BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPfME. Troisienie Serie. TOME IV. KURKAL' Dl-: LA SOCIl-nt ( KLECTioNs i>u 12mai 1844.) Preiident. five- Preside u Is St iiitiitt iirs. M. le baron de Humboldt. .' M. le vice-aniiral Hai.gan, direclcur- general dii ni'|ii)l ) de la inarint'. j M. JiiBEMN, soiis-secif>taire d'etat au ileparlciiKMil df la marine. I M. Dksjobert, di'jiiile. in. Gay. M. DUFI.OT DE MuFRAS. Secretaire. I. isle (les Presidents honornires de la Sncicic , depiiis sou origtne. MM. Le niar(|uis de Laplace. Le niar(|iiis de Pastoket. Le vifonitede ('hateaubriand. Le romte Chabrol df. Volvic. Recqdey. t.e baron Alex, de Humboldt. Li' ronile Chabrol de Crousol. I (■ haroii CuviER. I,c iiaron Hyde de Neuville. Li' due de Doudeauville. .T B. Eyriks. \a'. eotnte de Riony. DiJMONT d'UrVILLE. MM. Le due Decazes. Le coiiile do Montalivet. Le haron de I'arante. Le lieutenant-general Felet. Guizot. De Salvandy. Le Iiaron TuriNiER. Le conile de Las (^ase.s. VlLLEM AIN. CuNiN Oridaine. L'amiral liaioii Roussin. Le xice-ainiral barou de Mackai;. Correspondants ctrniigeis dans Vordre de lew nomination. MAL INLM. Le docteur J. Mease, a Pliiladelpliii". M. S. Tanner, a Philadclpliie. VV. WooDBRiDGE, a Roslon. Le ll-rol. Edward Sabine, a Londres. Le colont'l 1'oinsett, a \Va4iinsloii. I.ecol. d'Ahrahamson, a Co|)enliaj;ue. Le prcifesselir Schumacher, a Altona. Le doctenr Reingandm, a Berlin. Le capil. sir J. Franklin, a Londres. Le docteur Rtchardson, a Londres. Le iirolessiMir Rafn, a Copeniiagiie. Le capitainc (iraah, a Copeniiagne. AiNswoRTu, a Ediinbourg. Lernnseiller Adbifn RALBi,aVienne. Le roniteGR A berg DtHF.Ms6,Ji Florence. Le colonel Long, a I'liilailelpliie. Sir Ji.lin Barrow, a Londres. Le capitaiue Ma('onociiie , a Sydney. 1/C capitainc sir .Toiin Ross, a Londres. Le conseiller de Macedo, a Lisbonne. Le professtiu- Karl Ritter, ,i Berlin. Le rapilaine G. Back. F. DuBoisDE MoNTPEREUXja Neucliatel. Le cap. John Washington, a Londres. Le rol. Ferdinand Visconti, a IN'aples. P i)E Angelis , a Piirends-Ayi cs. Le docleui' Kriegk, a Francfort. Adolplic Erman, a Berlin. I'AKIS. - IMfniMI'.RIK PE llOIJIiUOIiNF. liT JIAKIINlil rir. J.,i-.,l, , 30. BULLETIN i>r. r.\ f f SOCIETE DE GEOGRAPHIE, Troisienie Serie. tome (juolricme. m^f^ ( PARIS, CIIMZ ARTHUS BERTRANI), I, IRRAIRE DE I, A SOClixi DE GEO G HAP It IE, RUE HAUTEFEUILI.E, n" 23. 1845. CO M M I S S 1 0 >' C E N T 11 A L !£. (: O M P O S 1 I I O N DV BUREAU. (Election dii 3 Janvier 184s. i President. M. Guigniaut, inemlire de I'Institiil. f'ice-Presideiiu. MM. Dahsst, vicomte ue Santarbm. Secretaire-general. M. Viviek de .Saint-Martin. Section de Cortespondance . MM. Ba|ol. M.\l. Xool-DKSvergers. Ciillier. IVOrbi^iiy. Co( helft. Baron Roger. Disjardins. Texier. Jaiil)eit. Thoniassy. LHload WardtMi. C. Moreaii. Section de Publication. M.M. Alln'it-Monlcmonl. MM. Jomaid. li'Avezac. Baron de I.adoncellf. Berlhelot. Ue I,areiiaiulieic. Corlamhert. Rou" de H(}clii'lle. De iMoberville. Temaiix-Compaiis. (lay. I-'fi l)aron AValckcnaer. Imbei t des Motlelettes. Section dc Coniptabilite. M. Ansarl. MM. Fyiies. l,e colonel Corahueiil. I.sainhci I. Couthaud. Oe la Koiiuille. Com it e char details uu peu certains que sur les parties de la cole ou les Europeens out essaye de s'etablir depuis Ic milieu du xvii' siecle, et sur le pays des llovas (Ankova) , dans lequcl les missioiniaires anglais ont sejourn(i il y a une \ingtaine d'annees; encore est-il permis de ne considerer ces documents qu'avec une certaine reserve , I'lmagination de leurs auteurs ay ant souvent suppl66 au manque de moyens convenables pour ohlenir des resultats exacts. L'aspect politique dun pa\s ou le droit de conqueta est la base de {'organisation sociale, est aussi trop va- riable pour pouvoir etre rendu avec certitude ; pour I'exprimer, la division par peuplades, telle qu'elle r6- sulte des renseignements les plus recenls , a et6 pref6- r6e a la division par provinces donnee par les mis- sionnaires anglais , qui n'est autre chose que cellc des Hovas. Ce peuple , qui veut reunir sous son auloritt!; tous les habitants de Madagascar, est encore loin d'etre ar- rive a son but : il a partage I'ile comme un pa\s on- tierement soumis; cette pretention n'est pas jusqu'a present suffisammcnt justilide pour y acceder et pour considerer Madagascar conuiic nc t'ormant qu'une seule nationalile. Sur de serablables bases, il ne j)ouvait etre etabli (ju'un travail tres imparfait. La liste suivante des au- toritd'S employees pcrmetlra de juger du degre de confiancc qu'on peut v donncr : 1 ' La carle dressee en 1838 par M. Daussy , inge- nieur hydrographe en chef de la marine , d'a])res les travaux hydrographi(|ucs du capilaine \\ . - 1". -^\ • <)\\ ) Les prlncipaux caps qui s"\ troiiveut sent It; L'a|) d'Ambre , la pointe la plus nord de 1 ile , le cap Est , le cap Baldridge, au sud de la presqu'ile formee par la bale d'Antongil, et le cap Salnt-S(^bastlen , a I'ouest. On distingue, k Vest, la grande baie de Diego-Suarez et le port Louki ; a I'ouest, Ics ports Ambavanibe et Befoutaka. Ce pays montagneux et tres peu cultiv6 est s^parecn deux par I'extri^mit^ nord de la grande chaine demon- tagnes, qui y prend le nom de Massou-Ranou. II est ar- rose par plus de cinquante rivitn'es et cours d'eau, dont les principaux sont : a Test , les rivieres Louki , Vohe- marou et Manaharabe ; a I'ouest, la riviere Samb^ranou et la riviere Ankara : cette derniere sort d'un petit lac, et traverse une vallee formiie par les montagnes Ainbatou- zali et B^ranza , qui sert souvent d'abri aux habitants centre les invasions des Hovas. Ce pays est habite par les Antankaras ; il s'y trouve une peuplade du nom d'Antratsi; et Ton y rencontre des Antalotsis, ou descendants d'Arabes. Les Antankaras ne descendent pas a Test beaucoup plus has que la riviere \ olieniarou. Le sud de cette partle est habits par des tribus s6pa- rees. Les parties les plus boisees scrvent aussl de re- traite ti des bandes enantes qui ne vivent que de pil- lage : les Hovas y ont trois postes : 1° Antsinghi, dans le sud de la baie de Diego-Suarez ; 2° Voliemarou, sur la baie du meme nom ; 3° Angoncl ou Angouci , au cap Est. Iles. Pr^s du cap Baldridge : Vinanghe-b^ (L.) ; — Nossi-Behentes (B.) . Du cap d'Ambre a la baie Passandava : Nossi-vVra (G.);— l"il*'Bniso(- nil Woody (O.) ; — Nossi-Laval (G.) ( i« ) ou Pelilo-.Minow [O.) — Nossi-Mistiou {(',.) ou Mi- uow (0.) ; Nossi-Fali (G. , O.). Caps. Cap d'Ambrc (O.) ou Massouampanionriki (G.) ; — cap Est ou Angonci (0.) ; — cap Baldridge (0.) ; — cap Saint-Sebastien (0.) ou Andramiza (G). Baiks. a Test , Diego-Suarez, Brllish-Sound (0.); — Antonhouk (G.) ; — Mahazeba (M.) : — Port Louki ou Louqucz (0.1 ; — bale d'Andrava ou Andravena (O.) , — \ obeinarou ou Vohemar (B.) , N'oueniaro (L.) ou Vohiiuarina (M.). A I'ouest: Anipan'hassi (G.l ; — Ambanavibe (G.) ou port Liverpool (0.) ; — Befoutaka (G.) ; — bale Chim- payk^e (0.) ou Ambatou (G.). MoNTAGMcs. Montagne d'Ainbre (0.); — nionts IMassou-Ranou (L.) ; — Arnbatouzah (G.) ; — Beraiiza (G.). Les missionnaires citent , sans indiquer la position, unc haute montagne du nom dc Jangouroura ou Vir garoura. Rivil;HEs.Arest,r0ngue-VanikletrOngue-0onai(L.), qui out leurs enibouciiurcs au sud do la baie de Dlcgo- Suarez; — le LUuidou ou Rondou (L., M.) ; — le Louki ou Louqucz (L. , M. , B.) ; — I'Andrava (L., B.l ou Andravena (M.) ; — 'le Manambatou (L. , I\L , B.) ; — le Voliemarou, Voliemar (B.), .Vouhemar (L.), ^ obi- marina (M.); — rifoutsi,Ifontsy (L.j ou Ifontj (M.); — le Voliemarou , Vouemaro (L.) ou Voalmaro ; — le Sam- beranou , Samberano (L.) ou Samberane (M.) ; — le Lako (L.j, M.) ; — le Fangabe (L.) , Fanguaniby (M.) ; — I'Ampaba (L. , IM.) ou Ampaliaubati (B.) ; — le Manaliarabcou Manaharbe (B.' , (J rand iMannliar (\j.) ioviiicc Bdiiiniibarakii , idinprisi' i-iilri' la coin ( l.^ ) osl et Ja cliaine nit^diaiu; de I ilc , s liciid dopms lc< riviere Manansatran jiisqu an siul du lac Rassoua-be. La cote n'y ofTre que des rades foraines , dont les principales sont Fen^rif, Foulpointe et Tamatave , trfes frequentees par les caboteurs de Bourbon ct do I'lle de France. Ce pays, traverse par douze rivieres, dont les principales sont le Manangourou , le Vouibc ot rivondrou , est un des micux cultives de Mada- gascar, par suite du commerce des Europeans, qui viennent y chercber des approvisionnements de riz et de bceufs. \ii sud de la riviere Ivondrou , com- mence la longue suite de lacs on marigots qui des- cend le long de la cole est de Tile ; les liabitants sont les Betsimisarakas, les Antakais et les Ambanivoulous. Les Betsimisarakas, peuple doux et sans energie, sont tout-a-fait soumis aux Hovas, qui disposent entie- rement de leurs personnes et de leurs propriet^s. Au- cune transaction commerciale enlre les Europeens el les habitants ne pent so faire que par lintei'mediaire d'un Hova. II en est ainsi sur lous les points de Mada- gascar ou dominent les Hovas. Les Antakais, separes des Ambanivoulous par une grande foret appelee Fan- gbourou, sont tout-a-fait distincts des Betsimisarakas, et se rapproclient beaucoup des Hovas. F6nerif , Foulpointe et Tamatave sont les posies ho- vas de cetle province ; ce sont Irois points importanls par les villages qui s'y sont etablis et ou sejourne la majeure parlie des traitants europeens residanl a Ma- dagascar. li-KS. lie aux Prunes; — quelques dots devaut la ri- vit!re Ivondrou. ('<\p. Poiiite Rafaralah (0.). Hivikni-s. Le Manansatran (d'A); — le Manangourou, ( U) .Maiigourou (B.), Mangoure (L.) (ni Maiiongourou (M.) : cettc riviere sort (run lac situe dans la province Ant- sianaka , ot dont la position est tout-a-fait indcJ-termi- nec ; — le \'ouimas (L.) , Vouimass (M.) ; — le Vouibe (L.), Vouibey ou Ouy-b6 (M.) ; — rUoulsi , Y-fouchy (B.), I-fotsi (L), Ifousy (M.); — I'lvoulouinc (L.), Ivou- loine (M,); — le Manaaresi, Manaareze (L.); — I'lvon- drou (B.) , Yvondrou (L.) , Ilivondroma (M.) , Ivon- rhou (F.) : un dcs aflliients de cette riviere est appele Ranou-Mangassiak (L.); — riranga, trangue (d'A.); — rAambabti (F.), tributairo du lac Iranga. Lacs. LacNossi-be (L.), Nossi-bc ou Anossi-be (M.): suivant les niissionnaircs, ce lac prend successivement les noms de Famono , Ampaninana, Ampandranty , Atopiana. — Lac Iranga (L.) , Irangy (M.) , firanguc (d'A.); — lac Rassoua-Massai , Rassoua-Massay (L.) , Andrasoamasay (M.) ; — lac Rassoua-b6 (L.) , Andra- soa-be (M.). PosTES iiovAs. Fenerif (Laverdant.) , Isenoarivou (M.) ; — Foulpointc (L.), Foulepointe et Maroufololru (M.); — Tamatave (L.), Taiiiatavc ou Tamasina (M.). Villages. Vouimas (L.), Vouimass (M.); — Paombe (L.) ou Paonibey (i\L) ; — Ifoutsi ; — Ivondrou ; — Fitanou (L.), Tanifotsy (M.) ; — Vavounou , \ avouiic {L.) ou Ivavongo (M.). BliTANIMIvNA. La province Bdtanimena , resserr^e enlre la mer et le Mangourou , qui traverse la province Antat- simou avant de se rendre a la mer, s'etend de- puis le sud du lac Rassoua-b6, au nord , jusqu'a la riviere Vatoumandre , au sud. EUe est arrosee ]>ar quatre grandes rivieres, bien cultivee et asscz pcuplee ; mais la cote n'a que de mauvais mouillagos. On trouv<' ( >5 ) a rinlerieur iin groiipo do monlagnrs appele Beloii-- rounoii , B^fourne (L.) on BeForano (M.). Los ha- bitants sont les Betanim^nas et les Bezonzons on Bezanozanos. Quoique sous la dcpondance des Ilovas , ils passent pour etrc niieux traites que les autrcs pou- plesconquis, poui s'etre soumisdc nieilleurc volonte u la domination des vainqueurs. RiviIiRES. Andevourantou , Andevourante (L,) , Ja- roka (M.), Vourante (B.), Sacanite (F.), Earo (d'A.); — le Mangourou (L. ,M.), Mangourhou (F.), Tangonlo (B., d'A.); — leMitinandr^ (L.), Machoura (M.),Ten- tamanou (F.) , Vatoumandre (d'A.) ; — le Vatouman- dre (L.), Yatoumandry (M.), Sacamille (B., d'A.),Tcn- tamani (F.). Lacs. Lac Jamaosa , communiquant avec la mi^re Andevourantou. Villages. Ambohihoaza, Vobouaze (L.); — Manam- boundrou, Monamboundre (L.); — Bout Zanaar (L.) ; — Mahcla (L.,M.); — Ampassiombe (L.), Ampassimbe (M.) ; — Marainanga (L.) , Maramanga (M.) ; — Mai- nouf (L.). ( Ces sept villages fornient la route de la cote est a Tananarivou, capitale du pays d'Ankova.) Andevourantou, Andevourante (L.) , Andevorante (M.); — Maramandia (L.) , Moramandia (M.); — Mili- nandie (L.), Lacarla (M.). Antatsimou. La province Antatsimou s'etend depuis la riviere ^ atoumandre, au nord, jusqu'a la riviere Mananzari, au sud ; elle est separee , par un grand desert, de la pro- vince intericure Betsilo ; elle est arrosee par neuf ri- vieres , dont les principales sont le Manourou et \c Mangourou; ce dernier, qui sort, d'apres M. Desire Laverdant , du memc lac que? le Manangourou de la ( lt3 ) province Bolsiinisuraka , tlt'scciid di- la :;i\»ik1(' iliaim' lie inontagnos entre B^tanimena cl Aiikova, ft vicul traverser Antalsimoii , apres avoir recu plusieurs al- lluonts considerables. Ce pays , liabite par les Antat- sinious ct les Afravaralsis , est entierement sous la d^- pendance des llovas. Cost pres do la riviere Mahela , au sud de cettc province , qu'iine des principales mai- sons de Bourbon a etabli une grande liabitation su- cri^re et cafeiere , avec I'autorisation du gouvernement d'Ankova. Antatsimou ct Anlavaratsi ne sont pas originaire- mcnt les noms de peuples distincts ; c'est une d(isigna- tion de position par rapport aux provinces Bctsimisa- raka et Betanimena, qui DOt (He jusqu'a present les parties de Madagascar les plus frcquentees par les Eu- ropeens; mais cette designation a fini par prevaloir sur la cote pour les deux provinces d'Antavaratsi (qui sl- gnifie pays du nord), et d'Antatsimou (pays du sud). RivikREs. Le Mananpotsi (d'A.) , Fincraze (B.) ; — le Manourou (L.), Manoro (M.), Mangourou (d'A.), La- nianonfi {V.); — le Maugourou(L.) , Machoura (B., d'A): — le Nivourellou (M.) , Nivorellou (B., d'A.) ; — 1.- Sakaleon (L.), Sacalleon (M., B., d'A.), Manambahan (F.); — la Fanantara (B., d'A., M.) ; — le Ranga/.avak (L.), Rangavaky (M.), Haragbazavac (F.); — la Mahela (L.), Fontpont (B., d'A.). - F'oRKT. Fondiana (L.). Villages. Vatouinandre (L.); — Maroussic (L.); — Manourou (L.); — Ratsar-Zanaar (L.); — Ambondc^- Itara , Amhondt'-liar fl..). AiSTMAIOrui. f,a ]Mo\iiice Antaimouri s'etend depuis la riviric Maiiaii/ari , an nord . jiisqu'a in rlxirrc Faiafangaiia. ( 17 ) au sud. L'interitHir do Madayasciir , vers cottc i)artie , est si pen connu qu'il est iinpossible d'indiqucv d'uue maniere un peu certaine jusqu'ou s'etend do ce cote Antainiouii. Ce pays est arrose par douze nvi6res , dont les principalcs sont le Mananzari, Ic Namourl, ritapoulou et la Matatana. Les habitants sont les Antaimouris, descendants des colons arabes qui vlnrent s'dtablir dans I'ile. lis onl conserve quelques formes de la religion musulmane , se servent des caracteres arabes, et passent pour de grands sorciers; ils ont peu de communications avoc les Europecns, par le defaut de ports ou de rades con- venables. Une tribu representee comme asscz mis(^- rable , les Tsavouais (Chavoyals , L.) , est etablie dans I'interieur. Les Hovas ont un poste a Mananzari , sur la rive droite et pres de I'embouchure de la riviere de ce nom ; mais leur autorite sur cette province ne parait pasaussi bien etablie que sur les provinces pre- c6dentes. RiviliREs. LeMananzain (L.), Manazary (M., B.), Ma- nanzari ou Antavares (F.) ; — la Matarava (F.) ; — !<} Namouri , Naniour (L.) , Moromb<^ (F.) ; - le Faraon (L.) , Farahon (F. , B.) , Oliaron (carte du Depot) ; — ritapoulou, Itapoul (L., B., F); — la Matatana, Mala- tane (L.), Mattitana (M.), Itapoul-Firize (F., B.), Ma- nacbam (d'A.); — I'ltapoul-Manity (B.), Itapoul-Mani- tliy (F.);— le Mahitsi, Maliitsy (L.), Andrapbac (B.), Andrafabe (F.); — la Manankara, Manankar (L.) , Ma- nacbara (d'A.), Mongalfious (B.) , Mangbatfiouts (F.); — FAndrahambe (L.). Poste iiova. Manazary (D. Laverdant), Villages. Namouri, Namour (L.); — Faraon (L.) ; — Matatana, Matatane (L.). IV. JUILLET 2. 2 C t« ) La provinco 7\nlarai s't^itond dopiiis la rivi6re Fa- rafaiigana, au nord, jusqu'a la rlvioro Fotaka, au sud. La delimitation vers rintoricur est aussi indecisc que ccllc de la province prec6dente. Ellc est arros^e par sept rivieres , dont les princlj)alcs sent la Manan- gliara, qui dt'-boucho a la mer par sept ouvertures for- niant uu dolta assez (itendu, et le Manamboundrou. ("■e pays, pen frequentc par les Europ6ens, est habile par les Antarais. Dans les montagnes se trouve une tribu du nom do Tsafali (Cliafallcs, L.). Les Antarais ont beaucoup de rapport avecles Antainiouris; on y rencontre quelques traces du passage dcs Arabes. Les Hovas y ont un poste appel6 Vangandranou, a rembouchure de la ri- viere Manamboundrou; leur autorit^ est assez rcstrein to dans cettc province. La cote, entre les rivi^i'es Manam- boundrou et Chandervinangha , est coupee par une multitude de cours d'eau. RiviiiRES. La Farafangana , Farafangane (L., M.) , Matatana (F., B.) ; — la Manangbara , Manangbare , rivitjre a sept bouclies (F., B. ,L.), Manangara, Mana- balra (M.); — la Massianaka, Massianas (L.), Manani- boundre (F. , B.); — Ic Manandjoundrou, Manam- boundre (L.) , Lambousira ou Manangbare (M.) , Massia- nacli (F., B,); — la Cbandervinangba (L.) , Sandravi- nanga (F., B.). Anossi. La province Anossi est form6e par une partic de la cote est, depuis la riviere Fotaka, et une partie de la cote sud, jusqu'a la riviere Ongue, qui la separc d'An- dinni. On \ distingue la pointe Itaperc, qui forme ( 19 ) rexlri^mile siicl do la cote orieiilale do lik-. La baie Sainlc'-Ltice on Mangafiara, oii los Frangais (ireul leiir prcmiei' dtablisscment a Madagascar, en 1641 ; la baie du Fort Dauphin , longtcmps cbof-lieu des possessions iran^aises dans Tile, ct la baie des Galions , se iroii- vent sur ses cotes. Cctte province est remarquable comme theatre des premiers essais de colonisation des Europ^ens a Madagascar. Lcs montagnes de Sainte- Luce , le plateau d'lanconvirande et la valine d'Am- boule, une des plus grandes et des plus fertiles de I'lle, sont les accidents de terrain les plus remarquables. 11 y a dix rivieres , dont les principales sont le Manan- batou et le Manoumbouarivou. Les habitants sont les Antanossis. et une petite tribu appelee Zafi-Uamini ou descendants dc Ramini , le premier chef arabe qui aborda a Madagascar et s'etablit a Pianoufoutsi. Comme les Antarais et les Antaimouris, les Antanossis ont conserve jilusieurs formes des mceurs arabes. L'ancien fort bati par les Fran^ais sur la presqu'ile de Tholan- gara, ctbien connu sous le nom de Fort Dauphin, sert de poste aux Ilovas, dont la |)uissance est peu assuree danscette pi'ovince. Le Fort Dauphin est visite de temps en temps par quelques caboteurs de Bourbon et de rile de France. Baies. Baie Sainte-Luce, Mangafiafa, Manaliaf (F.); — anse Loukara ; — baie du Fort Dauphin ; — baie des Galions. RiviiiRfis. LaFotaka, Fotak (L.) , Fautac (F. , B.) , Footak (M.) ; — le Mananbatou (L.) , Mantangy, avec qualre bouchcs (M.) , Mananpany ou Manathenga (F.,B.); — la liangazavaka, Rangazavak (L.), Hai\iga- zavak (F.) , Haragazaine (B.) ; — le Manouujboua- rive (L.) ou Manoumbouarivou , avec trois affluents : la Maiieic , 1 lancomiiamle ct Ic Alaiuihavo ( Lislet Geoirroy); — la Mangaliafa, Mangafiai" (Lislet Geotiroyj; — Ic Mauaivoii, Manaiighlvou (d'A.);— laFanlh6re (F/; — le Ranouroutsl, rianoufoulchi (L., B., ¥.) ; — I'On- gu6 (F., d'A., B.). Amboulc (L.). Mohafaly (M.). Lacs. Lac bitumineuxpr6s deSainte-LuceouManga- fiafa (M.); — lacs Manaivou, Langrond, Tsianaka, sY'- tcndantle long des cotes, do Sainte-Luce auFort Dau- phin. Villages. Manamboutou J-i,), Manambatou (M.); — Ranoufoutsi on Ranouloiilclii (L.). VBUSANT OCCIDENTAL DE L'lLE. BoiiTSI. La province Boeni s'etend dcpuis la riviere Sam- beranou , au nord , jusqu'a la rivic'ie Ball, au sue!. Une chaine de monlagnes, qui so detaclie do la grande chaine du milieu de I'ile, et la forOt Angala-Vouri la sc^parenl de I'interieur de la province Antsianaka. La cote de cette province est ddcoup^e en un grand nom- bre de baios spacicuses, qui offrent aux batimcnls un abri sur ot une nier toujours calme. II sorail diHicile de desirer des luouillages ])lus beaux, plus agreables, si les palctuviers qui bordent prcsque toules ces bales ne rondaient le sejour malsain pour les Europ^cns. Flacourt appcjllc ce pays Andonvouche (pays des baies]; les plus remarquables sont les baies de Passandava, .Narrinda, Mazaniba et Bomb^tok. In grand nombre d'iles s'^l^vent a pen de distance de la cote; les prin- cipabssont: Nossibe (a I'entrec de la bale de Passan- dava ) , hur laquelle los Fran^ais ont fait un citablisse- inonl (Ml 18/rl , el qui sert de rctraite a une parlie des habitants de Boini qui veulent se soustrairc a la do- ( 21 ) niination des llovas; Nossi-Romba, (^galement aux Fran^ais; les iles Baramahaniai et Ic groupe do Ra- dania. Cette province est arrosiic par trelzc rivieres , dont les principales sont la Soffia , la Luza et la Bet- sibouka. On y remarquc encore le pic Matonava et la mon- tagne Great-Kettle-Bottom, ainsi que la foret Angala- Vouri , et le lac Rinkouni, qui communique avec la riviere Manzanarai. Au sud, se trouvent deux cantons appeles particu- li^rement Boeni et Cagembie ; c'est le territoire voisin des baies de mdme nom. Les babitants sont les Saka- laves et les Antalotsis ou descendants d'Arabes. Lne partie de la population vit dans la dependance des Hovas; mais, dans le nord et dans le sud, a Cagembie. plusieurs chefs resistent par la force a leur autorit^; cet etat de guerres continuellcs fait que le pavs est pcu cultive et que les habitants sont assez mi- s(^rables. Les Hovas y ont six postes : un au nord : Mourounsaga ; et cinq le long du cours de la riviero Betsibouka : Majunga (presduquelse trouvent les mines de la grande ville arabe deMoujangaie), Anfialiongha, Mahabou , Tabanzy et Bezeva. Iles. Nossibe (G.) ; — Nossi-Komba (G.) ; - Tani- Rali (G.) ; — iles Bazamahamai (G.) , Bazamahomey (0.), Ambatou-mikiy (G.); — Ranza (G.); — iles Ra- dama (G. , O,) ; — Raradzouro (G.) ; -- Nossi-Ouvi (G.) ; — Nossi-Tanimoura (G.) ; — Nossi-Valia (G.) ; — Antsasaka (G.); — Nossi-Lava (G.); — iles Makum- bie (G.). Cap. Cap Table (O.) ou Tauzou (G.). Baiks. Ijaiu Passandava ou Samberanou G.) , bale 'le Passandava fO. ):— Ravatouve (G.), baie Dalr\ inpl'.' ( 22) (0.); — Mouroansaga (G.) , baio Ralala (0.) ; — [)oil Sauinalaza ou Ratlama (G.), port Radaina (O.); — baic Narrincla (G.) , Narranda (0.) , designee sur Ics an- cienncs carles sous le nom de Moringabo ; — baie Ma- zamba (G.) , baie Majanibo (0.) , designee sur les an- ciennes cartes par les noms de Masalagem N'elba , Old - Matbelage , Vieux -Masselago , Vieux-MassaiUi ; — baie Bombetok (G.) , B^mbalooka (0.). designee sur les anciennes cartes sous les noms de Manangaya , Manigarro, Manigart, Pombctoc et Bombetoc; — baie Boeni (G.), riviere Makuba (0.). designee sur les an- ciennes cartes par les noms de Masalagem Nova, New- Mathelage, riviere Matbelage, Mouveau-Masselagc, Boena ou Massailli ; — baie Cagembie (G.) , riviere Boteler (0.) ; quclques cartes placent ici Ic nom de Marapouy. MoNTAGNES. Monts Andranomisscra (G.) ; — mont Bezava (G.); — P'c Matonava (0.); — Great- Kettle-Bottom (0.); — Tanzou (G.); — Angala-Lava (G.). RiviLnES. Lc Baramabamai (G.) , Baramahomey (0.); — leBorondro (G.); — I'Ambativouboni (G.); — la Sononalaza (G.) , Salt (L. , M.) ; — le Malicvaranou ^G.); — laLuza (G., L., M.); - la Soflia, avec deux af- fluents (G.);— la Marousakoua(G.);— la Bctsibouka(G.), Bctsiboka (M.), Bombetoc (L.) : cettc riviere, dont le cours a dte determine parM. Guillain, d'apri^s des ren- seignements fournis par des pratiques, re^oit plusieurs aflluents , dont le principal est I'lkompa ou Ikoupa , lorm6 par la reunion d'un grand nombredecours d'eau de la province d'Ankova. Jusqu'a present I'lkompa etait porte sur toutes les cartes de Madagascar, qui on font mention commc sc jctani dans lc Manlao ou Ma- ( 23 ) mauibaho (G.), qui traverse la province Meiiabe, (1 es-t mdme ainsi port. Cap Salnt-Andr6 (0.) ou Salangoma (G.). Baik. Baic Bali (G.) , baie Boyanna (0.) , appclee sur les ancienncs cartes riviere Bahie , Bally, Balee. Mo'TAGNEs (d'apres M. Guillain). Antevamona, Am- ( 25 ) bolutzia, Ambohitsoussi , clans le Milanza ; — Kipatsi , Manontankema , dans le Marah. Subdivisions territoriales. Le Bali est divise, sur la cote, en Ambarata, Beara, Foula; — a I'interieur, en Andevambo , Kitsombi, Tellimata , Mandevi , Namou- raka , Voulauiahainai (G.). Le Milanza est divise en Bclonbaka, Andjiabo, Casse- giii, Moukoiilitouka, Alainpano, Arabatousaroussi (G.). Le Marah est divise en Fandezatouzo , Ampiriglii , Andranoube. RiviiiRES. Le Bali, (G.) , Boyanna (L. , M.) , Bally (B., d'A.) ; — le Marou-Ronfini G.) ; — la Beara (G.) ; — le Manumbo , (G.) , Manambaho (M. , cite dans le texte, sans etre porte sur la carte) ; — I'Yant- sarina (G.), Lintsarina, (IVL , naeme remarque) ; — le Sambalio , divise en Sainbaho-CouiTa et Sambalio- > elo (G.), Sambaho (M. , cite dans le texte); — le Ma- routondro (G.) , Manrobane (B.) , — la Riakalla (G.) , une grande riviere sans nom (L. , M.); — I'Ounara (G.) , Vola (M., L.), Llta (B.) ; — la Kingala (G.). Lac. Lac Sale ou Tsapi (G.), Safe (M.). Villages (d'apr^s M. Guillain). Magoulou, Bernou- nonne, Marouleo, Villangrand'hoa, Belembouki, Tsi- inalouto, Mcvena, Saoningha, Kingala. MliNABJ^. La province Menabe s'etend depuis la riviere Kingala , au nord, jusqu'a la riviere Mangouki , au sud. Les montagnes Bononou-Lava la separent de la province Ankova. On ne trouve aucune grande baie sur la cote , qui est gdsn^ralement basse. Les batiments sont obliges de mouillcr en pleine cole et a une assez grande distance do teire. L'ilo CoHiu ou Nossi-Var et ( 26 ) uiiG dizaino d ilols do sable appoles ilos Slcrilcs soiit lesseules tcrrcs detaclnies qui s'y presontent. On y re- marque le mont Mondonghi el le mont Tangouri, an- cien volcan, ainsi que le grand lac Ima. Cettc province est subdiviseo en plusieurs parties, dont les ])rincipales sont Ic Mavoubazou et le Menabe proprement dit, Les habitants sont des Sakalaves , qui prennent le noui d'Antsansas.dans le Ma\oubazou,et celuid'Antimenas, dans le Menabe proprement dit. Les Vazimbas , qui passent pour les aboi'igc^ncs de Madagascar, habitent en petit nonibre les parties du nord nominees Behcta et Miari. Cette province est arrosiie par 23 rivieres , dont los principales sont le Douko , le Manemboulou et lo Sizoubouglii. Les Ilovas y ont cinq postcs : celui de Ningansoa, pres de la riviere Mourondava, oil ils exer- cent leur autorite sous le noin du roi de Menabe, el qualre sur le revers occidental des monts Bononou- Lava. Mais la plu])art des habitants vivcnt inde- pendants , sans reconnaitre I'autorite du chef tenu en tutolle par les Ilovas. Ce pays possede beaucoup de bestiaux : aussi y est-on plulot pasteur que cultivateur. 11 y a beaucoup de fer, la population y est miserable ct peu nombreuse ; le commerce y est nul. Iles. INossi-Var (G.), ile Collin (0.) ; — lies Steriles, Barren (0.), au nombre de 10, dont les princi- pals sont Mamila et Maronantali (G.) ; — iles Crabe (O.) _ _ ■ Subdivisions TF.niUTORiALES (d'apr^s M. Guillain). Vouai, Behcta, Mavoubazou, Ambiliki, IManenibou- lou, Miari, Menabe. RiviiiRKs. Le Mangarimgliombt^ (G.) ; — le Manam- Iiiilio (G.) , Manlao (L. , M.) : — lo Bomonarou '<.\.) : ( 27 ) — le Kanalsi (G.) ; — la Toulampia (G) ; — Ic Doiiko (G.). Cliahao (L.) , Chacao (M.) ,— la Mamila (G.); — la Pandoukouara (G.); — le Soliani fG.), qui n'apuetre porte sur la carte ; — le Manemboulou (G.) ; — le Maroumouki et le Tangankassi (G.), qui n'ont pu ctre portes sur la carte ; — le Sizouboughi et son ainucnt , le Sakonghuasadiah (L., M.) ; — rAndahangUi (G.) , Para-Ceyla (L.) , Paracella (M.) , Parcelas (B.) : le pays environnant est appele Pracel par Flacourt. — Le Boutsi (G.) ; — rAmpatipatiki (G.) , Manapulo (L. , M.) ; — la Mourondava (G) ; — le Louvonbc (G.) , M^nabe (L.) , Joungoule (M.) , Yougoult (B.) ; — le Maharivou et I'Angara (G.) ; — le Mandeloulou (G.) , Manaonibao (L., M.) ; — I'Ankoula (G.) ; — I'Angorikasou (G.). Lacs. Lac Irna (G.) , hiiania, avec un ilot appele Anosisaka (M.) ; — lac Berigbi (G.) PosTES iiovAs (d'apres M. Guillain). Bediasta ; An- kofonty; Malaibandi ; Ningansoa. Villages (d'apres M. Guillain). Tamboahoui-anou, Couvah-Ryhli, Kanatsi, Mavoubazou, Mamila, Rivinza. FiR^NIAI. La province Fer^niai s'etend depuis la riviere Man- gouki, au nord, jusqu'a la riviere Ongn'lah^, au sud. Ses limites a I'int^ricur sont tout-a-fait inconnues. Au nord , se trouve le cap Saint- Vincent , le plus occi- dental de I'ile. Depuis ce cap jusque vers la baic Saint- Augustin, la cote est protegee par un r^cif de corail tr^s large qui descend sans interruption jusqu'a la baie Tolia, a peu de distance de la baie Saint-Augustin. Entre la cote et le recif, existe un chenal de la lar- gour dc deux lieues, ou il y a assez d'eau pour les na- vircs. La baie Murder, au nord , et la baie Tolia, au ( 28) sud, sont les deux points cle mouillage de ce pays. La baic Tolia esl fr(^qucnt(^e principalement par les ba- leiniers anglais et aracricains, qui vicnnent y cherchor de I'eau et des vivres frais. On neconnatt que qualre rivieres , y compris celles qui servent dc limitcs. Les habitants sont les Anotre- voulas , les Zafi-Anchevoulas et les Zafi-Mah^li. lis sont tout-a-fait independants des Hovas, cullivent pcu la terre, et s'occupent plutot d'elever des bceufs, qui y sont assez nombreux. Les habitants de la baie Tolia ont de frequents I'apportsavec les Europ6ens; mais leursim- portunites, leurs criaillerios, et leur arrogance, quand ilsse sentent les plus forts, les rendent d6sagr6ables. Baies. Baie Murder (0.), appel(^e sur quelques car- tes baie San-Yago et port Felix; ^baie ou havre Tolia ou Tailleur : ce nom sur les anciennes cartes est ^cnt Tullear, TuUea. RiviiiRES. Le Mangouki, avecses affluents, leFoulaka- sou et la Sakalava (G.) , ou la riviere Saint-Vincent (L , M.) ; — le Manandjo (G.) , Antabala (L.) ; — le Fer^niai ou Ranoumcna (G.) , Ranonpuena (F., B.) , Tolia (L., M.); — rOngn'lah^, avec ses affluents, I'On- gn'mass6 et le Ranoumainti (G.) : elle a (it^ aussi nommee Oulahi ou Darnioulh (M.) , Dartemont (L.) ViLLAGii. Tolia (G.) Mahafali. La province Mahafali comprend la partie S.-O. de File , entre la riviere Ongn'lahe , au nord , et la riviere Men^randra, a Test. La baie Saint-Augustin et les ports Croker et Barrow, foi^raes par les lies Bara konta et Levcn , sont les points remarquables de la cole. L;i baif Sainl-Ai Justin , dont la partie iiord est ( 29) f'ornioo par la cute dc F^reniai, et au lund de laquellc se jette rOngn'lahe , est un point de relache coiinu depuis ties longtemps, et frequente par les baleiniers et les caboteui's, qui viennent y cherclier des charge- nients de tortiies de terre et de ces gros haricots appe- l6s pois du Cap. Ce pays, arrose par quatre rivieres , est d'ailleurs tres peu connu ; il est habits par les Mahafalis, les Za- fi-Andatseaonetis , les Mitirialis et les Betenamis. Ces tribus sont tout-a-fait indepondantes des Hovas, Iles. Nossi-ve (0.) , — Baraconta (O.) , — Leven (0.) ou INascimento. RiviiiRES. Le Sacalit (L. , M.), Sacalite (F., B.) ; — la Maclnkora, Machicou (L.) , Macliicora (M, B.) , Mar- cliicora (F.) ; — la Manamba (F., B.) ; — la Meneren- dra (F., B. L.,M.) _ CENTRE. Aktsianaka. La province Antsianaka est comprise entrc les provinces Boeni et Betsimisaraka , au noid, a I'ouest et a i'est. Au sud , les monts Andragintra la sejiarent d'Ankova. Elle est traversee du nord au sud par I'l- koupa. Cette riviere forme dans la partie nord d'Ant- sianaka un groupe de plusieurs iles appelees Nossi-Fi- tou ; a quelques lieucs de la est la cataracte d'Ambon- dirouka, ou I'lkoupa se prccipite avant de rejoindre la Betsibouka. Le cours de I'lkoupa est signale comme tr^s rapide depuis Nossi-Fitou. Les habitants sont les Antsianakas , qui ont completement accepte I'autorit^ des Hovas. C'est dans cetle province que se trouve , suivant quelques auteurs , le lac Sianaka, d'oii sortent les deux grandes rivieres de la cole orientale appelees Manangourou et Mangourou. ( :^o ) Ankova. l.a proxincc Ankova, situde prcsquc au centre de I'ile , est la partie la plus elcvee de Madt.gascai" : elle est born^e au nord par les monts Andragintra , qui la separent d'Antsianaka, a Test par les monts Angavo, au sud par les monts Ankaratra, qui sont, au dire des mlssionnaires, les plus liauts de I'lle (lis s'c^livent a 3 ou /1, 000 picds au-dessus du niveau de la raei'), et a I'ouost par les monts Amboliimangara. C-es derniers paraissent otre lesmemes que ceuxqueles habitants de Menabd appellent Bononou-Lava. Le pays passe pour etre ti'6s salubre; il est bien peuple, bien cullive, et arrose par cinq cours d'eau; ccux-ci, apr^s avoir recu eux-memes denombreuxruisseaux, se reunisscnt pour former I'lkoupa , qui s'ecbappe d'Ankova par le nord. II est paring^ en trols subdivisions : lmnv W. Dksjobkrt , depute. Messieurs, Vous m'avc/ charge tie vous presenter un rapport sur trois volumes que iM. Desjobert, notre coUegue , vous a olTerts , et qui sont intitules : La Question d' Al- ger (1837) , I'Algdrie en 1838 , V Algirie en 1844. Je viens m'acquitter de cette tache. Les travaux que j'ai a mettre sous vos yeux contrastent , je dois I'avouer d^s I'abord, avec ceux qu'on 6crit de toutes parts sur notre terre africaine. Tandis qu'en g6n6ral on vante la ri- chesse du pays , I'avantage de le posseder , la gloire de la conquete, voici un autcur qui d^peint la mis^re du sol, blame les efTorts qu'on lait pour s'en empa- rer , enfin verse sur la nouvelle colonic Irangaise une ironie mordante , et , il faut le dire , tres spirituelle ot tres persuasive. L'auteur jette d'abord un coup d'ceil rapide sur la situation et Ihisloire de lAlgerie. II depeint ensuite les trois populations pdncipales de celte conlree : les Kabyles , vieux habitants de I'Atlas , au caractere emi- nemnicnt national, aux idees positives, partisans de la justice , mais avides de vengeance ; passionnes pour la vie libre des montagncs, repdussanl I'aulorite emanec des villes et toute idee de civilisation; — les Arabes , habitants des plaines, nomades fiers et inde- pendants , plus traitables pcut-ctre que les Kabyles , qu'ils onl refoules , maisnon vaincus , quand ils so sont emparcs du j^avs au moyon-age; du resto , unis a ( 35 ) ceux-ci par de iioniijieux raj)[>()rts do iMdnirs , (riia- hiludos, de piojugi's , et ne tonnant avec oux pour alnsi dire qu'une seule nation; — enlin, les Maiirrs, ha- bitants des villes, et quisontprobablemcntle produit de nonibreux mouvemonts do populations divcrses : peu- ple muu , intrigant, dissimule , generalement riche , mais privti de I'influence que donne presquc toujours la richesse , et profondement meprise des Arabes. M. Desjobert fait remarquer avec justesse qu'a 1'^- poque de la domination romaine , la religion du peu- ple vainqueur et cello du peuple vaincu nVtaient pas pour eux une cause d'eloignement invincible. Les Africains n'avaient pas , comnie les Arabes de nos jours, une religion ardente , el la tolerance des Ro- mains avail eleve aux dieux inconnus un autel sur lequel pouvaient sacrifier les indigenes. Ccpendant Rome mlt deux cent quarante ans a reduire 1' Vlricjue a I'etat de province sujctte et tributaire , et jamais elle ne la possdda parfaitement tranquille. Apr^s que Barberousse eut plac6 I'litat d'AIger sous la suzerainete de la Porte Ottomane , il est curieux de voir pendant trois cents ans ia domination turque se soutenir par une milice de 8,000 soldals, et par des depenses qui ne selcvaient pas a 5 millions de francs. Tout individu turc transporte a Alger par le recru le- nient militaire devenait membre de I'Etat , et |>ouvait parvenir a la position la plus elev6e. Les gouvernants devaient etre etrangers au sol , a I'esprit de famille ; les lenegats etaient recus dans cette milice, mais non les Koul-oglous (fiJs des Turcs et defcmmes indigenes). Le de) , chef de I'Etat, dcvait etre elu par le (Tnan . conseil compose des differents chefs civils et militaires; ii adminislrait directement la ])rovinre d'AIger, et fai- ( ."^ii ) Siiit adminlsfroi' pur dcs lieys Ics jirovinces on hcgliks do Constantine , Tittcri ot Oran : c'»'?tait roxploitaliott dun pi'iiplc par iino aristocratic militaire. Les Tares n'avaient pas le memo but quo nous : ils voulaient simplomciU doit/inerlc |)ays, et n'avaient pas la preten- tion de le cnlnniser. Ils pr^levaient un tribul sur los in- digenes , mais rindia;6ne n'avait pas ote inquicte dans sa propriety ; le respect pour la propriete arabe peut seul expliquer la facilite avec laquelle une poignce de Turcs gouvernail cette vaste contr6e. La nationalite arabe n'a\ait pas ete nieo : aussi le pouvoir des Turcs etait fort bornV; : il se faisait sentir aux environs de ses points d'appui ; au loin , ce pouvoir 6tait sans cesse contested ; dans nombi^e de cantons il etait nul. M. Desjobert compare I'Algerie aux autres colonies entreprlsos par difTorents peuples, et aux autres con- trees du nord de I'Afrique ; il la trouve dans des con- ditions bien moins favorables. Les Europ6ens n'eurent a vaincre dans I'Amerique et dans I'Inde que des peu- ples doux et faibles ; ils y trouverent de grands fleuves d'une navigation avanlageuse , des productions pre- cicuses et varices ; tandis que I'Algerie n'a qu'un sot 6puis6^, manque de rivieres navigables , et olTre , dans les Arabos et les Kabyies , une population coura- geuse , indomptablc , qui, semblable aux anciens Nu- mides, iuit de\ant I'ennemi, et I'attaque a I'improviste. Quelle dilT^rcncc aussi avec I'Ligypte , si bien placde pour la c;ommunication de I'Europo avec I'Asie , de I'yVsie avec TAlVique, et liabitde par une population travaillouse , malleable comme Ic limon du Nil! L'Al- gcrie nest qu'une impasse : adoss^e au Grand D6sert , ot limitrophe du Maroc ct de Tunis, tons deux bai- gnes p.ir la monic nicr qu'ellc , ellc no [x^ut olTrir ( ^7 ) (i'acctis qiu- chez cllf-meini! ; et c'ost un pays ru(^(5, ou Ton ne trouvo que des homines j)lu.s rudes encore, rebelles au travail. On s'est fait illusion, assure M, Desjobert , sur la fertility du sol : c'^tail, dit-on, \q grenier des Romains ; mais on a confondu la province d" Afriqiie ( actuelle- ment regence de Tunis et partie de la regence de Tri- poli) , pays fertile en elTel , avec la Mauritanie cesa- rimne et la Namidie, qui sont aujourd'hui I'Alg^rie. Pline enseigne que Numides vient de nomades , pas- tcurs, et que la Numidie ne fournit que de beaux mar- bres et des betes farouches. Pour donncr une haute idee de I'ancienne richessc de cette partie de I'Afrique, on a invoqu6 le noinbre des eveques au iv* siecle : trois cents environ devaient y avoir leurs sieges episco- paux. iMais on s'est m(5pris sur la quality d'un 6veque dans ce temps-la : on donnait le litre d'eveques aux pasteurs qui residaient dans de simples villages. On a parl6 de fournitures de blc que I'Afrique a faites a la France dans ccrtaines annees ; mais ces exportations n'ont pas du , pour I'Altjerie , s'dlever a plus de 30 ou 32,000 fr. , sommo insignifiante. Aujourd'hui qu'on u envoy6 en Afrique une arm^e et des consommateurs , il faut Icur porter des bl^s et autres farineux pour les nourrir : en 18/i2, on en a portti pour 16,447,000 h' Plusieurs cantons sont fcrtiles sans doute ; mais la mauvaise repartition des pluies dans le cours de I'an- nee rend souvent nulle cette bonte du sol. « Pendant les chaleurs , dit M. le mari^chal Ijugeaud, e'est-a-dire depuis le 15 niai jusqu'a la fin d'octobre , les terres fortes , en general, so durcissent , se crevassent a tcl point, que loute vegetation cesse, et que tons les in- struments les plus poi'fedioiiiKis ne pouriaient y tracer ( 38 ) mi sillon. Maliieureuseinont , aux (^poques oil I'irriga- tion serait riccossaire , les rlvl6ros ont si pou d'eau (ju'a peine elles peuvent arroser quelques arpcnts : on est done contraint de se borncr, en general , a semcr du grain quand les terres delivnipees pennctlent a la cliaiTue de les p^ncitrer , c'est a-dire en d6cerabre , Janvier, fevrier, pendant les intervalles sans pluie. On se repose apres ; on fait paturer les troupcaux jus- qu'a ce que le bl6 soit mur : alors on le reeolte, et on se repose encore jusqu'en ddcerabre. Ces circonstan- ces expliquent I'eitat nomade des Arabes; ils n'ont pu se fixer, car la culture s^dcntaire n'aurait pu les nour- rir, puisqu'ils ne peuvent cultiver que pendant un ou deux niois. » — a Dans toute la regence, dit une des commissions d'Afrique , on est frapp^ au premier abord de I'etat de nudite du sol. Sur les massifs , I'ab- sence de haute vegetation ct la friche sont la r^gle ; les plantations et la culture sont I'exception ; des brous- sailles , des palmiers nains , le desespoir du cultiva- teur, des lentisques et autrcs arbrisscaux improductifs attrislent la vue, qui s'attendait a trouver une riante nature dans un cliniat favoris6 : ce n'est que dans le \oisinage des villes el dans quelques vallees privilegiees seulement que Ion rencontre cette vegetation si van- l6e , qui parait d'autant plus belle qu'elle est plus rare. » Quelques plaincs , tolles que la Mctidja , rece- vant I'e^goul des montagnes , recolcnt une certaine ri- cliesse de vegetation ; niais elles sont malsaines. L'auteur examine successivcmenl les dilTclircntes es- peces de culture : celle du ble est difiicile , car I'ar- deur du soleil de juin et le vent brulanl du dessert des- st'-chent la s6ve. — La vigne reussirait ])cut-etre : mais le niidi de la France vorrait-il d'nn (eil favorable rettf ( S9 ) culture rivalo? — Le voisiiiagc du Grand Dtisort lI du mont Atlas produit dans I'atmosplKire des variations vi- ves et fr^quentes qui ne permettent guere I'inlroduction des denrees coloniales. Les neiges couvi'ent I'Atlas peu apres les premi(ires pluies jusqu'au mois de mars; les nuits alors sont tr^s froides. La parlie sucr^e de la canne a sucre n'y est pas assez, abondante ; les fruits du cafier ne paraissent pas y arriver a maturity ; I'in- digo et le colon semblcnt pouvoir y r^ussir; mais les frais qu'ils entrainent les mettent hors d'etat de sup- porter la concurrence avec I'lndc , I'Egypte ou I'Ame- rique. — ^ II y a deux ai'bres pr(!;cieux dont la culture ne souffre aucune objection : ce sont I'olivier et le mArier. M. Desjobert ne voit qu'un commerce tr^s delavoi'a- ble fait par rAlg«!;rie, soil sous lesTurcs, soit sous I'adminislration frangaise. En 1822 , d'apres Shaler , les importations de la re- gence s'elevaient a 1,200,000 doll. (env. 6,000,000 iV. . Les oxportations , seulement a 273,000 doll ( 1,305,000 fr.). En 1837, les ini[)ortations sont de. 33,055,2^6 fi. Les exportations, de . .... 2,9/16,69! fr. En 18Zi2 , importations 77,487,/ilZi ir. Exportations 7,183,159 fr. La difl"(^rence entre les exportations et les importa- tions est constamment (^norme. L'auteur critique le regime colonial , c'est-a-dire le regime d'un monopole reciproque , sous lequel on a place le commerce de I'Algerie , en pormettant Tentrj^c en franchise des marchandises franraises, et I'etablis- sement d'un droit sur les marchandises etrangeres. Les populations dc lAlgeric no peuvent plus se procurer ( 40 J qu'a des prix exorbitants , ou par lo funcste moyeii de la contrelnindo , les dcniik's qu'ollcs tiraiont aupara- vant d'Espagne ou d'aillcurs a des prix inoderes. D'uii autre cote, les droits d'entr6e, dans nos ports, d'une partie des objets qui proviennent de I'Alg^rie sont di- minues de moitie ; niais ccs objcls sont presque nuls , et M. Desjobert fait voir que les importations en France des produits du cru de I'Algt^rie se rc^duisent , en 1842 , a : 18,080 fr. de soies 6crucs , 35,3A8 de lainos, 30,657 de saugsucs, 7,009 d'animaux de collection , tels que lions , etc. , 3,157 de corail, 33,797 d'huile d'olive , et autres objets minimes , donnant a peine, avec les articles precedents , un total de 200,000 fr. L'espoir d'un commerce avec I'interieur de I'Afn- que ne pent pas sc realiser. Les circonstances geogra- phiques et la nature des populations du desert etant des causes determinantes de la marclie des caravanes, il n'y pas lieu de compter sur Ic cliangemenl de direc- tion de ces caravanes. EUes viennent trouver la mer , k I'E. , a Tripoli, et, al'O., a Mogador; elles arrivent necessairement , a I'E. , a Cladames pour gagner Tri- poli, et, a rO., a Talilet pour gagner Mogador; elles ne peuvent pas , de Gadames ou de Talilet, se diriger sur Alger, ce qui augraenterait inulilement leur parcours et multipliurail leurs diflicultes. M. Desjobert dit qu'il ne connait pas d'aulre branche de commerce avec I'interieur de I'Afriquc que celui des betes feroces ; et il rap|)cllo lui peu malicicuse- ( n ) merit qu'un savant auteur veut faire de Marseille Ten - trepot ou se fourniraient loutos les menageries privies et publiques de I'Europe. II pense que le commerce maritime lui-meme ne peut pas etre appele a de grands succ^s, a cause de la mauvaise quality de la cote. II examine successive- ment les princlpaux abris que les navires peuvent y trouver : les golfes ou les rades de Bone, de Stoi'a , de Bougie , d'Alger, d'Arzeu , d'Oran ; et il les trouve g^neralement exposes au vent de N.-E., d'E.-N.-E. et d'E. II depeint les di(licult(!!S des expeditions militalres dans un climat si capricieux , ou les soldats ont tour a tour a lutter contre une clialeur brulante , des pluies glaciales, une boue epaisse et intecte; sans bois pour faire du feu ; au milieu d'ennemis acharnes, qui com- battcnt d'ailleurs cliez cux, pour leur pays, leurs families, leur religion, et qu'on ne peut dompter que par un systeme d 'extermination , propre a rendre cruelle et immoraie notre noble arraee. II jette un coup d'ceil, non pas pour les louer, sur les expedi- tions de I'Aures, de Tuggurt, d'El-Agbouat; il rappelle, en passant, un fait assez curieux : c'est qu'El-Agbouat, situe, comma on sait, dansle S. de I'Algerie, est divise entre deux families, qui sont depuis un temps imme- morial dans un etat d'hostilite sans cesse renaissant. Les collisions sanglantes auxquelles celte situation donne lieu ont engage les deux partis a elever dans la ville meme im mur de separation , dont la portc sc fermc en temps de guerre et s'ouvre en temps de paix. Notre auteur fait des vceux pour qu'on n'entrepi^enne pas Icxpeilition de la Kabylie, celte apre region assise sur ie .lurjura, et habitue par des populations qui ne fu- rent jamais soumises ;"» aucun conquerant. ( a2) On :i parle i\i) roinplacor los in(lij;cnes par dos colons europtions ; mais la progression 'de la popula- tion europecnne agricolc , presque nulle dopuis qulnze ans que la conqueto est commenccie , ne donne gu^re I'espoir, pense M. Desjobert, devoir la colonisation prosp6rer : cette population no s'6levait encore , en 18^3, qu'a 2,800 individus. La colonisation militaire. dont on veut faire I'essai , ne lui parait pas non plus pouvoir r^ussir. Je ne suivrai pas I'autcur dans ses conclusions , qui sont du ressort de la politique ; jc dirai sculement qu'elles tf^ndraient a une occupation restreinte de I'Algt^rie, et d la conservation de la nationalilo arabe et kabyle , qu'il faudrait simplcment aider dans los voics de la civilisation , en la laissant marcher par elle- mcme. Tel est. Messieurs, I'cxpos^ fiddle des Etudes de M. Desjobert sur I'Algdrie. Sans etre vis-a-vis de notre estimable collogue un do cos contradicteurs ardents pr6ts a ddpeindre I'Afrique frangaisecommo une nou- velle terre promise, je no puis m'empochcr, je I'a- voue,de trouver son tableau charge de couleurs un peu trop sombros. Mais les trois Merits de M. Desjobert ne m'cn paraissont pas moins dignos d'etre moditos avec bcaucoup do truit , car ils sont plcins de bons ronsei- gnements sur les populations , sur la domination turque, sur le cliniat, lesol, le commerce; et, quelque jugementqu'onportc d'ailleurs sur sa maniere de voir, on reconnaitra qu'il y r6gnepartout I'expression d'une opinion conscionciouse , de I'amour du bion, et d'un osprit vivement pr^occupd du bonheur de la Franco. E. (jORTAMiiP.nr. ( 43 ExTRAiT irKnc lettrc dc M. Antoinc d'Aiusadik sur /ry Falarha on Jmf's iV Abyssinie. ODiokoullou (Al)y.ssinie), lo 3 novcniliie 18.^ { En prenant la plume pour vous lau'c part dc I'i^tat (le nos connaissanccs sur les Falaclia ou Juifs d'Abyssinie nous n'avons soulev6 qu'a demi Ic voile niystericux. Nous eussions voulu rendre nos resultats plus complcls ct appujer nos con- jectures sur de mcillcuros preuvcs; mais la vie est courle et la science domande dos si^cles. ( n espoir nous reste : c'est que notre essai provoque les medi- tations de ccux qui ont pr^s d'eux des livres et des conseils, ct qui pcuvent disposer des uns et des autres avec plus dc facillle qu'un voyagcur qui erre dcpuis cinq ans sur les hauts plateaux et dans les bas - fonds brulants de I'Ethiopie. Malgre I'arret divin qui dispersa les dix ti'ibus d'Israel , on les a longtemps chcrcliees en Asie ct ailleurs. Deux membi'es bien connus de la commu- naut^ juive sont venus en Abyssinie dans le meine but, dit-on. L'un s'cst arrete a Massowah; I'autrc a tcr- mine son voyage a Adwa, a quatre journ^es en-dega des synagogues du Simen. Pour nous , que I'etude des langucs t^thiopienncs a mis en contact, il y a deux ans, avec un des plus docles falacha dc Ivayla Meda , pros Gondar, nous avons ccril sous sa ilictee luie grandc parlic do cc qui \a suivre ; nos no'es ont ensuito subi ( 44 ) la r»ivisi<»iulii lilsd'iiii pontife, ft, on dernier lion, coUe d'un iiilelligent scribe I'alacha. Commerxjons par ce qu'il \ a de plus positif dans notre enquete , Icur langue ct leur type physique. Cc dernier apjiartient evidenament a ce que nous appe- loiis lo tvpc chamitiijue , et so reconnait a une petite taille jointe a des ponimettes saillantes et ecartees, et des yeux ([^tires vers les tempes , cc qui produit un abaissement habitual de la paupiere superieure et donne au regard mie expression rusee. Ce type existe chez les Agaw de I'Atala et du Simen , et chez les Si- dania. II nous est impossible de le ramener au type juif. La langue des Falacha est la nieiiie que celle qui vient de s'^teindre dans le Dambya, mais qu'on parle encore dans le Kwara et qu'on nomme Ihvarasa. Elle tient de tres pr^s au dialecte des Agaw de I'Atala et a la langue khamtinga. Les cnfants des Falacha actuels , pres Gondar, parlent tous I'Anahargna et ne connais- sent pas la langue de Icurs p6res. On serait tenl(^ d'en conclurc que la chute de la royaute abyssine aurait produit une certaine fusion entre les Falacha et les Amara ou Chretiens. Quand ces sectaires emploient la langue lilurgique , ils s'appellent Falasyan, c'est-a-dire exiles, et se disent originaires de Jerusalem. Les Agaw du Way ont aussi preserve la tradition dune emigration. Cependant le nom vulgaire est Falacha ct ne peut se deriver duj'a/asn (s'exilcr) , ni dans la langue sacrce ni dans la langue actuclle du Tigray. Nous avons micux aimt"" chcrcher cette Etymologic dans la langue memc de ce peuple. Or, la terminative chn est agaw, comme on le voit dans les mots /(ikc/in (bavard), de la racine lanrj ou /aq (lan- gue ) , ct arc/ui (labourcur), dc la racine ar (ble). ( A5 ) D'aJlli'iirs Ics Falaclia sc tliscnt Khayla (probableiDent un noni de tribu), et en Armalchoho on ne les appelh; ])as autrenient que Khaylaclia. D'autro part , le mot Falasma signifie en Amhargna sagesse, habilele par excellence. Les Falaclia sont gen6raleraent des ou- vriers et ne regardent pas le travail du fer corame ini- pur, ce qui les distingue de tous les autresEthiopiens. Fnlacha ne pourrait-il done pas etre le synonyme de tdbib ( sage , c'est-a-dire forgeron ), et designer dcs gens industricux? Quoi qu'il en soit, on trouve aujourd'hui des Fala- clia dans le Kwara, ou ils sont nonibreux, et vivent a cote des chretiens, parlant la meme langue ; en Dani- bya, Armatchoho et Tagad6 ; en Walgayt , ou ils sont si nombreux, qu'ils forment la moitie de I'armee ; en Simon, ou un capitaine des fusiliers de D. Oubie est falaclia ; en Wagara, Djanifankara , Atala , Tagousa et Alafa ; enfin en Achafar et cliez les Agaw du Damot ou Awawa , ou ils parlent un dialecte different. Selon la tradition, il y a aussi des Falaclia chez les Galla Azabo, dans le pays meme ou les empereurs tenaient jadis leur cour ; et au-la du Chawa, dans le pays Courage. Ce dernier renseignement a 6te confirme par les Galla d'Inarya. Les Falacha conserverent longlemps leur indepen- dance dans le Simen , ou leur roi portait le nom de Cedon , pris , disent-ils , dans I'Ancien Testament , et qui semble infirmer la pretention de ces sectaires d'e- tre descendus de Min-Yllk, fils de Salomon ; a moins que la signification de Cedeon , en hebreu , n'ait 6t^ prcfereo par lesEthiopiens, qui n'estiment la puissance que par la guerre. Au commencement du quinzieme siecle, le roi Ysliaq brisa la puissance des Gideon et ( lid ) liur arrachii le Wagara. Lcuis dosceiulaiib' , ilc\t.'i\us chrolIiMis, regiiuionl cncoro dans la personno du Dadj- A/.iuatch Oubio. Les Falacha carcsscnt unc tradition sc- ion laquelle le dernier des G^ddon briila toutes leui's annales avant de uiourir. I n expose de la religion des Falacha permetti'a a ceux (jui sont verses dans la connaissance des difle- lentes secies juives de leur comparer celles des exiles de rEthio])ie. Peut-etre en jaillira-t-il unc prcuve in- Irinsequc qui jcttcra quelque jour sur I'oi'igine des l-'alacha. Apres la naissance d'un enfant, on pratique la cir- concision le septieme jour; si c'est une fille, I'excision a lieu le huitieme jour. Les operations sont renvoyees au lendemain si le jour est un sauiedi , et si Ton lar- dait niemc un seul \v.nv, lentant ne serait plus admis- sible dans la commuaaute des enfanls d'Israel. Nous ne connaissons pas I'absurditci du bapl6me , nous dit un diacre falacha. Quarante jours apres la naissance, si c'esl un gai'gon, ou quatrc-vingts, si c'est vme lille, un pretre donne un noni a I'enfant dans une ceremonie appelee ardif, et dans laquelle on emploie I'eau par immersion. On commence par la fnrmule : « B6ni soil Dieu le Seigneur d'Israel. » Jusqu'a I'ac- complissement de cette ceremonie , I'accouchde , re- gardde comme impure, reste dans une hulte a part. La confession est une institution de rigucur. Si un falacha mourt sans confession , il n'v a pas de tazkar ou festin de commemoration pour lui. Si Ton commu- nie sans se confessor et qu'on meure dans cet etat , on va dans rejilcr, qui est un lieu lenebreux dans I'intc- rieur de la terre. Le confcsseur falacha a les memos pouvoirs que lo pretre chr6lien. Si, par oxemplc , un ( hi ) falaciia , apies avoir embrassti le christianisme , veut revenir a la foi de ses jDeres , il s'adresse a un coii- I'esseur qui lui impose une pcjutcnce , ordinairemciit un jeunc de quaraute jours ; il asslstc ensuite au ser- vice divin comiiie catechuuione, pendant six sameilis de suite, et le septienie il est admis a la communion. On communie plusieurs fois de suite sans se confessor ou se faire absoudre de nouveau. Personne ne reste une ann^e sans se confesser, et jadis on confessait tous less oirs ses peclies de la journ6e. Le Korbnn (sainte cene) est un pain de pur froment. Le vin n'entre pas dans ce sacrement, parce qu'on est trop pauvre pour en acheter, selon les uns, et, selon los autres, parce que le vin a ete maudit par No6. Les cliretiens, nous dit un diacre falacha , ont la betise de se faire absoudre et de communier dans I'etat de jeune: nous, au contraire, nous commencons par bien man- ger , et ayant alors dans notre ventre des motifs reels de rcndre graces a Dieu , nous nous faisons absoudre pour communier. Si un membre de la congregation est rebclle, on I'excommunie par Moise et par Aaron, et celui qui a excommunie peut seul absoudre. II n'y a pas, comme cliez les chretlens, de chef superieur qui puisse delier Fexcommunication d'un pretrc. Les personnes qui, avant la communion, sont ren- voy^es du beta mngadas ou temple sont: 1° ceux qui ont une blessure de plus de douze mois ; 2° les lepreux; 3° ceux qui ont la peau noire comme un negro, ce qui iinplique adultere de la part de leurs parents ; h" ceux qui ont les yeux tres petits et comme fermds , bien que ( e soil le type falacha, mais c'est sans doute I'exagera- tion de ce type qu'on a voulu proscriro; 5" les tanneurs. parce qu'ils |)uonl lo Ian : tous les Ethiopiens les re- ( 4« ) gardcnt irailliMirs comine des paria.s ; 0" les osclavcs gallas , b'uMi rjiie les esclaves ii6gres entrenl ; 1' les re- nt^gats ; 8° les lilies ravies ct non pardonn6es par leurs parents; 9" les gens rnordus par une hyenc, ce qui rappclle un prrjuge propro a rEthiopie; 10° ceux qui la nuit du jcudi an vcndrodi ou dii vcndrcdi au samcdi auraient cohabit^ avec leurs feniines, nieme legitimes. Les Falachaadmettent les forgerons. disant qu'ils sont inhib (c'est-a-(lire savants) et qu'ils visent a la sagesse de Salomon. C4ette croyance prouve assez que la foi , sinon la race des Falaclia, est d'origine 6trang^re, car tons les peuples semitiquos et tous les autres Ethio- piens regardent les forgerons comme des etres inf6- rieurs et impurs. Les Chretiens d Abvssinie portent autour du cou un cordon de soie hleue fonce , qui , scion une tradition , aurait etc instituc par I'apotre de I'Ethiopie, Abba Sa- lama , pour ddsigncr les personncs qu'il avait benles. On appellc ce cordon mnntdb ou signe, et il (^tait dif- ficile de nc pas le rapprochcr de cet autre maatnh dit arha conf'nus par les juifs non Ethlopiens , ct ported aussi autour du cou. 11 semblerait que les Falacha , places entre leurs traditions juives et I'exemple des clir6tiens d'Abyssinie , dussent avoir une sorte de inaalab, mais nous n'avons pu en dicouvrir aucune trace. Seulcment, les moines ont un cilice de fer d'une for- me particuliere. Ces religieux m^nent g^n^ralement une vie trespurc, carles chretiens, en rcconnaissantce fait, les accusent de se preparer au celibat comme Ori- genc ; mais les Falacha s'indignent de cette accusation, bien qu'ils se pr^parent, de leur proprc aveu, a la vie asceliqnc on mangeant d'une racine qui d<^truit si bicn ( 'i^.' ) loule apparencc virile, que la Ijarbe laeiiie tlisparait completement. Bien qu'il n'y ait pas (riiieiarchie ec- clesiastique, les FalacUa reconnaissent pour cliof le plus savant ou le plus habile dc leurs nioines. Celui qui les regit aujourd'liui se nomine Abl)a Yshaq((saac') et denicure dans le monastere de Koharwa , dans le district dc Djanit'ankara. Son titrc de savant est si bien ^tabli , que les professeurs chrdtiens de thdtologie onl serieusemcnt propose de s'adresser a lui pour avoir I'interpretatlon des propheties d'Ez^chiel, aujourdliui perdues dans les 6coles non falacha. Celles-ci , de meme que chez les chreliens , regardent le goh ( ca- lotte) comnie signe distinclli' de la vie monasli- que. Le gouvernement des Falacha est une sorte de presbjterisme , car a la mort d'Abba Vshaq, c'estl'as- semblee g^nerale du peuple qui nommera son succes- seur. Les pretres et diacres sont sacres par les inoines: nous n'avons pu nous assurer si on lui place le mci- roiii ( salnt-chreme ) ])our le sacrament de I'Ordre , mais on est bien d'accord sur I'utilite des saintes hulles. Les Falacha ne paraissent pas connaitre I'ex- treme-onction , sacrement i-arement uslte d'ailleurs memo chez les chretiens d'Abyssinie. Les fondateurs de la vie monacale des Falacha furent Abba Savra et son disciple Abba Tsagua. Selon la tradition, ils etaient contempoi^ains du roi Zara Yaigob, ce qui tend a con- firmer notre opinion , que les institutions actuclles des Falacha sont bien dilTerentes de ce qu'elles Etaient jadis. Le pretre des exiles pcut se marier apres avoir recu la pretrise , et meme contracter un deuxicjme mariagc apres la mort de sa premiere iemme , ce qui est de- fendu aux pretres chrt^tiens ; mais chez les Falacha IV. UUM.ET. k. !\ ( -'O ) comnio clitv Ics clnotiens, Ic divorce on Ic concubi- nage rend le pretre indigno de ses I'onclions. Cliaque pretre pent sacrer un diacrc , si celui-ci a elc pr^ala- hlement agtibi ou raarguillicr; mais un prolrc ne peul donncr la prctrise. Conune cliez les chrL'tions, Ics pre- tres portent un turban blanc ct ont le droit d'excom- inunior aussi bien que les raoines. S'il s'eleve une question theologicjue, on assemble un concile de tout le people, et Ton jugo, dlt-on, d'apres le Penlatcuque. Tout pretre a le dniit de provoquer la convocation du concile. Les Falaclia n'acceptent ni la viande , ni le pain , ni mcrae la farine d'un chr^lien : mais ils prcnnent vo- loiiticrs du grain non moulu. Si I'un d'eux a eu le mal- bcur de manger chez un chreticn, il ne prend , pen- dant les six jours d'ensuite, que des pois cbiches crus ; le septieme jouril bolt le niasanna , ecorce purgative qui nettoie , disent-ils , louto contamination. Le soir enfm , il prend un bouillon de poulet. Cbaque fois qu'un falaclia est sorti de la maison d'un chreticn, il se lave tout le corps, ce qui rappellelcs ablutions juives stigmatisees par notre Redempteur dans I'Evangile. ( Marc, vn, 8. ) Cependant dautres usages falaclia sont cntierement Strangers ou meme positivement contraires a ceux des Juifs. On connait la loi de Moise [ Deut. xxv, 5 ) qui ordonne au fils d'Israel d'epouser la veuve de son fr^re. Cette loi , qui parait d'origine sj^mitiquc , est en com- plete vigueur cliez les Galla et Akala-Gouzay , bien que ces derniers soicnt chretiens. INeanmoins les Fala- clia ticnnent qu'il est honteux d'(^pouser la veuve d'un fr6re. Les cliretiens d'Ab\ssinie tressent leurs che- \eux, ot riiistoirc d'AI-sakm semblc nionlrcr quo les ( 51 ) Juils en faisaieiil iiul;ml. iMais Ics exik^s ne trossenl jamais Icurs clu'vcux , et, s'ils Ics rasoiil. ils n'eii coii- scrveul pas uih; iiorlioii sur Ics tcinpcs , commc Ics Juils orientaux. Ils onl entcntlu j)arler des Jiiifs/;«r les ihrctiens , niais nc savcnt oi'i ils sont , hion qu'ils se cUseiit lilsdc Levi , venus en Elliioj)io avcc Mln ^ lik, fils de Salomon. Ils se prosterncnt devanl Ic Pentateu- que, mais croient que c'est unc idolatric d'en falre au- tant devant I'arche. Leur idee du Messie est trcs confuse. Th^odoros , grand Roi, avec un ceil devant ct un autre derri6re, et dont chaquo regard pent tncr dix nilllc liommes , rc- gnera sur la terre , et apres lui \icndra le Messie. Ainsi s'exprima un falacha instruit. In autre dit au conlrairc que la venue de J(^sus a accompli les proplK^-ties de I'Ancicn Testament; mais les cxil(''s ne croicnl pas a sa divinile. Ils atleiidcnl i'Antcclirist ( Asay-Messili ) , mais ne croient pas qu'il naitra d'une vierge ou d'une I'emme falacha. La doctrine de la resurrection des corps est tres clai- rement 6lablip. A la fin des temps, saint Michel souf- llera de sa Irompelte. Au premier coup, tons les os des trespasses se mettront en place; au deuxiemc, la chair vetira ccs os; au troisi^mc , les ames entreront dans les corps , et Dieu jugcra ions ces hommes dans un jour dc rElernel , equivalant a mille ans d'apr6s nos idees. Les bons iront au ciel ct les mauvais en enfer. En attendant , on pent aider par la priere les ames en peine , ct les Falacha lisent le livre des Psaumes dans cette intention. Passons a ce cpie nous avons pu recueillir sur leurs coutumes. Comme chez tons los Elhiopiens, I'acte d'e- gorger une bete est d'une gr^ivitc presque reiigieuse ; (52 ) Jos Falacha al>altenl Ic betail sur lo cole droit , la Icte tournee vers Jerusalem , dont ils connaissont fort bien la position, et font , avant de I'cgorger, une lon- j;uo pricro en langue giiz, laqiielle comnionro paries niols : « All noni du Soigneur dii mondo, roi d'lsraol. » Selon le preceple de Moisc, ils ne mangenl jamais do viande erne, ct ie ver solitaire est en consequence tres rare cliez eux , bien qu'ii ne soit pas tout-a-fait inconnu. II en est do meme chez les Akala-Gouzay el cliez les Saho, qui, eux aussi, ne mangent pas de viande crue, et Ton doit en conclnre que celte ma'adie end6- mique en Abjssinie est lo resullat d'aliments peu ou point cuits. In usage qui nous senible particulier aux Falacha en tant qu'Ethioplens , et qui rappelle les agapesdes premiers chrotions , est Ic gera ou pain de tronte-deux litres de farine, assaisonn6 de poivre, nisiella sativn, do coriande , de girofle el d'aulres epices. II reste toute la nuit a cuirc sur unc plaque do j)otcrie couverte d'un dome bien onto. Ou coupe ce pain monstrneux avec un sabre courbe, el, pour le manger, on y ajoute encore du piment moulu dans du beurre. Solon la ration or- dinaire , un gem sufTit i soixante-dis personnes. On lo mange aux jours de grande fete. La coutumo du taz/nti\ si univorsoUc on Ethiopic , 4>xiste aussi clioz les exiles. Cost un festin commerao- ralif, oil tons les convives prient Dieu do pardonner les p6ch6s du defunt. On ne fait pas do tnzkar pour une femme adultore, et dans tons los cas on n'admet que dcs Falacha an festin. On n'enterre personne pres du temple : le cimetiere est hors du village, et, comme chez los AInssins. los lombeaux n'oiit ni inscriptioi* nl insi'^no. ( ^^^ ) Les Falacha croient aux zar (ft^es) . Los bonnes foes se contentent d'un petit cadeau , d'une petite baguc d'argent, par exemple, et font ensuite du bien au do- nateur. Les mauvais zar persecutent leurs victimes JLisqu'a ce qu'elles aient perdu tons leurs biens. On ovoque ces f^es par des precedes analogues a ceux du magnctlsme de Mesmer, et Ion dit que la fee est venue d^s que les convulsions se sont manifestoes. En lisant coci, il est difficile de ne pas songer aux sibvlles et auxpythonissesdel'antiquite. II faut cependant dire, a la louange des pretres falacha , qu'ils s'opposcnt vi- vement a ces reunions de convulsionnaires; les pretres Chretiens les condamnont ^galenient , mais revocation des f<^es n'en est pas moins tros frtquente dans toute I'Ethiopie, y compris memo la ville musulmane de Massowah. Les Calla conimo les Falacha aiment a con- sacrer des bagues aux f^es. Les lois des exiles no paraissent pas dlfferer do celles des Abyssins chretiens , si ce nest que I'enfaTit naturel partage avec les fils legitimes. II n'y a d'ail- leurs de ])roci[Hit ni pour los mules ni pour I'aine. Les Falacha n'ont qu'une femme , et lo divorce , quoi- que rc^prouve par la religion , est neanmoins pratique, et forme ainsi un contrasto entro la loi civile et la loi religieuse absolument connue choz les chretiens. Les frais du tdzkar sont prelev(^s sur la succession avant partago, et sont fixes ordinairement a la moitie ties biens. Le pore falacha , par testament oralement prononce devant t^moins , pent desheriter un enfant indigne ; mais une sentence pareille , si elle etait iii- juste, serait annul(!!0 aprt^s la mort du testateiu-. La coutume sur les fenmies rappelle la loi chx'^tionne , ei I'on voil ici line |)r(Mi\e d(^ plus (]ue li^s ancotres des f 5/1 ) chreHens actuels etak'nt cles Falachaconvertis, on bleu qu'a rarrivc-e d'Ahba Salama, le judaisme n'avait ^te que paitlelleuieiit ctabli, II nous semble que toutes ces lols coutumiercs sont anlerioures meme a I'dtablis- sementdu dean-juclaisme qui nous occupc. M. Royei'-Gollard recouimande avcc beaucoup do raison aux voyageurs I'etude des lois sur la condition dcs fenimes , car dies alTectont la civilisation plus directement que la plupart des autres codes et cou- tunies. Toutefois dans cette 6lude une societe demi- civilisee doit fournir au legiste peu de rc^sultats. Bi- sons ce qu'il y a de plus usucl dans la coutume sur les femmes falacha. L'avortement volontairenient pro- voque a cct effet , que I'enfant, frustr6 dc sos droits, Icrme a sa mere la porte du Paradis. En droit , une femme adulterc doit elrc tuec ; en lait, on sc contentc de la renvoyer. I ne cpouse d^shonoree le jour de ses , noces etait jadis lapidec ; son propre pere lui jetait la premiere pierre. Aujourd'hui cependantonlui demande qui est le coupable, ot, sur sa declaration , on appelle le ravisseur devant les parents. S'il nie le fait , il doit encore jurer en mettant la paume dc sa main sur le baut de sa tete. Cette maniere do jurer sur sa propre vie, pour ainsi dire, n'est pas connue dcs cbretiens. Si le ravisseur admet le fail , 11 doit une compensation en troupeaux ; s'il refuse celle-ci , on I'y amene en aglssant aupres de son pore par la menace de rex- communication. Enfin si le mari refuse de garder sa t'einme desbonoree d'avance , le ravisseur, de son c6t(^, n'est pas force de la prendre. En g^nd'ral , le mari fait la paix raoyennant une augmentation dedot, et garde ainsi son epouse. Oans une connnunication pri^cedento , nous arons ( 55 ) explique la forinalion du feiu-ik afar, instiluliou loiuiir- qiiable que nous avons comparee aux cornices dc Rome antique, et qui a (!;te etablie jadis pour relier par la religion du serment et par des devoirs mutuels des ti'ibus crrantes et divis^es, que leur ^tat de colons dans les plaines inexplorees de I'Afrique devait ren- dre farouches et solitaires. Dans toutes les contrdses que nous avons explor^es depuis les Habab jusqu'au Sidania , nous avons trouve des vestiges de ce singu- lier edifice legislatif. Dans I'ordre des temps, tout s'ac- corde a donner le pas aux Falacha sur les chretiens , et aux nations chamitiqucs sur les hordes valeureuses des fds de Sem , soit pures comme en Tigray, soil m^langees comme dans le pays Amhara. L'institution des freres de Noces [femah) devait done etre moins abatardie chez les Falacha que chez les chretiens. Dans la langue hvvarasa , on I'appelle madja. Si une querelle s'el^ve entre deux madja , c'est Ic sous-olfi- cier qui juge , et Ton appelle de son jugement au bar Madja (aine ou chef des madja). Les Afar n'ont pas , que nous sachions , d'appel dans la cour des Madja. Les Falacha ne peuvent pas appartenlr en meme temps a deux coi'poratlons de madja, ce qui est aussi une incapacite afar. De meme , un pere et son fds no peuvent pas etre ri^ciproqucment madja . ni meme deux fr^i^es.a moins qu'ils ne soient jumeaux. Cette r^gle et cette exception se retrouvent chez les tribus afar. Les jeunes fdles forment des madja entre elles , d perdent cetle quality par le manage , car elles entrenl alors dans la corporation do lour mari. Le serment Gst d^fdre en languo luvarasa , et dans aucun cas on no jure sur le Pontatou(|uo, co qui tend a ju'ouver quo ( 56 ) cetle institution si ciiiieuse est anlerieurc a la con- version des Agavv au judaisme. 11 y avail encore na- guore des repas de corps de madja; aujourd'hui ils sont tonibes en desuetude , et la vitalit(i de I'lnslitu- tion senible mourir avcc la langue Imarasa. I)u resle, les dignites de la corporation ne sont pas hereditai- ros , comme chez les Afar, On choisit les membrcs un a un , ot on leur scrt a manger pendant dix jours et a boire dans uno seule et meme coupe, ce qui rappelle un des us les plus frappants des Sidama. Les Falaclia tenioignent un grand respect pour Ic Pentateuque. Le diacre David s'indignait de voir chez nous un Pentateuque (itliiopicn pos6 surla meme peau tannee oii nous elions assis au milieu de nos livres , et ne se taisait que lorsque nous meltions I'enorme ma- nuscrit sur la caisse de noire theodolite, qu'il prcnail pour un siege. En entrant chez nous , apres avoir dit honjour , il se prosternait jusqu'a tcrre dcvanl noire Pentateuque , el un jour, apres avoir pris conge , il revint sur ses pas jiour faire sa prosternalion habi- luelle. II I'cxpliquail d'ailleurs comme un signe de respect et non d'adoration , absolunient comme nos genuflexions devant la croix le jour du vcndrcdi saint Comme certains scclaires anglais, les Falacha pous- sent fort loin le respect dO au sabbat. lis ne se livrent a aucun travail a partir du midi du vendredi , et des que I'aurore du samedi a paru , on ne parle qua demi- voix, usage respectueux en lui-meme, et qui empeche d'ailleurs toute dispute. Faire la cuisine ou Iraire les betes , serait un attentat a la majesty du sabbat ; mais , pour ne pas perdre le lail , on le fait tirer par des cUrrlif'ns. Mario, inc orle des races oceaniennes et americaines. M. Jomard annonce que M. Ad. Barrot, nomm^ consul general de France a Alexandric, I'a charge d'olTrir ses services a la Commission centrale , et a promis de lui transmcltre toutes Ics communications geographiques qui lui paraltraient de nature a inte- resser la Soci6te. Le inSme membre donne des details sur le relief du Mont-Blanc et du Saint-Bernard, execute avcc one j)recision i'cmarqn;d)ii- par M. Seno : ce trav'iil , com- ( <5l ) intMicd' il y a dix ans, est couipl(!!leniont acliovc; il pcnse que les Cominissaiivs nomm^s par la C4oni- mlsslon centrale pourraicnt allcr le visiter et presen- ter leur rapport a une prochaine seance. A I'occasion du discours prononce par M. Murchison a la derniere assembloe de la Society geograpbique de Londres, M. Jomard declare ,au noni de M. le colonel Coraboeuf, qu'il n'a pas cm connaisance d'une obsei'va- tion du general Visconti , relative au nouveau coeffi- cient de la refraction terrestre , deduit par le savant Napolitain de la triangulatlon entre I'Adriatique et la Meditcrranee , et applique au calcul de la bauteur du dome de Saint-Pierre , ce qui a reproduit presquc identiquement la bauleur donn^e par les astronomes i-omains. M. Cortambert fait un rapport sur trois ouvrages de M. Desjobert , relatifs a I'Alg^rie. — Ce rapport est renvoji au comite du Bulletin. M. Roux de Rocbelle propose I'insertion au Bulletin d'une Note dont le but serait de rappeler que le Prix olTert par feu M^' le due d'Orleans pour I'importation la plus utile a I'agriculture , a I'industrie ou a I'lui- manite, aet6 proroge depuis plusieurs annees, et qu'il doit etre d^cerne dans la premiere assembldje gene- rals de I8/16. — Cette proposition est adoptee. M. Imbert des Mottelettes donne des details curieux sur les circonstances qui ont accompagn^ le moulagc qu'il a fait de concert avecM. Dumoutier, de plusieurs letes des Indiens lowais , au moment de leur depart de Paris. II annonce que , malgre les difficultes de I'en- treprise , cette operation a parfaltement reussi. (0-2 ) MKAinRKS AUMIS l)A\S I.V SOCIIvTK. Seance du h juillet 18^5. M. le chevalier Ferriio de Castello Branco. M. Ic D^ RoiiF.ccrii. OVVRACES OFFERTS A l.A SOCIETlt. Seance du 20 juin. Par M. d'Oinalius d' Hallny : Dcs races liumaines , ou Elements d'elhnographie. Paris, 1845, 1 vol. in-8. Par M. Graberg de Hemso : Lltimi progressi della geografia sunto Ictto nei di 18 , 21 , 24 , 25 e 26 set- tembrc 1844 alia sezione di geologia , mineralogia c geografia della sesla italiana riunione degli scienziati sedente in Milano. Milano , 1844 , broch. in-8. Par M. Alexandre Marurc : Efemerides deles liechos notables acaecidos en la Ropublica de Centre-America, desde el afio 1821 hasta el de 1842. Seguidas de va- ries catalogos de los presidentesde la Re])ublica, gefes de les estadosa cet. Guatemala, 1844, brech. in-8. — Memeria histerica sobre el canal Nicaragua , seguida tie algunas observacienes ineditas deRr J. Baily sebre el mismo asunto. Guatemala, 1845, brech. in-8. Par M. Honimaire de Hell. -ha?, steppes de la racr Caspiennc, le Caucase, la Grimee el la Russie m6ri- dienalc. Voyage pittoresque , histerique et scientifi- que, 17'et18Mivr. Par M. Vivien de St-Martin : Uisteire des decouvertes geograpbiqucs des nations europccnnes dans Ics di- \erses parlies du monde. Tome II, l"livr. (Asie.) Paris, 1845, 1 vol. in-8, accompagn<^ d'une carte de I'Asie ( t>:i ) avec scs grandes rej^ions physiques , en 1 leuille. — Recherches sur I'hisloiic cic I'anthropologie, brocli. in-8. Par M. Le Maistre : Le Tonnerrois (Pagus Torno- durensis ) ; extrait de I'Annuaire du d^partement de I'Yonne, broch. in-8. Par M. (V Avezac : Observations math^matiques, astronomiques , geogi'aphiques , chronologiques et physiques, tirj^es des anciens hvres chinois ou faites nouvellement aux Indes et a la Chine par les P^res de la Compagnie de J6sus ; redigees et pubUees par le P. E. Souciet. Paris, 1729, 1 vol. in-Z|. Paries auteurs et editenrs : Annales maritimes et co- loniales , niai. — Bulletin de la Societe geologique de France, feuilles 39-55. — Le Memorial encyclopedique, avril. — L'Investigateur , journal de I'lnstitul histori- que , juin. — Journal des missions 6vangeliques, juin. — L'Echo du monde savant. Sconce du !\ juillet. Par M. le iiiinistre de Vagriculture et du coniiiierce : Documents sur le commerce exteriour (n*^^ 249 a 257). Rroch. in-8. Par V Academie iniperiale des sciences de Saint- Peters- hourg : Bulletin de la classe physico-matb^matique . 3 volumes pour les annecs 18/j3-4A-45 avec 18 plan- ches. N"' 1 a 7 du /|' vol. m-h. — Bulletin de la classe des sciences historiquos, philologiqueset politiques, redige par son secretaire perpetuel. Saint-Pctersbourg, 1844, tome 1" avec 3 planches lithographiees. N°' del a 15 du tome 11 , in-4. Par M. Fuss , secretaire perpetuel : (lompte-rendu ( (''« ) do rVcaJcmio iinptirlalo dos sciences do Saint-Potors- hourg pour I'amiee 18/i/i , brocli. in-8. Par la Societe royalc geos^vajjhique tie Lnndres : The Journal of the royal geographical Society of London. Volume the fifteenth, 1845, part 1. Par 3J. Coiilier : Atlas general des phares et fanaux ;i I'usage des navigateurs, |)ub!i»'' sous les auspices dc S. A. R. M°' le prince de Joinville , 4° livraison ( Por- tugal). Par les aiileurs et editeiirs : Bolotin enciclopedlco de la Sociedad econonaica de Amigos del pais. Mayo. Va- lencia, 1845, in-8. — Le Memorial cncyclopedique , mail845. — Nouvellesannales des voyages, mai 18/|5. — L'Echo du monde savant. Seance .y{'\c -^<)9 i ' fi' <* '•'• " 4"^ ? ■' '•'' ^'" '''^ '•' "Ole , ajoutez , voye/. aiissi Ihillclin dp I 844 > I fii'iicr^ |>. 1 .>4 ftl I II ill |i. ^if). BULLETIN DE LA SOGIETE DE GEOGUAPHJE, AOUT 18/15. PHEMIERE SECTIOI^. MI5;M0IIIES, EXTRAITS , ANALYSES ET RAPPOIITS. ExTRAiT d'une lettre tie M. Antoine D'AenADiE sur lei Falacha ou Juifs iV Abyssmie, (Suite et fiii. ) Omokoullou (Abyssinie), le 3 novcm'hre 1844. Lcsjeiines et los fetes des Falacha sont probablement ce qu'll y a do plus singulier chez eux. Les pretres et les exiles pieux jeunent jusqu'au couchcr du soloil tous les lundis et jeudis , et communient au crepuscule du soir ; les jeunes sont abroges si une grande feto tombe ces jours-la. On dirait une parodie des deux jeunes bebdoniadaires des cbroliens , si ce n'esl que ies Falacha inangent de tout ce qu'ils veulent apres Ic coucher du soleil , tandis que les chretiens d'Abyssinic; s'abstienncnt de viande et niemc dc lait tous les nier- IV. AOUT. 1, 5 ( <36 ) credis ot vendredis. Pendant Ics trois jours qui pi'6c^- dent Paques , Ics Falacha ne mangent que du grain roll en memoire des trois jours de mauvais vivres dans le dissert avant de trouver la nianne, Le com- mencement de la seconde lune apres Paques estcelui du jeune dit tornns, en commemoration de celui qu'on fit lorsqnc le roi de Babylone commcnra le si^ge de Jerusalem. Avec la troisi^me lune apres Paques com- mence le ieOne dit ab toni, on memoire du massacre des pretres apres la prise de Jerusalem par Nabucho- donosor. Pendant les dix premiers jours de ce jeune, on ne manpe rien d'animal , pas merae du beurre, et Ton observe cetle regie dans les tnzkar ou festins mortuaires qui auraient lieu a cette epoque. Apres les dix premiers jours , on mange , comme dans tous les autres jeunes , tout ce que Ton vcut , mais seule- ment apr^s le coucher du soleil, Les moines falacba observcnt tous les jeunes , mais ab torn est le seul obllgatoire pour tout le monde. A la quatrieme lune commence le jeune dit tavt , et qui dure dix jours. Les dixpremiersjoursdelacinquiome lune sontle jrune de hidar, en m(!'m()ire de celui que fit Joseph pour retrou- ver son pere. Le premier jour de ce jcilne est dit tnz- kara Abrnhnm , ou en commemoration de ce patriar- clie , on a I'habitude de manger ce jour-la ; mais on jeilne , bien que ce soit la fete Astari ( entrevue de Joseph et d'Abraham). Le dlxi^me jour de la lune de Tigamt est aussi uii jour de jeilne. Hidar est le nom d'un mois abyssin , mais il est plus difficile de trouver 1 'etymologic de lonins et de tai't. Passons aux fetes des exiles. En principe , il y en a tant qu'il ne resterait que deux journ(^os de travail par an ; mais les exiles sont pauvres, isoles de leurs ( 67 ) frercs , et obliges de travailler beaucoup : aussi igno- rent-ils la plupart des fetes et le repos de la septleme anntJse (Lev. xxv, 4). L'annoe ecclesiastique fut 6\\- demnient lunaii'e dans le principe, bien que les Fala- cha aient aujourd'bui adopte le calendrier des Chre- tiens. Chaque jour de lune noiivelle est line fete, ainsi que le dixienie jour de la lune. Ceux qui observent cette derniere {(ir/h asart) obtiennent aisement les fa- veurs du Tres-Haut, car son portier [sic] se laisse ai- sement flechir ce jour-la. Aux jours de fete , on com- munie de grand matin, et loujours au pain azyme de froment. Le service est entierement oral et depend de la faconde du pretre : seulement on lit I'ouvrage dit -^sfaiiAe jour de la fete de ce ncm , qu'on appelle aussi fete de Joseph , et qui loinbe au 10 du mois maslinrraine. Cinq jours apres estle biuila matsalnt, que nous voulions traduire « fete des tabernacles; » mais un Falacha nous assura que c'est la commemoration des festins que donna Joseph a son pere apres avoir passe cinq jours a faire des provisions. Lesa est la nouvelle lune du mois de tiiagnbit. Si le quatorzieme jour de cette lune tombe dans le mois de luiasyn , c'est lo jour de Paques ; autrement le jour de Paques est le quatorzieme jour de la lune de niiasya, car cette fete ne tombe jamais dans aucun autre mois. En 18^2 , le lundi 25 oiiasya ^tait le jour de bohoou pain fermenle, et la Paques etait le lundi 18 niiasra ; car on ne s'at- tache pas a faire coincider toujours , comme chez les Chretiens, cette fete avec le sabbat. A la nouvelle lune de hi-l(ii\ on fete lentrevue dc Moise avec le Tout - Puissant , et le dixieme jour de cette lune est la commemoration de la rece])tion de Moise par les Israelites. Le 12'' sane , on fete la \enuo des T-ables de (68) la Loi ; on Tappelle ordinairomont toniivin/ ninrar ou entree dc la saison des pluies. La nouvelle lune de naliase so nomine c/tagi-barahnti et est une des grandes colonnes ^ fetes) de I'ann^e. Le 28 nahaxc est I'anni- versaire de la niort d'Abraham, de Sara, d'Isaac et de Jacob. On mange le gera ce jour-la , et on I'appellc bakar-bnal ou fete ainee , probablement parce que c'est la j)lus anclenne. Nous devons dire qu'un Fa- laclia inslruit nous expliqua autrement la fete dile arfe-asar ( dixieme de la lune ). Scion lui , c'etait en 1842 le 25 namle , puis le 25 nnliase , puis le 20 inas' karram , a cause des cinq jours compl^mentaires, et ainsi toujours de trente en trente jours, de telle sorte que cette fete fait le tour de I'annee en soixante-treize ans. S'il en est ainsi, I'inslitution de cette fete semble- rait dater de I'epoque ou les tgyptiens, et probable- ment le reste du monde , usaient de I'annde vague de trois cent soixante jours. I, a nianiere dont les Falacba se vetissent au repas pascal ne pent s'expliquer que par un usage qui n'existe qu'en Abyssinie, bien qu'on puisse expliquer comme les Abyssins le passage de I'livangile de saint Luc (x\n, 8). La loi de Moise (Exod., xn , 11) dit qu'on doit se ceindre pour le soir de Paques. En Eu- rope , on dit que les sandales , le baton et la ceinture sont des preparatifs de voyage pour sortir de la terre d'Egypte ; raais les Falacba ceignent leurs toges sur le bas du corps , selon I'us abyssin , pour tcmoigner leur respect, et de cette fagon on ne pcut pas faire trois pas de suite sans tr^bucber. C'est ainsi que les pretres cliretiens se ceignent pour dire la messe. Baala taf.siht (fete de joie) est le nom de la Paques chez les exiles. On y mange debout du pain azyme et un agneau ( 69 ) d'une annue, donl les comes out commence a tourner. Pendant les sopt jours d'ensuite , on ne mange que du pain azyme. Les exiles atlachenl une grande importance aux noms de Dieu, coramc dans la cabale des Juifs. Cette circonstance et le fait qu'un grand nombre de ces mots est termini par el semblent indiquer que la lan- gue liebraique etait le berceau de la liturgie des Fa- lacha. Aujourd'hui la plupart de ces noms sont telle- ment deform^s par I'insouciance abyssine, qu'il serait difficile d'en reconnaitre les racines hebraiques sans avoir recours a des hypotheses qui exigent une grande habitude de la langue de Moise. Les pauvres Falacha emploient une priere aussi belle qu'elle est courte , za hallo (celui qui est). Ceux qui ont quelque preten- tion au titre de savant lisent des prieres 6crites en grec , et dont nous avons copi6 plusieurs. On y re- marque une priere destin^e a preserver des dangers d'un voyage. Avant de se mettre en route , on la lit , €t comnie la salive a ete sanctifiee par la prononcia- tion des noms raysterieux de Dieu, on crache ensuite sur sa main , et i'on frotte la salive sur toute sa tete. Quand le pretre falacha prononce les mots Seigneur des Seigneurs , toute la congregation se leve. II en est de memo au mot warndkn ( tu es descendu sur terre) . Ceci rappelle la genuflexion des chretiens au Et homo fax;lus est. L'usage de la salive consacr^e se trouve aussi dans la cer^monie des relevailles , ou on lit le livre appele Ardet, qui semble avoir passe des Falacha aux chretiens. Les exiles regoivent comme canoniques toutes les parties de ryVncicri Tcstamonl , y ccmpris ce qui n'a pas (He sanction ne par lo concile de Trenle , c'est-a- (70 ) dire los tiolsicnio et quatrieiuo livres d'Esdras, les proplioties de Henoc, le Koulali. Seuls , les livres des Machabees sont ceux dcs Chretiens d'Ahyssinie , mais fort diderents des livres connus chez nous sous le meme noni. Les principaux autres ouvrages des Fa- lacha sont une Ili.-'loire de la Creation , un Traite sur le Sabbat , un livre i^ I leave s et Ic Makabab Elias , ou- vrage inconnu aux Chretiens, et que nous n'avons pas examine. Tous ces livres sont (Merits en langue giiz , diie ^tliiopienne en Europe. Apres avoir donnd; ainsi une idee de la religion des Falacha, on est naturelleinent amene a donner au moins une conjecture sur leur origine. La commu- nion de pur fromont, le dcmi-bapteme de Vardet, qui cxigc I'emploi de I'eau par irrigation, et le respect du au ivamdka ( tu es descendu ) , pourraient iaire crolre que la religion des exiles est un christianisme pervert! ou plutot a deini compris. Mais la negation de la divinit*^ de N. S. J^sus-Christ , le sahbat du sa- medi , I'iinpurete de I'accouchee , la physionomie hc- braique des noms mystiques de Dieu , le sacrifice san- glantde Paqnes, le respect du au Pentateuque, etl'idee de I'impuretc^ contractee par le contact physique avee un homme d'une autre secte, nous ramenent forcdment a conclure qus si les Falacha ne sont pas des juifs purs aujourd'hui , c'est que leur foi a ete changee par le temps, I'isolement de la mere-patrie, et surtout par cette insouciance de critique et de rccherches qui fait le fond de toutes les religions en Ethlopie. On sait d'ailleurs que I'instilution des monastercs falacha est tr^s moderne , car la tradition est tres precise a cet egard. Quant au changeuicnt de religion par I'igno- rance des pontifes , on peut remarquer que la religion ( 71 ) Oromo , qui adore Marie et nie son divin Ills , est en vigueur clicz les Gimlra , Sidania , Uawaro et Gallas. Cependant elle ne pent etre ranienee qu'a la religion chrt^tienne , dont elle dilTere toutefois sous bien des rapports, et , selon toutes los apparences , a cause du manque de niissionnaires. Les jeilnes falaclia , a I'occasion de la capture de Jerusaleno par Nabucliodonosor, observes avec tant de rigueur par tous les exiles , et les fetes traditionnelles de Joseph , dont Ic souvenir a du vivre en ligypte jusqu'a ce que le fils de Marie allat I'y ellacer , nous ont amene a supposer que des Juils en petit nombre auraient emigre apres la prise de Sedecias , soit par Adulis , soil par Meroe , et auraient enseigne leur foi aux tribiis agaw , alors souveraines dans Axum , comme I'etyniologie de cette ville antique el lesnoms des anciensroissemblent concourlr a le prou- ver. Que la langue hebraique soit lombee en desue- tude , c'est ce qui n'etonne en rien ceux qui ont etu- die le caract^re des Etliiopiens ; car malgre une succession de cent cinq patriarches copbtes en Abys- sinie, on n'a jamais pu y apprendre la langue copbte ni memo la langue arabe. Dans I'Abyssinie cbretienne, plusieurs livres de I'ancienne th^ologie sont tombes dans I'oubli , et il pent bien en etre de meme de I'be- ])reu des premiers Falacba. Noire bypotbese est que des Juifs alles en Kgypte , comme nous I'apprend Jeremie, apres le desastre de Sed(^cias, aurontpousseleurs entreprises commerciales jusqu'a Axum, oil des cbefs agaw, instruits paries nouveaux venus, auraient I'onde un pelit royaume , et Ton pent remarquer a cet egard que les royaumes gallas de Gounia, Inarya et Djonmia ont 6te fondes a ( 72 ) Ja suite de I'islamisiuc inlrotluit par ilos iiiarcliands Strangers. Le type physique et 1 a langue des Falacha mon- trent evidcmmont qu'ils appartlcnnent a la race cha- mitiquo des Agaw, ct les noms des rois avant Bazen ne peuventpas s'expliquer par les langues semitiques, Les Af^aw ou Way sont a peu pres les sculs Abyssins qui fassent renionter leur gendalogie jusqu'aux rois anciens, et une tradition falacha tend a faire croire que les exilds 6taienl jadis en contact intime avec la race royale. Abba-Favra , le premier des moines fa- lacha, recut en son couvent le fds de Zai'a Yaiqob , le soumit a un regime fort s6vfere , et le tint dans une solitude complete jusqu'a ce (juil filt reconnu par un mendiant qui alia en informer le Roi. Zara Yaiqob avail cru son fds mort , et avail meme fait le tazkar, ou festin d'usage ; mais des que la v6rit6 fut connue , il somma son heritier de venir, et , sur son refus , fit attaqucrl e couvent en jurant de ne pas laisser pierre sur pierre. II est probable que cette menace fut elTec- fu6e ; ear les exil(^s disent qu'Abba Savra et son disci- ple s' extant mis en prieres , Dieu cacha le couvent a tous les yeux. La maniere dont les Falacha demandcnt justice a la portc du Roi montre que s'^ds ne sont pas de I'an- cienne race royale , ils jouissaient au moins de cer- tains privileges antiques. Au lieu de crier : Yadro ou uihouiiia comme les gimaiit , ou (i hot cowwxic les Chre- tiens , ce qui est le cri de I'esclave qu'on frappe , les exiR'S disent on un chant melodieux les paroles qu'on peut traduire ainsi : Louangos au Seigneur, louangcs au Roi et le ciel des cieux au Roi, raisericorde au visi- ( 73 ) leur, cl6mence au labourcur, foi au gardien , loue soit le Seigneur dans les cieux. Les mlssionnalres juils qui auraient converti les roitelets agaw auraient et^ des marchands d'Alexan- drie , ce qui explique la preference donn^e au lexte des Septante pour la traduction de la Bible giiz, dont Ludolf a d^montre le prototype par des preuves in- trinseques. Bruce, quiadmet la tradition abyssine que la race d'Tsrael a commence a rc^gner peu apr6s Salo- mon, rejette les conclusions deLudolf, en demandant comment les Falacha auraient passe quatre cents ans sans avoir les saintes Ecritures. Notre hypothfese conci- lie ces deux auteurs. Peu importe d'ailleurs que les Roisfalacha aient, spirituellement parlant, descendude Salomon , ou qu'un descendant des nombreux fds de ce propliete soit alle dans Axum allier son sang avec celui des Agaw, dont le type aura pr^valu selnn la loi connue du melange des races ! Les Falacha se disent fds de Levi , et ceci detruit toute possibillte de descendance des dix tribus disper- s6es. Une coincidence remarquable, que nous olTrirons a d^faut d'autres preuves , vient encore a I'appui de ce ralsonnement. Les manuscrits abyssins, dont nous avons examine un grand nombre , s'accordent a dire que Notre Seigneur Jesus-Christ naquit la hultlc^me annee du regne de Bazen , qui fut le 23"^ ou le -h" roi apres Min-Ylik , fils de Salomon. Or de Salomon a I'ere chrelienne il y a environ dix siecles, et vingt- quatre regnes ne sufiisent pas pour remplir cet es- pace. On pent se demander, a defaut de tout autre moycn de verification, quelle est en realilc!; la dur6e moyenne dun rigne, et Ion obtient les resullats sui- vants : 32 rois de la Chine , 23 ans. — 19 rois de Jud«ie, (74 ) 28 aiis. — 27 rois cle Perse , 17 ans. — /'-'/ en Jbyssi- nie : 41 rois de Vlibiha a Y. Amlak, 22 ans. — 28 rois de Z. Yaiqoh a Takia Giorgls , 13 ans. — 14 rois cle Bazen a AtsJjiha , 24 ans. — 42 rois de Bazen a Ykoiino Aailak, 21 ans. — Moyenne, en rejetant le plus grand et le plus petit, 21 ans. On trouve ainsi 21 annees pour la durde moyenne d'un regne , et en multipliant ce nombre par 24 , on obtient environ 500 ans avant I'^re cliretienne pour ^poque du coinmencemenl du regne de Min-Ylik , dit Fils de Salomon. Et il est tr^s remarquable que la cap- tivite de Babylone prec^da cette epoque de peu d'an- n6es , tandis que la dispersion dcs dix tribus eut lieu longtemps auparavant. Amoine d'Abbadie. ( /I' tide cominuniijui- p(ir M. Jomauii. ) Voyage dejVI. MiDoioDORFn Oudsho'i ctaux iles Schanlar. ( Kxlrait dii Rullctiii do. I'Acailoinie iIi's sciences du Saiiil- l'6tersl)Ourg, p.ir M, Daussy. ) Niclita , 1 5 aout 1844. Nous allames de Jakoatsk jusqu'a Amginskaja-Slo- boda au moyen do chariots de poste du pays, tandis que les bagages etaient transportes sur des bceufs. J'ai pro- file du sejour que les preparatifs de notre voyage et la distribution du bagagc nous ont force's de faire ici, pour exaoiincr attentivement I'agriculture, qui est vrai- raent etonnante dans ce pays. II est hors de doutc qu'ici , au-dossus d'un sol eterncllement glac(i , la cul- ture du seigle est aussi productive que dans nos pro- vinces de la Baltiqup. (75 ) Le 11 avril , nous parliines enfin avec 72 chevaux. Une marche lente , tant que nous voyageames au milieu de valines herbeuses, nous conduisit jusqu'a la riviere Aldan. Cette riviere forme une limite qui par la suite deviendra d'une haute importance : c'est la que com- raencentles montagnes de difficile acces qui sont le se- jour des animaux a fourrures. Le 27 avril, nous fhnes route sur la surface glacie de I'Aldan , qui etait deja gontlee et qui dans la premiere semaine de mai devait etre tout enti^re en mouvement. Nous arrivames cn- suile sur un terrain 6leve couvert encore de 1 pied 1/2 de neige; puis apres avoir circule pendant une couple de jours dans des montagnes, au milieu de la neige fraichement tombee et de la glace c|ui sebrisait, nous atteignimes enfin, le 15 mai, la vallee de I'Outschour. Huitde nos chevaux, qui ne pouvaient plus nous ser- vir, furent laissc^-s ici aupres des huttes des Tongouses ; cinq autres furent echanges pour de plusfrais; nous lais- sames aussi une partiede nos provisions, et ainsi alleges, nous commencames, le 18, a monter la chaine des monts Stanowoi. Ces remarquables vallees de glace qui for- ment la limite des forets occuperent notre attention ; nous fimes en les traversant des observations barome- triques; nos collections zoologiqucs s'augment6rent de nombreux echantillons d'animaux petits et en parfait etat. Mais la vegetation n'offrit a nos malheureux che- vaux, qui devenaient de plus en plus maigres, que les tiges dess^chees des plantes de I'annee pr^cedente. Nos progres devenaient de plus en plus dillicultueux : les troncs d'arbres tombes les uns sur les autres, les hauteurs a pics, les blocs entass^s ne fatiguaient pas moins nos betes de charge que les marccages dans U'squels elles s'enfoncaient ol dont il fallait los tirer a (76 ) force de bras, (jue Ics ctangs dans lesqucls elles devaient nager et les torrents des nionlagnes dont les eaux ve- nalent avoc une force Irri^sistihle s'accumuler contre leurs (lanes, comuic contre une digue. Mais la i)lus grandc difliculte fut pour nous de traverser I'l jan et la Solurnaja , dont los eaux etaient gonflecs. Nous diiines d'abord abandonner les chevaux dont I'age avait di- minue la vigueur; la hache ne cessa pas un seul instant d'etre employee, et les chevaux charges d'un poids de 250 livres devaient sauter de roche en roche conime des chevres. Apr^s avoir traverse la Polowinnaja dans des canots tongouses, nous arrivames enlin , le 9 juin , a Oudskoi- Ostrog. INousnous arretames en ce point pour construire un canot. Dans les environs, la zoologie ne nous presenta aucun sujet, maisnos collections botaniques augmente- rent. Le 25 juin I'enibarcation etait achev6eet, comme I'annee pr(^c6dente, elle futlancee al'eaulejour anni- versairedeia naissance deS. M. I'empereur.Uneviolente pluie d'oi'age nousfavorisa, le fleuve deborda, nous des- cendhnes ainsi jusqu'au 27, et passames heureusement tousles torrents qui alimentcnt ce fleuve rapido , qui, avec un fracas qui s'enlend au loin , se prt'cipite dans la mer ; nous debarquauios onfin a son embouchure, a OOwerstes (1) environ de Oudskoi-Ostrog ; la des vents contrairesnous arrelerentet nous eaipecherentde pren- dre le large. Cependant , apres m'elre ainsi hat^ pour atteindre la mer Ic plus promptement possible , il se trouvait que (juoique nous fussions par 55° de latitude ( \) Cue werste etaiil egalo a 1067 mfetres,on peut, pour les Jon- ■ ii'cs on iioinl)i<'S loiuls, pi I'lulri: li'-: wcrslos jidiir (1('< Uilfiiiictres. ( 77 ) nous trouvions encore a combattre I'obstacle des glaces; aiissi loin que la vne pouvait s'etendre d'unc hauteur voisine , on n'apercevait a I'horizon qu'une mer de glace. Des acquisitions precieuses pour notre collec- tion d'ornitliologie adoucirentun peul'ennui des Ircize jours pluvieux que nous fumes obliges de passer en ce lieu; raais enfin , le 9 juillet, le vent changea et nous pumes mettre a la voile. En outre des quatre personnes que nous ^tions, il y avait encore huit hommes que j'a- vais engages commematelots. La glace intercepta bien- tot notre route, nous descendimessur uncap qui se trouve auprtjs de la pointe occidentale des iles Baren. A partir de ce point, j'entrepris , en compagnie du topographe, dans un petit canotquc j'avais fait faire, une excursion d'une vingtaine de werstes en remontant la riviere Ala, ou les Tongouses avaicnt etabli une pecherie. Le 15 juillet, nous mimes encore une fois a la voile, et nous atteignimes le soir la pointe orientale des iles Baren, sur laquelle nous d^barquames; apres avoir depasse ces iles, nous nous avan^ames encore jusquau 18 juillet. Aid6s par un courant favorable, nous avions fait ainsi 20 werstes , lorsque tout-a-coup nous fumes entrain^s par un autre courant qui , avec une force ir- resistible qui rendail vains tous les efforts des ra- meurs, nousjeta en ploine mer. En un clin d'ceil nous perdimes (le vue la cote; un brouillard epais nous en- veloppa et nous deroba meme la vue des glaces qui etaient tout pres de nous. Heureusement nous tom- bames dans un autre lit de courant qui nous porta entre les iles Baren et Siwutscli. Nous arrivames ainsi bientot devant une pointe avancee du continent au large de laquelle nous jetames I'ancre entre les deux courants. Apr^s (juelques bouros nous pumes enfin , ( 78 J au moyen des voiles ct des avirons , vaincre le courant qui 6tait deveiiu plus faiblc. La brume nous forija a ne pas quitter la t'jrrc , car nous no vojions dovant nous que des places impenetrables , quoique jus- qu'alors nous n'eussions apercu que (pielques blocs isol^s. Le 19 juillet nous mimes a la voile avec une forte brise de IE. qui nous forca a prendre des ris. A peine pouvions-nous porter la voile ; cependant nous r^ussimes a refouler le courant. Tout-^-coup une inar6e favorable nous atteignit , ct nous vimes passer par notre travers des masses epaisses de glace avec . une rapidile de 8 vverstes par beure. Nous nous appro- chames autant que possible de la cote et nous mouil- lames par 12 brasses d'eau. iNotre ancre cbassa; jc lis filer 30 brasses de cable qui etait sa longueur totale, nous cbassames encore , deja je m'appretais a lever I'ancre , le batiment etant arrive aupres des glaces , lorsqu'beureusementil s'arreta. Notre position c'taittres dangereuse : la tempete durait toujours et nous nous trouvions au milieu d'un courant de plus de 10 werstes a I'heure , qui seul aurait sulli pour nous fairc dc- raper. Devant et presque a toucber, de gigantesques blocs de glace se precipitaient avec le fracas du ton- nerre au milieu du courant, qui deja autour de nous commencait a se couvrir de glacons ; pendant que je rcstais sur la barque, j'envoyai successivement la moi- ti6 de r^quipage s'etablir a terre avec quelques provi- sions; nos hommcs trouverent avec quelque peine des rochers escarpes aupres desquelsils purentse mettre a I'abri de la mer. Enfin versle soir, le tempss'adoucit un peu , nous levames I'anci'e , et nous I'^ussimes, lorsque nous avions presque perdu toul cspoir, a nous rcfugier dans un golfe profond. Cependant, lorsque le ilot revint , ( 79 ) il ontraina encore la glace jusqu'a nous etnous ne pii- mes nous soustralre a son attaque, qu'en ddsohargeant la barque et la liissant sur le sable. Nous demeurames alnsi jusqu'au 27 enlermesettoujourssurlcqui vive. Pendant ce temps , i'entrepris avec le topograpbe une excursion de 30 vverstes vers le Sclivvanenbucht , ou nous allames rechercher les provisions que nous avions deposees pour le retour. Partout le rivage de la mer etait con- vert de blocs de glace jusqu'a h toises d' ) chure du Tougour , oii le lopograplio m'altendait. J'y observai avec int6ret les Giloekes , qui tiraient par- tie de leurhivernage dans la presqu'ile de Segneka, en se livrant a la peclie du salmo lagoceplialus (saumon) qui remontait le fleuve. Je donnai a cette epoquo aux Tongouses une fete acconipagnee de tir au blanc. J 'en profitai pour aug- menter ma collection de I'acquisition de deux exem- plaires vivants de ces beaux aigles marins ( aquila pelagica ) auxquels nous avions inutilement tendu des pieges pendant I'et^. Je reniarquai parmi ccs Giloekes deux caracleres de figures bien distincts, dontl'un se rapprocbait du type caucasique et I'autre du japonais. Si je ne me trompe , la meme chose a ete observee aux lies Rouriles. Comme ces Giloskes allaient bientot se r^unir au resle des leurs pour chasser I'ours dans les montagnes de la presqu'ile, je m'en tins, suivant mes instruc- tions, a explorer la chalne de montagnes qui forme nos fronticres, et je ne m'arretai pas plus longtemps parmi un peuple qui nous est Stranger, mon dessein 6tant de pousser plus a Test vers cescontr^es jusqu'aux- quelles la carte de Posnjcekov ( notre unique carte of- ficielle ) pretend que s'etendent nos limites , tandis que le traite laisse celles-ci tout-a-fait indeterminees. Je fis mes conventions avec le plus ancien des Ton- gouses, et le 11 septembre nous partimes avoc ses rennes pour I'Est ; nous gravimes les flancs escar- p(^s de quelques monts de I'Oukourourdou sur lequel nous butinamcs pour I'herbier ce qu'avait laisse I'au- tomne; nous Iraversamcs la crete des montagnes,etpar- courumes 1000 werstes environ en descendant vers un golfc auqucl j'ai donnc le nom de golfe del'Academie. ( 90 ) La nioiitagne, par une ramification taillec en muraille, longue de 80 vverstes.divise le golfe en deux baies, que j'ai nommees baie d'Oulban el baie d'Ousalgin, du nom dcs principaux cours d'eau qu'elles recoivent. Pendant ce temps, un Tongouse , amides Gil«;kes, avail descendu sur un radeau le Syran et I'Oulban, ct s'^tail rendu a pied cbez les GiUiokes du golfe pour les pr^venir de notre arrivee. Ce Tongouse avail, cbeniin faisant, i-enconlre une baleine (icliouee, el un ours qui s en gorgeait Le second jour , accompagne de deux Gilcckes , pro- pricitaires de bateaux , nous allames a hO verstes au large pour y avoir les bauteurs do la cole orien- tale , d'ou nous pensions que la vue pouvait s'6tendre au loin. Pendant le trajet, les Gihekes barponncrenl deux individus de la classe des cbiens de mer (koma). Ce bulin vinl a propos nous donner le moycn d'cnsei- gner a quelques Tongouses la maniere de depouiller et de dissequer. Des bauteurs ou nous nous Irouvions, on decouvrait le panorama de la baie d'Ousalgin situ6e a Test; au-dela, nous apercevions le cap le plus septentrional de tout ce developpement de la cote , cctte longue presqu'ile nommee dans le pays Oumelougte. C'esl non loin de ce cap Oumelougte que doit se trouver le cap Cbaba- rof, dernier point explore par Tamiral Krusenstern. Comme la relation de I'aniiral Krusenstern indique dans lest une pointe lormanl I'extr^mitc du conti- nent ; que les explorations de cotes faites par Kosmin placent ce point a Test d'Oudskoi-Ostrog de pres de S degrds, et d'un degre plus au sud ; que la carle mfimc de Posnjoekov I'admet aussi, celte courte explo- ration suffira, j'espfere , a prouver combicn il I'audrait ( 91 ) que le hasard fut grand pour que cetle saillie de cotes indiqut^e sans observations enlre leTougour etrAinour existat reellement. Une partie de celte cote imaginaire s'6vanouit en- ti^rement; le reste est bien douteux. De ce cap Oume- lougte, les Gikekes nous conduisirent en trois nuits jusqu'a rembouchure de I'Amour, et c'est ici le lieude remai-quer qu'ils sont bien les exploratcurs les plus soi- gneuxqueje connaisse : aussi me faisaient-ilsun repro- che de ce que je ne poussais qu'une pointe d'une werste dans un petit golle que nous rencontrames. Toutes les sinuosites de ce cap Oumelougte jusqu'a reraljoucliure de I'Amour me furenl indiquees par ces Giltekes, qui sonl la dans toule leur originalite. On trouve sur cetle cole quelques petites iles remarqua- bles, quatorze cours d'eau et quatre grands villages de Gilcekes. Par ces derniers j'obtins des renseignements sur les nations des Kouwis (Kouriles chevelus) etdcsTros (Tongouses) qui bal)ilcnt les bords du Sachalin , et sur les nations des Ngatkoua , Tsclijoldos et Kjcechkals, qui vivent pr^s de I'Amour et de I'autre c6t»!!. Le ti'oisieme jour, les Gilcekes nous ramenferent a rOulban. La j'observai avec interet leurs pirogues sin- gulieres a double avant, et leurs courtes pagaies en forme de pelle, les caloriferes disposd^s sous leur lit de camp , I'usage de bruler les morts , et bien d'autres particular! les. Malheureusement nous nous comprenions difficile- ment. J'y trouvai cependant quelques uns de ces bul- letins mensongers publics par les Cbinois sur leur guerre avec les Anglais , et les Gilcekes ne ponvaient contenir leur indignation. ( 92 ) J'ai fait un petit catalogue de inots, dont la pronon- ciation ne manque d'aucune de ces difficultesque nous trouvons dans les langues fran^aise , anglaisc et po- lonaise. Je poss^de aussi quelques unsde leurs chants, dans lesquels , par parenthese , lis se croient passes mailres; leur pretendue melodic consiste en une sirie de trilles nasales et gutturales, accompagn^e d'une Amission pai-ticuli^re de voix tremblees et de sons etouff^s. C'est un fait physiologiquc intdressant , cai' Ic voile du palais joue un grand role dans la production de ces trilles. lis ne se reconnaissent pas du tout comme sujets chi- nois ; ils vivent dans I'ctat primitif dos premieres so- ci6l6s humaines, de sorte que non seulementils n'ont pasde chefs , mais encore pas de juges : c'est le dro.t du plus fort qui gouverne ; les discussions se vident dans un duel au baton , et d'apres les regies qui pr<^- sident aux tournois allemands ; la vengeance suit im- mediatement loirense ; ils I'accomplissent avec I'arc ou la lance. Je desirais vivement arriver a rembouchure de I'A- mour dont j'dtais peu eloignc, mais cela (^lait impos- sible; il aurait fallu hiverner, car la inauvaise saison intcrdisait les voyages par mer dans nos frelcs bateaux ; les rennes ne pouvaient plus servir. Le 21 septembre (vieux style), nous re\Snmes a I'embouchure du Tougour. Les Tongouses I'entraient dans leurs montagnes pour chasser les martres ; quant a nous, nous suivions le Tougour vers le sud. Le temps que nous 6prouvions ^tait beau pour une fin d'automne ; les holds nocturnes n'etaienl pas trop ( i)3 ) vifs , et le 20 septembrc seiilemcnt , notre thcnnome- tre tomba a — 6" ( Reaumur ). Le 28 octobre , nous arrivaincs en suivant le Tou- gour, a la contree de Bouroukan , oil je retrouvais sur le territoire russe una population ^trangere , les Nigi- dalilers ; ils se reconnaissent comrae sujets cbinois , sans pourtant payer d'impots et sans avoir I'ombre d'une constitution. Ce petit peuple tongouse, qui se partage en neul' brandies peu nombreuses, ressernble aux Gilcekes en ce qu'ils s'etablissent dans un domicile fixe pour s'adonner a la peche. Lours femmes, recou- vcrtes de peaux de poisson , aiment beaucoup la bro- derie, et y sont d'une etonnante babilete. In Jakoute qui se trouvait la avec des rennes frais, nous fournit des montures pour gagner une uion- tagne isol^e qui fermait notre levee au compas. De la nous jouimes d'une vue qui embrassait les sources de tous les grands fleuves de ces contr^es , le Tougour , le Nimilcen , le Boureja , le Silimdschi. A partir de la , nous nous contentames d'estimer notre route au compas , et en verifiant d'beure en lieure au moyen do la chaine la marche de nos rennes. Comme toutes les excursions que nous avions faites et tout ce que nous entendions dire faisaient surgir un desaccord flagrant entre le veritable etat des cboses et notre maniere de concevoir les limites, je resolus de m'arretor en revenant dans I'Ouest chez les Tongou- ses , sujets tributairos de la Russie , et qui habitent la partio la plus moridionale. Nous abandonnames en consequence le Tougour et primes le Nimilcen ( I'lsnale des cartes ) et suivimes la direction du S. - 0. C'est sur le Nimilten que j'eus I'occasion de voir enfin de mes propresyeux un gito do sau- ( 94 ) mons ; (les milliers de poissons 6chou6s sur les ri- ves empostaient I'air , tandis que les corbeaux , les aigles et les ours s'en gorgeaicnt a sati6t6 ; des mil- liers senlant Icur fin prochaine se dobatlaicnt dans I'eau. Los Tongouscs Icspiquaient : Icurschiens, rcpus, les attrapaient pour Ic simple plaisir de chasser , et nous-memcs nous les prenions avec les mains ou les as- sommions avec le baton qui servait a conduire nos rennes. Je manquai par malhcur lesSchamagrens,peupletri- butaire des Chinois, mais d'origine tongouse a ce qu'il parait. Une epid6mie qui dans les dernicres annees avail ravage toute la controe de I'Amour inferieur les avail empech^s de se Irouver au lieu de pochc. Cependanl la neigc arriva le 12 oclobre , et en unc seule tombee s'6leva a un pied de hauteur; le ciel s'6- claircit aussitot, el nous eumes immediatement de 15, 20 et 26" Reaumur d'un froid que tompcraienl cepen- danl un peu vers midi les rayons d'un beau soleil. Plus loin, nous suivimes le Kerbi.un des principaux affluents de I'Argounj , el nous le remonlamcs jusqu'a sa source, ou nous arrivames le IG oclobre a travers tous les debris qui encombrent une foret primitive. Nous nous entortlllames Icllcment dans tous ces abat- tis, que lorsque le soir descendil sur nous, nous ^tions enfermes el serres dans la forel, sans pouvoir avancer ni reculer. Nous ne piimes rien trouver a donner a nos rennes, et force nous I'ut de passer la null ainsi. Apr^s cela, nous gravlmes les Cbingans, monlagnes donnd'os par la carte , et nous nous embarquames sur le fleuve le Boureja ; nous le suivimes pendant dix jours, d'abordau S.-E. , ensuile au S.-O., eta I'O. on dernier lieu. Les rennes commcncaient deja a man- ( 95 ) quer de forces, et il fallul pour cette raison renoncer a aller a la recherche d'une source chaude d'eau sul- fureuse qui devait se trouver a dix jours de route, et dans le S.-E. La hauteur des neiges que nous rencon- trames au confluent du Boureja et du Njouman ne nouseffraya pas moins que I'elot de lassitude ou se trouvaient nos betes. II 6taittotnh6 3 pieds de neige en deux nuits , et nous aurions 6t6 forces de nous confier a nos raqucttes, si le Njouman, gonfle par eel amas de neige, n'avait deborde et ne s'etait pris ensuite, ce qui nor.s ofTrit une route plus commode : cependant nos rennes brisaient la glace , lombaient ciansle fleuvelui- meme, et la sensation n'etaitpas des plus agreables par une tejnjierature de — 20° Reaumur. Nous suivimes done ainsi, en le remontant dans la direction du N.-O., le Njouman, seconde moitie du Boureja , et apres quelqucs jours de voyage nous ren- contrames plusieurs Tongouses, premiers etres hu- mains que nous ayons vus depuis les Nimilcens. De la nous reprimes pendant six jours la direction du N. pour retrouver nos relais de rennes, que nous atten- dions de I'Ouslchoar, et a une distance de 1000 werstes environ de ce fleuve ; nous les rencontrames exactement le 15 novembre apres le passage du Silimdschi (Si- limpdides cartes) un peu avanl la riviere I nkanj. Ainsi rafralchis, nous dirigeames notre course a I'ouest, d^passames le 15 decembre le puissant Dshi (Dsoja seia des cartes), et remontames le Gjoulou , pour demander un relai de rennes aux Tongouses, a qui nos Jakoutes donnerent, en echange de betes frai- ches, les notres qui commencaient a refuser leurs ser- vices; de la, traversant un des grands affluents du Dshi- rOur, nousle remontamesdelaulre coto, etfranchuTics, ( 96) les 3 et Zi Janvier, le soininet de Thvor qui s'eco ule dans rAiuour; leO, ce I'lit le lour de I'Oldo, Iributaire imme- dial et considerable de I'Amonr. JNous arrivions dans un pays ravage par la rougeole, et nous eumes le bon- heur d'y rencontrer des marcbands de fourrures qui se rcndaient dans le voisinage a une reunion concertde entre eux el les Tongouses. La mauvaise nourrilure que nous trouvions pour nos rennes, el donlla qua- lile allait en empiranl a mesure que nous avancions, nous avail d^ja mis dans de lYicbcuses positions ; ce fut done avec joie que nos Jakoutes nous virent profi- ler des cbevaux de ces marcbands; ils s'en retourne- rent fort contents. Dans la soiree du 12, nous rencontrames I'Araour, et en le remontant jour et nuil, nous arrivames le 14 au soir a notre poste de Cosaques lo plus avance , c'est- a-dire a celui qu'on appoUe la pointe du trait (Pfeils- pitze), a la r«^union de la Scliilka ou del'Argounj. C'cst plus de six mois et demi apies noire depart d'Oudskoi, que nous trouvames pour la premiere fois le nioyen de nous logcr; nous avions quilto Jakoulsk au com- mencement (hi mois d'avril passe. Quelques jours de voyage lo long de I'Argounj , et par-dessus les bauleurs qui bordenl laScbilka, nous amen^rent a la Gorbitza , point a partir duquelnous trouvames des stations regulieros el dos cbemins fray^s. Les resultats des trois derniers mois si froids de noire voyage se reduisent a pen pres a la geograpbie et a la topograpbie du versant sud des monts Stanowoi. J'esperopourlant que ce supplement sera juged'autant plus utile que loute espece de notions qui nous arri- vent sur ces pays totalement inconnus a par ellc- ( 97) ■meme de H valeur. Cette reconnaissance ne feralt-ellc d'ailleurs qu'indiquer la marche a suivro dans des re- cherches sur ce pays, clle devra toujours compter comme services rendus. La region occupee par les deux versants des monts Stanovvoi €lait jusqu'a present I'estee en blanc sur la carte; la nutre, embrassant loute I'etendue que nous sommes parvenus a connaltrc , soit en y allant nous- memes, soit en I'apercevant , soil en recueillant des renseigneraents , est couverte en cet endroit d'un re- seau de 500 fleuves ou rivieres , dont la connaissance des noms est de la plus haute importance pour 1 'ad- ministration. Sans une carte pareille, il est impossible d'acquerir des notions claircs sur cette vie des Ton- gouses, qui change a chaque instant. Au moyen de ses cours d'cau, la carte n'indique pas seulement Ics moy«ns de communication ct les passages dans les montagnes , elle fait encore connaitre les centres in- dustriels du pays, A I'epoque ou le dernier traits ful conclu avec la Chine , on etait dans une telle ignorance de la locality dont il s'agit, que Ton ci'oyait faire beaucoup en dd;- signant comme hontiere provisoire cette chaine des Stanowoi dont onne savait rien de particulier, Malgre les soins apportes dans les travaux adminis- Iratifs dela Siberle orientale , on n'avait pas faitun pas dans la connaissance de la contree en question ; je lus done on ne peut plus surpris d'apprendre par nos Tongouses qu'ils visitaient pendant leiirs voyages des lieux oil ils n'auraient ])as dil paraitre d'apres I'idee que nous nous laislons de nos I'rontieres. Les inl'orma- tions(pie je recueillis a dilTerentes reprises a Jakoulsk, soit de la part des autorltes locales, soit de celle des IV. AOUT. 3. 7 ( 08 ) raarcliands de foiirrures, nous pcnneltaientd'^claircir padaitoinent la question; el mo fondant sur les in- structions que j'avais recues de FAcademic, je nnlris- sais le projet de parcourir toute la parlie de ces mon- tagnes inconnues jusqu'a present. A Jakoulsk, on ne pouvait rien apprendre relativement aux chances de cette entroprise : aussi n'y pouvait-cn decoiivrir per- sonne qui voulilt accompagner I'expt^dition. Ce ne fut que sur la route d'Outskoi, pr^s des bords de I'Oust- chour, que jerencontrai deux Jakoutes a qui je persua- dai de nous accompagner, en leur assurant que la distance a parcourir n'etait pas considerable ; sur cetle affirmation de ma part , ils se deciderent a r^unir au noire leurtroupeau de rennes. Mon inspection avait aussi bien pour but de veiifier Ips empietements des sujels cliinois sur lu territoire russe que de rectifier la position des sujels russes qui se trouvaieiit sur le territoire cbinois. In pareil etalde choses etait la suite toute nalurelle de I'obscurit^ qui regnall dansla ge(igraphie de I'epoque oil futconclule dernier traits ; obscurite grace a laquclle on avait transplant^ sur Ic papier des races entieres loin des lieux de leur origine, et cela contraircment a leur vo- lonte el au droit des gens. Mainlonant que rexp6dilion a signale ces diff6rentes populations, il suQira d'un coup d 'ceil pour dclairer tout-a-fail la question. Pour me renl'ermer en de courtcs limiles , il faut que je consid^re a la t'ois ce peuple sous lerappoil elbnologique el g^ograpbique : sur ces fron- tidres, les sujels russes sonl exclusivementnionlagnards, les sujets cbinois au contrairc peuplent les valines. [/existence des Tongouses estli^e a celle desrenres; elle se passe a cbasscr les betes pour leur chair ou (99) leur fourrure. Toules les conditions necessaires a Texis- tence duTongouse, et par consequent leTongouse lui-m6nie, so rencontrent dans ces parages geographi- ques , qui renferment les animaux qui habitent les montagnes. La division par bassin, qui semble assi- gnor tel mont d'une chaine pour limite aux animaux de montagne , est illogique en elle-uieme : ici c'est reel- lement dans la vallee que se trouve la separation. Le renne sauvage, le rat musque, la niartre-zibcline et au- tres animaux de montagnes , n'habitent pas le versant du nord plulot que le versant du sud ; mais le besoin est inn6 chez eux de vivre aujourd'hui d'un cote d'une Crete, de passer de I'autre cote demain , pour revenir encore. Ce serait done vouloir tout bouleverser que d'empcc'aer les peuples monlagnards , les Tongouses, de passer avec les rennes d'un versant a I'autre, de sil- lonner, ce qui pour eux est habiter, tantot les ramifi- cations septentrionales des monts Stanowoi , tantot les ramifications du sud. 11 est aussi difficile d'eloigner des montagnes le Tongouse encliain^ a la piste des rennes , qu'il serait impossible decontraindre a y vivre les nations chinoises de pficbeurs, telles que Jes Gi • Icekes, les Ngatkous, les Nigidablcrs, lesSchamagrens, les Tongouses et Daouriens de I'ouest. La parlie du terriioire russe habitee par nos Ton- gouses est done liniitee au N.-E. par les Giloekes et les Nigidahlers , qui pouplent les cotes et les fleuvos poissonneux, tandis que les frontieros du sud sont foi- mees par ces prairies 6levees qui facilitent les peregri- nations des Daouriens, Gouraros et Manegires, peu- ples cavaliers par excellence. La montagne (pii prodigue aux rennes la mousse et la neige serait pour leurscbovaux unc tone ca Fiiclie, ( 100 ) absolument comino les steppes lieibeuses |)our les rennes rle nos Tonj^ouses. Lne circonstance de nia toiirnce qui me surprit beniicouj) fill cle voir que le gouvernement cliinois, profilant des mojens de comiiuinication que lui of- frent ses Heuves, avail us6 du droll que lui laissait le trails, et placid des borncs-fronli^res dans les liauts el bas, et les avail toules disposees sur le versanl meri- dional jusqu'a la limile la plus a I'ouest. Au confluent du Ninian el du Nimalkau, j'ai remar- qu6 un pan de roc taille a pic au sommel duquel se Irouvoit un amas de pierres, el portanl une inscrip- tion qui devait indiquer la fronliere; nous ne pil • mes pas en decouvrir les caracteres, i cause de la hauleur de la neige : cependant celle borne parais- sait devoir elre visil^e de temps en lemps. Pres du Nara, il exisle aussi une borne-fronlidre, Au point de jonction du Rile el du Dshi, les Tongouses me conduisirent a une borne elablle aux mfinies fins. C'etail une pyramide formee de blocs de pierre el d'un volume de 8 pieds cubes environ. F-alegende (^lail en- fouie, et nous Irouviimes seulement dans les environs un ccrileau pendu a un arbusle. Au dire d'un Ton- gouse etabli dans les environs, ces bornes elaient vi- siliieslous leslroisossiblos , on ne pourrait trouver un habitant qui ne soil ondelle , et a ( 102 ) tel point que le Toulouse paiivredoit certainomcnt 500 roubles au moins , etle rlclie de 1 ,000 a 3,000 roubles. La fortune s'c'value ainsi a la f^rosseur de la dctte, c'est-a-direqueplus ils vendcnt auxmarcbandsde I'our- rures, plus ils^exigent d'avances de la part de ceux-ci. La depravation des Mongols y trouve son compte , et exploits ce credit tant qu'il pent durer. Celui qui con- naltles 6nornies dettes que finissentpar contractor ces nomades comprendra clairement non seulement que I'absence totale ou presque totale de credit entrave I'acquitlement des iinpots , mais encore que la faini menace, arrive, et que la farine des magasins de la couronne est consommoe sans etre payee. On ne peut pas laisser le Tongouse mourir de faim, il faut lui laire credit, le nourrir. Tout cela meriterait encore de plus amples d^vclop- pements ; je ne puis cej)endani m'empecher d'indi- quer combien I'expedition serait a meine de fournir les bases d'une administration a appliquer aux Ton- gouses. Mais il est aussi I'acile d'indiquer ce qu'il y aurait a faire a ce triste 6tat de clioses qu'il serait dif- ficile d'y rom^dier r(^ellcment. Sous le point de vue purement cthnograpbique, ces Tongouses sont deve- nus tr^s st^riles par leur fusion avecles Jakoutes. J'ai mis a profit le long voyage que j'ai fait avec ces der- niers pour etudier leur race , dont I'origine tartai-e est incontestable. A un catalogue de mots, j'ai reuni les elements d'une grammaire jakoute. La grande vari^t6 des con- jugaisons , les modifications pronominales de septde- clinaisons dilTercntes, I'absence du comparalif ct du superlatif dans les adjectifs , etc., etc., sont une nou- vcll.' prouvr :"i I'appui de ce que j'ai avanci* plus baut ( 103 ) II est assez remarquable que la plur grande partie du clerge , poss^dant compl^lement la langue jakoute , n'ait jamais essaye de lui appliqiier recritiire. Excepte quelqucs petits catalogues de mots , le soul livre piiblie on langue jakoule est un cat(!'chisme presque incom- prehensible pour lesnaturels, par les consnnnances qu'il donne a certaines syllabes. Peul-etre sommes- nous en etat de leur veuir en aide. Les Tongouses sont tout aussi pauvres en livres ; je nie suis pourtanl procui-e les formes de leursconjugai- sons et declinaisons.etmes recbercbes, poussees assez loin,m'onl appris que depuislalimite nordjusqu'acelle du sud, il n'existe que des clitTerences insensibles entre les dialectes des divers montagnards. Ce qui reni'orce- raitsurtoutune opinion 6mise recemment, ce sont mes observations sur les ditlerences fondamentales de Ian- gage qui existent entre les Samoyedes. Les donnees que je possede sembleraient combnttre cette assertion de Stepanof, que les Samoyedes. ne sont en aucune facon les descendants disperses des Motores et des Koibales. Par malheur, n 'ay ant pas avec moi Touvrage de Stepanof, je ne puis renvoyer au beu et a la place qui se rapportent a ce dont il s'agit. Je me suis aussi procure les poesies que les Jakoutes cbantent en cbceur a la fete du kumy. Ce n'est passeu- leu:ient la une doan^e de plus sur leur langue, c'est en- core une peintui'e de lenrs usages etde leurs id^es, Le passage des monts Hinkansme fournit I'occasion d'analyser avec soin ce talent declamatoire des Jakou- tes qui m'avail bien souvent etonn^. Quant au rapport m^teorologique, il est Evident que dans Test du versant meridional il fait beaucoup plus Iroid que sur le versant septentrional , et que dans ( lOA ) I'oucsl, le froid atteint en liiver un degi't!; a peu pr6s aussi I'love qu'a Jakoutsk , piilsqu'a partlr du 10 no- veriibre le mercure se congelail luutes les nulls , et ne so liquelialt que vers midi , sous riufluence du soleil qui rayonnait a travcrs une atmosphere sans nuages^ Par malhour, lous nos tlieruiometres i alcool 6taient employes dans nos dilTerentes stations , ce qui fait qu'en verity je ne suis pas fixe sur I'intensile d'un froid pareil. Les frimas nous rappelaicnt cependant la tem- perature almosph^irique de Jakoutsk, — 40" R. 11 faut remarquer encore que levrier et mars ont une tempc*- rature moyenne superieure a celle de Jakoutsk ; I'et^ est naturcllement plus froid dans la montagne. Je n'ai rien a dire sur la temperature du sol. Les sources donnent des resultats trop dilTirents , et doivent etre employees avec precaution, car les montagnes four- nissent des eaux tlicrmales. Ln excellent yieillard tongouse que je rencontrai au moment oii il allait succomber a une plouropneu- monie , fut gueri radicaleraent par I'emploi de nos raoyens les plus energiques. J'utilisai sa reconnais- sance pour lui confier une bouleillc avec un bouchon qui la fermait exactemcnt; je lui enselgnai la maniire de I'enduire de resine et de I'entoui'cr d'une vossie gonflee. II me promit de I'exp^dier a Jakoutsk remplic de cette eau meclicinale dont j'ai parl6 plus haut , et qui doit (itre a 30° R. environ. Lin lionnete Tongouse tient toujours parole. Je profitai de I'occasion que m'olTrail la congelation do la Bureja pour faire sur mes palins un jour de v<)\age en arriere , et dclaircir I'liistoirc un peu em- brouillee de cotte vallee de glace. II paraitrait que les glagons cliarries y jouent un grand role : c'est un ( 105 ) plidjnomfene qui , autant que je m'en souviens , n'est pas tout-a-fait 6clairci par les discussions auxquelles il a donne lieu jusqu'a ce jour. Suivent quelques considerations zoologiques , el un 6loge deM. Vaganof, le topographe. Irkoutsk , le 4 ft^v""''' ' 845. Rapport sur le relief da Mont-Blanc execute parM. Si^Ni^. Gommissaires : MM. Jomabd , rapporteur^ Albert - Montemont , Eyries , absent , et le colonel Corabokuf , Vivien, Rerihelot, adjoints. La Comuiission que vous avez cbargeed'examinerle relief du Mont-blanc par I'auteur du relief du Sim- plon deja approuve par la Societe , s'est transportee , le A du mois d'aout, au local oii le nouvel ouvrage de M. Sen6 est expose : elle la etudie avec la plus grande attention et a plusieurs reprises. Cette pi^ce remar- quable , executee a une grande echelle , n'a pas moins de 6 metres 50 cent, d'etendue sur U metres 75 cent. L'aspect est frappant ; I'ouvrage se distingue par le fini, par I'harmonie qui regne entre toutes les par- ties , par la verity dans les formes et les couleurs lo- cales. Quiconque a parcouru I'une ou I'autre des vallt^es qui circonsci'ivent le g^ant des Alpcs, visitt^ ses glaciers ct observe attentivement sa configuration , reconnait ici aussitot un portrait fidele et fait d'apres nature. Avant d'enti'er dans le detail de la description , nous ( 106 ) devons d'abord parler des deux echelles du relief. La dilforence n'en est pas tres considerable; le rapport est de 3 a 5. On sail que , dans la pluparl des cartes de cette espece, ce rapport est de 1 a 4 , et meme a 8 at au-dela ; rnais I'auteur du relief du Mont-.ilanc n'a pas profltdde la tolerance qu'on accorde ordinairement a ce genre de representation du sol terrestre. II eut pu a la rigueur rendreles formes asse?, sensibles en n'em- ployant qu'une seule echelle , savoir, le dix-milli^rae ; mais peut-etre eiit-il inanqu6 a Tedet optique. L'ne ex- perience constante a fait reconnaitre que la hauteur des nionlagnes preseiitc toujours une apparence qui est au-dcssus de la realite. Si en presence d'une grande montagne, on met sous les yeux du spectateur un pro- fd construit geometriquemenl d'apres des mesures exactes , 11 trouve le dessin fautif , el n'y reconnalt pas ce qii'il a devant lui. De la , probablement, I'liabitude des dessinateurs d'exagercr un peu les elevations. Neaninoins on doit, autant que possible, malntenir r^galite des echelles , et nous connaissons plus d'un exemple de reliefs construits d'apres cette condi- tion. Le sujet des cartes en relief ayaut souvcnt 6te traits dans les seances et dans le Bulletin de la Soci(^t6 , nous ne pousserons pas plus loin ces considerations g^nerales , et nous nous a|)pliquerons a donner une idee du nouveau travail de M. S6n6. L'on connait un certain nombre do cartes represen- tant tout ou partie de la chaine du Mont-Blanc : une des plus dtenducs et des plus d6taill6es est la carte physique et in/neraIogi(jiie clii Mont-Blanc et des mon- tagncs et vallees qui I'avoisincnt, par le capitaine Ra\mond , do corps loyal des ingenieurs militaires. ( 107 ) L'auteur <^tait uri lionime du pays ; il avait une con- naissance complete des localites : aussi Ics accidents du sol, meme les plus ininutieux, son I consignes sur sa carte. 11 semble done que rien n'y ait ele oublie , et qu'on ne peut avoir un guide plus sur pour se re connaitre dans ce dedale de montagnes, de valines, de cols et de ravins. Et cependant, quand on compare le relief du Mont-Blanc avec cette carte , quand on en fait un examen attentif , que de differences Ton Irouve des le premier coup d'ceil ! comhien les formes different dans I'un et dans i'autre, soit que I'habile geographe n'ait pas toujours bien vu , soit qu'il y ait impos- sibilite a ce que le dessin ou la gravure donne une idee juste et completement vi"aie d'un pays de mon- tagnes ayant une telle configuration ! Or, la vdjracit^ et le talent de M. Raymond n'ont jamais ete mis en doute, et la gravure qu'il a donn6e est tres satisfai- sante , comparee a tout ce qu'on connait en ce genre. II faut done avouer que le relief est I'unique nioyeu qui permette d'exprimer dans loute leur verite , dans toute leur exactitude les formes du terrain , surtout quand ces foi'mes sont compliquees. M. le professeur James Forbes a , depuis , donn6 une carte de la Merde glace (1) : c'est une 6tude tr^s re- marquable de dessin et de gravure, etqui fait honneur au talent de I'artiste charge de reproduire toutes les con- formations a peu pi'es exceplionnelles du Mont-Blanc , telles que les aiguilles etles moraines. Toutefois, si Ton rapproclie cette gravure du relief de M. Sen6 , dont (i) Map of the Mer rlc glace ofChamouiii and of the adji>iniii;> mountains, laiil down from a tletailcd survey in 1 84 * , Isy profei- :ior Forces , eihelle i ; jfiooo. ( 108 ) I't'clielle excedo seulcment d'unc I'ois et demie , Ion dticouvre a la premiere vue une foule de differences qui ne peuvent provenir que de I'inipuissance de I'art du dcssin (1). La sculpture seule , en effet , peut ren- dre des formes si varices et les details infinis accuniu- 16s pour ainsi dire sur chaque point. AI. Son6 a pris le courageux parti do les etudier un a un. Prenant pour base les determinations de Saussure, il a con- struit goomcitriquemcnt la cliarpente du colosse , et donne a cliacun de ses niembres , s'il est permis de s'exprimer ainsi, son exacte proportion; puis il est descendu, des sommitcs accessibles, a chacun des cols, a chacune des vallees , scul|>tant a mesure les rameaux et les embranchements ; cnsuite il les a revetus des glaces ou des neiges eternelles, imitant avec fidelity les glaciers , leurs gouffrcs ou crevasses , leurs pyra- mides, et leur ton glauque, couleur si frappante ; enfin les niilliers de sapins, si pittoresques, dont le ton som- bre contraste vivement avec I'eclat de la neige , avec le vert pale des flancs des raontagnes. Pour se fairs une id^e de cet immense travail , il faut savoir quo la surface sculptee par M. S6ni^ n'est guere moindro que de 30 metres carr^s (plus de 300 pieds carries ) . Le terrain represente a lui - meme pr6s de 15 lieues de long sur 8. II s'etend entre Marti- gny el le col du Bon-IIomnie dans un sens , entre le Grand Saint-Bernard, Ic Breventetles Aiguilles Rouges dans I'autre sens. Les liniites sont a peu pr6s les jjoints suivants, en partant du Grand Sainl-Bernard, c'est-a- (i) Nous ne parlous pas iles autres cartes tie la Savoie on du Valais ilans lesquelles Ic Mont-Blanc est represent^ dune mahiure n>oins .satisFaisante. ( 109 ) dire de Test, et faisant le tour par le midi : le Salnl- Bernard et rentr^e de I'ltalle , le val d'Aoste et Coi'- niayeur, le torrent allant dans la direction du Petit Saint -Bernard, rembranclieinent de la Tarentaise allant a Saint-Maurice , le col du lion-llomme , Saint- Gervais connu parses bains et situ6 en amphitheatre , l'entr<^e de la vallee de Chaniounix, le passage de la Tete- Noire et val Orsine , la vallee d'Entremont el Marti- gny , enlln la Drance de Bagnes , qui prend naissance au Grand Saint-Bernard. Nous n'indiquons ici que sonimaireraent les locali- tes qui circonscrivenlle relief; mais nous aurions pu faire remarquer que 31. Sene a represente exactement Vetat actitel dcs lieux , par exemple le lac Gombal (au nord du Petit Saint-Bernard), k I'enlree de la vallee de rAIIee-Blanche , ce qui n'esl pas sans importance , parce que ce grand lac va diminuant de plus en plus par suite de I'^boulement des hautes sommit^s du Mont-Blanc et de I'aftluence des moraines. L'impasse des bains de Saint-Gervais avec I'entr^e de la valine de Montjole est exprime avec la meme verity. Si Ton s'ecarte a une certaine distance du relief, vers le sud-ouest, on jouit d'un coup d'anl pittoresque. De la , le massif du Mont-Blanc se detache clanement des montagnes environnantes, de maniere que ce qui est confus sur les cartes et impossible a discerner sur les lieux , I'teil le distingue ici avec la plus grande faci- lity. La chaine du Mont-Blanc apparait comme une sorte de presqu'ile entre la vallee de Ferret et rAliee- Blanche d'un cote, et la valine de Chamounix de I'au- tre , vallees presque paralleles entre elles ; a I'extrc^- mite de cette perspective , la vue est ferm^e par le Valais. ( 110 ) II serait inutile de decrire dans le detail les difTtTon- tes montagnes qu'a representees M. S6n6 , et encore moins loutes Ifs aiguilles rcmarqiiables, telles que fp Geant, la plus haute a Test du Mont-Blanc, V Jrgentiere vers Ic nor.l-est, etc. ; tons les pics, los domes , les dents dc rochers ; ni les cols , les vallons , les defiles et passages divers qui font comrauniquer ensemble le Valais , la vallee d'Aoste et le nord-ouest de la Savoie : le col du Giant , le col de la Saigne, le col des Fours , le col de Balnie ; enfin lous les diffirenls glaciers. L'inumcration en serait inutile pour ceux qui ont vi- site les lieux vcnant de Geneve ou de Chamhery , et fastulieuse pour ceux qui n'ont pas fait le voyage. On peut assurer, d'apres le temoignage unanime des per- sonnes qui connaissent le mieux 'es localites , que cet ouvrage estdebeaucoup superieur a ce qu'on a faitjus- qu'a pr6sent, sans exceptor le I'elief du Mont-Blanc de M. Kummer, de Berlin, malgre sa belle execution. Tou- tefois, ce dernier ouvrage gardera encore longtemps son utilitt^ : construit a une eclielic vingl fois moindre que celle de M. S(^n6 , ayant quatre cents fois moins de sur- face, 11 nest pas elonnant qu'll prisente boaucoup moins de details et de fid^lite ; 11 est d'allleurs portatif , applicable a I'enseignement et utile aux geologues : on peut enfin I'acquerir a un prix mo(l6ri. Nous de- vons toutefois faire observer que , dcpuis une vingtalne d'annies, 6poque du travail du g(^ograplie de Berlin , les connaissances sur le Mont-Blanc se sont t^tendues ct perfectionniics. Par exemple , le rameau descen- dant du sommet de la valine de Ferret au nord , vers la vallc'^e qui conduit a Martlgnv, etait considf^re conime une crete pleine ; mais on salt maintenant qu'll esl fouronni par une vallee haute, que les gens C E. Granimnire generate, on Philnsophie des lani^iies , prc- sentant I'analysc de I'art de parlor , d'apres les usa- ges compares des langucsliebraique, grecque,latinc, allemande , anglaisc , italienne, cspagnolo , fran- caise ct autrcs; parM. Ai.uERT-MoNTtMONT , membro de plusieurs Soci6t6ssavantes. 2 volumes in-8. Prix: 15 fr. Paris, 1845 ; Moquet , librairc-editeur. La linguistique est une partie de la geograpbie ; toute grammaire gtini^rale , comme celle dont nous ve- nons d'ollrir le titre, est par la du ressort du liulletin de la Society. Nous aliens y donner une analyse som- maire de ce nouvel ouvrage do M. Albert-.Montemont, auteur deja de compositions importantes, telles que les Letlres sur Tastronomie el rilistoirc universclle des voyages. La (traniinaire ^cnerale , on I'hilosophie des Inngues comprend deux grandes divisions. La premiere traite de I'art de parlor, comme methodo d'analysor la pensee , ct indique les moyens de rendre permanents les signes futiitifs du langage d'action. Cette division renlormc deux parties , la coimaissance des ideos et I'analyse dc lours dilfercnts signes; ellc offrc la thcorie des mots dediiitc do colic des idees ol la tlieorio des pbrascs do- ( 11^^ ) dulte de celle des mots. La seconde division rccomposo le discours que la premiere a decompose ; elle com- prend la syntaxe et la rh^torique elementaire. L'ou- vrage embrasse toutes les notions et tous les fails gram- uiaticaux qui se I'apportent a la science de I'expres- sionde la pensee parle discours, et offre une methode non seulement d'apprendre, mais encore d'enseigner les langues, sans le secours des m^tliodes vulgaires. Ce livre se distingue des autres productions du meme genre par des differences essentielles , dont les principalcs consistent, 1° dans la m^tliode analytique dont I'auteur fait I'application , apr^s avoir diduit la connaissance des idees , corame moyen de d^couvrir I'organisation du discours; 2° dans la classification iiouvelle des parties du discours et dans la creation de mots propres a tirer logiquement les consequences du systeme philosophique des langues ; 3* dans le classe- ment simplifi^ des modes et des temps verbaux pour les designer d'unemani^re plus conforme a leurs fonc- tions ; h" enfin , dans la classification des regies appli- cablcs aux divcrses langues comparees. En outre , M. Albert-Montiimont a reduit a une seule conjugaison les treize du grec, les quatre du latin, et celles des langues moderncs qu'il a mises en parallele. Ce plan est vaste , I'execution en est hardie , et I'ou- vrage ne saurait manquer de produire quelque sensa- tion dans le monde savant. ( JI6) DEIXIEME SE(/riOI\. Actes de la Societe. F.XTRAIT DRS PROCES-VERRAUX DES SEANCES. PrI^.SIDENCF. de M. GuiGMALT. Seance dn 1" aout 1845. Le proc6s-vi'rbal de la dcrniere .seance est lu et adopte. M. le vice-amiral baron de Mackau , ministrc de la marine , adresse a la Societe un Memoire que lui a present^ M. Raffenel , ofTicier d'administration de la marine , employ^ au Senegal , sur un projet de voyage dans I'interieur de I'Afrique ; il la prie d'examiner ce Memoire, ct de lui faire connaltre son opinion sur la possibilite de I'execution du plan que ce voyageur a trace , sur Ics moycns raat^ricls qu'il indique , sur les d^penses qu'ils doivent enlrainer et sur les avanlages speciaux que les sciences pourraieiit retirer d'une seui- blable cxploi'ation. M. le ministrc ajoute que si I'avis de la Society est favorable a ['execution du projet , et qu'il juge devoir I'autoriser, il la j)ricra de nouveau de lui indiquer les diverses questions g^ograpliiques et autres qu'il serait a desirer que M. Raffenel pilt itXxx- dier et eclaircir dans le cours de son voyage. La Commission centrale, d^sirant r^pondre auxvues de M. le ministre de la marine , designe une Commis- sion sj)i'ci;ilo . c()mpos(l"e de MM. Jomard , d'Avc/ac ct ( 117 ) Noel des Vergers, ainsi que des uieiuljres du l)urcau , pour examiner le Meiuoire de M. RalTenel. M. le chevalier Ferrao de Castel Branco , admis recemment dans la Societe , lui adresse ses remercie- nients et promet de cooperer a ses travaux. M. le secretaire de la Soci6t6 royale asiatique de la Grande-Bretagne adresse la suite de son journal. M. le secretaire de la Societe g^ologlque adresse un exemplaire do I'Essai d'une carte geologique du globe , par M. Boue, public sous les auspices de cette So- ciety. M. Grangez adresse un exemplaire d'une .carte des voies de communication de la France , de la Bolgique, des Etats riverains du Rhin et d'une partie des Etats limitropbes, qu'il \ient de publier, et sur laquelle il a indiqu6 la situation exacte des travaux de chemins de fer et de navigation. M. Albert-Montemont fait hommage de sa Gram- maire gen<^rale , ou Pbilosophie des langues , presen- tant I'analyse de I'art de parlcr, d'apres les usages compares des langues liebraique , grecque, latine . allcmande , anglaise, italienne , espagnole , francaise et autres. M. Jomard communique I'exlralt d'une lettre de M. d'Arnaud relative au grand desert de Nubie. Par ordre du vice-roi d'Egypte , on y travaille a faire un grand nombre de puits necessit^s par la frequence des voyages d'Egypte au Sennar. Plusieurs ancieiis puits vienncnt d'etre d^couverts dans cette route. Le meme membre annonce que I'mg^nieur fran^ais recemment envoy^ en Egypte pour les sondages , vient de visiter les valines adjaccntes a celle d'Araba <>l les environs do la mer Rouge jusqu'aux terrains prinii- (118) lils , et qu'ii a decou\crt des locallles ou les indices g(^ol()gifjues donnent resperance do rencoiitrer de la houlllo , notamment une foi'iiiation qui parait se d6- velopper dans le sud de la vallee d'Araba. M. Roux de Roclielle annonce que M. Charme , in- g6nieur des mines , qui est sur le point de se rendre en Bolivia , desire recevoir les instructions de la Socit^t6 et entretonir avec elle des relations scientifiques. M. Charme est recommande par M. Pouillel , membre de I'Academic des sciences. M. de Froberville dispose sur le bureau la copie de la table des mati^res du Bulletin, ct prie le comite ou un de ses membres de vouloir bien en surveilier I'im- pression pendant son absence. M. d'Avezac est invite a se charger de ce soin. M. de Froberville annonce en- suite son prochain depart pour I'lnde ; il fait connaitre les difft^rents points qu'il doit visiter, et exprime le desir de recevoir les instructions de la Soci6te. Seance du 22 nout 18A5. Le proces-verbal de la derni6re stance est lu et adopt(^. M. l(j minlslre do I'instruction ])ul)]ique adrcssc a la Society une anij)liation de I'ordonnance royale du 27 juillet 18/|5 , relative aux societ6s scientiliques el litteraires du royaume. La Commission ccntrale decide (jue cetlc ordon- nance et la circulaire minisl^rielle qui en acconipagnc I'envoi seront insen'ses au Bulletin , et cUo designe une Commission speciale , composee des membres du bu- reau et de MM. Jomard, d'Avezac et Noel des Vergius, pour prcpaior Ifs ii-nseigncnicnts demaiult's parM. It> ininislrc. ( ]n> ) M. Francis Lavallee ^crit a la Societe pour lui an- noncer sa nomination aux fonctions de chancelier tin consulat general de France a la Flavane, et pour lui renou\eler ses ofl'res de services. M. Oudine , graveur de la niedaille du monument du contre-amiral d'Urville , adresse a la Societe plu- sieurs ^preuves en bronze de cette medaillepour ceux de ses membres quidesireraient en faire I'acquisition. M. le D' Lauteschlager et M. Ewald adressent a la Commission centrale lesstatuts d'une nouvcUe Societe scientifique etlitteraire qui vient de se former a Darm- stadt , en exprimant le desir d'entrer en relations avec la Societe et de recevoir ses publications. M. le secretaire-general est charge de repondre a cette communication. M. Jomard annonce que la Commission sp^ciale charg^e d'aller visiter le relief du Mont-Blanc et du Grand Saint-Bernard, execute par M, Sene , sera en mesure de faire son rapport a la prochaine stance. Le meme membre depose sur le bureau, au nom de I'auteur, M. le D'' Montague , un opuscule intitule : Memoir-e sur le phcaoiuene de hi coloration de la mcr Boiige , M(!!raoire dans Icquel au fait deja consign^ dans le Bulletin de la Societe, c'est-a-dire la presence de la couleur rouge sur les eaux du golfe Arablque , depuis Cosseir jusqu'a Tor, sont annexes ex\ nppendice plusieurs fails analogues observes par MM. Peroii , Daruin et Hinds. Ce Memoire est accompagne d'une plancbe representant I'algue marine a laquelle est due cette coloration , Tricodesuiimn erflhra;uni hhrenb. Le Memoire de M. Virlet sur une depression proba- ble de I'vVlrique septentrionale donne lieu egalemont a diverses observations presentees par MM. Jomard el ti'Ave/.ac. ( 120 ) M. Hommaire dc Hell entretiont la Societe clu nou- veau voyage qu'il se propose d'entrcprendre incessam- ment pour completer ses Iravaux sur la Russie meridio- iiale, it il exprinic le dcsir de rcccvoir ses instructions. OUVRACES OFKERTS A LA SOClfeTK. Seance dii i" aoiit 18/i5. Par M. Deinidoff : Vojage dans la Puissie mcridio- nale et la Crimde, 10" livraison. Par M, Jlber!-.Moiitemont : Gri\m\X)id\ve^c\\(iVd\(i, ou Philosophie des langues , pr^senlant I'anahse de I'art de parlcr , d'apres Ics usages compares des langues hebraique , grecquc , latine , allemandc , anglaise , italienne, espagnole, fran^aise et aulres. Paris, 18A5 , 2 vol. in- 8. Par la Societe asiatique de Londres : The Journal of the Royal Asiatic Society of Great Britain and Ireland. IS" 16, part I. London , 1845, in-8. P<(r la Societe geoJogimie : Essai d'une carte gdolo- gique du globe tei'restrc , par M. A. Boue , 1 feuille. Par M. Ernest Grangez : Carte des voics de com- munications de la France , de la Belgique , des Etats riverains du Pdiin et d'une partie des Ltats limilro- plies , 1 feuille. Par les auteurs ct editeurs : Boletin enciclopedico dc la Sociedad economica de Amigos del pais. Valen- cia , 18/i5 , in-8. — Revue de I'Oricnt, ou Bulletin de la Societe orientale , juin ct juillet. — Nouvelles annales des voyages ct des sciences gcographiques , juin. — Bulletin de la Societe geologique de France, feuillcs 17 a 19 , f(^vrier et mars. — Journal des missions 6van- geliques, juillet. — L'Eclio du monde savant. ( La suite an jivocJiuin uiDurro. I BULLETIN I)E L\ SOCIETE DE GEOGRAPHIE. SEPTEMBRE ISA 5. PREMIERE SECTION. MtMOfRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. SlRLESPHtNrCIENS. Exirail ties nouveaux Eclaircissements qui doiveiit completer les Religions de VanlKjuitc ou la Symbolujue et Mytholoqie j, Phcenicie, Pha'iii- cia, est d'origine purement grccque, et signifie Routes, les homines rouges , de tpotvo- , yot'vto; , rouge de sang, IV. SEPTEMBRK 1. 9 ( 122 ) vcnant de yovo;, mcurtre. Quclqiies uns, suivant Stra- bon (1), le derivaionl do lamer Erytluee ou Raii^e{2), des Lords de laqacUe les Pheniciciis soralont venus; d'autres I'expliquaient par les nombroux paliuiers ( iiieiiiie du Voliiey , t. !'•; le Commeiilaire historlqut etcritiqu, sur la Geiiese,(ie Rolilen(eii alleiii ), et VIntruduction a t llUloire de i.hin occidentale , couis profosse a la I'"aculte Jes Icltres par M. Cli. Lenorinant , Pari:;, i 838. (i) Voyez, sur les iiioiinnionl.s qui rcsteiu ile la lan,<;ue plieiii- cienne, les travanx branclie, de meme date ni de meuies niceurs , ils nVHaient autres, avons-nous dit , que les Cana- neens , ou du moins une portion d'entre eux. Les Ca- nan^cns , selon les livres mosaiques , ici la plus sure des autorit^s , constituaient une nation unique, parta- gee en de noinbreuses tribus, toutes fixees dans des villes et deja civilisees depuis longtcmps, a I'cpoque de I'invasion des Israelites sous la conduitc de Josud; , dans le xv" si^cle avant notre ere. Par cette invasion et par d'autres semblables qui I'avaient precedee, ils fu rent oxtermines en partie , en partie forces de se dis- perser dans les contr^es voisinos. Seuls du peuple en- tier, les Cananeens niarilimes demeuierent en pos- session de leurs places fortes sur !a cole ou dans les lies adjacentes. M. Movers , le plus recent et le nieillcur historien des Piieniciens etdeleur i-eligion(l),distribue ces Canane(^ns maritimes en trnis branches ou plutot - en trois ranieaux d'une meme branche primitive, qu'il disiingue par leurs cultes dominants corame par leurs dome u res : 1° Los Sidofiic/is ou Ics Pheiu'cicus proprouient dits , fondatours de 5/cA///, la ville fies prc/teiirs , metvopole de la plupart des autros cit^s plieniciennes , et avant (i) Die Plitenizier^ von Di- F. C Movers v. I, Bdiiii, i84i, p. l et siiiv. On attend avec inipalience le tome seooud de ce livii- profond et ingeiiieux , dont nous avons tire le |)lu-i grain! [nolit , pour ces iMlaircisseiiH'iils. C 128 ) toutos de la fanicuse Tyr on T.sor, qui n'est pouitant nommde ni par Moise ni par Honi^re , quoiqu'elle le soit dans le livre de Josu6. Herodote , sur la foi des protros du temple de Molkaiih, rHorcule phenicien, la faisant, alnsi que ce temple, par une exag(iratlon ou une confusion plus que probable, de 2,300 ans ant(i- rieure a lui-meme , la reporte a 2,700 et davantage avant J^sus-Cbrist ; selon Josephe, elle aurait cte fon- dee 240 ans seuleraent avant le temple de Salomon , et , d'aprl>s Justin , un an avant la prise de Troie , con- s6qucmment vers 1200 avant notre ere ; ce qui , dun autre cote , ne saurait guere s'entendre que de la nou- velle Tyr, de la Tyr insulaire, distincte de Vancienue , et beaucoup plus ancienne elle-ni6me que I'epoque de Nabucbodonosor ouon la place ordinairement (1). Astart^, qui fut portee par les Tyriens a Carthage , lus siires, par la critique de Heercn , out ete soumis a un nouvcl examen par M. Movers, dont nous avons deja cite I'ouvi'age recent et special. M. Movers ponsc que le commerce de Sidon et de Tyr, et los colonies dui en furenl la suite, ne sulTisent volnt ( 132 ) a rondre compte tie la propagation si ancienne et si genei-ale des cultes phenicicns en Asie-Mineiirc, en Gr^ce, dans les iles et sur les cotes de la Mcdllerranee, de la mer ISoire, et jusqu'aux extremit^s do I'Occident. Ici encore il prend les Ph6niciens d'ensemble , les rattache aux Cananeens dont ils faisaient partie, ainsi que nous I'avons vu plus haut, et introduit la distinc- tion iniportante des etablissements r6guliers et rela- tivement recents, que formerent au dehors les Sldo- niens et les Tyricns, ou les Phenicicns proprement dits , en vue de leur commerce ou par des motifs politiques, et des emigrations anlt^rieures , beaucoup plus anciennes, de dilTerentes tribus cananecnnes ou pheniciennes, au sens gt^n^ral du mot, qui se refou- lerent les unes les autrcs, a une epoque ou ellcs n'etaient point encore completement fix^es, ou qui furent forc6es de s'expatrier par de nouveaux arrivants. II se represente la Palestine , des les temps les plus recultJs, comme le rendcz-vous d'une multitude de peoples venus de I'Arabie , de la S\ rie , de la Haute- Asie , qui harcelerent maintes fois les habitants des cotes, et les obligercnt d'emigrer par terre ou pt.r mer dans les contr^es et dans les iles voisines , quel- quefois meme de chercher au loin de nouvelles de- meures. Les traces d'une dispersion des enfants dc Canaan, anterieure a celle que causa la conquete de la Terre-Promise par les Israelites, no manquent pas , en effet , dans la Bible, soit lorsqu'on voit arriver les patriarches hebreux d'au-dela de I'Euphrate, soit lorsque descendent avec eux de la Ilaute-Asie les Annnonilcs , les Moabitos et les tdomites , soit lorsque t'ondentsur le pays , au lemps d'Abraham, des cnnemis plus eloignes encore, tels que le roi d'lilaui, dans des ( 133 ) incursions accidentelles (1). Plus tard , a peine les enfants d'Israel, revenant d'tgypte, ont-ils exterinin^ une grande paitie des Canan^ens, que surviennent, par un retour semblable , mais op^re sur mer et pro- bablement a travers I'ile de Crete, au moins pour unc portion d'entre eux (2) , les Pliilistins avec leurs cimi chefs ; qu'arrivent , comme une pluie de sauterellcs , des deserts de I'Arabie , les Amalecites et les Madia nites, tandis que debouchent par le Nord les trihus syriennes, qui s'intex'calent parmi les Pheniciens et les m'breux (3). Cette distinction, souvent fort difficile a justifier dans le detail , mais que nous croyons vraie en la pre- nantdans une certaine generality, conduit M. Movers ;\ reconnaitre ti'ois directions principales suivies par les emigrations cananeennes ou plieniciennes , anterieures aux colonies parties de Sidon , de Tyr , ou des autres villes de la Piienicie propre ; emigrations qui lui pa- raissent avoir exerc6 une grande influence sur I'etat religieux et intellectuel des pays ou elles se porterent, et dont elles domin^rent ou renouvelerent en partie la population. (i) Genes. XIV, i sfjq. (2) Genes. X, i4 , d'apres rinvcision proposee par Micliaelis Clins- luim et Capltlorirn , de ijuibus eijressi sunt Fhilislilm ), et les obser- vations de D. Calinet et de Lakeinaclier sur Cuphtorim ou Caphtnr ^ qui serail la Crwte. Le propliete Amos, IX, 7, assitnile les deux re- tours Tuna I'autre; Jeremie XLVII, 4 5 appelle Caphtor une ile d'oii sent sortis les Philistins ; le Deutc'ronome vient a I'appui, II, 23. Que Caplitor soit pre'cisement file de Crete, c'est ce que M. Movers ne veut point decider; mais il n'en regarde pas moins comme certain que les Pliilistins, avant leg Phenicicris pioprement dits, avaieut vi- site cette ile . et qu'ils lui laissereiit leur autre noni de Chrctim ou CLrcti [Eteclue], XXV, i6;Zeplian., H, 3-5 ; I Sam., XXX , 16). (3) Judic. , VI, i5; III, 8 , 10. { 134 ) La premit're de ces direcrions embrasse les cotes S. et 0. de I'Asie-Mineurc , en y joignant Ics rivages voi- sins de la Thrace et les iles jetees sur toules ces coles, a commencer par I'ile de Cypre , toule plcine de reli- gions phcniciennes , soil pures , soil melangecs avec les cultes grers apportes plus tard par les colonies helle- niqucs. L'Aphrodile ou la Venus-lranie y vint , ou d'Ascalon, ou deBjblos, et fut port^e de la , sons les noms de Cypris et de Cupra , en Gr^ce, et jusque chez les Pelasges de I'ltalje (1). Sur la cote de Cilicie , voi- sine de Cypre , memes importations successives , meme m(^lange de religions phcniciennes et grecques , ici conibinees avec un element nouveau , I'element assy- rien , par suite des conquetes du peuple de ce nom, etendues jusqu'en Asie-i\Hneure. Tarse passait a la fois pour une colonie des Aradiens , pour une fondation de Sardanapale, etpour un etablissement grec du a Persee ou a Triptoleme. Les monuments , les monnaies sur- tout , comme les cultes, comme les raythes , confnment cette triple origine. Les principales divinitCs de cette ville , demi-orientalcs, dcmi -hclleniques, mais plus hellcniqucs do nom que de fait, llerculo, Persee , Apollon, Ath6n6, en sont tout ensemble le produit et la preuve. M. Movers pcnse qu'cn Cilicie des colonies phenl- ciennes s'c^tablirent au milieu d'une tribu cananeenuc venue anterieurement dans cc pays. II retrouve positi- vcment une pareille tribu dans ces fameux Solyines , connus depuis les temps homeriques, qui habitaient a rO. des Ciciliens , qui parlaient la langue pheni- (i) Vi.y. le diap. VI de ce livre, el le XII' dcs Eclaiicissemenls , ci-apris. ( 1S5 ') cienne , et qui adoraient Saturne , c'est-a-dire Baa!, lis djsparurent de bonne Iieure , extermines par les Lyciens ct les colons Hellenes ligues centre eiix ; ou bien fondus parmi les peuples volsins, ils ne laisserent qu'une trace brillante, niais fugitive, dans la niytho- logie grecque. Les vestiges de rinfluence des Pheni- ciens sont moins marques sur le prolongement ulte- rieur des cotes de I'Asie-Mineure ; mais on observe a la place une parent^ gen^rale de race, de religion, de traditions, entre plusieurs nations de I'interieur, no- tammentles Lydicns, et la branche semitique du Nord, ou la famille arameenne , a laquelle la Genese rattache ces derniers. Les Cariens , au contraire, tiendraient a la brancbe du Sud , et seraient une tribu cananeenne, d'abord r^pandue dans les lies de I'Arcbipel avec les Pbeniciens, puis fondue dans les iles ou sur le conti- nent voisin avec les Leleges et les Pelasges de la famille deJapliet, lorsque parurent en conquerants dans la Cr^te , d'oii ils les chasserent , et dans les Cyclades, les Doriens de Minos. Tous les traits caract^ristiques de la langue, du culte, des moeurs des Cariens, les ratta- client, en elTet, a la race pbenicienne , comme leur liistoire semble montrer en eux jilus specialement des Pbilistins, ces Pelasges du Canaan, ainsi que les nomme ingenieusemcnt M. Movers, qui partii'ent de cette con- trdie pour se disperser sur les mers, suivant la Bible, qui occuperent la Crete sous leur nom national de Chretiin ou CJireti , resle a cette iie, et qui rapporte- rent dans la Palestine le nom nouveau d'emiffres ou d'etr-angers qu'elle prit d'eux (1), (l) Movers I, p. 17 sqq. , 27 sqq., 4 Pt S/j sqq. Sur les Cariens, on pent comparer Soldan ( Ueber die Karer u. Leletjer, dans le Rhei- ( 136) De notnbreux vestiges des religions pli6niciennes ou seinitiqucs , en general , se remarquent egalement siir les cotes occidentales et septentrionalcs de I'Asic-Mi- neure ; ici dus principalement a des (itablissements ph^nicicns ou cananocns ; la plutot, comme Ic my the celcbredesAmazoncs, etlecultedela graude Artemis ou de la Diane d'Ephese, a rinlluence immediate de la Ly- die et de la Phrygie. Le ray the de I'aveugle Phino»»oO> f^ '^cs Lcleges et des Pclasgcs , qnoiqu'ils aient ete , en divers lieux et a difl'eientes reprises , ineles ou associi'S aux uns et nux autres. (1) Phinee est fils de Be'Ius , d'Agenor ou de Pheuix. Plusii urs lieux des noras de Phinion ou Pliinopolis (Slopban. Kyz. , .s v.; Plin. n. N. , IV , 1 ) se trouvaieiit dans les deux pays; et Phinoii , qui veut dire obscurild ^ designe deja , dans la Genese, une mine en- core exploilce du toMqis de Dioclc'tien par les chretiens condamne'sen lelte qualite { Ilierunyui. Oper. t. II, p. 4{2, croll, 424^- Nonnus, picin de traditions plieuicieiines , appelle Phinee « orgueilleux de ses mines recelant des tresors dans leurs profondeurs. » ( Dionysiar. II , 687.) Suivaut les Arjjonautiques , Phinee, non seulenient avail avpii- gle ses fils, mais de plus les avail a demi cnsevclis dans la terre, ou il les faisait battre de verges, ce qui lappelle le traitcnient inflige par les Pheniciens a leurs esclaves dans le travail dis mines ( Dio- dor. IV, 43, 44 1 '""• ^% -^^f *^' ^'' Scholiaste d'Apoiloniiis de Pdiodes, II , 207 ). Movers , I , p. 20 sq. Foy. sur Phinee passe dans les mythes de la Grece, et represent^ sur ses monuments avec les Har- pyics vengercsses, dont les fils deBoie'ele delivrerent, notre planche CLXXI 61s, 644 Oi avec rexplication, t. IV, p. 276. ( 1^7 ) et I'lle de Tiiasos , avoc son ternj)le ile I'llercule T}ilcn, jusque dans ia Beotie. De la encore Ic culte d 'Adonis, aussi blen que celui dlleicule, et cciix d'Astarte ou Zarelis (1) , ]a V6nas Zeryiithin , et de Dionysus, sur- nomme jJdssarciis Qt Sn/jos , naturalises ou imporles, soit en Macedoine, soil en Thrace. Enfui les Cal^ires de Lcinnos, d'hnbros et de Saniothrace, a la suite desquels se retrouve Cadmus, le nieme qui fut le fon- dateur de Thelics aux sept poitos; ces Cabires, que Ton adorait dans un temple de cette ville (2) , achevent de nous moutrer rintluence de la i-eligion pUenicicnne penetrant par le nord jusqu'au cansr de la Grece , oil elle arrivait d'un autre c6t6 par le sud, des iles de Piliodes et de Cr^te. C'est ici la seconde direction des emigrations pl.eni- ciennes ou cananeennes qui , parties des cotes do la Syrie ou de celles de I'Asie-Mineure, convrirent les deux iles que nous venous de citer, occuperent celle dc Cythere , ct de la passerent dans le Peloponese. A Rhodes , comme en Cillcie et en Cypre , les cultes grecs ne furcnt que des rejetons entes sur une tige plus ancienne , et que tout annonce avoir dii etre semitique, a commencer par le culte du soleil , qui avail la son cliar, comme a Ilierapolis , son autel et sa statue co- lossale, dans le gout babylonien. Saturne y reclamait, comme en Phenicie et a Cartilage, des victimcs bu- maines; et le mont Atabyrien ou Tabyrien etait un autre Tabor, avec un temple du Jujiitcr de meme ncm, (1) Voyez le VII" iMlniiclsscmeiit, ri npy)'"; (2) II en est liaile an lonj^, oiiisi (jiie de niucliiis Bti'iiareuuier en consul- tant ou les laljiis de cli;u|ue parlie, ou la talile gi'neiale. (a) Cf. ci-dessus , p. i33, et le texie du livre IV des Religions, p. '^2. avec les indications de la note 3 au ba- ili/ l.i p.i;;e. ( !:^v) ) Mino^a»re devorant des enftuits est encore une autre legende de la meme origine, qui se ionde sur le culte du terrible Moloch, reprcsente avec une tete de tau- reau ; et le g^ant d'airain Talcs, qui, trois fois par jour, parcourt la Crete , et qui consume dans sos ^^treintes brulantesles etrangers sur Ics rivages de File, nous indique a la fois le synibole connu de ce culte affreux, commun aux Cananeeiis et aux Carthaginois, et son caractere solaire. Les trois freres , Minos, Sar- pd;don , Rhadamanthe , naturalises dans la Crete et passes dans son histoire mythique , se ramenont eux- memes, et par I'etymologie de leurs noms , et par divers traits des recits qui les concernent , a la triade divine et toute semitique du seigneur du del ( Baal Meiit) , du Prince de la terre [Sarphadaii) , et du mi de U Ainentkes ou de Venfer {Rhadainanthys) se retrouvant sous ce nom meme on Egypte, sous celui de Mont/i en Phenicie, sous celui de Maiiius cliez les Elrusques. Par une troisieme direction , et avec des effets plus vastes encore slnon plus frappants queceux desprece- dentes, les Iribus pheniciennes , cananeenncs , ara- bes , parties de la Palestine et des pays voislns , se poi'terent en Lgypte , et de la le long de la cole sep- tenirionale de I'Afrique, ainsi que dans plusieurs lies et sur plusieurs points des cotes m^ridionalos de I'Eu- rope. (iC sont , en effet, des nomades de cello race quo M. Movers voit dans les fameux Hycso.s , dans cos Pas- teurs, dont les rois forment les 15°, 16* ctlT" dynasties de Manetbon , qui firent de Mompliis la capitale de lour empire, et qui dominercnt pendant plus de 500 ans sur I'Egypte , en tolalite ou on partie. Manolhon les appelait tantot Phenicions , ot tantot Arabos , ce qui rovionl au meme, ct designe des Cananoensou des Philistins. lis sonl indiqu^s, d'un autre cole, dans iiii rdcit mylliiqiie dJIerodote , par le noin symbolique de Phililis, ce pastour qui faisait paitre sts Iroupeaux dans la Basse-Egypte, an temps des fondatours execres des pyramides (1). Aussi laGenosc rattaclie-t-cllc iiidl- reclement ou directeraent Ics Pliilistins et Canaan tout entier a Mizraim ou a I'Egypte. De ce point de vuc , et par suite de cette longue do- mination des Hycsos , M. Movers accorde aux religions semitiques en genciral, et a la religion phenicicnne en particulier, une grande influence sur la religion (^gyp- tienne. II admet , comme preuve de cette influence, les noinbreux rapports qu'il signale entre celte derni^re et les prec^dentes , rapports qui, selon nous, vien- draient avant tout de la communaule de race des tgyptiens et des Semites , principalement des Semites m^ridionaux , ou de ceux de la branche de Cliam , d'apres la distinction que nous avons etablie plus liaut. (l) Cf. Iv'laiicissoinciits du livre III, p. r8i S(iq el 78" du I. I'. La version de-listes ilc MniKfllion, ile Jules rAFiicnin d.iiis le Syncclle, suivie pai- M. Movers, et [n-efeie'e a cellc d'l'"usei)e, s.ins doute a raison de son ai'cord avec les extrails que lionne Josi'-phe dp i'liistorien egyp- fien , expliqiie la differenoe de chronolopjie dmit on sera frappe. Les variantes (le ces listcs el la diHiiidle de les ;iccurder, soil enlre elles, soil aveo les naonuinents hii'ro) et de M. Bunsen [jEnyptens Stelle in der IVcllgeschichte^ Hanibour{» , i845) ne seront pas les derniers snr cc sujet. M. Bunsen , an liv. Ill, seel, 1, p 3-46 lie I'onvrag'- important que nous venons de citer, traile de la pe- riode des Hycsos, (ju'il fait resider 939 ans a Monipliis, et sur I'ori- i;ine dcsciuels il partage, du reste, completemcnl I'opinion de "SI. Mo_ vers , qui est au-si la notre. On suit qnc C! ampnllion a voulii voir «n eux des Sivllics. ( i'il ) D;i restc , le sejour ties ti'ibiis phenicienixjs on cana- neennes dans la Basse-Egypte jusque vers I'an 1600 avaiit J^sus-Christ , et leur dispersion a cette epoque en dlvcrses contr^es, eurent, suivant M. Movers, qui renoiivelle ici I'opinion de Krerct , adoptee par plu- sleurs savants francais et etrangers , cette autre conse- quence importante, de donner lieu aux c^lebres colo- nies de Danaxis et de Cadmus, sources fecondes , dans cette opinion que nous devons discuter ailleurs (1) , d'une grande partie de la religion et de la civilisation de la Gr^ce pelasgique. Ces Emigrations d'Kgypte en Gr^ce paries iles seraient contemporaines de celle des Philistins d'Egyi^te a Caphtor ou en Crete, d'ou ils re- tournt!rent plus tard en Palestine, quand les Hellenes commencerent a s'etendre dans res parages. Tandis qu'uue portion des Cananeens - Egyptiens disperses fuyaient ainsi sur les mers, d'autres prenaient leur route par terre , et se repandaient de proche en pro- che sur toute la cote de Libye, ou, se melant aux indi- genes , et faisant pr^valoir leur langue , ils devenaienl les Nuraides et les Mauritaniens. De la le culte de Jiaal-Ammon dominant cliez ces peuples; de la, raeme avant le Melkarth de Tyr ou de Carthage , le Makar egypto ou phenico - libyque poussant jusqu'aux Co- lonnes sa course victorieuse. Do savoir maintenant ce que les Pheniciens , qui donnerent tant aux autres peuples eu fait de religion, purent cmprunter a quelqucs uns d'entre eux, el quelles inlluences ils subirent a leur tour de la part de I'Egypte et des grandes nations orientales qui les envi- (i) Voyci Ic § r , daii:. le 1'^' Kt laiirissuiiieiit tin liv. V, sect. I, >i~(tpres. ( »i'^ ) lonnaient, avec lesquelles ils avaient des relations ou (I'originc ou tic commerce , c'est oe que M. Movers a recherclie egalemcnt avec soin. La Plienicle no lui pa- ralt pas devoir, a beaucoup pres, autant a I'Hgypte que I'Kgypte a la Ph^nicie , et surtout aux tribus pheni- cicnnes ou canan^ennes qui I'envahirent si ancicnne- ment et I'oceuperent si longtemps. Les expeditions du grand S^sostris nc laiss6rent pasde traces durables, et la soumission de Cypre etde la Plienicie par Sethosis, selon Manethon , fut un dv^nement nassaser, Les Phe- nicions, il est vrai , formerent , des les temps an- t(^rieurs a Moise , des liaisons commorciaies avec IKgvpte; los marchands tyriens, en particulier, avaient leur quarticr a Memphis ; mais la circoncision meme qu'ils s'imposaient ne Tut qu'une concession locale faite aux mceui's 6gyptiennes , un moyen de se natu- raliser dans le pays , afin de I'exploiter a leur aise. Ge que la Phenicie semble avoir principalement emprunt^ a IKgypte , dans les temps anciens , c'est le modele de ses temples, qu'elle transmit aux Juifs, sous Salomon; c'est la decoration de ses edifices sacr6s, la pompe ext6rieure de son culte , le costume de ses pretres , et quelques uns de ses symboles religieux qui se retrou- vcnt egalement dans le temple de Jerusalem. Plus tard , quand les conqu6rants orienlaux, Assyriens et Cihaldeens, menacerent lour a tour la Palestine et I'E- gypte a la fois , la politique des Ph6niclens , comme celle des Juifs, s'appuya sur ce dernier pays, el I'in- fluence egyptienne se fit de plus en plus sentlr en Vhi- nicie. Les villcs phenicicnnes et Cypre , leur grande colonic , tomberent meme par la force des amies aux mains des Egyptiens , sous les pharaons Apries et Amasis. C.'cst de ccttc opoquc, et par consequent des ( 1A3 ) vu"^ et VI'' siecles avant J6sus-Clirist , quo date I'assiini- lation tonjours plus marquee dcs divinites de la Ph^ni- oie a celles del'Egyiite; c'est alors que plusieurs de celles-ci commencent a s'inti'oduire en leur propre nom parmi les cultes pheniciens. Sous les Ptolemees , ce I'ut bien autre chose; Ton vit, au gre des int^rets commerciaux et politiques , la religion phenicienne entierement suhordonnee a I'egyptienne : Adonis, par exemple, identifi^ avec Osiris; Baaltis, sa divine Spouse, aveclsis ; et Byblos, I'antique Bvblos, consacrant par son adoption le syncr^tisme de la moderne Alexandrie, commo en fait foi maint detail ajout^ a la l^gende d'Isis et d'Osiris, telle que nous la rapporte le Pseudo- Plutarque (1). Meme melange, meme fusion miles du inonde semitique , et avail pris sa direction d'cst en ouest , dos pays du Tigre et de I'Euphrale vers les bords de la Mediterran^e , ot du golfe Persique au golfe Arabiquo. avec les migrations des Cananeens ou Pii^niciens, des llebreux, des Ammonites, des Moabites , des Ldo- niiles, ot de bien d'autres. De la cotle com:nunaut(i d'idees et dc formes religieuses, de noms divins, de svniboles et de rites, qu'on observe entre tous les moinbres de cetle I'amiiie de peuplos , quelque dis- tanlos que soienl leurs demeures. Vinrent ensuite , el les premiers de tous, les conqueranls Assyriens, par- tis de iNinive , qui , a deux 6poques successives et en dernier lieu au viii' siecle avant noire 6re, parurenl en Syrie el en Palestine, subjuguerent la plupart des villes ph6niciennes, et repandirent la terreur de leur nom jusqu'en Irgypte. Des lors commence a s'cxercer , sur les cultes de la PUenicie et de la Syrie, I'influence des religions , a quolqucs egards plus avanc^es , de la Haute -Asie; et cetle influence se poursuit , se forlifie meme, quand , des mains des Assyriens, I'empire passe dans celles des Cbaldeens de Babjlone, el enfm des Perses. Al'adoration antique des forces de la nature et de ses ph(^nom6nes personnifi6s dans un poly- th^isme symbolique el idolalriquc , lei qu'il exista ja- dis chez les peuples syriens et cananeens, s'associe le culle , de plus en plus dominant , de plus en plus pur ctexclusif, du soleil , de la bine et de toute I'armee des cieux, le culte du fou el de la lumiere. M. Movers, remarquanl que les Assyriens, par leur race comme par leur position geographique, paraissenl tenir le mi- ( 1/|5 ) lieu eiitre la lainille s»iinitique et la famille intlo-por- sique , forme a ce siijet une conjecture qui semble pres de se r^aliser, grace aux belles decouvertes laltes a Kliorsabad par M. Botta (1). « Pcut-etre , dlt-il , di'- couvrira-t-onquelque jour, dans les ruines de I'antique INinive, des monuments qui montreront ici le centre de la vieille civilisation aslatique , ccnlre d'ou le cou- rant des idees religieuses s'est rcpandu , d'une part chez les Indo-Perses, les Lydleas, dans I'Asie-Mineure ; d'autre part ciicz les nations semltlques. » SllR LRS RACES IIUMAINES ET SUR LES LANCUES , apC/TllS ethnograpliiques , cjctrriits dii. Cosmos ou EssAi d'une' DESCUiPTlON PHYSIQUE DU MOtiOE , par M. A. DE IIuM- 150LDT , tome I" , dont la traduction fran(;'aise par M. Faye , revue par Tauteur et par MM. Arago, Elie DE Beaumont et Guigniaut , paraitra pi-ochaincmcnt cliez Gidc. Le tableau g(§neral de la nature que j'essaie de dres- ser scrait incomplet, si je n'entreprenais de decrireici egalement, en quelques traits caracteristiques , IW/A-e hiiiiiaiiie consideree dans ses nuances physiques , dans la distribution giographique de ses types contem- porains , dans I'intluence que lui ont fait subir les forces terrestres, et qu'a son tour elle a exerc^e, quoi- que plus faiblement, sur celies-ci. Soumise, bien qu'a (i) Vnycz f.ellies de M. UoUa sur ses decouvertes a Kliorsabad, pros de N'uiivc , [)ul)ii6es par M. J. Molil , Paris i845 ( exlrait ilu Journal u$iuti(ii(f. aiiuc'cs 1 843-18 jS ). ( IA6 ) un luoindrc dogre que les plaiUes ct les auiinaux, aux circonslances du sol ct aux conditions nicteorologi- ques de I'atmnsphere , par I'activile de I'esprit, par le prngros do I'intelligence qui s'eli'vc pcu a peu, aussi bien que par cette merveilleuse flexihilite d'organisa- tion qui se plie a tous les climats.notre espece 6chappe plus aisdment aux puissances de la nature ; niais elle n'en participe pas moins d'une maniere essentielle a la vie qui aniine notre globe tout enticr. G'est par ces secrets rap|)orts que le probl6ine si obscur et si contro- verse de li possibilite d'une origine commune pour les dilTerentes races lumiaines, rentre dans la sphere d'idees qu'embrasse la description physique du monde. L'examen de ce probl6me marquera, si jc puis m'ex- primer ainsi , d'un interet plus noble, de cet inte- rSt sup^rieur qui s'attache a Thumanite , le but fmal de nion ouvrage. L'immcnse domaine des langues , dans la structure si variee dosquoUcs se reflech-s- sent myst^rieusemcnt les aptitudes des peuples , con- fine de tres pres a celui de la parent^ des races ; ct cc que sont capables de produire meme les moin- dres diversitesderace, nous I'apprenons par un grand oxemple , celui de la culture intellectuelle si diver- sifi6e de la nation grecque. Ainsi les questions les plus importantes que souleve I'histoirc de la civilisation de I'espece humaine, se rattachent aux notions capi- tales de I'origine des peuples , de la parent^ des langues, de Timmutabilite d'une direction primor- dialo tant de I'amc que de I'esprit. Tant que Ton s'en tint aux extremes dans les varia- tions de la couleur et de la figure , et que Ton se laissa prevenir a la vivacity des premieres impressions , on fut porte a ronsiderer los races, non comme de sim- ( 1/J7 ) pies vand!t(!!S, mais comme dessouches humainos , oil- ginairement distinctes. La permanence de certahis types' , en deplt dcs influences les plus contraires des causes exterieures, surtout du climat, semblait favorlser cette manlere de voir, quelcpie courtes que soicnt les periodes de temps dont la connaissance historique nous est parvenue. Mais, dans mon opinion, des rai- sons plus puissantcs railitent en faveur de I'unite de I'espoce liumuine , savoir, les nombreuses gradations ^ de la couleur de la peau et de la structure du crane, que les progr^'s rapides de la science geographique ontfait connailre dans les temps modernes; I'analogie que sui- vent en s'alterant d'autres classes d'aniniaux, tantsau- vages que prives ; les observations positives que Ton a rccueillies sur les limltes prescrites a la fecondlte des mdlis ', Laplusgrande partiedescontrastes dont on etait si frappejadis se sontevanouis devant le travail appro- fondi de Tiedemann sur le cerveau des Negres et des Europeens , devant les recherches anatomiques de Brolik et de Weber sur la configuration du bassin. Si Ton embrasse dans leur gen^ralite les nations afri- caines de couleur foncee , sur lesquelles I'ouvrage ca- pital de Prichard a repandu tant de lumi^res , et si on les compare avec les tribus de I'arcbipel meridional de rinde et des iles de I'Australie occitlentale, avec les Papous et AH'ourous (Ilarafores, Endanienes), on apercoit clairement que la teinte noire de la peau , les clieveux cr^pus , et les ti'aits de la pbysionomie negre sont loin d'etre toujours associes '^. Tant qu'une faible parlie de la tcrre fut ouverte aux peuples de I'Occi- dent, des vues cxclusives domin^rent parmi eux. f.a chaleur brulante des tropiques et la couleur noire du teinl seniblerent inseparables. « Les Ethiopicns, » ( lis ) rliantait ranoion poete traglque Thcodcctos dc Piiase- lis ^, « doivent au diou dii soleil , qui s approclie d'oux dans sa course, lo sombre eclal de la suie dout il co- lure leurs corps. » II laHut les conquetes d'Alexandrc, qui ^veillcrent laiil d'id^es de geographic physique , pour engager le dibat relatif a cottc problematique iiilluence dcs climals sur les races d'hommes. « Lcs fa- milies des animaux ct des plantos , » dit un des plus grands anatomislcs do notre age, Jean Miillor, dans sa Physiologie del'honiiue, « se modifient durant let»r propap:alion sur la face de la terre , entre les limltes qui delerininent les especes et les genres. Elles se per- pcluent organi(|uement eonimo tvpes de la variation des esp^ces. Du concours de dillercnles causes, de diffdrentes conditions , tant interieures qu'ext^rieures, qui ne sauraient etrc signalees en detail, sont ndes les races presentes des aniuiaux ; et leurs variet^s les plus fraj)panles se rencontrent cliez ceux qui out en par- tage la faculte d 'extension la plus considerable sur la terre. Les races humaines sont les formes d'une es- pi-'ce unique, qui s'accouplent en reslant fdcondes, et se perpetuent par la generation. Ce ne sont point les especes d'un genre; car, si clles I't^taient, en se croisant, elles deviendraient steriles. De savoir si les races d'hommes existantes descendent d'un ou de ])lusieurs hommes primitifs , c'est ce qu'on ne saurail d^couvrir par rexpcrience *". » Les recherches geographiques sur Ic siege primor- dial, ou , comme on dit, sur le berceau dc I'espece humaine, ont ilans le fait un caractere purenient my- lliique. « Nous ne connaissons, » dit Guillaumc de Humboldt, dans un travail encore inedit sur la divei- silc des langues ct des peuples , « nous ne connais- ( '^lo ) sons historiqiument ni pur aiicinie tiadilion certaiiie uii moment oii Tespcce humaine n'ait pas ^tc S(^porec en groupcs de pcuples. Si done cat 6tat de clioscs a exists des lorigine , on se jiroduisit plus tard , c'ost ce qu'on ne saurait decider par I'histoiro. Des le- gendes isolees se retrouvant sur des points tres divers du globe , sans communication apparente , sont en contradiction avec la premiere hypothese , et font des- cendre le genre liumain tout entier d'un couple uni- que. Cette tradition est si repandue, qu'on I'a quelqne- fois regardee comme un antique souvenii^ des hommes. Mais cette circonstance meme prouverait plutot qu'il n'v a la aucune transmission r^elle d'un fait, aucun fondement vraiment historique , et que c'est tout slm- plement I'identite de la conception humaine qui par- lout a conduit les hommes a une explication sembla- blc d'un plienom^ne idontique. L^n grand nombre de m}thes sans liaison historique les uns avec les autres doivent ainsi leur ressemblance et leur origine a la pa- rity des imaginations ou des reflexions de I'esprit hu- main. Ce qui montre encore dans la tradition dont il s'agitle caract^re manifesto de la fiction, c'est qu'elle pretend expliquer un phenomene en dehors de toute experience , celui de la premii're origine de I'espece humaine, dune maniere conforme a I'experience de nos jours; la maniere, par exemple, dont, a une epo- que ou le genre humain tout entier comptait deja des milliers d'annees d'existence , une ile deserte ou un vallon isole des montagnes peut avoir ete peuj^le. En vain la pensee se plongerait dans la m(!tditation du pro- blemc de cette premiere origine ; I'homme est si etroi- tement lie a son espece et au temps , que Ton nc sau- rait concovoir un etre humain vonant au monde sans ( 150 ) une famllle dt'ja existante , et satis un pass6. Cctte qtieslion tlonc ne pouvant etre rcsolue ni par la voic du raisonnenicnt ni par celle de l'exp6rience . faut-il pen- ser que I'^tat prlinitif , tel que nous le d^crit unc prd- tendue tradition , est reellement liistorique , ou bien que I'csp^ce luimaine , des son principe , couvrit la terre en forme de peuplades? C'est re que la science des langues ne saurait decider par elle-meme, comme ellc ne doit point non plus chercher une solution ail- leurs pour en tirer des iclaircissements sur les pro- blemes qui I'occupent. » L'humanite sc distribuc en simples variety's , que Ton d^signe par le mot un pea indetermin^ de races. De meme que dans le r^gne vegetal, dans I'his- toire naturelle des oiseaux et des poissons , il est plus sur de grouper les individus en un grand nombre de families, que de les reunir en un pe- tit nombre de sections embrassant des masses con- siderables ; de meme, dans la d(^termination des races, il me parait prefc^rable d'etablir de petites families de peuples. Que Ton suivel'ancicnne classification de mon maitre Elumenbach en cinq races (Caucasique, Mon- golique , Americaine, Kthiopique et Malaie ) , ou bien qu'avecPrichard on rcconnaissesept races '.Iranienne, Touranienne,Am(iricaine;desIIottentotsetBouscbmans, des Negres , des Papous et des yVlfourous) , 11 n'en est pas moins vrai qu'aucune dilTerence radicale et typi- que , aucun principo de division naturel et rigou- reux ne regit de tols groupes. On s6pare cc qui seml)le former les extremes de la figure et de la couleur, sans s'inquieter des families de peuples qui 6chap- pcnt a ces grandes classes et que I'on a nom- mces, tantot races scytbiques , tantot races allopliyll- ques. Iraniens est, a la^erile, une denomination micux ( 151 ) choisiepour les pciiplcs (rEiiroj)e que ccllc do Canca- siens; et pourtant il faul bien avducr que les noms geograpliiques prls comme designations de races son I extrememcnt indetermines , surtout quand le pays q^i doit donner son nom a telle ou telle race se trouvc, conime leTouranou Mawerannahr, par exemple, avoir ete habite a diili^rentes 6poqucs " par les soucbcs de peoples les plus diverses , d'orlgine indo-germanique et finiioise , mais non pas mongolique. Leslangues, crto , iinc longun hal)itii\'ied . 1839 ; ( \b6 ) livie si richc en fines observations ctlinographiqucs. ^ Rudolph AVagner, Sur la 'generation dcs metis et bci- tards , dans ses reniarqucs jointes a la traduction allemande de I'ouvrage de Prichard , Histoire natnrelle flc I'espi'ce humaine , 1. 1, p. '17A-188. ' Prichard , t. I , p. 431 ; t. II , p. 363-369. ' On(^sicrite dansStrahon, XV, 690 ct695 Casaiii). — AVelckcr {Sur les 1 ragedies grecques , en alleiB., t. Ill , p. 1078 ) , pense que les vers de Thd'odccte cites par Strabon dtaient empruntd'S a unc trag^die perdue qui portait peut-etre le titre de Meninon. '' ^o\\ .IMullcr, Vhysiologiede Vhvmme, en allom. , t. II, p. 768, ll^llh. 7 Prichard, t. 1 , p. 295 ; t. Ill , p. 11. " L'arriv^e tardive des tribus tui'ques et mongoles , soil sur rOxus , soit dans la steppe des Rirghises , est en opposition avec I'opinion de Niebuhr , scion la- quelle les Scythes d'llerodote et d'Hippocrate auraient et6 des Mongols. II est beaucoup plus vraisomblable que les Scythes ( Scolotes ) doivent etre rapportes aux Massag^tes indo-germains (Alains . Les Mongols, los vrais Tatares ( ce dernier noin fut donn*^ plus lard mal a propos a des tribus puroinent turqucs en Russic et en Siberie), habitaienl alors bien loin dans Test de I'Asie. Cf. nion Jsie cent ml e , t. I, p. 239 et /jOO ; el XExamen critique de I' histoire de la geogroplne , t. II, p. 320. Un linguiste distingu^ , Ic professeur Busch- mann , rappclle que Firdoussi dans le Schahnameh , quid(^bute par une histoireademi mylhique, fait men- tion d'une « forleresse des Alains » sur les bords de la nier, ou Selm , le fds alne du roi Feridoun (deux siecles certaincmcnl avant Cyrus) voulail s;* relugier. Les Rirghises de la steppe ditc scjlhiquesont originai- ( 157 ) reuient line population linnoise ; ils sent aujourcriuH vraisemblablement, avec lours trois hordes, le plus nombreux de tous les peuples nomades, et ils vivaient (l^ja au vi" siecle dans la steppe oii je les ai vus. Le By/antln M(^nandre (p. 380-382, ed. Niebuhr) raconte positiveniont que le chakan des Turks (Thu-Kliiu) , en 509 , fit present d'une esclave kii-ghise a I'ambassa- deur de Justin II , Zeraarquc ; 11 appelle cette esclave une Xtp^t^, et de meme cliez Aboulgasi(///^to7YVi Mongo- loriun et Ta'aj^onun ^ les Kirghises sont nomines Kir- kiz. La resseniblance des inceurs , la oii la nature du pays leur imprime un caractere dominant, est une preuve fort peu certaine de I'identite des races. La vie des steppes produit chez les Turks ( Ti , Tukiu ) , cliez les Baschkirs (Finnois), cliez les Kirghises, chez les Torgod et Dsungares ( Mongols ) les usages communs aux tribus nomades , celui des tentes de feutre , par exemple , transportees sur des chars , et di'essees au- pr^s des troupeaux, ' Guillaume de Humboldt, Sur hi divcvsHe de struc- ture des laugues huniaiues , dans le grand ouvrage Sur Id languc kawi, dans File de Jat>n,t. I, p. XXI, XLVIII et CCXIV. '" La doctrine si desolante , et plus tard tant de fois leproduite , de I'indgalite du droit a la liberte parmi les hommes, et de I'esclavage comme etant une insti- tution fondee sur la nature, se trouve, helas ! dcvelop- pee avec une rigueur toute systematique, dtins Arislote, Politique ,1,3,5.6. '*' Guillaume de Humboldt, Sur In laugue kawi, I. HI, p. /i26. Je tire du meme ouvrage les reflexions suivantes : « Les imp6tueuses conquetes d'Alexandre , colics des Remains, conduites avec une habilcte toufc ( 158 ) politique, celles des Mexicalns si sauvagcs et si cruelles, les tkspoliques reunions do tprritoires des Incas, ont contribue dans Ics deux mondes a faire cesser I'iso- lemtnt des penples et a former de plus vasles societ(5s. De grandes et fortes ames , des nations entieres agirent sous Tempire d'une id^e qui, dans sa purel6 morale, leur ^tait compl^lement etrang^re. Cc fut le christia- nisine qui la proclaina le premier, dans sa \6rite et sa charite profonde , quoiqu'il lui ait fallu biendu temps pour la faire accueillir. L'on ne trouve auparavant que des accents epars et fugitifs preludant a cette grande voix. Les temps modernes ont donn6 un essor nou- veau a I'idee de la civilisation , et ont suscite le be- soin d'etendre de plus en plus les relations despeuples entre eux, et les bienfails de la culture morale et in- tellectuelie* La cupidite clle - meme commence a trouver qu'il y a plus a gagner, en suivant cette voie de progr^s , qu'en maintenant par la force un iso- lement retrograde. Le langage , plus qu'aucune autre faculty de I'homme, forme un faisceau de I'esp^ce humaine tout enti6re. 11 semble , an ]>remier abord , s^parer les peuples comme les idiomes ; mais c'est justemenl la nd'cessite de s'entendre rc^ciproqucment dans une languc etrang6re qui rapproclic les indivi- dualites , en laissant a chacun son originalile propre. » ( Ibid. , p. 427. ) • ( Coni/nunf(/ii(' par M. GuiCNlAUT.) ( 159 ) VoYAGii w Bahu-el - AniAD. ( Exlioit (Viine lellre dc m. le D' PliRBON. ) Cane, 3 sepleiiihie t8{.'i. Je viens de recueilllr quclques rcnseignements sur le Bahr-el-Ablad ou Nil-Blanc , ct je m'cmpresse de vous les transinettre. lis seront suivis, je I'espere , d'ici a peu, d'autres indications plus explicites en- core. Le tout est du a deux Francais , M. Lafargue , precedemment profcsseur a I'ecole vet(^rinaire d'E- gypte a Choubra , et M. Castelli , medecln , que vous connaissez deja , et qui depuis quclques jours seule- ment est arrived au Caire , venant de Khartoum , ou il 6tait employ^ comnie medecln, sous les ordres de Menikly-Pacha , acluelleinent gouverneur milltaire du Sennar. M. Castelli est venu au Caire pour retablir sa sante. Les rcnseignements fournis par 1\L Lafargue sont extraits d'une lettre datde du 1" mai 18/i5 , et arrivce au Caire il y a une quinzaine de jours. Cette l(!ttre m'a 6t6 communiqucc par M. Vaudey , secre- taire de notre consed general de sante s(^ant au Caire ; voici la lettre : (( Nous sommesde retour de notre canipagne sur le fleuve Blanc. Nous nous portons tous bien Nous sommes alles aussi loin que les expeditions qui nous ont prec(!!des. Vous dircz a M. d'Arnaud , qui connalt le pays, que nous avons vu les successeurs du sultan Lagono.et qu'un de ses fds , le cadet, a eu la t'antaisie de visiter Khartoum , ou il so trouve actuellenient. Le gouverneur local lui donne six piastres par jour a lui et a ses gens. Le fds aiuedo Lagono est maintonanl le ( 160 ) sultan des Chir et cles Berh. Cette contree est la plus belle que nous ayons vue sur re grand fleuve. Le ter- rain est elev6. Los noirs y cultlvent du sesame , du dourali , des haricots , des courgcs , du tabac , etc. C'est bien la plus belle race d'borames qu'il y ait , je crois , sur la terre. Les fcmmes se teignent en rouge avec une terre.ferrugineuse Deux ou trois fois seu- lement nous nous soinmes trouvt^js dans la n6cessit6 de faire usage de nos armes a feu » La recolte des dents d'dldphant n'a pas ^t^ telle que nous nous la promettions; mais cnfin nous sommes contents. Nous avons 6te precedt^s par une expedition de Menikly-Pacba , gouverneur militaire , connu dt^ja ici par le massacre des revokes de Taka. Six barques ont 6t6 envoy6es dans les memes parages et pour le meme but que le notre » Nous avons pris des renseignements sur la direc- tion que suit le fleuve Blanc au-dessus du point ou nous nous sommes arret^s , et ce qui nous a et6 indi- qu6 n'est pas sans int^rfit pour la science gdographi- que. UoUet et moi , nous sommes convaincus que le fleuve Blanc n'est autre que la continuation du Ni- ger (1). Vous savez qu'une branche du Niger est dc^ja bien connue ; c'est le Missclad ou Keilak , qui se jetle dans le fleuve Blanc au grand lac No, au-dessus du pays des Schoulouk. Les diverses expeditions qui ont 6t6 faites du Kordofan dans les montagnes de Ta- gala ( ou Takala) ont rcconnu cette branche. Plu- sieurs ofliciers ont bu de I'eau de ce fleuve. Nous sommes nous-memes entres dans son embouchure, et (i) II paiail (|u'il s'agil (Viiiic riviere appelee T^alir-cl-Esoued , c'esl-a-diro le llciivc Noir. •' — "• ( 161 ) nous avons vu un iiiagnlfique fleuve ayant un courant assez rapide. Au dire des noirs des montagnes du sul- tan Lagono , la seconde branclie , celle que nous avons parcourue , piendrait apres six jours de niarche du lieu ou nous nous sommes arret^s une direction vers I'ouest, qu'elle continuerait. Nous avons parl6 a des noirs qui, en longeant ce fleuve , seraient ariiv^s chez des peuples connus pour habiter la branche su- perieure du Niger (l),savoir, lesFellatah, gens rouges, qui sont en communication, par le meme fleuve, avec des habitants voisins du Barnou. » Je ne puis entrer dans tons les details que com- porterait une pareille maticre. Nous en parlerons plus tard , quand nous serons r^unis. Fidele a mes habitu- des de chasseur , j'ai souvent fait la guerre aux ani- maux qui habitent les rives du fleuve Blanc. J'ai tue entre autres quadrupedes un vrai bceuf sauvage ; j'ai tu6 une belle autruche et plusieurs anlilopes Une fois , je voulais tuer une gazelle qui 6tait a une cin- quantaine de pas d'un gros bulsson isol6 qui se trou- vait entre nous deux. Pour la tirer de plus pres , je franchis I'espace qui m'en separait ; a I'ombre du buisson etaient deux lions , male et femelle , que je n'apergus que lorsque je fus arriv6 presque sur eux. A raon approche , le male se leva , se plaga en face de moi , dans une attitude menagante , la gueule demi- b^ante , les yeux etincelants A cent pas de la, je trouve un troisi^me lion qui semble vouloir me dispu- ter le passage. Je I'^vite par un grand detour J'ar- rivai a nos barques a raoitie mort Vous dirai-jele nombre prodigieux d'6lephants que nous avons vus (i) Vdvc/ p\u< liniii. ( 1(J2 ) maintes fois paitre tranquillement a cinquante pas (Ic nos barques , Ics girafos , les buflles sauvages , Ics liippopotames ? » Je me propose de partir poui- le Caire des que cela me sera possible. Je pense a faire mes prepa- ratifs de depart. Mais la chaleur est si intense, que je suis oblige d'attendre I'epoque des pluies. Toutefois mes interets me forcent de revenir ensuite au Soudan. » J. Lafargub. » Un fait assoz curieux de la lettre de M. Lafar- gue est Tarrivee du fds du sultan Lagono a Khartoum. Le jeune prince entendit vanter Kliartoum par nos deux vo) ageurs et par rexpediti(in arabe, ct il lui prit envie de voir une ville. II exprima son desir a nos deux Francais , se mit de preference sous leur protection , et partil avec eux sous la condition qu'ils le ramene- raient au Berh. La condition fut sans peine acceptie , et, cliose inouie sans doute dans ces hautes rc^gions du Nil , un prince jaloux de voir un pays relativemcnt ci- vilise se mit en voyage, alia visiter une villc , prendre une lecon a une distance de plus de dO dcgrcs geogra- pbiquos de ses Etats. Et dans Khartoum , dans cette cite si brillante pour le prince Berh , le royal voyageur regoit comma haute honorification de la part du gou- vernement local , la noble somme de six piastres , ou environ 1 fr. 50 cent, par jour ; les frais d'entretien du jeune sultan el de son entourage sont gen^reusement converts par cette allocation journaliere. Et sachcz que le prince susdit a 6 pieds h pouces , quatre femraes et huil honunes de cortege. Toute cette cour vit tres bion a Khartoum avec 1 fr. 50 cent. C'est que la vie a Khartoum est a tres has prix , el que les sullans ( 163 ) du Haut - Nil vivent ordlnaii'ement de dourah. Le prince, fils du sultan Lagono, sen retournera enchants, et vantera jusque par le 5^ degre de latitude la bien- veillance de deux Francais et la generosite du gouver- nementegyptlende Khartoum. Probablement il resul- tera d'un fait aussi simple et aussi interessant , plus de facilite a tenter d'autres voyages cliez les Ghir et les Berl). J'ai entendu il y a quatre ans , de la bouche d'un Wadayen appele Ilaly , qui passait au Caire al- lant en pelerinage , que trois cours d'eau coulaient au-dela des limites du nord du Waday, dans les con- tr^es babitt^es par les Djenakberali , outre le grand cours de I'lro , et que le Nil-Blanc tenait au fleia>e Noir , Baltt-el-Esoued (Niger). De j^lus, il m'indiqua encore unjleiwe Blnnc courant du nord au sud au-dela des limites ouest du Katakau et du Mandarab , et ve- nant se verser dans le grand lac de Barnou. II resulte de tons ces documents, quelle que puisse etre leur valeur, qu'il y a encore de grands travaux geograpbi- ques A ac omplir sur le Soudan , et surtout sur le Soudan meridional , a partir depuis le centre de I'A- byssinie Des sorames considerables ont et6 sacrifiees a des recberches eta des decouvertes aux contrees bor^ales du pole, dans des latitudes d^sertes, mortes, inhabita- bles : pourquoi ne pas faire pour I'industrie , I'etbno- grapbie, le bien des peuplades africaines centrales, aussi bicn que pour la science , des courses iuvesli- gatriccs dans les regions riveraines du Haut-Nil, dans les pays Sondanu'iis de I'equateur, pays vivants , babi- tables, ameliorables , tertiles , iVuclifiables , pays four' ( 1«4 ) inillants tie peuplados ? L'^quateur est-il moins inle- ressant que les poles, parce qu'il est liabilti? Eutre les Lords du Ml-Blanc et ceux du fleuve Bleu , des tcntalives d 'exploration out <^te I'aites , et M. Cas- telli s'est hasarde assez loin dans les terres , «!;largis- sant ainsi les reconnaissances enlre les rives des deux fleuvos. Les determinations de localitcs n'ont pas , il est vrai , 6ti fix6es par des observations astro- nomiques commeles determinations de M. d'Arnaud ; il n'avait pour tout instrument qu'uno boussole. Mais avec le secours des donnees de M. d'Arnaud , nous pourrons nous reperer et donner des indications au moins satisfaisantes. II me communiquera ses notes, son journal , et nous verrons ce qu'il sera possible d'etablir et d'indiqucr. Je vous transmettrai tout ce que me permettra M. Castelli. Nous nous sonnnes reunis , M, Castelli, M. d'Ar- naud et moi , et sur la carte du Bahr-el-Abiad , que vous avez publi6e dans voire brochure intitulee : Doca- menls et obseivations sitr le cours du Ihihr-el-Jbind on fJeuvc Blanc , etc., nous avons trac^ d6ja un apergu du trajet parcouru par M. Castelli. Les points principaux de ce trajet indiques par M. Castelli sc trouvent en accord parfait avec les points principaux donnes dans la carte de M. d'Arnaud. M. d'Arnaud, oblig6 de partir du Caire dans trois ou quatre jours, me laisse la grande carte do son voyage , I'original m6me dress^ dans son expedition, et cette bienveillance a ]iour but de nousfacililer,a !\1. Castelli eta moi,le moycn de con- struire I'itineraire de sa course dans les lieux qui se- parent les deuxfleuves, lieux a peine indiques dans les geographies. Le D' Casii'lli . arcompagnant unr" oxpi'dirHMi niili- ( 1(^5 ) laire compos^e de six mille homines, pour Line chasso ayant pour but de recruter I'ann^e ^gyptienne du Sen- nar, a pu faire ainsi un voyage que, sans des forces ini- posantes , il est impossible do tenter. M. Castelli suivait I'expddition comme medecin, et les loisiis que lui lals- saient les haltes, les nuits, ont et6 employes a prendre do nombrcuses notes historiques et ties notes loca- les, et a recueillir quelques oiseaux qui, malheu- reusement, ont et^ avaries. Les exigences du voyage, les fatigues , les dangers , ne luilaissaient souvent que bien peu demoyensde suffire a tout ce qu'on pourrait attendre d'une expedition pacifique , surtout pour les collectes zoologiques. M. Castelli a quitte le fleuve Bleu a St^ro, sur la rive gauche du fleuve, au-dessus et presque en face de Moumi. Sero est aussi I'endroit ou M. d'Arnaud, dans son voyage au Fazoql ( il faut lire Feiz-Oglou , nom compost de deux mots turks) ,a quitte le Bahr-el-Azrac : c'est 06 qui est indique sur la carte que vous avez pu- bliee , par une ligne itineraire , en arc , portant sa courbe vers I'ouest et finissant au Fazoql. L'expedi- tion ariree que suivait M. Castelli s'est avancee de suite a I'ouest de S(^ro , puis elle obliqua legerement au sud , etvint jusqu'au 30° degre de longitude et au 12* degre de latitude. Ensuite elle traversa le norddu pays des Dinka , inclinant au sud-est jusqu'a la montagne placee sous les 11'' d. 50' de latitude et 31« d. de lon- gitude , et qui , selon M. Castelli, porte le nom de Garouit. De la on se dirigea droit au sud , ou a peu pres , jusque vers le lO'' d. de latitude ; puis par quel- ques detours, et tournant legerement a Test, les plai- nes de hautes graminees , designees dans votre carte , on atteignit la riviere de Saubat, presque vers le point l) Voy. le Bulletin de trviici 18/(3 ( im ) ou le Pi])ar ot le Saiibat pit'SPntenl iiiio l)itiircation. On traversa le Saubat , puis on le retraversa , et dans la suite du trajet, qui s'allongca plus directement alors vers Vest , on cut a jiasser le Saubat un l)()n noinbre de fois , et aussi le Toumat. On parvint apres des detours tres sinuoux au montdeDul au 8* d. 35' en\i- ron do latitude et environ au 32^ d. 50' de longitude. On prit route de la vers le N.-O. , puis au N., et on vint au mont Ke]<^, qu'on assi<^gea, et dont les liabitants se defendiront vigoiu'ousement. Le mont K^le est par Ic 9'' d. delatitude environ et par le 32' d, 30' environ de longitude. On niarcha au N.-O. , puis au N.-E, , et apres dos zigzags, on entra dans le Bertat, le Caraa- mil, le Fazoql, et on regagna S«^ro. Tel est en abreg^ I'espaee qui fut parcouru par I'expedition qu'accompagnaitM Oastelli.et qui se com- posa de 77 (Stapes. Get itineraire forme une sorte d'el- lipse, dont la section en ligne droite , dans sa plus grande longueur, a au moins 4 degres geograpliiques. Voila pour la donn^e geograpliique pure. Le recit , par la nature des pays et des pcupla/les que I'expedi- tion rcncontra el parcourut , el par la nature et le but de I'expedition ellc-m6me , olTre un interest attachant et pittdresque ; il formera, jc I'espere, une relation importante et curieuse. Je me suis cliarg6 avec plaisir de la mettre en ordre et en ^tatdc redaction. Pour pren- dre dale, M. Castclli a consenti avec empressement a ce que je vous transmisse ces premiers aperrus. Veuillez, si vous les jugez dignes d'attention , les communiquer a la Soci^te de geograpliie. Je dois vous nommer aussi M. Dumont , qui, en qualile de pbarmacien , a suivi I'expc^dition a laquelle etait altaclie M. (lastelli comme medecin. M. Dumont devait se rendre prochaincment ( 167 ) au Caire , mais il parait qu'ii reste a Khartoum. M. d'Arnaud part , envoy^ par Ic vice-roi , pour le desert de Korosko ou grand desert de Nubie. II est charge d'etabhr piusieurs clternes a distances conve- nahles dans ce long trajet , depuis Korosko jusqu'a Abou-Aluned. Le but de S. A. le vice-roi est de fixer ainsi des etapes , des lieux de repos et d'abreuvement pour les nombrcux troupeaux de bceufs qu'elle fait aniener du Sennar, du pays des Dinka , des Arabes Bagarah, etc. Dans le trajet, une quantite considerable de ces Ijceufs perit de laixn , de soif et de fatigues, et surtout de soif. En falsant des stations ou ces troupeaux trouveront de I'eau en abondance , S. A. esperc conserver une grande partie de ses transports : d'autant plus facile- ment encore que la travers^e par le d(!;sert de Korosko est plus directe. Mais j'ai entendu repeter par certalnes personnes qui ont parcouru le grand desert de Nubie et le desert deBaioudah que ce dernier trajet, quoique un peu plus long, est plus favorable pour la conservation des troupeaux qui le parcourent. La raison est que ce desert de Baioudah est moins sec et moins d^pourvu d'herbes que le grand desert de Nubie, Les troupeaux trouvenl dans la Iraversee du Baioudah de quoi paitre, surtout dans les parages les plus 6loignes de toute terre cultivee. La grande difficulle du voyage par le Baioudah est de se procurer sur les rives du Nil, chez les peuplades qui les habitent, des chameaux pour le transport des vivres M. d'Arnaud, tout en accom- plissant avec conscience, activite et courage (comma il a I'habitudc de le faire en tout) les travaux qui lui sont commandos pour le desert de Korosko, relevera en cheminant les positions gd'ographiqucs de ce desert. ( 108 ) la topographic tlos lignes qu'il parcourra , ctutliera Ics natures geologiques ct inin^ralogiques dcs localitcs dans les perlorations do terrains qu'il doit pratiquor, et dans les monls cl roches qu'il rencontrora. \ ous savez d'ailleurs tout ce qu'il y a do feu, de patience , de perseverance dans cet habile et couragcux \oya- geur. Soyez persuade qu'il remplira largemont I'es- pace nu qui reste sur sa carte pour le desert de Nu- bie Perron. ( Article cuiiitnwiiqiic parW. JoMARD. ) Rapport de M. le W D' Areken, coinpagnon de voyage dti D-- Lepsius , fait a la Societe egyptienne da Kaire en assemblee generate , sur I ear -voyage en ISubie , et adresse par M. le D' Perron. Ohsen'aliou preliminaire. La Societe dgyptienne a tcnu au mois d'avril dernier une stance annuelle a I'occasion de son 8'= anniversaire. Le D' Perron , se- cretaire honoraire , a lu un rapport sur les travaux de la Societe , et a fait connaitre I'etat actuel de la bi- blioth^que , collection ouverte aux voyagcurs qui visi- tentl'figyple, et ou Ton a rassembl^ les meilleurs ou- vrages scientifiques , historiques , lilteraircs, sur celte contrce. Plus de 1500 volumes y sont r^unis. Les voya- ges, la numismatique, la pal6ographieont fourni cette ann^e un grand nombre d'articles relatifs a I'l'Asie occi- dentale, I'Afriquc septentrionale et I'Afriquc centrale ; enHn Ton y trouvc des ecliantillons choisis d'liistoiro ( l<^^^ ) naturelle. Des dons nombreux out i^to fails a la Societe par ses membres et par les voyageui's. ) J.-D. Discoiirs (le M. Abeken. « Mon projet n'est pas de donncr ici un expose en forme de rapport complet sur Jcs resultats de nos voyages en Etbiopie ; j'appellerai seulement voire at- tenlion sur quelques poinls qui peuvenl jeter une nouvelle lumiere sur la queslion longtemps conteslee de la priorile de la civilisalion egyptienne ou de la civilisation elhiopienne. » En i-emontanl le cours du Nil , nous etendimcs nos rec'.ierclies jusqu'au Sennar; mais le point le plus avance au sud, ou Ion rencontre des anliquites , je parle d'apres les mellleures informations que nous ayons pu obtenir, est Sohah (1), grand amas de ruines a une demi-journee de Khartoum , a la rive orientale du fleuve Bleu , et qui fut jadisla capitale du royaume Chretien d'Aloa ( nom encore conserve pour les pays circonvoisins ). Les ruines que Ton y trouve aujour- d'hui appartiennent evidemment a cette capitale chre- tienne et a ses eglises : cependant le lion ou le belier qui , dit-on , en a ete enleve par Khourchid-Pacha , et (l) Le nom deSobali doni parle M. Abeken me parait 7-2 ) » Avec la reliu,i()ii, vt probableinent avcc les science> et les arts de la civilisation on j^eneral, ils avaientadoptc la langue et les hi6ioglv plies egjptiens pour tons les sujets religieux; raais d'autre part ils ^crivaient leur propre langue en caract^res particuliors. Ceci devient Evident d'apres plusieurs inscriptions en caracteres seniblables au demotique Egyptian; et le docteur Lep- sius est le premier voyageur, jocrois, qui y ait fait at- tention. On trouvc beaucoup de ces inscriptions aux py- ramides de Wadi-es-Sur, sans doute contemporaines de la construction de ces monuments ; nous les obser- varaes ensuite le long du Nd , jusqu'a I'ile de P/iiUe ; et il n'est guere permis de «louter que Tempire de Meroe ne se soit 6tendu , a son dpoque la plus florissante , depuis Meroe jusqu'aux fronti^res de I'figypte. Le tem- ple qui est a Amara (entre Dongola'a et Wadi-llalfa, un peu avant Soleb) porte les memes noms que les temples de Wadi-Hawa-Taib ; et il n'y a pas de raison pour que I'empire de Meroe ne se soit pas prolong^ jusqu'a la fronli^re romaine. Dans d'autres temps cette vaste ^tcnduo de pa\s aurait pu ctre divisee on royaumes. » Co fut seulement a Gebel-Barcal , apros avoir tra- verse le d^sei't et le pays montagneux de Gebel-Agyliil" (improprement compris par plusieurs voyageurs dans le nom de desert de Baioudali , qui appartient seule- ment a la parlio la plus meridionale , route la plus directe de Dabbe a Kliartoum) , quo nous fumes ramenes a ce que Ton peut reellement appelcr anciens temps. Mais ici encore la plus visible epoque dont on puissc trouver quolques traces nest pas celle de la do- mination indepcndante de I'Etliiopie.mais c'ost celle de laconquele dece pays par los I';g\])licns, probablouiont ( 173 ) diirant ler^gnede laXVIII^dynastiR. Qiianl aux beliers sinlesquelsest trace le nom d'Amenophis III, les der- niers rois ^thiopiens pourraient bien les avoir trans- port's de Soleb , ou Amenophis avait erige un magni- fique temple d'apres sa propreidee, lequei temple est aussi mentionne dans les inscriptions de ces biir M. Jomaud.) KXP^DITION DU GliNliRAL MAREV DANS I,K ofeSERT. Mcil('';ili, 28 aoiit 184'). Je vicns de repasser pour la Iroisieme fois dans Ic desert, du cot(^. des Oulad-Nail, a cent lieucs au- dessus d'Alger. J'ai trouv<^ ce pays tros cultive , pres- que autant que le Tell. Les moissons etaient inures en mai et raagnifiques. C'est alors un pays trc'S abordahle a nos colonnes ; mais maintenant il n'en est pas de meme , et il parait que la secheresse y est tr6s fachcuse en 6te. J'ai et6 a deux marches de Bcnisada. Nous y avons leve tout ce qui manqualt a notre carte : le deuxieme lac a I'est du premier, les montagnes qui I'entourent, etc. Dans I'une de ces montagnes, je re- connus pour la premiere fois une maniijre de conser- ver les cereales qui est fort curieuse : on fait un grand panier de la forme d'un ceuf allongd ; la base est une tresse d'alfa ; ce panier se relie par le haut a une corde de meme nature, laquolle s'attache a une branche d'arbre. Ce panier a 2 a 3 metres de hauteur, 1 metre ou 1 metre 50 cent, de largeur; il est un peu pointu on haut. La est une ouverture par laquelle on verse les c^rdales; il y a, en has, une autn; ouverture jxtur puiscr le contenu. II parait que ce proc6de conserve tres bicn le grain contre les insocles et la pluie. ( l«l ) i>EL\ii^]Mii: sEr/nof^. Actes de la Societe. KKTRAIT DRS PROCES-VERHAUX DKS SEANCES. PnivSIDENCE DE M. GuiGNIAlT. Seance dii 5 scptcinbre 18Zi5. Lc proc6s-verba] ilo l;i derniirc seance est hi el adopte. La Soci6t6 royalc de Londrcs I'emercie la Commis- sion centrale de I'envoi dos derniers volumes de son Bulletin. La Societ6 g^ographiquo dc IJombay adresse aussi des remerciements pour I'envoi de diverses publica- tions. M. .lomard communique une lettre de M. le genth^al Marey, contenant des observations sur le pays qu'il a parcouru dans lc cours de sa derni^re expedition au sud de I'Algerie. M. Marey indiquc un moyen , autre que les silos, employe par les Arabes a I'entree du Sahara , pour la conservation de leurs grains. Le m6mc membre pr^sente , au nom d'unc com- mission sp^ciale , un rapport sur le relief du Mont- Blanc, execute par M. Sen6. Ce relief, d'apres I'avis de la Commission , est un clu'f-d'reuvrc d'imitation , dc ( »82 ) travail et clc patience : o I'st ui) dos ouvragos les plus rcinarquablos en ce genre qui aient ete executes jus- qu'a present , et il nitrite de servir de type et de mo- dele pour la construction de tons les reliefs en pajs de montagnes. II seraita desirer qu'il restat en France comnie une preuve des progres qu'on a faits dans I'art d'imiter la figure de I'ecorce terrestrc. — Renvoi au comite du Bulletin. Seance du 19 septeiibre 18/j5. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopts. M. le vice-arairal , baron de Mackau , ininistre de la marine et des colonics, reiuorcie la Societe de I'avis qu'elle lui a transmis , sur son invitation , relative- ment au projot de voyage do M. RaffL'nel dans I'inte- rieur de TAlrique. Le travail de la Commission sera utilement consulte par le dopartement de la marine , lorsqu'il y aura lieu de statuer definitiNement sur le projet d'exploration de M. RalTenel. L'etat-major du corps des ingenieurs des mines dc Russie adresse i la Societe les volumes de 18A2 de I'Annuaire niagnetique et m(ileorologique public par I'administration imperiale des mines. M. KupfTer ex- prime en m6rae temps le ddsir, au nom de la Biblio- tliique de I'Observatoire niagnetique et m^t^orologi- quc qu'U dirige, de recevoir en ^change de I'Annuaire ma'metique de I'administration des mines, colles des publications de la Societe de gt^ograpbie qui contien- draicnt quelques documrnls relatifs a la mcteorologie, au magnetisme teri'estre et a la physique g^n^rale. M. Au"uste Cbarme , ancien elfeve de I'^cole cen- Irale des arts et manufactures, ecrit a la Sociiitc que , ( 183 , venant tie contractor avec le gouvernemont bolivlon un engagement do cinq annees en qualite d'ingenieur en chef des ponts et chaussecs , el ne doutant pas qu'un aussi long st^jour dans des conlr^es hnparfaltemont connues neluidonne los moyens d'y recueillir do nom- brcux documents , il desirerait que la Societe voulut bien , par une serie de questions, lui designer les objets vers lesquels il devra,dans I'interet de la science, diriger plusparticulierement son attention. Leslongjos etudes preparatoiresauxquelJesM. (^harmes'estlivi-elui facilitcront d'ailleurs cette taclie. line Commission est ilesignee , composee de MM. Roux de Rociioile, Ber- thelo' , Gay ot d'Orbigny, pour preparer une serie de questions. M. Jomard presente a la Societe un F^orage an Ddr^ four, par le cheykh Mohammed Ebn Omar-el-Tounsy, reviseur en chef a I'ecole de mcdecinedu Kaire , traduit de I'arabe par le D"^ Perron , directeur de I'ecole de medecine du Kaire. Le volume est accompagn6 d'une esquisse a grand point de la carte du Darfour, par M. Perron, et de plusieurs autres planches. M. Jomard, qui a donn6 ses soins a cette importante publication , a laquelle il a joint une preface, donne a la Societe une idee g^nerale du voyage du cheykh Mohammed. Le secretaire general depose sur le bureau le pre- mier volume public do son Histoire iinivevselle des dc- cnuvertes geograpkifjties des natioiif eurnpeennes. Ce volume comprend , outre une introduction gen^rale pour I'Asie , I'histoire geographique de I'Asie-Mincure ancienne jusqu'a la fin du xv' siecle. M. Pricotde Sainte-Marie, present a la stance, donne a la Societe quelques explications verbales sur les Ira- vaux g^odesiques qu'il vient de terminer dans la re- ( 18/1 ) gence dc Tunis. La carte qu'il a et(^ cliarge d'en lever est en grande partie tcrmin^c. M, dc Sainte-Marie a rencontre beaucoup de ruincs roraaines et relev(^ beaucoup d'inscriptions ; 11 a eu occasion aussi de re- cueillir de nombreuses observations utiles pour la g^o- grapliie du pays. Tl a notamment constate dans le sud I'existence d'une vaste nappe d'eau souterraine h peu de distance de la surface , et dont le courant est dirigd de I'ouest a Test. MEMBRES ADMIS DANS LA SOCliTli. Seance du 5 septenibre 18Zi5. M. lAai. , professeur d'histoire et de geographic au college militaire de La Fl^clie. Seance du 19 septembre. M, Letronne , membrc de I'lnstitut. ERRATUM du cahier tie juin \^S. Pa{;e 376, ligne 12 : position, lisez composition. ERRATUM du cahier daoul i845. Page III, lignc; 16: Maitius, lisez Marlins. BULLETIN DE LA SOGIETE DE GEOGllAPHiE, OCTOBKE 18Z|5. PREMIERE SECTION. MfiMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS RiiSUME (Clin voyage en Arnhie et en Egyplc , execute en 1844 et 18Zi5, par MM. Sainte-Croix Pajot et d'Al- ciATi DE Grilhon, Dienibres de la Societe orientale lie Paris , ndresse a 3fM. les membres de la Commis- sion centrale de la Societe de geographie de Paris. Le 2 novenibre 1843 , je fus d^signe par M, le ma- r^clial ministre de la guerre , pour accompagner M. de Sainte-Croix Pajot , auquel le gouvernement du Pioi avait confie une mission ayant pour oLjet d'explorer I'Arabie nicridionale. Parti de Lyon le 7 d6cembre 1843 pour rejoindre M. Saintc-Croix, qui etait deja au Cairo, j'arrivai le 8 a Marseille, ou jc nicmbarquai, le 11, sur le Lyciugue , paquebot-poste de I'Etat. IV. OCTOBRE 1. 13 C 186 ) Nous levfimes I'ancreledit jour a 5 heures du soir, Pt nous arrivames a Alexandrie le 24, apr^s avoir succes- sivement visits Livourne , Civita-Vecchia , Naples , Malte et Syra. A mon arrivee , je trouvai une lettre de M. Sainte- Ca'oix qui me prialt de me rendi'e pres de lui dans le plus bref delai. Je nolisai done une barque, mis a la voile le 26 , et arrival au Caire le 2 Janvier IShh. Nous y fimes un sejour de deux mois et demi , em- ploye a achever nos prcparatifs de voyage , a etudior diverses questions commercialcs poseos par le minis- tre du commerce , et a nous perlcctionner dans I'e- tude de la languc arabe par la frequentation de quel- ques orientalistes distingu^s. Nous dressames aussi un tableau comparatif dcs poids , mesures et monnaies t^gyptiennes avec celles de I'Europe. Une partie de mon temps fut consacr^e a me familiariscr do nouveau aux manoeuvres promptes et assurees du sextant , a I'usage du cbronometre, du barometre et du tliermometre , en memo temps que nous prenions des notes sur I'c^tat militaire de I'Kgypte depuis la formation de I'armde rd'guli^re jusqu'a ce jour. Outre les instruments d'astronomie et de m6t6oro- logie , qui se composaicnt d'un sextant de Lenoir, d'un tliermometre de Louis Berthoud, d'une boussole a prismc de Lcrebours, d'une boussole de porbc de Chevalier , d'un barometre ot d'un tliermometre de Bunten , nous avlons encore augmenti^ notrc bagage dun superbe daguerreotype pour plaque enti^re , de Soleil , ainsi que d'une chambre claire pour le dessin. Partis du Caire le 28 f^vriera 5 heuresdu matin avec ( 187) des chameaux , nous arrivames a Suez le 3 mars , a 9 heures du matin , ayant ainsi fait trois jours dans le desert , oii nous avions campi comme les Be- douins. Apr^s un sejour de dix jours employe a un travail commercial sur le transit , I'importation et I'exporta- tion qui ont lieu par ce port, ainsi qu'a prendre quel- ques notes sur les avantages et la possibilite d'un che- min de fer de Suez au Caire , sur le percement de ristlune de Suez, nous profitames de I'occasion pour nous rendre aux sources de Muise , situ^es sur la cote orientale de la mer Rouge a 1 myriamfetre i.OOO metres de Suez. Lne barque devant partir du 11 au 15 pour Djedda en toucliant a tous les points habites de la cote, nous louames la ciiambre nioyennant 75 thalers d'Autriche (393 fr. 75 cent.). Nous dimes adieu a Suez le 13 mars a 5 heures du soir; nous ellons le 15 a El-Tor, cette ancienne sta- tion des Plieniciens sur les cotes occidentales de I'Ara- bie-Petree, ou nous allames visiter le Djebbel-Mousa et les bains de Moise, appeles par les Arabes Snid-Ham- mam - Mousn ; ce sont des sources minerales ; de la , nous louchames successivement a Ras-MohaniDied , a Kalaat-el-Moilah , Wonseh, Djebbel-Hnssani , latibo , port de Medina-el-hebi. (Medine) , Rnbegh , et nous arrivames a Djeddn le 3 avril apres vingt jours d'une ennuyeuse navigation. Tout ce temps fut employe a I'etude de la cote, a des observations meteorologiques, et a diverses questions commercials , ainsi qu'a des- siner quelques vues. Nous reslames six semaines a Djedda , prenant pres de M. Frcsnel , consul fran^ais dans cette ville , les ( 188 ) dernicrs rcnseignements qui pouvaient nous 6tre utiles, et nous munissant dun linuan d'Osnian-Pacha, gou- verneur de Djedda , pour Ics chefs dc la cote qui recon- naissent la suzerainct6 de la Porte, et de diverses lettres de recommandation pour Ilodeklah. Nous etudiames en meme temps le commerce de Djedda comme port d'entrepot des marchandises de VInde, de VIndo-Ckine , du golf'e Persique ^ des cotes arabiques et africames en dehors du delroit de Dnb-el- Maiideb, de V Arabic tneiidionale, de VYenwii, de Mas- .saivah, de Sawakin , de V Eg^pte, par la voie de Coceyr et de Suez, ainsi que d'lanbo ot de V Arable- 1' ctrec , pour les ann^es 1841 et 18/i3. Tous ces rcnseignements ont presque tous ete pris sur les relev^s de la douane de Djedda. A cette etude nous joignhnes celle de la force et de I'organisation militaii'ede la Porte Ottomane dans la mer Rouge , et de sa politique ^is-a-vis des scheiks hddouins , dont elle ne pent r^primer ouver- tement I'insolence. jNous fimes enfin des ohservations meteorologiques, quelques dossins, parmi lesquels se trouve la copie d'une inscription kufiquc Irouvce a Djedda, au lieu appele le Toraheau d'live. Partis de Djedda le l9 mai , nous fimes route pour Hodeidah , par ou nousvoullons faire noire entree dans rinterieur de I'Yemen.et oi'i nous arrivames le 26 a 10 heures du matin. Aussitot descendus , nous fimes porter nos lettres au hadji loussouf, chef de la douane, a qui nous 6tions recommandes, ainsi qu'a un n^gociant chr^tien, le ma- lem loussouf, qui devait etre notre correspondant avec Sanaa et Djedda ; ils nous rocurent tres bien , et le hadji loussouf nous dil qu'il ne pensait pas que notro demande soulTrit de diflicultes , mats qu'il fallait qu'il ( 189 ) en ecrirlt au scb6rif Hussein , chef de la cole depuls Djizan jusqu'au d(!;troit de Bab-el-Mandeb et habitant Abou-/irlsi-h ; qu'il allait la faire, et qu'il pensait que sous huit jours nous aurions une r(^ponse favorable; niais au lieu de huit, la reponse fut vingt jours a venir. Nous employames ce temps a dcs etudes commerciales a des observations iii6t6orologiques et a diverses excur- sions ; I'une d'elles entre autres nous conduisit jus- qu'aux montagnes qui servent de limite, a Test, aux possessions du scherif Hussein : elles sont a une dis- tance de 4 myriametres de Hodeidab. Dans la vallee formee par ces montagnes et a 5 kilometres de son entree, se trouve un village nomme Baguel, qui n'est designe ni par Niebubr, ni dans la carte allemaiide de Ruppell ; cette vall(^e doit etre celle que le premier appelle JP'ndi Hannasch (vallee du Serpent). La res- ponse du scherif arriva le IZi juin suivant au soir. Le hadjl loussoufnous envoya dire de passer chez lui afin de nous faire part du contenu de la missive ; notre do- mestique repondit que nous etions partis a la cbasse et que nous ne reviendrions que le lendemain soir. Mais le lendemain matin , aussitot le jour, le gouver- neur envoya le chef de la police avec trois soldats et un domeslique du badji loussouf a notre recherche, de crainte que nous ne chercbions a partir sans per- mission. Vers 6 bcures du matin , comme nous etions a chasser, nous vimes arriver les cinq individus bride abattue : aussitot pres de nous , ils s'arretent ; Ic do- mestiquc du badji loussoufnous dit qu'ils elaient en- voyi^s par son maltre pour nous dire de revenir , dans la crainte qu'il ne nous arrival quelque chose ; mais la maniere donl ils nous suivaienl nous fit bien voir qu'ils ( 190 ) etaientplutot charges de nous garder et de nousemp^- clierdenousdchapper, si I'id^e nous en 6tait venue, que pour notre surety pcrsonnelle. Le gouverneur nous annonga qu'il venait derecevoir I'ordre , non seulement de ne pas nous laisser pen6- trcr, mais encore de nous fairc cmbarquer iuimedia- lemcnt, et que tout cc qu'il pouvaitfaire etalt de nous donner deux licures pour faire iios preparatifs. Nous lui demandames alors le motif d'un pareil proced^ ; il nous repondit qu'il avail regu des ordres et qu'il les executait. On nous donna des gardes qui nous suivaient partout. Etant alles faire nos adieux au negociant Chre- tien a qui nous (^tions recommandes.nous lui flmes part delamaniere dont nous 6tions trail(!!s; il nous enapprit la cause. La voici : Ln Frangais, qui se faisait appeler le comte de Coure^ et qui avail abjure sa religion a la Mecque , s'dtait mis au service du schdrif Hussein en quality d'instructeur mililaire. Ce dernier n'en etant pas content le renvo} a. Afm de garder son emploi , ce ren^gat annonga au sch6rif qu'il se repentirait de la mesure qu'il prenait ; car, lui disait-il, deux ofliciers frangais doivent se ren- dre dans I'Yemcn, pour inslruire les troupes d'Jbou- Sei'd, schcikh des Ilnschid-el-Bekil, cnncmi du scli(^rif et avec qui il est presque toujours en guerre. On nous prit done pour ces deux ofliciers, et alors on ne voulut pas nous laisser interner. Vo} ant qu'il fallait chercher a p6netrer dans I'int^- rieur par une autre route, nous primes passage sur le meme navire indien, portant pavilion anglais, qui nous avail transporters de Djedda a Hode'idah; il se dirigeait sur Moka et Aden. Nous eumes soin de dire que nous allions dans cette derniere ville, afin de d^lourner les ( 191 ) soupcons, mais notre intention etait bien de chercher a interner incognito par Moka. Partis de Hodeldah le 15 juin, nous arrivamesle 16 au niatin a Moka. A 2 lieures de I'apros-midi, en pas- santla porte pour entrer en vllle, un soklat nous aborda tit nous denianda si nous arrivions sur le navire qui venait de niouiller en rade. Sur notre r^ponse affirma- tive, il nous demanda si nous etions Franguis (Euro- peens) ; nous lui repondimes que nous Etions Tcherkes (Circassiens) , et il nous laissa passer. Nous fimes celle reponse ; car, sur sademande, nous nous etions apercus que des ordres avaient 6te donnes a notre egard. En entrant, la premiere personne que nous apercumes dans un cafe, a quelques minutes de la porte, fut un aniaute (soldat lure irregulier), canonnier aHodeidah, qui etait venu a marclie forc^e apporter au scherif Haidar, frere du scherif Hussein et gouverneur de Moka pour ce dernier, I'ordre de ne pas nous laisser debarquer. Voyant que nous Etions reconnus, nous allames voir le gouverneur, qui, aussitot qu'il sut qui nous etions, nous dit qu'ayant des ordres de son fr^re a notre sujet, il ne pouvait nous entendre, et qu'il nous defendait de sortir de chez nous jusqu'a notre embarquement. Ne pouvant penetrer par cette voie, nous nous decidames a aller a Aden, afm de faire une nouvelle tentative de ce cote. Le 22 JLiin, nous quittaines Moka sur une petite- barque qui sert a transporter les passagers du port a la rade. Nous arrivames a Aden sans accidents , le 24 au soir. A la porte de la ville , qui est une ouverture taillc^e a mains d'hommes dans la montagne , le chef du poste , ( 192 ) onicicr inclion (Cipaycs) ne parlant ni anglais ni arabo, nous prit a nos costumes pour dcsArabes, nous fit arreter, et nous fit comprendre par signe qu'il fallait laisser nos armcs ct nos effets au corps-de-garde. Les premieres devaient rester en depot , car il est cxpres- s^ment d^fendu de laisser enlrcr des gens amies en villc , les derniers pour etre visites le lendemaln par la douane. Pendant la discussion a laquelle donna lieu I'exd'cu- tion de cettc mesure, le lieutenant Cruttenden, second gouverneurd'Aden , qui fit un voyage a Sanaa en 1830, vint a passer; nous nous adressames a lui, et il donna imm^diatement des ordres pour nous laisser entrer avee nos arroes et nos effets. Le lendemain , nous fimes une visite a M. Haines , gouverneur, d^japr^venude notre arrivee par M. Crut- tenden ; ce dernier etalt present a cette entrevue. Ces messieurs nous recurent tres bien. Nous leur dimes que nous ^tions des voyageurs scicntifiques francais , desirant allor a Sanaa , et de la a Marcb. M. Haines nous ripondit que tant que nous rostcrions a Aden , nous pouvionsfitre assures de la plus grande protection, et qu'il allait 6crire a divers scheikhs des environs, ses allies , afin d'obtcnir pour nous leur protection. Nous fimes done a Aden un sejour de trois semaines em- ploy6 a etudier : 1° L'organisation administrative de la presqu'lle 2 • La force de sa population ; 3° Lesmoyensd'bygiene employees pour les troupes, dans le casernement , la nourriture el Tbabillcment, ainsi que l'organisation de la solde ; 4" Le sy Sterne monetaire employ^ a Aden; ( 193 ) 5° Le commerce de cette ville , ainsi quo le mono- pole 6tabll, dont sont frapp(?;s cerlains produits ; 6° A continue!' nos observations meti^orologiques commencees a Suez. Le gouveincur nous ayant fait pr^venir que la r6- ponse desscheikhs etant arriv^e, nous pourrions partir quand nous voudrions ; mais que le scheik de Blr- Achmet nous conseillait d'abordei' par mer , dans la crainte que les Bf^douins de la tribu des Fadlis, nous prenant pour dos Anglais, ne nous fissent un mauvais parti , nous allames prendre conge du gouver- neur et de M. Cruttenden , qui furent tr6s aimables pour nous ; ce dernier nous remit plusieurs lettres de recommandation pour divers banians ( sujets anglais) a Sanaa. Ce fut le 17 juillet que nous sortiines d'Aden, nous dirigeant vers Bir-Achmet par la voie de terre , afin de voir le pays; nous y arrivamos apres 5 beures et demie de marche au N.-O. 1/4 N. En arrivant , nous allames cbez le sclieikb Haidar-cbn-el-Moadi , afm de lui remettre la lettre de M. le capitaine Haines; il nous recut tres bien , et nous fit donner un loge- ment. Nous y recueillimes divers itineraires : 1° (\'J(/en a Sanaa; 2" de Sanaa a Mareb ; 3° de la Mecque a Derreye/i. Ces divers itineraires nous furent donnes etape par 6tape avec les beures de marche par un chef dc cara- vane qui se trouvait a Bir-Achmet. Ine partie de notre temps fut consacree a diverses excursions, entre autres a reconnaitre le lit de \ Ouadi-Meidam , qui se jelte dans le Bender-Toinvny) i , grand poi't d'Aden, et ( m ) dont nous nvons positlvement reconnu I'existence , Lien que M. Haines ne I'ait pas mentionnc^ dans la re- connaissance de cctte parlie des coles d'Arabie faite par / : Mes^e^-Ueli^;I■3 Bitaiiiiiga . Rogue. . . y ^ Ilahriiih.lrl L Aoua -lie. . 8 > 5* ZilialiO. 8 hi ■ilfS. ..oguc. .•iiuri . . 7 ( 5 J lli-iiil.iuile () 1 i.- ilalaili . ojs.- liollllllli . 9 i i , V|is(.i. . . 8 < ^ - Hificliial. 7 i .?- hfiie Abakaiiaii . 8 Galarsa. . . IIoiiiIlIui) . 9 IJfliiielioiiyo G liai'eiic , . 7 i.a itii . . . Des renseignements auxquels je crois devoir ajoutei ( 212 ) Foi ( je K's liens d'un chef galla fait prisonnier dans rcxpedition dont je faisais partie ) me pciinettent d indiquer la source du fleuve l!ouab6, qui se jette dans I'ocean Indien a Jouba ; celle source se trouverail au S.-O. du lac Zohalic^ , au pied d'une montagne qui porte le nom de Tibayou , appartcnant aux Gallas do la tribu Kordjassi, ou il y a aussi un grand lac au mi- lieu duquel passe le fleuve. Mon interprete et lenvoye d'Harrar au royaunic de CUoa, qui ont visite ce fleuve en dilTc^rents endroits, m'ont donn6 des indications sur i^lusieurs points de son cours ; il separe les trlbus Aroussi ct Annia-Galla , de mcme que la tribu Hom- bennlie-Calla , situ«^e a environ IBIioucs d*Harrar; il loHL^e la partie du pays des Saumalis qui porte le nom d'Augadene , separe ce dernier pays d'une partie de la tribu Annia-Galla , et retombe dans I'o- cean Indien. Ce cbef galla m'a donne des renseignements non moins assurers sur la source d'une riviere qui porte le nom do Guibe ; elle prend sa source sur une monta gnc qui porte lo nom 7 Stations do Deholack a Melniel dans le pays d' Angadene . Debolack O "\ T)el)i)vinii<' 6 "c .. r- .. •' _ /baiiiiialis. Ilarnr 5 k Alii, •y.-'lc 7 •' ( 21A ) Aioiriji- ti N (iucli'kor f) f , I, Joliale. 0 I ° Meliuel (village) 4 / Les Harraris appartiennent a la race des Saumalls ; mals ils surpassent ces derniers de toute la sup^rio- rite qu'ont des populations fixees dans des villes , et ailonnees an commerce , sur des tnhus qui menent la vie nomad e. Harrar est bati dans le creux d'un vallon qu'ano- sent plusieurs petitcs rivieres ; ce vallon est un des points les plus lertiles de la zone turide ; il est couvert de cafeiers qui donnent un grain superieur a cclui de Moka , et qui alimentent le principal commerce des Harraris ; on y trouve aussi le salVan , des cotonniers avec la sole desqiiels on fabrique des etolTes pour v6- tements. Lne population de 2 ou 3,000 aines est en- fermee dans la ceinture crenelee qui entoure la villa. Les Harraris sont dou6s d'aptiludes extraordinaires pour le commerce , auquel ils se consacrent exclusive- ment. Le commerce d'Harr-ir se divise en trolsgrandes branches. L ne partie de la population mobile qui forme les caravanesse dirige sur le (llioa , une autre parcourt les tribus voisines des Gallas, une troisifeme descend le territoire encore tres peu connu d'Augadtjnc , au sud de la region occupee par les Saumalis ; ceux qui vont dans le Choa en tirent dos toiles de coton , du caf6 , du tabac , des esclaves, etc. , qu'ils rapportent a Harrar, et qu'ils vont ensuite vendre a Berberet. Les caravanes qui font leur tournee cliez les tribus Gallas s'y procurent du safran , du cafe, de I'ivoire et des cornes de rbinocf^ros; enfin, celles qui se diri- genl sur Augadene y achetent de la gomme arabi- que de premiere quality , de la gomme-myrrhe , de ( 215 ) I'ivoire, des cornes de rhinoceros, des plumes d'au- truclie. Vous voyez done , Messieurs, qu'Harrar est un centre dans la parlie orientale de rAlrlque , d'oii le com- merce rayonne sur plusieiirs contrt^es considerables , et vous apprecieroz par la Timportanee que les habi- tants de cette ville acquerront peut-etre dans le monde commercial , le jour ou I'industrie europeenne vien- dra dt^lVicher , dans cette region africaine , un sol vierge encore pour elle. J'oubllais de vous dire, Messieurs, a propos de Ber- beret , que c? point est tres remarquable , a cause de I'aniuence de lous les traficants de I'interieur de I'A- frique , qui viennent y tenir chaque annee une sorte de foire qui dure trois ou quatre mois , et dans la- quelle on rencontre en quantites considerables les divers produils que j'ai enumeres tout-a-l'heure. J'ai rapport^ du royaume de Clioa , pour fournir des semences que je crois nouvelles pour notre agricul- ture, 19 varietes de graines, parmi lesquelles une graine comparable a celle du pavol , qui porte le nom de Ihefle , et dont le rendement est de 66 pour 1 : on fait avec cette graine un pain tres blanc et tres nutri- tif ; une vari^te de froment dont I'enveloppe est noire: il rend 38 pour 1 ; il donne une larine tres blanche , avec laquelle on fait du pain excellent ; une variety de coton que je crois inconnue en Europe , ainsi que plusieurs graines oleagineuses et des varietes de pois. Si la Soci6t6 desire des «^chantillons de ces graines , je m'empresserai de les lui ofTrir. Rochet d'Hi':ricourt. ( '216 liesultat de trois observations burofne(n'eii elf Tocein linlieii. Ell soiinii-llaiit cps (ili>ervai|iins ail calciil, on Iroiive iiiip iIp- |ircssii)n ilcs I'aiix ilii lac . Jp 217"', 700 aii-ik'ssoiis tie I ocean JiiKiifii. Moyenne de trois obseivntions faites a Kilaloii,le 21 juillet 18Z|3, au.v soniTes de la riviere. B4R0METBE no /,85. TUKBSIOJIETBE ilu liaioiiiiirc. 716,36 54.9 ■"■MMPEHXTUBE ii air librp. oo.o I. a cuvette tin h irometre t^lani a Om.SOO aii-il>-s*iH iIps sourt'es. Hrtulinir ile Kilalou = 62 1" 4 aii-iicssus tin niveau mojeii dc rocean liuiicn. Hauteur baronietrique de V Aouache , rnesuree a iMal- /calwiijoii , leh jiidlet 1845. Moyenne de trois obser-- va lions. BkBOMKTHE II" 48.) . ()()() .90 TBERMOMftTBE TEHPEBATUBE 111 Ijiioiiit'tre. » air tilire. 02..-) 02,8 I. a fiivpllp (III baronictrp ■■laiil it 0'"..~iOO :in-ilp>sii> ilts eaiix (ii!s pins fortes iimoinla- ions. llaulc'.ir Jc I'Aouache a Malkakou)Ou , = 725'°, G au-ilcf-sus tin iiivraii moveii de Vocdan Iiidicn. [ 217 ) Hauteur barometrique (V Ashouli , oil expirent les derniers manielons de la chaine d^ Angohar , la cuvette du haro- metre etant a O^.SOO au-desus da sol. Moyenne de trois ohseivations fades le \.'6 jiiin 1843. BinOMETRE TIIERMOIIETBK TiniPEH\TlRK no 'jSj. |du baniiiirlif- a air lilire. 68u,58 29'9 01 ,0 Ls nivelleilii baromfelre etant a Oin.oOO au-ile>sus du sol. Hauteur d'Asliouli, 972 mfeliTs, Moyenne de cinq ohseivations barometricjues fades a Metatite , /«? 18 avrd 1843. R4B0MGTnE no 483. 618,98 TIIERSIOMETRK ilii baioiiniUc. TEMPEB4TURE a ail' liiji'r. 1 1,6 Hauteur de Metafile, 3278 me- tres au iiessus ilu niveau inoyeri Ue I'ocean Imlien. 0,278 m. 972 Hauleur du Melalile aii-dt.'ssus du descit. . . . 2,006 metres. Hauteur barometrique sur les bords de l' Arouache a Dabalit, qiiatre lieues environ plus has que ses sources , 27 mars 18/17. Hauteur de la cuvette, au-dessus du niveau de la riviere ■=. 0^,b; BiROMETRE no 4S3. 600,86 THERMOMETRE ilu baroiiieire corrige. + »7.o TEMPERATURE (le I'air. + '7.4 Hauleur de TArouache a Dabalit 2027'", o au-dessus du niveau moyen de locean ludien. Hauteur barometrique pres des sources d'eau chaude de Fiiie-Fiui. Moyenne de trois observations faites le 1h mars 1843. .■179,98 20,0 21,7 Hauteur du niveau des sources a Fiiie-Fini^ 2365'", 7 au-dessus du niveau niojen de I'ocean ludien. Latitude des lieux ci-dessous desisnes, o Ambabo 11" 58' !\f Angobar .. ..9 53 1 Gaubade 10 54 45 Angolola 9 ^7 u. IV. ocTonni-. 3. 15 ( 218 ) EXPLOnVTIO.N Di: PILCOMAYO (1). Extrait (In Restdtiiador ilc Huli\ie, j),ii M. IJertiiklot. La seconde expedition ordonnee par lo gouverne- ment liolivicn pour explorer le Pilcoinayo dans sa partie navigable n'a ])as eii les r^sultats qu'on esp«i- rait; des obstacles insurtnontables , des difficultes im- pr6vues ont fait echouer cette entreprise. Lne poi- gn6e d'hommes prives de ressources, en presence des tribus sauvages qui s'opposaient a ses desseins, a dil ceder a la force des circonslances , malgri ses coura- geux efforts. Un rapport officiel, adress6 au ministre de la guerre de la Bolivic par M. Van Nivel , lieutenant de corvette charge de cette mission, nous fait connaitre avec de- tail tous les (iv6nements qui ont eu lieu pendant Ic voyage. D'apres ce raj)port, il parait que le Pilcornayo n'est navigable que dans une partie de son cours; que les mar^cages qu'il forme , en se repandant sur de vastcs espaces dans les endroits ou il cessc d'etre en- caisse par les terres adjacentes , interrompcnt enti6re- ment la navigation. Les indigdnes du Chaco se sont montres lout-a-fait hostiles , et Ton ne pcut esp^rer (i) D'apres les connaissances acquiscs stir le coins du Pilcornayo, on savait (iiie cette {jranJe riviere etait formee de la tonnnenre du Tarapava et de plusieurs torrents considerables (pii descendenl de la province de Poiro, dans le departcment de I'otosi; qu'elle se leu- nissaitensuile avee Ic Caciiiinayo qui passe pres de Cluirpiisaea, e( qu'apres avoir traverse les provinces de Ginli, la lajjinie el nne prande partie des llaims di: iVanso, en s-- dirij; ant a I E., elle foui - n.iit an S.-E pnnr se jefpr d.ins Ic Paraj^u ly par t/>" 3o' do laiilnde nieridionale. ( 5U) j d'ouvrir par cette voic line communication avec le Pa- raguay, avant de les rerluirc. L'entreprise est done beaucoup plus difficile qu'on ne I'avait pense ; mais son importance , en cas de r^ussite, est trop Ijiea con- nue da gouvernement bolivien pour qu'il renonce a ses projels. Les nouveaux renseignements qu'il vient d'acquerii' dans cette seconde tentative lui feront mieux apprecier les difficultes a vaincre et les moyens a employer pour arriver a son but. Voici la traduction litterale du rapport adresse au ministre de la guerre, et que j'extrais du Restaiimdor de Bolivia ( n' 2(3 , novembre i?>hh ). Villa [{odrijjo , 3 noveiiilne l844- (ninniissioii da Pfiragiiny. Monsieur le ministre, c'esl avec un sen timentde regret que j'ai a vous informer des mauvais resultats de I'ex- ploration du Pilcomayo ; mais si cette seconde tenta- tive n'a pas repondu aux dtJssirs du gouvernement, j'ai du moins la satisfaction de pouvoir vous assurer que rien n'a ete ne'glige pour la rendre fructueuse. Ce fut le 30 septembre que je mis a la voile de la colonie de Villa Rodrigo avec la llottille com- posee de 3 jangndas (1) et de 8 pirogues ; mais comme celles-ci retardaient notre marclie , nous nous decidames a les laisser avec une partie des vivres , apres avoir reparti sur les jangadas tout co que nous piimes de provisions. Ges dispositions etant prises, nous continuames notre navigation jusqu'au 5 octo- bre, sans aulres difficultes que celles occasionn^espar t) I'.spt'cc lie r:i(Ip:iux. ( 220 ) les bas-fonds que noiisrencontrions souvent. L'attilude hostile des nombreiises tribus Indiennes des environs de Cahallnsipnti me fit prendre la inesure, d'accord avec le major Cavino Acha, qui commandait notrc petite troupe, de retenlr a bord comme olage, bien que d'une mani^re dissimulee , les chefs des Indiens Girey, Mntacos, Yumay et Tobaa. A partir de ce point (Caballosipoli), nous commen- ^ames a concevolr quelque esperance de succes dans I'entreprise, ayant rencontre nn canal de A a 5 pieds d'eau que nous suivimes jusqu'au 10. Le 1 I , a deux heures du matin , nous fumes attaques au mouillage par environ 10,000 Indiens qui nous cbargerent avec audace , mais que nous lorcames a la retraito apres en avoir tue un tres grand nombrc. Nous pas-^ sames la nuit dans cct endroit , et le jour suivant nous fumes constamment assaillis durant noire navigation paries flecbes d'une multitude innombrable de sauva- ges (1) qui occupaient les deux rives. Quatre de nos hommes furent blesses, et Tun deux tres grievement. Vers deux heures do I'apres-mldi, nous nous aperrii- mes que la riviere se divisail en doux bras, et nous entrames dans celui de drolte, dont les eaux nous pa- rurent plus profondes; mais celui-ci nous olTrit bientot nne autre bifurcation dans laquelle nous nous enga- geames , toujours suivis et attaques par les Indiens jusqu'a une immense plalne ou le Pilcomayo se sub- divlse en plus de 60 bras , qu'oii pourrait comparer a des prises d'ean do moulln. Comme je devais, d'aprdsmes instructions, poussor la reconnaissance aussi loin que la riviere serail navi- (i; i6,ooo, rraiircs l.i i cliilioii ; i"''^ < f" cliittrr, ilc incinr ijii<> coiix citps |)liis li.iut . ii(iii« |i.iiail Ill's rxnfieiV'. S. II. ( 251 ) aable . ie resolus de reunir tous ces cours d'eaii en un seul canal , et creusant le sable avec nos mains , rete- nant les eaux avec des lierbes et de Targile, nous par- vinmes a improviser un canal assez large que nous suivimes , et qui nous conduislt dans un lac de 25 lieues de circonference. J'en fis aussitot reconnaitre les boids par des Guerrillas detacliees a droite et a gauche, afin de cherclier une issue. Guides par le courant que je ix'connus, nous no':s avancames au milieu d'une foret d'arbres qui ombrageait les rives , et qu'il fallait eclaircir a coups de haclie pour nous frayer cliemin . Sur ces entrefaites, j'envoyai un petit detacliement a la decouverte pour voir si le courant suivait plus loin son cours sans obstacle. Mes gens ne larderent pas a venir m'aviser que le Pilcomayo se perdait dans un immense desert de sable. Voulant verifier le fait par moi - meme , je monlai sur un arbre eleve d'ou je I'econnus I'exactitude du rapport (pj'on venait de me faire : mais en meme temps j'a- percus a ma droite un cours il'eau qui paraissait suivre une bonne direction. Je descendis aussitot, et prenant 15 liommes avec moi,je m'acbeminai verscette petite riviere, qui mallicureusemcnt se perdait aussi dans une foret impenetrable. Etant done retourne sur mes pas , jc tins conseil avec les oflficiers , etd'accord avec eux, je me decidai a nous laisser guider par I'lndien "^ umay, qui assurait que trois journees de marche de- vaient sudiie pour ari'iver sur les bords du Paraguay, ^ous resolumes done de faire la route a pied , chacun arine dun fusil , ol muni dun liavre-sac rempli de c/uinjue et de riz. Le-restant des vivres que nous ne pouvions cniporler et les bagages des ofTicicrs furent Iransbordes sur /ci Belle Cmolinc , a laquelle nous mi- ( 22-2 ) nic's le feu , aliii ie. Par S. E. i\J. de Wronlckenko, dirii^eant le niiiustere ( 240 ) (le.i finances de Biissie : Annuaire magnetique et met^o- rologiquc du corps desingdnieursdes mines de Russie , ou Recueil d'observations magn(!!liques ct meteorologi- ques faites dansl'etendue de I'empire de Russie, et pu- bliees par ordre de S. M. I'euipereur Nicolas I", par A.-T. Kupffer , directeur des observatolrcs raagndti- ques, etc. Annexe 1842 , 2 vol. in-Zi. Par M. Jnmard : Voyage au Darfour par le cheykh Mohammed Ebn-Omar el-Tounsy , reviseur en clief a rtcole de niedecine du Kaire ; traduit de I'arabe par le D' Perron , directeur de I'Ecole de medecine du Kaire ; ouvrage accompagnd de cartes et de planches , et du portrait du sultan Abou-Madian ; public par les soinsdeM. Jomard, membra de I'lnstltut, etc. , pr(!!- cede d'une preface contenant des rcraarques sur la region du iNil Blanc superieur , par le meme , 1 vol. in-8. Par rinstitnt national de fFas/iins^lon : Third Bulletin of the National proceedings of the Institut for the pro- motion of Science , 1 vol. in-8. Par M. Vivien de Sainl-Martin : Histcire des decou- vertes geographiques des nations europdennes dans les diverses parties du mondc, 2" liv. Tome II, Paris, 1845. Par les auleurs et editenrs : Annales maritimes et co- lonialcs, aout 1845. — L'Investigaleur , journal de ITnstilut historique , septembre 1845. — Journal d*6- ducation populalre , aout 1845. — L'Echo du monde savant. ( La suite au proc/iai/i niinicni. \ BULLETIN D'K LA SOCIETE DE GEOGIUPHIE, NOVEIMBRE ET DIiCEMBUE 18/15. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET HAPPORTS ASSEMBLEE GENERALE BU 19 D^CEMBRE 1845. DISCOURS PRONOKCE M. LE VICE-AMIRAL IIALGAN , i'nii de France, dirccteur-{;('neral tin DepM i\e la marine. Messieuiis , €elte assembl6e devait etre presitlde par M. de Hum- l)oldl; vous pouviez entendre aujourd'hui ce savant, dont les osploratlonsse sont ctcndues surles parties Ics plus lointaines des deux continents, vous developper quel- ques uns de ces apergus brillants par lesquels deja> e qui etait restee jusqu'alors uiaccessible n)enie aux vojageurs, ct dont on allait pouvoir enfin obsei ver les traits et la conslitiilion : c'^lait la cliainc meine, ou philol le massif de I'Allas avec ses gradins superposes , et I'inimense region de sables, qui, sous la denomination arabe da Sa/ifira, le Desert, s'elend au siid dis nionlagiies vers Tiiili'"- rieur de I'Mrique. Quelle quefiil, au sur])lus, la solliei- tude de la haute administration pour I'avancement de nos connaissancos positives sur les provinces alge- riennes , un interet plus direct encore el plus imme- dial Tavait dirig^e. Co n'^tait pas seulemcnt en \ova- (i) Cello (l.-»t<; (iiJl4 de GeocjUtphic ^ feviirr i843, j). 122. *' ( •252 ) le palinit'i". Les jardins y ubondent en fruits et en Iti- giiines ; il sutTil pour cela do trouvcr I'eau au inoyen de puits, Ki ou il n'y a pas de sources. M. Carette , comme le gi^n2-6g. Tra- duit dans les Nouvelles Annala (les Voyages, cahier de septenibre , p. 358. (2) Un tres court apercu dea voyages de M. d'EI{jorp,ue, exirail de ■la Gazette de Port-Natal, a ele insc're dans le journal de la ScxiL'le iicore dans le caliier de mars i844 ""6 desciiplioii de la proviiitc (cnpitania) de Ben^'uella, ccMitc sur les lieux en 1799. ( '160 ) meme apr^s la publicatidn tie ces documents portugais, que le promior exploratcur qui pourra porter dans cos pays barbares le flambeau do la science europcenne , y trouvera un cliamp d'observations et de d(''Couvertcs aussi neuf que vaste. Notre recent traite de commerce avec le sultan arabe de Zanzibar ne sera peut-fitre pas sans influence sur les futures entreprises que nos voyageurs pourront di- riger vers ces parages inbospitalicrs. Nous n'avons pas a nous occuper ici des avantages que notre marine et nos manufactures doivent trouver tot ou tard dans ces debouches nouveaux ouverts a I'aclivite commcrciale de nos ports et de nos colonies ; cette face considerable de la question reste en dcbors de nos appreciations , ex- clusivementlimitees a scs consequences gc'-ographiques. Les ports que le traits du 17 novembre 18^4 ouvre a la libra fr^quentation des batiments franc^ais sur la cote orientate d'Afrique , sont r^pandus dans une dtenduc d'environ dix degres de latitude des deux cotes de la ligne, sur la partie de cette cote pr6cis6ment la moins fr^quentee ; aussi toute cette region , que nos cartes di^signent vaguement sous le nom de Zanguebar, est-elle au nonibre des moins connucs de I'Afrique (1) . Un raissionnaire protestant, 31. Krapf, connu dd'ja depuis longtemps par ses travaux en Abyssinie , avait entrepris de remonter une des rivieres qui debouchont sur cette cote , et de pc^n^trer ainsi jusqu'a la haute region de Tintcrieur. Les derniercs nouvelles de (i)Nous avonj insc'-ie dans le caliier de sopteiiiljre (tfs Nouvelles Aniiulcs des f'oynnes,Y>. 26g, la preiiiicMn paitied un travail on nous nous proposons de resumer la niarilip liistoiitjue et I'i'tat actuel de nos connaissanci"« 'ur la cnlr oi ien'alc d'AFiirpir, au ni>rd de Mozanv- !)iqup. ( -m ) M, Krapl" sont de Zanzibar et datent du mois de Jan- vier 184(4 ; on ignore absolument quel a pu etre depuis lors le sort du courageux missionnaire (1). L'etablissement permanent que les Anglais possedent a Aden, donne maintenant pour eux un interfit tout parliculier au pays de Soumdl , dont le golfe d'Aden seul les s6pare , et qui a et6 renoinmc!! de tout temps pour la production des aromates : aussi les rccueils scientifiques de I'Angleterre et de I'lnde en ont-.Is pu- blic, depuis quelques ann^es, plusiours relations qui ajoutent notablement aux notions ant(irieures. La plus r^cente est celle que M. Cnittenden, aujourd'hui agent politique de la Grande-Bretagne a Aden , a donn6e sur une des pi'incipales tribus des Somalis , les Med- jertain (2). IJ Jbyssinie^ qui confine au pays de Soumal, n'a pas encore cess6 d'occuper Tattention en France et en An- gleterre. Nous paraissons n^anmoins arrives au terme des nombreuses explorations scientifiques , politi- ques et c ) iiier du pays de Cliua, prepare activcment la sionriL'(l), dont plusicurs communications verbales nous ont per- mis deja dopressentir I'intt^rfit. M. Antoine (V Ahbudie , aprds six annexes de courses et d'^tudes , doit etre en route en ce moment pour son retour en France , char- ge d'une moisson scientifique aussi riche que variiie. M. Sapcto , ce savant missionnaire lazariste dont Ics reclierches, pendant son s^jour dans la meme contrce, se sont portees principalement vers les antiquites liis- toriques et g^ographiques, en meme temps que sur r^tude comparec des idiomes parl(!;s dans la haute re- gion du INil, elaboro lentement un ouvragc qui jettora de vives lumi^res sur les origines abyssines (2). Ln iVagmcnl public a Alexandriepar un voyageur anglais, M. Bell (3) , n'ajoute guere qu'un simple itin:ir If rlieykh Mohnmnit'd-Ebn-Oniar el- Toiirixy, ri'viseur eii tlicf a I't'coli; di- lui'decine du Oairc; traduil dt; I'aralii- nar le ilocti'ur Ptrron , direpteur de lY'coIe de iiiedeciiie du Oaiir , puldii' par les soiiis de M. Jomard^ inenibre de rinstiliit. I'reci'dt* d uik! piefare coiileiiant ilo-i reniarques sur la region du INil- Claiic superieur, p.ii le lueine. Paris, iS^S, j',r. iii-8", avec 2 rarles fl \ pl.mehes. ( 265 ) a e[6 traduit litt(iraloineiit de I'arabe en franc;ais par le 1)"^ Perron. Mohainined Ebn-Omar est un liomme intelligent ; et ce qui pourra manquer A sa relation du cote de la precision scientifique sera bien ani|)lenient compense par les facilit^s d'observation que lui don- nait sa qualite de musulraan au milieu d'une popula- tion musulmane. Peut-etre un futur voyageur euro- peen donnera-t-il sur la gdograpliie du Darfour des notions mieux liees et plus completes; mais il est dou- teux qu'aucun puisse recueillirdesdonnees aussi exac- tes et aussi ^tendues sur les ma'urs, les usages, en un mot sur la vie intime des Foriens. La 2:)reface de M. Jomard ajoute d'ailleurs une grande valeur scienti- fique a la simple et naive relation du clieikh tunisien. Les pricieuses observations de liurkhardt, de Cail- liaud et de Hoskins sur le Sennar laissaient encore bien des incertitudes de detail surdilTerentspointsdegeogra- phie,d'etlmologie etd'antiquite. Un Francais, attach*!;, comme MM. Castelly etLafargue, a I'armee que le vice- roid'Egypte entretient sur leliaut Nil, a communique a laSociete litt(iraire d'Kgypte desremarquesqui rectifie- ront quelques assertions inexactes despr^c6dentsvoya- geursou suppleeront a quelques unsde leursoublis(l). Nous signaleronssurtout les notes relatives aux habitants memes du Sennar, aleur constitution physique, d leurs mtfiurs, et le tableau de la route entre le Berberah et Souakin , sur les bords du golie Arabique. On trouve aussi des details riches d'observations tout-a-fait nou- velles sur la gdiographie et la constitution geologique (i) Notes sur le Sennar; - 62 ; reproduiies dans les Nouvelle^ Annates tics ^oyii/es, caliior dc novfnihrr. ( 26(5 ) du grand descil de iNuhio, ou do Kourousko, coinpris cntre lo lleuve el la iner Uouge , d;ins les lollies do plusiours ingenieurs Iran^ais au service do M^homol- Ali , dont M. Joinard a coniniLinKjiid do longs exlrails dans plnsleurs dc nos seances (1). M. d'Arnaud fall on ce moment le memo voyage , avec la mission spt^cialo d'etablir dans Ic desert nubien une sorie dc pulls on de cilernes, pour facililer les communications mainle- nant frequontos ontre I'Kgypto et le Sennar. Touto la vallee du Nil, dopuis Tiiebos et Assouan jusqu'a la frontiore du Sennar, a 6le remonl^e etla- borieusement explor^e par le D' Lepmis, qu'un archiio- logue anglais , le reverend Abeken, accompagnait dans cetle longue excursion. M. Lepsius n'a lerminti que cetlc annee ses profondes investigations, deslinees , sans iiul doute , a ^clairer d'un jour tout nouveau I'bistoire dos anciens temps de I'lilhiople. Les eludes linguistlques du savant prussien sur les populations ac- tuelles des pays qu'il a visiles , no seront pas d'un moindre interet pour rotbnologie positive de cetle re- gion de rAfrique (2). Citons encore, avant d'ahan- donner cotle vallee du Nil si remarquable sous tant (1) Le cahier dejiiia du Bulletin ile la Socuke (t. Ill de la 3' S('rif, (1. 3.')3-357 ) reiiferiiie an premier extiait d'un voyajfjc fi;coli)giime de MM. Flgari el Husson dans le desert, enire le Caire et Kourmisko. (2) VoYt't deux lettres du docteur L'-psins adiossees, sous tniiin' de rapport, dc I'hilce, d.ins la Hautc-tjjypto, a TAcadeniie royale de iierlin, dans le Berichl ither die zur Bekuuutmacluinn qeeiqnelen I'ei- lianilluiigen der Akad. zu Berlin, noveniLre i844'> V- 373-4"6. Ces lellres soul trailuites en fraiirais dans le cahier de septeinliie des Nouvclles Anniilei des f^oyaijefi, p. 3 '5. Le Bulletin de la Spclt'te gr:i|)liiral iiosilinn and uniiiue pliysicil cliaiacterislics of Efjypt, l)y llic lion. Caleb Cuihintj. - Uans Si>n~ nivnd's Colonial Macjaiiiie, caliirr de juin, p. l36-l47> (2) Piecps relatives aux in>irriplions liimyaiites decoureites par M. Theod.-Jos. Arnaud, de Lurs ( P.a-ses-Alpes). Relation e a Mareb (Saba), dans I'Arabie nie'ridionale, entrspris fii 18.43. par M. Ainaiid. —Dans le Nonveuu Journal asiutiqiie, ealiiers dc ni.irs el d'avril i845, I. V, p. y.oS-aS'i , 39<)-3i5; I. VI, p. i(h)-2(i7. ( 268 ) la cil6 mystorieuso des Iliinyuritcs. Beaucoup do tails lelatifs a la question des inscriptions, aussi l)ien qu'a la f^6ographie positive du Y6men , seront certainement foLirnis par la relation de M. de JVrede , le voyageur hanovrien , r<;lation dont le inonde savant attend inipaliominent , dcpuis deux ans , la publication (1). M. l^late s'appuyant sur les notions fournics par M. do Wrede et d'autres rdcents voyageurs, a discute , dans un int^ressantmeinoire, plusieurs points de cette por- tion de I'Arabie de Ptulem6e (2), En iSj-ne , le consul prussien , M. de Jnidenbrucit , poursuit le cours de ses explorations a la fois arclido- logiques et geograpliiques , dont il transmet de temps a autre les resullats a la Societe g6ographique de Ber- lin (3). V /tsie-Mineure , si fructueusement cxploree depuis quinze ans par une foule de voyageurs savants de toutes les nations, n'a 6te cette annee I'objet d'au- cun voyage nouvcau que nous sachions. Mais notre sa- vant collt;gue , M. Philippe Le Bas , qu'unc mission archeologique a conduit, en 18/i3 , dans I'ancienne Mysie et dans d'autres parties litloralcs de la ptinin- (i) M. de Wrede a donne un apergu des resultats generaux de sou Toyage au Yemen, dans une leltre inseree au cahier de Janvier der- nier da BulU'tin de la SociM de Ge'oijraphie , p. 4i-5i. Une lettre senil)lable, mais moins di'veloppc'e, avail elc drj.i commiiniiiure h la Societe de Geographic deLondrcs, qui i'avait fail aussi imprinier d.ms son journal, vol. XIV, p. 107-112. (a) Ptolemy's Knowledjje of Arabia, i»y W. Plate. — Dans le Classical Museum , n" 8 (vol. ill;, p. 167-175, avic une caite. ^3) Les derniers cahiers public's du journal de la Sociclc contien- nent une nouvelle communication de M. de Vildcnbrucli, relative am mines de Monssnilca. MonaUhericht iiber die yerhnndliuujen der Oe- scllschnft fiii Erdkunde in llcilin, 2« vol. dc la nouvcUc s( rie, 184.'), p. 20i-2o5, avcc une planche d'inscriptioiis. ( 200 } sole , a commenc(^ la publioalion des rapports adressd'S au ministre de I'instruction puhlique pendant le cours dr ses recherches (1). La geographie positive du bassin dii Rhyndaque, oil un seul voyageur, M. \\ illiam Ha- milton , avait penetre anterieureinent , n'a pas moins gagne aux courses de M. Le Basque I'etude des monu- ments anciens et des inscriptions profusement repan- dues dans ces contr^es classiques. Cette ann^e aussi , M. Kiepert, de Berlin, a termintoiri' , [>■ l-^S. { 271 ) (liiil (\pjii flepuis quclquos annexes dos resultats dune inij»oitance iniprevue. En nienie lemps que M. rl'Ar- naud , emiile lipureux de Wellstedt et de Cruttenden, ariachait a la defiance ombrageuse des Arabes quel- qiies pages oubli^es de Ibistoire de leiirs ancetres, un savant fian(;ais , M. Eniile Botta , retrouvait sur les bovds du Tigre les vestiges enfouis depuis plus dc deux mille ans de I'antlque Ninive (1). L'Europe a retenti de cette grande d^couveite. I no immense etendue de bas-reliefs reproduits parl'babile pinceau de M. Flan- din, fera revivre en quelque sorte I'Assyrie tout entiere avcc ses mceurs, ses costumes, ses usages, sa civilisa- tion; et una quantity on pent dire innombrabled'in- scriplions en caracteres cun^il'ormes , laborieusement co])id!es par M. Botta, est destinec peut-etre a jeter un jour inaltendu sur I'histoire mainlenantsi obscure des anciens lemps de I'Asie occidentale. Mais il faut d(^- chirer a la fois le double voile qui nous derobe encore et la langue dans laquelle ces inscriptions sont con- cues, et ralpbal)et danslequel elles sont Rentes. Cost a cette etude presque divinatoire que s'est appliquee la sagacite de nos plus profonds orientalistos , et deja un premier pas y a etd; tente par un de nos collogues , M. Isidore Low ens I em (2). Les etudes que poursuit en Allemagne M. Cbristian Lassen sur les ecritures cu- neiiormes de Pers(!ipolis (3) , et celles qu'un savant (i) Les lettips ecrites de Niiiive pai' M. liorta , et succcssivement iiiipriinees dans le Journal a^idtiijuf , unt efe reunies en uii volume .'ivec les noiiibreuses esfpilsses qui IfS ;ic(()iiipagnent. i'aris, iS/iS, in-8". (u) K-^sai de decliiHiematJl dc I'lHiituie assyrifiiiie , pour servir ;i I'exnlication du monuuient de Klioisabad; par fssiJ. Loweuslern. Palis, l8j.'), j;r. in-8" aver 3 planrlies. ( $) I.:' sixieiue volniuc prcsijue tout eulierdu journal dc .VI. I,a, ( 272 ) voyngour anglais , M. Ra^^linson , a pu otToclucr sur la Ciilebre inscription de Bisuntoun , donl il annonco une lecture complete , non encore publi(!ie (1) , aide- ront sans doute a la solution de ce difficile probleme. Les deux canipagnes des arniees britanniqucs dans le Kaboul, et la courte occupation qui en remplit I'in- tervalle , ont Ote, on le sait , I'occasion d'un grand nombre d'etudes , de reconnaissances et de renscigne- ments , soit officiels , soit parliculiors , qui depuis cinq ans n'ont pas cess^ d'alimcnter los journaux scien- tifiques de I'lnde anglaise , notanimcnt Ic procieux journal de la Soci6t6 geograpbique du Bcngale. Parmi les morceaux inst>res dans les num^ros de ce journal parvenus cette ann6e en Europe , qui se rattacbent d'une mani^re plus ou moins directe aux 6vy Ilajee ^Ixliin JS'ubec , <>( Kal)ul. An an;;cd .in.l lranslaley major Robert Leech. — Dans le Journal of the Asitiiir Society of Benfjal, ii" CLIII , 1 844 - P- C>r>7--o6 ( 1 " jiaitie). ( 273 ) que pliisieurs indigenes clu Mekran furcnt pareille- ment employees en 180 a recueillir dans le Balou- chistan occidental v.ne partie des notions que Jes An- glais avaient alors tant d'interct a se procurer sur les pays situes entre la Perse et I'lnde. Nous ne devons pas oublier non plus la dcrniere partie des relations de feu le D' Forbes , publi^e par la Society de geograpliie de Londres dans la seconde partie du torne XIV de son journal (1). Les courses scientifiques du D'' Forbes sont deja partiellement connues par une premiere pu- blication qui en a ete faite dans un volume pi-^cedent du journal de la Societd de Londres 5 on connait aussi la fui niailieureuse du voyageur dans le Seistan , en juin ISAl , oil il perit assassine , victime de la haine que le nom anglais inspirait aux populations de ces contrees , qui venaient d'etre envahies par les armes britanniques. De 1838 a 1841 , le docteur a\alt pai'- couru plusieurs parties dc la M^sopotamie , du Kour- distan et du Khora^an, jusqu'a la frontiere occidentale des pays afglians. Son journal , ^crit tout entier de sa main , et qu'une heureuse fortune nous a conserve , contient la narration d^taillee de ces differentes cour- ses, jusqu'a la catastroplie qui les terniina. Le dernier fragment que nous venons de menlionner donne la partie du journal comprise entre Turba-Haid(!;ri , au sud de la ville de Mesched, jusqu'a la riviere de H6ri- Rud , qui va se perdre dans la partie septentrionale du lac de Zarr^h, ou, plus exacteraent , du Ilanioun , (O Iionte Iriiiii Tuibat IlaiJeii, in Korasan , to tlie River Ilezi- Ikul, oil llicjionl i.s of Sistaii. Extraclnd from llip journals of tlio late \y Fredirick Foihfi. — t)aiis Ir t. XIV da Journal of the Geo()ra~ jhicttl Society of London , [>. i 4.''-i f)' , i vcc uui' carte. IV. NOV. i;t i)i':c. 3. lU vasle umas il eau sans ecoulcmenl qui re(^oil le lli'l- niend et les autres rivieres du Seistan. Ce morceau n'osl qu'un simple itin^raire; mais cet itineriare tra- verse la portion de la Perse orientale la moins connue des voyajieurs el la pliismal representee sur nos cartes. Notre indigence extreme sur ces contr^es iuterieures nous apparait dans loutc sa nudit<5 , en rapprochant de nos meilleures cartes modernes, et particuliijrement decellc du Khoragan construitc en 18^1 parM. Zimmer- mann pour Vlirdknndc du professeur Carl Ritter, Ic simpletrace qui accompagne I'itm^raire du D' Forbes. Cette annee a vu se terminer la publication du grand ouvrage de f^ictor Jacquemont sur \c N.-O. de I'lnde, de notre jeune et a jamais regrettable Jacquemont , dont les travaux, trop tot Interrompus par la mort, tiendront une place considt^rable dans Ihistoire des explorations savanles du liaut llindoustan (1). Un autre de nos compalriotes, le D' Hobei-t , qui a regu mission , a la fin de 1842, de continuer dans I'ouest de I'lllmalaya et dans les hautos contr6es adja- centes les observations geograpbiques , pbysiques et etbnograpbiques de \ ictor Jacquemont, a penetre en effet dans les valines presque inaceessibles de cc que Ion nomme la Tartaric cbinoise. Malheureusement , le voyageur n'a que de bien rares occasions, du fond de ces contrees alpines , de fairc parvenir de scs nou- velles en France. Celles que Ton a rorues de lui il y a quelques mo s, et donl il n'a etc public que de l)ien (i) Voyaye dans I'liidc, |>ar /''. Junijucmunt , pi'iidaiit lis nriiiees 1S28U i832. Publie sous lis aus|)iies de M. (;iiizol, iiiiiiislic de I'insli'iirtion |)iil>liqur. Pnri?, l 836- i S.'j') , {;i'. iii-'('\ } ^'"'- '• all'*''- ( 275 ) courts exiraits (I) , anuoncent que M. Robert se dis- posait a onlrer dans le Turkestan oriental , pour ga- gner de la, s'il dtait possible, le nord de la (Uiine. Fai- sons dcs vceux pour I'beureux accomplissemcnt d'un ilineraire qui doit procurer a la geograpliie un grand nonibrc dc notions nouvelies. Ces explorations de pays peu ou point connus et d'un difficile acces, dues ainsi au courageux d(!;voue- ment de voyageurs iscles, ne sont , ne peuvent etre qu'un premier canevas dont le temps et les circon- stances favorables rempliront plus tard les vides neces- saireraent nombreux. Toutes les contrees extra-euro- peennes parcourucs dcpuis trois ou qualre siecles par nos voyageurs, et entrees aujourd'liui plus ou moins completement dans le domaine de la geographic posi- tive , ont eu ainsi leurs phases successives plus ou moins rapidcs. II en est cependant, et la haute region centrale de I'Asie est du nombre , qui ne sont pas destinies k rcfleter de sitot , nous le craignons , les vives clartes de la science europeenne. Pour celles-loi , il nous faudra bien longtemps encore nous contenter d'apergus generaux. Plus favorisee a cet <^gard, grace a un heureux concours de circonstances politiques et historiques dont profite la science , I'hide a pris rang depuis longtemps parmi les contrees du globe les plus exactement decrites et les mieux connues dans toutes leurs parties. Ce ne sont plus de simples voya- geurs obligees de limiter leurs observations au rayon toujours resireint de leur itineraire : c'est un vaste ensemble d'observations et d'etudes simultan^es, coor- (i) Voyez la lettiv ilu docttnir RoLpit, dalec de Simla ( liaut llin- d..u-t;in), i4nvnl i84.'>,daiis les Nouvelies AnuaUs ties J'oyanes , caliier de jiiiilct , p. 58. ( 276 ) (lonnees entre ellcs ct rapport(''PS h line base com- mimo; c'est toutc une arm^e d'ing^nieurs munis d'in- struments de precision , qui mesure pied a pied la surface entiere d'un immense territoire , qui en fixe tous les points par rapj^orl a I'espace au mo\ en ilo determinations astronomiques, qui en rapporte toutes les hauteurs a I'unilorme niveau des mers au moyen dn barometre , cj qua^reunit ainsi les elt^ments de ces belles cartes topograpliiqucs qui sont une des crea- tions de nos temps modcrnes , ou non seulement les grands accidents geograpblques sont exactement re- presentes avec leurs contours, niais ou Ton voit figu- res jusqu'aux moindres accidents du relief du sol. Telle est la iache, commenc^e d^ja depuis longtemps, que poursuivent sans interruption dans I'lnde les in- g^nieurs anglais. Plusieurs feuilles du grand atlas que fait executer la Compagnie des hides , appuy6 sur un vaste reseau de triangles geodesiqucs, ont paru dans le cours de I'anndte actuelle , en meme temps que des officiers de marine continuent le relev^ hjdrographi- que du pourtour de la peninsule. Des Etudes d'une autre nature , dont I'objet estd'en perfectionner I'eth- nographie , en faisant mieux connaitre les populations montagnardes de I'lnde centrale a demi sauvages et a peu pres independantes, n'ont pas un moindre droit a notre int^ret ; ces (Etudes peuvent avoir une grande port^e historique, et par ellcs seulement on parviehdra peut-etre a (Ijclaircir un jour la question tr6s incom- pl6tementabord(5ejusqu'a present des originesdcrilin- doustan et de ses races primitives. Parmi les ouvrages r^cents qui entrent dans cet ordre de rechercbes , nous mentionnerons un Menaoire de iM. Edwatd Bal- ( 2/~ ) four sur les trlbus enantes de I'lnde cenfralc (1) , un travail ethnologique de M. JSewhold sur le Tchent- chouars des Ghates (2) ,et une relation des tribus mon- tagnardes des Neilgherries, pai" le R6v. Muzzy (3). Quelques notices pnrtielles transmises par les re- sidents ou les ofliciors l)ritanniques (Zj) , quelques rensoignements recueillis par nos missionnaires (5) , sont tout ce que nous hvons a noter pour les contrees de cette autre pi^ninsule , que sa position interm6- diaire entre la Chine et I'lnde et le caractere mixte de ses populations ont fait nommer Indo-Chine. Des leltres Sorites de la Mon^olie orientals par d'au- tres missionnaires , quoique I'enfermant des particu- larites intdressantes pour I'etude physique et morale des populations, ne fournissent que bicn peu de faits nouveaux a la geographic. Si le traite qui a ouvert a notre pavilion un certain nombre des ports de la Chine doit amencr quelque jour des modifications favorables dans les relations (i) On llie Mi{>ralory Tribes of Natives in Central India , l>y Edvo. Balfour ^ assistant surgeon. — Dans le Jameson's Edinburgli Journal, n° LXIX, reprodnit avec des additions dans le Journal of Asiatic So- ciety of Bengal ,no C\LV , 1844, P- <-23. (2) Dans le Journal of the roy. Asiatic Society of Gr. Brit, and Irel., vol. VIII, p. 271-278. (3) Daiisle Colonial Magazine , avril(vol. IV), ji. 385-3f)2, (4 Notes on the Kasia Hills and People; l)y lieut. //. Yule, Ben- gal Engineers. Dans \e Journal of the Asiatic Society of Bengal, n" CLIl , 1844? p. 6i2-63l. — On tlie history of Arakan; l)y capt A.- P. Phayre, senior assi.stant rommissioner Arakan. Ibid., n°CXLV, i844, p. 23-52. (5) Jjtttre dc M. Grandjeun, missionnaire apostolique dans le royaume de Siani, eciite de Banj;kok, i"^ aoulj843. — Dans le.* Annale^ dc la Pro/nujation de la foi , mars 184^1 P- 1 1 1 1 i(). ( ^-8 ) des Europuens avuc lo Celeste Empire , ce jour est silroment loin encore , et jiisque \k ii faudra nous contenter des notions iieureusement tres (^ten- dues que les missionnaires des deux dernicrs slecles nous ont legumes sur ce peuple singulier, ou de celles que les sinologues pourront tiror de ses livres memes. C'est ainsi qu'un travail recent de M. Bazin sur les idio- raes vulgaires de la Chine a mis en lumiire des fails im- portants pour Icilude comparc^e des populations chi- noises (I). La relation que M. Grivel , un de nos jeunes officiors de marine , a donnde de la campagne de la corvette V Alcinene dans les eaux de la Chine en 184/l , fournit quelques particularit6s int6ressantes sur le groupe pen connu de Lieon-Tcheou et sur le carac- t6re des habitants (2). Nous avons nomm^ la Chine et la Mongolie : ici . nous touchons a un des points de I'immense frontiere de I'emplre russe , comrae nous y avons touched dt^ja lorsqu'a I'autre extremite de TAsie nous avons foul»i le plateau arni6nien qui se projette conime un vaste gra- din en avant de la chaine du Caucase. Cette n'gion du Caucase , inj^puisahle champ d'^tudes pour le pliysi- cien , le naturaliste , le geograplie et I'ethnologue , a ^te parcourue cette annee encore par deux savants ob- scrvateurs : par M. Abkh , en geologue et en anti- (1) Mc'iiiiiirf sur les piiiicipps {jeneraux du ciiinois vu'gaire, par M. Bazin. — Dans \f Noiii'cau Journal nsiatlqtw, caliiers d'avril a aoiit. I. V et VI de la 4'' seiie, (2) Campagne de la cnrvclte l\l'cncn(; ., sur la role nord de la (jliine et aiix ilesLiou-Tcliou, en avril, niai, juin, juillet et aout i844 ; par M. B. Grivclj eleve de preiiiiure classe. — Dans les Annalea maritimes ft co/o»ra/cs, sciences ct arU , cahicrs de fevrier et de mai 1845, p. 3i5-34i , -49-788. ( 279 ) (juaiie , et par M. Kolenati en zoologiste el on j)hvsi- cien. Nous avons quelques notices d^tachees ile cer- taines parties cle leurs courses ; mais la science attend de plus amples relations. Nous savons que M. Kolenati a d;rapbie de Londics. ( 281 j ractlvit^ la plus dnergique. Mais aussi le gouverncment riisse el Tacacleniie inipt!;riale , qui scconde avec z^le ses intentions a cet d'gard, favorisent ou stimulent de tout leur pouvoir les entreprises , soit collectives, soil individuelles , qui ont pour objet I'avancement de la g^ographie des diverses parties de I'empire , ainsi que les progr^s des sciences d'obscrvalion, physiques etna- turelles , auxquels se pretent merveilleusemont la di- versite des zones et des climats, dcpuis les step2:)es en- fonc^es de I'Aral et la haute region de I'Altai jusqu'aux bords glaces de I'ocean Arctique, depuis les plaines ferliles de I'Llkraine et les apres vallees du Caucase jus- qu'a la cote N.-O. d'Am^rique et aux deserts des Es- quimaux. II n'est pas de saison qui ne voie s'etTectuer a Test de I'Oural des voyages interessants pour la geo- graphic , et qui n'apporte son contingent d'observa- tions pour la physique du globe. Dans noire rapport de I'an dernier , nous avions a citer la grande recon- naissance g^ologique et gcographique de I'AItai orien- tal par M. de Tckiliatchejf, et nous racontions les souf- frances inouies qu'avait endurees M. flJiddendorff dans son expedition a lamer Glaciale (1); cette ann(5e, c'est encore a M. Middendorfl" que la science est redevable de I'expedilion la plus remarquablc qui ait eu lieu en Siberie. Ce nouveau voyage, dont nous allons esquisser (i) Le Journal de la Socicle de j;('o{;i-.Tphie de Londies, vol XIV, p. 247, a j)idili(' le riH-it personnel de M. Middeiidorff ()endanl ce ponibie voyafjo de i843, et le voynjjeur a donne dans le Bulletin de i Academic de Sainl-Petcnbounj , sciences physico-mntlietnatiijues, t. Ill , col. i5o, 241 etaSg, un icsuine des resultals scicntifK[ues du voyaye. — II I'.uit ajoutcr unc nole de M. liaer : reher das Klirna des Taimyr-Laiides, riacli den neobachliinjjeii dcr MiJdendorffs< Ik is expedition. Ibid. t. IV, 1845, ccd '^15-336. ( 282 ) un apcrc^u, est au premier rang, nous I'avons deja dil, parmi ceux clont nous avions a vous prt^senler les rc- sultats pour cette ann^e 18i5. Ni les fatigues que I'intrepide voyageur avalt ^proii- vees , ni les dangers auxquels il avait failli succonibor , n'avaient dlminue son ardeur. A peine reveiiu du ca[) Taimoura, il rcsolut de pousser ses Etudes dans uiie autre direction , ot de s'avancer k travers toute la lon- gueur de I'imniense continent jusqu'aux bords do la nier orientale. M. MiddendoriF, acconipagne du M. Branth, son prd'parateur, s'cHait rendu du Ic^nisoi A lakoutsk , sur la L6na ; il en partit le 11 avril 18/j/l pour gagner le golfe profond que forme la mer d'Okhotsk a son extr^mite S. -O. , vers les confins de la Siberie russe et de la Mandcliourie chinoise. II \ a la un tr^s vaste territoire que n'avait vu aucun voya- geur, et qui devait ollrir un chamj) curieux d'obser- vations nouvelles. Les previsions de M. MiddendorlV n'ont pas 6t6 trompt^es. Depuis lakoutsk jusqu'a I'AI- dan, un des grands affluents que les niontagncs du jSud envoient a la L6na , on cut h traverser do vastcs plaines herbeuses. On romonta cnsuite le cours encore gel6 de I'AIdan , dont les premieres fontes des neiges allaient bientotsoulever et briser I'enveloppe. La route que suivaient les voyageurs allait en montant d'une mani^re tr6s sensible. On approchait de la crete des raonts Stanovoi , qui forme le prolongenieut oriental du massif altaique ; la vegetation s'appauvrissait de plus en plus, et au bout de quelques jours les vallees de glace succ6d6rent a la region des forets. Cliaquo jour la niarche devenait plus difficile et plus penible. Enfin la cliaine granitique des Stanovoi fut franchie.et la petite caravane descendit la pente rapide au pied de laquelle s'enfonce la vallee sauvago de I'Ouda. { 283 ) L'Ouda est une rivl6re qui covile de I'O. a I'E. et qui va se perdre dans la mer d 'Okhotsk ; il y a sur ses boids un posterusse, le dernier dans cette direction, inscrit sur les carles sous le nom d'Oudskoi-Oslrog ; M. Middendorff y arriva le 9 juin. Soixante jours avaient ete employes a parcourir la distance qui se- pare lakoutsk de I'Ouda. Deja les collections de zoolo- gie et de botanique s'^taient enrichies d'une foule d'e- chantillons nouveaux, dont la contr^e qui s'ouvrait aux reclierches du voyageur devalt prodigieusement augmenter le nonibre. Quinze jours furent employes ci construire une einbarcation destinee a descendre rOuda jusqu'a la mer, et a explorer les cotes voisines. Parti le 25 juin d'Oudskoi-Ostrog, on parvint en deux jours a la bouclie du fleuve. Les nombreux affluents qui se precipitaient bruyamment du flanc des raon- tagncs I'avaient change en torrent, et cependant les glaces amoncel^es continuaient d'en obstruer Tem- bouchure jusqu'a une distance dont I'ceil ne distin- guait pas I'etendue, Sous le 55" parallele , c'est-a-dire a une latitude plus m^ridionale que celle d'Edim- bourg, ce trlste climat pr^sente d^ji les frimas de la region boreale. C'^tait done avec toute raison que le voyageur, charge par rAcad(!;mie d'^tudier les pheno- menes de la vie organique dans la rc^gion polaire.avait voulu 6tendre j usque la le cercle de ses observations. Des pluies diluviennes, et qui se prolongent pendant toute la saisond'etd, succedent aux froids rigoureux de riiiver et precedent les brumes de I'aulomne ; au mois de juillet, on n'eut que huit jours sans pluie , et la temperature fut seulement de 3 a 5° Rtliaumur au- dessus de z^ro. G'est un pays a peu prfes perdu pour la culture, mais qui presente durant quelques mois de ( 28/i ) I'annce de beaux palurages; la nature s'y montre d'ail- lours sous les tonnes grandiososqu'elle alnie a dcploxi-r dans les contrees alpines. Lcs cotos s'y (ilevenl brusque- uient de la mer en murailles a pic de plusieurs centainos de pieds , centre Icsquellcs viennent se briser les bancs de glace qu'y poussent des couranls d'une rapidito extreme. Quoiquc fr(!;quemment contrarie par ccs glaces flot- tantes et par d'epais brouillards, M. MiddcndorlTn'cn r^ussit pas molns, a force de perseverance , a operer la reconnaissance des ilcs Cliantar, groupe considerable s\tii6 on regard do rcmbouchure de I'Ouda , et a ex- plorer vers Test unc ligne de cotos de 1 000 vorstes de d^- veloppement, jusqu'a la bouclic du fleuve Amour; on saitqu'un verste correspond a peu j^res a un kilometre, c'esl-a-dirc a un quart de nos lieues communes. 11 I'au- dra changer completement la direction ot les contours absoluraent imaginaires que nos cartes ont donnes jusqu'a pi'd'sent a cette cote d'apr6s les documents chi- nois. Pres de quatre mois fui'ent employes a cos labo- rieuscs reconnaissances. Les tribus tie ce grand terri- toire maritime vivontdansune parfaite indepondancedes deux empires dont elles occupent les confins ; ce peu- ple porte le nom de Gbileke. On y distingue deux types tres dilfercnts , I'un appartenant aux races kouriles ou mongoles , I'autre se rapj)rocbant bcancoup , dit M. Middendorff, du caract6re caucasiquc. Le voyageur ^tudia avec interot Icms mcjours, leurs habitudes so- ciales , les d6veloi)pements de leur Industrie , el il re- cueillit un vocabulaire 6tendu de leur lancrue. La saison rigoureuse s'approchait rapidemonl. Les premieres neiges se montrerent lo 12 octobre ; le 15 , le tliermomotro etait dcscendu ;'i 2(V' Reaunim ( 285 ) au-dessous du jioint de congelation. II fallul son- ger au retour. Des le milieu d'aoiit, M. Middendorfl avail fait partir pour lakoutsk M. Branth avec les col- lections , avant que les neigos n'inlerceptasscnt les passes du Stanovoi: M. Middendorff lui-niemc avail resolu dc revenir jusqu'au posle russe de Nerlcliinsk , dans la Daourie orienlale , par le bassin de I'Amour au sud des montagnes. Ces nionlagnes, qui separent le bassin de I'vVmour de celui de la Lena, sont parcourues sur leurs deux penles par les tribus nomades des Toungouses ; el comme les Toungouses sont ranges parmi les sujets russes, le voyageur n'h^sitc pas a re- garder coninie lerritoire russe les pentes et les vallees meridionales de la chaine , conti-e I'aulorite tradltion- nelle qui porle lalimite russo-cliinoise a la ligne mcme des hauls sommels. II ne s'agil , au reste , que d'un pays de 12,000 lieues carrees environ , c'est-a-dire de la moilie de la France. M. Middendorff eslime a cinq cents le nombre de Toungouses qui font pailre leurs rennes sur les maigres palurages de cctte lerre in- grate. Ce vasle terriloire n'est guere autre chose qu'un desert , soumis pendant une grande partie de I'annee a un climal des plus rigoureux. Une circonstance cli- malologique romarquable , qui ne pcut provenir que de I'elevalion du pays au-dessus du niveau des mers, e'est que la partie orienlale du versant sud des Stano- voi est beaucoup plus froide que le versant septentrio- nal corrcspondanl; plus a I'ouest memc, c'esl-a-dire vers le meridien de lakoutsk, le frold est en hiver presque aussi intense que dans cette derniere ville , qui est a (J ou 7 degrcs plus au nord. Dopuis le 10 novcnibre , le nicrcurc sc congclail toutcs les .J^ ( 286 ) nuits dans le Ihcrmometrc cle noire voyageur, ot ne se liqu(^fiait que vers niidi , sous I'influence du soleil qui rayonnait a travors unc atinospliere sans nuages. Malheureusemcnt, los Ihormonietres a alcool avaient tous etc employes dans les difTerontcs stations, ce qui ne permit pas a M. Mlddendorirdelre fixe sur le de{j;re precis d'un pareil froid. Sculenient Ics frimas lui rap- pelaient la temperature atraosplierique de lakoustk : — hO° Reaumur au dessous de i^ro I L'itin^raire du voyageur jusqu'a la frontiere orien- tale de la Daourie , oii il retrouvalt unc population russe et des moyensde transport reguliers, n'est qu'une longue Enumeration de rivieres , de valines et de mon- tagncs; mais ccs indications, en mfime temps qu'elles modifieront beaucoup I'aspect de nos cartes , y rem- plironl, au moins en parlie, un vide (^norme qu'y laisse I'etat actuel de nos connaissanccs. « Les rcsultats des trois derniers mois si froids de notre voyage , dit M. Middendorff dans son rapport a I'Academie de St-Petersbourg , se reduisent a peu pres a la geogra- phic et a la topographic du versant sud des monts Sta- novoi. J'esp^re pourtant que ce suppldsment sera jug6 d'autant plus utile, que les notions, quclles qu'cUcs soient, qui nous arrivent sur ccs pays totalement in- connus, ont par clles-memes de la valeur. Cette recon- naissance ne ferait-elle d'aillcurs qu'indiquer la mar- che a suivre dans les futures explorations, die devra toujours compter comme un service rendu a la geo- gi'aphie. » L'attention du voyageur ne s'est pas exclusivement «oncentrde dans I'citude du sol el robservation de la nature ; sa relation lournira de pr(!;cieuscs do;m6es pour rectifier les classifications ethnologiques tie la Si- ( 287 ) liorie orientale et du nord dc la Maiulcliouiio. 11 a irouv6 la langue et la pliysionomie lakoutcs rcpandues siir de vastt's espaces au sud du grand coude de la Lena, communement attribues a la famille toungouse. On sait que les lakoutcs sont rapport^s a la race tui'- que (1). Au point de vue specialement ethnographique, des notions plus ^tendues encore sur unc partie des popu- lations du nord et de I'ouest delaSiberie, notamment sur les Ostiaques et les Samoiedes, sortiront sans nul doute de la mission confiee a un jeune llnguiste d'ori- ginc finnoise , M. Castrcfi. M. Castren ecrivait de To- bolsk le 31 mai dernier a I'Acaddmie imp^riale qu'il allait se preparer par une 6tude approfondie des dia- lectes ostiaques a la poursuite de ses recherches au milieu des bordes samoiedes (2). Dans le temps oil M. Middendorff terminait sa re- marquable exploration et ou M. Castr(>n se pr^parait a commencer la sienne, le D' Schienck se disposalt a regagner la Russie, cbarg6 des immenses richesses bo- taniques et g^ograpbiqucs qu'il a recueillies dans la (1) Nous avons tire I'apcrcu que nous venons de presenter ilu voyage de M. Middendorff, du rapport qu'il en a adresse a I'Aca- demie imperiale de Saint- Petersbour{;, et que lAcadeniiea fait irrvpri- incr dans son Bttlletiii ^ classe physico niathematique , t. IV, col. 1 8-32, 23i-2f)0. Ces deux rapports ont ete en partie traduits dans le Bulletin de la Sociele de g^ographie, cahier d'aout i845, p. 'j4"'0'- Coinp. un r^qiport de M. Raer a I'Acadeniie de Saint-PetersLourg , au noin d'une commission sptciale. Ibid., col. 25l-a53. (2) Letlip I""" M. Julian Laferriere, commandaiil la yabare Ic Bucephale . Annales mariiimes et colonialea, caliiers de niai et juillet i845. — Voyane dans TOceanie centrale, sur la coi-vettc francni^e le Ditd plinlc ^ |)ar M. Ch. Pi(jeai(l, oFHcier de la marine rciyale. XouuellLS aintalcs ila Vojit ) ments el do renseignements geograpliiqucs ; nuns li raison de celte etendue mfeine , Ics reclierches sur un point donn6 y etaient devenues tres difficilcs, sinon impossibles. Une bonne table analytlque par ordrc alpliabotlque d-tait indispensable; mais c'etait la un immense travail que peu d'ontre nous eussent os6 aborder. Un de nos coUegues, M. de Frobeiville , s'y est consacre avec un geneieux dt^vouement, et nous possedons maintenant le manuscrit d'u'ne table cxccl- lente des quarante premiers volumes du Bulletin , I'or- mant deux series decennales. L'impression en est com- niencee ct va se suivre sans interruption. Le meme membre , dont les Etudes se sont particu- li^i'ement port^es sur la region orientale du sud de I'Afrique , vous a lu un memoire sur I'histoire g(§ogra- pbiquo de I'ilc de Madagascar (1). Vous avez entendu aussi la lecture d'un savant travail de notre collegue M. iV Ai par le depot ( :m ) legal et aiitrcs que cellcs qui sont produilcs par los Depots de la guerre et de la marine ct les adininislra- tions publiques. L'aniK^se 18i5 a vu paraltre , a Paris et meme dans plusleurs ddpartements, plusleurs bons ouvrages en ce genre , qui sont dignes d'etre cites a cause de leur merite , et qui le seront en leur lieu. On sail que la France produit des cartes qui ne le cedent a celles d'aucun pays pour I'importance, comme pour la beaule de I'execution ; mais elles sortent de nos presses oificiellos , et il est vrai de dire qu'en Allenia- gne et en Angleterre , les particuliers en publicnt de plus neuves , de plus riches, et en plus grand nom- bre que , chez nous , les personnes de meme condi- tion. Nous signalons avec plaisir un progres a eel egard. Getle heureuse rivalit(^ doit porter ses fruits ; elle r(^sulte evidemment de I'impulsion donnee en France depuis trente ans aux etudes g^ographiques. Esp^rons que bientot il n'y aura personne qui n'en sente I'importance. Quoi qu'il en soit , il est juste de montrer que la France conlribue aux progi'cs de la science , non seulement par les ouvrages que public le gouvernement , mais encore, comme en Allemagne , par les Iravaux des geograplies et des particuliers re- dults a leurs ressources personnelles. II est entre cette annee dans la collection un assez. grand nombre de cartes du xvn* slecle et de la fin du xvi' , necessaires pour la rendre plus complete , sur- tout sous le rapport de I'histoire militaire. Dans ce nombre , il faut citer une nombreuse suite de cartes manuscrites provenant de la collection qu'avail labo- rieuscment rassemblee le ven(!!rable et ingenieux Iiisto- rien Alexis Montell pour composer son llistoire des Francais. II s'y trouve des reconnaissances tracees sur le champ de bataille meme, soil de la main, soil a ( ao/i ) I'usagc tlt> iios hommos dc guerre du grand si^cle ; elles scront mentionndes plus loin. La division que Ton suivra ici pour I'dnunK^ration des principales pieces est la m6nie qu'on a adoptee precedemment , c'cst-a-dire en cinq classes princi- pales , se partageant elles- memes en autant de subdi- visions. Cc classement m^thodique a I'avantage de laire retrouver facilement cliaque csp6ce de carte, de la rapportcr au genre auquel elle appartient et d'dvi- ter des recherches inutilcs. Classe I". — L'atlascdeste deMalby, nouvclle edition en 21 feuilles par Addison , avec les etoiles doubles d'apres Herscliel, Struve, etc. Londres, 18A5; le cata- logue des Etoiles public par I'Academie royale de Ber- lin, zone par zone, d'apres les observations faites dans les divers observatoires del'Europe, 1843al8/i5; puis d'aulres ouvrages moins importants de la meme catli6- gorie; point dc grands travaux de gdodi^sie ou d'bypso- metrie. Classe IP. — Voici les principales cartes apparle- nant a la geograpbie propreinent dite , rangees suivant I'ordre d'entr^e, mais non dans Icur ordre d'impor- tance : onze feuilles nouvelles de la carte topograpbi- que de Baviere par le Depot de la guerre de ce royaume, avec le rcpcrtorium qui s'y rattache , travail de longue haleinc qui appiocbe dc son terme ; plusieurs cartes manuscrites de feu M. de Wiebeking, cclebre ing6- nieur bavarois, relatives aux Pays-Bas, a la Russie , a Venise , a FEgypte ; le complement de la grande carte typograpbique de I'Europe de M. Raffclsbcrg: on salt que, par Ic precede dc cct auleur, la mome carte pent servir pour toutes les langues ; les deux dcrni^res feuilles de rAsic-Mincure par M. Kiepcrt, ouvrage dont ( 305 ) ■on a signale rannee derni^re la parl'aite clarlV% en outre du merite de sa composition savante ; dix noii- veaux comtes de la carte d'ordonnance de I'lrlandc formant a eux sculs 677 fcuilles ; ouvrage officicl et colossal qui comprendra 1,750 feuilles enviion; c'est probablenient la plus grande carle qui ait jamais ete publiee sur un pays de cette etendue ; unc partie de la cote nord-ouest de Borneo de M. Ilobbcs, 18/i3 ; douze plans manuscrits des villes fortes de la Bourgo- gne, dessines et colories tres soigneusement sur peau de velin en 1638 pour le cardinal de Richelieu ; le fort de I'Ecluse est a la fm ; la carte de I'lnde et la carte de la Vallee de Cachemire pour le voyage de Victor Jacquemont; I'Empire de Maroc par M. Renou, 18/i/i ; les iles Hawaii, carte imprim^e sur les lieux a La- bainaluna , apportee en Europe par Tamehamcha , Ills du roi de Sandwich ; une grande carte chinoise representant le Fleuve Jaune et les travaux d'art du canal de la Chine, donn^e par M. de Salvandy ; la carte de la region duNil appelee Karto... desOberen iVillandes,parM. Zimmermann, Pyritz, 18i3, carte cu- rieuse en ce qu'elle reunit toutes les observations les plus recentes, y compris le cours supericur du Nil- Blanc, decouvert par M. d'Arnaud en dernier lieu, mais ou les parties de I'Afrique mal ou point connues occu- pent un trop petit espace ; le grand-duche de Hesse par I'etat-major hessois; la suite de I'atlas de Hanovre de Pa- pen; huitnouvelles fcuilles de la grande carte topogra- phique de France; la carte de I'Etat du Maine par M. Greenleaf, 4 fe. Philadelphie, IShh; une serie de belles cartes publiees par I'etat-miijor prussien et le Ministei'c du Commerce, telles que les envi rons de Berlin quinze fenlllrs i;l une carle topogra- V. JIG v. I'.T DJiC. 5. 21 ( 306 ) [)hiqt40 en quarante-lmit I'euillos ; los provinces tU* Brandebourg , do Westphalie, de PomtTanie, cartes topographiqucs , cinquantc-six feuilles , etc. ; la fin de la Coroorafia deW Italia : c'est peut-elre ici le lieu de donner une id^e de cette grande publication qui re- monte a dix annees ; le tilre cnticr est : Corografia fisica,istorica e slatisticndeir Italia^ e dellesue isole,coi- redata di iiii Atlante di mappe geogrnfiche e topografi- cheedialtre tai'ofe lllustrntii'c, r/i Attilio ZuccaguiOrlan- dini, Firenze , 1835-1845; I'ouvnige a paru en 87 livraisons; toutes ces livraisons classees fornient douzc volumes de tcxte in-8*' , non compris cinq volumes do supplement ; la division de I'ouvrage est la suivante : I'introduction, 1 volume; Monaco et les Etats Sardes de terre ferme, h vol. ; le royaumeLombard-Venitien, 2 vol. ; la Suisse Italienne et le Tyrol Italien; Parme, Plaisance et Guastalla; les Etats d'Este el Lucques ; la Toscane, 2 vol. ; les Etats pontificaux et Saint-Marin , 2 vol.; Naples, 2 vol.; les iles d'Elbc, de Sardaigne, de Sicile , de Maltc , de Corse, etc. ; il y a des volumes qui ont jusqu'a 1,133 pages; I'atlas grand format se divise en deux parties: la geographic, 2 vol., et les mo- numents, 3 vol.; I'atlas geographique comprend, dans le 1" volume, une carte generale en quinze I'euilles , V compris la Sicile ; Monaco , une carte et un plan ; une carte orographiquc et hydrograpliique des Elats- Sardes de terre ferme , la carte ancienne du Piemont et de la Ligurie, 18 cartes ou plans modernes du pays, 2 cartes et un plan de la Sardaigne ; 3 cartes de la Suisse Italienne et du Tyrol Italien, et 2 plans ; le royaume Lombard-\ onitien , 2 cartes orographiques et hydrogra|)luques et 2 cartes anciennes avec 15 cartes ou plans modernes; les duclies do Parme, ( 307 ) Plaisance el Guastalla, h cartes ou plans , en tout 77; le 2" volume de I'atlas geographique contient aussi des plans de ville avec les cartes : Etatsd'Este , 5 cartes et plans ; duch6 de Lucques, li cartes et plans; Tos- cane, 12 cartes et plans; Saiot-Marin, une carte ; Etats ponlificaux, 30 cartes et plans; royaume des Deux- Siclles (U qua dalfaro, 18 cartes et unplan de Naples; la Sicile, 2 cartes et plans ; la Corse et Make , 3 cartes. En tout 67 ; cet ouvrage est le plus etendu qu'on alt publidi sur la geograpliie de I'ltalie prise dans son ensemble. La suite de Vat/as des phares, par M. Coulier, ou- vrage eminemment utile autant que consciencieux , et qu'on ne saurait trop encourager ; la suite des cartes de I'amiraute Britannique , consistant en 129 feuilles, collection riche ^galement par 1 'execution comme par la nouveaute des sujets, renfermant, entre autres, plusieurs cartes sur les pays suivants : I'Amerique cen- trale, le Texas, I'Oceanie, Born»^o , la Chine , I'Austra- lie et la Nouvelle-Z^lande ; ensuite le chanat de Chiwa, la suite de la carte du royaume de Wurtemberg par I'etat-major de Stuttgard; la carte russe et latine de Ryrilow , ancienne mais estim^e pour le temps ; la carte du Canada par Ed. Staveley , Montreal, 1845; la Turquie d'Asie et la Perse par le colonel Lapie; qualre nouvelles feuilles de la carte publiee par le bureau topographique du duche de Bade ; par le d^pot de la guerre de France , les departements de Seine-et- 0 ise et celui de la Seine , a une echelle double de celles des autres departements, c'est-a-dire au 40,000'; la suite des cartes de I'Algerie ^laborees dans le meme elablissement, tclles que le port d'Alger, la carte de la colonisation , I'empiro du Maroc , elc. ; la carte du ( 308 j Moioc , par don Seraphin Caldcron , avcc les Canaries, 1844 ; Athuncs et scs environs, par Ad. Sommer, ofli- cier du bureau topographiquc bavarois; la carte spe- ci^le de la Moravie et partie do la Sil(^sie, par I'instilut geographique de \ienne; sept feuilles de I'Asio ante- rieure.parM. Ziinmermann, pour la geographie deCarl Rittor; leplan de \arsovie, d'aprts I'^tat-major russo- polonais ; rAlleniagne en trente-cinq feuilles, par Got- thold; laTurquied'Asie et I'empire Remain en Asia de Kiepert, cartes en deux feuilles chacune, et qui ont le menio morite d'execution et de nettete que I'Asie-Mi- neuredu meme geographe ; le port Macquarie, IMoreton Bay, etc., par Ilodgkinson; Bokhara, parle baron de Bode (d'apres le russe de M. Kbanikofl) ; le Pendjab, parle colonel Steinbacli , 1845 ; une tres grande carte des Etats-Lnis, construite d'apres les derniers docu- ments par M. Calvin Smith, comprenant lo Canada, le Texas, les territoires des Indiens, etc., New-York, 1844; la Servie, carte russe , Belgrade , 1845 ; la suite de la Moravie de Conrad Schenkr ; la suite de la West- phalie do Siebert ; I'Afghanislan de \V. Allen , 1844; le haut Himalaya, par Grimm; la carte de la Mediter- rancc en grec, par G. E. Joannes, deux tres grandes feuilles, Trieste, 1844; plusieurs cartes murales alle- mandes , scolaires, bibliqucs, etc., par M. Gottschik et autres, et beaucoup de plans des villes de I'Europe; enfin , et c'cst la plus importanle de tuutes, la grande carte de I'ile de Sardaigne par le general de la Mar- mora, en deux feuilles, ou le relief du terrain est exprimii avec une vtirite parfaite, chef-d'oeuvre d'exac- titude en meme temps que d'execution, Ajoulons en- core de grandes carles manuscrites de la collection Monteil, telles qu'un plan de Belgrade a grand point. ( :M)o ) une Afrique de Ptoloraee par Philippe Buaclie , etc. En outi^e des cartes francaises mentionnees plus haul, I'on doit en citer d'autres entrees dans la collec- tion par le depot legal : plusieurs bonnes cartes de M. Dufour, habile geographe, appele a recueillir la succession de Brue, entre autres une mappemonde espagnole et I'Algerie; le plan geometrique d'Angers, dresse d'apr^s le cadastre par M. Priston , 18/i/i; la carte du centre de TAmerique raeridionale relative a la navigation de I'Amazone et de la Plata, par M. d'Or- bigny; les departements du Jura, de la Haute-Marnc, d'Eure-et Loir , tir^s, par le procede du transport, de la nouvelle carte de France ; le plan de Vichy par le colonel Lapie; plusieurs cartes des environs de Var- sovie en polonais ; plusieurs cartes des arrondissements du di^jpartement du Rhone, par Eugene Rembielinski ; le plan de la ville de Reims ; une carte des departe- ments du Nord et du Pas-de-Calais, par M. Pvobert, 1845 ; I'arrondissement de Libourne , par M. Grillet , deux feuilles , 18Zi5; une grande carte d'ltalie en dix- huit feuilles; Ic Sahara algerien, par M. Daumas; carte d'une partie de 1' Afrique scptentrionale , par le meme et M. Gaboriaud; I'atlas du Puy-de-Dome, par C. Sauty , 1845, atlas qui aura environ 46 feuilles; tres grand plan de Dijon, par M. Moulin-Gerardot , 1845; le plan de Bordeaux et le departcment de la Gironde, Bordeaux, 1845 ; le departement de la Lozere par M. Raybaud ; le departement de la Somme a un 240 000', 1845; un plan de Dieppe, 1845 ; les envi- rons de Strasbourg a un 2,000'' ; le departement d'llle- et-Vilaine, par M. Lesn6; le plan de Boulogne et envi- rons en deux grandes feuilles. cj,ASSE III'-'. — La geoi^raphic phy^iquo el scs diverse? ( 310 ) branches n'^oiil pas louini autaiit tie pieces tjue les- annees pr^ctlidenles; cependant elles ne sont pas sans interet: I'* pour les cartes physiques, on cilera le sys- t^me des courbes raagnetiques par Ernst Herger, Leipzig; I'atlas physique, par Glaser, d'apres Ritter, Hundjoldt, Schouw, etc., iSlih; I'atlas des volcans de Leonhard; I'atlas physique de Berghaus, la 13* livraison; 2° pour les cartes geologiijues , il faut mcntionncr la carte g^ologique d'Angleterre de Belt et Richardson, deux feuilles; la carte geognostique du bassin de Vienne par Paul Partsch, 18Zi5 ; une carte geologique du globe, essai bien hardi d'un savant naturaliste, M. Bou6, mais qui aura evidemment pour resultatd'appeierl'attention des voyageurs sur les lacunes d'un pareil travail ; la carte geognostique d'une partie de la Boheme,par M. A.-E. Reuss; le voyage geologique dans I'Amcrique duNord, parTh. Lyell, 1845; la carte geognostique des environs de Tarnowitz , llaute-Silesie, par M. R,-v. Carnall , 184/i; la carte geognostique des environs de Gratz, par M. Schreiner, 18/i3, etc.; 3° I'atlas de la geo- graphie des plantes, par Schouw; li" la carte des rivie- res ctdes montagnesdc rAllemagne, par Winckelmann et Wolter et le cours inferieur de I'Oxus, par M. Zim^ mermann. En cartes francaises, il n'a paru que des cartes geo- logiques particUes: celle de ris(ire,par M. E. Gaymoard; cclle de I'Aube, par M. Leymerie , 1846 ; une carte forestiere de I'Europc et des limites de la vegetation ligneuse, 1845, par M. Gard , inspecteur des forets, est digne de mention ; les cartes physiques et orohydro- graphiques de la France de M. Desjardins , faites sur (|n\'i present. { 31/1) mojen-age jusque vers le milieu du xvi*^ siecle el plus tard. Celte branche scieiitifique s'cst accrue notable- raent cette ann(5e ; par les soins du conservateur, de precieuses acquisitions onl iti faites et sont venues onrichir cette partied^ja riche du cabinet ; on en lera ici une simple tinumiration , tr6s abregee : ntdimento- rnm cosmograp/ucoriim J. Honteri coronensis lihri ties cum tabellis, J 583; la Cosmograpbie de P. Appien , 15iO; le Plan d'Amiens sur velin , de la main du celebre J, Errard (tout le monde sait I'bistoire de la prise d'A- miens par les Espagnols et de la reprise de cette ville); ce parcbemin est un don du marquis de Lagrange; on voudrait que ce don liberal servit d'exemple pour rem^dier a la dispersion de nos monuments graphi- ques de ce genre ; un atlas du xvi* siecle, en h cartes, dessine sur parcbemin, or et couleur ; la Moscovie de Sigismond de Herberstein de 1559 , et la premiere ver- sion latine de la navigation d'llannon, mcme annee , par Conrad Gesner ; I'ltineraire de Benjamin de Tu- d^le, 1575; les cartes des antiquitates atnericanco , pour I'epoque des d^couvertes attributes aux Scandi- naves, don de M. Rafn; les trois mondes, par le sieur de la Popeliniere, 1582; avant tout, la celebre cartedes I'r^res Picigani, conservee aParme dans labibliotbeque Grand-Ducale; on ne peut ici decrire ce beau monu- ment sans commencer par rendre bommagc a la libe- ralite de M. Angolo Pezzanna, a la bicnveillance de qui Ton doit ce /«c simile, tellemont pres de I'original que plusicurs, apr<^s un examen attentil", les conlon- daient ensemble , les ])renant I'un pour I'autre ; on sait que cette carte du globe a 6t6 faite a Venise en I'an 1367, et que I'exactitude de certaines parties pr(i- sentc un singulier contraste avec la grossitirc iinper- ( •'ii5 ) fection d'autres cartes contempoi'aines; ce qui prouve de plus en plus que les anciennes cartes g^ographi- ques ne dtlsmontrent I'etat reel des connaissances que pour les pays ou on les a dessindis, et meme pour les auteurs qui les ont tracees. La dimension de la carte de Parme n'a pas moins de 138 cent, sur 92 ( li pieds 1/4 sur 3 pieds raoins 2 pouces). Les huit vents principaux sont figures sur les c6t6s et aux an- gles de la carte , et accompagn^s de legendes conime beaucoup d'autres figures. Les pavilions des V^nitiens , G(^nois , Catalans, Portugais, etc., sont places aux lieux de leur domination et dans les raers que sillonnaient leurs vaisseaux. Les ecritures sont nombreuses, varices, d'une grande delicatesse , et heureusement tr^s lisibles. On pent regai-der ce monu- ment comme un des plus pr^cieux , sinon le plus pr<^- cieux de tous ceux du xiv* siecle , sans en excepter la carte de Vessconte de 1321 et la carte Catalane de 1375 : aussi est-ce une des plus importantes acquisi- tions de la Bi blioth^que royale (1). Reschid-Pacha, I'ambassadeur de la Porte , bomme instruit,qui saitce que I'Orient a fait pour les sciences, et qui s'int^resse aux progres de la collection de la Biblitoth^que royale sous le rapport de la g(^ograpbie orientale, lui a fait don (en attendant plus) de I'ex- trait d'une geographic turque imprim^e a Constanti- nople , renfermant une carte de I'Asie et une carte de I'Europe. On a regu en meme temps I'ouvrage de Mordtmann public a Hambourg 1845, avec une pre- face de C. Ritter, conten ant la traduction allemande (i) Elle paraltra dans la meme proportion dans une des livraisons des Monuments dc la (j^ographie. ( 31G ) de la geograpliie aralje d'Abou Ishak-el-lstakhri avoc six cartes. Aprc;s ces cinq classes de la collection viennent les articles qui ne rentrent pas dans les precedents , sa- voir : 1° les cartes sp^ciales et ouvrages divers ; 2° les objets raateriels. On a i-ecu en don , de la fdle du ce- lebre M" Rennell , lady Rood , une carte autographe de son p6re , ou est representee une pariie de I'Asie- Minoure. Parmi les ouvrages divers, il faut citer d'a- bord les diclionnaires geographiques ou topograpbi- ques speciaux, celui de la Pologne, par Troianski ; la suite du dictionnaire g^ogragbique et stalistique IVan- 9ais, que la mort de son auteur, Adrien Guibert, re- tarde malbeureusement ; cclui de rAutriclie par Raf- felsberg ; cclui des pays au nord de I'lnde , etc. , par Tbornton, 1844; celui de rAmerique du Nord, etc., par Davenport; New -York, 1842; Ic dictionnaire statistique et topograpbique des lieux conipris dans la Silesio, etc. , par G. Rnie, Breslau , 1845; ensuite les recueils p6riodiques consacres a la geograpliie ; le vo- lume 2* et la suite du rccueil do la Societe de Berlin ; la suite du journal de la Societe royalc geograpbique de Londres; le journal geogi'apbique de M. Luddc , sans parler du Bulletin de la Societe de geograpliie do Paris ; d'autres ouvrages, comme les tomes VII et Mil du Memorial du D^pot de la guerre , I'un coinprenant la description geomeiriquc de la France, I'autre rela- tif a nos campagnes de 1805 a 1809 avec dix-sept cartes ; la cosraograpbie du Levant par A. Tbevet , 1556 ; enfin les cartes en relief : d'abord , deux cartes oil I'ecbelle des bauteurs n'cxc6de pas I'ecbelle bori- zoiitalc , la principautc dc Neucbatel , par M. Ibbct- son, ouvrage d'un grand lini a 1 : 125000 et la Suisse f 317 ) saxonne ( la partie renfermant Schandau , h; chel- lieu ) a 1 : 90000 , par M. Schuster cle Dresde ; la carte de I'Europe en relief avoc la courbure du spheroidc , par M. Erbe de Stuttgard , et, du menie autcur, rAllemagne ; le relief de la Palestine, pu- blie a Londres par Dobb , execute d'apres les recher- ches recentes, et exprimant par consequent la depres- sion extraordinaire de la mer Morte ; une petite carte en relief de la rade de Ville-Franche , faite a Paris par un employ^ du genie cspagnol , M. Garcia. M. Bauerkller a presque complete cette annee la serie des grands Etats , en donnant cette ann^e la Russie en relief, faisant un pendant exact avec la France , TAUemagne et les lies Britanniques. On voit que I'art des cartes en relief est en progres , et il est niaintenant peu de personnes qui en contes- tent le merite et I'utilit^. II n'est aucune gravure qui put tenir lieu du Mont-Blanc et du Sinq)lon par M. Sene ; du plan de Saint-S(^bastien ct de I'lle d'Elbe par M. Pasquieri ; des environs de Melz par M. Bardin ; enfin, aucune carte ne pourrait remplacer complete- mentles petits reliefs duV^suve et del'EtnaparMM.Elie de Beaumont et Dufresnoy, avec les teintes g^ologiques et limitation de tons les accidents volcaniques. Les MOEuns religieuses dans le royaume de Chon , par M. Rochet D'HfinicouRT. La religion des Abyssins est la prlncipalc cause de I'interet qu'ils nous inspirent; ils doivcnt a leur reli- gion ]a superiorite inconlestablc de mreurs et de civi- ( 318 ) lisation qui Ics el6ve au-dessus dcs autres peuples de rAl'riquo. Pour apprecier cctte civilisation, il imporle done avant tout d'avoir un apercu dc I'etat des idees ct des pratiques religieuscs chez les chretiens d'A- byssinie. Cette recherclic conduit a deux observations princi- pales ; il est 6galement curieux de voir ce qu'un peu- ple detacli6 et separe pendant tant de siecles du foyer actifdes idees chretiennos , a conserve des doctrines primitives du christianisme , et les alliterations qu'il leur a fait subir. II serait a coup sur tres important dc poursuivre a fond les deux c6t6s de cette etude ; mais , je dois I'a- vouer, ce serait une ceuvre bien difficile. 11 faudrait Stre soi-meme parfaitement vers6 , comme peut I'etre un th^ologien , dans I'histoire des eglises chr^tiennes , et il faudrait avoir lu tous les ouvrages religieux ou sont repandus les restes de christianisme que I'Abys- sinie a conserves jusqu'a ce jour. Peut-etre parmi les Europ6ensquiont dirig6 leurs investigations vers cette partic de I'Afrique, M. Antoine d'Abbadic, qui a cou- rageusement resolu de dcchilTrerles livrcs Ihcologiques dc I'Abyssinie , et M. Sapeto, le savant missionnairc lazariste , seraient seuls a la hauteur d'une pareille tachc ; mais au-dessous d'un travail aussi solidement et systematiquement scientifique , il v a place encore pour des observations interessanles , pour des ob- servations generales a la portee d'un voyageur. Pour raon compte , je ne pretends pas donncr d'autres luml6res sur la situation religieuse de I'Abyssinie que celles qu'il m'a et6 pcrmis de recueillir dans le sim- ple contact des populations que j'ai visitees : aussi c est moins une exposition des croyances religieuscs de i'A- ( 319 ) byssinie qu'un apercu des moeurs religieuses ties ha- bitants du Choa , que je conipte presenter ici. Je ne ferai done qu'indiquer les origines du chris- tianisme en Abyssinle. On raconte qu'il y fut pr^che d'abord vers le ni^ siecle de notre ere par un chretien d'Alexandrie, nomme Frumentius; depuis lors, les Abyssins ont subi le retentissement des vicissitudes du christianisme en Egypte ; et les heresies qui ont separe les Chretiens d'Egypte de la communion latine se sont natui'ellement imposees al'eglised'Abyssinie.Cetteori- gine rattache encore par un lien vivant les Abyssins a I'eglise cophte.La puissance religieuse supreme est exer- cee en Abyssinie par un archeveque ou patriarche, qui porte le titre d'aboune : or, les Abyssins ne tirent pas de leur sein leur chef religieux ; ils se croient obliges de le demander au patriarche cophte d'Alexandrie. L'aboune seul a eu parmi eux , depuis des siecles , le privilege et le droit de faire des ordinations, tve- ques , pretres , diacres et moines , ne tiennent que de lui leur caractere sacr6. Cette necessite dans laquelle les Abyssins croient etre de faire venir de I'etranger le chef de leur eglise , entraine d'etranges cons(5quen- ces : ainsi, lorsqu'un aboune est mort, ils sont obliges de payer une contribution au patriarche d'Alexandrie, pour lui obtenir un successeur : ordinaiiement ceite redevance nc depasse pas 5 000 thalaris, ou 25,000rr. ; mais cette somme est tres considerable pour I'Aby ssinie, ouTargcnt est tresrareet a unegrandevalcur. Ln aboune est done une sorte de tresor que les Abyssins craignent a chaque instant de perdre : dans cette apprehen- sion, ils lo surveillent tres etroitement , et le tiennent a peu pres prisonnier ; puis ils onl toujoins soiii , lorsqu'un nouvcl aboune lour e.st iiecessairc , de se le ( 320 ) procurer le plus jcune possible. L'aboune acluel , qui a cte ^leve au Caire par un nalssionnaire methodislc, M. Lieder, a 6te promu aux haiiles fonctions qu'il oc- cupe a I'age de vingt-deux aiis. L'autorit^ de l'aboune s'etendait autrefois sur toutc I'Abyssinie ; niais Ics ivencments , les perturbations politiques qui ont di- Yis6 les grandcs provinces du vieil empire d'Elhiopie, ont aQ'aibli I'influence du pontile sur les populations ^loignees de sa residence liabituelle. On peut conside- rer le Choa comme ^tant entierement soustrait a celte influence; c'est le roi Sahle-Selassi, et nonplus l'a- boune, qui y confere les dignities ecclesiastiques. Dans le nord nieme de I'Abyssinie, ou demeure l'aboune, les interets politiques remportentsouventchez les chefs du pays sur le pr(^juge religieux ; on en a vu un exem- ple a la mort du dernier aboune K^rilos, que Ton dit avoir ete empoisonne par des chefs jaloux de lui. Les gouverncments du Tigre ct de TAmhara s'emparerent des proprietes qui sont I'apanage du primat , et pour les gardcr, ils demeurerent pendant douze annees sans demander un nouveau pontile au patriarche cophte. Enfin ce fut par des motifs politiques d'unc nature differenle, ce fut pour ranger dans son parti les Abys- sins pieux qui d^ploraient la desolation de leur eglise, que le gouverneur du Tigr6 (Oubie) , fit cesser cet in- terrfegne et appcla l'aboune actuel. Le clerg<^ est tres nombreux dans le royaumc de Choa , ct y forme la classe la plus rcmarquable de la population : il comprend les pretrcs, les moincs ct la corporation des Dejlaras , de laquelle sont tires les ecrivains, les chantres, les maitres de cirdmonios et les directeurs dcsbiens temporels deseglises, auxquels on donne Ic nom de yllalias; ils ont Ic depot dc tout ( ^21 ) re qui reste d'inslruction en Abyssinic. G'est ordinai- rement des leur enfance que les pretres se preparent a leur etat. Chacun d'eux est chai*g6 du soin d'instruiro et de conduire un certain nombre d'enfants; les enfants demeurent sous cette tulelle pendant plusieurs ann^es, au bout desquelles on decide laquelle des deux vies lis choisiront entre le celibat ct le manage. Ceux qui doivent se marier peuvent se consacrer on non au sa- cerdoce, les autres se font moines. Ceux-ci font vceu de n'avoir jamais le moindre rapport avec I'autre sexe , de ne jamais jeter les yeux sur une femme , de n'en ecouter jamais la voix, de ne jamais rien manger, pas meme du pain, qui ait 6t& prepare par une femme. Un moine qui violerait ce vceu encourrait une peine de vingt annees d'excommunication. Les pretres ne peu- vent se marier qu'une fois; si leur femme meurt, ils sontcondamnes au celibat; un laiquequi aurait perdu quatro femmes ne pourrait pas se marier une cin- quieme fois. C'est d'ailleurs une formalite peu grave que I'ordinatiori d'un pretre : I'aboune demande au postulant s'il est en etat de lire les tcritures et quelques unsdes livres th^ologiques de I'Abyssinie, puis il souffle sur lui, lui donne sa benediction et lui communique par la le caractere sacerdotal. Le pretre ordonnepaica I'aboune une redevance de deux pieces de sel (le sel est la monnaie courante en Abyssinie ) , ce qui equivaut dans le Choa a cinquantc centimes. L'abouneordonne ainsi dans une seule journie des centaines de pretres. La religion enseignee par les pretres du Choa pre- sente sur un fond de cbristianisme des empreintes de judaisme , de mahometisme et de paganisme , qu'y a lalsseesle contact des Abyssins avec les juifs,lesmusul- mans et les Gallas. IV. NOV. KT DJiC. (). 22 ( 3-22 ) Le fond de christianisine se reconnait dans la con- stitution sacerdolale, dans les croyances, les pratiques et les ceremonies principales. Ainsi les pretres du Choa prennent pour base de leur foi le syinbole de Nic6e ; ils adinettcnt les principaux sacrements du culte catho- lique, le bapteme , la confession, la communion, Tor- dre, le manage, rcxtreme-onction; ils croient au pur- gatoire; ils professent en I'lionneur des saints un culle minutieux; lis celebrent le dimancbe ainsi qu'un Ires grand nombrc de fetes; ds ont plusieurs jcuncs dans Tannine ; ils s'abstiennent de manger de la viande le raercredi ct le vendredi , etc. Bicn que possedant dans le symbole de Nic6e les points fondamentaux des dogmes Chretiens, les Abys- sins ont toujours 6t6 divisi^s sur quelques uns de ces dogmes les plus importants, par descontroverses achar- nees. L'histoire de I'Abyssinie est toute remplie des guerres intestines et des perturbations politiqucs que ces pol6miques tbeologiqucs ont cxcitees. Aujourd'liui encore , deux grandes questions tiennent en emoi les esprits dans le Choa; je les cite pour donner une idee des formes et des aliments de la vie intellectuelle qui s'est conserv6e dans ce pays : I'une est relative a Jesus- Christ , I'autre a la Vierge-Marie. Quant a Jesus-Christ , les th^ologiens d'Aljyssinie sont divises en deux grandes sectes : il s'agit de fixer le nombre des naissances du Sauveur; les uns lui attribuent trois naissances, les autres ne veulent lui en accorder que deux. Suivant les premiers, J(!!sus-Christ est ne comme personne divine, comme homme , et aurait recu le Saint-Esprit dans le sein de sa mere , ce qu'ils regardent comme unc troi- siemc naissance; les autres n'admcttent pas cette troi- sieme naissance; de la, entrc los deux partis, une ( 323 ) hostUite inveteree. Le Tigre tient pour les deux nais- sances ; Gondar pour les trois. La dispute s'etait lelle- ment echauffee, que le dernier aboune, Kei-ilos, crut devoir interdire la controverse auxdeux partis a la fois; mais, a Gondar, on vit danscette defense une tendance favorable aux Tigr^ens, ct on chassa I'aboune. Ln pretre de Gondar, nomme Bissana, apporta cette con- troverse dans le Clioa. Le pretre etait le confesscur du grand-pere de Sahle-Sallasi , Asfa-Oussen ; il persuada au roi que s'il adoptait la doctrine des trois naissances, une province qu'il convoitait deviendrait sa conquete; Asfa-Oussen se rendit aussitot a cette utile croyance; il s'empara en elTct de la province. Jusqu'a ces der- nieres annees, la foi aux trois naissances n'avait pas beaucoup depasse le cercle de la maison royale ; mais lorsque la controverse »^clata, Sahle-Sallasi y mit promptement un terme , en faisant proclamer que qui- conque dorenavant contesterait les trois naissances du Christ aurait ses biens confisques et serait banni. Les habitants du Choa ont, comme tousles Abyssins, une veneration extreme pour la Sainte-Vierge ; ils ce- Icibrent en son honneur trente-trois fetes dansl'annee. Cette veneration est pouss^e si loin par un grand nombre , qu'ils vont jusqu'a racttre la Sainte-Vierge au-dessus meme du Christ. Cette croyance est repan- tlue dans la province de Tratigar; a Angobar, et dans le celebre monastere de Devra-Libanos, on repousse cette erreur. Suivant les adoraleurs fanatiques de la Sainle-Vierge , la naissance de Jesus-Christ aurait ete le resultat d'une alliance stipulee entre elle el Dieu ; suivant eux encore, elle ne serait point morte, et sorti- rait de son rcpos actuol le jour de la resurrection dos morts. D'autres disont qu'clle est morte en holocauste ( 32/1 ) pour li's pcches dii montle, ct quelle a radicle tlo la damnation cent cinquanle mille aines. Les habitants du Choa ont aussi un grand respect pour les saints; ils >enerent les p^rcs les plus celebres de I'Kglise d'Orient, saint Athanase et saint Chrysos- tome entre antres, dont ils ont conserve plusieurs ou- vrages dans leurs llvres theologiquos. Les quatre dvan- g^listes sont I'objet d'un culte particulier ; les Abyssins (ionncnt alternativement lours noms aux annees. Quatro ans lonnont uu do 0(>s cycles, dans lesquels il y a I'annee de saint Mathieu, celle de saint Marc, celle de saint Luc, et celle de saint Jean. Ces designations figurent dans leur chronologic. Si vous dcmandez a un homme en quelle ann^e il est ne , il vous dira en I'annee de saint Jean , de saint Luc, de saint Marc ou de saint Mathieu. Mais le saint le plus populaire dans le Choa, c'esi un saint du pays, qui en est aussi le patron , Thecla-Hahnanot. II y a trois f^tes par an en son honneur : I'uno au mois de decembre pour celebrer sa naissance , une au mois d'aout en memoire de sa mort, et une troisieme au mois de mai pour glorifier son ascension. Thecla-llaimanot a etc le fondateur du monastere de Devra-Libanos. La Icgende de sa vie ra- conte qu'etant un jour arrive sur la montagne ou est aujourd'hui situ6 le couvent , et etant epuise par la soif, il pria Dieu, par I'interraediaire de saint Michel, de faire jaillir une source; sa priere fut exaucee, et aussitot une eau venue du Jourdain sortit du roc a ses pieds. Cette fontaine merveilleusc est devenue le point miraculeux qui attire a cliaquo fete, en I'honnour du saint, des pelerins et des malades de tons les points de I'Abyssi- nie. Les habitants du Choa attribuent a une vertu re- ligicuse les qualites salutaires de ces eaux minerales , ( 325 ) assurant qu'il sullit d'ea boire pour elre gu^ri. Les jours consacres a Thecla-Haimanot, le roi de Choa fait distribuer des vivres et du sel auxpauvres, et prete des mules aux malades qui me peuvent marcher jus- qu'au sommet de la montague de Devra-Libanos. Les malades et les p^lerins ramassent aussi de la poussi^re sur la lombe du saint et s'en font des amulettes. Outre les nombreuses fetes qu'ils ctlilebrent dans I'annee, les habitants du Ghoa observent scrupuleuse- ment le dimanche ; ils ont gard^ aussi des traditions juives; I'observation du sabbat, le samedi, est pour eux un jour de fete, line do leurs pratiques les plus sev^res et les plus exactementsuivies est lejcune. Les chretiens du Choa jeunent d'abord toute I'annee le mercredi et le vendredi ; il y a en outre quatre grands jeunes pe- riodiquesdans I'annee, aux mois de fdvrier et de mars ; le careme, qui dure quarante jours; aumois de juin , le jeune des apotres, qui dure vingt-cinq jours; puisle jeune de Ninive de trois jours; le jeune de I'Assomp- tion de la Vierge , et celui de I'avent. Parml ces jeunes, il n'y en a que trois qui soient d'obligation. Aucun Abyssln ne recoit la communion sans avoir fait peni- tence pour les infractions dont il s'est rendu coupable a I'egard de cette loi; quelqu'un qui n'aurait jamais jeun6 serait regards comme exclu de la communion chretienne, et ne serait pas enseveli en terre sainte. La religion juive a laisse aux Abyssins I'observation du sabbat ; ils en ont garde aussi la circoncision , et une distinction severe entre les aliments purs et im- purs ; une foule d'animaux, le pore, le li^vre , le ca- nard, I'oie, etc. Les habitants du Choa se garderaient bien aussi de manger de la viande d'un animal qui n'aurait pas et6 tue par une main chretienne , au noui ( yiG da I'ci T. (Ill l"'il.s li dii Saiiil-I'lsj)i it. II loui cbl dolonclu de preiuire dii cal'^ , parce que les inusulmans en boi- vent. Du reste les Abvssins se rattachent avec orgueil, par plusieurs traditions fabulcusos , a I'anciennc civi- lisation juive ; ils pr(!;tendent que la reinedeSaba, qui, suivant eux, gouvernait le Tigre , eut de Salomon un ids nomme Mcnclek; lis discnt qu'au temps meme de Salomon, la tribu de Benjamin entra en Elhiopie, apportant avec elle rarche d'alliance du temple de Jerusalem; quelques uns assurent, dans le Choa, que la veritable arclie d'alliance est encore conservie dans la \ille sainte d'Axoum. Par imitation , chaque eglisc a son tabernacle, son saint des saints rcnferme dans la partic la plus secrete du temple, donl le voile mys- l^rieux ne se leve que devant les grands dignitaires de regllse. Les arches d'alliance s'appcllent Tabote. II y a aussl dans la distribution des eglises des reminiscences grossieres du temple juif. Les eglises sont tres nombreuses dans le royaume de Choa; quiconque en «^leve une croit avoir achet«i le pardon dc tous ses peches ; mais ces edifices sont peu remarquables : cost la meme architecture que celle qui regne dans la construction des chaumicres, Comme les chaumicres, les Eglises sont des batiments circulaires surmonles d'un toitconique, au sommet duqucl s'elj^ve une croix de fer ; a I'interieur elles sont blanchies a la chaux, et les murs sonl barbouilles d'lmages grossieres qui representent le saint patron de I'eglise, la Sainte-Vierge, la lutte desbons et des mau- vais anges, le diable precii)ite dans renfer. L'eglise est divis(§e en trois compartiments : une sortc de corridor demi-circulairp est la partic reservee aux laiques ; puis vicnt rcnceinle, oil les prelres celcbront le service re- ( 327) ligieux, et dans laquelle les laiques ne penutrent que pour recevoir la communion ; il y a enfin , cache par un rideau immense , la partie sacree ou penetre seul I'Alaka, et qui renferme le Tabote et les vases saints ; du sommet du tolt , une lampe de verre toujours allu- mee descend au centre de I'eglise. Dans I'enceinte rdservee aux pretres et aux dcfteras, on voit souvent des ossements auxquels la superstition attribue des ver- tus miraculeuses. Les pretres et les diacres attaches a une 6giise se partagent en trois troupes qui font alternativement le service I'une apres I'autre pendant une semaine. Ceux qui sont de semaine s'interdisent durant ce temps tout rapport avec les laiques. Dans le Choa, les Chretiens annonccnt leur foi religieuse et se distinguent exterieurement des Gallas paiens et des musulmans en portant au cou un cordon de soie bleue; quant aux prfitres, ils se distinguent des laiques par un immense turban blanc dont ils se ceignent la tete , par la ma- jeste avec laquelle ils se drapentdans leur manteau de coton blanc, bord6 de bandes rouges, par une petite croix defer qu'ils tiennentd'une main, etun long baton qu'ils tiennent de I'autre; quelquefois ils sortent en- veloppes d'une espece de manteau noir auquel est at- tache un capuchon. Dans I'eglise , ils revetent une chape bariolee, et mettent sur leur tfite une sorte de mitre; lorsqu'ils sortent en procession, I'Alaka marche sous un dais. Leurs cer(imonies ne sont rien moins qu'imposantes; elles consistent dans le chant des psau- mes, deshymnes, la lecture deslivres saints. La psal modie des pretres abyssins est la plus clTroyable mu sique qu'on puisse entendre ; elle est accompagn^e de roulemenls de liml:)ales el de tamboinvs , ot du linle- ( 328 ) nient criard diMie sorlc de Iriaiij^le. Les prelres, se soii- venant sans doute que David dansa devant I'arche , joignent aussi a leur chant des contorsions de bras ol do jambes au milieu desqucllcs Icur baton jouc un role. Parmi les ceremonies du culte de I'Abyssinio, la plus curieuse est assurenient la celebration du bapteme annuel du 15 Janvier; ce jour-la est consacrii a la con), menioralion du bapteme de Jesus-Christ par saint Jean dans les eaux du Jourdain. Les chreticns d'Abys. sinie deploient le plus grand appareil dans la celebra- tion de cette fete ; tous y prennent part , car ils la re- gardent comme une occasion pour eux de se laver de toutes les fautes qu'ils ont pu commettre dans I'annee, et de se regenercr completement.La veille done du jour consacre, le clerge de toutes les cglises se rasscm- ble et va en procession, suivi de la population entierc, sur les bords du ruisseau ou de la riviere qui coule pr^s de la villc ; des tentes sont dressees pour les pre- tres ; le peuple repandu sur les rives, allumant de grands feux ou des torches , ecoute la psalmodie des pretres. A I'heure ou Ic coq chante pour la premi(!;re fois , le pontile supreme entre dans la riviere et en benit les eaux , apres quoi tous les assistants, depouil- lant leurs veteinents, s'y plongent. Les hommes sont st^pares des femmes dans cette ceremonie, oil la piete se concilie diiFicilcnient avcc la froideur. Loisque tous sont laves dans les nouvclles eaux baptismales, de nou- velles prieres sont ricitees; puis on commence un I'c- pas public, et a I'aurore, on revient en procession a la villc, ou toute la journce se passe en fcstins et en re- jouissances. On pcut \()'u pai critc rapidc esquissc ([ur >i If ( 329 ) christianisme a subi en Abyssinie dos dt^figuratioiis nombreuses , il a pourtant conserve ses caracteres essentiels : aussi, chose remarquable , au milieu des revolutions continuelles qui depuis quinze cents ans ont bouleverse I'Abyssinie, la religion a et6 le seul principe de stabilite qui ait maintenu la nationalite de ce peuple; c'est au nom de la religion et par elle qu'il a surmont6 au xvi® si^cle les invasions musul- manes, et qu'il 6tend aujourd'hui son ascendant sur les Gallas. La religion rendra un dernier service a I'Abyssinie ; c'est en elle que resident les points de contact les plus siirs que nous ayons avec les Aby ssins , c'est elle qui rattachera une fois encore I'Abyssinie a la civilisation generale du monde. Rochet d'H^ricourt. Considerations gi^nErales sur rcwenir du commerce de la iner Rouge, par M. Lefebvre. La somme des transactions commerciales de la raer Ilouge n'a subi aucune variation bien sensible jusqu'a la conquete de I'Arabie par Mehemet-Ali; a cette epoque, les changeraents operes par le pacha ont plu- tot porte sur la direction des ^changes que sur leur« quantity. Jusqu'alors la cote d' Arabia recevait peu d'articles provenant directement d'Europe ; Mehemet- Ali, en forcant les produits de I'Yemen a prendre le chemin de I'Egypte, donnait une grandc impulsion aux echanges eui'opeens, en meme temps qu'il ou- ( 330 ) vrait un nouveau debouchii aux n^gociants de sun pays: innovation qui n'etait pas moins congue dans Je but final de la prosperite du commerce de la mer Rouge. On a pretendu , il est vrai, que les moycns employes par Mohemet-Ali dtaient ruineux pour les commer^ants d'Arabie; mais un parell jugement n'est dicte que par une vue etroite des choses. Sans nul doute les monopolisations du pacha port6rent a ces commerrants un prejudice momentane ; mais on ne pouvait legitimemcnt I'accuser d'avoir eul'intcntion de continuer ce systeme avant que les ecbanges n'cussent pris le cours qu'il desirait; d'ailleurs les n^gociants les6s n'cussent pas tarde a porter leurs speculations sur d'autres articles que ceux du monopole, en raison meme de la plus grande affluence des articles d'Eu- rope sur ce marche. Mais les souffrances passageres du commerce d'Arabie sont devcnues reellcsde fictives qu'elles auraient pu etre, par suite de revacualion de i'Egypte ; car, en perdant le benefice des d(^dommage- ments qui lui etaient prepares, ce commerce n'a pasre- couvre I'ancienne activite des ecbanges sur les articles du monopole, et notammentsurle cafe. II fautnoter d'ail- leurs que les negocinnts d'Arabie jouissentd'une moins grande securite sous I'autoi'it^ r^int^grde du grand sultan que sous celle de Mebemel-All, et qu'ils sont en- core partages entre I'obeissance qu'ils doivent au premier, et la crainte qu'ils ont du second. lis n'ont " pas gagne davantage sous le rapport des exactions; celles qu'ils subissent maintenant sont d'autant plus onereuses qu'elles n'ont aucune regie , et par conse- quent aucun frein. Si d'ailleurs nous detournons les yeux de ces clr- conslances specialcs pour les porter un instant sur ( 331 ) I'objet beuucoup plus c.ipital ties progres de la civili- sation, qui, pour avoir une influence moins instanta- n6e sur le commerce, n'en sont pas moins les seuls modificateurs efficaces de cette branche de I'activite humaine, nous ne craindrons pas d'etre contredits, en constatant qu'a Mehemet-Ali seul sont dues les r^Formes qui rendent actuellement le s^jour de I'Ai-a- bie supportable aux Europeens. Quin'a entendu parler de I'esprit feroce et indomptable des tribus arabes ? 11 est tel encore qu'Osman-Pacha, le gouverneur aposte par le sultan, n'ose pas faire circuler ses caravanes parmi elles, et borne I'activite de son gouvernement a lever des contributions dans les ports du littoral. La nature meme semble s'etre rendue complice de ce caractere anti-social; une bordure toiTefiee, une lon- gue gr^ve en quelque sorte infranchissable , s'oppose a I'entree des nations civilisees sur le haut et fertile plateau d'Arabie. Isoles dans leur croyance, dans leur esprit, isoles meme dans leurs terres, ces rudes pas- teurs d'Arabie ont toujours ete les plus tenaces repr6- sentants du fanatisme musulman. A ce titre done, la conquete de M^hemet-Ali , oeuvre difficile et inex6- cutable pour tout autre que lui, etait un bionfait pour le monde entier, pour ces populations elles-meraes. Deja sa rare activite 6tait parvenue a y jeter quelques uns de ces germes civilisateurs, que les peuples fecon- dent: pourquoi n'a-t-il pas ete donne a I'ensemenceur de solgner lui-meme et de recolter sa moisson ? C'est ce que nous allons essayer d'expliquer. Nous n'avons pas le dessein de rappeler les diverses phases de la question d'Orient ; ellcs sont presentes a I'esprit de tout le monde. La veritable difficulte qu'il y a a tranchor le nocud d'une (pieslion diplomatique , ( 3.V2 ) c'est que les raisons donnees pour ou contie sont oiiii- nairement puisnes dans d'autres Inlerets que ceux mis en presence, et que la solution doit etre guidee sur des motifs qui n'interviennent pas directement dans ledcbat. II en est ainsi , du reste, dans la majeure partio des transactions humaines. D'ailleurs, pour les nations comme pour les individus, certains mobiles sont si imp6rieux , qu'on ne peut en aucun cas , el quelque contraire que soit I'apparence , les en suppo- ser detaches. Evidemment, le but avou(^ de ce fameux traitd* de 1840, qui deposs^dait Mehemct-Ali, n'etait qu'un premier pas vers un autre dont on evilait soi- gncusement de parler; mais s'il est curieux , dans un systeme politique comme celui de I'Europe, que cha- que partie importante entende I'equilibrc par sa pre- ponderance absolue, il ne I'a et6 que davantage, dans le cas dont il s'agit , de voir s'accorder en un point des puissances qui y avaicnt conlinuellement eu des inte- I'ets rivaux; et personne ne pourruit I'expliquer au- trement que par de mutuelles concessions , que les ^vencmentsde Syrie 6taient venus justcmenl favoriser, en permettant, pour ainsi dire, a cbaque interet de se localiser. Aussi, pour tout esprit sense , I'intention hautement annonc^e de r^gler d(!;linitivement les con- ditions d'existence de I'empire ottoman dissimulait bien mal I'attraction d'une puissance vers le Bosphore, et celle de I'autre vers Tisthme de Suez. La question politique est, nous le croyons, ddfinilivement jug^e. Ce qu'il y avait de deplorable dans ces arrangements, conclus en vuc d'avantages parliculiers, c'etait la com- plete mdprise, sinon le prolond oubli, dont ^taient victimes les int^rets de la civilisation et des peuples riverains de la mer Rouge. Mais la France , a qui Ton ( 333 ) lie saurait reprocher que d'etre intervenue un pen tard dans ce tournoi diplomatique, sut au moins y mettre des restrictions qui en conjuraient en partie les pernicieux effets. La France depuis longtemps est habituee a stipuler pourl'liumanit^ tout entiere, et cette fois-ci, elle a renipli son role avecun d^sint^ressement qui ajoute encor' a son honneur. S'il est a regretter que I'Angleterre sc soit associee i cette ceuvre retro- grade, ce n'est pas qu'il soit perinis de lui adresser un reproche pour vouloir s'assurer le passage de ristliiiie de Suez et la preponderance absolue dans la mer Rouge; car I'interet de sa puissance vacillante dans rinde fait de cette ambition un devoir qui touche de bien pres a I'instinct de la conservation. Nous ne bla- mons que les moyens employes. Sans nul doute encore, au moment opportun, il serait plus facile d'arracher les points convoites aux mains debiles du sultan, qu'a I'energie du vieux pacha d'figypte; etpeut-etre alors les peuples de la mer Rouge verraient-ils se lever I'aurore de la civilisation, quoique la puissance anglaise soit plutot exploitante que civilisatrice. Mais, a moins que ce moment ne soit prochain , ils n'auront, nous le repetons, qu'a perdre sous tons les rapports d'etre rentres sous la domination de la Porte. Mais les clauses stipulees par la France, etl'antago- nisme des interets politiques de I'Europe, porteront au but poursuivi avec tantde perseverance par les Anglais, un obstacle beaucoup plus s^rieux que ne pourrait le faire la resistance de la Porte et de TEgyptc. La ques- tion d'Orient , dont le nceud est le percement de I'is- thme de Suez, est devenue le point convergent de la politique europ6enne, et si jamais le commerce de la mer Rouge se I'd'gcnere, ce ne pourra etre que ( 33/i ) Toeuvre collective do toutcs los nations civiliseos du nionde. A ce point de vue , Tobjcl special qui nous occupe prend des dimensions beaucoup plus lai'ges et n'est plus rcstrcint dans le cercle d'une appreciation com- mercial e. Si aucun lien moral ne rapproche ces peuples de I'Arabie dcs peuples commercants, Ics efforts de ceux- ci nc crecront jamais un commerce actif avec les pre- miers. Ceci n'est pas un juj^ement a priori : consultez les faits. A quel r6sultat sont arrives les Portugais dans la mer Rouge , au plein de leur puissance ? A quoi sont parvenus les Anglais, malgr6 leur au- dace , leur perseverance , leur activite proverbiale ? a voir le declin continuel de leurs relations avec les Arabes. Car ce n'est pas en encombrant les marcb^s qu'on fait naitre cbez un peuple le besoin de consommation ; ce n'est pas en s'emparant d'une bicoqne qu'on ac- quiert de I'iniluence dans un pays , surtout lorsque cette autorite est nettement circonscrite par la ceinture des feux d'une balterie. A moins de conquetc, I'in- fluence se mesure aux sympatliics , et les Anglais ont trouv6 dans la mer Rouge le mecompte qua rencon- tre ou qui attend quiconque a voulu ou voudra se compromeltre avec ce g6ant a dcmi abattu qu'on nomme I'lslamisrae. Voudrait-on alleguer que I'ob- stacle n'est plus systematique de la pari du gouvcrne- ment turc, par cette raison qu'un recent traite favorisc I'entree des maicbandiscs dtrangercs dans tous les ports de sa ddpendance ? Mais connait-on la distance qui separe le peuple arabe de son gouvernement ? Croit-on qu'un ordre du sultan pujsso d'un soul coup ( 335 ) aneantir la repugnance instinctive qu'a tout dt^vot nui- sulnian a traiteravec un chretien, et jamais la religion de Mahomet admettra-t-elle cette facilite dans le nc- goce qui est le garant de sa prospei'it^ ? Ainsi I'avenir commercial de la mer Rouge est compris, toute pro- portion gardee, dans le destin de cette lutte , tantot ouverte, souvent sourde, mais continuelle, ou sont engagees les deux socidit^s emanees de deux principes religieux si differents. Nul n'en pent prevoir la dur^e ; mais nous exprimerons dans son issue une confiance partagee , nous I'esperons, par tous les bons esprits. La Bible, comme le Coran, ont accompli leur mission morale et sociale; les deux societes qui en sont sorties ont a peu pres le meme age dans le calendricr des si^cles; mais la plus vieille, fecond^e par le labeur, est forte et vivace; 1 'autre , decrepite avant I'age, traine deja sa stei'ile agonie. II n'y a done pas a douter que dans un avenir peut-etre prochain le peuple d'Ismael, retremp^ dans le symbole chr^tien, ne regoive le bapteme d'une regeneration morale et intellectuelle ; car les societes perissent, mais les peuples ne meu- rent pas. Le tout est affaire de moyens civilisateurs, ct c'est la une des plus belles taches qui soient laiss6es aux gouvernements europeens. C. T. Lefebvre. ( 336) VOYAGE EN ASIE-MINELRE DE M. Will. J. Hamilton , 1835-37. [Researches in yisia- Minor , Pontiis and /frmenia; with some Account of their yintiqnities and Geology-. By W. .1. Hamilton , Secretary to the Geological So- ciety. London , 1842, 2 vol. in-8). FJiAGMENT |^E^IT d'une histoire ceogpaphiqce nE l'asie-mineure, par M. I,. VIVIEN de SAINT-MARTIN , Sefr*taire-g6neral. M. Texier, poursuivant Ic coiirs de ses savantes ex- cursions , venait de parcourir la Lycie ct se disposait a explorer la Pamph) lie, lorsque Smyrne vit arriver d'Angleterre un nouveau voyageur qui allait ajouter immens^ment a la somme des connaissances acquises sur la P^ninsule Anatolique. Ce voyageur est M. IVilliam John Hamilton. Si M. Callier , notre explorateur de 1830, n'avait pas laisse perdre dans un deplorable oubll les fruits de trois anndes de travaux en Asie - Mineure ; si M. Texier s'etait attache a la geographie autant qu'a la g^ologie et aux anliquites , et surtout s'il out donne a ses r^sultats une puhllcite plus proniptc et plus com- plete , quclques uns de ceux que M. William Hamilton a consignes on 1842 dans sa proprc relation auraient pu paraitre moins nouvcaux, sinon moins importants. Toutcfois , il faut recoimaitre que memo en tenant ( 3S7 ) conipte des droits d'ant^riorite do nos propres voya- ,a;eurs sur certains points, les litres do M. William Ha- milton dans ce vaste ensemble d'exploralions savantes n'en restent pas moins aussi nombreux que brillants , et que dans I'etat actuel des publications dont les grandes expeditions executees depuis quinze ans en Asie-Mineure ont et^ I'objet, le livre du vo\ageur an- glais est celui ou I'etude scientifique de la Poninsule peut encore recueillir I'ensemble le plus ricliect le plus etendu de notions positives. M. Hamilton nous apprend d'abord quels furonl I'occasion et le but de son voyage. « Au commencement de I'ann^e 1835 , nous dit-il , comme je m^ditais une excursion dans les parties con- tinentales de I'Europe , raon attention ful dirigee de preference vers quelques unes des provinces de la Tur- ([uie d'Asie , comme etant comparativement incoii- nueset ne pouvant manquer de conduire a des decou- \ertes interessantes pour I'antiquaire, le geograplie et le geologue. En consequence, j'arrangeai un plan qui promettait tout a la fois de satisfaire mon gout pas- sionne pour les voyages, et de ranimer ces souvenirs classiques que laissent en nous les etudes de noti'e jeunesse. J'employai les trois ou quatre mois suivants a me preparer a la tache que j'allais entreprcndi-e ; jo relus les anciens auteurs, et ie m'habituai a Tusa^o du sextant et du cercle de reflexion. Je dois beaucoup, dans cette dernierepartie de mes etudes preparatoires, a I'assistance de mon frere , le commandant H. -G. Hamilton , de la marine royale. » Je me regarde comme tres heui'eux d 'avoir pu decider M. Hvgh E. Strickland de Cracombe House a in'accompagner ; et autant sa cooperation me fut pre- IV. \ov. JT Di'C. 7. 23 ( 338 ) cieiiso , comiiie compagnon dc voyage en memc temps que comme naluraliste , autant notre separation me causa de regrets, quand il fut oblige de revenir en Angleterreau commencement de 1836. L'6tude g^olo- gique du pays a beaucoup soufTert de cettc derni^re circonstance ; bien du temps peut s'6couler maintc- nant avant qu'un geologue aussi profonddmcnt vers6 dans la conchyliologie trouve une occasion i'dvorable d'explorer nombre de cantons du pays que j'ai visitc. En d'autres branches de I'histoire naturelle , la perte de M. Strickland est encore plus a regretter ; j'ai qucl- ques connaissances en geologic; mais dans I'orni- thologie , aussi bien que dans I'entomologie, I'Asic- Mineure lui aurait offert une moisson cgalement abondante. » Mon atten'ion, en consequence , s'esl principale- ment portee sur la geographic comparative du pays, sur I'examen des ruines anciennes, ct sur la determi- nation des lieux au moyen d'observations astronomi- ques. La geologic a eu aussi une portion considerable de mon temps; et quand je considere lesdifTicultes que j'avais a surmonter pour le transport des cchantillons, je m'estime tres beureux d'avoir pu reunir une co). lection considerable de roches ct de mineraux. » Je m'apercus bientot , ajoute M. Hamilton , que les cartes du pays etaient inexactes au plus haut degr6, ou, pour mieux dire, absolumont inutilos (1). Je n'e- pargnais done ni soms ni travail pour noter exactement (i) M. Texier disait a ce sujel , ilans iiae de .«es premieres leltres de 1834 : « Les oarles tie I'Asie-Mineure sont si niauvaises, qu'on n'y rccoiiiinit ni les roiitoj, ni les iioins tonips , Ics distances, au moycn do qiioi , ainsi que de ines observations do latitude, j'esp6rais etre en c'tat de construire une carte plus exacte des parties de la Pe- ninsula que j'aurais traversees. Dans cette vue , et in- dependamment d'un journal tr^s detaill(i , je reussis h tenir, sauf un tres petit nombre d'interruptions , un itineraire circonstancie de nia route mille par tnille , notant I'heure exacte du depart, et, ma boussole con- stamment en main, la direction de la route avcc tous ses cbangements , I'indication des d(^tours n'^tant pas moindre quelquefois de vingt a vingt-cinq dans I'es- pace d'une heure ; j'avais soin d'ajouter toutes los re- raarques que me suggirait I'aspect physique du pays... (1). » M. Hamilton et son compagnon M. Strickland abor- derent a Smyrne le 31 octobre 1835. La saison etait alors tiop avancee pour commencer les courses dans rintericur ; le temps pluvieux et froid, et les rivieres gonfl^es , ne pcrraettaient pas d'y songer. Les mois de novembre et de d^cembre furent employes a divcrses excursions geologiques dans le pays environnant ; les rdsultats de cette premiere 6tude ont et6 j)ublies sd- part'ment (2). M. Hamilton, dans unc de ses courses, visita des (i) \V. Haniillon , Researches in A^ia Minor, etc. , vol. I, pri'f. , |). V el suiv. Un specimen du journal de M. Hamilton , dans sa forme ori{;inaIe, a ete imprime a la fin de sa relation, vol. II, p. 39,') seiq. Les routes du voyageur, assujetties a ses observ.iiions astrono- miques , sont aussi rapportees sur un ranevas de carte de la Natr)- lie , qui accompaf;ne la relation. (2) On the Geology of the Western part of Asia Minor, hy Wil- liam .lolin Hamilton n»u/ Hiifjii ICdw.ird Stiicklanil ; dans Ics Trnmnc- lions of tliP Gfitloijicdl Society., vol. V, p. 3().J , iii-.'i^'. ( SAO ) rulncs reniarqiiablos situecs sur une hauteur a I'extr^- inile du golfe rlc Smyrnc, precis(iment vis-a-vis de celte ville dont la largeur du golfe les separe. Ces ruines avaiont ct6 vues par l)eaucoup de voyageurs. M.AruiKleiI(l)lcsrcgardaitcommclesrestesdutonibeau de Tantale mentionne par Pausanias ; M. Texier , qui les avait ^tudi^es plus receraincnt, avait cru pouvoir les identifier avec la position dela ville de Sipy/us dont })arle Strabon. M. Hamilton trouve en cela plusieurs difficulltis, et il aime mieux y voir le site de la primi- tive Smyrnc, anlcirieure a la Smyrne actuolle dont riilstoire ne I'apporte la fondation qu'au siecle d'A- lexandre (2). On reconnait dans ces ruines les vestiges d'une acropolc , et la construction a ce caractdre anti- que auquel on a attache la denomination de cyc/opeen. Les deux voyageurs ^taient vcnus passer a Constan- tinople les derniers mois du rigoureux hiver de 1835 ; (les que les premiers beaux jours lepcrmirent, ils rentrerent en Asie pour y commencer leurs explora- tions. La premiere qu'ils s'^taient proposc^e 6tait celle (ki cours de Rhyndncus , que pas un voyageur n'avait jusqu'alors suivi dans toute son (itendue. lis traver- sercnt la Propontidc, vinrent dibarquer a Moudania pour gagncr Broiissn ; ct de la , contournant au Nord ot a rOucst les bords du lac A' Jbonllionte , ils arrive- rent au point ou le Pibyndaque verse ses eaux dans le lac. Kirmasli est le premier lieu notable que Ton ren- contre surlc fleuve, a quatreheures environ au-dessus de rembouchure. Le Rbyndaquc coulc presque con- (l) Seven Churches^ [>. a<)t)r. (■ij llaniilloii, vol. I, |>. ai. (;pleer au silence absolu des documents Merits. Rien n'cgale Taspecl sauvage ct desol6 du lerriloire de rochers nus qui precede immediatement , sur la route de Suleiinanli a Koulnli, la region volcanique a laquelle convient particulierement I'appellation de Katakekaumene. Pendant des uiilles entiers I'ceil n'y apercoit pas trace de culture , et c'est a peine si Ton V distingue le moindre indice de vegetation. De cha- que cote, les rochers se projettent en pics 6lev6s dont les souimets dentelds alfeclent les formes les plus variei^s. Quclques chenes rabougris croissent Cci et la a la base des rochers; mais tous le pays interm^diaire ne presente qu'un affroux chaos de rocs poles. En quel- ques endi'oils, le micaschiste et le quartz souleves par r^ruption du trachyte ajoutent encore a la sterilite du sol. Cesroches ont ^videmment 6te alt^rees par Taction du feu , car dans quelques ravins les voyageurs ohser- vferent le quartz slratilie , et une roche dure, bleue, a demi vitrifiee , semblable a de Targllo changee en jaspe ou pierre lydienne. A mesure que Ton avancait, neanmoins , le pays redevenait plus boise , et la route traversa bientot apr^s de vastes taillis oii les jeunes chenes ^talent converts de noix de galle , dont on en- voie a Sniyrne des quantit^s considerables pour I'ex- portation. M. Hamilton et M. Strickland avaicnt sup- pose jusque la que ces hauteurs trachytiques eiaient le commencement de la Katak6kaumen6, marquee sur la plupart des cartes comme s'^tondant beaucoup plus loin n Test : mais ils virenl alors qu'clles formcnt une [ Ub ) - masse Isolde sans liaison avec aucun autre syst6me de roches igneennes (1). Quelques lieues avant d'arriver a Koulah, une Emi- nence assez considerable qu'ils gi'avirent , non loin du village d'yi/c~Tdsc/i[\a Pierre Blanche), Icurprocura une vue tr^s etendue du pays ou ilsallaient peni^lrer. Vers le Nord, I'oeil plongeait sur la suite de vallees ou coule I'Hermus, remarquables par leur aspect de denudation, et sur de vastes gradins isoles des deux c6t6s de la ri- viere, qui ont et6 successivement des fonds de lacs, puis des plaines, avant d'etre ce que nous les voyons aujourd'hui, les sommets de plateaux ElevEs. La ligne dentelee et onduleuse de leurs bords et de leurs escar- pements prouve que la riviere a ite I'agent de la con- figuration actuelle du pays, et non les decliirements et les fissures qu'auraicnt produits des tremblements de terre ou des convulsions volcaniques. Plus loin dans le Nord on apercevait les cimes couvertes de neiges de Vjlk-Ddgh, qui se dresse entre Ghiediz et Simaoul, et les cretes plus orientales du Mour-ad-Ddgh; tandis que vers le Sud la vue etait bornee par les som- mets neigeux du Tmolus. A Ak-Tasch , I'eau entra en Ebullition a 207" h du therraometi'e Fahrenheit, ce qui donne une altitude approximative de 2,800 a 3,000 pieds anglais , c'est-a-dii^e de 850 a 900 metres (2). Jusqu'a present, sauf un tres petit nombre de cas isolEs, nous manquions absolument d'observations de hauteurs sur les monlagnes et les plateaux de la Nato- lie : celle que nous venons de rapporter est en quelque sorte le point de depart d'une longue serie d'observa- (i ) lliitiiilron ,1,1). l33. {l) ll.iiiiillon , I , liV"). ( 2/16 ) tions analogues faites depuis dix ans sonlement dans toutcs les parlies do la P(ininsule. Cost un element nouveau , et un (ilemcnt tr6s important, ajoute aux autres donnees astronomiques on physiques surles- quelles so fonde la description exacte d'un pays et la construction do sa carle; c'est au moyen de ces me- suresd' altitudes rapporties au niveau de la mer , me- sures convenablcment inultipliecs ct croisdes dans plusieurs directions , que nous pouvons nous former une id6e juste de la depression des valines, du niveeau des plateaux etde la hauteur des chaines do montagncs qui les dominenl , en un mot, de la configuration d'une grande contr6e naturelle et de toutes les modi- fications qui en constituent le relief. C'est a deux lieues seulement a I'Est de Koulah que commencenla semontrer d'une manifere bien tranch6e les terrains de la Katakekaumene. A partir de ce point, les plaines de cette region brulce sont sem^es de sou- levements coniques, avec toutcs les marques des cra- teres eteints ; parmices cones volcaniques iles environs de Koulah, il en est trois qui so distlnguenl entretous les autres par leur grandeur et leur apparence: ce sont bien la, evidemment, les Iro'is soiifflets , rpu; (pvcon, que montionne Slrabon dans la description qu'il nous a laiss6e de cette region. Partout ou le terreau s'est reform^ dans la plaine, le sol, mieux cultive que dans beaucoup d'autres parties de I'Asie-Mineure , se pare d'un tr^s grand nombre d'arbres fruitiers. Laissons le voyageur nousdepclndrc lui-m6me I'improssion qu'il eprouva lorsque son regard put embrassor I'ensemblc de cello slngulierc contrec. 0 1,0 leriain s'elovait tiraduelionicnl ,ui-dessiis dos ( 3/|7 ) formations schlsteuscs ; nous atteignimes enfm unv. petite chalne coinpos6e de micascliiste et de quartz , qui s6pare la plaine de Koulah du pays plus oriental que nous venions de traverser. Ici une perspective re- marquable se d(!!ploya tout-a-coup devant nous , et d'un seul coup d'oeil nous pumes saisir les traits prin- cipaux de la Katakekaumene. Vers le Nord, a notre droite , on vojait se terminer la cliaine aride sur la- quelle nous nous trouvions ; a I'Ouest de ce point, un pic en dome de scories noircs et de cendres s'^levait d'environ 500 pieds (150 metres) au-dessus de la plaine. C'est le Karn-Dci>Iit, ou I'Encrier-Noir , le volcan de Koulah. A la distance rapprocheo ou il 6lait de nous, aucun des effets de son caract^re sauvage et accidente ne nous echappait ; telle est la rapidity de sa pente , que gravir ce cone de cendres nous parais- sait chose impossible. Devant nous une coulee de lave noire s'etendait de droite a gauche. Sa surface rabo- teuse , brisee et contournee de mille mani(^res diffe- rentes, ressemblait aux vagues petrifiees d'une mer en furie ; et a mesure qu'elle s't^sloignait de la base du cone, elle formait un contraste plus tranche avec la plaine fertile au milieu delaquelle elle semblait couler. Au-dela , dans le N.-O., on apercevait d'autres cones volcaniques, qu'a leurs formes adoucies, a leur appa- rence cultivee , ainsi qu'aux vignobles qui en attei- gnaicnt le sommet, on pouvait juger appartenir a une pt^riode bcaucoup plus ancienne. A notre gauche nous avions en outre la ville meme de Koulah, avec ses minarets gracieusement Glances , s'elevant au-dessus de la couche de lave sur la pointe meridionale de laqucllc die est batic ; cnfin , a rarri(!;re - plan thi tableau, une lignc (\c hauteurs pittoresqucs ct dou- ( 348 ) cement ondulees s'^tendait du Sud-Est au Mord- Ouest, embrassant la plaine dans un vaste domi- cercle (1). » De Koiilah aSmyrno, oii vientse terminer cetle pre- miere tourn^e , MM. Hamilton et Strickland suivii-ent la route qu'Arundell et Keppel avalent d^ja parcou- rue. lis virent Adah , ville peu importante que sur le rapport des noms on a identifiee avec I'ancienno Attalia, bien qu'elle ne renferme aucun vestis;e d'an- tiquites ; ils Iraversercnt les plaines qui s'otondont ;'i rOuest d'Adala sur la gauche dc I'llermus, ct dont la riche vegetation lorme un contrastc frappant avec le caract^re sombi'e dc la region volcanique ; ils contem- pldrent avec etonnement la multitude de pyramides tumulaires qui couvre la plaine voisine des ruines de Sardes, et du milieu desquelles se detaclic le monu- ment que d'apres Herodotc on nommc le Tombeau de Halyatte. Celui-ci n'a pas moins d'un demi-mille de circonfcrence a sa base. Les Turks donnent a cette antique necropole des rois lydiens — les deux voya- geurs y compterent plus de soixantc pyramides — le nom caracterisli([ue de Bin-l^ep'eh ^ les Mille Collines. a U est impossible, (lit M. Hamilton, d'arreter ses re- gards sur cette reunion de tnnuihis gigantesques, dont trois surtout se distinguent par leurs grandes dimen- sions, sans 6tre frappti de la puissance du peuple qui les ^riiea , et sans admirer I'^nergie d'une nation qui s'elTor^a de conserver la m6moire de ses rois et cellc de ses ancetres par des monuments d'une construc- tion si massive et si durable. Jusqu'a present, en efTet, ils paraissMit avoir ccliappo a la main destructive des (ij lliiiiiilro.i, \(i!. I . |. i3(i. ( .V(9 ) conqueranls; mais !e temps vl lesmoveiis donl nous cHsposions iie nous permettaicnt pas de faire aucune tentative pour p^netrer dans I'interieur d'un de ces se- pulcres royaux. C'est cepcndant une entreprise qui probaMenient reserverait une riche recompense au speculateur ou a I'aatiquaire (1). » line remarquc que plus d'un vojageur avait faite en NatoJie, ainsi que dans d'autres pays de I'Orlent , frappe egalement M. Hamilton : c'est le grand nombre de fontaines dont les routes sont pourvues. Ces fon- taines sont d'un prix inestimable pour le pauvre pe- lerin qui traverse des plaines brulantes ct dessecheos, et souvent elles sont uniquement dues a I'bospitalile native du paysan turk. En certains endroits ou il n'y a ni source ni courant d'eau, I'habiiant charitable du village voisin place un grand vase d'eau dans une liutte grossicrementconstruite; cette eau bienfaisante est re- nouvel^e chaque jour , ou aussi souvent qu'il est ne- cessaire , et quelquefois elle est apj)ortee d'une dis- tance assez considerable. Deja cette premiere excursion des deux savants voyageurs a produit de notables resultats. Le cours du Rhfiidaqiie , inexplore jusqu'alors, a ete reconnu tout entier , depuis le lac d'Apollonia jusqu'aux sources du fleuve ; le site de plusieurs anciennes villes , Hndviani , Sebaste , Dlaundiis , a et(^ decouvcrt ou precise ; do nouvelles notions on 6te recueillies sur I'aspect et la nature geologique de la Phrygie occidentale. Cette course n'6tait cependant en quelque sorte qu'un essai, une preparation a de plus lointaines explorations. Se- par6 desormais de M. Strickland , qui s'etait rembar- (l) llainilldii , vol. I, p I fG. ( .*^50 que a Sniyrnc inuir I'Anglclerro , .M. Ilamillorv out a examiner dans quelle direction se porterait son expe- dition prochaine. Les circonstances en deciderent bicntot apres. C'est vers les montagnes de TArnKinic que nous allons maintenant I'accompagner, pour re- venir encore une fois, mais par une route nouvelle , vers les bords de la mer Eg6e. M, Hamilton se rend de Constantinople a Tr<5l)izonde par mer. dans les derniers jours de niai 183G; puis, franchissant la passe diflicile qui s(^pare la cote ponti- que du bassin de I'Euphrale, il gagne Erzeroum , d'oii il continue sa route vers I'interiourdu plateau arm6nien. II s'y avance jusqu'a la ville de Kars et aux mines singulierement reraarquables de I'ancienne citt' d'Ani, capitale de la dynastie Bagratide ; el, revenant par le bassin du hautTchorok , il voit Ispir, Ba'ibourt, Dalalior, et rentre dans Trdbizonde apres avoir examine les mi- nes de Gumisch-Khaneh. Sauf pour deuxou Irois points d'ailleurs bien connus par les relations anterieures , cette excursion sort tout enticre des limites do I'Asie- Mineure; mais le retour de Trebizonde vers I'interieur de la Peninsule va nous conduire sur plusicurs lignes peu connues, dont quclques unes n'avaient jamais etc vues par d'autres voyageurs. Kinneir etait jusqu'alors le seul qui eut parcouru la route de terre longeant la cote entre Trebizonde et les bouches du Halys; M. Ilaraillon , qui a suivi cette route jusqu'a Sinope , a fort ajout^ aux observa- tions de son pr6d6ccsseur. C'est lc6 juilletqu'il quitte Trebizonde pour commcncer ce nouveau voyage ; M. Texier, dont nous avons pr6c(^demment esquisse I'itiniiraire depuis Tarsous jusqu'a la mer Noire , arri- ( 351 ) vait en ce moment memo a Malatiah, dans sa route vers le haul Eiiphrate. Les deux savants voyageurs re- cueillaient alnsi en meme temps , sur des points dif- ferents de la meme region, la riche moisson de faits nouveaux qui y a tant agrandi le domaine de nos con- naissances positives. L'itineraire cotier de M. Hamilton est tr^s circon- stancie. Pas un accident notable de cette longue zone littorale , pas une vallee , pas un ruisseau, pas un vil- lage, pas une baie ni une pointe de terre n'y sont omis. La nature gt^jologique du sol est soigneuse- ment indiquee, aussi bien que I'aspect du pays et la v^setation. Les details de mceurs et meme les indica- tions statistiques ne sont pas negliges, toutes les fois qu'une donn^e instructive s'y rattaclie ; enfin , I'auteur discute, station par station, I'application au local ac- tuel de tous les noms que fournissent pour cette cote les anciens gdjograplies , les liisloriens, et surtout les p^riples d^tailles qui nous en sont parvenus. Tr^s sou- vent ses rapprochements , appuyt^s sur la comparaison des distances, se Irouvent inopinement fortifies par des rapports de noms inaperous jusqu'alors, et qui mon- trent combien sont durables les appellations locales imposees d6s la plus haule anliquite aux caps, aux rivieres, ainsi qu'aux habitations des hommes, lorsque la nature isolee du pays I'a preserve , comme cela a eu lieu dans ces cantons recules de I'Asie-Mineure , du passage frequent des races etrang^res. La plupart de ces noms obscurs n'ont d'ailleurs qu'un interet pure- ment g^ographique ; quelques uns , cependant, se lient aux souvenirs de I'histoire et en ^claircissent des circonstances restees obscures. C'est ainsi que la d^couverto que fit M. Hamilton du nom de Kcrasoiin- ( .■^■V2 ) Dere , a|)|>li(jiic tiaiis lo pa\sa iiiic \allei' st)litairo qui (Itibouche enlro Tr<^bizonde ct Tireholi (I),vient r6v6ler remplacement plus que probable de la Keraxds men- tionnee par Xeuoplion dans son ilin^rairc dcs Dix- Millc , et dont la conl'usion avcc une autre Kerasits surnoiumee Pltamacia , situec plus loin sur la raeme cote cntre Tircboli et le cap Vona , avail jote Ics g(^o- graplies dans d'inextricablos cnibarras. M. Hamilton a retrouvo au Sud (.VOiinieh, dans des vallees ou nul Eu- ropecn n'avait jamais penetre , dcs precedes metailui- giques tout-a-fait primitlfs, qui font songer a ces an- ciens Khalybes que les plus vieilles traditions placent sur cette partie de la cote pontique (2). Arrive a Sinope , M. Hamilton qu.tte la cote et rentre dans rintoricur. Les lignes multipliees qu'il y par- court, avant dc gagner Angora , sent aussi pour la plupart fccondes en renseignemonts geograpbiques tout-a-fait neufs. II francbit les montagnes dlevees qui separent, au sud de Sinope, le profond bassin de la riviere de K astamouni des versants inclines vers la cote , et de Foiavat il revient a I'Est couper le Kizil- Innak au point ou Macdonald Kinneir I'avaitpass^ dans son voyage de 181i. Mais a Vezir-Keupri il quittc la trace de tous les voyageurs precedents, et prenant une direction encore inexplor^e entre Amasi61i et le golfe de Samsoun , il arrive ainsi directement a Ni/csnr, pr^s de la rive droite de I'ancien Lyciis , apres avoir visite la petite ville de Ladt'/i et traverse la plaine de Phanara'a, ou il cberche inuliloment, au confluent du Lycus et de I'/m , les vestiges absoknnent effaces de (i ) Hamilton , vol. I , p. aao. (a) Id. , p. 376. ( 353 ) I'ancienne Megalopolis. Quelques debiis de plliers , rcste dun pont qui joignait les deux rives du fleuve au-dessous du confluent des deux rivieres, peuvent seuls y reveler I'existence dune ville iniportanle (1). Plus heureux a son retour de Niksar vers Tolail , il trouve a quelques lieuesau-dessusdecettederniere ville, et sur la uieme riviere , des ruines dont le nom turk de Gtmicnek garde encore la trace reconnaissable de celui de Coinnwi ; c'etait la Coma/ut Pontics , un des grands centres sacerdotaux de I'ancienne Cappa- doce(2). M. Hamilton se rend ensuite de Tokat a Tchou- roiuii par Amasieh , Tourkluil et Sileh; puis de Tcliou- rouni poussant une pointe au Sud , dans la direction de leuzghat, il vient reconnaitre les antiquites si cu- rieuses de Kara-Hissar etde Dogliaz-keui, decouvertes I'annee precedente par M. Texier , ct constate par sa description la parfaite exactitude de notre savant coni- palriote (3). De leuzghat, M. Hamilton revient defini- vement vers le Halys,qu'il passe pres de Ka/ed/ikpouv gagner directement Angora. Apres avoir examine dans le plus grand d<^tail les restes de I'epoque romaine que renfei'me encore I'an- cienne Ancyre, et surtout les deux inscriptions cel6bres de VAugusteiiin, notre voyageur se remet en route vers Afioum-Kara-Hissar. Prenant vers le sud-ouest une route moins battue que celle qui court directe- ment a Touest , il traverse des plaines unies oii les Turkomans aiment a dresser leurs tenles , comme au temps d'Erthogrul et d'Othman, auxquels les sultans d'Iconium avaient abandonne ces districts voisins du (i ) Ilaiiiiltoii , vol. I , |>. if\7.. •(2) Id. , p. S.-io. {,;) Id. , J). 382. IV. NOV. j:t Divc. 8. 2/| ( 35/i ) Sakaria , et il arrivo a la pelite villo ile Si't'r:-fhss(ir , lion loin de laqiiello , a Unln-Hissar , se trouvent les mines de I'antique Pessim'is, decouvertcs en ■! 81^5 par M. Texicr. M, Hamilton docrit aussi ces mines et con- stale pai' la discussion des anciennes autorites qu'elles roproscntent bien r^ellement le site de I'antique capitalo des rois phrygiens, identite que confirma d'ail- Icurs surabondanunent la decouvoite subsiquente d'une inscription trouvee par M. Hamilton lui-meme a Sevri-Hissar (1). Ce point de geographic ancienne est un repere fort important pour fixer sur la carte un grand nombre de positions secondaires de la Galatie. Les renseignements recueillis par M. Hamilton de la bouche des habitants, et ses proprcs observations dans sa route vers Afioum-Kara-Hissar, ont cHabli un fait non moins important pour la g^ograpliie de cettc partie du plateau phrygien : c'est I'existence d'une brancho mt^ridionale du Sakaria qui a sa source a luiit heui'es dans le sud-ouost de Sevri-Hissar , et qui va plus loin se reunir a V Engouri-trhai, ou riviere d'An- gora. Beaucoup de diflicultes etde contradictions appa- rentes dans les anciens textcs se concilicnt ainsi et s'expliquent naturellement (2). Aucunepartie des nombreux itin^raires de M.William Hamilton n'a etc plus feconde en observations curieu- ses et en interessantcs decouvertes, que la route de Sevri-Hissar a J/iouin - Kara - Hisxar. Les premieres vallces du territoire montueux qui succide tout a-cou[), en approchant d'Afioum-Kara-Hissar, aux vastes plai- (l) II.Miiilti.n , \(il. I , |). .\.\h -.(](} . el riiis( I i|ilii)n ii' \ .\- de I An- |Hll(licC (a) /,/ . |.. \,\>.. ( 355 ) lies unics et deboisces que le voyageur avail en a tia- vorser prcsque sans interruption depuis Angora , sonl litleralement jonchees d'anciennes ruincs. Parmi ces ruines, quelques unes appartiennent seiilement a la periode byzantine ; naais la plupart reniontent aux temps de la splendour imperiale des premiers C^sars. Pr^s dun village turkoman nomm^ Alekuun, une in- scription lui revele le site d'Oi-cistits, villefort obscure d'ailleurs , et qui ne nous est connue que par les actes du concile de Chalcedoine (1) ; les indications combi- nees des Itinerairesromains, deStrabon etde I'hisloire byzantine , lui montrent dans d'autres ruines plus con- siderables que les Tui'ks noniment Ass(ir-ketn\ et les Turkomans Hergan-hnlch , Templacement au moins tres probable de I'ancicnnc cite d' .hnoriuni (:?). Ces deux villes appartenaient au versant du Sangarius ; la premiere 6tait situ^e a tres pen de distance d'un la (jiie Ion designe comme la source du fleuve. Entre Bciad et Eski-Knra-Hissar , a 8 lieues en- viron dans le nord-est d'Afioum, M. Hamilton visit:*, de curieuses excavations pratiquees dans la montagne, et que les liabitants designent sous la denomination de Kirk-Hui , les Quarante-Cavernes (3). M. Texier les avait d^ja vues I'annee precedente , mais sans en donner de description circonstanciee. Ce nomdc Kirk- Hin s'applique a un massif de rochers blancs, remar- quable par sa forme et son isolement. La face excav^e (i) Hamilton , I , 44? '< I-'Cake, Tour in Asia Minor, p 71. (■>) Id. , p. 449 1 el Leake, p. 8G. (3) On sair i\\w lus Turks , comme les Arabes cl les I'cisaiis , 9- ( 357 ) la pierre ponce, qui coiistitue ces vall(^es. Vn groupe tie cones eleves, s'elanrant en pointes ou brises en forme de tours a plnacles gothiques , s'etend a una certaine distance a partir de la base des collines. Quelques uns des plus rapproches de la plaine ont jusqu'a 50 pieds de haul ; d'autres , plus voisins du soinmet des rochers, ne sont en quelque sorte qu'a la premiere periode de leur formation (1), C'est, sur une moindre ^chelle , un phenom^ne tout-a-fait semblable , dans sa cause et ses effets, aux formations de la vallee d'Lrgub que nous a si bien fait connaitre M. Texier. D'Afioum-Kara-Hissar , M. Hamilton se disposa a franchir la chaine calcaire de SuUan-Ddgh , qui borne au Sud la Phrygle Paroree , pour aller visiter le site d'Antioclie de Pisidie, decouvert par M. Arundeil pres dela ville de lalobatch. Cette route , comma tant d'au- tres que notre voyageur a suivies dans ses courses en Asie-Mineure, n'avait pas encore et(^ vue par un Euro- peen; M. Hamilton y trouva I'occasion d'examiner la nature geologiqua du versant Sud-Ouest du Sultan- Dagh et des plaines enfoncees qui Ic terminent. Les eaux n'y ont d'autre ecoulemant que le lac d'Ei^herrUr, et un second lac beaucoup moins etendu qui est a h ou 5 lieues dans la Nord. On doit aussi a M. Hamilton d'a- voir le premier d^termin^ , quoique approximative - merit , la veritable forme du lac tVEgherdir, d ont la partie septentrionale,presquecomplelement isolee par untitranglement considerable , forme comma un autre lac qui porta le nom particulier de Hoirdn-ishciil , ou lac de Hoiran. La route d'Eglierdir a Isbaiia , et la description des ( i) H.iiiiilioii , 1 , |i. /^6o. ( 358 ) ruincs de Sngn/n.isii.';, sans ajouterdc fails precisomcnt nouveaux a ceux que les itineraires du Ri;v. Arundoll avaient fait connaitrR , ne laissent pas de renferincr un certain nombre de details que les geologues et les antiquaires recueilleront avec int6ret. Saqalassus est le dernier terme de cetle longue ex[)!oratioii du savant voyageur. Reprenant de la le chemin de Smyi'ne , il vient a Bon/dour , pr^s du lac du nienie nom , ct de Bouldour , tirant droit au Nord , il gagne les sources du M(^andre , apres avoir visits , pros dun village nomin^ Kadekli , une nionlagne perc^e d 'excavations tout-a-fait analogues a celles de Rirk-Hin. M, Hamil- ton examine tr6s en detail la topographic des environs de Diiiair, ou le Meandre a ses sources; puis il revient a rOuCbt, longe le lac de Telia rdak , suit la vallee du 'Ic/iuriili-soti qui le conduit aux mines de Co/osscc , de Laoilicen ct de Hieropolis , et descendant eiisuite le cours sinueux du Meandre tlepuis le couiluent de Tclioruk, il voit encore les sites des anciennes cites qui bordaient autrefois loule cellc partie du fleuve, Iripolis , niitiochia (ul Ma; titdrmn , Mastniira , Aysn et Tralles . d'oii laissarit a gauche les ruines de la Magn6sie du Meandre , il regagne enfin S'liyinc par ^iasoloiik et la plaine de Toiirbali. Le voyage que M. Hamilton venait d'acUcver si heureusenient avait dure precisement cinq mois : parti de Constantinople le 20 mai pour Trebizondc et I'Armenie , il renlrait a Smyrne le 20 octobre , apres avoir parcouru une 6tendue de routes que le detail des itineraires ne porte pas a moinsde 2,289 rallies anglais, ou 763 lieues. L'hiver qui s'approchail ne [)ermellait pas de re- prendre avant plusieurs mois les courses dans I'inte- ricm-; M. Haniiltoii chcich lit tic quelle luanlrre i! ( 359 ) ' emploicrait un temps qu'il ne voulait pas perdrc dans I'inaction. II etait presque resolu a se rendre en ligypte ou en Syrie , lorsqu'il fit la connaissance d'un de ses compatriotes , M. James Brooke , qui visitait la Medi- terran^o sur son propre batiment, le schooner //i ooke a c(inimtiiiii|Ut'' a la Soriite de f;t'o{»iapliii' de Lon • (litjs mil' iiDticc stii I'llr et le (M)llc (Ic Syiiii. /<>i. 2 11. ( ;?(55 ) (ii)niK'' naissance a un des Peros do IKgli.sc; la distance connue par les ilincraiics dc iNazianzc a Archelms conduit j3reciseinent a Ak-Serai , qui semble ainsi de- voir represcnter cctte ancienne colonie de I'ompereur Claude, quoiqu'on n'y trouve aujourd'hui nul vestige del'^poque romainc. Cette opinion avail ete deja 6mise par le colonel Leake , et M. Hamilton la fortifie par de nomelles considerations (1). Pline, d'apres les autorit^s qu'il a compil^es , dit qu'v^/t/ic/rtwetaitarrosee par leHalys. Or, Ak-Serai est a dix-huit lieues au moins dans le Sud-Oucst de ce lleuve ; et la riviei'e qui la traverse , nommee par les Turks Beias-soa , ou la Riviere Blanche, va se perdre , liuit lieues plus bas, dans le grand lac sal6 de Touzla, le Tatta Lacns des anciens. II y a la une difTiculte que M. Hamilton nous parait expiiquer tres heureuse- ment. Le sens du mot Halys est celui de riviere salee, et cette denomination generique a bien pu s'appliquer egalement a un courant qui va se jeter dans un vaste amas d'eau saumalre apres avoir traverse des terrains impr^gnes de sel. On sail que Pline croyait a I'exis- tence d'une branche meridionale du Halys, — c'est sur cette branche qu'Archelais auraitete situee , — et c'est une dos plus importantes corrections apportees par les explorations recentes dans la geographic de cette parlie de I'Asie-Mineure, d'avoir constate que cette pr^tendue branche du lleuve , n^a d'une simple equivoque et que Ton voit representee sur toutes les anciennes cartes, n'existe r^ellemcnt pas. M. Hamilton , ayant descendu la valine du Beias-.wu, airiva aux bords du grand lac, dont le nom turk de (i) llaiiiiltoii , vol, II , |). 23o et suiv. ; Leake. Tour in Asia Miiioi ( 3()() ) Touz-Gheiil no signilie autre chose quo Luc Sule. II esl bordi , surlout du cote du Sud oil la riviere d'Ak-Se- rai vient s'y perdro, de terrains marecageux recouverts d'unc cristallisation saline ; en hiver, ces terrains sont inondes , et le lac prend des dimensions beaucoup plus 6tendues. L'eau en est tellement saturee de sel, que les gouttes qui jaillissaient sur les habits du voya- geur y laissaient en se sechant une petite masse de sel pui\ En hiver, quand les ruisseaux des hauteurs voisines viennent s'y meler et le remplir, la propor- tion de raati^re saline est beaucoup moins conside- rable (1). Noire Yoyageur longe dans toute son etendue le bord oriental du lac jusqu'a Kodj-Uissar, petite ville sltuee vers rextr^mile Nord , et dontlaprincipale Industrie est I'exploitation de cette grandc saline naturelle. Ln fait geologique que M. Hamilton signale comme digne d'attentlon est la relation qui parait exister ici enlre les depots de sel gemme et les formations de grce dans Fintci'ieur (I'un i/;rari/l tinniihis nmericain. II rappelle les observa- tions qu'il a dc^ja taites sur ce sujet en 1830 , ct qui sont publiecs dans louvragc de M. Vail sur les In- diens de I'AnKirique du Nord ; il ajoute de nouveaux 371 ) signes a ceux dont il a fait voirridentUe avec ceux qui sont grav(!!s siir les rochers de I'Afriquc septcntrionale de la main des Touariks , comnie elant rucrilure de la langue libyennc usitee depuis Syouali jusqu'a Textre- raite de I'Atlas , et il expose les raisons qui lui font penser que la pierre americaine peut avoir la meme origme. M. d'Avezac , apres avoir rappele la lecture qu'il a faite a la Socidte , dans scs seances des 7 et 21 fe- vrior 1845 , de sa Notice des d<^couvertes faites au aioyen-age dans I'ocean Atlantique , antirienrement aux grandes explorations portugaises du xv" siecle , presente un I'esurae succinct des objections contenues dans le Memoire en reponsc lu par M. le vicomte de Santarem dans la seance du 7 mars , et qui vient d'etre public dans les journaux de Lisbonne ; il communi- que ensuitc brievement a la Societe les textes histori- qurs qui lui paraissent refuter les objections 'Jilev^es centre les conclusions qu'il avait enoncees, et qu'il croit devoir maintenir dans toute leur etendiie. M. le vicomte de Santarem presente plusieurs ob- servations sur la communication de M. d'Avezac, et se reserve d'y repondre ulterieurement par ecrit et d'une maniere plus developpee. Seance da 21 iioveinbre 18^5, Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopts. M. Jomard donne communication d'une lettre d't- gyptc, annoncant que M. Husson et M. Figari ofTrent a la Societe la collection des echantillons des coupes de geologic, obtcnues pendant leur voyage en Nubie. II ( 372 ) communiqiu' la suite ilc la relation du voyage qui lui a 6te adress^e par M. Husson. Le meme incmbrc donne lecture : 1° d'un rapport dc M. Abeken, compagiion dc voyage du D' Lepsius, sur leur voyage dans la Nuble superieure; 2° d'unc relation succinctc du voyage de feu M. Sainte-Croix Pajot ct do M. Alciati, dc Mokha vers Sana ot Mareb. II fait remarquer dans lo premier document I'impor- tance de I'observation , faite par le voyageur prussien, d'une sorte de nilometre pratiqu6 en Nubie a une 6poquc reculee , et il signale aussi I'opinion des nou- veaux voyageurs sur I'ant^riorit^ de la civilisation ct des arts de I'Egypte, opinion qu'il a constamment professi^e. Ces documents sont renvoy^s au comit6 du Bulletin. M. Bcrtliclot lit la traduction d'une Notice sur I'ex- ploration du Maragnon et dc ses affluents , le Guall.iga ct le Pastaza, par quatre bateaux a vapeur , sous Ic comnaandement de M. Klausse , agent d'une (lompa- gnie de commerce de Pbiladelphle. — Cettt^ Notice est I'env'oyee au comite du Bulletin. M. Rocbet d'llericourl lit un resumti de la partie geograpliique de son voyage au royaume de Choa, et il communique les resultats de ses observations. M. Ro- cbet fait aussi don au musee de la Societe dc divers objets curioux qu il a rapportes de son voyage. Sur la proposition de M. le President, la Commis- sion centiale fixe le jour de la procbaine asseniblie generale au 19 df^cembre. — M. Rocbet d'llericourl est prie de faire une lecture a cetle seance. D ( 373 ) Seance da 5 decenibre 1845. Le procos-verbal de la derniere stance est lu el adopts. M. le ministre de I'mstruction publique adresse a la Soclete un exemplaire dc la Monographic de I'K- glise de N.-D. de Noyon. M. Jacobs 6cnt a la Soci^te pour luifaire hommage de sa carte du theatre des croisades, et de la Notice qui raccompagne. M. Jacobs prie M. le President dc lui accorder la parole dans cette stance pour rupondre aux critiques qui ont ete faites de son travail par un de ses collogues. M. le vicomte de Santarem offre a la Society la suite du Recueil de I'association maritime et coloniale de Lisbonne , ainsi qu'une relation de la navigation , des laits et succes des Crois^s partis pour la Terre-Sainte en 1189, 6crite en latin par un des crois^s , et tra- dulte en portugais par J.-B. da Silva Lopes , membre de I'Acad^mie royale des sciences de Lisbonne. M. de la Roquette offi'e , au nom de I'auteur, unc Description des ms. frangais du moyen-age de la bl- bliotheque royale de Copcnhague , pr6cedee d'unc Notice liistorique sur cette bibliotheque par N.-G-L. Abrahams , professeur a TUniversite de Copenhague. — M. Roux de Rochelle est prie de rendre compte de eel ouvrage. M. Jacobs lit une Note en r^ponse aux observation > critiques que M. Vivien de Saint-Martin a failcs sur sa carle du theatre des croisades. Cette lecture donne lieu a diverses observations de la part de plusicurs mem- bres, ct M. Vivien y fait verbalement une repliquc suc- cincle. La note de M. Jacobs est renvoyee au coniilc du Rullelin. conjointemciit avcc la rrponse doM, ^ ivien. ( 37/1 ) M. Jomard lit la suite do la relation clii voyage eu Arabic et en Kgypte , execute en IShh et 18Zi5 par MM. Sainte-Croix Pajot et Alciati de Grilhoii. - Ren- voi dc cctte communication au comitci du Bulletin. M. le President annonce que M. le vicc-amiral Ilalgan , vice-pr(^sident de la Soci^te, se fera un plaisir de prisider la procliaine assembl^e gen^rale en I'ab- sence de M. le baron de Humboldt. La Commission centrale regie ainsi qu'il suit I'ordre du jour de cctle stance : Notice annuelle des travaux de la Socit^te et du progr(!;s des sciences g^ograpliiques pendant I'annee 18/i5 , par M. le secretaire general ; Une sc6ne de mceurs en Abyssinie , par M. Rocliet d'Hci'icourt ; Considerations gendsrales sur I'avenir du commerce de la mer Rouge, par M. Lefebvre. Jssemblee geiiercilc du 19 dccemhre 1845. La Societe de g^ograpbie a tenu sa 2* assemblde g^nerale de 1845, le vendredi 19 decendire, a ril6tel-dc-Ville, sous la presidence de M. le vicc-ami- ral lialgan , directcur general du Depot de la marine, en I'absence S l-A SOCIJiTii. Seance dn 7 novembre 1845. M. cle Mauroy, ancien avocat aux conseils et a la coiir de cassation. iM. Ferdinand BAscAJfs, professeur d'histoiie et dc geographic a I'ecole egyplienne do Paris. Seance generale du 19 decemhre. M. Levi AlvarI-s, professeur de littdrature et d'his- toire ,etc. M. Mairy, sous-bibliothecairc de I'lnstitul. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCliiT^. Seance du S octobrc 1845. l'(ir le Ministcie de V agriculture et du commerce : Do- cuments sur le commerce exterieur. N"' 265 a 275 , juin et juillet 1845. Par la Societe ethnologupie de New-York : Transac- tions ol tiie American Ethnological Society. 1 \o\. in-8. New- York, 1845. — 1. Noteson northern Africa, the Sahara and Soudan , by Wiliiam B. Hodgson , in-8. New-York, 1844. — 2. American Anliquilies, and researches into the origine and history of the red race, by Alexanche W. Bradford. New- York, 1841. in-8. — 3. Rambles in Yucatan, oniiotes of travels through the Peninsula, inchiding a visit to the remarkable ruins of Chi-Chen, Rabah, Zagi, and Uxmal , with numerous illustrations. By B. M. Norman. New- York, 1844. iii-8. — 4. The climate of the United States and its endemic influences, by Samuel Forry, M. I). New-York, 1842. in-8. far r Association Britnnui(jiii' pour ravanceiuent des sciences : Repiul of tbe Imirti'i'iitii iiii'diriL; dl llic ( .'577 ) British Association for the advancement ol Science. Londresl8i5, 1 v. in-8. Par M. Biot : Note sur deux cartes chinoiscs repr(§- sentantles travaux du fleuve Jaune et du Grand-Canal. Par M. Noel cles Vergers. — L'Univers pittoresque , Arabic. 16" et i?*" livraisons. Paries auteurs et editeiirs : Ke\uc de I'Oricnt; Bulle- tin de la Society oi^ientale , septembre 18/15. — Jour- jiial asiatique, aout 18/15. — Nouvelles Annales des voyages el des sciences gdographiques , aout 18/i5. — %Journal des Missions evangeliques, septembre 1845. — L'Eclio du monde savant. Seance du 17 oclobre. ParPInstitutdu ^/y'W/; Revista trimensal de historia e geografla , ou Jornal do Institute historico e geogra- lico brazileiro, n"" 23 et 'Ik Par V Academie royale des sciences de Berlin : Me- uioires de cetle Academic pour I'annee 1843, Berlin I81I5, 1 vol. m-h. — Comples-rendus des seances de de cette Academic, juillet a dticembre 1844; Janvier a juin 1845, in-8. Par M. Conlier : Atlas general des phares et fanaux, a I'usage des navigateurs, public sous les auspices de S. A. R. M*' le prince de Joinville , 6" livraison. — L'Autriclie maritime , in-folio. Par M. F. Cliasseriau : Precis historique de la ma- rine Irangaise, son organisation et ses lois. Paris, 1845, 2 vol. in-8. Par M. le capitaine La fond : Voyages autour du monde et naufrages celebres, t. VIII et dernier, avec gravnres, in-8. Paris, 1844. ParM. /{(ni.f (le Roc'icl/c: Vinnncs et melanges litte- lalres. Paris, 1845, I \(>l. in-8. ( 378 ) Par les aiiteitrs et editeurs : Annalos inariliinL'S et coloniales, scpteinbre 18/|5. — Mtiniolres do la Sociite d'aiiilculture , sciences et arts de Valenciennes, t. IV, 1844, in-8. — L'Eclio du monde savant. Sea/ice dti 7 iio\'enibre 1845. Par M. le minis tre de la guerre : Lc Sahara algerien , etudes geographiques , statlstiqnes et liistoriques sur la region au sud des etab'ibsenienls Iran^ais en Alge- ria , ouvrage r^dige sur les documents I'ecueillis par les soins de M. le lieutenant-colonel Daumas, direc- teur central des affaires arabes a Alger, et publie avec Tautorisation de M. le marechal due de Dalmatic. 1 vol. in-S uvcc deux cartes, dont unc en 2 feuilles. Par M. le mi ids tre de i agriculture et du commerce : Documents sur le commerce exterieur (n'" 276 a 282) . Par la Societe royale il'as>riculiure de Londres : The Journal of the Royal Agricultural Society of England. Volume V, part II. Par M. de Khanikof] : Notice sur les steppes kirghi- sesavec une carte. Brochure in-8. (en russe). Par M. Fortiii d'lvry : L'Algerie. — Son impor- tance, sa colonisation, son avenir. Paris, 18/|5. Bro- chure in-8. Par M. le doctcur Eit'nmc Robert : Sur le monument et les ossemenls celtiques decouverts a Meudon en juillet 1845 , par M. Scrres. Broch. in-4. Par les auleurs et editeurs : Annacs maritiraos ot co- lonials portuguezas, N"' 1 et 2. Lisboa, 1845. — Nou- vclles annalos des voyages et des sciences g^ographi- (jues, septombre 1845. — L'Invesligateur , journal de rinslilul historique , octobro , 1845. — Revue de TO- rient. Bullelin do la Socii;l(^ orlenlale, octobre 1845. - — rb)urn;(l (b-s missions cvangeli(|ucs . n(lol)io 1845. ( 3-y ) — Journal d'6clucation populaire , septemhrc 18/i5. — L'Echo du mondo savant. Seance du 21 novembre 1845. Par les atdeurs et edlteurs : Annales maritimcs et co- loniales, octobrc 1845. — Bulletin de la Societe g(io- logique de France, septembre 1845. — L'lnvestiga- teur, journal de I'lnstitut historique, noveniLrc 1845. — Annales de la propagation de la foi, novembre 1845. — Recueil de la Societe polyteclinique, mars et avril 1845. — L'Eclio du inonde savant. Seance r/n 5 decembre 1845. Par le Ministere de /'i/istruction publique : Monogra- phic de I'dglise Notre-Dame de Noyon, Plan, coupes , elevations et details leves, mesur^s et dessin(!;s par Daniel Ram6e. Texte par M. Vitet, membre de I'insti- tut. Publiee par oixlre du Roi, et par les soins de M. le niinistre de I'instruction publique. 1 vol. ln-4 avec atlas grand in-foL Par M. Jacobs : Notice sur la carte gen^rale du theatre des croisades , in-fol. avec une carte. Par M. Isidore de Lowenstern : Essai de d(^chifl"re- ment de I'ecriture assyrienne pour servir a I'explica- tion du monument de Rhorsabad. Broch. in-8 avec planches. Par 31. le -vicomle de Santarein : Relacao da derrota naval, lacanhas e successos dos Cruzados que parti' rao do Escalda para a Terra Santa, no anno de 1189. Escrita em latim por hum dos mesmos cruza- dos. Traduzida et annotada por J.-B. da Silva Lopes, I.isboa , 1844. In-8. I'ar Irs (iiilntrs ( t cdi(cnrs : Annaos niarilimos c ( 380 ) coloniaes, n" 3. Lisboa , 1845. — Revue ile rOrient , novcaibre 18A5. — Rccueil de la Soci6t6 polvteclini- (jue, mai 18Zi5. — L'Echo tlu monde savant. Seance generale (III 19 deceinhrc l8/i5. Par la Minislere des affaires ctrangeres : Voyages piltorcsques ct romantiques dans I'ancienne France , par MM. Taylor , Nodier et de Caillcux. Bretagne , de la 13' a la 73° livraison ; Picardie, de la 98'a la 121<= liv. ; Dauphlne , de la 17*= a la 33" liv. ; Champagne . de la 8" a la 45' liv. Par le Minislere de la marine : Voyage au pole sud et dans rOceanie sur les corvettes I' Astrolabe et la Zelee , execute pendant les annees 1837 a 1840 , sous le commandement de M. Duinont d'Urville. Zoologie, 15" etl7' livraisons; Botaniquc, 9° et 10' liv.; Anthro- pologic , 6" liv. in-fol. ; Ilistoire du voyage , t. VIII , in-8 ; Botanique , tome 1", in-8. — Voyage autour du monde sur la fregate la Venus pendant les ann^cs 183G-1839. par M. Abel du Petit-Thouars. Histoire naturelle, 11% 12% 13' et 14° livraisons. — Atlas hy- drograpliique do ce voyage par M. do Tcssan , inge- nieur-hydrographe , publie par ordre du Roi sous le ministere de M. le baron deMackau, 1845. — Voyage autour du monde, exdcut^ pendant les annees 1836 et 1837 sur la corvette de S. M. la lioaite, , comman- dee par M. Vaillant , capilaine de vaisseau. Histoire naturelle el Zoologie par MM. Eydoux et Souleyet , mt'declns de lexp^dition. — Plan du port d'Aca- pulco, n- 1045. — Carte de I'ile Mayotte, n° 1040. — Essai sur la loi des tcmpetes et des coups do veiil applicpiee aux incr-s des Iiidos et de la Chlno, par 11. Piiiddingtou ; Iraduit do I'anglais par M. Fornier ( 381 ) Diiplaii , capitalno de corvetle. Broch. in-8. , 18/i5. Par r Acndeinie inipcriale des sciences dc Saint- Peters- boiirg : Memoircs de I'Academie, 6" serie ; sciences po- litlques, histoirc , philologie, tome V, 5° et 6" liv. — M^moires par divers savants , lus dans les assernblees , tome IV, 6" livr. — Bulletin de la classe physico-ma- tli6maliquc, tome IV, IN" 8 a 24. — Bulletin do la classe historico-phllologique, tome II , N ' 16 a 24, Par la Socicte royale geographique de Londres : Jour- nal de cette Sociele , \ 5'' vol. , 2'= part. , in-8. Pat- JSl. le prnfcsseur Abnihams : Recueil des manus- crits frangais de la Bibl'Otlieque royale do Copenha- gue , 1 vol. in-/i. Par M. de Maaroy : Du commerce des peuples de I'Afrique scptcntrionale dans I'antiquili, le moyen- age et les temps modernes, compare au commerce des Arabes de nos jours. Paris, 1845. Broch. in-8. Par M. Gerard: De la Zoog^nie et de la distribution des etres organises a la surface du globe. Paris, 1845. Broch. in-8. Par M. Lourtnand : Tableau theorique ct figuratil" du sysleme metrique, 1 feuille. Par /es antews el edilenrs : Journal asiatiquc , sep- tembre et octobrc 1845. — Bulletin de la Society geo- logique de France, octobre 1845. — Nouvelles annales des voyages , octobre 1845. — Boletin enciclopcdico de la Sociedad economica de Amigos del pais de Va- lencia, aout 1845. — Recueil de la Societe poly tech- nique, juin 184-^. — Annales maritinios et colonialos , noYcmbre 1845. — Journal d'education po|)alaire , octobre ct novenibro 1845. — L'Invesligatcur , jour- nal de rinslituthistorlque, decembre 1845 — L'licho du monch' savant. TABLi-: DES MATIERES CONTBMJKS DA N S I.E IV V O L U M E 1) E L A 3' SE 11 1 E. N"*7 a 12. ( Juillet a Dcecrnbro 1845. ) PREMIERE SECTION. MfeMOIRES, KXTRAITS, ANALYSES ET RAPPOIVTS. Pape». Notice snr Madagascar par M. BoNA-CiinisTAVE, lieutenant de vaisseau 5 Il:)|i|)ort sur les ouvrages de M. Desjobert, intitules : La Ques- tion d'yilyer [lS?>-]), I' Jlg^iie eu i838, eti/llgerie en 1844 ; par M. ConrAMiiEiiT 34 Extrait d'unc Ictlrc de M. Antoine u'Amadie sur les Falachn ou Juifs d'Abyssinie 43 Sur les Falac-lia on Juifs d'Ahyssinie , par M. A. n'AnnADiE (suite ct fin) 65 Voyage de M. Middendorff a Ondskoi et aux iles Sihantar. ( Extrait du Bulletin de rAcadcmie des sciences de Saint- Petersbourg par M. Dadssy ) -4 Bapport sur la fin de I'expedilion a Oudskoi, aux iles Schantar, et a travers la chaine des niontagncs de I'Est , par M. (/e Middendorff. (Extrait du Bulletin de rAcademie des sciences de Saint-Petersbourg par M. Salicis, enseigne de vaisseau). 86 Bapport sur le relief du Mont-BIp.nc, execute par M. SemI;. ( Commissaircs : MM. JoMAnn, rapporteur., Ai.bert-Monte- MONT, EvBiKs, absent, el le colonel Coiiabokuf ; MM. Vivien ET Bei\thelot , adjoinis io5 Annonce. — GrammairegeneraleouPhilosopliie des Ungues, etc., par M. Albert- Monl^mont ii4 ( 383 ) Shi Ics I'lK'iiicieii-i ( Kxlinit l(!r los lieligioim do I (nitiiiuitt', etc., du 1)' (^m.UTZlin , tr.idiiit p.ir M. Guioniaui 121 Sm Irs raros hninaines et sur los Iniijjues. ( Apeicus etliiio.^ra- |iliii|ii('s , cxfraits ilii Cosmon , on lissui (Vune dariiption physujuc (III monde ^ par M. A. de IluMBOtnT.). . . . i45 Notes sur I'article precedent. (Communique jyar M. Guitjniaut.). iS/J Voya;;e au Bahr-el-Abiad, par M. J. Lafargi'e, — Extrait d'une leltie de M. \e D' Peiroii. [Communique par M. Jomnxl.). i5i) llapport lie M. Ii' R" D'' Abeken , compajjnon de voyajie dii D' Lepsius , fait a la Sociele egyptienne dii Kaire, en a-.seiii- l)]ee jjeiierale. sur leur voyaye en Nubie, et adresse par M. le D'' Perron. { Communique' par M. Jomard.). . . . 1G8 l'",xliait d'une lettre de M. le general Marev siirson expedition dans le desert i8o Rejume d'un voyag- en Arable et en Egypte , execute en i844 el 1845, par MM. Saiste-Ci'.oix Pajot et r'Alciaii de GniLHON :85 Conimuniention de M. IlociiET n'HEiiicoiirr sur son voyage au Choa 208 Exploration dii Pilcomny'o. — Extrait du fier.taurador de liolivie, par M. Bertiielot 218 Discours prononce aux obseques de M. H'arden, par M. Roiix tiE RociiELi.K 226 Deterniinarion de^lajiositioii de Saka , en Abyssinie , d'apres les observalions de M, A. d'ylbbadie , par M. Daussy . . 23o Discours prononce par M. le vice-aniiral Hainan, pair de France, direi-teur-general du Depot de la marine, a I'Asseniblee ge- nerale du 19 deccrnbrc 1 845 ■ . . , . . . 514 ' Notice sur le progres des decouvertes geographiques et les travaux|de la Societi- de geograpliie pendant I'anne'e i845 , par M. ]^. Vivien nt S.MJiT-MARTlN, secretaire-general de la Commission centiale.^ 24'^ LaOolleelioi) geograjjlrupie do la Ribliotheque royale en 184.'), par M, Jomard 3oi Les Mwurs religicnses dans le royaunie tie Choa, par M. Rochet d'Heixicoi'rt. 317 ( 38/1 Coiisiileratioiis" ;;<'ii( rales sur I'.ivciiii ihi ( oinincrcc ilc li mcr lioiige, par M. Lekkuviik Voya{»u en Asie-Miiieure ilc INF. IV^ill. J. Uamiltou, i