J ^.Cjji^.J'u.^/- , gm\itttt» n ■«-■■>* .-w^-i I vi-totatinffVtfetif BULLETIN DK LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Ti>oi«iieiue Serie. TOMX III. BURHAT DE LA SOClfiTC (elections dd 12 MAI 1844.) Pfesiilint. M. le baron de Mackau , vice-amiral et pair dc France, ministrc de la marine. \ M. CocHELET, ancien consul general de France en Sgy pie, etc. ( M. GuicNiAiT, mcmbrc do I'liistitiit. ( M. d'Avezac , garde des archives de la marine et des colon. j M. de La Roquf.tte , ancien consid de France en Norvege. M. CI). Texieb , correspondant dc I'lnslilut. Lisle des Presidents Jionoi aires de la Societe , depiiis son f^ice - Preside iits. Scriitntctirs. Secretaire. online. MM. Lo niar(|uis de Laplace. Le ninrqiiis dc Pastoret Le \ironiti'de Chateai iiriand. Le comte CHAnnoi. de Voi.vic. Recquey. Le baron Ai.ex. de Humboldt. Le conileCaABROi. de Crousol. I e baron Cxvier. I.e. baron Hviie de NEUVii.tE. Le due de DouDEAUvir.i.E. J. Pi. Eyrii'!. Le coiiile de RiCny. MM. DiJMONT D'URVII.r.E. Le due Decazes. Le conile dc Mo.ntai.ivet. Le baron de Barante. Le lienlenant-gencral Pef-et. GUIZOT. De SALVAIfDY. Le iiaroii '1'upinier. Le comie de Las Cases. Vii.i.EM Ai:^. CuNiK Oridaine. L'amiral buron Roussin. Correspondant s etrangcrs dans Vordre dc Jcnr nomination. M!\L MJNL Le doclein- J. Mease, a PliiladeljiUie. H. S. Takner, a l'liiladili>liie. \V. WOODRRTDGE, a lioSldll. Le ll-col. F.DWARD Sabine, a Londres. Le colonel Poinsett, a Wa^binston. Le col. dWbrahajison, a (;oj)enliague Le profcssem' Schumacher, a Altona Le dortenr Reinganum, a Rerliii. Lecapit. sir J. Fkankmn, a Loiulres. Le dortenr Richardson, a l.oiidrcs. Le professeiir Raf>-, a Copenliagiie. Lf capitaine Graah, a Copinha|^nc. AiNswoRTH, a Edimbonrg. Leconseiller Adrien P>Ai.Bi,,iVieniie. Le roniti'GR A BERG deHeimso.j Florence. Le colonel Long, a Philadel])hic. Sir Jnlin P.ARROw, a Londres. Le capitaine Maconochie , a Sidney. Le capitaine sir John Ross, a Londi es. Le conseilU-r de Macedo, a Lisbonne. Le professfur Karl Ritter, a Berlin. Le capitaine G. P.ack. F. Dubois DE I\IoNTrER£ux,a MenlVlialel. Le cap. John Washington, a Londres. Le rol Ferdinand ViscoNTt, a Naples. P. DE Angelis, a Biicnos-Avres. Le diiclenr Kriegk, a Fraucfoi t. Adol|die Fr.MAN, a Berlin. cakis. - niniiAiir.ii': ni; nouRGOCNE et MAiiiiNiiT nit Jacoli , 30. BULLETIN DE LA f r SOCIETE DE GEOGRAPHIE T'roii^iviiie 8erie. ^omc troisicmc. PARIS, CHEZ ARTHUS BERTRANI), LIRRAIRE DE I. A SOCI^Ti DE GEOGRAPHIE, 1845. COMMISSION CENTRALIS. COMPOSITION Dl) bUREAC. (Election du 3 Janvier 1845.) President. M. Guighiaut, membre del'Institut. fice-Presidents. MM. Dausst, vicomte deSahtarem. Secretaire-general. M. "Vivien de Sairt-Martin. Section de Correspondance. MM. P.ajot. MM. Noel-Desvergers. Callier. D'Orbigiiy. Corhelet. Baron Roger. Desjardins. Texier. Jaubert. Thonias<.y. Lafoiid. Warden. C. Moreau. Section de Publication. MM. AUierl-Monlemont. MM. Jomard. D'Avezar. Baron de Ladoucelle. Perlhelot. Ue Larenaiidiere. Cortanibort. Roux de Kochelle. De Fioberville. Teruaux-Gompans. r.ay. Lc baron Walckenaer Imljerl dcs Motli elctles. Section de Comptahilite. MM. Ansart. MM. Eyries. Le colonel Coraboeuf. T-samlu'it. Couthaud. De la Koquelle. Comite charge de la publication du Bulletin. MM. D'Avezac. MM. Jomard. Berthelot. Noel Uesvergers Corbelet De la Roquette. Corlambert. Roux de Rocbelle. Daussy. Vicomte de Santarem. Guigniaut. ■Vivien. M. Chapellier, notaire, tresorier de la Soriete, rue Saint-Honore , 370. M. Noirot, agenl-general et bibliothecaire de la Socicte, rue de I'Univer- »ite , n" 2 3. BULLETIN DB LA SOCIETE DE GEOGIIAPHIE JANVIER 18/i5. PREMIERE SECTION. M^MOIHES. EXTRAITS, ANALYSES RT IlAPl'OlilS. QuELQUES 6EMAINES dans les archipels de Samoa et Viti, par le capitaine Gabriel Lafond de Lurcy. Apres avoir perdu mon navire a Tongatabou dans un ouragan ^quinoxial , je m'etais embarqu6 avec la moitie des hommes ^chappes au naufrage sur le ba- leinier anglais le Lloyd, dont le capitaine m'avait ac- cueilli avec beaucoup de bienveillance. Ce dernier devait continuer sa peche dans la Polynesie et me lais- ser aux lies Mariannes avant de faire la station du Ja- pon. Quant amoi, je pensaistrouver aux iles Mariannes un navire qui me ramenerait aux Philippines, d'ou j'etais parti pour ce malencontreux voyage. Nous nous dirigeumes vers les ilesKeppel etBosca- ven, qui furent d'abord appelees Iles des Cocos et Ver- raders . par le Maire et Shouten qui los decouvrirent , ( 6 ) ciisuite Rcppel et Boscaven , par \\allis, (|ui les vit le ISjuillet 1767. Le temps etait clair, la incr belle , et nous aper- cumes distinctement cos deux terres; nous remarqua- mes mdme uii hanc do rocifs considerables , (jui s'^tend entre elles. Le canal qui Ics sopare est situe a peu pros par 15° 51' 30" do latitude, 176° 37' de lon- gitude a rouest du moridion de Paris. \'()ici la position que lour a donneo Krusenstern : Celle du Nord. Laliliule 15° 50 Sud , Longitude 185° 57' E. de Greenwich; Celle du Sud. Latitude 15° 56' Sud, Longitude 185° 49' 36" E. de ce qui repond, p. le canal dont j'ai parl(§, a 176° 30' O. de Paris , ou 7' de difference avec nos observations par chronometre. Boscaven , la plus au nord , est de forme conique , (^levec, et presquo entierement couverte d'arbres, a ])artir des deux tiers do sa hauteur; cc n'est , a pro- promcnt parler, quo le cratero etcint d'un volcan. Lile Keppol est basse, ondulee ; olle nous parut tres fertile : partout, le sol s'y cache sous une vigoureusc vegetation, et sur la plage, de nombreux cocotiors fornient un riant ridoau do vordui'e. Los baloiniers anglais ot aniericains y trouvent des rafraichissemonts de toute ospece. On protend aussi qu'ello sort do refuge a uno foule de matolols doserteurs (pil y vivent on par- faito intelligence avec les naturols. Nous passames a une asscz petite distance S.-U. do cettc lie pour dislinguor dos naturcls allaiit et venant sur la plage; mais aucuno pirogue ne nous accosta ; il ost a presumor que les rescifs no pcrmeltent pas d'aborder sur re point do la cote. Los brisants qui (7 ) existent dans la partio N.-O. de Reppel ne sont d«5signes sur aucune carte ; et cependant la mer s'y heurte avec unc violence extraordinaire : nous ne saurions done trop engager les marins a apporter la plus grande at- tention dans la navigation de ces parages. Des lies Keppel et Boscaven, nous limes route sur le groupe des lies des Navigateurs , auxquclles je resti- tuerai ici leur v^ri able nom d'lles Samoa ; et le /| avril 1831, nous etions en vue de I'lle d'Opoulou ou Oali- touah des anciennes cartes. Le capitaine How desirant toucher au port d'Apia, ou il pensait pouvoir se procurer des vivi-es en abon- dance , se dirigea vers la pointc Est de cette grande terre. Avec une bonne brise de S.-E. nous contournames facilement la petite lie Manoua , et prolongeames la cote nord d'Opoulou. Je n'essaierai pas de depeindre le spectacle enchan- teur qui s'offrit a nos regards lorsqu'ils se fixerent sur les premieres terres des Samoa, C'etait partout une verdure admirable , des arbres magnifiques , de vastes plages bordees de rescifs , des anses riantes , et des villages coquettement situ^s au milieu de bouquets dc cocotlers, et sur les bords, dc frais ruisseaux qui tom- baient en cascades des montagnes voisines. L'lle d'O- poulou me parut bien sup^rieure a Tongatabou et a Eoua clle-meme, pour la bcaute de son aspect et pour son apparente lertilitt^. Du reste , je n'y vis aucun de ces villages signales par Lapeyrousc , comme des villes qui s'etendent du rivage au sommet des montagnes. Probablement , le recit de ce voyageur cel^bre est en- tach6 d'exageration , ou il i'aut admettre que ces vil- lages ont disparu, s'ils ont jamais existe. ( 8) Pousses par uii vent tVais, K's sinu( sites de la cote disparaissaient dcvantnous coiiiine par enchanlement, et nous ne tardumes pas a alteindre rentrec du port Ajjia. La naturol, qu'une pirot;ue nous avail anient de terre , s'etalt olTort pour piloter \v iiavire ct s'ctait j)lace avec nioi sur Tavanl ; il ine disait dans sa lan- gue : Z-c/<' , bicn ; Cotu' , mal ; selon que nous suivions une direction bonne ou mauvaise ; je traduisais ensuitc ces indications au capitalne How. Four plus de suret6, deux liommcs avaient ete places en vigie sur les barres de porroquL'l , et ils examinaient la mer avec atten- tion, alin de pouvoir nous signaler les ecueils. Le vent restant au Sud, nous fumes obliges de louvoyer, ce que nous fimes sans accident au milieu des rescifs , et J)ient6t nous donnames dans le passage etroit et diffi- cile laiss6 par les deux brisants qui se prolongent jusqu'au port Apia. Quelque temps apres , I'ancre toinbait par six brasses et demie de fond de sable , dans un bassin parfaitement stir. A noire approche du port , un grand nombre de pirogues, chargees de naturels des deux sexes, s'etaient portc^es a notre rencontre, et lorsque les mesures die- tees par la prudence eurent et6 prises, on laissa monter tout le monde a bord, et les echanges commenc^rent aussltot. Nous nous procurames ainsi quelques pores, un tres petit nombre de poules, des corbeilles d'igna- mes, de taroux et des cocos. A I'epoque ou je visitai les iles Samoa, les missionnaires anglais ne s'y etalent pas encore etablis. Lo caractere priniilif des habi- tants ne s'etail done pas fausse a leur contact et je pus I'observcr dans toute sa naive simplicile. Les hommes paraissaient pleins de confianee a notre egard ; ils nous adrcssaicnl la parole comme s'ils nous eussent (^^ ) coiHRis depuis longtemps. lis parlaient ties vite, ac- coinpagnantleursdiscours, presqueinintelligibles pour nous, de gestes qui exj)rimaient leur jole de nous voir mouiller sur leurs cotes. Les femmes ^taient de ces joyeuxenfantsdel'Oceanie, decrits avec tant de chai'me par Cook, Bougainville el Lapeyrouse, et tout semblait fairc pr^sager que nos matelots les trouveraient peu cruelles. Cependant mon devoir d'historien me force a dire qu'elles sc monti-erent assez r^servees les pre- miers jours , et que des agacerics sans consequence furent les seules faveurs qu'elles accoi'derent aux se- duisants lovelaces du bord. Le lendemain, au point du jour, je descendis a terre avec le capitaine How et deux ou trois matelots armes. Deux Anglais, qui vivaient depuis longtemps dans ces lies, nous servaient de guides. Us nous assurerent que nous ne courrions aucm danger en d^bax'quant a Apia ; mais qu'il n'en serait peut-etre pas de memo sur tout autre point de la cote , et justifierent leurs as- sertions par leur projire bistoire. lis s'etaient vus eux-niemes enleves autrefois par les naturels de Tou-tou-ila, desireux d'utiliser dans leurs guerrcs la superiorite bien connue desEuropeens dans le manlemcntdes armes a feu. Peut-etre ces v^ridiques personnages n'avaient-ils d'autrc but que de nous tromper sur la cause de leur sejour dans ces iles , ou la desertion amene cbaque jour des matelots appar- tenant a des baleiniers anglais et americains, ainsique des Convicts de la Nouvelle-Hollande qui viennent y cbercber 1 impunite. On consci've encore le souvenir d'un baleinier anglais qui, trois jours seulement apres avoir niouillc a Ajiia, avail deja perdu dix - sept ( 10 ) m;itelots et uii ullicier, seduits par los channes de cette lie heurousc. Ce qui attira d'abord notrc altontion, en arrivant a tcrre , ce fut la aiaison puhlique ou Fniv-tete, grand batimenl construil tout en l)ois ct en feuilles de latanier et de cocotier, veritable chef-d'ceuvre d'ar- chitecture sauvagc. Rien de plus joli que les anaarrages en boui're de coco , qui maintiennent les travers du toil sur cliaque partic et assurent ainsi la solidity de I'edilice , dont la charpente est polie comme nos meubles les plus finement travailles. Le village d'Aj)ia se compose d'un petit nombre de cases, d'apparence assez miserable, et eparpilldes au liasard sous des toulTes de cocotiers. De la, nous nous enfoncames dans la foret voisine, escortes par quelques naturels curieux de nous contemi)ler, dont notre suite s'etait grossie. Maintes lois d6ja, j'avais eu I'occasion d'admirer le luxe de vegetation des pays malaisiens ct polynesiens , inais jamais je n'avais vu des arbres aussi magnifiques, des ombrages aussi delicieux et une parciilo rlchesse de tons. Des guirlandes de lianes, partaient des cimes les plus elevees, serpentaient a travers les mille bran- ches de CCS gf^ants du regne v6g6tal , et descendaient jusqu'a leurs 6nonnes troncs. La charmante tourterelle polynesienne, a la gorge violette, des aigrettes d'une 6clatante blancheur, des martins- pechours , des pica- flors, ct une foule dc ramicrs et d'autres oiseaux au plumage varie animaient cette majestueuse solitude, a laquclle nous nous arrachames a regret pour revenir a bord. Nous ne voulumes point pousserplus avant notre premiere excursion dans le pays, ay ant aperru sur notre cliemin quelques rases que les habitants parais- ( 11 ) saient avoir abandonn^es a notre approclie ; nous nous en reinlmes sur nos guides du soin de les rassuior sur nos intentions pacifiques et de leur faire connaitre notre desir de parcourir les environs. De I'avis de nos interpretes , qui etaient, je crois , assez bien renseign^s , on pcut estimer la population des lies Samoa de la mani^re suivante : Sevai . 25,000 lialiilauts. Opouzou 22,000 " Tou-Tou-ila 12,000 )) Maiiona 9?ooo » Apolina 5,ooo » Le gioupt; seul de Manoua. 25, 000 » Total 85,ooo habitants. Sur I'autorit^ de son interpr^te anglais, Fiasior, Du- raont d'Urville ne porte celte population qu'a 80,000. II serait assez difficile de dire laquelle de ces deux don- nees est nieme approxlmativenient exacte; car ces dii- ferents calculs ont pour bases les observations faites sur la population des villages du bord de la mer , ceux de I'interieur etant restes tout-u-fait inconnus aux Europ^ens. L'amiral Dumont d'Lrville, si douloureusement cn- lev6 aux sciences , au moment ou la gloire Ic recom- pensait de ses longs et penibles travaux, dit dans Ic quatrieme volume de son dernier voyage : a Ce Frasior, » qui parait assez bien connaitre le pays et I'archipel » des Samoa , me donne aussi les veritables noms des » lies qui le conqiosent. Le nom de Ilamoa au lieu de » Samoa que j'avais d^ja impose ace groupe, m'avait » et6 donn6 par les babitants des lies Tonga, qui ne » prononcent jamais la lettre ,s- , a laquelle ils subsli- » tuent ordinairement la lettre /i. » ( 12 ) L illustre ainiral, en ticrlvant ces lignes , avait pro- bablement oublie I'observationque je lui avais faile a une seance de notre Soci6t6 de geograpbie, que le nom gentirique de cegroupe 6tait mal ortbograpbi^ dans sa carte de I'Oc^anie, et qu'il fallait ^crire Samoa au lieu de llamoa. Dopuis, a son retour de son dernier voyage, il m'assura , chez M. Jomard , qu'il partageait mon opinion. Voici, du reste, les noins des diff^rentes lies des Navigateurs , ou Samoa ; noms que j'ai recueillis moi-meme sur les licux , ct qui concordent parfaite- ment avec ceux donnas par Dumont d'l rville , en ve- nant de I'Est a I'Ouest. Les trois lies Olo-s'mga, Tohou et Feti-nouta, se d^si- gnent sous le nom collectif de Manoua, Vientensuite rarcbipel, proprement dit, des Samoa, qui se compose de Tou-tou-ila, d'Ana-moua,d'Opou/ou, de Manona , d'^po/ina et de Seuay. Voici encore quelques mots do la langue de ces lies, qui est douce, barraonieuse , ot diffdre peu de la lan- gue-m6re des Poljnesiens : Citron, Moli. Kanane, Fahi. Igiiame, Oufe. Tarou , Kala. Fruits a pain , Olou manotitanij Oixoau , Mauou Poiile, Moa. Poisson , Ita. Coco , Niou. Cochon , Poa. Kau , Fai. Tene, Fonoua. Mei> Sami. Nuac,e , Langi. Vent, Makangi. ( 13 ) Word, Foganou. Siul, Tonga. Est, Koilao. Oil est , Lae. Grains de verre, Songui. Crulaaii , Penna, du mot nnglais Pennf. Hache, Makao. Grand , Lasi. Pel it, Kiki. Bon, Le'te. Mauvais , Covi. llommes, Tangnta. Femme , Vefini. Venez ici , Sole., Santa., yitanlio. Allez-vous- en , Alouia. Un, Tas. Deux , Loua. Trois , Tolou. Quatre , Fa Cinq , Lima , etc . G'est en 1834, ou en 1835, que les missionnaires anglais sonl venus s't^tablir dans I'archipel des Samoa. Avant leur arriv^e, les naturels ne pratiquaient aucim culte ; on ne leur connalssait ni temples, ni prieres, ni ceremonies religieuses. Les seules pratiques consacrees par un usage antique, etaient les Tabou , sous le nom de Sa, le Kai'CL et la Circoncisioii. Leurs armes de com- bat etaient des lances , des frondes , des casse-tetes, et ils ne se servaient ni d'arcs, ni de flechcs. lis avaient deja quelques fusils , apportes par les baleiniers et les d^serteurs. II parait qu'auti'efois , I'archipel entier des Samoa reconnaissaitun chef supi-eme ; mais cettc unit(^ n'exis- tait d(!!Ja plus lors de mon passage dans ces iles , et toutes les terres etaient divisees en districts, gouvernes chacun par un seul chef, ou arii. ( 14 ) L'une des Samoa , I'ile de Tou-tou-ila, a He le thea- tre du massacre du capitaine de Laiiglo , qui faisait partie de I'exp^dition de Lapcyrouso. Ln sentiment, que vous partagez sans doute, m'engagealt a recucillir le souvenir lamentable de cette catastrophe , et des le premier jour dc notrc debarquement , je questionnai a ce sujet les Anglais qui nous servaiont dc cicerone, lis m'apprix'cnt que plusiours des compagnons du mal- heureu\ de Langle avaient et6 epargnes par les natu- rels , et que meme Tun d'eux vivait encore et rcsidait sur une des iles orientales avec sa femme et ses en- fants. On ignore, du rcste , la cause qui priva de son second I'cxpedition de Lapeyrouse. Les naturels I'at- tribucnt a une tentative de vol, faite par un des leurs sur un des canots. Cette tentative fut reprimde par les armes, ctelle amcna une collision gdnerale, a la suite de laquelle de Langle etune partie des siens furent massa- cres. Mais en songeant a toutes les scenes de carnage qui ont ensanglante les premiers temps de la decouvertc de rOceanie, on ne peut s'empecher de penser que Ic massacre de nos compatriotes est sans doute venu a la suite de quelque malentendu, car les navigateurs de cette epoque ignoraient completement les mceui's, les usages de ces peuples; ils etaient trop souvent disposes a les prendre pour des cannibales alter6s de sang. D'apres les renseignements donncs par nos guides, nous crumes bientot pouvoir, le capitaine How et moi, nous aventurer sans danger jusqu'au grand village de Fale-ata, ce que nous fimes en nous amusant a tirer des ramiers et des tourterelles qui vivent en grand nombre dans ces forets. Le village de Fal6-ata est situc sur une vaste esplanade ; une grande pelousc occupe le centre , et les rases , reguli^rement plac(^es alenton. ( I.'") ) ont un aspect de bien-etre qu'on chcrchcrait en vain c^ celles d'Apia. Nous fumes recus a notrc arriv^e pai' le chef du vil- lage, quimitbeau oupd'empressementanousconduirc dans sa case, oii il nous fit servir des cocos pour etan- cher notre soil". Notre attention se porta bientot sur une grande et belle pirogue , qui n'avait pas moins de 35 pieds de long, et qui etait abritee avec soin sous un hangar voisin de la inaison du chef. Nous lui de- mandames quels ^taient les moyens de transport dont il se servait pour conduire cette embarcation a la mer, qui etait dlstante d'un millc au moins , et il nous fit entendre que les forces combinees de ses sujets etaient ses seules ressources, et que le transport se faisait a dos d'hommo. Nous reconnumes I'hospitalite g^nd-rcuse qui nous etait offcrte par I'ofFre de quelqucs bagatelles pour Icsquelles le chef samoen nous temoigna sa gra- titude en elevant les objcts donnes au-dessus de sa tete et en s'inclinant legerement. Mais ce qui parut surtout le combler de joie , ce fut le don que je lui fis dun petit morceau de fer-blanc dont il se servit aussitot pour garnir la pipe qui ne quittait pas sa bouchc. En effet , les naturels de ces iles ont un gout prononce pour le tabac , ainsi que I'attestent les pieds de cette plante , qui entouraient en grand nombre toutcs les cases. Le chef nous demanda aussi des Sottma-mea- Houni , c'est-a-dire des grains de verre d'un bleu por- celaine, gros comme le bout du doigt, qui etaient alors tr^s recherch^s dans ces iles, oil cha:jue gros grain ne valait pas moins de 5 francs dc notre monnaie. Nous Iraitames avec lui de plusieurs pores remarquables par leur grosseur , a raison dc (5 ct 8 grains par tete. Mais lorsriue nous eumes donne a entendre que nous avions ( 1« ) a 1)01(1 uii nuinbre asse/ consicl^iahlu cle cos precit^ux grains , il y cut coiniue un fr«^inisseiTient dans toute I'assemblec , et les hoiumcs depechercnl aussitot los enfants pour avertir Icurs families d'apporter a notre bord toutes Ics provisions dont nous pouvions avoir bcsoin. Lc chef alia meme , je I'avouerai a sa honte , jusqu'a nous ofTrir deux de ses fillcs, et il ajouta que uio) onnant quelques uns de ces grains de verrc , il n'etait pas un de nos matelots qui ne put prendre femme dans I'ile. Nous adressames alors nos adieux au chefSamoen; inais avanl de nous separer, nous parcourumes avec hii tout le village de Fale-ata, et nous entrames meme dans plusieurs cases , qui toutes se faisaient reniarqucr par leur proprete et I'c^leganee de leur construction. A I'interieur, le sol cailloute avec soin 6tait reconvert de nattos d'un fort beau travail et de pieces de tapa pein- tes servant de tapis ou de couvertures. Le toit , en feuilles de cocotler, s'appuyait sur des piliers dontl'^- Icivation pouvait avoir de 5 a 6 pieds. La muraille ext6- rieure consistail en un joli treillage de bambou ou de jonc, dont des feuilles de palmiers ou des nattes re- couvi-aient les interstices. En visitant une de ces cases, nous trouvames un na- turel , dont les jambes, atteintes d'^lephantiasis, etaient grosses comme des poteaux; il s'amusait a jouer de la tliite, mais d'uue tout autre facon que nosTulou et nos Doius; remboucliure de son instrument, qui n'a- vaitpasmoins del6 a 18 pouces de long, etait placee dans sa narine : le son qu'il produisaitainsi etait sourd, et nous en appreciames peu I'harmonie. Aussi nous cmpressames-nous de nous retirer, desoles d'avoir in- terronipu un instant ce bon sauvage dans son passe- ( 17 ) l^Tiips musical. A im millc environ de Kale-ata . notie attention fut eveillce par plusieiii's petits liangars de forme ronde , qui etaient reunis sur un plateau , dont Ic sol, nivele et sabl6 , etait entrctenu avec le plus grand soin. Nous avions devant nous le Fia-tou-ka, ou cimetiere du villagt. Nos guides nous apprirent que chacun de ces hangars couvrait une tombe. Les Samoens sont en general grands et Lien faits ; mais ils perdent de bonne heure cette apparencc de vigueur qui distingue les naturels des Marquises des lies Tonga ; car lobesitt' est chez eux tres commune. Ils ont le nez plutot aquilln qu'cpate , les pommeltes saillantes et les ycux un pcu brides en dehors, des qu'ils ont atteint I'age de h'ente ans. Les femmes sont petites et bien constituees ; il en est meme parmi elles de fort belles , mais elles manquent presque toutes de physionomie. Ces insulaires portent leurs clieveux trt'S longs , quelquefois ils los relevent sur le milieu de la tete par un lien de feuilles ou d'ecorce de cocotier. Leur che- velure,roide et abondamment fournie, d'un chatain sale plutot que noire , est comme celle du mulatre , Icge- rement ondul^e. Les femmes ont la tete rasee, ou du moins les cheveux fort courts , et je n'en ai point vu qui laissassent, comme a Tongatabou, une meche sur le cote gauche de la tete. Les hommes ont, pour velement, une ceinture de feuilles aquatiques qui leur entoure les reins et qui ne manque pas d'elegance. Ils sont tatoues depuis le nombril jusqu'a la moitie des cuisses ; ce tatouage tres seri'e tranche assez bien sur leur peau presque noire, et leur donne un air de ressemblance avec les Cypayes de rinde, vetus de leurs culottes courtes. HI. J4NVIER. 2. 2 ( 48 ) Le tatouage, chcz les I'enimcs, ne couvrc pas iina- riablcmcnt, comme chcz Ics honiuics, la mcnie partie dii corps ; dies sc tatouent, pour ainsi dire, par place, sur les bras, sur les scins ol sur les jamhcs, dies se briilcnt aussl la peau , ce qui \ laisse de pclites taches blanches et rondes. Ccs dernieres , du reste, sont xu\ pou plus vetues que les hommcs, ct elles s'envelop- pent ordinairement dans un morceau d'etoffc dc tapa dont leur coquclterie sait tirer un assez bon parti. Les orncraents des deux sexes consistent en diade- uies, en colliers de coquillages, de dents de poisson ou de cachalot , en bracelets, compostl's d'anneaux extraits d'une esp^ce particuliere de coquillcs a bandes tres rouges. Je laisse dc cote une foule d'aulrcs objels dont r^num^ration n'offrirait qu'un mediocre interet. Quoique les Samoens s'abandonnent volontiers a cette oisivete si douce sous un climat briilant , ils ne laissent pas que d'occuper une place assez importante parmi les nations de I'Oceanie. Leurs pirogues, tout incrusti^es de nacre, ornees de coquillcs blanches ap- pel6es opufs de Let/a, et dont la forme elegante est em- prunt^e de la dorade, sonl de v^ritables chefs-d'oeuvre d'architecture nautique : elles sc conduisent avec des pagayes, et lorsqu'elles vont a la voile , des balanciers les soutiennent el les empechcnt de chavirer. Parmi les uslensiles dont on se sert dans cet archipel, les va- ses pour le Kava se font surtout remarquer. Ces der- niers sont faits en bois, d'une seule piece, ct annoncent une adresse de fabrication qui nc le c6de pas a celle de nos ouvriers d 'Europe avec leurs instruments tran- chants. Entreautresproduitsde I'industie samoenne,je citerai encore des orcillers en forme de petits bancs, sculptes avec un art inlini , ainsi que des filets parfaite- ( 19) ment tresses et des liame^ons en 6caiile, dont le dos en nacre imlte,as'ymeprendre, lepoisson volant. Laligne et les fdets sont faits d'une esptice de chanvre, qui pent soulenir la comparaison avec celui d'Europe. Je n'ai pu me procurer la plante qui le pi-odult ; mais je sou- mets a la Societe une ligne et son hamecon que j'ai rapportes de ces lies. Je ne doute pas que ce chanvre ne puisse devenir un jour un objet important de commerce, conime le phor- mium tenax de la Nouvelle-Z^lande. Apr^s avoir 6puis6 les ressources de ravitaillement que nous offrait le port d'Apia, nous appareillames, et prolongeant la cote N.-O. de I'ile Opoulou , nous passames entre les deux petites iles Apolina etManono, et la pointe S.-E. de Sevay. Nous reconnumes dans ce passage un rescif tres dangereux , et I'ayant laisse sur tribord , nous vinmes nous presenter devant une cri- que de I'ile de Sevay , situee dans la partie sud de cette ile. Nous y fiimes t(^moins d'un spectacle vraimentraer- veilleux : tout le long de la cote , sur une etendue de plus de trois milles. la mer s'engouffrait dans des ca- vernes madreporiques; et, trouvant une issue par des soupiraux naturels , a 200 pieds au-dela du rivage , elle s'elangait vers le ciel a une hauteur considei-able , en milliers de colonnes, plac^es par un jeu admirable de la nature a des distances a peu pr^s 6gales. De notre pirogue, nous apercevions ces immenses jets d'eau qui ^tincelaient de saphirs, rubis et emeraudes aux rayons du soleil. Des ai'cs lumincux , aux couleurs prismati- ques, se projetaient entre chaque colonne et formaient de vastes portiques , voiles par une vapeur legere et transparente , qui disparaissait insensiblement au ( 20 ) soullle l(>gcr de la brisc du matin. Non , ricn iie pent ^galer co spcndide spectacle, ot cm presence dc ccs el- i'cts prodlgicux des elements qui se rcnouvelaient a chaque ressac et qu'encadrall un paysage pittoresquo et grandiose , je songeai malgre nioi a la faiblesse du genie liumain lorsqnil vent imiter les creations puis- santes du grand arcbitecte de I'univers. Abandonnant avec peine cet admirable spectacle, je me dirigeai avec deux bali^iniers vers la crique, on jusque latoutavaitparu paisiblcetsilencieux; mais bien- tot le rivage se couvrit de naturels courant ca et la; et, peu apres , nous apercumes au-dessus de I'eau les tetes bronzees de plus de 200 femmes jeunes etvieilles qui se dirigeaient a la nage vers nous. Mous eumes toutes les peines du monde a nous defendre conlre I'invasion de ccs sirenes ([ui manifestaienl ;'i notre egard la curiosite la ])lus vive. Les bommes ne tard6- rent pas aussi a nous entourer, soil a la nage, soit dans leurs pirogues , et nous forcerent, jiresque, d'a- voir recours a des moyens violents pour les empecber de monter dans nos embarcations. La prudence nous commandail d'en agir ainsi , car la perlidic des sau- vages, lorsque la cupiditd les pousse , depasse souvcnt tout ce que peut inventer la civilisation la plus raffin^e, et il etait a craindrc qu'ils no fisscnt cliavirer nos em- barcations pour avoir plus facilement raison de nous. Parmi tous lesSamoens qui nous obs(^daient, je dis- tinguai un vieux cbef , que le ressac de la mer avait empecb6 dc mettre sa pirogue a Hot, et qui nageait depuislongtemps autour de nous avec une agilit^ vrai- ment surprcnanlc; ses compagnons lui temoignaient une grande deference , et il etait suivi d'un jeune bomme qui fendait I'eau avec une grace et une ai- ( 21 ) ■sauce qui me rappelerent les Irlloiis cle niylhologiquc m^nioirc. Co jeune hommc nie siipplia avcc tant cl'lnstancc de radmettre parmi nous, avec le vieux diet" qu'il es- cortait, que je voulus bien falre exception, en sa fa- veur, a la r6gle generale. A peine sorti de 1 adolescence, son physique n'avait pas encore atteint le developpe- ment complet des muscles ; mais il se distinguait par une taille pleine d'assurance et par la beaute de ses formes, dont les proportions adinirables etaient dignes de servir de module a un statuairc. Ses cheveux bruns, luisants et touflus, etaient crepes avec soin, et, se dres- sant sur la lete, laissaient a decouvert un front large qui annoncalt I'intelligence. Son vetement consislait dans la ceinture de feuilles dont j'ai parl(^, et un gra- cieux tatouage qui oi'nait une partie de son corps de- puis la ceinture jusqu'a la moitid des cuisses; on y voyait surtout representee la figure d'un requin , des- tinee, je pense , a rappeler le souvenir d'une victoire remportee sur leur dangereux ennemi. Son visage con- servait toute son expression de douceur et d'ing^nuite, etsapeau, d'un jaunebronz6 clair, differait peu de celle d'un m^tis de nos colonies. Quant au vieux chef, c'etait un homme do cin- quantea cinquante-cinq ans, grand, osseux, et n'ayant rien qui put le distinguer a nos yeux des autres naturels. Tandis que nous nous dirigions vers notre navirc, un grand mouvement se fit tout-a-coup parmi les sauva- ges; les uns sautaient dans leurs pirogues, les autres se rapprocliaient au plus vite de la plage, en poussant dcvant eux les jeunes fiUes et les jeunes gens, Je sus bientot que tout ce tumulte etait cause par un requin ( '^2 ) dont quelques nalurels s'efforgaieiil de sulvre la piste dans une embarcation. Le moyen qu'lls einploy^rent pour le prendre merite d'etre raconle. Une machoire do poisson , attachee a une ligne , fut lanc^e a la mer pour atllrer Tanimal, et un dcs sauvages se niit a agi- ter loi tement leau avec une de ses jambcs prealable- mentirotlee d'huile de coco. Lne minute ne s'etait pas ^coulee que le requin se pr^cipitalt pour saisir I'appat et donnait dans un nceud coulant adroitement pre- pare. Les Samoens en eurent alors facilement raison, et lorsqu'ils I'eurent longtemps fatigu^, ils rassomm^- rent a coups de casse-tete. Arrive sur le Lloyd, avec le vieux chef et son com- pagnon, je trouvai le capitaine qui, in'attendant pour le dejeuner , nous fit descendre dans la cbambrc , puis nous nous mimes a table. Pendant tout le repas, nos botes parurent fort a leur aise ot se conduisirent avec beaucoup de convenance. Pendant ce temps, nos naturcls avaicnt obtenu de monter a bord ; et comme on leur ofTrait a manger les restes du chef, je remar- quai avec surprise qu'ils refus^rentd'y toucher, comme s'ils eussent 6te sacr^s pour eux ; ils ne voulurent pas meroe boire d'un coco qui avait 6te toucbe par leur arii. Apr5s le dejeuner, mes convives examinerent en detail tout le navire, et ils apport^rent surtout une mi- nutieuse attention a I'examen de la boussole dont il me fut assez difficile de leur faire comprendre I'usage; et ce qui me convainquit surtout qu'ils n'avaient pas encore vu d'Europeens, ce fut rcffet que produisit sur eux un miroir. Rien de plus curieux que les gesles du vieux sauvage faisant des grimaces au miroir, lui mon- (tiS ) trant le poing , riant, se fachant, tout dispose a trapper I'insolent quiprenalt avecluidetelles licences. Comnie le miroir ^tait place entre deux fenetres de I'arcasse, il se penchait en dehors du navire pour s'assurer s'il n'y avail personne derriere. Nous fumes obliges de ddjcroclier la glace afin de lui en faire comprendre I'efl'et et de calmer sa fureur. Je u'cntrerai pas dans de plus amples dt^tails sur cette scene qui a 6te d^crite tant de fois par les naviga- teurs. Bientot me prenant a part, le jeune Samoen me si- gnifia qu'il desirait s'embarquer avec nous, afm d'aller en Angleterre voir les belles choses. Je lui r^pondis, en accompagnant ma pantomime de quelques mots division du pays en districts independants les uns des aulres. A les en croire, les guerres que los naturels se faisaient entre eux n'etaicnt jamais bien meurtrieres , et les prisonniers rcstaient toujours esclaves des chefs, lis me dirent que si les habitants pr^feraient les coli- fichets aux choses utiles , c'est que le pays , par ses riches plantations do cocotiers , de bananiers et de racines , Icur fournissalt des vivres en abondance , et leur permettait encore d'entretenir un grand nombre de cochons. Les lies Samoa , en effet , dont les i-ecifs C 26 ) environnants regorgent de poissons de toute esp6ce , peuvont produire toutes Ics denr^cs tropicales , et la plupart des fruits d'Europe y reussiraient sur le som- met des montagnes ; enfin leur sejour est fort sain , et ces Anglais me le presenterent comme I'Eldorado dela Polynesie. Nous avions termini les ^changes , et deja , depuis trois jours sur la cote S.-O. de Sevay, ou nous avions complete nos vivres , nous laissions porter pour attein- dre la pointe N.-O. de i'ilc, d'oii nous couiptions prendre notre point de depart, lorsque nous apercu- mes une embarcation vigoureusement pagayee , qui paraissait se dinger vers nous. Nous mimes en travers pour I'attendre, et bientot le naturel qui la montait sc trouva sur notre bord. Alors , elevant ses deux mains, dont les petits doigts etaient coupes a la pre- miere phalange : « Tangata-Tonga, homme de Tonga, » s'6cria-t-il a plusieurs reprises. Je le questionnai , et il m'apprit qu'il appartenait a une grande pirogue double qui, depuis deux anneos, etait partie de Tonga- Tabou , et faisait le commerce de ces archipels. II nous engagea vivement a aller a terre , ou nous pour- rions nous procurer, disait-il , d'abondants rafraichis- sements; mais nous ne crumes pas devoir nous rendre a ses instances Le navire , d'ailleurs , etait suffisam- ment ravitaille ; et reprenant notre route , nous laissa- mes riiomme de Tonga regagner seul I'ile de Sevay, et la grande pirogue double qui sortait des recifs, chargc^e de ^^lus de cinquante personnes. Ne devons-nous pas admirer le courage de ces na- vigateurs polynesiens, qui s'abandonncnt sans hous- sole au caprice des vents, sur des embarcations aussi frelcs, et pour dos vovagcs aussi longs, transportant ( 26 ) sur leurs pirogues doubles jusqu'a cent porsonnes des deux sexes. J'ai vu a Tonga-Tabou une pirogue venue des iles Viti avec un equipage d'une trentaine d'indivldus. Cost done une distance de pres de 200 lieues que cette j)iroguo avait Iranchie , ainsi que celle que nous retrouvames a Sevay , car c'elait bien une pirogue de Tonga que nous avions sous les yeux, et les mains mutilees du sauvage decelaient assez son origine. Vous savez , messieurs, que la plupart des habitants de Tonga ont les deux premieres phalanges des petits doigts de chaque main enlev^es. lis se les coupent en signe de douleur lorsqu'ils perdent leurs chefs , leurs parents , et les meres ont meme la barbaric , a la mort d'un chef ven^rii , de faire a leurs enfants cette cruelle operation avec leurs dents , la blessure etant ensuite cicatris^e avec des charbons ardents. Avant de quitter cet archipel, je d6sire vous sou- mettre quelques reflexions. J'ai beaucoup vu , beaucoup voyage , et je puis 6tre cru sur les besoins de nos iiationaux a I'^tranger, be- soins que j'ai longtemps etudies et sentis. Qu'il me soit d'abord permis de payer ici un juste tribut d'6- loges a ceux de nos marins qui ne se sont pas con- tentes de couvrir par - dela les raers nos conciloyens d'une protection cfTicacc , et qui sont encore parvenus a ouvrir des debouches a notre commerce , en aidant a la creation des comptoirs frangais sur les points les plus recules du raonde. L'illustrc amiral qui devait vous presider ne se sou- vient probablement pas qu'il y a aujourd'hui vingt- tlcux ans, un jeune marin francais, naviguant sous un pavilion etranger pour s'instruire et rapporter d'utiles (27) renselgnements dans sa patrie, fut t^moin de ses nobles efforts en faveur du commerce maritime de la France. L'heure est venue , je crois , pom' cemarin , de rappeler aux souvenirs de I'amiral ce que de plus im- portants travaux lui ont peut-etre fait oublier. C'est au baron de Mackau que revient I'honneur d'avoir fonde le premier coraptoir commercial francais dans I'Amerique espagnole , dans cette Am^rique qui consomme maintenant a elle seule plus de la moiti^ de nos exportations en articles d'industrie parisienne. Le capitaine de vaisseau , qui deja unissait a la bra- voure et a I'experience du marin , la prudente pre- voyance de I'homme d'liltat , avait compris qu'il man- quait a Valparaiso un etablissement francais auquel les navires de notre nation pussent s'adresser. Dans un jeune homme foit intelligent qui lui avait et^ confie a Rio-Janeiro , il improvisa un n^gociant accompli , et avec lui, crea sur les bords de I'Ocean Pacifique un comptoir francais auquel il sut donner , tout d'abord , du relief, en le chargeant des affaires de sa division. Bientot les traites de cette maison, endossees par le commandant de I'escadrille francaise dans ces mers , turent recberchees par les premiers n^gociants de la Grande-Bretagne et desEtats-Unis; et ici, M. de Mackau s'acquit de nouveaux titres a la reconnaissance de notre commerce en etablissant sur des bases solides le credit frangais dans cette Amerique du Sud , qui, jusque la n'avait guere vu que des aventuriei's. Ce jeune ndigo- ciant etait un de mes compatriotes, et je fus un de ses premiers collaborateurs. La maison fondle sous les auspices de M. de Mackau fut la source d'oi'i sont sortis tous les comptoins fran- ( 28 ) rais existants aiijourd'liui , depuis los ('.alirornics jiis- qu'aux iles Chilo6. liiontot , il Taut I'eperer, des paquebots a helices \ioiulront lelier nos Antdles a la France et a risthme de Panama , dont los deux extremites seront rappio- chees par un cheniin de fer, qu'une compagnic t'ran- caise se propose d'y cr<^er, scule vole do transport exe- cutable, selon moi, sur ce point. Car, la Soci(it6 le sait, j'ai longuement traite ce sujet et clierch^ a d^montrer que la riviere San-Juan etle lac de Nicaragua odVaienl le seul passage possible par eau ; et vous I'avez entendu aujourd'hui , messieurs, mes travaux concordent avec ce que vient de vous dii'e surle memo sujet le digne re- prosentant de la France, votre honorable president (1). Mais {[ue le cheniin de fer soil, ou non, une entre- prise industrielle , productive pour ses interesses , il aidera cependant, quoique pour unbien petit nombre de jours, eu egai-d a la longueur des distances, a laci- liter le trajet et le transport des marchandises d'une incr a I'autre. Alors, avec le secours de nouveaux bateaux a vapour dans rOc6an Paciliquc, nos etablisscments polyn^siens seront a deux mois a peine de Paris, et nous devrons encore cotte utile institution au ministre qui dirige aujourd'hui avec tant de sagesse les forces navales de la France. 11 saura consorver une force imposante de bateaux a vapiiii a I'usago de la marine, et crc^er aussi un rdseau de paquebots, qui seront encore pour I'litat uno source d'economies, puisquo le produit seul de la correspondancecouvriraleurs frals d'installation. Mais, je no crains pas de le dire , et puisse ma voix etre en- tendue, si vous voulez que nos etablisscments pohne- siens soient utiles a notre marine marchandc, il faut (i) \I. Cocliilci, aiuiiMi I li,uj;c il'nFtaiirs an Mcxi(|iii' ) I'evins a moi, j'apercus lo mallieiireux Dillon qui sW- tait tralne jiisqu'a mon lit pour me demander une sai- gnee , que mon extrem^ faiblesse ne me permit pas de lui faire II essay a sans plus de succes de se la pra- tiquer lui-meme. Jugeant alors immediatemcnt son 6tat , 11 me fit ses adieux. C'est fini , me dit-il , je ne reverrai plus ni mon pays ni ma famille. — Alors je perdis connaissance ; un d^lire brulant s'cmpara de moi , et lorsque huit jom'S apr^s je repris mes sens, au n)ilieu d'alroces douleurs, ce fut pour apprendro que mon infortune compagnon <^tail enterre , et que huit de nos serviteurs avaient leur tombeau pr6s du sien. )) Ce futnotre l)on missionnaire , M. de Jacobis, qui vint m'appi'endre ce cruel 6venement. II y mit cette douce parole , cette onction evangellque qui calme les plus grandes douleurs. » Dillon , me dit-il, cstmort en cbrdtien , le sourirc sur les l^vres ; il nous a dit adieu comme un homme qui se rend a une fete, et le souvenir de ses amis ab- sents a mele senl quelque tristesse a cette fin chr^- tienne. » L'hommedeDieu joigni t aces paroles de touchantes exhortations, et parvint a me faire envisager la mort sous un plus tranquille aspect. Je me preparai done a ce passage difficile. Mais mes ^preuves n'^taient pas finies , et j'ai raene depuis lors la plus malheureuse existence , soufTrant au point de regretter que Dieu ne m'ait pas appel6 en meme temps que notre ami. Je Ten remercie maintenant, puisque cela m'a permis de te revoir , bonheur que je n'esperais plus. » Ainsi finit le recit du docteur Petit. Je le ramenai chez lui. II 6tait trop faible pour marcher seul. Des Abyssins s'offrirent a Ic porter, chose d'autant plus ( AO ) louable , que la crainte de la contau;ion est extrOme- parnii cc peuple. C'est ici le lieu de rendre un juste tribut d'dloges au (l6voucmcnt de nos servlteurs abyssins. Dans cette {^rande debacle qui a suivi la malheuieusc excursion de Mareb , ils onl niontre une lionnelet6 a loulo 6preuvc , et qui ilah plutot le lait de fds picux que do domestiquesa gages. L'un d'eux, surtout , un nomme Nabiou , a ete admirable. Pendant six mois il n'a ccss6 de veiller au chevet de M. Petit; jour et nuit il etait a ses cot^s, se livrant sans paraitre y prendre garde aux soins les plus repoussants ; frere ou iils n'en eussent pas fait autant. Et qu'on ne croie pas que cet hommc fiit guide par le bcsoin de son salaire , non ; sa famille etait dans I'aisance , et d'ailleurs il aurait toujours trouve a vivre raoins peniblement cliez un Abyssin. Le devoir et I'atrcction ont done seuls parl6 chez lui. Ge pauvre gargon etait fou de la danse ; il n'y avait rien de plus coraiquc et dc plus toucbant a la fois que de le voir a la veillee , lorsque ses camarades prcnaient le plaisir de cet cxercice , et que le son de la inusique venait a ses oreilles : alors il manlfestait une gj-ande agitation ; il allait et venait, partage entre la ferme volont6 de ne pas abandonner son maitrc , el r ardent desir de se meler aux plaisirs de ses amis. Mais bientot il n'y tenait plus, ses pieds s'animaient malgrd lui, et se retirant dans un coin, il dansait tout seul en silence , pour ne pas troubler le repos du ma- lade. (M ) Lettre de M. le baron A. Die WnbDH a M. le President de la Commission centnde , sitr son Doynge en Arable. MONSIEBH , La leltre que vous m'avcz fait I'honneur de m'6crire le 20 octobre 18Zi2 ne ni'est parvenue qu'en decembre 18^3, ejioque a laquelle je revenais de inon voyage dans rint^rieur de la province connue jusqu'ici sous le nom d'Hadramaut. ^'euillez, monsieur, agreer I'ex- pression de ma reconnaissance pour les renseignements que vous voulez bien me donner, en les accompagnant de divers documents au sujet du voyage que j'avais I'intention d'entreprendrc dans I'interieur de I'vVirique. Ce plan , dont I'execution a du etre ajourne jusqu'a present pour diverses raisons , n'a jamais ete aban- donn^ par moi ; je compte au contraire me mcttrc en route vers le mois de mai prochain , et je ne manque- rai pas de m'aider de vos pr6cieux conseils. Aujourd'hui, c'est dans I'espoir que la Society y trouvera quelque int^ret , que je me permets de vous adresser un rapport sommairc sur mon voyage d'Ara- bie , dont je suis sur le point d'achever la description. Le manuscrit sera imprirae a Leipzig; j'y ai joint unc carte qui indique les pajs situes entre le hh" jus- qu'au 37° 30' longitude est de Paris , et du 13o 30' jus- qu'au 17" latitude nord : ce sont les provinces Bellad- el-Hagar, Bellad-Beni-Issa , Bellad-cl-llamoum , Bcllad- el-Hadramaut, ct une petite partie de Bellad-cl-Djof ct Jafa. En meme temps , je fus assez heureux pour reccvoir en Arabic, dun savant chcikb. une lisle des ( 42 ) rois hiniyarites, qui complete cclle que Pococke a tiree d'Abul-Feda; cette pi^ce chronologique est egalement annex^e amon ouvrage, ainsi que quelquesvues et cos- tumes des pays que j'ai visitds. J'ai partage mon ma- nusci'it en deux parties : la premi<^re est compos^e du recit de mon voyage et dc la description des pays inconnusjusqu'a ce jour, que j'ai explores; laseconde partie traite de leur position geograpliique , et contiont la statistiquc de ccs memes pays, une table meleo- rologique , et une liste speciale des Iribus, avcc leurs noms , le nombre d'iimes , ainsi que celui d'hommos armes dont cbacune d'elles peut disposer. J'ai voulu , monsieur, finir cet ouvrage avant que de vous adresser mes reracrciements, afinde prouver a la Societe de g4 |5 i5 32 t5 53 34 ao 3o 25 54 4o 45 1 4 32 i5 i5 i4 i3 i4 23 ao l6 12 i6 3o Voila , monsieur le President, le rapport sommaire de mon voyage , qui , je I'espere , sera de quelqup in- t^ret pour la Society de geographic. Veuillez agri^er , etc. Baron A. de WniiDE, ^.^airc , le 1 4 novemlire i 844- ( 52 ) T.F/rrr.i: iniTI- ni' PAYS 1) O.WIIYA A M. I) Avi ZAC . I'AU M. AXTOIM: IVAHBADIE. (Upciic .i I'iiiis., lo 3 innvicr l84.'>. ) Siika (.Onary.i) , Ki cIkkjuc trilni Oiina so dolaclu! de ses ( &4 ) Voisins , depuis !<.■ Aba) jusqu'a kafa cl Daiiiola. he luogga entre les Goutlrou et les Dj()mn)ainc parait avoir clix milles de large ; maisil n'empechepas ces demiers d'aller tous les jours cnlever des trophies hontcux auX laches Goudrou. Les Djomma sent pasteiirs et guer^ riers, n'alinent point le coramerce , et vexent pou les marchands. Chez eux se trouve la longue chaine de montagnes dont je n'ai pii orienter I'axe, inais qui me paraissait, a Tojil , etre a pou presporpondiculaire a la direction de notrc route. La passe qui nous mena du bassin (hi Ahay dans celui du Gobe qui va a I'Oc^an indien , serrc de pres Toullou-Amara , pic isole et re- marquable qui , vu du promontoire de Gourem pr^s Yadjobe (Baso) , avail 219° 20' d'azimutli t'/ni compte du nord vers I'ost. Je n'ai malheureusement pas pu faire d'observations a la passe memo, niais les chiffres suivants, indiquant la colonne de mercure (a zero grade), correspondante aux temperatures d'eau bouil- lante marquees par un admirable thermometre de M. Walferdin, vous donneront un aper^u du relief du terrain. .MiMimrtifS. Gourem HJaso) 580 Asandabo (Goudrou) , rive gauche du Kalta. 580 I\.ol)bo (Goudrou), rive droite du Dannaba. 5i)/i Abbono (Djomma) au N.-E. et prt^sdumont Amara 560 Dongouro (Djomma) , sur I'autre revers de la passe 588 Laga-Amara pr6s le Gobe 629 ('ol pris du Kounti, mont has dans Leka. . 623 lluisseau Oulmav , borne d'Onarya allant au Dodesd (Vilt Saka dans Onarya (bassin du Gobe). . . 618 . ( 56 ) ToiilloLi-Ainara est I'mi des points de paitagc onlre le Nil ol rOtno , riviere piobahlement identiquc avec le l)ji)l) , tleuvo qui sous ['(kjuateur menie mole ses eaux a TOcean indien. D'apr^s la confusion des ren- seignenients oraux des Bonsai j'avais cru que le Waby se rend au Djob ; mais I'liistoiro arabe des conquetes de GraTi , que j'ai cu Ic bonheur de consulter a Gon- dSr, dit positivement que le Wabi se jotte dans la mer a Magadoucbo. Mais dans cette Afrique aux grands obstacles, on ne voyage pas iinpunement du Djob ( Jeb ) au Toullou- Amara. Revenons a ce dernier. J'estinie sa latitude a 9° 15' d'apres I'observation faite au LSga-Aniara, la premiere que I'etat deplorable de ma vue m'ait per- mis de I'aire depuis Gondftr ; j'estinie sa longitude a 34° 33' est de Paris. Son revers occidental s'abaisse brusquement, par une suite de contreforts sans ter- rasse jusqu'aux prairies tout-a-fait plates ou serpente le Giibe , roulant lentement vers le sud-est son petit volume d'eaux rouges et fangeuses : son gue est par 90° 0' latitude, et sa source est dans le plateau de Sibou, dont le bord , vu de loin, parait perpendiculaire a la direction de la chaine du mont Amara. Les deux LSga- Amara qui partent de la montagne de ce nom, se jettcnt dans le Cube apres s'eire reunis avecle Sangota. Apres avoir francbi le Gobe , que Ton redoute peu parce qu'il n'a que des liippopotames et point de crocodiles, on t'oule successivement Lofe, Leka , Lalo, Wamay, ou , le terrain etant tres accidentc , et notre route s'dcar- tant des bautes sommites , jc n'ai pas pu saisir aussi blcn la configuration generale du pays. f.e mont Gcimbera , rlaiis Wamav , separe le bassin du Gobe de cclui rlc Pnt/csn ou iNil. Les vexations des ( 56 ) marclniiRls y altcit;iiirciit leur coiuble , vl ]c n'osai v faire la moindre observation. Dc la aux rivi6rcs Our- gcsa cl Oulmay, lo terrain s'abaissc beaucoup, Je vous avals envoy6 dc GondSr une esquissc dii pa\s d'Ona- rya , nom d'une tcrre habitde par les Limmou , tribu dent line Fraction est etablie prcs du I)(u/esa cl des Amourou, el une autre chez Ics Ilorro sur la rive gauche du Abay : cette esquisse d'Onarya est assez bien pour le pays lui-nieme ; mais le /Jiv/esa est mal indiqu6, car il coule vers le Nord , et presque tout Onarya est dans son bassin. Saka est le bourg principal , et Ton y voit les ruines d'une 6glise sodama ; car cc ])euple antique occupa jadis tout le pays du Abay au Mena. Les maisons ou liuttes de Saka sont 6parpill(^cs au milieu des champs, sur la rive droite d'un tout petit Oulmay qui se jettc dans le Gobc , deuxieme de ce nom , qui se r^unit an Gobe de Sibou ; et la riviere grossie va longer les Djandjoro pour se reunir au Borara qui vient d'Agab- dja , et enlin au Gwadjab qui parait j)rendre alors le nom d'Omo, dil Ouma par les gens du "NVaratta. Ma hutte dans Saka est par 8° 12' 30" dc latitude nord , I'etoile observde n'ayant pas et6 corrigec des aberra- tion et nutation. J'aurais bien voulu vous donncr la longitude de Saka ; mais nies 6phemerides sont tcnnini^es et mes tables de la lune 6garees. Cepcndant pour contenter votre impatience, et esperanl que mon savant maitre, M. Daussy, lera calculer mes obsenations, je vous les transmets toutes brutes, en faisant rcmarqucr que les Gallas ayant jure de ne laisser passer aucun paquel long , je n'ai pas pu transporter a Onarya ma iunetlc pour observer des occullatioiis. ( -^^ ) Ancles lioi.iires. Saka, (liiiianche 3ojiiill(t, soil; sexlaul Gainljcy, tlieiinoiiietre 23s'2 : ilouliies liaiitcins dii O: : ^ii 2 "'■ Kis'j — (.).')" a.'V 20" 3 I i,() — 94 5i o Angles horaires. Saka , samedi S a()rit,soir : douldcs liaiiltuis till O ; llieiTnoini'lre 2ig'<). 4" 28- 48»8 — 83° 8' 40" 3(j i4,8 — 82 28 II) 3t 40,4 — 81 47 o 32 42,4 — 81 18 ju 34 2,8 — 80 3i) 3() Meme soir a 9''- 27"'- 44* > Ooiible distance 10 i) 3() siir _C^ >(ii) T) I 3i) sur C 39 40 ^ \j ^ " J 1 Kt 4- 43 ^4 ) ■■7 335 r. 21, I'' 1n ■".) '9 (i.5 .1 I .")ti ■>, 8 1 •"':) 26 ■ c.s 9 ■I, ^ui C ( 68 ) I.. I i>i-iii (lis riiiiifje-i, eriaiils .iIdis snr tmii le cu-l , ino hi >oiijMn- .mx distances siirloiir. il iii'i-iii|ieclia il'y iiilci-alcr Ics liduli-iirs. Distancos prises avec soin. Saka , cliniaiiclie 20 aoiit : ili.stauc-es ilc la liiiic an .-.okil (lioiils rappi-oflies); doubles hauteurs C au]sexiant GaniLiey ; hauteurs 6 au iheudolile Falbe; le» .2f^o. ll''-59"' 8»' ■'":» '•'■^ -4° 40' o"c' o I ''^,8 I s I 4 I '97 46 3o G 4 i4,X ) '^^ ^' 3o OC 7 1 5,6 71 40 5o "^ 7 37,2 I I I 5 1 19G i5 o -Q g 1 1,2 I ,. _ i« ,4 \ '^^ 9 45 oC 1 5 25,2 ()7 38 3o (£ 17 l5,2 I —I I 6 I 19} o O Q 19 ii,f) 171 58 40 o Cl"'''"""'"''- 21 3l,2 ) , .. r 22 8 r~ ^"" ^" ^" ° ^ 27 9,6 62 27 3o (C 29 4'^- I '^1^ I ■'' I '9' ^ KJ o" l.es iiuages qui erraient par {jrantles plaques generent ces oijsiMva- tioiis, el a o'' 19"" 1 1 "6 ureinpechcrent de rep<'ter la distance. Aloi s If vernier dn grind miroir restnnt a 267" 9' 4')", cclui du petit till raniiMii' par uiif olxnvation iioii repelie a 171° 58' 4o' > ensuite, a o''- 21'" 3l'2, sans toucher le verniei- du j;rand miroir, qni resla a 267* I)' 45", je ratnenai le petit uiiroir au contact, puis le fjrand, etc. Les deux niiroirs el. ml paralleles, el le vernier du nraud uiimir sui o" o' o , eeliii ilii pclit inarijiie 558" 7' yo''. Hue brise faible snufflail dc lest, et eoninie de Cnntnine la Koidr lies Galla nie fienail lipanc()n|i. Saka , vendredi aS aont : douldts liuilciirs dn Q au .-.cxtanl Gani- l.'ey ; tliermonietre 2o3'o ; vent pelil t'lais du >ud-ouesl, sextant sans t-ireur de colliniation. Le tptnps iiieertain ma jnsqu'ici empeelie de prendie dcs liauieurs correspondan nies. 9'" 5i"'- 17*6 — 8a" 5i' 4o' 53 50.4 — 84 C. 1 5 55 7,2 - 84 44 35 56 18,4 — 8 J 19 3o 57 18,0 — 8") 4s 55 Saka , veudr (ill i5 srpliinliie: d.sl.iiieis du O a la ;£ ; li.uileur'i ( 59 ) ilu (£ .1(1 lliL'odolile Falbc ; doubles hautiurs dii O an M'xtani G ariibey , a la tin, iherinomelre i8»'4- leca .].la 8" 39'" i8^8 1' 4 1 3 1 0 '»r 0 29' u" K 4o 58,o 49 3o 3o ^ 44 54,G 8,4 !- 219 20 5o GC 45 46 344 1 1 1 1 « 1 228 6 3o £. 49 6,8 53 3i 3o 0" 5o 5q,2 48,o ! 438 36 40 0 c 5i 53 17,2 1 3 1 '^ 1 2 3.) 34 3o c_ 65 21,2 56 ^7 3o o" 57 58 56, 0 44,4 i 687 45 25 OC 9 o 22,8 1 2 1 4 1 232 9 3o £_ 2 24,8 60 6 0 "0 4 i3,6 .5,6 1 i 1 56 54 0 OC 5 6 28,0 1 1 8 1 233 32 3o c. 9 16,8 63 29 3o ^ lo 1 1 54,0 59,2 375 % 25 "qc i3 24,0 1 1 8 1 235 4 3o £_ i5 1,2 66 20 3o 0" Lt's ileiix deriiieris doubles distances snnt les incilleures. Hau- teurs du soleil geuees par dt-s vaiialious de refraction qui reudaient le bord de I'astre ondoyant et inceitaiti. Voila done tout ce que j'ai pu faire d'observations astronomiques durant pres de deux mois de sejour a Saka. U faut du courage pour s'en meler dans ce triste pays. Si c'est la nuit , on est debout nu-pieds dans la boue, avec une m6chante bougie qui fatigue la vue ; de joui% il faut a chaque instant s'interrompre pour in- tei'peller les curieux , et les sominer de par Ir Roi de s'en aller. J'aimerais mieux. a Paris , calculer une co- mete avec ses cinq ou six niille logaritbmcs , que de prendre une seule serie do distances lunaires dans Onarya. Je vous ai accable dc tous ces cbillres, {)arco que la longitude dc Saka est fort inipoilautc poiu- deli rniiiiei ( *H) j li' \rui coins lIu /Jo^/esa. Ccltc riviere a sa source clans Motclia sur les frontieres du Kala, lalsse AtJirkada, Cera Djonuna et Folia sur sa rive droite, A\'alagga etGouma sur sa gauche , borne Onarya a 25 ou 30 milles ouest de Saka, jniis s6pare Toum-c a Tost et Bounno a roucst, et va ensuite a I'ouest de Sihou , soit dans Ic Abay, soit dans le Bahr-el-AbiSd. Comme le terrain rouge manque dans tout ce pays-ci, les eaux du Do- r/esa sont blanches. Est-ce le Toumat? Les eaux de ce dernier sont rouges ; mais un tributaire a sodimont rouge sullit pour cacher la coulcur blanche des eaux. Sur la rive gauche , le Z^or/esa reroit le Moullou , qui a sa source dansWalagga et traverse Gouma ; sur sa live droile, je connais , 1" le Aetou venant de Djomma- Kaka ( qu'on distingue ainsi du Djomma qui pos- sede Toullou-Ainara ) ; 2° le Bokak partant d'Onarva; 3° rOulmay, frontiere d'Onarya vers le Nord ; lx° le Wama qui a des crocodiles et recoit I'Ourgesa , que nous avons traverse. Je ne connais pas les autres al- fluents, mais il y en a quatre qui arrosent Gera. Ln musulman leltr*^ , natif de Dar-Sale , et qui a vccuvingt-dcux ans ici , m'a dit ce qui suit: «Parlant de » mon pays Dar-SelSh , j'entrai successivement dans » Dar-Borgou , Dar-Balala, Dar-Tama, Dar - Four, )) Kordofan et SSnnar, d'ou je partis sans remonler le » Nil , pour me rendre dans I'Agau-Modr. » Quesfioii. Est-il vrai qu'il y a one riviere entre Dar- Four et Dar-Tama? — //. « Oui : le Bahr-cl-Ghazal. » — Q. Va-l-il dans le Bahr-el-Abiad ? - /»'.« Non ( me dit-il, apr^s quelque hesitation); il y va quelquelois (sans (loule pendant les pluics); Ml'Abiad, voyez- )) vous, vient des (Ihilouk, et avantdes BtlggSra,' et avant w de Bakko , et avanl de Djomma-Dabbo , ot avant do ( 01 ) )) Bounno , ct a\aul de Coiima, et a\aul dun lieu « nomtm'' Motcha. » — O. Le Dor/esn vlent aiissi de iMotcha? — « A'. Mais le DCx/esa ot I'Abiitd sunt Line » seule et nieiiic riviere. » Je vecLis ainsi trois semaincs dans la douce idee que j'etais a trois journees de la source du mvsterieux fleuve Blanc ; car les renseignements de \1. Ignace Pallmc, que j'ai ti'ansuiis a TAthena-'um, disent qu'au- dessus des Cliilouks , le Bahr-el-Abiad so divise en deux branches, dontl'une est le Bahr-el-Ghazal. Mais un Galla qui enlre ciiez nioi a I'instant me repete comme une chose certainc que le Dodesa va dans le Abay en longeant les Sinitcho ou Gonga : c'est done le Toumat , ce que M. Caillaud decidera sans doute. D'oii vient done I'erreur de mon niusulman de Dar- Sale (ou Selah) ? c'cst ce que m'expliqua A'ly, natil d'Adwa, qui vint me consulter pour une dysenteric chronique. Voici ses paroles : « \oila tantot dix annees que je parcours les pays )) gallas ; j'ai meme visile ce que peu d'Abyssins voient, )) Alba et Sal-e de Walagga, pays qui a six journees » de lest a I'ouest. D'ici on va en une forte journeepar » Sapa jusqu'au Dbdesa , qui coule la a pleins bords ; » on le traverse sur un pont suspcndu de lianes, a cause » des crocodiles; autrement, dans I'ete, on n'a de I'eau )) que jusqu'au nombril. Puis on traverse Gouma , )) puis on entre dans Walagga, et avant d'atteindre )) les Alga et Sal-e (fds deNouno et noms de Tribus) , )) on traverse le Baro , riviere enorme , ou en ete on » a de I'cau jusqu'au cou ; le Baro est comme un » lac : oh ! quelle masse d'eau I 11 va ensuite chez les » Djambo ou \ambo, rccoit le Bakko , le Borbor, le » Bor, etc. , ct va au Nord. 11 a sa soiuce dans Mo- (62 ) » Iclia . luiiu (Ir ile de nics impressions. Motdia , terre haute, niais beaucoup moins que le plateau de Gojam, est un pays a trois versants : 1° ce- lui du Gvvadjab , tris peu connu ; 2° celui du Z^or/csa ou branche occidentalo du fleuve Bleu; 3° celui du Baro ou branche prlncipalo du fleuve Blanc, Ce dernier reroit le Bahr-el-Gliazal , que les bestiaux traversent a i^ne chez les Runga , tandis que pres des Alga en Wa- iagga aucune bete ne pent traverser a gue le Baro. Le cours etrange du Abay, qui tourne en spirale autour du Gojam, I'a t'aitpr^ferer, comme branche principale, au Do'iesa. dont le cours est cependant plus d 'accord avec la direction generale du Nil. Je ne crois pas que des raisons de ce genre puissent cmpficher d'identlfier le Nilus des anciens avec le Baro , dont la source est , comme celle du Diulesa , dans Mctcha, par environ (5" de latitude. Passons a Kafa . ce grand mystere des voyageurs en Abyssinie. Ce pays, qu'on met sept jours a traverser, est l)orne au Sud par une puissante riviere , le Mena , tri- butaire du Omo, et au Nordpar Ic Gwadjab, qui sur le gue entre Djomma et Waratta a, meme dans la saison seche, de I'eau jusqu'aux mamelles. Le Gwddj^tb , selon un marchand de Bonga (capitale du Kafa) , tourne autour de ce pays; sa source est dans le pays appele Damota par les Galla et Onarya par les Sodama : N'oila done le troisiemc Onarya qui embrouille notre geographic ; car ce nom , qui est celui d'une tribu so- dama (ou Agaw? ) , sc relrouve pres du Takrize. Au- dela du Mena , qui coule ouest et est, par 5° do lati- tude, sont les Souro , peuple n)i-negr(> , nii-ralV'-au- ( 64 ) lait conimc Ics Sibou. Au-dola des Sonro csl Otclio , pays elove , IVoid . pcuple par dcs gens a leiiil al)\s- sin , el qui est c\\ ce moment avcc Damota le nee plus ultia de mcs connaissances sur les vastes cnlialllcs dii (•(intincnt africain. II ix'suUe dc cecl que Kafa est unc ile dans ranciennc etendue du mot insula ou v^7o^ . Je suis lacho dc nc pas avoir icl mon IJerodute pour examiner si les exi- l(^s nobles de Psammeticus ne seraient pas alles dans Kafa cnremonlant le Nilus. L 'emigration etait nom- hrcuse , et a du imposer sa languc au pays qu'elle oc- cupa : or dans toutes les langucs abyssines (cxcej)te celleduKoufal, que je n'ai pas examinee, mais qui est trop jjres de Meroii ) , il n'y a pas , ce me semblo , unc seule trace de coplite. Aux environs de Kafa, j'ai la jistc d'une douzaine de langues nouvcUcs, mallieureu- sement sans (^chantillons autrcs que du sodama , du Avaratla ct du \ambo. Mais jc n'ai ricn dit des Gallas, dircz-vous? c'est parcc que je les ai vus dc Iroj) pros pour les aimer ou estimer. Dans une lettrc aM. Mold, je rapprocliais lout. a-fait la languc ilmorma du saho ou a'lar. Les tradi- tions bien vivantcs du Goudrou onl confirme cela. Walal , pays originaire des Gallas, est sur la lisiere du A'far pres le Wollo et I'Argobba. Les liorana ou nobles des Goudrou, comme ceux dcs Limmou, noni- mcnt treize ancetrcs , ce qui ramene aux guerrcs san- glantes des rois de ILlrar et de Gondar pour I'epoque de la I'ondation de la puissance Orma, dile Galla'par tons ses voisins. Quant a la lellrc d'Onarya en carac- teresinconnus doni mon IVoro transmit uii rulquc a ■\1 ruinaud, son niysterc est aussi impenetrable que jamais : lors dc mon entree en (Joucbou . JJukouche ( 65) Kornio, le inessager qui donna cettc enlgnie, v(inait de mourir; Abba Bagibo , roi d'Onarya, ailirnie n'erwien savoir, et je le crois , avec verity , car jo lui avals pro- mis hO aunes de drap i^ougc , deposes dans un couvent du Gojam , s'il me monlrait liiomme ou le demon qui a trace ces caracteres etrangcs. , Je me suis range depuis longtomps du cote de ces penseurs qui affirment que le despotisme «!!claire est le meilleur des gouvernements ; mais je n'avais jamais imagine un despotisme pared a celui d'Abba Bagibo , qui ne prend que le modeste titre de maitre ( Gofta ) des Limmou; je travaille done a eclairer ce despote , et si je n'en viens pas a bout , je suis assure de mourir comme Pedro de Covilliam , en Ethiopie , ce qui est d'autant plus facheux que le souvenir de la France mo persecute comme une veritable nostalgic. J'oubliais de vous dire que le Baro est, selon toutes les appai'ences , plus grand que le Abay; car au guc d'Amourou , encaisse entre deux plateaux , et a environ MiO milles en amont de Khartoum , le Abay mouille un bomme ordinaire jusqu'a la mamelle , tandis que les eaux du Baro , dans Walagga , dans un pays ouvert , et a 500 milles au moins dela jonction des deux fleuves, atteignent les 6paules d'un homme de taille ordi- naire. Un rapport de M. Mold parle dim travail de M. d'Eichthal sur les resscmblances entre la lansrue des Foulah et celle des Malais, Comment sont venus les Foulah , des Malais jusqu'en Nubie ? Est-ce en remon- tant rOmo ou Djtdj , et n'ont-iJs pas laisse de traces en route? (Les gens de la cote disentDjiib ou -lob , les Sodama disent GwSdjab). J'ai done mis en rt^quisilioii tout ce que je sais do Sodama et do \N arattn on III. .iA>vii;u. 5. 6 ( 66 ) Danaro , ct co ii'a pas t^tc sans iL'siiltal : los \illos tic BraAva, Batta ct Lama ou Lamou portent des noms sodama Le type du visage agaw est identiquement le mfime que cclui des Sodama ; les langues se ressfnn- blent aussi. Une nation aussi dispers^e, depuis le 16° jus- qu'au b' dogrd do latitude, se serait-elle aiT6t(^ela? Des noms de licux nc montreraient-ils pas des traces ou significations agaw? Partant de cette idee, j'ai examine tous ces noms chez les Sawahil , dans le Congo , et de- puis le Abav jnsqu'a Tenboctou : le Dar-Tama est un pays tres chaud ; or Tama signifie feu en Dawaro. J'ai trouv6 ainsl une quarantaine de noms agaw ou so- dama , presque tous compris dans la zone torride du continent africain ; uiais la liste en serait longue , et si jc I'accompagnais do raisonncments, elle vous emp6- cherait, a force d'ennni , de parvenir jusqu'a la fin, et d'apprendre que jo suis toujours votre bien dcvcue confrere , Aiiloinc d'Aiuiadiu, 19 octobro. Tnii/ours dans Saka. J'ai ol)tenu et mis par ecrit deux petits itindraiies , dont I'un passe par GoumSrou , en laissant la source du Baro a gaucbe , pour traverser cette rivi6re cnsuile ; I'autre itineraire passe aussi par Goiimrirou . mais sur la fronllcre du Motclia, ot en laissant la source du Baro a drolte : cette source est done en Goiiraarou. I-e pays est mon- tagneux : on est done ploinemcnt adinis a dire Gehel ou Gehel-cl-Qomard. Maintenantj le Baro est-il bien le |)iiiKip;ii anbiciU du lleu\o Blanc? c'est ce que je n'ai ( (37 ) pas le coeur tie discuter en ce moment , car je suis '-e- tenu dans ce pays (1). ExTRAiT cC ane lettvc adrcssee a M. Jomard. Londies, le iG novemljrii i844- J'ai la satisfaction de vous informer que j'ai dans les mains una lettre d'une personne qui a voyage par terre le long de la cote d'Afrique , depuis le 1"'' degre 30' sud jusqu'a Brava, et qui a navigue sur la riviere Jub dans un grand canot , jusqu'a 2ZiO milles d'apr^s son calcul ; il dit que cette riviere est la meme que celle qui est appelee Gochob par M. Harris. Sa lettre ayanl ete ecrite en grande hate, parce qu'il voulait regagner la malic d'Europe a Aden , ne donne pas d'autres par- ticularites. J'ai recu une autre communication d'un voyageur qui a examine la cote et le pays depuis Zeyla jusqu'a Ras-Halfoun ; il fait un r(^cit interessant de la beaute du pays, de sa grande 6l6vation, et par consequent de sa salubrite. Labrancheprincipaledu Webbe (mot qui (i) Les lierniers mots de M. d'Abbadie devaient inspirer de {jraves inquietudes a ses amis; nous soinmes heureusement rassiires par une lettre de M. Fulgence Fresnel , adiessee a M. Jules iVIohl , de rinstitut, et datee df Geddah le 7 octobre i844i oil 'on trouve la nouvelle suivante : « M. Antoine d'Aljb.ulie est de retour de Nare'a >' oil Ton assure qu'il a etc parfaiteinent lecu par le roi Abba " Ghil)l)o ; on ('crit de Massow.i qu'il a Ir.tc; les souices du Nil- )i Blanc dans le pays rlirt'ricn de Cafa; s.i dciniirc Ir'inp (S( du » 5 aouf. )> •A (68) sigiiifio proproiiK'iil tin coiiniiU deaii ) , sort de Test (111 lac Gur:ip,iie ; clli- csl fxaclfMnoiit plarec comino dans unc carte de M. Mac-Quccii. M. Krapf , a la date des dernieros nouvolles recucs de liii , c'esl-a-dire au mois de juin , etait a Mombas , allant au pays desGalJas au nord el au nord-ouest. II a 6te bien recu par les Gallas et par les Soinaulis, et n'a ou aucun danger a courir, ni du cliniat , ni do la part dcs babitants ; II a visits beaucoup de rivieres sur le continent , dopuis Pangang au nord de Mombas. D'aprds son r6cit , aucunc d'cDes n'est tr6s grando. Nous recevrons bientot de lui d'importantos notions g^ographiqucs. Ln voyageur, dernierenient vcnu de Zanzibar, mo dit qu'un tres grand lac se trouve dans I'interieur, etendu de I'ouest au nord de Zanzibar. J'ai recu un rapport tres interessant, et qui parait exact , d'un voyage de Zanzibar au grand lac que nous appelons 3J(irai>i. Sa position est im peu plus a I'ouest que celle qu'on lui a donnee sur les cai'tes d'apr^s les renseignemcnts antorieurs... On pourra bientot dessincr ectte partie de I'Alrique d'unc manidre plus rapprochee de la nature qu'on ne I'a fait jusqu'a pre- sent; il en sera de m^me des rividres adjacentcs dans rint(5rieur. Le Roorooma est une des boucbes de la grande riviere qui sort du lac Mai ) Tout autour, le pays est plat ; 11 aboiide en poissuiis , en alligators et en lilppopotames. Son nom propre est jMnkkoro ou lac du Bateau. Les habitants sont armes de fusils qu'ils tirent des etablisseraents portugais, en relation avec les riverains de la cote orientale d'A- frique Le reverend M. Forster vient de faire des decouvertes interessantes sous les rapports lilstoriques . religieux et geographiques , en dechiffrant les inscriptions der- nierement rerues de I'Arabie. II m'ecrit que plusieurs d'entre elles , trouvees au voisinage du mont Sinai et du mont Horeb , presentent les rappoi-ts les plus frap- pants avec I'Exode , notamment ce qui regarde le culte du Veau d'or, et la delivrance miraculeuse des Israe- lites : le tout est exprinie dans un langage figur^ et plein d'entbousiasme. Selon lui I'alpbabet touarik est presque le meme que I'liimyarite ; il pense que plu- sieurs nations africaines tirent leur origine de I'A- rabie ( 70) DEIXIEME SECTIOi^. Actejs de la Societe. KX.rRA.ll' DKS l'KO(;E.S-VEHr..\l]X l)[;.S SK.\NCKS. PftliSIDENCE DE M. RoUX DE RoCUELLE. Seance du 3 Janvier 1845. Lg proces-vcrbal de la derniore seance est la ct adopte. M. Ic secretaire donnc communication du proc6s>- verbal de la stance genei'ale du 20 decembre. MM. Cortambert, Coutbaud ct Imbert de Motte- lettes, nommes r^cemment aux trois places vacantes dans la Commission centrale , adressent leurs remer- ciements, et promettent un concours actif aux travaux de la Soci6t6. M. Danlan aine remercie la Society de la medaille qu'elle lui a olTerte pour sa cooperation au monument du contre-arairal d'Lrville, en ainioncant qu'il la j)la- cera avec orguell aupres de cello rju'il vient de rece- voir prcsque en ineme temps pour sa statue de Du- quesne. M. Ic baron Roger communique divers documents ( 71 j sur la haute Sen(^gamble , cnvoyes par M. I'ahbu Bui- lat. On y reiiiarque uiiu genealogio en arabo des rois Thrarzas depuis leur migration an Senegal ; uu recueil do chansons dans le dialecte des Maures; di- verses notices sur la haute Si^neganibie ecrites pav un Marabout mandlngue , ct traduites par M. Boilat; enlin un ilineraire de jeunes Senegalais qui ont fait partie do la dorniere exploration faite aux pays de Bambouk et de Bondou. M. le baron Roger oiTre en memo temps , pour le musee de la Society, des echantillons des mines dor du Bambouk et de la Fal(^ue, alnsi qu'une potite corne dont les negrcsses font usage pour recueillir les paillettes dor, corae qui en contient quelquc pen a Fetat primitif. La commission centrale vote des remerciemenls a M. I'abb^ Boilat, et renvoie les documents au comite du Bulletin. M. Jomard annonce qu'il a recu de M, Van Coppe- naal une Notice sur la cote occidentale de Borneo , et qu'il en donnera communication a la prochaine seance. Le meme membre communique I'extrait d'une lettie datee de Londres , qui contient des renseignements interessants donnes par plusieurs voyageurs sur les cotes et rinterieur de I'Afrique orientale. — Renvoi au comili^ du Bulletin. M. d'Avezac lit une lettre de M. A. d'Abl)adie , datee de Saka , le 16 septembre ISli'^ , et contenant la rela- tiori d'une excursion qu'il vient do I'aire de Baso a Saka dans le pays d'Onarya (Abyssinie). — llcnvoi au comite du Bulletin. ( -7-2 ) La Conimissioii centrale, conrorinuiiiont a son re- glement, procede au renouvellcment d(! son bureau ct dc ses sections pour I'anneo 18/i5; elle nonimc au scrutln : Pivsii/eiif. M. Guigniaut , nu-niibrt! d(; 1 Inslilut. ^'.-Presidtiils. MM. Dauss) etle \)comte do Saiitareni. Secretaire. M. Vivien dc Saint-Marlin. Elle se divise en sections ainsi qu'il suit : Section de Correspondance . MM. liajot, Callier , Cochelel, Desjardins , Jaubert , Lafond , C Moieau , Noel Desvergers , d'Orbigny, baron Rosier, Texier, Tbouiassv et "NAarden. Section de Publicatiott. MM. Albert Montcmont , d'Avczac . Jiertbelot , Cor- tambert, de Frobcrville , Gay, Imbert dcs Mottelettes , Jomard , baron de Ladoucette , de la Renaudiere , Roux de Rochelle , Ternaux-Compans el ^\alckenaer. Section de Coinptabilite. MM. Ansart , Coraboeuf, Coutbaud , Eyries, Isam- bert et de La Roquctto. •M. Roux do Rochelle , en quittant lapr^sidencc, rc- mercie ses collogues des nombrcuses marques de con- fiance qu'ils ont bien voulu lui denner et du concours actil" qu'ils se sont empresses de lui olFrir dans I'inle- r6t des travaux de la Societc";. M. Daussy , vice- president , occupc le raulouil , en labsejice dc M. Guigniaut, el adresse les reniercie- ( 73 ) nienls do la Commission centrtile a M. Roux de Ro- chelle, et aux auties raembres soitanls dii bureau pour le zele qu'ils n'ont cesse d'apporter dans I'exer- cicc de leurs fonctions. Au moment oii la Commission va proc(^der au scru- tin pour le renouvellement du comite du Bulletin , M. Roux de Rochelle prend la parole pour donner les explications suivantes : La Commission centralc decida en 1822 qu'un co- mite special serait charge de composer, r^diger et pu- blier le Bulletin ; que ce comity serait compost du secretaire-general de la Commission, de rarcliiviste- bibliothecaire , et des secretaires des trois sections , sous la direction du president. Au mois de Janvier 1825, elle remit a une scule per- sonne la composition et la publication du Bulletin. M. de La Roquette publia les numeros de Janvier et de fevrier. M. Drojat fut ensuite cliarge de ce soin jusqu'au mois de mars 1826 ; et M. de Larenaudiere suivit ce travail jusqu'au mois de Janvier 1828. Alors, la redaction du Bulletin futconfiee a MM. Bar- bie du Bocage , Biancbi , Bonne, Sueur-Merlin et Warden. Enfin, au mois de Janvier 1832, la Commission centrale fixa a douze meml^res le nombre do ceux qui i'oilneraient le comite du Bulletin. Cette derniere disj^osition subsiste encore; elle pa- rait a la fois plus cfficace et plus facile a executer que toutes les autres , puisqu'ellc a eu une plus longue duree. M. Roux de Rocliellc propose qu'elle soil con- servee , que M. le president et M. le seeretaire-general ( 7A ) lie la Commission cculrale fassoiU pailic <\u comit*^ , et (ju il soit nommo tlix autrcs inombrcs , pour cii comp- pleter I'organisalion. M. Jom.aid appuio a cet 6gard les conclusions de M. Roux de Rochcllc. M. le secretaire-general ajoute quelquos considera- tions sur le meme ohjet. II fait observer que, bien que le Bulletin soit uii des repertoires les plus pr^cieux de travaux et de renseignements g6ographiques , on ne saurail se dissimuler, cependant, ce dont on a souvent deja lait la remarque , que des ameliorations de plus d'une sorte y pourraicnt etre apporteos. On y pourrait desiror uiie plus grande unite de re- daction. 'On voudrait une ponctualito plus rigoureuse dans la publication mensuelle. On y voudrait peutetrc aussi un ensemble de no- tions plus lie, plus suivi, plus substantiel , sur les tra- vaux geograpliiques executes en doiiors de la Societe , sur les publicatijns, sur les voyages qui out lieu dans toutes les parties du monde. II serait digne de la Societe qu'independamment de ses propres travaux, deja si etendus et si iniportants , son Bulletin suivit pas a pas, en quelque sorte, et reilechit lidelement le mouveraent geograpbique du monde entier. Pas une publication geograpbique existante ne presente en elTet, d'une maniere suivie et complete, ce tableau des progres journaliers de la geograpbie dans toutes ses ra- milications. La Societe remplirait ainsi une grando lacune , vivement sentie par tons les amis de la science. Quant aux modilicalions interieures ijiii pduiraicm ( 75 ) etre n^cessaires dans I'organisation du coinit*^ du litd- letin , M. le secretaire general s'en remet a la sagcssc et a I'experience de la Commission. M. d'Avezac rappelle qu'on 1837, au moment oil il qulttait les fonctions du sccretariai-^eneral, il appela rattcntion de la Societe sur les ameliorations dont la redaction du Bulletin lui paraissait susceptible. 11 auralt voulu alors que le sccrt^taire -general cut une plus large part, une action plus dirccte et plus etendue dans la redaction du Bulletin. Ilvoudrait, pour repon- dre au.\ vues qui viennent d'etre exposees , que le Bul- letin renferraat chaque mols une Revue g^ograplilque ou seraient resumes les travaux de toute nature effectues dans la science pendant le mols precedent. Cette Revue mensuelle , 11 lui semble que ce seralt au secretaire- general de la Societe que la redaction en appartien- dralt naturellement. II propose aussi que les membres du bureau fassent de droit partle de la Commission du Bulletin. M. Jomard fait observer qui! est , dans la ledactlon de la Revue proposee , un point important dont on ne lui jiarait pas se pi'eoccuper assez : ce sonl les mojens d'executlon. La base premiere d'une semblable Revue, ce sont, Independamment de tous les ouvragesqul pa- raissent dans la science , toutesles publications perlo- diques qui s'y rapportent , telles que Journaux sclen- tifiques, Bulletins et Transactions dcs Soci^tes savantes du monde entier , etc. Ces publications, la Societe nc les revolt pas toutes : c'est done un point a pi-endre avant tout en consideration. De nouvelles observations sont presentees ou deve- lopp^es de nouveau par plusleurs autres mciuJacs dr la Commission centralc. ( /t^ ) La Sociele decide que les qiiatrc moiubies dii Ijli- leau , Ic president, les deux vice-presidents el le secre- taire-general , seront de droit membres du comite du Bulletin, Pour le surplus des propositions qui lui ont 6te pre- sentees , elle en renvoic I'examen ultericur au comity meme , apres sa constitution. On procede a I'elcction de huit membres, pour completer, avec Ic bureau, le nouveau comity du Bulletin. Les membres clus sont MM. d'Avezac, Berthelot , Cocbelet, Cortambert, Jomard, de La Roquelte , Noel Desvergers ot Roux de Rochelle. Seance du 17 jam'ier 1845. Le proc^s-verbal de la demi^re stance est lu et adopts. M. Guigniaut, nomni6 President de la Commission centrale dans la seance pr^cedente , remercic ses col- leguos de ce temoignage de confiance et d'estime ; plus il sent le prix d'un pareil cboix et plus il s'effor- cera de le justifier par son z^le pour les int6rets de la Society et pour le succ^s de ses travaux. M. Rafn , secretaire de la Societe roj ale des anti- quaires du iNord , adresse la suite des publications laites sous les auspices de cctte Societe. M, le capitaine du genie norvegien de Roosen ecrit a la Societe j)our Ini faire hominage de la ])remiere Icuille de la carte de .Norvege qu il Tail giavcr a Paris. — M. ill' I,, I ri(H|iii ||r cnI |)ri(' di'ii nriilii' coujjite. ( 77 ) M. Daussy offrc a la Societe , de la part de M. dc Litrow , directeiu' do rObservatoiie deVieniio, une Table des positions g(§ograpliiques du globe. — II esl prie d'en rendre complc. M. Joiiiard ofTre , de la part des aiileurs , 1° un Iti- neraire de I'exp^dition de Laghouat , dirig(^e par le ge- neral Marey en mai et join IShh; 2" uno Descrip- tion du nuis^e botaniquc de M, Benjamin Delessert, par M. Lasegue. Le meme mcmbre communique une lettre de Londres, contenanl la suite des renseignements qu'il a deja donnas a la Societe sur dilTerents voyages dans I'Afrique australe. — Renvoi au comit^ du Bul- letin. M. d'Avezac lit une Notice sur I'ile Antilia du moyen- age. M. Jomard depose sur le bureau la Notice de M. Van Coppenaal sur la cote occidentale de Borneo, dont il avait annonce la communication a la seance pr^ce- dente. — M, le secretaire-general lit plusieurs frag- ments de ce document, qui est renvoye au comit^ du Bulletin. M. Schomburgk expose sur le bureau la collection des dessins qu'il a recueillis pendant le cours de son exploration de la Guyane , et il pr^sente a I'Assembl^e un jeune sauvage indien (Makousi) qu'il a amene avec lui en Europe. La Commission centrale examine avec interet cotto collection , et M. le President adressc a M. Scbom- burgk les felicitations de la Society sur Ics resultals dc ses explorations. ( 7S ) MEMBRES ADMIS DANS I.\ SOCl/iTlL Seance dii 3 jain'ier 18/l5. M. Di:sjoiu:rt, membre de la Chauibre des deputes. M. Prisse d'Avenes. OUVRAGES OFFERTS A I.A SOClKTIi. Seance dii 3 Janvier 18/15. Par M. Martins : Das naturell , dlo KranklieUcn , das Arzttbuni and die llciliiultel der Urbewohner Bra- siliens , bioch. in-18. Par la Societeroyale de Londres : Pbilosopbical Trans- actions for tbe year 1844, part II, in 4. — Procee- dings of the royal Society , n" 59 , in-8. Par la Societe geographique de Bombay : Proceedings of tbe Bombay geograpbical Society. Vol. the Tliird , N" 3. — Transactions of the Bombay gcogr. Society, vol. llie Fourth. Par la Societe asiatiqae de Bombay : Journal of the Bombay branch royal asiatic Society , 2 N"'. Par les anicnrs ct cditcurs : Journal asiatique, no- ■\cmbi-e. — Revue de I'Orient , d6cembre. — Journal des Missions evangeliques , decembre. — Journal d'6- ducation populaire, octobre. — L'lnvestigaleur, jour- nal de ITnstitut historique, decembre. — Recueil de la Societe polvtcclinique , octobre. — L'Ecbo du monde savant. ( ~y ) Scii/icc (ill 17 jdiivicr 18/i5. Pf(r III Snciele inynle f/cs a/ift(jiiaiies iJit Nor.l : Me- inoii'cs de la Soci^le royalo des antiqualres du INord, I8/1O-I8/1Z1. 1 vol. ln-8. — Memoire siir la decouverte de rvVmerique an x'' sieclo , par Charles - Christian Rafn , public par la Socidte royale des anliquaires du Nord. Second tirage , 1 vol. in-8. — Bridrag til Odense Byes osldro historie i chronologisk orden indsamlede af Vedel Sinionsen. Tome IT , 1"° ct 1" parties , in-8. — Bidrag til den i'yenske Kongehorg Rugaards , dens Lcens og dens Lcensincends historic ved Vedel Simon- sen. Tome I, i'""' et 2" parties, in-8. — Supplement aux Antiiinitatcs aiiiericaiia'. Par M. liunmiaire de Ilcil : Les Steppes de la mer Caspienne , le Caucase , la Crimee ct la Russie meri- dionale , 11'' a 16' livraison du texte et de I'atlas. Par M. le general '»/<:/ /•<;)• .• Expedition de Laghouat , dirigee en raai et juin i%hh , par le general Marey , 1 vol. m-h avec cartes, plans et vues. Par M. fie Lit trow : Verzeichniss geographischcr Ortsbestimmungen nach den neuesten Quellenund mil Angabe derselben von C. L. von Littrow, 1 vol. in-8. Par M. Lasegue : Musee botanique de M. Benjamin Delessert. — Notices sur les collections de plantes ct la bibliothequc qui le composent ; contenant en outre des documents sur les px'incipaux herbicrs d'Europe , et I'exjjosc^ des voyages entreprls dans I'interet de la botanique, 1 vol. in-8. Par M. Carl B. Roosen : General Kart over den Noixllige deel af Rongerigct Norgo ( Noregr ) Grundet paade ved Norges geographiske Opmaahng , langs ( «^^ ) hole K\stc'ii, aiislilledc og tilomh'hraglo a.stronoiuisk(» og geoda'tisko lagttagclser; Croensc-Traktatoriie, 1751 ogl826, og den sidst trjktc, udglvne nyc Matrlkul Lo\ , af (larl B. Roosen, Norsk Medborger og Inge- n'uHir onicler. Kristiania , 1845, 1 feuille. Par les aitteiirs et eiliteitrs : Nouvelles annalcs des voyages, novemhre. — yVnnalos maritiines et colo- niales, decenibie. — Annales dc la propagation do la foi , Janvier. — Recueil de la Soci^te polytechniquo. novembre. — LKcho du monde savant. AVIS. Les deux Planches reprcsentaiit l<: monumeiil tin coiilif'-aiinial Dumont (I'Drville doivenl I'lre jointes aiix r)i>('oiiis (l'in:iu(;iir;itii>n , tiis.'ies clans le cahier de iiovendjrc 1^44- liULLIiTIN !)!•: 1.4 f 9 SOCIETE DH GEOGlUPHlIi F^VRIER 18/15. PREMIER e SECTION. MRMOIKES. EXTRAllS, ANALYSES ET ItAPrOKlS. Notice sur la cote occidentale de Borneo en 1832. La juridiclion du Resident de la cote occidentale de Borneo s'etend de Tandjong ( pointe ) Datoe. a Tand- jong Poutieng. Elle est limitee au Nord par le royaume de Borneo propre; au Sud pax' celui de Kotta Riengien ; a I'Est par les pays independants des Dnyaks' , et u rOuest par la nicr de la Chine , qui vient arroser les marecages de la cote. Les pays qui relevent immediatement de la domina- tion hollandaise ou reconnaissent son alliance , sont situes enti'e le 3° degr(i de latitude S. et le 3* degre de latitude IS. , et occupent une etendue de terrain d'en- viron vingt millc lieues anglaises , plus grande par consequent que Tile ontiere dc Jmrn. ill. ri':\Riir.. 1. Q ( 82 ) Toute ccttc coto n oiTro copcntlaiit aiicmi boii pin I aux vaisscaux ; mais de nomhrouses rivldres vionnont, apres avoir parcouru le pays en tous sens , so jeter dans rOcean par plus dc 44 oniboiicliures. Ces rivieres sont , pour la plupart , navigablos , el memeassez avant dansl'interieur, pour les vaisseauxtl- ranl de 6 a 12 plcds d'eau. Les bornos de la navigation pour des batimonts plus potits sont rostecs inronnucs jusqu'a present. Parmi ces grands couranls d'eau, le haponn.-) et Ic Sambas meritent sur cettc cote le plus d 'attention. Le premier prend, dit-on , sa source au milieu dim grand nond)rc d'etangs situes au fond dc Tile , (>t en- toures d"un cercle de montagnes ; il so grossit dans son cours de plusiours autres bras du fleuve, et so de- charge enfin dans la nior par luiit embouchures navi- gahles , dont la jdus considerable porte le nom de Poiitianak. Le second , moins important, quoique plus avantagcux pour la navigation, son embouchure etaiit plus profonde que colic du Poiitianak, prend sa source ilans une chaine de montagnes appel6e Goimong Pon- ) ces dernicrs represcnlent ccpendant un bon kol d'or ( environ 64 fl. ). Le plus gi-and nonibre reconnait un roi ou chcl'tlont le pouvoir despotlque ne suit d'autrcs lois que la force brutale. Toutcs Icurs institutions portent romprcintc de lour caracterc sauvagc , dc leur pcu dc civilisation et do leur niisere. Quoiqu'ils soicnt tous soumis a la domination arbl- tralre des princes nta/ais , chaque village a son cliefou patriarcbe , appcle Sariihn , dont la dignite est heredi- taire, et un second chel', nomme Pangara , choisi par le peuple. La religion des Dnjaks' est fort peu connue ; ils ro- connaissent I'existence d'un Dicu , que les uns appel- lont Den'a , et les habitants de la cote occidentalo de Borneo , N/abatta ; mais ils no lui elevent point de tem- ples , et n'ont aucuns pretres pour son service, Ils disent que Njnbatra ou Down a fixe sa demeure an ciel , d'ou il recompense le bien par le bien, et punit le mal par le mal ; qu'il Iciu- a donne la vie et peut la leur rcprendre quantl il lui plait. On le trouve sur la Crete de toutes les montagnes , et dans cette supjiosi - tion , cbaque famille de Dayoks' lui consacre uno elevation particuliere, Panni toutes leurs ceremonies , celles qui concer- nent les funerailles sont les plus remarquables. Pene- tres de I'idee que I'ame des morts errc encore sur la terrc et cxerce unc puissantc influence sur leur posi- tion dans ce monde , ils cbercbcnt a conjurer ces effels en rendant aux cadavros des devoirs desormais sacres. Quelqucs uns les brulent, de meme que les Siammnis ; f\ autn-s les entrnent, ou les laissonl pourrir an som- fiK't des grands arbi^es dc Icurs I'oiel.s. Les |)remiers ( 90) honneurs sont rendus aux pcrsonnes d'un rang eleve. Lc mode des funeraillcs varie du reste d'un cndroit a I'autre , et suivant la ricliesse de la famlllc. Si lc do- funt est un hommc renomm6 par son courage, et haut place dans rcstime de scs concitoycns pour son adresse a couper des teles , Ton el^ve a sa menioire , en din'(^rents cndroits , mais surtout au bord d'une riviere, une figure de bois, dans raditudo d'un gucr- ricr qui marche au combat. Tons ses enfants sont obli- ges alors de suivre sa profession jusqu'a ce qu'ils se soient rendus maitrcs d'une tetehumaine, qu'ils vien- neiit ollVir a I'lmagc de leur pure, comme une preuve vivante de leurpersistance a suivre les traces du h6ros. Cette ofl're se fait avec beaucoupde solcnnite, etdonne lion a des repas nombreux , auxquels sont invites tous les amis et mcmbres de la famillc. Celui qui a le bon- lieur de rapportcr une tete au village , de quolque ma- niere qu'il se la soit procurec , devient de suite un homme inq:>ortant et respect^ ; il peut choisir sans dis- tinction au milieu des lilies de sa tribu , qui vicnnent d'elles-memes s'oibir a lui , et cherchent a le caplivcr pour devenir meres a lour tour d'une soucbe de h^ros. Les ceremonies du mariage ont moins de solennite. Lorsque deux jeunes gens veulent s'unir , riiomme apporte aux parents de la femme une dot qui varie de 2 a 10 Tampnynn^s' (1) , suivant le rang de la famille , determine d'apres le nombrc des letes conquiscs par ses aieux. Apres cette formalite , le fianc(i et la fiancee (i) Ell malais, i)?ni(«urtiic/i, ))oi^ (1.ii;;ile do 4 pic'l- /f ilu tiiidtuUnv. ) ( 91 ) vont s'asseoir sur clcs ^oi/gs exposes dans la plaint' , la face tourn^e vers le soleil levant ; les parents les arrosent du sang d'un poulet , prennenl un {jciif qu'ils vont cas- ser Mg^rement sur leurs dents , et qu'ils leur font sen- tir. Le mariage est ainsl consomme , et annonce aussj- tot apres a haute voix par les parents du mari et de la femme , au peuple rasscmble. Aucunes ceremonies n'accompagncnt la naissance des enfants , et les sculs sccours que les Dnynks'' of- frent a la femme au moment de son accouchement , sent quelques conjurations aux mauvais esprits , et des pri^res destinees a les rendre favorables. On dit cependant que le Dnyak , a la naissance d'un enfant, et surtout d'une fille , observe atten- tivement ses songes. II se rend alors cliez le Samha de son village et lui en demande I'explication ; si Ic reve est de mauvais augure , Fenlant est aussitotaban- donne ; les gar^ons out toujours le privilege de pouvoir etre acceptes par la famille. L'agriculture est la principale occupation du Dayak, mais elle a simplemcnt jiour objet, de meme que dans tons les endroits de rarchipel Indien , ou I'usage de la charrue n'a j-jas encore p6netr6 , la culture du riz dans des terrains sees. Outre le jxulie ou riz, il recolte en- core du mais et des citrouilles. Tdus renouvellent chaque annee leurs champs de padie , et lorsqu'ils n'ont plus autour do leur village de terrain vierge , la population entiere emigre vers une autre contree ; ces emigrations ont lieu tous les trois ans environ. L'ox- traction de I'or ct des diamants occupe aussi quelques unes de leurs tiibus. On suppose aux Dayaks" une langue particuliere , mais composoc de dialcclcs si dilVricnls. qu<' d'un en- ( 9-2 ) tU'oit a uii autre lis ne pcuvent plus se coinprondro ; l'«icriture parait lour etre enti^rement inconnue. 11 est encore dillicilo aujourd'liul , en (itudlant les mceurs des Dayaks' , de determiner leur origine. Est- ce une race d'hommes tout-a-fait nouvelle, ou un con- cours de clrconslancesmalheureuses, une domination barhare ont-ils reduit ce pcuple a la deg--^ ) la vie paraitra plus vagaljoiide et plus sauvagc ; mais on ne trouvera nulle part une paieille privation dc toutes les jouissances de la civilisalion. Une horde sau- vage pent librement proclamer sa liberty ; ses forets sont ses domaines ; elle y propage en s^curite les cou- tumes de ses ancelres. Aucun de ces biens pr^cieux , plus pr^cleux que I'aisance et le luxe , ne vient adoucir les travaux du pauvre Dayak. Esclave d'une poignec de Malais , sans mccurs et sans pllle, soumis a leur domination arbitraire et capricieuse, il voit passer entre leurs mains la plus grande partie de ses r^coltes, et, sans oser murmurer, leur abandonne tout le prix de ses sueurs. Pour pr^venir un tel etat de choses , la Societe dcs missions devrait, selon moi, etablir des ecoles a Sam- bas et a Pontiaiiak ; elie y ferait donner peu a peu des principes de morale et de religion a quelques enfants des Daya/is', et les renverrait ensuite a leurs parents. Ces enfants , habitues des lors a une existence nioins vagabonde , a des coutumesplus civilisees , ne pour- raient plus que difficilement supporter les ma?urs sau- vages de leui's aieux ; leur exemple ferait naitre quel- ques changeiTients qui , plus tard , ])ourraient amener une entiere regeneration , ou du molns une ameliora- tion sensible (1). (l) L'l'lat lie iiiisc'ie ct le ri'iit ile> vexations cnn^lles (jiic les Vayaks oiil dii sujiporler clepuis si ioii{;tciii|)S out uveille la syruiia- tliie geni'rale , et ee ii'esi pas en vain que Ton a fait ajjpe! a la solli- citude du fjouvertieiiient pour ce puivie peuple. CouseipiGiit a ses piincipes de bienfaisance ei d'liunianite , il s'est efforco du inendre des niesures cfHcaces. Mais le rnal dure dcpuis de uombreu^rs an- nees , et a , pour ainsi dire, }',a{;ue toiites les parties de ce corps, de- venu inerte a force de soulfraiice; la fjuerison doit done s'opJrer leiileintnt. Di'ja la Socli'ti' rles missions , coin|)(i ('c d'apotres aidcnl^ ( »A ) La population nidlaise de la cuto occidcnlale do Uoi- tieo csl nil a.ssoiiil)lage de tous Ics pcu[)les de I'arclii- pcl Indien ; la plratei'ic , Iciir occii])ation habituclle, a conduit ces brigands de ce cote de I'ile , ot ils v ont etabli ca ct la qiiolques colonies. Leur liabilelc dans le manicnient des aiines a leu les a raciloniunt rtndus maitrcsdes Dayaks'. Sans foi , sans religion , sans au- cuns principcs , les principaux traits de leur caractere sont la cruaute el lastuce. Ils sont, comnie a Palemhang , divises on plusieurs classes distinctes : 1° Les Ildiljiis' (princes). 2' — I'riluiliie/ ( enfants des princes). ;i° — AJdhliies' (grands dignitairesdu royaume). ll" — Pdfigaivas' (oflicicrs de TKtat). 5 — ^liKik Soungy on yinak Dcssn (laboureurs) . 0 — Aimk Dagaiig (etrangers ou niarchands). 7" — O rail g Beroutang ou Kawans' (d^blteurs). 8" — Baiulaks' (esclaves). Les Radjas' ct les Mantries' ont entre leurs mains lo gouvernement ; ils \ivent des impositions prelev6es sur le commeixe et du produit des terres que leur aban- donnent les rois ; Ic travail des Dnynks' est cependanl ot sincures ilc la religion , s'est C('Cii|i(_'(; drtjililir sur la cole rnrriilio- nale, aux environs des fleuves Petit et Gratid Dayak, anais. L'in- suflisance des secours que Ton peut accoi'der a cette classe de la population iiiahiise la met enti^rement a la merci de ceux qui peuvenl s'en rendre maitres. Depuis quatorze ans que les Hollandais ont recon- quis la domination de cette cote, rien n'a encore ete mis en ceuvre pour apporter quelques soulagcments a la position de ces miserables. II est vrai de dire cepen- dant que la taclie n'est pas facile ; leur esclavage est elroitemcnl lie au bicn-etre et a la riciiesse des grands dignitali-es du ]ia\s, et leur alTrancliisseinent exige done de nombreuses precautions. De tous les peuples de I'archipcl Indicn soumis au gouverncment neer- landais , les Javanais ont sans contredit le plus grand droit a sa protection : il serait done necessaire , pour commencer cette reformation bienfaisante , de raclie- ter, au moyen d'un rabais de leur dette, tous les escla- ves el les flebitenrs d'entre ces derni(>rs , et de les cni- ( ^J« ) j)lo\ci a 1 agrk'ulluio clans luiir piopic pavs, avoc cftlc condition qu'aiicun tl'cux ne pourra eli-o reduit, a I'a- venir. a un pareil asservisseincnt. Quant a ccuiv (|iii desiroraient roster sur la cote apros lour airrancliisso- nienl , le gouvernement les diviserait en \illages pla- ces sous sa surveillance immediate, de maniere qu'ils jiussent, non seulement servir d'cxemple, pai une con- duite moilleure , aux Malais et aux Dayaks', mais ar- croitre par la suite les revenus de la residence de cette partie des possessions hoUandaises. Les chck iim/ais sont connus sous les denominations suivantos : Ydiiq ilic Pertniinn (empcreur . Sulilian (souverain). Pcuiuiiibalinii (roi). Pangernii liatoti (prince royal). Pnngaraii (prince). linilins'' (cnfantsdes princes). Paii^eran bniulara (gouverneur). I'niigcran Pakna Nagarn (2* gonverneur \ Pangeran Taiu/iionggong {general en chef de Tarmee). Pangeran Soiiiua Lnga (commandant). Wingeiaii Souinn de Laga (2' commandant ). Paufjeran Laxarnana (amiral ), Kini (chef primitif du pays). Oraiig Knyns' (riches indopendants, charg(5s d'alTai- res ou missionnaires;. baton ^ Lnwn f r I f J -ii N 7. » 1 ; . I diets dc vulages . Pembakal \ Pniigakctl Yinnn (grand-pretre). Kafvoitins' (pr&lre). ( 97 ) L'ailministration indigene ost ainsi divisec a Sam- has : 1 Sn/t/ian, 6 Mantrie Radjas', c'ost-a-dire les Parigernns' Ban- dara, Paknn Nagnra, ToDiiitoiHjgntig, Sounui Laf/a , Souma de Laga et Lajcamnna. h Kiais ow Assnl A', c'esl-a-dire les Kiais Sugon- rinding ou Bintalan Onion, Sainbrnng ou Bantilang Teiiqa, Mnngies ou Bantdnng Iiieler, Dnllnin on Kiai IJn- rndja JVangsa. 1x Ornng Kayos ou Mantrie Oidon Ballang, 1 Ynian. Ces seize personnages formaient autrefois le gouver- nement de Sambas ; toutes les affaires devaient elre soumises a leiir examen , et aucune ne pouvait etre decidee sans leur conscntement et leurs sulTrages rou- :_ nis; la nomination du roi etait laissee au choix des /l Kinis' ou cliels primitifs du pays. Le nom seul do ces grands dignitairesexiste encore aujourd'hui : leur pou- voir, affaibli par des bouleversementsint^rieurs, a dis- paru peu a peu avec leurs institutions; peu d'entre eux conservont encore quelques restes d'autorite. C'est a cela sans doute qu'il I'aut attrlbuer la tristesse pro- fonde ot I'inertie de quelques uns de ces chefs , et la tyrannic capricieuse des princes du sang. Les Arnhcs qui habitenl la cote occidentale de Boi- neo , sont pour la plupart originaircs de I'ile et des- cendants des rois de Pontiannk. On les distingue des Fvlalais sous le nom de IFnn : ccux qui font partie ilu gouvernement , portent les titres cites plus baut. lis vivent des revenus que leur accorde I'lilal el dn pro- duit de leur commerce a linterieiu- el a rcxiciiciir. L'orgueil et rii\ pocrisic sonl les priii("q)aMX bails dc ui. i'K\ mil'.. "2. 7 ( ^8 ) lour caractero. Us savent earlier leurs dcssfiiis Ics plus honteux sous los dehors tic la simplicile et dc la reli- gion. Plus civilises et moins fourbes en apj)arence que les Ma/ais, ils sont pcut-etre encore plus a craindre. Ce n'est que d'un ceil de haine el d'envie qu'ils voient jes Europeens s'etablir au milieu deux ; leur interet est leur seul guide , et les services que radniinistralion leur impose sont loujours mesures d'apres ccs detesta- bles principcs. Les Bougitis', presque tous indigenes de IVndjo ( ile Celebes), se sont elablis sur la cote dans de dilTerentes conditions. Independants du sultan de Pontinnak , ils sont forces cependant de lui fouinir ks troupes qu'il leur demande en cas de guerre. Actifs et laborieux , plus civilises que les autres habitants de I'ilo, leur com- merce , quelqucfois usuraire , leur assure une exis- tence aisee; ils eliscntleur propre chef, auquel ils don- nent eux-memes lo nom de Panirainvn, II ne nous reste plus a parler quo dcs Chinois. Ce lut vers le milieu du xvm" siocle , que quelques uns d'entre cux, originaircs dcs districts silu6s entre les provinces de Canton et Hofc/'a/i , \Iiircnl, dit-on, solliciter du ro\ de Mnnpaiiwa, la permission de crouser les mines d'or do Soiiiii^y-Dniiric. Attird'S plus tard sur lo torrltoirc do Saiiihd.s par los princes de co ]ia\s, ils so fixdrent a Moiitrnilo, ou ils exploit6rent avoc activite de nouvelles mines. Leur richesse s'accrut a un tel point qu'ils fu- ront biontot en otat i\o payi'r aux princes do Sainhas une retribution annuelle do 500 tails' d'or, environ 70,000fr. La nouvcllede cespr^cieusesdecouvertes se rcpandit bientot en Chine , ot do noiivoaux spociihiloui s sVni- pressf'jront de tous c6l(^.s d i-iivaliir luniieo. Lo sidtau do ( 9^ ) Sdinhas, uniqucinent occup6 de piratcrie , se vit promp- tomcnt a la merci de ces etrangers qui profitcrent do sa faiblesse , et s'^tablirent definitlveinent dans ses Ktats. Un serment solennel lia leurs destinecs jusqu'a la mort ; ils sc promix'ent mutuellement aide et protec- tion , puis se formerent en petite socield; , ^tablies d'aprfes certaines lois analogues a leur position isol^e au milieu de ces contrees loinlainos. Ces corporations avaicnt pour but de soustrairc leurs personnes et leurs richesses a la tyrannic des cliefs malais et aux attaques des sauvages habitants du pays. Huit de ces institu- tions jirimordiales et un grand nombre d'autrcs secon- daires existent encore sur la cote occidentale de Bor- neo ; on los designe ainsi : 1 . Toy- Ko?ig. 2. Lara San-Ta-Kieou. 3. Hang-Moy, h. Sin-lf ook. 5. Tjc-pnun-Fo)ig. 6. Tay-Fo. 7. Mon-Foy. 8. Lnn-Fouaiig. Les sept premieres corporations ou Kongsies' {\) sonl .situees sur le tcrritoire de Sanihas ; la dernl^re sur ce- iiii de Pontianak. A I'abri desormais d'une irruj)tion soudaine , ils comprirent qu'il fallait , pour donner a ces associa- tions une plus grande stabilite, les soumettre a une autorite superieure ; ils creerent done une espece de (i) Les Cliinoi:; (liiiiipiit Ic nctiii do Koiiqsie ii ces assoti;itioiis. ( JSole tlu tradiictiu) . ) ( 100 ) re[)iil)ll(|ur. Ill pri'sitloiit, assisle dcs cliois du i;i[n- tainos des Kongsies', eut lepouvolr supromc, ct lo droU de vie et de mort sur tons ses coiicltoycns; mais le pcnplo so reserva Ic coiilrolc de ses actes , et la faculte de jugcr Ips loisqu'il instlluait, et put, en cas de mau- vaise administration, Iiii cnltncr loulo sa puissance, et roniplaccr de suite los inenabres du corps legislatillout entier. Les capilaincs dos Koniisu's' clioisisscnt,avcc I'appro- bation du peuple, Ic j)iesident de la republique paiini les habitants les plus braves et les plus eclaires. lis ont acquis cctte faveur par lours richesses ; les premiers a itendre rexploltation dcs mines , ils en ont supporte aussi les frais les plus considerables. La police et I'adminislratlon des finances dc chaque knn(jsie sont eonfiees a deux surveillantsou sous-chefs, appeles par les Mn/ais Djourouligsan on Djouroutoiilis- sail, et par les Chinois Tjoi Kes\ et a deux autres in- dividus charges (!fgaloment do la direction des mines. Cos deux ofticiors sid)altern('s sont remplacos tous les quatre mois, ou aussi souvent qu'on lo juge necessaire, et reprennent alors leurs anciennes functions de mi- neuFS. La Koiig.sie de Muiilivuio otait autrefois la j)lus ])uis- sante et commandait a tonics oolK .s (jui faisaient par- lie du territoire de Sambas; desdechirementsintcrieurs ont change cet ordre dc choses, les Kongsies Lam-San- (a-Kieoit, Tje-pnuH'long et Tay-Fo se sont souslraitos a la domination de Tay-Kong, et une grando partic tie leur population a porto ailleurs son Industrie, de sorto qu'aujourdhui la ca|)itainerie de 1 ay-Kong ne se com- pose plus qu(> do llaiii^-iiioy, Sin-wook et Maii-foy , do- laissees deja par le plus grand nombrc do lours habi- ( 101 ) tants , qui out gagne la piincipaiite de Landah. Allalblie par suite de cet abandon, elle sc trouve elle- meme dans un etat j^recairc , rendu plus critique encore par rafTaihUssenient de ses mines. Le Chinois , aussitot apres son dt^barquement snr la cote, se rend aupres d'une des koii(/sies'' qu'il est librc de clioisir, et s'y fait recevoir comiue novice ou Sinke. Mcnibrede la grandefainille,il percoit, pendant la pre- miere annee desonnoviciat, quelques revenusqui aug- mentent enraison de sonhabilete dans le travail des mi- nes. Mais cette simple reception ne suffit pas pour lui assurer, pendant toutle temps de son s^jour a Rorneo, I'appui constant de ses compatriotes ; il doit preter le sei'mcnt d'usagea la kongsie c^yiW a adoptee. Deux jours de I'annee , les tjagou-fjapsa et pagou-tjnpsa , jours de sacrifice et d'oblation chcz les Cliinois, sont consacres a cette cerenionie. Voici comment on procedc : apres avoir donne au cbcf de la kongsie deux reaux et un schilling (63 a 65 centimes), le novice depose dans le temple Tappe-houg, les cendrcs sacrifi atoii'es de I'au- tel de ses dieux , relique precieuse qui ne I'abandonne jamais, et I'accompagne memo dans son exil ; on lui presente alors une tasse de //>/// benlt , prepare avec le sang d'un coq et les cendrcs de I'autel du Tappc-Koug; il en boit sur I'ordre du grand-pretre , et donne ainsi lespreuves de sa sincerite et de ses jiromesses de fide- lite a la kongsie, pour laquellc il est dcvenu un frere nouveau. II pent, des ce moment, compter sur sa pro- tection , en quelque endroit qu'il se trouve, heureux ou malheureux ; mais, devient-il parjui'e a sonserment, la mort en a bientot fait justice. Cette position change a son retour on Chine; on le rolevc de ses promesses , sa relique et ses deux reaux lui sont rendus, Ic sc/tif- ( 102 ) ling reste la propriett^ ilu prctre ilu IdiJiJi'-Kung , el il sc trouve eiiti6rcmeiit libro vis-a-\is dc scs ancions frr es. II est a rcmarqucr que la pluparl des Chinois qui s'exi- lent volontairement dc leur patrie, sontdcs gens dc la plus basse classc, reduits a la mistjrc ou excites par I'a- iiiour du gain a clicrchorliors de la Cliine une condition meilleure pour euxet lour fainillt'. Ici connne partout, on les voit sc livrci' avcc intelligence a toutes sortes d'industrics.Quoique quelquetoisgrossiers et sans edu- cation , (Tunc cuiiosil(i stupide, entet^s et capricicux, lis n'ont cepcndant dans Icur caractere aucun de ces traits de cruaule qui distinguent les Malais. Rccon- naissants pour les services qu'on leur a rendus, ils aiment aussi a obliger, et Ton pent aisemenl gagner leur confiance au niovon d'un Irailemcnt e(|uilable et doux. Leurs occupations sunt universelles ; toutes les pro- fessions leur conviennent. Tandis que les uns exploi- tent les mines d'or, d'autres cultivent le riz , cnsemen- cent les tcrres et colportcnt diverses marchandises de leur fabrique; d'autres enfni cberchent leur existence dans la peche. Jamais on ne les voit inaclils : les ou- vrages les plus difllciles ne les eflraient point, el Ton peat considerer cette opinialret6 au travail coinme Tunc des principales causes de leurs progres clans I'ex- ploitation des mines. Ces exploitations exigent en elTet une patience e\- tr6me et un grand courage. Co n'est qu'au moyen de leviers en fer d'environ 40 a 50 livres, que lesmineurs parviennent, apres beaucoup de peines, a creuser r a uiie valuui - ( 105 ) vienncnt parler traHaiies a\t'C lui (1). Les cliels de la kongsie, Ics Ornng-toeas'' on Tjaikes, qui dirigent avec le capitaine Jes affaires des Kong.sies' aliiees, re^oivent de la grande kongsie unc somme de 16 fl. par mois, outre le logoment et la nourrituro. Les Djvitroiitotili.isan ou 7j(itk(ies\ charges, ainsi que nous I'avons deja dit, des mines et de la police , out droit aux memes avantages que les premiers. Le nombre des surveillants des mines varie de un a trois, suivantleur importance. Ces surveillants doivent se conduire a\ec z6le et probity, veiller ala r6colte de Tor et dirigcr les travaux avec liabilete. lis obtiennent, en raison de la multiplicite de leurs occupations, un traitement double de celui des chels memes, c'esl-a- dire 32 il. jiar mois , le logemcnt et la nourriture. Ln mineur ordinaire recoitS fl. la premiere anneede son noviciat, et 16 fl. apres la prestation du serment. On lui accorde par jour cinq repas, qui se composent de riz , de sel , de poisson sec et d'une decoction de feuilles de goyaver. Les jours de grande fete, ses mets sont plus rccherches : sa boisson est unc tasse de tjou et de the, et les viandcs dont on Ic graiifie sont des \olailles et des pores, Malgre rimmensc profit que le Cliinois tire de ses viion , pour iiouiriliue des ouviicrs , cnlietien et arli.it iles iiislrii- iiieiits, etc.; au lieu de perle , il nste done toiijoiirs un ie\('iiu net, \ aliiir nioycnne , de 590 piaslns, on par ;iii S.S^o. La direction tl r.ulniinislr.TtiOM d. s mines a|)pai tiviineiit .uijonrd hiii an jjouvenie- ineiit linllanil;iis, (jui ne |'eut, ni;d{>ie nne snrveill.iiii c severe, eni- peclier les Chinois dc tiansjiorter annuelleinent dnns leurpays, pour plus de 2,000,000 de Horiiis. ( A'ote /«'w' qui arrivenl continuellcnient d'un lieu a I'autre, contribuent a augmenter sa j)iosperite et son bien-etre. La population est de 19,115 habitants environ , parmi Icsquels on compte 900 Arabes , 10,000 Ma/ais , 5 a 6,000 /Jun^nrs', 2,000 Cliinois , 15 Europecns , 170 militaires et 30 doniestiques au service des Uoiiandai^. Le commerce et la navigation sont les prineipales res- sources du pays; quelques individus s'occupent de la culture du riz ; d'autres , tels que les Chinois, de I'ex- ploitation des mines et de la peche. lis ont fort pcu d'industrie locale ; on trouvc cepcndant a deux lieues de Pontidiinh , deux moulins a sucre , qui , de inenie qu'a Bantdin [\\q J(iva) sont diriges par des Chinois. L'on arrive IxSaDibax, second etablisscment des Ilol- landais sur la cote occidenlalc de Borneo, apres Irois journees de navigation de l'()nti(ina/i,\orsqi\c Ic temps est favorable , et apres vingt jours, souvent , lorsque les vents sont contraiiTS. A rembouchure du tleuve .S^^"'- 6as s'cleve le villace c/u'nois dv Paiiianiyknt. I'^nlre ce ( 100 ) village el Ic chof-lu'ii tie la roloiiic , tm ne roncontro plus que d'iminenses torets entiercment inipen^tra- bles , cle nombreux inarecagcs , et aucun cndroit bablte. Sambas est situe sur la rive gaucbe flu fleuve cki meme noiii ; buit beures cle raines suffisenl a une le- gere enibarcation pour renionter ce fleuve cle son em- boucbure au cbef-lleu ; les gros batiments ont besoin dc trois jours dc voile. Ln bureau de douancs, qui scrt en meme temps de coinptoir, les maisons du re- sident et du commandant , uii magasin public et une prison , une pitite forteressc construite en terre , quel- ques barraques neccssaires au logement des troupes , et deux epars aux couleurs nationales, composcnt toute la colonic, etablie, comme a Pont/ana/i, dans un temain bumlde et marecageux, et perdue au milieu dc bois sauvages. l.a Ncgorie , ou le village des indigenes, so trouve une demi-lieue plus baut. On rcmarque sur une pres- qu'ile form(^e en cot endroit par deux embrancbements du fleuve , le yessi^/ct ou Temple sacre , batiment de plancbes assez considerable, etlepalaisdu sultan, con- struit en 1832, dont I'aspect n'est point desagreable. Les cabancs des babltants du pa\s, elevees commc partout sur pilotis, a cause de I'bumidite du sol , sont d'une apparencc sale et miserable , et entassees sur les deux rlvcs du Heuve les unej> sur les autros. Au pied de la I\<'^()/-/L' iiialaixe , est bati le camp chiiiois , dis- pose comme celui do Poiitianak , ct ferme aux deux bouts par un cerlaln nombre d'babitations. c]ui ser- vent do cabarets et do maisons do jeu. Au milieu d'une plaine isoleo , s'tMove un temple du Tappc-Ko/ig. Les enviioiis do Sa/nbns sont trlslcs et monotones. ( 110 ) Des forets immenses enlourent la petite colonic ; aiu im objet dart on de j^out nc \iiiil animer cos solitudes. Letahlisseinent lui-meme est asscz florissant; de nom- breuscs embarcations liii apportent I'aisanoe quil doit attendre , surtout de la navigation. Lnc infinite de niarcliands de toute nation, etablis sur do petits jiraos appeles L/'/ifa/ias' , qui servent de demeure a leurs families , v etalent leurs marcbandises , idles que du riz, du sel , quelques quincailleries de pi-u de \aleur, cl d'aulres bagatelles qui sc vendenl commu- ndmcnl sur les Passdi-s' reguliers etablis a Jmu!. On cstiiue la population de Sambas h environ 9,378 babitants : 8,600 Malm's, 18 Arahcs , 350 lioit^itis'' , 300 Cliinois et 110 soldats et officiers civils attacbiis a letablisscmcnt europ^en. Celte colonic est moins flo- rissante que celle de Pontianak. Ln Passar nouvelle- ment construit , entre la Residence et la IScgorie ma- laise , va donner cependant plus de facilites de com- merce aux babitants , et rcndrc sans doute le sejour plus agreable. Manipainva eiltre Poiitiaitak et Sanihas est silue a une journee de navigation do la premiere, par beau tcm])s it 1 )()n vent. On n'ytrouve plus aujourd'buid'autresrestcs du couteux etablissement et de la forteressc batis au- trefois par les lloUandais, que la demeuro d'un cbcf indigene et de quatre survelUants cliarges de piendre soin des inlerets du gouvernement. Le cbef-lieu Maiupamvu , a deux licucs sur la riviere, moins considerable encore que Sanibns , a comple au- trefois des jours plus heureux. Son commerce et sa navigation lui axaicnl doiine quelque importance; mais (le toute celle prosperile passee , il ne rcste plus auoun \estige. Sa population esl de 2,^3;") liahllanls , ( H'i ) ilont 2,300 i\Ja/ais, 80 lion^'nis' , '25 Jm/n's ct 30 (7//- iiois; la plupart vivcnt d'agiicultiirc et de commerce. En remontant le Pontianak , Ton I'oncontrc sur la rive gauche, apres quatre jours de navigation, la qua- tri^mo et iniportantc colonie hoUaiidaise de Landak. Supprime en 1827, par inesure d'economie , cet eta- blissemcnt fut rendu aux rois du pays avec loute I'au- torit6 sur I'ancienne residence. Cette autorite no fut que tcmporaire ; le gouverne- ment la reclama en J 831, et y etablltunclief indigene, et 20 soldats a sos gages. Le chef-lieu Laivlak est une Nc^ovic d'une assez grande etenduc, el dune population d'environ 3,030 hiibilants, dont 2,850 Malais, 120 Cliiiiois et 60 sol- dais. Le cinquieme etablissement , '/aijctng , a pour chel- lieu un Kampong sans importance, a quatre journ^cs de Pontianak sur le fleuve Kapoitas. Sa population est de 350 Malais , 80 C/iiiiois et 12 soldats; ensemble, /lZi2 habitants. Les affaires de la colonie sont confi^^ies a un chef indigene. Enfin , le sixieme etablissement est Succntlann ou ]Siemv Unissel , a quatre journees de bonne naviga- tion sur mer. La population du chef-lieu est de ZiOO Malais , divises en 81 families qui s'occupent de com- merce , et tirent lour principal profit des a\ances qu'ils font de temps en temps au sultan de Sitrciuldiin. 1 officier et 20 soldats veillent aux interets du gou- vei'nement. A I'exception de quelques senliers presque imprali- cables au miheu dcs conlrees habitees par les Chinois , on ne trouve sur loute la cote occidentale do Borneo aurune route de communication d'un endrnil a TaiUre, ( 112 ) Tous los transports so lout par can , tanttU par im-r , li' plus souvent lo long des flenves. Lo siege de radmlnistratlon dcs possessions liollan- daiscs de la cote est fixe a I'ontitinnk; cotte direction se compose des fonctionnairos suivants : In rc^sident pnnr toiite la rote; In coniniis; Deux cicrcs ; Un ^crivain indigene ; I n ecrlvain chlnois; Quatre surseillants ou commissionnairos, et un ol- ficier public charge, avec liuit surveillanls, de la per- ception dcs droits d'entrec et de sortie, et des magasins civils. La direction de SuniJxis coinprend : In sous-resident ; In clerc ; Quatre surveillanls ct un indigene cliarge, avec six surveillants, des droits d'octroi. Lc sous-resident est en outre gardo-magasin , ct pent disposer de deux kciulics ( journalicrs ). Celle de Manipmnvn : In ofiicicr indigene et quatre surveillants dont deux cliarges des droits d'octroi ; Celle de Lnndak : Lin clicf indigene [posllmuflcr) ct qualrc surscil- Innts ; Celle de Taijani; : Ln chef indigene et deux surveillants ; Celle de IMcmv H/nssr/ : Ln ofiicicr indigene ct quatre surveillants. La cote occidcntalc dc /ioiiK'o est defeiiiliH> pai- deux petites fortcrcsscs en lt>i ii' . I'liui' ;'i Pi>nllaii(il< , ( 113 ) I'autre a Sambas. La proniiiTO ost entouree d'un foss6 et d'une palissndc , cl protegee par seize pieces de 8, plac^cs sur deux liastions avances, la Perle et Ic Dia- inant i^de parcl en de dianiant) . EUe est situee a unc portde de fusil de retablissement , rpii offre ainsi de ce cote un facile acc6s a I'ennemi (1832). La seconde est ^galenient entouree d'un fosse sans paiissade , et munie de dix- pieces de 8 sur deux bas- tions , dont la fausse position laisse deux flancs a de- couvert. Ce fort, de meme que le premier, est distant aussi d'une portee de fusil de I'etablissement , en sorte que Ton ne pent en tirer parti sans causer de graves dom- mages a I'etablissement lui-meme. La foi'ce militaire de la cote se compose dun capi- laine, de /| seconds lieutenants , d'un 1" lieutenant d'artillerie , de 2 chirnrgiens en second , de l/i3 Euro- peens , Ii7 Aniboiiiais , et 91 soldats d'infanterie indi- genes . 8 canonniers europ^ens et 10 indigenes. Celte petite troupe de 307 bommes est ainsi di- visive : A Pont/a/in/c, un capitainc , 3 lieutenants, 150 sous- officiers et soldats et un chirurgien ; A Sambay , 2 lieutenants, 9/| sous-ofliciers et soldals et im cliirurgien ; A Lain/ak , un sergent et 16 soldats ; A I'aijaiig , un caporal et 11 soldats; et enfin a IMernv Briisscl , un sergent et 25 soldats. Ti ,T lull i!l' hi Ri'ime ,7cs- liiiici Xcfrlaii.lnlsc^ ilc A. rr.iiiii-;, -'' li- vr.iUoii , 4*' aiiiiec. J. Va>' Coppknaal. 11:11 Iniii , ilrc'inl)!'!' I IS ^^^ HI. Ki:vi\iiR. 3. S ( 114 ) Note somm.miu; sur im noin'cl e/n'oi fnit jxir M. i'(il>Oe Bou.AT , (le documents velatifs a la Senega inbie. Par M Uhan.n ROGKll. M. rabl)o lioihit , indigrno du Senegal , qui a jnecc- demment fait a la Sotiete de g(!!Ograpliio plusioiirs communications tr^s interessantes , m'a charge do lui presenter de nouveaux documents (jui ne sont pas moins dignes d'attention , et que M. Jomard vous a d^ja annonc(^s. lis prouvent quenotre correspond ant ne laisse pas refroidir son /.'Ac eclair6 pour I'exploration de la S6negambie. Ces documents sont tri's divers. En les deposant sur leburea u de la Commission centrale , je crois devoir en donnor unc indication sommaire. 1* Geiicalogie des rois des Mdiiics Thranas , dcpuis Iciir inii^rntion '}>ers le Senegal jiisqu'a nos Jours. Cette piece , 6crite en caractercs arabes , est extrfimcment curieuse ; non seulement elle fait connaitre comment s'etablissent ct sc conservent les giinealogies dans les principales families maures , mais encore , au lieu de n'etre qu'uue aride ct simple nomenclature , elle parait contenir des observations sur le caracti^re de chaque personnage et sur quclques faits historiqucs dos principales ('•poqucs II serait a desirer qu'un de nos orientalistes vouliit bien se charger d'en donncr une traduction. 2° Recued de chansons, dans le dialecte des Maiircs du Senegal , ecritcs cncaracteres arabes avec des tilres, des signes et des Icttres charg(^s d'ornements. Le texte ( 115 ) en est assez difficile , car M. I'ablxi Boilat a du i-enon- cer a le traduire. Co recueil no pout manqiier d'ollVir beaucoup d'inteiot, lant pour I'etude dune langue peu connue, dansses comparaisons avec les divers dia- lectes de I'arabe paries en Algeric, que sous le rapport do I'observation des mcBurs propres a ccs curieuses tribus de Maures qui , ayant traverse le grand d(^sert , sont venus planter leurs tentes sur la I'ive droite du Senegal , ou olios continuent lour vie de nomades , sans avoir fonde aucun etablissenient fixe. 3° PInsieurs petites notices sttr diverses peiiphides du haul de la Sc'iwgnmhie , redigees en dialccto maure , par unmaraboutmanclingue, nomrne Fandi-Sat, fds do Mauiadi-Sane. M. I'abbe Boilat nous donno le portrait a Foncre de ce marabout. On reconnait dans ce dessin le talent dont il a deja fait preuve pour saisir et repi'o- duire au naturol la pose, la tonuc et le tvpe des pby- sionomies des differentes races africaines qu'il a occa- sion d'observcr. 1\I. I'abbe Boilat a joint au texte maure une traduction faite par lui-memo. line de ces notes rt^pond a dos questions relatives a la situation des sour- ces du Djoliba. Jo propose a la Sociott^ den oidonnor I'insertion dans son Bulletin , ainsi quo de quelques extraits que j'ai prepares dans cotte intention. !l° E.itruit s partios olo\ocs (vi ( 129 ) le bl6 ne vientpas , et qu'on utilise comiiie paturages ; pour les Arabes, ce serait un Sahara. Le terrain ilu Petit Desert , s'il etait en France , serait tres cultive. Meme clans le Grand Desert , les parties basses sont tr^s peupl^es. On y cultive en grand le palmier. Les jardins y abondcnt en fruits et en legumes; il suffit pourcela de trouver I'eau au moyen de puits, la ou il n'y a pas de sources. La terre est f^conde s'il y a irri- gation ; elle se couvre de sable si elle est inculte. Quant aux parties elevees , elles presentent tres peu de terres : ce sont de maigres paturages. Les tribus qui sont au Sud des Beni-Mezab , et qui ne peuvent venir I'ete vers ou dans le Tell poury trouver plus d'herbe, font au printemps des meules de foin pour I'^te. L'6- poque des grandes chaleurs est la saison difficile de ce ])ays, comme celle des neiges Test dans le Nord. » line des clioses qui caracterisent le Desert, c'est I'absence de chemins frayes ; on s'y dirige comme en mer, pres des cotes, sur Taspect des lieux et par I'observation des astres. La vue dun cavalier , d'une troupe , fait sensation comme celle d'une voile, d'une flotte a la mer. Les liommes sont habitues a parcoui'ir de tres grandes distances pour leurs moindi-es affaires, lis se livrent beaucoup a la chasse avec des l^vriers avec differentes cspeces d'oiseaux de proie qu'ils drcs- sent tres bien. Les homnies isoles voyagent habituelle- ment de nuit , pour eviter les voleurs ou les droits de passage que plusieurs chefs s'attribuent. Les Donors se tiennent ordinairement dans des endroits cach<^s, pour leur sui'ete etpour eviter les frais d'hospitalite. On les reconnait le jour par la fumee , ct la nuit par les feux qu'on ddcouvre en se porlant sur les pics. Les tribus excrcent presque toutes une sorte de piraterie , oil les ni. FtVRIER. h. 9 ( 130 ) cavaliers monlrent beaucoiip (rinlelligoncc , d'auilaco cl tie force pour resistor a la faini . a la soii" ct a la fa- tigue de courses i^normes. » Tous les gens du Desert sont habitues a se diriger clans leurs routes , et a trouver les Douars qu'ils cherchent , les colonnes de troupes, les volcurs qui ont emmene des bestiaux , par millc indices qui nous ecbappcnt. II n'y a pas d'eclaireurs qui lour soioiil comparables » Voici , poui'suit le general, comment I'homme utilise ces diverses localitds. Dans le Petit Desert , les tribus cultivent un peu vers le Tell , ou dans le voisi- nage des rividres ; elles el(ivent de nombreux bestiaux, qui trouvent sur leur terrain unc nourriture suIFisante en dt6 et en automne, abondante I'biver, tros abon- dante au prinlemps. Pendant Fete , elles doivcnt sc r^unir pros des rivioros ou des sources qui ne tarissent pas. La fontaine de Taguine , qui signifio fontainc des Puissants, doit son noma ce que le peu d'eau qui existe dans les environs rend la possession de cc lieu un objet do combats ontre les tribus; de sorle que la force seule peut s'y maintonir. Les tribus du Tell vont pendant I'biver dans le Petit Desert pour ^viter le froid des montagnes , monager leurs piiturages, ot uliliser ceux du Petit Dt^sert. Dans le Gebel-Amour et le Gebol- Sabari, la population et les bestiaux peuvent rester I'eto dans quolques parties arrosces des montagnes. Ouant au Grand D(!!sert, la culture ne se pratique que dans \os oasis ; on utilise les paturages par los Irou- poaux de moutons ot do cbameaux.... Rien no les fixe sur un point plutot que sur un autre ; les tribus font un commerce tri'.'s lucratif. L'bivcr, olles vont chczles Beni-M^zidi, puis a Touggourt, y vendcnt leurs (131 ) lames , bcurrc , IVomago , bestiaiix , los grains du Tell, les marchaiulisos tic rEurope , cl ellos achelent des dattes , des otolTes de laino , etc. Elles reviennont a rOuest au printcmps , cominuniquont avoc los Beiii- Mezab , clioz Icsquels ellos aclietent Ics osclaves , les plumes d'autruclic , la poudre d'or, etc. , qu'appor- tent les caravancs du Sud , et se rcndcnt dans leuv terrain pr^s de Laghouat , oii elles laissent reposer lem's chameaux. Quand I'dte vient , elles vont vers le Tell, vendcnt les marchandises du Sud, achetent celles du Nord et Ic grain; elles revienncnt chez elles au commencement del'automne, laissent reposer leurs cliameaux, etrecommenccnt cliaque annee ces grandes oscillations , qui leur font faire quatre cents lieues par an.... » Ces tribus ne pourralent pas facilement ni sure- mcnt transporter partout avec ellos leurs mai'cbandi- ses; il leur faut ndcessairement des magasins. De la I'tHablisscment des divers ksars qui boixlent le Desert, ot qui sont la ce que sont les porls pour la marine marcbande. Chaque tribu a le sien.... Tous les ksars dependent du cbef du Tell , sans lequel il n'v aurait ni commerce ni grain ; aussi le proverbe du Desert est-il : Cehd-Ui est notre pcrc , qui est le mai'tre dc notrc mere , et noire viere est le Tell.... )) Les Kabiles resident dans des maisons, ont ])eau- coup de chevres , des moutons , jdcu dc betes a cornes , des mulets , des anes , pen de cbcvaux , pas de clia- meaux. — Les Arabes du Tell sont nomades , mais s'(!'cartent pen dc leurs silos ; ils ont beaucoup do bes- liaux, de cbevaux , de mulcts; peu do cbaineaux. Les tribus du Petit Desert ne quittent pas les ricbos paturages compris enlro I,- Gebel-Amour et I'Atlas; ( 1.^2 ) elles ne selolgnent guere que de quinze a vingt lieues du centre de leur terrain. Ellesont beaucoup de rnoutons, de chameaux, de clievaux ; peu de mulcts. — Le bueuf n'existc que dans I'Atlas , le Gcbel-Amour , le Gcbel- Sabari et quelques autres niontagnes; il n'y en a plus au-dela du Mzi. — Les tribus nord du Grand Desert ont besoin d'espaces immenses , parce que les patura- ges sont Ires maigres. Elles doivent se mouvoir conti- nuelleiuent ; elles ont beaucoup de moutons , de cha- meaux et de chevaux; pas de mulcts. — Les tribus au Sud desBeni-Mezab ont encore moins d'eau et d'herbe ; elles ont peu dc moutons, beaucoup de chameaux. Le mehari (chameau coureur) remplace le chevtd pour toutes les courses : il fait , dit-on , cinquante et meme quatrc-vingts lieues en un jour. On le nounit do noyaux de dattes et de ccrlaines herbes. Pour les rha- zias , deux hommes montent dessiis. Les transports pour le commerce et le brigandage sont I'industine de ces populations. Lo terrain de chaque tribu est im- mense— » En resume , le Tell repr^sente pour le Desert , non seulement la source de tout ce que le commerce maritime apporte , le sucre , le caf6, le fer, etc. , et le debouche de tous ses produits , mais encore son re- fuge et son salut dans certains cas. Pour les tribus du Desert , le Tell est le pays riche , sur, ou la vie est jisee , oil Ton a les delices dcs villes , mais dont par celameme les populations sont abatardies. L'existence noble , libre , honorable , est celle du Desert , celle des nobles Arabes de 1' Yemen , celle oii la vie et les richesses sont toujours en jeu, ou chacun prospere selon sa valeur et son bonheur. L'Arabe du Tell est la transition a I'habitant des villes et au Kabile , que tous meprisent souverainement. ( 133 ) » De la mer a I'Oued-Mzi , le pays comporte une grande population. On voit que celle-ci a existt^ par les ruines nombreuses que Ton trouve jusqu'a I'Oued-el- Ilouuiar. Le Gebel-Saliari et le Gebel-Amour presen- tent encore plus de villages batis que I'Atlas dans la partie habitee par les Arabes. » (ExTRAiT d'une lettre de M. d'Abbadie a M. Jomard.) Adoua , 1 4 octobre i844- J'aire^uenGojam, en mailSZiZi, amonretourdeKafa, vos lettres du 20 novembre 18Z|2 et du 7 Janvier 1843. Je commence par repondre a votre question sur I'eci'i- ture des Gallas. Je n'ai pu ^claircir ce mystere a Inar- ya, car le messager etait mort, et la personne qui a ecrit la lettre etait absente ; raais si cette lettre , en- voy^e par un loi Galla, n'est pas en ilmorma, comme je I'avais cru jusqu'alors , elle sera en gourage, et dans tous les cas c'est une ecriture africaine et inconnue en Europe. On m'a d^crit en Djomma , de la maniere la plus precise , un livrc de psaumes 6crit dans ce caractere , et lu babituellement par un homme de Cbakka, qui parlait une langue apart. Je n'ai epargne ni temps , ni soins , ni d^penses pour eclaircir ce cu- rieux mystere , et n'ai pu savoir rien de plus. Je dirai , en reponse a votre deuxieme question , qu'il est fort singulier qu'on n'ait pas observe aupara- vant les crues du Nil du mois de raai ou d'avril. II doit, ce me scmble , y avoir toujours une petite crue a cette epoqu(\ duo aux pluies qui accompagnent ordinaire- ( 134 ) ment la culmination \crnale du soleil au preiaier xor- tical , et qui devienncnt plus fr^quentos cl plus cer- taines a mcsuru qu'on s'avancc vers la ligne , ilo sorle que ces crucs doivent airoclci' le (leuve lilanc beau- coup plus que lo flcuve Bleu. Ces pluios sunt si bicn connues qu'elles portent un nom particulier en anj- harna, ilmorma, sidama, et meme en gooz, Luc obser- vation constante du nilonietre donnerail I'etat moyen des pluies dans un vaste bassin intertropical , et je dd- sirerais beaucoup que I'lnstitut fit une deniande for- mclle tcndant a faire observer jour par jour le pre- mier et le plus simple instrument met^orologique que riiomme ait invente (1). Vous verrez , par le memoirc ci-joint, que j'ai di^- couvertla source du (leuve Blanc. J'avais recueilli qua- torze temoignages independants , pris aupres d'Amlia- ras , de G alias et de Sidamas , pour prouver que le God- jab, aj)res sa reunion au Bago , devieat la [)rincipale branche du fleuve Blanc , et regoit plus basic Baro. En entrant a Gondar, au raois de juillet , je trouvai (malheureusement sans une seule Icttrc d'Europe) , Ics documents et observations sur le cours du Bahr-el- Abiad , que vous avcz pris J'admirable soin de m'en- voyer, Jugez de uion plaisir en voyant que M. d'Arnaud me dispensait d'envoyer mcs verbeux temoignages. Ma joie a ete un peu refroidie en voyant que, sauf le God- jab et le Bago, tous les lieux et cours d'oau portent des noms entiireraent dilTCTents des miens , ce qui rend leur identification un peu dilFicile pour le gc'ograpbe en Europe : mais ces variations n'ont rien qui etonno le voyageur africain , ainsi que j'en ai prevenu il y a quelqucs anndes. En attendant, voici mcs conclusions : (i) Cettc obscrv.llion se fai( r('{;iilii.i'(.'iiicnl. J — 1> ( 135 ) mon lie Lakkou est la triple ile par lat. 6", ct long. 29'- Elle est pourtant habitue par des negrcs, dont j'ai vu deux a Saka , et qui se nommcnt Yanibo, mot fort dil- lerent de Bhorr ct de Chir. Le Saubat de M. d'Arnaud est evidemmcnt mon Baro, et ses Barry sont mes Sou- ro, pasteursqui confinent a. Kafa. Connne j'ai plusicurs echaiitillons de langues negres, on pourra decider la question en les comparant avec les vocabulaires de M. d'Arnaud. Quant a la partie ox'ientale de la carte, j'en puis parler avec plus de certitude. II n'y a pas do ville nouime Bakko, et le Godjal) ne s'epanouit pas en lac dans Kafa. Bonga est par 7° 12' 30" de lat., et le Godjabcoule de I'O. k I'E. au nord de Bonga. Saka est par 8° 11' environ et a 35" estinies de long. E de Bonga. Le Zebe ? est mon Gebe ou Kousan, affluent du God- jab ou Ourna. Par 8° de lat. et 32° de long. , il n'y a pas de negres, mais bien des Gallas et Sidamas, gens rouges. Le Didesa parait etre le Toumat de M. Cailliaud , mais je n'bse encore raifirmcr ; du 9" au 7° degr^ dc lat. , il n'y a point dc cliaines de montagnes. J'avais I'intentlon de vous envoyer une esquisse de ma carte de Saka a Bonga, avec les lieux a di'oite ct a gaucbe , lixes par renseignement; mais je viens dc m'apercevoir que je I'ai oubliee a Gondar. ExTRViT {/'arte Icttrc de M. Mac-Queen adressce a M. Jornard. LonJres, lo jniiviur 184'). MorisiEUR , J'ai rierlSlib. I.e procos-verbal de la dernicrc seance est lu et arlopti. La Societe royale asiatiquc de la Grandc-Brotagne reinercie la Commission centrale de I'envoi de scs pu- blications. La Societe royale des antiquaires du Nord adresse ia suite de ses rapports annuels de 1837 a 1842. M. le ministrc de la guerre adresse un exemplaire d'un travail prdliniinaire qui a 6t6 redig6 a la direc- tion des aflaires arabes a Alger, sous Ic titre : Expose f/c Vet at a duel de la societe arahe , du gouvcrnemcnt et de la legislation qui la regit. M. Jomard communique une lettre r^cente de M. d'Abbadie , datee d'Adoua , et renfermant des ob- servations intercssantes faitcs pendant son voyage a En area. 11 donne I'extrait d'une lettre de M. d'Arnaud , en date d'Alcxandrie , le 16 Janvier 1845, annoncant que levice-roi d'l^gypte a commandc deuxbateauxa vapeur pour remonter le Babr-el-Abiad ; ce voyageur pre- sume qu'il sera bientot renvoy^ sur les rives de cc fleuve pour continuer son exploration. Le mcme membre annonce le prochain depart pour lo Brcsil de M, Marcus Porte avecles jeuncs Bot^cudos , sur Icsquels la Commission centrale a entendu un premier rapport. Ce voyageur oHVe ses services a la Societi!. M. Jomard signale enfm le dernier N" du journal Irimestriel, public on octobro 1844, par I'lnstilut his- torico-gdographiquc du Brcsil , ct renfermant un Me- ( Ihl ) moire du D" Lund sur la decouverte qu'il a faite dans la province de Minas Geracs d'ossements humains a r^tat fossile, dans une cavcrne oil il etait mel^ a des debris d'animaux ; memoire d'ou il resulterait que la race am^ricaine , au lieu d'etre la plus r^cente, serait au contraire la plus ancienne. M. de La Roquette fait observer qu'une semblable communication a 6t6 faite a la Society par lui, il y a deux ans envii'on , d'apres ccllc qu'il avait lui-memc re^ue de M. le professcur Rafn. II ajoute que le fait ex- traordinaire annonce par M. le D*^ Lund avait excit6 la surprise de nos plus habiles geologues , qui , avant d'^mettre a ce sujel une opinion contraire , atten- daient de plus amples details. M. Jomard n'a nullcment pretendu, dit-il, emettre une opinion quelconquc sur la valeur scientifiquc du fait enonc6 par M. Lund ; il n'a voulu qu'appeler I'at- tention sur un travail etendu , et d'une date toute re- cente , autre , par consequent , que la publication faite il y a deux ans. Le Pere Sapeto donne lecture d'une dissertation sur r^poque precise de I'introduction du christianisme en Ethiopie , qu'il fixe a I'an 3/il de J.-C. Cette disserta- tion est extraite de I'ouvrage g^ographique et liisto- rique que le Pere Sapeto va'publicr sur cette contree de I'Afrique ou il a reside plusieurs annees. M. d'Avezac lit la suite de son Memoire sur les navi- gations du moyen-age dans I'Ocean occidental. M. le vicomte de Santarem presente de nouvelles observations sur ce travail , et annonce qu'il y repon- dra dans la prochaine seance. ( IV2 ) MKMnnUS ADMIS DANS f.K SOCltTK. Senncc dii 7 Iwiicf 18/|5. -M. IMulij)[)0 Leiias , uumhIm'c iV^ I'liislitiit. OUVRAGES OFFERTS A I, A SOCIETE. Seance da 7 fevricr \%l\b. I'ai- la Societe royale d'Edimboitrg : Transactions , vol. XV , part, iv , in-/i. — Proceedings of the Society. N"' 23-2 A. Pdi- Id Societe royale geogrnp/tiqiie de Londres : Jour- nal , vol. XIV , part. II , in-8. Par M. Edouard Biot : Memoire sur I'extension pro- gressive des cotes orientales dc la Chine , depuis les temps anciens , broch. in-8. Par M. Rozet : Notice sur la vie et les travaux du commandant E. Le Puillon de Boblayo , hroch. iii-8. Par M, Oiiesime Leroy : Monument de Gerson a Lyon. Lettre a MM. les membrcs dc I'lnsliiul hlslo- rique sur une Strange d^couvertc de M. T , broch. in-8. Par les auteiirs et editeiirs : Annales maritimes et co- lonlales, Janvier. — Bulletin de la Societe geologiquc. 2* seric, toine 11, feuilles 1 ixh. — Journal asialique, novembre. — Revue dc I'Orient , Bulletin de la So- ciete oricntale , Janvier. — Journal d'education popu- laire, ddccmbre. — L'Investigaleur, journal de I'lnsti- tut historique, decembre. — L'Eclio du mondc savant. Seance dn 21 fevrier 18/|5. Par I\l. de Minisire de la guerre : Expose dc I'dal ( 'J/i3 ) actuel de la socielo arabe , dii gouvernenicnl ct do la legislation qui la n''gil, I vol. in-8". Par la Socictc dcs antitiuaiics da Nord : Rapports an- nuels dc cette Society dc 1837 a 18/i3 , 1 vol. in-8. Par la Societe royalo asiatique dc I ondres : Journal , vol. XV, part. II, in-8. Par V Academic royale dcs sciences , belles-lettres et arts de Roueti : Precis analyliquo de sos travaux pendant I'anntV- 18^4. Par Ics auteiiis ct cditcurs : Journal asiatique, do- cembre. — Nouvclles annalcs dos voyages, decembrc. — L'Investigateur, journal dc I'lnstitut liistorique , fevrier. — Journal des Missions cviuigeliqucs , fc- vrier. — Bulletin de la Socit^te maritime de Paris , 2<= vol. , 1" cahier. — Bulletin de la Societe indus- trielle d'Angers, n" 6. — Bulletin dc la Societe geolo- gique, tome XIV, leuilles /|3 a /|7. — L'Abolitionistc francais, novembrc et decembrc. — L'Echo du mondo savant. ( AAA ) I'UliLlGATIONS KfiCENTES. 1. Zuolt' Tjye auf Montenej^ro, uiid Eiii lilick auf Dalmatien , von Dr \Villi. Kbt-I. •}. heft. Uotaiiisclie Beiiierkuiiycn. Ka'nijjsberg , 1844? in-8. 2. Tabelleii zur Geschichte der Deutschen Staaten ninl iluer Grs- chichtlichen Geograplae; von K. v. Spruner, und S. Hanle. i Lief: Von den Allesten Zeiten bis zur Bczifgunj; der Aleinannen dun li (!;idu- dwig — 49'' "■ Cbr. Golha, J. I'erihcs, in-fol. 3. The Cities and Cemeteries of Etiuria ; an Account of two ex- tensive Journeys made for the purpose of investigating the existiiij" Remains of Ktruscan Civilisation. Intended also to serve as Guide to the local Antiquities of Etruria ; by Geo. Dennis. London, John Murray, 1 844 ; 'n-8- With Maps and Illustrations. 4. Memoirs of Father Ripa during Thirteen Years Residence at the Court of Pekin , in the Service of the Emperor of China. Translated (and abiidjjed) from the italian, by Fortuiialo Prandi. London, .1. Murray, i844) petit in-8. 5. Topographische und Naturivissenschafiliche Reisen ilnrch Java ; von D'' Fried. Junyliuhii. Magdeburg, Baensch , i845., in-8 , x-5l8 p. Atlas in-fol 6. Voyane of Discovery and Research in the Southern and An- tarctic Seas, during the Years 1839-43. Comprising an Account nl Kerjiuclen Island, ^ an Diemen's Land; Campbell and Anekland Islands, INiw Zealande, the Falkland Inlands, Cape Horn, and iNew South Shetland ; the Discovery of an Extensive Southern Continent named Victoria Land, and the Determination of the South Magne- tic Pole. By Capt. sir James Clarke Jioss ., Knt. R, N. London, J. Murray, l844> in-8. 2 vol. Maps and Plates. 7. Ein Blick in das Nil-Quelland , von C. Ritler. Berlin, Reimer , 1844 : in-8. , 72. p. et une carte. 8. The Life and Travels of Thomas Simpson, the Arctic Discove- rer. By his Brother Alexander Simpson. London , Rich. Bentley. 1845, in-8. ERRATA du cahier de dccembre 1844- Page 4"4 5 ''8"e 5, au lieu de Islande, lisez Irlande. — 4"^? — 6, geographic de I'Elbogner, lisez carte geogno.s- ti(|ue de rElbogner. BULLETIN DE L\ SOCIETE DE GEOGRAPHIE MAns 18/|5, PREMIERE SECTION. MI^.MOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET HAPPOHTS. MihioiRK siir {a ftxation iCtin premier vieridicn , hi a la Socic'fc de geograpliie , le h oclohre \^hh; PAR M. RoUX DE RoCHF.I.LE. La fixalion du premier mdridien d'oii Ton est parti pour determiner les differences de longitude a varie plusieurs fois depuis Ic temps de Ptolemee , qui fai- sait passer cctte ligne a Junonia, une des iles Fortu- nees. Ccs lies , 6tant situees aux cxtremites occidcn- tales du monde connu des ancicns, ofTraient un point de depart naturel; mais il n'etait pas alors fix(^ avec assez de precision. Ptolemee supposait que los difl'c- rentes iles de cet archipel ctaient placees sous la ineme longitude , et des observations plus exactes (irc^m re. III. MARS. \. 10 ( l/io ) comiallie daub la suite que I'ile tie For otait la plus occidcntalo. Si cc grand gi'-ofirajjlie s'nltaclia aux oxtroniites oc- cidcntales do I'ancicn mondc , plulot qu'a cellcs de ses regions oriontalcs, c'cst (juo Ics prcnriieres c^laicnt beaucoup plus connucs. Lcs Roinains ct Ics Jiabitants dc la Mauritanio tii avaient freqvicnle lcs parages , ct n'avaicnt ricn aporcu au-dcla. Lcs notions vers I'Oricnt 6taicni beaucoup plus ini- parl'aitcs; on n'avait penetrc jusquaux rivagcs orien- laux dc I'Asie que vers ses limitcs meridionales et dans la region des tropiques. On s'cleva ensuitc vers los contrees du nord-est ; niais on n'y voyageait que raremcnt et a de longs intervalles ; il aurait et6 beau- coup plus difficile d'y mesurcr lcs distances ct dc s'cn rendre conipte , que lorsquVm prenalt un point connu pour premier meridien ct pour base dc ses cal- culs. On n'avait pas d'aillcurs lcs moyensqui ont cle ima- gines depuis pour mesurcr et fixer la dilTcrence des longitudes; ceux que nous empruiitons de I'observa- tion des astres etaicnt surtout trcs imparfaits cliez les anciens , qui n'avaient pas nos instruments d'optique ; lis n'aperccvaicnt pas les satellites de nos grandes pla- netes , et ils nc pouvaient laire aucun usage des cal- ( uls dc leurs passages (ui de Icurs cccultaticns pour determiner lcs longitudes. Nous nous cxpliquons ainsi la preference que Ton continua de donner au premier meridien adople par Vtolemec. Cettc ligne fut suivie sans variation avant I'epoquc oil les geographes arabes donnerent une nou- \ellc impulsi(.n a la science, mais introduisirent aussi dans la dclermination des distances et dans la fixation ( U7 ) des licux une grande confusion. Cos g^ographes no s'accord^rent pas enti'e eux sur la position du proniicr meridien : les uns le faisaiont passer a Gibraltar , d'aii- tres le conservaient aux iles Canaries; d'autres en ren- daient la determination plus inccrtaine , on le placant a quatre-vingt-dix degres a I'ouest do la coupole d'E- rinnee , qu'ils regardaicnt commc le sonimet du monde. La situation de cette coupole devenait un nouveau sujet de discussion ; et en clierchant ce monument a peu pr(^s a la meme distance des iles Canaries , on est conduit a croire que la coupole d'Erinndse etaitcelle de la principalc mosquce de Samarcande. Aucune autre ville, situ(!;e dans la meme region, ne pour- rait lui etre preferee. Samarcande etait un foyer de lumiores du temps des Arabes ; ellc continua de I'etre apres los conquetes de Gengiskan ct a]>res cellos de Tamerlan , qui fit eriger dans cette ville une mosquee encore plus grande. Ce lieu devint alors un centre de reunion pour les savants cju'encourageaient la protec- tion et la favour des princes : le palais des kans y etait place , et le pays oii s'elevait la capitale etait si beau et si fertile qu'il passait pour un des quatre paradis ter- restres , situds en Asie. On pent penser , d'apres reva- luation approximative des distances entre Samarcande ct I'ile deFor, qu'Abulfeda et les autres geographes de son temps rogardaient cette ile comme travers^e par le premier meridien , et cetto opinion se trouve con- firm(^e par les observations et I'autorile de quelqucs savants qui ont fait des recherclies sur la geographic et les connaisances des Arabes. Lorsque les grandes navigations de I'Ocoan condui- sirent les Europoens dans les Indes orientalcs ct dans ( us ) Ic Nouveau-Mondc, Tile de For coiitlnua d'Olrc rcpar- (\6e par plusicurs nations connne ligno do premier nioridien. Le capilaino Al|ihonse Sainlongcois , lo memo sans doutc qui, en 15A3 , accompagna Robcrval en Canada, et fut son inailro pilotc pendant cette ex- pedition , regardait le premier m(^ridien , quil noni- mait lignc do diamotre , commc passant dans lile de For, Stevenus, mathdmaticicn de Bruges, mort en 1035, faisait aussi passer cettc ligne par rarchipel dcs iles Forlunees ; mais afin de la fixer sur un point romar- qual)lc qui put otre reconnu et aper(^u de plus loin , il lui faisait traverser le sommct du pic do Tevdo , ou de T^nerilTc , dent la liauleur est de plus de ll./iOO pieds. Les Portugais firent passer cctlo ligne a travers les Acores; les uns dans I'ilo de Tcrcore , d'autres dans cellos do Sainte-Marie ot Saint-Michel, d'autres dans les iles de Cuei'vo et do Floras, qui appartiennent au memo groupe. Cette dci'niere fixation do moridion iut cello qn'a- dopta Gerard Mercator , parco qu'on avait remarque a cette 6poquc que I'aiguille aimantee n'v avait pas do (Icclinaison , et so tournait dircctement vers le polo arctique. Le capitaine frangais Beaulicu , (pii fit en 1619 un vo}agc maritime dans les parages dcs hides orientales , pcusa que Ic premier nKirldien devait otre i\\6 au cap do Bonno-Esperancc , parco que cetail le point de de- marcation le j)lus saillant et lo plus immuable ontro les deux grands bassins do I'Ocoan , ot j)ar('o quo , au moment on il ddubla Ic Caj) , il no roconinil dans la ( m ) Ijoussolo aiicuiic declinaison , aucuiie dcvialioii tlu pole. Mais cettc dh-ection de I'aimant , observ^e sur I'un et I'autre point, et a deux 6poqaes differentes , n'etait pas un motif suffisant pour fixer au Cap ou a Floivs lo premier m^ridien , s'il est vrai que le pole magnetique nc soil pas constant et ne corresponde pas toujours aux memes points , soit qu'il circule autour de I'axe de la terre, soit qu'il se balance par un niouvement d'os- cillation. Aucun autre navigateur frangais ne reconnut pour premier m^ridien celui du cap de Bonne-Esperance , et le meridien des iles Azores ne fut pas non plus adopts par la France. La politique , plutot que la science, indua quclquc temps sur cette question de meridien , et il on iut de meme de la ligne de demarcation a tracer entrc les nouvelles possessions d'Espagne et de Portugal. On sait que la fixation de cettc limite donna lieu successive- menta deux d^crets du Saint-Siege et a deux dilTerentes lignes de demarcation. L'une de ces lignes, tracee, le li mai 1493, par une bulle d'Alexandre VI , 6tait dirigee d'un pole a I'autre , et passalt a cent lieues a I'ouest des At^ores et des iles du Cap- Vert. Mais cette ligne etait d'autant plus difficile a reconnaitre, qu'elle traversait I'Ocean sans rencontrer aucunc portion de territoire: on pouvait la considerer comme imaginairc, et une determination si vague nc sallst'aisait aucune pretention ct ne faisait cesser aucuu debat. Une se- conde ligne de demarcation iut tracee , le 7 juin ilidli, par le Iraitd de Tordesillas, ct Iut confirmee, le '2/| du meme mois, par une seconde bulle pontifieale. Cctle ligne devait passer a trois cent soixanle-dix lieues des ( 150 ) ilt's du Cup-Ncrl; ut l-IL- devonait d'aulanl ])liib laciii; a tracer , qu'elle traversait dans sa longueur une grande partie de I'Amerique meridionale. Au resle , ces deux lignes de demarcation , reconnues par le Saint-Siege , avaient plulot pour but d'etablir une base de concilia- tion cntre I'Espagne ct Ic Portugal que d'assigncr uii premier meridien qui scrvit de point de depart pour les calculs de longitude. Sous le regno de Louis Xllf, le cardinal de Riclie- lleu convoqua a Paris, en 163/i, plusieurs savants ma- thematiciens , charges do determiner le point oil il etait le plus convenable de fairc passer le premier me- ridien : ils s'accordorent a choisir rextr^mite occiden- lalc de I'lle de Fer; et le roi rendit, le l*^"^ juilletde la uieme annee , une ordonnance qui prescrivait a tons ses sujets , navigateurs ou geograplies , de reconnaitre comme premier mt^ridien celui do I'llc de Fer. Cette ordonnance renfermait les dipositions suivantes : « jNous faisons inhibition ct defense a tons pilotcs , » geograplies , compositeurs et graveurs de cartes et )) globes geographiques d'innovcr et de changer I'an- » cien dtablissement des mdridicns, ni de constituer le » premier d'iceux, qu'cn la partie la plus occiden- » tale des iles Canaries , conformement a ce que )) les plus anciens et fameux geograplies en ont detcr- » mine ; et partant , voulons que desDrmais ils aient a » reconnoitre et placer dans leurs susdits globes ct 11 cartes ledit premier meridien en I'iledeFer, comme » la plus occidentale desdltcs iles, et compter de la le )) premier degre des longitudes , en tirant en Orient ; » sans s'arreter aux nouvelles inventions de ceux qui » par ignorance, et sans fondement, I'ont place aux )) Azores; sur ce qu'cn cc lieu aucuns navigateurs au- 1 151 ) » roieiil rap|)urle I'aiyuillo n'avoir point cl(.' variation ; ») etaiU certains quelle n'en a point en plusieurs en- » droits , qui n'onl jamais etc pris pour le premier » meridlen. — Donne a Saint-Germain en Laye , Ic » l'=^juillet 163Zi. » L'ordonnaiice que nous venons de rapporter textuel- lenient ne pouvait sans doute c^tre obligatoire que pour la France; et quolqu'elle iit autorite dans le nionde savant, elle ne put pas enipeeher qu'on prit ailleurs d'autres determinations sur la ligne a choisir pour premier meiidien. Le geographe Hondius fit passer cetle ligne dans I'ile de Santiago, la plus occidentale de celles du (laji- Vert. Bernard Varenlus , savant hoUandais, dont la geographie generale fut revue et annotee par NeAvton , lorsqu'on en puMia en 1672 une nouvelle edition a Cambridge, dit que plusieurs geographcsdirigeaient le pi-emicr m^ridien par I'lle Saint-Nicolas, qui tail par- tie de I'archipel du Gap- Vert; mais qu'il aimait niieux le faire passer aux iles Canaries > et qu'il prelerait a tout autre point celui du pic Tenerille. Les Espagnols adoplerent generalement pour pre- mier nieridien celui de I'ile de Fer : cependant celui de Tolede et ceux de Madrid ou de Cadix leur servirent ensuite de point de depart pour le calcul des longi- tudes. Les Anglais firent passer au cap Lizard leur premier meridien , avanl de le fixer a Greenwich , oil I'liotel des marins invalides fut fonde en 1674 par Guil- laumc III; un obscrvatoire royal y fut ensuite etabli, et c'est a cctte epoque que les astronomes anglais y ont place leur pi^emier meridien. Tyclio-Brahe fit passer cette ligne a Uranibourg , si- ( 152 ) tuo dans unc ile danoise, a Tcntrcc do la Balli(jue. Lcs Franoais choisisscnt aujourd'luil pour point dc depart I'observatoire de Paris , place a pr^s dc 20 dcgr^s , ct plus exactement a 19 dcgr^s 53 minutes ho secondcs a rorient du m^ridien dc I'lle de Fer. Les geographes des Ltats-Lnis d'Amerique font passer a Washington lour premier meridien; d'autres gouvernements du Nouveau-Monde le placent dgalcment dans leurs capi- tales. Get exemple Icur a et6 donn6 par I'Europe : plu- sieurs ttats d'Allemagnc ont adopts des points di(T6- rents : la Russie a fixe a robservatoirc do Paulkova son premier meridien ; le Danemark etablit aujour- d'liui le sien a Altona : d'autres pays ont clioisi pour commencer les mesores de longitudes , les m6ri- diens dc Francfort ,dc Berlin , de ^ ienne ou de qucl- ques autrcs villes. Toutcs ces differences de points de d(^part rendcnt les cartes geographiques moins commodes a consulter ; elles obligent a faire sans cesse des calculs pour sub- stituer un nombre a un autre dans revaluation des dis- tances ct des longitudes , lorsqu'il faut comparer entre elles dilTercntes cartes dont les mesurcs ne sont pas dvaluecs d'une maniere uniforme, et en partant du mfeme point. 11 scrait utile que les geographes de toutes los na- tions ne reconnussent qu'une seule ct mcme ligno pour lour premier meridien ; et si la priority de d6- termination devait suffire pour arreter ce choix , il jia- raltrait desirable que le meridien de Tile dc For Cut dofinitivemont adopts. Mais la reconnaissance de ectte base uniforme est ])eut-ctre d'autant ])lus dillicilc a fairc agrocr par les savants do lous les pays , (prollo est souvcnt conlraiiec I [ 1^3 ) par I'cspiit de nationullte , et qu'elle pent aussi I'etre quclquerois par des sentiments personnels. Chaque lieu , chaque lionimc a son meridlen si Ton avance d'occldent en orient; et comme on est generaloment dispos6 a rapporter tout a son pays et surtout a soi, on est porte a choisir pour point de depart la place que I'on occupe dans I'univers. N^anmoins, il est si necessaire de s'entendre et de repandre une grande clarte sur les questions qui sont d'un intiret general , qu'on pent €tre conduit par la reflexion a faire mutuellement quelque sacrifice de pretentions pour se rapprochcr, et a s'en tenir aux opinions qui paraissent les mieux fondles, les plus commodes a suivre , les plus propres a simplifier les questions et a faciliter les etudes. Nous avons vu, dans la discussion qui nous occupe, les motifs qu'avaient les anciens pour donner au me- ridien de I'ile de Fer la preeminence. Ces considera- tions sont encore les memes : le temps , I'usage de plusieurs grandes nations les ont consacrees ; et cette autorite du temps ne pent blesser aucune susceptibi- lltdi, car clle n'emploie pas la force pour prevaloir ; elle ne s'appuie que sur I'opinion ; ellc a pour base I'utilite commune , et il ne s'aglt point ici d'une ques- tion de jalousie et de preference nationale. Ne perdons jamais de vue que la republique des lettres et des sciences embrasse le monde : ses citoyens resident dans tous les pays , et ils profitent tous de ses progres et de ses decouvertes. La Societe de geogra- phic ale memo cai-actere d'univcrsalite : toute la terre lui appartient; et quel que solt le lieu qu'elle ait a choisir pour point de depart de ses obser\alions de longitude , ce lieu est compris dans ses domuines. ( 154) Notice sitr iVdiiciennes inondntions dcs pnjs coinj/i/s cutie l(L flense et la riviere d'Ei/is; lite a la Societc de gvograp/tie , le G dceeiiihre 1844 ; Par iM. Roux de Rochelle. Le pays des anciens Bataves et celui dos Prisons sont , de toules Ics regions de TEurope, celles qui ont ete le plus souvent envaliies par les eaux des fleuves qui les traversent , ou de TOcean qui baigne leurs ri- vages. Ces fleuves sont I'Escaut, le PiUin, la Meose, I'Yssel , I'Ems et leurs affluents. La Meusc et I'Escaut , portages en plusieurs bras vers leur embouchure , ont anciennciuent separe les lies de la Toxandrie ou Zelande , qui d'abord faisaicnt partic du continent. 11 n'existait alors cntre ces iles que des passes pen profondes , que couvraient les eaux de la nrarce , et que Ion jiouvait traverser a ])iod pen- dant la basse mer; iiiais insensiblement les lils de ces tlllTerents canaux se creuserent davantage , et s'ouvri- ront enfin a la navigation. Ce creusage fut effectut^, soil par la Force du cou- rant des fleuves , soit par la violence des (lots de I'O- cean , qui, detrempant chaque jour davantage les couches Ic^geres d'un terrain de tourbi^re , ou de sable ou de limon , les detach6rent plus aisenient du lit infcirieur sur lequel elles roposaient , les tinrent en dissolution, et les precipileronl enlin au fond de la haute mer, ou les entrainerent vers d'autrcs rivages. II paralt qu'on avail autrefois erige dans une des lies de la Toxandrie un ])ourg nomme Ilelius, donl le ( 155 ) nom C't I'emplacement nous soiit encore incliqud!S par celui de Helvoetsluis. De somb'.ablcs lioux de rtliunion 6taient en merae temps des nioyens de defense , pla- ces vers remboucliure des difft^irents fleaves. Le Rhin , qui coulait au nord de la Meuse , et qui dirigeait son cours d'orieat en Occident, depuis rem- boucliure de la Lippe jusqu'au voisinage de Leyde et a rOcean , opera, par la division de ses eaux, d'autres changements dans le pays des Bataves et des Canine- fates qu'il traversait. Ce lleuve n'avaiteu d'abord qu'un seul lit, et une seule issue, qui recevait tout le vo- lume de ses eaux; il avait alors plus de largcur, de rapidite et de profondeur; mais il en perdit une grande parlie , lorsqu'un nouveau passage lui fut ouvert dans le lit de ^\ahal, qui se dirige vers Toccident, pour aller reunir ses eaux a celles de la Meuse , et se perdre avec elles vers son embouchure sej)tcntrionale. L'origine de celte derivation du Wahal n'est pas cer- taine , et peut donner lieu a diverses conjectures. Peut- etre le lit de ce canal fut forme par Faction des eaux du Rliin, qui s'ouvrireat un nouveau passage sur leur rive gauche , et se repandirent dans les terres infe- rieures , dont elles suivirent la pente et les sinuosites ; peut-etre la main des hommes acheva ce que la nature avait commenct; , et ciiercha a rendre plus regulier et plus navigable ce canal de derivation , ou s'ecoulait une partie du fleuve. Entre le Wahal et I'ancien lit du Rliin s'etendait I'ile des Bataves ; elle etait , du temps de Cesar, la seule qui eut ete foraiee par I'une et I'autre branche de ce delta. Les Romains cherch^rent a 2)reservor celte ile des inondations auxquellcs elle etait cxposee ; et sous le regne d'Auguste , ils dleverent sur la rive ( i5G ) gauche do rancien Rliin unc longuc suite do iliguos, (jin furonl commoncoos pai- Drusus Gowuanicus. Mais la niort intcrronipit cos travaux , et ils ne furcnt rcpris et tcrminds que soixante-trois ans aprts, par Paulinus Pompoius , proprctcur do la Germanic iiiforieure. Lcs eaux de I'ancien lit du Rhin , deja molns abon- danles dcpuis la formation du Wahal , furent encore d(5riv(^es, pros do leur embouchure , dans un nouveau canal que Corbulon fit crouser entrc Lcyde sur h' Rhin et Sluys sur la Mouse. Ce general vivait du temps de Neron : il commandait les troupes romaines sta- tionnees dans la Batavie , ct il cut pour but de mettre cctte contix'c a I'abri du debordcment des eaux , en leur ouvrant une large et profondc issue a travers cos plaines infc^rieures , ou les grandes eaux s'extravasaient souvent, et formaient de vastes et profonds marc- cages. Vers le fin du r^gne de Vitellius , et au commence- ment de celui de-Vespaslen , les digues elevoes au nord de la Batavie par Drusus Germanicus furent d6- Iruites par Civilis , qui s'6tait revolt^ contre Tempiro ; et les terriloircs qu'elles prescrvaiont de I'inondatlon furent envuhls paries eaux du Rhin. Civilis en dirigea une partle vers un nouveau canal qui avait ete crease entre Ic Rhin et la Mouse, et qui porte aujourd'hui le nom de Leek. Ce canal lul olTralt une nouvelle llgno de defense contre les Romalns qui venaient I'attaquer; mals il n'absorbait pas toutes les eaux do la contrec volslne : ime partle des plalnos en etalt encore cou- verto. Leur inondatlon opposalt aux Romalns un autre moyen de resistance, et il fallut un long temps pour faire rcntrcr les eaux dans lour lit liahltucl. Taclte , ipii a ocril son hislolrc tronlo ans aj)ros la rovollo de ( 157 ) Civilis, dit que le Rhin du milieu n'avait qu'un lit modique , et que les rives de cette branche du flcuvc 6taient des mar^cages. Ces prises d'eau et ces derivations, toutes cmprun- t6es du meme fleuve , curent pour r^sultat inevitable de reduire chacune de ses branches a un lit bcaucoup plus etroit , en distribuant entre elles tout le volume de ses eaux. Toutes ces derivations s'ii-taicnt dirigces vers les con- tr^es de la Batavie ; mais il s'en forma d'autres , dont I'origine etait analogue, dans les pi'ovinces du Nord liabitees par les Prisons. Ces derniers peuples occupaient les terres qui furent ensuite connues sous le nom de Hollande , et celles qui s'etendent entre I'Yssel et la riviere d'Ems ou yVmisia. Un grand lac , form6 par les eaux de la riviere Fldivo et de quelques autres courants, s^parait les parties oricntales et occidentales de la Frise ; il en couvrait les regions infericures ; cc bassin s'agrandit successivement : plusicurs iles y etaient parscmees ; la plus grande portait le nom du fleuve , qui en sor- tant de ce lac poursuivait son cours vers le nord , et allait so jeter dans I'Oc^an , soit par I'embouchure du Vliet , dont le noui rappelle celui de Flevo , soit par les intervalles des iles prolongees et des langues de tcrre qui bordent le rivage maritime. Les eaux du lac Flevo devinrent plus abondantes lorsque Drusus eut fait creuser entre le Rhin et I'Yssel un canal qui porte son nom , et qui s'^tend d'Ar- nheiin a Duisbourg. Cette derniere derivation d'une partie des eaux du Rhin , qui furent dirigees vers le nord , affaiblit encore lo lit principal du fleuve. II en residta que son rours ( 158 ) Ic plus ancien ct lo plus occidcnlal linit par sc pcrdre dans les sables qui s'accuniulerciil vers son embou- chure. Lc Wabal, le Lock cl rVssol furcnt alors re- gardes comme autant de branches du meme fleuve. Quant au lac Fl6vo, qui sdparait les deux provinces dc Frise , il conscrva ce nom jusque dans le moyen- ugc, et il ne le perdit pour prendre celui dc Zuyderz6e que vers la fm du xn'^ siecle cu au commencement du xm' , lorsquc la mer du Nord cut rompu les digues qui la contenalcnt. Ces digues ^taicnt une longue suite de dunes parallcles au rivage , ;i peu pres corame les Neerung du fond de la Baltique, qui bordcnt le Frische-Haff et le Curische-Haff. L'accroissement des caux inonda successivement une grande partie de ces rivages ; ils furent submerges. On n'esp(!'ra plus reprendre sur la mer les terrains qu'ellc avait on- vahis , et Ton se borna a se dd'endre contrc ses nou- velles irruptions. Cette invasion de la mer du Nord dans celle que Ton nomma mor du Midi ou Zuyder- zee eut lieu en 1170, scion lc moine Godefroi , qui vivait dans le xni'' siecle, ou en 1225 , si Ton s'en roj)- porte a Lbbo-Emmius : cette derniere date est plus generalement adoptee ; mais on avait aussi remarqu6, avant cetle epcque , quelques brcches dans les digues de la mer et quelques inondations partielles. En 1282, on eut a subir, vers rembouchure de I'Ems, une autre invasion dcs eaux de la mer, qui submergea toutes les terres voisines de reml)ouchurc dc cc fleuve ; clle y creusa le golfe DoUaert, et ce bas- sin eut assez de profondcur pour que les vaisseaux d'une faible portee pussent en pratiquer la naviga- tion. Quelle que fut I'liabiletii des lloUandais dans les ( 159 ) arts m^caniqucs ct dans tous los procdsdes propres a Ics defendre contre I'invasion des caiix des flouvcs et dc la mcr, leurs rcssourccs fiirent impuissantes contre los forces de la nature. Les caux de I'Ocoan firont en 1421 une irruption sur les rivagcs de la Mouse in- f(^rieure , et submergerent tout Ic pays qui s'etond entre Gertruydenberg et Dordrecht. Soixante-douze villages furent onsevelis sous les flots. Les IloUandais , places dans le pays qu'avaient oc- cupy les Prisons occidentaux , avaient a se defendre contre un flt^au semblable qui ravageait I'intdrieur de leur lerritoire, et qui etendit incessamment ses pro- gres depuis le commencement du \\i^ siecle. Co fleau est I'agrandissement de la nior de Harlem , qui no couvrait en 1506 qu'une surface de trois mille deux cents hectares ; elle en occupait dix-sept mille en \7h^; et pendant le siecle qui s'est ecoule depuis , elle a fait de nouveaux empietements , malgre les moyens que Ton a employes a plusieurs rej^rises pour derlver vers rOcean une partie de seseaux. Cos entreprises de des- sechement et de derivation avaient et^ longlemps incompletes; mais depuis I'annee 1838 elles ont 6te rc- nouvel^es et suivies d'une maniore continue , avec plus d'ensemble et par des moyens plus puissants. C'est par des machines a vapeur que Ion precede a I'epuisement des eaux, et a mesure que des sui'fuces de terrain viennent a se dcicouvrir, on les preserve d'une nouvelle inondation par des digues et des pol- ders (1). (i) IJnc Notice lius eteiuliic sur les pioci'dcs mis en iis.i{;o pour ope'rer le dessetlieinciit ilo la iner de Il.irleni a ete iiiseree au inois de fiivrier l844 dans le Bulletin de la Socii'ic de {jeoginpliie. Toutes Ics (piistions qui tienni lit a ee fjrand travail y ont r'te soij'iieuscmcnt analysces, et la ("oiiiiuission cliaryee de le dnifjer a pi is lotiles les me- surcs nrecssaires pour I'ai coniplir. ( 100 ) Mi'MOiRE sitr fcs ptogres dcs dccntn>ertes gcographiques (Inns File de Madngnscnr; P.vn M. EuciiNE di; FnonuRvii.Lr.. Suite (tu iireinier meiiioire: L ile de Madafjascar a-l-cllr »'■!(• connue des anciens ? ( foyez If nullilin dc wain i8.|4 , |'- 2l5. ) Cernc. — « Les avis , dit Eustatlio , sont partagcs sur la veritable situation dc Cern*!; ; Ics uns la j^laccnt a I'occidcnt, les autres a I'oricnt (1). » Nous voyons en eflfet unc dissidcnce frappanto chez les auteurs anciens qui ont parl6 de cettc ile. Ilannon, Scylax , Polybe , Cornelius Nepos ct Ptolt^m^e (2) pla- cent Cern6 pres de la cote occidcntale d'^Vfrique ; ct Ton ne pcut douter qu'elle n'y filt reellement situcc , pulsque Ilannon et Polybe I'ont visitee. Mais Pline, tout eq citant Polybe et Cornelius Nepos, produit, sans la discutcr, une opinion diamelralenienl contraire, d'apres laquellc Cerne scrait unc ile dc rOcd'an oriental. (1) Stliolie sur [c vers 2 19 de Denis Ic Pciirjctc. (2) Voyez dans Gossklin ( Recherches sur la neot/r. sv5(. ct posit, des anrieits , t. I , p. 78) les passages rt'imis de ccs ilirtViciils auteurs. — Stiuiion Mil). II) uiait I'txistence de ('erne. II est vrai qu'il i-fuiside- rait comnie des iinpo.sture.-» li's rcliilious des voyages fails au-dela des coloiiues d'Herrnle;re qui iui|di(pierait que , de son temps , Ton crDvait rcnit' siluee dans I'oi-eaii Allan'iique. — Dcnys Ic I'erieijete so contente de dire que « les Ktiiiojiit-ns Iialiitent les extremes limltes du continent sur cc nienie Ocean ( rAllanticpie ), non loin des valK'es lie la lointainc Cerne. » Vers 219 ( Orliis Dcscriplio commenlariu illtis- train (I <;iiill. Hill. I-mid. , iC>-r). \>. l3 ). ( 161 ) u On parle , dit-il , d'unc ile de Cern6 , situd-c a r opposite (hi golfe Persique , vis-a-vis de I'Etliiopie , ct dont on nc connait ni la grandeur ni la distance dii continent. On rapporte sculement qu'elle est habitec par dcs Ethiopiens. Ephore dit que les navigateurs qui , partant de la mer Rouge , se dirigent vers cette ile , ne peuvent s'avancer, a cause des chaleurs, au-dela de certaincs coloiines , nom qu'on donne a de petites iles (i). )) — Ajoutons que le poete Lycophron avait dit: « L'Aurore se leve . laissant Titlion dans son lit pi'es de Cerne (2) ; » ce qui indique clairement la situa- tion orientale de cette ile. Un grand nombre d'ccrivains moderncs ont essay6 de rd'soudre le probl^me que Pline, comme on vient de le voir, s'etait contente de poser. Les uns , tcls que Saumaise (3) etde nos jours Gossolin (Jx) , frappes de I'autorite que meritcnt les relations d'llannon et de Polybe , rejettent les t^moignagcs de Lycopbron ct de Pline , et ne veulent entendre parler que de la Cerne (l) « Contra siniim Peisicum Cerne nominatur insula atlversa jEtliio, pia?, cujns neque magiiitudo, neque iiiterv.illinn a eonlinentp con- stat; iEtiopias tanluin populos liabere proililui-. Epliorus auctor est a Rubro Mari navigantes in eaiu uon posse piopter ardores nitra quasdain coluninas (ila appellantiir parva; insuLe ) proveJii.. „ Hist. Jinf. , lib. VI, cap. 36. {■?.) LvcOPHnON. Alexandra sive Cn^isaudra^ vers 16-18. I.e sclio- linste TzETZES, qui vivait dans le xii"' siecle, ajoute dans son corn- mentaire : « Cerne, ile de I'Ocean oii le soleil pniait se le- ver.)) ( Kdiiion de M. C.-G. Mli.leii. Lepsick , 181 1 , t. I, p. 3o5. ) 11 Varias de liiijus insulaj situ sentenlias, si quis enuinerare vcllet tolas is p.ifjinas implere poteiit, >• (bt .1. Potteh dans ses notes siir Lycophron. Nous ne mentionnerons ici qne les prineiiiabis opi- nions. (3) Pliiiiiniic rxcnitatloues in C.-J. Solini /'i>/)'/i/vlon'> , p 878. (4) Hnlurrlirs, t. I , p. -8. III. MAHS. 2. 11 ( IG'i ) Dcculcnlale (I); los autrcs, tols quo Morcalor, Ics Sanson, le P. Haidoiiln, Brotier, Dclisle, etc., iransi- fi;ent avoc la dirficiille , el aclmottont deux ilos Ccrno : Tunc dansl'occ^an Atlanlique, Taiitrc dans la nicr dos Indos. Cellc-ci, commc on le pent prevoir. est placee a Madagascar (2) , refuge ordinaire des iles de la g^o- graj)liie ancicnne donl on no pciil dtHormincr la si- tuation precise. C4e|)endant ni Plinc ni Lycophron ne fournissent le nioindrc rcnseignemont sur reniplaceincnt do Ccrne. (1) Vossiis so joint a S.iuinaise : « Non iiic move f (|iini| I'liiiiiis oiiciilali in Cciiiuii al) iElIiiopilms tcneri alt. Ilia enini mini .id liarn-, cl sane fahtilosa est nl jam aniinailvertit (vir in onnn docdinn siun- nius) incoinparaliili.s Cl. Salniasin<. » GeQaiiec dps eoulrees ineridionales silnees uu-dela de Siora-Leone » — On ne .s'allenilail guere a voir Sierra-Leone en cette alTaiie, el Ton .^e de- niaiidc i|U(l r.ippnrt il pcnl y avoir iLuis I'ciprit de Dipper iiilre la liinite, Ires conleslahle (raillems. ipiil a>slj;nc aii,\ eorinaissances ;;eograpliique.s di'S anciens sur la cote necideiilale d'AFriipie et eclle de leur.s navigation.s le long de la cote orienlalc. Entendait-il jiar l.i que Sierra-Leone etail le point le plus austral que les aneien.s eon- nussent en Afriipie ? On ne pent le .snjiposer, pni.srpie dans le cliapi- tre lelalif aux terres du Zangucbar, il dil ipie u Plolemec donne le notnde lihaptc au fleuve et au cap de Qiillmnnci, situe a lono pas de MeliniU; » (Test done tout simplcii;ent nne de ces etourdi ries rpii remplisseiit les eanq)ilatioii,s gi'ogra jdiiipu'S ilu xvu'' sieele. Nous ne la relevoiKS iei que pour montrcr le pi'U de confianee (pie ineritent ces soite.sdn livres, liunl il I'.uidrail reduiic de moiiie I'rpai.ssiur, si Ton vovd.iit en elTaicr lant seuliMmnt le^ c oiiii ailictions. ( 163 ) Le premier nous apprend au contraire qu'on ignorail et la grandeur de celte ile ct sa distance du continent. Tout cc qu'il rapportq d'apr^s Ephore est si vague , qu'il nous parait impossible de presenter aucune con- jecture plausible a I'^gard du lieu qu'il a voulu indi- quer, et que, sans le ti^moignage de Lycopliron , nous serion tentes de mettre le recit d'Epliore au nombre de ces contes geographiques dont la litt^rature de tons les peuples offre des exemples. Quoi de plus (^lastique en effet que le sens dc ces mots : Contra sinuni Persiciim, adversa Mthiopia'[\) !Quoi de plus favorable aux caprices dc I'imagination et de I'esprit de syteme que ces o/j rapporte , ces certaines petites lies , cette impossibilite de naviguer a cause de la chaleur, et surtout cette absence absolue d'indica- tion, quant a la grandeur de Cern6 et i sa distance de I'AiVique ! De telles donnees sont trop incertaines pour que la discussion n'y avortepas dfesle d^but, etne laisse pas la place aux reveries, Aussi ne peut-on pas refuter serieu- sement Mcrcator, les Sanson , IcP. Ilardouin , Brotier , Delisle, etc, , qui ont fait une scule et meme ile de Madagascar , do Menuthias et de Ccrn6 , les uns sur leurs cartes , les aulres dans leurs commentaircs sur Pline (2). (i) Cette vague iiulicalion parait sans ie|ili([iie au P. Ilarrlouin : « Plane hii' silus ( (litil ), coiifiniit cum liodienin Matlag.israr. » — ZaCIURI V Lii.i Hi.s se fomlail sur rettc meme plnase dc J'line pour iila- ccr Oerne paiini Us ties les plus cclehres de I'.lsie. ( Voycz sou Orbis hrcviariian ^ jidc ^ roJiipeiidio ordincque ^ rnptu ac mcmnialii facit ■ Ittntim. Paris, i5i5, petit 10-4". ) (2) Pii. CLl'viEr, u'a pas uioins {untiiljue a repaudre Pomp. Mclcc. Lu{]d. Batav , 1722 , p. 5<)(). ( 167 ) I'Asie fl). C4epcndant Malle-Brun conjecturait que Ma- dagascar « pouvalt reclamer sa part dans les Iradilions parvenues aux Grecs et aux Romains sur rimmense Taprobane, qui, selon le recit des indigenes, se tx'ou- vait, dit-il, si reculee au Sud que Ton n'y apercevait ni rOurse , ni les Pleiades , et que le soleil y paraissait se lever a gauche. Ces traits, ajoute Malte-Brun , ainsi que les dimensions et le grand lac situ^ au centre dc I'ile (2) , conviennent a Madagascar, tandis que les lati- tudes indiquees par Ptolt^mee s'appliquent a Sumatra , et que toutes les autres circonstances nous ramenent a Ceylan (3). o Les details sur lesquels Malte-Brun fonde sa conjec- ture sent puis^s dans Pline {h) , auquel il faut I'ecourir pour la rectification de certaines inexactitutles conte- nues dans sa citation. — D'abord le noni d'i/u{i"-e/ies, applique a des ambassadeurs envoyes vers rempereur Claude par le roi dc Taprobane , donne a ce morccau une couleur contraire ci la verity. Ce terme ne comporte pas I'idee qu'on doit se taire des habitants d'une ile qui renfermait cinq cents villes, et des sujets d'un prince dont le palais contenait deux cent millc personnes. Ensuite, quelque mince que soit la cr^ance que Ton accordera au recit des Taprobaniens , on ne pourra jamais admettre que les Madocasses aient ete , a aucune dspoque anterieure a notre siecle , en etat d'envoyer des ambassadeurs solliciter , dans un autre hemisphere , fl) PsEiiDo-AiiiSTOTE, Dc Miiiido, c;i|). 3. — SinAiiON, 111). II et XV. — Pomp. Mkla, Z)<" siVii 0).'ws lib. Ill, cap. 7. — Pioi, , lib. VII, rap. 4- — AoATiiEMEii , lib. II, i-.ip. 8, clans la cullcctidii lies Pclils iji'oij raphes d' Oxford, I. I(. (■>.) II n'oxislc pns ile grand lar an reiitir (\c Madajjascar. (3) I'yt'cis dc la ffeorjr. unir. , I. V, 1817 , p. 1 16. (/(1 ///. Pomp. Mki.a , lib. III. • ap. 7. (3) 11 ICxIra orbcm a iialuia irli'{;ala, " 1'li>., lili. \'I, cap. •.!2(2.'{\ ( 170 ) do colic porsislanco que mettont Ics g<^ograplies sysl6- inaliques a conserver les hypotheses anciennes en dopil des observations recentes qui les infirment. Les L^crivains contcmporains qui ont annonco que Madagascar etait la Taprobane de Ptolemee n'avaient assur6nient jamais ouvert la Geograplnc do Plolonioo. Se conlonlant do parcourir le Precis de MaUe-Bnin , pour y puiser un semblant d orudilion , ils out coniplo- tement travesti la pensee de ce geographe. S'ils s'etaionl donn(i la peine de lire avec une mediocre attention I'ouvrage do Malte-Brun , ils auraient vu que ce geo- graphe ne parle de Ptolemee , a propos de Taprobane, que pour annoncer « que les indications fournies par cet ancicn ne conviennent points Madagascar. » Mais n'eAl il pas etc^ plus simple de compulser Ptolemee lui-momoi'On se lut ainsi convaincu qu'uno lie qui nourrissait des elephants (1) ne pouvait etro Madagas- car, ou cos animaux n'ont jamais existe. II eiit d'ail- lours sulh d'observer sur les X" et XII* cartes du g«io- graplie grec la situation de Taprobane par rapport au continent asiatique pour dcicider cette question. Quel- que crronee que soit sur ces cartes la configuration des cotes de I'lnde, on reconnait faciloment qu'une ile placee comme Test Taprobane enlre ITndus et Ic Gango , a une tros potito distance de la terre fci'me , ne saurait etre prise pour Madagascar. P/u'bol. — Malte-Brun a aussi « cru roconnaitro chuis rile Phcbol, nommee dans un ecrit allribuo a Arislole, le nom arabe de P/ianba/on douno a Madagascar (2). » Cette dernierc assertion sera examinee dans le Memoire (i) ProL. . Iii.. Ml, up. 4. {■>) Precis (Ic In ;ji'<>iji: uuiv. , I. V, i f> i 7 . |). 1 iG. — Crllc jiliiasc n <■!(■ I Cll Mlllllc'l' (1,111- 1,1 MilUVcllo ('(lilillll ( 171 ) que nous consacrerons aux connaissances g^ographi- ques des Arabes sur les iles tie la cote ovientale d'A- frique. Nous nous bornerons ici a cxposer le scul passage ancien oii il soil question de Pbebol. « Pbebol, dit le pseudo-Aristote, est une ile aussi grande que celles d'Albion et d'Hierne (I'Angleterre et rirlande) ; elle est situee vers le golfe Arabique (1). » C'est la tout ce que nous savons de Plii^bol ; et cette vague notion nous pai-ait insuffisante pour en conclure que le pseudo-Aristote a voulu parler de Madagascar. II nous semble meme que ces niols « vers le golfe Ara- bique » nous eloignent trop de Madagascar pour qu'une telle liypothese soit soutenable. L'ile du marchand lambiilus. — Quant a I'ile du mar- cband grec lambulus, tout concourt a prouver que la relation qu'en a donnee Diodore de Sicile (2) est pu- venient imaginaire. Telle est I'opinion de M. le baron de Humboldt (3), « M. de Sainte-Croix {h), dit-il, pen- sait cependant que la Giillh>eriade d'lambulus avait quelque fond de verite.... Ne peut-on pas admettre (jue dans ces voyages imaginaires , on se plaisait h (i) De Mtiiido. — Lettre d'AiiUotre a Alcxaude sur le systeme du moiide. Tnitl. par I'ahbe Balteux , p. 3l. — Voytzla version d'ApLLEF. {Opera. Paris, iGti8.) Son coiiiincntateur ne se dissimule pas le pen tie precision ilu lenseigiiciiienl riiiirni |>ar le pseudo-ArisloIc. II scrait ti-nte d'y voir l'ile de Socdtuin, <: Virum lia'C minor est, Araljico sinii distaiitia uiajor i|uani iit possit di( i ad enm sila. » P. 7 i6 ( Val])ys' edition. Pars II , p. 1217.) (2) Ld). II, rap. 53. (3) Fxaincii eriliijue , edition in-8" , t. I, p. 1;-. note 2. (4) Lxameii des historiens d' Akwtmdre ^ p. j^j. ( 172 ) innlor aiix fictions dcs descriptions locales quchjuos traits do niocurs et d'lisagcs quo Ton connaissait vaguc- niont par los relations incoherentcs d'anciens naviga- te urs ? » ■ Le roman do notre marchand , comme celui dc Sindbad le inarin, contient en elTct des dd'talls dc imeurs qui se rctrouvcnt encore dans les lies do la Malaisie. Jacquet, dans un savant memoire public en 1831 , sur un passage de la relation d'landjulus telle qu'clle est rapporteo par Diodorc , concluait que le voyage de ce marchand n'est que la r(;lalion des recits de quelques voyageurs grccs sur la Polynesie asiallque (y conipris le Ceylan) , resumes en une scule action et reunis sur une scule contree (1). Si quelques coutumes decrites par Diodorc s'ob- servent a Madagascar, c'est que les peoples made- casscs les ont apport(§es de rarchipcl Indien , d'oii ils sont evidcmment sortis. II n'en faul j)as conclure que Jambulus a voulu designer cette ile ; car une foule d'au- tres circonstances rapportees par lui sont tout-a-lait ctrangeres a Madagascar, tandis qu'elles con\ienncnt aux lies de la Malaisie. Nous bornerons ici nos observations sur les hypo- theses peu fondees par lesquelles les modcrnes ont cru resoudre les questions dilTiciles ou incxplicables qui obscurcisscnl la geographic ancicnnc des contrees (|ue baignc la mcr des Indcs ('2). .Nous croyons avoir suITi- (i) ('niisidc'rcitions sur les alphahtts i/ci PliUipjt'tiics , A|i|)iii(li(c drills le Noau. joiiriKtl asititiquc ■, I. IX. (•.f) Nous n avon.s j>a.scar ? — Ne sciait-ce p.TS aussi peidre son temps C[ue de voiiluir refiiler Bruce, (pii , en rciniiiieiitant iin passaf;c d Eupolemus , dit f|uc " cil aiiicur a vdiilu vj aisciiiLlaMeuient desi- jjner Ma.M'S UK i.'A MiiuiQi'K orl annu(>l . p. 178-1791, (Ic l;i pari de M. Ilegcwisch , quelques- ( 185 ) flcichesd'ohsidienne , appartenant aux antiquitc^s mexi- caint's, et tout-a-fait semblablos a celles en caillou trouvees dansles paysdu Nord. Des objets d'antiquites ro(^us de la Californie se rattachent a ces antiquiles du Mexique , de meme que celles des Esquimaux se rap- procbcntdes objets de I'Aiuerique russe , nomm(^ment de ceux des iles d'Al6outes , et ces derniers resscmblent d'une maniere frappante a des objets asiatlques de la Siberie et du Japon , nientionnes dans le rapport an- nuel de 1838 (p. 15-17;. ANTIQUITfes CARAIBES. Nous nc possedons qu'un petit fonds de cette classe d'antiquites; mais nos rapports avec les iles de I'Ara^- rique nous font esperer que cette section ne manquera pas de recevoir des accroissements semblables a ceux que nous avons re^us pour les autres divisions de ce xiius^e. S. M. LE Roi DE Danemark nous a offert une niassue ou hache de guerrier. longue de neuf pouces etdemi, d'un ti-avail admirable, en diorite , et d'une forme jusqu'a present inconnue , qui rappelle celle que les peintres donnent habituellement a I'arme do Sam- son. Cette belle antiquite a ete deterree dans I'ile de Porto-Rico. Dans une lagune pr^s de Frt^dericsfort , a I'ile de Sainte-Ci'oix , on a trouve nouvellement un coin magnifique en diorite, long d'environ 111 pouces , dont le commandant du fort, le capitainc Jules de Casto- nier, a bien voulu faire cadeau a la Societe. Le capi- taine T.-A. Kioer lui a auparavant oflert liuit coins de la meme csp6ce de pierre, differents de forme, mais lout a-fait semblables a ceux qu'on a trouves dans le -Nord. Ces coins avaienl cle delenvs dans les ili^s des \ ierges. ANTIQUn'is INDIEISNES DE i/aM^RIQUE DU SUD. Le doctcur Lund , qui voyage dans lo Bri'sil , nous a plusicurs fois fait parvenir dcs ohjols precicux pour cette classe : aussi en avons-nous diija fail mention dans Ic rapport annuel de 1841 et dans les Annales de la Soclete ; un Traite de M. Lund, sur ccsobjets, y a <^te insert (1838-1839, p. 159 sq.). M. Virgilede llelm- reiclien , naturaliste autrichien , qui voyage au Br6sil , a fail parvenir a la Soci(^l(i deux poinles de fltjches en picrre , de la forme d'un dard ; dies avaienl ele trou- vees, au mois de decembre de I'an 18/il, dans la Cidade Diainaiitinn , autrefois nommie Tejticn , situee dans le district de Serro do Frio, de la province de Minns Gernes. Une de ces poinles de fleche , qui est en p(!!lrosilex, fut trouvde dans le Corrego da Viwencao , et I'autre , qui est en crislal de ro he , dans le liiherao de Pinheiro , a deux cents lolses au dessous de I'endroit oil la premiere I'ivi^rc venant du midi se jctte dans la secondo. Le confluent des rivieres a lieu a environ deux milles el demi au nord de Cidade Diamantina sur la pente orientale de la Sei-ra do Espinhago , qui s'elend sous differents noms, depuis S-Paulo jusqu'a la pro- vince de Bahia , dans une direction septentrionale. M. Helmreichen ajoula le dessin d'une lroisii;nie poinle (le Heche en crislal de roche brun , qui a ele Irouvee au mois d'octobre 1841. Quant a I'age de ces poinles do Heches, il n'ose^mettre aucune opinion. Cepcndani les Indiens qui habitent mainlenant le Minns Gei-aes nemploient plus de pierros pour hi fabrication de leurs flechcs, mais ils en font de bois ou do jnconrn. Le flocleur Rroyer nous a rapport<5 du Chili une pin- ( 187 ) cettc d'argent et le pastcur Pontojipidan reQut au Ptirou cinq vases antiques qu'il nous ofTrit a son retour. Le rapport annuel pour 18Zil en a fait mention, el un traite special , accompagne de gravures representant les vases , a ete adrais dans les Memoires de la Society (18ZiO-18/i3 , p. 131-138]. La pincette y est representee (p, 160) a cote d'une autre en bronze, qui a ete trou- vee en Danemark. M. Suenson , capitaine de vaisseau, a offert a la collection un petit corps splierique en bronze, qui d'un cote est decox'e d'une face , et qui est garni en haut de deux grands anneaux el d'un autre plus petit. Ge globe , dout le dianietre est d'un demi- pouce , a ete trouve dans les environs de Lima. Nous devons encore ajouter a cet apercu d'objets d'antiquites que possede deja notre musee americain , qu'une collection d'antiquites mexicaines a ete offerte a la Society par M. Ldlie, qui nous a 6crit a ce sujet du Mexique , sous la date du 28 aoiit, et que le direc- teur du Musee national de Lima nous a fait la promessc de ceder a notie mus6e une collection d'antiquites peruviennes , en ^change de mineraux du nord de I'Europe et d'autres objets d'un ])rix scientifique. Notice siv I'dibre du Solei/ , on arbre sec , dccvil ddiit. la relation des voyages de Ma ran Polo; Par M. Roux de Piocuelle. Do vagues descriptions et des definitions incomple- t( s ou inexactes se trouvent souvent dans les recits des voyageurs du moyen - age ; elles liennont surtout ( 188 ) a I elLil d'imperfection oii (itaieiit alors toutcs los sciences. Marco Polo,le plus rcmarquahle des voyageurs de celte (ipoquo , n'a pu quelquefois se delendre de cettc con- fusion ; elle devait etre particuliurement sensible dans la description des objets qu'il n'avait pas observes lui- meme. II n'avait alors a faire usage que des notions re|)anduos autour de lui. Ces documents, qui pouvaient suHiredans le pays memc , nedonnaicnt point asscz de luniicrcs aux etrangers , et reloignonient des lieux et le cours du temps devaient encore rendrc plus obscures cos indications. On a quelquefois reconnu qu'il serait utile d'dclaicir par des notes bistoriques ou gc^ograpbiques plusieurs passages des relations de ce voyageur. Ses remarques sur los productions naturelles des pays dont il fait men- lion meritent aussi d'etre expliquees, et pour appuyer cette observation sur un cxcmple , je me suis arrets a ce qu'il raconte de I'arbre du Soleil ou arbre sec. On trouve , dit-il , dans la province de Timocain une grando plaine ou croit I'arbre du Soleil , vulgairement nomme arbre sec ; il est grand et vigoureux ; ses feuilles sont vertes d'un c6t«i et blanches de I'autre ; il porte des glands couverts d'^corce comme ceux du cbalaignier ; mais leur enveloppe no renferme aucun fruit qui soit mangeablc. Cette definition, que quclques variantes des editions de Marco Polo rendent encore plus incertaine , a con- duit los commcnlateurs a des conjectures plus ou moins vagues, sur la plante que ce voyageur voulait designer. Marsden , dispose d'abord a ranger cet arbre dans I'espece des betres, la ejisuile rcgarde comme une va- riete du plalane, qui 6tait le plus bel arbre de la Perse, ( 189 ) et dont la st(^rilit6 a passe en provcrbe chez lespcuples d'Oricnt, sans doute parce qu'on ne pent pas se nour- rir do son tVuit. D'autrcs conjectures , egalemcnt plausiblcs , pour- raient se former, si I'on ne s'attachait qu'a la defini- tion prr facietn qiiorcus li.ilx t , cujus fulKi iiniltiim melle linguiilur; sed nUi solis orlmii iiicolai occiipaveiiiit , vi'l mo- dico tppoi-p , suci'us exiinguilur. (Quinl.-Curl. , lili. VI , c. 3.) (2) Arbor ill fjente ilia existit, f|iu"rt'iii forma non alisiiiiilis, (|ii;c inel foliis distillat. Hoc incohL- collectuiii in usus siios prulixe cmi- vertuiit. ( Dioil. , lib. VII , c. -5. ) (3) Uobora fciunt et succuni et mella , ut aiirtor est llesiodiis : constatque rores melleos, e roelo, ut diximus, cadentes, non a!ii« mnffls iiisiiere frondilms, ( Plin. Ilht. nal. , lib. XVI, s. i i.) ( 191 ) Veau jour. Ce n'osl plus par quelqucs caractercs gt^no- ri(fues sur la lornio tie la plante quo Tarbre du Soleil est (lesigne : on rucolle la manne sur sos feuillcs. Pour justilier la romarque des trois ecrivains, il est utile do verifier si elle s'accorde avcc les observations du meme genre qui ont 6te faites do nos jours par les botanis- tes les plus dignes de foi. Nous voyons dans I'histoire des plantes deBrisseau- Mirbel , que la manne ne se trouve pas sur les meines arbres dans tous les pays : celle de Briancon est pro- duite par Ic mt^lfese, celle de Calabre par une espece de frene. Cost vers I'^poque du solstice d'ete , et de- puis le midi jusqu'au soir, qu'elle decoule du tronc et des grosses branches de cct arbi^e. Cette liqueur, d'a- bord trcs claire , s'epaissit en grumeaux blancs pen- dant la nuit : on la detache le lendemain matin , pourvu qu'il ne soil pas tombe de pluic ; un leger brouillard suflirait pour la dissoudre. Quelquefois elle transsude des nervures des feuilles en petitcs gouttes blanches , qui ont la forme de grains de millet : cette derniere qualite de manne est la plus estimec. Ces remarques sur la formation de la manne et sur sa recolle ne different des citations de Quinte-Curce , de Pline et de Diodore que par le nom de I'arbrc qui la produit ; mais elles ne contredisent point ces anciens auteurs, puisque la manne pent se recueillir sur |)lu- sieurs plantes ; et leur triple temoignage se trouve confirme par celui de plusieurs voyageurs modernes qui ont d(^crit avec soin les provinces d'Orient qu'ils ont pai'courues.Adrien Dupre, auteur d'un Voyageen Perse , public en 1819, cite au nombre des produc- tions de la province d'Hamadan « cette manne qui » passe pour tomber duciel, et qu'onrecueille au point ( 192 ) » du jour siir los feuilles dc chene : elle se forme cha- )) quo nuit pendant quarante ou cinquante jours , aux » mois d'aoQl et de scptombre , et fond aux premiers » ravons du soleil. » Le colehrc voyageur Olivier cite, commc undcs ptin- cipaux articles du commerce de Mossul et de Bagdad , la manne que Ton recuoille dans le Kurdistan et au nord de la Perse : il I'a vue , in6lang6e avec des feuilles tcllcment bris^es , qu'il ne pouvait pas les reconnai- ire ; mais le plus grand nombre des personncs qu'il a interrog(!!CS sur la nature de cette plante lui a designc unarbre de moyenne grandeur, ressemblant unpen an chene. Olivier rappelle ensuitc que Strabon, Diodore et Quinte-Curcc ont parl(^ de cette manne, qui se for- mait en II) rcanie sur les feuilles d'un arbre , et qu'il fallait recueillir avant le lever du soleil. Ce voyageur, en rcndant compte dans un autre chapilre du commerce et des productions do la Perse , revient encore sur les dilT^rentes osp6ces de manne qu'on y trouve ; il cite cello quo les Persans nommcnt cherker , et qu'ils tirent du nord du Korassan et de la Petite Tartaric. C4es diirerentcs citations m'ont conduit , par uno suite Jo preuves enchainoes les unes aux autres , a re- connailre dans la plante ou Ton recuoille la manne I'arbro du Soleil, ou arbre sec, rappeld par Marco Polo. Quinte-Curce ^tait luon autorite premiere , et lo dernier ouvrage que j'ai consulte mc ramene encore a lui. Le nom d'arbre du Soleil , sous Icquel cette plante est d^signd'o parait facile a expliquor, si Ton songe aux causes qui produisont la manne et qui la font dis- paraitre. Ce sue decoule de la tige et des feuilles durant ( 193 ) Ics plus griindcs chaleurs de Vili ; il commence a se dcgagei- chaque jour, au moment ou Ic soleil ayant Ic plus de force tlcnt ouverts tous les pores des fouill(\s qui sont les premiers organes de la transpiration des plantcs. Cct ecoulcmcnt cesse quand lo jour esl sur son d^clin ; et quoique la liqueur soit cnsuite coagu- l^e par la fraicliem" de la nuit, le soleil du lendemain pourrait la volatiliser , et fairc ainsi 6vanouir les bien- faits du soleil do la veille , si Ion n'avait pas la \ni- caution d'cnlever cette manne aux premiers rayons du matin, L)n ph^nomijne du a Taction de cet aslre sur les plantes qui produisaient la manne ctait sans doute asscz remarquaMc pour que la contr^e ou Ion trou- vait ces plantes fut nomm^e terrc de I'arbre du So- leil. Les traditions de la Bible nous oITrent aussi la manne comme un present du ciel. Elle devint au mi- lieu du desert la nourriturc du pcupledeDieu : il fal- lait d-galcment la rocucillir avant le lever du soleil ; Ics nouveaux rayons de cet astro la faisaienl disparaitrc ; et si cet evenement n'd^tait pas range dans la classe des prodiges , on pourrait I'expliquer par des causes en- tierement scmblables , puisquc Ton trouve , en Arabic comme en Perse, plusieurs plantes, et particuliere- ment le sainfoin alagi, qui produiscnt la manne. En faisant ces observations, j'ai desired montrer que plusieurs passages des relations de Marco Polo avaienl bosoin d'eire eclaircis; que les cliapitresdecotouvrage, qui ont et6 publics pour la premiere; fois par la Societe de gt^ographie , pouvaient conduire a quelques decou- vert3S nouvelles; qu'enfin il strait utile d examiner a\ec allcniion les dirferenls poinis de res vo\a<',es, ni. MAILS, /j. 13 ( 19A ) sur lesquels il roslorait ;'i re|)antlif ilo plus grandos Imnieres. La geographic et riiistoire naturcllc sunt si inlimo- niont liees, (|ue Tunc cl raulre science se pretent un secours mutuel. Souvent la situation d'une contree, in- iliquee tl'une maniere vague dans Ics relations des an- ciens voyageurs, n'est bien delerniinec que par les plantes et les animaux dont elle est peuplt^e , par les substances quelle produil , ou par d'aulres circon- stances locales el accidentellcs. Si j'ai pu eclaircir un passage de Marco Polo en me bornant a le rapprocber de plusieurs indications , et a (leduire quclques consequences li^es Tunc a I'autre, ([ue n'aurions-nous pas a esperer du concoiu-s des sa- vants qui s'attacberaient aux autres questions d'liisloire nalurollc , sur losquelles retti^ relation laissc encore (juelque oljscurit^ ? ExTRAiT iV nnc IcIliT c/r' M. Fm.SM-L // M. Joinnnl. F>ir nalu- rolle, dcstineesa nosetablissements publics. M. de (las- telncau annonce son prochain depart pom- Cuyaba , d'ou I'expedition continuera son voyage vers Lima. M. Guigniaut fait observer que cettc lettre n'est que la substance d'un rapport tres interossant adrosse par JM. de Castclncau a M. le mlnistre de I'instruclion ])u- blique, el il ajoute que ce rapport doit paraitre dans le j)r()cliain num(5ro du journal de I'instruclion pu- blicpie. M. (le Angelis , corrcspondant etrangor, adresse a la Socicte deux Meinoircs qu'il vientde publier : I'un sui Tile Pej)ys , declaree imaginaire par les plus grands navigateurs du dernier si6clc , ct dont il a laclie de ])rouver I'cxistence par des arguments et des I'aits (jui lui paraissent incontestables ; le second est relatila un voyage execute depuis la fronti6re de la republique boli\iennc jusqu'aux bords de la riviere de Paraguay , au-dessus de la ville de I'Assomption. Cc Memoire jetle quclque lun)iere sur une des parties les moins connues du continent americain. AI. Jomard communique un seconde lettre de M. An- toiiie d'Abbadie, datee de (Jondar, aout 18/|/|, conte naiit le recit d'une excursion faite a la source du Nil •• Bleu, ainsi que les observations de cc voyageur sur les localites et sur la hauteur absolue de dillerents points. Lc mC'mc mombrc ollVe , de la part iM. le D' iJeke , une brochure Inlltulee : Abyssinia , Statement of facts rclntii'e to tkc 'J'la/isactions , etc. Ensulte il donne lec- lini! d'une lettre de M. le general de La .Marmora , au sujct du monument projete enl'honneur Uo Christophc ( 201 ) CoIdiuIj ; 11 ajoule qu'il oxisle uue iiiaisoii an village tie Qa'into , iion loin dc Gunos , et, clans le voisinago , uno localitc appelue Tcrre-Rosse , ayant appartcnu a la faniille dc Colonih. Enfin, M. Jomard annonce que Ic cUcikli Rcfali , ancicn ^levc de I'ecolc egyptlenne dc Paris , aiijour- d'hui directeur dc lecole des langucs ct du bureau de traduction en Kgyptc , vieut de rccevoir du vice-roi unc mission litlcrairc , ccUe de reclicrclier en Europe les manuscrits orientaux, ct d'en enrichir la bibliotheque du Caire, deja riclic en ce genre. Ce chcikh visitcra les bibliotlieques de la France et cclles de TEspagne. M. Roux dc Rochellc depose sur le bureau unc carte des limites Noixl-Est du territoire recemmcnt en con- testation cntre les l^llats-Unis et la Grande-Brctagne , avcc un profil de la ligne meridienne depuis la source duflcuve Sainte-Croix jusqu'au (leuve Saint-John. Ccttc carte, offcrte a la Societe par M. le major Graham, oflicier de la marine americainc , est transmise par M. le ministre de la marine. M. Bcrthelol ofTre , de la part de I'auteur, M. Cou- Her, la 2° livraison de son atlas general des Pbai-es , publie sous los auspices dc S. A. R. Ic prince dc Join- ville. M. Ic vicomtc de Santarem annonce qu'il vient de rc- cevoir plusieurs cahicrs de la Miiicive bix'siliciiuc , publico a Rio-Janeiro , ct il appellc rattenlion de la Societe sur la relation d'un voyage recent de Cusco au Para , dont 11 est rendu compte tlans ce recucil. M. de La Roquette fait un rapport sur la premiere feuillc de la carte g(^n(^rale de la Norvege, publiee a Paris par M. de Roosen , capitaine du genie norvegien. M. dcLaRoquclle annonce (ju'il completera ce raj)port aussitot que la scconde parlie dc hi carte aura paru. II ( so-i ) })ronto (Ic cette occasion pour rappeler quelqiios cir- conslancos do son vovage on Norvcgc , ainsi quo los communications qu'il a faitos i\ cotto (>poque aiix moni- bros do la Commission sciontiliquc du Nord. M. lo vlcomte do Santarom lit la 1" partio d'un Mo- mnire sur los navigations portugaiscs antoricuros aux grandos dticouvcrles. Ce travail a ^te r6dig6 pour ser- \ir do roponsc a celui que M. d'Avozac avail pr«5c(5- demmont communique a la SocicHd, sur les dticouvortes faitos par los Europcons dans I'ocean Allantiquo, anlo- ricurement aux grandes navigations portugaisos du xV sioclc. Seance dii 28 mars 1845. . Lo procosverbal do la doruioro soanco osl hi il adopto. M. lo ministrc do I'inslruction puhlique adrosse a la Sociote plusicurs nouveaux volumes faisant partio do la collection dos documents inodits sur I'histoire do France , publics par ordre du Roi et par los soins do son ministore ; il adresso ogidoment un oxomplairo du grand ouvrago do M. Morimoo sur les pointuros do loglise do Saint-Sa\in, |iubli6 aussi par ordre du Roi, et par les soins du memo ministore. Les Societes royales do Londres et d'Edimbourg adressent la suite de leurs Transactions. M. Poncin Casaquy , admis recemment dans la So- cito, lui adresse ses remerciemenls et lui promot sa cooperation. M. lo colonel Jackson, secretaire do la Societe royale googra]-»liiquo do Londres. ecril a la Commission cen- ( 203 ) tralfj ))oiji la renoercier cle renvoi de la Graiuinaire et III i)ii tlrmiiaire berbers de Venture , ct il lui envoic le dernier cahier du journal de cettc Societe. L'ambassade d'Autriche transmet a la Sociite , (h: la part de I'auteur, M. Joseph Bergmann , employ*- au Cabinet imperial des monnaies et antiquites a Vienne, un exemplaire d'une dissertation en langue alleraande, intitulee : Becherclies snr lea Francs oaUnuans duns le canton des Giisons et le Vorarlber^. M. Russegger , conseiller des mines en T)ro], adresse a la Societe un Supplement a sa dissertation sur le cours du Bahr-el-Abiad , ainsi qu'une Notice sur Ics resultats des observations de physique qu'il a faites dans le cours de ses voyages en Afrique et en Asie. M. Pardo Pimentel , memljre de la Societe a la Ila- vane, adresse plusieurs n'' du Diaro de la Marina qu'il publie avec I'autorisation du gouvememfjnt de la me- tropole ; il desire que le comite du Bulletin puisse y trouver d'utiles renseignements sur la slatistique de cette ile. M. Gaetano Osculati , de Milan , adresse une Notice sur un voyage qu'il a fait dans I'Amerique meridio- nale de 183/i a 1836 ; il annonce son prochain depart pour la Chine, par la voie de Suez , Ceylan , Calcutta , Manille et Macao , et il offre ses services a la So- ciete. M. de Persigny adresse un Memoire sur les Pvrami- des d'Egypte et de Nubie , et il appelle I'attention dc la Societe sur le nouveau systeme qu'U propose de la destination de ces pyramides, systeme honore deja de nombreuses approbations, et auquel sont interessees a un hautdegreles sciences historiques, geographiques, phvsiques et mathematiqucs. La Commission centrale I ( 204 ) accucille avcc iiitorot I'ouvrago tic .M. dc Porsij:;n\ , d pric M. Jomarcl i\v lui on rondro comptc. M. Joiiiard donne leclurc tic roxtrail dune k'Urcdo M. Fi'csncl an siijct du voyage dc M Arnaud a Saba ou March. Le mcine mcnibre communique unc nouvellc lellrc de M. d'Abbadic, contcnant de noml)rcux et inlcrcs- sants details sur les ma'urs ct les usages des Falaclias ou juifs d'Abyssinie. Le Pcre Sapeto lit la suite dc son Mc-moire sur 1 'in- troduction du cbristianisme en Nubie, et sur I'bistoirc et la gcograpbie de ce pays. OUVRAGliS OFFERT8 A LA SOCir^:Tli. Seance du 7 mars 18A5. Par M. Diiflot do. Mofras : Exploration du territoire de rOrt-gon , des Californies ct de la mer Vcrnieillc. Atlas, 3"^ , li' , 5*= et 6'' livraisons. Par M . de Aiigelis : Desci'ipciou de la Nueva Provin- cia dc Otequis en Bolivia. — Historical sketch of Pepys' Island in the south Pacific Ocean. Broch. in-8. Par jy. le ministrc du commerce : Documents sur le commerce extericur, iN"' 228 a 235. Par .17. /e major Graham : Map of the Bountlarv lines between the United Slates and the adjacent Bri- tish Provinces , from the mouth of the river Saint- (Iroix, to the intersection of (he ])arallel of /|5 degrees of north latitude \\ith lhi'ri\<'r S. LuAvrence near Saint Regis, shewing the lines as resj)ecti\ely claimed by lb'- ( 205 ) United States and Great Brllaln , under the treaty of 1783, as awarded by the king of the Netherlands, and as settled in 18/12 by the treaty of Washington, etc., in 18/i3. 1 feuille. — Profile witch the spirit level , of the due north line, from the monument at the source of the river Saint Croix, to the river Saint John , etc. , 18Zi3. 1 feuille. Par M. Coidier : Atlas general des phares etfanaux a I'usage des navigateurs , public sous les auspices do S. A. R. M"' le prince de Joinville , 2° liv. Afriquc. Par M. />^A-e; Abyssinia, a Statement of facts relative to the Transactions between the writer and the late bri- tish political Mission of the court of Shoa. Broch. in-8. Par /es aiiteiirs et editenrs : NouvcUes annalcs d<'s voyages, decembre. — Revue de I'Oricnt. — Bulletin de la Societe pour I'instruclion elementaire. — Annales de la propagation de la foi. — T/l'lcho du monde sa- vant. Seance du 28 luars 18/15. Par M. (le miiiititrc de /'iiis/r/zcf/n/i p/z/j/i/jiie : Collec- tion do documents inedits siu" liiistolro de France , publics par ordre du Roiet par les soins de M. !e nii- nistre de I'instruction publlque. I" S]':nn:. IJ/s/nire po- liti([ite. Les Olim ou registre des arrets rendus par la cour du Roi , etc. , publies par M. le comte Beugnot, tome III , 1" partie. 1299-1311. — Chronique des dues de Normandie , par Benoit Trouvcro , Anglo -Normand du XM*" siecle , publiee par M. Francisque Michel , tome III. — Chronique des religieux de Saint-Denys , contenant le regno de Charles VI de 1380 a 1/|22, pu- ( 206 ) bliec par IM.Bellaguel , tome IV ot V. — Proci;s-vcr- haux des ttats-Gi^neraux dc 1503 , publics par M. A. Bernard, 1 vol. — Rocueil de lottres missives de Henri IV, public par M. Bergerde Xivrey , tomes I etil. — Papiers d'ttat du cardinal dc Granvellc , publia , on nous fit faire une balte , et on me conduisit ensuite avec ma femnie et mon enfant , que je ne vou- lais pas laisser sous la garde des Jarrochos , au com- mandant des avant-postes, Albino Perez, colonel du 8* regiment de cavalerie. II nous recut avec une ex- treme politesse , sous une cabane assez spacieuse , faite avec des branches d'arbres. Je remisace colonel la lettre que le ministre de la guerre avait ecrite au general Calderon. Ln cavalier la porta au qualtier-g^neral , et j'eus tout le loisir d'examiner un bivouac mexicain au milieu de ce bois de los Posillos , d'une vegetation si nouvelle pour moi ; ou les arhres etaient fortcment entrelaces les uns avec les autres, oil des (leurs d'une beauts remarquablc se mariaient avec des arbustos charges de fruits des tropiques , et dans lequel pout- •'■tre dcs Europeons n'etaient jamais enties. ( 220 ) 11 y avail aulour cJc la cabane un grand nonibre d'ofTiciers qui etaient accroupis et jouaient aux cartes, habitude ordinaire des Mexicains dans tons Icurs mo- ments de loisir. 11 6tait assez difficile de Ics prendre jiour des ofliciers en voyant leur costume bizarre qui est neglige en temps de guerre, a ce point qu'ils portent des vestes de loutes les couleurs , tandis que leur tenue est des plus soignees et leurs uniformes tr^s brillants en temps de paix. Plus loin , au milieu du bois ou Ton entendait les concerts de milliers d'oiseaux, on voyait des groupes de soldats couches a terra et qui jouaient aussi. Pr^s de la cabane , il y avait une belle Indienne au tcint cuivr^ , aux traits rcJjguliers , dont les longs cheveux llottaient sur ses epaules nues, et qui prepai'aitlerepas oblige de tout Mexicain, les tortilles et les frijoles. Cliaque oflicier emmene ainsi a sa suite , en temps de guerre , une femme qui fait son menage de cam- pagne. La belle figure martiale du colonel Pei'ez dominait toute cette scene de bivouac. Je ne pouvais pas m'em- pecher de sourire, en entendant cette vieille moustache se plaindre de son logement et des privations qu'il epi'ouvait, lorsque je me ra])pelais nos bivouacs de 1812 et 1813 ou nous n'avions qu'une terre froide et humide pour tout lit et un ciel sombre et charged de nuages pour abri , tandis qu'a ce bivouac mexicain la terre etait brulantc, la nature magnifique , et le ciel admirable. Le cavalier qui avait et6 envoye au general en chef revint avec I'ordre de nous laisser passer, sans traverser le camp, etdenous faire tourner le bois de maniore a etrc hors de la |)orl('0 du canon de la place de la Vera- ( 221 ) Cruz, d'oii on envoyait quelques bomliL-s, d(^ iiiomcnls en moments. Nos Arrieros ou conducteurs de liti^res, qui se rap- pelaient que dans la guerre de I'lndependance , un de leurs mulcts avait ete tue par un l)oulet de canon , sur le chemin de la \ era-Cruz , trouverent ires prudent le conseil du general en chef, mais lis prirent le cliemin des peureux et se dirigerent d'abord en suivant les hords de la mer, sur le village de Medelin, situ6 a 3 lieues de la Vera-Cruz; puis, apres s'en etre approclu^s d'assez pres, ils revinrent a travers des bois tellement toufTus que nos litieres ne pouvaient avancer qu'avec la plus grande peine. Enfin , apres une journ^e des plus fatigantes , ou nous avions eu constamment a combattre les mous- tiques, nous arrivames a la cliute du jour en face de la Vera-Cruz, dans un lieu nomme Malibran , grande auberge pr^s d'une vieille ruine ou les ha- bitants de Vera-Cruz viennent quelquefois se re- order. Nous ^tions la sous le feu des batteries des deux camps ennemis. Cependant nous y passames la nuit. A quatre heures du matin nous fumes reveilles par des coups de canon qui partaient de la Vera-Cruz. Nous fumes immj^diatement sur pied, et un moment apres nous nous acheminames sur la plage de Mocambo, qui etait a tres peu de distance de Malibran et en face de I'ile des Sacrifices. C'^tait pres de cette meme cote que, 313 ans auparavant, Fernand-Cortez et ses audacieux compagnons etaient venus d^barquer au nombre de moins de 700 hommes, pour soumetli-e a Charles- Quint un empire dont la richesse et la puissance Etaient immenses. Vingt-neuf ann^es etaient a peine ecoul^es depuis qu'un acte d'ind^pendance de I'Espagne avait ^It- proclaint' a (iliilpaiilziiij;;o. Di-puis lors, ccllc inde- pcndance n'avait et6 qu'une luUo longue et achaniee outre des ambitions rivales qui se disjnilaient le poii- voirsans rlen fonder do stable et sans faire jouir ce beau pays, fa\oris6 de tous les dons de la nature et qui ren- ferine tarit do richessos dans son sein, de la tranquillite et du bonlieur qui en feraient une terre promise. Arrive sur la plage de Mocambo, j'eprouvai une joie bien \ive, en me trouvant en face d'un baliment de guerre franrais portant le pavilion tricolore. Je crovais que c'(§tait le Faiine qui devait venir me cherclier ele fis des signaux pour qu'on nous recueillit a bord , mais ils ne furent pas aperous. La barque d'un navire de commerce danois, on rado a I'lle des Sacrifices, faisait de IVau a Mocambo. Elle nous conduisit a la Ceres , commandoo par le capitaine de corvette Cosmao- Dumanoir, car o'^tait ce batiment et non le Faune qui 6tait en rado. Cost ainsi que je sortis du Moxique ou j'avais exerc^ des fonctions importantes et dont je vonais de roconnaltre I'independance au nom de la France. II faut avoir passe plusieurs ann^es dans un jpays toujours livre a I'anarcbie , a la guerre civile et oi'i on n'est jamais sur du lendemain , pour se faire une id6e du plaisir que j'eprouvai en me voyant, moi et les miens, au milieu de nos braves marins sur un sol francais, en face de ce drapeau que j'avais consent un des derniers, lorsque j'etais prefet de la Mouse, et que je revoyais sur les cotes du Nouveau-Monde apres j)lus de dix-sept ann^es passees loin de la Franco. II me rcstait a remplir un dernier devoir d'liospila- lit6 envers les Anglais que j'avais associes a mon voyage aventureux depuis Jalapa. Jo les fis prendre sur la plage de Mocambo par la grande clialoupe de /'/ ( 223 ) Ceres, et conduiro a hord du paqueljot am^ricaiii de New-Yorck, le Congres , qui se Irouvait en rade de Vera-Cruz, en leur faisant promettre qu'ils ne cher- cheralent pas avoir Santa-Anna. lis tinrent leur parole. Je n'avais paspris, comine eux, cct engagement, et dans ma position je n'etais pas tenu aux memes me- nagements. Je vis done Santa-Anna, qui etait gouver- neur de I'elat de la Vera-Cruz lorsque j'^tais arrive au Mexique et qui m'avait fait alors des protestations de devouement pour la France et les Francais; il les renouvela encore. II compara son mouvement de la Vera-Cruz a la Revolution de juillet , de meme qu'on avait compare sa victoire de Tanipico contre les Es- pagnols aux grandes batailles de Napoleon. II voulut aboixler la question politique du moment, mais je de- touinai la conversation. line me convenait pas, malgr6 tout ce que je pouvais en penser, d'etre le detracteur du gouvernement aupres duquel j'avais ^t6 accr^dite. Je m'^tais fait une loi, et au Mexique ou le pouvoir change constamment de mains elle devrait etre la regie gen^rale des agents de tous les pays , d'obscrver une exacte neutralite entre les partis qui se disputent I'autoritd!. Je commis I'imprudence de rester deux jours a la Vera-Cruz, oil le vomito negro exerce chaque annee ses ravages, et ou on ne peut demeurer quelque temps qu'a la condition de lui payer son tribut. J'avais at- tendu a bord de la Ceres I'arriv^e du Faune qui etait alle renouveler ses vi\res frais a Pensacola ; lorsqu'un jour le commandant Cosmao m'avait dit que, d'apres les or- dresqu'il venait de recevoir et la tournure que les evd;- nements prenaient au Mexique, il garderait avec lui ce brick de guerre, qui se perdit malhcureuscment peu de ( -m ) temps apres sur la cote du Mcxique. Jo lus \ivement conlrarlo do cette decision , et je nic decidai a aller cherchcr aux Elats-Lnis des moycnsde transport pour nic rendre dans le golfc do Honduras. J'arretai mon passage ct cclui de tous les miens a Lord du paquebot americain le Connies, qui otait mouille pr^s dc I'ilot de Saint-Jean d'l lloa , et en parlance pour la Nouvellc- Orleans. Le Congres mit a la voile le 7 avril. C'etait un supcrbe paquebot do 380 tonneaux, commanded par le capi- taine Mainer, un do ces Am^ricains froids ct impas- sibles, toujours occupes de lours alfaires Le bati- ment , ncui" ot docore avec beaucoup de luxe, faisait seulement son second voyage. 11 etait fin voilier, excel- lent marcheur, el son capitaineun habile marin. Malgre des vents conlraires, notro travers6e fut beureuse. Le \!\ au soir, nous coinmenrames a entrer dans les eaux du Mississipi, que Ton distingue de cellos de la mer, a cause de lour couleur jaunatre. Le 15 , a la pointe du jour, nous distinguamos ariiorizon deuxpetites enibar- calions qui faisaient force de voiles sur nous , et qui semblaient s'abimor dans la mer. C't^taient de bardis pilotes am^ricains, toujours a ralFiit dos batiments qui arrivent, et qui luttaient do vitesse , au risque de se perdre, afin d'atteindre notre navire. Aussitot quel'un d'eux eut touchd le Coriif/Ts, il se crampotnia aux corda- ges , s'elanca sur le bord , et prit aussitot le comman- dement des manoeuvres dont notre capilaine se d(^mit immodiatomont. Nous arrivames bientot en face du phare aupros duquol otait un bateau a vapeur nommd le Cramprii.se, (pii (il allumor ses feux, bouillir ses chnudieres, et arriva avec vitesse aupros de notre bati- nionl , auquel il s'amarra a\eo des cables el qu'il re- ( 225 ) morqua jusqu'a la Nouvelle-Orleans, pros du quai en face du marche. Nous avions admire le spectacle ra- vissantdes bords du Mississipi couverts de bois , ctplu- sieurs habitations ou Ton cultivc la canne a suci^e , panni lesquelles celles du capitaine Johnstone , ancien pilote, et surtout d'un riche planteur espagnol nomm6 Olozabal , cliasse du Mexique par les evenements poli- tiques.'se font particulierement rcmarquer. Nous de- barquames aussitot sans aucune formality de douanes, sans montrer nos pa'sseports, qu'on n'exige pas aux ttats-Unis. Un n^gre , cocher de place , parlant fran- ^ais comme nos cochers de fiacres, nous prit avec nos effets , et nous conduisit a Fhotcl Planters and mar- chants Canal Street , qu'on nous avail indique comme le meilleur. J'appris aussitut que les relations commercialcs entre la Nouvelle-Orleans et la republique de i'Amiiri- que ccntraleetaientordinairementdes plus insignifian- tes , et qu'elles etaient devenues nulles , depuis qu'un colonel Dominguez avait soulev6 les cotes contre le gouvernement, et qu'un decret du pouvoir executif avait interdit I'cntri^e des ports au commerce, Les etats de navigation du 1" trimestre do 1832 du port de la Nouvelle-Orleans ne mentionnaient qu'un seul petit ba- ilment de 60 tonneaux qui avait ete a Omoa. Je devais renoncer a I'idee de me rendre a mon poste par cette voie , el je dus prendre la resolution d'aller a New- Vorck, chercher le paquebot regulicr qui va a la Ja- maique , oil j'aurais pu m'embarquor sur le paquebol anglais qui se rend de Falmouth a la Vera-Cruz el vient toucher i Belize , petite colonic anglaise rapprochc^e du port d'lznbnl. a unc distance de SO lioucs de Gua- temala. 111. AM'.II.. 2. ]5 ( 226 ) Je me decidai a rcstcr quelqucs jours a la iNoiivcllc- Orl^ans, afm d' observer cette ville anciennemcnt IVan- ^aisc , dont Ic commerce etait devenu prodigiciix el prenait chaque ann(ic un nouvel accroisscment. II (itait impossible de voir un contrastc plus frap- pant que cclui qui cxistait enlre Ic pays limilropbc que je venais de quitter etcelui ou j'entrais. La tout clait encore livre a I'anarcliie ; ici tout ^tait calme ct avait une marche rcliguliere. Ln mouvement general ct ra- pide etait alors imprim6 a la Nouvelle-Orleans aux affaires industriclles. Lne ville nouvelle venait d'etre fondee dans le quartier de I'Estrapade; les rues Royale, de Chartrcs, de Saint-Louis, de Toulouse, etc. Les capitaux, apr^s avoir circule Iructueusement dans le commerce, etaiont venus se fondre dans I'acquisition des terrains, et on citait de grandes fortunes qui avaicnl et6 faites en peu de jours. Ce qui serre le cceur a la Nouvelle-Orlians, et ce qui n'exisle hcureusement plus au Mexique , depuis qn'un d6cret du congres rendu souslapr^sidence dumulatre Guerrero avait rendu la liberte aux esclaves, c'cst I'enorme quantity de ceux-ci qui remplisscnt les rues et les maisons. Je n'avais vu jusqu'alors des esclaves qu'en Russie , ou ils ne sont plus vendus qu'en masse avec la propriete dont ils dependent et ou ils sont n6s : mais a la Nouvcllc-Orl6ans , ce paysde rind(;'pcndancc et de la vraie libert(^ , je les ai vu vendre comme des chevaux et des cliiens. Je me rappellerai toujours I'impression p(^nible que j'ai (^prouv6e , lorsqu'cn en- trant un matin pour la premiere fois a la Bourse de la Nouvelle-Orleans, je vis une pauvre nd'gresse, qu'on vendait a I'encherc avec ses deux fils. Elle avait ses mains appuyc'cs sur la tete de ses cnfants. Ils plcuraienl ( 227 ) tous les trois, parce que leur seule crainte elail d'etre vendus separement, tandis que I'encantcur, qui utait eleve sur une estrade , faisail dcs lazzis de fort mauvais gout , je dirai meme ignobles , pour faire apprecier sa raarchandisc. La pauvrc famillc sc trouva heureuse , parce qu'elle avait iti achetee par le meme individu , qui la paya 1750 piastres fortes. Des ce jour, je concus une Iriste idee des proprietaires d'esclaves aux fitats- Unis , et je sus bientot que la, plus qu'ailleurs, I'int^- ret est le mobile de toutes les actions, sous I'appa- rcnce d'une certaine philantropie. Je trouvai partout a la Nouvelle-Orleans des traces de ces funestes progres que la difference des rnces etablit entre les individus , memo lorsqu'ils sont egale- ment libres. Ce fut surtout auTlieatre-Frangais, oil Ton donnait la Miiette de Portici, que j'eus I'occasion do faire cette reraarque. II y a ti'ois rangs de loges. Les premieres etaient occupies par la race blanche ; les secondes par celle des mulatres, et les troisiemes par celle des negres. On ne se mele pas. On m'a dit, etj'ai pu m'en convaincre, qu'une mulatresse n'allait pas aux premieres, et qu'elle empcclierait une blanche de ve- nir aux secondes. Enmaqualited'(''tranger et d'homme au-dessus des prejuges , jc voulus tenter I'^preuve et allcrm'asseoir au sccondrang;maison m'en detourna , parce que les mulatres m'auraient chass^. Copendant ces mulatres sont des hommes de bonne compagnie , et souvent de riches negociants. Leurs femmes sont mises comme cclles des premieres , ct sont souvent aussi blanches; mais Icur sang a etc mele. Ellcs sont en- tachees du pi'ejuge. Cclui-ci est si fort , que les jeunes gens, et le nombre en est tr^s considerable , qui ont des liaisons ostensiblos avcc les inulatrossos , trouvcnt ( 228 ) tlifllcilemcnt a se maricr avec les blanches. lis regar- dent alors leui' attachcmenl commc une cspccc de ma- nage , et leurs cnfants poi-tent lours noms. II faut dire que les dames de la race blanche h la Nouvcllc-Orltians , ont bien quelquos droits d'exiger que les hommages des hommcs leur soicnt adrcsses sans partage. II est rare do vou- uno ville de la memc etendue oii elles soicnt g^neralement aussi jolics , et surtout aussi gracieuses. II y a en ellos un m6lange de pudeur et de coquetterie de bon goiit qui leur siod bien; et, ce qui complete leur charme, c'est qu'on dil qu'clles sont de tr6s bonnes epouses et les meilleurcs meres. La Nouvelle-Orl6ans donnait alors une idee com- plete d'uno ville importantc de commerce. Les mois de fevrier, mars et avril sont ceux do la plus grande acli- vite des affaires. Dos masses de marchandises venanl de I'interieur sont dtibarquees sur les quais. Lne foule de bateaux a vapour sillonnent lo Mississipi, en mon- tant et en descendant. Une affluence d'individus qui y entrent ou en sortent, t6moigne en faveur de cette ac- tivite , qui est le type du caractei'e americain. On voit qu'on est au milieu d'un pcuple speculateur, qui no perd pas son temps. Nous no dlrons ricn do plus de la Nouvelle-Orleans, qui est sulllsammcnt connue par les relations qui ont 6te publiees. Je resolus d'aller a New-Yorck en remontant le Mis- sissipi. J'arrfetai mon passage a bord du bateau a va- pour VOhio, qui laisait son second voyage, et avail et6 signale dans le premier par sa marche superieure. Je partis do la Nouvelle-Orloans, le 24 avril, a six houres du soir. Nous dt^passamos successivemont tons ( 220 ) Ics bateaux u vapour qui c^taienl partis trois , cinq ot menie huithoures avantnous. Notre capitaine, nommo Paul, <^tait un de ces Americains comme il y en a lant , dont I'activitt^ etait infatigable. A bord il ne dormait que deux heures sur vingt-quatre. II avait I'oeil a tout. II utilisait tous les bras , ct c'otait surtout lorsqu'il re- nouvelait sa provision de bois pour le cbaulTagcde ses chaudieres, qu'il etait reniarquable. Cette operation nieritc qu'on en dise quclqucs mots. LeMississipi, dans son cours rapide elmajcstueux.csl borde de cliaquc cote par desbois epais, qui vicnnent se baigner dans ses eaux. Ce spectacle continuel , et souvent monotone , n'est interrompu que par I'aspect de quelques petits bourgs ou villes que Ton rencontre de loin en loin , et une multitude de petites baraquos en planches, dont les propri6taires s'occupent de la coupe des bois nd!cessaii^es au cliauffage des bateaux a vapeur. Ces bois , qui sont coupes et ranges par cox'des a la proximitc du rivage , font Teffet d'autant de chan- tiers. En passant rapidement, les capitaines disent leurs prix, qui sont aussitot acceptes ou refusers. lis sont ordinairement de 2 ou 3 piastres la coi-de, Quand les parties sont d'accord , le bateau a vapeur s'arretc. Un coup de silTlet est donne pur le capitaine, et aussitot les passagers d'en bas se procipitent aterre pour transpor- ter le bois sur leurs epaules et le jcter dans le bateau. Ces passagers sont pour la plupart les patrons ct les marinicrs des lourdes barques qui descendent rObio ct le Mississipi , chargees des produits dii nord de TAmo- rique , ct qu'on est oblige de briser a la Nouvelle-Or- leans, parce qu'elles nc peuvent plus remonter le cou- rant si rapide du fleuve. Les patrons ct leurs aides vctourncnt chcz cux par les bateaux a vapeur mojen- ( 230 ) nant unefaible retribution dc quclques piastres , et on s'approvisionnant de lours vivres, niais sous la condi- tion defairo toutes les corv6es de la travors6e. 11 faut voir comment les capitaincs gourmandent les rotardataircs, etles stimulent de la voixet du gcste, lorsqu'ils ne s'om- pressent pas de faire leur service. Aussi les quinze a vingt cordes dc bois que Ton cmbarquc deux fois par jour, soir et matin , sont-cllos miscs a bord avec une promptitude inconcevable. Le lendomain de notre depart de la Nouvelle-Or- leans , apros avoir cotoye Donaldsonville , sii^ge poli- tique de I'Etat de la Louisiane , nous passames devant unlieu nomme Baton rouge , qui otait remarqualjle en ce que le terrain ordinairement si plat et si bas des bords du Mississipi s'61evait a envii'on 30 ou hO piods au-dossus du fleuve. Les maisons nous parurcnt bien baties. La population etait, dit-on , dc 1,200 habitans. Dans lanuit, nous eumcs un orage des plus tci-ribles. Vieux voyageur des deux mondos , jo n'avais jamais rien vu de pareil. On avait fortement amarro le ba- teau a vapeur aux troncs dc quelques arbres situes pros du fleuve , ot nous restamos ainsi toute la nuit. Le tonnerre grondait et tombait de moment on mo- ment auprcs de nous , avec des eclats epouvan- tables. Cbacun etait dans I'eirroi. Quel aurait (itd notre sort en elTct , si ce vaste brasier sur lequel nous nous rouvions avait 616 on communication avec la foudre? Lc capitaine, qui avait etc vivcment contrarie d'etre oblige de s'ari'eter, cherchaa regagner le temps perdu, en faisant force vapeur. Le lendomain, nous etions en face des terres liautes. Cost ainsi qu'on nomme un lieu ouil y avait autrefois, sous la domination fvancaiso a la Nouvollc-Orleans , un loit nnnnno Adam qui a etc ( 231 ) abattu depuis que los Amcricains sont paisibles pos- sesseurs du pays. Le soir, a onzo heures , nous touchames a Natchez , qui est la ville la plus importante de I'Ltat de Missis- sipi ; elle est agreablement situee dans une position assez elevee. 11 y a quelques bonnes maisons de com- merce pour la vente des cotons et de riches proprie taires. Cependant on nous dit que ce lieu etait habit6 par les plus mauvais sujets. On nous conseilla merae de ne pas descendre , parce que nous aurions pu la nuit y etre devalises. La ville renferme de 3 a 4,000 habitants. Elle prendrait plus d'accroissement si la fievre jaune n'y faisait pas quelquefois des appari- tions. Le 27 , a neuf heures , nous etions aux deux ^tangs. A trois heures nous touchames a Warrenton , et une heui-e apres nous desccndimes a Wicksburgh , situd au- dessous des montagnes de Walnut et qui a pris enpeu d'annees un grand accroissement , parce qu'il sert d'entrepot aux cotons et marchandises de I'Ouest. La journee du lendcmain se passa entre les rives du pays des Arkansas et des Choklaw indiens , qui ne sont peuplees que par quelques cabanes , ou Ton ap- porte sur les bords du fleuve les approvisionnements de bois destines aux bateaux a vapeur. Le 29 nous saluames le village de Sainte-Helene , dont le nom nous i^ajipela une grande infortune. En cet endroit le Mississipi s'etait eleve pendant I'hiver a 6 pieds au-dcssus du sol. Dans la nuit nous passames devant Memphis , et lo l"^' mai nous arriviimcs a cinq heures du matin a New -Madrid. Nous primes des passagers dans un lieu nouvcllement fonde ct bien ( 232 ) silue, norame Mils-Point, el a irois heures nous pas- sames devant une ile eloignec de 7 milles du confluent de rOliio et du Mississipi. I no heui'e et demie apres, ces deux grands fleuves confondiront leurs eaux sans les meler parfaitement. CcUes du Mississipi conservenl une teinte jaunatre et lerreuse , colics dc I'Ohio sunt plus claires. Nous laissames a notic gauche le Mississipi fier de son origine sauvage , et nous entrames dans rOhio , apres avoir remarque I'heureuse situation de deux malsons qui se trouvent sur la presqu'lle formee par les deux grands fleuves et sur I'une desquelles on lit Unioniuii. En entrant dans I'Ohio, nous fumes etonn(5s de la belle vegetation et de lair de fraicheur repandus sur ses rives. On voyait de cliaque c6t6 une foule d'arbres varies, qui se dlstlngucnl par les dlverses nuances de leurs feuillages. lis \ienncnt se grouper nalurellcmenl et se balgner sur les bords du fleuve , comme s'lls avaient et6 places la par quelque habile dessinaleur de jardins anglais. Ce n'est plus la frolde et sauvage mo- •notonle des rives du Mississipi. C'est une nature agreste, quoique encore un peu sombre, paree au mois de mai de ses plus beaux alours. On apercoit a travers les bols quelqucs champs cultives. II y a des ondulatlons dc terrain et on voit quelquos jolles malsons batles sur le penchant de pellts cotcaux. Les barraques en bols avec leurs approvisionncments sont toujours la aussi ur les bords du fleuve, pour pourvoir aux besoins des bateaux a vapeur. Nous passames devant Trinity, Shawneetown , sltuee a 12 milles des grandes salines des Etals-Lnis, Ilen- dersonvllle, Evansvillc, Ovvcnsburgh, Rockport, Trove, ct nous ellons a Rome, a midi le '?> mai. L'ancienno ( 233 ) capitale du moncle sei^ait bien etonnee de voir son noiu donne a quelques malsons dont deux seulement etaient en briques, Cette manie que ron a d'appeler par dc grands nonis de petites bourgades est assez generale aux Etats-Unis. J'aimerais mieux que chaque village nouvellement fonde recut le nom d'un des hommes qui se sont immortalises dans la guerre de I'indepen- dance , ou bicn qu'ils rappelassent les noms des rives autrefois sauvages, sur lesquelles ils sont etablis, ainsi que quelques colons I'ont fait. Cela sortirait I'histoirG des tribus indiennes du chaos oil elle est plongee. Au lieu de transporter Memphis , Ilerculanum ."^ Troye et Rome sur les bords du Mississipi et de I'Ohio, on aimerait a savoir comme ceux des Natchez et des Arkansas, et de Schawnectown, qui tire son origine d'une tribu indienne, les vieux noms des anciens raaitres du pajs : cela lierait le passe au present. Le premier endroit un peu important que nous vhnes apres Rome,fut Leavenworth, pres la riviei'c Bleue. Nous longeames successivement New-Albany, qui n'a qu'une rue d'un demi-mille de longueur , parallele au fleuve, Portland et Schipping, port qui est au pied des Cataractes et oa il y a une espece de havre qui sert de refuge aux bateaux qui viennent de la Nou- velle-Orl^ans et de Saint-Louis, pour y decharger une partie de leur chargement lorsque les eaux sont troj) basses. Un orage afFreux, quoique moins terrible que celui que nous avions cu dans les eaux du Mississipi, retarda noire arrivee a Louisville, oil nous abordames le h mai a cinq heures du matin. Nous restamcs un jour dans cette ville, qui etait la plus considerable que nous eussions vuc dcpuis notrc depart de la NouvclK;-Orloans: elle est siUiee pres des ( -^3/, ) Cataracles qu'on nc peut passer que lorsque los eaux sont hautes. EUc renfermait alors environ 7,000 habi- tants. En penetrant dans I'intirieur, nous vimes la rue principale Main Street , qui a un mille d'elendue etqui la partagc dans toute sa longueur; elle est r(§guli6re- ment batie. II y a de chaque cote des magasins appro- visionn^s de toute espece de choscs, ou 11 r6gne un grand mouveraent commercial. Les aifaires paraissaient avoir beaucoup d'activite a Louisville, qui est la plus importante du Kentucky , et elles semblaient devoir en acquerir une plus grande, a en juger par le nombre considerable de batisses qui se faisaient de toutes parts. On voyait surtout aux extremit^s de la ville, de charmantes maisons baties dans lo genre modernc anglais, qui attestaient I'opulence des proprietaires. On finlssait une eglise catholique dans uu style tres simple ; on terminait quelqucs etablissements publics. Tout annoncait enfin un mouvemcnt de progression dans Ic commerce et I'industrie. On avait desseche les marais des environs , ce qui avait assaini la ville. Lorsque les eaux sont basses, on dit que la vue des Cataractes est tr^s pittoresque. Nous partlmes de Louisville pour Cincinnati le 5 mai a neuf heures du matin. Nous avions pour compagnon de voyage le premier acteur ti'agique des Ltats-Lnis , Cooper. II (itait accompagne de madame Maclure, jeunc et jolic actrice, modostc autant que sage, qui n'tHait occup6e a bord du bateau que de ses enl'ants. Le lit du fleuve dtait plus cncaissi dcpuis Louisville. Des coteaux converts de bois s'^levaient en amphi- theatre sur les deux rives ; nous laissames a notre gauche JelTersonvillo, Bethlehem, New -London; a notre droite Westpoint. Nous primes des passagers a ( 235 ) Madison, petite ville do 2,000 ames , fond<^e en 1811 dans unc jolie situation , et qui devait prendre un grand accroissement, si on en juge par le trace de ses rues et son vaste emplacement. Nous vimes Vevay a gauche , apres avoir laisse a droite la riviere Kentucky dechar- geant ses eaux dans I'Oluo. Nous passames entre Fi'e- dei'ickburgh et un petit endroit nomme New-Yorck. Nous debarquames a Lavvrenceburgh une partie de notre chargement qui appartenait a un passager qui avait fait cinquante fois le voyage de la Nouvelle-Or- I6ans, pour ses affaires de commerce. II nous assura que c'etait son dernier et qu'il allait se reposer de toutes ses fatigues au milieu de ses nombreux enfants etpetits enfants. Lavvrenceburgh avait d'abord ete bati sur les bords du fleuve ; mais , a cause des inondations fr^quentes, on I'a transport^ sur un point plus elev(^. Les jolies maisons bien siluccs qu'on apercevait sur les bords dc I'Ohio, les terres raieux cultivees qui les entouraient, les ^tablissements manufacturiers qui se pr^sentent, annoncaient I'approche d'une ville plus importante. Nous etions en effet pr^s de Cincinnati dont nous touchames le quai a neuf heures du matin. C'etait un dimanche. Une nombreuse population otait rassemblee sur le rivage, pour jouir du coup-d'reil de I'arrivee et du depart des bateaux a vapeur, mais ellc ^tait cnli^rcment oisive. On nous dit que nous serions peut-ctre obliges de porter nous-momcs nos bagagcs a riiotcl , 2>arcc que les porte-faix ne travaillaient pas le dimanche ; heureusement on nous envoya de I'auberge Pearl-Street-House une petite charrette, conduite par des gens de I'hotel , et oil nous mimes nos effets. Nousrestames quelques jours a Cincinnati, pendant lrs(juels j'eus lout le loisir de me rendrc compte du ( 23(5) prodigicux accroissciucnl dc cello niIIc duul hi popula- tion n'ctait en 1795 quo dc 500 lial)llanls ct s'elevait en 1831, d'apres le dcnombrement , a 28,01/1 , sans compter unc populalion flottante d'environ 1,500 in- dividus, ouvriers, gens de rivi6res , etc. , etc. L'accroissement de cettc ville nYtait pas arrive a son apogee, si on en jugc par le haul prix des terrains. J'ai vu devant moi afTenner jiour cent ans une parlie dc terrain dans rinterieur de la ville, a raison de 12 piastres le pied par an. Le propri(ilaire d'un jardin , dit d'ApoUon , devait le niettre en vente, et on n'esti- mait pas a moins d'un million de francs le prix qu'll en retirerait. Cincinnati est situ^e dans une valine qui a 12 milles d'etendue et qui est dominee par des raontagnes cou- vertes de bois jusqu'a leur somniet , d'un aspect tres imposant. Elle est balic sur un plan incline et ellc est d'unopropreteexlrcme,cequ'onallribuearecoulement facile des eaux. Elle s'esl augmcnlee en pcu d'annees a un tel point qu'on nous a assui'e que 500 nouvelles maisons y avaient ete construitcs dans I'annee 1828. II y a dix-sept cgliscs, un college et un theatre. J'ai vu a Cincinnati quelques etablissenicnts indus- triels assez remarquables, tels qu'unc papetcrie, une scierie et une fonderie. Le nombre en est considerable, on en compte de 40 a 50 qui sont mus par la vapeur. II y avail alors dans celte ville un grand nombre dc colons ailemands qui y prospdraicnt. Ilsetaiont elablis la avec lours families, sans esprit de rotour dans leur pays et paraissaient hcureux , bien differonls en cela dc quelques Francais qui etaient aussi fixes a Cincin- nati ct qui no songcaicnt qu'au moment ou ils pour- raicnt en pai-lir. ( 237 ) Nous quitlamcs Cincinnati Ic 9 mai , pour nionler sur un magnifique bateau a vapcur, cspece clc ville flottantc qu'on appelait Chief- Justice-Mar schal. II devait se rcndre a Pittsburgh, ounotre intention 6tait d'aller, parce que cette ville ^tait le Birmingham des Etats- Unis. Apr^s avoir embarqu6 une society tres choisie , nous partimes a sixheures du soir, et le lendemain, a sept heures du matin, nous etions a Maysville, apri's avoir cotoy^ a gauche New-Richmond, Moscow, Ne- ville, Mechanicksburgh, Lavana, Riploy, a droitc Au- gusta, Dower, Charleston. Maysville est dans une position 6levee; elle contenait alors environ 5,000 ha- bitants. Vingt-quatre heures apres, nous etions aGallio- polis, apres avoir passe devant Manchester, Ports- mouth et Burlington que nous laissamcs a notre gauche. Galliopolis est une ancienne colonic francaise ou notre langue s'etait perpetuee dans quelques families , au point qu'elles n'avaient pas voulu en apprendre une autre et qu'elles avaient conserve tous les usages dc leur pays. J'ai meme remarque une maison construite avee une mansarde lambinssee sur le toit, ce qu'on nc voit pas aux Etats-Unis. Cette colonic francaise avait fait de fausses speculations et fut decimee par les ma- ladies. La ville ne se composait plus que d'environ 80 maisons dont quelques unes servaient d'entrepcMs aux marchandises. Nous arrivames le 12 au soir a Whee- ling, ou nous fiimes obliges dc mettre pied a terre parce que notre bateau a vapeur avait un trop fort tirant d'eau pour continuer sa route , a cause des basses eaux de I'Ohlo. Nous avions vu , en passant , Point -Pleasant et Marietta qui a 2,000 liabitants. Wheeling est une petite ville de 300 maisons environ qui renfcrme 2,500 amcs. Nous nionlAmcs sur le bateau ( 238 ) a vapcur le Trenton. Nous vimes quclqucs licux nom- mesWarronton , Steubeinille qui paralt important, ot nous fQnies le lendcmaln a Pittsburgh avec de grandcs diflicultes , car nous touchames plusieurs fois sur des bancs de sable, et nous cumes surtout la plus grandc peine pour franchir un 6cueil nomm6 White-Sripplc. La situation de Pittsburgh, sur une presqu'ile avan- cee entre deux bras de rivitircs , nomm^es I'Alleghany et la Monongahela , est tr^s agr6ablc. Los environs sont jolis, les terres bien cultlvocs ct les maisons de campagne parfailement situees : Pittsburgh, qui a la forme d'un triangle , est entour^e de montagnes. La France cut autrefois pr(is de cette ville un fort nomme Duqucsne, que les Anglais nommerent ensuitc le fort Pitt, et ou Wasinghton cuoillit scs premiers lauriers. Nous descendimes a Photel nomm6 Exchange, qui a la reputation d'etre le premier de la ville , et nous visitaraes les d-tablissements les plus interessants : nous allames d'abord a la prison , batiment spacieux et tres regulicr,construit comme un chateau-fort, crenele et surmonte do lourelles. Nous vimes la fdature de coton dc Shcenberger, Wrenshall et compagnie; la fon- derie , ou je vis pour la premiere fois en activity une machine a faire les clous ; deux verreries , Tunc pour les verres de table , 1 'autre pour les carreaux de vitres. Ces etablissements employaient un grand nombre d'ouvriers. Nous passames sous un pont couvort, dis- pose pour les pistons ct les voitures, qui a /jOO pas de longueur. 11 est reraarquable par son travail et sa con- struction bardie, au-dessus do fondements on pierre tros eloves, Co qui a rendu Pittsburgh une ville manufacturiere dc premier ordre , c'csl la proximite des nombreuses mines dc charbon dc torro ot de for qui rentouronf. ( -239 ) EUe conlenait alors i)lus do lo,000 liabitants, Ameri- calns, Irlandais, AUemands, Suisses ct meme Fran- cais. Nousavionsparcouru sur le Misslssipi eH'Oliio, de- puis la Balise avant la NouvcUe-Orleans, jusqu'a Pitts- burgh , 2034 milles ou envii'on 678 lieues de France. Ce voyage, coinme on I'a \u , avait ete facile, prompt etlieui-eux. II nous avait initios aux usages etauxmocurs des Etats-Unis , car rien ne prepare mieux a cette 6tude que d'etre enferm^ pendant un mois entier avec des personnes du j^ays , d'age , do sexe ot d'etats diffe- rents , qu'on voit dans leurs habitudes do toute la journ^e. II est hors de mon sujet de faire connaitre I'impression que je recus et le jugement peut-etre un peu pr(!!cipil(^ que je formai de ce contact. Je ne voulus pas quitter Pittsburgh sans faire unc excursion a la colonic allcmande A' Economic , situoe sur rOliJo , a 18 milles de la ville. Nous avions pour compagnons de voyage Ics deux freres siamois Chang et Eng, qui logerent dans le meme hotel que nous et qu'on a connus a Paris. lis ne for- maicnt qu'une seule personne ayant deux tetes, deux corps , quatre bras et quatre jambes. lis etaient reunis par une forte membrane partant de la poitrine, qui les tenait elroitcment unis et qui ne les empechait pas d'etre tres agiles dans tous leurs mouvemenls. lis se rendaient au lac Erie , pour aller ensuite a Nevv-Yorck. Partis de Pittsburgh le 17 A cinq houres du matin, nous arrivames a Economie a dix heures , apres avoir dejeuni!; a 1*2 milles, a I'hotel do I'Union, en face de I'ecueil White-Sripple , ou notre bateau a vapour avait cooru un si grand danger. En arrivant a Lconomio, noasallamcs visiter Rapp, ( 240 ) son fondateur, qui en etait Ic directcur et en quclque sorte Ic souverain absolu. Nous dirons ijuclqucs mols de cct hommo extraordinaire , n6 en "\\ urlcniberg a 0 licucs dc Stuttgard , (jui etait venu aux Etats-lnis, il y avail 27 ans, comme un simple tisserand. 11 avail d'abord fond6 une colonie nomm(5e Harmonie, et , en 1825, il avail jcte les fondcments de cellc ou nous 6tions. Elle se composail alors de 700 personncs toules de rAllomagne et la plupart du Wurlenibcrg. Elles formaient une societe qui travaillait en commun dans I'int^ret de tous. Rapp nous dit que scs colons se nouirissaient , s'habillaienl el suflisaienl a tous leurs bcsoins par un travail assidu roparti cnlrc tous, selon les facultes et les forces de chacun. Les uns labouraient la terre, les autres fabriquaienl dcs draps el d'aulres etoffes. Les femmes s'occupaient de la preparation du tissage de la soie et des ouvragcs parliculiers a lour sexe. On nc lirail gueres du dehors que du cafe, du fer , etc. On vendait cc qu'on ne consommait pas, el Ic produil des ventes entrail dans le fonds commun. Cetle society ainsi organiseeparaissailfort heureusc. In air de satisfaction et de bonlicur se peignait sur toutes les figures. Los hommcs et les femmes porlaicnl im costume uniforme , fait avec les ctoil'es qu'ils avaiont eux-mcmes fabriquees. Rapp elail un boinmc dc haute stature, age de 75 ans. Ses veux etaient gris, vifs et spirituels. Lne longue barbe blanche lui descendaitsur la poitrine , ce qui lui donnait I'air d'uri patrlarche au milieu de sa famille. A cause de son grand age il avail adopto un membre dc sa societe pour lui succeder et dirigcr jusqu'a sa mort les iniorels matericls dc la co- lonie. 11 en etait roste le chef spiriluel. II excrcail un tol ascendant sur los colons que sa volonlo otail lour ( Ul ) supreme loi. II leur avail meme interdit le mariage, et ceux qui etaient arrives avec leurs femmes n'avaient de commerce avec elles que quand il Ic permettait. Je demandai les motifs de cotte association centre nature; on nous dit que linteret de la societe cxigeait que les femmes ne fusscnt pas detournees de leurs occupations, ct qu'il n'y cut pas de bouches inutiles. Je doutai fort que I'organisation d'une telle societe put etre do longue duree. Le fait est que nous ne vimes pas d'enfants en bas age. Rapp ne nous recul pas dans sa malson. II paraissait que les reglements de la sociele s'opposaient a ce que Ic foyer domestique des colons fut ouvert. II nous con- duisit sous un petit temple ou se trouvait une statue repr(^sentant la deessc de IHarmonic, et oil il y avait quelques inscriptions qui rappclaient la fondation d'Harmonie et d'Economie. La conversation de Rapp eut lieu en allemand et fut fort gaie. II nous presenta sa sceur, vicille fille d'une cinquantaine d'annees qui avait I'air d'une bonne paysanne et etait cependantla reine de ces lieux. Nous vimes son fils adoptif, qui etait un grand et gros homme avec une tete carree, sans aucune expression , ct qui ne paraissait pas etre appele a continuer I'ceuvrc de son p6re. Rapp vint nous faire une visile a I'botel oil nous elions descondus , et dont tous les individus , meme le gargon qui nous servait, etaient membres au meme litre de la sociele. Cette visile etait une faveur qu'il ac- cordait a peu d'etrangers , el que nous dumes proba- blement a la facilite qu'il avait eue de s'entrelenir avec nous dans sa langue raalernelle. II voulut memo nous donner le soir un concert, en reunissant une trenlaine de colons, qui etaient musiciens, comme Ic sont on ni. AVRii 3. 1() ( 2A2 ) general Ics Allemands ; uiais iiuiis retourniimes a Pilts- buiiili, afiii (h' tout disposer pour notre voyage jusqu'a New-York. Nous quittaines Pittsburgh Ic 19 mai a huit hcnrcsdii matin , dans uno diligence qu'on appoUc acconnuoda- tion , qui s'arrete loutes les nuits, ct qui devait (itro rendue le cinquiemc jour a Baltimore. Nous etions a quatre heures a New-Alexandrie, oi'i nous dinames, ct le soir.nous couchames a Blay svillc. Nous avions traverse un pays constamment montagneux, dont quelques par- lies sont Lien cultivecs. Nous etions en route le 20 , a cinq heures du matin , et a neuf , nous dejeunions a Armagh. Depuis Blays- ville la chalne des monts Allcghanys s'elcvait a unc grande hauteur. Nous arrivames a sept heures du soii a Blayr'sgep , ou nous restames la nuit. Le 21, nous fiimes sur pied a quatre heures, ct nous dejeunames a Yellovv-Sjirings (les sources jaunes). Nous traversames Alexandrie et Hutingdon. Nous etions a neuf heures du soir a une jolie petite ville nommee Lowis-Stown ou nous nous reposames. La route que nous venions de parcourir dans la joui'n(!;e avait pres- que toujours cle bordee a droite par un canal et un ciiemin de fer , et a gauche par des roches elovees , qui, dans de certains cmlroits, etaient accumulecs les unes sur les autres a une grande hauteur. Le lendemain , a neuf heures , nous traversames Miflin, situe a 12 miiles de Lovvis-Stovvn , ct un petit hourg nomme Mexico. Nous etions a midi a Millers- town , qui est eloigne dc 15 millcs de Mexico. A quatre heures , nous passames sur un magnifique pont de ( 243 ) 3/4 dc mllle de longueur, construit sur la Sasquehena, riviere tres large , tr^s rapide et couverte de recifs. Des ce moment le pays devient magnificjue ct parfaitement cultlv^. II est habile par un grand nombrc d'Allc- mands , qui y ont apport(^ leur industrle agricole , et qui possedaient d'imraenses termes, ou tout annon- oait une grande aisance. Nous eumes le spectacle de cette prospdrild jusqu'a Ilarrisburgh , capitale de I'Etat si riche de la Pcnsylvanic , situee a 34 milles du der- nier relai de Millerstown , et ou nous entrames a sopt bcures du soir. Nous profitames des dernieres clartes du jour pour visiter la ville qui nous parut petite , jolie et tres peuplee. Le batiment servant aux seances du congres de I'Etat , dont I'arcbitecture nous avait I'rappes en entrant dans la ville, est dans une belle po- sition. Nous quiltames ilai-risburgli le 23 , a quatro heures du matin. Deux heures apres, nous etions a Middleton. ot a quelque distance de la , nous passames sur un bac une riviere parsemee d'ecuells , au milieu des- quels la diligence fut sur le point de chavirer. Nous arrivames cependant sains et saufs sur I'autre bord a Yorck-Knocn, ou nous trouvamcs qualre bons chevaux qui attendaient la diligence et rentrain^rent rapide- ment jusqu'a York. A 11 milles dc la, nous traversa- mes un lieu nomme Strasburgh , et a sept heures du soir, nous Etions a Baltimore. II y avait alors dans cette ville une telle affluence d'individus de tons lesrangs et de toutes les conditions qui se reunissaienl pour assister aux assemblees pre- paratoircs , chargees d'assurer la nouvelle election du general Jackson h la presidence , que nous ne pumcs Joger ;'i rbotel de la Cite, qui est le premiei de la ( 244 ) ville. Nous obtinmcs , avcc beaucoup dc peine , une petite chanibre ilans un nouvel hotel 6tabli a Soutli Street. La difliculte do notrc installation et le manque de con- fort nous decidcrent a ne faire qu'un [vbs court s^jour u Baltimore. Nous rctinmes aussitot nos places dans In diligence qui partait le Icndcmain a deuxhcures pour A\ asliington, et nous nous mimes a parcourir la ville qui est batie sur trois coUines. Nous en adinir nies les rues si propres , dont quclques unes sont garnies d'arbres, les maisons en briques peinles, si agr6a- bles a I'ceil avec leurs persiennes t!'un vert tendre, I'excessive propret^ dc leurs portcs, garnies d'ome- ments en cuivre et d'un martcau si luisant, auxquelles on nionte sur des marches dc marbre blanc. Nous en- tramcs dans I'cglise catholique du Maryland , qui est batie dans un style simple et elegant. Nous vlmcs les deux tableaux donnes par Louis X\ III et Charles X. Nous allumes aussi voir la colonne 6lev(ie a Washing- ton. Ce monument de la reconnaissance lui etait bien du dans cette ville ; car c'cst a rindependance dcs ihats-Unis que Baltimore doit son immense accroisse- ment et sa prosperite ; elle n'etait auparavant qu'une miserable bourgade composeedequelques maisons en charpcntc et de huttes en hois. Le 25 , a deux heures de I'apres-midi , nous etions dans la diligence de Washington , et le soir, a huit heures, nous faisions notre entree dans cette capitalc des Etats-lnis, apres avoir y^arcouru depuis Balti- more 36 milles au milieu d'un pays aride et couvert de bruyeres. La conference dc Baltimore avait fait une excursion a Washington , cc qui nous cmpecha de trouver de la ( 245 ) place aux hotels de Galbay's et liornard's, qui claienl Ics premiers dc la ville. Nous descendlmes a Indiana- Queen. Washington , a I'epoquc oii nous y fumes , nc res- semblait a aucune capitale du monde. Disposd sur un plan gigantesque, coupe par des rues tr^s larges , bord^es d'arbres, oil, dans quelques uncs, les maisons ^taient separees par de vastes terrains converts de ga- zons, servant au paturage des vaches , Washington ressemblait pUitot a un immense et magnifique village, qu'a la capitale de I'Union americaine. Les edifices publics y sont cependant tres remarquables. Le capi- tole , ou les stances du congr^s se tiennent , est un mo- nument imposant qui domine Washington, et d'oi'i Ton decouvre de tous cot^s dans les environs une assez belle vue. Son peristyle est orn^ de plusieurs tableaux qui rappellent les belles epoques de la guerre de I'ln- ddpendance et la part que les Francais y ont prise. On y trouve aussi quelques bas-reliefs remarquables. La Chambre des repr^sentants et le Senat etaient assembles quand nous allames au capitole. Nous en trames sans aucune difliculte dans I'enceinte de leurs seances. Les deputes etaient en frac, lis avaient leur chapeau sur la tete, ainsi que le public. Ilsparlaient de leur place, sans gesticuler et chercher a faire del'elTet. 11 y avait cependant dans cette assemblee un certain manque de tenue. Le Senat avait plus de dignity. Mais nous avions ite frappes et meme scandalis<5!S de cette inscription qui se trouvait alors a la porte de ce sanctuaire des lois : « Le public est pri6 de ne pas met- » tre ses pieds sur les balustrades, afin que les ordures n des souliers ne tombent pas sur la tete des scna- » teurs. )) d'est que les Americains du nord ont on ( 2/16 ) general uiie manic toutc pai'ticuliere de s'ctcndre , et d'(ilever leurs jambes sur tout ce qu'ils trouvent de- vant eux. Nous allames par la rue principale qui est belle , quoiqu'un pcu unifornio, a la residence du president. Son aspect est digne du chef d'unc grande republique. Elle est d'uiio noble simplicite, et I'ameublemont en est convcnable, quoiquo tres modeste. Les divei's minist^res sont situes pres de celte resi- dence. II n'y a point la de luxe de bureaucratic. Un petit nombre d'employes peu pajes suffit a la be- sogne. II est vrai qu'on n'y centralise pas tout le ser- vice de la republique. Je vis le secnitairc d'etat , M. Liwingston, liomme aimable et instruit, auteur d'un Code criminel tres estime, qui porte son nom. Jc fus prescnte le 29 mai au general Jackson , president de la republique. II me recut avec bonte et simplicite. II me donna la main a lamaniere des Anglais, et nous parlames longuemcnt du Mexique, dont jc lui fis connaitre avec quelques details les derniers evene- ments. Washington oflVait peu de ressourccs aux strangers. 11 n'y avait aloi's ni salons de society ou diplomaliques, ni salons litteraires, ni theatres, ni plaisirs publics. Les membres du congres logeaient pour la plupart dans des Boardings house , et vivaient entre eux avec leurs families. Nous parthiaes le 30 mai, et vinmes prendre a Bal- timore un bateau a vapeuravec lequel nous naviguames dans la baie de Chesasepaek jusqu'a I'cndroit oil com- mence le Rail-Road ou chcmin de fer. Le service des voyageursctdes bagages qu'on placa dans des diligences sc 111 la a^oc unc extreme celerite el beaucoup de regulu- ( 247 ) rite. Nousallames parle moyen cUi Rail-Road jusqu'a la Delaware, ou nous trouvjinies un bateau a vapeur qui nous attendait; en un instant tout fut embarque. Un souper ful aussitot servi a bord , et a dix heures du soir, nous touchions le quai dc Philadelphic. Nous avions mis seize heures pour nous y rendre depuis Wasliinston. Notre intention etant de rester quelque temps a Phi- ladclphie, nous descendimes dans un Bofirding house, qui nous avail et6 indique , et j'eus tout le loisir de parcourir cette cit6 importante, situ^e entre la Delaware et le Schuylkill. D'apr^s un recensement qui avaitetc fait en 1830 , Pliiladelphie renfermait alors une popula- tion de 161,/il2habitanls. Cette villeetaitcoupeeparal- lelement par quatorze rues , elles-memes travei'sees par d'autres grandes rues egalement paralleles qui aboutissaient aux deux rivieres. La rue de Chesnut est la principale. C'est le quartier marchand du beau monde: c'est la que sont les plus magnifiques magasins. La Valnut est la rue a la mode, C'est le faubourg Saint-Germain de Philadelphie. 11 y a peu de rues oii on ne trouve pas une eglise ou un temple appartenant a des sectes differentes.Les quakers, les free quakers, les episcopaux, les anabaptistes, les pres- byteriens, les catlioliques , les lutheriens allemands , les calvinistes allemands, les fri^res moraves, les pres- byt^riens reform^s, les metbodistes, les universalistes, les uniteriens , les lutheriens suedois, les juifs, etc. , ont chacun des balimentspour leur culte et ses minis- tres, qu'ils entretiennentaleurs frais; carle gouverne- mentne se mele en aucune manifere de ce qui concerne I'exercicc de la religion. 11 n'y a rien d'cdifiant comme de voir toutcs ces sectes vivant dans un parfait accord, ' -^48 ) et remplissant , avec une ponctualite exeniplaire , tons les devoirs de leur culte. J'ai vu dans leur temple de- puis le grave et silencieux quaker jusqu'au metho- diste inspirit et fanatique. Lc diinanche , a I'lieure du service, la ville semble inliabiloe, et lorsque ce service est fini , chacun rentre tranquillement dans sa maison et s'y enfei'me , en ne laissant pas meme ouvertes les persiennes qui donneut sur la rue. II y a a Philadelpliic une foule d'etablisseraents pu- blics et particullers. Les banqucs, los compagnies d'assurances et les societes patriotiques ; les associa- tions de cbarite, des hopitaux, des analogic avoc coux de I'Europe , et ( "^53 ) conduiscntainsi a la sujiposition d'un parall^lisme ana- logue dans I'ordre ciironologique de leiiv dc^position. Par celte exposition succincte on voit de quelle im- portance il doit etre de trouver les debris humains dont on veut determiner I'age au milieu d'ossements d'autres animaux. Malheureusement, cette coincidence se rencontre rarement dans les cavernes du Br^sil, de maniere que ce ne fut que dans le courant de I'annee passdie que s'est offert a mes } eux le premier example d'une telle association, les ossements humains s'dtant trouv^s, dans la localite dont il est question, meles a de nombreux debris de divers animaux, tous exactement dans le meme etat de conservation, et paraissant y avoir C'ti deposes environ a la meme epoque. Le degr(^ de decomposition ou se trouvaient les osse- ments de ce depot, t^moignaitde leur anciennete. Places surdescharbons allumes, ilsn'exhalerent point d'odeur cmpyreumatique, ils adheraient fortement a la langue, et plonges dans unc solution affaiblie d'acide nitrique, ils se sont entiei'ement dissous en peu de temps avec une forte effervescence. lis etaient done tout-a-fait calcines et en partie petrifies, et ofiraient par consequent tous les caracteresdes ossements veritablement fossiles. Cette partie de la question ayant et^ verifiee, j'ai eu a examiner ces ossements sous le point de vue zoolo- gique, d'ou il est resultequ'ils appartenaient, lesuns a des especes encore existantes, et les aulres a des ani- maux qui avaient cesse de falrc partie de la creation qui existe actuellement. Dans ce nombre se trouvenl les especes suivantes : — 1° une esp^ce de panthere de grandeur double de la plus grande espece qu'on tiouve actuellement dans ce pays, c'est-a-dire de la [)authere tigree ; 2° une espece de cabiai { Capidam ) ( roll ) lie la granJour du lapir ou .-/utn. Cos iloux ospoces dilTeivnl des espocos voisines acluolloinonl oxislanlcs, non seuloiuont par la graiiilour , mals encore paries parliculariles ile leur conformation, el ellesiloivent etre consiiieroos coiiime des espcces disthictes. ainsi que jo I'ai deja Tail, sous les noms de Fe/i.r pir>(opant/it'rci d' Hytlroc/ia'nis suhiJens ; 3" unc espt»ce ile Lama, genre d'animaux qui . comme on le sail, no so trouve ac- tuellemont qiie dans les regions »^lcvees des Andes, au Perou et au Chill ; h" ot linalomont lo cho\al. L'appa- rltion de eel animal, si recemment introdult dans I'A- merique, au mUieu dun depot qui somble reclamer line antiquite bcaucoup plus reculeo . me jeta dans letonnement , quoique par les res\dtats oil j'etais par- venu pai' mes investigations anterioures , je savais deja que le genre cheval faisait partle de lancienne faiuia' de ce pays, dont on comptait deux esp6ces; mais ces deux especes. outre qnelles nc sc trouvaient quo dans los depots les plus anciens, oflVaient des caracti?res essentiellement difleronts de toutes celles de ce genre qui existent actucUoment . tandis que les fragments t'ossiles dont 11 estici question, annoncalent une espece difforente de celles dont nous avons parlo , et de telle maniere semblable au cheval domostiquo . qu'il m'a ete impossible de ratlribuer a un autre animal, quoi- que ces fragments eussent appartenu evidemment a des races superieures a celles qui furent introduiles par les conquerants dans lAmerique merldionale. En presence des fails que nous venons de rapporter, il ne peuty avoir le moindre doute que Texlstence de Ihomme sur ce continent date de temps anterieurs a lepoque ou cesserent d'exisler les dernieres races des animaux gigantesques dont los restes setrouvcnt abon- [255 j cJammfiTit dans Jes cafemeft rJe ce pajs, ow, en d'aotres tfiimfts, antf'jrictjrs aux temps historiques. Quant aux caracteres ethnographiquea dcs cranes rie ce depot, j'eus occasion de con firmer les conclu- sions anterieuremerit ^mises, car ila offraient toua les traits caracteristiques de la race am^rkaine , et je me suis pleinement convaincu que la depression extraordi- naire du front qu'on remarque dans quelques individus, n'est aucunement due k des moyens artiiiciels. Nousvoyons done que I'Am^rique ^tait babitee dans des temps oil les premiers rayons de Thistoire ne s'e- taient pas encore montres sur t'horizon de I'ancien monde, et que les peuples quiFbabitaienta cesepoqoes recul^es •Vtaient de la mfeme race que ceux qu'on y trouy a lors de la decoaverte, Ces deux resultats ne se trouiTent point en barmonie , il est vrai , avec les idees genei a- lement recues sur I'origine des habitants de cette partie du monde ; et a roesare que I'epoque ou elle a etk. pour la premiere £013 babitee devienk reculee, les babi- tants conservant toutefois le mfeme earactere national, I'idee d'une origine secondaire ou derivee s'^vanouit. Et cependant les faits qui semblent indiquer un cer- tain point de contact enlre les plus anciens babitants des deux parties du monde sont incontestables. Les cranes anciens qu'on a troupes dans diTersea parties de ['Europe olifrent la mem:e depression du front qui ca- racterise les crines fossiles de ce pays ; les coins 00 bacbes de pierre, vulgairement appelees au Bresfl coriscos , offrent la plus parCaite resaemblance par la forme et la matiere avec ceUes qui ont ete fabriquees en Europe , au point que, placees les unes a cote des autres, il serait impossible de les distinguer. On con- nait les nombreuses analogies qui existent entre les ( 256 ) I anciens monuments du Moxiquo , de I'lndoustan ct dc I'Egypte; mais jamais on nc se serait attendu a ce que Ic Bresil olTrirait aussi un point dc contact avec ce dernier pays, dans Ics temps anciens, ot cependant Ics debris fossiles dont il est ici question nons donnent la preuve de cette coincidence. EnelTet, ces cranes, d'une conformite propre au type americain en general , comme nous avons d^ja eu occasion de le faire observer, ofTrent un caract6re par- ticulier par lequel ils se distinguent de ceux de toutes les races existantes. Ce caracterc consiste dans la confor- mation des dents incisives. Cellcs-ci, au lieu de se ter- miner par une coupure transversale, comme il arrive ordinairement dans cetto espc^ce de dents , ofTrent une surface plane broyante, analogue a celle des dents mo- laires. Quoiqu'on ne puisse douter que cette confor- mation anormale soit un rc^sultat de I'usure, elle n'est pasmoins dignc d'altention , tant a cause de sa Constance, puisqu'elle se retrouve egalement sur les cranes provenant d'individus encore jeunes , que parce que Ton nc trouve rien de semblable sur ceux d'aucune nation modcrne , et seulement sur ceux des momies egyptlennes. Plusieurs auteurs crurcnt avoir devine la cause de ce phenomene singulier ; parmi eux je citerai ceiui dont I'aulorit^ est plus imposante , le celubre Blumen- bacb , lequel I'attribue a la coutume supposcie de cet ancien peuplc , de macher babituellement des racines fibreuses. Mais, avec tout le respect dil a un nom aussi illustre, nous ne pouvons dissimuler nos doutes, et, en tons cas , celte hypotbeso nc pcul s'ap- pliquer a I'espece en question. En eflot , il n'y a point de probabilitr que cos anciens babitanis du Br(^sil ( 257 ) aient suivi uno maniore de vie diflerente de celle siiivie actucllcment par les sauvagos, puisqiic Ics conditions de leur existence etaient Ics menics. Ceux-ci, outre le produit de la cliasse , source principals de leur alimen- tation , mettent (^galement a profit les racines que le hasard leur fait d^couvrir , et , malgre cela , ils sent loin d'offrir dans la conlormalion do leurs dents I'ano- malic dont nous parlons. En outre les racines alimen- taires que le pays produit appartiennent principale- ment aux families des Smilacees et des Aroidees, les- quelles sont en general succulentes et molles , et in- capables de produire de quelque maniere que ce soil luie pareille usure des dents. II serait plus plausible , au premier abord , d'ex- pliquer ce plienomene par I'usage connu parmi quelques tribus d'Indiens de se nourrir de certaine espece de terre. Mais cette hypotliese se trouve egalc- mont en defaut des qu'on la souniet a une premiere epreuve. Entre toutes les nations modernes , cellc qui se distingue le plus dans cette espece de gourmandise, c'est celle des Ottomaques , cliez lesquels I'emploi de la terre entre en telle proportion dans I'alinientation (ju'il en dcvient la partie la plus essentiolle ; et cepen- danl on observe sur leurs dents la difformite dont 11 est question; du nioins I'illustre voyageur qui les visita, le bai'on de Humboldt, n'cn fait j^as mention, et il nest pas a presumer que cela cut echappe a I'attention d'un observateur de tant de perspicacile ; surtout ce plie- nomene etant aussi visible. On pourrait peut-etre recourir a un autre usage, etabli chez plusieurs tribus indiennes, celui de manger des bols composes de ccrtaines substances vegetalcs aromatico-narcolifpics. Mais, outre qu'aucun voyageur 111. AVRII.. /i. 17 (258) n'a observe uno parcilk- anomallo sur los ilonls des nations adonnoos a celto liaMUide , cclto liypolhosc devient improbable par laconnaissance genc^ralequ'on a , que dcs habitudes analogues, telles que I'usagc du betel, ne sauraicnt produirc unc telle usure, laquelle , en pareil cas, devrait etre bom^c principalcment aux dents molaires. Nous pensons cons6queminent que le phenoni6ne intercssant qu'offrcnt encommun Ics anciens habitants dc I'Egj'ptc ct ccux du Br6sil n'a pas encore 6t6 expli- que d'unemanicre satisfaisante, ct que pour cela memc il est digne de toule I'attention des savants. Lc principal fondement sur lequel est ^tablio I'opi- nion gencralement recuc de I'origine gerontogec dcs peuples de I'Ameriquc, consistc dans la rcsseniblance frappantc qu'on observe entre la race am^ricaine ct la niongoiique. Considcrecs sous le point de vue crimo- logiquc qui doit toujours meritcr lc premier rang , les races humaincs offrent trois formes de cranes , les- quelles ont ^t6 rangees par le premier anthropologue de nos jours, lc celebrc Prichard , en trois principales classes, savoir , la forme ovale, la forme prognathc ct la forme pyramidalc. La premiere appartient a la race Caucasienne , la seconde a I'Etliiopienne , et la troi- sierac aux races Mongolc et Americaine. Les carac- t6res les plus cssenticls par Icsquels cettc derniere sc distingue de la premiere consistent dans un front has el elroit, et dans la pro^minence des pommettes. Ccs caracteres 6tant dcs approximations du type animal , la race Americaine doit occuper le dernier dcgr6 de rechcllc comparativement a la race Mongole, Si Ton admct rhypothese dune originc commune pour ccs deux races, on doit ii6cessaircment regaixler la race Amt'iicaine comme unc dt'-generation dc la Mongole. ( 259 ) D'aprcs cetto liypolh. De la description geologiquo des etats du roi de Da- nemark , I'autour passe a I'orograpliic du pays. 11 nous apprond quo le point le plus eleve du royaume de Da- nemark, et des duches de Slesvig, Ilolstein et Lauen- bourg , savoir , le Himmelbirg en Jutland, n'a que 550 pieds de hauteur, maisque d'un autre cote les plaines enti^rement unies sont fort rares. Dans la description hydrographiquedupays, I'auteur entre surtout dansde grands details quant aux tourl)ieros , qui sont la source unique d'ou les habitants de la partieoccidentale de la peninsule cimbrique tircnt leur chauffage , et qui fournissent la moltie du combustible consumed dans les differentes villcs de la peninsule. II y en a de trois es- peces, celles qui sont formees des debris des forets, celles qu'on trouve au fond des lacs, et enfin celles qu'on exploite dans les landes. La premiere csp^ce de tour- bi^res renforme nombre d'arbres des quatre flores anciennes qui , dans les temps ante-diluviens et a des epoques distantes les unes des autres de plusieursmil- liers d'annees, ont couvert le pays, savoir, l°le populus tremula; 2° le sapin , qui mainlenant ne se trouve en Danemark que la oii il a 6te pi ante ; S-'le chenc dune autre espece que celle qu'on rencontre actuellemenl ; II" une espece d'aune a dimensions colossalos. La for- mation de ces tourbieres doit avoir etc terminee avant I'apparitionde la flore actuelle du pays, puisqu'on n"v trouve jamais le moindrc debris du hetro, qui aujoui- d'hui est I'arbre le plus commun. ( 266 ) Apres avoir parcouru les difl'erentcs contrees qui torment les (§tats du roi du Danemark sous le rapport deJa fertilito du sol, avoir donne des renseignements intt^ressants et instructifs quant aux landes, aux tour- bieres, aux atterrissemonts et aux dunes, et avoir peint les phenomenes que presentent les cotes de la mer , I'auteur fait une description tres dt^taillee de la consti- tution climateriquc du pays. Nous apprenons que la chaleur moyenne a Altona est de 7, 20 degres de Reau- mur, et qu'a Copenhague elle est de 6,58. La tem- perature moyenne , a Copenhague , d'apres le ther- mometre de R(§aumur, est en : Janvier — 1, 2; avril 5, 0; juillet lA, 5; octobre 7, 7; Fevrier — 0, 7 ; mai 9, 6 ; aout 14, 1 ; novembre 3,6;" Mars l,2;juinl2,9; septembrell, 4; decembreO, 8. La chaleur la plus forte qu'onait eprouvee a Copen- hague a et(^ de 27,5 d'apres Reaumur; le froid le plus rigoureux a ete de -+- 18,2. La temperature moyenne du Danemark est plus chaude que cellc du nord de TAllemagne. La quantite moyenne de pluie tombee est, d'apres une suite d'observations continuees pendant quarante- cinq ans, de 20" 3'", mesure de Paris; la moyenne des observations annuelles pendant ces quarante - cin(| annees a varie de 12" 5'" 6 a 27" 11'" 1. La moindrc quantite de pluie tombe au mois de mars , oii la moyenne est de 9'' 36"'. Depuis ce mois la pluie va tou- jours en augmenlant jusqu'au mois d'aoiit, ou il en tombe 30" 26"' ; elle diminue ensuite graduellenienl jusqu'au mois de mai. Toutce qui a rapport a la population est traite dans la scconde partie du premier volume, laquelle estdivisee en 7 chapilrcs, dont Ic !"■ fail connaitre la distribution ( '2m ) de la population ; le 2' les diverses peuplades doiu elle est compostie ; Ic 3* les differents langages qu'elles parlent; le 4' la religion; Ic 5" la raani^re de balir et de vi\Te, ainsi que le costume; le 6' le caracl^re national, et le 7" les diff6rentes classes de la population. Les limites 6troites d'une annonce litterairc nc nous per- mettent pas de nous arretcr au grand nombro de ren- seignemcnls interessants que cettc partie de I'ouvrage renferme , ct nous croyons devoir nous borner a ex- trairc quclques tableaux qui ont rapport a la popula- tion. Lors du dernier denombremcnt qui a ete iait, le l"f6vrier 18/|0, la population de tous leslhats appar- tenant au roi de Danemark, ^tait de 2,321,413 ames , savoir : dans le royaume dc Danemark 1,283,027 — le ducho deSlesvig 3/|8,526 — — dellolslein 455,093 — — de Lauenbourg 45,342 dans les colonies 189,425 La population des litats soumis auroi de Danemark est supposee augmenter de 21,000 par an. Surcliaquo mille carre g6ograpbique on cornpte , tcrme raoyen , 2,070 ames , ou , si Ton n'a egard qu'a la population de la campagnc , 1,675 ames. L'ile d'Amagor, tout pres de Copenhague , est la contrec la micux peuplee ; elle a 5,651 ames sur 1 mille carre. La population des villes dans le royaume de Danemaik ct les trois ducbes est de 464,925, et la population de la campagne de 1,667,063 ames. Laca- pitale , Copcnbague , a 120,819 babitants ; la seconde ville en grandeur, Altona, en a 28,095. La moycnno du nouibre dindividus qui lomposonl unc lamillc est ( 267 ) dc 5. Dans le royaumedeDanemark el les trois duches naissent 5 a 6 pour cent plus de garcons que de fdles. Chez le has peuple , parmi les individus au-dessus de I'age de vingt ans , le nombre des hommes est plus considerable que celui des femmes ; plus tard le nombre des femmes I'esl davantage, et il va surtout en croissant depuis I'age de quarante-cinq ans. Dans Ic royaume do Danemark et les trois duches, la propor- tion entre les hommes et les femmes est dc 1000 a 1015, dans la classe du has peuple. dc 6o ans jasqu'a 65, elle est de looo a 1142 dc 70 a 75 — 1237 de 80 a 85 — 1409 de 90 a 95 — i5i5 Sur 100 ames il y a dans le royaume de Danemark 3,21 naissances, et dans les 3 duches de Slesvig , de Ilolstein et de Laucnbourg 3,32; sur h femmes entre seize et cinquante ans unc met annuellement un enfant au monde. La proportion entre les enfants morts-nes et ceux qui viennent vivants au monde est dans le royaume de Danemark : quant aux garcons de 1 a 9, 68 filles de 1 a 25, 76 L e nombre des naissances illegitimes est a Copen- hague de 1 sur 3 , dans les autres vllles de 1 sur 7, et a la campagne de 1 sur 11. Sur 100 individus, il y a par an 2,32 morts ; a Copenhague, il y en a 2,75. La duree moyenne de la vie d'un hommc d'une femmc est a Copenhague de 35 ans 39 ans dans les autres villes dc ho — 51 a la campagne do /|7 — 50 Nous ne nous arrclerons pu.s plus longlcmpb a I'du ( 308 ) vrage do M. Bergsoo , dont lo premier volume , qui ;i foumi la mati^re dc cet extrait, est do 563 grandes pages, ctdontle second volume, qui est souspressc. traitera de I'agriculture, del'industrie et du commerce; mais nous no croyons pas devoir terminer cette an- nonce sans exprimer le vccu, que les directeurs de quelques unes des hiblioth6ques les plus considerables de France fassent I'acquisition de cet ouvrage , afin quelesliommcs de leltres, pour qui la langue danoisc est familierc, jiuissent avoir occasion d'enrichir la lit- t(^rature fran^aise des reclicrches nombreuses contc- nues dans cet ouvrage , et afin dc fournir aux savants de ce pays unc riche source de rapprochements in- tcressants. ( 269 ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe. PXTRAIT DES PROCES-VERBADX DKS SEANCES. Pbiisidenck de M. Guigniadt. Seance (III h r?('/v7 18/i5. Lc proces-verbal de la derni^re seance est lu et adopte. M. James Forrester , adniis r^ceniment dans la So- ciete , lui adresse ses rcmerciements ct proniet de cooperer a ses travaux. M. Michaelis communique une Note sur I'Essai d'uno methode mixte pour lexpression topographique du relief du terrain , ct il met sous les yeux de I'Assem- blt^e un Specimen grave, ainsique le dessin d'une carte du canton d'Argovie au 50,000" ou les montagnes sent exprim^es d'apres sa methode. M. le baron Pioger annonce que, par une lettre ecrite du Senc^gal , M. I'abbe Boilat Tinforme que le Marabout mandingue, Fandi-Sat, dont il a deja trans- mis a la Societe des Notes int^ressantes, est parti pour Tombouktou, avcc le projetde desccndre le fleuvo jus- ((u'a son emboucluire. M. laljbe Bollal a rcniis a ( 270 ) Fandi-Salune serie lie questions rclalives aux contrees qu'il va parcourir, el 11 espere traiisinettro par ia suite a la Societe les I'epoiiscs et I'ilineraire du voyageur africain qui, du reste , a deja visitt!; prccddcmracnt Ics Lords du Djollba. M. le vicomlc dc Santarcm offre , de la ])art do Tautcur, M. Jose-Joaquim Lopes de Lima, un Essai sur la statistlquc des possessions portugaises dans I'A- fiique occidentale et oricntalc , dans I'Asic occiden- talc , en Chine et dans I'Oceanie ; il est pri6 dc rendro conipte de cet ouvrage , dont la publication a 6tC' failo par ordro du gouvernement portugais. M, Noel Desvergers fail hommage dc sa Description de r Arabic, publiee dans YL'/iii'crs piftoresqiic. M. d'Avezac offre un exemplalre de la Geographic des Grecs analysee , par M. Gossclin , qu'il possedc en double dans sa blbliotheque. M. le vicomlc de Santarcm communique la traduc- tion qu'il afaite d'unc lettrc dc M. IcD'^Lund, dat6e dc Lagoa-Santa ( Minas-Geraes) Ic 21 avril 18/j/i , ct adressee a I'lnstitut historique du Br^sil. Cettc lettrc contient le resultat des recherches du D"^ Lund sur les races eteintes d'animaux , ct en particulicr sur la race humalne dont il a retrouve des osscmcnts fossilcs dans les cavernes du Bresil. II semblcrail rcsultcr de ses recherches que cctte contrce scrait le plus ancicn continent du globe. M. le Pei'e Sapcto lit la suite dc son Mt'inoirc sur rinlroductlon du christianisme en Nubic, el sur This- loire et la geographic de cc pa\s. ( 271 ) Seance da 19 avril 18i5. Le proct'S-verbal de la dernierc seance est hi ot adopts. M. Edward John Eyre , par sa lettre dateo d'Ade- laidc, Aiistrahe m(^ridionale, le 5 novemhre l^hh, re- mercie la Societe de la mention honorable qu'elle a bicn voulu lui accorder pour ses premii^res explora- tions dans I'Australie. L'Association britannique pour ravancement des sciences , et la Socidte royale d'agriculture de I'Angle- tcrre , adressent la suite de leurs publications. M. Albert-Montemont ecrit a la Societe j)our lui annon- cer la publication d'un ouvrage dont il s'occupe depuis plus de vingt ans, et qui a pour titre : Grammaire generale flit Philosophic des Inngues, presentant I'analyse de I'art de parler, considere dans I'esprit et dans le discours , au moycn des usages compares des langues hebraique, grecque , latine, allemande , anglaise, italienne, cspa- gnole, francaise etautres. M. Jomard presente au nom de I'autcur, M, Mi- chaelis , une nouvelle carte de sa composition , qui a pour objet de faire connaitre I'etat du cretinisme dans lo canton d'Argovie. Cette carte est assujettic , comme celles qui ont ete presentees a la derniere seance , a sa methode d'expression du terrain. II domande que la Notice de M. Michaelis soit renvoyee au comite du Bulletin , et ce renvoi est ordonn^. M. Ic professeur Rafn adresse a la Societe une Ana- lyse qu'il a faite du 1" volume de la Stalistique de la monarchic danoise , publiee par M. Borgsoo. RcMivoi de cette analvse au comite du Bulletin. ( 272 ) M. d'Avczac, en rappolant Ics communications qu'il a deja faitcs a la SocietL' sur la question do priorite des di'couvcrtcs dans I'occan Atlantiquc au moyon-age , croit necessaire d'cxpliquer a ce sujot que son travail n'a aucunement pour objet de porter altcinte a la juste rcnommee des navigateurs portugais du xv" sie- cle, dont la gloire est imperissable ; mais qu'il a du exposor la verite , telle qu'une etude approfondie des documents hisloriques I'a 6tablie a ses yeux. M. d'A- vezac montre a cette occasion le peu de fondement dc quclques objections 6lev6es contre les t^moignages relalil's aux navigations dieppoises en Guince, a I'egard desquelles il ne cesse point do reconnaitre , d'ailleurs, que les preuves contempoi-aincs en ont peri. M. Roux de RochcUc pr6scnte , au nom d'une Com- mission speciale , un resume verbal de son rapport sur le concours au prix annuel pour la decouvertc la plus importanle en geographic. D'apresles conclusions de cc rapport , le prix annuel est partage cntre M. Gay pour son voyage au Chili , ct MM. Ferret et Galinier, capi- taines d'etat-major pour leur voyage en Abyssinie. La Societe d^cerne en outre deux mentions tres honorables a M. de KhanikolT pour son voyage dans rOural meridional , et a M. de Tchihatchefl" ]>our son voyage aux monts Altai elSayanes. Deux mentions ho- norables sont egalement accordees a M. Duflot dosee tie MM. Daussy, GlIGMAlT, JoMAnl),^^ Al.CKENAEHe/RoiX DkRoCIIELLE, rapporteur. 1,11 ihins i'Assemblee generalc du 3 inai 184^- Messieurs , Les nombreux voyages qui se succedent dans les re- gions du glol)c, encore ignorees ou imparfairement con- nues, montrent quelle hcureuse emulation s'estetal)lie cntreleshommesoccupesderecherchesgeographiqucs. lis aiment a se pr^sentei" a vos concours , ils attachenl un juste prix a vos suffrages; et si les mers , deja sillon- necs dans tons les sons par de grands navigateurs , ne laissent plus Fesperance de decouvrir des continents nouveaux dans les parages habituellement accessihles, du moins il reste encore de nombreuses explorations a faire dans I'interieur de ces vastes regions. Les contours et les rivages en sont determines : voila les elements et le cadre d'un grand trace g^ogi-aphique ; et le soin de I'achever et d'en remplir les lacunes appar- tient aux voyageurs les plus d^vout^s et les plus in- struits. Le monde qu'ils se partagent entre eux est 6tu- di6 sur differents points ; ils I'agrandissent en effet en nous le faisant micux connaitre ; et a mesure que d\Tu- trcs peuples entrent en relation avec nous , de nouvelles routes s'ouvrent au commerce , son marclie s'cHend , et la civilisation fait des progr^s. Pour juger du m6rite des diffdi'cnts voyages qui ont (He ontrepris dans ce grand inlerOt de la science et de I'ordre social , vous avoz desiie. Messieurs, vous re- ( 277 ) server Ic temps de hien connaitro los explorations failes clans les regions les plus eloign^es , et celles doiit la publication entrainait des delais in0 ) p6ens , dans los provinces de Waguera et de Gondar. sur la cote orientale du lac de Dcmbt^a , el jusqu'au 1 2' degr6 dc latitude, L'un et I'autre 6taient de retour a Gondar le 2 mai 18Zi2; ils continu^rent leurs travaux de geographic , de physique , d'histoirc naturelle , en se dirigeant sur Massowa par deux voies differentes , afin de ne pas etre exposes a pcrdro a la fois et par un seul accident le fruit de leurs observations, et s'cmbar- quant ensuite sur la mer Rouge jusqu'a Cosseh', ils se rendircnt a Thebes , au Caire , a Alexandric , et ren- tr^rent en France le 23 Janvier 1843. Ln rapport tr^s favorable sur les travaux dc ces of- liciers a 6t6 fait, le 28 octobre 18/i/i , a rAcad^mic des sciences, par une Commission composec de MM. de Mirbel , Beautemps-Beaupre, Dum^ril, Geoffroy Saint- Hilaire , Elie de Beaumont et Arago , rapporteur. Nous croyons pouvoir cxtraire du compte rendu par des juges si competents quelques unes des remar- ques suivantes sur les voyages de MM. Ferret el Gali- nier. En examinant les elements de leur cai'te g6ographi- que , on trouve dans los manuscrits de leur expedition neuf points dont ils ont dc^termine la latitude astrono- miquenient. Ces lieux sont Adouah , Axoum, Adde- Casti , Intetchaou , Adde-Bahro , Faras-Saber, Add'- Ingrat , Tchelicot, Gondar. La longitude d'Intelchaou a ete evaluee en ranicnanl a uu ternic moyen do nombreuses series do distances de la lune au centre de .lupitor , observ^es entre le 3 mai et le 3 juillet 1841. L'occultation d'une etoile du Taureau , obscrvee le 7 fevrier de la mfime annee , a servi a determiner la longitude do Adde-Casti ; cello d'Axoum repose sur I'observation do Irois phases d'une eclipse delune, K- ( 291 ) 6 fevrier I8/1I , et sur des calculs d'immersion et d'6- niersion du premier satellite de Jupiter. Ces voyageurs ont rectifie le trace de plusicars ri- vieres d'Abyssinie, celui du Mareb, qu'ils ont remonle jusqu'a sa source , celui du Tacaze , qu'ils ont suivi jusqu'a son embouchure dans le Nil. lis ont dress6 une carte complete ct detaillee du Tigre et du Semen , soit d'apres leurs propres observations , soit d'apres celles qui avaient ete faites avant eux ; ils ont deter- mine barom^triquement la hauteur de diverses mon- tagnes d'Abyssinie , celle de plusieurs villes ou villages du Tigre , celle de la montagne du Detjem dans le Se- men , montagne dont la cime est inferieure de 200 metres a celle du Mont-Blanc. On leiir doit beaucoup d'autres observations barom^triques et thermom^tri- ques, faites a Adouah , Axoum , Intctchaou ; ils en ont fait sur les variations diurncs du barom^tre , et sur les differents phenomenes de la meteorologie. La question du magn^tisme terrestre n'avait pas ete comprise dans le programme de leur voyage , et MM. Ferret et Galinier n'ont eu a faire sur cet objet aucune observation. Leur carte du Tigre et du Semen estcoloriee g^ologiquement. Ils y ont joint neuf coupes de terrain, egalement colori(^es, et ils ont rapporte une nombreuse serie d'echantillons mineralogiques qui appai'tiennent aux terrains primaires , a ceux de transition , et aux periodes sccondaires et tertiaires. La rneme contrec a offert a leurs observations des mi- nes de fer, des couches de sel gemme , des sources thermales, des volcans eteints, precieux sujets d'e- tude pour les savants , occupes de la structure de la terre et des changements survenus a sa surface. Quoiquc CCS voyageurs aient recueilli un grand ( 292 ) iiombro d'oiseaux duns leurs explorations, M. Iluppell no lour avail pas laissii de decouvertes a faire en orni- tliologic ; niais ils ont rapport^ une collection d'insec- tes , reinarquable , et qui a fait reconnaltre cent qua- ranlc especes nouvellcs. L'hcrbier qu'ils avaient forme s'elevait a six cents plantcs ; un pillage , suite accoutu- mee des desordrcs do la guerre , leur en a fait perdre une partie , et I'a rc'duit a deux cent cinquante especes , donl soixante nous etaient encore inconnues. On doit savoir gre a ces voyageurs d'avoir donne une attention particuliere aux plantes, dont les habi- tants du Tigr6 et du Semen tirent un parti avantageux pour la nourriture , la medecine, la teinturo, ou d'au- tres i;sages importants. Ce genre d'observations regoit un nouveau degr6 d'interet, de Tapplication quo nous pouvons en faire a nos propres besoins. Les graines que ces officiers rapportaient en France ont ete pcrdues dans un naufrage ; ct vous avez pu re- marquer. Messieurs, qu'ils avaient ete habituellcmcnt places dans des positions critiques et souvent peril- Icuses. Les commissaires charges d'examiner leur tra- vail ont pens6 qu'au milieu dc circonstances si peni- bles, ils avaient fait tout ce qu'on pouvait attendre dc leur zb\e et de leur capacity. Pendant leur sejour en Abyssinie , MM. Ferret et Galiniervous avaient envoyci une Notice sur I'obd'lisque et sur quelques mines d'Axoum , ct ils y avaient joint plusieurs inscriptions qu'ils avaient decouvertes dans un district voisin et qui leur paraissaient (icritos en caracteres byemaniles. Ils so sontoccup(is des antlqui- t6s duTigreet ilu Semen, commede la situation actuelle dc cette contr^e; et quoique leur voyageait ili fait dans un pays (\6\ix iMte en partie par plusieurs savant^ ( 293 I exploraleurs, ils out eule m6rite d'augmenter la masse de nos connaissances, de rectfiei sur diflerents points les positions nial indiquees, de donner enlin une carlo meilleure de la region qu'ils ont parcouriie. L'esprit d'observation trouve sans cesse a s'exercer dans les parties dumonde qui sont imparfaitementcon- nues; et cette remarquo pent aussi s'appliquer a plu- sieurs voyages, entrepris dans les contrees asiatiques , que Pallas avail explorees, que M. de Humboldt a fail mieux connaltre , et oii d'autres savanls continuent , apr^s cet illustre guide , d'apporter leur tribut a la science , et de nous enricbir du fruit de leurs reclier- hes, Une carte topograpliique do la cbaine de I'Oural meridional a ei6 mise sous les yeux de la Soci«^l6 de g(§ographie, au mois d'aoiit 18Zi2, parM. de KhanikofT, aide-de-camp de M. le gouverneur-general P(^rofski. II avail ulilement consulty , sur la geograpbie de cette partie de I'Asie , les voyages de MM. de Humboldl , Gebel, Nessediefl, et des autres savants qui s'en d'taienl occupes; il fit servir de base a ses leves et a ses plans tons les points astrononiiquos deja determines i)ar eux, el tous ceux qu'il fixa lui-meme ; et ses Iravaux embrasserent specialcment tout I'espace compris entre le Volga , )a Belaya, I'Oufa , les lacs Balkacb, I'em- boucburc du Sir, le plateau de I'Oust-Ourt et la nior (laspiennc : il publia sur cette contree un memoiic geologique. Des op^ralions de nivellenient avaient tie cx«^cutees par lui, cnlrc la mer Caspienne el I'vVral , ainsi que dans les Sleppes kliirghiscs el dans I'Oural ( 29/1 ) iu«!!ridioiial. Ce \oyageui' \ lit iin yraiid nombrc d'ob- servations baronietriques qui so continu^rent jusqu'a Orcmhours; ; il en (it d'aulics avec le tlierniome- tre ot riiygroinetrc ; ut ii j)iit ainsi apprecier la diffe- rence des climats , les variations de la tempit se manifestcrla pr(!;emi- nence de la raison sur I'instinct; et tandis que chaque autre espece ariimee transmet ses invariables habitudes a la generation qui la suit , I'liomme, roi de la creation, est entraine a se perfectionner sans cessc : il trouve dans le c6leste esprit qui Taninie d'inepuisablcs facul- tos, qui rolcvcMit vers sou aulcur, arcroisscnt ses lu- ( 300 ) mieres ct sa puissance , cl aU'ermisst'iit sa superiorilt- sur tout ce qui respire. C'est a cet ascendant de rintelligcnce que Ics plus illustres voyageurs nous paraissent devoir leurs printl- paux succes , lorsque , visitant les nations les nioins avancees dans I'ordre social, ils cherchent , nonseule- ment a les connaitre, mais a les instruire, et a les laire entrcr dans la lamille des peuplcs civilises. S'il est encore des pays oil ce progres devicnne plus tlilTicile, ou lesnaturelssoientretenusdanslesprt^juges, les erreurs, les usages les plus contraires auxdroitsde riiunianite , ou sc maintlennent la vente des hommes et I'esclavage , ou unesanguinaire superstition ordonne quelquefois des sacrifices humains, lionneur auxvoya- geurs intrepides qui, pour gudrir des plaies si pro- fondcs, cherchent a otablir des relations avcc les tri- bus qui en sont aflligees ! Cette observation expliquc le niouvement qui s'cst imprinie aux voyages diriges vers I'int^rieur de I'Afrique, ainsi que la faveur d'opi- nion qui doit y 6tre attach^e. En avancant sur ce point le domaine de la science, on croit aussi acconiplir un grand acte d'humanite , ct Ton encourage d'une naa- ni^re speciale tous les voyages qui peuvent lendre a ce rdsultat. Agrandir la science est un noble but ; lafaire servir a ramelioration de la race huniainc est un trioni- phe encore i)lus desirable. Le conipte que nous venous de vous rcndre , mes- sieurs, des dilTerents voyages cxaniines par votre com- mission , et termines en 18/i2, a deja pu vous laire pressentir le degre d'importance que nous altachions a chacun d'cux. Votre commission a cru pouvoir re- compenser les doux ouvrages qui liii dut paru les phi^ remarquables, clelle a fail enlre eux le parlag<> du prix ( 301 ) annuel dont elle avail a disposer. Elle a pense que la premiexe in^daille de la societe de geograpliie de\ait elre remise a M. Claude Gay , et que cette priority!! etait due a I'etendue de ses recherches , au grand nombre de ses observations, au merite et a la longue duree do ses voyages, qui I'ont occupe pendant dix ans , et qui nous font connaitre sous tous les rapports les dilVe- rentes contrees du Chili et dupaysdes Araucaniens. Votre commission a egalement pense que la secondo raedaille devait etre remise a MM. Ferret et Galinier , qui ont visite avec un soin , une habilete et un talent d'obscrvation tres remarquable , les vastes provinces du Tigre et du Semen dans I'Abyssinie , et qui les ont examinees sous tous les points de vue propres a inte- resser la geographic , la geologic el les sciences natu- rellcs. Nous vous proposons, messieurs, d'accorder une mention tres honorable a M. de KhanikofT, pour son voyage dans I'Oural meridional, et a M. de Tchihat- chell', pour la reconnaissance d'une partie des monts Altai et des Sayanes, ainsi que des rivieres et des fleuves qui prennent leur source dans ces montagnes. Les tra- vaux de I'un et de I'autre voyageur ont un merite geo- graphique et scientifiquc qui les rend tr^s dignes d'etre remarques. Nous pensons enfin qu'une mention honorable est egalement due a M. Duflot de Mofras, pour son voyage dans I'Oregon et la Californic, et qu'elle doit etre aussi accordee au reverend pt're Sapeto, pour ses nombreuses et importantes recherches en Abyssinie et en Ethiopie. Signe : Daussy , GriCNiArT , Jomakd , \\ ai.ckenaf.r , Roux DE RocilEM.K , rapporteur. ( 302 ) FRAGMENT de Geographic botariique dans le C/iili PAU IVI CLALDE GAY. Lorsque le voyageur visite les vasles el riches con- tr(^es de I'Europe, I'id^equ'il veut avoir de la vilig^tation primitive est sujeltc a une foule d'erreurs, dont les prin- cipalcs provienncnt de I'eniigration des peuplcs, de la inarche de la civilisation ct des progr6s plus ou moins rapides du commerce , de I'industrie et dc I'agricul- ture. Toutesces causes superposees ont du en eiTet sin- gulierement influer sur I'ensemblc de cetle vegetation, modifier , changer ot memo denaturor jiisqu'a un cer- tain point I'aspect du pays, adoucir ou varier son cli- mat et donner a son paysage une physionomie d'autant plus Strange et empruntec que le nombre des veg^taux jntroduits devenait de plus en plus considerable; d'un autre cote, les plantcs indigenes devaient , tout en se mSlant avec les plantes exotiques , se I'essentir surtout des progr6s de I'agriculture. Sans cesse reniuees, re- nouvelees et nourries sur une terreplus meuble, plus grasse et de meillcure qualite, tantot plus humide , tantot plus seche , selon I'existence ou la dispaiition des forets , leur port et leur aspect devaient ndcessai- rement prendre des formes plus vigoureuscs, plus de- velopp^es, etle nombre des individus diminucr ou aug- menler suivant I'etat de la culture. Aux plantcs des marais durent succeder les grandes forets dont I'Europe I'ut jadis fouverle, et ccs forets, abaltucs plus tard par I'indiistriiMix ;igricullenr, liirciil romplacees ;'i lour lour ( 303 ) par le grand nombred'arbres, d'arbustesoude plantes quo rintclligence humaine a su conquirir an profit do notre nourriture, de notre industrie et de nos plaisirs. Ainsi done la vegetation de I'Europe a et6 mille fois changee, boulevers^e, ct ce serait en vain que le bota- niste chercherait a en connaitre la forme primitive. II n'en est pas de meme dans ccrtaines regions du Nouveau-Monde ; quoique la civilisation y fasse des progres tous les jours plus notables, et que la bienfai- sante agriculture commence a y produire tous ses efTcts innovateurs , I'influence de ces deux grandes causes n'est pas arrivee cependant a un tel point que le botaniste intelligent se trouve dans I'impossibilite de lirer quelques inductions a I'egard de cette flore pri- mitive. De vastes contrees couvertes encore de leurs I'orets vierges , d'immenses plaines avec leurs prairies naturelles olTi'ent au voyageur un tableau assez exact des temps primitifs, et signalent des pbenomenes ex- Iremement curieux et dignes a tous dsgards d'attirer I'attention du naturaliste et du pliysicien. Entrain^ par gout a I'etude de la geographic botani- que, et cherchant dansmes nombreux voyages areunir la plus grande masse de faits , pour pouvoir un jour donner un tableau general de la vegetation de celte belle contree, j'ai ete souvent frapp^, dans mes herbo- risations , de certaines particularites qu'oflre la dis- position des plantes ondines, et de resp6ce delutto qui existe entre les forets vierges et les grandes plaines de graminees; je vais avoir I'lionneur de donner une idee de ces deux ph^nomenes, en prevenant toutefois que ce ne sera que d'une manieretr^s succincte et tout-a- fait g^nerale. D'abord je dois faire observer que la vegetation dans ( 304 ) lo Chili est principalcment subordonnee a Total plus uii moinshvgromotrique do son climat, ct par suite ala latitude du pays; extremcment sec et sablonncux dans le nord , ce pays ne presente qu'un petit nombrc d'ar- bustes grisalres , rabougris, et assez rares pour laisser voir los rochcrs dans toute leur nudiio; inais a mcsuro que I'on avancc vers le sud, la vegetation dcvient do plus en plus abondanto, et ala latitude doSOdcgres, on trouve d(^ja ces belles for§ls vicrges que Ton pout com- parer avee raison acelles des tropiques, sans cependant qu'elles ofTrent la memo variolo d'cspecos. On n y voit pas non plus ces singuliores liancs qui unissent ces arbres les uns aux autres , ainsi que ces magnifi- ques orchidees parasites quifont I'ornement do ces im- nienses forets ; mais tons y soni rcpresentos , les pre- miers par dos lardizabales et des cissus , ct les au- tios par des loranthus , des sarmicntes , ct par d'autres ]ilantos plus ou moins parasites. Cotle dilTorence dans la vegetation do ces deux limitos a du necessairement on occasionner une autre non moins grande dans le paysage ; ainsi dans le nord le tableau est rude , sec, mais accidente et quelquefois original par le grand norabre do ces superbos cactus , si singuliorement suspendus sur le penchant dos ro- chers ; dansle sud, au contrairc, ce tableau est tout-a- lait unilorme, sanscontrastes, ct par consequent mou ot monotone. Uans la premiere region, on trouve le pay- sage de la Calabre avoc un melange vigoureux do celui flos tropiques , ot dans le second c'est le tableau des tropiques , avec un UK^lange dc celui de nos basses fo- rets de hetros et de chiitaigniers. Mais si de ces deux regions biou signalees nous nous ecartons un peu de la ligne mediano, et si nous nous diris;oons vers los vall(^os de ces liautos Cordilioros on ( 305 ) ijiravissant memo les pics les plus (jlevcs , nous Irouvons, a part cette succession d'especesque la condition d'exis- tence fait croitie aux dilTerentes hauteurs, un typo de vegetation extremement remarquable ct dont aucuii pays du monde ne pourrait presenter de plus beaux exemplcs, Ce type est relatifa ces plantes que la nature a releguees au sominet de ces hautesmontagnes, en les couvrantunegrande partiedel'anneed'une forte couche de ncige et en les obligeant durant cette periode a rester dans un ditat d'engourdisscmont coniplet. A la fontede ces neiges et lorsque les clialeurs de lY'te \iennent vi- vifier ces hautes solitudes , la force \italo se developpc avec une activite surprenante , sans cependant donner lieu a ce superflu de vegetation dont les plantes des re- gions infeineures sont parecs : on n'y volt, en elTet, que les principaux organes, ceuxde conservation etccux de propagation , et encore ils sont reduits a une simplicity telle, que les fleurs et les feuilles, seuls organes appa- rents, sont constaniment depourvus de leurs pedoncules ,pu petioles, et que les tiges, lorsqu'elles existent, ram- pent sous une couche deterre, se inettant ainsi a I'ahri des fortes intemperies de I'atmosphere. Ce mode de vegetation n'a rien qui doive nous eton- ner; il se presente , sur une Ires petite 6chelle il est vrai, et d'une maniere trespou marquee, au sommet de nos Alpes etdenos Pyrenees ; mais ce que I'oncherche- rait vainement ailleurs, c'est cette forme plate, basse et epaisse que prennent une foule de ces plantes ondines, de celles memes dont la delicatesse de leurs congeneres semblerait devoir les cxclure de toute roideur et con- striction. On les voit, en ciTet, s'approcher les unes des autres, se serrer de la maniere la plus dtroite, ct former par cette r(^union des masses cxtraordinuirement'durcs ni. MAI. 3. 20 ( 30(5 ) cl coinpactcs, (juc la liache soule pent oiiliuiui-; ollcs s'etendont ainsi rcz terre sur les pelouses, ou en- croutant les rocliors los plus lisses, a la mani^rc de certains polypicrs. Dans cctte disposition, ccs plantes ne pr6sentent que quelqucs fouilles tr<";s durcs ct tres roidcs , au milieu desquelles s'epanouissent des fleurs qui scmlilent corame enfonc«^es dans unc faible couclie de matiirc inloruie Cc sont lesombellirorcsqui olTrent Ic plus d'exeinples de cette singuliere vegetation; puis vicnnent les legumineuses, les coniposdes; enfin pres- que toutes les feuilles chiliennes pr^sentent Icur contin- gent, sans en excepter les oxalidecs violariees, etc. , etc. , raalgr^ leur organisation en general laclie et delicate. Ln mode de vt^getation qui sous un certain point de vue rcsscmble un peu a celui que nous venons de d^- crire , mais qui en dilTere sous beaucoup d'autres par des caract^res Ir^s varies, c'est cclui que nous avons observe dans les grandes plaincs de la partie sud du Chili, que les gens du pays appelent llanos; ce sont de vastes prairies naturellcs cornposees de gramin^es , mais tellement agregees , tellement serrdes , que pres- que toutes les autres plantes en sont exclucs. Leurs ra- cines, plus ou moins allongees cl chevelues, s'encheve- trentles unes avec les autres, s'agglomerent, et fornient des r6seaux tr^s durs, tres conipactcs, en laissant au- dessous des vides qui, quoique tr6speu considerables, sont neanmoins assez multiplies pour que Ic trot dti clieval ou des autres animaux yproduise un son sourd, mais bien distinct. Dans les endroits mi peu eleves , ces vides, laissant echapper I'eau qui Icspenulre, restent constamment dans leur etat naturel, et les graminees s'y maintiennent avec toutc la lorce de leur pouvoir et de leur d'goisme ; mais dans les plaines, ct surtout tians ( 307 ) K's has-foiuls, ils ont etc remplis , dopiiis des epoques tres recult^cs, par des rours d'eau , et il en est resulte des marais souteiTains plus ou moins profonds ct rc- couverls par une vegetation moins coinpacte ct par suite plus variee. Je mcrappellerai toujours ces sortes do planchers de verdui'e que nous 6tions obliges de traverser lors de noire visite au lac et au volcan de Yanquigue. Nos chevaux, quoiquedeja habitues a ces sortes de terrains, n'y marchaient cependant qu'avec la plus grande tirnidile, evitant avec un admirable in- stinct les endroits assez faibles pour c6der sous leurs pas, ou bien se relevant avec adresse et facilite des en- droits ou ils s'etaient enfonces. C'est sans doute a une cause scmblable qu'il faut attribuer I'origine de ces lies flottantes que Ion voit dans quelques lacs dii Chili, et notamment dans celui de Taguatagua. A mesure que ces marais devenaient plus profonds et plus titendus, la couche de verdure qui les tapissait perdait de sa force, de sa resistance, et devait necessairement ceder au\ plus petits mouve- ments des eaux. De simples fentes durent d'abord se manifester sur cette jjlaine suspcndue; ces fentes de- vaient aussi etre plus ou moins sinueuses, quelquefois obliques les unes par rapport aux autres, et alors, en s'unissant surplusieurs points, elles laissaient a flot de. grands fragments isoles qui devenaient de veritables lies. Dans le lac precite . ces iles, que les naturels appel- lent Chivines, sont assez nombreuses, quelques unes meme assez grandes pour que, rapproch^esde la terrc par la force des vents, elles puissent recevoir de petits troupeaux de moutons, qui \ vont pallre a 1 'ombre de quelques arbustes et au milieu d'une foule d'oiseaux aussi varies par leur forme quo par leurs ceuleius. •; ;'.08 ) Jlicn (l(> plus [)(iL'li(jiii' ijut; ces holies soliliulos, aniiiK'cs noil seuleiucnt par cetle imiltitucle d'oiscaux, luais encore par Ic mouvement cic ces ilcs, qui, suivant les caprices d'une brise toujnurs fraiclie el moderoe , por- tent leurs passagers dans de loinlains parages, a I'abri de lout ennui et de tout danger. D'apres ce qui vient d'etre dit, on voit que I'eau jouc un ties grand role dans la destruction de ces belles prairies naturellespars(.in6essurunegrande6tendue de notre globe. Mais la nature ne se contentc pas de ce seul agent pour donner de la vari6l6 a ses oeuvres ; sans cesse occupec a les changer el a les renouvcler, olle euiploie encore d'autres moyens beau coup plus surs,quoique plus rares et plus lents pour y parvenir, ct ce sontlesforetsqui,dans les provinces sud du Chili, rcniplissent celte importante mission. Dt^ja nous avons \u que les plantes croissaient avec diflicultc sur I'humus superficiel de ces vastes plaines de graminees; cette difficulte est bicn plus grande en- core pour les arbres ou arhuslcs, dont les racines fortes ct plus nonibrouses ont besoin d'uneplus grande titcn- due de terrain : aussi les arbres ne s'y trouvent que rarenient ct dans des circonstances tout-a-fait ex- ceplionnelles ; ou hien ils ne s'6levent que tres peu ; et jeuncs encore , et par consequent faibles et d6- licats, ils sont bientot etouffes par leurs ennemis ou abattus par la force des vents. Get avantage des graminees sur les arbres est on ne pent plus evi- dent; niais, par contre , ceux-ci en ont de bien plus grands encore par rcnsemble de leur vegetation et par la force de leurs rarines tracantes et pivotantes. On a remarque , eri.eITet , que les forets gagnaient sensible- nieiil du terrain aux depens de ces graminees; des hu;:- * ( 309 ) pis jadis siisceptibles de recevoir un grand nombrc de troupeaux , no peuvent aujouvd'hui on nourrir qu'une quantite beaucoupmoindre, et tous les hult a dix ans, on croit y trouver une dilTerence bien sensible dans la diminution de leur superficie. Mais pour arriver a CO but, les arbres no doivent point attaquor parlielle- ment leurs ennemis, car tout indlvidu isole dans res plaines no peut, comme nous I'avons deja dit , pre- tendre a une existence un pcu longue. II faut quo, tous reunis , ils sc pr^sentcnt en masse , s'avancont on lignc serroe , de la circonference au centre, sans que I'un d'eux depasse le moins du monde les autrcs , ce qui liii occasionnerailla mort. Ce plan d'attaque est tellement bien combine et si bien execute , que le voxageur est vi'aimont etonne de I'espoce do rogularitc qui! ren- contre dans ces petltes plaines ou huapis situeos au milieu des I'orcts; on croirait qu'un arcbilecle en a trace la figure et que le jardinier I'a perlectionnce; tousles arbres conservent leurs rangsrespectifs, no de- passant ou no Irancliissant la ligne signalee que [leu a pou , c'est-a-dire lorsque leurs racines out pu altaqucr lateraloment cette couche reticulaire . et que lein- oni- brage a diminue un pen la force vegetative des grami- nees. II est probable que cost de cetle maniere quo cos grandes forets ont gagne du terrain, et qu'elles par- viendraient a envahir ainsi tout le pays, si la main do riiomme ne venait arreter cette v^i^itablo usurpation. Une foule de plaines partielles existent encore au- jourd'hui ; dans le principe, elles n'en formaient sans doute qu'une seule, el les forets, en occupant d'a1)or(i les ondroits oil la vegetation des gramlnees et&it le moins active, ont du finir par les coupor tout a-fail , l(>s soparcr . les niorcolor, et donnci' llcii ;'i cos iioni- ( 310 ) Lrcusesplaincsnuesque Ton voitdans ccs forels, e( que celles-ci Iciirdispulent el clolvonl tot ou tard occuper. I 11 bel exomplede ce fait, vraiuient singidicr, se trouve dans I'endrolt appele Porte Snelo de Liffen : c'est une grandc vallce qui s'etend depuis le lac de Ranco Jus- qu'aux picds dfs Cordilieres , et bordoe des aulres coles par des niontagnes assez olevees. En traver- sant cottc plaine pour aller visiter le flcuvc de Pillan- Lcm'H , j'ai etc singulierement IVappe de cctte espece d'alternance souvent repetde de forets et de huapis , qui se succ^daient d'lino maniere assez r(!'gulic'ro jus- qu'aux pieds des Cordilieres. Au bord de ces plaines, les arbres conservaient comme aillcurs leurs lignes bien marquees, s'avangant ainsi en masse et de front, et remportant sur leurs enncmis une victoire , il est vrai lente et diflllcile, mais toujours assuree. De tels exemples , je pourrais en citcr un grand nombre ; ils sonl si communs et tellement remarquables , qu'ils ont meme altird I'attention de ccs stupides Indiens , qui ont donnc!! a ces formations un nom particulicr, celui de hunpi, qui vcut dire ile. Les Espagnols leur donnent celui dm paiiijxt.s pour les distinguer des llanos. Comme ce sont les terrains les plus faciles a cultiver, ils cbercbent a s'en emjiarer et a les agrandir aux depens des arbres qui les entourent. C'est ainsi que I'honnne, pousse par les progres de la civilisation, cherclie constamment a contrarier la niarcbe de la nature , et a faire varier a I'inlini la pbysionomie primitive du paysage. Guide par la puissance de son genie , il parvient a peupler les deserts, a dess(!;cher les marais et a incendier les forfits, pour les rcmplacer par une culture beaucoup plus conformo a nos gouts et a uos hesoins. Par ces Ira- vaux dcMonus necessaires , il parvient a tout detruin* ( 311 ) et a tout renouveler; et tout en mettant un terme a cette grande lutte enlre les bois et les prairies , il prepare aux observateurs futurs une v(^getation bien differente de cells qu'a du prendre la contree quelque temps apr^s la derniere periode g^ologique. Fragment iViine lettve rfr comme I'afTluent principal , dont la source peut etre prise pour celle du lleuve lui-meme. En general , on se laisse guider par I'opinion recue dans le pays , car Ihomnie est tonjours esclave des prejugcs. Mais la voix des indigenes ne sau- rait etre invoquee sur la vraie origine du Nil; car au- dessous de Kartoum , tous les riverains isnorent cctte origine, el au-dessus de ce point ils ne connaissent meine pas le mot A'/7. Prive du secours si commode du consentement universe!, le g^ographe a recours a I'une des considerations suivantes : la source du fleuve est celle de la riviere affluente qui a la meme direction que celle de la partie inlerieure du fleuve lui-meme ; ou Lien on doit regarder comnie tributaire principal, celui qui apporte le plus grand volume d'eau au point de la jonction avec les autres afTluents. Ge dernier ca- ractere, qui est generalement le resultat d'un plus long parcours, et par consequent d'un bassin plus cHendu , a motive I'opinion de la grande majorite des geogra- phes, qui metten t le Abbay au-dessus du Didesa, et qui regardent le fleuve Blanc comme le vrai Nil , a la pre- ference du fleuve Bleu Le Godjeb ou Godeb , dit Grxlcfo par les Sidama , doit etre regard*!; comuio la riviere piincipale parmi toutes celles qui concourent a former le fleuve Blanc. La source du Godjeb est par environ 7 degres 20 mi- nutes de latitude noixl et 1 degz'c 20 minutes de lon- gitude ouest de Saka. Les donn^es de cette position sont : 1" le lieu du ponl suspendu sur letjuel nous ( MA ) inons traviMSo lo CloJjob . ontro \ igga ot lo ilestMt do Kankatti ; "2" la dirochon de la source indiqueo aupi'^s du pout ; 3" la distance do la soui-co a Bonga . doiU nous avons dotorniino los coordonni^os par dos obsor- >ationsaslronomiques. non oncorc calculoos. il est vrai. Lo Ciodjob I'oi mo . on tournant autour do Kafa . uno spiralo partaitoniont analoituo a ct. llo quo fait lo Ahbay autour du Gojani : et couimo lo Gandji . qui se jctte dans le Baro , tributalre de la rive droite du Godjob . a sa source prt^s do la fontaine d'ou jaillit co dernier. Kala foruio uno vorltablo ilo torrostre avec les pays qui lavoisinont. Ne serait-ce pas la cetto lie dos Exilt^s dont llerodote nous parlo ? In (ianirou do \inpl a vinpt-cinq ans , qui nous fut donno par le roi tie Rata, docrlt ainsi la souiro du Godjob ou flouve Blanc : u Mon roi nionvoya chorcher du n">iel a 1 a*il ( la source "^ du Godolo : cost une maigro fontaine sortant du pied dun gros arbre de lospoce qui sort en Ethio- pie a laver la loik* do coton. A droite et a gauche sont deux hautos collinos , boisoes jusqua la cime et appelees Boclii et Doclii. Lo terrain est un plateau froid, inhabite et ploin do kriliaba ^sorte de banibou). Los Sidama onl une olio veneration pour cotte source quils y font tous les ans un sacrifice solennel. Le lieu se nomme Gandjes, et forme un desert qui separo los pays Sidama de Kafa et Seka des conlreos Galla de Gora Obo et ^Vala.::ga. Sur los tribus les plus voisines sont los Icheno . Bello . M.\o . etc. , qui parlent a pen pres la meme langue que nous, et que pour cette rai- son les etrangei's confondenl sous le nom coUoctif de Giniira Gamaro ou Gamrou ; sur le meme plateau . et a environ trois journees (50 miUes) de distance , est la souix^e du Baro dans Bouta . terro do Gamaro. « ( 315 ) lA sarr^lent les rfTisolgnemcnts tie notre Gamrou. i\ous ferons remarquc-r a cet d-gard qiif; les gens du Dawaro disent quo la source du Godjel) est dans le pays Gamrou. Or, c'est un fait liistorique , qu'avantle XVI* sid'cle les AraJjes avaient de noriibreuses relations avec le Hararge et le Dawaro. G'est {)roljaljlernent de ce cote qu'ils ont pris leurs renseig^nernents sur les sources du fleuve Blanc ; et \u les deux montagnes de Gandjes, ils ont pu dire montagnes des Gamrou (Djabal-el-Qamr). Or, le mot aral)e gamr ou qamr si- gnifie /line , et de la vient la bizarre erreur des Monta- i^nes de la Lane. Comme la vegetation de Gandjes res- semble beaucoup a celle qui couvre les environs de la source du Abbay, on peut fixer approximativcraent, et faule de mieux, la bauteur de la source du fleuve Blanc a tout au plus 2,800 metres au-dessus du niveau de rOc6an. Les pays situ6s dans I'lle de Kafa soiit : 1" a Test , ie royaume fie Koullo , habile par les Omate , terre baute, montueuse, et dont nous avons lev6 au th6o- dolithe les principales sommiles; 2" Gobo , au sud de Koullo , et vis-a-vis les Dokko , dont le fleuve les %k- pare ; 3° Kafa, a I'ouest de Koullo , ayant Bonga pour capltale, et pouvant mettre sur pied dix mille cava- liers , ce qui est une force imposante en tthiopie ; h" la region des Gimira, qui se donnent le nom de Ch6 ; h" celle de Souro ou Danm, negres pasteurs dans le sud-ouest de celte lie mediterranee ; 6' celle des ne- gres Machango, au nord des Souro. Les regions qui enserrent I'ile de Kafa , en formant la rive gauche du fleuve Blanc, sont , en partant de la source du Godjeb ou fleuve Blanc : Gatchera ' inha- bitee J , Gera et Djimma . pavs Galla , Bocha ou Garo , ( 316 ) pays Sidaina, Tambaro et Touftc , ([iii parlcnt des lan- gues a part ; Masinasa , Djirgo dit aussi Waleiuo ou Walahajta, Koutcha, (lol'a, ct Malo sous-dlvise en qua- tre Etals. Eiiliii, vis-a-vis Cobo , la oil le tlcuvc tourno versrouest, soul \\acbkanta, Markallio et Ics autres Ktats negres parlant la langue dekko. Ccs negres , tra- pus et tr^s muscles, vivent dans la torrc conime de vrais troglodytes. Commo la sechcresse est lo caractere general de TAIVique centralo , on doit s'attendre a trouver de nombreux aniucnts pour expliquer le grand volume des caux du Ilouve Blanr. deux de la rive gauche senile Naro en Gera , le Borou en Djimma , Ic Kou- saro , dit Gihe par les Gallas , ct qui separe Garo de Djimma-Kakka ; le deuxieme, Gibe qui part de Sibou , longe la fronlierc orientale des \ amma et se rcunit au Borara ; le A\ alga et le Borara , qui portent le tribul des pluies et des sources du pays Gourage ; le Sanna qui forme la Irontit^re meridionale de Toufte , et le Wocho , dont la source est en \\ alamo, au point de partage entre le bassin du lleuve Blanc et celui du lac Abbale. (le lac, a dit-on , 80 milles de long, et centienl plusieurs iles habitees par les n6gres Arouro. Le pays Dokko doit aussi fournir ses affluents, et Ton pent ainsi presumer que leurs sources vent au troisieme et peut-etre jusqu'au deuxieme parall^le nord ; mais les Dokko que nous avons questienniis nous assuraient qu'aucune de leurs rivieres n'etait comparable au Godjeb. Quant aux affluents de la rive gauche, qui se joindraient au lleuve en aval du point ou sa course se dirige vers le nord , des raisons th6o- riques nous pcrniettent d'allirmer (ju'ils sent tres peu nombreux. (3d7 ) Uevcnons aux aniucnlsdc la livo ilioite. iNous con- naissons le Bitino en Koullo , Ic Gora, le Baiulja , le Cliatclio ct le Ilirgimo dans Gobo; le Gouma qui ol- iectue sa jonction a Mesi dans le meme I'oyaume, I'Abawa aussl dans Gobfl , le Kecho chez les Souro , rOchko ou Baqo qui va par Seka cbez les Macbango , le Kotada cbez les Yambo , le Birbir , enfin le Baro. Ce dernier merite une mention particuliere ; car ddja en Waiagga il est aussi grand que le Abbay au gu6 d'Amourou , et les tiuiides Etbiopiens n'oscnt le tra- verser sans faire un sacrifice au dieu du flcuve, Le Baro , que les Sidama appellentBota , a sa source pr6s de celle du Godjeb , et selon des temoignages dignes de foi , est presque aussi grand que ce dernier , lorsqu'll effectue sa jonction dans le pays A'ambo. Les aflluents de la rive droite du Baro sont les suivants : Botor, Sor, Wilcbi , Goumaro , Ronnor, \ oubbi , Boure et Gabba. La rive gauche recoit le Gandji, le Siria et le Bonga. Cetle liste se grossirait encore si nous comptions les sous-tributaires du Baro. II a fallu plusieurs niois de travail sur les lieux niemes pour demelerles elements de ce vaste bassin. Outre la difficulte de questionner en des langues dilT^- rentes des gens souvenl peu instruits et toujours peu civilises, nous avons eu a hitter contre la difliculte d'identifier la synonymic de rivieres et de pays. Ainsi la riviere Ochko nous a paru etre la m^me que le Woch des Gimira , le Wasa des Sidama , et le Bago des Gallas, riviere dent la source est dans I'inte- rieur de la grande spirale , a une journee de Bonga. De meme les negres appeles Souro ou Chouro par lenrs voisins de Kat'a se designent eux-memes sous Ic nom de Malche , et sont des Golda pour les Dawaro ( 318 ) de Gobo , taiulis que lours voisins Gimira los appcllciil Danm. Lc fleuve liii-meme qui nous occupc est Je Godefo ou Godcpo des Sidauia, le Godjeb ou Godoh des Gallas, le Omo des Yamma et Yangara, le Ouma des Da^\aro, le Bago des gens du AValagga , le IJalir- el-Abiad des Arabes et le Nil des Europeens. 11 est curieux de remarquer comment s'entrclacent , dans le grand Damot, les basslns du llcuve liianc et du lleuve Bleu ; car la source du Gibe dans Sibou est au moins un degre de latitude plus au nord que la for6t vierge qui donne naissance au Didesa. Mais I'ob- servation la plus importante porte sur la nature memc des fleuves rivaux. Ln vasle soulevemenl ayant amend la surface du Gojam a une grande hauteur, lc Abbay a trouvd son lit non pas dans le terrain rouge et su- perficiel ni dans le gres blanc sous-jacent, mais dans le granit, qui , en purifiant ses caux , lui a procure le beau nom de fleuve d'Azur (Babr-el-Azraq). Au con- tralrc, le grand Damot a ete peu bouleverse par ces convulsions dont M. Elie de Beaumont suit jias a pas les periodes. Les pentes ont ete moins fortes , les iles et les roardcages plus frequents, et le gr^s blanc , en restant au niveau du lit , a fourni sa couleur au fleuve malsain et sinueux. Ces caracteros sont dc^ja saillants au ddsert de Rankatti , a deux journees ( 30 millesj de la source du Godjeb. L'eau d'uno source voisine, bouil- lant sous un admirable thermom6tre de M. ^^ alferdin , a donne 95, Gl grades pour la temperature de la vapeur, ce qui , selon la formule du savant M. Biot , corres- pond ii une colonne de mercure d(! 6/i8 millimetres. Prenant , faute de mieux et selon la formule cmpiri- que de Ramond , 762 millimetres et 36 grades pour observations correspondantes au niveau do la mor. ( -Ji» ) on obtient environ 1,450 metres pour hauteur dc cc point de Kankalti au-dessus de I'Ocean. Si Ton sup- pose au Nil un cours de 2,000 milles g(^ographi- ques, ou en tenant compte des sinuosites , environ quatre fois la longueur de la Loire , on lui trouvera une pente de 4 d^ci-millimetres par inetre , ou environ 1/2600 , ce qui exclut toute idee d'un cours rapide ou d'un lit bien encaisse. Antoine d'Abbadie. ExTRAiT d'une lettrc adressce a M. Jomavd par M. le general \ isconti , directeur dii corps royal du genie napoUtain. Naples, 8 aviil 1845. Voici des notices qui peuvent servir a vous iaire connaitre en general I'etat actuel de nos triangu- lations. L'ingenieur geographe autrichien , M. M'arieni , a termini, en 18Z|4 , la triangulation de I'Etat de TEglise ct de la Toscane , et la liee a celle de la llaute-Italie , laite par les ingenieui's francais , italiens et autri- chiens , et aussl a la notre des Deux-Siciles. La trian- gulation de la Toscane , jadis faite sous la direction du Pere Inghirami , aussi bien que I'ancienne du Perc Boscowich dans I'Etat roniain , out ele egalement liecs a celle de M. Marieni. Nos points trigononietriques de la ironticre, tels que les monts Petrella , Vigiio , Serraconiune, Dimidia, Terminillo , etc. , appartien- nent aussi a la triangulation de M. Maiieni. D'apres les ( 320 ) calculs laits jiisqu'a present dans rinstitut gcographi- que mUitaire de Vienne, en venant de la Hautc-Italie par la Toscane , on a trouve le cote mant Petrella — mont Serracomune, de 51496,72 metres, et le cote niorit Petrella — mont Vlglio , de 67047,13 metres ; tandls que , d'apr^s nos calculs , en partant de noire base geodesique entre Castel \ olturno et Patria, le premier cole est result^ de 51496,52 metres et le se- cond de 67046,85 metres. La difference done entre les deux calculs n'est que de 0,2 metres sur le cote mont Petrella — mont Serracomune , et de 0,28 sur le cote mont Petrella — mont \ iglio. L"n accord aussi grand est bien ditonnant en v6rite, et il faut en grandc partie I'attribuer a d'heureuses combinaisons. INotre triangulation de premier ordre sur le paral- lele de Naples , entre I'ile de Penza et Fasana pres de la mer Adriatique , est presque terminee , car il ne reste qu'a observer avec la plus grande pr(^cision les angles du dernier triangle occidental qui aboutit a Penza. La difference en longitude entre Penza et Fa- sana , extremit^s du parall^e de Naples, sera d6ler- minee en observant le moment de I'extinction de plu- sieurs etoiles fdantes , mojen que nous avons deja cssay6 avec succes; et , s'il est possible, cette diffci- rence de longitude sera aussi d^terminec par des si- gn aux a feu instantane, faits sur quelquc sommite des Apennins entre Naples et Tasana , visible cgale- raent de Naples, de Penza et de Tasana. La triangulation de premier ordre qui doit servir a la mesure d'un arc de meridien de presque 5 1/2 de- gr6s entre Tcrmoli sur I'Adriatiquc etle capPassaro, le plus meridional de la Sicile , est bien avanc6e; la par- tie entre Termoli cl la frontiere de la Calabre est ( 32J ) presque Icnniuee ; mais la partie rcslar.te , jusqu'au cap Passaro, a presente cle grandos clifllcultL^s locales, a cause de la position etde la grandeur del'Etna, de la haute chainedes montagnes de la Calabrcm^ridionale, et de la position et grandeur des montagnes qui bor- dcnt la cote orlentale de la Sicilc. On a dii faire une re- connaissance geodesique , afin de cliolsir Ics points Ulgonometriqnes les plus convenables pour cette trian- gulatlon. Ce travail a occupe nos ingenicurs pendant toulo la canipagne de ISlih ; mais , a present qu'iln'y a plus aucun doute sur la marchc de ladlle triangula- tlon , on pourra faire cette annee toutes les obsorva- lions geodt^siques jusqu'au cap Passaro , et on tachera aussi de Her Malte a la Siclle au moycn d'un grand triangle. L'ann6c prochaine, une nouvelle base geode- sique sous le meridien de Termoli , sera mesuree dans la plaine de Catane ; mais, auparavant, sera deter- minee avec toute la precision possible la longueur de notre cliaine geodesique de Ramsden , et sa dilata- tion entre ccrtaines temperatures, moyennantle com- paratcur ou standard -scale de M. Francis Baily que nousavons, et un metre en crislal fait a Paris j)ar lo cel^bre professeur Steinhcil, do Munich en Baviere, et etalonne par lui et par M. Arago sur le metre It'gal en platine depose a I'Observatoire royal a Paris. In autre travail geodesique tres interessant sera fait I'annee ])rochaine par les ingenieurs autrichiens et napolitains : ce sera la jonction jiar des triangles , des cotes de Dalmatic avec celles de la Pouille, en tra- versant TAdriatique. Cette opt^ration m'a ete proposee f)ar M. le colonel de Sckribancck , directeur de I'lnsti- tut giographique niilitaii o do Vienne ; et , s'il est j)ossiblp, on fera dans cette anntV^ los preparatifs n6- \u. \\\i h. 21 ( 322 ) cessalrcs pour co liaviiil. II existe tleja uiie triangula- tion sur la Dalmatie , laquelle se raltache aiix grandes triangulations de la llaute-Ilalie ot des Ltats allemands derAutriche , ct, dc notre cote , nous avons une grande triangulation qui couvrc les Abruzzcs, la Pouille, Terra di Lavoro , etc. L'ile de Saint-Andr(5 , a 20 kilometres a I'ouest de Lissa, et I'ilc de Capra, a 20 kilometres a I'ouest de Lagosta, sont des points trigonometriques de la Dalmatie; I ilc de Salnt-Nicolasde Treiniti et mont (lalvo, qui est le point le pluselev^du mont Gargano, sont des points de notre triangulation. Cesquatre points el File de Pelagosa au milieu de I'Adriatique pcuvent formertrois triangles, c'est-a-dire 1° Saint-Andr^-Capra-Pelagosa ; 2" Saint-xVndre-Pelagosa-Saint-Micolas; 3" Salnt-Nicolas- Pelagosa-Monte-Calvo. Le cole le plus grand do ces triangles est Saint-Andre-Saint-Nicolas, de 55 milles de 60 au degre , ou de 102 kilometres ; mais les lu- nettes de nos cercles repetlteurs de Gambey et de Rei- chenbach , de 12 pouces de diamotre , sont assez fortes pour bien distinguer un grand signal geodesique a cette distance, lorsqu'il est blanchi et qu'il se projette en Pair. Moyennant ces trois triangles de jonction que j'ai proposes, on pourra obtenir la mesure d'un arc de presque 13 degres, a parlir du meridlen de Vienne , entre la Sil6sic et le cap Spartivento , le plus meri- dional de la Calabre. fie me reserve , Monsieur, de vous rendre comptf une autre fois d(! I'etat acluel de nos operations topo- graphiques de notre grande carte du royaume, qu'on leve a I'ecbelle de J/20000"' pour la frontiere , et de l/ZjOOOO'' pour le restant , et aussi des travaux do r^ravure de notre hmcau topograpliique (3-23 ) DEIXIEME SECTION. Actes de la Societe, RXTR\IT DRS PROCES-VRRHAUX DKS SKANCF.S. Pri^:sidenck de M. le vice-amiral raron de Mackau. Assemhlee genernle da 2 mat 18Zi5. La Societd de gc'ograpliie a tenu son assemblee ge- nerale a I'Hotel-cle-X illc , Ic ^endredi 2 mai 1845, sous la presldence de M. Ic vlce-amiral baron de Mackau , ministre de la marine et des colonies. M. le President ouvre la seance par un discours, dans Icquel il lait scntir Ics avantages que procure a la science le concours do la geographic et de la naviga- tion : cette union si desirable est dans Ics vreux dulloi et du corps entier de la marine , et M. le ministre donne I'assurance qu'il sera toujours attentif a la res- sorrer, en sccondant les efibrts de la Societe. M. Ch. Texier , secretaire de la Societe , lit le pro- ces-verbal de la derniere assemblee generate , et il communique la liste des cartes et des ouvrages d^po- s<''s sur le bureau. M. le colonel Lapic ccrit a la Societe y>our liii onVir un exemplairc des IliiK-raires romains rt dos princi- ( 325 ) paux pcriplcs grecs. L'auleiir a consacre plus cle qiiin/.f ann6cs dc travail a la redaction des carles qui accom- pagncnt ccl ouvrage, ct il pense ^tre parvenu a itahlir avec Ic plus d'exactitude possible la concordance des nonis modcrnes avec les noms anciens. M. de Laroquette communique unc lettre de M. le D"^ Lund, adressee u la Societe royale des antiquaires du Nord , et relative aux nouvclles recherclies que ce savant a faites dans les cavernes du Bresil , dans la vue d'y decouvrir des osscments humains meles aux osse- ments d'animaux fossilcs. M. Oudine , graveur, ancien grand prix et pension- naire de I'Acadeniie de France a Rome, fait hommage a la Societe de la medaille qu'il vient d'ex^cuter sous scsauspices, et qui representc d'un cote le portrait du contre-amiral d'lrville , et dc I'autrc la vue du mo- nument erige a sa memoire par les soiiis de la Socielt^ de geographic. M. Berthelot presenlc, de la part dc M. Jiodmcr, qui a accompagne le prince Maxiniilicn de Neuwied aux montagnes Rocheuses, plusieurs planches du ma- gnifique atlas du voyage de ce prince dans I'intcrieur de TAmcrique du Nord ; il annonce qu'un exemplaire complet dc cet ouvrage est destine a la Societe, et il a pense qu'au moment ou nous avions ici plusieurs In- diens de FAmeriquc du Nord , et ou leur presence peut faire micux apprecicr I'exaclitude des dessins de I'artiste , il y avail un interet d'a-])ropos a metlre sous les yeux de I'Assembleo les portraits de quelqucs uns des grands chefs dc ces tribus guerrieres, que les enva- hissements progressifs dc la civilisation refoulent vers des contr(!'CS moins accessil)lcs aux vovagcurs euro- pecns. M. Berthelot ajoule que latlas dc M. Bodiner , ( 325 ) conime travail etlinographique , est savis contredit ce que Ton poss6de de niieux , et il ne craint pas d'avan- cer que la gravure onluminee n'avait encore rien pro- diiit de plus remarquablc en France. L'auteur a voulu retrouver sur les planches la traduction fidele de ses dessins originaux. M. le President remercie M. Berthelot de cette com- inunicatlon , que I'assomblee a accucillie avec le plus vif interet, et il linvite a faire un rapport a la Societe sur rouvrage du prince de Neuvvlcd et sur I'atlas qui I'accompagne. M. Roux de RocUelle , au nom dc la Commission sp^ciale du concours au Prix annuel pour la decou- vcrtela plus importante en geograpliie, fait un rapport sur les principaux voyages executes dans le cours de I'annee 18Zi2,etil presente une analyse dctaillee deceux de M. Gay au Chili, do MM. Ferret et Galinier en Abys- sinie , de M. de Khanikoff dans I'Oural meridional, de M. deTchihatchelTaux monts Altai et Sayanes.deM. Du- flot de Mofras dans TOregon et la Californie, et du r*^- verend Pere Sapeto en Abyssinie. RL Roux de Rochelle signale ensuite les utiles travaux do plusiours mission- naires elablis sur differents points du globe , et rend hommage a leur zele eclaire pour los progres dc la science , et surtout a lour devouement pour la cause de I'humanite. D'apres les conclusions de ce rapport, la Societ(^ partage son prix annuel , et decerne la premiere me- daille d'or a M. Gay, et la seconde a MM. Ferret ot Galinier ; elle accoi'de deux mentions tres honorablcs a MM. de Khanikoir et de Tchihatcheir, et deux men- tions honorablcs a MM. Duflotde Mol'ras et Sapeto. M. le President romot los medailles aux voyageurs J ( 326 ) qui les ont obtenues , et leur adresse les felicitations, de la Societe sur les beaux resultals do leurs impoi- lantcs explorations. M. Gay lit im fragment dc son voyage au Chili, et pr^sentc un aporcu rapide de la geographic botani- que de cetle contree. M. le baron de Humboldt , qui , dans le cours de ses voyages , a parcouru unc partie des contr^es visitees par M. Gay, f^licite ce voyageur sur I'interet et la veritc de ses belles descriptions. L'assemblee procede ensuite au renouvcllement des mcmbres de son bureau pour I'annee 18/|5, et elle nomme au scrutin : President. — M. le baron de Humboldt. y.-Presid. — M. le vice-amiral Halgan , directeur general du Depot de la marine et M. Jubelin, sous-secretaire d'Ktat au departemenl de la marhie. Scriitateurs. — M. Desjobert, depute, et M. Gay. Secretaire. — M. Duflot de Mofras. La seance est levee a dix heures. Seance dn 16 nuii 18Zi5. Le proems-verbal dc la derniere seance est lu et adoptd. M. le Secretaire donne communication du proces- verbal de la seance gen^rale du 2 mai. MM. le baron de Humboldt , le vice-amiral Halgan , Jubelin , Desjobert. Gay ct de Mofras , nomm^s presi- dent , vice-presidents , scrutaleurs et secretaire pour Vann^e 18A5 dans la derniere assemblec gcnerale, n-- ( 327) mercleiu la SoeitH<^ de cette marque de confiauce , tt lui proiiiellent leur concours. M. Dosjobert joint a sa lettre de renierciements un oxemplaire des trois ouvrages qu'il a publies receiri'- inent sur rAlt^erie. M. Ccrtambort est prie d'en rendre coniptc. M. de Saint-Pjiest transmet une nouvelle letlre de M. Gaetano Oscidati, voyageur italicn qui, a parcouru toute rAmerique du Sud , la Perse et une partie de rindostan , et dont le zele peut devenir tres utile a la Societe. M. Osculati , par une seconde lettre , fait hommage d'une Notice sur ses premiers voyages , et annonce son procbain depart pour la Cbine , en I'e- iiouvelant a la Societe ses offres de services. M, Mauduit, correspondant de I'lnstitut , ecrit a la Societe pour lui offrir la 2^ partie de son ouvrage ayant pour titre : Decoiwertes dans la Troade ;i\\m offre dgalcment , pour etre distribues a quelques uns de sesmembres, 10 exemplairesd'un opuscule, extrait •de son ouvrage , sur Yemploi de /'nirain a defaiit defer, chez la plupjrt des peuples des cinq parlies du monde, a leur passage de I'etat de barbaric aux premiers de- gres de la civilisation, et enlin 10 exemplaires d'un second opuscide, extrait du meme ouvrage, et conte- iiant la defense de feu Lechevalier et du corate de Cboiseul-Gouflier contre les critiques dont ces voya- geurs francais ont ete I'objet de la part dc quelques voyageurs etrangers. M. Roux de Rocbellc, qui a deja fait un rapport sur la 1'" partie de I'ouvrage , est prie de rendre compte de la 2'-' partie , sous le point de vue geograpbiquc et bistoriquc , et en faisant abs- traction de loule polemique personnelle. L'Ass(jciation Initannique pour Tavanccment des 9 ( 3-28 ) scif'ucL's adresse a la Soci(^tti la suite dc Sfs lapports anmiels. La Society egjptienne adresse le 1"^ volume de ses Miscellanea a'gyptidca. M. le colonel Ed, Sabino , correspondant etranger (le la Soclele a Londres, adresse un volume contenant les observations sur le magnetisme et la meteorologlc , publiees sous sa direction, il I'obscrvatoire de Toronto, au Canada, pendant Ics annees :18Z|0, 18/il et 18/|2. M. Alex. Keitli Johnston, gf^ographe de S. I\I. la Reine d'Angleterre , present a la seance, fait bom- mage de la 1" partie de I'Atlas physique, (ju'il j)ublie en anglais, de concert avec M. Henry Berghaus, de Berlin. — M. le President adresse a I'auteur les remer- ciemcnts de la Societe , et prie M. Bertbclotde rendre comptc de son atlas. M- Jomard communique deux lettres qu'il vient de rccevoir : la premiere est de M. le general \ isconti , directeur du corps I'oyal du gtnie napolitain : elle est relative aux travaux topograpbiqucs executes par les ingenicurs napolitains et aulrlcliiens. M. le general \ isconti annonce I'acbevcment de la triangulation de I'Ltat de I'Eglise et de la Toscane , liee a celle de la Haute-Italie par les ingenieurs francais, a cello des Deux-Siciles , et a celles des PP. Boscouich et Ingbi- rami. La seconde lettre, datee de Gondar, est ecritc par M. Antoine d'Abbadie, pour refuter un article public a Londres , ou Ton pretend que le ISil-Bleu est la plus considerabb^ el la plus importanle des branches du (Irand Eleuve. Le voyageur I'rancais se fonde sur ce (jue Ton a navigue sur le Nil-Blanc jus- qu'a 8/|0 milles au moins au-dessus de Khartoum , ( S29 ) taiidls qu'on n'a pas navigu6 sur le Nll-JBleu a plus de de 300 niilles au-dessus du memc point. Le menie liieinbre donne lecture d'une note ou II etabllt, d'apres les tcmoignages reccnts de quelques \o}ageurs alVlcains , la probability de I'existence de plusicurs i'lTliients du Nil-Blanc, vonantdu sud-ouest, de I'ouest-sud-ouest , et menie de Touest. II fail liommagc a la Soci^te, pour son inus6e, dune colledion d'instruments , armes et ustcnsiles , prove- nant du vojage de M. Tliibaut et de MM. d'Arnaud et Sabatier sur les rives du Nil-Blanc, entre le lA" et le b" dcgre de latitude. M. Roux de Rochelle renouvelle a cette occasion la proposition qu'il a deja faite de cbarger un des niein- bres de la Commission centrale duclassement et de la conservation du niusee de la Societe. Cette proposition est prise en consideration , et I'assembk'e en renvoie I'examen a la prochaine seance. M. Joniard annonce rachevemcnt du grand relief du Mont-Blanc ct du Saint-Bernard , execute par M. Sene, aux echelles d'environ 1 : 10000 et 1 : 6000 , d'apres le meme plan que le relief du Simplon , sur lequel la Societe a cntendu un rapport en 1834; il propose de renvoyer a la meme Commission I'examen du nouvel ouvrage, qui a deja obtenud'bonorables approbations. Ce morceau , qui a pres de 8 metres de longueur, re- presente un espace de plus de 2/|0 lieues carrees ( de 25 a u degre ). M. le professeur Ch. Uiller, de Berlin , assiste a la seance. M. le President adresse a cc savant geographe les felicitations de la Socidtc , et luiremet, comme souvenir do sa visite , et commc temoignage d'es- tinie, la niedaille dii conlre-amiral d"[ rville , qui vienl ( 330 ) d'elre gravee sous les auspices dc la Suciclc. M. lliUor remercie M. le President et scs collegues de rrccueil llatteur doiit il est lobji't , ct il ajoiite (ju'ii s'estimcra heureux depoinoir concouriraux travaux dc la Societe, a laquello il I'.ppairH'iil drja coininc coircspoiulaiit otraiigcr. M. d'Avezac rend lui comple verbal soniinairc d'uuc serie de documents portugais contenus dans les Annales maritinies ct coluniales i'ondccs en 1843 , a Lisbonnc, a I'exemple de celles que M. Bajot public a Paris de- puis 18h). Ces documents sont relatifs a la travers^e de rAlriquc nierldionale, entre Angola et Mo/.ainbique, par des Poinbciros envoyes en 1802 du comptoir de Cassange , et arrives seulement en 1811 au fort de Tcte sur le Zambeze, en passant par Muropue et Ca- zembe , puis revenus en 1815 au comptoir de Cas- sange par le meme chemin. Leur itineraire est donne simplement en journees de route , avec quelques de- tails dc plus sur certaines portions du \o}age. Le gou- vernement portugais recompensa les auteurs de cette expedition avec une liberalite intelligcnlc (pii a porte ses fruits. La ineme exploration a etc renouvelee, et en dernier lieu la Reine de Portugal a mande a Lis- bonne rolllcier qui la effectuee, pour en publierla re- lation aux frais de I'l'llat. Ces publications nombreuses , faites en Portugal , d'Annales maritinies et coloniales , de Memoires sla- lisquos sur les possessions d'outre-mer , dc divcrses Relations de voyages anciens et modernes, et d'autres (uivrages propres a exalter le sentiment national, semblent a M. d'Avezac digncs d etre remarquees , <;omme les symptomos d'un glorieux revcil dc la nation porlugaise. En signalant avec inlciel el s\ mpatbie cc I ( 331 ) mouvement progressit", M. d'Avezac croit opportuii d'ajouter qu'il n'entend retirer ni modifier aucune des conclusions qu'il a prec^demment exposees sur I'ant^riorite relative de quelques expeditions fran- caises , espagnoles et italiennes a I'egard des grandes navigations portugaises du xv" siecle ; et il communi- que a cette occasion une note tres succincte , oii il a cru devoir consigner en quelques mots la refutation absolue de certaines objections elevees contre des te- molgnages confirmalifs des navigations dieppoises du xiv" siecle. MEMBRUS ADMIS DAJNS LA SOCIETli. Seance gcneralc du 2 inai 18Zi5. M. Henry William Dkvviiunt, membre de la Sociele royale astronomique d'Edlmbourg. Seance da 16 luai. M. Alex. Keith Johnston , geographe de S. M. la Reine d'Angleterre. M. Gaetano Oscilati , voyageur llalien. OUVKAGIiS OFFKRTS A LA SOCIETK. Seance du h a\>rd 18Zi5. Par M. d'Avezac : Geographic des Grecs analysee ; ou les syst<3mes d'Eralosthenes, de Strabon et de Pto- lem6e, compares entre eux et avec nos connaissances modernes , par M. Gosselin. Paris, 1790, 1 vol. iii-i. J'ar M. Belxc : Origines biblicae , or Piesearchcs in primeval history. London, IShll , 1 vol. in-8. Par M. J. -J. Lopes de Lima : Ensaios so]:)re a Statis- tica das Possessoes portuguczas no I Itranuu-. Livro L ( 332 ) Das Ulias de Cabo Verde e suas depeiidencias. Lisboa, lailh , 1 Nol. in-8. Par M. i\ocl Desvergers : I/l nivers jilttori'sque. — Arabic, 12 llvraisons. Pur M. Micluicli.s : Carte du iSpliigcn et do 1« Via Mala (canton dos Grisons) , donnant la concordance des lignes horizonlales et dcs hachures pour la repre- sentation des pays de plainc ctde monlagne. 1 teuil. Par les aiilcics et editears : Hulletin niensuel de la Societe d'abolition de I'esclavage, ian\ier et f^vrier 18/|5. — Le Memorial encyclopediquo. — L'Kclio du uionde savant. — Lo journal I'Algerie. Seance du 18 ai'iil. Par M. El'.. Hint : Note sur la direction dc raiguille aimantee en Chine, et sur les aurores boreales obser- v6es dans ce nieme pavs. Paris , 18/i5 , 1 brocli. in-^. Par F .Issoriation britnntiiiinv pour V avanccmciit ncs sciences : The Report of the Society for 1839 , 1 8/|0 , IS/il and 1842. London, h vol. in-S. Par la Societe rnyale d'agriciilturr de la Crande-flre- lagiic : The Journal of the Society, vol. \ . parlio n. London , 18A5. Par M. iViehaelis : Skizze von der \ erbrcilung des Cretinisnnis ini canton Aargau. Aarau, 1843. 1 feuille. Par les aiifeurs et editears : Annalos maritinies et coloniales, mnrs. — Bulletin de la Societe maritime^ , 2"= cahier du 2"= volume.— Le Memorial encyclopedi- que , fevrier. — L'Kcho du monde savant. — L'Al- gerie. Seance Qcncrale da 2 iiiai IS'io. Par le ivinistere de la marine : Vovage an pole sud et dans rOceanic. sur les corvettes V Astrolabe et la ZeUcy ( 333 ) pendant los annoes 1837, 1838, 1839 ct 18A0. — Hisloire du voyage, tome VII. — Antropologie, 3" ol l\" livraisons. — Zoologie , 13° , 14^ el 15' livraisons. - — Voyage autoiir dn niondc sur la fregate /« Feiius , pendant les annecs 1836-1839 , puJjlie par ordre du Roi , par M. Abel du Pelit-Thouars. — Atlas. — His- toire naturelle, 9" et 10'' livraisons. — Pilote francais. — Instructions nautiqucs (partie des cotes de France comprise entre les Casquets et la pointe deBarfleur, environs de Cherbourg), par M. Gi- vry , ingenieur liydrograpbe de 1" classe. Paris , 18Z|5 , \ vol. iw-h. — Instructions nautiques sur I'atterrage et la naviga- tion de la Plata , par M. Chiron de Brossay , capitaine de corvette. Paris, 18Z|5, 1 vol. in-8. ^ Notes sur quelques ports de I'ile de Haiti, par M. Dubourdieu , capitaine do vaisseau. Paris, 18^5, 1 vol. in-8. Par le Depot f^e/ie/'al de la Diarine : Cartes hydrogra- phiques, publiees par le Depot de la maiine depuis le mois de decembre IS/jA justju'au mois d'avril 18Zi5. — (1030.) Plan de la bale d' \vatscba au Kamtschatka , V'^lxh. — (1031.) Carte particuliere du canal de San- Pietro , cotes m(!:ridionales de Sardaignc, \9>!\!x. — (1032.) Carte generale des Antilles, comprises entre la Trinite et Porto-Rico, \W-l. — (1033.) Carte des de- bouquements de Saint-Dorningue , \^!\h. — (103/i.) Plan du port de Roue et de ses environs, depai^tement desRouches-du-Ilhone, I8/1/1. — (1035.) Carte de la riviere de Canton, et plans de Canton , de la passe dc Boca-Tigris, de Macao ct du mouillage de Hong-Kong, 18i/i. — (1036.) Plan d'atterrage de la baio de la Mag- deleine (Basse-Californio ) , 18/|5. — (1037.) Plan ti()ns d'llomi;re furont confinnoes dans la suite par llcrodotc : dies le furent longleinps apr6s par Pline le naluralistc; inais malgr6 leur leinoigiiage, celui de Strabon et lautorlte des autrcs ecrivains dii meine sic;cle, elles furent r6voqu6es en doute par Fla- vins Josepbe , qui regarda meme comine incertaino I'existence d'Homere. Les ages suivants crurent a la guerre de Troye et au grand poele; mais il y cut des moments d'aberratlon ou cette foi lllt^raire fut moins vivo. L'abb^ d'Aubignac publia qu'Homere n'avait pas existed ; Perruult prctendit abaisser le cbantre de riliade : Vico de ^aples ne vit en lui qu'un eti'c col- lectif, sous le nom duquel la Grece avait consacr^ par des chants nalionaux une grande epoquc de son histoire : Bryant soutint en Angleterre qu'il n'y avait eu en Plirygie aucune ville du nom de Troye : Wood prctendit qu'au temps d'Homere on ne connaissait pas encore I'^criture, etqu'unc tradition orale n'aurait pas suffi pour transmetlre ses ouvrages aux siecles suivants. Mais cos syst^mcs hypothetiqucs ont el6 victorieu- scmcnt combatlus. On savait que les Grecs avaient pmprunt6 leurs letlres des Phdmiciens, avant le siecle de la guerre de Troye. Cadmus les avait apportees en Grece, d'ou I'art de I'ecriturc s'etait ensuite repandu dans les pays voisins et meme en Italic, llom^re avait done pu consulter des documents ecrits sur les evenc- ments de ces temps heroiques et sur leurs personna- ges les plusillustros. Ses ouvrages renfcrment un grand nombro do details, que son iniatiinntion n a pas inven- ( 3A1 ) t^s, et qui apparti?nnent a !'!iistoire ou a I'esprit de son siecle : ils nous peignent les moeurs antiques , Ic systeme rcligieux des Grecs , la genealogie des h^ros , celle meme des dieux qui occupaient alors I'Olyrape , et de ceux que la mythologie avait places dans les dif- ferentes regions de I'univers. Sous chacun de ces differents rapports, les ouvrages d'Homere ont pour nous un tres grand prix ; et si nous nous reduisons a ne les considiirer ici que sous un point de vue historique et geographique , afin de ne pas sortir du cercle que votre Societe s'est trace , nous avons a rendre houiniage au savoir comme au g^nie du poete voyageur, qui nous a retrace , non seulement la contr^e et les rives de la Troade , mais une partie des parages de la Mediterran^e et des mers interieures oil se renfermait alors la navigation des Grecs, et qui nous a transmis ce que Ton connaissait plus imparfai- tement de la situation des autres pays. Quant aux discussions qui sc sont elevees sur la description des lieux ou les evenements de I'lliade s'accomplirent, nous ajouterons que parmi les publica- tions faites depuis j:)lus d'un demi-siccle , sur une ques- tion qui a si souvent interessc les savants et les littera- teurs , M. Mauduit a rendu pleinement justice aux observations de Le Chevalier sur la Troade : il a re- connu qu'elles nieritaient generalement d'etre appre- ci^es par les autres voyageurs, et par ceux memes qui les ont modifiees; et si quelques Pyrrhoniens ont ele jusqu'a nier I'existence de Troye, celle d'Homere , et I'unite de conception et de plan des dilT^rentes parties de riliade , de telles opinions n'ont pu prevaloir contre la tradition, la renommee , r^videnco. Si llomere eut ete moins grand , sept differentes villes ne se seraioni ( 3A2 ) pas dispute son berceau : si ses h^ros eiissent et6 me- diocres el imaginaires, les memcs disputes ne se se- raient pas olevees sur remplacetncnt de leurs tom- beaux. Cehii d'Achille est ie plus apparent : il est aperru de tous les navigateurs qui se rendcnt dans IHcllespont ; et cette preeminence locale etait due au guerrier le plus celebre. M. Mauduit avait d'abord pense , en s'appuyant sur I'autorild de Strabon, qu'A- cliille et Patrocle avaient eu deux monuments s^pares; mais il a ensuite reconnu, en relisant Ilomere, que les cendres de ces deux heros avaient 6t6 renfennees dans un meme tumulus. line tr^s importante question d'archeologie a 6t6 trail^e par M. Mauduit, soit dans son nouvel ouvrage sur la Troade, soit dans une dissertation, oil il con- slate que I'emploi du cuivre , de I'airain, du bronze a precede celui du I'er, et que I'usage de ce dernier m6- tal 6lait a peine connu dans les temps h^roiques, aux- quels appartient I'epoque du siege de Trove. Le fer n'estpas meme nomm6 parmi les differents m6taux que Ton avait cisel«^s sur le bouclier d'Acbille ; et M. Mau- duit ne cite au nombre des amies en fer que les filches de Pandarus et la massue d'Areitlious. Les remarques de M. !\!auduit sur I'emploi succes- sif des differents metaux s'appliquent non seidement a la Grece , m&is a tousles peuples anciens, et aux diflc'rents dcgres de leur civilisation. On n'eut dans les premiers siecles que des armes et des instruments de cuivre , chez les Egyptiens, les Orientaux , les Etrus- ques , les Celtes , les Grecs , et les Romains eux-m6- mes : on n'a retrouve que des armes en pierre ou en cuivre , cbez les peuples de la quatrifeme et de la cin- quieme partie du nu»ti(]<' : le iVi \\\ c'tait point cu ( 343 ) usage , quoique les mines de ce metal y fusseiit nom- breuses, parce qu'il est en effet le plus relVactaire et le plus difficile a traiter. Les observations que je viens. Messieurs, de vous soumettre, pourront vous faire jugerdu merite des re- cberclies faites par M. Mauduit. J'en avais developpe une partie dans un premier rapport ; et j'ai la persua- sion que les travaux de ce voyageur seront utilement consult^s par tous ceux qui se rendront dans la Troade , et qui , dans leur juste admiration pour Hom^re , pour ce prince des poetes , des liistoriens et des g^ograplies , voudront ^tudier les lieux qu'il a c6- lebres , et qu'il a si exactemcnt et si poetiquement d6- crits. ROUX DE ROCHELLE. ExTRAiT d'l/n rapport de M. Amedee Jaubert siir les manuscrits adresses h la Societe par M. I'abhi Bon.AT , viissloiinalre apostolupie a Saint-Louis du Senegal. Avant de parvenir en toutes cboses a la decouvertc de la v6rite, il n'est pas inutile de rechercber les causes, les limites et I'intensite de I'erreur. C'est dans ce sens que divers savants , tels que Maracci , dans sa refutation du Goran , Silvestre de Sacy , dans son bistoire de la religion des Druses , Daunou , dans son cours d'etudes bistoriques, n'ont pas craint d'alTronter le dedale des opinions erronees qui ont preside a la redaction de ce code fameux, rdgissant, pour le malheur du monde , la majnurp partii^ do I'Oriont. C'pst sous < e point do ( 344 ^ vue qu'il peut etre intercssant d'cxaniiner les pieces dont se composent les manuscrits offerts a la Society de G6ographle par le P6re Boilat , inisslonnaire catlio- lique dans la Sdnegambie , manuscrits rc^diges en grande partie dans le dialecte arabe , ct qui contien- nent divers fragments en langue wolofe. Nous pouvons d'abord constater, et c'est un fait tres remarquable, que le premier de cos idiomes, apr^s avoir traverse tout le continent de I'vVfrique de Test a I'ouest, a p6netr6 et est devenu intelligible jusque sous le 10' degr^ de latitude au nord de I'c^quateur. Les manuscrits dont il s'agit sontau nombre de cinq. Le premier contient dlverses pri^res, et des figures ou representations talismaniques , ayant pour objet d'ob- tenir certains avantages , d'etre d(ilivre de certains maux, tels que la tyrannic et I'opprcssion. On y trouve de nombreux passages ecrits en langue etrangere , et I'ouvrage est termine par des legendes sur I'histoire des mariages de Mabomet , sur I'histoire des premiers khalifes ( p. lili et suiv. ) , et par des genealogies. Le second manuscrit est un recueil de pieces pu- bliqucs, relatives aux musulmans de la S6n(^gambie ; il est orne de plusieurs dessins represenlant despavsa- ges, des mcubles, des amuletles, etc. , en usage chez les Wolofs. Le troisieme renferme des fables, des histoires mau- resques en mauvais arabe , et notamment une relation des 6venements qui ont eu lieu au Si^negal, depuis I'invasion des Arabes. Le quatri^me comprend , sous le titre de Notes , en idiome mauresque , quelques pieces on prose et en vers, et des traditions relatives aux premiers khalifes musulmans. ( 345 ) Le cinqui^me contient Line traduction en arabe du livre intitule : De ce qa ii votn'lcnt de savi.ir sur ridsloive des khalifes. Cette traduction est prec«^d6e d'un opus- cule insignifiant, qui a ete probablemont transcrit j)ar un honime du pays. Remarque. On sait que I'abb^ Boilat est un dcs jeunes Senega- lais (1) eleves en France, sous les auspices d'unc Society d'amis des noirs ( dont a fait partie M. le baron Roger, ancien gouverneur du Senegal ) , et que trois de ces jeunes gens ont embrasse le saint minis- tere. Depuis son retour au pays natal , M. Boilat, tout en remplissant ses devoirs civils et religieux , s'est livre avee una assiduite exemplaire a I'^tude des usages, des mceurs et des idiomes. II s'occupe ^galement de I'his- toire naturelle et du dessin , et il sait manier le crayon avec gout et intelligence. L'un des manuscrits qu'il a envoy^s a la Societe de geographic est une sorte A\4l- bani , renfermant des costumes , des portraits , des scenes de mceurs, figurees avec beaucoup de naturel, et m^me avec une certaine correction qu'on serait loin d'attendre d'un Africain. Cetexemple montre ce qu'on peut esp^rer des fruits de I'educationeurop^enne don- nee aux indigenes de I'Afrique francaise. Les chants des natifs ont occupe aussi M. Boilat , et il en a recucilli un certain nombre qui , joints a ses observations g<^o- graphiques, pourront trouver place dans notre Recueil periodique. ( Note du liedacteur ). (i) Voyiv. le liutU'lin de novenibre 184^ , j) 389. ( 346 ) LE B\HR-E1.-AZRAK OU LE NIL-BLEU. (Extrait d'une loltre re s'enfonce de plus en jilns dans une vaste fissure dont on peul expliquer la forme spirale , en supposant son origine contemporaine a celle de deux systemes de montagnes a angle droit, qu'on trouve dans le centre du Gojani. Quoi qu'il en soit, cette fissure p6- netre jusqu'au granit, dont la surface insoluble entre- tifiil la puret^ des eaux i prcseiUe par M. Mirliaelis , il y a lien ili' (•raiii* niveau nc sc confoiidi'iil aver Ips nmlc-i cI l(!S (111111111, .ill.int (l,iii, l;i nii-mc diicc- tiori. J — F). ( ^i5'i ) (Urns la (liicclion tics hachures dc plus graiule pentc , tout en exprlinant syinboliquement les nuances tie la roideur des pentes par les nuances do Voinbreinent des teintes. On sulvra pour la determination des nuances de ces teintes quelques regies mecaniques auxiliaires ; mais comme le figur^ du terrain n'est qu'une partie du dessin topograpliique complet, ces r^'gles mecani- ques seront modifidses par les autres parties du dessin, telles que les bois, vignes, habitations, chemins, etc. , avec lesquelles le tlessin du terrain se trouve en rap- port, et doit faire, pour ainsi dire, un tout orga- iiique. Ces modifications des regies mecaniques pour I'ex- pression des pentes seront etendues aux parties les plus hautesde la carte de I'Argovie, de maniereque Ton y emploiera aussi pour I'expression des rochers les effets d'une lumiere oblique , conjointement avec des fragments des courbes horizonlales. ( J^uir I'exemple de la feuille de Baden. ) MiCHAELIS. ( 36A ] MOiMiMENT A CIIRISTOIMIE COLOMU. — SON PORTRAIT. Le projet forme a Genes d'dlever un aiuimineat a Christoplie Colomb (1) reporte encore une fois I'atten- tion sur tout cc qui regarde ce grand homme , et par- tlculitjrement sur un point qui n'a pas encore ele ^clairci. Exlsto-t-iJ une image fidele , un portrait au- tlientique de Christoplie Colomb ?Lcs personncs qui president au futur monument do Genes ont dii natu- rellement se preoccuper de cette question : on serait si heureux de pouvoir unir a la grandeur, a la beautc^ d'une composition savante, digne du g6nie moderne , au lieu d'une effigie pureinent idviale, I'exacte ressem- blance du grand navigateur! Nous n'avonsd'autre but, dans cette courte notice , que de fournir un 6l6ment dc plus a cette question speciale , et nous laisserons de cole toutes les autres , et raeme celle qui regarde le lieu natal du heros, question usee et oiseuse , bien que encore controvers(^e de nos jours. Qu'il soil n6 dans les murs de Genes, a Quinlo , a Savone , a Co- goleto ou a Nervi , peu importe a la gloire de la Ligu- rie , contr6e qui certainement lut son berceau. II en csl de meme de la profession de son pere , puisqu'il est certain que Colomb fit des eludes a Pavie , et s'y instruisit dans les sciences maritimcs , la cosmogra- phie , la geometric el I'aslronomie. (i) Vuir (l.iiis le /ii///t'fm de mars l84-'> ""c It'llre du general de la Marmora. II existe une ancieiine di'lilx'raliDn dc la lomiiiniic dc Sav(jnP , au XVll° sifrlc, pour f'rijjiT uu nimiinncnl a Ooloudi; nous mnomnc <|Uellc suite Ini a rtr donnir. On voil a Savone des lns«Ti[ilions ph son honncur f 365 ) Donnonsd'abord uneidi^edelappel quevionlde faire aux Genois la commission du monument de ColomL. Cette commission a fait parailre son manifeste le 20 de Janvier dernier ; cUc se compose des ]iersonnes dont les noms suivent, choisics enlre les sonscripteurs : MiVI. L. Durazzo, president , Lorenzo N. Parelo , Vin- cenzo Ricci , secretaire, Giacinlo Viviani , Luigi Bar- tolomeo Migone, tresori.'r, Pietro Elena, auxquels ont 6t6 adjoints MM. le marquis Gian-Carlo di Negro, le major general chevalier de la Marmora, le mar- quis Leone Doria Lamba, I'avocat Ludovico Casanova, le chevalier Giovanni Colla , Balduino Sebastiano. Voici I'extrait du manifeste : « Concitoyens , un ancion vccu national va s'accom- plir; Christophe Colomb aura un monument digne de lui et de sa patrie. Le Uoi, qui desirait qu'un hom- mage fut adrcss^ par la ville de Genes au gi'and navi- gateur. a agr^e le d^sir de plusieurs citoyens qui s'e- laient reunis pour remplir un vceu universcl , et Sa Majesty a choisi parmi les sousci^ipteurs une commis- sion chargee de provoquer les olfrandes et de mettre a fin I'entreprise. Sa Majeste a de plus assigned; , sur Ic tr^sor royal , une somme de clnquante mille livres. Nul ccEur de Genois ne restera froid a cot appel , dont I'objet est d'honorer le pays ct de realiser la penseo de tous. L'an prochain, le huiti6me congres des savants italiens se reunira parmi nous; quelle meilleure oc- casion pour inaugurer , en presence de toute I'ltalie , I'effigie de notre grand citoyen ? Ailleurs , on a dileve des statues aux Italiens los plus celebres ; mais quel homme, par la grandeur de I'entreprise , par une in- vincible Constance dans I'execution d'un dessein concu pour \v progres de la civilisation , par rinfluoncc exor- ( 36C ) c6e sur les destinees du monde , peut surpasscr ou egaler la ddcouvcrte du nouvel hemisphere? Une sous- rription piiblique est ouverte pour I'accomplissement de cotte ceuvre. Les phis inodestes cotlsations scront acccplecs, parce qu'il s'agit d'un monument national ; il n'osl personne qui n'ail le droit et le devoir d'y cooperer. Le riche et le pauvre , les rangs les plus Ale- ves de la society comme les plus obscurs , les com- mercants , les artisans , les navigateurs g(^nois qui , par leur intelligence et Icur courage , rappellent encore au monde que leurs anc6tres ont eu I'empire de la mcr, nos compatriotes qui vivent loin de G6nes , mais qui n'ont pas oublie le ciel de la patrie , en un mot , le peuple tout entier concourra pour honorcr la m^- moirc de I'honime illustre, ne dans les rangs du ])ouple , pauvre pendant sa vie , victiine de la perse- cution , condamne a la captivite; mais dont le nom brille apres trois siecles etbrillera par-dessus tous, dans la posterilo la plus reculee . Aussitot que la somme disponible pourra etre prevue raisonnablement , la commission proposera scs vucs sur la nature et I'em- placement du monument; elle confiera le travail aux artistes les plus capables, ct rendra compte de tout au public , en Faisant connattre les noms et les dons des souscripteurs. » Si I'appel etait adress6 a toutos les nations , a tous les admirateurs de Colomb dans les deux hemispheres, il n'est pas douteux que la souscription serait bicntot rcmplie, meme pour la somme la plus considerable qu'on ait jamais consacree a un monument de cette nature. II n'est pas moins certain que les artistes emi- nents de toute I'Europe tiendraienl a honneur d'etre nppi'b'S ;'i V cnncourir. II nc nous apparlient ])as de ( 367 ) dcvancer, nienie par de simples vceux, los resolutions (lu coinite g6nois ou du gouvernement sarde ; mais, a quelque parti qu'il s arrete , il n'est pashors de propos de recherohor, dans I'inl^ret des statuaires , a qui le monument sera confie , s'il existe un portrait fidele de V Jinniiraglio. Bien des portraits ont ete dessines, graves et pu- blies : nous en connaissons et en avons vu ou entendu citer plus de vingt ; mais , sans doute, il y en a un grand nombre qui nous sont inconnus , et qui existent dans des collections partiruli^res. Qu'importe cette nuiltitude d'images, si, pour la plupart, elies sont de- pourvues d'authenticite ? Je ne pai^le pas des ouvrages des peintres modernes , qui, traitant le sujet de la de- couverte de I'Amerique, ont prete a Colomb la phy - sionomie qui convenait a leur conception. La premiere condition a remplir pour les artistes (^tait de sc p6ne- trer du portrait ecrit par Don Ferdinand , I'un des fils de Colomb : je nepuis mieux faire que de rapporter ici cette description , c'est a-dire ce qui existe sur ce sujet de plus autbentique (1). Colomb avalt le front large , le visage long , le nez aquilin ; il avail les yeux clairs ; son teint etait blanr et anim^ de vives couleurs ; il avail eu les cbeveux blonds durant sa jeunesse ; sa taille etait au-dessus de la moyenne ; il avail le regard anime , I'expression grave et noble (2) ; lels sont les caracteres qu'il faudrait (i) L'on ne possede rien de semblable de son frere Die'go Colomb, rolui f[iii surc-pda a ramiial dans sa cliarjje de vi(;e-ioi des Indes ri dans Ions ses Iioniiours. (2) Vi)\o7. la Vjp (Ir Cliiistiiphc Coloiiih p.u !). Ferdinand Colomli, lelui f|'il fnrma la rirlio hiMiullircjnr dr Sc'villi' a|ipc!i'c Calomhinu, nu la (^(ddrnliiennc. ( 368 ) retrouver dans son portrait. « L'Ammiraglio fu huomo » di ben forraata , et piu che mediocre statu ra , di » voltolungo et guancie un poco alte , senza che decli- » nasse a grasso o macilento. Haveva il naso aquilino , » et gli ocelli bianchi, bianco, et acceso di vivo colore. » Nella sua giovcntii bebbc i capelli biondi, giunto » cbe fu a' trenta anni , tutti gli divennero bian- » clii, etc. » {Jiistorie del sig, Don Fernando Colombo..., tradotte di lingua spagnuola nell' italiana da Alf. Llloa, in Milano, 1614; in-12). Le plus ancien porti'ait grave est, je crois, celui qui a paru dans les Grands etpetits voyages (1) : pour Otre le plus ancien, en est-ilplus autbentique et plusfidelcPJe ne le pense pas. On sail que la plupart des sujcts dc cette grande collection se composent de scenes et de figures defantaisie : on n'y regardaitpas alors de si pres. C'est pourtant ce portrait qui me parait avoir servi de mo- dule a beaucoup de copies , et meme a des tableaux estimes et faits avec soin. Line peinture assez ancienne est au musee de Versailles : elle a <^le procur6e par le corate de Montesquiou ; mais on en ignore la premiere origine (2) ; c'est, selon moi , evidemment, une copie de I'image publico par Tb. de Bry en 1593 : m6me coiffure, meme costume, meme visage (3). C'est ce (i) Grands Voyages., pariie v, p. i. .'2) Aile (lu Nord , 2' etaf;r>, s:ille i4i grandeur, 55 cent, siir 4^ rent.;;le N" da tableau est i65a. On adit, niais sans aucune jireuve cerlainp, que ce tableau I'tait du iemps. (3) On sait que Th. de Bry pretend avoir recu ce portrait d'un sien ami, qui le tenail du peintre charge, dit-il , par Ferdinand et Isa- belle groots admiral oost zee on dcr Fenuuul , clc, » « c'est-a-diro Christophe Colomb , grand amiral des » mers orienlales , sous Ferdinand , -roi de Castille , » premier inventeur du Nouveau-Monde. » II n'y a pas de nom de peintre ni de date ; niais la pointure est assez bonne , et de lecole flamande , sans nul doute. Le front est ahsolument chauve , et annonce un age que Colomb n'a pas atteint. La tete est sans carac- t6rc decide, sans noblesse, ou plutot tout-a-fait com- mune. Le personnage a pour lout costume unc sorte de pelisse ou de vitchnura. Si Ton a ajout6 apr^s coup sur cotte figure de fantaisie I'inscription qu'on vient de lire, il faut convenir cependant qu'ello est ancienne , non pas seulement a cause des caracteres et de I'ortho- graplie , mais a cause du tilre donne a Colomb : Ami- ral des /tiers orientales. Je crois done ce portrait plus ancien que le premier cit6 ; mais I'atlribution n'a aucune autre base que I'inscription ci-dessus. Restent toujours la singularite du costume, I'cxpression commune, peut - etre aussi I'age de la figure, qui no pcrmeltent pas de reconnaitre la Cbristophe Colomb ; ot si I'intention du peintre a etc de ropr^- senter I'amiral, on doit avouer qu'il a fait une figure de fantaisio. U° V oici un tableau beaucoup plus important, puis- qu'il cstl'ceuvre du Parmesan : peinture cxcellcnte, sans doute, mais qui n'en est pas pour cela un portrait plus authentique. Ellc se Irouve au mus^e Bourbon , a Na- ples (1). Colomb est assis pres d'une fenetre au-dcvant de laquellc sontgroup^s une masse d'armes, un casque 'i) Voyf/. Mnspo I'orbonii'o. roinr "i .pi III N.ipoli , 1827 , el l.< iiollii-ilr M. (iiijijioliiio I'lCi 111 ( ."571 ) avec une sorte tie large torsade. Le costume est noir et fort I'iche ; la tete est coiffee d'une barrette rouge d^coup^e, orn^e d'une plume, avec un bouton sur le- quel se volt un naviro d^passant les colonnes d'Her- cule ; la tunique est fermee sur la poilrine , et ouverte aux deux bras. La main gaucbe est nue , I'autre est gantee,et tientune piece ronde en or. L'amiral al'^p^e au cot^. La barrette est relev^e , et laissevoirun front trfes haul et nieme les cheveux ; le visage est tr^s al- longe , la barbe longue et frisee ; les yeux sont brillants et regai'dent en face. Le heros est plough dans une profonde meditation. Comme le tableau provient du palais Farnese , on presume que le cardinal Alexandre aura demande au Parmesan une efilgie de Colomb , et que le peintre , faute du modele ou d'un oi^iginal quelconquc, aura cre^ ce portait d'imagination. II est vrai, comme le dit ti'es bien M. Guglielnio Bechi dans sa notice, que si la nature n'avait pas fait Colomb comme il est repre- sente dans cette belle peinture , I'art ne pouvait imagi- ner mieux. Le dessin, le style et la couleur sont, en effet, dignes du Parmegiano. Quant a ceux qui ont ri- pete que ce tableau etait contemporain et fait du vivant de Colomb , ils ont oublie que I'artiste n'avait que trois ans a la mort du navigateui'. Au reste , la pbysionomie differe de celle de tousles autres portraits connus. 5° Genes possedc un beau buste de Colomb , fai- sant partie dc son monument ; il a ete publie plusieurs fois, entre autres dans la traduction de I'ouNragede Don Ferdinand de Navarrete sur les voyages ct les decou- vertes (les Espagnols (1). La figure est dans le style antique : rollc fois, le sculpleiu- s'csl models sur le (i) V.iviv If: /7r7((/i()in (/i"s voyiiiji's riiiippii-; par Clii istoplie Co- ( 372 ) type Italien , mais il n'j a pas le inoinche rapport entre cette t6te et celle du mus6c de Versailles ou celle de Tli6od. de Bry. Jc ne connais pas d'apros quel modele a travaill6 Ic statuairc : c'cst une hello figure, mais c'est encore , selon moi , une figure de fantaisie. On voit aussi a Genes, au palais ducal, un tableau qui roprd'sente Glir. Colomh plantant la croix en Amerique, mais on ne peut y chcrcher la ressem- blance. 6° On voit aussi un portrait dans la salle de la com- mune de Cogoleto , commune qui, comme on le sait, pretend etreleberceaude Coloinh. Cette image, suivant ce qu'on m'a assure , n'a aucun caractfere d'aulhen- ticite. Cependant , selon M. Isnardi, la tradition la fait remonter a trois siecles : on y lit ces mots : Cliris- tophonis Columbus uovi orbis repertnr (1). 7° L'Angloterrepossiidait , il y a une vingtaine d'an- nees, ct possede peut-elrc encore un tableau venant, dit-on , de I'Espagne , compose de plusieurs person. nages formant groupe, et parmi lesquels figure Chris- tophe Colomb. Les figures sont , je crois, a mi-corps et de grandeur naturelle. Une copie en a 6t6 envoy^e par M. le D' Mojon au marquis Jean Carlo di Ne^^ro. 8°, 0° Le due de \ cragua (Don Pedro Colomb) , ar- ri^re-petit-neveu de Christoplie Colomb, en a donne un portrait encore tout dill^rcnt dos precedents, et par le costume, et par I'age, etpar la physionomic. II a M, copie d'aprt'S un tableau faisant partic de la Biblioth6- que du roi , a Madrid , et que I'on dit contcmporain. Le costume est un liabit de moine ; la figure a la lonib, Jc D. l"ei(I. de Navnrrfte, in- 8. Paris, l8i8 ; liadiiclioii IVan- caisedeMM. de Ln IU)<|uoUe et ile Verneiiil ; loiiie II. (i) Sulla patria propriamente drtta di CriUnforo Colnmho' di%- scrtazioiir ili Fclirc A()n;v/i. I'incifdo , iS38. ( 373 ) tete nue et luibeibo. Ello accuse I'age de treiite-ciuq ou quarante ans au plus : or, ce n'est qu'a I'age de cin- quante-deux ans, au retour du premier voyage, ou tout au plus au moment de son depait, que Ion a pu faire le portrait de Colomb , homme presque ignon^ jusqu'alors. En accordant que le visage ne manque pas de caractere, et en supposant qu'il n'y a pas la un ana- chronisme , on demandera encore quelle preuve cer- taine , autre qu'une faible tradition , atteste I'exacti- tude de la ressemblance , et cette question peut se faire quand on considere la difference absolue du portrait avec toutes les autres figures, II est vrai qu'avant son entreprise , Colomb , loge dans les couvents, en porta quelquefois I'habit : le portrait prouve tout au plus que le peintre qui a trac6 cette figure n'a pas ignor^ celte circonstance et qu'il en a tire parti ; ou, peut-etre, a cause de cette circonstance meme , on aura pris et donne pour le portrait de Colomb une assez bonne peinture sous I'habit monastique. Cc n'est la qu'une conjecture a laquelle nous ne tenons nullement , et que d'ailleurs nous n'avons pas I'intention d'opposer aux arguments qu'ont donnes les traducteurs de I'ou- vrage deM. de Navarrete (1). 10" II estpeu de cabinets d'estampesoul'on ne montre quelque portrait de Colomb. Sur I'avis qu'on m'a- vait donne qu'il y en avait plusieurs a la galerie des portraits, bibliotlieque du Palais-Royal , j'ai consulte M. Brenot, le bibliothecaire du roi , qui ma permis de (i) Nous les remercions, au contraire, il'avoir publie aiissi ce por- trait : o'est un sei vice ajoute a celui qu ils ont rendu en faisant passer •fans la lan^ne tVancaise les relations ties voymjes .) Voir, liulliliii i\e fc'viici i83S. I III, p. l ?8 . t'' si'ric . \r lUiniioit sui l:i rnilp (In Siiiiploti. ( 383 ) sortes d'ouvrages; I'on pourrait presque dire que I'au- teui' s'est montre ici , a la fois, ingenieur, pointre et statuaire. L'espace repr6sent6 n'a guere nioins de deux centquarante lieucs carrees (djx-huit lieues sur Ireizc). La matiere est de bois de tllleul, et sculptee avec la der- ni^re finesse. Ce n'est pas le lieu de donner la descrip- tion de cet ouvrage , dont il sera rendu compte plus tard ; qu'il suffise de dire que dix annees d'etudes et de voyages ont a peine sulTi pour le faire, que rien de ce qui oxiste dans cette vaste etendue n'a ete oinis , enfin que Ton y peut prendre une complete et juste id6e de la plus haute montagne de I'Europe. L'Angleterre n'est point restee en arriere de la Suisse et de la France. On y a construit , il y a quelques an- nees , des cartes en relief geologiques dun genre par- ticulier, par exemple , celle de la foret de Dean. Les divers terrains sont superposes et independants , de manierequ'onpeut enlever chacune des couches, I'une aprfes I'autre, jusqu'au noyau du terrain primitif. A Francfort-sur-le-Mein , M. Ravenstein a execute plusieurs bonnes cartes en relief, telles que le Tau- nus, etc. La plus considerable et la plus belle est le Rheingau ou la contree du Pihin , du nioins la partie la plus accidentee de son cours. L'echelle est grande , assez pour rendre parfaitement et avec detail tous les accidents de ce pays pittoresque. II nc faut pas omettre une belle carte en relief de la Suisse saxonne , oil les echelles sont egales , ouvrage de M. Schufter de Drcsde , et une semblable de la principaut6 de Neuchatel, par M. Ibbetson (1). Les differents exemples de cartes en relief que je vicns denumerer rapidemcnt , et qu'on pourrait faci- (i) ('.IS tli'ux (N)ites sont aiijoiiidlnii ilrposers a la Rililu.ilii'(|ii<' loyale ES COLLECTIONS ETIINOGRAPHIQI ES. L Carncteie et hssai (Ic clnssijicotion (rune Collection etimographique. Ce n'est que depuis une ^poquo assez i^cente que les voyages de d^couvertes et les etudes geographiques se sont diriges vers une branche d'observalions jadis n6glig(^es , qui, du moins dans le sl6cle dernier, occu- paienl une faible place parmi les travaux dcs explora- teurs et ceux des 6rudits. II fallait, 11 est vrai, pour connaitre le globe, commencer par fixer la position des lieux , etabllr leurs distances vrales et Icurs situa- tions respectives , leur dlevallon relative el absolue , 6tudler enfin leurs productions naturelles : en d'au- trestermes, on devait commencer par la g^ographie proprement dite et la geograpbie pbyslque. Aujour- d'hui le plan de la terre ne sufiit plus a noire avide cu- riosite ni an progri^s actuel dcs connaissances; 11 est d'allleurs assez avanc6 pour qu'on tourne ses ell'orts d'un autre cote plus important encore; je veux par- ler de la distinction des races liumalnes et de la con - naissance nnlvorselle de leurs idiomes, de leur carac- tere physiognoraonique et de leur etat social : c'est ce que Ton commence a faire chez presquc toules les nations de I'Europc. U est maintenant peu de voyages ou cette 6lude ne solt recommandee. En AUemagne , en Angleterre, en Russle, comme en France, la de- termination geograpbique et I'bistolre naturellc ne sont plus le seul objet des instructions donndes aux Tovageurs, et Ion y ajonte dcs questions spcciales sur ( 389 ) I lunmiie el son etat phjsique. L'objet de celte soiie de I echerches est dt'sslgn^ par les mols d'ethnographie et d'ethnologie. Aprestout, ii'ost-ce pas le but final que Ton doit se proposer dans la description de la terre habitable? Les relations d'echange que nous avons ouvertes ou que nous voulons ouvrir sur tous les points du globe, la pensee civilisatrice dont I'Europe cln't^- tionne est animee et pr^occupee , le plan concu d'ar- river graduelleinent a la diffusion gen^rale de la civi- lisation et des lumieres, quels que soient la nature, le caractei'e et la couleur des races; ces nobles vues , ces desscins si louables, ne reposent-ils pas sur la connaissance approfondie de toutes les differentes peu- plades et de leur ^tat moral et physique ?JN'est-ce pas enfin marcher a raccomplisseraent de la destin^e hu- maine? Mais quand on ne porterait pas Tainbition si loin , quand ces projets seraienl de pures utopies, n'y a-t-il pas encore la , pour I'esprit et I'intelligence, un noble aliment a notre curiosite? Le rapprochement complet et la comparaison de tous les points de vue sous les- quels peut elre envisage I'homme actuel, dans tous les climats , ne peuvent manquer d'eclairer I'histoire du pass6. Bien des probl^mes historiques ne pourront etre resolus ou meme abordes qu'avec la connaissance parfaite de ces anciennes tribus que le temps a peu modifi^es, soit sous le rapporl du langage, soit sous le rapport des arts et de 1 industrie , soit sous le rap- port de la constitution physique, soit enfin sous I'as- pect des usages, des moeurs et des institutions. L'his- toire est done inl^ress^e, comme les sciences philo- sophiques et les sciences naturelles, au progres des etudes ctlinographiques. ( 390 ) Dans le principe de ces etudes , on s'est occupy uni- quementdes idiomes , el Ton a meme class^ les diff^- rentes races d'apres les langues dont ellos font usage. Autant de langues et d'idiomes, disait-on , autant de groupes de la famille huuiainc. On a reconnu depuis qu'il etait indispensable d'etcndre racceptlon du terme d 'ethnographic, applique a celte ^tude; I'etvmologie en faisaild'aillcurs uneloi. Nous pensons en avoir donne plus haul une definilion suflisanle , el nouspassons a un objet special qui fait le sujet principal de cet essai. Les oeuvres de la main de I'homme, attentiveinent eonsiddrees, peuvent souvent nous reveler ce qui a 6chapp6 a I'histoire , ou bien n'a pas etd conserve par la tradition : je veux dire le but de leur composition, I'objet quG leurs auteurs se sont propose , les moyens memes dont ils ont fait usage pour les executer. C'est ainsi que , par I'etude reflechie et persev6rante des monu- ments de I'antiquite , on peut deviner les secrets de son architecture. 11 est meme pcrmis dedire que toule science peut etre comprise , appreciee et jug^e par ses productions : ce principe , que je crois g^n6ral , est surtout applicable a la science ethnographique. L'histoire a garde le plus complet silence sur les arts et I'industrie d'une multitude de peuples , et la [)lu- part d'ailleurs sont restc^s depourvus d'historiens. Ln grand nombre de ces nations ont toujours ignore et ignorent encore I'^criture. Est-ce une raison pour renoncer a les etudier? je ne le crois pas. Toutes ces peuplades, si peu civilisees, si grossieres qu'elles soient, ont su travailler la pierre , le bois ou le metal. Toutes ont eu des outils , des instruments avec lesquels elles ont modifi6 les formes de la matiere, suivant leurs n^cessites, leurs goiits, leurs idees. Toutes ( 391 ) Dill soLunis par loirc ou par adresse les clivers etres vivantsde la creation, et toutes ont agi sur la nature morte pour I'approprier a lours besoins. II est done nature] et convenable, pour jugcr de leur aptitude et de leur Industrie, de rassembJer les objets sortis de leurs mains, et de comparer ces objets entre eux, apres les avoir disposes avec ordre, au moyen d'une classification scientifique. Bien plus: quanlite de ces produitsde I'industrie portent le reflet de rintelligence des honimes dontils sontl'ouvrage; ilsmontrent quelle etait cliez eux la tournure de I'esprit et des idees , en meme temps qu'ils font connaitre materiellement leur dext^rit^ plus ou moins ingenieuse. L'examen de ces ob- jets peut done servir au cot^ moral des Etudes ethnogra- phiques, comme a la connaissance de I'etat des arts et de I'industrie. Par exemple , s'il est vrai que \os kUes religieuses ne sont etrangeres a aucun des peuples de la terre , on doit d^sirer de connaitre quelles sont les formes exterieuresde leur culte , et par quelles images, par quels symboles de la nature, ils ont I'epresente la puissance divine. Les hommes meme peu cultives se sont 6le\^s a la consideration du nombre et de I'espace; de la les ru- diments plus ou moins grossiers ou imparfaits de cal- cul ou de geometric elementaire. Des instruments leur ont servi a compter, peser , mesurer ; d importe de les rassembler. II est plusieurs de ces peuples qui , promenant leurs regards sur la voute celeste, ont di- vise la marche annuelle apparente du soleil et donne des denominations aux groupes d'etoiles; et il en est aussi qui ont donn6 une forme , un corps a leurs idees sur ce sujet et qui les ont figurees sur le bois et la pierre. Tous ont possede des jeux, et ont eu des instruments ( 392 ) de imisiquc : ilon nest plus general peut-etre tjue la pratique des fetes, des jcux, des danses , des c^r^mo- nies, des chants; rien du ]>Iiis univorsel que I'in- stinct musical : comme si , partcut, Ihomine avail besoin de chercher un adoucissenient , mi dedoin- magement a ses soufTrances physiques et morales 1 Les instruments de ces jeux sont done infiniment curioux a etndler , soit qu'ils n'aient eu pour but qu'un pur dt!;lasscmeiit , soit qu'ils supposent uncer- tain esprit de combinaison , ou de calcul num^rique.' Bien d'autres points qui toucbent au moral et a I'in- telligencc de I'liomme peuvent etre connus et compris a I'aide des produits du travail de ses mains, metbo- diquement r^unies ; tel est le double objet des Collec- tions et musees ethnographiqties. Sous un autre aspect encore et non moins utile, ces collections meritent d'etre apprd'ciees. On a des cxcm- ples de figures execut^es de la main des natifs, retra- gant les nuances delicates de la pbysionomie , avec une finesse de travail faite pour surprendre cbez des bommes Strangers aux arts de I'Europe. Le caract^re distinotif des individus s'y redete pour ainsi dire ,avec autant de fidelite que dans un miroir, et mieux meme, quand ces figures sont de plein relief ou en ronde- bosse; avec le caract6re pbysique , ces images semljlent dormer aussi I'expression , I'air du visage : on doit les 6tudier avec soin pour la connaissance des races. Les progres que fait sur le globe la civilisation cbr(i- tienne depuis un demi-siecle, par suite des guerres et d'expiiditions de toute esp^ce, ont commence a modifier profond6ment I't'tat social des peuples lolntains; les moeurs , les usages , les instruments des arts et les ustensiles, tout, jusqu'au langage , va s'alterant cba- ( 393 ) que jour davantage. Bientot pout-etre il ne sera plus temps de recueillir ces restes d'un passe qui disjiaraii et s'evanouit sans retour. II faut se hater de rassembler ce qui subsiste encore (1). Une collection comme celle que je viens de d^finir, pouretre utile a I'etude, doit, je le repete, etreclassee avec metliode et d'apres un plan scientifique. II faut que tous les pays y soient representes. moins I'Europe civilisee bien entendu, moins aussi les autres contrees de la terre gouvernees ou coloniseesa I'europeenne. II faut ^galement que la collection renferme dessfjcci/Nen.s de toutes les classes d'objets propres a peindrele degre d'avancement et I'etat de 1 Industrie ; de maniere que les pieces soient assujetties a une double classification , a la classification par mati^re , et a la classification g^ographiquo. Voici celle que j'ai cru devoir adopter et que je crois aussi pouvoir recommander comme tout-a- fait g^n^rale, comme susceptible d'admettre les objets de toute nature rapport^s et a rapporter par les voya- geurs. La metbode est fondle ci la fois sur I'ordre des besoins naturcls de I'homme , et surle developpement ordinaire des societes humaines. En etudiant et en suivant une telle collection , depuis son commence- ment jusqu'a sa fin , Ton aurait sous les yeux un ta- bleau successif et progressif del'industriederiiomme, depuis ses besoins les plus imperieux jusqu'aux deve- loppements du luxe. Avant d'exposer ce plan de la classification , je dois rappeler que les productions naturelles, que tout cequi n'estpas travaille par la main de I'homme, en un mot la nature brute , sont rxclus de la collection , de meme (l) Voir Consiili-rations sur l'obj<:i dune collection spcciale consa' cret' aux cartes q^oijrnpliiijucs et au.x (lifcrsc^ hranches ilc la (le'orjra- filiic 1 111-8, i8 1l,|).ii;. i8, 6'j <•! >uiv. ( 39/i ) que tout cc qui est le produit de nos arts modernes : il n'est question ici que des ceuvres de I'industrie extra- europeenne ; niaispour^tre complete, la collection doit renfermer (Ks dessins ou des inodMes, partout ou les objets mantpient, et aussi la oil les orij^inaux sont de trop grandc dimension , par excmplc s'il s'agit des na>ires, des machines ct des appareils divers, plus ou moins volumincux. Si Ton reflechit a I'essence d'une telle collection , i'oii ne s'etonnera pas que le classement par ordre de matieres pr6c6de I'ordre geograpiiique. L'on possede en effet des objets appartenant a toutes les classes et a toutes les especes; mais on n'en a point de tous les pays de la terre. La collection sera done divisee par luiliire d'objet, et sous-divisee par lieux. Celte double division est propre apr^venir la confusion; sans elle , la collection pourrait resscmbler a un cliaos, ou a un magasin d'objcts incoh(irents ; inconvtlsnient grave qui sans doute a contribue a retarder cliez nous la forma- tion d'un musee de cette espece , bien que I'utillte en soit incontestable. Les objets dart (Strangers, s'ils sont disposes dans un ordre metliodique et instructif , ne seront pas exa- mines sans fruit par les industriels, soit pour cer- tains usages qui pourraient enlrerdansnotre Economic domestique, soit pour des produits qui manquent a nos arts , soit pour la beauts des nuances tirees de certaines substances colorantes. II existe en Afriquc, par excmple, des alliages ou plutot appi-n- dice : dessins repiesciitanl les travaux a{5iicoles. OnnBE II. La cl>assi\ Genres et especes : l" iii>li uiiiiiKs , cout. aux , oquipeirieiits , .iiiikk i\v diasse ; 2° fauconnerie Voir riassr VI. Obuhe III. La pMic.Oenres, etc.: in>lruiiieiils de p<:The(fileIs, lignes, hanieooiis, liare.s , haipons , caniie.<, clc-. ) Classe 111°. Arts (lui servent n VhabiUement. OnnliE I". Vitemeni du cojys. Genres, etc.: costumes, lunwiiies, rnan- teaux, les diverses pieces de rhabilleuieni ; t.iMiers , pagnes , ceintures en diffeienles subst.mces et ctotfes, rnanteaux divers en peaux , en plumes, en tissus , en peaux travaillees,peintes, ornees, etc. ; etotfes d'eeorces d'arbres,etofFes en pnille ; lissus divers en clianvre, lin, coton , sole , etc. ( imitalinn des li>sus paturels ve'ge- laux) ; ctoffes teintes de diverses couieurs. Ordhk II. Coiffures. Genres , etc. : coifFnics in plumes , en filcls , en trcsse; voiles, caf)uclions, calottes, tixjues , turbans, bonnets, cliapeaux, perruques et couvre- chefs divers ; casques , feutres. OriniiK 111. Chaussures. Genret , etc.: sandales,en sparlcrie, cuir, etc.; hottes ent ail logement. Ohdiie 1". Modeles de constructions Genres, etc. : uiaisons, pagodes, temples, chapelles, palais, chateaux, tours, ponts, forts, fortifications, tonibes, etc. OruiiiK II. Uutils ct instrutneiits. Genres, etc.: outils des macons , des charpentiers et des autres professions qui s'occupeni de construction : truelles, pics, marteaux, scics, ha- clies; cchafaudafjes, etc. OnniiE III. Mtiteriaux travailles {ecltantillons). Genres, etc.: briques, ciinents, mortiers, stucs, etc. Classe V*. Econnmie dowestique. Obdbe 1". Meublesde Inmaison en general. Genres, etc.: lits, liainacs, b-iceaux, oreillers en hois, wanipun, — sieges divers lianiboti, niclal. etc., laliourcts , labli's, guci idons , en ( 399 ) II. illes, tapis (j)oiir li>s aiilics iikuIiIcs non poit.iliFs, dcs modeles ) ; tentes , \vi<>,\vaiiis ; — moyens (IVH-lairage : lampes en metal , en tine ( uile, lanternes, falols, can- dnlabrps , merhfS ; inatieres comliustibles: l)ois resi- neiix, (ire vcgelale, bl uir de Iiali ine ; — riiileiias , sci- I urcs , clefs ... Oiii>iiE II. /'as<'.s, ete. Gemes et especes : i » jarres, calcbasses , vases de tal)le, nines, coupes, vases refiigerants ; vases plats, plateaux ; vases de cuisine , lecbauils ; thaudieies en plerre ollaire, lerre cuite , melaux ( ciiivie , bronze, ptaiu , etc. ) ; vases de toiitc sorte, en nii'tal , pierre , verre, porcelaine ; 7.0 coibeilles , paniers , coufl'ts , boi- tes , cassettes, coffiets, cassolette^. OiuiRE Iir. Instruments h rouper, diviser, etc. Genres, etc. ; en silex, en metal ; — bachettes, conpcrets, rb)loires, etc. ; rasoirs , (^iseaux, scies, rapes limes, — couteanx , wedong, coutianx a scalper. Obore IV. Usages divers. Genres., etc. : balanciers pour porter les far- deaux, pecoulans, etc., palanquins, etc... OhiuiIi. V. Ohjets de luxe. Genres, etc.: pankas, event.iils, ombrelles , parasols, payonjj, ecrans, paiavents, chasse-mouches ; miroirs en obsidienne, en metal, etc., peifjnesornes. OnnnK VI. Instruments divers. Genres, etc: sifflets, clocbettes, son- nettes, bajiuettes , fouets , cordes , sacs, gibecieres , brosses a divers usa{i;es ; soufflets ; — fourneaux, en- clumes, maiteaux , pinces, cognees, baches , — balais , seaux , raleanx , pelles, ecbelles. Classe VP. Objets prnpres h la defense de Vliomme , ( guerre , etc. ) OnDFE I". Armes defensives. Genres, etc. : armures, boucliers, cas- ques, cuirasses, colli>s de mailles, brassards, casques formes de la depouille d'un poisson epineux, etc. OiinnE II. .trmesoffensives. Genres, etc.: casse-teles, massues, toma- hawks . baches d'armes , frnndes , arbaletes, javelots , arcs , flcches et carqnois , lances , fers de lance , lames, candjiars, camas, yatagans, poignards, krits,goloks , sabres, epees, djeriils, lacefs a boule, masses d'armes, sagayes, epees a dents de requin. (Les poignards et krits sont .1 inanilic de narv.Tl , rbiiiuceros , licornc, aiiibre , etc ) ( 400 ) Onnnic III liisignes h la yiierre. Genres et especes : drapeaux , cii- suignes , <'temlartls , Io:itq<, {guidons, inslruiiienls {voy. classc VlIF). Appendice : inoileles I'l (Ifissiiis iles furts ct enceintes. Classe VIP. Arts . sciences, indiistrie. Oi'.DRR I'l. Commerce. Genres, eir. : inoiinaics , nniis, etc. ; niesures lincaires et mesures de capacite dc tuiites sortes, poid.s, balances, loiiiaiu s, pesons. Tiaineaux , chars , chariots ( niodeles ). OKnnE 11. Comptes et calculs. Genres, etc.: instriiineiils de calcul, al>aqi]es, souan-pan; instruments pour la mesure du temps, horloj^es , cadraiis, calendriiTS , etc. ; eonjpas. Obube III. Ecriture. Genres, itr.: stylKS SEANCES. Pr^SIDENCE de M. GutGNtAUT. Seance du 6 Jain 1845. Le proc6s-verbal de la derni^re seance est lu et adopts. M. le comte de Montalivet, intend ant general de la liste civile , annonce a la Soci6tus , p. 3()(3 ct suiv. { Ml ) 1 bouclier en cuir, raye de rouge, culr de bceul' (du pays des Barrys), semblalile aux boucliers qu'on voit sculpt^s sur les monuments de Thebes. — C/asse M, 1 bouclier tr^s pelit ( sorte de cesto). — Idem. 2 arcs en bois de fer (du pays des Elliabs — Idem.). 2 carquois avec 25 filches. — Idem. 2 casse-tete en bois de fer ( des Barrys et des Elliabs). — Idem. 2 casse-tete , dont un en rainures ou cannele ( du pays des Kecques). — Idem. 1 pipe avec son fourneau et bout de coloquinte ( ou gourde ) des Elliabs et des Borrli pres de I't^tang d'A- niop, des Cboulouk, et aussi des Eliens et des Dinkas. — C/asse IX. A Ota. On remplit la gourde avec des decrees d'ar- bre ameres , et la fumee se d^pouille du jus et de I'odeur du tabac. Cette propriety en rappelle une autre d'une certaine plante du Darfour, qui, dit-on, fait dis- paraitre de la bouche I'odeur du vin. 1 ceinture rouge a franges avec queue, travaillt^e en coton par les femmes des Barrys. — C/asse III. 1 petit tabouret ( ou si^ge) du pays des Elliabs re- cueilli au h' degre Aa min. ; les naturels le portent suspendu au cou, — C/asse V. 3 bracelets en ivoire ( du pays des Elliabs et des Nouers); on les porta au bras, au poignet et aux jambes ; on ne les quitte ni jour ni nuit. — C/asse IX. 1 fer de lance ( du pays de Boko ) . — C/asse VI. 1 outil aratoire. — C/asse II. 1 pince enferpoli,avec chajne et anneau. — C/asse\. 1 manche avec courroie , garni en fer et peau de serpent. — Idem. 1 collier de femme en pedes emaillees. — C/asse IX. 5 bracolels en fer ( du pays des Barrys ) , travailles ( 412 ) dans les orges de Ballonia , appartenant an roi des Barrys. — C7asse IX. Igrand hamecon ou harpon en fer. — C/asse II. 1 sorte de collier, garni depoils. — Classe IX. MEMBRE ADMIS DANS LA SOClLji. Seance du Q jiiin 18^5. -M. Paul Hlot, consorvateur-adjoliit de la bibJiutho- que de la ville de Versailles. OUVKAGES OFFERTS A LA SOClfer^. Seance du 6 juin. Par M. le ministre du commerce : Documents sur lo commerce ext^rieur (n'^s 241 a 248). Paris. 1845, broch. in-8. Par la Societe maritime ct coloniale de Lisbonne : Annaes raaritimos e coloniacs , publicagao mensal re- digida sob a direcgao du associacao maritima e colo- niallSZiOa 1844. Par M. Coulier : Atlas general des phares et fanaux a I'usage des navigateurs , public sous les auspices de S. A. R. M-' le prince do Joinville , 3' livraison (Gr^ce et lies loniennes). ParM. Joseph Hoivse : A grammar of the cree lan- guage; with which is combined an analysis of the chip- peway dialect; hy Joseph Howse, esq. F. R. G. S. Lon- don 1844, 1 vol. in-8. ParJM. T/iomas Fn/coner: The Oregon question; or, a statement of the British claims to the Oregon terri- tory , in opposition to the pretensions of the gouvorn- ment of the I nited-Statos of America. Second edition. By Thomas Falconer. London , 1845 , in-8. ( m ) Par M. Jose James Forrester : VindicagnO de Jose James Forrester contra as imputagoes a elle feitas no Parecer da Direcgao da associaq^fio commercial do Porto de 15 margo de 18/15; e observaciTes sobre o que no dilo Parecer se assevera respeito ao Vinho do Porto. Porto 1845, in-8. — Documentos sobre os ex- porgos de Jose James Forrester e das camaras munici- paes do Districto Vinhateiro do Alto-Douro , para a suppressuo da contrafei^ao dos Vinhos do Porto. Porto 1845, in-8. Par les auteurs et editeurs : Boletin enciclopedico de la Sociedad economica do Amigos del Pais. Avril, Va- lencia 1845. — Memoires de I'Acad^mie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, annees 1843-1844, 1 vol. in-8. — L'Abolitioniste francais, mars, avi'il et mai 1845. — Journal asiatique , avril, mai 1845. — Nou- velles annales des voyages, avril 1845. — Le Memorial encyclop^dique, avril 1845. — Revue del'Orient, mai 1845, — Journal des missions evangeliques, mai 1845. — Journal d'education populaire , avril et mai 1845. — I'Ecbo du monde savant. TABLE DESMATIERES cohtbuvbs DANS LE IIP VOLUME DE LA 3' SERIE. N"^ I a G. ( Janvier a Juin i845. ) PREMIERE SECTION. MiMOIRES, EXTRA.ITS, ANALYSES ET RAPPOHTS. Quelques semaines dans les archipels de Samoa et Viti , par le rapitaine Gabriel LafOJiD de Luiinv 5 Exploialiun de la riviere Mai elj. — Moit de M. Dillon, bota- niste de I'expedition d'Abyssinic, par M. Lekebvre, officicr de la marine royale 3, Lettre de M. le baron A. de Wreoe a M ie President de la Commission centrale, sur son voyage en Arabic 4' Leitre ecrite du pays d'Onarya a M. d'Avezac, par M. d'Ab- BADIE 5 J Fxtrait d'une lettre adressee a M. Jomari) 67 Notice sur la cote occidentaie de Borneo, en i832 , tradiiit de la Revue des Indes Neerlnndaises, par M. J. Van Coppenaai,. 81 Note sommaire sur un nouvel envoi fait par M. I'abbe Boilat, de docutnents relatifs a la Scnefjambie , par M. le baron HooEn 1 14 Expedition de l^aghouat , dirigee en niai et en juin i844, par le general Marey, commandant la subdivision de Tittery. Compte-rendu, par M. Vivien de SAiNT-MAnriN. ). . . 122 Extrait d'une leitre de M. Ant. d'Abbadie a M. Jomaul^ sur son voyage en Abyssinie i33 Extrait d'une lettre de M. Mac-Ql'een a M. /omarrf, conte- nant des renseignements sur les explorations de pinsieurs v^'' ^- Roux ue Ro- CUELi.E 145 Memoire sur les progres Jes decoiivertes geographiques dans Tile de Madagascar, par M. Eugene de Fkobekvili.e. . 160 Musee d'antiquites arnericaines a Copenliagiie , cree par ia Soriete royale dus Antiquaires du Noid , sur la proposition de M. Charles-C. Rafk , secretaire de la Societe 177 Notice sur I'arbre du Soleil, ou arbre sec, decril dans la rela- tion de Marco Po/o , par M ROUX DE ROCHELIE 1 87 Extrait d'une lettre de M. Fresnel a M. Jomard ig4 Extrait d'une lettre de M. le general de L,\ Marmoba a M. Jo- mard. . . 196 Mort du contre-amiral D'Unvii.LE 198 Souvenirs d'un voyage de Mexico a New-York, par M. Co- CHELBT 209 Lettre du D' Lum), date'e de la Lagoa-Santa ( Minas-Geraes) du 21 avril i844- — Lue dans la seance de I'lnstitut his- torique du Bresil le 20 juin de la meme annee aSo Analyse du premier volume de I'oiivrage de M. Ad.-Fr. Ber- gsoe, sur la statistique de la monarchic danoise. (Commu- nique a la Societe de geographic par M. C.-C. Rafm. ). . 261 Assemblee generale du 2 mai i845. — Discours pronouce par M. le vice-amiral baron de Mackau , ministre de la marine et des colonies 273 Rapport sur le concours au prix annuel pour la decouverte la plus importante en geographic , fait au nom d'une commis- sion speciale, composee de MM. Daussy, Guiomaut , Jo- MAHi), Walckenaer et Roux DE RocHELLE, rapporteur. . 276 Fiagment de geographic botanique dans le Chili, par M. CI. Gat. ...•...• . 3o2 Fragment d'une lettre de M. d'Abbadie sur le Nil-Blanc, et sur les principales rivieres qui concourent a le former. (Com- munique par M. JoMARD.) 3ii Extrait d'une lettre adressee a M Jomard par M. le ge'neral ViscoNTi , directeur du corps royal du genie napolitain. 319 Notice sur un ouvrage de M. Maudiiit lanivAe-.'Decouvertesdaiis la Troade, 2* partie. — Lu a la Societe dp geographic le 6 juin 184.'; 33- ( 416 ) I'^xlrait dun rapport de ;'l/. Am^d^e Jaudert sur les tnanusciits adresses a la Sotiete par M I'abbe Boilat, inissionnaire apostolique a Saint-Louis du St-negal 3,j3 Kstrait d'un voyage geologique a Gi-bel-Zi yl et dans le desert compris cntre le Nil et la mer Rou{;<' , depuis le Parallele du Caire, jusqu'a Koiirousko en Nubie , execuie en 1 844 par ordre S. A. MoiiAMMEn-Ati , %ire-roi d'fijjypte, pour la re- cherche du charbon de terre , et redige par A. FiGAni de Genes, membre du conscil de sante , directeur du labo- ratoire de chimie a la pharmacie rentrale, et A.-H. Ht'sso:* de Nancy , professeur d'histoire nalurelle , directeur du Jar- din botaiiique et du Cabinet d'histoire naturclle de lecoie de medecine du Caire , accompagne d'une carle geologique. 353 Le Bahr-cl-Azrak ou le Nil-Bleu. — Extrait 69 , 3a3 et 4"^ Procfes-verbal de la seance general du 2 mai i845 fj^ Instruments , etc. , de I'Ethiopie interieure offerts a la Societe. 4'0 Membie.s adinis dans la Societe. . . 78, 142, »c4 , 33i , et 4'^ Ouvrages offcTts a la Societe 78, i4», 33i et 4'* Table des m.itieres contennes dans le III' volume 4 '4 KIN HE LA TARL8 UV 3' VOLUME.