, 1 845-1 849, ( 46 ) Lorsque les Tiraourides curenl houloverse I'Asie, on vit s'ouvrir au couimcncenicnt clii xv° sieclo une p^riodenoiivelle de Iravaux scienlifiques. Scliali Rokh, uiaitre de la Perse et d'une parlic de I'Inde , voulut etablir des relations avec les chel's des aulres Elals ; il envoya en 1420 une anibassade solonnello a I'empe- reur de la Chine. Plus lard, ilih'2, Abderrazzak, dc Saniaixande, se rcndit dans 1 Hindoslan aupresdu roi de Calicut. Oloug-Beg, Dls de Schali-Rokli, si celebre parses Ta- bles aslronomiques, enlreprit en 1437 de dresser une carte generale du ruonde; il s'appuya sur les ecrilsde ^assir-Eddin-Tliousi. Ali-Koscbdjl, qui voyages parses ordres en Chine, \erifia, dit-on, la niesure dun degr6 du meridien el de la grandeur du globe. La g^ographie mahometane avail aussi ses cartes nauliques. Vasco de Gania, en 1497, en vit une chez MalemCana , Maure de Guzzarale, qu'il prit pour pi- lole a Melinde; une autre dessin^e par I'Arabe Omar, servait au grand Albuquerque dans la navigation do la mer d'Onian et du guile Pcrsique. Le Djihan-Nuinah, de Ralib -Tch^lebi ou do Hadji- Khall'a, 1048, lerinine la serie des traites de geogra- phic composes par les Orientaux; mais deju lauleur s'etait aid6 des livres europeens. L'Occident s'etait, en ellot, raniine dcpuis ])r^s de deux sitjcles sous I'inijiulsion des Porlugais et des Es- pagnols ; les decouvcrtes maritiuies dc ces deux peu- l. II, p. 756. — iSouj reniaicjuerons a relic occasion que M. de Hum- boldt, dans son Cosmos, t. II, p. 53 1 de la traduction francjaise, noui fait dire que le meridien d'Arine coincide avec les A9ore» ; c est de I'hori/on occidental de la Coupole iV/triiif ((n'il s'afjit. ( 47 ) pies avaient heureusement conlre-balanc6 I'infliience de Ptolemee, devenu, comme chez les Arabes, lo guide des principaux geographes. Mais si nous nous asso- cions a M. Lelevvel dans la critique merilee qu'il fait de I'ouvrage de Ptolemee, il est loin de noire intention, on peut le croire, de nous inontrer injusle a I'egard de ce geonietre; personue plus que nous n'admirele vaste edifice auquel il a attaciie son nom : son Traite de geo- graphic est, pour riiisloire de la science, un monument aussi important dans sa speciality que \ Almageste. S'il prit pour guide Marin de Tyr, il avait du moins rejet6 ses cartes a projection plate, pour adopter la m^thode d'Hipparque, dans laquelle tous les meridiens et les j)aralleles sont representes par des portions de cercle, qui, a leurs points de rencontre, doivent se couper a angles droits; et les meilleurs geographes emploient encore aujourd'hui celte projection pour decrire ies parties du globe comprises enlre I'equateur et le pole : il faut done tenir une balance egale entre le bien et le mal dans I'appreciation de I'ceuvre de Ptolemee. Les Arabes eurent la gloire de corriger avant nous la carte grecque : M. Lelewel la demontre ; et son tome I"*, qu'il vient de terminer, est sans contredit le travail le plus complet qui ait encore el6 public sur cet important sujet. Lorsque le tome II, consacr^ aux Latins des derniers temps du raoyen age, aura paru, nous reprendrons notre examen ; mais nous devons faire observer que la mise au jour de I'atlas tout entier a precede I 'Impression du teste, et qu'on peut d(^ja suivre I'illuslre auteur dans ses diverses excursions geographiques au moyen des 50 planches qu'il a gra- vies lui-meme avec une merveilieuse patience, et dont ( A8 ) plusieurs sont emprunt^es aiix iiiagnifiques recueils do M. Jomard et de M. de Santarein. 24 de ces planches concernent les Arabes; elles soul la justification la plus parfaito des grands resullats que nous venons d'exposer. S^DILLOT. NOTE SUR LA CARTE DE LA MER D'ARAL, DU KHANAT DE KIIIVA, ETC. DnESSiK PAH M. Ka: de la carte do M. Kka- nikofl' a M. Erhard Schiele, auqucl on doit de beaux Iravaux cartographiques qu'il a executes pour le d(^p6t de la guerre, parmi lesqucls nous citerons la Carte to- pographique cles enuhons d' Alger, d'apr^s les leves el les reconnaissances des officiers d'etat-major, publii^e en 1851. De la Roquette. VOYAGE DE M. DE SALLCY AUTOUR DE LA MER MORTB. Au commencement du mois de Janvier 1851, M. de (i) Nous publicrons, en adendant, dans le prochuin Bulletin, la leitic d'envoi dc M. do Klianikoff. ( 51 ) Saulcy, acconipagne de quelques amis, el escorl(^ par le cheykh Ilaimlan, ties Arabes Taamery, partit de Je- rusalem avcc dos recommandalions du patriarche grec pour le sup^rieur du Deyr Mar-Saba, silue a environ 3 lieues a Test sur le C^dron (Ouad cn-Nahr); a une distance paroille, dans la meme direction, la caravane alteignil remboucluire du Cedron, c'est-a-dire la mer Morle. La , on est frappe d'un spectacle imposant : eel immense bassin s'e.tend au sud bien au dela de la porl^e de la vue; la mer a environ 17 lieues de long; sur ses bords, on trouve du soufre et du bitume; pas un etre vivant n'cxiste dans ses eaux; I'eau est tres-lim- pide, mais tres-amere et fortement sal^e , sans exha- laison nialsaine. Des roseaux el des taniarins en occu- pentles bords. On campa ensuite dans le ravin Ouad- Hacaga, pres d'Ayn-Djedy {Engaddi de la Bible), ou se Irouvent une source et une belle vegetation. La il fallul se procurer la protection d'un autre cbef d'Arabes , le clieyk Abou-Daouk , des Djahalin. Djedy renferme les ruines d'une ville tres-ancienne et tres-grande, avec des champs de rocailles hiiilees, des asclepias et des so- lanees. Le lendemain Ton arriva a Sebbeh el-Massada. Ici la plage est couverte de monticules de cendres d'un gris verdatre. Le soir on arriva a Ouad-Maiet-Embareq, vallee tres-fraiche et d'une vegetation luxuriante, avec des ruines romaines el un cnstelluiii. Celle localile est remarquable par plusieurs crateres el des coulees de laves; le lendemain, Djebel-Esdoum (la Montagne de Sodome), appel^e aussi Djebel el Melehh (la Mon- tagne de Sel); non loin de la, les restes d'une grande ville, Kherbet-Esdoum (ruines de Sodome) ; puis les ruines de Sonera, quo M. de Saulcy consid^ro connue ( 52 ) Zoar ou Sigov de la Bible : Kieperl, clans sa Caite de Palestine, a suppose Zoar bien loin de la. Sodonie, selon noire vovageur, a dii 6tre renversee de fond en comble par reflet du soulevement qui a fait surgir la Montague ile Sel, longue de 3 lieues, large d'une lieue, et baule de plus de 100 metres, a la suite d'une (Eruption volcanique qui a laisse pour traces d'inimenses depots de scories et de cendres; on trouve, dil M. de SaulcY, parnii los dcconibres, des restes de nuirs cyclopeens. On (itail arrive a rexlremile sud de la nicr Mortc. Cet ospace est occupe par la Sabakbat, c'est-a-dirc par un terrain defrenipe, inart^cageux , diflicile a traverser, ct coupe par plusieurs coiirs d'cau impetueux, dontl'un, Nabr-Fekreb, est prosque com- parable au Jourdain. 11 fallut deux beures pour fran- cbir cetle plaine , qui est bordee de Ir^s-grands ro- seaux ; le lieu qui suit est Gbor el-Safyeh, appartenanl aux Aboueshat (Houajlat?). lei on ciilre dans le pays de Moab. Cclle parlie de la rive orientalc de la nier Morte est occupee par les Arabes licni-Sakbar; a la suite sonl les Gliaouarna , qui rostonl toujours sur place au Tu u de Mczraa, meme pendant I'biver. Un pen avanl sont des ruines, peut-filre ccUcs de Go- jnorrbe; i)uis Kherbel-Sabaan (vestiges de Seboim). Notre vovageur d^couvrc, a Rabba, un beau bas-relief en lave, repr<^senlanl, selon lui, un roi nioabite donnanl un coup de lance, objet en tout cas fort curieux, qui doit elre transports au Louvre. La plaine est ricbenicnt ctdlivee, et reuforme beaucouji de ruines, parmi Ics- quelles sont des debris d'arcliilecture inleressants. La, iin temple romain parait avoir et6 bali sur I'emplace- ment d'uu lemplo mobabite ruiiio. Jo ftMoi roinnrqner. ( o3 j ici , quo Ic voyagour, dans son lecit , place Rabba- Moab au sud de I'Arnon (Ouad el-Moudjeb), au sud de Schian ct de Beit-Rurm (ou Kirm); c'est le con- traire dans la Carte de la Palestine de Henri Riepert. Quoi qu'il en soit, I'cxpedilion sc rendit deRabba a el- Rarak; non loin de la, el-Ouad-Rharazeh, un grand cratere , ou perirent plusieurs milliers d'hommes de Tarmee d'Ibrahim-Pacba. C'est la que se termina , du cole do I'orient , la peregrination de la caravane autour de la mer Morte ; elle revint sur ses pas , et traversa de nouvoau , non sans quelques dangers, la plaine de la Sabakbah, qu'une pluie violente, toinbee pendant la nuit, aurait pu rendre encore plus impra- ticable : on en fut quilte pour un cheval noye dans la boue. Parvenus sur la cliaine fie Canaan, on eut en face un niagnifique aspect de la mer Morte; elle sem- blait, dit noire voyageur, une mer de plomb fondu, couronnee par lesmonlagnes de Moab, rouges comme du feu. On arriva a en-Nedjid, I'une des gorges de la vallee Ouad el-Zouerah, oil sont des citernes et les ruines d'une petite ciladelle arabe. De la, jusqu'a Hebron, Ton mil deux jours, pendantlesquelson essuya une pluie glaciale; Ton visita el-Tbaemeb (Adama), puis les sites de Adadah, Mayn , Rourmoul, Zipb. La Iroisieme journee, on etait de retour a Jerusalem, apr6s vingl-deux jours d'absence. Mais il faliait com- pleter lo voyage du cote du nord ; on partit done pour Er-riha, Jericbo , le convent ruine dit Qasr-Hadjlali , a des peintures du xn' siecle : c'est le Beil-Hadjlah de la Bible. La est unilot, avec decoinbres, qui s'appelle Redjou-Loutli (le Monceau de Loth). On traverse le Ghor-Djahir, Ayn-Fechkbah, un cratere avec de ( 5/i ) {irandcs ruines, appolees Kherbel-Gounn-an, les restes de Gdinorrhe? On remonia an Oualy ( toniboau niu- sulinan de Maby-Mousa), en suivanl rOiiutl-Dal)our; onfin , on renlra a Jt^rusaleui par el-Anzarieli (B6- ihanie). M. de Saulcy conclut de loul ce qui pre^cedc que la mei'Morte, laraerdcLoth (Bahr-Loulh), a toujours exisl6. II restcia, pour ses successeurs , a conlinuer d'en suivre les bords, de rerabouchure du Jourdain a rOuad cl-Moudjeb , I'Arnon des anciens. Nous invitons le lecleur a consuller la relation et la carte de W. Lynch quant aux localit^s dont les deux voyageurs onl ogalement parle : il est a desirer que la carle de M. de Saulcy, parfaitcment dessiniie, et a grande ecbelle, soilpubliee telle qu'il I'acommuniqu^e a lAcadennc des inscriptions ct belles-lettres (1). JOMARU. (l) Nous rroyons devoir engnger ;iussi a consiiItiT roiivrage que vient de publicr a Paris Mgr Mislin, imilule : Les Saints lieiix; Pele- rinane a Jerusalem ; il en sera rendu un comple delaiilti dans I'un de nos prorliains Bulletins. D. L. R. ( 55 ) rVouvelleis gcographiqiies. EUROPE, Neige nouGE, PLTJiE UE SANG,- ETC. — Les joumaux suisses du 25 fevrier signalent un accident tn^teoro- logique singulier. II est lombe a deux reprises de la neige rouge dans la vallee de Reinwald et dans celle d'Urseren. Vers la meme epoqiie, il touibait une pluie rouge et jaune en Lombardie. Les objets bumectes de cette pluie restaient, apres avoir sech6, empreints d'un depot colore. Ces plienomenes sent assez communs; les natura- listes les attribuent lanlot a la poussiere seminal© d'une especc de pin , tantot a des insectes presque microscopiques, tanlot a des plantes tres-pelites du genre des algues : le Bulletin de la Societc de geographic (t. VI, p. 209-219), renferme a ce sujet un article tres-interessant de M. Agardh. Au prinlenips de 1825, les eaux du lac de Moral parurent en plusieurs endroils cuuvertes de sang : M. De Candolle reconnut que c'etait I'elTet du tleve- loppenaent , par myriades , d'un de ces etres qui tiennent le uiilieu entre les vegetaux et les animaux , XOscillatoria riibescens. M. Ebrenberg , voyageant sur la mer Rouge, a remarque que la couleur des eaux etait due a une cause semblable. Dans les environs de Padoue, en 1S19, la polenta, preparee avec la farine de mais, se couvrit de noni- breux points rouges, qui devinrent des gouttes de sang ( o« ) aii.x }oux (!cs gens tredulcs. On \il Ijienlol qii'ellcs elaient le r^sultat d'une moisissure jusqu'alors inob- servee. A la surface des eaux thcrmales de Baden, en Alle- magne, et des eaux d'Ischia, lie du royaume de Naples, on recueille le zoogene, substance singuliere qui res- semble a la cbair buuiainc rcvfituc do sa poau, et qui, soumise a la distillation , fournit les mdmcs produits que les mali6rcs animales. M. Gimbernat [Journal de pharmacie , avrll 1821, p. li^6) a vu aussi, pies du chateau de Leponiena et dans les valines dc Sinigaglia et dc Negreponte , des rochers couverts de cetle sub- stance. Voila I'explication de ces pluies de morceaiix de chair qui figurent au nombio des prodiges de I'an- tiquit^. Recensement officiel de la. population du danemark EN 1851. — Au commencement de I'annee 1851, la population du royaume du Danemark propremenl dit se montait a 1 Ii07 7h7 liabitants, ainsi diviscs jiar pro- vinces : La Seelande /i9ii 85:1 h. L'ile dc Moon 13C07 — — dcBoriiholm 27 927 — — deFionie 170 /|50 — — de Langeland 17 368 — — doLaaland 55 768 — — deFalslcr 23 2/19 — Jutland 60/i525 — Total 1 Zi07 7Zi7 1i. Rcporl . 1 /i07 7/i7h. IlesFceroer 8150 Greenland 9 /jQO Islande 60 000 Colonies des Indes occidentales ( le 13mail860) 39 6U Total 1 52/1 911 h. L'accroissement de la population totale a et6 : DepuislSOl, de ^82 000 habitants. — 18/i5, de 57Z|16 — La ville de Copenhague renferme. . . 129 695 habit. La population des autres villes est de. 160 870 Total 290 565 habit. Soit 21 pour 100 de la population totale. Odenl^e renferme 11 122 habitants. Elseneur — 8 HI -,- Aarhuus — 7 886 — Aalborg — 7 7/i5 — Randers — - 7 738 — Horsens — 5 827 — Fredericia — li 326 — Viborg — h0li9 — Svendborg — Ii 556 — Ronne — li 717 — Roeskildc — 3 805 — Veile — 3 300 — Nyborg — 3 059 — Nakskow — 2 955 — Ribes — 2 98/i — ( 58 ) Holbek re n ferine 2 638 habiiaiils Neslreil — 2 735 — Kolding — 2 805 — Frederikssund 612 Soroe — 901 — Frees loe 951 Mariager 5Z|6 — Sobye — 895 Sandvig 299 — Depuis 1801, I'augmentation de la population dcs villes du Dancinark, prisos dans leur ensemble, s'^levc a 99 673 habitants, dont 28 770 seulement pour la villo do Copenhague ; Soit 28 I p. 100 pour Copenhague, Et 79 p. 100 pour les autres villes du royaume. La religion luthorienne est dominanle en Dane- mark. Le nonibre des habitants qui professent des religions ou sectes dtrangercs est de 6 211, paruii los- quels on compte 1 200 catholiqucs, A12 anabaptistes, 3 858 Israelites; 2 500 de ces derniers habitent Co- penhague. Le denombrement de la population du Holslein et du Slesvig n'a pu avoir lieu, a cause de I'dlat de guerre dans lequel se trouvaient ces duches. BossEROKT d'Angladb, consul de France. ASIE. SuR CERTA1NE3 BACKS DE l'Lnde. — Le doclcur Young ( 59 ) a donne, a rAssociatlou britannique pour les progres des sciences , des informations curieuses siir les trails caracteristiqucs les plus remarquables des habitants du bas Bcngale [lower Bengal); la stature des hommes est petite, et leur d^veloppement musculaire d^fec- tueux [deficient), landis que les femmes, par suite de raccomplissement de leurs devoirs laborieux de ma- nage, occupent un rang plus eleve dans I'ecbelle hu- maine. La complexion de ces races varie du bronze au noir, et leurs cbeveux ne sont jamais laineux. Des renseignenienls sur Icur structure anatomique el sur leurs habitudes g^nerales [general habits) ont et6 en- suite mis sous les yeux de I'assemblee. Les c^r^monies du manage sont trcs-simples , dt le divorce, qui con- duit, suivant le docteur Young, a la polygamie , n'est pas admis. II ne parle pas avec eloge de la morality de ces races, et attribue I'etat de degradation des femmes a I'interdiction faite aux veuves de contracter un nou- veau mariage. Les maiades sont soign^s par des doc- teurs du pays, dont le traitement consisle surtout en charmes , en observances superslitieuses et en un tres-petit nombre de remedes vegetaux. On s'occupe peu des enfants, et on n'a point remarque quils pra- tiquassent d'observance religieuse a aucune des p6- riodes de la vie. Les habitants, gen^ralement, ne vi- vent pas longtemps. Leurs connaissances littt^raires sont a peu pr^s nulles , et la musique est la seule science dans laquelle ils semblent avoir fait quelques progres. ( «o ) Sun L\ F^,o^TIknE sipiENTnioNALK uu Nti'Aur,. — Lea derniercs editions des carles de I'lndc, y couipris ccUes de J. Arro^vsInilh,de Koilh-Johnston el de Rillcr, s'ac- cordentdans Icur trace de la fronliere seplentrionale du Ndpaul; cependaiit un membre de I'ambassade de ce pays en Anglelerre affirme, dans une note communi- qude en juin 1850, a la Soci^le geographique de Lon- dres, que cette fronliere est inexactement lrac(^e , ct qu'elle doit elre portoe plus au nord, en sorte que la ligne qui la determine s'eloigne de la fronliere actuelle a Gosaenthan, a partir duquel endroil, en se dirigcant k I'oucst, les deux penles de la ligne principale des pics couvcrts de neige de I'Himalaya nppartienncnl au Nepaul. La fronliere court cnsuile, le long d'un falte , au nord de I'Himalaya, en y coniprenant Mustang. Celte place est a environ 30 uiilles du pied du Dhawa- lagiri, ct est Ires-frequcnlee par les pelerins. De Mus- tang, la ligne doit etrc continuee a I'ouest, de maniere a renfermer la vall(5e de Humla, contenant les caux chaudes du Ghagra, qui traverse la partie occidentale du Nepaul. F. Hamilton Buchanan, qui etail dans le Nepaul en 1802, dit (p. 272) que « la riviere Gandaki, qui prend sa source pres d'un lieu appele Damadur-Kund , tra- verse les tcrriloires d'un chcfbhotan, nommci le rajah de Mustang (Mustang-Raja), qui est on qui clait, au moins fjuand je le vis en 1802, Iribulaire de Gurkha; mais il y a des motifs do j)cnscr que , depuis cettc 6poque, les Cliinois onl forcd le rajah de Gurkha a odder i la fois Mustang ct Kurung. » Le district de Humla est placd, dans la carle de Riller, commc Yumila; en outre, il y a Jiiiiila, dans lequel ( 61 ) est la vllle de Dipal (Yumila et Jumla sont le nieinc nom, de merae que Yamuna el Jumna). Mais Humla et Jumla sont-ils deux noms dlslincls, ou sont-ce les noras du meme cours d'eau prononc^s diff^remmcnt dans difTerenls districts de I'Himalaya? La distance de la frontiere du N^paul et du Thibet au Brahmapootra est d'cnviron 7 kos, ou ill milles. A I'endroil designe, la riviere est a pen pres aussi large que la Tamiso a Londres, et gueable en quelques en- droits. Suivant le docteur Ch. GiitzIaiT, le point le plus septentrional de la froiiliere du Nepaul est situii au 31", et le plus md-ridional au 27° de latitude nord ; ol toute sa longueur est d'cnviron AGO milles anglais. Incendie de Rangoon. — Ce pinncipal port de com-- merce de I'empire birman vicnt d'etre detruit comple- tement. C'est le 28 deccmbre 1850 que celle cata- strophe a eu lieu. L'incendie a pris naissance dans la maison d'un habitant, qui, sorli de chez lui , avail commis I'imprudence de laisser sur le feu une jatte d'huiie, qui s'enflamma. Le feu, favorise par une forlc brise , sc propagea avec une inconccvable rapidite, et cnveloppa bientol la ville tout entiere. Deux mille maisons ont etd; aneanties. Apres avoir devore la ville, le fleau a gagne les navires mouilles dans la riviere, et detruit un grand nombre de bateaux arrives de I'interieur avec des marchandiscs d'une nature com- bustible, representant des valeurs considerables. Neuf grands batiaients, c]ui venaient de terminer leur char- gement, ont elt' aussi brulcs au ras de I'eau. A dix ( 6*2 ) lieures du soir, les bateaux de la douane , ou ^lalt accuinuUe une grande quautitt' de poiidrc, ont s;iute, semanl.dans un vastc rayon, la riiinc et la mort. Quelques hullcs isolees dans les faubourgs, voila tout ce qui reste de cette ville florissante... Le nombre des viciimes est incalculable ; une parlie de la population a r^ussi a se sauvcr on sc precipi- tant dans les eaux de la riviere, ou, en proie a une inconcevable paniquc, elle s'est obslin^e a demeuver jusqu'au soir, sans vouloir tenter le nioindre effort pour arrfiter les progres du fl^au. AFRIQUE. NouvEi.KES DE M. OvEnwEG. — On lit dans uno leltre que mademoiselle Ovi rAveg a rccuc de M. Crowe, consul ani>;lais a Tripoli : « Quoiquc je n'aie pas de communication directe de votre frere et de ses compagnons de voyage depuis la fm du mois d'oclobre dernier (1850), jc m'emprosse de vous informer qu'un Tenelkum -Touaiik , qui est arrive a Mourzouk au commencement de ce mois (mai 1851), rapporte qu'ils onl quiltc le pays d'Air, el qu'ayanl traverse sans accident les districts touariks, ils sont arrives an Soudan; mais le lieu et la dale de leur arriv(5e ne sonl pas indiqu^s. Ce Touarik raconte aussi que les districts meridionaux sont parfailoment Irauquilles; les communications elanl ouvcrtes, vos leltrcs, que je rec^ois rJgulieroment, leur parviendront bienlot apres leur arriv6e dans le Bornou. » (63 ) AMERIQUE ReCHERCHES ETHNOLOGIQUES FAITES A SaINT-DoMINGUE (extrait des), par sir R. Schomburgk, dans line leltre adressee a S. A. R. le prince Albert, le 15 mars 1851, et comniuniquee a V Association hritannique pour Ics progres des sciences. — « C'est un fail Iriste a constaler qu'il n'existe plus en cc moment un seul descendant originaire de ces millions de naturels qui peuplaient I'ile de Saint-Domingue a repoque de sa decouverte; mais un observateur altentif des races melees qui forment en general la population de la rcpublique doininicaine , Irouverait occasionnellement parnii ces races des traits caracteristlques des aborigenes. Qucl- ques groupes de la race humaine conservent leurs trails particuliers avec plus de persistance que d'au- tres; les singularites de I'un s'effacent apres un petit nombre de generations, tandis que celles d'un autre se conservent apr^s que beaucoup de generations se sont succede. Cette persistance ne m'a jamais plus frappe que parmi les individus de races melees qu'on a continue jusqu'a ce jour d'appeler a Santo Domingo los Indios (les Indiens) et cliez lesquels les carac- teres distinctifs du pur indien se sont conserves pen- dant plus de deux siecles. Cette observation se rap- porte principalement aux Indios du sexe feminin. Leurs formes symelriques, leur teintd'un olivatre pur [pure olii>e], leur peau douce, leurs grands yeux noirs et leur foret de clieveux de la couleur de I'^bene at- lestent leur descendance de la race indienne. Les his- loriens nous racontent que les resles des Indiens, s'elevant a trois on qualre cents, se retirferent sous la ( 64 ) concUiile d'Enrique, le tiernier des caciques de Saint- Domingue, a Boya, village situ6 a environ 30 niilles an nord-noid-cst de la\iile. Enrique avail ete converti a la religion chretienno, et I'empereur Ciiarlcs-Quinl assuraace reste des abo- rigenes des droits civils, en accordant a Icur chef le litre de don. Ce miserable fragment d'une nation au- trefois puissanleno tarda pas a disparailre dc la terrc, tant par suite de leurs infortunes que par Ics maladies que les Espagnols avaicnl introduites parmi eiix. L'ex- tirpalion de la race pure indienne s'opposc a ce que je puisse me livrer a des recherches comparatives cntre les Iribus oxislant encore a la Guyane et cellcs qui ba- bitaionl autrefois Saint-Domingue. Mcs recliorclios sc restreindront done forcement a ce que Ihistoire el le peu de mc^diocres monuments nous ont transmis sur leurs mceurs et leuis coulumes. Leur langue vit encore seulement dans los noms de places , de rivieres , d'ar- bres el de fruits, mais lout se r^unit pour monlror que le peuple qui donna ces noms est idenlique avoc les trlbus caraibcs et arawaak de la Guyane, Lne excursion dans les cavornes calcaires de Pom- mier, a dix lieues environ a I'ouesl de la ville de Santo- Domingo, me fournirenl I'occasion d'examiner quel- ques c'crits en peinture {picture-fvriti/igs] executes par leslndiens apres I'arrivce des Espagnols. Ces caverncs remarquables, qui offrenten elles-m6mes un j)uissanl interet, sont situ ) un (le scs compatrioles a la suite d'une qucrelle, s'etait enfui d' Isabella et avail lrouv6 un asile dans le village de Catalina. Craignant de perdre celui qu'elle aimait passionnenient, et qui, apres un sejour de quelques mois, semblait desirer I'etourner vers ses conipagnons, Catalina einploya les moyens Ics plus puissanls qu'elle piit imaginer pour determiner les Espagnols a s'etablir sur son territoire , presumanl naturellement qu'alors Diaz ne la quittcrait plus. Ella lui dit que les montagnes voisines renfermaient de riches mines, et fixa en meme temps son attention sur la t'ertiliti^ du sol, qui surpassait dc beaucoup celili sur lequei Colomb avail fond6 Isabella. Diaz retournu dans cctte ville avec ces renseignements} il y apprit avec joie que I'individu qu'il croyait avoir lue etait gueri de ses blessures, et cette circonslance, avec la nouvelle qu'il apportait, lui fit obtenir aisement son pardon. L'adelantado Barthelemy, qui gouvernait en I'absence de son frere, visila lui-meme le district, et lit elever, en 1Z|96, dans les environs des mines, une tour fortifi^e qu'il nomma San-Cristobal ; mais les ou- vriers qui la construisaient, ayant remarque que le pre- cious metal so Irouvail m^me dans les pierres qu'ils employaient pour sa construction , I'appelerent la Tour cV or. Les mines furcnt bientot epuist^es , et la conlree reprit bienlot I'aspcct d'une nature sau- vage. Lorsque les Espagnols sacrifierent a Tamour de I'or, deveuu lour idole , la vie de millions d'Indiens, les cavernes dont ces derniers ne se servaient autrefois que pour leur culle religieux, devinrent alorspour eux des lieux de retraite pour echappera leurs ennemls J'examinai avec un vif int^ret un certain nombre de II. JUIT.LF.T. 5. 5 (66) peinturcs symboliques que les Indiens avaient trac6es avec du charbon de bois sur los raurs blancs ct polls de I'une des plus petites cavernes, portant mainte- nanl le nom de chambre peinte. Pierre -Martyr d'An- gleria, conlemporain de Golonib, ct I'uu des pre- miers hislorieiis de ses dticouvertes, rapporte, dans sa premiere decade de I'Ocean, que les aborigines de Saint-Domingue avaient une grange v^n^ration pour Jes cavernes, car c'etait d'elles, pr6tendaient-ils, que sortaient le soleil et la lune pour eclairer le monde; et le genre bumain <^lail ^galement sorli de deux ca- vernes de bautcur inegale, suivant la dimension de leur taille. Dans I'incerlitude generale qui exislc relative- ment a ces monuments de races disparues, il est extremement salisfaisant de Irouver ces sculptures qui fournissenl un point sur la periode pendant la- quelle elles ont et6 executees. Pres do i'entr^e de la soconde caverne, allenant a la premiere, je remarquai quelques sculptures sur les roches. Le caract^re dc ces figures et leur ciselure dans la partie dure de la pierre prouvent une origine d'une date plus rcculee que celle des aulres cavernes. Le baron de Humboldt observe, en faisant allusion aux sculptures qu'il renconlra sur les rives de I'Orenoque, « qu'on no doit pas oublier que les nations d'origines tres-diflerenles, lorsqu'ellcs se trouvent dans un etat semblable de barbarie, (iinci- idlisatlon , ayant la memc disposition a sUnplifier et a generaliser des contours ou li^nes exterieures , et etant empechees par des dispositions nientales inherentes de former des repetitions et des series rhythmiques , peui>ent etre conduites it prodniie des signes et des sjniboles sem- blnbles. » Lo baron de llumbokll avail seulemenl eu ( fi7 ) I'occasion d'cxaminer les figures sculpl^eis suf les rives de rOr^noque; inais rexamen d'un grand nombre de ces symboles uie demontre qu'il y a une grande diffe- rence dans leur caractere et dans leur execution. Je ne pense pas non plus que les idoles travaillees en pierre et les sculptures sur les rochers aienl ete ex^cu- tdes par les races qui liabitaiont I'Amerique a I'epoque de sa decouverte. Elles appartiennent a une epoque plus eloignee , et prouvent beaucoup plus d'habilete et de patience que les simples ligures dessinees avec du charbon de bois sur les uiurs de la caverne pres de Poniniier. Les figures scuiptees dans la pierre et ou- vrees sans outils de ier, denotent, sinon la civilisation, au moins une conception vive et une in^puisable patience pour parvenir a donner a ces rudes substances leslormesdebirees... Al'egard de i'epoque a laquelle les figures scuiptees en pierre furent executees, il n'existe aucune tradition. 11 est reniarquable qu'on ne les Irouve que dans les endroits oil Ton a la certitude que les Caraibes se rendaient. Je n'ai pas de motifs pour penser qu'elles aient ete faites par des Caraibes, quoique je sois incline a adopter cette opinion, en les comparant avec les outils ol ustensiles executes par les tribus encore existantes que j'ai rencontrees en Guyane. On a neanmoins differentes preuves que les Caraibes ont habile Sainl-Uoiningue; enlre autres, j'ai trouv^ a la partie orientale de I'ile, appelee Junta' Engai cs CI / Vi 10 tr i^ •'5 CI 1^ / § I'. C-. Oi 1- CI tj> »* 1': -- ^ ■^ CI ;r o O at r: Cl to \ ** 11 -!T O I'l QO CI d o -^ n lo « « 1^ CI CI •*? « 1- — CI rt iri .. SI 3ft iT» QC iO l- Ci CI c e5 iO o to *-1 ll" a cTo ^. 1^ «r i-T o" . ci" •c? 1*^ oo 1 ' CI I-: CI cr^^ o IC CI to a CI _ cc ;^ r-^ to ^ "■! -^ * o: -^ t-« o 1-: X n t" i~ sr^ to c» 1* CI CA — at •*• -* O 1^ 1 CI s »ri .^ s atT 1 -T ac <* CI _' cri vi \n s 1 CO in Ci CI 1 *^ CI CI lO sr; w^ CI B CI "l to '.n o r-i o a; _ — .^ f ff -^^ •*? o -- c; I*; T- 1 o Ci an »- o I*- 1- c: C O l'- CI 1 eo = cf Tl •«:• s ccci •^ -«? 31 o O 1^ w - ^ to CI ! 1 ^ CI M^ MO ei (» CI 'M lO T: ^ CI to 3^1 :* d '.rj to ^ ■'*; f* i oo \-~ Tl o 1 ' ■ i-T S -r • — 1*5 ca kC o in Cl Ol •«? s at ac ••T o :0 50 1 ^ CI 1 «■ C 1^ C5 O 1-: c o c ■ o -w ^- \T: I-* r* = ac s « s to at S — o - -e-ClI-f ^ i.? Cl 1' «? -iw at ' ^* ■^ « -■ u: . ■ , , -; , , O • , , i. : 4^ C * •Z re . • O H X • c <" ^ " »i ^ "7 H -u " en tn .2 it o ft re si ^ —I r- -^-T-— - u >Jiti^^!^d»-.^Z^ «? «B MR *l^^' o Cm=: > c: - ^ CI ri JO 35 en OD ■ ,^ 0 Cl o> 0 C5 cc;0 CI (^ h* Oi Ci CO CI OD •=r tp to 0 GO 00 o •* in t^ 90 oc CI CI to w «» CI r^ C| 0 rh 0 ay cn ll 1-5 5^ k1 k^ n A a * :: 01 •«r iXt 00 »0 '^1 m kO CI ifi to CI CI lo" kT .^ 1^ m »^ ;o en 0 0 CI CI 0 0 •. M *5r 1^ 0 ?, g k>. .^ OSl^ CO to 1-^ in »^ » 1-^ m 0 coco »^ »0 i*; to 00 t>. CO 50 (Xi on ■^ CTi CI 0 1- in r^ i^cn OJ IC ;c CO ^ in « 5:5 CI Ci i-i CI CI CI CO l6 CI Ci Ci « ■ B O A ^- !>. o in CI o 11 — — kC 1^ CO r — t-- to o ^ _ j^ kO Cl — Cl OD — M *^ CI ^1 — — _ CD r-T i*? -?*" CO '.O IC Ci JO 0 co t^ CI CO an <* CI *^ kO CI CI Ci »0 CI kc Ci — CO 10 , , l-^ 10 Ci 0 J t^ 0 0 30 0 l^ — 1^ r s • kO Ci 05 « CI to " Ci « « "*5' so « oc fi m A Ci Ci •* so QO Ix CO fcO -T CI ^ kO CI to cf »o s so QO CO 3 :c CD C5 OC ^i 00 CI ^ 0 0 0 0 C 0 CO 10 in V CI :-i 10 -•T oc 0 CD sno CO to Ci 0 1- 0000 0 »!t — w 0 C3 0 1^ ■'^ ;3 0 so := sn 0 CI 10 10 iO 10 ab CD •*T »•" •=7 1^ d Ci ^ CI kO CI CI 0 s 1 ^ CI d . . C _ n. 'U • w E • • CJ • . OJ 2 o :i 3 r: ~ -^ --3 a o- 3 -" u — 5 — Cl'JH _C — *j o '-5 v. ^ = 2 «3o •-« ai iJ = = i- i) • =■? ~-j^ "* " -^ •- '§ = -1 - 2 5 — ■:;; .S ." - = - — « 5 5 .= ~ » to Ji - -3 ^-"^ J= =— a; ^- ■4; -4^ •^ b "^ a c 2 " ■— — i « a. H O o -^ 3 — r^ t^ % n -s^ o -^ rt 1-5 ^ ^ 1"^ m VI * n c X. ^ at- .;i 33 -' =- O ; rt -c ■— — u ■ c '--5 --i £^ = 3 " 53 - i a , a o —: 3 -a n n3 -:=-5fn =, 5 CO O mm H ea O ■ — " 10 5 i:-?l'3|l 0 i: = u c: "-c _ ^ r t. - 3 -^ 01 o i ^ - '-^ ^ .^- 5 S .t g = ;3 . — - a:) *— ^ -■ — ^ '- aj — . 4J "^ ^ ,, S"- - ^ " *- ;^ ~ — - 3 'u 'J = 3 O -='-,„• " o " ^ = — , '"o fc " c = ^ c ^ ~ <» «, o 3 (« =» — « 3 ^ > ■5_3-S &2, aj '^ r, 3 "T -cj -ij 3. 2 -5 |-'^-3« 4J = ci "^-r 4> o c 3 5 - - 0.-1J i ■" >, "" a >s, = -5.^o_v-^-S;-;^3 1*°-, 2 = ><*_5 3-2„i: = Q.n. ■4*o.3--'fc33-- — Q o = = og5C:;33-s„ ■ S = tc-.= i re o _ _ .„ !"S^ 'S ^ *^ " iJ — ; "■ "'"- — ^ ^j^ q-j -~? fj i? S S ~ ^ S "i ^'^ §:3 — 2-5- — Sties'*"-— 'S'S 3oP^So3-r'3^cj^ .^ r3 — .^ '-'> _ X — sn "3- 5t _ .. 0) "» 3 3^.2 -J 3_ 3 = ^-33-^.-5^30^^^ •SSo 35 H. = _i2 i: riS "3 =-.3.= ^3~i3 fe 72 § •'i 3.-3 ^- '0»)'fi:-3-3 ._ .2 r 5^ s."^ -^ 3 - ^ =.— ~ ■" ■« C = -^ 3 wS =J S - -J) = ?• - reJ-3> c««oS =3.:J! o — O • - . - ■35 O t^ 'Mt^ « -M 1^ O I'T' QO ir 10 c* '•O •^ •w °-l « I e3 "ts .* "^o f oo 3 ^i'O rs;« ?v? r5 r: too « ci s '• '- -^ 2 = ,^ O 3 «.w .7; ^^ £ 3 = ili ^ C V c *^ ?^^Hi n i - o o o o V — ^ V O) '« •— w o 1-^ w ~ 1> c; T n (?) o; .^ i: n ^ rt ^Cl^^ 3 •- <^ mt~ s-P j:.- H -; r, 3 ^ SS h:^ S ^ ~ "^ o ii 3 .io «= — 3 - O -3 C - ■ - - b.. 4; . - •=13-5^ S 3. >. — « l; :i „ rj 3-- U -J 3 S'.S 4) u ~ - „ =-3 . - 3 5 " =.a S=5«36? -3 ■— 3 O C .— - 3 .* ? - _ ligiil III! is 2 3 '• ? 3 I 2-3 5 = :,i2:=- o. tr-« _ o = 3 .3 6, J, re tD^ « =-.u-3 .■^ f: t- a) _2 re 11 » ti — ra -o - CJ o — L- w^ 'J5 ;ii r>. ^M »o 1/5 C^ .— — .— r' 3J '> ,—■'■_: ra r" C^ — OC — i? v> ■o; — *j ui " ^ 12 •-! re 3 ~ S!^'<« 3 ■= 3.= S; «re 2 •'' re «.- ^ ^ o 'T. 5 = S 3 "' « * I =^ ^ •re 2 S •4?f> U O^ . s - u a •■CU 2 H re X > s = H :^ .;; re ^ ^ — _- 3.>-. re = - re -3 tA tr (i fS-i-.l" ■5 .L oj 2 CJ . a> 3 • 4J K^ 3 3 3 .J-,3) V' re re t2 !U 3 " T'" 3- 3 re ■/! J2 -'« « .3.^2 — L4 a a t: 0 - -o 0 .3 6C3 M s 0 > fc- L. u> ^ ■-• 3 3 ■S"=i' t: "3 M re 3. .-=1 e/3 t- S (D — S~-5332 2 3 " S " •- ») u — .3 J: ^-^ ure £ a) 3 re — •^ = re -^<:?> • r: ■*> - c 3 ^ — ._^ «. - ►^ ^ 5^»-33!: ~- ^ "" j: = "S t- -'J 3 3 — o "y o a; J3 o . •g-::f»^ 3 c li ^ ^ ^ ^ re >^ -i) .Soo-re-ii5 SQ.£:3 S 2 ^ a'.;;^',-^^ 3 3 3 ^ W — ^ t> ~ 3 = . 'S — 3. D 'n -^ v; 0 2 0 3 0 M i> 3 rt n ^ " 0 —3 a> 0 >• CJ c: en »-> C C " — ■ 0 -" M 0 '_J = — ■ra m ( 75 ) .%ctes tie la SocieCe. Proces-verbaux des seances, Oiivrages ofTerts, etc. Pr^SIDENCE DE M. JoMAliD. Seance da !x jnillet 1851. Le proems -verbal de la dernifere stance est lu et adople. M. M. Lorenle, secretaire perpctnel do I'AcAdeinie royale des sciences de Madrid, adresse a la Society, avec sa lettre du 1" Janvier 1851, la premiere partie du tome I"desMemo!res de cette Academie, le resume de ses Actes pendant la derniere annee, et un Pro- gramme des prix proposes par elle. M. J. de Khanikoff, secretaire de la Soci^te impe- riale geograpliique de Uussie, envoie , avec une lettre datee de Saint-Petersbourg, 27 mai (1851), les h' et 5* livraisons des M^moires de cetle Societe , ainsi que le premier num^ro de son Bulletin, le texte frangais du Compte rendu pour I'annee 1850, et le Recueil des Notices statistiques sur la Uussie. II annonce en meme temps que M. Longuinoff coniinuniquera sous peu au secretaire general de la Commission cenlrale les Som- maires des seances du conseil et des assembU^es gene- rales de la Societe depuis le mois d'oclobre dernier, ainsi que I'extrait des publications qu'elle a fait pa- railro depuis celte epoque. ( 'G ) M. Robert Walsh , ancien consul des Ktals-Unis d'Amerique a Paris, annoncc (Saiiil-Gorinain en Lave, 20 juin) que les medailles et brevets qui lui avaicnt ele transmis pour MM. King, le colonel Abort et le surinlondant Bache, sent parvenus a leur destination. M. le colonel Abert (John J.), chefdu bureau du corps des ingenieui's ainericains, et nouvcau corrcs- pondant dc la Societe, accuse reception (Washington, 10 juin) dudiplonie et des numeros du Balletin qui I'acconipagnaient. II s'enipressera de faire a la Soci^l^ loutes les communications qu'il croira pouvoir etre dc quelque inlerSt pour elle. M. Mislin, abbe mitre de Sainte-Maric de Deg, en Hongric, olTre a la Society, avec sa lellre datee dc Vienne , I'i join, un exemplaire de la relation du voyage qu'il vient de faire en Palestine, etc. Par one lellre adresst^e de Venise a M. Jomard , le 18 juin, !\I. Eugene de Balbi, en rappelant qu'il a deja olTcrl a la Sociele la premiere parlie des ISttoi'i Kle- menti di Gcogrn/in, donl il est I'auteur (voir Proces- -verbal de la seance du !\ ai'ri/], annonce que la seconde et derniere va parallre. L'introduction , donl il ras- semble en ce moment les materiaux, contiendra jdu- sieurs rectifications a la parlie deja publiee, rectilica- lions qu'a rendues n^cessaires le retard eprouve dans renvoi des rensoignemenls qui lui sont parvenus. Dans une lellre ecrite le 31 mars de Clniquisaca a M. de Saint-Priest, par M. Leon Favrc, consul ge- neral de France en Bolivie, et dont M. le minislre des affaires etrangores iransmct un exlrait, M. Favrc donne des renseignenients pleins d'interet sur les affluents de I'Amazone , avec lesquels on peut se faire une idee ( " ) claire et precise des cours d'cau qui concourent a for- mer ce grand fleuve. Get extrait est renvoy^ au comity de Bit/let in. Le secretaire general donne lecture de la liste des ouvrages offerls. M. Jomard met sous les yeux de la Soci6t(^ une carte manuscrite do la mer Morle et des pays environnants, dress^e par M. de Saulcy, membrc de rAcadoinio des inscriptions et belles-lellrcs , pendant le voyage qu'il vicnt dc faire en Paleslinc. II est prie de mettro par ecrit les explications dont il a acconipagne celte com- munication. (Voir nuxJna/fses et extraits cV outrages.) M. de la Roquelte lit I'extrait d'une lettre que made- moiselle Overweg a regue ileM. Crowe, consul anglais a Tripoli, dans laquelle il lui mande qu'un Tonelkum- Touarik, arrive a Mourzouk. au commencement de mai 1851, raconte que le frere de cette demoiselle et ses compagnons ont quille le pays d'Aliir, et qu'ayant traverse sans accident les districts touariks, ils sont ar- rives au Soudan. (Voir aux iSoiwelles geographiques.) M. le reverend George Cecil Renouard, savant orientaliste et vojageur anglais, membre des Societes geograpbiques de Paris et do Londres, et MM. Francis de Castelnau etFulgence Fresnel, tous deux voyageurs distingues et membres de la Societe de g^ograpbie, recemment arrives, I'un de Babia, I'autre de Mossoul, sont presents a la seance. M. Francis de Caslehiau temoigne toule sa re- connaissance pour riionorable marque d'interet que la Societe dc geograpbie a bien voulu lui donner en lui accordant une de sos mcdailles. 11 commu- nique en.suili' a I'assemblee le resultat des observa- ( 78 ) tions faites par lui pendani im sdjour tic plusiours annties a Baliia, ou il sc trouvait an milieu d'une immense populalion esclave enlevee de toules les par- ties de rAfriquo. Dans I'espoir d'oblenir des rensei- gnements nouveaux sur les pays d'oii ces noirs etaiont originaires , M. de Castelnau en r6unissait somcnt un certain nombre , causait avec eux, el ieur adressait des questions. 11 ne tarda pas d'abord a s'apercevoir que les habitants mahouielans du Soudan etaient en g(^n6ral plus avances que les populations idolatres de la cote, et dans sos conversations avcc des noirs de Haoussa et d'Adamawah, il fut on ne pent plus dtonn^ d'entendre parler d'une nation sauvage appelee A/am- Ni'anis, qui habiterait un pays silu6 au sud-ouest du lac Tchad, donl tous les individus, hommes et femmes, auraient une queue. Sopt a huit des noirs les plus in- telligents assuraient avoir fait partie d'expedilions centre ces Niam-Niams, avoir vu Icurs queues, en avoir mfime coupd. M. de Castelnau rapporte les fails lels qu'ils lui ont H6 raconles, sans en garantir toulcfois, sous aucun rapport, I'exactitude. Et sur I'obscrvation de M. Tre- mauxque, pendani le sdjour qu'il a fait dans le Soudan, ce voyageur a appris quo cerlaines peuplades se cou- vrent de peaux d'animaux dont la queue, ])assant entre leurs jambes, semble faire partie integrants de Ieur propre personne, ce qui peul fort ])ien avoir fait supposer qu'ils avaient reollement un apjiendice caudal, M. de Castelnau ajoute que, d'aj^res les rapports qui lui ont et^ fails, les INiam-Niams vont tout nus, et que les noirs tlont il a recu les depositions disent en avoir examine avec attention [)lusieuis tuc-s dans lea ( 79 ) combats, clqui (Haienlreelloiiionl pourviisd'nne quone naturelle. Apr^s quelques observations faltL's a cc sujet par le rd!V(!!r. G. C. Uenouard , et par d'autres meni- bres, M. de Castebiau est prie de rediger par ecrit son inleressante communication. [^oxvAUTi Memoires, No- tices^ etc.) M. le president de ia Commission centrale donne la parole a M. Tr^maiix, pour repondre aux articles de MM. Kovalevsky et Baer, inseres dans lo Journal de Snint-Petersbaurg^ du h Janvier 1851, el donl plusieurs exemplaires imprimt^s sont sur le bureau. Le secretaire general fait mellre sous les jeux de la Commission des exemplaires du numero du Bulle- tin qm contient la carte de M. Tremaux, alin qu'on puisse suivre la discussion avec plus de facilile ; il pense qu'avant d'entendre la reponse de M, Tremaux, il est indispensable de connaitre les articles qui I'ont rendue necessaire, en laissanl toutefois de cole lout ce qui s'ecarterait trop de questions scientifiques. M. Tremaux fait d'abord observer qu'il a vainement cherche a se procurer la relation du Voyage de M. le colonel Kovalevsky, qui ne se trouve point encore a Paris, et que le libraire-commissionnaire de la grande Bil)liotbeque iiationale a vainement domandec jusqu'a present a Sainl-Petersbourg, sans pouvoir en obtenir un exemplaire, quoique eel ouvrage ail ^{^ imprime en 1849, avec une carle. Puis il communicjue : 1" Une copie de la carte joinle a I'ouvrage de M. Ko- valevsky, envoyee par M. le prince Emmanuel de Ga- litiin au redacteur des Nouvetlcs annales des -voyages, avec la Uelalinn ahrrgee dudil voyage, exiraite de I'ddi- ^ 80) tion russe, laquollo relation al)r6g6e csl imprimtie dans les Aoiu>e/les anna/es des voyages, numeros d'avril , aout el novembrc 1850; 2° Des caiques des cartes qui accompagncnt les voyages de Cailliaud et de Russegger. M. Trc^maux lit successivement et litt^raleuient cha- cun des passages de I'article de M. Kovalevsky, et les nccompagne de ses observations; il en fait de niemc relativement a la Icllre de M. Bacr. Le piM^sident de la Commission ccnlrale invite M. Tremaux a mettre au net la reponsc qu'il a ciu devoir fairo aux observations critiques de M. Kova- levsky, et a y joindrc les caiques des trois carles qu'il vient de montrer a la Commission. EUe decide que MM. Jomard, president; d'Avezac, vice-president; do la Roqucltc, secretaire general, niembres presents du bureau ; el M. I)au«sy, membrc de la Commission cen- Iralc, en I'absence de M. Isambert, I'un des vice-presi- dents, auront a se concerter pour determiner quels sont les passages de Tarlicle de M. Kovalevsky, de la lellre de M. Baer et de la reponse de M. Tremaux, qui dcvront etrc inserts dans le BnUetin. Seance du 18 jtullet 1851. Le proems -verbal de la derniere seance est lu et adopts. M. A. D. Baclie, surlnlcndant du leve des cotes des fitats-Unis [Coast- Siuvey], accuse receplion (Was- hington, \h jiiin) de la lettre que lui a cciile, le 15 avril dernier, le president de la Commission centrale, pour lui annoncer sa nomination comme correspondant eUanger de la Society. II adressc a ce sujet ses remer- ( 81 ) ciments, ot annonce qu'il enverra trc^s-prochainement un exemplaire de chacune des carles publiees jusqu'a ce jour par suite de I'operation dont il est charg6. M. le reverend Georges Cecil Renouard, noimii6 r6- ccmment membre de la Socidt^, adresse (Londres, 25 juin ) ses remeixlmenls; il fera tout ce qui de- pendra de lui pour concourir a ses travaiix. M. le ministre de la marine annonce au president de la Commission centraie , par sa lettre de juillet, qu'il vient d'autoriser uno nouvelle souscriplion de quatre exemplaires de la collection des Irois premieres series du Bulletin, ce qui porte la souscription do son deparlement a dix exemplaires. M. J. de KhanikofT, secretaire de la Sociditd geogra- phique de Saint-P6tersbourg, adresse, au nom de cette Society , un exemplaire du Compte rendu de ses tra- vaux pour I'annee 1850, ainsi que plusieurs brochures relalees dans la liste des Oiwrages q/ferts; il fait hom- mage, en son propre nom, a la Socititd de g(5ographie, de la carte manuscrite de la mer d'Aral et du klianat de Khiva, dont il est I'auteur. — Des remerciments se- ront adresses a M. de KhanikofT, et la Commission cen- traie decide que la carte de ce voyageur sera gravde el inseree dans I'un des plus prochains nuineros du Bulletin, M. Bachot'en, officier du g^nie suisse, envoie (Zu- rich, juillet) au secretaire general de la Commission, quelques notices historiques sur la cartographic dc sa palrie. M. le colonel J. H. Poinsett annonce a M. de la Ro- quelte (White-House, Georgetown, Caroline m^ridio- nale, 30 mars) I'envoi qu'il vient de faire a la Soci6t6 n. Jun,LET. 5.* 5 ( ^2 ) (Ic geographic d'un cxemplairc du Voyage du capitainc Wilkes; ccl ouvrage n'est pas encore parvenu, M. Cli. Scheffer, correspondanl de la Soci6l6 en Turquie, inforrae le secretaire general de la Commis- sion centrale (Th^rapia, 25 mars) du projet qu'il a forme de consacrer les jours de loisir que lui donnera le Ramazan aux travaux qu'il a promis de faire pour la Society. 11 n'a pu obtenir encore les cartes r^cem- mont puhliecs a Constantinople, parce qu'on les a re- tircies de la vente pour corriger quelques erreurs. M. F. de Castelnau transmet a la Soci^te, dans une leltre dat^e de Paris, 17 juillet, les renseignemenls qu'il avail communiques verbalement dans la stance derniire sur des peuplades noires dont tous les indi- vidus seraient, d'apr^s les dilTorents rapports qui lui ont (5te fails, porteurs d'une excroissance caudale; fait qu'il se borne h rapporter, sans I'admettre ou le rejeler. La Commission centrale 'Jecide, sous toutes reserves, que cetle lettre sera renvoyee au comile du Bulletin. ( 83 ) OUVRAGES OFFEUTS DANS LES SliANCES DES 4 ET 18 JUILLET 1851. TITRES. DOATEUKS. ASIE. OUVRAGES. Relation d'un voyage d'Osl'.roe ri Kliivo, f;iit (Inn les annees 1 740- 1 7/1 1, pai Glailnirlieff et Moii- ravinn, puMit-e par M. Khanikoft. Saint- I'e- tcisljourjj, I 84 I • Relation du voyaj^e ile Pospiesoff el Bouinathetl- a Taschkend en 1 800. Taljle des coordonnees {;('ographii|iies des diffe- rentes villes des gouvornenienis riisses de I' Asie septentrionale, publiee sous les aus[iiees dc la Societe impeiiale de {;eo{;raphie russe, par Jacques Khanikoff et J. Tolstcdf. 1 8,')o, in-4°. Les saints lieiix. I'tlrrinajje .i Jernsaiein en |)as- snnl par rAiUriclic , la flon/jrie, la Slavonie, les provinces daniil)i(iines , (Joii-taiilinople , I'Archipel, le Lilian, la Syrie, Alexandtie, Malte, la Sicile et Marseille; par iVIjtr Misliii. Paris, i85i . 2 vol. ui-8". MM. RlianikoiC. lilein. Idem. Mislin. MKl„VNr.ES. .Mciiiorias de la Real Aeadeniia I'e fieneias .. ( Meinoires de lAradeniie royalc des scien.es ;!ro- cbait, il fut jiige prudent de descendre rartiUcric, nioins unc piece , dans la cale. Le lendernain , 2/i sop- lembrc, apres une navigation peniblc , on put s'ap- procher du rivage , pour s'arreter en face du cap Darta el du [aiils dc Tcbai-Bourone. Le 25 et ie 26, tandis que qudques-uns des ofiiciers se Irouvaienl a terre pour Ics operations du reievement, M. Karelinc regut la visile d'un certain noml)rc dc Turkomans. Ce jour -la I'ancre iut le^ec par un lcnij)S siqjcrbe, le Iherniomehc indiquant J 8" a I'ombre. Bientol on doubla le cap Ak-Songliir, el tout seniblait presager Ja continuile du beau lem])s ; mais vers cinq beures le vent saula a I'ouest, el alTala le batimi-nf. a la cole. II fallut en loute iiSte mouillcr, quoique sur fond de rocbes. Plus lard, le \cnl tourna au nord, souftbi avec fureur toutc la nuit, el le navire comuK'ncanl a cbassor, on se trouva lians la necessite de fder 40 sagenes dc cable : le roulis etait devenu effrayant. Le 28, a I'aide d'un vcnl de sud-est, il devint possible de se remellre en marcbo. Ai)res a\oir passe devant Kisildja-Koue , vers cinq beures de I'apres-midi, le bStiment an iva au Rara-Bougbar, et inouilla par 8 sagenes. Ininiedialc- ment M. Mourigbine partit en cbalouj)e pour niesurer la |)rofondeur de la passe. Le golfe, cxauiine du baut des mats, paraissait etre exlrememenl vaste. Le 29, Ics principaux membres de I'expedition monlerent en cbaloupe, emmenanl un certain nombre de Cosaques, avec des vivres pour cinq jours, dans le dessein d'ex- plorer le golfe ; jusqu'aloi's pas un ofiiciei riisse n'v ( 120 ) avail encore mis le pied. Avant d'arriver 6 la passe que M. Mourigbinc avail reconnuc, ils se fircnt desccndre a terre pour jeter un coup d'ceil sur la cote. Elle esl basse, ct se compose de bultes sablonneuses, sur lesquelles croisscnt quclqucs buissons de tamarin. Derriere , s'^lend I'immensile du steppe. Klant rc- montt^s en bateau, ces messieurs so dirigerent vers la passe, qu'ils IVancliirent. II etait alors midi. Les bords du golle de Kara-Bougbar sont ;i pcu pr^s nus, etloul deniontrc qu'ils elaicnl autrefois sous I'cau. Se diri- geant vers lo noid-cst, sous un ciol d'unc purele par- faite, les cbaloupes conlinuerenl a s'avancer jusqu'a trois lieures et demie. Alors nos voyageurs descendi- rent a terre, el can)perenl la pour y passer la nuit. Peu de lemps apres, les Cosaques, qui s'elaient bales d'aller a la cbasse, apporlerenl unc abondante provi- sion de canards, d'oies et do bccasses. Rien de plus triste que ces parages ; la nature y esl morle. Au milieu de celle aridile croissent quelqucs buissons de Tnma- rix-Pallasiiy qui, cbose surprenanle dans celte saison, 6laient en fleurs. Le solcil venait de se lever quand nos voyageurs re- gQgnerent les cbaloupes pour continucr I'exploration du golfe. A huit beures du matin, apres avoir fait quelque chemin , ils sc divisferent en deux delache- menls. M. Kar^line se cbargea pour sa part dc relever Ic bord oriental du golfe, et il confia a M. Blaramberg le soin d'en relever le bord occidental. Ce dernier, accompagne de Kbadir-Mamedc et du topographe, avec douze Cosaques faisant office de rameurs , se dirigea du cole du nord. II etait dix beures, et la cba- loupe serrait de pres le rivage, quand M. liiarambcrg ( 1-21 ) aper^ut trois Turkomans occupes a chasser. Khadir- Mamede entra ca conversation avec eux , et apprit qu'ils appartenaient a la Iribu de Derviche, laquelle, a la vue des canots armes, avail fui dans le steppe. Apr^s cette rencontre , le bateau continua d'avancer, pouss^ par la force du courant vonanl du large, a la favour duquel il franchit 60 verstes en trois heures. Bientot cependant le vent d'est , qui soufllait, fraichit considerablement , et I'eau dans Ic golfe ne tarda pas a devenir aussi agitee que si Ton se ful trouv6 en pleine mer. Ceci engagea le voyageur a prendre le parti de rebrousser chemin; il s'y decida d'aulant plus volon- tiers, qu'au dire des trois chasseurs turkomans le golfe se prolonge a une distance de trois journees de marche a cheval vers le nord et de qualre journees vers Test. On vira done de bord ; mais I'impetuosite du vent s'etait encore accrue, et les vagues, en deferlant sur la chaloupe, la reniplissaient d'eau a tout instant; enfin, une vague plus forte que les autres I'enterra et la jeta pres du rivage, au milieu du I'essac. Toutefois, faisant force de rames, les Cosaques vinrent a bout de I'eloi- gner, et Ton se croyait deja liors de danger, quand une nouvelle vague reprit le bateau et le precipita dereclief au milieu du ressac, en menagant de le faire sombrer. Dans ce p^ril extreme, les Cosaques ne consultant que leur courage, se jeterent dans I'eau jusqu'au cou, et, reunissant ce qui leur reslait de forces, se crampon- nerent au bateau, le lirerent a eux, et parvinrent a I'amener sur la plage, oh il demeura echoue. Tous ceux qui le montaient durent passer une nuit cruelle, sans feu et mouill6s jusqu'aux os. L'eau du golfe est tellement saturec de sel, que le visage et les vfitemenls ( 1--^-^ ) des vouii^eurs sc couMiront d'uuc pcllicule saliao. Le 1" oclobre, la lempele conliiiua, et nos exploratcuis ne savaient Irop cc qui advicjidrait d'oux, loisrju'ils viront opparaitre un niessagjer charge do remellre uuo lollre ci M. BiaramLcrg de la part du chef de I'expedi- lion , arrets siir le rivage a 25 verstcs phis au sud. II I'informait que Ic luauvais temps I'avait eiupciche de povirsiiivrc Ic cours de son exploration, et le pncvenait qu'il allail rctourner a bonl , d'oi'i il Itii oxpedierait la gvande chaioiipe pour le chcrcher et Je ramencr. M. Blaramberg dut done se resigner a altendic «ur place, ot passer une seconde nuit dans le steppe. Lc vent, qui continuait de souffler <;« tcmpet^?, soulevait des nuages de sable qui vcnaienl fondre sur Ja petite troupe, loute transio; car la tenq^^ra^lurcotait dcvenue glaciale. M. Blaiatnherg ne put feruier I'ceii de ia nuit, tant Tinquietude le tonrnientait. En effet, dans le cas oil la chaloupe ne serait pas parvenue a 'le joi'H'dre a Icnips, lui et ceux qui raccompagnaient auraient fort bien ])u trouver la n^.oa't sur cctte plage desoiee. Les sinistres apprehensions ne se realisferent heuieuisement pas. M. Blaramberg, apr^.^ a^oir delruit par lo feu son canot echou6, afin qu'il ne lonibat pas entre les iiaains des Turkomans, se dirigea a pied avec son monde vers I'cntrce du golfo, dont il suivit le hord. Pendant assez longtemps, il allcndil la avec une Lien vive impatience I'arrivi'jo de la chaloupe; elle parut enfm. II •eiait alors une heuro de rapros-midi. A cinq heures, il fuit de vetour sur ile batiment de Tcxpedition . iq'u'il »ejoignit cTi mer, le baliment faisant dcja voile pour qiuiitlei' les parages de Kara-Boughar. Uii'Vient fort favorisait la marche du iiaviix3 ik long ( 1-23 ) • du rivaj^e, et tout seiiiblait ])resciger que Ton atlein- clrail, le lendeinain 3 octobro, la bale de Kenderlin ; mais le vent cliangoa, le fit devier dc la ligne qu'il sui- vait, et il fallut se borner a prendre le golfe Alexandre pour but iminediat. Chcmiu faisant, et le livagc se Irouvant a proxiaiite , le clief de Texpedition fit jeler I'ancre pour descendre a terre. Qu'y vil-on? Rleu qu'un desert, parseine de monticules de sable, avec quelques escarpements roclieux, creus^s en forme de cavernes. On y decouvrait differents ustensiles de me- nage laisst^s la par des Turkomans que I'arrivee d'uno troupe armee avait mis en fuite. A dix heures du soir, le bailment penetra dans la baie d'Alexandre , et s'y arrela. Le A , de bon matin , les membres de I'expeditioa passerent a bord du batiment de Iransport, dont le tirant d'eau etait moindre , el, accompagnes de la grande cbaloupe, ils partirent pour reconnaitre le golie oil ils se Uouvaienl, ainsi que celui de Beklemir- Ochana. Elant descendus sur un pi'omontoire sablon- neux qui les separe, I'un des ofliciers pi'it bauteur. Le 6, des sondages I'urent oper{^s pres du cap Pes- tchani-Ougliol ; vers le soir, le vent, qui ii'uvait pas •permis jusque-la aux voyageurs de s'eloigner du golfo Alexandre, se cliangea en tempele. Ce mauvais leajps persisla pendant loule la journee du lendemain. Le ibermometre n'accusait plus que 5" au-dessus du point de congelation. Le 8, il lomba de la neige. Le lendemain, 9 octobre, le vent s'6tant mis a souf- fler dans une autre direction, on en proJila pour s'elever vers Ic nord. Le meme jour, un matelot, en jctant la sonde, tomba a la mer; un de ses camarudos ■ ( 124 ) se d^voua el vinl a bout de le ramener h bord. A huit heures du matin, on doubla le cap Pestcbani-Ougliol par un fort beau temps; et a qiialre heures, on fran- cbit le cap Melovoi-Ougbol. Tout marcbait a souhail; mais, vers le soir, la tempele revint et se decbalna avec une violence epouvantable. A onze heures, la voile du petit bunier ayant et^ decbir^e en lambeaux, on se d^pecha de les serrer toules , a Texccplion des basses voiles. A chaque instant, d'^normes vagues venaient fondre sur le batiment. Cinq Cosaques vigoureux, pro- poses a la manoeuvre du gouvernail pendant la nuit, le maintenaient avec peine. Le roulis Olait devenu ter- rible, et il etait a craindre , ou que le gouvernail se brisat, ou que les mats vinssent a etre emportes par la violence dos secousses. Par l)onheiir, la nuil Otait suffisamment claire pour pouvoir parfailement distin- guer les objets environnanls. Le 10, a quatre heures du matin, loujours au milieu de la tempete, on passa devant le cap Tiouk-Karagane. Ce fut seulement vers le soir que le vent commcnca a diminuer d'iutensilu, pour ne pas larder a s'apaiser. On doubla le cap Tchisti-Bank; et comme la distance qui le separe de remboucbure du Volga n'est pas considerable, et que I'eau 6lait peu profonde, le chef de I'expedition se de- cida a faire jcter I'ancre, afin d'eviter dc s'egaror et pour altcindre a coup sur le chenal. Le batiment de transport, qui, pendant la cUaee de la tempete, avail (jle perdu de vue, rejoignit ici. II s'Otail trouve dans le plus imminent danger, et n'avait dil son salul qu'a la presence d'espril du piloto qui le dirigcait. Le 11 oclobrc , ou mil a la voile de bonne bouro. Vers deux heures de Tapres-midi, on passa devant le ( 125 ) fanal Tch^tir-Boughorskij , dans le voisinage duquel ^taient alors r^iinis un grand nombre de batiments de commerce, attendant des vents favorables pour partir, les uns devant se dinger vers Saliane (Chirvan), les autres vers les cotes de la Perse. A cinq heures, enfin, les deux bailments de I'exp^dition all^rent jeter I'ancre en face de la quarantaine d'Astrakhan , de retour de cette canipagne d'exploration qui avait dur6 cinq mois cons^cutifs. EXPEDITION A LA RECHERCHE DE SIR JOHN FRANKLIN ET DES EQUIPAGES DES NAVIRES L'EREBUS ET LA TERROR. En 1845, les deux batiments V Erebus et la Terror, sous le commandement de sir John Franklin, cel^bre par son voyage aux bords de la mer polaire, quittaienl i'Angleterre pour aller chercher un passage par le nord de I'Ameriqne ; les diflicultes d'une telle entre- prise ne permeitaient guere d'esperer avoir des nou- velles de celte expedition que par son retour, qui ne devait pas avoir lieu avant trois ans; copendant ce terme tut dopasse sans qu'aucune nouvelle parvlnt de son succes ou de son retour. Los inquietudes augmen- terent avec le temps; on s'emut a I'idee que ces mal- lieurcux equipages pouvaient etre arretes dans les glaces, piives cic moyens de retour par la destruction de leurs balinienls, et invoquant un secours san.s le- quel ils periraient inlailiiblemenl. Tout le monde civi- ( 126 ) lis«i se sentil int^ress(^ au sort de cos intrt'pides uavi- gateuis , et [)iusieurs expedilions furent organiscies pour chercher a les d^livrer. On a d6ja donii6, dans les Annaleshydrographiques^ divers rapporls sur les reclierclies infruclueuses faites en I8Z18 et 1849 par le capilaine James Ross, qui avail cherche a penetrer dans les mers poiaires par le de- troit du Prince -Regent, et par JM. Richardson, qui avail gagn6 la cole nord d'Anidsrique pour arriver au raeme but. D'autres baliinenls avaient continue ces Iravaux en 1850 et 1851. Les navires le Resolute, V As- sistance, le Pionier et Vintrcpide (ces deux derniers a helice), avaient eleenvoyes par la baie de Balfin, sous le commandenient du capitaine Austin; le capitaine Penny, avec les bricks Lady- Franklin et la Sophie, avail aussi ete employe a ce grand acle d'humanite. Le capilaine sir John Ross, ce veteran des mors po- iaires, avail oUerl I'aidc de son experience pour allcr au secours de ceux dont il pouvait, mieux quo lout autre, apprecier les angoisses, et le Felij; lui avail 6te conlie dans ce bul. Les Etats-Unis d'Amerique avaient consacre a coUc recherche deux buiimenls, le Rescue et V Advance, sous le commandenient du capilaine de Haven. Tous ces bailments, apres avoir passe dans les glaces I'hiver de 1850 a 1851, vienncnlde rentrer, sans autre rosullat que d'avoir Irouve la preuve que I'expedition de sir John Franklin avail passe I'hiver do 18Z|5 a 184() a Tentrec du caiial Wellington; fail qui au resle avail deju ele cunnu par le rotour, en octobre 1850, du Prince- Jlbert, envoye par lady Franklin cUe-meme, et qui est relourne dans ces parages en 1851. ( 1-27 ) I'es rapporls des capitaines Austin et Penny ont deja ete pubiies; nous avons cru rpi'il seralt inleres- sant d'en donner immiidialenient la traduction, en y joignant deux cartes, une qui indique les reconnais'- sanccs nouvelles faites jiar les expeditions sous les ordres de ces officlers, I'aulri', qui est une fraction d'une carte polaire deja publiee , fait connaitre I'en- semble des nouvelles dScouvertes dans cette partie de la mer Glaciale. Nous donnerons done ici les deux rapports du capitaine Penny, du 12 avril el du 8 sep- tembre 1851; ceux du capitaine Austin, du 12 aout et du 30 septembre; uri exlrait de celui de sir John Ross, du 25 septembre 1851; et un exlrait aussi d'un journal am^ricain sur I'expedition des Etals-Unis, rentree a New-Yorkle?0 aout 1851. P. Daussy. PREMIER RAPPORT DU CAPITAINE PENNY. A box-d du Latiment de S. M. Lady- Frank I in, du Havre ^ssisfaiice, sur Tile Coniwallis, le i2 avril 1 85 1. y/ Ji. le secretaire de L'AiniraiUe. Monsieur, J'ai I'honneur de vous faire connaitre qu'apr^s m'etre separe , le 21 aoul dernier, du bailment de S. M. North-Star, je suivis de pres la cote nord du d^lroit de Barrow jusqu'au diinanche 1h , examinant tout £crupuleusement. Elant arrive devant I'ile Beechey, jo parlai au schooner americain Rescue, et j'apprls que le navire dc S, M. V Assistance avail Irouve des Iraces de rexptsdition de Franilin sur le cap Riley. L'^ssis-' ( 128 ) tancs faisait alors route a I'oiiest. Comme j'^tais d^si- reux do connailrc loulcs les particularites de cclte d^couverte, je la suivis avec I'intentiou d'aller a liord; mais je ne pus Ic faiic qua deux heures du soir ; les deux l)alimenls furcnt alors aiuarres a la glace, aux deux tiers de la largeur du canal Wellington; V Assis- tance elait a environ 1 raille | a I'ouest do nous. Trou- vant, d'apr^s ce qui m'avait ete dit, que les traces ob- servdes paraissaient indiquer un d^tachement qui s'en retournait, je jugeai convcnable de revenir sur la cote est du canal Weilinglon. Le lendemain matin , je de- Larquai avec un dctachement, et j'examinai la cote depuis 10 niilles au nord jusqu'au cap Spencer; on reconnut aupres de ce cap un campeuient qui parais- sait 6tre celui d'un parti de chasseurs, et remonter a environ trois ans. Nous fumes rejoints par les schoo- ners VJdvance, le Rescue et le Felix ; et le lendemain matin nous nous amarrames a la glace, dans une bale situee sur la cote nord-oucst dc I'ile Bocchey. Apr6s nous etrc consultes avec le capitaine de Haven et sir John Ross, il I'ut convenu que le premier enverrait un dt^tachemcnt pour continuer les rechcrches vers le nord, le long de la cote orienlale du canal Wellington, tandis que j'explorerais la cote vers Test. Pendant ce temps, un detachement compose de tous mes officiers, qui avail etc envoje dans la direction dc la tour dc Caswall, decouvrit le lieu qui avait et6 occupe par les batinienls de sir John Franklin dans I'hiver de lS/i5 a 18Zi6. Trois lombeaux furcnt aussi trouv6s : les mar- ques qui 6taienl a la tele indiquaient que cestombeaux 6taient ccux de trois matelots qui (^taient morts au commencement du printcu^ps de ISAO; mais, malgr6 ( 129 ) les recherches les plus scnipnleuses dans toutes les directions, aucun document ne jnil etre decouvert. Le meme soir, un canot fut expedie, sous la direction du capitaine Stewart, pour explorer la baie Radstock et ses environs; mais on ne decouvrit, dans cetle direc- tion , aucune espece de trace. Le Resolute et le Pionier arriv^rent encore et s'amar- r<^rent aupres de nous le mercredi matin. L'elal defavorablc de la glace nous rctint jusqu'au soir; une ouverture se fit alors dans Truest. Je m'arretai Ic len- demain matin a une cortaine distance dans le canal Wellington, et j'cnvoyai un d^tachement sous la di- rection de M. J. Stuart pour communiquer avec VJs- sistance. Le meme soir, nous revinmes de nouveau dans la baie Beechey, et le detachement nous raliia dans I'apres-midi , apres avoir parcouru plus de hO milles. Nous apprimes, parson rapport, que V Assistance n'avait trouve aucune trace, dans les 30 milles de cote environ qu'elle avait examines au nord et au sud de Ten tree Barlow. L'6tat dcs glaccs rendit impossible tout mouvement dea balimentti jusqu'au jeudi 5 septembre , que nous pumes quitter la baie Beechey ; mais elles dtaient encore si peu rompues au large, que ce ne fut pas avanl le dimanche 7 que Ton put alteindre la cote ouest du detroit. Pendant que nous d'tions sous I'ile Beechey, des arrangements furent fails avec sir John Ross pour lais- ser la le yacht la JSlorie comme d6p6t de provisions dont nous fournimes chacun noire part. Le dimanche 8, je debarquai avec un detachement ( 130 ) h 12 milles enviroft an nord tie I'enlr^e de Barlow ; un tas de pierres avec un baton au milieu ful otabli dans I'endroit le plus apparent. Le dclroit de A\'ollington 6lanl enti^rcment ferm6 par des glaces qui lonaient a laterre, il ne nous reslait d'aulre alternative que de nous diriger vers I'ouest , dans le bul de gagner le cap Walker, ou de chei'cher quelque passage entre les iles Parry, et , si on n'en aporccvait aucune, d'allcindre rile Melville. Nous dirigeant done de cc cole, nous nous frayames un passage au milieu des glacos, qui etaient deja assez fortes pour nous faire 6prouver un grand retard ; malgre ces obstacles, nous atteigniuics, le mardi 10 septembre, Tile Griflith, el, nous y elant amarres, nous eumes, le capilaine Austin etm'oi, une nouvelle conference pour concerler nos rccherclies. Le lendemain matin , I'apparencc elant devenue plus favorable , je fis une tentative pour gagner le cap Walker; niais, apr^s m'etre avance de 25 milles, la glace etant redevenue compaclc et le brouillard epais, je fus oblige de m'arreler et de venir rejtrendrc ma position precedenle. L'epaisseur de la glace nouvelle augmentait d'heure en lieurc , et elle elait devenue un tel obstacle que , meme avec une forte brise , le navire ne se mouvail plus qu'avec une grande didiculte ; il 6tait done absolumenl necessaire de trouver une place oii les batiuienls pussent etre mis en surele ; en con- sequence , je me'dirigeai vcis ceporl,dont V Assis- tance m'avait donne une grossiere esquisse. Nousy arri- varaes le jeudi 12 septembre, a 11 heures du matin, et, peu do lemps apres, le schooner le Felix, com- mandii par sir John Ross, y enlra aussi. Deux canols furenl hales a lerre pour j)ouvoir, au l)es()in, tenter de (. *S1 ) nouveanx prngrt'S; mais,''fle.s io 20, il devint impossible de sorlir, et il fallut faire lous les pi^eparatifs pour I'hiver. Quant a la mani^rft dont nous avons passe I'hiver, un seul fait dira tout : c'ost qu'il n'y cut pas, a bord de la Lady-Frankiiii ou de la Sophie, un scul cas de inaladie ; on s'tilait arrange, il est vrai, do maniere a ce que le corps et I'esprit de chacun fussent tenus continuellement occupes; en sorle qu'avec un Equi- page conime celui que j'avais, il aurait ete vraiment surprenant de voir un malade. Je ne puis, a ce sujet, que faire la mention la plus avantageuse deMM. Suther- land , Goodsir et Stuart, donl I'aclivitE pour instruire, aussi hien que pour amuser les liommes, a grande- ment conlrihue a obtenir cet heureux resultal. De frequentes communications furent enlretenues avec I'expedilion du capitaine Austin , qui hiverna dans le detroil enlre les ties Griffith et Cornwallis, et des dispositions onl ete prises relativement aux differentes routes que Ton suivrait quand on pourrait commenccr a voyager. D'apres ces dispositions, deux detachemenls sont des a present prets a parlir de Lady-Franldiii el de la Sophie , avec chacun trois traineaux pour explo- rer le canal Wellington et les terres qui peuvent se renconlrer au fond de ce grand detroit. Independamment de ces detachemenls, deux trai- neaux a chiens sont prc^pares pour itendre les re- cherches dans la meme direction ; Fun d'eux doil ^ite conduit par I'interprete, M. Peterson, donlje demande la permission de faire une mention toute speciale pour le noble ddvouement qu'il a mis dans la recherche de nos compalriotes. ( 132 ) Le jour qui a 6t6 fix6 pour le depart est le lundi ill avril , si le temps est favoral)le ; mais, avant de m'eloigner, j'ai cru necessaire d'envoycr cctte d^- peche pour faire connaltre a Leurs Scigneuries ce qui a ^td fait jusqu'a ce jour. J'ai riionneur, etc. . Signe William PtNivY. DELXlkMU RAPPORT. A ))Oril . Une autre Icttre du capitaine Austin, datee de la rade d'Yarmoutb , le 1" octobre , annonce I'arrivee dans cette rade du Resolute et de sa conserve le Pionier, et celle de V Assistance, avec sa conserve i' fntrepide, dans I'Humber. Le Shipping and mercantile Gazette du h octobre 1851 contient une leltre de sir John Ross, au secretaire de la Compagnic de la haie d'Hudson , pour rendro compte de ses rechercbes sur le Felix. Nous croyons devoir la donnerici, pour completer les documents reialifs a cette expedition ( 100 ) A IjoiiI (Ju I'clix, a Slaiiracr, le ay su[)tctiiljio i85i. Monsieur, Poui' I'aire suite a rexlrail de ma cl(5peche du 29 juillcl 1851, que j'ai envoyalji.s/icn, qm; j'iivais renconlrc lo 29; el a ma giandc uHnlilicalion, j'appris que M. Saunders, masler coininandanl lo Nor/h-Star, n'avait debarqu^ a Godhavn aucuncs provisions; ct quoique Ic inagislral de Godliavn, en I'aiisence du gouvernc'ur, ail pii notis j)ro(,incr Irc'S-vilc tons les rarralchissemenls nOcessaircs pour la santo do noire Equipage, il lui elait impossible de nous procurer des vivres pour loulc unc saison. Klanl alrisi force de re- iioncer a mon inletilion d'exarniner lu cole cnlre le Wiiale-Sound et la haie Melville, il ric me restait plus qu'a oblcnir les depositions sous scrment de mon in terprele , Adam Beck, relalivement au sorl des bali- ments a la recherche desquels nous allons. Gel inlcr- prete fut, lei" septembre, conduit devanl Ic magistral, et la il lul averti que, s'il elait prouv6 par une expedi- lion , qui serait probablement envoycie , aiice perdit une parlie de sa sous-barbe et de sa ( 105 ) fausso-quille. Le Uescue cut sa giiibre el son beaupr;is a nous coinaiticre que cclte cnlrepiise exigeait de vasles Iravaux preliminaires , savoir : une lisle comjili'to de lous les points astronomiques , la publication d'anciens voyages dans les conlrecs qui formcnt le sujet de nos recherches, el enfin la com- position des cartes speciales de quelques parties de I'espace compris dans la carte generale. Les brochures ci-joinles sent destinees a repondre ' a ces necessiles ; mais il rcste enccu'c beaucoup, soit a publier, soit a revoir. La premiere de ces brochures est ime liste de tous les points astronomiques, determines dans les regions situees (nlre 55"- 34° de latitude seplenlrionale el eSo-lOS" de longitude de I'ile de Fer. II se trouve dans cette liste environ 150 determina- tions qui n'avaient pas encore 6t6 publiees; de plus, j'y ai marque toutes les variantes connues, des deter- minations failes sur les mfemes points, les noms des observaleurs, I'annee de I'observation, el la ou j'en ( 170 ) al eu la possibility, j'ai indiqud le moycn employ^ pour le calcul de la longitude. Deux des autres brochures conticnnont Ics relations des voyages fails en 17/jO par Gladjscbefl' el Mouravine a Khiva, en 17/i2 par Miiller dans le Turkestan, et en 1800 par Pospeloffel Bournaschen' a Taschkente. A mon grand regret, je n'ai j)as encore eu le temps de publier I'int^ressanl journal de Fiorio Bcneveni sur le voyage qu'il a fait en 1721-1725 d'Astrakhan , par Mesched, a Boukhara cl a Khi\a. Ce journal porte Ic litre de : Breve giornale deW nimo cnriente 1725 dni mese Febbrcijo della mia pavtenza da Uiicliara per Mescet, del inio litorno dalfiume Amu e caiisato dnlli Tttrchineni die m'hai>evano insidiato, della niia fugetida d'" BuJiaria, come ami del mio arrii'o e passaggio per Hijua e della missione dell amb" tlijiiese alia Corle di S. M. 1" c miu arrivo seco tul in Astrachan. La derniere brochure ci-jointe conlient une analyse critique de la carle du khanal de Khiva et de la mer d'Aral , dressee principalemont d'apres les nouveaux travaux geodisiques executes dans le courant des dix derni^res annees par les ofiiciers russcs. En la com- posant, je n'ai pas manque^ de profiler des anciennes reconnaissances faites dans ccs endroils. Je prepare des notes pareilles pour les cartes deja dress6es du Kokan et de I'lssyk-Koul , ainsi que pour la carle de la mer Caspienne, dont la feuillc septen- trionale , deja achevee, a tik presenliie par moi le 30 avril a la Soci^le g^ographique de Russie. Cette feuille comprcnd I'espace enlre h^^-h"!" de latitude septenlrionale et 6il''-7/i' de longitude du mcridien de nie do Fer. ( 171 ) A mesure que ces mat^riaux seront publics, je ne manquerai pas de les soumellre a la Soci^te geogra- phique ile Paris. J'ai compose la carte de la mer d'Aral et du khanat de Khiva en russe ; I'exemplaire francais manuscrit de celte carte, qui accompagne ma presente lettre , a dt6 dress^ par moi tout expres pour la Soci^l6 geogra- phique de Paris. Celte offrande n'est qu'une faible expression de la haute esliine que j'ai pour celte association savante , et de ma reconnaissance pour la mention honorable qu'elle a accordee en 18^5 a mes premiers essais. Veuillez agr^er, monsieur, I'assurancc de ma par- faite consideration. J. nn Khanikoff. EXPEDITION DE JAMES RICHARDSON DANS L'AFRIQUE CENTRALE(I), PAR M. DE LA ROQUETTE. Dans le Bulletin du mois de decembre 1850 (2), j'ai (i) Afin de mettre les lecteurs du Bulletin en etat de suivre les voyageurs dans leur exploration de rAfrique centrale, nous avoiis cru devoir joindre a ce nuniero une Esquisse de I' itineraire du voyage de J. Richardson. Pour tracer celte esquisse, M. Malte-Brun a con- suite la caite du voyage de Denhani et Clappeiton, celles de MM. J. Arrowsmitli et deKiepert, la Cartedes routes commerciales de VAUjeric au pays Jcs Noirs, de M. Brax, les premiers itine'raires de James Richardson, ainsi que les infonnations successivement transmisps par MM. les docteurs Barth et Overweg; son travail a cte soutiiis a M. .lomard. D. L. R. (a) 3" serie, t. XIII, p. 73;et t. XIV, p. lo^, 5o3, 209, 38o-388. ( 172 ) fail connallre les progr^s de rexpedltion qui, sous la direction de M. James Richards'on, donl on vient d'ap- prendre la fin deplorable, el avcc la collaborallon de deux sujets prussiens, MM. lesdocleurs Barlh clOver- weg, elait partio de Tripoli lo vendrcdi sainl 29 mars de ladile annee, pour explorer la parlie cenlrale de I'Afriquc. Dcpuis, j'ai eu occasion d'cnlrclenir les lec- teurs du Bulletin de quelques resultals obleiius par ces voyagcurs. Je vais essayer de r(^sumcr aujourd'hui ce qu'ils ont fait depuis le 29 aoai (1850), date des der- niferes nouvelles prec^demmenl donnees. A cetle dale, les membres de I'expedilion elaient pres de Tin-Tellous, qu'ils placent au 18° hW de latitude, mais dont la longitude n'a \m elrc complele- ment dotermin^e, en i'aisant connailrc que la saison des pUiies, dans celte contree, dure jusqu'au mois de seplembrc, (jue des orages y arrivent journellement enlre deux et Irois beures de I'apres-midi, ct qu'a celte epoque le vent souflle tantot de I'ouesl et lanlot de Vest. Le 30 aout, les voyageurs firenl leur entree a Tin- Tellous , residence du prince En-Noui-, sultan des Kelves; et le 2 octobre suivant, le docleur Barlh an- non^a que ses compagnons et lui allaient faire une excursion jusqu'a Agbades (ou Jgades), capilale du royaume d'Abir, dont le nouveau sultan lui avail pro- mis sa protection. De son cote, le docleur Overvvcg (icrivail le 27 oc- tobre de Tin-Tellous, ot sa Icllre, jointo a quclques communications anteiioures , lournissait de curicux renseigncments sur le royaume d'Alilr et sur ses habi- tants. L'aspect ct la fertilile du pays, aux environs de Tin-Tc'llous, ddpassait I'idec que s'en etaicnt form^e ( 173 ) Jes voyageurs en traversant la frontiere du nord. Les ouadys y etaient couverles d'une vegetation verdoyante, qui fournissail la nourrilure a de noml)reiix Iroupeaux de ch^vres, de moutons , de boeufs et d'anes, que les habitants ^levent, et dont ils tirent leux' subsistance. Selafiet ou Seloufit [Siloiifit de la carle de M. Prax), dans la partie septentrionale du royaume, estsitue dans uno large ct fertile ouiidy rentermant des plantations de palmiers, ainsi que des jardins oil Ton cultive le gessitg et le froment. Plus au sud, les ouadys perdent de leur ferlilile; les jardins, les champs de ble el les palmiers disparaissent , mais les chevres, les anes et un petit noinbre de moutons peuvent encore y trouver une pature suffisanle. Meanmoins la jiopulation est beau- coup plus considerable dans la partie meridionale que dans le noi-d, et a cbaque demi-heure on rencontre des villages autour de Tin-Tellous. Les habitants tirent du Soudan le gessug, le mais, le riz, le beurre , c'est- a-dire tous leurs moyens de subsistance: ils lui four- nissent du sel en dcbange. En-Nour, prince de Tin- Tellous, le plus grand marchand de sel du pays, se rend chaque ann^e dans le sud avec deux a trois miile chameaux charges de cette denree, ct revienl avec des esclaves et des provisions. Ces grandes caravanes an- nuelles sont accompagnees par presque tous les indi- vidus males; ils ont, dans le Soudan, des secondes families qui y resident dans des villages; en sorte que ces especes de colonies de femmes reslent allernative- ment sans maris. La formation gt'ologique du pays, dil le doctcur Overvveg, est parlout granilique. Les plantes des en- virons de Tin-Tellous n'offrent aucune j)arlicularite ( 174 ) inleressanle : le talha est I'arbre le plus remarquable. Parmi les animaux, on dislingue plusieurs varieles de gazelles, donl aucune ne se laisse approcher a port^e de fusil; le lion r^gne dans Ics monlagnes. La faune ornithologiqiie olTre dos cspeces nouvelles ; outre un grand nombre de pigeons, dont les voyagcurs trouvc- renl la cbair agreable au gout, il y a unc cspece magni- fique de huppe [iipiifja), etc. Le 5 novenibro, le docleur Barth etait revenu a Tin- Tellous, apres avoir leruiine beureusenicnt I'excursion faile par lui a Agliades avec la grande caravane de sel et sous la protection du prince En-lNour, auquel on etait convenu de payer 600 dollars. La relation de ce voyage, jiarvenue depuis quolque temps en Europe, sera incessaniment publiee, avec une carte, par la Societe geographique de Londres. Aussitot qu'elle me sera parvenue, ct si, comme j'en ai I'espoir fonde, grace a la bicnveillance eclairee que M. le docteur Norlhon-Sbaw, secretaire de celte savanle institution, et plusieurs de ses membres m'ont tcmoignee , cette relation m'est communiqu^e des son apparition, je m'empresserai de la porter a la connaissance de la Societe. Pendant le mois de novembre, les docteurs Bartli et Overweg prolong^rent leur sejour dans le royauuic d'Abir, employant leurs loisirs a se forlifier dans la langue arabe et a apprendre le baoussa, parle surtout dans le Grand Desert et le Soudan. lis so dirigerent ensuile vers le sud; James Piicbardson vinl les re- joindre, et , au commencement de Janvier (1851), lous les membres de rex|)edili()n ctaient arrives dans I'immense plaine de Daincrgou (Demergou de la carle I ( 175 ) de M. Prax), ou, apr^s Stre restds peu de jours reunis, ils se separerent de nouveau, le docleur Barth se din- geant sur Kano, le docteur Overweg sur Goiiber, et M. Richardson prenant la route directe de Kouka par Zindar ou Zender. 11 parait que la les forces de ce chef de I'expedition commencerent a s'affaiblir, et qu'avant d'etre parvenu a unc douzaine de journt^es de distance de Kouka, il tomba serieuscment malade. U venait d'alteindre une grande ville appelee Kangarroua, ou un repos de trois jours semblait lui avoir rendu assez de forces pour continuer son voyage ; uiais sa faiblesse augmenta en arrivant dans I'ouady de Mellaha, et il cessa de vivre , dans la nuit du 3 au Zi mars, dans le village cVOu/igoiiroiitoua. (Voir aux Noui'elles geogra- phiques.) Arrive a Kano dans les premiers jours de fevrier, le docteur Barth y resta jusqu'au commencement de mars, et, pendant cet espace de temps, il reunit le plu s grand nombre possible d'informations sur I'in- terieur de I'Afrique. Comme le docteur Overweg nc I'avait pas encore rejoint, il partit pour Kouka, situee, commo on sait , a peu de distance de la rive sud- ouesl du lac Tchad. II alleignit cette ville le 2 avril, un jour seulement plus tard qu'il n'etait convenu avec M. Richardson a Damergou. Le docteur Bartli venait d'apprendre la mort de ce chef de I'expedition, 6vene- ment funeste qui lui fit concevoir les plus tristes pres- sentiments. ((Nous autres, pauvres Allemands, » dit-il dans une lettre ecrite par lui le 12 avril au docteur Beke , <( qui avions recu , avec de faibles moyens )) ( 200 liv. sterl.) accord(?s par le gouverneinent , » I'ordre de nous rendre de Londres a Mombase ou { 17(' ) )) Scnnar, cii truversanl I'AtVlque ceiilrali.', iiprcs avoii- » sacrifie loutes nos ressources personiielles et liasardo » nos vies, on ne nous a menie pas consitleres jusqu'ici » comme meaibres do la mission, ou coiume gentlemen, » mais plutol comme des scrvitcurs a gages. La uiort )) de Richardson mo parait done mcnacor I'expedition, » non pas seulement dune simple interruption, mais )) d'un arret definilif. IS'est-il pas extraordinaire, en » effet, que les deux marins, ou plulot Ic malelot et )) le charpontier que le gouvernoment a envoyes a » grands frais a Tripoli, ne soienl pas oidiges, par leur »conlrat, de servir la mission dont, suivant le hruil » public du moins, nous sommes meinbres (I)? II est » done probable que, cjuoitiue Piicbardson n'out jamais )) manifeste I'inlention de s'embarquer personnellc- » ment sur le bateau qui devait servir a explorer le lac » Tchad, les deux marins s'en retourneronl, aux IVais » du gouvernement, dans le lieu d'ou ils sont venus, )) sans nous avoir rendu le raoindre service. » A peine entrd a Kouka, Ic docleur Barth se presenta au palais du cheikh, comme un des Chretiens veiuis d'Anglcterre pour lui apporter des presents dc S. M. britannique, !\I. Richardson etant mort si soudaine- raent, quii n'avait pu laisser, en sa qualite de clief de I'expedition et tie representant oiliciel du gouverne- ment anglais, aucune instruction sur la direction ge- n«5rale qu'on devait suivre; aussi son inlerpr^te et ses domesliques avaient-ils dispose lout cc qui lui appar- lenail enlre les mains du vizir de Bournou. Le docleur Barlh, regu avec la plusgrande bienveil- {\) On pourrait ajouter les nieaibies les plus aolif's. 1). L. W. ( 177 ; lance par lo sullan , n'avait Irouvo a son arrivee a KoLika aiioiine disposition prise pour rexcursion pro- jelee autoiir tin lac Tchad, ol loules les personnes atta- cliees a I'expedition , ct ([iii paraissaient d^sesperees , se disposaienl a s'en relourner. Elle etait done dans un etat de desorganisalion complete, et la direclion avail, en oulre, contracte pour plus de 300 dollars de dettes. II y avail la de quoi decourager I'liomnie le plus enorgique! M. Barlh prit sur-le-cliamp son parti : pour soulonir I'lionneur du gouverncment au service duquel il voyageait, il considera conime un devoir imperieux d'acquilter ces dettes, en ^puisant son credit personnel, quoiqu'il cut lui-meme a reclamer 91 dollars ; et avec 100 dollars que voulut bien lui preter le vizir de Bournou, il put payer une parlie du salaire dii aux domestiques de M. Richardson. Le 7 avril , un counier vcnu de Zender apporta a Kouka la nouvelle que le docteur Overweg venait de retourner dans la premiere de ces places, et se propo- sait de se rendro ei Kouka, soit directeinent, soit par la route de Kano ; il y avalt envoye ses efTets, croyant que Ic docteur Barth y serait encore. Depuis, on a appris de lui, par une lettre do Zender, adressee a sa soeur, le 10 avril, qu'apres s'etrc separe de Richardson a Da- mergou, pour se rendre a Mariadi et a Gouber, il avail appris, dans cette place, la Irisle nouvelle de la morl du chef de I'expedition. II avail passe deux niois dans CCS cndroils, oil il a ^te accucilli amicalemenl et comme Thole du sultan. La temperature pendant les mois de f^vrier el de mars lui a paru tres-fraiche. II employail ses journees a des excursions de chasse avec les naturcls el ne manquait de rien ; aussi jouissalt-il (178) do la ineillciire sante. « \ ous savez, dil-il , que lout le » Soudan, el corlaincmont touto rAlViquo septcntrio- ). nale, sonl liabit(^s par dcs inaliomelans, a rexcoptlon )) d'un pelit iioinbro d'endroils, oil on trouve des iHo- » latrcs. Mariadi est un de ces endroits. C'etaionl les » idolalres de cette contree qui secouercnl, il y a trente wans, le joug des Felfa/is (Fellatas), qui les avaient » ecrases pendant cinquanle , et qui elurenl le » sultan mahouK^tan de Katchna, apres qu'il eut ete « chasse de cette place. II 6lail done fort important » pour moi de vivre parmi ces negres, qui conservent » leur caract5re africain, sans avoir el6 altdr6 par I'in- » fluence arabo. Comine un visileur venu de la contrive )) tres-eloign6e habitue ])ar les chr^liens, je fus accueilli » avec la plus grande bienvoillance par le sultan et par » les habitants; et, comine je pouvais converser avec » eux dans Icur propre langue, je fus bientot au cou- )) rant de leurs moeurs et de leurs coutumes, et pus, en )) retour, leur donner quelque id6e de celles des chr6- » liens. lis paraissaient saisir tout ce que je leur disais, » et ^taient pleins d'adiniration pour les belles chosos » et les conimoditos don I nous jouissions, Ce qu'ils ne » pouvaient comprendre, c'^tait que, dans nos pays, » un liomme ne possedal qu'une seule feuime. A Ma- » riadi, aussilot qu'un homme est en etat de gagner sa » vie, et apr^s qu'il s'est procure le plus simple vete- » menl, il cmploic tout le resle de son avoir a acheter » des fcmmes. Si I'un d'eux desire se marier, il donne » de !x a 8 dollars, ou de 2 a 4 tetes de betail , au j)ere » de la fiUe avec laquelle il desire s'unir, et le mariage )) est conclu. L'homme continue ses achats dans la » proportion de ce qu'il gagne , et presque tous ont i ( 179 ) )) plusieurs femmes. La coulcur blanche tie ma peau )) 6lait pour eux un objct d'aversion ot d'liorreur; les » enfanls, aussitot qu'ils ni'apercuvaienl de loin, s'en- » fuyaicnt en poussant de grands cris et on manifeslant » leur effroi; mais, en ma quality de medecin, specia- » lement pour los maux d'yeux , j'^lais beaucoup con- » sulle, et chaque matm le devant de ma maison i^lail » rempli d'individus venant demander mon secours. » Telles sont les derni^res nouvelles du docteur Over- weg. Quant au docteur Bartli, il atlendit son collabo- rateur jusqu'au 23 avril; mais celui-ci n'arrivant pas, etcomme I'expedition qui devait aller ^i Musgaw, dans laquelle lui-meme t^tait invite a accompagner le cheikli et son vizir, avait ete dilT<^ree par suite d'une grande razzia des Tonaregs qui avaient envahi le pays sur trois dilTerents points, il se d^lermina a faire seul une excursion le long du lac Tchad, en poussant jusqu'a Angournou. Le temps de son sdjour a Kano et a Kouka avait k\.k, utilement employe a recueillir des informa- tions sur les differentes parties de I'Afrique centrale, et a reunir un grand nombre d'itineraires transmis par lui au docteur Beke. On trouvera a la fm de cette note des extrails de ces itineraires et de ceux que le meme voyageur a adresses a M. Auguslin Petor- niann. « La saison , dit le docteur Barth, 6tait tr6s-fa- vorable pour accomplir la tache que jc m'etais im- posee, car il y avait, a Kouka surtout, des individus de loutes les parlies occidenlales du continent africain, dont qiielques-uns se dirigeaient vers la Mecque, tandis que d'autres retournaienl chez eux avec plus ou moins de renseignements sur les contr^es de Test. » Pendant les deux premiers jours de son exploration, ce voya- ( 180 ) goiir ful la moilie ilu lemps dans I'caii, souvenl jiisqira la selle de son cheval. 11 visila , dans cclle region, los Uudihtinas (1), pcuplo qui \it siir des terrains quo Denhani a decrils coninie de petites lies siluees dans Ic lac, niais qui ont cte reconnus etre de vasles prairies, dont I'etendue superficielle est beaucoup plus grande que celle du lac lui nieme (2j. Apr^s une exploration de quatre jours, lo docleur Bavlh, dont la derniere lellre est datee de Kouka, 28 avril , represente ce lac comme un immense marais, dont la seule portion propre a la navigation est un canal profond forme par la riviere Chary, qui y verse un immense volume d'cau. Le Tchad est lout a fait un palus, ot non un Incus (3), pour me scrvir des propres expressions de M. le doc- teur Barth, qui ajoule que Plolemee avail eu a son sujet des informations exactes. (i) Le ilodeur R.irtli a envoyt' an chevalier runsen iin vocaLulaiie des Ikiddmnas, qii'il noil eire d'liii liaiu iiitcri't, coinine ctant cdiii dune graiide natiuii (|iii consci vc foii indejxnilaiice depuis les temps les plus recules. D. L. R. (2) 11 paiail que le docleur Bnrlli a visile le lac Tciiad pendant ics Lasses eaux, d'oii devait lesulter une gr.inde extension aux ilcs du major Dtnhani (ics Buddumas de nos carles); celte circonstance explique tres-hien pourqiioi le docteur appello cc lac un jwlm. Si on connaissait inieux les localiu's (|ue Plolemee avail en vue dans la noographie de celte parlic de I'Afiicjue, il serail moins difficile de comparer Telat ancien des lieux avcc I'elat acluel; mais ce n'esl pas le cas : h: lac en question correspond-il an Niilxt palus, NoCSa ).ijvril cela est douteux : Plolemee emploie le meme mot, d'ailleurs, pour le lacui Moeridis (>'p.vy)), el le S'tiboitis pains, J - D. (3) Voyez la note ci-dessus. (Voir a la fin de crt article la lettre ecrite p:ir M. d'Kscajiac a M. de la Roquette.) { 181 ) ITIN^RAIRES, ETC., TRANSMIS A M. LE DOCTEUR BEKE PAR M. LE DOCTEUR BARTII. Je vous transmets d'abord deux nouveaiix illnc'raircs jtisqu'h Adamawa, contre'e dont je n'ai pas jusqu'ici detourne Ics yeux, mal- gre Tetat miserable auquel nous sommes exposes. Men premier informateur, homme habile et inleressant , dont la connaissancem'a ete d'un immense avantage, appartient aux Sbiirfa- Ueled-Bu-Seba, qui vivent en partie dans le voisinage de Merakesli et en partie dans rouady de Sakiet-el-hamra , au midi de la ouady de Noon, ensemble avec les Ueled-Delaim. Mon informateur ap- partient a cette section qui habite Sakiet-el-Hamra, et son nom e»t Alimedu-Bel-Majub. II est alle cinq fois a Adamawa. I. De Yakoba, en traversant Adamawa, jnsqu'au pays des idola- tres; les sept premiers jours au sud-est, ensuite direclement au sud. On trouve ici un ilineraire de 34 jours, que VJtltcnwnm, auquel nous empruntons ces documents, no jujje pas convciiablc d'impri- mer, parcc qu'il craint qu'ils n'interessent pas la gene'ralitc de ses lecteurs. II sera envoye a la Societe royale geon;ra[diiquc de Lon- dres, pour etre publie dans son journal, avec les aulres rommuni- cations faites par MM. Petermann , le docieur Beke et le Foreign- Office. Les extraits suivants peuvent ne'anmoins etre donne's ici. Neuvieme joiirne'e . — Campe pres des idolatres appeles Koana, sur les bords de la riviere Benue, laquelle, suivant resiimatioa de mon informateur, a une largevu- d'environ 2 000 yards ( iSp.g metres ). Le peuple a un grand nombre de barques pour traverser la riviere. Les Koana sont d'une tres-haute taille, les plus grands que mon in- formateur ait jamais vus. Dix-huitieme jotirnee, — Arrive a KtintsJia, residence du gouver- neur Mohammed-Gabdu , fellan qui est sujet du sultan d'Adamawa. La ville est vaste, mais les niaisons sont entierement construites en herbages ( /las/iee^/j), a resception de celle du gouverneur, qui est bAtie en terre. La ville est situee sur une riviere gueable dans la saison seche, mais qui ne peut etre traverse'e qu'en bateau au mo- ll. AOUT ET SEPTEMBRE. 7. 12 ( 182 ) ment des pluies. Elle csl iribntniic du Faro, (jiii loi-meme se jetle dans le Benue... De cet endroit, vous vous tomnez un peu a I'oiiest, en continuant au sud-sud-ouest. finjtet uniemejourncc. — Joiofangel, place degrandeurmoyennp, batie par un gouvenieur fellan do ce nora, ([ui y reside, etant de- pendant du suhan de Yula. Pendant la route, vous avez des mon- tagncs, lesf|uellcs, d'apres ce que je puis en jufjcr, semblent ne pas former de cliaiues continues, mais etre plutut isolt-es. Avant d'at- teindre Jorofangel, on passe unc riviere qui est ge'neralement nominee par les arabes voyageurs, et par men in forma teiir, lids el-ma, et est representee comme etant la veritable source du Benue. Elle a un jet de pierre de large, et on li traverse sur une sorte de radeau. Mon informateiir, hoinme fort judicieux, est parfaitement sur que le Benue se jette dans le Qwara, et non dans le lac Tcliad ; mais il ne se ruppcile malheureusement pas le nom que la riviere porte ici. Vinnl-deuxicme journee. — Un village du Bakr-Yemyem, section du si nial fame Yeniyem, qui a obtenu le nom de Bdkr d'un Fellnn (le ce nom qui les gouverne. Ces peuples, ainsi que cela a ete prouve' il y a quelqucs anne'es, mangent reellcuienl Jc la chair liumaine ; mais, ayant e'te soumis aux I'ellans, il ne leiir est plus pcrmis de jouir de leur nourriture favorite. La place est situte sur unc riviere considerable et navigable, tributairc du Benue. Vingt-qualrieme journee. — Vous entrez dans le terriioire des Tehar, idolatres, lesquels, de memc que les Yemycm, aiment la chair liumainc; ils placent les teles de ceux qu'ils ont dc'vort's (leurs en- nernis) comme ornements au sommet du palais ou habitation de leur roi. II. Itincrairc de 6 jours, dont I'extrait suivant peut etre donne. Sixieme journee. — Entre une et deux heures de I'apres-midi, vous arrivez a Yola, {jrande place ouverte, espece de faubourg ^loi- gnedela grando ville 'S ET CHIXOIS, ETC. Paris, 1849, imprimerie nationale; in-.j". PREMIER ARTICLE. Cliargd par la Socidtd de geographic de lui presen- ter un rapport d^laille sur cet ouvragc, j'ai mis qucl- que retard dans la redaction de mon travail , par suite de circonstances tout a fait indepondanles de ma vo- lonte. Aujourd'hui je profitc avec empresscment de quelques instants do loisir pour m'acquitter de la luche qui m'a ete confiee. L'histoire dc I'lnde a toujours 6te, jusqu'a present, unc cnigmc pour ainsi dire indechilTrable , el Ton comprend que la curiosity des crudits se porte de pre- ference vers un sujet qui peut donner lieu a d'inldres- santes ddcouverles ; rien n'est d'ailleurs plus extraor- dinaire que Ics opinions contradicloires qui so sont produitcs dans I'appreciation du petit nombre de ma- tiiriaux dont ces dcrniers siecles nous ont revole I'exis- tcncc. Pour certaincs pcrsonncs, Ics Hindous sont le ( 189 ) peuple le plus ancien de la terre ; ils etaient parvenus a un degve de civilisation tres-avance , alors que les autres nations etaient plongees dans les ten^bres de la barbaric; puis leurs colonies et leurs idees se se- raient repandues sur tous les points du globe ; leur idiome aurait donnii naissance aux langues de I'Occi- dent; il faudrait faire remonter jusqu'a eux I'origine des arts, des sciences et de la pliilosopliie : pour lout dire, en un mot, ils auraient ete les instiluteurs de I'univers. D'autres, au contraire, ne voicnt dans les Hindous que des hommcs sans aclivilo comme sans valeur, youths, depuis les temps les plus recul^s, a des super- stitions ridicules ou a des reveries peu dignes d'occuper des esprits s^rieux; condamnes al'immobilite par une loi inflexible qui les parque dans des castes distinctes; aussi incapables que les Chinois de s'^lever au-dessus de quelques pratiques consacrees par le temps ; ayant recu du dehors, a diverses epoques, des connaissances qu'ils se sont appropriees sans en comprendre jamais la porlee, et, bien loin d'offrir une langue mere aux Strangers, empruntant des nomenclatures nouvelles aux peuples avec lesquels ils se trouvaient en rapport, meme accidentellement. Ce qu'il y a de plus singulier, c'est que rien jus- qu'a prt^sent n'est venu trancher d^finitivemenl la question; ccs jugements si oj)poses s'appuient sur des raisons 6galement solidcs , et cela s'cxplique par un fait infmiment curieux. Les Hindous n'ont jamais eu de chronologic, et par consequent point d'annales; riiisloirc do leur pays leur est plus inconnue qu'a nous-meraes. Ils ont une litterature; mais, lorsqu'on ( 190 ) veut fixer I'epoque a laqucUc tcl ou tcl ouvragc a clo compose, on floUe dans des espaces imaginaircs , ct Ton ne pent, a niillo ans pi-^s, saisir un resultal salis- faisant. All point dc viic de la philosophic rcligieuse, les hypotheses sont encore plus confuses. L'origine du brahmanisme et du bouddhisme n'a jamais 6li nelle- ment eclaircie, et Ton a vu, il y a quelques annecs, un savant anglais declarer haulement que le Sanscrit {sanctum scriptum) oLait une langue lout a fait mo- derne. On dit bicn que les livres bouddhiques ont ele ecrils en Sanscrit plusieurs siecles avant J.-C; mais on reconnait que le Sanscrit est d'importalion etran- gere. On varie egalement sur I'age de Bouddha: une tradition chinoise, qui n'a pas, il est vi-ai, grande au- torite, place vers 350 avant I'^re chreliennc la nais- sance de ce r^forinateur, le sepli^me et le plus parfait des prophetes ; nos indianistes la reportent toutefois a I'an 450. lis avouent en mfime temps que la lultc du brahmanisme et du bouddhisme n'a eclalt^ que sept ou huit siecles plus tard, et par consequent trois cents ans au nioins apres la predication de I'Evangile; ce n'est que vers I'annee iGO de J.-C. que le boud- dhisme penetre a la Chine; de la des rapprochements et des reflexions que la ciitique n'a point manque de faire : le bouddhisme est la religion du pauvre ; il [)r6che I'egalite entre tous les liommes; Bouddha n'a rien ecrit; c'est par la parole, par le verbe, (ju'il a transmis sa doctrine, et les ecritures canoniques nc sont que I'^cho de ses discours. On retrouve dans lo bouddhisme les monastores, le celibal, la confession, les concilcs; I'^lat de perfection, le niivana, auqucl on ( 191 ) arrive par la science et la vertu, est une sorte d'abs- tenlion de toutes clioses oii d'aneantissement absolu qui ne laisse aucune prise aux passions humaines. Comment s'etonner, apres cela, que les uns aient vu dans le christianismo uno conlre-epreuve de Ja reli- gion bouddhique, et que d'aulres aient pretendu re- trouver la trace d'emprunls nombreux fails par les bouddliistes a la religion chrelienne, au momentou le nestorianisme fut preche avec tant de succes dans les Indes ? Les partisans de cette dcrniere opinion sup- posenl que la langue indienne s'est enricliie a la mfime epoque d'cxpressions grecques et latines, et que le meme esprit qui a dot6 les dialectes slaves des carac- lercs cyrilliques s'est 6tendu jusqu'a I'Hindoustan. lis font remarquer avec quelle facilite les Indiens ont de lout temps modifi6 leur langage , puisqu'il a suffi de I'invasion arabe pour leur faire adopter I'liindoustani moderne. Si les livres bouddhiques ont et6 originaire- ment composes en Sanscrit bien ant^rieurement a I'ere clir^lionnc, comment se fait-il que les versions clii- noises, thib^taines et mongoles, soient toutes de beau- coup posterieures a J,-G.? N'y a-l-il pas encore la un nouveau motif de doute? L'on comprend qu'en pa- reille matiere il faut se defier des idees syst^maliques. M. Lassen , bien loin d'approuver ces imaginations enthousiasles, qui font de Pylhagore Bouddha lui- meme (Buddha Gourou le savant maitre), declare hau- tement que les Grecs et les Ilindous ont developpo isol6ment les uns et les autres leurs doctrines pliilo- sophlques ; mais il confessc avec Colebrooke que I'lnde doll beaucoup a la Grece sous le rapport des sciences exactes. D'aulres veulcnt que Mars et Cupidon soient ( 192 ) les dicux de I'lndc Ram ct Dipuc, dont les noras au- raicnl eto simplcment rctournes. D'etyinologic en Etymologic, ils arrivent a rctrouver dans toutes les lan- gues connues dos mots sanscrils , sans rechercher si les termcs grecs ct latins, d'ou ccs mots dirivcnt, n'au- raient pas etc, au contraiie, importes dans I'lnde. Toutes ccs contradictions ct ccs obscurites ont contri- bue a laisser planer sur les etudes indiennes unc sortc de discredit ; on craint dc trop s'avancer, car on sait a quels cruels mecomptes les theories formees a priori peuvent conduire les erudits aux prises avec un peuple qui n'a pas de chronologic j on a done reconnu qu'a- vant tout il fallait reconstituer les annales indiennes, et, sous ce rapport, deux grands efforts ont et6 tenles dans ces derniers temps, I'un par I'auteur de I'histoirc du bouddhisme, M. Burnouf; raiitrc par M. Reinaud. M. Burnouf s'appuie principalement sur une lisle, donnee par Abel Remusat, de patriarches bouddhistes qui auraientfleuri dans I'ile de Ceylanplusieurs siecles avant J.-C; mais pourra-t-il rattacher a cclte lisle quel- ques-uns des grands evenements dont I'llindouslan a 6tE le theatre pendant la meme periode? La est toute la question, et, tant qu'elle ne sera pas resolue, on ne pourra dire qu'on a rendu u I'liistoire de I'lnde les dales qui lui onl manquE jusqu'a present. M. Reinaud , h son tour, a eu I'idEc de rechercher dans les auleurs arabes et persans, et dans les r^cits de voyageurs chinois, lout cc qui pouvait nous Eclaircr au milieu de ces ej)aisses ten^bres. Le recueil public par M. Gildemeister en 1838, et intitule : Scriptonun arabmn dc rehtts Indicis locict opuscula, lui offrait, mal- gre ses nombreuses lacunes, les premieres bases du ( 193 ) travail qn'il se proposait d'entreprendre. Au nonibre des traites qu'il a mis, de plus, u contribution, nous signalerons : 1° Un chapitre du Modjmel al-Te\>arikh , extrait de la version persane d'un ouvrage arabe fait en 1026 par Aboul-Hassan-Ali , de la ville dc Djordjan, ct traduit, dit-on, d'un livre Sanscrit; 2° Le livre des conquetes de Beladori, qui mourut en892de J.-C; 3° La relation des voyages que les Arabes et les Per- sans faisaient en Chine et dans I'lnde au ix" si^cle , publi(§e par Soleiman et Abou-Z^id; h" Les prairies d'or de Massoudi, contemporain de ce dernier, r^digees vers 943 ; 5° Quelques chapitres de deux voyageurs cdlebres, Al-Istakhari et Ibn-Haucal, qui visilerent a la meme epoque la vallee de I'lndus (941); G" Des fragments de la relation de Misar-Abou-Dolaf, qui parcourut en 942 la Tartaric, la Chine et I'lnde, relation dont so sont servis I'auteur du Ketab-al-fihrist (Traitede bibliographic) vers 987, Cazwini en 1275, ct Yacout , qui rddigeait dans la premiere moitic du xni' si^cle son grand dictlonnairc g^ographique. 7" La chronique d'Otbi, coraposec vers 1022; 8° Des cxtrails de I'histoire universelle de Mirkhond ; 9° Le poeme du schah Nameh ; 10° Et cnfin un manuscrit du cel^brc Albirouni (1030), qui pr^sente un tableau int^ressant de I'etat politique et lilteraire de I'lnde , au moment ou les armies musulmanes y p6n^lrerent pour la premiere fois. On voit que les materiauxcmploydis par M. Reinaud ( 19A ) ne remontent pas au deh\ du ix' si6cle dc noire brc, mais deux voyageurs cliinois, Fa-IIian el Iliucn-Tsang, qui florissaicnt vers /i25 el 630 de J.-C, onl donno sur rinde dcs rensoignemcnls qui s'accordent qucl- quefois avec les recits des auteurs arabcs, el peuvent servir de controle. On sail que la relation de Fa-Hian a 6le traduile du cliinois, ct conimenlde par Abel Ri- musat sous le tilre de Foe-kotie-ki. Une parlie deces documents etait conn ue : Anquelil du Perron , Silvestre de Sacy, Quatremc're, etc., en ontapprdcid la valcur; par consd-qucnt il n'y avail pas lieu d'espercr une de ces grandes d^couvertes qui changent complelement Ics idi^es rcrucs, et ouvront un cliamp nouvcau aux investigations dc la science ; mais M. Reinaud, en soumeltanl les Icxtcs qu'il avail sous les yeux a un examen coniparatif, a pu rectifier plusieurs passages douleux, et conlirmor quclquos- unes des hypotheses de rillustre Colebrooke. Les aulcurs arabcs ne nous apprennent rien de po- silif sur rinde ancienne jusqu'au temps d'Alexandrc : aussi M. Reinaud passe-t-il rapidement sur les tradi- tions mylhologiques qui onl donne lieu a lant de sup- positions loulcs gratuiles; il place la lulto des Paii- davas ct des Koravas du xv^ au xn° siecle avanl nolin 6re , vers I'epoque du siege dc Troie, qui rcsle aujour- d'luii fixee a Tannoe 1280, el non point cent ans plus tot; il s'attache surlout a iaire ressortir ics rappcrls de rinde et de la Perse , rappclant qu'Herodole couiplc la vallde de I'lndus au nombrc des provinces dc Darius, fils d'Hyslaspe. INous aurions desire que M. Reinaud, qui cite sur celtc derniere question I'ouvrage du docteur Schauncl- ( 195 ) bergcr intitule : Corpus scriploriim 'vetenim qui de India scripsemnt (Bonn, J 8/15), fut entrd clans quelques de- tails sur les relations anciennes de I'lnde et de I'vVsie occidcntale; il se borne a dire un mot des conquetes de Ninus ct de Semiramis. M. Lassen, qui place au rang des fables les expeditions do Bacchus et d'llercule dans rinde, croit celles de Ninus et de Semiramis plus pro- bables; mais, voyantdans Ninus le fondateur mytho- logiquo de Ninive, et dans Semiramis la d^osse assy- rienne Mylitta, il attribue a leurs successeurs les exploits dont la tradition a conserve le vague souvenir. Pour Cyrus, il est plus explicite : il affirme que ce prince pritKapissa, dans le Caboulistan, et, en elTet, I'lnde f'ormait une des vingt satrapies du heros perse. Com- ment allier ces divers temoignages avec cetle autre assertion , que le nom des Babyloniens serait demeur6 inconnu des anciens Ilindous, ct que ceux-ci auraient recu par I'intermediaire des Pbeniciens quelques par- ties de la science astrologique des Chaldeens? Ces hy- potheses auraient besoin do passer au creuset de la critique, et M. Pieinaud n'a pas jug6 a propos de s'y arreter. A parlir du regne d'Alexandre, les indianistes ad- metlcnt trois grandes epoques dans I'histoire litte- raire de I'Hindoustan ; la premiere est celle du roi VJkramaditya, maitre du Malva, versl'an 57avant J.-C; avec la seconde apparaissent au v' si^cle I'astronome Vahara-Mihira et le grammairien Amarha-Sinha; la troisieine, enfin, est marqu(^e au xi* si^cle par le r^gne de Bhodja, protecteur ^clair6 des arts et des sciences. M. Reinaud signale avec soin les traces de I'influence grecque au dela de Tlndus, et rappelle les relations de ( 196 ) Sandrocottus avec Ics Scileucidcs. II expose onsuite les conqu^tes tl'Asoka, pelit-fils de Sandrocottus, qui au- rait 6tcndu sa domination dans I'Afghanislan actucl ct dans les gorges do I'llindou-Kousch; puisil menlionne les principautes fondles au in* et au iv° siecle avant noire ere, par dcs avenluriers grecs, dans la valine de Caboul , le Pcndjab, etc., et remplacees par une dy- nastic \ue-lchi ou turque, qui aurail subsist^ jusqu'a I'arrivee dcs Arabes, et a laquelle appartiendrail le roi Kanka, Kanika ou Kancrkes, quclqucs ann^es avant J. -C. II trouve aussi, dans les auteurs arabes, un prince nomm6 Kereud, qui aurait gouvern6 le Malva au temps d'Alexandre (mais dont les Grecs, il est vrai, ne pai'lent pas); el d'un descendant de Kefend, Bar- caniarys, il fait Vikramaditya , qui aurait encouragii la liltorature indigene; il suppose I'exislence d'un se- cond Vikramaditya, fondaleur de r6re de Saka , vers 78 apr6s J.-C, dans la ville de Sravasti, a Test da con- fluent du Gange et de la Djomna, et d'un Iroisierac Vikramaditya, contemporain de Vahara-Mihira et d'Amarha-Shina , au v° siecle; il donne enfm a cc dernier prince le nom de Bhodja I", pour qu'on no le confonde pas avec le Bhodja du xi" si(^cle, qui paralt avoir march6 sur les traces de son homonvmc. On voit que tout se borne a un petit nombre de fails. Pax^mi les villes qui ont jou^ un role important dans I'histoire de I'lnde, nous devons mettre au premier rang Canoge, qui, du iv* au vi"= siecle de noire ^re , exer^a une sorte de preponderance sur lous les pays voisins. Les rois de Canoge, appeles Gopla, enlretin- rent des relations avec les Sassanides, qui avaient 6lev6 en Perse un nouvel empire, et qui ^talent alors par- ( 107 ) venus au plus haul clegr6 de splendeiir, ef ce serait vers cette epoque qu'il faudrait placer la rdidaction des fables de Pildpai, I'invention dii jeu des ecbecs et du jeu de trictrac, qui seraient d'orip,inc persane. Les migrations des Nestoriens dans les diverses parties de I'Asie propageaient ogalement en Orient I'influence grecque; mais cette influence s'elait deja manifestee depuis longtemps au milieu des peuples de I'lnde. M. Reinaud en trouve la preuve irrecusable dans la composition des pieces de tbeatre on langue nationale sous Vikraraaditya I", et dans la grammaire de Panini, qui remonte egalement a pres d'uu siccle avant I'ere cbreticnne. Nous reviendrons plus loin sur cette opi- nion, en traitanl la question des sciences de I'lnde. Nous devons terminer dabord noire exaraen de la partie bistorique et geograpbique du raemoire de M. Pieinaud. Lorsque les Arabes pen^trent dans la vallee de I'ln- dus, vers le milieu du vu° siecle, It- royaume de Canoge estbiendecbu de sa grandeur : au nord , les rois de Cacbemire et de Caboul n'exercent aucune preponde- rance; vers le sud, le vizir Tolch vient de fonder une nouvelle dynaslie dans le Sinde , et le Balbara regne glorieusemeiit dans le Maha. Faut-il voir dans la de- nomination de Balbara une alteration de Malva-rai (Radjab du Malva)? C'est une inlerpri^tation qui sou- 16ve quelque doute ; toujours est-il que le Malva et le Magadba , situ6 au nord-est, sont a cette epoque les deux principaux foyers litteraires de ia presqu'ile. Nous avons laisse de cote lout ce qui regarde les croyances religieuses de I'Orient, parce qu'on est tou- JQurs r^duit a des bypotbeses plus ou moins ing6- 11. AOUT liT SEPTKMBRIi. 8. 13 ( 198 ) nieuses. iVl. Reinaud croit que le mfeiue culle a cloiniii(!! priinilivenicnl dans la Perse et dans I'liide. Les Ilin- dous personnifi^rent pen a pen les forces de la nature, el reconnurent trois divinites principalos, Brahma, Siva et Vichnou. Vors lo milieu du vi" siecle avant J.-C, Zoroastre en Perse , et Bouddha sur les bords du Gange , oper^rent une rcforme accoplee par les uns, rcpoussee par d'aulres, et laisserent subslsler les anclennes pratiques, ce qui expliquerait les noni- breuses conlradiclions que Ton rencontre a chaque pas. La grande lutte du bralimanisme et du boud- dbisme apporla plus tard de profondes modifications a I'clat de I'Orient. Le bralimanisme Iriompha dans la presqu'ile , dans los iles de Java, de Sumatra, a Malacca; et le bouddhisme en Chine, a Ceylan , et parmi les populations energiques de la Tartaric, de la presqu'ile au dela du Gange et du Japon, ou il se maintient encore aujourd'hui. Quant a I'incarnation do Chrisna, M. Reinaud la reporte a une epoque loute moderne, et en cela il s'accorde avec I'opinion expri- mee par M. Garcin de Tassy dans le tome II de son Hisloire de la litterature hindoustanie . Le travail que nous analysons prend un caractfere beaucoup plus posilif lorsqu'il s'agit des invasions arabes. Sous le regne des premiers khaliles, plusieurs expeditions peuvenl etre signalees. Des 637, une flolte parlie de I'Oman fait une descente dans File de Tatta, non loin de la villa actuelle de Bombay ; une autl'e flotte parlie du Bahrein atlaque, dans le golfe de Cara- baye, la ville de Baroud; une troisicnic entreprise est dirig^e vers les bouches de I'lndus. En 6/|3, Abdaliab, (ils d' .mer, apres avoir cnvahi ( 199 ) le Kerman el le Sedjestan, d^fait le gouverneur persaii' du Mekran el le roi du Sinde rennis; quelques annees aprfes , Abdelrahraan, fils de Samrah, attaquait la province d'Al-Daver, delruisait I'idole Zour, el occu- pait la ville de Bost. Les royaumes. de Caboul ct da Sinde formaient la fronliere des possessions arabcs. Dans la seconde moiti6 du vii° siccle, qaelques incur- sions peuvent etre menlionnees; Mohalleb, fils d'Abou- Sofra, pt^netre, en 66!i, au coeur dii Caboul, el rend le* roi du pays tributaire ; les territoires de Cosdar, pres dc K^latli et de Candabyl, sont devastes ; les musulmans s'approchent de plus en plus de la vallee de I'lndus. Les rois de Caboul pi'ofilent des troubles qui eclatent sous les premiers Ommiades pour recouvrer leur in- dependance ; Abdelrahman, fils de Samrah, s'empare de Caboul du vivant de Moaviah; en 683, Abdelaziz, fils d'Abdallab-ben-Amer, est encore une fois oblige de faire respecter I'etendard du prophete. Ce n'est qu'en 700 que le rainistre Hedjadj, gouverneur de I'lrak , songe areculer leslimitesdel'empire arabe, et menace a la fois la Transoxiane, le Sinde et le Caboul ; ses pro- jets, un instant suspendus par I'opposition du klialife Abdelmalek, ne sonl mis a execution qu'aprcis I'ave- netnent de Valid. En 707, Mohammed, fils de Cassem, se dirige vers les sources de I'lndus, prend Daybal, Bahnian-Abad, residence des rois du Sinde, Alor et Moultan, qui devient le boulevard de I'islamisme, et se rapproche de la chaine de I'llimalaya, lorsque la mort d'Hedjadj le rappellc du cote de I'Euphrate ; il devait bientot expler dans les supplices le tort d'avoir pris un trop grand ascendant sur les populations indigfbnes ( 200 ) par la sagesso de son gouvernernent et la hauteur de son genie. « Des ce moment , dit M, Rolnaud , la puissance arnbe )) ne se retira plus de dessus le pays. 11 y eut mfinie » un instant, sous li; kliallfat d'Omar, fils d'Abdelaziz » et successcur de Soliman , ou plusieurs chefs ido- » lalres embrassferenl I'islamisine et adopterent des » noms arabes. A la mernc opoque , de petitos flolles » allaicnl faire des doscentes sur les coles du (juzarate » et du golfe de Cambaye. ou de tout temps il se fit » un riche commerce. » L'an 725, un corps de troupes musulmanes s'avan^a jusqu'u Odjcin , dans lo Malva ; quelques incursions furent dirig^es vers le royaume de Cachemirc, mais ellos resterent sans r^sullat. Sous les Abbassldes, le roi de Caboul recommcnga plusieurs fois les hoslilitcs ; Ahnamoun, gouverneur du Kho- ra^an, I'ul oblige d'assiegcr sa capilale ; \Aus lard, Yakoub, chefdo la dynastic desSoffarides (871) pdnetra au cceur de sesElats, pilla Bamyan, Caboul, Pcndjchyr, et mainlint dans ces contrecs la superiorile des armcs musulmanes. A la fm du ix' siecle, les Samanides se rendirenl maitres, de leur cole, de la Transoxianc, renvcrserenl, qucKjucs ann6esapr6s, les Soffarides, et firent de Bokhara le centre de leur empire; ils re- duisirenl Ic roi do Caboul aux lerriloires de Peicha- ver, de Laghman et du Gandhara : Labor, selon toute probabilili , devinl la residence du prince depossedd. Mais il n'etait pas reserve aux Samanides d'assurer definitivement le Iriomphc de rislamisme dans ces vastes contrf^es; ce Tut un de lours (imirs, Alp-Tckin, qui , s'clant enipar6 de Gazna , y jela , sous leur pro- toclion , les fondemonts d'uno puissance formidable. ( 201 ) Sehektekiu, son gendre , (jlendit sa domination sur la principaule de Bost, dans le Sedjestan , sur celle de Cosdar et sur les provinces que le roi de Caboul con- servait a I'occident de I'lndus (97C-977). Mahmoud, son fds et son successeur, fit plus: anime d'un zfele ardent pour la religion du prophfele, et rcvStu par le khalifo de Bagdad du litre d' Yemin- Eddaulah (bras droit de I'Empire), il passa I'lndus, obligea le roi de Caboul de se jeter dans la vallee de Cachemire , mit le Pendjab a feu et a sang , et s'avan^a jusqu'i Moullan, qu'il delivra de I'oppression d'un parti car- malhe (1005) ; trois ans apr^s, il portait ses armes au nord-est de Labor, et enlevait la forteresse de Nagarkot ; en 1015, il traversait la Djomna et s'em- parait de la ville de Tanasscr; en 1018, il 6tait maltre de Matbourah, sur la vive occidentale de la Djomna; en 1019, de Canoge et des bords du Gange ; en 1021, de Kallindjer; enfin, en 1025, il rcnversait I'idolc de la ville de Soumenat, sur la cote du Guzarale ; a sa mort , arriv(^e en 1030, I'islamisme ^tait implant^ au centre de I'llindouslan. La s'arrele M. Reinaud ; nous avons donnd une es- quisse rapide de la partie bistorique de son travail; il y a joint des indications geograpbiques nombreuses, et qui peuvent donner lieu a d'interessantes disserta- tions. C'est d'abord la position de Baliman-Abad, qu'on a confondue a toit avec Mansourab, fondee vers 733 par les Arabes, un peu plus au nord : Babman-Abad ne serait pas la vi!le des Brabmanes dont parle Diodorc de Sicile, niais bien plutotla JMiiinagafa de I'auteur du periple de la mer Ervtbree ( Maba-Nagara , la grande ville). Plus loin, nous retrouvons, dans le Tokbarestan, ( W2 } Ics To/apo! cics Giccs; clans C;inogo, Kvvoyi'j;/; ; dans Pan- tchala , riac/aaXai ; clans Seymour on Djeymoiir, 2(>u)).a; tlans Bnrygaze, la Barourlj dcs Arabes, Bywyv^ai dans Soubara, l.^,-jv:apa , la Sofala de I'lnde el peut-etre rOphir de raiuiquite. La nomenclature chinoisc fournit aussi quelques rapprochements curieux : Lo- bou-lo est identifiee a Labor; Fan-yan na, a Bamyan ; Fo-lou-cba ou Po-lou-cha-poura , a Pelscbaver ; La- hou, a Ladak , etc. D'An\illc s'est tromp6 sur la posi- tion de Taxila (Mariikiala), et le major Ronnell a beu- reusement rcctifie celle de Palibolra ou Patalipoutra. La Sangala d'Arrien devient la Sagala d'lIiuen-Tsang, la Djabaraoura d'Albiroiini ; Pouscbkalavall r^pond a I'ancienne Peuceliolis, Tanesser a Stanes^Yara, Poun- gbari a Pendjebyr, Avanla a Odjein, Enderab a Anta- rava, Patan (Falana ou Afgbans) a Ahalvaro, Pecboui a Espydjab, Pahana a Ferganah, Bokba a Bokhara, Samacan a Samarcande. Ouaybend, dans Ic Gandbara, n'ost pas Altok, mais bien Ou-la-ka-han-da ; Manekyr doil 6tre consideree comme une alteration do Maba- nagara, /n grande ville de Dhar; enfm, Sourata, qu'il ne faul pas confondre avec Surate, n'est autre que Surasbslra , dans la contrec appelee par les Grccs Sy- rastrena, Lne belle carte joiiile au memoire de M. Rci- naiid, et dressde par M, d'Avezao, permet de suivre avec fruit I'auleur dans ses diverses excursions; nous exprimerons seulenicut un regret : c'osl que I'ortho- graphe des noms ne soit pas loujours unifoi'jne. On lit dans le cours do I'ouvrage Baloutchislan , Kaboul , Peichaver, etc., el BelouUhistan, Caboul, Pciscbaver, sur la carte , ou Ton chorche vaincmenl les noms du Gange etde laDjonma, donlil est si souvent question; ( 203 ) inais nous laisseroiis la ces critiques sans importance, pour examiner la partie scienlifique dii travail de M. Reinaud : ce sera Tobjot d'un second article. SiDII.LOT. APERgU DES TRAVAUX DE LA SOCIETY GI^OGRAPHIQUE RUSSE PENDANT l'aNNEE 1850, PAK M. DE LA ROQUETTE. La Society geographique de Russie a accompagnd le compte rendu de ses travaux pour I'annee 1850, el dont plusieurs ont deja ete signales dans ce Bulletin, d'une petite carle sur iaquelle on a indique , par des teintes particulieres ou quelquefois seulement par des chiiTres, les contrees explorees ou decrites par ses membres ou par les voyageurs munis de ses instruc- tions (1). 11 m'a semble utile de reproduire cette carte (2), ot de I'acoompagner d'un expose succinct des travaux qu'elle est deslinee, pour ainsi dire, a il- lustrer. (i) Les coinples rendus de la Societe {jeojiraphique russe different essentiellement de cenx qui sont presentes annuellement aux Societes geogiapliiques de Paris et de Loiidres. Les premiers ne tiaitent que des travaux executes, en voie d'execution ou projeles par les Russes et dans rintcretde la Russie, tandis que les deux autres Societes s'oc- cupent de tuus les travaux {;eo{ijraphiques de quelque importance dus a des elran<>ers aussi uieu qu'a des natioiiaux. (2) INous avons fait traduire en francais tousles noms qui se trou- vaient ecrits en caracleres russes sur la carte orijjinale. ( 20/1 ) .lai fail tuiinailre, dans la secoude j^artic dc nion liap/jort siir les progres tie la geographie pendant les an- nees lSZi9 et 1850, la pari active que la Socidle geogra- phiquc russc avail prise a la rcdificalion des atlas provinciaux de la Riissie d'Europe (1), ainsi que I'im- portante exploration que , dans un Inil d'utilites deux series de triangles qui en- clavcnt le lac Gotclikay et se reunissent a Tiflis, avail 6te conduitc, I'annee suivanle, a I'est jusqu'a la mer Caspienne, au sud jusqu'a la frontiere de Perse, et a I'ouest jusqu'a Akhaltsykh. En 18Zi9, le rdseau de Iriangles fut etendu a I'ouest jusqu'a la mer Noire, cl porte, au nord, sur les som- (1) Bulletin, 4' serie, t. I, p. 491- (2) Nous avons dcja (lit que le systeme devonien elait la premiere des grandes divisions etablics par les Anglais dans les terrains infe- ricurs a la grande formation houilliere. (3) Bulletin, 4* serie, t. I, p. 492- ( 205 ) mets monies do la chaiuc ceuUale des monls cau- casiens; sur les l)ords de la mer Caspienne, dans une vaste plains pi-es du poste de Soumgansk, on luesura une secondc base verificalivc. Enfin, en 1850, M. Chodzko accomplit I'ascension de I'Ararat, avec des instrumenls geodesiques, poury mesurer les angles verticaux des principaux points du reseau trigonom^trique (1). Les r^sultats des travaux de M. Chodzko, de ceux du lieutenant AlexandrofT et de r^tat-major du corps d6lache du Caucase, donnent une base solide a la cartographic des contrees parcou- rues, confirment les donnees deja oblenues sur les niveaux relatii's des mers Noire et Caspienne, et offrent des observations importantes pour la iheorie de la re- fraction terrestre. L'Asie Mineure, si intimement lice a la Transcau- casie, et deja visitee par trois savants russes, MM. Bir- dine, Vronlchenko et Lvoff, a ete cxploree de nouveau, tant sous le rapport geologique que sous le rapport geographique, par M. Tchikhatchef, qui a consacr6 trois annees a I'etude de cette contree celebre, et la carte qu'il en a fait dresser par M. Bolotofl, portant des denominations locales en langue francaise, se grave en ce moment a Paris. La chaine des monts Ourals, dont la Soci^t^ geogra- phique russe avait confie en 18Zi7 I'exploralion au co- lonel Hoffmann, I'un de ses membres, a ete visit^e pendant le cours de cette annee et des annees sui- vanles depuis les sources du Voikar jusqu'a la mer (i) Bulletin Jc Janvier i85i, 4° seiic, t. I, p. 52 et G6 , et Bul- letin de mai, p. 5i5. { -206 ) Glacialo. Cc savant oilicier a resolii la (juostioii dc rcxisltMicc, jiisqu'alors douteuse , de I'Oural seplen- Irional , et ^tabli d^finilivement la veritable direction de celte liraite naturelle de la Russie d'Europe sur un espace de dix degres vers le nord (1). C'est ici que nous devons citer I'exploration des steppes des Kirghises, d'Orenbourg, cntre I'Oural et I'Aral, conlree dont M. KhanikoCF a public en l8/i5 une carte que de nouveaux travaux executes en 1847, 1848, 1849 et 1850, ont mis en etat d'ameliorer. Tandis que M. Nobolsine, muni d'inslruclions et d'un subside pd-cuniaire , parconrt Ic gouverncment d'Orenbourg et les provinces riveraincs de la mer Caspienne, pour recueillir des informations locales sur relbnographie ct la statistique, d'autres voyageurs russes eludient la g«5ograpble de cette mer intei'ieure sur laquoUe une serie de rechei'ches ont ^t6 commen- c6es sous le r6gne de Pierre ie Grand. La partie sep- tenlrionale d'une carle generate de la mer Caspienne et des pays riverains, que le conseil de la Societe geo- grapbique russe a conliee a iVI. Kbanikoff, est presque lorminee ; esperons que la carle tout enliere ne tar- dera pas a I'utre. Une petite mer voisine, celle d'Aral, dont I'inlerieur 6tait rest^ jusqu'ici a ]ieu pros inconnu, a ete ex|)loree dernierement |)ar MM. Boulakoll et PospelolT, officiers de la marine impdriale russe, qui y ont decouverl plusieurs iles (2); ct les provinces septentrionales de la Perse avoisinant la mer Caspienne ont et6, ainsi que (l) Bulletin dc fevrier i8.ii, 4' serie, t. I, p. i3G. (a) Bulletin . 73; it juillut, t. II, p. i36. ( 207 ) le kliaual de Rliivu, I'objet dc strieuses iuvcstlgations, Les observations aslronomiques du colonel Lemni, et les travaux du colonel Blaramberg, qui a public un ouvrage important sur la Perse scptenlrionale, avec le r^sultat de ses excursions poussees jusqu'a Herat, et ceux de MM. Nikiforoflf, Danilevsky elLehmann, ont perrais a M. Khanikoff de dresser une belle carte de la raer d'Aral, du khanat de Khiva et des pays voisins jusqu'a la Perse, qu'on trouvera jointe a notre BuUetia du mois de juillet. C'est au naluraliste Lehmann, que je viens de citer, iiiort mallieureusement en IS^'i, que la science geographique doit I'etude des boucbes de rOural, du rivage sud-est de la mer Caspienne et du inont Oust-Youst, des renseignemenls precieux sur la contree situee entre Samarkand ot Boukhara, et sur la vallee du Zarevsban, inaccessible jusqu'a lui aux observations et aux recherches des savants. L'espace situe au sud-est des steppes des Rirghises de Sib^rie, et renfermant le Kokan , les deserts des Kara-Kirghises nomades, el la Mongolie chinoise oc- cidentale, peut etre considere comme la partic de I'Asie la moins exploree. Un voyage du topographe russe NifanliefF, avec la mission de faire des explora- tions locales cliez les Kara-Kirghises , lui a procui'6 une carte assez detaillee du lac Issyck-Koul et des montagnes environnantcs, ainsi qu'une esquisse geo- graphique du pays. Ce document, du aux habitants mcmes, quoique laissant beaucoup a desirer, le recit, communiquti en 48il8 par M. Savilch , du Kaissack- Kentai-Betlescheff, qui s'elait trouve en captivite chez les Kara-Kirghises, et quelques autres informations soumises en 1850 a la Societe geographique russe ( 208 ) par Ic gouvcrneui- general de la Sib^rie orientale, onl m revus par M. de Helinersen et par M. Khanikoff. Le premier a public a ce sujet un article dans le tome V des Dlcrnoires de la Socicte ; le second , apr^s avoir pris pour base la carte qui lui avait et6 confine, celle du Rokhan , d^ja publide par la Societe, celle du klianat de Boukhara dont il etait I'auteur, et plu- sieurs autrcs, a prepare, sur une echelle de 50 verstes (parpouce anglais), une carte qui comprendra tout I'es- pace de terrain conipris entre le Z|0° et lo /|8" degre de latitude se])tentrionale, et entre le 86° et le 102' degre de longitude orientale du moridien de File de Fer (1). Cette carte sera publico incessamment. La Society gcographique russe dispose en ce mo- ment un Atlas general qui doit renfermer loute la portion de I'Asle centrale, comprise entre les 33* et 55° de latitude septentrionale , et entre les 65»et 100» de longitude orientale du meridien de I'ile de Fer. M. le general Bolotoff a ileja prepare le reseau gcogra- phique de ce vaste espace sur une echelle de 50 verstes (par pouce anglais), d'aj)rfes la projection de Gauss, qu'il a su appliquer a la cartographic, landis que , (i) Je crois devoii- faire obseiver que les carUs russes placent le meridien de I'ile de Fer a 20" de celui de Paris, mode suivi dans toutes les anciennes cartes francaises, et cliangt' par nous depuis rpielques annees, lorsqu'on s'est apercu que le 20" a I'ouest de Paris ii'aiteignait aucun point de I'ile de Fer, ce qui a fait adopter en France le ao" 3o', qui atteinl Ic point le'plus occidenlal de cette ile. Suivant M. Raper ( Practice of nav'ujation ), la partie noid-ouest de lile de I'cr est au 18° 7' 3o" il I'ouest uu niL-ridien de Greenwich, et par consequent au 20° 27' 54" de celui do Paris. D'apres la carte des iles Canaries de I'Amiraute anglaise (i848), le point le plus occidental de I'lle en qucBtion est a 18° 10' de Grcenwicli, oua 20° 3o' 24" de Paris. I ( 209 ) de son c6t6, M. Khanikoff, charge de recueillir toutes les determinations asti'onomiqiies qui v ont trait, a dispose une nomenclature de loutes les loca- lites de I'Asie centrale, dont la situation est aslrono- miquement determln^e (1). Le reseau geographi- que une fois dresse, M. Bolotoff y a fait fixer les portions separees de I'Asie centrale qui elaient re- presentees sur les cartes partielles les plus recenles. M. Khanikoff, dont on ne saurait d'ailleurs trop louer I'activite , s'occiipe du compte rendu de tous les maleriaux employes dans cette immense entre- prise. Parmi les travaux projet^s par la Societe g^ogra- phique russe el en \oie d'exccution, je citerai : 1" Une expedition danslapresqu'ile du Ramlschalka et dans d'autres possessions russes de TOc^an oriental, c'est-a-dire du 50" au 70" de latitude septentrionale, pour Tex^cution de laquelle le comte Tchapsky s'est engage a fournir pendant cinq ans une somme an- nuelle de 5 000 roubles d'argent (20 000 fr. ) , et M. Golouhkoff 30 000 roubles d'argent (120 000 fr. ). Deja MM. Ozersky et Reinecke ont reuni des notices sur toutes les rccherches accomplies jusqu'a ce jour dans ces conlrees de la Sib(irie orientale. 2° La publication en langue russe, au moyen d'un (i) Ce tahleau alpliabetique, pul)Iie' en brochure aux frais de la Sociele, renferine tout I'espace compris entreles34''et 35° !i'i actes de geneiosiie. ( 211 ) golfes de Kinderlin et de Kliiva n'elaient pas mfiliie indiques , elc. : ces defectuosiles ont ete signal^es a M. Froriep, et on lui a communique tous les mal6- riaux russes relatifs a I'Asie , recemment acquis ou qui n'etaienl point publics au moment de I'elaboialion primitive de Ja carte. Outre ces Iravaux, se rap[Jortant aux indications de la carte que j'ai deja citee , il on est d'autres dont on doit egalement I'iniliative a la Society imperiale g6o- graplnque russe ou qu'elle a encourages ; tels sont, par exemple , diO'erenls voyages executes en Afrique par MM. Cenkowsky, Rafalowitcli , Dumanetz, Kova- levsky, etc., et d'importantes recherches sur la geo- graphie physique, I'etlinograpliie, la statistique, etc., qu'il serait trop long d'enumerer ici , et dont plusieurs ont ele indiquees dans mon rapport (1). LEVE TRIGONOMETPiIQUE DE L'INDE. Parmi les documents publics par ordre de la Chambre des communes d'Angleterre, le D^pol de la marine a regu dernierement un cahier ayant pour litre : Lci'e trigonometrique de Vliide. II porte le n° 219 des docu- ments parlemenlaires; il emane de la Compagnie des Indes, et a ete imprime d'apres un ordrc de la Chambre des communes, en date du 15 avril 1851. II m'a paru intercssant d'on donner a la Societe une analyse tres-succincte, afin que Ton puisse connaitre ce que Ton pourrait y puiser. (i) Bulletin dp inai i85i, /\' seric, p. /^^>i)■^c)g. ( 212 ; La parlie principale est intitul^e : Happort siir les progres da grand leve trigononietriqiie de FInde, avec Vetat de la depense qu'il a occasionnee et Vetendue da tramiljusqu'a I'annee 18/19-1850. Ce rapport est sign6 par M. A.S. Waiigh, lieutenant-colonel des ingenieurs, surveyor general de I'lnde, el surintcndant du grand leve trigonometi'ique. II est datd dc Delira-Dun , le 20 octobro 1850. On trouve dans ce rapport I'liisloire compl^lo de cet immense travail, consislant a couvrir d'un r^seau de triangles les possessions anglaises de I'lnde, qui, depuis le commencement de cettc operation, ont 616 en s'agrandissant d'lme maniere si prodigieuse. C'est en 1801 que rcnlreprise ful commencee, sous la direction du colonel Lamhton; en 1818, le colonel Everett lui fut adjoint, et le rempla^a apres sa mort; enfin , a M. Everett succcda le colonel Waugh , qui est aujourd'hui a la tetc de I'op^ralion : le rapport fait connaltre les dillerenles chaines de triangles qui ont 6te executdes, les bases qui ont 6te niesurees, les instruments qui ont 6lti employes et les depenses qui ont ele faites pour cette operation. « En resumanttous les resultatsdu leve Irigonom^- trique de I'lnde, dit M. Waugb , depuis son commen- cement par le colonel Lambton jusqu'a I'annee 18/18, on voit que le total general de la surface triangulee s'el^ve a bjl Qhh milles carrds, etle total des depenses a 312 389 livr. sterl., ce qui fait environ 18 sliil. 1 den. par milic carre. » La dcrniere guerre nous u donne de nouveaux royaumes et a augment^ le terriloire dc 169 827 milles carres. Les limites de notre empire paraissent cepen- { 213 ) danl avoir 6le alleinles, et la superficie totale de I'lnde anglaise, telle qu'elie exisle aujourd'hui, en y compre- nant le Scinde, le Penjab, Jalandar, Doab et Tenas- serim, a 6te estimee avec beaucoup de soin a 800 758 milles Carres ; celle des fitats des princes du pays est de 508 4/12 milles carrt^s. » Nous indiquons ces chiffres pour donner une id^e de rimmense 6tendue d'un semblable travail. Quant a la dur^e de ce qui reste a faire, M. Waugh estime que, dans six ou sept ans, il est probable qu'on pourra avoir une idee de I'epoque a laquelle I'operation tri- gonomditrique sera terminee. II deviendra n^cessaire ensuite de lever les parties quise Irouventdans I'intdrieurdes chalnesde triangles. Deja des operations de ce genre ont dt6 commencees dans les presidencesde Madras etduBengale : c'est une espece de cadastre, fait au raoyen de petits triangles, design^ sous le nom de Bei^eime -Survey, atlendu , je crois , qu'il a pour but principal de fixer les im- pots. On trouve dans le rapport la liste des districts qui ont 6te ainsi leves et la comparaison de quelques dis- tances obtenues par le moyende cesop^ra lions, avecles r^sultats fournis par le lev6 trigonometrique; d'oii on conclut que les erreurs du lev^ cadastral ne s'elevent pas i plus de 5 a 12 pieds par mille. Quatie appendices se trouvent a la suite de ce rap- port. L'appendice A est I'extrait d'une lellre du lieute- nant-colonel J. Young, secretaire du gouverneur ge- neral , relativeraent aux Iravaux du colonel Larnbton et a la nouiination du capilaine Everett pour son ad- Jl. AOtT I'.T SEPTEMBRE. 9. \k ( 214 ) joint: il donne quelques details siir les premieres ope- rations. L'appendice B esl I'extrait d'line lottre du colonel W. Blacker, surveyor general, dans laquello il discule la puperioi'ite d'un lev6 tiigonomelrique sur celui que Ton voiidrait ex^cuter an nioyen d'obscrvations astro- nomiques seuleinent : tout en reconnaissant cellc sup^riorile, on doit convenir que le colonel a un peu exager(i les erreurs des observations astrononiiqucs. L'appendice G est le tableau de toutes les dillerentes parlies du leve depuis 1800 jusqu'a 18/19, avec le temps qu'a exige cbacune d'elles, la superficie du travail, la d^pense totale et la depenso par mille carr^. L'appendice D est intitule : Tableau geographique du leve de I'lnde. II donne pour cliaque province le titre de la carte qui contient le lev6, le nom de I'auteur du travail, I'epoque a laquelle il a 6t6 fait, et les notes du surveyor general. On trouve ensuite la designation de quaranle et une cartes du grand Atlas de I'lndc qui ont deja (^te pu- bliees. Le dessin et la gravure de ces cartes ont coOte 5 884 livr. slerl. On les vend Ix sbil. la i'euille colo- riee. Quatorze autres I'euilles, dont on donno aussi la liste, sont a la gravure. Ln autre document est intitule : Tableaux indiquant les divisions, districts et de- parteruents suivant lesquels I'lnde au delude l' Indus est part a gee sous les i-apports politique, civd, financier, jii- diciaire et mililuire, Jaisant coimuitre la superficie, la nopulation et la nature des productions de cliaqne district, et niontrunt la position qu'ils occupent I'is-it-vis la Com- ( 215 ) pagnie. des Indes, soit qomme sujets immediats , soil con\me tributaires, proteges, siibsidiaires , ou independants. Ces tableaux sont exlremement int^ressants, et pre^ seplent d'autant plus d'authenticite, qu'ils ^manent d'une source officielle, P. Daussy. REMARQUE SUR LA GRANDE CARTE DE L'lNDE POBHEE PAR LA COMPAGNIE DES INDES ORIENTALES. La Compagnie des Indes orientales a enlrepris un ouvrage immense qui semblerait s'avancer lentement, si Ton ne considerait la grandeur et la complication du travail, les details infinis de nomenclature dans laquelle sont enlres les redacleurs de la carte, et enfin la proportion de I'^chelle. Cette echelle est de 1 pouce pour /i milles anglais, ce qui revient a peupres a 1 pour 253 /i40 environ. La gravure des cartes est de M. John Walker. Les districts montagneux ont dt^ releves par le colonel Hodgson, le capilaine Herbert, le capilaine Webb, etc.; le Bundelcund, par le capitaine Franklin ; rinde meridionale, par le colonel Mackenzie, le co- lonel Mountford , le capitaine Garling, le capitaine Snell, le capilaine Ward, le lieutenant Connor, etc.; la frontiere nord-est, par le capitaine Bedford, le lieu- tenant Wilcox, le lieutenant Fisher, le lieutenant Pera- berton, etc. Voici I'ohjet de plusieurs des cartes jjrln- cipales : la feuille 47 conlienl les levds fails dans le pays montagneux, au nord de la province de Sirmoor el la principale partie de Bissahir; la leuille 48, la ( 2'i6 ) partie m^ridionale de la province de Sirmoor, une partie de Gurhwal el le Dehra-Doon ; la feuille 65, les sources du Gange, I'liidus ct le Sutledj; la feuille 66, la province de Kumaon ; les feuilles 69 ot 70, la plus grande partie de la province de Bundelcund ; la feuille /42, parlie de Soonda ct Bilgy, les districts meri- dionaux duDecan (Kor, Raneh,Beflnore,Gootul,etc.). le nord-ouest des domaincs du rajah de Mysore et la province de Canara-Nord ; la feuille /|3, Canara-Sud , partie de Mysore ct le district de Codugu ; la feuille hh, les leves du capilainc B. S. Ward, dans le Malabar; la feuille 58, partie du tcrritoire de Nizam ( Moodgul etRaichoor) et le nord-ouest des districts ct^d^s ; la feuille 59, la partie sud-ouest des districts cedt^s et la parlie nord de Mysore; la feuille 60 est principalement le \g\6 de Mysore; la feuille 61 conlienl les levds du capitaine B. S. "NVard dans le Malabar et le Coimba- toor-Sud , ct ceux du colonel Mackenzie dans les dis- tricls cedes; la feuille 76, les lev6s du colonel Mackenzie dans les districts cc^d^s, et du lieutenant Mountford et aulres, dans Guntur ot les domaines de Nizam; la feuille 77, la partie sud-est des districts cddes et la partie nord du Carnatic; la feuille 78, les leves dans le Carnatic, le Baramahl, etc. ; la leuille 80, les lcv(^s des districts de Ramnad, Shevagunga , partie de Tan- jore, etc.; la feuille 81, les lev^s de la cote de Ramnah et Tinnevelly ; la feuille 95, le leve de la partie est du district de Guntur et de Mazulipatan et Condapilly ; la feuille Z|9, les leves a Test et a I'ouest de la Jumma, dans le voisinage de Dehli; la feuille 63, les lev^s de Travancore et de la parlie la plus sud de la cote de la peninsule; les feuilles J2/|, 120, 130 ct 138 cniition- ( 217 ) nent les leves d'Assam el les sources du Brahmaputra ; la feuille 125, le Icve de Silhet ; la feuille 131, le lev6 de Munnipoor. Les designations du contenu des 27 carles precitees font pressentir I'interet de cette publication, portee aujourd'hui a hi cartes, et Ton annonce que ill autres sont en cours d'execution. Conimc les savants s'occu- pent beaucoup en ce moment de la geographie com- paree de I'lnde, afin d'eclaircir son histoire, ils Irou- veront de precieux sccours pour leurs recherches dans ce grand ouvrage, attendu que la geographie ancienne n'a pas de base plus solide que la geographie moderne appuy^e elle-m6me sur des operations geom^triques. L'Academie des Inscriptions vient d'offrir un prix pour le naeilleur ouvrage sur la geographie comparee de rinde. J — u. ( 218 ) PVoiivelleii geog;ra|ihic|iies$. EUROPE. SUPfeRFlClE ET POPDLATlOi? ftfi LA BHSSlE d'eCROPE EN 1850 ET POPULATION DES PRIKCIPALES VILLBS EN 1 840 (1 ). SiipciTicie cu mill.c. Arkliangel 12000 258 000 Astrakhan a 8G0 390000 Gouvcrnements par ordie alphabeliquc. Populiliou cii I80O. Piincipales villcs et Iriir population cii 1S40. VillfS. Bessarabie, avcc I'arr.' cl'Ismail 858 Courlamle 49^' Cosar|nes du Don ( pays des) 2943 Ekallierinoslav , avec Tarr.' deTan{;arog. . i 206 Esthoiiie 376 Finlandu (gr.-duclie de) 6 873 Grodno 693 laroslav 6()0 Kalonjja 573 Kazan i 128 Khaiko>v 985 Kherson, avpc la ville d'Odeisa I 332 Kiew 914 Koursk 818 Kostroma i ^Cj6 Kowno 7.58 Livoiiie 853 Minsk 1 62>. Mohilew 885 Moscou 589 Nijni-Nowgorod .... 877 rso\V{;orod 2 2l3 Olonetz 2 784 Orel 859 Orenbourg, avec le pays desCosaq.de rOural , G773 Penza 690 Perm 6073 Podolie 774 I'ollava 897 Pologne (royaume de). 2 294 808 000 564 000 718 000 887500 3 1 7 000 I 539 000 925 000 1 028 000 I 02G 5oo I 370 000 1 497000 859000 I 638 000 1714 000 I 076000 ()52 000 83a 000 I 067 000 950000 1 4o2 000 I 203 000 926000 268 000 I 533 000 I 987 000 1 I 09 (ino I 670 5oo 1 737 000 1819 5oo 5 008 000 65 i52 38976000 Astrakhan, Kischnew . Akerniaun. Populal, 45938 4^636 25 339 Jaroslaw. 34943 Kalouga 35 290 Kazan 4' 3o4 Kharkow 29395 Odessa 60 o55 Nikolaiew. . Kiew Koursk . . . 28664 47424 30469 Riga. 5996c Moscou 349068 Kijni-Nowf[orod. 3 1921 Orel 32 600 140471 (1) Nous avons puisc ces inrarmations dans Ic savnnt ouvragc dunl M. L, dc Tcgoborski vinnt (le (aire paiaitre a Paris le premier volume chez J. Kenouard, suus le tilre de : Etudes sur tes forces productives de la Russie. (2) M, Tcgoborski evalue le mille gtojraphique a 6956 verstes (742-2 kilom. environ). ( 2U) ) Gouvenienieuts jiai' oidix' alplKibe'lique, Report . . . , Supei ficii: eumill.c. , , . 65 iSa Pskow 809 Biazan 766 Saint-Peteisboui-g . . . 970 Saratow 3 5i5 SiniLiisk I 3i5 Smolensk i 019 Staviopol, avec le pays des Cosaques de la mer Noire 2 65o Tambow i 202 Taiiride, avec I'arrond. deKeitsch-EnikoJks. 1 i63 Toula 555 Tschernigow i 000 Twer I 223 Wilna 768 Witebsk 810 Wiatka. ...::..».. 2 5oo Wladiniir. ....... 862 Wolhynie 1 295 Woloji;da 6967 Woroneje 1 209 PiipnUition eu ISiiO. 38 976000 791 000 I 393000 991 000 I 753 000 I 345 000 I !g4ooo 537 000 I 786000 584 000 I 25i 5oo 1 459000 I 354000 898000 8o5 000 I 696 000 1271 000 1474 000 839 000 1 691 000 I^riueipales vllles el leiir population en 1840. Villes. Populat. St.-Petersbourg. 470202 Cronstadt .... 54 747 Saratow 4 2 287 Sevastopol Toula. . . Wilr Berditchew. Woroneje. 41 i55 54735 54499 35592 43 800 95 760(1) 62088000(2) J5otX. — L'elendue dfS possessions de la Russie en Asie est partagee, dans la stalistique de M. Reden, de la maniere suivante : 1° PROVINCES TRANSCAUCASIENNES. Milles c. geogr. .475 I 35o Georgie Arnieuie 2° SIBERIE. Gouvernemeiit d'Omsk et de Tobolsk 34 9°° — de Tomsk 60 4oo — d'lenisseisk, Irkoutsk et Okhotsk, avec le Kamlchalka I 23 3oo Steppes des Kirghiz, iributaires de la Russie 3o 000 Les lies. I 1 10 Superlicie des possessions russes en Asie 242 535 (3) L'elendue des colonies russes en Aiiierique est evalue'e a 1 7 5oo Total pour les possessions russes en Asie et en Ainerique. 260 o35 (1) Cesl I'evalualioii Ue M. Ai'seiiieff, dans laquelle la Nouvelle-Zemble u'esl pas Com prise. {'!) Dans la population porlee ou tableau ci-ilessus, celle des villes figure pour 5 528 400 habitants, (o) Avec une population cvaluee a 5 200 000 habitants. ( 220 ) ASii;. POPULATION DE L'ARCHIPEL INDIEN ET DE LA PRESQL'ILE DE MALACCA (1), PAR M. SPENCER SAINT-JOHN, TRADL'IT DE L'ANCLAIS PAR M. DE LA ROQLETTE. II existe une si grancle difference d 'opinion sur I'^tat de la population de I'archipel oriental, que c'est peut- 6lre une recherche aussi interessante qu'ulile que d'cssayer d'arriver a quelque conclusion a ce sujet. Pour approcher le plus possible de la vcrite, j'inviterai les lecteurs de votre estimable journal a une discus- sion amicale des fails , et leur demanderai avec instance de faire tout ce qui d^pendra d'eux pour augmenter nos connaissances sur les lies indiennes et sur le nombre de leurs habitanis (2), (i) Get article, dont Tautenr est M. Spencer Saiiit-John,acte adresse a I'edileur du Journal of the Indian Archipt:la(jo, ct public en anglais dans le nuine'ro du mois de juin 1 849- Les notes non signees sont de Taufcnr de I'article; celles de I'edi- teur du journal anglais sont indiquees par les initiales JiW. [editeur); et les e'claircisseinents que j'ai cru devoir ajouter, par les lettres D. L. R. D. L, R. (a) « Vous me donnerez, j'en suis assure', toutes les informations w que vous possedez, en les accompagnant d'un commenlaire... Je ■ serai cliarme d'apprendre que vous ctes d'accord avec moi, et je le • serai cg;alement si, dans le cas contraire, vous me faites connaitre » en quoi nous differons, car toute discussion conduit a la verite, et ■ c'est elle que je cherche. » Voila ce que I'auteur nouscrrit, et nous •itong ses propres mots, parce qu'ils t^moignent de I'excelient esprit ( 121 ) On peut deinander : « Comment il est possible d'^tablir la popuhilion de pays si mal connus , ou qui ne le sont pas du tout? » Je r^pondrai que , bien qu'incapable d'etablir d'une mani^re minutieusement exacte le chiffre de la popu- lation , on peut n^anmoins approchcr de la verite , en qui ranime. Ayant reconnu qu'en ouvrant le debat sur Sumatra, pour y faire figurer les travaux de M. Wilier, il deviendrait necessaire de determiner les nombres d'individus de chaquo race, nous suspendtmes la lecture de la communication de M. Saint-Johii jusqu'a ce que nous eussions mene a fin notre propre tache. Nous trouvons que notre resultat differe grandement du sien; mais nous sommes fortement dispose a penser que celui-ci est toujours trop eleve. Un renvoi au do- cument cite par nous rendra tout commentaiie inutile en ce qui con- cerne Sumatra; le temps et le travail qu'ont exige les recherclies que nous avons eu a faire dans des documents neerlandais nous serviront d'excuse, si nous n'offrons pas en ce moment quelques remarques sur les estimations deM. Saint-John relativement alapresqu'ile, a Java, etc. Nous devons faire observer que revaluation deM. Temminck n'est point son oeuvre propre basee sur desdocumentsofficiels, ainsi qu'illelaisse supposer a ses lecteut s, mais «ne copie litte'rale de celle de M. Francis dans le Tijdschrift voor Neerlandsch Indie pour iSBg, laquelle peut avoir ete oiiginairement un document officiel, dont M. Temminck aurait dii citer le nom de I'auteur, puisqu'il se ri'fere ailleurs au Tijdschrift, et qu'il ne pouvait ignorer que cette evaluation etait de M. Francis. Le document concernant la cote occidenlale parait me- riter confiance, et c'est seulement lorsque M. Francis quitte la region qu'il connait que seschiffres ont une teinte de cette exageration splen- dide de sir T. S. Raffles, qui ne semble jamais satisfait des totaux quand ils ne s'elevent pas a des millions. Nous invitons nos lecteurs, et en parliculier les Indiens ne'erlan- dais, a prendre part a cette enquete; elle nous parait offrir, sous plu- gicurs rapports, une grande importance pour etablir la population actuelle de I'archipel, el parliculiercnient les nonibrts de chaque race ou tribu. Nous espe'rons que M. Saint-John aura les moyens de les donner pour Borneo, les Philippines et Celebes. Ed. ( 222 ) consullaul ol coiuparant Ics incilleures aulorites, en ^coutant avec calrue les objcclions qui peuvent 6tre faites , et , par-dessus tout, en jugeant du nombrc des habitants des iles ou parties d'iles encore inexplo- I'^es, par coinparaison avec celles que nous connais- sons dejei. Ca et la, nous ponvons obtenir quelques faibles lumieres, d'apr^s les rapports des indigenes. Quant a la in^lhodc a adopter, je propose de divi- ser ces contrees en trois groupes: le premier corupre- nant les ^lablissements sur Ic detroit, et la presqu'ile de Malacca ; Ic second , Sumatra et les notiibreuscs pelites lies qui I'entourent; et le troisieme , les riches possessions nderlandaises de Java , ct les iles adja- centes de Bali , Lonibok, Flores, Sumbava, etc. ; et , poursuivant ainsi pas a pas I'enquete sur tout I'archi- pel , et terminant par la grande lie do Lucon , et les autres dependances de i'Espagne. On peul re])resenler la peninsule ou presqu'ile de Malacca comiiie situee au sud d'une ligne liree de Palani au centre de Pulo-Trotlo. En prenant pour guide Newbold , cet investigalcur si minulieux ct si exact, qui a jete tant de lumieres sur ces contrees, nous arriverons au nouibre suivant des habitants des nombreux petits Elats silues sur les cotes ou pres de la mer, et nous pouvons consequemment nous arreler a certains chiffres pour la population du vaste interieur sur lequel.nous ne poss6dons que de bieli faibles donn^es. D'apris I'autorit^ de Newbold, Kidah contienl 50 000 hah. Pera 3S 000 - ( 223 ) Report 85 000 liah. Salangor 12 000 - Johore (1) 25 000 — Pahang AO 000 - Kemaman 1 000 — Trangganu 30 000 — Ralantan 50 000 •— Patani (2) environ . . . .• 30 000 — Sungei-Ujong 3 200 — Rambau 9 000 — Joliol 2000 - Muar 2 400 - Orang-Binua, Johole 1 000 — Orang-Binua, du reste de la presqu'ile(3) 25 000 — Pinang et province de Wellesly (i). . . 120 000 — Malacca (5) 46 882 — Singapore 60 000 — Total 542Zi82hab. (i) Beaucoup tiop eleve'e , et nous soupconnons qu'il en est de nieme pour beaucoup d'autres. •fi'f/- (2) Cttte contre'e contenait,avant I'invasion desSiamois, 54000 ha- bitants {Newbold, vol. II, p. 70). J'accorde qu'il y a done eu 24 000 per- sonnes tuees ou reduites en esclavaj'e dans cette circonstance. (3) Ceci est une presomption. En jugeant seulement du nomhre des Orang-Binua, dans le Johole, c'est une evaluation tres-basse; mais, quoique la longueur de la preSiqu'iie soil d'cnviron ^ou niilles, sur une largeur approximative de 120, et que nous sachions que, generale- ment, Tinte'rieur de ce vaste espace est habite par les diverses tribus des Orang-Binua et Samang, cependant, dans I'etat pre'sent de nos connaissances, il est inieux de donner ainsi une population ninderee. (4) En 1828, le recensement donna -Go 55 1 , et en i833, 85 275. En calcuiant laugmentation dans la meme proportion , nous aurons, en 1849, '^^ ''d^- Gomme moderation , je I'ai abaissee a 120 000, au lieu de I'e'lever. (5j Le recensement de i836 donna a Malacca et a son territoire, ( 2:>/i ) Ainsi, dans les ^tablissemenls du detroit, et la presqu'ilc do Malacca, nous irouvons une population qu'on peut mod(irement evaluei' a environ un demi- raillion d'individus. Le second groupe se compose de la vaste ile dc Su- matra el des iles nombrcuses qui la ceignent. Les personnes les mieux informdes different extrd- mement relativcmcnt a la population de cette lie, que les uns (!!l6vent jusqu'a sept millions d'ames , landis que d'autres ne lui donnent que deux millions. Au lieu de hasarder mon opinion personnelle sur ce sujet, il sera mieux, je crois, de citer les differentes autorit^s que je possede , et d'dvaluer la population d'apres les rai)ports de temoins donl on ne saurait contester rcxacliludc. Marsden elablil que les diffe- renls Etats de Sumatra sont populeux , mais il parle en termes generaux , sans jamais citer des nombres. « Pasiunah, dit-il , est une contr^e 6tendue et coni- parativemcnt peupl^c. » II appelle Achem [Acheen), un pays dont la population est extremement conside- rable , el on peul tircr la preuvc que les babitants sonl Ires-nouibreux de la description minuticuse des lois el coulunies dc Rejang , Lampong , el aulres con- tr(^es ; car des lois seinblables sonl n^ccssaires seule- ment dans les pays dont les babitants onl bcsoin de y compris Naning, une population totale ile 87 705 ainos , dont le plus grand nombicetaient des Maluis. En 1818, ellc ne s'elevalt qu'a aS 000, ce qui offre une augmentation de 12 70^ ames en dix-huit ans. (VoyezNewbold.) D'apres la nicine proportion, raugmentation de la population peut etre consideree comme exacte, Le recense- ment de 1847 fut donne, dans ce journal (t. II, p. 1731, comme etant de 54 995 ames; nous ne nous rappelames pas ce fail en temps opportun pour corriger le lexte. Ed. ( 225 ) leur protection; difficilement elles pourraient avoir exists parmi une population rare, compos^e de pelites tribus eloignees Ics unes des autres. Sir Stamford Raffles parle , dans ses memoires , d'apres ses observations personnelles, de la popula- tion compacte de I'interieur. En visitant Pageruyong, il s'exprime ainsi : «Toute la conlree de Pageruyong, aussi loin que la vue peut s'etendre , ofTre une scene non interrompue de culture , entremel^e de villes et de villages ombrag^s par des cocotiers et autres arbres fruitiers. Je puis dire avcc certilude que cet aspect egale tout ce que j'ai vu a Java; le paysage est plus majestueux et grandiose , la population egalement dense, la culture Egalement riche. En comparant avec la plaine de Mataran la plus ricbe partie de Java, je pense que la population doit etre plus elev^e. » II dit ailleurs : « D'apres un calcul moderi^ , la population , a une distance de 50 milles autour de Pageruyong, ne peut etre estim^e amoins d'un million; mais , d'apres les informations que je regus sur les lieux, ce nombre doit etre plus considerable. » Voici ce qu'il 6crit sur la contree et la population de Batta : « Considere dans son ensemble, je puis dire que le pays de Batta I'emporte, en apparence , sur tout ce que j'ai vu jusqu'ici; il possede un climat delicieux, une nombreuse population, et jouit d'une extreme fertilite; » et sir Stamford ajoute : a La popu- lation du pays de Balta surpasse de beaucoup mon altentc ; elle ne peut etre au-dessous d'un million et demi (1). » (i) Nous croyons que la connaissance personnelle que sir T. S Raffles avail sur le pays de Ratia se bornait a une visite qu'il avail aite (le la o6te 6 Bonpland, pendant les annees 1799 a ISOZi. Quoiqiie une partie de ces manuscrits, qui ont servi do base aux Nova Genera et Spec. Plantarum, redig^s avec un si admirable soin, apr6s le depart de M. Bonpland, par M. Kunlh, soit de ma main , je dois regarder le tout comme la propriete de M. Bonpland. Pres d'un quart des planles d^crites a 6te collect^ de ma main, quelquefois dans des circonstances bien penibles; pres de qualre cents dessins avaient et6 fails par moi au crayon et a la plume sur les lieux memes ; mais le principal , je dois le dire, le veritable merile des tra- vaux botaniques faits pendant le cours de I'expedilion, n'appartient pas a moi, mais au zele courageux de M. Bonpland. Les manuscrits que mon ami avail eu la generosity de me confier, au moment de son depart, pour faciliter nos publications, sont rest^s entre les mains de M. Runtb jusqu'a sa mort, si pr^coce. C'est a M. Bonpland a disposer de nos manuscrits restes en Europe ; mais je suis sur que je remplis ses intentions en appelant a la constante aniitie dont vous m'avez bonore, messieurs, et en vous demandant la grace de conserver le depot que je vous adresse aujourd'bui dans le Iresor scientifique des manuscrits du Jardin des Plantes. L'ann^e meme de mon retour en Europe, j'ai ose vous oilrir les doubles de mes collections en iierbiers. C'est a la bienveillance de vos illustres pr^- decesseurs que je dois le decret impei'ial qui, alors, a constate ce faible don, temoignage de ma vive et constante reconnaissance pour votre noble patrie. Le decret a ete public dans le Monitcur officiel . II serait glorieux pourle nom de M. Bonpland et pour le uiien ( 23/i ) (juc lo depot des mannscrils du voyage aux regions eqiiiiioxioles puisse rester au Museum d'liistoirc iialu- rellc, dans le Jardln des Planles, auqucl se rallaclient nies plus doux souvenirs. Daignez agroer, messieurs ot tres-honores confreres, I'hommage du respectueux d^vouemenl d'un vieillard laborieux, quoique plus qu'octogenaire. Alexandre de Humboldt, Me riiibtilut (le France. A Saiis-Souci, le la jiiiliet i85i. l.NDiiiNS Sioux. — Ln traite vient d'etre reccniinent conclu au fort Trai'erse des Sioux, entre le gouverne- nient des Etals-Lnis et la Iribu indienne des Sioux. Par suite de ce traite, ccs Indiens ont vendii a la Con- I'ederation aniericaine, moyennant 1665 000 dollars, toutes leurs terres a Test de la South-River et du lac Traverse. Ces terres ont une conlenance de 21 000000 d'acres, et embrassent la vallee emigre du Minnesota el des tributaires de la riviere Sioux. En parlant de ce Iraitt^ , un correspondant du Minnesota-Pioneer donne quelques renseignements inleressants sur la tribu des Sioux. II parait, d'aprfes ce correspondant, que le nom- bre des individus qui la coniposent est aujourd'hui de 25 000, ci que leur territoire s'etend depuis les terres ([ui leur ont 6te cedees dans I'lowa et le Missouri jus- qu'au territoire possedd par les Assiniboins et par d'au- tres tribus qui se trouvent sur la liuiite septentrionale du pays, avec TAmc'-rique anglaise. Leur liniite au sud-ouest du Mississipi , au dela du Missouri, s'etend jusqu'aux uKintagncs Rocbcuses, oil icurs baiides cr- ( 235 ) rariles, connues sous le nam de Tetoas, poussent leurs courses jusqu'aux chalnes do Buflalo. La tribu des Sioux est divisee en plusieurs bandes distincles, ind6- pendantes I'une de I'aulre, dont les indlvldus sont egalement independants, car il n'y a chcz eux, a pro- prement parler, ni gouvernement separ6 , ni pouvoir dt'legue, ni lien constilutionnel. Gliaque chef n'a dans sa tribu ou dans sa bande que Tautointe qu'il parvient a acqii^rir par ses qualites pcrsonnelles, et cela inde- pendainment de sa position ofiicielle. Toules les bandes, qui se I'eunissent en conseil g^ndsral , rcconnaissent un chef principal cboisi parini les chefs inferieurs, inais sa superiorile est plus apparente que reelle. A I'exception d'une legere difft^rence de dialecte , les Sioux parlent tous la ni6me langue ; et leurs moeurs, leurs usages, leurs coulumes, leurs superstitions, sont essentiellement les memes. IsTHME DE Nicaragua ; Californie. — Le Courrier des Etats-Unis annonce dans son numero du 19 aoutl851 que (( le nouveau service qui s'est etabli par I'isthme de Nicaragua vient de faire le plus heureux debut. II nous a Iransmis en vingt-neuf jours des nouvelles de San-Francisco, qui, d'ordinaire, par la voie de Pa- nama, n'arrivent guere qu'au bout de trente qualre a trenle-cinq jours. On assure menie que, sans un retard caus6 sur I'isthme par la difficult^ de transporter les bagages des voyageurs, la distance enti^re entre la raetropole de la mer Pacifique el New-York aurait pu Sire franchie en vingt-cinq jours; on comple bien, pour I'avenir, nc pas d^passer ce temps. { 23(5 ) » Les otapcs, do reslc, sonl laciles 33 • - < > ■! , L- :> ^ b-2 w* 5 fci Id t> t> L- ^^ , , ■«»• »«>> »f, \-/,- i ^] 9^ ;\»^ ^ rt3S'* y i: ' i ,-r>i>r !t • :, I ?> i. iff ^, ,ss\KS KT iri. ,„ . •;i V" 1 *fl'i II ir . . ___________ __;v'i:::'iL*"*- -.-ffy' ... 1 /nnti/c.i- /7i/if/(ii/rii/>/ii,/i/ii,fiir.f_ 1H..1 *'«to r.VHTE 1)ES RKOI<)?iS ARrXIOVES (■i)in|iliM-s riilri- li- Drlioit ili- I'x'riiiM el l.i I'lair ili I'liHiii -^^T- / / l/tf„/A:i f/i/,/r,>./r.i/>/a./ri,\,\ s3.~>i / V '■'C5^ t ^- y^^^ \ S (If \ : i'.oh; .//-«. /.-yjZ/.y Octun'OfihMe Tarxidshit <>! ^.*«. <».l^ " iXm '>»^ 7 dyiomlii^i ' ^^-^*^i^ ^""^''^./''OI.K ■ 3 T...^., VmruUtU 0 * ' _„. It'illlin « 6« V OS...I|.,v"^ '' s "' U> A Y " "I St: i.t: i II B.Y'.fT lir i.„ni-AMm. .IW.I.l/.IH-.l ^ du \.S<).'V IS5<> (1 1851 (.IIP '■ <• ll.\l.Tt bW*- PKKIAI.K 1)1, lU S ^' A ii 'i' il ^- 1 \h''',^r- \t ^<'^;a '\'-\' I !• \ "\ II, Au»r-n,-^/ J,u-,t/K,^ ,/. fj^r^iit.ifi. ■■ III , ;y/. >•>'"■ 11 AV«>^*»,.*l».f.,, ■< St ■» 1. ■*:.%•«•■ «>.^' ■» »-:^ ■••■€^1 \ l^imm |\n. \v. .*-A>/.».y , U tUr*r Jr M ShdBaikrf Wll. uU, \\ III. ./mi/Mt l*'hfHjr /.> tanf,ff^,ut*^ fJ,,lf,HJi-l.'ti^f'ihhtfffk (/ »Y rr4t$timimmt ^ ItUfiielir liHtlrt Irs il,-f,'/fiHniilhtm luht'iun '/ XJA. -^-^— *Jt«»ir trrf/.'nitwn va ftrrtt*$ifln- a unr /:if,->Ulhm tfWfitiU- | f'jtJrtHU Jittt 1,1 tftn/M'fiiturr inotiifUit' ii^ /till I .'hifl iff* t(i-»hiA2 ) 23 millions el ilcnii dlinbitants, el clle .s'ac( roil encore annuellemcnt dans ime proporlion ^nornie (1). Mon inlinlion n'esl jioinl de ilonnor ici unc des- criplion coinjilete des Elats-Unis, divisi^s , ooinnie on sail, (n iin certain nonihio d'I'llats, do Icrritoiros, el en iin disliicl , reparlis nagiioic assoz genoralenient, mais uniqiiomont poui- la c(unnu)dile des geograplies , en qiialre scclions : de I'A.v/, du Milicti, de VOiiest, el du Siif/, auxqucllos on a joint depuis |)eii unc cinqnieme scclion : la vcgion siir rOceati. P(H-iJUpte (2). Mon seid (i) Voir, iioiii l;i siipcrticii! cii i85ii, ( t pciir la iiopiilation lie 1790 a l85i) lie cliacmi Jes Ktals, teiiiloii<:,-, ct I'u ili»ttiit ilcs ElatsUnis, Ic ISitllclin lie la Socii'li', 4* s''iip, t. II, p. 7^ t-t suiv. {■>.} b£paivtition dks ktats, Ti:nniToiRES kt distiuct DBS feT.VTS-UNIS KN l85l. Region be i.'Esr. — KtaTS : Maino, iSew- Hampshire, Vuinom, Massachusscis, lUiocic-lslanil, C(ini:eciiciit. Reoios vv Ckmiie. — Er*Ts : ?Vow-Yoi'k, New-Jersfy, Pcnsvlvaiiie, Delaware, Maryland. — Distiuct : Coldinliie. Region vv Midi. — Etais : Vii{;inie, Caroline sepleiitrionalc, Cam- line nn'} idionale, Floride, Ce'orgie, Alaliama, Mississipi. Louisiaiic, Texas. Region de i.'Ouest (*). — Etats : Arkansas, Missouri, 'renncssee, Kentucky, Oliio, Indiana, Illinois, ^li'ii jiliis a I'occidi-iil q' « cc qu'iin upppllc Region ile I'Oiie.tl, ( 243 ) hilt est fie faire niioiix connaltre on co niomont les Llals et territolros les |)lus recemniet)t annexes a la giancle Confederation anierieaine , sur lesquels il m'a pain qu'on manfjuait, en France, cle donnees precises et aulhentiqiics. Je joindrai a cc travail, dont j'ai puise la majeure parlie des (!'k^ments dans I'epreuve d'un ouvrage (|ue M. Goodrich, consul des Elals-Unis u Paris, est au moment de puhlier en Amerique (1); la portion, cii ce qui concerne ces htats et terriloiros, de la caile qii'a fait paraitre recemmenl(lS51), a New- York, un geogra; he am^ricain distingue, M. II. S. Tan- ner, carle qu'il a oiTorte a la Sociele de geographic , dont il est un des correspondants etrangers. Jc commonceral par les nouveaux Elats et tcrritoires de la region de I'Ouesl; je parlerai ensuitc de ceux qui sont silues dans la region de la nicr Pacifique, puis dfs deux Etats de la region du !\rKli , el je teruiinerai par les deux terriloiros occupos presque enlii'roment par les Indiens. iiient h;il]U('.s [>;.! ili s nllins iiidii iiiil-s , sont siuu's dniis la vallJi- du Mississij)i, ;^ill^i (jiie les tci i ilolriS de Miiiiiesola el du A'oitvi cui- Mexiijue. J ai iudique en caraclcres ihdiques les Kl.iis ( t teniloires doiil je vaij doniier la descripliun succiiirtc. (l) J'ai c-Diisidle aus>i : -/ complete tlescription anil slatislical Ga- zeteer of the Ullilcd-StatL•^ of Anirricti, de Daniel Haskel et J. Calvin Sinilli; the Encyclopiv.'.ia of Gcoi/iaplij, de Hugh Muir.iy, revue par Thomas G. Iir.ulfoid, it (luehjiK-i iloiiniiints slatisliiiues ii)uiioii in ronitcs Comics. Villus. I'll I84U. * lliown Ue I'cre [^Green-Baj). . . ■•. I o" ' Cnltitiiel Ciluinel ayS CoUiinbin Culuiiiljus — ' Clieboygaii . . . . Ci)cIjoy{;;iii 1 33 Cliijipevva Cliijijitwa — 'CiawloiJ I'laiiie du Cliieii I 5o2 * Dane Madison 3i4 ii) Mtiiu avoi s imli(|iii' |i:ir un asleii. fuuiU'a existaiit en i8jii; il en -era de nipnif [inut les aniirs iilals. J ( 'i^" ) Nijiiis [ii'j ruiiiihiliuii lii'i lomte's Coiiitus. V.llcs. rn 1810. * Doil{]e Iluiiis f>7 ' roiul m nord lo loiriloire i\c Minncsola, cl aa sii I ll'Ital de Missouri. La riviere (/es Moines, (jui prend su source dans uii gioupe charmant de lacs, pres du hh," de latitude nord, baigne la partie cenlralc de I'Elat, et, opres un cours pen prolonge, se jette dans Ic Mississipi, au pied dos rapides des Moines, qui lortnent une parlle de la fron- ti^re da Sud-Esl. Sa longueur est d'environ 400 milles; elle peut, avec detres faibles ameliorations, etre rendue navigable I'espace de 250 niillos. Lcs autres (ributaires du Mississipi qui traversent I'lowa sont : le Chncagna ou Skimk-liU'er ; VIoway qui a une longueur do 300 milles, et est navigable jusqu'a la ville du meme nom ; Ic ]]'apsipifieco/t , le Makoqiteln, lo I'ciincn ou Turkey, ct Vlnwa snperieiir. Les principaux cours d'eau qui se rendent dans le Missouri sonl : le iUariton, le grand et le petit P/ntte, le Aodaivdy, ct le Ais/iuebottona. Le petit Sioux prend sa source dans le lac Spirit, et coule entierement dans I'l^tal, aiusi que les Fiojtl's, Bayer's et Five- Barrel-Creek. On voit au nord dc I'fetat d'lovva un grand nombre (le pelils lacs, dont le plus consideralilc est lo lac Spirit, d'environ 20 milles de long. Les forels de eel tlat ronfernient los din'orenles os- poces d'arbres communes a cette region, el (|ui sVlo- vonl a une grande liauU.ur : los pommiers saiivagos, lcs pruniers, les fralsiers, el le.s vigncs, sont indigoiies et Ires-multiplies. Le bison, I'ours, le daim , la panthi;ro , lo loup, le renard, le dindon , le coq de bruyore , etc., sont fort nombreux. lino portion do I'lowa est exlreineuient ricUe en { 251 ) minci'aux ; l;i i^raiulo ipginn dc mines de ploinlt ilu nord (]c- I'lllinois ot dii in"i li du Wisconsin li'averso lo Mississipi, ct occtipe dans l'l()\va ]nes de 2880 niilles Carres. Ellc s'olend le long de la petite riviere Mnkn- queia, environ 12 milles dc Test a I'ouest, se prolongo a one distance considtiraljle au sud, et plus encore an nord le long du Mississlpi. f.es minerals de zinc ct de fer, qnclques portions de ce dernier sunt magnetiques, abondent aussi dans cette region, ainsi que la pierre a cliaux et du beau marbre. La ville de Dubuque, au nord-est de celle d'lowa [loivn-City], est !e centre do la region minerale. Le climat est sain, a rexcoption de quelques terres basses le long des rivieres. Les cours d'eau elant ra- pides, leurs bords sont plus salubres que dans d'au- Ires parties de la region de I'Ouest. L'hiver cnmmonce en decembre el finit en mars. Le temps est variable et quelquefois rude, moins cependant que cela n'arrive communemcnt sous la meme latitude. L'ete n'est pas d'une chaleur accablante, des pluies frequentes rafral- obissant I'air pendant cette saison. Dans los bas-fonds et dans les prairies, le terrain est generalement bon , et consiste en un sol profond et noir; dans les prairies, il est uiele avec de la marne sablonneuse et quelquefois avec de I'argilc rouge et du gravier. 11 est Ires-convenable pour les grains, les legu- mes, et les fruits. II exisle vers le sud-ouest une penle generalo du terrain , indiquce par les rivieres qui se rcndent dans le Mississlpi. Les portions occiden tales el nieridionales ont une decllvlte generalu vers le Missouii. II y a dc nondjreuses elevations ou renflemenls, ns dans la meme region, mais dont nous ne nous occuperons n^anmoins (jue plus tard, TERRITOIRE DE MINiNESOTA. Ce terriloire enihrasse la conlree bornee au nord par les possessions brilanniques en Amerlque; a I'ouest, par le Missouri; au sud et a Test, par les Etals d'lowa et de Wisconsin. Sa superlicie esl d'environ 160 000 millos Carres; et ce qui le distingue pjlus parliculiere- ment, c'est une mullitudc de pelils lacs et les vastos prairies du Mlssissipi et de la Piiviere Uouge du Nord, dans lesquelles on ne voit ni arbres, ni arbrisseaux, mais seulement une surabondance d'berbes sauvages, priisenlant, d'avril a oclobre, un magnifique parterre de fleurs aux niille formes et de toutes couleurs. Le Minnesota n'a pas de montngnes; on y trouve cependant plusieurs elevations d'une mcdiocro hau- teur, ap])elees Mounds, et il est arros6 par un grand nombre de cours d'eau generalement bordes par de cliarmantes vallees. Les plus considerables sont le Mississipi el la Riviere Rouge du ISord, qui prennenl ( 256 ) tons deux leiir source dans le Icriitoire, a pen de dis- tance I'un de I'aulie , le premier dans le jielit lac d'ltasca, pour couler onsuile dans des directions oppo- s6es. Apres un cours d'environ 900 milles, Ic Rlississipi sort du territoire de Minnesota par son extremity sud- est. Ce fleuvc immense n'a a sa sortie du lac Itasca qu'une largeur de 16 pieds, avec une profondeur de 14 pouces; ses eaux sont trans[)arcntcs el son courant asscz vif. A parlir de ce point, il arrive, apn's une l^uIc sinueuse de 700 milles, aux chutes de Saint-Antoine, au-debsous desquelles il est navigable pour des bateaux a vapeur jusqu'au golte du Mexique, c'cst-a-dire pen- dant 2000 milles. Le Mississipi, pendant une distance de 200 milles au nord de remboucbure tie la riviere Sainle-Croix, forme mille meandres a travers une ricbe vallee couverte de prairies et de bois de chines; ses bords, au-dessus des chutes de Saint-Antoine , ont de 10 a 30 pieds d'i^li^vation ; ses eaux coulenl sur un lit de gravier, el il recoil d'innombrables aflluents. Connne le Mississipi, la Riviere Rouge du Ao/d tire son origine dun petit lac, ct va se rendre dans la bale d'Hudson. Le Minnesota, qui donne son noiii au nouvoau terri- toire, et qu'on appelle aussi Riviere de Saint- Pierre, vient de la region des lacs, pres de Coteaudes Vrairies. Apr^s un cours de 470 milles, il entre dans le Missis- sipi, S milles au-dessous des cliutes de Saint-Antoine. Cetle riviere et la Riviere, an Jacques, qui coule a travers uiie jolie vallee, appartiennent toutes les deux aux afiluenls de la rive gauche du Missouri. Les principaux lacs du Minnesota, dont uti quart de la superficic est porsem^e dc pelils lacs d'lme cau (257) limpide, sont ; le Lac Bouge, qui a iOO milles tie cir- conf^rence; et Ic Lac Leach, qui en a 50. Nous avons deja dit que les prairies elaient couvertes d'herbes sauvages et de fleurs. Les forets sont formees de bois a feuilles non persistantes et Aleves. Le long des bords septenlrionaux du Mississipi existe une for^t de pins d'une grande etendue, appeUe la Pinery. Le buflle rode en troupeaux sur une grande parlie du territoire, et I'elan, le daim, le castor, le coq d'Indc elle3»oiseaux aquatiques, y abondent. Les rivieres sont tr^s-poissonneuses, surlout en poisson blanc. Le clirnat est peu variable el doux pour la latitude, et le sol, gen^ralenient bon , est extraordinairement fertile dans les valines de Saint-Pierre et de Saint- Jac- ques. L'aspect du pays offre une agreable varit^t^ do plaines basses et t^ilevees, sans montagnes et meme sans collines distinctes, de valines, de cours d'eau , de forets on- doyantes et de prairies. Le nombre des lial)itants blancs, consislant en Emi- grants des autres Elals, occupaot principalement la region de Saint-Paul, si(!!gc du gouvernenienl territorial, ne s'elevait guere en 1850 a plus de 6 a 7 000. La plus grande parlie du Minnesota estoccupee par leslndiens. La Iribu principale et la plus puissante des fitats-Unis est celle des Dahcotah ou Sioux ; repandus sur tout le pays qui s'^tend du Mississipi septentrional au Mis- souri, ils parcourent m6me le territoire a I'ouest des montagnes Rocheuses, conservant, a un hautdegrE, les habitudes des Indlens , quoiqu'ils fassent usage mainlenant de chevaux, de fusils, de couvertures et de couteaux d'acier. On suppose que leur nonibro est n. ocTOBUE ET novembhe. 2. 17 ( --^58 ) (Ic 30 00(1. lib \i\enl ilc la peclu' el de ia cliasse , vi , monies sur leurs clievaux, ils aUaqueut le Itisori avec un courage et line ilexlerit6 etonnaiits. Outre les Sioux, il y a encore quelquos autres IrlLius; celle des C/ujj- pewas habite dans le nord et sur le Aiississipi. Les etabllsscments londes dans loul ce territoire n'onl encore qu'uue faible importance : ce sont le Fort Snelling, au-dcssus du confluoiit du iMississipi et de la riviere Saint-Plcrre, destine a proteger la I'rontiere des Etats-Lnis centre les incursions des Indiens; el Saint Paul , capitale, enlre le fort Snelling et le lac Pepin. Celte conlr^e fut visitde d'abonl paries Frangais, qui donnerenla dillerenls endroits des noms, tels que Coteait ties Prairies, Coteau des Bois , etc., qu'ils ont conserves; elle n'a 6le colonis^e que fort recemment, et a regu en 18Z|8 un gouvernemont territorial du Con- gr^s. NOUVEAU-MEXiQUE. Ce pays, qui formait nagufere un fttal ou d(^parte- ment de la republique du Mexique (1), dont il est s6- (l) On evaluait eu i844 '■' population lotale du •iepartcment de New-Mexico a tuvirou looooo, et il etait |)arlagc en Hois districts: celul du Centre, subdivise en 3 couites, Sanla-Fi, Santa- Anna et San-Miguel del Bado, ayant ponr capitalo Santa-Fe, qui re'tait en inenie temps ilp tout le departcnrenl, et une |iO[iulation di; !\ i 800 ha- bitants; celui du Nord, romprenant a conites, appcles Rio- Arriba et Taos, dont Ic chef-lieu e'tait Las-Lticeros, et ia population 29 200 ha- bitants; et cnHn celui du Sud-Est , divi>c', coiiime ie prccideni, en a comtrs, P'alencia et Bernalillo, capital. • f'aleucia, a\cc une popu- l.nion de j8 664 habitants. (Lieut. ,K \V. Abii t, 0/ (he Topoijrnphical corps^Reportof the Examination of NtwMixico. Washinj'toii, 1848, p. 61) ( 259 ) par6 aujourJ'hui an sud par le Riu-GiLi, et que les fitals-Unis out receinuient organise en terntoiie , a pour liuiite an nord VUlu/i et le Territoire liitUen. Le Texas le borne en parlie a Test et au sud- est, tandis qu'ii confine vers I'ouest a I'Etat de Californie. 11 est traverse par la ciialne de montagnes d'Anahuac {Ana- huac-Range) et par celle des montagnes Piocheuses, qui portent au nord le nom de Green-iUounUiins, ou montagnes Verles. Au sud de Santa-Fe, les montagnes Kociieuses s'elevent a 7 a 80U0 pieus, landis qu'elles atteigneiit au nord une elevation de 12 000. Ce qu'on appelle les pics espagnols sont meme encore plus eleves et converts de ueige perpetuelle. La principale riviere est le LiLo- Grande del iSuite, nomnie aussi Rio-Gvande et Rio del JSorle: il prentl sa soui'ce liors du territoire, dans les montagnes Vertcs; coule au sud, et entre dans le golt'e du Mexique, apres avoir lorme, dans la parlie inierieure de son cours , la limite entre la republique de ce nom et les Etals- Lnis. La longueur tolale de ce fleuve, en y compre- nant ses detours, est de 2 000 milies. Sa pente est graude et la parlie superieure de son corns rapide. Les nombreuses rocixes qui entravent le Rio-Grande le rendenl pen propie a la navigation; on a souteuu cependaat que, par de legeres ameliorations, des bateaux a vapeur pourraient le remonter, I'espace de 700 milies, jusqu'a la ville espagnole de Loredo. Le Puerco, venant des montagnes llocheuses, e!>t uu des grands tributaires du Uio-Grande. A environ iOO miiies au sud-est de Sauta-Fe, on Irouve sur un plateau eleve, iWest du Rio -Grande , plusieurs lacs sales qui t'ournisseut du sel au pays. ( 200 ) Pendant la saison s6che, de grandes caravanes vicnnenl a Sanla-Fti pom- chcrcher cet article. Les bufflcs, les chovaux sauvagcs et les daims errent sur les ])lateaux a Test dcs montagnes Rocheuses, et le daiin, I'ours commun, Tours gris, la panthere et le loup vivent dans les regions montagneuses. Ce pays est riche en or, cuivrc , fer, charbon do terre, gypse, s^Unite el sel ; mais aucune de ses mines n'est exploilee en grand. Les hivers, dans la parlie soplenlrionale, sent longs et rudes , r|uoique le Rio-Grande ne gile jamais suffi- sainment pour le passage des chevaux. Le ciel est g6- neralement clalr et I'atmospliere sechc , excepts pen- dant la saison pluvieuse de jiiillel a octobre. Le pays est generalement Ires- sain. Lo Nouveaii-Mexique, r«^gion en giineral fort mon- tagneuso, renfcrme un grand nombre de valines : la principale est la belle vallee du Rio del Norte, large d'environ 20 milles au-dessous de Sanin -Fe, limitee a Test et a I'ouest par des chalnes de montapnes, et donl le sol sablonneux el sec a besoin d'irrigations. Ce ier- ritoire ofTre aussi quelques plateaux elev6s. A Test des monlagncs, de bautes prairies et des plaines, et une portion du grand desert americain, servenl de refuge aux bisons et aux chevaux sauvages, et sont explores par une tribu farouche d'Indiens appeles Comanches. L'agricullure est Iraitee ici d'une maniere primitive ; les travaux se font la plupart du temps avee la beche et une charrue grossiere enli^rement en bois. L'irri- gation, rendue n^cessaire par la secheresse du sol et du climat, s'efTectue au moyen d'^cluses, de fosses el (le rigolos, qui amt'^nent I'eau dans les terrains rul- ( ^^'J ) lives. Les habitants des villcs ct cles villages se reiinis- sent i cet effet, et dislrilnient a chaque propri^taire la portion d'eau qui lui revient. Les champs n'onl pas de clotures. Les riches propri6taires emploient , dans leurs vastes domaines appeles Haciendas, un grand nombre de personnes , tenues dans une sorte d'etat de servitude appelee peonage. C'est la que Ton el^ve de grands troupeaux de chevaux, de mules, de gros b^tail, de moutons, el de chevres d'espfece petite, mais prolifiques, frequenimeul voles par des Indiens. D'immenses espaces de terre restent inoccupes, parce qu'ils sont Irop arides ou trop monlagneux pour la cul- ture, quoique excellents pour I'dleve des troupeaux. Le mais est le principal grain; le IVoment et les legu- mes sont produits en grandes quanlit^s; la vigne aussi se cullive en quelques endroits. Les Indiens forment les sept huitiemes de la popu- lation ; le reste se compose de quelques Creoles ou metis, d'un petit nombre d'Espagnols nalifs, ct d'un plus grand d'Americains. Les Indiens appeles Pueblos ou Indiens de village, pour les distinguer des tribus sauvages, se divisent en differenles bandes, ayant un langage comuiun, el s'elevanl en totalile a pres de 20000. lis conservent quelques anciennes superstitions mexicaines, melees avec la religion catholique, qui leur a et<^ apprise par les missionnaires espagnols. lis vivent dans des villages isoles, el cultivent le sol; sont pauvres, d'une grande frugalite, et onl I'aspect mise- rable et r6fl6chi qui distingue leur race. Leurs villages sont balis avec rdgularite, et ne se cojnposenl quelque- I'ois que d'une seule grande maison a plusieurs etages ; on parvient aux porles placees dans la partie supe- ( 269. ) rieiiro rU* rcflifico iwcr des ^chelles qu'on enleve la niiil. Ltniis amies scml Tare, la fl6che, la lance, el cjuplqnofois Ip fiisil. Les j^liis civilises resseiiihleul aux Mcxicains, el adopltnl les modes americaines. Le has peiiple porte des couverliires sur les (^paiiles, avec des culottes blanches, orn^es de boulons brillanls, et fendues de la lianche en has, qui laissent voir les ca- lecons en colon blanc en dessous. Les femines se pa- rent du reboso, petit chale coqiiettement place sur la t6te. Les deux sexes aimenl le cigarette, la siesle apr^s If diner, le jeu de monte et le fandango. Au nord-est, les Comatiches s'etendent jusque dans le Texas : c'esl une race sauvage , rapace, ayant des clievaux legers , el faisanl de fr^quentes incursions dans les conlrees voisiiies pour y piller. Santn-Fe. villo capilale du Nouveau-Mexique, a en- viron 12 milles a Test du Rio del Norle, a une popu- lation d'environ 7 000 habitants., en y comprenant celle des villages adjacenls. Elle a ^l^ cilee longtemps cnmme lYtape des caravanes commercantes , qui ont la coutume de partir du Missouri el de traverser le grand desert am^ricain par le Territoire Indien. Ces caravanes consistent quelquefois en deux ou Irois cents personnes mont^es sur des chevaux el des mules; on a propose d'employer des chameaux, qui peu\ent vivre longtemps sans eau, qui est rare dans le desert. Alba-' qiierqne, Vnlvcrde et Paso del Korte sont les aulres villes principales, dont aucune n'a de I'importanco; la der- nifere est situ6e dans une conlree renominee par ses vignobles. '■^'Pr^s des lacs sal6s, >ler), avec ses diflerentes branches, qui se jette dans le fleuve au-dessus de la ville de Sacra- mento [Sacramento -City]; la Riviere de la Plume [ Feather- Bii'er], dont la Riviere de I'Ours [Bear-River] et Vy'iiba sont des affluents, la Butte, le Chieo, le Deer, le Mill et Wtntelope : toules ces rivieres entrent dans le Sacramento, en venant de Test, Le Cosamnes, le Muc- kelemnes, le Cnlnberas, le Stanis/aus, le Towa/umnes, el V Auxumnes, se rendent dans le San-Joaquin , en ve- nant ^galement de Test. L'Ltat de Californie renlerme un tr^s-grand nombre ( 268 j de petits lacs, dont qudques-uns n'ont point d'eau pendant la saison seclie. Le Tide paralt 6lre le plus considerable. Le Lac d'Or [Gold-Lake], considere comme le gisement de richos mines d'or, est plutot le lit desseche d'un ancien lac qu'un veritable lac existanl en 0 6 moment. Les deux principaux caps sont : celui de la Concep- tion, au sud ; et celui de Mendocino, au nord. Pres des cotes meridionales se trouve le petit groupe des lies Santa-Barbara. La bale de San- Francisco, dont I'entr^e se trouve dans une br^che des montagnes qui descen- denljusqu'au rivage en |)recipices escarpes, a 35 niilles de large sur 70 ile long. EUe est diviseo en trois par- ties par des detroils ou gorges et par quelques points saillants; les deux parties du nord portent le nom de baie de San-Pablo et de baie de Siiisoon. Lorsqu'on y penetre, la baie de San-Francisco ressemble a un lac d'une cau profonde , s'elendant, nord et sud, ontre deuxrangeesparallelesde montagnes. Un petit nonibra d'lles rocheuscs et elevees aniraenl sa surface. Iiuui*^- diatement a I'entour du rivage, on voitles lerres sepa- rees par des collines et marquetees, pour ainsi dire, par des groujies boises. Derriere sont des pics monta- gneux, dont quelques-uns s'elevent a une hauteur de 4000 pieds, a la parlie meridionale est San- Jose, maintenant capitale de TElat. Sur un cap se projelant a Test, a la partie meridionale de I'entree de la baie, se monlre la ville de San-Francisco, dont le port, I'un des plus beaux du monde, est capable de contenir la marine d'un empire. Avec la magnifique baie qui le circonscrit et I'ocean Pacifique sans bornes, c'est un des points coramerciaux les plus importants et les plus ( 269 j int^ressants du globe. L'autre bale principale de cette cote est celle de Monterey. Les productions veg^tales paraissent lei tres-diver- sifi^es. Dans les vallees du Sacramento et du San- Joaquin, on trouve des forets de chenes et de plusieurs autres especes d'arbres, parmi lesquels on pent citer le cypres : il semble que le pays oITre naturellenienl tons les produits cominuns a oette latitude dans les parlies les plus orientales des Etats-Unis. Les ours, les daims et les panthferes habitent I'int^- rieur, landis qu'on voit le long des cotes une grande variety d'oiseaux aquatiques. La region de Tor est surtout au c6t6 oriental de la vallee du Sacramento. Ce metal y fut d'abord d^couvert en 18A8 par un artisan, nomm6 James W. Marshall. Bientot aprfes plusieurs pionniers mormons visiterent les lieux, ct le rcsultat de leur examen fut la decou- verte dans le sol de grains d'or, ressemblant pour la forme a de petites 6cailles de poissons. L'histoire s'en rtlspondit rapideraent en Europe et en Amerique, et un nombre incroyable d'aventuriers ne tarda pas a se pre- cipiter dans le pays. San-Francisco fut subilement m«i- tamorpliose en une grande villc, et les flancs des mon- tagnes, ainsi que les ravines le long de la vallee du Sacramento, furent foules par des milliers d'individus empresses de creuserle sol. Non-seulement on decou- vrit des grains du precieux metal, mais des morceaux de toute grosseur, les uns purs, les autres melcis avec du quartz, pesant quelquefois six ou huit livres , et d'une valeur de plusieurs milliers de dollars. Des na- vires et des bateaux a vapeur couvrirent et reinonlerent les rivieres , des tentes furent dressees, des villages et ( '270 ) ties villes s'tilev^renl, ol lout le pays ^ I'enlour devinl le tlieatre d'une excilalioii iiUeiisu et dune iiiiiiiense activite. Des explorallons ullerieiiies eiirenl lieu; Tor I'ul lrouv6 dans d'aiilres localiles, cl on se convainquil bieulol qu'il exislail abonclammrnt dans divers cn- droits le long de la Sierra-Nevada, depuis le Rio-Gila jusqu'a la Cokunbia. Un enlemlil lueiue pallet' dun lac a'ur, ti'une rnontai^ne d'or, el lout ce qu'oD en a raconte nc sont pas de pures liclions. Des mines de oiercure, uecouverles depuis peu de lenips, sont niain- lenant exploilees. On sail que le I'er exisle, t-l il est probable qu'ou ne Tail que coinuiencer a coniprendre les ressources nnnerales de celle uierveilleuse j egion. On a suppose que le produit annuel des mines dor ne sera pas au-dessous de 40 a 50 millions de dollars. On peul a peine appliquer a ce pays les noms d'6t6 et d'hiver dans le sens que nous leur donnons; les saisons ne sonl pas marquees par la ciialeur et par le t'roid , mais par I'liuniidite et par la secheresse. La saison secbe comprend ce que nous appelons I'ele , et la saison huuiide , celle a laquelle nous donnons le noui d'bivcr. Dans les parties nieridionales, la se- cheresse rend necossaire 1 irrigation, qui met le lermier en etat de produire une succession de recoltes dans le cours de I'annee. Pt'.ndanl les mois de secheresse ou I'ete, la vegetation est dessecb^e; elle renait pendant la saison humide ou les ujois d'hiver. Dans les vall«^es abrilees, les arbres et I'lierbe conservent leur verdure, el les tleurs s'^panouissent toute I'annee. Les nuits sont froides, meme lorsque les journees sont chaudes. Line temperature d'une douceur egale caraclerise ce cli- mat, quoique la neige lombe en abondance dans les ( 271 ) hautes lerres dii nnrH. Le climat est tr^s-salubrtj , sans maladies dorninantes, et, sous tous les aspects physiques, la Calilornie a des ressomblances avec I'ltalie. L'aspecl du sol est tr^s-vari6, les pics des inonlagnes sonl nus, rocailleux, et sur leurs penles le terrain est ordii)airement leger et susceptible de culture. Les val- ines , elroites, ofTrent une grande variete , depuis un sol niediocreinent productif jus(|u'a colui de la plus extreme richesse. Quelcjues lermes sonl habitues par d'anciens colons espaguols, occupes surtout de I'^ieve du belail et des cbeviiux, aulret'oissi multijilies qu'on les luait uriique- ment pour leurs pcaux. Quelques-uns des nouveaux colons se livrent a I'agriculture ; mais le peupie est neanmoins force de vivreprincipalementdes provisions envoyees des Etals-Unis. Les c6reales viennent en abon- dance du Chili et de quelques autres endroits, le long de la cote occidentale. L'exploitulion des mines absorhe tous les esprits. Lor est cherche avec des pioclies , des houes, des b6ches, des couteaux, des barres de I'er, etc.; des engins a vupeur sont aussi employes, des rivieres soiit detournees de lour lit, des montagnes sont perches jus- qu'a leurs enlrailles. La poudre d'or est obtenue en lavant ou lamisant les sables. Les grosses pieces sont extraites des crevasses des rochers, des lits dessecli^s des torrents et des strates d'ardoise, qui se Irouvent verlicalement dans les ruisseaux. L'or se rerifcontfe encore le long du Sacramento et de ses Iributaires Ic Feather, le Beaiy Vyubu, etc., ainsi que le long du San -Joaquin et cie ses tributaires le Cosu/iines et le ( 272 ) Stanislaus, a Bodega, sur la cote de la nier, et, plus loin, au sud, en diflerents endroils,- dans les nionla- gnes , jusqu'au Rio~Gila; il a ele decouvert enfia plus au noid, m^me dans rOrogon. Neanmoins la region du Yuba est, sous ce rapport, consider6e en ce moment comme la contree la plus riche. Diverses raanulaclures d'arlicles ndcessaires a la vie ont 6te soudalnement 6lablies ; el elles augmentent encore considtirablement par suite de I'accumulation rapide de la population ct des besoins du pays. L'or est le principal arliclo d'exportation. La plus grande panic est envoyee aux ttals-Lnis; mais on en transporle aussi au Mexique , dans I'Amdrique m^ri- dionale, en Anglolerre, aux lies Sandwich et en Chine; car il y a ici des cliercheurs d'or, des marchands, des aventuriers et des speculatcurs de ces diflerenls pays et de beaucoup d'aulres. Presquo toutes les choses n^- cessaires a la vie, et jusqu'a des maisons enlifcres, y sont import^es par mer d'Europc et de diffc^renlcs par- ties de rAnierique. II est probable que plus de la moili^ des habitants de la Calilornic se compose d'^migrants des ttats- Lnis. II y a quelques milliers tranciens colons espa- gnols dans les anciennes villes, quelques Indiens, el surtuul un nombre immense d 'aventuriers venus du Mexique, de rAm^riquc ra^ridionale , de la Chine et de toules les parlies de I'Europe. On a m6me constat^ une diminution notable dans la population des lies Sandwicli, attribuee a cette fi^vre d'emigration en Ca- lifornie. II est impossible de concevoir une population plus variee , r6unie soudainement ensemble par une impulsion commune , et agissant sous le raeme senti- ( 273 ) ment absorbanl. Le caraclore am^ricain pr^doinine neanmoins, et, suivant loute apparence, la sociel^ ne tardera pas a elre fondue en une masse commune. San-Francisco , aujourd'hui la principale ville, qui ne contenait, il y a Irois ans, que quelques centaines d'habitants, en a, en ce moment, a ce que I'on croit.de 30 a 60 000. Elle possede des rues, des squares, des h6tels, des banques, el des b^liments disposes pour les foires et les marcbes, etc. Plus de six cents navires encom- brent son port, que des lignes de bateaux a vapeur mettent en relation avec le monde oriental; une nou- velle ligne est projetee pour ^tablir des communica- tions avec la Cbine, aiusi qu'avec les autres parties de la cote d'Asie. Aucun autre point du globe n'a jamais ouverl une perspective si soudaine et si large d'6v6ne- menls importants. La ville, dont une multitude d'in- dividus de tous les pays, difterents par leurs costumes et leui's langages, encombrent les rues, presenle un aspect vraiment cuiieux. Les autres villes ou lieux qui offrenl de I'int^ret apres San-Francisco sont : Mon- terey, sur le cote sud de la bale de ce nom, jadis capi- tale de la Nouvelle-Caliiornie; San-Jose, au milieu d'une magnifique vallee, sur le Rio-Guadalupe, qui se jette au fond de la baie de San-Francisco, et porle aujourd'bui le titre de capitale de I'Etat, sans doute k cause de sa situation presque centrale, a une popula- tion qui augmente journellement d'une mani^re sur- prenanle ; San-Diego ; Los -Angeles ; Santa -Barbara ^ San-Miguel, etc. Toutes ces places sont d'anciens 6ta- blissements fondes sur la cole par les Espagnols. Parmi les villes nouvelles ou elablissemenls qui se cr^ent sur lous les points, nous cilerons : Sacramento -City, au 11. OCTOBRli tr ISOVtUBBt. 3. 18 ( 27/i ) connuoiil (Ju Sacrameiilo el do la Jiu'icrc /iDwiicaine (American-River), la ville la plus peuplee de la Cali- i'ornie apres San -Francisco, dont elle est dloignde de 120 milles, possedant des banques, des holels, clc. : des bateaux a vapeur naviguenl journellement enlre ces deux villes; SulteivUle, ou ISouveUe-Heh'elie, non loin de Sacramento- City, et qui doit sa creation au capitaine Suisse Sutter; Stockton, sur la rive orientale du San- Joaquin, a peu de milles au nord du Stanislaus ; Ncw-Yofk, en face de I'entree des rivieres Sacramento et San -Joaquin, dans la baie de Suisson ; Sonoma; Saint-Louis, sur un petit ruisseau qui verse ses eaux dans la baie de San-Pahlo ; Fremont, pres de I'em- bouchure de la rivifere Feather, devant son nom au premier oflicier americain qui ail parcouru cc pays en mallre el I'ait bien fait connaitro ; Vernon, a 20 milles au nord-est du Sacramento; Mar/si'iUe, au point de jonclion de l' Yuba et de la Feather, a 80 milles au nord-est du Sacramento : de petils bateaux a va- peur remonlent jusqu'a cetle place, rendez-vous des mineurs, qui peuvent s'y procurer lous les articles necessaires pour Icur enlretien et leur equipcrnent : des tentes, des oulils, des v6lements lout confeclionn^s, des esprits, du boeuf, du pore, de la farine, etc.: e'est de ce point que les mineurs se rendent a pied a leur destination , en faisant porter leurs bagages sur des mules; enlin, Rose's-iiar, sur I'Yuba, a 25 milles au- dessus de Marysville; Foster's-Bar, 30 milles plus liaut en remontant la riviere ; Godwins-Bar, 30 milles au dela; et Downieuille, 8 milles encore plus loin, c'esl-a- dire a 300 milles au nord-esl de Sau-Francisco, sont des 6tal»lissemonls recliercbes par Ifs mineiirs, qui y ( 275 ) travaillenl do niai a aoiU pendant la saison seciio. Les noiges reslenl quclquefois siir les tnontagncs, et reui- plissent Jes excavalions jusqu'au mois de juin. \JEtat acluel de Califorine n'occnpe qu'une petite portion de la region qui porlait autrelois ce nom. Quel- ques missions et des ports de commerce y ont bien ete 6tablis de bonne heure, mais, en general, il faut re- marquer que ce pays n'a jamais beaucoup allir^ 1 'at- tention du gouvernement espagnol. Un petit nombre de comptoirs furent cependant fondes sur la cote pen- dant le xvui" siecle. Quelques-uns devinrent de petits ports de commerce, et des fermiers s'etablirent dans I'interieur, sp^ciaiement dans les plaincs du sud, vers le Colorado. En 18^6, les forces des Elats-Unis s'em- parerent de la contr^e; et en 18Zi8, a la fin de la guerre du Mexique, la possession qu'ils en avaient prise Icur fut confirmee. Immediatement aprfes la decouvertc des mines d'or laite cetle annee, la population s'etant ac- crue avcc une rapidite sans exemple , les babitants reconnurent la necessite d'un gouvernement regulier. En 18/i9, une convention s'assembla, et forma une c6nstitution qui fut immediatement ratifiee par le peuple; en 1850, la Californie fut admise comme Etal dans rUnion fed^rale. TERRITOIRE D'UTAH. Nous venons de voir que ce territoire faisait autre- fois partie de la Californie j il a 6t6 colonist derni6re- ment par les Mormons, et nous avons deja eu occasion d'entretenir les lecteurs du Bulletin de ces nouveaux sectaires et de leurs peregrinations (1) . Les monlagnes (i) Bulletin (le decembre i85o, 3" -serie, t. XIV, p. 429. ( 276 ) Rocheiises lui servent de limite au ivord-est, en le s6- parant du Territoire I/ulien; et les montagnes de la Sierra- Nevada le bornent, au noid-ouest, du cote de I'fitat de Californie (1). Cos montagnes sont icl porp6- tuellonienl couvertes de ncige. Deux aulres cliaines [ranges) peu connues coupent I'Ltah dans une direc- tion nord-est et sud-ouest. La chalne orientale est appelde IFa/isatch' Mountains ; celle de I'oiiest portc le noiu de Montagnes de la riviere Humboldt. Un trait- caracl»5ristique dc la contr^e est une valine ap|)elee le Grand Bassin, ayant pres de 2 000 millos de ddveloppcmcnt , avec une elevation de li a 5 000 pieds au-(les9us du niveau de la nier, et dont un dc'sert aride et sablonneux, quefrequontent quelques rareslndiens, forme la partie meridionale. Cettc vallee , qu'aucun voyageurn'a encore explor^c, est ccrnee de tous coltis par des montagnes aux pentes couvertes de I'orfils et donnant naissance a de nombreux cours d'eau, qui se pierdent, les uns dans le desert, les autres dans de petits lacs. Le Grand Bassin offre rerlaines parlies propres k la culture. A lest et au nord, aulour du grand Lac Sal6 {Great salt Lake), situe presque a I'extremitc nord du territoire, le sol est d'une i'erlilit^ extreme; a I'ouest, il est sterile. La principale riviere de i'Utah est le Rio-Colorado, qui prend sa source dans le territoire d'Oregon, au milieu des montagnes Rocheuses, non loin du pic Fre- mont, ets'appelle Riviere Vcrte (Green-River), jusqu'a (i) Le territoire d'Ulah, suivaiU I'acte du Congres du g septembre t85o, e^t boine a Touest par I'Etat de CaliforniL'; au nord, par lu territoire d'Oregon ; a Test, par les soinniets des montagnes RocLeuses; ei au Slid, par le parallele du 37' nord. ( 277 ) son union avec le JacqueslUi : il prend alors le noui de Colorado, et se jelte dans le golfe de Californie. C'esk pr^s de son embouchure qu'il regoit le Rio-Gila, for- mant la limite mcridionale du lerritoire et separant ies Etats-Unis du Mexique. Le grand Lac Sale, auquel on donne environ 70 rnilles de long, est aussi une curiosite de cette region. Sa forme est irreguli^re ; il renferme de nombreuses lies, est extremement sal6, et ses eaux sont si basses, qu'il ofTre peu de ressources pour la navigation. Ses rives occidentales consistent en plaines unies d'une lerre vaseuse , l^gere et profonde, traversees par des ruis- seaux dont I'eau est salee et sulfureuse. Rien ne vegete sur ces plaines, excepte de petits arbrisseaux converts de cristaux de sel brillant au soleil ; de singuli^res illu- sions d'optique , produites par le mirage, defigurent Ies objets de la maniere la plus bizarre. On rencontre a peine de I'eau douce et de I'herbe dans I'espace de 100 milles, et on voit, dans un certain endroit, un champ de sel solide reposantsur delaboue, maisenetat de porter des mules, commes'il etaitde glace. Le lacn'a point d'issue. La riviere Utah ou Jourdain, ainsi que Ies Mormons I'appellent, est un petit cours d'eau unissant le lac Utah avec le grand Lac Sale. Le premier, reser- voir d'eau douce de 35 milles de long, regoit d'imp^- lueux ruisseaux d'une eau egalement douce, venant des montagnes, quoiqu'une large formation de roches salves existe dans I'argile sur sa rive sud-est. Ces deux lacs, places a environ h 000 pieds au-dessus du niveau de la mer, ont une dtendue de 12 000 milles carres. line grande parlie de la conlr^e qui Ies environne est recouverte de sel pendant la saison s^che. Le lac Utah, ( 278 ) aussi bien que Its iiiisseaux qui s'y perdent, abondent en poissons, qui coniposenl en majeure parlie la nour- riUire des Iiuliens Ltah. II paiait qu'il exisle un tr^s- grand noinbic d'aulros petits lacs reprindus sur ie terriloiro; raais on n'a pas a leur sujet de rcnseigne- menls exacts. On en a aussi trop peu sur cclto region elle-meme pour pouvoir donner une notice particu- liere sur toules ses produclions v6g6lales; niais on peut dire qu'en geniiral elies sont semblabies a celles des conlrilies orientales placucs sous la memo latitude. Le gibicr, consislant en daims, en ours, et en pelits quadrupedes, y est tres-mulliplie, cl les oiscaux aqua- tiques sont nonibreux. On n'a pas encore de rapports d(^veloj)p^s et exacts sur le clinial de IXtah. Dans la rt^gion du grand Lac Sal6, les liivers sont longs et rudos; a la latitude de hO", il fait aussi Iruid qu'a Philadelphie. L'hiver commence en novembro, et jiisqu'au mois de mars la terre resle couverte de plusieurs poucos de neige; dans la region montagneuse, un peu plus au nord , ello s'accumule quelquefois jusqu';\ 50 pieds pendant l'hiver. La majeure partie de la surface de ce Icrritoire se compose de montagucs et de deserts. Au sud et a i'est du grand Lac Sale, ainsi que dans la vallee de la ri- vifere de I'Ours [Beav-RU>er), au nord, le sol est ex- traordinaircment fertile, fournit de riches pAlurages aux trouj)caux, et jieut donner d'abondanlcs r^coltes de Iroment lorsqu'il est mis eu culture. L'Ltah presente trois rt^gions d'aspect dilFerent : la premiere, celle du Grand Bassin, deja dbcrite, con- lient un desert de sable brulanl, des monl;igne3 cou- veites de neige a leur faile , ceintes de verdure a leur ( 279 ) base, et uii j)elil nonibro cl'cspacos Fertiles le lung des rivieres; la seconde offi-e des plateaux eleves et inler- rompus ga et la par des pics , particiilieiement aii centre ; et il parait qu'on a pen de renseignements sur la troisieme, la Grande Vallee des cours d'eau, depen- dant du bassin du Colorado. L'extr^mite meridionale de la contr^e est montagneuse. Ce teri'itoire, dont on lvalue la superficie a 275 000 rallies Carres, est habits par de petites ti'oupes d'ln- diens dont la plupartse procurent une pauvre subsis- tance par la cbasse et par la pfeclie. La principale tribii est celle des Utah, dans le nord-est, qui a donne son nom au territoire. Les liabitants blancs consistent principaiement en Mormons, qui s'y retirerent en I8/18. Cettc secte, dont I'origine remonle a 1830, a eu pour fondaleur Joe Smith, de Palmyra, dans I'lfetat de New- York. II pr^tendit avoir Irouve quelques plats d'or avec des inscriptions qu'il traduisit, a ce que racontent ses adeples, au moyen d'une assistance surnaturelle. Ainsi tut produit le livre de Mormon [Book of Mormon), qui est la jjible de cette secte. Apres avoir construit d'abord un temple a Kirtland, dans I'Etat d'Ohio, ils furent chasses par les habitants; repousses ensuite du Michi- gan et du Missouri, ils se retirerent dans I'lllinois, oii ils fonderent la ville de JSauvoo, dont le nom a relenli en France, et qui a, dit-on, un temple d'une immense etendue et une population de 10000 ames, provenant de I'Europe aussi bien que de I'Amerique. Persecutes encore dans cc dernier Etat, ils se dlrig^rent sur rOregon el la Californie ; mais, attires par le pays aux environs du grand Lac Sale, ils s'y etablirent, el on assure (pie leur noinhre s'eleve maintenanl a 20 000. ( 280 ) lis constriiiseiil tMilie los deux Jacs une ville qui doit avoir 12 milles de circonrerence, et donl la population s'eleverait deja a 13 000 ftmes ; ils y el6vent un vaste temple en pierre, et batissent toutes leurs raaisons en brique. Les Mormons ont plusieurs elablissements le long de la riviere I laJi ; ils s'adonnent a I'agriculture, et recoltent dt'ja 75 boisseaux de I'roment par acre; les pommes de terre et les menus grains viennent bien, niais le climat est trop froid pour le mais. II tombe peu de pluie, et I'irrigalion est n^cessaire. Ce petit peuple possfede un grand nombre de moulins a moudre et des scieries mus par les cours d'eau des monlagnes; en quelques endroits, il y a abondance d'excellcnt bois de construction. Le climat est extreinement salubre. Le gouverneinent des Mormons est fonde sur leur croyance religicuse. Toutes les sectes sont tolcrees. On assure qu'iis Torment un peuple industrieux et moral, et que le nombre total des membres de cette secle est de 100 000, etablis dans diflerentes parties de I'Amerique et de I'Europe. La ville du grand Lac Sale etant consideree par les Mormons comme la Je- rusalem ou la Mecque de ces nouveaux adeples, on peut supposer qu'elle s'accroitra rapidement par I'^mi- gralion des membres qui s'y rendront. La route des ttats (le rOuest a I'Oregon el a la Californie, au moyen de ce qu'on appelle \a passe nieridionn/e (South-Pass), court a environ 60 milles au nord de la ville de Mormon [Mormon -City); mais on peut en prendre une autre qui se rapproche un peu plus de celte place. Les Mor- mons fournisscntdcs mulos, des bceufset des provisions aux ^migranls. La route d'lndependance, a roccidenl ( 281 ) des rnontagnes Roclieuses, est bonne, et une iimnense quanlile d'individus i'ont suivie. Lcs nombreuses ca- ravanes d'emigrants font environ 15 milles par jour. Pendant 500 milles le long de la region de la prairie, on peul se procurer la viande de buflle en abondauce. Les Mormons ont 6labli des bacs pour le passage des rivieres Platte et Green ( Verle ) . Le territoire d'Utah formait une partie de la baute Californie, dont les Etats-Unis ont acquis la possession pendant la derni^re guerre avec le Mexique. On Tap- pela d'abord Deseret; mais ce nom fut ensuite cbang6 en celui qu'il porte aujourd'hui : c'est en 1850 que fut ^tabli le gouvernement territorial. TERRITOIRE D'OREGON. Le territoire d'Oregon serait le plus etendu de tous les fitals-Unis, puisqu'on lui donne 350 000 milles carr^s de superficie, si celui de Nebraska, non organise il est vrai, n'en avail pas, dit-on, 377 000. Situe a Textr^mite nord-ouest de TUnion, entre les rnontagnes Rocbeuses, qui lui serventde limile a Test, en le separant du terri- toire de Missouri ou Nebraska etl'oc^an Pacifique.qui le borneal'ouest, il s'6tend au nord jusqu'au AG" de lati- tude, ou il confine avec I'AuK^rique anglaise, toucbe, au sud , a I'filat de Californie et au terriloire d'Utab. Outre les montagnes Rocbeuses , qui le longent a I'orient, I'Or^gon est traverse par deux autres cbaines moins 6lev6es : celle des montagnes Bleues [Blue- Mountains], presque au centre du territoire ; et celle de la Cascade, plus a I'ouest, a peu de distance de la mer. La principale valine est celle de la Columbia. Les divers cours d'eau principaux et leurs tribulaires ecu- { 282 j lent a Iravers une contriie sauvage, qiiolquelois bordee par dcs plaines ^troiles ct fei'liles. La riviere la plus considerable et la plus large de cetle conlree csl la Columbia., qui porle aussi Ic nom A'Oregon, qu'elle a donne au Icrritoire. Elle prend sa source dans Ics monlagnes Rocheuses, vers le hk" de lalilude, se dirige au sud-ouest, jjuis u I'ouest, cl se jctte dans I'octian Pacifique vers le hk" 20'. Son cours superieur esl rapide et iutei'ronipu frequemment par des chutes; sa longueur est de 1500 millcs. Quoique obstruce par de nouibreuses barres de sable, elle est navigable I'espace de 120 railles pour des navircs de 12 pieds de lirant d'cau. A 20 inillcs de son cinbou- chure, sa largeur est grandement accrue. La riviere Lewis, son principal Iribulaire, qui pent elre consider^ comme sa branche principale, nalt aussi dans la chaine des monlagnes Rocheuses, qui porte ici le noin de I'Find rii'ers Mountain, et, apres un cours tr^s-sinueux au sud-ouest, puis au nord-ouest, vex'se ses caux dans la Columbia : ses frequents rapides I'empechent d'etre d'une grande utilile pour la navigation. Lcs rivieres Clark et Willamelte sont aussi des affluents de la Co- lumbia. C'est des petils lacs situ^s au milieu des mon- lagnes que la plupart des rivieres tirent leurs sources. II y a aussi piusieurs nappes d'eau, rdpandues dans le pays, qui ajoutent inliniment a sa beaute pillo- resque. A I'extremite sud-ouest du territoire est le cap Blanc [Cap- bianco), et au nord-ouest le cap Flattery. Le port de Gray est petit, mais il aduiet des navircs de 10 pieds de lirant d'eau. L'entr^e de la Columbia est obslruee par des barres de sable, qui auguienlenl, ( 283 ) dit-on, lie jour en jour. Le Clalsop, ou canal Meri- dional, a 6le explore dernierement, et promet une bonne enlree. Le detioit dc Juan cle Fuca ofTre plu- sicurs beaux ports. La maree nionte el descend ici de 18 pieds. Toute la ligne de cotes sur la mer Pacifique appartenant a I'Oregon est evalu6e a pr^s de 400 mlUes. Les productions vegetales de ce lerriloire ne parais- senl pas diff^rer mal^riellement de celles des latitudes correspondantes de Test. Les forets contiennent diffd- rentes especes d'arbres, dont quelques-uns atleignent une hauteur de pres de 200 pieds. Parmi ceux qui con- servent leur verdure en toute saison, on x'emarque le pin, le c^dre, etc., etc.; le chene, le frene, le peu- plier, I'erable, le saule et le cerisier, y sont communs; et on y rencontre frequemment des bosquets de noise- tiers, de rosiers, etc. L'elan, le daioi, I'antilopc, Fours noir et gris, le loup, le renard, le nuiskrat, le martins, le castor, etc., sont nombreux, excepte dans les prairies de la region moyennc , dont il va etre parle , et on rencontre des bufUcs dans la partie orientale. Les animaux a four- rure diniinucnt rapideinent, poursuivis qu'ils sont avec acharnement par les chasseurs et les trappeuvs. Dans le printemps et I'autoinno, les rivieres et les ri- vages sont visites par d'inimenses quanlites d'oiseaux sauvages. Le saumon, la Iruitc sautnonee, I'esturgeon, la niorue, la carpe, la sole, la flondre, la perche , le hareng, la Jamproie , les crabes , les huitres, les moules, etc., abondeut dans les rivieres et dans les detroils ; ct les Indiens, qui vivent presque enliereinent de poissou, prennent souvent des baleines le long de la cote, a I'embouchure du d^troil de Juan de Fuca. ( 284 ) Les ressources luiuerales sont pen connues; I'or a ite trouve recemment, et on esp6ie qu'une investi- gation plus attentive en fera decouvrir de riches mines. Le territoire de I'Oregon, dont le cliuiat est en ge- neral de qiiolques degres plus tempere que dans les pays de I'Atlanlique situes sous les niemes latitudes, est physiquement divis6 en Irois regions : Vorienta/e, situee entre les montagnes Rocheuses et les raontagnes Bk'ues, elevee, froide et nue, a un climat si varialile, qu'un seul jour ofTie quelquel'ois la teinpdrature des qualre saisons. Dans la region nioyenne, vaste prairie rompue, au midi, par des aretes et des faites de mon- tagnes, I'atmosphere est fort seche en etc et tres-froide en hiver : il n'y tombe pas de rosee, et son sol n'est point propre a la culture, mais il renferme de bons paturages. Enfin , la region occidentale, silu6e entre la mer Pacifique et la cliaine de la Cascade, est beaucoup plus lemperoe que les deux autres; on n'y dprouve jamais les extremes ni de la chaleur, ni du froid : c'est la plus belle portion du pays. Tout le territoire d 'Oregon est salubre a un haul degre; I'hiver y dure de decembre a fevrier; la neige continue rarement plus de trois jours le long des cotes. Le sol est cxlremement diversifi6; la section occi- dentale peut elre considcree en g(in6ral comme fertile, pr^senlant a la fois des terres hauies et des prairies parfuitemenl appropri^es aux grains et aux fruits; la section moyenne a un sol plus leger, et se compose g^neralement d'une prairie de sable argileux el d'un petit nombre de riches vallees assez etroites. La section orientale offre une region rocheuse et decoupee, oii les ( 285 ) sommeta des montagnes conservenl souvenl la neigo pendant toute I'annee. II y a quelques poi'tions de loois de construction; mais en general k pays est nu et froid, une grande partie du sol etant impr^gnee de sel. L'agricuUure est la principale occupation des colons amdiricains; ils recoltent beaucoup de from en t , de seigle , d'orge, d'avoine , et cultivent avec succ6s plu- sieurs esp^ces d'arbres fruiliers, entre autres les pom- miers, les poiriers, etc.; la majeure partie des fermes sont dans la region occidentale. Les manufactures sont encore dans I'enfance , quoi- qu'il exisle cependant quelques grands etablissements. Le commerce est limite principalement a I'expor- tation des fourrures; des provisions de bouche sont envoy^es en Californie. On regoit dans I'Or^gon des quantites considerables de marcbandises etrang^res , provenant de la portion atlanlique des Etats-Unis. Pendant longtemps, on se rendit en Ibule dans cette region pour oblenirdes fourrures des Indiens. En 1811 , la Compagnie de la mer Pacifique elablit un poste, a\)pe\eJstoria, aFemboucliuredela Columbia. Bientot aprt's la Compagnie anglaise de la baie d'Hudson fonda, sur quelques points du cours superieur de la riviere, des posies qui existent encore ; cette Compagnie a presque le monopole du commerce de fourrures. La population du territoire d'Or(^gon est estim^e a 30 000, dont 8 a 10 000 sont Americains ; il y a, de plus, quelques employes de la Compagnie de la baie d'Hudson. On suppose que le nombre des Indiens s'el^ve a 20000. Les principales tribus sont celles des Ti'teS'Plates (Flat-Heads), des JFallawallas, des Nez- Perces, des Shoshonees, des Cayiises, des Boonacks^ des ( 286 ) jyolc'h's o[ des Inuitins. En gL-neral, ils sonl inoffensil's el d'une iiilelligonce bornde ; ils tirenl do la puchc leiir principal nioyen tie siibsistanco . sont Ires-adroils a dinger lours oanots , prenncnt un grand noinbro d'animaux sauvages, at echangent leurs fourruros et leurs pelleteries avec les blancs centre des couverlures, des fusils, de la poudrc, des cbaudrons, etc. Lcs Shosbonees et les Nez-Perces vivent dans les plaines, et possedent de grands troiipeaux de cbevaux pleins d'ardeur. II exisle au milieu de ces Indions plusicurs ^lablissements de niissionnaires qui ont, dit-on, r^ussi a propager le cbrislianisnie parmi eux, ha fort Fancouver , sur le bord septentrional de la Columbia, a 90 milles de Ia4ner, est le sii^ge principal du commerce de fourrures que font les Anglais. l)c belles fermes, des jardins, des moulins, des ecoles el des boutiques, en dependent. Jstoria, a 8 milles de la Columbia, a seulemcnt deux batimcnts. hQ fort IFal- lawalla, sur la rive sud de la m6me riviere, et Cohnll, sur la rive mtiridionale de cellc de Clarke, sont des postes de commerce anglais, auxquels des villages sont attaches. II y a aussi des elablissements anglais sur la Williamello et en quelquos aulres endroils. La ville d' Oregon {Oregon-City ) est sur celte derni^re riviere, donl les chutes d'eau ont une grande puissance : c'est maintenant la capitale du territoire. En mai 1792, Robert Gray, capilaine du navire Co- lumbia, de Boston, d^couvrit la riviere a iaquolle il donna Ic nom de son batiment, et y entra. Do ISOi a 1805, Lewis et Clarke, sous la direction du gouverne- menl des Etats-L'nis, explorercnt le pays en remontant la Columbia de son embouchure jusqu'a sa source. De- ( 287 ) puis 1808, la contr^e est occupt'e par pliisieurs des Compagnies a foorrures do I'iinion amcricaine. Ce fut en s'appuyant sur ces precudenls et sur d'autres encore que les Etats-Unls reclamerent le territoire jiisqu'au 54° 40' de latitude; inais, coiiime des traficants anglais s'y elaicnt egalement etablis, le gouvernement anglais opposa une reclamation semblable, ce qui occasionna des dcbals irritants et qui pouvaient devenir serieux. lis furent heureusemcnt arranges par le trail^ de 18/|6, qui decida que la ligne du liQ" formerait la limite sep- tentrionale des Etats-Unis. Les colons organiserent un gouvernement provincial; mais celui-ci fut supprime en 1849 par le Congres, qui elablit un gouverneinent territorial regulier sur le pays. Le gouverncur reside A Oregon- City. NOUYEAUX JETATS DE LA REGION DU MIDI. ETAT DU TEXAS. Le Texas, I'un des Etals les plus vastes de la Con- federation de I'Amerique du Nord , a une suporficie ^valu^e a 275 000 milles carres (1) ; il dependait autre- fois du Mexique, et a ete annex6 aux Etals-Unis en 1845. Sa partie nord-ouest est formee de montagnes appartenant a la ciiaine des montagnes Rocheuses, et portant ici le nom de montagnes de Guadalupe. Celle contree a ^te encore peu exploree, et on ne pent dire qu'elle soit veritablement colonisee. Les flancs de ses montagnes sont couverls de forets, et la plupart sont susceplibles de culture au moyen de I'ir- rigation. (i) G'est la meine qn'oii altrlljue aux tcrritoires du Nouveau- Mexiqup rt tl'I^lali. ( 288 ) Dans les districts montagneux de la parlie occiden- tale du Texas existe un grand nombre de valines allu- viales, en g(^neral d'une tr^s-grande fevlilite le long des rivieres. Toules celles qui arrosent cet fitat viennent des haules lerres du nord et de I'ouest, et la plupart se jettenl tians le golfo du Mexique. Nous citerons : la Neches, navigable , pour de pelils bateaux a vapeur, i'espace d'une cenlainc de milles; la Trinidad, qui Test pendant Irois cents milles, et le Brazos, pendant deux cents; le Rio-Colorado, obstruct par des amas de bois flotlants, a 10 milles environ de son emboucbure, et qui, lorsque cet obstacle se deplace , est navigable pour des bateaux a vapeur jusqua Austin , pendant 200 milles; le San- Antonio, le ISueces et la Sabine sont aussi navigables, les deux premieres seuloment a de courles distances, et la troisi^me, qui s6pare le Texas do la Louisiane, pendant environ 300 milles; cnfin, le Rio-Grande del Norte, qui forme la limile sud-ouest de I'Ktat. Quoique le Texas ait environ 300 milles de cotes sur le golle du Mexique, il ne posst^de noanmoins aucun bon port, mais seulement, a I'emboucbure de ses lleuves, des bavres pour de pelits navires. Les baies peu protondes qui recoivent la plupart des ses rivieres, aussi bien que les embouchures des rivieres elles- memes, sont barrees par des bancs de sable mou- vanls; et on trouve, le long des cotes, des terrains detacl)6s, bas el plats, avec des baies ^troiles, et qu'on appelle des lies; les principales portent les noms de Padre, de Mustang, de Saint- Joseph et de Matagorda. 11 existe deux lignes de forfits continues , de 5 i 60 milles de large, s'etendant au nord, presque en ( 289 ) ligne directe, a parlir des sources de la riviere Tri- nidad jusqu'a la riviere d'Arkansas : on les appelle Cross -Timbers. Le pays otFre sur beaucoup de points une vegeta- tion naturelle luxuriante , comprenant, outre I'lierbe commune des prairies, \digaina, le niusquite, la luzerne et le riz sauvage, etc., donnant un excellent palurage. On y trouve aussi differentes esp^ces de bois, lels que le chene vivace [quercus vireiis ), si utile pour la con- struction des navires, le chene blanc et noir, le frene, I'orme, I'acacia, le noyer, le sycomore, le cypres, I'arbre a gomme elastique, etc. Les hautes terros abondent en pins et en cedres ; et plusieurs localil^s ou croissent le pecher, le figuier, I'oranger, le pin, le dallier et I'olivier, voient aussi fleurir la vigne. La va- nille, I'indigo, la salsepareille, etune grande variety de plantes tinctoriales et medicinales , y sont indigenes. La contree deploio une magnifique variele de fleurs. On voit errer dans les prairies d'immenses troiipeaux de buffles et de chevaux sauvagcs, dont la poursuite est une des principales occupations des Indiens, aussi bien que des colons etablis dans le Texas, ct les forets nour- rissent non seulement des daims et du menu gibier, mais Tours gris , la bete f^roce la plus redoutable du continent americain. On a trouve, dans cet Etat, du charbon de terra d'unequalilesuperieure etduminerai defer; des mines d'argent y ont meme ete exploitees dans les regions montagneuses. Le nitre abonde dans Test, el le sel s'obtient par I'evaporalion naturelle des lacs et des sources salees qui existent en grand nombre dans le Texas; le bitume se montre en plusieurs cndroits; et II. OCTOBRE ET NOVEIUBRE. 4. 19 ( 290 ) enfin ie gypse, le granit, la pierre ii cliaux, et I'ar- doise, sont comniuns. L'aniiec se dlvise dans le Texas, comruc en phisieurs autres pai'ties de rAmerique, en sajson Uuiuide et en saison sfeclie : pendant la preiuiere, qui (Jure 0 Noms dqs conUe's. ( 291 ) Villes pi'incipales. Population des comtet en 1840. fteJC£^r San-Antonio de Bexar . Bowie Boston Brazoria Brazoria Brazos Boonville Colorado Columbus Fannin Bonliam Fayette La Grange Fort Bend Bichraond Galveston Galveston Goliad Goliad Gonzales Gonzales Harris Marshall 'Crockett ■Fort Houstoi^ Jackson Texana Jasper. . Jasper , . , Jefferson Beaumont Lamar Paris ''Liberty Houston. 1 ooo 5oo 5 000 4 ooo Liberty Swart\v<)ut . 'Town-Bluff. Matagorda Matagorda . Milam Nashville. . Montgomery. ' 700 I^Montgomer (Cincinnati. Nacogdoches . • . ., Nacogdoches 1 OOO Red-River Clarksville — Refugio Refugio Robertson Franklin — Rusk Henderson — Sabine Milam — ^an-Augustii^ . . . San-Augusti^e. • ... . ■ 1000 $aj|-Patricu . .... Corpus-Christi i 5oo Shelby Shelbyville. ........ _ Travis Austin i 000 Victoria Victoria — Washington Bfenhara — ( 292 ) Le colon el la canne a sucre sent les deux planta- tions lesplus communes. Les p;rains le plus sp^cialcmenl cultiv<^s sont le mais et le froment. Les pommes cle terre deuces et communes reussissent parl'aitement bien ; I'^l^ve du grosb^lail a ^l(^ longlempsroccupalion principale et favorite d'unc grande portion des habi- tants, et plusieiirs des prairies sont j)resque litt^ra- lement couvertes d'immenses troupeaux de breufs ; on ne s'occupe pas avec moins de soin de la propaga- tion des clievaux, des mules, des coclions, des mou- tons , de la volaille, et des aulres animaux domes- tiques. Quant aux manufactures, elles sont encore dans I'enfance ; il en est neanmoins quelques-unes qui donnent des espdrances et dont le nombre augmente. Le commerce du Texas est limite a celui qu'il fait avec les Llals-Unis. L'Etat est trop rdcemment constitu^ pour qu'on y ait dtabli encore des colleges et un syst^me g^n^ral d'dducation; celle-ci n'ost cependant pas complete- ment negligee, et il y a plusieurs bonnes ecoles dans quelqucs villcs. Les principales sont : Austin, capilale du Texas, sur la rive gauche du Colorado, construile recemment, a 200 milles dc la mer, et au centre de rfitat ; Brazoria, sur la riviere Brazos, a 30 milles de lamer, fait un commerce considerable; Corpus -Christi, sur la baie du memo nom, n'est qu'uu grand village; Gahesion, a I'extr^mile orientale de I'lle de ce nom, est le principal niarche; Houston, sur la baie Bufjalo est aussi une place commercante ; Matagorda, sur le C4olorado, a 35 milles de la mer, n'est qu'un village, mais en voie de progr^s ; Nacogdoches, San-/4ngustine, ( -293 ) et PVashiiiglon, sont aussi des lieux qui ne inanquenl pas d'importance. Plus de la moitid de la population se compose d'Ame- ricains d'origine anglaise; le reste est form^ d'un nombre assez considerable d'Allemands, qui y ont emigre dernieremenl, de quelques Irlandais, Fran- ?ais, Italians, etc. On suppose qu'environ 15 000 Mexi- cains d'origine espagnole y sont etablis. Dans le nord, on compte quelques tribus indiennes, dont celle des Comancbes est la plus feroce et la jjIus guerii^re. A r^poque ou Cortezfil la conquete du Mexique, le Texas 6tait la residence de tribus errantes d'Indiens d'un caractere fier et sauvage. Quoiqu'on considerat cette contree comme faisant parlie du Mexique, elle etait reside longtemps inoccupee, lorsque La Salle, aventurier fran^ais, cherchant a fonder une colonie a I'embouchure du Mississipi, et se trompant de route, aborda, en 1685, a I'entree de la baie de Matagorda. II construisit la un fort, qu'il ne tarda pas a aban- donner et que les Indiens d^moiirent deux ans apr^s qu'il eut ete assassine par un de ses compagnons. De pelits 6tablissements furent faits sur ce territoire par les Espagnols et par les Fran^ais, et cliacun d'eux deva des reclamations sur Ig pays. En 1681, les pre- miers ^levferent un poste militaire A Bexar. En 1719, une colonie des habitants des lies Canaries y fut 6ta- blie : la province etait appeltie a cette ^poque les iVbu- velles-Philippines, el plusieurs missions ei presidios , ou postes militaires, existaient en differenls endroits. Les pretentions de I'Espagne sur ce pays, dont la popula- tion etait considerable, semblent avoir ete alors assez bien justifiees. Les ^lablissements des missionnaires ( 29A ) consislttieht eh des esp^ces de forlereisses do pierreS massivos, avec des ^glises d^corees de statues et de peintures, et ayant des cloches (5normes. LeS mines de quelques-uns de ces edifices subsistenl encore, et sont des objets remarquables dans utl pays oCi I'on trouve si peu d'ouvrages et d'institutions de I'hohime. Le r^cit detail!^ des (ivcineinentfe surVehus dans le Texas depuis le coinmencement de rinsurnection db Mexique en 1810, quoiqiie blTrant beaUcoui) d*ihldr6t, ne pouvant entrer convenablenienl dans une ubticfe destin^e aux lecteurs du Bulletin de fa Societe de geo- graphic, je ddis me borher a signaler seulement les principaux resuUals, Lne premiere tentritive, faite ert 1812, pour rendre le Texas independant, par des ha- bitants des Eiats-L'nis, auxqucls s'etaient joints des Mexicains, des Fran^ais, des Italiens, etc., no tarda pas a avorter par la victoire complfele que Tarm^e espa- gttole remporta prfes de Tol6de contre les insurgSs. Vers 1818 , des militaires frangais, fen majeure partie exiles de leur pays d6s 1815, essayferent de fonder dans le Texas une colonie sous le nom de Champ d'Asitt; mais elle n'eut qu'une courte dur^e. Lorsqu'en 1823, le Mexique proclama sa separation definitive de I'Espagne, Eticnne Austin, Am6ricain de Durham, dans le Connecticut, soutenu par Iturbide, colonisa quelquos portions du Texas, devenu I'un d^s Glials de la Cotifed6ration mexicaine, et bientot uhe fbule de citoyens aventiireux et intrepides des I^tats- (Jnis accoururent sur les traces des premiers colons; line t-iSpublique eph6m6re, qu'un parti de Chewkecs dfevdit appuyer, fut mSme proclamee sous le tiom de Fredonia. Des dissentiments s'6tant eiev^s plus tard { 295 ) enlre le gouvernement central de la Confederation niexicaine et les planteurs du Texas, ces derniers, m^conleuts de Ja conduite du president Santa-Anna , d«5clarerent ouvertement , en 1835, leur intention de former un fitat completement independant. lis cr^fe- rent en consequence un gouvernement provisoire , et choisirent pour commandant en chef Samuel Houston, ancien gouverneur de Tennessee. Vaincus d'abord a I'Jtanio et en quelques autres endroits, ils furent plus heureuX a San- Jacinto ; enfm, par suite del'intervention des Etats-Unis, Tind^pendance du Texas fut assuree . puis reconnue, d'abord par ces derniers, et enfin par les autres puissances. En 184/1, dcs negociations furent ouvertes pour son annexion aux6tats-Unis; au mois de fdvrier de I'annee suivante, une resolution fut passee au CongreS en faveur de celte mesure, et le Texas fut bientot apres admis comme Etat dans I'Union. fiTAT DE FLORIDE. Get ttat, d'une superficie d'environ 56 400 milles carres, se compose d'une longue et ^troite langue de terre s'etendant sur los rivages septentrionaux du golfe de Mexiqne , depuis le Rio- Perdido jusqu'a I'oc^an Atlanlique , et d'une vaste p^ninsule de 350 milles de long sur 100 a 150 de large, formant I'exlr^mite sud- eSt de rUnion americaine. Born6 au nord par les Etals de G^orgie et d'Alabama , il est baigne a Test par roC(5an Atlantique; a I'ouest et au sud, par le golfe du Mexique; II n'a point de montagnes, mais un dos de pays de 200 a 250 pieds au-dessus du niveau de la mer, entre des cours d'eau se retidant au golfe du Mexique ou dans I'oc^an Pacifique. ( 2m ) Le Saint-Jean, sa riviere Ja plus considerable, prend sa source dans le centre de la contree; il a plufot I'ap- parcnce d'un ddlrolt que d'un flcuvc : son cours estde pres de 300 mllles, el il est navigable dans les deux tiers, Les aulrcs rivieres, qui toules onl des bancs de table a leur embouchure, sont : V Jppo/nchicola , lormee par la jonclion du F/int et du Chattahoochee, coulant, au sud , dans le golfe du Mexique, donl la longueur est de 100 millcs, et qui est navigable presque depuis sa source pour des navircs d'un assoz fort ton- nage; V Escambia, la Swannce, lo JP'ithlacoochee , etc. La Floi'ide a beaucoup de lacs, dont plusieurs sont grands, et lous remarquables par la transparence de leurs eaux : Y Okeechobee, dans le sud, est celui qui a le plus d'etendue. Une particularite de cette contree, ce sont les everglades, bouquets de grands bois iriar6- cageux, situ6s dans les parties du sud-est, ou les Indiens Seniinoles Irouvaient des retraites pendant la derniere guerre que les Ltats-Unis ont eu a soutcnir contre eux; circonstance qui prolongea la lutte pendant plusieurs ann^cs. L'eau est en general peu profonde le long des cotes, qui oUVenl cepemianl quelqucs bons ports et de belles bales. Sur les cotes de I'Atlanlique, on Irouve des ports a lemboucliure des rivieres de Sainte-Marie de Saint- Jean el de Saint- jliigustin; et , sur le c6l6 occidental, les baies d' Appalachicola, d'Jpalacheeet de Pensacola. Les rives sonl bordees de pelites lies basses, s^pa- r^es I'une de I'autre et du continent i)ar des canaux (itroits et peu profouds. Les lies Amelia et Anastasia, sur I'ocean Allantique, loriuent des bandes basses el sablouneuses d'onviron 50 milles dc long sur i uiille de ( 297 ) large. Au sud-ouest est une clialne d'llots appel^s Keys^ dont le plus imporlant est le Key occidental [Key- PFest), ou ile Thomson, a 20 lieues du rivage. 11 con- tient un port militaire des ttats-Unis, et on y fait un grand commerce. Les Tortitgus sont un groupe de Keys, a I'extr^mil^ occidentale de cette chalne. II existe dans la Floride un grand nombre de sources, parmi lesquelles la t'onlaine JFnhdla, a 12 milles de Tallahassee, formant un vaste reservoir d'une eau belle el transparente , profond de 1 500 pieds. Une colonne s'^lance conslamment de son interieiir, comme si elle sortait d'une cuve en Ebullition, et cependant son eau est exlremement froide, merae en ele. II est probable que c'est la I'origine de la legende indienne de la/o«- taine de Jouvence. Sur la riviere Mosquito est une Fon- taine minerale d'eau chaude, legerement sulfureuse, avec un bassin d'une etendue suflisante pour faire flotler un bateau. La chaleur et I'humidite du climat compensent la pauvrete du sol, et donnent a la Floride une vegetation riche et vainee. Les arbres de ses forets s'elevent a une grande hauteur, et ses arbrisseaux sont remarquables par leurs fleurs magnifiques. Les parties seplenlrio- nales et centrales sont couvertes d'une foret epaisse, dans laquelle domine le pin; le palmier, le cedre, le chataignier, ct le chene vivace, y atteignenl une 6l(iva- tion extraordinaire. On y rencontre aussile niagnolier, le cypres, le paw-paw, avec son vert feuillage et son beau fruit; le cornouiller orabrageux, le titi, dont les fleurs sont magnifiques, etc. Les basses savanes sont couvertes d'heibe et d'une multitude de fleurs, et de grands roseaux viennent dans les marecages. Le liguier. ( 298 ) I'oranger, le palmier a daltes, el le grenadior, sonl au nombre des arbrcs fruiliors qu'ou y cultive. Cette contree olTre uno crande diversilti de perro- quets et d'aulres oiseaux des tropiques. Le daim et les coqs d'lilde sauvages sont cbiiiinuns, aiiisi que les rep- tiles. On a roconnu en difft^renls endroits dii minerai de charbon el de fer. II y a peu de vari^te dans le clihial de la Floridc , qiioique la paftie septcntrionale , bordant les Ltats d'Alabarna et de Gdorgie , offre un caractere decide- ittent moins tropical que la portion peninsulaire. L'eau nc gele jamais, et mfemc, dans les mois d'hiver ou dans la saison des pluies, la clialeur est (^toulTanle. Le sol est en general pauvre, a plusieurs exceptions prfes. II y a beaucoup de terres mar^cageuses; mais les pine-barrens Constituent une grande partie du pays. La hammock-land, ainsi appel^e parce qu'elle s'eleve en J)elits montipulesparmi les pins, a un bon terrain. Le payfe est presquc partout plat; mais, dans quel- ques districts, il offre des ondulalions; dans d'autres, il est rafeitie l^g^rement montueux. L'eldvation des plalfeaui situ^s entrc les rivieres n'excfecle pas 200 a 250 pieds. Les Espagnols avaient partag6 la Floride en orien- tate et en occidentale, st^parees par la riviere Appala- chicola : ces divisions, auxquelles on en a ajoute trois aulres, sont conservecs dans I'usage ordinaire, quoique la division politique ait cess6 d'exister. L'Etat coinprend maint«inant 20 comtes, ainsi rd- partis : •( 299 ) FLORIDE OCCIDENTALE. Comtes. Villes. Population d^^ conlt(!s en 18«). Escambia Pensacola 5 ggS Walton Euchee-Anna. ... i 46i FLORIDE CENTRALE. Gadsden Quincy 5 y'gi Hamilton Jasper Jefferson Moiiticello Leon Tallahassee .... Madison Madison I 464 5oi3 lo 7i3 , 644 2 282 2 102 FLORIDE ORIENTALE. Alachua Newmansville. . , Columbia Lancaster Duvall Jacksonville 4 '^6 Hillsborough. . . . Fort Brooks 4^6 Leigh-Reed New-Smyrna .... 78 Nassau Naseau C. H I 892 S'-John's. ..... S'-Augusiin 2 694 FLORIDE H^RIDIONALE. Dade Key-Biscay Une . . . 44^ Monroe Key -West 688 DISTRICT d'aPPALACHICOLA. Calhoun S'-Joseph. ..... i 142 Franklin Appalachicola. ... 1 o3o Jackson Marianna 4^^' Washington .... Roche's-Bluff . . . . SSg L'agricultiire n'a fait aucun progrfes, et la plus grande partie du pays est encore dans I'^tat de nature. Les articles cullives sont : le mais, les pommes de terre douces, le riz, la canne a sucre, le tabac, le coton et I'indigo. L'olivier fleurit et vient bien , ainsi que I'orahger, le figuier, le prober, le grenadier, et le li- ( 300 ). mon. On a inlroduil la culture du cat^ier et du pal- mier a daltes. La plus grandc ville est Saint -Augustin. Celle cite espagnole , fondee en 156/1, est la plus ancienne des fetats-L'nis. Elle est situee sur rAtlanli(|ue, et r6guli6- rement balie; mais scs rues sonl ties- elroiles. Les maisons, dont la plupart out de chariuants jaidins , sont construltes en pierre tendre, I'ormee par la con- cretion de coquilles, et dans le style espagnol. Elles ont generaleniont deux Stages, avec des murs 6pals enduits de plalre, el sont garnies de balcons. La ville, entouree d'un fosse, est forlifiee par des bastions et par le chateau de Sainl-Maic. Dans le voisinage , le terrain est sablonneux; cependant le pays est beau, et produit des oranges, des limons et des daltes. Le climat y est d^licieux; aussi les environs sont-ils con- sideres commc une residence d'hiver pour les malades affectes de pulmonie. Peusacola, a 10 milles de la mer, au fond d'uno large baie et sur une douce elevation, est la ville principalc de la Floride occidenlale : les filals-Unis y ont une station novalc. Tallahassee, dans la Floride centrale, siege du gouvernement , a 6te in- corporee comme cite. Saint-Marc est un petit port de mer dans le voisinage ; le village de Qnincj, place dans la mfime section , est une place florissanle. L'hisloire de la Floride ofTrc des Episodes du plus haul et du plus romanesque inliret. Vue en 1497 par Sebastien Cabot, qui n'y dobarqua pas, elle fut visilee, au mois d'avril 1512, par Jean Ponce de Leon, qui avail ^16 auparavant gouverneur de I'lle de Porto-Rico, d'oili il parlil avec trois navires, se dirigeanl au nord , pour un voyage de decouvertes. II se rendit d'abord ( 301 ) aux Bahama, et de la sur la cote d'un pays auquel il donna le noni de Floride, ou terre fleuric, soil a cause de I'aspect riant des arbres et des arbrisseaux qui en couvraient les coles, soit parce qu'il y aborda dans la semaine qui suit la fete de Paques, nommee en es- pagnol Pascun florida. Le motit" qui avail attir6 Ponce deL^on dans ces parages etail I'espoir de d^couvrirune certaine ilc de Biniini , que les Indiens representaient comme riche en or, et ou se trouvaitune Fontaine mer- veilleuse dunt les eaux avaientia propri^t^ de rajeunir ceux qui en buvaienl. Apres avoir explore les cotes orientales de la Floride, de St.-Augustin auxlles Tortii- gas ou des Tor lues, et perdu quatre mois a la recherche deBiminietdelafonlainedeJouvence, ilrevint a Porto- Rico, ou il arriva le 17 septembre, apr^s une absence de six mois et demi. Quelques ann^es plus lard, la meme esperance le fit renlrer dans la carri^re des aventures, mais sans plus de succ6s : battu par les tem- petes, blesse dans les combals qu'il eut a soutenir conlre les Indiens qui lui tuerent la plupart de ses soldats, il vint se faire soigner, puis mourirdans I'iledc Cuba. Son fils, Louis Ponce de Leon , se fit oclroyer par la cou- ronne la survivance de ses litres; mais ilne les fit pas valoir. Plusieurs nouvelles expeditions, tout aussi in- fructueuses que celles de Jean Ponce de Ldon, furent successivement enlreprises. Celle de Pamphile de Nar- vaez en 1527; et en 1539 celle de Ferdinand de Soto, auquel on doit la d^couverte du Mississipi, ne furent pas plus heureuses (1). Plus lard, des protestants francais (i) Le bassin tlu Missisiipi alt xvi* siecle, par M. le professeur Paul Chais, {Bibliothique univsrivHe de Geneve, septembre i85i, p. ag et suiv.) ( 302 ) vinrent y lormer un 6tablissenicnt sur la cole pord- est, et J'appeliiienl Caroline, du iiom du roi de Fraiice Charles IX. Chasses par les K.s])agnols, ceux-ci coo- S|truisi^e^ll S^iiil-Augustiu en 15Gi ou 1505, et conser- verent la Floride jusqu'cn 17(33, dpoque ii laquelle la Grande -Bre^ajjiie en oLlint la cession on 48» ci-dessua, p. 1 86, et ailleurs. (a) II nc resulte pas absolument de cette conjecture que les anciens uicnt eu connalssancc d'uii cours d'eau inftirieur, sc rendant dans la Wier dc Gninep. (Voyez Nouvelles remarques siif le Niger.) ( 825 ) D'un aulre cole, il so dirigc a I'ouesl comme le Niger de Ptolemee; comme le Niger, il coule sous le paral- lele de 9° a 1 0° nord ; le Mons Thala, d'ou sort le meme Niger, est place parceg^ographe sous la latitude de 10"; il en est encore de meme des raonlagnes ou il place Garaviantica Vallis, La riviere Benou6, qui 6tait presentee dans I'itin^- raire donn6 pr(^c6demment (ci-dessus, p. 181) comme plus considerable que le Faro, parait ici lui ceder en importance; car I'informateurdeM. Barlhlui donnait, comme on I'a dit, 2 000 yards. En voyant par ses yeux le confluent de ces deux grandes rivieres , M. Bartli a pu juger assez bien de leur importance relative. Une autre consequence de la d^couverte de M. Barlh, est de nous avoir appris qu'il suffit de vingt jours (1) pour aller du lac Tchad au chef-lieu de I'Adamawa, pays qu'on etait habitue a considerer comme Ires-dif- ficile a atteindre. Le savant voyageur ne parle d'aucun obstacle ; il a meme traverse le pays des idolatres sans empechement, c'est-a-dire celui de gens qu'on attaque pdriodiquement pour y faire des /-rtszm*. Heureuse- ment M. Barth annonco qu'il a I'espoir, comme le desir, de retourner a Yola; il completera ses remar- ques. Sans doute , si les recils bizarres des noirs lou- chant la race munie d'un appendice caudal ont un fondement quelconque, il en entendra parler, et il nous fournira le moyen d'expliquer cette etrange ano- malie, en la rtiduisant a sa valeur. M. Overweg, en conliiuiant ses remarques sur le lac (i) L'itineraire cxtrail, p. i83 ci-dessus, ne ilonne que six jours de Kouka a Yola, pi obablenient par crrcur de copic. ( ;^26 ) Tchad, a, de son cole, avance nos connaissances sur les insulaires; il s'en faut que cc soient des antliropo- phages, comme on I'avait imagine. Ce savant, comnie on dcvait s'y allcndre, a modifie en inemc temps I'opi- nion du docteur Barlh [Bulletin d'aout-seplemhre , p. 180) sur Ln nature du lac, qu'il presentait d'ahord comme d'immenses prairies couvertesd'eau, et comme elanl simplement un marecage; il ne s'agissait que de faiie la distinction entrc les saisons des hautes eaux et des basses eaux. La raison pour laquelle Pto- l6mde n'a pas distingue par des noms differcnts les divers lacs de celtc partie de I'Afrique, el les a tous appeles du nom de Xipy/, Xtp«(, paludes, est tr6s-simple : c'est qu'il est dans la nature des lacs de I'Afrique de changer tous les ans de forme, p^riodiquement, selon les saisons, selon la crue et la retraite des eaux; il en est souvent ainsi des rivieres elles-mfimes et des pluS grands fleuves. Les ^rudits savent que la est I'cxplica- lion de plusieurs enigmes geographiques. On regrelte que la relation de M. Overweg ne coh- tienne qu'un mot sur IV/ZweVa/re du Baghermi; proba- blement M. Overweg ne se bornera pas a renvoyer: tout porle a croire qu'il parcourra lui-meme les che- niins qui conduisent de ce c6t6 , le seul qu'il resle a connaltre depuis qu'on a de bonnes notions sur le Ouaday, le Darfour, le Kordofan et le Sennar. Nota. L'ilineraire ar M. J. ScoltRiissell, donne les marges des mcrs britanniques; on y re- marque cet esprit d'exactitudc et de precision qui dis- tingue les vrais amis de la science. Les cartes V* ct VI* conliennent le systeme des fleuves de I'Eurcpe, de I'Asie et de I'Amerique. Pour cette derniere parlie du monde, le travail original de M. Berghaus a ete consi- d^rablement augment^ et am(5lior6 par M. Johnston. in. La troisi^rae section , ou la section g^ologique, se compose de dix cartes. Celle qui traite de la struc- ture du globe est bas^e sur le m^nioire que M. Ami Bou6 a publid dans le Bulletin de la Sociefe geologique de France, et par consequent pr^sente six grandes di- visions : 1" le sol scbisleux cristallin, y compris les roches granitoides ; 2° le sol primaire ou intcrm6- diaire, y compris le terrain bouillor ancien ; 3" le sol secondaire; Zj" le sol terliaire; 5* le sol alluvial; 6" les depots volcaniques et ign^s. Ello est pr^cedee de notes explicalives redigees par M. Nichol. On y trouve, outre I'indication des diverses couches terrestres, le systeme de M. Elie de Beaumont sur la formation des monta- gnes, avec la Table exacte de leur ^^vation au-dessus du niveau de la mer. Nous ne nous ^tendrons pas sur les nomenclatures adoptt^es par ces savants, et suffi- samment appreci^es; nous nous contenterons de rap- pelcr quelles sont les idees de M. de Humboldt sur la s6rie des formations inorganiques de I'^corce ter- restre : ce sera le complement naturel du travail de M. Johnston. Lorsqu'on veut embrasser dans loute sa simplicity ( 33^= ) le type g^n^ral de la formation sedimenlaire, on ren- contre successivemcnt, en allant de bas en liaut : 1' Le terrain de transition, divise en grauwacke infe- rieure et superieuro, on en systemes silurien et devo- nien : le dernier portait autrefois le nom de vieux gres rouge. 2* Le tvias inferieiir, comprenant le calcaire de mon- tagnc, les terrains houillers, le nouveau gr^s rouge inf^rieur et le calcaire magn^sien. 3' Le trias superienr, comprenant les grfes bigarr^s, le calcaire coquillier et le keuper. C'est la que Mur- cliison fait coinmencer les formations secondaires. h" Le calcaire jnrassique (lias et oolithe). 5" Le gres massif, la craie inferieure et superieure^ ainsi que les derni^res couches qui commencent au calcaire de montagne. 6° Lqs, formations tertiaires , comprenant trois subdi- visions caracteris^es par le calcaire grossier, le charbon brun ou lignite et les graviers subapennins. Puis viennent les terrains de transpoi-t (alluvions), contenant les ossements gigantesques des mammiferes de I'ancien monde, tels que les mastodontes, le dino- therium, le missurium et les migalherides; puis des debris fossiles apparlenant a des cspeces actuellement vivantes, des el6phants, des rhinoceros, des girafes, etc. Ce n'est pas tout : M. de Humboldt, en ^tudiant les forces volcaniques, qui produisent encore sous nos yenx des roches nouvelles, faible reflet de ce qui s'est pass6 dans la p^riode ign6e du monde primitif, dislri- bue ces roches en quatre classes fondamentales : 1" Les roches d'c^rupUon sorties de I'interieur de la terre ou '^wlcaniquement, a I'etat de fusion, ou piiitoni- ( 836 ) qiiemetit, k I'^tat ile ramollissemenl plus on moins mai-qu^ , telles que le granit, la sydnile, le porphyre quarlzeux, le melaphyre, les clioritcs, le basaltc, etc. 2" Les rochcs de sediment prdciplt^cs ou deposdes dii sein d'un milieu liquide ou elles 6taient pinmilivc- ment dissoutes ou tenues en suspension, aiixquclleson a donn^ les denominations systimatiques dc formation dc fransilias tou- jours ainsi : on voil souvent dans la cbalne des Andes de I'Amerique du Sud des tremblemcnts de terre se prolonger pendant pliisieurs jours, et quand on pense a la iVequence el a runiversalilc de ccs pbonomenes, on reconnait que notre globe est incessainnient soumis a la reaction de la masse interieure. lis ne se l)ornent pas a soulcver au-dessus de leur ancien niveau des pays entiers, tels que la cole du Cliili en novembre 1822, et IJlla-Bund en juin 1819, ou des portions isolees de la croilte terreslre en domes arrondis de trachyte feld- spatbique et de dolerite, comme le Puy de Dome et le Cbimborazo ; ils font naltre aussi des Eruptions d'eaux cbaudes, de vapeurs aqucusos, de boue, de fum^es noires et xneme do flauimes. II est rare qu'il en resulte la ioruialion d'aucun volcan : la seule exception qu'on puisse citer est cello du Jorullo, lequel, apres trois mois de secousses et de tonnerres soulerrains, surgit tout a coup au milieu de la plaine, a la bauteur de 6J0 me- tres, Ic 29 seplembie 1759. f.i s volcans, (jui rosultenl d'line connnunicolion ( 339 ) perinanenle do I'inlerieur du globe terrostre avpc I'atniosphere , se forinent a la suite de soiilevemenls brusques et non par I'accumulation incessante des coulees de lave; la hauleur du volcan donne la mesure de la force qui I'a produit; elle exerce une grande in- fluence sur I'aclivite des eruptions. Situe prcsque lou- jours sur le sonimet de la monlagne, le cratere oQVe I'aspect d'une vallee prol'onde en forme de cone tron- que dent le fond est souvent accessible , malgre ses continuelles transformations : c'est la que de longues crevasses, d'ou s'echappent des flots de fumee, ou de pelites excavations circulaires remplies de maliercs en fusion, s'ouvrent et se referment alternativement. Les voicans qui s'elevent au-dessus de la limite des neiges i)erpetuelles, comme ceux de la cliaine des Andes, pr^sontent des phenomenes paiticuliers : los masses de neige qui les recouvrent fondent subilemcnt et produisent des inondations redoutablesj quelque- fois des vapeursd'eau l)rulanle s'echappent du cratere pendant I'eruption, se repandent comme un nuage 6pais autour de la colonne de fumee ou de cendres, et donnent naissance a des orages; des eclairs sillonnent ces masses condens^es, et Ton distingue les roidements du tonnerre et les eclats de la foudre au milieu du bruit qui se produit dans les entrailles de la terre : on en a eu un dernier exemple sur le V^suve en 1822. On distingue g^n^ralemenl les chaines volcaniques, comme celle des Andes, des voicans qui forment, comme le pic de T^n^riffe, le centre d'un groupe de voicans secondaires reguiierement disposes dans tons les sens. On a aussi remarque que les plus forts trcm- blemenls de lerro n'ont pas lieu aujiris des voicans ( 340 ) en activity, qui sonl en quelque sorlo des soupapes de silret^ pour les conlrc^es voisines. Si les emigres se fer- ment, des secouses surviennent : une colonne de fu- mee, que Ton voyait sorlir du volcan de Pasto, dans rAmoriquo du Sud , disparul subitemcnt jiendant le grand lreml)lenient de terre qui dctruisit Riobaniba 36 Hijriam^U'cs pins loin versle sud. Slrabon rap- portc que des Ireniblements de terre, qui so fai- saiont senlir dans toule la Syrie, dans les (lyclades, et en Eubee, cess^rent lout d'un coup au moment meme ou un torrent de matieros igneos jaillissail dans les plaines de Clialcis. (les divers pbenom^nos sont done inlimement li6s. M. Jobnslon, apres avoir lrac6 la dis- tribution volcanique du globe, el en particulicr celle de la basse Italie, a rouni dans une serie de vues separues le plan des crateres du Vesuve, de I'Etna, et de Gedi dans Tile de Java, des volcans de I'lslande, du plaloau de Quito (le Picbincba ol I'Antisana), de Tenerifle, de Lucon , d'Arlliur's-Seat , de I'lle Re- guain , etc. Une esqniss(! des monlagnes dc I'ile de I'Asccnsion, du Jorullo dans le Mexique, du Tankuban- Prabu de Java, el de I'ile Grabara au moment de I'erup- lion du 18 juillet 1831, complele de la facon la plus piltoresque, avec une Table des volcans de I'ancien ct du nouveau monde, cette monographic si inleressanle de I'auleur de I'Allas. Les deux dernieres cartes (les IX* et X*) compren- nenl la paleontologic des ilcs Britanniques, par M. E. Forbes : en cbercbant a lire dans I'ordre de superpo- sition des terrains I'age relatif des fossilcs qu'ils con- liennent, on a decouvert d'importanlcs relations entre les families el les esjiecos qui ont disparu ef cellos qui ( SM ) exislCMt oncoie. Toulos los observations s'accordent sur ce point, que les faunes el los (lores fosslles diffe- rent d'auiant plus des formes aniuiales ou v^getales actuelles, que les formations sedimentaires ou elles se trouvent sont plus infi^rieures ou plus anciennes. Les poissons se montrent dans presque toutes les forma- tions; mais, sous la craie, on ne d^^couvre plus un seul genre de poisson de I'epoque pr^sente : le tiers des fossiles du calcaire grossier et de I'argile de Londres appartient a des families eteintes ; le schiste de Stones- field commence seulement a offrir des debris de mam- mif^res, etle premier oiseau a 6t6 trouve dans le plus ancien d6p6l de la formation cretacee. Quant aux animaux sans vertebres, la science ne presente encore rien de positif; mais le travail de MM. Forbes et John- slon contribuera a repandre quelques rayons dc lu- miere sur celle branche si curieuse de I'histoire natu- relle. IV. La partie phytologique et zoologique de I'ouvrage de M. Johnston depasse en perfection lout ce que nous venons de faire connaitre ; les neuf cartes dont elle se compose representent la geographic des planles et des animaux sous I'aspcct le plus splendide. L'id^e d'une distribution reguliere des formes v6g6lales dut naturellement, pour nous servir des expressions d'un savant iliuslre , s'offrir aux premiers voyageurs qui parcoururent de vastes regions et gravirent les hautes montagnes , ou les climats se trouvent superposes comme par elages : tels furent, en cffel, les premiers essais d'une science dont le nom meme 6tait encore a cr^er. Les zones ou regions veg^tales, que le cardinal ( '^12 ) Boinbo avail disiiiiguees clans sa jeuncssc surles flancs fie I'Elna, Toiirnefort les retrouva sur le monl Ararat. Plus Uird, le meme savant conipara la flore des Alpes a\ec celle des plaincs situdes sous difi'erentes latitudes; il montra comment la distribution des veg6taux est regk'e par la hauteur du sol au-dessus du niveau de la mer ou par la distance au pole quand il s'agit des plaines. Meiizel, dans une flore inddile du Japon, emit par hasard le nom de geogrophie des plantes ; le meme nom se I'etrouve encore dans les Etudes de la nature de Bernardin de Saint-Pierre. Cetait trop peu pour que la geographic des planles prit rang parmi les sciences; il fallail que la doctrine de la distribution gdographiqne de la cluileur filt I'ondee, et qu'elle pOt fitre raj>proch^e de celle des vdgetaux; il fallait encore qu'une classifi- cation ^av families nnturelles permit de distinguer les formes qui se niultiplient de cellos qui deviennent plus rares a niesure que Ton avnncc de I'^quateur vers les poles, ct de fixer les raj)ports numeriques que chaque famillo presonle , dans chaque contrde, avec la masse enti^re des pliandrogames de la raSme region. M. de Humboldt cut cette heureuse pensee , et c'est d'apr^s son systeme et celui du professeur Schouw, qui admet vingt-cinq regions phylo-geographiques, que M. John- ston a dresse sa premiere carle. La seconde, trac^e par !\1. Bergbaus, conlienl I'indicalion des plantes les plus iin])ortanles, qui servenl a la nourrilure de rUorame , dans leur rapport avec les ligncs isolh^res et isocbi- m^nes (lignes de temperatures egales d'dle et d'biver); les regions ou Ton cultive la caiine a sucro, le thd, le cal6, le cacao, la »anille, clc, soul i'epresenle©s sepa- ( 3/|3 ) r^ment, ainsi que les planles de la zone toiilcle ; et quand on examine de pres ces merveilleux tableaux, on ne pent plus eii detacher ses regards. On a fait dans ces derniers temps pour les animaux 06 que M. de Humboldt a si bien accompli pour les planles, et la geogiaphie zoologique a pris les plus lieureux developpements. Les cartes de MM. Johnston el Walerhouse (les 111% IV% V% VI° et VII' de la quatri^me section), nous font passer successivement en revue les quadrumanes, les marsupiaux, les 6den- tes, les puchydernies, les carnivores, les rongeurs et les ruminants. Puis apparaissent les oiseaux, et ceux de I'Europe en jiarticulier ; et enfin les reptiles, avec la disUibntion des serpents, d'apres Schlegel. Les types des divers animaux sont dessint^s avec une rare perfection; on voit ceux-ci s'elever le long des montagnes jusqu'aux iimiles qu'il leur est ])ermis d'at- teindre, etl'on peut savoirenmeme temps a quel degr6 de lequateur au pole ils etendent leurs migrations. Les deux dernieres carles (les VHP et IX°) con- tiennent I'ethnographie de I'Europe et celle de la Grande-Bretagne et de I'lrlande. On s'accorde a recon- naitre que les races humaines sont les formes d'une espece unique; qu'on en admetto cinq on sept, il ii'en est pas nioins constant qu'aucunc difl'erence ra- dicale ne les distingue. M. le docteur Kombst, auteur de ces cartes , s'est borne a signaler les grandes fa- milies qui ont peuple I'Europe, et qui se ratlachent aux branches Celtique.Tculonique, Slave et Scythique. II place dans la deriiiere de ces branches les Turcs et les Mogols ou Mongols, qu'il subdivise en Finnois, Tatars et Kaluiouks. II considere ensuite ces diverges ( 3/1 4 ) classes sous le lappoit ])h)siqiie el inlollccluel , au point dc vue des langucs , do la religion , dc la consti- tution politique, etc. La se tcrmine cet immense travail, qui s'augmentera quelque jour des nouvelles d^couveilos faites dans I'intirieur de I'Afrique et dans ccs regions loinlaines oil les navigateurs europeens parviennent, en ce mo- menl meme , a Iravers les plus terribles obstacles. Nous avons indique rapidement les diverses parlies de I'Atlas; nous devons ajouler que chaque carte est accompagn^e d'un teile explicalif, qui fait connaltre r^tat present de la science. De telles publications font la gloire d'un pays , et nous voyons avec un profond sentiment de regret la France devancde par I'Alle- magne et I'Angleterre dans celte voie si belle et si ■!■..-: SioiLLOT. RAPPORT SUR UN ATLAS RUSSE DE 1796, ' OFFERT A LA BIBLlOTHfeQUE DE LA SOCIETE, -aioioofib IsuniJiTOD Iiim ^- U r^A^.'j^.W?^^ CFBERALE DD II AVBIl 1 85 1, Jxob .asbdis ailisui' * -oaioil riiilq c:^. M, LE PRINCE EMMANUEL GALITZIN. no-^ II est peu d'empires qui offrenl dans I'histoire un d6- veloppemenl gd'ographique aussi rapide que I'empire deRussle. Rien, dans sa formation, ne ressemble plus a ce systcme refl^chi d'agrandissement que poursui- ( 3/i5 ) virenl dc siecle en sieclo Ics Roinains, jusqu'a ce qu'ils furent enfin arrives a efTrovorle monde par I'etendue exorbitante de leur empire. L'Ltat fonde en 86/i par Rurik le Normand, dans celte region de I'Europe froide et silencieuse , sur la- quelle ne pesa jamais le joug du peuple-roi, s'etend aujourd'hui sur I'ancien et le nouveau continent; et Ton peut dire avec raison que le soleil ne se couche pas dans I'empire des czars, puisqu'au moment ou les rayons de cat astre cessent de dorer les nombreux clochers dc Varsovie, la clarte du matin a deja rdveill6 dans leurs sauvages demeures les cbasseurs de I'Am^- rique russe. Et cependant ses commencements furent humbles : I'empire naissant, morcele en differentes principaut^s, ne s'^tendit d'abord que sur les bautes plaines du Don et du Volga ; les Litbuaniens a roccidenl , les Mongols al'orienl, renvabirent, et ces derniers planterent pen- dant plus de deux sifecles leurs tentes aux portes de Wladimir et de Novogorod la Grande. Ce n'est reellement qu'a parlir du r^gne d'lwan III Wasiliewitcb , monte sur le trone en 1462, que la Russie entre dans co mouvement continue! d'accrois- sement territorial qui, en moins de quatre slides, doit en faire le plus vasle etpeut-etre menie le plus bomo- gene des Etals niodernes. Iwan III, qui d^livra son pays du joug des Mongols, ne dominait guere que sur les conlrdes comprises enlre Wologda, Twer, Voroneje et Makariev, c'esl-a-dire sur uno etendue d'cnviron 288000 milles geograpbiques carres (1). II y joignitles (i) II s'agit ici du iiiille geographifjue de 60 au degree Ic mille carre = 3,4373 kiiomcires carres. ( 8/i6 ) tAnis deTwer, dePles ow, de Novoj^orod, et rondit Iri- biitaircs Ics Samoiedes ; a sa uKjit, en 1505, reinpire s'ctendail sur une siiperiicie de 608 000 millos g^ogra- pliiques carres. Vers la fm du xvi' sieclc, Iwan IV accrut ses Etats vers le uiidi par la conqu^le des royauines de Kazan, d'Aslrakhan, formes des debris de I'einpire des Mongols, tandis que le Kosafjue Ycrmak penetrant en Asie dans I'hlal do Sibir, allail doniier a I'enipire russe les vasles plaines de la Siberio ; il allcignait alors une superficie do 2 240 000 milles gtiographiques Carres. Au moment de la signature du traits de Weslphalic, en iQhS, i'eniplrc lusse, dont les fronlieres avaient encore ete rcculees, s'^tendait depuis I'oc^an Glacial, au nord, jusqu'a la mcr Caspienne, au sud-est ; il con- finait, au sud , avec le klianat de Crimee et I'empire Ottoman, qui lui fermait encore I'entroe de la mer ^oi^e. Du cote de I'ouest, les Russes avaient ete rnoins lieureux; a la suite des conqueles do Guslave- Adolphc, il leur avait fallu ceder aux Suedois I'lngrie cl la Ca- relie , landis que les Polonais , d'accord celte fois-la entre eux, leur avaient enleve la province de Smo- lensk. La Russie formait alors huit gouvernements, deux au nord, six au sud : c'ctaient les gouvernements d'Arkhangelsk, do Novogorod, de Moscou, de Riow, deBielgorod, de Rhazan, de Nijni-Novogorod, et d'As- traklian ; sa superlicie 6tait alors d'environ 264000 milles g^ograpbiqucs caries. Pierre le Grand ne fut pas seulemenl le relormaleur de son pays, il lui donna une capitale, Saint-Petersbourg , et lui ajiporta aussi sa part do conquetes : il ajoula a Teinpirc les provinces do la Ballique , I'lngrie, la Livonio , I'l'^stbonie , et la ( 3^7 ) Car^lie. A sa morl, I'cmpirG russe avail une clendue de li AOO 000 milles geographiques carres. Sous Catherine II, on vil tomber I'liniqiie reinpart du midi contre la Russie : la Pologne fut partagee entre leslrois puissances du Nord, et Ton sail que la Russie eul pour sa part la Lithuanie, la Courlande, la Vo- Ihynie, la Podolie , etc., etc. L'empire, sous le regne de cette Semiramis du Nord, devait aussi s"6tendre vers le sud-est; et I'Autriche , demi-slave, la vit avec terreur dememhrer l'empire Ottoman, en s'emparant des provinces de la mer Noire. Des lors, a la mort de C4atherine II, en 1796, l'empire russe, dont la super- ficie avait atteint 5 280 000 milles geographiques carr6s, compta trente el un gouvernements en Europe et neuf en Asie. Potemkin avait montr6 aux czars le cheinin de By- zance j mais ils durent s'arreter devant deux obstacles que la puissance de leurs armes ne pouvait combattre, la nature et la politique europdenne : les Balkans, qui protegeaienl plus Constantinople que toutes les armies ottomanes, et les vives representations des cabinets de I'Europe occidentale, qu'inquietait un d6veloppement de puissance aussi continu. L'empire s'accrut encore, a la veril(^, du cot^ de I'Europe, sous Alexandre I", de I'accession de la Pologne, de la Finlande, et de la Bes- sarabie; mais ce fut la le terme de ses envahissements en Occident. Arr6t6s de ce cote, les Russes IVanchirent le Caucase; el, dans ces derni^res annt^os, par la reu- nion de la Grousinie, du Chirwan , et de I'Arnienie, l'empire russe u vu sa superficie alteindre 5 915 700 milles geographiques carres, c'est-a-dire pres de qua- ranle fois celie de la France. { UB ) C'est sous Catherine II que la llussic prit en Europe le rang imporlant qu'cUe a tu tlcpuis conservcr par une diplonialie pleine de sagessc ct de prudence. Aidee par d'habiles niinistres, elle aclieva I'cEuvre comniencOc par Pierre le Grand; entourec de savanls ctrangers, elle sul encourager les letlres el los arls. L'Academie de Saint-Pi^lersbourg , ruorganis^e par olle, so livra k des travaux imporlanls qui eurent pour rdsullat de monlrer a I'Europe 6tonnec les Ir^sors que recelaicnt COS vastes regions sur Icsquelles le geographe croyait avoir lout dit quand il avail ecril dans le vide de nos cartes quelques noms bien rarcs de pouples et de villes. La science g^ographique dcvait proliter de ce mouve- raent; le desir de connaltre I'etenduc reelle et les res- sources du nouvel empire donnerent lieu a de noni- breux travaux. II en rc^sulta la publication de carles et d'ouvrages speciaux. Celui que nous avons sous les yeux, et qui a 616 offert a la bibliotheque de la Society a la stance generate du 11 avril 1851, par M. le prince Emmanuel Galitzin, est un des premiers qui ait paru : c'est un alias qui fut execute, d'apres les travaux de I'Academie de Saint -P^tersbourg, jiar les Frangais Legrand et Ancelin. 11 porle le litre suivant : -yioyi , KiiiO t/iciti-U. r ,Atla» general et eleiiientaire de rem pi re de t antes les Hussies, dii'ise en ses quarante-detix goiwerne/ne/ils, ai>ec deux supplements et une proi>ince, la Tauride ; outrage fait d'apres les observations de I'Academie de Saiiit-Pe- tersbourg, adapteaiix geograpliics les plus niodernes, par les sietirs Ancelin ct Legrand, Moscoii, 1795. Gel atlas forme un fort volume grand in-4», riche- nienl reli6 en maroquin rouge ct dore sur tranche. 11 ( 3/i9 ) secompose de !iQ cartes repr^sentanl I'empire de Russie dans lous ses details a repoque on Catherine II venait de lul assigner par la victoire scs dernieres fronlieres. Une premiere carte sur une feuille in-fol. represents la tolalite de I'empire, ct pent servir de carte d'assem- blage pour les cartes de detail qui suivent; elle s'etend du /iO* degre de longitude orientale du meridien de I'ile de Fer au "220% et du 35' au 55" de latitude nord. Un Appendice donnc le releve de la cote ame^ricaine, qui fut faite par les Russes ct ies Anglais dans les an- nees 1781 a 1787, depuis la presqu'ile d'Alaska jus-> qu'au delroit de Noulkie. Les carles qui suivent donnent le detail de chacurl des gouvernenients ; dies sunt rangdses dans un ordre analytique qui rend plus saisissable a I'esprit leur vaste ensemble. Dans la parlie du nord, nous trouvons les gouvernemenls suivanls : Saint -Petersbourg, Novo- gorod, Twer, Pskow, Riga, Revel, Wibourg, Olonclz, Arkliangel, Wologdn , laroslaw, Kostroma, Wialka, Pcrmc, Tobolsk; dans la parlie du milieu, Moscou , Smolonbk, Polotsk, Mokilew, TschernigoAV, Nowgorod- Severoskoi, Kliarkow, Koursk, Orel, Kalouga, Toula, Raisan, "Wladimir, ISijni-Nowgorod, Casan , Penza, Tambow, Voroneje, Saratovv, Simbirsk, Oufa, Koly- vane, Irkoulski occidental, Irkoulski oriental (1); dans la parlie du midi, Riew, parlie du royaume de Pologne (i) Nous avons eu soin de conserves roriliograplie geograpliique de I'Allas. — La carte jointe au Bulletin d'aout-septembre i85l, et le tableau joint aux Nouvellcs geojrapliiques du inemc Bulletin, p. 2l8, par M. de la Roquette, peuvcnt doniier uiie idee exacts de I'etendue et de la population de I'dnpire nisse en i85i. V. A. M.-P. ( 350 ) conquise par los Riisscs en 1793, lekalcrinoslaw, avec les lerres des Cosaques de la mer Noire; la Tauride. Toules ces carles , enlourees d'un riche cncadre- ruent , ornees chacune d'un litre grav6 au milieu des allributs et des annoiriesde la province qu'elles reprti- sentent, sont execut^es avec un soin qui fail honneur, surtout si I'on se reporte a I'epoque ou elles paruront, au graveur russe Alexandre Illiouse , qui les executa sous les yeux des Frangais Legrand et Ancelin, d'apres les materiaux fournis par rAcad^mie de Saint-Peters- bourg. Elles ont el6 faites sur une echelle telle, que Ton a pu y representer les niarais, les bois, les routes, les ste|)pes, les mines, les haras, et indiquer les prin- cipales productions des villes. Cliacun des gouverne- nicnls est subdivise en ses provinces : la plupart ont conserve aujourd'hui les memes noms et les mSmcs delimitations. La carte du gouvernenient de Tobolsk, qui comprenait alors celui d'lenisseisk et la province d'Omsk, presente, sur les frontieres meridiousiles , la suite de forleresses et de points militaires qui prot^- geaient alors celte partie de I'empire conlre les alla- ques des Kirghiz. On y peut suivre aussi de poste en poste la grande route, la seule qui existat alors, qui servait a relier entre elles les villes et les noiivelles co- lonies militaires que Ion vcnait de fonder en Siberie. Le gouvernement de Kolyvane s'etend sur la partie m^ridionale de celui que nous appolons aujourd'hui gouvernement de Tomsk. On y suit avec int^ret les in- dications mineralogiques , qui cl6ja rendaient ce gou- vernement si important. Le gouvernement d'lrkoulski forme deux carles; il comprenait les gouvernemenls actucls d'lenisseisk, d'Irkhoust, la province d'Yakoust, ( ;^51 ) el les districts d'Okhost ot de Kair.tschatka, La pre- miere, rirkouiski occidental, indique la continuation du reseau de posies fortifies et des stations de la route qui servail alors , comme aujourd'hui encore , de grande voie de communication entre la Cliine et I'em- pire. Riakhla, qui a de nos jours lant d 'importance commerciale, n'etait alors que le poslemilitaire de Rjathkaskaia ; a quelque distance, la ville chinoise d'Ourga ou Kouren de nos cartes, prend le nom d'Or- khon. Dans rocean septentrional, par le 75° degre de latitude el le 155° de longitude orientale de I'ile de Fer, nous trouvons cette mention : « Cote decoiwerte par les facteurs du marchand [Jakow. » Ce sent les lies de la Nouvelle-Siberie. Enfin, I'lle que nous appe- laois anjourd'liui Ziakow, est appel^e dans cette carte Pervoi. La carte de la partie orientale du gouverne- mcnt d'lrkoutski est plus curieuse encore par ses an- notations sur la cote decouverte par les facteurs du marchand Liakow, et vers le 160° degre de longitude orientale ( m^ridien de I'ile de Ferj, nous lisons : « Tsareiva^ rivVere oil se troin>e iin poisson aux dents rouges, qui ressemhle a la haleine. » Nous trouvons en- core dans celte meme carte indiqu^s les itin^raires du pilote Pelouchkeff dans la mer d'Okhotsk, en 1777; de Clarke, en 1779, le long des cotes du Kamlschalka ; et au detroit de Bering, au nord duquel, et par le 70" parallele, nous lisons : « Barriere impenetrable de glace. » Enfin , nous suivons pour ainsi dire pas a pas les Russes sur le continent americain. La carle de k Tauride presente, dtape par (^lape, celte grande route que le voyage de Catherine II a rendue si c^lebrc. Enfm le gouvernemenl du Caucasc s'arrete, en vue de ( 352 ) ces hautes monlagnes qui seniblaient devoir Sire la limile infrancbissable de I'ambition russe, au cours seplentrional dos deux rivieres dc Ti^rek el de Ma- nilcbe. Nous ajouteronsque ce[ atlas est prt!!Cede d'nne table alphabetique des districts et des priiicipaux lieux cit«5s dans les carles. Cette table, qui renferiue plus de 7 500 noms, foimc une sorte de dictionnaire g^ograpbique. Elle est suivie d'un averlissementindiquant la signifi- cation des radicaux et des terminaisons principales de lu langue russc, caracterisanl ccrtaincs localil«^s : tels sonl Bieli, hlanc ; Nijnl, i«*; \Vcliki , grand, elc, elc. Cet alias est encore un des plus complets que nous ayons sur le vaste empire qu'il nous repr^sentc. Nous lavons en vain cbcrclie au dt^pot des cartes de notre Bibliolbeque natlunale. Avant sa publication , on ne connaissait la Russic que par la grande carte en 25 I'euilles, publiee en 'l7/i5 par TAcaci^mie de Saint- Pclle decouverte de M. Masson snr les legumes seclies, battus et conserves, (jui seronl ••galemeni une excelicnte ressource pour les navigateuis. ( S57 ) ce qui suit : « Celte preparation est absoluiuent sans » analogue et tie nature excellcnte. II 6lait n^ccssaire » do s'assurer si la partie animale s'y trouvait a I'etat » parfaitement sain et exempte de toule putriditd : » c'est ce qui a dt6 constate. II ne reste aucun doute » sur I'avantage de cettc corabinaison de la nourriture » animale avec la nourriture farineuse. L'amidon, mis )) en contact, n'a eprouve aucune alteration, ce qui » n'aurait pas eu lieu s'il avail 616 sous Taction d'une » matifere putrescente. L'amidon a 6te converli par » I'acide en alcool , qu'on a obtenu en quantity consi- » derable ; resullat qui indique que le melange de la » matifere animale a ele fait de f'a9on a ne pas nuire » aux qualiles de la farine qu'on lui a assoclee. L'ana- » lyse donne Zi,9 de matieres azot6es et 31,85 des prin- » cipesconstituants de la chair. » S/'gne LyoT< Playfair. Apres ces essais et le rapport ci-dessus, ic jury de I'exposilion universelle a porl6 son jugemenl el d6- cern6 a cello invention I'une des cinq grandes m6- dailles r6servees pour les substances alimenlaires. » CnANDE CARTE DE L IKDE. Nous devons ajouler a la lisle des carles publiees par la Compagnie des Indes, el menlionnees dans le Bulletin d'aout-seplenibre 1851, p. 211-217, les 13 cartes sui- vantes : n" 50, Agra, Bhurlpoor, Jeypoor; 56, Nanduir, Kowlas, Beder; 62, Travancore, Ciocliin, Dindigui; 67, Moradabad, Bareilly ; 68, Furruckaijad , Etawah ; 72, Nagpoor; 75, Hydrabad; 79, Salcrn, Trichinopoly ; 89, Rewah, /^a/-/ o/ Mirzapoor ; 9/i, Rajahmundry, El- loor, Coringa; 107, Ganjam, Goomsur; 108, Ganjam, putt of Vizagapalam; 109, pait of Vizagapatam. J— u. ( 358 ) I%'oiivelle»4 s^o^ra|ilii(|iies. EUROPE. Aspect de i,a Seiivie. — L'ouvrage quo M. Edinond Spencer a puljli^ a Londres en 1850, sur la Turquie d'Europe, sous le tilre de Travels in European Turkey , contienl, sur la Servie, des details qui nous ont semble interessanls. « A inesure que nous avancions, dit le Voyageur, le pays parul plus sauvage et plus d6sol6 ; d'imraenses forfils de chenes atliraient partout les re- gards. Parml celles-ci se trouvaient plusicurs oclaircies qui venaient d'etre miscs en culture; niais , au lieu de couper les arbres au niveau do la racine, qualro ou cinq picds de ces arliros reslaient deboul a demibruk's, scm- blables a un regiment de soldats noirs canlonnes dans un cliauip de bio. L'agriculture la plus retardalairo et la negligence de tout ce qui peut ajouter au comfort de la vie civilisee sonl toujours le trait caracleristi<|ue du paysan serve. Les villagi'S et les hameaux, en petit nom- brc et ^loign6s les uns des autrcs, n'etaienl, a propre- nnent parler, qu'un assemblage de hutles conslruites en batons enfonc^s dans le sol , lies grossi6remenl les unS aux aulres, enduiles a I'inli^rieur et a Texterieur avec de la lerre glaise, et couvertes de roseaux ou d'une espece de jonc , pour les garaiilir de la j)luie, avec r^ternel trou dans le toil, qui sert de clieuiinee. De ces villages el de ces lumuiaux dependaienl do vastos hangars pour garanlir les iroupeaux contre la rigueur de I'hiver, le lout ceinl J'uue lorle palissade servant de i ( 359 ) defense contre les allaques des loups el des aulres betes feroces. Dans quelques endroits, par exemple vers la pente onduleuse des collines, nous trouvions quelques-unes de ces huttes creus^es slmpleinent dans la terre, dont le sol 6tait soutenu par des pieux avec des solives de bois en guise de toil, landis que le trou du centre, faisant office de cbeminee, pouvait faire Ir^bucber les chevaux, et permettait d'observer les mouvements de la famille au-dessous. Quelque primi- tives que pussent etre ces huttes, j'ai vu frequemment leur seigneur et mailre en sorlir la tete droite, splen- didenienl habille et arme jusqu'aux dents, semblable au seigneur feodal du moyen age, tandis que la gen- tille Baba elle-uienie ^tait couverte d'ornements et de raedailles d'or en quantite suffisante pour doter ri- cheinent sa fille. En fait, le Servien est bomine de guerre a la fois par principe et par education ; et main- tenant qu'il est libre, il aime a se decorer de tout I'at- tirail guerrier du farouche et orgueilleux Arnaute, qui I'a si longtemps foule aux pieds. Si vous lui deniandez, connaissant quelles sont ses ressources, pourquoi il ne se construit pas une habitation plus commode, il vous r^pondra que la guerre enlre le Turc et sa propre race n'a fait que commencer, et qu'elle jieliiiira que lorsque ses freres de la Bosnie, de I'Herzegowlne et de la haule Mesie, seront libres, et termine en vous disant que, jusqu'a ce moment, ce serait un acte de la plus baute folie de depenser son argent pour un objet si sujet a destruction, dans sa prochaine lutte avec son ancien ennemi, le Turc. » D. L. R. ( 360 ) POPULATION ET SUPEHFICIK DE l'eMPIHB d'aUTRICUE d'aPRES LE RECENSESENT OFFICIEL DE 1846, PUBLIE EN 1850. . ! -TBOVINCES. SIPFRFICIE POPllLATION DES PBOVINCES. - ... eu kiloro.curre'5. Honiroes, Femiues. Tolal. Nasse Autriche . . 19700 768000 736000 i 494 000 Haute Autriche . . 19 100 44'-'"°'* 4'5'^'f"' SSy 000 Sljrie 3 2 5oo 5i5ooo 488000 I oo3 000 Tyrul.^rt~39 jfI9Hv i56 ooo — iVenise ..'»_., 128 000 -^ ■■ 9'JUO ' Padoue 54 000 — Verone 52 OOO — Boheme Prague .!*=',' .^-ii^V iiSooo — ^ Peslb. . . . ...,,„..'?. 9h.hf:a'^-t&i'66a"'-^'' ,, . ) Debrecziii 55 000 — Hongrie < J Bude tjiaaawi, .... ^o 000 — V Presbourg ^o 200 — Galicie Lemberg yi 000 — lllyrie Trieste (sans labanlieue). . . . 55 ouo — Styric Gratz 5i 000 — Moravie Bruiiii 4^ 000 — (1) Pour les villes d'lulie cl dc Hungiie qui out le plussouifert par suite des cvc- nemeiils (joliliqucs el niililoiiC' des auuues 184S el I8i9, les chilli c^i li dcssus se truuveruieiit j>:oIjublenieut aujourd'hui Irop e'levcs. V, ( 362 ) irPERFICie DBS CANTOJtS Sl'lSSES, ET POPULATION DE LEUB9 CHEPS-LIEDI ET DES PRINCIPALES YILLES, DAPRES LE RECENSEUENT OFFICIEL DU MOIS DE MARS 1850 {\). CANTONS. W Ell kilometres Carres. Clufs lleux et vMles priDcipulcs. Populaliua on 1850. Zurich Bem« Lucerne Uri. . . Scliwitz. Haul DnterwalJen. n „ I Bas Claris . . Zuo Fribourg Soleuie Bale. I J?"^- • • ( (jamnagne. Schaffhouse . . . I 1 Rhodes exter. Appenzei. { „, , . ■ . I ' ' I Ithoues inter Saint-Gall Grisoiis 288 66 45 33 10 63 34 20 i3 3oo 61 38 1 34 a6o 33 '■779 .7^5 6 6-4 I 5i8 I o3.'5 S5i 690 7% 23o " 4l9 782 460 299 391 6 900 1 4o3 874 2 898 3082 5980 253 40917(3) Zurich .... Wiiiierthur. . Heme Berihiiiid. . . liienne .... Thune .... Lucerne . . . Altorf .... Scliwilz. . . . Kinsiedlen . . Sarnen. . . . Stanz Claris . . . . ^u« Fril)our{>. . . Soleuie. . . . I Bale ' Liestal .... I ScliaFfliouse . !' .Vppcuzel. . . Herisaii. . . . Trojjen. . . . Saint-Gall . . Coire .\rau Zofitifjcn . . linden . . . I'raueiifckl. Lujjano. . . l..o(arno . . Bcllinzona . ' l..au8anni'. . '■)■ YvCrdoi) .... Mor^jes Sion Neuclialel . . . La Chaux deFond IjC Lode .... Geneve 17040 5341 27 7.-58 (4; 3 636 3462 3379 10068 2112 24.1 2897 ' 299 .877 4082 3 3o2 9 o65 5 370 27313 3 o32 7710 2 910 8 387 2611 I 11 234(5) 5943 I 4627 I 3 55g i 2745 i 3 544(G), 5 142 I a 676 I 926 j 20 000(7) 5 201 3 619 3u4i 35i6 7727 1 2 638 85i4 29108(8) ( 363 ) OBSERVATIONS. (1) Dans le Bulletin du inuis de mai 18*ii, 4^ seVie, t. I^ p. 515, j'tii donne le tahlenu de Ja population des cantons snisses d'uprcs le recenseniput officin! dc 1849, felle ties villes principalt'S , d'apies iin recensumeiil anU'rienr, et la supoi ficie des cantons en niilles curre's allemands. Lc tableau ci-contre, le'digt: snr les informations que MH. Paul Chaix, professeur de Geneve, el J. H. BachoTeit, oITicier du genie snisse, atluche au bureau topo- graphique de la Gonfedei aliou, out hien voulu me fournir, complete les premiers rensei- gnemi'nts el les reclifie, II est reconuu que les divers recensements particuliers effecluc's des cantons donl se compose le recensement general oe sonl pas tons exacts, par suite de la negligence que quelques-uns de ces cantons ont app'*rtee dans le travail. Le Iroisieme volume de la Stalislique de la Suisse, que M. Franscini a publie en itatien a Lugano, un an api es le recensement de 1849, ne morite pas une entiere coufunce sur luus les points, quoi- qu'il soil le seul document con&idere comme ofTiciel ; aussi remarque-t-on que, ponr cliaque canton, la somme des habitants classe's par sexe ne s'accorde ni avec celle des religions, ui avec celle par elat civil, et qu'il en est de menie si Tun compare avec la somme des iu- dividus cla'^ses par nationalite de canlnn , etc. MM. Chaix , Franscini et Bacbofen sont en general d'accoid, a quelques le'gores ditferences pres, relativemenl a la population des villes anxquellcs s'applique la remarque faite eu ce qui concerne les cantons; j'ai signals seule- menl les differences les plus importanlcs. (2) La lisue suisse, mesure qui n*a pas pour explication une origine ancienne et nalionale, plus grande que !a lieiie fian^aise de 25 au degre ter^e^tle, et sans anciin rapport avec ce degre . est de 4 800 metres; comme mesure de superficie, la lieue carree Suisse e'quivaut a 2^ kilumettes carres, (3) Dans le tablean inse're au Bulletin deja cile, la snperficle tolale dc la Suisse est eva- lue'e a 7l8,40 niilles carre's allemands, on a 59 4'2G kilomelres carres^ en eviiluant le mille allemand a 7 40S metres, et le meme mille carre a 54 kilometres 878 metres carres. (4) M. Franscini e'vaiue la population de Berne en 1849 a 27 558, et M. Bacbofen k 27 508 seulement. (5) J'ai adopte revaluation de MM. Franscini et Cbaix ; telle de M. Bacbofen est de I0 25i. (6) H. Bacbofen ne donne qu'une population de 1 78^ a Frauenfeld. (7) M. Cbaix e'valne la population de Lausanne a 14500, et avec sa banlieue , a 20 000; M. Franscini, d'accoid avec M. Cbaix pour la population de Lausanne sans la banlieue, porte la secoude evalnatiou a 22 636; M. Bacbofen donne a Lausanne, sans lu banlteue , 17 108. (8) J'ai adopte re'valualion de M, Cbaix qtii m'a paru lout n fail competent ; celle de MM. Franscini et Bacbofen est de 51 £58. La difference do 2 150 babilant? s'appliquo & des quarliers exterieurs aux mors annexes rccemment et polttiquenient a la ville , et encore, lor.sque cetle annexion cut lien, ne les evalua-t-on qu'a 1 87G, au lieu de 2 150. OBSERVATIONS GENERALES. Le nombre des refugie's poliliques a ete grandement diminne' dans la plupail des cantons, et lecliiffie de la pupulalion etrangere jire'sente rctte anonialie remarqnable que, dans le rapport officiel de M. Franscini, elle est partout ir.ferieure aux rapports partiels des cantons, et qn'en snivanl les cbiffies parliels, on pent trouver 'n !a Suisse une population totale de 2 590 000 en minimum el de 2 595 641 en maximum. La proportion des sexes est de 10^ femmes pour lOObommes; il y aurait cgalite absolue en ajoutaiit les alisents. Dans les cantons de Baie, de Geneve etde Neucbatel pris ensemble, elle est de 1 10 femmes pour 100 bommes et de I I 1 1/2 femnies dans les Grisons et le Tessiu reunis. Le nombre des personnes mariees forme 51 jmur 100 de la population tolale : 54 a Bale el a Geneve . cu'i les villes absorbent la grande masse de la population ; 55 a Claris; 27 a Berne. Ces cantons sonl pmleslants en grande niajorite. Dans les cantons suivanls, qui sont catbobques, le unmbie des personnes mariees est plus faible ; 25 pour 100 a Lucerne, 24 h, Fribourg, 25 a Zug. L'accroisscment de la population assigne une periode de 07 ans au doublement ; il est en France de 118, et en Anglelerre de 78. L'accroissement le plus rapide a eu lieu dans les cantons de BaleviUe, Neuchatel, Bale-campagne. Apponzel iiiterienr, Zug et Rerne ; le pins lent a Claris et au Te^sin , oil il est neutralise par une emigralion bien organise'e en Ame- rique. Sous le rapinnl des culles, on comptait en Suisse ; Calliuli.iiics IW-loim. 'Ik ( ?70 ) plaires de sa cnrle de la r^piiblique de Costa-Rica, (lonl il esl consul g«^n(^ral a Paris , el d'un memoire du capilaine Culoinbel sur le golfe Dulce; avec les in- dications fournies par ce capilanc , il rectifiera la carle ci-dessus. La meme letlre rectifie une inexaclitudo commise dans le Bulletin du mois de juin dernier, oil Ton donne a M. Soulin le litre d'ancien ministre de la r^publique de Cosla-Rica , qu'il n'a jamais eu. M. Soulin, lieute- nant et capilaine de la marine de Colombie , a par- couru en cetle qualite les cotes sur I'Allantique, de Venezuela, de la Nouvelle-Grenade et de Costa-Rica, et duns la mer Pacifique , cellos de I'Equaleur, de la Nouvelle-Grrtnatle et de Cosla-Rica , et a ele ensuito ministre de la republique de I'Equalour. Ln exlrait de cette reclilicalion sera mis dans I'errala du Bid- letin pour le mois d'oclobre, et il sera rendu compte du memoire de M. Colombel. Si M, Lafon voulait faire tirer a pari 600 exemplaires de sa nouvelle carte rec- titi^e de ia republique de Cosla-Rica , on pourrait I'inserer dans le Bulletin, avec une description de cetle republique. La Socidte pourrait payer les frais de pa- pier el du tirage. MM. IJeker el Pecquet olTrent a la Soci^l(§ de lui donner a loyer, pour ses stances, des locaux silut^s, I'un au Palais-National , et I'autre dans I'ancienne rue de Valois. II n'y a aucune suite a donner a ces pro- positions. Le secretaire general lit la liste des ouvrages ofTerts, parmi lesquels on remarque le Voyage an Onaday, traduit de I'arabe par M. le docleur Perron , precede d'une preface de M. Jomard; les num^ros de mai el ( 371 ) de juin 1851 flu Journal of the Indian Archipelago; le n" XII, vol. Ill, du Journal of tlie Bombay Branch Royal Asiatic Society; et une Carte du diiche de Sauoie et des vallees qui I'nvoisinent, par M, Paul Chaix. M. le president annonce la presence de M. Bucking- ham, voyageur anglais bien connu , el depuis long- temps, des inembres de la Sociele, par ses nombreuses explorations et par son zele ardent pour les progres des sciences geographiques. M. de la Roquetle rend compte des resullats de son voyage a Londros; il parle avec le plus grand eloge et les tenioignages de la plus vive reconnaissance de I'-accueil amical qu'il a recu de M. Norton-Shaw, secre- taire de la Societe geograpliique d'Anglelcrre, qui a bien voulu lui donner, sur I'organisation de cetle So- ciete, sur les richesses scienlifiques qu'elle poss^de, et sur sa mani^re de proceder, les renseignements les plus developpes. 11 n'a pas eu moins a se louer de ]\1. le reverend Uenouard et de plusieurs autres membres de la meme Societe, parmi lesquels il n'a garde d'omettre le savant geographe John Arrowsmith, qui a eu I'ex- Ireme bonle de faire graver pour lui , sur une carte de TAmerique septentrionale anglaise, les nouvelles de- couverles iailes par les capitaines Austin et Penny, envoyes u la recherche de sir John Franklin. II entre- tient ensuite la Societe du vasto globe terrestre que M. Wyld a fait dernierement construire a Londres, et pensc que ce globe n'est qu'une imitation du georama inveute par M. Delanglard , et expose a Paris par M. Guerin. M. d'Avezac, qui a vu aussi I'etablissement de M. Wyld, partage complelement I'opinion de M. de la Roquette. ( 372 ) M. Marzolla est nomrn^ uiembre de la Socielei sur la presentation de MM. de Froberville et Jomard. Proces-verbal de la seance du 7 novembre 1851. Le proems -verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. Angclo-Tedesco, ancien ofiiclersup^rieur, auteur de plusieurs ouvrages de geographie , fail liommage , par sa Icttre datee de Paris, le 20 octobre 1851, d'un exemplaire de sa Carte geographique de Pi6iiiont et de la Lombardie, et demande a etre admis au nonibre des membres de la Societe. — Des remerclments se- ront adresses a M. Tedesco; on votera sur son admis- sion a la fin de la seance. M. le ministre de I'lnstruclion publique demande, par une circulaire portant la date du 20 octobre, des renseignements sur les travaux de la Society, pour etre inserts dans le deuxienie volume de VAnnuaire des Societes savantes. — II sera repondu a M. le mi- nistre, et on lui fera observer que le premier volume de VAnnuaire n'a point (!ite adrcsse a la Soci^le. M. le prince Emmanuel Galilzin adresse un Compte rendu sommaire du rel^vcment de I'embouchure de I'Anadyr ( Siberic oricntale), opere en 1848 sous la direction de M. le capilaine dc navire Zarembo, extrait par lui dc documents russes, et accompagn^ d'une carle. — Des remerciuients seront adresses a M. le prince Galilzin, cl le document oflert par lui est en* voy6 au comit6 du Bulletin. Le mSme arcuse rt^ception du tome I" du Bulletin (le la Sociele pour 1851. ( 373 ) M. Tremaux ecrit au secretaire general de la Com- mission centrale (Charcey, 18 octobre ) pour de- mander ce qui a et6 fait relativement a sa r^ponse a MM. Baer et Kovalevski. Cette letlre, etant parvenue seulement le 21, et des exemplaires du numero du Bulletin conlenanl precis^ment la r^ponse demand^e ayant ^t^ deposes le 17 sur le bureau de la Societe, le secretaire general a du supposer qu'on avail transmis Tun de ces nunieros a M. Trdmaux. II a au surplus invite I'agent de la Societe a le faire parvenir dans le cas oil M. Tremaux ne I'aurait pas encore regu. M. Baruffi Iransmet de Turin , 2/i octobre , une re- ponse a des informations que le secretaire general de la Commission centrale lui avait demandees sur les dernieres cartes publiees dans le royaume de Sar- daigne. M. de Luca (Ferdinand), correspondant de la So- ciete a Naples, repond, sous la date du 25 seplembre, a deux leltres dans lesquelles le secretaire general lui demandait des informations sur les publications geo- graphiques faites en 18/i9 et 1850 dans le royaume des Deux-Siciles. M. Cottenet ecril de New-York, 6 novembre courant, pour annoncer au secretaire general qu'il recevra sous peu de jours, par la voie du Havre , une caisse conle- nanl des ouvrages offerts a la, Societe de geograpbie par M. Poinsett. II lui fait connailre en meme temps que, d'apres sa demande, il a propose aux editeurs du Literary -World, journal scientifique et lilteraire, pu- blie aux Ktats-Unis, I'ecbange do leur journal avec lo Bulletin de la Societe de geograpbie, proposition qui a eie agreec. Le Literary -IVorld sera adresse a la So- ( 37/i ) ciutt^ a partir tin 1"^ jiiillet 1851 par les [)aquebols a voile se romlaiil cK; New-York au Havre. Dans uno lellie particuliere, adrcss^e de Llsbonue, A oclobie 1851, M. Josepli de Barbosa Canaes ecrit au secretaire general que Jll. le conseiller Macedo, secre- taire perp^tuelderAcademiedes sciences de Lisbonne, n'a point rogu la circulaire que M. de la Roquelte an- nonce lui avoir adressee depuis fort longlemps. Daus cetle luC'ine letlrc, M. de Barbosa dit, qua I'exception des recherclies g, i8.'5i. AMfiRIQUE. OL'Vr.AOES. Le bassin du Mississipi an xvi* sicclo, par M. P. Chaix. Geneve, i85l. Broch. in-S". Rapport du capitaine Colombel sur le Golfo- Dulce, pour servir a la colonisation ct h I'ex- plicaliou de la carte de celle parlie dc la COle de I'oeean I'.uilique. Paris iB.")!. Broch. iii-8". Historical and st.itislical inform.ition... ( Ueii^ei- {jnements hiatoriques cl stalistiques sur I'his- toire, la condition et les pvogrcs des tiibu* in- MM. Mgr Pallegoix. Le professeur A. Bache. Ide Idem. Paul Chaix. Gabr. Lafon. Le professeur A. Bache. 381 ) TITRES. DONATEUnS. tlieiines ties Ktals-Unis, etc., etc., par Henry R. Schoolcrafi, L. L. D., part. i). I'liiladelpliie i85i. I vol. in-4". * ' Message fromthcpresidentofilie United-States... { Message dupn'sidentdesEtats-Unisaux deux chamhres du Congrcs). 1849- i85o, part. 1, It; l85o-i85i, ])art. lit. 4 vol'. iii-8°. Wa.shinfl ton, l849-i85<). *' Letter fioni the secretary of the treasury. . (Let- tredu secretaire de la tresorericcommuniijuanf un Rapport sur Ic commerce ct la navigation des Etats-Unis pour la dcrniore annee tiscale et I'anne'e suivante finissaiil le So juin i85o). i849-i85o et i85o. 2 vol. in-8". WashinPton, iS49-i85o. ° ' Report of the secretary of the treasury... (Rap- port (III secretaire de la tresorerie sur I'etat des finances, i849-l85o). 1 vol. in-8". Washing- ton. 1849. ^ Letter from the secretary of the interior... (Lct- tre du secreLaire de I'intericur, renfcrmant le Rapport geoiogique sur les terres a cuivre du district du lac .Supeiieur. Michigan, l85o). I vol. in-8°. Washington, i85o. Notes of a military reconnaissance... ( Notes sur uiie reconnaissance miiitaire du fort Leavens- worth, dans le Missouri, a San-Diego, en Ca- lifornie, y compris quelques p.irties des ri- vieres Arkansa.s, del JSorte, Gila, par W. H. Emory, major du corps des ingenieurs-topo- graphes ). i vol. in-S", avec cartes ?t plans. Washington, 1848. Reports of the secretary of war... (Rapports du secretaire de la guerre, avec des reconnais- sances de routes de San-Antonio a el Paso). I vol. in-8". Washington, i85o. Rejiort of the si-cretary of vvai... (Happoit du secretaire de la guerrj-communiquanl une carle de la vallee de Mexico, levee par les lieute- nants Smith et Hardcastle). Broch. in-S"*. Report of the secretary of war... (Rapport du secretaire de la guerre communiquant le Rap- port d'une exploration du territoire de Min- MM. Le professeur A. Rache. Idem. Idem. Idem. Ide Ide Idem. tdf IdetD. ( 382 ) TITRKS. DONATEimS. nesota, par le capitaine Pope). Rrocli. in-8% [ avec carte. Report from te secretary of wnr... (Rjpport ilii secr(?taire de la guerre conimuniquant tinCi copie (In journal oFficiel du lieiilenant-coloner Philip Saint-George Cooke, de Santa-Fe a San- Diego, etc.). UrocI). in-8". Report of the secretary of the treasury... [Rap- port du secretaire de la tresorerie sur le sys- teine d'emnia{5asinage {warehousing)]. Broch. in-8°. Letter from the secrelary of the treasury .. (I.ettre du secretaire de la tresorerie cointnuniquant le Rapport du surintendant du Coml-Survey sur les i)ro{5res de ce travail). Brocli. in-S". Report of the lion. T. Butler King... (Piappoit de I'honorable Butler Kinj^ sur l.i Cahfornie). Br. | in-8". Washinfjton, i85o. i Report to llie Smithsonian institution... (Rapport fait a I'institution Smithsonienne sur I'histoire de la decouverte de Neptune, par Benjamin Apthorp Gould Ir. . Broch. in-8°. \Viishin>;lon, l8.')0. Geographical memoir upon upper California... (Memoire ge'ographitjue sur la haute (^iali- fornie, pour I'explicaiion de la carle de I'Ore'- gon et de la Californie, par John-Charles Fre- mont). Broch. jn-8". Washington, l 84B. Notices... (Notices sur les Lildiotliefjues puhli- ques des Etats-Unis, par Charles C. .lewett, bibliothecaire de liristitution Smithsonienne). Broch. ln-8". Washiujjton, i85i. Memoir of a tour... (Meinoire sur une excursion dans le Mexique septentrional, liee a I'expe- dition du colonel Doniphan en 1846 et 1847, par A. Wisli/.enus M. D.). Broch. in-S". Was- hington, 1848. Narrative of a lour... (Bccit de I'expe'dition exe'- cutee pendant les annees l838, 1889, 1840, 1 84 1, 1842; Charles Wilkes V. S. N., conmian- dant de I'expedilion). Philadelphie, 1 844- 6 ^ ol. in-4°5 avec un alias. Cartas para servir de introduction, etc... (Let- tres pour servir d'introduction a I'Histoire pri- MM. Le profi'sseni A. Rache. Id( Ide Idem. id. Idem. Ide Idem. Le colonel Poinsett. Rrasler, ( 383 ) TITRES. DONATEURS. initive ties nations civilisees de TAmerique spp- leiitrionale, par I'abbe ilon E. Carlos Br;isseur, de Bonrbourg, membre de la Socieie inexi- raine de geojJraphie ft de stalistiqueV Mexico, i85i. Broch. in-4° de "jS p;t{»es, en espagnol et en francai*. CARTES. Carte de la rcpublique de Costa-Rica, dediee au souverain Conjjres; par le capitaine Gabriel Lafond, consul ge'neral de cetle republique en France. Paris, i85i. Western part of the southern coast of Long is- land. 1 leuille. i85i . Map of Delaware bay and river. 3 fenillcs. 1848. Map of New-York bay and harbor, and the envi- rons. 6 feuilles. 1 844- Map of Nevv-Yoik bay and harbor, and the envi- rons. 1 feuille. I 845. Cat and Ship island harbors. I fenille. i85o. Harbois of ShefHeld inland and Cawkin's island. I feuille. 1848. Reconnaissance of the western coast of the United-States from Monterey to the Columbia river, in three sheets. Sheet n'" 1 , 2, 3. 3 feuilles. i85i. Edgarlown harbor, i feuille. 1 S48. Harbors of Black-Rock and Bridgeport, i feuille. 1848. Oyster or Syosset bay. i feuille. 1847. The harbor of holmes hole. The harbor of Tar- paulin cove. I feuille. 1847. Little Egg harbor, i feuillp. 1846. New haven harbor. I feuille. 1846. The harbor of Annapolis, i feuille. 1846. Fisher's island sound. I feuille. 1847. The harbor of New-Bedford, i feuille. 1846. Sketch of Beaufort harbor North Carolina, i feuill, i85o. Sketch of Buttermilk channel New-York harbor, I feuille. I 849. The harbor of . i feuille. l85o. Pasquotunk river, l feuille. l85o. MM. Gabr Lafond, Le professeur A. Bache. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. ( 384 ) TITRES. DONATEURS. Hai'tet city island Sachem's head haihor (liaibor of refuse no.), i feuille. i85r. Mouth ot Chester river (harhor of rcfiifje no.). I feuille. 1849. Hnrhors of C'lptiiiii's i>lanil E.isl and OajU.nin's is- laiiil \Vest(iiarbors of re fu{;<' no).i feuille. 1849. Iliinliiifjtoii bay. 1 feuille. 1849 Riconiiaissance of Saint- -Vnilrew's shoals. 1 feuill. 1850. Preliiniuarv slietch of Hattcras shoals. 1 feuille. l85o. Reconn-iissaiicc of Hatteias inlitharbor of refuge coast of North Carolina. 1 feuille. \8^o. Preliminary sketch showiuf; the soiinilinf;s of the sea coast of Delaivare and Maryland, i feuille i85o. Reconnaissance of cape Canaveral shoals on the Eastern coast of Florida. I feuille. i8.lo. Nantucket harbor. I feuille. 1848. Hvilroj^raphical liasiii of the upper Mississipi liver from astronomical and barouiotrieal ob- servations surveys and information by J. N. Nicollet. 2 feuilles. i843. The state of Florida compiled in the Bureau of] lopopraphical enf;ineers from the best autho- rities. I feuille. 1846. Map of that part of the mineral lands adjacent to lake Superior ceded to the United-States by the treaty of 1842 with the (;liippewas. 1 feuille. 1845. MELANGES. MtMOIRES IiKS SOCirri';> S.WASTtS ET JOVBSAUX. Fiaiicais. Socie'te d'einuhilion du deparlenicnt du Jura. I vol. in-8". l85l. Exlrait des travaux de la Societe ccntrale d'agri- culture du (b-pariemenl de la Seine-Iuferieure. l" trimesire ile r.muee i85i. Annates du coinmeice exterieur. Juiii et juillet iS";!. F'aris. .MM. Le professeur A. Bache. Idem. Ide Idem. Idem. Iilem. Idem. Idem. Idem. Iilem. Idem. Idc Id( Socieie du Jura. Soc. d'agricullnre de la Scine-Iiiferieure. Minislere du commerce, ( 385 ) TITRES. DONATKURS. Memoiies de la Societe geologique tie Fiance. ?.' se'rie, t. IV, i" part. I vol. in-Zj". Ruiietin de la Societe geologique de France. Sep- tenibre et octobre. Paris, i85l. Revue coloniale. 2* serie. Aout, septembre et oc- tohre. Paris, i 8.')i . Revue de I'Orient. Juillel et aoiil l85i. Paris. Annales de la propagation de la toi. Novembre i85i. Journal des missions dvangeliqnes. Septembre et octobre i85i . Paris. Ruiietin special de I'institutrice. Octobre et no- vembre i85i. Journal d'education popu'aire. Aont et sep- tembre i85i . Paris. L'Investigateur, journal de I'lnstitut bistorique. Juillet et anut iSril. Paris. Anglais. Transactions of the royal Society of Eilinburgb. Vol. XX, part. II. I vol. in-4". Proceedings of the royal Society of Edinburgh. 3 cah. N°' 4o, 4'i Gt table. Contributions to astronomy and geodesy forming part of vol. XX of the memoirs of the royal astronomical Society, i vol. in-4°. Observations... ( Observations faites a I'observa- toire magne'tique et meteorologique ilu cap de Ronne-Esperanie, sous la surinlendance du lieutenant-colonel Edward Sabine, de I artil- lerie royale). Vol. I. Londres, i85i. i vol. in-4'. .lournal of the Indian Archipelago... (Journal de I'archipel Indien). Mai el juin i85i. Journal of the Bombay branch royal Asiatic So- ciety... (Journal de la Societe asiati(|ue du Rengale). The Church missionary Intelligencer... (Journal inensuel des missions anglaises). Aout et sep- tembre 1 85 1. Londres. Address... (Rapport fait le 26 niai i85i a la reu- nion annuelle de la Societe geographique de Londres). Londres, i85i. II. OCTOIlRIi ET NOVEMBUE. 10, MM. Soclele geologique. Idem. Minislere dela mar. I.,RS editeurs. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Societe royale d'Edimbourg, Idem. Ide Le colonel Sabinf Les editeurs. hlcMI. Idem. Soc. geographique de Londres. 25 ( 386 ) TITHES. DONATKURS. j^lllemands. Mt'moiies df I'Acadpmie des sciences fie I?crlin pour 1849. I vol. ii)-4". Berlin, i85i. MtMm.sl)ericlit... ( Rapports nii-nsncls ile I'.Vca- (leniie royale ;:T.r { 388 ) ERRATA. Btillethi de juin 1 85 1, p. 668. Au lieu de ; M. Soulin, ancien tiiinistie de la republiijue de Costa-Rica, Inez ; anrien iiiinistrt! de la r(''pu- Ijjique de I'Eijuaieur. (Voyez le Fioces-verbal du i^ oclolnej ISulletin d'aout-septeinbre., IV*-' serie, t. H, p. 218, lijjiie derniere, note 2. Au lieu de : 6966 versles ^7 4" kilometres environ), liiez : 6956 verstes (y^'^°"'.,^22). Cpfupaif^me^. lf^m,.^s Puis \w BULLETIN ])E I.V SOCIETE DE GEOGRAPHIE. ciCEAIBRE 1851. Mciiioires, rioticeii; Dociiiuentis originaiix, etc. COMPTE RENDU SOMMAIRE DU RELtVEMENT DE L'ENTRlilE DE L'EMBOLCHURE DE L'ANADYR (i\ OPERE EN 1S4S SOUS LA DIRECTION DE M. LE CAPITAINE DE MAUINE DE SECOND RANG ZAREMBO ; AV£C UKH CAnTE, Exlrait du russe et coniinunique PAT. M. LE PRINCE EMMANUEL GALITZIW, Correspondant etraiigcr tie la Suciele, Les parties environnantes de rembouchure de I'Ana- dyr etant demeur6es inconnues, une expedition sp6- (i) On salt que I'Anadyr est uno riviere importante de la Siberie oiientale. Elle sort du lac Youanko on Ivacliko, situe au milieu des montagnes de I'iinportante chaine des iiionis Stanovoi, se dirlge d'abord de lest a I'ouest; puis, apres un long detour, coule dans une direction diame'tralement opposee, pour aller se jeter dans la mer de Bobrovoie ou des Castors (mer de Behrint;). Son cours :i une longueur de I 3oo verstes ou kilometres. Lcs principaux affluents de I'Anadyr sOLit : le Pe'lidoni", le Glierapol, laTravianka, le Mainone, le Kholone, la Krasnai'a, rOuboina, la Belai'a, la TchernaVa el la Nerpiatchn. II. DiCEMBRE. 1. 26 ( 390 ) cialc y fut envoytie en 18/i/i clans lo l)ul d'on fixer la giiograpliie. Dcs causes locales firent que le succfes ne r«^ponclit pas u i'allcnle. Deux ans aprcs , en 18i6, M. Klinkovslrem, capitaine de marine, qui vislta cos parages, y decouvrit, non loin de rembouchure du fleuve, un golfe qui oflVail un niouillage excellent. Des lors les difficultes disparureiil, et Ton put s'oc- cuper de reprcndrc les operations de relevenienl coni- nienceesen 18/i/i. En consf^quence, la haute adminis- tration des etablissements russes en Amerique designa deux buliments, le Conslantin etVOk/iots/c, pour enlre- prendre, sous la direction de M. le capitaine de deuxiemc rang Zarembo, une campagne d'exploration vers I'A- nadyr. Silot que les deux bailments furent reunis dans le golfe don I nous venons de parler, et qui Tut nommi golfe de Rlinkovstrem, le commandant forma deux d6- tachements distincts, charges de proceder separement aux relevemcnts succcssifs qu'il s'agissait d'operer : I'un et I'aulre devaient accomplir leurs explorations en chaloupe. Le premier delachemciit, dirig(^ par Al. Rlin- kovstrem, eut a s'occuper specialemenl de relever I'em- bouchure du fleuve; I'autre detacbemenl, conlid a la direction de M. Pavloir, fut charg6 d'operer la recon- naissance du golfe oil le fleuve debouche. lluit jours de travail soulenu suflirent pour amener rentieprise a terme , a parlir du 18 juillet jusqu'au 20 du memo mois ; el cependant les olficiers auxquels avail ete con- liee I'operalion furent conslamment contraries, tant par Texlreme violence du veiit, quo par un brouillard intense. Voici en pcu de mots quels furent les resultats oblenus. ( 391 ) La passe donnant entree dans le golfe de Rlinkov- strem est eloignec de plus de h niilles italiens du goUe pvoprement dit. line petite riviere y debouche. Ce golfe forme un port excellent, ou les navires trouvent a uiouiller par 2 sag^nes (1) et demie de profondeur. Du c6t6 du sud-est, il est abril6 par un banc de sable etroit et peu 6leve, qui, partant de la terre fcrme , s'itend au sud-ouest sur nne longueur de 11 niilles. M. Zarembo a eu soin de fixer astronomiquement Ic liou de I'ancrage et d'cn determiner la longitude a I'aide de Irois chronomelres. C'est a Test du golfe de Klinkovslrem, a une distance de 20 milles , que se trouve le golfe dans lequel debouche I'Anadyr. Deux bales, de mediocre importance, sont espacees dans I'intervalle : celle qui est situ^e h Test pourrait, en cas de besoin , servir de lieu de refuge pour les bati- menls assaillis par la tempfete. Une flotte enliere de batiments de haut bord Irou- verait aisement a se placer dans le golfe d'Anadyr ou d'Onemene (2),«.tant il est etendu. Son entree du c6t6 de la mcr est indiqu^e par les caps Saint-Denis et Con- slantin , qu'un espace de plus de 7 milles s^pare I'un de I'aulre. Passe ces caps, le golfe prend sa direction vers le nord-ouest, qu'il conserve pendant 10 milles. Plus il avance, el plus il se retrecit ; les bords , en ge- neral denteles, renferment plusieurs criques, parmi lesquelles il convienl d'en ciler trois comme principa- (i) La sagene equivaut a 2"", 134. (2) Ce golle est appele golfe A' Anadir dans la carte qui acoom- pagiie le voyage au iiord de la Siljerie de I'ainiral Wrangell; mais une excellenle carle russe, que j'ai sous les yeux, lui donne le uoni de golfe d'Onemene. ( 392 ) lenient reniarquablos. An deludes raps Sainl-Alexandre el Ohservalzii , places vis-a-vis I'lin de I'autre, le golfe devient plus ^Irnit encore, au point d'avoir nioins de 2 nillles de largeur. En nicme temps sa direction se uiodifie graduellement , pour finir par dcvenir direc- tonient occidcntale. La le golfe se prolonge encore pendant 2/i niilles , et va en definitive aboulir a I'era- boucliure du fleuve; au moment d'y alteindre , il s'j'jlargit lout a c()U]>, ct Ton apercoit deux criquos spa- cieuses au nord et au midi. Trois j)oints ont et^ de- termines aslronomiquement dans le golfe ou debouche I'Anadyr. 11 a ete calcule que les chaloupes expedition- iiaires, en en operant le relevement, avaienl parcouru un espace total de bli milles depuis le point d'ancrage dos batimenls jusqu'au cap Retchnoi, a I'embouchure uieme du fleuve. La longueur du golfe est de Zk milles. Voici les chifTres oblenus, tanl pour les observations do latitude accomplies par voie astronomique , que pour les longitudes doterminees a I'aide de cbronome- Ires : cap Selenia, latitude 6Zi° Zj2' 30", longitude 175° 29' 26' (a Test de Paris); cap Observalzii, latitude G/i" Zl7'58", longitude 175° 19' 32"; cap Retchnoi, latitude Qk" /i8' hli", longitude llh" 25' 36". Les nombreux sondages operas chemin faisant par les ofliciers commandant les detachements ont d6- niontre que le golfe d'Anadyr ou d'Onemene, dans presque toute son etendue, est accessible aux batimenls a voile. 11 en est aulremenl a Icmboucbure du fleuve, qui n'a qu'un iaible liranl d'eau : ce peu de profondeur continue, sur unc etendue de 8 niilles, en amont de I'embouchure, qui augmento brusqiiement et beau- coup en face du cap Dlinui. Plus Kiin, dans un espace ( .393 ) de 2<3 mllles, la prorondeur varie cntre G el 12 sagenes, sans la moindre apparencc de bas-fonds. II n'existe dans tout le golfe d'Anadyr qu'une seule He, portant le nora d'Alioumka ; elle est siluee entrc le cap Sainl-Dionisi el le cap Selenia. A partir de I'lle d'Alioumka, la role orientale du golfe est complf^lemenl oiiverle du col^ du sud, ce qui obligea les chaloupes expodilionnaircs a ranger la cole de pros, en donnant le moycn de conslater que, meme a une pelile distance du rivage, la profondeur se main- tient constanin)ent a 3 sagenes minimum. La boussole a accuse, dans le golfe, une d^clinaison de 17" a Test, et, a reaibouchure du lleuve, une decli- naison, egalement ii Test, de 22°. Treize reunions de cases, disposees en manlere de villages, onl el6 apercues dans ditlerents endroits sur les bords du golfe d'Anadyr; pas un seul arbre ne croissait dans les environs. Ces cases appartenaient aux Tcbouktchas , qui arrivent dans ces parages pen- dant la belle saison pour s'y livrer a la cliasse et k la p6clie (1). Le prince Emmanuul Galitzi>. (i) Les mccHis Jus Tiliouktclias out ett; Lien dociitcs parM. I'aniiral Wraiigell, lequel, comme on sail, a penetre par terrejusque dans les environs (in dctroit de Behrinf,. ( Voyz le Nonl de la Siberie, etc., V et II' volumes.) Ce poiiple, reiiKiiquable a Ijien des c2'"Hls,liabite I'ex- trcmile nnrd-esl de la SiLerio ; du cote dc I'cst, pres des sources de I'Anioui, affluent de la Koliina; d« cote du sud , jusqu'a I'Anadyr : plus loin, on en rencontre encoie; tnais ils y sont iiieles aver les Koriaks. lies Tcliouktclias se partajjent en Tcliouklclias se'deiitaires ou Naniolios, et en Tchouktchas a rennes, c'est-a-dire iiomadts, ou Tchaouklclious : crs derniers se disltnguent dts Tchouktchas stdtn- taires par la tadle, (ini est htaucoup plus clcvee, ainsi que [lai la vigtieur dn corps ct lYiierjjic de cara( (ere. ( 394 ) sun LES TRAVALX Dll BUREAU TOPOGRAPHIQUE DE NAPLES. LETTBE DE M. EDCfesE DE FROBERVILLE A M. DE LA HOQIJETTE. Naples, ce lo septembre i85i. Monsieur ct cher collegue, Dans line notice publiee en J8/i2 surles Iravaux hy- drographiques executes par le Bureau topographique du rojauine des Dcux-Siciles [BuIJetin, 2* serie, t. XV^II, p. 298), vous annoncicz que vous presenteriez plus tard un historique des operations g^odesiques et topo- grapliiques de ce Bureau, a la I6te duquel se trouvait alors le general Visconti. La morl de ce zel6 corres- pondanl amena une regrettable interruption de rap- j^jorts entre la Sociele de geographic et la helle institu- tion scienlifique de Naples; les renseignemcnts precis vous manquirent sans doute, et la notice annoncee ne parut pas. Me pcrmettez-vous, mon cher collegue, de venir, non pas vous reraplacer, mais vous supplier dans I'accomplissenient d'une promesse faite, il y a bientot dix ans, aux lecteurs c!u Bulletin, et qu'il n"a certainement pas dependu de vous de tenir exacte- ment? L'accueil bienveillanlque mon titre de mcuibre de la Societti m'a valu aupres de M. le major Fridolino Giordano, directeur du Bureau , et de M. Benedetto Marzolla, olficier-ingdniour de la premiere section; rempresscmenl avec lequel les portefeuilles m'ont etc ouvcrls, les cartes en cours d'execution comiuuni- ( 395 ) qu^es, m'ont pennis de recueillir les details les plus precis sur des travaux trop peu connus et cons^quem- ment trop peu apprecies en France. Mais avant d'abor- der ce sujet, je dirai quelques mots de I'etablissement lui-raenre. L'emplacement du Reale -Officio est heureusement choisi : il occupe la parlie la plus elevee du rocher de Pizzo-Falcone , d'ou la vue embrasse avec admiration la splendide topographic du golfe de Naples. Les ba- tinients, d'une architecture massive et irreguli^re, qui surplombent le Chiatamone et dominent le Chateau de rOEuf, sont ceux que firent jadis elever Andrea Caraffa della Spina. Les grandes salles de ce vieux palais ont 6t6 appropri^es tres-convenablement a leur destination actuclle. Le cabinet des instilments, le petit observaloire qui couronne I'edifice, sont pourvus de lout le materiel necessaire aux operations g(^odesi- ques et topographiques. La bibliotheque, qui contient 20 000 volumes, est tenue au courant des ouvrages im- porlants et recoit tous les recueils scientifiques qui se publient en Europe sur les sujets analogues aux tra- vaux du Bureau. Le roi de Naples a voulu que celte belle collection de livres filt ouverte aux militaires, et Ton me dit qu'ils y viennent volontiers. Les salles des modeles renferment des plans en relief de Messine, de Ga^te , du fort Saint-Elme, et d'autres forteresses du royaunip. Ces ouvrages, mathematiquement exacts, sont dune execution artislique qui laisse peut-elie a desirer, surtout quand on a vu les merveilleux reliefs que Ton conserve a I'holcl des Invalides et au musee de la Marine a Paris; la poussi^re napotitaine est, il faut le reconnaiire, un terrible ennemi,des ravages ( 390 ) duquel on doil Icuir compte chins rappr^cialioii dii raerite de ccs ceuvres delicates. Le Bureau se dlvisc en irois sections, ayant chacune pour chef un capilaine du genie. Les calculs astrono- miques ot goodcsiqiies , le dessin ot la gravure, font parlie de Ja premiere section. La deuxiemc coniprend la typographie, la litliograpliie, le depol dps cuivres el celui des impressions dcstinees a la vente. La troisidmc section est chargee des travaux dc campagne, qui du- renl ordinairemenl six mois, du commencement do n)ai u la fin iroctobre. Les ingenieurs du Bureau sonl en [)artic militaires ct en partie civils ; les premitn's, qui apparliennent au corps du genie, sont an nombre de huit ; les seconds, au nombre de neuf, sont spe- cialemenficharges des operations de topographic. II y a en outre neuf aspirants ingenieurs. Vous connaissez ?ans doule, inon clier collegue, I'eloge flalleur que Tarchiduc Charles adressait a ce bcl etablissement : Poclii stabilineiiti di fjnesto gctiere possono i/i Europa stare al conjronlo di qucsto. On ne saurait en ed'el tiop louer les principes vraiment libd- raux qui president a sa direction , I'inlelligcnce , I'amour de la science, ct le desir de bien laire, qui se manifcslent dans chaquc detail du service. C'esl en 1808, sous la domination francaise, que fut depose le gcrme de Tetablissement acluel. L'n decret du 8 juin fonda, dans les limiles de la maison du roi, un Depot iopographiqne dont le general Dumas, mare- chal du palais, eut la direction su])erieure, mais qui ful en rcalile coidi^ a Uizzi Zannoni, geograjjhe emi- nent, qui, par sou iulaligable aclivile, avait lire comme du ucanl la geograpliie de I'llalie meridionalc. ( 397 ) En 1815, ce depot, entieremonl reorganise et place sous la dependancc du minisUo de la guerre, devlnt le Bureau actuel. Un homme il'un merite superieur, le colonel Visconli, en fut norame directeur. Son pre- mier soin fut d'introduire dans les travaux du Bureau les methodes rigoureuses de la science moderne, me- thodes indispensables pour atteindre le but principal qu'on se proposait en fondant le nouvel etablissement, a savoir, la construction d'une carle du royauine a I'cchelle de ^^-^ et sa publication a celle de g^'^q. C'elalt la une grand'e et belle entreprise. On se mit imniedialement a I'ceuvre (1). Quand arriv6renl les evenements politiques de 1820, une base de six milles et demi avait ete mesuree enlre Castel-Vollurno et Patria; la triangulation dif premier, du deuxi6me et du troisieme ordre s'etendait dans les environs de Naples, dont on voulait faire une -carte partlculiere en 12 feuilles; un autre r^seau de trian- gles, qui traversait les Apennins et se prolongeait sur la cote de I'Adriatique, devait servii' a la construction d'une carte pour le cabotage el a la mesure de la lar- geur du canal d'Olranle. Les ingenieurs aulrichiens avaient pris part a ce travail par suite de I'interet spe- cial que rinstitul geograpbique de Milan avait de voir terminer la carte de I'Adriatique, commencee et fort avanc(^e au nord et'a Test par le colonel Visconti. Ce fut le lieutenant Brupacher, dudit Instilut, qui mesura les triangles de Tronto a Gargano, et le lieutenant na- (i) J'exirais les renseigneniciits suivnnts d'un expose historique fait par Ic direi:teur actuel dii Bineaii, M. le major Giordano : Cenno storico dei Lavoii... eserjuili nel Hcate Officio Tovoijrafico di Navoli e metodi in essi adoperati. i85!. ( 398 ) politain Fergola cfui les continua depuis Gargano jus- qu'a Otraiite, Leuca et Fano. En 1830, apros neuf ans d'inlerruption , on repril les Iravaux de campagne, et la triangulation du pre- mier el du deuxi^me ordre s'opdrait dans la province de la Terre de Labour, quand I'apparition d'un volcan sous-inarin pr6s de Sciacca donna occasion d'enlre- prendre des Iravaux geodcsiques on.Sicile. Un reseau de triangles, appuy6 provisoircinent sur une pelitc base mesuree, depuis plusieurs ann^es, pr6s de Pa- lerme, par I'astronome Baccialore, couvrit bienlol Ic pays entre cette ville et Sciacca, et s'^lendit le long du littoral nord-ouest de rilo. La position du nouveau volcan fut delerniinee, el Ton poussa la triangulation surla coWseptentrionale de la Sicile, jusqu'a ce qu'on cut jet6 un cote de triangle sur la cole de Calabre. Revenu de Sicile en 183^, Fergola, a qui avail tou- jours etc confiee la triangulation du premier ordre , repril celle de la Terre de Lai)our, et 6lendil son tra- vail dans une partie des Abruzzes, afin de determiner les fronliercs du royaume, dont on avail I'ordre de dresser une carte particuliere. II achcva dans les deux ann^es suivantes la triangulation du premier ordre de la Terre de Labour, des trois Abruzzes el d'une partie du Samnium. Les triangles napolitains su trouv6renl ainsi en contact avec ceux de la haulc Italic; les deux rt'seaux se joignirenl sur le cote de triangle jcte entre Civilella del Tronto et le clocber ilo Montepagano. La dillerence entre les deux rc^sultats fut Ires-petite. A I'ouesl, Fergola cut encore occasion de xorificr I'cxac- titude de son Iravail ; il observa du haul des nionla- gnes de Dimidia et de Terminillo la coupole de Saint- ( 399 ) Pierre de Rome. Or, la position g^ographique de ce point, di^duite de la triangulation napolitaine et de la position aslrononiique de I'ubservatoire royal de Capo di Monte, pres de Naples, se trouva presque identique en latitude a celle que les aslronomes romains avaient directemenl d^teiminde : I'azinnit dilTera seul de quel- ques secondes. Plus tard , les ingc^nieurs autricliiens pousserent, de leur cote, la triangulation primaire des Etats de I'Eglise jusqu'a la frontiere napolitaine, et , comme ces nouvelles operations modifiaient le resultat du premier conlrole obtenu entre Civilella el Monte- pagano, on etendit la verification sur tous les points de jonction, et Ton se convainquit que la dilTerence entre les mesures de Fergola et celles des officiers au- tricliiens provenait surtout d'une discordance dans les bases des deux triangulations. Admeltant I'exactitude du travail des Autricliiens dans les environs de la fron- tiere, on rechercha I'erreur dans la longueur attribuee a la base de Castelvolturno, laquelle n'avait pu etre mesuree avec des instruments de la derniere perfec- tion et avec un etalon de valeur bien determinee. On verra plus loin quels furcut les r^sultats obtenus par les nouveaux calculs auxquels le Bureau s'est livr6 h ce sujet etsa determination ulterieure. La jonction des deux Iriangulations donna en outre I'occasion de s'assurer de I'exaclitude des hauteurs calcul(ies de plusieurs montagnes; mais I'altitude de la coupole de Saint-Pierre de Rome, determinee par Fergola, ne s'accorda pas avec celle que les ingeniours aulrichiens en donnerent. II fut, du resle, facile de se rendre comple de cctte dillerence. On peut consulter a ce sujet : 1° une notice, inseree dans le Bulletin, par ( AGO ) notre savant confrere le colonel Coraboeur, qui, bien avant les Autricliicns, avail mesure avec lo plus grand soin la hauleur dc Sainl-Pierre; 2" la note de M. le major Giordano dans le Ceiino storicn prdcile, p. h. La trianguiation du premier ordre de la fronliere ayant cl6 achovd-e , on jugea urgent d'op^rer la jonc- tion des Iriangulations dc Naples et de la Sicile. Ce travail fut encore confif^ a Fergola, qui, dans les an- nees J 838 ct 1839, elendit le rtiseau geodesique du premier ordre depuis la Calal^rc ullerieure jusqu'a Naples, dont I'observatoire I'ul ainsi mis en communi- cation avec celui de Palerme. Les iravaux de la fron- tiere avaiunt deja relie ce point aux observatoires de Rome, de Milan et de Padoue. La longitude absolue en rccuftin nouveau degr6 de certitude. Jusqu'a ce moment, les operations geodesiques n'avaient pas gH. conduites d'apres un plan bien ar- rete; les besoins du service en avaient plutot r6gl6 la marche. On resolut d'appuyer a I'avenir la triangula- tion primaire du royaume a deux r^seaux perpendi- culaires entre eux, el qui devaient, comme deux axes coordonn6s,embrasserdans leurs directions respectives toute I'etendue du territoire napolilain. Pour atteindre en mfime temps un double but, un des deux reseaux devait se diriger le long d'un m^ridien entre Termoli et Capopassero; I'aulre devait suivre un parallele d'Os- tuni a Ponza. De cette fagon, on obliendrait la mesure d'un arc du meridien et celle d'un arc du parallele; travaux iinporlants qui contribueraienl au pedeclion- ncmenl de la science qui a pour objel d'eludicr la forme et la grandeur de la terre. Ce fut encore le capitaine Fergola qui entreprit, ( 401 ) en 1840, la mesiire des triangles du parall^ie, et les amena d'Osluni a Naples. PiemGltant a plus tard la prolongation do ce rdseau , on chargea , en 1843, le menie infatigable ingonieur de mesurer Tare du meri- dien ; mais auparavant on vouliit experimenter I'lisage des etoiies fdantes comme signaux pour determiner la diffcH-enco des longitudes. Les observations faites du 10 au 13 aoOt de celte annee, aTermoli, par Fergola, et a Naples par don Fedele Amante , professeur de geodesie au Bureau topographique (1), donnerent une serie d'etoiles coincidentes, au moyen desquelles la difference de longitude enlre les deux stations fiit ob- tenue a un dixieme de seconde pr^s. Le capitaine Fergola conduisil, a partir de Termoli, le reseau du meridien a travers le royaume jusqu'a Stromboli, oil I'arrela la difficulty de relier cetle ile eloign^e a la cote de Galabre. En 1845, il etendit ses operations geodesiques jusqu'a Messine; mais, tandis qn'il slationnait sur la montagne d'Antennamare, il fut frappe de la foudre, ct termina son honorable car- riere. Depuis sa mort, les calculs auxquels ses der- niferes observations t'urent souinises firent connaitre que la position de Stromboli demandait une nouvelle elude. Consequemment, on y envoya I'annee suivante plu- sieurs jeunes ingenieurs, qui devaient surtout s'atta- cher a relier cette ile a la cote de Galabre; mais mal- heureusemenl la seclieresse extraordinaire du temps pendant leur s^jour a Stromboli ne leur permit pas d'apercevoir une seule lois les montagnes de la lerro ( I ) Ce savunt prot'essour est mort le 1 7 luars |85 1 . ( /i02 ) fei'me. lis rcvinrenl done , sans avoir pu remplir cette lache, dent Ic Bureau a toujours en vuc raccouiplis- sement. Pendant que Fcrgola sc livrait aux operations geo- desiques du premier ordre, d'aulres ingonieurs ))rop;i- raient les points du deuxieine et du Iroisieme, pour oblenir le reliel topographique des provinces do Naples et de la Terre de Labour, ainsi que de la fronliore. La morl do Fergola , qui avail suivi celie de deux aulros ingcnieurs, les lieutenants Alfaro et Brugisser, ne permit pas de conlinuer simultanement les triangula- lions du premier ct du deuxiemc ordre; on se borna done a effecluer la triangulation du deuxi^me et du troisiemo ordre a la Irontiere. Outre les risultats ol)lenus par Fergola, on doit aussi menlionner le nivellement general d'une parlie des provinces en deca du Pharo. Les lignes de trian- gulation, au moyen desquelles furent reliees les trois mcrs qui baignent ees provinces, servlrent a d(iler- miner avec beaucoup de precision les diQeronces de niveau fournies par les triangles : on trouva que le niveau moyen des eaux, observe directement dans clia- cune de ces mers , ne differail que d'une fraction de metre de celui qu'on avait d^duil, au moyen d'opi^ra- tions geod^siques, du zero d'une autre mer. Les evenemcnts ])oliliques de I8/18 vinrent inter- rompre de nouveau les travaux du Bureau. En 18/19, aprils lo relal)lissement de I'autoril^ royale en Sicile , on cntreprit, dans un but d'ulilit(i publique, une carte de la ville et de la province de Palermc sur une itendue d'environ 700 milles canes. Pour donner a ce travail des elements solidcs, un ing^nieur du Bureau, M. Schia- ( 403 ) voni, mesura un nouvel azimut a I'observatoire de Palcrme, ct des observations furent faites, vers le temps de lequinoxo, sur les marees, a Palerme, afin de de- terminer avec precision le niveau moyen des eaux , qu'on prendrait pour zero dans le nivellement de la Sicile. II faut noter ici que la di(l"6rence entre I'azimut observe a Palerme elcelui qu'on avail deduit, au moyen de la Iriangulation , de I'azimut de Naples, delcrmint; par I'astronome Brioschi et par M. Anianle, professeur de g(^odesio du Bureau, est insignifiante ; en sorte qu'on pent conlinucr a se servir, dans les calculs ulte- rieurs, de I'orienlation prirnilivement adoptee. Quand la Iriangulation de la plaine de Palermo sera achevee, on reprendra la mesure de I'aic dumeridien, et on terminera celle de Tare du parallele; mais ces deux opt!;rations, pour avoir le degr^ d'exaclilude ne- cessaire, devront etre precedees de la mesure de deux bases nouvelles, I'une dans la Pouilie, I'autre dans la plaine de Calane : cette derniere servira a lixer rechelle pr(iclse des travaux lopographiques executes en Sicile. On a vu plus liaut que la longueur de la base de Castelvolturno laissait subsisler des doutes. Des que le Bureau se fut procure I'excellent etalon de longueur que Trougblon conslruisait en Anglelerre sous la di- rection de I'astronome Baily, il entreprit des expe- periences reiterees el de nouveaux calculs pour effec- luer la correction de I'erreur signalee lors de la jonc- lion de la triangulation auiricliienne et de la napoli- taine. II resulta de eel examen que la longueur de la base devait etre notablement diminuee; mais rechelle na- politaine ne s'accorda pas pour cela davantage avec ( liOh ) celle que les Aulrichiens avaicnl adoplee clans Jems Iravaux aux environs de la IVonliere. La dlir^rence en plus devinl une difference en inoins. Le Bureau re- connut alors la necessite de mesurer les deux nouvelles bases dont il vient d'etre parle, avec une nielhode et des instruments qui niissent hors de toule contestation les resultats qu'on obtiendrait. Le Ceniio ston'co, redig6 par io major Giordano, donne le detail technique des melhodes adoptees par les ingenleurs charges d'operer sur le terrain, et des calculs en usage dans le Bureau pour la reduction des angles. Ces specialites onl aussi el6 Tobjet de deux savants memoires publics en 1837 par le j)rofesseur Amante, el dont on prepare en ce moment une seconde edition, le premier sur les formules de la reduction des angles a I'horizon de la station, le second sur celles du calcul des positions geographiques des sommets des trian- gles. Quant a la projection aduplec pour la grande carte au ^^, c'est celle de Flamsteed modiliee. Pour les travaux de Iriangulation du premier ordre, on fait usage d'un excellent cercle r^petiteur de lleichembach, de 12 pouces de diametre, et qui donne 10" cenlesi- males. Pour ceux du deuxieme et du troisierae ordre, on se sert des theodolites de Reichcmbach et de Ertel. Les lev6s topographiques , a partir des points tri- gonomelriquement fixes, el le detail du terrain, s'execulent au moyen du stadia adaple a la tablelte prelorienne. Get instrument, tres-pcrfeclionn6 par M. Giordano (1), joue aujourd'hui, dans les opiiralions (i) Voyez, p. i5 et 19 du Cenno stoiico prccitc, en (juoi consistent ces jjeifectionneinents. ( /i05 ) Jt; roleveincnl , quelle que soil rcchclle adoptee et la configuration du terrain, le meme role que le theodo- lite de Gambey ou de Ertel dans les operations geod^si- ques. Le trace geographique est fait au j^-^. A cetle echelle, la configuralion du terrain n'est pas exprinicie au moyen de teintes ou de hachures assujellies a une direction conventionnelle de lumiere; niais elle i"e- sulle avec la plus grande clarle des courbes horizon- tales equidlslantes entre elles de 10 pas {iS'^,5'2). Etablissons niaintenant, en terniinant, le bilan des travaux execulc^s par le Bureau depuis sa fondation. Cos travaux sont : 1° Le rcl^vement de la pVovince de Naples ; 2° L'ne reconnaissance preliminaire de la partie des frontieii.'s du royaume comprise entro la merTyrrht^- niennc el Sova, a rcchelle de ^oTt; • o* La carte du cabotage de la cole de I'Adrialique, '*^ iTooo » ll° Un relevement a I'echelle de j^^, execute dans la Terre de Labour, pour servir a un projet de carte ca- dastrale ; 5° Le relevement de la province de la Terre de La- bour ; 6" Le relevement, au jj; ^^777 , de la frontiere du royaume, depuis la mcr Tyrrhenienne jusqu'a Car- soli, sur une zone dont la largeur est generalement de 18 milles, mais qui s'agrandit parfois beaucoup plus, pour embrasser les positions slrategiques de defense ; 7° Le jilan topograplque el liydrographique de la ville et du porldcTrapani, a I'lJchelle de 3 pour 10 000. 8" Un relevement de /lOO nulles carres a rcchclle de II. DtcKMBiu;. 2. 27 ( /iOG ) -J— P^, poui' ser\ir d'essai a mic carle adininislralivc dii rojaume ; 9' La carte lopographique du Pluuo dc Messine, an TTrJinr' ^^ ^^ P^'^" ^^ ^^ ^'"'^ ^ '^'"'^ eclielle double ; 10° Le plan topographique de la villc de Palermc, avcc ses environs, au tjjVo? 11° Le plan de Pompei , indiquanl le progros des fouilles annuelloment failes, a rcclielle de —^ ; J 2° Lc rclevement des environs dc Nocera, — un anlre des environs dc Salerne, — le plan de plusicurs forleresscs , — des corrections au plan de Naples, etc., etc., etc. Les cartes et plans publics jusqu'a prt^sent sont : 1° Grand plan de la ville de Naples, au —~ ; 2° Carle des environs de Naples, 12 grandes feuilles, au jT^. (Cette carle doil avoir 15 feuilles; les Irois dernieres sont a la gravure.); 3° Plan de Pompei, au j^'oo ; !l° Plan de la villc ot du port de Trapani, au ~j^; 5° Carle du cabotage de la cole napolilaino de I'Adria- lique, du Tronto au cap de Sainte-iMarie de Lcuca, au ^yj-, en 13 feuilles (plus 1 fouille d'ensetnble et un litre); 6° La premii^re feuille de la grandc Carle du royaumo ( golfe de Naples el iles adjacentes) , au j^^. Quatre aulres feuilles .sont on preparation. Apres bicn des essais, il a 6t6 decide que les montagnes sc- raient repr(isentees par des courbes borizonlales equi- distantes, continues dans toutcs les parlies ou la pente du terrain n'excedcrait pas 22° 30', et discontinues partout ailleurs. Les hachurcs cnlre les courbes ren- ( A07 ) dront I'cllet de la lumierc oblique. L'ex(^cution vnald.- rielle de ces planches est dii^ig^c par M, le major de Simone, chef de la premiere section du Bureau, qui a introduit de grands perfedionnenienls dans le syslenie de gravure de la lopographie et de la lettre. Grace a* son bon goul et a son inlatigable perseverance, les nouvelles planches qui vonl paraitre seront au niveau des productions fran^aises les plus soignees dans ce genre. 7" Carte g^nerale de la Sicile, en h feuilles, au jci'jyo 5 8" Collection des ports de la Medilerranee , en 26 feuilles ; 9° Carte reduite de la Medilerrande, de la mer Noire et de la mer d'Azof, en 3 grandes feuilles (18/|5), au aFouoTo '* I'equateur, avee les plans particuliers des principaux ports; 10° Carte des environs de Nocera, en 2 feuilles, au 25000* Le Bureau publiera prochainement une carte itine- raire du royaume, en l\ feuilles, au qjj^q^. Tels sont, mon cher collogue, les travaux terminus et les projcts du Bureau lopographique de Naples. Lorsqu'on s'est plaint des retards qu'6prouvait la publication de la Carte du royaume, on ignorait. je ne dirai pas les dilllculles d'ex^cution , mais les contre- temps que cette grande enlreprise a eprouves dans sa marche. Elle a eu a subir les suites naturelles d'inler- ruplions frequentes causees par des evenemenls de force majeure, interruptions qui auraient seules sufli pour la faire echouer ; car elles forment un total de treize ann^es depuis la fondation de relablissemenl. De ( AOS ) . plus, riiabitiulo rachonsi" fjiio I'ailminislralion a priso (l(! dislrtiirc cki personnel (ieju reslreiiU dii Bureau des ing6uieiirs, des dossinatcurs et dos graveurs, qu'elle cmploiL' a des Iravaiix eiuicrcmont otrangcrs a la carte, a ol(i unc cntravc pcnnanente a la promplo execution de CO beau inoiiumonl lopograpliirjue. Ces obstacles auralcnt decourage des hommcs moins profondeinent dc'voues a lenr lucho , moins pleins do savoir, de zele ot dc palriolisinc 'pie ceux C[(ii dirigenl le Bureau; niais, ail milieu des digressions que iui imposaient Ics besoins du gouvGrnement, cette royale instilulion n'a jamais perdu do vuo la grandc ceuvro donl rodificalion Iui avail cl(^ conliee; et, d6s que sa liborlt!; d'aclion Iui c'lail rendue, elle revcnait avec une veritable passion a ses travaux suspendus : c'est qn'clle a compris, d^s roriglno, I'inlc^ret de gloire scieniifique qu'elle avail a salisfaire. Agreez, mon clier rollegue, etc. EuGliNE DK FnOBKHVII-Lli. ( /1 01) ) EXPl^DITION DANS L'AFRIQUE CENTRALE, TllAIHll 1)E l'anOLAIS PAR M. DE LA ROQUETTE. DEUXliiME SUITK. On vicnt dc recevoir, on Anglctcrre, clcs Icllrcs, les lines olficiclles, cl les autrcs parliculi^res, clu docteiir Barlli , adressces de Koiika sous la dale du 21 aout; elles sont posleiieures seiilomcnl de dix jours aux dor- nieres communications dont nous avons donne con- naissance a nos lectcurs (1), et le retard comparalit" que leur arriveo a (^prouve provienl de ce quo c'esl par la caravano ordinaire (ju'elles ont ete cnvoyees. Les vojagcurs, toujours pr^occup^s de I'idee qu'il fallait profiler de toules les occasions favorables qui pouvaient se presenter pour explorer les parties incon- nucs de I'inlerieur de I'Afrique, etaient au moment de partir pour une excursion d'un haut interet dans le Borgou, contree montagneuse , situec au nord-cst du lac Tcliad , a moilie chemin environ de la route qui conduit en Egypte, et qui n'a encore etc visitee par aucun Europeen. Les Oiinlad-SoUiiian, pulssanle Irihu arabe, bien connue el allicc intinicment avecle Bonion, qui habitent !c Borgou, ayanl apprls que, depuis la mort r^cente du sultan du Ouaduy, la guerre civile de- solail ce grand pays, silu6 a I'csl du lac Tchad, ont resolu de profiler dc celle circonslance pour Tcn- (i) Bulletin de lu Svcictc i!c tjeoyrapliie, ocloLie-nOvcmbrc, 4° s<^'i., t. }1, p. 3l3-o2j. ( ZilO ) vahir. C'est sous leur protection quo uos voyageurs ont I'espoir de pouvoir explorer le Oiiaday. Le voyage projele an Borgou, el probablement ef- fectu6 en ce moment, est important sous quatre points de vue ditrerenls : d'abord I'exploration tie celte con- tr^e ollre en elle-mSme un grand intt^ret ; seconde- ment, le Borgou, formant un point d'union entre le bassin du lac Tcbad et celui du Nil, les observations de voyageurs competents, etendues aussi loin vers la partie orientale de I'AiVique, sembleraient promettre d'importants resultats; on pent esperer, troisieme- ment, que du Borgou, et, protege par ses babilants , le Ouaday et le c(^lfcbre Bahr el-Ghazal (1), seroul ac- cessibles aux voyageurs qui, jusqu'ici, pendant leur sejour a Kouka, n'ont pas eu I'oocasion de penelrer dans ce pays en venant de I'ouesl; enfin, et ceci est le plus important, les voyageurs ecliapporont au danger de passer la saison des pluies a Kouka , oil ils avaicnt resolu d'abord de sejourner. Le Borgou est un pays monlagneux; on dit que son atmosphere est Irfes-pure, que ses nnmbreuses vallees sont arros^es par des ri- vieres coulant constamment, et qu'on y trouve un grand nombre de palmiers a dattes (2). ((A tout 6v6nement, ajoute le docteur Barth , j'es- pere que I'air pur, de I'eau douce et limpiile, les dattes (i) Le Bahr el-Gliazal presente une des enigmes les plus coinpli- quees (le la {jeographie de cette partie de I'Afiiipie; sa diitciioii, son point de depart, son issue, releiidue de son couis, son iinpoitance, tout est un s\ijtt d'inceititude. II est vrai que les anciens paiienl de rivieres de I'Afrique qui disparaissent sous le sol et repar.iissent a une grande distauee : sur I'Eicpiisse du Ouaday qui a paru I'antiee dcr- niere, on a place le Bahr el-Ghazal par conjecture. J — d. (2) La place qu'il occupe sur nos cartes est entierement vide. M.-B. ( Ml ) et le lait des chameaux du Borgoii , seront pour nous d'une grande ressource, et nous donneront assez de forces pour accompllr le rests de noire voyage. » Le cheik de Bornu a fait cJquiper vingt Arabes dans le but expres de conduire en sQret6 les voyageurs a Borgou, et il les a recommandes de la mani^re la plus bien- veillante aux chefs de ce pays. Le docleur Barth estime a un mois de niarche la distance a parcourir, et a trois mois au moins le temps necessaire pour accomplir ce voyage. Lorsque les voyageurs seront de retour et qu'ils au- ront heureusement termini I'exploration de la partie orientale du remarquable bassin du lac Tchad, ils dirigeront tous leurs efforts vers le sud. Relativement a ce dernier echelon de leur voyage, savoir; de Kouka aux rivages de I'ocean Indian , qui en est la partie la plus importante et probablement la plus difficile, le docleur Barth pense, en se fondant sur une masse d'informations qu'il a deja reunies sur les regions interm^diaires, qu'une route plus meridionale, dans la direction du lac N'yassi , sera beaucoup plus praticable que celle qui serait prise au sud -est en se rendant en droite ligne a Mombaze. Les informations recueillies sur la direction qui conduit au lac Nyassi, font mention de plusieurs royaumes puissants, exlre- mement peuples, tres-fertiles, renfermant beaucoup de forets, et traverses par les eaux f^condantes d'un grand norabre de rivieres. Arretons-nous un instant pour consid(5rer les resul- tals deja obtenus par les deux voyageurs qui ont com- mence leurs Iravaux sans bruit et sans pompeuses pro- messes, et qui rcgardent I'eludedu lac Tchad seulemen ( m ) cnmme le commenccmcnl de plus 'mipoiianls travaiix. On pout voird'un coup d'reil I'elcnduc de leurs oxplo- ralions ct de leuis decoiivcrles sur une petile carlo que j'ai drcssee pour le journal de la Soci(^l6 geo- graphiquc de Londres(l). Le chemin cW]h parcouru peut etre evalue par approximation a 3 700 milles gco- grapliiques, ct les Itineraires envoycs par Ic docteur Bartli forment un reseau qui couvre la plus grandc portion do I'Afrique seplentrionale. II ne serait pas juste de niesurcr leurs recherches uniqucmenl sur Ics distances, car il faut se meltre dans I'esprit qu'anlo- riourement a I'epoque actuelle, except^ les contreos voisines des I'ivages de la mer, tout le continent do I'Afrique, entre Trijioli et la colonic du Cap, et enlre le Nil et le cours inferieur du Kowara, ne presento pas un seul point dont la position ait (ilo detcrrainee avec quelque degre d'exactilude (2). Nos cartes de la lune sent, en realite, plus correctes el plus completes que celles de I'int^rieur de I'Afrique. Les positions do Lyons, de Denham et de Clapperton, ne sont que de pures approximations , particuliercment en ce qui concerne leurs determinations de longitudes. Rela- tivement aux observations astronomiques , l>arth et Overweg sont munis de tous les instruments neces- saires, el ont vcqu de M. le profcsseur Encke, de I'ob- servatoire royal de Berlin , les instructions pratiques (i) Voyi'z, ilaiis le Bulletin craout-se[)t(Miil)ro, IVsqiiisse Iracdc par M. Malle-liiun, d'aprcs les cartes (l('-j;i piililiees v.l l.i rilalion (lis doc- teurs Harlli et Overwej;, avaut f|uc la carte tie M. I'eterinaiin tVit coiiiiufi cu France. D. L li. (a) L'auteur ilc I'aillcle s'i\[)iime ici d'line niaiiierc ])eaiuoii[) Irnji ahsoluc, lie faisant aucun cas des observations dc I'ark, de rn'ippcll , de lining et de plusicurs autres. J — n- ( as ) pour en faire usage. Aucune do lours observations, a I'exception de la latitude de Tin-Tellous, n'est encore parvenue; inais le docteur Overvveg, le premier geologue qui ait visite ces regions, m'a annonc^, dans sa der- niere leltre, que toutes ses observations astronomiques, bypsoni^triques et meteorologiques, seront envoyees en Europe avant son depart de Dornou. Pendant los trois ou quatre mois de leur arrivee a Kouka, les voya- geurs avaient deja navigue heureusenient sur le lac Tcbad , el pen^tre a 350 nillles an sud , tandis que Denham, pendant un s6jour de dix-sept mois dans cet endroit, n'avait pu accomplir aucun de ces desiderata. Au mois de mai ou de juin prochain, dspoque a la- quelle les voyageurs ont Tintention de quitter le lac Tchad pour se diriger au sud, ils auront d^ja consacre deux ans et demi a leur exploration ; et on pense que deux ann^es seront encore necessaires pour qu'ils ]iuissent terminer la seconde partie de leur voyage. Les fonds mis a leur disposition pour un voyage nges de r ocean Indien. II faut esperer que la generosite du gouvernement anglais viendra au secours de ces inlrepides explora- teurs, et que quelque subside leur sera envoys avant leur depart du lac Tchad. Augustus Puti'.rmann. ( m ) EXTRA IT D'UNE LETTRE DE M. BERTRAND BOCANDE, R^SIDEMT FnASCAIS A C.AnABAMNE (CAZAMASCe), A M. FERDINAND-DENIS, 2 fuvricr ISM. Jc joins a ma lettre un document qui concerne I'his- loirc actuelle de la partie de I'Afriquc que j'habitc; il concerne les progres (iu maliometisme vers I'occiileiit do I'Afrique ; je vous prie, si vous le jugcz inleressant, de vous en servir comme bon vous semblera. Une guerre de religion s'c^tait ^levtie au haul de la Cazamance depuis J8Z1O. Les Foula-Djalons ou Fouta- Foulalis en avaient et6 les promoteurs. Convoques par les Mandingues mahomelans, que Ton nomnie aussi Marabouls ou Maures, ils ont subjugud les Mandingues idolalres ou Sonniqu^s (ce noui est allecld a tous ceux qui boivent des boissons fermenl^es ). lis projetaient d'etendre leurs conquetes et de converlir le resle du continent jusqu'a la mer, qui aurait borne I'empire du Foula-Djalon. Ils envoyaient d^ja demander des liibuts aux divers comploirs europ6ens, a Geba, a Farim , a Sddliiou. Millc conies absurdes sur leur nombre et leur bravoure les avaient devancds; aussi lout ccdail a leur invasion. La premiere surprise passee, les Sonniques ont tente de r^sister ; moins de cinquante hommesdans un petit village de Bagnouns, a Jaroume, dans le Songrogou, ont arrets leur niarclio a deux at- laques dillerentes, quand ils ciiercbaient un passage jusque vers la Gambie; ils ont 6chou(i aussi a deux ( hlb ) reprises dans le village Sonnique-mandingue de Can- jenou, enlre la Cazamance et le Rio-Grande San-Do- mingo oil de Cacheo : les Fonlahs pasleurs, qui sont aussi sonniijues, et s'etaient reunis aux Mandlngues , leurontfaiteprouverbeaucoupde pertes. Malgre toutes leurs menaces et de nouveaux projels, les efforts des FoLita-Djalons n'ont eu de succ^s que dans la Caza- mance : la, tout le pays mandingue est reste sous leur domination , excepte quelques villages sonniques du territoire de Bouie ou Boudhi^, oii nous avons notre fort de Sedhiou. ( Sur nia Carte de la Gulnee portu- gaise , Sedhiou est ^crit S(^gou , et notre fort Frances- cunda. Bu//. Soc. geogr., 18/i9.) Avant I'arrivee des Fouta -Djalons, aucun village maliometan n'etait fortilit^ ou enloure de palissades; les Sonniques etaient consideres comme proprietaires (lu sol, et fortifiaient leurs villages. Les habitants sonni- ques (Tun nieme territoire n'ont ordinairement iju'un ou deux noms patronymiques (pii sont communs a to us : dans les villages marabouts, chaque individu a un nom de famille particulier; en sorte qu'il est evi- dent que le pays des Sonniques s'est peuple par I'ag- gregation de families conduites par un chef, landis que les villages maliometans se sont formes peu a pcu par la reunion d'individus venus isoli^ment chacun de son cote et attires par I'attrait du commerce ou I'es- poir de vendre des gris-gris ou amuleltes. Quand, apres un grand nombre d'annees, les marabouts ont domine par le^nombre, lis ont essayt^ de dominer par la force, soit par eux-memes, soit a I'aide d'auxiliaires. Je crois que c'esl la I'histoire des progres du mahometisme dans une grandc parlie de I'intt^rieur de I'Afrique. Ici K ^1^^ ) il est facile d'observer sa mai-oho. Lc Foula-Djalon csl dejiuis longlenips cnli^rement niahomitan ; en Caza- mance, les maliomiitans dominent aiijoiird'luu; ilsont forlifio lours villages et deU'uil Ics fortifications de ceux des Sonniques. Sur Ics Lords du San -Domingo, du Rio-Geba, les mahometans sonl on grand nombro, quoique sous la dependance dcs Sonniques : lous Ics peuj)les en contact avcc les Mandingucs adoplcnt pou a pen les usages et la langue do cos derniers, et linis- senl [)ar se confondre avec cux. Ainsl cctlc nation s'ac- croit insensiblemont aux dejjons dcs Floups, des Ba- gnouns, des Balantos, des Biafades (jui deviennent Mandingiies sonni([ues ; les Mandingues marabouts cbercberont a doniiner parlout ou ils sc sonliront assci forls , cl le nonibre de ceux-ci s'augmcnlc encore par raggregalion de ceux des idolatres qui, tenant moins au pays nalal que lours conipalrioles, et excites par I'appat du gain, voyagent a I'iinilation de quelques marabouts, pour vondrc des grisgiis, en feignant do savoir ecrire. Quelques -uns, moins habitues a I'usage des boissons formontees, se declarent aussi marabouts. II est a romarquer que c'est moins rcsprit de pros^ly- tisme qui repand la religion de iMahomet, que la cupi- ditc. Les Foula-Foulabs ont 6t6 attires par I'espoir du pillage J a charge a coux qui les avaient appcles, ils ont menace de sc tourner contre eux ot de se declarer en iaveur des Sonniqu(!!S. Si le mahomelismo a vaincu I'idolatrie , c'est moins parce qu'il emploie la force que parce qu'il s'accompagne d'une civilisation plus avancee. Los marabouts commergants s'avancent chez les peupladcs idol&tres; partout ou ils trouvcnt dcs bencliccs, ils s'arretenl; d'autres les suivenl, et for- ( h\l ) nuTil pen ;i pen des hameaux, dos villages. Quelques- uns so sont elablis deja siir les hords du Songiogou, dans ]e pn\s do Fogni ; ils ont un village nomine Dela- cunda, ainsl clu'z les Balanles du San-Domingo a Mone, ainsi aillcurs; peu a peu leur nombre s'accrolt, leurs usages ct leur languc sont adopl(is par ceux chez les- quels ils vicnnent demeurer; el peut-etre qu'avec le temps toutes les peuplades qui habitent les coles dis- paraitronl par le progr^s, lent, il est vrai, mais certain, dela civilisation venue de I'inlerieur de I'Afrique, a moins que nos missionnaires elablis sur les cotes occi- denlales d'AlVique, et apportant aux peuples de celte conlree, avec la foi du christianisme, la lumiere de la civilisation, ne repoussenl le mahometisme vers I'int^- rieur du continent. Si leur mission a Daliar, aupr^s de Gor6e, chez les mahomelans yolofs, a fait peu de pro- gr^s , ils ont eu plus de succfes a Joal ct ailleurs chez les idolalres. Ils ont une chapelle ou les canliques de r^glise se chanlent en languc serere, ecrile en carac- teres remains; ils sc proposent de former diverses mis- sions sur la cole ; les peuples, convertis a une religion qui enseigne la charite , seront plus heureux et plus unis que ceux qui sont soumis au mahometisme, donl tousles proselytes ont adople pour maxime lafourberie. Quelques-uns ont pens6 que les peuplades idolalres ont eld repoussdes de I'intdrieur par les tribus con- queranles mahomdlanes ; on pourrait contester celle inlerprdtation. Un fait singulier, c'est que les peuples de la cote ne se nourrissenl que de riz, ceux de I'in- tericur ne cultivenl que du mil [Holchus Sorg/utm). el a en juger par les bancs de coquilles qui bordent les marigols vers la cole, et dans lesquels on trouve des ( A18 ) debris d'uno poleric 6paissfi , on supposcraiU et c'cst line tradition chez ces peuples, qu'ils ne se nourris- saienl aulrefois que de coquillages. EXTRA IT D'UNE LETTRE DE M. SAB. BERTHELOT KCIIITK DE TENtniFFE AU PRfeSIDKNT DE LA COMMISSION CKNTnAI-U. Rel^gue dans ce coin du mondo, je ne puis que vous parler de ce qui s'y passe, et suitoul de I'ivene- ment dont les details ne vous sont parvenus que par la voie inensongere des journaux. Le cholera se declara dans I'lle de Canaria, line des plus imporlanles de eel arcbipel, au commencement de juin ; niais lorsque nous resumes ici la nouvelle de I'exislence de ce fl^au et des affreux ravages qu'il exer^ait dans I'ile voisine (dloignee de celle-ci de 18 lieues), le raal y couvail deja depuis longtemps. Tout porte a croire qu'il y fut inlroduit par un baliment cspagnol , venu de la Ha- vane, et admis a Canaria dans Ics premiers jours de niai. Quoi qu'il en soit, si nous avons 616 preserves de r^pid^mie , nous le devons moins aux conditions hygieniqucs de I'ile que nous habitons, qu'aux pre- cautions sanilaires qui ont el6 prises. Diverses circon- slanccs placent Tenerifle dans une position oxcepiion- nelle ; le pays est gcneralement sain ; il n'y cxiste ni rivieres ni marecages, ct Ics caux des sources et des citernes sont d'excellenle quality. La viile de Sainie- ( ZilO ) Croix, ou vienneiit aboutir toules Ics communications du dehors, est spacieiise ; ses rues sont largos et con- stamment rafraichies [)ar la brise de mer, qui souffle ordinairement du nord au nord-est; la j)lupart des maisons sont vastes, avec couis ou jardins inlerieurs; la plus grande proprete y regne. L'ile est en outre la plus montagneuse de I'arcbipel Canarien, et le pic qui la domine, et qui constitue un des points culminanls de notre hemisphere, doit etre considere comrne un puis- sant foyer d'electricite et de reaction atmospherique. Sur une surface qui embrasse 50 lieues de contour, Teneriffe compte environ 82 000 habitants, repartis dans six petites villes, six grands bourgs, treize vil- lages, trente hameaux et une multitude de chaumi^res, de granges et de maisons de campagne isolees, Ainsi la population n'est ngglomeree sur aucun point, et chaque maison n'est occupec que par une seule fa- mille. Toutes ces circonslances 6laient bien faites pour nous rassurer. A Canaria, au contraire, les conditions hygit^niques presentent des difft^rences notables. II y a dans celle ile des gorges etroites, parcourues par des torrents, et profondement encaissees par des massifs formidables, des vallecs aux eaux slagnantes et malsaines, ou regnent des fie\ res intermittentes ; dans les principaux centres de population, les influences salutaires des vents alises se font moins I'essentir qu'a Ti^n^riffe, a cause des accidents de terrain , et de la situation des cotes par rapport a la position des bourgs et des vil- lages places sur le littoral ou dissemines dans I'inte- rieur. Les habitants de certains districts, a I'exemple des anciens indigenes, vivent encore en troglodytes, ( h20 ) ct mt^me l, t. I, p. IP.2 ef suiv. ( -'!&7 ) vaise opinion aes hommes blaiics, qu'ils considercnt comme des ennemis dont ils doivent se mefier. II y a cependanl des exceptions, mais il parait qu'elles sent rai'es. L'auteur de la relation cite la suivanle : « Plusieurs nalurels do Port-Essington ont monire un degr^ remarquable d'intelligence bieu au-dessus des Europeens n'ayant point regu d'education et vivant dans des districts eloign^s. Je puis citer un de ces indi- genes, qui porlait le nom de Neinmal, dont j'ai eu de frdquentes occasions d'apprecier le caractere; car il a v^cu avec nioi pendant dix mois. Lors de mon s^jour a Port-Essington, il s'attacha parliculierement a ma pei'sonne, ni'accompagna dans les excursions que je fis dans ce district, pour en ^tudier I'histoire naturelle , et suivit avec attention toutes les I'echerches de feu raon regrettable ami Gilbert. Un jour que, retenu au camp par la plule, j'etais occupe a depouiller un poisson de sa peau , Neinmal, qui avait examine attentivemenl ce que je faisais, sortit de sa tente peu d'instants aprfes; mais il revint au bout de deux lieurcs, tenant a la main la peau d'un autre poisson preparee par lui-meme, et si bien, qu'elle a 6te ajoutee a ma collection. Je pour- rais citer plusieurs examples de sa sagacity, de sa doci- lite, et meme de son extreme perspicacite, qui lui fai- sait, vers la fin, deviner presque mes pensees. Neinmal m'acconjpagna , sur la Fly, au detroit de Torres, a la Nouvelie-Guinee, et, a notre rctour a Port-Essington, il me supplia avec tant d'instance de lui permettre de continuer de me suivre, quo je no pus le refuser. II vint en consequence avec nous a Singapore, a Java et a Sydney, et devint, par son extrtime bonr.c humeur, le favori de tout Tequipagc, saisissant la langue anglaisc ( 458 ) avcc facillte, ot so conlormant snns lo moinrlrc h(^sita- tion a nos coutumes et a la discipline Hu naviro. II (^tait tres-soign6 sur sa personnc, ct ses vglemenls dlaient toiijonrs proprcs et en l)on 6tat. Neinmal exoitait sou- vent ma surprise par ses remarques piquantcs et pleines de justesse sur la pliipart des objets extraordinaires et nouveaux pour lui qu'un voyage tel que celui que nous faisions placait sous ses yeux. Lavuedu bateau A vapeur Nemesis, en ce moment sous voile, I'etonna d'abord; mais il ne tarda pas a en appvf^cier rutilili. II tomoi- gnait le plus profond in«^pris pour la stupidite et Ic peu de compreliension de ses compatriotes, et avait I'liabi- tude de los appeler souvent de grands sots, on ajoutant que les noirs ne valaient absoUiment rien. Dans son admiration croissante pour les Europ^ens, il comptait pour rien, m6me les Malais, los Chinois et les nalifs de rinde, et ce ne fut que lorsqu'il eut vu des cipa'ies qu'il modifia un peu son opinion, et qu'il pensa que, lui aussi, s'il 6tait seulement assoz grand, il aimerait a 6tre soldat. Le pauvro garcon souffril beaucoup du froid pendant Ic passage aulour du cap Leeuwin ; il (^tait malade lorsqu'il de])arqua a Sydney ; mais il so r^lablit bienlot. Quoique ses pensei^s fussent toujours circon- scrites au lieu de sa naissance et a une joune fille a laquelle il etait fort attach^ , il s'etait d6lermin6 avec plaisir a se rend re avec moi en Angleterrc, sur la Fly, qui se disposait h mettre a la voile; mais comme je n'avais point en ce moment la perspective de retourner en Auslralie, je ne pus me determiner A prendre la res- ponsabilit^ de mo charger de pourvoir a son avenir. Je fus done encliante lorsqno le lioulonant Yule, qui (ilait an moment de visiter de nouveau Port-Essington, offrit ( I\b9 ) g^n^reusemenl de le prondrc avec lui. Lorsgu'il ful sur le Brambli', il se rondit ulilo en aidant le nialtre d'holel du navire, et, sous la direclion du docteur Mac- Clatcliie, il fit quelques progres dans la lecture et dans r^criture. A Port-Essington, les anciens membres de sa tamlUe, jaloux des egards qu'on lui tdmoignait, et de la determination qu'il avail prise de rester avec M. Tilston , aide-chirurgien , alors en fonction , firent tout ce qu'ils purent pour le detourner de son projet. Voyant qu'il y persistait, on lui tendil des embuches, et il fut tu6 pendant une visite faite par lui dans sa tribu. Son courage naliirel et sa presence d'esprit ne I'abandonnerent pas a ses derniers moments, lors- qu'en s'eveillanl d'un profond sommeil , il se vit en- toure d'une horde de sauvages alteres de son sang. lis lui ordonneient de se lever; mais il se souleva seule- ment sur ses coudes , et leur dit : « Si vous voulez me tuer, failes-le dans la position ou je suis : car je ne veux pas me lever : donncz-moi unc lance et une massue, et je vous combaltrai tous I'un apres I'aulre. » II avail a peine fini tie parler, qii'un homnie appele Alerk le perga par derriere avec unc lanco, ce que ses compa- gnons ne tardferent pas a imiter ; et comme le malbeu- reux gisail a terra dans les convulsions, ses sauvages meurtriers le broy^rent, pour ainsi dire, avec lours massues. Le r^cit des circonstances de la niort de Nein- mal m'a 616 fait par un naturel intelligent qui en avail 6le temoin oculaire, et j'ai tout lieu de croire qu'clles sont exactement rapport^es, d'apres le temoignage de plusieurs autres persounes. » d. l, r. ( li6Q ) Actcs lie la ^ociete. Pi'OceM-verbaux des scaneei^, Oiivra^es oCTerts, etc. PniSIDUNCE DE M. JoMAnD. Seance da 19 decemhre 1851. Lc proces- verbal de la derniere stance est lu et adoplo. M. E. de Frobervllle adresse de Palerme (Sicile) au secretaire general de la Commission centrale, une lellrc sur les travaux du bureau topographique de Naj)lcs. II lui annonce en meme temps le prochain envoi de la carle de la Medilerran^e en trois feuilles, publiee par cet 6tablissement , et au fur et a mesure de leur publication les feuilles de la grande carle topo- graphique du royaume des Deux-Sicilcs, dont la pre- miere leuille a deja et^ adressee a la Soci6te. li ajoute que M. Marzolla, geographe napolitain, vient de faire paraitre une carte de la province de Messine et une de la Californie, qu'il s'empressera d'oflVii- ;i la Socield dont il est aujourd'hui membre ; et enlin que les travaux geod^siques de la proviiice de Palerme sont presquc acheves, et que les ingonieurs tcriijincnt en ce moment les derniers rel6vements lopographiques. (Voycz les Nouvelles geogmphiques.) M. A. Schefer, correspondant de la Sociele en Tur- quic, lui fail hommagc (Pera, 5 decembre 1851) d'un ( m ) grand plan de Constanlinople, coUe surtoile; il ne tardera pas a euvoyer plusieurs cartes de provinces de I'enipire ottoman qui lui ont ete demandees par le se- cretaire general ; il annonce que I'autorisation de faire des fouilles dans les environs de Mossoul et dans le Pachalik de Bagdad a 6te accordee par le gouverne- nient, et que MM. Fresnel et Place vont commencer leurs travaux. M. Schefer prepare en ce moment le tra- vail sur les divisions territoriales de I'empire ottoman que M. de la Roquelte lui a temoigne le d^sir de pos- seder, et il I'enverra aussitot qu'il sera termini. M. le prince Emmanuel Galitzin transmet , avec sa lettre datee de Paris, 15 di^cembre 1851, et offre a la Society un planisphere public I'annee derni^re par I'amiraute de Saint-Petersbourg. M. de la Pioquette fait observer a ce sujet que le prince Galitzin a bien voulu lui adresser depuis, sur sa demande, une note sur les decouvertes faites a difft^rentes 6poques par lesRusses, et indiqu^es sur le planisphere. Ce relev6 paraissant pen explicite, et ayant deja ete impi'ime dans le Bulletin du mois de mai 1851, p. 5^6, le prince a promis de le remplacer par une nouvelle note i-enfermant quelques details sur les decouvertes les plus saillantes de ses compatriotes. M. de la Roquette fait connaltre a la Societe les ren- seignements qui lui ont ete communiques sur Texp^- dition dirig^e par M. Fresnel. La lettre qu'on a recue est dat^e de Beyrout, 17 novembre; les voyageurs exploraient a ce moment les environs de Damas et de Balbek, ou ils se proposaient de sejourner quelque temps avant de se rendre a Mossoul et a Bagdad. M. Bialloblot/.ki (F.) ecrit de Beyrout, sous la dale du ( A62 ) 9 novembre, pour conimuniquer ses id^es sur nne ex- ploration qu'il se propose de faire do quelques parties del'Afrique; il deraande les instructions do laSociete. M. Eug6ne Baibi donne au secretaire gon^ral, par une lettre dat^e de Venise, 5 decembre 1851, quelques informations sur les travaux g^ograpbiques des Ita- liens, ot en particulicr sur ceux auxquels il se livre. M. do la Pioquetlc communique ;"i la Commission cenlrale une lettre quo M. de Kbanikod' lui a adrossee do Saint-Potersbourg, le 30 sepl'iubre 1851, au nom du conseil de la Soci6t6 g^ographique russe , et de la r^ponse qu'il a cru devoir lui faire, le 1" decembre suivant , apr^s avoir consult^ les autres membres du bureau. M. Jomard fait lecture d'une lettre que M. Bertbclot lui a ecrit(\ le 6 novembre 1851, de T^neriffe, au sujet de la constitution physique de cette ile et de la grande Ganaria, oii le cboldra a 6clat6. (Voyez p. /|18.) Le mfime communique une leltre do M. Squier sur les anliquites de I'Amerique, et il annonce la formation d'une Societe de geographie et de statislique a Alexico, eile a publie un premier volume ; il se propose d'ouvrir des rapports avee cette Society. ( 463 ) OUVRAGES OFFERTS DANS LA. SliANCE DU 19 d£cEMBRE 1851. TITRF.S. DONATEURS. EURO[>E. CARTES ET PLANS. Plan (le Constantinople, non coinpris ses fau- l)oiu',<;s, d'apres les documents dii ministere de, la {jueire ottoman, par E. Olivier. Constanti-j nople, i85i. I feuille tres-grand format, coUej sur toile. ! MM. Schefer. ATLAS OD CARTES GENEBALES. Atlas genei al, ancien et moderne, en 4' feuilles] separees, publio'es a Naples de i84o a i85i,' parini Icsquelles on en remarqiie huit consa-j crees au royaume de Naples, ayant pour tilre: Provincia di priiicipatoCiteriore. Napnli, l 85o. I — Provincia di terra di Lavoro. Napoli, i85o.j — Provincia di principato Ulteriore. Napoli , l85o. — Provincia di Capilanala. Napoli,' l8;n. — Provincia di terra d'Otranto. Napoli,' I 85 I. — Provincia di Nnpoli. Napoli. i85l. Provincia di Bazilicata. Napoli, 184.8. — Provincia di terra di Buri. Napoli, 1849. ~ Par M. Marzolla. Planisphere, public par ie departeiiient hydro- graplii(pie de Saint- Petersbourg en i85o. I teuiile ( sur carton ). MELANGES. JOURNAUX FriANCAIS. Nouvelles anriales des voyages. Juillet, aout et septenibre iSS 1 . Revue de I'Orient. Septeinbre I 85 I. Hulletin sp('(ial ile I'lnstifutrice. Decembre 1 85 1. Journal d'eduoalioii po|ndaire. Octobre l85l. .lournal des missions evangeiit[ues. Nov. i85l. Travaux de i'Academie de Reims Annales du commerce exierieur. Sept. l85l. Marzolln. Le prince Emmanuel Galitzin. Min Les editeurs. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem, agr. et comm. ( /i6/j ) ERRATA. C'est par erreur qu'on a (lit, dans le Bulletin du inois d'octobrc- Dovembre i85i, 4* serie, t. II, p. 38o, que le magiiificjue ouvrage d« M. Henry R. Schoolcraft, intitule : Historical and statistical informa- tion respecting the history, condition and prospects of the Indian tribes of the United-States, dont les materiaus ont etc corriyt-s et prepares sous la direction du Bureau des affaires indiennes, par acte du Con- gres du3raars 1847, ouvrage ornede 76 cartes, vues, plans, represen- ' talions d'ustensiles, d'instrunients, d'hieroglyphes. etc., etc., dont une grande partie coiorie'e, xvili-568 pages in- (", avail cte offert par M. le docteur A. Bailie. C'est M. L. Lea, comniissaire du gouverne- ment des Etats-Unis pour les affaires indieiines, qui a Lien voulu en faire hommage a la Societe de geographie. Bulletin d'octobre-novembre i85i, 4' serie, p. a65, ligne 2. ^u lieu de : I 5oo, lisez : I 5oo milles. Bulletin de decembre, p. SgS, ligne la. jiu lieu de : tirent, lisez ; fit. — Page 398, ligne 1 1. Au lieu de : BacciatOr' ti /?/• Aivn: \v iVMiiboiu'liiiri' ft- nlt-ociiu-iit nii'4-iitc f/i '">l'"..o»,.„.o .1.. I .\„a,U] J /hr/in %ff!m mtf-^m .A* ,-c^^^ 'jr V i'i.\|>lic;tti(ni «les i ('. Kiifhiii'i ;('tur\ ( '. Dliiitii . (oft lon^. I'.t >f'M-ri>ill:ii . I'af M t'.,yi Oi',;,i:,i ,- Cttp -^i i (' .•yiliiiiii , ('n^i liu in M.f'rtnu'liitiui ; ttumt I ('. V'l'l.yh : ('nf> tJ'ilLr h<>ii/ ifitrniin r.y/iiit'n fi' /'a /77- \tii SO i i^/ff-rt it in tK'iir/t' M iH\>ifi\if*hie tir ftVis. (K-lfhr^ f^M ,. ./.. ^."/'■"/"''- (IcHiiliVf do riinlioufhuro tlorAiituK !• 1847. '■""'•'vji,;lta//^ui ./.'A, , ,„/./.• I*. \|>hc:ilioM Avf, nonis ('•IpMiig'or* ( f,i,ii,if; : i;,p ,1,- h Rim,-,-,-- f. Xiiiiuimi Wtifi titi.r, I'. Dtimii , Cap lon^. '■iHwiuahii ^ I'apilr roUwi-milwii . C-lrliiiu ,r„p(l„ IW.i./r M./'miir/Hajii : mt'til rvtmu:ituthJt- . /■I'liiiilittjf a t 'Onent Jn J/niJien dt tarif [_ /f7' - f ^.Jj/.;, "■"V"""/. /■->//,„ ^/;„,, , .; I.I .lm,i.: J, i:.:„i,„rl''' ,1- '■"•' ''''-I'"