gig- A- .=?/• BULLETIN BE I, A SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Tcoisienie Serie. TOMX V. lU'UI'Al i)i: I. A SOCII-TE (ELECTIONS DV Ti M A 1 1844.) Presidriit. I' ice- Preside n ts . Siiiitiitt iirs. Secretaire. M. le barnn de HiiMnoi.nT. i\l. le vicc-aiiiiral Hai.han, ilirc(lriiri;('n(-'ial ilii nr|j o 1 de la marine. J M. JiBEi.is, soiib-secirlaire d'elal au deparlt'nitnl ile la rnarjiie. I M. Df.sjobert, depute. I M. Gay. M. Dl'FI.OT DE MOFKAS. Liste ties I'lesidtiitx honniaires tie la Societe , tlepiiis son ortgine. MM. Le marquis de Laplace. Le marquis de Pastoret Le \iromlode rnATEArBR(«ND. I.e romte Chabkoi. dk Vot.vic. Becquey. Le baron Ai.ex. de Hiimboi.dt. Le romleCHABROL df, Crousoi.. I e baron (Iuvier. Le baron Hyde de Meuvii.i.e. Le due de DouDEAUvit.i.E. .T-R. Eyries. I.e romle dp Ricny. DlMONT DllRVir.I.E. Correspoitdnnts etrangers dti MM. Le ^. Le colonel Poinsett, a W'a^hin^loii. Lecol. d'Abrahamson, a (;o|)enliai;ue. Le prnfesseur Schumacher, a Altona. Le doeteur Keingan(im a Berlin. I.e eapil. sir .1. FKANKi.rN, a I.oiulres. Le duoleiir Richardson, a I ondri-s. Le prolessi'iir Rafn, a Copenhagiic. Le capitaine Ora •.■(, a r,oppnhai;iie. AiNswoRTH, a Ediinbonrf.'. Leconseiller Apr. en BAi.Bi,aVieniie. LcronileORABERr. DEHFMs6,aFlorenre. MM. Le due Decazes. Le coiule de Montalxvet. Le baron de Barante. Le lieiilehaiit-f;enerai I'Ei.tr. Guix.oT. De Sai.vandy. Le baron 'I'uriNiER. Le romle de Las Cases. V I I.I.EM A in. CuNiN Oridaine. L'amiral baron Roussiw. Le vice-ainiral baron ile Mackao ns Vortlre tie leur ntmiination. MM. Le oolonel Lono. a Philadolphie. Sir J*. Le colonel Jackson , a Londres. I'ARIS. nu'iinii.fiiK •)••; iio'ji'.i;oiiNB et maiuim;! rn^ J..rol, 30 BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIC, Troisieiiie Seriei ^onu cinquicmc. PARIS, CHEZ AUTHUSBERTRAM>, I, 1 B R A I R E D E LA SO C I li T li D E 0 E O G R A P II I E , RUK HAUTEFEIIILtE, n" iI. 18UJ. CO M MISS I O N C KN 1 H A L K. COMPOSITION DU bUREAU (Eleclioii dii 9 janvicr 1846. President. M. DArssY. fice-Preiidents. MM. le vicoinli- us Sai^tarem , Ronx in Rochkiik. Sccretaire-geiifml. M. Vivien be SaiktMartiii. Section r/r Correspondance . MM. Bajot. MM. C. Moreaii. Callier. Noel-Desvergers. Cochflet. D'Orbigiiy. Gui);iiiaiit Raroii Ro^er. .Tauherl. Texitr. LafoiiLl Ihomassy. Lebas. Section de Publication. MM. Alliert-Montemonf. MM. Jomard D'Avo/ac. Baron de l.aduiicelti* Ferlhflot. Letronne. CurlaiiilxTl. Roux de Ruchelle. De Frohnville. Teniaux-Oompans. Gay. Le baron VValrkenaer. Imiiert des Motlelettes. Section (le ComptahiUte. MM. Ansart. MM. F.yiics. Le colonel Corahopiif. Isainbert. Cuulbaiid. De la Roquelle. Comite charge de la publication du Bulletin. MM. D'Avezac. MM. Joniard. Bfrlhelot. Noel Dcsvergeis Coihflel De Ih Ro(|tietle. Corlainbtrt. Ronx de Rorlielle. Daussv. "Vicoiiile de Santarein. Gtiiguiaiil. Vivien. M. Cbapellicr, iiotaire, tresorier de la Soriele, rue Saint-Hoiiore , 370. M. Noirot. af;enl-general el bil)li(>lberaiiv de la SiM-iele, rue de ri'iiiMi- skle, a'i. BULLIil IN DB LA f r SOCIETE DE GEOGRAPHJE, JANVIER 1846, PREMIERE SECTIO]>J. MfiiMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS, Rapport la par M. le vicomte de Santarem a fa Societe de geographie sur tin Mei/ioire de M. da Silveira , relativement a la decoiwerle des terres du Pretre-Jeaii et de la Guinee par les Portugal's, M. da Silveira ro'ayant charge de faire hommage a la Societe du Memoire cbronologique qu'il vient de publier sur les decouvertes des terres du Pretre-Jean , j'ai cru devoir vous rendre compte de cct int^ressant travail. Dans cette premiere partie , I'auteur traite des de- couvertes et des differentes explorations effectu^es pendant le r^gne de Jean II de Portugal : c'est a sa- yoir depuis 1481 jusqu'a 1495. ( 6) Tout son r^cit est appuy^ sur Tautorilti d'un grand nomhre de documents prt^cieux , lous inedits, et tirds pour la premiere fois des archives royales ( Torre de Tombo). Ces documents nous offrent de nouvelles preuves de la priority des decouvertes des Portugais dans la vroie Guinee. L'auteur, montrant comment Jean II avail conti- nue la conquele de la Guint^e , commenc^e par ses pr^decesseurs , nous signale la particularity curieuse que ce monarque, avant de monter sur le trone, avail pour apanage les revenus du commerce et des pfiche- ries de la Guinee , de la Mine el d'Arguim , et des terres nouvellement decouvertes. Le document que l'auteur produit a I'appui est une Charte d'Alphonse V, dat6e du h mai 1481. Ce sou- verain y dit qu'il avail , bien avant I'annee precitee , charge le prince son fds des aflaires qui concernent la Guinee , el de I'exploration des mers , des terres et de leurs habitants , lesquelles terres etaient toitjnurs res- tees inconnues tant a ceuv qui -viuaient alors qu'a ceux qui etaient deja iiiorts Jusqn'a t'epoque de r Infant D. Henri. Le roi fait ensuite une donation au prince de toutes ces terres et de leurs revenus , tant dans la Guinee proprement dite , que dans d'antres que nous appelons Guinee , quoiqu'ellcs aicnl d'aulres noins. En consequence , pour poursuivre ces decouvertes , et notammont colle du passage aux Indes orienlales en doublant I'Afrique , Jean II envoy a Diogo d'Azainbuja avec 9 caravelles et deux ourques. U lit embarquer sur celte flotte 100 macons pour achcver la construction. ( 7 ) de la forteresse d'Arguim que le roi son p6re avail fait couiinencer. L'auteur dii Memoire, a propos du marin doiit il est question , nous fait connaitre un document pre- cicux qui , comrae il le dit lui meme , nous fournit encore une preuve irrecusable de plus a ajouter a celles que nous avons nous-meme produites a la p. 57 et suiv. de nos Recherches , que ce furenl les Portugais qui batirent le chateau de la Mine. II s'agit ici d'une Charte du roi Jean 11 , datee du 17 mars lZi85, liree des archives royales. Par cette Charte , donn6e en faveur dudit Diogo d'Azambuja , roi declare que cecapitaine ayanl rendu de grands ser- vices dans les guerres, et notamment ayant fait con- struire la forteresse ou chateau de S. Georges da Mina dans la Guin6e , il lui accorde la permission d'ajouter a ses armoiries un chateau , en commemoration de ce fait (1). Aux preuves produites par ce document, l'auteur a joint un passage textuel tire de I'ouvrage in^dil du fameux Duarle Pacheco , dedie au roi Emmanuel- le-Grand et intitule : De Situ urbis , dans lequel cet auteur, contemporainde ces 6venemonts, rapporte que la Mine a ete decouverte d'apros I'ordre du roi Al- plionse V, en Janvier lZi7l, par J. de Santarem et Pedro d'Escovar, chevaliers du roi. Voici ce passage, qui sc trouve dans le chapitre V de I'ouvrage de cet 6crivain contemporain : « Quoique nous ayons deja rapporte dans le second » livrc comment I'excellent roi D. Alphonse V de Por- » tugal ivait fait d^couvrir la ^liiic , el quo nous ayons (l) Fid. Mrm. , |i (i , not. o. ( 8 ) » cite les capltaines et les pilotes qu'il avait envoy^s a » cette expedition , il convient do dire maintenant » comment le serenissime prince, le roi D. Jean II de » Portugal son fils, a (ait extJjcuter, aprt's la mort de » son pere , la premiere fondation du chateau de Saint-^ » George de la Mine , lequel , d'apres I'ordre de rp » prince magnanlme. Tut construit par Diogo d'Azam- » buja, chevalier de sa maison et commandeur d'Al- » ter-Pedroso, le 1'' du mois de Janvier de 1482, y » 6tant all6 avee 9 caravelles monloes par des hoinmes » tres honorables , et dont il ctait lo commandant en » chef ( Capitao Mor). II conmiandait en outre deux » ourques de 400 tonneaux chacune. qui avaient a » leur bord une grande quantite de chaux , de pierres » de taille ciselees et d'autres objets a I'usage de sem- )) blablcs constructions. Malgr6 les grandes contesta- » lions qui s'^levferent entre nos gens et les nfegres de » cette terre, qui voulaient s'opposor a cette construc- 1) tion, on est venu enfin a bout de la batir malgre eux, » et de la terminer avec beaucoup d'utilite et d'acti- )) vit6 , qui alors etait de grande n^cessite pour nous » defendre et nous garnntir lous ; ensuite le meme roi » Jean II a juge qu'il convenait d'y faire beaucoup de » constructions , et nous snt>o/is (jue duns loute P Ethio- y> [jie de Gut nee, depuis hi crcntioti du inonde, ce chateau a » etc le premier edifice qui jut construit dans cette region, » edifice dans lequel notre seigneur a fait immens6- » ment prosperer le commerce , etc. (1). » (i « E lemos sabiilo que eui toda a Ethiopia de Guine , depois de » ser dada creacas ao mundo , psie foi o piicnoiro edificio que na- » qiiella rojfiao sefez , nnqual casa Nosso Senhor accrescentou lam » fjiandeinente n fottiinercio. » ^ous prions lelecteur de rap|)roflicr i:c pn'-cieiix tcmoif;na{;e gon- ( 9) 7\ux documents authentiques que M. da Silveiravient de publier, nuus en ajouterons un autre d'^gale au- thenticit(!! ; c'est, a sa\oir, la Bulle du pape Sixte V du 11 septembre IZiSl en faveur des Portugais , qui periraient durant la construction du chateau de la Mine (1). A la description minutieuse et detaillee faite par Pacheco , que nous venons de transcrire , I'auteur ajoute des eclaircissements au sujet de Fernam Gomes, surnomme de la Mine ( da Mina ) , a qui Jean II af- ferma une partie du couiinerce de la Guinee sous condition qu'il decouvrirait 500 lieues de cote (2). L'auleur nous donne ensuite des documents egale- ment tirt^s des archives du royaume au sujet de Diogo Cam , qui d«^coiivrit le Zah'e et le Congo en 1484 (3). II y ajoute un tr^s long passage copie textuellement de I'ouvrage inedit du fameux Pacheco, De Situ orbis au sujet des colonnes [Pndroes) que les capitaines por- tugais ^levaient en Afrique par ordre du roi pour con- stater les deoouvertes et la prise de possession par la temporain et authentique il'un auteur tlu xv" siecle avec ceux que nous avons pioduils dans nos Recheiclies sur la priorite des decou- vertes des Poilwjais , p. 29 a 40 , et I'Addition VIII , p. 267. (1) Nous donneions ce document dans la seronde partie de nos Reclwrclies. (2) Vid. nos Becherches deja eitces , p. 77, et I'Addilion XIX , p. 273. M. da SHveira nous donne une Chaile d'Alphonse V, dalee id , p. i3 et It. (10) couronne du Portugal. Le passage en question vlent fournir encore de nouvelles preuves de ce que nous avions deja demontre a ce sujet dans nos Recher- cl,es{\). Voici ce passage de I'auteur contemporain. « En partant desdils bouquets de bois ( innutas ) , 2 5 lieues au sud-sud-ouest, on a trouv^ un grand neuve que nous appelons maintenant Rio-do- Padrao , et que le ser6nissime roi D. Jean li fit decouvrir par Diogo (7a/«, chevalier de sa maison , dans I'ann^e de N. S. de IZiSil , et ce fleuve est a 7 degres de la ligne 6qui- noxiale vers le pole antarctique. » Puis continuant a en faire la description, il ajoute : « Et corome, al'epoque ou on I'a decouvert, on avail place a son embouchure un grand monument de pierre [fjadrao] avec trois in- scriptions , I'une en latin ,; I'autre en portugais et I'autre en arabe , par cette raison on le nomma Rio- do- Pddrao). » Dans ces monuments on a grave los armoiries royal(!S du Portugal, le nom du roi regnant , celui du decouvreur et I'annee de la decouverte. M. da Silveira expose ensuite les premiers rapports que le navigateur portugais Diogo Cam eut avec les habitants du royaume do Congo , et traite de la de- couverte du Benin par Jean Alfonso d^ Aveiro en 1/180, et nous apprend que ce navigateur y a pris des nature Is du pays des rcnscignements au sujet des terres du fameux Pretre-Jean. lis lui apprirent qu'a 250 lieues au-dela de leur (l) Voyo/. Hcthfiches siir In piiorilc de la dec.ouverlv des /"'_)$ $'- tiies au Slid du cap liojador^ p. yc) , i K), lio, et Adclilioii XII , 1). i-l el |i unt iiiit. .1. ( 11 ) pays , il y avail un prince tres puissant nonim^ Ognne^ si redout(i par sa grandeur et par ses forces, que, pour s'assurer du repos dans leurs Etats , les rois de Benin recevaient de lui one sorte d'investiture . laquelle consistait dans une longue croix de cuivre de la forme de la croix de Saint-Jean de Jerusalem, travaillt^e avee le plus grand soin. On envoyait de Benin un ambassa- deur avee de riches presents pour solliciter ces mar- ques de royaut^; mais il ne voyait jamais I'Ogan^ , qui ne lui parlait que cach6 derriere un rideau. En rapprochant ce recit d'un passage de Barros , I'auteur remarque que cet ecrivaln rapporte qu'un ambassadeur du roi de Benin , qui est venu en Portu- gal en 1540, portait une de ces croix. Lorsque le roi Jean 11 regut les communications dont nous venons de parler, il assembla une commission de cosmograplies , lesquels, apres avoir compare ces donn6es avee les recits de quelques pretres d'Abyssi- nie venus en Espagne en compagnie des moines de di- vers ordres qui etaient alles en Palestine , et les avoir rapprocli^s , tant de la description de I'Afrique de Ptol^m^e que des decouvertes deja effectuees par les Portugais sur la cote occidentale du meme continent , furent portes a croire que le prince dont les habi- tants de Benin faisaient mention devait ctre le Pretre-Jean. lis furent tous d'avis qu'en continuant a reconnaitre la cote vers le sud , on arriverait a un point ou forcement elle devait changer de direction vers Test. Ee roi decida qu'on y enverrait immedialemenl des personnes intelligentes par mer ct par terre pour ri~ soudrcce problcme (1). (i Viil Mini 11. ao. { 12 ) Tels furent les motifs qui donnerenl lieu a la fa- nieuse expedition de Bartlieleiny Dias, qui, le premier, doubla le cap qu'il appola des Tourmentes, et que le roi Jean II nomma de Bonne-Espeiance (1). L'auteur du M^uioire produit encore quelques do- cuments tir6s des archives roj ales, relatifs au celebre pilote Pedro d'Aleniquereia. Joao Infante, qui a donne son nom au fleuve situe sur la cote orientale d'A- frique que Ton voitainsi designd dans les cartes depuis la lin du xv' siecle. En mfime temps que Jean II en- voyait Dias et Joao Infante par raer, il expediail par terre un religieux franciscain nomme Fr. Antonio de Lisbna , charge de trouver une route pour les Indes orienlales , et plus tard il donna la meme commission a Pai\>a et a Covilhd , qui savait parfaitemcnt I'arabe; tous deux partirent de Santarem le 7 mai 1487. On leur donna une carte tiree de la mappemonde de Cal- sadilha , evcque de Viseu , et savant astronome , et le roi leur ordonna de marquer sur ladite carte et leur itineraire et les villes qu'ils visiteraient. On les munit de lettres de credit pour de grosses sommes. lis abor- derent a I'ile de Rliodez , qui appai'tenait encore aux chevaliers de Saint-Jean de Jerusalem, ou ils furent loges chez deux commandeurs portugais nommes Pi- menta et Avellar ("2]. S'ctant ensuite rendus a Alexandrie , ils gagnerent le Caire avec la quality de marchands , et en compa- gnied'unecaravane de Maures de Fez et de Tremisen; ils visiterent Tor sur la mcr Rouge au j)icd du mont (l) Viiino lo raineux Barthclcmv Dias de Novaes, revenant de son grand voyage aulour de TAfrique, et tous cesr^sultats determin^rent Jean II a poursuivre scs explorations. A I'epoque de la mort de ce monarque, fcs d^cou- verles des Portugais s'etendalent jusqu'au Rio-rlo-In- /(■*»/<', c'est-a-direal, 885 lieiiessur la coted'Afrlque (I). Martin de Bohaim, contemporain de celles qui s'elfectuerent sous le regne de ce roi , ct qui a ele a son service , les signale dans les legendes de son fa- meux globe, conslruit en 1492, du vivant du roi deja cit6 (2). En terminant cette notice, nous croyons qu'il est juste de dire que M. da Silveira a rendu un veritable service a I'liistoire de la geographic par la publication de nouveaux documents contemporains des d^couvertes portugaises en Afrique, et notamment en Guinee , documents qui augmentcnt les prcuves de la priorite des marins de cette nation dans I'esploration de ces contr^es. Nous nous permettrons d'ajouter ici que ceux qui, plusioiirs siecles apres les grandes decouvertes des Por- (i) Voyez n.)> Recherches mr la prlorlle des decouvertes des pays sitiie'sau suddu cap Bojador. Introtliiclion , p. LXIX, et § XI p. i i8 a 121. Ibid ^ p. 529; Addition. XXVI. (a) Les lcj;endes tin'oii iroiivt? dans le fameiix {jlolie de M;irtin d<- Bclinim, lie if\^'>t sonl non .seulemeiit df la plus f.rande aiillieiitioitc', inais encore deviennent d'une grande importance parci- (lu'elles sont rapportees par un luinoin oculaire et prouvent linconteslablc priorite des decouverles des Ponugai.s sur les cotes orcidentales d'Afrique au-dela diirap Bojador. Nous lis transcrirons ici de nonveau. D.iiis la parlieinleiieuic dn globe, sous la li(;ne, on lit ce (|ui suit: .. II faut savoir que cette figure dufilolie represente toule la grandiur «le la iPire, i^nl en longirudc quVn latitude, mesuree geomelri- ( !■> ) lugais , sorilvenus leur dispiiter la priorite de collo de la cote do la Mine et ile la tondatioii dii chateau et de I'eglise dc St. -George, devalent produire des documents pareils a ceux que nous avons deja publics dans nos Recherches, pareils a ceux dont il est question dans ce rapport. Mais loin de cela, ils n'ontpas nieme cite un seul des nombrcux documents que nous avons pro- duits dans nos Recherches pour prouver I'incontcs- table priorite des decouvertos des Portugais en Afrique au-dela du cap Bojador ; ils viennent assurer qu'ils queinent d'apres re que Plolemee dit clans son livre intitule Cosmo- f/rapliia PtolemcBi^ savoir, ulie paitie et ensuite le reste d'apres le chevalier Marc Paul, qui de Venise a voyage dans i'Orient, Pan i25o, ainsi que d'apres re (|Ue le respeclaMe docteur et a Ptolemee dans I'Orient avec tontes les lies qui appartiennent a res contrees, d'oii nous viennent les epiceries et les pierres pre- cieuses. Mais I'illustre Don Juan, roi de Poitup,al, a fait visiter en 1485, par ses vaisseaux , tout le reste de Ja partie du globe vers le midi que Pt.ileinre n' i pasconnue, dtcouverte a laquelle , nioi r|ui ai fait ce globe, me suis trouve. » Au cap de Bonne-Esperance il est dil : « Ici furent planters les colonnes du roi de Portugal, le 18 jaii\ier de Ian l485 de notre Seigneur. L'an i484> lillusire Don Juan , roi de Portugal, fit equi- per deux vaisseanx qu'on appelle caravelles , munis d'liommes avec des vivres et des avmcs poui trois ans. II fut ordonne' a lequipafe de navigiier en passant par les colonnes plantees par Hercule en Afrique, loujours vers le midi, et vers les lieux d'oii se leve le so- leil , aussi loin qu'il leurserait possible. » II rapportp ensuite qiielqnes parliculariles cuiieuses arrive'es dans cetle expedition , et ajoute : « Ktant ainsi eqnipes , nous sortimes du port de la vilie de Lisbo'nne el fimes voile vers file de Madere, oil croit le sucre de Poi tugal , et apres avoir double les iles Fortuiie'cs et le.s lies sauvages des Canaries, nous trouvames des rois M.nures a qui noMs fimes des presents, et qui nous en offriient de leur ( 16 ) apportoiit Ics preuves des I'aits contraires (1), qiiand ils ne font quo roproduiic co qui avail d^ja 6te rcjot^ d'apres les regies les plus impartiales de la critique historique. Ce qu'ils soutiennent pourra seduirc do prime abord dos esprits superficiels ou avcntureux ; mais les savants consciencieux leur diront , que les textcs (jit'i/s proditi- sent seiilemeut en pnrtie, rdi\)\>YOch{iS de ceux qu'ils out passes sons silence, sontdos preuves toujours positives, directes , expresses, soil jiour afllriner la priority in- contestable des decouvertes r^elles des Portiigais au- dela du cap Bojador, soit pour detruire les objections ne- gatii'es ou les faits contradictoires, qn'on tente de leur op- poser. Car, en efTet, on ne parviendra jamais a persuader a des esprits s6rieux que des tentatives, les unes mal prouvees, les autres qui ont compl^tement 6chou6 , doivent etre 6lev6es au rang de decouvertes , et que les decouvertes reelles, constatees par les docu- ments contemporainslcs plus autbentiquns, etcpii pro- cote. Nous arrivames dans le pays appele royaume de Gambie ou croit l;i malaguette ; il est (■loipne dc 800 lieues d'Allemagiie'ldu Portugal; apres quoi, nous passames dans le pays du'roi' de Furfur, qui en est eloij'ne de 1,200 lioues oumilles, el ourroit Ic'poivre qu'on appelle poivre du Portu<]iil. Plus luin encore ,'"et au-dela, est un pays on nous trouvames que croit I'ecorce de cannclle. Nous etani ainsi eloignes du Portugal dc :>,3oo lieues,nous revinmes cliez nous, et le dix-neuvicnie inois nous' nous lri;uvames de retour chez notre roi. " (1) Voyez Notice (les D^couverles fakes au Moyen-nye dam I' Ocean Atlantique, puMiee dans Ics Nouvclles AnnalesMes Voyages, cahier du mois d'octobre i8/j5, p. S2 et a3. ( 17 ) fiterent a la science en agi'andissant le domaine des connaissances liuniaines , dolvent etre considtirees comme de simples reconnaissances (1) ! ! Note siw la carte genciale dit theatre des Craisades et siir les obseivations cn'tujiies doiit cette carle a ete Vohjet. Messieurs , 11 a paru dans le cahier de septembre des Nouvelleft Aiinales des Forages un article ou le secretaire-general de la Societe critique avec heaucoup de s^verite la carte que j'ai dressee pour I'histoire des croisades, et le Memoire (]ue j'ai redige a I'appui de cette carte. La Societe me permettra , je ponse, de justifier mon ft) Eneffet, les tfnl.nives (ine rauleiu Je la Notice inseree dins lei NounelU'S y^iiiialesdes l\ync/es di\ inois il ocloi)re de I'annee i845 vent elever au rang de decouveitcs et de- faits acioinplis, ne soni qua des teiitaiives dont les unes ont c'clione et les aiitres sont ol)sciu es on piobleniatiques ; il vient pom- la troisieine fois citer reulreprise du Catalan JaC(]ue5 Feirer pour aller a un flenve d'.iv en l34G; in. lis mallieuieusenient rauteur lui meine est force de produire le texte qui pronve (pi'on ii'a pas meuiesn ce (pi'ileiait devenn (p((/t ipso gallealia nun/jiKun po^tea aiujuid novum habiterunl. (Nouvelles Annal. cah. cit. p. 42, note l. Voyez aussi I'analyse que nous avons fai(e. p. 'i& et 4' ) ' qumid le texte m^me, qu'il produit seulement en partie, montre au onlraire qu'il lie I'avait point doutile', puisqu'il dit de la maniere la plus for- melic nuil elait alle hieii pres du port de Hugeder ! On a done com- mis une double erreur vn Faisant donbler le cap a Belhencourt, et en indiquant que le port elait au sud du cap, erreur sur laquclle nous comptoiis revenirdans un autre travail. Enhn, aupres des nombreux documents que nous avons cites dans nos flec/ierc/ieset de ceux qui sonl mentionn^s dans ce Memoire, de quelle autorite peuvent etre les pretendus lemoignages qu'on vcut trouver dans le rccitde Braun el6i. ( 23 ) car il nc comj>reu(i qu'uiie partie des lieux cites dans le Memoini ; mais les rapports des lieux entrc eux sont souvent denatures. On demande aussi ce que j'ai a dire pour defendre remission de I'itineraire des Crois6s de 1101. — Cc n'est pas sans motifs qu'il ne figure pas surma carte. II m'eut ele facile de le tracer a I'aide des precieux renseignements que m'oflrait M. le colonel Callier; mais cet itindraire , ainsi que ceux de Pierre I'Er- mite , d'limicon , de lioemond , etc. , elaient secon- daires en ce sens qu'ils ne sont que des incidents de la premiere Croisade. Pour 6viter la confusion , je ne devais mettre sur la carte generale que les principales lignes ; il etait meme question dans le principe de ne dormer que I'itineraire de Godefroj; c'est le seul dont il soit parl6 dans le rapport que j'ai cite. II me reste a i-6pondre a robjection relative a I'iti- neraire de Fr6d6ric I". On pretend que j'aurais dii me servir de la nomenclalure grecque de la geogrnphie inysienne. — J 'ignore ce qu'on entend par la. J'ai cherche la synonymic dont on parle dans Strabon.dans Ptolem6e et dans Hl6rocles, et je n'ai rien trouv6 (1). Comme, en m'attaquant sur des sujets de reclierches en partie Strangers a j'objet de nion travail, on a pass6 (i) Cette synonymie (piP ion n f^it connaitre se reduit a deux norriH d(; lieux tnii ne m'etaient pas inronnus, Biylta pour Spigast , «t I'oemaneuu^ pour Vpomenon. Voici pourf|Uoi je n'ai [las tenu coiMpti- f)sitioii rst liideiise et ne pent par coii sequent lieii |iroiiver, Yponieiion so tronvait a quatre jo'inu'es lie maiche de Sjiicast , c'est-a-dire a environ vinfjt lieiies de celle ville. Or, si en se dirijjeant veis Tliyatin- on picnd eelle dis- tant e , soil de Hi{;ha lueiiir , mjiI dii lien lii|in' du 19 deeeuibre iS^S , doiinei un apercu d^s pi(){;ies de la geograpliie pendant celte annee. Coinme il emit nature! de penser qu'il ferait mention de la carte des Croisades , on a cru neccssaire de lire a la Coniuiission ceiitrale une reponse aux observations eiitiques dont cetle carle avail e'te Tobjet dans les Nouvelles Annates des yoyaijes. I^a Commission a bien voulu ordonner I'insertion dans son r.iilleiin de cette reponse , dans la(|iielle je crois avoir denionirc aux lioninicscoinpelcnls ijue its re|>iO(lu'> ipii in'ri.iiinl adn-.-f's netaient pas tondes. ( 28 ) Obseuvatio.ns de M. Vivien de Sai.nt -Martin siir la Aote prccecle/ile. La Commission Centrale, dans son respect scriipu- leiix pour CO qu'elle a consid6r6 comme le droit de defense d'un membre de la Socii^te , ayant , siir la demande de M. Jacol)S et de queiques aulres mem- bresde la Commission, autoris6 la publication dans le Bulletin de la Note prec^dente , je crois ndcessaire de consi;j;ner ici queiques observations. Ces observations seront au resle tri'S courtes et tr^s g6neralcs. Les remarques critiques auxquelles M, Ja- cobs a voulu r^pondre ayant ete publi^es dans un Recueil g^ographique etranger a la Societe , il ne con- vicndrait sous aucun rapport de transporter dans le Bulletin de la Societe une pol6mique qui nc se rattache en rien a ses travaux; inais je ne puis ndanmoins gar- der ici le silence, d'oii Ton pourrait inf^rer que je passe condamnation sur les reponses contenues dans la Note precedente. Je regrette beaucoup d'avoir pu , dans ma preoccupation, un pcu vive peut-etre , pour les intf^rets et I'honneur de la science , employer queiques exjiressions dont s'est affect^ M. Jacobs, que je n'avais I'honneur de connaltre en aucune I'acon lorsque j'ecrlvis mes remarques critiques sur sa carte du Theatre des Croisades ; ces expressions , je les re- tire de grand coeur, parce qu'il n'est ni dans mon caractere ni dans mes habitudes de mettre jamais des questions de personnes a la place des questions de piloses. Mais quant au fond meme de mes remarcjues, ( 29 ) je dois d«^clarer que rien, dans la Note qui precede, ne m'a paru susceptible de modifier en quoi que ce soit ma premiere opinion. On m'allegue des noms et des autorites que sans doute je respecte profondement ; mais on ne d^montre nullement par une discussion geogrnphiqite que mes critiques ^taient mal fondees ; e'etait la toute la question. M. Jacobs s'elTorce d'abord tres longuement de d6- montrer que j'ai dit a tort que la partie de I'Europe quil a fait entrer dans sa carte et qui en occupe une tres grande 6tendue, etait un hors-d'oeuvre tout-a-fait inutile; mais je prierai M. Jacobs de remarquer qu'il confond ici deux choses parfaitement distinctes, et que In mnrche des Croises en Europe n'est pas le t/ieatre des Croisndes. Nous avons pense , et nous pensons encore , que si Ton eut place dans un petit cadre par- ticulier le trac^ des routes suivies paries armtlses croi- sees jusqu'a leur arrivee en Asie , on eiit pu , ou di- minuer la gnmdeur de la carte , ce qui n'eut pas 6te plus mal pour le peu de details qu'on y a mis , ou donner aux parties vraiment importantes du tra- vail un plus grand developpement , ce qui eut ete mieux encore si on eut voulu les ti^aiter en conse- quence. Mais ce sont la des v^tiiles; passons. J'ai dit, et je persiste a maintenir, que la carte de M. Jacobs ne r6pond pas a ce qu'on 6tait en droit d'attendre d'un travail edit6 par I'lnstitut de France , et ou Ion se proposait de montrer dans son ensem- ble I'etat g^ograpbique du Theatre des Croisades. J'ai dit qu'il y avait une erreur considerable dans une certaine partie du trace de I'un des itin^raires des Croises : jusqu'a ce que Ton m'ait d^montre geogra- ( 30 ) />/iiqiiertie/if \{i conlraivti , je maintiens moii assertion , pret , s'il le laut, a on developpei" les raisons (1). J'ai (lit qu'il y avail dans TAsie-Mlncure des omis- sions trc'-s graves et tres nombreuses. Je livre a I'appre- ciation iinparlia/e des homtnes comp^tents la rdjponse quo Ton fail ;i cctlo observation. (l) D.ms une 'note que I'oii a ajoutce a la Reponse tie M. Jacobs, sans doute d'anres le peu d'explicalions verbales fjue je cms devoir donner apres la lecture de celle Uejionse, on a ciu refuler victoripu- sement cette lemarque en rappelant, ce que je savais ties bien, qu'nn vieux chroniqueiir, copie par plusieurs aulres , (lit que {'ariuc'e Ac Frederic laissa iancienne Troie sur la gauche dans son voyaye de rilellespont (qu'elie traversa a Gallipoli) a Tlivatire. II y aurait pour celle partie de I'itineraire des Cioises allemands sur lafjuelle nous avons arcuc dViiPur ic trace de M. Jacobs, m :liere a touic ime disserlation ; niais quoique nous soyonspiet a suivre nos adversaires sur ce terrain quand ils vouilront Taborder, atlendu c|uc notre opi- nion s'est fornice >.ur une (-tude ires airenlive des localites, telles que nous lis foul CDiinaitie les explorations recent es les plus circon- stanciees, nous nous bornerons ici a une seule reflexion qui simplihe deja passableuient la question : c'esl que dans aucun cas possible, que Ton suive les Croises, comme nous sonimes convaicu que I'on doit le f.ure, Ic lonj5 des rives de la I'ropoiilide jusqu'a I'aticien Grani- que, qui e?l la riviere Di(/a des ebroiiicpieurs , ou bien qu'on les fasse tournerau Sud , comuie le veiit M. Jacobs, pour les ainencr au mi- lieu des niontagiips, iinpraticables pour une armee, qui dominenl et serrent de tres pres le nord du fjolf,. d'Adraniilty ; — c'esl , disons- nous , que dans aucun cas possible , Us Croisrs ne pouvaient laisser taticienne Ttole a (jnitche. Personiie n'ijjnore en effet que le verita- ble site de I Ilium d'lloniere n'est coniiu que depuis un denii-siecle, et que loul li- nioyen-age a donne ce nom de Troie, de 7Voic la Graiule^ ronime on disiiit alors , aux mines tV Ahxandiia Troas, qui soiit si- tuees sur la cole en re{;ard de Teneclos. II est done de loule evi- dence , abstraction faite du reste de I'itineraire, oi"! nous avons cile' . deux synonymies, et oii nous eiissioiis pu en oiler qualre ou cinq . que I'expression ad Iwvam est une simple me'prise, une distraction du chroniqueur, pour at/ dextram qu'il devail dire. ( 31 ) On parle d'ailleurs de nombre do points que je n'ai ni traites ni exainini^s dans mes reniarques critiques. A cet egard, je ferai ohserver, une foispour toutes, que mon intention n'avait pas 6le de passer en revue la carte tout entiere. De graves defauts ni'y ont frappe a la pre- miere vue : je I'ai dit , et, je crois, demontre. Etabllrait- on cent fois que sur tous les autres points la carle est irreprochable , ce qu'en ce moment je n'admets ni ne conteste, cela ne prouverait en aucune facon que mes critiques ont port6 a faux sur les points qu'elles ont attaques. J'ai eu , au surplus , une raison peremptoire pour limiter mes remarques a une cer- taine portion de la carte : c'est que, d'apresle Rapport meme de la Commission speciale qui devait surveiller la construction de la carte, la partie que j'en ai criti- quee est traitee ici une fois pour toutes dans I'ensem- ble des morceaux g^ographiques qui accompagneront I'ouvrage auquel la carte se rattache , tandis que d'au- tres parties de cette carte g^nerale seront reprises en sous-oeuvre dans des cartes particulieres. J'ai done cru devoir limiter mes observations a ce que Ton pr^sente au monde savant comme un travail d^fmitif, et ajour- ner le reste a un autre temps. Je borne la mes observations sur la Note de M. Ja- cobs, faisant remarquer encore une fois qu'une sembla- ble pol^mique, si clle avaitase continuer dansl'interet de la science , devrait etre portee ailleurs que dans le Bulletin de la Society. ( 32 ) Si'iTii 1)1" Journal d'vn voyage gkologiqve a Gebel- Zeyt et ilans le desert conipris entre le Nil et la itier Rouge, etc., MM. A.FiGARi et K. H. Hisson(I). llinars. Nous cheminamcs pendant toute cctte jour- nee dans la direction du S.-S., en traversant dcs vallons et descollinesdecalcaire tertiaire conchylifere. Le sol bas qui forme le plan des vallons est toujours parseme plus ou moins ahondarament de grosses masses erra- tiquos qui se r^unisscnt vers le centre de ces vallons et apparticnnent a un gres calcaire siliceux et au cal- caire grossier a nunimulites de 3" iormation. La surface de ces masses est lisse, et marquee destries ondoyantes, comme si ellcs avaicnt ^te pendant longtemps sou- mises a Taction d'un courant d'eau continu. Ellcs scmblent appartcnir a une epoque diluvienne et pro- viennent de montagnes souvent trop «!!loignees de leur gisement actucl; leur volume varic, cependant il n'ex- cede jamais trois metres en diametre. Les collines que nous cotoyions sontd'une elevation de 15 a 18 metres environ, a parois sillonnees presque perpcndiculaires, laissant reconnailre facilement I'e- paisseur des couches et la nature dcs alluvions qui sont formees de materiaux calcaires agglulin^s par une terre argilo-calcairc, conimc nousl'avons rcmarque dans le vallon qui de Ouadi Charayt conduit dans le desert de Tourah. En general ie sol des versants est reconvert de cailloux jaspiis el d'une couche de gres calcareo- siliceux, dont la formation parait incessante. (i) Voir le commencement de cc jonrnnl Hans le ciluer iiotre depart (1). 15 mars. Nous rcstamcs loule la jourrn^e du 15 a notrc campcmcnt de la veille pour donner un pcu de repos a nos chameaux , qui pendant qualre jours n'a- vaient eu pour toute nourriture quo les quelques plantes qu'ils trouvaient sur la route ot qu'ils brou- taient chemin faisant. lis n'avaient pas bu depu'is cmq jours. (l) Roemeria hybrida DC. D;iiis OuailiCliaiayt, oii elleist assez nbondante. q — Fumaria parviflora Laiiik,, officinalis l.inii. Dans Ips terrains cultivej. — Mathiola. .. ? Plusieurs rspeccs parliciilicies au desert, Pt parmi lesquelles s'en trouvent pent elre de nouvdles.-^ Lunaiia parviflora Del. P'l.aef;. ill. n" .584, P'- 35, fig. 3. (pt pliisionrs aulres crucifcres que nous ii'avons pu assezetudler). — Gynnndropsi.s penlapliylla DC. Clt'otne pentaphyl laLinn. Dans lei terrains culti- V 'S. o — Cleoine ai abica l.mn. — Reseda niedilerranea Liim. q Ft autre.s especes du nienie genre. — Mcliantlieinum. ( Spet:ies plures ). — Erodium glaucophyllum L'lli lit. — .Arabicuin Decaisne. Esjiece non indiqiice dans la flore d'Egyjite ( pliisiems aiilies especes du metiie {jenre qui sont a ctudier). — Tribuliis.... ( Species plures ). — Fago- iiia... (Species phtres). Uue de ces especes est etrangere a la flore il'lvjypte et piMil-cIre nouvelle. — .^ygophyliuui (Species |)Iures)- — Neiirada procund ens Linn, q — Ruta tuberculala Forsk. — '''ga- num liarniala l.inii. "If. — Onoiii* cherlrri Linn. — Aslrag.ilus peie- ariiius Vahl. — Lanigerus I'esf. — Trigonella stellata Forsk. Tre^ petite, presqiie enliereinent recouverte par les sables. — Medicago integiifolia Del. Espece non iniliquee dans la florid d'Egyple ; i on- fondue jusquici conime varitte du M. laciniata. ( I'lusieurs aulie.^ plantes de la famille des legumineuses, Irouvees dans les cbamps cullives). — Tamanx africana. Desf. — Paronychia .. (Species plures). — Mescinhryanlbeinuni.... (Species).— Beauininia verniiculala Linn. — Gyinnocar|(OS fiuticosum. — Kiiraiia tridentala De>f. 'lies coni- iniine flans les fissures du calcaire pres des rives du Nil. — Bulioii toituosum Drsf. — Cii;i|)lialiniii laiiliflcMiini l)e paiait iiouvelle, an inoins pour I'Egypte. — Inula.... (fliisieurs espcies du di-'s rl). — Colula cineiea Del. Fl. apfj. n" 832 pi. 47- fifj. 4 — Diotis candidissiina Desf. — Antheinis melampodina Del n'' 840. pi. 45, fifj. i. — Buphtalnium. ( Species plurcs ). — Gynin;irih('iia. ... Genre nouveau pour la flore d'Egypte. — Pergularla touientosa Lin. — Ciessa cretica L.in. — An- chusa.... (Species plures'. — Boi'ia{;o africana Linn. — Lilhospermuin memphilicum Del. (Supplemciit a la flore d'Egypte). — Linaiia...? — Salvia spgyptiaca Linn.— Piaiitafjo. . . (Species plures). Une espece semhle nouvelle. — iEiua tomentosa Forsk. — Atriplex.. . ( Specie- plvires). — Rurnex spinosus IJnn. — Euphoiljia ritusa et antres es- peres. — Forskalea lenuissiina Linn. — Parielaria alsina'folia. — Pte- ranlhus erhinalus. — Ilyacinthus coIno^us L. — Allium...? deux es- peces. — Aristida;, Agroslis, Slipa, Andropogon, Festuca, et autres graminees tant du desert que des rives cultivees du fleuve. Sur les Lords du Nil, nous reinarcjuames aussi plusieurs especes de eryp- togatnes. Un grand nombre de ces plantes nous par.d.'isenl noovelles, ou du moins etraiigeres a la flore d'Egypte du professeur Dtlile. Dese'chan- lillons ont ele envoyes a ce savant botaniste, et a. M. F. Pastatore de Florence, qui nous ont tant de fois di'ja aide de leurs lumie- res, et sur les picls nous osons encore compter pour la parlie botanique de ic voyage donl nous ticvons faire plus tard un Cr.ivail special. ( 36 ) autre chose qin' I iMuboucliure ou versant dos vallons qui descendeul du S.-E. au N.-O. Cos vallons sont loujours cotoyes a distance variable ])ar deux cbalnes do monlagncs qui appartiennent au calcaire Icrtiaire, cl dont I'elevation est de 60 a 100 metres; eniin les montagnes sont ellcs-rneuies epaulees par une autre serie de petites collincs dont I'eldvation nest jamais de plus de 15 a 20 metres. Le pied de ces collines est compost dassises d'argile marneuse avec de petits filons de sulfate de chaux et de sel gemme ; supc^rieu- rcment ellcs sont formees dc couches de carbonate de chaux marneux, conchylifere ct caverncux; enfin ellcs sont recouvertes de jaspcs siliceux et d'un gres siliceo- argileux. Apr^s trois heures de niarche de chameau au-dessus du pavall^le de Benisouef, nous arrivamcs a I'em- bouchure de Ouadi Sannour qui forme une espece de baie asscz large, traversee par un raxin d'unc rertaine profondeur ; la s'ecoulcnt les caux du tor- rent a r^poque des pluies, qui ont lieu seulenient en d6cembre et Janvier. Cette embouchure du vallon se nomme Oum-Agouf , et elle est circonscrite par des monticules de la nature des collines dont nous avons parle plus haut, c'esl-a-dire, formee d'un calcaire grossier conchylifere f[ui repose sur une argile mar- neuse et seleniteuse ; I'cnveloppe de ces monticules, Aleves d'environ 30 metres au-dessus dc la vallee, est un gres marneux qui agglutine de gros jaspes siliceux, spheriques et aplatis. Nous examinames sur ce point divers morceaux de marbre qui y avaient etd portes pour 6tre embarquos pour le Cairc; nous les trouvames trcs defcctueux , cc qui pourrail provcnir du mode d'exlraction ;'i la Car- rie re. ( :^7 ) A onze lieures du matin , nous qulttanu's la gorge de Oum-Agour, pour nous engager, en nionlant dans Ouadi Sannour. Celte portion inferieure do la vailee est plus communement connue sous le noin de Ouadi Mannar ( vailee du Marhre ). Nous nous dirigeames d'abord au nord du torrent pour examiner la cou|)o des coUines qui servent d'epauleinent au vailon ; c'est de ce c6t6 en ellet que le terrain est le plus accidente. Sur les bords des ravins qui sont assez [)rot'(>nds el creuses dans les alluvions, on trouve un grand nombre de gros buissons de TaiiKnix africann, dont les fleurs en cctte saison sont deja passees a I'etat de fruit, de Lyciiim (tf'riiin , Llini.; iX Alriplex stylosus viviani , A A- triplex gldiicd, Linn.,et Cl Atriplejc hastalla , nommee Qatat par les Arabes. Toutes ces especes torment par leur reunion une sorte de bosquet assez touffu qui donne un aspect riant au desert, et oIFre une pature momentanee aux cha- meaux. Les alluvions diluvienncs recouvrent les argiles marncuses dont nous avons deja parle, et que carac- terisent de petits fdons de chaux sulfate et de sel genime. Ces ai'giles, qu'on pent rapporter au terrain keuprique , forment des bancs de 5 a 6 metres d'ele- vation qui sont reconverts par le calcaire terliaire. Quant aux alluvions, elies sont elles-memesrecouvertes par une argile calcaire, et souvent on observe une alternancc de bancs d 'alluvions et do bancs d'argile calcaire appartenant les uns et les autres a I'epoque diluvienne. Oulrc les cailloux calcaires et les jaspes siliceux , on remarque encore dans les alluvions des fragments de bois agatise comme celui des environs du Cairo. Nous fimes route pendant le resle de la journoc a ( 38 ) I'E.-S.-E. Toute la partie de la vallee que nous par- couriimes senible le vaste lit d'un lleuve tout couvert de masses enatiques plus ou inoins volumlneuses, et de gros sables et cailloux provenant d'un calcaire sc- condaire tres compacte , a texture saccharoide et qui apparlicnt a une foraiation que nous n'avons pas en- core rencontree. Les pluies sont rares dans ccs regions et le desert ne jouit pas tons les ans de leur bienfalsante action; mais quand par basard elles toinbcnt, c'estpar torrents et en grandeabondance. Elles s'accumulent alors dans les parties declives et dans des excavations soit nalu- rellcs, soit pratiquees a cet elTct par mains d'liommt.'s, et forment des depots plus ou raoins considerables. Apres cinq heuies de marcbe nous arrivames a un de ces despots d'eau pluviale, nomm6 Machnch Mohan, et nous y fimes notre campement pour la nuit. Dans la partie de Ouadi Saniwur Tahlanieh ( c'est- a-dire valine de Satinour infi^rieui'e ) que nous tra- versamcs anjourd'hui, nous trouvames pour la pre- miere fois le Lavandula Striata, Linn., en fleurs; V ^nchusa asperriina , Del.; Anclmsa flava Forsk; le Pergulaiia toincntosa en grande abondance,le Centau- rea ,'Ei^Yptiaca,\!\x\x\., et une espoce d'orobancbe dilT^- rente de celles des terrains cultlves. ^'ous vimes plu- sieurs lievres d'Egypte [Lepns capcnxis, (jiwqX.; Cuv., liegn. aniin., (idit 1829, torn. I,pag. 218. Lepus JEgyp- titis : Geoffr. , Mem. Inst, d'/'ir, Q. fig. ). Nos gens en tuerent deux. 17 mars. iNous continuames a suivre la valine de Sannour a I'E.-S.-E. Pendant toute la jouriiee nous parcourOmcs le plan incline du torrent qui est parsem6 de bancs de cailloux ac("uniides e| agglulines par une ( 39 ) terre argilo-calcaire et qui lornient comine aulaul (]<; petits deltas un peu leleves au-dessus du sol. Le val- lun est en outre couvert, comme nous I'avions deja rc- marque hiei% de gros cailloux roul6s et qui proviennent de montagnes calcaires situees a une plus grande dis- tance. En continuant cette route , nous arrivames vers Ic soir sur un point ou la vallee se retrecit assez et forme une gorge encombree de blocs de inarbre qui reposent sur un lit de sable fin. Nous nous arretames en ce lieu pour y stationrter la nuit, et coninie il faisait encore assez jour, nous nous occupames a examiner les roches qui encaissent cet etroil passage. La masse totale de cette roche est peu coberonte, tr^s caverneuse ct for- rnee de calcaire siliceux, servant d'empatement a des rognons de marbre a grain fin , contenant de grandes nummuiites, et dont la presencedans celle localile n'est qu'accidentelle. Nous trouvames dans les environs une orobanche gigantesque a grandes fleurs jaune orange, portees sur deux ou trois tiges de pres dim pied et denii de hau- teur. Cette belle planle fait sur le sable un elTet mer- veilleux. A cote nous en remarquames une autre espece plus petite, a fleurs violettes, que nous avions deja observee dans la journee d'bier. Nous montames ensuite au sommet de la formation calcaire qui a 70 pieds au-dessus du niveau de la vallee, et nous observames que cette formation s'etendait en un vaste plateau vers le S.-E., et descendait dun des replis des montagnes ou existe le marbre albatre, dont legisementest aquatre heures de distance vers le S.-O. 18 mars. Au lever du soleil , nous quittames noire station; nous mimes une hcuro pour traverser le ( 40 ) defile a I'entrde duquel nous avions passe la miit , puis nous dc^bouclianies dans une plaine tout onconibr^ de gros cailloux ot de gros graviers qui provicnnent d'un marbre conipacte a structure saccbaroide, d'un blanc ros6 ou d'un blanc jaunatro, ct dont jusqu'a pre- sent nous n'avons pas vu le gisement naturel. Cette plaine est circonscrite par de polites collincs d'un calcaire mameux jaunatro de troisieme formation, et par d'autres petites buttcs d'unc argile marneuse con- tenant des coquilles de bivalves appartenant surtout au genre osticea; a I'borizon la vue est boni6e par de hautes montagnrs que lo guide aralje nous indiqua comnie devant elre les carrieres de marbre exjiloilecs par ordrc de S. A. le vice-roi d'Egypto ; mais nous sa- vionsquela carriereactuellemenl en exploitation drvait se trouver a notre droite, c'est-a-dire auS.-O., et non auS.-E.,conune I'indiquait notre Arabe, qui avail sans doute I'intention de suivre cette dernicre direction. Nous marcbamcs encore pendant une demi-beurc, au- dela du point ou di^boucbe la gorge que nous avions travers6e, etarrivamcs a une excavation pratiquee dans les alluvions sablonneuses, et qui sert de depot a une grande quantitti d'eau potable. Ce depot d'cau, qui est celui ou s'approvisionnent les ouvriers de la carri6re de marbre, se nommc el-i:;hemvi. Les Arabes disent que I'eau s'y conserve pendant plusieurs annees apr^s une grande pluic. ( Im suite (I III! nntre niimvro. ) ( la } \OYAGE EN ASIE-MINEljRE DE M. Will. J. Hamilton , 1835-37. i^ Researches in Asia- Minor , Pont us and Armenia ; wit/i some Account of their Antiquities and Geology. By W. J. Hamilton , Secretary to the Geological So- ciety. Eondon , 1842, 2 vol. in-8. ) KHAGMKMT IKEDIT d'uNE HISTOIRE r.EOORAPH KJi: E nE LASIE-MIKEURE , par M. L. VIVIEN de SAINT-MARTIN , Sprrt'taire-g6ii6ra! . (Suite et fin.) Dans sa route de Kodj-Hissar a Koitariidi , M. Ha- milton est amen6 au milieu des formations fanlasti- ques de la vallee d'Urgub, examinees deux ans aupara- vant par M. Texier. La description du g^ologue anglais confirme celle de notre jeune compatriote. Tout ce pays, depuisla penfe orientale des montagnesde Kodj- Hi>sar jusqu'auxabordsde Raisariehet du mont Argee, est perce d'une multitude innombrable d'excavations pratiquees dans le flanc des collines : aucune partie de I'Asie-Mineure, oil Ton trouve tant de ces cavernes artificielles, n'en renferme un aussi grand nombre. Si la Poninsule , anterieurement aux souvenirs de I'his- toirc, fut luibltec par une race troglodyte, cetle race semble avoir eu son siege principal dans celte partie du bassiii du Ilalys. ( 42 ) M. Hiimilton consacra huit jours u la recherche des antiquites d(3 Cesaree et a I'exploration geologique des environs. II reconnut, comme I'avail deja fait M. Callier, et comme I'a fait dopuis nn autre vovageur anglais , M. Alnsworth, I'errenr des anciens quant a la naissance an pied du mont Argee dune riviere qui irait se reunir a I'Euphrate, el constala I'absence de loute communication entre le bassin de cc dernier fleuve et le systeme d'eaux qui avoisine Kaisari^h. Celui-ci apparlient non a I'Euphrate , mais au Halys, et c'est probablement la substitution accidentelle du premier de ces deux noms au second dans le texte de Strabon , qui a produit toute la confusion (1). Plus heureux que M. Tcxier, M. Hamilton reussit a gravir le mont Argee jusqu'au somme: : c'est jusqu'a present le seid Europeen connu qui ait execute cette difficile excursion. Nous laissons le vovageur nous en raconler les incidents aussi curieux qu'instructifs. « 28 juillel 1837. — Ce matin je suis parti a sept hpures de Kaisarieh pour Everek-keui , village situe au pied du mont Argee du cote du Sud ; la soulement, in'avait-on dit , jc trouverais des guides qui consenti- raicnt a m'accompagner dans ma tentative. Notre route passait sur les contre-forts orientauxde la montagne, qui se lie de ce cote avec la chaine i'lev^e des nionta- gnes de I'Est... A mesure que nous avancions, I'aspect du pays devenait de plus en plus sauvage; les hauteurs qui nous environnaient se composaient entierement de trachytes , et le sol etait convert au loin de debris de la meme formation. A huit houres et demie nous avions attein' unc hauteur considerable , ct nous do- [i^ Ilatnilloii , vol. II , p;?{»es 25", 2(11 p( 2-3. ( /43 ) minions le souimet tie VAli-Ddgh ; le vent qui soulllail (lu moiit Argee ctait fi'oid ot penetrant. A neuf heures nous passames un pli peu considt^rable de la monfa- gne, ayant a notre gauche une autre rangee de hau- teurs lormant autour de la montagne une sorte de cratere ciiculaire , et se prolongeant a une distance considerable; un quart d'heure apres nous atteignions le soniinet d'une rangee encore plus elev6e, consistant en basalte bulleux, dont les debris gisaient sur une roche de feldspath jaune. » L'elevation etait ici tres considerable, le barom^- tre etant tonib^ a 22,0Zi(i pouces (569 rnilllm.) , ther- mometre attach<^ 69" Fahr. (20'' 56 cent.), thermome- tre hbre QiS" [18"89) ; le sommet rocheux An moot Argee portait a I'Ouest 12° Sud a la boussole , et la forme d'un cratere etait maintenant tres apparente. Seulement le cote Nord-Kst , d'oii un coulant de lave parait s'etre epanchc au Nord , a ete emporte. Le cote Nord-Ouest du cratere paraissait le plus elev6; il sem- blait etre aussi tr^s escarpe et tr6s apre , et je craignis que le sommet ne se trouvat inaccessible , quoique bien convaincu que rien ne pourrait m'empecher d'atteindre le bord du cratere en gravissant la pente du talus. La plus grande partie de la neige scmblait reposer sur le cratere meme , dont on ne pouvait pas encore distingucr la forme. » iNous descendimes de la vers une plaine hei'beuse arrosee par un ruisseau Quelques lentes appartenant aux yailas , ou campements tl'ete des villages (VEi>e- rck et de Dei>eli , etaienl plant6es dans cette plaine. Nous commencames bientot a descendre un ravin dif- ficile, ayant a droite et a gauche des rochers a pic dune hauteur ronsidrrable. Aprfes une longue des- ( txh ) cente , nous altelgnimes la plaino ondtilee qui s'etend jus({u'a Fa'c re k ; no\i?> arrivames a ce village im |)cu apris deux heures. Dans les rues et dans les passages du bazar, ou la foule se pressait, nous 6tions un objet d'elonnemont pour les habitants, qui n'avaieiit jamais vu d'Europeons; je regardais a mon tour nvec attention le costume et I'cxterieur du pcuple. Les femmes se couvraient rarement le visage, a I'exception desvieilles et des laidcs; les jeunes ^taientd'une beaut6 vraiment remarquable. Les homnies sont aussi lort beaux ot Ir^s bien faits. lis portent des robes de sole rayee de cou- leurs voyantes ; tons etaient amies , et coifTcs d'6nor- mes turbans. Leurs mani6res sont plus vives et plus ind^pendantes que chez leurs freres de I'Ouest ; il y a en eux du sang arabe , m6l6 a la fierte demi-sauvage des Kourdcs leurs voisins. Everek-keui^ ou les Arme- nlens et d'autres cliretiens resident, se compose r6el- lement de trois villages contigus , Ei>crek , A^iostan (probablement une corruption d'Agios Kostantin ) et Fenisse, qui contiennent ensemble mille cinquanle maisons. » L'aga de D^veli, ayant appris mon arrivee , m'en- voya un Armenien que Ion disait avoir fait I'ascen- sion do la niontagne ; il on arriva en meme temps deux autres , qui assuraient y avoir 6te aussi. Je les engageai tous les trois a raison de 100 piastres chacun. Le gouverneur mit en outre a ma dispositi(»n une garde de cinq chnvasses pour m'accompagner jusqu'a I'endroit ou nous devions passer la premiere nuit , et prendre soin des clievaux ; car il est impossible d'at- leindre le somraet en un jour, le seul moment de la journee oil Ton pulssc se hasarder a gravir la partie la plus 6lev6e 6tant le matin de bonne heurc , avant que ( ^5 ) le soleil n'ait tonclu la couche superficiellc de neige. » Le gouverneur ot d'autres encore me dirent que le pays qia s'elend au Sud-Est est plein de chateaux, de groltes et de rulnes, et que I'un de ces chateaux rui- nes, situ6 a trois heures de la sur la poinle ele- v6e dun rocher, pres dun village nomnie }e/iAsiis , etalt ties remarquahlc ; mais le gouverneur ajouta que cette partie du pays 6tait dangereuse , surtout depuis deuxou trois ans, a cause des Aufschars qui y faisaient de frequents d^gats. A I'egard de cerlaines mines si- tuees a I'Est, dont on m'avait fait a Constantinople les rapports les plus contradictoires , jappris que le Sar- in((/iti-son coulait a neuf heures a I'Est d'Everek. Si , coninie on {'assure , il va se jeter dans la nicr pres d'Adana sans se joindi-e au Djihoun, ce dolt etre la branche supeiieure du Sihoun ou Sarus (1). On m'as- sura positivement qu'aucune grande rivifere ay ant sa source dans I'Est, jusqu'a une assez grande dis- tance, n'allalt se reunlr ;'i I'Euphrate. 11 ne saurait done y avoir de doute que , dans le passage de Strabon ou il est dit que le Melas de Cesaree va tombcr dans I'Euphrate, il ne faille lire Ilalys au lieu d Eu- phrate. )) Saniedi, 29 juillet. — Tout elanl pret pour notre visite a la monlagne, nous quittamesEvcrek-keui a neuf heures et demie. Nous marchanies d'abord pres- que directement au Nord. Pour la premiere fois de- puis quinze jours , le somniet de I'Argee , que Ton nonimeici Ai-fljis-d^h, ^tait obscurci de nuages, qui meme descend aient par moments au-dessous delaligne des neiges. Comme n^anmoins ricn n'indiquait u\\ (ij Cest ainsi en effet (|m<; Ii ;;r;m(le rnitc pi ii-.sicniie de M Kii- |)ii t naff 1 1' nours (III SaiMiaiill, i|ii'(H(' ('cnl Sintiaiitia. ( AO ) clianu;emeiit du temps, el ([ue nous no (le\i(ins pas gravir Ic soininet avaiit le lendemain , jc mo d^cidai a poiirsuivre , ospdrant que Ic vent dissiperalt a temps lo voile de brouillards. » La hauteur de I'Argee est si grande, et il surpasse tellement toutes les autres montagnes de cettc partie du monde, que les liabitanls du pays envlronnant le regardenlavec unc tcrrenrmel(5e de vi^neration, etqu'ils V rattachent nornbre do fables; mes guides lu'en ra- contcrent plusieurs, pour cbarmcr, disaient ils, I'en- nui de la marcbea Iravers la plainc. Un grand serpent, qui a peut-etre la meme origine que le dragon des anciens, joue danstoutes unrole important; leserpent, comme autrefois le dragon , r6vole toujours les machi- nations du mauvais esprit. La prcmidre histoire que Ton me raconta sc rapporlail a un c(!!lebre gucrrier turk nomme Batal Ghazeh qui vivait il y a plusieurs siecles. Batal, dlt la tradition, condjattait contre les empereurs de By/.ance, i-t ht la guerre a tous ses voi- sins. II 6tait dou6 d'un charme qui faisait qu'aucune arme ne pouvait ni le blesscr ni le tuor. Enfm il fut fait prisonnler el transport^ an sommct de I'Argcc; on I'y enferma dans un pults profond , d'oii il s'echappa avec I'aide d'un grand serpent. Voici une autre deleurs fables. Ln \oyageur vim autrefois du Frangistan a la recherche d'une plante qui ne croit qu'au sommet de I'Arg^e ; elle a dix feuilles autour de sa tige , avec une fleur au centre. La on lui ditque ccltc fleur elait gar- d6e par un serpent qui iic dorniait qu'uiie heure sur vingt-quatre. Le voyageur essaya vainement de persua- der a quelques uns des habitants de I'acconqjagner et de lui montrer le chemin : personne ne voidut s'y aventurcr, et il partit scul ; niais n'ayant pas r<5ussi a ( A7 ) surprendre Ic dragon, il y p^vit. L'histoire ajouto (ju'on lo relrouva plus tard inetarnorpliose en livre , el que ce livre futdepos^ a Cesaree, d'oii on Ic rapporta dans le Frangistan. » A deux milles et demi d'Everek nous atteignimes la base de la montagne, et nous commengames a gravlr par une pente douce; nous foulions ici la basalte noire. En atteignant le premier plateau , nous passames pr^s d'un monticule conique d'apparence plusr^cenle s'^levant au-dessus du plateau basallique ; ce cone est compose de sable et de cendres, avec un cratere en partie d(^cliire. Sur ce sol tourmente il y a peu de culture, sauf ca cl la quelques carres de bl^; des poiriers sauvages, disseminc^s sur la partie basse du monticule, sont les seuls arbres que nous y vimes. Comme nous montions plus rapidement , le froid commenca a augmenter d'une maniere sensi- ble; a un yaila oii nous fimes balte un peu avant une beure, je fus cbarm^ d'avoir recours a mon manteau. )) A une beure et demie passee, nous nous remimes a gravir par des sentiers escarpes dans le sable et la pierre ponce. Mes guides m'indiquerent le village de Gherameh, a deux milles dans I'Ouest-Sud-Ouest, ou, disaient-ils, il y avait des ruines. Quaiid nous eumes atteint une plus grande bauteur , la vegelalion , qui , dans les plaines au-dessous de nous , t^tait tout-a-fait brulee, se montra verte et florissante; le sol 6tait emaill6 de fleurs. Plus baut encore, nous traversames un terrain ^tendu incline au Sud-Est a partir du pied du grand cone ; ici le sol rocheux 6tait couvert ca et la de genevriers de petite taille. A notre gaucbe s'6levail un rocher considerable que mes guides designaient sous ( A8 ) lo nom de Kaiioiim ; il sc coniposait dc trachyte leldspa- tliiqueseniblahlo ;i la |)lionolite,dc'tach6, et sedressant comme une foiieresse gigantesque an Siul du pic prin- cipal. De gros blocs de cette rocheavaienlroule jusque dans la plaine , et ajoutaient an caractere Iristenionl sauvage de la scene. Apres nous etre avances quelque temps sur le talus du grand cone, au milieu des ebou- lements de trachjte el de porpliyre, nous penetranies vers les trois iieures et demie dans un protond ravin; nous gravimes ainsi , en suivant le lit dun torrent tournant du Nord-Ouest au Nord-Est , jusqu'a ce que nous atleignimos le pied de la partie la plus escarpee du cone. » A quatre heures, pendant que nous uiontions ce ravin, nous fumes surpris par une pluie fine, qui, dans cette region elevee, t^tait tres IVoide et pcnible a supporter. Les chevaux et les anes charges de nos tapis et de nos provisions pour la nuit nionterent beaucoup plus haut que je ne m'y 6tais attendu , quoique les chemins lusscnt tcllement rapides que nous avions 6t^ frequemment obliges de mcttre pied a tcrre. A quatre heures trois quarts, nous attcignimes la premiere neige , et je remarquai qn'il y en avait beaucoup moins de ce c6t6 de la montagne que du c6t6 de C6- saree. A cinq heures et quart, nous arrivames au sommet du ravin ; ici la vallee s'6largit en amphithea- tre, entouree d'une liaute cclnturc de rochers escarpes au-dela desquels les chevaux ne purent j)lus nous sui- vre. C'^tait la que nous devions passer la nuit; et ja- mais jen'ai\u l)i\ouac de plus triste apparence que le terrain rocheux et depouille ou nous nous trouvions, sans un arbre ni un arbrisseau. Quelques fragments gigantesques detaches des rochers au-dessus de nous. ( M) ) et sousFaliri desquels nous cliercliames qiiclque croiix oil nous pussions nous blottlr, en rompaient seuls la sombre monotonie. A mesure que la soiree avan^ait , la sensation du froid devenait plus intense, I'elevation ^tant de 9 a 10,000 pieds au-dessus de la mer (1), se- Ion les indications du baronietre. La seule vegetation autour de nous, sauf quelques places d'une herbe chetive , 6tait une plante basse et plate porlant une forte odeur de muse. La lleur en est grande et ressem- ble a celle du chardon ; mais la leuille en est tres dif- tV^irente. Le Turk qui me la montra me dit qu'elle ne croissait nulle part ailleurs. » Samedi 30 juillet. — A cinq heures du matin, le thermomelre libre marque 33", 8 ( lo,7 centig. au- dessiis de zero) ; attache, 35° (lo,67). Barom^lre, 20,2/!i6 pouces (518,15 milliin.). La matinee fut extre- mement froide ; les nuagos et le brouillard qui rou- laient au-dessus de nous me (aisaient dcsosperer de pouvoir embrasser une perspective ^lendue du sommet de la montagne. L'elTet du soleil levant, disslpanl pen a pen les ombres qui enveloppaient la terre au-dessous de nous, fut tres beau, particulierement quand il vint a frapper les sommets neigeux des bautspics de YAlhih- Ddjili, au-dela de la plaine de Kara-Hissar. Cette cliaine d'Allali-Diigh forme , je crois, la branche principale de I'Anti-Taurus. Nonobstant la necessite , sur laquelle avaient insiste les Armeniens , de partir de bonne heure , le soleil etait lev6 depuis quelque temps avant que j'eusse pu les decider a se mettre en route. Cc fut d'abord le feu a ailumer, puis le caf^ a faire : c'est toujours la premiere cbose a laquelle on songe dans (i) F,r\iion 3,«ioo metres, cVst-a-dire .'i pen pns l;i liautcut dii Pic du Midi et du l.'anifijou daii« Ip? Pyirnres, V. JANVIKR. !\. h quolqiie part'n' que ce soil de la Turquie. Nous parli- mes cepeiwlant a cinq heures et dcniie , laissant les Turks dorrlere nous jiour gardcr los chcvaux ct lo ba- gage. D'abord lecheinin montait droit vers Ic sommet, sous un angle de 15 a 20 degres, en suivant un talus seme de pierres et de fragments. A 6 lieures , nous at- teignimes une large masse de rocher ^boule, appel6 latch-Tdsrh , s'elevant a pres de cent pieds au-dessus du sol ; quelques minutes apres nous arrivames a une profonde couchc de neigc, ou plutot a un glacier qui remplissait le ravin, et qui so prolongeait jusqu'au sommet de la montagne sous un angle do pros de 30 degres. A drolte et a gauclie du glacier, le sol otait profondement gel6 ; mais la chaleur du soleil levant , en fondant la neige fraiche, d«^tachait de grosses pier- res etdcs fragments de rocher, que la gel6e avait fen- dus et arraches de lour base. Ces (^boulements roulant sur la neige et se precipitant le long de la pento ra- pide, rendaiont parfois Tascension ponible et peiil- leuse : ce fut n^anmoins le seul danger que nous cOmes a courir. Nous continuames ainsi a monter le long du glacier, quo nous avions a noire droite, ayant a notre gauche d'enormes I'ochers suspendus, et des amas do neige dans toutes les crevasses, jusqu'a un endroit ou nous nous vimes arrdtes tout-a-coup par des rochers a pic s'elevant directement du milieu de la neige sans aucun ospace intermedialre; la nous fiimes obliges de grimper on nous aidant dt!S mains sur les masses de rochers en saillio, a une ou deux toises au-dessus du glacier qui s'c^lcndait an loin sous nos pieds le long du ravin. Nous atlcignimes de colte maniere le point le plus haul d'unc ceinture escarp^c de rochors nus, se dressant entredeux glaciers, ct qui , bion que plus ( 51) jf-apide etplus dangereux si U' pied nous imU inaiupie, 6tait cependant inoins p^nihle a gravir que des sen- tiers couverts de pierres roulantes. Nous nous avanga- mes ainsi jusqu'a pen de distance du sonimet. La nous fumes obliges do traverser un ou deux glaciers etroits, un des guides qui nous precodait creusant des entailles dans la neige pour nous emp^cher de glisser jusqu'au bas de la pente glacee. » A huit heures moins cinq minutes nous touchions au point le plus eleve de la montagne qu'il soit possi- ble d'atteindre; nousn'avions plus au-dcssus de nous qu'un rocher de vingt a vingt-cinq pieds , dont les c6- t^s, absolument perpendiculaires , n'auraient pu etre escalades qu'au moyen de cordcs que nous n'avions pas. La perspective n'etait malheureusement pas aussl etendue que nous eusslons pu ledesirer. Sur nos tetes , le ciel (jtait parlaitement clair; mais une mer de nua- ges et de vapeurs ondulait a une grande distance au- dessous de nous, laissant seulement percer au loin dans le Nord-Est les sommets de quelques montagnes, semblables a des lies sortant du sein des vagues. Au Noi'd et a I'Est , de vastes glaciers descendaient en une penle ininterrompue jusqu'a la mer de nuages ou ils allaient se perdre, montrant que de ces deux cotes I'ascension devait etre absolument impraticable. L'en- droit ou nous nous trouvions etalt une crete etroite , point de jonction de deux grands crateres contigus si- tues du c6t6 nord de la montagne. In de ces crateres, que j'avais dt^ja apercu en venant de Cesaree , est rompu au Nord-Est; I'autre est ouvert au Nord-Ouest. Tous les deux ont leurs parois completement recou- vertes par la neige et les glaciers , sauf sur un petit nombi'e de points oil percent des rang^cs de rochers ( 52 ) escarpes. Le soininet est un con^loineral rouge ile bit^che scoriacee , contenant des fragments de trap, de trachyte et de porphyre ; raals plus has, la ou la roche qui constitue la montagne se montre a la surface, elle ressemble davantage a une esp^ce de hornstein ou de phonolite. » Le baromfetre, au sommet, dtait toml>c a 18 pouces ( /i57, 19 rnilllm.). II se malntlnt immediatemcnt au- dessous de recholle , gradu(!fe jusqu'a 18 pouces ; mais il faut tenir compte de ce que le \if-argent s'(^tait «!!chappe par suite des rudes secousses qu'il avait 6prou- vees peu de temps auparavant et de la chalcur a laquelle il avait it6 expose, ce qui avait deter- mine une contraction dans le bois qui recouvre la cuvette. Nous aurions parla une hauteur approximative de 13,000 pieds ( environ /i,000 metres), ce qui coin- cide a peu de chose pr^s avec le resultat de deux mesu- res d'angle prises dc deux points diflferents au-dessous de la montagne : I'une du couvent grec , 5,200 pieds au-dcssus de la mer par le barometre (l,58Zi metres) , donnait a la montagne une hauteur de 13,2/12 pieds ; I'autre, prise de Kara-IIissar , au Sud-Oucst du som- met de la montagne et a 4,300 pieds au-dessus de la mer d'apr^s le bai'om^tre (1,310 metres), donnait pour la hauteur absolue de ce pic c^Iebre 12,809 pieds. Si nous prenons la moyenne de ces trois obser- vations , je ne pense pas qu'il y ait chance de grande erreur en eslimant cette hauteur a 13,000 pieds au- dessus de la mer (1). » Pendant que nous ^tions assis au sommet , nous (l) M. Hiimillon fait ohsciver (|\ie poslnricuieiiicnt a l;i irdarlioii des resiilials (|u'ii vicnt d exjioser, M. Aiiiswortli , dans le jiiurnal ilc sii rotirc d'Aii|;oia :i Cesarec, avnit duiiiie i,ooo pieds de rnoins (iuk ( 53 ) ne sentlmes pas de vent , mais nous I'entendions dis- tinctement sifllor et gronder au-dessous de nous au milieu des nuages et des rochers. Mes guides in'assu- rerent que la mer etait quelquefois visible du sominet; mais je suis porte a douter du fait, eu 6gard aux montagnes 6lev6es qui se trouvent dans I'espace inter- mediaire , tant au Nord qu'au Sud , et je doute aussi que les Armdnienseussent jamais mont6 jusqu'au plus haul de la montagne avant notre ascension. Malheu- reusemcnt I'^tatdu temps et le froid extreme m'em- pecherent de prendre beaucoup de rel^vements, un tres petit nombre de points restant visibles au-dessus des nuages. Parmi les pierres detacliees et les scories qui couvraientle sol, il y avait une grande quanlite de pierre ponce, alnsi qu'un sel blanc que mes guides me dirent 6tre soluble dansl'eau, et qui, selon eux, est un remede efficace dans plusieurs maladies. » Apr^setre rest^s environ une lieurc sur le sommet, \fs cliiftVes ci-dessus enonces a la plaiiie ou est assis le moiit Argee. « J'elais (I'aboid dispose, ajoute-l-il , a reparder les cliiffies de M. Aiiisworth comme plus corrects (]ue les miens a cause de sa plus {>,r;\. II, p. -.(Kli II suiv ( 60 ) Le voyageur se demande ensuite quel a pu Otie le but de ces vastes excavations : les derniers mots de sa description r6pondcnt d'avance a celtc question. II est d'ailleurs uianilesto, comme nous I'avons d.t , qu'il y faut distinguor des epoques et des objets dilTercnts , comiue on y reconnall les styles diffcrents de plusieurs arcliitectures. fividcniment les anciens Grecs ou les Romains y ont apport6 ces ricbes ornements du style classiquequi accompagnent lesparois etle plafond des plus grandes chambres , de nieme que plus tard les Grecs de la periode byzantine y ont surajoute des con- structions religieuses ; on pout nieme supposer avec l)caucoup de vraisemblancc qu'a I'epoque dos pre- mieres invasions musulmanes, les cbretiens des envi- rons \inrent cborclierdans ces syringes isolees au fond d'une valine solitaire un asile contre les barbares , et que o'est de la que date I'appropriation d'une partie des cbanibres interieures au culte grec. Mais il n'est pas moins hors de doute que la premi6re origine de ces singuli^res excavations est fort ant^rieure a ces deux epoques, et que la seule explication satisfaisante qu'on enpuisse donner, avec M. Hamilton, est I'exislence anl^- bistorique d'une race auxbabitudes troglodytiques, qui creusa ces rocbers a contexture tendre ou poreuse pour s'y menager des babitations, de meme qu'aujourd'bui encore une partie des populations du nord de la Cap- padoce se creuse de v^rilables tanieres dans I'intf^ricur meme de la terre. Au surplus,6coutons les judicieuses rcraarques du voyageur. « Le rocber dans lequel les excavations sont pratiquees , dit-il , est particuliere- ment sec etporeux, et consequemment on ne pent plus propre a servir de demeure a Tbomme. Lne circon- stance singulicrc , c'ost que partoul oii coUo nature do ( 6'] ) i'oclie so presente , on Plirygie , en Galicie, en Cappa- doce, mais plus specialement clans cette derni^re pro- vince , elle a cte excavee de la maniere que j'ai de- crite. II me suffit de rappeler les grottes de Rirk-IIin, entre Beiadet Afioum-Kara-Hissar ; celles de Doganlu, entreDoryla3um etKhosref Pacha-Khan ; celles des en- virons de Bouldour et du voisinage du Rhyndaque , que j'ai pr^cedemment decrites, et finalement celles d'Urgub, d'Outch-Hissar, etd'autres localites du meme district. Ce ne peut gu^re avoir ete le hasard seul qui a conduit les habitants de ces regions a profiter de la meme formation, et cela de la meme inani^re , dans des parties si distantes du pays ; il ne mo semble pas non plus probable, et on rogardera meme diffi- cilemcnt comme possible , que tant et de si vastes ex- cavations aient ete seulenient et n^cessairement desti- nies a servir de tombeaux (1). » Un fait assez surpre- (i) Hamilton, II, 291. La description suivante dune ville son- t^^raine en Sicile , tiiee etie frappe de la res-erablance de res grottes siciliennes avec celles de Soanii-Uere , et on ne peut s'enipecher non plus di' leur attribuer la meme originp. M. Hamilton , conime Giu- sep|)e Sanchez, est dispose a les leijarder comme ay ant servi d'ha- bitation aux races primitives de noire continent. II peut se faire aussi, et meme cela est cenain dans plusieurs cas, ainsi que nous I'avoiis rappele, que depuis les temps inconnus ou elles ont eti' abandonnets paries piemiers oi.cu|iants , elles aient ete habite'es de noHveau a d'.futies epoques , ou prises pour lieux de refuge. (i) Srabon , lib, XIV, p. CG3 D. , ed. Gasaub. ( «3 ) itineraires; Nigdeli el Bor, petites villessans antiquit^s : Kiz-Hissnr, ou Ton a reconnu avec certitude le site de la celebre Tyana , dont le nom semble avoir laisse quelque trace dans celui d'l/tidti-Kas et d'l/t/dn-h'e/er que portent deux localites voisines ; Eregli , non loin de laquelle , de I'autre cote d'un grand lac nonime Ak-gheul , ou le Lac Blanc, il y a des ruines conside- rables; Bin-Biv-KHlsseli, ou les Mille-et-une Elglises , autres ruines remarquables situees au pied du pic vol- canique de Kara-Ddgh, et dans lesquelles M. Hamilton voit les restes de Lystra, la cite apostolique; enfin K(i- rni/ian , ville de la periode seldjouklde, batie sinon sur remplaceinent meme , au moins pres de I'ancienne Laranda. De Kara-llissar a Karaman , M. Hamilton a suivi une route deja exploree par plusieurs vojageurs , quoique la sagacite de son coup d'ceil trouve toujours matiere a quelque observation nouvelle la meme ou beaucoup d'autres I'ont precede ; mais a partir de Karaman , une ligne que personne encore n'avait parcourue , le long des cotes septentrionales du Taurus isaurien , va le conduire au milieu de la region des lacs encore si peu connue. A quatre beures environ a I'ouest de Kara- man , il volt Ilisra , bourgade insignifiante, ou il y a cependant quelques vestiges d'anliquit^s, et qui re- presente certainement Vllistrn des ^crivainsbyzantins , que Ton a quelquefols confondue, mais a tort , avec la Lystra mentionnee dans les voyages de saint Paul (1) . Bientol apres on I'informa qu'a quelque distance dans I'Ouest, au milieu des montagnes, il y avait des ruines remarquables ; M. Hamilton n'hesita pas a s'engager (l) f^oy. Leake, Tour in ^hia 'Minor, p. lOi , in-8. ( 64 ) dans It'S gorges saiivages tin Taurus, ot apres luiit heuies d'une marche ponible il arriva au village de lltulgilni', entre lequel et un autre village voisin nomnie Olau- hounar se trouvent les ruines qu'on lui avail indiquees. EUes couvrent une 6tendue de terrain considerable , et annoncent une grande et belle cite. Cette cit6 occupait principalement le sommet d'une eminence , a laquelle on donne aujourd'hui dans le pays le nom de Zenghi- Bor. M. Hamilton , en explorant les restes maintenant abandonnes de cette ancienne ville, decouvrit plusieurs marbres qui lui en revelerent le nom : c'etait IsauKi , jadis la capitale d'un peuple de montagnards renomme pour ses depredations. Le souvenir s'en est vaguemont conserve dans la tradition, comme le prouve lliis- toire suivante que Ton raconta a notre voyageur. « Le roi de cette ville etait autrefois un determine voleur : ses sujets, au lieu de culliver la terre, pillaient les can- tons avoisinants, et etcndaient leurs courses jusqu'au Kara-Dagb , dont les babitants etaient constamment exposes a leurs attaques. II arriva neanmoins , par la suite du temps, que le roi de Zenghi-Bor devint amou- reux de la lllle du roi de Kara-Dagh , et qu'il la de- manda en manage; le roi de Kara-Dagh y consentit , mais a la condition que le roi-volour construirait un grand cliemin uni et praticable depuis sa capitale jus- qu'au Kara-Dagh , pour que la princesse put se rendre sans fatigue dans les fitats de son epoux. » On ne dit pas la fm de I'aventure , mais il est aise d'en tirer la morale. Les ruines d'Isaura sont a peu de distance a I'Est de la pointe rneridionale d'un grand lac auquel les habi- tants donnent le nom de Sophia , et qui prend aussi quelquefois celui Ae Seidi-Chelir , d'une ville qui en est ( 65 ) voisinc , inais dans une autre direction. Lcs restes d'antiquites que M. Hamilton trouva dans les differents villages qu'il cut a traverser lui firent supposer que d'autres villes encore qu'Isaura durent exister autre- fois dans les environs du lac; il croit qu'une explora- tion particuli<^re de ces vallees aurait des resultats in- teressants pour un antiquaire. Des ruines que Ton signala entre autres a notre voyageur pros d'un village nomme Arvan, voisin au Sud-Ouest du lac de Soghla, lui firent penser a Fancienne Omaiula; luais il ne fut pas h portee de les visiter. D'Anville , aussi d'apres le rapport des noins , croyait retrouver cet ancien site dans la localite actuelle de Hivirnn , ou plutot Hoiran, vers I'extr^mite nord du lac d'Egherdir (1) : c'est un point que de futurs voyageurs pourront peut-6tre de- cider. Line singularity du lac de Soghla, qui n'avait pas alors moins de quatre ou cinq lieucs de longueur du Nord au Sud , sur deux lieues environ de largeur, c'est qu'a certaines epoques, tous les dix ou quinze ans a peu pres, il se desseche de lui-meme , et que Ton pent alors labourer et ensemenccr le sol qu'il recou- vrait ; en d'autres temps, au contraire , ses eaux d6- bordees s'etendent sur une partie de la vallee qui lui confine au Nord (2). M. Hamilton en long(a le bord oriental , puis il tourna a I'Ouest pour atteindre la pe- (i) Hnmilloii, vol. H, p. 3^2 ; d Aiiville, Geoijvnphie ancieniie, f. IF, |). 8(i ; Comp. Hamilton , p. S/iS. (2) Cctte sin{;iil:irile du ilesserliement p('rioili(jue ilu lac ileSci'di- Chehr rappclle uii phenoiiiene toiita-fail Sfinblahle (pie pn'scnte le lac de Zirknil/. en Carniole. On pent voir a re siijot une note in- teressante dans le Bulletin dc In Sociele de av Giine/t , J'ineh-Gheal., Ahf Chehr etSnrdes jusqu'a Smyrne. Ici se lerminent ce que M.William Hamilton a intitule ses Recherclies en Asie-Mineure. Le precis que nous venons d'en tracer sufiit, nous le pensons , pour en I'aire ressortir la haute et s^^irieusc importance. Peu de relations , du reste , se pretoraient moins aisement a I'analyse; I'auteura conserve partout la forme du jour- nal , et ses observations, portant habitueilement sur des points d'antiquit^s , de geographic compar^e , do topographie descriptive ou de geologic, d^pouillent ra rement le langage positiF de la science pure pour re- v^tir les couleurs moins s^vires que recherche le grand nombre des lecteurs. Son esprit t^minemment prati- que ne s'eldve pas volontiers du doniaine de I'observa- tion proprement dite aux considerations generates, qu'il est moins ais6 de maintenir toujours rigoureusement dans les limites precises de la r(^alit6. Comme explora- leur , M. Hamilton tient un rang distingue dans cette ecole savamment positive qui roconnalt pour chef riUustre Alexandre de Humboldt : aussl sa relation enrichira t-elle notre partie descriptive d'une immense quantite!; de notions de toute nature dont notre ana- lyse n'a pu indiquer que la moindre partie. Tandls que tant d'autres voyageurs fournissent a peine de loin en loin, an milieu de leurs rocits trop souvent hitiles , un renseignement vraiment utile pour la connaissauce des peuplcs et des pays , il n'cst pas une page do la relation de M. Hamilton qui nc conlienne quelque fait jirofitabie a la science. Entre le savant anglais et notre compatriote M. Texier, il y a d'ailleurs plus d'un rap- port. Tous les deux profonds geologues, antiquaires inslruits , obscr\al( urs luibilcs el judicicux, ils on ( t3a ) aj)porl6 I'un et I'autre a la reconnaissance de I'Asie- Mineure les qualities tiiuinentes que Ton exige au- jourd'liui dans une exploration savante : seulement M. lliiinilton, independaniinont de ses rcclierches g6ologiquos, s'esl attach(5 davantage a la geographic , M. Texier k I'^tude des monuments. LA oil leurs tra- vaux se rencontrent, ils se confrontent et se vdrilient snutuellement; laou ils se separent, ils se suppleent et se complelcnt. Ajoutonsque tous deux ont consacre a leurs voyages dans la Poninsulo a peu pr6s un temps ^gal, M. Texier do 183/i a 1836, M. Hamilton de 1835 a 1837 ; et qu'enfin , par un dernier rapport , ils ont partage lous deux leurs explorations en trois tournees successivos , dirigties vers des riigions diderentes de la grande contrive qu'ils se proposaient d'^tudier. ( 61) ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe. KXTRAIT DES PROCES-VERHAUX DES SEANCES. PriSsidence de M. Guigniaut. Seance da 9 Janvier 18^6. Le pioces-verbal dc la derni^re seance est la ol adopte. M. le sccr(^taire gin^ral donne communication du proc^s-verbal de la stance gen6rale du 19 decenibre. M. Letronne, nomm6 mcmbre de la Commission centralc dans la derni^re assembl^e gen^rale , adrcsse ses remerciements a la Sociile, et promet de participer a ses travaux auxquels il consacrera tous les instants dont il pourra disposer. M. le chevalier Annibal de Saluces, quartier-maitre general de Tarmee pieniontaise , adrcsse a la Societe le 1*"" volume et I'atlas de I'ouvrage public, sous sa direc- tion , par les offiiciers du corps royal d'6tat-major, ot ayant pour litre : Les Alpes qui entourent P Italic consi- derees ndUtairement depuis les temps les plus reculesjus- qn'h nos jours. — M. le colonel Coraboeuf est prie de faire un rapport sur eel ouvrage. ( 70 ) M. lo D' Wappaiis.professeur dc geographic a I'lini- vcrsito de Gtjettingue , ecrit a la Sociele pour lui expri- mer de nouveau le d^slrd'etre adiiiis au noiubre de ses coiTcspondants etrangers , et il annonce I'envoi de plusieurs de ses ouvrages qui ne sonl pas encore par- venus a la Soci6t(^. Lc nom de M. Wappaiis est deja inscrit sur la lisle des candidats. A roccasion de cello demande , un membre propose a la Commission ceii- Irale de nommer aux places vacantes dans la pro- chaine seance , et M. d'Avezac demande que le nonj de M. le colonel Jackson , secretaire de la Socic^le royale g^ographique de Londres, soil inscrit sur la lisle dos candidats. M. le vicomte de Santarera offre a la Soci^ld , de la part de I'auleur, M. Lopes de Lima , Irois ouvrages sur la d^couverte du royaume de Congo par lesPortugais ; sur la statistique des possessions portugaises d'outre- mer , et sur les lies de Saint-Tom6 et Principe. M. de Santarem est pri6 de donner une note au comity du Bulletin sur ces divers documents. M. d'Avezac pr6sente de la part de M. Guiluin , capi- taine de corvette, un ouvragc contenant des documents sur riiistoire, la g(^ogi'aphie et le commerce de la par- tie occidentale de Madagascar. 11 annonce que cet ofli- cier est sur le point de repartir pour une nouvelle expedition sur les cotes de Madagascar et les cotes orientales de I'Afrique , et qu'il desirerait I'ecevoir les instructions de la Society. — M. Daussy est prici de preparer ces instructions, M. Vivien olTro, de la pait de M. Reinaud , membre del'Institul, une relation des voyages iaits par les Arabes et les Perses dans 1 Inde eta la Chine dans lo J||(^^^ sicclo de I'ere chrelicnno; 1c.\lc arubo imprime (71) en 1811, par les soins de feu Lauf^Ies , public avoc des corrections et additions, el accompagnt^ d'une traduction frangaise et d'6claircisseraents par M. Rei- naud. M. Vivien est pri6 de I'emettre une note siir cet ouvrage au corait^ du Bulletin. M. Jomard annonce qu'il a regu la suite du voyage geologique de MM. Figari et Ilusson , et qu'il en don- nera lecture a la prochaine stance. Le naenie menibre annonce que M. le professeur Ritter, de Berlin, vient d'etre nomrae membre corres- pondant de I'Academie royale des inscriptions et belles lettres. M. Daussy presenteplusieurs6preuves d'une planchc reproduite par le procdd^ de la galvanoplastie. La carte sur laquelle on a op^re est celle qui a il^, publiee dans le voyage de la Coqiiille , et qui donne le trace des lignes isodynamiques magn«itiques sur toute la sur- face du globe. Le but de cet essai 6tait de s'assurer si Ton pouvait reproduire des cartes d'une certaine di- mension ; la reproduction de celle-ci . qui a 37 cent, de longueur sur 22 cent, de largeur, paralt parfaite. M. Daussy joint aux epreuves de la planche nouvelle deux epreuves de la planche originale , une avant et I'autre apres I'opcration , et Ton remarque , d'apres CCS Epreuves , que la planche n'a nullenient soud'ert de cette operation. Apres diverses observations sur I'utilite de ce proced^ et sur des essais semblables qui ont d6ja ete tent(!;spar divers artistes , entre autrespar M. Soycz, M. Daussy est pri6 de romettrc une note a ce sujct au comite du Bulletin. La Commission centrale precede au renouvellemcnt de son bureau pour I'annee 18^|f), et die nommc au scrutin : ( 72 ) President. — M. Daussv. f'\-Presi(L — MiM. (loSantaiein ctRuux df Uocliclle. Secretaire. — M. Vivien dc Saint-Martin. M. Guigniauf, en quiltant le faulcuil , remercie scs collogues, et se f^licite du concours qu'ils ont bien Aoulu lui prdter dans I'exercice de ses fonctions. M. Uaussy, appol6 a la pr6sidencc, remercie la Commission centrale de ce t6moignage d'eslime , et il se rend Torgane de ses coll5gues en adressant leurs remerciements a M. Guigniaut pour le xele alier Aanibal de Seduces : Le Alpi che cingono I'ltalia considerata militarmente cosi nell' an- tika come nella presonte loro condiziono. Vol. primo. Torino, 1845. — Tavole relative alia parte prima. — Coragrafia delleAIpi dal Mcdilorrancoall' Adriatico,di- \isa in quattro fogli. — ProPdo geomctrico delle Alpi. — Tra il Monte dello Schiavo cd il monte Rianco , in un loglio. — Tra il Monte Bianco e laClima di Rillo- ( 75 ) ray , in due fogli. — Tra il inonte dello Schiavo e quello deir Inciastraja , in un foglio. Par M. Guillain : Documents sur I'histoire, la geo- graphie et le commerce de la partie occidentale de Ma- dagascar, I'ecueillis et rediges par M. Guillain, capi- taine de corvette. Paris , 18Zi5. 1 vol, in-8. Par M. Reinaud : Relation des voyages fails par les Arabes et les Pei-sans dans I'lnde et a la Chine dansle IX* si6cle de I'ere chretienne; texte arabe , imprim6 en 1811 par les soins de feu Langles, public avcc des corrections et additions, ct accompagn6 d'une traduc- tion francaise et d'eclaircissements par M. Reinaud , membre de I'Institut. Paris, 18/i5 , 2 vol. in-12. broches. Par M. J. -J. Lopes (le Lima : Descobrimcnto e posse do Regno do Congo pelos Portuguezes. Lisboa, 1845, 1 vol. in-8. — Ensaios sobre a statistica das posses- soes portuguezas so Ultramar, livro II. — Das illias de S. Tliomfeetprincipe esuadependencia. Lisboa, 1844, 1 vol. in-8. ParM. Daitssy : Carte de la configuration deslignes isodynamiques.Epreuve delaplanche avantl'operation de lagalvanojilastie, epreuve reproduite par la galvano- plastie , et Epreuve de la planchc apres I'operation. Par les aiiteiirs et c'fiitenrs : Y\.G\ue de I'Orient, dccem- bre , 1845. — Bulletin de la Societe geologique de France, novcmbre 1845. — Annales do la propagation de la foi , Janvier 1846. — Journal des missions evan- geliques, decembre 1845. — L'Echo du monde sa- vant. Seance die 1Z Janvier 1840. l\u le iniiiistere de la marine et des colonies : Comple ( 76 ) pr6sonl6 a« Roi en execution de rarlicle 1 1 tie la ioi tics finances tlu 19 juillct 1845, 1 volume in- 4. Broche. (Dccembre 1845.) Par les autenrs et editetirs : Annalos maritiines et coloniales, decembre 1845. — Nouvelles annales des voyageset des sciences g6ographiques,noveral)re 1845. — L'Investigaleur , journal de I'lnslilul historique , Janvier 1846. — Bolotin enciclopedico de la Sociedad cconomica de Amigos del pais , septembre 1845, Va- lencia. — Memorial encyclopedique , dd'cembre 1845, — Recueil de la Society poly technique, juillet 1845. — L'Kcho du monde savant. ERRATA du ciihiii de ilrceml.ie !«;.''>. fafje 3o6, lijjne 9, Zuccajini; /i«'i Zucc.iciii. » 3lo, li{;ne 9, a fine , il ii'a |i,irii; /(set on 11 a rciil. » 3i I , ligne 5, a fine^ cenoinensis; lUcz ciMioiiiaiiciisu^ » 3i4 , liG'"' 7' "fine, Pczzanna; Use!, Pez/.ana. BULLETIN OE L\ > r SOGIETE DE GEOGRAPHIE. FliVKlF.R 1846. PREMIERE SECTION. M^MOIliES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Documents sur riiist.oire , la geographie et le commerce de In partie ncculeiitale ile Madagascar. Hciueillis et K-dijjes par M. Guii.l»in, capitaiiie ile corvi'ltp ''i'. Ai)alyse par M. Uaussy. Au mois de novembre I8/1I , la corvette In Dordogne, commandee par M. Guillain , rapitaine de corvette , fut designee par le gouverneur de Bourbon pour aller stallonner a Nossi-B6 , dont le gouvernement avail fait prendre possession quelques mois aupara- vant. Get etablissement allait procurer a nos navires un mouillage sur dans les mers a I'E. du Cap , et un point oil ils pourraient trouver des moyens de repa- (1) Un vol. in-8 tie 'S-% pajjes avec nrie carte ili; iMail.igasrai-. Paris, Imprimerie royale, i8'|f); chrz tiiaclinuMciive Artlms Herlraiiil. v. FlivRIF.R. 1. 6 ( 78 ) ration. 11 devait aiissi donncr la iaciiile d'enlielonir avoc los poi)idatioi)s de la cote N. -0. de Madagascar dos relations avanlageuses. II dlail done convenahle de connailre exaclement la situation de ces populations et d'etudier les ressources que leur pays pouvait oiYv'iV au commerce : tel etait le but de la mission qu'avait a romplir M. Guillain, et dont les resultats sont exposes dans I'ouvrage dont nous avons a rendre compte. Get ouvrage est divis6 en deux parties. Dans la pre- miere , intitul6e ; llistnire pnlitiqjte dii peiiple saknliu>(\ se trouvent relics en groupes les Tails concernant I'his- toire de la population qui occupe la region occidcntalc de Tile, consid(^rec seulement dans ses rapports avec les populations voisines. Dans la seconde , intit(d(!!e : FoYCigo a la cote i). de Madagascar en \%h'l et 18/l3 , M. Guillain a r^uni tout ce qui est plus particuliere- ment relatif a la geographic , au commerce et a la si- tuation actuelle du pays. Les fails y sont exposes dans I'ordre ou ils ont 6te recueillis , ce qui en fait ime vi'-- ri table relation de voyage. Nous nous arreterons pen sur la partie liistorique , qui rentre moins specialemenl dans les attributions de la Soci6l(^ de gcographie ; nous dirons toutefois qu'on lit avec interet dans cet ouvrage le d^veloppe- ment de la puissance de la nation sakalave, qui, pres- quc inconnue du temps de Flacourt , et ne formanl alors qu'une petite peupladc du S. , dou^e d'un carac- trrc lielliqueux , s'incorpora successivement par la conqufite les diverses populations ^tablies dans la region occidenlale de Tile. Gette nation , au reste , se ilivisc en deux grandes families : les Sakalaves du M6- nabe ou du S. et les Sakala\es du lioueni ou du Nord, sorties toutes deux d'lme meme soucbe, mais qui se ( ^^.> ) sont bientot separees; tUvision dunt la suite a dt6 cle ne pouvoir resister aux altaques des Hovas etahlis au centre de I'ile , qui dans I'origine leur avaient <^t6 souniis. La tradition conserv6e pormi les diff^rentes peu- plades a perinis d elablir avec assoz de probabilite la suite des divers chefs qui ont successivement do- mine les Sakalaves du N. et ceus du S. , ot des {^vene- ments qui ont agit(i ces peuples , jusqu'a ce que , afTaiblis par leurs divisions , ils ont i'te completement battus par Radama, roi des Hovas , qui, s'interposant habilemcnt dans leurs querelles et profitant des rela- tions etablies par lui en i813 avec les Anglais , finit par r^duire sous sa domination lous les pajs oc- cup6s par les Sakalaves , dont les chefs furent obliges de fuir ou de se cacher , et ou il etablit des posies mi- litaires pour s'en assurer loujours I'entree. La mort de Radama ne detruisit pas la puissance des Hovas; sa femme Ranavoula , qui lui succ^da, poursuivit sa po- litique. Les chefs de I'O. voulurent a plusieurs reprises secouer le joug, mais ils furent toujours battus , et les Hovas continu^rent, par des expeditions frequentes , ap- puyees sur les forts qu'ils avaient dtablis dans le pays , a d^soler les Sakalaves, dont ime partie considt^rable est venue se r^fugier a Nossi-Be , ou nous venons de former un etablisscment. Le but du voyage de M, Guillain sur la cote 0. de Madagascar etait de connaitre quel etait r^tat des populations sakalaves qui etaient restecs sur ces cotes; c'est en conversant avec elles qu'il est par- venu a tracer un aper^u de leur histoire. Nous citerons ici les retlexions par lesquelles M. Guillain lerminc son recit, etquidonnentune idee de liul^ret qu'il pre - sonte. ( «o ) i( L'avcnir r(^sorv6 aux sauvages eiiiaiils dc I ilc Mal- gaclie ((lit M. Giiillain) doil-il ctre lei un jour, que la postoritd; vouille s'onqu6rir de ce qu'ils auront 6t6, on raison de ce qu'ils soront alors ? Nous le crojons, ot il n'a pas fallu inoins que cette ferme croyance pour nous soutenir dans la taclic , souvent aride , que nous nous 6tions impos^e; ct puis nous avions la France en regard , ct Ton s'apercoit peu des fatigues de la route quand c'est la qu'on doit aboutir. » Disons , apr(>s tout , que ce recit ne nous a pas paru completoment (lenu6 d'interet; c'cst toujours un spec- tacle altachant que celui dun peuple, si faible qu'il soil, marchant avec courage a raccomplissement de sa destinee , et luttant ensuite avec des agitations ron- vulsives contre le principe de mort qu'il portc on son sein. Nous avons pris a son berceau cette faniillc saka- lave , et , la d^ja , nous nc I'avons pas trouv6e sans gloire ; nous I'avons suivic dans sa longue carri^re aventureuse , et nous I'avons vue, a son apogee, con- stituer une assez puissanto agr6gation politicjue , uno agregation telle qu'il est rarcment donne a une race purement sauvage d'en fonder une pareillc. Enfin nous I'avons accompagnee , a Iravers toutes les v'icissitudes do son declin, jusqu'au jour oi'i , par I'oiFiJt do d^sor- dres interleurs et de I'invasion etrangere, les deux dy- nasties Voulamenes et le peuple qu'elles gouvernaient so sont trouv^es reduites, dun cote a ini enfant re- gnant sur quelques milliers d'individus emprisonnes sur un iiot, ot de I'autre a deux jeunes princes sans aulorite ni influonce sur los groupes desunis et decou- ragos qu'ils appollcnt encore leurs sujets : rois et pcu- ples somblant, au N. commo au S. , ne plus attondre pour disparailrc complelcment que le momonl on iis { 81 ) pumroiit utre absorb^s dans une Liiiil(i supt^iieure a ceJle qu'il leur avait 6t6 clonn6 do realiser. » Les races ne couiptcnt que par ce qu'elles ont lait ar quelques families fugitives lors des deux premieres incursions de Moroun'sang par les Ilovas, en 1826 ot 1831; mais ils etaient evidemmenl aban- donnes depuis pliisieurs annees. Au reste , a part ces indices de la presence momentanee de quelques indi- vidus, toulc cetlc partie dn pays semble n'avoir jamais cte babitee. ■> Du cote du S. , le iunre est borde de petiles |)lages au-dela desquelles le terrain est aussi tres escarpe. Devant deux de ces plages, en des endroits ou les col- lines s'ecartent un pcu plus de la rive et y laissent un espacc plat , on trouve , d'une ])art , des debris de cases, et de I'autrc quelques restes encore debout dune |ialissade cii pieux Ires cloves, asso/ forts et r^- ( 83 ) guliereiueul fagonnos. CcUe palissade entouralt la tloineuro do I'ex-roi de Bou(ini, Andriansouli, (jui sc lofu^ia en ce lieu lors de la seconde invasion de Mou- roun'sang, ot en fit Tunc de ses residences apies sa dech^ance. » Le 11 , In Donlo^ne partit de ce point pour aller inouiller devant Mouroun'sang, ville fondee en 1837 par les Ilovas, qui y ont un gouverneur, avec lequel M. Guillain entra en relation. « La baie de Mouroun'- sang ou de Rafala n'est a bien dire que Fextremile septentrionale d'un immense bassin , qui coniprend , en outre de cette baie , celle de Saumalauza , ou port Uadama, et une troisieme nomm^e Raminitok. Les deux premieres pourraient etre considerees comme n'en faisant qu'une seule ; car elles communiquent I'une avec I'autre par un canal etroit et peu profond , il est vrai, mais qui n'est cependant jamais a sec. Lo mouillage de Mouroun'sang est cntiereuient ouvert au N.-O. , et le di^barquement y est partout tort incom- mode. La baie de Saumalauza ou port Radama est un bi'as de mer qui, sur une lai'geur de 2 a 5 milles , et avec des prolondeurs inegales et tres irregulieres , s'avance a environ 25 milles dans les terres. C'est sur son c6t6 oriental qu'on troiivait, il y a quelques annees, les villages sakalaves, dont la population s'est refugice a Nossi-B6. » La vlUe de Mouroun'sang est 6levee de 172 metres au-dcssus du niveau de la mer ; une garnison de 350 liommes lient sous la dependance des Ilovas le pays environnant; mais le gouverneur actuel , Rabemila , ap|iorlail tlans scs fonctions des vuos lib^rales et pa- ternelles. La |>opulation des trois villages sakalaves ( 8A ) plac(is sons sa «^pendance pouvait s'^levor i\ un mil- lier dimes ; les habitants paraissalent alertes et joyeux comme des gens satisfaits de leur condition. En quittant Mouroun'sang, Ic 5 scptembre, /a Dor- do£^nc sc dirigea vers la baie de Bombetoc, dans la- quellc clle mouilla le lendemain , vis-a-vis la ville de Majunga , autre poste itabli un 1824 par les Hovas, et ou I't^side un gouverneur-. La baie de Bombetoc s'^tend a environ 18 milles dans les terres; sa largeur varie de 3 a 7 milles; les terres qui circonscrivent ce magnifique bassin pr«^- sentent un aspect agrdablc et varied ; du coti^ de I'E. elles sont basses et couvertes d'unc riche vegetation , et du c6t6 de I'O. elles pr^sentent une s6rie de collincs d'une hauteur moyenne et uniforme.boisees dans leur partie superieure, mais arides et pierreuses a la base; au fond de la baie debouche le Betsibouka , une des plus grandes rivieres de Madagascar, et dans le N. se dessinent, dans un pitloresque ensemble, la ville for- lifiee de Majunga et les mines a dcmi restaur^es de rancienne cite de Moudzangaie , entremel6es de bou- quets de cocotiers, de manguiers et de grenadiers. A r^poque de I'invasion des Hovas, Moudzangaie comp- tait au moins 10,000 habitants, Antalaots ou Arabes, qui y avaient 6te attii-es par les rois sakalaves; la ville avait des mosqu^es et un certain nombre do maisons en pierres. Son port et sa marine en faisaient I'enlre- poldes produits de rAt'rique, de I'Arabie et de I'lnde, Tout y respirait le mouvemcnt et la vie. Huit mois plustard, ces licux 6taient deserts; les populations sakalaves s'^taient enfuies \ers le N. , ot Raman^taka, le rheC (les Uovas, incendiait Moudzangaie, ne laissant / 85 ) pour refuge a scs mallieurcux habitants fju'une plage ^troile , entro la nier et Ics flanimes. En 18Zi"2 , la population antalaots vivant a Majunga etait de 675 individus lil^ros et de 250 esclaves, aux- quels (^talent rt'junis 113 Sakalaves et une trentaine d'Indous. Depuis la derniere emigration des Sakalaves, les bords de la bale de Bomb^toc sont restds inhabites; Majunga est le seul point oii il y ait possibility de nouer des relations. Les Americains y ont un agent depuis 1830; une maison anglaise de Londres y avait aussi t!!tabli un com])toir en 1836, mais il a ete aban- donn6 en 18ZiO. Majunga entretient avec Tananarivou des relations tr^s trequentes ; les communications ont lieu en huit jours, au mojen de couriers; des homraes portanl des far- deaux parcourent cette route en seize jours. M. Guillain donne I'itin^raire de Majunga a Tananarivou, ainsi que la description des deux i^ives du Betzibouka jus- qu'a onze journees de navigation en remontant. Le 20 septembre , la Dordogtie appareilla de Majunga pour aller dans la baie de Cagcmbi, d'ou M. Guillain comptait se rendre a Riomblkibou , residence de Ta- fikandre , chef des Sakalaves marambitres , qui' r^sis- tent encore aux Hovas. Apr6s avoir mouille la corvette a I'entree , il se dirigea vers le fond de la baie avec sa chaloupe, et prit terre a Kiakombi, \illage silui^ a 11 milles dans I'interieur de la baio. De Kiakond)i, M. Guil- lain se rendit par terre a Kioinbikibou, pour avoir une conference avec Tafikandre. Mais ce chef fut loin de repondre a I'idee qu'il s'en 6tait form^e : ce n'etait reellemcnt qu'un veritable automate , capable dans certaines circonstances de se ruer sur lennenii, une sagaio a la main , mais qui n'a jamais eu aucunc des ( 86 ) qualitos niiccssaires a lui cliol. A I'ogard dos Sakalaves eux-iiicmes , leur repulatioii l)elliqueusc devali hiontot s'i^vanoiilr par iin (^veneiuent qui arrlva Ic loiidcmain. Au milieu dc la nuit , la population Cut rcivcillee par ce cri instantaniimcnt r^pctd par dos voix noinhruusos : les llovas I les liovas ! En meme temps retentirent des coups de fusils et le son sauvage de la conque , accom- l)agnemenl lugubre tout-a-lalt en harmonic avec les clameurs dejiouvante qui s'elevaient de toutes parts. En un instant le tumulte fut au comble. Au reste , le bruit s'apaisa peu a peu , et une heure s'dtait a peine •icoulee, qut^ le plus proFond silence regnait partoul. Au point du jour, il n'y avait pas vingt personnos dans le village. La desertion avait et*!; generalc , toutes les populations des villages environnants avaient fui dans les bois : c'est ce qui arrive toutes les tois que les llovas font une expedition; aussi ne peut-on (aire que tr^s peu de cas aujourd'hui de la resistance des peupies sakalaves aux depredations des Hovas. Le 3 octobre au matin , la DorUogiie quitta Kia- kombi, et a l\ heures de I'apres-midi elle mouilla dans la baic de Bali, qui fait partie de la province d'Am- bongou. M. Guillain so mit en relation avec le chef de ce district, qui lui parut sup6rieur a ccux qu'il avait vus jusqu'ici. II I'engagea a venir visiter la Dordo'^nc ; mais ne put parvenir a lui inspirer assez de confiance pour cela qu'apr^s avoir fait avec lui le serment du sang. Apres avoir passd sept jours a Bali et pris desren- seignements sur les chefs des environs, M. Guillain se dirigea vers le cap Saint-Andr6, el mouilla le 14 a I'em- bouchure de la riviere Sambaho, a I'entr^e de laquelle se trou\e le village de iNossi-Valavou , situe dans le pays de Milan/a. Ce pays est habili' par I'^s Mivmis . ( 87 ) dont le chef est Andrianah, a\ec qui M. Guilkiiii clicr- cha a ontrer en relation ; mais 11 dut se contcnter de s'entretenir avec les envoyes de ce chef. On avait an- nonce a M, Guillam qu'il existait dans I'Ambongou une mine de houille ; il ne put , malgr^ tous ses cfTorts , parvenir a constator ce fait; niais il acquit la certitude qu'il existc en Milanza des lits d'lin bitume glutineux qui, d'apr^s ce qui lui a 6te dit , doit etre de I'asphalte. Les Antalaots Teinploiont a calfater leurs bateaux en le raelant a la gomnie-resine elomi. II est de couleur noiratre , dur et cassant lorsqu'on le manic le matin , mais il se ramollit a la chaleur du soleil. Les lits de cette matiere sont a fleur du sol ou recouvei^es seule- raent d'une legere couche de terre. Le 20 octobre , la Dordogne mit a la voile et se dirigea vers Kivinza , lieu qui avait 6te indique a M. Guillain comme le plus commode pour se raettre en relation avec Tsifalagni, chef de cette partie de la cote. La navigation le long de cotte cote n'etait pas facile, car on a peu de renseignements sur les dangers qui la bordent : cependant, comme le temps ^taitbeau, la corvette avanca rapidement, avec une vigie et un canot sondeur en avant , vers Nossi-Marouantali , une des iles St^riles ou Baren, vis-a-vis desquellcs devait se trouver Kivinza; elle mouilla a I'E. de cette ile. La mer 6tait belle , et le canal qui separe Marouantali de la cote paraissait navigable dans toute son etendue ; mais deux jours plus tard , une forte brise d'O.-S.-O. ayant soulevt!; la houle , on ap-^rgut des brisants sur plusieurs points peu (^loignes de la corvette , et ou il ne restait que 2 brasses ou 2 brasses 1(2 d'eau. II y avait moins de'fond encore sur quclques pates de co- raux, qui, aux l)asscs mers desgrandcs marges, doivpnl (88 ) venir a flour d'eau. (-os bones soiit d aiilaiil |)liis daii- gereux que, surcelle cole, I'cau etarit trouble el d'une rouleur jaune, ils n'y produisent pas cetle decoloraliou qui dans une eau transparenle d6cele les bauts fonds ; et coinine d'autre part ils sont tres accores , la sonde ne peut les annoncer. Le village de Kivinza est situd sur la rive gauche de la riviere Ranoumainti, espoce de bras de incr au fond duquel se jelte une des branches de la riviere Douko, dont rciubouchure principale est a 3 uiilles au S.. M. Cuillain decrit ainsi le pays situe au S. de la province d'Ainbongou : Entre la riviere d'Ounara , qui est la liniilo m^ridionale du Marah , et la petite riviere Kingala est I'ancien pavs des Marendrahs , territoire peu 6tendu et qui est une annexe du Marah. Le j)a\s compris entre Kingala et lagrande riviere Manainbaho est la province de \ ouai. Son village principal est Tain- bouharounou , sur la rive droite de la Mangareombi^. A IE. du Vouai , au S,-i . du Marah et a I'O de Ma- gnerineri, est le territoire de Beb6la, borne au S. |)ar le cours de la Mananjbaho. Entre cetle meme riviere et la Douko, qui debouche a environ 14 lieues plus au S. , est le pays de Mavoubazou , habit(^ par les Ant- sansas. Enlin, a I'E. de Mavoubazou, au S. de Beb^ta el a rO. de Magn^rineri et de Bongoulava (la mon- lagne longue) esl situ6e la province d'Anibaliki. Tons ces pays sont dependants du Menabe. A I'exception de Mavoubazou, ils n'ont tons qu'une tres faible popula- tion. Celle d'Anibaliki est meme concentree dans le village de Misinzou. Le littoral de Mavoubazou est un sol sabloniieux, sterile el inculte : cependanl, dans la partie N. ainsi que dans I'inlerieur, on y recolle du mais, un peu de manioc, des bananes, des pistacbes ( 8^ ) et des palates; on n'y recoltequ'une tros petite fjiian- tlte de riz. Siir la cote et sur les iles Stt'rilfs, le caret est tres abondant ; I'inlerieur est riclie en Lelail , en bois d'l'ljenisterie et en bois de construction. Le sejour de M. Guillain en ce point kii permit de s'interposcr entre leux chefs , qui etaient prets a en venir anx mains et qu'il reconcilia; ce qui donna lieu a unt; fete dans laquellc on c^lebra la sagessc et la bienveil- lance des Frangais. Apres etre rest^ encore quelques jours a Marouantali dans I'espoir d'entrcr en relation avec Taragne , prin- cipal chef du Menab6 , M. Guillain continua sa route vers le S. Le Mcnabe propreraenl dit , dont la Dnr- (lo^ne venait de parcourir les cotes , comprend tout le territoire situc entre la riviere Douko au N., la chalne dite Bongoulava a I'E., la montagne Moudounglii an S -E. , la riviere Mangouki au S. La mer le borne a rO. li est arros6 par un grand nombre de cours d'eau qui, sans y comprendre les affluents, sonl du N. au S, : les rivieres Douko, Pandoukouara , Sohani, sur les herds de laquelle on ti'ouve beaucoup d'ebene et de sandal; Manamboule, Maroumouki, Tangakassi, dont les rives aussi sont fertiles en sandal; Sizoubounghi, le plus grand fleuvc du Menabe et au-dessus de Fem- bouchure dui|uel est la residence de Taragne ; puis encore les I'ivi^rcs Andahanghi , Boutsi , Ampatipatiki, Mouroundava , Louvoube , Maharivou , Angara , Man- deloulou , Akomba en face des iles Barlow et Crab; Angorikason , au nord de laquelle il y a, non loin de la plage, une immense saline naturelle ; cnfin la ri- viere Mangouki, qui est la limite du Menabe et de la province de Feeregne. Ce pays, dont le littoral est plat, sahlonncux el sou- ( 90 ) vent couvert de paletuvlcrs, devicnl Ires boisvn;u. 2. 7 ( o/l ) lii clouiinaliun hovaTi'esl plus (ju unc alTaiic- dc temps, donl Ic levmc ne saurait elrc lies eloigne. Lc 19 noYcmbro, In Donhgne mit a la voile cl quilla le pays des Sakalavcs pour visiter la province dc Fec- r^gnc , habilde par les Andraivoulas. Ellc sc dirigea done vers le S. en suivant la cote a quclque distance. Sur toutc retcndue comprise entrc les ilcs St^rilcs et le caj> Saint-Vincent la tcrre est , a part quelques raros cndroits, trtis basse, sc terminant au bord dc la mcr, lantot en plages de sable, tantot en pclitcs falaiscs sa- blonncuses garnicsde quelques broussaillcs ou de mai- grcs arbustos; ])uis , sur les points tres nombreux oil vicnnent debouchcr quelques cours d'eau, cc sont dc largcs espaces de terrain d'alluvion, recouvcrts de paletuviers. Les hauls fonds de sable ou de corail y sont nombreux. La province de Feeregne, situec au S. du M^nabd; , n'offre sur son littoral que Irois points oii puissent so- journer de grands navires : ce sonl, lc canal compris entrc les iles du Mcurtrc (Murder) etla cole, le port de Tolia {TuUear's hay d'Ovven)etla baic Saint-Augustin, nommee par les indigenes Isa/are. Ce ful au port de Tolia que la Donhgne s'arreta le 3 novembre, parce que , dans la mousson qui regnait alors, lc mouillago y etait plus siir qu'i Saint-Augus- tin , s(i nous- mcine ; qu'ontre les buuchcs tUi grand » rio Atratoct le littoral dc lamer du Sud, qui uvoisine » la baie de Cupica , la Gordiliore de la Nouvcll(3-Gre- )) nade disparait entierement , et qu'on n'y trouve que » de tres faibles collines. » Nos communications I't^centes ont fourni a M. Ic )) baron de Flumljoldt roccasion d't'nsister de noiwetiii » siir- cctte pp/'/iioHj et en developpant devant nous , avec » autant de bienveillance que de superiorite , des idees » positives, puisees a la lois dans la connaissance ap- » pvofondic des localites et dans des considerations )) geologiques d'une grande importance, il a eu la )) bonte de nous aider de ses conseils , et de nous per- )) mcttre d'invoquer au besoin I'appui et I'autorite de » son nom. » Le savant auteur de VEsscu sar Ui politique de la Noiwelle-Espagiie no s'etait pas tronipe dans ses pre- visions, et I'exploralion dont j'ai I'honneur de pre- senter a la Society de gt^ographle un expose sommaire vient les confirmer en apportant les preuves a I'appui. Des 1825 , la Societe de geographie de Paris , frapp<^e de I'imporlance toujours croissante de rAmeriquc centrale, sorte de chaussee de plus de 500 lieues de developpement entre le golfe de Darlen et le lac de Nicai'agua, avait propose un prix pour ceux des voya- geurs qui se seraient Iransportes dans ces contrees pour y fixer par des etudes geograpliiques ou topo- graphlques la position des lieux. Malgre cette invitation, faite avec una noble liberalitc aux voyageurs de toutes les nations, la connaissance de cette region, qui renferme sur plusieurs points des rivieres et des vallees propres a etablir un canal ou un chemin de fer entre les deux oceans , ne fit que ( 100 ) tres peu dc progr^s. II Iniportait cepemlant dc bien etudler Ic cours de ces rivieres et valines, commc aussi les montagiies qui Icur donnent naissance ou qui avoi- sinent les divers bassins ; d'avoir des donn^cs exactes sur les productions de toutes sortos dont la nature a comble ces pays, sur leur constitution gcologique et sur leurs richesses minerales. Dcs voyageurs hardis et d'un grand savoir, lels que Stephen, Juarros, Waldeck , Galindo , Corray , etc., nous ont transmis des documents aussi neufs qu'ins- trucllls sur les anciens monuments de I'Amerique cen- trale,et particuliercment surceux duMexique, del'ttat de Cliiapa et de I'Yucatan; mais le monde industriel et commercial avait d'abord besoin de connaltre la nature du sol de ces contrecs presque ignorees , la di- rection des eaux et les hauteurs qui divisent les deux mers. En 1844 , le gouvernement de S. M. pi-it enfin I'ini- tiative, et envoya a Panama MM. Garella et Courtines, Tun ing^nieur en chef des mines , I'autrc employ*.^ aux ponts et chaussccs, favorablemcnt connu par ses beaux travaux pour la route centrale dcs Pyr6n6es et ses traces de chemin do fer aux environs d'Alger et Jiutour de Paris. M. Courtines , plus specialemcnl charge du nivellemcnt de la ligne de Chagres a Pa- nama, avait trop a fali-e pour se livrer a des explora- tions dans I'interieur de I'isthme , et M. Garella s'oc- cupa specialement de la triangulation des environs de Panama. Le risultat de cette mission dcs ingcinieurs frangais se bornait done a I'exaraen approfondi du terrain compris entre Panama, Chorera et Chagres; mais I'isthme de Panama, comme ceux du Daricn el du NCraguas, continua a rcslcr incdiinu. ( 101 ) C est a la meme epoqiie que j'essayais a mes risqueg et pdrils de coinbler cette lacune , et je serais heureux si mes recherches et ma bonne volonlc d'etre utile a ma patrie pouvaient etre juges digues de fixer un instant votre attention. Apr^s avoir reconnu les divers cantons, a I'O., au N. et au S.-O. de Panama, je m'embarquai dans une pirogue , pour aller visiter les iles du petit arcliipcl de Goiba ( nommi, je ne sais pourquoi , Quibdo sur toutes les cartes) , les vastes baies de Mantijo , de Honda et les lagunes de David. De ce point je me di- rigeal dans I'interieur de la province de Veraguas , marchant constamment en zigzag de la mer Pacifique a la mer Atlanlique , passant et repassant alternative- ment la grande Cordilicre, depuis les frontieres de Costa-Rica jusqu'a Panama, relevant, dans ce voyage decinqmois, les points principaux , et m'attachant surtout a determiner la position dos montagnes et Ic cours des nombreuses rivieres qui arrosent ces con- trr/r)surtoutoslcs cartesslesnombrenses ilesvoisinos, vierges comme la pr6c(idente d'liabilations , les baies de I\lontijo ct de Honda . puis les lagnnes du rio David , improprement appol^es de Cbiriqui , qui n'est qu'un petit affluent. De ce point , je pen^trai dans rint^rieur de la province de Veraguas , et , marcliant constam- ment en zigzag du Pacifique a I'Atlantiquc, pr^ssant et repassant altornativement la Cordiliere par tous les points oil olio livrait passage , jc rcvins par David , San Lorenzo , Rcmedios , Toli , las Palmas , la Messa , Santiago, et Parita , a Nata, d'oii je me rendis a Panama , relevant dans ce voyage de cinq mois les points principaux , m'attachant surtout a determiner la position dcs montagnes cl le cours des rivieres , comme la bauteur dcs cretes les plus elev6es. Cette re- connaissance a ou |)our r^sultat principal de domon- trer la presque impossibility de percer Tislbme sur aucun des points do la province de Veraguas , soit qu'on utilise le rio David ct son port assoz dangereux, soit qu'on veuille meltre a profit la vallee de la riviere asscz formidable de Tabassara , ou tirer parti dcs belles rivieres de San Pedro et Martin , qui se jettent r^unies dans la vaste et profondc bale de Montijo. Ce dernier point serait encore le plus praticablc , car la distance qui scparc les sources du San Pedro du rio Canaveral qui se jelte dans I'ocean Atlantiquc est de ( 113 ) h lieucs seulemeul; luais la crele divisant ccs deux rivieres conserve encore au point de sa plus grandc depression une hauteur dc 700 pieds au-dessus de sa base ; en outre , le versant nord de la montagne est tres escarpe. Apres quelques jours de repos , employes a faire le canevas d'un carte de listlnne , je partis dc Panama le 19 Kvrier 18ii5 pour explorer la contree signalee par vous a I'atlention des voyageurs d^s I'annee 1802. Mais avant de pen^trer dans le Darien , une large ou- verture qui, de la petite ile de Ch('])illo,a I'E.-S.-E. de Panama , s'apercoit entre le massif prolonge de mon- tagnes , dit de Mariprieta au N.-N.-E. el le cone de Cliiman au S.-S. -E. , me donna I'espoir de penetrer par la au golfe de San Bias. Du bourg de Chepo , je remontai le rio Payal a la distance de pr^s de huit lieues. Mais la une chute infranchissable vint m'arre- ter, et ayant pris terre , je trouvai devant moi au bout d'une journde de marche tres penible, une montagne de mediocre elevation , mais de diflicile acces , et dont la Crete aplatie s'etendait au nord, au sud et a Test a perte de vue. Je n'ai pu qu'evaluer la hauteur de oetle montagne dite de Chepo , et un Indien m'assura que cette hauteur se prolongeait ainsi jusqu'aux bords de la mer, d'ou Ton pouvait apercevoir les iles de San Bias; ce que j'ai pu constater au mois de se])tembre suivant. — Je dus bientot renoncer egalement a I'es- poir de trouver un passage plus facile par le rio Chi- man , et mes tentalives poui- pcrcer par le rio Congo et derriere le pic de Chinian , du golfe de San Miguel a cclui de San Bias , furent egalement infructueuses. Ainsi , dcpuis le massif prolong^ de Mariprieta au N.-E. de Panama jusqu'au c«hje de Cliiman el au lio C-ongo au S. -S.-E. de cette vilh- , les massifs isoles so ( 114 J succ^dent par t!!chelons, et rendont imi)raticalile tout pcrcemenl de I'isthme sur cette lignc. Ind(^pcndam- mont do celle premiere et grande didicull^, la masse d'eau de cos diverses rivieres n'est pas asscz volumi- ncuse pour permettre I'^tablissemont d'un canal a grandes sections. Dc la petite ile de I'lguana dans le golfe San Miguel, jo me rendis au cap Garachine , ou jo commenrai a faire des sondages jusqu'a la Boca-Cliica du rio Da- rien, appcle aussi Chucunaque ou rio Grande. Ces son- dages m'ont paru de 9 a 20 brasses d'eau. Le littoral monte rapidement , et les montagnes y ont une hau- teur de 600 a 800 pieds. Aux bouches du Darien ce ne sont plus que des collines de 200 a 250 pieds d'al- lltudo. Derri^re ces collines, larges d'une demi-lieue environ, s'ouvreau iN.-N.-E.,a I'E. elauS.-E. une im- mense valine, prodigieusementdeprimee, au milieu de laquelle coule \eflem>e Darien. L'ouvorturo ou les deux ouvcrtiH'cs (Boca-Chica et Boca-Grande ) par lesquelles le Darien envoie son (inorme volume d'eau au golfe San Miguel sont tros resserr6es (220 et 315 pieds aux points les plus rapprocli(isj , ct il faut attcndre , soit la mar^e haute, soit un vent favorable d'O. ou de N.-O. pour pouvoir vaincre la force du courant. En cet endroit , et jusqu'au-dessus du rio Toguti (six lieues environ) le Darien conserve une profondeur de 7 a 8 brasses a mar6e basse sur une largeur qui, sur plusieurs points , notamment pr6s dc I'cmbouchure du rio Savana, pros du village de Chapigana , depasse de beaucoup celle de la Seine a Ilonfleur, sans intermission d'iles ni bancs de sable. Dans le golfe San Miguel, les mardes bautes sont d'ordinaire de 22 pieds; mais avcc les vents du N. et du N.-O. elles rnontent souvent a 28 pieds; elles se font sentir jusqu'a la distance de seize ( 115 ) lieues, c'est-a-dire jiisqu'a deux lieues en amont clu village indien espagnol de Pinoganasur le Darien ; elles se font sentir encore dans un des principaux affluents de ce fleuve (sur la droitejje rio Grande de Gavisa ou ChiicaiKjue jusqu'a sept lieues en amont du bourgde Gavisa; a plus de cinq lieues dans la grande riviere Savana , ct a la distance de deux a quatre lieues dans les rivieres plus petites de Toguti et de Marea. Cotte circonstance revele a elle seule la depression extraor- dinaire de la vallee du Darien , son encaissement pro- fond dans un terrain tout de transport , comme la depression aussi desvallees deses principaux affluents. La Savana, la Marea, le Toguti et le Chucunque, sont les seules rivieres qui d6bouchent dansle Darien infe- rieur. La premiere et la dernifere de ces rivieres des- cendent des hauteurs de Tuquesa , qui au N.-N.-E. forment, enexpirant , le cap Tiburon. Cette montagne isolee, haute de 3,500 pieds , constitue avec les mas- sifs de Paca et d'El Espiritu-Santo au S. et le cone de Chiman au N.-O. du bassin du Darien , les seules montagnes d'une hauteur un peu considerable. En reflechissant a cette depression inattendue et a la grande extension du bassin du Darien en longueur et en largeur, comme aussi a I'absence de loute roche apparente , et a la presence d'un sol tout de trans- port , presque de niveau ou tres legerement ondule , on ne peut plus douter que cette partie de I'isthme n'ait forme dans des temps ant^rieurs a la configu- ration actuelle de cette contree un immense lac , si- non une communication continue entre les deux oceans. Dans mes etudes du haul Darien, je n'ai pas toujours pu apporter a mes travaux les memes soins qu'aux precedents, a cause de la dilTiculte des mar- ches, et d'une infinite de rivieres qn il fallail presque ( lt<3 ) toujours traverser a la nage. Copendant si Ton consi- (loio que Ics hauteurs qui s6parent le bas Atrato du Darien supcrieur , commen^ant non loin du village indien do Pucrc , passant cnlre la Tarena , afiluent de I'Atrato et la chute de Tapanaca, et se perdanl au- dela des anciennes mines de Cana dans une des bran- ches lat^rales des nionlagnes de Choco , qui donnenl aussi naissance aux rivieres Toguti et Marea ; si, dis-je, on considere que ces hauteurs sont brusquement in- terrompues depuis la chute de Tapanaca jusqu'a Pucre (pres de quatre lieues) , au point de ne plus for- mer qu'une chaine etroite de collines de 160 pieds uu-dessus de leur base, on sera porte a admettre la derniere hypothese, a savoir, celle d'une continuity naturelle entre les deux oceans dans des temps eloi- gnes , et qui n'a pu elre d^truite que par une violente commotion Le Darien prend sa source dans le massif de mon- tagne d'El Espiritu Santo, et y porte le nom de Tuyra. 8a premiere direction est du S. Ijli 0. au N. 1/^ E. ; apres avoir re^u les eaux des petites rivi6res Sedeganli et Cana , son cours jtisqu'i la chute de Tapanaca est N.-N.-E. ; puis il coule N.-N.-O. jusqu'au confluent de la riviere de Pucre. De ce point , il tourne brusque- ment a rO. , cours qu'il conserve sur une 6tenduc de buit a neuf lieues ; puis il se dirige O.-N.-O. vers le golfe San Miguel , sur une etcndue de quinze a seize lieues. Son cours superieur, du Pucre a sa source, peut 6tre evalue a vingt-six ou trente lieues , ce qui donne- rait ime longueur tolale de quarante-neuf a cinquante- cinq lieues Danssa partie inf^rieure, ses rives basses et couver- tes de mangliers sont p6riodiquement submergees ; mais I'encaisscment naturcl de la partie superieure du ( H7 ) fleuve nc laisse rien a dosirer; les borgos y atteignent line hauteur cle 30 a 50 pieds. A une lieue envii'on au nord du point ou j'ai pass6 d'un fleuve a I'autre, il existe dans la chaine des coUines une depression assez sensible ; mais raes guides refuserent de suivre cette ligne, sous pr^texte d'ignorer le cheinin. Si cette de- pression est assez forte, elle pourra etre d'un grand secours pour des etudes ult6rieures. quoique par la il y ait plus loin du Darien au bas Atrato. On m'a fait voir il y a quelques jours une carte du Darien , qui est on ne peut plus inexacte , a I'excep- tion toutefols des cotes de I'Atlantique , depuis les bouches de I'Atrato jusqu'a Portobelo. L'auteur de cette carte a place vers les bouches de I'Atrato un im - mense marais que je n'ai pas vu. Ses rives sont a la verite tres basses ; mais raalgre la s^cheresse extraor- dinaire qui r^gnait en 18Zi5 sur toute la cote , depuis le golfe de Maracalbo jusqu'au cap Tiburon , je ne puis admeltre qu'un tel marais ait ete mis a sec dans le cours d'une annee Veuillez agr^er, etc. Hellert. Lettre de M. le President de la Commission centrale a M. Hellert sui- Ic inenie stijet. Paris, 2 fevrier 1846. iMoNSIEUR, J'ai recu la lettre que vous m'avez fait I'honneur de m'ecrire le 28 du mois dernier, en m'envoyant la copie de celle que vous avez adress^e a M. le baron de Humboldt , ainsi que la carte de I'isthme de Panama. J'ai lu avec intdiret et suivi attentivement sur la carte les details que vous tlonnez de vos explo- rations ; ces pieces seront communiquees a la Societ6 ( 118 ) dans sa seance tie vouclre;ll prochaia ; niais je vous priorai d'y ajouter quelques renseignements sur les inelliodes que vous avcz employees dans vos explora- tions. Sans doute, le fait de la petite distance que vous avcz eu a parcourir entre le liaut Darien el I'Atrato sufiit pour prouver la possibilite d'une communication entre cesdeux rivieres parle raoyen d'un canal. Mais il serail bon aussi de faire connaitre de quelle maniere vous avez opdre pour d<^terminer les directions, les dis- tances el les hauteurs ; enlin quelle est la nature des materiaux que vous comptcz employer pour la con- struction d'uno carte; je desirerals aussi savoir si la carte que vous m'avez envoy ee est le resultat de voire travail ou simplement une copie d'une carte espagnole. Les renselgnements que vous avez rapportes sont cer- tainement tr6s pricieux ; mais il est important d'en fixer la nature precise , afin de savoir les parties sur lesquelles il n'y a plus a revcnlr et cclles qui , dans une nouvelle exploration , pourraient presenter quel- ques difTerences, sans affaiblirrauthcnticile dureste du travail. Si vous avicz la bonte , monsieur, de me faire parvenir quelques renseignemenls a ce sujet , je m'em- presserais de les communiquer a la Societe. RfepoNSE a M. le Presidenl de la Commission centrale. Paris, Ic 3 t'uvrier j84(>- Monsieur , Je m'eiupresse de repondre a la Icltre que vous avez bien voulu m'adresscr a la date du 2 fiivrier. Les instruments donl je pouvais disposer dans mes *.'xplorations de I'islhme de Panama se composaicnt ( il9) d'un sextant de reflexion, d'un chrononi6tre de poche, d'un barometre, de deux thennometres , de deux boussoles et d'une cliaine ; le tout acliete a Cincinnati ct a la Nouvelle-Orleans. Dans les districts a I'ouest et au sud de Panama , j'ai pris pour base de ines observations barom^tri'jues les vastes plaines de Penanome et de Nata , que je trouvai a 160 pieds au-dessus de la maree basse. Dans le Veraguas j'avais adopte pour base de mes operations les vallees de David et de Remedios , et les plateaux de Tol6 et de las Palmas. I.esbauteursdes deux premieres au-dessus du niveau de la mer se Irouvaient etre de 135 pieds et de 380 pieds ; celle du plateau de Tole de 1,265 pieds , et celle de las Palmas de i ,OliS pieds. Dans les districts a Test de Panama, j'ai pris pour base de mes operations la pente longitudinale de la' vallee qui s'etend entre Chepo et Chiman , et que j'ai trouv^e fitre de 126 pieds au-dessus du niveau de la mer. Dans le Darien inferieur, j'avais adopte pour base la vallee en face de Chapigana , haute de hb pieds au- dessus de la mer, et plus haut celle de Real de Santa - Maria , que je trouvai etre elev(^e de 158 pieds. — Dans le Yapes, affluent tres rapide du Darien, au- dessus de Palineca , ma (Vole embarcation chavira , et je perdis mon barometre , mon sextant et ma boussole avec mon chronometrc. C'est done de ce point que mes observations com- mencent a manquer de la justesse drdre alphabetique. Ces deux modes ont rliacun leurs avantafjes; peutetre est-il indifferent d'adopter I'un ou I'aulre pour un onvrajje qui, une fois pnblie, n'est pas suscptible ile eorreelions. Mais pour nn reeuitil qui, comme la Connaissance des leuips , se renouvelie clia(pie annee, et qui, par conse'quent , est snsceptiljle d'etre continuelleinent perfeetionne , la division par pays me parait plus avanlageuse. (2) Le catalogue de M. Littrovv eontient, en efFii, (mio posi- tions , taiidis que celui de la Connaissance des temps n'eii •nais on nous per- raeltra de dire ici que pour le plus grand nombre elles etaieni de peu d'iinportance. Ainsi sur 54 points quil cite dans sa preface comma ayant ete corrijjes, il y en a 26 dont I'erreur n'esl que d'une ou deux secondes, trois qui avaient deja ete' rectifiees, six dont la correction, provenant du point de depart, avait ete indiquee par nous, et nieme sur un point, le phare deLandsorl, que nous placons, d'apres I'expe- dition chronomeliique de M. Scliubeit, par 15032' 23" de lonj^itude orientale, et que M. Littrow place, d'apres M. Selander, par i5" 54' 41", nous croyons que I'erreur ii'est pas de notre cole, car sur une grande carte de la triangulation de Suede qui nous a ete envoyee par M. I'amiral Klint , nous avons trouve que Landsort etait sitae 1 1'' 24'' a I'ouest de Stockholm; ce qui donnerait pour sa longitude iS" 3i'56". Nous sommes heureux, au reste , que M. Littrow nous ait fourni les moyens de rectifier notre table; nous avons meme profile de son travail pour I'enrichir et la perfectionner en adoptant des determi- nations qui nous ont paru preferables a celles que nous avions prises precedemment, n'en counaissant point d'autres , et nous scrons tou- jours reconnaissant quand on voudra bien nous indiquer des erreurs a corriger dans cette table ou des perfeclionnement>; a y introduiii' , ce (lue la periodicite de s.t publicalion rend lr)njonr« facile. V. Ff:vRiin. !l. 9 ( 126 J ii,inales. Ccpontlant nous avoiis lire dc- l'()ii\iat;o da liertucli queiqucs posilions inq)ortanles que luius ii'au- rions pu a\olr autreineiil. Ccl ou\rage a cle public en 1813, el il ii'indlque pas los souices; mais, quoiquc deja ancien , il est loujours considc^ie ccinuie un li\n' Ires utile (1). iNous n'avons eu nialhoiireuscinont I'excellcnt cala- logucdes positions mai itlmcs de M. Raperqu'apresavoir diija envoys notremanuscrita I'impression.ensorle que nous n'avons pu en tirer qu'un parti peu important. L'espace ne nous a pas permis de donncr la discus- sion detaillee de notre catalogue ; ce qui est indispen" sablepour I'intelligence de noti e lra\ail est donne dans le tableau des abreviations dont nous avons fait usajre pour designer les sources. Au reste, une discussion de- taillee pcut toujours etrc suppleoe par la coimais- sance exacle des sources auxquelles on a puise. (i) L'ouvrajjc • Ccs tables contiennent environ 3o,ooo posilions; il ne para'it pas que M. I.itlrovv les ail connues. Klles on( , comme lous les oiivr.ifes de ce genre, le drfaiit d'.idmetiie souvcnt pour des points asscz lai - proches des sprocber autant quo pnssihle (1). Persuade cjuo , malgre noire bonne volonte, ce tra- vail serait ires imparfait si nous nous reposions sur nos proprcs forces', nous avons profile de nos liaisons pourol)tenir dos communications direcles des autoritds les plus comp6tentes dans chaque pays, II est certain que le merite propre do cet ouvrage dolt etre attribue on trouve souvcnt des noms de rjcueils ou de compilateuis , l( 1» que: « Correspondaiiie aslronomique, Pnrdy, Diicom, Vsevolojsky, » au luoyen desquels on pent diliicileiiifiit remonler aux sources. Qi'oi qu'il en soit , c'est un ouvia{;e utile et un boii Uiclionnaiie de geo- graphie. (i) 11 est, eneffft, impossible de loordonner enire elles tomes les lon-ffitiidas provenant de dift'ereotes sources, et partaiit de divers points de di'pait, et surtoat d'etablir exaclernent ce qu une correc- tion t'aite a un point d'apres de nouvelles observations exige de cor- rections seinblables ou analogues sur les points |ieu cloigies. Ce u'est quVn constniisant des cartes (pie Toi s'apercoit de la discordance des lonfiiudns adoptees; c'est aussi ce nioyen qui rn'a souv.nt indi- qnc sciences. La triarigiilation du deitxieme ordrc a re^u cette an- nee plus d'cxtension que dans les campagnes pf6c6- dentes. Douze nouvelles feuilles ont 6t6 compl6tement triangulees. On peut considdrer aujourd'hui la trigo- nometric de deuxieme ordre de la carte de France comme couvrant les quatre cinqui6mes de la surface du royaume. Ces operations g^od^siques ont fourni les elements de lalriangulalion cantonnale du cadastre. Les feuillos publi6es de la carte de France sent au- tograplii^esde inani^re a former des cartes departemen- tales qui peuvent se reunir. Ces reproductions sur pierre rivalisent avec les 6preuves tiroes d'apr^s les cuivres, et conservent toutes les finesses de la gravure, les plus petits details du terrain. Ces cartes, deman- d^es par les consoils g^neraux, sont tirees a 300 exem- plaires. D6s I'origine, les rainistres de la guerre et de I'interieur ont reconnu cc nombre comme sulFisant pour les besoins des administrations departementales. Chacun de ces exemplaires revientde 8 a 9 fr. Les cartes comprennent, autour des departeraents, quelques par- ties des arrondissements limitro[)lies, le plan du chef- lieu , et des tableaux statistiques r^digds de concert avec MM. les prefots. Les cartes des vingt-cinq d^partemenls suivants sonl terniineos : Bas-iihin, Moselle, Meuse , Pas-de-Calais, Somme,Marne, Meurthe, Oise, Eure, Nord, Haut-Rhin, Seino-et-Marne , Aisne , Ardennes, Seine-Inferieure, Seine-et-Oise, Doubs, Ilaute-Saone, Ilaute-Marne , Eure-etLoir , Jura, Yonne , Ain , Aube , Loir-et- Cher. Quatre cartes d^parlementales, celles desVosges, (hi Calvados, du Loiret, du lliione . jxjurront etre bientot enlreprises. Enfni les departemenls des Ar- ( 133 ) dennes , Seine-et-Marnc , Seine-ut-Oise , Bas-Rhin oMt consacre une partle de leurs autographies a la con- struction de cartes geologiques. Les cartes dt!!partementales , destinies d'abord aux administrations dont les besoins avaient ete satisfaits par la remise des 300 exemplaires , etaient reclam^es depuis longtemps par le public. Les cartes gravees sur cuivre ^tant dans le commerce , le rainistre de la guerre n'a pas cru devoir retarder la publication d'une collection precieuse et unique en Europe, et priver le tr^sor de ce produit. II a autoris(^ , au mois de mars 1845, la mise en vente des cartes departementales a un prix proportionn^ a celui des diverses feuilles qui composentchaque d^parteraent. L'emission et la vente des cartes departementales offrent I'avantage de mena - ger des cuivres graves avec boaucoup de soins et de depenses. Tous les services de I'administration gen^rale et departementale ont ti'ouve de puissants secours dans les travaux de la carte de France , et particuli^rement dans le nivellement d^taill^ qui s'etend sur la surface du royaurae. Cette multitude de cotes, qu'aucune autre grande carte ne presente , augmente beaucoup le tra- vail sur le terrain, et meme celui de la gravure; mais les retards qu'elles occasionnent sont bien compens^s par I'utilite des r^sulats, Les seivices que la carte rend au pays devancent la publication des feuilles ; celles-ci sont souvent communiquees en minutes ou avec le simple trait, la leltre, les cotes el une partie du fi- gure. Les grands travaux pour la communication et la navigation du royaume d'une frontierc a I'autre, pour les lignes de chemins de fer, pour les projcts de routes et leurs rectifications , ont 6te prtipares et etablis d'a- pr^s les leves ct les nivcllemcnts executes j^ar Ic corps ( ISA ) d'elat-inajor. La carle tie France a rccueilli iiii iin- mehse avanlage de ces communicalions iiuiltipli6os ; elle a siibi avoc honneur une verilicalion rif^ou rouse de ses bases geodesiques , de son trait, de son figure, do son ni\olleinent , par les applications inim^diatesqu'cn ont laites les corps savants. Les niontagnes centrales avaient 6t6 levees dans les ann^es preciidentes avec beaucoup de difiicalt(^s. Au commencement de 1845 , la carte comprenait (I6ja la majeure partle des bassins de la mer du Nord , de la Manche , de I'Ocean , et les aflluenls scptentrionaux des bassins du Rhone et de la Gironde. II reslait a le- ver la chainc meridionalo do ces montagnes , qui se- pare les sources de la Loire el de TAllier, du Tarn et de I'Ardeche, aflluents de la Garonne et du Rhone. Ce grand rdsultat a 6t6 obtenu dans la campagnc dor- nitre. Maintenant nous poss^dons le figur6 ct le nivel- lement de toute la chaine centrale qui s'eleve outre les affluents de la Mediterranee, de I'Ocean, de la Manclie, de la mer du Nord. Maintenant los travaux publics ont des donneos certainos pour retablissomont des commu- nications entre les principaux bassins qui partagent le tcrritolre I'an^ais. Sous les rapports de la precision des operations scien- tifiques , de I'exactitude des levels, do Fhabilelc"! du dessin et de la gravure , la carle de France occupo de- puis longtemps le premier rang parmi les ceuvres do mSme nature ontreprises en Europe. Ses publications, qui 0 conlinuent avec uno grande rapidite , prouvent non seulomeut quo le zele et I'activite do tous ses coo- peratours ne so sont pasralcntls, mais quo d(!S progros ont (ilc obtoiuis dans toulcs los parlies. Les sociolds sa- vantcsde I'Kurope onl rendu bonunage a la perfection ( 135 } do cette carte ; dies s'einpressent df deinander I'e- chcinge (\o leuis publications avec celte inagnifique proddction, et la communication des operations de toiite nature qui ont scrvi a son accomplissement. Les ing^ni(>urs beiges, hollandais, suisses, prussiens , es- pagnols . ont obtenu les determinations des travaux g^odesiqnes sur nos frontiei'es, pour I'execution ou la verification des cartes qu'ils ont enlreprises. Le monde savant designe celte CEuvre sous le nom de Carte de retat-nidjor francdis , juste recompense pour ceux qui I'ex^culent. Telle est au 1" Janvier 1846 la situation des travaux de lacartede France. lZi5feuillessontpubliees ou se trou- vent dans les mains des graveurs. Le nombre total des feuilles enlierement terminees sur le terrain est de 163. La partie de territoire qui reste a lever peut etre evaluee a environ 68 feuilles enti^res. Dans une cam- pagne , 65 ofTiciers, charges des details topographi- ques, levent une dizaine de feuilles. Ainsi sept annees sont n^cessaires pour I'ach^vement complet de ce grand travail. Depuis 1837 , 78 officiers sont employees chaque annee a la carte de France , IZi a la geodesic , 65 a la topographie. Si le nombre des officiers etait porte a 100 comme il I'a eXd en 1833 et 183/i ; si cc nombre ^tait eleve surtout a 105, comme il cstindique page 681 du budget de 18/|6, le travail sur le terrain serait termine en moins de cinq ans , et la France jouirait de la plenitude d'une tjeuvre aussi utile que glorieusc. ( 136 ) DELXIEME SECTION. Actes de la ^ociete, KX.IK\i| DKS PROCfeS-VEKHADX DKS SF.ANCES. Pri^sidence de M. Daussy. Seance dii 6 /e frier ISZiG. Le procfes-verbal de la derni^re seance est lu ot adopte. M. Poulain de Bossay adresse des remerciements a la Commission centrale pour sa nomination de meiu- bre adjoint , et promet de concourir a ses travaux. M. Panl Huot , membre de la Sociele , ecrit a M. le President qu'il vient de rediger une Notice sur la vie et las ouvrages de feu M. Huot, son pere , et qu'il desire la cominuniquer a la Commission centrale dans una de ses procliainas seances. La Commission accueillera cette communication avec int(5ret. M. le D"^ Bazy , professeur de I'Universit^ , 6crit k la Commission centrale qu'il dd'sire lui soumettre une classification othnograpliique , d'apres les indications d'Herodoic , des peuples qui, a I'iipoque de cct hls- torien , occiipaient Ic nord et le centre de I'Asic. La Commission rontraU. ilecidc que I'auteur sera invite a lui communiqucr son travail. ( 137 ) M. Piuel) adresse un nouveau N" du journal hollan- dais qu'il public sous le titre de : MnterUmx pour ser- iir a Id connaisxance des colonies neerlntulaiscs et etrnn- geres , et il expriine le d^sir de recevoir en echange le Bulletin de la Societe. — ■ M. hnbert des Mottelettes est prie de rendre compte de ce Recueil. M. RalTenel presente a la Society le 1" volume ct I'atlas de son voyage dans I'Afrlqae occidentale. M. le baron Roger est prie d'en rendre compte. M. le D"^ Kapp fait hommage de son ouviage ayant pour titre : Connaissances ijhilosophiques de la tare ou lableon scientifique du globe terrestre. — M. Vivien est prie d'en rendre compte. M. le vicomte de Santarem presente plusieurs N"' des Annales de la Soci6t6 maritime et colonialo de Lis- bonne. M. Balbi adresse un exemplaire de ses Melanges ita- liens de geographic et de statistique. — M. de La Ro- quette est pri6 d'en rendre compte. M. Je President communique de nouveaux docu- ments, de la part de M. Hellert, sur son exploration de I'isthmc de Panama , ainsi qu'une carte de cette contree dressee par ce voyageur. II est prie de coordon- ner ces divers materiaux , et d'en faire une Notice qui sera publiee dans le Bulletin. M. Jomard communique la suite de la relation du voyage g^ologique de MM. Figari et Ilusson entre le Nil et la mer Rouge. — Renvoi au comite du Bulletin. M. Even , recemment de relour d'un voyage dans plusieurs partiesdel'Afrique orientale, est present a la stance; il olTre a la Societe de meltre a sa disposition la carte et Ics materiaux qu'il a recueillis pendant ce voyage. Avant d'acccpter cette offre , la Commission ( '138 ) cenlrale invivite M. Even a lui coniinuniqucr d'abord lino Notice succincte de ses travaux ct de ses di'coii- vertes. M. Daussy lit un rapport sur Toiivrage de M. le capi- taine Guillain, relatif a I'liistoire , a la g(^ograpliio et ail commerce de la parlio occidenlale de Madagascar. — Renvoi au comite du liulletin. Seance dit 'Id fevrier 1846. Le proces-verbal de la derniere stance est lu et adopte. M. le g6n6ral chevalier Annibal dc Saluces reraer- cie la Society de I'accueil favorable qu'elle a fait a la Description des Alpes, publiee sous sa direction par le corps royal d'(itatinajor pi^montais, el il lui annonce le procliain envoi de trois nouvelles fcuilles de la carte des Htats sardes. M. Desjardins , mcmbre de la Sociele , adresse de Francfort divers documents qu'il a rocueillis depuis son arrivee en Allemagne , ct il lui olTre ses services pour lui procurer toutes les communications qui pour- raient I'int^resser. La Commission centrale accepte les offres de M. Desjardins, et invite MM. les mendjres du bureau a raettre a profit ses bonnes dispositions. M. Even lit une .Notice succincte sur son voyage dans I'Alrique orientale , et il propose de nouveau a la Societi^ de metlre a sa disposition tous les documents qu'il a recueillis dans le cours de son voyage. M. le Pr«isident designe une Commission speciale composee dc MM. Jomard, baron Roger, de La Roquello et vi- comte de Santarem, pour examiner ces documents et lui en rendre comple. M. Paid Iluol lil une parlie de la Notice qu'il se pro- ( 139 ) pose do piiblicr sur la vie el Ics Iravaiix di; feii M. Hiiot , son pere , ancien membre do la Societe. l^a Commission centrale ecoute cettc lecturo avec iuteret. MEMBRF ADAIIS D\N.S L\ SOClKTIi. Sen nee (In 20 fevrier 18A(i. M. BoNAFOUs, membre do I'Academie des sciences de Turin , correspondant de I'lnstitut. OUVRAGES OFFF.RTS A LA SOCl^m':. Seance dii Q fevrier 18/10. Par M. Coii/ier : Atlas general des pliares et fanaux, a I'lisage des navigateurs, 25 feuilles , texle conipris. Pfir M. Deniidnff : Observations meleorologiques faites a Nijne-Taguilsk ( monts Oural ), gouvernement do Perm, annees 1843 et 1844. Paris, 1845. 2 broch. grand in -8. Pa>- M. Raffenel : Voyage dans I'Afrique occidentale, comprenant I'exploration du Senegal depiiis Saint- Louis jusqu'a la Faleme, au-dela de Bakel ; de la Faleme , depuis son embouchure jusqu'a Sansandig ; des mines d'or de Kenieba dans le Bambouk ; des pays de Galam , Bondou et VVoolli ; et de la Gambie, depuis Baracounda jusqu'a I'Ocean, execute en 1843 et 1844, par unc Connnission composee de MM. Huard-Bessi- ni^res , Jamin , RafTenel , Peyre-Ferry et Pottin-Pat- terson ; redige et mis on ordre par A. RalTenel , ofTicier du commissariat de la marine. Paris, 1846, 1 vol. in 8. /V/r i\l, le I)'' I{a/>'> : Philosopbiscbe oder Berglei- ( 140 ) chonde allgemeine Erdkunde als wisscnschaflliche Uarstellung der Erdverlialtnisse uiul des Monscheulc- bens nach ihrein Zusaiinnenliang. Braunschweig, 1845. 2 vol. in-8. Par M. Adiiea Balbi : Miscellanea Italiana ragiona- mcnti di Geografia et Slatistica patii di Adriano Balbi , raccolti et ordinati da Eugenio Balbi. Milan , 1845. 1 vol. in-8. Par M. Jnmard : Observations sur le voyage au Darfour , suivies d'un Vocabulaire de la langue des habitants et de remarques sur le Nil-Blanc sup6- rieur. Broch. in-8. Paris , 1845. Par les auteitrs et editenrs : Bijdragen tot de Kennis der Nederlandsche en vreemde Koionien , Bijzonder betrekkolijk de Vrijlating der Slaven , 1845 , IN° 5. Utrecht 1S46. — Revue de I'Orient, Janvier 1846. — Recueii de la Societe polytcchnique , aout 1845. — Journal asiatique, novembre 1845. — Le Memo- rial encyclopedique, d^cembre 1845. — Journal d'6- ducation populaire , d^cembre 1845. — Journal des missions evangcliques, Janvier 1846. — Bulletin de la Societe giiologiquc de France, Janvier 1846. — L'Echo du monde savant. ( La suite au prochain rutmero.) BULUn IN (Ifc LA SOCIETE DE GEOGllAPlllE. MARS 48Zi6. PREMIERE SECTION. MILMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Rapport lit par M. le vicomte de Santabem a In Socicle de geo^raphie sitr /'oin'rage dc M. Lopes de Lima , intitule : Ensnins, etc. — Essnis statist iqucs siir les possessions portugnises en ontre-iiier. Messieurs , Vous m'avez fait I'lionneur tie me charger dc vous rcndre compte de I'ouvragc de M. de Lima, Je viens m'acquitter de cctte honorable commission. Tout Ic monde sait que la couronne dc Portugal possedc encore de vastcs et importantes colonies , notajnment en Alrique; mais ce qu'on ignorait , mal- gre le grand nombre de voyageurs qui ont parlddc ccs pays, c'est I'etat actuel de ces possessions lointaiues , si celebrcs dans Ihistoire des grandes d^couvertes des XV* ct xvi' siecles. V. MARS. 1. 10 ( 1A2 ) L'ouvrago dont je \ais vous rendro C()in])le donne les dotoils les plus precieux et les plus exacts a cet ^gard. lis sont d'aulant plus dignos d'lnlcret ct utiles a la science, qu'ils ont ele recueillls par I'autcur, soit surlcslocalilos meuies, soit dans les archives du Portu gal , sous les auspices de S. E. M. le niinistre de la marine, Le 1" volume contient la 1" et la 2' partie du livre I", qui concernc la stalistique des iles du Cap- Vert et de scs dependances dans la Guin6e portugaisc au nord de I'equateur. La 1" partie contient dix chapitrcs , dans lesquels I'auteur traile de la geographic des iles , de leur exten- sion , division du territoire , population , climat , du sol el des productions, de Tinduslrie etdu commerce, de la legislation , de la Ibrce publique , de la religion et du service ecclesiastique , de I'inslrLction , des re- venus et des depenses ])ul)liques. II termine enfin cetle 1'' ])arlio par une Notice generale du pas et de ses habitants. Dans la secondo parlio, I'auteur traite de la statis- tique topographique des iles du Cap-\ert, savoir : des Iles de Santiago , Fogo, Maio, Brava, lioa-\ista, do Sal, Santo-Nicolao on Santa-Luzia ; enfin de Santo- Vicenlc et Santo-Antao, ct des })OtitsIlots de cet archi- pel. II termine cette partie par la topographic dc la Guinee. II fait preceder son travail d'une introduction 6crite avec une grando puretc^ de style, ct danslaqueile il sou- tient avec une noble (^Idvation de pensdc la priorite dos d^couvcrtesportugaises, cilant lespreuveset les temoi- gnages comtem))orains , la seule maniore de constater les falts liistoriques. II y soiiti et coiistatanl (jue iles exjicdilioiis poriu- jjaises ont aise ; iiiais qu'au point de vue de lasrience, elle etait jjenoise ! I ( Lis laisuns qii'on alli'jjua en laveur d'une telle pn'tenlioii , ce tut (lue dans les papiers de Foceaeio ii s'est tionve uiie relatioii iuconiid* le l,ii|uelle Ic tdni- ( 14/i ) olTcctuc'es sur hi cote occklonlalc crAlrKjuo jusciu'a Tannee 1/iGO, epoquc do la dccouvcrtc tics trois iles les plus mcridlonalps du Cap- Vert, savoir ; les iles dc Maio , do Santiago (Saint-Jacques), ct Fogo par An- toine do Nolle, Gdnois au service du prince Henri (1). L'auteur a le soln de rappeler que lorsque Anloino de Nolle elTectua en 1460 cetto decouverte , tout le con- tinent de la Guinee avail dt^jja 6le d(icouvert par les Por- tugais jusqu'a Sierra-Leone (2). Ilmentionne ensuilc, d'apr^s Barros, la decouverte des aulres iles effeclude par des Portugais employes dans la maison de I'infant iii.'iiiihiiit il'uii (Ics iKivires clait Gi'iiois ; ninis il y nvnit niissi deux aulrt's naviies, rotnmande's, I'mi |>ar iiii Flon iiliii ., i t I'autre p.ir uii iD'liviilii (li)iil 1,1 rcliitioii ne iidus (lit iii le iioin iii la iialion. La It'ttre till loi ail pipe siifht a file seule pour aneantir la siii{;iiliere distine- liiiii (lout iKius vcnims dc parler : i° parce (pi(! ce (Kniunpiit e-:( pins otHcicl I't aiill)eiiti(pi(; quo les fr-ijjmi'iits du iveit des inarclianils {;('•- niiis ('tahlis a Si'villc; 2" parc(! i|u'il luuis api>iLii(! (pi'avant |34J> il )' a (Ml d'auln^s expeditions poitujjaises aux Canaii(;s, et ( iilin p.irce (pie le roi Alplioiise IV y dit de la in.iniiMc la pins precise : « .... Gcntex JiO.strrt? it n(ives SIS okIk's, el cc qui s'('tait pass(> sous son ri'jjnu , (jiie ne le pent savoir de nos joiirs I'aiiteiir d ■ la sulilile disliii(ti(jii doiit il s'a- {'it , vu (Mietant post.'iieiir de eiiH| sieelivs , il ne pent eertaincment pas a>oir la pretention de donner un deuienii an souveraiii du xiv'' .siotle. (I'l Antonio tie Nolle est le meiiie Antonioto Usodimaie aiiciiicl j'ai eonsaerii uiic j',raiule partie du § XXII di^ iiies Reclieiclie^ $ur In l>rioiile ili-< tUt'D.iijfilci (lespttya iitiiils sur la cote occidenlule d'Apiijitc itu-iicl(i (In rap li^jiulor. (a) Voycz ee que j'ai dit dans la prcFaee a la Chroniqne de la d(''- couverie et de la eon(pi('tc de la (JiiiiK'f par Azitrnru. ( U5 ) D. Ferdinand ; mais I'autcur pense , et selon nous avec raison , que I'assertion du grand liistorien portu- gais est non seulement obscure, mais meme tout-a-[ait conjecturale (1) : il lui parait plus vraisemblable qu'a I'epoque oil I'infant D. Ferdinand fit pcupler Ics iles de Saint-Jacques (Santiago) et du Feu (doFogo), dont le roi Alphonse V lui avait fait donation , ses ser- viteurs auraient decouvert par un temps clair I'ile Braun et celles de Boa-FLstn et de Sal (du Sel). Quoiqu'il en soit, I'auteur soulient aussi que la chro- niquedcs decouvertes ecrite par Azurara, qui renfcrme toutes celles qui s'clTectuerent jusqu'a I'annee \lxh^ , ne faisant aucune mention ni de ces iles ni de lours d(^couvreurs, ce silence est une refutation iacite de I'o- pinion erron6e de ceux qui prt^stendent que la d(!!Cou- verte de cet archipel commenca par celle de File de Boa-Vista (Bonne-Vue) en i!\hQ. L'auleur s'abstient de discuter si ces lies etaient lee Fortunees, comme lo pretendait Barros, se fondant mal a propos sur Ptolemee , ou les Gorgones , comme I'a soutenu I). Jean de Caslro. II nous apprend ensuite comment ces iles fureut jieuplees. D'aprc;s la donation qu' Alphonse V en lit a I'infant D. Ferdinand, le 19 seplembre lZi62, et non pas en l/i66 , comme Barros I'avait rapporle par er- reur, on lit venir des colons de la Guin^e. A la mort de I'infant, le roi Jean II fit donation de ces iles au due dc Beja D. Manoel (qui monla plus tard sur le trone) le 30 mai l/iZiO , ot des Fan l/i95 elles forme- rent partie des possessions de la ccuronne. Au conmienceincnt du \\f sieclo , les iles de Saint- (i) /'i/>c; CO ([ ic I'.iuli.'ili i.tjUKM le ji. 'j ili l,i xc midi' |).ini<\ ( 14S ) Jacques (Santiago) ot du Foil (I'ogo) olaienl les seuk'S ptniploes. Les aulrcs servaioiil tie paturages aiix Iroii- peaux ; uiais on 1532 leur po[)ulali<>n elalt si con- siderable . qu'on y crea un (iveche. Ce fut seuleaient ail coininencement du xvii' siecle que ces iles rc^uroiit line organisation judiciaire reguliere. Pour que nous puissions mieux appr^cier Ic service rendu par I'auteur a I'liistoire de cet archipcl , il suf- iira de rappeler ici que les historiens jusqu'a la fin du xvn* siecie faisaient a peine quelque mention de ces iles : tout ce qu'on trouvait cliez eux a cet egard con- sislait gc^neralement en catalogues dcs gou\erneurs, des 6v6ques et des magistrals , en quelqucs indications sans aucune utility liistorique roelle. Si cet important archipcl n'avait cepcndant pas en- core nierite toule I'attention des historiens pendant les deux siecles qui s'ecoulerent apres sa d^couverte , de grandes calainites vinrenl, au commencement du wur, rendre son histoire encore plus sombre. Une suite de revoltes , de S(!;dilions et de bouleversements n'onl cesse d'entraver la prospcrile dcs iles dont il sc com- pose. Ce ne fut guere que depuis 1755 jusqu'a J77S (|ue lagvicullure et le commeice acquirent un grand developpemenl par les elTorls de la compaguie du Gram-Para, et [)ar celic tie 17S0, (jiu avait le ct)m- merce exclusif de la ctite tl'Arritjue. Ce fut aussi au ••ominencement tlu si^cle dernier ,et en 1701, qu'on y a trouvc; I'iiidigo ; on decouvrit pareillemenl I'orseille rn 17.'?0,el le scnii en 1783. (a culture du caf^ fut in- iioduilo dans I'ile do Saint-Mcolas en 1790, d'ou elle •il' propag(\i dans celles de Saint-Jaetpies d de Samt- Anloine. I,a labriealion du srl el la cullurc ,0()0 srrohas. {\V) Ce vliiHie est iii(li<[iip ilapies le lereiisinienl l.ul en l83f. ( 148 ) sol et aux productions. L'auteur y olTre plusieurs oIj- servatioiis curieuses. II est ccpcndant a regelter qu'il lie nous ait point donnci une S(irie d'observations baro- metrlques ct llicrmomitriques. La constitution geolo- girjue de ces ilcs est tros vaiioc. Ellc est sablorniousc . calcaire et nitreusc dans cellcs du Sa/, Boa-f'lstti et /l/rt/o; argilcuse, sablonneuse, calcaire, et, dans qiiel- (jues endroits, volcanique dans celles do Santiago, Santo-AiUdo , Scuito-lSicolao ; dans celle du Fogn, elle est prcsquc enli'iremont volcanique. L'auteur enumfere ensuite la grande ricliesse du regne animal et vdgi^tal. II accompagne ses descriptions d'une foule d'observations pr(^cieuses quiprouvcnt I'e- tude approfondie qu'il a faite de ccs deux brandies de riiisloirc naturelle. Nous rcgrettons que Ics liniites etroites de ce rapport ne nous pcrmettenl d'en repro- duire ici quelques unos. Dans le cliapitre IV, l'auteur nous fournitdes documents sur I'industrie, sur Ic com- merce de ces lies et sur les objets que leurs babitants cxportent pour le continent alVicain , notamment sur dilT^rentes especes de draps de Icur fabrication. 11 ujoiile une table contenant 1 indication du mouvement commercial de I'annee 18Zi2 a 1843. On y voit que le commerce a 6te fait par 217 navircs , savoir : (51 de Portugal, 87 des Ktats-Lnis, 30 d'Anglelcrrc, 9 do France , h du Dancniark , 5 d'llanibourg , I de Suede, 5 de llollande, 2 de Bremen, 2 de la Bclgique, 3 d'l'^s- pagne , 1 de N'enezuela , 1 de Prussc. Cette partie de I'ouvrage est enricbie d'une foule de details du plus haul interet sur les exportations ct importations, ainsi (pie sur lo mouvement commercial de Bissau , dans le premier Iriinestre de 18/i3; sur Ks monnaics en cours dans ces parages , sur les poids el mcsures , sur les dbjels d'ccliange , etc. ( 149 ) L'auteur consacre cnsuite le chapilro V a I'adminis- tralion et a la legislation de ces colonies. Nous y rc- marquons que dans la capitalc do ces possessions il y a un tribunal (junta) pour I'atnelioration de I'agricul- ture. Ce chapitre est suivi d'un catalogue clironologi- que de 09 gouverneurs de ces lies a partir de I'annee 1592, accompagnd de notes historiques tres curieuses, pai'ini lesqiiellcs l'auteur lait mention de la grande Eruption volcanique qui a cu lieu dans I'ile du Feu en 17S5. Vient ensuite un autre catalogue des magistrats des le commencement du xvui" siecle, L'auteur traite ensuite de la force publique , non seulement a I'^poque actuelle, mais meme en re- montant au xvi" siecle , et donne en meme temps un grand nombre de details relatifs aux possessions portugaises de Bissau et de Cncheii. Dans le chapitre VII , M. Lopes de Lima traite du culte et du clerge. On y rencontre , comme dans les cbapitres precedents, un grand nombre de notions of- ficielles et historiques tres iniportantes, non seulement sur ce qui concerne I'arehipel du Cap -Vert , mais en- core sur la partie occideiitale de TAlVique qui depend du diocese. II donne ensuite une table indicative des localiles ou se trouvent situees les differentes paroisscs, de I'etat des eglises, des revenus du clerge , et ajoute un catalogue hislorico-chronologique des eveques drs 1532 jusqu'a nos jours. II passe ensuite a la description de I'etat actuel do I'instruction publique. Nous y remarquons avcc plaisir qu'en 1843, le gouvernemcnt avait proposii aux Cliam- brcs la creation de 38 ecoles priniaires. A ce propos , I'auleur y trace un plan miHhodique d'etudes , et est incme d'avis qu'on dcvrait y Conder deux i)ibliolhe(jucs, ( 150 ) publiqucs pour ropandre I'inslruction el la civilisation, Dans le chapitre VIII, qu'il consacro a cct important objct, il donne une table dans laquelle se trouveni in- diquecs los localities oil il y a acluellement des ucoles. iS'ousy remarquons, dans la Guiniie, cello do Bissau, Cacheu, Gcba , Fniini et Zcpiiclior. Dans lo chapitre IX, il traitedu rcvenu et de la do- pense. Cette partie du travail est une des plus diitail- lees, et il serait dillicilo do vous on donner une idee exactesansla transcrircen enticr. Ello est aussi accoin- pagnoe de tables demonstratives qui indiquont le re- venu et la depense de I'annee 6conomique de 1842 a 18/i3. II y a aussi une autre table du tarif des douanes des diflerontes lies. L'autaur termine la premiere partie de son ouvrage par une notice genorale des iles du Cap-Vert et des habitants. Ce morceau, qui n'occupe pas moins de 27 pages, forme une des parties Ics plus imporlantes de son travail. On y rencontre des renseignemonts hydro- graphiques qui so rapportenl a la carte hydrographi- (jue qu'il a ajoutee a son ouvrage, dont nous nous oc- cuperons plus tard , et qui sont du plus grand intdret pour la science. Les tableaux que I'auteur y trace do I 'aspect du pays ne sont pas moins intc^ressants , et la lecture n'on est pas moins attrayanle et agrcable. Abor- dant ensuite la partie ethnologique, I'auteur aifirmeque les habitants de ces iles sont originaires des races afri- caines croisoes avec des colons portugais et avec d'aii- Ires peuples etrangers que le commerce a mis en con- tact avec eux. II docrit ensuite los traits caracteristi- (jues des din'erenlcs races c[ui peuplent ces iles , et re- jcllo (>oinm(^ falxdcuso hi liadilion rapportoo par quel- • jiics aiili'ui's elles Annales des Voya- ges (2), n^aninoins I'auleur , ajant 6t6 t6moin oculairc des moeurs des peuples qui babitent ces parages, nous apprend des particularites Ires curieuses. Ceux de ces habitants qui sont connussousle nomde/rtw/'/<'t'//«sont extremement noirs, agiles, robustes, d'une physiono- mie agreable , et resseniblent par leurs traits auxEuro- pi^ens. lis n'ont point le nez aplati ni de grosses levres, conime ceux qui vivent au suJ de I'equateur ; ils sont gais, alTaljles, sinceres et amis des blancs, tr^s hosjii- taliers, qiioique meliants. lis aiment a iniiter les Eu- ropeeiis en toutes clioses, sont tres laboricux, et culti- vcnt le riz. Ils vont tout nus , portent des bracelets de cuivre grossierenicnt cisel6s par leurs Ibrgerons etdes (l) Hiisaios Halisl. . |) I I? Il siiiv. (■).) roviz Nolicc -iir Aiidic Ahiucs (rAiii:i(I;i il -ui «.i I'c5iii|i- iiMii cic 1.1 G'lini'e. I'.iii-, iiSjf ( 1.^3 ) bagues du nieme uKHal. La poljgamie y est en usago , quoique chacun ail une epoiiSL' a lafiuoUe il iloniie le nom tie bajiid. Les enfanls dii scxc masculin heritent par portions cgales du bien du pere. A defautde ceux-ci succedent les neveux du defunt, fds de leurssoeurs. Les femmes sont toujours exclues do la succession. Le ne- veu, fils ain^ de la sceur, succede do meme dans les einpiois bereditaires de I'onclc. Dans cliaque village il y a un roi ou cbef , lequel , conjointemenl avec les vieillards, qui servent de magistrals, decide toules les questions civiles , criminelles el administratives en presence de la partie male de la nalii>n reunie en masse. Les parties plaident ensuite leur cause a I'ombre d'un gros arbre. Le jugement est verbal et sonimaire. Le roi a , pour tout apanage , une petite portion de terrain et les cadeaux que lui font les etrangers qui vont faire du commerce dans cos para- ges. Aucune transaction ne pent se faire sans que le roi vienne lui-meme fixer le prix. Pour faire executer les jugements, il y a un certain nombre de soldats be- reditaires, qui n'ont d'aulres appointemenls que la portion qui leur revient des sequestres. Le roi avec scs fils cultive les terros de son domaine. II y a deux es- peces de lierauls qui sonl cliarges de convoquer le peuple pour les grandcs assemblees donl il a deja 6t6 question plus baul. Les memos mceurs et les memes usages se rclrouvent cbcz les nations voisines ; mais les lois penales des Feloupes dKIerent boaucoup tie cellos des autres pouples de cette partie de I'Afrique. Les Feloupes ne font jamais d'esclaves (1) ; ils n'ont ja- (i) M. Lm|)(s (Ic Lima a (Ir)nnr dans le N" 'i d'un joural poinvjais ill! lilt-: Joiinitil (/(•« .7m(? i/i s l.i-ll iii , |iiililli- ill .unit ifi'^G. nil fo- ( \:>h ) muls fait li' roniiiicrcc i\c Iciirs scmhiahlcs , laiiilis (pK' lesclavago I'st la hiaiiclu! priiu''n)ale du cominerrc cles nations qui Ics avoisinent. L'aiileur nous doniio sur cc sujet (Ics details tros intorossants. 11 nous montrc que tous les peuples dc cette cote sont plonges dans la plus profonde ignorance. L'aspcct du ciel memo nc leur apprcnd rien ; a jwinc, pour marquer le temps, distin- guent-ils les quartiers de lune. lis ne possedent aucun inoycn de transmcltre tradltionnelleuienl leurs pen- s(5es ni de mentionncr les ev6nements et les (ipoijues. lis ne connalssent point les mois; le jour de I'an , (ju'ils celcbrcnl par des fet'^s , est amovible, selon la decision des vioillards; il Taut toutofois qu'il lonibe dans la nouvello lune de noveinbre. Leur seniaine est de six jours, dont cinq sont consacres au travail , el le sixieme au repos ct aux divertissements. L'auleur d^irit cnsuitc la situation et les mcEurs des autres peuples de cetle cote , dc ceux des douze lies habitues, des Bissagos et des Mandingues, qui vivent a "200 lieues dans I'inlericur du continent (1). Les babitants de I'arcbipel des IJissagos s'occupent presque exclusivemont a construire des canots ; ils font loujours la guerre par mer aux IJurauias , aux Balanlas , aux liealVes et aux IN alius; mais ils rcspec- tent les Portugais, parcc qu'ils font commerce avec les (•tablisseinents que cette nation possede dans ces para- ges. Les mreurs des habitants de cet arcbipel dillorcnt de celles du continent, llssoiit, en general, tres coura- geux sur mer. La couronne do Portugal possede dans cet arcbipel les deux iles dc Bolaiiid et des (•(illin/ins. rnbulalrc dc la luntjiir ftlaupv (|ii'il coinposa (liii.inl J'. In cnili; (lonrn'c pst raulpur. ( ICO ) mat de cette lie est si sain, sa culture si prospt^-rc el Taspecl si agr6able , qu'elle est appelt'e le Paradis de VarddpeL II remarque n<^anmoins que Taspecl de ces montagnes , vues de la mer par les premiers d^cou- vreurs, parait avoir 6t6 la cause du nom de Brava (sau- vage) qu'ils lui ont donnd, et qu'elle a conserve jus- qu'a nos jours. Cette lie n'a que 7 milles de longueur duN. au S. , et presque 6 de I'E. a I'O. ; sa circonference est d'un peu plus de 6 lieues. Pr6s de ces cotes on fait la ptiche de la baleine. Les notions que I'auteur nous donne sur les productions min6rales de cette ile sont d'un grand int6ret. L'agriculture y est on nc pcut plus pros- pfere, et sous ce rapport elle est supc^rieure a toutes les autres de cet archipel. On en exporte seulement en mais, terme moyen, au-dela de 400 muids , et d'au- tres denrees qu'elle fournit ci plus de cinquante na- vires. Elle produit aussi une grande quantite d'or- seille. Ses habitants sont laborieux et hospitaliers. La langue Creole qu'ils parlent renferme plus de mots portugais que celle des habitants des autres lies. On y trouve beaucoup d'ambre. Sa population est de plus de 4,600 individus. L'auteur nouis conduit ensuite a I'ile de Boa-Vista , dont il nous donne I'histoire et la statistique. On ne trouve aucun document digne de foi qui nous r^vMe quand et comment cette ile fut d^couverte. Jus- qu'al'ann^e 1489, on la trouve dcisignee dans les do- cuments authentiques des archives royales sous le nora d'ile de Saint-Christophe , et jamais sous celui de Boa- Vista. La premiere fois que l'auteur la rencontra dd'si- ^nee sous le nom qu'elle porte aujourd'hui , ce fut dans uue charte du roi Emmanuel , dat^e de 1497, M. de ( 161 ) Lima pense qu'elle fut d,000 habitants, ot possede une belle eglise et quel- qucs casernes. Cette lie, etantextremementaccidentee.peut.commc celle de Madere , avoir toutes les productions des Iro- piques ct de I'Europe. Elle produit actuellement une grande quantity de legumes, du sucre , du cafo, du tabac, du colon, beaucoup d'indigo, des pomnies dc tcrre et des oranges. On y Irouve des carrieres de niarbre ct dc pierre de taille , du fer, du cuivre , du soufre , el dans les montagnes des hyacinthes, des amithystes , des topazes el des grenals. Elle possiide plusieurs sources d'eaux ferrugineuses ct thermales. Sos habitants fahriquent des draps , ct s'^lovent au- jourd'liui a 18,000 individus. Les femmes blanches v sont d'une iieautt!; reniarquable. M. de Lima tei-mine son ouvrage stalistique par des observations g^nerales surtout I'archipcl. Entre autres chosc's, il y signalo que la variation de I'aiguille ma- gnetique est mainlenant entre les ilcs du Cap-Vert de 1(>° N. approximalivement , ct indique la direction des courants et les vents qui y regncnt. ( 1«5 ) 11 iinil cotte parlio ile sou ouviago , coiunic jc I'ai d6ja signale ailleui's, par un chapitre consacrii spicia- Icmcnt a la statistiqut- tie la Guinee et du Cap-Vert sur le continent afrlcaln. Sur cette partie du travail de M. de Lima , ainsi que sur le livre 11° de cet ou- vrage , relatif aux lies de Saint-Thom6 et du Prince , j'aurai I'honneur de vous faire un autre rapport. Je dois ajouter n^anmoins que I'auteur a acconipa- gne son ouvrage d'une carte gen^rale de tout rarchipel et de cartes hydrographiques speciales des lies de Saint- Jacques et de Saint- Vincent dressees par lui dans le courant de 1827. Apres avoir determine toutes les latitudes et longi- tudes des differentes lies de I'archipel , M. de Lima a reconnu que la carte de Vidal et Mudge (1819, 1820 et 1821) (^tait la plus exacte de toutes celles qu'il a pu exa- miner; il I'a prise pour base de la sienne , el I'a r6- diiite a moili6, subordonnant toutefois la forme du contour des lies aux observations qu'il avail faites lui-meme, ne voulant pas donner a sa carte une echelle plus grande que celle qui elait compatible avcc le for- mat de son ouvrage. II a restitu^ , dans sa carte , a chacun des ports , baies , ^cueils , caps , anses , etc. » leur veritable nomenclature , qui se trouvait alt^r^e dans celle de Vidal et de Mudge. Jusqu'a present le peu d'observations gi^ologiques et geod^siques qui parfois ont 6te faites dans cet ar- cbipel n'onl eu qu'une bien faible importance. Bowdich, Smith et Roberts ne nous ont donn6 que des notions insuffisantes a cet egard. M. Feijo s'est oc- cupy de preference de la bolanique. Ainsi ce que Ton savait sur la structure geologique de ces lies elait bien peu de chose. ( 1«6 ) L'auteui a tlonc le iiKirito de nous donncr pour ia [)remi6re fois des notions plus dtitaill^es sur ce sujct . acquiscs par ses propres observations faitcs en 1824 , 1825, 1827, 1830 et 1834 , quoicjuc Roberts, Beck- man, Froger, Sherley, King, Master ct autres en eus- sent d6ja parl6 succinctement. L'ouvrage dont vous m'avez fait I'honneur de me charger de vous rendre compte est consequemraent digne de I'attention des savants, et son auteur a rendu un V(5ritable service a la science en renrichissant d'un livre qui sera indispensable pour tous ceux qui desor- mais voudront s'occuper de I'archipel du Cap-Vort ct de la partie du continent qui en depend. A tous les merites que je viens de vous signaler ra- pidcment, l'ouvrage de M. de Lima joint aussi celui de renfcrmcr de sages avis , et des plans tendant a I'amelioration intellectuclle etmatdrielJe des habitants dp cette partie des domaines de la couronne de Por- tugal , ce qui donne a son travail une veritable impor- tance nationale. ( 107 ) M)TE sun LA PREMIERE EXPliDlTION DE BETIIENCOLRT AUX CANARIES, ETSUR LKDEGRfi D'HABILETIiNAUTIQUEDES PORTUGAIS A CETTE fiPOQUE ; Lue a la Societe de geograpliie dans sa seance dii 7 novembre 1 84.'> , PA II M. D'A VEZ AC. Dans SOS stances des 7 et 21 fevrier dernier, la So- ci6t6 de g^ographie voulut bien accueillir avec quel- que interet la communication quej'eus I'lionneur do lui faire d'un travail , ancien pom' nioi de plusieurs annees, mais encore inedit, qui avail pour objet de recucillir les indications certaines , parvenues jus- qu'a nous , des decouvertes faites au moyen-age, dans I'oc^an Atlantique, anterieurement aux grandes explo- rations portugaises du xv" si6cle (1) . (i) L'ensemble de inon travail a ce sujet, lu a lAcademie royale des Inscriptions et Belles-lettres de I'lnstitut dans ses seances des- l4 novenibre , 5 decembre , et fi mars derniers , est iinprime dans les Nouvelles /Innales des f^oyatjc's, cabiers d'octobre 1 845, Janvier et avril 1846. Les points fondamentaux en avaient etc indiques en 1 833 dans I'article ApniQUE de VEncyclop^die nouvelle., successive- inent reproduit, a peu de differences pres, en 1 836 dans X EncyclopMie du. xix' Steele, puis, sous le litre d'Esquisse generate de VAfrique, en 1837 et en 1 844- Le teste meme du memoire special que j'ai lu a la Societe de }>po{|rapliie et a I'lnstitut a ete inserc eii i845 , moins les developpementset les annotations, dans le volume drs Ilea dc I'/l- frirjue faisant partie de la {;rande collection liistoiiqne |ia)>lipe ]>;<' MM. Didot sons le titre dc l.'UisivEns. ( lofi ) Un savant (itrangcr, qui daignem'lionorerti 'line auiilK' ;i laquelle j'attache le plus gi-and prix, communiqua a son tour a la Societd', dans sa seance du 7 mars suivant , des observations qui avaient pour but de rifuter les resultats en faveur desquels mes convictions s'etaient fonnees. Avec un tel adversaire , la joiite ne peut etre (jue courtoise (1) ; et si je vienspri^senteraujourd'liui a ladocteasscniblec uncreponse raj)ide aux observations demon noble confrere, c'cst avec la conviction qu'il nc s'^levcra cntre nous aucun nuage a ce sujet, tout en conservant peut-etre chacun de notre c6t6 des convic- tions oppos(ies sur des fails que I'independance d'es- pritd'unc part, et la preoccupation exclusive des gloires nationales de I'aulre, ne nous permettent pas de con- sid6rcr sous le meme point de vue. Malgre les precautions que j'avais prises dfes I'abord pour n'elTaroucber point des susceptibilites que je me fais bonneur de comprcndre et de respecter, je prls soin d'cxpliquer en diverscs circonstances, au sein de la Societe, dans quelles limites deraeurait renfermee la tb6se que j'avais soutenue , et que je viens soutenir encore devant elle. Je rappellerai en quelques mots les principaux points que j'ai cru 6tablir, puis les objections qui y (i) J'aurais souhaile,cependant, ne point trouver incriminees, dans le memoire ar des Es- pagnols. Outre des marinicrs, il fallut aussi a Bethen- court prendre des interpretesde la merac nation, savoir, un nomme Alphonse et sa femme appelee Isabcllc , ol il ressort de la relation qu'il les embarqua a Cadiz. » \oilale resume succinct de I'interprt^tation donnee, dans Ic Diario do Goi>erno du 5 seplembre , au recit de Bethencourt. La reponse est facile etperemptoirc; je la prends tout entiere dans le texte (2) de la relation (p. 6) : « Adonc » se parti Monseigneurde Bethencourt ct MessireGadif- )) ferettouteson arm^edeLaRochelle, le premier jour » de may rail quatre cens et deulx, pourvenir 6s parlies » de Canare , pour veoir et visiter toutle pais en espe- » ranee de conquerir les illes et mestre les gens a lafoy » crestienne,avecquestres-bon navire.etsouffisamment » garnyde gens et de vitailleset do toutes les choses qui )) leur cstoit necessairos pour leur voiage ; et de- » voient tenir le chemin de Belle Isle , mais au passer » de I'ille de R6 ilz ourent vent contraire , et adrcsse- » rent leur voye en Espaigne , et arriverent au port de » Vivieres,.... et y ot grant discord entre plusieurs )) gens de la compagnie , tanl que le voiage fut en » grant danger d'estre ronpeu. » (1) Dans le Diario do Governo du 5 septembre, les mots ils avaient peur ('taient (lonn('s comme eiii|)runtes au texte meiiic de la cliiDiii- que de Rethincourt : i Nao " dil fxprcssenicnl Antonio Gm.vao ( Tialado ) ipiand d paile des pienncres expeditions iiii (jUs- >i trensium , el alionitn Hispanorum. • ( ISA ) L'appt'l (juc le loi Denis avail fait a rhahilotc mari- time dt's Genois , constate par le contrat de 1317 avec Emmanuel Pezagno, est rcprtiscnle comrae un fait sans j)orteo, analogue a ces accidents de faveur ou de I'ortune (]iii dans divers pays ont pu clever des etrangers a la dignity d'amlral. C'est mciconnailre Ics faits : dans un cas il ne jieut elre question que d'un homuie isol^ , tl'une circonstance Iransitoire; dans I'autre, gardons- nous de I'oublier, c'cst de tout un etat-major mari- time, c'est d'un systeme permanent qu'il s'agit, et le n>i Dcniscroyaitaviserainsi « au service de Dieu et au sien propre, au profit et a I'honneur de son pays (I). » Cependant cet aniiral lidreditaire , on voudrait le reduire aux proportions d'un pcrsonnagc socondaire sous les ordrcs d'un grand ainiral I iVIais les liistoriens portugais disent que c'est precisement a la mort de Nuno Fernandes Cogoininho, Icquel s'intitulait Almi- raiile ludr, qu'Emnianuel Pezagno fut appele a lui suc- cedcr, et toujours ils !e designcnt comme uni(jue yllinirante de Purtiii^al, tandis que ce mfeme Goncalvo Camello, qui a 6te cite comme son colk^gue et son egal, ne se trouve decord d'autre titre que de celui de capi- taine , qui etait le premier grade de I'armee navale au- dessous de I'amiral. Sous Lancelot Pezagno , fds d'Emmanuel , c'cst le castillan Jean Focim qui etait pr6s de lui capitnrn da Frota. Au surplus, le litre d'Almirante mor ou grand ami- ral ne parait pas avoir manqu6 a Emmanuel Pezagno lui-m6me ; car on trouve dans les historiens portugais (i) « Enteiidendo por servico de Deos e ineu, e prol e onrra da .1 mha terra, d'aver oLiigado vos micer Manoel Pecayno de Genoa a e vossos sucessores pera ficardes na inha terra por meu Almi- u rantc. » ( IS') ; la cilalion d'un acte, dale do Tiisbonno hi 17 avril 13/i2, par lo([iiel le roi dc Porlugal lait (ictrui a son aliuiranle mor Manoel Passano de radministration de quelques biens eccl6siastiques (1). Voyons maintenant si I'liablletc^ riautique et la puis- sance maritime que mon savant coUeguc attribue aux Portugais anterieurement a la nomination d'un amiral g^nois h(^reditaire sent aussi bienetablies qu'ille croit par les trois ordres de preuves qu'il a allegu^es en fa- veur de sa tbese. Et d'abord, quant aux rapports coramerciaux avec I'Angleterre , nous pourrions nous borner a faire ob- server que I'existence de cos rapports n'impliqucrait nullement une marine considerable ni la pratique de la navigation en baute mer. Mais les documents aWi- gues meritent d'etre passes en revue , parce qu'ils ap- portent pr^cis^ment des arguments contre cette dou- ble pretention. — Ainsi les lettres du 30 juin 1199, les plus anciennes que Ton ait cities , sont un passeport donne par le roi d'Angleterre aux envoyes portugais qui etaient venus le trouver a Cai'entan en Normandie, et devaient traverser ses Ltats d'Aquitaine pour s'en retourner chez eux. — Les lettres du 24 avril 129Zi, re- latives a certains differends survenus entre les mar- chands de Portugal et de Bayonne, contiennent cette (i) Monarquia lusitana ,]parXe\U ,\\\'. X, cap. iii ,11" 2, p. 495. — Oil pent voir, du reste , clans les Noticias de Portugal de Sevc- riin de F,\niA {Dine. II, §§ l3 , i4), te fjni est ilit des altrihulions et du rang hierarehique de \'Aliniraiitc el du Capitao m6r do ma>\, i\><\\\ le " premier " ficava {jeneral de todas as frotns a armadas do reino » tandis que le second u devia ser oidenado em ausencia do Alini- " rante , E paiere que em ausencia do Almirante devia fazer o .1 officio. >i ( 1S6 ) stipulalion tios digne do reinarqiu; : (( El super hoc , » memorali procui'atores et nuncii do Poilugalia , » quiaadvehcndas merces etbona sua ad terras ot loca » diversa navibus non abundant , rogant ut Baionen- » ses seu abide domniio nostro eis naves advehcndas » merces et bona sua, cum indiguerint , pro suo dando » ininistrcnt , promittentes iidemprocuratores el nun- » cii se pra^dictis Baionensibus et aliis de dominio » nostro naves ad partes Portugaliie ducentibus plus )) daturos pro naulo quam abis quibuscumque ». Cela est trop significatif pour que nous ayons besoin d'y rien ajouter. — Les lettres du 17 fevrierl297 adres- sees aux ofliciers anglais en Gascogne ont aussi pour objet les relations commerciales entre le Portugal el Bayonne. Jusque la , il n'existe aucune trace du commerce direct avec I'Angleterre propreraent dite ; on ne com- mence a en voir poindre quelques indices qu'au xiv' siecle : la cbarte marcbande du 1*' f^vrier 1303 com- prend les Portugais dans I'enumeration gendrale des marcbands etrangers admis a trafiquer au royaume d'Angleterre ; et les lettres du 3 octobre 1308 d6cla- rent que , a la demande du roi I)om Denis , il sera ac- corde un sauf-conduit aux marcbands portugais qui vicndraient en Angleterre. Mais il n'y a rien la qui autorise a penser que le Portugal eut ni unc marine nombreuse ni des marins habiles. Quant aux fails historiques all6gues en preuve de la meme ibesc, ils sont loin d'etre plus concluanls. Qu'un certain nombre de bsitiments portugais se fussent joints aux floltes des Croises normands cl aulres, aux- quelsla couronne du Portugal dut la prise deLisbonne en 1147, celle de Silves en 1189 (et meme la conqufete ( l'S7 ) (le I'Algarvc finHi)7) ; — que los t-quipagos dola flotte anglaise ancree devant Lisbonnc aietit 6t6 arreU'-s en 1190 ail milieu des desordres qu'ils commctlaient a terre[l); — qu'une flotte portugaise se soittenuesur la cote d'Andalousie an temps du roi Sanclie 11; — enfin, qu'un certain nombre de galeres de Lisbonne aient poursuivi jusqu'a la mer, en 1293, des vaisseaux cas- tillans qui etaient venus enlever a leur vue, dans le Tage , quelques navires charges de marchandises : — rien, certainement , dans tout cela , ne demontre ni une grande puissance navale ni la connaissance de la haute mer. II en est tout-a-fait de meme pour la preuve tiree des encouragements donnes a la marine par le roi Alphonse I""^. Ce prince, nous dit-on, « fit de gran- » des concessions aux mariniers , et en general a tous » ceux de sos vassaux qui se consacreraient a cette » carri^re, reconnaissant la dignity de cette profession )) par une augmentation de leurs privileges, et elevant a » la dignite de chevaliers les capitaines et les construc- » teurs de navires (2) », Voila , en effet , des conces- (i) « Fecharaose as portas da cidacJe , et 700 Ingreses que so )i acharao nella forao logo presos et encarcerailos >>. ( Moiiaichia Lusitana^ Quarta parte , liv. XIl , cap. xiv , fol. 22 , col. 4). (p.) Ceci est indique coaime lire du Foral de Lisbonne, que Ton m'a reproche l)rc t845 lie (111 Foral (le Villa-Rei, eiioiicc lui-menic qu'il s'iijjit la respeclive- ineiit des haiques du T.i{i(e et de relies du rio Ze/.cre. — Au sui'jdus , pour le (lire en passant, rexplieaiion inat('iicllc de ccs passa{i[i'sdonnee liar Santa-Ilosa , et suivie par Sclia?Per et autrcs, n'est point exacte, ainsi que la annotd J()a6 Pedro Riniiiiio (Imus ses Correttgoens ao Eluci- (larin. (Voir Ids Dissei tacoens chronological e. criticas sobre a liistoria e jurisprudencia ecclesiastica e civil ilc Portugal, tonio IV, p 2, Ap- pendicc VI, p. i3o ). (i) Ineditos de Historia porliirjueza , tomo IV, pp. 3 19 e seg. , cap. XC : « Dos privillegios que el rei Duni Fcrnamlo den aos (|U(- ■" comprassem on fazessem naos. " ( 189 ) Post-Scriptuni. C'est seulement pendant I'impression des pages qui precedent qu'est venu a raa connaissance I'article in- sere dans le Diario do Governo de Lisbonne , du 18 de- cembre 18/15 (n" 298, pp. 1277, 1278), r^sumant et appuyant de quclques considerations nouvelles I'argu- mentation contenue dans le Diario du 5 septembre a I'egard de I'expedition de Bethencourt. II y est soutenu que « Bethencourt visita sans doute les divers ports de I'Espagne pour y prendre des int'or- mations sur la route a tenir, et probablement afin de so pourvoir de pilotes a Cadiz, qui ^taiten possession d'en fournir aux navires faisant la travcrsee du levant au ponent. Quel motif aurait eu , sans cela, Bethen- court pour ne point aller en droiture de chez hii aux Canaries? Mais ses matelots avaient perdu courage [perderam o aniino, cela est encore repete), et puisqu'il emmeiia deslors d^Espagne un interprete quelui procura le roi de Gastille , comme le declare sa propre relation (p, 177), pourquoi n'aurait-il pas aussi pris a Cadiz des pilotes experimentes ? II y a meme presque certi- tude qu'il le fit, car Azurara dit avoir trouve dans d'an- ciens documents, queBethencourts'etait procur<^enCas- lille des navii'es et plus d c monde qu'il n'en avait amend. » Cette argumentation est habile et specieuse ; mais elle est basee sur une equivoque, et n'oppose, en ge- neral, que des conjectures et des insinuations au temoi- gnage formel des textes. La chronique de Bethencourt nous fait connaitre que ce seigneur, arrive aux Canaries pour la premiere fois en juillet lZi02 , retourna en Espagne dans la premiere quinzaine d'octobre au plus tard, y passa toute I'an- nee lZi03 , y fit hommage au roi de Castille, de qui il obtint des secours en munitions , hommes et navires . pour aller faire la conquete des iles , et I'evint a Lan- celote au commencement de fdvrier 1AU4, Ayant fait v. mahs. h. 13 ( 190 ) un nouveau voyage en Espagne quelqucs mois apres, il fut de retour a Fortavcnturc le 7 oclobre 1/iO/i ; puis. rcparlldcsCanariesle 31 Janvier li05 pour un voyage en Normandie, il revint aux llcsau mois de juin suivant.et Iesquittaenfinpourladerni^refoislcl5decembrelii05. II estessentiel de ne pas confondrc cesdivcrsvoyages. Dans le premier, Bethencourt est rt'duit a ses scules forces , telles meme que la desertion fomentee par Ber- lin dc Berneval les avait faites , c'est-a-dire a cinquante- trois personncs ; et c'est avec ce pou de gentz rest6s fidfeles qu'il part de Cadiz. Voila cc que le texte de la relation dit cxpressement , et il est des lors superflu de se livrer a des conjectures, quelque ingenieuses qu'elles puisscnt etre , au soutien d'une hypothese di- rectement contredite par une declaration aussi formelle. Dans Ic second voyage , au contraire , B^thencoui't amene les renforts et les secours dc toute esj)eco qu'il a obtenus du roi de Castille Henri III ; c'est alors, mais seulement alors , qu'il est possible ct exact de dire que les 6l6ments de son expedition sont cspagnols : muni- tions, navire, malelots, il aeu tout cela, en effet, de son nouveau suzerain , et Ton pent raisonnablement sup- poser qu'il en a 6t6 de meme de I'interprete Augeron , que le roi de Castille lui fit avoir d'Aragon , ainsi que je raimoi-raeme deja rapports ci-dessus (p. 176). II n'en est question, toutefois, que beaucoup plus tard, lors de la conquete de I'ile de Fer en no- vembre 1/105 , pendant la quatri6me expedition de Bethencourt; niais il est rappele a cette occasion que Bethencourt I'avait eu pr6c6demment. Toujours est-il qu'on ne I'avait point lors de la premiere reconnais- sance de rUe de Per en Janvier l/jO/i , comme on le voit cxpressement marque dans la relation (p. 77). Toute I'argumentation du nouvel article du Diariodo Governo ne repose done, comme on voit, que sur I'equivoque resultant d'une confusion du second voyage de Bd'thcncourl avec le premier. 3o avril i8/j6. ( 191 ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe. tXTRAIT DES PROCES-VEKBAUX DES SEANCES. PRIiSIDENCE DE M. DaUSSY. Seance dii 6 mars 1846. Le procfes-verbal de la derni^i^e seance est lu ct adopts. M. le D' Vappa^us et M. le colonel Jackson , nom- in6s r^cemment correspondants etrangers de la So- cidt6 , lui adressent leurs remerciements pour cette flalteuse distinction , et promettent de remplir exacte- ment les devoirs que ce titre leur impose. Parmi les envois annonc^s a la Soci6t(^ par M. Des- jardins, dans sa derni^ro seance, se trouve unc Icttro de M. Ewald , secretaire de la Society de gt^ographie de Dai'mstadt, contenant des details sur le grand atlas qu'il public , et dont les deux premieres livraisons sont d^posees sur le bureau. M. le President communique a la Commission centrale une proposition du comit6 du Bulletin ay ant pour but d'accorder aux auleurs un tirage a part de 50 exemplaires pour des articles composes d'une feuille au moins. Cette proposition est renvoyee a la section de comptabilite. M. le vicomtc dc Santarem lit unc Note sur la map- ( 192 ) pemonde du cosmographe v6nitien Fra-Mauro , dont il vicnt d'oblenir line copie qu'il lait graver pour son grand ouvrage sur Ics dc^couvertes des Portugais. II oflVc de comniuniqucr ce document gc^ographique a ceux de ses Collegues qui d^sireraient le consulter. — Cette Note estrenvoyde au comity du Bulletin. Le m6me membre lit un Momoire dans lequcl il signalel'erreur des cartes des xiv" et xv« siecles qui pla- cent un port au sud du cap Bojador. M. d'Avezac prd- sente quelques observations verbales a ce sujet. M. Bertheiot lit la traduction qu'il a faite , d'apr^s une gazette chilienne , d'un article ayant pour litre : Action dc C Europe en Amerique. Ce document a etc pu- blic parun Espagnol americain , a I'occasion de I'in- tervention anglo-frangaise dans la Plata. M. Gay offre a la Societe les sept premieres livraisons de son histoire physique ct politique du Chili, redig^e sur les documents qu'il a recueillis sur celle rcpubli- que pendant une residence dc douze ans. Cette pu- blication est faite sous les auspices du gouvernement chiiien. M. Jomard annonce la I'ormation d'une reunion spe- ciale qui vient de s'ouvrir a Paris pour les voyageurs en Orient et les Oricntaux eux-m6mcs qui common- cent ix afilucr a Paris. Le Cevcle oriental aura I'avan- tage d'etablir cntre les uns et les autres des relations utiles, qui pourront servir dans un avenir prochain a I'avancement des d^couvertes. Le m6me membre donne la description d'un pro- cede propro a relever les inscriptions d'une m.miere facile , promple et commode, et applicable dans tons les eas. memo quand les caract^res sont en relief pen ( 193 ) saillant. II pensc que celte methode, depuis longtemps employee avec succfes,^peut etre recommandde aux voyageurs avec avantage. — Renvoy6 au comity du Bulletin. M. le President annonce que , d'apr^s des nouvelles recentcs, M. de Castelnau et ses compagnons de voyage sont heureuseiiient arrives en Bolivie. Seance du 20 mars 1846. Le proc^s-verbal de la derni6re stance est hi el adopts. M, le vicomte de Santarem occupe le fauteuil en I'absence de M. Daussy , et annonce a la Commission centrale la perte douloureuse que vient de faire M. le President. M. Vivien, secretaire general, estpri6 d'etre aupres de M. Daussy I'interprete des regrets de tous ses collegues. M. le professeur Fleiclier, de Leipsig, ecrit a la So-' ciete pour lui annoncer la formation d'une Societe orientalc d'Allcmagne ; il lui exprime le desir d'etablir des relations entre les deux Societes, et il propose- r^change de leurs jiubllcations. La Commission centrale accueille cette communica- tion avec empressement, et elle charge son secretaire general de repondre a la proposition de M, le profes- seur Fleiclier. M. Hellert adresse a la Soci^td une Notice sur divers objets qu'il a rapportes de son dernier voyage dans I'isthme de Panama , et qui lui paraissent pouvoir sei'- vir a soulager I'humanite, a ajouter a nos richesscs agri-^ coles, ou a aider au developpement de notre induslrie. La Commission centrale accueille cc travail avec in-, teret, et elle renvoie la Notice deM. Hellert, ainsi que { m ) Ics echantillons qui raccompagncnt , a la commission speciale du concours au prix d'Orl»!;ans. Parmi ces objets se trouve une fiole contcnant I'ex- trait de guaco servant a se garantir centre Ics eflcts v(Miimeux des piqilres des maringolns, des scorpions ct des mille-pieds. M. de la Roquctlc vcut bien se charger de faire analyser cette liqueur par M. Pe- louze, membre de I'Academie des sciences. M. elomard annonce qu'il a re^u depuis quelque temps ime communication serablable relative au guaco, de la part de M. le capitaine Lallier, et qu'il en entre- tiendra la Society dans sa prochaine seance. M. Bauerkcller adrrsse a la Soci6t6 un exemplaire do sa carte en relief de la Russie europ^enne, et un exem- plaire de la nouvelle edition de sa carte d'vVllcmagne. L'auteurdonne des details inttircssants sur sesprocedds et sur les ameliorations qu'il ne cesse d'y apporter, el il esp6re que ses cartes, dont il est parvenu a reduire de beaucoup les prix, pourront contribuer utilement aux progr^s des etudes geographiques. M. d'Avezac annonce a la Soci(it6 que, d'aprt;s la nouvelle qu'il en a regue de Londres , le bruit de la mort de M. I'enseigne de vaisseau Maizan s'^lait re- pandu a la cote orientale d'Afrique. Ce jeune olficier tl'tait parti de Zanzibar le 22 avril 1845 , se dirigeant vers le grand lac interieur porte sur les cartes sous le nom de Maravi , lequel a etc recemment I'objet d'un remarquablc travail de M. Cooley, qui le ddcrit sousle nom de Nyassy. Le 21 aout , on venait d'apprendre, a la cole, que le courageux voyagcur aurait 616 tu6 par les indigenes sur les i"ronti6res des Monomoezi. Celtc communication est regue par la Soci6t6 avec une dou- loureuse sympathie. ( 195 ) Le meme membre fait liommage a la Soci^Ue, tie la part dcs auteurs, 1° (I'lm ouvrage do M. Lepelletierdc Saint-Remy , ay ant pour titre : Saint-Domingue , etude ei solution de la question haitienne; 2° d'un ouvrage ay ant pour titre : Histoire et geographic de Madagascar, depuis la decoui>erte de lile en 1506 Jusquau recit des derniers cvenements de Tamatave. Bien que le nom de M. Mac^ Descartes , auteur de la partie historique, fi- gure seul sur le frontispice, la partie gdographique est de M. Oscar Mac-Garthy, secretaire delaSociet^ orien- tale , et c'est au nom de ce dernier que le livrc est prt^sente a la Soci^te. M. Roux de Rocliclle est prie de faire un rapport sur Touvrage de M. Lepellctier de Saint-Reniy , et M. Berthelotsur celui de MM. Mace Descartes et Mac- Carthy. M. Thommassy fait hommage de la 2'' edition de son ouvrage sur le Maroc et ses caravanes , ou Rela- tions de la France avec cet empire. M. le vicomte de Santarem donne lecture du Rap- port que la Commission centralc I'a chai-ge de faire sur I'ouvrage portugais de M. Lopes de Lima , ayant pour titre : Essais statistiques sur les possessions portu- gaises d'outi-e-mer. — Renvoi de ce Rapport au comite du Bulletin. M. d'Avezac donne lecture d'un Memoire sur la veri- table situation du mouillage marque au sud du cap Bugeder dans toutes les cartes nautiques, ayant pour but d'etablir qu'il n'y a point erreur a cet egard dans celles des xiv' et xv" si^cles , comme on I'avait ^nonc^ dans une precedente seance. M. le vicomte de Santarem pr^sente verbalement quelques observations a ce sujet. ( 196 ) MtMltnii ADMIS DANS I.V SOCIKTl';. Seance du 6 itxirs 1846. M. r,ii\iiVEAu, avocat. OUVRAGES OFFERTS A LA SOClfex^. Seance du 20 jevrier 18Zi6. Par M. te niinistre de Vagricidture el du commerce : Documents siir le commerce exteriem* (ri"' 291 a 299). Novcmbrc et di^cembre 1845. Par r Association britanniquc pour I'ai'anceitient I will. ( 205 ) mer au commencement de la I'olation (I). Cllons , en effel : Cette mer renl'erme dans la meme direction que S(!!rendyb quelques iles qui ne sont pas nombreuses , mais qui sont tr6s vastes, et dont on ne connait pas I'elendue precise. » Or, dans les limitcsentrelesquelles M. Reinaud place la mer d'llerkend , il ne se rencontre pas d'iles auxquelles puisscnt s'appliquer ces deux ob- sex'vations. De plus, si ccs iles sont dans la m6me di- rection que Serendyb, c'cst-a-dire si elles se pr^sentent a un navire venant de I'ouest ct allant en Chine , a peu ])r^s a la meme latitude que Ceylan , mais naturelle- merit au-dela de cette ile , elles doivent etre situ^es plus a Test , et d(^s lors au-dela de la mer d'Herkend, telle qu'elle a Ho definie par le savant academicien. D'apres la relation , il semblerait plutot que ces iles sont celles de la Sonde, placees aux yeux des Arabes , peu rigoureux en fait de latitude, environ sous le meme parallele , peu nombreuses, et dont plusieurs sont effeckivement tres vastes. Cette remarque tend a nous faire supposer que loin de se terminer au pont d'Adam , la mer d'Herkend s'etendait des Maldives a la cote N. et N.-O. de Sumatra, a la pointe d'Achen par cxemple. Cette supposition va etre bientot confirm(^e par des rapprochements plus significatifs. La relation ajoute qu'au nombre de ces iles est celle que Ton nomme Al-Baniiiy , qui est partagee entre plusieurs rois , et dont I'etendue est de 800 a 900 parasanges. Pour M. Reinaud, cet Al-Ranmy est File de Manaar, rc^unie, si Ton veut, a plusieurs iles. Mais I'etendue assignee par Solciman est bien vaste pour d'aussi pelites iles. 11 est vrai qu'Abou Zeid parle plus loin de parasanges carres ; mais lors meme qu'il cia serait (l 1 RcI.iIIdii, ti .111. , t. I , 11. (i. ( 20<5 ) - ainsi , celte superGcie serail encuro trup considerable pour des iles telles que Manaar et ses adjacentos. Si reelleuienl, comme le pense M. Reinaud, les navires arabes frequentaient le detroil de Palk , il leur etait facile de faire le tour de ces iles, ou d'etre informes par les geus de la cote, de leur etendue approximative et de leur configuration; on ne pout done supposer au- cune confusion a cet egard , et I'assimilation proposee pour Al-Ramny ilemeure insuflisante. D'ailieurs entre Soleiman , qui avait ete a Al-Ramny, et Abou-Zeid, quin'ecrivalt que d'apres des renseigne- ments recueillis, il parait plus naturel de s'en rappor- ter de preference aru premier. Edrisi nousdilaussi (1) que la longueur de cette ile est de 700 parasanges, ce qui cadre pleinement avec le temoignage de Soleiman. ^ oudra-t-on faire d'Al-Ramny une portion de Ceylan. en admettant qpie les Arabes, comme les Cbinois de cette epoque . divisaient cette ile en plusieurs? Cette supposition serait peu admissible ; car la relation , en nous disant que Serend\b est eutoure de tous cotes par la mer 2 ; , indique par la que celte ile etait con- nuedanstouteTetendue de ses cotes, et des lorselle de- vail constituer aux veui des Orientaus une seuleile. Re- marquons en outre qu'apres avoir decrit les Maldives , Soleiman ajoute : «La demiere de ces iles est Seren- dyb , sur la mer d'Herkend ; c'est la principale de toutes (3). » Or, si Serendvb avait repondu pour les Orientaox a plusieurs iles, cette expression serait inexacte , et sa place dans I'expose somraaire de I'iti- (i) Geographie ct^UlrUi , trad, de raral>e pnr \L Am. Jau!ei(, X. \. p. 74- 3' lotroductioQ . p. lxis. (->) Reljti 'H, trad., p. 5 ( 207 ) neraire ne se comprendrait pas. Car supposons aveo M. Reinaud que Ceylan ait ete divise en plusieurs iles dont Al-Ramny ait forme I'une; comrue, lorsque Solei- man ecrit la phrase que nous vonons de citer, il n'a pas encore parle d' Al-Ramny, il faudrait qu'il eut dit pour 6tre exact : les dernieres de ces iles sont Al-Ramnv et Serend\b; puisqu'il n'a encore nomme que les Maldives. Or, au contraire, il ne mentionne Al-Ramnv qu'apres Sercndyb ; il faut done de toute necessite que, pour lui, cette ile ait ete situee , comme nous TaTons suppose plus haut, au-dela de Ceylan, a IE. , loin d'avoir constitue une partie occidentale de Tile , ainsi que I'assirailation a Manaar et a la cote voisine le ferait supposer. Les considerations purementtopograpliiques ne sont pas les seules qui nous fassent rejeter Tidentification proposee par M. Reinaud ; il y en a d'autres non moins decisives. La relation mentionne des camphriers a Al-Ramnv : or, il n'v a ni a Manaar, ni a Cevlan , ni sur la cote de Coromandel, de plantations de cam- phriers. Le Dnoba/anops camp/iora , qui donne le camphre , est un arbre qui appartient aus pavs des Apices, a Sumatra, Malacca, Borneo; et Ton sait que lors de larrivee des Portugais dans la premiere de ces contrees, ils trouverent qu'on y faisait un grand com- merce de cetle substance vegetale. Ce camphre d'Al- Ramny , nomme dans la relation Fansour tV. , rappelle tout de suite le royaume de Fansour dont parle Marco- Polo , et ou se recolte , selon lui , le meilleur camphre du monde (2). D'apres la place a laquelle se trouve i) Relation . trad. . p. -. (2) Vovage de Marco-Polo . edit, dc la Socicle de geographic . P 4 {7- " ( 203 ) mcntioDin!! cc ro\aunic clans Ic vovacc tic cc clonuer, on voit que celte contr^e se trouvait entre Sumatra et les lies Nicobar, c'est-a-dire qu'il forraait tri»s proba- blemcnl une partie do Tile de Sumatra. Cc meme camphre Fansour est encore cite par Aboulfd-da (1) , comme ayant rcQU son nom d'une villa d'El-Fansour, situee dans Tile de Djaba. Nous savons, par le voyage d'Ibn-Batouta (2) , que les Orientaux donnaient cc nom a Sumatra , qu'ils out frequeniment confondu avoc Java. La latitude 5" qu'assignc AboulftVla a Djaba, et qui correspond a la partie septentrionale de Sumatra , nous conlirmc dans I'opinion , au reste g6- neralement adoptee , que cette derni^re ile est la Djaba des Orientaux. Java est au contraire a 6 ou 7° au S. de I'liquateur, et la geographic des Arabes fait voir com- bien peu ceux-ci s'etaient avances au-dela de la lignc (iquinoxiale. Ainsi la presence des camphriers nous ramene a I'liypotbese que nous avons proposee plus haut, c'est-a-dire a voir dans Al-Ramny la partie sep- tentrionale de Sumatra. Le docteur Roulin , qui a joint de savantes notes au travail de M. Ileinaud , a fait observer que Ceylan est la seule lie ou so rencontrent des elephants ; et bien qu'il scmble , paries expressions dont il se sert , peu eloigne de voir dans Al-Ranmy une partie de Sumatra, la mention que fait la relation des elephants qu'on y trouvc, semble I'embarrasser. Tou- tefois, remarquant que les Ilollandais avaient vu dans cette ile des elephants, qu'il n'hesite pas a supposcr avoir 6te apporles d'aillcurs , il ajoute que Ton jicnt (i) Al)irlf(Hl.'i; opus {jeOjirnphicnm ex a'al). tr:insl. ,a D. Hei>Uc , ap. M.ijjazin liir tlic tieiie llislorie mid (n(if,i'a|)liii' , Tli. IV. S. U77. ( llanib. 1770. ) (») Ibn r-atouta's TiaviU , ii .iii-l. Iiv l.j. ( 212 ) par unc poinlo noimuce liainen. Cost precis6inciil Ic chenal siluu entre cctte pointc ct Tile qui est celui que fri^quentcnt habilucUonicnt les cabotcurs de ces parages (1). On pcut encore supposcr, pour se rendre raison dc cette erreur d'Edrisi, que des navires arabes se rcndanl a Malacca sont arrives parfois a Sumatra en croyant etre dans le voisinage de Ceylan. Les crrcurs'de ce genre sont oxtremement communes dans ces eaux. La force des moussons, la violence des courants.vous poussentavec une rapidit(!! dont Testimcseul guide dans ces tem|)sd'i- gnorance liydrographique, ne saurait vous av crtir. Nous citerons k I'appui de cctte remarque qu'un exemple qui nous est fourni par les Instructions nautiques pour les mers de I'lnde (2). Au commencement du xviu' si6- cle, lenavire/eDeri/, capitaineFitzliugh, se rcndant du cap de Bonne-Esp^rance au Bengale, alia reconnaltre les iles qui sontau large de la cote O. de Sumati'a parlc 1° 23' lal. S. , et lesprit pour les Maldives ; il fit route au S. avcc des vents variables du S.-O. ct du S.-E. , et eut connaissance des iles Poggy ct Trieste qu'il pensa 6tre rextrumit6 S. de la chaine des Maldives. En con- tinuant a se diriger au S. , il eut quelquefois con- naissance de la haute terre dc Sumatra ; enfm , il ar- riva jusqu'cn vue de I'ile Claps, sur la cote dc Java, poursuivant toujours sa m^prise jusqu'a ce qu'il en fut d6tromp6 par unnavirc qu'il rencontradanscesparages. Enlin, on pourrait expliquer d'une troisieme fac^on celte erreur, par la confusion que les Oriontaux firenl des Iles du Zabadj, c'est-a-dire dc Java ct de Sumatra avec Ceylan. Alberouni nous dit, en effct, que ces Sles (l) LeiMc'dour, liistriirlions naiilii]in'5 sm- les mi'is dc I Imlf , d .t- )>ies llorsliuigli, t. II, p. 190. (2, Leprrdour, niivi . < it. , p. in4- ( 213 ) 6taient aussi appelees Sourendyd, c'est-a-dire lies d'Or (1). Mais il peut paraitre superflu de tant s'appcsantir surles ralsonsqui ont puoccasionnerl'erreurd'Edrisi ; le point important a etablir, c'est qu'Al-Ranmy etait le nord de Sumatra , ou meme Sumatra tout entiere. Quant a lapartie de cette grande ile visitee par Solei- man, elle nepeutetre que leroyaume puissant dePedir, que les Porlugais , a leur arrivee dans I'ile, trouverent constitue depuls longues annees, faisant un commerce considerable avec toutes les nations asiatiques (2), et dans lequel ^taient de nombreux dstablissements mu- sulmans , preuve certaine que depuis un laps notable d'annees les navires arabes venaient aborder a la cote. D'ailleurs, le t^moignage de Masoudi , beaucoup plus eclaire que celui d'Edrisi, confirme pleincment notre supposition. II nous apprend, en effet (3) , que Ton comptait 1000 parasanges de Serendyb a un autre arcliipel nomme Er-Rainiii, et il ajoute, comrae Solei- man, ce qui nc permet pas de douter que ces ilcs ne repondent a notre Al-Ramny, qu'elles renferment beaucoup de mines d'or et sont gouvernees par des rois; il nous apprend que dansla m6me mer estla ville dcFansour, qui a donn^sonnom au camplire, que Ton fi) Voyp/. Me'moire (le M. Reinaud , Journal asiatiquo , 4* sp'ric , t IV, p. 26. (2) Voy. Da Asia de Joao ilc Barros ,1. II, part 2 , p. 896 et IV. ( Lisboa, 1777 ) et t. Ill , p irt. 1, p. 5i i. On lit dans ce dernier pas- sage : De todos estes reynos a de Ftdir t'oi o maior e niais celebrado nai|uel]as paites e islo entes que Malacca fosse povoado. E a elles concorriam todalas naos, que Iii.irn do Poneiite , e vinliam do Levante como a emporio e feira , onde se achavani todalas mercadorias, etc. (3) El Mas'udi's Historical encyclopaedia, transl. from arahic , vol. I , p. 352. London , 184 1 . V. AVRII.. 2. 1/1 ( 21/, ) y r^colte. Plus loin , il parle encore de I'or des lies Er- Raniln et des elephants qu'on y rencontre. Ainsi Al- Ramny se retrouve place dans Masoudi a une distance de S^rondyb qui convient parruitcinent a reloignonicnt de cette ile par rapport a Sumatra, ct Ton s'cxplique des lors I'^tenduc qu'Edrlsi etSoleiman lui assigncnt, Les Er-Raniin de I\lasoudi sont tres probablement Sumatra et les ilos de la polnte d'Achen et de la cote N.-E. Une foisl'ldcntit^ d'Al-Ramni ct do Sumatra 6tablie, on s'cxplique pourquoi la relation ajoule que cette ile est mouillee par deux mers, celle d'Herkend et cello deSchelalieth, que nous allons voir n'etre autre que Ic d(^troit de Malacca ; on cont^oit encore pourquoi il est dit que la j^jremiere des mers que nous venous de ciler, celle d'llorkend , est exposee a un vent particulier, cclui du N.-O. Cette assertion ne saurait etre justifi^e si on limitait cette mer cntre los Maldives et Ic pent d'Adam. En eflet, ce dernier bras de mer n'est nuUe- ment soumis a ce vent, qui n'y souflle, au contraire, que tres rarement ; car on n'eprouve dans ces parages, en deliors des deux moussons du S.-O. et du N.-E., que des vents fort variables. Mais si on etend la mer d'Herkend jusqu'a la cote de Sumatra et aux lies JNico- bar, cette assertion estparlaitenient exacle : car sur la cote 0. de la premiere de ces ilcs regne precisdment une mousson particuliere , celle du IN.-O., qui est ge- neralemenl tres forte depuis oclobre jusqu'en Janvier et diminue vers mars (1). Aux environs des iles Nico- bar, ainsi qu'entre elles et Junkscylon , on a gen^rale- uicnt, pendant la mousson du N.-E., un fort courant s Ironcs d'arbres oreiis<^s qui servent d'embarcations aux insLilaires de Nicobar el d'Andaman. Les autres details qui sont relates peuvent s'appliquer aux habi- tants de touleslesiles des environs d'Achen : onles repr^- sente tous en effet commemefiants et fourbes, et dans I'usage d'aller au-devant des voyageurs dans leurs i)i- rogues pour leur proposer des ^changes (1). L'amiral Laplace, alors capitaine de la frigate C Artemise, a observe 4Telloo-Crouet (2) un fait consigne par la re- lation pour les iles Lendjebalous : c'est I'absence de loute femine. Le fait ne serait pas vrai de nos jours des Nicobar, ou le sexe jouit nienie d'une certaine reputa- tion de beaute ; mais il n'esl nullement impossible que celte observation , g^noralisee par Soleiman , n'ait ete faite , comme celle de l'amiral Laplace , que dans une lie isol6e de cet arcliipel ou des hommes venaient s e- tablir seulement pour (aire des ecbanges avec les na- vires qui y passaient en allant ou revenant de Malacca et de la Chine, line observation consignee dans la re- lation au sujet des habitants des Lendjebalous convient j)eu cependant, il fautle roconnaitre, aux iles Micobar. 11 y est dit que les habitants sont blancs et ont le poil rare. Or, les habitants des Nicobar, et en general les Malais, sont noirs,de couleur fuligineuse, couleur que la meme relation dit pr^cisemenl etre celle des Anda- menes. Ce caractfere d'une peau blanche et glabre semble indiquer une nation de race chinoise, etilnous parait vraisemblable qu'elle s'applique a quclques unes de ccs iles ou des Chinois etalcnt venus s'etablir pour trafiquer. On sait que ce peuple compte beau- coup de ses sujets qui depuis longtemps se sont fixes (i) Campagne de i-iicuiiinavifjalioii iK- \\\ frrj^nto /'.-/iti'iiiisf, I. 115, chap, X. (l) Meriii' nuvra{;r , p. it). ( 218 ) a Sumatra et tlans les iles voisines, et c'est peut-etre meme ces habitants , qui n'auront point amend de femmes avec eux, corame ccux de Tulloo-Crouel vus par I'liquipage de V Jrli'inisc, qui firent consigner I'ob- servation signalee tout-a-l'lieure. Qw saild'ailleurs que diverses populations de la Malaisie tirent leur origine des Chinois (I), et que j)hisieurs, tels que les Lam- pons , rappellcnt encore dans leurs traits Ic type de cette nation. Edrisi compte dix journ6es dc Serendjb a I'ile de Lankialons, num quil donne aux iles ou a une des iles Landjebalons : avec une forte mousson , il n'en faut pas clavantage pour allcr de Trinkemale a Car-Nicol)ar ou de Matoura au canal Salnt-Goorges. Masoucli (2) , en nous disant que les iles El-Jebalous (les Landjebalous) se rattachent aux iles Er-Ramin , ach^ve de nous demontrer I'identite de cet arcliipel avec celui des Nicobar. Ce qu'il en rapporte est en lout conforme a la relation, et il ajoute que pres de ces iles sontlesAndaman.Soleimannientionne aussi cesmemes iles apres les Landjebalous, et leuridentite avec celles qui portent acluelleraent le meme nom n'etant I'objet d'aucun doute , et ayant el6 accoptee par M. lleinaud, nous ne nous v arreterons pas. L'ordre qu'a suivi dans sa marche Soleiman aurait du , a ce qu'il nous semble, uiettre le savant acadtimicien en garde contre la posi- tion fausse qu'il assigne aux Landjebalous. En effet, le voyageur persan, pla^ant les iles Andaman au-dela de& Landjebalous, et poursuivant son itineraire apres une courte digression, nommc ensuite I'ile ou le pays de Kalah-bav. Or, si ce dernier pays se fiit trouv6 sur la cote de Goromandel, ainsi que Ic suppose M. Reinaud^ (i) Ti.id J.uiljLii ,1.1, |i. (al OiiM. lii , p. 352 , 3r)3. ( 219 ) comment les navires, apres avoir louche la poiiite Ca- ymere, oil il place lesLandjebalous,eussent-ils 6te aux Andamcn, qui en sont ^loignees de plus de 12" en lon- gitude, pour revenir ensuite sur la meme cote? Des iles Lendjebalous les navires mettaient a la voile pourle Ralah-bar, qu'Edrisi place a cinq ou six jour- necs de ces lies (1). M. Reinaud met, avons-nous dit, Kalah-bar sur la cote du Coromandel. Le principal motif qui le conduit a cette identification est, aprtjs la necessite d'adapter la niarche du navire aux pre- mieres detei-minations geographiques, la ressemblance du nom de Ralah avec celui de Galle ou Gala donne a la pointe m6ridionale de Ceylan. Cependant il est fa- cile d'objecter a ce rapprochement que si la pointe de Galles a veqn son nom de I'ancien pays de Kalah-bar, c'etait alors File de S^rendyb qui portait ce dernier nom, et nullement la partie meridionale du Coroman- del , comme le dit M. Reinaud. Mais il nous est main- tenant ais6 de constaler que ni I'une ni I'aulre de ces determinations ne saui-ait convenir a Ralah-bar, et puisque les navires font voile vers la Chine et qu'ils sont arrives aux Micobar et aux Andaman , c'est vers la cote de Malacca qu'il faut aller chercher le pays en question. C'est ce qu'avait fait M. Walckenaer dans la courte mais judicieuse analyse des voyages de Sind- bad que nous avons cit^e plus haut. Cette relation , imaginaire sans doute , mais fondee sur des fails vrais, acquiert une valeur reelle lorsque son temoignage cadre si bien avec la route a laquelle nous avons ete forcement conduit. Voici ce qu'elle dit dans un voyage (jue Ton suppose etre fait par Sindbad dans les iles de la Sonde: « Nous ne discontinuames de courir d'iic en lie, de contree encontrce, vondant, achelant, echan- (i) Tiad. Jauhcil , t. I. \>" »' jy- ( 220 ) j^earit, jusqu'a ce que nous fussioiis arrives dans I'ile de Nacous, d'ou nous allumes en six jours a celle de Kela; alors nous penetruines dans le royaume de Rtila. C'est un grand empire limitrophe de I'lnde, dans le- quel il y a des mines d'c^lain, des plantations de Cannes de rinde et oii Ton trouve du camphre excellent. Son roi est un monarque puissant; il gouverne aussi Tile de Nacous (1). » Ces paroles donnent a penser que Ralah se trouvait situ6 au-dela dc I'lnde, vers les iles de la Sonde , et Ton coraprend alors comment il a pu etre une depentlance des ttats du Zabedj , ainsi que le rapporte la relation dc Soleiman (2). M. Reinaud, embarrasse decelte circonstancc et oblig<^ dela mettre d'accord avec I'itineraire qu'il a adopte , y voit le ro- sultat de quelque confusion, de quelque erreur (3). Mais lorsqu'on sail qu'Aboulfeda (/j) et Edrisi (5) pla- cent aussi Kalah pres de Sumatra (Java) , on est oblige de convenir que la supposition d'erreur est plus diffi- cile ; et en presence des fails que nous avons dtablis, elle devienltout-a-fait inadmissible. Faisons-nous, en efl'et, une idee exacte de la position de I'empire du Zabedj ou du Maha-Radja.La relation nous dit (6) que cet empire est situe en face de la Chine , et qu'entre sa capitale, la ville du Zabedj, et ce dernier pays, il y a la distance d'un mois de marche par mer, ct meme quel- quefois moins, quand le vent est favorable. Ces details nousforcentde placcrle centre de cet l^ltat celebre dans rarchipel de la Sonde el des Moluqucs. De plus, la mention que fait la meme relation des iles dc Sarbasa et (i) Les Vovapes de Sintlliad 1«> niarin, trad. Langles, p. 73. (2) Relation , p. 17. (3) Inlrodiiclioii , p. lxxxiv. (.j) Almlf.-da^ lahiil. {;co{;r., p. y<)S. (.I) Kdiisi , Grojjr. , p. (p) Rclalion,r> f)' , (j^. f 221 ) iVJ/ramy (deux parties de Sumatra) parmi scs ])osses- sions, ne laisse plus aucun doute. La relation de Soleiman nous dit d'un autre cote que ce royaume etait a droite, c'est-a-dire a Test de rinde , cequi repond ^galenient a la position que nous lui assignons. Masoudi (1) designe le Maharadjali sous le nom de roi des iles, et ^numerant celle-ci, il nomine Ez-Zanij, Kalali, Serendyb et d'autres. Enfm Edrisi (2) ajoute : « Sur les rivages de la mer de Sent" (que nous allons voir etre la mer de Siam et de Cam- bodge), sont les domaines d'un roi nomme Mihradj . qui possede un grand nombre d'iles bien peupl^es, I'ertiles , couvertes de champs et de paturages, et pro- duisant de I'ivoire , du camphre , de la noix muscade , du macis, du clou de girofle , du bois d'alo^s, etc., qui s'y trouvent et y sont indigenes. » El plus loin : (( Au nombre de ces iles est celle d'Almakl , dont la popu- lation ressemble aux Cliinois.... Ces iles sont voisines de la Chine. » Tons ces t^moignages s'accordent d'une fagon trop frappante pour que nous ne reconnaissions pas facilement que I'empire du Zabedj ou des iles de la Sonde comprenait, a I'epoquedelai'elation, la Malsi- sieactuelle,etsansdouteaussiunepartiedelapresqu'ile de Malacca. Et icl nous dilT^rons d'opinion avec le savant geographe dont le court aperq-u a ete habituel- lement pour nous un guide si sur , et nous croyons que c'est a tort que M. Walckenaer fait du Maharadja des voyages de Sindbad , le roi du Dekban (3). Les rappro- chements que nous venons de placer sous les yeux du (i) lil Masudi's Historical Enryclopa'Ji.i, trad by A. Sprenger, t (, ,.. .87. (2) Edrisi, Gcopr. «it. , t. I , p. 8(). {?') Ann, lies des Voyajjos, 2"' scric . I. Will, [>. |5. { 222 ) lecleur nous suniblent no laisscr aucun doute sur la situation r6elle de ses Ltats. Revenons au Kalah-bar, que nous avons dA laisser un instant de cole , pour (!;tablir nctteraent la position de Tempirc du Zabedj , auqucl il scmhle li6. II est ^ remarquer quo Solciman ne compte qu'un inois de navi!j;ation entre ce pays et I'entree de la mer d'Her- kend : distance exacte , car c'est a peu pres ce qu'il faut pour se rendre des Maldives a Poulo-Pinang, en allant prealablement toucber la pointe d'Acbem. Nous lisons encore dans un autre passage de la relation (1) , qu'enlre Serendyb et Kalab se Irouve dans la nicr de rinde , du c6t6 de I'orient, une ile nommee Malban , dans laquelle babile une peuplade noire et antbropo- pbage. Or, a ces seuls caracteres, cette ile se reconnait facilement pour une de celles du groupe des Anda- man , les Angaman , dont Marco-Polo nous dt^peint absolunient de mcrae la population. Voicidonc encore un nouveau motif de placer Kelab dans la presqu'ile transgangetique , sur la cote de iMalacca. Ln dernier fait, en confirmant cette position, rend extremement vraisemblable I'idcntitt^ du Ralab-bar et de la contree de Reydab , identite qu'avait admise M. Walckcnaer. Ce fait, le voici tel que le rapporte la relation (2) : « Kalab est le centre du commerce de I'aloes, du cam- pbre, du santal, de I'ivoire, du plomb alcaly , de I'ti- bene , du bois du Bresil , des epiceries de tous les genres. » Or, la plupart de ces produits n'apparliennent en aucune fagon a la cole de Coromandel , et indi- qucnt au contraire une contree situc^e du c6l6 de la presqu'ile de Malacca , des lies de la Sonde, de Siaui, ou de Tcmpire d'Annam. L'aloes dont il est ici parle (i) Relalion , p. 20. [■?.) luUiliun , p. ()3, C)\. ( 223 ) est V /ffjui/aria ou le Cnlarnbac , qui no sc trouve guere qu'a Siam et dans lempire d'Annam (1) ; le bois de Br^sil ( Ca-sa/pi/iia sappaii ) se I'ctire des forets de rcinpire Barman, de Siam, des Philippines (2). L'^bene , quolque fourni par certains arbres de la presqu'ile occidenlale de I'lnde , est surtout com- mun aux iles de la Sonde , a Malacca , a Siam , aux Andaman (3), ou il fait Fobjet d'un grand commerce, depuislongues annees. Edrisi parle aussi [h) des mines d'etain ct des plantations de campliriers existant a Kalah. Get 6tain est le plomb alcaly de la relation. Or, ces deux productions ne sauraient en aucune facon convenir au Coromandel , que nous savons n'avoir ja- mais et6 le centre d'aucun commerce etendu detain ou de plomb, et bien moins de campbre, I'arbre qui Ic fournit n'y croissant pas. Nous voyons , au contraire, qu'a I'arrivee des Portugais, I'etain conslituait une des branches les plus importantes du commerce du pays de Malacca; qu'il 6tait exporte dans toute I'Asie. Que s'oflVe-t-il alors de plusnaturel, de plus vraisem- blable que d'aller cliercber dans cette contree notre Kalah, tout comme le Callinna de Cosmas Indico- pleustes? Ce dernier nom tire probablement son ori- glne du mot malais kalnng, etain, que les Portugais pronongaient kalin , in final 6tait fort sourd , comme la nasale ng des Ghinois et des Malais ; circonstancc (i) CF tiidlichcr, Enchir.didii Lotaiiiciiiii , p. 6'8. (>) Cf. H. l^erghoiis, All^'eiiieino LaiidLM-iind-Volkerkunde , III, li.iiid, s. 2-4. (3) Le nom d'eljene a cte donne a plusieiirs essences differeiites de la famille des ebonacees ; I'^fceno-iy/on de Loureiro est toutefuis relui aiiquel s'.Tpj)lif|ue le plus gene'ralenient pe nom , et ii est fort ahondant dans la Goi Iiinrliiiic. CI'. Eiidlidiei, Gcncni plaiil■ [\) Lr|>ir(Iour , Iiistr. < it. , I. 111. p. ((>.i. ( 225 ) den (1), rapprochant le nom do Sclahet du mot rna- lais Stilat , d^troit, avait d6ja soupconne que cette mer devait etre le delroit de Malacca. Edrisi (2) confinne cette identification , car il dit que Tile de Selaha pro- duit le clou de girofle et renferme un volcan. Or, le giroflior n'existe pas plus que le volcan sur la cote de Coromandel; tandis que la presence de cet arbuste et de ce volcan convient parfaitonient a Sumatra , cn- tierement traverse par une chaine volcanique (3). On trouve, ilestvrai, un volcan a Barren-Island , dans rarchipel des Andaman ; mais cette ile est sterile et inhabitee , et le giroflier n'y vient pas. Dans le voyage deSindbad(/i), nousvoyons le pr^tendu voyageur pren- dre, conformement a I'assertion d'Edrisi , un char- gement de girofle et de cannelle dans I'ile de Selahat, etfaire voile de la pour les cotes de I'lnde; circonstance qui nous monlre assez que Selahat n'etait pas sur ces cotes. Edrisi dit d'ailleurs que Tile de Selahat, et une autre qu'il nomme lleridj , sont , ainsi que celle de Djaba (Sumatra) , dans le voisinage de Kelah, Ainsi toutc espece de doute est leve, et ces trois iles sont probablemenl Irois points diff^rents de Sumatra. 11 n'est done plus desormais possible de faire , avec M. Reinaud, de lamer de Schelaheth , le d^troil do Palk, et il demeure etabli, ainsi que I'avait dit M. Walc- kenaer, que c'otait le detroit de Malacca. Soleiman dit que de Ralah les navires se rendaient a Betoumah , situo a dix journeos de distance , el que ( i) History of Sum ilia, V edit , p. ![. (s.) Gei>{;i-. cil. , |). (?,) or. K. ClitvalicT, Gtoloijif fl Mini ralofjie du voyn{;e de la lioniU' , [i. 3'j8. '4) V"y'''G^ "^'^ Siiidliad , (>. 53. ( 226 ) la ils prenaiont de I'eau douce. Edrisi appelle cc lieu Tenoumah. On setonne que Renaudot et que M. Rei- naud alent piis commc nioycn do fixer la position dc cette place, une dtyraologie plus que problenialique du nom dc Betoumah , incertain lui-memc, puisque Edrisi I'ecrit Tenoumah , fondee sur une tradition plus problematique encore, celle d'un pretendu voyage de saint Thomas a Meliapour. Ce nc sont pas la , a notre avis, dcs autoritcis s6ricuses. D'apres I'itin^raire, tel que nous pensons I'avoir retabli , Betoumah ou Te- noumah doit etre d'abord place sur la mer de Schela- helt, la relation le dit formellement ; ensuite entre Reydah et Sincapour, pcut-6tre a Sincapour mOme ou sur la cote opposec de Sumatra. II est impossible , avec des indications aussi vagues que celles que donne So- leiman , de ricn preciser a cet (^gard. De Betoumah , lesnavires se rendaient en dix jours aRedrendj. Aprds avoir longtcmps examine les diflerentes relaches aux- quelles Ics vaisseaux arabes devaient s'arreter en sor- tant du detroit de Sincapour, 11 nous a semble que Poulo-Oby, situe par 8° 27" (at. N., a environ cinq licues dans le S. de la pointe de Cambodje, repond mioux qu'aucun autre lieu a Redrcndj. C'est, en efTol, sin- le cap Cambodje que sedlrigent encore aujourd'hui les navires qui debouqucnt du ddtrolt de Sincapour et qui vont vers la Chine. Cclte ile est formee de mon- tagnes 6lev6es dont la plus haute est placee a son centre, el peut etre aper^ue a une grande distance. Cette montagne repond assez bien a celle que hi rela- tion place a Redrendj. De plus Poulo-Oby est le refuge des families bannics du continent, et la relation nous dit que les csclaves et les voleurs se sauvent sur celto montagne. Enfin un ruisseau d'eau douce qui descend ( 227 ) lie cellc-ci tournit une cxccilcnte aiguado (1), Lamer qui baignait cettc ile dolt etre la mer de Kerda ou de Kardeblndj , que Massoudi place au-dela de la racr de Kalah (2). De Kedrendj, les navires allaient en dix journees h un lieu nomme Senef. M. Reinaud a etd; fort embar- rass6 pour placer ce Senef; 11 semble resulter de ses paroles qu'il le suppose dans les environs du cap Mar- tabiin. Mais, outre les considerations preccdentcs , le temolgnage d'Edrisl rend absolument Impossible cette assignation; car ce geographe (3) dlt que de Senfou Senfy (le Senef de la relation) a Loukin , la premiere des 6chelles de la Cblne , 11 n'y a que trols journees , ct il ajoute que de Loukin a Khan-fou 11 n'y a que quatre jours. Ce qui fcralt on tout sept journees de Senef a Rban-fou. Or, du cap Martaban a Rban-fou , il y a, au minimum , un mols et demi de navigation. II fau- drait done preter a Edrisi une erreur considerable. Aboulf^da (/i) dlt do son cot^ que Senef est une des lies de la Cblne. La relation nous apprend que Ton exporlalt de ce lieu I'aloes appcl6 el-senfy. Edrlsl et Aboulfeda s'accordent a dire que le bols d'aloos dcSenf etalt le plus estime. Notre Itineralre nous conduiralt a placer Senef du cote de la Coclilncbine. Cette produc- tion de I'aloes est tout-a-fait d'accord avec cette assi- gnation. Cost du Laos, du Tsiampa el de la Cocliln- cbine, que vlent V Jloexylum agallochian de Loureiro, qui fournlt I'aloes le plus csllme (5). Le nom de Scnf, (i) Lp|)i('(iour , Instr. ii.uili<[Mes tit. , t. IV, p. y3. (2) M;isc)U(li , ouvi. cii. (3) Ge()«r. cit. , t. I , p. 84- {kj Al)oul('(!iIa, oiivr. <:it. , p. 277. (5) Enilliclior . Eixliii iii liDi.iii. , 1 c. " ( 228 ) Senfy, parait etrc le merae que cclui de Tsiampi. Tsiampa, et il y a tout lieu de penser que c'est a cettc deniiure conlree (ju'il faut identifier notre Senef. C'est le ineme pays que Marco-Polo (1) a d6crit sous le notn de Ciamba , et ou il mentionne , d'accord avec les geo- graplies orientaux, rabondance du bois d 'aloes. La place qu'occupe ce Ciamba dans le r^cit du voyage (lu \ ('nitien , aussi bien que celle qu'a Senef dans notre relation, ne laissc plus aucun doute a cct (igard. Ma- soudi (2) parle dc la mer d'Es-S-enf qui , d'apres la po- sition qu'il lui assigne , parait repondre au golfe de Siam et aux mers qui le joignent aux archipels des Moluques et de la Sonde. II ajoutc que cette mer s'etend jusqu'a celle de Cbine , c'est-a-dire k celle de Sandjy dont nous allons parler. Ici se presente pourtant une difficult^ qui demande un serieux examen , car elle semble de prime abord apporter une objection capitale a la position que nous avons attribute a Senef. Edrisi nous dit (3) : L'ile de Scnf est voisinc de lile Comar ou Conior; il n'y a que 3 milles d'intervalle. Aboulfcda ecrit que ces . 97. (3) Travels, tianslntcd by S. Lee. p. 2i)i. (4) Voyajjes , trad. Langles , p. 85. (5) Notes dr lit Ir.iiiiKliDii r.innnddl , |i \.\^. ((i) Trav.'ls, I. c. V. Avi\n.. 3. 10 fjiio les confusions de Sorapion et du voyage de Sindhad confirment. De plus, dans le voyage d'Ibn-Batouta Moul-Djava parait etre Siam, la Cocliinchine, ou peut- etre Java, et ne peut, quelque pays avec lequel on puisse ['identifier, qu'etre place cntre Suiualra ct la Cliinc, d'apres I'itineraire du voyage et les termes de la relation (1). Ainsi ces temoignages etant contradic- toires, il faut aflmettro quelque part une erreur con- siderable. 11 est a reinarquor que. dans litineraire de Solei- inan ct dans le voyage d'lhn-Batouta, on nc voit pas que los voyageurs se soienl rendus en personne a Co- niar. U n'en est question dans le voyage du second que tl'une maniere assez vague, el, dans la relation, c'est Abou-Zeid qui rapporle sur ce pays des recits que rlen ne garantit. (le qu'Edrisi raconte aussi de Con^ai odrc un caractere d'incertilude et de bizarre- vie qui doit nous rendre extrenieuieut circonspect sur la position et meuac sur rexislence de ce pays. En examinant idlenlivement les paroles du geographe arabe, on voit que si Ton sen rapporlait aux assertions enonc^es dans son livre, au snjet de celte peninsule, on serait conduit aux impossibility's les plus nianifestes. Ainsi cette mdiue lie ou pdninsulc de Coniar, placee a quelques millcs de Senef, que, dans quelque systeme qu'on adoptc , on est oblig6 de porter dans la pres- qu'ilc transgangetique , se trouve , d'apres Ic mdme Kdrisi, a un jour seulcnient de Djesta ou Djebesta, sur la cote de Sofala, en Alriquc; en sorto ((uil n'v aurait pas eu deux journees de navigation do la cole de Mo- zanii)ique ou de Zanguebar a celle de la Cochincliine ou lout au nioins du Barma; consequence dont lab- (i Kririsi , oiivr. cii..[i 69, 78, 'ij- ( 231 ) surdite suffit pour faire voir combien les idees d'Edrisi au sujet de Comar (!;taient obscures et contradictoires. Cette confusion provient de ce que le g^ographe arabe avail adopts le systeme de Ptol^mee, et qu'ii s'ima- glnait que la cote dc Zangucbar allait rejoindre la Chine par un continent meridional plac6 sous la ligne equinoxlale : de la sorte la mcr d'llerkend devenalt une mer interieure, et les iles de la Sonde confinaient I'A- frique. Un autre passage d'Edrisi relativement a cette meme ile de Comar fait voir clairement que telle etait sa supposition. « Cette ile, dit il , commence aupres des iles Roibabat et se termine en face des iles de la Cbine du cote du nord. » Ces paroles monlrent com- ment cette terre pouvait, dans I'hypotb^se des ecri- vains orientaux, toucher dun cote aux Maldives et de I'autre a laCochinchine; et Ton conceit alors pourquoi nul de nos voyageurs ne I'avait visitee, puisqu'elle n'avait d'existence que dans I'imagination des geogra- phes arabes. Ce que nous lisons dans Marco-Polo nous demontre pleincment que ce pays de Comar est pure- ment imaginaire; car il y est dit (1) que le pays de Comar est une region de i'lnde d'ou Ton peut voir de tous cotes le pole arctique; que c'est une contr^e sauvage remplie d'etres feroces et d'animaux ires dif- ferents de ceux des autres contr6es; que les habitants y ont la figure de singes. La contradiction diiorme dans laquelle tombe Aboulfeda (2), qui, apres avoir dit que Comar n'est eloigne que d'une petite journee de Senf, le place neanmoins sous le 2° latitude, tandis qu'il met Senf sous le 6°, s'explique par les recits fa- (i) Voyagr , (''tlit. dr la Sociclc <1<; ;',('(i{',ra|iliie, p. 4*54' (2) Alioulfida, n\ivi. cit., p. 277. ( 232 ) Inileux et rontrarlictoires que Ton dehitait siir ce pays dc Coinar. On voit de meme, par un passage d'Albi- rouni (1), que la position veritable de Coniar etait in- connue. En presence de ces fails, il n'y a done plus aucuno objection a tirer de la position de Coinar par rapport S I'un ou I'autre pays, et toute consideration relative h cette conlr^e doit etre ^cartee. Ce n'esl pas a dire . j)our cela que tout ce que I'on a rapport^ de Coinar fut puremciit imaginaire; il est probable que tout pays inconnu, nouveau, queles navires disorientes rencon- traient vers Ic sud , etait regarde comme apparte- nant a cette terre mystericuse, et des lors une foule de fails observ(is en des endroits fort divers onl i^te group^s autour de cette prelendue p^ninsule. Ainsi pour ne parler que de I'alo^s, noiniuc Al-comary , il est certain que ce bois ^tait apport6 de quelque part , ot il parail vraisemblable qu'il venalt de Siam , pays voisin du Tiampa, et ricbe en aloes nioins eslini6 que celui de Cocbincliine. Siam et Coniar peuvenl avoir et^ ainsi confondus I'un avec I'autre , bien que fort sou vent aussi ce dernier ait 6l6 assimile avec le Tra- vankore ou d'autrcs contrees (2). (i) AlblroiHii , ilivia.-iiit en trois cal(''{',oiii's les iles de la iiier ile rtiide, celles siluT^e a I'orienl, celles a rocciilent , tellf ;m centre, (lit ail .sU|(»t de ces dei nicies : Les ili'S pl.icces au i-enlre sont relies de Ham ( AliiJin ) et les Dyhadjat. On pent nussi raiifjer parmi ces iles celle de Comayr. {Voy. Journal asiati(|Uo, 4' serie, tome IV, p. 265, le fragment Iradu t par M. Heinaud. ) Cel on peut lait voir cpi'on ne savait au juste oil la placer, pane qu'on ne I'avait jamais vue. Alliirouni , trnmpe par I'crreur repandiie de son temps, la place a cote des Maldives (les Dyl;.uljat) et Sumalr;i ( li's iles di Kam). (:>) F.drisi inriiliiMinc -an noniliro des proilncllfins de la pi rteiidiv ( 233 ) Nous tenons done la position de S^nef poui' solide- inent etablie , et nous reprenons notre ilin<^raire. De Senef, les navires arrivaient en dix jours a Sander- Foulat ; nous ne pouvons plus placer cette ile a Sinca- pour avec M. Reinaud , bien que cette assimilation offrit quelque vraisemblance. Edrisi nous dit que Sen- der-Foulat est tres grande, qu'elle est entouree du cote de la Chine de montagnes dun diflicile acces, et ou soufilent des vents imp^tueux; il la nomme une des portes de la Chine , et coniple do cette place a Sene la mfeme distance que la relation, II nous semble vrai- semblable que cette ile ou cette presqu'ile, les Arabes ne distinguaient pas a cet egard , doit etre placce sur la cote de Cochinchine, vers le cap Varela , a Ong-ro, situ6 au S. de ce cap; il y a en effet une bonne aiguade pres de ce port, ou plutot encore a Phuy-en, par 13*^ 23'lal. N., port excellent depuis longtemps frequent^, situ6 a environ 5 milles de I'ile Maignia, abrite par les montagnes du cote de la Chine (1). Sander-Foulat et Senef doivent d'ailleurs avoir et6 situes dans le meme Etat , puisqu'Edrisi designe leur roi du meme nom, Ranid (2) . ile de Gomar le cocoiier , la ciiine a sucie et le betel, nu il noniinr tanboiil , et iju'il di crit si exacteinent qu'il n'est pas possible de le meconnailre. Le Piper betle se troitve sans doule abondariinient a (^ylan el sur la cote de Malacca ; niais il est a letnnrquer qu'il est aussi ties repandii a Siam,ou ilest I'objet d tin jjraiid coniineice. (A'^oj . Tui'pin, Ilistoire civile et naturelle de Siaiii , t. I, p. vsSa , 233). Ainsi cette circonstaiire nous semble plutot coiifiruiative de noire assimilation du Comar reel a Siarn, (jue favorable a celle de ce pays avec le Travankore , on le betel nest pas a beaucoup pres aussi re. paudu, et il est a notcr qu'Edrisi dit (|ul- le laidinul est l.i pl.uile I.I |)lus abondaiile de I'ile. (i) Fiej)redour, Instr. iit. , t. IV, p. y-, -;). {■>.} E. ( -238 ) |)rol)ablo que si cc savant gi^ographe, accordant a son travail uii plus grand dtiveloppement, cQt approl'ondi la question, il aurait rendu inutlles les rechcrches que nous avons entreprises ici. Nous devons le reconnaltre, afin de ne pas nous attribuer un nitrite qui lui revient de droit, el afin qu'on sache que nous n'avons eu pour but que de fortifier par de nouveaux rapprochements, par despreuves nouvelles, les dt^terniinations (pi'il avait lout d'abord diablies. Alfred M.\luv. Ji' si'iTii DU Journal u'ld voyage c^ologiquij; a Gebel- Zeyt et dans le desert co/iipris entre le Nil et la titer Rouge, etc. , [>ar MM. A. FicAiu et A.-H. lIcssoN (1) . \%Mars. Suite. Les Arabos disent que I'eau se con- serve dans le depot d'El-Glieniri pendant plusieurs annees apr^s une gi-ande pluie; qu'elle diininue la seconde ct la troisiome annde , et que si pen- dant cinq ans les pluies ont ete rares ou pcu abon- dantcs, clle tarit completoment. Aprils avoir fait nous-niemcs une petite provision d'eau , nous quit- lames el-Ghemri pour nous rendre a la carriere de niarbre : il (!!tail huit heurcs du matin. Nous montames un petit vallon qui conduit au plateau dont nous avons d(^ja parle , et que nous traversames dans la direction du S.-O., ce qui nous fit supposer qu'en nous donnant (l) Foil- les rahiers de jiiiii iS/j^ ct di- i.mvior i 8/|G. ( 239 ) line fausse direction le matin , notie Arabe conilucteur n'avaiteud 'autre but que de passer aux eaux deGlicmri. Nous marcbames sur ce plateau pendant quatre beures d'une route la plus ennuyeuse possible. Par une de ces illusions d'optlque si communes au desert, lamontagne semblait voisine, et nous n'y arrivions jamais ; de plus, le sol de celte localite est trfes sterile : on n'y volt pas un brln d'herbe , et 11 y a une reverberation qui 6blouit et fatigue beaucoup la vue. Enfin, vers le milieu du jour, nous attclgnimes Ic pied de la montagne des Marbres. Nous desccndimes alors de nos cbameaux , et nous nous introduislmes dans une sinuoslte assez pi'ofonde, dont le centre est occupe par un nianielon de calcalre qui la divise en deux lobes, Au pied de ce mamelon , nous remarquames une glbbosite de cbaux carbonate ou spatb d'Islande a beaux crlstaux, qui forment de glgantesques rbomboidos brlllants, et dont les crlstaux, plus petlts , sont demi-dlapbanes. Nous avions hate d'examiner les exploitations du marbre-albatre , et nous penetrames d'abord dans une des carrieres antiques que les modernes, nous ne savons pour quelle ralson, ont abandonnees. Nousy obscrvamtsquelques inscrip- tions grecques que nous ne pumes decbiirrer sous les nmtllations que leur ont fait subir les marteaux mu- sulmans; a peine si nous pumes dlstlnguer quelques Jettres Isoldes. Ces inscriptions Indiquaient sans doute I'epoque a laquelle le travail avail etc entrepris, et par qui 11 avait et6 ordonne. Nous suivimes ensuite le petit ravin et le scntier qui contournent le mamelon isole pour nous rendrc surle cole oppos6 , c'est-a-dlre a I'ouest de la sliuiosite, point sur loquol sont appliques les travaux actuels. ( 240 ) L'(ilevalion lotale du mamelon est de 230 a 240 mcitrcs (700et({uelques pieds) au-dessiisdu niveau de la valine de Sannour. La base est composde de bancs de marbre- albatrequis'^lcvent jusqu'au premier tiers inforieur du mamelon ; Ics deux tiers supcrieurs sont formes de couches de calcaire tertiaire mculier , rcnfermant quel- ques coquilles fossiles sans test , parmi lesquelles nous observanios plusieui's esp^ces des genres Area , Ve- nus, etc. L'excavation a ete pratiquec sur le versant de la mon- ta^no etdans les bancs supericurs du marbre, qui sont precisomont ceux qui oflrent le moins de compacite, et qui sont remplis de cellules ou nids d'argile ocracee. Les bancs inf^rieurs, formes d'assises successives , of- frent un mai'bre de meilleurc qualite , nials i)lus dif- ficile a extrairc en grosses masses pour les colonnes. Le mode d'exploitation est, du rcste, vicicux , mal ap- proprie A la localite , et tres penible pour los pauvres ouvriers, resserr(^s dans une enceinte cle marbre blanc, et expos«^s aux rayons directs et rifractes d'ur^ soleil ])rulant. Cette carriere devroit etre cxjiloitt^e par des criminels, car c'est la plus penible galcre qu'on puisse infligcr a riiommc. L'ancienne excavation , au con- traire, futpratiquce a convert, sous une grande saillie formde par les bancs superieui's, qui ferment une es- |)cce de vaste galerie sous laquelle les ouvriers travail- laienl a I'abri. II est vrai de dire qu'on n'en tirait pas d'aussi grands blocs que ceux que Ton extrait au- jourd'liui. Apres avoir ainsi examine la localite , nous quil- taines la carriere a qualre houres apres midi , Iraver- j'aiiies tic nouvcau ronnineux plalcau que nous avioiis ( m ) (Uja parcouru le matin , et atteignimos les eaiix de Gheniri a une lieuro tic nuit. Nous y (Hablinies notre campement. Du Nil jusqu'a la carriere du marbre-albatic , il v a douze heures de marchc de chameau. Nota. II y a 150 metres des habitations au sonimet de la sinuosile, et 200 metres d'un lavin a I'autre. 19 Mars. Nous quittames notre campement d'el- Gliemri au lever du soleil , et montames au N.-E. dans la partie superleure de Ouadi-Sannour. La route serpenle au travers de vallons et de ra- vins flanques de collines de calcair-e tertiaire ropo- sant sur les argiles marneuses , et dont le sol est I'orm^ d'alluvions fet de cailloux de marbre roul(^. Apres deux heures de marchc, nous arrivames a I'eiidroit ou commence la formation du marbre saccharoide dun blanc jaunatre. Cette formation , que nous croyons ap- partenir aux Stages superieurs ilu calcaire jurassique , constitue des bancs immenses dont nous ne piimes ap- precier la profondeur, niais qui s'elevent de AO a 50 pieds au-dessus du sol , et sont surmontes par un gres calcaire conchylif^re de formation tertiaire. A cinq heures de distance des caux de Ghemri, nous roncontrames des collines calcaires avec bancs de marbre blanc rose , compacte , a texture saccharoide, inclines par une espece d'ondulation du N. a I'O. Ces collines forment une ligne de monticules de 50 a 60 pieds d'elevation et tallies a pic : on peut observer que cette coupe, presque verlicale , a ^Ae opd;ree par de forts courants d'eau qui en onl detache des masses , ot ces masses sont celles que Ton voit errantes sur le plan (le la vallee, etdonl jtisqu'a ce jour nous ne con- ( 242 ) naissions pas rorigine. Le sommct de ccs monticules prescntc un tr^s vaslc plateau creus6 de sillons et de ravins plus profouds, forinant des precipices sur les bords du plateau , et se ddversant dans le grand vallon de Sannour. Le calcaire superpose au raarbre de cette localite appartienl au tertiaire a couches horizontales; il est tres compacte , tenace et Irbs dur, a fracture ecailleuseconchoide , el renfermo un grand nombre de nummulites d'une grosse espece et quelqucs autres teslac^s, raais en petite quantit(^. La portion de marbre que Ton voit au-dcssus du sol a 20 piods precis d'^1^- vation ; mais les ])ancs s'etondent beaucoup inferieu- rcment; car sur ce point le vallon est creus6 dans la rormation du marbre, et pr^sente un plan raboteux, ondoyant, trfes difficile cttres penijjle a traverser pour les chameaux. A deux lieures de marche plus au S.-E., nous vlmes le marbre reposer sur un banc de gr^s calcaire, con- lenant dans son cmpatcment un grand nombre de cloisonnaires et de petitcs nummulites, Le marbre forme une petite couchc de 6 pieds d'^paisscur, sur- montec dc bancs calcaires marneux en dtatde dcsagr6- gation. Nous cheminaincs encore deux heures, toujours dans la direction du N.-E., et au milieu de la forma- tion que nous vonons d'indiquer. Enlin nous nous ar- retames pour passer la nuit, a la grande satisfaction ece; Salvia ? Heliantheniuin? Silene .? petite espece. f'oljgal.i ? {^eme nouvc.nu pour la (lore d'll^gyple. Et diversps autres especes tpie nous -ivions deja rencontrees, ft (|UP niuis avoiis par cnnspfpiput cilpps. ( 2/18 ) nous avions voulu examiner la coupe Iransversale dc Gehel-kolail clejiuis son sommcl jusqu'a sa base dans la vallee, Le ravin par lequel nous deseendimes nous facilita beaucoup celle etude. En donnant quelques coups de marteau ^a et la , nous remarquames dansle secondaire de beaux filons de cliaux fluat^e, cristallisi^e en petits octaiidres variant en couleur du rouge rose au vert pislaclie , et enfin au jaune pale. A la base du ravin se trouvent les ruincs d'une station ancienne. Les babitations sont construiles en murs sees et sans ciment; elles sont dispos^es sur trois li[i;nes paralielos et au nombre de soixantc environ. Parvenus dans Ouadi-Arabab, nous commengaines a apercevoir de grandes plantesde Cleome droserifolia, qui ne sont pas encore neuries;le Prenantbesspinosa, b.; Cbrysocoma spinosa , L. ; /Erua tomentosa ; diverses especes de Sa- licornia et de Salsola, la Cornicularia muricata , Del., toutes planles dc la lamillc des cb6iiopodiac(ics tr6» repandues dans cette valine; une espece d'Eupborbia vivace; le Panicum turgidum ; quclquos Taniarix, etc. Aprus notre descente du ravin , nous avions continue notre route en cotoyant le flanc de Gebel-Kolail , sur de petites eminences d'argile avec veines de cbaux sulfatee ou entierement Formees de calcaire marneux lertiaire. Nous marcbamcs alnsi deux heures , et arri- vames a I'eau de Horaida , situ\\\. d'abord ronqiris que, parmi les pieces justificatives, une des plus positi- ves et des plus precieuses (itait la maj)pemonde de Fra- Mauro , ou Ton trouve des legendes relatives aux de- couvertes des Portugais. Mais la copie d'un document d'une si grande dimension cxigeant beaucoup de temps, j'ai pense que la publication de mon ouvrage et demon atlas sorait rctardee dc longtemps si j'atlcn- ( 252 ) dais la copie enti^re du monument en question. Ce- pendant, des lors, j'ai entame une correspondance pour obtenir une copie fiddle de cette grande mappe- raondc ; copie que je viens d'obtenir. et que je fais graver en ce moment. Toutefois , en attendant qu'elle soit entii^rement torminee , je me crois heureux de pouvoir non seulement annoncer cette nouvelle a mes honorables confr6res, mais aussi dc leur dire que ce meme monument est entre mes mains, a la dispo- sition de tous ceux qui voudront le consulter. \ "■ DE Santarem, ( 253 ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe. I'.KTRAIT UKS HROCES-VERHALX DKS SKANCliS. Prksidence de M. Daussy. Seance du 3 ai'iil 18Z|tJ. Le proces-verbal de la dorniore seance est lu et adopte. M. le secretaire general donne communication do la liste des ouvrages olTerts a la Societe. La Commission centrale vote des remerciements aux donaleurs et or- donne le ddpot des ouvrages a la bibliotlieque. M. Thomassy est pri6 de i-endre compte de trois opuscules italiens donl il fait hommage a la So- ciete. M. Jomard soumet plusieurs empreintes d'inscrip- tions relevees par le precede dont il a fait mention a la derniere stance , et il donne une description detaillee de ce procede , propre a etre recommand^ aux voya- geurs. Le meme membre depose sur le bureau une bou- leille cacheti^e qu'il tient de M. le capitaine Lallier et qui renferme I'extrait Ac guaco de Rio Haclia dont il a ete question a la derniere seance. II lit ensuite une Notice ecrite a ce sujet par M. Lallier. Deux bouteilles semblables ont ele apportecs par lui en France des I'anncc 1841. ( 2bli ) M. Vivien lit uii rapport sur la relation cles voyages Tails par les Arabes et les Persans dans I'lnde et a la Chine dans le ix' sieCle de I'^re cinetiennc, et publiee recemment par M. Reinaud, momhre de I'lnstitut. — Renvoi de ce rapport au conilte du Bulletin. M. Thomassy lit la premiere parlie d'une Notice sur une excursion qu'il vient de faire en Toscane; il dt^crit la position topograj)hique de Voltera et en fail connal- tre les ricliesses naturelles. M. A. Maury litunlMeiuoire dans lequelil examine les routes maritimes que suivaient, au ix"" siicle de notre ere , Us Arabes et et les Persans pour aller en Chine ; il a fait ce travail d'apres la relation arabe traduite successivement par I'abb^ Renaudot et par M. Rei- naud. — Co Menioire est renvove au comite du Bul- letin. Sea/ice du 17 iii^ril ISit). Le procfes-verbal de la derni^re seance est lu et adopte. La Societe royale asiatique de la Grandc-Bretaj^ne et d'Irlande accuse reception de I'envoi du Bulletin, et adrosse la suite de ses Transactions. M. de Angelis,correspondant de la Soci6t6 a Bu6nos- Ayres, lui ecrit pour lui olTrlr une collection des docu- ments qui viennent d'etre publics sur la mission de MM. Deffaudis et Ouseley. II annonce avec regret que la continuation de I'etat de blocus I'a oblige de nou- veau a suspendre la publication de ses ouvrages, dans lesquels il esperait faire mieux connailre ces pays sous lours rap[»orls geographiqucs el h'sloriques. M. Francis Lavallee, cliancolierduconsulat de France a la Ilavane, ecrit que, depuis son arrivec, il s'cst oc- ( -255 ) cupe (ies interets de la Sociele , et il se plaint de la ne- gligence des correspondants qui ne transmettent pas exactement le Bulletin de la Societe a ceux de scs membres qui resident dans cetto ville. M, Jomard donne I'extrait d'une lettre de M. Th. de Saisset, lieutenant de vaisseau , qui a visite la Cimbe- basie, sur la cote S.-O. de I'Afiique australe, et en a rapporte des observations curieuses , entre autres la corne d'un animal unicovne, distinct de la gazelle, du rhinoceros, ainsi que du narval. Le voyage de M. de Saisset dolt etre public. M. le Secretaire donne lecture de la liste des ouvrages offerts a la Societe. La Commission centrale vote des remerciements aux auteurs , et ordonne le depot de leui's ouvrages a la bibliotheque. M. le professeur Rafn , correspondant de la Soci6t6 a Copenhague , adresse diverses notes : 1° sur Ies mo- numents historiques du Groenland; 2° sur un dlction- naire geograpbique des anciens Scandlnaves du Nord; ^^ sur I'anclenne geographle des regions arctiques de I'Amerlque. Cette dei-nifere note est extraite d'une lettre qu'il a ecrite a M. le baron de Humboldt, president de la Socl6t6. M. Jomard offre pour le musee, de la part de M. Hel- lert, plusieurs ecbantlUons de mineraux, et 11 com- munique d'autres objets recuelllis par ce voyageur. Le meme membre offre a la Societe le recuell des instructions redlg(!!es par radmlnistration du Museum d'histoire naturelle, sur I'lnvltation de M. le ministre de la marine, pour Ies voyageurs et Ies employees dans Ies colonies, sur la mani^re de recueillir, de conserver et d'cnvoycr Ies objets d'histoire naturelle. (k'tte communication donne liou a unc discussion ( 250 ) qui a pour objot la pulilication dos questions tl des instructions remises par la Society aux voj ageurs. La Commission centrale d(^cide en principe que ces instructions seront publi6es dans le Bulletin, et elle ajourno apres I'epoque ou Ton aura regu en France avis du depart de M RalTenel, de la St^ncigambie pour le Soudan, la publication des instructions redig^es pour ce voyagcur. Elle decide 6galement qu'elle nom- mera dans sa premiere seance une commission spii- ciale pour completer le recueii des ancienncs ques- tions, et pour rediger une serie d'inslructions gene- rales. M. Vivien lit une Notice riisumde sur Thistoire des ddcouvertes faites en Asie-Mineure depuis trois siecles, et sur les desiderata actuels de la g6ograpbie de cette contr^e. MEMBRE ADMIS DANS LA SOCI^TE. Seance dn 17 a^'id 18/16. M. Cli, Fery Desclands, avocat au conseil prive do Tile Bourbon. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCltfE. Seance dn 6 tnars 18Z|6. Par la Societe royale de Londres : Pliilosophical tran- sactions of tbe Royal Society of London fort the year 18^5, part II. London, 18/i5 , in-Zi. — Proceedings of the Uoyal Society, 18^5, N" 61 , in-8. Par la Societe de geoi^raphie de Franc fort : Le catalo- gue des livres de sa bibliotheque ; neuf Rapports ou Bulletins annuels de scs Iravaux de 1836 a 1845. ( 257 ) Par la Societe geographiqne de Darmstadt : Staluts de cette Soci(!!t6. Par M. £'(*'«/<-/; Bauerkellers handatlas der allgo- meinen Erdkunde , bearbeitct, von L. Ewald : 6 plan- ches et une feuille de texle. — Plans de I'licole po- 1 J technique de Darmstadt. Par M. Claude Gay : Historia fisica y politica de Chile segun documentos adquiridos en esta Republica durante doze anos de residencia en ella , y publicada bajo los auspicios del supremo gobierno. Paris, iShh. 7 livr. in-8 avec un atlas de 2(3 planches de passages et d'histoire naturelle. Par M. Jean Hugiies fJ^ftte/ibach:J{echerc\iessuv\es Antiquites romalnes dans la vallee de la Moselle , de Treves. Nouvelle edition , ornee de 5 gravures et 8 vi- gnettes. Treves, 18/10, 1 vol. in-12. Par M. Duflot de Mofras : L'Oregon. Paris , 18A6. Par M. Isidore Lowcustern : Portrait de Ilernan Cortez. Par les auteurs ct editetus : Annales maritimes et co- loniales de Lisbonne, N" 6. — Journal d'education po. pulaire , Janvier 1846. — Journal des missions evan- geliques, fevrier 184(5. — Revue de I'Orient, fevricr 1846. — L'Echo du monde savant. Seance du 20 mars 1846, Par M. Bancrkeller : Cartes en relief de la Russie europeenne , de I'Allcmagne et des Pays-Bas. Par MM. Mac-Caithy et Mace Descartes : Hisloire ct geographic de Madagascar depuis la decouverte de Tile, en 1506, jusqu'au recit des derniers evenemenis de Tamatave; ouvragc ecrit d'api-es les publications oiriciellcs les plus rccentcs, ct accompagnd d'unc carte ( 258 ) nonvolle do Madajrascar ct do scs di^pondancos. Pa- ris, IS/iG, ill 8. Par M. Lcpcllctier de Sdint-Ueiiiy : Saint-Doniiiigiie , etude et solution do la question haltionne. Paris, 18A6. 2 vol. in-8. Par M. Thninnssy : Le Maroc et sos caravanes , ou Relations de la France avec cet empire. 2' edition. Paris, 18/j5. Par A'.v aiifriirx ct cd/tcurs : Annales maritimes et coloniales, fevrier 1840. — Nouvelles annales des voyages, d6cembre 1845. — Journal asiatique, Jan- vier 18/i6. — Annales de la propagation de la foi , mars 1846. — L'Investigateur, journal de I'lnstitut historique, mars 1846. — Journal d'education popu- laire , fevrier 1846. — L'Echo du monde savant. Seance du 3 ai>ril 1846. Par M. le ministre dii commerce : Documents sur le commerce exlerieur, N" 300 a 308. Par M. Conlicr : Alias general des pharos et fanaux a I'usage des navigateurs. 9* livraison , comprenant la Toscane, Ics litats remains et la Corse. Paris, 1846, in-fol. — Nouveau code de signaux de jour et de nuit, ou de communication d'un lieu ci un autre, au moyen d'un s\st6me pyroteclmique, a I'usage do la marine, do la guerre ct des cheniins de for; par MM. C.oulior et Rug- gieri. Paris, 1846, in-8. Par M. J.-G. l.iidde : Zcitschrift fiir Erdkunde, als vergleichendo Wissonscliaft mil Aufnahmc ihrer Ele- mente aus der Naturwissenscliaft , Gescliichte , Sta- tistik, etc. Magdebonrg, 18/|6, \ vol. in-8. ( 259 ) Par M. T/ion/ass) :\ia^i!^i Vlccnlini incditi compon- diati del signer conte Giovanni da Schio di Vicenza. Venezia, 1837, in-8. — Viaggi nell' Africa occidentalc di Tito Oniboni gia medico di consiglio nel regno d'An- gola e sue dipendenze, membra della Pi, Accademia pe- leritana di Messina. Mllano, 1SZ|5, in 8. — Archivio ca- pitolare di Spalato, dell' abate D"^ Francesco Carrara. Spalato, ISlih, in-8. — Chiesa di Spalato un tempo salonitanadel prof, abate dottor Francesco Carrara di Spalato, ISlih, in-8. Par les autenrs et ediienrs : Memoires de la Soci^te royale d'agriculture de Caen pour I'annee 1845, 1 vol. in-8. — Memoires de la Societe royale des sciences, de i'agriculture et des arts de Lille, pour I'annee 1843, 1 vol. in-8. — Memoires de la Societe d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes, pour I'annee 18/i6, 1 vol. in-8. — Bulletin de la Society industrielle d'An- gers, pour I'annee 1845, 1 vol. in-8. — Boletin ency- clopedico de la Societad economica de Amigos del pais. Valence, octobre. novembre, decembre 1845 et Jan- vier 184(i. — Revue de I'Orient , mars. — Nouvelles annales ties voyages et des sciences geograpbiques, Janvier. — Bulletin de la Societe geologique de France, du 15 decembre 1845 au 19 Janvier 1846. — Journal asiatique , fevrier. — Le Memorial encyclopedique , Janvier et fevrier. — Journal des missions evangeli- ques, mars. — L'Lcbo du monde savant. Seance (hi 17 m'ril 1846. Par M. Alex. Kcilh\h)linston : Tbe physical alias; a series of maps illustrating tbe geographical distribution of natural phaenomena. By Henry Bcrgbaus and Alex. ( 260 ) Keith Johnston, 1^% 2' ct 3"= livraisons. Edinburgli, 18Z|5. Par la Snciete rnyale asintique de la Grande- Bretagne et dlrlaiide : Tlie journal ol" the Royal Asiatic Society. No XVI, part 2. London, 1846, in-8. Par I\J. y. Fontnnifr : Voyage dans I'lnde et dans lo golfe Persique par I'figypte et la mer Rouge. Sccondo partie, tome II. Paris, 1846, in-8. Par les anteitrs et editeiirs : Annalos maritimes et co- loniales, mars 1846. — Recueil dc la Societe polylcch- nique, octobre et novembre 1845. — L'ficho du nionde savant. BULLETIN DE LA SOGIETE DE GEOGUAPHIE. M Ai 18Zi6. PREMIERE SECTION. MfiiMOIRES, EXTr.AITS, ANALYSES ET RAPPORTS. ASSEMBLfiE GENERALE Du 22 MAI 1846. PRESIUHE Par M. LE VICE-AMIRAL HALGAN. Pair de France, dirertear {general da Depot de ]:\ marine. Rapport sur le concours nti prix annuel , pour la decou- i>erte la plus iinportante en geographic , Lu dans rassemble'e ge'ne'rale du 22 mai 1846 Goiniiiissaires : MM. Walckknakr, Jomard, Guigniaut, Daussy , Rfiux DE RoOBELUE , rapporteur. Messieurs, Les concours que vous avcz ouverts et que vous re- nouvelez tous les ans, pour recompenser les d^couver- les ou les grandes reconnaissances laites en geographic, V. MAI. {. 18 ( 262 ) font un devoir a voire Commission spticiale d'esaminer et de comparer entre eux les travaux de tous les voya- geurs qui peuvent aspirer a vos suffrages. Chaque ann^e leur nombre augmentc ; I'liommage rendu a la science se mulliplio , et les ouvrages des homines qu'animc unc si noble Emulation lendent a se perfec- tionner : plusieurs sciences s'eclairent I'une par I'au- tre ; I'^tude de la terre ne se borne pas seulement a sa surface ; elle devient celle des fetres qui I'habitent , de ses productions , de ses richesses, de sa formation meme; et I'bomme, a qui elle fut donn^e pour do- maine, apprend a mieux connaltre son empire. Votre Commission , compos^e de MM. Walckenaer, Jomard , Guigniaul , Daussy et Roux de Roclielle , que sescoll6gues ont bien voulu designer comme rap- porteur, a compris dans son examen les travaux geo- graphiques , exc^cutes ou termines en 1843 ; et nous allons , messieurs , vous entretenir de ces dilTerents ouvrages, en donnant a leur analyse plus ou moins d'^tendue , selon le degre d'interet et d'importance qu'ils nous ont offert. Commencons par I'Asie , berceau de la grande fa- mille humaine , et cherchons y vers le nord quelqufs regions incultes et sauvages, que le plus ancicn des continents avait jusqu'a ce jour derobees a nos obser- vations. Le voyage de M. Middendorf , fait en 18^3 dans la Siberie septentrionale , eut pour but d'explorer au nord de Touroukhansk les terres situees entre les fleuves du Yenissei et du Khatanga, et de s'avancer jusqu'aux herds de la mer Glaciale , ou Ton ne rencontre qu'au milieu de I'ete quelques tribus errantes. Avant le milieu du siecle dernier, deux e\p»iditions ( 263 ; niarltinies avaient ^t6 entreprises , dans la vue de re- connailre les rives les plus septentrionales de la Sib6- rie. Un navire commands par le lieutenant Pront- chistcheft" partit en 1735 des rives de la Lena, et suivit la cote vers I'ouest jusqu'a I'embouchure du Rhatanga; mais il ne put tourner les regions qui s'e- tendent vers le nord , comme une presqu'ile , entre ce dei-nier fleuve et I'entree du YenisseL Line semblable tentative fut faite en 1739 par le lieutenant Laptieff, qui longea les meines cotes , depuis la L^na jusqu'au Rhatanga. II ne put point naviguer au-dela , mals il continua par terrc son voyage ; il explora I'int^rieur d'une partie de ces conlrees : un de ses officiers par- vint meme au golfe Taimyr ; et apres une longue ab- sence , Laptieir, regagnant les rives du Yenissei , vint terminer son voyage a Touroukhansk. Ce ful le 23 mars 18/i3 que M. Middendorf quitta cetle dernifere ville pour se rendre dans les regions du Nord avec M, Brant!) et les autres personnes attaclx^es a I'expedition. Lorsqu'il eut atteint Dondina et les terrcs marecageuses que traverse la Piassana , les Sa- moiedes etaient encore dans leurs quartiers d'hiver, et les voyageurs arriverent par un froid excessif sur les bords de la Boganida. lis n'y trouverent pour lieu de refuge que quatre liuttes qui etaient alors inhabitees : presque tous tomberent malades , et M. Middendorf et M. Branth furent les seuls dont la sante r^sista. L'exp^dition se partagea en deux sections : 1 'une resta pres de ce fleuve, sous la direction de M. Branth, pour y faire des collections d'histoire naturelle et des obser- vations meteorologiques ; I'autre partit avec M. Mid- dendorf pour gagner les bords de la mer. Un bateau venait d'etre conslruit ; on le pla^a sur ini trainean ( 264 ) pour le transporter vers le Nord, jiisqu'au lieu oil Ton pourrait en faire usage. Unit autros tralneaux et soixante-huit rennes 6taient destines au transport des homines, des provisions el des combustibles. On at- teignit successivement les bords de la iNovaia el de la Logala , et Ton parvint au Taimyr le 2 juin; mais on 6tait encore ^loigne du point ou cette riviere se jette dans le lac du meme nom. La plupart des rennestom- baienl de fatigue ; la rigueur du froid etait extreme , et des tempetes , des ouragans avaient accru les perils el les soulFrances des voyageurs. On fit en ce lieu quclque sejour , pour completer la construction du bateau el pour attendre une saison moins rigoureuse. On approchait du solstice d'ete, on jouissait im peu de son influence, et le temps permit de faire quelques excursions dans I'interieur du pays. La riviere s'cnfla par degres; les eaux 6taient grossies par la fonlc des neiges, et le 23 juin elles se Iroiiv^- rent libres de gluces. Le bateau elait pret ; il ful lance le jour de la Saint-Jean, sous le 7fi' degr6 de latitude. Les voyageui's s'embarquerent le h juillet avec I'in- tention de descendre le fleuve jusqu'a la mer, et un seul homme fut laisse dans une hutte du rivage, pour pecher pendant la saison ot preparer quelques ap- provisionnemenls pour le relour. On etait arrive aux plages descries ou les Samoicdes tcrminent leurs cour- ses nomades, el Ton venait de les renconlrer pour la dernierc fois. L'ete avail a peine paru , et le temps reprenait sa rigueur : on lutlail contre les ouragans ; et le 27 juillet on continuait p^niblement son voyage vers le Nord, en cherchanl quelquefois un refuge dans les enfoncements et les abris du rivage. Le 6 aoilt , on atteignll une caverne, la m^mo peut-elre qui avail ^te f 265 ) recoiiiiue autiet'ois par I'expedition de LaptieU'. Lu neige tombait pendant le jour, les nuits devenaient plus glaciales. On apergut sur les bords du Taimyr le squelette d'un mamouth bien conserve. Cette decouverte etait reniarquable ; elle se halt a celles que le voyageur Pallas avail deja faites dans la Sib^rie , phenom^ne dont les pbysiciens ot les geolo- gues s'etaient empares; les uns pour constater le re- IVoidissenient progressif de la terre, les autres pour ^tablir que ces aniniaux avaient aulretois v6cu sous les plus hautes latitudes ; d'autres enfin pour soutenir le syst^me d'un deplacement de I'axe autour duquel notre globe accoinplit sa revolution diurne. Mais nous nous bornons ici a consigner dans nos annales la nou- velle preuve de I'ancienne existence de ces pachyder- nies dans les regions du Nord , tandis que les especes analogues ne se retiouvent plus aujourd'hui que vers la zone torride et dans I'ancien monde. On fut surpris, vers la nieme epoque, de voir quel- ques troncs d'arbres jetes sur le rivage. La vegetation des contrees voisines est tellenient chetive que ces de- bris llottants ne pouvaient pas en provenir : ils devaient appartenir a une zone plus teniperee , a une nature plus forte et plus vivifiante ; et sans doute ils avaient 6t6 eniport^s vers la iner par rocoulement des tleuves , avant de venir ecbouer sur cette plage deserte et sau- vage. L'influence de la njareo se I'aisait senlu' : le bateau etait contrarie par le niouvement combine du flux et du courant , et le 12 aout il alteignit enfin un golfe profond , dont le double rivage se ()rolongeait vers le nord. M. Midrlendorf continua de naviguer dans cette direction ; mais il dut bientot v renoncer , el des ( 26(5 ) vents contraires lo repouss^rent jtisqu'au fond du golfe. L'avancenient de la saison I'aisait prd-voir que le re- tour deviendrait encore plus pt^nlble et plus pirilleux. Les forces des voyageurs (itaient epuisees par riiisufli- sancc de la nourriture, et par dcs clTorts continus centre des obstacles presque insurmontablcs. lis furent surpris par un froid plus vif sur le lac Taimyr, qu'ils avaient regagne avee peine. L'eau commengait a se couvrirdeglacons; les vagues, violcmment agitees, se brisaient sur les flancs du bateau et jaillissaient sur les voyageurs, dont les vetements mouilles se gelalent sur-le-cbanip. 11 ctait urgent d'atteindre le rivage : on ne pouvait se faire jour qu'en ouvrant la glace avec des baches; plus loin, il fallait se preserver de ces masses flottantes, entre lesquelles on pouvait etre ^cras6. Enfin on dt^barqua ; mais il ne restait aux voyageurs aucune provision, et ils etaient encore eloign^s de celles qui avaient ete enfouies et conserv^es dans la glace pour les faire subsister h leur retour. Le 30 aoilt, M. Middendorf tomba malade, et se sentit hors d'etat de les suivre. Leurs derniers vivres etaient ^puis<^s : la faim les rendit sans pitie pour leur lidi'le chicn de cliasse , qui leur avait 6te si utile dons le cours de I'exp^dition , et ils se d^terminorent a le sacrilicr. La chair en fut divis^e en cinq portions. M. Middendorf ordonna a ses quatre compagnons de voyage d'aller a la recherche de quelques families samoiedes, et de lui apporter sccours s'il etait possible. Des ce moment il dcmeura seul , malade, dans ime pauvre cabane, a I'approche d'un hiver arctique, et il passa ainsi dix-huit jours. Durant les trois derniers, sa hutte fut euse\olie sous la neigc : il ( rut quo ses com- ( 267 ) pagnons avaienlperi, puisqu'ils iie revenaient pns : ses facult^a mentales s'affaiblissaient , et il craignit de perdre I'usage de la raison. Enfin la temperature s'a- doucit un peu , et une crise Favorable etant survenue dans sa malndie, il sentit renaltre I'espdrance, I'amour de la vie et la pensee. 11 fut reduit, pour ranimer ses foi'ces, a un j)eu d'esprit de vin oil il conservait quel- ques productions animales , et apr^s plusieurs nuits sans sonmieil , il s'assoupit et retrouva plus de calme. Alors il put se degager des neiges qui I'entouraient , et il se remit en route pour atteindre le lieu ou quel-, ques provisions etaient depos^es. Bientot il rencontra un de ses compagnons et deux ISamoi^des, qui lui amenaient un traineau pour le sauver; les objets d'his- toire naturelle qu'il avail recueillis furent empaquel^s avec soin. II quitta, le 28 septembre , ces regions gla- ciales; le 8 octobre il dt!!couvrit les premiers arbres , et le lendemain il se retrouva sous la hutte de Boga- nida, M. Branth, qu'il avail laiss6 dans cette station, avail fait une collection complete des productions du pays, et avail continue pendant huil mois ses observations scientifiques, landis que M. Middendorf poursuivait les siennes a iravers d'innombrables fatigues que sa force d'ame avail heureusemenl surmont6es. En revenant des extremit^s septentrionales de la Siberie, nous gagnons, vers I'ouest , la chaine des monts Ourals, et nous arrivons a leur branche occiden- tale, visitee et decrile en 1843 par d'autres savants voyageurs. D'importanls Iravaux avaient 6le suivis depuis plu- ( 268 j sienrs annees , pour determiner avec plus de soin la forme et la direction de cctte clialne dos montsOurals, qui s'etendent depuis les steppes des Kirfi;hiz jusqu'aux bords de la mer Glaclale. Cette cliaine , dans sa partie meridionale, s'elargit et devient le noyau d'un groupe de montagnes qui s'epanouissent et rayonncnt en plusieurs sens. La partie septenlrionale de I'Oural se sulidivise egalement el se partagc en trois branches : celle du milieu se dirige vers la Nouvelle-Zemble ; celle de droite se prolonge entre les goUcs du Kara et de rOby, et celle de gauche passe a I'ouest du bassin de la Petcliora. Quanta la r(^gion centrale de I'Oural qui se prolonge du nord au mldi enlre les embranchements de SOS deux extremites, elle forme une chaine de mon- tagnes elroite et continue qui suit, presque sans de- viation, la ligne du m^ridien. Nous avons rendu compte I'ann^e derni^re des tra- vaux de M. de Kbanikoff sur la region meridionale de rOural, et les expeditions dirigics versle Nord doivent elre aujnurd'hui mentionn^es. M. le comte de Kayser- ling et M. le lieutenant Rrusenstern , fds du c^l^bre amiral de ce nom, ont determine par des observa- tions astronomiques et g^^ometriques le cours de la Petcliora ; i!s ont reconnu que la constitution g^olo- gique des montagnes qui bordent ce bassin est si idtntique avec celle d'une grande partie de TOural , que ces portions d'un m^me systeme ne doivent pas 6tre separ^es. Les travaux de ces deux voyageurs ont enriclii la giographie et les sciences naturclles d'un grand nombre d'observations utiles, sur des contr^es dont on n'avait encore que de vagues descriptions. L'extremiie de ces regions du Nord n'esl visit^e que par qiielqucs trlbus errantes qui s y rendenl courbe Jusqu'au Ras-St^ger, ( 281 ) forme une baie ^tendue : les lories du littoral sont basses; mais on voit au-dela une suite de montagnes assez ^levees, dont les sommets se d^coupent sur I'horizon. Le cap ou Ras-Seger est un rocher calcaire; la cime de ce promonloire s'el^ve de 3,000 pieds. On decouvre ensuite les monlagnos du Subhan , qui se prolongent parall^lement a la cote , dont elles sont eloign^es de 16 milles. C'est a Morbat et sur la cote de Dhaffar que se fait le commerce d'exporlatlon de la gomme arabique : il pourralt etre beaucoup plus considerable, car les ar- bres d'oii d^coule cette gomme sont en grande abon- dance. Les habitants des villages de cette cote paraissent avoir tres peu de relations avec les Bedouins do I'int^- rieur, qui vont errant de lieu en lieu, et qui chan- gent de paturages avec leurs troupeaux. En parcourant ces differents points du rivage , le capitaine Hainos mele a ses descriptions locales quel- ques digressions sur les mcjeurs des Arabes. Arrive au cap Nuz, il va visiter dans le voisinage la tombe de Nebi-Saleh-lbn-Hud , situee dans un petit vallon ; elle a 50 pieds de longueur et presque aulant de largeur : la vuilte en etait soutenue par des piliers ; mais ce n'est plus aujourd'hui qu'un monceau de ruines. Hud doit avoir vecu du temps d'Abraham. La veneration qu'on avait autrefois pour ses reliques a bien diminue : c'etait un liou de pelerinage , ou Ton se rend aujourd'hui plutot par curiosite que par devotion. Les observations du capitaine Haines se continuerent jusqu'au cap Jezirah; il gagna ensuite Tile deMoseirah, dont il longea la rive orientale, et se ( 28*2 ) rendit successiveinent au Raz-el-Klibah, au Raz-el-Hadd et a Rhor-Jerauiali , qui lut le torme de son voyage. Son expedition int^ressc particuliereiuent les navi- gateurs , auxqiiels il sif!;nale les points de relaclie , les ecueils, les lies, et toute la configuration dcs cotes qu'il a parcourues; mais ce voyageur fait aussi con- naitre avec plus ou moins d'etendue les plages, les valines, les montagnes voisines du littoral qu'il a visits. Get officier estlememe qui , en 183/i, avait6t(^charg«^ par le gouvernement de Bombay d'explorer I'ile de Sokotora, et d'en faire un le\6 trigonometrique : il en recut la permission du sultan Omar-ibn-Ta%vari, prin- cipal chef de la tribu Mahrali. Ce prince residait a Keshin sur la cote d'Arabie, et il joulssait, par droit her^ditairc, de la souverainet^ de Sokotora. Apres avoir visile cette lie, en avoir dress6 la carte , en avoir sonde les atterages , M. Haines alia rendre compte de sa mission au gouvernement de Bombay. L'ile tut jugee propre a servir de d^pot pour le cliar- bon n^cessaire au service des batiments a vapeur qui auraient a frequenter ces parages; elle pouvait aussi devenir un lieu d'entrepot commercial , ct M. Haines fut envoye de nouveau a Keshin pour faire cette ac- quisition eii argent. Lorsqu'il en fit la proposition au sultan Tawari, il chercha a lui faire comprendre que cette ilc lui etait inutile, et qu'il en tirerait de [)his grands avantages quand elle serait poss»idee par I'Angleterre et enrichio des ressources de son com- merce. Le sultan ecouta M. Haines avec calme; mais il lui declara (|u'il ne vendrait jamais ce lerrltoire; que cetle lie elait un don lait aux Mahrahs par le Tout-Puis- sant, el quelle avail passe des ancetres aux enfants . ( 283 ) qui devaienleux-meuies la transineltre a leursderniers neveux. Plusieurs jours se passerent dans I'attente d'une r^ponse definitive, mais le sultan pers6v6ra dans sa resolution. Je sais , ajoulat-ii, que vous pourriez vous emparer de cette lie par la force des arines ; mais je crois que vos principes de justice ne vous le per- mettront pas, Dieu est temoin, lui dit-il en le quittant, que nous avons tous deux cherche a remplir nos de- voirs , vous envers votre gouvernement, et moi envers ma Iribu , dont je suis le pere. N'ayant pu aclieter I'ile , le capitaine Haines se ren- dit a Sokotora, et assista au debarquement des troupes envoy^es de Bombay pour proteger et garder I'eiablis- sement que I'Angleterre voulait y former. Une partie des cotes orientales d'Afrique a 6te rele- v^e en 1843, depuis I'equaleur jusqu'au 2* degre de latitude nord, parM. leiieutenanl Christopher, officier de la marine britannique. II etait pourvu de lettres do recommandation de I'iman de Zanzibar, pour les chefs des tribus qui habitent cette partie du continent, el il mouilla successivement a Jubb, vers Tentr^e du fleuve de ce nom , a Bravah, a Minguia, a Merkah, a Maka- disho. II eut, dans ces dlfferentes stations, des rapports nombreux avec les habitants , et les trouva g6nerale- ment disposes a entretenir avec I'Angleterre des rela- tions de paix et de commerce. Ses excursions dans I'interieur lui firent reconnaitre le cours d'une grande riviere, surlaquelle il avait deja recu quelques notions a Zanzibar; et il verifia, en I'observant successivement sur differents points, qu'elle se dirigeait parallelement au rivage , depuis le lar oii elle prend sa source jus- ( 284 ) qu'au point ou elle se dt'-tourne \eis le nord pour en- trer dans le pays dcs Gallas. Makadislio , ou le voyageur teruiina ses explorations du littoral, avait itd autrefois la capitale d'un royaunie ; elle est aujourd'hui a demi ruinee et n'apas 4,000 ha- bitants. M. Christopher se rendit de ce dernier port a Giredi, silue sur la riviere d'llaincs; il y eut une con- ference amicale avec le scheikh, et recueillit quelqnes renseignements sur I'intdrieur du pays, occupe par diverses tribus somalis qui n'avaient jamais eu de rela- tions avec es Europ6ens, et par des tribus gallas, souvcnt en guerre avec elles ; il prit connaissance des productions de cetle contr^c, ou Ton trouve toutes les plantos tropicalcs, et il put juger de la salubril(^ du pays par le grand nombre' d'honimes parvenus sans infirraites a line extreme vieillesse. Ce voyage nous a fait connaitre les sources et le cours superieur d'un fleuve qui ne figurait pas encore sur nos cartes , et il a prevenu les Europ^ens de la part qu'ils pourraient prendre au commerce d'une cote oil Ton ne voyait aborder jusqu'a ce jour que les Arabes et les Indiens, qui viennent y ^changer leurs marchandises contre les productions de I'Afrique orientale. Nous arrivons ici aux deux voyages qui ont 6t6 ter- minus en 1843 par M. Lelcbvre et M. Beke, et qui miritent par leur importance une analyse spticiale. M. Theoj)hile Lefebvre, lieutenant de vaisseau, a pu- blic la relation historique de ses voyages en Abyssinie, executes en 1839, 40, 41, 42 et 43. Get officicr s'^tait embarque a Marseille pour Alexandric sur la fin ( 285 ) del838; il se rendit successivement au Caire , a Cos- seir, a Djeddah, et deharqua ensiiite a Messouah, qui devint son point de depart pour pen^trer en Ahyssinie. Cetle vaste contree se partage en trois Etats, dent chacun a son propre gouvernemcnt; leTigre en occupe la partie orienlale : il estsepare de I'Amara par le cours du Takazze, un des principaux affluents du Nil, et le royaume de Clioa s'etend vers le midi. Le Tigre , voi- sin des cotes de la mer Rouge , est plus ouvert au com- merce; le Choa est plus exj)ose aux agressions des tri- bus nomades dont se compose la grande et guerri^re nation des Gallas : I'Amara est quelquefois en guerre avec le Tigre, et plus souvent avec d'autres grandes tribus qui bordent sa fronti^re occidentale. Avant d'entrer en Abyssinie , M. Lelebvre avail re- cueillienEgypleelsur les cotes d'Arabie d'utiles obser- vations qui le prt^paraienl a voyager avec plus de fruit dans la contree ou il se rendait: il put remarquer de nombreuses correspondances g(!(ologiques entre les deux coles du littoral de ce long bassin maritime. La formation des cotes d'Arabie lui expliquait celles d'A- byssinie; mais I'elevation desmontagnesde la seconde contree ^tait tviis sup(!!ricure; et Ton pouvait y remar- quer trois zones dilTerentes, dont cliacune avait ses productions distinctes, Ces diversites de temperature dans unememe region font ais6menlconcevoir comment les populations on tpu choisir pour I'emplacement de leurs villes et de leurs villages les lieux qui leur paraissaient les plus salubres et les plus fertiles. La meme cause nous expllque la richcsse et I'extreme varitHe des productions vegcHales que Ton trouve en Abyssinie. Do nombreuses collec- tions ont ete faites par MM. Petit et Quartin-Dillon , ( 286 ) qui accompagnaient M. Lefebvre coinme naturalistes; et tous les objets qui devaienl etre dessin6s, poui- inieux faire conntiitre le pays et les habitants, I'oiit 6t^ parM. Vigriauil, artislo attache a cette commission scienlifique. Cos trois compagnoiis de M. Lefebvre onl p6ri au milieu de leur penible entreprise , el lui seal y a survecu. Cette Afiique semble se personnifier sous les traits du sphynx, devorant ceux qui cher- chaient a penetrer ses myst^res, et cependant le sort funeste de plusieurs martyrs de la science ne d^cou- rage point los nobles voyageurs. La gloire d'etendre les limitcs de nos connaissances et de laisser un nom apr^s eux les soutient dans leiirs fatigues et leur fait afTronterdc nouvoaux perils. Lorsque M. Lefebvre , dans son premier vo\ age en Abyssinie, se dirigea de Messouab sur Adouah, capi- tale du Tigr6, le roi dece paysetait Oubie, jeune prince qui d'abord elait chef du Semen et qui avail fait la conquc'te du Tigre. Apr^s s'elre fait remarquer par son brillant courage, il avail su faire aimer et respecter son gouvernement, et il paraissail propre a relever I'Abyssinie de I'^tat de decadence ou plusieurs si^cles de malbeur I'avaient rcduite : il accueillit avec bonte M. Lefebvre, promit de le proteger dans ses explora- tions, et I'invita a passer dans sa capilale la saison des pluies , qui allaicnt commencer au mois de juillet. Deux int6res5ants voyageurs, le pere Saptto, mis- sionnaire lazai-isle , et M. Scliimper, botaniste alle- mand, se trouvaientalors dans cette ville, ou ils avaient ete amends par des int6rets dilT^rents : I'un glorifiait le nom de Dieu , I'aiitre I'admirait dans ses ouvrages. Leurs rnnnaissanoes. soit en liistoiro. soit dans Iftudp ( 287 ) de la nature, procurement de nouvelles notions a M. Le- febvre, qui put a son tour lour faire part de ses obser- vations. Ces sortes d'^cliangcs, toujours utiles a la science, le deviennent encore plus dans un pays nou- veau, ou il n'a passe qu'un petit nombre de vojageurs, et oil Ton rencontre a chaque pas de nouveaux sujets d 'etude. Toute la partie septentrionale du Tigr6 fut exploree par M. Lefebvre et par ses babiles collaborateurs : il releva astronomiquement un grand nombre de posi- tions, mesura la bauteur dcs montagnes, se rendit compte du relief du terrain , de la direction du Marcb et de ses aflluents , des pbenomenes geologiques du sol , de ses coucbes et de ses diverses formations. Ses remarques sur les vastes plaines orientales occupees par les tribus des Taltals mc^ritent d'etre particuii^re- ment mentionn^es. Cette contree est couverte d'une couche de sel que Ion exploile, et qui devient I'objet d'un commerce tres etendu. Plusieurs traces d'erup- tions volcaniques se retrouvent dans le voisinage : quelques sould'vements de terrain sont dus a Taction du feu, et Ton reconnait dans d'autres coucbes infe- rieures le travail des madrepores et la retraite des eaux de la mer oil ces zoopbytes avaient ^le autrefois plonges. Le lac Adelbad, que Ton apergoit au-dela des plaines de sel, offre lui-meme des variations ^tranges; et si Ton en croit les observateurs qui I'ont visite a plusieurs re- prises, il se d^place par I'efTet de quelques mouve- ments du sol, qui s'^l^ve ou se deprime sur dilTerents points de son bassin ou de ses rivages. Aprcs avoir termini ses explorations dans le nord du Tigr6 , M. Lefebvie revint en France , et il arriva a ( 288 ) Paris au mois de mai I8/1O. Le sultan Oubid d(isirait (^tablir par un traits des relations d'amiti^ et de com- merce avec la France, et il avail remis a M. Lefebvre une lettre et quelques pn'^scnts adresses a sa majest6 Louis-Pliilippc , qui ropondit a cot envoi avec une p^- nereuse liberalite. L'ne nouvelle mission pour I'Abyssinie fut bientot confiee a ce sa\ant et lil^ voyageur : ii reprit son pre- mier itineraire pour se rendre en Egypte , a la cote d'Arabie et k Messouah, 011 il arriva le I*' Janvier 1841, un an apres en etre parti. La il apprit la mort de M. Dillon el la raaladie grave du docteur Pelit, dont on craignait la fin prochaine. C'etait reprendre sous de trlstes auspices les explorations qu'il allait faire ; mais son courage le sauva, et il s'efforga de supplier par ses propres connaissances a celles des deux amis dont il perdait les secours. De nouvelles observations le retinrent quelques mois dans les environs d'Adouah : il en partit vers la fin de I'annee, et so dlrigea vers la (ronti^re orien- tale duTigre, qu'il parcourut du nord au sud, tandis que le sult^tn Oubie portait ses armos vers I'occident dans le pays des Amaras , et se prcposait d';ittaquer Gondar. M. Lefebvre, avant d'arri\er dans le Cboa , eut a traverser plusieurs territoires occupc^s par la nation des Gallas, qui semblent harceler les fronti^res de ce royaume , pour lallaiblir graduellement et pour s'en emparer un jour. Ce voyageur fit de nombreuses obser- vations sur la ligr.e qu'il parcourait; il s'^claira pr6s des babilanlsdu pays sur d'autres points qu'il n'dtait pas a port^e de voir lui-m6me ; et aprt's avoir re- connuet determine avec soin touteslesdirectinns toutes ( 289 ) lesmesuresde son itineraire, il se rendita Angolola, ou le roi de Choa se trouvait alors. La il fit I'lieureuse ren- contre de M. Rochet d'Hdrlcourt , arrivd; dans ce pays depuis quelque temps, et favorablcment accueilli a la cour de Sahle-Sallasse. Ce monarque preparait alors une expedition contre les SoddosGallas ; les deux voyageurs frangais deman- derent a s'y joindre : ils oblinrent I'honneur de faire cette campagne, et lorsqu'elle eut et^ terminee par la d^faite des Gallas, tons deux revinrent a Angolola. Bientot ils se retrouverenl encore a Ankober, qu'ils avaient eu le dessein de visiter ; ils fnent en commun plusieurs observations : une parfaite confiance regna dans tous leurs rapports; car I'un et I'autre songeaienl 6galenient a faire des remarques utiles et a bien meri- ier deleur pays; et lorsqu'ils se separerent vers la fin d'avril 18Z|2, M. Rochet d'H^ricourt se rendit a Ted- jourah, et M. Lefebvre , poursuivant son voyage vers le nord-est, gagna le pays de Godjam. II fallait pour y entrer traverser la riviere d'Abai, une des plusgran- des de I'Abyssinie; elle etait gueahle dans cette partie de son cours sup^rieur, maison yrencontrait d'autres perils. Le docteur Petit, que Ton 6tait parvenu a rap- peler a la vie, en lui prodiguant tous les soins de la science el de I'amitii^, p^rit dans ce trajet en jetant uncr i douloureux : il j^arait qu'il fut saisi et lue par un crocoilile. M. Lefebvre , accabl6 de ce nouveau malheur , se rendit ensuite a Maderah-Mariani , ville de 10,000 ames, que la devotion des Abyssins considere comme un lieu d'asile : il gagna les rives du lac Tsana , et arriva le 11 juin a Gondar dans la province de Deni- b^a. ( 290 ) Le sullaii Oubie, qui avail eu le projet do s'einparer (le celte place , avail successivement ^prouv6 les tor- liines les plus diverses. Apres avoir vaincu le roi d'A- mara , il ^lail lombe prisonnier de guerre dans une renconlre imprevue qui avail suivi la balaille ; niaisil etait parvenu a se raclieler en payant une forte ran- (jon, el 11 se relrouvait encore a la tele d'une arm^e. Son absence du Tigr6 lui avail suscit^ dans ce pays de nouveaux embarras. Deux partis contraircs se dispu- taient I'autorite ; el le prudent monarque , centre le- quel ils se seraient sans doute rdunis s'il etait venu les altaquer, aiu)a nileux les voir s'affaiblir Tun par I'au- tre, Le plus redoutable des deux rivaux etait Balgada- Area : celul-ci fit perir son adversaire apres I'avoir altir6 dans un piege ; et le sultan n'ayant plus \ com- ballre que lui, le vainquit, et rentra en possession du Tigr(^. Le prince etait r^tabli dans sa capitale , lorsque M. Lefebvre y revinl le 28 juin 1843 , et ce voyageur partit pour Messouah , apres avoir re^u du monarque de nouveaux tonioignages de bonte Les caisses d'his- toire naturelle qu'il avail laissees danscctte ville etaient avariees en grande partie, Les depouilles d'animaux, les collections d'insectes avaient particulierernent souffert; el M. Lel'ebvre ayant assure la conservation des autres objets qui lui reslaient, revinl par la uier Rouge, oil il fit plusieurs relaches : il renionta jusqu'a Suez, d'oii il regagna Alexandrie , et il s'embarqua pour revenir en France. Ln grand nombre de remarques sur le commerce de la mer Rouge ct sur cclui de I'Abyssinie onl et6 failes par ce savant observateur : il les a placbes a la suite de ia relation historique de son voyage , et cette ( 291 ) partie de ses travaux doit 6tre specialement appr«^ci6e par tous les hommes qui d^sii'ent voir midtlplier les relations des peuples entre eux , et affalblir les preju- ges et les preventions qui les divisent, Une introduction , placee en tete de cet ouvrage , renlenne un grand nombre de documents sur I'his- toire de I'Abyssinie ct sur ses vicissitudes politiques et religieuses. Cette suite d'evenements et cette connais- sance du pass^ nous expliquentmieux la situation ac- tuelle d'un pays que les Europeens frequenterent au- trefois, et sur lequel ils onl encore les yeux fix^s. Lorsque M. Lefebvrecommencait son second voyage en Abyssinie , M. le docteur Beke entreprenait lui- menae ses explorations au midi de cette contr^e et dans les pays gallas qui en sont separes par le cours de I'Abai. II debarqua au mois de novembre 18^0 a Tedjourrah , port d'l^thiopie situe dans le pays d'Adel, et il se rendit a Ankober. Bientot il apprit que le roi de Choa devait envoyer un corps de troupes de quatre cents hommes a Gedem , sous pretexte d'y acheter des elephants, et i\1. Krapt' et lui obtinrent la permis- sion de le suivre. Cette petite excursion , durant la- quelle ils cotoyerent du midi au nord une chaine de montagnes , leur permit de determiner la ligne de separation el le double versantdes eaux, qui coulenta I'ouest vers le lit de I'Abai et a Test vers celui du Hawach. Au mois d'octobre 1841 , M. Beke partit d'Ankober pour se diriger vers I'ouest. Tous les points iinporlants de cet itin^raire sont decrils avec soin Le voyageur s'arrSte successivement a Angolola, a Angorcha ; il se remet en route le 9 novembre , et traverse quelques { 292 ) lerrltoires occiipes par des tribus gallas , et souvenl exposes aux incursions de leiirs voisins. Les Gallas sont paiens, Ics Abyssins sont chretiens , et ccttfi diirerence de religion, jointe acelle du genre de \ie , occasionne quelques rencontres bostiles, et nuit a la securite de cetle partie des frontieres. En approcbanlde Dirna, M. Bekerencontra unefoule d'hommesqul se rendaiont decette villeet des lieux voi- sins aumarcbe de Bichana. II remarqua dansla ville de Dima un monasl^re et une eglise consacr^e a Saint- George , et ornee de peinlures dans le gout de celles du moyen-age. M. B6ke avait fait de nombreuses ob- servations pour reconnaitrc la latitude , la longitude , la hauteur de dllT^rents lieux. II en envoya la notice dans le Cboa par un nicssager qui devait s'y ren- dre , et 11 y Joignit la liste de tons les echanllllons de min6raux qu'il avait recueillls pendant sa route , et qui Indlquaient la lormatlon g(iologique de cetle re- gion. Pendant un s^jour d'une annee dans le pays de Godjam , 11 eut de frequentes communications avec les personnesdc tonics les tribus qui avaient vlslte lo pays des Gallas, et qui pouvaientlul lournlr des documents snr la geograpliie de cette contree , dont lul-meme explora une partie. Aide de leurs notions sur la mar- che des caravanes qui traversent ce terrltolre en dirP^- rents sons, do leurs relations, qu'lI compara les unes ?iux autres, ct des nombreuses recberches qu'il fit per- sonnellement , 11 dressa une carte du pays de Godjam et des contrees plus occidcntalcs oii 11 pcn«^lra. L'au- teur (^tudia les mceurs des habitants, leurs coutumes, leur esp^ce de gouvernement, solt dans les pays ou lis sont fixes, solt dans les tones que parcourent les tri- bus nomadcs , independantes les unes des autres , ( 293 ) mais soumises a do communes rt^gles, lorsqu'ellcs ont a se r^unir sous laiilorite dun meme chef pour quelques expeditions militaires. Mais, sans anticiper ici sur les importantes explora- tions qu'un intrepide et savant voyagcur francais , M. d'Abbadie, continue de faire en ce moment dans les vastes regions occupees par Ics Gallas , suivons la marche de M. le docteur Bekc, lorsqu'il quitte sa sta- tion de Dima, pour aller suivre vers I'ouest ses obser- vations. II se rend a Demb^clia, se rapproche des sour- ces de I'Abai, qu'aucun Europeen n'avait visitees de- puis qu'elles I'avaient ete par Bruce, et traverse, pour aller les reconnaitre lui-meme par une route differente, une I'ogion elcvee , alpestre et sauvage , que nul voya- geur n'avait parcourue avant lui. L'aspect de cettc contree, les couches du sol, ses dechirures, son systeme geologique, tout alteste d'an- ciennes convulsions volcaniques, dont le temps n'a pas effac6 les traces. Le sol est redevenu fertile dans un pays autrefois devaste par les feux souterrains ; mais il est peu habite, et la culture n'ajoute guere aux ri- chesses naturelles de cette region. Les sources de I'Abai jaillissent du mont Giesh : leur altitude est de 8,500 pieds anglais au-dcssus du niveau de I'ocean Indien, et le soinmet de la montagne s'^love encore de 1,000 pieds au-dessus des sources. Celles-ci sont a peine apparentes , except^ dans la sai- son des pluies , et Ton en suit d'abord la trace par une ligne marecageuse, qui se prolongc a travers de faibles pontes , et que d'autres ruisscaux vont inces- samment grossir, en prcnant leur direction vers le nord. L'Abai se detourne ensuite vers Test , pour ga- gner le lac Tsana , el les eaux de cc vaste reservoir V. U4I. 3. 20 ( 29A ) vont se degorger dans le nouveau lit du fleuve , qui so courbe el s'arrondit autour da pays de Godjam , el des immenses plateaux , des contre-forts , des valines el des plaines qui environnent les liautes raontagnes de Talba- Waha. Celle grande riviere de I'Abai odVe une succes- sion de chutes el de rapidcs, qui, dans un espace de dix lieues anglaiscs, occasionne une difference de 2,000 pieds enlre les deuxniveaux : caractere comtnun a toutes les rivieres d'Abyssinie. M. Beke reconnut dans ses diff^rentes excursions une partie du cours de I'Abai ; il en a trac6 la direction sur sa carte, soil par deslignes continues dans les re- gions qu'il avail visit6es, soil par des lignes ponctuees lorsqu'il s'appuyait seulement de I'autorite des aulres gt^ograplies. Ses travaux aident i\ completer la recon- naissance de lout le lit de ce fleuve. Les deux visiles qu'il a faites vers ses sources, dans deux saisons diff(^- rentes , lui ont permis de connaitre avcc plus de cer- titude les contrees clevees de celle grande peninsule du Godjam quele fleuve embrasse de Iroiscoles, et qui louche aux regions occidenlales oii se trouve le pays des Agaumider, el ou differentes tribus de Gallas sont encore ripandues. Les habitants de celle presqu'ile enlretiennenl des rapports rcgulicrs et liabiluels avec le midi, par une tres bonne route qui conduit vers le pays d'Enar^a, et qui avail ete suivio en 1616 par Fernandez, lorsque les Portugais avaient des comploirs en Abyssinie , et lorsqii'ils y jouissaient d'une grande influence, fondee sur les intends du commerce, et favorisee pai- I'analo- gie des dogmes religieux. L'Abyssinic avail alms un grand nombre d'eglises ( 295 ) clirdtlennes qui remontaiont jusqu'au i\' si^cle , et Ion s'y ^cartait moins de la contession romaine par la dif- ference des principes que par cello de quelques rites, plus analogues a ceux de I'^glise grecque. La meme religion y subsiste encore; elle y consacre, elle y de- clare inviolables un certain nombre de villes et d'autres lieux liabites, qui avaient 6te des monasteres et qui continuent de jouir du droit d'asile. Ce privilege, cette jouissance de neutralite est sans doute un grand bienfait et un service rendu a I'huma- nite, dans des pays peu civilises , ou Ton est fr^quem- ment expose a des incursions hostiles et a toutes les violences de la guerre. Souvent rnenie ces lieux de re- fuge sont respectes par des enneinis dont la croyance n'est pas la meme; et lorsque des cbretiens sont aux prises, soit avec des mahom^tans, soit avec les nations paiennes, encore repandues dans une partie de I'E- thlopie , un sentiment de veneration et d'egards s'at- tache encore a ces anciens sanctuaires, et y fait p6n6- trer le sentiment de la pitid envers les faibles et les vaincus. Si ces derni^res remarques ne sont pas exprimees dans les relations de M. Beke dont nous oflrons ici I'analyse, du moins elles en d^rivent. Elles nous mon- Irent d'ailleurs corabien il est interessant d'etudier les mcEurs des peuples dont on veut bien connaitre la geographie ; car celte etude n'est pas simplement celle de la terre : c'est en I'observant sous toutes les faces qui int^ressent I'humanite, que cette science s'agran- dit, et qu'eile devienl v^ritablcment digne de I'int^ret qui s'attache aujourd'liui a son developpement et a ses progres. ( 296 ) Les villes oii se tiennent les principaux marches d'Abyssinie jouissent de franchises et de privileges par- ticiiliers ; elles se trouvent plac6es, au nord conime au niidi de cctte contree, sur le passage des caravanes qui Ja travcrsent. M. Beke en a visile plusieurs, et lorsqu'il vovageait avec les groupes de pelerins et de n^gociants qui se rendaient d'un pays a I'autre, il jouissait de la mSme protection qu'eux. II s'initiait, par ce contact frequent, a leurs usages et a leurs opinions : il avait I'appui d'un intei'prete pr6s des homines dont il n'en- tendait pas la langue, et il put recueillir des vocabu- laires de Ireize idiomes on dialectes que Ion parlait en Abyssinie et dans les contrdes du sud. II fit, pen- dant son voyage, un grand nombre de dessins, pro- pres a faire mieux connailre le pays et ses habitants. La carte qu'il a dressee durant le cours de ses explo- rations comprend soixantc-dix milles carres : il a pris par des observations astronomi(}ues la latitude de cinquante lieux dilTerenls; il en a mesur^ I'altitude , a I'aide du thermometi'e et de I'ebullition de I'eau, qui se fait plus promptement scntir sur les hauteurs oii I'air est plus rarefie ; il a fait un grand nombre d'ob- servations meteorologiques, pour etudier les variations de mouvement el de temperature de I'atmosphere; il a trace les principaux itineraires de TAbyssinie , et 11 a joint a sa carte des coupes de hauteur, qui font re- connallre la dllTc^rence de niveau des principaux points de cetle contree. II r^sulte de ce dernier travail que les montagnes les plus elev^es de I'yVbysslnle sont celles du Semen, dont la hauteur est evalu6c a pres de quinze mille pieds an- glais : une partic dc ces nlvellements avail (^Ic faite par ( -^97 ) le docteur lluppell, etM. B6ke les a ensuite completes par ses propres observations. Ce voyageur, apr^s avoir explort^ avec autantde soin que d'habilete un si grand nombre de lieux, se rendit, le 23 avril iSliZ, dans la ville d'Adouah, ou il fut cor- dialement re^u par M. Schimper, naturaliste alle- uiand, M. I'abb^ de Jacobis, prefet des missions apos- toliques en Abyssinie , et d'autres personnes attach^es aux memes missions. Les Eiirop(^ens, qui so regardent comme issus d'un meme sang, sont naturellement disposes a se considerer comme des freres, lorsque des inter^ts ou des prejuges nationaux ne les mettent pas en rivalite. M. Beke ne voyait dans cette rencontre que des hommes voues comme lui aux int^rets de la science et aux principes de la sociability et de I'huraa- nit6. Son voyage d'Adouah a Messouah se fit par une route differente de celle que suivent ordinairement les voyageurs : M. Beke passa au nord d'Arkiko , et put faire de nouvelles remarques sur une ligne de communication qui ne nous etait pas connue. Au mois de mai 18Zi3, il quitta I'Abyssinie, et vint rendre compte en Angleterre de ses travaux, qui ont M. apprecies d'une maniere si honorable par la Soci^t^ geographique de Londres , et qui ont valu a M. B^ka la grande medaille de cette Societe. Votre commission aui'ait eu , messieurs, a vous en- tretenir de limpoi'tant voyage fait par M. Rochet d'He- ricourt, en 1842, 43 et llh , dans le pays d'Adel et le royaume deChoa, si cUeJi'avait pas eu a borner son ( 2;;8 ] exainen aux \oydgos terminus en 18i3, et a r^server pour un autre concours ceux dont la date finale est plus r^cente. Cette remise , dont votre commission s'est fait une r6glc, et dont elle avait re^u I'exemple, laissc aux auteurs dont ics travaux ne sont pas encore j)ublics le temps de los revoir et de Ics terminer, en prolitant de toutesles observations locales qu'ils avaient faites, et que le recueillement et I'^tude du cabinet peuvent seuls coordonner et rectifier. On sail combien sont ombrageuses les tribus ignorantes ou sauvages dont on traverse le territoire ; c'est souvent a la dero- bee qu'il Paul les examiner : on veutpouvoir soustraire ses recherclics el ses papiers a la curiosity ou a la mal- veillancc, ct Ton se ri^duit a un petit nombrc de notes informes , a I'aide dcsquelles on pent ensuite assem- bler et construire les dilTiirentes parties de son ouvrage. Nous ne doutons pas que le m6rite d'un voyagcur esti- mable ne soit encore mieux apprdcie , lorsque ses travaux pourront 6tre plus complelement connus. Voire commission, apres avoir examine avec soin les voyages laits dans dilT^rents pays, a regardd comme les plus remarquablcs, les plus utiles aux progres du commerce et de la civilisation, ct les plus f^conds en grands resultats, ceux qui ont (^t6 fails en Abyssinie. N'ayanl a comparer entre elles que les expeditions termin^es en 1843, elle a pense qu'il y avait lieu de parlager entre M. Tli(^opbilo Lefebvre, lieutenant de vaisseau , et M. le docleur Beke le prix que votre Soci^te decerne annuellement , pour les d(^couvertes ou les reconnaissances g6ographiques les plus impor- tanles. L'opinion publique attacjie sans doulc une haute ( 299 ) valeur aux intidailles que vous decernez; cai- elles sont le prix du savoir, du devouement et des plus erainents services. D'honorables distinctions sont les seules r6- couipenses que voire Societe puisse accorder; elle les confere aux strangers conime aux nationaux; elle va chercher de toutes parts le ni(!!rite pour le signaler, et s'attache constamment a conserver ce caractere d'uni- versalite qu'elle regut des I'origlne , et qui lui fait re- chercher la cooperation des savants g^ographes de tous les pays. ( 300 ) Rappout siir /(' co/icoiirs im prix d Orleans fjoiir T impnr- talioii la plus utile a l' agriculture , a riiidustrie ou a riiuntanite : lu dans /'assentblee generate du 22 mat 18 '16. Commissaires : MM. Uekthelot, Kol.v uEUocHtLLE, JoMAHi) , rapporteur. MeSSIEIjRS, C'estune heureuse et patriotiquc pens6e que la crea- tion d'un prix tcl que celui qu'a fondd fou M*' le due d'Orleans , pour I'lmportation d'une decouverte 6mi- nemment ulile a ragricullure , a I'Lumanite ou a I'in- dustrie. En cbargeant la Soci6t(^ de gt^ographie de le d^cerner, ce prince si regrettable, dont tout le monde a deplore la perte , nous a confie unc tache a la fois difficile et honorable ; mais nous avons dik I'accepter avec une profonde reconnaissance : il y avait encore la un encouragement, un progr6spourla g^ograpbie. En effet, un voyageur, deja muni d'une instruction posi- tive , aura dik, pour faire cette utile decouverte, tenter une exploration lointaine , se transporter dans un pays ou ignor6 ou mal connu, en rapporter des notions nouvellcs ou plus etendues ; enfin , 6largir le cercle des connaissances geograpbiques. En annon^ant a Ij Societe quo ie prix d'Orleans ne pent etre d^cerne cette annee , vos commissaires eprouvent un double regret , colui de ne pouvoii recompcnser dignement Ks elForls des vojageurs qui se soul occupes de eel important sujel , et surtout le ( 301 ) regxol de ne pas voir encore rOallse le noble voeu de I'auguste fondateur. Toutefois , nous devons nous lialer de dire que de louables efforts ont el6 faits dans ces derniers temps, et meme couronn(is de cpielques succ^s. Sous ce rapport. Tannic ISliQ I'emporte sur les ann6es precedentes. Le probl^ine a r^soudre est d'une telle nature qu'il y a de I'honneur et du merite a approcher du but et nieme a tenter I'enlreprise ; car il ne s'agit pas tou- jours de decouvrir a travers mille dangers , ou rneme d'apporter des pays lointains une substance utile a I'liumanile ou aux arts; il faut , si c'est un etre vi- vant, I'avoir acclimale chez nous, ou bien I'avoir na- turalist' dans nos possessions tropicales ; telle est en r^alite la loi que nous impose la fondation du prix d'Orleans. Aujourd'hui , nous aurons a faire passer sous vos yeux les beureuses tentatives de cinq voya- geurs , en commencant par M. Rochet d'Hericourt , deja bien connu de la Societ(^ pour ses importantes observations en Abyssinie, et son double voyage dans le royaumc de Choa. M. Rochet d'Hericourt vlent de rendre un sisnal^ service a I'humanite souffrante et aux sciences m6di- cales, en apportant en France une masse considerable de la plante appelee Brayei-a nnthelmintica , qui a la propriety d'expulser du corps humain le tenia ou ver solitaire. Personne n'ignore que ce ver produit d'af- freux desordres dans I'^conomie animalc , jusqu'a cau- ser let^tanosou I'epilepsie, quand sa tetes'engagedans certaines parties du syst^me nerveux. D'autres rcme- des 6taient connus centre le t^nia; mais ils fatiguaient plus ou moins gravenient et violemnient les malades; le cousso au contraire ( c'est le nom cthiopien de la ( 302 I plante) est exempt de cct inconvenient el de tout dan- ger. Cette maladie est end^mique en Abyssinie; mais la nature bienvelllante y a plac^ le cousso pour le sou- lagement de la maladie , coincidence heureuse et pro- videnlielle qu'on rencontre en bien des pays et dans une multitude de circonstances. En Europe, le t6nia est egalement frequent dans cerlaines localit^s. La possession du remede qua nous apporte en abondance M. Rochet d'llericourt est un veritable bienfait. En effet , refficacite de la fleur du cousso, qui a 6t6 ad- ministr^e en France , a Paris , est affirmee par Ics te- moignages les plus respectables, et il n'est pas permis de conserver a cet egard le moindre doule, [.a pru- priele de cette plante, il est vrai, n'etait pas ignor»^e ; mais on ne la possedait pas en quantity sufTisante pour Texperimenter. M. Rochet d'll^ricourt a importe le premier des fleurs completes, el les experiences heu- reuses qu'on en a faites a Paris ont port^ la demon- stration jusqu'a I'evidence. Le meme voyageur a imports en France le TcfT [poa abyssinica) , cette plante, a graines fines, pour ainsldiremicroscopiques, donl on fait sanourriture en plusieurs parties de I'Abyssinie , parce que la graine donne un pain tres nourrissant. Sa graine a et6 sem^e a Montpellier, ici et en Algerie , et elle a lev^ parfaite- ment ; elle doit fructificr assez bien , dans le midi de la France comine en Algerie , pour former une cul- tux'eavantageuse ; il en sera de meme du cousso, quand on en apporlera quelques pieds pour pouvoir planter I'arbre et le naturaliscr. Delegue des ministeres des finances et du commerce pres de la mission frangaise en Chine, \I. Jules Itier vient de rapporler en France des graines de plusieurs ( 303 ) plantt^s textiles, divers tissus et autres productions de I'induslrio cliinoise, ainsi que la connaissmce d'un prodiiit applicable a raliraentation de la classe pauvro. Ce qu'il y a de plus reniarquable dans ces v(!!g^taux , c'est le fil et le lissu tird's du lo-ma et du tsing-ina. La premiere plante parait etre une espece particuliere de chanvre, et I'autre un coichorus. De Tune on lire un tistu d'une extreme finesse, appelfi baliste de Conton (parceque la plante se cultive a quarante lieues N.-E. de Canton , dans le district de Si-nam , pr^s la ville de Houng-tchiang ) ; le prix en est tres modique (1). Des filaments de tsing-ma ont (L'te im- portes en Angleterre dans ces derniers temps, et ont ete files avec succ^s , de maniere a procurer un tissu parfaitement beau. II est indubitable que cette plante, ainsi que le lo-ma, s'acclimaterait promptement en Alg^rie. M. Jules Itier, en attendant , a importe une quantite notable de fd de lo-ma et de fil de tsing-ma, fil plus fort et plus fin a la fois que celui des plantes textiles de I'Europe. U a fait connaiti'e la plante du lo-ma, qui est dioi- que comine les cnnnnbis , et atteinl jusqu'a 5-6 metres de bauteur ; il a decrit sa culture, sa preparation, la formation du fil sans torsion ; enfin tout ce qu'il im- porte de savoir pour en tirer le merae parti que I'in- dustrie cliinoise ; de plus , il a rapporte les graines au Museum, et il nous a communique des ediantillons des magnifiques tissus qu'on en fait dans le pays. On doit encore au voyageur la connaissance detail- lee d'autres ])lantes textiles , des fils et des tissus d' ^bacri , de Aipis ot do Pina do Manille. \^ Ihnca , (l) i.\ fiaiics les i«)() ux'tips du rissu Ic plus hw. ( 30/1 ) i npropreinent appele chanvrc de ManlUe , est le pro- (kilt d'uuc espoce de JJusa , culti/e en grand dans I'ile de Lugon ; on en exporle a present plus de 5,500 quin- taux m^triques pour la fabrication des loiles , des etolTes , des cordages. Le Pinn se tire des fuuilles de I'ananas, else traile comme I'abaca ; combine avec la soie , on en faliriquc une ires jolie etoffe rayee a plu- sieurs couleurs, et appel^e sinamaye (1). L'etoffe dite Ni'pis se tire du palmier de ce nom ; elle est de qualiti^ inferieure. De nombreux echantillons ont t^te appor- tesparM. J. Itier, qui a fait connaitre encore un aliment chinois a I'usage du pauvre , le lao-foo , ainsi que le procede qui sert a !e preparer; il est form6 principa- lement de la legumine , ou farine de legume, trans- form6e a I'aide de diverses manipulations en une sorte de fromage d'un gout tres agreable. Get aliment , tres 6conomique, pout etre prepare partout. M. lecapitaine du commerce SeraphinLallier, mem- bre de notre Societe , qui a , quoique jeune , fait deja beaucoup de voyages en Amerique , en Cbine et dans rOceanic , a transport^ en France, il y a cinq annees, la liqueur extraite de la plante guaco , de la Nouvelle- Grenade , qui est regardee, d'apres une longue tradi- tion, comme tres efficace contre la morsure des ser- pents venimeux et la piqure des scorpions; elle sert meme de prc^jservatif aux Indiens, quand iLs doivent traverser des forets infeslees par ces animaux dange- reux. Dopuis que ses proprietes ont et6 constat^es, on prepare cette liqueur a I'aide de la dislillalion et d'un excipient qui permet de la conserver et de la transpor- ter au loin : on la trouve ainsi prepar^e a Rio-Hacha (i) T,r |)iix ill! siii;iiiiavi' ii'esi qiiP lie 60 ceiil. If iiietir. ( 305 ) et a Carthag^ne. Celui qui doit en faire usage en boil nne cuiller^e a I'avance, ou bion apres qu'il a 6te piqu6 ou mordu. M. le baron de Huinboldl , dans son memorable voyage, a fait connaitrc la meinc propriety, comme appartenant a une liane qu'il a appelee micania guaco; quelques autres planles de I'Anierique ineridionale possedent une vertu analogue, et bien que plusieurs 6crivains I'aient contestee , il est dillicile de rejetersys- t^matiquement les t^moignages unanimes d'un grand nombre de voyageurs v^ridiques qui, tous, ont re- cueilli sur les lieux la tradition \ivante. Plusieurs en ont fait I'essai sur oux-memes. D'ailleurs, une pre- miere experience vient d'etre faite a Paris meme et sous nos yeux; bien que dans des circonstances peu favorablos, bien que I'extrait de guaco apportd par M. Lallier ait ete prepare a Rio-Haclui depuls cinq a six ans au moins, sur quatre animaux qui en avaient bu la dose prescrite, et qui, une heure et demie apres, ont 6l^ mordus par un serpent a sonnette et par un trigonocepbale, un seul a succonibe. Or, dans les cir- constances ordinaires, ces reptiles donnent la mort aux aniinaux de meme esp6ce en peu d'beures et par- fois en quelques minutes. Bien que cet essai ne soit pas decisif, ni assez concluant pour fixer I'opinion d'une maniere definitive , il apporte un certain degre de force a I'opinion qui est generalement (itablie dans la Nouvelle-Grenade : temoin M, Aversenc, ancien con- sul de France a Carthag^ne, M. Laborde , agent con- sulairc a Uio-Haclia, ot d'autres personnes dont oi\ rapporte le tf^moignage ; au reste , I'exemple quon verra plus loin ajoutera encore a la conviction. L'on avait aussi r^voqu^ en doute I'efficacit^ du qiiiii- I 306 ) rjuina; inais il a fallii se rendre a ruvidence el recoii- nailre que ce qu'on appclail un prejuge de peuples ignoranls et sauvages etait lout siuiplcuicut I'observa- tlon d'un fait nalurel et incontestalile. M. Lalller est le premier vojagcui^ qui, I'n transportant chcz nous le sue du guaco, ait mis a mome d'en faire I'cxp^- rience. M. Ilellert, tout r^ccmment arriv6 de I'isthme de Darien , c'cst-a dire de la meme contree, nous a com- munique des observations analogues ; il a eu connais- sancc dc plusiours lianes dont le sue a une propriety antiveneneuse; le nom de guaco est aussi donne a ces plantcs; une, entre autres , altcint jusqu'a !\0 ou 60 metres de long; c'est comme preservatif qu'il est employ^, et de deux fagons differentes : tantot les In- diens boivent une dose de sue de guaco prepared au tafia , tantot ils se font des incisions sur les membres et frottent la plaie avec le sue de la plante. Voici comment s'exprime M. Hellertdans sa notice : « Le guaco est une liane dont la feuille ressemble as- sez a celle de nos vignes; elle est d'un vert vif en dos- sus , rouge 6carlate en dessous , et se trouve en abon- dance dans I'^paisseur des foretsde I'isthme de Darien. L'n Indien nomade que j'ai rencontre a Moje , dans le golfe San-Miguel , voyant mes mains et mes pieds gon- fles , par suite des plqilres de maringouins, qui four- inillcnt dans le Rio-Congo, me fit connailre la vcrtu de cette plante el m'apprit la mani^re de s'en scrvir. II faut boire immediatement une bonne cuilleree de ce meme extrait, en ayant soin de se donner du mou- vement ; il s'ensuil une legere fi^vre qui dure deux ou trois jours; des lors on est garanti contre lefTet veni- ineux des piqures de eel insecte. ( 307 ) » J'ai trouve plus taid, au ruois de Jiovembre dernier, ce meme pr^servatif employ^ par les Indiens Guayros, au pied de la sierra Nevada, et c'est la que j'ai vu des enfants se frotter les mains avec des feuilles de guaco , pour prendre des scorpions et des uiillepleds de 9 a 20 centimetres de longueur. Enfin j'ai remarqu^ que les maringouins , apres avoir suce du sang , meurent presque iram(^diatement (I). » M. Hellert a eprouve sur lui-meme I'efficacile d'une autre plante, dont le fruit est de la lormc d'une amande ; il s'appelle Cedron et est tres amer. II fut mordu a la janibe par un serpent-co: ail , et fut pris aussitot de violentes douleurs au cceur et a la gorge; d6s qu'il eut avale une petite portion de I'antidote qu'il s'etail procure a Panama, los douleurs cesserent ; il appliqua ensuite un peu de cedron sur la plaie, et au bout d'un quart d'heure , il ne ressentit presque plus rien. Ce fruit vient de Bogota etde Popayan, mais aussi des bords du Rio-Sucio et du Rio-Coiigo ; il est aussi febrifuge. Nous devons lieaucoup de renseignements precieux et exacts a M. Hellert sur la geograpbie de I'istbme de Darlen, oii il a fait un long sejour, particuli^rement sur les rapports de situation entre le Rio-Darien et le Rio- Atrato : c'est pourquoi son t6moignage nous parait di- gne de la plus baule conliance (2), en ce qui regarde le (i) Suiverit des details que uous alloiis analy-er. (2) II y a encore parmi les observations de M. Hellert un fait cu- rieux; c'est I'existence, dans Toreaii Pacifirjue, cote E. de Tile ile (;oil)a , d'un lotjuiilage minex^ qui fournit une tres Leile coulour nourjiif , que le voyageur romparc a I'ancienne pourpre des Ro- iiiHins •. ce serait peul-etre une richesse a exploiter; les murpx (pi'ii avait apportps avci lui se soul perdus pendant le voyage. ( 308 ) guaco; aussi nous croyons devoir mentionner encore deux autres observations de cevoyageur, aussi intelli- gent qu'il est zele et devoue pour le progres des d6cou- vertes. II a rapporte une esp^ce de Cyperus qui sert k la fabrication des chapeaux renoiiircn^s de Panama , que Ton confectionne a Penonome , a Nata et k Parita ; il croit qu'il est facile de la naturaliscr en Algerie. En second lieu, il a decouvert un mode facile etpeu coii- teux pour conserver a I'etat liquide le sue du caout- cbouc, de maniere a donner a cette substance toutes les formes possibles , ainsi que la couleur de la nacre. M. Ilellert a encore observe plusieurs autres especes v^geiaies applicables a I't'conomie domestique ou a I'industrie , et qu'il ne serait pas tr^s difficile de transplanter dans rAfriquc francaise , soit en Algdrie , soit en S^negambie. II suffit de citer les vdg^taux con- nus sous les noms d'arbre a lait, arbre a beurre , ar- bre a huile , arbre a savon , arbre a laine. Les reglements de la Society ne permettent pas d'admettre dans ses concours les travaux de ceux de ses mcmbres qui appartiennent a la Commission cen- trale; mais rien n'interditde mentionner ces travaux, surtout quand ils portent le cacbet de I'utilite g^n^rale, et qu'on peut les considerer comme un service rendu a i'humanite : autrement, I'liistolre des decouvertes re- tracees dans nos annates laisseralt des lacunes; d'ail- leurs les rapports pr^'c^dents ont fait mention deja de la naturalisation de la corhenille par I'ancien direc- teur du jardin d'acclimatation d'Orolava; nous nous croyons done autoris^s a mentionner, cette fois , une remarque du meme voyageiu', relative aussi aux lies Canaries. II s'agit d'un arbre de liaute futaic , le Pisneu mocancru ou Mncan. Le fruit renferme un sue ( 309 ) qui est iin excellent renifede contre I'h^moptysie , baurne jadis bien connu des Giianches sous le nom de Chacherqueii , eflicace aiissi contre une ccrtaine ma- ladie ^pidemique. L'experience en a etc faite avec le plus grand succes a Londres. Des indlvidus atteints d'hemoptysie au plus haut degr6 ont et6 radicalement gueris en deux semaines par I'usage du Mncan , que notre collegue y avait port6. Nous rappellerons encore ici les essais faits a diver- ses reprises pour I'importation de la culture du the; la derni^re tentative a etc celle de feu Guillemin, bota- niste distingu^ inort a la fleur de I'age , savant regret- table sous tous les rapports. Des echantillons vivants , transplantes a Monlpellier, a Toulon et ici meme, ont prosp^re, et la Societe royale d'agriculture , dans une occasion r^cente , a rendu un compte favorable de cet essai d'accliniatation. M. CI. Gay nous aentrelenus plusicurs foisde la pos- sibilite d'inlroduire dans le midi de la France, ou dans nos possessions, un pr^cieux animal de I'Amerique meridionale , la vigogne ; mais jusqu'ici Ton n'a con- naissance d'aucun resultat. II est a regretter que des inesures n'aient pas eto prises pour doter les colonies ou la Corse , ou meme des parties du territoire con- tinental , de certains animaux utiles , chacun suivant les circonstances locales ; le lama , I'alpaca , la vi- gogne plus sauvage , le chameau , le baudct d'figypte, le selouq des Arabes , ou encore des quadrup^des ou des volaliles sauvages qu'il serait possible d'ame- ner a la domeslicite. Combien il y a , sous ce rap- port, de decouvertes et dc bien a faire ! II en est de meme des v^getaux. Qu'a-t-on fait de sf'^rieux jiour importer I'arbrc a pain, rarl)re a suif de la Chine, V. MAI. 4- 2i ( 310 ) I'arbre a cire de la Louislano. ot tons coux quo vicnt de nous recommander M. Ucllert.' ■Si les etudes goographiques peuvent se recomman- der a I'attention g^nerale, si Ics Societes vou6es a ce genre de recherches peuvent appelersur la science elle- memc la reconnaissance jjublique , c'cst en signalant toutcs les productions naturelles utiles , tous les elrcs des trois rognes que decouvrent les exploraleurs des contr^es lointaincs; c'cst en provoquant I'interven- tion de rautorite superieure, et en procurant , s'il est possible, de justes recompenses a ceux qui ont brave mille dangers pour faire ces d^couvertcs. C'est pour- quoi , messieurs , la Society de g^ographie sorait lieu- reuse si cllc pouvait adjuger le prix qu'a fond6 M*' le due d'Orleans. La gloire se partagerait naturellement entre le nom de I'infortun^ prince qui a conc^u cette pens6e g6n6reuse et le nom du voyageur qui I'aurait accomplie ; mais il seralt doux et glorieux aussi pour la Societe de geographic de proclamer la premiere une si belle conquete. Ici, nous devons surtout conseiller aux voyageurs qui s'efforcei'ont de meriter la couronne du prix (VOr- /eans , c\e se penetrer des ins I met ions publiees par le jMuseum d'histoire naturelle. lis trouveront dans ce sa- vant recueil tous les conseils, toutes les lumieres et toutes les directions necessaires pour guider dans le choix des recherches , pour recneillir les grainos , les v^getaux et les plantes , pour les transporter avec su- rety depuisles contr^es tropicales jusque dans nos cli- mats. Messieurs, la Commission ne pouvant pas proposer de decerner le prix cette annce, croit copendant devou- re- commander particuliercment plusiours des travaux ( 311 ) qu'elle vient do signaler, et elle regarde comuie dignos d'nne medaille d'encouragement, M. Rochet d'Heri- court, M. le capitaine S. Lallicr, M. Flellert et M. Jules Itier; elle espere quecette juste distinction stimulera le zele desvoyageurs et excitera une heureuse emulation. La Commission pense aussi que des mesuresnou- vellesdoiventetre prises pour repandrela connaissance du piix cVOrlcans et arriver an but qu'on s'est pro- pose : ce but est trop utile, trop eleve, pour etre ne- glige ou perdu de vue un seul instant. II importe done que le prograuame soit reimprime et recommand^ a la sollicitude des divers minlsteres et aux chambres du commerce , pour etre distribue a tous les voya- geurs charges de mission, aux capitaines de navire, et autrespersonnes de la marine royale et de la marine marchande ; et aussi que tovitesles fois que la Societe de geographic sera appel^e a donner des instructions aux voyageurs , ce programmes soit joint aux ques- tions et aux instructions avec une recommandation loute sp^ciale. ExTRAiT d'nne description de rufchipel des iles Solo, designees par les Espagnols sous le nont de Halo ; Par M. Jules ITlI'jR , aUache a la mission franraise en Cbinr. L'ilc la plus considerable de ce groupe est connuc sous le nom de Basllan ; situ^e par le 6" degre environ de latitude N. et le 120^ de longitude E. , elle a dans sa plus grande longueur Zi3 et dans sa ])lusgrande lar- geur 22 kilometres. Sa surface , en y comprenant les iles adjaccntes , peul etre evaluee a /j5,500 hectares. ( 312 ) Le d^lroit de Samboanga, large de 3 lieues, la s^pare (le la grande ilc dc Mindanao, la derniorc an siid du groupe des Philippines. L'ne chaine de montagnes basaltiques dont la hau- teur maximum ne parait pas devoir depasscr 500 me- tres constiluc une arete centrale dans la plus grande largeur dc Tile Basilan , dont elle a evidcmmont deter- mine la forme; cette chaine court d'abord de Test a I'ouest jusqu'au Pico alto, point central de Tile , on elle s'inflechit pour suivrc la direction de I'O.-N.-O. Les deux versants s'abaissent en pentes assez rdgulieres, constituant de vastes plaines qui, en se prolongeant jus- qu'a la mer, rejoignent des lagunes ou croissent, au milieu de la vase et des debris de coraux amenes du fond de la mer, le paletuvier ct le manglier, arbres dont une puissante ceinturc cntoure I'lle d'uno palis- sadc presque infranchissable, comme d'une fortifica- tion. l)n nombre considerable de petites lies bordent la cote; les unes , fragments de basalte detaches du noyau principal lors de sa formation , sortent du sein dc la mer en prcsentant leurs flancs abruptes ; les au- tres constituent des surfaces l6gercmentondulees, dont le niveau s'eleve a peine de 2 metres au-dcssus des hautes mardes ; ccs dcrnicres doivent leur existence , comme quelques parties des terres basses de la cole de Basi- lan , d'abord aux travaux despolj piers dont les con- structions calcaires ont cleve jusqu'au niveau des plus hautes eaux ceux des hauts-fonds, qui dans I'origine n'etaient point reconverts par plus de 10 a 12 metres d'eau. Ces constructions ont ensuite servi de base aux depots des detritus de coraux meles dc coquilles rou- lees et de sable oolithique quo la mer y apportait in- { 313 ) cessammeiil ; alors la vegetation, sous un cicl cliaud et hutnide , n'a pas tarde a s'en emparer. Ces iles sont ainsi sorties du sein des eaux par la seule j)uis- sance du flot , et il n'est uuUement necessaire d'invo- quer ici I'liypoth^se d'un soulevement du sol. Les [)e- tites differences de niveau qu'on remarque a la surface de ces iles marquent on ne peul mieux et les degra- dations que leurs cotes ont successivenient subies par I'effot des tempetes, et les reparations que, dans I'etat ordinaire, elles ont regues du mouvenient des eaux de lamer. ' Ces ilots auraient ^te depuis longtemps sans doute reunis a I'ile principale par le travail des zoo- phytes, n'etaicnt les courants d'eau douco qui, sur tous les points ou ils arrivent a la mer , arretenl le developpement de ces aniniaux, dont les conditions absolues d'exlstence sont a la fois , I'eau de mer sans melange d'eau douce , et des profondeurs qui ne doi- vent pas d^passer 10 a 12 mHres , ainsi que I'ont observe MM. Quoy et Gaimard , et que j'ai eu occasion de le verifier sur plusieurs points , la sonde a la main ; n'ayantjamais rencontre a de plus grandesprofondeurs que de petits madrepores incapables de vastes con- structions, et etrangers des lors au genre Astrea, doni lesgrandes esp^ces, varices al'infini, se presenlentdans les hauts-fonds sous la forme , tantot de vastes cornets ou de larges raquettes et de volumineux hemisphe- res, tantot d'immenses ramifications, veritables arbres de pierre , d'oii s'elancent, comme de delicieuses fleurs vivantes, des inyriades d'animalcules, agitant leurs bras, et rellolant ces couleurs inimitables aupres desquelles le plus riche parterre rcsterait terne el sans eclat. ( 31/1 ) Cles lies en voie do formation expliquent claire- ment quclquos falls geologiquos que nous avons ob- serves dans les monlaj^nes du Jura, oii Ion reconnait dans les couches de I'etage desiji;n6 par les geologues sous le nom de corallien , soil des ilots oii les madre- pores fossiles sont encore adherents au sol sur lequel ils ont v6cu, soit des amasconfus de detritus de coraux et de coquUles roules, moles a des sables a grains ooli- thiques; el ce qui complete I'analogie du mode de formation, c'estqu'al'epoquerecul^e ou la mer juras- sique couvrait I'Europe, c'^talent d«^ja les madrepores du genre Astvea et des coquilles analogues a cclles qui vivont actuellement au milieu des coraux de Basilan , qui constituaient les depots coralllens de cette mer. De nombreuses rivieres slllonnent I'lle de Basilan transversalement , et olTrent au navlgaleur une foule d'aiguades commodes. La plus connue estlarlvl^re qui se jette dans la bale de Malouzo. Elle pent 6tre remon- lee a une lleue environ par des barques tirant 3 a 4 pieds d'eau. Lc sol , forme d'un melange de detritus de vogetaux ot d'argile ferrugineuse provenant de la decomposi- tion des roches volcaniques anclennes qui constituent I'ossaluro de I'ile , est doue d'une fertillte prodi- gieuse, a laquelle contrlbuent puissamment les plules deuces et frequentes qui y tombent pendant la plus grande partie do I'annee, plules qui, en rafraichissant I'alr, rendent le cllmal tr6s supportable aux Europeens, et prevlennent une foule de jnaladies propres aux terres Iniertroplcales : aussi le pays passe-t-il pour sain. \ oici le tableau do la moyeniic de la lemperuluro bur la cole do Basilan depuls le 12 jan\ier jusqu'an S fevriei 18/|5 : ( 315 ) ( Mousson til' N.. E. ) A 8 lieiires i(impl('ni''iil de Basihii\ (■oiinn'' d 3<;najiney, les mines de Yacueba ^ Gnindt' , Gasca , etc. ( Voir Bulletin de la Suciete de {; ^o- fjraphie, tome I , n' 5 , p. SyG. ) — L'oiivra{;e de M. Raffenel iie. ilonne n eet ('-{'ard .uiciin OjirapIiip , r. Ill . n' i { , i). i iS. ( 327 ) Apres la mort de M. Huart , M. Rairenel, charge de publier le voyage, s'est habilenient acqnitte de ce devoir. Son recit est interessant. S'U n'est pas dans sa nature d'ajouter beaucoup a nos connaissances geo- grapbiques , il decrlt despays peu connus, il temoigne dun bon esprit d'observation, il excite, il soutient, il satisfait la curiosite , et ne saurait manquer de trouver de nombreux lecteurs — L'auteur a joint au teste un atlas de 12 planches : deux reproduisent le cours du Senegal et celui de la Faleme ; les autres rcpresentent avec une remarquable verite des figures et des costu- mes de diverses peuplades qui habitent les rives du S^n^gal. Mais, il faut le dire,le r^sultat le plus satisfaisant de I'exploration de la Faleme et de la publication faite par M. Raffenel , c'est peut-etre d'avoir revele dans cet auteur les qualites speciales et bien rares qui doi- vent constituer le voyageur en Afrique : un courage calme et perseverant, de la bienveillance naturelle pour les indigenes, de la patience et de I'adresse dans les relations avec eux , de I'esprit d'observation , la re- solution ferme qui fait braver le peril et supporter la douleur; enfin , avec un caract^re bien trempe , une constitution physique qui parait moins que bien d'au- tres donner prise aux funestes influences du climat : tel se montre a nous M. Fiaffenel. La mani^re dont il juge I'expedition du major Gray et les causes qiu I'ont fait echouer prouve qu'il s'est bien rendu compte des difficultes de Fentreprise qu'il va tenter a son tour et du caractere qu'il convient de lui imprimer. « Les chances de succes dans ces sortes d'expeditions , dit- il , sont en raison directe de la faiblesse numerique dos voyageurs et de la simplicitdi de leurs bagages , » ( 358 ) p. 172. 11 n'y a pas , en parcillo mati6re , do plus grande v6rit6 , il n'v en a pas de plus meconnue. Ce qu'on ne saurait trop louor surtout dans noire voya- gcur, c'est Ic sentiment philanlhropique , c'est I'cilan g^nereux dont il se montrc aninit^ pour la civilisation He rAfriqueetram61ioration du sort des Africains. Les pages qu'il a 6critcs sur ce sujet honorent son coeur el lui vaudront de preeieuses sympathies. Sous de pareils auspices, dans de si nobles intentions , on merite de r^ussir. Tout dans la premiere exploration de M. Raf- fenel, tout dans son ouvrage doit nous inspirer la con- fiance qu'il accomplira avec succesle grand voyage qu'il va entreprendre en Afriqlio. Nos voeux, commevoscon- seils, I'y accompagneront. Puisse-t-il etre pluslioureux que la plupart de ses intrepides precurseurs ! ExTBAiT d'une lottre (tdressee a M. Joimard. Lc rotour de i\I. Lopsius, qui, dans une expe- dition de trois ann^es en Egypte, en Nuhie, au Sinai et en Palestine , n'a pas perdu un seul de ses huit compagnons, nous ramine plus souvent vers vos tra- vaux. L'histoire et I'arch^ologie seront immensement" enrichies par cette expedition , si bien pr^par^e et si sagement conduite. 1,.'^00 magnifiques dessins , des milliers de caiques pris sur les lieux , el lous les ma- nuscrits sont deja arrives. Deux baliments charges des monuments memcs parliront au mois d'avril. M. Lop- sius rapporte des fragments de monun)ents de toutes les dynasties , depuis la h" de Manetlion jusqu'aux Ptolemees et aux empereurs romains au-dela de Cara- calla jusqu'aD^cius. Ces monuments originaux.portant ( 329 )■ des nonis des h\ 5' et 6« dynasties, 3,000 et 2,000 ans avant notre ^re , seront d'une haute importance pour notre Musee ^gyplien nouvellement construit, puisque tout ce qui date avant I'invasion des Hycsos est tres rare , meme a Turin , chez vous et a Londres. Je ne vous parle pas des deux decrets bilingues , co- pies a Philae , parce que vous les avez re^us, je pense, par M. Ampere. La r^colte des images et des inscrip- tions trouv^es dans le pays des anciennes mines decuivre de la p^ninsulede Sinai portant le nom de Cheops, est des phis importantes; on en a pris les platres a AVadi- Magara ; les dehlaiements et plans complets dresses du lahyrinthe, un belier colossal pris au mont liargal avec image et inscription d'Amenophis-Memnon , les grandespierresdu nilomfetre de Senneh avec embleme d'Amenemha-Moris (prouvant que, 6,000 ans aupara- vant, la hauleur moyenne du fleuve etait, dans ces con- tr^es, de 22 pieds plus elevee qu'elle ne Test aujour- d'hui) ; h chambres sepulcrales remontant a la 4* dy- nastie enlevees au plateau de Giz6h, un buste colossal de Horus de la 18' dynastie , les profils d'Am^nophis et d'Ahmes N^tanari , les centaines de briques avec dates, 5 grands papyrus historiques semblables a ceux du Musee britannique, sont des tresors qui devraient vous amener parmi nous. M. Lepsius , avant de com- mencer ses etudes preparatoires egyptiennes, a Turin, a Pise , a Piome , a Paris et a Londres , ne s'etail oc- cupy que de Sanscrit, d'hellenisme , de tables eugu- biennes et de philosophic des langues. Ces gouts philo- logiques I'ont engage dans ce voyage a rapporter des mat^riaux complets sur : l,lalanguecongarades negres de I'interieur ; 2 , la langue nuba en deux dialectcs. II rapportc de cettc langue , qui n'a jamais ele ecrilc. ( 330 ) une vingtaine de chansons et des traductions des fa- bles de Loqmann , el des fragments des Mille et une Niiifs, qu'un Aubien a traduits de I'arabe en langue nuba ; 3 , la langue bega parlee entre le Nil de Nubie et la nier Rouge par le peuplc des Bischari. C'est un rameau de la grande familledelangues caucaso-asiati- ques, li^ a la forme actuelle de I'idiome ethiopien de Meroe. M. Lepsius rapporte aussi , outre les inscrip- tions grecques et sinaitiques, des inscriptions an- ciennes ethiopiennes , trouv^es meme dans les pyra- mides de Meroe , et tracees dans un alphabet in- connu , quelquefois un peu analogue aux caract^res grecs; la connaissance de la langue bega facilitera Tinlerpretation. Celte partie linguistique, si impor- tante pourl'histoire de notre esp^ce, se lie aux curieu- ses recherches de M. Roses, aujourd'hui drogman a Constantinople, que le Roi avait fait sejourner deux ans dans les valines du Caucase , pour y rechercher, dans la langue des Ossetes.les origines du rameau indo- germanique ; dans le Laze et le Mingrelien , les ori- gines du rameau ib^rienou grusien, auquelappartient la langue de I'ancienne Colchide. M. Roses est le fr^re du grand indianiste mort a Londres ; il remplacera parfaitement sonfrere parla gdneralitede sesconnais- sances linguistiques et la vivacite de son talent. C'est un merite sans doute que de faire voyager pour cher- cher, non des plantes et des scarab^es seulement , mais des documents linguistiques. B " i)i; Hlmholdt. ( 331 ) Mort da cdpildine, Fefi^olft. Nos operations geodesiques de la campagnede '18A5, pour la mesure de Tare du meridion , eutre Termoli siir rAdrialique et Capo Passaro en Slcile,ont avance lort pen a cause du mauvals temps qui les a retar- d6se. Le capitaine Fergola , auquel ces operations etaient confiees, a ele loujours contrarie par Ic mau- vais temps , et a fini par en etre la victime. Depuis quelques jours il etait en Sicile, sur le mont qui domine la villo de Messine, pour mesurer quel- ques angles, avec le cercle r6p6titeur de Reichen- bach, de 12 pouces de diametre, lorsque , le 25 no- vembrel8i5, I'orage le forga de se retirer dans une vieille chapelle situee au sommet de cette montagne , et qui a encore sa couverture ; il se placa sous la porte d'entree pour regarder la grele qui tombait en abon- dance, accompagnee d'un vent impeluoux. Dans cette position, la foudre vint le Trapper directement, tra- versa son corps, qui a I'instant tomba sans vie sur le pave. Les soldats qui etaient peu loin de lui furent tous terrasses ; mais apres ils se releverent sans avoir soufTertle moindre mal. Cela arriva presque une heure avant le coucher du soleil. Le cadavre de M. Fergola ay ant et^ examine , on trouva le cerveau , le coeur, les poumons, et presque tous les vlsceres du bas-ventre tout-a-fait dessecbes. Son uniforme fut brule ; niais la montre qu'il avait dans sa poche n'avait rien soulfert , car elle marchait encore rcgulierement. L'argent qu'il avait sur lui n'a- vait non plus soufTert aucunc alteration. Les instru- ments, les registres , les papiors , tout enfm, la foudre I'avait respecte. ( 332 ) Le bureau topograpliicjue a Init une perte ties grande dans M. Fergola. Tr^s instruit dans les math6- maliquos et dans rastronomie , 11 possc^dait la theorie et la pratique de la geod^sie a un degr6 bien 6lev^, et je crois que personne en ccla ne le surpassait. Notre bureau topograpliique ressentira beaucoup la perte de 1\I. Fergola pendant quelque temps. D(^ju des opera- tions g(^0(!6siques qu'on avait projetees pour cette annee 18A6 ont du etre differ^es , et particuli^rement la triangulalion a travers I'Adriatique pour unir la Dal- matie a la Pouille. [Extruit d'une letlre du general f^isconti , 8 rnai 1846.) (arte dn joyaume de Naples. Dans I'annee courante , on continuera la triangula- lion du 1" ordre sous le meridien Termoli-Capo-Pas- saro. Le leve de la carte topograpliique inilitaire de la frontiere, al'echelle de 1/20000% avance toujours,mais un peu ientement, a cause du nombre tr^s born6 des opdratours sur le terrain. Les travaux ordinaires de gravure avancent aussi, mais pas autant que je le de- sirerais, parce que, lr6quemment , des travaux ex- traordinaires occupent les graveurs. La carle reduite de la M6diterran6e , en trois grandes feuilles , a et6 pu- bli6e depuis quelque temps, etc. ( Extrait d'une lettre du general Visconli. ) Note sur le Guaco. 9 L'eiijploi du guaco comme reuiede curatik contre les morsures ou les piqiires d'animaux venimeux est ( 333 ) sans doute un fait pr^cieux , et deja reconnu depuis M. de Humboldt ; mais je me crois bien foiid^ a y ajou- ter la consideration suivante , a savoir, qu'avec I'ex- trait du jus du guaco de I'espece que j'ai trouvee dans le Darien ( ot qui exisle certainement aussi dans d'au- tres contrees voisines de I'equateur) , on peut gaian- tir PAR AVANCE tout liommo , voyageur ou colon , des effets qui resultant d'ordinaire de la morsui'e ou de la piqure de quelque insecte venimeux que ce soit , tel que Ics maringoiiins tropicaux , les scorpions, les mille-pieds , une espece d'araignee noire , longue et large de 6 a 8 centimetres , etc. Pourcoucher tranquille chez soi , dans les forets , sur les bords des rivieres et surtout pres des marais, il ne faut que s'inoculer le jus du guaco , extrait de I'espece dont j'ai eu I'honneur de vous pai-ler. C'est ce fait nouveau, que j'ai constate par des experiences u^iter^es , tant sur moi-meme que sm^ le corps d'autrui, qu'ilpeut etre utile aujourd'hui de faire connaitre aux voyageurset aux colons iVan^ais qui, pour cesser de souffrir ou se livrer sans crainte a des explorations dans des contrees infest^es d'inscctes malfaisants, n'auraient qu'a subir une petite opera", tion analogue a la vaccine , et qui n'entraine d'autres suites qu'une courte indisposition fi^vreuse. Quant au Cedron , j'appellerai de meme un examen et des experiences pour con firmer I'opinion , d^ja certaine pour moi , sur ce fruit tres abondant, qui pourrait remplacer avec avantage, meme dans son etat naturel , la quinine la mieux preparee. Ce serait une economic enorme, meine seulement a vertu egale, et les bienfaits de ce febrifuge se multiplieraient et se propageraient des lors par toute la terre. Hellert. ( 33/1 ) Aole .v///' /e Mocnii. Le Visnea mocanera est un arhrc ilo haute lulaiequi croit spontan6ment dans les forfits des iles Canaries. Les anciens habitants de cet archipel le connaissaient sousle nom de Moian, par lequcl on le d6signe encore de nos jours. Les fruits du mocan sont des bales d'un noir rongeatre de la grosseur de petites cerises; leur chair contlent un sue ashlngent avec lequel les Guan- ches composalent leur fameux Chachen^uen, espfece de baume dont lis lalsalent grand cas pour guerlr les bles- sures, et qu'ils emplovalent interleuremeut comme un puissant curatlf centre nne maladle epldemlque qu'ils appclaiont la Morlora. M. le D" Savlfion, profes- seur de physique a I'LIniverslt^ de San Fernando de la Laguna, eut le premier I'heureuse Idee d'omployer le sirop de mocan dans le trallement de rhemoptysle , et ses experiences furent couronn^es d'un plein suc- ces. La Society medico-bolanlque de Londres a publie dans ses memoires les renscignements que je lul ai fournis a cc sujet. Des gu(^risons radlcales ont et6 ob- tenues apres un traltcnient de quinze jours sur des per- sonnes atteintcs de I'hemoptysie au plus haut degre. Nota, L'ecorce du Cneorum piih>erii/rntuni peut reni- placer le quinquina. Broussonnetlui altribuait des ver- tus plus puissantes. Le Cneonun pnhemlentitm est un arbuste de la famille des Ter6binthac6es qui croit tres abondamment dans la pariie merldlonale de I'ile de T(§n6rirfe. L' est connu des naturels sous le nom do JJenn hiiena et de IJcnii sruihi. Les ancirns (.anaricns I'appelaient Ori.vama. Behthei-ot. ( 335 ) DEUXJEMK SECTlOi^. Actes de la Societe. KJtTRAIT DliS HROCES-VEKBAUX DKS SEANCKS. PniiSIDENCE DE M. DaUSSY. Seance dii 8 niai 18/16. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adople. M. Paul liuot ecrit a la Society pour lui ofTr'ir un exeniplaire de sa Notice sur la vie et les travaux de feu M. Huot,son pere , siiivie d'une traduction fran^aise de la Geograpbie de Pomponius Mela. — M. Roux de Rochelle est pri6 d'en rendre compte. M. le vicomte de Santarem communique une leltre de M. le D' de Mersay , charge par le gouvernement frangais d'une mission dans I'Amerique du Sud ; cette lettre est datee de Rio-Grande ( Br^sil ) le 25 d^cem- bre 18Zi5. M. de Mersay annonce qu'il a parcouru la province de Saint-Paul et celle de Rio -Grande du sud, a la suite de I'empereur, qui a visite, I'annee derniere, les provinces meridionales de son empire. Ce voya- geur, ne pouvant, a cause de I'lHat de guerre de la Plata , se rendre au Paraguay par cette voie , prolitera de la tranquillite qui regne dans celle de Rio -Grande pour la traverser et arriver au Paraguay par la jiro- vince de Corrientes. M. elomard communique la suite du Journal d un voyage geologique dans les deserts voisins de I'Kgypte, ( 336 ) par iMM. Figari ol Husson. — llen\ol au comity du Bulletin. Le infime ineinbie signaie, d'apres une carte ma- nuscrite de M. Hellert, I'existcnce de monuments anti- ques dans I'isthme de Darien, non loin du Rio-Atrato, connus sous le nom d'el Principe; d'autres ruines existent pres des mines de Cano ; enlin un canal creus6 dans le roc, dans rintervalle qui s^pare le Rio- Atrato ilu Rio-Darien. Cos dilTi^rents points m^ritent d'etre recommandes dans les instructions destiniJes aux voyageurs. M. Jomard appelle I'attention sur de nouveaux paits de feu (ho-tsing) decrits par M. Jaubert , mis- sionnaire en Chine, que Ton creuse pour en tirer I'eau salee , et qui donnent en m6mo temps un ga^ tres inflammable. Les sources de feu sont tres con- nues a Tseu-Lieou-Tsing. On se sert du gaz pour l'^- vaporation du sel et pour I'liclairage. Les puits out 5 a 600 et meme 1,000 metres de profondeur, sur 2 de- cimetres seulement de lai'gcur. M. Even communique une carte g6n6rale manu- scrite de I'Abyssinie, de la Nubie et dela mer Rouge , du golfe d'Aden et des pays adjacents , dressee d'a- pres ses voyages et les reconnaissances qu'il a faites de I8/1O a 18i2. W. Rcrthelot annonce que M. Jules Ilier a ra])porle de son voyage en Chine une collection trfes curieuse qui se trouvc exposee dans une des salles du ministere du commerce. II signaie, parmi les objets dont se compose cette belle collection , des ca-tes g(5iographiques colo- rizes, des albums, Jes peintures , des instruments de nmsique, divers produits chimiques et differenles ma- ti6res premieres qu'on pourrail utiliser (mi France; C 337 ) enfin un grand nombre d'echantillons de tissus otd'au- tres objets de I'industrie cbinoise dont les prix , mar- ques sur les 6chantillons, sont tresmodiques, et ^ton- nent tous les visiteurs. M. Rous de Rochelle, rapporteur de la Commission du concours au prix annuel pour la decouvei'te la plus importante en geographic , presente une analyse succincte des principaux voyages ex(icutes dans le cours de I'ann^e 1843 , et il annonce que le Commission a partage le prix entre M. Lefebvre et M. le D'Beke pour leurs voyages en Abyssinie. M. Jomard, rapporteur de la Commission du con- cours au prix fond6 par feu lVI°' le due d'Orleans, pour i'importation la plus utile a I'agriculture, a I'industrie ou a riiumanite, rend compte verbalement de divers objets rapportes de leurs voyages par MM. Hellert , J. Itier , Lallier et Rochet d'Hericourt, et il annonce que la Commission a decerne une medaille d'encou-. ragement a chacun de ces voyageurs. M. le baron Roger fait un rapport sur le voyage dans I'Afrique septentrionale publie par E. Raffenel , ofFicier du corps d'administration de la marine. — Renvoi de ce rapport au coraite du Bulletin, M. Jomard annonce que I'Academie des sciences prepare des instructions pour le voyage deM. Raffenel. AssembUe seneiale du 22 inai 18/16. La Soci6te de geographic a tenu sa premiere assem- blee g6n6rale de 1846 le vendredi 22 mai , a THotol- de-Ville. M. le vice-amiral Halgan , pair de France, directeur gt^neral du D6p6t de la marine, vice-presi- dent de la Soci6t6, occupe le fauteuil en I'absence de M. le baron Alexandre de Humboldt. Parrai les etran- gcrs qui assistaient a la reunion , on remarquait M. le ( S38 ) D' Perron, directeiir rle I'^cole medicale rl'Egyptc, el MM. Abdallah otMoustaphaEITeruli, 6l6ves tie I'^colo ^gyptiennc de Paris. M. Didlot do Mofras, secretaire de la Society , lit le proces-verbal de la derniere assembl6e g^nt^rale , ct communique la liste des cartes et des ouvrages depo- ses sur le bureau. M. le President rappelle les noms des raembres ad- mis dans la Soci^te depuis la dernidre assemblee g6- n^ralo, ot il proclamc I'admission do trois nouveaux candidats. M. Roux de Rochelle , au nom d'une Commission speciale , fait un rapport sur le cours au prix annuel pour la decou'/erte la plus importante en geographic ; il passe en revue les principaux voyages terminus dans le cours de Tann^e 1843, et prdsente une analyse d^- taillee de ceux qui ont paru a la Commission m^riter les encouragements de la Societe. Sur sa proposition , la Societe partage le prix entre M, Lefebvre et M. le D' Beke, pour leurs voyages en Abyssinie, et elle re- serve pour I'annec procliaine les droits de M. Rochet d'Hericourt, dont le voyage au Ghoa n'a ete termine qu'en ISZi/i. M. le President remet a M. Lefebvre I'une des deux rnedailles d'or , et a M. Protais , fond6 de pouvoirs de M, Beke, celle destinee a ce voyageur . Avant do lire le rapport sur lo prix d'Orleans , M. Jomard annonce qu'on vient de faire la decouverte d'un g rand rocher sculpte sur la route de Porto-Ca- bello a Valencia, non loin du village de San Estevan. Le memo membre appelle I'attontion de rassemblee sur la nouvelle carte de France dont la lOMivraison est deposee sur le bureau. M. Jomard fail ensuite, au nom d'une Commission ( :vi9 ) sp^ciale , un rapport sur le concours au prix fonde par feu M*' le due d'Orleans pour rimporlation la plus utile a I'agriculture.a I'lndustrie ou a riiumanil^. D'a- pres les conclusions de ce rapport, la Societe d^cerne quatre medailles d'encouragement a MM. Hellert , Itier, Lallier et Rochet d'llericourt. Malgre les inld;- ressantes communications faites par ccs voyngeurs, la Commission regretle de ne pouvoir accorder le prix , et elle propose de remettre ce sujet au concours. M. J. Itier, attache a la mission francalse en Chine , lit une Notice sur llle de Basilan; mals I'heure avancee ne lui permet pas de communiquer a I'assemhlee un fragment de son Voyage aux iles Philippines. Conform^ment a ses statuts , la Societe proc^de au renouvellement des memhres de son hureau pour I'an- n6e 1846-18Zi7 , et elle nomme : President. M. le baron Walckenaer, secretaire per- petuel de I'Academie des inscriptions et belles-letti'es. y.-Presi(l. MM. Letronne et Guigniaut, memhres de rinstitut. Scrutateurs. MM. Alhein-Montemont et Lafond. Secretaire. M. Philippe Lebas , memhre de I'lnslitut. L'assembl^e nomme ensuite M. Poulain de Bossay, proviseur du college royal de Saint-Louis, a la place vacante dans la Commission centrale. MEMBRES ADMIS DANS L\ SOCIliTE. JssembUe generale du 22 nmi 1846. M. Birr, ecuyer commandant a I'ecole de cava- lerie de S. A. le vice-roi d'Egypte. M. le D' Haag^, medecin en chef de la flotte egyp- tienne. M. Hellert , voyageur. ( 340 j OliVRAOES OFFKRTS A I.A SOClixii. Seance dtt 8 inai 1846. Par M. Theuplule Lefebvre : Voyage en Abyssinie , cx6cut6 pendant les annees 1839, 18/iO , 1841 , 1842 et 1843, par une commission scientifique composde de MM.Th. Lefebvre, lieutenant de vaisseau; A. Petit et Quartln-Dilloii , docteurs-medecins, naturalistes du Museum ;Vignaud , desslnateur; public par oi'dre du Roi sous los auspices de M, le vice-amiral baron de Mackau. 1" partie. Relation hislorique j^ar M. Tb. Le- febvre, president de la commission , tome II ('2" part.). Par M. Tito Onibnni : Viaggi ncll' Africa occidentaie, di Tito Omboni , 1" et 2* cabiers. Milan , 1845. Par M. f^ivien : Journal d'un voyage dans la Tur- quie d'Asie et la Perse, fait en 1807 et 1808. Paris, 1809, 1 vol. in-8. Par M. Jomnrd : Seconde note sur une pierre gravee trouv^e dans un ancien tumulus americain , et a cette occasion, sur I'idiome libyen, lue a I'Acadi^mie des in- scriptions et belles-lettres, le 7 novembre 1845, avec une planche. Lne brochure in-8. Par le meme : Instructions pour les voyageurs et les employes dans les colonies , sur la mani6re de recueil- lir de consei'ver et d'envoyer les objets d'bisloire na- turelle, redig^es sur rinvilation de M. le ministre de la marine et des colonies , par I'administration du Mu- seum royal d'histoire naturelle. 4'' edition. Paris, 1845. Une brocb. in-8. Par M. Paul Huot : La vie et les ceuvres de J.-J.-N. Huot, conlinuateur de Malte-Brun et p6re de I'auteur. Versailles, 1846. 1 vol. in-8. BULLETIN I)E LK t f SOCIETE mi GEOGIAAPHIE, juiN 1846. PREMIERE SECTION. MfeMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Rapport /rt/V h la Societe fie geographie par M. Roux DE RoCHELLK , sur line traductinn de In Geographie de PoMPONius !\yi,.\ par M. Nicolas Huot. Sl'aiirr (ill 'i jiiiii I g^Ci Le tableau du moiide , lei qu'il a die trace par Pom- ponius Mela dans son ouvrage intitule Be situ arbis , nous olTre un resume des connaissancesgeographiqucs des Romains sous le regne des premiers Cesars. Get auteur est beaucoup moins (^tendu que Strabon, qui florissait peu de temps avant lui; mais il eul peut- etre , lorsqu'il parut , un plus grand nombre de lec- tetirs. Les livres tres volumineux sont plus rarement consulles, et la geographie se trou\ait mise dans celui- ci a la portee des gens clu monde. Pomponius Mela eut I'art de joindre a scs notices geograpbiques un grand nombre de lails, on de traditions empruntees V. JUI^. I. 23 ( 342 j de riiistoiro , de la fable, et de di(T(^rcnles crojanccs qui 6taient alors ropaiulups sur Ics pouples les muins connus et les plus barbaros. Ces episodes , disperses dans son ouvragc , en rendent la lecture plus atta- chante , et coupcnl la s^chcrosse des descriptions; ils n'appartienncnt point au roman ; car I'auteur a sou- vent soin de mettre ses lecteurs en garde contreles re- cits qui lui ont 6t6 faits; il prescnte sous la forme du doute les traditions qui lui paraissent fabuleuses. On peut d'ailleurs remarquor que plusieurs plieno- m^nes, anciennement regard^s comnie des prodiges , s'expliqueraient de nos jours d'une manicVe naturelle, Les progres de la physique et des autrcs sciences ont bien reduit I'empire du merveilleux ; et pour dissiper un grand nonibre d'erreurs ou de prejug^s , il a sufli de niicux observer les faits. M. J. -J. Nicolas Iluot a rendu a la science un service important, en publiant la traduction qu'il a faite de I'ouvrage de Pomponius Mela , et en 6claircissant par les notes nombreuses et instructives qu'il y a jointes un grand nombre de passages, les uns alteres [)ar des copistcs , les aulres obscurcis par le temps. La plupart de ces difTicultes tienncnt aux frequents embarras de la geographic comparee. On nc reconnait plus aujour- d'liui remplaceraent d'un grand nombre de villes. Les noms de lieux ont change , ou ils se sont tellement denatures que Ton se trompe aisement sur leur appli- cation. Co labyrinthe neanmoins ne parait pas inex- tricable , grace aux rechcrches de quelques savants modernes, au nombre desquels M. Huot a pris une honorable place. Ses notes sur Pomponius Mela sont .souventdes dissertations lUendues sur quelques pheno- nienes de la nature, sur plusieurs lies, produilcs par ( 3A3 ) des eruptions volcaniques , sur clifTerentes preuves des anciennes invasions de I'Ocdjan , sur des ties flot- tantes , sur la situation des iles Electrides , sur quel- ques productions remarquables de I'Asie, sur plusieurs especes d'animaux mal observt^is, et qui ont fait croire a I'exislence de quelques etres fabuleux et a de mons- trueuses classes de population. M. Huot a inontr^ que souvent les traditions les plus etranges tenaient par quelques points a la verite , et qu'on pouvait encore Tentrevoir a travers les allegories et les voiles dont elle s'^tait envelopp^e. Plusieurs voyages , entrepris par les anciens , pour determiner la forme des continents ont ete analyses par M. Huot , et ce g^ograpbe s'est particulierement attache a ceux qui avaient eu pour but de reconnaitre les cotes meridlonales de I'Afrique, Pour mieux apprecier le degre de merite de I'auteur dont il s'est rendu I'inlerprete , nous allons suivre Pomponius Mela dans la marche qu'il s'est tracee , et parcourir les differentes contrees dont il nous a donn6 une description sommaire. D'abord il considere dans son ensemble chacune des trois gi'andes parlies dont se compose le nionde des anciens. L'Asie comprend tons les pays situdis a Test duTanais, du Pont-Euxin , de la Mediterranee et du Nil. Cependant, selon d'autres geographes dont I'o- pinion a prcivalu , ce n'etait pas le cours du Nil , mais c'^tait le golfe Arabique qui scparait I'Afrique de I'A- sie. Quant a I'Europe, elle comprenait tous les pays situ^s au nord de la Miditerrant^e. Apr^s quelques observations generales , Pomponius Mela passe en revue les (lilTerenli's regions que baigne ( Uh ) celte nicr int^rioure, en commencant par les cotos so[)- tontrionales de lAliique. Ce futlorsque Ilcrculc cut sopare los inonts Calpt et Ah via que les eaus de lOcean se precipiteront dans Ic bassin do la Miljditeiranee. La Maiiritanie, oii regnait Aiitoe, occupe un vaste lerrltoire, et les regions inte- rieures en sont sablonneuses et pen connuos. La Nu- midie, beaucoup molns grande , est plus riche et micux cultiv6c Sa princlpale \ille est Cirla , ([ui Tut opulentc sous le r^gne de Syphax. On voit dans I'inte- rieur du pays , et assez loin du rivage , des debris fos- siles de poissons et de coquillages , qui altestent que cette contree fiit autrefois ( ouverte par les eaux de la mer. L'Afrique propremenl dite s'elend depuis le cap MetagnniLini jusqu'aux autels des Philencs. On reniar- que au nombre de ses vilies Hippone.Rusicada, I tique, Carthage, Hadrum^te , Le[)tis : le hic Triton est situe pv6s de la petite Syrte , et les Lotophagcs habltaient entre la petite Svrte el la grande. La Cyrt^naique ren- iermait dans une de ses oasis I'oracle d'Animon. On trouvail dans ses regions interieuiesdespeuplades sau- vages et des troglodytes : des traditions fabuleuses y avaient fait eonfondre avec la race huniaine plusieurs espc'ces d'aniniaux sauvages, que sans doute on iTavait pas vus d'assez pres pour les hien juger. L'ftgypte doit sa fertilitd aux debordenients du Nil. Poinj)onius Mela } reniarque les Pyraniides , le lac .MoM-is , le labyrintlie , Tile flottantc de Chominis, le culte du bceuf Apis; il cite letat llorissanl des vilies (le Peluse et d'Alexandrie. Cc geographe passe ensuile aux contr(^es occldenta- les do I'Asic; il parcourl rapidenienl I'Arabio . qui f 3Zi5 ) produit Icncens et les plus preci'eiix aroiunles; la Ba- bjlonio, fameuse par les grands travaux de Seinira- mis ; la Phenicie, ou Ton inventa I'ecriture alphabe- tiquo , et ou fleurirent les arts et la navigation ; Tyr, anclenneinent sitiiee dans uno ilo , qu'Alexandie unit au continent; le mont Amanus,qui separe I'Antioeliie et la Cilicie. Mela remarque , sur la cole nierldionale de I'Asle- Mineure , la caverne de Coryque , ou Ton enlend des bruits etranges , causes par la chute dun torrent; la grotte du Typhon, oil les animaux sont asphyxias ; le mont de la Chiinere, qui avalt eu plus anciennement des Eruptions voicaniques. On trouve sur les cotes occidentales de I'Asie-Mi- neure Halicharnasse , ou Art^mise erigea a Mausole un tombeau que Ton regardait conime une des nier- veilles dumonde; Milet, qui fut la patrie de Tliales et d'Anaxiinandre ; tphese , fumeuse par le temple de Diane; Pboc(^e , d'ou Marseille tira son origine ; la Troade . ou Ton trouve encore les monuments d'lJion et le theatre des combats chant^s par Homere. On reconnait ensuite, le long des rives de IHelles- pont et de la Propontide , Abydos , Lampsaque, Cyzi- que, Chalcedoine , oil un temple consacre a Jupiter fut fonde par Jason. Apres avoir Iranchi le Bospbore , on remarque sur la cote septentrionale de I'Asie-Mineure la ville d'H6- raclde, la fontaine d'Acberuse, qui communique, dit- on , avec les enfers , Amisus, Synope , patrie de Dio- gene ; le ilouve d'Halys, celui de Thermodon , sur les rivves duquel rcgndrent les Amazones, et les \ill(>s de Cerasonte et de Trapesontc. A I'orieiit dii Pont-Euxin , on reiiconlie I't'inbou- ( 346 ) chure du Pliase, ou fut batie une ville du mfiine nom; et sur la cote septentrionale de cetle mer sont les villes de Phanagorie el de Cimt^rlum. Mela arrive en- suite a 1 'embouchure du Tanais, qui descend desmonts Ryphecs , au-dola desquels les terres s'inclinent vers I'ocean septentrional. Les regions ou prennent leurs sources les princi- paux fleuves d'Europc, qui s'ecoulent vers le midi, (itaient alors si peu connues, qu'on nc pouvait donner aucune notion precise sur les mceurs de leurs habi- tants, et que meme on y pla^a pendant longteinps des etres fabuleux. Pomponius \l6la se borne a ren- dre coinpte de I'opinion de ses conteinporains sur quelqucs faits qui ont dii 6tre relcgues depuis au rang des fables. En quittant la Scythic, il suit les cotes orien- tales de I'Europe et il entre dans la Thrace, dont les principaux fleuves sont I'llebre et le Strymon : I'lle- mus etle Rhodope en sont les monlagnes les plus c^- l^bres. On reinarque sur les cotes du Ponl-Euxin , situ^cs au midi des embouchures de I'lster , les villes de Mes- sembrie, de Salmidesse , de Phinopoli ; Byzance est k I'entr^e du Bosphore ; Scilymbric, P6rinthe, sont sur les cotes de la Propontide; Sestos est dans la Chersonese de Thrace , et ce fut sur le detroit voisin que Xerc6s jeta un pont pour passer d'Asie en Europe. Pomponius M(^la suit toutcs les inflexions de la cote de Thrace et cellcsdes bordsde la mor Egee; ilremarquc le mont Athos , Potid^e , ancienne colonic d'Athones ; Pella, ou naquirent Philippe et Alexandre; les monta- gnes et les villes qui ont laissc un nom dans Ihisloire ou la mythologie : il suit les cotes du Pdloponese , de TAcarnanie , de I'lllyric, parcourt les doul)les rivages ( 347 ) del'ltalie, ceux de la Gaule narbonnaise jusqu'aux Pyrenees, et ceuxde I'Espagne cil^rieure jusqu'au pro- montoire de Calpe, pies duquel sont situees Tingen- tera et Mellaria. Pour completer son voyage dans la Mediterranee, dont il vient de suivre les cotes, Pomponius M6la passe en revue les lies qui y sont situees , en cominenQant par les regions orientales. II parcourt les principales lies de la mer l^lgee , les Sporades , les Cyclades , Rhodes, Gliypre , I'Eub^e , la Crete , la Sicile , la Sar- daigne , la Corse , les Stoechades , les iles Baleares ; et il joint a plusieurs de ces articles les incidents qui lui paraissent les plus remarquables , et les ph^nomenes naturals qui peuvent r(^pandi'e plus d'inl^ret sur ses r^cits. L'auteur passe ensuite sur les cotes de I'Ocean, qui enveloppe le monde connu des anciens, et avant de commencer ses descriptions geograpliiques, il rappelle quels etaient les doutes et I'opinion de ses contempo- rains sur I'origine du flux el du reflux. Les uns suppo- saienl que le monde etait un animal qui attirait et re- poussait les eaux par un mouvement alternatif d'aspi- ration et d'expiration ; d'autres presumaient qu'une caverne immense ouverte au iond des mers les en- goulTrait et les rejetait tour a lour; d'autres, enfin , atti'ibuaicnt a la lune la cause de ces grands mouve- roents, qui correspondent en effet ti ses phases et a ses revolutions. En parcourant les cotes d'liispanie et de Lusitanie , Mela rencontre du midi au nord le Betis , I'Anas , le Tage, le Durius, le Mlnius; il suit d'occident en orient les cotes de Cantabrie , et parcourt en remontant vers le nord celles de la Gaule , qui se courbent ensuite ( 3/i« ) rers I'oucst jusqu'a la polnte de I'Armorique , d'oh elles se dirigcnt vers les l)ouches du Rhin. Cne esquissc de la Germanie succede a celle de la Gaido : on inen- tionne la vaste ^tendue de la forOtllorcjnle ; on nomine les principaux flenves de celte grande contree, born^e au nord pai" le golfe Codanus , qui se prolonge d'occi- dent en orient. La Sarmalie s'etend a Test de la Germa- nie, jiisqu'auxvastesconlrees babitees par lesScytlies. Parmi les iles de I'Occan occidental que Ton viont de parcourir, depuis les colonnes d'Hercule, on remarque I'ilc de Sena , oil so trouvait un oracle gaulois, dont neut Druidesses etaient les interpreles; lesCassiterides, renonimees par leurs mines d'itain ; la Grande-Breta- gne surlout , rcmarquable par ses excellents palurages et par I'esprit belliqueux de ses babitants , ann^s comme les Gaulois, et combattant a pied, a cbeval , ou sur des cbars; I'ile d'llibernie, qui nourrit aussi un grand nombre de troupeaux; rarcbipel des Orcades, celui des Hemones , la Scandinavie , qui etait alors consid^ree comme une ile , et Tbul<^ , oii se ternii- naient au nord-ouest les connaissances geograpbiques des anciens. On n'avait alors aucune notion sur les extremil6s orien tales de I'Asie. Les terres que baigne I'ocean In- dien etaient plus fr^quenlees; on connaissait la Cber- sonese d'or , la Taprobane , les boucbes du Gange et de I'hulus , le [)ays des Gangarides, les bords du Tigre et de I'Eupbrate, les cotes d'.Arabie, donlles Sab^ens cccupaienl one partic. Quant aux regions intericurcs el meridionalesdel'E- thiopie , il elait si difficile d'y penctnr qu'on ne j)ou- vait avoir que des notions erronees sur leurs produc- tions et sur leurs babitants. L^s (^-crivains anriins b-s ont ( 3/,9 ) orclinaireinent peupl^es d'etros iniaqinaires ; d autre s les ont considerees conime inluibitablos. Nous nous sommes deja cxprim^s, au coinmonce- ment de ce rapport, siir le nierlte des notes qui acconi- pagnont la traduction de Pomponius Mela par M. lluot. II appartenait a un savant si distingue de se charger d'un tel travail , ct de rapproclier ainsi la geograjihie ancienne et nouvelle. M. Huot a continue de justifier dans cet ouvrage la reputation qu'il s'etait acquise. Aide do son commentaire , on lit le texle avec beau- coup plus de fruit : les passages qui paraissaient obs- curs s'eclaicissent , et nous croyons qu'une saine cri- tique a dirig6 habituelleinent le traducteur dans I'iin- portant travail qu'il a public sur Pomponius M6la. AlN'ALYSK HISTOUIQUE ET GEOUR.VPIIIQUE (i llll OlU'Idge ill' M. Le Pelletier de Saint-Pvemy , mr C He tie Sai/it- Domingne Par M. liriDX IIF ROCUKLLE. Jjiie dans l.n seance ilii 19 jiiin lS^6 Un ouvrage que M. Le Pelletier de Saint-Piemy vient de publier sur Saint-Domingue doit naturelleinent ex- citer en France un vif interet. Cette colonic avait (^te longtemps florissantc ; plusicurs villes du royanme de- vaient a son commerce leur prospi^rite : de riches plan- teurs venaient , aprts unc longue expatriation , jouir de leur fortune dans la metropole. Tout-;'i-cou[) la scene change : Texplosion de la revolution francaise s'cst fait sentir dans les colonics ; le mot de liberie a ete ( 350 ) enlendii et re^pete par la population esclave , qui court a la vengeance contre la plupart des maitres : la sedition vient a s'^tendre; elle gagne de proche en proche toutes les parties de la colonie ; et le premier sang que Ton a verse accoutume au raeurtre , et aniene une guerre d'extermination. Quelque penible qu'il soit de remettre sous nos yeux des scenes si dechirantes, il est utile d'en conserver la m^raoire a la posterile , de I'eirraver du tableau de tant d'intortuncs , et de ramener sans cesse les esprits a des pi'incipes dc moderation et d'humanit^. On re- trouve dans I'ouvrage de M. de Saint-Remy celte g^n^- reuse tendance : il ne cherche point a revenir sur un ordre de clioses devonu irrevocable ; mais il desire pouvoir le concilier avec les interets de I'ancienne mi- tropole. Avant d'aborder un sujet si important et si difficile, I'auleur remonte, dans son ijitroduction , au premier partage fait enlre les Espagnols et les Portugais , de leurs possessions dans les deux Indes, et a la fondation des compagnies qui furent successivement etablies en Hollande , en Angleterre , en France, pour dtendre leurs acquisitions et leur commerce dans ces regions eloignees. Les Hollandais donn6rent le premier exemple dc ces associations : il s'en forma plusieurs dans les pro- vinces unies ; elles joignirent ensuite leurs ressources, et ce contrat d'union cut lieu en 1602. Leurs vues s'etaient dirig6cs vers les Indes orientales; mais il se forma aussi en 1621 unc compagnie hoUandaise des Indes occidentales. Une society des marcliands de Londres tcnta bien- t6t quolques expeditions dans la mer des Indes ; ses ( 351 ) premiers voyages la inirent en credit, et augmenterent bientot le nombre de ses actionnaires; niais elle ne fut v^ritablement constituee d'une manierc solide el pcr- inanente qu'en 1669, sous le regne de Charles II. Les possessions territoriales qui furent acquises par cette compagnie separtageaient d'aborden trois circonscrip- tions, celle de Bombay, de Madras, de Calcutta; mais elles se fondirent ensemble en 1702, et la com- pagnie devint dans la suite un corps politique, qui a conserve jusqu'a nos jours Ics principaux elements de son organisation primitive. Au commencement du xvii'' siecle , il se forma aussi en France plusieurs associations maritimes et commer- ciales, enlre lesquelles on peut remarquer celle qui fut 6tablie en 1626 , sous le nom de la Nacelle de saint Pierre fleurdely see. Cette societe n'avait pas les fonds necessaires pour entreprendre de vastes operations; mais il s'en forma deux autres qui , 6tant moins aven- tureuses dans leurs speculations, avaient plus d'ele- mentsde succes. L'une 6tait la compagnie du Canada, chargee de coloniser cette contree ; I'autre etait une association qui avait pcur but de jouir du commerce des Antilles, et d'y faire de nouvelles acquisitions. La compagnie de la France equinoxiale fut creee en 1663 ; et I'annee suivante , ces associations particu- li^res furent absorbees dans la compagnie dcs hides occidentales , qui embrassa les did'erentes parties de TAmdirique. Dans la meme annee , et sous le ministere de Col- bert, une nouvelle compagnie fut formee pour lecom- merce des Indes orientales. Le Roi prcsida lui-mcme I'assemblee ou furent etablies les bases de son organi- sation. f 352 ) Chacune des diff^reiites associations que Ton avail cr^^es en IloIlanih> , eii Angleterre , en France, cut son utility pour les htats dont elles dependaient , et dont elles agrandissaient r^elleinenl le commerce el la puissance. Ces compagriics attirerenl a elles, dans le xvu' el le xviii* siecle , un nombreux concours de speculateurs et une grandc quantity de capitaux; mais nous n'avons pas a comprentlre dans notre analyse ce genre d'op6- rations, et a nous entretenir des questions d't'conomie publique qui peuvent s'y ratlacher. Quelqu(>s viK's adminislratives, que M. Le Pelletier de Sainl-Ilemy expose dans son introduction , le ra- menent aux interets haitiens dont il d«^sire s'occuper, et il s'arrete d'aboid aux premiers temps de la colo- nisation de Saint-Domlngue. Celte ile , decouverto par Colomb le 6 decembre 1492 , attira bientot par sa fer- tility et ses rlcliesses une population nombreuse ; mais eel accroissement s'arreta , lorsque les conqufites des Espagnols sur le continent americain eurent ouvert aux speculateurs un plus vaste cbamp. En 1630, quelques aventuriers normands , forces d'abandonner I'ile de Salnl-Christophe, ou ils s'6taient 6tablis , se refugierent , les uns a Antigoa , les autres dans la petite ile de la Torlue , \ers la cote nord-ouest de Salnt-Domingue. Les boucanicrs et les flibustlers, auxquels ils s'associerent , se rcpandlrent bientot duns la Grande-Terre ; ils se bornaienl a en occuper les ri- vages , sous le noui de Fiercs do In cole , et leur popu- lation s'elendit de proche en procbc, d'un cole ju.s- qu'au cap Monte- Chrislo , de I'autre jusqu'a I'extr^- mit^ occidentale. Ces flibustiers ne s'occupcrent plus exclusivement dc la course ; ils se livrerenl aussi a I'a- ( 353 ) gricultiire, ils s'attaclierent au sol, el la compagnie des Indes occidentales etablit avec oiix des relations de commerce en 1698. La canne a sucre etait alors cullivee depuis plus d'un si^cle dans plusicurs ilcs des Antilles. On sait que les Arabes I'avaient intioJulle dans le midi de I'Eu- rope , et qu'elle avail ete succossivement Iransplanlee a Rhodes, en Sicile, en Espagne , d'ou elle avail pass6 a Madere, aux Canaries et en Amerique. Le tabac 6tait une des productions du Nouveau- Monde. On y trouva le cotonnier et I'indigotier , qui croissent egalement dans les Indes orientales : la cul- ture du cacaoyer etait indigene, et celle du cafier, dont les premiers plants avaient ^te portes a la Martinique par Desclieux, fut ensuite pratiquee a Saint-Domin- gue. Les recoltes de toutes les denrt^es interlropicales se multijdierent rapidement et devinrent la source des richesses de cette colonic. Les flibnstiers, devenusplan- teurs, ne s'armaicnt plus que pourdefendre leurs pos- sessions ; ils furent longtcnips en gTierre avec les Espa- gnols; et au milieu de res hostilites , ils s'etendirent dans toute la partie occidentale de I'ile. Les limites des deux territoires ne furent fixees qu'en 1777, par une convention conclue enlre la France et I'Espagne. Quoique los deux colonies, formees dans la meme ile, fussent souvent en etat de guerre, cependant il s'^tait otabli enlre elles des relations de commerce ; mais leurs ressources , compardies I'une a I'autre , etaienl tr^s Inegales; el a mesure que la colonie espa- gnole d^perissait, celle de France s'elevait a un etat florissant, qu'elle devait a I'activite de sa culture. On evaluait, en 1790, la population blanche de noire colonie a 38,360 babilanls, celle des horames f 354 ) de coiileur a 8,370 , ct celle des noirs a /|55,000. Cette disproportion entre les deux couleurs extremes expli- que les perils dont la population blanche allait bientot fetre monaci^e. La culture des colonies fran^aiscs avail ete com- mcncee par des blancs , que la compagnie des lies d'Amerique faisait passer aux Antilles , et qui , n'ayant pas pay6 le prix de leur tryvers^e , s'engageaient a servir la soci6t6 pendant trois ans. Mais les prin- cipaux moyens de travail I'urent bientot fournis par la traite , qui se pratiquait deja sur les cotes d'Afrique vers le milieu du xv* siccle, et qui sulvlt de pros I'ar- riv^e des Espagnols dans le Nouveau-Monde. Le sort des esclaves dans les colonics francaises ne fut longlemps regie que par des mesures administra- lives; et ce fut sculement en J 685 qu'il fut fixd par un edit, emane du gouverncraent, et generalement d6si- gne sous le nom de Code noir : cet 6dit fut rendu sous le niinisl6re de Seignelay, fils de Colbert ; et M. Le Pelletier de Saint-Reniy en a inscre dans son ouvrage quelques unes des principales dispositions. La condition des noirs fut aggravee dans le cours du xvui' siccle, par dilferentcs ordonnances • i ten- daicnt a separer davantage la caste des blancs de celle dos liommes de couleur; ct comme la traite augmen- tait cliaque annee le nombi'e des noirs , les colons cbercherent a conserver leur suprematie , en s'dtayant de la force de I'opinion et de I'appui du gouverne- ment. En 1789, et d^s qu'on cut convoque en France les Etats-g(in6raux , la colonic dc Saint-Dominguc jugea qu'elle avait le droit d'y 6tre represcnl6e; elle nomma une disputation : les aulres colonies francaises suivirent ( 355 ) cet exemplc, et la constitution de 1791 fua le nombre (le leurs d(!;pules. • Mais le mouvement imprim6 en France par la revo- lution se faisait encore j>lus violemment sentir dans les colonies. Ln decret du 8 mars 1790 avail appele les afTrancliis ou leurs descendants au partage des droits politiques; un autre decret du 15 mai 1791 assura aux hommes de couleur la jouissance de ces memes droits : I'insurrection des noirs devint generale ; et leur alliance avec les afTrancliis fut signalee par les massacres d'Ouanaminthe et par des devastations. La Convention nalionale envoya pour comniissaires a Saint-Domingue Sontonax et Polverel ; mais ceux-ci ne s'accordaient point avec le gouverneur-general de la colonic: la guerre se propageait autour d'eux; elle 6clata avec une nouvelle fureur , lorsque Son- tonax eut proclame, le 29 aoiit 1793, raffrancliisse- ment general des esclaves. Les Espagnols profit^rcnt de ces soulevements pour faire une invasion dans le nord, et les Anglais en firent une sur les cotes de I'oucst; mais les Anglais furent repousses en plusieurs rencontres par Toussaint-Lou- verture , et les Espagnols ie furent par le general Des- lourneaux. Toussa nt etait devenu I'horame le plus considerable de la colonic. Ancien esclave d'une habitation du comte de Noe, il avait pris part aux premiers mouve- ments de I'insurrection des noirs , et s'etait eleve dans leurs rangs aux premiers grades militaires : il avait discipline leurs troupes , avait defait le parti des hom- mes de couleur, command*^ par Rigaud , s'etait affran- clii de tons les obstacles qui pouvaient entraver son autorile, et avail dlude d'entrer en arrangement avec ( 356 ) les coininissaircs de la mc'tropole , lorsque , apr^s le 18 brumairc , il Tut maintenu par 1(^ j>roini(M- consul dans le grade do general en chef (jul avail d(^ja assurd sa diclature. L'acte le plus romarquable de son gouvernenient fut lexpidltion militaire qu'il entreprll pour s'cniparer de la partie espagnole de Sainl-Dom'mgue : son projct r^ussit, et son frerc Paul Louvcrture fut place, le 22 fevrler 1801 , a la tete de cette administration. Mais la colonic allait devenir le th<^atre de plusicurs ev6nemcnts plus reuiarquables : le premier consul voulait la faire rentrer sous la domination de la France ; et lorsqu'il eut sign6 en 1802 le traits de paix d'Amiens, iMie flotte de soixante voiles appareilla pour Saint- Doniingue. Elle avail a bord douze millc liommcs de troupes , commandes par le capitainc-g6neral Leclcrc , el elle devail sc partager en quatre corps, afin d'atta- quer a la fois le fort Dauphin , le Cap, le Porl-au- Prince et Santo-Domingo. Le debarquement eut lieu sans obstacle; mais, au premier signal des hostilitt^s, Christophe , un des chefs de I'arm^e coloniale , fit incendier la ville du Cap; Des- salines mit le feu a Saint-Marc, a Porl-an-Prince , a I.cogane, el continua de proscrire la population blan- che. Christophe et Dessalines , apres avoir eprouve quelques echecs , se soumircnt au vainrpieur, et lors- que Toussaint-Louverture eut reconnu rinipossibilit^ de r^sistcr plus longtemps , il entra lui meme en n^- gociation avec le general Leclerc , se rcndil au Cap pour avoir avec lui une cntrevue, et se retira ensuile dans son habitation d'Ennery. La guerre avail dure Irois mois , ct toute Tile dc Saint-Doniingue paraissait elrc rendue a la m^tropole , quand la fievre jaunc vint ( 357 ) tout-a-coiip ravagor I'arnKlfe, qui avait 6t^ port^e jus- qu'a-vingt quatre mille liomnies par des renforts successlfs. II ne restait au general Leclerc qu'un petit nombre de troupes , et cet afTaiblissement lui imposait le devoir de menager ses dernl^res ressources. II eut malheu reusement recours a des inoyens d 'intimidation qui ne pouvaienl ni suppl(^er a la force ni gagner les esprits. Toussaint Louvei'tnre fut arrets : on I'embarqua pour la France avec sa famille, et il en fut ensuite separ6, pour etre conduit et emprisonne au fort de Joux, oii il peril au mois d'avril 1803. Des revokes partielles eclaterenl bientot sur diff6- rents points de la colonic. Le general de brigade Po- tion, bomme de couleur, qui avait it6 6leve en France et qui faisait partle de rarm(^e expeditionnaii-e , donna I'exemple de cette defection; Clliristoplie , Dessalines, Boyer, d'autres chefs, suivirent le nieme mouvement. La mortde Leclerc avait fait remettre a Rocbambean lecommanderaent des troupes fran9a:ises;maisquoiqu'i I eiit regu de nouveaux renforts et qu'il eut remport6 quelques avantages, la guerre et les maladies le niirent l)ient6t hors d'etat de tenir la campagne. Renferme au milieu des ruines du cap Francais , ou il avait a lutter conlre la famine et la contagion , il fut reduit a capi- tuler avec Dessalines , et a passer ensuite a bord de la flotte anglaise qui bloquait ce port, et qui ramena en Europe , comme prisonniersde guerre, le general et les troupes qui lui restalent. Leur embarquement eut lieu au mois de decembre 1803, et bientot les chefs mili- laires (ie I'lle de Saint-Domingue proclameront Dessa- lines gouverneur general. Ce nouveau chefparut d'ahord vouloir rncttio un V. juiN. 2. ' 24 ( 358 ) lerme aux dissensions , ct il rappela les lionmies de toute couleur qui avaieiit elti proscrits; mais, au niois d'avrll I80i, on fit main basse sur les Francais qui se trou\ aient encore dans celte lie , et leur population presque cnllere dispaiut. Dessalines, noninie euipe- reur au inois d'octobre suivant, ne de\ait pas long- temps I'egner : cet homme sanguinaire fut assassine deux ans apres sa nomination. Cliristoplio liit pro- clam6 president au Cap; Petion lefut a Port-au-Prince, et son gouvernement fut momentandment d^membre par Rigaud, qui vint en 1810 s'etablir auxCayes, oil il mourut paisiblcment. Lc president Potion vecut jus- qu'en 1818, et le general Boyer lui fut donne pour successeur. Le rcgne de Christophe dans lo nord de File durait encore; mais un soulevemenl mllilaire eclata contre lui en 1820 ; le general Boyer ])arlit de Port-au-Prince pour I'attaqucr, et Christophe, n'csp<^- rant plus conservcr le pouvoir, se tua dun coup de pistolet. Boyer arriva au Caj) on il fut solenmllement recu : on lo proclama president de la rt^publique haitlenne. Bientot il dirigea une expedition contre la partie espagnolc de Saint-Domingue , et il la soumit a sou iuiloril6. La presidency de Boyer dura vingt-six ans ; mais elle ne fut pas exempte de troubles : il se forma dans I'assemblee des reprt^sentants un parti considerable conti-e U: chef de I'l^ltat; et lorsque les principaux m6- contents eurent ete t^limin6s de cette asseniblt^e , ils se lierent plus (!!troitement , ils eurent des conciliabules, ot redig6rent un manifeste oii ils retracerent tous leurs griefs contre le [)ouvoir qu'lls voulaiont ren- verser. Cet actc, date du l" scpteuibro 18V2, fut le pre- ( 359 ) ude tie I'insurrection que I'on I'omentalt sur diirerents points. Deux personnages de la meine famille, H^rard aine et Hei'ard-Dumesle , ^talent a la tete du inouve- meiit : le premier commandait la force arm^e, et il eut avec les troupes de Boyer ou de ses lieutenants trois engagements successifs a Pestel , a Jeremie , a Leogane. Ilerard avait proclamt^ la decheance de Boyer et sa mise en accusation : I'ex-president, se voyant abandonne par son parti, s'enibarqua le 13 mars 18/i3 pour la Jamaique, apres avoir abdiqu^. Le nouveau gouvernement aliait etre plonge dans d'autres embarras inextricables ; il convoqua une asscmblee constituante qui terinina ses travaux le 30 decerabre : Herard aint!; fut pi'oclame president; mais bientot on se souleva de toutes parts contre son auto- rite. La partie cspagnole de Saint-Domingue, ou il s'etaitd'abord fait reconnaitre, prit ensuite les armes pour lui resister ; et tandis qu'il 6tait en marche pour la reduire , deux manifostes furent publics contre lui , I'un au Cap , I'autre a Poi't-au -Prince : Fun proclamait le general Pierrot , commandant de I'armee du nord , I'aulre nommait le gi^neral Guerrier, president de la republique haitienne. La mort de Guerrier eut lieu quelques mois apres , et la presidence fut remise au general Pierrot, qui reunit ainsi les gouvernements du nord ctdu sud. L'autorite de Herard n'avait pas dure plus de quatre mois; elle avait fini par son bannisse- ment, et la Jamaique fut un lieu de refuge pour lui , comme elle I'avait et6 pour son pr^d^cesseur. Apres avoii- (ermine ses observations sur les troubles qui onl si longlemps agite la partie francaise de Saint- Domingue , M. Lepelletier de Saint-Remy jieint la situation de la partie espagnole, et les vicissitudes ( SCO ) qu'elle a 6prouvees, depuis ia cossion que I'Mspagiie en avail faite a la France en 1795, par le lralt»^ de Bale. On voit les contr^es orientales de Saint-Domin- gue, momentan^ment pennies a la republique hai- tiennc, occupees par la France en J 802, lors de I'exp^dition du general Leclerc, envahies ensuitc par les troupes du president Boyer : elles sont , pendant vingt-deux ans , incorporfies a cette r(ipublique ; puis elles recouvrent leur ind(^[>endance , et en 1844 elles se constituent sous le litre dc rcpubliquc domini- caine. Cette derni6re rcivolution eclata pendant la courte presidence de IT^rard : clle fut entreprise par un colon nommd; Santana , qui se niit a la tete des bergers du canton de Seybo, pour faire triompher le parti de I'insurrcction. Ce nouveau gouvernemcnt s'est main- ten u , landis que celui d'llaiti passait d'unc crise a I'autre , que de nombreux m^contents , commandes par Acaau , continuaient de se d^fendre dans les mon- tagnes , et que le g^n^ral Pierrot , rcniplac6 dans la presidence par le general Rich(^ , abdiquail le 2/i tnars 1846, et se rctirait dans son liabitation. La seconde partie de I'ouvrage de M. de Saint-Remy doit etre analysee avec beaucoup moins d'<^tendue : les sujets qu'elle embrasse sont gtsn^ralement Stran- gers aux questions dont s'occupe la Soci6t6 de geogra- phic, et leur discussion est de la coinpSlenco du gou- vernemcnt et de I'adminislration. Plusieurs commissaires frangais furent envoy(';s a Port-au-Prince en 1816, pour trailer avec Potion d'un arrnngemenl snr la cnlonie, doiil ils denianfl;iient tpie ( 361 ) la souverainele f ut coiiseivee a la France : ils echouerenl dans leur mission. Apres la mort de Petion , d'autros agents furent en- voyes pr^s du general Boyer son successeur : lui-meme il fit partir en 182ii des commissaires qui se rendirent en France ; et si leurs negociations ne se tcrininerent pas par un traits, du moins elles sorvirent de prelirni- naire a une ordonnance royale du 27 avrll 1825 , ordonnance qui ouvrait au commerce de toutes les na- tions les ports de la partie fran^aise de Saint-Domin- gue, et declarait que les droits d'entree et de sortie y seraient uniformes pour tous les pavilions , excepte pour celui de France , envers lequel ils seraient reduits de moitie. Saint-Domingue aurait a payer a la France une somme de cent cinquante millions de francs, des- tinee ad^dommager les anciens colons qui reclamaient une indemnity, et a ces cofiditions I'ancienne colonie jouirait de I'independance pleine et entiere de son gouvernement. M. le baron de Mackau , alors capitaine de vaisseau , fut charge de faire accepter cette ordonnance par les Haitiens; il reussit dans la mission qui lui etait con- fiee , et le president Boyer fit enteriner au s^nat ce grand acte d'6mancipation. Le premier terme de I'indemnite promise par le gouvernement de Saint-Dominguo a ete acquitte; mais les quatre autres termes, qui dcvaient etre payes d'an- nee en ann(!!e, ne font pas ete; et les demarches faites pour obtenir de nouveaux paiements n'avaient encore eu aucun resultat, lorsque , a ia lin de 1837, MM. Em- manuel de Las Cases et Charles Baudin I'urenl envoves a Saint-Domingue par le gouvernement tran(;ais , et conclurenl deux Iraites avcc la ropuhliquc d'Haili ; 1 Liii piiui reconiiaitre son independance. el etablir ies bases dc ses relations de paix tt d'ainiti^ av»-c la France; I'aulre pour fixer a 60 millions le sokTe de I'indemnitti encore due par cetle republique , et pour regler le mode de son paienient. Lorsque la Cliambre des d6putes eut a s'occuper de celte question, M. de Las-Cases cntra dans denombreux developpements sur les inolils qui avaient port^ les n^gociateurs a I'eduire a ce taux Tindouinit^ etablie par I'ordonnance de 18^5. Cette question financi^re et celle de la situation economique d'llaiti n'etant pas de noire ressorl, nous nous bornons a renvoyer a cette partie de I'ouvrage de M. de Saint-Reray les lecteurs qui desirent sen occu- per ; et pour rentrer dans notre sphere, nous passons a quelques details sur les ressources et les avantages naturels de la partie orientale de Saint-Domingue , ct a un apercu historique et g^ograpliique sur la pres- qu'ile de Sainana. L'itendue de la partie orientale est dc 3,200 lieues carrees. Les montagnes du Cibao doininent le centre de I'ile, et parmi les plaines ct les valines qui les en- tourent , on distingue a Test la V^ga-R6al , au nord celle de Santiago, au raidi les valines dc Neybo , d'A- zua , do Santo-Domingo. Toutes les cultures des rt^- gions Iropicales peuvent y reussir. On y trouve en abondance les bois de construction et ceux d'ebeniste- rie, le pin, le gaiac, le bois deCampeche, I'acajou. Le sol est arrose par un grand nombre de rivieres ; les montaornes sont riches en min^raux de diverse nature, et les anciens travaux des mines du Cibao ne les ont pas epuisees. Le port fie Santo-Domingo est un point maritime tres important, et la description dc la bai«* ( 363 ) et lie lapresqu'ile de Sainaua mcrite uiie mention s]i6- ciale. Les nibustiersquioccupaientlilede laTorlueavaient aussi dans le xvii* siecle un t^tablissement a Samana : ils le quilterent, et ils y revinrent a plusiours reprises. Le gouvernement espagnol y fit venir, en 175Z|, nne colonie d'Is/e/ios canariens , niais elle ne prospera pas; elle 6tait meme presque abandonnt'e lorsque le conite d'Estaing chercha en 176i a obtenir de TEspagne la cession de ce territoire, et meme celle de toute la cote nord-est de Saint-Domingue jusqu'au Monte-Christo. La presqu'ile de Samana ecliappa longtemps aux troubles dela colonie : ([uelques Francais s'y refugie- rent, et y firent des plantations dont ils jouirenl pendant plusieurs annees. La France y jeta quelques troupes en 1822; niais quarante jours apres elies re- lournerent a la Martinique d'ou elles etaienl parties. Les motifs de cette expedition ont 6te exposes dans I'ouvrage de M. de Saint-Remy. La longueur de la presqu'ile est de 18 lioues; sa largeur s'etend de Zi a 6. Les opinions varient sur sa fertility; mais elle produit de beaux bois de construc- tion, et Ton pent aussi en tirer une grande quantite par la navigation de I'Vinia, qui a son embouchure an fond de la bale de Samana , et qui facilite I'exploita- tion des forets nombreuses et des mines de la partie orientale de Saint-Doniingue. L'auteur indique les precautions a prendre et les r^cifs a dviter dans la na- vigation de la baie; il peint les avantages dela situation de cette presqu'ile, qui lui parait ^tre la clet inililaire et commerciale du golfe du Mexique , et qui ainait encore beaucoup plus d'imporlance lorsqu'on aurail 6tabli au fond de ce goli'e el a Iravers rislhme de Pa- ( :uvi ) nama ilc nouveaux moyens de coiniuiinicaliuu eiilie les deux Oceans. Les derniers chapilres de J'ouvrage de M. do Sainl- Rem jsonlconsacres a des questions d'^conoinle, de taxes commerciales, de politique, qui cessent de faire partie de notre analyse geograpluque. L'auteur entre dans de nonibreux dt^veloppenienls sur la culture, la production, Ks qualites nutritives du cafe , qui est devenu la principale richesse de Saint Domingue ; il expose ses vues sur I'avantage qu'offrirait un entrepot commercial u Samana , dans le cas oil ce territoire serait occupe par la France, et enfin il resume dansun dernier ciia])itre les moyens qu'il croirait praticables pour obtenir la cession de ce territoire et pour mieux prot(^ger les interets des anciens colons de Saint-Do- mingue. Quoiquc nous ne partagions ni les esperances de l'auteur sur la facilile de faire cette acquisition , ni I'opinion qu'il exprime sur les consequences linanci6- res des trail^s conclus avee le gouvernement d'Haili, nous regardons neanmoinsl'ouvrage de M. Le Pelletier de Saint-Romy comme trc^s instructif pour tous les hommes qui ont a s'occupcr de questions si graves, et qui doivent les consid^rer sous tous leurs aspects. L'auteur a joint a son ouvrage le texte des conven- tions conclucs entre la France et I'Anglcterre en 1831, 1833 et 1845 sur la repression de la traitc des noirs, le texte de la constitution d'Haiti , celui de la republi- que dominicaine , et une notice bibliographique des principaux ouvrages a consulter sur Tile de Saint-l)o- mingue. Ces documents r6pandent de nouvelles lu- miferes sur quclques passages de la savanle et rccom- mandable publication qu'il a faito. 365 Fragment d'un journal ile I oyage aux ilex I'fulippines. P;ir M. .lul'S lilEK, attache a la niissiuii (rancaisc eii (jliinc. 29 (le'ceiiilji'f 1844. Nous sortons de Manille a dix heures du matin par Tondo , I'un des faubourgs de la ville Tagale de )ii- noudo, et, courant au nord, nous ne tardons pas a atteindre le bourg de Caloocan ; c'est au-dela de ce village que Ton passe le beau pont de pierre deTima- jero, qui sert deliiniteentre les provinces de Tondo et de Boulacan: une plaine immense s'ouvre alors devant nous: elle est couverte de I'izieres qu'on acheve d« moissonner ; d'^normes meules, rapprocliees les unes des autres, temoignenl de la fertilite du sol. Repandus ca et la , de jolis bouquels d'arbres viennent varier a propos I'aspect un peu trop uniforme de cette culture. La route , se dirigeant toujours au nord , traverse les villages de Polo , de Maycaveyan et de Marilao : la nous franchissons la riviere sur un pont d'une longueur et d'une legeret^ effrayantes ; le bainbon en a fourni tous les mat^riaux, aussi cede-t-il sous le poids de noire voiture , mais c'est avec (ilasticit^ et pour se redresser aussi fort, aussi solide qu'auparavant. La journee est chaude et nos chevaux cominencent a se latiguer; pendant que le cocher les laisse soufiler sur la route , nous entrons dans la maison voisine : tout y dort, c'est I'heure de la sieste ; toutefois le bruit que nous faisons eveille la famille indienne qui I'liabite, et malgre notre importunity , elle s'empresse a notre vue , a la vue des blancs, ses seigneurs par droit de conqnete ct d'inlel- ligence , de nous ofTrir gracieusemenl ses services. Poursuivant notre roulr a travers ce beau pays, nous ( 366 ) frail cliissoi IS ;'i Bocalje uii giaiul pout de baiiibou ; les crues extradrdlnaires et subites des rivieres ne per- incllent gucre de les constriiire autrement; qiiand lis sont emportes , et cela arrive fort souvent . on les re- construit immddiateinent et sans de grandes depenses, car le bambou et le jonc en font seuls toiis les Irais; il n'entre pas un inorceau de fer, pas un clou dans cette oeuvre. Au village de liiga, que nous traversons, le pont de bambou est recouvert d'un toit qui le pro- tege contre les alternatives de pluie el de soleil. Enfin , nous arrivons par une route magnifique , unie et sa- blee coinrne une allec de jardin , au village de Quingoa que nous avions choisi coinnie le terme de notre pre- miere journ^o. M. Inigo d'Assaola , notre compagnon et notre guide, nous conduit au convent des Augus- tins; raais, 6 desappointcnicnll le padre est absent : ces jours-ci le clerg6 des Philippines est en gala a I'occasion des fetes de Noel; les cures se visitenl, se traitent les uns les autres , et pendant ce temps , leurs paroissiens deviennent ce quils peuvent ; or, nous 6tions , pour ce moment, du nombre de ces pauvres paroissiens livres a eux-mcmes. Nous nous installons toutefois dans la maison curiale, fr^s determines 6 ne nous laisser nianquer de rien. Le diner est done com- mands , et en attendant qu'on nous le serve, nous faisons, a tltro de premiers occupants, les honneurs du logis a plurieurs moines franciscains qui courent le pays. Le temps , qui s'osl mis a la pluie , nous force d'ajourner nos promenades aux alentours du village et nous confine dans la chambro que , dans I'absence du inaitre du logis , nous nous sommcs rboisie , en gens qui se sentent ciiez eux quand lis sont aux Philip- pines chez un Europ(^en , que cet Europeen porte le froc ou I'Spee. ( 307 ) Apres le diner, la conversation roule sur le t^onver- nement des Philippines, et nous somines tout oreillcs pour entendre sur cet inte^rcssant sujet notre savant compagnon de voyage, Inigo d'Assaola, qui, ayant exerce de liautes fonctions aux Philippines pendant trente ans, en connait I'organisation dansses plus pe- tils details. Les Philippines, nous dit-il , sont divisees en trente provinces, administreespar desfonctionnaires europ^ens qui prennent le litre de gouverneurs s'ils sont mililaires, et d'alcades mayors s'ils appartiennent a la classe des agents civils. Les premiers sont plus particulierement places sur les points menace^ s , soit par les descentes des Maures de Mindanao et de Sou- lou , soit par les invasions des Igorotes qui habilent le centre de la Cordillere de Lucon. Ces trente fonction- naires repondent d'ailleurs de la rentree de Fimpot, dent le recouvrement a lieu par tiers; ils veillent a la siiret^ publique , a la regularite de I'cmploi des re- venus locaux , a I'cntrelien des chemins , a la repar- tition du contingent de la milice ; ils jugent au correc- tionnel et au criminel, sauf I'appel au tribunal de I'audience rovale, seanl au chef-lieu de la colonic, Cette omnipotence engendre beaucoup d'abus et a 6te quelquefois la source de fortunes scandaleuses . aux- quelles le commerce que faisalent les gouverneurs a servi demanteau; paralysant, sinonde droit, du moins de fait, par leur autorite, toute concurrence, ils mo- nopolisaient a leur profit les productions comme les consomniations du pays dont ils empechaient ainsl Ic d(^veloppement agricole et industriel. Un ordre de la cour de Madrid a cherche rt^cemment a reniedier a cet 6tat de choses en intcrdisant toute operation eom- merciale aux gouvernt-urs ou alcades mayors, dont on ( 3r)S ) a, cu consequence, augnientd le Iriiitemenl; inais le pli est prls, et nous avons entendu un gouverneur general se plaindre de rinefficacit^ d'uiie niesure qui obligera , disait-il , les fonctionnaircs a augmenter leurs exactions pour rant : Retiens done ce chanl-la pour nous le redire. En revenant a Angat, nous nous rencontranies avec une vieille fenime qu'un portait en terre : sa lace 6tait d^couverte ; die etait aiTublee dune robe de Irancis- cain dument bunite , excellent passeport pour gagner le ciel sans passer par le purgatoirc : aussi 6tait-on Tenu I'aclieter, au prix de li piastres fortes, au couvent des Saints-Peres, seuls depositaires brevetes. Les pa- rents et amis suivaient le corps, avec unesorte d'indif- ference que j'attribuai cliaritabloment a la pluie , la- quelle causait sans doute une diversion pbysique peu favorable aux pleurs. J'en fus toutefois quelque peu scandalise , en pensanl qu'a la nuit, un bon souper serv! au domicile de la delunte et aux depens de sa succession allait reunir ces parents et amis a I'u^il sec, et les trouver beaucoup plus sensibles aux joies du festin funebre , joies dont rien ne troublerait alors les 6panchemenls. La nuit venue, une aimable et int^ressante causerie occupa iiotre soiree. M. d'Assaola , vieillard spirituel et philosoplie aimable , cut souvent la parole, ct le pays que nous parcourions ct qu'il connait si bion nc cessa d'etre le sujel de la conversation. Ob ! si lesmille details dans Icsquels il entra pouvaient se ranger ici sous ma plume, nvec les lieureuses expressions du narrateur, je serais amplement rassure sur I'interet de cet ecril ! Je d^sirais vivement connaltre le mot de I'enigmatiquc ( 383 ) revoke des regiments Uigals a Manillo, le 22 Janvier 1843, et je profitai do cette circonstance pour lui de- mander des eclaircissements a ce sujtl. La fete de saint Joseph , me r^pondit-il , avail reuni a Litao , pro- vince de Tallabas, le 1" novembre 1841 , une grande affluence d'Indiens, contre la volonle formelle de I'alcade mayor et du cure, qui prelondaient s'opposer a la celebration de cette fete , que I'autorite avait re- mise a quelques jours de la. L'alcade se mit a la tete de ses alguazils, et voulut obtenir par la force ce que ses paroles et ses sommations avaient ete impuissantes a faire. La foule n'opposait toutefois qu'une resistance passive ; mais l'alcade , homme bouillant , ne se con- tenant plus, se rua sur les Indiens , frappant rude- ment tout ce qui etait a sa porlee, C'est dans cette ba- garre qu'il re^ut un coup ; qui le porta ? on n'en sail rien , mais ce coup fut mortel. A la nouvelle de ce malheur, dd a I'imprudence extreme de la victime , le gouverneur-general Oxaa entra en fureur; et ne voulant voir dans ce fait que le commencement d'une levee de boucliers contre la mdtropole , qu'une revoke qu'on ne saurait trop tot ni trop s^v^rement pu- nir, il lit marcher 500 hommes d'infanterie contre les pr6tendus revokes de Litao. Ce village fut ccrn^ pen- dant la nuit, et sa population (^gorgec : 1400 persomies de tout age et de tout sexe payerent de lour sang le meurtrc accidentel de l'alcade. Les soldats tagals en garnison a Manille comptaient beaucoup de parents et d'amis parmi les victimcs ; ils concurent done une haine violente contre le gou- verneur-g^neral qui avail ordonix^ cette horrible bou- cherie. Cette haine s'acoriit de dl\ers ados do duretd et fie tvrannio , ot fit nailre des projels de vengeance ( 38/i J floul on diflera cependant I'ex^cution jusqu'au 22 Janvier 1843. Ce jour, et de grand matin, les regiments tagals, ayanl a leur tete quelques ofliciers et sous-offi- ciers du pays, prirenl les armes et s'empar^rent de la ville de Manille sans coup ferir. Le cri de raliiement ^tait : la morl d'Oxaa ; mais , sans plan d'altaque, et prives d'ailleurs de direction et d'enserable , ces trou- pes eurent quelques moments d'li^sitation qui don- nerent le temj)s a I'arlillerie espagnole de se rc^'unir et de les conlenir ; puis, le premier elan passe , ces pau- vres soldats se laisserent dosarmer conime de timides agneaux. On en fusilla bon nombre et I'ordre se r6ta- blil. Mais le gouvcrneur-general Oxaa , au lieu de voir dans cct aote de rebellion une reponse au massacre de Litao, s'elTorca d'y trouver une conspiration ayant pour but I'indd'pendance des Philippines. Par cette combinaison il echappait, d'une part aux reproches d'avoir excit6 le m^contentement des troupes tagales par ses violences; d'une autre part, il se posail comme le sauveur dune colonic qui avail tente de secouor le joue de la metropole. Dans son egoisme, il est vrai , il mottait de cot^ I'effet moral que ne pouvait manquer de produire un pareil fait. Proclamer que les troupes tagales s'elaient revoltees dans des vues d'indepen- dance nationale, c'etait leur en donner I'idee pour une autre fois; c'etait leur indiquer un but noble et grand; c'etait dire aux ennemis de I'Kspagne ce qu'ils auronl a faire a I'occasion. Poursuivanl done sonsysl^me, il fit proceder a I'ar- restation de pkisieurs bommes considerables du pays ; I'un d'eux, M. Pioxas, riche n^gociant indigene, fut arcusd d'avoir soudoy6 les rebelles , et il se trouva un homme p^}^ jiour nientir. qui declara qu'il a\;iil ete ( 385 ) cliarge par cc derniiM- de distribuer 200 piastres aux troupes. CettP assertion ridicule et qui se refutait elle- tneine ne fut pas admise par I'audieiice royale, et I'ordre fut donne de relaxer M. Roxas. Mais la haine d'Oxaa veillait a la porte du cachot, qui ne s'ouvrit pas malgre la sentence d'elargissement ; la mort seiile put arracht^r a Oxaa sa victime : M. Roxas mourut en pri- son ; sa fille est all^een Espagne demander justice con- tra le meurtrier de son pere. ... En quittant le village d'Angat, nous franchissons les collines caiilouteuses qui , a I'ouest, bornerenl un jour le lac d'Angat, a la suite des modifica lions qu'a- vait subies son premier niveau. Le temps est devenu magnifjque, et nous permet d observer a notre aise les cultures : ici est un champ de sesame, dontThulle est employee par les Indiens pour s'oindre le corps dans presque toutes leurs maladies; la un champ d'indigo- fere ou demais, plus loin un bois de cocotier; des hom- ines sont occup^s a extraire le sue seveux de cet arbre pour leconverlir en tubo (vin decoco); puisune petite plantation de cannes a Sucre, on le planteur indien, Iivr6 a ses laibles moyens d'exploitation, fabrique, bon an mal an, plusieurs quinlaux de mauvais sucre que quelqne brocanteur cbinois viendra lui acheter pour le revendre a Manille a des negociants , comrae M. Roxas, qui, apres I'avoir sourais a une nouvelle ^puration , I'assorliront a d'autres parties de sucre de provenance analogue. La situation miserable de I'in- dustrie sucri^re aux Philippines accuse la paresse de I'Espagnol, que rien ne peut decider ;i quitter sa ch^re ville de Manille (-t a se faire colon. La quality defec- lueuse de I'indigo , dont la preparation estegalement abandonnd-e aux mains des Indiens, fait ressortir da- ( 380 ) \anlage encore le vide que laisse I'absence d'une direc- tion inlelligenle dans les productions du pays. Quand done lEsjiagnol viendra-t-il se meler a la population <|u'il aconquise? Quand se decidera-t-il a meltre en valour linapprcciable cadeau que lui a fait la Provi- dence en le rendant mailre dos Philippines, cette perle de rOccanie ? Toutes ces reflexions et mille autres nous surprirent a Quingoa a la tombee de la nuit. Le padre Augustino n'^tait pas encore, nous dit-on , de retour a sa cure; nous fumes done chei'cher un gite chez un ancien ami de M. d'Assaola. Aous venions a peine de nous installer, que le cure, accompagne de trois de ses confreres, vint nous rendre visile. Apres les compliments d'usage et d'aimables reprocbes de ce que nousn'etions pas des- cendus a la maison curiale, la conversation aborda piusieurs sujets de nature a nous donner une idee fori avanlageuse de tous ces messieurs, Hisloire nalurelle . sciences, beaux-arts, litt^rature, rien ne fut oublie; il en fut meme question en des termes qui prouvaient qu'on possedait plus que des notions generales sur ces diverses branches des connaissances humaines. Piu- sieurs avaient lu Robertson etVoltaire,maIgre les defen- ses de la sainle inquisition ; puis VictorHugoet Alexan- dre Dumas. De tels homines, detaches par leurs etudes des prejugesqui retiennent ailleurs le prelre dans I'or- ni^re des vieilles id^es, sont certainement irds aples a Iravailler a I'ccuvre sainte que le clergii des Philippines poursuil avec 7.6le et succ^s, depuis plus de deux cents ans. La civilisation pur le catbolicisme n'a pas trans- form6 , il est vrai, ces iles en une vaste manufacture comme Test Java;mais elle a ci'^e un peuple heureux dans la simplicite de ses besoins, et desindividus dont Ir travail n'cst la proprieto de jiersonne. ( 387 ) C'«^tait fete au village de Quingoa ; nous \ ftlmcs re- gales vers tlix heures du soir d'un beau leu d artifice de composition cliinoise ; et les Chinois sout passes niaStres en pyrotechnie , art qu'ils ont invent^ avec tant d'autres quand le sol des Gaules etait encore convert de forets vierges. Nous ne tardames pas a nous apercevoir que nous avions eu toit de refuser les lits olTerts si ohligeam- ment a nous par le cur6, et qui, tout en conservant le caractere de durete qui distingue ceux du pays , etaient toutefois munis de tous les accessoires admis par le comfort. Le moustiquaire , le Iraversin , la manceba, nous manquaient a la fois ; nous passames done la nuit fort mal couches, ser\ant tie pature a d'afTreux moustiques qui nous salgnerent impitoyablement : aussi le point du jour nous trouva-t-il sur pied. En ar- rangeant notre voilure nous nous apergiimes de la dis- parition des objets que nous avions laisses dans ses cofl'res : tout avail et6 fouille et vole pendant la nuit; il n'est pas jusqu'au sac d'ecliantillons mineralogi- ques de M. d'Assaola qu'on n'eut pris, au grand deses- poir de ce dernier, qui ne s'en consolait qu'en pensant a I'embarras dont ce sac serait pour le voleur. Les In- diens volent tout ce qui est a leur port^e , comme ils mangenl tout ce qui leur tombe sous la main; j'ai vu cent fois la desserte dun diner etre d^vor^e avant de parvenir jusqu'a la cuisine, et nos propres domesti- ques ne pas Irouvci de quoi manger aprd'S les repas hom^riques qui nous etaient olferts. Quand il ren- contre pareille aubaine, I'lndion mange aiseuHiit pour trente-six lionres. Aux Philippines comme en Europe, point de bonne fete sans lendemain ; done pendant que nous faisions [ 388 ) m>5 preparalifs tie depart, la place se couvrail de inonde ; la fouie se pressait autoiir d'une estrade oil un Cliinnis livralt un combat ci mort a un serjient monsti ueux. Apres une lulte opinialre, oil i'art des passes, des contre-passes, des voltes et des retrai- tes de corps avait ^'te epulse , lepauvre (Illinois fut d^- vore, englouti lui et sa lance, aux applaudissements fr^n^liques de la foule. Inutile sans doule d'avertir mes lecteurs que ce serpent colossal est en pa- pier; mais I'imitation en est si parfaite , ses mouve- uients sont si naturels et la ficelle sur laquelle iljse meut est si bien dissimulee, qu'on se prend de' piti^, quand on n'est pas Indien , pour le sort du pauvre Chinois. Carle Chinoisest la bete noire del'Indien.qu'il explolte , tond , plume , ecorche et depouille par tous les nioyens a I'usage des jail's du moyen age, dont il remplit exactement le role dans la soci<5t6 tagale ac- luelle; et de meme que le juil" d'autretois depassait en intelligence, en finesse, en ruse, en esprit des af- faires et du commerce , les peuples au milieu desquels il vivait , de meme le Chinois d'aujourd'liui I'emporte aux memes titres sur les Indiens. Ajoutons pour com- pleter la similitude que, comme le juif d'autrefois, il subit une i'oule d'avanies, et est souvent deposs^d^ par la violence. Si done c'est au profit du Cliinois que rindien travaille, il y a de temps a autre regioment de compte avec le poignard , et I'lndien reprend en masse, au moyen d'un assasslnat, ce qu'il a perdu en detail par la ruse : aussi , s'il se laisse altirer dans ce pays par I'appat d'un gain certain, le Cliinois ne s'aven- ture jamais sur la grando route et loin de sa demeure Jipres le coucher du soleil. Nous marchions depuis quelquosbonres, lorsque la ( 389 ) voiture s'arr&la devant la cure dii pad: o *** de I'or- dre des r(!icollets ; nous y enlrames pour demander line tasse de chocolat qui nous fut servie incontinent. Le souvenir de ce bon precede enchaine aujour- d'hui ma plume, toute prete a decrire I'ingrate tour- nure de notre hole : c'est un sacrifice que je fais au chocolat. Je me contenterai dedire qu'ancien sol- dat de la foi en 1823, et plus tard conlrebandier, le p^re *** a consei've les mani^res , les moeurs et le Ian- gage de ces deux 6tals. Ses plaisanteries furent telle - ment graveleuses, que ma plume, si decolletee qu'elle puisse devenir quand elle docrit ce quej'ai vu ou en- tendu , sera cette fois condamn^e a se tairo. La tombee delanuil noussurprit aux portes de Ma- nille, ou nous primes congd de notre excellent guide, M. d'AssaoIa. NouvELLES OBSERVATIONS siir la jonction des deiia: Oceans au muyen d^un canal a trai^e/s risthme de Durien. (Extrait. ) Par M. HELLKRT. La coupure de I'isthme de Tehuantepec paralt ren- contrer desdifficult^s, sinon insurmontables, du moins si grandes, que le colonel Obregoso lui-meme est le premier a en reconnaitre Vimpraticabilite quant a prt'sent. Les difficult^s d'exdcution dansl'^tablissement d'une communication entre les deux Oceans, par le rio San Juan et le lac Nicaragua sent reconnues etremoindres, a croire ce que m'en a dit , a Santiago de Cuba M. Adams, ing^nieur anid'ricain , alors de retour d'une V. juiN. k. 26 ( 390 ) exploration dans cello conlre^e ; inais les clo\is dc eel ingenieur porlaicnt la dispense u liO uullions de dollars. M. Garella vient d'imprimer que la coupure dc risthme pr^s de Panama coulerait de 130 a IZiO millions de francs. En presence de ces chiffres exorbitanls pour une entreprise lointaine , bien qu'emineinment utile , on se demande si la coupure de I'istlime de Darien au moyen d'un canal a grandes sections reunirait les conditions d'une execution facile, prompte , peu one- reuse et en harmonic avec I'ulilite qu'on se promet de cettevoie de communication intermariae. A I'exception dc ce dernier point, que les tableaux statistiques et commerciaux sont appeles a resoudre , je crois pouvoir des aujourd'hui r^pondre affirmati- vemenl aux trois autres questions. L'isthme dc Darien , depuis I'embouchure du rio Darien dans Ic golfc San Miguel sur le Pacifique, jus- qu'a celle dc I'Atrato dans I'oc^an Atlanlique, a une largeur de 220 kilometres en suivant toules les sinuo- sites des deux fleuves. A vol d'oiseau , cette largeur nest que de 128 kilometres, Sur ces 220 hiloinehe.s , il faut relrancher : 1" 5.> kilometres , depuis les bouches du Darien jusqu'a la parlie de son coins ou est situee Tile de losLagartos, cetfe portion du fleuve 6tant navigable pour les navires de 800 a 1,000 tonneaux el plus; 2*^ 23 kilometres 600 metres , a comraencer de 400 metres en amont de I'lle de los Lagartos jusqu'au vil- lage de Santa Maria : cette section du fleuve est dans la memecondilion que la precedentc ; 3° 36 kilometres depuis remboucluire dc I'Atrato ( 391 ) jiisqu'au point oii la Taiena vient, tie gauche , se r6u- nir a ce fleuve. Cette portion de I'Atrato est navigable pour les navires de toutes dimensions. II resterait done 101 kilometres 400 metres pour les travaux d'art a cx^cuter. Ces travaux consisteraient : 1" A augmenler la profondeur du lit du fleuve de- puis le village de Real de Santa Maria jusqu'au village indien de Paya , ou a la chute de Tapanaca, sur une ^tendue de 68 kilometres 400 metres, y compris le banc vaseux de los Lagartos , la profondeur moyenne du fleuve variant sur cette ligne de (x a 2 metres ; 2° A creuser un canal a grande section de Paya ou de Tapanaca a I'Atrato , sur une etendue de 33 kilo- metres. Le draguage du rio Dax-ienn'oITrirait pas de grandes difficuit^s; car le lit du fleuve, de meme que ses ber- ges , n'indique nulle part la presence de roches, si ce n'est immediatement au-dessous de la cliute de Tapa- naca , et ses eaux coulent gen^ralement sur un fond de vase sablonneuse , de gros sables et de petits cailloux. La Crete culminante de la chaine de collincs qui, a Test , borde le I'io Darien et le s^pare de la vallee de I'Atrato , a une altitude de /i9 metres envii'on au-dessus du niveau des eaux du Darien, dans sa partie la plus elev^e , distante de 1600 metres, a droile de la chute de Tapanaca. A 3 kilometres au nord de ce point culminant et ou devrait etre etabli le biez de partage du canal qui unirait le Darien a I'Atrato , le teirain va s'inclinant peu a pea , sur une etendue de 21 kilo- metres ; puis il afl'ecte un plan presque horizontal, sur une etendue de 12 auti'cs kilometres jiisqu'aux rives de I'Atrato. Mais si Ton descend le Darien, de la chute de Tapa- ( 3i)2 ) naca jtisqti'au villago de Pa\a (('iiviron 12 kilomelrcs plus has) , on irouve ilans la chaine des collinos de parlage une d(^pression assez sensible , dont on saisit parfaitement I'ensemble en se pla^ant sur Ics hauteurs de Pucre, et qui facilitcralt beaucoup les travaux , sui- tout en ce qu'elle diminuerail considerablement les d^penses pour le rachat de la chute au moven d'6- cluscs. Si cette depression offre les facilites que je suppose, nul doute que le canal dOt partir de Paya el non plus do Tapanaca : seulement, il aurait, dans cc cas , quelques kilometres de plus en longueur. Ce travail n'ofTrirait pas d'autres difficultes que celles qu'on est habitue a vaincre journellement , car le terrain est tout compose d'alluvions recentes et nin- dique nulle part la presence de roches. Quant aux rigoles de prise d'eau, on pourrait les emprunter, soit au Darien m6me , immediatement au-dessus de la chute de Tapanaca, soit a la Tarena , affluent de gauche de I'Atrato. .I'ai deja dlt que ce dernier fleuve etait navigable eti toutes saisons , et pourrait rccevoir les plus grands navires et leur servir de port sur une 6tendue de plus de 36 kilometres en remontant, a partir de son embouchure dans le golfe de Darien. Jusqu'a present, j'ai admis pour le rio Darien une profondeur moyenne (en remontant) de 4 metres a 2 metres, pendant la saisonseche, depuis le village de Real de Santa Maria jusqu'a la chute de Tapanaca. Mais cette profondeur augmente conslderablemenl du- rant la saison pluvieusc , et va souvent a 8 metres et 5 metres durant les mois de juillet, aoiit, septembre . octobre et novembve. D'ailleurs, il serait facile d'augmenler de beaucoup le volume dcau de la partie ( 39.") ) liaute du Darien , iuiin(!;cliatement au-dessoiis lUi ca- nal , en ^tablissant sur deux on trois points des hai- rages soUdement construits, afin de donner una chasse en arri^re aux eaux sup^rieures du fleuve , ct en les resserrant sur plusieurs autres points, par des digues longitudinales de AOO a 500 metres au plus. On n'aurait rien a apprt^hender de ces ouvrages, mdnie a lepoque des plus hautes eaux ; car depuis le village Real de Santa Maria jusqu'a Tapanaca, les berges du fleuve conservent une hauteur qui varie de 15 a 25 nititres , quelquefois plus, rarement moins, et leurs pentes plus ou moins abrnptes mettenl parfaitement a I'abri des inondalions toute la region superieure voisine du rio Darien. Ces berges s'inclinent peu a peu de Test ;'• I'ouest, dans la direction de la pente longitudinale de la vallee au milieu de laquelle coule le fleuve ; cette vallee comprend dans sa plus grande largeur une 6tendue de terrain d'environ 60 kilometres, el 10 kilo- metres au point oil elle le plus resserree , c'est-a-dire entre les premiers gradins du mont Pucrd et les der- niers Echelons des massifs de montagnes de Para et do Pirr^. En aval de I'ile de los Lagartos , et jusqu'a lembouchure du rio Marea dans le Darien , le terrain de la rive gauche, tres bas en plusieurs endroits, est periodiquement submerge ; ii en est de meme d'une portion du terrain de la rive droite , situee presque en face et un peu a lest du village de Chapigana. Des deux bouches du rio Darien , celle de droite prend une direction ouesl 1/4 nord ; elle est sem^e de plusieurs ilots rocheux , mais qui n'empechenl en rien la libre navigation : cependant, au reflux, les eaux du fleuve viennent s'y briser avec violence. C'est pour cette raison . et parce que la bouche de ( 59/4 ) gauche, allaiit a 1 ouesl 'J/4 siid , ofTre un trajct plus court aux pirogues qui se rcndcnt clans le golfe San Miguel , que les habitants passent rarement par la Louche firincipaie , celle de droite. II serait d'ailleurs lacile de regler le courant d©^ cetle bouche au raoyen d'un barrage qui, etabli entre la rive droite du fleuve et un llot distant de 25 metres, forcerait les eaux a se rejeter sur la gauche. La profondeur dans I'une ou I'autre bouche varie entre 7, 8 ct 9 brasses d'eau. Depuis la bouche de gauche du rio Darien jusqu'au village de Chapigana (18 kilometres), une faible chaine de collines de 30 metres d'clevation horde le fleuve a la distance de 2 kilouielres, et sur toute cette ligne les navires du port de 1200 tonneaux et plus trouveraient un ancrage aussi facile que sur sur un fond de sable vaseux. Les navires qui se rendraient du fleuve dans le golfe de San Miguel, comme ceux qui viendraient de la raer du Sud pour remonter le fleuve , trouvei-aient un avant-port , beaucoup plus spacieux et non moins sur, depuis le cap Garacliine jusqu'aux bouches du Darii-n. II faudrait, en entrant dans le golfe, et en doublant le cap Garachine, laisser a tribord I'ilot rocheux , tr6s rapproch6 de la cote, nomme el Cayuelo, qui parait se confondre avec la terre fermc, et se tenir au large d'environ 3 kilometres, pour evitcr la rencontre dun brisant qui va do I'ouest a Test 1/i nord. A I'ouest- nord-ouesl de cct ilot, a la distance de trois lieues marines , se trouve le banc sous-marin de San Jose , sur Icquel le flux brise avec violence. Hors ces deux dangei's que Ion rencontre a I'entree du golfe, niais qu'il est facile d'eviter en se tenant vn vue de Icrre , le gulfe San Miguel oU'rc aux navires la plus grandc ( 395 ) s^curite et un l)oii ancrage, prcsque colic conlre lerre , sur un fond de grosse pierraille ot ;'i la piot'ondeur do 9 a 20 brasses. Les montagncs qui bordent au sud le golfe San Miguel s'elevent graduellpment dcs bonis de la mer jusqu'a une liauteur assez considerable. Mais depuis la pointe Colorado jusqu'aux boucbes du Darien , ces niontagnes font place a une longue cbaine demi-circu- laire de collines qui s'elevent en ampirub(!!atre Celte position, la plus magnifique que Ton puisse imaginer, parait reunir toutcs les conditions pour former un jour un des plus beaux ports du monde. En g(!!neral, toute la partie du golfe San Miguel comprise au sud entre les bancs de San Jos(^ , de Buey et les ibs Iguana et Corosa , situes a I'ouest et au nord-ouest des boucbes du Darien, est navigable pour les navires du plus fort tonnage; il n'en est pas de menie de la portion du golfe qui s'etend au nord de ces iles et qui est remplie de hauts et bas fonds. Cependant , aides de la maree haute, les navires de 200 a 300 tonneaux pourraient y naviguer en toute surcte, en se tenant a environ un mille de terre. Outre le golfe de San Miguel et la partie du fleuve qui s'dtend des boucbes du Darien au village de Cba- pigana, la nature a menage dans le mcme (leuve un troisieme port, moins spacieux, mais egalement bon, presqu'au milieu de ristbme de Darien. La riviere Pirre verse ses eaux dans le Darien au point ou est bati le village de Real di Santa Maria; elle est a son emboucbure large de 180 metres et sur une etendue de plusde 3 kilometres ; en rcmonlant, sa profondeur, a maree basse , se mainltent entre 5 1/2 ct !i 1/2 metres. Ce village , si ravorid)leaient silue dans ( 306 ) Tangle de deux riviisres largcs et prol'ondes, et iur la penle expirante du mont Vhr6 , pourrait devenir un lieu d'entrepot pour les marchandises apport^es par des navires qui auraient besoin de reparation. La plaine a pente douce qui s'^tend au nord a I'ouesl du mont Pirre jusqu'aux rives du Pirr6 et du Darien , est une dos plus fertiles de I'isthme ; et ce qui ajoute- rait a riniporlancc de cette position , c'est la lacilite avec laquelle on peut y transporter par eau les bois de conslruction , de quality superieure, de toutes esp^ces et de toutes dimensions. C'est aussi le lieu ou se confeclionnent les meilleures grandes pirof,'ues, longues d'ordinaire de 20 a 24 m6tres sur 1™, 8 a 2 me- tres de largeur et creust^es dans un seul tronc d'arbre. En resume , I'isthme de Darien parait reunir toutes les conditions pour ouvrir une communication facile ( et, comparativement aux autres projels, peu dispen- dieuse) enlre les deux Oceans. Parle fait des deux fleuves actuellement na\igables a une grande distance de leur embouchui'e dans la mer, I'Atrato et le Darien , les travaux d'art a execu" ter pour reunir les deux fleuves seraient beaucoup moindres que ceux que necessiterait le percement de I'isthme, soil a Panama, soit au lac de IVicaragua ou a T(^huantepec. La distance qui s6pare les deux fleuves est de beaucoup inf(^rieure a celle qui di\ise les deui Oceans sur les trois points pr^cites ; la iiauteur a fran- chir par un canal a grandes sections est plus petite ; les masses d'eau dont on peut disposer a droite et a gauche sont plus grandes ; la ligne a parcouiir est plus direcle et se trouve dans la direction des vents dominants dans I'un et I'autre Oc<^an ; I'entr^e des deux fleu\es ne presentc aucun dos inconvenients dif- ( 397 ) ficiles a vaincie qu'oirieiit lo rio Cliugrcs, le lio San- Juan de Nicaragua et le Guazacualco , obstiues tous, soil par des barres inaccesslbles dans certalnos saisons et sous l'influen<"e de certains vents, soil par des ro- chers, des rapides, des ilots et des bancs de sable qui encombrent leurs lits ; enfin , aucun des trois points en question ne jouit de ports naturels qui m^ritent ce nom , et ceux qui existent sont ou inacce>sibles ou peu spacieux et exposes aux vents du nord , qui soulllent avec fureur pendant plusieurs mois de I'annee. Au contraire, I'isthme de Darien a quatre excellenls ports, profonds, spacieux, a I'abri de lous les vents et accoles , pour ainsi dire, contre terre ; la rade de i'A- trato, expos^e aux vents du nordest, faitseuleexception. Quant fi la salubrity du climat dans le Darien , je la crois superieure a celle de Panama. La longue et large vallee du Darien qui coupe Tistlime transversalenient, d'une mer a I'aulre , adinet la libre circulation des vents d'est, quisoufflent depuis six heuresdu matin jus- qu'a sept beures du soir, et moderent ainsi la chaleur du jour; pendant la nuit, ce sont les brises d'ouest qui rdgnent, et durant la saison pluvieuse dominent les vents du nord et du nord-ouest. Voici, du reste , le tableau de la temperature moyenne , prise a 0™, 788 , et 0",912 sous terre, et a I'ombre , dans I'islbme de Panama et au Darien, pendant les annees iSlih et 1845 : I'AKAMi. I)«ltlEN. .844- Chagrcs. 27%9 lie Igiian.i. •^5»,7 Panama. 29°, '^ Cha|)i<;ana. a6°,a Chorera. ■2 6",4 Sanla-Mana. 25", 3 I'ciioiioiiie. y.6", 1 I'olilKMM. 2 6", 5 1845 I'm u>l)elo. 7 7",6 Oaiia. Atralij. 3.",8 ( 3i)S ) L'hygrorni'lro a cheveu inc donnuil, an raois de fe- >rier 1845 : A Piinania. 5°,o liii innrs, an Daiieii, a .S.iiit;i-Mai i.i. ?>°,g En aoiil a Porlihelo. 7",6 Avril, Pinogana. 4*, 4 Mai, Yavisa. ^",6 Juin , Maica. 6 "",7 Hii l"'iiii 8 juillet , (;lia[ii{;ana. 6°, 3 On voit par ces cliillres que la temjieralure moyenne, duraiitla saison seche , est moiiis elevee de plusieurs degres dans le Darien tju'a Panama, ville si- lii(^o sur uiie longue plage de sable, au fond d'un large bassln, que doniinent a Test el a I'ouest des inontagncs d'une certaine elevation. Cependant la chaleur y est ^galement mod^ree par la brise de mer, et celte ville deviendrait beaucoup plus salubre si Ton deniolissall les fortifications qui la deparcnt, cmpecbent la libre circulation des vents, et nc pourraient pas memc resistor a un coup de main. Dans le Darien, la pojndalion est clair-semeo beau- coup plus que dans les autres cantons de ristbinc. U faut en cbercber la cause dans le voisinage des Indiens ind^pendants qui babitent la cote de I'oc^an Atlanti- que , depuis le cap de San Bias jusqu'aux boucbes de I'Atrato, et qui n'ont pas toujours et6 aussi Iranquilles qu'ilsle sont, depuis que le gouverneraent ne s'en oc- cupe plus. On evalue la population indienne a environ 250 fa- milies, et on porte celle des autres babitants de toutos coulours a 5 ou 7,000 ames , donl 2,300 sont cen- s6es payer impot. Je crois ce cbilTre beaucoup trop Si jamais on songe a ri'unir sur ce point les deux Oceans au nioven d'uu canil, les Iravailleurs indiens ( 399 ) el espaguols se presentoront en foule, venanl, les uns de Carlhagene , los autres de Veraguas et des cantons de Los Santos, Parlta, Nata et Panama. Ilserail non seulement possible, mais facile d'y reu- nir 3 ou Zi.OOO hommes , et d'(§lablir parnii eux une bonne police , a en juger du moins par ce qui se pra- tique actuellement , et par ce que j'ai vu au canal en voie d'execulion et deja avancd de plus d'un tiers qui doit, sous peu, reunir le port de Cartbagene au rio Magdalena. On objecte qu'au cas ou un canal intermarin se ferait dansl'istbme de Darien, la ville de Panama pour- rait en soufTrir. Cela est vrai : mais cetle ville souflri- rait encore davantage , si le canal sc faisait au lac de Nicaragua, par exemple. D'ailleurs, outre qu'un ca- nal a Iravers Tistbrnc meme de Panama ne passerait encore qu'a 10 ou 12kilometi'es a I'ouest de cette ville, Panama n'olTrlrait aucune ressource aux navires. Les Panameniens, se souvenant encore de leur ancienne prosp^iit^, dedaignent de cultiver la terre. Ce sont les lies voisines de Naos, Taboga, Chepillo , de Pacbeca , Contadora , Saboya , etc, , qui fournissent les fruits a son marcb6; les cantons de Chepo , de Cbiman et de Chorera, lui envoient leurriz, leur mais, leurs ba- nanes et leur sucre; le district de Darien fournit des plancbes, des madriers, dos pirogues, le cacao, des baricots, la cire, le caoutcbouc el la poudre d'or ; les cantons de Nata, de Parita, de los Santos et de V(4ra- guas y amenent leurs cbevaux, leurs bestiaux , leurs pores et le sel ; en un mot, Panama ne produit rlcn, et vil au jour Ic jour des dcnrdes des babitants de ces cantons; et s'ils lardoni de quolques jours, il \ a di- sette. Du reste . uii stcainor ou , a son dcfaul, ini [letit ( 400 ) vachl, pourrail porter facilement. en seixe ou vlngt heures, sur une iner toujours navigable et tranqullle . les voyageurs arrives a Panama au cap do Garachhi6 , pour coiitinuer dc la leur route , soil par le canal pour la nicr Atlantique , soit pour les conlrdes baign^es par I'ocean Pacifique; et uifime dans cc petit village de Garacbine, qui bientot deviendrait une villa, mieux construite et plus favorablcment situee , ils jouiraient, en attendant un navire , de plus de bicn-etre que ne pourrait en ofTrir la ville de Panama; on ne saurait douter qu'aussitot apr^s I'ouverture d'un canal a tra- vers I'istbme de Darien , une population active ne se porte dans le golfe San Miguel, dont la position et la salubrity ne laissent rien a desirer, et qui est la verita- ble clef de la mer du Sud. Procede pour prendre des empreintes. U existe un proc^d^ facile et simple pour lever des empreintes tres nettes, principalement sur des surfaces planes; il consiste a fixer sur le mod61e un papier trfes fin et fort en meme temps, sur lequel on passe un large tampon cliarge de plombagine ou de bonne mine de plomb. Les figures sculptees en creux se dessinent en blanc sur un fond noir; celles qui sont sculptees en relief se dessinent en nolr sur un fond blanc. Ce mode s'applique partlculi^remerit aux inscriptions , aux sculptures en creux, et aussi aux figures en relief, si ce relief est fin, egal et tres bas. Void la maniere de procedcr. On lixe sur la plorre un papier qui soit tres fin et tr^s compacte a la fois,comme \e thine paper 6ei Anglais. On a un tampon en peau re- ( /lOi ) tourn^e et bien remboiirrtie qu'on charge convenabie- ment cle plonibagine niise en poudi e impalpable. 11 suf- fit de passer avec legeret^ le tampon sur le papier et une seule fois , bande par bande , en appuyant cepen- dant avec fermet6 etd'une maniere cgale. L'emprelnte estmarquee par-dessus, et du premiercoup, tresnette- ment. Si la sculpture est en creux, le dessin vicnt en blanc sur un fond noir; si elle est en relief, il vient en noir sur un fond blanc. La cause du resuUat pro- duit est la suivante ; le tampon , en passant sur les parties pleines, et trouvant de la resistance, laisse ne- cessairement le noir ; et quand il vient a rencontrer un creux, il ne marque plus, faute de point d'appui. A la v^rit^ il faut que le papier ait en meme temps assez de finesse , de tenacite , meme de souplesse , pour se preter a toutcs les formes et resister a la pression. au- trement on ne reussirait point on tres imparfaitement, et Ton n'obtiendrait pas des contours trfes arretes. Ce travail n'exige r^ellemcnt que le temps et la peine de frotter le papier; il est facile , en une minute , d'obte- nir remprelnte d'une surface de 3 a 4 metres carres, quelque chargee qu'elle soil de caracteres ou de figures. Ce precede convienl parfaitement aux figures hi^ro- glyphiques; et il est a regrelter que, pendant le cours de I'expedition d'figypte , on ne I'ait pas connu ; on auralt en peu de jours emportc^ la copie des bierogly- phes qui rccoiivrent les temples et les palais de la Haute-figypte , dont la plupart occupent plus de 30,000 metres carres de ces caracteres. En distribuant cette tache a une douzaine de personnes, on aiu-ait pu avoir la totality des figures qui sont sur les monuments de Thebes, de Denderah, d'Edfou, d'Esnc ot de tant d'au- ( 402 ) tres edifices qui sont encore aujourd'hul del)oiit. Cettc immense collection aurait pu etre renferni6e dans plusieurs malles , et on possederait en Europe de prd- cieux malerianx pour I'histoire el la langue de ce peuple. Le moyen que j'ai decrit ne rcmplace pas les em- preintes en matiere solide , et nc peut donner les epaisseurs elles profondeurs des reliefs ou des crcux; mais il procure en un moment un fac simile qui ne laisse rien a deslrer, ou, pour mleux dire, un veritable dessin. Los echantillons que j'ai I'honncur de presen- ter a la Society, et qui font partie des empreintes que j'ai executees a Londres, pourront la mcttre en 6tat d'en jugcr. Jomard. ( AOS ) 1>EUXI£ME SECTION. Actes de la Societe. h)tTRA.IT DES PROCfeS-VERI'.AUX DES SEANCES. PRIiSIDENCE DE M. DaUSSY. Seance flu 5 juin 18/|6. Le procos-verbal de la derniere seance est lu et adopts. M. le capitaine sir John Ross ecrit a la Soci^t^ pour lui adresser un exemplaire de sa Rc^futation des criti- ques de sir Jolm Barrow , au sujet de son dex-nier voyage de decouvertes aiix regions antarctiques. M. J. Calvin Smith , g^ographe a New-York ; M. Mi- chotte, ingenieur; M. Renou, membre de la Commis- sion scientifique d'Algerie, ecrivent aussi a la Soci6t6 pour lui offrir : le premier, une carte des ]£tats-Lnis d'Amerique en 6 feullles; le second , une carte du de- partement des Ardennes , et le troisitJme une descrip- tion geographique de I'empire de Maroc , formant le tome VIII de I'exploration scientifique de I'Algi^rie. M. Thomassy est prie de rendre compte de ce der- nier ouvrage. D'autres ouvragfs sont egalement adresses a la So- ciety par MM. Balbi , Coulier, John Pickering, etc. La Commission vote des remerciements aux au- r 40A ) teiirs, et ordonno le d^pot de leurs ouvrages a la biblio- tlicque. M. Hellert, admis r^cemracnt dans la Soci(^t6, lui adresse ses romerciemcnts ct lui ofTre ses services. Ce voyageur annonce qu'il pspere relourner prochai- nenient dans I'isthme de Darien pour 6tudier avec de plus puissants moyens des localites auxquclles so rat- tachentaujourd'hui desi grands projels, et, pour I'ave- nir, lie si grands interets commerciaux. M. Hellert prie la Societe de le guider dans ses explorations, ct ajoute qu'il fera lous ses eflortspoursulvre ses instruc- tions et meriter ses suffrages. M. Joinard donne communication de plusicurs lettres. Par la premiere, M. le D' Beke remercie la Societe de la medaille d'or qu'elle vienl de lui decer- ner pour son voyage en Abyssinie ; par la deuxieme , M. le general \ isconti fait connaitre la situation du travail de la carte du royaume de Naples, ct des ope- rations qui doivent lier les deux c6t6sde I'Adriatique , et il donne la relation de la mort de M. le capitaine Fergola, frappe de la foudre au moment ou il selivrait auxtravaux geodesiques; dans la troisieme lettre, M. If' baron de Humboldt rend compte des travaux de M. le D' Lepsius. M. Jomard est pri6 de donner un extrait de cette corrcspondance pour le Bulletin. M. Jomard entretient ensuile I'assemblc^e de la d«i- couverted'un rochersculple que vient de faire un Fran- ^ais dans le Venezuc^la , sur la route de Porto-Cabello a Valencia, ct 11 communique un dessin qu'en a pu- blic le consul des Etats-Lnis a Porto-Cabello. M. Roux deRocbelle fait un rapport sur la traduction de la geograpbie de Pomponius Mela , publit^e par M. Iluot pfere , et reproduite par M. Paul Huot a la ( ao5 ) suite de la Notice qu'il vient de consacrer a la m^moire de son pere. — Renvoi au comite du Bulletin. Sen rice flu 19 J u in 18/|G. Le procfes-verbal de la dernifere stance est lu et adopts. M. le baron Walckenaer, nomme president de la Soci^te dans la derniere assembl^e g^n^rale , lui adresse ses remerciements pour cette nouvelle mar- que d'estime , et il assure qu'il fera tous ses efforts pour la justifier. M. Auguste Ciiarme annonce a laSoci6te qu'au lieu de se rendre en Bolivie , comme il en avait precedem- ment le projet, il vient de contractor avec le gouver- nenient chllien un engagement en quality d'ing^nieur en chef des ponts et chauss^es; il doit bientot partir, et il prie la Soci6t6 de vonloir bien ajouter quelques questions sur le Chili aux instructions qu'elle a d6ja pr^parees sur la Bolivie. MM. Roux de Rochelle , Gay et Berthelot sont invites a s'occuper de ces nouvelles questions. M. tTomard communique une lettre de J\I. Alexandre Eyries, annoncant la mort de son frere , M. J.-B. Eyries , membre de I'lnstitut et president honoraire de la Societe, et il depose sur le bureau les discours pro- nonces a ses fun^railles. La Commission centrale ap- prend cette perle a\ec une vive douleur, el elle prie M, de la lloquette de consacrer une notice h la vie et aux travaux de ce savant geographe. M. le vicomte de Santarem annonce la mort d'un savant non moins regrettable, M. da Cunlia de Bar- boza , secretaire perp^tuel de I'lnstitut hislorique et geographique du Bresil. M. de Barboza , un dcs cor- V. JuiN. 5. 27 ( iioe ) respondants ctrangers de la Sociele , «ilait anim^ d'un ik\e eclaire pour la science et des sentiments les plus genereux ; il merite la reconnaissance de la Soci6t6 pour ra])pui et les encouragements qu'il a conslam- ment accordes aux voyageurs fran^ais rccominandes a sa bicnveillance. M. de Santarem est prii de se rendre I'interprete de ses coll6gues en payant a la memoire de ce savant un juste tribut de regrets et d'eslime. Sur la proposition de M. Jomard, la Commission centrale decide qu'elle nommera dans une de ses prochaines stances a la place laissee vacante par la mort de M. de Barboza. M. Berthelot lit la premiere partie d'un memoire sur I'histoire primitive de I'ile de Cuba. M. Roux de Rochelle pr6sente une analyse de Tou- vrage que M. Lepelletier de Saint-Remy a public sur Saint-Domingue. M. Jomard communique la suite du voyage g^olo- gique de MM. Ilusson et Figari dans les deserts voisins de la mer Rouge. Le raeme membre donne un aper^u de la carte du manuscrit d'Alby. Ces diff^rentes communications sont renvoy6es au comit^ du Bulletin. MEMBRES ADMIS DANS l,A SOCI^TK. Seance da 5 jiiin 1846. M. DE Saulcv , membro de I'lnstitut. OVVRAGES OFFERTS A LA SOCltx^. Assemblee gencrale du 22 mai 18/l6. A'rt/- le ministere de F InsI ruction pablujue : Collection de Documents inedits sur I'lustoire de France. — Pein- ( 407 ) tures de I'^glise de Saint -Savin, departeinent de la Vienne, texleparM. Merim^e, dessins par M. Gerard- Seguin. Texte complet et 2° livraison de 1 'atlas. Pa- ris, 1845, in-fol. — Memoires mililaires relatifs a la suc- cession d'Espagne sous Louis XIV, extraits de la correspondance de la cour et dcs generaux, par le lieutenant general de Vault, revus. puhlies , et prece- des d'une introduction, par le lieutenant-general Pelet, pair de France, directeur g^n^ral du depot de la guerre, tome YI, avec planches. Paris, 18/15, in-4. — Negociations diplomaliques entre la France et I'Au- triche durant les trente premieres annf^esduxvi" si^cle, publiees par M. Le Glay, correspondant de I'lnstitul , torn. I et II. Paris, 1845. — Recueil des Lettres missives de Henri IV, public parM. Bergerde Xivrey, membre del'Inst.de France, t. Ill, 1589-1593. Paris, lSliQ,m-h. Par le Depot general de la guerre : Carte topographi- que de la France, 10' livraison, composee des feuilles de Bourges, Loches, Valencay, Nogent-le-Rotrou, Cou- tances, Le Mans , Gien , Beaune, Macon et Alencon. Par le ininistere de la Marine : Voyage au pole sud et dans rOc^anie sur les corvettes F Jstrulab^ et la Zelee, execute par ordre du roi pendant les annees 1837 , 1838, 1839 etl8i0, sous le commandementde M. Du- mont d'Urville , capitaine de vaisseau , public sous les auspices du d^partement de la marine, et sous la di- rection superieure de M. Jacquinot, capitaine de vais- seau, commandant de la Zelee. Atlas pittoresque , 34* et derniere livraison. — Atlas d'histoire naturelle, zoologie, 18", 19'' et 20" livraisons. — \oyage autour du monde sur la fregate la Feniis , pendant les annees 1836 et 1839, public^ par ordre du roi, sous les aus- pices du ministre de la marine , par M. Abel du Petilr ( 4U8 ) Thouars , capitaine de vaisseau. Atlas d'liistoire na- turelle , zoologie el botanique, 15* et 16" livr. — Des- cription nautique des cotes de lAfiique ocriden- tale, coniiirlses enlre Je Senegal et reqiiateur, par M. le conile E. Bouet-\ iliaumez, capitaine de vaisseau, conimcnc(!!e en 1838 et terminee en 1845 , par les ordres de M. le contre-amiral Montagnies de la Roque, commandant la station navale sur ces cotes, publide sous le minist^re de i\l. le vice-amiral baron de Mac- kau, pair de France. Paris, 18/i6. 1 vol. in-8. Note sur le banc de Feroe, par M. Deslreniont de Maucroix , lieutenant de vaisseau, Paris, 1846, in-8. Cartes hydrograpbiques publiees par le depot de la marine depuis le mois de decembre 1845 jusqu'au mois de niai 1846. N" 1047, plan de la baie dePalmas, du port de la Luz et de la baie Confitale (ile de la grande Canarie). N° 1048, plan du mouillage de Por- tudal; csquisse de la baie de Penba-Gi'ande ou Morro del Ancla ; esquisse du mouillage de la Bumbalda ou des Pilones (cote occidentale d'Afrique). N" 1049, carte des atterrages de Saint-Louis du Sen<^gal (mouil- lage de Guet-N'der et de la barre du ileuve). N° 1050, croquis de la riviere Mellacorie ( cote occidentale d'A- frique). iN" 1051, plan de la baie du cap Mcsurade et de la baie du cap de Monte. N° 1052, plan des Butleaux (cote de Malaguelte). N. 1053, plan du Fiio Nunez (cote occidentale d'Afrique). N" 1054, plan de I'enlree du Rio Nunez (cote occidentale d'Afrique). N" 1055, plan du mouillage de Garroway. N" 1056, plan de la riviere de San Pedro (cote occidentale d'Afrique). N° 1057, plan de lapartie de cote comprise entre Grand Bassam elAssinio.cl plan de larade ctd'une partiede la riviere d'Assinie. i\° 1058, carte do la riviere du Vieux-Cale- ( 409 ) bar; plan de la bale de louest (ile du Prince) . i\» 1059, plan du bassin exterieur du fleuve du Gabon. N" 1060, carte desmers du cap Horn. M' 1061, plan du port Fa- mine et de la bale Voces; plan de la haie Saint-Nico- las; plan de la bale F'ortescue et du port Gallant; plan de la bale de Cordes et du port San Miguel; plan du port des Trois Passes; plan du inouillagc ext<§- rieur du liavre Peckett (detroit de Magellan). N" 1062, plan de la bale Matavai (ile Taili) ; plan de la bale San Juan-Bautista (ile Juan-Fernandez); carte des iles Saint Anibroise et Saint-Felix ; carte de File Juan- Fernandez. N° 1063 , carte du groupe des iles Manga- Reva ( iles Pomotou). N° 106/i , plan du port Tai-Iloa (TchichakofF), sur File Nouka-Hiva; plan de la baie Anna-Maria (iles Nouka-Hiva). N" 1065, carte generale de la Nouvelle-Zelande avec plusieurs plans particu- liers de ports, de liavres , d'anses et de bales. N" 1066, carte particuliere de la baie de Palmas (cotes mei'idio- nales de Sardaigne). N" 1067, carte particuliere de la cote orientale de Sardaigne depuis la tour de Capo- Boijusqu'au cap Ferrato(baie de Carbon ara). ]\° 1068, plan de la baie de Tamatave. N^ 1069, carte du detroit de la Sonde; plan des mouillages de Poulo-Merak et de I'ile Meeuven. N" 1070, carte generale des sondes de la Manche. Par M. Vivien de Saint-Martin : Ilistoire des d(^cou- vertes geograpbiques des nations europeennes dans les diverses parties du tnonde, torn. Ill, premiere partie. Par M. f'iqucsnel : Journal d'un voyage dans la Tur- quie d'Europe, avec une carle de la Macedoine, d'une partie de I'Albanie , de I'tpire et de la Tbessalie, dres- see par le colonel Lapie, in-A. TABLE DES MATTER ES COI«Tg^UKS DANS LE V' VOLUME DE LA 3" SERIE. N<» 25 a 30. [ Janvier a Juin 18^6. ) PREMIEPiE SECTION. ufeMOIRES, KXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Rapport lu par M. le vicomle de Santarem a la Societe de geo- {;r.i[)hie sur uii Mcinoire de M. Silvemia, relalivement a la decouveile des terres du Prefre-J<'an et de la Guinee par les Poriugais. 5 Note sur la carle genc'rale du theatre des Crois:ides et sur les oljservalions critiques dont cetle carte a ete I'objet par M. Jacobs 17 Observations de M. Vivien ok SAiNT-M*nnN sur la Note pre- oedeiiti- a8 Suite du Journal d iiu voya{je {jeologinue a GeLel-Zcyt et dans le desert eoinpris entrc le Nil et la mer Rouge, etc. , par MM. A. Fii-.Ani et A. H. lltjssos. ' Aiticle communique par M. JoMAnn. ).2' article 3'>t Voyage en Asie-Miui-iire de M. Will. J. IJamiltou., 1 835-37- — Fragment iiiedit dune liistoire geo;'rapliique de I'Asie-Mi- neure, par M. L. Vivien de Saimt-Maiitis , secretaire-ge- ne'ral. ( Suite et fin. ) /^l Documents sur I'histoire, la geograpliie et le commerce ( ai j IjPtIre de M. le Presiileiif nel , ofticier dn cprps d'ailniinistration de la marine, etc.; par M. le biron RooKn. Z%\ Exirait d'une leltre adressee a M. JomarJ par M. le baron Al. DK HrjiBOLDT sur le voyage de M. Lepsius 3a8 Mort du capitaine Fergola 33 1 Carle dii royauine de Naples 332 Note sur le Guaco ibid. Note sur le Mocan 334 Rapport fait a la Socieie de {;eo( et ^oi Prores-verbal de la seance geiierale du 22 mai 1846. . . . 337 Memhies admis dans la Societe. . i3g, 196, 265, 338 Tts a la Societe. - 74, iSg, 196, 269, 338 et 406 Table des inatieres contenues dans le V' volume 4"^ FIN HE LA TABLR Pf 5* TOLVME. • {