Us SEL M A. nr ces BULLETIN SOCIÈTÉ VAUDOISE. DES SCIENCES NATURELLES. TOME Ÿ. — BULLETIN N° 38. PRIX : 2 FRANCS. LAUSANNE. IMPRIMERIE DE F. BLANCHARD. Mai 1856 DEN EE TABLE DES MATIÈRES DU PRÉSENT NUMÉRO. ÉRODESVERBAUX à. 0 JT 0 2 Le ete em leu ARE MÉmomEs . . . . Sur la scintillation des étoiles , par C. Dufour, professeur Des températures de l'air et des mirages à la surface du lac Léman, par L. Dufour, professeur . . . . . . . . . Note sur le Microsporon furfur , par C. Marcel, docteur . Sur un cas de pluie sans nuages , par L. Dufour, professeur Sur la vitesse des vagues , par L. Dufour, professeur . . . . . Note sur quelques points de la géologie de l'Angleterre , par E. Re- DEVIET Een de sel. RS te ie Lie ECHEC DEN UE De l’origine des végétations connues sous le nom de Queues de renard, par. DelaHarpe, docteur, ..2%1.02.) GLS. Sur la synonymie de la Natica rotundata, par E. Renevier . - Note géologique sur la Dobroudcha, entre Rassoya et Kustendjé, par Michel ingénieur. #00. 7 AIN OO Ciguë dans la Dobroudcha , par Michel, ingénieur . . . . . . BULLETINS DES SÉANCES DE LA SOCIÈTÉ VAUDOISE E< SCIENCES NATURELLES. —00 È0-—— TOME V. rires 1856 S 1857. LAUSANNE. IMPRIMERIE DE F. BLANCHARD. 1858. Tome Y. N° 38. SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES. 95 @07-©2——— PROCÈS-VERBAUX. Séance du 9 janvier 1856. — Mr L. Dufour communique à la Société le résultat des expériences qu'il a faites pour constater les variations du magnétisme dans le barreau aimanté, suivant la tempé- rature à laquelle on le soumet. On sait que le barreau aimanté perd son magnélisme par une élévation de température; mais on ignorait que l’abaissement avait une action analogue quoique moins pronon- cée. Mr L. Dufour est arrivé à ce résultat que tout changement de température du barreau aimanté correspond à une diminution de l'intensité magnétique. Il reste à déterminer la loi qui régit le rapport entre ces deux données. Le mémoire de Mr Dufour paraitra dans un prochain cahier. Mr Ed. Chavannes annonce qu'il vient de terminer l’arrangement des plantes rapportées du cap de Bonne-Espérance, par Mr Gustave Perdonnet, qui les y a récoltées dans un séjour de cinq semaines, en 1843 et 1844, pendant la fin du mois de décembre et le mois de janvier. Ces plantes, laissées jusqu'à ces derniers temps sans ordre et sans détermination, sont encore parfaitement conservées pour la plupart. La collection se compose d'environ 180 espèces réparties dans 100 genres et 34 familles; les échantillons sont généralement beaux , bien séchés et nombreux dans plusieurs espèces. Il y a fort peu de plantes ligneuses; mais les genres Erica, Heli- chrysum et Helipterium y sont assez bien représentés. La famille des Thymélées y compte de beaux échantillons dans les genres Stru- thiola, Passerina et Gnidia. On y voit aussi quelques espèces assez rares, qui ne se trouvent pas ordinairement dans les collections des plantes du Cap. Mr Chavannes a été très-obligeamment secondé par Mr le profes- seur Godet, de Neuchâtel, dans la détermination des espèces qu'il ne connaissait pas. y 9 janvier 1856. M: Perdonnet, qui est membre de la Société, se fera sans doute un plaisir d'ouvrir son herbier aux personnes qui auraient intérêt à le consulter. Il possède, déji en ordre, une belle collectic. de fou- gères du Brésil, dont la plupart sont bien déterminées, grâces aussi au bon secours de Mr Godet. La collection générale des plantes brésiliennes qu'a rapportée Mr Perdonnet n’est pas encore arrangée. Mr Chavannes en a entre- ris la classification, il y a peu de jours, et il la continue avec acti- vité. Cette collection, fermée pendant les cinq années que Mr Per- donnet a passées au Brésil, accompagné de Mr le Dr A. Chavannes, renferme de belles choses et se compose d'espèces récoltées dans la colonie suisse, au nord et près de Rio-Janeiro, et dans les provinees de Saint-Paul et de Sainte-Catherine, beaucoup plus au mudi. Mr Blanchet place sous les yeux de l'assemblée les cartes météo- rologiques dressées par Mr H. Nicollet, de Neuchâtel. M: Bischoff rend compte des résultats de l'analyse chimique d'un dépôt cristallin, trouvé dans des bouteilles de vin d’Yvorne 1848, première qualité. Ge dépôt était essentiellement formé de tartrate de potasse et d'alumine. Mr Blanchet dépose sur le bureau le numéro du Nouvelliste vau- dois qui expose les bases d’après lesquelles sont notées les observa- tions météorologiques de l'Ecole spéciale de Lausanne. Le chifire moyen du baromètre et celui du thermomètre de l’année précédente, sont pris pour le zéro auquel se rapportent les degrés observés. Mr C. Gaudin rapporte qu'ensuite des observations les plus ré- centes, la flore fossile des marnes de Rivaz doit être envisagée comme l’une des plus riches du tertiaire suisse; elle compte 145 espèces. Oeningen en a fourni jusqu'ici 180; Hæring, 1207; Sotska, 8; Hohen-Rhonen, à peu près autant que Rivaz. Ouvrages reçus depuis la précédente séance : 1. De la Société des sciences naturelles de Fribourg (Brisgau) : Berichte über die Verhandtungen, nes 9, 10 et 11. 1855. 2, De l'Association florimontane d'Annecy : Bulletin, ne 8. 3. De Mr l'ingénieur Will, de Zurich : Tableau synoptique com- parant l'ère chrétienne avec les dimensions de la grande pyramide d'Egypte. &. De la rédaction du Journal : La science pour tous, n° 2. 1856. 23 JANVIER 1856. 3 Séance du 23 janvier 1856. — Le Président annonce qu'il a reçu de l'Association Smithonnienne de Washington un envoi de publica- tions. Get envoi renferme : 2 vol. de Rapports faits à l'Association dès juin 1854 à janvier 1855; 1 vol. Observations faites sur le brick le Dauphin, par le capitaine See, dans le golfe du Mexique. Mr E. Renevier écrit de Paris au Secrétaire qu'il s’est mis en rap- port avec deux Sociétés savantes de France qui recevront nos pu- lications en échange des leurs. Ces Sociétés sont : 1° La Société Linnéenne de Normandie, à Caen (Calvados); adresse : Mr le pro- fesseur Eudes-Deslongchamps, 28, rue de Géole. 2° La Société d'agriculture de la Sarthe, au Mans; adresse : Mr Ed. Guéranger, ancien pharmacien, 3, rue Sainte-Croix. L'échange avec ces deux Sociétés est accepté avec empressement. Mr Hirzel place sous les yeux de la Société un planétaire destiné à l'instruction des aveugles de l’Asile de Lausanne. Des lettres en relief et des lignes tracées sur une table, de petites sphères armil- laires en fil de fer, mobiles sur une ellipse; des disques mobiles, ete., indiquent au tact des aveugles les divers mouvements célestes et leurs conséquences. Le mémoire paraitra plus tard. Mr C. Dufour, professeur, reprend ses communications sur la scintillation des étoiles (voir séance annuelle du 29 juin 1853). Le scintillomètre qu'il indiquait dans sa première communication, a continué à lui servir avec avantage dans cette étude. (Voir les mé- moires.) Mr S. Chavannes place sous les yeux de l'assemblée des échan- tillons d’un dépôt d’alluvions jurassiques ou glaciaires du pied du Jura, qu'il a observé près de Vallorbe. Ce dépôt offre les mêmes phénomènes que les dépôts de provenance alpine. — Le même mem- bre dépose en outre des concrétions siliceuses sous forme de géodes, qu'il a trouvées dans les marnes néocomiennes de Vaulion. Les fos- siles de ces marnes sont aussi souvent siliceux à l’intérieur. Cette silicification , rare dans le Jura, l’est bien moins dans les Alpes. Mr Blanchet présente un fragment de mâchoire de rhinocéros fossile, trouvé dans la molasse, près de Rovéréaz; il paraît avoir appartenu à un jeune animal. Le même membre présente encore trois cartes destinées à figurer le mode de formation successive des terrains miocènes dans le canton de Vaud. Chacune d’elles répond à l’une des périodes que l’auteur admet dans cette formation. Bite M: C. Gaudin communique l'extrait d’une lettre de Mr O. Heer, dans laquelle il annonce l'existence à Rivaz de deux fougères fossiles nouvelles pour la Suisse, celle d’un figuier? (ou d’une Butnériacée), d'un Sideroxylon? Ces fossiles ont été recueillis dans la galerie d’une ancienne mine de lignite sous Rivaz. 6 rÉvRIER 1856. St Séance du 6 février 1856. — Mr L. Dufour communique les observations de Mr Schnetzler sur un parasite développé dans le corps des mouches et étudié dans l'été 1855. Les journaux de l'été passé, dit Mr Schnetzler, ont fait mention d'une maladie particulière qui frappait la mouche commune. J'ai également observé ce fait. Voiei quelques résultats de ces observa- tions. Une efflorescence blanche apparait à la jonction des anneaux. La mouche attaquée du mal reste comme fixée sur les fenêtres, les rideaux, les miroirs, etc. Une poussière blanche se répand autour d'elle, de même que sur ses pattes, ses ailes, ‘etc. L’abdomen est dilaté. Lorsqu'on examine sous le microscope la poussière blanche répandue sur les objets sur lesquels l’insecte malade se trouve fixé, on la trouve composée de petits globules, de véritables cellules sphé- riques ou ovoides dans lesquels se trouvent des globules plus petits. La matière blanche qui remplit peu à peu l'abdomen et qui le rend presque ecassant, se compose, lorsqu'on l’examine sous le mieros- cope, de filaments cylindriques, ramifiés par des bifurcations. On découvre souvent dans leur intérieur de petits globules. Leur extré- mité renflée présente la même forme que les cellules ou globules répandus sur les vitres, glaces, ete. Je conclus de ce qui précède que la mouche domestique est quelquefois envahie par un organisme végétal semblable aux Mucédinées que nous voyons se former chez d'autres insectes, par exemple chez le ver-à-soie. La poussière blan- che qui se répand au dehors n’est autre chose que les spores de cet organisme parasyte. L'humidité favorise et provoque peut-être cette maladie. Lorsqu'on abandonne de l'urine provenant d'un individu affeeté de diabetes mellitus à la fermentation, il s'y forme une quantité abon- dante de filaments bifurqués, que l'on range parmi les Conferves et qui ressemblent d’une manière frappante à ceux que nous avons observés dans le corps des mouches malades. Ce résultat de la fer- mentation du sucre provenant de l'organisme animal nous donne ici peut-être un indice sur l'action chimique qui s'opère dans les liquides nourriciers de la mouche domestique avant l'apparition du végétal qui oceasionne la mort. Mr J. DelaHarpe rappelle qu'il a présenté à la Soeiété helvétique, réunie à Sion en 1853, un papillon venant de naître et fixé à une feuille au moyen d’une végétation parasite sortie de son abdomen et non de la feuille. Dans les climats chauds, les exemples de ce genre -Sont moins rares et se montrent même presque constants sur cer- tains lépidoptères, ainsi qu’on peut le voir dans les papillons exoti- ques de Cramer. Mr C. Gaudin rappelle qu’à la Nouvelle-Hollande existe une che- nille qui produit de longues végétations ramifiées , fait qui a été pu- blié dans les journaux du temps. 6 révrier 1856. 5 Mr L. Dufour continue son exposition des phénomènes du mirage et des observations thermométriques faites sur le lac Léman, dans le but de déterminer la température des couches d'air qui donnent lieu au mirage. (Voir les séances des # juillet, 5 et 19 décembre 1855, et les mémoires.) Mr Morlot en prend occasion de mentionner le mirage très-marqué que l'on peut observer le long de la cheminée de nos bateaux à vapeur, par suite de la différence de densité des couches d’air qui entourent ces cheminées. M: Morlot rapporte un fait de refoulement qu'il a observé dans les sables d’alluvion du Rhône, près Noville. L’éboulement, dit-il, qui a détruit Tauredunum, a formé deux zônes de tertres. Noville est bâti sur le bord de la première zène. Dans une exploitation de gra- vier, située près du cimetière de ce bourg , on enlève les sables de cette première zûne. Le gravier que l’on en tire est évidemment celui du Rhône et s’exploite là où ne devrait exister que du limon. Il est stratifié en couches brisées en zig-zag; sous ces couches, Mr Morlot a recueilli un fragment de poterie celtique, d’où l’on doit conclure que leur dépôt ne remonte pas au-delà de l’époque histo- rique. Or, ces couches de gravier plissées n’ont pu l'être que par un refoulement latéral, c’est-à-dire par l'action des masses éboulées de la montagne. M: Morlot rapporte encore que s'étant transporté près de Corbey- rier, sur les lieux où l’on avait observé, dans l'hiver passé, un cou- rant d'air chaud, il s’est convaincu que cet air ne provenait que des courants qui s’établissent si aisément dans les éboulements au pied des Alpes. C’est en petit les cantines du Tessin. (Voir séance du 19 décembre 1855.) M: Marcel expose ses observations sur le microsporon furfur d'Eichstædt, parasite de l’épiderme. (Voir les mémoires.) Depuis la séance précédente, la Société a reçu : 1. De l'Académie royale de Belgique : a) Mémoires couronnes et Mémoires des savants étrangers, collect. in-8e, t. VI, 2 partie. — b) Bulletin de, ete., t. XXI, 2e partie, 1854; t. XXIE, fre partie , 1555. — c) Annuaire de, ete., pour 1855. — d) Bibliographie, ete., pour 185%. — e) Mémoires couronnes et Mémoires des savants étrangers, 1. XXVTI, 1854-1855, in-4o, — f) Mémoires de l' Acade- mie, ete., t. XXVIIE, 1854; t. XXIX, 1855. 2. De Mr E. Renevier : Coupe stratigraphique prise dans l'ile de Wight, par Me W.-H. Fitton (tableau), 3 exempl. Extraits du Geo- logical Quarterly Journal. 3. De Mr Martens, de l'Académie royale de Belgique : a) Recher- ches sur les couleurs des végétaux. — b) Nouvelles recherches sur La 6 21 rÉvaier 1856. coloration des plantes. (Extr. du Bulletin de l'Académie royale de Belgique.) 4. De la Société libre d'émulation du Doubs : Note sur le chemin de fer du Jura central, par Mr Ch. Grenier, professeur. 5. De la Société des sciences naturelles de la Wétéravie:: Bulle- tin, etc. Hanau, 1853 à 1855. Séance du 21 février 1856. — Mr Renevier présente comme mem- bre ordinaire de la Société Mr Ad. Constant-Delessert, à Lausanne. Admis à l'unanimité. Le même membre présente, en outre, comme membre ordinaire, M: Ebray, ingénieur du chemin de fer d'Orléans, à Choisy-le-Roï. Admis à l'unanimité. Sur la proposition du Secrétaire, la Société charge la commission de publication de lui présenter ses propositions sur les modifications que la publication du Bulletin pourrait exiger. Mr E. Renevier lui est adjoint dans ce but. Le Bibliothécaire annonce qu'il s'occupe de la rédaction d’un nou- veau catalogue de la Bibliothèque et qu’il fera plus tard des propo- sitions. Le Sur la proposition du Bureau, on renvoye à la prochaine séance générale la nomination de quatre membres honoraires; les personnes présentées par le Bureau sont : MM. Argelander, à Bonn; Quatre- fage, à Paris; Haïdinger, à Vienne, et Magnus, à Berlin. M: Ph. DelaHarpe propose à la Société d'accepter l'offre d'échange de publication avec la Société des naturalistes de Malvern (Worcester). Cette proposition est adoptée. Mr E. Renevier fait la même proposition pour la Société des ingé- nieurs civils de Paris. (Adresse : rue Buffault, 26, Paris.) Adopté. Mr L. Dufour rapporte une observation de pluie sans nuages. (Voir les mémoires.) M: J. DelaHarpe communique l'annonce de MM. Grenier et Dera- meruz, fabricants de farine, près Besançon, qui sont parvenus par des procédés chimiques assez connus, à transformer une bonne partie de l’amidon du gruau d'avoine en dextrine et à rendre par là cette substance plus nutritive. M: L. Dufour expose une méthode nouvelle, à la fois simple et pratique, de détermimer la vitesse du mouvement des vagues. (Voir les mémoires.) € 91 Février 1856. 7 Mr C. Gaudin rapporte que l’on a découvert au Vallon (Lau- sanne), en ereusant une cave dans la molasse, un tronc d'arbre dico- tyledoné fossile et fortement pyritisé. Son tronc présente actuelle- ment une longueur de 28 pieds sans ramifications ; il est sans doute beaucoup plus long. Son diamètre d'environ 8 pouces (22-23 centi- mètres) ne varie guères dans toute sa longueur. Mr J. DelaHarpe, qui a aussi examiné ce fossile, a été frappé des rayons nombreux de jayet qui partent du tronc dans tous les sens, pour se terminer en s’eflilant dans la molasse périphérique. Ces rayons, qui ont une longueur moyenne égale au diamètre du trone, et sont plus ou moins ondulés ou droits, représentent une série cir- culaire de fissures qui ont eu lieu dans le grès par suite du retrait du trone qui se dissolvait avant de se fossiliser. On sait assez que dans les molasses (grès) les fossiles ne sont presque pas écrasés; la nature sablonneuse de la roche ne lui permettant pas de se tasser sensiblement après son dépôt sous l’eau. Le tronc enfoui, en se ré- duisant en bouillie par la décomposition lente, a dû occuper bientôt une place plus petite dans la roche; celle-ci ne pouvant suivre le bois dans son retrait, s’est fendillée tout autour de lui, comme le fait une voûte qui s'écrase. Les fentes, résultat de la pression ambiante, se sont alors remplies de bouillie végétale qui, plus tard, s’est trans- formée en jayet; le sulfure, si abondant dans nos molasses, a trouvé aussi par le fait du retrait du végétal, de nombreuses vacuoles où il a pu se déposer. Il résulte de là que ce tronc de 8 pouces de dia- mètre n’en avait guères plus de 10 avant sa transformation. On renvoye à la séance générale d'avril l'examen des questions qui se rattachent à la séance annuelle. Mr C. Gaudin propose que l’on se joigne à la Société de Berne pour demander au Conseil fédéral l'autorisation de recourir gratui- tement aux télégraphes pour les observations météorologiques simul- tanées de quelque importance. Cette proposition est adoptée en . ajoutant que préalablement il faut savoir quelle sera la réponse que l'administration centrale fera à la Société de Berne, et qu'il convien- drait, suivant le cas, d'appeler sur ce sujet l'attention de la Société helvétique. Le même membre demande aussi que les autorités locales soient invitées à régler les horloges publiques sur l'heure télégraphique de Berne, comme en Angleterre elles se règlent sur celle de Greenwich. Cette demande est fortement appuyée et l’on pense que le moyen le plus simple d'atteindre ce but sera de communiquer aux journaux la demande de la Société, afin qu'ils en fassent mention. Depuis sa dernière séance , la Société a reçu : 1. De la Société géologique de France : Bulletin, ete., 1. XIE, f. 43-51; t. XII, f. 1-2. 8 3 mars 1856. 2. De la Société florimontane d'Annecy : Bulletin, numéro de décembre 1855. 3. De Mr E. Renevier : a) Notice sur la colline de Sansan, par M: Lartet. — b) Distribution des Brachiopodes dans les îles Britan- niques. (Extr. du Bulletin de la Société géologique de France.) — c) Des rapports entre la stratigraphie et la paléontologie, par Mr de Barande. (Extr. des Bulletins de la Société géologique de France. — d) Des rapports entre la craie et le calcaire de Purbeck (crétacé ancien), par Mr Fitton. Séance du 3 mars 1856. — Le Président annonce la démission de M° Ant. Bourgeois, pour cause de santé. La Société s’oceupe de la rédaction du Bulletin. (Voir aux séances du Bureau.) M' Hirzel présente à la Société un deuxième planétaire, destiné à représenter aux aveugles les phases lunaires. (Voir la séance du 23 janvier et les mémoires d’un numéro prochain.) M: DelaHarpe père entretient la Société de la formation et des propriétés d’une matière colorante bleue qui s’observe assez fré- quemment sur les pièces de pansement à l'Hôpital cantonal. Il annonce que M° Bischoff, professeur, se livre à des recherches chimiques sur cette matière. Le mémoire paraîtra dans un prochain numéro. MM. G. de Rumine et C. Gaudin ont établi, à Eglantine près Lau- sanne, un observatoire ozonométrique, dont ils feront connaître les résultats. Afin de rendre comparatives leurs observations , ils ont ouvert un second observatoire au Pavement, au-dessus de Lau- sanne. [ls se proposent de faire de semblables observations à Noville, dans la vallée du Rhône et au Grand Saint-Bernard. Le prieur de l'hospice du Grand Saint-Bernard veut bien se charger de faire les observations. M" C. Gaudin présente un fragment de très-belle feuille de palmier (Sabal major), trouvé dans la molasse, à la Borde près Lausanne. Dans la même localité, il a recueilli des empreintes de feuilles de peuplier, de laurier, etc. M° E. Renevier fait à la Société une première communication sur la géologie de l'Angleterre. (Voir les mémoires.) M: Ed. Chavannes demande si l’on a fait des observations ozon0- métriques sur l'air dans lequel vivent les plantes. M° C. Gaudm répond que tandis que l'air extérieur donnait 7, 8 et 9 degrés à l'o- zonomètre, celui d’une serre remplie de plantes restait à ô. Le même membre entretient la Société d’une variété de Leucoium 3 mars 1856. 9 vernum cultivé, dans laquelle les extrémités du périgone prennent une teinte verte et les étamines deviennent orangées. M Hirzel dit quelques mots sur les effets désastreux de l’ophthalmie des nouveaux nés, maladie assez fréquente dans notre pays. L'assemblée s'occupe de rechef de l'importance d'appliquer la télégraphie électrique aux observations météorologiques. Elle con- elut à faire une proposition sur ce point à la Société helvétique dans sa prochaine réunion. La Société reçoit dans cette séance : 1. De l’Académie royale des sciences de Bavière : a) Almanach de l’Académie, etc., pour 1855. — b) Annales de l'Observatoire royal de Munich, vol. VIF et VIE. München, 1854-1855. — c) Discours d'ouverture de l’Académie, par M° Lamont. — d) Gelehrte Anzeigen, 40e vol., janvier à juin 1855. 2. De l'Institut impérial et royal de géologie à Vienne (Geologische Reichanstalt) : a) Coup-d'œil géologique sur les mines de la monar- chie autrichienne, par MM. Hauer et Fœtterle, avec une introduction du professeur Haiïdinger. Wien, 1855. — b) Mémoires de, etc. (Jahrbucher), ne 1, janvier à mars; no 2, avril à juin 1855. 3. De la Société des sciences naturelles et médicales de la Hesse- supérieure : 5e Rapport. Giessen, octobre 1855. k. De MM. Ph. DelaHarpe et C. Gaudin : Flore fossile des envi- rons de Lausanne. (Extrait du Bulletin de la Société vaudoise.) 5. De M° J. Cook, jun’. professeur de chimie, à Howard : Sur deux nouvelles combinaisons cristallines de zinc et d'antimoine. Gam- bridge, 1855. 6. De M° Durheim, à Berne : Jdiotikon botanique suisse. Berne. 7. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Mémoires et Comptes-rendus de, etc., Ille année, cahiers 2-3; IVe, Ve, Ve et VILe ann., 16 cahiers. 8e avec planches. 8. De la Société Linnéenne du Calvados : Mémoires de, ete., 2 vol., 1824-1825, avec atlas; nouv. série, vol. 6-9, avec planches. De la Société Linnéenne de Normandie : Séances publiques de, ete. 1834-1837, 4 cah. 8o. 9. De M° E. Renevier : Notice sur la cause des mouvements de rotation et de translation de la terre et des autres planètes, par J. Cornuel. 10. De M Hebert : Notice sur le terrain tertiaire moyen du Nord de l'Europe. 10 19 mars 1856. 11. De la Société de physique et de médecine de Wurzboursg : Verhandlungen, etc. 7e vol., cah. 2. 12. De l’Institut national genevois : Bulletin de, ete., t. I, HE et EV 1° liv. — Bulletin des séances, n° 8. Séance du 19 mars 1856. — M Hirzel présente les photographies des deux planisphères dont il a occupé la Société dans deux précé- dentes séances. MM. Samson Boiceau, à Lausanne; Pictet, professeur de paléon- tologie à Genève; Humbert, conservateur du Musée à Genève; Alois DeLoës, forestier à Aigle, et M° Fraisse, ingénieur, ancien membre de la Société, présentés par M° E. Renevier, sont reçus membres ordinaires de la Société. — M Michel, ingémeur du chemin de fer à Lausanne, présenté par M Doxat, M° Filet, étudiant anglais, pré- senté par M° C. Gaudin, et MM. Marguet père et fils, professeurs, sont aussi reçus membres ordinaires de la Société. Sur la proposition de M° Ph. DelaHarpe, la Société accepte l’é- change de ses publications avee le Cotteswould Naturalist's Club , à Cirencester. Pour adresse : J. Buckmann, prof. at the roy. College of Cirencester (Glocester). Sur la proposition de M° E. Renevier, les prix des volumes dis- ponibles du Bulletin sont fixés comme suit : Pour les membres de la Société. Pour les étrangers. Tome [°° fr. 5 fr. 7 50 A 1 » 7 » 10 50 Les tomes IL et III ne peuvent se vendre, vu le petit nombre d'exemplaires. Les numéros séparés seront remis aux membres de la Société au prix réduit du tiers du prix; pour les étrangers, ce prix sera de 2 cent. la page, 25 cent. la planche en dehors du texte, et de 5 c. le cliché sur bois. On décide enfin : 1° que le prix de chaque numéro sera inserit sur sa couverture; 2° que 10 exemplaires au moins de chaque nu- méro resteront au dépôt, et 2 aux archives. M° L. Dufour continue son exposition sur le mirage étudié prin- cipalement en vue de déterminer l’état de la température des couches d'air où il a lieu. (Voir la séance du 6 février et les mémoires.) M° Gaudin communiqu: quelques détails relatifs aux nombreux ossements d'oiseaux fossiles recueillis dans la Nouvelle-Zélande , par le docteur Mantell. Ces ossements comprennent cinq genres différents et plusieurs espèces, dont quelques-unes semblent avoir été contemporaines de l’homme, car leurs ossements se retrouvent 19 mans 1856. 11 mélés à ceux d’autres animaux et d'hommes dans les monticules que les indigènes disent avoir été élevés par leurs ancêtres. Ils se trou- vent souvent aussi enfoncés dans des espèces de tourbières formées par le Phormium tenax en décomposition. M° Gaudin rapproche la disparition de cette faune presque uni- quement composée d'oiseaux, des observations faites par le botaniste Muller, qui assure d'une manière positive que La flore des conifères de l'Australie disparaît lentement, mais sûrement de la surface du globe et fait place à un ordre de plantes plus récent. Cette dispari- tion correspond à celle, des indigènes devant la race caucasique. I a observé et déterminé plusieurs espèces dont les individus étaient morts de vieillesse et sans laisser de descendants. En présence de tes faits remarquables, M° Gaudin pense qu'il faut n'accepter qu'avec réserve la théorie des modifications soudaines dans les créations et penser plutôt que nous assistons à un de ces merveilleux changements de décoration qui se sont souvent succédé à la surface du globe. M" E. Renevier dit à cette occasion que l’idée de la disparution des faunes et des flores par mort lente et successive et non par cata- clysme prend de jour en jour plus de faveur en Angleterre. L'importance de la détermination des faunes et des flores dans la paléontologie et tout le système qui repose sur elle (d'Orbigny) per- draient dès lors beaucoup de la faveur dont ils ont joui jusqu'ici. M° C. Gaudin ajoute qu'il faut encore tenir compte, dans l’examen de ces questions, de l'existence de faunes et de flores limitées et datant d'époques plus anciennes qui peuvent s’être maintenues au travers des cataclysmes sur certains points du globe. M Renevier présente à la Société deux moules en plâtre d’osse- ments d'oiseau gigantesque (Gastornis parisiensis, Heb.) qui ont été trouvés dans les conglomérats de Meudon. Cette assise se trouve à la base de la série tertiaire de cette partie du bassin de la Seine et fait partie de l'étage suessonien. Le premier échantillon, qui est un Tibia, a été trouvé par M Gas- ton Planté et fait maintenant partie de la collection de l'école nor- male supérieure de Paris. Il a donné lieu à des notices de MM. Con- stant Prévost, Hebert et Lartet, lues à l’Académie des sciences le 2 mars 1855. Le second, dont M° Hebert à fait connaître la décou- verte à l’Académie des sciences”, le 4 juin de la même année, est le femur du même animal. D’après les études de M° Hebert et celles de M" Lartet, cet oiseau devait être intermédiaire entre les Palmipèdes lamellirostres (eygne), des os desquels ces ossements ont la forme générale, et les Echas- siers avec lesquels ils avaient de commun la conformation de l'os qui permet à l'animal de dormir debout sur un pied. * Voyez Compies-rendus, tome XL. 12 19 mars 1856: Le Gastornis devait être plus pesant que l’autruche et sans doute aussi peu enclin qu’elle à voler. Il devait avoir les membres propor- tionnellement plus longs que le cygne et pouvait dormir debout sur une jambe. M° Renevier présente en outre le moule d’un femur de mammi- fère de la famille des Lophyodons (Coryphodon, Owen), qui avait été trouvé il y a déjà quelques années dans la même couche que les précédents par M de Lorière, dans la collection duquel se trouve l'original qui, ainsi que les deux autres, est un échantillon unique. Tous ces moules sont destinés au Musée cantonal. A l’occasion de la communication de M° Gaudin, M° Renevier fait remarquer que les faits qui viennent d’être cités paraissent confirmer l'idée émise par M° Pictet dans son traité de paléontologie (2e édit. I, 80), et que M° Renevier a retrouvée se faisant jour spontanément dans l'esprit de beaucoup de naturalistes anglais, savoir : que les extinctions d'espèces doivent être attribuées bien moins aux pertur- bations physiques qu'à une loi organique, qui parait limiter la vie de l'espèce comme celle de l'individu. M° Renevier dit que plus il va en avant dans l'étude des faunes successivement enfouies à la surface du globe, plus il trouve d'espèces passant de l’une à l’autre, et plus il se persuade qu'il n’y a eu aucune interruption de vie orga- nique à la surface du globe, pas même entre les grandes époques, et que ces faunes se succèdent et s’entrelacent comme les anneaux d'une chaine, d'une manière non-interrompue, mais distinetes ce- pendant, présentant des empiètements les unes dans les autres, mais parfaitement tranchées lorsqu'on enlève les anneaux intermédiaires. C'est à l'enlèvement de semblables anneaux intermédiaires que M° Renevier attribue les lacunes qui se présentent entre quelques grands terrains, entre les terrains jurassiques et les terrains crétacés par exemple. M° R. Blanchet rapporte que l’on & observé l'an passé dans le bassin du Léman qu’un grand nombre de vaches ont avorté; ce fait n'a point été noté dans le bassin de la Broye. Quelques membres expliquent cet accident par une trop grande succulence de foin. M° C. Gaudin rapporte que M° Auguste Jaccard, du Locle, à étudié la molasse d’eau douce de la localité qu'il habite et a trouvé bon nombre d'empreintes de feuilles qui correspondent à celles d'Oeningen. Gette molasse appartiendrait done à la molasse d’eau douce supérieure. Depuis la dernière séance, la Société a reçu : 1. De M' E. Renevier : a) Seconde note sur la géologie des Alpes vaudoises. — D) Résumé des travaux de M° Sharpe sur le clivage et la folialion des roches. — e) Dates de la publication des espèces contenues dans la Conchyliologie de MM. Sowerby. (Ces trois brochu- res sont extraites du Bulletin de la Société.) 2 avriz 1856: 13 2. De la part de M° Mortillet, à Annecy : Cataloque des mammi- fères des environs de Genève, par M° Mortillet. — b) Note sur les minéraux de la Savoie, par le même. — €) Tableau des terrains de la Savoie, par le même, 3. De M° Borgeaud, à Lausanne : a) Etude du lait physiologique et économique, par M° Doyère. — b) Etudes expérimentales sur l'alimentation du bétail, par M E. Baudement. — c) Réflexions sur la pisciculture, par M° Chabot. &. De Mme la comtesse de Rumine : Geographische Mittheilungen, de Peterman. 1 vol., 1855, avec 23 cartes. Gotha, Perthès. Séance du 2 avril 1856. — Mr L. Dufour entretient la Société des circonstances qui ont amené la découverte de la planète Neptune et des divergences d'opinion qui se sont élevées à cette occasion entre MM. Henke, à Berlin; Leverrier , à Paris, et Challes, à Cam- bridge. M° Rambert rapporte que la Veronica Buxbauwmi, autrefois rare dans notre canton, s'est singulièrement multiphiée dans le cerele de la Tour-de-Peilz, le long des chemins. Mr Muret confirme ce fait et trouve cette plante assez fréquemment aujourd'hui à Lavaux, à Montreux, à Bex, etc. M E. Renevier examine la synonymie de quelques Natices du Gault et rectifie les erreurs qui s'étaient glissées dans la détermination des Natica rotundata, lævigata et Clementina. (Voir les mémoires.) M° J. DelaHarpe rapporte qu'ayant examiné les productions végé- tales renfermées dans les tuyaux de fontaine, connues sous le nom de queues de renard, il a pu s'assurer qu'elles ne proviennent point uniquement des racines d'arbres voisins qui pénètrent dans les tuyaux pourris. (Voir les mémoires.) M° Gaudin soumet à la Société des feuilles de plusieurs pieds de chêne vert provenant toutes d’un arbre de la campagne de M° Ver- deil, près Lausanne. Cet arbre, dont les feuilles sont ovales lan- céolées, coriaces et velues, a produit fréquemment des glands que les jardiniers recueillent pour semis. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que sur une douzaine de jeunes pieds, un seul a des feuilles sans épines et pareilles à celles de l’arbre souche. Les feuilles de tous les autres sont plus ou moins épineuses. Un des pieds porte des feuilles plus grandes, membraneuses, lisses des deux côtés et très- semblables à celles du Quercus cerris var. tomentosa ou aussi du Quercus pseudo-suber. En face de l'importante question des modifications que les espèces ont pu subir dans les temps géologiques, M° Gaudin pense qu'il serait A4 16 avriz 1856. bon de suivre les changements qu'une espèce aussi variable peut éprouver pendant un certain nombre de générations après qu'elle a été transportée dans un climat étranger. Mre de Rumine a bien voulu faire l’acquisition de tous ces jeunes pieds et les transplanter dans sa campagne de l'Eglantine, où on cherchera à recueillir des glands de cette génération et où les botanistes à venir pourront observer leur développement. Le même membre place sous les yeux de la Société les dernières planches de la flore tertiaire fossile helvétique de M° 0. Heer, ainsi que deux planches d’un nouvel ouvrage sur les insectes fossiles d'Aix en Provence, du même auteur. M' E. Renevier communique l’extrait d'une lettre de M° Desor. Depuis la dernière séance, la Société a reçu : 1. De l'Académie royale d'Upsal : Nova acta societatis, ete., 3e série, À vol. 2. De M C. Gaudin : Des plantes fossiles de Madère, par M° O. Heer. (Extr. des Mémoires de la Société helvétique, tom. XV.) 3. De M Baillère : Catalogue de sa librairie, juin 1855. Séance du A6 avril 1856. — La Société, après discussion, décide que la réunion générale annuelle de cette année aura lieu à Lau- sanne. Pour donner suite à la délibération du 21 février écoulé, la Société nomme membres honoraires à l'unanimité des suffrages : * MM. Argelander, professeur à Bonn; Magnus, professeur à Ber- lin; Haiïdinger, professeur à Vienne; Quatrefage, professeur à Paris. Sur la présentation de M° L. Dufour, la Société admet comme membre ordinaire Mr Alex. Lude, préparateur au laboratoire de physique de l’Académie de Lausanne. Le Président donne lecture d’une lettre de M" Michel, ingénieur, qui remercie l'assemblée pour sa nomination. Sur la proposition de M' E. Renevier, la Société accepte l'échange de ses publications avec la Société des sciences de l'Yonne. Nous lui adresserons un exemplaire complet de nos publications en retour des 9 volumes qu’elle déjà publiés. Adresse : M° Gustave Cotteau, juge à Coulommier (Seine et Marne). M° Duflon présente un épi mâle de mais devenu femelle et un autre épi demi mâle et demi femelle. 16 avriz 1856. 15 M° L. Dufour continue et termine ses communications sur les variations de température des couches d'air, siége du mirage. (Voir les précédentes séances et les mémoires.) M° Marcel introduit un jeune homme bien portant dont le cœur est à droite par vice de naissance. M°S. Chavannes lit une notice sur la géologie des environs de Thonon en Savoie, où il étudie spécialement l’erratique de la loca- calité. (Voir les mémoires.) Le Secrétaire donne lecture d'une notice de M° Michel, sur la géologie de la Dobrutscha. (Voir les mémoires.) Depuis la dernière séance, la Société a reçu : De la Société géologique de France : Bulletin de, ete., 2e série, t. XIF, fol. 52-60, et t. XIE, fol. 3-7. MÉMOIRES. SUR LA SCINTILLATION DES ÉTOILES. Par M° €. Bufour, professeur à Morges. (Séance du 23 janvier 1856.) 1. [y a 3 ans environ, que j'entretins pour la premiére fois notre Société de mes observations sur la scintillation des étoiles. Ces ob- servations ne faisaient alors guère que commencer, et je ne pouvais nullement me prononcer sur les conséquences auxquelles il était possible d'arriver. Je ne fis d’ailleurs qu'indiquer un seintillomètre dont le principal avantage était de mettre l'observateur à l'abri des préventions dont il est toujours si difficile de s'affranchir dans des recherches de ce genre. Après quelques mois de travail, je vis que la question était plus complexe que je ne le supposais d'abord, et que dans tous les cas il était absolument nécessaire de faire encore de nombreuses observations dans toutes les saisons de l’année , et dans toutes les circonstances météorologiques. Après avoir pendant quelques mois employé le scintillomètre que j'avais indiqué , il me sembla qu'avec beaucoup d'exercice , je parvenais à apprécier assez bien à l'œil l'intensité de la seintillation , ce qui simplifiait beaucoup mes observations, et pour ne pas être influencé par des idées pré- conçues, je cherchais peu à me rendre compte moi-même de ce que je faisais. Je mettais tous mes soins à observer avec autant d'exacti- tude que possible, et je réunis ainsi un grand nombre de chiffres sans trop savoir s'ils étaient concordants ou pas. C'était là un travail que je renvoyais à la discussion finale. Ce ne fut que vers la fin d'octobre 1853 que je demeurai tout-à-fait fixé sur ce que je devais faire, et que je me trouvai suffisamment exercé pour entreprendre des observations sérieuses. Je rejette tous les chiffres obtenus pré- cédemment, et je considère que pendant les 9 premiers mois d'ob- servation , je n'ai fait qu'apprendre à voir. 2. Mode d'observation. Depuis le mois d'octobre 1853 , je me suis done appliqué à suivre avec soin et avec persévérance , tout ce qui concerne le phénomène de la scintillation. Après les mois d'essais , j'étais convaineu que pour le but que je:me proposais, la manière la 2 18 SCINTILLATION DES ÉTOILES. plus avantageuse d'y arriver était d'observer aussi souvent que pos- sible; de fixer une étoile à l'œil nu, et d'apprécier sa scintillation par un chiffre. D'abord j'avais adopté les chiffres de 0 à 10, 0 étant une seintillation nulle, et 40 une de ces scintillations fortes qui ne se rencontrent que rarement, et seulement alors que l'étoile est près de l'horizon, et qu'elle parait sautiller , changer de couleur , et parfois même disparaitre. C'est en comparant fréquemment les sintillations des différentes étoiles à toutes les heures de la nuit, que je suis AE à bien re- connaitre ce qui était pour moi une cintillation 1, 2, 3, 4, 5, ete., et même avec un peu d'exercice, je ne tardai pas à trouver de degrés entre une seintillation 0 et une scintillation 1 , entre À et 2 ete. Aussi, crus-je pouvoir donner aux observations encore plus de précision, en divisant en 10 chacun des degrés précédents. Ainsi la scintillation d'une étoile fut souvent appréciée par 0,7. 1,2, etc. Dans le fait, cela revenait done à diviser en 100 l'intervalle qu'il y a entre la scintillation nulle et la scintillation maximum. Toutefois je ne pus faire cette division par dixièmes de degrés-que pour les scintillations inférieures à 5, car au-dessus je n'appréciai jamais que les unités. On peut, il est vrai, m'objecter iei qu'il y a beaucoup d'arbitraire dans ces appréciations, et qu'il doit être difficile de fixer le chiffre exact de la scintillation. Cet inconvénient, je suis le premier à le reconnaitre ; néanmoins après plusieurs mois d'exercice , je pus me convainere que mes appréciations n'étaient pas loin d’être exactes, et qu'entre autres, en comparant les observations d'une soirée avee celles d'une autre soirée, mes résultats étaient assez concordants pour qu'ils pussent m'inspirer de la confiance. D'ailleurs l'appréciation de la seintillation n’est guère plus difficile que celle de l'éclat des étoiles variables, et cependant, appliquant à cette dernière recherche un procédé analogue à celui que j'ai employé , on est arrivé à des résul- tats très-remarquables qui sont admis dans la science. Il n’y a qu'à citer comme exemple le beau travail de M° Argelander sur les singu- lières variations de 6 de la Lyre. Les observations de cette nature ne sont sans doute pas aussiexac- tes que celles qui se font avec un instrument de précision , mais en multipliant leur nombre on peut espérer de voir disparaitre les er- reurs individuelles dans des moyennes générales, et d'obtenir ainsi des résultats satisfaisants. Aussi, depuis le mois d'octobre 1853 jus- qu'à maintenant, ne laissai-je pas passer une des soirées pendant lesquelles on pouvait voir les étoiles, sans faire autant d'observations que possible, en prenant note non-seulement de la seintillation elle- même, mais des heures d'observation et des différents phénomènes météorologiques que l’on avait pu constater dans la journée ou dans les journées précédentes. De cette manière, j'ai réuni à peu près quinze malle observations de seintillation. Ce nombre me parut suffisant pour m'engager à les utiliser, et à chercher ce que l’on pour- rait retirer de cette longue série de chiffres. | - SCINTILLATION DES ÉTOILES. : 19 3. Presque toutes les observations ont été faites à Morges. Morges est situé sur les bords du lac Léman, par 46° 31° de latitude Nord et #°9° à l'Orient de Paris. 4. Mon but était tou ours une recherche météorologique, mais comme les mêmes étoiles avaient souvent été observées à des hau- teurs très-diverses, il était important de commencer par trouver l'influence de la hauteur apparente d'un astre sur l'intensité de sa scintillation. Pour arriver à cette loi, voiei la marche que j'adoptai. Je choisis pour une étoile, La Chéèvre par exemple, tous les jours marqués par une scintillation normale, quand il me semblait qu'il n'y avait eu ni les jours précédents, ni les jours suivants aucune perturbation atmosphérique considérable, et que la scintillation d’une heure à l’autre n'avait jamais présenté des variations trop bizarres et trop irrégulières. Les périodes qui, à cet effet, me devinrent surtout très-utiles furent ces séries de beaux jours que nous eùmes dans le canton de Vaud, à la fin d'octobre 1853, en mars et en septembre 185%. Je trouvai ainsi pour La Chèvre 50 jours, que je pouvais considérer comme types, et qui me semblaient être des jours de seintillation moyenne. Je commençai d'abord à rejeter toutes les observations faites quand l'étoile était dans le voisinage des nuages, parce que j'avais remarqué qu'en pareil cas, la seintillation était toujours considérablement aug- mentée. Je rejetai de même toutes celles qui avaient été faites le soir au crépuscule, ou le matin à l'aurore, parce qu'alors encore la scin- tillation est en général plus forte que lorsqu'il fait complètement nuit. Il me resta done, pendant ces 50 jours, 330 observations de la seintillation de La Chèvre, observations que je pouvais considérer comme ayant été faites dans de très-bonnes conditions. Je réunis ensemble celles qui avaient été prises à la même hauteur , puis j'en cherchai la moyenne, et bien qu'il fût évident que la scintillation allait en diminuant à mesure que l’on se rapprochait du zénith, il n’en est pas moins vrai que d'un degré à l’autre , il y avait parfois des ano- malies assez marquées. Je ne pouvais guère attendre mieux dans des recherches de ce genre, qui par leur nature même ne sont pas d’une précision absolue. Je réunis alors les chiffres de 5 en 5°, en prenant la scintillation constatée à 439, 440, 45°, 469 et 47° pour la scintillation à 45°, celle constatée à 48°, 49°, 50°, 51° et 52° pour celle à 50°, et ainsi de suite. Cette fois-ci la série ne présentait plus d'irrégularité sen- sible, ce qui devint évident par la construction de la courbe. Pour tracer cette dernière, je pris les abscisses proportionnelles aux dis- tances zénithales, les ordonnées proportionnelles à l'intensité de la seintillation, et j'obtins alors une courbe assez régulière, qui ne pré- sentait des inflexions un peu extraordinaires que près du zénith, là où la scintillation est tellement faible , que la plus petite erreur sur 20 SCINTILLATION DES ÉTOILES. l'appréciation, ou une perturbation atmosphérique qui passe inaperçue, a une grande influence sur le résultat dans lequel elle figure. 5. Après que ce travail fut fini pour La Chèvre, j'en commençai un parfaitement identique pour Wega , et à mon grand étonnement, je trouvais à toute hauteur pour la seintillation de Wega un chiffre plus fort que pour La Chèvre. J'avoue que j'en fus d'abord désap- pointé, je cherchais seulement la relation qu'il y avait entre la hauteur des étoiles et l'intensité de la scintillation. Or mes observations avaient été faites avec assez de soins pour que j'eusse pu espérer d'arriver à des résultats concordants, et en prenant la moyenne des chiffres obtenus pour toutes les étoiles d'observation , chiffres que je suppo— sais être peu différents les uns des autres, j'aurais eu la moyenne que je cherchais. Mais l'écart inattendu que je vis entre la seintilla- tion de La Chèvre et celle de Wega subsistait partout, sauf près du zénith, avec tellement de régularité, que je commençai à croire que toutes choses égales d’ailleurs, il pouvait bien y avoir une différence réelle entre la scintillation de La Chèvre et celle de Wega. Celle de Wega étant la plus forte. 6. Il me sembla que cette différence pourrait peut-être provenir - de ce que La Chèvre avait un diamètre apparent plus considérable, et qu'ainsi, sous ce rapport, elle se rapprochait plus de l'état des pla- nètes, qui avec un diamètre apparent plus grand seintillent beaucoup moins que les étoiles fixes. Néanmoins avant de hazarder une idée si importante, je voulus savoir ce que penserait de mes observations faites à l'œil nu et de mes appréciations, un homme qui a lui-même énormément observé, et souvent apprécié de cette manière la lumière des étoiles. Je me décidai à aller consulter à cet égard M° le profes- seur Argelander. En juillet 4855, je préparai les courbes de scmtillation de La Chèvre et de Wega, puis je partis pour Bonn. 7. M' Argelander me reçut avec la plus grande bienveillance , et voulut bien me donner sur les observations faites à l'œil nu , tous les renseignements que je lui demandai , et que lui avait suggérés sa lon gue expérience. Je fus heureux de voir que les remarques que j'avais faites à cet égard depuis 3 ans, étaient en tous points conformes aux siennes , ce qui contribua encore indirectement à augmenter la con fiance que j'avais dans les résultats auxquels j'étais arrivé. 8. Influence de la couleur des étoiles sur la scintillation. Mais quand M° Argelander vit mes courbes de scintillation , 1l lui parut bien qu'il y avait une différence réelle entre la scintillation de La Chèvre et celle de Wega, mais il pensa qu'il fallait peut-être l’attri- buer à une autre cause que celle que je mettais en avant; et tout en convenant qu'une différence dans les diamètres apparents pouvait produire le fait constaté , il pensa qu'il pouvait peut-être aussi pro SCINTILLATION DES ÉTOILES. 21 venir de la différence de couleur qu'il y a entre La Chèvre et Wega. On sait en effet que Wega est une étoile très-blanche, tandis que La Chèvre à une teinte jaunâtre. Cette idée me frappa, et pour savoir jusqu'à quel point elle pouvait être fondée, je promis à M' Argelander qu'une fois de retour à Morges, je ferais des calculs analogues sur la seintillation d’un plus grand nombre d'étoiles, entre autres pour les étoiles rouges. 9. Quand ces caleuls furent faits, je vis à mon grand étonnement que la supposition de M° Argelander se confirmait, et qu'en effet les étoiles rouges scintillent moins que les étoiles blanches. Les trois étoiles Areturus, & d'Orion et Aldébaran, ont toutes donné une seintil- lation plus faible que Procyon, Wega et même La Chèvre. La diffé rence est assez grande et assez soutenue pour que je n'hésite pas à la déclarer bien au-dessus des erreurs d'observation , et à reconnaitre là un fait bien réel, surtout si l’on considère que ce n'est pas le résultat d'une observation isolée , mais le résultat d’un nombre con- sidérable d'observations faites dans de trés-bonnes conditions. La figure 1 fait voir cette différence. Pour établir la moyenne des étoiles blanches, je n'ai pas compté La Chèvre, moins blanche que Procyon et Wega, et pour les étoiles rouges, je n’ai pas compté æ d'Orion, parce que la scintillation de cet astre présentait des irrégu- larités beaucoup plus grandes que celle des autres étoiles, bien que sa seintillation fût en général faible, parfois même plus faible que celle d'Areturus. J'ai d'autant moins hésité à mettre cette étoile hors de ligne, que son éclat étant variable, il ne serait pas impossible que sa scintillation ne présentât pas toute la régularité que l’on trouve ailleurs. Puis aussi, il pourrait bien arriver que les observations de cette étoile fussent plus défectueuses que d’autres, car déjà avant que j'eusse fait mes réductions , j'avais remarqué qu'à cause de l’é- elat de la constellation d'Orion, il était bien difficile d'apprécier la seintillation de ses étoiles. On à l'œil fatigué et comme ébloui par la belle région du ciel qui passe au mérédien de la 4° à la 7% heure. Pour toutes ces raisons, j'ai eru devoir me taire pour le moment sur ce qui concerne la scintillation de « d'Orion , et pour ainsi dire, re- mettre cette étoile à l'étude encore pendant 2 ou 3 ans, afin de faire de nouveau, avec un soin redoublé, plusieurs observations de sa sein tillation. On remarquera dans la figure 1 que la courbe de scintillation des étoiles rouges n'est pas tracée de 0 à 30° de distance zénithale. Cette lacune provient de ce qu'à la latitude de Morges , il n’est aucune étoile rouge qui passe à moins de 27° du zénith, en conséquence cette courbe ne pourrait être complète que par des observations faites dans. des localités plus méridionales. 10. Du reste, après avoir vu par mes courbes qu'à toute hauteur les étoiles rouges scintillent moins que les étoiles blanches , il m'a semblé que l'on pouvait peut-être rendre compte de ee fait théori— 29 SCINTILLATION DES ÉTOILES. quement, du moins en admettant l'explication de la scintillation donnée par Arago, c'est-à-dire en la considérant comme une conséquence du principe des mterférences. Supposons en effet quelques rayons des 7 couleurs primitives traversant l'atmosphère et dans les mêmes conditions. [l pourra arriver que quelques-uns d’entre eux soient déviés, et qu'après avoir fait un certain détour ils viennent interférer et détruire les rayons de la même couleur qui auraient parcouru une distance moins grande d'une demi ondulation. Mais l'onde rouge étant la plus grande des ondes lumineuses , il me semble que pour faire interférer les rayons rouges , il faudra une déviation plus con- sidérable, des perturbations atmosphériques plus grandes, ou enfin que toutes choses égales d’ailleurs, les rayons rouges, par le fait des déviations atmosphériques, seront moins facilem”nt détruits que les rayons des autres couleurs ou que la moyenne des autres couleurs. AL. Loi de la scintillation. Quand j'ai eu déterminé la courbe des- tinée à établir la relation qu'il y a entre la distance zénithale d’une étoile et l'intensité de sa scintillation, j'ai cherché s'il n’y aurait peut- être pas quelque autre courbe semblable à celle-là, et si l'on ne pourrait pas obtenir ainsi la loi de la scintillation Dans ce but, j'ai fait différents essais, et je n'ai pas tardé à reconnaitre que la courbe de la seintillation différait considérablement de celle dans laquelle les abscisses représentent les distances zénithales , et les ordonnées l’é- paisseur de la couche d’air traversée. Les ordonnées de la scintil- lation s'accroissent beauconp plus rapidement que celle de cette dernière courbe. Enfin après quelques essais infructueux, j'ai trouvé que l’on obtiendrait une courbe qui s’approcherait beaucoup de celle de la semtillation, si l’on prenait pour abscisses les distances zéni- thales, et pour ordonnées le produit obtenu en multiphant la réfraction astronomique , pour la hauteur à laquelle se trouve l'étoile que l’on considère , par l'épaisseur de la couche d'air traversée par le rayon lumineux. La figure 2 fait voir cette coincidence. L'écart que présentent les deux courbes est certainement peu de chose dans une recherche de ce genre. La plus grande divergence a lieu pour les faibles hauteurs au-dessus de l'horizon, où les ordonnées de la courbe de scintillation sont plus petites que celles de l’autre courbe , mais pour ces points aussi, les observations sont peu sûres, les étoiles ont perdu leur éclat, celles de première grandeur brillent seulement comme celles de deuxième ou de troisième, et par conséquent leur scintillation semble moins vive. Car si dans les mêmes circonstances atmosphé- riques, on observe la scintillation de deux étoiles de grandeur bien différente , généralement la plus brillante paraîtra aussi avoir la plus forte scintillation. Ainsi done, on voit que l’on s’écarte peu de la vérité en disant : Que sauf près de l'horizon, la scintillation est proportionnelle au produit que l'on obtient en multipliant l'épaisseur de La couche d'air que traverse le rayon lumineux, par la réfraction astronomique à a hauteur que l'on considère. SCINTILLATION DES ÉTOILES. 23 12. Pour calculer quelle était l'épaisseur de la couche d'air tra- versée par le rayon lumineux, j'ai supposé la hauteur de l'atmos- phère égale à ‘/,, du rayon terrestre. Depuis lors, j'ai appris que l'on considérait généralement à présent cette hauteur comme plus faible, mais en refaisant les calculs avec les nouvelles valeurs, la coineidence dont j'ai parlé subsiste encore à peu près de la même manière. Or il va bien sans dire qu'à eause de l'arbitraire qu'il y a dans l'unité que j'ai adoptée pour la mesure de la scintillation, les deux courbes n'é- taient pas d’abord identiques. On voyait seulement qu'avec les mêmes abscisses, les ordonnées de la courbe de scintillation étaient plus petites, mais proportionnelles aux ordonnées de Fautre courbe. (Pour abréger, dès à présent, je désignerai par R ce produit ob- tenu, en multipliant la réfraction par l'épaisseur de la couche d'air que traverse le rayon lumineux). Pour faire voir plus complètement le rapport qu'il y a entre les deux valeurs, j'ai cherché quel devait être le cæfficient constant par lequel il fallait diviser les différentes valeurs de R pour arriver aux chiffres que les observations avaient donnés pour la scintillation. Pour la recherche de ce cæfficient, j'ai eru devoir prendre la méthode des moindres carrés. Ainsi pour la distance zénithale de 40°, la réfraction astronomique est 487,9 ou en comptant par 10”, 4,89 ; la lumière d'un astre placé à cette hau- teur traverse une couche d'air dont l'épaisseur est 1,300 (la hauteur de l’atmosphère étant prise pour unité). Notre valeur de R est donc ici 4,89 X 1,300 — 6,36. Mais pour cette distance zénithale la moyenne de la scintillation des étoiles est 1,12, afin de trouver le cœfficient indétermieé æ, par lequel il faut diviser R pour arriver à 1,12, j'avais donc ici l'équation 6,36 — 1,12 x — 0. Puis j'ai fait une équation analogue pour toutes les hauteurs , en éliminant toutefois les observations faites à plus de 70° de distance zénithale, et de cette manière j'ai eu un grand nombre d'équations de condition, qui traitées par la méthode des moindres carrés m'ont. donné pour la valeur de x x = 5,433. En divisant maintenant les différentes valeurs de R par ce cælfi- cient constant, j'ai eu les ordonnées de la courbe figure 2. 13. Valeur numérique. Après avoir exposé la marche que j'ai suivie pour les observations et pour les caleuls, je crois devoir maintenant m:ttre sous les yeux les valeurs numériques auxquelles je suis arrivé, afin que l’on puisse voir quelles sont les bases qui m'ont servi à établir les conclusions que j'ai indiquées. Voici les moyennes de seintillations observées de 5° à 75° de dis- tance zénithale pour les principales étoiles. 2% SCINTILLATION DES ÉTOILES. Moyenne Valeurs de Distances à , 29 Fe Wega. | Procyon. [La Chèvre| Aldébaran| Arcturus. | générale zénithales. des étoiles. Z 0,34 | 0,093 0,25 | 0,190 O,&1 | 0,284 045 | 0,413 0.34 | 0,550 0,60 | 0,710 0,80 | 0,920 112 | 1470 136 | 1,500 2.03 | 1,987 2.83 | 2,626 371 | 3,607 5.09 | 5,245 7,02 | 8.190 7.89 |13,878 w s s s v 3/4 71 34 ,33 31 AG 90 25 DATE SNEær s 1%. Si maintenant, au lieu de chercher la valeur de # pour la moyenne générale des étoiles, on la cherche pour chaque étoile im- dividuellement, en établissant pour chacune d’elles les équations de condition, et en y appliquant la méthode des moindres carrés, on trouve que ces différentes valeurs de æ sont : Pour Procyon 4,814 » Wega s L,92 » La Chèvre . 5,392 » Aldébaran 5,461 » Arcturus AÉ 6,73 La moyenne des étoiles donnait D,433 On comprend que ces différentes valeurs de æ sont inversément proportionnelles aux intensités de scintillation de chacune de ces étoiles , puisque ce sont les quantités par lesquelles il faut diviser R pour arriver à la scintillation de chaque étoile, ce qui revient à dire "Re R que cette seintillation — —. T En utilisant cette propriété, nous pourrons done établir quelle est pour chacune de ces étoiles l'intensité relative de sa scintillation. Ainsi en représentant par 100 l'intensité de la scintillation moyenne des étoiles, celle de Procyon sera 100 X 5,433 PTT == 119. 008 PL 06 BE SPAM AR TRE ' [l l ! Ï ll 1e he 7 Pan [ É l 1 nes #7] SAR | & À L l l l | i 6! | l | 1 [ | i ÿ! de PPS à PNA à La ; ei PRET So0T01 997107? sop auuohour/uorv7pr7 40 US PRET LES = % Wu w Ve ST RS (cr nee ne H : ' n : | pod not LORGIIR DS hdi pdf de T° dr vil AS AL A2 2 Uuuites de Se imitation TP) Ÿ, i | D | ï | JT _ l ! ! : i l À 1 | | ï | FT ; | #4 L “ | | Hu 1 + | 4 TEE | s DAIRIISUOI | ! | 3 AA gt ; 0 7 2. APONVY +} 0 anba 2LOUO 19820 vonvhl vyrvd 208 L0N01) 110 P & Ï ï 4 r 0 ‘ / / 1 279109 7, op shossrvd, 12 uopehprnu Le NU9190 71 POLY D a | 4 4 AE ; / de. 1, :S8P1090 SUD OUUIOUL UOMHVIIQUME Te EF gi } : a ONE | a | l / | | CLRAUOLRHIIL AP VI207 pa) 2 TH DY 7 ÿr | LA IN of E 4 | lc £ p £ DIT CA ID #0 22227 afopanr pe ri € : 27 CU LAL EVA 4 | / 2 . , 11 < LA % rs LA 4 / H ! é PEN 24 LS 4 4 PRES A 2727 DIUÉL UT INC PE HI RE IR 30175) ; E ? +. Ÿ 7 É g 9 2 L y 5 Ÿ PAS Wé | f LORD PTS DU UD LI PII IR AIO RD DITUT D Épr nb ussema LODPOIT D POHUITI II : / : < F H sa 111 Æ ‘ < ’ : 2 “OI I ç2 proc | ï . s | ' , | PÉNS Ce SR MN et A ds RTE D 5 RS ES | V4 PRDE 70 oÙ F Lu iles ? SCINTILLATION DES ÉTOILES. 25 En faisant un calcul analogue pour les autres étoiles , on trouve que les intensités relatives des scintillations peuvent être appréciées par les chiffres suivants : PrOCYON.s PR MAR 0 iQ AE Mc RE An tn hr AU La Chr RS AS Ce, an AU AlrlBbaran es dre us 09 PTT PRESENT! | « d'Orion aurait . . . . . 90 (approximativement). On voit bien ici que les trois étoiles rouges : Aldébaran, Arcturus et « d'Orion, ont une scintillation plus faible que les étoiles blanches Procyon et Wega, et même que l'étoile jaunâtre La Chèvre. 15. Mais tout en convenant que la différence de couleur des étoiles, entraine une différence dans la scintillation , je crois aussi qu’il y a quelque autre cause qui influe sur le phénomène. Ainsi Wega aussi blanc que Procyon a cependant une scintillation plus faible. Aldé- baran qui est au moins aussi rouge qu'Arcturus scintille davantage. Encore ici, ces différences sont tellement soutenues, qu'on ne peut guère les attribuer à quelque cause accidentelle, surtout si l’on con- sidère que tous ces résultats sont les moyennes de plusieurs centaines d'observations. Il semble bien ainsi qu'il y a encore une différence essentielle entre la scintillation d’une étoile et la seintillation d’une autre étoile. Peut-être maintenant cela serait-il dû à une différence dans les diamètres apparents, comme je le supposais quand je me rendis auprès de M° Argelander ? Ce serait toutefois assez curieux , si la simple étude de la scintillation pouvait nous apprendre plus de choses sur le diamètre apparent des étoiles que les lunettes et les instruments de précision. Mais c'est là une idée que je n’ose émettre qu'en l’accompagnant d’un grand point interrogatif. Seulement à cause de la haute importance de la question, je me propose en con- tinuant mes recherches d'apporter sur ce sujet un redoublement d'attention. 16. Comme mes observations ont porté sur toutes les étoiles de première grandeur et sur la Polaire, on sera peut-être étonné que Je n’aie pas encore fait les calculs relatifs à Altair, Rigel, Sirius et Antarès. Mais Altair est d’un éclat plus faible, et Sirius d’un éclat bien plus fort que les autres étoiles pour lesquelles j'ai fait les ré- ductions. Par conséquent il pourrait arriver que la différence de lu- mière de ces étoiles rendit défectueuse toute comparaison avec d’autres astres plus ou moins brillants. Ensuite Rigel, Sirius et Antarès s'élèvent peu sur l'horizon de Morges, de façon que les observations ont été relativement peu nom- breuses, et comme en outre elles ont en grande partie été faites dans le voisinage de l'horizon, elles sont aussi moins sûres. Il m’a semblé en conséquence qu'en combinant ces chiffres avec ceux qui avaient 26 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. été obtenus dans des conditions beaucoup plus favorables, on cour- rait risque d'altérer peut-être l'exactitude de ces premiers résultats. 17. Conclusion. En résumé donc, je crois pouvoir conclure des observations que j'ai faites sur la scintillation des étoiles : 1° Que toutes choses égales d'ailleurs, les étoiles rouges scintillent moins que les étoiles blanches. 2° Que l'intensité de la scintillation est à peu près proportionnelle au produit obtenu, en multipliant la refraction astronomique pour la hauteur à laquelle se trouve l'étoile par l'épaisseur de la couche d'air traversée par le rayon lumineux que l'on considère. 3° Qu’outre le fait de la différence des couleurs, id paraît y avoir encore, entre la scintillation des diverses étoiles, des différences essen- tielles qui proviennent peut-être des étoiles elles-mêmes. 18. Maintenant que j'ai effectué ces premières recherches, re- cherches que je ne pensais pas même entreprendre, quand je com- mençai mes observations sur la scintillation, et que, par la courbe de la figure 2, j'ai la relation qu'il y a entre la hauteur apparente d'une étoile et l'intensité de sa scintillation, il m'est possible de reprendre les notes que je possède, et d'examiner la questien au point de vue météorologique, ce qui était mon but premier, et d'utiliser à cet effet les 15000 observations que j'ai recueillies. J'espère pouvoir faire de cette question le sujet d’une communi- cation subséquente. = —— DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES À LA SURFACE DU LAC LÉMAN. Par M° L. Dufour, prof. de physique à l’Académie de Lausanne. (Suite.) (Séance du 6 février 1856.) — Températures de l'air. 9. J'arrive maintenant à la partie la plus importante de ce travail, la détermination de la température des couches d'air à la surface du lac, température dont les variations donnent précisément lieu au phénomène du mirage. La recherche des températures de l’air est toujours une opération difficile. Dâns les circonstances dont il s’agit ici, cette recherche est entourée d'un ensemble de difficultés plus considérable encore que lorsqu'on o::serve à la surface du sol. Les tentatives pour déterminer la température de l'air sur des surfaces échauffées et alors qu'il y a mirage ne sont pas nombreuses. Il faut, en effet, mesurer cette tem- DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 27 pérature dans des points voisins sur une même verticale; 1l faut pouvoir apprécier des différences de chaleur même minimes et éviter autant que possible de provoquer un mélange des couches atmos- phériques. Dans tous les travaux faits sur le mirage (Woltmann, Gruber, ete.) jusqu'à Wollaston, il n’est jamais question que des apparences optiques. Wollaston fit quelques déterminations de tem- pérature à la surface d’un chemin sablonneux et aussi à diverses distances d'une barre de bois exposée au soleil. MM. Biot et Mathieu ont aussi observé les variations de la température de l'air à diverses hauteurs au-dessus de la laisse de basse mer. Ces observations sont toujours peu nombreuses et insuffisantes pour permettre de recher- cher la loi de ces variations. 10. Les recherches que j'ai faites au-dessus du Léman avaient pour objet la connaissance de la température de l'air à diverses hau- teurs au-dessus de la surface jusqu'à une distance de 1*50 à 2". Les difficultés sont ici nombreuses et variées. Il s’agit d'avoir un instrument assez sensible pour apprécier facilement des différences ne s’élevant qu'à quelques dixièmes de degré; observer au-dessus de l’eau à une distance assez considérable du rivage; se garantir autant que possible des effets de rayonnement; agiter le thermomètre dans l'air en demeurant pourtant dans une même couche sensible- ment horizontale et enfin prendre la température aussi près que possible d’une nappe d’eau qui n’est que bien rarement tout à fait immobile. Je me transportais avec un petit bateau un peu au large et je me servais d’un thermomètre Fastré à graduation arbitraire. Chaque division, de la longueur de ‘/, millimètre, équivalait à 0°,1816. Le thermomètre, suspendu par une ficelle à l'extrémité d’un bâton, était alors suspendu dans l'air à une certaine distance du bateau et à des hauteurs variables au-dessus de l’eau. Enfin, par un léger mouve- nent communiqué au bâton, que je tenais le bras étendu comme un pêcheur tient la ligne, je faisais décrire à la ficelle et au thermomètre “une oscillation conique, de manière que l'instrument agité-dans l'air demeurait cependant dans une même couche horizontale. Une règle graduée servait à mesurer la hauteur de cette couche au-dessus de la surface de l'eau. J'ai toujours cherché à mesurer la température dans des points aussi voisins que possible de la nappe liquide. Le degré de proximité dépendait de l’état plus ou moins agité du lac. En général, ce qui, dans les tableaux suivants, est indiqué par « surface » correspond à une couche d’air située à 5 centimètres de la surface de l'eau. En . approchant le thermomètre davantage, il y avait à craindre de plon- ger accidentellement la cuvette de l'instrument et de troubler ainsi les observations. J'ai toujours pu faire décrire au thermomètre son cercle d'oscillation à une aussi petite distance de l’eau, grâce à la production d'une image réfléchie qui s’approchait ou s’éloignait de l'instrument dès que la distance verticale du thermomètre venait à 28 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. changer. L'image étant beaucoup plus visible que la surface de l’eau, c'est la distance entre l’objet et l’image que je cherchais à maintenir constante dans les mouvements imprimés au thermomètre très-proche de la surface. La lecture de l'instrument se faisait assez aisément en le rappro- chant et en regardant par transparence contre le ciel. Je répétais ordinairement deux fois chaque observation, afin d'être sûr que le mercure avait bien pris la température de l'air. Je ne me dissimule point que ce mode d'observation est encore entaché de plusieurs inconvénients. Ainsi, dans les zones les plus basses, le rayonnement de l’eau pouvait bien avoir quelque influence et il aurait été peut-être convenable d’argenter la cuvette de l’ims- trument. Pendant le mouvement conique auquel le thermomètre était soumis, il a bien pu y avoir parfois quelque faible changement dans sa hauteur verticale et, souvent, les mouvements légers du bateau, occasionnés par les petites vagues de la surface de l’eau, détermi- naient des déplacements inévitables dans la position horizontale de l'instrument. À ces diverses causes d'erreur, on peut en ajouter une autre inhé- rente à la nature même du sujet et qui rend à peu près impossible une indication parfaitement rigoureuse de la température de chaque couche horizontale. Par le fait que les diverses couches sont inéga- lement denses, elles tendent constamment à se déplacer; en outre, l'air est toujours agité d’une manière plus où moins forte et ainsi la température d'une même zone change très-certainement d’un instant à l’autre. Tout ce que l’on peut désirer et espérer dans ces déter- minations de température à la surface de l’eau, c’est la connaissance approximative de la valeur moyenne que possède chaque couche, valeur moyenne qui dépend de sa hauteur. 11. La simple inspection du tableau E montre que la diminution de la température avec la hauteur est évidente et se trouve même quelquefois être assez notable. On pourrait désirer de savoir jusqu'à quelle distance la surface de l’eau exerce son influence, et à partir de quel point la température demeure sensiblement invariable. Dans l'observation du 8 mars 1809, faite sur la laisse de basse mer à Boulogne, par M° Biot, l'influence du sable s’est fait sentir jusqu'a 93 centimètres. Au-dessus de ce point, dit M. Biot, la température devenait sensiblement constante. A la surface du lae Léman, l’action réchauffante de l'eau s'étend bien souvent à des hauteurs plus gran- des. Il suffit de jeter les yeux sur le tableau I pour en avoir la preuve. Le 28 sept'mbre 1854, les couches d'air situées à À mètre étaient plus chaudes que celles de 178, et de ces dernières, la température continuait à baisser jusqu'à 2°2. La même remarque peut être faite le 1° octobre, pour les couches de 1% et 1"50; le 3 octobre, ete. Cet état de choses n’est cependant pas absolu et il arrive aussi qu'à partir de 1% la température reste constante. Ainsi, le # octobre, le 5 octobre, etc. Enfin, dans certains cas, il y a eu de nouveau élé- ee” en nn DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 29 vation de température à partir d'une certaine limite. Ce fait, qui m'a fort surpris la première fois que je l'ai constaté, s’est reproduit à plu- sieurs reprises et se vérifiait complètement lorsque je répétais les observations. L* 29 septembre en donne un exemple frappant. La couche située à 1°8 est de 0°38 plus chaude que celle de 1"4. Le 7 octobre , on voit les couches situées à 06 et 1°2 avoir une tem- pérature supérieure à celle de 04. Le 11 octobre, une remarque analogue peut se faire ainsi que le 7 octobre 1855. Je n'ose done pas, me basant sur les observations, indiquer la limite verticale de l’influence de la température du lac. Cette limite est très-généralement au-dessus de 1°, mais on ne saurait lui assi- gner une valeur précise. 12. L'examen des températures de l'air et de leur variation à la surface de l'eau peut donner lieu à des remarques assez singulières eu égard à l'état agité ou tranquille de l'atmosphère. On serait assez disposé à croire, a priori, que les faibles changements de tempéra- ture qui se présentent entre la surface et un mètre, ne sont possibles que pour un air parfaitement calme, et il semble infiniment probable que l'agitation de l'atmosphère doive faire évanouir ces faibles varia- tions ou du moins leur enlever toute régularité. Il n’en est cependant rien. Il arrive souvent à la surface du Léman que les mirages, con- séquences de l'état de densité des couches d'air, se montrent avec une grande netteté et d'une manière très-prononcée lorsque l'air est en mouvement et que l'eau est même assez agitée. M° Wartmann a signalé une observation de mirage par une forte bise et alors que les vagues étaient passablement fortes. Woltmann remarque aussi que le mirage apparait plus sensible quand la surface de l’eau est ridée. Cette production du mirage dans des circonstances où l'agitation de l'air et le mouvement des flots semble devoir mélanger complé- tement les couches atmosphériques voisines m'a souvent frappé. J'ai vu, comme M° Wartmann, des mirages très-prononcés par un vent assez intense pour provoquer de fortes vagues. C’est surtout lorsque le vent du nord souffle et que le lac prend une teinte d’un bleu ver- dâtre que cette apparence est le plus remarquable. L'existence du mirage, dans ces circonstances-là, prouve que l'agitation de l’atmo- sphère ne rend pas impossible la persistance des couches inégalement chaudes et par conséquent inégalement denses à des hauteurs très— voisines. Plusieurs observations de température montrent que ces variations ont pu même être souvent constatées directement. En jetant les yeux sur les tableaux I et IT, on pourra même être frappé de ce fait, que les jours où les variations de la température avec la hauteur étaient les plus nettes, sont précisément ceux où une brise plus ou moins forte agitait l'air. J'étais chaque fois nouvellement surpris en voyant le décroissement de la chaleur se montrer d'une façon aussi précise alors que la surface de l’eau était ridée et frisson— nante sous l'influence d’un courant d’air qui faisait dériver mon ba- teau avec une assez grande rapidité. Les observations du 29 et 30 30 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. septembre, 1° et 5 octobre 1854 et d'autres encore sont remarqua- bles sous ce rapport. Je suis même porté à croire que les variations dans la température de l'air, et par suite la production du mirage , sont plus prononcées lorsque l'air est agité que lorsqu'il est complè- tement calme. Les observations du 25 septembre, 3 et 11 octobre, comparées à celles qui précèdent, viennent à l'appui de cette opinion. Il résulte done des détails qui précèdent que des mouvements, même assez violents, dans l'air peuvent se produire sans qu'il y ait un mélange des couches situées à une inégale hauteur. [l semble ainsi que — à la surface du lac du moins — il peut y avoir un dé- placement des particules atmosphériques dans une direction sensi- blement horizontale. Les couches en contact avec l'eau y demeurent tout en glissant sur la surface liquide, et ainsi les divers étages d'iné- gale densité se déplacent, sans se mélanger, comme s’écouleraient sur un plan incliné un mélange de mereure, d'eau et d'huile. 13. Les densités de l'air, à diverses hauteurs, se concluent faci- lement des températures observées, et comme ce sont les variations de la densité qui influent sur les apparences optiques, J'ai caleulé ces grandeurs pour toutes les diverses températures notées à la sur- face du lac. La densité de l'air à la température de 0° étant connue, sa densité à une autre température s’en conclut facilement à l’aide de la formule : il 1 + 0,00567 t où à exprime la densité, # la température et 0,00367 le coeficient de dilatation de l'air , tel qu'il est indiqué par M. Regnault. La co- lonne densité dans le tableau La été ainsi obtenue. La densité de l'air à O9 était supposé 10,000. Il n'y a pas lieu ici de tenir compte de la hauteur barométrique. Pendant le court intervalle de temps que du- raient les déterminations de température, cette hauteur ne variait pas d'une manière suffisante pour modifier les chiffres indiquant les densités. Dans la recherche de la loi qui relie les densités et les hauteurs, il se présente un inconvénient qui entrave singulièrement la décou- verte de cette loi. Il n’est pas possible, en effet, de prendre les moyennes des observations et de raisonner sur ces moyennes. On ne peut pas prendre la densité moyenne à 02, à 0"4, à 06, ete., telle qu’elle résulterait du calcul appliqué à une dizaine d'observa- tions. Les diverses observations ne se trouvent pas dans des circons- tances identiques. La température de l’eau et celle de l'air varie d'un jour à l’autre. Le 1° octobre, par exemple, l'eau est à 15°77 et l'air, dans les couches constantes, ne dépasse pas 9°40. Différence : 6 à 7°. — Le 4 octobre, l’eau est à 15°96 et l'air de 12 à 13°. Diffé- rence : 3 à 4°. — Le 8 octobre, l’eau est à 15°90 et l'air de 12 à 13° également. Ainsi, la différence entre l'eau et l'air pris à une hauteur où sa température est constante, n’est point une quantité invariable. v + DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES, 31 Or, le décroissement des températures dépend de cette différence : par conséquent, ce décroissement n'est point comparable à lui-même d'un jour à l’autre. En calculant des moyennes pour ce genre d'ob- servations, on commettrait une erreur aussi grande que si l’on com- parait des hauteurs barométriques obtenues à diverses stations ver- ticales pour obt:nir la hauteur moyenne de 8 heures du matin dans la station la plus basse. Il faut done nécessairement examiner chaque observation isolée et cette nécessité ne permet malheureusement pas de faire évanouir les erreurs inévitables dans de semblables déterminations. Parmi les observations consignées dans le tableau EF, 11 y a lieu de faire un choix. Quelques-unes sont beaucoup plus précises et m'inspirent beaucoup plus de confiance que les autres. Je n’ai done soumis au calcul que "celles qui ont été faites dans les circonstances les plus propres à re- présenter la vraie variation de la température avec la hauteur. 15. Les planches I et Il sont des courbes représentant la marche des températures et celles des densités pour 7 observations choisies. Il suffit de jeter les yeux sur la pl. I pour voir le décroissement de la température avec la hauteur. Les couches les plus basses sont celles qui correspondent aux jours où la différence entre la tempé- rature de l'air et celle de l'eau était le plus considérable. On peut remarquer que le décroissement de la température s’y fait surtout apercevoir dans les cou‘hes les plus voisines de la surface, jusqu’à 0"3 ou 0"#4. Plus haut, la température varie beaucoup moins. Les deux courbes supérieures (23 septembre et 9 octobre) correspondent à des jours où la différence entre l’eau et l'air était moins considé- rable. Elles représentent évidemment une faible variation. La planche IT se rapporte aux densités. Il est visible que les va- riations de la densité sont beaucoup moins considérables les deux jours où les températures de l’eau et de l'air ne présentent qu'une faible différence. 16. En étudiant un peu les diverses observations des tables I ou les courbes pl. If, on aperçoit immédiatement que la simple pro- portionnalité entre les variations de la densité et les hauteurs n'existe pas. Ainsi, les variations de la densité ne suivent point cette loi simple, et M° Bravais montre , en effet, que l'hypothèse de la pro- portionnalité donne pour les trajectoires lumineuses des conséquences entièrement opposées aux faits observés. M Biot avait proposé la fonction : S—=a+bz +cz? où a, b, c, sont des constantes, 3 la densité et z la hauteur. En soumettant cette formule à des vérifications, j'ai trouvé que jusqu'à 0"8 elle représente assez bien l'observation du 7 octobre 1855. On 9 : trouve pour les constantes a — 9636, b — à C=—7%. Au-delà de 32 DES TEMPÉRATURES DE L AIR ET DES MIRAGES. Om8, la fonction croit plus rapidement que ne le demandent les ob- servations. L'observation du 5 octobre, qui est une des meilleures, ne se représente pas par cette formule. Pour d’autres, auxquelles j'ai essayé de l'appliquer, les écarts sont décidément trop grands. La fonction exponentielle est considérée par M Biot, dans son | grand mémoire de 1809, comme la plus propre à représenter les « observations thermométriques. Prise sous la forme la plus simple, elle est == 42 a et x étant des constantes qu'il s’agit de déterminer. M° Bravais remarque que cette formule ne présente pas, dans les conséquences optiques, les mêmes inconvénients que la précédente; mais qu'elle aboutit cependant à des faits opposés aux résultats de l'observation. J'ai essayé de l'appliquer à quelques-unes de mes observations. Elle ne convient décidément pas et donne des écarts plus considérables que la précédente, Il est à remarquer que la variation des densités est en général rapide près de la surface, puis beaucoup plus lente à une certaine hauteur. J'ajouterai mème que diverses observations isolées , qui ne sont point consignées dans le tableau 1, observations où j'ai cherché à apprécier la température de l'air tout à fait près de la surface de l'eau, confirment cette remarque. En d’autres termes, la vitess> du décroissement des densités, qui est une certaine fonction de la hau- teur, décroit en même temps que cette hauteur augmente. Il faut done que l'équation qui représente des variations de la densité soit telle que sa différentielle, prise par rapport à la hauteur, décroisse en même temps que la hauteur augmente, ou bien que la différentielle seconde soit négative. D'après cela, le cas qui apparait le plus simple est celui où l'é- quation différentielle serait de la forme : di c —_ — b + — dz Z b et c étant des constantes. En intégrant, on trouve : d—0z + c.l,z ou, puisque les logarithmes vulgaires ne diffèrent que par une cons- tante des logarithmes hyperboliques , à — bz + c': log. z € étant une nouvelle constante. Cette formule, appliquée à divers exemples, ne m'a pas satisfait. Elle donne lieu à des écarts trop considérables. J'aurais pu chercher une autre forme pour l'équation différentielle, ainsi : di € = b + dz 2° 22 22 de 0 ST el DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 33 ou di” € : ——=(5+—)— dz 4 4 et il est probable que l'intégration m'eût amené à une formule plus rapprochée des données prises dans la nature. M° Bravais adopte, dans sa Notice sur le mirage, une formule qui a l'avantage de conduire à des conséquences analytiques tout à fait d'accord avec les phénomènes optiques observés. Dans cette formule : 1 ATEN ES er 0 0,000589 \z+% k, h et L sont des constantes qu'il s’agit de déterminer, et 0,000589 la puissance réfractive de l’air ou le double de l'excès de l'indice de l'air de densité 1 sur l'unité. Si l’on suppose w — 1, la formule se simplifie et on en déduit alors l'équation des trajectoires lumineuses qui est : RU a, +) Elle représente des hyperboles. Une construction géométrique fort simple permet d'obtenir ces courbes. On arrive ainsi à expliquer d'une manière complète la production d’une image renversée au- dessous du plan caustique et les diverses circonstances du phéno- mène telles que les offre la nature. La formule de M' Bravais, dans le cas de u — 1, devient : 1 k F 0,000589 (2+h)° J'ai essayé de l'appliquer à divers exemples et j'ai eu la satisfac- tion de voir qu’elle représentait mieux que toutes les autres les chiffres que l'observation directe des températures a procurés. Il est à remarquer que dans la détermination des constantes Æ et h, on trouve deux systèmes de valeurs, l'équation étant du 2° degré par rapport à ces quantités. De ces deux systèmes de valeurs, un seul convient et l’autre doit être rejeté. En prenant l'observation du 7 octobre 1855 (tabl. D) et en caleu- lant les constantes ensuite des valeurs correspondant à 02 et 0"#4, on trouve les deux systèmes : h = — 3,01 9 = — 2501 k— V=T 2,407 k=— VI 7498,9 Le premier système ne convient nullement aux phénomènes , le second donne le résultat suivant : (G+h) = (2 +h+m.x) + D 1 5 34 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. DENSITÉS. Calculées. Observées. 21000 9676 9673 2— VE 9692 9679 2— 1020 9635 9638 Il y a donc entre la surface et 0®8 une variation de la densité qui se représente d’une manière très-satisfaisante par la formule ei- dessus. Il est même étonnant que dans des observations de cette na ture, si exposées à être entachées d'erreurs que les moyennes ne peuvent éliminer, l'accord avee le caleul soit aussi parfait. L'observation du 30 septembre 1854 (tabl. 1) donne pour les constantes déduites des deux observations à 0"2 et 0°6 : h —— 3112 k— V_I 7424 En calculant les densités pour d’autres hauteurs, on trouve : Caïlculées. Observées. z —= 0"05 9667,7 9666 A À 9689,5 9691 == 0° .8 971% 9704 Encore ici, il y a une différence très-peu considérable entre les valeurs que donne la formule et celles qui résultent de l'observation. L'observation du 5 octobre 1854 donne : h = — 2107 k— V1 5002 en déduisant ces constantes des densités à 02 et 0®4. En cherchant la densité pour 0*05, on trouve : Calcul. Observation. z = 0"05 9576 9569 Ces exemples sont suffisants pour montrer que la formule admise par M' Bravais peut certainement être considérée comme représen-— tant la loi de la variation des densités avec la hauteur infiniment mieux que toutes les autres. Gette formule est surtout exacte entre la surface et 0®8. Pour des hauteurs plus considérables, je me suis assuré qu’elle donne des valeurs en général un peu trop fortes. Il est intéressant de voir qu’une expression analytique admise hypo-— thétiquement et uniquement, parce qu’elle conduit à des conséquences en harmonie avec les faits optiques observés, se confirme par des déterminations directes de température. J'ai fait observer précédemment que la vitesse du décroissement des densités diminue rapidement avec la hauteur, et que la formule qui exprime les densités, différentiée par rapport à cette hauteur, doit done donner une expression qui diminue rapidement aussi quand on fait croître z. La formule de M° Bravais satisfait évidemment très- bien à cette condition. En la différentiant, on trouve : DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 35 do ; 2k° de O0,000589 (z+à): et il est visible que les valeurs croissantes de z font rapidement diminuer la fonction. 17. Il résulte des détails qui précèdent que la marche des densi- tés de l’air est bien celle que les phénomènes optiques exigent pour leur explication, et lorsque les observations de température donnent des résultats différents, on doit les considérer comme étant entachés d'erreurs ou comme n’exprimant qu'un fait très-local. Les observa- tions optiques peuvent se faire avec beaucoup plus de précision et de certitude que celles de la température et c'est ici un de ces cas où les faits d'un certain ordre peuvent être plus sûrement et plus exactement connus en les abordant d'une manière indirecte et par leurs conséquences, qu'en cherchant à les examiner eux-mêmes et indépendamment de leurs effets. Avec un théodolite ou une lunette de Rochon, on apprendra à connaître les variations de la température de l'air, suivant la hauteur, beaucoup mieux qu'on ne pourrait le faire avec le thermomètre le plus irréprochable. Détails particuliers relatifs au mirage. J'ai déjà donné un certain nombre de renseignements généraux relatifs à la production du mirage dans la première partie de ce tra- vail ($ 1, 2,... 8). J'ajouterai ici quelques détails plus circonstan- ciés et surtout quelques résultats de mesures. 18. Lorsque les couches d'air situées à la surface du lac présen- tent les variations convenables de densités examinées dans les para- graphes préeédents, les rayons lumineux, cessant de se mouvoir en ligne droite, peuvent éprouver le phénomène de la réfraction totale et c’est alors que les mirages se produisent. Les objets situés à une certaine distance et près du niveau de l’eau donnent lieu à une image renversée. Si ces objets aboutissent jusqu'à la surface même ou suf- fisamment près de la surface, leur partie inférieure cesse d’être visible. Les rayons qui en émanent décrivent une trajectoire tournant sa convexité vers la nappe liquide et passent au-dessus de l'œil de l'ob- servateur. L'élément le plus intéressant dans la production du mi- rage, c'est précisément la hauteur verticale des points qui cessent d’être visibles et dont l’ensemble constitue une ligne sensiblement parallèle à l'horizon, située à une certaine distance au-dessus de cet horizon; cette ligne sépare donc les objets dont les rayons peuvent aboutir à l'observateur et ceux qui, par leur trop grande proximité de la surface, ne fournissent que des trajectoires lumineuses qui passent plus haut que l'observateur. Cette ligne, nommée ligne de 36 DES TEMPÉRATURES DE L AIR ET DES MIRAGES. partage où caustique, paraît à une distance de la ligne d'horizon qui varie suivant la position de l'observateur, suivant sa distance et suivant le déeroissement des densités des couches d'air. Les images qui se forment au-dessous de la caustique reprodui- sent, en tout ou en partie , les objets eux-mêmes. Elles se produisent avec une netteté plus ou moins grande suivant les circonstances mé- téorologiques. À la surface du Léman, ce sont les jours où le lac, légèrement frissonnant, jette une teinte bleu-verdâtre que ces appa- rences lumineuses sont surtout nettes. Si le ciel est pur et l'air dé- barrassé de brouillards, on les aperçoit avec une précision remar- quable. J'ai malheureusement négligé de prendre un nombre un peu con- sidérable d'observations relatives aux dimensions des mirages et des objets. Je puis cependant conclure, comme résultat général, que les images sont ordinairement peu différentes des objets eux-mêmes. Lorsqu'elles en diffèrent, leur valeur angulaire est un peu plus faible que celle de l'objet. 19. La hauteur de la caustique au-dessus de l'horizon sensible à été, dans mes recherches, l’objet d’un grand nombre de détermina- tions. C’est ce que, dans la suite, je nommerai souvent grandeur du mirage. — Pour mesurer cette grandeur angulaire , il importe de reconnaitre facilement les points où les objets cessent de devenir vi- sibles et se continuent par leur image symétrique. Le moyen le plus commode consiste à choisir, sur l'horizon, des lignes bien visibles telles que murs, chemins, ete. , qui descendent obliquement vers la surface de l’eau. Sur la caustique, ces lignes s’infléchissent assez brusquement et se continuent par leur image en formant une arête de rebroussement dont l’extrémité, un peu émoussée, peut s’observer avec facilité. — Lorsqu'il n’y a pas une ligne oblique ainsi disposée dans la direction que l’on veut examiner, on peut choisir un objet bien distinct et situé au-dessus de la canstique dont l'image, nette également, apparait à une égale distance au-dessous. Il n’est pas difficile d'apprécier le milieu entre l’objet et l'image, et de mesurer alors la distance de ce milieu à l'horizon sensible. Cette dernière mé- thode est évidemment moins bonne que la première et cela pour deux raisons; d’abord, on ne peut pas estimer la position du point milieu avec autant de précision que l’on aperçoit une arête de re- broussement, ensuite la caustique ne passe pas toujours exactement à égale distance entre l'objet et l’image. Pour mesurer la grandeur angulaire qui sépare la caustique de l'horizon sensible, on peut se servir de tout appareil optique propre à apprécier des angles. L’instrument dont j'ai fait usage est la lunette à prisme bi-réfringent de Rochon. C’est un instrument très-simple , facile à transporter et qui convient peut-être mieux que tout autre pour des observations de cette nature. La lunette de Rochon permet d'estimer des angles même très-petits, et on sait assez quel cas Arago faisait de cet appareil pour mesurer le diamètre des planètes. On peut ee DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 31 cependant lui faire un reproche pour les observations du mirage. Lorsque l’objet que l’on regarde n’est pas suflisamment éclairé, les deux images auxquelles ils donnent naissance, grâce au prisme bi- réfringent de la lunette, deviennent parfois tellement obscures que leurs bords ne s’aperçoivent plus avec certitude et l'exactitude de la mesure angulaire se trouve alors compromise. Mais ce qui rend souvent difficile et incertaine l'observation de la grandeur du mirage, c’est le manque de netteté de l'horizon sensible. On voit une ligne qui, la plupart du temps, n’est point précise; c’est une sorte d’arète dentelée, à sommet mobile et oscillant, présentant des élévations et des enfoncements qui se meuvent et changent à chaque instant. On dirait que des vagues de grandes dimensions se rencontrent et s’entrechoquent sur cette arête. Ce défaut de netteté dans la ligne d'horizon est le plus grand obstacle aux observations du mirage. 20. En discutant les observations, eu égard à la distance des objets observés, je n'ai pas pu arriver à des conclusions aussi cer- taines que je l’espérais. La théorie montre que la grandeur du mi- rage augmente en même temps que la distance. M° Bravais indique ce rapport en indiquant que Woltmann en a déjà fait la remarque. — De Villeneuve, je pouvais observer divers points de la rive vaudoise inégalement éloignés. Voici quelques indications où se trouve vérifiée la loi que je viens de rappeler. À. 4 octobre 1855. Lac calme. 8 1}, heures du matin. . Distance. Grandeur du mirage. Montreux, 3720" 3.457 Clarens, 5220 3 49 Vevey, 9330 a S' Saphorin, 12920 4’ 30” B. 9 octobre 1854. 8 ‘}, heures du matin. Clarens, 5220" 2” 24” Basset, 5900 FAITES La Tour, 8150 2° 50” C. 8 octobre 1854. 7 heures 45 minutes du matin. Clarens, 5220" 3 48” Basset, 5900 4 Vevey, 9330 5’ 30” D. 5 octobre 1854. 7 heures 30 minutes du matin. Veytaux, 22507 5 30” Clarens, 5220 T 30” La Tour, 8150 11’ Vevey, 9330 9:42? S° Saphorin, 12920 11° 42” 38 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. Dans beaucoup d’autres circonstances, l'accroissement de la dis tance angulaire entre la caustique et l'horizon sensible ne s’est point montré suivre les variations de la distance. On voit du reste une exception dans l'observation D à propos de Vevey. — Je pourrais multiplier les exemples pour montrer les exceptions, je me conten- terai de rapporter quelques chiffres. E. 27 septembre 1855. 7 ‘/, heures du matin. Distance. Grandeur du mirage. Montreux , 23207 4 Vevey, 9330 3 307 St Saphorin, 12920 3 30” F. 11 octobre 1854. 8 heures 30 minutes du matin. Clarens, 5220” 3,20” Basset, 5900 2 JÙ, Maison X, 7400 2.127 ; St Saphorin, 12920 ETS G. 8 octobre 1854. 8 heures du matin. Vernex, 4600" 7° 30” Clarens, 5220 7 50” Basset, 5900 6 St Saphorin, 12920 k° 48” On voit suffisamment que non seulement l'élévation du plan caus- tique ne va pas toujours en augmentant avec la distance, mais que cette élévation s’est parfois même trouvée moins grande pour des . distances plus considérables. On peut, Je crois, se rendre facilement compte de ces irrégularités et de ces écarts de la théorie. Si l'on prenait l'élévation du plan caus- tique à des points mégalement distants, mais situés sur la même ligne droite, il est infiniment probable que la théorie se vérifierait si du moins les conditions de densité des couches d’air étaient les mêmes partout. Ce cas n'est évidemment pas celui dans lequel les observa- tions précédentes ont été faites. Les rayons visuels menés de Ville- neuve à Montreux, Clarens, Vevey, S' Saphorin, etc. , font entre eux des angles notables ; ils traversent la surface du lac à des dis- tances souvent bien grandes, et il est infiniment probable que l’état des couches d'air n’est pas parfaitement le même sur ces diverses directions. Je démontrerai plus tard que sur une méme direction l'état des couches d'air varie d’un moment à l’autre. Il n’y a done rien d'étonnant à ce que les observations faites dans les conditions où Je me trouvais nécessairement placé ne soient pas toujours d’ac- cord avec la théorie. Ces conditions étant autres que celles que la théorie suppose, les conséquences doivent également différer. DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 39 21. L'élévation du plan caustique ne dépend pas seulement de la distance, elle dépend aussi de la hauteur de l'œil au-dessus de la surface de l’eau. En général, le mirage diminue en même temps que l'œil s'élève et on peut facilement s'assurer de cette diminution sans instrument. Arrivé à une certaine hauteur , il devient tout à fait in- sensible. Entre la surface de l’eau et deux mètres, les variations de la grandeur du mirage ne m'ont pas paru dans un rapport constant avec l'élévation de l'œil. M° Bravais dit « qu'il existe probablement » une certaine hauteur de l'œil pour laquelle l'angle entre l'horizon » apparent et la ligne de partage est un maximum. » Ce maximun, dont la position dépend des circonstances météorologiques, se trou- verait pour l'œil à 1%, 5 ou 2. — J'ai fait un assez bon nombre de tentatives pour voir si ce maximum se produit. Il ne m'a pas pen exister à la surface de notre lac, comme on le verra par les indica- tions suivantes. Dans la plupart des observations, l'accroissement de la distance angulaire entre la caustique ct l’horizon sensible se manifeste évi- demment pour des hauteurs de l'œil comprises entre 1®,75 et0",75, et pour des points situés à diverses distances. H. 13 octobre 1854. 8 heures 25 minutes du matin. Hauteur de l'œil. 4,75 1",10 0®,75 Vernex, 1’ 36” 9” 18” 2 107: Maison X, l’ 48” A 20: — r-3 27 30” » 19 Basset, 2’ 30” 2 42° 2 54° Moyenne, 1° 58” 2’ 27” 2’ 46” I. 26 septembre 1855. 7 ‘/, heures du matin. Hauteur de l'œil. 4",00 0,70 Montreux , k& 36” &° 45” Clarens , La 5’ 20” Maison X, S'0 k& 40” K. & octobre 1855. 8 heures du matin. Hauteur de l'œil. 4,80 0,80 Montreux , 2’ 30” 3” 45” Clarens , 2180 spi 3 45” Maison X,, 3 4 Vevey, 2 45” Ve S° Saphorin, 3 40” &' 30” 40 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. L. 11 octobre 1854. 8 heures 40 minutes du matin. Hauteur de l'œil. 4,75 4% 10 0=,75 Clarens , 2 45” 2 24” 2 40” Basset, 4 34” 2’ 30” 2’ 40” Maison X, 2 1 12” 2° 19” S' Saphorin, 2° 24” 2’ 24” 2’ 30” M. 9 octobre 1854. 8 heures 30 minutes du matin. Hauteur de l'œil. 4=,75 4» 10 0,75 Clarens, 2 2 24” Basset, 1 54° 08 Lo 9 427” La Tour, 9 45’ 2’ 50” N. 5 octobre 1854. 7 heures 30 minutes du matin. Hauteur de l'œil. 4,75 1,55 4,05 Objet a, 7 49” 7.54” “abs 5’ 18” 4 18” Po CE 4° 20” 5 100) 151 » 5’ 10” 5’ 45” > ue 5ACE k& 54? 0 f. 316 ; knO 2 0. DIT 67197 » kh, 4 5497 lg À 5 54” 5 18”- » k, SE 0 6 L'examen des observations H, I, K, L, M, N montre d’une ma- nière bien frappante que la grandeur du mirage augmente en même temps que l'œil se rapproche de l’eau et cela même pour des hau- teurs comprises entre 1°,75 et 0®,75. J'ai rapporté toutes ces ob- servations avec un peu de détails afin de faire voir que l'existence d'un maximum correspondant à 1*,5 ou 2® ne parait pas réelle à la surface du Léman. Du reste, M° Bravais remarque, dans sa Notice, que la courbure de la terre rend moins sensible le relèvement de la caustique que ne l'indique le caleul, et que pour des distances très- grandes la théorie porte en elle-même une cause assez grave d’ine- xactitude. Dans les observations signalées ci-dessus et dans d’autres que je m'abstiens de citer, on peut apercevoir quelques exceptions à l’aug- mentation de la grandeur angulaire du mirage pour des hauteurs de moins en moins grandes de l'œil. Ces exceptions tiennent probable- ment aux irrégularités signalées dans le $ suivant. 22. Le phénomène du mirage provenant des variations de densité que présentent les couches atmosphériques au-dessus de l’eau, doit participer du peu de constance de ces variations. J'ai montré précé- demment combien il est probable que les mouvements occasionnés DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 41 par l’inégale densité de l'air sont la cause du tremblement qu'éprou- vent les objets vus à une certaine distance au-dessus de la nappe liquide. Ces mouvements, qu'il est impossible de suivre dans leurs détails, se produisant sur le trajet d’un rayon de lumière, doivent modifier la régularité de sa marche. Sa trajectoire, à convexité tournée vers la surface de l’eau, doit varier un peu d’un moment à l’autre et osciller, en quelque sorte, autour d’une position moyenne dépendant de l’ensemble des circonstances météorologiques du moment. On peut donc s'attendre à ce que la grandeur des images et l'élévation de la caustique au-dessus de l'horizon sensible éprouvent des chan- gements continus d'un moment à l’autre. Les observations montrent en effet que les images varient d'une façon très-sensible, surtout lorsque le lac est frissonnant sous l'in- fluence d’une légère brise. Les barques qui se montrent au large avec leurs voiles déployées se prêtent très-bien à ce genre d’obser- vation. On voit l’image des voiles s’allonger ou se raccourcir; on la voit se morceler à son extrémité inférieure en lanières horizontales qui semblent, par moments, se séparer les unes des autres, intro- duisant ainsi des solutions de continuité dans l’image totale, puis qui se rejoignent pour se diviser bientôt après. Le 26 septembre 1855, vers 9 heures du matin, une barque à grandes voiles blanches déployées donnait lieu à une image parfaite- ment nette, très-favorable à cause de son éclat à l'emploi de la lu- nette de Rochon. Je l’ai suivie pendant deux ou trois minutes , appré- ciant d’un moment à l’autre la grandeur angulaire de l’image. Elle variait de plusieurs secondes. — Le 4 octobre 1855, des conditions analogues se présentaient et la dimension des images éprouvait aussi de très-fréquentes variations. — Le 3 octobre 1854, ces variations étaient encore plus prononcées. L'élévation de la caustique éprouve les mêmes changements. Dé- pendante des circonstances de température des couches d’air, elle en éprouve, dans une certaine mesure, l'instabilité. Voici divers exemples de ces variations dans Ja grandeur du mirage. Îl s’agit toujours d’un même point observé de minute en minute. O0. 5 octobre 1854, œil à 075 de l’eau. 8 heures 45 minutes & 12” » 46 » 3 367 » 47 » & » 48 » 3 18” » 49 5 18” etc. etc P. 11 octobre 1854, œil à 1" de l’eau. 8 heures 30 minutes 2’ 18” » 34 » 2 28” » DAT 2” 30” » D 0 7198” Il s'agit ici du Basset. 42 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. Q. 4 octobre 1854, œil à 1. 8 heures 12 minutes 3 » 13 » HR DR » 14 » 4’ 08 » 15 » 5’ Il s’agit ici de Clarens. Ces observations suffisent pour montrer que le mirage, en un même point, varie d'une manière très-sensible d'un moment à l’autre. | On voit maintenant combien il est difficile d'établir des comparai- sons pour juger de l'influence de la distance ou de la hauteur de l'œil au-dessus de la surface de l’eau. Puisqu'un même point n’est pas même comparable à lui-même d’une minute à la suivante, à plus forte raison est-il très-peu exact, pour vérifier la théorie, de com parer divers points entr'eux alors qu’ils ne sont pas situés sur la même droite et qu'on ne peut pas les observer simultanément. 23. Il peut se faire enfin que certaines circonstances acecidentelles fassent changer la grandeur du mirage de quantités considérables en peu d’instants. M. Biot rapporte que Legentil, dans l'Inde, a souvent vu qu'au lever du soleil, lorsque le premier rayon de cet astre glisse sur l'horizon, l'horizon apparent de la mer subit une dépression subite d'environ 36”. C’est comme s’il se produisait un aceroisse- ment brusque de la température de l'air dans le voisinage de l'eau. Humboldt a observé de même des variations brusques au moment du lever ou du coucher du soleil. Sur le lac Léman, il se produit parfois un phénomène analogue. Le 4 octobre 1854, le mirage était tout à fait insensible, à Clarens, quelques minutes avant le lever du soleil. Les premiers rayons ap- paraissent et le mirage se montre tout à coup de 7° 10”. — D'autres circonstances peuvent produire un effet inverse, c’est-à-dire dimi- nuer brusquement la grandeur du mirage. Le 8 octobre 1854, à 8 heures et quelques minutes, j'ai mesuré : Vernex 7 30” Clarens 1Ha07 Basset 6’ une légère brise apparaît subitement au milieu d’une atmosphère jusque-là très-calme et les mesures donnent : Vernex L' Basset 3 412” Clarens 3 18” D’autres occasions m'ont permis de remarquer de brusques varia- tions semblables à la précédente. ons de sé .. nie. Le D ATP T0 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 43 24. Les observations et les résultats consignés dans les pages pré- cédentes montrent que le phénomène du mirage, dépendant des con- ditions de température des couches d’air, est essentiellement variable. La trajectoire complète d’un rayon de lumière parcourt toujours une assez grande distance à la surface du sol et sa marche, sa direction définitive sont dépendantes de l'état des couches d’air sur tout son parcours. Lorsqu'on établit, par la théorie, le mouvement du rayon de lumière, on suppose un certain état parfaitement défini et constant dans les températures de l'air, une certaine loi de décroissement avec la hauteur. Pour que les observations confirmassent en tout point et dans tous leurs détails les déductions théoriques, il faudrait que les lois admises pour la variation de la température fussent parfaitement celles de la nature et il faudrait, en outre, que ces dernières fussent les mêmes en tous les points de la trajectoire lumineuse. Les phénomènes optiques tels qu'ils sont observés, la production d'une image dans un rapport connu avec l’objet, l'élévation du plan caustique à une distance donnée et pour une certaine hauteur donnée également de l'œil, ces phénomènes pourraient parfaitement s'expli- quer par des conditions convenables de densité des couches d'air, conditions supposées le même sur toute la surface réchauffée. Il est évident que, dans la nature, les températures ne sont jamais exacte- ment les mêmes sur une grande surface; et en un même point, elles varient d’un instant à l’autre. Il résulte de ces variations un certain état des phénomènes optiques qu’on pourrait imaginer être produit par une loi de variations des densités identique en tous points et constante avec le temps. Ce sont ces conditions, que l’on pourrait appeler moyennes, qui sont le point de départ de la théorie pour aboutir aux phénomènes optiques, ou bien auxquelles la théorie peut remonter en se basant sur ces phénomènes eux-mêmes, tels que les donne l'observation. Ainsi, il ne faut pas chercher un accord trop parfait entre les ré- sultats de l'observation et les indications de la théorie. Pour l’état thermométrique des couches d'air; par exemple, l'observation ne peut porter que sur des conditions tout à fait locales dans le temps et l’espace, et si l’on cherche à comparer les résultats avec ce que la théorie exige pour l'explication du mirage, on ne peut et ne doit espérer qu'une approximation plus ou moins avancée. La nature même du sujet ne comporte pas une coïncidence parfaite. Les phénomènes du mirage peuvent être considérés comme par- faitement compris dans leur ensemble et dans leurs détails; mais il ne sera sans doute jamais possible de donner une théorie qui se confirme exactement par l'observation de tous les faits optiques et de tous ceux relatifs à la température des couches d’air. La théorie, je lai dit, ne porte que sur un état de choses moyen , autour duquel oscillent, avec des écarts plus ou moins grands, les véritables cireon- stances naturelles. k4 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. TABLEAU I. Hauteurs au- | Température Température de Densité. à l'eau à la surface] dessus de l'eau. de l'air. | 95 sept. 1854, | Surface | 12041 9574 | 8h. 30 m. du| 03 11087 9638 matin. 06 119% 9580 | 1652 | 1P2 11098 9579 28 sept. 1854, | Surface 9933 9669 7 h. 30 m. du 02 8078 9688 matin. 4 8°66 9692 7 8°69 9691 15041 10 8°67 9692 18 834 9703 ana 8°25 9706 29 sept. 1854, | Surface 878 9688 7 h. 15 m. du 072 8°00 9715 matin. n 7280 9722 6 7970 9725 15°96 9 7970 9725 es | 7°49 9735 ER RS LT 9722 30 sept. 1854, | Surface 9042 9666 7 h. 30 m. du 072 9210 9677 matin. 4 870 9691 6 8034 9703 15°86 8 8°30 9704 1°0 8015 9706 172 837 9702 125 834 9703 1%octobre 1854] Surface 9078 965% 7 h. 30 m. du 072 9042 9665 matin. 4 9257 9661 6 9951 9663 15977 9 9° 42 9666 10 9242 9666 15 9°33 9669 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 45 Température de l'eau à la surface Hauteurs au- | Température : ité. dessus de l'eau. de l'air. Densité Surface 11933 9601 3 octobre 1854, 02 11019 9606 7 h. 40 m. du matin. 4 11912 9608 6 11012 9608 15063 10 | 11°07 9610 15 110 9612 4 octobre 1854,| Surface 12095 9546 0", 2 12°65 9556 4 12°56 9559 15096 10 12°56 9559 15 12053 9560 7 h. 30 m. du matin. Surface 12998 9569 5 octobre 1854, 011 11996 9579 1 | 7 h. 30 m. du matin. 2 11965 9590 4 11938 9599 15064 | 6 11924 960% 8 11°20 9605 15 aloll 9608 20 All 9608 7 octobre Surface 15918 9472 m2,2 151% 9475 4 15914 9475 15981 6 1518 9479 72 15920 9472 Surface 13010 9541 02e 12075 9553 n 12057 9559 6 12055 9559 15090 10 12065 9556 15 12260 9558 9 octobre Surface 13070 9521 0"2à2"5| 13°60 9525 0"4 13937 9532 16023 6 13037 9532 8 octobre 19 130928 9535 46 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. Hauteurs au- | Température Température de dessus de l’eau. de l'air. Densité, l'eau à la surface! 11 octobre Surface 13°52 0" 2 13937 n 130922 6 13019 8 13019 10 13019 15 13020 23 sept. 1855, | Surface 13° 89 0" 4 13068 8 1350 10 13050 7 octobre Surface 10018 100 9057 90921 9003 8077 8083 8092 ea p evotivces eu _ J PL, Lé è Lau Cettcr's 0 008 020 PL.2. ‘à Cetob, 9 Cetob, | La leurs Ué0 0,60 000 100 2,20 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 47 TABLEAU II. 95 septembre 1854, 8 h. 30 m. du matin. Lac calme. Temps un peu brumeux. Cirrhus. Mirage faible. 28 septembre, 7 h. 30 m. Légères vagues et un peu de brise. Ciel couvert 5. Cirrho-cumulus. Lac plus ou moins frissonnant par in- termittences. Mirage très-prononcé. 29 septembre, 7 h. 15 m. Ciel clair O. Lac frissonnant. Brise du S.-E. Le brouillard en se levant laisse voir un mirage très-pro- noncé. 30 septembre, 7 h. 30 m. Ciel clair O0. Brise du S.-E. assez pro- noncée. Lac frissonnant. Pas de brouillard. Le soleil est près de se lever lors de la dernière observation de température (V. tableau D). Mirage très-prononcé. 1% octobre, 7 h. 30 m. Ciel clair 0. Brise du S.-E. Lac frisson nant. La température de l’air éprouve des variations assez brusques. Mirage moins prononcé que hier. 3 octobre, 7 h. 40 m. Ciel couvert 5. Cirrhus. Lac calme. Mirage assez faible. 4 octobre, 7 h. 30 m. Cirrho-cumulus. Lac parfaitement calme, ainsi que l'air. Il a plu assez abondamment pendant la nuit pré- cédente. Mirage assez prononcé. 5 octobre, 7 h. 30 m. Ciel couvert 4. Légère brise du S.-E.-E. Lac frissonnant. Mirage prononcé. 7 octobre. Ciel couvert 10. Temps brumeux. Lac et air parfaite- ment calmes. Mirage nul. 8 octobre. Ciel clair 0. Lac un peu frissonnant. Mirage prononcé. 9 octobre. Ciel clair 3. Temps brumeux. Lac agité et calme par portions. Expériences difficiles et peu sûres à cause des mouvements du bateau. Mirage faible. LL octobre. Ciel clair 4. Lac et air parfaitement calmes. Mirage faible. 13 octobre. Ciel couvert 8. Temps brumeux. Lac agité par des vagues mortes assez fortes pour balancer le bateau et rendre les observations très-difficiles. Entre la surface (15° 36) et 1720 il y a une différence de température de 0° 18 à 0° 27. Il a plu abondam- ment pendant les 48 dernières heures. Mirage faible. 7 octobre 1855. Ciel clair O0. Lac frissonnant. Brise du S.-E. Le brouillard se lève et laisse voir un beau mirage. 48 MICROSPORON FURFUR. NOTE SUR LE MICROSPORON FUREUR, Par M' le D' Marcel. (Séance du 6 février 1856.) Une série de cas de pityriasis versicolor qui se sont présentés à mon observation en 1855, m'ont fourni l'occasion de faire quelques remarques sur le microsporon furfur. Je ne communique ici que ce qu'il y a de moins connu : Les trois individus porteurs de cette affection, étaient des hommes bien constitués, d’âge mür et dont le tissu cellulaire sous-cutané était chargé de graisse, la peau elle-même flasque et grasse. Deux d’entr'eux portaient les taches devant la poitrine, entre les grands pectoraux; le troisième sur la face externe du bras droit, depuis le deltoïde jusqu'au einquième inférieur du bras. A la limite exacte des taches, la peau et l’épiderme devenaient parfaitement normaux et le pityriasis simple ne paraissait pas pré- céder ou préparer le sol au microsporon furfur. Je n'ai pas observé que les taches eussent pour point de départ ou pour centre des bulbes pileux, comme cela a été dit. L'affection tout à fait mdolente n'avait pas été aperçue par deux des sujets. Dans le pityriasis versicolor l'épiderme n’est pas seul malade; les couches sous-jacentes du réseau muqueux de Malpighi et du derme étaient légèrement rosées, d'une teinte plus animée qu’à l'état normal. L’épiderme malade lui-même, vu de près, n'apparait pas comme dans le pityriasis ordinaire du cuir chevelu ou dans les affections dites communément sécheresse de la peau; il est plissé, froncé en divers sens, point cassant, se lève en lamelles souples assez grandes ; ce n’est que par des frictions plus vives qu'il se décompose en pous- sière furfuracée. La poussière plus ou moins sèche qui se détache de la peau est constituée surtout par des écailles épidermiques, parmi lesquelles on peut ne trouver que fort peu de champignons; ce qui revient à dire, le champignon étend son action morbide sur l’épi- derme bien au-delà de l'espace qu’il occupe, à supposer qu’il soit la cause de l’altération épidermique. Quelle est la nature de cette cause? je ne saurais la dire. Les lamelles montrent au microscope, à diverses profondeurs, les spores et filaments connus, disposés en petits groupes, qui m'ont présenté plus tard un phénomène curieux et inattendu. J'avais con- servé mes préparations dans des verres de montre recouverts d’une lame de verrre; après six mois, en février dernier, ces préparations me revenant à l'esprit, je les examinai de nouveau. Dés l’abord, je fus frappé de la quantité disproportionnée, énorme, de microsporon que j'y rencontrais. Où il n’y avait qu'un simple groupe de sporidies et de courts filaments, existaient maintenant de véritables bancs de PLUIE SANS NUAGES. 49 sporidies et des filaments contournés fort longs dont l'extrémité sou- vent m'échappa. Le même phénomène fut noté sur plusieurs pré- parations. Le parasite s'était done développé et avait pullulé sur de simples débris d'épiderme, hors du contact de la peau et de l'mdi- vidu vivant. Je fis aussi sur mon bras de nombreux essais de transmission, en insérant de toutes les façons de la poussière sous et dans l’épiderme avec une lancette. Ces tentatives répétées un très-grand nombre de fois n'amenèrent chez moi aucune tache , quelques précautions que j'aie prises pour assurer la réussite de l’expérience. — —#s<—————— SUR UN CAS DE PLUIE SANS NUAGES. Par M° L. Dufour, professeur de physique. (Séance du 21 février 1856.) Les chutes de pluie sans nuages et par un ciel serein ne sont pas sans exemple dans les annales de la météorologie. Ce n’est cepen- dant pas un phénomène fréquent. Humboldt en cite quelques exem- ples; M° Wartmann vit une semblable averse à Genève, le 9 août 1837 ; Beechey a observé ce fait en pleine mer ; M° Babinet, à Paris, ete. Cette condensation de la vapeur d’eau de l'atmosphère en gout- telettes assez grandes et assez lourdes pour tomber sans constituer préalablement un nuage provient toujours d’un abaissement de tem- pérature dans une couche d'air chargée de vapeurs aqueuses. Le 9 et le 10 février 1856, les sommets des montagnes de Savoie du massif de la Chaux-Megny et de la dent d’Oche présentaient, dans la matinée, l'aspect évident d’une chute de pluie. Depuis Vil- leneuve et Vevey, ces sommités montrent divers enfoncements où la pluie se manifeste par une teinte d’un gris particulier et tellement caractéristique qu'il n’est pas possible de s’y tromper lorsqu'on a vu -souvent des averses arriver de ces régions-là. Les jours Imdiqués, le versant septentrional de ces montagnes apparaissait de cette feinte de pluie dans les gorges assez profondes qui aboutissent à des dé- pressions plus ou moins considérables vers le sommet; et ces jours- là, le ciel était d’une pureté parfaite; aucun nuage, aucun brouillard n'y avait apparu. Habitué à voir les montagnes de la Savoie à toute saison et dans toutes les conditions atmosphériques possibles, je ne doutai pas un instant qu'il ne plüt réellement aux endroits indiqués. Les bateliers, accoutumés aussi à observer leur horizon, m'affirmèrent également que c'était bien de la pluie, malgré le beau temps, et que cet effet singulier se produisait parfois lorsque la vaudère (vent du Sud) donne par en haut. Y'appris bientôt, en allant aux informations, que le Sirocco régnait depuis quelques jours dans le Valais avec une vio- lence inaccoutumée et la condensation de vapeurs devenait dès lors 4 50 VITESSE DES VAGUES. facile à expliquer. Le vent chaud du Midi arrivait, tenant en disso— lution une assez grande quantité de vapeurs. Après avoir traversé les Alpes, il se trouvait dans une atmosphère relativement beaucoup plus froide et une partie de la vapeur se condensait sur le versant Nord de la crête des montagnes. Cette condensation produite dans un air et un ciel sans nuages donnait lieu à la chute de pluie qui se répéta deux matmées successives. a ——— SUR LA VITESSE DES VAGUES. Par M° L. Dufour, professeur de physique. (Séance du 21 février 1856.) La vitesse des vagues n'est encore que très-imparfaitement con- nue. Sa détermination théorique déduite de la hauteur de la vague, ainsi que l’a donnée Lagrange ne se trouve pas toujours d'accord avec l'observation. Les observations de Bermontier , La Coudraye, Wollaston, ete., mfirment l’assertion de Flanguerques que la vitesse des vagues est indépendante de leur dimension. Cette vitesse paraît dépendre, en outre, de la profondeur de l’eau. La mesure de cette vitesse n’est point une opération aisée. Lors- qu'on veut suivre une vague d'un point à un autre, on éprouve une vraie difficulté à ne pas la confondre avec les précédentes ou les suivantes. L'œil dévie involontairement et l’on passe d’une ondula- tion à une autre sans s’en douter. On peut, dans certains cas qui ne sont point rares sur les bords du Léman, suivre facilement une vague, grâce à un phénomène optique auquel elle donne naissance. Lorsque le lac est agité alors que le soleil brille, il arrive que, pour certaines inclmaisons conve- nables des rayons de lumière , les vagues jouent le rôle de surfaces cylindriques qui concentrent les rayons. [l se produit à une assez grande profondeur, qui dépend de la courbure de la vague, une sorte de foyer allongé et répandu sur une ligne irrégulière parallèle à l'axe de la vague. Lorsque la profondeur de l'eau n’est pas trop considérable, on voit sur le fond le foyer de chaque vague se mani- fester par une bande lumineuse dont le frémissement et le mouve- ment progressif représente l’état dynamique de la surface liquide. La vitesse de ce foyer allongé est évidemment la même que celle de la vague. Or, il est assez-facile de suivre sur le fond, entre deux points déterminés, ces lignes de lumière. Si l'on possède un appareil chronométrique à arrêt, on pourra, connaissant la distance des deux points, déterminer assez approximativement, en prenant des moyen- nes, la vitesse de propagation des vagues. Je me propose de faire plus tard quelques observations sur ce sujet, mais j'ai tenu à mdi- quer cette méthode simple et pratique aux personnes qui pourraient s’adonner, sans en être dérangées, à ce genre de recherches. > 00C—————— GÉOLOGIE DE L ANGLETERRE NOTE SUR QUELQUES POINTS DE LA GÉOLOGIE DE EL ANGLEFERNI Par M' Æ. Renervler. Séance du 5 mars 1856. M Renevier donne quelques détails sur le résultat de ses travaux paléontologiques en Angleterre. Ceux-ci ont porté principalement sur deux points : Fétude des fossiles du Lower Green-Sandet celle de la faune de Blackdown. La bonne conservation des matériaux et la richesse des collec uons qu'il a eues à sa disposition lui ont permis de faire des études très-complètes sur ces deux sujets et les résultats auxquels il est parvenu sont des plus intéressants, grâce à la générosité des nutu- ralistes anglais qui ont mis à sa disposition leurs riches collections avée une rare bienveillance, M' Renevier dit qu'il ne peut pourtant pas encore livrer ses lra- vaux à la publicité, parée qu'il veut auparavant faire une compa- raison plus minutieuse des fossiles qu il a rapportés d'Angleterre avec ceux du continent, dont il n'avait pas de bonnes collections A sa disposition à Londres. [veut en particulier comparer les espèces du Lower Green-Sand avee nos fossiles néocomiens et aptiens, et la faune de Blackdown avec nos espèces du gault, ainsi qu'avec les fossiles cénomaniens de la Sarthe dont il a eu le bonheur de fure ample récolte au commencement de Fhiver. M° Renevier eroit cependant pouvoir dès à présent communiquer à la Société les résultats généraux de ses recherches. 1° Lower Green-Sand. D'après les nombreux fossiles de ce ter- rain que M° Renevier a pu étudier en Angleterre, il est arrivé à la conclusion que le Lower Green-Sand ne représente point, comme le croient la plupart des wéologues , notre terrain néocomien , mais correspond au contraire exactement à la série des couches aptiennes qu'il a reconnues à la Perte-du-Rhône entre le névcomien supérieur (urgonien) et le gault. Les couches inférieures du Lower Green-Sand (Pernabeds et Grackers) contiennent une faune qui est tout à fait l'analogue de celle de l'étage apuen inférieur (rhodanien) de la Perte- du-Rhône, tandis que le terrain arénaré, d'environ 650 pieds anglais d'épaisseur, qui se trouve compris entre les erackers et le gault, ap- partent incontestablement à l'étage aptien proprement dit. I est cependant une particularité qu'on ne doit pas négliger, € est que ces deux faunes (aptienne et rhodanienne) ont beaucoup plus de rapports entre elles en Angleterre que sui le continent, ee qui fait que jusques à présent ces deux terrains n'ont pas été séparés par les géo- louues anglais. Du reste, comme en Suisse, la faune aptienne est assez pauvre, tandis que la faune rhodanienne (Pernabeds et surtout Grac kers) est au contraire d'une richesse admirable. Les collections les plus considérables de ces terrains sont sans 52 GÉOLOGIE DE L'ANGLETERRE. contredit celle de M Fitton, celle du geological Survey et de la géolo- gical Society, qui toutes ont été mises à la “dispositidn de M° Renevier. Lur-même est en outre parvenu à former une belle collection de fos- siles du Lower Green-Sand, qui est sans doute une des plus consi- dérables après les trois précédemment nommées 2° Blackdown. La magnifique conservation des fossiles de Black- down a de tout temps attiré sur cette localité l'attention des paléon- tologistes anglais. On les a placés tantôt dans le Lower Green-Sand, tantôt dans l'Upper Green-Sand (eénomanien). Dans ces derniers temps, MM. Lyell, Sharpe et Morris ont pensé les placer dans le gault. MF d'Arc ‘hiac au contraire a considéré cette’ faune comme re- présentant les trois ét ages préc ités. En étudiant toutes les collections de Londres (dont la plus belle e st. au British Museum) et celle assez considérable qu'il a recueillie dans son voyage, M° Renevier n'a pu encore arriver à une conclusion définitive, mais par l'étude qu'il a faite il a augmenté considérable ment le nombre des espèces de Blackdown. Beauce oup sont entière- ment nouvelles, mais le plus grand nombre se répartissent entre les terrains du Lower Green-Sand, du gault et de l'Upper Green-Sand. La seule classe qui donne une conclusion certaine esteelle des Gépha- lopodes, dont M° Renevier n'a pu constater aucune espèce qui ne soit pas du gault, mais comme cette classe n'est représe ntée que par une dizaine d' »spèces et par un nombre relativement petit d'échantillons ce résultat a beaucoup moins d'importance pour la classification dé- linitive de ce terrain. Les autres classes contiennent en nombres presque égaux des e spè- ces du gault et de l'Upper Green-Sand et un nombre un peu moins considér rable du Lower Green-Sand. Mais ce qu'il y a de certain, c’est que ce mélange est incontestable et que les fossiles proviennent tous de la même couche. Dans l'état actuel des recherches, l'opinion de MF d'Arehiac parait avoir beaucoup de vraisemblance. DE L'ORIGINE DES VÉCÉTATIONS CONNUES SOUS LE NOM DE QUEUES DE RENARD. Par M' le D' à. belaHtarpe. Séance du 2 avril 4856.) Chacun connait ces excroissances formées de fibres radicales alongées et ramifiées, qui se développent dans l'intérieur des con- duits de fontaine et connues sous le nom de queues de renard. On admet généralement qu'elles proviennent du bourgeonnement radi- cellaire de racines d'arbres La des conduits, qui pénétrent dans les tuyaux à demi déc onposés. Ce peut être le cas d'un bon nombre de ces productions, mais non pas de toutes. QUEVES DE RENARD. 53 J'avais oui dire à un fontenier que les queues de renard se mon- traient aussi bien au milieu des rues, Sur noS places publiques, que Lans la campagne et dans le voisinage des arbres. Ce fait m'avait “tonné, Passant un jour sur lune de nos places publiques, j'aperçus des tuvaux en bois de sapin à demi décomposés et retirés de la terre, qui portaient des fibres radicellaires nombreuses. Quelques-unes se voyaient à l'intérieur des tuyaux dans le voisinage des jointures où elles traversaient le bois devenu très-friable. Le plus grand nombre se répandaient Sous forme de réseau à mailles fort larges, entre l'écorce et le bois. En poursuivant ces dernieres on les voyait aboutit i une sorte Je couronne ou de disque serré ETUE à l'extrémité du tuvau et formé évidemment dans la jointure. Ce disque partait lui- même de l'extrémité du liber de l'écorce du tuyau et se continuait vec lui. Sur ce point, le liber épaissi donnait naissance tout autour à de gros bourgeons épatés , qui se du point où il avait été coupé. croisant et se soudant ensem- divisaient et se subdivisaient en s'entri ble. De cet entrecroisement partaient en tout sens des fibrilles qui S'insinuaient dans chaque fente et particulièrement entre l'écuree et l'aubier. Celles de ces librilles qui parvenaient à pénétrer jusques à l'intérieur des tuvaux Y formaient des queues de renard : tandis que celles placées sous l'écorce se répandaient au loin tout autour du tuvau. Evidemment done, dans ce cas-là, les queues de renard pro- énaient non des arbres plantés dans le voisinag, mais des tuyaux Ces tuvaux, placés en terre encore verts, Y avaient ix-môêmes. vraies racines adventives, étaient partis Lourgeonné et les bourgeons, ju liber: ils n'avaient pas tardé à prendre une vie indépendante de leur souche et à continuer leur végétation apres la mort du liber. Ce fait est d'autant plus curieux qu il se produit sur des troncs le sapin; or, lon sait assez que cet arbre ne produit pas de racines dventives et qu'il ne peut se transplanter par boutures. Les applications prauques sont iei faciles à déduire. Pour préser- er les tuyaux des queues de renard nées de leur écorce même, il uflira ou bien de ne pas faire usage de bois vert, ou bien d'enlever en biseau un large cerele d'écorce à chaque extrémité des tuyaux. Les couches du liber n'étant plus protégées par l'écorce à leur extré- té, et se trouvant en contact avee la terre ne tarderont pas à per- lre toute puissance végétative. [L reste à examiner, dans l'occasion, la structure anatomique les queues de renard, afin de savoir si ces productions offrent ou ion des variations de texture en rapport avec leur origine. Leur ture radicellaire ne saurait du reste être mise en doute. NATICA ROTUNDATA, SUR LA SYNONYMIE DE LA NATI€A ROTUNDATA, Par M' £. Renevier. (Séance du 2 avril 4856.) Parmi les causes qui rendent quelquefois difficile la parallélisme des terrains de différents pays, se trouve en première ligne le fait que les mêmes espèces portent fréquemment des noms différents suivant les localités, et que le même nom est souvent aussi appliqué à des espèces pirfaitement distinctes. De là naissent pour ceux qui se contentent de comparer des listes de fossiles et non les fossiles eux-mêmes, des analogies et des différences souvent aussi erronées les unes que les autres. Il est done de la plus haute importance pour la géologie compa- rative aussi bien que pour la paléontologie, d'arriver à débrouiller le plus complètement possible la synonymie des espèces. C'est ce qu'il m'a été donné d'effectuer pendant mon séjour en Angleterre, pour un bon nombre d'espèces des terrains crétacés in- férieurs. La comparaison que j'ai pu faire de mes matériaux avec les exemplaires originaux de M° Sowerby, l'admirable conservation des fossiles anglais de ces terrains et le soin que j'ai mis à me procurer autant que possible des échantillons types, donnent à mon travail une grande sécurité. Je me contenterai pour le moment de faire l'historique de la Natica rotundata, dont la synonymie peut bien être considérée comme un type de confusion. En 1823, M°J. de Carl Sowerby décrit dans la Mineral concho- logy (pl. #33, f. 2), sous le nom de Turbo rotundatus, un fossile de Blackdown que lui-même considère plus tard dans Findex systé- matique de son ouvrage (1835) comme une Littorina. D'un autre côté, en 1842, M° Deshayes fait connaitre dans le tra- vail de M° Leymrie, sur les terrains crétacés de l'Aube (Mémoires de la Société géologique de France, vol. V, p. 13, pl. 16, f. 10), une coquille néocomienne qu'il appelle Ampullaria lævigata, nom que M° A. d'Orbigny change la même année (Ter. erét., vol. IF. p. 148, pl. 170, f. 6-7) en Natica lœvigata, en même temps qu'il cite en synonymie le Littorina pungens de M° J. de C. Sowerby. Dans le même ouvrage, à quelques pages de distance (p. 154, pl. 172, f. #), M° d'Orbigny décrit sous le nom de Natica Clementina un fossile distinet de la Nat. lœvigata, mais qu'il ne compare point à la Nat. rotundata. Cette espèce, qu'il considère comme nouvelle, avait été rapportée à tort par Mr Leymrie au Littorina pungens de Mr J. de C. Sowerby. En 1545, survient Edw. Forbes qui (Quart. Journ. geol. Soc. [, p. 346) réunit les deux premières de nos espèces, c’est-à-dire les Turbo rotundatus et Ampullaria lævigata, sous le nom de Nativa rotundata, et déclare que le Littorina pungens de Blackdown cons- titue une espèce distincte. NATICA ROTUNDATA., D] Quant à la Nat. Clementina, il n'avait pas son travail, aussi n'en parle-t-il pas. En 1850, parait le second volume du Prodrome de M° d'Orbi- #ny, dans lequel cet auteur conserve les trois espèces : 1° la Mur. lwvigata, dont il change encore le nom en Nat sublævigata, sous prétexte que la Nerita lœvigata de Sow. est une natice et que cette espèce, étant plus ancienne, doit garder le nom de Natica lœvigata. [L place cette premiére espèce dans les étages néocomien et aptien. 2° La Nat, Clementina, d'Orb.. de l'étage albien ou gault. 3° La Nat. rotundata, J. Sow.. de Blackdown, qu'il place l'étage cénomanien, la citant aussi du Mans (Sarthe). Enfin, en 1854 nous eùmes, M° Je prof. Pictet et moi, à nous occuper de l'espèce néocomienne dans la Description des fossiles du lerrain aplien, ete. (p. 34. — Matériaux pour la paléontologie suisse), el nous reconnûmes que cette espèce était évidemment la même que celle du Lower Green-Sand anglais que Forbes rapportait au Turbo rotundatus de J. de C. Sowerby. En conséquence, pensant que Forbes était mieux à même de connaitre les types’ de la collection Sowerby que ne pouvait l'être M° d'Orbigny, nous adoptämes l'opi- nion du premier de ces paléontologistes et nommämes . comme lui. notre espèce Nat. rotundata. Une fois en Angleterre, et travail matériaux sous les Yeux, à s'en occuper dans ant avec un grand nombre de j'ai pu m'assurer que nous ne nous étions pont trompés en rapportant notre espèce aptienne à celle du Lower Green-Sand, Mais en poursuivant l'é tude de ces fossiles, je m'aper- ÇUS au contraire que c'était F orbes qui avait fait erreur en réunissant l'espèce du Lower Green-Sand à la Nat. rotundata de Blackdown . dont elle diffère par des stries d'accroissement beauccup moins obli- que, la bouche plus droite et les tours beaucoup plus bombés. Ce qui peut expliquer en partie l'erreur du paléontologiste anglais e est que la figure de la Mineral conchology n'est pas d'une exacti- tude parfaite, ce dont Je me suis assuré en la comparant avec l’exem- plaire original conservé dans la collection de Mr J. de Sowerby. La bouche de celui-ci est en outre un peu cassée, ce qui la rend plus droite dans la gravure. Mais en étudiant de la sorte l'exemplaire original de la Nat. ro- tundata et quelques autres échantillons d'une conservation plus par- late, appartenant à la même espèce, je fis une autre découverte à laquelle j'étais loin de m'attendre, savoir qu'il n'y a aucun carac- tère distinctif entre la Nat. Clementina, d'Orb.. et la Nat. rotundata J Sow.), d'Orb. L'exemplaire original de cette dernière a bien l’ombilie légèrement plus ouvert, mais je me suis assuré que c’est le résultat d'une petite sure, et que d'autres échantillons conservés au British Museum nt l'ombilie en fissure, indiqué par Mr d'Orbigny. L'angle spiral de es échantillons est d'ailleurs intermédiaire entre ceux indiqués par \ description et par la figure de la paléontologie française. Si nous considérons en outre que Blackdown contient un bon 56 NATICA ROTUNDATA nombre d'espèces albiennes, et qu'en particulier toutes les armmoni- tes de cette localité que j'ai eues entre les mains appartiennent à des espèces communes dans le gault, rien ng s’opposera plus à la fusion de ces deux espèces en une. Il résulte done des études et comparaisons que j'ai pu faire en Angleterre, qu'au lieu de trois espèces que compte Mr d'Orbigny je u’en fais plus que deux et qu'au lieu de réunir, comme le faisait Ed. Forbes, la Nat. lævigata à la Nat. rotundata, c’est au contraire la Nat. Clementina que je considère comme identique à l'espèce de Blackdown. Voici done comme j'établis la synopymie de cés deux espèces. NATICA LÆVIGATA (Desh.), d'Orb. 1842. Ampullaria lævigata, Desh. in Leym. Mém. Soc. géol. de Fr., V, p. 13, pl. 16, f. 10. 1842. Natica lœvigata, d'Orb. Ter. crét. IE, p. 148, pl. 170 f. 6-7. 1845. Natica rotundata, Forb. (non J. Sow.), Quart. Journ. weol. Soc. E, p. 346. 1850. Natica sublævigata, d'Orb. Prodr. IE, p. 68 et 115. 1854. Natica rotundata, Piet. et Rav. (non J. Sow.). Aptien, p. 3%, pl. 5, f. Fe Je me suis assuré en Angleterre que la Nerita lœvigata de So werby n'est point une natice et qu'ainsi il n'y a pas lieu à changer le nom de cette espèce en Nat. sublævigata, comme le veut Mr d'Or- bigny. Localités. Terrain néocomien du bassin de la Seine (Bettancourt- la-Ferrée, ete.). Couche rouge (aptien inférieur) des environs de Vassy (Haute-Marne). Etage rhodanien ou aptien inférieur de la Perte-du-Rhône (Ain), de Ste-Croix (Jura vaudois), ete. Lower Green-Sand d’Atherfield et de Shanklin (Ile de Wight), de Peasemarsli (Surrey), etc. NATICA ROTUNDATA (3. Sow.), d'Orb. 1823. Turbo rotundatus, J. Sow, Min. coneh., pl. #33, £. 2. 1835. Littorina rotundata, . Sow., Min. conch. syst. index. 1842. Littorina pungens, Leym. (non J. Sow.), Mém. Soc. géol. de Fr., V, p. 31. 1842. Natica Clementina, d'Orb., Terr. erét., LE, p. 154, pl. 172 f. 4. 1849. Natica Clementina, Piet. et Rx.. Gr. vert., p. 179, pl. 17. f. 1 1849. Natica ervyna, Piet. et Rx. (non d'Orb.), Gr. vert. . p. 480, pl. 17, £. 2. 1850. Natica rotundata, d'Orb. Prodr.. HE; et cénomanien, p. 150. 1850. Natica Clementina, d'Orb. Prodr., Il; et albien, p. 129. Diffère de l'espèce précédente par des stries d'accroissement beau- coup plus obliques, la bouche moins droite et les tours bien moins bombés. NATICA ROTUNDATA, 57 Je réunis à cette espèce la Natica ervyna, de MM. Pictet et Roux Description des mollusques des gres verts des environs de Genève), qui n'est sans doute pas la mème que l'espèce nommée ainsi par Mr d'Orbigny, et qui par contre ressemble tout à fait aux échantillons anglais. Voici d'ailleurs les angles spiraux qui résultent des descriptions et des figures Natica ervyna, d'Orb., 93°. Nat. ervyna, Piet. et Rx., figures, 80°. Nat. Clementina, d'Orb... description. 80°. Nat. Clementina, d'Orb.. figures. 73°. Nat. rotundata, 3. Sow., échantillons du British Museum. 76°. Nat. rotundata, 3. Sow., exemplaire original (coll, Sow.), 73 Nat. Clementina? Pier. et Rx., figure, 66°. Ce dernier chiffre est sans doute le’résultat d'une erreyr du des- sinateur. : Localités. Gault du bassin de la Seine, de la Perte-du-Rhône Ain), etc. Grès vert de Blackdown. Et cénomanien du Mans? (d'après Mr d'Orbigny 6. NOTE GEOLOGIQUE SUR LA DOBROUDCOH À, ENTRE RASSOVA ET KUSTENDIÉ. Par M° Michel, ingénieur. Séance du 16 avril 1856. La Dobroudcha est la contrée qui s'étend depuis Silistrie, Basard- chik et Balchik, entre le Danube et la mér Noire. jusqu'à l'embou- chure du grand fleuve. Les Tures ne donnent ce nom qu'à la partie dépouillée d'arbres : pour eux, la Dobroudeha s'arrête à la forêt di Babadaghan, Nord: pour les Cosiques et les Tatares*habitants du pays, elle n'est limitée que par le Danube. La constitution éologique du sous-sol n'est pas Constante, mais une épaisse couche de lehin sableux et micacé recouvre les différents terrains et donne à toute la contrée l'aspect uniforme très-remarqua- ble des pays de steppes. C'est à cause de cette uniformité d’ ispect que celte partie de la Bulgarie a recu un nom spécial: l'absence d'arbres n'est pas un caractère suflisant pour définir la Dobroudcha. puisque l'on peut voir quelques restes d'anciennes forêts aux envi- rons de Rassova, à # kilomètres du Danube et même à Mouwatlar non loin de l'ancienne station de Carasson”. Le caractère essentiel de la Dobroudeha est la perméabilité du sol. On ne voit dans tout le Pays aucun cours d'eau, pas même de ” Carasson était une ville de 13,000 âmes autrefois, dit-on. À peine voit-on aujourd'hui quelques pierres dépassant l'herbe qui couvre ruines 58 GÉOLOGIE DE LA DOBROUDCHA. ruisseaux. Les sources y sont irès-rares et les puits creusés jusqu'à 30 et #0”. Les eaux souterraines s'écoulent probablement par des sources de fond dans les lacs et dans le Danube. Au-dessous du lehm sableux dont nous venons de parler se trou- vent, entre Rassova et Kustendjé, les couches successives, générale ment horizontales, de calcaires et de grès appartenant au terrain eré- tacé. Par suite de l'horizontalité de ces couches, la Dobroudcha forme un vaste plateau légèrement ondulé: des failles fréquentes ont déter- miné la formation des vallées principales généralement perpendieu- laires au cours du Danube; leurs flanes sont profondément ravinés. Mais on ne les voit point d'une certaine distance et l'œil du voyageur se fatigue à suivre les lignes monotones d'un horizon qui ne change jamais. La hauteur de ce plateau est moyennement de 60% au-dessus du niveau de la mer; quelques contreforts s'élèvent jusqu'à 120" dans l'intérieur, mais le terrain s'abaisse le long des côtes et les falaises forment une ligne uniforme de 20 mètres de hauteur au plus, jusqu'au nord de Kustendjé, où elles sont remplacées par des dunes peu éle- vies. Le faite de séparation entre le Danube et la mer Noire se détache des Balkans, au nord de Choumla et à 80 kilomètres de la mer, court à peu près parallèlement au Danube dans la direction E-E-N., en passant par Basardehik et n'est plus qu'à 2500% de la mer à la hauteur de Kustendjé. De la on le voit remonter brusquement vers leN., un peu N-0., toujours parallèlement au Danube eL s'arrêter aux longues plages de sable, au milieu desquelles se dressent isolément les Beshteppes (les einq têtes). Cette note ne comprendra la description que du terrain qui se trouve au point le plus étroit, entre le Danube et la mer Noire. Les couches généralement peu inelinées n'apparaissent que dans les ra- vins profondément-ereusés dans le plateau ou bien dans les vallées perpendiculaires au Danube. Les terrains sont de plus en plus mo- dernes, soit qu'on marche du nord au sud, c'est-à-dire de Babaday vers Basardehik, soit qu'on aille de l'ouest à l'est, ou du Danube vers la mer Noire. Dans le premier cas, ee sont les failles surtout qui ont fait apparaitre les couches les plus anciennes; dans le second, il est facile de reconnaitre que les couches de térrain plongent légè- rement vers la mer. A deux kilomètres à l'aval de Rassova, la falaise, le long du Da- nube, est formée par les couches de caleaire néocomien, renfermant nombre de nérinées, de ptérocères, de polypiers et autres fossiles; l'assise inférieure de cette formation qui se retrouve encore dans l'intérieur jusqu'à 5 ou 6 kilomètres, passe généralement à l'état Cra yeux. En suivant le cours du Danube on voit successivement les cou- ches du terrain néocomien et du grès vert, bouleversées par de nom- breuses failles, et l'étude des niveaux relatifs devient extrêmement difficile. À 6 kilomètres plus bas se trouve le village de Trherna- 7 vw? : # 4 A 1 /AÆ ee # € : Me dark fafe nf GÉOLOGIE DE LA DOBROUDCHA. 59 Vada, à l'embouchure du lac du même nom (en slave, Teherna- Vada veut dire eau noire, insalubre; Carasson chez les Tures). C'est en remontant la vallée des lacs, dans la direction de Kus- tendjé que l’on peut étudier le plus complètement la géologie du RATS: % Après les calcaires blanchâtres avec nombreux fossiles du néoco- mien inférieur, on trouve, à 6 kilomètres environ du Danube, les cal- eaires à orbitolites, dont les assises puissantes rongées par l’action du temps, semblent des ruines gigantesques. La cassure de ces calcaires est d’un blane grisâtre, mais les sur- faces exposées aux agents atmosphériques sont d'un beau jaune safran. Un peu plus loin, à 8 kilomètres du Danube, on trouve les pre- mières couches du grès vert qui forme presque tous les plateaux du centre de la Dobroudcha. La partie inférieure est un poudingue assez | fin, puis vient un grès sableux peu agrégé; les grains de chlorite y | sont fréquents. À la partie supérieure , on voit un grès blanchâtre à grain fin et très-dur. Les seuls fossiles que nous ayons trouvé dans ce grès vert sont des débris de grandes ostrea. | Quand on se rapproche de la mer, à partir de l’ancienne station ou ville de Carasson, on voit la craie blanche avec silex blonds re- couvrir le grès dur; elle est généralement peu puissante; il semble | qu'elle ait été enlevée par un courant très-violent, elle n'existe plus que par places comme un dépôt local. L'ensemble du grès vert et de la craie, là où elle existe, est re- couvert par un dépôt tertiaire, relativement moderne, qui forme le couronnement de tous les plateaux depuis Ivrenety jusqu’au faite de | séparation entre le Danube et la mer Noire. : De l’autre côté du faite, on trouve à Balchik, le terrain erétacé sur les bords du lac Sudgneul, à 10 kilomètres au nord de Kustendjé; c’est encore le grès vert supérieur et la craie blanche ; mais à Kus- tendjé même la falaise est formée par le terrain tertiaire inférieur. Une faille remarquable a donné naissance au port, en relevant le ‘cap de calcaire sur lequel est bâtie la ville. De chaque côté de cette saillie, qui avance de 500 mètres environ, la falaise est formée par des couches argileuses que la mer mine continuellement en même temps qu'elle ronge le cap qui seul donne un abri aux bâtiments. Immédiatement au-dessus des calcaires vient un argile verdâtre avec nodules marneux ; puis une couche d'argile jaunâtre renfermant à la base les mêmes fossiles que les calcaires. Ce sont d'énormes quantités de cardiums qui semblent réunis en masses considérables comme les coquilles de moules repoussées par la vague sur la plage. Par-dessus vient une couche d'argile rouge avec rognons de sulfate de chaux cristallisé en lentille. C'est le dernier dépôt régulier que nous ayons pu observer dans cette partie de la Dobroudcha. Sur les bords du Danube se trouvent encore au-dessous du lehm diluvien, des dépôts considérables de tuf et dans leur voisinage des amas de cailloux roulés. 60 GÉOLOGIE DE LA DOBROUDCHA. LÉ r d La ciquë. A &4 ATTA PA 1 2 ‘, Partout où l’homme a passé et laissé des ruines, bientôt l'herbe couvre les pierres qui ne dépassent plus le niveau du sol; à peine les pierres éparses des tombes, colonnes arrachées à des monuments antiques, annoncent-elles encore qu'autrefois il y eut des habitations ; mais un témoin reste là qui, chaque année, rappelle que le sol a été habité, c’est la ciguë. Dans la Dobroudcha, ce pays semé de ruines, on voit presque à chaque pas de larges touffes de ciguës arborescentes ; elles atteignent jusqu'à 3 mètres. Leurs contours suivent ceux de ce village qui n’est plus. Leur odeur fétide prend au cerveau comme une odeur de mort et le voisinage de ces plantes est insupportable. Au mois de juillet, on ne voit plus que les tiges desséchées qui forment de larges taches noires sur la verdure de la steppe. Sans elles, on pourrait croire en passant que le pays n'a jamais été qu'une vaste prairie où l’homme n'a pas laissé plus de traces que les troupeaux qui la parcourent. Mais en s’approchant on découvre sous l'herbe les fondations des murs, les silos dans lesquels on enfouissait les grains, quelques puits abandonnés, danger continuel pour les voyageurs. À quelle cause attribuer le développement si considérable de la ciguë sur ces déserts que l’homme n'habite plus, souvent depuis un siècle? Nulle part ailleurs dans la steppe on ne la retrouve. Ce ne peut être le voisinage du calcaire, puisque les parties les plus pierreuses de la steppe n’ont pas de ciguës. Sur les bords du Danube, où les cabanes sont en bois et terre, on trouve la même particularité. Ce ne peut être la présence de l’eau, car on les trouve sur les hauteurs, là où la rosée seule vient rafraichir les oiseaux haletants. On ne peut leur trouver qu'une origine , c’est la présence des fumiers. Chaque jour les habitants des villages sortent des éta- bles le fumier et l'entassent devant leur porte; quand le tas est trop élevé on en fait un autre et on met le feu au précédent. L'emplace- ment d’un village n’est alors qu'un énorme tas de fumier sur lequel croissent des plantes spéciales. La ciguë est la plus caractéristique ; elle rappelle la cantharide par son odeur; ses dimensions sont con- sidérables, nous en avons vu de 3 mètres de hauteur, dans les en- droits frais. Je ne pourrais dire à quelle espèce elle appartient, si elle est vé- néneuse ou non; nos chevaux s’arrêtaient volontiers pour en arra- cher quelques branches et les manger. AU $ | » * > Pod 1 ? "6 > À »n Jury A VECR HALL ,. 2 : Aa Fee n # fr tal : 1 M 4 ave ne la Société pour 1856 : 4 “ $ 43 n ALES ; Le ER | ; | F4 Ch. ne vice-président. DA ARS ie RAI 3. De 1a Have, 4° secrétaire. Bed 0 be Hibst 3 ve TR HE. [n Durour , professeur , 2° secrétaire. |, :wri8 An AQU ve. M IBisenorr, + ne caissier. gr Le BULLETIN n’est adressé qu'aux membres qui ont acquitté leur contribution annuelle de 5 francs. Pour les personnes étrangères à la Société, le Prix d'abonnement au Bulletin est fixé à 5 fr. par année, payables d'avance. On s’abonne chez F. Blanchard, impr.-libraire , à Lausanne. Séances de la Société vaudoise des sciences naturelles en 1856. Janvier 9, particulière. Juin 4, particulière. » 25, id. » : 18, annuelle. Février 6, id. Juillet 2, particulière. » 20 , générale. Novembre 5, id. Mars 5, particulière. » 49, générale. » 49, id. Décembre 5, particulière. Avril 2, id. RES 16, id. » 16 , générale. Mai 7, particulière. » 21, id. Les séances ont lieu à 7 heures du soir , à l'hôtel de ville , salle de la justice de paix. Les auteurs sont responsables des opinions qu'ils émettent. su h "rer 24 L F7 . FE md La ». > : = * ne D SR NE ALI VE) AS AL NET rer ‘ds En mp SNS le ne LE TR LE 22 —ODOXDS—— BULLETIN SOCIÈTÉ VAUDOISE SCIENGES NATURELLES. TOME V. — BULLETIN N° 59. PRIX : 3 fr. 25 c. LAUSANNE. MER IMPRIMERIE DE F. BLANCHARD. phhee 1856 TABLE DES MATIÈRES DU PRÉSENT NUMÉRO, PROCES-VERRADX 4500 CR PR Sin AUS EN CR RO Mémores. Planétaire à l'usage des aveugles, par H. Hirzel 74 Matière bleue des pansements , par J. Delaharpe, D° . 71 Catalogue des Tortricides suisses , par J. Delaharpe, D'° . .: . . 82“ Note sur une Tenthrède nuisible au colza, par A. Forel . . 86 Sur l’existence d’une mer diluvienne , par Ph. Delaharpe, D° : . 89 Note sur les causes de la progression des glaciers, par S. Baup. 93 Note sur le baromètre Bourdon, par J. Marguet, prof® . . . + 96. Sur certaines erreurs en matière d'observation, p° C. Dufour, prof” 99% Matière rouge de l’Alliaz, par J.-B. Schnetzler . . . RH OR Etude sur la navigation du Danube , par J. Michel , ingénieur . . 403" Observations ozonométriques comparatives, par Ch. Gaudin : . 4118 Recherches sur les fonctions du système nerveux dans les animaux articulés, par M° Yersin, prof” . . . . . . . . . . . 119 Quelques mots sur la flore tertiaire de l’Angleterre, par Ph. Dela- : Harpe, Dit ee. SL PURE OO ent . 125. Note sur l’origine américaine Fe Platanus occidentalis, L., par Ch. Gaudin 0007 + 0 CARS Lettre de M le prof” 0. Heer à à sir Ch. Lyell, id par ir Ch. Gaudin 145. Tome Y. N 39. SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES. GT Oe——— PROCÈS-VERBAUX. Séance particulière du 7 mai 1856. — M' C. Gaudin présente à l'assemblée un grand fragment d'humerus de rhinocéros fossile, trouvé dans la molasse , à la Borde, près Lausanne. M° Gaudin communique la note suivante sur la nouvelle flore fossile recueillie au Locle par M° Auguste Jaccard. Cette note est extraite d'une lettre de M° Heer. — « Les matériaux augmentent au Locle. Les espèces découvertes par M Jaccard s'élèvent à 42. Sur ce nombre, 30 se retrouvent dans la molasse d’eau douce supérieure et 25 à OEningen; 16 dans la molasse d’eau douce inférieure. Quant aux espèces qui appartiennent exclusivement à l’une ou l’autre de ces formations , il en est 15 qui ne se trouvent que dans la molasse supérieure et deux seulement dans la molasse inférieure; ce sont la Dryandroides banksiæfolia et la Cassia Berenices. Ces deux espèces semblent s'être conservées sur les hauteurs du Jura de la Suisse occidentale plus longtemps que dans la Suisse orientale où elles ont . disparu avec l’époque marine. La florule du Locle est très-mtéres- sante, parce qu'elle nous permet de jeter un coup-d'œil sur la flore tertiaire de la Suisse occidentale dans les temps qui ont suivi l’ap- parition de la mer molassique. Parmi les espèces nouvelles, il faut compter une Grevillea, voisine de la Grevillea hœæringiana, Ett. L'arbre dominant était un vrai laurier (Laurus princeps, Heer), dont j'ai trouvé il y a un an des feuilles si belles près de la Schratz- bourg; la Persea Braunii et la Persea speciosa sont plus rares. Quelle différence les vallons du Jura ne présentent-ils pas dans leur végétation actuelle! » … M'J. Delaharpe, après avoir entretenu la Société de quelques généralités relatives aux fordeuses (lépidoptères), dépose sur le ureau le catalogue des espèces suisses appartenant à cette famille. 62 SÉANCE DU 7 MAI 1856. Il énumère près de trois cents espèces, dont quelques-unes sont nouvelles. (Voir les mémoires.) M° Hirzel raconte quelle influence l'opération de la cataracte eut sur le développement mtellectuel et moral d’un aveugle caracté dès sa plus tendre enfance. M° C. Dufour rapporte le fait d'un arc-en-ciel double, observé le 14 avril passé, à 6 heures 20 minutes du soir, dont les deux ares au lieu d'être concentriques, se voyaient l’un à côté de l’autre. Comment expliquer ce fait? M° Rambert rappelle que Haller indique la présence de l Anemone hortensis dans les environs de Montreux. Nos botanistes l'y ont en vain cherchée. Les vieillards de la localité se rappellent qu'elle y était assez répandue. Des perquisitions récentes ont abouti à en faire découvrir les vestiges d'un pied unique. Actuellement on peut en— visager cette plante comme n’existant plus dans la localité; elle en a été chassée, comme tant d'autres, par les progrès de la culture. M° C. Dufour dit quelques mots à cette occasion sur l'importance de pareilles communications au point de vue météorologique. M' J. Delaharpe cite quelques observations faites dans nos envi- rons. Îl a vu plusieurs plantes de l'Europe méridionale s’introduire et se propager pendant plus ou moins longtemps dans notre pays. Ainsi Corydalis lutea, Oxalis corniculata , Reseda phyteuma , Iberis pinnata, ete.; mais plusieurs ne parviennent pas à s’acclimater et disparaissent au bout de quelques années; tel est le cas du Reseda phyteuma, et même du Corydalis lutea ; d'autres se sont prodigieu- sement multipliées, comme l’Oxalis corniculata, la Linaria cymba- laria. Dans l'introduction des espèces il faut done avoir égard sur- tout à leur faculté d’acelimatation. La Linaria alpina et V Epilobium angustifoliwm descendent bien dans la plaine avec les torrents des Alpes, mais ils ne se propagent pas dans les environs. L'Erinus alpinus existe dans un mur très-exposé au soleil, au-dessous de Rivaz, au bord de la grande route, mais ne s’est point propagé au- delà. M Lude rapporte qu'il a fait des essais pour constater les pro- priétés de rendre les étoffes imperméables, attribuées par quelques journaux au pyrolignite de plomb et à l’acétate d’alumine, et n'avoir pas trouvé que l’imperméabilité fût réelle. M' Bischoff explique que les indications données par les journaux étant certainement fautives, M° Lude en les suivant n’a pu arriver au résultat annoncé. M le professeur Marguet dépose sur le bureau le résumé des observations météorologiques faites à l'Ecole spéciale de Lausanne en 1855. (Voir à la fin des mémoires.) SÉANCE DU 21 Mar 1856. 63 La Société reçoit dans cette séance : 1. De l'Académie royale d'Irlande : a) Proceedings, ete., années 1854-1855, vol. VI, ? partie; — b) Transactions, etc., vol. XXII, 6° partie (littérature). 2. De la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne : Bulletin n° 1, 1855. 3. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletin, 6 nu- méros, 1856. &. De la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg : Mémoires , etc., t. II, 1854. 5. De M A. Le Jolis, à Cherbourg : a) Mémoire sur le lin de la Nouvelle-Zélande. Cherbourg, 1848. — b) Mémoire sur les Ulex des environs de Cherbourg, 1853. — c) Discours sur les Alques zoosporées, 1852. — d) Sur la Laminaria digitata, 1855. (Extrait des comptes rendus de l’Académie impériale des sciences.) 6. De M" la comtesse de Rumine : Geographische Mittheilungen de Petermann, 1856, n° 1. 7. De M' Marguet, professeur : Rapport sur les tombes antiques découvertes en 1823 près de Boulogne sur mer. Séance du 21 mai 1856. — M° Morlot place sous les yeux de la Société un fragment de spath calcaire trouvé dans un bloc erratique de serpentine. M° Wyser, de Zurich, a trouvé dans ce minéral une forme de magnésite assez rare. Le Secrétaire donne lecture des observations de M° A. Forel sur le Tenthredo centifolia, Panz., dont la larve a ravagé, il y a peu d'années, les plantations de crucifères des environs de Lausanne. — M" À. Chavannes D’, ajoute quelques observations qu'il a recueillies sur le même sujet. (Voir les mémoires.) M' L. Dufour, professeur, fait une seconde communication sur les rapports qui existent entre l'aimantation et les variations de tem- pérature du barreau. (Voir séance du 9 janvier 1856, et Bibliothe- que universelle, février 1856). M° Ph. Delaharpe présente à la Société une collection d'insectes fossiles de l'Angleterre qu'il doit à la générosité de MM. Rév. P.-B. Brodie et W.-S. Symonds. Elle se compose essentiellement d’in- sectes recueillis dans le lias inférieur du Glocestershire et les Pur- beckbeds du Dorcetshire et du Sussex. L'infatigable Rév. P.-B. Brodie possède maintenant dans sa riche collection des insectes appartenant aux formations suivantes de l’An- gleterre : 1. Upper Bagshotsands (eocène), de Corfe (Dorset). 2. Wealden supérieur, de Hastings (Sussex). 6% SÉANCE DU 24 mar 1856. 3. Purbeck supérieur, moyen et inférieur, du Dorcetshire. 4. Kimridgelay de Ringstead bay (Dorset). 5. Forestmarble. 6. Stonesfieldslate. 7. Lias supérieur du Glocestershire et du Sommersetshire. 8. Lias inférieur du Glocestershire et du Warwickshire. Le musée britannique renferme en outre quelques fragments pro- venant du terrain houiller. Sur le continent on a rencontré des insectes fossiles en grand nombre : 1° Dans l’ambre de la Baltique; 2° Dans les miocènes de Suisse, de France, d'Allemagne et d’Au- triche ; 39 Dans l’éocène du bassin de Paris ; 4° Dans les calcaires oxfordiens de Solenhofen ; 5° Dans le lias de Bayreuth et d’Argovie; 6° Enfin, dans les couches carbonifères de Saxe. Les insectes fossiles appartiennent, on le sait, aux mêmes ordres et aux mêmes familles, et en grande partie aux mêmes genres que ceux qui sont actuellement vivants. Malgré la proportion relative- ment minime des insectes que nous connaissons des formations an— ciennes, on peut croire que la plupart des ordres actuels ont déjà existé dans une époque fort reculée. Dans le terrain carbonifère , par exemple, nous avons des coléoptères, des orthoptères, des né- vroptères. Dans le Purbeck, nous rencontrons des hémiptères , des hyménoptères, des lépidoptères et des diptères, soit presque tous les ordres connus. Un fait singulier frappe de prime abord l'observateur qui jette un regard d'ensemble sur les insectes fossiles anglais. Ceux du lias inférieur et ceux des Purbeckbeds se font remarquer par leur taille généralement petite, tandis que ceux des Stonesfieldslate ont de grandes dimensions; cependant les schistes de Stonesfield occupent, comme l'on sait, une position précisément moyenne entre ces deux formations. M" À. Chavannes demande à M° Ph. Delaharpe si l’on n’a jamais rencontré de chrysalides fossiles; celui-ci répond qu'il n’en à pas oui parler et n’en a jamais vu. M° Morlot ajoute que l’on a trouvé des larves fossiles et surtout des larves perforantes. M' Renevier en prend occasion de parler des insectes fossiles de l'ambre et d’une sorte de Cloporte des marnes à Cythérées de Bron- gniart, superposées au gypse à Palæotherium et formant la base des sables de Fontainebleau (Tongrien, d'Orb.). M: Ph. Delaharpe revient sur les insectes de l'ambre. Un membre demande s’il existe parmi eux des genres identiques aux vivants. La réponse est affirmative. D ES \ SÉANCE DU Æ JuIN 1856. 65 M' Ph. Delaharpe donne une analyse du‘travail de M Sharpe sur la dernière élévation des Alpes. (Voir les mémoires.) M' S. Baup, ancien directeur des salines de Bex, entretient la Société des causes de la marche des glaciers et de sa manière de voir à ce sujet, en opposition à celle de M° Forbes, généralement admise aujourd'hui. (Voir les mémoires.) M' Morlot fait remarquer à l'occasion de l'exposé de M' Ph. Dela- harpe sur les opinions de M. Sharpe, que l’on trouve partout des terrasses dans les Alpes et non aux trois niveaux seulement indiqués par l’auteur anglais, et qu'il y a d’ailleurs beaucoup de vallées qui n'offrent aucune trace de terrasses. La Société reçoit dans cette séance : 1. De la Société de physique de Genève : Mémoires, ete., t. XIV, 1"° partie. 2. De l’Académie royale de Berlin : Monatsberichte, ete., numé- ros de juillet à décembre 1855. 3. De M' Ph. Delaharpe : Cataloque de l'exposition de l'indus- trie. Paris, 1855. 4. De la Société des naturalistes de Gr. Malvern : Transactions, etc., "partie. Worcester, 1855. Séance particulière du 4 juin 1856. — MS. Chavannes rapporte qu'il a observé près de la Borde (Lausanne) une surface de molasse polie par le glacier, avec des stries dirigées au N. 33 O. et croisées par d'autres, moins prononcées, se dirigeant N. 53 E. Ces stries s'étaient conservées sous une couche de boue glaciaire fine et bleue. Le même membre a trouvé un bloc de gypse erratique, au-dessus de la Péraudette (Lausanne); d’autres ont été trouvés à Epeney, à Lausanne , à Chexbres. M° Ph. Delaharpe rappelle à cette occasion la molasse striée notée déjà près de Crissier, ainsi que les deux espèces de gypse, micacé et calcaire, indiqués déjà à la Péraudettaz. (Bulletin, 1855, n° 35, p. 181.) M° Marguet dépose sur le bureau le résumé des observations mé- téorologiques faites à l'Ecole spéciale dans le premier trimestre de 1856. (Voir à la fin des mémoires.) Le même membre annonce qu'il fournira les résultats de la com- paraison d’un baromètre métallique de Bourdon avec le baromètre à mercure. Jusqu'ici la concordance de ces deux instruments a été parfaite. (Voir les mémoires.) 66 SÉANCE DU 18 un 1856. M. L. Dufour reprend et poursuit son exposition sur l’aimanta- tion. Il entretient en particulier la Société des appareils dont il s’est servi dans ses recherches sur l'intensité magnétique. (Voir la séance du 21 mai 1850.) ' Lecture est faite d'une lettre de la Chancellerie fédérale accompa- gnant une note du Ministère français de l’instruction publique et des cultes sur l'échange des publications entre les Sociétés savantes par l'intermédiaire du Ministre de l'instruction publique et des cultes. Cette lettre est remise au bibliothécaire, afin qu'il se conforme aux directions qu'elle renferme. M. Ph. Delaharpe présente à l'assemblée un morceau de charbon fossile provenant d'une tige de Sequoia?, extraite des lignites d'Oron. Ce Sequoia rappelle tout à fait celui de Californie. M. Renevier place sous les yeux de la Société une Néritine de la molasse ayant conservé ses couleurs, elle provient d’une couche un peu supérieure à celle qui contient les Cérithes, près Yverdon. Dans cette séance , la Société reçoit : 1. De la Société linnéenne de Londres : a) Proceedings, ete. ; — b) Cataloque des membres de la Societe. 2. De M. C. Lardy : Notice nécrologique sur M. de Charpentier. (Extraite du Bulletin de la Société géologique de France.) Séance annuelle et générale du 18 juin 1856. — Le Président ouvre la séance par une courte allocution, en jetant un coup-d'œil sur les progrès que la Société peut raisonnablement espérer de réa- liser dans l'étude des sciences naturelles, en ayant égard à la position qui lui est faite. La Société admet au nombre de ses membres ordinaires : MM. Ed. Perret, à Noville, présenté par M. Duflon. » Sigismond Martin, à Morges, présenté par M. C. Dufour. » Fréd. Deladoey, commissaire des guerres, et Conod, minis- tre à Lausanne, présentés par M. Morlot. » Bessard, institutr à Moudon, présenté par M. S. Chavannes. » Heldenmayer, à Lausanne, présenté par M. H. Bischoff. » Hochreutiner, doct.-méd. à Aubonne , présenté par M. Ph. Delaharpe. » Georges Zimmer, doct.-méd.; Wiener, professeur, et Gus- tave Soldan, à Lausanne, présentés par M. R. Blanchet. » Ch. Guisan, du Conseil de l'instruction publique, présenté par M. Renevier. 1 Le mémoire de M° L. Dufour paraîtra en entier dans un prochain bulletin. séANcE pu 18 qui 1856. 67 Le Caissier donne un exposé sommaire de l’état de la caisse, d'où il résulte que la Société est grevée d’une dette de 285 fr.; ce passif se comblera facilement. Une motion d'ordre de M. Morlot est renvoyée à la fin de la séance. M. Pictet, professeur à Genève, entretient la Société du but qu'il se propose en publiant ses Matériaux pour la Paléontologie suisse. Cette publication est plus paléontologique que géologique. En posant des distinctions tranchées entre les divers terrains d’après leur faune on est arrivé à des erreurs et à des inexactitudes ; pour éviter cet écueil, M. Pictet a pris pour sujet d'étude des localités restreites et sur la géologie desquelles il ne pouvait y avoir aucun doute. Ces espèces de monographies serviront plus tard d’étalon pour apprécier d’autres localités voisines. Jusqu'ici trois monographies ont été étudiées. La première traite des vertébrés de l’éocène et en particulier du Mauremont; nous pou- vons espérer qu'elle sera terminée dans l’année. La deuxième exa- mine les terrains de la Perte-du-Rhône, compris entre le néocomien supérieur et le crétacé supérieur ou le gault. Cette coupe est parfai- tement définie dans la localité. Ce travail sera terminé sous peu. Une troisième monographie, celle des tortues de la molasse suisse, est terminée aujourd'hui. La faune néocomienne de Voirons (Cha- blais) fournira le sujet d’une quatrième monographie. Un gisement de poissons nouvellement découvert, donne à ce travail un intérêt tout particulier, puisque ces fossiles diffèrent de ceux de l’époque jurassique et forment plutôt le début de l’époque actuelle. L'examen du néocomien de Ste-Croix fournira une cinquième monographie qui donnerait un excellent étalon pour le néocomien, parce que dans cette localité les trois étages sont bien représentés. M. C. Dufour, à propos de l'étude de la scintillation des étoiles, examine comment les erreurs se glissent dans certaines observations et de quelle manière l'observateur peut s’en préserver. (Voir les mémoires.) M. Schnetzler entretient la Société de l'examen d'une matière rouge qui se dépose dans le bassin des bains de l’Alliaz. (Voir les mémoires.) M. Morlot rappelle que la géologie de l’époque récente est quei- que peu négligée; cette négligence nous prive du seul moyen d’arri- ver à des notions chronologiques en géologie. Les faits à l'appui de cette assertion sont nombreux; M. Morlot en cite plusieurs. La Société écoute la lecture d’un mémoire de M. Michel, ingé- nieur, sur l’hydrographie du Danube. (Voir les mémoires.) M. C. Gaudin donne le résumé d'observations ozonométriques 68 séANCE DU 48 su 1856. faites simultanément à Lausanne, à Noville et au Grand St-Bernard, pendant le premier trimestre 1856. (Voir les mémoires.) M. Yersin, professeur, communique le résultat de ses expériences physiologiques sur le système nerveux des insectes. (Voir les mé- moires.) M. Jaccard, du Locle, entretient l'assemblée des découvertes faites dans la flore fossile tertiaire de la localité qu'il habite et dépose quelques échantillons sur le bureau. Une notice sur ce sujet a été communiquée à la Société;des sciences de Neufchâtel et publiée par elle. M. L. Dufour continue ses communications sur linfluence qu'exercent des changements de température sur l’aimantation. (Voir séances du 21 mai et du 4 juin 1856.) M. Ph. Delaharpe présente une collection de feuilles fossiles des terrains éocènes anglais et donne un aperçu de leur flore. (Voir les mémoires.) L'ordre du jour étant épuisé, l'assemblée s'occupe de la propo- sition suivante de M. Morlot : « Dorénavant le lieu de réunion pour » la séance annuelle sera fixé à la séance annuelle précédente, ainsi » que cela a lieu avec grand avantage à la Société helvétique des » sciences naturelles, et afin de donner quelque petite part dans la » direction des affaires aux membres du canton qui ne peuvent » guères assister régulièrement qu’à la séance annuelle. » Cette proposition, mise en discussion, n’est pas adoptée. Toute latitude est laissée au Bureau pour déterminer chaque année le lieu de la réunion, après avoir consulté la Société. Depuis la dernière séance , la Société a reçu : 1. De M. E. Renevier : a) Synonymie de la Natica rotundata, brochure; — b) Résumé des travaux de M. Sharpe; — c) Date des planches de la Conchyliologie de Sowerby, brochure. (Ces trois bro- chures sont extraites du Bulletin de la Société.) 2. De la Société florimontane d'Annecy : Bulletin, ete. (Janvier- Mars 1856), n°° 1 à 3. 3. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletin, ete., Janvier-Mars 1855. L. De M" la comtesse de Rumine : Mitiheilungen de J. Pertés, par Petermann, n° 2 à 4. 1856. 5, De M. DeMaria : Sur le mode de formation de la vallée du Rhône, brochure. 6. De M. le professeur Parlatore, à Florence : Eloge de Phil. Barker Webb. Florence, 1856. SÉANCE DU 2 JUILLET 1856. 69 7. De M. le professeur Marcou, à Zurich : Discours d'ouverture du cours de géologie paléontologique fait à l'Ecole polytechnique de Zurich. 1856. 8. De M. Pictet, professeur à Genève : a) Matériaux pour la Paléontoiogie suisse, livr. 1 à 4. Genève. — b) Sur les Cheloniens de la molasse suisse. (Extrait de la Bibliothèque universelle.) Séance du 2 juillet 1856. — M. Gaudin fait une communication sur les Platanus orientalis, occidentalis et acerifolia. (Voir les mé- moires.) M. Dufour rapporte que l'examen microscopique apprend de la manière la plus positive si un 8, par exemple, a été fait en un ou deux temps : cet examen peut donc être utilisé pour l'écriture, Depuis la dernière séance, la Société a reçu : 1. De M" de Rumine : a) Flora tertiaria Helvetiæ de O. Heer, D livr.; — b) Peterman's geographische Mittheilungen, 1856, 5° liv. 2. De la Société géologique de Londres : Quarterly Journal, vol. XI, p. 3 et 4 (n° 43 et 44). 3. De la Société des sciences naturelles de Zurich : a) Mitthei- 6 k° vol., n° 131; — b) Vierteljahrschrift, 1856. 1" année, m4; Poll Res mo PR ; 00 ROBE" SR #54 + sous | HÈGE si | sil Li Ur tv LUE - et conf te à 4 V8 ane dates ae We “ FT sui is | Ÿ L fl 7 fe - : TT 2 > Kt sal 1e ee | (andom p ik FMOEU o 7 | | PTT t 1q L | ; s F1 ADEAE 4 he FU ê € en LE { il : De : 17 dov x à } tè x 494 ve [ va. MÉMOIRES. PLANÉTAIRE A L'USAGE DES AVEUGLES! , inventé par M° H. Hirzel, directeur de l’Asile des Aveugles de Lausanne. (Séance du 23 janvier 1856.) En élaborant le plan du planétaire que je vais décrire, je me suis constamment rappelé que je faisais ce travail pour des aveugles et non pour des personnes douées de la vue. La différence est essen- tielle. De quels genres d’inventions que l’on s'occupe pour les aveu- gles , il est d’une haute importance de se mettre à leur place, en se supposant soi-même privé de la lumière. Je n'ignore pas les objections que le mathématicien peut soulever contre l'emploi d’auxiliaires ana- logues à ceux qui font l’objet de cette notice ; ces objections toutefois n'ont pu me détourner de mon entreprise. L'expérience m'a prouvé qu'aussi souvent que le sujet le permettait, nous devrions recourir, dans notre enseignement, à des moyens tangibles. Nous lisons trop de choses aux aveugles, et nous ne leur faisons pas toucher assez les objets. Du reste, j'ai été amené à m'occuper de la construction d’un planétaire par une série de questions que de jeunes aveugles intelligents m’adressèrent, et auxquelles il eût été bien difficile de répondre autrement que par une démonstration palpable. Ces ques- tions se rapportaient à l'accroissement et au décroissement des jours et des nuits dans les différentes saisons ; aux régions polaires ; aux tropiques; aux zones torrides et tempérées, etc. J'ai cru aussi devoir prendre en considération la remarque suivante qui m'a été faite par M Baillod, aveugle de naissance , actuellement maitre de mathéma- tiques dans notre institution : « En étudiant la cosmographie de M' » Faye, me dit-il, je pouvais toujours suivre assez facilement les » figures que mon professeur me faisait décrire , soit au doigt, soit » à l’aide d’une baguette ; mais lorsqu’au bout de quelques jours, » j'essayais de reconstruire ces mêmes figures, j'avais de la peine » à me les représenter; tandis que des figures confectionnées en » bois, ou en fil de métal, que j'avais une fois touchées, se fixaient » d’une manière ineffaçable dans ma mémoire. » L'appareil que j'ai imaginé est formé de deux parties; l’une re- présente la terre dans ses différentes positions pendant son mouve- ! Ce planétaire a été exécuté à l’Asile des Aveugles de Lansanne par un facteur d’orgues allemand, M' Samuel Ruf. 12 PLANÉTAIRE ment de translation autour du soleil; l’autre reproduit les phases de la lune. Ces deux parties sont construites d’après ‘des principes différents. J'ai trouvé plus pratique pour mon but de faire établir séparément ces deux appareils que de les réunir en un seul. 1. La terre et son orbite (PI. [, fig. A). Dans mon appareil, l'orbite terrestre est représenté par une ba- guette en fer de À centimètre environ d'épaisseur, recourbée en ellipse et réunie aux deux bouts par une soudure. Le grand axe de cet ellipse est de 60 centimètres, et son excentricité d'environ ‘/,, du demi grand-axe, ce qui est une représentation exagérée de l’éclip- tique; l’excentricité de celle-ci n'étant que de 0,0168 de son demi grand-axe. Cette plus grande excentricité de mon ellipse a pour but de faciliter à l’aveugle la comparaison des aphélies et périhélies de la terre, comme aussi des distances respectives de la terre au soleil à l'époque des solstices. Une sphère en bois, d'environ 86” de diamètre, placée à l’un des foyers de l’ellipse , à l'aide de huit rayotis en fer, aboutissant à l'or- bite, représente le soleil. Ces rayons sont vissés dans la sphère et rivés sur l’ellipse. L’axe de celle-ci est figuré par un fil de laiton de 4°° d’épaisseur, passant par le centre de la sphère de bois. A l’endroit où les huit tiges ou rayons, partant du soleil, aboutis- sent à l'orbite, la terre est représentée huit fois par trois grands cercles : l'équateur, de 10 centimètres de diamètre; un méridien, et le cercle d'ombre. L’axe terrestre y est marqué par une tige pro- longée aux deux pôles, d'environ 15"”. Tous ces cercles , en fil de laiton, sont soudés entre eux et à l'orbite. L'épaisseur du fil, dont l'équateur, le méridien et l’axe sont formés, est de 3°”; celle du cercle d'ombre de 4°”, afin que l’aveugle puisse plus facilement le distinguer des autres cercles. De ces huit positions de la terre, deux correspondent aux solstices, deux aux équinoxes ; les quatre autres sont des positions intermédiaires. Dans ces huit figures, nombre qui est suffisant pour la démonstration, la déclinaison de l’écliptique, ainsi que le parallélisme de l'axe ont été strictement observés. Dans le but de ménager la délicatesse du tact de l'aveugle , le métal a été recouvert d’un vernis de cobalt. Tout cet ensemble repose sur un support de 14 centimètres de hauteur. Il consiste en une rondelle de 16 centimètres de diamètre, qui sert de pied, et en quatre montants, sur lesquels les rayons de lécliptique sont solidement fixés par des vis. L'appareil ainsi formé peut être placé sur une table quelconque; cependant, celle que le dessin représente a été spécialement disposée dans ce but. Elle pivote horizontalement sur sa colonne. Son dia- mètre est de 75 centimètres; 365 clous correspondent, près de la périphérie, aux 365 jours de l’année. Les noms des douze mois sont marqués en relief, en toutes lettres; les équinoxes et les solstices le sont par leurs initiales. Il aurait mieux valu faire usage, pour les auuesneT e TAZHIL H dÙ SajiNaAe Sp 25860 PL BMSMPAAUE|4 La (ini ai 7) ÿ] \ a KL # #” 1} \\o : 2 4 il NN \ fl Æ KE E = z mm \. J VY ) te \. \ | t & 7 E | ù 4 \ / / . N 7 D y ï AN / \2 c \ \ / k {( Z \ À SR \ À 3 TS \ on à | | ( Îl SL 2 > / SNS . N —= _ "#1 N | / “ ] x Ù \ Ÿ ff CT CS nl A L'USAGE DES AVEUGLES. 73 dates, des types de Braille. Des lignes de démarcation, rayonnant autour du centre, divisent le cerele en douze parties, où les signes du zodiaque et leurs noms sont exprimés en caractères saillants. Un mon- tant, mdépendant de la table, fixé à la colonne qui le supporte, sert de point de repère ou d’indicateur pour la date. En tournant la table vers cet index d’un degré, chaque jour, elle sert d’almanach. L’index est muni d’une vis d'arrêt. Jetons maintenant un coup d'œil sur le planétaire et la table ré- unis. Au centre de celle-ci s'élève un axe en acier, sur lequel le plan de l’écliptique pivote, ayant ainsi un mouvement horizontal indépen- dant de celui de la table. Ces mouvements facilitent les démonstrations auxquelles l'appareil est destiné. Il importe cependant de pouvoir fixer l’ellipse sur la table , et c'est pour cela que l'arrêt à (fig. A) a été établi : une tige, cachée dans le plateau de la table, s’avance jus- que sous le pied du planétaire, où elle agit sur un doigt d'arrêt. Le mécanisme étant fermé, le système supérieur s’arrète, lorsqu'on le tourne, à un point donné, c’est-à-dire que la terre, au solstice d'hiver par exemple, coïncide sur la table avec les lettres SH, qui signifient solstice d'hiver. Avant de passer à l'application, je mentionnerai une série de pièces auxiliaires, que j'ai imaginées à l'usage des aveugles, et qui consti- tuent une partie caractéristique de ce planétaire. Quatre de ces pièces auxiliaires ont été dessinées deux fois (pl. D); une fois dans les quatre angles de la planche et une seconde fois superposées au pôle nord des figures qui représentent la terre. Leur nombre pourrait être aug- menté avec avantage. Je décris chacune de ces pièces à mesure que j'ai des problèmes à résoudre. PREMIER PROBLÈME : Démontrer à l'aveugle l'accroissement et le décroissement correspondants des jours et des nuits, pendant la ré- volution de la terre autour du soleil. La figure 3 est un segment de sphère creuse, en laiton, surmonté d’un gland, percé en partie du dedans au dehors; « b est une aiguille mobile ; l'échancrure au bord de ce segment correspond à la latitude de Lausanne. J'ai dit EE haut que, dans ce planétaire, on a prolongé l'axe terrestre aux eux pôles. Que l’aveugle applique maintenant, au solstice d'hiver ar exemple, le segment de sphère au pôle nord, de telle sorte que e prolongement de l'axe entre dans le gland. Puis, qu'il amène, avec la main gauche, l’échancrure au cercle d'ombre, en faisant coïncider - avec la droite l'aiguille mobile & b, à la partie opposée du même cercle. L’are, soit le bord du segment, tourné contre le soleil, com- pe entre l’échancrure et l'aiguille et plus petit que la demi-circon- érence, est l'arc que nous parcourons à Lausanne, pendunt le jour, au solstice d'hiver ; pendant la nuit, nous parcourons l’autre portion du cercle, plus grande que la demi-circonférence. Désignons le premier de ces arcs par a b, l’autre par a P’. En passant successivement d’une figure de l’orbite à l’autre, en Suivant l’ordre naturel, l’arc a b eroîtra, tandis que l'arc a D’ dimi- 74 PLANÉTAIRE nuera jusqu’au solstice d'été. À partir de ce point, le phénomène inverse aura lieu. Dans la figure A5, le segment est superposé au pôle nord, à l’équinoxe d'automne. Si le bord du segment de sphère était divisé en heures, l'accroissement et le décroissement des jours et des nuits, dans les différentes saisons, pourrait être indiqué d’une manière précise. Au reste, la figure 3 est susceptible de modifica- tions importantes. SECOND PROBLÈME : Déterminer les régions polaires. Pour cette démonstration, j'ai fait confectionner un compas, dont l’une des pointes, après avoir été émoussée, a été percée d'un trou. L'aveugle appuie cette pointe sur l'axe saillant de la terre, au solstice d'hiver, et en écarte l’autre jusqu’au cercle d'ombre; la distance comprise entre les branches du compas, soit la distance du pôle au cerele d'ombre dans le plan du méridien , ici 24°”, est le rayon de la ré- gion polaire. Un segment de sphère représente également cette ré- gion. Îl a été dessiné comme superposé au pôle fig. A'. En appliquant ce segment sur la terre, au solstice d'hiver, pôle nord , il se trouve en entier dans l'ombre, sans en sortir par la rotation diurne de la terre. De là, nuit continuelle pour la zone polaire boréale, tandis que le cas inverse a lieu pour la zone polaire australe. En passant suc- cessivement du tropique du Cancer à celui du Capricorne, d'une position de la terre à l’autre, le bord du disque commence à franchir le cercle d'ombre et s'incline toujours davantage vers le soleil, jus- qu’à ce que, au solstice d'été, il se trouve entièrement et constamment éclairé par le soleil, ce qui a lieu, nonobstant la rotation diurne de la terre, phénomène inverse de celui que nous observons au solstice d'hiver et phénomène également inverse à celui qui a lieu à l'heure même au pôle austral. Troisième PROBLÈME : Démontrer que les rayons solaires s'appro- chent et s'écartent alternativement de la verticale du lieu, et que c'est de ce phénomène, et non de la distance de la terre au soleil, que les saisons dépendent. La figure 2 représente la latitude , l'horizon et la verticale de Lausanne. Cette calotte en laiton se superpose, comme les précédentes, aux pôles des différentes figures de l'orbite. Partons encore du solstice d'hiver. L’aveugle mesure approximativement, avec ses doigts, l’angle formé par la verticale avec le plan de l'éclip- tique. Or, cet angle diminue à mesure que nous avançons vers l’équinoxe du printemps, et il atteint son minimum au solstice d'été. En d’autres termes, c’est à l'entrée de la terre dans le signe du Capricorne que les rayons du soleil s’approchent le plus, pour nous, de la verticale. Cependant, la démonstration pourra se faire d'une manière plus précise à l’aide d’un instrument destiné à la fois à figurer la direction des rayons solaires, et à mesurer l'angle qu'ils forment avec la verticale, ainsi que la distance de la terre au soleil. L'a- veugle constatera, par cette même expérience , que nous sommes - plus rapprochés du soleil en hiver qu'en été; mais qu’en été les Planétaire à l'usage des Aveugles, par H-HIRZEL à Lausanne Lth Goyer, 1, Pas Tauphine Pari A L'USAGE DES AVEUGLES. 75 rayons du soleil arrivent moins obliquement sur l'horizon qu'en hiver, ou qu'ils s’approchent davantage de la verticale. Je regrette de n’avoir pu donner le dessin de ce moyen d'explication; mais l'instrument _ n'était pas achevé au moment où le dessinateur exécutait son travail. QUATRIÈME PROBLÈME : Démontrer dans quelles circonstances se produisent les phénomènes qui se rattachent aux tropiques. La figure 4 représente la zone polaire et le tropique avec la verticale ab d'un point quelconque de ce parallèle; kz est l'horizon de ce point. Su- perposons cette figure au pôle nord. A dater du 22 décembre, la verticale ab s'approche graduellement du plan de l’écliptique, jusqu'à ce que, au 21 juin elle se confonde avec lui (fig. A*.) Les rayons du soleil tombent alors, à midi, perpendiculairement sur l'horizon hz, phénomène qui n’a lieu pour aucun des parallèles au nord de celui-ci. A partir de cette position, la verticale ab s’écarte de nouveau du plan de l’écliptique, jusqu'à ce qu'elle ait atteint son maximum d'écartement au solstice d'hiver. En appliquant cette même figure au pôle sud, les circonstances se reproduisent d'une manière identique, mais dans l’ordre inverse, c’est-à-dire que la verticale se rapproche de l’écliptique à proportion de son éloignement sur l'hémisphère opposé. Je dois rappeler ici que la figure 4, par sa construction, offre l'avantage de représenter simultanément, lorsqu'elle est superposée aux pôles, les différentes zones de chacun des hémisphères, amsi que l'accroissement et le décroissement des jours et des nuits aux pôles. Le nombre des problèmes à résoudre au moyen des procédés que je viens de décrire, est sans doute limité ; il serait cependant facile d'en ajouter plusieurs à ceux qui précèdent. Comme je l'ai dit plus haut, l'invention de nouvelles pièces auxiliaires augmentera l’utilité de ce planétaire. Il. La lune et ses phases (PI. Il, fig. B). L'appareil représenté par le dessin B a été construit d’après un autre principe que le précédent : c'est un mécanisme qui en est la base. Une table ronde de 47 centimètres de diamètre pivote horizon- talement sur un pied ou sur une colonne. Le dessus de cette table a été creusé à deux centimètres de profondeur dans toute sa surface, jusqu'à un bord d'environ trois centimètres de largeur. Dans ce vide entre, à fleur du bord, une plaque tournante, qui a aussi été creusée, en dessous. Le problème mécanique à résoudre consistait en i: je me proposais de représenter la surface éclairée de la lune par une calotte en cuivre. Or, le bord de cette calotte devait se trou- ver constamment parallèle à lui-même dans toutes les positions du . satellite. Ce résultat a été obtenu par trois roues dentées, parfaite ment égales , établies de la manière suivante : elles sont logées dans le vide pratiqué entre les deux tables, afin de ne pas embarrasser la main de l’aveugle. Le dessin b représente ce mécanisme. Une de ces roues, f, à été fixée au centre de la table inférieure ; les deux autres, 76 PLANÉTAIRE À L'USAGE DES AVEUGLES. r et v, mobiles, sont suspendues à la plaque tournante, r engrène dans les roues f et v; et l'axe de la dernière communique avec le mécanisme extérieur, que nous allons décrire. La lune est représentée par une sphère en bois (S) de 9 centi- mètres de diamètre, enchassée sur un tuyau qui, lui-même, a été solidement fixé sur la plaque tournante. Un cercle, m n, en laiton, soudé à ce tuyau , entre le pied et la sphère , marque pour l’obser- vateur les limites de vision sur la lune. On a ménagé entre la sphère et le cerele un espace de quatre millimètres, comme passage pour la calotte ce, qui circule ainsi librement entre la sphère S et le cerele m n. La calotte elle-même s'applique sur la sphère en bois, sans cependant la toucher ; elle est mise en relation avec la roue » par l'intermédiaire d’une tige d'acier, qui passe par l’axe creux de la boule de bois. L’extrémité inférieure de cette tige ou de cet axe est solidement fixée dans l’axe de la roue, et son extrémité supérieure entre dans un trou de pignon, pratiqué dans le cercle mn. Afin de prévenir une difficulté technique dans l'exécution, je dois dire que, pour la mettre à sa place, mon ouvrier a scié la sphère en deux par- ties, qu'il a ensuite réunies par des brides. Le cône que nous voyons au centre de l'appareil, figure l’observateur sur la terre. Les huit petits cercles au bord de la table sont les projections d'autant de phases de la lune, la partie éclairée étant rendue, pour l’aveugle, en relief. La projection de la nouvelle lune , afin de la distinguer de la pleine lune, est marquée par un ereux au centre. Mouvement du mécanisme. Supposons la sphère, soit la lune, placée entre le cône et le disque de la nouvelle lune en ligne droite avec ces deux points. Le cercle mn sera perpendiculaire à cette droite, et coïncidera avec le bord de la calotte, tandis que sa surface convexe sera tournée contre la projection de la nouvelle lune. La calotte recouvre donc l'hémisphère opposé au cône, et devient, par conséquent, invisible pour l'œil placé au sommet de ce cône. Or, comme la calotte représente la surface éclairée de la lune, nous sommes en nouvelle lune. Maintenant, que l’on imprime à la plaque tournante, par l'intermédiaire du bouton qui lui sert de manivelle, un mouvement circulaire de droite à gauche, le bord de la calotte € commence à devenir visible pour l’œil au sommet de la pyramide : la lune est croissante. C'est la position qui a été représentée par le dessin. La manivelle ayant été amenée vers le petit disque marqué d'un trou, la lune lui sera diamétralement opposée ; le bord de la calotte coincidera de nouveau avec le cercle mn; mais sa surface convexe sera tournée vers le cène, en d’autres termes , les limites de vision et le cercle d'ombre coincident, et l'observateur verra tout l'hémisphère éclairé : nous sommes en pleine lune. La calotte de cuivre mesurant un millimètre d'épaisseur, et le reste étant construit en proportion, le mécanisme offre assez de solidité pour l’aveugle. Il conduit avec la main gauche la manivelle, et avec la droite il suit le mouvement de translation de la lune, ainsi que celui de rotation de la calotte. | “mEregie DSMQREE TE MATIÈRE BLEUE DES PANSEMENTS. 77 Maintenant, j'ai dit les choses essentielles sur mes deux appareils. Mais une pensée engendre une autre pensée, et une invention en— endre une autre invention. Cependant, dans ce cas, vaut-il la peine e parler d'invention! — Lorsque dans une belle nuit, l’œil con- temple le sublime spectacle du firmament, on s’écrie involontaire ment, que sont toutes les tentatives pour imiter ce mécanisme céleste, et en particulier celles qui essayent de donner à l'aveugle-né une idée de cette voûte de cristal si magnifiquement illuminée. Mon regard humilié tombe alors sur le modeste planétaire... Néanmoins, tout imparfait qu'il est, il a son utilité, et il vaut réellement la peine de l’étudier et de le compléter en vue de l'enseignement élémentaire. Lausanne , le 26 avril 1856. H. Hirzez. mm —————— MATIÈRE BLEUE DES PANSEMENTS. Par M' 5. Delaharpe. D’. (Séance du 7 mai 1856.) La matière colorante bleue des suppurations a déjà plus d'une fois exercé la sagacité des médecins et des chimistes. Jusqu'ici leurs recherches n’ont pas été fort heureuses et les résultats auxquels ils sont arrivés n'ont guères été que négatifs ; car on ne saurait en affaire d’expérimentation accorder quelque importance à de simples pré- somptions. Un jour peut-être, lorsque les faits seront plus nombreux et mieux étudiés, nous arriverons à la solution cherchée, en attendant continuons à noter et à observer. Les suppurations bleues s’observent assez fréquemment à l'hôpital de Lausanne dans le service de chirurgie. Jusqu'ici , il n’a pas été ossible de constater des rapports évidents entre la nature du pus, ‘espèce des plaies, le mode de pansement et l'apparition de la cou- leur bleue. Les faits observés dans cet établissement se résument aux suivants : 1° La coloration bleue apparait ordinairement à la même époque, chez plusieurs blessés simultanément. Il n’a pas été possible de trou- ver dans aucune des influences auxquelles une salle de malades ee être exposée l’explication probable de son apparition. Le nombre es blessés n'étant jamais considérable à l'hôpital de Lausanne , les observations de ce genre ont été faites sur une échelle trop restreinte pour être concluantes. 2° Les pansements qui se teignent en bleu sont presque exclusi- . vement ceux que l’on désigne par pansements plats : charpie enduite de cérat et recouverte de compresses sèches. Les pansements avec cataplasmes n’en offrent pas. 3° L'époque où la couleur bleue apparait de préférence est celle où les plaies approchent de leur guérison et où la suppuration, tou- jours de bonne nature, a sensiblement diminué. 2 78 MATIÈRE BLEUE DES PANSEMENTS. 4° Les plaies larges résultant d’amputations sont celles qui four- nissent le plus souvent la matière bleue. 5° Cette matière teint plus ou moins toutes les pièces de l’appa- reil; elle parait cependant plus intense autour de la charpie et des compresses qui la touchent, ainsi que sur la périphérie des plumas- seaux. 6° L'apparition ou la disparition de la coloration bleue ne coin- cide pas avec un changement quelconque favorable ou défavorable dans la marche de la plaie ou la santé du blessé. À ces observations, qui n’apprennent rien de nouveau, je suis en mesure d’en ajouter quelques-unes qui, autant que je le sais, n’ont été faites nulle part encore. Jusqu'ici on avait eru que la couleur bleue dépendait d’une matière colorante inhérente au pus”; les faits que j'ai observés dans mon service à l'hôpital de Lausanne, portent sur des éruptions cutanées qui, pour la plupart, ne suppu- raient pas. Depuis un certain temps, je traite un bon nombre de dartres (psoriasis, eezema, impetigo, mentagra, etc.) par des applications d’eau froide. Les malades qui sont soumis à ce traitement couvrent jour et nuit les places dartreuses de compresses de toile trempées dans l’eau de fontaine. Ces compresses, chez plusieurs d’entre eux, se teignent dans un moment donné, plus ou moins long ou court, en bleu verdâtre fort semblable pour la teinte, à la coloration pro- duite par l’indigo. En faisant usage de la même compresse et de la même eau pendant un certain temps, une nuit par exemple, on ob- tient une eau fortement colorée en bleu, quoique limpide. La com- presse décharge dans l’eau, chaque fois qu'on l'humecte, la matière colorante dont elle se charge durant son séjour sur la plaque dar- treuse. Pendant qu’elles stationnent sur le membre ces compresses sont ordinairement enveloppées par une toile imperméable destinée à préserver le lit d'humidité. Cette circonstance n’a pas d'influence sur la production de la matière bleue , car celle-ci s'étend fort sou- vent en dehors de la toile et se dépose jusque sur les draps du lit. Les dartres qui fournissent de l’eau bleue ne le font ni constam- ment, ni à une époque que l’on puisse prévoir. Généralement elle se recueille lorsque la dartre approche de sa guérison et qu'elle n’est plus constituée que par des taches rouges sans ulcération de la peau et sans suintement visible de matière séreuse. J'en vis un exemple frappant sur un homme atteint d’eczema impetiginodes aux deux mains, et chez lequel l’une des mains, prise plus tôt et moins fortement que l’autre, colora les compresses mouillées au moment où elle était presque guérie. La main gauche encore couverte de petites ulcérations en suppuration, ne colorait pas les linges ; la droite qui n’offrait plus que des gerçures superficielles et rouges, les teignit en 1 MM. Robin et Verdeil, qui ont résumé dans leur traité de chimie ana- tomique (t. LIN, p. 492) ce que l’on savait en France sur le sujet qui m'oc- cupe, intitulent le chapitre qui en traite : Matière colorante des SUPPURA- TIONS BLEUES. * MATIÈRE BLEUE DES PANSEMENTS. 79 bleu vif. Cette main, exposée à l'air, se recouvrit de larges squam- mes minces qui se fendillaient et entre lesquelles suintaient un peu de sérosité gluante. Je l'ai vue se former une seule fois dans un cas d’eczema très- emflammé et qui fournissait en assez grande abondance une exsu- dation caséuse formée de détritus épidermiques mêélés de sérosité. Dans tous les autres cas la surface malade, abandonnée à elle-même, ne fournissait point de sérosité, mais seulement des squammes minces. Un impetigo près de se guérir donna de l’eau bleue pendant un instant. Les eczema chroniques sont de toutes les éruptions dar- treuses celles qui en fournissent le plus fréquemment et durant un temps plus long. Je n’en ai jamais observé dans le traitement par l’eau fraiche des mentagres et de la teigne, quoique je termine d’or- dinaire la eure de ces affections par ce moyen. Je n'ai pas fait assez d'observations pour pouvoir déterminer la part que l’âge, le tempéramment, la constitution, etc., ont sur la production de l’eau bleue; la plupart des dartreux traités étaient des vieillards. - Je n'ai point observé de relations entre la marche de la maladie, sa gravité ou sa nature présumée et l'apparition de la couleur bleue ; Il en a été de même de l'alimentation , de la saison, des autres mé- dications employées eoncurramment. Examinant l'eau bleue ainsi obtenue à diverses reprises, j'ai trouvé : 1° Qu'elle renferme un grand nombre de flocons et de linéaments détachés du linge, mais qui ne paraissent avoir aucune influence sur la production du phénomène ; car le filtre en les séparant laisse passer l'eau limpide et tout aussi colorée qu'auparavant. 2° Cette eau, lors même qu'elle a séjourné plusieurs semaines dans une éprouvette à l'air libre, ne renferme ni globules, ni gra- nules, ni infusoires, pas même des monades. M' le prof” Lebert m'assure n'y avoir rien trouvé non plus sous le microscope. 3°. Une goutte d'acide quelconque fait passer la couleur bleue au rose vif; la coloration bleue reparait aussi intense en neutralisant l'acide par un alcali. Un excès d’alcali donne une coloration verte comme dans les couleurs bleues végétales. 4° Le fait le plus singulier m'a été offert par une eau fortement bleue, que je conservais dans une éprouvette. Après être restée en repos durant 24 beures, je la trouvai incolore ou du moins à peine troublée par un nuage jaunâtre, terne. À sa surface seule se voyait une mince couche bleue. Si l'on imprimait une légère secousse au vase la couche bleue se déplacait et se mélait avec le reste du liquide sans le colorer sensiblement. Mais dès que l’on secouait fortement le vase de manière à mettre partout le liquide en contact avec l'air, la coloration bleue reparaissait en quelques secondes et reprenait sa remière intensité. J'ai répété cette observation tous les matins sur a même eau, 15 jours durant, le lendemain la couleur bleue avait disparu. Cependant au bout de 3 semaines la couleur bleue s'était 80 MATIÈRE BLEUE DES PANSEMENTS. sensiblement affaiblie. J'ajoutai alors une goutte d'acide, le liquide devint rose et il conserva cette couleur avec la même intensité pendant 3 semaines, quoique exposé à la lumière diffuse. Au bout de quelques jours il était devenu parfaitement limpide et avait donné un léger précipité brun-rouge. J'ai remis à M° Bischoff, professeur de chimie, une bouteille d’eau bleue en le priant de déterminer, si possible, la nature de la matière colorante. Cet habile chimiste a bien voulu donner un soin tout par- ticulier à cette recherche. Je donnerai ci-après les résultats auxquels ses recherches l'ont conduit. Tandis que je faisais recueillir de l’eau bleue sur une vieille femme atteinte d'eczema chronique très-intense, on m'avertit, un matin, que l’urine de la vieille femme se trouvait aussi colorée en bleu. Je crus au premier abord que c’était une supercherie et que l’on avait versé dans le vase de nuit de l’eau provenant des pan- sements. Je pesai d’abord le liquide à l'areomètre, il avait une pe- santeur spécifique de 1,014 comme l'offrent souvent les urines nor- males. En versant sur une petite quantité d'urine un peu d'acide azotique rutilant, il y eut une forte effervescence, comme dans l'urine normale, par suite de la décomposition de l’urée. En y ajoutant un peu d’acide azotique dépouillé d'acide hypo-azotique, le liquide prit une teinte orangée très-prononcée (mélange du jaune de l'urine et du rose de la matière colorante). C'était donc bien de l'urine que j'avais sous les yeux. Je comptais faire dès le lendemain de nouvelles recherches, et j'avais recommandé de recueillir toute l'urine bleue émise; mais elle ne reparut plus. L'eau ne tarda pas non plus à cesser de se colorer en bleu, quoique la maladie fût alors station- naire. Dans son isolement ce fait n’a guère de valeur. J'ai cependant cru devoir le citer pour le eas où il se reproduirait ailleurs. Je ne pense pas du reste qu'il faille le rapprocher des cas de cyanourie observés par M° Castara”. La matière colorante recueillie sur les compresses mouillées dont on se sert pour fomenter les dartreux n’est done pas inhérente au pus ou au sérum du sang comme on l’a eru jusqu'ici. Les faits que Je viens de citer feraient plutôt admettre qu’elle résulte d’une éma- nation gazeuse ou autre, qui colore soit à la manière de l’ozone, soit d’une autre façon, les tissus mouillés voisins de la peau malade. De quelle nature peut être cette émanation? Je l'ignore. Je ne connais aucune réaction chimique qui produise de semblables phénomènes. Elle se fixe d’ailleurs très-peu au linge, puisque l’eau dans laquelle on lave les compresses leur enlève presque entièrement leur couleur bleue. La nécessité de l’action de l'oxigène pour l'obtenir me parait hors de doute d'après ee que j'ai rapporté de sa décoloration spon- tanée par le repos. L'influence de la lumière m'a paru nulle. 1 Robin et Verdeil. Traité de chimie anatomique, etc. , 3° vol. , p. 492. — Braconnot. Ann. de physique et de chimie. 1825. T. XXVII, p. 252. ls © # MATIÈRE BLEUE DES PANSEMENTS. 81 M' le professeur Bischoff a bien voulu soumettre l’eau bleue à un examen chimique; voici le résumé de ses recherches sur ce point : « Le liquide est bleu-azuré ; il devient rouge par les acides, bleu de rechef par les alealis, absolument comme le tournesol. La ma- tière colorante n’en est point précipitée par les sels d'alumine , de plomb ou d’étain. J'ai essayé de l’isoler par l'évaporation du liquide et l’extraction du résidu par l'alcool. Après l’évaporation de l'alcool il reste une matière brunâtre dont une partie se dissout dans l’eau en lui donnant une couleur bleue. Le résidu est soluble dans l'alcool et le colore en brun. » Si l’on évapore la solution aqueuse bleue elle donne de nouveau une matière brune soluble dans l'alcool et une matière bleue soluble dans l’eau. Il y a donc décomposition de la substance colorante sous l'influence probable de l'air. » Il existait toujours un peu de chaux dans cette substance; je lai éliminée par l’acide oxalique et l’'ammoniaque; mais la matière bleue conservait ses propriétés. Le résidu de la dernière évaporation abandonné quelques heures à lui-même ne donnait plus de solution aqueuse bleue » J'ai borné là mes recherches, rendues d’ailleurs difficiles par la diminution de quantité de la matière colorante. Il n'y a donc rien encore de certain sur la nature de cette substance. Elle ressemble en quelques points à la couleur du tournesol et est azotée. Elle mérite sans contredit d’être examinée de rechef dans l’occasion. Le fait le plus curieux est celui de l’action de l'air qu'à constatée M le docteur Delaharpe. » 82 CATALOGUE DES TORDEUSES. CATALOGUE DES TORTRICIDES SUISSES, RÉDIGÉ D'APRÈS L'ORDRE ADOPTÉ © D 1 On Or CO RO 97. Ameriana, Lin. a. 28. Piceana, Lin. a. 29. Xylosteana, Lin. PAR HER. SCHÆFFER DANS SON SYSTEMA LEPIDOPTERORUM EUROPÆ. Par M' 3. Delaharpe, doct.-méd. (Séance du 7 mai 1856.) EL Teras, Treit. . Cristana, W. V. a. . Abildgaardana, Fab. . Nyctemarana, Hub. a. . Tristana?, Hub. . Erutana , Hub. sup. . Favillaceana, Hub. . Schalleriana, Lin. . Comparana, Hub. . Ferrugana, W. V. . Adspersana, Hub. . Lythargyrana, Pod. . Queremana, Man. . Boscana, Fab. . Mixtana, Hub. . Umbrana, Hub. . Maccana, Treit. . Scabrana, W. V. . Abietana, Hub. . Treveriana , Hub. . Nebulana, Hub. . Litterana, Lin. . Asperana, W. V. . Contaminana, Hub. . Caudana, Fab. . Var. emargana, Fab. . Effractana, Hub. II. G. LozoreniA, Curt. (Tortrix. Treit.) . Cratægana, Hub. . Lævigana, W. V. me + FRERES SAS S SENS LT AN A NÉE RUNS LA SPBe PEN RS SÉOIOSLO HD CO À 32. Dumetana, Treit. a. 33. Gerningana, W. V. 34. Consimilana, Treit. 35. Diversana, Hub. 36. Pilleriana, W. V. 37. Grotiana, Fab. 38. Ochreana, Hub. 39. Steineriana, Mus. Sch. 40. Dohrniana, Man. &A. Gnomana, Lin. 42. Costana, Fab. 43. Adjunctana, Treit. k4. Obliterana, v. Heyd. 45. Sorbiana, Hub. 46. Cerasana, Hub. 47. Cinnamomeana, Treit. 48. Heparana, Degeer. 49. Ribeana, Hub. 50. Corylana, Fab. SL. Histrionana, Hub. a. t 52. Nubilana, Hub. 53. Musculana, Hub. 54. Oxyacanthana, Man. f. II. G. ArcyrorTosa, Stph. (Tortrix. Treit.) 55. Holmiana, Lin. a. 56. Hoffmanseggana, Hub. 57. Loefflingiana, Lin. 58. Bergmanniana, Lin. 59. Forskaleana, Lin. a. 60. Rolandriana, Lin. 61. Bifaseiana, Hub. beytr. t. IV. G. Prycozoma, Wood. 62. Leacheana, Lin. &. Fe a misin one © A RTS RIRES M2 PB SECTE" SUSS S S, © PER An A [e +) œ CATALOGUE DES TORDEUSES. V. G. Torrrix, Wood. 9%. Carduana, Lell. 63. Viridana, Lin. t. 95. Pallidana, Treit. a. 6%. Palleana, Mazz. t. Pi RP EU è 97. Cruentana, Frhl. 65. Intermediana, Man. 1. c ; Ë 66. Rusticana, Treit. 98. Dubitana, Hub. y : . Ambiguana , Frhl. 67. Viburnana, W. V. An 68. Lusana, v. Heyd. À 100. Gratiosana , Lah. L 69. Scrophulariana, Hub. S. £. 20e ROC PEnE é VI. G. Lornoenus , Stph. XIT. G. Caermoxopæizza, Dup. 102. Gelatana, Hub. a. r. MBPS LE ARRETE Le] © 70. Ministrana, Lin. c. VII. G. Xanruoseria, Stph. XIII. G. Parneocroa, v. Heyd. 71. Hamana, W. V. N 103. Rugosana, Hub. f- 72. Zoegana, Lin. TT XIV. G. Sciarmcza, Treit. VIII. G. EucerA, Hub. verz. | 104. Rigana, Treit. t. : 105. Stramentana, Guén. t.r. 73. Mediana, Fab. F7. 1106 Hybridana, Treit. per cé 107. Bellana, Curt. DE DSS1 6 ABLanta Sph. #21 | 106" Denrianat Hub: 1 œUe. 74. Gouana, Lin. a. c. | 109. Candidana , Lah. Tr. 75. Pratana, Hub. c. | 110. Incertana, Treit. (BTE 111. Chrysanthemana , Ga. r. X. G. Eupœcira, Wood. 112. Wahlbomiana, Lin. (com- 1; MR PC À 76. Alpicolana, Hub. a. r. AE HS) à 4 113. Minorana , Man. (At XI. G. Cocnvuis, Treit. 11%. Virgaureana, Treit. a. r. : 115. Pasivana, Hub. à 77. Decimana, W. V. ; ; d 18. Tesserana, W. V. 116. Derivana, Lah. t.T XV. G. Poscizocaroma, Wood. 117. Parmatana, Hub. €. 118. Melaleucana, Dup. t.r. - 79. Rutilana, Hub. a. D 560. Valdensiana, H. Schf. £. 81. Zephyrana, ‘Treit. a. 82. Perfusana, Fisch. v. R. 83. Baumanniana, Fab. 84. Lutullentana, H. Schf. £. 85. Smeathmanniana, Fab. 86. Rubigana, Treit. 87. Jucundana, Treit. t. 88. Rubellana, Mus. Schif. 89. Dipsaceana, Fisch. v.R. 90. Humidana, Fisch. v.R. t. 91. Mussehliana, Treit. a. 92. Phaleratana, Fisch. v.R. 93. Posterana, Hoffmsg. à. XVI. G. Eucaromia, Stph. 119. Rosetana, Hub. 120. Arenana, Lab. 121. Maurana Hub. t. 122. Tussilaginana, Kubl. a. 123. Terreana, Treit. 12%. Centrana, Hub. sup. f. 9333: DRNRRRTRRTIPITRS EEE 84 126. 127. 128. 129. 130. 131. 132. 133. 134. 135. 136. 137. 138. 439. 140. 141. 142. 143. 144. 145. 146. 147. 148. 149. . 150. 151. 152. - 153. 154. 155. 156. 157. 158. 159. 160. 161. 162. CATALOGUE DES TORDEUSES. Hastiana, Hub. XVII. RmiacionrA, Stph. 125. XVII. Diruza, Wood. Ophthalmicana , Hub. Corticana, W. V. Profundana, W. V. Oppressana, Khlw. Achatana, W. V. Pinicolana, Zell. a. Ratzeburgiana, Saxes. XIX. Sericornis , Treit. Trifoliana , H.S. Striana, W. V. Zinkennana, Treit. Sudatana, Hub. sup. Rejectana, Lah. Siderana, Treit. Textana, Hub. Pictana, Lah. Schæfferana , Man. Spuriana, v. Heyd. Micana, Treit. Metallicana, Hub. Conchana, Hub. Giganteana, Hub. sup. Cæspitana, Hub. Olivana, Treit. Palustrana, Lien. Umbrosana, Zell. Lacunana, W. V. Rurestrana, F. v. R. Urticana, Hub. Venustana, Hub. Lucana, Guén. Bipunctana, Treit. Irriguana, Zell. Mendosana, Lab. Trifasciana, Zell. + . 8 Charpentierana, Treit. XX. NorocæLiA, Stph. Udmanniana, Lin. XXI. Coccyx, Treit. Comitana, W. V. L. æ + © ee Mo ut 163. Proximana, Metzn. 16%. Nigricana, Man. 165. Nana, Treit. 166. Clausthaliana, Ratzb. 167. Resinana, Hub. 168. Fuligana, Hub. 169. Arbutana, Hub. 170. Senecionana, Hub. 171. Buoliana, W. V. 172. Turionana, Hub. 173. Pudendana, F. v. R. 17%. Duplana, Hub. 175. Squalidana, F. v. R. 176. Metalliferana, F. v.R. 177. Ulmana, Hub. 178. Schreibersiana, Hub. 179. Andereggiana, Guén. 180. Fischerana, Treit. XXIT. Pentana, Treit. 181. Salicana, Lin. 182. Imundana, W. V. 183. Acutana, Treit. 184. Hartmanniana, Lin. 185. Picana, Frôhl. 186. Capræana ; Hub. 187. Leucomelana, Guén. 188. Ochroleucana, Hub. 189. Variegana, Hub. 190. Pruniana, Hub. t 191. Sauciana, Hub. a. 192. Gentianana, Frühl. a. 193. Sellana, Hub. a 19%. Dealbana, Frhl. 195. Aceriana, Man. a. 196. Suffusana, Kuhlw. 197. Incarnatana, Hub. t. 198. Roborana, W. V. 199. Tripunctana W. V. 200. Ocellana, W. V. 201. Simplana, Fisch. v.R. 202. Servillana, Dup. XXI. G. Pænisca, Treit. 203. Similana, W. V. a. 204. Confusana, Fseh. v.R. 6. 205. Scutulana, W. V. 206. Dissimilana, Treit. a. 88 a PUR ARE" Pr ET De, € HRRSRPRBRRES BRRES HERVE ER PS P PE SE So + 0 ÉRSe > 3332 e2 ©: CATALOGUE DES TORDEUSES. 243. Tenebrosana, E.v.R. 244. Nebritana, Treit. £ 207. Demarniana, Mess. 208. Delitana, Fiseh. v.R. t. 209. Couleruana, Dup. a. 245. Gemmiferana, Treit. 210. Monachana, F. v.R. t. 246. Funebrana, Treit. 211? Graphana, Treit. 247, Acuminatana, Schl. 212. Poecilana, Guén. r. | 248. Alpestrana, F. v. R. 213. Cirsiana, Zell. a. r. | 249. Plumbagana, Treit. 214. Brunnichiana, Lin. #. c. | 250. Caligmosana, Treit. 215. Luctuosana, Dup. tr. | 251. Argyrana, Hub. 252. Kochiana, Hub. sup. XXIV. G. APHeLtA, Stph. 253. Incisana, Fisch. v.R. > ù 216. Lanceolana, Hub. c. ae Woeberiana, W. V. 255. Composana, Fab. a. 256. Corollana, Hub. = ss +5 BRRPRRRIPNIRRRIRRRPONHEONIIIENITIIDES Re Fhnn. 2 ni . 8 XXV. G. Semasia, Stph. 287. Loderana, Koll. . 217. Infidana, Hub. t.r. | 258. Fissana, Frühl. &. 218. Absynthiana, Hub. t.r. | 259. Dorsana, Hub. t 219. Citrana, Hub. a. r. | 260. Coniferana, Saxes. t 220. Wimmerana, Treit. r. | 261. Coronillana, Zell. 221. Coecimaculana, Hub. a. r. | 262. Orobana, Treit. 222. Conterminana, F.v.R. t.r. | 263. Jungiana, Lin. a. 223. Aspidicana, Hub. a. c. | 264. Interruptana, Khlw. a. 224. Hohenwartiana, W. V. a. r. | 265. Spiniana, Fisch. v.R. 225. Jaceana, Zell. r. | 266. Ephippana, Hub. 226. Aemulana, Schläg. r. | 267. Trauniana, W. V. 227. Hypericana, Hub. c. | 268. Petiverana, Lin. 269. Alpinana, Treit. a. XXVI. Roxaxa, Wood. 270. Augustana, Hub. a. : 71. Mercuriana, Frühl. | ren, Lin, fa ôTe Loxiana, Fisch. v.R. £. z : 273. Strobilana, Lin. À XXVII. Carpocarsa, Treit. TL Patebni Eole UE 229. Pomonana, Lin. t. c. | 275. Cosmophorana, Treit. £. 230. Fagiglandana, v.Heyd. r. | 276. Scopariana, Hub. sup. 231. Splendana, Hub. r: 232. Succedana, Frôhl. à. c. | XXIX. G. Sxnemis, Hub. XXVIIL. Grarmourra, Treit. | 277. Vacciniana, Tisch. t. 278. Ericetana, Zell. t. 3932 233. Daldorfiana, Fab. a. c. | 979. it. 234. Fulvifrontana, Zell. r. Fi Or 09 Q/ 5 79) — À A9] signe + est employé pour |h. 15,6 723,30 722,91 +0,39 719,96 721,08 1,1 les hauteurs de TA à 716 15,4] 722,40| 722,11 +0,29 719,09] 720,32|— 1,23 exclusivement; le signe [M — pour les hauteurs de 716 à 726 inclusivement. | Le baromètre Gay-Lus- sac a été ramené à zéro 11 15,8 720,40 720,11 +0,29 717,03 718,28 — 1,25 par les formules ordinai- |MA 121 16,6! 718,40! 717,61|+ 0,79] 714,91! 715,70|— 0,79 pe ne | 13] 17,2] 717,80] 716,94| 4 0,89] 714,29] 71%,95|—0,71 fm eunpré entre — | 14] 16,6! 717,20] 716,341 0,89] 713,71] 714,40 — 0,690 131 c1 les M 15] 1680 A CO ETES E AO ST assez peu considérables. | La di'érence des deux [M moyennes n'est que de fn 16|18,2]713,30/712,81|+ 0,491 711,57] 710,72|-8,85]— 1""21 | — | ———_— | ———— À À ————— | ———————— | — 17| 16,6] 716,80! 716,01|4- 0,79| 713,31] 71%,10|— 0,79] onservationr non réduites M 18117,3|717,90| 717,01! 0,89] 714,30| 715,02|— 0,72 roses Medio ue ci 19 16,9 716,80 715,91 + 0,89 113,26 713,97 —0,71 plus influencé par la cha- [M 20/ 17,3] 715,60) 714,714 0,89] 714,00! 712,72/ 41,98] qe ie hum grand écart en + , 2°"09 |M — || — | —— |} ——|— |-———| correspond au maximum! de température observé || 21/15,7| 716,50| 716,20|- 0,30[ 713,12) 74%,39|— 4,27/ 01,9. Elie nique en] 22 16,3 718,40 717,31 +1,09 714,95 745,43 — 0,18 pératur®* sensiblement !es | 23] 13,0| 718,70) 718,01 /-0.69| 715,61] 716,40|—0,79/hènes, l'éeutest | 24116,4/ 719,50! 718,21} 1,291 716,04! 716,31|— 0,27 pression ARR. a 25] 18,4| 723,20) 724,61|-+ 1,59[ 719,44] 719,49) 0,03] linstrument estplus con Ceite comparaison de- || ————— | ————— |————— | vrait être continuée pen-| dant un temps très-long, || 26] 18,1| 725,90] 722,21] 1,69[ 722,18] 722,09] 0,09[n en a tre 27|21,2| 725,60] 723,51/--2,09| 721,42] 721,03 0,39] une instrument cé | 28|20,7| 720,30] 718,61 CE T,60| 716,19] 716,21|— 0,09 et race “qutil 29| 19,3| 721 ,30| 719,61 | 1,60] 717,40] 717,37|--0,03/sufit pour les observa-| 30/48,61 747,201 715,71/- 1.49] 713,40|713,57|—0,17 gaires. | Moyennes . . 1715,14] 715,35] — 0,21 Re D PER ER ÉRREURS D'OBSERVATION. 99 SUR CERTAINES ERREURS EN MATIÈRE D'OBSERVATION. Par M° Ch. Dufour. (Séance du 18 juin 1856.) J'ai eu l'avantage, il y a quelques mois, de présenter à notre société les premiers résultats de mes recherches sur la scintillation des étoiles. Cette communication généralement bien accueillie, m'a cependant attiré de la part de quelques personnes cette question: N'est-1l pas bien difficile d'apprécier l'intensité de la scintillation? À cela je ré- ponds on, du moins si on a quelque habitude de ce genre d'obser- yation, et même après un peu d'exercice, on reconnait que la diffieulté n’est pas où on la eroit ordinairement. On parvient très-bien à voir que deux étoiles ont des scintillations égales ou inégales ; et je suis convaincu que ce phénomène aussi bien que d’autres est susceptible d’être fort exactement apprécié. Ainsi, j'ai reconnu plusieurs fois qu’en comparant la scintillation ob- servée dans une soirée, avec la scintillation observée dans une autre soirée, on trouve, qu’à la même hauteur, la scintillation des mêmes étoiles a toujours à peu près proportionnellement augmenté ou pro- portionnellement diminué ; ce qui fait voir que l'appréciation n’est pas aussi défectueuse qu’on pourrait le croire au premier coup- d'œil. Ensuite les petites erreurs, inévitables cependant, sont bien atténuées quand on peut, comme je l’ai fait, obtenir les résultats par les moyennes de quelques mille observations. Maisil y a une autre cause d'erreur dont j'ai déjà parlé il y a 3 ans, et dont il est beaucoup plus difficile de s’affranchir, je veux parler de la prévention. Or, pour beaucoup d'observations, si l’on a le malheur d'avoir une idée préconçue, il y a un grand danger à ce que le résultat obtenu n’en subisse plus ou moins l'influence. Et ce n’est pas là une espèce de faiblesse de l'esprit humain, ce n’est pas un secret désir d'arriver à tel ou tel résultat qui nous porte à altérer sciemment les chiffres ; car alors on n’appellerait pas cela observer, ce serait sim- lement exprimer par des chiffres les produits de son imagination. on, on est victime de la prévention alors que l’on eroit bien observer. Et si l’on a une idée préconçue, il semble même parfois que l'on en est d'autant plus victime que l’on cherche à observer avec plus de soins. Voici comment les choses se passent : quand on observe un phé- nomène quelconque, il est bien rare que l'observation soit instan- tanée, ordinairement elle dure un certain temps (je ne parle pas seulement ici de la scintillation); que l’on veuille par exemple af- fleurer un baromètre , ou vérifier le zéro d’un thermomètre, ou lire les indications d’un vernier, toujours il faut observer pendant quelques 100 ERREURS D'OBSERVATION. instants. Pendant que dure cette observation, on n’apprécie pas tou- jours le même chiffre, soit que l'instrument lui-même éprouve quelques légères variations, soit que l'œil fatigué n'ait pas toute la süreté né- cessaire. Alors, si parmi les différentes valeurs que l’on trouve, il en est une qui coincide avec une idée préconçue , on la croit juste pré- férablement aux autres que l’on considère immédiatement comme observations défectueuses, et de cette manière la prévention a une influence bien marquée sur le résultat. C'est là une cause d'erreur dont il est souvent bien difficile de s'affranchir, puisque précisément on la subit en croyant bien faire. Voilà pourquoi, en pareil cas, il y a grand avantage à n'avoir aucune idée préconçue. Cet avantage, je l'ai eu jusqu’à présent pour mes observations sur la scintillation des étoiles. En effet, avant ma con- versation avec M° Argelander, en juillet 1855, je n'aurais jamais supposé que la différence de couleur des étoiles pût amener une dif- férence dans la semtillation, et avant le mois de juin de la même année, je n'avais jamais pensé qu'il pouvait y avoir une différence entre la scintillation d’une étoile et la scintillation d’une autre étoile. Enfin, avant les derniers mois de l’année 1855, j'ignorais compléte- ment la 3° loi, celle qui est relative à l'influence de la hauteur appa- rente des astres. Or les résultats auxquels je suis arrivé ont été obtenus seulement en utilisant les observations antérieures au mois de juin 1855, en conséquence ces observations n'ont nullement pu subir l'influence des idées préconçues. Voilà pourquoi aussi, jusqu’à présent, j'ai complétement renvoyé la recherche des relations qu'il peut y avoir entre la scintillation des étoiles et les événements météorologiques. J'ai longuement réfléchi à la marche à suivre pour faire cette recherche, j'ai préparé les tables pour faire les calculs; mais quant aux calculs eux-mêmes, je ne crains pas de les ajourner ; car j'aime beaucoup mieux réunir autant d'observations que possible avant de connaître les résultats auxquels je peux arriver. De cette manière, je serai sûr que toutes ces obser- vations ont au moins le grand avantage d’avoir été faites sans pré- vention. MATIÈRE ROUGE DE L'ALLIAZ. 101 OBSERVATIONS MICROSCOPIQUES SUR UNE MATIÈRE COLORANTE ROUGE DÉPOSÉE AU FOND DU BASSIN DE LA FONTAINE DES BAINS DE L’ALLIAZ. Par M' s3.-B. Schnetzler. (Séance du 18 juin 1856.) Les bains de l’Alliaz se trouvent à 1051" au-dessus de la mer, à 2 ‘/, lieues au N. E. de Vevey. Comme pour toutes les eaux sul- fureuses le bassin de la fontaine est couvert d'un dépôt blanchâtre renfermant beaucoup de soufre, Le 18 avril 1856, je trouvai sur le dépôt blane un enduit d’un rose foncé. M' de Fellenberg , qui analysa les eaux de l’Alliaz en 1847, observa cette même matière colorante ; mais il se borne à dire que «c’est une matière organique rose qui se » forme en très peu de temps dans le dépôt blane et qui donne à cette » substance une consistance glaireuse. » J'apportai à Vevey de l’eau prise dans le bassin avec le dépôt blane et rouge. Pendant le trajet, la matière rouge s'étant mélangée avec le reste, semblait avoir disparu; mais après quelques heures de repos la substance rouge formait de nouveau un bel enduit pourpré au-dessus et autour du dépôt blanc. J'examinai sous le microscope une goutte d’eau renfermant une petite quantité de la matière colorante. Je la vis fourmiller de petits organismes de couleur rose, de forme allongée, légèrement arrondis aux deux extrémités; ils avaient en moyenne ‘/,,, " de long et ‘l100 7 de large. Des molécules tourbillonnant le long de leurs corps semblent indiquer des cils ou des fils vibratiles, quoique je n’aie pas pu les apercevoir. On distingue une enveloppe transparente hyaline et un contenu rouge renfermant des granulations et des vésicules de même couleur. Le mouvement est à la fois un mouvement de ro- tation et de translation; le corps avance en décrivant une spirale aux tours très-allongés. J'ai vu souvent de ces petits organismes tourner rapidement sur eux-mêmes pendant plus d'une minute, puis partir brusquement en ligne droite comme un trait. L'organisme dont je viens de parler a été rangé par les zoologistes dans la classe si mal définie aujourd'hui des Infusoires. Ehrenberg l'a incorporé au groupe des Monades. Il appartient au genre Chro- matium de Weiss. L'espèce que j'avais sous les yeux ressemble pour la forme et pour les dimensions au Chr. Weissii, pour la couleur au Chr. Okenï. L'histoire du développement de ce petit organisme est peu connue encore. Voici ce que mes observations m'ont appris sur ce sujet. Chez les individus les plus grands on observe facilement deux modes de reproduction. Une cloison transversale qui se forme vers le milieu du corps, le partage en deux moitiés qui souvent ne se sé parent jamais ; mais qui d’autres fois se détachent l’une de l’autre à 102 MATIÈRE ROUGE DE L'ALLIAZ. la suite d’un étranglement de plus en plus prononcé et continuent ensuite à nager rapidement. Cette fissiparité forme ainsi une tran- sition entre un simple accroissement et un mode de reproduction. Au bout de quelques jours je trouvai un grand nombre de Chroma - tiums complétement vides, l'enveloppe hyaline seule était restée; cependant le mouvement persistait quelquefois encore quoique fai- blement. Autour de ces enveloppes vides on vit alors nager des vésicules excessivement petites qui, au premier coup-d’œil, se mon- traient sous forme de simples granulations. Ces vésicules ne différaient en rien de celles renfermées dans les Chromatium adultes, et comme il était possible de trouver entre eux et le Chromatium propre- ment dit, toutes les formes intermédiaires , je regarde ces vésicules comme la première phase de développement du Chromatium. Cet organisme se montre donc d’abord sous la forme d’une simple cellule à parois hyaline et au contenu liquide rouge. Cette cellule s'agrandit par endosmose en parcourant le liquide nourricier. Les courants produits par l’endosmose jouent peut-être un rôle dans ce mouve- ment. La cellule enfin se multiplie soit en se partageant soit en formant dans son intérieur d’autres cellules. Cette ressemblance avec des phénomènes de la vie végétale aug- mente encore pendant un état d’immobilité et de repos par lequel passent quelquefois les jeunes Chromatium. On trouve en effet souvent de grandes agglomérations de ces vésicules rouges liées entre elles par une matière mucilagineuse ; elles ressemblent alors à ces taches rouges quise forment quelquefois sur le pain, le fromage, etc., et que les uns regardent comme des infusoires, d’autres comme des champignons. Lorsqu'on observe pendant quelque temps les agglo- mérations dont j'ai parlé, il s’y manifeste un fait fort curieux. Un soufle de vie semble venir animer cette masse inerte. Les vésicules qui la composent s’ébranlent; celles du bord se détachent et nagent rapidement; ainsi peu à peu la tache entière se dissout en jeunes Chromatium dont l'eau fourmille bientôt. A mesure que la goutte d’eau dans laquelle se trouve la matière colorante s’évapore, il se forme autour de cette goutte un bord rouge composé de millions de Chromatium desséchés. Leur couleur est assez stable ; lorsqu'on les détache à l'aide d’un pinceau ils peu- vent servir à colorier eux-mêmes leur image. Autour du bord rouge qui encadre la goutte, il se forme une ceinture de charmants petits cristaux prismatiques de sulfate de chaux, dont la présence peut donner peut-être quelque indication sur l’origine de l’hydrogène sulfuré que l’eau de l’Alliaz tient en solution. Dans le dépôt de ces mêmes eaux se trouve une algue de la fa- mille des Oscillatoriées. Elle se présente sous forme de filamens d’une ténuité extrême; les granulations qui s’y forment sont d’abord de couleur verte, mais j'ai vu souvent ces granulations devenir rouges et lorsque, se répandant dehors, elles se trouvaient animées d'un mouvement particulier , il était presque impossible de les distinguer des premières phases du Chromatium, sinon qu’au bout de quelque NAVIGATION DU DANUBE. 103 rs ces globules rouges réunis en masses se couvrirent d’un vé- ritable gazon de filamens d’algue. Nous avons ici sous les yeux un de ces cas nombreux où les deux grandes divisions du monde organique semblent se toucher. Est-ce à dire que l’animal devienne plante ou que la plante devienne animal? Je ne le pense pas. Une cellule animale et une cellule végétale peu- vent se ressembler sous bien des points de vue; les agents physi- ques, la chaleur, la lumière, l'électricité, peuvent les exciter et les influencer d’une manière analogue, mais il arrivera toujours, dans un moment de leur développement, un facteur qui les différentiera. Il est vrai que nous ne connaissons pas encore la valeur de ces facteurs; mais nous en voyons tous les jours les effets; car ce sont eux qui transforment d’un côté l’albumine, la graisse, la chaux, ete. contenus dans l'œuf d’une poule, en éléments organiques qui servent à cons- truire le corps d’un jeune oiseau; tandis que de l’autre, dans la graine d’une plante, ces mêmes matières se métamorphosent en une Jeune plante. 0 — ÉTUDE SUR LA NAVIGATION DU DANUBE. Par M° Jules Michel, ingénieur des ponts et chaussées. (Séance dn 18 juin 1856.) Le Danube est un de nos plus grands fleuves d'Europe et celui dont la navigation est du plus haut intérêt par les nombreuses popu- lations qu'elle met en rapport. Le Danube est autant que la Médi- terranée le chemin de l'Occident vers l'Orient, et, si jusqu'à présent cette voie a été peu suivie par le commerce, il faut en accuser les circonstances politiques et aussi les nombreuses difficultés naturelles que présente le parcours de ce fleuve gigantesque. Cette notice a pour but de donner quelques détails sur le régime des eaux, sur les obstacles que rencontre la navigation et sur les travaux projetés ou exécutés pour y remédier. Le Danube sort de la Forêt-Noire; on discute volontiers sur l'em- placement véritable de ses sources, humblement cachées comme celles de presque tous les grands fleuves. C’est à Ulm, au moment où il quitte le royaume de Wurtemberg que le Danube devient na- vigable. Navigation du Danube dans la Bavière. — A partir d'Ulm jus- qu'à son embouchure dans la mer Noire, le Danube parcourt une étendue de 2,455 kilomètres environ, c’est-à-dire plus de 500 lieues de 4,800". ! ? La longueur de 2,455 kilomètres se répartit ainsi : D'Ulm à Passau . . . . . . . 275 kilomètres. De Passau à Orsowa. . . . . . 1530 » D'Orsowa à Rassova . . . . . . 350 » De Rassova à la mer . . . . . . 5300 » Total, 2455 kilomètres. 104 NAVIGATION DU DANUBE. Sa largeur, de 80 mètres d’abord, augmente rapidement; elle est au-dessous de Donauwerth de 300" et à Neuenbourg le Danube atteint 380”. A partir de ce point, il a en moyenne 500" de largeur jusqu’à la mer , tantôt il s’élargit jusqu'à 1000”, tantôt se rétrécit à 160°. D'Ulm à Passau, sur le territoire de la Bavière, la distance est de 275 kilomètres. La navigation à vapeur commence à Ratishonne, à 165 kilomètres d'Ulm. Malgré l'importance du mouvement commercial, on a rien fait jusqu'à présent pour améliorer cette partie du cours du Danube irrégulier et rapide comme celui de tous les fleuves peu éloignés de leur source. Le canal Louis qui réunit l'Altmühl, affluent du Danube, au Main, affluent du Rhin, témoigne seul sur le territoire bavarois qu’on s’est préoccupé de faciliter les communications par bateaux; mais un mauvais entretien cause des interruptions fréquentes à la navigation ; les ensablements ont réduit le tirant d’eau du côté du Main à trois pieds et quelquefois un pied, si bien qu’on doit faire des transbor- dements, et le canal Louis est loin de rendre les services qu’on serait en droit d'en attendre. A Passau, le Danube entre sur le territoire autrichien qu'il baigne sur une longueur de 1330 kilomètres, plus de moitié de son parcours navigable. En Autriche se trouvent les plus sérieux obstacles à la navigation, et un entre autres que pendant longtemps les bateaux n’ont pas osé franchir : c’est le passage des Portes de fr au-dessous d'Orsowa. La partie montagneuse qui aboutit à Vienne est la seule un peu pittoresque du cours du haut Danube. Les Alpes Noriques viennent lormer les grands escarpements boisés, sujet d’admiration pour les voyageurs. À partir de Vienne le spectacle change, on se trouve dans un bassin différent, pour ainsi dire dans un autre monde. Dans les vastes plaines de Hongrie, la vue n’est arrêtée nulle part; on ne voit que des saules et des peupliers sur la rive, au loin des champs et des troupeaux de bœufs, parfois mais rarement un village. Presque toujours le lit est divisé en plusieurs bras par de vastes îles submersibles couvertes de saules et de roseaux. Des mou- lins à roues pendantes, échelonnés par groupes de huit ou dix, vien nent seuls de loin en loin animer le paysage. Ces moulins se trans- portent partout où le meunier espère trouver à utiliser son industrie, leur force est de trois chevaux environ. Ils coûtent de 12,000 à 15,000 fr. de construction et le gouvernement autrichien leur fait payer une redevance pour le droit de s'établir sur le fleuve. De grandes barques à voiles remontent doucement le cours du Danube, attendant quelquefois des mois entiers que le vent favorable vienne à souffler. Pour les barques plus petites, ce sont les bateliers qui s’attèlent aux cordes de halage ; ils remontent le long des rives basses ayant souvent de l'eau jusqu'aux genoux, obligés même quelquefois de se jeter à la nage pour traverser les bas fonds qu'ils rencontrent. NAVIGATION DU DANUBE. 105 A la descente, les barques se laissent aller nonchalamment au fil de l’eau et présentent le travers pour donner plus de prise au courant qui les emporte. Nombre de barques, surtout dans le bas Danube et sur la rive turque, sont montées par des Grecs avec leur costume aux brillantes couleurs ; la proue et la poupe sont relevées d'une manière origi- nale; les sculptures, les arabesques qui les ornent font penser à ce que devait être le vaisseau d'Ulysse au temps de la guerre de Troie. Dans les vastes lacs formés par le Danube à son embouchure, la navigation est entre les mains des Cosaques. Avec un canot muni d’une voile et deux bottes de jonc attachées aux flanes du bateau, de manière à se soutenir contre la vague, ils font des voyages péni- bles et s'aventurent jusque sur la mer Noire. Ce sont les plus intré- pides marins qu'on puisse trouver sur ces côtes. A partir du moment où le Danube atteint la rive turque devant Belgrade, il présente un aspect majestueux. Au voisinage de la chaîne des Carpathes, qu'il franchit à Orsowa , le fleuve est profondément encaissé ; on distingue de temps en temps les restes de la voie ro- maine au-dessus des eaux; puis la table de Trajan, inscription qui rappelle le passage des maîtres du monde. Partout le silence au mi- lieu d'une végétation magnifique. Les quelques habitants qui n’ont pas fui ces contrées cachent leurs maisons et leurs cultures dans quelque pli de terrain et le voyageur croit se trouver au milieu de pays complètement inhabités. Le Danube en Valachie. — De l'autre côté des Carpathes, à partir de Chernetz, ou Tourno Severino, la rive valaque présente l’uni- formité d'aspect qu'a la Hongrie et offre à l’œil fatigué toujours les mêmes saules et les mêmes roseaux. La rive turque, au contraire, légèrement ondulée, forme toujours une falaise plus ou moins élevée, elques villages, quelques villes importantes même. Nicopoli, iddin, Silistrie, montrent leurs maisons blanches au flane du coteau. Ce n’est qu'au-delà de Galatz que le Danube se divise en plusieurs bras au milieu de vastes lagunes sablonneuses. La largeur du Danube, surtout dans la partie inférieure de son cours, est assez constante. Il varie de 500 à 800". Entre Oltenitza et Toutrakan le Danube n’a qu'un seul bras, la largeur y est d'environ 700”; partout ailleurs le lit est semé de ces îles submersibles qui ont jusqu'à une lieue de largeur, on les appelle des Au chez les Allemands, ou des Ostrow chez les Slaves. À Ras- sova, nous avons mesuré 540" de largeur pour le grand bras. Avec cette largeur relativement faible, on ne peut expliquer que par une profondeur énorme le débit du Danube, débit considérable comme nous allons le voir bientôt. Profondeur du Danube. — Depuis longtemps , les sondages faits au milleu des écueils qui avoisinent Orsowa avaient indiqué des pro 106 NAVIGATION DU DANUBE. fondeurs de plus de 30 et 35 mètres. A Rassova, les sondages que nous avons exécutés nous ont donné le fond à 24 mètres et à 30 à peu de distance du rivage, mais à 150" du bord la ligne de sonde n’a pu atteindre le fond, sa longueur était de 40 mètres, et les pé- cheurs du pays qui conduisaient la barque estimaient que nous de- vions être Join encore. Si l’on se rappelle que le niveau du Danube à Rassova est à 16" au-dessus du niveau de la mer, le fond serait à 25 et 30" et plus au-dessous de ce niveau. Près d'Orsowa, au passage des Portes de fer, le Danube est à 30" environ au-dessus du niveau de la mer Noire et les sondages ont donné des profondeurs de plus de 30". Ainsi, à 750 kilomètres de la mer , le Danube a déjà des fonds au- dessous du niveau de la mer. Pour que cette profondeur se maintienne, il faut admettre l’exis- tence de courants de fond très-violents. En eflet, pendant que la barque était entrainée au fil de l’eau, la ligne de sonde était tirée avec une force à laquelle nous avions peine à résister. Le débit du Danube est donc des plus difficiles à jauger par suite de ces profon- deurs considérables et des vitesses si différentes à la surface et au fond *. Débit du Danube. — Le seul jaugeage dont nous ayons connais- sance a été fait à Vienne en 1825. Par les plus hautes eaux d'été (au mois de juin), à 12 pieds au-dessus de zéro, le volume d’eau du Danube est de 73,000 mètres cubes. Dans les eaux moyennes (à 4 pieds au-dessus de zéro), 33,000. Enfin, 2,000 mètres eubes par les basses eaux. De Vienne jusqu'à Rassova, les rivières qui se jettent dans le Danube feraient plus que tripler le volume de ses eaux si l’époque de leurs crues coincidaient. L’étendue du bassin du Danube se divise en trois régions distinctes séparées par des enceintes de montagnes au milieu desquelles le Danube s’est frayé un passage. La première comprend tout le haut Danube depuis sa source jus- qu’à Vienne, il a environ 2,000 myriamètres carrés de surface. Les Alpes Noriques et les petites Carpathes forment l'enceinte de ce bassin. La seconde s’étend depuis Vienne jusqu'à Orsowa, où le Danube franchit les Carpathes; elle comprend toute la Hongrie, son étendue est d'environ 3,000 myriamètres carrés. Enfin, le dernier bassin va des Carpathes à la mer. Les limites sont la chaîne des Carpathes d’un côté et les Balkans de l’autre, il a environ 2,500 myriamètres carrés, sur lesquels on peut compter 1,500 myriamètres à l'amont de Rassova. 1 On ne peut guère expliquer ces courants que par des remous dus à la configuration du lit. À Orsowa, les eaux se précipitent au milieu des rochers qui sont comme une suite de barrages. A Rassova, le coude que forme le Danube en remontant presque à angle gas pers le nord rend assez bien compte de l’existence de remous consi- rables. NAVIGATION DU DANUBE. 107 En résumé, le bassin du Danube a environ 7,500 myriamètres carrés répartis comme suit : Jusqu'à Vienne . . . 2000 myriamètres carrés. De Vienne à Orsowa. . 3000 » D'Orsowa à Rassova. . 1500 » De Rassova à lamer Noire 1000 » Jusqu'à Rassova, le bassin du Danube aurait donc 6500 myria- mètres carrés, c’est-à-dire plus de trois fois son étendue au-dessus de Vienne. Mais en supposant que les crues n'aient pas lieu exacte- ment à la même époque, nous croyons rester au-dessous de la vérité en nous contentant de supposer que le volume des eaux du Danube ait doublé après avoir reçu les eaux de la Theiss, de la Save, de la Drave et de nombre d’autres cours d’eau descendant des Carpathes et des Balkans. Nous avons done devant Rassova un débit de 66,000 mètres cubes par seconde par les eaux moyennes. Le niveau du fleuve est à ce moment au-dessous des berges, le lit est parfaitement déterminé, il est donc possible d'évaluer la section du fleuve. Les deux bras se- condaires qui séparent la Turquie de la Valachie peuvent être alors passés à gué et ne débitent qu'une quantité d’eau relativement fai- ble. Restent donc au moins 60,000 mètres cubes passant par le grand bras de Rassova, dont la largeur est de 540". Si on suppose une profondeur moyenne de 40°, la vitesse est de 3 mêtres par se- conde; elle est de 2° si on suppose 60" de profondeur moyenne. Une mesure directe nous a donné seulement 1"40 par seconde à la surface. Les circonstances de l'expérience ne nous permettent point de donner ce chiffre comme certain. Il semblerait cependant indiquer une confirmation de la différence de vitesse à la surface et au fond. Nos observations n’ont porté que sur le régime du fleuve devant Rassova et nous ne voulons pas étendre ces résultats aux autres parties du lit du Danube. Seulement nous avons constaté des faits qui nous semblent dignes d'attirer l’attention. Ce sont la pro- fondeur considérable du lit du Danube, et la vitesse très-grande qui correspond au débit énorme du fleuve, même par les basses eaux. Il serait de 4,000 mètres cubes devant Rassova en supposant seulement qu'on prit le double du débit devant Vienne par basses eaux. Nous allons mettre ces résultats frappants en regard du débit et de la vitesse d’un certain nombre d’autres fleuves. Le tableau sui- vant fera ressortir la différence qui sépare le Danube des autres fleuves. Un fleuve de l'Amérique, le Mississipi, laisse encore bien loin derrière lui ce roi des fleuves de l'Europe. Les vitesses seules sont comparables. 108 NAVIGATION DU DANUBE. Noms des fleuves. Débit. Vitesse. Danube (à Vienne)| 73000 hautes eaux. — 33000 eaux moyennes. | 1"30eaux moyennes. 2000 basses eaux. — Rhin (àKehl). . | 4700 hautes eaux. — 340 étiage. 1,00 basses eaux. Se'ne (à Paris) . | 3300 hautes eaux. _ 120 étiage. 1,05 basses eaux. Loire (Briare). . | 10009 hautes eaux. _ » (Orléans). 2kbasseseaux extr. | 0,93. Rhône (Lyon) . 280 étiage. 2,10. » (Arles) = 1,45. Garonne ( Bor- deaux). . . . | 12000 hautes eaux. ur Idem (Toulouse) 80 étiage. — S Ci ci Mir — 0,60. Durance (à Liste- ot so RE = 0,90. Moselle (Metz) . — 2,33. Oder (Steitin) . — 0,58. » (en Silésie) — 0,98. LE trains Air — 1,15. sa QE Rte 782 étiage. — St-Laurent . . . | 13100 eaux moyennes. — Mississipi. . . . | 8610 basses eaux. 2,80. Le bassin de la Loire, au-dessus de Briare , est environ de 270 myriamètres carrés. Celui de la Garonne, à l’amont de Bordeaux, est environ 400 myriamètres carrés. Le rapport de l'étendue de ces bassins et du débit des fleuves par les hautes eaux coïncide assez exactement pour la Loire et pour le Danube, environ 38 mètres cu- bes par myriamètre carré pour la Loire, et 36 pour le Danube, pour la Garonne le rapport est plus faible et donnerait seulement 30 mètres cubes par myriamètre carré. Le bassin total du Danube dépasse de moitié environ la surface de la France entière, qui est de 5,276 myriamètres carrés. Si on pouvait prendre pour base de la quantité d’eau fournie à l'époque des hautes eaux le chiffre de 30 mètres cubes par myriamètre carré on aurait un total de 225,000 mètres d’eau, déversés par seconde du Danube dans la mer Noire à l’époque des hautes eaux. Pente du Danube. — La pente du Danube varie nécessairement sur un aussi long parcours. À Passau, le niveau du fleuve est en- viron à 267" au-dessus du niveau de la mer. La pente moyenne NAVIGATION DU DANUBE. 109 serait donc environ 0,125 par kilomètre. Dans le parcours de l'Au- triche seule la pente est de 0,178. Les pentes successives se répartissent de la manière suivante. Au- dessus de Vienne, dans la haute Autriche, la pente est 0,40 par kilomètre. De Vienne au confluent de la Raab, près de Comorn, elle est de 0,065. Entre Comorn et le confluent de la Drave, elle n’est plus que 0,0485. Depuis le confluent de la Drave jusqu'a Alibegg, 0,0216; environ vingt fois moins forte qu'au-dessus de Vienne. D'Alibegg à Orsowa, la pente devient 0,27; on franchit alors les Rapides et le passage des Portes de fer. Sur le territoire valaque, de Tourno-Severino à Rassova, la pente est 0,033. Le fleuve qui depuis Belgrade se dirigeait vers l’est tourne alors brusquement vers le nord, l'écoulement devient plus facile alors, la pente augmente, elle est de 0,943 au-dessous de Rassova et en moyenne de 0,053% jusqu'à la mer. La Theiss seule présente à notre connaissance une pente moins forte que celle du Danube. Son eours entier se développe par des circuits sans nombre sur une longueur de 1210 kilomètres dans une vallée qui n’a que 545 kilomètres en ligne directe depuis Tibisea Uhlak jusqu'au Danube. La pente moyenne est alors de 0,037 par kilomètre, et elle n’est plus que 0,008 au moment où la Theiss se jette dans le Danube. Sa vitesse est de 0,30 à 0,60, rarement 1" par seconde. Les crues de la Theiss ont lieu à la même époque que celles du Danube. Les plus grandes oscillations entre les hautes eaux et les basses eaux sont de 4°50 à 6° sur la Theiss comme sur le Danube. A Rassova, nous avons observé la même différence, le niveau des hautes eaux est à 21"50 au-dessus de la mer et les basses eaux extraordinaires à 15"50. Cette hauteur des erues qui s'élèvent à 6” au-dessus de l’étiage est énorme si l’on songe que les rives sont submersibles sur des lieues entières d’un côté ou de l’autre du fleuve. Dans le haut Danube, au milieu des escarpements ‘gigantesques de la chaine des Alpes Noriques, on rapporte qu’en 1787 les eaux se sont élevées à 48 pieds; au-dessus d'Orsowa, au passage des Carpathes, les eaux seraient montées jusqu'à 54 pieds au-dessus de l'étiage. En 1837, les eaux se sont élevées à 9° au-dessus de l’étiage dans la Hongrie, les digues furent rompues et tout fut inondé dans la vaste plaine qui s'étend de Presbourg à Pesth. En regard des pentes du Danube et de la Theiss, et des crues maxima de ces deux cours d’eau, nous avons réuni dans le tableau suivant les chiffres que nous avons pu nous procurer pour les pentes et les crues maxima de divers fleuves '. 1 Ce tableau montre que le Mississipi a une pente comparable à celle du Danube et de beaucoup inférieure à celle des autres fleuves. Celle de la 4 110 NAVIGATION DU DANUBE. Différences entre les hautes eaux et les basses eaux. Noms des fleuves. Pentes par kilomètre. Danube . . | 0195 moyenne de Passau à la mer. — 0,400 au-dessus de Vienne.| 12”. 0,048 en Hongrie. 9, 0,033 entre Orsowa et Ras- sova. 6”. 0,0554 de Rassova à la mer. — Theiss. . . | 0,028 de Tibisea - Uhlak au Danube. — 0,0081 près du confluent. 4750. Rhône . . « | 1,456 à la sortie du Léman. — 0,545 à Lyon. — 0,742 à Valence. 6”80 à Avignon. 0,288 à Tarascon. _— 0,053 à Arles. _ Rhin. . .. | 0,554. 7708 à la Prise du canal du Rhône au;ÿRhin, Garonne . . | 0,440. 9°37 à Agen. — 15° à Langon. Loire . . . | 0,590. 9795 à Nevers. Allier . .. — 6355 à Moulins. Seine . . . | 0,100. 7790 à Paris. Volga . . . | 0,106. — Ni 1,99 FE 0,144. 6°60 au Caire. — 13°00 Haute-Egypte. Mississipi . | 0,058. 1000. Ohio. . .. — 20"00 à Cincinnati. Theiss est en dehors de toutes les autres, c’est un des phénomènes les plus remarquables dans les vastes plaines de la Hongrie que cette rivière large de 200 à 300 mètres, coulant ses eaux aussi lentement que la Saône, en faisant mille contours dans sa fertile vallée. Des projets d’amélioration en cours d'exécution doivent raccourcir le parcours total de 176 kilomètres au moyen de 101 coupures. La pente moyenne deviendrait alors 0,425 au lieu de 0,037. Déjà le raecourcissement obtenu à la fin de 4853 était de 413 kilomètres. En même temps, un système de digues submersibles, construites aux frais des propriétaires , limite à 570" le champ des inon- dations. On a dépensé trois millions environ jusqu'à présent et garanti une surface de 250,000 hectares. On estime à 1,450,000 hectares le champ d’inondations de la Theiss et de ses affluents, DEaex x æ … À RS NAVIGATION DU DANUBE. ER Obstacles à la navigation. — Après avoir fait connaître le régime du Danube, il nous reste à parler des obstacles que rencontre la navigation. En prenant pour point de départ le zéro de l'échelle d'Orsowa à 8 pieds au-dessus de zéro, les Au sont submergées; la vitesse du fleuve rend la navigation difficile à la descente. impossible à la re- monte. Les bateaux à vapeur seuls peuvent affronter ces obstacles et leur service n’est jamais interrompu par les crues ordinaires. Lorsque les eaux descendent au-dessous de zéro la navigation devient dangereuse partout où le fleuve, abandonné à lui-même, peut s'étendre librement. Des banes de gravier déplacés par les crues sont des causes fréquentes d'échouage. La navigation est interrompue de cette manière environ 28 jours par an; de plus, pendant le mois de décembre, janvier et février elle cesse complétement. Il y a donc absolue nécessité de régulariser le Danube ; M Pasetti, directeur des travaux publics à Vienne, de qui nous tenons les dé- tails relatifs au Danube dans la traversée de l'Autriche, propose un lit mineur de 380" et un lit majeur de 760" avec digues puissantes pour préserver la vallée. C'est un travail cons'dérable, surtout eu égard à l'état des finances de l'Autriche; nul doute d’ailleurs qu'il ne produise de bons résultats pour la navigation. Mais ce n’est pas tout. À 75 kilomètres au-dessous de Linz, le Danube traverse une chaine granitique, des pointes de rochers appa- rents ou cachés sous l’eau encombrent la passe et forment trois ca- naux, dont un seul est praticable par les eaux ordinaires. On l'appelle le Strudel. Sur 150" de longueur, la chüte est à peu près de 4". En 1777, sous le règne de Joseph IT, on a commencé à faire sauter ces rochers pour améliorer ce passage; plus bas se trouve le Wairbel, vaste tourbillon formé par les eaux du Danube, qui vont frapper presque à angle droit un escarpement granitique. Ce passage est presque aussi dangereux que le Strudel, et les bateliers l'ont nommé le tombeau en souvenir des nombreuses victimes qu'il a faites. Vis-à-vis de Vienne, enfin, depuis deux siècles les eaux s’éloi- gnent des remparts qu'elles baïgnaient autrefois et se répandent en plusieurs bras dans les prairies du Prater où elles forment de nom- breuses iles (Au) submersibles, au nombre desquelles se trouve la fameuse ile Lobau. Depuis le règne de Joseph IF, on s’est toujours occupé d'améliorer le passage du Strudel et de ramener le Danube dans son ancien lit, appelé maintenant le canal du Danube. En 1820, on a de plus commencé des travaux de régularisation dans la haute Autriche. Ces travaux s: composent de digues longi- tudinales perreyées pour résister aux glaces et rattachées à la rive ar des épis transversaux. Ces travaux ont réussi à maintenir un RE chenal navigable. A la fin de 1849, on avait exécuté 359 kilo- mètres de digues; de 1850 à 1853 on en construisit encore 75. Un chenal de 30" de largeur et de 228 de longueur a été pratiqué pour 412 NAVIGATION DU DANUBE. le passage du Strudel et on se propose d'en faire un second; le Wirbel n’a plus de terrible que son ancienne réputation. Mais les tentatives multipliées destinées à ramener la navigation sous les murs de Vienne ont été constamment infructueuses, et le canal du Danube s’ensable toujours. Un bateau plat mène les voyageurs de Vienne au bateau à vapeur stationnant dans le grand Danube, près de l'ile Lobau. Dans la Hongrie se présentent, eomme nous l'avons dit, quel- ques bancs de sable après les crues. On a proposé des digues de lit mineur et de lit majeur; mais on peut y considérer la navigation comme bonne dans son ensemble. Nous arrivons maintenant aux Rapides et au Passage des portes de fer. Au-dessus d'Orsowa le Danube franchit un rameau de la chaine des Carpathes, le lit est resserré entre des roches escarpées, sa largeur varie de 460 à 1000". Sa profondeur est en général plus que suffisante pour toute espèce de bateaux, excepté en sept endroits où le lit du Danube est traversé par des bancs de rochers qui arré- tent toute navigation lorsque le niveau des eaux est à 4 pieds au- dessus du zéro de l’échelle d'Orsowa. En quelques points la navigation est possible par 4 ‘/, pieds. Mais le plus ordmairement on ne peut entreprendre avec sécurité les trans- ports par eau qu'au moment où le niveau de l’eau est à 6 pieds au- dessus de zéro. Il résulte des observations faites depuis 1843 jusqu'en 1853 qu’en moyenne il y a #4 jours par année où le niveau descend de 4 à 6 pieds au-dessous de zéro. Dans quelques années il y a eu 60 à 70 jours où les eaux n'ont pas atteint cette hauteur. Enfin, au-dessous d'Orsowa, se trouve le Passage des portes de pe On se trouve encore au milieu des Carpathes, dont on aperçoit es vallées étroites et profondes. Le Danube a une largeur de 500 à 950 mètres et son lit est traversé par des bancs de rochers sur une longueur de 2,600". Pendant longtemps nul n’a osé franchir ce pas- sage redouté; un bateau léger se hasarda un jour avec succès, de- puis les bateaux à vapeur font un service régulier à la descente et à la remonte. Mais ce n’est sans une certaine émotion qu’on voit cette grande masse entraînée comme une flèche au milieu des eaux qui bouillonnent sur des écueils cachés. La navigation n’est possible qu’à 917, pieds au-dessus du zéro d'Orsowa. Or , 155 jours par an les eaux sont au-dessous de cette limite. Dans quelques années l'interruption a été de 219 jours. On voit quels obstacles sont accumulés sur un faible espace entre les communications de l'Autriche et de la Vala- chie. De 1832 à 1834 on a fait sauter quelques rochers sur les Ra- pides, à l’'amont d'Orsowa. M' Pasetti propose de faire un chenal comme celui du Strudel près de Linz, et d'appliquer plus tard ce moyen aux Portes de fer. Il rejette complètement et avec raison l’idée d’un canal latéral qui avait été mise en avant. La nature des rives est telle que ce canal devrait être établi en rivière sur presque tout son parcours, er NAVIGATION DU DANUBE. [LE] Les travaux d'amélioration sont maintenant décidés, mais les quelques ouvriers que nous avons vus près d'Orsowa ne suffiront point à donner prompte satisfaction au commerce si intéressé dans cette opération. Pendant la moitié de l’année, les bateaux à vapeur ne peuvent aller de Tourno-Severino à Orsowa. Les transports se font par char le long du Danube. Pendant les mois d'août, septembre et octobre les eaux sont trop basses. À partir du mois de décembre jusqu’au mois d'avril le ser- vice cesse complètement à cause des glaces. Les dépenses faites jusqu'à la fin de 1853 pour l'amélioration de la navigation du Danube dans l'empire d'Autriche se montaient à 7,500,000 fr. environ, dont 3,000,000 fr. pour la haute Autriche, &,000,000 fr. pour la basse Autriche et 500,000 fr. pour la Hon- grie. C’est une somme bien peu considérable eu égard à l’impor- tance du but qu'on se propose d'atteindre et surtout eu égard aux difficultés à vaincre. Dans le parcours du Danube le long de la rive Valaque , la navi- gation est bonne et toujours facile. L'absence de ports commodes pour l’embarquement et le débarquement est seule à regretter. Les habitations se sont groupées sur les points insubmersibles si rares sur la rive Valaque. A l'époque des basses eaux, les bateaux ne peuvent plus aborder et s'arrêtent à 2 kilomètres et même plus du port. C'est ce qui arrive à Calarash et à Giurgewo, principales échelles du bas Danube. À Galatz, il y a la ville basse où sont les comptoirs et la ville haute où demeurent les négociants. Reste un dernier obstacle à la navigation du Danube, obstacle qui à paru longtemps plus grave que tous les autres, c’est la barre à l'embouchure dans la mer Noire. Le Danube charrie des masses de limon considérables, même à l'époque des basses eaux. Lorsque le choc contre les eaux de la mer amortit la vitesse du courant, les matières en suspension se déposent; de là une barre et un delta. | Les bouches du Danube sont un obstacle aussi grave que le pas- sage des Portes de fer. À l'époque des basses eaux on ne trouve plus que # à 5 pieds d’eau sur la barre, dans le bras de Sulina , le seul praticable, tant les autres sont encombrés de sable. Les bateaux du Lloyd autrichien, affectés spécialement au trajet de Constantinople à Galatz, tirent seulement 2°20 à 2"50 d’eau et souvent à l’époque des basses eaux on doit opérer le transborde- ment des voyageurs et des marchandises comme on fait entre Orsowa et Tourno-Severino. Cet état de chose n’est pas irrémédiable cepen- dant. Car à l'époque où les Turcs étaient maitres des boushes du Danube ils entretenaient à la passe une profondeur de 19 pieds soit près de 6 mètres. Tout navire sortant du Danube devait attacher à l'arrière un rateau avec griffes en fer; ce moyen de dragage très- simple avait réussi, On a voulu voir de la part des Russes un calcul 114 NAVIGATION DU DANUBE. dans la suppression de ce dragage. Ils voulaient, dit-on, anéantir le commerce du Danube au profit d'Odessa. Toutefois, il ne paraît pas vrai qu'ils aient coulé des bateaux chargés de pierres pour encom- brer'la passe, comme on l’a souvent répété. Un bateau dragueur et un remorqueur à vapeur feront immédiatement cesser tous les incon- vénients de ce passage si redouté des marins qui fréquentent ces parages. L'entrée d'un fleuve est toujours difficile, il faut attendre longtemps le vent favorable, il cn est de même pour la sortie, et de nombreux sinistres sont à déplorer, que l’aide d'un remorqueur pourrait presque toujours éviter. On peut avoir aujourd'hui la certitude que cette question recevra la plus prompte solution &t son importance est capitale pour la pros- périté de la Bulgarie et des Principautés danubiennes. Resteront ensuite les obstacles des Portes de fer que l'Autriche devra se hâter de faire disparaitre si elle comprend ses véritables intérêts. Le canal du Danube à la mer Noire. — En terminant, nous dirons un mot d’une question qui a été assez vivement agitée l'année der- nière. Celle du canal du Danube à la mer Noire, de Tcherna-Voda à Kustendjé. Les difficultés du passage des bouches du Sulina, le voisinage de la Russie, enfin l'allongement de parcours de plus de 250 kilomètres occasionné par la courbe qui rejette le Danube vers le nord, entre Rassova et Galatz, avaient depuis longtemps amené à l'idée d’un canal qui permit d'éviter tous ces obstacles. Cette idée paraissait d'autant plus plausible que toutes les cartes indiquent une ligne de lacs pénétrant dans l’intérieur des terres jus- qu'à une distance assez considérable. Ce sont les lacs Carassou qui débouchent dans le Danube à Tcherna-Voda. Le travail était donc à moitié fait. Nombre de fois les yeux s'étaient tournés de ce côté et plusieurs explorations furent tentées. De plus , un préjugs très-répandu chez les Autrichiens, chez les Valaques qui n'ont jamais mis le pied sur la rive turque, donne au Danube une ancienne embouchure aboutissant de Tcherna-Voda à Kustendjé. Il ne s'agissait que d'ouvrir un nouveau prssage dans cet ancien lit encombré par des sables. Enfin, les cartes mdiquent par un tracé assez régulier et très-peu conforme à la vérité, le retran-— chement romain connu sous le nom de Fossé de Trajan. De là un nouveau préjugé. Trajan avait fait creuser un canal qu'il faudrait simplement rétablir. Les circonstances ont appelé de nouveau l'attention de ee côté et en même temps que la France faisait construire une route entre le Danube et la mer Noire, des capitalistes anglais, sans avoir jamais visité la Dobroudcha, ont fait un projet de canal dont il a été bien souvent question, même dans les régions officielles. Nous n'avons pas besoin d’entrer dans une discussion bien lon- gue. Il n’y à jamais eu d’embouchure du Danube aboutissant à Kus- tendjé; le lac Carassou est alimenté par des sources de fond et dé- NAVIGATION DU DANUBE. 115 verse ses eaux dans le Danube pendant l'été; pendant les crues, au contraire, les eaux du Danube l’alimentent et couvrent toute la vallée. Le lac remonte jusqu'à 35 kilomètres dans l’intérieur des terres et se trouve encore séparé de la mer Noire par un plateau de calcaire néocomien et de grès vert dont la hauteur est environ 60" au-dessus de la mer. Enfin, le fossé de Trajan est un ouvrage de défense en terre, très-irrégulier, très-remarquable, du reste, comme les grands travaux des Romains. Il devait défendre contre les incursions rapides des barbares, la Moésie inférieure et la métropole de la Schythie, Tomi, aujourd'hui Kustendjé. Telles sont les données sur lesquelles on s’est appuyé et nous n'hésitons pas à déclarer la construction d'un canal impossible, ou si l'on veut inexécutable. Il faudrait ou faire une tranchée de 60" de hauteur sur 5 à 6 kilomètres de longueur, ou creuser un tunnel de 20 kilomètres de longueur. La paix donnera aux idées une direction meilleure : que l’on cherche à améliorer le passage des bouches du Danube, là est l'avenir de la navigation, et le bateau qui partira de Tourno-Severino, ville frontière de la Valachie, pourra venir débarquer à Constantinople. Il remontera jusqu'à Pesth et même jusqu'à Vienne le jour où l'Au- triche aura fait les quelques travaux nécessaires pour améliorer le passage des Portes de fer et le cours du Danube dans la traversée de la Hongrie. Jusqu'à présent la navigation à vapeur sur le Danube est desser- vie depuis Ratishbonne jusqu'à Linz par les bateaux d’une Compagnie bavaroise. Depuis Linz jusqu’à Galatz, ce sont les bateaux à vapeur de la Compagnie privilégiée (K. K. priv. Donau Dampschiffahrts Gesellschaft) qui seule avait le droit d'établir des bateaux à vapeur sur le Danube, la Theiss, la Save et la Bodrog. Son privilége exclusif “rs été contesté en Autriche même avant la conclusion du traité de aris. Aujourd'hui ce privilége se trouve annulé à la grande satisfaction des commerçants des deux rives du Danube. Depuis longtemps un service irrégulier, incommode, était la source de plaintes conti- nuelles; on réelamait l'abolition du monopole qui devenait un obsta- ele de plus aux relations commerciales entre l'Orient et l'Occident. Malgré toutes ces réclamations la Compagnie obtint une prolonga- tion de 30 ans pour son privilége qui expirait en 1853. Le délai fut reporté jusqu'en 1883, et la Compagnie s’engagea de son côté à construire de nouveaux bateaux parfaitement aménagés pour le ser- vice des passagers. Les moyens de transport dont dispose la Compagnie sont les ba- teaux à grande vitesse (Eülschiff) pour les voyageurs, les bateaux ordinaires qui transportent les voyageurs et les marchandises à grande vitesse; enfin des remorqueurs à vapeur pour le transport es marchandises. A partir du 45 mai jusqu'au mois de novembre, le service des 116 NAVIGATION DU DANUBE. voyageurs a lieu tous les jours à la remonte et à la descente depuis Linz jusqu'à Semlin. Sur le bas Danube, entre Semlin et Galatz, le service régulier a lieu deux fois par semaine par l'Etlschiff et le bateau ordinaire. L'Euschiff part le dimanche matin de Vienne, arrive le lundi à Pesth, le mardi soir à Semlin, le mercredi à Orsowa et le samedi à Galatz. C’est donc un trajet de six jours à la descente. Les bateaux ne marchent point pendant la nuit. La durée du trajet en remontant est de huit jours ordinairement. Le prix du transport est de 425 fr. pour les premières places. De Galatz partent des paquebots réguliers pour Odessa et Cons- tantinople. Jusqu'à l’année dernière, les bateaux à vapeur du Lloyd autrichien faisaient seuls le service de Galatz à Constantinople par suite d’un arrangement avec la Compagnie privilégiée de la naviga- tion du Danube. Depuis quelques mois , la Compagnie française des messageries impériales a commencé un service régulier jusqu’à Galatz. La durée du trajet est de trois jours et le prix de la traversée 195 fr. Tel était l’état de la navigation dans le courant de l’année 1855. L’attention appelée sur l'Orient par les derniers événements amènera nous l’espérons de grandes améliorations dans le service des trans- ports sur le Danube. C’est une question d'avenir pour les riches prineipautés arrosées par le bas Danube. Ce sont elles qui en recueil- leront les plus grands fruits. Jusqu'à présent elles se sont vues sa- crifiées à l'Autriche au point de vue commercial comme au point de vue politique. Que la liberté d’action leur soit rendue, que les rela- tions avec l'Occident soient facilitées et les Principautés Danubiennes seront un exemple de ce que peuvent faire en Orient les populations d’origine latine. Appendice. Nous avons fait remarquer comment devant Rassova le Danube change de direction, après avoir coulé de l’ouest à l’est il remonte vers le nord, parallèlement au rivage de la mer Noire où il va se jeter. Le phénomène géologique est des plus intéressants. Le courant vient heurter les escarpements de calcaire néocomien qui forment les plateaux de la Dobroudcha et remonte laissant à sa gauche les immenses plaines de la Valachie et de la Moldavie, vastes dépôts d'alluvion, où l’on ne trouve pas une pierre, pas un caillou depuis le pied des Carpathes jusqu'au Danube. Là est peut-être lé secret de la faiblesse, de la misère même des populations Roumaines, en dehors de la région montagneuse. Elles n’ont point de pierres, ni pour leurs constructions ni pour leurs routes. Le soulèvement du plateau de la Dobroudcha a sans doute été produit par les éruptions volcaniques auxquelles sont dues les mon- tagnes des Beststeppes, dont les sommets arrondis se dressent au milieu des sables où se répandent les eaux du Danube avant de ga- gner la mer Noire. Ce plateau forme comme une muraille entre le Danube et la mer et donne lieu à des observations intéressantes. | x = À Limite de la Uongrieret dela Turquie’ onfluent À LM AT he saw & 177 MALE 1 > Rss de Me $ SES S'È S ÈS 1 S Fe RE D ENT ee I RÈ Colas, Su 42 58007 KT FÈ_ Fchelle de/0 0008 P' 1Éilormetre diet, Loritontate . de/0,0001 p! Fmètre bout verticales rue fe Le. 0 Distances cmuulies . 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Quand le vent sur le bord de la mer vient du large il traverse l’isthme de la Dobroudcha et les deux courants d'air oppo- sés se rencontrent presque toujours à 2 ‘/, lieues du Danube et à 14 lieues de la mer Noire, nombre de fois j'ai eu occasion de voir un tourbillon qui arrachait les herbes, les chardons, les soulevait, les laissait retomber, les reprenait et les faisait tournoyer. On eut dit une main invisible, qui s’amusait avec tous ces objets, tant les mou- vements étaient lents et réguliers. Je ne fais que mentionner ce phénomène qui se produisait même avec des vents très-faibles sur le littoral de la mer Noire. On peut en conclure que l’action du courant d’air qui descend en suivant la vallée le long du Danube s’étendait à deux ou trois lieues au plus sur les plateaux de la rive droite dont la hauteur est assez uniforme. Lausanne, le 9 juin 1856. Explication de la Planche. La planche qui accompagne cette note représente les profils en long du Danube, de la Theiss et du Rhône, et permet de comparer les pentes suc- cessives de ces trois cours d’eau. L’échelle des longueurs est la même pour les trois profils, 0°00053 par kilomètre. Nons n'avons pu malheureusement adopter une même échelle pour les hauteurs à cause des différences trop variables des altitudes en- tre les deux extrémités des profils. Pour le Danube, l'échelle des hauteurs est 1000 fois celle des longueurs ; pour la Theïss, elle est 55553 fois plus grande; pour le Rhône, elle est seulement 333 fois plus grande, c’est-à-dire dix fois moins que celle des hauteurs de la Theiss. On peut remarquer que la Theiss, depuis la limiteide la navigation jusqu'au Danube sur un parcours deux fois plus long que celui du Rhône entre le lac de Genève et la mer Méditerranée, descend d’une hauteur CS moindre, c'est-à-dire que sa pente moyenne est vingt fois plus aible. Celle du Danube , dans la partie inférieure de son cours, est encore de un tiers plus forte que celle de la Theiss. 118 OZONOMÉTRIE. OBSERVATIONS OZONOMÉTRIQUES COMPARATIVES. Par M° Ch. Gaudin. (Séance du 18 juin 1856.) Ces observations ozonométriques ont été faites conjointement à Eglantine (Lausanne), par M° G. de Rumine ; à Noville, par M le pasteur Dulon, et au Grand St-Bernard, par M le prieur Deléglise, pendant les mois de mars, avril et mai, tous les jours à 7 heures du matin et à 7 heures du soir. (Voir la planche.) L. Comparaison de l'ozone diurne et de l'ozone nocturne. 1° La somme de l'ozone nocturne des trois localités a été plus considérable que celle de l'ozone diurne de ‘},4 2° Ce fait est peu frappant à Eglantine où la différence pour les 80 jours pleins ne s’est élevée qu'à ‘/,.. 3° Il est très-frappant pour le St-Bernard où la différence s’est élevée à ‘/, de la somme totale. 4° A Noville, par contre, il y a eu plus d'ozone pendant le jour. 9° Il semble résulter de ces observations que plus on s'élève et plus l'ozone nocturne tend à l'emporter sur l’ozone diurne. Il. Proportion d'ozone pendant chaque mois. 1° Dans les trois stations, le mois de mai a eu plus d’ozone que le mois de mars et le mois de mars plus que celui d'avril. 2° Cette observation est constante pour l'ozone diurne comme pour l'ozone nocturne. IT. Hauteur relative des stations. 1° Dans chacune des trois stations, Noville, Eglantine et le Saint- Bernard, la somme de l'ozone nocturne a été pour chaque mois proportionnelle à l'élévation de la station. Il y a done eu plus d'ozone au Saint-Bernard qu'à Lausanne et plus à Lausanne qu'à Noville. 2° Le fait persiste pour l'ozone diurne pour ce qui concerne Lau- sanne et Noville, c'est-à-dire que pendant les trois mois la première localité en à eu plus que la seconde. 3° Le Saint-Bernard par contre a eu un peu moins d'ozone qu'Eglantine. Résultats. Nuit. Jour. Tolal. | Mars 167 182 349 \ Avril 138 143 281 Noville | Mai 193 208 401 | Somme 498 533 1031 38 29 30 % à 1 20 95 24 95 2% o 2 10 118 19 20 pr 7/4 ES Ce uote 2 su rt en to Le mm 10 Do Le pt © | . 2 |-!-| LEE Re et 19 PS7 27 T LU 5 | 5 ni . | | ne) Pre eee | El Obsetvatious OX ououretiiques autep Ja (ea | dore | | | | ! | np EE A fes fn] S'Bérnard. ] | 17 Pr 9 rire | | | Courbes D 1e Mae 1 Lt Write | 1 à 3 % 5 € À À à 10 11 de 18 1418 16 17 1B 49 20 2 29 23 du 28 2697 26 20 soi à à Î È 3 | LÉ Sr & 1 5 b 99 oh, à Chi à Q 5 6 + à 9 10 M 1218 4% 15 16 17 16 19 20 21 2ù 99 2h 28 26 27 28 29 80 À à | 4 à E REA El I onamttuique ÿ au d 1e cu, a lo Has lt LOL “M ul bt Mar 1856 | | à É ( l | SG 19 18 44 18 16 17 18 19 20 of 22 98 4 aù 26 7 ©$ 29 80 SI L? 19! So 02 pe Gi FONCTIONS DU SYSTÈME NERVEUX, etc. 119 Nuit, Jour. Total. Eglantine | Mars 225 214 439 L Avril 169 172 341 près | Mai 266 255 521 Lausanne Somme 660. 64 1301 Mars 24A 197 438 | Avril 195 152 347 St-Bernard Mai 979 218 497 | Somme 706. 567 1282 RECHERCHES SUR LES FONCTIONS DU SYSTÈME NERVEUX DANS LES ANIMAUX ARTICULÉS. Par M° Yersin, professeur à Morges. (Séance du 18 juin 1856.) La structure du système nerveux des animaux articulés est trop connue pour que je eroie nécessaire de la rappeler ici. Une longue série d'observations sur les fonctions de cette partie de l'organisme, dans les insectes orthoptères, m'a conduit aux résultats suivants : 1° Que la section d’un nerf, près de son origine, entraine toujours la paralysie complète de l'organe dans lequel 1l se rend. 2° La section des cordons nerveux qui lient entre eux les gan- glions, formant la chaîne médullaire ventrale, a pour effet d'isoler les deux parties du corps situées de chaque côté de la section. Ces deux parties continuent à vivre en conservant la sensibilité et la mo- bilité, mais sans avoir conscience l’une de l’autre et sans pouvoir concourir aux mêmes actes. Si, par exemple, la chaine est interrom- pue entre le ganglion du mésothorax et celui du métathorax , la tête et les deux premiers segments du thorax n’ont pas connaissance des circonstances extérieures qui peuvent agir sur le reste du corps. Les quatre pattes antérieures et la première paire d'ailes paraissent seules mues par une force subordonnée à une intelligence active et en rap- port avec les sens qui ont leurs organes dans la tête. Pendant la lo- comotion des pattes antérieures, celles de la troisième paire restent immobiles et sont trainées sur les côtés du corps ou se meuvent d'une manière passive, sans concourir directement à la marche. Le méta- thorax et l'abdomen conservent, à la suite de la section des cordons nerveux, leur sensibilité et la liberté de leurs mouvements ; mais ils n'obéissent plus aux ordres qui pourraient provenir des parties antérieures. On s’en assure en touchant ou en pinçant l'abdomen ou les pattes postérieures , l'abdomen se contracte, se tord ; en même temps l’insecte cherche à fuir ou à se défendre en se servant de ses pattes postérieures seulement ou de l'aiguillon anal dans les insectes qui en sont munis. Ces actes défensifs ont la même précision que si 120 FONCTIONS DU SYSTÈME NERVEUX l'insecte n'était pas mutilé. Est-il nécessaire de le dire, aucun de ces moyens de défense n’est mis en usage par l’insecte opéré, lors- que la cause qui l’inquiète ou l'irrite s'exerce sur les parties en avant de la section. 3° Dans les insectes à demi métamorphoses la section de la chaîne ganglionaire ne met pas un obstacle absolu aux mucs successives, soit changements de peau, d’une larve ou d’une nymphe. 4° Il suffit pour qu'un organe soit sensible et pour qu'il puisse se mouvoir que ses nerfs prennent leurs racines sur un ganglion sain. On le démontre en faisant la section de la chaîne ganglionaire en avant et en arrière de l’un des ganglions du thorax. Les organes qui reçoivent leurs nerfs de ce ganglion conservent les deux facultés que nous venons d'indiquer, mais ils n’ont plus de relations avec les autres parties du corps, et réciproquement celles-ci n’ont plus au- cune conscience des organes ainsi isolés. 5° Le résultat de la section de l’un des cordons seulement de la chaîne ganglionaire est assez difficile à présenter d’une manière gé- nérale, parce qu'il varie suivant les individus et suivant le point ou elle est pratiquée. Il arrive ordinairement que dans les premiers instants après l'opération, l'insecte est agité, il marche et saute, si ses parties postérieures sont propres à ce mode de locomotion. Les membres placés du côté de la section, entre cette section et l'extrémité postérieure, ont perdu une partie de leur sensibilité et de la liberté de leurs mouvements. Quelquefois, mais rarement, il résulte de cet état une absence d'équilibre dans les mouvements qui se trahit en ce que l’insecte en marchant décrit de petits cercles en tournant presque sur lui-même du côté opéré au côté sain. Quelques minutes après l'opération, la plupart des insectes frottent avec leur patte an térieure et comme pour les nettoyer, le côté de la tête et l'antenne correspondants au côté opéré. Puis, lorsque l’insecte est immobile, la même antenne se dirige vers la terre, l’autre demeurant droite ou élevée. Enfin, le plus souvent, la patte immédiatement en avant et du côté de la section paraït avoir une sensibilité plus grande que celle de la même paire de l’autre eôté. Une heure ou deux après l'opération ces divers phénomènes s’effacent en partie; il ne reste de bien appréciable qu'une différence dans les membres et les or- ganes postérieurs à la section; ceux du côté opéré ont des mouve- ments moins faciles et sont moins sensibles au toucher que ceux du côté sain. 6° L'influence de la section des cordons de la chaine ganglionaire sur les fonctions de la nutrition ne parait pas être considérable. Un grillon auquel on vient de couper les cordons nerveux qui réunissent le thorax à l'abdomen, mange à l'instant sans paraitre éprouver de souffrance; il peut vivre dans cet état autant qu'un individu non opéré. Quant aux fonctions de la reproduction, le mâle perd par cette même section la possibilité de se réunir à sa femelle qu'il recherche néanmoins, mais sans réussir à la féconder. Une femelle qui à subi DANS LES ANIMAUX ARTICULÉS. 121 la même opération peut se laisser féconder, mais elle est incapable de pondre. Les lésions ou piqûres sur les ganglions ont pour effet de pro- duire un trouble dans les fonctions de relation, trouble qui se manifeste diversement suivant les individus et les sexes, et qu'il n’est pas tou- jours facile de bien caractériser. 7° En général, toute altération de l’un des ganglions de la tête ou du thorax est immédiatement suivie d’un état de torpeur qui dure plus ou moins; à cet état succède fréquemment un tremblement convulsif de tout le corps ou seulement des organes qui reçoivent leurs nerfs du ganglion lésé. Cet état convulsif peut durer quelques minutes et se renouveler plusieurs fois, à des intervalles plus ou moins éloignés. 8° Une lésion du ganglion susæsophagien est presque toujours suivie d'une absence d'équilibre dans les mouvements. L'insecte, au lieu de marcher en ligne droite, décrit des cereles en tournant sur lui-même avec une certaine rapidité. Les cercles ainsi décrits s'agran- dissent ordinairement au bout de quelques heures. Quelquefois après un ou deux jours l’insecte peut se mouvoir un moment en ligne droite, puis ensuite il recommence à décrire des cercles. Il arrive encore qu'ayant tourné pendant un certain temps de droite à gauche, il tourne ensuite en sens inverse; ou bien encore, que les cercles décrits par le même individu, lorsqu'il marche lentement, soient dans un sens contraire à ceux qu'il parcourt en marchant d'un pas rapide. Le point du ganglion lésé ne parait pas être en rapport con- stant avec le sens de la rotation; toutefois, on observe qu'en général l'insecte tourne du côté lésé au côté sain. Cette absence d'équilibre dans les mouvements se manifeste d’une manière analogue dans la locomotion aérienne. Une libellule ou une mouche piquée sur le front, assez profondément pour atteindre le ganglion susæsopha- gien ne vole plus qu'en décrivant des cercles ou une spirale. Le dé- sordre produit dans la locomotion peut encore se manifester en ce qu'au lieu d'aller devant lui, l'animal marche le flanc droit ou le flanc gauche en avant; ou bien encore parce qu'il marche en arrière l'abdomen le premier. Enfin , le plus souvent, que l’insecte soit en repos ou en mouvement, l’un des côtés du corps est plus élevé que l'autre, tellement que l'animal est plus ou moins couché sur l’un de ses flancs. 9° L’altération de l’un des ganglions du thorax est toujours ac- ‘compagnée d'une paralysie momentanée d’une partie ou de tous les organes qui en reçoivent des nerfs. Au bout d’un temps plus ou moins long la sensibilité de ces organes et leur motilité volontaire repa- raissent; les deux facultés en même temps et au même degré, ou l'une d'elles seulement. Il arrive encore que la sensibilité renait sur l'un des côtés du corps et parait être surexcitée, tandis que les mouvements sont difficiles ou nuls de l’autre côté ; les membres jouissent de toute leur mobilité, mais demeurent à peu près insen- sibles aux perturbations extérieures. Enfin, dans quelques cas, une 122 FONCTIONS DU SYSTÈME NERVEUX, etc. lésion d’un ganglion thoracique est accompagnée d'une absence d'équilibre dans les mouvements de tous les membres, et l'insecte, au lieu de marcher en ligne droite, ne peut que décrire de petits cercles en tournant toujours dans le même sens. 10° La volonté parait pouvoir être affectée et troublée comme les mouvements. Ainsi, en pratiquant une lésion du ganglion susæsopha- gien d'un grillon , il peut arriver, qu'en marchant, il morde à un morceau de pain, qu'il paraisse le manger avec avidité et s’y attacher de toute la force de ses mandibules sans que les pattes cessent de se mouvoir ; aussi le grillon, poussé en avant, est-il obligé de se tordre sur lui-même et finit-il par faire une culbute complète la tête res- tant fixée au pain qu'elle dévore, tandis que les pattes continuent à s’agiter. Il arrive aussi qu'un grillon mâle auquel on a fait subir la même opération, court devant lui en chantant pour appeler sa femelle ; s’il vient à la rencontrer, il s'approche vivement, s'arrête devant elle, puis passe outre toujours chantant et comme entrainé par deux volontés contraires, l’une qui le pousse à courir, l'autre qui le retient auprès de la femelle qu'il parait appeler et rechercher. 11° Un dernier résultat de toute opération sur les ganglions ou sur les cordons qui les lient est de produire une diminution mani- feste dans l'intelligence et l'instinct. FLORE TERTIAIRE DE L'ANGLETERRE. 193 QUELQUES MOTS SUR LA FLORE TERTIAIRE DE L'ANGLETERRE. Par M' Ph. Delaharpe , docteur en médecine. (Séance du 18 juin 1856.) Introëuction. Depuis quelques années, l’étude des plantes qui ont vécu durant l'époque tertiaire est devenue l'objet de travaux nombreux et remar- quables. Cette science encore naissante prendra bientôt une place honorable parmi celles qui s'occupent de l'histoire de la terre. Les terrains tertiaires moyens ou #miocènes ont jusqu'à présent fourni le contingent le plus considérable de matériaux, tandis que les terrains tertiaires inférieurs ou éocènes n’offrent qu'un nombre restreint de localités riches en végétaux fossiles. Ce fait tient peut-être à la cir- constance qu'en Europe, durant la période éocène, il ne s’est formé des dépôts lacustres, terrestres ou côtiers, que sur un petit nombre de points. La végétation des mers éocènes est sans doute déjà pas- sablement connue, tandis que la flore continentale de cette époque laisse encore beaucoup à désirer. Les seules localités éocènes à moi connues ‘, dont la flore ait été soigneusement étudiée, sont l'Ile de Sheppy en Angleterre, Sotzka en Styrie, Sagor en Carniole, Hæring en Tyrol, et le Monte Pro- mina en Dalmatie?. Et même quant aux gisements de Sotzka, de Sagor, de Hæring et du Monte Promina, il est permis d'élever des doutes sur leur nature éocène. Le fait qu'un très-grand nombre de leurs espèces végétales se retrouve dans le terrain miocène en diffé- rents endroits et en particulier dans les couches inférieures de la molasse suisse dont l’âge miocène ne peut être mis en doute, et celui que ni les fossiles du règne animal, ni les relations stratigraphiques ne paraissent avoir mieux décidé la question, m'engageraient à me ranger plutôt à l'opinion de L. de Buch, et à classer ces différents gisements dans l'époque miocène. L'étude des végétaux fossiles des terrains tertiaires inférieurs du bassin anglo-parisien aidera sans doute à juger le débat. L'Angleterre en particulier contient un grand nombre de végé- taux fossiles, répartis dans les différents étages du terrain éocène. Les matériaux d'une riche flore ont été réunis dans diverses col- lections. Quelques portions de cette flore ont été déjà décrites; ainsi M. Bowerbank à recueilli, étudié et publié les remarquables 1 Les localités envisagées comme éocènes , dont les débris de végétaux terrestres ont été étudiés par M. Massalongo, présentent un si grand nom- bre d’espèces caractéristiques des terrains miocènes, qu’il est permis de conserver des doutes sur leur âge géologique. ? La flore éocène de Sésanne, dans le Soissonnais, a été étudiée par un botaniste distingué, M. le professeur Schimper (de Strasbourg), mais les résultats de ses travaux n’ont pas encore été publiés. 124 FLORE TERTIAIRE DE L'ANGLETERRE. fruits fossiles du London-Clay, que l'ile de Sheppy fournit en si grande abondance. Cependant, malgré les travaux de l'habile géolo- gue que je viens de nommer et quelques autres moins importants, il reste encore beaucoup de matériaux à étudier. Je chercherai à donner ici un aperçu de ceux que j'ai eu l’occasion d'examiner du- rant le court séjour que j'ai fait en Angleterre l'hiver dernier '. Je dois à l'extrême obligeance de MM. Rod. Murchison, Salter, Bowerbank et Prestwich, d'avoir pu réunir et étudier les empreintes de feuilles que possèdent ces deux derniers géologues et le Musée de géologie pratique de Londres. J'ai réuni ainsi environ 300 échan- tillons. Plusieurs botanistes anglais avaient examiné quelques-uns de ces beaux fussiles, mais aucun d'eux n'avait entrepris de les dé- terminer. Et même, après l'examen d'une série de feuilles récol- tées par M. Prestwich, l'un des premiers botanistes de l'Angle- terre écrivit ces mots : « Aucune d'elles ne présente des caractères » suffisamment nets pour déterminer approximativement les affinités » génériques des plantes auxquelles elles appartiennent?. » Plus loin, il ajoute : « Si les plantes de Reading m eussent été présentées » à l’état frais, avant leur fossilisation et sans que je connusse leur » provenance, je ne crois pas que j'eusse été capable de les rappro- » cher spécifiquement les unes des autres ou de fixer leur position » dans le règne végétal. » Sans doute, il n'est pas toujours possible d’assigner à une plante fossile, dont on ne connaît que quelques empreintes de feuilles, la place exacte qu'elle doit occuper dans l’échelle; mais au moins peut- on lui trouver des affinités probables avec une ou plusieurs plantes vivantes. Cette aflinité n’existât-elle même pas du tout, l'étude des plantes fossiles n’en serait pas moins utile par les données qu’elle peut fournir sur l’âge des terrains et sur les rapprochements à établir entre les couches de divers pays. Le travail de la détermination générique des feuilles fossiles de l'Angleterre n'étant pas encore achevé, je ne donnerai ici qu'un court aperçu des florules des divers étages des terrains tertiaires de ce pays. Pour fixer les idées, j'ai dressé le tableau suivant de la série ter- tiaire de l'Angleterre, comparée avec la série des mêmes terrains dans les environs de Paris. Ce tableau est construit d’après les vues de Forbes et de M. Prestwich, modifiées par celles de mon ami, M. E. Renevier. 1 Je n'ai malheureusement pas eu connaissance des travaux du docteur Mantell : On the Geological structure of Sussex, ni de ceux de Dixon : Fossils of Sussex, qui ont figuré et décrit quelques végétaux fossiles éocènes. 2 Quarterly Journal of the geological Society of London, vol. X, 2° part., p. 165. Lu oo | 2 “agpumemmppuer |: +" "7" " * : "|: : spurgaouegg |": jet “dns uaruopur”] enby LANTA Surpeoy 10 qormjooM | * ‘* * SÂ])-POINON } ‘ UoIuossons s'2æ ge sed opéary À sopuser À" 7 oU900% “IOJUL UOIS9I X | «+ *osmn op sages 4 | * © Âejp-uopuog | * : : * * * 4Jousog Ja ET ee LENS 0 262 E vrolin | \ re oys3e tt: WeySop Ori UOISIIE “uarpjoxnig | * ‘Joqui Jorssois ‘ojer) | uoÂour 1 Lo à léogles | dE: ‘+ -dns aoissou8 ‘ojen) | ‘aodns “UOIUQAT 4 | * dueyonvog op sojqes #4 Der RE: AtID-uourg 9U990% ° * *U9n(-IS 9P ‘18 19% LR SC SRT LS mA "A S'USNE MOUBUOL À... gosdfn y + + * + + + + + + |: : + + - Bpuquiog | DE SOUMEULSOUIENNI ES 2e RE RS SSL e *peasduop | | Inorigdns "UOLIOPIOY. 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Une couche puissante de sables fins, nommés sables de Thanet (Thanet-Sands), recouvre immédiatement la craie dans le bassin de Lonires. Cette couche parait manquer dans le bassin du Hampshire. On n’a pas, que je sache, rencontré dans le Thanet-Sands de vé- gétaux fossiles susceptibles de détermination ". WOOLWICH AND READING SERIES. Dans le bassin du Hampshire et dans la portion occidentale du bassin de Londres les couches de Woolwich et de Reading reposent directement sur la craie, tandis que dans le Kent elles en sont sépa- rées par les sables de Thanet. La flore des couches de Woolwich et de Reading est relativement pauvre. Les localités qui ont fourni des matériaux à cette flore sont : I. Reanwe, dans le Berkshire. Une tranchée faite pour la cons- truction d’un chemin de fer, a permis à M. J. Prestwich d'étudier des couches qui reposaient directement sur la craie blanche. Ce géologue infatigable y a recueilli une série de plantes fossiles du plus haut intérêt, puisqu'elles nous représentent la végétation la plus ancienne de l’époque tertiaire. Les empreintes de feuilles recueillies à Reading nous représentent déjà une végétation analogue à celle qui recouvre actuellement les régions tempérées. Elles se trouvent dans un grès tendre ou une marne sableuse. Quoique leur conservation ne soit pas parfaite elles sont cependant susceptibles de détermi- nation. M. J. Prestwich a figuré les plantes de Reading dans son beau travail sur les Woolwich and Reading series®, et M. le D° 3. D. Hooker a accompagné ces dessins d’une courte notice, dans laquelle il refuse 1 Compar. J. Prestwich ; On the Thanet-Sands, dans le Quart. Journal. Séance du 21 avril 4859, p. 247, 249. 2 Quarterly Journal, vol. X, part. 4 et 2, n° 58 et 59, pl. IV, fig. 1-28, texte p. 88, 170. DE L'ANGLETERRE. 127 à ces fossiles l'honneur d’une détermination quel:onque ‘. Cependant il est possible d’assigner à la plupart d’entre eux une place, du moins probable, dans la série. Il est en tout cas facile de grouper spécifique- ment les échantillons. Reading a fourni à M. Prestwich quatorze espèces ; cinq d'entre elles sont représentées par de trop mauvais échantillons pour être déterminées; elles sont figurées à la PI. IV, fig. 12 et 29 : trois au- tres ne sont pas figurées. Parmi les neuf espèces déterminables, plusieurs sont fort inté- ressantes ; je citerai : | 1° Une plante arborescente, un figuier (peut-être un mürier) qui se trouve représenté par un très-grand nombre de feuilles de toutes les dimensions (fig. 1, 2, 3, 4, 15). Les branches portant encore leurs volumineux bourgeons, se rapportent sans doute à la même espèce (fig. 24, 25, 26, 27). — Les figures 9, 9°, 9” et 10, assez peu déterminables, paraissent appartenir à la même espèce. M. le D' Hooker en a fait six espèces distinctes. 2° La fig. 7, que je suis parvenu à compléter, est très-proba- blement aussi un figuier. On retrouve la même espèce à Alum-Bay et à Corfe-Castle. 3° Deux espèces de lauriers (fig. 5 et 13 et fig. 1%). 4° Une plante fort singulière (fig. 11). Après mûr examen, j'ai tout lieu de croire qu'elle appartient à une protéacée du genre Gre- villea. I] existe quelques espèces de ce genre dont les feuilles sont découpées d’une manière analogue, par exemple, la Grevillea ro- busta de l'Australie. L’épaisseur de la feuille fossile, la largeur de ses nervures, ne permettent pas de la classer parmi les fougères. 5° Une foliole d'une légumineuse (fig. 21) qui appartient proba- blement au genre Robinia. 6° Une grande feuille (fig. 6 et 8) qui présente une ressemblance frappante avec la Banksia latifolia, R. Br., de la Nouvelle-Galles du Sud. M. le professeur Heer serait plus disposé à y voir un chêne voisin du Quercus Cyri, Ung. La même espèce existe aussi à Alum- Bay. Fe Les charmantes feuilles représentées par les fig. 17, 19, 20, 20", que l’on rencontre souvent insérées sur la mince branche (Ge. 20) qui les porte. Il m'a été impossible jusqu’à présent de les éterminer avec quelque exactitude. 8° Une feuille de monocotylédonée (fig. 22 et 23)°, que l’on trouve 1 Loc. cit., p. 163. ? Quelques mots encore sur la PI. IV, publiée par M. Prestwich sur les feuilles de Reading. La fig. 6 n’est pas exacte : la base de la feuille s’éten- dait bien au-delà ; c’est fortuitement que la roche s’est trouvée brisée à la base de l'empreinte. La fig. 12 représente un échantillon trop mal con- servé pour être déterminable. La feuille, fig. 13, doit porter un pétiole très-court et une nervure intermédiaire dans les espaces qui séparent les trois nervures latérales inférieures de chaque côté. La fig. 7 a été complé- tée. La fig. 48 fait croire à l'existence d’une portion de feuille encore atta- 128 FLORE TERTIAIRE très-bien conservée dans la collection de végétaux fossiles d'Alum-— Bay de M. Bowerbank. Cette feuille rentre dans le genre Cyperites établi par Lindley. Après avoir jeté un coup-d'œil d'ensemble sur les formes végé- tales des espèces de Reading, j'exprimai à M. Prestwich l’idée, bien hasardée peut-être, que le climat sous lequel elles vivaient devait être d’une température moyenne moins élevée que celui de l’époque éocène moyenne, où de grands arbres étalaient leur feuillage riche et toujours vert. M. Prestwich me répondit, chose remarquable, que l'étude de la faune et en particulier celle des mollusques de ces deux divisions du terrain éocène, l’avait conduit à la même con- clusion. IT. Counrer-Hizz (près Londres). La science doit encore au zèle infatigable de M. J. Prestwich et du Révér. M. de la Condamine, la découverte de quelques plantes fossiles dans cette localité. Celles-ci se trouvent dans une marne fine, jaune brun, très-friable, apparte- nant au même niveau géologique que les couches de Reading. M. Prestwich a figuré dans son travail sur les Woo/wich and Rea- ding series (PI. IT, fig. 4, 5, 6) quelques-uns des débris végétaux qu'il y a recueillis. Les espèces de Counter-Hill que ce géologue possède dans sa collection sont au nombre de cinq. Deux d’entre elles (fig. 4 et 5) sont des Carpolites ndéterminés. Les autres sont une fougère du genre Pteris (fig. 6), un roseau différent de celui de Reading et un laurier que l’on rencontre en meilleur état à Alum-Bay et à Bournemouth. III. Les mêmes couches ont encore fourni sur plusieurs points divers débris végétaux moins importants, dont la découverte est aussi due à MM. Rév. de la Condamine et J. Prestwich. Ce dernier possède l'empreinte d'un cône de pin, provenant des Reculver-Clffs, East Kent (loc. cit. PL. IE, fig. 3). Plusieurs fragments de bois sili- cifiés, appartenant à des conifères et à des dicotylédonées ont été trouvés à Sundridge-Park, près Londres, dans les Reculver-Clhiffs et entre Ash et Wodnesborough (East Kent); divers carpolites à Wool- wich, etc. LONDON—CLAY. L'argile de Londres recouvre les couches de Woolwich et de Rea- ding. Elle est aussi bien développée dans le bassin du Hampshire que dans celui de Londres. Ce n’est que dans ce dernier que des débris végétaux ont été trouvés en quelque abondance. La portion orien- tale du bassin de Londres (East Kent) et spécialement l'ile de Sheppy chée à la tige: dans l'original on ne remarque qu’une tache jaunâtre et non point l'empreinte d’une feuille. Dans la fig. 22, la tige linéaire qui partage la feuille n’a rien de commun avec celle-ci, Je n'ai pu retrouver dans la collection de M. Prestwich, qu’il a généreusement mise à ma disposition, l'original de la fig. 28. La fig. 29 est indéterminable. 1 Prestwich, on the Woolwich and Reading series, dans le Quart. Journal for february 1854, p. 404, 105, 416, 156. DE L'ANGLETERRE. 129 sont connues depuis longtemps comme des mines inépuisables de végétaux fossiles. La flore de l'argile de Londres se distingue de celle des étages avoisinants par un caractère fort singulier : de toutes les plantes qui vivaient à cette époque, les fruits, les graines et les bois ont seuls passé à l’état fossile. Je ne sache pas que l’on ait jamais trouvé d'empreintes de feuilles dans ce terrain. Je n'ai que peu de choses à dire sur la flore de l'argile de Lon- dres, après les travaux remarquables que M. J. S. Bowerbank lui a consacrés. Son bel ouvrage, intitulé : À History of the fossils fruits and seeds of the London-Clay, a immortalisé tout à la fois son au- teur et les magnifiques fruits de l'ile de Sheppy. Je n'ai qu'un soubait à former, c’est que ce géologue distingué veuille bien faire connaitre au monde savant les centaines d'espèces nouvelles et les précieuses observations qu'il a recueillies depuis la publication de la Part 1 (1840) de son grand travail. 1. Ice pe sseppy. — Jusqu'à ce jour, M. Bowerbank à publié et figuré 101 espèces provenant de cette localité. Elles se répartissent dans les familles naturelles suivantes : Familles. Espèces. Familles. Espèces. Coniféreshs. où... 13 Légumimeuses . . . 47 Nipacées”t. .: . "97042 Malyagées 27/7 LU 40 Aurantiacées? . . . 1 Protéacées - . : : 2 Cucurbitacées . . . 1 Sapindacées . . . 15 En y ajoutant le Lycopodites squamatus, Brong., cité par M. Prest- wich ‘, nous aurons 102 espèces connues. IL. Herxe-Bay (East Kent). — M. W. Richardson et M. Th. Hunt ont trouvé dans cette localité plusieurs fruits fossiles. M. Bowerbank y a reconnu des cônes de protéacées et en a fait cinq espèces nom- mées par lui : Petrophiloides Richardsoni, P. cellularis, P. cylin- dricus, P. conoideus, et P. ellipticus®. M. le D' C. d'Ettingshausen, dans son travail sur les Protéacées fossiles ®, a réuni avec raison ces cinq espèces sous le même nom, Petrophiloides Richardsoni, Ett. Ce même fruit a été trouvé en Dalmatie, au Monte Promina, associé à un grand nombre d'espèces végétales, dont plusieurs sont fré- quentes dans le terrain miocène de l'Allemagne et de la Suisse. HIT. Lonxpres ET SES ENVIRONS. — M. Prestwich nous apprend * qu'un Nipadites et quelques autres fruits analogues à ceux de Shep- ! On the London-Clay, dans le Quart. Journal for november 1854, p. 115. ? A History of the fossil fruits et seeds of the London-Clay, p. 44 etsuiv. 3 Die Proteaceern der Vorwelt, aus dem Novemberhefte, 1851, der Sitzungsberichte der math. naturw. Classe der k. Academie der Wissen- schafften. Wien. — On pourrait en effet reprocher à M. Bowerbank de trop multiplier les divisions spécifiques, par exemple, dans les genres Nipadites, Hightea et autres. On the London-Clay, dans le Quart. Journal for november 1854, p. 415 et 417. 430 FLORE TERTIAIRE pey, ont été trouvés à Highgate; plus loin il ajoute que de rares Nipadites et quelques autres fruits semblables à ceux de Sheppy ont été rencontrés dans les Copenhagen-Fields , à Primrose-Hill , à Whetstone et au puits de Hampstead. F Lorsqu'on étudie cette série magnifique des fruits fossiles de l’ar- gi de Londres, une pensée se présente : ne serait-il pas possible e les rapprocher des feuilles trouvées sur d’autres points du terrain éocène anglais? Les feuilles si nombreuses de Reading, d'Alum-Bay, de Bournemouth et de Corfe-Castle n’appartiennent-elles pas aux plantes qui ont porté les fruits enfouis dans les argiles de Sheppy, de Herne-Bay et de Londres? Ces fruits et ces feuilles ne sont pas encore suffisamment connus et nos connaissances actuelles en bota- nique fossile sont trop peu avancées pour nous permettre autre chose que des rapprochements très-douteux. On trouve, par exemple, un fort grand nombre d'empreintes de feuilles provenant sans aucun doute de plusieurs espèces de légumi- neuses, mais elles sont accompagnées de différents légumes avec leurs graines, tous diffèrent des fruits trouvés à Sheppy. De même Alum-Bay et Corfe-Castle renferment quelques protéacées, mais aucune d'elles ne paraît se rapporter au genre Petrophila. Terrain éocène moyen. BRACKLESHAM AND BAGSHOT-SANDS ET BARTON—CLAY. Dans le bassin de Londres, l'argile de Londres est recouverte par les sables de Bagshot, développés surtout dans sa portion sud et sud- ouest. M. Prestwich ‘ nous apprend que ces sables contiennent quel- ques minces couches de lignites et de nombreuses impressions de plantes que la nature arénacée de la roche a rendues indétermina- bles. Les couches argileuses de Cherstey, de Addlestone et de Otter ont fourni de meilleurs échantillons; je n’ai pas eu le bonheur d'en rencontrer dans les collections. Dans le bassin de Hampshire, une épaisseur considérable de sa- bles et d’argiles, alternant entre eux et nommés sables de Bracklesham, correspond aux sables de Bagshot. On a recueilli à Bracklesham- Bay les trois plantes fossiles suivantes? : Lycopodites squammatus, Brongn. Pinites Dixoni, Bowerb. Cucumites variabilis, Bowerb. La première et la dernière habitaient déjà l'argile de Londres (Sheppy). Ne | La flore de cette subdivision des terrains éocènes est cependant d'une 1 On the mainpoints of Structure and the probable Aze of the Bagshot- Sands, ete., dans le Quart. Journal, n° 12, for november 1847, p. 585, 395. 2 Prestwich. On the London-Clay and Bracklesham-Sands, dans le Quart. Journal for november 1854. DE L'ANGLETERRE. 131 richesse bien autrement grande, si l'on y comprend le gisement de plantes fossiles d’Alum-Bay. M. Prestwich réunit, avec raison sans doute, Alum-Bay aux sables de Bracklesham, mais d’autres géolo- ues les faisant rentrer dans l'argile de Barton qui recouvre immé- iatement les sables, je réunirai, pour le moment, sous le même chef, ces deux subdivisions géologiques. (Le D' Wright, de Chel- tenham, géologue distingué, place le Leafbed d'Alum-Bay bien au- dessus du Barton-Clay*.) azum-BAY (Isle of Wight). A l'extrémité occidentale de l’île de Wight existe une couche d'ar- gile, d’une blancheur remarquable, qui est exploitée comme terre de pipe et abonde en impressions de végét.ux. Dans les portions dont la marne est fine et savonneuse, les em- pores sont d'un jaune pâle, toutes les nervures et même le tissu es feuilles sont reconnaissables à la loupe. Lorsque la roche n'est pas parfaitement fine, il ne reste déjà plus de la feuille que son con- tour peu distinet et ses nervures les plus saillantes. Des nombreuses collections publiques et particulières qui con- tiennent des feuilles d'Alum-Bay je n'ai pu examiner que celle de M. Bowerbank, celle de M. Prestwich et celle du Museum for prac- tical Geology. Les échantillons, au nombre de 200 au moins , que j'ai eu sous les yeux, permettent d'entrevoir dans cette florule les débris d'une végétation riche, luxuriante , autant que variée. J'ai reconnu à Alum-Bay 48 espèces; 4 d’entre elles sont repré- sentées par des Carpolites non déterminés. Des 43 que j'ai déter- minés d'une manière plus ou moins exacte, 13 se retrouvent à Bour- nemouth, 7 à Corfe-Castle, 3 à Reading; 26 paraissent propres au gisement que je décris. pu grand nombre de familles ont des représentants dans cette lo- calité. Les restes d’un champignon (Stegilia?) existent sur un fragment de feuille de roseau (Cyperites), semblable à celui de Reading. Un petit fragment d'une feuille de fougère (Acrostichum?) a été trouvé par M. Prestwich. Deux espèces de conifères nous sont con— nues par leurs rameaux et leurs aiguilles; l'une d'elles ressemble au Cupressites taxiformis, Ung., l'autre est voisine du Taæites Ros- thorni, Ung.; mais elles ne pourront être déterminées avec exacti- tude que lorsque les fruits en auront été découverts. Tandis que les monocotylédonées n'’existaient à Alum-Bay qu'en petit nombre, les dicotylédonées y figuraient avec abondance sous la forme d'arbres élevés portant la plupart un feuillage toujours vert. On y trouvait un peuplier, puis un érable (Acer), très-commun, dont les feuilles digitées se rapprochent beaucoup de celles de l Acer 1 Onithe, structure and probable Age: of the Bagshot-Sands, dans Je Quart. Journ. for november 1847, p. 505. 2 Proceedings of the Cotteswold Naturalists' Club, vol. T, p. 197. 132 FLORE TERTIAIRE palmatum du Japon (Heer); trois lauriers : l'un très-voisin du Laurus primigenia, Ung., l’autre du L. Lalages, Ung., et le troisième du L. agathophyllum, Ung. Alum-Bay présente en outre un grand nombre de feuilles grandes et larges, à nervures arquées. Elles se divisent en cinq espèces, qui toutes offrent une analogie frappante avec les feuilles de différents figuiers que M. le D° Hooker a eu la grande obligeance de m'envoyer de Londres. L'une des espèces fossiles, marquée de trois nervures partant de la base, se fait remarquer par le nombre et les variétés de forme et de grandeur sous lesquelles elle se présente. Les plus grandes feuilles d’Alum-Bay appartiennent à un noyer ; l'empreinte de l’une d'elles, bien que brisée à ses deux extrémités, mesure 16 centimètres de longueur (6 ‘/, pouces anglais) sur 11 cen- timètres de largeur (4 ‘/, pouces). Cette espèce est très-voisine du Phyllites juglandoides, Rossm. Les protéacées fournissent deux à trois espèces seulement; l'une d'elles, une Banksia, se fait remarquer par l’élégante découpure de son limbe. A côté d'elles viennent se ranger deux autres espèces remarquables par l'épaisseur de leurs feuilles, par la force de leurs uervures latérales rapprochées, par leur limbe découpé en pointes acérées; je les rapproche, quoique avec doute, des Banksia à larges feuilles de l'hémisphère méridional (Banksia latifolia, R. Br., de la Nouvelle-Galles du Sud). J'ai observé en outre un cormier (Cornus), un prunier, un Dyo- spyros, un Artocarpidium, puis deux feuilles très-longues et étroites qui toutes deux se retrouvent mieux conservées à Bournemouth et à Corfe-Castle, et que j'ai rapportées aux genres Elæodendron et Mo- nocera. La famille qui nous offre à Alum-Bay les plus nombreux débris et les plus nombreuses espèces est celle des légumineuses. Il a certainement existé sur ce point à l’époque éocène des circons- tances particulièrement favorables à leur développement. Ce grand nombre est d'autant plus frappant qu'à Bournemouth et à Corfe- Castle, qui, sous d’autres rapports, ont tant d’analogie avec Alum- Bay, les plantes de cette famille font complètement défaut, du moins leur existence n’y a-t-elle pas encore été constatée. Cette famille est représentée à Alum-Bay par de nombreux légumes et une grande quantité de folioles isolées. Ceux-là peuvent se grouper sous quatre espèces et celles-ci sous dix espèces différentes. Une étude scrupuleuse de ces fossiles et leur comparaison avec les espèces analogues vivantes, permettra sans doute de réunir sous un même nom les légumes et les feuilles qui appartenaient à la même espèce naturelle. Terminons cette liste par l'indication d’une feuille très-rare à Alum-Bay, puisque je n’en connais qu’un seul échantillon, entre les mains de M. Prestwich, mais commune à Bournemouth. Cette espèce arait être la même que celle figurée par les docteurs 0. Weber et . Wessel sous le nom de Cluytia aglaiæfolia, Wess. et Web., dans le Neuer Beitrag zur nue des Niederrheinischen DE L'ANGLETERRE. 133 Beckens '. En admettant l'identité, ce serait la seule plante de l’éocène anglais qui eût prolongé son existence jusqu'à l'époque miocène. Nous avons à examiner maintenant deux localités importantes : Bournemouth et Corfe-Custle, moins riches qu'Alum-Bay et situées toutes deux dans le bassin du Hampshire et près de la mer. F'ignore leur place exacte dans la série éocène de l'Angleterre, mais à en juger par la grande ressemblance de leurs flores avec celle d'Alum- Bay, ces trois localités doivent probablement être rangées dans Ja même subdivision. Des géologues éminents, entre autres M. Rup. Jones, les placent cependant toutes trois à des hauteurs différentes. BOURNEMOUTH,. La roche qui contient les végétaux est une marne un peu aréna- cée et âpre au toucher, d’un blanc jaunâtre. Les empreintes sont jaune-brun et si bien marquées que les détails les plus délicats de texture y sont en général conservés. Tandis qu'à Alum-Bay les em- preintes paraissaient isolées et dispersées dans la marne, à Bourne- mouth elles sont le plus souvent groupées, entassées et disposées en minces couches, ce qui nuit un peu à leur conservation. La collection du Geological Survey (Jermyn street) est la seule qui m'ait fourni des matériaux provenant de cette localité, et je dois à M. Salter d’avoir pu les examiner. Ce musée magnifique ne pos- sède qu'un nombre assez restreint d'échantillons de Bournemouth. J'ai reconnu parmi eux l'existence d'au moins 22 espèces détermina- bles; 13 d’entre elles se retrouvent à Alum-Bay, 5 à Corfe-Castle et une à Counter-Hill. Les huit espèces propres à Bournemouth, sont : 1° Un champignon charmant (Sclerotium?), qui se dessine en taches arrondies, alignées sur les nervures latérales d’une feuille lancéolée, probablement un laurier. 2° Deux chénes à feuilles denteléss : l’un voisin du Quereus gigas, décrit par Güppert dans sa flore de Schossnitz, rappelle tout à fait les grands chênes d'Amérique; l'autre, plus modeste, est voisin du premier. 3° Deux nerpruns (Rhamnus), qui devaient être rares ici, puis- qu'ils ne sont représentés chacun que par une empreinte. 4° Un ormeau (Ulmus) à feuilles allongées , sur la détermination duquel je ne suis pas encore arrêté ; il a laissé de nombreux débris de son feuillage. 5° Enfin, un Ceanothus, voism du C. ziziphoides, Ung., était aussi abondant à Bournemouth. Cette feuille varie beaucoup, parfois son limbe est fortement crénelé, d’autres fois il l'est si peu qu'on le dirait entier et qu'on pourrait aisément la prendre pour un Cinna- momum (C. Scheuchzeri, Heer), si l’on ne tenait compte du peu d'épaisseur de notre Ceanothus. : 3 les Palæontographica von W. Dunker und H. von Meyer, vol. IV, 1855. 134 FLORE TERTIAIRE Parmi les espèces que Bournemouth possède en commun avec Alum-Bay , je rappellerai les deux conifères, le peuplier, le noyer, le prunier, l'Elæwodendron, le Monocera, deux lauriers , V Arto- de arm le Dyospyros, et enfin la (?) Cluytia aglaiæfolia, Wes. et Web. CORFE-CASTLE. C'est encore le Museum of practical Geology (Jermyn street) qui possède les matériaux de cette localité qui font le sujet de ces lignes. À Corfe-Castle et dans ses environs : à Creech-Burn, Creech-Burrow, Furzebrook existent, il paraît, plusieurs exploitations d’une marne fine et grise, où les végétaux fossiles ne sont point rares. Admettant que ce soit la même couche que l’on exploite sur ces divers points, j'ai préféré réunir, sous le seul chef de Corfe-Castle, tous les débris végétaux provenant de ce point et de ses environs. La plupart de ces débris sont malheureusement réduits à de sim- ples empreintes : on ne reconnait plus sur la marne que le dessin imprimé de la feuille, qui elle-même a disparu. Sur un ou deux échantillons cependant la feuille a été conservée; elle se présente alors comme une mince couche de charbon, sur lequel la loupe permet d'étudier tous les détails de structure. Corfe-Castle a une flore assez riche, suivant M. le Rév. P. B. Brodie ‘. Ce géologue cite un palmier à feuilles pnnées et plusieurs espèces de saules ?, provenant de l’une des marnières. Le Musée de Dorchester possède une belle collection de ces végétaux fossiles, recueillis par les soins de M. W. R. Brodie. La collection du Musée de géologie pratique ne renferme que neuf espèces de Corfe-Castle; 7 d’entre elles lui sont communes avec Alum-Bay, 5 avec Bournemouth, ce sont : un figuier , un laurier , une protéacée, une autre espèce appartenant probablement aussi à cette même famille, un Elæwodendron, un Monocera et un Dyospyros. Les deux espèces propres à Corfe-Castle sont fort intéressantes ; l’une d'elles est un palmier à feuilles palmées, remarquable par le renflement volumineux de son pétiole au point où les rayons s’y insèrent. Le pétiole n’est pas armé de piquants. Cette belle espèce se rangérait donc dans le genre Sabal, actuellement propre au con- tinent américain et dont mon excellent ami, le professeur O. Heer, a reconnu plusieurs espèces dans les terrains miocènes. La seconde est une plante formée d'une touffe de rameaux excessivement longs et grêles, sans feuilles, pourvus seulement d’écailles très-courtes, peu saillantes , très-distantes et disposées en spirale très-allongée. Cette plante singulière me parait appartenir au genre Casuarina , existant aujourd'hui en Afrique, à Madagascar et en Australie, et que C. d’Et- tingshausen a déjà retrouvé parmi les fossiles de Häring en Tyrol. ! Quarterly Journal, vol. IX. 5 janvier 1853. 2 Les espèces de saules sont probablement les feuilles que j'ai nommées Dryandroides, Elæodendron, Monocera, Dyospyros. DE L'ANGLETERRE. 135 FLUVIO-MARINE SERIES. Les sables de Headon-Hill, les couches de St-Helen et de Bem- bridge forment la portion supérieure du terrain éocène moyen de l'île de Wight et de l'Angleterre. On connait depuis longtemps les graines fossiles recueillies à Bramble-Chine, Beacon-Bunny, War- den-Point et dans d’autres localités, ce sont : Chara medicaginula, Brongn. » tuberculata, Lyell. » Lyellü, Forb. » Wrightü, Forb. Carpolites ovulum , Brongn. , thalictroides, Brongn. ' Les autres débris végétaux qui existent en abondance dans ces mêmes couches paraissent n'avoir pas encore été étudiés. J'ignore s'ils ont même été jamais recueillis. Terrain éocène supérieur. Cette subdivision des terrains tertiaires n’est représentée en An- gleterre que par les couches de Hampstead, dans l’île de Wight. Quel- ques géologues y réunissent les couches de Bembridge. Les seules données que j'ai recueillies sur la flore du terrain éocène supérieur sont tirées de l'ouvrage de M. J. Morris : British Fossils. Cet auteur cite les six espèces suivantes : Chara helicteres , Brongn. » medicaginula, Bronen. » tuberculata, Lyell. Sabal (Flabelluria, Brongn.), Lamanonis (Brongn.), Heer*. Carpolites ovulum, Brongn. » parisiensis, Brongn. Ce coup-d’æil sur le nombre et la nature des végétaux fossiles des couches éocènes de l'Angleterre laisse entrevoir un vaste champ d'étude, riche en observations nouvelles. Si je réussis par ces lignes à exciter le zèle des géologues collec- teurs placés dans des conditions favorables pour recueillir de nou- veaux matériaux; si je parviens à réveiller l'attention des savants anglais et à dissiper quelques-uns des doutes qu'ils ont élevés sur l'importance et la certitude des résultats fournis par l'étude de cette branche de la paléontologie, mon but sera pleinement atteint. ! Ta. Waiçur, M. D. : On the Geology of the Nort-West Coast of the Isle of Wight, dans les Proceedings of the Cotteswold Naturalists’ Club, xol. I, p. 95, 96, 123. 125. ? J'ai des doutes sur l’exactitude de la détermination de cette espèce. 136 FLÔRE TERTIAIRE Terrain miocène (?). Je mentionnerai, en terminant, le singulier gisement de le de Mull (près de la côte occidentale de l'Écosse), décrit par le Duc d'Argyle ‘. Cette île, formée presque uniquement de traps et de ba- saltes, présente sur un point nommé Ardtun-Head, trois couches de marne durcie, remplies d'impressions de feuilles. Ces couches sont séparées par des lits de tuf et de cendres volcaniques; des masses considérables de traps et de basaltes forment le sol et le toit de ce gisement. Une couche de lignite, qui se trouve à une petite distance de là, parait correspondre à ces couches à feuilles. Le Duc d’Argyle à figuré dans son mémoire onze échantillons d'Ardtun-Head, et le professeur E. Forbes a cherché à les déter- miner ?. Quoique la plupart des empreintes recueillies soient peu déter- minables et que je n’en puisse rapporter aucune à des espèces con- nues, je partage pleinement l’opinion de M. Forbes, et n’y vois aussi qu'une florule de l’époque miocène. La présence d'un A/nus? (Alni- tes? Mac Quarrü, Forb., pl. IV, fig. 3); celle (probable) d'un Acer (Platanites hebridicus, Forb., pl. HE, fig. 5, et pl. IV, fig. 1), voisin de l’Acerites integerrimus, Vi. ; et celle d’un Rhamnus (Rhamnites? multinervatus, Forb., et Rhamnites? major, Forb., pl. IE, fig. 2 et 3); enfin, la position géologique du gisement sont autant de motifs en faveur de cette opinion. Considérations générales sur la flore éocène. Jetons un coup-d'œil comparatif sur les diverses florules des ter- rains éocènes de l'Angleterre, cherchons ensuite à comparer ce lam- beau de la flore éocène avec celle des autres pays de l'Europe, et voyons les résultats auxquels ces rapprochements nous conduiront. Reading possède à lui seul le figuier figuré par Prestwich. Cet arbre dominait autant par sa taille que par sa fréquence tous ceux qui l’entouraient. Les florules de Reading, d'Alum-Bay, de Bourne- mouth et de Corfe-Castle se distinguent les unes des autres par quelques caractères spéciaux. Chacune possède une ou plusieurs plantes qui imprimaient à la végétation un cachet particuher. Alum-Bay se fait remarquer tout d'abord par le nombre et la variété de ses légumineuses. Une dixaine d’espèces de cette famille nous sont connues par leurs feuilles. C'étaient pour la plupart des arbres de haute taille. La végétation d’Alum-Bay touche à celle de l'argile de Londres par la prédominance des plantes de cette famille, car l’ile de Sheppy en a fourni déjà #7 espèces à M. Bowerbank. 1 Quarterly Journal, vol. VIH, n° 26, 1°" mai 1851, p. 89, etc. ? Loc. cit., p. 103. DE L'ANGLETERRE. 137 Les figuiers de grande taille, à feuilles épaisses et allongées , les figuiers sycomores, à feuilles plus minces, cordiformes; l’érable, à feuilles palmées, devaient par leur abondance donner un aspect sin- gulièrement majestueux à la végétation. A Bournemouth, nous trouvons les premiers chênes, les premiers ormeaux, les premiers Rhamnus. Eux et les lauriers semblent rem- placer iei les grands figuiers et les légumineuses. La végétation de Corfe-Castle paraît monotone, car à part les divers palmiers et les touffes légères des Casuarina on y remarque guères que des arbustes à feuillage étroit et allongé. Ces quelques différences sont balancées par des ressemblances plus importantes. Le tableau ci-joint nous permettra de les appré- cier plus aisément. Ce tableau nous donne : 1° Le nombre total des espèces qui ont été recueillies dans chaque localité; 2° celui des espèces retrouvées dans d’autres localités; 3° le rapport pour cent, entre le nombre total des espèces d'une localité et celui des espèces de cette même localité retrouvées dans d’autres gisements; 4° une dernière colonne indique combien chaque localité possède d'espèces qui n’ont pas été trouvées ailleurs , en d’autres termes, le nombre des espèces parti- culières à chaque gisement. J'ai rapproché les unes des autres, d’un côté les localités dont les végétaux sont représentés par des empreintes de feuilles, et de l’au- tre celles qui n'ont donné que des fruits fossiles; il est difficile d’é- tablir une comparaison entre les localités de cette dernière catégorie, vu la richesse surprenante des unes et l'excessive pauvreté des au- tres. Comment comparer, par exemple, les trois espèces de Brack- lesham-Bay avec les cent de Sheppy. J'en excepte toutefois les couches supérieures où nous voyons la moitié des espèces de Headon, St-Helen et Bembridge passer dans le terrain éocène supérieur. Les rapports qu'offrent entre elles les localités de la première catégorie, celles dont la végétation nous est connue par des em- preintes de feuilles, sont très-instructifs. Un bon nombre d'espèces, qui apparaissent dans les couches inférieures, prolongent leur exis- tence Jusques assez avant dans les couches moyennes du terrain éocène. C'est ainsi qu'un tiers des espèces de Reading existent encore à Alum-Bay, que des trois espèces de Counter-Hill une se retrouve à Alum-Bay et à Bournemouth. Les rapports entre les florules d’Alum-Bay, de Bournemouth et de Corfe-Castle méritent aussi une mention. Plus de la moitié des plantes fossiles de Bournemouth et les */,, de celles de Corfe-Castle existent aussi à Alum-Bay; la moitié de celles de Corfe-Castle et le 1}, de celles d'Alum-Bay se retrouvent à Bournemouth et ainsi de suite. Les analogies que nous venons de constater ne nous permettant pas de distinguer plusieurs époques dans la flore éocène, il est im— possible de séparer en divers groupes isolés les florules des différents étages, Il y eut sans doute durant l'époque éocène une mutation FLORE TERTIAIRE 138 eds © 4 saramnonted s29 -194ns 2u9909 UTBIAO J, *SOH9S eULIEUI-OTANTA - Éeg-umysa[s0rig “(L99 =) & (samo) *Addous — ‘(L0=)@ (L38=)G = = ‘CLOFE) ‘(L0E= 'eT L “0pSE9-27109 |'qmomaumog CLOLE) 7, (LL0=) ET CLEeZ)T (Lee=)e “fÉeg-un[y “[LH-qun0) L |" "(NX ep ‘D umpay Q | ‘Jodns 909909 ue, Q | ‘ SeHS oUHEUW-OIAN] ge |: : ‘Arg-wueyseppoeuig æ | * * “ *. ‘019 ‘Solpu0T ADI LS SE SN Addoug ONE RSA PS) 16 | © © © © ‘ymoueumog Âeg-umIy GS | 2 Sd) 6 ++ ++ + + Suipeoy *SHLITVOOT :s099ds9 sap aiquro DE L'ANGLETERRE. 139 lente dans la végétation; certaines espèces disparurent, d’autres les remplacèrent, de nouveaux genres furent créés et les modifications qui s’introduisirent dans la végétation de cette période tendirent à la rapprocher insensiblement de la flore miocène. Le nombre des espèces connues de la flore éocène de l'Angleterre ne peut être apprécié exactement. Les diverses collections que j'ai u étudier m'ont donné 60 espèces, représentées par leurs feuilles, 15 espèces de fruits et de graines. M. Bowerbank a figuré 106 espè- ces de fruits et de graines. Ces chiffres formeraient un total de 181 espèces, en supposant que les espèces de feuilles et de fruits fussent portées toujours par des plantes différentes et en faisant abstraction de plusieurs centaines d'espèces que M. Bowerbank possède encore inédites. Nous pouvons déjà nous représenter, en quelque mesure, quel fut l'aspect de cette végétation antique, sous l'ombre de laquelle vivaient les Palæotherium, les Anoplotherium, les crocodiles, les tortues, etc., de l’époque éocène. De quelles magnifiques forêts ne trouvons-nous pas les débris à Alum-Bay et à Bournemouth! De grands chênes, des figuiers variés, des ormeaux, des pins, des noyers, des érables, des acacias , fourmissaient les arbres de haute futaie ; à leurs pieds s’étalaient les Rhamnus, les Dyospyros, quelques pro- téacées et lauriers. Le sol frais et humide de ces forêts toujours vertes était certainement recouvert d’une végétation herbacée luxu- riante, il ne nous en reste que deux fougères et deux roseaux. La plus grande partie de la terre ferme, durant la période éocène , dut être formée de collines et de vastes plaines sèches et sablonneuses. Là croissaient la plupart des lauriers et des protéacées, les Nipa, quelques conifères et un bon nombre de légumineuses. Les marais et les tourbières n'étaient alors ni si nombreux, ni si étendus qu’à l'époque miocène inférieure. Cependant sur la fin de la période éocène il existait des ruisseaux, des marais profonds et de petits lacs, leur fond était couvert par des touffes de Chara, dont nous recueil- lons encore les semences, et à leur surface nageaient peut-être les feuilles de la Nymphæa, dont M. Brongniart fait mention. Mes connaissances en géographie physique et botanique sont trop insuffisantes pour me permettre de désigner dans l’époque actuelle une contrée dont l'aspect et la végétation présentent quelque ana- logie avec ce que nous pouvons savoir de l’époque éocène. Les régions subtropicales de l'Afrique, de FAmérique méridionale ou de l'Australie offriraient sans doute quelque chose de semblable; car ni les régions tempérées, ni le sol de l’Europe, ni celui de l'Améri- que septentrionale ne présentent quelque part des conditions sem- blables à celles de l'Angleterre éocène. Une dernière question reste à examiner : Quels sont les rapports existant entre la portion circonserite de la flore éocène que nous venons de pareourir et les autres flores tertiaires de l'Europe? Ques- tion intéressante à la fois pour le géologue et pour le botaniste. Mais ei je dois me borner à soulever le coin du voile. Les matériaux que 140 FLORE TERTIAIRE nous possédons sont encore trop peu nombreux et ce n'est pas ici le lieu de traiter ce sujet dans toute son étendue. Jai dit dans l'introduction que les localités dont les flores ter- tiaires ont déjà été étudiées forment deux classes. La première, comprenant celles dont l’âge miocène n’est pas douteux, telles sont la molasse suisse, le bassin du Rhin inférieur, le gisements de Silésie, de Bohême, de Hongrie, ete. ; la seconde, celles qui jusqu'à présent ont été envisagées comme éocènes par les géologues de Vienne, ce sont : Häring, Sagor, Sotzka et Monte Promina. Comparée avec la végétation dont l’âge miocène ne peut être mis en doute, la flore éocène de l'Angleterre offre un contraste frappant. Si l'on excepte peut-être les empreintes d’une feuille de Bourne- mouth, très-semblable à la Cluiytia aglaiæwfoliu, Wess. et Web., des lignites de Bonn, aucune des espèces éocènes n’a prolongé son existence jusques dans les terrains miocènes. Les caractères géné- raux des flores éocènes et miocènes sont en outre complètement différents. Ici, les peupliers, les chênes, les ormeaux, les saules, les érables, les cannelliers, les camphriers, les noyers, les aulnes, les cormiers; là, à peine quelques traces de leur présence, tandis que les figuiers, les légumineuses, les protéacées, les nypacées, les malvacées, les sapindacées forment des forêts et des taillis d’une vaste étendue. Entre la végétation qui caractérise les couches supé- rieures des terrains miocènes et celle des terrains éocènes de l’An- gleterre, entre la flore d'OEningen et celle d’Alum-Bay, par exem- ple, il n’y a guères plus de rapport qu'entre celle-ei et la flore de l'Europe centrale. La flore des couches inférieures offre déjà beau- coup plus d’analogie avec celle des couches éocènes : Rivaz, dans notre canton de Vaud, est remarquable par sa richesse en protéa- cées et en figuiers divers. Il se rapproche par là d'Alum-Bay, en ce sens que dans les deux localités nous retrouvons les mêmes familles et les mêmes genres représentés par des espèces voisines, quoique différentes. | Îl existe donc, à partir des terrains tertiaires inférieurs, une mu- tation qui s’est effectuée lentement dans la végétation, mutation qui tendait à la rapprocher graduellement de la flore actuelle de nos climats. Et cependant il ne paraît pas qu'aucune ou presque aucune espèce ait franchi la limite de l'époque éocène pour pénétrer dans la miocène, ni qu'aucune des plantes miocènes se soit perpétuée jus— qu'à l’époque actuelle. Ce fait est d'autant plus digne de remar- que que l'étude des faunes a prouvé que plusieurs espèces d’ani- maux des mers éocènes ont passé dans la période miocène et de celle-ci même à l’époque actuelle. On conçoit du reste que les lois | applicables à la faune des mers ne puissent s'appliquer à la flore terrestre. Voyons maintenant les rapports existant entre la flore éocène de l'Angleterre et celle de Häring, de Sotzka, de Sagor et du Monte Promina. Une comparaison attentive avec les planches de MM. Unger et C. d'Etüngshausen m'a convaincu qu'aucune des espèces de la DE L'ANGLETERRE. 141 flore éocène anglaise n'existe dans ces quatre localités de l'empire d'Autriche, considérées comme éocènes. Toutefois, le D' C. d'Et- tingshausen a reconnu au Monte Promina l'existence d'une espèce de l'ile de Sheppy, Petrophiloides Richardsoni (Bowerb.), Ett. N'est-il pas surprenant que la distance peu considérable qui sépare le bassin anglo-parisien de celui de l'Autriche méridionale ait produit une pareille différence? Comment s'expliquer que sur un nombre d'espèces qui s'élève de part et d’autres à plusieurs centaines, il n’en existe qu'une seule commune aux deux bassins? Comment encore accorder ce fait avec ce que nous apprend M. le professeur Unger, savoir que sur les huit espèces recueillies par M. Th. Kotschy, dans la vallée Fe Cydous , sur le versant méridional du Taurus, toutes se retrouvent à Sotzka, malgré la distance qui sépare ces deux localités ? D'un autre côté, on a retrouvé dans la molasse suisse, dont l’âge miocène est parfaitement certain, particulièrement à Rivaz, à trois lieues de Lausanne, un nombre considérable de plantes de Häring, du Monte Promina, etc. , Si donc, d'une part, la flore éocène de l’Angleterre ne possède u'une seule espèce qui lui soit commune avec celle de ces localités de l'Autriche; et si de l’autre ces localités-ci en partagent un grand nombre avec les couches miocènes de la Suisse, n'est-il pas naturel d'en conclure que Häring, Sotzka, Sagor et le Monte Promina ap- partiennent aux terrains miocènes, tant que l'étude de la faune n’aura pas prouvé le contraire? Cette conclusion est peut-être un peu hasardée, car elle se trouve trop directement opposée aux opinions généralement admises. Elle est en tout cas prématurée, puisqu'elle repose sur des preuves que chacun n’est pas à même de contrôler, les flores d’Alum-Bay, de Bournemouth n'ayant pas encore été figurées. Elle n’en a pas moins été émise et défendue par un des plus habiles géologues de notre siècle, par L. de Buch. Le jour n’est done peut-être pas éloigné où elle sera adoptée sans difficulté. Qu'il me soit permis, en terminant, de payer un juste tribut de reconnaissance aux géologues et aux savants qui m'ont si généreu- sement facilité ce travail. Je dois à MM. J. Prestwich, Bowerbank et Salter d’avoir pu étudier les fossiles qui font le sujet de cette notice. Je dois à la générosité de Sir Rod. Murchison et de mon excellent ami, M. le professeur Salter, la collection d'empreintes de feuilles que je présente à la Société; à celle de M. Bowerbank, la série de fruits fossiles de Sheppy que j'ai l'honneur de mettre sous ses yeux. L'une et l’autre seront déposées au Musée cantonal. M. le D’ J. D. Hooker m’a fait parvenir, avec sa bonté accoutumée, un bon nom- bre de feuilles provenant des serres du jardin de Kew. Mon excellent ami, M. le professeur D' O. Heer, enfin, m'a fourni bien des déterminations et des observations précieuses. 142 FLORE TERTIAIRE Au moment de mettre sous presse, je reçois communication d’une lettre écrite à M. Ch. Gaudin, par le professeur O. Heer, à son re- tour du dernier congrès scientifique de Vienne. Je suis heureux que ces deux amis m'aient permis d'en extraire les lignes suivantes. Les faits qui y sont consignés s’harmonisent parfaitement avec mes ob- servations. Zurich, le 48 octobre 1856. « …. Durant mon séjour à Vienne, j'ai fait une revue exacte des collections de l’Institut impérial de géologie (geologische Reichs- anstalt). Get examen n'a parfaitement confirmé l'opinion que Häring, Sagor, Sotzka, Radoboy, de même que le Monte Promina sont m10- cènes et non point éocènes. J'en ai entretenu la section géologique du congrès. Les maitres de la science à Vienne étaient d'abord fort opposés à cette manière de voir. Mais je crois avoir converti à mes vues la plupart d’entre eux; le D° C. d’Ettingshausen m'a même positivement chargé d'annoncer qu'il les partage maintenant. Le Monte Promina offrit de grandes difficultés. On en a quelques mol- lusques éocènes. Mais d’abord ce sont des échantillons mal conser- vés, dont la détermination n’est point très-certaine , et secondement ce sont des mollusques marins, tandis qué le gisement des végétaux fossiles contient des Nymphea, des Nelumbium, des Potamogeton, toutes plantes assurément lacustres. Ce fait prouve indubitable- ment que le gisement des plantes ne peut être contemporain de celui des mollusques marins. » Comme il n'existe done en Autriche pas une seule localité, avee plantes fossiles, qui puisse être rapportée à la formation nummuliti- que, on peut se demander : Où est done la flore éocène? — Je n’en connais pas ailleurs qu’au Monte Bolca, en Angleterre et dans le bassin de Paris. — Je tenais donc excessivement à examiner les plantes du Monte Bolca. J'en vis d’abord quelques-unes à Munich, puis chez mon ami, M. le professeur Unger, mais un très-petit nom bre seulement. Aussi me déeidai-je à passer en Italie, comme moyen le plus sûr d'atteindre mon but, mais il ne put l'être qu'incomplète- ment. Je n’eus pas le bonheur de rencontrer Massalongo ; il était à la campagne, gravement malade, et je ne pus voir ses riches collec- tions. Cependant je trouvai à Padoue un bon nombre de plantes ter- tiaires, et parmi elles quelques-unes du Monte Bolca, soit chez M. de Zigno, soit au Musée du Jardin botanique, enfin à Milan. inc hé ce num DE L'ANGLETERRE. 143 » Je me suis convaincu que toutes sont différentes de celles de notre molasse et de celles des flores tertiaires de l'Autriche. Il est certaine- ment digne de remarque que le Monte Promina en Dalmatie partage toute une série d'espèces avec Rivaz et pas une espèce avec le Monte Bolca. Lei il existe des feuilles de figuiers très-belles et semblables à celles de l'Angleterre, dont M. le D’ Ph. Delaharpe m'a communiqué les dessins ; les Cinnamomum, Populus, Acer, Salix font entièrement défaut. Les magnifiques palmiers à feuilles digitées ou pinnées diffè- rent essentiellement des espèces de notre molasse. Bref, nous avons au Monte Bolca une flore très-différente de celle des terrains miocènes. » 14% ORIGINE AMÉRICAINE DU PLATANUS OCCIDENTALIS. NÔTE SUR L'ORIGINE AMÉRICAINE DU PLATANUS OCCIDENTALIS, L. Par M°' Ch. Gaudin. (Séance du 18 juin 18:6.) M'étant adressé à M' Léo Lesquereux pour avoir des plantes fos- siles des alluvions du Mississipi, le savant naturaliste neuchâtelois m'en à envoyé quelques échantillons qui ont été expédiés à M' Heer. Ces feuilles sont prises dans un limon qu'il est facile de dissoudre dans l’eau pour en retirer les fragments de feuilles qu'il contient. M le professeur Heer me répondit à ce sujet les lignes suivantes : « Les plantes du Mississipi offrent de l'intérêt sous plus d’un » rapport. Vous avez raison de prendre la grande feuille pour un » platane; c’est le platanus acerifolia (Willden.) que j'ai réuni au » platanus occidentalis comme variété, (Voyez Flora tertiaria, W, » p. 73), en remarquant en même temps que, selon moi, c’est à » tort que Willdenow a donné l'Orient pour patrie à cette espèce et » qu'elle appartient probablement à l'Amérique. » Les fragments que vous m'avez envoyés sont une preuve irré- » cusable en faveur de mon opinion, aussi les ai-je reçus avec un » véritable plaisir. Ce platanus acerifolia est si voisin de notre » platane fossile que je n'ai trouvé dans les feuilles aucun caractère » propre à les distinguer. Par contre, les fruits présentent quelque » différence et nous permettent de séparer l’espèce fossile de l'espèce » vivante. Vous trouverez des détails sur ce sujet dans la Flora » tertiaria. Comme nous ne connaissons pas les fruits du platane » du Mississipi, nous ne pouvons pas décider si ce dernier appar- » tient au platanus aceroïdes (Güpp.) ou au platanus acerifolia. Ce » dernier cas est cependant le plus probable. » Une feuille appartient certainement à un chêne, on peut même » dire qu'elle est très-voisine du Quercus discolor (Aït.). Celles de » hêtre sont probablement celles du Fagus americana. » Cette découverte intéressante qui fixe définitivement la véritable patrie d’une espèce, montre avec combien de raison M le professeur A. de Candolle recommande l'étude des dépôts de végétaux fossiles et spécialement de ceux qui ont immédiatement précédé la venue de l'homme. C’est un excellent moyen de résoudre plusieurs impor- tantes questions de géographie botanique. ——— — ——— LETTRE. 145 LETTRE DE M. LE PROFESSEUR OSWALD HEER A SIR CH. LYELL. Traduite par M° Ch. Gaudin. (Séance du 18 juin 1856.) Très-honoré Monsieur, . Veuillez recevoir mes remerciements bien sincères pour la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser. J'ai été singulière- ment réjoui du bon accueil que vous avez bien voulu faire à mon mémoire sur l'antique Atlantide ‘, car votre jugement à cet égard est pour moi d'une grande valeur. C'est en passant seulement que j'ai touché cette question dans mon travail, mais je me propose de la traiter plus au long dans le dernier chapitre de ma Flore tertiaire. Aux raisons avancées pour prouver l'existence d’un ancien conti- nent qui se serait étendu entre l'Europe et l'Amérique, on peut ajouter encore celle-ci que les poissons et les mollusques des côtes d'Amérique ont une analogie beaucoup plus grande avec ceux des côtes de l'Europe que ceux des mers profondes, ce qui parle en faveur d’une ancienne terre dont les rivages s’étendaient au travers de l'Océan actuel. C'est ce que confirme aussi l'identité complète des Flores des iles Féroë et de l'Islande avec la Flore européenne. La supposition de cette antique Atlantide nous explique en outre admi- rablement la différence qu'il y a entre le caractère actuel de la Flore européenne et celui de la Flore tertiaire, ainsi que le changement de climat indiqué par cette différence. Il résulte en effet des recherches de M' le professeur E. Forbes, qu’à l’époque tertiaire l'Océan indien communiquait par la mer Rouge avec la Méditerranée, et que celle-ci s’étendait du côté de la mer Noire bien avant dans la Russie actuelle. Il y avait donc une mer à l'Orient de l'Europe et ce continent ne se trouvait pas réuni à l'Asie aussi étroitement qu'il l’est maintenant. D'autre part, l’Europe était reliée à l'Amérique par le moyen de l'Atlantide. Si l’on admet cette donnée, il est évident qu’une pareille distribution des terres et des mers a dû exercer une grande influence sur le climat et qu'il doit avoir été tout différent de ce qu'il est de nos jours. Cette mer orientale et sa réunion avec la mer tropicale des Indes devaient donner à l'Europe un climat beaucoup plus chaud. Si nous admettons aussi que l'élévation absolue de l'Europe centrale était beaucoup moindre à cette époque, puisque Ja mer recouvrait nos contrées au milieu de l'époque molassique, si nous recon- naissons en outre que notre chaine des Alpes ne pouvait pas avoir son élévation et sa forme actuelles, ni exercer une influence aussi réfrigérante sur les contrées qui l’avoisinaient, nous aurons les in dices les plus propres à nous rendre raison de la température élevée 1 Ucber die fossilen Pflanzen von St. Jorge in Madeira. Mém de la Soc. helv. des sciences naturelles. Tome XV. (Trad.) 146 LETTRE. du pays tertiaire. L'étude de la Flore de ce pays nous prouve aussi d'une manière incontestable l'existence de cette haute température; elle nous montre en même temps un grand rapport entre cette végé- tation et la végétation actuelle de l'Amérique. Le monde des insectes du pays tertiaire nous a aussi fourni quelques types américains extrêmement remarquables. Il y a quelque temps que j'ai reçu d'OEningen un échantillon splendide, parfaitement conservé et long de quatre-vingt seize millimètres d’un Belostomum qui a une rare analogie avec le Belostomum giganteum du Brésil et appartient à un genre exclusivement américain. La pensée ne se présente-t-elle pas involontairement à l'esprit que nous avons dans la Flore et dans la Faune tertiaires les restes d’une Flore et d’une Faune qui s’éten- daient alors sur l'Europe, l’Atlantide et l'Amérique du Nord? A époque Pleistocène, l’Atlantide disparut sous les eaux, et les iles atlantiques, avec leurs Flores qui sont comme un écho de celle de l'Atlantide et par là même de la Flore tertiaire , sont seules demeu- rées à flot. Il se passait pendant ce temps de grands changements dans l’Europe elle-même. Le soulèvement du sol et de la chaîne des Alpes, l’envalissement du pays par les glaciers, des dénudations profondes et des déluges amenèrent la destruction du monde orga- nique qui existait alors. Comme le continent qui rattachait l'Eu- rope à l'Amérique avait disparu dans cet intervalle et que d’autre part la mer orientale s'était retirée et avait ainsi permis la réunion de l'Europe à l'Asie, c’est de l'Orient que les animaux et les plantes vinrent repeupler le pays. C’est ainsi que la Flore et la Faune de l'Europe ont acquis un caractère asiatique. Nous pouvons donc nous expliquer le fait merveilleux que la Flore tertiaire est plus voisine de la Flore américaine actuelle que de la Flore d'Europe, tandis que celle-ci se fond graduellement avec la Flore asiatique. On peut se convaincre que la végétation a été détruite par une cause générale et puissante, car beaucoup de types d'espèces qui étaient commu nément répandus dans le pays tertiaire ont entièrement disparu d'Europe. Ils se sont au contraire maintenus en Amérique et, par les soins de l’homme, ont été rapportés du nouveau monde en Eu- ropé où ils se sont répandus partout, ce qui prouve que le climat leur convient tout-à-fait. C'est ainsi qu'il y avait jadis dans notre pays tertiaire un Platane qui avait le plus grand rapport avec le Platane qui vit actuellement en Amérique. Nous en possédons non-seulement les feuilles en échantillons magnifiques, mais aussi les fleurs, les graines, les fruits en boule, les bractées et l'écorce, de sorte qu'on a pu le comparer avec l'espèce vivante. L'espèce fossile ne diffère du Platanus occi- dentalis L. d'Amérique que par ses graines plus petites et un peu moins épaisses à leur partie antérieure. Le genre Platane manque entièrement à l’Europe actuelle; ce type avait donc péri en Europe ; rapporté d'Amérique dans notre partie du monde, il y réussit admi- rablement. Je pourrais citer encore plusieurs espèces (Taxodium, Liquidambar) qui paraïent jadis la Flore de notre vieille Europe et LETTRE. 147 se sont perdues à l’époque diluvienne. Il est dans la végétation ac- tuelle certaines espèces voisines de ces dernières et qui supportent parfaitement notre climat depuis qu’elles ont été introduites dans nos contrées. On objectera peut-être que ces conclusions reposent sur des faits qui ne sont pas encore solidement établis. Permettez-moi de m'é- téndre un peu sur ce sujet, car mon ami, M'le D' Ph. Delaharpe, qui est de retour de votre pays, m'a fait part de la défiance qui règne en Angleterre à l'égard de ce genre de recherches et c'est sans doute la raison pour laquelle cette partie de la paléontologie n’a jusqu’à présent excité aucun intérêt dans votre patrie. Vous ne trou- verez pas mauvais qu'un de ses partisans vienne essayer de prouver qu'il ne s’agit pas ici d’un enfantillage, mais d’une science sérieuse qui est appelée à fournir à la géologie des matériaux importants pour la reconstruction de Fhistoire du globe et de ses créations. Il est facile de comprendre pourquoi l'étude de la Flore tertiaire w’a pas encore fait son chemin en Angleterre; on n’a trouvé dans ce pays qu’un petit nombre de plantes tertiaires; aussi n’y rencontre- t-on pas de collections considérables de cette espèce, et personne ne s’est encore occupé de cette science avec sérieux. Or elle demande une étude toute spéciale et très-consciencieuse, et le botaniste lui- même ne peut la comprendre qu'en se livrant à des recherches pré- paratoires. C’est pour lui un monde entièr. ment nouveau, au milieu duquel il faut qu'il se retrouve, car non-seulement il y rencontre beaucoup de formes nouvelles et inconnues, mais en outre, il faut qu'il emploie pour leur détermination des procédés différents de ceux auxquels il a coutume de recourir lorsqu'il s’agit de plantes vivantes. Îl en est du reste absolument de même dans la paléontologie zoolo- gique. [l semble au premier coup-d'œil que ce soit une prétention erronée, incompréhensible que celle de déterminer les mammifères au moyen d’ossements ou de dents isolées, les oursins par quelques piquants ou les insectes grâces à une seule élytre, etc., et cependant ces recherches ont donné des résultats importants et auxquels on a constamment recours lorsqu'il s’agit de jeter quelque lumière sur les modifications que la croûte terrestre a dû subir. On n’est arrivé à ces résultats qu'en se frayant de nouvelles routes pour la compa- raison et la détermination de ces animaux et le zoologue qui n'au- rait pas été en même temps paléontologue, ne les eût jamaïs décou- vertes. Il en est absolument de même du botaniste. S'il ne s’est Du occupé de la Flore tertiaire (qui est entièrement différente de a Flore des bassins houillers) et qu’on lui soumette une feuille fos- sile, il sera dans beaucoup de cas aussi embarrassé que l’entomo- logue auquel on présente Félytre d'un coléoptère ou l'aile d’un moucheron, ou que le zoologue auquel on demande la détermination d’une dent où d’un fragment d'os. Et pourquoi si ee n’est qu'il ne S'est jamais donné la peine de rechercher les caractères partieuliers aux feuilles des différentes espèces? Je conviens que je me suis trouvé dans le même eas. Je croyais qu'au milieu de Ja richesse, 148 LETTRE. de la variété infinie des formes et de la diversité (polymorphie) qui règnent quelquefois parmi les feuilles de certains végétaux, il était impossible de rencontrer des caractères solides et suflisamment étendus. Je suis néanmoins arrivé à la conviction que les diversités génériques ne sont pas exprimées seulement dans les fleurs et les fruits, mais qu'elles le sont aussi dans les feuilles et que par une étude attentive il est dans beaucoup de cas possible de les mettre en lumière. Cela est vrai de la nervation qui est déterminée par le dé- veloppement et la répartition de ses fibres. On n’a malheureusement prêté que fort peu d'attention aux nervures des feuilles et il est rare de rencontrer une feuille dessinée correctement. Les nervures sont presque toujours indiquées à faux ou d’une manière incomplète; nous pouvons nous en convaincre facilement en prenant des feuilles vi- vantes ou celles qui sont représentées par la phytotypie pour les comparer avec les dessins. On pourrait donc déjà tirer parti pour la botanique vivante, de ce que la paléontologie botanique à produit de bons résultats sur les régles de la nervation; on apprendrait ainsi à dessiner les nervures plus correctement. Il en est ici absolument comme du réseau des ailes d'insectes et de la direction des raies et des points sur les élytres des coléoptères. On ne s'est pas davantage piqué d’exactitude pour ce qui concerne ces détails, parce qu'on ne connaissait pas les lois qui les régissent et qu'on ne les a pas obser- vées. Nous croyons donc avoir trouvé dans la nervation des feuilles un moyen important pour leur détermination et être parvenu à en formuler les caractères en établissant une terminologie spéciale. Lorsque l'œil s’est enfin accoutumé à distinguer ces caractères par- fois, il est vrai, très-délicats, il saisit du premier coup-d'æil ce qui échapperait complétement à un autre botaniste peut-être aussi sa- vant et, par une longue pratique , il acquiert un certain tact qui lui montre, j'allais dire instinctivement, le chemin qu'il doit tenir. N'est-ce pas de la même façon que le botaniste expérimenté recon- nait dès l’abord les plantes vivantes, lors-même qu'elles ne portent ni fleurs, ni fruits, quand son œil s’est pour ainsi dire pénétré du port qui les caractérise? Les types des feuilles s'impriment de la même façon dans la mémoire et nous les reconnaissons avec facilité lorsque les mêmes espèces viennent de nouveau frapper nos regards. Ce n’est point que je veuille nier que beaucoup d'espèces fossiles sont douteuses, mais parce que quelques botanistes se sont prononcés un peu à la légère dans la détermination de quelques-unes , faut-il mettre en question la valeur et l'importance de cette branche toute entière? Si l'on voulait procéder de cette façon, il n’est pas de science qui ne püût être étouffée à son origine, car chacune d'elles n’est parvenue à la vérité qu'après beaucoup de fluctuations labo rieuses et beaucoup d’errements. La matrice dans laquelle le eristal doit se former n’est dans le principe qu’une eau fangeuse. C’est plus tard seulement que le pur diamant s’en dégage pour nous monder de ses feux. Et qui voudrait nier que dans la science que nous affec- tionnons, il ne se soit formé déjà un noyau solide? Il suffit pour s'en LETTRE. 149 convaincre de jeter un regard sur les résultats acquis. J'ai réussi à recueillir non-seulement les feuilles, mais aussi les fruits et parfois les fleurs, les semences , les bractées, etc. , d’un nombre considé- rable de plantes, de sorte qu'on peut les déterminer avec la même sécurité que les espèces vivantes. Îl en est ainsi des genres Glypto- strobus, Widdringtonia, Spargantum, Salix, Populus, Liquidambar, Quercus, Alnus, Betula, Carpinus, Ulmus, Planera, Platanus , Laurus, Persea, Cinnamomum, Porana, Acer, etc., ainsi qu'il est facile de s’en assurer en consultant les planches de ma Flora ter- tiaria. On peut établir ici les genres et les espèces de manière à convaincre les plus incrédules et les comparer avec les espèces vi- vantes. De plus, il en est beaucoup dont les feuilles et la nervation sont si caractéristiques que leur détermination peut être regardée comme assurée. Nous avons done un nombre considérable d'espèces qui forment un fondement solide pour notre science. Il en est d’au- tres sans doute qui n’ont en leur faveur qu’une probabilité plus ou moins grande et sur la détermination desquelles on peut être d'avis différent, mais c’est le devoir de la science de réduire mcessamment le nombre de ces espèces douteuses. Il deviendra toujours plus res- treint à mesure que l’on exhumera les plantes du sein de la terre et qu'on fera plus attention aux fruits et aux semences qui les ac- compagnent, à mesure aussi qu'on pénétrera plus avant dans l'étude de la forme des feuilles et des caractères qui peuvent en résulter. C’est ainsi que s’agrandira graduellement la terre ferme sur laquelle nous nous tenons et que le sol mouvant et mal assuré se réduira en proportion. Je puis m'appuyer à cet égard sur plusieurs expériences que j'ai faites récemment. Permettez-moi de vous en citer au moins quelques-unes. : Il y a plusieurs années que M' Unger a déterminé sous le nom de Woodwardia une Fougère dont on n'avait trouvé que quelques petits lambeaux; nous en avons maintenant des frondes entières, complé- tement couvertes de fruits et qui ne permettent pas de douter que cette plante n’ait été très-voisine de la Woodwardia radicans (Voy. Flor. tert., pl. V). J'ai représenté dans ma Flore la Lastræa helve- tica d'après un petit fragment, et mon ami M° Gaudin a trouvé récem- ment, près de Vevey, une magnifique fronde presque complète et tellement couverte de fruits qu’on peut la rapporter au genre Lastræa avec autant de sécurité qu’on le ferait d’une espèce vivante‘. On en peut dire autant de la Lastræa stiriaca dont nous possédons une antité de frondes avec leurs fructifications et où l’on peut même istinguer les sporanges et leurs anneaux *. Mes amis MM. Gaudin ét Delaharpe ont découvert aux mines de Rochette une Fougère qui S’écarte de toutes les formes fossiles connues précédemment, mais pour la forme et la nervation a beaucoup d’analogie avec les Lygo- ! Voir la planche ci-jointe, fig. 2. ? Fig.7, 8 et fig. 9 qui représente un sore avec ses sporanges et des traces de spores. La fig. 4 représente une belle espèce nouvelle trouvée à Rivaz. 450 LETTRE. dium de l'Inde, je la rapportai done à ce genre; on trouva plus tard aussi les fruits qui ont confirmé cette détermination. Quant au genre Salix , j'ai rattaché au groupe des Saules arborescents le Salix La- vateri, qui était très-répandu dans notre pays tertiaire; c’est dans ce groupe seul qu’on rencontre des Saules à trois et à cinq étami- nes. Eh bien! l'automne passé j'ai trouvé à côté des feuilles de cet arbre les châtons mâles dont les fleurs ont cinq étamines! Je pour- rais citer encore beaucoup d'exemples qui prouveraient, il me sem- ble, que ces recherches méritent quelque confiance. Je puis aussi m'appuyer sur les rapports qui existent entre le monde des insectes et celui des plantes. Îl est un scarabée rouge (Lina populi) qui vit souvent sur nos peupliers; les peupliers sont fréquents à OEningen et nous y trouvons en même temps une Lina qui est très-voisine de la Lina populi. Il s’y rencontre également une cigale très-semblable à la cigale du Frêne (C. Fraxini) et une Lytta qui a beaucoup de rapports avec la cantharide ordinaire (L. vesicatoria) ; j'ai en con- séquence annoncé depuis longtemps qu'il devait y avoir des Frênes (Fraxinus) à OEningen. Depuis lors on y a découvert cet arbre et nous en avons non-seulement les feuilles, mais aussi des fruits ma- gnifiques. C’est ainsi qu'un Glaphyrus annonçait l'existence de chardons et nous en avons recueil les fruits aussi bien que les Ombellifères dont le genre Lixus indiquait la présence. Il y a fréquemment sur le Chêne une espèce de puceron qu’une petite fourmi (Formica fuliginosa) visite pour sucer la liqueur qu'il séerète ; on voit souvent des caravanes entières de ces petites fourmis grimper le long des troncs de Chênes pour parvenir jusqu'aux puce- rons. Nous connaissons de la localité tertiaire de Radoboj un puceron fossile (je l'ai figuré dans le 3° volume de mon ouvrage sur les m- sectes tertiaires, pl. XV, fig. 2) qui est très-proche parent de ce puceron-là; nous avons de plus une fourmi (Formica occultata, m.), qui à une ressemblance frappante avec la Formica fuliginosa) et qui était si abondante à Radoboj qu'il m'en a passé sous les yeux plus de cinq cents échantillons; on connait aussi les Chênes de la forêt de Radoboj. Ne nous est-il donc pas permis d'admettre que ces pucerons tertiaires vivaient sur les Chênes dont nous avons les feuilles fossiles et qu'ils distillaient la miellée pour nos petites four- mis? Nous obtenons ainsi un ensemble complet d'êtres de l'époque tertiaire qui sans aucun doute ont vécu dans des rapports aussi m- times que les espèces analogues du temps actuel et nous fournissent le moyen de contrôler nos déterminations. Tout cela me fait espérer que la géologie ne dédaignera pas le secours que l'étude de la Flore tertiaire peut lui offrir. Le temps viendra aussi auquel les botanistes trouveront quelque intérêt à re- chercher dans quels rapports la création végétale actuelle se trouve avec celles qui ont disparu, où ils voudront connaitre l'arbre généa- logique des espèces qui réjouissent maintenant nos yeux par leur luxuriante végétation. Eux aussi finiront par être convaincus que la paléontologie botanique est en état de nous dévoiler les résultats les # Anst _5 Lastraea helvetica. 6 Lastraea dalmatca 7 8 Lastae: Osmunda Heern Gaud 2 LETTRE. 151 lus importants sur les centres de création et les stations premières es espèces végétales , ainsi que sur leur distribution sur la surface du globe. Du reste, je ne suis pas inquiet pour l'avenir de l'étude de la Flore tertiaire. Je suis convaincu que ce nouveau rameau de la science saura se frayer un chemin et que le temps viendra où il ne sera plus permis d'ignorer les résultats de ses recherches. Mais si les hommes que nous honorons comme nos guides dans la géologie voulaient bien adopter cet enfant si méprisé des temps modernes, nul doute que son développement ne devint plus rapide et plus réjouissant à la fois. C’est là, très-honoré Monsieur, la raison pour laquelle, au risque de mettre votre patience à une rude épreuve, j'ai pris sur moi de vous écrire aussi longuement. En vous réitérant l'assurance de ma haute considération, je suis votre bien dévoué, D° Oswald HEER, professeur. MOIS. Mars . .. ANTIL + + Année Résumé couvre Janvier . . . Février . . . MAS 2 L'TNSR EM Joiliét, à. . ONE U Se à Septembre . Octobre. . . Novembre . Décembre . Ë ÉCOLE SPÉ Note LS55. DCR CET AT ei pal CE EUR | HAUTroMBÉE CI LE en LE É 5 E A | £ S = 8h. | m| Pluie. Sa Si: fois Tois Tois Tois 719,17/74!| 2 09,21! O!! 140 1 10,44] 11! 42 16,41! 41! 9 (l 1 15,59| 1! 19 1 5 48,37| 1|| 12 ÿ 18,07| 1!| 435 6 19,59| 1 6 6 18,68] 1!| 11 5 14,09! 1! 47 3 2 15,84] 1! 41 1 16,27] 411 2 4 4n Ê ns 4rtmaoa A uN 5... 1457359 se LO20 OÙ OBSERVATIONS. Les 25, 26 et 28 juillet, secousses de tremblement de terre à Lausanne. Le 140 du même mois, de 2 à T heures du soir, la température s'est abaissée de 9 degrés; elle était à 2 heures de 19,58. OBSERVATIONS FAITES PENDANT L'ANNÉE 1855. " É Latitude Nord . . ....... 46° 51 25”1 ; AUS SUSPENSE 145359 ÉCOLE SPÉCIALE DE LAUSANNE Longitude Est de Paris . . .. 417 56° 6 | HAUREUR » de la mer | re ere col 520"30 HAUTEURS MOIS | a ——— HAUTEUR en millimètres, MOYENNE du baromètre, à 0 degré. —. — — 8 h. midi. es] PA G = EXTRÊMES aux heures d'ob- servation. — mm Maxim. = Minim. DIFFÉRENCE. TEMPÉRATU!E MOYENNE en degrés centésimaux. Re 8 h. midi. 9h: 4h. TEMPÉRATURES extrêmes, abso- lues. . Maxim.| Minimum DIFFÉRENCE. EAU TOWBÉE Pluie. Neige. — fois fois Brouillard. OBSERVATIONS. | Grésil, Grêle. 719,17 09,21 10,44 | 46,1 15,59 18,357 18,07 19,59 18,68 14,09 15,84 16,27 719,15 09,50 10,04 16,59 13,15 18,08 17,66 19,26 18,63 14,00 15,67 16,2 718,75|718,74 09,23] 09,15 10,17| 10,00 16,10! 15,88 12,05! 19,65 17,85| 17,62 17,58] 17,56 18,76| 18,88 18,30] 17,94 15,60! 15,37 15,50! 45,53] 15,65| 21,58 15,87| 15,92] 16,07] 27,20 715,57|715,25 715,51 |725,65 718,94 09,27 10,16 16,19 15,05 17,98 17,62 19,07 18,59 15,76 729,84 17,07 20,74 25,82 21,00 24,95 23,41 22,45 25,41 26,55 707,24 691,97 691,57 705,83 14,07 10,05 06,15 14,74! 07,80) 697,19: 705,79 705,91 704,75 22,60 25,10 29,57 17,94 6,55 14,88 17,26 7,69 17,61 —9,27|—0,05 4,47| 4,55 3,22| 5,56 7,33| 9,46 10,91! 15.14 15,86| 17,94 18,51! 19,76 18,46| 20,80 14,42] 16,81 29,14! 10,41| 12,69 15,59] 3,28] 4,90 25,29|—2,77| —0,49 18,90] 8,22] 10,41 0,22 3,09 5,85 10,55 15,60 18,65 20,48 21,62 17,55 12,69! 13,07 4,97| 4,47 —0,55|—1,52 10,74] 10,59 —0,19 3,71 5,69 10,55 15,42 18,75 20,57 21,55 17,19 5,28|— 9,18 8,62|— 8,94 11,85|— 6,40 20,10|— 1,10 12,77| 22,20 1,50 17,79125,90| 5,80 19,75125,10| 9,80 20,56, 26,60! 10,50 16,41122,10| 5,30 12,22116,00| 3,90 4,41| 8,60|— 2,60 —1,28| 5,60|—15,70 9,99/16,49|— 0,61 Les 25, 26 et 28 juillet, secousses de tremblement de terre à Lausanne. Le 10 du même mois, de 2 à 7 heures du soir, la température s'est abaissée de 9 degrés; elle était à 2 heures de 19°,58. Janvier . . . Février . . . Juillet . .. | AOùE . | Septembre . | Octobre. . . | Novembre . Décembre . | 735,78|715,6 9 OI Où © EX O1 Année ra 1 Ddeloame t 1 + au dessus Dulac de T3 De 520% 30. np TS MERE TR FES | hum mm | 1° | EE, pa | | 1! +- { _ TT 2 | } | | | | (Eee Q | | | LL Li | LB ra | e | [l mp mm POI 8 Fr art [l | | | Î | l | | | | | | î | [AR AE hp _—— 1 | | | "|« és RE «1 | Pe | | | 2 2] À | |: eue °° . Ê ANrE TT 199 | LE L = EAU CS) | pag ». HEC Les - Le rune Dessusde Qumet, De 520 30. Dessus dw lrede 14539 > ewee/: AU «1855. Se sEaltiowcst nt » auue U $ peudaut (P œube U s| ique l D 1e 2] coto ; serçatrouus amet ECOLE SPÉCIALE DE LAUSANNE J. 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Delaharpe Sur les formations modernes dans le canton de Vaud, par M. A. Morlot Observations ozonométriques , par M. G. de Rumine Sur les images par réfraction , par M. L. Dufour . . . .., Fossiles du lias, recueillis à Montreux, par M. A. Morlot . Sur les végétaux fossiles de Schrotzburg, par M. A.-F. Fol Sur quelques géomètres suisses, par M. J. Delaharpe . Tableaux météorologiques de 1856, par M. J. Marguet. Tome Y. | N° 40. SOCIÈTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES. ——@ 5° @ 5 Os —— PROCÈS-VERBAUX. Séance du 5 novembre 1856. — M. Dutoit, professeur de ma- thématiques à Lausanne , présenté par M. Louis Dufour , est admis comme membre ordinaire. M. E. Renevier dépose sur le bureau le prospectus d’une carte géologique d'Europe, dressée par M. A. Dumont et publiée par les soins de M. E. Noblet, à Paris (rue Jacob, 20). Sur la proposition de quelques membres, la Société décide d'adresser ce prospectus à la Commission cantonale des musées et de la Bibliothèque avec la prière d'en recommander l'achat au Conseil d'Etat pour la Biblio- thèque cantonale. Le Secrétaire donne lecture d'un fragment extrait du Courrier du Valais du 26 août 1856, relatif à une réunion scientifique tenue à la même époque aux bains de Louesche. —…. M. Ph. Delaharpe rapporte que depuis la dernière séance M. Ch. …. Gaudin à traduit et publié dans le Bulletin, une lettre de M. O. Heer au professeur Forbes, sur l'époque tertiaire. Cette lettre est aceom- à pagnee d'une planche représentant des feuilles fossiles remarqua- bles des environs de Lausanne. M°° de Rumine à fait les frais de cette planche. La publication à eu lieu avant que la Société püt prendre connaissance du contenu de cette lettre , afin de profiter de l'occasion , M. C. Gaudin voulant la publier sans retard. … M. E. Renevier communique une lettre de la Société des sciences naturelles du Wurtemberg, proposant à notre Société d'échanger ses publications en retour des nôtres. Le bibliothécaire est chargé d’adres- ser à la Société du Wurtemberg un exemplaire aussi complet que possible de la série du Bulletin. 154 SÉANCE DU D NOVEMBRE 1856. M. L. Dufour place sous les yeux de la Société des spécimen de reproduction de feuilles et d’autres objets minces , tels qu’on les publie à Vienne (Autriche) sous le titre de Naturselbstdruck. M. Dufour décrit les procédés employés pour cette reproduction. Il rap- porte ensuite qu'à Vienne, en combinant la photographie avec le grossissement du microscope solaire, on reproduit le dessin grossi d'objets microcospiques avec une extrême précision et une netteté suffisante. M. J. Delaharpe donne lecture de deux portions de lettres de M. Rapin, membre de la Société, datées de Genève. L’une de ces lettres relève quelques faits inexacts rapportés dans le Bulletin (n° 38, p. 52) au sujet des productions végétales appelées queues de renard. « Comme vous, dit M. Rapin, j'admets que les queues de renard proviennent souvent du développement capillaire des racines des arbres voisins et tout particulièrement des saules , lesquelles péné- trent les tuyaux à demi décomposés. Ces développements capillaires des racines acquièrent souvent plusieurs mêtres, et comme ils se ramifient à l'infini, ils ne tardent pas à obstruer complètement les conduits d’eau. Ainsi sur ce premier point de votre notice je partage entièrement votre opinion. Sur le second je me permettrai une ob- servation. Quand les queues de renard ne sont pas des racines de- venues capillaires par leur contact avec le courant d’eau, ayant une véritable écorce et un centre ligneux, elles sont noirâtres extérieure- ment, anastomosées, souvent aplaties, sans écorce proprement dite ni centre ligneux ; c’est alors un champignon (Rhizomorpha fragilis) qui prend naissance entre l'écorce et le bois, pénètre les tuyaux pourris et y atteint aussi une longueur considérable. Les tuyaux de fontaine sont encore exposés aux envahissements de quelques autres champignons, mais qui ne rentrent point dans la catégorie du genre de végétations qui fait le sujet de cette observation. Je ne nie point la possibilité d’un développement de racines adventives, puisque nous les voyons journellement se montrer sur certaines espèces ; mais elles ne se sont jamais rencontrées sur les pins et sapins qui sont les seuls arbres employés dans ce pays à la confection des tuyaux. Nos arbres résineux ne repoussent jamais de tiges; ils ne peuvent être cultivés en taillis, seconde preuve qu'ils ne sauraient fournir en aucun cas des racines adventives. Au reste, les caractères physiques de cette seconde espèce de queue de renard, ne laissent aucun doute sur sa nature ; quand vous l'aurez observée encore une fois, vous reconnaitrez avec moi qu’elle appartient à la famille des champignons. » M. Rapin ajoute : « J'ai lu encore dans le même numéro 38 du Bulletin quelques articles sur lesquels j'ai fait une annotation. M. E. Chavannes a donné la description d’un Leucoïum vernum ayant une tache verte sur l'extrémité des divisions du périgone et des éta- mines orangées, ce qui laisse à supposer qu'il en connaît une autre n.. SÉANCE DU D NOVEMBRE 1856. 155 variété; quant à moi, j'ai toujours rencontré le Leucoium vernum tel qu'il le décrit dans sa note. » « M. Duflon cite un épi de mais mâle devenu femelle et un autre demi mäle et demi femelle. Cette transformation est très-fréquente ; la panicule terminale du maïs renferme souvent des fleurs femelles fertiles ; on peut produire à volonté ce phénomène, en coupant la tige au-dessus du premier nœud dès qu'elle commence à monter ; il s'en développe bientôt après une seconde beaucoup plus courte qui ne porte jamais qu'un seul épi terminal , ordinairement rameux et presque entièrement femelle et fertile. Ayant cultivé l’an dernier quelques milliers de plants de mais, un coup de vent en abattit quel- ques centaines qui me donnèrent tous un second chaume terminé par un seul épi femelle fertile. » « A propos de la multiplication de certaines espèces , M. Rambert cite celle de la Veronica Buxbaumi, qui était fort rare dans un temps. Comme j'herborise depuis plus de 40 ans, mon opinion doit compter pour quelque chose. Dans ma jeunesse on ne connaissait que deux localités pour cette plante, celle des Devens (Bex) où l’on disait qu'elle avait été semée et celle de Plaimpalais. Depuis lors, je l'ai retrouvée sur plusieurs points de la Côte, à Nyon même, où ni M. Gaudin, ni M. Monnard ne l'avaient jamais rencontrée, ni moi dans le temps que j'herborisais avec Gaudin. Depuis que j'habite le canton de Genève, je l'ai vue dans plusieurs localités. Cet exemple de propagation ne prouve rien à mes yeux, sinon que cette espèce appartient à la catégorie des plantes qu'il suffit de semer dans des conditions favorables de latitude pour leur faire acquérir un droit d'indigénat. Cette question étant très-complexe, puisqu'elle entraine nécessairement avec elle la question de la transformation de l'espèce, je ne me permettrai point de la développer ici. Au reste, elle appar- tient tout particulièrement à l'avenir de l'humanité et non pot au résent; celui-ci n’est encore appelé qu'à l’enregistrement des faits isolés qui devront servir de jalons pour arriver à la connaissance de l'histoire des êtres organisés. » M. J. Delaharpe confirme les faits énoncés par M. Rapin; après la réception de sa lettre il a examiné de rechef les queues de renard anastomosées , et il a trouvé que l'espèce d’écorce noire qui les re- couvre n'est qu'une pellicule brune, à l'intérieur de laquelle vien- nent s'attacher des faisceaux de filaments non vasculaires, quoique assez tenaces. Ce tissu filamenteux donne par écrasement une sorte de duvet cotonneux dans lequel on ne découvre aucune apparence de vaisseaux. C’est done un champignon fibreux. M. Rapin, dans sa lettre à M. J. Delaharpe, pense qu'on prévien- —… drait la formation de ce parasite en plongeant les bois, servant aux conduits, dans une solution de sulfate de cuivre, pendant un temps suffisant et en les goudronnant en dehors et en dedans. M. Delaharpe estime que l’on atteindrait le même but , sans frais, en écorçant les extrémités des tuyaux, puisque le champignon se dé- 456 SÉANCE DU D NOVEMBRE 4856. veloppe sur le liber et ne s’étend qu'en rampant entre lui et le bois. Il ne s’introduit dans les tuyaux qu’à la faveur des jointures et ne traverse pas le bois s’il n’est pas pourri. M. R. Blanchet place sous les yeux de la Société, au nom de M. Blanchet de Bahia (présent), une série d'échantillons de fougères du Brésil, dont il présente le catalogue, renfermant 80 espèces environ. Le même membre rapporte qu'il a observé cet hiver dans plusieurs jardins et en particulier dans celui de M. Haldimand , au Denantou, une nouvelle conifère, le Cryptomeria japonica. En examinant les fleurs, il a été surpris de voir les châtons mâles et femelles se pro- longer en une branche portant feuilles, l'axe floral qui traverse le châton se développer ensuite en axe foliacé. On voit cela très-rare- ment dans des cônes de sapin; mais sur ce nouvel arbuste, cette modification est fréquente. M. Blanchet a même trouvé un cône mr de Cryptomeria, chez lequel l'axe foliacé avait persisté et avait la forme d'un ananas en miniature. Le Cryptomeria passe facilement les hivers dans notre pays, il fleurit très-jeune; M. Haldimand en possède un individu qui a 8 pieds de haut et qui porte déjà des fruits mûrs. M. Bessard expose divers objets recueillis en creusant un canal dans les marais de la Broye, ce sont : L° un fragment de bois de frêne moitié réduit en lignite ; 2° un vase en terre de la forme d’une jatte, sans pied, trouvé parmi des débris romains; 3° une racme de Typha fort grosse; 4° une espèce de fuseau en grès très- dur , légèrement conique à ses deux extrémités , dont l’usage lui est imconnu. Enfin 5°, un fragment de mâchoire de petit carnassier recueilli dans la molasse près de Moudon. M. Ph. Delaharpe remercie M. Bessard et le prie de continuer ses recherches sur les débris végétaux enfouis sous les tourbes des bords de la Broye, puisque l'étude des végétaux de l’époque quater- naire est encore à faire. M. L. Dufour relève une omission commise dans le procès- verbal du 7 mars 1856. M. C. Dufour, dans cette séance, a rappelé, à l’occasion des migrations de plantes, que le Séachys lanata, plante étrangère à notre flore, existe à Lasarraz depuis 1815, époque où des convois de cavalerie hongroise déposèrent, à ce qu'il paraît, les semences de cette plante dans cette localité. M. Ph. Deluharpe complète sa communication sur l’éocène d’An- gleterre , faite à la séance annuelle précédente. Les renseignements nouveaux qu'il a obtenus depuis sa première communication ont été imprimés dans le Bulletin qui va paraitre. Il donne la série des terrains qu'il a étudiés, depuis l’éocène jusqu'au pliocène , telle qu’elle résulte des recherches les plus récentes de M. O. Heer. | Ar SÉANCE DU 5 NOVEMBRE 1856. - 157 Ouvrages reçus depuis la dernière séance * 1. De la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille : Sur la constitution et la suspension des nuages, par M. Delezène. 2. De M. Mortillet, à Annecy : Sur l'endiguement des rivières tor- rentielles des Alpes, broché. (Extrait du Bulletin de l'Association florimontane. ) 3. De la Société d'histoire naturelle du Wurtemberg : Jahreshefte, etc. 12° année, 1°" et 2°° cah. &. De la Société des sciences naturelles du Luxembourg : Me- moires, etc. t. 3. 1855. 5. De l’Académie royale des sciences de Munich : a) Annalen der kœnigl. Sternwarte, 8° année. — b) Gelehrte Anzeige, v. 4 ; — €) Ueber die Gliederung der Bevælkerung des Kænigr. Bayern. Festrede. V. Hermann. 1855. 6. De la Société impériale d'Agriculture de Lyon : Annales, etc., t. Get 7. 1855. 7. De la Société Linéenne de Lyon : Annales, etc., t. 2. 1855. 8. De la part de M. Jourdan : a) De l’origine des diverses variétés et espèces d'arbres fruitiers, par M. Jourdan. Lyon. — b) Mémoire sur l’Aegilops triticoides, par le même. Lyon. 9. De la Société des sciences naturelles et médicales de Malines : Annales, n° 10, 11 et 12. 10. De la Société minéralogique et zoologique de Ratishonne : a) Mémoires, etc. 6° et 7° cahier. — b) Correspondenzblatt, ete. 9° année. — c) Quatre tableaux pour la monographie des Sylvies d'Europe, par le comte de Mühle. 1856. 11. De M" la comtesse de Rumine : Petermann’s geograph. Mit: theilungen, 1856, cah. 6, 7 et 8. 12. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Mémoires et comptes rendus, etc. janvier-mars, 1855. — Bulletins, ete., avril- août. 1856. 13. De la Société géologique de France : Bulletins de, ete., 1. 19, fol. 61-65; t. 13, fol. 8-14, 15-19. 1%. De la Société géologique de Londres : Quarterly Journal, vol. XII, n° 45. 15. De la Société des Sciences naturelles de Bâle : Verhandlungen, etc., 3° cah. 1856. 16. De l'Association florimontane d'Annecy : Bulletin, ete., avril et mai, 1856, n° 4. 17. De la Société physico-médicale de Würzbourg : Verhand- lungen, ete., 6° vol. 3° cah. 158 SéANCE DU 19 vovemere 1856. 18. De la Société pour la médecine légale en Allemagne : Cor- respondenzblatt, par M. le D° Eulenberg. Année 1854. 19. De M. Aloïis Desloës : Traduction de l'ouvrage de M. Heier sur l'influence de la lumière sur le développement des essences fo- restières. Lausanne , 1856. Séance du 19 novembre 1856. — M. Guillermim, ingénieur, présenté par M. Ph. Delaharpe, et M. Pellis fils, ingénieur, présenté par M. L. Dufour, sont reçus membres ordinaires de la Société. L'assemblée s’occupant dans cette séance de la nomination an- nuelle du Bureau, choisit à cet effet : Pour président, MM. Marcel, docteur, vice-président actuel. » vice-président, Delaharpe fils, docteur, sous-secrétaire actuel. » Caissier, Bischoff, professeur. » archiviste, Sylo. Chavannes. » secrétaire, J. Delaharpe. M. L. Dufour entretient la Société d'expériences curieuses dont il a été témoin à Vienne (Autriche) et qui ont pour but de constater l'influence de l'électricité sur les jets d’eau. Si l'on approche un corps électrisé, un bâton de cire, par exemple, du jet d’eau au moment où l’aigrette liquide se forme, celle-ei n’a pas lieu et le jet conserve sa forme cylindrique jusqu'à son sommet. Dans le cas où, au contraire, on approche l’électrophore de la base du jet, l’aigrette se forme à l'instant. L'expérience est répétée sous les yeux de l’as- semblée. Les diverses explications proposées pour expliquer ces phénomènes ne peuvent être jusqu'ici envisagées comme satisfaisantes. On demande si ces phénomènes ne se reproduisent pas peut-être, en grand, dans la nature. M. Brélaz fait remarquer à cette occasion que si un filet d’eau mince tombe d’un vase électrisé et isolé, le filet se dissémine aussitôt après sa sortie, surtout si l’orifice du vase est en verre. M. Dutoit, professeur de mathématiques, fait une première com munication sur la formule de l'intérêt composé au point de vue in- finitésimal; en supposant la capitalisation de l'intérêt continue, semblable au mouvement uniformément accéléré. (Voir les mé- moires.) M. Zollikofer donne la description du glacier de Macugnaga , au haut du val d'Anzasca ; il accompagne sa description d’une coupe du glacier et de ses moraines. (Voir les mémoires.) M. Morlot expose le panorama des Alpes vues de la cathédrale de Lausanne. Ce panorama a été relevé d’après la méthode gra- phique de M. le professeur Simoni, à Vienne. LT LE SÉANCE DU 3 DÉCEMBRE 1856. 159 M. Ph. Delaharpe présente de la part de M. Berthoux, à Morges, un fragment d'humérus fossile trouvé au pied de la Tour d’Aï. La roche qui le renferme appartient très-probablement au Portlandien et l'os à un Saurien : ce fait établirait un rapprochement intéressant entre le Portlandien des Alpes et celui de Soleure , assez connu par ses ossements fossiles. Ce morceau a été acquis par le Musée de Lausanne. M. À. Chavannes D’, rappelle, au sujet d’un nid de frelons présenté par M. Marcel, ce qui se passe chez ces vespiaires sociaux: les fe- melles seules survivent à l'hiver, au printemps elles pondent des œufs d’ouvrières qu’elles élèvent. Celles-ci continuent alors la con- fection de la demeure à laquelle la femelle ne travaille plus, elle continue à pondre pendant l'été des œufs d’ouvrières. En automne seulement apparaissent les mäles et les femelles qui s’accouplent avant l'hiver dont les rigueurs détruisent l’ancienne société. Ouvrages reçus depuis la dernière séance : 1. De la Société des sciences naturelles de Neuchâtel : Bulletin, etc. , t. IV, 1° vol. 2. De M. C. Gaudin : Lettre à M. Lyell, par M. O. Heer ; tra- duite de l’allemand. (Extr. du Bulletin, n° 39.) Séance du 3 décembre 1856. — M. Dufour-Guisan, présenté par M. Gonin, est reçu membre ordinaire de la Société. M. Bischoff expose les divers procédés employés dans les labo- ratoires et ailleurs pour utiliser le gaz à éclairage comme moyen de chauffage. Il met en jeu des chalumeaux au gaz d'un nouveau sys- tème. Il présente un instrument de l'invention de Bunsen, destiné à maintenir le courant de gaz au taux nécessaire pour entretenir dans un liquide chauffé par lui, la chaleur que l’on désire, d’une manière parfaitement constante. M. Renevier rapporte à cette occasion qu'il a vu en Angleterre des foyers de chaleur au gaz, dont la grille était garnie d'amianthe que la combustion du gaz maintenait à l’état incandescent. M. Ph. Delaharpe ajoute qu’en Angleterre la chaleur du gaz est chaque jour mieux utilisée dans les arts. M. J. Delaharpe fait part à la Société du résultat de quelques études géologiques qu'il a faites l’été passé au pied du Mont-blane. Ses études portent essentiellement sur les relations du terrain an- thracifère de St.-Gervais avec les terrains subjacents et superposés. (Voir les mémoires.) 160 SÉANCE DU Â7 DÉCEMBRE 1856. M. Blanchet ajoute quelques mots relatifs aux gypses de la Savoie et du Valais. M. S. Chavannes raconte ce qui se passe sur lui-même lorsqu'il considère pendant un certain temps une portion limitée d’un arc- en-ciel. Au bout de quelques minutes les couleurs disparaissent, sans que la trace de l'arc devenue terne s’efface complètement à sa vue. S'il détourne la vue ou ferme les yeux, les couleurs reparais- sent, pour se dissiper de nouveau au bout d’un instant. En fixant une portion verticale de l’arc-en-ciel, la disparition des couleurs à lieu plus vite que s’il arrête ses yeux sur une portion horizontale. Lorsque les couleurs disparaissent, il ressent dans l’organe de la vue une tension, une sorte de fatigue. Cette tension peut cesser par un effort de volonté et les couleurs se montrent de rechef. La dis- parition des couleurs s’opère des deux bouts de l'arc vers son centre. M. Chavannes demande comment ii est possible d'expliquer ce phé- nomèêne. M. Ph. Delaharpe rapporte que M. C. Gaudin, peu de temps avant son départ pour l'Italie, a recueilli deux dents de Paleothe- rium magnum dans le sidérolitique du Mauremont. Maintenant le nombre des restes de vertébrés trouvés dans ce sidérolitique s’est sensiblement accru, et il conviendrait d’en faire de nouveau l'inven- taire. Nous connaissons déjà 41 pachidermes, 3 carnassiers (au moins), 2 rongeurs, À crocodile, À tortue, À lacertien , quelques poissons et plusieurs espèces indéterminées. M. C. Gaudin écrit de Florence à M. Ph. Delaharpe, qu'il a reconnu dans le pliocène d'Italie plusieurs espèces d'arbres très- voisins de ceux de notre époque ou identiques avec eux; ainsi des pins, des ormeaux, etc. Depuis la dernière séance, la Société a reçu : 1. De M”° la comtesse de Rumine : Petermann's geograph. Mit- theilungen, 1856, n°*° 9 et 10. 2. De la Société des sciences naturelles de Fribourg (Brisgau) : Berichte, etc., n°° 14 et 15. Séance du À7 décembre 1856. — M. H. Isler, présenté par M. le professeur Wiener, est reçu membre de la Société. M. Dutoit, professeur, continue l'exposition qu'il a commencée dans l’avant-dernière séance, sur le développement infinitésimal de la formule de l'intérêt composé. (Voir les mémoires.) M. L. Dufour, professeur, revient sur la question de l'influence de la chaleur sur les variations de l'intensité magnétique des aimans. (Voir les mémoires et les séances des 21 mai et 18 juin 1856.) 1 Le mémoire de M. Dufour paraîtra, nous l’espérons, dans le prochain N° du Bulletin. ET EE < SÉANCE DU 47 DÉCEMBRE 1856. 161 M. J. Delaharpe continue l’exposition de la géologie des environs de St.-Gervais, qu'il a commencée dans la séance précédente. (Voir les mémoires.) Après lui, MM. Ph. Deluharpe et E. Renevier exposent les ré- sultats auxquels M. Scipion Grass est arrivé par l'étude des mêmes terrains en Maurienne ; ils ne peuvent expliquer les divergences qui existent dans les observations, qu'en admettant que M. $. Grass a été induit en erreur sur la position et le nombre des couches du terrain anthracifère par les dislocations nombreuses qu'il avait sous les yeux ; disloeations qui ne paraissent pas exister près de Saint- Gervais. M. À. Chavannes, D', donne un apercu de la classification zoolo- gique à laquelle il donne la préférence, en se basant essentiellement sur la subordination des caractères zoologiques déduite de leur valeur relative. Pour lui, le système nerveux et ses dépendances occupent la première place dans la classification des animaux. En partant des caractères fournis par ce système, la classification de Cuvier se trouve fautive sur plusieurs points : celle de de Blainville l'est encore davantage. Rudolphi, Treviranus et Ehrenberg ont été plus heureux à cet égard. Le premier divise d’abord les animaux en phaneroneura et en cryptoneura : le second traduit la division de Cuvier en Schädel-Thiere et Schädellose-Thiere : Ehrenberg admet d'abord deux grandes divisions, celle des vertébrés et des invertébrés , ou des mieloneura et ganglioneura. M. A. Chavannes, partant des mêmes principes, voit dans le sys- tème nerveux trois centres; de là, trois types d'animaux qu'il nomme : 1° Animaux ayant les trois centres et plus spécialement un en- céphale. Encéphalozoaires ou vertébrés. 2° Animaux sans encéphale, mais ayant un système rachidien et des ganglions. Mielozoaires. Articulés ou insectes. 3° Animaux à système ganglionaire seul. Gangliozoaires. Mo- lusques et radiaires. En s’attachant à la localisation du système nerveux, Les cephalozoaires deviennent des rachioneura ; Les mielozoaires » des gastroneura ; Les gangliozoaires » des œsophagoneura. Chez les animaux où le système nerveux est inconnu , M. Cha- vannes pense que sa ténuité seule le rend inaperçu. Une discussion s'engage à la suite de cette communication. MM. Chavannes, L. Dufour, E. Renevier et J. Delaharpe y pren- nent successivement part. La Société reçoit dans cette séance : De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletin des séances du 17 octobre et du 7 novembre 1856. 162 SÉANCE DU 7 JANVIER 1857. Séance du 7 janvier 1857. — M. Zollikofer, en présentant à la Société, de la part des auteurs, deux opuscules géologiques sur la vallée du Pà, donne quelques détails sur les sujets traités dans ces mémoires. (Voir aux annonces de livres reçus.) Le premier de ces mémoires, intitulé : Essai sur les terrains superficiels de la vallée du Pù, aux environs de Turin, comparés à ceux de la plaine Suisse, a pour auteur MM. Ch. Martins et B. Gastaldi. On y trouve quelques détails curieux sur les anciens glaciers descendus des Alpes par les vallées méridionales. Le second, dû à M. B. Gastaldi (Apunti sulla geologia del Piemonte), est spécialement destiné à relever une erreur de M. Sismonda qui a décrit dans les Bulletins de la Société géolo- gique de France un énorme bloc erratique de serpentine comme une éruption locale de cette roche. Le même membre entretient la Société des découvertes qui ont été faites au lac de Hoffwyl, pour autant qu’elles intéressent la géologie : il place sous les yeux de l'assemblée le moule d’une vertèbre Atlas trouvée dans ce lac et appartenant vraisemblablement à un cerf gi- gantesque. Cet os était accompagné d’une grande quantité de débris d’autres ossements, de haches en pierre, de dents d'animaux, etc. M. J. Delaharpe donne communication, au nom de son fils, d’une lettre de MM. Mathews, de Birmingham, qui ont fait l’été passé l'as cension du mont Combin. Ces Messieurs ont trouvé à cette occasion que la sommité la plus élevée du massif n’est point le grand Combin, mais bien la pointe de Graflineire, formant sa partie Est et s’étendant parallèlement à la vallée de Bagnes. Cette pointe est inaccessible à l'Est, à l'Ouest et au Nord ; il serait possible d’en tenter l'ascension en partant du col qui unit à leur origine les glaciers des Corbas- sières et du mont Durand du côté Sud. La carte de Studer n’est d’ailleurs pas exacte sur ce point des Alpes. Le grand et le petit Combin ne sont point situés au haut du glacier des Corbassières, mais sur son flanc occidental, entre lui et la vallée d’Orsières. Deux pics élevés occupent la place où se trouve le grand Combin sur cette carte ; ils se continuent au Sud-Est avec les rochers du Mont-Avril. M. Bessard, de Moudon, présente à la Société deux échantillons d'Ammonites qui proviennent du couvent de la Part-Dieu près Bulle. M. Renevier reconnait l’une d’elles pour l’Am. plicatilis de l'oxfordien. M. le D° Marcel place sous les yeux de l'assemblée les cercles osseux de la sclérotique des yeux d’une autruche placée dans les collections du Musée cantonal. Le même membre entretient la Société des essais d’auscultation qu'il a pratiqués avec M. Ph. Delaharpe sur une autruche vivante en passage à Lausanne ; il a trouvé : 1° que l'inspiration est à l’expi- ration : : 5: 2; 2° qu'il existe un grand intervalle de silence après chaque expiration, ensorte qu'une respiration entière dure de 12 à 15//; 3° que le grand temps de repos, l'inspiration et l'expiration, se succèdent dans le rapport des nombres 7, 5 et 2. Ce SÉANCE DU 7 JANVIER 1857. 163 n’est pas là précisément ce que l’on a écrit sur la respiration des oiseaux ; #° qu’il existe un bruit de souflle doux tout le long de la colonne vertébrale jusqu’au. sacrum , bruit qui provient sans doute de la pénétration de l’air dans les sacs aériens. Passant à l’auscultation de la circulation, ces Messieurs ont observé: a) qu'elle s'entend mieux à gauche qu’à droite, derrière que devant ; b) que le premier bruit est plus fort et que le second est plus sec et plus court; c) qu'il existe un intervalle notable , 1/// environ, entre les deux bruits ; d) que le grand intervalle dure 2 ‘/, à 3°”; e) que chaque systole et diastole s'exécute de manière à donner de 15 à 18 battements par minute. IRON; Outre ces bruits, on perçoit encore ceux des gaz intestmaux et surtout celui du broyement du gésier. Celui-ci est irrégulier et très— fort, semblable au bruit d'un sac de pierres agité. Les bruits intes- tinaux sont plus courts et plus secs que chez l'homme, c’est une sorte de craquement. M. Zollikofer présente à la Société, de la part de M. Morlot, un mémoire dont il ne donne pas lecture. M. Zollikofer annonce que ce mémoire renferme des remarques sur les formations modernes dans le canton de Vaud (voir séance annuelle du 48 juin 1856, où M. Morlot a déjà abordé cette question), puis il expose comment le cône d’alluvion du torrent de Tinière, près Villeneuve, coupé par la tranchée du chemin de fer, a offert à M. Morlot une sorte de chro- nomètre des époques modernes. Une masse de graviers stratifiés, divisée par une couche végétale dans laquelle M. Morlot a trouvé des débris de l’industrie romaine lui sert à calculer, d’après l'épaisseur des graviers superposés et subjacents, le temps qui a dû s’écouler depuis l’époque romaine jusqu'à la première apparition des traces de l'homme sur ce point. (Voir les mémoires.) Après cette exposition de M. Zollikofer, une discussion s'élève. M. Renevier ne saurait admettre les conclusions de M. Morlot, parce qu’elles reposent sur une observation trop restreinte. M. Zollikofer répond que, sans doute, on ne peut pas donner les chiffres comme concluants , mais qu’en répétant ces observations on peut arriver à des moyennes importantes. En tout cas, l'époque antérieure à l'ère romaine dans laquelle on observe les traces de l'homme a dû être fort longue. M. J. Delaharpe pense que M. Morlot, d’après ce qu’explique M. Zollikofer, n’a pas été heureux dans le choix de son chronomètre. S'il se fût agi du cône de déjection d’un fleuve, il comprendrait que l'on cherchât à caleuler par le nombre des couches déposées annuel- lement, le temps écoulé depuis qu'il occupe son lit, comme on l'a fait, par exemple, sur le Mississipi. Mais il s’agit ici d’un torrent, et qui plus est, d’un torrent des Rd Or chacun sait combien sont variables ces déjections là dans leur cours, dans leurs époques, dans leur abondance. Les déboisements, les chutes de montagnes, les éboulements, les font varier énormément. Il y a tel torrent qui 164 SÉANCE DU 21 JANVIER 1857. dans l’espace de quelques heures augmentera son cône de déjection sur certain point de plus de débris qu'il ne l’aura fait pendant cent ans auparavant. La Tinière pourrait servir de preuve palpable sur ce point. Comment dès lors conclure quelque chose de positif d’une simple section faite sur un point du cône de ce torrent. A supposer même que l’on püût répéter ces observations sur plusieurs autres torrents de nos Alpes, M. Delaharpe ne voit pas ce que l’on pourrait en conclure de positif, lors même que l’on aurait commencé par déterminer le mode de vivre particulier à chaque torrent, chose essentielle en pareil cas. Du reste, ses observations ne s'adressent qu'à M. Zollikofer et nullement à M. Morlot, dont le mémoire ne lui est pas connu. M. Guillemin demande à l'assemblée s’il existe dans le pays des marnes à phosphate de chaux? M. Renevier répond qu'il en existe dans le Gault, à la perte du Rhône ; que le phosphate s’y rencontre en rognons, et qu'enfin des marnes semblablés à celles-là ont été utilisées en Angleterre pour l’agriculture. M. Poulain, ministre du saint Evangile, présenté par M. Renevier, est admis comme membre ordinaire de la Société. Depuis la dernière séance, la Société a reçu : 1. De la Société des ingénieurs civils de Paris : a) Bulletin de la séance du 21 novembre 1856. — b) Mémoires et comptes rendus de la Société, avril-juin, 1855. 2. De la Société géologique de Londres : Quarterly Journal, vol. XII, p. 3, n° 47. Août 1856. 3. De M. Wartmann, professeur à Genève : Recherches sur les fi- gures d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur, par M. Plateau, 3° série (Extr. des Mémoires de l’Académie de Belgique.) 4. De l’Académie des sciences d'Upsal : Nova acta, 3° série, v. 2. fase. 1. 1856. 5. De M. Zollikofer : Ch. Martins et B. Gastaldi. Essai sur les terrains superficiels de la vallée du Pô, aux environs de Turin, comparés à ceux de la plaine Suisse. — B. Gastaldi. Apunti sulla geologia del Piemonte. Séance du 21 janvier 1857. — M. Dutoit termine ses commu- nications sur le calcul ordinaire de l'intérêt de l'argent, comparé aux résultats du calcul infinitésimal. (Voir les mémoires.) M. S. Chavannes place sous les yeux de la Société quelques échan- tillons de porphyre trouvés dans l’erratique. Jusqu'ici on n’a pas dé- SÉANCE DU # FÉVRIER 1857. 165 couvert de porphyre dans les Alpes; d’où proviennent donc ces morceaux? Ceux présentés ont été recueillis à Lasarraz, au Signal de Bougy et près d'Aubonne (Zollikofer). M. S. Chavannes donne ensuite quelques détails sur la structure du dépôt glaciaire qui forme le Signal de Bougy. M. Zollikojer ajoute que près de Turin on trouve des conglo- mérats de la molasse marine, renfermant aussi des fragments de porphyre dont la provenance est mconnue. M. L. Dufour rapporte l'observation d’une chute de petits cris- taux de glace, sans qu'il y eût de nuages au ciel; ce fait est du même genre que la chute de pluie sans nuage qu'il a rapporté dans une précédente séance. M. Guillemin entretient l'assemblée de divers signes qui annoncent les variations atmosphériques et en particulier du nuage placé au sommet de la Dent-d'Oche du côté du Nord. Dans cette séance, la Société reçoit : 1. De l’Académie royale d'Amsterdam : a) Bulletin des séances , 3° part. 1856. — b) Mémoires de l'Académie. Sciences, 3° partie, 3° livr. — 4° part. 1-3 livr. — 5° part. 1" livr. Littérature, À" part. 1-3 livr. -— 2° part. 1" livr. — c) Lycidas, Eccloga. 2. De l’Institut géologique d'Autriche : Jakrbücher, 6° an., n° 3 et 4. Juillet-décembre, 1855. 3. De la Société des sciences physiques et médicales de Würz- bourg : Mémoires, ete. 7° vol. 1°" et 2° cah. 1856. Séance du L février 1857. — M. S. Chavannes présente M. Théo- bald Zollikofer, de St.-Gall, comme membre ordinaire de la Société. M. Zollikofer est reçu. Le Secrétaire donne lecture d'une communication de M. Gabriel de Rumine, relative aux observations ozonométriques faites à Ville- neuve, à Lausanne et au grand Saint-Bernard. (Voir la séance du 18 juin 1856 et les Mémoires.) M. L. Dufour, à cette occasion, relève une erreur échappée à M. C. Gaudin; celui-ci attribue à l’évaporation la diminution de l'ozone qu'il faut attribuer à l'élévation de température de l'air. M. Guillemin place sous les yeux de la Société des échantillons de houilles et de coak d’Anzin, de Paris, -de St. Etienne, du Creusot et du pays. Il décrit divers fours à fabriquer le charbon de houille. Il présente encore un échantillon de tourbe comprimée et un gros 166 SÉANCE DU 18 FÉVRIER 1857. cristal d’alun de la fabrique de Buxwiller. Il soumet enfin à l’as- semblée un modèle de cartes destinées à classer facilement et à volonté une bibliothèque d’après tel ordre que l’on voudra adopter ; cette carte est de l’mvention de M. Sujet, éditeur. M. Dôbele en prend occasion de tracer la coupe d'une autre espèce de four à coak oblique et perpétuel, employé en Allemagne. M. L. Dufour entretient la Société d'un point particulier de la question du mirage, qui se rattache au mémoire qu'il a publié sur ce sujet. (Bulletin de la Société, t. IV et V.) Ge point est celui des dimensions de l’image relativement à celles de l’objet. (Voir les mémoires.) Séance du 18 février 1857. — M. S. Chavannes présente à la Société, de la part de M. Morlot, une notice sur quelques fossiles du lias recueillis par lui-même , aux rochers du Taulan, au-dessus de Montreux. (Voir les mémoires.) Puis il fait passer une médaille frappée dernièrement à Vienne en l'honneur du professeur Haïdinger. M. Ph. Delaharpe demande à M. Chavannes quelques détails sur la position des rochers du Taulan. Celui-ci explique que les couches s'élevant du fond du lit de la Baye de Montreux se dirigent, en dé- crivant une portion de voute, au-dessus du village de Charnex, où elles disparaissent. M. Marcel place sous les yeux de la Société le squelette d’un jeune mulot et déerit le procédé qu'il a employé dans sa préparation. M. Ph. Delaharpe fait part à cette occasion du procédé que M. Chausson , étudiant à Zurich , lui a fait connaître , pour obtenir des squelettes articulés de petits animaux. On introduit les larves de l'insecte (Dermeste?) qui dévore les préparations anatomiques dans les musées, sous la peau de l'animal desséché, et en peu de jours il ne reste que les os, les ligamens et les plumes. M. Marcel ajoute qu'il a obtenu un fort bon squelette de couleuvre en suspendant le reptile à la branche d’une haie, en été : les agents atmosphériques et les insectes se chargent de la préparation. Ce pro- cédé de décomposition est parfois si rapide , qu'en Hongrie on a trouvé dernièrement les débris d’un squelette d'homme pendu qui avait été réduit à cet état en un mois ; la tête seule restait attachée à la corde. M. L. Dufour dépose une lettre de M. Toll, de Zurich, relative à un nouveau gisement de plantes fossiles à Schrotzhourg , près OEningen. (Voir les mémoires.) Le même membre reproduit sous les yeux de l'assemblée l’expé- rience par laquelle on démontre que la mince couche d'air adhérente SÉANCE DU 18 FÉVRIER 1857. 167 aux petits corps, à peine plus pesants que l'eau, suffit pour les élever à la surface du liquide, dès qu’on fait cesser la pression at- mosphérique, sous la pompe pneumatique. M. L. Dufour distribue aux membres présents une brochure, dont il est l’auteur, extraite de la Bibliothèque universelle de Genève, et ayant pour titre : De la correction de la température dans les observations du magnétisme terrestre. M. J. Delaharpe place sous les yeux de la Société quelques géomètres nouvelles pour la Suisse ou souvent mal déterminées, et donne quelques détails sur leur synonymie. (Voir les mémoires.) Depuis la dernière séance, la Société a reçu : 1. De la Société géologique de France : Bulletin, etc. , t. XIT, f. 66-71 ; 72-77. 2. De l'Académie royale des sciences de Munich : a) Gelehrte Anzeige, vol. 42. Novembre 4856. — b) Uber die Zersetzung Sal- petersaurerSalze durch Kohle, v. A. Vogel, jun. München, 1855, broch. — c) Bemerkungen ueber den Zusammenhang zwischen dem BildungsGesetze eines Kettenbruches, etc. , v. L. Seidel. München, 1855, broch. — d) Denkrede auf Jh. Nep. von Fuchs, v. HV: Kobell. München, 1856, br. — e) Ueber die næchste Ursache der spontanen Blaueung einiger Pilze, v. Schœnbein. München, 1856, br. — f) Beitrag zu einer wissenschaftlichen Begruendung der Lehre von Mienenspiel, v. prof. D'E. Harless. München , 1855, broch. — g) Beitrag zur Kentniss der Ostracoden, v. D'S. Fischer, 2 Kupf. München, 1855, broch. — h) Beitrag zur Kentniss der Oxalsauren salze, v. À. Vogel jun. München, 1855, broch. 3. De la Société des sciences naturelles de Berne : Mittheilungen, an. 1856, n° 360-384. k. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletin des séances du 9 et du 23 janvier 1857. MÉMOIRES. Théorie des intérêts composés infinitésimaux, suivie de quelques remarques sur les intérêts composés ordinaires el sur les intérêts simples. Des intérêts composés infinitésimaux. A peu près tous les ouvrages d'algèbre traitent la question des intérêts composés, mais aucun d'eux, à notre connaissance du moins, n’a encore examiné le côté le plus intéressant de cette théorie; nous voulons parler des intérêts composés envisagés au point de vue in- finitésimal. Quelques auteurs, il est vrai, font bien remarquer ce que savent au reste tous les banquiers et les hommes d’affaires, c'est que plus les règlements de compte sont rapprochés les uns des autres, plus aussi 1l y à avantage pour le créancier. En effet, il est facile de comprendre que si la capitalisation des intérêts au lieu de se faire chaque année se fait chaque semestre par exemple, il doit y avoir une différence en faveur du prêteur, puisque l'intérêt de la somme pendant les six premiers mois de l’année porte lui-même intérêt pendant les six derniers mois. Si les règlements de compte (en continuant le même raisonne- ment) au lieu de se faire tous les semestres, se faisaient tous les trimestres , puis tous les mois, toutes les semaines, etc., l'avantage pour le créancier deviendrait de plus en plus grand à mesure que les règlements de compte se rapprocheraient les uns des autres. Mais comme il est facile de le prévoir , cet accroissement ne pourrait pas dépasser une certaine limite vers laquelle devraient nécessairement 4 Voyez la note à la fin de ce travail. 170 INTÉRËÈTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. tendre les différents résultats à mesure qu'on diviserait l’année en périodes de temps de plus en plus courtes. Ces considérations préliminaires étant posées, il est naturel main- tenant que nous nous proposions de résoudre les questions sui- vantes. Problème I. Que deviendrait le taux annuel d'une somme placée à intérêts composés, en supposant que les règlements de compte se fissent à des époques infiniment rapprochées les unes des autres, c'est-à-dire que la capitalisation des intérêts fût INGESSANTE ET CONTINUE. Cette question à un rapport intime de similitude avec beaucoup d’autres questions que nous présente la nature. L’aceroissement que nous voulons déterminer peut en effet très-bien être comparé à un mouvement uniformément accéléré comme à celui d’un corps tombant dans le vide, par exemple; le taux représenterait dans ce cas la force constante ou la pesanteur. Nous allons essayer de résoudre cette question au moyen de considérations élémentaires et sans avoir re- cours à l'intégration. ue c’est-à-dire la centième partie du taux, ou l'intérêt simple de un franc pendant un an; de plus, désignons par m le nombre de règlements de compte faits pendant l’année. re de un france pendant chacune des périodes de temps sera de — de sorte que la valeur de un franc avee ses intérêts capitalisés » fois pendant l’année s’exprimera par P\m p ; LE nee (1 De —) . En ur cette expression suivant la formule du binôme nous aurons la série suivante : m (m— 1) (m—2) rs Pour cela représentons par r la fraction —— n (m— 1) r° A OPA ENT UE NCA MEET D qui peut se mettre sous cette forme : 2 CE A) AD 1 ET + —— Er SEE TE — etc. Or, si les règlements de compte sont infiniment rapprochés les Phare ; 1 uns des autres, # devient infini et les fractions —, ——, etc., tendent toutes vers zéro; de sorte qu'à la limite, la série ci-dessus se change en celle-ci : SEEN ONE NN se etc. [A] 1 15 1.2.3 F3 FTI3 hetpl INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 171 En retranchant le capital un frane et en multipliant par 400 on aura le taux effectif demandé : r° T° r* HO Hs +555 + | Comme 7 est toujours une fraction assez petite, cette série est très-convergente; ainsi, il suffit de prendre les quatre premiers ter- mes pour avoir au moins six figures exactes à la partie décimale lorsque le taux ne dépasse pas le 6 °/,. En calculant les dix premiers termes on trouve : Pour le 3 °/,, 3,04545339535168556124... » 1e 4,0810774192388226757 re 5,1271096376024039697… » 6°, 4, = 6,1836546515359622292.. Nous supprimons les chiffres qui ne sont pas exacts. La série [A] étant la même que celle qui donne le développement d’un nombre en fonction de son logarithme népérien, nous pouvons la représenter par e (e désignant la base du système népérien). Il est facile, au reste, de s'assurer directement que si e représente la valeur de la série numérique 4 + - + _ + =. —- etc. OP s. 1e) , on aura ( +2 — €", lorsque m devient infini. En effet, si l'on rs \m AU développe les deux expressions ( —— 5 et fl — D ; On trouve 2 séries identiques, donc fi A —(1 — = [: — D | m BE 1 po eqigs leu: = 1+ î PDT ar. 2 — e”; nous aurons par con séquent {, — 100 (e° — 1), ou r, = er — 1. Nous pouvons maintenant résoudre le problème inverse, c’est-à- dire déterminer le taux (r) annuel infinitésimal connaissant le taux (r,) annuel ordinaire ‘. L'équation r, = e° — 1 nous donne er = 1 —Lr,; en prenant les logarithmes des deux membres (dans un sytème quelconque) nous avons : r log. e = log. (1+r,), d'où ke log. (1+r,) log. e liques ou népériens nous aurons : r = log. hyp. (1 + r,). . Si nous faisons usage des logarithmes hyperbo- 1 Nous désignerons par 7, le taux annuel ordinaire, chaque fois qu'il sera question en même temps du taux infinitésimal correspondant , avec lequel il est lié par la relation r, = 6" — 1 ; dans tous les autres cas nous le désignerons par r seulement. 472 INTÉRÈTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. A l'aide des deux relations que nous venons d'obtenir, savoir : } r r° rs T° SP re Ml RU er PC ILAON CRT LE RE YU Ne LE Fr, Ti LE r = log. hyp. (L+ r,) = pt ue eue G . - etc. , ë il nous sera très-facile de passer du taux infinitésimal au taux ordi- naire , et vice-versd. Problème Hl. Quelle serait au bout de n années la valeur (S) d'un capital C, s'il était placé à intérêts composés infinitésimaux et à raison de r pour un franc l'an? Soit toujours » le nombre de règlements de compte faits pendant l'année. La valeur de un franc avec ses intérêts capitalisés sera à la TAN - - fin de la »"° année de t+2 ; mais en faisant m = ©, m m nous aurons Ê + = ( += | Û + D T= er ; et par conséquent S — C. ern Telle est la formule fondamentale des intérêts composés infinitési- maux. Nous aurons plus loin des remarques très-intéressantes à faire sur le résultat que nous venons d'obtenir. La quantité e”, trouvée plus haut, nous aurait aussi conduit à la la formule ci-dessus en posant les proportions À : er :: er : æ, A:e::æ: 2x, etc. Si nous n'avons pas suivi cette marche, c’est qu'il aurait pu rester dans l'esprit du lecteur quelques doutes sur l'uniformité et la continuité de l'accroissement du capital; car, on pour- rait croire au premier abord que l'accroissement va par sauts puis- qu’on suit la même marche que dans les intérêts composés annuels; mais il faut observer que ce n’est pas la proportion 1 : 17 ::1—Lr:x que l’on emploie, mais bien celle-ci, 1 : 1 4-7, :: 1 Hr, : æ, c’est- à-dire qu'on se sert, pour établir la continuité de l'accroissement, du taux auxiliaire r, dont nous avons déjà déterminé la valeur. En d’autres termes, placer une somme à intérêts composés infinitésimaux à raison de r pour un franc l'an, revient à la placer (pendant le même temps) à intérêts composés ordinaires ou annuels, mais à rai- son de r, soit e" — 14, pour un franc l'an. C'est sous une autre forme l’énoncé du premier problème. INTÉRÈTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 173 En désignant par a l'augmentation du eapital primitif nous aurons les deux équations suivantes : S = C.ien S=C+a, lesquelles combinées entre elles donnent quinze formules (les deux ci-dessus comprises); mais en laissant de côté celles qui ne donnent lieu qu'à une simple addition ou à une simple soustraction, ainsi que celles qui renferment des quantités qui peuvent s’éliminer directement par la même voie, il nous reste huit formules qu’il ne sera pas sans intérêt de placer en regard des formules analogues, soit des intérêts simples, soit des intérêts composés annuels. Formules pour les intérêts COMPOSÉS INFINITÉSEMAUX. SIMPLES. GOMPOSÉS ANNUELS. S=C(+m)|S=C(A+r) Siren [1] __a({+rn) __ a(i+r} __ a. ern ee 2 lé open ter ee ME S S S Mr eme 22 min @eh Drug Jobs A 2 20 1 a a @ C — A8 Gus Art wa, EUR {4} a = Crn at (4 rr-1) a—= C(en—-1) [5] œ — AR mt a = SAUT SPA (a +rr=1) a = BE CA = 2) [6] 1m (+ r) er a S __ log. S-log. C DE Can TE — TA More NE. __ log.S-log.C | _ log. S-log. C D Cr nu TS PE r log. e [8] 174 INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. Les sept dernières formules donnent encore lieu à autant de pro- blèmes différents dont nous nous dispensons de donner la traduction en langage ordinaire. Nous ne donnerons pas non plus d'exemples particuliers, car les applications numériques ne sauraient présenter de difficultés pour ceux qui sont déjà familiarisés avec les questions des intérêts composés annuels. Comme e est une quantité constante, mais incommensurable, on en déterminera une fois pour toutes la valeur avec le degré d’approximation qu'on jugera convenable. Cette quantité jouant d’ailleurs un très-grand rôle dans l'analyse infinité- simale, les analystes en ont poussé l’approximation très-loin; nous ne donnerons iei que les vingt premières figures : e — 2,71828182845904523536.… En voici le logarithme vulgaire : log. e — 0,43429448190325182765. Cette approximation est suffisante et bien au-delà pour évaluer le temps par exemple à plus d’un millionième de seconde près, ainsi que pour tenir compte d’une fraction minime de centime, la somme qu’on aurait à calculer allàt-elle, même dans les billions. Il va sans dire que dans ces sortes de questions on peut se contenter d'une approximation moindre. Remarquons avant d’aller plus loin que partout où l’expression (1 r)* se trouve dans les formules des intérêts composés annuels, elle est remplacée dans celles des intérêts composés infinitésimaux par e”*; ce qui conduit pour la détermination de r à une équation [7] exponentielle. Mais si l’on fait attention qu’en se servant dans le cas qui nous occupe des logarithmes hyperboliques au lieu de se servir des logarithmes vulgaires, on n'aura que la différence de deux logarithmes à diviser par #, puisque log. hyp. e = 1; c’est précisément l'opération qu'on doit effectuer dans la méthode ordi- naire où l’on a la racine #"° à extraire. La même observation quant à emploi des logarithmes hyperbo- liques s'applique aussi aux autres formules et tout particulièrement à la formule [8] qui devient alors bien plus facile à calculer que l’analogue dans les intérêts composés annuels. Le problème suivant qui ne rentre pas directement dans une des huit formules ci-dessus va au reste nous fournir l’occasion de mettre en pratique cette ob- servation. INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 175 Problème HI. En combien de temps un capital dont on connaît le taux devien- drait-d p fois plus grand par l'accumulation de ses intérêts composés infinitésimaux (p pouvant être entier ou fractionnaire, mais > À). Remplaçons dans la formule [1] S par p. G, et divisons les deux membres par G, nous aurons p = e"*, d'où - “E Das log. hyp. p ro) r. log. e r Comme application soit p = 2, et faisons successivement : r = 0,03, nous aurons n = en log. hyp.2 = 23,1049060186648.. r—0,04, » n= 1 » 2—17,3286795139986... r—=0,05, » n=® » 2—13,8629436111989.. r —0,06, , n=® » 2—11,5524530093324... Le caleul, comme on le voit, est des plus simples, puisqu'on n’a qu'un simple déplacement de virgule et une division par 3, par #4, etc., à effectuer. L'opération serait la même pour des taux mtermé- diaires. En réduisant en nombres complexes les quatre fractions ci- dessus et en comptant l’année à 365 jours seulement, on trouve qu'une somme quelconque placée à intérêts composés infinitésimaux doublerait de valeur : Pour le 3°/,, en 23 ans, 38 jours, 6 heures, 58 min., 36°204.. » 4°/,, en 147 » 119 » 23 » 13 » 57,153. » D'}, en 43 » 31% > 23 » 923» 9,722. » 6°}, en 11 » 201 » 15 » 29 » 18,102. Les chiffres ci-dessus nous montrent une chose remarquable, c’est que le temps est inversement proportionnel au taux, et cela doit avoir lieu non seulement lorsque le capital double de valeur, s : S mais toutes les fois que le rapport due le nombre p est constant, ce qu'ndique déjà la formule [9}, mais ce que nous allons démon- trer encore comme suit : Soient S — Gertet S = C/ e"” les valeurs définitives de deux S S’ De placements ; nous aurons = e”, et g'= "5; mais de ce que S S’ . he D TG = w nous tirons ern — er” et par conséquent rn = r’n/, d'où n:n'::r :7r ce que nous voulions démontrer. 176 INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. On peut démontrer de la même manière que cette proportion a lieu dans les intérêts simples lorsque p est constant, ce qui doit d'autant plus étonner que la même chose n’a pas lieu dans les inté- rêts composés annuels. En effet, si l’on calcule combien de temps mettrait une somme pour doubler de valeur, on trouve en faisant usage de la formule n — RES : Pour le 3°/,, 23 ans, 164 jours, #4 heures à peu près. » ;.00/ 414 HG 5 22 » » Il est facile de voir que ce dernier résultat dépasse la moitié du premier. Nous allons prouver d’ailleurs d’une manière générale que tant que les taux seront différents (c’est-à-dire qu'on aura deux placements distincts), la proportion » : »/:: r! :r ne pourra jamais avoir lieu. Soient les deux équations S = C (1—Hr)retS = CH} ! par suite de l'égalité - = — nous aurons (1 + r}t = (1 +7)" ou la proportion n : n’ :: log. (1 + r’) : log. (1 + r); mais pour avoir n : #:: 7" : r [a], il faudrait qu’on eût aussi la proportion r:rl::log. (4er) : log. (4 + 7°) [b]. Voyons si elle peut exister. Si nous développons ces deux logarithmes, respectivement en fonc- tion de r et de r” nous aurons : Te Gene a Po end ape ou AE ST 3 cu.) :#( T3 eto] [e] r2 ! 2 PU LS SE ide Een grd mt (ed no 44 ; ou bien ( ® +3 etc.) : (1 T3 etc.) proportion qui ne peut évidemment avoir lieu qu’en tant que r etr’ sont identiques, il en sera donc de même des proportions [c] et [b], ainsi que de la proportion [a]; c’est ce que nous voulions démontrer. Au reste, les remarques que nous venons de faire résultent de ce que le taux joue exactement le même rôle que le temps, soit dans les formules des intérêts simples , soit dans celles des intérêts com posés infinitésimaux, tandis qu’il en est tout autrement dans celles des intérêts composés ordinaires, car il faudrait pour que cela eût lieu qu'on püt mettre indifféremment r à la place de n et vice-versà. 1 Il est facile de voir que cetté proportion ne peut avoir lieu que pour deux taux infiniment petits, ce qui n’est pas le cas ici, puisque r etr’ ont log. (1 + œ toujours des valeurs déterminées d'avance. On wa LES ss Je (LH EL B (log: 1+8) que lorsque « et 8 tendent vers zéro. INTÉRÈTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 177 Problème IV. + Une personne emprunte À francs à intérêts composés infinité- simaux à raison de r pour un franc l'an, et s'engage à rembourser cette somme en m-versements égaux, effectués à égale distance les uns des autres de manière à éteindre complètement sa dette en n années : quel doit être le montant de chaque versement? Les espaces de temps compris entre le moment de l'emprunt et le premier versement, entre le premier versement et le deuxième , ss 4.: . “ht entre le deuxième et le troisième, etc., seront tous égaux à mi de sorte qu’en désignant par a le montant de chaque versement, nous aurons l'équation suivante : mn ) ( 2rn ( 3rn ( (m —1l)rn ) mm a.e m Fr ! m a+ «.e —- + +... a.e en faisant la somme des termes du premier membre de cette équa- a (er_4) en — A en: tion nous avons = Aer, d'où nous tirons : mn A er { ‘0 pire grunob Gb sofa o 10 en — 1 Dans le cas particulier des annuités comme on a »m = n, la for- mule ci-dessus se change en celle-ci : AREA ler, on en — 1 en (1) Les problèmes que nous venons de résoudre sont suffisants, croyons-nous, pour donner une idée générale de la théorie des in- térêts composés infinitésimaux. Nous ferons seulement observer ici que le taux pourrait être fixé relativement à un espace de temps elconque, pourvu qu'il fût bien déterminé ; ainsi, au lieu de pren- e le taux annuel pour point de départ, on pourrait prendre le taux journalier, la quantité n exprimerait dans ce cas des jours et non pas des années, cela va sans dire. Il ne faut d’ailleurs consi- dérer l’unité de temps relativement à la quantité r que comme un simple rapport indiquant la puissance de l'accroissement et servant par conséquent à déterminer la relation qui doit exister entre un 178 INTÉRÈTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX . élément de temps infiniment petit (formant la période de capitalisa- tion) et l'intérêt qui doit lui correspondre. A la vérité, il serait dif- ficile d’assigner une valeur déterminée à l’intérêt correspondant à une durée de temps qui, sans être zéro, doit cependant rester au- dessous de toute quantité positive assignable d'avance, quelque petite qu'elle puisse être. Ne pouvant pas fixer le taux relatif à la période de capitalisation, nous l'avons établi au moyen d’un rapport exprimé par ces mots : à raison de r pour un franc l'an. Il Paradoxe que présente la formule des intérêts com- posés ordinaires, lorsque l’exposant n est frac- tionnaire. En faisant attention au rôle que jouent le taux et le temps dans les différentes formules que nous avons données à la page 5, et en se reportant à ce que nous avons ditde la proportion n:# ::r':r, il nous sera facile de conclure qu'il n'y a, mathématiquement parlant, que deux méthodes logiques et naturelles pour calculer les intérêts, savoir la méthode des intérêts simples et celle des intérêts composés infinitésimaux ; quant à celle des intérêts composés ordinaires, c’est- à-dire à capitalisation par saceades, elle ne peut être considérée que comme un simple procédé de convention et non comme une méthode naturelle; nous croyons même qu'elle pourrait être remplacée sans inconvénient, si ce n’est avec avantage, par celle dont nous avons donné la théorie générale dans la première partie de ce travail. Nous ne voulons pas nous arrêter iei à développer cette idée, ni à réfuter d'avance les objections qu’elle pourrait soulever, soit au point de vue économique et commercial, soit au point de vue pratique; comme nous aurons plus loin l’occasion de proposer un changement dans la manière de fixer le taux de l'intérêt simple, et que ce chan- gement nous parait plus utile encore que celui dont nous venons de parler, nous désirons porter essentiellement l'attention sur ce point. Mais, avant d'aborder ce sujet, nous allons faire connaitre un fait singulier que présente l'application de la formule des intérêts composés ordinaires, lorsque la quantité » (quelle que soit l’unité de temps) ‘ est fractionnaire. Ce fait, qui n’a pas encore été remar- 1 Comme c’est presque toujours l’année qui est prise pour unité de temps, nous ne parlerons, dans tout ce qui va suivre, que des intérêts composés annuels. Au reste, ce que nous allons dire des intérêts à capita- lisation annuelle peut s'appliquer également à toute espèce d'intérêt à capi- talisation par saccades; seulement, plus l'unité de temps ou la période de capitalisation sera petite, et moins l’écart que nous allons constater sera considérable, INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 179 qué, que nous sachions, mérite de fixer pendant quelques instants notre attention : il consiste en ce que la formule S — C (1 ry des intérêts composés (dans le cas où n est plus petit que l’unité), donne pour la valeur de S, un résultat inférieur à celui que donne la formule des intérêts simples , ce qui, à première vue, a tout à fait l'air d’un paradoxe. Supposons par exemple qu'on veuille calculer la valeur fde un franc (ou de toute autre somme) rentrant au bout d’un jour avec son intérêt au 5 °/,; on pourrait croire au premier abord que puisque l'intérêt ne peut lui-même porter intérêt qu'au bout d’une année, le résultat doit être le même que celui que donne la méthode des intérêts simples , c’est-à-dire qu'on aura 1 a = 1,0001369... et cependant en faisant usage de 1 la formule générale on trouve (145 — 1,0001336.. soit une différence de 0,0000033.. Si on fait le calcul pour 195 jours, on trouve : dans le premier cas . . . . 4 L _ en = 1011492321: 125 dans le second cas. . . . . 1. a A _ 155 = 1,0168493.. c'est-à-dire une différence de 0,0002739.. a dans le même sens que celle ci-dessus, mais beaucoup plus grande. Faisons encore r — 0,05 et n — !}, , soit 189 le jours, nous aurons : : ri e Se — 1,02 dans le premier cas . . . . 1 Ar PS 3 — 1,0250000 1 dans le second cas... .. [1] 2 — 1,0246051 soit une nouvelle différence de 0,0003049.… ŒRRLeE £ 10 . plus grande encore que les deux premières. Nous aurions de la même manière une différence en prenant tout nombre de jours, in- férieur à 365. En effet, soit g ce nombre, nous aurons d’une manière générale : par la méthode des intérêts simples , . . . 4 + 2e et q : » composés . [1+r j#e: or, celle dernière expression développée en série donne : gr = 365) r° 365) (q-2 x 365)rs + + ac )(q ) g(g= LR PT rene: 180 INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX c'est-à-dire la première (formée des deux premiers termes), plus une suite infinie de termes; il est donc impossible que les deux méthodes conduisent au même résultat. Il est même facile de voir que la dernière expression doit avoir une valeur inférieure à celle de la première, puisque le troisième terme de son développement est négatif par suite du facteur (g — 365). Le taux restant le même, la différence sera d'autant plus grande que q sera plus rapproché de 55%L, soit en sus, soit en sous, comme on peut s’en assurer en cherchant quelle valeur il faut donner à g pour rendre maximum la valeur arithmétique de g (qg — 365)’; de sorte que le plus grand écart qu'on puisse avoir entre les deux résultats aura lieu lorsqu'on aura 4 — 182 ‘}, ; il diminuera d’ailleurs à mesure qu’on descendra de 182 !}, à 1, ou qu’on montera de 182 ‘}, à 364; enfin, si l’on fait g9 = 0, ou g — 365, la différence sera nulle. Il est aussi facile de voir que pour une même valeur de q , plus le taux sera élevé et plus aussi sera grande la différence. Aïnsi pour le 6 °/,, l'écart maximum (toujours sur un franc de capital) est de 0,000437, c’est à-dire de 0,000132 plus grand que pour le 5 °/,. Lorsque le nombre de jours surpasse 365 sans être un multiple de ce dernier nombre, une divergence analogue se reproduit en- core, et c’est surtout ici qu'elle mérite d’être remarquée, car si on n’applique pas la formule S — C (1 Æ r}*? lorsqu'on a n < 1, on l’applique au contraire lorsqu'on a n > 1. Cherchons, par exemple, quelle serait au bout de 4 ans 312 jours, la valeur de un franc avec ses intérêts composés à raison de 4 /, p'‘/, l'an. On pourrait croire (d’après la définition même des inté- rêts composés annuels) qu'on aura la valeur de un franc avec ses intérêts capitalisés quatre fois, c’est-à-dire (1,045)*, plus l’intérét simple sur cette dernière valeur pendant les 312 jours restants; on (1,045): X<312 >X< 0,045 aurait ainsi (1,045)* + 3 —= 1,238389..; et cependant d’après la formule générale , ds br D AS EUITAENE dde en dés (1,045) ‘5 — 1,238249... soit une différence en moins de 0,000147... Ainsi, sur un million de capital, l’écart serait de 147 fr. à peu près. Soit d’une manière générale n = v + . nous aurons : 1 Nous supposons ici pour simplifier le raisonnement que tous les ter- mes à la suite du 3"°, peuvent être négligés; ce qui n’est tout à fait exact que pour un taux infiniment petit. On verra, du reste, à la page 16, que la valeur de q, correspondant au maximum de l'écart, et qui varie d’ailleurs pour chaque taux, s’écarte très-peu de 182 !/.. INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 181 dans le eus (CD 2 ft PE [A] van né dans le 2% eas (14) = (tn [ir fe 0] Ces deux expressions ayant un facteur commun, et le second fac- teur de la première étant plus grand que le second facteur de la seconde, nous en concluons sans peine CDN EMTEC Toutes les remarques que nous avons faites plus haut relative- ment à g et à r, trouvent encore ici leur application; seulement il faut observer que la différence entre les seconds facteurs étant mul- tiplhiée par le premier facteur (1 + r)’; plus v sera grand, et plus aussi sera grande la différence entre les deux expressions ci-dessus. Ainsi en faisant o — 20, r — 0,06 et g — 182, nous nous pla- çons dans des conditions très-défavorables, et l'écart que nous obtien- drons entre les deux résultats sera bien plus grand que dans l’exem- ple numérique que nous avons déjà donné; en effet nous avons : 2 CHUOE a 23 3080881. 182 et (1,06)°° (1,06) 35 — 3,301684.. soit une différence de 0,001401 à peu près; ce qui représente une somme de AO francs sur un capital d'un million de francs. Si v était plus grand, nous le répétons, l'écart serait plus grand encore. Cette divergence que nous venons de constater se reproduira, il est évident, dans toutes les questions où en faisant usage des inté- rêts composés annuels, le nombre d'années sera fractionnaire. Parmi les exemples nombreux que nous pourrions donner , nous choisirons les deux suivants. Vérifions d’abord, en nous servant de l'expression [A], si une somme placée à intérêts composés ordinaires et au 3 °/,, double réellement de valeur en 23 ans 164 jours ‘/, à peu près, comme nous l'avons indiqué à la page 8. Val de fr. 1 avec ses intér. capit. 23 fois, soit (1,03)°5 — fr. 1,973586 Intérêt simple sur fr. 1,973586 pendant 164 jours ‘/, = » 0,026630 Total, “fr. 2,000216 Cette différence de + 0,000216, nous montre que le temps donné log. 2 log. (1 r) par la formule n — est trop grand. Si nous calcu- 182 INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. lons combien de temps il faut à fr. 1,973586 pour rapporter (fr. 2 — fr. 1,973586) d'intérét au 3 °/, nous trouvons 162 jours 5/, à peu près, soit une différence de 1 jour ‘/.. Enfin, comme dernier exemple, nous allons montrer que dans la question des amortissements basée sur les intérêts composés annuels une divergence analogue à celles que nous venons de signaler, à lieu, non-seulement lorsque n est fractionnaire, mais chaque fois qu'on sort du système d'amortissement par annuités !, ou plutôt cha- que fois que la distance entre deux versements consécutifs n’est pas exprimée par un nombre entier d'années. Prenons pour abréger le problème [V, traité dans la première partie, et changeons seulement la nature du taux; nous aurons l'équation suivante : 22 {m—A)n ph ui F7 qui nous donnera : vi AG +y A e 1] in ü A+ry—T et dans le cas particulier des annuités, RME) Te E] 7 (Art Si n était une fraction ou un nombre fractionnaire les formules [D] et [E]) donneraient l’une et l’autre des résultats divergents sui- vant le point de vue où l’on se placerait relativement aux expressions [A] et [B}, le fait est trop évident pour que nous nous y arrêtions. Si au contraire » était un nombre entier, l'application de la formule [E] ne donnerait lieu à aucun écart; quant à la formule [D] on ne pourrait l'appliquer sans avoir d'écart que dans le seul cas où » serait un multiple de » : en effet, il est facile de voir en examimant l'équation [C] que si les différentes puissances de (1 + r) étaient fractionnaires, — plus grandes ou plus petites que l'unité, peu im- porte, — les facteurs multipliant a seraient (en se reportant à l'ex- pression [A] discutée plus haut) évidemment trop petits ; la quantité a serait par conséquent trop grande, puisque le second membre de l'équation [C] est constant. Appuyons ce que nous venons de dire par un exemple particulier. Faisons À — 1000000; n = 3; m = 4, et r = 0,05. La formule [D] nous donnera après réduction : + ..a(i+tr) =({+r» [0 a 1 Est-ce cette circonstance qui empêche les auteurs qui traitent la question des intérêts composés de résoudre d’une manière générale la question des amortissements, comme nous le faisons ici? Nous ne le pen- sons pas, car tous les auteurs que nous avons consultés ne font pas men- tion de cette circonstance. INTÉRÉTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 133 ssh 1157625 XX 0,0372703 = 973700. — 0,157625 à quelques centimes près. Pour vérifier ce résultat nous n’avons qu'à dresser une espèce de compte courant et à voir si capital et intérêts se balancent de part et d'autre. Si nous faisions usage dans cette vérification de l'expression [B] nous trouverions le compte parfaitement balancé, cela va sans dire; mais, si nous avons recours à l'expression [A] nous aurons d’une part : montant du 1° versement avec ses intérêts, fr. 305548 50 » ge » » » » 294591 415 » 54 » » son intérêt, » 283984 50 » L° » sans intérêt, ». 273720 — fr. 1157844 15 de l’autre : fr. 1000000 avec ses intérêts, » 1157625 — c'est-à-dire une différence de fr. 219 15 dans le même sens que nous avons indiqué plus haut. Pour trouver la valeur de chaque versement, afin qu’une véri- fication analogue à celle que nous venons de faire donne une diffé- rence nulle, nous n'avons qu'à faire usage de l’expression [A], laquelle nous donne dans le cas particulier qui nous occupe : 3 ÿ 9 aa (+) an (+) Ha (147) = k. A (1 Lori | +87 +187 16; 20 substituant aux quantités À, r et, leur valeur numérique, nous 4 XC1157625 aurons 4 — 16.920125 — 273668 20 à très-peu de chose près. = A1 + r)2, d'où nous tirons a — Nous avons ainsi fr. 51 80 de moins sur chaque versement ce qui fait une différence de fr. 207 20. Si nous ne retrouvons pas 219 15, cela provient tout simplement de la différence des intérêts qui doi- vent nécessairement changer par suite du changement même de chaque versement. LS Si nous voulons résumer ce que nous venons de développer, un peu trop longuement peut-être, il nous sera facile de le faire au moyen d'une construction graphique; car, en désignant par y la différence entre les deux expressions [A] et [B], et en posant pour abréger 4/6, = æ nous aurons l'équation suivante : y=A+r) HU +re—(+r)] qui nous fournira les éléments nécessaires pour construire la courbe représentant l'écart dont nous venons de parler. En faisant d’abord 0 = 0, puis en donnant successivement à æ des valeurs très-rap- prochées comprises entre zéro et l’unité, et en calculant les valeurs correspondantes de y, nous déterminerons la première branche de la courbe qui partira de l’origine des coordonnées pour s'élever 184 INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. insensiblement, descendre ensuite et arriver à l’axe des abscisses ; en faisant v — À, et en donnant encore à x des valeurs comprises entre zéro et l'unité, nous déterminerons une deuxième branche semblable à la première à part une courbure un peu plus prononcée ; et ainsi de suite pour une troisième, quatrième branche, ete. En un mot, il y aura autant de branches composées de deux parties à peu près symétriques, que * (soit v + x) renfermera d'unités. Chaque taux aura d’ailleurs une courbe distincte, dont la courbure sera d'autant plus grande que celui-ci sera lui-même plus élevé. C’est ce que nous représente la figure suivante : nous avons seulement exagéré les valeurs de y portées sur l'axe des ordonnées, relative- ment aux valeurs correspondantes de x portées sur l’axe des abscis- + afin de rendre plus sensibles les détails que nous venons de donner". Nous venons de dire que chaque branche de la courbe est eom- posée de deux parties à peu près symétriques : c’est ce qui résulte en effet de la détermination du point culminant. Voici les chiffres que nous avons trouvés pour ce qui concerne la première branche seulement : VALEUR DE Z CORRESPONDANT AU MAXIMUM TAUX- VALEUR MAXIMUM DE y. ne exp. en fract. d'année |exprim. en jours. | °/, | 0,000000000000000... | 0,5000000 182,50 °/, | 0,000012437896462... | 0,5004145 182,65 °/, | 0,000049506298607.. | 0,5008257 182,80 0,000110844163317... | 0,5012316 182,95 °/, | 0,000196099376199... | 0,5016342 183,10 °/, | 0,000304928444646... | 0,5020329 183,24 °/, | 0,000436996204315... | 0,5024278 183,38 ous vwro=Ss|- [=] _e (-) 1 Quoique notre dessin n’ait pas été rendu très-fidèlement par le gra- veur, entre autres parties, les courbes », m°, m”, qui doivent s’infléchir légèrement à droite (du côté des x positifs), il fera cependant comprendre d’une manière générale ce que nous ayions en vue. INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 185 En multipliant successivement les valeurs maximum de y données ci-dessus, par la 1%, 2%, 3%... n°" puissance de (1 + r), on aura les valeurs maximum de y, pour la 2°, 3%, ... (n + 1)" branche. En un mot, la courbure de chaque branche (de la même courbe) croitra proportionnellement aux puissances de (1 r); de sorte que pour le 6 °/,, par exemple, celle de la 12°° branche sera, à très-peu près, double de celle de la première. Enfin, en donnant à r, à partir de zéro, des valeurs très-rapprochées, le lieu géomé- trique de tous les points culminants des courbes ainsi formées, don- nera pour chaque branche une nouvelle courbe que nous désignons par m. Il semblerait jusqu'ici que l'écart dont nous venons de parler dût porter le nom d'erreur plutôt que celui de paradoxe : c’est même ainsi que nous étions tout d’abord porté à le qualifier; mais, après un examen un peu plus approfondi, et surtout grâce à la méthode des intérêts composés infinitésimaux, qui jette un nouveau jour sur cette question, nous avons changé d'opinion à cet égard. Ce qui empêche de comprendre cette différence, très-remarquable d’ailleurs, c’est qu’il est difficile de se représenter ce que doit être une capitalisation fractionnaire. Pour nous en rendre compte, tàchons de relier d’une manière uniforme la capitalisation entière à la capi- talisation fractionnaire, au moyen d’une capitalisation continue. Déterminons pour cela le taux infinitésimal correspondant au taux ordinaire, et mettons-le à la place de ce dernier dans la formule S=C(1—+7r,):; nous aurons (voir la fin du premier problème) S = C (e')t — C. e"", ou en remettant à la place de r sa valeur : S = C ( + r) == eg: e* log. hyp. (l + r,) Ainsi, il sera toujours possible, sans que la valeur de S change, de passer de la méthode ordinaire à la méthode infinitésimale, quelle que soit d’ailleurs la valeur de n. Afin de mieux fixer les idées, véritions sur un exemple particulier ce que nous vencns de démontrer; faisons CG — 1000, r, = 0,05 et n — 15‘/,. Les deux formules ci-dessus nous donnent : 31 S — 1000 (1,05) ? — 2136,26 nee He. 1,06 ojossrg0! —— log. hyp. 4, —— % 0,0! G.. 02 ax S'— 14000. 6? 7" — 1000.62 * — 2136,26 or, comme ce dernier résultat, fourni par une capitalisation continue, est identique au premier , il est évident que la capitalisation entière des intérêts composés ordinaires se rattache d’une manière uniforme à la capitalisation fractionnaire, ce qui légitime en quelque sorte cette dernière. Ceci nous explique aussi parfaitement bien la diffé- rence entre les deux expressions |A] et [B]; car, dès le moment qu'en plaçant un capital à intérêts composés annuels et au 5 °},, on 5] 186 INTÉRÉTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. retire, au bout d’un espace de temps quelconque, exactement la même somme que si ce capital était placé à Intérêts composés infinitésimaux à raison de 4,879 pour cent l'an, il est évident que si l’on compte, pour la période de temps fractionnaire, l'intérêt simple au 5 °/,, on aura une somme trop forte, puisque le taux ne sera égal au 5 2}, qu'à la fin de l’année seulement, alors qu'il aura été chemin faisant et pendant l’année entière, mis au bénéfice de la capitalisation con- tinue. Nous pourrions, à ce point de vue, suivre les variations de la différence; mais, comme ce sujeta déjà été traité longuement un peu plus haut, nous n’y reviendrons pas. Ce que nous venons de dire nous porte à croire que l’interpréta- tion la plus naturelle qu'on puisse donner de cette différence, c’est que la formule des intérêts composés annuels pose pour condition que les intérêts ne peuvent être touchés qu'à la fin de l’année, puis- qu'ils ne sont aptes à porter intérét qu'au bout de ce temps. De sorte que si l’on veut retirer un capital dans le courant de l’année, le débiteur sera bien tenu de rembourser la somme telle qu’elle était à la fin de la dernière capitalisation; mais, quant à l'intérêt simple sur cette somme pendant la partie fractionnaire de l'année, il aura le droit de déduire une espèce d’escompte pour cause d'anticipation de paiement. Il serait même intéressant de passer de l'expression [A] à l'expression [B] au moyen des considérations que nous venons de présenter ; mais cela nous entrainerait un peu loin, car la nature de cet escompte n'est pas aussi facile à déterminer qu'on pourrait le croire au premier abord. Quoique nous venions de justifier la formule des intérêts composés ordinaires à exposant fractionnaire , relativement à l'écart que nous avons signalé, elle n’en reste pas moins défectueuse, en ce sens qu'elle n'indique pas clairement par elle-même, et sans le secours de la méthode infinitésimale, ee qu'il faut entendre par une capita— lisation fractionnaire ; de sorte qu'elle a pu faire et qu’elle peut faire encore des dupes très-facilement. [il Du taux annuel et du taux journalier. Avantages que présenterail ce dernier au point de vue du com- merce proprement dit. Le taux de l'intérêt n’a pas toujours été fixé à raison de tant pour cent l’an, comme il est généralement fixé aujourd'hui; ear, il y a à peu près une centaine d'années, on prêtait au denier 20, 25, etc., c’est-à-dire que l'intérêt restait fixe et que le capital variait suivant la rareté ou l'abondance des capitaux, ou, pour nous servir d'une | ) . INTÉRÈTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 187 expression de banque, l'intérêt formait le certain, et le capital lin certain, dans le rapport qui déterminait le taux de l'intérêt. Aujour- d'hui même, l'intérêt de tous les fonds publics est encore fixé de cette manière, car la rente reste fixe, et le capital varie suivant le crédit plus ou moins grand dont jouissent les gouvernements; il en est de même de beaucoup d’autres valeurs qui se négocient journel- lement dans les bourses de commerce. Nous n'avons rien à dire sur la nouvelle manière de fixer le taux de l'intérêt, qui nous parait d’ailleurs préférable à l'ancienne; mais, ce que nous regrettons vivement, c'est qu'on n'ait pas adopté le jour pour unité de temps, au lieu d'adopter l'année, comme on l'a fait; en d’autres termes, nous eussions préféré de beaucoup le taux jour- nalier au taux annuel, pour tout ce qui concerne le commeree pro- prement dit. En effet, pourquoi adopter ce dernier taux pour l’es- compte des effets de commerce, le règlement des eomptes courants, etc., etc., alors que le temps relatif aux sommes dont on a à calculer les intèrêts est presque constamment au-dessous de l’année? n'est-il pas évident que lorsque le temps est fractionnaire, les calculs de- viennent plus longs et ce qu'il y a de plus fâcheux encore, prêtent souvent à l'arbitrare? Pour mieux faire ressortir ces deux inconvénients, voyons d'abord comment les choses se passent dans le commerce. On calcule ordi- nairement les intérêts en faisant usage de ce qu'on appelle la table des diviseurs, dont nous allons voir tout à l'heure l'origine. Lorsque le temps est exprimé en jours, et c’est ce qui arrive toujours dans le commerce, l'intérêt a d'une somme s'obtient en faisant usage de la formule suivante : MC RCE 13865 X 100, ? on multiplie d'abord le capital par le nombre de jours, et le produit porte le nom de nombre; puis, pour ne pas avoir à multipher ce produit par le taux et à diviser ensuite le nouveau produit par 36000, 36500, 36600, suivant La longueur qu'on veut bien donner à l'année, on fait disparaitre le taux en divisant haut et bas par # ; le quotient de la division de 36000, 36500 ou 36600, par le taux, porte le nom de diviseur ; et comme il reste constant pour tous les caleuls où l’on fait usage du même taux, on n'a qu'à le déterminer une fois pour toutes et à le consulter chaque fois qu’on en a besoin. Voici du reste quelques-uns de ces diviseurs dont l'usage nous arait être hors de saison, surtout dans un temps de progrès comme e nôtre : 188 INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. Taux. 36000 36500 36606 2 18000 18250 18300 21} 14400 14600 14640 “ht 12000 12166... 12200 31) 10283... 10428. 10457... & 9000 9193 9150 DEA 8000 8H11.. 8133. 5 7200 7300 7320 Bt, 6545. 6636... 6654... 6 6000 6083... 6100 En jetant un coup-d’œil sur ces chiffres, on peut s'assurer que dans beaucoup de cas (surtout lorsqu'on compte l’année telle qu’elle est, c’est-à-dire de 305 ou de 366 jours), Fopération qu'on doit effectuer est plus longue que si l’on multipliait les nombres par le taux pour diviser ensuite le produit par 360, 365 ou 366 (nous supprimons le nombre 100, parce qu'il est facile d’en tenir eompte en retranchant deux chiffres à la droite des nombres, comme on le fait souvent dans le règlement des comptes courants). Si nous avions donné les diviseurs pour les taux 2 !/,, 25/,, 3 ‘,, 35],, ete., la remarque que nous venons de faire serait plus frappante encore. Mais l'inconvénient le plus grave, selon nous, qui naisse de ce système d'intérêt, basé sur le taux annuel, c’est l'espèce d’anarchie qui règne dans la détermination du diviseur; car, il faut bien le reconnaître, ici comme ailleurs malheureusement, … La raison du plus fort est toujours la meilleure. Ainsi beaucoup de banques, et à leur tête la Banque nationale de Turin et la Banque de France, si nous ne nous trompons, comptent dans leurs escomptes les mois à 28, 30 et 31 jours, et ne comptent Fannée qu'à 360 jours seulement. En se servant de l’année dite commerciale, comme étant en effet beaucoup plus commode que l’année civile, à cause de ses diviseurs, il faudrait au moins compter tous les mois de 30 jours. C’est ce que font généralement les ban- quiers genevois, qui sont en cela bien plus logiques que leurs con frères d’autres pays; mais, pour être tout à fait logique, il faudrait se servir de l’année eivile et non pas de l’année commerciale, qui devrait bientôt avoir fini son temps. Les deux mconvénients que nous venons de passer en revue dis- paraîtraient complètement si l’on substituait au taux annuel le taux journalier. Il est évident, en effet, que si l’on adoptait ce dernier taux, il n’y aurait jamais à s'inquiéter du nombre de jours qu'il y à dans l’année, car une fois l'intérêt journalier d’une somme trouvé, on n'aurait qu'à le multiplier par le nombre de jours (plus grand ou plus petit que 365, peu importe) pour avoir l'intérêt de cette somme pendant un temps déterminé. Il nous reste maintenant à examiner comment on pourrait fixer ce taux. INTÉRÈTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX.. 189 Il ne serait pas possible, comme il est facile de s'en convaincre, de conserver le nombre 100 pour capital fixe, soit pour terme de comparaison; car, l'unité de temps étant 365 fois plus petite, le taux serait réduit dans la même proportion, de sorte qu'il resterait cons- tamment fractionnaire, ce qui ne changerait en rien la disposition des caleuls dont nous avons parlé plus haut. Mais, si l'on prenait pour capital fixe, le nombre 100000, qui est le plus rationnel qu'on puisse choisir, son intérêt d’un jour pourrait se fixer très-facilement : le nombre exprimant le taux journalier serait au nombre exprimant le taux annuel actuel, dans le rapport de 1000 à 365, ou de 1 à 0,365. Ainsi, au lieu de calculer l'intérêt à raison de fant pour cent l'an, on le calculerait à raison de tant pour cent mille le jour; et le 4 p' c/m le jour correspondrait au 0,36 HDi) lan le 2 » » Y'E » le 8 » , 2,92 » le 9 » » 3,28 ÿ! » le 10 » » 3,6 » le 11 » » L,01 fe » le 12 » » 4,38 , le 13 » » &,74 ‘he » le 14 » . » 5,11 » le 15 + ; BAT, le 16 » » 5,84 » le 17 : . 6,204 » etc., etc Rien n’empècherait d’ailleurs de prendre des taux intermédiaires, quoiqu'il soit très-probable qu’une fois la transition opérée on püût s'en dispenser dans la majorité des cas; car, les taux entiers jour- naliers offriraient une échelle à peu près aussi variée que les taux annuels marchant par tiers. Quant au nombre 400000, qui paraît d’abord un peu considérable, il n’a rien cependant qui doive effrayer les négociants, beaucoup plus habitués de nos jours à compter par millions que par dizaines. Supposons que la Banque de France et la Banque d'Angleterre prennent l'initiative de la réforme que nous proposons ; elles annon- cent au public qu'à partir d'un tel jour, le taux annuel sera rem- placé par le taux journalier; ce jour arrive et la substitution se fait sans difficulté, car la chose est bien moins difficile à exécuter qu'un changement d'unité monnétaire ou de mesure quelconque ; tous les banquiers et les négociants se mettent au pas; quelque temps se passe, et l’on est alors tout étonné de n'avoir pas pensé plus tôt à ce changement, moins radical d’ailleurs que celui qui s’est opéré il y a à peu près un siècle, et dont nous avons dit quelques mots en commençant cet article. Arrivons maintenant à l'application, et voyons les avantages de ce changement. Une simple règle de trois nous donne la formule suivante : 190 INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. PES CxXn xt mr 100000 laquelle, traduite en langage ordinaire, nous indique que pour trouver l'intérêt d'une somme C placée au t pour c/m le jour, pendant n jours, faut multiplier le nombre (produit du capital par le nom- bre de jour) par le laux, puis séparer cinq chiffres du produit à partir de la droite. De sorte que dans les comptes courants, les bordereaux d’escompte, ete., rien ne serait changé dans les nom-— bres ; seulement, au lieu d’avoir à diviser la somme ou la différence de ces nombres par le diviseur avec lequel nous avons déjà fait connaissance, on la multiplierait par le taux, opération évidemment beaucoup plus simple que la première. Quant à la division par 100000, nous n’en parlons pas, puisqu'une simple virgule suffit. Ainsi, nous le répétons, les calculs seraient rendus plus simples ; mais, ce qu'il y aurait de plus satisfaisant encore, c’est qu'il n'y aurait qu'une seule manière de compter l'intérêt, et partant, un seul résultat possible. Les huit formules des intérêts simples ( voir page 5 ) que nous avons placées en regard de celles des intérêts composés annuels et de celles des intérêts composés infinitésimaux, pourraient être appli quées directement, en remplaçant seulement r par la 100000 quantité représenterait alors des jours et non pas des années. Afin qu'on ne se méprenne pas sur notre pensée, nous rappelons encore que le changement que nous proposons concerne essentielle- ment le taux de l’esecompte et en général les questions d'intérêt se rapportant au commerce proprement dit, parce que dans ces cas-là le temps reste presque constamment au-dessous de l’année. Quant aux prêts à longues échéances ou à échéances indéterminées, dont les intérêts se paient régulièrement chaque année, rien n’empêche- rait de conserver le taux annuel. INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 191 NOTE. J'ai eu l’occasion , l'hiver dernier , de demander à M. Duhamel, membre de l’Institut de France, si la question des intérêts composés infinitésimaux n'avait encore été traitée nulle part; il m’a répondu qu’il croyait que Bezout l'avait traitée dans son ouvrage d’algèbre et que M. Binet de- vait en avoir fait l’objet d’un mémoire remis à l’Institut. J'ai parcouru l'ouvrage de Bezout sans trouver ce que j'y cherchais, car je n’y ai vu en fait d'intérêt, que la théorie des intérêts composés ordinaires. Quant au mémoire de M. Binet, je n'en ai pas pris connaissance; j'ignore même s’il a été publié. Depuis que mon travail a été terminé, on m'a fait voir une solution du problème II (de la 4"° partie), tirée d’un ouvrage italien dont on ne m'a pas indiqué le titre; mais elle n’est donnée qu'en passant pour ainsi dire et comme un simple exercice de caleul intégral; elle n’a d’ailleurs rien de commun avec celle que j'ai donnée, si ce n’est le résultat, qui est le même. Au reste, la question des intérêts composés infinitésimaux est trop naturelle pour qu’elle ne se soit pas présentée plus d’une fois à l’esprit des auteurs d'ouvrages d'analyse; ce qui m'étonne seulement, c’est qu'on n’en donne pas la théorie générale dans tous les traités d'algè- bre un peu complets. Ce serait une intéressante application des séries et une excellente introduction au calcul infinitésimal. Lausanne, février 1857. A.-L. Dutoit. 192 GLACIER , NOTES SUR LE GLACIER DE MACUGNAGA , (versant oriental du Mont-Rose). Par M° Zollikofer. (Séance du 19 novembre 1856.) Ce glacier se trouve dans un des plus vastes cirques des Alpes, formé par le Pizzo Bianco au S., les cimes principales du Mont- Rose (cimes de Parrot, du signal, la plus élevée, et de Jazi) à l'O. et par le Mont Moro au N. Il y à cinq glaciers principaux dans ce cirque, savoir : trois entre les quatre pointes du Mont-Rose, lesquels se réunissent en un seul, celui de Macugnaga. Les deux autres à gauche et à droite n’arrivent pas jusqu'au grand glacier; celui du côté S., entre le Pizzo Bianco et la cime de Parrot, s’en approche beaucoup, mais celui du côté N,., entre la cime de Jazi et le Mont Moro, s’arrête au milieu de la pente. Malgré l'extension du cirque, le grand glacier ne descend qu'à 1500" d'élévation absolue. C’est probablement à cause de la fonte rapide qui s'opère à la partie inférieure, la vallée étant abritée contre les vents froids du N. et située sur le versant méridional des Alpes. La rapidité de la pente du Mont-Rose du côté de Macugnaga n'a pas permis que ce glacier ait une longueur considérable ; je l'estime à 10 ou 12 kilomètres ; sa largeur est peut-être en moyenne de 4 à 1 ‘/, kilomètre. Vers son extrémité inférieure le glacier pourrait avoir une lar- geur bien plus considérable, s’il remplissait toute la vallée. Au lieu de cela on trouve entre les morames latérales et la pente encaissante un espace vide (voir la coupe) qui, du côté du N., est même assez large pour être recouvert de beaux pâturages avec un groupe de chalets. J'attribue cette circonstance curieuse à la fonte considérable des parois du glacier par la reverbération des rochers encaissants, et je trouve une confirmation de mon opinion en ce que cet espace vide est beaucoup plus grand (un kilomètre) du côté de la pente tournée vers le midi que de l’autre. Un autre fait curieux, c’est que le glacier , peu avant de se ter- miner, se divise en deux, de sorte que son bord frontal est concave et non convexe comme à l'ordinaire. Cette concavité est occupée par une colline considérable de forme arrondie, couverte de végé- tation et portant sur son dos une petite forêt de melèzes. C’est une ancienne moraine terminale. La bifureation du glacier provient peut- être de quelque rocher s’élevant au milieu de la vallée, sur lequel le glacier aurait déposé sa moraine terminale, et celle-ci aurait pris une forme exceptionnelle, conique au lieu de sémicirculaire. Le glacier étant très-incliné, l’on conçoit de prime abord qu'il doit être fortement accidenté. En effet, nulle part il n’est uni, pas même dans sa partie moyenne qui est la moins melinée. Cette partie DE MACUGNAGA. 193 résente une surface ondulée , sillonnée de beaucoup de crevasses; e haut et le bas du glacier sont recouverts d’aiguilles. Les crevasses sont presque toutes droites et perpendiculaires aux bords du glacier. Il y a peu de fentes longitudinales. Leur longueur et leur largeur ne sont pas considérables ; leur profondeur est moins facile à appré- cier; car le bord arrondi des fentes permet rarement de s’en ap- procher tout-à-fait; cependant elle ne paraît pas très-grande. Les aiguilles de la partie inférieure sont fréquentes , de formes nettes et de la hauteur Le D à 8”. L'extrémité méridionale de la bifureation du glacier ne présente pas de véritable voûte, quoiqu'il y en ait quelque légère apparence ; l'extrémité septentrionale , au contraire, en a une bien formée, à structure concentrique et d’une hauteur de 8 à 10". Je dirai encore qu’on observe du haut des moraines latérales sur la tranche du glacier et même sur les aiguilles, des bandes de sable fin et de limon, bandes minces, parallèles à la pente du glacier et distantes l’une de l’autre de 30° au plus. Cela donne à la glace un véritable aspect de stratification ; je cite le fait sans rien décider. Quant aux phénomènes dus à la fonte de la glace, comme en- tonnoirs, tables de glacier, cônes graveleux et piédestaux de mo- raines, on les rencontre aussi sur le glacier de Macugnaga, mais moins fréquemment qu'ailleurs et surtout moins prononcés , vu la grande inégalité de la surface du glacier. Ainsi celui qui n’est pas au fait de tout cela, n’y fera presque aucune attention. Venons enfin aux moraines, phénomène le plus prononcé de notre glacier. Arrivé à son pied, vous ne voyez pas trace de moraines. Vous remontez, tant d'un côté de la bifurcation que de l'autre, un grand cône de décombres (long à peu près de 2 kilomètres) et vous touchez immédiatement au glacier sans escalader de moraine terminale, Vous n'apercevez pas non plus de moraines latérales ; mais rien que des blocs épars çà et là sur le glacier et sur les deux cùnes de décombres. Toutefois ces moraines existent ; mais la mo- raine terminale est cachée derrière la colline boisée qui occupe la concavité du bord frontal du glacier, et les moraines latérales se terminent avant que le glacier s’encaisse entre les rochers. On les découvre très-bien depuis le soi-disant Belvédère, point élevé vis- à-vis du glacier. Les moraines médianes, pour commencer par les moins impor- tantes, sont excessivement maigres, de manière qu'on ne les voit que de près et encore très-incomplétement. Elles se composent de boue et de blocs, se rapprochent des bords du glacier et finissent par s'unir avec les moraines latérales. Je n’en citerai qu’une seule, d’un mètre de hauteur au plus, qui a cela de particulier d'être disposée en buttes alignées, comme l’une des moraines médianes du glacier de Zermatt. Les moraines latérales, au contraire, sont ce qu'il y a de plus beau, d’un développement magnifique et d’une régularité surpre- nante. Aucun autre glacier n'en présente peut-être de si nettes. Cela 194 GLACIER DE MACUGNAGA. provient de ce qu’elles n’ont pas été génées dans leur formation par les rochers encaissants. En effet, plus la moraine de notre glacier est détachée de la paroi de la montagne, plus elle est puissante. La hauteur de la moraine gauche, qui est de 20 à 25° à sa partie inférieure , arrive près des pâturages, dont il est fait mention plus haut, au maximum de 50° et plus. Son élévation au-dessus du glacier n'est que de 40 à 15%. La pente de ces moraines est très-rapide (de 35 à 40° au moins) et parfaitement régulière ; la crête en est si tranchante que souvent on ne pourrait y mettre un pied à côté de l'autre. Très-souvent la moraine est double et même triple, et la partie extérieure en est couverte de végétation. J'y ai trouvé des baies de myrtille mûres en abondance (le 15 septembre 1856); les melèzes n’y manquent pas non plus. La partie intérieure est parfois dans un état sémifluide à cause de la boue qui y entre pour beaucoup. Ce que je viens de dire des moraines latérales, peut s'appliquer de même à la moraine terminale récente, qui ne s’en distingue que par sa position transversale. On est habitué à trouver près des glaciers du roc et des galets polis et striés, ainsi que des roches moutonnées. Cependant à Macugnaga on ne trouve rien de tout cela, ou du moins d’une manière trop im- parfaite pour être cité. Je dirai tout au plus, qu’on rencontre à 5 ki- lomètres en aval du glacier, entre Macugnaga et Borco, des roches lisses et arrondies qui témoignent du passage du glacier ; mais elles ne sont ni polies, ni striées. L'absence d'un phénomène si fréquent ailleurs, est due à la nature de la roche qui compose toutes les montagnes des environs. C’est du gneiss, passant tantôt au granite qu'on ne peut en séparer, tantôt au micaschiste , toutes roches qui ne sont pas susceptibles de poli. Quant à l'ancienne extension du glacier de Macugnaga, je réserve sa description pour un mémoire sur la géologie de la Lombardie. Disons seulement en terminant que le Val d'Anzasca n'offre rien de concluant sous ce rapport. La vallée est trop étroite et ses parois sont trop abruptes pour avoir permis la déposition de moraines. Ce n'est qu'à la sortie des Alpes, au S du lac d’Orta et du lac Majeur, qu'on rencontre un système entier de grandes moraines qui témoi- gnent de l’ancienne extension des glaciers. $ $ Ês EE - = 8 © s.=£ ‘8 © a 5 Ê= 5= re ‘à 5) 2° CR LES l, N _ LA | P4 No ES BANA P: | N PIN EE PNa ET TS MANN ho bois eye 1[] louléel LV Re/ ATEN, cage 10 lon de das étl ARC-EN-CIEL À DEUX ARCS CONTIGUS. 195 ARC-EN-CIEL A DEUX ARCS CONTIGUS 3 OBSERVÉ À MORGES. Par M° €. Dufour, professeur. (Séance du 7 mai 1856.) Le 14% avril 1856, vers 6 heures 20 minutes du soir, depuis leur maison à Morges, MM. Pache et Sigismond Martin ont vu au SE. un arc-en-ciel composé de deux demi-cercles. Ces demi-cercles n'étaient Pas concentriques, mais disposés comme les deux arches d’un pont. Le phénomène présentait done l'aspect suivant : Nord Sud a Le point a est situé à Préverenges, son azimuth est 59° 15. Le point b a pour azimuth 139°. Le point c est situé à l'extrémité orientale d'Evian, son azimuth est 146° 30”. Ces azimuths sont comptés à partir du nord en passant par l’est. La hauteur du petit are fd était de 5° 40’ à peu près. Le pilier situé en b, au point de jonction des deux arcs, était resplendissant des couleurs les plus vives. La bifurcation avait lieu à une hauteur de 1° 15. Ces mesures ont été prises le 48 avril par M° Burnier et par moi, grâces aux indications très-précises de M. Martin et de M. Pache. D'autres personnes ont vu le même phénomène, ont parfaitement distingué les deux ares disposés comme dans la figure, mais n’y ont Pas apporté autant d'attention que les deux observateurs précédents. En ce moment, le soleil était à une hauteur de 3° 49", Son azi- muth, compté du nord et en marchant vers l'ouest, était de 79° 487. … C'est approximativement à 180° du milieu de la distance ab. Les Sommités du Jura derrière lesquelles le soleil allait disparaitre sont (vues de Morges) à une hauteur de 3° ®. Je ne saurais vraiment comment expliquer le singulier are-en- ciel observé le 1% avril 1856 par MM. Pache et Martin. Je dirai seulement que l’attention avec laquelle ils ont suivi ce phénomène, autant peut-être que la confirmation de l'existence de ce double are par plusieurs autres personnes sont une garantie que ces Messieurs n'ont pas été victimes d’une illusion ou d'une apparence trompeuse. 196 ARC-EN-CIEL À DEUX ARCS CONTIGUS. J'ai cherché si, par hasard, à l'occident ou a peu près à l'occident de Morges il y avait quelque surface brillante, 2 à 3 mètres carrés de fer blanc par exemple, qui auraient pu produire ainsi une espèce de soleil artificiel, mais je ne crois pas qu'une telle surface existe. D'ailleurs, lors même que son existence serait constatée, il me sem- ble que l'arc-en-ciel qu'elle aurait pu donner aurait eu des dimen- sions toutes différentes de l’arc bfc. Je rappellerai seulement qu’au moment de l'observation, le soleil en apparence très-près de la chaine du Jura paraissait plus ou moins s’abaisser sur une arête de montagne encore couverte de neige. Six heures et vingt minutes du soir n’est du reste qu’un des ins- tants de l'observation. Le phénomène a duré passablement longtemps, un quart d'heure peut-être. Pendant ce quart d'heure, les trois points a, b et c ont éprouvé un déplacement très-sensible en s’avan- çant vers le sud. M° Martin affirme que l’are bfc était complet, visible dans toute sa périphérie, seulement les extrémités vers b et c étaient plus bril- lantes que le reste. Ce point était important à constater, car sans cela on aurait pu croire que l’are dans les régions de € n’était qu’un tronçon du second arc-en-ciel bien connu, qui souvent entoure l’are principal. Le fait que la distance bc était précisément de 7° 30/ au- rait encore donné du poids à cette supposition; mais M. Martin a vu qu'il n’en était certainement pas ainsi, car l’arc bfc était continu sans aucun vide quelconque. Il a observé, du reste, que sans être très-vives les couleurs de ce petit arc-en-ciel existaient cependant dans toute l’étendue de l’are bfe. Mais il ne peut pas dire si les cou- leurs des deux ares étaient placées dans le même ordre ou dans un ordre inverse. Pendant l'après-midi du 14 avril, il avait fait à Morges un vent du SO. assez fort, et jusque vers 6 heures il avait fait un peu de pluie, alors le vent à cessé; mais le ciel est resté couvert, ou du moins fortement nuageux, sauf dans les régions où se trouvait le soleil, ce qui a procuré sur le lac Léman un coucher de soleil ma- gnifique. C’est en ce moment là qu’eut lieu l’are-en-ciel indiqué. GÉOLOGIE DE SAINT-GERVAIS. 197 NOTICE SUR LA GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE S' GERVAIS (SAVOIE. ) Par M. 3. belaharpe, D’. (Séances des 3 et 17 décembre 1856.) De toutes les questions soulevées par la géologie des Alpes, il n’en est peut-être point de plus diflicile, disons mieux, de plus embrouillée que celle de la constitution du terrain anthracifère et de la place qu'il convient de lui assigner dans la série. Il faut en ac- euser avant tout les bouleversements considérables que ce terrain a subis dans les Alpes sur presque toute son étendue. Le métamor- phisme qui l'a modifié sur une grande échelle est venu encore aug- menter les diflicultés. On pourrait aussi mettre en ligne de compte les efforts même tentés par les géologues pour arriver à la solution du problème; puisque au lieu d'attendre patiemment que les faits eussent clairement parlé, ils se sont trop souvent hâtés de conclure en appelant à leur secours des faits mal observés ou de simples suppositions. Dans un petit séjour que je fis durant l'été 1856, à St. Gervais, au pied du Mont-Blanc, je voulus mettre à profit mes promenades en étudiant les dispositions du terrain anthracifère que la vallée de St.-Gervais (ou de Mont-joie) met à découvert dans sa moitié infé- rieure. Je n’avais d'abord d'autre ambition que d'étudier les relations du terrain jurassique signalé par la carte géologique de M. Studer sur deux points voisins, le Prarion et la montagne d'Hermence, avec l’anthracifère subjacent ; mais en parcourant la vallée je relevai plusieurs faits qui me parurent intéressants à constater. Une cir- constance attirait surtout mon attention. Partout où j'avais observé jusqu'ici ce dernier terram, il présentait des dislocations, des re- dressements et des déchirements considérables ; je l'avais vu tel à Servoz, aux Houches, dans la vallée de Chamounix , dans le Bas- Valais et dans les environs de Sion. Aux environs de St. Gervais ces accidents ou n’existaient pas ou ne troublaient pas notablement les dispositions relatives des couches superposées. Ces circonstances étaient trop exceptionnelles au milieu des Alpes pour que je ne cherchasse pas à les mettre à profit en faveur d’une question gran- dement litigieuse. Observer l'anthracifère en couches régulières et — régulièrement coordonnées était une sorte de bonne fortune que je - ne devais pas laisser échapper. … Ce n'est point que je m'abuse sur l'importance des observations « faites dans cette circonstance. Elles n'embrassent, je le sais, qu’un espace fort limité d'un immense terrain géologique; encore ne por- tent-elles que sur une portion de cet espace. Elles ne fournissent pas de données paléontologiques nouvelles. Elles ne portent que sur Dome des couches diverses dont se compose l’anthracifère. ous tous ces rapports je ne prétends point faire faire un pas aux 198 GÉOLOGIE questions actuellement en litige. Il m'est cependant permis de eroire qu’en comparant les faits observés dans les environs de St. Gervais avec ceux notés ailleurs, 1l deviendra un jour possible de faire un pas de plus vers l'issue du dédale actuel”. Le terrain anthracifère, après être sorti des défilés étroits qu'il franchit, entre l’arête déchirée des Fiez à l’ouest et le Brevent à l'est, dans son passage du Bas-Valais au Faucigny, tombe, au-delà de l'Arve, dans un espèce de bassin où il s’épanouit à l'aise. Ce bassin, limité au nord par le cours de l’Arve , au levant par le flanc occidental du Mont-Blane, au couchant par la chaine du mont Fleury, se continue au midi, avec la zône bien plus accidentée de l’an- thracifère qui s'étend du côté de Moutiers et de Saint-Jean. La vallée de St. Gervais est creusée sur le bord de ce bassin, là où le soulèvement des masses cristallines du Mont-Blanc et de ses pro- longements a rompu la continuité des couches de l’anthracifère, en détachant et disloquant ses prolongements latéraux du côté de Cha- mounix. Ce soulèvement n’a pas sensiblement agi sur le bassin lui-même, puisque les couches qu'il renferme sont inclinées au nord, et qu’elles ne se relèvent un peu contre les masses cristallines qu’au point où elles les atteignent. Le soulèvement de la chaîne occiden- tale pourrait plutôt être aceusé d’avoir contribué à l'inclinaison indiquée, quoiqu'il me paraisse plus rationnel d'en placer l’origine dans les soulèvements partiels et limités qui ont profondément fis- suré dans tous les sens, la zône des schistes ardoiïsiers au midi de Megève, et jusqu'à St. Jean. Le petit bassin dont je parle n’a pas davantage subi l’action des impulsions latérales ou de plissement, si fréquentes dans les Alpes ; ensorte qu’en l'étudiant on ne court point le risque de décrire comme couche, normalement superposée, des fragments successifs du même terrain poussés ou même renversés les uns sur les autres. Jusqu'à uel point d’autres géologues ont-ils su éviter cette source d'erreurs, à l'endroit de l’anthracifère, c'est ce que je n'ose dire. L'inclinaison moyenne des schistes ardoisiers et du système qui leur appartient est de 20 degrés au Nord-Est. Elle varie assez peu ; moins prononcée sur les sommités qui couronnent le bassin du côté du midi, elle l’est un peu plus à l'occident et en quelques points le long de l'Arve. La vallée de St. Gervais, en coupant les couches dans le sens de la diagonale, met à nu leur relèvement sur son flanc gauche depuis St. Gervais jusqu'au Nant-Bourrant. L'inclinaison du Thalweg donne à peu près celle de ce relèvement. Sur le flanc droit de la vallée l’anthracifère disloqué en divers sens présente ses relèvements à toutes les hauteurs, tandis que l’inclinaison des couches vers le Nord, le Nord-Est et le Nord-Ouest varie à chaque place. 1 On peut se faire une idée de l’état actuel de la question au sujet du terrain antbracifère des Alpes en lisant, dans le numéro d’octobre 1855 du Bulletin de la Société géologique de France (tome XII, 2° sér., feuil. 55— 43), le résumé des analyses faites par M. À. Gaudoy des mémoires sur les terrains anthracifères des Alpes. DE SAINT=GERVAIS. 199 La série des terrains que j'ai pu observer est formée de bas en haut par : 1. Les mica-schistes. 2. Le système des schistes talqueux verts et lie de vin, de M. E. de Beaumont. 3. Celui du calcaire métamorphique avec gypse et corgneule (calcaire de Villette, de Sismonda ?) k. Celui des schistes ardoisiers avec anthracite. 5. Un calcaire indéterminé, à grain moyen avec schistes demi- feuilletés, gris, arénacés. 6. Calcaire à grain fin et schistes gris noirâtres à feuillets minces, avec bélemnites. Afin d'éviter toute confusion dans l'examen de ces diverses as- sises, je me bornerai pour le moment à l'étude du flanc occidental de la vallée et des hauteurs avoisinantes. J'exposerai dans un article à part la constitution géologique du flanc oriental. 4. Mica-schistes. Les masses eristallines du Mont-Blanc trahissent leur présence sur un point de la rive gauche, sous forme de mica-schistes. En face du village de Bionaï surgit un escarpement servant de base à une corniche élevée de 150 à 200 pieds, sur laquelle est bâti le village de St. Nicolas de Verosse. Le sommet de cette corniche est entièrement formé de quarzites compactes qui se rattachent aux couches du système suivant, tandis qu'au pied de l’escarpement les strates presque verticales du micaschiste se montrent au jour. En face du même point, sur la rive opposée, ces mêmes roches font une saillie plus considérable, au pied de laquelle est construit le village de Bionai. Sur ces deux points et ailleurs encore les strates affectent une position presque verticale. Le mica s’y montre en larges paillettes. 2. Système des schistes talqueux verts. J'ai choisi pour caractériser ce système de couches les schistes talqueux verts et couleur lie de vin d'El. de Beaumont, quoique ces schistes soient bien loin d'y former la roche dominante. Ces schistes offrant seuls la roche primitive à son état de moindre métamor- phisme, j'ai pensé que leur présence devait être choisie de préfé- … rence lorsqu'il s'agit d’un système de couches dont l'état méta- morphique a fait souvent disparaitre presque toute trace d’origine sédimentaire. Ces schistes ne constituent nulle part, aux environs de St. Gervais, une couche suivie ou de quelque puissance. Ce sont des lambeaux peu étendus, dont les feuillets sont souvent contournés. On les ob- serve spécialement tout auprès de l'établissement des bains, puis, au-dessous du village de St. Gervais, dans le lit du torrent. Partout 200 GÉOLOGIE ailleurs, dans le fond de la vallée, je ne les ai rencontré que pro- fondément modifiés dans leur texture. Derrière l'établissement des bains on les voit passer peu à peu au verrucano et former enfin par leur fusion complète une masse cris- tallme bigarrée de vert et de rouge. Tout près de là ils passent au quarzite compacte en perdant insensiblement d’abord leur couleur verte, puis leur texture lamelleuse. Çà et là enfin la masse des quarzites compactes et talqueux conserve quelques traces de l'éclat gras et des nuances vertes et rosées propres aux schistes. Là où le métamorphisme est complet, la masse saccharoïde des quarzites est pointillée d’atomes grisâtres, elairsemés (mica.) La formation des masses cristallines jaspées au dépend des schistes talqueux verts est de toute évidence; je ne saurais en dire autant des quarzites compactes. Ne serait-il pas possible que la fusion de couches arénacées eût contribué principalement à la formation de ces derniers? L'examen des couches qui accompagnent ces schistes sur d'autres points éloignés des centres de métamorphisme pourrait ré- soudre cette question. Si ma supposition était fondée, je n’hésiterais pas à voir dans les numéros 6 et 7 de la coupe du flane nord de la Maurienne de M. A. Sismonda, les représentants du système qui m'occupe ‘. Cette question , que je ne suis pas en mesure de résoudre , est fort importante dans la question présente. Car la position géologique des schistes talqueux verts pouvant être rigoureusement établie à Saint- Gervais, il en résulterait qu’elle le serait dès là même à St. Michel. Je viens de dire que la place occupée par le système des schistes talqueux verts peut être rigoureusement établie à St. Gervais. Ils s'appuient en effet, partout où les micaschistes viennent au jour, sur ces dernières roches, et sont plus fortement relevés à leur contact que toutes les couches qui les recouvrent. L'action métamorphique puissante qu'ils ont subie ne saurait provenir que de ce contact. Ils ne se confondent du reste point avec eux, car leurs couches concor- dent avec celles des schistes ardoisiers , tandis qu'elles reposent sur les relèvements des mica-schistes. — Nous verrons, en parlant du système suivant, que sa superposition et sa concordance ne saurait pas davantage être mise en doute. Dans le Bas-Valais, le système des schistes talqueux verts a pres- que partout subi un métamorphisme considérable, ensorte que malgré la grande puissance qu'il y déploie, il n’est pas facile de le recon- naître pour ce qu'il est. Le seul point, à moi connu et observé par mon fils, où les schistes verts se montrent sous leur aspect primitif, se trouve placé bien au-dessus du village d'Evionnaz, au-delà de St. Maurice. Là il accompagne , comme à St. Gervais , le caleaire métamorphique du groupe suivant et dans le même ordre. — Ces schistes, outre leur transformation en verrucano et en quarzites talqueux , présentent aux bains de St. Gervais, dans le voisinage du 1 Bulletin de la Société géologique de France, |. cit., p. 632. DE SAINT-GERVAIS. 201 gypse, une altération métamorphique d’un tout autre ordre. Le schiste a subi évidemment l’action de la cause qui a changé le calcaire du système suivant en corgneule et en gypse. La roche feuilletée, à feuillets très-contournés, est remplie de masses irrégulières, terreuses, formées en apparence de glomérules réunis, d’une cou- leur jaune d'ocre, passant parfois au rouge brique. Ces masses, comme la corgneule, que l'on croirait friables et pulvérulentes , se décomposent lentement à l'air, s'aplatissent sous le choc du marteau et résistent fortement en s'écrasant. La matière colorante verte du schiste a fourni la base des noyaux jaunes et celle lie de vin s’est transformée en une sorte d'hématite. Les noyaux sont liés entre eux par les lames du schiste, et celui-ci conserve plus ou moins son éelat gras et ses couleurs primitives. 3. Système du calcaire métamorphique. Je désigne ce calcaire par l'épithète de métamorphique, paree qu'il présente, à St. Gervais du moins, des traces de métamorphisme à divers degrés. Le grain de cette roche est très-fin, nullement cris- tallin, sa cassure est souvent conchoïde; mais ce qui le caractérise surtout est un réseau de veines fines de spath calcaire, se croisant en tout sens. C'est ce réseau qui donne aux corgneules formées au dé- pens de cette roche l'aspect aréolaire qui leur est propre. Ce réseau est un premier degré de métamorphisme, et ne saurait être assimilé aux fissures plus ou moins grandes, produit du retrait qui divise un grand nombre de roches. Dans un second degré de métamorphisme, ce calcaire passe à l’état de corgneule grise. Les espaces circonserits par les veines de spath ont perdu leur densité et pris un aspect cendré et pulvérulent. Cette corgneule est rare. Dans l’état le plus ordinaire les portions grises revêtent une couleur jaune d’ocre et une pulvérulence plus pro- noncée. Cette dernière forme présente une variété blanche plus pulvérulente encore et donnant en grande abondance un détritus farineux. Cette corgneule blanche est formée aux dépens d’un ealcaire dont les veines de spath ont pris un tel développement qu’elles ont envahi sa presque totalité et lui ont donné l'aspect d’un calcaire blanc cristallin, veiné de gris. — Quant au gypse il conserve rarement quelque chose de la texture du calcaire qui lui servit de base, comme cela se voit dans les gypses de Bex, d’Aïgle, de Villeneuve. Il diffère encore de tous ces gypses par le mélange d'atômes, gris dans l’anhy- drite, couleur de rouille dans le gypse hydraté, qui caractérisent, avec le mica, tous les gypses du Valais. Ce calcaire, avec les mêmes caractères , a été retrouvé par mon fils dans le Bas-Valais, derrière la dent du Midi, en compagnie des schistes verts, comme je l'ai dit. J'ai tout lieu de croire que le calcaire métamorphique , veiné de spath calcaire , qui se trouve entre Sion et Sierre, à côté des gypses, appartient à la même roche. 202 GÉOLOGIE Vu l'absence de restes organiques dans ses couches, il est impor- tant de bien déterminer les caractères pétrographiques de ce ealeaire, afin de le reconnaitre, autant que possible , sur toute la zône par- courue par le terrain anthracifère. Au-dessous de St. Gervais, sur un point assez limité, il offre deux genres de couches superposées. Les unes , inférieures, de la puissance de 6 à 7 mètres, sont formées de grès fins, grisâtres , feuilletés. Dans le voisinage de couches supérieures apparaissent 2 - à 3 bancs minces de calcaire gris, compacte, entremêlé de schistes marneux durcis. La portion supérieure du système est représentée par un banc puissant (10 à 15 mètres) de calcaire tel que je l'ai décrit. Quant à la place que doit occuper le caleaire métamorphique dans le diagramme tracé par M. Sismonda, il me paraît hors de doute qu'il représente celui que ce savant nomme calcaire de Villette’. Seulement faut-il noter qu'à St. Gervais il parait réduit à ses plus chétives dimensions. Toutes les recherches que j'ai faites , notamment dans les couches schisteuses, pour y découvrir quelques restes organiques ant été in- fructueuses. La position du calcaire métamorphique relativement aux sehistes verts, à St. Gervais, ne saurait être à mes yeux l'objet d'aucun doute. Les couches inférieures , plus ou moins arénacées, reposent sur les schistes talqueux verts. Je ne puis donc partager l'opinion de M. E. de Beaumont, malgré l'affirmation dont il l'accompagne, lorsqu'il dit, en parlant de ces schistes : ils sont placés certainement uu-dessus des couches à bélemnites et à empreintes végétales®. À St. Gervais ils sont bien certainement placés immédiatement au-dessous du calcaire métamorphique et celui-ci de même se trouve partout et sur une grande étendue, immédiatement au-dessous des couches à empreintes végétales et à plus forte raison des couches à bélemnites placées plus haut encore. Je conviens qu'il me sied fort mal de me prononcer de la sorte; l'opinion de M. E. de Beaumont est toute puissante en pareille matière; la mienne est nulle. Cependant, si l’on veut se borner à opposer les faits aux faits, je demanderai laquelle des deux superpositions parait la mieux établie, de celle qui se révèle sur des terrains peu inclinés et très-régulièrement stratifiés sur une grande étendue, ou de celle qui a été constatée au milieu de failles et de relèvements considérables? La présence du calcaire métamorphique est du reste très-facile à reconnaître dans la vallée de St. Nicolas, grâce au gypse et à la corgneule qui le représentent presque partout où il se montre à la surface. Connaïissant sa place dans la série de l’anthracifère de la contrée, il devient aisé de déterminer, même de loin, les niveaux divers auxquels ce terrain s'élève. Ce moyen d'observation est sur- tout avantageux sur le flanc oriental de la vallée, où ces niveaux varient beaucoup. 1 Bulletin de la Société géologique de France, I. c., p. 652. 2 Bulletin de la Société géologique de France, I. c., p. 591. l DE SAINT-GERVAIS. 203 k. Système des schistes ardoisiers anthraciféres. S'il est difficile de tracer une ligne de démarcation entre les deux systèmes précédents, il l'est moins de séparer distinctement le cal- eaire métamorphique des schistes ardoisiers, car ici la transition est brusque et bien tranchée. Le gros banc de calcaire dont j'ai parlé et les masses de gypse et de corgneule sont partout immédiatement recouvertes par 2 espèces de roches alternant fréquemment ensemble sur une assez grande étendue. Je ne puis, même approximativement , indiquer leur puis- sance. Ces deux roches sont : des schistes ardoisiers sémi-argileux, noirs , très-altérables à l'air, tachant fortement les doigts ; un cal- caire bleu, cristallin, très-lur , à cassure grenue , çà et là bréchi- forme, quelquefois micacé. Au milieu de ces bancs de schistes et de calcaire alternants se place une couche d'anthracite, de 10 à 15 centi- mètres, distante d'environ 30 à 35 mètres du calcaire métamorphi- que subjacent. Dans le voisinage de l’anthracite les schistes sont finement feuil- letés et très-noirs; en s’éloignant d'elle ils prennent un aspect gri- sâtre, en même temps que leurs feuillets deviennent plus consistants et moins altérables à l'air. Ces mêmes schistes, durs et gris, devien- nent, sur d'autres points de la vallée, plus ou moins micacés et renferment les empreintes bien connues de plantes des terrains houillers. Malgré toutes mes perquisitions, je n'ai pu découvrir ni empreintes végétales, ni restes fossiles dans les schistes de la vallée de St. Gervais. Il est vrai que dans cette localité les parties du terrain anthracifère qui succèdent immédiatement à l'anthracite sont fort peu accessibles à l'observation. En s’éloignant davantage encore de l’anthracite, les bancs de calcaire cristallin bleu disparaissent tout à fait et la succession des couches d’ardoise n’est plus interrompue que par des bancs de cal- caire noirâtre, à cassure feuilletée ou schistoide. Ces bancs, qui ne différent de l’ardoise que par leur non fissilité, se distinguent des autres calcaires par de grandes veines de spath calcaire qui les sillon- nent assez souvent. Dans la partie supérieure du système, ces veines se transforment graduellement en rognons calcaires, et à ses dernières limites ces rognons, très-abondants, forment souvent dans la roche des excava- tions remplies de cristaux et accompagnées de pyrites. Les schistes ardoisiers de la partie supérieure m'ont fourni, non sans beaucoup de recherches, deux exemplaires de bélemnites indé- terminables. Ces fossiles sont tellement entrecoupés de spath calcaire ar l’étirement de l’ardoise, qu'ils ont triplé au moins de longueur. eur calibre est celui d’une plume à écrire; leur longueur est de plus de 9 à 10 centimètres ; l’entonnoir est écrasé et les caractères du fossile sont insaisissables. Ces schistes supérieurs à bélemnites appartiennent-ils au même étage que les schistes noirs, à anthracite 204 GÉOLOGIE avec calcaire cristallin intereallé, ou bien faut-il les envisager comme terrains différents? Telle est une grande question que je ne puis résoudre. Un plus long séjour dans la localité m'aurait, je le crois, permis d'y répondre en escaladant les pentes occidentales du Mont- Joli, au-delà de St. Nicolas. Quoi qu’il en soit, l'existence de bélemnites dans les schistes ar- doisiers supérieurs à l’anthracite est constatée à St. Gervais comme dans la Maurienne. La puissance des schistes ardoisiers de St. Gervais est considé- rable, on peut l’estimer à 700 mètres environ, en partant du point où ils sont recouverts par un calcaire dont je parlerai ci-après. Toutes les sommités formées par des schistes ayant été fortement moutonnées par les glaciers, on peut se tromper beaucoup en mesu- rant la puissance des couches de la base au sommet des montagnes. L’anthracifère de St. Gervais se rapporte évidemment aux schistes ardésio-caleaires n° 3 de la coupe de la Maurienne, donnée par M. Sismonda *. 5. Calcaire indéterminée, grenu. Ce calcaire n’existe dans la localité qu’au sommet du Mont-Joli (2660), où il forme la base du pitton qui termine la montagne. Il est représenté par un grand nombre de couches peu épaisses, de calcaire gris-bleuâtre, à cassure grenue, alternant avec des schistes à feuillets courts et brisés, rudes au toucher, limoneux. Ce terrain, assis sur les schistes ardoisiers, présente une stratifi- cation très-régulière, légèrement inclinée à l'est, ne concordant point avec celle des schistes subjacents. Sa puissance est d'environ 70 mètres, et ses assises se dessinent nettement dans la configuration de la montagne. C’est en vain que j'y ai cherché quelques restes organiques. Les fragments exposés aux influences atmosphériques prennent une couleur gris-pâle. Je ne puis le rapprocher d'aucune des couches qui font partie de la coupe de M. Sismonda. En tout cas, ils n’appartiennent pont au terrain anthracifère qu'ils recouvrent et ne sauraient être rattachés qu'au jurassique. 6. Calcaire à bélemnites (jurassique). Ce calcaire, situé au-dessus du précédent, forme le sommet du Mont-Joli®. Il est aussi composé de bancs alternatifs nombreux de calcaire compacte et de schistes; mais leur texture est différente de celle des précédents. Le calcaire a une pâte fine très-compacte; sa 1 Bulletin de la Société géologique de France, I. c. p. 632. 2 Le jurassique n’est pas indiqué sur ce point dans la carte géologique de MM. Studer et Escher; mais il l’est en revanche plus au midi, sur la même chaine et dans la même direction. és. DE SAINT-GERVAIS. 205 texture est souvent lamellaire ; sa couleur est bleue. Les schistes sont noirâtres, disposés en tables minces qui se feuillettent comme les ardoises; mais se décomposent rapidement à l'air en boue grise. ‘La stratification de ces couches est aussi parfaitement régulière, mais leur inclinaison est plus prononcée (15° environ) que celle des couches subjacentes et dirigée à l’ouest. Il n'est done pas possible de les rattacher au calcaire arénacé qu'elles recouvrent, bien moins encore au terrain anthracifère dont ce dernier les sépare. J'y ai trouvé deux bélemnites, l’une très-abondante , l'autre re- présentée par un seul individu. Cette dernière a plus de 30 centi- mètres de longueur, sa largeur est d'environ 3 centimètres; mais elle est complètement aplatie et indéterminable. Les autres bélem- nites sont courtes , épaisses, fusiformes, ordinairement entrecoupées de spath calcaire. Leur entonnoir est court, leur sommet finit brus- quement en pointe. Soumises à l'examen de M. Renevier, sans faire connaitre leur provenance, ce géologue crut y reconnaître la belem- nîtes niger du lias supérieur. Aucun des échantillons ne présentait les stries apicales caractéristiques de cette espèce; de sorte‘que M. Renevier évita de se prononcer d'une manière absolue à son sujet; 1l ne put du reste la rapprocher d'aucune autre espèce connue. J'ai cherché, mais en vain, dans la même localité, d’autres pétri- fications. On doit y trouver des ammonites, au dire du guide qui m'accompagnait. Il. Flanc oriental de la vallée de St. Gervais. Cette vallée, dans sa partie inférieure, est limitée à l’orient par la base du Mont-Blanc, dont se détache au nord un éperon qui, cou- pant à angle droit la vallée de l'Arve, va se terminer à Servoz. Ce prolongement forme deux sommités assez élevées, le Prarion (2146) et la Forclaz. Au point où il se détache du Mont-Blane une échan- crure transversale l’étrangle à sa base qui reste unie au colosse par le col de Voza. Les roches que j'ai énumérées en étudiant le côté opposé de la vallée se retrouvent sur la rive droite. Les mica-schistes se montrent sur plusieurs points au bas des derniers escarpements du Mont-Blanc, où ils forment quelques gra- dins de hauteurs diverses, mais plus élevés que celui de St. Nicolas dont j'ai parlé. L'éperon du Prarion formé par l’anthracifère fortement soulevé, ne pouvait offrir pareille structure sans renfermer dans ses flanes . des roches cristallines agent de leur déplacement. Après quelques recherches , j'ai trouvé en effet le miea-schiste à mi-bauteur de la montagne, non loin du chemin qui tend de Saint- Gervais au Pavillon de Bellevue. Là aussi ses strates sont presque verticales, mais inclinées à l’ouest, tandis qu'ailleurs dans la vallée elles le sont plutôt à l’est. 206 GÉOLOGIE Les escarpements de la montagne étant presque partout recouverts de forêts et de détritus de l'époque glaciaire , il est difficile de con= stater la nature des roches subjacentes. Les schistes talqueux verts et leurs représentants existent sans doute sur plusieurs points du flanc droit de la vallée que je n’ai pas exploré. Comme l’anthracifère y est abondant, ce système, qui leur sert de base, doit s'y rencontrer aussi. J'ai retrouvé un lambeau des schistes verts au sommet du Prarion, non loin du calcaire métamorphique. Les quarzites en revanche existent en grandes masses au fond de la vallée, sous le village de St. Gervais, où ils supportent les cor- gneules; puis de l’autre côté du col de la Forclaz. Sur ce dernier point ils se rattachent à un lambeau d'anthracifère qui revêt le cdté oriental de l'éperon et appartient à la vallée de Chamounix. Le calcaire métamorphique avee les gypses et les corgneules est de même très-répandu. Il forme la base d'une zône d’anthracifère qui, sous forme de ceinture, enveloppe le pied du Mont-Blanc au- dessous de la région des glaciers, depuis les Contamines jusque dans le voisinage du village de Chamounix. Cette ceinture, plus élevée du côté des Contamines (vallée de St. Gervais), descend peu à peu en contournant l'angle nord-ouest du massif et vient s’éteimdre au fond de la vallée près de Chamounix. De profonds ravins l'ont sillonnée ; les glaciers anciens ont emporté les schistes ardoisiers et laissé à nu le calcaire métamorphique sur divers points, de part et d’autre du col de Voza. L’étranglement qui sépare le Prarion du Mont-Blane est occupé par l’anthracifère. Sur le Prarion et à la Forelaz, ce dernier terrain occupe une po- sition toute différente. Du côté sud ou du Mont-Blane, point où le soulèvement s'est opéré, l’anthracifère a été séparé de la zône du Mont-Blanc et de celle du bassin voisin de St. Gervais, puis redressé et rejeté à lorient du côté de Chamounix, à l'occident du côté de Sallanches et au nord du côté de Servoz. il résulte de là que l’ex- trémité de l’éperon parti du Mont-Blanc se trouve entièrement formé par l’anthracifère. Au sommet du Prarion les couches de schistes ardoisiers exposées au frottement des grands glaciers qui descendirent autrefois de la vallée de Chamounix ont presque entièrement disparu. Il en est resté quelques lambeaux préservés par les saillies plus résistantes des quarzites et des calcaires. Ces dernières roches mises à nu ent formé le sol actuel de la montagne, en sorte qu'il faut quelque peine pour se rendre compte des phénomènes et de la position réelle des couches. La connaissance que j'avais acquise de la constitution des couches en place situées au bas de la vallée, vint à mon aide pour résoudre le problème de la dislocation de l’anthracifère par le soulèvement du Prarion, — Voici comment : Au nord de St. Gervais, dans le lit d’un ravin, on voit distinctement le calcaire métamorphique surgir du fond de la vallée de l’Arve, en se couchant sur le flanc de la TT DE SAINT-GERVAIS. 207 montagne. De ce point le calcaire gagne d’une part la hauteur , de l'autre, il s’avance horizontalement au-dessus du village toujours appliqué sur l’escarpement. Bientôt on cesse de l'apercevoir dans ce dernier sens, pour arriver dans la région des quarzites et du mica- schiste. Il n’en est pas de même dans la hauteur : ici il continue toujours à monter obliquement, couché sur le flanc du mont, jusqu'à ce qu'il ait atteint le sommet du Prarion. Avant d'y parvenir il forme une arête saillante où il est exploité pour pierre à chaux. — Si l'on. part de la zône occupée par le calcaire métamorphique pour se diriger du côté de la Forciaz (au nord) on rencontre d'abord les schistes ardoisiers, puis le calcaire cristallin bleu qui caractérise leur étage inférieur , enfin de rechef les mêmes schistes, jusqu'à la terminaison de l’éperon. La carte géologique de M. Studer place sur le point qui nous occupe un lambeau de terrain jurassique. Je n'ai pas su l'y dé- couvrir; s’il existe quelque part, ce ne peut être qu'à la tête de Montfort, sommité arrondie qui termine l’éperon au nord du eol de la Forclaz. Encore faudrait-11 pour cela que dans cet endroit l’an- thracifère eût beaucoup perdu de sa puissance. Ce qui précède suffit pour. établir que sur le flanc oriental ce la vallée de St. Gervais l’anthracifère se comporte de tout autre façon que sur le flanc opposé. Cette différence tient uniquement aux sou- lèvements des roches cristallines qui d'un eûté ont déjeté ce terrain dans divers sens en le rompant, tandis que de l'autre elles se sont bornées à le soulever modérément , sans le rompre , et à l'mcliner au nord-est. Terminons ce coup-d’æil fort imparfait par quelques conclusions. 4° La portion de terrain anthracifère qui s'étend au midi de l'Arve, entre St. Gervais et Sallenches, peut servir d’étalon pour l’étude des autres parties du même terra n. Il est done à désirer qu'il de- vienne l'objet d’une étude spéciale et complète. 2° Les terrains observés se composent de 4 assises plus ou moins distinctes, superposées comme suit : a) Grès, quarzites, poudingues, avec schiste talqueux verts ; b) Calcaire souv.nt métamorphosé en gypse et corgneule ; £) Calcaires cristallins bleus, avec schistes ardoisiers, anthracite et impression de végétaux houillers ; d) Schistes ardoisiers avec bélemnites. 3° Il n'existe à St. Gervais qu'une seule couche d’anthracite; il est peu probable qu'il y en ait d'autres. &° Les schistes ardoisiers y sont recouverts par un calcaire grenu, avec schistes arénacés qui appartiennent à un terrain plus récent. 5° Au-dessus de ce dernier se place un troisième terrain (juras- Sique) contenant des fossiles d’origine encore indéterrinée. La distribution de l’anthracifère donnée par M. Se. Gras ne peut aucunement s’harmoniser avec les faits observés à St. Gervais". 1 Bulletin de la Société géologique de France, t, XII, 2°° série, p. 255, pl. IX-XH. 208 REMARQUES EXPLICATION DES COUPES. N°1. Coupe à l'entrée de la vallée. b, quarzites. c, c, calcaire avec cor- gneule et gypse. c’, partie inférieure du même calcaire. d, d, schistes ar- doisiers avec anthracite. d’, d’, calcaire cristallin bleu subordonné aux A RU] e, e, erratique. 0, 0, schistes verts, talqueux. r, verrucano eris- tallin. N°2. Coupe à la hauteur du village de S' Gervais. a, mica-schistes. b, quarzites. ce, €, calcaire avec corgneule et gypse. c’, couches inférieures du même calcaire. d, d, ardoises. e, erratique. o, schistes talqueux. N° 5. Coupe à lu hauteur du village de Bionai. a, mica-schistes. b. quarzites. €, calcaire et corgneule. d, d, schistes ardoisiers et anthracite, m, calcaire grenu. n, calcaire jurassique avec bélemnites. = 2" 600—— REMARQUES SUR LES FORMATIONS MODERNES DANS LE CANTON DE VAUD. Par M. A. Morlot. (Séance du 7 janvier 1857.) En géologie les regards se sont principalement portés sur les terrains de formation ancienne. Le Silurien absorbe actuellement l'attention des plus grands savants, tandis que le Quaternaire est négligé, on pourrait presque dire méprisé. Ainsi, dans l'ouvrage allemand, qui vient de paraitre sur la géologie de la Suisse, il n’est guère plus question du Diluvien et de l'Erratique, si classiques pré- cisément chez nous, que si l'étude de ces terrains n’était point du ressort de la géologie. Il en est à certains égards de même dans la vie ordinaire. On s’in- téressera, par exemple, souvent beaucoup plus à ce qui se passe dans les pays étrangers, qu'à ce qui arrive à sa porte, et l'on aura des notions assez étendues sur telle contrée lointaine , tandis qu'on vivra et mourra dans une ignorance profonde sur ce qui touche à sa propre patrie. Il y aura vraisemblablement à Lausanne bien plus de personnes connaissant Paris et Londres, que de celles qui ont visité le site de cette antique abbaye de Haut-Crèt, si célèbre dans les annales du Canton. Et cependant une étude attentive du monde qui nous entoure 1m- médiatement est le seul moyen d'arriver à saisir quelque peu les des- tinées de l'humanité, tout comme en géologie, l’étude du présent fournit la lumière pour éclairer l’histoire de notre planète; ainsi que l'a si bien développé Lyell. Une question en particulier se rattache à l'étude des formations modernes, c’est celle des dates, de la chronologie absolue en géo- logie. Jusqu'à présent on n'a eu qu’une chronologie relative, établis- sant que tel terrain, tel phénomène est postérieur à tel autre et antérieur à un troisième. Mais on n’a encore aucune idée du temps PS RE I PTS W À] 1, DIN LT | W LR" — NT = \ S W// tt «el E 18 vw éL, 2° in: SUR LES FORMATIONS MODERNES. 209 réel, mesuré en années, en siècles ou en milliers d'années, qui s’est écoulé pendant que tel terrain se formait ou depuis que tel phéno- mène se passait. Pour arriver à fixer, non pas encore des dates précises, mais plus ou moins approximatives, il faut évidemment trouver des termes de comparaison dans ce qui se passe aujourd'hui sur notre globe. Seulement, comme ces changements actuels sont forts lents par rapport à la durée de la vie de l'homme , ce sera sur- tout à l'archéologie qu'on s’adressera pour obtenir des données, et cette science prêtera à sa sœur, la géologie, le plus grand secours pour l'étude des formations modernes. Mais le géologue ne peut pas procéder ici, comme pour l'étude: des terrains plus anciens, que les dislocations , les soulèvements et mille accidents ont mis à la portée de son observation. Les dépôts modernes sont en raison même de leur nature ordinairement inac- cessibles ou du moins soustraits à la vue, et ce ne sont guères que des accidents, comme tranchées, fouilles, sondages et autres ou- vrages d'art, qui mettent en évidence ce qu’on cherche, tantôt sur un point, tantôt sur un autre et le plus souvent pour un moment seulement. La coopération d’un publie instruit et attentif devient done ici de toute importance. Une des plus remarquables tentatives d'établir une date absolue dans le domaine de la géologie est le calcul bien connu du temps, que la chute du Niagara doit avoir mis pour rétrograder de Queens- town à son emplacement actuel. Si le résultat de 35000 ans n'est encore que très-incertain, 1l est toujours infiniment plus satisfaisant que les expressions : longtemps, ou des siècles, où un grand laps de temps. Nous n'avons pas de Niagara chez nous, mais notre pays présente bien des phénomènes, qui ne demandent qu'à être étudiés de près pour fournir des données plus ou moins importantes. Les cônes de déjection, que les torrents forment à leur embou- chure dans un lac, présentent un grand intérêt, surtout par leur correspondance parfaite ave les restes des cônes des mêmes tor- rents, mais de l'époque diluvienne , lorsque les lacs occupaient des niveaux supérieurs à ceux qu'ils présentent aujourd'hui. Si l’on ar- rive à estimer avec quelque raison la vitesse d'accroissement de nos cènes modernes, on pourra en déduire plus ou moins approximative- ment le temps qu'ils ont mis à se former, et on remontera de là à une évaluation de la durée de chacune des phases de l’époque dilu- vienne , à laquelle correspond un niveau et un cûne ancien. Chaque cône de déjection moderne aura naturellement un terme d’accroisse- ment différent , dépendant de sa forme et de son étendue , de la quan- tité de matériaux que charrie son torrent, et de toutes les cireons- tances physiques présidant à sa formation. Aussi ne faudra-t-il pas se hâter de conclure de l’un à l’autre, mais on attendra d’avoir réuni un plus grand nombre de faits pour les comparer entr'eux et pour arriver à des résultats quelque peu satisfaisants. 210 REMARQUES Cône moderne de la Baye de Montreux. En creusant en Avril 4856 les fondements de la scierie de marbre de M. Doret, située au bord du lac, un ouvrier a trouvé vers l’angle nord est du bâtiment, dans le gravier, à 9 pieds de profondeur sous la surface du sol, une pièce de 6 sols de Genève avec la date 1641. La pièce était bien conservée, un peu oxydée, mais ni usée, ni roulée. On voyait dans le gravier, jusqu’à 2 à 3 pieds de profondeur des fragments de tuiles roulées. M. Doret dit, qu’on peut avoir toute confiance dans les as- sertions de l’ouvrier. Comme depuis longtemps déjà des diguements empêchent le torrent de divaguer librement sur toute l'étendue de son cône, on ne peut point conclure du fait rapporté à l'accroissement général de ce dernier. Cône moderne de la Baye de Clarens. M. Vincent Rambert rap- porte, qu'en minant le pré dit au Billardin à Clarens, en 1824 ou 1825, on a trouvé à une profondeur de 8 à 9 pieds d’anciens fonde- ments. Ce pré se trouve dans le domaine de déjection moderne du torrent, qui se diversait parfois de ce côté, avant qu'il eût été dé- tourné par le grand mur bernois. Cône de la Veveyse. M. Troyon rapporte, qu’en creusant en 1854 les fondements du pont actuel sur la Veveyse, on trouva à 8 à 10 pieds de profondeur sous le lit du torrent un bracelet en bronze d’un travail assez grossier. M. Schnetzler, professeur de sciences naturelles à Vevey, a eu la bonté de fournir les renseignements suivants : « M. Guillaume Blan- chet m'a donné à consulter d'anciens plans de la ville de Vevey. On y voit quel était le rivage en 1770. L’alluvion a été déterminée il y a quelques années par un travail exact de Venetz pére, la carte est déposée au greffe municipal. On compte 4 pieds par an d’alluvion permanente, en dehors de l’action des vagues, ce qui, pour les 85 ans écoulés depuis 1770, fait une somme de 340 pieds d’alluvion permanente. D’après des informations prises auprès de M. Vincent, ancien régent, on a trouvé vers l'an 1811, en creusant le puits de la maison Roy, vers Ste. Claire, à 30 pieds de profondeur du bois travaillé, soit des pilotis. En refondant les prisons , on a trouvé des cailloux, comme ceux de la Veveyse. A la Prairie (campagne Bur- pat) on a trouvé vers 1804 des cornes de cerf dans un dépôt d’al- luvion. » Notons que si les alluvions de la Veveyse sont si sensibles, ce n’est que parce que les diguements les concentrent sur un seul et même point, car si le torrent pouvait librement divaguer sur toute l'étendue de son cène moderne, l'accroissement de celui-ci depuis 1770 serait à peine perceptible. Quant à la trouvaille de la maison Roy n’aurait-on point peut-être affaire iei à des vestiges d’antiques habitations lacustres, enfouies par les alluvions du torrent! Ce qu'il y a de certain, c’est que le point se trouve situé sur le cône de dé- Jection moderne de la Veveyse. Il en est de même de presque toute la ville actuelle de Vevey, qui arrivera bien aussi à être un jour en- SUR LES FORMATIONS MODERNES. 241 fouie sous les dépôts du torrent. Des générations futures s’établiront peut-être au-dessus, sans se douter de ce qui se passait sur les mêmes lieux au 19° siècle, et sans s'inquiéter de ce qui lui arrivera à son tour, surtout si elle barre le torrent par des ponts à plusieurs arches. Cône de la Mentue, près d'Yverdon. Lorsqu'on exécuta, il y a 4 ou 5 ans, la correction de la grande route à Yvonand on trouva, en ouvrant un nouveau lit au torrent, eten fondant les culées du pont, à 12 pieds de profondeur des tuiles romaines, des débris de murs et des ossements de chevaux. Le tout reposait sur des lits de sable et de gravier, entre lesquels se trouvaient çà et là des amas de feuilles bien conservées, ayant jusqu'à 5 pouces d'épaisseur, malgré la pres sion exercée par les couches supérieures. Au-dessous des feuilles venait de nouveau le gravier. (Communiqué par M. Troyon.) Yverdon. M. Troyon à fait sur les environs d'Yverdon des obser- vations fort curieuses, consignées dans l'Indicateur d'histoire et d’antiquités suisses, n° 3, 1895, et dont il convient de donner ici un aperçu : Le lac de Neuchâtel étant peu profond vers son extrémité méri- dionale les alluvions combinées de l'Orbe et du Buron gagnent assez rapidement du terrain. [l paraît, qu'à l’âge de la pierre, avant l'in- troduction de la civilisation du bronze dans l'antique Helvétie, le lac s’étendait jusqu'au mont de Chamblon, soit à environ 5500 pieds (1650 mètres) de sa rive actuelle, car M. Simon a trouvé près des Uttins, à 8 à 10 pieds de profondeur dans la tourbe, deux haches en serpentine et une pointe de flèche en silex (musée d’Yverdon) au- près de pieux ou pilotis plantés verticalement dans le sol. Entre ce point et le pied du mont, qui est tout voisin, des racines d’aulnes et des troncs d'arbres pris dans la tourbe, dessinent une ancienne rive, dont la hauteur répondrait à peu près à celle du lac actuel, lequel n'aurait donc pas sensiblement changé de niveau depuis cette haute antiquité. Or, les ruines d'Eburodunum, soit de l’ancien Yverdon romain , se trouvent séparées du lac par une zône d’alluvion mesu- rant en moyenne 2500 pieds de largeur et qui doit avoir mis au moins 15 siècles (plus vraisemblablement cependant au moins 18 siècles) pour se former. On pourrait done conclure, que le dernier moment du séjour du lac sous Chamblon remonterait au moins à 15 siècles avant l’ère chrétienne. Les talus d'éboulement qui s'accumulent au p'ed des grands escar- pements de roc, méritent aussi quelque attention. J. P. Ravy de Gryon montre un gros bloc qui est tombé des Diablerets en 1815, un jour que M. de Charpentier était monté à Anzeindaz. Il est actuel- lement déjà à peu près à demi enfoui par l'accroissement du talus d'éboulement ou chable, quoique celui-ci occupe non un ereux ou ravin, mais la surface égale du versant. M. de Charpentier se pro- posait de faire marquer la date sur ce bloc. Espérons que quelqu'un 212 REMARQUES de ces nombreux pensionnaires que le séjour de Gryon attire, se rendra utile à la science, en mettant à exécution la pensée de M. de Charpentier et en déterminant par une petite fouille faite avee soim et précaution de combien le talus s’est exhaussé depuis 1815. L’éboulement du Tauredunum, arrivé l'an 563 de notre ère, a couvert un certain espace de terrain entre Chessel et Noville de rocaille et de débris. Ce terrain d’abord nu s’est depuis recouvert d'une couche de terre végétale, qui mesure d’un quart à demi pied d'épaisseur et qui a done exigé 13 siècles pour sa formation. L'affouillement par les cours d’eau doit être plus ou moins régu- lier et parfois assez sensible, seulement il sera rare de pouvoir éva- luer cette action, les points de repère faisant ordinairement défaut. Aussi l’observation de M. Sylvius Chavannes, consignée à la page 161, t. IV, du présent bulletin, offre-t-elle beaucoup d'intérêt en établissant un abaissement du lit de la Morges, sur un certain point, de 28 pieds depuis l’époque romaine. Depuis que la présente communication a été faite à la séance annuelle de la Société l’auteur a reçu de M. Henri Bessart à Mou- don une lettre très-intéressante sur les alluvions de la vallée de la Broye. La correction et canalisation qui vient d'être faite de la Broye a fourni de belles coupes, donnant lieu à des observations de grande valeur. Comme M. Bessard poursuit l'étude du sujet, on peut espé- rer qu'il en entretiendra plus tard lui-même la Société, dont il est membre. C’est aussi depuis la séance annuelle, qu'il s’est présenté une observation d’un rare intérêt à Villeneuve. On pousse une tranchée pour le chemin de fer dans le cône moderne de la Tinière , entre le chemin qui monte à la Muraz et la ville, sur la rive gauche du tor- rent. La surface du terrain coupé est inclinée parfaitement réguliè- rement suivant le sens de la tranchée de 1 ‘/, degré exactement. La tranchée pénètre dans le sol jusqu'à une profondeur d'environ 12 pieds. Le terrain ainsi coupé se trouve composé des dépôts du torrent, de gravier et de cailloutis plus ou moins grossier, contenant des blocs roulés qui atteignent jusqu’à 3 pieds de diamètre. Le tout présente à peine des traces de stratification, qui sont, du reste, pa- rallèles à la surface du sol. Ce sont là les conditions normales des dépôts torrentiels. Notons encore, qu'il règne une uniformité et ré- gularité générale dans le dépôt sur toute la profondeur de la tran- chée. La terre végétale, quoique nourrissant un beau gazon, n’a que de deux à trois pouces de profondeur et se mêle alors intimément avec le gravier et le cailloutis. À 4 pieds de profondeur, plus exac- tement à 3 8/’ (1,1% mètres), sous la surface du sol et mesuré jus- qu’à la base de la couche, on remarque sur toute la longueur de la «2 mil Fe SUR LES FORMATIONS MODERNES. 243 tranchée une couche bien régulière et parallèle à la surface de 4 à 6 pouces d'épaisseur, qui est évidemment un ancien sol. Elle est ter- reuse, renferme quelques hélices, des traces assez rares de charbon, quelques fragments anguleux de tuile romaine, et l'on y a trouvé une médaille romaine de frappe évidemment antérieure au bas- empire. Voilà donc la couche romaine, à laquelle il à fallu au moins de 43 à 15 siècles pour être ensevelie sous 4 pieds d’alluvion. On ne peut compter que jusqu'au siècle passé, parce que les Bernoïis ont alors construit deux digues, qui n'ont plus pérmis au torrent de se déverser du côté de la ville. Remarquons, en passant, qu'infé- rieurement à cette couche de # pieds il ne s’est pas présenté trace de brique ou tuile. Ceci n’est pas sans quelque signification, puisque la brique et la tuile ne paraissent en Suisse qu'avec les Romains. Remarquons aussi, que les mesures de profondeur ont été faites avec grand soin et répétées plusieurs fois, là où la tranchée avait sa plus grande profondeur d'environ 12 pieds. Elle présentait alors sur ce point(Septembre jusqu'à Décembre 1856) des escarpements verticaux, depuis la surface du sol jusqu’au fond. A 10 pieds de profondeur, plus exactement 9/ 9/’ (2,97 mètres) mesuré aussi jusqu'à la base de la couche, on remarque une autre couche régulière et parallèle à la surface , comme la première , seulement en raison de sa profondeur elle ne se trouve entamée que sur une longueur d’une cinquantaine de pieds. Cette couche a aussi ses 6 pouces d'épaisseur (0,18 mètres) et est évidemment aussi un ancien sol, quoiqu'elle soit plus argileuse et glaiseuse que la première. Elle renferme quelques hélices, beau- coup de charbon de bois, de nombreux fragments d’ossements con- cassés et l’auteur, en y fouillant, en a tiré lui-même un fragment anguleux bien conservé de cette poterie à pâte pétrie de grains, qu'on trouve dans nos lacs avec les pilotis de l’âge du bronze, et qu'on appelle ordinairement celtique. Maintenant, si l'accroissement du cône de la Tinière à Villeneuve Lee présenter de grandes irrégularités quand on ne considère que le travail de quelques années, on peut et l’on doit, semble-t-il, admettre une régularité assez grande pour des moyennes embrassant plus de dix siècles. On peut done conclure, rectification ultérieure réservée, que s'il a fallu de 13 à 15 siècles au moins pour former les 4 pieds d’alluvion sur la couche romaine, la date de la couche de 10 pieds, avec poterie dite celtique, remonte à environ 20 siècles avant l'ère chrétienne. Comme on continuera les travaux et qu’on élargira considérable ment la tranchée, on peut espérer que les observations rapportées seront complétées, ce qui serait fort à désirer. Accordons, en atten- dant, que la date déduite ne soit qu'une approximation à quelques siècles près, elle n’en est pas moins précieuse, car elle constitue la première donnée de chronologie absolue qu’on possède sur l’âge du bronze en Suisse. L'histoire, et même la tradition ne franchissent pas chez nous l’âge du fer, auquel appartenait la civilisation helvétienne antérieure à l'invasion romaine, ainsi que l’établit notre savant 214 OBSERVATIONS OZONOMÉTRIQUES. archéologue M. Troyon. La civilisation du bronze, qui a précédé celle du fer, et qui a évidemment eu une longue durée dans le pays, est complètement en dehors de toute histoire, de tout souvenir. On ne sait ni quand elle a commencé, ni combien de temps elle a duré, ni même quand elle a tiré à sa fin. La tranchée de Villeneuve est le premier fait, quoique encore bien incomplet, qui vienne jeter quel- que lumière sur le sujet. Grâces à la présence des deux couches, romaine et soi-disant celtique, sur la même coupe, on a ici un véri- table chronomètre pour évaluer, tant la rapidité d’accroissement du cône torrentiel, que pour fournir une date à l'archéologie , chrono- mètre bon et valable, aussi longtemps qu'on n'en trouvera pas de meilleur. On voit quel intérêt peut s'attacher à un mauvais fragment de terre cuite, suivant les circonstances de son gisement. Puisse cet exemple encourager aux observations attentives dans le domaine des formations modernes. OBSERVATIONS OZONOMÉTRIQUES : Par M. G. de Rumine. (Séance du 4 février 1857.) M. Charles-Th. Gaudin communique de la part de M. G. de Ru- mine la seconde série des observations ozonométriques faites au Grand St-Bernard, à Eglantine (Lausanne) et à Villeneuve. Nous devons à l’obligeance de M. le prieur Deléglise, à celle de M. Pochon, chanoine régulier au Grand St-Bernard, et à M. Duflon, de Villeneuve, de pouvoir communiquer une seconde série d'obser- vations ozonométriques ‘. Il est intéressant de voir confirmer plei- nement par cette nouvelle série les résultats principaux obtenus par la première. I. COMPARAISON DE L'OZONE NOCTURNE AVEC L'OZONE DIURNE. 1° Grand St-Bernard. Pendant 7 mois conséeutifs (juin à décembre 1856) la somme d'ozone nocturne a été pour chaque mois plus considérable que celle de l'ozone diurne. Cette différence s’est élevée à 7,52 de la somme totale. Sur 106 fois où l’on a obtenu le maximum, 67 l'ont été pen- dant la nuit et 39 pendant le Jour. * Voir la 4'"® série dans le Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, n° 59, page 418. dite A TT d | + h ; OBSERVATIONS OZONOMÉTRIQUES. 245 Mois. Ozone nocturne. Ozone diurne. Différence. Juin 262 176 86 Juillet 271 209 62 Août 273 172 101 Septembre 286 228 58 Octobre 252 189 63 Novembre 244 211 33 Décembre 252 223 29 Total 1840 1408 432 2° Eglantine (Lausanne). Pendant 120 jours d'observation (juin, juillet, août et septembre) la somme d'ozone nocturne a été plus considérable que celle de l'ozone diurne. Cette différence s’est élevée à 29,42 de la somme totale. Mois. Ozone nocturne. Ozone diurne. Différence. Juin 211 200 11 Juillet 237 210 27 Août 232 218 1% Septembre 248 239 9 Total 928 867 61 3° A Villeneuve, par contre, Pour 96 jours d'observation, du 16 juillet au 19 octobre, la somme d'ozone diurne a été plus considérable que celle de l'ozone nocturne. Cette différence est égale à 11,34 de la somme totale. Mois. Ozone diurne, Ozone nocturne. Différence. Juillet (16 jours) 108 9% 14 Août 231 193 38 Septembre 215 180 39 Octobre (19 jours) 125 102 23 Total 679 569 110 IL. PROPORTION D'OZONE RELATIVEMENT A LA HAUTEUR DES STATIONS. 49 Ozone nocturne. Pendant 122 jours d'observation (juin, juillet, août et septembre) la somme de l'ozone nocturne, au Grand St-Bernard, a été plus élevée que la somme d'ozone nocturne à l'Eglantine. Cette diflérence s’est élevée à 15,90 de la somme totale. St-Bernard, 1092. Eglantine, 928. Différence, 164. 9216 OBSERVATIONS OZONOMÉTRIQUES. Pendant 77 jours d'observation la somme de l'ozone nocturne d'Eglantine a été plus élevée que celle de Villeneuve. Cette diffé- rence s’est élevée à 8,49 de la somme totale. Eglantine, 594. Villeneuve, 467. Différence, 127. 2° Ozone diurne. Pendant 77 jours d'observation la somme d'ozone diurne a été plus élevée à Eglantine qu’à Villeneuve. Cette différence s’est élevée à 51,36 de la somme totale. Eglantine, 576. Villeneuve, 554. Différence, 22. Pendant le même nombre de jours l’ozone diurne a été au con- traire moins considérable au St-Bernard qu'à Lausanne et Ville- neuve. Eglantine, 576. St-Bernard, 518. Différence, 58. Villeneuve, 554. » 518. » 36. JL. RÉSULTATS. 1° Au bord du lac l'ozone diurne l'emporte sur l'ozone nocturne. Ce résultat, obtenu par la première série d'observations, a été confirmé par cette nouvelle série, bien que les observations aient été faites dans une autre localité et par une autre personne. Il tient sans doute à l’évaporation plus considérable pendant le jour. 2° Plus on s'élève à partir des bords du lac et plus l'ozone noc- turne tend à l'emporter sur l'ozone diurne. 3° Le brouillard est une des circonstances les plus favorables à la production de l'ozone. Sur 106 fois où le maximum de l'échelle de Schoenbem a été obtenu au St-Bernard, pendant 7 mois d'observation, 81 l'ont été par le brouillard, 9 par la neige, 7 par un temps clair, 5 pendant l'orage, 3 pendant la pluie, 1 par un temps couvert. Octobre: ENRPERTEUN TA A \/ A VUE AV I D > TO TÉETE TT mi | aux: x .e | | F Î + | 1 À _ -+- [l 4 e | | : + pad DR iSS Ses EE | Il [Pal aa pou Juillet | J En a ei | N| FREE E I un Le Al LE | Ha FEI) | Guekhd Hphe | FFE | D | Il DE FHAIEMETN Rs a 1 rl Resa fa | ou (2 1 PARA ER TE —— ie Lrbetehe | | | ni » Courbe des S MAO ES oxou cméliique 12) au €, pee Varna Da lEgtantins LL cb à ï: LENS lout. Je cptembre. | 16 17 18 19 En 91 00 où vù ds v6 21 vb 40 so al 1 ï | 1 { 119$ 5 0 7,0 D 10 11 1218 141516 U 18 h lourbeduS'Pernard éd de llglantine — id de Nileneusve — l In] 1 dE 11248 44 15 46 47 48 49 do A 22 | U 43 16 ir 18 19 20 SUR LES IMAGES PAR RÉFRACTION. 217 NOTE SUR LES IMAGES PAR RÉFRACTION A LA SURFACE DU LAC LÉMAN. Par M. L. Dufour , professeur. (Séance du 4 février 4857.) Dans le travail que j'ai publié dernièrement sur les Températures de l'air et les mirages à la surface du lac Léman (Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, t. IV et V), j'avais surtout en vue les rapports entre les variations de température au-dessus de l’eau et le phénomène optique du mirage qui en est la consé- quence. Je n'ai point examiné ce qui concerne la dimension des images produites et les mesures angulaires que j'ai données se rap- portent toutes à l'élévation du plan caustique. La grandeur des images peut se déterminer avec une lunette pourvue d’un réticule et mobile le long d’un bimbe vertical ou bien à l’aide de la lunette de Rochon. Ce dernier appareil, très-commode et très-pratique, permet d'obtenir ces grandeurs avec une assez grande approximation, et j'en ai fait usage dans ce but pendant l’au- tomne dernier. Avec la lunette à prisme biréfringent, l’angle se mesure, comme on le sait, en opérant un dédoublement de l’image, jusqu'à obtenir la tangence des points extrêmes. Lorsque les objets que l’on examine ne sont pas bien éclairés ou lorsque l'horizon est un peu brumeux, cette mesure présente une certaine difficulté, parce que l’éclairement total se répartit sur les deux images et chacune d'elles se trouve ainsi d'autant plus assombrie. Les observations n’ont donc pu porter que sur des objets particulièrement favorables au point de vue de la lumière (maisons à façade blanche, voiles de barque, etc.), et aussi favorables par leur forme. Il importe d'exa- miner des images nettement terminées, des figures limitées par une arête prononcée ou par une pointe. L'expérience m'a montré, en outre, qu'il vaut mieux chercher la tangence après avoir complète ment séparé les deux images dues à la double réfraction du prisme et en les rapprochant, que de vouloir obtenir ce point en les écar- tant lentement jusqu’à l'instant où elles cessent d’être superposées. J'ai montré, par un grand nombre de faits, que les circonstances - de température varient d'un moment à l’autre à la surface d’une … grande nappe d'eau comme le lac Léman et que, par suite, les phé- nomènes du mirage éprouvent des variations semblables. Le plan … caustique, entre autres, est tantôt un peu plus, tantôt un peu moins - élevé (voir le mémoire cité). Un résultat semblable se remarque dans la dimension des images par réfraction; on les voit, dans la lunette, s’allonger et se restreindre d’une manière notable. Les voiles de barque, par exemple, qui se prêtent si fréquemment aux observa- tions de cette nature donnent une image qui, à un certain moment, - est complète et terminée par conséquent par une pointe tournée en b) 218 SUR LES IMAGES PAR RÉFRACTION. bas et, à un autre moment, une image à pointe émoussée, à con— tours mobiles comme ceux d’un drapeau ondulant sous l’action du vent. Dans bien des circonstances, j'ai vu les images varier de À à 2’ pendant une minute de témps. Les quelques mesures indiquées ci-dessous ont été choisies parmi les observations qui présentaient le plus de régularité et où la valeur angulaire de l’image ne variait que peu d’un moment à l’autre. 5 octobre 1856, 10 heures du matin. GRANDEUR ANGULAIRE. Objet. Image. Rapport. Voile 7! 28/' 5’ 1,49 Massif de terre BD 261180 1,08 Maison à Clarens #4! 67 3! 30/’ 1,17 » 4! 30/' 3 1,30 10 octobre, 8 heures du matin. Maison 4! 54! L! 1,22 Voile SUB SA 3/ 1,03 » 4! 24! OASIS 2,00 » 5497! L! 24!" 1,30 » 5’ 2"! Lt, 6!" 1,30 18 octobre, 9 heures du matin. Voile FAST 5/ 49/7 1,33 Maison 10! 43/' 6’ 35/! 1,63 Voile ot AO 1,21 21 octobre. Voile 5’ 36/’ 9’ Da’! À,44 22 octobre. Maison 3 30/’ 21:30! 1,33 » 3! 13! 2! 30/' 1,27 ; 5’ 491! nr 9" 1,40 25 octobre. Voile Gas (0 2! 30/’ 1,55 30 octobre. Voile 8’ 50/’ 7! 4,27 » 5’ 30” 5’ 1,10 Er SUR LES IMAGES PAR RÉFRACTION. 919 Ces quelques observations suflisent pour montrer quelle relation générale existe entre l'objet et son image par réfraction. L'image est toujours plus petite que l'objet, mais le rapport précis n’est point le même dans tous les cas et, pour un même objet, il varie notable- ment d’un moment à l'autre. Dans sa Notice sur le mirage, M. Bravais dit que « l'image ren- versée parait en général peu différer dans ses dimensions de l’image directe; il n’est pas douteux cependant qu'elle ne soit, en général, un peu plus petite. » Il résulte des observations précédentes que, sur le lac Léman au moins, les images par réfraction sont toujours plus petites et même parfois notablement plus petites que les objets. Ce résultat peut paraître, au premier abord, un embarras assez sérieux pour la théorie ou du moins une contradiction avec les con- séquences auxquelles je suis arrivé dans mon mémoire en discutant les observations de température faites à diverses hauteurs au-dessus de l’eau. On à vu, en effet, qu'une formule admise par M. Bravais pour l'explication des phénomènes optiques convient d’une manière satisfaisante aux chiffres tirés des observations. Dans cette formule : 9 1 ENT Eee RE 0,000589 C ) à exprime la densité de l'air, z la hauteur verticale au-dessus de l'eau, k, k et x sont des constantes. Pour appliquer la formule aux observations, j'ai, suivant le conseil de M. Bravais, pris « — 1, cas auquel 1 k° = 000580 CESR Sous cette forme, les constantes # et k étant déterminées par deux expériences, on trouve que la courbe représentée par la formule est assez bien celle de la nature. Mais, d'une autre part, M. Bravais annonce que l'hypothèse w — 1 donne, comme conséquence optique, des images égales aux objets et que, pour le cas d'images plus petites que les objets, il faut avoir 4 > 1. Il semble done qu'il y ait là une contradiction frappante. Malheureusement, M. Bravais ne donnant pas tous les détails de son analyse et se contentant d’en indiquer les résultats, il ne m'a pas été possible de voir de quelle manière et surtout dans uelle mesure les variations de 4 correspondent à une inégalité entre es dimensions des objets et des images. J'ai essayé de représenter une observation (7 octobre 1855, voir le tableau du mémoire cité), avec l'hypothèse « — 2 et je me suis assuré que la formule convient mois bien que pour & — 1. On peut donc penser que les formules, considérées dans leurs conséquences optiques, renferment ,, de telle façon que des variations très-faibles de cette quantité correspondent à des différences assez grandes entre la dimension des images et des 220 FOSSILES DU LIAS. objets. Il se pourrait fort bien alors qu’en donnant à x une valeur À à m, m étant très-petit, les résultats satisfissent aux apparences optiques du phénomène sans que pour cela la formule 2 ÿ pee, 1 k 4 + m 0,000580 (2 F7 cessât de représenter convenablement les variations de la densité des couches d'air à diverses hauteurs. LISTE DE FOSSILES DU LIAS RECUEILLIS A MONTREUX. Par M. A. Morlot. (Séance du 18 février 1857.) Le rocher de Taulan, un peu au-dessus de Montreux, a fourni bon nombre de fossiles à l’auteur des présentes lignes. Malheureu-— sement il s’y trouve peu de formes bien caractéristiques, les cépha- lopodes en particulier manquent entièrement. M. Ooster à bien voulu s'occuper à étudier ee qui a été recueilli. Le résultat de ses déter- minations n’est pas très-concluant, vu le petit nombre d'espèces distinetement reconnaissables. Il paraïtrait cependant, que le gise- ment présenterait une réunion de fossiles des trois étages du lias, à peu près comme M. Brunner l’a remarqué dans la chaîne du Stockhorn. Voici la liste fournie par M. Ooster : Pholadomya ventricosa? (d’Orb.) Sinem. N° 74 du Prodrome Cardinia hybrida? (Ag.) » 87 de d'Orb. Pinna Hartmanni? (Ziet.) » 115 diet Lima Gueuxü? (d'Orb.) » 120 » Perna Hagenowi? (d'Orb.) » 128 » Pecten Sabinus? (d'Orb.) OURS 1352 » Ostrea ou Plicatula Oceani? (d'Orb.) » 138 » Spiriferina verrucosa? (d'Orb.) » 151 » Pholadomya Urania? (d'Orb.) Liasien 143 » Mytilus scalprum? (d'Orb.) » 193 » » Hillanus? (d'Orb.) » 195 » Lima punctata? (Desh.) » 198 » » Hermanni. (Voltz) » 199 » » alternans? (Rômer) » 203 » Pecten disciformis. (Schübler) » 210 » Plicatula spinosa? (Sow.) » 215 et Sin. n° 137 Ostrea cymbium. (d'Orb.) » 217 Prod. d'Orb. » trreqularis. (Münster). » 219 » Terebratula lampas. (d'Orb.) Ù 231 » _ FT VÉGÉTAUX FOSSILES DE SCHROTZBURG. 221 Avicula ou Pholadomya pm Toarcien 4155 Prod. d'Orb. Pholademya compta? (Ag.) » 157 » Lucina plana? (Zieten.) » 199 » Lima gigantea (Desh.) » 221 » » _electra? (d'Orb.) » 223 » Inoceramus amygdaloides? (Goldf.) » 245 » ou undulatus? (Zieten.) » 242 » Plicatula Neptuni? (d'Orb.) » 295 » Orbiculoidea refleæa? (d'Orb.) » 273 ) Turritella? Pecten. Lithodendron? Cidaris? Chondrites Bollensis divaricatus? (Kurr., tabl. HE, fig. 6.) € —— NOTE SUR LES VÉGÉTAUX FOSSILES DE SCHROTZBURG (GRAND-DUCHÉ DE BADEN). Par M. A.-F. Fol. (Séance du 18 février 1857.) Dans le voisinage des célèbres carrières d'Oeningen se trouve une ferme isolée dont le nom doit être maintenant de quelque importance depuis que M. le professeur Heer y a découvert un nouveau gise- ment de fossiles. Ce n’est pas le nombre des espèces végétales qui doit attirer en ce lieu l’attention du paléontologiste, mais la disposi- tion véritablement très-singulière des débris de plantes et d'arbres. Il n'y à dans cette localité que peu d'espèces que l’on ne retrouve pas à Oeningen; en revanche, dans une excursion que j'eus l'hon- neur d'y faire avec M. le professeur Heer, nous y avons trouvé deux espèces entièrement nouvelles pour la science et dont l’une se rapporte au genre Salvimia. Les fossiles sont engagés dans des marnes tertiaires tendres et bleuâtres, inférieures aux couches à fossiles d'Oeningen, leur conser- vation est parfaite et permet un examen très-complet des nervures des feuilles, caractère qui a reçu des travaux de divers savants une importance toute particulière. Les marnes tertiaires de Schrotzburg sont d'une épaisseur d'environ cinq mètres et divisées en un grand nombre de lits d’une épaisseur de quatre à cinq centimètres; et les végétaux, loin d’être entassés sans ordre apparent sur toute la hauteur de ces couches, sont au contraire régulièrement disposés par saisons ; chaque lit de quatre à cinq centimètres correspond à une saison et est caractérisé par les organes propres à chaque épo- que de l'année. C’est ainsi que l'on trouve les lits d'automne carac- térisés par les fruits; ceux d'hiver par les feuilles grandes et rou- geâtres, ceux d'été par les fleurs de la plus grande délicatesse, comme des fleurs de saule; et ceux du printemps par des feuilles jaunes, peu développées, de jeunes tiges et des bourgeons. 2292 VÉGÉTAUX FOSSILES DE SCHROTZBURG. La succession de ces couches est souvent très-singulière; cepen- dant il manque quelquefois une saison; l'hiver manque rarement, l'été ne se rencontre pas si fréquemment. Les couches d'été nous ont donné des fleurs appartenant aux espèces suivantes : Salixz Lavateri, Heer: Cinnamomum Scheuch- zeri, Heer; Cinnamomum polymorphum, À. Br. sp.; les fleurs du Salix Lavateri sont admirablement conservées si l’on a égard à leur fragilité naturelle. Les couches d'automne contenaient les fruits appartenant aux espèces : Liquidambar Europœum, A. Br., var. trilobatum, Cin- namomum Scheuchzeri, Heer; Cinnamomum polymorphum, À. Br. sp.; Acer pseudocampestre, À. Br., et Salix Lavateri, Heer. Les couches d'automne et celles d’été renferment des feuilles ou des débris appartenant aux espèces suivantes : Salvinia.…… (espèce nouvelle). | Planera Ungeri, Ettingsh. Aspidium Meyeri, Heer. Laurus princeps, Heer. Sabal major, Ung. sp. Persea speciosa, Heer (ces deux Typha latissima, À. Br. espèces très-bien conservées). Potamogeton Bruckmanni, À. Br. | Vaccinium acheronticum, A. Br. Liquidambar europæum, var. tri-| Diospyros brachysepala, À. Br. lobatum, À. Br. Acer trilobatum, À. Br. Populus latior, À. Br. » var. tricuspidatum, A. Br. » mutabilis, var.ovalis, H. sp. » mutabilis, var. oblonga,| » pseudocampestre, À. Br. Heer. Sapindus falcifolius, À. Br. » glandulifera, Heer. Juglans acuminata, À. Br. Salix angusta, À. Br. Acacia. (espèce non déterminée) » media, À. Br. Podocarpium Knorrü, À. Br. » Lavateri, Heer. Cinnamomum Scheuchzeri, Heer » _elongata, Weber. (en grande abondance). Carpinus pyramidalis, Güpp. Cinnamomum polymorphum, A. Ulmus minuta, Güpp. Br. sp. Platanus aceroides, Güpp. Outre ces espèces, il y avait des débris qui semblent se rapporter sans qu'on puisse l’affirmer complètement aux espèces : Physagenia Parlatori, Heer: Ulmus parvifolia, À. Br., et aux genres Porana, Quercus. Me serait-il permis de hasarder une conjecture sur la durée de la formation de ce dépôt? Nous avons vu que chaque lit correspondait à une saison. Or, il y a environ 410 à 415 de ces lits, formant une épaisseur de cinq mètres et représentant une période de 28 années, en admettant quatre lits par an, de même qu'il y a quatre saisons. Cette couche de marne est elle-même située entre deux lits de sable fin, ayant tous deux près de trois mètres de hauteur. Au-dessus du lit de sable supérieur vient un dépôt de conglomérats tertiaires de deux mètres environ, puis d’abondants dépôts d’alluvions modernes. it : smbmtr tdi EDR GÉOMÈTRES SUISSES. 2923 Je ne veux pas donner à ce calcul plus d'importance qu'il n’en mé- rite, mais j'ai cru devoir appeler sur ce fait l'attention des géologues qui sauront peut-être en tirer des conséquences utiles pour l’étude de la formation molassique de la Suisse. Je terminerai en exprimant le désir que les géologues qui visitent les riches carrières d'Oeningen ne négligent pas de se faire conduire dans les ravins situés au-dessous de la ferme de Schrotzhurg, qui n’est pas éloignée de plus d’une heure et demie du village d'Oeningen. Ils pourront vérifier eux-mêmes les détails que j'annonce aujour- d’'hui et découvrir sans aucun doute des espèces sinon nouvelles. pour la science, du moins nouvelles pour notre flore helvétique. Zurich, 3 février 4857. —_—<“S=— SUR QUELQUES GÉOMÈTRES RARES EN SUISSE OU SOUVENT MÉCONNUES. Par M. 3. Delaharpe, D’. (Séance du 18 février 1857.) La rédaction de la Faune suisse pour laquelle j'ai dû préparer la tribu des Phalénides (Lepidoptères) m'a fourni l’occasion de faire connaissance avec plusieurs insectes rares ou généralement mal déterminés dans les collections. Quelques mots sur leur synonimie et leur caractéristique ne seront donc pas hors de propos. 1. Acidalia (Larentia, H. S.) coraciata et Larentia psittacata , Treit. Hübner fit connaître le premier par sa figure 278 , table 54, une géomètre qu'il nomma coraciata, Treitschke (die Schmetterlinge von Europa, 6° vol. 2° part. p. 48), la décrivit d’après un petit nombre d'exemplaires provenant, dit-il, de Styrie. Il ajoute que la figure de Hübner laisse beaucoup à désirer; en effet, cette figure est très- grossièrement exécutée. Herrich-Schäffer (Revision von J. Hübner. Geomet. p. 170, n° 179) explique la chose en disant qu'elle a été faite d’après un mauvais dessin de Hochecker de Strasbourg. Du- ponchel, dans son Histoire des Lepidoptères de France, décrit (t. 8, 4" part. p. #20, pl. 199) la même géomètre; la figure qu'il en donne ne laisse rien à désirer. Cependant en publiant son Catalogue des Lépidoptères d'Europe (p. 255) il dit, en note, à l'occasion du même insecte : «il serait très-possible que cette espèce ne fût qu'une va- riété plus pâle et plus grande de psittacata. » Ce doute ne provenait pas de son propre fond, mais de l’assertion émise par Fischer de Rôslerstamm, dans ses études sur les Microlepidoptères. Ce dernier entomologiste écrivait (Microlepid. p. 51) après la publication de l'ouvrage de Duponchel et en parlant de la Larentia psittacata W. V.:4« à cette espèce se rattache, comme une variété peu rare en 224 GÉOMÈTRES SUISSES. certaines contrées, Acid. coraciata, Tr. Celle-ci a les ailes anté— rieures un peu plus larges, sans mélange de couleur de rouille et de brun foncé, et les postérieures plus claires. Non seulement je l'ai souvent élevée de chenilles provenant de psittacata ; mais encore je l'ai prise, ainsi que d’autres entomologistes, mêlée avec cette dernière, et mes exemplaires correspondent parfaitement avec ceux décrits par Treitschke sous le nom de coraciata. Cet auteur devait y voir une espèce différente, parce que la variété coraciata ne se trouve pas dans les environs de Vienne, comme la variété foncée ordinaire, quoique ailleurs la première soit plus fréquente que la dernière. Borkhausen fait déjà mention de plusieurs variétés de psitacata, parmi lesquelles paraît se trouver coraciata. D'après ma conviction, bien fondée en ce cas, j'estime qu'il faut donc rayer coraciata du nombre des espèces. Si cependant la figure 278 de Hübner devait en réalité représenter notre variété claire de psittacata, il faudrait convenir qu'elle y réussit fort mal. » Il était en effet dificile qu’une opinion énoncée en termes si po- sitifs, par un observateur attentif, scrupuleux et dont l'habileté ne pouvait être mise en question, ne fit pas naître des doutes dans l’es- prit de Duponchel. Remarquons cependant que ce dernier se borne à émettre des doutes et n'accepte pas autrement l’assertion de Fischer. Après Duponchel, Boisduval, dans son /ndex methodicus, n° 1668, énumère aussi coraciata, Hub. 278, en ajoutant : an var. prœce- dent. ? Lorsque je publiai dans les mémoires de la Société helvétique des sciences naturelles (2° sér., vol. XII) l'énumération des géomè- tres faisant partie de la faune suisse, j'indiquai coraciata, Hub. comme synonime de psittacaria (n° 302), ajoutant que l'identité des deux formes ne me paraissait pas suffisamment établie et que ce point restait à éclaircir. Je n'âvais alors sous les yeux que des individus de psittacaria dans lesquels la bande muyenne, d'un vert mêlé de brun, est bordée de part et d'autre par un ruban plus clair taché de blane et de fauve; puis la variété plus claire chez laquelle le blanc envahit une bonne partie des deux rubans. Il y avait encore loin de cette dernière à la figure 278 de Hübner. Dans le volume suivant des mémoires de la Société helvétique parut (page 145) mon second supplément aux Phalénides suisses. J'avais pu voir alors, dans la collection de M. Couleru de la Neu- veville, un individu où le blanc des deux rubans s'était étendu à toute leur longueur. Comme il ne pouvait être séparé de psittacaria, j'en conclus, avec les auteurs cités, qu’en effet les deux espèces n'en devaient former qu'une. Telle était ma manière de voir lorsque je reçus de M. Ott, à Meyringen, deux individus, mâle et femelle, de la vraie coraciata de Hub. Il était évident, à première vue, qu'il ne pouvait être question pour eux d’une variété de psittacaria. Ce n’était plus un simple changement de teintes, ni une modification dans les dimensions; le dessin lui-même était différent et les carac- tères spécifiques n'étaient plus les mêmes. Je reconnaissais d’une : GÉOMÈTRES SUISSES. 2925 part que le dessin de Hübner, tout mauvais qu'il était, avait bien été pris sur l'espèce que j'avais sous les yeux, et de l’autre que Fis- cher v. R. avait été induit en erreur par des variétés de psittacaria, tandis que Duponchel avait réellement pris sa figure sur la vraie coraciaria. Cette assertion n’était même pas aussi opposée aux paroles de Fischer. v. R. qu’elle pouvait le sembler. Cet auteur s'appuie en effet essentiellement sur la description de Treitschke et non sur la figure de Hübner, qu’il envisage comme trop mauvaise pour motiver une application. Or Treitschke qui avait placé psittacata dans son genre Larentia, s’occupait peu de la différencier de coraciata, dont il faisait une Acidalia ; tandis qu'il avait surtout en vue de distinguer celle-ci de frustrata placée tout à côté d'elle. Cette préoccupation de Treitschke est facile à comprendre pour qui compare ces deux der- nières espèces. Fischer v. R. connaissant la fidélité des dessins de Hübner , alors même qu'ils sont mauvais, avait malheureusement accordé plus de confiance à une description très-abrégée et mcom- plète, qu’à une figure exacte mais mal coioriée. Voici du reste quelles sont les différences qui caractérisent coraciaria, psittacaria et frus- traria. Coraciaria, par sa taille, sa forme et son dessin rappelle le groupe de cæsiaria, cyanaria, infidaria (Ph&syle, Dup.), tandis que psittacaria se place tout auprès d’elutaria et d'impluviaria.Coraciaria peut cependant servir à former le passage de l’un des groupes à l’autre; car la bande médiane est plus contournée sur ses deux bords que celle de cæsiaria. Frustruria, à part les antennes , reproduit entièrement ablutaria, Bdv. — Le vert des ailes supérieures de coraciaria diffère toujours de celui de psittacaria et de frustraria. Dans la première il offre une teinte grisâtre ou vert-de-gris, dans les variétés claires de la seconde il passe au vert bleuâtre en se rap- prochant des teintes de miaria, dans la troisième on observe cons- tamment dans le vert un mélange d'orangé. . L'un des caractères constant de psittacaria se tire de l'espèce de sinus que forme en dehors, la ban ‘e moyenne, avant d'attemdre le bord interne. Ce sinus , plus fortement coloré de blanc sur le ruban externe, est nettement tranché sur le bord foncé de la bande moyenne. Coraciaria et frustraria ne présentent rien de pareil. Les parties blanches de coraciaria sont très-pointillées de gris et toujours sales ; elles le sont encore davantage dans frustraria ; tandis que le blanc des variétés päles de psittacaria est pur et net. Le contour des ailes supérieures est différent dans les 3 espèces. Psittacaria porte la côte fort peu arquée à sa base et légèrement convexe dès ce point jusqu'au sommet; le bord interne est arqué et l'angle abdominal très-arrondi. Frustraria a la côte droite à son milieu , arquée vers le sommet, à peine convexe à sa base ; le bord interne est très-arqué et l'angle abdominal très-arrondi. Dans cora- ciaria la côte est fortement arquée à sa base, presque droite au mi- 2926. GÉOMÈTRES SUISSES. ” lieu, de rechef arqüée vers le sommet ; le bord interne est presque droit et l'angle abdominal court, presque droit. La bande moyenne, malgré ses variations , est encore constam- ment différente dans les trois espèces. Psittacaria la porte contournée, suivant trois directions , dirigée en dehors vers la côte, transversale ment au centre et de rechef en dehors vers le bord interne; nulle part festonnée, mais sinueuse avec des angles aigus ; d’un ‘/, plus étroite au bord interne, avec une éclaircie dans son milieu. Chez coraciaria la bande moyenne est perpendiculaire aux bords sur lesquels elle s'appuie, partagée dès lors en deux moitiés qui s’unis- sent vers le centre en formant un angle très-prononcé ; de moitié plus large dans sa partie antérieure que dans la postérieure; denticulée sur ses deux bords dans la première, festonnée dans la seconde ; avec un espace moyen plus clair, gris-vert, formant des anneaux vers le bord postérieur, portant un point cellulaire virgulaire. Dans frus- traria mâle , la bande moyenne est festonnée sur ses deux bords, forme un léger sinus du côté de la base et deux angles arrondis du côté de la marge; presque aussi large à ses deux extrémités ; avec deux éclaircies grises plus ou moins marquées au centre; un point cellulaire. Dans la femelle la bande moyenne se confond souvent avec le reste du dessin; toute l'aile est sillonnée en travers de traits noirs ondulés et de quelques autres blanchätres. Les ailes inférieures présentent encore chez les trois espèces des différences marquées. Psittacaria les a plus ou moins fuligineuses avec le bord externe plus foncé; une ligne pâle et fine, parallèle à ce bord; un trait noir brisé dans son milieu, souvent invisible, placé aux */; externes et un point cellulaire peu marqué. La ligne des franges est nettement tracée et continue. La frange sale, un peu en- trecoupée. Frustraria a les ailes postérieures d’un gris pâle, luisant, plus foncé vers la marge ; une ligne de lunules plus claires le long du bord ; souvent une légère teinte orangée entre les lunules et la frange ; un ruban plus clair, moyen, à peine visible ; un point cellulaire, petit, qui manque souvent ; enfin le long de la frange une ligne brisée de doubles points rapprochés, séparés par les nervures blanchâtres. Frange gris pâle, à peine mouchetée. — Coraciaria a les postérieures d'un blanc jaunâtre , sablées d’atomes gris. Allant de la marge à la base, on y voit : 1° une ligne droite de doubles points noirs, séparés par les nervures ; 2° deux zènes grises et deux zûnes claires, alter- nantes, parallèles à la marge ; 3° une ligne de taches grises, brisée à son milieu, recourbée vers le bord interne, placée aux ?/, externes de l'aile; 4° un point cellulaire bien marqué. Le dessous des ailes fournit encore de bons caractères. Dans psit- tacaria les supérieures sont d'un brun fuligineux avec une zône blane-sale, coudée dans son milieu aux ?/, externes ; les inférieures sont d’un roux elair pointillé de brun et marquées d’un trait brun sur la marge, de deux autres traits recourbés vers le centre et d’un gros point cellulaire brun. Dans frustraria le dessous des deux ailes est entièrement gris clair, luisant, marbré de gris foncé, surtout aux GÉOMÈTRES SUISSES, 297 antérieures, avec le dessin du dessus à peine indiqué. Dans cora- ciaria le dessous est d’un blanc sale, sablé de gris, avec une ligne noire denticulée, formant un angle presque droit au centre de chaque aile. Supérieures marbrées de gris foncé sur la marge et teintées de noirâtre dans leur moitié interne. Les palpes diffèrent encore dans les trois espèces. Psittacuria à les palpes droits, connivents, aussi longs que la tête; le dernier article est caché sous de grosses écailles. Coraciaria les a un peu plus longs encore, avec le dernier article légèrement recourbé en bas. Frustraria les porte courts, fusiformes. Enfin la nervation des inférieures offre quelques différences. Toutes trois ont la cellule obliquement tronquée; plus courte dans frustraria. De son angle antérieur se détache une nervure qui se bifurque im- médiatement dans psittacaria, après un court trajet dans coriaciaria , après un plus long dans frustraria. Nos trois espèces ne peuvent guère prêter à une confusion avec d’autres. Le mäle de frustraria ressemble passablement à Kolla- riaria !, mais cette dernière a les antennes pectinées. Il parait que frustraria a été confondue sous le nom de muscosata Donz., avec ablutaria Bdv., puisque Lederer a donné le premier de ces noms à une forme de cette dernière. Nous en parlerons ci-après. Coraciaria et psittacaria ne peuvent se confondre avec aucune autre. Eubolia ablutaria Bdv. Ind. n° 1626. Il est peu d'espèces qui ait été plus diversement désignée que celle-ci, quoique , à part des teintes plus ou moins foncées et l'ab- sence ou la présence d’un peu de fauve, elle présente des caractères très-constants et très-faciles à saisir. Avant que Duponchel la déerivit et la figurât dans son Histoire des lepidoptères de France (t. VIE, 1" part. p. 190, pl. 183), par er- reur sous le nom d’olivaria , elle était généralement répandue dans les collections d'Allemagne sous celui de salicata, Hub. f. 273. — La figure de Hübner, très-mauvaise il est vrai, pourrait s'appliquer à plusieurs espèces voisines, si elle ne portait pas des antennes pec- tinées; ce seul caractère aurait dû lui conserver la dénomination de Hübner ; mais à l'heure qu'il est une autre salicaria à été intro- duite par Her. Schf. , et il ne serait plus possible de revenir en ar- rière sans augmenter inutilement la confusion qui règne à cet endroit. Duponchel ne tarda pas à s’apercevoir de son erreur lorsqu'il eut sous les yeux la vraie olivaria, et adopta la dénomination de Bois- duval; dès lors cette espèce porta en France le nom d’ablutaria . Il n’en fut pas ainsi en Allemagne : Her. Schäffer laissant de côté la figure 273 de Hübner, comme méconnaissable, nomma notre espèce Podevinaria, et la figura sous ce nom au numéro 250 de la Révision et du Supplément de Hübner. 1 Kollariaria fraiche est d’un vert Lrunâtre et non brune comme l’a dessinée Her. Schf. 298 GÉOMÈTRES SUISSES, D'autre part, M. Lederer, induit sans doute en erreur par la variété femelle temtée de jaune, désigna la même espèce sous le nom de muscosata, croyant sans doute avoir sous les yeux la mus- cosata de Donzel ou frustrata de Treit. Ce n’est pas tout, Her. Schäffer donna encore dans son Supplé- ment à Hübner, une figure d'ablutaria Bdv. (fig. 382, 383) sans s’apercevoir, semble-t-il, qu'il avait à faire avec celle qu’il avait figurée comme Podevinaria. Enfin il figura encore sous le nom de ferraria (fig. 398) une autre variété de Podevinaria qui se distingue par le foncé presque noir de sa bande moyenne. Voilà pourquoi cette espèce se trouve portée dans quelques catalogues sous deux ou trois noms différents. Au résumé : 1° ablutaria, Bdv. est la même espèce que Podevi- naria H. S.; des échantillons que j'ai reçus de France et que j'ai comparés avec la figure et la description de Duponchel ne me lais- sent aucun doute à cet égard. C’est par erreur que Heydenreich (Catalog.) la rattache à albularia. 2° Muscosaria Lederer est encore une Podevinaria, et c’est avec raison que Zeller (Ent. Zeit. 1849, p. 212) la réunit à ublutaria. 3° Il importe pour mettre un terme à ces divergences, de conserver la désignation de Boisduval et d’an- nuler Podevinaria qui lui est postérieure. Psodos alticolaria. Man. Catal. Espèce fort rare, découverte pour la première fois en Tyrol par M. Mann de Vienne. J'ai reçu un individu mâle, pris dans les Alpes bernoises par M. J. Ott de Meyringen. Depuis Linné jusqu’à nos jours la plupart des entomologistes ont attaché une grande valeur à la structure des antennes dans la elas- sification des Lepidoptères. Appliqué aux Phalénides par Linné, ce caractère ne tarda pas à faire naitre des difficultés dans la science. Chacun sait que les antennes pectinées emportaient la terminaison aria et les antennes simples celle en ata. En étudiant de plus près on s’aperçut aussi qu'entre les antennes pectinées et les filiformes il existait des intermédiaires (dans les Acidalia, les Larentia, par exemple). De là vint que telle espèce (salicata et saliearia, par exemple) se terminait en ata dans un auteur et en aria dans un autre. Boisduval mit fin à ces confusions en adoptant (Index) pour icutes les Phalénides la terminaison aria. Cette difficulté levée, il en survint une autre. Tout en abolissant la double terminaison, la structure des antennes conserva une grande importance, et bien des espèces très-voisines durent être jetées dans des genres différents uniquement à cause d'elle. Tel fat le cas en particulier dans les genres Boarmia, Gnophos et Psodos. Her. Schäffer comprit que ces divisions arbitraires nuisaient à la distri- bution méthodique en multipliant inutilement des genres déjà trop nombreux et osa réunir sous un même genre des antennes pecti- nées et filiformes. | | | GÉOMÈTRES SUISSES. 229 En s’attachant à la structure des antennes on séparera avec Boisduval, Tephrosia de Boarmia, Ellophos de Gnophos, ete. On placera dans des genres différents des espèces contiguës, telles que furvaria, Andereggaria et limosaria ; serotinaria et glaucinaria. Dilucidaria que l'on ne peut distinguer de Meyeraria que par ses antennes et son front, subira le même sort. Voyez encore le genre Psodos Treiït. occuper dans Boisduval la tête et la queue de la série ; car torvaria est à côté de tinctaria dans les Cleogene , tandis que trepidaria et horridaria terminent son catalogue. Alticolaria Man. reproduit la dernière difficulté d’une manière plus tranchée encore. Elle ne diffère sensiblement de torvaria que par ses antennes filiformes. Ses ailes, son dessin, son facies, ses palpes sont ceux de cette dernière. Evidemment , ici comme en tant d'autres endroits de l'histoire des êtres organisés, la valeur d'un caractère doit se déduire bien moins de l'importance que nous at- tribuons en général à l'organe qui le porte, que de la fréquence ou de la constance de son apparition. Un caractère d’une grande valeur lorsqu'il s’agit d’un groupe, peut la perdre complètement si l’on passe à un autre. Ce résultat de l'observation est fort désagréable pour Messieurs les nomenclateurs; mais qu'y faire ? La nature a ses lois particulières, il nous sied mal de vouloir être plus habiles que Celui qui les a posées. Revenons à notre espèce : Alticolaria a le facies, la coupe, la teinte noire foncée de forvaria ; sa taille est un peu plus faible. Les quatre ailes ont un éclat soyeux, chatoyant, que ne présente pas torvaria. La côte, à sa naissance, est fortement arquée. Les bandes dessinées en noir mat sont au nombre de trois, une au ‘/. interne, arquée ; une seconde , rapprochée de la précédente, forme un léger coude brusque dans son milieu et un semblable vers le bord interne ; entre elles se trouve un point cellulaire. Une troisième ligne anté- marginale forme d'abord un angle qui s'approche de la marge, puis deux ondulations, jusqu'à l'angle abdominal. La frange est limitée par un trait foncé et par trois ou quatre taches chatoyantes vers le sommet. Les inférieures présentent en dessus deux bandes cha- toyantes occupant la moitié externe de l'aile et séparées par une bande d’un noir mat, ondulée. La marge est limitée par un trait noir, brisé et anguleux, dessinant une dentelure plus profonde en face de la cellule. Les franges sont d'un noir fuligineux. Le dessous est d’un noir luisant, avec un gros point sur la cellule des antérieures. La marge est bordée d'une large bande jaunâtre limitée brusquement en dedans par une teinte noire plus foncée; divisée en avant aux quatre ailes par une bandelette noire qui s’évanouit en filet et touche la marge, à la hauteur de la cellule. Le trait noir foncé qui limite les franges est très-marqué. Les cuisses sont très-velues. Les palpes et la tête sont couverts de longs poils noirs. Les antennes sont sétiformes, complètement noires. L’abdomen et le thorax sont noirs et semés de poils. 230 GÉOMÈTRES SUISSES. Le dessin de cette espèce rappelle, à quelques égards, celui de Gnoph. glaucinaria, et le rapprochement des deux espèces me parait résulter d’un caractère plus positif encore , je veux parler de l'espèce de sinus que porte la frange des inférieures en face de la cellule chez les Gnophos, et qui se retrouve dans alticolaria. Cette espèce me parait former un chainon naturel entre les deux genres Psodos et Gnophos. La présence des poils, dans les espèces aipines, est en rapport avec l'habitation. Le - , publiet par les Jr + «à ] =. tt Bbévecs, 4 banres et É Hénbis A spvr ù Au-dessus du lac 145739 hauteur du baromètre » la mer 520"30 prof. , Nombre des jours où l’on a TEMPÉRATURES s observé = Re RS extrêmes du mois 6 ane. A © = = S à = Maxim. | Minim. F4 ci È 2e Fe le24 | le14 44 8,6 | — 9,5] 18,1 5 | 45 | le 8 le 2 1551 11,5. | — 5,11 16,6 2 4 le26 | le8 I7al 43,7 |— 4,0] 47,7 9| 3 16.25% le4°° 72] 17,8 0,5] 17,5 15 6] le 28 |les 5, 4 ,491 21,5 4,0) 20,5 4 | 21 9 3 1 le 29 |7,8,22 591 27,5 7,5] 20,0 10 Th fl le 4° | Ic10 411 27,4 6,71 20,7 12 9 | |le12 | le24 ,481 28,1 10,51 17,6 16 42 le4°" | le 22 011 25,8 5,51 20,5 17 5 le 10 | le 50 1,30 13,0 5,11 14,9 10 2 4 le24 | le19 e | _— — © re © no © 9 2 © | LS 1,19 18,111 — 0,08] 18,19 | 28 |145 | 14 | A | 2 en Suisse, publiés par les journaux. du soir. Î l : : |minutes, 2 heures, 4 heures et 5 heures du soir. du matin , avec détonation. du matin, secousse plus forte que la veille. Tableau N° 4, — -— Latitude Nord . Longitude Est de Paris . . . - 46° 51 4 47 ? 254 7 56"6 ÉCOLE SPÉCIALE DE LAUSANNE. HAUTEUR MOYENNE | TEMPÉRATURE MOYENNE TANÉ RE ARE TEMPÉRATURES : Nombre de ours Guition.à , barométrique en millimètres , ë DATE DU MOYENNE ë me MOIS réduite à 0 deer & en degrés centigrades des thermomè- extrêmes du mois & | MS servation. = 2 Ë d lrograjihes. : : RE . — — | | £ ER — a —— É = Le RE EEE EE Maxim], Minim. Max. | Min. 8h. | 12h. | 2n, | 4h 2 | Maxim. | Minim. Maxim. | Minim E Janvi 7 r£ 7 - le24 | le14 Janvier . . . |714,14/740,78/710,19/710,67|710,70|725,18/695,99! 99.19] 14 fl 1,90] 3,70] 5,79] 5,56! 3,19] 4,59] 0,29! 2,44] 8,6 | — 9,5] 18,1 SN MSI AIR Syri le 8 le2 Février . . . | 19,24] 49,26] 48,66) 18,45] 18,90] 98,5 1705.85 24,65] 25 | 20 1,68] 4,59] 5,42] 5,57! 4,51! 6,07! 0,641 53:55 41,5 | — 5,11 16,6 | 2 | 4 maville — , le2h | le8 Mars . . . . | 47,55] 17,15] 16,90] 46,511 47,10] 24,95! 08,65] 16,50 4 | 26 5,45| 6,22] 6,95| 7,45] 6,01! 7.9 1,591 4,741 45,7 | — 4,0] 47,7 9 3 le25 | lel°" Avril 12,82) 12,59! 12,15] 41,88] 12,56] 21,68) 05,90] 17,78] 3 | 28 | 9,52] 41,60! 12,99| 12,55] 11,58] 15,93| 6,22| 9,72] 17,8 0,51 17,5 15 5 le 28 |les 5, 4 Mai = 15,40| 15,42] 15,51| 15,22] 15,84] 21,19) 05,65] 17,54] 19 | 46 | 10,40! 11,65| 12,84| 12,74] 11,00! 45,68| 7,511 10,49| 21,5 4,0] 20,3 | 4 | 21 2h 1 le29 |7,8,22 Juin 19,52] 19,25) 18,94] 18,89) 19,15] 24,50] 12,98] 14,52] 22 | 49 | 47,59) 19,52] 20,04] 19,65] 19,15] 21,02] 12,16] 16,59] 27,5 | 7,5] 20,0 10 qu LA le 4° | le 10 Juillet 19,12! 18,86| 18,64| 18,46] 18,77] 25,22) 11,51] 11,71] 50 8 1 18,14] 20,45] 20,95] 21,51) 20,25] 91,95] 19,891 17,41] 27,4 6,7] 20,7 12 9 le42 | le24 Août . . . . | 17,58| 17,55| 16,94| 16,49! 17,09! 22,26) 01,58] 20,58] 50 | 19 | 19,59] 21,97] 22,56] 22,71! 21,66[ 25,29] 15,67| 18,48] 28,1 10,51 17,6 16 12 le4°" | le 22 Septembre . | 16,19] 16,04| 15,61| 15,46] 15,82] 95,15) 04,21] 20,99] 16 | 27 | 12,27| 14,50! 15,02) 15,02! 14,20] 15,88] 10,141 13,01] 25,8 se 20,5 17 5 le10 | le5 Octobre. . . | 22,15| 22,01| 21,70| 21,51] 21,84] 27,45] 12,55] 14,90] 22 2 9,72| 12,05| 192,15| 11,86! 11,44] 12,62] 7,98| 10,30! 18,0 3,11 14,9 AO 2 NX le24 | le19 Novembre 17,55| 17,29| 46,91) 16,95] 17,12] 26,21| 01,18] 25,05] 7 | 11 4,69! 5,19| 5,24| 92,65] 2,69] 3,79/—0,01| 1,89 85 = 5,91 14,92 | 10 | 9 le 10 e5 Décembre 45.82! 15,76| 15,52] 15,75] 15,71] 50,271691,87| 58,40] 21 | 26 0,45| 92,59] 9,55] 9,15] 1,87] 5,09/—0,95| 1,071 41,5 | — 8,9] 20,2 | 10 | 7 | 4 Moy d , à , = n nr 5 1746,99/716,67/716,29/716,191716,55|724,86|704,18] 20,68 8,82| 10,98| 11,48| 41,41] 40,67] 12,26] 5,99] 9,12] 48,14] —0,08] 18,19 | 28 |145 | 14 | A | 2 Er 0 Halos solaires : Tremblements de terre, en Suisse, publiés par les journaux. Janvier. - ee. ee ee eee 1 \ Neuchâtel, le 42 juin, à A1 heures du soir, LÉ ONOUS cine OT dd io oo : Schwytz, le 6 août. UE DÉS re | ; À : : 4 |Ceshalos étaient : ou des circonférences Soleure, id. à ; x | B MS tu ‘ l 1. en 9 de 22° de rayon , ou des ares plus ou Interlaken , le 8 août, à À heure 50 minutes, 2 heures, 4 heures et 5 heures du soir. Te A duc dt UE ONU 1 moins grands de ces circonférences. Altorf , le 12 août, vers minuit. FN RE 05 0 1 Viège, le 25 décembre, à 4 heures du matin, avec détonation. Total 15 Viège, le 26 décembre, à 6 heures du matin, secousse plus forte que la veille. 0 Résumé des observations météorologiques de l'année 4856, par J.MARGUET, prof. ” ————————.——_——____ LU Au-dessus du lac145"39 hauteur d èt ae hauteur du baromètre E DE L! l’année 185 Différence. AT re * Quantité d' “* La neige a gablenu N° ?- mn ÉCOLE SPÉCIALE DE LAUSANNE. _————2Q O0 — : Résumé des ehservations météorologiques de l’année 1856, par J. MARGUET, professeur. Février. Avnile ee 7,09 |79,97 | 7,19 |70,15 HORS 0 6. 7,80 |81,45 | 7,85 | 72,19 Juin ,.... 110,49 |70,86 110,66 14,01 11,99 62,79 Juillet . . . . [10,92 |70,42 61,59 72,70 64,57 Septembre. . | 8,76 | 80,85 | 9,07 |75,02 8,58 Octobre . . . | 7,91 | 86,64 80,40 4,6% 4,45 Novembre . . 79,50 Décembre . . 79,50 TENSION DE LA VAPEUR D'EAU & HUMIDITÉ BEL: ATIVE 7,22 |67,80 7,82 | 69,69 10,68 | 61,10 10,72 |58,18 11,95 | 59,54 9,09 |70,77 8,58 | 80,08 4,56 |78,00 4,14 |80,80 7,11 71,18 7,55 | 67,92 10,58 0 10,28 |55,86 110,75 | 61,46 11,65 | 57,41 62,80 8,87 8,56 4,4 69,63 75,56 79,60 81,68 78,50 80,12 4,50 |79,20 81,15 EXTRÊMES DE L'HUMIDITÉ. DATE DES EXTRÊMES. 10,06 | 5,84 52,6 55,9 | 29 5 51,9 57,8 1 5 4 28 4,3 57,5 15 5 25 5 7,5 51,5 1 27,7 8 54,5 56,4 Moyennes de l'année. . . Moyenne barométrique en 1855 en 1856 » » Moyenne thermométrique en 1855 » en 1856 715,51 } 716,53 | 9,99 | 10,67 | Moyenne des deux années Moyenne des deux années. Thermomètre Baromètre. 716,02 10,55 ANNÉE. 2 MOYENNES FRÉQUENCE RELATIVE DES VENTS EE —" —— Ê Se ; me | 1 L MOIS sh 42h. 9h. kh CAEEIUÉE TENSION HUMIDITÉ RELATIVE ä TENSION HUMIDITÉ RELATIVE SR ARLO NEIL CES KE: GE RÉCENT EE | | NN ee NN RE ne —— T H.R T H.R Ill H.R ne H.n T H. ln Maxim. | Minim. Maxim. | Minim. E Maxi. | Minim. | Maxim. | Minim. E SE | S S0 | 0 Janvier. . . . 5,5 |MAG:5 5,5 | 18,7 710197 ,A 9,9 22,9 al 9,8 4,5 | 58,0 5,4 2,1 2,2 1MA45,141U15,0:]" 51,2 1.29,6 Vents. | Rapport de l'Ouest à l'Est | Rapport du Sud au Nord. * Quantité d'eau tombée du 16 au 31 août, ** La neige a élé évaluée après sa conversion en eau, 10,6 |49,90**| 459,05 , —.. NT 1 ——————…———— ————————"——————————— — ——————_——————_——————_—_—_—_—_—_—_—_——— EAU TONBÉE en millimètres. ee Neige. | Pluie. 3,15 | 54,15 46,15 | 29,40 1,7 1,4 qe Tableau N°1 rquel Professeur. re des r 4 Ligne. Éarom- È U SPECIALE DE LAUSANNE. » Tableau N°I. auuce 1à 56, pa do) Marquer ref ECOLE A esbeurc! 7 qiques Dot u Sr) ebeot vLo RE civatiou ph tique deb ob L [Te 5 LUE nl ds” 4 REC?Tt RIT (274 la pile T CES hauleuts 7227 e 091 Lt EC F C nt la are CN LEAME GEONMUL C7 / ele céseu LA LT ge / A necge ab, C7 2 PA 2277 défonce À 72 . Zpouct A ? PPLECLES CHCLCE COOL f t À Dér-arompé C7 etage [ei Ce cumllaté 4= ie n 1 de ( mure paume ao vo me beropu Aure ao, / l l 2F7 HET MERE TO IT1- IIL07, L AN è Û $ ° è È NŸ ù z ï | + [l 7 (l + { j Es yernres e € 7 TE des Zermp ETOÂUTES g Ze Ê4 Ligne desnombresde Jours den 41 “ Pres de 7 TLEMÉES TLONTL Ua VE des ©) "4 éclairs ou des or ages. Jours ou 24 des nombres de Es de plu Æ Jours de Érourllard 6 L igre des nombres de g Zg ä ue) Mo 32801 \o ? a 3 made ro) ay LÉ M ma n “lb L jE37 0) TL LrA| SUR 9gpl Dar | (f) SENL ÉCOLE SPÉCIALE DE LAUSANNE. me : D ) rate 4. . | : _S esiuuc graphique des Oorerathioub méleorelogiques de D'onnee 1856, pare a ) Darquel Û vofesseur . i V [e : r 3 3 ç e ; D l De 12, igne &e Chante relative. dke: LE rgptesente le cenine de rmidite absolue = 100 , ç : 2 Zigne de lR ernsvon de la vaperrden ARE chelle x A Ccur TPE F2 lertote?t a J s 77 € 7 4 Ligne de la quartiée d'eau tombée. ok elle 7e CLS céee fout TE ae eee Wdeatt ln e£eccne es het es ac Cornet de Célal 24 Cj ‘ < LES ? =: PA … FA { nuAQe «7 LCA Pad UE fer U À LES Prects 04 Novewb. , 7 frequence relatiye des vents. ! NON; F SE # SO ( NO . Fe NT 1 4 2 ; Oche Île : Znombre total des vents de lannée = 100 est répnesen Le par 700nullemetres > = S LS = F3 -2 3 = :3 ul S DE S Z 2 — 2 = 7 Las) E> 27 2 Z % PRE EUR EE. CE NE STE ni 4 1 : i r 1 n : : Î ? , archiviste. Le BULLETIN n’est adressé qu'aux membres qui ont acquitté leur contribution annuelle. Pour les personnes étrangères à la Société, le Prix d'abonnement au Bulletin est fixé à 5 fr. par année, payables d'avance. On s’abonne chez F. Blanchard, impr.-libraire , à Lausanne. à ss 60< Néances de la Société vaudoise des sciences naturelles en 1857. Janvier 7, particulière. Mai 6, particulière. » 94, : id. » 20, id. Février 4, id. Juin 3, particulière. » 18 , générale. » 17 , annuelle. Mars 4, particulière. Juillet 4 , particulière. » 48 , id. Avril : FÉMEM GLS » 15, génerale. Les séances ont lieu à 7 heures du soir , à l’hôtel de vifle , salle de la justice de paix. Les auteurs sont responsables des opinions qu'ils émettent. ANNONCE. M: BAUP offre de remettre son herbier, consistant en près de 3000 espèces de plantes suisses et exotiques , rangées suivant la méthode natu- relle , dans du papier blanc, en fascicules avec cartons et courroies , avec une presse portative et deux boîtes à botaniser, pour le prix de 250 fr. —XKXEXDS— 2 dé ie =. 4 * RÉ ct don cé BULLETIN SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES. TOME V. — BULLETIN N° 41. PRIX : 3 fr. 25 c. SR nd: sn EL‘ LAUSANNE. IMPRIMERIE DE F. BLANCHARD. Octobre 1857 F- té pour 18332 : la Socié résident. J. De La Harpe, secréta ire. | , vice issier. L° Bureau de s £ re à È £ R« À à pe] É É P. DE La Harpe H. Biscnorr, ca MM. Ch PET UE LÉ Tome Y. res” N° 41. SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES. — 0 465 0——— PROCÈS-VERBAUX. Séance du 5 mars 1857. — Le Secrétaire donne lecture d’une notice de M. S. Baup qui résume un mémoire sur les cyanures ar- gentico-potassique et sodique, présenté, il y a deux ans, par ce chimiste, à la Société helvétique réunie à la Chaux-de-Fonds. (Voir les mémoires.) M. Ph. Delaharpe fait à la Société, au nom de M. Jaccard du Locle, une communication sur les déplacements qu’a subis la mo- lasse dans le Jura par suite des soulèvements et des plissements de terrain, postérieurs à sa formation. (Voir les mémoires.) Le Secrétaire donne lecture d’une notice de M. À. Forel sur une nouvelle espèce de Delphax (hemiptères) qu’il nomme asiracoïdes. Il y joint la description et la figure du Jassus punctulatus, Forel, aussi nouveau. (Voir les mémoires.) M. Zollikofer présente à la Société un petit bloc erratique qu'il pense appartenir au calcaire bitumineux miocène, et qui présente un oli parfait et général avec des stries. Ce bloc a été déterré, avec Déioun de cailloux également bien polis et striés, dans le ravin de l’Ass, près Nyon, où il gisait dans la boue glaciaire bleue. Quoi- que la position de cette boue, par rapport au diluvium ancien, ne soit pas très-évidente, il y a tout lieu de croire qu'elle se trouve sous cette dernière formation , comme cela se voit très-bien de l’autre côté de Nyon, au Boiron et surtout à l’Aubonne. M. Zollikofer rofite de l’occasion pour parler de la disposition des couches qui orment les berges diluviennes de Nyon, disposition qui montre clai- rement que ce sont des cônes torrentiels dont les terrasses indiquent les anciens niveaux du Léman. 232 SÉANCE DU 18 MARS 1857. M. Ph. Delaharpe ajoute que ce poli ne peut être expliqué par les frottements de la glace; qu doit l'être par celui des marnes glaciaires en mouvement, car les creux mêmes du bloc sont polis. M. Zollikofer rectifie une communication qu’il fit dans la séance du 7 janvier 1857. La vertèbre atlas trouvée dans le lac de Moos- seedorf, près d’'Hoffwyl, par MM. Jahn et Uhimann, n’appartient pas à un hippopotame; mais bien, selon l'observation de M. Pictet, professeur, au cerf à bois gigantesque. Il faudrait done admettre que ce cerf, contemporain de l'ours des cavernes, a vécu en même temps que l’homme *. La Société reçoit dans cette séance : De la Société pour l'avancement des sciences naturelles de Fri- bourg en Brisgau : Berichte, etc. , n° 16; novembre 1856. Séance du 18 mars 1857. — M. Bischoff place sous les yeux de l'assemblée un fragment de tige ligneuse d’Aristolochia sypho dont les fibres longitudinales ont été désagrégées par le seul fait de la torsion de la tige grimpante s’enroulant. Les fibres ont glissé les unes sur les autres, ensorte que le tronc se trouve formé par un faisceau de lames concentriques tordues en spirale. M. Guillemin présente un tableau graphique de réduction qui permet de faire sans calcul et avec une seule ouverture de compas, la réduction des anciennes mesures aux nouvelles. Ce procédé n’est applicable qu’à des mesures de capacité (ou autres) qui ne diffèrent pas trop les unes des autres. M. Ph. Delaharpe montre quelques planches appartenant à une livraison de la faune fossile de M. Ô. Heer, qui doit paraître inces- samment. Ces planches sont consacrées principalement aux genres Acer, Rhamnus, Cornus, Nymphea, Apeiba. Le même membre entretient la Société des tentatives qu'il a faites pour donner de la consistance aux fragments d’ossements fossiles dé- couverts dans la sidérolitique du Mauremont. Le meilleur moyen, dit-il, consiste à leur restituer leur gélatine, comme on l’a d’ailleurs pratiqué en Angleterre et en France. Il faut plonger les fragments dans une solution de colle forte, de manière à les en imprégner for- tement. Il a pu conserver et dégager, en usant de ce procédé, une petite carapace de tortue très-friable , trouvée dans le lignite dur de Belmont. 1 Depuis la rédaction du procès-verbal, la Rédaction a reçu de M. le professeur Troyon divers renseignements relatifs à l'os dont il est ici question. Ces renseignements, vu leur importance, se trouvent consignés plus bas, dans les Mémoires. e ne 9e né ss. de :». tn ne SÉANCE DU 3 JUIN 1857. 237. M. J. Delaharpe donne quelques détails sur l’enlèvement de la graisse qui gâte certains lépidoptères dans les collections. (Voir ls : mémoires.) Îl ajoute quelques mots sur un mode simple de clore hermétiquement les cadres d'insectes. ° M. L. Dufour entretient la Société de la formation du volcan du Jorulo, d'après les faits qu'il a entendu exposer devant la Société de physique de Genève par M. de Saussure, récemment arrivé du Mexique. M. Zollikofer en prend occasion d'exposer de quelle manière les volcans de l'Amérique centrale se sont formés, d’après les obser- vations de Humbold. M. Ph. Delaharpe rapproche les faits cités par M. L. Dufour, relatifs à l'influence des émanations sulfureuses des volcans du Mexique sur la végétation ambiante , de faits analogues observés en Angleterre près des usines de cuivre. Les anglais prétendent que la destruction des végétaux est le fait de l'arsenic vaporisé et non du soufre ‘. M. Ch. Gaudin raconte une visite qu'il a faite , il y a peu de se- maines, aux fabriques d'acide borique de l'Etrurie et aux Maremmes de Toscane. (Voir les mémoires.) Dans cette séance, la Société reçoit : 1. De M" la comtesse de Rumine : 0. Heer ; flora tertiaria hel- vetiæ, 6"° livr. 2. De la Société royale de Londres (royal Society) : Procedings, ete., vol. 8, n°* 21, 22. 3. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Mémoires et comptes rendus. 1855, juillet à décembre. 1856, janvier à mars. &. De la Société des sciences naturelles de Zurich : Vierteljahres- schrift, 1" année, n° 1-4. 2° annnée, n° 1. i a De l’Académie de Stanislas (Nancy) : Mémoires, etc., année Séance du 3 juin 1857. — Le Secrétaire annonce qu’en réponse à notre demande de subvention, le Conseil d'Etat a adressé à la Société un bon de peux cents francs. Des remerciements ont été adressés à cette autorité et le bon a été remis au caissier. 1 Dans le Harz les émanations arsenicales qui s'élèvent des fourneaux où l’on fond le minerai d'argent sont très-fortes et s'étendent souvent au loin, sans que la végétation en souffre. (Réd.) @,… - ; ; £ ; ture du verre en réduisant une dissolution alcaline d'argent par le . 2238 SÉANCE DU 3 JUIN 1857. 2 € k . . » . M. Bischoff fait en présence de la Société l’expérience de l'argen- "sucre; il rappelle la nouvelle application de ce procédé pour la fabrication des miroirs, eoncave, de peu de poids, d’un poli parfait et d’une puissance de réflexion considérable. M. L. Dufour ajoute que le procédé déerit par M. Bischoff four- nira un moyen d'obtenir, sans trop de frais, des miroirs propres aux réflecteurs des télescopes, puisque les deux surfaces du verre peuvent par là servir de miroir. M. C. Gaudin présente deux molaires de paleotherium magnum trouvées dans le sidérolitique du Mauremont. Le même membre soumet à la Société un autographe de M. Caselli de Florence, autographe transerit au moyen du nouveau télégraphe électrique que cet ecclésiastique a perfectionné et rendu tout-à-fait pratique. Ce télégraphe envoie et reçoit par le même fil plusieurs dépêches autographes à la fois et au taux d’un décimèêtre carré, soit 500 lettres, par minute. M. Ph. Delaharpe rapporte que de nouveaux fossiles sont arrivés du terrain crétacé d’eau douce du Jura, rapporté au Purbeck par M. Renevier. (Séance du 1° avril 1857.) Parmi eux se trouve une graine de Chara qu'il faudra comparer avec celles d'Angleterre, afin de déterminer plus sûrement encore si l’on a dans le Jura le Purbeck ou le Wealdien. Le même membre présente deux planches lithographiées où sont figurés les restes de l'Anthracotherium hippoïdeum, Rutimeyer, trouvés par M. Morlot dans la molasse d'Aarwangen (Berne). Cette nouvelle espèce, décrite par M. le professeur Rutimeyer dans le 45° volume des Mémoires de la Société helvétique, diffère à plu- sieurs égards de l’Anthr. magnum, ainsi que le font ressortir les nouvelles pièces de Rochette. Les principaux caractères qui distin- guent l’Anthr. hippoideum, sont : 1° Des dimensions d’un tiers plus petites. 2° Les 1°, 2%, 3% et 4° fausses molaires munies, à leur côté interne , d’un rebord dentelé, ou plutôt d'une série de petits tuber- cules disposés en ligne snmueuse. 3° La première fausse molaire est droite, séparée de la canine par un espace de */, centimètres, tandis que chez l’Anthr. magnum cette dent est couchée obliquement en avant et repose immédiate- ment sur la canine. 4° La branche ascendante de la mâchoire se sépare de l'horizon tale en formant avec elle un angle droit. 5° La forme de cette portion de la mâchoire a plus d'analogie avec la portion correspondante chez le porc. M. Morlot expose à l'assemblée les faits qu'il a observés sur le eène de déjection du ruisseau du Boiron, près Morges : il y a re- connu les traces d’un ancien niveau du lac. (Voir les mémoires.) SÉANCE DU 17 sun 1857. ' 209, M. Gaudin met sous les yeux des membres de la Société un petit . Ê ME . . . k, 3 sen mémoire du docteur Luigi Verdiani' sur une araignée rene se de la Toscane, et ajoute les détails suivants : « Lors de la visite que j'ai faite il y a quelques jours à Volterra ; il était beaucoup question dans les conversations particulières des rogrès que fait la multiplication de l’Aranea tredecim-quttata de ossi, où Phalangium volterranum de Toti. Cette araignée noire et marquée de treize taches rouges ne paraît pas avoir été connue à Volterre avant l’année 1785. On suppose qu'elle y fut introduite en 1782, alors que le manque presque total de la récolte força les ba- bitants à se procurer à Livourne des blés de Sicile et d'Afrique. Dès lors, cet animal, dont chaque femelle pond de 100 à 200 œufs, s’est prodigieusement multiplié sur les collines de Volterra et répandu de là dans plusieurs communes voisines et jusque dans la Maremme. Il se multiplierait bien davantage encore, si une espèce d'ichneumon ne détruisait environ 30 pour cent des cocons qui renferment les œufs. Le ragno rosso est devenu un sujet de grande terreur pour les paysans, qui sont souvent victimes de sa piqûre lorsqu'ils travaillent aux champs. Ce n’est pas sans raison, car elle est plus dangereuse que celle du scorpion d'Europe, et le docteur Verdiani, qui s’est beaucoup occupé du ragno et a été fréquemment appelé à traiter des cas d'empoisonnement , le regarde comme un redoutable fléau. Voici le diagnostic de l’empoisonnement tel qu’il le donne en abrégé dans Son traité : « Douleur brülante, intense, continue dans la partie piquée. Elle » se propage graduellement jusqu’à la région des lombes et dans le » bas-ventre. Vomissements, abaissement de la température à la » surface du corps, ralentissement de la circulation, contraction des » muscles volontaires, inquiétude fébrile, insomnie et notable dimi- » nution de l'impressionabilité organique. Les alcalins, les purgatifs, » les ligatures et les scarifications ne paraissent pas amener de sou- » lagement, mais le malade se rétablit ordinairement de lui-même, » après quatre jours de souffrance et par d’abondantes évacuations. » L'assemblée, sur la proposition de M. Gaudin, adopte en principe l'échange de nos publications avec celles de l’université de Pise. Le Bureau s’'entendra avec M. Gaudin pour opérer cet échange. Séance générale et publique du 17 juin à Yverdon. — Sont pré- sentés comme membres ordinaires de la Société : MM. Brières, Adrien, docteur à Yverdon, par M. Morlot. Jayet, André, avocat, v » de Voss, Aug., juge de paix » » ie sul ragno di tredici macchie , del Dottore L. Verdiani. Firenze «* LA . 2240 séANCE DU 1Â7 Juin 1857. # _. MM. Bujard, Auguste, pharmacien à Yverdon, par M. Morlot. » » de Guimps, Roger, “Correvon, Jules, » » Rochat, Louis-Justin, » » Nœff, Charles, directeur des sourds et muets à Yverdon, par M. Morlot. Masset de la Mothe, à Yverdon, par M. Morlot. Forel-Morin, François, à Morges, par M. Ch. Dufour. Béranger, Louis, pharmacien à Lausanne, par M. S. Cha- vannes. Vionnet, pasteur à la Chaux, par M. Zollikofer. Bollinger, Jaques, chirurgien-dentiste à Vevey, par M. Schnetzler. Humbert, Louis-Justin, à Vevey, par M. Schnetzler. Allamand, Louis, pharmacien à Lausanne, par M. le D° Marcel. Halket, Georges, étudiant de Londres, à Lausanne, par M. C. Gaudin. Johnson, Samuel, étudiant de Manchester, par M. CG. Gaudin. Belhouse, Walter, » » » Belhouse, Ernest, » » » et admis à l'unanimité par l'assemblée. Le Président annonce que le musée et la bibliothèque de la ville, ainsi que les ateliers de M. Bonzon, sont ouverts aux membres de la Société qui voudront les visiter. Le Caissier donne un résumé des comptes de la Société, d’où il résulte qu’à ce jour, et ensuite du don fait par le Conseil d'Etat, le passif de la Société s’élève à 169 francs et quelques centimes. En présence de ce déficit, et sachant que nos dépenses ne sauraient être réduites sans préjudice pour le Bulletin, le Bureau fait la proposition de porter la contribution annuelle des membres à 8 fr. au lieu de 5. D'autre part, M. Morlot, dans le même but, propose de remettre la bibliothèque de la Société à l'Etat, à condition que celui-ci fasse à la Société des avantages qui la mettent en état de balancer ses dépenses. Ces deux propositions sont successivement débattues. Pour la première, l'assemblée, après avoir écouté les explications données par le Secrétaire et le Caissier, décide de porter pour le moment la finance annuelle à 6 francs. Pour la seconde, elle vote la proposition de renvoyer à une Commission composée du Bureau, du Comité de rédaction et de MM. Wiener et Rencvier, professeurs, l'examen de la question. Cette Commission fera son rapport dans la séance générale de novembre. Ces décisions prises, M. Gaudin annonce de la part d’un bienfai- teur de la Société qui garde l’anonyme, qu'il est chargé de lui faire séANcE pu 47 Juin 1857. 241 parvenir un don de 200 francs. Le Président prie M. Gaudin d'être auprès de ce généreux donateur l'interprète de la reconnaissance de la Société. M. le professeur Schnetzler, à Vevey, entretient la Société des pro- priétés de la chlorophyle de modifier l’oxigène ou l’ozone , en com- parant ces modifications à celles produites par l’hématine ou les globules sanguins. (Voir les mémoires.) M. le professeur Yersin, à Morges, fait connaitre les résultats de ses dernières expériences de vivisection sur les fonctions du système nerveux chez les insectes. (Voir séance du 18 juin 1856, Bulletin n° 39, p. 119, et les mémoires.) M. Zollikofer reprend et continue l'exposition de l’hydrographie du bassin du Pô. (Voir séance du 15 avril et les mémoires.) M. Morlot rapporte qu’il a observé près de Saxon, en Valais, de véritables dunes semblables à celles qui se forment au bord de la mer. (Voir les mémoires.) M. Ph. Delaharpe place sous les yeux de l’assemblée une ma- choire supérieure d'Anthracoterium, et donne quelques détails sur la vraie composition du système dentaire. (Voir séances du 6 mai, du 3 juin passé et les mémoires.) M. J. Delaharpe communique à l'assemblée les renseignements que M. le docteur Cossy lui a fait parvenir , sous forme de notes, sur divers phénomènes observés durant les fouilles et les travaux exécutés à la source thermale de Lavey, dans l'hiver dernier. (Voir les mémoires.) . M. le professeur Bischoff lit une communication de M. Fol, à Zu- rich, sur les résidus de la distillation du bois dans les usines à gaz et leur utilisation. (Voir les mémoires.) M. Yersin annonce qu'il a parfaitement observé la circulation du fluide nourricier que renferme le vaisseau dorsal des insectes par- faits , contrairement aux assertions de M. L. Dufour. (Voir les mé- moires.) Le même membre annonce à la Société que l’on vient de découvrir, dans le diluvium près de Morges, une superbe défense d’éléphant fossile (Elephas primigenius), qui sera déposée au Musée cantonal. M. C. Dufour présente au nom de son frère, M. L. Dufour, de Lausanne, qui n’a pas pu assister à la séance, quelques cartes mé- téorologiques. Ces cartes représentent la hauteur du baromètre dans 1% stations en France et à Lausanne pendant trois séries de jours des mois de mai et de juin. Les hauteurs au-dessus où au-dessous de la moyenne sont indiquées par des traits rouges ou bleus représentant les millimètres, de telle façon qu'un coup-d'œil jeté sur la carte »>242 SÉANCE DU 17 juin 1857. montre immédiatement l’état de la pression atmosphérique au jour correspondant. La première série, du 2 au 41 mai, comprend 8 cartes où l’on voit d'une manière frappante comment la baisse s’est avancée du S au N et comment, pendant plusieurs jours , les points au Nord de la Loire sont encore au-dessus de la moyenne, tandis que ceux au Sud sont au-dessous. Le 7 mai, Brest, Paris, Besançon, Strasbourg, Meniires, le Hâvre, Dunkerke, sont encore au-dessus de la moyenne. Le 8, il n’y a plus que Menières et Dunkerke ; le 9, tous les points sont en baisse. La seconde série, du 20 mai au 30 mai, comprend 6 cartes et montre l’état des choses pendant une période de baisse générale. On voit que certains jours la pression atmosphérique est moins forte sur tout le littoral de l'Atlantique que le long du Rhin, du Jorat et des Alpes. La troisième série s’étend du 2 au 11 juin et comprend 10 cartes. Le 4 et le 5 juin, la pression atmosphérique est plus forte dans le Nord que dans le Midi. Le 6, elle est assez uniforme. Le 8 com- mence un mouvement de baisse qui atteint d'abord le Nord; la difié- rence des pressions est très-prononcée le 10 juin, où Dunkerke a 8 millimètres au-dessus de la moyenne, et Bayonne 2 au-dessus. En résumé, M. L. Dufour pense que les observations météorolo- giques, étudiées et suivies ainsi à l’aide de cartes, peuvent présenter le plus grand intérêt et il se propose de continuer. Il pense que la météorologie arrivera à des résultats utiles et heureux en recherchant les lois pour l’espace, aussi bien que celles pour le temps. Les rap- ports entre les états météorologiques simultanés ou successifs de divers lieux présentent, pour le moins, autant d'intérêt que ceux qui ont été presque exclusivement étudiés jusqu'ici dans des temps successifs en un même point. Le Secrétaire lit une lettre de M. Berthoud, mmistre de l’Evan- gile à Morges, accompagnant l'envoi d'une traduction française, revue avec soin sur l'original, de la cosmogonie de Moïse. M. Berthoud, en adressant ce travail philologique, a surtout en vue de combattre les interprétations plus ou moins élastiques que cer- tains commentateurs modernes publient dans l'intention de mettre d'accord, à leur façon, la révélation biblique et les faits de la géolo- gie. (Voir les mémoires.) Le Secrétaire annonce qu'il a reçu de M. À. Forel, membre de la Société, une notice sur un nouvel hémiptère, accompagnée d’une figure de l’insecte. Cette notice doit accompagner celle que cet entomologiste a présentée à la Société dans sa séance du 5 mars 1857 et compléter la planche qui lui est annexée. L'assemblée présentera à la Société helvétique, réunie cette année à Trogen, MM. Dutoit, professeur de mathématiques à Lausanne ; Zollikofer, professeur de géologie, et Guillemin, ingénieur. SÉANCE DU 4° JuILLET 1857. 243 M. le docteur Delaharpe, qui se propose de se rendre à Trogen, est chargé d'y représenter la Société. Le Dans cette séance , la Société reçoit : 1. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletins des séances du 17 avril et du 1% mai 1857. 2. De la Société des sciences naturelles d'Arau : Tables d’obser- vations météorologiques faites à Arau en avril et mai 1857. 2 ex. 3. De la Société des sciences médicales et naturelles de Malines : Annales, 12° année, 1855. | Séance du 1° juillet 1857. — La Commission des mines des Indes orientales (geological survey of India), à Calcutta, en adres- sant à la Société le premier volume de ses Mémoires, lui propose un échange de publication qui est accepté à l'unanimité. L’archiviste enverra à la Commission des mines ce qui a paru du V° volume du Bulletin. M. Moratel, présenté par M. Morlot, est reçu membre ordinaire de la Société. M. Gaudin donne lecture d’une notice sur quelques empreintes de végétaux fossiles provenant du terrain pliocène des environs de Florence. (Voir les mémoires.) M. Marcel décrit une espèce de vers intestinaux du Ouistiti qui parait nouvelle. Cette espèce appartient à la famille des Nématodes et au genre Ascaris plutôt qu'aux Filaires. Il a étudié neuf individus provenant d’un Ouistiti vivant à Lausanne; les femelles ont sept lignes de longueur, tandis que le mâle n’en à que quatre à cinq. (Voir les mémoires.) M. Ph. Delaharpe donne quelques renseignements au sujet des dépôts stratifiés de sable dans lesquels a été trouvée , près de Morges (voir à la séance précédente), la défense fossile d’éléphant. Elle gisait dans le limon pur à 23 mètres au-dessus du niveau moyen du lac, à 6 mètres au-dessous de la surface du sol, et à 3"67 au-dessus du niveau des rails. (Voir les mémoires.) Dans cette séance , la Société reçoit : 1. Du Conseil des mines des Indes (orientales) (geological survey of India), à Calcutta : Mémoires, etc., 1°" vol. A'° part. 2. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletin de la séance du 15 mai 1857. 244 sÉANCE DU À° JuiLcer 1857. 3. De l’Institut Smithsonien à Washington : a) Procedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, janvier-avril, 1856. — b) Notice of the origine, progress, etc., of the Academy of natural sciences of Philadelphia, by Ruschenberger, 1852. — c) List of foreing correspondents of the Smithsonian Institution, mai 1856. &. De la Société géologique de France : Bulletin de, etc., t. XI, fol. 81-85 ; t. XIV, fol. 1-7. 4 SUR LES CYANURES ARGENTICO-ALCALINS {. Par M. Sam. Baup. (Séance du 5 mars 1857.) Le cyanure d'argent et de potassium étant, comme on sait, très- employé dans les arts pour l’argenture et la galvanoplastie, il n’est pas sans intérêt d’en connaitre exactement la composition et les caractères essentiels. Dans le Traité de chimie de Gmelin ?, on lit le résultat d'analyses assez discordantes : Suivant Rammelsberg Glassford et Napier: 20,19 Sel a 19,28 Sel b 18,59 Ag 52,58 53,72 51,48 Cy 26,00 25,08 « 99,00 95,15 Le sel a cristallise en tables hexagonales; le sel à en prismes rhom- boïdaux ; la perte considérable du sel b est attribuée à un équivalent d’eau. à M. Bouilhet5 admet aussi deux variétés de ce sel; l’un hydraté, en petits rhomboïdes; l’autre en tables hexagonales : c’est à ce der- nier que se rapportent les analyses qu'il en à données. J'ai reconnu, qu’en effet, on obtenait par fois , avec le sel normal en tables hexagonales un autre sel, se déposant plus lentement et en petits cristaux rhomboïdaux; mais ce dernier sel n’est pas, comme on l'avait cru; un hydrate du premier sel; les analyses que J'en ai faites m'ont démontré que c'était un sel double anhydre sico-sodique, dont je ferai connaitre plus bas la composition. - À Extrait d'un mémoire inédit, lu en juillet 4855 à la section de chimie "de la Société helvétique des sciences naturelles. 2 L.Gueun. Handbuch der Chemie, dernière édition, IV, 425. 3 Annales de chimie et de physique, 3° série, XXXIV, 153. 246 CYANURES ARGENTICO—ALCALINS. L2 . Cyanure argentico potassique LE Ag Cy)- Le degré de solubilité de ce sel, dans l’eau, a été indiqué trop faible par MM. Glassford et Napier (dans 8 parties), je me suis assuré qu'il ne faut que 4,7 parties d'eau à 15° C. et seulement Æ parties à la température de 20 degrés pour le dissoudre ; sa solubilité aug mente beaucoup avec la chaleur. Il exige 25 parties d'alcool, à 85 centièmes et à la température de 20 degrés pour se dissoudre. Il cristallise, par refroidissement, en lamelles disposées en feuilles de fougère; déposé plus lentement, on l’obtient cristallisé en tables hexagonales transparentes et jamais en rhomboïdes. Le cyanure d'argent et de potassium, lorsqu'il est pur, n’est point coloré par son exposition au soleil, comme l'ont avancé MM. Glass- ford et Napier, et comme on l’a répété dans quelques ouvrages : sa solution ne tache nile papier, ni même la peau. Le cyanure d'argent, précipité de ce sel pur, par l'acide azotique pur, est d'un blanc éclatant et reste tel exposé au soleil, see ou mouillé. Il n’en est pas de même si l’oxacide qui a servi à le précipiter contient un peu d'acide chlorhydrique, ou si le sel lui-même contenait des chloru- res; aussi cette inaltérabilité, par son exposition au soleil , fournit- elle un des caractères essentiels de la pureté de ces sels. Le cyanure argentico-potassique ne contient point d'eau de eris- tallisation. Pour en chasser la minime quantité d'eau interposée en- tre les lamelles des cristaux, il suffit de broyer le sel et de l'exposer ensuite à une température de 105 à 110° avant de le soumettre à l'analyse. Voici la marche qui a été suivie pour l’analyser : traitement par l'acide chlorhydrique, pour le dosage de l'argent; par le chlorure de platine pour celui de potassium; par l'acide azotique pour le cya- nogène (le cyanure argentique servant aussi de contrôle pour l'ar- gent); puis, l’évaporation du liquide contenant le chlorure de potas- sium pour le dosage direct de ce sel, servant de contrôle au dosage de la potasse par le chlorure de platine, etc. L'analyse concordant avec la composition théorique du cyanure d'argent et de potassium normal, je me borne à trancrire ici cette dernière : K 39,2 19,68 ‘soit Ag Cy 154 67,27 Ag 108 54,22 K Cy 65,2 32,73 2Cy 52 26,10 | 199,2 100,00 199,2 400,00 Cyanure d'argent sodico-potassique. Voici les résultats de mes analyses de ce sel : I Il III NN V K — 15,04 — — — Na — — — —. 2,76 Ag 55,54 55,45 55,49 _ _— Cy EL DXAX aie °6 2680 326, unis 5 À | - CYANURES ARGENTICO—-ALCALINS. 247 qui m’autorisent à établir la composition théorique comme suit : 3K | LE 45,06% soit 3 K Ag Cy® 597,6 76,54 LE N& ‘23,222 2,962 Na Ag Cy° 183,2 23,46 LAg 432 55,33 : 780,8 100,00 8Cy 208 96,63 =" 780,8 100,00 soit 3(KCy, AgCy)-NaCy, AgCy Ce sel qui avait d’abord été pris pour un hydrate du précédent, est donc une combinaison anhydre de trois équivalents de cyanure d'argent et de potassium et d'un équivalent de cyanure d'argent et de sodium. Il présente de l'intérêt par sa composition et sous le rapport industriel par sa teneur un peu plus grande en argent que le sel potassique normal. Le mélange d’un sel Sodique, ici, ne doit pas surprendre beaucoup ; car, dans la préparation du cyanure de potassium, on a reconnu qu'il était avantageux d'ajouter du carbonate de potasse (un demi équi- valent) au cyanure ferroso-potassique; or on sait que les carbo- nates de potasse du commerce contiennent souvent une certaine quantité de carbonate de soude qui s’y trouve naturellement ou qui y à été introduit frauduleusement. Lorsqu'il est extrait des liqueurs renfermant du cyanure argentico- potassique, il se dépose en cristaux granuleux rhomboïdaux, opa- ques, lesquels par une nouvelle cristallisation donnent des rhom- boëdres ou des prismes courts rhomboïdaux toujours anhydres. Il se dissout dans 4,4 parties d’eau à 15° et dans 24 parties d'alcool 55/60 à la température de 17 degrés. Cyanure argentico-sodique (Na Cy, Ag Cy). N'ayant trouvé nulle part d'indication touchant l'existence de ce sel, j'ai cru devoir le préparer et en déterminer la composition. Il peut être obtenu au moyen du cyanure ferroso-sodique (ferro-cya- nure de sodium) qu’on fond avec un demi équivalent de carbonate sodique, l'un et l’autre bien secs; on sature ensuite le cyanure de sodium par du cyanure d’argent. La cristallisation de ce sel est ordinairement feuilletée. Il est anhy- dre,soluble dans 5 parties d’eau à 20°, et beaucoup plus à chaud. Il se dissout encore dans 24 parties d'alcool $*/,,, à la température de 20 degrés. … Sa Nr uNS trouvée, par l'analyse, en parfait accord avec la He à , Et : | | Na 23,2 12,66 soit Na Cy 26,85 | Ag 108 58,96 Ag Cy 73,15 RAR CT. 52. 4, - 28,38 0/2 1832 | 100,00 100,00 i à: 2 LL ver Li 218 RENVERSEMENTS DANS LE JURA. NOTICE SUR LES RENVERSEMENTS DES TERRAINS STRATIFIÉS DANS LE JURA. LS Par M. Saccard, du Locle. (Séance du 5 mars 1857.) C’est un fait généralement connu par les géologues suisses que, dans certaines vallées du Jura, l'on voit les couches des terrains non-seulement relevées, mais renversées sur elles-mêmes, de telle sorte que l’on peut prendre celles déposées le plus anciennement pour les plus récentes. Pour répondre au désir de M. Ph. Delaharpe , et ne connaissant encore aucun travail sur ce sujet intéressant, j'ai consigné dans ces notes , d’abord l'indication des principaux points du Jura où ces ren- versements me sont connus, puis quelques observations générales déduites de ces exemples, sans avoir la prétention de traiter ce sujet à fond. Les localités, d’après l’ordre d'ancienneté des indications fournies, sont : EL. Chaux-de-Fonds, Nicolet. AU de la Société des sciences naturelles de Neuchâtel, pag. 247. 1845.) A la Grognerie les cou- ches du calcaire Portlandien plongent en apparence vers l'Ouest, direction opposée à celle des couches des terrains Oxfordien et Co- rallien voisins. Les couches du Portlandien plongent sous un angle de 30° et recouvrent la molasse. 1. Chaux-de-Fonds, Nicolet. (Bulletin de la Soc. des sciences nat. de Neuchâtel, p. 247. 1845.) Aux Cornes-Morel non seule- ment les couches du Portlandien, mais encore celles de la molasse sont renversées. La molasse plonge en apparence vers l'Est, sous un angle de 20°. Dans l’un et l’autre cas le dépôt tertiaire parait inférieur au ju- rassique. UN. Sainte-Croix, Pidancet et Lory. (Relations du terrain néo- comien avec les terrains jurassiques dans les environs de Ste-Croix et dans le Val-de-Travers. Brochure, 1847.) Je me borne à citer ce travail en ce qui concerne le renversement. des couches crétacées au Val de Noiïrvaux. C’est dans cet endroit, contre des couches verticales brisées et bréchiformes qui paraissent coralliennes, que l’on trouve la série néocomienne, en couches complétement renversées et tellement brisées qu'il serait impossible d'en bien étudier la série. Ce renversement paraït être en rapport, ou même pourrait être le résultat d’une grande faille qui s’étend sur la longueur de cette chaine de montagne. . RENVERSEMENTS DANS LE JURA. 249 IV. Sainte-Croix, lac Bornet, Studer. (Geol. der Schweiz, vol. I, p. 309. 1852.) Nous avons vu plus haut le renversement se pré- senter sur un point où la vallée est très-resserrée et se termine en- tre deux chaines; en voici maintenant un où elle s’élargit considé- rablement et forme cet intéressant bassin des Granges de Ste-Croix, étudié par M. Campiche, et qui va devenir par les travaux paléon- tologiques de M. Pictet le plus beau type de formation crétacée pour le Jura et même pour la Suisse. Au lac Bornet, qui est à peu près le centre du bassin et du vallon géologique , le renversement est encore très-sensible, seulement les couches sont nettement circonscrites et non pas brisées et mélangées comme à Noirvaux. V. Develier-dessus, chaîne du Mont-Terrible, Studer (Géol. der Schweiz, vol. I, p. 392. 1852); Greppin (Notes géologiques sur le Val de Delémont, p. 25). Cette localité parait l’une des plus connues par le renversement des couches jurassiques sur les terrains ter- tiaires qui s’y trouvent représentés. VI. Undervilier, Val de Delémont, Greppin (Notes géologiques sur le Val de Delémont, pl. I, coupe C D). Le renversement est ici très-sensible pour le grès coquillier et le calcaire d'eau douce, dont la série est en apparence inverse. Du reste, les notes de M. Greppin ne nous apprennent rien sur ce ren- versement. VII. Salève, Vogt (Excursion géologique au Mont-Salève, dans le Livre des Familles, p. 111. 1855). Le Salève faisant partie du système jurassique d’après les règles posées par M. Studer, il est assez intéressant d’y trouver un ren- versement dans une chaine de premier ordre, où l'oolite n’a pas été mise à découvert. VIII. Gorges de l’Areuse, Tribolet (Mémoires de la Société des sciences natur. de Neuchâtel, p. 102. 1856). D'après la coupe figurée par M. de Tribolet, il est curieux de voir le renversement atteindre d'une manière très-sensible l’oolite inférieure de la montagne de Boudry. IX. Brenets, Gressly. (Coupe géologique du Locle aux Brenets, inédite, 1856). — Fig. 1. (Voir la planche). C’est un des plus beaux exemples de renversement complet que je connaisse, car les cou- ches ont repris une position presque horizontale. Elles forment ce . que M. Gressly nomme des Chevrons, car toute la série crétacée se montre deux fois, plongeant au Sud avec une inclinaison à peu près semblable. J'y ai recounu dernièrement la troisième série du Néoco- mien soit l’Urgonien, qui y présente des fossiles très-intéressants et caractéristiques. X. Sonvilliers, au Val St-Imier, Gressly. — Fig. 2, inédite, 1857. Cette coupe présente assez de rapport avec la précédente. Cependant 250 RENVERSEMENTS DANS LE JURA. le relèvement qui fait reparaître le terrain jurassique dans le Vallon, est plus considérable et tendrait à former une seconde voûte séparant la vallée en deux parties. A St-Imier, cette seconde voûte a disparu, mais il y a toujours renversement. XI. Rossbaden, chaîne du Beinvyl, canton de Soleure, Gressly. — Fig. 3. Je dois à l’obligeance de M. Gressly ce troisième et remar- quable exemple de renversement singulier. Je n’ai relevé de sa coupe que les parties renversées. XII. Locle, gare du chemin de fer. Fig. 4. Ici encore, grâce à M. Gressly, jai pu compléter la coupe et figurer un de ces phéno- mènes embarrassant pour tout autre que pour cet habile géologue. Après avoir subi le relèvement sous un angle de 70°, les couches jurassiques supérieures reprennent brusquement une position pres— que horizontale pour former le plateau des Monts, puis tout à coup se repliant de nouveau pour former une seconde voûte, elles se ren versent et plongent au N.-0. sous un angle opposé au précédent. A la gare, les couches qui renferment les plantes d’eau douce de l'époque d'OEningen, plongent sous un angle de 38°. C’est là ce qui rend l'étude des terrains tertiaires du Locle si difficile, car sur certains points, les couches sont perpendiculaires (Combe des En- fers), sur d’autres elles ont repris une position normale quoique adossée au jurassique (Verger). XIII. Locle, Combe Girard.— Fig. 5. Encore une des difficultés due aux renversements. Certaines couches viennent recouvrir compléte- ment celles sur lesquelles elles sont retombées et masquent leur présence. Que l’on ne s’étonne done pas des différences qu'offre la succession des couches de cette coupe comparée à la précédente. Je ne fais que d'indiquer ici le renversement assez sensible. XIV. Fleurier, coupe à Sassel au N.-0. du village. —Fig.6. Les marnes d’eau douce de l’époque crétacée y sont très-visibles, mais sans fossiles. Le Valanginien en renferme davantage. XV. Je citerai encore comme exemple de renversement la belle étude de M. Renevier, sur les couches crétacées de la Cordaz et de l'Ecouellaz dans les Alpes vaudoises (Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, t. IV, p. 205. Cette coupe a de frappants rapports avec plusieurs de celles que nous venons d'indiquer dans le Jura. Maintenant, tout en rappelant qu’il m'est impossible d'analyser les causes ou même de préciser les effets de ce genre de bouleversement, j'indiquerai brièvement quelques idées à ce sujet : 41° Constatons d'abord le fait que, non-seulement les terrains cré- tacés et tertiaires peuvent être renversés, mais aussi les étages ju- rassiques supérieurs (Brenets, Locle, Develier-dessus). Bien plus, si la coupe de M. de Tribolet, aux gorges de l'Areuse, est exacte, nous verrions tout le système oolitique renversé sur les étages suivants. 7, à; 152 ae, 7 7 222 2 ISIZLST RE TTL? SE LIT ET &. SrTTS Cr2S & 32 ë 722 bo & D CE AL RSS ALT | QU LA S! ei Q y Q A - 18 + PPT Chorus de 00: 7 = | AMP, : : ‘. LU CB Fo. IL. 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'& feuilles 0 délasium et allre fLOILS J Flancharé Uk, p E 2 FT AUCLe. fe lavcaté/ HÉMIPTÈRES NOUVEAUX. 254 2° Les renversements se présentent dans presque tout le Jura, rt une dixaine de vallées en offrent des exemples, et que les aits de ce genre sont loin d'être tous connus. 3° La largeur des vallées, leur resserrement, ou bien encore leur naissance au pied de deux chaines de montagnes, sont sans in- fluence sur le renversement, comme le prouvent l'exemple du Val de Travers aux gorges de l’Areuse et à Fleurier, et celui de Sainte- Croix à Noirvaux et au lac Bornet. 4° Tantôt le renversement atteint seulement un versant de la mon- tagne (Salève, montagne de Boudry, ete.), tantôt les deux versants en sont affectés (Locle-Brenets). Ou bien encore les vallées présentent les deux cas, ainsi au Locle, à la Chaux-de-Fonds, il y a renverse- ment de chaque côté de la vallée. 5° Si la majeure partie des cas de renversement se présente dans les chaines de second ordre, ils peuvent eependant affecter les chaines de premier ordre (Salève) et celles de troisième ordre (Rossbaden). 6° Enfin, il me semble que tous ces faits de renversement sont autant de preuves à l'appui du système des plissements, contraire- ment à celui des soulèvements, car ces derniers eussent produit un bouleversement et une confusion qui s’opposeraient nécessairement à la détermination de l’âge des terrains, généralement assez facile dans l’état actuel des choses. NOTICE SUR DEUX INSECTES NOUVEAUX, DELPHAX ASIRACOÏDES ET JASSUS PUNCTULATUS. Par M. A. Forel. (Séance du 5 mars 1857.) Je prends la liberté d'adresser à la Société quelques lignes sur un insecte hémiptère qui me parait nouveau ou peu connu en Suisse. Je ne le trouve décrit dans aucun des auteurs que j'ai pu consulter, et quelques hémiptéristes exercés qui l'ont examiné ne le connaissant pas, je crois utile, dans l'intérêt de la Faune helvétique, de donner quelque publicité à sa description au moyen du Bulletin de notre Société. Dans l'obligation d'imposer un nom, du moins provisoire ment, à cette espèce nouvelle pour moi, mais qui me parait appartenir au genre Delphax (Fabricius}, je l'appellerai Delphax asiracoides. Plusieurs caractères, en effet, la rapprochent du genre des Asiraques de Latreille, ainsi qu’on le verra par la description suivante. 1. Delphax asiracoides, Forel. PI. I. Oblonga , glabra, nitida, plus minusve anteriore parte, pallide testacea. Fronte tricarinato , carinis subparallelis; vertice, protho- 252 HÉMIPTÈRES NOUVEAUX. race, scutelloque carina unica levissima signatis; oculis magnis, prominulis, reniformibus; antennis pallidis, eylindricis, setigeris; articulis 1° et 2° subæqualibus ; homelytris fuscis, nervosis, apice exteriori macula pellucida obovata notatis; alis pellucidis nervosis. Long : 0,005-6. Le corps est un peu allongé , glabre, luisant : antérieurement d’un testacé plus ou moins pâle (fig. A.) Tête testacée , courte, arrondie au sommet; vertex dépassant peu les yeux, marqué d’une faible carène qui se prolonge sur le prothorax et l’écusson , quelquefois cette courte saillie est presque impercep- tible sur la tête, ou même disparait complétement ; trois carènes sur le front, presque parallèles ; chaperon légèrement caréné au milieu ; rostre velu. Yeux grands , réniformes assez saillants. Ocelles petits, arrondis, près et au-dessous des yeux (fig. 4.) Antennes assez lon gues, cylindriques, un peu pointues , insérées dans une échancrure des yeux ; le premier article presque aussi long que le second ; celui- ei allant en grossissant vers le bout, hérissé de petits tubercules velus; soie terminale longue, implantée sur un petit bouton conique à l'ex- trémité du second article ; ce bouton paraissant divisé en deux parties par une ligne circulaire (fig. 2.) Prothorax testacé, court, transversal, un peu échancré à sa base, en demi cercle à son bord antérieur. Ecusson grand, testacé, en losange, terminé en pointe mousse circulairement tronquée en avant, sinueux sur les côtés. Homélytres oblongues, d’un brun jaunâtre ou ferrugineux plus ou moins foncé, marquées vers leur extrémité extérieure d’une grande tache obovale, transparente et vitrée, d’un testacé pâle (fig. A.). Nervures assez fortes et saillantes vers la base, devenant plus faibles, plus unies et se bifurquant à l'extrémité des homélytres. Dans quelques individus plus jeunes le brun ne couvre pas aussi complétement les homélytres, quelques portions plus ou moins étendues de celles-ci restent plus pâles , principalement vers le bord intérieur. Ailes diaphanes, à nervures grises. Abdomen oblong, brun-clair ; bord des anneaux légèrement pâle en dessus. Plaque vulvaire de la femelle, s'étendant depuis le milieu, en une longue carène non sillonnée, jusqu’à l'extrémité de l'abdomen, mais sans le dépasser. Un appendice pointu au bout de l'abdomen, en-dessus. Pattes pâles , grèles, assez longues ; jambes postérieures légère- ment poilues , armées d’une petite épine au milieu ; quelques autres plus grandes et une longue et large épine un peu dentelée en des- sous à l'extrémité de la jambe ; premier article des tarses plus long que les deux suivants , le dernier terminé par deux petits crochets (fig. 3.) La taille plus ovale, plus grande et plus renforcée en tout sens que celle des Delphax indigènes à moi connus, la tête courte, presque sans carène en dessus, la forme du prothorax et de l’écusson , la TC ÉRnS HÉMIPTÈRES NOUVEAUX. 253 consistance des homélytres, en même temps que la longueur du premier article des antennes qui les rend plus saillantes que dans la plupart des espèces de ce genre , tous ces caractères réunis m'avaient d'abord fait prendre cet insecte pour une variété de lAsi- raca crassicornis. (Fabricius). Mais un examen plus attentif montre bientôt que cette espèce ne peut appartenir qu'au genre le plus voisin, celui des Delphax. Dans les Asiraques , en effet, le premier article des antennes est plat, ailé ou sensiblement bordé , beaucoup plus long que le second, tandis que chez les Delphax les premiers articles , cylindriques tous deux, diffèrent de longueur en sens in- verse, la longueur du second dépassant toujours plus ou moins celle du premier. Dans l’espèce ci-dessus, cette différence est moins sen- sible que chez la plupart des autres Delphax, mais elle subsiste , et, jointe à la similitude de la constitution des antennes, elle suflit, je pense, pour placer cet insecte dans le genre. D’autres rapports, tels que l'organisation de la bouche et du front, celle du prothorax et de l'écusson, de l'abdomen, des organes de la génération et de la locomotion, la nervation enfin des élytres et des ailes, toutes ces ressemblances tendent à l'y maintenir. Quelques anomalies cependant distinguent ce Delphax de ses con- génères. Indépendamment de sa taille et de la puissance de toutes ses parties, qui lui donnent un facies tout spécial, l'absence sur le vertex des trois carènes bien prononcées qui, chez la plupart des Delphax, sont une prolongation de celles du front, constitue dans cette espèce une exception qu'il faut mentionner. En outre, si d’un côté la ner- vation des homélytres dans notre insecte est la même que celle des Delphax en général, d'autre part l'épaisseur et la saillie des ner- vures et l’opacité relative du fond même des homélytres, distinguent celles-ci (quant à leur aspect du moins) des homélytres transpa- rentes du plus grand nombre des Delphax, comme on le voit chez les Delphaz flavescens, elegantula, notula, quttula, minuta, pellucida, etc. etc. Les homélytres de notre insecte se rapprochent, par contre, à part leur longueur , des homélytres épaisses à fortes nervures et ordinairement tronquées de quelques petites espèces, telles que celles des Delphax hemiptera, obscurella, mæsta, etc. . À mon grand regret, je n’ai jusqu'à présent trouvé cet insecte que deux fois, à deux années de distance, en juillet, dans une prairie sèche et chaude, non loin des rives du Léman. 2. Jassus punctulatus, Foret. PI. II. Viridis; elytris nigro-excavato-punctatis, alis albis. Long : 0,004-5. Entièrement vert. Corps plus ramassé que celui des Jassus en Er assez semblable pour la forme à celui du Jassus brevis. (Her. Schæffer.) La couleur verte, plus ou moins foncée, pâlit et jaunit sensiblement par la dessication. 254 HÉMIPTÈRES NOUVEAUX. Vertex court, arrondi, presque en demi cercle, finement parsemé de très-petits points noirs, serrés. Front marqué de petits points écartés, convexe et arrondi au centre, lequel est faiblement strié de sillons larges, parallèles sur les côtés , un peu convergents vers le haut (4 a). Joues (Genæ, Burm.) sinueuses en leur bord (4 b). Plaques génales (Lora, Burm.) arron- dies (4 c). Chaperon (Clypeus, Burm.) court, presque carré, un peu arrondi au haut et au bas ; quelques poils à l'extrémité (4 d). Rostre médiocrement long, également pourvu de quelques poils vers le bout (4 e). Yeux assez grands, peu saillants, d’un brun plus ou moins rou- geâtre. Ocelles petits, placés sur le bord du vertex entre les veux (4 f). Antennes; les premiers articles épais, les suivants brusquement amincis, terminés par une soie courte; un ou deux poils sur chacun des premiers articles (3). Prothorax (Pronotum, Burm.) transversal, deux fois plus large que long mesuré au bas, plus étroit vers le haut, arrondi au som- met, faiblement sinueux à sa base, légèrement ridé au milieu de son disque par des stries transverses fines et serrées et marqué en outre de petits points écartés, peu régulièrement espacés. Ecusson triangulaire, un peu sinueux sur les côtés, assez large, sans atteindre le bord supérieur de l’élytre; marqué après son milieu d’un sillon transversal arqué , uni au-dessus de ce sillon , finement strié au-dessous. Elytres à nervures normales, peu saillantes dans l’msecte vivant, entièrement couvertes de petits points noirs, enfoncés , irrégulière- ment placés, serrés, mais plus gros et moins rapprochés que ceux du vertex. Au fond de chacun de ces points est implanté un petit poil blanc, ordinairement un peu couché ou coudé, visible sous le mi- croscope ou une forte loupe. Partie membraneuse de l’élytre, après la clé, peu saillante. Aîles blanches , transparentes , légèrement irisées, à reflets roses: nervures également blanches. Anneaux de l'abdomen parfois teints de brun en dessus. Plaque vulvaire assez longue. Pattes épineuses à épines vertes. Une rangée de cils courts sur la dernière paire, outre les trois rangs de fortes épines. Tous les tarses terminés par deux petits crochets. Pris en août, au Mont Salève, par M. Alexandre Yersin. EXPLICATION DE LA PLANCHE. I. Delphax asiracoïdes. A Insecte grossi: « grandeur naturelle. 4. Ner- vation et contours. 2. Antenne très-grossie. 3. Pied et tarse très-grossis ; a, éperon. 4. Tête vue de face, très-grossie ; a, yeux réniformes , échan- crés, avec ocelles en dessous ; b, carènes du front; e, chaperon; d, rostre. IT. Jassus punctulatus. 1. Insecte vu grossi. 2. Grandeur naturelle. 3. Antenne grossie. 4. Tête vue en dessous, grossie. 2 + ——— IL Jassus punctulatus, Forel Jorel. N° N'ID elphax asracoïdes ATLAS D'AUROCHS A MOOSSEEDORF. 255 L'ATLAS TROUVÉ A MOOSSEËDORF (CANTON DE BERNE), APPARTIENT A L’AUROCHS (BOS URUS). (Extrait d’une correspondance de M. F. Troyon.) (Séance du 5 mars 1857.) La Bibliothèque universelle de Genève de mai 1857, à publié sous le titre de: Preuves que le cerf à bois gigantesque (Cervus euryceros Cuv.) a vécu en Séssh en même temps que l'homme, une lettre de M. Fréd. Troyon à M. le professeur J. Pictet, précédée d’une introduction de l’habile professeur de Genève. Dans cette in- troduction, M. Pictet nous apprend comment il a été conduit à rap- porter l’atlas de Moosseedorf au Cervus euryceros de Cuvier. Il ajoute cependant qu'il n’a pas pu faire une comparaison directe, ne possédant pas de squelette de ce beau cerf fossile; mais qu'en con- sultant les descriptions qui en ont été données et surtout les mesures relatées par Cuvier , il ne lui restait aucun doute sur la réalité de cette association. Se fondant sur ces déclarations de la Bibliothèque universelle, M. Zollikofer rectifia, dans la séance du 5 mars 1857, ce qu'il avait annoncé à la Société vaudoise dans celle du 7 janvier précédent. (Bulletin n° 40, p. 162.) La question en était là, lorsque M. le professeur Troyon me fit part verbalement (août 1857) des renseignements contradictoires qu'il avait obtenus de plusieurs savants anatomistes. La lettre qu'il m'a écrite sur ce sujet donnera, nous le pensons , une solution dé- finitive aux questions soulevées. Lettre de M. Fréd. Troyon à M. J. Delaharpe. (Extrait.) Bel-Air (Cheseaux), le 2 septembre 1857. « Monsieur, -» Je me fais un plaisir de vous donner quelques détails sur l'opinion des divers savants avec lesquels j'ai correspondu au sujet de cet Atlas. M. le professeur Vrolik, secrétaire général de l’Aca- démie des sciences d'Amsterdam , pensait qu'il pouvait provenir de l'Urus, mais il manquait de pièces de comparaison. M. Retzius, professeur d'anatomie à Stockolm, m’a écrit plusieurs fois à ce sujet, puis dans une visite qu'il m’a faite cet été, il m'a appris que M. le professeur J. Müller , de Berlin, ne doutait point que cette pièce ne provint de l’Urus , mais comme ces messieurs n'avaient que les des- sins au trait que je leur avais envoyés, j'ai fait parvenir à M. Müller une copie en plâtre qui lui a permis de comparer avec plus de cer- titude l’Atlas et le fragment de mâchoire que M. le professeur Pictet . 256 ATLAS D'AUROCHS À MOOSSEEDORF. croyait être ceux du cerf à bois gigantesques , et qui, en définitive, sont bien de l'Urus. Je vous communique la lettre que M. Müller m'a écrite à ce sujet. » Je vous cite textuellement un passage d’une lettre que M. Pictet m'écrivait le 26 août : J'ai profité de mon séjour dans les grandes collections pour étudier votre vertèbre, et par une comparaison con- venable j'ai reconnu avec une parfaite certitude qu’elle a appartenu à un bœuf et non à un cerf. J'ai été induit en erreur par la singulière variabilité de cet os dans ces deux genres. Elle ressemble bien plus à l'atlas de l'Elan qu'à celui du bœuf ordinaire, et là-dessus j'ai bâti un raisonnement qui m'a paru probable et qui était erroné. Je vais immédiatement préparer pour la Bibliothèque universelle une rec- tification. » Vous voyez, Monsieur, que cet atlas a excité un assez grand intérêt, et il me paraitrait convenable qu’une société suisse con- servât le souvenir de cette découverte. » Je m'aperçois en relisant cette lettre que je ne vous ai pas ex- primé assez nettement que M. Retzius attribuait aussi l'Atlas de Moosseedorf à l'Urus. » Veuillez, Monsieur, agréer l'assurance de mon respect et de mon dévouement. » FRéD. TRoYoON. » Lettre de M. le professeur J. Müller, de Berlin, à M. F. Troyon. (Traduction.) « Très-honoré Monsieur, » Je vous remercie de la communication des modèles d’ossements trouvés dans le lae de Moosseedorf, et vous fais parvenir les résultats de l'examen comparatif qui vient confirmer l'opinion à laquelle je m'étais arrêté à la vue de vos dessins. On pouvait s'attendre à ce que M. Pictet et moi, nous arriverions à fort peu de distance l’un de l'autre, puisque la mâchoire et l’atlas devaient avoir appartenu à l’un de nos plus gros ruminants. Dans la comparaison des figures avec les pièces de nos collections, j'avais déjà pensé au Cervus mega- ceros ; mais je dus me déterminer pour le genre Bos et me fixer sur le B. urus. » Les pièces qui ont servi à l’étude comparative et que nous pos- sédons ici, se composent de plusieurs crânes de Bos urus et du squelette entier du mâle et de la femelle, de plusieurs crânes appartenant au Bos urus fossilis ou Bos priscus, d'autres provenant du Bos primigenius, de plusieurs crânes de Cervus megaceros qui existent soit dans le musée anatomique, soit dans les collections géo- logiques. Les crânes de Cervus megaceros avec leur mâchoire in- férieure proviennent d'individus adultes et se rapportent de fort près pour les dimensions avec le cräne et le squelette dont Cuvier a donné les proportions. Votre mâchoire inférieure est beaucoup plus grande D ul lt APS ATLAS D'AUROCHS À MOOSSEEDORF. 257 et plus forte que celle du Cervus megaceros. La distance qui sépare l'extrémité antérieure de la première molaire est de 121°", ou peu au-delà, chez ce dernier animal ; sur votre pièce elle est de 165". Pour la force, la mâchoire que vous m'avez adressée se rapporte complétement au Bos urus et aux autres grandes espèces de bœuf; elle est même plus forte que la mâchoire inférieure du mâle de Bos urus que nous possédons, sur laquelle la distance dont j'ai parlé ei-devant n’est que de 134", et même plus forte que sur un crâne fossile (c'est-à-dire retiré de terre) de Bos urus, provenant de Russie (sans mâchoire inférieure), dont la distance depuis l'extrémité anté- rieure jusqu'à la première molaire devait être, d’après les proportions du crâne, de 152". Je n'ai pas pu comparer la mâchoire inférieure du Bos primigenius, qui, sans contredit, eût donné les plus fortes dimensions. La mâchoire inférieure du Cervus megaceros ne saurait être en aucun cas rapprochée de celle que vous me présentez à cause de ses proportions grèles : celle-ci ne peut appartenir qu'à une espèce du genre Bos, et dans ce genre qu’au Bos urus ou au Bos primigenius. » Votre atlas fossile est, il est vrai, aussi large que celui du Cervus megaceros du squelette de Cuvier, dont les dimensions nous sont connues ; il ne peut cependant provenir de cet animal, parce que la partie de cet os qui s'articule avec le crâne est beaucoup plus déve- loppée. On peut déduire aisément la largeur de cette partie de celle de l'articulation cranienne, puisque l’une est toujours égale à l’autre. Je mesure cette largeur, sur le crâne, par la distance qui sépare les bords externes de chacun des condyles occipitaux et sur l’atlas par l'espace qui existe entre les bords externes des faces articulaires qui s’articulent avec le crâne. La première distance est pour le Cervus megaceros de 102 à 107", et pour le Bos urus mâle de 130" ; ces dimensions sont les mêmes pour l’atlas. Le plus gros des crânes de Bos urus fossile, ou Bos priseus, provenant du Rheinthal, offre une largeur, ainsi mesurée, de 145"; celui du Bos primigenius donne 137"", et celui de Moosseedorf 136", » L’atlas de Bos urus mäle que possède notre musée a une largeur totale de 250", sur le crâne fossile du même animal, provenant de Russie , la largeur totale de l’atlas doit être de 264", sur le vôtre elle est de 263". » La forme de votre atlas est singulièrement semblable à celle du Bos urus. Je ne pouvais pas le comparer avec celui du Bos primi- genius. » Le modèle de l’apophyse frontale d’un petit animal portant des cornes, que vous m'avez adressé, ne peut être rapporté qu’au mouton. » Recevez, etc. » S.-J. Muzcer. » » Berlin, 6 août 1857. 258 VIOLA DES ENVIRONS DE LAUSANNE ET VEVEY. NOTE SUR LES VIOLA DES ENVIRONS DE LAUSANNE ET DE VEVEY. Par M. le professeur E. Rambert. (Séance du 18 mars 1857.) Le genre Viola est un de ceux qui renferment le plus grand nom- bre de plantes critiques. Sous les noms de Viola tricolor, Viola arvensis, Viola canina, Viola hirta, Viola odorata, etc., on a pen- dant longtemps groupé bon nombre de formes diverses. On en fai- sait des variétés d’un même type. M. Alexis Jordan soupçonnant que ces variétés pouvaient cacher de véritables espèces, a soumis à une étude approfondie les Viola des environs de Lyon et en général du bassin du Rhône. Ses recherches l'ont conduit à établir un grand nom- bre d'espèces nouvelles qu'il a décrites surtout dans le deuxième frag- ment de ces Observations sur plusieurs plantes nouvelles, publiées à Paris en 1846, et dans son Pugillus plantarum novarum, publié aussi à Paris en 1852. Il n’a pas détaché moins d’une dixaine d'espèces des Viola hirta et odorata. Il ne nous appartient pas de nous prononcer sur la valeur de chacune de ces espèces ; il nous faudrait, pour pou- voir émettre une opinion, des études et des observations que nous n'avons pas faites ; mais nous avons cherché, M. Muret et moi, dans quelques courses faites au printemps de l’année dernière, si nous ne trouverions pas dans les Viola de notre pays quelques-unes des formes signalées par M. Jordan comme de véritables espèces. Nous avons parcouru dans ce but les environs de Lausanne et les collines qui s'étendent de Vevey à Villeneuve. Nous n'avons pas tardé à re- connaître dans les Viola que nous avons observées un très-grand nombre de variétés se rapprochant plus ou moins du type un peu vague de la Viola odorata ou dela Viola hirta. C’est pour le moment le résultat le plus clair de nos recherches, car au milieu de ces formes nombreuses, à la fois voisines et différentes les unes des autres, il nous a été parfois fort difficile d’entrevoir des limites un peu préci- ses, mais nous recommandons d’une manière toute particulière à l'attention des botanistes les Viola des environs de Montreux, de Chillon et de Villeneuve; peu de contrées en présentent un plus grand nombre de variétés plus intéressantes. C'est une localité à explorer à fond si l’on veut bien étudier ce genre difficile. En atten- dant que de nouvelles études nous aient conduit plus lom, nous nous bornerons à mentionner trois formes qui pourraient bien effec— tivement constituer trois espèces et que nous croyons avoir distinguées avec quelque certitude. 1° La Viola multicaulis (Jord.), assez facile à distinguer, grâce à ses stolons très-nombreux, très-allongés, souvent radicants, à ses feuilles ovales, non acuminées, légèrement et régulièrement crénelées, recouvertes d’une pubescence courte, mais assez bien fournie, et à ses pétales rose-violet, curieusement veinées (haud colore æquali suffusa, Jord.), existe en assez grande FOSSILES D'EAU DOUCE DANS LE JURA. 259 quantité dans les bois au-dessus de l’église de Montreux et du chà- teau de Chillon, et surtout dans les vergers qui dominent l'hôtel Byron. 2° La Viola scotophylla (Jord.) , remarquable par ses gran des feuilles triangulaires, nullement arrondies, d’un vert presque noir , par ses pédoncules et son ealice rougeâtres , et par ses fleurs ordinairement blanches avec le bout de l’éperon violet, se trouve en abondance sur tous les coteaux exposés au soleil, contre les murs et même dans les bois de Lausanne à Villeneuve. 3° La Viola alba (Koch, Syn.) dont M. Jordan craignait d’abord de détacher la scotophylla et qui s'en distingue par le vert clair de ses feuilles, aussi d'une forme large et triangulaire, mais d'une pubescence plus ténue et plus courte, par ses pédoncules et son calice d’un vert frane et par ses fleurs complétement blanches, croit sur presque tous les coteaux en compagnie de la scotophylla. Il existe surtout dans cer- taines parties du vignoble de Lavaux, sur les murs. Nous avons cherché avec quelque soin des intermédiaires entre la Viola alba et la Viola scotophylla; mais ces formes ou espèces, quoiques voisines, nous ont toujours paru nettement tranchées. Nous ne croyons pas avoir rencontré un seul exemplaire dont on puisse faire une variété intermédiaire ou hybride. Outre ces trois Viola, nous en avons re- cueilli beaucoup d’autres, parmi lesquelles nous croyons encore avoir reconnu la Viola permixta et la Viola adulterina ; mais comme il nous reste quelques doutes, nous comptons les observer à nou- veau. Dans tous les cas, les Viola alba (Koch), multicaulis (Jord.) et scotophylla (Jord.), nous paraissent devoir être considérées comme faisant partie de la flore vaudoise. NOTE SUR LES FOSSILES D'EAU DOUCE INFÉRIEURS AU TERRAIN CRÉTACÉ DANS LE JURA. Par M. £. Renevier. (Séance du 1° avril 1857.) M. Jaccard, du Locle, ayant envoyé à M. Ph. Delaharpe une série de fossiles tous fort petits, provenant des couches intermé- diaires entre les terrains jurassique supérieur et néocomien de Vil- lars-le-lac près des Brenets, j'ai été appelé par ces Messieurs à les déterminer, et conduit par là à une découverte très-intéressante pour notre géologie suisse. La couche dans laquelle M. Jaccard a recueilli ces fossiles est une espèce de marne calcaire, d’un gris bleuâtre, qui a été reconnue déjà sur un grand nombre de points du Jura, immédiatement en dessous du calcaire jaune, inférieur aux couches de Hauterive, eal- caire nommé récemment par M. Desor, étage valenginien. Dans cette couche (marne bleue inférieure) longtemps stérile, M. Lory 260 FOSSILES D'EAU DOUCE DANS LE JURA. avait déjà cru reconnaître des fossiles d’eau douce, qui lui firent rap- porter cette assise aux terrains d’eau douce de l'époque wealdienne. Mais comme l'état de conservation de ces fossiles avait été indiqué fort mauvais et que cette soi-disante découverte était restée un fait isolé, on avait tout lieu de douter de la justesse de leur détermina- tion, et la nature nymphéenne de ces couches était restée jusqu’à présent plus ou moms problématique. En réfléchissant à ces circonstances, je m'étais dit plus d’une fois que lors même qu'on aurait trouvé réellement des fossiles d’eau douce dans cette marne bleue, il n’en résulterait pas encore qu'elle correspondit au terrain wealdien d'Angleterre, mais qu'il se pourrait bien au contraire qu'elle fût parallèle aux couches du Purbeck du même pays (inférieures aux précédentes, mais supérieures encore au groupe jurassique), et caractérisée par une faune entièrement distincte. Quel fut donc mon étonnement en reconnaissant parmi les petits fossiles de M. Jaccard en premier lieu des coquilles indubita- blement d’eau douce, puis ensuite une faune tout à fait analogue à celle des couches du Purbeck et assez nettement distincte de la faune wealdienne. Cette question est assez importante pour mériter un travail plus complet que j'espère pouvoir présenter plus tard à la Société; en attendant, je veux indiquer les arguments sur lesquels se base ma détermination de cette marne d’eau douce comme Purbeck, et ensuite faire entrevoir l'importance de cette détermination pour le parallé- lisme de nos terrains secondaires avec ceux d'Angleterre. 1° Les fossiles trouvés par M. Jaccard à Villars-le-lac, dans une même série de couches, présentent un mélange de formes terres- tres (Tortue), d'eau douce (Physe, Planorbe, etc.), saumâtres (Cor- bules), et enfin marines (Gastéropodes indéterminés, Poissons), c’est là un caractère tout à fait remarquable du Purbeck d'Angleterre. 2° Je n’ai trouvé parmi nos fossiles de Villars aucune trace d’Unio de Paludine, etc., qui sont les fossiles habituels du wealdien, tandis qu’au contraire les genres Planorbis, Lymneus, Physa, Cyrena, Corbula, ete., que j'y ai rencontrés, sont fréquents dans les cou- ches du Purbeck. Les planorbes, surtout abondantes dans les couches de Villars, forment même presque entièrement une couche du Pur- beck anglais. 3° Comme argument encore plus concluant, je citerai les deux espèces suivantes du Purbeck anglais que j'ai pu reconnaître avec certitude, parmi nos fossiles. Physa Bristovi, Forb. (Lyell Manual, 1855, pag. 296, f. 338), jolie petite physe tournée à gauche, et Corbula alata, J. Sow. Je pourrais ajouter des dents de poisson qui ont la plus grande analo- gie avec le Lepidotus minor, sans que je puisse être aussi sûr de leur détermination. 4° Enfin, M. Ph. Delaharpe a reconnu dans la marne de Villars une jolie graine de Chara très-abondante : cette même plante avait déjà été signalée dans le Purbeck anglais par E. Forbes. (Morris. cat.) Pr RDS BOHNERZ DE SCHAFFHOUSE. 261 En résumé, nous comptons dans la marne de Villars plus d’une vingtaine d'espèces, dont une partie sont marines et encore indé- terminées et dont les autres, saumâtres ou d’eau douce, se rappor- tent aux genres Planorbis, Physa, Lymneus, Helix, Cyrena, Cor- bula, Chara, et à d'autres non encore déterminées. Le tableau suivant indique le parallélisme des couches anglaises et de celles de notre Jura, tel qu'il ressort de ce qui précède et de mes autres études sur les crétacés suisses et anglais. Suisse. Angleterre. OR RE LS a). Gault. Aptien . . Sel Lower greensand |£ : ( Urgonien $ 5 e Ë Marnes d'Hauterive re x 8 } Calcaire jaune sa ë 2 infér., Valenginien | Hastingsands. Marne de Villars . . . . Purbeck. S ‘ : Portlandien. = Jurassique supérieur Miro. 5 Les paléontologistes anglais sont maintenant assez généralement d'accord pour placer les couches du Purbeck à la partie supérieure des terrains jurassiques, et au contraire le wealdien à la base des terrains crétacés. Pour des raisons dont j'ai déjà publié quelques- unes, ou que j'espère faire connaître plus tard lorsque je repren- drai ce sujet plus en détail, je suis tout à fait porté à me ranger à leur avis. = —"——— NOTE SUR LES BOHNERZ DU CANTON DE SCHAFFHOUSE, Par M. A.-F. Fol. (Séance du 15 avril 1857.) Les Bohnerz de Schaffhouse sont exploités pour l’usage de plu- sieurs usines des bords du Rhin et entre autres pour celui de l’usine de Alpbrugg sur la rive badoise entre Laufenburg et Waldshut. J'ai recueilli dans cette dernière usine des échantillons de Bohnerz déjà triés pour la fusion des fontes de plusieurs qualités et des scories. M. H. Brunner, de Liverpool (élève de l’école polytechnique), s’est . chargé de l'analyse des Bohnerz. J'ai fait moi-même celles des fontes et des scories. Voici les résultats de ces analyses : 1° Analyse du Bohnerz de Schaffhouse. Oxyde de fer 68,437 Alumine 6,695 Ac. silicique 9,585 Carb. de chaux 0,585 Eau 14,750 Total 100,052 262 BOHNERZ DE SCHAFFHOUSE: On rencontre fréquemment dans les nodules de Bohnerz des dé- pôts de sulfure de fer. On a évité avec soin dans l'analyse de pren- dre des fragments qui en renfermeraient. … 2° Analyse d'une fonte grise. Fer 95,962 Graphite 3,952 Carb. combiné 0,086 Total 100,000 Cette fonte a un grain grossier et un éclat gras très-prononcé; elle est difficile à rompre. 3° Analyse d'une autre qualité de fonte. Fer 93,135 Graphite 2,822 Carb. combiné 0,594 Silicium 3,449 Total 100,000 Cette fonte est très-fine, dure et cassante. Ces deux qualités de fonte sont entièrement privées de soufre et de phosphore. On tra- vaille le minerai au charbon de bois et le muschelkalk des environs sert de fondant. On obtient des scories d’un noir foncé tirant souvent sur le vert et des scories blanches et légères qui surnagent. Ces scories ne sont, d'après le directeur de l'usine, autre chose que les premières dans un état très-poreux. Je crois cependant qu'elles doi- vent être moins riches en fer que les premières. L'analyse des scories noires à donné pour leur composition moyenne les chiffres suivants : Fer oxidulé 66,182 Oxyde de calcium 1,485 Oxyde d'aluminium 1,210 Acide silicique 31,123 100,000 Je me propose de faire prochainement l'analyse des scories blan- ches, ainsi que d’autres produits de la même usine. MINERAI DE CUIVRE DES HOUCHES. 263 ANALYSE D'UN MINERAI DES MINES DE CUIVRE DES HOUCHES (PRÈS SERVOZ, ROUTE DE CHAMONIX). Par M. A.-F. Foi. (Séance du 15 avril 4857.) Ce minerai étant toujours rejeté par les mineurs a attiré mon attention et j'en ai fait l'analyse. Le minerai exploité est un mélange de sulfure de cuivre et de sul- fure de plomb, engagé dans une gangue quartzeuse où il est passa blement disséminé. 11 arrive de temps à autre que le mineur ren- contre des rognons d’un minerai gris bleuâtre, compacte et fort dur, c'est ce minerai là qu'on se garde bien d'ajouter au sulfure de cuivre et de plomb. Voici les résultats de mon analyse : Piomb 35,769 Zinc 23,118 Cuivre 5,953 Antimoine 3,956 Fer 1,866 Ac. silicique 7,368 Soufre 21,860 Eau 0,096 99,966 Ce minerai est donc rejeté à cause de sa faible teneur en cuivre et de la grande quantité de métaux qui peuvent rendre la fonte de cuivre impure, comme le zinc, l’antimoine et le plomb. 4 0 0 ———— SUR LA PRODUCTION DES IMAGES STÉRÉOSCOPIQUES , SANS LE SECOURS DE L'INSTRUMENT. Par M. L. Dufour, professeur. (Séance du 15 avril 1857.) Pour obtenir l'effet stéréoscopique, il faut une superposition de deux images À et B légèrement différentes; ce résultat obtenu géné- ralement à l’aide d'un appareil connu , peut être réalisé directement avec les yeux. Il faut pour cela placer les deux images en face des yeux, à 4 ou 5 décimètres, puis cesser de les fixer ou diriger les axes oculaires comme pour voir un point plus éloigné. A cet instant, chaque figure apparait double et on voit les deux groupes A’, A/ et B', B/'; il suffit alors d'agir convenablement sur la direction des globes de l'œil pour amener la superposition de A/’ et B/ qui pro- 3 ‘ 264 IMAGES STÉRÉOSCOPIQUES. duisent une image unique où le relief est aussi prononcé, aussi frap- pant qu'avec le stéréoscope. On éprouve quelques difficultés quand on tente pour la première fois cette expérience; mais on en prend bientôt l'habitude et on peut, en tout cas, faciliter la superposition en pressant légèrement l’un des globes oculaires sur le coin externe. L'observation ainsi pratiquée peut done se passer du stéréoscope ; mais elle est pénible, fatigante et, si on la prolonge, elle produit un mal de tête ou un étourdissement assez opiniâtres. M. Dufour pense que l'effort presque douloureux qui est nécessaire dans le procédé qu'il indique tient à une simultanéité anormale dans l’acco- modation de l'œil d’une part et dans la direction des axes oculaires d'une autre. En général, quand nous fixons, de manière à le voir nettement, un point quelconque, il y a une certaine direction des axes qui dépend de la distance du point et un certain état de l'œil, ou d'une de ses parties qui produit la vision distincte pour cette dis- tance là. Pour un objet proche, les axes sont plus inclinés l’un sur l'autre et le globe oculaire se trouve dans la condition nécessaire — allongement total de l'organe, par exemple — pour que l'image tombe sur la rétine. Pour un objet éloigné, c’est l'inverse. Dans l'observation de deux images stéréoscopiques indiquée ci dessus, il faut une direction des axes oculaires autre que celle qui convient à la distance de l’objet, tandis que l’accomodation doit être produite pour cette distance la. Il faut donc un état de choses autre que celui auquel l'œil est habitué et qui ne s’obtient que par un effort dont les suites sont pénibles et fatigantes. M. Dufour ajoute que la méthode qui consiste à dédoubler deux images voisines, pour confondre ensuite la seconde et la troisième, pourrait s'employer dans d’autres circonstances et être l’objet d’une étude pleine d'intérêt. On pourrait, par exemple, examiner ainsi deux figures de même dimension, mais inégalement éclairées ou éclairées par des couleurs différentes, pour constater des faits rela- tifs à l'irradiation, aux couleurs complémentaires, etc. etc. — 9 (0 0—— BASSIN HYDROGRAPHIQUE DU PO. Par M. Zollikofer. (Séances du 15 avril et du 17 juin 1857.) Les soulèvements des Alpes et de l’Apennin ont formé entre ces deux chaines une large dépression qui fut occupée par un golfe de la mer Adriatique , baignant alors le pied septentrional de l’Apennin, ainsi que le pied oriental et méridional des Alpes. Ce grand golfe avait une longueur de 500 kilomètres (112 1.) du pied du Mont- Viso jusqu’en {strie ; sa base était de 250 kilom. (56 |.) entre Rimini et Spilimbergo ; sa largeur moyenne entre Modène et Vérone de 100 kilom. (22 ‘/, L.) HYDROGRAPHIE DU PÔ. 265 Les */, de ce golfe sont maintenant comblés. Leur place est occu- pi par une grande plaine , et les nombreuses rivières qui autrefois escendaient directement à la mer se sont peu à peu réunies en un vaste système hydrographique, celui du Pà. Pour circonserire le bassin du Pà d’une manière nette , il est né— . cessaire d'y faire rentrer un certain nombre de rivières qui, pour le moment, sont encore indépendantes du fleuve principal, mais qui, à la longue, s’y joindront aussi. L'Euphrateetle Tigre, le Gange et le Brahmapoutre, le Rhin et la Meuse mêlent leurs embouchures. Déjà l'Adige est en communication avec le Pà sur plusieurs points. Le Lamone, l’Agno, le Bacchiglione et la Brente se jettent dans les la- gunes dépendantes du Pd; de sorte qu'il n’y a que la Piave, la Li- venza, le Tagliamento et l'Isonzo qui soient encore entièrement indépendantes du fleuve principal. En faisant rentrer ces rivières dans le même système hydrogra- phique, nous avons le bassin le mieux cireonserit qui existe, bassin nettement indiqué par la crête principale des Alpes, de Trieste à travers le Terglou, le Grossglockner, le Saint-Gotthard, le Mont- Blanc et le Mont-Viso jusqu'au Col de Tende, et par celle de l'A- pennin du Col de Tende aux cimes de Rimini. Ce bassin a une surface de 1276 myriam. carrés (6,400 lieues carrées); il est parcouru par le Pù, dont la longueur est de 600 kilom. (135 1.) et par ses nombreux affluents dont les principaux sont les suivants. (Les chiffres indiquent leur longueur en kilomètres et en lieues.) Rive gauche. Rive droite. La Doire Ripaire 110 (25) | le Tanaro 170 (38) la Doire Baltée 150 (54) | la Trebbia 90 (20 la Sesia 130 (30) | la Tara 100 (22 le Pessin 220 (50) | l'Enza 90 (20) l'Adda 280 (63) | la Secchia 140 (32) l'Ollio 250 (55) | le Panaro 140 (32) le Mincio 200 (45) | le Reno 100 (22) Il faut ajouter l’Adige et les rivières littorales. l'Adige 400 (90) | la Piave 210 (47) l’Agno 150 (34) | la Livenza 125 (28) le Bacchiglione 120 (27) | le Tagliamento 165 (37 la Brente 150 (34) | l'isonzo 120 27 le Lamone (de l’Apennin) 100 (22). Il y a donc 24 cours d'eau principaux avec une longueur moyenne de 180 kilom. (40 1.), ce qui équivaut à une vingtaine de cours d'eau de la longueur de l’Aar, nombre très-grand par rapport à la petitesse du bassin. 266 HYDROGRAPHIE DU PO. Il serait intéressant de chercher la relation qui existe entre la quantité d’eau apportée par toutes ces rivières à la mer et la quan- tité d’eau de pluie qui tombe annuellement dans ce bassin. Décharge du Pà par seconde 1,720" cubes, ce qui fait par an 54,000,000,000" cubes. En supposant que l'Adige et les rivières littorales charrient de l'eau en raison de la grandeur de leur bassin, leur décharge serait de ‘/,, soit de 18,000,000,000" cubes, done décharge totale de 72,000,000,000" cubes. L'eau de pluie qui tombe annuellement dans ce bassin étant un un peu plus d’un mètre, la quantité totale en peut être évaluée à 130,000,000,000" cubes, ce qui n’est pas tout à fait le double de la quantité d’eau transportée à la mer. Si je suis bien informé, c'est le triple pour le bassin de la Seine. Les données hypsométriques de l’ouvrage : Notizie naturali e civili su la Lombardia, m'ont permis de tracer les courbes du Pà et de ses affluents (voir la planche). On trouve les pentes suivantes : Pô, pente générale Sr Pese RG 1 pour 2400 » entre la mer et Pontelagoseuro . 41 » 16000 » » Pontelagoscuro et la Secchia. 4 » 7500 » » la Secchia et l’'Adda . 1 » 6500 D'MRSSEÉPAQMA er Ie TEST de ù PEN ON AU » » le Tessin et le Tanaro 1 » 1800 » » le Tanaro et Turin 1 » 2000 » » Turin et Poncalieri 1 Vs 2400 » dans les Alpes À ox» 800 Po, dans la plaine. 1 pour 2700, Tessin . 3 TT 590 Add» .: : Suebop eme ‘1: 2 650 Oo - 0e te 00e L, 720 Mincio . : HmAMbOES a vd, : > RO Adige : sofmoiiil satéirir 1 » 2700 Adige entre Legnago et la mer . 1 » 5000 Pour comparer, mettons : Danube entre Passau et la mer . . . 41 » 8000 » Orsowa et Rassowa . . 41 » 30000 Rhino pente générale me". 7 0 ES SA EU La pente minimum du Danube est donc beaucoup plus faible que celle du Pd; la pente générale du Rhin, au contraire, est plus forte. La courbe du Pà présente une discontinuité entre les embouchures du Tanaro et du Tessin, où la pente est plus forte qu'au-dessus et au-dessous. Cette espèce de rapide dans la plaine est assez curieux, HYDROGRAPHIE DU PO. 267 peut-être provient-il de ce que le Po a dù ralentir son cours en tournant autour de l'angle formé par les collines de Turin, pour l'accélérer ensuite, après s'être renforcé par les masses d'eau consi- dérables de la Doire Baltée et du Tanaro. L'Ollio forme un rapide semblable au-dessous de Bordolano; la courbe de l'Adda présente beaucoup d'irrégularités ; par contre, celles des autres affluents sont très-régulières dans la plaine. En comparant les pentes générales des affluents entre elles, on est frappé de la diminution uniforme qu’on y observe en allant d'O. en E. Cette diminution a sa raison d’être dans la disposition de la plaine alluvionale du bassin dont l'inclinaison diminue nécessairement dans le même sens. J'ai essayé d'appliquer à ces cours d’eau la formule empirique de M. Denzler , ingénieur à Zurich : m Le n+l 2 h = hauteur d’un point quelconque du fleuve au-dessus de son embouchure. — distance horizontale de ce point à la source. m, n etp, trois constantes, dont les valeurs varient d’un cours d’eau à l’autre et qui peuvent se calculer pour chaque fleuve. Con- naissant la hauteur de la source au-dessus de l'embouchure, la lon- gueur du fleuve et un point intermédiaire, on a : m Mlatsodicel à En000gA LUE es de IT) n A l'embouchure 0 = l 2 CULOUE AE Re pl . à) Duu L AE A ose LATEX 9 Au point intermédiaire . . k! — ET pl 3) trois équations qui suffisent pour déterminer les constantes, Les lacs, les cascades et les rapides font interruption, et déjà pour le P6 il est nécessaire de considérer chaque branche à part; la partie au-dessus du Tanaro a d’autres constantes que celle au-dessous du Tessin. Le résultat de ces calculs est très-satisfaisant. La courbe théorique coïncide parfaitement avec la courbe réelle pour l’Adige , le Mincio, le Tessin et la partie supérieure de l’Ollio et assez bien avec les deux branches du Pô : ce n’est que l’Adda qui fait exception à la règle, vu sa pente très-irrégulière. Les courbes théoriques sont indiquées sur la planche par des lignes pointées, là où il n’y a pas correspondance parfaite !. 1 M. Lude qui a bien voulu m'aider dans ces calculs assez longs, a en outre essayé d'appliquer la même formule à la pente de quelques talus d'éboulement relevés avec soin par M. Morlot. La correspondance entre la _ 268 HYDROGRAPHIE DU PO. Nous avons déjà dit que cette grande plaine, longue de 400 kil. (90 1.) et large de 100 kil. (22 ‘/, L.) en moyenne, est formée en entier de dépôts torrentiels. Il serait intér.ssant de connaître l’épais- seur de ces dépôts. Cependant nous n'avons aucune donnée directe là-dessus ; aucun forage n'a encore atteint le fond du bassin. S'il était permis de supposer que les pentes des Alpes et de l’Apennin se prolongeassent régulièrement sous les alluvions jusqu’à leur ren- contre, la profondeur du bassin serait trouvée. Je me suis posé ce problème et j'ai trouvé pour le méridien de Bergame que le point de rencontre des deux pentes serait situé dans la verticale de Crême à une profondeur de 1260" sous cette ville (1183" sous le niveau actuel de la mer). Ce chiffre mdiquerait donc l'épaisseur maximum des alluvions du Pô dans le dit méridien. Ce résultat acquiert une apparence de probabilité par la considé- ration suivante : La ligne de la plus grande profondeur du golfe pas- sant par la verticale de Crême (à peu près au milieu de la plaine), le Pô devrait aussi passer par là. S'il ne le fait pas, c’est que les puissants affluents des Alpes l'ont repoussé du côté de l'Apennin, jusqu'à ce que les affluents plus faibles de cette derniere chaine aient pu établir l'équilibre‘. Un simple coup d'œil jeté sur une bonne carte met en évidence ce fait. En outre, et c'est à quoi nous voulons en venir, on sera frappé de voir que les rivières des Alpes, avant de se jeter dans le Pd, changent brusquement de direc- tion. Au lieu de s’y rendre par le chemin le plus court, en conser- vant leur direction plus ou moins perpendiculaire à celle du fleuve, elles s’y jettent sous un angle aigu. Appelons a le chemin le plus court de l'affluent, à partir de son coude jusqu'au Pô; b son chemin réel du coude à l'embouchure, nous aurons : Pour le Tessin a:b=1:1,43 » l’Adda a: bi: A5 » l'Ollo 8 10 = ORNE » Mincio 4 nb) 0e D'où provient ce changement brusque du cours de ces rivières ? Il est facile de l'expliquer si l'on fait passer le Pô primitif par les coudes mêmes, Le Pà ayant été repoussé peu à peu vers le sud, les affluents de la rive gauche ont prolongé par là même leur propre cours; mais ce prolongement se trouvait nécessairement soumis à deux forces, celle du courant du Pà et celle du courant de l’affluent même. Ce prolongement se dirigeait donc selon la résultante des courbe théorique et la courbe réelle est très-grande et fait supposer des lois analogues pour la disposition des matériaux formant talus et la forma tion du thalweg des cours d’eau. 1 L'équilibre est établi dès que les produits des masses d’eau par leur vitesse sont égaux de côté et d’autres. Ce cas a dû arriver, car les affluents des Alpes en prolongeant leurs cours , ont diminué de pente , tandis que ceux de l’Apennin en ont augmenté en raccourcissant leur chemin. HYDROGRAPHIE DU PO. 269 deux forces, soit selon une ligne intermédiaire aux directions du Po et de l’affluent, ce qui explique le coude. Or, réciproquement, ce changement de direction existant, on doit admettre que le Pà primitif ait réellement passé par les coudes des affluents. La ligne de jonction des-coudes passe justement par Crême, ce qui donne à notre problème cette apparence de probabilité dont nous parlions. Indépendamment de l'épaisseur considérable des dépôts, la plaine alluvionale du Pô est une des plus grandes par rapport à son bassin hydrographique, puisqu'elle occupe une surface de 486 myriam. carrés (2430 lieues carrées), soit presque 40 pour cent du bassin entier. Aucun fleuve de l'Europe centrale n'a un delta relativement aussi considérable. Les fleuves du nord ont à la vérité d'immenses plaines d’alluvions ; mais il est difficile d'établir pour eux le rapport entre les bassins et elles, vu que ces dernières ne sont pas séparées les unes des autres et qu’elles ne sont pas uniquement dues aux at- terrissements des fleuves, mais aussi, et peut-être en majeure partie, à la retraite de la mer. [l n’y a guère que les bassins du Gange et du Fleuve des Amazones qu'on puisse comparer à celui du Pô, avec lequel ils ont du reste plus d’un rapport. Ils sont presque aussi bien circonscrits par les chaines de montagnes qui les entourent; ils offrent aussi des affluents nombreux et considérables et renferment des plaines alluvionales immenses. On comprend facilement la formation d’un delta aussi grand que celui du Pô, lorsqu'on sait que ce fleuve charrie relativement beau- coup plus de matières solides que tout autre fleuve. Son eau contient ,., . til 2 — de matières solides ; celle du Gange RUE celle du Nil seu- 1 ; d ee , lement DENT NS Le Pô charrie annuellement 40 millions de mètres cubes de limon, ce qui fait nn de la quantité transportée par le Gange , quoique le bassin de ce dernier soit 11 fois plus grand que celui du Po. Ce charriage extraordinaire est dû à la réunion de beaucoup de circonstances favorables. D'abord l'encaissement du bassin entre deux grandes chaines dont l’une, celle des Alpes, a des ramifications fort multipliées , qui offre ainsi à l’action destructive des agents at- mosphériques , une grande surface. Ensuite la nature des roches qui composent ces chaînes. La plupart d’entre elles se détruisent facile- ment ; tels sont les schistes cristallins qui forment une large zône , les schistes argileux qui accompagnent le verrucano, les schistes mar- neux du triasS qui occupent une grande étendue de pays et qui se délitent très-aisément , les marnes calcaires des terrains crétacés et du flysch, très-développées dans les deux chaines ; enfin les marnes et les sables pliocènes de l’Apennin. Ensuite l’action triturante d’un grand nombre de glaciers (du Mont-Blanc, du Mont-Rose, de la Bernina, etc.). Finalement la quantité considérable de pluie qui 270 HYDROGRAPHIE DU PO. tombe dans ce bassin et qui occasionne souvent de fortes crues dont les effets de destruction et de charriage sont toujours très-grands. La plaine alluvionale du Pà peut se diviser en deux parties très- distinctes : le delta diluvien, ou la partie formée dans la période qui a précédé la nôtre, et le delta moderne ou la partie formée à l'époque actuelle. Le delta diluvien, de beaucoup le plus considérable, forme assez exactement les ?/, de la plaine entière ou le double du delta moderne. Il est caractérisé par la circonstance que le Pô et tous ses affluents s’y trouvent encaissés entre des berges plus ou moins élevées , for mant des terrasses d’une régularité surprenante. Ces berges sont toujours très-hautes à la sortie des Alpes, Berges. du, Tessin dede à da dée re OU LORS RP (ESA D LE Sp te net came PARA 2 À p44il 0, PEL ENO VERS ee QUE di 30" tandis qu’elles diminuent beaucoup de hauteur à mesure qu'on s’ap- proche de l'embouchure, Berges-du:Tessin (Pavé) sn b arte ir 40 400-4020 “ide Ole (Bozzolo)entour. C Zv0a 00e Ÿ LHembe) (at dans sur ds fes 94 grarstes) X ADS Ÿ 7 on _ S € ÿ ». { D) (2 2 Zn de Bufñlera s ; cofi ou OUCo RES * NS DU ro QJidéntn > < ct de se pri cpa ue affluen ls Lac de frunta Honcsmsan orne NS lance de Mantorce Ka : Clin Echelle des longueurs Le RCE at Lorie 7 [771 NOTICE SUR L'HESPÉRIDINE. 273 Par conséquent, l’âge du delta en minimum : 16,200 ] — TOY == 23,000 ans. En considérant les atterrissements de l’Adige et des rivières litto- rales comme nuls on trouverait l'âge du delta en maximum 16,200 = T5 = 30,000 ans. L'âge juste du delta doit donc être compris, sauf rectification ulté- rieure, entre 23 et 30,000 ans. Ce chiffre peut très-bien exister à côté de celui du Mississipi, car les époques géologiques ne peuvent guère être limitées d’une manière uniforme pour toutes les parties du globe. 2 —— NOTICE SUR L'HESPÉRIDINE. Par M° mischoff, professeur. (Séance du 20 mai 1857.) L'hespéridme est une de ces nombreuses substances qu’on a dé- couvertes en recherchant dans les végétaux des bases organiques, ou bien quelque principe immédiat, et qui n'ayant pas de caractère bien particulier sont reléguées, dans les traités de chimie, dans l'appendice des alcaloïdes. Celle-ci, trouvée par Lebreton dans les orangettes vertes, n'a été étudiée qu'imparfaitement par lui et quel- ques autres chimistes (Jonas et Landerer). Ils différent un peu entre eux sur ses propriétés, ce qui peut provenir du mode de traitement. Je possédais une petite quantité de cette matière obtenue comme celle de Jonas par macération des orangettes avec du vin additionné d'alcool. Au bout d’un mois ou plus, l’hespéridine forme une espèce d'efflorescence sur les orangettes et peut être enlevée par lévigation. Quelques essais m'ayant fait remarquer des analogies entre elle et la salicine, je pensai à l'étudier plus complétement. Ayant cherché inutilement à m'en procurer de nouveau, je me suis décidé à faire quelques recherches avec ce que je possédais. En voici le résultat. L'hespéridme obtenue par le procédé de Jonas et purifiée par des cristallisations réitérées de sa solution aqueuse bouillante, forme de petites aiguilles nacrées qui m'ont paru être des prismes à base rhombe. Elle se dissout dans 1800 parties d’eau froide et dans 16 d’eau bouillante, très-facilement dans l'alcool et pas dans l’éther. Elle peut être chauffée jusqu’à 250° sans dégager d’eau , sans se fondre ni s’altérer; un peu au-delà elle fond en brunissant et en donnant des produits volatils. 27% NOTICE SUR L'HESPÉRIDINE. _L’acide sulfurique concentré la dissout. Le liquide jaune devient rouge par addition d'un agent d’oxidation. Avec le chlore elle donne une dissolution verte, avec la potasse et l’ammoniaque une dissolu- tion jaune. La solution aqueuse est précipitée par l’acétate plombi- que et colorée en rouge brun par le chlorure ferrique. L'acide chlorhydrique la dissout d’abord à l’aide d’une douce chaleur, mais au bout de peu d'instants, la liqueur se trouble et l’ébullition fait rassembler en grumeaux une matière résineuse dont il se dépose encore un peu par le refroidissement et pour laquelle je propose le nom d'hespérétine ; le liquide réduit la dissolution alca- line de cuivre; il contient donc du sucre et d’après cela l'hespéridine est un glucoside. La même décomposition a lieu par l'acide sulfurique délayé et chaud, mais la substance résineuse reste en grande partie dissoute dans le liquide bouillant et ne se dépose que lentement pendant le refroidissement. Cette hespérétine provenant de l’un ou l’autre trai- tement a été purifiée par dissolution dans l'alcool et précipitation par addition d'eau. Elle se sépare d’abord en restant en suspension dans le liquide, mais au bout de 24 heures de séjour elle se trans- forme en petits cristaux microscopiques qui sont des tables carrées. L'hespérétine est légèrement jaune, fort peu soluble dans l’eau, même bouillante, insoluble dans l’éther, mais bien soluble dans l'alcool. Elle se fond à 160° et se décompose un peu plus haut. L’acide sulfurique concentré la dissout, la solution jaune devient d'elle-même rouge : le chlorure ferrique colore sa dissolution en rouge-brun. Après le traitement de l'hespéridine par les acides délayés, le liquide contient du glucose ou plutôt une de ces substances qui ré- duisent la dissolution alcaline de cuivre. J'ai essayé d'isoler celui obtenu par lacide sulfurique, mais il ne m'a pas été possible de le purifier complétement; il m'a paru pourtant cristalliser plus facile- ment que le glucose et n'avoir pas une saveur aussi douce. D’après un dosage fait au moyen de la solution alcaline de cuivre titrée, l'hespéridine en fournirait 46,7 °/,, en admettant qu'il réduise 10 équivalents de sel cuivrique. L’hespéridine peut subir encore un autre mode de dédoublement sous l'influence des bases et en particulier de la baryte caustique, mais je n'ai pu que l’entrevoir et n'ai point isolé complétement les produits. Après avoir fait bouillir longtemps l'hespéridine avec de l’eau de baryte, fait passer ensuite dans le liquide un courant d'acide car- bonique qui n’a précipité que du carbonate barytique et séparé le liquide, j'en ai obtenu par l’évaporation des paillettes cristallines développant avec un acide une odeur analogue à celle de l'acide ben- zoïque, et de plus une matière incristallisable soluble dans l'eau et non dans l'alcool, donnant avec l'acide sulfurique une dissolution immédiatement rouge, se colorant en violet par le chlorure ferrique LS, tt ls NOTICE SUR L'HESPÉRIDINE. 9275 et donnant avec l'acide chlorhydrique une matière résineuse et un liquide réduisant la solution alcaline de cuivre. L'hespéridine offre sous ce rapport une analogie avec l’ononine, et il serait probablement intéressant de poursuivre ces recherches. Les analyses élémentaires de l'hespéridine et de l’hespérétine m'ont conduit à donner à la première la formule C7° H** O9, et à la se- conde la formule C*5 H?* 0*°. HESPÉRIDINE HesPéRérTine Calculé Trouvé Calculé Trouvé C7 53,57 53,28 C:5 60,00 59,12 H:* 5,61 5,62 HE 5,21 5,23 De 40,80 41,10 0?° 34,79 39,69 Le dédoublement de l'hespéridine se rendrait alors ainsi : C’° H:: 0° -L 4 HO — C:5 H2* 0: —— 9 (A bre H!'° 0’) (Hespéridine) (Hespérétine) (Glucose) La quantité de glucose calculée serait de 45,9 °/,, ce qui se rap- proche assez de la donnée fournie par l'expérience. La formule pro- posée donne à l'hespéridine un équivalent qui me paraît bien élevé , et je serais assez porté à le diminuer de moitié et à changer celle de l'hespérétine dont l'analyse a été faite avec fort peu de matière , qui peut-être n’était pas encore assez pure. Les auteurs cités plus haut ne s'accordent pas sur les propriétés de l'hespéridine, mais aussi le mode de préparation peut avoir influé sur la nature de la substance obtenue. Ainsi Lebreton traitait l'extrait d'orangettes par la chaux et l'altérait ou la modifiait certainement. Le procédé de Jonas même peut n'être pas sans influence sur la forma- tion de la substance par l'acide du vin et celui des orangettes ; l’hes- péridine se produit là comme une espèce de sécrétion. L'examen auquel j'ai soumis l'hespéridine est sans doute fort in- complet, et si je me décide à communiquer ces résultats, c'est en raison du fait principal, qui permet de sortir l'hespéridine du recès chimique en la plaçant parmi les glucosides; et puis encore dans AespoIr que ces premiers essais améneront des recherches plus com- plètes. 276 CONSERVATION DES LÉPIDOPTÈRES. MOYEN SIMPLE DE DÉGRAISSER LES LÉPIDOPTÈRES ATTEINTS D'ÉTAT GRAS DANS LES COLLECTIONS. Par SJ. Delaharpe , docteur. (Séance du 20 mai 1857.) De toutes les collections d'insectes, celles de lépidoptères sont particulièrement exposées aux avaries. Lorsqu'un collecteur a suffi- samment caleulé avee la fragilité de l'animal qu'il manie et prépare, il faut encore qu'il le défende contre les insectes destructeurs et, si possible, qu'il le dégraisse s’il vient à passer à l’état gras. On a employé un grand nombre de moyens pour mettre les col- lections à l'abri des dermestes et des pous de bois. L'occlusion her- métique par des bandes de toile ou de papier collées sur toutes les fissures, ne peut convenir que pour les cadres que l’on n’ouvre pas souvent. — Je me sers pour fermer hermétiquement les cadres de bandelettes de diachylon adhésif des pharmacies, parce qu'elles ont l'avantage de se placer et de s’enlever plus aisément. Il arrive aussi que l'on enferme par là le loup dans la bergerie sans s'en douter, et que, rassuré sur la conservation de ses insectes, on néglige de les visiter, précisément alors que des larves nées d'œufs invisibles, en font leur pâture. On a préconisé diverses fumigations odorantes ou délétères qui doivent écarter les insectes ou les tuer. Ces moyens ont pour la plupart des inconvénients. Les uns attaquent les épingles, les autres portent atteinte aux couleurs de l’insecte ; d’autres ne tuent que les larves sans nuire aux œufs; d’autres encore sont inefficaces ou bien hâtent le passage à l’état gras (la chaleur par exemple). Le plus sim- ple et le plus sûr consiste à toucher le dessous du corps des papillons avec un pinceau trempé dans une solution de sublimé dans l'esprit de vin. Ce moyen, qui doit être employé avec quelque dextérité et sans inonder les ailes, doit aussi combattre avantageusement la ten- dance à passer à l’état gras. Dans cette dernière altération des papillons, la graisse se forme dans le corps de l'animal et y reste longtemps à l'état solide ; mais par l’élévation de la température ou par d’autres causes cette graisse se liquéfie, imbibe d’abord tout le corps de l'insecte, puis gagne peu à peu ses ailes, jusqu'à ce que l'animal entier paraisse avoir été arrosé d'huile. Dans les petites espèces la graisse provoque l’oxidation du cuivre des épingles, et se combine avec l’oxide en formant un bour- relet qui fait éclater le corps de l'insecte et le brise. Pour se débarrasser de cette graisse sans nuire aux collections on fait usage de terre absorbante réduite en poudre très-fine et sèche (marne magnésienne). On pique le papillon sur le centre d'un mor- ceau de papier fin, non collé et très-perméable, que l'on place en- ACIDE BORIQUE DE MONTE-CERBOLI. 274 suite sur une couche de terre de telle sorte que tout l'insecte repose sur la terre, n’en étant séparé que par le papier. On fait la même opération pour le dessus de l'animal que l’on recouvre d'abord d’une lame de papier puis de poudre absorbante. On soumet l’insecte ainsi recouvert à une légère pression et au bout d’un certain temps la graisse a passé presque en entier dans la terre. Ce procédé ne peut s'appliquer aux petites espèces, qu'il risque- rait de briser; encore moins réussit-il si la graisse est retenue par le cuivre; le dégraissage est d'ailleurs souvent incomplet, toujours lent. J'ai réussi beaucoup plus promptement et plus sûrement avec tous les lépidoptères, quelle que soit leur taille , en employant la benzine. Pour cela j'applique le papillon par sa partie inférieure sur une couche de terre argileuse très-fine, de telle façon que la terre touche toutes les parties grasses. Puis, avec un pinceau, j'humecte peu à peu et à plusieurs reprises le dos de l'animal avec de la benzine. Au bout de 10 à 15 minutes le papillon est déjà sec et l’on peut recommencer à l'humecter 2 ou 3 fois avec la même essence. Dès le lendemain ou le surlendemain le papillon est entièrement dépouillé de graisse et a repris ses couleurs. Si quelque portion de terre s’est attachée à lui, il est facile de l'en débarrasser avec un pinceau bien sec. La benzine s'évapore rapide- ment sans laisser aucune tache sur l’insecte. —+—— — NOTE SUR LES MINES D'ACIDE BORIQUE DE MONTE-CERROLI ET LA VÉGÉTATION DE LA MAREMME DE TOSCANE Par M° Ch.-Th. Gaudin. (Séance du 20 mai 1857.) Du haut de la ville étrusque de Volterra on aperçoit au milieu d'un océan de collines désertes et arides une vapeur blanche qui fume continuellement. C’est Monte-Cerboli (le Mont-Cerbère des anciens) où l'on arrive en quelques heures après avoir franchi le val des Cécina, nom de famille qui appartient à toutes les époques de l'histoire depuis l'antiquité étrusque la plus reculée jusqu’à nos jours. Monte-Cerboli est situé au fond d'un étroit vallon dont le flanc est entièrement bouleversé. Ce sont des vagues de roes et d'argile entre lesquelles sortent en cent endroits de bruyants jets de vapeur brû- - lante. Quel phénomène émouvant que ce ravin en bouillonnement et où le vent fait sans cesse tourbillonner la vaste écharpe de vapeur qui tantôt dérobe le sol aux regards et vous lance comme au milieu d'une chaudière, tantôt montre dans ses déchirures des roches jau- nes, rouges, sulfureuses, ou les lambeaux de gazon qui se crampon- 278 ACIDE BORIQUE DE MONTE-CÉRBOLI. nent aux anfractuosités !. On ne marche qu'en tremblant sur d’étroits sentiers où la glaise s’est durcie; car à droite et à gauche la boue est si chaude que nous n'avons osé y enfoncer le thermomètre. Malheur à qui y plonge le pied. Un malheureux ouvrier y périt l'an passé. Ce sont les fameuses mines de sel borax ; nous les avons vues par un beau soleil et alors que la civilisation a tourné à son profit cette étonnante manifestation des forces de la nature ; que devait être ce lieu lorsqu'il était encore désert et que l'imagination des anciens le peuplait de divinités infernales? Pour tirer parti de ces utiles vapeurs, on commence par coiffer le jet d’une cheminée de bois qui permet d'aborder le lieu avec moins de dangers. Pendant que la vapeur siffle furieuse à dix pieds au- dessus des ouvriers, ceux-ci construisent un mur en maçonnerie de manière à former un bassin plus ou moins circulaire ,. rrofond de 8 à 10 pieds et large de 15 à 20. On enlève alors la cheminée en là- chant en même temps dans le bassin l'eau d'une écluse voisine. La vapeur jaillit avec fureur, elle soulève à gros bouillons le liquide qui se réchauffe et le lance à deux ou trois pieds au-dessus de son niveau. Au bout de 24 heures elle l’a saturé du borax qu'elle tient en dissolution. On vide alors le bassin pour le remplir immédiatement à nouveau. Autrefois on chauffait l'eau saturée pour en retirer le borax par évaporation ; or le bois est rare et cher; la société d'exploitation dut se dissoudre ; mais voici qu'un Français, M. de Larderel, imagine de voûter les bassins ou Zagoni pour emprisonner la vapeur et la conduire par des tuyaux sous des appareils d'évaporation perfec- tionnés. Dès lors, on n'a plus brûlé pour un centime de bois. La fissure du sol qui laisse échapper le gaz semble s'étendre en demi- cercle à plusieurs lieues de distance; partout les bassins construits sur le même principe recueillent les émanations d'acide borique, et, au 9 avril passé, la production totale du borax s'élevait, pour les 98 premiers jours de 1857, à 645 tonneaux de 2000 livres pesant, soit 1,219,227 livres, tare déduite. Le propriétaire compte retirer cette année environ cinq millions de livres, grâce aux perfectionne- ments apportés à cette industrie. En effet, on ne se contente plus des jets naturels; mais, comme pour épuiser cette Imépuisable mine, on établit des sondes, on perce des puits artésiens qui arrivés à des profondeurs variables, selon le pont où ils sont placés, lancent bien au-dessus des échaffaudages et à la grande terreur des ouvriers, des colonnes de vapeur brûlante ou des gerbes d’eau bouillante et chargée d'acide borique. C'est l'Angleterre qui achète d'avance toute la provision de sel borax ; elle l’emploie comme fondant pour ses métaux, et depuis 1820, grâce à l'anglais John Wood, elle l'utilise avec succès pour 1 La chaleur provoquée par ces vapeurs ne semble pas avoir favorisé le développement de plantes étrangères à la localité et accoutumées à un climat plus méridional. Les recherches de notre guide, l’illustre professeur Parlatore, ne l’on conduit à aucun résultat. dé à on née ACIDE BORIQUE DE MONTE-CERBOLI. 279 le vernissage de ses porcelaines et de ses belles poteries. Si le prix du borax pouvait baisser d’un tiers, l'industrie française s’en empa- rerait pour la fabrication des eristaux. Tel est ce curieux phénomène de la grande nature. M. le comte de Larderel et son fils en sont, il faut le dire, d'excellents interprètes. Une bonne route franchit le val de Cécina , sur un excellent pont suspendu ; un autre pont, élégant et solide, relie les deux flancs du ravin et aboutit au village de Larderel que domine sur son rocher l'antique bourg de Monte-Cerboli et que soutient une gigantesque muraille en maçonnerie. Trois cents ouvriers ont trouvé là, avec un salaire plus élevé que dans le reste de la Toscane , des logements sains pour leurs familles, des pensions pour leurs veuves, une église, des écoles, une école de couture, un médecin, une pharmacie, un établissement de bains, un théâtre et une salle de concert où qua- rante ouvriers, excellente musique de cuivre, exécutent avec un rare ensemble les morceaux les plus difficiles. C’est ainsi que le génie de l’industrie a su disperser les fantômes de la superstition et donner un gagne pain honorable à de nombreuses familles d'ouvriers. La maremme. Après avoir quitté Monte-Cerboli et franchi des collines jaunes et pelées comme celles de l'Algérie, on aborde à Massa Marittima la maremme toscane, célèbre par sa malaria et sa végétation méditer- ranéenne. Partout en Europe (puisse la géographie botanique profiter des derniers instants!) la végétation arborescente primitive tend à disparaitre. À peine quelques points inaccessibles de nos hautes Alpes montrent-ils encore à l'ami de la nature des lambeaux de fo- rêts vierges et dont la hache ait respecté les pins caduques et tout barbus de vieillesse. IL en est de même dans la maremme où, grâces aux défrichements, l'on ne pourra plus visiter pendant bien des années encore les débris de la végétation méditerranéenne primitive. Ce qu'il en reste est une forêt d'arbres de belle venue qu'enlacent des Smilax, des Tamus et des Clématites, lianes de la zdne tempérée. Elle recouvre un impé- nétrable fouillis d’arbustes toujours verts, de bruyères gigantesques tout argentées de fleurs : de larges touffes de Cyclamen vernum étalent sous les buissons des tapis carminés de plusieurs pieds de surface et l’Anémone de l’Apennin rayonne dans toutes les clairières. Voici du reste et sauf erreur, la liste des principaux éléments qui forment cette végétation, éléments recueillis en passant et comme à vol d’oi- seau. Arbres. Acer monspessulanum. Quercus pedunculata. Ulmus suberosa. » cerris. Pirus silvatica. » suber. Fraxinus ornus. » pseudosuber. Cereis siliquastrum, » ! lex. Cerratonia siliqua. 4 280 CÔNE TORRENTIEL DÜ BOIRON. Pinus haleppensis. Arbustes. Juniperus communis. » phoenicea. » Macrocarpa. Phyllirea lata. » media. » angustifolia. Olea europæa. Rhamnus alaternus. Paliurus aculeatus. Pistacia lentiscus. > vera. Myrtus communis. Laurus nobilis. Arbutus unedo. Tamarix africana. Buxus sempervirens. Daphne enidium. * Crataegus monogyna. Ulex europæus. Medicago arborea. Cistus villosus. » monspelliensis. Erica arborea. Plantes grimpantes. Clematis vitalba. Smilax aspera. Smilax mauritanica. Pisum biflorum. On peut citer encore : Pteris aquilina. Salvia clandestina. Allium triquetrum. Spartium junceum. Calicotome spinosa. Iris pseudo-acorus. Ranuneulus tripartita. » fluviatilis. » aquatilis. Cyclamen vernum. Coronilla Emerus. Arisarum vulgare. EE NOTE SUR LE CÔNE DE DÉJECTION DU BOIRON (MORGES). Par M. Morlot, ingénieur et professeur. (Séance du 3 juin 4857.) Une tranchée du chemin de fer entre Morges et St. Prex coupe le cône de déjection torrentiel diluvien du Boiron. Ce cône, incliné de 2°, se termine en berge ou terrasse du côté du lac, avec toute la régularité ordinaire de ces dépôts. Le fond, ou l’avancement de la tranchée, sous le chemin vicinal montant à Tolochenaz, rive gauche du Boiron, fournit une coupe très-nette et expose supérieurement la composition intérieure du cône, suivant la direction de sa plus forte pente. Le nivellement du chemin de fer rapporté au limnimètre de Morges a déterminé la hauteur du chemin de Tolochenaz, soit du sommet du centre de la tranchée sur ce point. Cette hauteur est de 404,30 mètres au-dessus de la mer. À 4,2 mètres plus bas on re- marque la ligne de jonction entre les couches supérieures torren- tielles, parallèles à la surface du cône et disposées au-dessus de l'ancien niveau du lac, et les couches lacustres déposées en talus d’éboulement sous l’ancien niveau du lac, ainsi que cela résulte de leur forte inclinaison. Cette ligne de jonction est horizontale et sa hauteur de 400,1 mètres au-dessus de la mer , soit de 25,1 mètres PROPRIÉTÉS DE LA CHLOROPHYLLE. 381 ou 83,6 pieds au-dessus du niveau actuel du lac fournit la déter- mination exacte de la hauteur du lac à l’époque diluvienne, lorsque le cône traversé par le chemin de fer était en voie de formation. Dans le fond de la tranchée on voit les couches du cône diluvien reposer sur le terrain erratique, formé de limon glaciaire, jaune à la partie supérieure et bleu-gris à un ou deux pieds de profondeur. Notons que le chemin de fer, au point où il est traversé par le chemin de Tolochenaz sera établi à 394,33 mètres au-dessus du niveau de la mer. La gravière, qui se trouve dans la berge du cùne dominant la grande route de Genève, au pont de celle-ci sur le Boiron (rive gauche), présente aussi, quoique moins distinctement, la ligne de jonction entre les dépôts torrentiels et les dépôts sous - lacustres. C'est dans les couches inclinées de ces derniers, à trois ou quatre pieds seulement sous l’ancien niveau du lac, qu'a été trouvée la belle molaire d’éléphant mentionnée dans le Bulletin du 29 juin 1853, page 255. C’est aussi au même niveau à peu près et dans les mêmes circonstances de gisement qu'on vient de trouver, en creu- sant la tranchée du chemin de fer, tout près du chemin de Tolo- chenaz, la grande défense d’éléphant, mentionnée plus loin par M. Delaharpe. ——"2<————— QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA CHLOROPHYLLE. Par M. 3.-B. Schnetzler, professeur à Vevey. (Séance du 47 juin 1857.) La Chlorophylle, quoiqu’elle soit une des matières les plus ré" pandues du règne végétal, n’est pas encore parfaitement connue. Les chimistes ne sont pas d'accord sur sa composition et les physio- logistes ignorent le role qu'elle joue dans la vie de la plante. Je suis bien loin de vouloir combler cette double lacune ; je ne désire qu’apporter quelques matériaux. IL y a deux ans qu’en faisant des essais analytiques sur la chlorophylle, j'y constatai la présence du fer. L'année passée j'ai repris ces essais avec plus de soin et je suis arrivé au même résultat. J'ai appris depuis que M. le docteur Verdeil a également trouvé du fer dans la chlorophylle. Je me borne ici à indiquer ces faits, me réservant d'y revenir à une autre occa- sion. Je ferai cependant observer que la présence du fer dans la matière colorante verte des plantes nous fait mieux comprendre l’action des sels solubles de fer, par exemple du sulfate de pro- toxide de fer, sur les plantes affectées de cette altération un peu va- guement désignée sous le nom de Chlorose végétale. J'ai vu bien souvent des plantes aux feuilles pâles, flasques, reprendre une belle coloration verte et une nouvelle vigueur de végétation, soit en les arrosant avec une solution très-étendue de vitriol vert, soit en mé- 282 PROPRIÉTÉS DE LA CHLOROPHYLLE. langeant à la terre dans laquelle végétaient les plantes malades ce même sel réduit en poudre, et en arrosant ensuite avec de l’eau pure. Les belles expériences de Salm-Horstmar ont démontré que des plantes d'avoine privées de fer deviennent pâles et que leur affaiblis- sement va jusqu'à les empêcher de fleurir. Ainsi l'absence ou la diminution du fer dans les plantes se manifeste par une altération de la chlorophylle et par un affaiblissement général. Certains physiologistes ont comparé la matière colorante rouge du sang à la matière colorante verte des plantes. Leur composition chi- mique présente en effet quelque analogie. L'une et l'autre renferment une matière azotée, des matières grasses ou semblables à la cire, du fer, etc. Dans un de ses derniers mémoires , M. Schœnbein a fait voir que les globules sanguins favorisaient la formation ou le dégagement de l'Ozone. Lorsqu'on ajoute de la teinture de gaïac à de l'essence de thérébentine qui avait été exposée au soleil, aucune coloration bleue n'indique la présence de l'Ozone ; mais dés qu’on ajoute des globules sanguins à ce mélange, la coloration bleue, preuve du dégagement de l'oxigène à l’état actif, ne tarde pas à se manifester. Il m'a semblé intéressant d'examiner la chlorophylle sous ce même point de vue. Voici quelques-unes des expériences entreprises dans ce but. 1. Des quantités égales d'essence de thérébentine ozonisée et de teinture de gaïac furent placées dans deux verres à pied ; le premier reçut une petite quantité de globules sanguins; le second une so- lution alcoolique de chlorophylle fraichement préparée. Le contenu du premier verre bleuit rapidement ; dans le second verre il n’y a pas trace de coloration bleue, même après plusieurs jours. Lorsqu'on secoue une partie du contenu bleu foncé du premier avec un peu de solution fraiche de chlorophylle la couleur bleue disparait et le l- quide prend une couleur d’un jaune vert plus pâle que la solution de chlorophylle employée. 2. Un mélange d'essence de thérébentine ozonisée, de colle d’ami- don contenant de l’iodure de potassium et de globules sanguins dans de l'alcool, produit bientôt lorsqu'on le remue avec une baguette en verre, une coloration violette très-prononcée. Lorsque, dans un second verre, on mélange les mêmes substances additionnées d’une solution de chlorophylle, on obtient un liquide d'un jaune gris au moment où le contenu du premier verre est d’un violet foncé. À mesure que l’action de la chlorophylle s’affaiblit, la coloration vio- lette s'établit aussi peu à peu dans le second verre. 3. De l'essence de thérébentine et de la colle d’amidon contenant de l’iodure de potassium furent placées, en quantité égale, dans deux verres ; le premier reçut un peu d'alcool pur, le second une solution alcoolique de chlorophylle. Le contenu des deux verres ayant été bien remué, celui du premier présentait, au bout d’une heure, une coloration violette; dans le second verre il n’y avait pas trace de cette coloration. Au bout de 5 heures la couleur violette du premier verre était foncée; dans le second verre on n’aperçut qu'une faible PROPRIÉTÉS DE LA CHLOROPHYLLE. 283 teinte violacée au bord de la surface du liquide. Le contenu des deux verres ayant été bien remué , la coloration violette persista dans le premier et disparut complétement dans le second. Trois heures plus tard la matière déposée au fond du premier verre était d’un: violet très-foncé, dans le second verre d'un jaune gris. Ce n’est qu’au bout d'un ou de deux jours que l'action de l'ozone devient plus sen- sible dans le verre qui renferme la chlorophylle. L. Quelques cristaux de chlorate de potasse, un peu de peroxide de manganèse et de la teinture de gaïac furent doucement chauffés dans un tube fermé par un bout. Le liquide prit bientôt une colo- ration bleue ; en le filtrant il devint parfaitement limpide et présenta une belle nuance azurée. Lorsqu'on chauffe ces mêmes matières avec la solution de chlorophylle on n'obtient pas trace de coloration bleue. Il me semble ressortir des expériences que je viens de citer que la matière rouge du sang et la chlorophylle différent l’une de l’autre quant à leur action sur l’oxigène. Tandis que les globules sanguins favorisent la formation ou le dégagement de l’oxigène actif, la chlo- rophylle me parait produire l'effet contraire, soit en absorbant l'ozone formé, soit en le réduisant à l’état d’oxigène indifférent. Il est vrai ne les plantes dégagent pendant le jour et surtout à la lumière vive u soleil, une certaine quantité d'ozone ; mais il est facile de se con- vaincre que l'ozone ainsi dégagé ne forme qu'une partie bien minime de l’oxigène exhalé par les plantes. L'organisme animal semble donc renfermer une matière qui en favorisant l’action de l’oxigène sur les éléments combustibles des particules usées du corps, facilite l'élimination de ces éléments sous forme d'acide carbonique, d’eau, ete. Dans les plantes, au contraire, la chlorophylle paraît protéger le carbone et l'hydrogène contre l’ac- tion comburante de l'oxygène actif. Quoi qu'il en soit, il est certainement frappant que les animaux chez lesquels des recherches récentes ont démontré la présence de la chlorophylle, par exemple Hydra viridis, Euglena viridis, et même certains vers, se comportent, sous le rapport de larespiration, comme des plantes , en exhalant pendant le jour de loxigène ; tandis que les plantes dépourvues de chlorophylle, comme les champignons , les Orobanches, les Lathraea exhalent pendant le jour de l'acide earbo- nique comme les animaux. Ces faits doivent attirer l'attention sur le rôle que la chlorophylle joue dans les métamorphoses chimiques qui se passent dans la plante. Ce n’est que par une étude approfondie et bien dirigée des fonctions respiratoires de la plante que nous réussirons peut-être un jour à résoudre la question que la nature nous pose d’une manière si fatale dans les altérations graves qui depuis plusieurs années frappent quel- ques-uns des végétaux les plus utiles. 284 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. RECHERCHES SUR LES FONCTIONS DU SYSTÈME NERVEUX DANS LES ANIMAUX ARTICULÉS. (Suile.) Par M. Yersin, professeur à Morges. (Séance du 17 juin 1857.) L'année dernière, j'ai communiqué à la Société les résultats de mes premiers essais sur la physiologie du système nerveux dans les insectes. Dès lors j'ai continué mes recherches, voyant à chaque pas s'étendre le champ des opérations possibles et de nouveaux faits s'ajouter à ceux déjà observés. Mes premières vivisections ont porté sur les diverses parties du système nerveux; j'ai acquis ainsi une idée générale de ses fonc- tions, entrevu le champ des opérations à faire et reconnu qu'il n’est prudent de formuler des conclusions qu'en variant beaucoup et en répétant un grand nombre de fois chaque ordre d'opérations et en combinant ensuite l’ensemble des résultats. J'ai reconnu également la nécessité de n’opérer que sur des animaux dont les habitudes me fussent parfaitement connues. Aussi ai-je restreint, pour le moment, mes recherches aux insectes orthoptères en choisissant plus parti- culièrement dans cet ordre les trois espèces suivantes : le Grillon champêtre (Gryllus campestris, Lin.), la Blatte orientale (Peripla- netta orientalis, Lin.), l'Epacromie glauque (Epacromia thalassina, Fab.). Je ne suis pas encore fixé sur la plupart des points de la nevro- physiologie de ces insectes, aussi le but de ma communication est-il de présenter les résultats de quelques-unes de mes nouvelles opérations, me réservant de les reprendre plus tard, pour les com- biner avec d’autres et en tirer, par une discussion subséquente, les conséquences générales et particulières qui me paraitront en dé- couler. Jusqu'à présent j'ai opéré de deux manières pour étudier le rôle des ganglions; j'essaie d’abord l'effet de lésions ou de sections effec— tuées directement sur ces organes, puis, sur d’autres insectes de la même espèce, j'isole, sans l’altérer et plus ou moins complétement, le même ganglion du reste de la chaine. C’est sur le résumé suceinct de ces dernières opérations que je me propose d'attirer quelques instants votre attention. Je dois rappeler , avant de commencer, la distinction déjà admise par la plupart des physiologistes entre les mouvements volontaires et les mouvements réflexes. Je désignerai toujours, sous cette der- nière dénomination, ces soubresauts instantanés qui s’observent lorsqu'une cause étrangère détermine , sur l'animal, une sensation plus ou moins vive. Les mouvements réflexes cessent avec la cause qui les provoque. SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 285 | Section des deux cordons à la même hauteur. À. UNE SEULE SECTION DIVISANT LA CHAÎNE EN DEUX PARTIES SEULEMENT. 1. Section des deux cordons dans la tête entre le ganglion sus- æsophagien et le ganglion sous-æsophagien ‘. Les faits suivants résument huit opérations sur le grillon, dans lesquelles la section est toujours au-dessous du cordon sous-æso- phagien*. Immédiatement après la section, l'insecte demeure dans un état d'immobilité complète, qui se prolonge plus ou moins long- temps, rarement au-delà de dix minutes; les antennes seules sont agitées de temps à autres par des mouvements vibratoires très-rapi- des et peu étendus, qu’elles effectuent presque toujours exactement ensemble. Les dilatations et les contractions continues de l'abdomen dénotent une respiration très-active. En sortant de son repos, l’ani- mal frotte successivement, avec chacune de ses pattes antérieures , les côtés de la tête, qui se penche d'un côté et de l’autre pour faci- liter cet acte. Ordinairement les autres membres se déplacent peu à peu et soulèvent la partie antérieure du corps, qui finit par être tellement haute, que les deux pattes antérieures ne peuvent plus atteindre le plan de position; elles frottent alors ensemble les côtés de la tête. Cette dernière s’est associée au mouvement général du corps et porte la bouche en avant et en haut; l'animal a ainsi une tenue des plus singulières et qui rappelle celle que prennent quel- quefois les grillons, lorsqu'ils s'élèvent sur leurs pattes, pour boire une goutte de rosée suspendue à une feuille. L'insecte peut demeu- rer plus ou moins longtemps dans cette position; en général, au bout d’un certain temps, il se replace normalement sur ses pattes, la bouche toujours portée en avant. L'une des pattes antérieures con- tinue à passer sur le côté correspondant de la tête et l'animal se met en marche de manége, à pas très-lents, du côté opposé. Il arrive ainsi que le même grillon marche en tournant à droite, quand la patte gauche frotte la tête et qu'il décrit un cercle à gauche lorsque c’est la patte droite qui passe sur la tête. Le grillon se porte aussi quelques pas devant lui, en marchant régulièrement avec toutes ses 1 Pour ne pas trop allonger ce résumé, je n'indique pas ici la méthode opératoire que j'ai suivie; elle sera exposée en détail dans le mémoire définitif, avec planches. 2 J'ai réellement opéré un plus grand nombre de Grillons pour diviser la chaîne entre les deux ganglions céphaliques ; mais je n'ai réussi que sur huit individus. Il est à peine nécessaire de dire que j’ai toujours fait suivre chaque opération d’une dissection aussi soignée ge possible et que je ne donne ici que les cas qui ne m'ont laissé aucun doute sur la nature de la section. 286 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. pattes; puis il semble éprouver une sorte de contrainte ou d'hésita- tion; il fait des mouvements sur place en avant et en arrière ou même quelques pas en reculant. Le jour qui suit celui de l'opération, la tenue de l'msecte est à peu de chose près celle d’un animal non opéré; il demeure ordinai- rement immobile. Lorsqu'on l'expose brusquement au soleil il fait quelques pas très-lents en marchant devant lui, puis il nettoye ses pattes eh les faisant passer dans la bouche. Les mâchoires" agissent alors en enlaçant la patte à nettoyer et en la frappant de petits coups, comme cela a lieu dans les insectes non opérés. En plaçant du pain mouillé ou tout autre aliment à la portée de l'animal il le mange avec la même facilité, en apparence, que dans l’état ordinaire. Comme il est à peu près impossible de faire la section des deux cordons dans la tête, sans compromettre plus ou moins le tube di- gestif, je n'ai pas cherché combien de temps l'animal ainsi opéré pouvait vivre; 24 heures après l'opération, je le tue par la benzne pour en faire la dissection. Mais auparavant et pour mieux juger de son état, je note quelles sont les conséquences d’excitations sur les divers organes de l'animal. Remarquons d’abord que le ganglion au-dessus de l’æsophage se trouve complétement isolé du reste de la chaine et que les antennes sont les seuls organes mobiles qui en reçoivent des nerfs. Lorsqu'on touche l’une des antennes elle s'éloigne vivement sans que la seconde paraisse affeetée; il n’est pas même possible, en pinçant l'une, de provoquer des mouvements réflexes de l’autre. Quelquefois, il est vrai, j'ai cru, dans les premiers instants après l'opération , décou- vrir qu’une excitation sur l'une des antennes déterminait une cer- taine agitation de l’autre; mais ces cas sont si rares que je n’oserai en inférer une action réflexe d'une antenne sur l’autre. Rappelons toutefois que l’on voit ces organes vibrer avec un ensemble parfait et pendant fort longtemps à la suite de l'opération. Peu de temps après la section une légère excitation sur les cercis détermine un mouvement de cet organe seul ou des deux cereis à la fois. On ne parvient à provoquer un acte défensif des pattes posté- rieures qu'en pressant assez fort ou en frottant sur la base interne du cerci. Plus tard, lorsque l'animal est arrivé à la période de repos, en excitant légèrement l’un des cercis, la patte antérieure du même côté frotte la tête et l'animal déerit en marchant quelques cereles du côté opposé; puis il retombe dans une complète immobilité. En posant le doigt au milieu et près de l'extrémité supérieure de l’ab- domen, l'animal fait un petit saut en avant, frotte l'abdomen avec 1 Ce sontles mâchoires et non pas les mandibules, comme je lai dit au- trefois par erreur, qui nettoyent les antennes et les pattes. Les mâchoires seules peuvent faire les mouvements nécessaires en se portant en avant hors de la bouche pour saisir l’organe à nettoyer. Lorsque l'animal prend de la nourriture, les mâchoires agissent exactement de la même manière ; elles saisissent les aliments et les portent dans la bouche pour qu’ils soient broyés entre les mandibules. SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 287 ses deux pattes postérieures et rentre dans son état de repos. En touchant légèrement chacune des pattes sur le tarse, la patte se sou- lève instantanément et retombe un peu après. Une pression un peu plus forte, exercée sur le même organe, détermine un violent sou- bresaut de tout le corps. Lorsque l’on touche l’une des palpes , elle se retire vivement sans que les autres éprouvent la plus légère agi- tation. Le même organe étant faiblement retenu entre des bruxelles toutes les palpes s'élèvent par un mouvement instantané; enfin, en serrant un peu la palpe, l'agitation s'étend aux pattes et plus particulièrement à l’antérieure du côté de l'organe excité. Quelque- fois l'animal, après avoir éprouvé un léger soubresaut, se met en marche et décrit un are de cercle du côté opposé. Lorsque l'animal est renversé sur son dos, il agite ses pattes et fait des efforts pour reprendre sa position naturelle , en général il y parvient facilement. Je n'ai pas remarqué qu'il fût astreint à se re lever en tournant d’un côté plutôt que de l’autre. 2. Section des deux cordons entre le second ganglion céphalique et le premier ganglion thoracique. J'ai opéré spécialement dans le but de suivre les conséquences de cette section trois individus de la blatte orientale, en leur coupant la tête, et quatre du grillon champêtre. Sur ces derniers, j'ai coupé les deux cordons seulement en évitant autant que possible de léser les organes voisins. Indiquons d’abord les résultats obtenus sur les blattes. Immédiatement après la décapitation l’insecte, étant renversé sur son dos, agite vivement toutes ses pattes, faisant de vains efforts pour se relever et n’y réussit pas. Notons, à titre de renseignement, qu'un insecte de la même espèce non opéré, auquel il arrive de tomber sur son dos a, le plus souvent, beaucoup de peine à se re- placer sur ses pattes. Je relève l'individu en expérience ; aussitôt il fait quelques pas lents et incertains, puis il s'arrête et se soulevant sur ses pattes, il amène vers la tête, qui n’existe plus, chacun de ses membres comme pour les passer dans la bouche. Lorsque c’est l’un des membres antérieurs qui s’avance de la sorte, le prothorax conserve sa position ordinaire, mais lorsque c’est l’une des pattes postérieures, le corps se penche sur le cèté opposé et le prothorax exécute tous les mouvements qu'il fait dans une blatte ordinaire, lors- qu'elle porte la tête sous le corps, pour atteindre la hanche posté- rieure. En inquiétant l’insecte, il semble plus disposé à se défendre qu'à fuir. Ainsi en touchant un cerci, la patte postérieure du même côté vient repousser le corps étranger, puis frotte l'abdomen et se porte ensuite vers la tête pour se faire nettoyer. Si à l'instant où l'insecte est dans cette position, on touche de nouveau ou pince légè- rement l’un des cercis, la patte postérieure reprend brusquement sa position normale, et si l'on continue à inquiéter l'animal, il se dé- fend à coups de pieds. Rarement il essaie de fuir en faisant rapide- ment quelques pas en avant. 288 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES, Ce corps privé de tête et par conséquent de tout moyen de nour- riture, peut vivre un temps assez long. Le premier des corps qui mourut fut celui d'un mäle, sept jours après l'opération; les deux autres appartenant l’un à une femelle et l’autre à une larve ont vécu le premier dix jours, le second douze, manifestant pendant tout ce temps les mêmes caractères que ceux énoncés ci-dessus. J'aiessayé plusieurs fois l’effet d’excitations exercées sur les pattes, l'insecte étant renversé sur son dos, les résultats ont tellement va- rié qu'il m'est impossible de les généraliser avant d’avoir répété mes expériences sur d'autres individus , je passerai donc ces résul- tats sous silence. La tête, séparée du tronc, conserve assez longtemps sa vitalité pour que l’on puisse constater, dans le plus grand nombre des cas, un mouvement instantané de tous les organes mobiles de la tête, lorsque l’on pince un peu vivement l’un quelconque d’entre eux. Toutefois ces mouvements ne se produisent pas tous avec une égale constance et quelques-uns s’éteignent plus vite que les autres. C'est ainsi que l’action réflexe que j'ai eu le plus de difficulté à bien con- stater et qui à fait souvent complétement défaut est celle d’une an- tenne sur l’autre. Il m'est arrivé aussi en pinçant l’une des palpes de ne déterminer d’agitation que sur les autres palpes et l'antenne du même côté. J'ai suivi d'une manière plus complète les conséquences de la section des deux cordons, entre la tête et le thorax, sur le grillon champêtre. Je rappelle que, sur quatre insectes de cette espèce, la section est pratiquée de manière à ne léser que le moins possible les organes voisins. Les individus opérés m'ont présenté des carac- tères presque identiques, sauf pour la longévité qui a notablement varié. L'instant qui suit l'opération se passe toujours dans une complète immobilité, les pattes antérieures sont quelquefois soulevées en- semble sur les côtés de la tête, d’autres fois une seule demeure dans cette position. C’est ordinairement l’une de ces pattes qui rompt la première le repos de l'animal si auparavant il n’a pas fait vibrer ses antennes. Les pattes antérieures commencent par frotter la tête, comme pour la brosser, puis chacune d'elles se porte sous la bou- che, pour se faire nettoyer ; les mâchoires demeurent toujours im- mobiles ou ne s'occupent aucunement de l'organe à leur portée. Peu à peu et chacune à son tour de rèle, toutes les pattes exécu- tent des mouvements analogues. Lorsque c’est l’une des pattes pos- térieures qui se replie pour se porter en avant, l'animal doit se coucher à demi sur le flanc opposé et très-souvent il tombe sur son dos; mais il se relève immédiatement et recommence les mêmes manœuvres plusieurs fois de suite. Les efforts que doit faire le gril- lon pour conserver son équilibre l’obligent à des mouvements qui ne s'observent pas chez les individus non opérés. On trouve l'ex- plication de cet état dans la position de la tête qui demeure élevée comme pendant la station ordinaire, tandis qu'elle devrait être au— È SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 289 dessous du corps, à proximité des hanches et des cuisses. Quand . accidentellement elle est dans une position convenable, l'animal ut effectuer tous les mouvements que nous venons d'indiquer sans aucune difficulté et sans courir le risque de tomber sur son dos. Le corps de l'insecte opéré ne semble avoir d’autre préoceu- pation et d'autre volonté habituelle que celle des soins qu'exige la propreté. Lorsque l'animal est en repos, on peut aisément provo— _ quer tous les actes auxquels nous faisons allusion, en pinçant ou seulement en touchant l’une des pattes ; on arrive au même résultat en exposant l'insecte au soleil. Quelquefois alors il s’anime sensi- blement, fait quelques pas en marchant régulièrement ou en sau- tant devant lui. Il arrive aussi qu'il soulève ses élytres et ses ailes et bat l'air, comme pour prendre son vol, en même temps qu'il court avec une certaine animation ; mais ces derniers actes ne s'observent que rarement. Un mâle, quarante jours après l'opération, sort brus- quement de sa torpeur habituelle, il marche en stridulant du chant d'appel d’une manière parfaitement normale, et fait sortir un sper- matophore bien conformé; bientôt après ce grillon cherche à le faire tomber en frottant l'extrémité de son abdomen sur le sol, ce qui exige de tout le corps un ensemble de mouvements assez com- pures. Ce même insecte, placé peu de temps après au-dessous ‘une femelle opérée comme lui et dans la position des grillons pen- dant l’accouplement a fait tous les mouvements que nécessite cet acte. La femelle qui d’abord se débattait vivement, a fini par se prêter aux désirs du mâle et par prendre la position qui facilite le dépôt du spermatophore. Quant aux femelles opérées, je ne les ai pas vu pondre. Pendant les premiers jours après l'opération, les parties mobiles de la tête étaient presque toujours en mouvement, sans qu'il me fût possible de juger du but de cette agitation. Lorsque je plaçais du pain devant la bouche, en contact avec les palpes, je ne parve- nais pas à constater que les mouvements continuels des mâchoires eussent réellement pour but de le saisir. Mais au bout d’une se- maine , la tête étant calme, je présentai de nouveau cet aliment aux palpes. Ces organes s’avancèrent frappant de petits coups, puis les mâchoires, s'écartant, vinrent à leur tour déchirer un peu de pain pour le porter entre les mandibules qui immédiatement en eflectuè- rent la mastication. Elle fut suivie de déglutition. Le grillon conti- nuant à manger avec avidité, l’une des pattes antérieures vint se placer devant la bouche ; elle fut saisie avec le pain par les mâchoi- res, apportée entre les mandibules et mordue assez fort pour faire bondir l'animal, la bouche n’en continua pas moins la mastication des aliments dont elle était remplie. Cet accident, arrivé à l’une des pattes, se reproduisit fréquemment et près de la fin de leur exis- tence, chacun des insectes opérés s'était dévoré quelques-uns de ses membres. Lorsque l'animal est dans une immobilité complète, on provoque < LA 290 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. un mouvement réflexe manifeste de toutes les parties mobiles de la tête, en pinçant l’une quelconque d’entre elles. Une légère excitation de l’une des pattes provoque un mouve- ment réflexe de cet organe qui se retire brusquement, et ensuite un acte volontaire, celui de se porter vers la bouche. Lorsque l’exei- tation est plus vive, toutes les pattes éprouvent un soubressaut, ordinairement accompagné de quelques mouvements volontaires, de locomotion ou de défense. Lorsque l'animal est sur ses paties , tous ces mouvements du tronc sont analogues à ceux d’un insecte non opéré. Il en est en général de même lorsqu'on réussit à le maintenir quelques instants sur son dos. En excitant l’une des pattes, on dé- termine une réflexion instantanée sur les autres membres, suivie de mouvements volontaires qui, le plus souvent, ont pour effet de relever le grillon. D’autres fois, si c’est une patte postérieure qui est pincée, elle s’avance vers la bouche, aidée par la patte médiane et même par l’antérieure du même côté. Ordinairement, lorsque l'animal est dans cette posture, en excitant la seconde patte posté rieure, la première revient aussitôt à sa position naturelle et c’est la seconde qui s’avance vers la bouche. Toutefois , j'ai vu aussi la se- conde patte se porter en avant sans que la première se fût retirée, tellement qu’alors le grillon a ses deux pattes postérieures à la fois sous le corps et maintenues dans cette position par les pattes mé- dianes. Cet état, tout à fait anormal, semble indiquer une certaine indépendance des actes des deux côtés du corps. En appuyant très-légèrement le doigt sur le dos du grillon, il fait un petit saut en avant et, si on répète un certain nombre de fois cette excitation, il n’est pas rare de provoquer ce tremblement par- ticulier de tout le corps, qui est chez le grillon l'indice de la colère. Ordinairement en touchant avec la pointe d’une aiguille la base de l’un des cercis, l’insecte marche en décrivant un cercle du côté du cerci touché. Enfin, ajoutons encore que lorsqu'il est sur son dos il se relève aussi facilement d’un côté que de l’autre. Quant à la durée de la vie chez les insectes opérés, elle ne paraît pas différer de celle du même animal dans son état normal, comme le montrent les chiffres suivants. On fit la section sur des quatre grillons le 18 mai. Un mâle mourut le 3 juin, c’est-à-dire 16 jours après l'opération; vint ensuite une femelle, le 24 jun; or, vers le milieu du même mois, beaucoup de grillons non opérés et dans les conditions ordinaires de la vie, meurent de vieillesse. Une autre femelle mourut le 3 juillet; enfin, le dernier mâle n’a succombé que le 12 juillet, c'est-à-dire à une époque où les grillons, à l’état par- fait, deviennent très-rares dans les environs de Morges , il a donc, atteint un âge avancé. 3. Section des deux cordons entre les ganglions thoraciques ou entre ceux de l'abdomen. J'ai eu l’occasion d'opérer un très-grand nombre d'individus des trois espèces qui nous servent de type pour la section des deux cor- NP NOR ad » e SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 291 dons entre les ganglions thoraciques ; ces opérations, ainsi que celles L7 l'abdomen, m'ont constamment conduit aux mêmes résultats que ceux. déjà énoncés dans ma précédente communica- | ", combinés avec ceux du paragraphe précédent, aussi n’y re- - yiendrai-je pas aujourd'hui. Dr #B. DEUX SECTIONS DES DEUX CORDONS A LA FOIS, AYANT POUR BUT + D'ISOLER COMPLÉTBMENT UN GANGLION DU RESTE DE LA CHAINE. NAT j peur. - _Ilest deux ganglions que l’on isole complétement du reste de la ide par une seule section, ce sont le ganglion sus-æsophagien et dernier ganglion abdominal. Comme nous avons déjà vu ce qui t relatif au premier nous passerons de suite à ce qui concerne le second s , + k. Dernier ganglion abdominal. Dans les orthoptères , les cercis et l’oviscape des femelles sont les seules pièces mobiles qui tirent leurs nerfs de ce ganglion. Après la section des cordons, chacun de ces organes conserve sa mobilité et se retire ou s'éloigne lorsqu'il est piqué ou pincé, et détermine une agitation manifeste des parties voisines. Je dois faire observer que dans certains cas ces mouve- ments peuvent être liés à ceux du dernier segment abdominal et qu’il est parfois fort difficile de bien juger de leur caractère réflexe ou volontaire. Ordinairement l'état de contraction de ces organes per- siste longtemps après la cause qui l’a amené. Chez les femelles, les valves de l’oviscape une fois en mouvement par le fait d’une exei- tation extérieure continuent de s’écarter et de se rapprocher vive- ment pendant des heures entières. Je n’ai rien vu de pareil sur des insectes non opérés. 5. Ganglion sous-æsophagien. Les palpes tirent leurs nerfs de ce ganglion et se prêtent le mieux à l'étude des mouvements réflexes et volontaires; si donc après avoir pratiqué les deux sections néces- saires pour isoler le ganglion on excite les palpes, on observe les résultats suivants. Dès les premiers instants après l’opération , cha- eun de ces organes se retire brusquement au contact d’un corps étranger. Quinze à vingt minutes plus tard, on obtient toujours un mouvement réflexe instantané de toutes les palpes et des mâchoires lorsqu'on pince légèrement l’une quelconque d’entre elles. Ces mé- mes organes eflectuent des mouvements volontaires et pendant long temps on voit les mächoires s’avancer hors de la bouche et y rentrer comme lorsqu'elles saisissent un aliment. Lorsque l’on place du ain à proximité des palpes, elles le frappent de petits coups comme pour en apprécier la nature. dns 6. Ganglions thoraciques. On sait que le thorax des orthoptères, comme celui d'un grand nombre d'insectes, contient trois ganglions 1 Bulletin n° 59, p. 419. sn Di à - 292 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. e. correspondant aux trois segments et aux trois paires de pattes. En isolant chacun d'eux du reste de la chaîne et en excitant l’une des - pattes, elle se retire vivement, puis se porte vers la bouche par un mouvement volontaire. x Le premier ganglion thoracique étant isolé, en pinçant brusque- ment l’une des pattes antérieures on détermine quelquefois des mou- vements plus ou moins instantanés de l’autre. En isolant de même le ganglion du mésothorax et en excitant l’une des pattes médianes , l’autre reste habituellement dans une complète immobilité. | Enfin, l’action réflexe d’une patte postérieure sur l’autre s'observe constamment avec le grillon et l’epacromie. En essayant la même étude sur la blatte les résultats ont tellement varié que je ne puis, pour le moment, présenter l’action réflexe d’une patte sur l’autre, comme probable, que pour les membres postérieurs seulement. C. SECTIONS DES DEUX CORDONS POUR ISOLER DEUX OU PLUSIEURS GANGLIONS DU RESTE DE LA CHAINE. A l’occasion de la section des deux cordons entre la tête et le thorax, nous avons indiqué quels sont les mouvements réflexes aux- quels les ganglions céphaliques donnent lieu lorsqu'ils sont ainsi séparés du reste de la chaîne médullaire. Combinons maintenant les autres ganglions du corps. 7. Lorsque Les trois ganglions du thorax, réunis entre eux, sont isolés du reste de la chaîne par deux sections des cordons, l'une entre la tête et le thorax, l’autre entre le thorax et l'abdomen, les conséquences de l'excitation de l’une des pattes ne sont pas nota- blement différentes de celles que nous avons signalées lorsque la chaine n’est interrompue qu'entre la tête et le thorax. Nous ajoute rons toutefois que, dans ce cas, les pattes, du côté de celle que l'on | pince, éprouvent en général une action réflexe plus vive, plus ins- | tantance que celles du côté opposé, et parmi celles-ci la patte mé- diane est, semble-t-il, beaucoup plus lente dans ses mouvements que les deux autres. L 8. Les ganglions du prothorax et du mésothorax , régulièrement unis entre eux, isolés, par deux sections, de la tête et du reste du tronc. Ce qui suit résume neuf opérations sur la blatte et cinq sur le grillon. En pinçant plus ou moins fort l’une des pattes de ces deux segments, on détermine toujours, outre le retrait de la patte pincée, une action réflexe sur la seconde patte du même côté, action qui s'étend ordinairement, mais d'une manière plus ou moins pro noncée, aux deux pattes de l’autre côté. Je suis dans le doute pour savoir si je dois envisager les mouvements de ces deux dernières pattes comme volontaires ou comme réflexes. Ces mouvements sont quelquefois instantanés , ordinairement ils ne commencent que quel- Pa SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 293 ques instants après ceux du côté en expérience ou bien seulement à Ja suite d’une excitation plus ou moins prolongée. k uelle que soit la nature de ces mouvements, nous croyons de- voir insister sur ce fait qu'une excitation sur une patte antérieure … détermine le plus ordinairement une agitation marquée des deux pattes médianes; ajoutons que la seconde patte antérieure se débat aussi et plus fort que les médianes. Les mouvements que l’on pro- _ xoque en pinçant l'une des pattes médianes sur l’antérieure du _même côté tout d'abord, puis sur les deux autres pattes, méritent lement une attention spéciale. N'oublions pas, en effet, qu’il est _ difficile, sinon impossible, de provoquer une agitation quelconque une patte médiane en excitant la seconde patte de la même paire, lorsque le ganglion du mésothorax est isolé de tous les autres, et qu'une pareille réflexion ne s’observe pas ordinairement entre les pattes antérieures lorsque le ganglion qui leur fournit des nerfs est également isoié. 9. Lorsque le ganglion du mesothorax est en communication na- turelle avec celui du métathorax et que ces deux ganglions sont isolés de tous les autres, les choses se passent d'une manière analogue quoique un peu différente. Je n’ai encore étudié cette combinaison que sur le grillon, ce que nous allons dire ne peut donc s’appliquer qu'aux insectes de cette espèce. Toutes les fois que l'on touche ou pince légèrement l’une des pattes médianes, on détermine un soubresaut instantané et très- vif des deux pattes postérieures; il faut pincer assez fort et pendant un temps assez long, pour provoquer quelques légers mouvements de la seconde médiane. En touchant légèrement le tarse de l’une des pattes postérieures, la seconde patte de la même paire se porte ins- tantanément vers celle excitée. Lorsque l’on saisit légèrement la cuisse du même membre entre des bruxelles, c’est la patte médiane du même côté qui seule se porte rapidement en arrière à la défense de l’organe. Dès que l’on serre la cuisse d’une manière un peu sen- sible, l'on provoque de violents mouvements réflexes de la seconde patte postérieure et de la médiane du côté de l'organe pincé. Cette agitation ne gagne que plus tard la seconde patte médiane et ne l’af- fectant le plus souvent que fort peu; quelquefois elle saisit la cuisse de la patte postérieure de son côté comme pour l'aider à se porter vers la cuisse pincée. 10. À la suite d’une première section entre le second et le troi- sième ganglion du thorax, le troisième ganglion thoracique n’est plus réuni qu'à la chaîne abdominale. Dans la blatte, on obtient rdinairement une légère action réflexe d’une patte postérieure à autre, et en touchant les cercis ou l'abdomen on provoque un sou- bresaut très-vif des deux mêmes pattes; l'instant après elles frot- tent l’organe touché, puis s’avancent vers la tête. Lorsque l’on coupe les cordons entre les deux derniers ganglions abdominaux, l’action réflexe d'une patte postérieure sur l’autre s'affaiblit et dispa- 204 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. É raît quelquefois; mais on continue à déterminer de violents soubre- sauts et des actes défensifs de ces deux pattes en touchant les parties de l'abdomen antérieures à la dernière section. | A RE Avec le grillon et l'epacromie, les mêmes résultats sont plus pro- noncés et, de plus, la réflection directe d’une patte postérieure sur l’autre est toujours très-vive. IE. Lésions sur les ganglions céphaliques. Je crois bon, avant d'aller plus loin, de rappeler quelques-uns des résultats de certaines lésions sur les ganglions céphaliques dans le grillon champêtre; ces résultats devant se reproduire en partie lorsque l’on coupe l'un seulement des cordons. N'étant pas ici dans | l'intention de présenter un résumé complet sur ces lésions, je choi- sirai un cas particulier pour chacun de ces ganglions convenablement adapté à mon sujet. 11. Je divise sur une femelle de grillon le ganglion sus-œæsopha- gien en deux parties très-inégales par une section verticale voisine du bord droit. Les nerfs antennaires et oculaires droits, ainsi que le cordon du même côté, s’insèrent sur la partie du ganglion la moins volumineuse. Pour faciliter l'exposition suivante , je compterai le temps à partir de l'opération. | A l'instant où l’insecte vient d’être opéré, il décrit d’un pas rapide 1 quelques cercles en marchant à gauche; l'antenne, du même côté, est très-animée ; la droite immobile. A 5 minutes, repos; un peu après je pince l'antenne droite et crois remarquer un très-léger mouvement de tout le corps; je pince de même l'antenne gauche, l'animal éprouve un violent soubresaut. A la suite de ces excita- tions, la patte antérieure droite passe plusieurs fois sur le côté cor- respondant de la tête. En se frottant ainsi, le grillon recommence à marcher en tournant lentement à droite, de manière à décrire un cercle de deux à trois centimètres de diamètre. Sa marche de ma- nége ne tarde pas à s’accélérer et 9 minutes après l'opération, il tourne presque sur place à droite avec une vivacité assez grande. La patte antérieure droite, après avoir frotté la tête, semble cher- cher à saisir un objet placé au-dessus de l'animal; insensiblement toute la partie antérieure du corps s'élève en se tordant, de sorte que le côté droit est beaucoup plus haut que le gauche, sur lequel | le corps se renverse peu à peu, puis l'animal tombe sur son dos et | aussitôt, avec une rapidité incroyable, il se relève en tournant à droite. À peine est-il replacé sur ses pattes que le côté droit s'élève de nouveau et finit au bout d’un temps plus ou moins long par pro= voquer une nouvelle rotation dans ie même sens. L'insecte continue pendant ce temps sa marche de manége à droite. À 15 minutes, ”, SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 295 l'animal inquiété essaie de fuir en courant ! et décrit encore un cer- ele d’un grand diamètre à droite. Peu à peu sa marche prend un caractère plus modéré, il parcourt une longueur de plus d’un mètre en ligne droite ; enfin, sans changer d’allures, il commence à tourner à gauche en décrivant des cercles de plus en plus petits. Effrayé, l'animal accélère sa marche ion. Le corps reste penché , Mais ne change plus le sens de sa rota- à gauche, 30 minutes après l'opération on provoque également un soubresaut quelle que soit l’antenne pincée. Les jours suivants l'animal continue la marche de manége à gau- che, et se relève toujours à 12. Sur un grillon mâle, droite lorsqu'il est renversé sur son dos. je divise transversalement en deux par- ties à peu près égales le ganglion sous-æsophagien. Après l'opération les deux segments qu ganglion s’éloignent notablement l’un de l’autre. Les nerfs qui naissent de l'organe lésé n’ont pas été com- promis et ils sont à peu près également distribués de part et d'autre de la section. L'insecte passe les deux ou trois minutes qui suivent l'opération dans une complète immobilité, puis ses antennes vibrent. Un peu après il amène chacune des pattes de gauche vers la bouche : toutes les pièces de celle-ci demeurent dans une complète immobilité. Dans les tentatives qu'il fait pour porter la patte postérieure gauche vers la tête, le corps perd son équilibre et se renverse sur le dos. Je replace l'animal sur ses pieds et je le touche sur l'abdomen, pour l'exciter à marcher ; je ne P rovoque que des soubresauts et le grillon fait à peine plus d’un pas en avant d’une manière régulière. — 15 minutes; après quelques instants de repos il soulève peu à peu la tête et toute la partie antérieure du corps en se tordant sur lui- même. La patte antérieure placé au-dessus de l’animal sur le flanc gauche. Lorsqu droite parait chercher un point d'appui . Celui-ci se trouve ainsi couché à demi il est dans cette position , Je détache les crochets des tarses gauches, implantés dans le sol, le grillon se renverse alors complétement sur le dos et à l'instant même il achève le cercle autour de son axe et se relève en tournant à droite. Le même fait se reproduit plusieurs fois de suite. Je profite d’un instant où l’animal est régulièrement sur ses pattes pour essayer de le ren- yerser sur son dos en le faisant tourner à gauche; je ne puis y réussir , l’animal revient toujours instantanément à la position nor- male; tandis qu'au contraire , il demeure tordu ou à demi couché, lorsque j’élève un peu le fl difficulté, à l'amener ainsi s anc droit et je parviens toujours, sans ur son dos; mais dès qu'il est dans cette position il tourne à droite et se relève. Une heure ; en touchant le cerci droit l'insecte marche et saute en décrivant un cercle à droi 1 Dans tous les cas d’insec te; il fait un cercle à gauche lorsque tes opérés d’une manière analogue , j'ai re- marqué que l'animal ne cherche plus à échapper à un danger par le saut: il paraî avoir oublié compléte ment ce mode de locomotion. 5 “ 296 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. j'exeite le cerci du même côté. Les antennes ont conservé toute leur sensibilité ; elles s’éloignent vivement lorsqu'on les touche ; l’action réflexe de l’une sur l’autre est douteuse. Les palpes et les parties mobiles de la bouche sont restées dans un état d’insensibilité et d’immobilité absolue, pendant les vingt premières minutes. Au bout de ce temps, en touchant chaque palpe elle se retire vivement. Je ne parviens pas à constater d’action réflexe d’un de ces organes sur les autres. Les pattes du côté gauche exé- cutent des mouvements plus grands que celles du côté droit lors- qu’elles sont excitées, et elles paraissent être plus sensibles. Lorsque l'animal est penché à gauche, le flanc droit élevé, on le ramène instantanément à sa position normale en pinçant légèrement l’une des pattes gauche ; à droite la même cause ne produit pas cet effet au même degré. LE. Section d’un seul cordon sur un serl point de la chaine. 13. Entre les ganglions céphaliques. Six grillons ont été opérés, trois pour le cordon droit, autant pour le cordon gauche. Quatre fois la section a porté sur le cordon latéral, au-dessous du cordon sous-œæsophagien, en avant du second ganglion céphalique ; deux fois le cordon sous-æsophagien s’est trouvé compromis dans la section du cordon latéral. Tous ces cas ont présenté une similitude telle que la dissection seule m'a appris la différence dans l'opération. Je résume les faits observés sur ces six grillons en supposant que la section porte sur le cordon droit. Après l'opération l’insecte demeure pendant quelques minutes dans un repos absolu, puis il commence, à pas lent, une marche de manége à gauche. Bientôt la tête se penche de côté et à chaque halte de l'animal la patte antérieure droite frotte le côté correspondant de la tête. La marche, d'abord très-lente, s’anime de plus en plus et la patte antérieure droite frotte la tête, même pendant la marche. L’antenne gauche a conservé toute sa mobilité et elle se dirige un peu dans toutes les directions, pendant la locomotion. L’antenne droite traîne fréquemment sous le corps, ou n’exécute pas de mou- vement ; toutefois elle est encore sensible, et lorsqu'on la touche ou la pince, elle se retire avec une certaine vivacité. Au bout d’un temps plus ou moins long, un jour ou deux, l'in- secte semble avoir repris son état naturel. Il marche en ligne droite ei paraît boire et manger, avec plaisir, l'eau et les aliments qu'on lui présente. Toutefois , dès qu'il est troublé ou inquiété, la marche reprend un caractère anormal, le grillon court quelques pas directe- ment devant lui ou en arc de cercle à droïte, puis, bientôt après, reprend la marche de manége à gauche. Souvent même après avoir marché pendant un certain temps d’une manière naturelle et en ligne droite , il recommence les cercles à gauche sans cause appré- SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 297 ciable. Notons encore qu'il est rare que l’insecte opéré demeure longtemps auprès d’une brise de pain, à laquelle il semble manger avec avidité , il se déplace peu à peu latéralement à gauche et l’ahi- ment se trouve hors de sa portée. En rapprochant le pain de la bouche du grillon, il recommence à manger, puis s'éloigne encore et de nouveau attaque le pain toutes les fois qu’on le lui présente ; mais il semble être dans l'impossibilité de s’en approcher volontai- rement. Nous avons déjà vu que l'antenne droite se retire lorsqu'elle est touchée ou pincée, ordinairement cette excitation provoque sur la seconde antenne un très-léger mouvement instantané et le corps éprouve un faible soubresaut, un peu après, si l’animal était en repos, il reprend la marche de manége à gauche. En touchant ou pinçant très-légèrement l'antenne gauche on détermine un violent soubresaut de l'animal qui se porte brusquement à droite puis court quelques pas devant lui ou circulairement à gauche. Lorsqu'on touche le cercr droit l'animal court en arc de cercle à droite ou devant lui ou en are de cercle à gauche. Toutes les fois qu'on excite de même le cerci gauche, manége rapide à gauche. Lorsque l'animal est renversé sur son dos, il se relève presque toujours et avec une grande facilité à droite, il ne se relève à gauche que très-rarement et avec beaucoup de difficulté. 1%. Section d'un seul cordon entre la tête et le thorax. Sur six grillons j'ai coupé le cordon gauche et sur trois le cordon droit. Comme les résultats présentent une similitude complète, nous ré- sumerons ces neuf opérations pour le cas de la section du cordon gauche. Dès que l'animal est opéré sa tenue est notablement modifiée ; il n'y a plus équilibre entre les deux côtés du corps, l'animal se sou- lève sur les pattes du côté gauche et s’affaisse sur celles du côté droit ; lorsqu'il marche, pendant les premières minutes après l’opé- ration, ce sont les pattes droites qui semblent être les plus actives et elles agissent comme si elles tiraient le corps à elles, néanmoins le grillon se meut obliquement à gauche, en décrivant, dans cette direction, un arc de cercle d’un rayon assez grand. Au bout d’un temps plus ou moins long, il change assez brusquement la direction de sa marche et décrit, au pas de course, de petits cercles à droite. Il demeure toujours un peu penché sur ce dernier côté. Dans la lo- comotion, l’antenne droite exécute tous les mouvements habituels à ces organes, la gauche demeure immobile, ordinairement penchée vers le point sur lequel l'insecte paraît se diriger. En pinçant légèrement l'antenne droite l'animal éprouve un violent soubresaut et se porte à gauche, quelquefois il fait deux ou trois pas en arc de cercle dans la même direction. Lorsqu'on excite l’antenne gauche on détermine un très-léger mouvement instantané de l’insecte, puis, si l'animal n’a pas encore commencé la marche de manége à droite ou s’il est en repos, il recommence cette marche. En touchant 298 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES, le cerci gauche , on provoque quelques pas de manége à gauche; et en pinçant celui de droite , quelques pas en are de cercle à droite. En renversant un grand nombre de fois l’animal sur son dos, je le vois se relever presque toujours à gauche , rarement à droite. 15. Section d'un seul cordon entre le ganglion du prothorazx et celui du mésothorax. Je n'ai encore opéré dans ce but que trois rillons‘ , dont deux pour le cordon gauche et un pour le cordon roit; ce dernier n’a pas pu être convenablement observé; nous ne faisons done, dans ce qui suit, que le résumé des deux opérations qui ont amené la section du cordon gauche. Au premier instant l’état de l’insecte ne parait pas notablement modifié ; il fait quelques pas en marchant naturellement devant lui ; bientôt après il s'arrête, saisit plusieurs fois de suite l'antenne gauche, avec la patte antérieure du même côté et fait passer l'antenne entre ses mächoires. Plus tard, lorsqu'il recommence à marcher, ses mou- vements sont lents et les pattes médianes et postérieures gauches trainent sur les côtés du corps ou ne se meuvent que d’une manière passive; l'animal à une tendance prononcée à décrire un cercle d'un grand rayon en tournant à gauche. Lorsqu'il est effrayé et quelquefois sans cause apparente, le grillon fait brusquement un ou deux petits cercles de manége à droite en courant très-vite et avec toutes ses pattes. On provoque également ces cercles à droite, en touchant ou pinçant légèrement la patte médiane ou la patte postérieure gauche ; en touchant ou excitant de même l’une des autres pattes la même marche de manége ne se reproduit pas ordinairement. Lorsque l’ani- mal est renversé sur son dos, il fait de grands efforts avec toutes ses pattes et plus particulièrement avec celles du côté opéré, pour se relever à gauche; il n’y parvient que difficilement. Le grillon n’essaie pas même de se retourner à droite. Lorsque l’on réussit à maintenir l'animal sur son dos dans une complète immobilité, on reconnait qu’en touchant légèrement la patte antérieure gauche on provoque des mouvements instantanés dans toutes les pattes du côté droit; presque toujours la patte postérieure gauche s'associe entièrement à ces mouvements. En excitant la patte médiane gauche, réflexion instantanée sur les deux pattes postérieures et sur toutes celles du côté droit, l’antérieure gauche demeure immo- bile ou ne se met en mouvement qu’un peu plus tard. En touchant l’une des pattes du côté droit, réflexion vive sur les autres du même côté, et aussi et seulement sur la patte postérieure gauche. 16. Section d'un cordon entre le ganglion du mésothorax et celui du métathorax. Tei encore je n’ai à résumer que trois opérations sur 1 La section de l’un des cordons est facile sur l’épacromie entre les gan- glions du thorax, toutefois, je m’abstiens pour le moment de parler des résultats de ces opérations, désirant auparavant les revoir pour les com- pléter. Je n’ai pas encore essayé ce genre de sections sur la blatte orientale. | 4 | SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 299 le grillon, dont deux sur le cordon gauche et une sur celui de droite. Soit donc le cordon gauche coupé entre les ganglions précités. Pendant les premiers instants qui succèdent à l’opération, l'animal ne présente rien de particulier , on remarque seulement que lorsqu'il est effrayé, il se détourne habituellement à gauche, et qu'en courant devant lui il a une légère tendance à dévier du même côté. Plus tard la marche prend un caractère plus anormal, la patte postérieure gau- che traine sur les côtés du corps, sans le soutenir, ou n’exécute que des mouvements purement passifs. Quelques minutes après l’opé- ration, plus ou moins suivant les individus, la patte antérieure gauche frotte la tête et passe ensuite dans la bouche. Le même acte ne se répète pas à droite. À peu près dans le même temps, la patte posté- rieure gauche frotte longuement le côté de l'abdomen, puis elle se replie brusquement pour se porter vers la bouche. Celle-ci ne s'occupe aucunement de cette patte et la tête n’a manifestement aucune cons- » cience de l'acte qui vient de s’accomplir. J'ai vu tous ces mouvements de la patte postérieure se produire pendant que l'animal marchait devant lui, et, à l'instant où la patte s’est repliée sous le corps, le grillon faire , très-rapidement , deux ou trois petits cercles de manége à droite. La même marche circulaire s’est reproduite pendant que l'animal était occupé à nettoyer sa tête et ses deux paires de pattes antérieures. En saisissant chacune des antennes on détermine un violent sou- bresaut de tout l’animal, un peu plus fort avec l'antenne de droite qu'avec celle de gauche. En pinçant modérément la patte postérieure gauche , réflexion vive sur la postérieure droite seulement. En tou- chant le cerci gauche , mouvement de la patte postérieure du même côté avant qu'aucun autre organe n'ait bougé. Au plus léger attou- chement du cerci droït, mouvement rapide des antennes ; puis si l’on continue à inquiéter l'animal il donne un coup de pied en arrière avec la patte postérieure droite. Renversé sur son dos le grillon se relève presque toujours à gauche. 17. Section d'un seul cordon entre le dernier ganglion thoracique ét le premier ganglion abdominal. N'ayant encore qu'un seul cas j'indiquerai seulement les résultats qui me paraissent pouvoir se généraliser. Après la section du cordon gauche aucun trouble bien apparent dans la locomotion, l'animal effrayé semble se détourner plus faei- lement à gauche qu'à droite. En pinçant le cerci gauche on détermine une torsion de l'abdomen. Fréquemment un petit mouvement brusque de la patte postérieure droite , la patte gauche ne s'associe que rarement au mouvement de celle de droite. En excitant le cerci droit agitation générale , marche ou saut. Quelquefois tout se borne à un mouvement de la patte pos- térieure droite qui repousse l’objet en contact avec le cerci. Le grillon étant renversé sur son dos se relève instantanément en tournant à gauche. 300 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. IN. Combinaisons diverses des sections d’un seul et de deux cordons. 18. Sections du cordon droit seut entre les ganglions céphaliques et des deux entre la tête et le thorax. Nous résumons trois cas sur le grillon. Les observations suivantes ne sont recueillies que pendant la première demi-heure après l'opé- ration. L’antenne droite est complétement immobile et parait insensible pendant les premiers instants ; l'antenne gauche conserve sa mobi- lité, ou, si elle la perd, c’est pour un temps très-court. En pinçant l’antenne droite on obtient quelquefois un petit mouvement mstan- tané de la gauche et toujours un soubresaut plus ou moins étendu des mâchoires et des palpes. Ces derniers organes s’agitent plus facilement encore quand on excite l’antenne gauche; mais je n’ai jamais constaté une réflexion de l'antenne gauche à l'antenne droite. Îl ne m'a pas été possible de déterminer un mouvement réflexe cer— tain sur les antennes, en pinçant les palpes. 19. Section des deux cordons de la chaîne entre la téte et le thorax et d’un seul, celui de droite, entre les ganglions du méso et du méta- thorax. Trois cas dans le grillon champêtre. L'insecte étant renversé sur son dos, toute excitation de la patte postérieure droite détermine une agitation plus ou moins vive dans toutes les parties du côté gauche, la patte antérieure et la médiane droite demeurent au ‘contraire en repos; quelquefois néanmoins, quand l’excitation est vive ou prolongée, la patte antérieure droite associe ses mouvements à ceux des pattes gauches. En pinçant la patte antérieure droite, battements brusques de la médiane du même côté et des trois du côté opposé ; la patte postérieure droite éprouve ordinairement un petit mouvement réflexe, puis s'attache au sol et fait effort pour remettre l'animal sur ses pieds. Une légère excitation de l’une des pattes du eôté gauche détermine un violent soubresaut des deux autres pattes du même côté et un faible mouvement de la postérieure droite. La section de la chaine entre le thorax et l'abdomen n'apporte aucune modification aux résultats que nous venons d'énoncer: 20 a. Section du cordon droit entre les ganglions céphaliques et du cordon gauche entre la tête et le thorax. Cette double opération isole les pattes du côté gauche des ganglions céphaliques et ne laisse communiquer celles du côté droit qu'avec le ganglion sous-æsopha- gien. — Deux cas seulement sur le grillon. Immédiatement après l'opération, atonie générale et insensibilité des antennes ; au bout de peu de temps, les mouvements et la sensibilité réapparaissent. Je vois, une fois, l'animal marcher en are de cercle à gauche ; j'obtiens aussi quelques pas en ligne droite à la SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 301 suite d’une excitation sur la palpe gauche ; dans ce cas, en marchant, -le grillon frotte à terre le cùté gauche de la tête. En pinçant modérément l'antenne gauche on détermine un mou- vement réflexe sur les palpes et les pattes; l’excitation doit être beaucoup plus forte sur l'antenne droite pour obtenir le même ré- sultat. La différence est tout aussi prononcée, mais en sens inverse, en pinçant les palpes ; c'est-à-dire que la réflexion des parties droites de la bouche sur les pattes du même côté est toujours très-forte, tandis qu'elle est relativement faible et affecte seulement les membres du côté droit quand on excite les pièces de la partie gauche de la bouche. Habituellement la patte postérieure gauche exécute de lé gers mouvements en même temps que celle de droite. En touchant chacune des pattes antérieures on obtient une réflexion très-vive sur toutes les pattes et sur la bouche. Lorsque l'insecte est renversé sur son dos il se relève ordinaire- ment à droite. Pour étudier plus complétement la marche de l’action réflexe de la tête sur les pattes, j’opère encore les deux grillons de la manière suivante : 20 b. Section du cordon droit entre le ganglion du prothoraz et celui du mésothorax. Cette nouvelle opération ne laisse en commu- nication directe avec le ganglion sous-æsophagien que la patte anté- rieure droite qui se trouve elle-même privée de toute relation par les cordons avec les autres pattes, auxquelles elle est néanmoins reliée par le ganglion du prothorax. Dans cet état, l’insecte étant placé sur son dos, on détermine des mouvements instantanés des palpes et de la patte antérieure droite, en excitant l'antenne gauche ; quelquefois aussi en pinçant très-fort l’antenne droite. Chaque excitation sur les palpes détermine une action réflexe intense sur les autres parties de la bouche et la patte antérieure droite. J'excite maintenant cette dernière: j'observe une agitation médiocre des pièces mobiles de la bouche et un mouvement réflexe, très-vif, des pattes du côté gauche et moins rapide et moins étendu de la postérieure droite. Ainsi la patte antérieure droite produit un mouvement réflexe sur les autres pattes, lorsqu'elle est directement excitée, tandis que lors- qu’elle se meut sous l’influence des palpes son agitation ne s'étend pas aux membres avec lesquels elle n’est pas en communication par le cordon de son côté. 21 à. Section du cordon gauche entre le ganglion sous-æsophagien et le premier ganglion thoracique, et du cordon droit entre le premier et le second ganglion thoracique. De cinq cas sur le grillon, trois sont dans l’ordre indiqué et deux en sens inverse ; c’est-à-dire : section du cordon droit entre la tête et le thorax et du cordon gauche entre les deux premiers ganglions thoraeiques. Pour plus de simplicité je résume ces opérations dans l’ordre indiqué plus haut. Ainsi la 302 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. patte antérieure droite communique seule, directement, avec les gan- glions céphaliques , et le ganglion du prothorax n’est lié au reste de la chaine que par le cordon gauche. L'insecte étant sur ses pattes, chaque fois qu'on l'inquiète en touchant la tête ou les antennes , il fait de violents efforts pour fuir avec la patte antérieure droite, les autres membres demeurent com— plétement immobiles. Toutefois, lorsqu’à la suite de ces efforts, le corps de l'animal est déplacé, la patte antérieure gauche fait quel- ques mouvements pour revenir à la position d'équilibre. Lorsqu'on pince l’une des antennes ou des palpes , tout le corps éprouve un léger soubresaut, il devient très-prononcé lorsque l’ex- citation porte sur la patte antérieure droite. Pour mieux juger de ces mouvements, il faut renverser l’animal sur son dos, on voit alors l'action réflexe, provenant d’une excitation sur la tête, se propager de la patte antérieure droite à la patte médiane gauche et aux deux pattes postérieures; celle de gauche est ordinairement plus agitée que celle de droite. Lorsque l'excitation s’exerce sur la patte anté- rieure droite les mouvements des pattes que nous venons d'indiquer sont beaucoup plus vifs, et aussitôt après tous les membres font effort pour relever l'animal qui tourne à gauche. J'ai essayé si par des excitations sur les pattes , autre que l’anté- rieure droite, j'obtiendrais un mouvement réflexe sur la tête, et j'ai constamment observé qu’en touchant légèrement la hanche de la patte médiane gauche on provoque un soubresaut des palpes. Une excitation un peu plus prononcée du même membre produit ordi- nairement un mouvement réflexe de toutes les pattes. En replaçant l'animal sur ses pieds et en touchant les cercis, j'ai vu les pattes postérieures chercher à repousser le corps étranger, ja- mais une tentative de marche avec le concours de la patte antérieure droite. Avant de poursuivre cette étude, je crois bon d’insister sur les résultats precédents et d'attirer particulièrement l'attention sur ce fait, qu'aucun ordre de la volonté en rapport avec les ganglions céphaliques et la partie droite du ganglion du prothorax, n’a pu se communiquer aux organes moteurs tirant leurs nerfs des autres parties du système nerveux ; tandis qu’au contraire les actions pure- ment réflexes ont passé de la tête et de la patte antérieure droite aux organes sur lesquels la volonté s’est trouvée impuissante. Et récipro- quement aucune manifestation de la volonté n’a pu passer de l’abdo- men, des pattes postérieures, médianes et de l’antérieure gauche à la tête et à la patte antérieure droite; nous avons vu certaines exci- tations de la hanche médiane gauche déterminer des mouvements réflexes sur la bouche et la patte antérieure droite. Pour compléter l'étude de ces mouvements réflexes, opérons encore les individus en expérience comme il suit : 21 b. Section du cordon gauche entre les ganglions du mésothorax et du métathorax. Le ganglion du prothorax ne communique plus SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 303 maintenant qu'avec la tête par le cordon droit, et avec le second ganglion thoracique par le cordon gauche; ce dernier ganglion ne se rattache à celui du métathorax et à la chaîne abdominale que par le cordon droit. Dans cet état, en pinçant la patte antérieure droite du grillon, on provoque quelquefois des mouvements des pattes antérieu- res et médianes gauches ; mais cette agitation a rarement le caractère instantané des mouvements réflexes. Jamais on ne détermine de ré- flexion sur les pattes postérieures quelque vive que soit l'excitation sur l’un ou l’autre des membres de la première paire. Si maintenant on pince la patte médiane gauche on détermine encore des mouve- ments réflexes des palpes et des pattes antérieures et aussi une ré- flection vive et bien déterminée sur les deux pattes postérieures , plus forte, il est vrai, et plus constante sur celle de droite que sur celle de gauche. Nous concluons de ces résultats que la réflection de la patte an- térieure droite sur les pattes postérieures (21 a), passe par le gan- lion des pattes médianes et le cordon gauche, entre les ganglions es deux dernières paires de pattes. Afin de ne conserver aucun doute et après avoir obtenu sur cinq individus les résultats que nous venons d’énoncer, nous avons pratiqué sur un sixième les deux sections 21 à, et ensuite : 21 c. La section du cordon droit entre le mésothorax et le méta- thoraxæ, en ayant soin de ne pas léser le cordon gauche entre les mêmes ganglions. À la suite de cette opération, en excitant la patte antérieure droite, on obtient encore une réflection bien nette sur les pattes postérieures. 22. Sections du cordon droit entre les deux premiers ganglions thoraciques, et du cordon gauche entre le second et le troisième. Dans ce cas, trois pattes communiquent directement avec les ganglions céphaliques, ce sont les deux antérieures et la médiane gauche ; les trois autres membres ne sont en relation avec ces centres nerveux que par le ganglion du mésothorax qui, lui-même, n’est lié à la tête que par le cordon gauche. J'ai étudié les résultats de ces deux sec- tions sur trois grillons. En général, à l’instant où l'insecte vient d'être opéré, toutes les pattes sont dans une vive agitation, mais pour atteindre des buts différents. Les trois pattes qui communiquent avec la tête entrainent l'animal par des mouvements locomoteurs réguliers et aussi rapides que possible. Dans cette marche les deux membres de gauche tirent un peu le corps de leur côté. Quant aux pattes postérieures elles portent l’abdomen sans prendre aucune part à la locomotion, et après tombent, ainsi que la médiane droite, sur les côtés du corps, ou bien elles troublent la marche en se portant vers la tête. Evidemment la volonté céphalique, que l’on veuille bien me permettre cette ex- pression, est sans action sur les trois pattes postérieures aux sections, et jamais les mächoires ne les saisissent pour les nettoyer. Ces 304 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. membres sont donc dans l'impossibilité de communiquer avec les ganglions antérieurs aux sections. Lorsque le grillon est renversé sur son dos, il fait de grands efforts pour se relever, avec les trois pattes en relation avec la tête, etil n'y parvient qu'autant qu'il n’est pas trop affaibli par l'opération. En profitant des instants où l'animal est complétement immobile, on reconnait que toute excitation de l’une ou de l’autre des pattes mé- dianes détermine une vive agitation de tous les membres antérieurs et une réflexion bien marquée sur les deux pattes postérieures. On provoque aussi des actions réflexes avec tous les organes d’un côté des sections, sur ceux de l’autre. Pour bien constater ce résultat, il faut s’entourer de nombreuses précautions et opérer avec prudence pour n'être pas induit en erreur par l’ébranlement imprimé à tout le corps , lors de certains mouvements trop vifs de quelques-unes des pattes. Le cas que nous venons d'examiner nous conduit done aux mêmes conclusions que le précédent, c’est-à-dire que l’on détermine, à l'aide d’excitations, des mouvements réflexes au travers d’un gan- glion que la volonté parait impuissante à franchir. 23. Sections du cordon gauche entre les ganglions céphaliques et du cordon droit entre le premier et le second ganglion thoraciques. Il résulte de cette double opération que toutes les pattes du côté gauche ne communiquent directement qu'avec le ganglion sous-æso- phagien et qu’à droite la patte antérieure seule est liée aux deux ganglions céphaliques. Les mouvements réflexes que m'a présentés le grillon unique que j'ai opéré de la sorte peuvent tous se déduire des opérations précé- dentes, aussi me dispenserai-je de les énumérer; je ne traiterai que de l'influence de l'opération sur la locomotion. A la suite de cette double section le grillon marche peu, il est plus souvent immobile. Pendant la locomotion , 1l décrit habituellement de petits cercles à droite. La patte médiane droite et la postérieure du même côté sont à peu près inactives, tandis qu’au contraire la patte antérieure droite a, dans l’ensemble de ses mouvements , un caractère de volonté et de précision que je ne remarque pas habituel- lement dans la patte correspondante à gauche; toutefois cette diffé- rence est faible, et c’est surtout au moment où l’insecte commence à marcher qu'elle est sensible ; en effet, c’est toujours alors la patte antérieure droite qui part la première pour déplacer le grillon. Le membre antérieur gauche m'a semblé le plus actif dans la marche rectiligne et dans un cas où le grillon a décrit lentement un cercle à gauche. Lorsqu'il est renversé sur son dos il se relève plus souvent à gauche qu'à droite. Sans vouloir tirer des conclusions rigoureuses de ce cas unique, je n’en demeure pas moins frappé du peu de différence de l’action des membres antérieurs pendant la locomotion. inst SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 305 L'ensemble des faits présentés dans ce résumé nous conduit aux réflexions suivantes : 24. Les ordres de la volonté ne peuvent se transmettre que di- rectement dans chaque cordon sans effet croisé appréciable. Les actions réflexes se transmettent plus facilement au travers d’un même cordon que par effet croisé ; toutefois ce dernier mode de transmission est de toute évidence dans le grillon champêtre. 25. Lorsqu'un grillon est sur son dos et qu'il cherche à se rele- ver, j'ai toujours cru remarquer que les membres du côté autour duquel il tourne ont la plus grande part dans les efforts de l'animal. Rappelons que les grillons opérés pour un cordon, sur un seul point, se relèvent en tournant précisément sur le côté de la section. Dans la marche de manége qui a lieu du côté opéré à l'autre, les membres du premier côté exécutent des mouvements plus étendus que ceux du second. En rapprochant ces faits il nous semble que les deux rotations pourraient bien être la conséquence d’une seule et même cause, la Fondsrance des mouvements du côté opéré sur ceux de l’autre. eut-être faut-il chercher, en partie au moins, la cause de cette prépondérance dans les actions réflexes. Pour mieux faire comprendre notre pensée, supposons, comme dans 1%, que l’on ait pratiqué la section du cordon gauche entre la tête et le thorax. Les mouvements volontaires des pattes du côté gauche ne semblent plus devoir être que la conséquence d'actions réflexes exercées sur ce côté du corps, tandis que les mouvements des pattes du côté droit seront subor- donnés à la volonté normale ou céphalique de l'animal. Il en résul- tera tout d’abord, qu’à la suite de la section, les pattes de gauche, à cause de l’action réflexe provenant du contact du sol, tiendront, comme cela a effectivement lieu, ce côté du corps plus élevé que l’autre. Les membres de droite soumis à la volonté affectée par l'o- pération, demeurent affaissés sur eux-mêmes. Lorsqu’ensuite l'animal veut marcher les pattes de droite ont seules, pendant un certain temps, des mouvements actifs, jusqu’à ce qu’à la suite d'actions ré- flexes, dont l'appréciation est difficile, les pattes de gauche entrent aussi en activité ; dans ce cas, si les pattes de droite ne font pas des mouvements d'une même étendue, il y aura marche de manége. L'expérience nous apprend que c’est presque toujours le côté opéré qui l'emporte sur l’autre; il semble même, dans beaucoup de cas de marche de manége, que les pattes du côté de la section sont seules actives, l'animal tourne alors sur place et quelquefois avec une très- grande rapidité. Supposons maintenant l'animal renversé sur son dos. Le contact du sol détermine sur tout le corps une action réflexe qui n’a pas les mêmes conséquences des deux côtés. À droite elle est dominée ou subordonnée à la volonté céphalique de l’insecte; à gauche l’action réflexe provoque immédiatement les mouvements nécessaires pour 306 DUNES DE SAXON. relever le grillon qui, dans le plus grand nombre des cas, est en effet remis sur pied par les pattes du côté opéré. Ce qui se passe ici ne nous parait être qu'un cas particulier d’un mouvement volon- taire succédant instantanément à une action réflexe, comme nous en avons cité un grand nombre d'exemples dans les diverses parties de cette notice. Nous ne prétendons pas avoir donné une explication satisfaisante et complète de tous les cas de rotation de manége et suivant l’axe, dans le grillon; mais nous désirons , par ce qui précède, provoquer de nouvelles recherches et une discussion sur ce sujet. 26. Si l’on se souvient des mouvements qui succèdent à la section d'un ou de deux cordons, il est difficile de n’être pas frappé du besoin qu'éprouve l’insecte de frotter les organes antérieurs à la section et particulièrement les antennes et la tête. Ne trouverait-on pas là l'indice d’un état de sensibilité surexcitée ou d’irritabilité, qui pourrait aider l'explication de certains phénomènes et en particulier la rotation suivant l’axe et du côté opéré, dans le grillon (17) chez lequel le cordon gauche est coupé entre le thorax et l'abdomen? J'attends pour me prononcer définitivement sur ce point comme sur beaucoup d’autres qu'il m'ait été possible de compléter mes re- cherches sur le grillon et les autres insectes qui me servent de type. ——— 0 —— LES DUNES DE SABLE MOUVANT DE SAXON EN VALAIS. Par M. Morlot, professeur. (Séance du 17 juin 1857.) Le fond de la vallée du Rhône entre Saxon et Martigny est par- faitement nivelé et dressé, comme toutes les plaines alluviales. Aussi l'œil est-il surpris de rencontrer à mi-chemin entre Saxon et Mar- tigny de petites collines interrompant la régularité de la plaine. La grande route les traverse et le chemin de fer en a fortement entamé la plus grande. Leur étude se trouve donc très-facilitée. Elles sont entièrement composées de sable assez fin, à grain bien uniforme, et sans aucun mélange de quoi que ce soit d’étranger; on n’y trouve pas le moindre galet. Elles sont recouvertes d’un maigre gazon entamé sur divers points; le vent les attaque sur ces points, il les ronge et en transporte le sable sur le revers opposé, où il enfouit peu à peu le gazon. Un creux une fois formé s’élargit facilement, car le vent mine le gazon par dessous, et celui-ci s’éboule en petites mottes aisément emportées par les raffales. De cette façon tantôt une partie, tantôt une autre avance, et en fin de compte la dune entière marche. Cette marche se trouva constatée par la présence dans un de ces creux, en voie d’agrandissement par l’action du vent, de deux troncs d’arbre en place, d'environ un demi-pied de diamètre Re T1. DUNES DE SAXON. 307 chacun, asssz décomposés et fortement brunis par l’âge à l’intérieur. Ils avaient évidemment été ensevelis par la dune et reparaissaient à présent au jour. La coupe pratiquée par le chemin de fer mettait en évidence une stratification intérieure plus ou moins faiblement marquée et parallèle à la surface d'enfouissement. Cette stratification était due à la décomposition des revêtements de gazon successive ment ensevelis. La forme extérieure de ces dunes est arrondie, irrégulièrement mammelonée et allongée. Le versant de dénudation ou de déblai, tourné vers le bas de la vallée, d’où vient le vent, est faiblement et inégalement incliné, le versant opposé, d'enfouissement ou de remblai, à l'abri du vent et tourné en amont, présente une inclinaison assez régulière de 30°. C'est l'inelinaison naturelle d'un talus d'é- boulement de matériaux arrondis. La plus considérable de ces dunes mesure 23 pieds, soit 7 mètres, de plus grande hauteur au-dessus du niveau de la plaine adjacente, environ 87 pieds, soit 26 mètres, de largeur, et 680 pieds, soit 20% mètres, de longueur. Elle est dirigée du S. 25° O. au N. 25° E., un peu obliquement à la vallée, qui court ici environ du NE au SO. Le vent suit à peu près la même direction. En remontant la vallée de St. Maurice à Martigny il vient frapper contre le flanc de la montagne à l'Est de Martigny, et de là il est renvoyé obliquement à la direction principale du cours du Rhône entre Martigny et Saxon. Ce courant remontant la vallée est le vent fortement prédominant, et c’est là une des conditions d'existence nécessaires pour la formation et la marche des dunes. On reconnait cette prédominance du vent dans la direction indiquée à l'aspect des arbres et arbrisseaux, dont le branchage est fortement dévié vers le haut de la vailée. La bise remonte la vallée et dès que le temps est au beau, 1l s'établit également un fort cou- rant d'air dans le même sens. Les environs de Sion semblent agir comme un foyer d'appel, produisant un courant remontant la vallée jusqu’à Riddes et dans le Haut-Valais un courant contraire descen- dant jusqu’à Granges, tandis qu’à Sion même, il y aurait selon toute apparence, un courant ascendant plus ou moins vertical. Cela ren- drait compte de la sécheresse remarquable du climat de Sion, où il pleut bien plus rarement que plus haut ou plus bas dans la vallée du Rhône. 308 . DÉFENSE D 'ÉLÉPHANT FOSSILE. NOTICE SUR LA DÉFENSE D'ÉLÉPHANT FOSSILE, TROUVÉE A MORGES. De M' Ph. Delaharpe, docteur. (Séance du 1° juillet 1857.) La défense de mammouth, Elephas primigenius, Blum. , dont on a annoncé la découverte dans la dernière séance, à Yverdon, est une pièce précieuse à ajouter à celles que nous possédions déjà de cet ancien habitant de nos contrées. Le cône diluvien du Boiron, dans lequel elle a été trouvée, a fait l’objet de plusieurs communications de M le prof. Morlot". Dans la séance du 3 juin dernier, ce géologue a exposé en détail la confor- mation de la seconde terrasse. (Voyez p. 280.) La défense dont il s’agit a été mise au jour par les travaux en tranchée de la voie ferrée; elle a été trouvée dans les couches de gravier roulé, inelinées au S.-E. qui forment la partie moyenne de cette terrasse. Elle gisait dans une position inclinée parallèle aux couches, à 6,35 de profondeur, et à 23 mètres au-dessus du ni- veau moyen du lac Léman, soit 398 mètres au-dessus de la mer. Cette défense appartient au côté gauche. Elle est conservée pres- que dans son entier. Mesurée sur sa grande courbure elle à une longueur de 1*,26; elle est fortement recourbée et forme un are de cercle presque géométrique, dont la corde a une longueur de 0",88 et le rayon tiré du centre supposé à la petite courbure serait de 0,55. À sa racine la dent est creusée de la profonde cavité conique qui recevait le noyau pulpeux. A l'extrémité postérieure, cette cavité n’a laissé à l'émail qu'une épaisseur de 0",01 environ d'épaisseur. En cet endroit la racine offre une section elliptique, dont la circon- férence mesure 0",42 et le petit diamètre 0°,13. A l'extrémité antérieure la dent présente un cône allongé, formé par l'usure qui à entamé les couches d’émail, et tronqué par le fait qu'un fragment long de 0”,15 s’en est détaché et s’est perdu au moment où le fossile à été découvert. Au point où elle est brisée cette extrémité a 0°,923 de circonférence. Dans notre canton le mammouth ne s’est encore rencontré que dans le bassin du Léman, et seulement, à ce qu'il parait, dans les cônes de déjection des torrents et par conséquent à une petite dis- tance du lac. Tout ce que nous possédons de cet animal se résume aux pièces suivantes : 1° Deux quatrièmes molaires de la mâchoire supérieure, l’une de droite, l’autre de gauche, accompagnées d'un fragment de l'os maxillaire supérieur gauche. Ces dents parfaitement conservées pré- sentent 12 lames d’émail qui toutes ont été entamées par la masti- 1 Voir Bulletin, tome HE, p. 255 ; tome iV, p. 60. SOURCE THERMALE DE LAVEY. 309 cation. Elles ont été trouvées à la Chiésaz, près Vevey, en 1849, et font partie de la collection de M° Rod. Blanchet". 2° Une sixième molaire inférieure en partie brisée, trouvée dans une vigne près de Lutry, il y a plusieurs années. 3° Une cinquième molaire inférieure droite, trouvée en 1853, dans le cône diluvien du Boiron?. 4° La défense découverte il y a peu de jours. Cette dent et la précédente ont été trouvées dans les mêmes couches, sur deux points séparés seulement par une distance de 300 mètres au plus. Rien n'empécherait de supposer qu’ellespro- viennent du même individu. Les trois dernières dents appartiennent aux collections du musée cantonal. FAITS RECUEILLIS À L'OCCASION DE L'APPROFONDISSEMENT DU PUITS DE LA SOURCE THERMALE DE LAVEY, DANS L'HIVER 1856-1857. Par MM. Cossy, docteur-médecin aux eaux de Lavey, et Collomb, directeur des mines de Bex. (Rédaction du docteur J. DELAHARPE.) (Séance du 17 juin 1857.) Depuis quelques années les fermiers et le médecin de l’établis- sement thermal de Lavey réclamaient de l'Etat de Vaud l'exécution de travaux destinés à assurer plus complétement l'encaissement de la source qu'ils exploitaient. Ils attribuaient à la vétusté des encais- sements en bois établis par les soins de M. de Charpentier, la dimi- nution notable de quantité et de chaleur observée à la source. Les remiers travaux établis, 25 ans auparavant, dans le lit même du Rhône, ayaient été poussés peu profondément (20 et quelques pieds), et pouvaient être en bonne partie détériorés. On espérait d’ailleurs "qu'en poussant un puits jusqu'au roc même d'où devait jaillir la source, sa permanence serait bien plus assurée , son volume et sa température plus considérables. L’éloignement actuel des eaux du Rhône, repoussées graduellement par les digues successivement élevées, permettait d'atteindre ce but plus aisément qu’on ne pouvait le faire lorsqu'il fallait travailler sous les eaux même du fleuve. Après un mür examen l'Etat se décida à entreprendre, durant les basses eaux, les travaux demandés, et nomma pour les diriger une Commission composée du préfet du district d’Aigle et de MM. Mar- guet, père, ingénieur des ponts et chaussées, Collomb, directeur des mines et salines de Bex, et Cossy, docteur-médecin à l'établissement thermal de Lavey. 1 Voir Bulletin, tome II, p. 25; tome IV, p. 56. ? Voir Bulletin, tome HF, p. 255. 310 SOURCE THERMALE DE LAVEY. 1. Par les soins de cette Commission les ouvrages anciens furent premièrement découverts, le chapeau surmonté d'un tube qui re- cueillait la source fut enlevé. Tous ces ouvrages furent trouvés en parfaite conservation, quoique le chapeau laissät filtrer de l'eau chaude sur divers points. La source jaillissait par plusieurs filets d’un sol formé de graviers non roulés, liés par une marne bleue, d’origine glaciaire, dans laquelle on s’enfonça par un puits. Sous ces marnes mélées de blocs erratiques s’entassaient des fragments de rocs de diverse nature, mêlés de sables ; après bien des diflicultés et au milieu de dangers multipliés on atteignit enfin, à une profon- deur d’environ 30 pieds au-dessous des anciens travaux, la roche en place formée de gneis'. Chemin faisant et près du gneiss, les travaux donnèrent issue du côté de l’est à une source chaude assez considérable dans laquelle il était facile de reconnaitre un mélange de filets froids et de filets chauds. Lorsque l’on parvint sur le gneiïss la roche inclinée fortement du côté du centre de la vallée (à l’ouest) offrit une fissure, courant du nord au sud, d’où s’échappaient quelques filets d’eau chaude; mais la principale source, celle qui alimentait primitivement les bas, s’enfonçait sous l'angle occidental du puits et s’échappait du gneiss plus profondément par diverses fissures. Un coup de mine placé près de la fissure centrale amena la sortie de cette source au centre même du puits, en la dégageant des obstacles qu'elle rencontrait de ce côté-là. Au fond du puits jaillissait encore vers l'angle nord de l’encais- sement, une troisième source abondante, mais qui trahissait aussi un mélange d’eau chaude et d’eau froide. Ces résultats obtenus, on assit sur le gneiss la maçonnerie de pierres de taille parfaitement cimentées, qui devait recueillir les eaux chaudes. On encaissa ainsi dans le centre du puits la source centrale sortant des fissures du gneiss avec une température de 35° R.; on poussa en même temps de petites galeries latérales à la re- cherche des deux autres sources, afin de les débarrasser si possible des eaux froides. La chose n’offrit pas de difficulté pour la source orientale qui se trouva jaillir aussi des fissures du gneiss. Elle fut done n recueillie et son produit, à la température de 40° R., fut conduit dans le puits. La source de l'angle nord, plus abondante, offrit quelques particularités remarquables. Elle s’échappait d’une large et profonde fente, située entre le gneiss et le calcaire, où l’on pouvait pénétrer. Cette espèce de chambre gommuniquait à d’autres fissures creusées 1 Il est difficile de faire concorder ces faits avec ceux qui se trouvent consignés dans la Votice sur les eaux thermales de Lavey, publiée par le docteur G. Bezencenct, aux frais du gouvernement du canton de Vaud, en 1856 , p. 9. Le puits actuel qui s'appuie sur le gneiss a 55 pieds de hauteur et s'élève jusqu’au niveau du fleuve; le dépôt qu’il a fallu tra-. verser a donc au-delà des 22 pieds de puissance que lui attribue M. de Charpentier. Le niveau du Rhône, s’il a baissé dès lors , ne l’a fait que de quelques pieds. Le canal de conduite pour les bains n’a d’ailleurs pas changé de place et il se trouve actuellement à 45 pieds au-dessus du fond du puits. + SOURCE THERMALE DE LAVEY. 311 dans le calcaire, du côté nord, d’où provenaient les eaux froides. Après un contour, la fente principale arrivait à une petite caverne d'un mètre de haut, creusée dans le gneiss , à parois parfaitement polies et enduites d'une épaisse couche de conferves thermales (glai- rine, barrégine), du fond de laquelle jaillissait, par trois orifices, une eau très-chaude (42° R.). Le rocher lui-même était chaud et l'atmosphère du fond du puits presque suffocante. On procéda de même à l'encaissement des trois filets chauds et on les conduisit dans le puits en les isolant parfaitement des eaux froides. L'eau arrivait dès lors en abondance et très-chaude, et l’on se hâtait d’élevér la maçonnerie du puits. La seule source centrale fournissait 90 pots par minute ; les deux autres un peu moins. On était arrivé à 6 pieds environ au-dessus de l’orifice des sources latérales, lorsqu'on s’aperçut d'une forte diminution dans la tempé- rature de l’eau. Vidant le puits de rechef, on trouva que ce refroi- dissement provenait des deux sources latérales plus chaudes, qui. sans avoir augmenté le volume, n'avaient plus qu'une chaleur très- inférieure (environ 17° R.). Le temps nécessaire pour achever les travaux avant la saison des bains était trop court pour permettre de rechercher les causes de ce refroidissement et d’y parer. On se décida done à tamponner solidement et jusqu’à nouvel ordre, les orifices des sources latérales dans le puits, afin de ne conserver que la source primitive. Ce fut à la même époque que survint aussi un espèce d'éclat qui dog brusquement issue, en perforant les parois du puits entre deux assises de maçonnerie, à un jet très-violent d’eau très-chaude. Ce jet s'étant bientôt refroidi dut aussi être tam- ponné. Dès lors le travail S’exécuta sans interruption jusqu’à la hauteur de 55 pieds. L'orifice d'émission des bains se trouvait placé à 45 pieds de hauteur. Au bout de peu de jours l’eau thermale s'élevait à 50 pieds dans le puits, mais refusait de s'élever au-delà. La surface de la colonne d’eau encaissée s’établissait à peu près à la hauteur des eaux du Rhône dans les basses eaux. La température de l’eau au- “dessus du puits, d’abord plus faible , cela se conçoit , se fixa au bout de quelques jours à 30° R., et conserva dés lors cette température. M. Cossy notait, le 1% juin 1857, peu de jours après la terminaison des travaux, que l’eau se réchauffait graduellement et que la surface du puits donnait en permanence, depuis le 1° juin, 37,50° C. (30° R.). @ 7. « Ce chiffre, disait-il, augmentera graduellement , je n’en doute pas. Les dernières crues du Rhône ne l'ont: nullement influencé. Quant à la qualité, elle a certainement gagné. » — Il me parut en effet alors que la saveur de l’eau était un peu plus prononcée sans L fût possible de dire à quel sel il fallait l'attribuer. La dissolution ‘une petite partie de ciment calcaire employé dans la construction du puits pouvait y entrer pour beaucoup. 2. La source thermale de Lavey jaillit comme l'on saït sur le point de la vallée du Rhône où une zône puissante de gneiss eoupe 6 312 SOURCE THERMALE DE LAVEY. la vallée perpendiculairement à sa direction et vient se perdre sous la dent de Morcles. A une petite distance de là, en remontant la vallée, les schistes anthracifères succèdent au gneiss qui en forme probablement la base. Les travaux exécutés l'hiver dernier ont démontré que la source thermale sort du gneiss, très-près de son contact avec le calcaire (jurassique ?) Comme la source thermale de St. Gervais , elle jaillit donc des roches métamorphiques appartenant probablement au ter- rain anthracifére. Elle en diffère en ee que celle-ci s'échappe au point où @@ terrain touche aux roches cristallines , tandis que Lavey se trouve au point de contact opposé. La composition chimique des deux sources présente une assez grande différence qui peut s'expliquer, pour St. Gervais, par le voisinage des gypses et des corgneules. Les sources latérales, exclues pour le moment du puits, seront ai- sément ramenées lorsqu'elles auront repris leur chaleur primitive ; mais il faut auparavant laisser au sol ébranlé par les excavations pratiquées, le temps de s’affermir et aux eaux infiltrées, celui néces- saire pour former des dépôts qui obstrueront les fissures par les- quelles les eaux froides de la surface pénètrent jusqu'aux filets chauds. Ce travail de la nature, fort lent, exigera un temps assez long, ensorte qu'il faudra quelques années de patience avant que ces sources puissent être utilisées. | La perturbation causée dans le mouvement des eaux par l’établis- sement du puits fut trèés-grande pendant le percement du puits. D'énormes blocs se mirent en mouvement et s’inclinèrent fort heu- reusement du côté du lit du fleuve; il en résulta des vides et des crevasses où les eaux et les graviers se précipitérent. Les sources en furent fortement affectées et présentèrent des phénomènes dont il est difficile de se rendre compte autrement que par la pression de puissantes colonnes ascendantes. w : Dès les premiers jours de la construction du puits l’eau thermale montait en bouillonnant chaude et abondante. Une fois arrivée aux deux tiers de sa hauteur, l’eau cessa un jour de monter et tomba à la température de 22° R., de 40 et quelques degrés qu'elle avait em moyenne. Craignant une rupture dans les parois du puits on l’épuisa pour l’examiner, et on ne trouva pas trace de pénétration des eaux froides extérieures. A cette époque survint, comme je l’aidit, dans le puits une explo- sion comparable à un petit coup de mine, qui fut accompagnée d’un jet d’eau très-chaude.. L'explosion était due à la rupture avec éelat de l'angle d’une pierre de la seconde assise (en comptant depuis le bas) de la maçonnerie. Une pression énorme de dehors en dedans, accompagnée d'un dégagement de gaz enfermés, peut seule expliquer ce singulier phénomène. 3. Pendant que l’on abaissait le puits, on observa des intermit- tences très-marquées dans la quantité de l’eau thermale. Ces inter- . mittences qui amenaient une plus grande masse d’eau , avaient lieu à peu près périodiquement , de deux ou de trois jours l’un, habituelle dé ment vers les 10 heures du soir. L'eau affluait alors lout à coup avec une telle abondance que le jeu des pompes', qui n'avait pas été odu un instant, n'épuisait plus l'excavation. Les ouvriers étaient obligés de se retirer précipitamment ; il arriva même que dans l’es- pace d'une heure, l'eau s’éleva de 10 à 12 pieds dans la vaste excava- tion, mesurant 10 pieds de diamètre, malgré l’activité de l'épuisement. L'eau qui surgissait à flots du fond du puits ayait une température variant entre 20et 28° R., elle contenait donc davantage d'eau froide. La bouffée ne s’accompagnait pas d'un dégagement de gaz. A mesure l'on est descendu plus profondément, les intermittences ont gra- se diminué sans cesser ent'èrement. On explique généralement ces intermittences peu rares dans les sources thermales , par l'existence d'excavations souterraines qui se videraient brusquement. Cette explication dans le cas de la source de Lavey, parait d'autant plus admissible que les travaux exécutés mirent au jour plusieurs cavernes souterraines, vrais réservoirs pour les eaux froides et chaudes. On à souvent aussi expliqué intermittences par le jeu d'un siphon souterrain. On peut objecter cependant que ce jeu exigerait pour s'effectuer que le niveau des eaux du réservoir füt plus élevé que l’orifice d'émission du siphon, disposition qui saurait bien difficilement se rencontrer sur le trajet d'un boyau souterrain elos de toute part et qui s'élève du sein de - la terre pour gagaer sa surface. L'existence de renflements ou de ottes sur le trajet du canal ne fait rien pour le jeu du siphon si ‘air extérieur n'est pas en communication, par quelque issue, avec le boyau que l'eau parcourt. L'issue qui devrait donner accès à l'air extérieur servirait alors bien plus vite à l'émission de l’eau thermale qu'a l'admission de l'air. ; La présence de gaz dans l'intérieur des eanaux souterrains expli- querait, ce nous semble , bien plus aisément les intermittences que l'hypothèse passablement forcée du siphon. Nous voyons tous les jours l'air atmosphérique entrainé par le courant des eaux dans les - Canaux des fontaines et accumulé peu à peu sur certains points, … donner lieu à des intermittences semblables. Pourquoi ne se pas- serait-il pas quelque chose d'analogue dans les sources thermales ? Sans doute ici la pénétration de l'air atmosphérique dans les canaux conducteurs est fort peu probable. S'il pouvait étre entrainé par le courant on le verrait ressortir en bouillonnant 4 l'issue de la source au moment de la bouffée, ce qui n’a point lieu à Lavey en particu- lier. Les gaz en jeu dans ce cas peuvent être tout simplement des va- peurs d'eau dégagées à une profondeur où l'eau arrive à l’ébulition, et qui accumulées dans certaines cavités s'en échappent, à un moment donné, en poussant les eaux devant elles. Si elles n'arrivent pas à l'orifice de sortie à l'état de vapeur, c'est que chemin faisant elles se condensent et retournent à l’état liquide avant de l’atteindre. Des SOURCE THERMALE DE LAVEY. 313 1 Tro:s pompes puissantes mues par 24 hommes chacune, étaient éta- gées dans le puits les unes au-dessus des autres. 314 SOURCE THERMALE DE LAVEY. gaz dégagés pourraient d’ailleurs avoir une autre issue que celle de l'eau et ainsi ne pas apparaître à la source. Qui sait même si le chauf- fage des eaux thermales n’est pas dû , dans beaucoup de cas, tout simplement à des courants de vapeurs ou de gaz qui s’échappant des régions volcaniques viennent se condenser ou se dissoudre, dans les sources en les réchauffant. 4. Les réflexions qui précèdent nous conduisent à dire quelques mots des effets du tremblement de terre de 1851 observé à Lavey, quoique cette observation ne se rapporte qu'indirectement aux tra- vaux d'art dont nous nous occupons. Ces effets n'ayant été relatés nulle part, que nous sachions, il est bon de les consigner ieï. Rien dans l'exposition qui suit n’a été confié à la seule mémoire. « En juin et juillet 1851 (je reproduis textuellement les notes prises sur les lieux par M. le docteur Cossy) et jusqu'au 24 août de cette année là, la température de la source thermale offrit un abaissement graduel qui n'avait jamais été aussi considérable. Cet abaissement avait lieu sans cause appréciable et indépendamment des variations, conti- nuelles à cette époque, des eaux du Rhône. En août la source ne donnait que 20 pots par minute avec une température de 34° centigr. (27°, 2. R.) Dans la nuit du 23 au 24, à 2 heures du matin, par un temps chaud et orageux, les eaux du Rhône étant à une hauteur moyenne, trois violentes secousses de tremblement de terre se firent sentir à quelques minutes d'intervalle : l’ondulation du sol allait du sud au nord. Un quart d'heure après les secousses, l'eau avait gagné un demi-degré; plus abondante elle amenait à l'établissement des bains de nombreux flocons de glairine et de conferves détachés des conduits, par le courant plus abondant et plus rapide. A partir de ce moment et sans nouvelles secousses appréciables, la température de l’eau s’accrut rapidement de manière à acquérir de nouveau son maximum d'autrefois. Sa quantité, qui dès le premier jour fut aug- mentée d’un tiers, s’accrut encore de 5 pots par minute au bout de quelques jours. » Le tableau suivant résume la succession des faits observés : 315 SOURCE THERMALE DE LAVEY. ‘XN9 S9SSEY "0[qeI9P —ISU09 In9ne ‘G ne Zn “ouuoÂ0 "ANOHH AG HAALAVH «08 1er + ‘s10d G£ « GE + ‘pl œ gL'er + ‘pi 096 + ‘pl M + ‘pl < 5 + ‘pl “090% + “4104 Of : 0% + ‘Ansout uou uorequomuany | ‘sopelsnuoo 199€ + *O19) 9P JUAUISIAUEI 9P S0S8N0920Q ‘P! ‘pl *s10d 0% “sopelñruoo G3 9e + *ALONIN “HOUNOS VI V UVd SLOd AU AUANON AVA/T 4Q AUALVUHANAL ‘J10$ NP ‘U G < (1)! * y L "h 6 ‘uUeU Np UZ €r ST OIQUI9AON «€ o1quodog mov YG8Y 516 SOURCE THERMALE DE LAVEY. » Les années suivantes, jusqu'à 1856, nous sommes restés à Lavey au bénéfice du tremblement de terre de 1851, en ce sens que bien que la température se soit de nouveau abaissée de quelques degrés (40° C, soit 32° R.), elle n’est jamais descendue au minimum du 23 août. Les tremblements de terre si fréquents et si violents de 185% n’ont exercé aucune influence sur la source de Lavey. » 5. Nous avons noté plus haut que l’eau thermale s’élève dans le puits à la hauteur de 50 pieds, à 5 pieds au-dessus de l'orifice du tuyau qui la conduit aux bains; mais qu’elle refuse de s’élever plus haut. Nous avons dit qu’à la surface du puits sa température se maintenait à 30° R', tandis qu’à sa sortie de la seule source actuelle- ment employée, au fond du puits, elle donnait 35° R. Elle perd done, pour arriver à la surface, 5° R. Cette déperdition se renouvelle dans le trajet que l’eau parcourt depuis le puits jusqu’à l’établisse- ment, puisque arrivée à sa destination elle n’a plus que 25° R. Sa quantité primitive de 90 pots par minute subit une diminution plus considérable encore; ear il n'arrive que 36 pots par minute aux bains. Dans les hautes eaux du Rône , l'immersion des conduits par ces eaux abaïsse encore la température, qui tombe jusqu’à 24 et 23, 5° R. Ces pertes de volume et de chaleur sont, on le voit, assez consi- dérables. Sont-elles inévitables? c’est ce qu'il s’agit d'examiner, puisque de là doivent dépendre les modifications que l’on voudrait apporter à l’état actuel des choses. k Notons d'abord que peu de temps après l'ouverture de l’établisse- ment thermal de Lavey, alors que les conduits divers étaient neufs, l'eau qui avait 36° R. (45° C.) à la source, ne donnait plus, arrivée aux bains, que 29° R. Elle perdait done alors 7° R. de chaleur dans le trajet de la source aux bains. La déperdition qu’elle subit aujour- d’hui est moins forte. Il serait cependant possible qu’en augmentant le calibre des conduits, en leur donnant une pente bien égale, en les renfermant dans une enveloppe de bois ou de charbon, ou, mieux encore, en les entourant d’une couche d’air stagnant, on diminuât quelque peu cette déperdition : cependant il ne faut pas trop y compter, parce que la faible inclinaison du sol et l'enfoncement dans lequel sont déjà placées les baignoires ne permettent guère d'augmenter la chute de l'eau dans les conduits." On pourrait sans doute la prendre un peu plus haut dans le puits, puisqu'il reste encore 5 pieds dispo nibles ; mais cette élévation du point de dégorgement du puits aurait pour effet de ralentir encore le mouvement ascensionnel de l’eau et par conséquent de diminuer la masse et la chaleur primitives de l’eau; car il est évident que pour conserver l’une et l’autre il faut puiser l'eau dans le puits aussi bas que possible. 1 Les sources qui furent encaissées par les soins de M. de Charpentier donnaient primitivement 56° R. à la surface du puits, elles ont donc perdu dès lors 6° R. , et cependant elles traversaient encore une épaisse couche de graviers. SOURCE THERMALE DE LAVEY. 317 Les pertes que l’eau subit dans le puits sont les mêmes, quant à la chaleur du moins, que celles qui ont lieu dans les conduits. En s'élevant de 50 pieds, dans un tube de maçonnerie en marbre, au milieu d’un sol baigné par les eaux froides, on devrait s'attendre à une déperdition de plus de 5° R. IL est encore un fait important à prendre en considération : la sta- _ bilité de l’eau du puits à 58 pieds de hauteur, 5 pieds au-dessus de l’orifice de dégorgement. Si les conduits qui transportent l’eau aux bains offraient une pente ascensionnelle d’une égale hauteur , ces 5 pieds correspondraient à l'élévation forcée de l'eau dans son trajet jusqu'aux bains. Mais cette pente n'existe point, l'eau n’est pot obligée de s'élever pour gagner la maison des bains. L'élévation de 5 pieds doit donc s’expliquer par l’insuflisance du diamètre des con- duits ou par leur encombrement : deux eirconstances qu'il faut en tout cas s'empresser de faire cesser. Les choses étant telles à l'heure qu'il est, on doit s'étonner que la différence en plus de 54 pots entre l’eau qui arrive de la source au fond du puits et celle qui se rend aux bains , ne prodüise pas un trop plein constant qui devrait se déverser continuellement par dessus ses bords. La hauteur stationnaire de l’eau à 50 pieds de hauteur nous indique done que, passé ce niveau , l'eau trouve ailleurs des issues moins élevées ; en d’autres termes , que la source captée est assurée pendant qu’elle ne se fraie pas une issue qui lui offre une moindre résistance. Qui pourrait dire qu'elle ne se trouvera pas un jour cette issue-là? L'abaissement graduel de la température observé depuis 1833 à 1851 ne serait-il pas dû à des issues souterraines mieux situées, qui s’agrandissent peu à peu et par lesquelles les eaux chaudes s’échappent ? fs. Le Le tremblement de terre de 1851 , en obstruant momentanément ces issues, aura augmenté la chaleur de l'eau‘. Si cette chaleur a de rechef peu à peu diminué, cette dimmution trouverait son expli- cation dans le rétablissement graduel des issues latérales. Que conclure de ces divers faits, si ce n’est que tout n’est pas fait pour assurer définitivement et autant qu'il est humainement possible l'avenir de Lavey. L'eau thermale sortie du gneiss ne peut plus nous échapper, il est vrai; nous avons l'espoir d'accroître la quantité et la chaleur en y rattachant d’autres sources exclues pour le moment ; mais ce n'est pas là tout. Il faut maintenant attirer l’eau thermale du côté du puits, l'appeler autant que possible à s'y rendre en lui offrant par cette voie une issue plus facile que par tout autre point. Si l’on y parvient on doit eroire que les issues latérales, ne rece- vant plus d'eau, s’obstrueront peu à peu et qu'ainsi la possession de l’eau deviendra de jour en jour plus assurée. Le seul moyen d'y parvenir, et c'est par là que je termine, est d'établir un jeu permanent de pompes qui maintiennent le puits vidé 1 La quantité ne pouvait s’accroitre, la capacité des conduits ne le per- mettait pas. 318 PRODUITS DU BOIS DISTILLÉ. à la profondeur de 35 à 40 pieds. L’eau en deviendra plus chaude et surtout plus abondante : 90 pots par minute, dans l'état actuel des choses. Une roue mise en mouvement par les eaux du fleuve ferait jouer ces pompes sans grands frais, comme à Saint-Gervais et à Schinznach. = D —— NOTE SUR LES RÉSIDUS DE LA DISTILLATION DU BOIS DANS LES USINES A GAZ. (Extrait.) (Séance du 17 juin 1857.) Par M. 4.-F. Fol. La fabrication du gaz d'éclairage, au moyen des houilles ou du bois, qui prend tous les jours une plus grande extension, fournit, à côté de son principal produit, des matières secondaires telles que les goudrons et les eaux de gaz, dont il serait important de tirer parti dans l’industrie, mieux qu’on ne l’a fait jusqu'ici. On utilise, 1l est vrai, quelque peu les soudrons. On retire du goudron des houilles, “qui à été l’objet spécial des recherches de plusieurs chimistes, de la - créosote, de la benzine, de la paraffine, de la naphtaline, de l'acide picrique servant à teindre la soie en jaune: ce dernier produit four- nira peut-être un jour une matière colorante analogue à la garance. D’autres substances renfermées dans les goudrons n’ont pas encore d'emploi : leur trop grande richesse en carbone les rend impropres à l'éclairage, à moms que l’on ne parvienne à les combiner à des radicaux alcooliques. Peut-être aussi parviendra-t-on à les trans- former en alcaloïdes. Les eaux du gaz de la houille ont également leur utilité dans l’am- moniaque qu’elles renferment, et que l’on peut en retirer soit pour elle-même, soit pour la fabrication du sulfate d’ammoniaque et de l’alun ammoniacal. Le docteur Playfair évalue à 60,000 tonnes le sulfate d'ammoniaque que l’on pourrait retirer annuellement des eaux de gaz de l'Angleterre. Les goudrons et les eaux de gaz, obtenus par le bois, n’ont pas été étudiés avec le même soin; j'ai entrepris quelques recherches sur ceux que l’on obtient à l’usine de Zurich. J'exposerai les faits que j'ai observés, non comme un travail complet, mais comme le premier pas dans une série de recherches à peine ébauchées. J'ai soumis à la distillation dans une cornue en fer environ 7 kilo grammes de goudron de bois, et j'obtins des huiles naturellement divisées en deux couches; l’une plus lourde que l’eau et noirâtre; l’autre plus légère que l’eau et d’une couleur brune. La distillation marcha très-régulièrement tant que la cornue contint encore du gou- dron liquide, mais lorsque tout le goudron fut desséché et qu'après avoir poussé le feu un peu plus violemment la distillation recom- 3 PRODUITS DU BOIS DISTILLÉ. 319 mença, le liquide distillé, de noir qu’il était auparavant, n’était plus ‘une huile incolore assez légère et d’une odeur de la dernière f6- tidité : il se dégageait en même temps des vapeurs acétiques. Le gou- dron avait été saturé par un lait de chaux avant l'opération, afin de retenir autant que possible l’acide acétique dans le résidu. Un acei- dent arrivé à l'appareil distillatoire mit forcément fin à l'opération, quoique la majeure partie des produits ne fût pas encore distillée. A ce moment j'avais obtenu 1 kilogramme d'huiles de diverses sortes. Après avoir séparé l’eau de ces huiles en les jetant sur des filtres humides, je commençai à les distiller dans une rétorte en verre mu- nie d'un thermomètre. La moindre chaleur donnait de si violentes secousses à l'appareil que je fus obligé d'ajouter aux huiles une so- lution concentrée de sel marin, ce qui me permit de porter la tempé- rature jusqu’à 105° sans que la rétorte éprouvät de secousses. Mais lorsque les huiles qui distillent au-dessous de cette tempé- rature eurent entièrement passé dans le récipient les secousses re- commencèrent, et je remplaçai alors la solution de sel par de la limaille de fer, expédient qui me permit de continuer et d'achever la distillation sans craindre la moindre projection du liquide dans le col de la cornue. De cette manière j'obtins les huiles et produits suivants groupés selon leur température d’ébullition : De 30 à 40° C. Liquide incolore, léger, à odeur forte et péné- trante ; en très-petite quantité. - » 41 à 81° C. Liquide incolore comme le précédent, léger, peu odorant. » 81 à 91° C. Le liquide entre en ébullition à 81°, 5, et il distille une huile jaunâtre composée presque en entier de benzine. » 91 à 96° C. Huile jaune, très-brillante, légère, contenant aussi une forte proportion de benzine. » 96 à 99° C. Huile peu colorée, peu abondante, odeur forte et désagréable. » 100 à 108° C. Huile colorée en brun-rouge ; odeur forte et brûlante : le thermomètre reste assez long- temps stationnaire à 108°. » 108 à 130° C. Huile rougeûtre à odeur très-pénétrante ; va- peurs irritant vivement les yeux. 180° C. Tout à coup le col de la cornue et le réci- pient se trouvent embarrassés par une grande antité de naphtaline qui se prend en masse cristalline. À une température plus élevée, je n'obtins plus de naphtaline. » 185° à 200° C. Huile légère, rouge-foncé; odeur fétide in- supportable. » 200 à 215° C. Les huiles qui distillent deviennent de plus en plus colorées, leur odeur est fétide, nauséa- bonde et mêlée par fois de vapeurs acétiques. + 320 VAISSEAU DORSAL DES INSECTES. Au-dessus de 215° C. il distille une certaine quantité de produits acé- tiques et 1l reste un mélange de poix et de paranaphtaline dans la rétorte. Toutes ces huiles sont entièrement solubles dans l'alcool et l’éther. Les huiles plus lourdes que l’eau ne laissent aucun dépôt de pa- rafline. Celles obtenues au-dessous de 130° C. , traitées par l'acide nitrique concentré, donnent toutes de la nitrobenzine. Si l’on mêle en pâte avec du peroxyde de plomb les huiles obtenues au-dessus de 150°, on recevra en chauffant le mélange de belles lamelles mica- cées de naphtaline pure. La distillation primitive du goudron n'ayant pas été poussée assez loin, les produits de la série phénylique étaient complétement absents. En effet, je n'ai obtenu, sur 14 kil. de goutron, que 2 kilog. de mé- lange distillé, ce qui fait seulement 14, 28°/,, tandis que des essais en petit m'ont prouvé que l’on peut retirer des goudrons de bois, par distillation , plus de 65°/, de leur poids. Quant aux eaux de gaz obtenues du bois, elles ne renferment pas d'ammoniaque, mais en revanche d’autres produits utiles tels que l'acide acétique, l'esprit de bois; elles contiennent en outre d’autres substances peu étudiées et qui recevront peut-être un jour une appli- cation utile. Quoique mes recherches ne soient encore qu’à leur début et que les résultats auxquels je suis arrivé soient loin d’être complets , je n'ai pas cru qu'il fût entièrement superflu d'appeler l'attention des chimistes sur ce point de la technologie. J'espère avoir l'honneur, dans peu de temps, de rendre compte à la Société de la suite de ce travail. sn — OBSERVATIONS MICROSCOPIQUES SUR LE VAISSEAU DORSAL DANS LES ORTHOPTÈRES. Par A. Yersin, professeur à Morges. (Séance du 17 juin 1857.) Les physiologistes sont encore divisés sur le rèle qu'il faut attri- buer au vaisseau dorsal dans les insectes. M° Léon Dufour affirme qu'il doit être envisagé, dans les orthoptères en particulier, comme un organe dégénéré sans rôle physiologique. M° Emile Blanchard, de son côté, par d’admirables injections, ayant reconnu que cet organe est en communication avec l’espace compris dans la double enveloppe des trachées, conclut que le vaisseau dorsal doit être assi- milé au cœur et qu’il donne l'impulsion au sang. Voici, Messieurs, quelques observations qui paraissent confirmer les vues de ce savant. Un mot d'abord sur le sang de la blatte orientale (Periplaneta orientalis, Burm). A l’œil nu ce sang présente l’aspect d’un liquide VAISSEAU DORSAL DES INSECTES. 321 louche légèrement blanchâtre. Soumis à un grossissement de 80 dia- mètres, on y distingue des globules excessivement ténus et des corps plus volumineux qui sont peut-être des gouttelettes huileuses. En appliquant les plus forts grossissements (1100 diamètres) d’un mi- eroscope Nachet, les globules deviennent très-distincts, ils paraissent être de forme lenticulaire et parsemés de granulatious. Le diamètre des globules, mesurés au micromètre oculaire, est de 0,013 milli- mètres. Avec le même grossissement on découvre d’autres corpus- cules mesurant environ 0,001 millimètre dans leur plus grande dimension et qui subissent de continuelles déformations paraissant quelquefois sphériques, le plus souvent réniformes. Ces corpuscules se déplacent lentement et se meuvent dans toutes les directions. Peu de temps après son extraction le sang se coagule en une masse jau- nâtre assez résistante. On sait que pendant les premières heures à la suite d’une mue ou d’une métamorphose, les téguments de la plupart des msectes sont d’une couleur très-pâle et plus ou moins transparents. C’est en par- ticulier le cas dans la blatte orientale. J'ai profité de cette circonstance pour examier au microscope, sous un grossissement de 80 et de 120 diamètres, ce qui se passe dans le vaisseau dorsal dont on voit les mouvements à l'œil nu. Par un temps chaud, et immédiatement après la mue, j'ai compté sur deux individus cinquante contractions régulières du vaisseau pendant une minute; sur un autre individu par une matinée froide le même nombre de contractions a exigé un temps double. Chacun de ces mouvements est très-net et provoque une propulsion évidente du sang. Dans la contraction du vaisseau ce fluide se porte rapidement de l’abdomen vers la tête et les globules, isolés ou groupés, parcourant un trajet plus long que le champ du microscope. Dans la dilatation au contraire toute la masse fluide revient par un mouvement court, mais lent, dans la direction op- posée. Sur une femelle de blatte, arrivée à l’état parfait, j'ai observé de chaque côté du vaisseau dorsal un courant sanguin dirigé en sens inverse de celui de cet organe. Il ne m'a pas été possible d’én déter- miner les limites extérieures. Sur quelques points, et à des distances égales à la longueur d’un segment abdominal, on voit, pendant la dilatation du vaisseau dorsal le sang passer des espaces latéraux, où s’observe le courant inverse, dans le vaisseau lui-même. Le vaisseau dorsal joue a'nsi le rôle de ventricule et les espaces ménagés sur les côtés celui d'oreillettes; ces deux cavités commu- niquant entr'elles par des ouvertures auriculo-ventriculaires laté- rales, disposées par paires correspondantes aux segments. Cette observation montre en outre que ces ouvertures ne permettent l'm- troduction du sang dans le vaisseau que pendant la dilatation de celui-ci. J'ai vu, toujours sur le même insecte, une masse solide, (proba- blement une réunion de globules) arrêtée dans la marche pendant plusieurs contractions; elle ne pouvait ni avancer, ni reculer, quoi- 322 VAISSEAU DORSAL DES INSECTES. que son diamètre apparent fût inférieur à celui du vaisseau ; elle finit néanmoins par se dégager et par être entrainée dans le courant dirigé vers la tête. Cette masse solide s’arrèta de nouveau un peu plus loin, puis se dégagea encore et franchit un espace correspondant à la lon- gueur du segment. Les déplacements de ce corps et ses haltes suc- cessives me paraissent indiquer l'existence de valvules dans l’intérieur du vaisseau. Serait-ce peut-être des replis destinés à permettre le mouvement en avant et à gêner le courant inverse. J'ai suivi les mouvements du sang, en dehors du vaisseau dorsal, sur divers points du thorax, et j'ai cru voir dans la direction parfai- tement déterminée du courant sanguin et dans les limites très-nettes dans lesquelles il est renfermé, l'indice d’une circulation vasculaire. Le mouvement du sang est particulièrement distinct à la base des antennes. Les globules sont portés alternativement de la base vers le sommet et du sommet vers la base, le premier courant est ordi- nairement plus prononcé et semble l'emporter sur le second. Dans une blatte, endormie par l’éther, le second mouvement paraissait plus rapide que le premier. Les intermittences de ce va et vient du sang, correspondent, le plus souvent, assez exactement aux batte- ments du vaisseau dorsal. Il ne m'a pas été possible de m’assurer si, dans l'antenne, le sang est renfermé dans un vaisseau particulier ; j'ai cru voir qu'il occupe la plus grande partie de la cavité de l'or- gane dans les blattes et seulement le tiers dans des larves de grillon. La circulation n’est distincte dans les pattes qu’à leur base et seu- lement pendant les mouvements de l’insecte. Le sang pénètre dans les membres en longeant d’abord la partie inférieure de la cuisse où il forme un courant assez large qui s’avance en s’étendant de façon à baigner tous les organes voisins et à rejoindre un second courant qui, vers le bord supérieur de la cuisse se dirige vers la base de cet organe et pénètre dans la hanche. Ici encore, je ne sais découvrir aucune trace de vaisseau limitant l’épanchement sanguin. Toutes les observations précédentes ont été faites sur plusieurs blattes à l’état parfait, sur un certain nombre de larves appartenant à la même espèce, enfin sur de jeunes larves de grillon. Les tégu- ments des criquets (Acridiodea) que j'ai examinés, se sont trouvés trop opaques pour qu'il fût possible de distinguer les organes inté- rieurs. On ne peut guère faire ces observations sur des insectes d'une taille comparable à ceux que j’ai étudiés, qu'avec de faibles grossis- sements, ce qui ne permet pas de pousser l’investigation dans la double enveloppe des trachées. Peut-être sera-t-on plus heureux en mettant rapidement à nu et en portant sous le champ du microscope certains tissus vivants faciles à observer avec de forts grossisse- ments. Il ne m'a pas encore été possible de l'essayer. Mon but dans les lignes qui précèdent a été bien plus d'appeler l'attention sur le parti que l’on peut tirer des observations micros- copiques dans cette question de physiologie, que de chercher à la résoudre moi-même d'une manière complète. Se ———— COSMOGONIE MOSAÏQUE. 323 LETTRE DE M. BERTHOUD , MINISTRE A MORGES, À LA SOCIÉTÉ VAU- DOISE DES SCIENCES NATURELLES AU SUJET DE LA COSMOGONIE MOSAÏQUE. (Séance du 17 juin 1857.) Monsieur le Président et Messieurs, Quoique je ne sois pas membre effectif de votre corps savant, je prends la liberté de lui offrir un petit travail qui pourra témoigner de l'intérêt que m'inspirent ses travaux. Les agréables relations que je soutiens avec plusieurs de ses membres, et en particulier avec des géologues , m'ont engagé à fournir à ceux-ci une traduction littérale du document cosmogonique de Moïse, en l’offrant à la Société. J'y joins pour contrôle le texte hébreu écrit en lettres françaises. Ces | on verront que si les versions ordinaires de nos livres sacrés sont susceptibles d'amélioration, elles ne laissent pas que d’être gé- néralement fidèles telles qu'elles se trouvent. D'où je tire la con- clusion pratique qu'il faut se défier de systèmes (scientifiques ou religieux) que l’on voudrait baser sur de prétendues versions nou- velles de nos saints livres. Il y a nombre d'années que j'étudie les langues sémitiques, faisant partie d'une Société qui a entrepris une version nouvelle de l'Ancien Testament. Eh bien! je puis vous assurer, Monsieur le Président, que si nous avons conçu l'espoir fondé d'améliorer quelque peu la version française, nous avons également acquis la conviction que toute version qui serait essentiellement nouvelle pour le fond, et qui s’écarterait sensiblement de celles qu'on possède, se trouverait par ce fait même condamnable comme infidèle. La physionomie générale du style peut recevoir plus de coloris, des teintes plus accentuées, un air plus vigoureux , si l’on serre le texte original de plus près , mais c'est là tout. Je ne puis donc que m'’étonner de voir fonder tout un système cosmogonique nouveau, non sur une interprétation vraiment philolo- gique qui bouleverse la langue des Hébreux et la transforme en une sorte d'hiéroglyphe dont personne n'aurait eu la clef jusqu’à ce jour. L'imagination, en fait de philologie et en fait de science, donne aussi peu de vraies lumières que dans le domaine religieux. Je félicite votre Société de la catholicité de son rt scientifique ; et je fais des vœux pour qu’elle favorise de plus en plus l'amour désintéressé de la vérité. Agréez, etc. H. Berrnoun, ministre. Morges , le 15 juin 1857. 324 COSMOGONIE MOSAÏQUE. COSMOGONIE MOSAÏQUE. GENÈSE. PREMIÈRE SECTION. L'univers ou période ante-humaine. Original avec traduction littérale inter- linéaire. L. 4. Be-reschith bârâ élohum eth hasch- Dans commencement il acréé dieux les schâmaim ve-eth hà-ârets cieux et la terre 2. ve-hä-ârets hâïethah thohou vâ-bohou et la terre était informe et vide a été ve-khoschec al pené thehôm ve-rouakh et ténèbres sur face de abime et esprit de souffle de élohim merakhèpheth al pené ham-maim dieux planant sur face de les eaux 3. va-yomer élohim yehi ür va-yehi et dit dieux soit lumière et fut ùr lumière &. va-yare élohim eth hà - dr ki tob Et vit dieux la lumière que bonne va yabedel élohim ben hà - dr ou-ben et divisa dieux entre la lumière et entre ha-khoschee les ténèbres 5. va-yikera élohim là - dr yôm ve-la- Et appela dieux la lumière jour et les à la aux khoschec kärà läielah va-yehi ereb va- fénèbres a app nuit et fut soir et yehi boker yom ekhad fut matin jour premier 6. va-yomer élohim yehi râkia be -thde Et dit dieux soit étendue dans milieu de ham-maim va-yehi mabedil ben maim les eaux et soit divisant entre eaux läm-maim aux EAUX Essai de version française. [. 1. Au commence- ment Dieu créa les cieux et la terre. 2. Et la terre était informe et vide, et les ténèbres étaient sur la face de l’abime, et l’es- prit de Dieu planait sur la face des eaux. 3. Et Dieu dit : Que la lumière soit! et la lumière fut. 4. Et Dieu vit que la lumière était bonne. Et Dieu mit une séparation entre la lumière et les ténèbres. 5. Et Dieu appela la lumière jour et les té- nëbres nuit. Etil y eut le soir, et il y eut le ma- tn; premier Jour. 6. Et Dieu dit : Qu'il y ait une étendue au milieu des eaux, et qu'elle sépare les eaux d'avec les eaux! COSMOGONIE MOSAÏQUE. 7. va-yaass élohim eth hâ-ràkia va-yabedel Et ñt dieux la étendue et divisa ben ham-maim ascher mith-thakhath là- entre les eaux qui en dessous de Ja de à la râkià ou-ben ham-maiïm ascher méal étendue et entre les eaux qui en dessus de de là-räkia va-yehi ken la étendue et fut ainsi à la 8. va-yikera élohim là-räkia schämaim Et appela dieux la étendue cieux à la va-yehi ereb va-yehi boker yom schéni. et fut soir et fut matin jour deuxième. 9. va-yomer élohim yikkävou ham- Et dit dieux (qu’elles) s'amassent les maïm mith-thakhath hasch-schämaim el eaux de dessous les cieux vers mäkôm ekhad ve-théräè ha-yabbäschah lieu un et apparaisse le sec va yehi ken et fut ainsi 10. va-yikera élohim là-yabbäschah èrets Et appela dieux le sec terre au ou-le-mikevé ham-maim kärà yammim et le amasde les eaux aappelé mers au va-yare élohim ki tôb et vit dieux que bon 11. va-yomer élohim thadsché hâ-ârets Et dit dieux. qu'elle rousse la terre deschè esseb mazeria zèra ets peri osseh verdure herbe semant semence arbre fruit faisant peri le-min — à ascher zare — à bù fruit selon espèce sienne dont semence sienne en lui qui al hâ-ârets va-yehi ken sur la terre et fut ainsi 12. vath-thôtsé hà-ârets deschè esseb ma- Et fitsortir la terre verdure herbe se- zeria zèra le-miné-hou ve-ets osseh mant semence selon espèce d'elle etarbre faisant peri ascher zare - à bù le - miné- fruit dont semence sienne en lui selon espèce hou va-yare élohim ki tôb de lui et vit dieux que bon 325 7. Et Dieu fit l’éten- due; et il mit une sépa- ration entre les eaux de dessous l'étendue et les eaux de dessus l’é- tendue. Et il en fut ainsi. 8. Et Dieu appela l'étendue cieux. Et il y eut le soir et il y eut le matin ; deuxième jour. 9. Et Dieu dit : Que les eaux de dessous les cieux s’amassent en un même lieu, et que le sec apparaisse! Et il en fut amsi. 10. Et Dieu appela le sec terre, et l’amas des eaux mers. Et Dieu vit que cela était bon. 11. Et Dieu dit : Que la terre pousse dela ver- dure, des herbes répan- dant de la semence, des arbres portant du fruit, du fruit selon l'espèce de chacun, qui ait en lui leurs semences sur la terre! Etil en futainsi. 12. Et la terre pro- duisit de la verdure, des herbes répandant de la semence selon leurs espèces, et des arbres portant du fruit conte- nant leurs semences selon leurs espèces. Et Dieu vit que cela était bon. 326 COSMOGONIE MOSAÏQUE. A3. va-yehi ereb va-yehi boker yom Et fut soir et fut matin jour schlischi troisième A4. va-yomer élohim yehi meroth bi- Et dit dieux Soit luminaires dans rekia hasch-schâmâim le-habedil ben ha étendue de les cieux pour diviser entre le yom ou-ben hal-läielah ve-hâiou le- jour et entre la nuit et sont pour ôthoth ou-le-moadim ou-le-yàmim ve- signes el pour temps fixés et pour jours et schänim années 45. ve-hâiou li-meôroth bi-rekia hasch- Et sont pour luminaires dans étendue de les schämäim le-hâir al hâ-àrets va-yehi cieux pour luire sur la terre et fut ken ainsi 16. va=yaass élohim eth schné ham- Et fit dieux deux les meôroth hag-gdolim eth ham-mädr hag- luminaires les grands le luminaire le gädol le-memschèleth ha-yom ve-eth grand pour dominant le jour et ham-mäâdr hak-kâton le-memschèleth le luminare le petit pour dominant hal-lajelah ve-eth hak-kôkäbim la nuit et les étoiles A7. va-yiththen ôthàm élohim bi-rekia Et donna eux dieux dans étendue de haseh-schämâim le-hâir al hâ-ârets. les cieux pour luire sur la terre. A8. ve-li-mschol ba-yom ou-bal-laïlah Et pour dominer sur le jour et surla nuit ou-le-habedil ben hä-ôr ou-ben ha- et pour diviser entre la lumière et entre les khoschee va-yare élohim ki tôb ténèbres et vit dieux que bon A9. va=yehi ereb va yehi boker yôm Et fut soir et fat malin jour rebihi quatrième 20. va-yomer élohim yischretsou ham- Et dit dieux qu'elles pullulent les maïm schèrets néphesch khaïah ve-ôph eaux pullulement âme de animai et volatile 43. Et il y eut le soir, et il y eut le ma- tin; troisième Jour. 1%. Et Dieu dit : Qu'il ait des luminaires dans l’étendue des cieux pour mettre une Sépa- ration entre le jour et la nuit, et qu'ils ser- vent pour les signes et pour les temps fixés et pour les jours et les années. 15. Et qu'ils soient des luminaires dans l'é- tendue des cieux pour luire sur la terre! Et il en fut ainsi. 16. Et Dieu fit les deux grandsluminaires, le grand luminaire pour dominer le jour, et le petit luminaire pour do- miner la nuit. Ilfitaussi les étoiles. 47. Et Dieu les donna dans l'étendue des cieux pour luire sur la terre, 18. et pour dominer sur le jour et sur la nuit, et pour mettre une sé- paration entre la lu- miere et les ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon. 19. Et il y eut le soir, et il y eut le ma- tin; quatrième jour. 20. Et Dicu dit : Que les eaux pullulent et fourmillent d’animaux COSMOGONIE MOSAÏQUE. yedpheph al hà-ârets al pené rekia qu'il vole sur la terre sur face de étendue de hasch-schämaim les cieux 21. va-yiberà élohim eth hath-thaninim Et créa dieux les monstres marins bag-gdolim ve-eth col nèphesch hà- les grands et toute âme de le khaïah hà-romesseth ascher schartsou animal le se mouvant dont pullulent qui fourmillent ham-maim le-miné-hem ve-eth col ôph les eaux selon espèce d'eux et tout volatile càänàph le-miné-hou va-yare élohim ki ailé selon espèce delui et vit dieux que tôb bon 22. va-yebàrec ôthàm élohim lémor perou Et bénit eux dieux en disant fructifiez ou-rebou ou-mileou eth ham-maïm ba- et multipliez et remplissez . les eaux dans les yammim ve häà-ôph yireb bâ-ârets mers et le volatile qu'il multiplie sur la Lerre 23. va-yehi ereb va-yehi boker yôm Et fut soir et fut matin jour khamischi cinquième 2%. va-yomer élohim thôtsé hà-àrets Et dit dieux fasse sortir la terre nèphesch khaïah le - min - ah behémah âme de animal selon espèce sienne bétail vâ-rèmess ve-khaiïathô èrets le - min- et le se mouvant et bête sauvage de terre selon espèce ab va-yehi ken sienneet fut ainsi 25. va-yaass élohim eth khaïath hâ-ârets Et fit dieux animal de la terre le-min-ah ve-eth hab-behémah le- selon espèce sienne et le bétail selon min — ah ve-eth-col rèmèss hâ-adämah espèce sienne et tout reptile de le sol se mouvant le —- miné - hou va-yare élohim ki t6b selon espèce de lui et vit dieux que bon 26. va-yomer élohim naasseh àdàm be- Et dit dieux faisons homme dans tsalmé - nou ki-demouthé-nou ve- inage notre comme ressemblance notre et 327 vivants; et que des vo- latiles volent sur la terre, sur la face de l'étendue des cieux 21. Et Dieu créa les grands monstres marins et tous les animaux vi- vants qui se meuvent, qui pullulent selon leurs espèces dans les eaux; et tous les volatiles ailés selon leurs espèces. Et Dieu vit que cela était bon. 22. Et Dieu les bénit en disant : Fructifiez et multipliez et remplissez les eaux dans les mers, et que les volatiles mul- tiplient sur la terre 23. Et il y eut lesoir et il y eut le matin; cin- quième jour. 2%. Et Dieu dit : Que la terre produise des animaux vivants, selon leurs espèces : le bétail et les reptiles et les bé- tes sauvages de la terre, selon leurs espèces. Et il en fut ainsi. 25. Et Dieu fit les bêtes de la terre selon leurs espèces, et le bé- tail selon ses espèces et tous les reptiles du sol selon leurs espèces. Et Dieu vit que cela était bon. 26. Et Dieu dit : Fai- sons l’homme à notre image, d'après notre 7 328 COSMOGONIE MOSAÏQUE. viredou bi-degath ha-yam ou-be- ressemblance; et qu'ils qu'ils marchent sur poisson de la mer et sur | dominent sur les pois- ôph hasch-schämaim ou-bab-behémah | Sons de la mer et sur volatile de les cieux et sur le bétail les volatiles des cieux, et sur le bétail et sur toute la terre et sur tous les reptiles qui se meu- vent sur la terre! 27. Et Dieu créa l'homme à son image ; il l'a créé à l’image de Dieu; il les a créés male et femelle. 28. Et Dieu les bénit ou-be-col hâ-ärets ou-be-col hà- et sur toute la terre et sur tout le rèmess hà-romess al hâ-ârets reptile qui se meut sur la terre se mouvant 27. va-yibera élohim eth hä-âdäm be- Et créa dieux le homme dans tsalm - Ô be-—tsèlem élohim bàärà ôthé image sienne dans image de dieux ilacréé lui zâcar ou-nekévah bärà ôthâm mâle et femelle il a créé eux 28. va-yebärec ôthâm élohim va-yomer Et bénit eux dieux et ‘ dit et leur dit : Fructifiez là-hem élohim perou ou-rebou ou- |et multipliez et remplis- à eux dieux fructifiez et multipliez et |sez [a terre et l'assujet- mileou eth hà-ârets ve-kibeschu-ah RM eve remplissez la terre et assujeltissez-la ISSEZ;, et dominez sur ou-redou bi- degath ha-yam ou-be- les poissons de la mer et marchez sur poisson de la mer et sur |et sur les volatiles des ôph hasch-schämaim ou-be-col khaïah |eieux et sur toute bête volatile de les cieux et sur tout animal À us ui se meut sur la terre. hi-romesseth al hà-ârets q £ le se mouvant sur la terre 29. Et Dieu dit : Voici je vous ai donné toutes les herbes répan- dant de la semence, qui sont sur la face de toute la terre; et tout arbre qui porte du fruit d’ar- bre répandant de la se- mence. Cela vous ser- vira de nourriture. 30. Et j'ai donné à toutes les bêtes de la terre et à tous les vola- 29. va-yomer élohim hinneh nathaththi Et dit dieux voici j'ai donné lâäkem eth-col esseb zoréa zèra ascher à vous toute herbe semant semence qui al pené col hä-ârets ve-eth col hâ—ets sur face de toute la terre et tout le arbre ascher - bô peri ets zoréa zâra làkem qui en lui fruit de arbre semant semence à vous yiheïè le-okelah ilsera pour nourriture 30. ou-le-col khaïath hâ-àrets ou-le-col Et à tout animalde la terre et à tout ôph hasch-schâmaim ou-le-col rômess volatile de les cieux et à tout reptile : . d AL tS , tone =: es : al hâ-ârets ascher bô nèphesch khaïah 4. «Fa . ARS ur da temée, qui enhi amede ,, animal. [68 reptiles de la terre ayant en eux la vie ani- male , toute la verdure de l'herbe pour nour- riture. Et il en fut ainsi. eth-col yèree esseb le-okelah va-yehi toute verdure de herbe pour nourriture et fut ken ainsi 31. Et Dieu vit tout 34. va-yare élohim eth-col ascher ässah x es ce qu'il avait fait; et Et vit dieux tout que il a fait COSMOGONIE MOSAÏQUE. ve-hinneh tôb meod va-yehi boker et voicl bon extrêmement et fut soir va-yehi boker yôm hasch-schischschi et fut matin jour le sixième I. 1. va-yekullou hasch-schämaim ve-hà- Et furent finis les cieux et la ârets ve-col tsebà-äâm terre et toute armée leur 2. va-yekal élohim ba-yôm hasch schbii Et finit dieux dansle jour le septième melacth -ô ascher ässà va-yischboth ouvrage sien que ilafait et ilse reposa ba-yôm hasch-schbit mi-col melacth- dans le jour le septième de tout ouvrage ô ascher ässà sien que ila fait 3. va-yebärec élohim eth yôm hasch- Et A bénit dieux jour le schbii va-yecaddesch ôthô ki bé septième et il sanctifia lui parce que dans lui schâbbath mi-col melacth- 6 ascher il s'est reposé de;tout ouvrage sien que bârà élohim la-assôth ila créé dieux pour faire 329 voici, cela était très- bon. Et il y eut le soir et il y eut le matin; ce fut le sixième jour. IL. 1. Et les cieux et la terre et toute leur armée furent finis. 2. Et Dieu finit le septième jour son ou- vrage qu'il avait fait; et il se reposa le sep- tième jour de tout son ouvrage qu'il avait fait. 3. Et Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia; parce qu’en ce jour 1l s'était reposé de tout son ouvrage, qu'il avait fait en créant. (Ici se termine la cosmogonie proprement dite. Suit l'histoire de l'homme.) DEUXIÈME SECTION. La terre et l’homme ou période humaïne. 4. elleh thôldôth hasch-schämaim ve-hà- Celles-là générations de les cieux et la ârets be-hibbore - àm be-yôm assoth terre dans ètrecréés eux dans jour faire yehovah élohim èrêts ve-sehämaïm Jéhovah dieux terre et cieux 5, ve-col sciakh hass-ssâdé tèrem yiheïeh Et tout arbuste de la campagne avant que il fut bâ-ârets ve-col esseb hass-ssädé tèrem sur la terre et toute herbe de la campagne avant que 4. Ce sont ici les gé- nérations des cieux et de la terre. A leur création, au jour que Jéhovah-Dieu fit la terre et les cieux, ettous les arbustes de la campagne, avant qu'il y en eût sur la terre ; 5. et toutes les her- bes de la campagne, avantqu'ilenéûtgermé, 330 PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. yitsmäkh ki 1ô hametir yehovah élohim | — car Jéhovah - Dieu elle germa car non il a fait pleuvoir Jéhovah dieux n'avait pas fait pleuvoir al hà-ârets ve-ädäm ain la-abod eth hà- | sur Ja terre, et il n'y sur la terre ethomme aucun pour cultiver le ” e adétäh avait pas d'homme pour sol cultiver la terre. — al etat ps cn unes 6. ve-ed yaaleh min hâ-ârets ve-hischcah | 6. les vapeurs mon- Et vapeur montà de la pire et aabreuvé |{érent de la terre et ar- eth col pené hä-adämah rosèrent toute la sur- toute face de le sol face du sol. NOTE SUR QUELQUES EMPREINTES VÉGÉTALES DES TERRAINS SUPÉRIEURS DE LA TOSCANE. Par M' €.-Tr. Gaudin. (Séance du 1° juillet 1857.) Un séjour de quelques mois à Florence m'a permis d'étudier les feuilles fossiles de plusieurs gisements intéressants de la Toscane”. Voici les résultats de cet examen : TERRAINS PLIOCÈNES. 1. — Gisement de Montajone. Montajone est situé dans la vallée de l'Era, qui se jette dans l’Arno, à Pontedera. Ge dépôt littoral fait partie du système des sables jaunes pliocènes. Son âge est caractérisé de la manière la plus positive par un bon nombre de fossiles marins qui s’y rencontrent. Une partie des empreintes végétales recueillies dans cette localité appartien- nent au Musée de Pise et m'ont été libéralement confiées par M. le professeur Meneghini; le plus grand nombre a été rassemblé pendant mon séjour à Florence par M. le marquis C. Strozzi, bien connu par ses recherches sur les terrains des environs de Florence. Voici les espèces dont la détermination peut être considérée comme assurée et dont la plupart se retrouvent dans les localités pliocènes de Gleichenberg, de Schossnitz et à OEningen. Elles semblent con- firmer l’idée que cette dernière localité appartient à la même époque. Ce sont : * Toutes ces plantes ont été dessinées et formeront, avec une douzaine de planches, le sujet d’un mémoire que je me propose de présenter à la Société helvétique des sciences naturelles, et qui, je l'espère, sera publié dans ses mémoires, PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 391 Liquidambar europœæum, À. Br. . . (OEningen. Schossn. Gi. Salix integra, G@pp. . . . . . id. Populus balsamoïides, var. exim. Gœpp. id. id. » leucophylla, Ung. . . . . Gleichenberg. Platanus aceroides, Gæp. var. cuneifolia id. Schossnitz. . Alnus Kefersteini, Ung. s Carpinus pyramidalis, Gæp. avec fruit Schrotzhurg. id. Quercus serræfolia, Gæpp. . . . . id. Zizyphus tiliæwfolius, Ung. . . . . OEningen. Juglans acuminata, À. Br.. . . . OEningen. id. Juglans Bilinica, Ung. Ulmus minuta, Gæpp. . - . . . id. id. ESPÈCES NOUVELLES. Quercus Parlatorü, m., coll. Strozzi. Feuille d'environ dix centimètres et trois fois plus longue que large, à dix nervures montant à angle aigu de 30°; dentée assez profondément , dents plutôt recourbées en avant. Oreodaphne Heerii, m., coll. Strozzi. Fig. 8. Feuille probablement coriace, entière, atténuée à la base, ovale ou elliptique; nervures secondaires inférieures rapprochées ou oppo- sées, courbées en avant et se rapprochant du bord en avançant vers le haut de la feuille. Elles portent à l’aisselle, sur la face inférieure, un enfoncement très marqué et une verrue sur la face supérieure. Ce signe caractéristique se retrouve souvent à l’aisseHle de la se- conde paire des nervures secondaires. Les nervures tertiaires arquées partent de la paire inférieure des nervures secondaires et s’anasto- mosent chacune à celle qui lui est supérieure et à peu de distance du bord. Le tissu n’a pas laissé d’empreinte. On voit que cette remarquable espèce correspond entièrement à l'Oreodaphne fœtens, Aït., de Madère et des Canaries qui s’élève dans ces iles à une hauteur de 60 à 100 pieds. Elle s’est trouvée fossile dans les dépôts diluviens de Madère”; c’est done une espèce déjà ancienne dans le monde végétal et sa présence en Italie confirme d’une manière remarquable les idées de M. Heer sur l'union de l'Eu- rope et de l'Amérique par le moyen du continent de l’Atlantide ”. Elle fournit aussi une donnée intéressante sur le climat de l'Italie à l'épo- que pliocène, car l'Oreodaphne fœtens, Ait., prospère sous une tem- pérature moyenne de 21° et ne peut supporter le climat de Florence ne une température moyenne de 15°3 et une moyenne d'hiver e 6°8. * Die fossilen Pflanzen von S' George in Madeira, von D’ Osw. Heer, Mém. de la Soc. helv. des sciences natur., t. XV. “* Bulletin de la Société vaudoise, n° 59 : Lettre de M. le prof. Heer à Sir Charles Lyell. 332 PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. Dryandroïides tusca, m., coll. Strozzi. Fig. 9. Feuille coriace, entière , allongée , large de huit millimètres, ner- vure moyenne forte, nervures secondaires rapprochées, formant avec celle-ci un angle presque droit, parallèles entr’elles, camp- todromes , recourbées en are et séparées chaque fois par une ner- vure plus fine qui aboutit au milieu de l'arc. Hedera Strozzii, m., coll. Strozzi. Feuille entière, longue de 7 centimètres et large de 6 ‘},, gros- sièrement cordiforme, à peine lobée, à cinq nervures principales, qui se ramifient et s’anastomosent entr’elles de manière à former des espaces polygones plus ou moins allongés; se rapproche beaucoup du Hedera helix, L. 2. — Gisement de Sienne. Les échantillons recueillis dans cette localité appartiennent à M. le marquis Strozzi. Le Musée de Pise possède un cône de pin de cette localité. Il présente quelque analogie de forme avec le P. pinea, mais a élé trop roulé pour permettre une bonne détermination. Glyptostrobus europœus, Brongn., avec fruits. Carpinus pyramidalis, Gœpp. Quercus drymeia, Ung. Ficus tiliæfolia, À. Br. Toutes ces espèces se retrouvent à OEningen. 3. — Gisement du Val d’Arno supérieur. Cette localité, célèbre par le grand nombre d’ossements qui y ont été recueillis, a fourni à M. le marquis Strozzi un certain nombre de belles empreintes prises dans une marne sablonneuse et quelques fruits. Parmi les espèces déjà connues on peut citer les suivantes : Glyptostrobus europœus, Brongn., avec fruit. Salix media, H. Ulmus Bronnii, (?) fruit. Fagus Deucalionis, Ung. Quercus Gmelini, À. Br. Platanus aceroides, Gæpp. Juglans nux taurinensis, Brongn. Mém. du musée d’hist. natur., vol. VIL, pl. 17, fig. 6. ESPÈCES NOUVELLES. Juglans Strozziana, m. Feuille composée, à folioles ovales lancéolées, atténuées à la base qui parait inégale dans les folioles latérales. Nervure principale forte PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 333 et saillante, courbée dans les folioles latérales ; nervures secondaires formant un angle assez ouvert, arquées; en se réunissant chacune à la nervure supérieure, au moyen des nervures tertiaires, elles forment des mailles qui diminuent graduellement de grosseur. Cette espèce est voisine du Juglans acuminata, À. Br., mais les folioles sont plus étroites à la base et atteignent leur plus grande largeur au milieu ou un peu au-dessus. Les nervures latérales sont plus courbées en avant. Pinus uncinoïdes, m. Cône long de 52 millim., large de 30; écailles munies de crochets gros, saillants, recourbés en arrière comme dans le Pinus uncinata, Loud. (rotundata, Link.), qui n’est du reste qu’une variété du Pin sylvéstre. TERRAIN DILUVIEN. 1. — Travertins de Massa-Marittima. Les travertins de Massa-Marittima forment sur les deux versants de la colline à laquelle s'appuie la ville de Massa des revêtements dont je n'ai pu apprécier ni l'étendue ni l'épaisseur d’une manière satisfaisante, Un brouillard épais, mêlé de torrents de pluie, recou- vrait tous les environs. Je sais seulement qu’au bas de la colline, une carrière ouverte dans des bancs de plusieurs mètres d'épaisseur, renfermait une grande quantité de feuilles de plantes monocotylé- dones. Après une ascension d'environ dix minutes, je suis arrivé sur une croupe entièrement formée d’un travertin très compacte et que lon exploite comme pierre de taille. Il parait que cette forma- tion s'étend à une distance encore plus considérable, car c’est près des mines de cuivre, à environ une lieue de la ville, qu'ont été extraits les blocs dans lesquels j'ai recueilli des empreintes bien nettes et qui ne sont pas sans importance pour la détermination de l'époque à laquelle se sont formés ces dépôts. Les travertins ont été regardés jusqu'à ce jour comme d’origine récente et le produit de sources calcarifères analogues à celles qui coulent encore près de Pise et dans plusieurs localités de l'Italie. Les blocs que j'ai examinés et que je dois à l’obligeance de M. La- pini, qui a bien voulu les faire exploiter pour moi, étaient formés par un amas de feuilles superposées ou plus ou moins roulées, prises dans un calcaire blanc, parfois très compacte. Les cavités que les feuilles laissaient entr’elles étaient souvent remplies par un sel marin parfaitement blanc et qui montre qu'une bonne partie au moins de ces travertins doit son origine à des sources salées. Quant à l'époque à laquelle il faut rattacher la formation de ces dépôts, je crois pouvoir, grâce aux belles empreintes végétales qu'ils renferment, mais surtout au concours toujours bienveillant de mon honorable ami, M. le professeur Heer , les rapprocher de formations analogues et dont les fossiles sont parfaitement connus. 334 PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. En effet, parmi les espèces recueillies et dont je donne eï-joint la diagnose, il en est qui méritent une attention toute particulière. Je citerai en premier lieu un Erable qui m'a frappé par sa ressemblance avec l’Acer Pseudoplatanus, L., bien que les petites dents qui en- tourent la feuille soient un peu moins nombreuses que dans l'espèce vivante. Le fruit est aussi un peu plus gros; mais M. Heer qui à confirmé ma détermination ne trouve pas ces petites différences sul- fisantes pour séparer cette espèce de l'A‘er Pseudoplatanus, L. A cet Erable encore vivant en Toscane, il faut joindre de très- belles feuilles d’un Chêne qui, pour la forme, présente beaucoup de rapports avec le Quercus conglomerata Willd, de la Calabre (her- bier de Charpentier). L'espèce fossile (Q. Meneghinii, m.) se distin- gue cependant par ses divisions plus profondes et plus souvent lobées. Les feuilles que j'ai recueillies ont 10, 13 et 16 centimètres de long. Une communication de M. Heer m’annonce qu’on a recueilli dans les tufs diluviens de Canstadt, près Stuttgart, des feuilles d’Acer pseudoplatanus et d’un Chêne qui, pour autant que les fragments recueillis permettent une détermination, appartiennent à la même espèce que les feuilles de Massa. Les feuilles du Q. Meneghinii, m. s’y trouvent accompagnées de glands à cupule courte et formée d’écailles appliquées (angepresst) comme dans les Q. pedunculata , pubescens, et les espèces voisines. Mais la grandeur des glands et des feuilles séparent cette espèce diluvienne du groupe du Quercus Ro- bur, L., auquel appartiennent les espèces que je viens de nommer. Les tufs de Canstadt contiennent avec les feuilles des ossements d'Elephas primigenius et des Helix diluviennes qui ont fixé avec précision le moment de leur formation et en font un dépôt diluvien. Îl est done permis de placer aussi à l’époque diluvienne le dépôt de Massa qui contient les deux espèces de plantes recueillies à Can- stadt et, comme ce dernier gisement, des espèces vivantes mêlées à des espèces perdues. Les deux espèces dont je viens de parler étaient accompagnées des suivantes qui ne se trouvent plus en Europe. La Callitris Saviana, m., dont j'ai recueilli plusieurs échantillons parfaitement nets, des rameaux d'une certaine épaisseur et un fruit, diffère de la Callitris quadrivalvis par ses articulations plus élargies ; la feuille du milieu est plus rétrécie à la base et plus élargie à sa partie supérieure. Elle est très voisine de la C. Bron- gniarti (Thuites Callitrina, Ung.), les articulations sont cependant plus courtes et plus nettement séparées. M. Unger (Chloris., pl. 3) représente des formes qui ont aussi des articulations courtes, mais elles ne sont pas aussi arrondies que celles de Massa. Un fruit en apparence à quatre valves et qui se trouve accompagné de fragments de rameaux appartient à cette espèce et la sépare nettement des deux précédentes. Le genre Callitris, comme on sait, appartient à la zône méditer ranéenne , mais la C. quadrivalvis qui en est le représentant ne se trouve que dans l'Atlas. ns: PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 339 Les travertins renferment un grand nombre de feuilles qui ont beaucoup de rapport avec celles de la Pavia macrostachya , Mx. A côté de feuilles qui vont en se rétrécissant du côté du pétiole, il s’en trouve dont la base est arrondie comme cela a lieu dans la Pavia macrostachya. La nervation et les dentelures sont très semblables dans les deux espèces. La seule différence qui puisse faire hésiter quelque peu se trouve dans les fines mailles du filet qui sont plus grandes dans la feuille de Massa; les veines qui les forment sont plus fortes. Si les travertins de Massa appartiennent réellement à l'époque diluvienne , ce serait un fait nouveau et surprenant que la présence à une époque aussi rapprochée de nous d'une espèce décidément américaine, car bien que le genre Callitris n’appartienne plus à l'Eu- rope, il n’en fait pas moins partie de la zône méditerranéenne, puis- qu'on le trouve dans l'Atlas. Il sera donc utile de chercher de nou- veaux éléments propres à assurer définitivement la détermination de cette Pavia. J'espère que les géologues toscans exploiteront le filon commencé et que des fleurs ou des fruits montreront s’il faut ne voir dans la Pavia Ungeri, m., et la P. macrostachya qu'une seule et même espèce. Si cette dernière supposition se confirmait, il faudrait admettre ce fait exceptionnel que certaines espèces américaines ou leurs germes ont persisté en Europe après l'époque pliocène, après la disparition de l’Atlantide (si l’on admet les idées si plausibles de M. le professeur Heer), et en dépit des modifications de climat qui ont amené la destruction de toutes les autres espèces américaines re- cueillies jusqu’à ce jour des deux côtés des Alpes. Diagnose des espèces de Massa. 1° Cyperites Anconianus, m. Feuille coupée par un sillon longitudinal, de chaque côté du sillon quatre nervures longitudinales distinctes ; les espaces que ces ner- vures laissent entr’elles sont occupés tantôt par six, tantôt par trois nervures intermédiaires très délicates. Elles deviennent, par places, presque aussi fortes que les nervures longitudinales. Ces feuilles, larges de 2 centimètres environ, sont accompagnées de fragments de tiges. Si ces fragments se rapportent à la même espèce, cette dernière aurait eu une tige épaisse et trois côtes très prononcées. 2° Callitris Saviana, m. Fig. 2-5. Rameaux articulés, alternes. Feuilles petites, en écailles appli- quées à la tige, au nombre de quatre pour chaque verticille. La foliole du milieu est étroite à la base, élargie à la partie supérieure. Fruit long de 44 millimètres, à quatre valves larges de trois milli- mètres seulement et un peu rétrécies à leur point d'attache. 336 PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 3° Quercus Meneghinii, m. Fig. 13. Feuilles de 10 à 16 centimètres, pmnatipartites, doublement lobées, lobes arrondis, obtus au sommet. Les lobes latéraux sont plus étroits et plus profondément lobés que dans le Q. conglomerata Wild. Fruit? (tufs diluviens de Canstadt) de près de 3 centimètres de long sur 16 millimètres de large plus gros que ceux des Q. pedunculata et sessiliflora, à cupule formée d’écailles appliquées et obtuses. 4° Acer pseudoplatanus, L. Fig. 6, 7. Feuille à sept nervures principales, fortement échancrée à sa base, à cinq lobes. Échancrures qui séparent les lobes à angle aigu, dents distantes, assez obtuses, moinsnombreuses que dans l'espèce vivante; nervation double : rejoignant le bord dans les dents et dans les échanerures plus grosses, en are dans les petites. Fruit de la même forme , un peu plus gros et nervation légèrement différente. Fréquent dans les travertins de Massa et les tufs diluviens de Canstadt. 5° Pavia Ungeri, m. Fig. 10-12. Feuille supportée par un long petiole muni d’une arête, probable- ment digitée, le plus souvent à cinq folioles membraneuses, acumi- nées, courtement petiolées ; dentelure fine et plutôt obtuse; ner- vures secondaires en arc et s’anastomosant chacune à sa supérieure; elles forment avec la nervure principale un argle de 60° environ. Tissu formé de mailles polygonales assez lâches. On peut distinguer plusieurs formes dans les folioles : 1° Foliole centrale, plus rare que les autres formes, obovale, acu- minée, fortement atténuée en coin du côté du pétiole, base égale. 2° Folioles latérales : obovales, allongées, acuminées, à base légèrement inégale du côté de la foliole centrale. 3° Folioles extérieures : plus petites, allongées, acuminées , re- courbées, à base souvent fortement inégale du côté de la foliole centrale ; le limbe est quelquefois de 3 à # millimètres plus court de ee côté. À ces cinq espèces, il s’en ajoutera probablement une sixième qui, pour la forme et la nervation se rapproche du Celastrusilucidus, mais plus grande. Il faut renvoyer à un autre moment une*descrip- tion de cette espèce encore mal connue. Les travertins de Massa m'ont encore fourni une larve de libellule, les débris mal conservés d’un crustacé et une glume de graminée. 2. — Gisement de Poggio-Montone. . Ce dépôt, situé à peu de distance de Massa-Marittima, semble être de la même époque que les travertins. Outre des ossements de poissons, les sables jaunes qui le composent renferment des em- PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 337 preintes de feuilles. Des deux feuilles que j'ai sous les yeux, l’une semble pouvoir se rattacher au Quercus Meneghinii, m., bien qu'elle ne soit pas doublement lobée et qu’elle se rapproche davantage du ©. Robur, L. Une des feuilles des travertins ne présente qu'une seule division lobée près du pétiole, le reste de la feuille est sim- plement lobé. Elle peut donc être une transition entre la forme pin- pati-partite ct la feuille de Poggio-Montone. L'autre feuille peut se comparer assez bien pour la forme et la nervation aux folioles intermédiaires de la Pavia Ungeri, m. Les dentelures sont peut-être un peu plus aiguës. TERRAINS ENCORE DOUTEUX. 1. — Gisement d’Alceto. Ce terrain qui, d’après l’ouvrage de M. le professeur Santi, de l'Université de Pise, doit appartenir au pliocène, a fourni au savant que viens de nommer le moule extérieur d’un cône magnifique et presque entier. Il est cylindrique, long de 14 centimètres et a 7 ‘/, centimètres de largeur ; le nombre des écailles est de 154, les trois ordres de spires les plus apparents au nombre de 43, 8 et 5, et sa fraction ‘/,,. Chaque écaille forme une espèce de parallèlogramme, et si l’on joint par une perpendiculaire les deux angles opposés, on aura à gauche un côté supérieur en forme d’accolade et qui à peu près à son milieu correspondra à l'intervalle de deux écailles de la rangée supérieure. La branche gauche de l’accolade est plus grande que la branche droite. Au-dessous, du même côté de la perpendieu- laire, on aura un côté légèrement concave. Fig. 1. La partie située à droite de la perpendiculaire présentera un côté supérieur légèrement convexe et au-dessous un côté inférieur en forme d’accolade. L’angle de l’accolade correspondra à la jointure de deux écailles de la rangée inférieure, mais de manière à ce que la branche de droite soit la plus longue. Ce n’est donc pas le P. pinea, L. Le cône du Pinus Santiana , m., quoique du reste parfaitement conservé présente cette curieuse conformation , c’est qu'aucune de ses écailles ne porte la moindre trace d'Umbo et qu’elles sont toutes en forme de voûte applatie. Ce cône diffère done de tous les autres cônes de pins. Au dire de M. Warscewiez, connu par ses belles découvertes dans l'Amérique du Sud, il se rapprocherait des fruits de Zamias par les caractères que je viens d'indiquer, par le peu d'obliquité des spirales et par l’enfoncement qu’on remarque au point d'attache. Il ne m'a pas été possible de me procurer encore des fruits de Zamias et de voir s’il existe des espèces qui possèdent un cône aussi allongé que celui-ci. En général, on représente les fruits de Zamias sous la forme d’un çône presque entièrement cylindrique et assez court. 338 PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 2. — Gisement du Val di Magra. Dépôt d’eau douce, peu distinctement stratifié, quoique d'une grande épaisseur; on n'y a rencontré que des Cyclostoma, des Helix et dans quelques endroits des ossements de Cerf et de Cochon. Le tout est recouvert par un grand amas de cailloux. Ce dépôt occupe dans la partie supérieure du Val di Magra une grande extension, bien qu'il soit réduit à des lambeaux séparés par le cours des eaux. M. Meneghini le regarde comme probablement contemporain des formations marines pliocènes. M. Scarabelli, d'Imola, y a recueilli quelques empreintes de feuilles, mais je ne sais à quelles espèces il les rapporte. Les échan- tillons que M. Meneghini a eu la bonté de me communiquer renfer- maient une pennule d’'Osmunda assez semblable à l'Osmunda Heerü, m., de Rivaz (Voyez Bulletin de la Société vaudoise, n° 39), et un certain nombre de rameaux de Glyptostrabus europœus, Brongn., avec fleurs. 3. — Gisement du revers septentrional de l’Apennin. La position exacte de ce gisement bien probablement pliocène ne m'est pas connue. Le Musée de Pise possède de cette localité une belle empreinte de Fagus dentata, Gœpp. Ung. La base est un peu plus étroite. 4, — (Gisement de Monte-Fiascone. Ulmus Cocchii, m. (Musée de Pise). Feuille bien conservée, prise dans un tuf volcanique des environs de Monte-Fiascone. Cet Ormeau diffère des espèces tertiaires décrites jusqu'à ce jour. Il se rapproche de l’'Ulmus fuloa, Mx., de l'Amérique du Nord, et diffère des espèces d'Europe par ses nervures plus nombreuses et plus serrées. Feuille ovale, à base très inégale, doublement dentée, nervures nombreuses (plus de 13), formant avec la nervure principale un angle aigu de 35 à 40° environ. Elles sont à un peu plus de 5 millimètres les unes des autres. 5. — Travertin des Abbruzes. Le Musée de Pise possède le moule extérieur de deux petits cônes juxtaposés et pris dans un travertin très-dur. Ces deux cônes sont accompagnés d'aiguilles de pin réunies deux à deux et présentant beaucoup d’analogie avec le Pinus sylvestris, L. La localité n'étant pas déterminée d’une manière exacte, je signale seulement la pré sence de ces cènes sans pouvoir dire s'ils appartiennent à l’époque actuelle, au diluvien ou au pliocène. Les géologues toseans exami- neront sans doute la chose de plus près. s T 8 Oreodaphne Heerit. 1 Dryandroides wisca. 10.112 Pavia 234.5. Caliuis Daviani 6 7, Acer pseudoplatanns L {. Pinus Santana. & {méeri 13. Quercus Meneéhnu PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 339 CONCLUSIONS. 1° La flore des localités incontestablement pliocènes de Montajone, du Val d’Arno supérieur et de Sienne concorde avec celle de Gleichen- berg, de Schossnitz et d'OEningen. 2° Certains végétaux de la flore actuelle paraissent remonter au travers du Diluvium jusqu'à l'époque pliocène. 3° Les travertins de Massa-Marittima ont été déposés en partie par des sources salées. ls renferment des ceNres étrangers à l'Europe, mélés à des genres encore existants dans la flore actuelle de cette partie du monde. Parmi les espèces, les unes ont cessé d'exister , tandis que d'au- tres vivent encore de nos jours. Sur les quatre espèces qui ont pu étre déterminées, deux se sont retrouvées dans les tufs diluviens de Cannstadt près de Stuttgart, avec des Helix diluviennes et les ossements de l'Elephas primigenius. On peut donc envisager les travertins de Massa-Marittima comme appartenant à l'époque diluvienne. EXPLICATION DE LA PLANCHEe Fig. 1. Contour des écailles du Pinus Santiana. m. d'Alceto. » 2et 3. Callitris Saviana. m. de Massa-Marittima. » 4. Moule en creux de la Callitris Saviana. m. » 5. Moule en relief de la même en gutta percha. 6. Acer pseudoplatanus. L. de Massa, reconstruit par M le prof® Hecr d’après plusieurs bons fragments. 7. Fruit du même. » 8. Oreodaphne Hecrii. m. de Montajone. » 9. Dryandroiïides tusca. m. de Montajone. » A0. Pavia Ungeri. m. de Massa, foliole centrale. » A1. La même, foliole intermédiaire. » 12. La même, foliole extérieure. » 15. Quercus Meneghinii. m. de Massa-Marittima. 340 VERS INTESTINAUX DU OUISTITI. SUR DES VERS INTESTINAUX DU OUÏSTITI. Par M le docteur Ch. Marcel. (Séance du 1‘ juillet 1857.) Un ouiïstiti mâle apporté , l’an dernier, du Brésil par M° Blanchet souffrait ce printemps, depuis quelques jours, de catarrhe intestinal, lorsqu'on remarqua dans ses déjections de petits vers, qui furent recueillis et que M" Blanchet eut l’obligeance de me confier. Ils ne se rapportent à aucun des genres décrits dans les dernières publica- tions américaines sur ce sujet et dans l'ouvrage de M Em. Blanchard. Je me contenterai donc de les décrire, laissant à des observateurs mieux placés le soin de leur assigner une place dans l’ordre des né- matodes, auquel ils appartiennent. Les huit individus recueillis sont de dimensions et de volumes divers, mesurant de 5 à 10 lignes de longueur, et ‘/,, à /,, de ligne d'épaisseur. La forme générale du corps est cylindrique, fort allon- ée; il est recoquevillé en sens inverses aux deux extrémités. La plupart sont blancs à l'œil nu, et quelques-uns montrent dans leur longueur un léger filet rouge dans l’intérieur du corps. L'extrémité antérieure, beaucoup plus volumineuse que la postérieure, est seu- lement un peu plus mince que le corps, et se termine assez abrupte- ment par une surface plane, qui porte quatre petits points saillants disposés à égales distances au bord de cette plaque. Au milieu doit exister une ouverture buccale capillaire, car sur un individu j'ai vu s’écouler un liquide grumeleux en filet fort délié. La disposition an- nelée du derme commence fort indistincte, immédiatement derrière ces petits points, et se continue jusque derrière l'anus. Quelques individus, sans distinction de sexe, m'ont montré à l'extrémité an- térieure, sur une longueur d’une ligne à partir de la tête, un ren- flement membraneux transparent, constitué par le derme, allant en s’élargissant en arrière, pour cesser brusquement à hauteur de la fin de l’œæsophage, disposition qui existe chez deux Ascaris connus : l’As- caris alata de Bellingham observé une fois en Irlande, sur l'homme, et chez l’Ascaris mystax, du chat, avec cette différence que cette sorte d'expansion est dans l'A. mystax plus large en avant qu'en arrière, tandis que l'A. alata la porte plus large en arrière qu’en avant. Les anneaux du derme sont du reste excessivement déliés et à peine indiqués chez les plus petits exemplaires, plus marqués et ondulés chez les sujets plus grands. Les anneaux les plus larges, c’est-à-dire ceux du milieu du corps sont eux-mêmes çà et là seg- mentés. La forme du corps proprement dit se rapproche beaucoup du cylindre, cependant la lumière se reflète sur lui de façon à faire ad- mettre l'existence de facettes, dans sa longueur. VERS INTESTINAUX DU OUÏSTITI. 341 Le corps s’amineit vers l'ouverture anale, derrière laquelle la queue s’en va diminuant rapidement pour se terminer par une pointe transparente, excessivement aigüe, sans texture musculeuse , ni anneaux appréciables à l'œil nu. Tandis que la face dorsale et les côtés de la queue reproduisent purement et simplement la structure annelée du corps, la face inférieure montre, derrière l'ouverture anale, une succession de tubereules triangulaires, comme des rudi- ments d’appendices locomoteurs, disposés par paires, faisant saillie de chaque côté en bas et en dehors, et dans lesquels les fibres mus- eulaires circulaires prennent une direction particulière convergeante vers le sommet de chacun de ces tubercules. Le sommet en est dirigé en arrière, et ces indices d’appendices contractiles vont en se rape- tissant d'avant en arrière. Sous la couche musculaire cireulaire, sont placés les plans mus- culeux longitudinaux , très-reconnaissables et circonscrivant la cavité viscérale, qui apparaît opaque et brun rougeàtre. L’extrême ténuité de ces animaux rend toute dissection difficile ; on ne peut que surprendre quelques détails d'organisation; mais grâce à la demi-transparence des enveloppes générales et à la forte coloration brune des viscères, on peut se rendre compte d’une ma- nière encore assez satisfaisante des organes contenus dans la cavité générale. A la bouche succède un æsophage capillaire, rectiligne, qui se continue par un renflement nettement accusé, l'estomac, puis par le tube intestinal sinueux, qui parcourt toute la longueur du corps, s'élargit petit à petit, pour s’amincir vers l'extrémité postérieure. J'ai pu isoler une anse d'intestin, et l’ai trouvée composée comme d'ordinaire d’une couche extérieure , située longitudimalement, et d'une couche intérieure indistinetement celluleuse. Le contenu de l'intestin était constitué, à cet endroit (demi-longueur du corps), exclusivenient par des gouttelettes huileuses, colorées en jaune bru- nâtre et par du grenu moléculaire. Un spicule principal, cylindrique, assez long, et creusé d’une rainure sur toute sa longueur, sort de l'ouverture anale de plusieurs individus. Il y à aussi un spicule accessoire plus court et plus épais. Les ovaires remontent très-haut dans le corps, jusqu’à l'estomac, et occupent aussi tout l’espace libre de la cavité viscérale, au com- mencement de la portion caudale de l'animal. Ils sont doubles, se réunissent un peu en arrière au milieu du corps, avant de s'ouvrir au dehors par une fente bordée de deux lèvres, à la face inférieure. Ils sont remplis d'œufs à divers moments de leur évolution, œufs non symétriques, allongés, plus convexes d’un côté que de l’autre, et composés de deux éléments, un noyau opaque excentrique, et une vésieule enveloppante transparente. Ils ont ‘/,, de ligne de long sur ‘100 de large. 342 ANTHRACOTHERIUM MAGNUM. NOUVEAUX DÉBRIS D'ANTHRACOTHERIUM MAGNUM, » RECUEILLIS DANS LES LIGNITES DES ENVIRONS DE LAUSANNE. Par M° Ph. Delaharpe, docteur. (Séances du 6 mai et 17 juin 1857.) Au mois de novembre 1854! je présentai à la Société une notice sur les dents et les ossements d'Anthracotherium magnum, Cuv., découverts cette même année dans les lignites de Rochette. Depuis lors presque trois années s’écoulèrent sans que de nouveaux débris de cet animal vinssent frapper les yeux des ouvriers. Enfin au mois d'avril dernier on arriva sur les traces d’un nouveau squelette, puis peu de semaines après d'un second, et puis encore d'un troisième. Par le concours bienveillant de M' le prof. Gay, vice-président de la Commission des musées, l'Etat m’autorisa à faire l’acquisition de toutes les nouvelles pièces pour le musée cantonal. Gräces au soin que les ouvriers mirent à recueillir jasqu'aux moindres fragments , il me fut possible de reconstruire les plus belles pièces que la science possède du squelette de l’Anthracotherium magnum. Jusqu'à au- jourd’hui (47 juin), nous avons recueilli six mâchoires et un grand nombre d’os du tronc et des membres. Les débris d'Anthracotherium qui ont fait le sujet de ma premiére notice provenaient de la couche inférieure des lignites (petit filon des ouvriers) et se trouvaient empâtés dans le charbon lui-même. Ceux-ei proviennent de la couche supérieure (gros filon) ; ils étaient pris dans la marne durcie, passant souvent au calcaire bitumineux , qui est immédiatement recouverte par le charbon. CA Au moment de mettre sous presse (15 septembre) on vient de dé- couvrir un quatrième squelette, dans l'épaisseur du charbon de la couche inférieure. Cette nouvelle trouvaille nous fera connaître plu- sieurs points encore ignorés de l'ostéologie de l'Anthracotherium , car nous aurons de cet individu, une fois extraits de la gaugne, un plus grand nombre d'os des membres que nous n’en avions de tous les précédents. Nous y trouverons, peut-être au complet, une partie fort importante de l'animal, savoir les pieds, dont on ne connaissait le squelette que par des déductions anatomiques. Afin de ne pas séparer en deux portions les données ostéogra- phiques que nous pouvons retirer des quatre individus dont nous possédons actuellement les nombreux débris, je préfère renvoyer la publication du travail présenté dans les séances du 6 mai et 17 juin, jusqu’au moment où j'aurai pu étudier en détail le produit des dernières découvertes. 1 Bulletin, tome IV, p. 195. nn | — TABLE DES MATIÈRES DU PRÉSENT NUMÉRO. PRODÉS-VRRBAUX: et Malo is à ee Lie MEMOIRESs. Sur les cyanures argentico-alcalins, par M. S. Baup Renversements des terrains stratifiés du Jura, par M. Jaccard Sur deux hémiptères nouveaux, par M. Forel Atlas d’Aurochs à Moosseedorf , par M. F. Troyon . Sur les Violu des environs de Lausanne , par M. E. Rambert Fossiles d’eau douce inférieurs au crétacé, par M. E. Renevier. Sur le bohnerz du canton de Schaffhouse , par M. F. Fol. Analyse d’uu minerai de cuivre, par M. FE. Fol . Sur les images stéréoscopiques, sans instrument, par M. L. Dufour Bassin hydrographique du Pô, par M. Zollikofer Notice sur l’hespéridine, par M. Bischoff . ste Dégraissage des lépidoptères, par M. J. Delaharpe . . Mines d’acide borique de Monte-Cerboli, etc., par M. C. Gaudin Sur le cône de déjection du Boiron, par M. Morlot. . . . Observations sur la chlorophylle, par M. Schnetzler . . . . Sur les fonctions du système nerveux des insectes, par M. Yersin . Les dunes de sable de Saxon en Valais, par M. Morlot. . . . Défense d’éléphant fossile , de Morges, par M. Ph. Delaharpe Sur la source thermale de Lavey, par M. J. Delaharpe Sur les résidus de la distillation du bois, par M. F. Fol Sur le vaisseau dorsal des orthoptères, par M. Yersin. Cosmogonie mosaïque, par M. H. Berthoud . . . . . . Empreintes végétales de la Toscane , par M. C. Gaudin Vers intestinaux du Ouïstiti, par M. Marcel . . . . —- Débris d’Anthracotherium magnum, par M. Ph. Déni : Le BULLETIN n’est adressé qu'aux membres qui ont acquitté leur contribution annuelle. Pour les personnes étrangères à la Société, le Prix d'abonnement äu Bulletin est fixé à 5 fr. par année, payables d'avance. On s’abonne chez F. Blanchard, impr.-libraire , "* à Lausanne. u CR SERS 2 ——— SÉANCES de la Société vaudoise des sciences naturelles 1857-1858. 1853. Novemb. 4, particulière. | 4858. Mars 3, particulière. » » 18 , générale. » » A7 , id. » Décemb. 9, particulière, » Avril 74 id. » » 6, id. » » 21 , générale. » Mai 5, particulière. 4858. Janvier 6, id. » » 49, id. » » 20, id. » Juin 2, id. » Février 5, id. » » 16 , annuelle. » » 17, générale. » Suillet 7, particulière. Les séances ont lieu à 7 heures du soir , à l’hôtel de ville, salle de la justice de paix. Les auteurs sont responsables des opinions qu’ils émettent. = rec YF D 2 —————— — ERRATUM. Le prix de l’herbier annoncé sur la couverture du dernier numéro du Bulletin est de 325 francs et non 250 francs, avec les presses et boîtes à botaniser. BULLETIN DE LA SOCIÊTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES. = — TOME V. — BULLETIN N° 492. | PRIX : 2 fr. 20 c. LAUSANNE. s- IMPRIMERIE DE F. BLANCHARD. Mars | 1858. Lg or. MERE. Bureau de la Société pour 1858 : MM. Ph. DE za Harpe, D°, président. C. Marcez, D’, vice-président. J. DE ra Harpe, secrétaire. H. Biscnorr, caissier.. V. CÉRÉSOLE , archiviste. TR ———— AVIS. M. E. Renevier, de Lausanne, offre à vendre une collection de minéraux, de 700 échantillons environ, parmi lesquels quelques-uns ont de la valeur. Tome Y. N° 42. SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES. — 056 08——— PROCÈS-VERBAUX. Séance du 4 novembre 1857. — M. E. Aunant, présenté par M. L. Dufour comme membre ordinaire, est reçu à l'unanimité. M. Bie- ler, vétérinaire à Rolle, présenté par MM. Zollikofer et Gonin, est aussi admis comme membre ordinaire. M. C. Pellis, D’ à Lausanne , annonce qu'il fait de rechef partie de la Société. Sur la proposition de M. Morlot on adressera désormais le bulletin à MM. Leonhardt et Bronn, rédacteurs du journal géologique. La Société des sciences du grand-duché de Nassau, à Wiessbaden, offre d'échanger ses publications avec les nôtres : cet échange est accepté. M. Ph. Delaharpe entretient la Société des différentes espèces de tortues signalées par M. Pictet dans la molasse suisse. (Voir à la séance du 2 décembre suivant.) M. Renevier communique quelques renseignements sur l’état ac- tuel des publications de M. F.-J. Pictet sur la paléontologie suisse. M. L. Dufour présente à la Société des tableaux graphiques sur lesquels il a résumé l'état de l'atmosphère en France et en Suisse du 1°" au 13 octobre 1856, époque d’orages. Ces tableaux avaient été présentés par M. son frère dans la séance du 17 juin écoulé; mais sans les accompagner des explications que donne leur auteur. M. Bessard décrit une petite colline qu'il a observée sur les bords du lac de Neuchâtel, nommée Montbet, près de Chabraiï. Une autre colline du Vully sur laquelle est bâti le temple de Cotterd a une dis- . 54% SÉANCE DU # NOVEMBRE 1857. position analogue. L'une et l’autre ont été ceintes autrefois d'un fossé dont on aperçoit les traces. (Voir les mémoires du volume suivant.) M. Zollikofer observe que ces collines sont très-probablement ce qu'on appelle des Erdburg, espèce de points forüfés par un fossé et une palissade et datant de l’époque sauvage. On en trouve de sem- blables dans l'Amérique du Nord. M. Moratel présente un rameau fleuri de lilas trouvé à Cour et fleuri en plein vent. Ouvrages reçus depuis le 1° juillet passé : 4. De l'académie royale de Belgique : a) Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers, tomes XXVIT et XX VIII, 1855-56. — b) Mémoires de l'académie , t. XXX, 1857. —c) Bulletins , tome XXII, 2° partie; XXII, 1° et 2° parties, 1855-56. — d) Annuaire de 1856 et 1857. 2. De la Société des Ingénieurs civils de Paris: a) Bulletins des A7 avril, 1° mai, 5 juin, 19 juin, 17 juillet, 21 août et 2 octobre, — b) Mémoires, avril à septembre 1857. 3. De la Société des sciences naturelles de la Hesse supérieure, à Giessen : Sixième rapport, juin 1857. k. De l'observatoire royal de Munich: Magnetische Ortsbestim- mungen, 2° partie, 1856. 5. De la Société géologique de France: Bulletins, t. XIIT, fol. 35-36 ; t. XIV, fol. 8 à 18. 6. De la Société minéralogique et zoologique de Regensburg : Correspondenzblatt, 10° année 1856. 7. De la Société d'archéologie et d'histoire naturelle du Som- merset: Proceedings, 1855. 8. De la Société géologique de Londres : Quarterly journal , n°° 48, 49 et 50. 9. De la Rédaction des Wurtembergische wissenschaflliche Jahres- hefte, 13° année, 1°" et 2° cahier. 10. De l'Institution Smithsonnienne de Washington : a) 10° rap- port annuel, 1855. — b) Proceedings de l'académie des sciences de Philadelphie, vol. IT, n°3 et 4, 1856. 11. De la Société Linnéenne de Londres : a) Journal of the pro- ceedings : zoologie, vol. [, n°° 1, 2 et 3; botanique, vol. [, n°1, que — b) Discours annuel, 1856. — c) Liste des membres, pour 12. De l'Institut géologique impérial de Vienne : Jahrbuch, 1856, n”1,2et3. SÉANCE GÉNÉRALE DU 18 NOVEMBRE 1857. 345 13. De la Société des sciences naturelles et médicales de Malines Bulletin, 12° année, p. 105 à 160, 1855. 1%. De l’Académie royale d'Amsterdam: a) Verslagen mededee- lingen , science. nat., vol. V, n° 2et3; vol. VI, n°” 1; 2et 3, 1856-57; Lettres, vol. I, n° 2, 3 et 4. — b) Octaviæ quærela, Carmen. 15. De la Société des sciences naturelles de Thurgovie : Mitthei- lungen, etc., À cahier, 1857. 16. De M. le professeur Delezenne : Tables des logarithmes acous- tiques, Lille, 1857. 17. De M. Ed. Collomb : a) Mémoire sur les glaciers actuels (extrait des annales des mines), Paris, 1857. — b) Géologie du sud-est de l'Espagne, par MM. de Verneuil et Collomb (extrait du bulletin de la Société géologique de France), Paris, 1857. 18. De M. le vicomte d’Archiac: a) Notice sur la vie et les tra- vaux de J. Hayne, 1857. — b) Notice biographique sur Mercier de Boissy. 19. De M. Cantoni, ingénieur à Lugano : Sur les perturbations barométriques des A1 et 19 septembre 1857. 20. De M. F. Jannin à Angers : Notice sur l’ajonc marin. 21. De M. L. Masset, à Yverdon: Nouvelle méthode pour l'en- seignement de la sphère, Lausanne, 1850. 22. De la Société physique et médicale de Würzburg : Verhand- lungen, ete., vol. VIE, 3° cahier; vol. VII, À" cahier. 23. De la Société pour l’histoire naturelle du duché de Nassau : Berichte , etc., 11° cahier. Wiessbaden, 1856. 24. De M. le professeur de Fellemberg: Analyse d'une source sulfureuse à la Lenk (Simmenthal), Berne, 1857. 25, De la Société des sciences naturelles de Fribourg (Brisgau) : Berichte, 3° cahier, n°° 25, 26 et 27. 1857. Séance générale du 18 novembre 1857. — MM. Fred. Troyon, à Cheseaux, Rouge, D' médecin, et Ruchonnet, licencié en droit, sont reçus membres ordinaires. Le bureau annuel devant être élu dans cette séance, la Société nomme successivement : MM. Delaharpe, Philippe, docteur, président. Marcel, Ch., docteur , vice-président. Cérésole, Victor, archiviste. Delaharpe, père, secrétaire. Bischoff, professeur, caissier. 346 SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1857. M. Sylo. Chavannes n’a pu continuer à remplir les fonctions d’ar- chiviste par suite de son absence du pays. La Société s'occupe du préavis de la commission nommée dans la séance du 17 juin passé, pour examiner la proposition de M. Mor- lot. Les membres de la Société avaient été prévenus que cette séance serait consacrée à l'examen de cette proposition. M. Morlot propo- sait que, vu les besoins pécuniaires de la Société et l'importance pour elle de soutenir le Bulletin, celle-ci se défit de sa bibliothèque en faveur de l'Etat en retour d'avantages qu'il lui ferait. La com- mission chargée d'examiner cette question s’est divisée en majorité et en minorité; la première proposait d'entrer en rapport avec la Commission des musées et de la bibliothèque afin de formuler les bases d’une convention entre la Société et l'Etat; la seconde de ne pas entrer en matière. Après une discussion longue et animée, l'assemblée consultée sur la proposition de ne pas entrer en matière se divise en deux parties égales, 18 voix pour out et 18 voix pour non. Le président, appelé à former la majorité, se prononce pour la non prise en considération, et la proposition de M. Morlot est écartée. Ouvrages reçus dans cette séance : A. De l'observatoire royal de Munich : a) Annalen der kœniglichen Sternwarte, vol. IX.—b) Resuliate metcorologisthen Untersuchun- gen nebst Andeutungen über den Einfluss des Klima von München, eic., von D'J. Lamont. München 1857. 2. De la Société géologique de France: Bulletins de, etc., 2° sé- rie, t. XIE, fol. 37-49. 3. De la Société des sciences naturelles de Neuchâtel : Rap- port, etc., t. IV, 2° cahier. &. De la Société royale des sciences de Danemark : Oversigt over de Forhandlingen, ann. 1855, Copenhague. 5. De M. le professeur de Fellemberg, à Berne : Proben auf Sil- ber eines Gesteines von Panama (extrait des Bulletins de la Société des sciences naturelles de Berne), 1857. Séance du 2 décembre 1857. — M. Bischoff, professeur, présente à la Société une photographie qu'il a obtenue au moyen d’un papier rendu sensible par l’oxalate ferrique. (Voir les mémoires.) M. Heer demande si l’on pourrait obtenir par ce papier une autre teinte; M. Bischoff répond qu’au moyen de l'ammoniaque le dessin passerait au jaune, mais il s’effacerait alors bien vite. M. Gonin, ingénieur, lit une note sur des essais qu'il a été appelé séANCE pu 16 péceMBre 1857, 347 à faire pour déterminer le degré de résistance des grès dits de la Meulière (ou Molière), employés dans les grandes constructions. (Voir les mémoires.) M. Guillemin, frappé de la difficulté de se procurer des pompes en état de résister au contact de certains agents corrosifs et particu- lièrement des acides gras, a imaginé de construire une pompe an- nexée à un réservoir voisin, en partie rempli d'eau. L'eau remplis- sant constamment le corps de pompe, les acides gras qui surnagent n'arrivent point au contact des métaux. (Voir les mémoires.) M. Kursteiner demande comment il se fait qu’en fixant une image de l’un des yeux, produite dans la chambre lucide, il peut voir cette même image de l’autre œil se dessiner sur un papier blanc? M. le D° Murcel répond que le fait est bien avéré et se reproduit pour chaque observateur, mais que son expl'eation repose sur un fait purement physiologique. M. Ph. Delaharpe entretient encore la Société (voir séance du 4 novembre) des tortues de la molasse des environs de Lausanne et présente une carapace d'Emys qui l’engage à réunir sous une même espèce l'E. Charpentieri et l'E. Laharpii de Pictet. (Voir les mé- moires.) M. Hirzel dit quelques mots à l'assemblée sur la règle de trian- gulation employée aux Etats-Unis pour mesurer les bases dans les opérations géodésiques : il a vu cet instrument à Philadelphie. Ouvrages reçus : 1. De l'Association Smithsonnienne à Philadelphie : a) Report of the U. S. Coust-Survey, 1855. — b) Proceedings de l'Académie des sciences de Philadelphie. — c) Catalogue d'une collection de crânes humains à Philudelphie. 2. De la Société impériale des sciences, de l’agriculture et des arts de Lille: Mémoires, 1856, 2° série, vol. IL. 3. De la Société des ingénieurs civils de Paris: Bulletins des séances du 46 octobre et 6 novembre 1857. Séance du 16 décembre 1857. — Sur la proposition de M. Blan- chet la Société accepte l'échange de ses publications avec celles de l’Académie impériale de Dijon. M. Morlot propose d'adresser à la Bibliothèque fédérale de Berne un exemplaire aussi complet que possible de notre Bulletin. La pro- position est adoptée. 348 SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1857. M. L. Dufour, après avoir exposé la théorie de la précession des équinoxes et des annutations de la terre, exécute quelques expé- riences en présence de l'assemblée avec le polytrope de Magnus. M. Morlot rappelle que l’an passé il a entrenu la Société des ob- servations qu'il a faites sur la stratification du cône de déjection du torrent de Villeneuve. (Séance du 7 janvier 1857, Bulletm n° 40, p. 105.) « A la gare de Villeneuve, dit-il, on extrait actuellement beaucoup de gravier pour ballast. On vient ainsi de mettre à décou- vert, en amont de la voie ferrée, sous 10 pieds de gravier, disposé en couches régulières, inclinées vers le lac, un dépôt de limon gris- bleu, avec fragments de bois flotté et roulé et mollusques terrestres et fluviatiles. Comme ce dépôt est au niveau des eaux d'infiltration il doit aussi se trouver à peu près au niveau actuel du lae, qui est très-bas. Dans ce limon sont plantés, en ligne droite, à peu près parallèle à la rive actuelle du lac, 8 pilotis antiques. Ils paraissent se rattacher à la présence de la couche celtique, observée dans la prolongation de la même tranchée, à 10 pieds de profondeur, et dont la date doit remonter à environ 35 siècles (voir le Bulletin, t. V, n° 10, 1857). Or, en se transportant au bord actuel du lac, on voit que le même limon gris-bleu, avec le même bois flotté et les mêmes mollusques, marque le niveau des basses eaux, tandis que celui des hautes eaux est caractérisé par un dépôt de matériaux plus grossiers, de gravier et de cailloux. Il s’en suivrait donc que le niveau moderne des basses eaux du lac serait le même, que celui d'il y a environ 35 siècles, à un moment donné de l’époque dite celtique, c'est-à-dire de l’âge du bronze, lorsque florissait entre autres la cité lacustre de Morges. Les observations et études à la gare de Villeneuve seront conti- nuées et complétées pour fournir matière à une notice plus détaillée. » A cette occasion M. R. Blanchet rapporte que des sondes prati- quées dans le marais au-delà de Villeneuve ont mis à nu un sous- sol avec des impressions de prèles entremêlées de fragments de tuiles romaines. Les alluvions produites depuis l'époque romaine ont été plus puissantes qu’on ne l’imagine. Le calcul de M. Morlot lui parait passablement hypothétique. M. Fraisse ne voit pas que la présence de pieux, de fragments de bois et de coquilles lacustres puisse établir le niveau du lac. Tous les jours on enfonce des pilotis au-dessous tout aussi bien qu'au- dessus de ce niveau. Quant aux caleuls basés sur la stratification et la puissance des déjections du torrent de Villeneuve, ils n’ont pas grande valeur à ses yeux, vu l'irrégularité des déjections torren- elles des Alpes. M. Bischoff communique à l'assemblée des recherches qu'il a faites depuis quelque temps dans le but de doser l'albumine par le moyen de sa réaction sur l’iode et de la réduction des iodures par l'albu- mine. Ses recherches n’ont pas abouti, parce que l'espèce de réduc- tion opérée parait se faire en toute proportion. SÉANCE DU 16 pEkceMBRE 1857. 349 M. R. Blanchet présente un fragment de mâchoire de dauphin pé- trifiée provenant de la Meulière. M. Guillemin communique les essais qu'il a faits sur une pompe aspirante et refoulante portative dont le mécanisme repose sur le mouvement rapide d’un excentrique qui, tout en exerçant l'aspira- tion , ferme et ouvre alternativement les soupapes. M. Ph. Delaharpe place sous les yeux de l'assemblée quelques fragments nouveaux du squelette d’Anthracoterium de nos houil- lères : une portion du bassin, un sacrum, deux vertèbres lombaires, un tibia complet, une articulation du coude complète. M. J. Delaharpe attire l'attention de l'assemblée sur les recherches que vient de publier M. le professeur Kælliker dans les Verhandlun- gen de Wurzbourg, au sujet de la matière lumineuse du Lampyris noctiluca. La Société s'étant occupée précédemment de ce sujet elle apprendra avec plaisir que l’habile anatomiste allemand l’a examiné avec le soin qu'il apporte dans tous ses travaux. Dans cette séance la Société reçoit : 4. De M.J. Gay à Paris, membre honoraire de la Société : a) No- tice sur un chêne nouveau de la flore française (extrait du bulletin de la Société botanique de France, mai 1857). — b) Note sur la végétation, l'inflorescence et la structure florale du chêne (extrait idem, mai 1857). — c) Sur la distribution géographique des trois espèces de la Section Gamon du genre Asphodelus (extrait des an- nales des sciences naturelles, 4° série, t. VIE, 2° cahier. Paris 1857). 2. De la Société géologique de France : Bulletin, t. XIV, fol. 19-23. 1856-57; 1. XIIE, fol. 50-56. 3. De la Société de physique et de médecine de Wurzbourg : Ver- handlungen, vol. VIT, 2° cahier. &. De M. Jordan à Lyon: a) Mémoires sur l’Aegilops triticoides et sur l'hybridité (extrait des annales des sciences naturelles), 4° sé- rie, t. [V. Paris 1856. — b) Nouveau mémoire sur les Aegilops tri- ticoides et speltæformis (extrait des annales de la Société Linnéenne de Lyon), 2° série, t. IV. 1857. Réf pr “ pr É #) 4} SUR pau QT. binadt ROUES? ANAL, DÉNNES HS DIU "ED st AMP Huy MA 108 ia ROTATION EE pvails sipuo 1 > 41 i BULE qu dattises 1 VE 2007 0 A “st € 2 ve “un diaont SD Nr Donratits LOST AD ASTEUNT + Ris trdno ECS data y 1048 4 LL tient La AO # à ani € 4 à , 1} adore Nhi CHRIEUT ET sie ve rh de Le L f R , 46 sû entré DATI QU on TUE vez à lé 9 44 wi F ÿ nv Le gp bañeh + pit A ? } Au ul M iles Ab 106206 "A \- dde k ut: nledinan rhabdoite: te. 'totierite ob (34 Dont: 8 0 TER obinetmnmbhétny 64m Al 1906 8.1 TER . hatrueran'i Hsénslhe saiarateitss lidiit Lp#t 19: 0018 1bpatqqé T0 | FT avisé pol #0bl: héaus PAT Rare ee DE L #7 ; tre tro 91 4 ÿ | ÿ nc À ta U + [OT ” 6 = ? ' : À EAU 1h LS 4 i | ét J h Lure 1 ) Û F Ho nt Re - {9 2 {Li FAT net at emŸroless L iW2- let , TUE 2 “po feu of Guisshber rh 10 eu dsb 88 “ 4 183 t- chi ‘ Mr: à tr Mid y : & ont ta) 24otig À ra PAU X (4,15 OP : La CR EE da W} RC TRITAUr à 1 soliquh.e Qu (d 0 of £ Mr & à Xi dy { b tx vs ve ) * ins F. 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Du Fay remarqua l'influence du refroidissement sur l’aimantation des barreaux lors- qu'ils ont une orientation convenable. — Plus tard, de Saussure et Coulomb cherchèrent à déterminer dans quelle mesure la chaleur modifie l'intensité des aimants ; Coulomb chauffait ses barreaux en les plongeant dans l’eau à une certaine température. Kupffer a pu- blié des expériences remarquables où l'intensité à diverses tempé- ratures était mesurée par l'influence du barreau sur un pendule magnétique qui oscillait plus ou moins rapidement ; il a annoncé que l'intensité varie assez exactement en raison inverse de l’accrois- sement de température. C'est à partir du commencement de ce siècle, et des célèbres observations d'Alexandre de Humboldt dans son voyage aux régions tropicales, qu'on chercha surtout à déterminer les trois éléments du magnétisme terrestre, la déclinaison, l'inclinaison et l'intensité. L'in- tensité observée dépend de celle des aimants que l’on emploie comme pendules, et cette dernière varie avec leur température; de là, la nécessité de connaître exactement quelle est l'influence de la tempé- rature afin de faire subir aux observations une correction analogue à celle qu’on fait subir aux indications du baromètre, afin de les rendre comparables. 352 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE Depuis ses premiers travaux sur ce sujet (1825), Kupffer a sou- vent donné des résultats relatifs à la correction qui doit s'appliquer aux aiguilles. — Hansteen, dans ses remarquables recherches sur le magnétisme terrestre, a aussi été amené à étudier de près l'influence de la chaleur. Il faisait varier la température de ses aimants en les chauffant dans un vase par le moyen d’une lampe, et il remarqua, entre autres, que la correction n’est pas la même pour tous les bar- reaux. Il n’a pas dépassé, dans ses recherches, la température de l'eau bouillante. — Christie a aussi voulu déterminer l'influence des variations de température sur les résultats relatifs au magnétisme terrestre; il a trouvé que la proportionnalité indiquée par Kupffer n'existe que jusqu’à un point peu élevé de l'échelle thermométrique et que, à partir de là, l'intensité magnétique décroit plus rapidement que la chaleur n’augmente. Le même auteur a étudié l'influence du réchauffement, jusqu'au rouge, sur l’acier et le fer, et a cherché com- ment le magnétisme se distribue dans un barreau, lorsqu'on chauffe fortement certains points de sa masse. — Reinike, afin de corriger les observations d'intensité faites à Archangel, a aussi déterminé l’m- fluence de la température sur ses barreaux; il les plaçait dans une sorte de cage où ils pouvaient être mis en oscillation et dont on pou- vait faire changer la température. Messieurs Moser et Riess ont publié, déjà en 1829, des recherches très-remarquables sur les variations qu'on constate dans les bar- reaux aimantés lorsque leur température varie. Ils avaient pour but de connaître les rapports entre la chaleur et le magnétisme en ayant égard à l'intensité de la chaleur, la dimension et la nature des bar- reaux, etc., plutôt que de déterminer la correction de la tempéra- ture en vue de mesures relatives au magnétisme terrestre. [ls remar- quèrent avec beaucoup de justesse, qu'il y a lieu de distinguer l'action permanente, définitive que la chaleur exerce sur les aimants et l’action momentanée qui ne se manifeste plus dès que l'élévation de température a cessé. [ls trouvèrent que le coefficient de perte indiqué par Christie est trop faible et ils en donnent un qui ne con- vient cependant point à tous les barreaux. Ils examinèrent ensuite l'influence de la longueur, de la largeur, de la masse (cylindres creux ou pleins) des aimants expérimentés, puis ce qui peut provenir de la nature même des barreaux employés. Ils annoncèrent que des aiguilles d'acier fortement trempées perdent de leur intensité par le réchauffement et que cette perte continue pendant le refroidissement. Ce fait singulier ne s’est jamais montré dans la suite de mes expé- riences où j'ai bien souvent eu des barreaux à trempe très-dure. — Les expériences de MM. Moser et Riess sont remarquables à tous égards et comptent assurément parmi les plus précises qui aient été entreprises sur ce Sujet. Un bon nombre de physiciens ont été amenés plus récemment à déterminer l'influence de la chaleur sur l'intensité magnétique de l'acier à propos de recherches sur le magnétisme terrestre. Ces re- cherches, ayant un but spécial, ils ont plutôt appris à connaitre les ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER 353 variations de l'aiguille particulière dont ils ont fait usage que les rap- orts généraux entre la chaleur et le magnétisme. C'est ainsi que M. Bravais est arrivé à corriger avec assez de précision les obser- vations de Bossekop. Dans ces dernières années, M. Lamont, à Munich, s'est occupé avec beaucoup d'activité et de persévérance de la détermination des éléments du magnétisme terrestre et a dû fré- quemment s'occuper aussi de l'influence de la température. Il a été surtout frappé, et c’est là sûrement une preuve de la précision de ses expériences, de l’irrégularité qu’on remarque d’un barreau à l’autre et de la grande difficulté qu'il y a à fixer un coefficient de correction pour les barreaux dont on se sert. Les recherches qui suivent n’abordent que quelques-uns des phé- nomènes où les rapports de la chaleur et du magnétisme se manifestent. I. — Mode d’expérimentation et appareils. 1. Pour déterminer l'intensité d’un barreau, un des moyens les plus fréquemment employés consiste à faire osciller, sous son in- Îluence, une aiguille aimantée, à compter le nombre des oscillations qui se produisent pendant un temps déterminé. L’aiguille joue alors le rôle de pendule magnétique soumis, à la fois, à l'influence de la terre et à celle du barreau que l’on étudie. Si l'on fait primitivement osciller le pendule sous l'influence de la terre seule, puis ensuite sous l'influence de la terre et du barreau, on peut, par une formule simple, en conclure*l'intensité du barreau relativement à la terre. Soient I et [’ les intensités de la terre et du barreau; N la durée d'une oscillation due à la terre seule et N’ celle d’une oscillation due à la terre et au barreau. On a évidemment : I N’ 2 N° = N’ 2 ee amnrd ol el I ) N°? 2 Si l’on prend pour unité l'intensité du magnétisme terrestre agis- sant sur l'aiguille du pendule, on aura : N:—N7: N \? Pad N° W Cette formule, rapidement calculable, permet ainsi d'obtenir l’in- tensité du barreau en expérience. Il s'agissait de pouvoir examiner les barreaux à des températures variables en même temps qu'ils exerçaient leur action sur le pendule magnétique, suspendu avec délicatesse afin de rendre les oscillations très-faciles, — Voici l'appareil auquel je me suis arrêté. Une caisse en cuivre de 30 centimètres de long et de 10 centimètres de large est pourvue d’un tube a b ec qui repose sur son fond et qui est — 394 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE percé, dans le trajet be, de six petites ouvertures s’ouvrant dans [a caisse. Deux lames de cuivre e f S'appuyant sur les bords de la caisse et présentant la forme que montre la figure 2 supportent, dans l'inté- rieur, à environ 5,5 centimètres du fond le barreau # n en expérience. La caisse étant remplie d'eau jusqu'à 5 millimètres du bord, le barreau se trouve ainsi complétement immergé dans ce liquide et prend la température que possède l’eau elle-même. Le pendule est suspendu horizontalement à environ 18 centimètres du barreau et au-dessus. Il est du reste séparé de la caisse par un écran en bois, h g, qui la dépasse notablement dans tous les sens. Ce barreau-pendule est placé dans une espèce d’anneau en cuivre, soutenu par un fin fil de chanvre d’un mètre de longueur, fixé à sa partie supérieure à une tige verticale que l’on peut aisément élever ou abaisser, mais qui demeure fixe pendant la durée d'une même série d'expériences. La tige qui supporte le fil était soutenue par une traverse horizontale complétement indépendante de la table sur laquelle reposait la caisse et placée dans des conditions d’immobilité complète. Un thermo- mètre & plongeait dans la caisse de cuivre de telle façon que sa cuvette se trouvait située immédiatement à côté de la partie moyenne du barreau ; sa tige traversait une ouverture convenablement pratiquée dans l'écran en bois et elle était fixée à cet éeran par un mastie qui empéchait en même temps les vapeurs d’eau de se dégager au-dessus de la caisse et de former un courant dans le voisinage du fil de sus- pension. L'appareil était orienté de telle façon que le pendule se trouvait exactement parallèle à l’aimant, son axe de suspension prolongé pas- sant par le milieu du barreau, ensorte que les deux extrémités v w se trouvaient à égale distance de »” et de n. On s’assurait de cette position en regardant, par projection, l'aiguille uv sur le barreau mn pendant que cette aiguille faisait de petites oscillations dans un plan horizontal. 2. Pour faire une détermination d'intensité, il s'agissait de faire osciller le pendule magnétique dans un plan horizontal. La grande mobilité de la suspension rendait malheureusement très-faciles les oscillations dans un plan vertical comme pendule pondérable et il paraissait difficile, au premier abord, de produire des mouvements exclusivement horizontaux de l'aiguille, mouvements pendant les- quels son centre ne cessät pas d’être situé sur la verticale qui passe par le centre du barreau mn. J'eus l’idée de provoquer ces oscillations à l’aide d’un courant galvanique très-faible, dirigé parallèlement à l'aiguille. Au-dessous de la table qui supportait l'appareil, se trouvait un faible couple cuivre et zinc; l’un des fils communiquait à une capsule remplie de mercure et placée sur la table même; l'autre, de, plus long, pouvait être tendu immédiatement au-dessous de w v, à deux centimètres environ ét dans une situation exactement parallèle, facile à obtenir en visant à l’œil et en tenant l'extrémité d, du fil, avec la main. Cette extrémité étant plongée dans le mercure, il se ET LA TEMPÉRATURE DE L AC!ER. 355 roduisait un courant qui avait pour conséquence une déviation de Faiguilte uv dans un sens ou dans un autre, suivant la direction du courant. Cette déviation une fois obtenue, il suffisait d'enlever le fil avec précaution et les oscillations se continuaient dans un plan ho- rizontal avec une grande régularité. La grandeur de la déviation primitive, et par conséquent l'amplitude de l'oscillation, dépendaient de l'intensité du courant, ou bien de la durée de son action si l'on se contentait de plonger le fil dans le mercure puis de le retirer plus ou moins brusquement. — Il est possible d'obtenir, de cette maniere et avec une grande facilité, telle amplitude que l'on veut, d'avoir des oscillations régulièrement horizontales de l'aiguille ww et d'éviter toute espèce de balancement du fil de suspension qui demeure exac- tement vertical. Cette conservation complète de la verticalité du fil êtait accusée par un petit théodolite placé à 7 mètres de distance et pourvu d’un réticule. En faisant coincider l'image du fil de suspen- sion avec le fil vertical du réticule avant de produire les oscillations, : on pouvait s'assurer que, pendant leur durée, cette coïncidence se maintenait rigoureusement. Les avantages de cette méthode étaient surtout précieux lorsqu'il s'agissait de faire osciller le pendule sous l'influence de la terre seule, cas dans lequel sa mobilité était infiniment plus grande que lorsqu'un barreau plus où moins énergique tendait à conserver la verticalité du fil. — J'ai parfois employé, quoique avec moins de succès, le moyen qui consiste à se placer à une assez grande dis- tance, sur le prolongement de uv, avec un aimant qu'on tient dans une position horizontale, perpendiculairement à la direction de l'ai- guille. Cette dernière se dévie l‘gèrement par suite de l'attraction des pôles de noms contraires, puis, en retournant rapidement l'aimant, la déviation se produit en sens inverse et on peut ainsi augmenter l'amplitude de l’oscillation en opérant plusieurs fois ces retourne- ments rapides. 3. Pour faire varier la température du barreau, il s'agissait de chauffer l'eau au milieu de laquelle il était immergé. Le chauffage direct de la caisse en cuivre présente de sérieux inconvénients. D’a- bord, le réchauffement de l’eau est très-inégal si tout le fond n’é- prouve pas simultanément l'augmentation de température; ensuite, en plaçant une source de chaleur quelconque sous l'appareil, on produit imévitablement des courants ascendants d’air chaud qui montent le long du fil de suspension et l’agitent d'une manière fà- cheuse. — J'ai préféré chauffer en faisant arriver un courant de vapeurs dans l’eau, et c'est dans ce but que la caisse est pourvue du tube a b c. Un tube de caoutchouc, pq, qui s’ajuste exactement en a, amène la vapeur d’un générateur situé à une distance convenable de tout l'appareil. La vapeur se dégage par les divers trous prati- qués suivant be et l'eau se réchaufle ainsi graduellement. J'avais déterminé, par des expériences préliminaires, quelle dimension de- vaient avoir les trous alin que, avec le générateur employé, le cou- 396 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE rant de vapeur sortit, autant que possible, sur toute la longueur du tube et chauffât simultanément toute la masse du liquide. La vapeur, du reste, en se dégageant, met l'eau en agitation et la température se répartit d'une manière beaucoup plus satisfaisante que je ne l'avais espéré d'abord. Le tube de caoutchouc était formé de deux parties séparées par un bout de tube en cuivre, pourvu d’un robinet qui permettait de laisser arriver une quantité plus ou moins considérable de vapeur et de chauffer, par conséquent, avec plus ou moins de rapidité. Le tube de caoutchouc, dont une des extrémités est en «a, rend également très-facile l'opération qui a pour but de remplir la caisse en cuivre, ou de la vider, sans la déplacer en aucune façon et sans agiter l'air dans son voisinage. Il suffit, en effet, de placer le tube de telle façon que son autre extrémité se trouve plus élevée que a et de plonger cette autre extrémité (après avoir fait le vide, dans le tube, par aspiration) dans un vase rempli d’eau, pour obtenir un jeu de siphon qui remplit promptement la caisse. Si, au contraire, c'est l'extrémité a qui est la plus élevée, le courant liquide se pro- duit en sens inverse et la caisse se vide facilement. Ce détail d’opéra- tion, tout simple qu'il est, n’est point indifférent et il m’a rendu de grands services. Îl m'était possible, de cette manière, de remplir rapidement la caisse avec de l’eau chaude ou froide sans enlever lécran kg, sans m’approcher même de la table sur laquelle reposait l’appareil et, par conséquent, sans produire des ébranlements ou des secousses qui auraient pu agiter le pendule magnétique. 4. La mesure du temps se faisait à l’aide d’un pendule battant exactement la seconde, suspendu près de l'appareil et observé par un aide qui comptait à haute voix les oscillations. 5. Je ne me dissimule point que ces dispositions expérimentales présentent bien des imperfections et ne permettent pas d'obtenir une approximation très-avancée. Ainsi, j'aurais désiré pouvoir mesurer avec plus d’'exactitude le rapport entre la durée des oscillations du pendule magnétique et celles du pendule à secondes. En adaptant, perpendiculairement à l’aiguille # v, une règle horizontale légère et graduée, en observant cette règle à l’aide d’une lunette, en mesurant le temps par le moyen d’un chronomètre à pointage, j'aurais sûre- ment obtenu une approximation bien plus avancée. La disposition du laboratoire et d’autres circonstances encore ne m'ont pas permis de réaliser ce perfectionnement. 6. Avant de commencer les recherches dont le détail va suivre, j'ai eu soin de m’assurer quelles étaient les circonstances qui pou- vaient agir, indépendamment des barreaux à l'étude, sur les oscilla- tions du pendule magnétique. De nombreux essais montrèrent que Fheure de la journée est complétement indifférente; l'intensité ma- gnétique du globe éprouve des variations trop faibles pour être ap— préciées avec mon appareil. ET LA TEMPÉRATURE DE L ACIER. 397 L’amplitude des oscillations influe, comme on le sait, sur sa durée. En provoquant des oscillations suffisamment petites, cette influence de l'amplitude devient tout à fait inappréciable. Je recherchai, par divers essais préliminaires, quelles étaient les grandeurs d'amplitude qui devaient être produites pour qu'on püt compter sur l'isochro- nisme. — En essayant quelle est l'influence d’un balancement oscil- latoire, même faible, du fil de suspension, pendant que l'aiguille se meut dans un plan horizontal, je trouvai bientôt que ce double mou- vement modifie la durée d’une oscillation magnétique. IL était done important d'éviter les mouvements du fil et de lui conserver, pendant les déterminations d'intensité, une verticalité parfaite. En plaçant un barreau aimanté dans la caisse en cuivre, je m'assu- rai, ce qui était probable a priori, que l'absence ou la présence de l'eau autour du barreau est absolument indifférente. LI. — Variations d'intensité par un premier réchauffement. 7. Les barreaux qui ont été soumis aux premières expériences étaient des cylindres d'acier ayant 20 centimètres de longueur et pesant 212 grammes. On les aimantait en les plaçant sur les pôles d'un énergique électro-aimant et en opérant, sur leur surface, des frictions avec deux autres aimants suivant la méthode de la touche séparée. 8. Les barreaux 1, 2, 3 et 4 ont été aimantés, placés sous le pendule magnétique et successivement examinés , en même temps qu'on faisait varier la température de l’eau à l’aide du courant de vapeur. Les déterminations d'intensité se faisaient, autant que pos- sible, de 10 en 10°. Pendant la durée de cette détermination, c’est-à- dire pendant que le pendule oscillait, je tâchais de rendre la tempé- rature momentanément stationnaire en ralentissant l'arrivée du cou- rant de vapeur. Il n’était cependant pas toujours possible d'éviter une marche légèrement ascensionnelle du thermomètre. — Pour chaque température, l'intensité était mesurée deux fois, c’est-à-dire que, après avoir compté une première fois les oscillations magnéti- ques et celles du pendule à secondes, simultanément, on faisait immé- diatement une seconde détermination, parfois même une troisième si les deux premiers résultats présentaient une différence supérieure à celles que l’on peut éviter dans une semblable recherche. La température initiale n’a pas été la même pour ces quatre bar- reaux. Chacun d'eux a été chauffé jusqu'à 95 ou 96°. Je n'ai pas voulu arriver à une température supérieure, parce que les vapeurs qui se dégagent assez abondamment près de 100° formaient des cou- rants irréguliers, vers les bords de l'écran k g, et agitaient ainsi l'air d’une manière préjudiciable à l’immobilité du fil de suspension. En outre, près de 100°, la vapeur qui arrivait par le tube a bc se déga- geait à travers le liquide, sans se condenser, en bulles assez tumul- 398 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE tueuses, pour provoquer des chocs et des soubresauts de toute Îa caisse. 9. Le tableau I donne le détail des observations. TABLEAU I. Nombre Durée Intensité, Température des Durée totale. d'une celle A oscillations. oscillation. |de la terre = 1 BARREAU À. 17° 100 176/’ 1/76 8,9% 1000 30° 100 179// 17779 8,63 972 LA° 100 183// 1/83 8, 19 922 51° 100 187/! 1787 7,81 891 59° 100 189/’ 1789 7,63 859 0 100 197/’ 17797 ss 70 LOS loss 6,70 779 80°}, | 100 | 204 | 204 | 6,40 721 89°! 100 210/’ 2/10 5, 98 67% 95° 100 2147 2/14 7e 645 BARREAU 2. 24° 100 143/ 1743 14,06 1000 31° 100 146/’ 1/46 13,45 956 40° 100 1497’ 11749 12, 88 916 50° 100 153/ 11153 12,16 865 60° 100 157// 1157 11,19 817 70° 80 1307’ 162 10, 77 766 80° 60 100/’ 1/66 10,09 717 90° 100 172/! 1772 9, 41 669 96° 100 175"! 1775 9,06 C4 BARREAU 9. 15° 50 106// 2/19 5,85 30° 50 10774) 2/15 D, 69 40° 50 1097 *| 218 | 547 61° 50 113717, 227 4, 97 70° 50 116/ 2/32 4,71 80° 50 118"5}, ES | &, 45 90° 50 126/ 9/47 4, 0% 95° 50 193 91/59 3, 84 ET LA TEMPÉRATURE DE L' ACIER. 399 (Suite du tableau LE.) Nombre Durée Intensité, Température des Durée totale. d'une celle oscillations. oscillation. |de la terre = 1 BARREAU 4. 20° 30° 40° 50° 60° 70° 80° 90° 103/, 104/ 106/ 108// 144" TUTATR 119/ 192// 2/07 2/09 2/12 2/16 21122 2/29 2/38 2H “ M ” M s 0 “ CO EE UE O7 CE © LD = À D 10 D D © © DE NI CG © C Or 95° 125" 2/50 M On voit que tous les barreaux n'avaient pas la même intensité primitive et que tous ont éprouvé une notable diminution d'intensité par l'élévation de température jusqu'à 95°. — Afin de rendre com- parables ces diminutions, on a calculé le rapport entre l'intensité à une température quelconque et l'intensité initiale. Cette dernière étant représentée par 1000, on a formé la colonne A. 10. Afin d'apprécier l'influence d’une même température au-dessus du point initial de chacun d’eux, on a calculé les intensités de 10 en 10°, à partir du point de départ, pour 1, 2 et 3, en les déduisant des intensités observées voisines, par une proportionnalité qui est très-approximativement exacte pour des températures rapprochées. C'est ainsi qu'a été formé le tableau IE. TABLEAU IT. BARREAU À BARREAU 2 BARREAU 3 RE ——., D RS TR LT, température | intensité température | intensilé température | intensité 7: 1000 24° 1000 15° 1000 27° 985 34° 941 29° 978 37° 940 44° 897 39° 94% 47° 909 54° 846 45° 913 57° 873 64° 798 99° 869 67° 793 65 828 77° 725 75° 783 87° 683 85° 739 97° 636 360 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE On voit qu'il y a des différences notables, et la même élévation de température au-dessus de l’état initial ne parait pas avoir produit le même effet sur les barreaux examinés. 11. En prenant les observations relatives à chaque barreau, on peut chercher quel est le coefficient moyen de diminution de magné- tisme pour l°. Ce calcul donne : Pour le barreau À . . . . (0,00461 Id. 2 «he 20%, 10,00802 Id. d .}. UN 10/0036 Id. Es Se MONO 0002 À l’aide de ces coefficients moyens, on peut maintenant calculer, pour chaque barreau, l'intensité à une température quelconque et, afin de les comparer les uns aux autres, faire ce calcul pour 9 points de l’échelle thermométrique de 20° à 95°. L'intensité à 20° étant représentée par 1000, pour chacun d’eux, on forme le tableau HE. TABLEAU IX. B température observé | calculé barreau 4 | barreau 3 | barreau 4 20° 1000 1000 1000 1000 1000 30° 986 987 98% 976 40° 939 946 946 94% 945 50° 909 906 908 908 60° 871 869 849 863 863 70° 791 823 788 801 813 80° 731 778 718 742 75% 90° 680 714 676 690 690 95° 645 665 631 647 656 | On voit que, dans certains points de l’échelle thermométrique, les valeurs sont assez semblables, tandis que, dans d’autres, elles présen- tent des différences notables. — En cherchant le coeflicient moyen de variation pour 1° et en prenant des groupes de 10° on trouve : de 20 à 30° . . . . 0,0016 230 5 7400.. |. 22, 00010 2040 550% . |. "20. 0,006 2050 #60... !./"#0, D,00:5 2060 870 . !.. & DO 2110 5280‘. FE UE BOND 180 » 90° . |:. . -10,0052 » ‘90 » 95° . |. 20086 ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 361 Ce tableau ne représente point une diminution régulière ; mais il montre, dans son ensemble, que l'intensité magnétique diminue un peu plus rapidement que la température n’augmente, 12. En présence des variations que présentent les divers barreaux, il est peut-être assez inutile de chercher si une formule empirique Ru représenter les variations simultanées de la température et de ‘intensité magnétique. J'ai cependant essayé jusqu’à quel point les HE | moyens pourraient se représenter par une formule de la orme : (a) T= a+bt+ct I étant l’intensité, t la température, a, b, c des constantes. En déter- minant ces constantes à l’aide de 3 observations prises dans la co- lonne B, on trouve : a — 1027; b = — 0,69; ce = — 0,054; la formule devient : I = 1027 — 0,696 — 0,0345° et en la calculant pour toutes les températures de 20 à 95°, on forme la colonne C qui diffère des résultats observés en B moins qu'on aurait pu s’y attendre. 15. On pourrait chercher, ensuite des données ei-dessus, à quelle température l'intensité magnétique devient nulle dans la supposition d’un décroissement uniforme au-dessus de 95°, ou en supposant que le décroissement soit représenté par la formule (a). On trouve, dans le premier cas, 235°, et dans le second 179°. — La suite de ces re- cherches montrera qu’à ces températures-là, et même à des tempé- ratures supérieures , le magnétisme des barreaux est loin d’avoir disparu. II. — Refroidissement après le premier réchauffement. 1%. Les barreaux précédents, après avoir été chauffés jusqu'à 95°, se sont refroidis lentement dans l’eau même où leur température s'était élevée. En faisant osciller le pendule à divers moments de leur refroidissement, il était facile de constater que leur intensité magnétique augmentait et ne devenait stable que lorsque la tempé- rature elle-même n'éprouvait plus de variations. Mais, la quantité de magnétisme qui réapparait amsi, par le refroidissement, n’est jamais égale à celle qui avait disparu par le réchauffement ; il reste une perte définitive, d'autant plus considérable que le barreau avait été plus réchauffé. — Voici, pour faire voir d’une manière complète ces variations, les phénomènes présentés par le bärreau À pendant le refroidissement : 302 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE TABLEAU IV. RÉCHAUFFEMENT REFROIDISSEMENT Een EU PE température intensité température intensité 17° 95° 5,73 30° 80° 5,98 11° | 70° 6,19 51° 65° 6,55 59° j 38° 6,70 70° 17° 6, 70 80°1}, 89°} 95° Les barreaux 2, 3 et 4 ont donné lieu à des observations analo- gues. L’intensité de 3 était de 5,85 à 15°, puis 3,81 à 95° et, après le refroidissement, 4,33 à 16°; celle de 4 était 6,18 à 20°, 3,90 à 25°, puis #,30 après le refroidissement à 20°. — En comparant les chiffres obtenus pour À, 3 et #, c’est-à-dire en représentant par 1000 l'intensité primitive de chacun d'eux, on trouve: BARREAU À BARREAU 3 BARREAU Re. OS TE Re... “0 température | intensité température | intensité température | intensité 20° 1000 Me 1000 1000 95° 631 95° 645 651 20° 696 17° 755 On voit ainsi que le barreau 1 a repris, après le refroidissement, une intensité de 110 sur 555 qui avaient été perdus, ou 0,31; le barreau 3 a repris 84 sur 349 perdus, ou 0,2%, et le barreau 4, 65 sur 309 perdus, ou 0,18. — Si l'on veut apprécier la quantité de magnétisme qui a été définitivement perdue, en la comparant à l'éléva- tion de température, on trouve, en calculant les observations et en représentant par 1000 l'intensité initiale : ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 363 TABLEAU V. Barreaux A B (Q 1 78° 245 0,0031% 3 80° 265 0,00310 4 19° 30% 0,00405 La colonne A renferme le nombre de degrés dont la température s’est élevée ; la colonne B, l'intensité définitivement perdue et C, le coefficient moyen de perte pour 1°. On voit que ce coefficient n’a pas été exactement le même pour les divers barreaux. — Des résultats subséquents feront voir à quoi cette différence doit très-probable- ment être attribuée. IV. — Influence de réchauffements successifs. 15. L'appareil qui a servi aux expériences précédentes était très- propre à étudier l'influence de nouveaux réchauffements sur un même barreau. Le barreau, en effet, après s’être refroidi, pouvait être réchauffé par la méthode connue et cela à plusieurs reprises et pendant plusieurs jours de suite, aussi longtemps que les expérien- ces pouvaient présenter de l'intérêt. Les réchauffements successifs se sont faits généralement entre les mêmes limites de température, de telle façon qu'il était facile d’aper- cevoir l'influence relative de ces diverses variations. —Afin de ne pas multiplier les tableaux numériques, je donnerai, pour le barreau 3 seulements, la série complète des observations. 36% RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE En Z 2 D 1 #eS5t4 20 ee) e2] E £ DANONE cn St ENST CHNICON CS cn Or) = es «=. = s 2 — = ER 2 UE Le} cs [=] e = E © © © 29 Æ = NO 2 = = e = 20 = = ” Z Lu (ee) © É Z S @Q I 29 Qc 8 = en © © ce Do] ES À D D — © É & = t3 = © oO e © © = = ae) 20 = & E : EEE Sol +. à e = UP LE SD + # A à + SSH 00 CD EN LCD cn cs — En. = A TRE = M, EN LE = à E FU = 2 < £ 2 = 2 = S NU e E cn 2 a E S Z 2 COLIS D 22 E E cm. en 25 EE £ x = cn cn E £ + Er dde SES E ST | = e e c e Æ E Ce) © © 29 cz = — HA =, © e = e. 2 — Æ 2 2) 2) EE EE = 20 ©@ «a = £ D, O1), + OS re. OS . = 2 . = 2 = = m + 20 20 2 S 4 + 4 © B-Syé D EE < 2 = & 5 [e] r— o © © © ce © © TJ = E I © Qt oO 0 4 = = Æ cn = co = [er] 5 8 On voit là d’une manière très-nette comment, pendant chaque re- froidissement, l'intensité magnétique revient; comment un nouveau réchauffement la diminue plus que celui qui a précédé et , enfin, comment la variation totale occasionnée par un réchauffement est de moins en moins importante à mesure que les variations de tempéra- ture ont déjà été plus nombreuses. Le tableau VII donne les observations relatives à 1, 3 et 4; celles du barreau 2 ont dû être abandonnées parce qu'elles ne pourraient “’ ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 365 point entrer dans les calculs de moyennes : entre le premier et le se- cond réchauffement, un dérangement étant survenu dans la position de la caisse en cuivre, cet aimant ne s’est plus trouvé dans les mêmes conditions relativement au pendule magnétique. © (=) — © cn Ê + cn © Cu Y © Ce) Ce) 20 #\|z22 “it © c® er ce 5 És le] = i =] # D» = le) © © 20 29 < 5 BE EN ice pt 3 2 SE pas 5 o ETS le = QD «© Le] © © D CO = En © EE © SX D 4 Ex C9 = (erKer) [er] DER eo me © © — [nu Eu © 20 Si © de) © «© co © 20 ec de) + x nu Ce) Eu — (Je) F - Qe] Te) Je] 20 = ce = — 5 2 > URSS ce 20 de] «© a € [Sn] = 20 Ex] CO =) &é | & Ce) © Ce) © 20 CA = a | <1* = | 2 2) 29 [nl co — Lu =) 2 = = © D En © © 20 © 29 = DO (=) co © 20 © © © 20 2 S © OO D E= © © SL ENCENT EN ERERE EEE PIRE EEE e 20 = cn — E Ge] œi] Lo cn Su L= Ce] le] — ro 20 (rh mn — © XL == ce — M (e2] 20 CN = D 8 °® RE = (Te) ©, Oo É4È — E |£e er] am LE = CD ui ch 4 J3S Te) OU © D © cn 6 ea £ AN = = = © © © © © = © si el — © © =1 Y 20 » = si [er] AERNME a = DANCE NOMME ECOLES = aumyeio due Avec ces chiffres , il est facile de calculer quel est, pour chaque barreau, le coefficient moyen de variation dans les divers réchaufte- ments. On trouve ainsi : vw 366 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE TABLEAU VII. Barreaux 4°" réchauff. 9° réchauff. 3° réchauf. 4 réchaufr. 5° réchauf. 1 0,0046 0,00167 0,00155 0,00139 2 0,0049 3 0,00%3 0,00160 0,00145 0,00146 0,00138 % 0,0049 0,00166 0,00150 0,00132 moyennes 0,00463 0,0016% 0,00150 0,00139 0,00138 Le coefficient de perte diminue à partir de la première opération; mais cette diminution devient plus faible de la 3°° à la 4°, puis de la #°° à la 5°. Les barreaux semblent ainsi tendre vers un certain état où une même variation de température produit aussi une même variation d'intensité magnétique. 16. Afin de voir quel serait le résultat d’un beaucoup plus grand nombre de variations, j'ai chauffé et refroidi alternativement, une vingtaine de fois, entre 15 et 95°, le barreau 3 ; puis, j'ai examiné quel était son coefficient de variation. Les résultats ont été : 21° réchauffement 0,00178 22° id. 0,0013% 23° id. 0,00137 24° id. 0,001%% La variation est donc à peu près la même qu'après quatre ou cinq réchauffements et il est probable qu’en poursuivant ces essais, les résultats n'auraient pas changé. 17. Quant à la perte réelle du magnétisme, elle augmente avec les réchauffements; mais elle parait tendre aussi vers une certaine limite, ou plutôt, sa valeur devient de moins en moins grande dans les réchauffements successifs. C'est ce qu’on aperçoit d’une façon évi- dente en calculant, pour chaque barreau, à l’aide des coefficients du tableau VII, la valeur de l'intensité aux deux limites 20 et 95°. I ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 367 TABLEAU IX. réchaufT. BARREAU 1 | BARREAU 3 BARREAU 4 20° 95° 20° 95° 986 645 978 631 761 624 730 565 735 G16 691 543 735 631 67% 543 666 La perte définitive du magnétisme pour 1°, ce qu’on pourrait ap- peler le coefficient de perte définitive de chaque barreau, diminue avec le nombre des élévations de température. Voici la valeur de ce coet- ficient envisagé comme une fraction de l'intensité magnétique au commencement de chaque réchauffement : TABLEAU X. Barreaux 4° réchaulT. 9% réchauff. 3° réchauff. 4=° réchauff. 1 0,0051% 0,000208 3 0,00331 0,000506 0,000162 0,000079 [1 0,00400 0,00029 0,00009 18. Cette marche de l'intensité magnétique dans les variations successives de température est donc telle, que les aimants tendent vers un certain état, approximativement stable, où un changement déterminé de température produit un changement également déter- miné d'intensité. Les barreaux s’approchent de cet état, qui ne paraît pas pouvoir être rigoureusement atteint, par une sorte de variation asymptotique assez susceptible de se représenter par une figure. Représentons par AB (fig. IT) la variation de température de 20 à 95°. Portons sur les deux perpendiculaires AC, BD les valeurs re- présentant intensité (en prenant la moyenne pour les trois barreaux) à 20 puis à 95°, ‘lans les variations successives de température. Les longueurs Am, Am, Am/!, Am/'' seront les intensités au commen- cement de chaque réchauffement; Bn, Bn', Bn”!, Bn'" les inten- sités à la fin. Les lignes mn, nm, m'n!, nm, ete., plus ou moins inclinées sur l'axe AB, représentent, par leur inclinaison et leur plus ou moins grand écartement les unes des autres, les variations de l'intensité magnétique et la grandeur relative des pertes successives. ot 368 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE VW. — Influence du temps pendant lequel se produit la variation de température. 19. Dans les expériences précédentes, le temps pendant lequel les variations de température se sont produites a toujours été sensible- ment le même. Quelle que soit l'importance de cet élément, dans les phénomènes dont il s’agit, j'ai toujours tâché de maintenir le cou- rant de vapeur tel, que les temps fussent à peu près les mêmes. — MM. Riess et Mooser, dans leur précieux travail sur ce sujet, disent que l'influence de la chaleur est instantanée et cépend seulement du degré de température ‘. Dans un travail récent? M. Holmgren conclut que la perte due au réchauffement est plus grande lorsqu'on fait passer le barreau d’acier plus lentement par les températures in- férieures *. 20. Afin de connaître l'influence du temps, il m'a semblé conve- nable de prendre un barreau amené par des réchauffements et re- froidissements successifs à cet état à peu près stable où une même variation de température produit une variation presque constante d'intensité. En effet, si on compare, sous ce rapport, des barreaux différents, on ne peut guère conclure avec certitude relativement au temps, puisque les résultats peuvent varier d'une façon assez sen— sible d’un morceau d'acier à un autre et, si l’on examine un même aimant, l'influence du temps se complique des variations qui se ma- nifestent, comme on l’a vu, du premier au second ou du second au troisième réchauffement. J'ai donc choisi un barreau qui avait déjà subi plusieurs réchauf- fements et refroidissements successifs, puis je l’ai soumis à des chan- gements assez brusques de température. Grâce aux dispositions de mon appareil, ce résultat s’obtenait facilement en faisant agir le tube de caoutchouc comme siphon suivant qu'on élève ou abaisse son extrémité. Je pouvais, de cette maniére, introduire dans la caisse en cuivre, sans la toucher, sans la découvrir et sans changer en aucune facon la position de l’aimant, de l’eau froide ou chaude pendant un temps assez court. — Le barreau 1 avait servi aux recherches pré= cédentes où les variations de température entre 20 et 95° duraient généralement de 100 à 120 minutes. Il se trouvait dans un état tel que, lors de la dernière expérience, son intensité était 6,55 à 20° et 5,60 à 95°. Il fut soumis à des variations brusques de tempéra- ture, comme on le voit daus le tableau suivant où se trouvent indiqués les temps, les températures et les intensités. 1 Poggendorf's Annalen, tom. 17, 4829, pag. 410: « Uebrigens, ist die Wirkung der Wärme instantan, etc. » 2 Acta regiæ societatis scientiarum upsaliensis, pag. 522. 3 J'ai eu connaissance des recherches de M. Holmgren il y a peu de temps seulement, alors que mes expériences étaient terminées et pendant que je m’oceupais de la rédaction du présent mémoire. ET LA TEMPÉRATURE DE L ACIER. 369 TABLEAU XI. temps température intensilé (1 2 h. 45 0’ 22° 6,66 » 54 9’ 84° 5,86 3h. © 20’ 95° 5,08 » 8! 23! 30° 6,56 » 43 28 30° 6,56 b » 20 39’ 30° ° 6,56 » 40 55 30° 6:56 » 43! 60 83° 581 + » 50 65’ 93° 5,66 4 h. 75! 24° 6,20 d » 11° 86’ 24° 6,20 KT 88 78° 345 e CL 115 15° 6,45 Dans la dernière variation à longue durée (90/) que le barreau avait subie, la diminution d'intensité était de 6,55 — 5,60 pour 75°, ou de 0,0019 de l'intensité primitive (6,55) pour 1°. — Le tableau précédent montre (a) qu'un changement de 62°, en 9’, donne une variation de 0,80 ou, pour 1°, de 0,0019% de l'intensité primi- tive (6,66). En (c), il s’est produit un changement de 55° en 5’ et une variation de 0,65, ce qui donne, pour 1°, 0,00209. — On voit ainsi qu’à deux reprises, il a sufli de 9’ et de 5’ pour produire sensi- blement la même variation que celle qui avait été obtenue pendant un réchauffement de 90”. 21. De semblables recherches ont été faites avec le barreau 4. Ce cylindre avait déjà été soumis à quatre réchauffements et refroi- dissements ; lors de sa dernière épreuve, il avait été chauffé pen- dant 75’ et avait présenté un coeflicient de variation de 0,0020. Le tableau XII montre les variations nouvelles auxquelles il a été soumis. TABLEAU XII. temps température intensité 2 h. 30’ (14 22° 4,70 3 h. 15 45! 85° 4,09 a ». 22! 52/ 24° 4,61 b » 38 68 24° 4,61 » 43/ 73! 78° 4,13 c » A8 78! 22° &,66 &h. #4 9% 80° 4,13 d » 10 100/ 80° 4,13 » A4 104 22° 4,61 » 20 110/ 22° 4,61 370 RECHERCHES SUR-L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE On voit (a) qu'une première variation s’est faite en 45’; la perte a été de 0,61 pour 63°, ou de 0,0020 de l'intensité primitive pour 1°. En c, il y a eu, en 5, un changement de température de 54° et une perte de 0,48, ou de 0,0019 par L°; en d, en 16, une variation de 58° et une perte de 0,53, ou 0,0019 pour 1°. — Encore ici, les diminutions d'intensité magnétique ont été sensiblement les mêmes pendant des réchauffements rapides et pendant des réchauffements lents. Il paraît résulter assez évidemment de ces chiffres que le temps pendant lequel la variation de température agit n’influe guère sur la quantité dont le magnétisme est diminué, dans le cas, au moins, où l’on a des barreaux qui sont déjà arrivés, par des réchauffements plusieurs fois répétés, à un certain état approximativement stable. Dans les expériences de M. Holmgren, les barreaux examinés étaient- ils soumis pour la première fois aux variations de température, ou sont-ce les mêmes qui avaient déjà servi à de précédentes expérien- ces? L'auteur ne l'indique pas. VI.— Influence du refroidissement au-dessous de la température à laquelle l’aimantation a lieu. 22, Lorsqu'on a chauffé un barreau au-dessus de la température à laquelle il a été aimanté, puis qu'on le laisse ensuite refroidir, une partie du magnétisme réapparait. Dans les expériences précédem— ment décrites et dans celles des auteurs qui se sont occupés de la même question, ce refroidissement ne s’est guère prolongé au-delà des limites à partir desquelles on a primitivement chauffé, limites où, généralement, l’aimantation avait eu lieu. Jai voulu voir quelle est l'influence d’un refroidissement à partir de la température d’aimantation et avant que le barreau ait été préa- lablement porté à une température supérieure. En faisant cet essai, je m'attendais un peu à voir l'intensité augmenter et, afin de pouvoir produire une variation de température assez notable, j'ai cherché à aimanter les barreaux à un point déjà élevé de l'échelle thermomé- trique. 23. Les barreaux précédemment employés ont été chauflés au rouge sombre, puis trempés de manière à les ramener à l'état naturel ; de nouveaux barreaux semblables aux premiers ont été mis en usage. Pour les aimanter , j'ai employé une petite caisse en cuivre mince, un peu plus longue que les barreaux eux-mêmes; cette caisse pou- vait être placée sur les deux pôles d’un gros électro-aimant et rem— plie d’eau à une température déterminée; c'est dans son intérieur que les barreaux étaient aimantés. Pendant qu'ils subissaient l'in fluence de l’électro-aimant, on les soumettait à des frictions conve- nables suivant la méthode de la touche séparée et ils demeuraient , durant cette opération, dans une eau maintenue en général de 50 ET LA TEMPÉRATURE DE L' ACIER. 371 à 60°. Lorsqu'ils avaient acquis une intensité suffisante, on trans- portait rapidement la petite caisse qui les contenait près de celle qui se trouvait placée sous le pendule magnétique. Dans cette dernière, se trouvait préparée de l'eau, à la même température. Le barreau était porté aussi promptement que possible d’une des caisses à l’autre et, à l’aide d'un courant de vapeur convenable, on maintenait la température de l'eau qui l'entourait aussi constante que possible pen- dant le temps nécessaire pour que le pendule magnétique, forcément un peu agité pendant cette opération, fût devenu parfaitement immo- bile. On déterminait alors l'intensité et on suivait les variations pen- dant le refroidissement. Dans la plupart de ces expériences , j'ai tâché de provoquer un refroidissement jusque dans le voisinage de 0°, en introduisant, vers la fin de l'expérience, uue certaine quantité d’eau glacée, par le moyen du tube-siphon de caoutchouc. 24. Lors de la première épreuve (barreau 6), je trouvai que , pendant le refroidissement, l'intensité magnétique diminuait d'une manière continue , comme pendant un réchauffement. La variation fut la suivante : température durée d’une oscillat'on intensité 55° 2/04 6,39 30° 2/08 6,12 12° 2/10 5,96 D° 2/42 5,85 Je pensai que le barreau avait été aimanté au-delà de son point de saturation et que la diminution observée dépendait de cette cir- constance et non de la variation de température. — Un nouveau ey- lindre (4) fut aimanté à 60°, avec toutes les précautions précédem- ment décrites et très-faiblement, afin d'être à coup süûr bien loin du point de saturation. Il donna les résultats suivants : température durée d’une oscillation intensité 60° 3/36 1,72 42° 3/44 1,63 23° 3/49 1,53 3° 3/59 1,37 Un autre barreau (5) fut aimanté plus faiblement encore. Voici sa marche pendant l’abaissement de la température : température durée d'une oscillation intensité 60° 4/30 0,66 30° 433 0,63 ; 23° 4/! 40 0,58 2° 447 0,53 Le phénomène se présentait ainsi toujours le même avec des ai- 372 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE mants très-inégalement intenses. Ce qui montre bien que l’abaisse- ment de température était la seule cause de la diminution d'intensité, c’est que le barreau 5 fut maintenu, pendant une demi-heure, à 23° et son intensité ne changea pas; cinq déterminations consécutives donnèrent 0,58; 0,58; 0,61 ; 0,58; 0,58. — En cinq minutes, on les refroidit brusquement à 2° et trois déterminations donnèrent: 0,53; 0,53; 0,53. — Une tentative analogue fut faite sur un autre cylindre (2). Il fut aimanté de 53 à 58° et présenta alors une inten- sité de 1,228. On le maintint à cette température, sous le pendule magnétique , à l’aide d’un courant de vapeur convenable, depuis 2 heures 40 minutes à 4 heures 5 minutes (une heure et demie). Des déterminations d'intensité faites à divers intervalles donnèrent : 4,298 ; 1,229 ; 1,228 ; 1,227 ; 1,227. On le relroidit alors brus- quement et on trouva : temps température intensité & h. 15’ 28° 1,219 » 20/ 15° 1,213 3’ 0° 1,208 Je citerai encore une expérience dans laquelle je voulus m’assu— rer que cette influence du refroidissement ne tenait point à ce que l’aimantation avait eu lieu au-dessus des temperatures ordinaires. Un barreau fut aimanté le 18 novembre, à une temprature ambiante de 6 à 8°. On l’abandonna pendant un mois à l'air libre. Le 18 dé- cembre, il fut placé sous le pendule magnétique où il demeura 12 jours pendant lesquels il fut soumis à un certain nombre de déter- minations. Jusqu'au 30 décembre , la température demeura à peu près constante et on trouva : temps température intensité 18 décembre ri 5,11 20 id. 0°5 5,08 26 id. 2° 5,10 30 id." (Æchi} 4° 5,08 On introduisit alors, avec précaution, dans la caisse et autour du bar- reau, un mélange réfrigérant qui abaissa sa température jusqu'à — 22° et même — 25°. La détermination d'intensité répétée quatre fois donna : id 4,90 id 4,90 id 4,90 25. Ainsi, la perte de magnétisme par le refroidissement au-des- sous de la température d’aimantation ne saurait être mise en doute. — Il en résulte que l'état magnétique d’un barreau et sa temprature sont intimément liés et que, à partir de l’aimantation, un refroidisse— ment-diminue l'intensité aussi bien que le réchauffement. On peut £T LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 373 done énoncer une loi plus générale que celle que l’on admet ordi- nairement pour ce genre de phénomènes et dire : Un barreau d'acier étant aimanté à une température quelconque, toute variation de tem- pérature diminue son intensité magnétique. — L'intensité magnéti- que dépend d’une façon bien intime de l’état moléculaire du corps aimanté, et tout éhangement dans cet état moléculaire, écartement ou rapprochement des molécules (dans la première variation au moins qui succède à l’aimantation) détermine une perte de force magné- tique. 26. Il s’agit maintenant de voir dans quelle mesure se fait la perte par refroidissement. — Afin de rendre comparables les résultats des divers barreaux, on a représenté par 1000 l'intensité au moment de l’aimantation, puis on a caleulé quel chiffre représente cette intensité dans les températures plus basses que celles-là. Les calculs appliqués aux barreaux 1, 3, 4, 5, 6 donnent les résultats du tableau XII. TABLEAU XIII. température barreau 4 barreau 3 | barreau 4 | barreau 5 | barreau 6 — 1000 1000 A l’aide de ces données, il est facile d'obtenir le coefficient moyen de variation; c'est-à-dire, la fraction de l'intensité primitive qui disparaît pour 1°. On trouve ainsi : 314 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE TABLEAU XIV. barreaux variation de tempér. intensité perdue coefficient 1 46° 102 0,0022 2 55° 20 0,000% 3 56° 19% 0,0035 L 59° 193 0.0035 5 58° 197 0.,003% 6 50° 84 0,0017 On aperçoit des différences assez notables; le barreau 2, surtout, présente un coefficient beaucoup plus faible. Cet écart considérable tient à des circonstances que je ne saurais indiquer, ei il convient peut-être d'éliminer ce résultat-là pour obtenir le coeflicient moyen qui se trouve alors : 0,00286. Si l'on compare les chiffres du tableau XIV avec ceux du ta- bleau VIIE, relatifs à la perte par réchauffement, au-dessus de la température d’aimantation, 0,00146# 0,0049% 0,00436 0,00192 on voit que les premiers sont notablement plus faibles. La moyenne des dermiers est : 0,00471 c’est-à-dire presque le double du coefficient de variation par refroi- dissement. Si donc l’abaissement de température au-dessous de l’aimantation produit le même effet que le réchauffement quant au sens de la va- riation, cet effet est bien moins considérable. 27. Lorsque les barreaux ont été refroidis, si on élève de nouveau leur température, on arrivera au degré de l'échelle thermométrique auquel l’aimantation a primitivement eu lieu, puis on dépassera ce point-là. En produisant cette variation, on aperçoit que le réchauf- fement détermine une nouvelle perte ; c’est-à-dire qu’on a le phé- nomène remarquable d'une diminution d'intensité qui se continue lors même que le sens de la variation de température a changé. En d’autres termes, les barreaux donnent lieu au phénomène général constaté lors du réchauffement ; seulement, comme on le verra bientôt, la température à laquelle l’aimantation a eu lieu ne devient pas complétement indifférente dans ces nouvelles variations. Voici d’abord les résultats bruts des expériences pour les cylindres 4 et 6. ET LA TEMPÉRATURE DE L ACIER. 375 L'aimantation avait eu lieu à 66 et 55°. L’intensité, à ce point-là , était 1,71 et 6,39. Par le refroidissement du premier jusqu'à 3", l'intensité était devenue 1,37 ; par le refroidissement du second à 5°, elle était devenue 5,85. En les chauffant on trouve : TABLEAU XV. BARREAU 4 BARREAU 6 Te QT, EE ne "1 UE TS température intensité température intensilé 20° 1,31 22° 5, 86 59° 1,50 40° 5, 73 65° 1,26 50° 5, 66 76° 1,24 70° 5, 40 85° 1,19 80° 5,25 93° 41,1% 90° 4,95 95° k,71 Afin de rendre les résultats comparables, on a caleulé les obser- vations pendant le réchauffement, pour les barreaux 3, 4, 5 et 6, en les rapportant, pour chacun d'eux, à l'intensité primitive au mo- ment de l’aimantation, cette intensité étant représentée par 1000.— On obtient alors les chiffres du tableau suivant : TABLEAU XVI. | température barreau 3 barreau 4 barreau 5 barreau 6 e2) ro © 10° 20° 22° 40° 50° 55° 60° 70° 71 76° 79° 90° 93° “I En | sI11&l ELSIE ET ErÉSETI 1 22 Ce [Sll&lll 376 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE Si on cherche quelle est la variation moyenne pour 1°, on trouve : barreaux variation de tempér. intensité perdue coefficient 5) 40° 41 0,00125 4 70° 99 0,0018 b) 68° 227 0,0039 6 68° 142 0,0023 Le coeflicient est caleulé en prenant le rapport entre l'intensité perdue et celle qui existait au commencement du réchauffement. — Ces coeflicients sont plus faibles que ceux des expériences où l’on réchauffait des barreaux pour la première fois, au-dessus de la tem- pérature primitive d’aimantation (tabl. VII). La moyenne pour ces derniers, est 0,00471 ; tandis que pour les précédents, elle est 0,00231. Cette dernière valeur est cependant plus forte que celle qui correspond à un second réchauffement (tabl. VII). Mais, il convient de voir si la variation de l'intensité est la même lorsque la température s'approche du point où l'aimantation a eu lieu, puis lorsque le réchauffement se poursuit au-delà de ce point. En d’autres termes, il faut rechercher le coeflicient de variation après avoir partagé le réchauffement total en deux périodes ; l'une jus- qu'à 55° ou 60°, l’autre comprenant les températures supérieures. L'aimantation a eu lieu à 50° pour le barreau 3, à 55° pour 4, à 60° pour 5 et à 50° pour 6. — Le tableau XVII met bien en évidence les intensités de chaque barreau aux deux limites et à la température intermédiaire correspondant à l'aimantation. TABLEAU XVII. BARREAU 9 BARREAU 4 BARREAU D BARREAU 6 A —, D |, tempér. | intensité | tempér. | intensité | tempér. | intensité | tempér. | intensité 765 22° 863 | 22° | 947 50° | 885 90° | 775 60° 818 636 Si l’on caleule maintenant le coefficient de variation pour chacun d'eux, on trouve : + ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 377 À, coeflicient de perte par réchauffement jusqu'à la température d’aimantation ; B, coeflicient de perte par réchauffement au-delà de la température d’aimantation. barreaux A B 3 0,0013 4 0,00019 0,0032 5 0,00130 0,0060: 6 0,0012 0,0030 On voit que la variation est moins grande jusqu’à la température d'aimantation. La différence est assez analogue à celle qu’on observe entre les coefficients de perte lors d’un premier puis lors d’un second réchauffement (tabl. VII). 28. Quand un barreau a éprouvé une première fois les modifica- tions moléculaires, quelles qu'elles soient, qui accompagnent une variation de température, les modifications suivantes influent moins Sur SO état magnétique. Dans le cas actuel , le réchauffement jus- qu'à 50 ou 60° est la seconde modification que le barreau éprouve, au point de vue des changements de température, entre ces limites là ; tandis que, dans les températures supérieures, ce réchauffement est la première variation. — Il se pourrait cependant que le fait seul que la variation de température est inférieure au point d’aimanta- tion ne soit pas indifférent à la grandeur de la perte de magnétisme. Cette supposition paraîtra plus probable par les considérations qui seront développées bientôt. WII. — Influence comparative des variations de température produites au-dessus et au-dessous de la température primitive d’aimantation. 29. Lorsque les barreaux cités dans les derniers tableaux, sont abandonnés au refroidissement , ils reprennent une petite portion du magnétisme qu'ils avaient perdu. Ils se comportent donc comme. des aimants dont la température à varié au-dessus du point primitif d’aimantation, ou, en d'autres termes, la perte du magnétisme, par refroidissement, ne s’observe que lors du premier refroidissement après l'aimantation ?. Il est intéressant de voir, maintenant, si plusieurs variations suc- : Ce coeflicient me parait trop fort. Je ne saurais dire à quoi tient cette valeur maximum. ? Ce fait, qui est évident d'après les tableaux précédents, ne m'avait pas frappé lorsque j'annonçai, pour la première fois, l'influence du refroidis- sement au-dessous de l’aimantation, et pourtant les chiffres bruts et enré- gistrés de mes expériences en étaient une preuve. M. Wiedemann, dans un excellent travail où il a bien voulu répéter quelques-uns de mes essais, m'y a rendu attentif. 5 378 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE cessives de température les amènent aussi à cet état à peu près stable où un certain changement dans l'échelle thermométrique produit un changement toujours le même dans l'intensité. — Dès les premières recherches, il m'a paru que les cylindres dont on fait varier plu- sieurs fois la température, au-dessous de l’aimantation, présentent une variation d'intensité moins grande que les autres. Le tableau suivant donne la marche du phénomène pour le barreau 3, soumis pendant plusieurs jours de suite à cles changements de température toujours inférieurs à la température de son aimantation. Ce barreau fut aimanté de 50 à 55°. TABLEAU XVIII. TEMPÉRATURE INTENSITÉ 14 avril . 53° 5,52 1000 17° 4,85 878 : 4,45 816 JON, 0, 2 T0 50° 4,35 788 18° L, 35 783 ASNaNEL SU 41 Pa 50° 4,31 781 2° 4, 40 797 AAA. 2 19° 4,35 783 49° 4,31 781 4° 4, 38 793 ZONE EU -2 < 48° L, 35 798 4° 4,45 806 v JO ATP EP 1, MES 14° L&, 475 809 50° 4, 45 806 20° L, 475 809 LA 1 CUIR MR PSI 11° 4, 475 809 D MEN 04 le, 11° 4, 45 806 Il paraît que du 23 au 30, il y avait eu un léger déplacement dans la position du barreau; son intensité semble plus forte relativement à la terre, mais cela n’empêche point de voir que ses variations d'intensité finissent par être très-peu prononcées pour des variations de température assez notables. ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 379 30. Afin de bien reconnaitre quelle est l'influence des change- ments nombreux de température , jai choisi un cylindre trempé au rouge sombre, je l'ai aimanté de 55 à 60°, puis je l'ai soumis 14 fois à une opération qui consistait à le refroidir jusqu'à — 10°, dans un mélange réfrigérant, puis à le chauffer jusqu'à 60° dans l'eau. C’est après avoir subi ces vicissitudes qu'il a été placé dans l'appareil servant à déterminer l'intensité. Il fut examiné là, à diverses tem- pératures, variant de 15 ou 20° à 45 ou 50°: — L'intensité magné— tique varia si peu que, bien souvent, mes moyens d'observation n'é- taient pas Suflisants pour constater un changement. Ainsi : 6,32 à 20°; 6,29 à,48°. 20°:,.,0,35;.48° : .… 6,32. 24°: .. 6,32; 20°:.. 6,33 ; etc. Ce barreau fut laissé pendant plusieurs jours en place etil continua à présenter ainsi une sorte deconstance approximative très-remarquable. Un autre , trempé aussi au rouge sombre, fut aimanté à 50° ; il présentait une intensité de 8,40, qui devint 7,54 à 14°. Il fut égale- ment soumis à une série de réchauffements et refroidissements suc- cessifs entre 15 et 50°, puis fut de nouveau examiné sous le pendule magnétique. Voici quelques-unes des observations, poursuivies pendant plu- sieurs jours de suite : temps température | durée de 100 oscill. intensité APAUE pire 1771}, NL 178/! 41771}, em kde A 178/ FFE VE ad À 1775 |, ATT "TS A77/1), AT a77 A771/, 176"), 176/! 2 PS 1765), 176/’ 3 LV U' TS. VAUT UV Te Lou el % vw v DID ASIN II I I IT I I SO w + % 380 RECHERCHES SUR L'’INTENSITÉ MAGNÉTIQUE On voit que, encore ici, les variations d'intensité sont très-faibles et inférieures à ce qu'elles sont, pour de pareils écarts de tempéra- ture, lorsque la variation se fait au-dessus de la température d’ai- mantation. Les mêmes recherches entreprises avec d’autres barreaux m'ont donné des résultats analogues, et j'ai souvent eu l’occasion de regretter que des moyens d'observation plus précis ne fussent pas à ma disposition pour constater des différences si minimes, qu’elles devenaient souvent inappréciables à mon appareil. C’est cette insuf- fisante approximation dans mes moyens de mesurer le temps et d'apprécier rigoureusement le commencement et la fin d’une série d'oscillations magnétiques, qui est, sans doute, la cause des irrégu- larités qu'on remarque dans les chiffres précédents. — Ces résultats montrent, en tout cas, que la variation d'intensité est extrêmement faible et, si on les compare à ceux du tableau IX, on verra une dif- férence prononcée. 31. Afin d'avoir un barreau préparé dans les conditions ordinai- res et tout à fait comparable aux précédents, j'en ai aimanté un vers 19 à 20°, puis je lui ai fait subir 36 variations de température de 20 à 90°. Examiné au point de vue de son intensité, il a donné les résultats suivants : temps température | durée de 400 oscill. | intensité | | | 93 juin 18° 15471}, | 10,82 36° 15617, | 10,42 — 155’ 10, 69 65° 160/1), 9, 89 — 160/’ 9,95 24 juin 18° 156/ 10,49 se 1567’ 10, 49 65° 16075), 9, 82 4 1641), 9,75 27 juin 24° 1581), nn 158/1, 68° 164// — 164/’ 46° 162/ On voit que, chaque jour, la variation de température de 20 à 65 ou 68° provoque une variation d'intensité notablement supérieure à ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 384 celle qui est constatée pour les barreaux qui précèdent immédiate ment. On remarquera, en outre, que malgré les 36 variations de température qu'a subies l'aimant, il continue à perdre un peu, cha- que jour , ou plutôt à chaque changement nouveau dans son état thermométrique. Il se peut, cependant, qu'un nombre suffisamment grand de variations amène le barreau à un état où il ne diminue dé- cidément plus; c’est au moins ce qu'a observé M. Holmgren :. M. Wiedemann a répété, en variant les méthodes d'observations, les expériences qui précèdent” et il est arrivé à des résultats analogues. Un de ses barreaux, aimanté à 18°, chauffé puis refroidi et chauffé de nouveau un grand nombre de fois présentait, à la fin, une varia- tion de 92 (0°) à 69 (100°). Un autre barreau, au contraire, aimanté d'abord à 100° puis refroidi à 0°, réchauffé et refroidi un grand nombre de fois, ne variait plus que de 83 (0°) à 79 (100°). Le coef- ficient de variation du premier est. 0,0025 ; celui du second : 0,00048. 32. C’est un fait bien remarquable que les deux états différents dans lesquels se trouvent des barreaux de même dimension, de même substance, trempés de la même manière , tous les deux ma- gnétiques ; mais l’un variant entre certaines limites de température plus que l’autre, et cette inégalité se rattachant aux variations subies à partir de la température d'aimantation. 33. Les phénomènes qui précèdent ne sont peut-être pas indiffé- rents pour l'étude d’une des questions les plus importantes de la physique du globe, c'est-à-dire l’état magnétique de la terre. La détermination de l'intensité magnétique terrestre ne peut être entre- prise, avec précision, que si l'on tient compte des variations nota- bles que subit le barreau lui-même. Que l'on emploie la méthode des oscillations ou le pendule bifilaire de Gauss, le résultat définitif dépend toujours de l'intensité du barreau aimanté au moment où l'on observe, c'est-à-dire d’une quantité qui varie avec la température. Les premières expériences, ayant pour objet l'intensité magnéti- que du globe, entreprises par des physiciens illustres, ne sont pas toujours corrigées de l'influence de la température et elles sont ainsi entachées d'une erreur assez grave. Hansteen, dans ses nombreux tavaux sur ce sujet, s'est fortement préoccupé de l'influence de la chaleur ; il a cherché, un des premiers, à la déterminer et à en tenir compte et ils s’est parfaitement aperçu de la difficulté que présentait cette recherche et des différences qui se rencontrent dans des bar- reaux en apparence semblables®. M. Christie“ signale également des 1 Ouvrage cité, page 515. 2 J'avais annoncé ces résultats dans la Bibliothèque universelle, jan- vier 1857. 3 Poggendorf's Annalen, 4827. #Philosophical Transactions, 1895. 382 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE différences dans les divers points de l'échelle thermométrique. Cet auteur, ainsi que Kuplfer, qui s’est occupé avec tant de persévérance de ces questions, savait que par des variations successives de tem- pérature on amène les aimants à un état plus stable. Dans une époque plus rapprochée de nous, on a moins cherché à connaître la vraie loi qui relie la température et l'intensité magnéti- que des barreaux, qu'à déterminer empiriquement l'influence de la température sur les indications de l'aiguille dans les circonstances où on l'observe. C’est ainsi qu'ont agi, par des méthodes différentes et en employant beaucoup d’ingénieuses précautions, MM. Bravais ! et Lamont®. Tous les auteurs sont d'accord pour signaler de grandes difficultés dans la détermination de la correction de la température, difficultés qui proviennent surtout des différences que présentent entre eux les divers aimants, ou, un même barrreau, dans les divers points de l'échelle thermométrique. — Ces irrégularités pourraient bien pro- venir, en partie au moins, du fait qu'il a été aimanté, généralement, entre les limites de températures entre lesquelles on l'emploie. Les ré- sultats rapportés plus haut montrent, d’une manière évidente, que la température du point d'aimantation est, en quelque sorte, une température exceptionnelle, qui n’est point indifférente aux phéno- mènes auxquels le barreau donnera lieu plus tard. Il est fort pro- bable que, dans la suite des variations, le coeflicient n’est pas le même pour les températures supérieures et pour les températures inférieures à ce point-là. Dans les expériences préliminaires, où l’on fait varier le barreau entre certaines limites de chaleur pour déter- miner sa correction, on aura des résultats qui ne seront point par- faitement les mêmes suivant que ces deux limites seront l’une et l'autre supérieures à la température d’aimantation, ou bien l’une supérieure et l’autre inférieure. Il faudra préférablemeni atmanter le barreau à une température sûrement au-dessus des limites entre lesquelles on se propose de le faire varier plus tard dans les observations. Jusqu'à présent, on a toujours aimanté les aiguilles destinées aux recherches du magné- tisme terrestre, daus les températures ordinaires, puis on les faisait varier un gran nombre de fois jusque dans des points assez élevés de l'échelle thermométrique.— Ne conviendrait-il pas de les aiman- ter plutôt à une température supérieure à celle que l'on peut attendre dans les observations, à 40 ou 50° par exemple? Après les avoir aimaniés, on les ferait varier un grand nombre de fois entre cette limite-là et 20° au-dessous de 0°. IL est fort probable qu’alors, en- suite des recherches et des raisonnements qui précèdent, leur varia- ? Observations de l'intensité magnétique terrestre en France, Suisse et Savoie. — Sur les observations de l'intensité magnétique horizontale à Bos- sekop en 1858 et 1839. ? Beschreibung der an der Munchern Sternwarte zu der Beobachtungen verwendete Instrumente und Apparate. Munchen, 1851. ET LA TEMPÉRATURE DE L ACIER. 383 tion serait tout à la fois plus régulière et plus faible. — Il est évident que, plus la variation est faible, plus les erreurs, quelles qu'elles soient (détermination insuffisamment exacte du coeflicient de correc- tion, appréciation fausse de la température au moment de l’obser- vation, etc.) seront diminuées. Il n’y a pas à craindre que l’intensité magnétique à communiquer aux aiguilles ne puisse être suflisante si on les aimante à une tempé- rature un peu élevée; de nombreuses tentatives m'ont prouvé qu’à 50, 60 et même 80°, on peut donner à un barreau une force bien suffisante pour les mesures relatives au magnétisme terrestre. VIII. — Variation de l'intensité magnétique au-dessus de 100°. 3%. Dans la première partie de ces Recherches, on a vu avec quel degré de vitesse les aimants perdent leur intensité magnétique pour une certaine élévation de température. En supposant que la dimi- nution continue à se faire suivant les mêmes lois, on a pu remarquer qu'une température même peu élevée devait anéantir complétement le magnétisme des barreaux ou, du moins, le diminuer tellement qu'il ne serait pas possible de le constater. — IL est sûrement inté- ressant de voir comment les barreaux se comportent au delà de 100”, de suivre leurs variations d'intensité dans des points de l'échelle thérmométrique où l’on ne peut point les amener à l’aide de l’eau bouillante. La plupart des recherches qui ont été faites dans les températures supérieures à 100° se rapportent à l’état incandescent du fer et, de- puis longtemps, on répète qu'à ce point-là, peu précis dans l’échelle thermométrique, les aimants ont entièrement perdu leurs propriétés caractéristiques. — Gilbert déjà dit que: « les aimants artificiels et « naturels perdent leur magnétisme par le feu ». Boyle et Lémery ! disent que cette perte a lieu avant le rouge. Des essais assez nom- breux ont été faits par Gilbert, Dufay?, J. C.5, etc. sur l’intensité magnétique pendant le rouge plus ou moins vif et après le refroidis- sement. — Plus récemment, Barlow et Bonnycastle * ont aussi exa- miné les résultats d’une température élevée sur les barreaux d'acier. Mais, entre 100° et le rouge il y a un intervalle considérable pendant lequel le magnétisme des aimants éprouve des variations et une diminution qui n'ont point été étudiées. Le moment où le ma- gnétisme abandonne les barreaux d'acier est, sans doute, bien supé- rieur à 100°; mais on ne saurait dire s’il est éloigné ou rapproché du rouge. Les recherches dans les températures supérieures à 100° ont été en général négligées. M. Plücker® , cependant, a examiné les 1 Mémoires de l’Académie de Paris, 1700. ? Mémoires de l’Académie de Paris, 1798. 3 Philosophical Transactions, 1694. 4 Poggendorf’s Annalen, 1827. 5 Poggendorfs Annalen, 1848. 384 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE variations que présentait un barreau de fer, aimanté par le courant de deux éléments de Grove, alors qu’il était plongé dans du sable et porté jusqu’à 300°. 35. Je suis parvenu à suivre les variations de l'intensité magné- tique des barreaux d'acier jusqu'à 260°, et à constater que, à cette température certes bien éloignée du rouge, les aimants ne conser- vent plus qu'une faible fraction de leur force primitive. L'influence de la trempe s’est ensuite montrée d’une manière très-nette. 36. Afin de chauffer les barreaux au-dessus de 100”, j'ai dû em- ployer une disposition autre que celle qui à été précédemment dé- crite. L'appareil consistait en une caisse en cuivre dans laquelle les barreaux étaient renfermés (fig. 3); cette caisse, remplie d'huile de lin, se fermait hermétiquement à l'aide d'un couverele muni de deux ouvertures tubulées, l’une destinée au thermomètre, l’autre à la sor- tie des vapeurs. La cuvette du thermomètre venait se placer immé- diatement à côté du barreau en expérimentation et plongeait par conséquent dans l'huile. Le barreau était élevé, par des supports, jusqu'aux trois quarts, environ, de la hauteur de la caisse, afin d'é- viter son contact avec le fond. La caisse renfermant le barreau était placée sur une grille, immédiatement au-dessous d'un pendule ma- gnétique constitué par le petit barreau cylindrique de 20 grammes, précédemment indiqué. Les précautions étaient prises pour que le gros barreau fût exactement parallèle au pendule dans le méridien magnétique, et pour que la verticale du fil passât par son milieu. — La caisse étant close était solidement attachée à la grille, par des fils de cuivre, afin d'éviter tout dérangement. 37. Les barreaux examinés étaient des morceaux d'acier eylin- driques un peu plus petits que ceux dont il a été question jusqu’à présent ; ils avaient 16 centimètres de longeur, 11 millimètres de diamètre, et pesaient, en moyenne, 130 grammes. — Ils étaient préalablement trempés puis aimantés à l'aide d'un énergique électro- aimant. Les expériences n’ont jamais été faites que plusieurs jours après l’aimantation, afin qu'il n’y eût pas à craindre une perte prove- nant de sursaturation. 38. À la distance où se trouvait de la caisse le pendule magnéti- tique (10 centimètres environ), les courants d’air chaud, produits par l'élévation de température, l’auraient agité trop vivement en même temps qu'ils auraient influé sur son intensité. Pour parer à cet inconvénient, la caisse était recouverte par un écran en bois d’en- viron 15 décimètres carrés, percé convenablement pour le thermo- mètre et le tûbe de vapeur. Au-dessus de cet écran se trouvait une couche de coton d'environ 3 centimètres, puis un nouvel écran en carton. Le barreau pendule était alors à 3 ou 4 centimètres au-des- sus de cette dernière plaque ; les courants d’air chaud ne se sont point produits et, quoique la température de la caisse ait été portée ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 389 à 260° et plus, la couche d’air environnant le pendule a varié au plus de 8 à 10°. — La caisse était chauffée directement à l’aide de deux lampes à alcool. L’intensité magnétique aux diverses tempéra- tures se déterminait comme précédemment ; seulement, il se présen- tait ici une difliculté assez sérieuse. Le chauffage par le moyen de lampes à alcool ne permettait point de ralentir, à un moment donné, l'élévation de la température et de la maintenir constante pendant la durée d’une détermination d'intensité. Cette circonstance amène for- cément un peu d'indétermination dans la mesure précise de la tem- pérature correspondant à une intensité déterminée. — J'ai noté gé- néralement, comme température, la moyenne des deux indications du thermomètre avant et après l'observation. En outre, j'ai, dans presque tous les cas, fait deux déterminations d'intensité, au même point de l'échelle thermométrique, et j’ai pris la moyenne des deux résultats comme exprimant l'intensité au moment thermométrique moyen des deux observations. 39. Voici, pour donner une idée du genre de précision possible, le résultat brut des expériences pour deux barreaux. TABLEAU XXI. BARREAU BARREAU B A ——., nombre nombre durée totale des oscill. température température des wscill, | durée totale 104// 124" 103 120/’ 120// 114/ 1157 5 106 im en [=] 139/1/, 1187 140/ 118/’ 1667’ 165 1657’ 165/’ 135/ 161” 136/ 111" 145/ 166" 166/ 110” 1657’ 150/ 150717 386 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 40. Les divers barreaux ne possédaient point tous une même in- tensité primitive. Le tableau suivant montre le résultat immédiat des expériences et rend déjà très-sensible la diminution notable produite jusqu'à 250°. TABLEAU XXII. INTENSITÉ température je | B | C | D | C/ | A 5.86 | 7,06 | 4,85 | 6,45 | 8,00 | 12,46 1.90 | 5.35 | 3/70 | #66 | 6:67 | 830 pr LE ienbltl Dateore 'emiepo 6e 195 | 2,34 | 1,47 | 2,02 | 2,64 | 0.61 | 1,98 2 [946 | 243 044 | 0.82 | 0,12 | 0,93 | 143 | 1,07 HÉPTE Gygu dt Emañttéq A ea: 3 Me 0,34 | — | 0,10 | 0,22 | 1,02 | 0,93 Le 0} ÉX NU ARRET TT OT On voit que tous exerçaient une action plus énergique que celle de la terre; le plus faible, C, était presque cinq fois plus intense. Afin de les rendre comparables, on a calculé les valeurs du ta- bleau XXII en représentant par 4000 l'intensité de chaque barreau à la température initiale 40°; c’est ainsi qu'a été obtenu le ta- bleau XXIIT. TABLEAU XXII. INTENSITÉ température TR T LE EE an]! med I don) |o |. | 10° 1000 | 1000 | 1000 | 1000 | 1000 | 1000 95 — 100° | 836 | 758 | 781 722 | 833 665 130° 519 — — | 313 — 539 170° 333 | 991 241 202 | 330 — 200° 104 | 181 — — | 270 171 230 - 35° 75 116 25 36 | 180 86 240° — | 112 — — _— — 250° D8 — 21 34 | 130 75 260° — — — — | 112 ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 387 On aperçoit ici, d’une manière très-marquée, que les divers bar- reaux ne subissent pas également l'influence de l'élévation de tem- pérature. On aperçoit, en outre, qu'à 250° l'intensité magnétique est considérablement réduite. Celui qui en conserve le plus a perdu les 0,87 de son intensité primitive et celui qui en conserve le moins a perdu les 0,98 : il est presque entièrement désaimanté. &1. Les variations différentes que présentent les divers barreaux se rattachent, comme on va le voir, à leur trempe plus ou moins dure. Le barreau A a été trempé au rouge vif, B au rouge cerise vif, C au rouge sombre, D au rouge noir, C/ au rouge irès-vif, A’ au rouge noir. — Il suflit de jeter les yeux sur le tableau XXII pour remar- quer que ceux qui ont été trempés au rouge vif ou cerise perdent noins par l'élévation de température, que ceux qui l'ont été au rouge sombre et noir. Pour rendre cette différence évidente, il suffit d’é- tablir deux groupes: le premier formé de A, B, C/ trempés dur, et le second de C, D, A’ trempés moins dur. En prenant les résultats moyens on constitue le tableau suivant : TABLEAU XXIV. température A, B, CI C, D, A’! 10° 1000 1000 95 - 100° 809 723 130° 519 42% 170° 331 224 200° 15 171 230 — 35° 123 49 “240° — = 250° 94 44 260° — F9 On voit d’une manière évidente, et dans toute la série des tempé- ratures, que les barreaux les plus fortement trempés conservent le mieux leur magnétisme. Afin de m'assurer que cette différence tient bien à la trempe et non à quelque propriété particulière de l'acier de chaque cylindre, j'ai soumis à deux essais un même cylindre. — Le barreau C, après avoir subi un premier essai, fut chauffé au rouge vif puis trempé: c’est C/; À, qui avait été examiné après une pre- mière trempe dure fut chauffé puis trempé au noir: c’est A/.— Afin d'éliminer l'influence que pourrait avoir la qualité, en quelque sorte, métallique de chaque barreau, il suflit donc d'examiner les moyennes de deux groupes: A et C/ puis G et A’. On trouve ainsi : 388 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE TABLEAU XXV. température AC’ C A’ 10° 1000 1000 95 - 100° 834 723 130° == PE 170° 332 241 200° 187 171 230 - 35° 127 55 250° 9% 50 L'ensemble de ces résultats et surtout le tableau XXV permettent donc de tirer cette conclusion: les barreaux d'acier fortement trem- pés perdent une proportion moins forte de leur magnétisme, lorsqu'on les porte de A0 à 250", que ceux qui ont subi une trempe plus faible. 42. Il y aurait maintenant à rechercher si les intensités corres- pondant aux diverses températures, sont soumises à quelque loi simple de variation. — Les divers barreaux pris isolément, pas plus que les moyennes, ne vérifient la proportionnalité de la diminution avec la température. J'ai essayé de représenter quelques-unes des observations par la formule déjà examinée : [=a—bt—ct° Mais elle ne convient décidément pas pour les chiffres des tableaux précédents. — Si l’on cherche le coeflicient de variation pour 1°, on trouve des valeurs différentes suivant les divers points de l’échelle thermométrique et suivant les barreaux. Le premier groupe des barreaux trempés dur (A, B, C”) donne, comme coefficient moyen: 0,0021 entre 10 et 100°; 0,009 entre 100 et 430° ; 0,00%%4 entre 130 et 170° ; 0,0048 entre 170 et 200° ; 0,0019 entre 200 et 230°. Le second groupe des barreaux trempés plus doux (C, D, A’ ) donne 0,003 de 10 à 100°; 0,0099 de 100 à 130°; 0,005 de 130 à 170° ; 0,0017 de 170 à 200; 0,0035 de 200 à 230°. — Les coeflicients de perte sont plus forts pour ces derniers que pour les premiers; ce n’est qu'une nouvelle forme de la loi indiquée plus haut. 43. Ces coefficients sont généralement plus faibles que ceux qui se trouvent dans le tableau VIIL et qui se rapportent aux premiers aimants examinés. Cette différence peut provenir du degré de trempe, de la rapidité de l’échauffement , de la dimension des barreaux. — Les premiers barreaux avaient été trempés au même degré que ceux du groupe (A, B, C’); le coefficient moyen de variation des premiers entre 10 et 100° avait été : 0,0046%; celui des seconds est: 0,0021. nn mo js ET LA TEMPÉRATURE DE L ACIER. 389 — La différence des dimensions peut avoir de l'influence; car sui- vant les recherches de Riess et Moser ‘, les barreaux plus épais perdent une plus forte proportion que ceux qui le sont moins. — L'intervalle pendant lequel la variation de température se produisait est enfin peut-être à considérer. MM. Riess et Moser la considèrent absolument comme indifférente et des recherches décrites précédem- ment dans ce Mémoire, semblent assez appuyer leurs conclusions. ( V) D'une autre part, M. Holmgren ? soutient une opinion qui paraitrait appuyée par les chiffres ci-dessus; ear la durée du ré- chauffement dans l'huile a toujours été notablement moindre que dans les premières expériences où l’on chauffait à l'aide d’un courant de vapeur. k4. Les divers barreaux, examinés séparément, ou les deux groupes examinés dans leur variation moyenne montrent tous que la variation est plus forte entre 100 et 200° qu'entre O et 100° ou au-dessus de 200°. — Au-dessus de 200°, la diminution du magné- tisme parait se faire avec plus de lenteur et quoique à 250° les bar- reaux trempés dur ont perdu 0,90 de leur intensité primitive, les autres 0,95, 4 n'est quêre possible de prévoir à quelle température la chaleur enlève complétement le magnétisme d'un barreau aimante. En voyant la diminution rapide qui se fait à partir de 100° et la forme des courbes * qui représentent les expériences, on serait dis- posé à penser que 300° au plus suffisent pour produire la désaiman- tation. Cette conclusion peut paraitre cependant moins certaine quand on remarque la diminution du coeflicient de perte à partir de 200°. 45. En laissant refroidir les barreaux amenés à ces hautes tempé- ratures, ils recouvrent une partie de leur magnétisme. Voici quelles ont été les intensités observées lorsque les aimants précédents ont été ramenés à 10°: TABLEAU XXVI. tempér. À . . 182 Clures 260 À, B, C!' . : 216 10° | B -. 185 Alec: . «300 G:D, A! -::5971 C .. 354 À, C’. . 221 C, A’ 372 D . . 368 On voit ainsi ce résultat évident et remarquable que Les barreaux trempés dur, ceux qui ont le moins fortement subi l'influence de l’é- 1 Poggendorf’s Annalen, 1829, page 441. ? Ouvrage cité. 3 J'ai construit ces courbes pour les deux groupes de barreaux. 390 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE lévation de température, sont aussi ceux qui recouvrent le moins par le refroidissement. Les barreaux trempés dur (A, B, C/ et A, C/) ont subi une perte en quelque sorte stable, définitive ; tandis que les bar- reaux trempés seulement au noir sont, après le refroidissement, plus magnétiques que les premiers. Ainsi, de deux aimants, l'un à trempe dure et l’autre à trempe faible, le premier se conservera plus intense que le second par l'élévation de température; la différence pourra être très-prononcée au moment du maximum de chaleur, puis, par le refroidissement, le barreau trempé faible recouvrera non-seule- ment assez de magnétisme pour égaler l’autre, mais lorsque tous deux seront revenus à leur point de départ, il aura, en définitive, une intensité plus forte. —Le tableau XXVI montre que les barreaux trempés dur ont recouvré, en moyenne, en passant de 250 à 10°, 0,122 de leur intensité primitive; ceux à trempe plus faible, 0,327. Dans les premiers! il y a eu 0,784 définitivement perdus, dans les seconds, seulement 0,629. 4G. En chauffant une seconde fois les barreaux ci-dessus, ils perdent une nouvelle portion de leur intensité magnétique et se trouvent plus affaiblis encore qu'après la première opération. Le tableau XXVII montre les résultats calculés et réduits, en prenant pour base l'inten- sité primitive représentée par 1000, pour A, B et D. TABLEAU XXVIL. température A B D 10° 182 185 368 170° — 136 149 180° — — 145 210° 36 — — 230° — — — 235° — 62 17 250° 31 — 17 Le barreau A, qui avait perdu 0,942 à un premier réchauffement, ne perd plus que 0,151 à un second. Son intensité se trouve alors réduite à 0,031 dé ce qu’elle était primitivement. Le barreau B, qui avait perdu 0,888 une première fois, ne perd plus que 0,123 dans une seconde opération. Tous présentent les mêmes résultats. — Le refroidissement, après une seconde élévation de température, amène les barreaux trempés doux à une intensité qui est peu différente de celle qu’on a obtenue après le premier refroidissement. Un premier réchauffement avait définitivement enlevé aux barreaux G et D une intensité de 0,646 et 0,632; un second réchauffement n’enleva défi ET LA TEMPÉRATURE DE L' ACIER. 391 nitivement que 0,047 et 0,040, c'est-à-dire 16 fois moins. Après le refroidissement succédant à la première élévation de température, il restait à D, 368 ; après le second refroidissement, il lui reste 330. Les barreaux trempés dur présentent tous des pertes définitives plus considérables. — Ainsi, par des réchauffements répétés et suc- cessifs, on affuiblira beaucoup plus promptement un aimant forte- ment trempé qu'un autre trempé plus faible. IX. — Aimantation des barreaux d'acier pendant leur refroidissement. 47. [n’est malheureusement guère possible de suivre les varia- tions de l'intensité magnétique des aimants pendant la série des tem- pératures qui s'étend depuis 300° jusqu'au rouge. Lorsqu'un barreau est arrivé à la température du rouge, il ne manifeste pas de magné- tisme, et tous les auteurs sont d'accord pour dire que cette chaleur considérable détruit complétement les propriétés attractives des ai- mants. Lorsqu'on laisse refroidir les barreaux à partir de ce point-là, ils peuvent s'aimanter par le simple refroidissement et acquérir une polarité, faible sans doute, mais cependant appréciable , si toutefois le barreau est convenablement orienté pendant son abaissement de température. — Le magnétisme qui apparait par le refroidissement, commence à se manifester lorsque le barreau ne paraît plus lumi- neux à la clarté ordinaire du jour, suivant Gilbert. Du Fay remar- qua que c'est la position du barreau pendant le refroidissement qui influe sur les propriétés nouvelles qu’il acquiert. Plus tard, Barlow et Bonnycastle se sont occupés de l'influence des hautes températu- res sur les aimants et, après avoir confirmé les indications des au- teurs précédents, ils annoncèrent que, pendant le refroidissement, il y a une certaine température où les barreaux présentent une pola- rité inverse de celle qui s’observe après le refroidissement complet. C’est dans le parcours des températures désignées par bright red and red heat que se produit cet étrange changement. Seebeck, peu de temps après les recherches de Barlow et Bonnycastle, a répété quelques-unes de leurs expériences sans confirmer toujours leurs résultats, et il a, en outre, recherché comment les pôles se distri- buent dans le barreau lorsqu'ils y apparaissent par uu refroidisse- ment partiel ou total de la masse. Dans toutes ces recherches, on n’a pas mesuré l'intensité magnéti- que qui se produit par le refroidissement, ni étudié la différence qui peut provenir d'un refroidissement lent ou rapide, et enfin l'influence que peut avoir, sur le résultat final, le fait que les barreaux que l’on examine étaient ou non aimantés avant qu'on les portät au rouge. 48. J'ai fait un certain nombre d'expériences relatives à l’action de très-hautes températures sur les barreaux, et à l’aimantation qui 392 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE se produit pendant le refroidissement. Les résultats, sans être d'une extrême précision, permettent cependant de tirer des conclusions intéressantes. 49. Les barreaux examinés étaient des cylindres plus petits que ceux dont il a été question jusqu’à présent. Leur longueur était de 160 millim., leur diamètre de 11 millim. et leur poids, en moyenne, de 130 grammes. Il était ainsi possible de les chauffer dans toute leur masse à une même température. Leur intensité magné- tique a toujours été déterminée par la méthode précédemment décrite ; mais ils ont été examinés au pendule magnétique seulement après leur refroidissement, c’est-à-dire après la variation de température. Pour étudier leur action sur le pendule, on les plaçait sur une sorte de chevalet qui pouvait en être plus ou moins rapproché. Une mince tige de fer, convenablement implantée sur la base même du chevalet, permettait de placer un même barreau dans une position toujours parfaitement identique, en le laissant glisser autant que le comportait l’écartement des bras du chevalet, puis en le poussant jusqu’à ce qu'il vint appuyer, par une de ses extrémités, contre la pomte de fer. Des précautions étaient prises pour qu'il se trouvât ainsi paral- lèle au pendule magnétique, horizontal et ayant son centre situé sur le prolongement du fil de suspension, Le petit théodolite, placé à 6 mètres de distance et pourvu d’un réticule, permettait de s’assurer de la position donnée au barreau et de constater, par conséquent, si cette position était bien toujours la même. J'ai reconnu par de nom- breux essais préliminaires, qu'en enlevani le barreau puis en le re- plaçant, il revenait à une position assez exactement la même pour que son action sur le pendule magnétique ne présentât aucun chan- gement appréciable. Le pendule magnétique était toujours un petit barreau cylindrique de 25 grammes. Il avait été, suivant la méthode que j'ai discutée ($ 33), aimanté à 60°, puis refroidi et réchauflé un grand nombre de fois afin de le rendre aussi insensible que possible aux variations, d’ailleurs faibles , de la température ambiante. — Sous l’mfluence de la terre seule, son osciliation, déduite comme moyenne d’un grand nombre d'expériences, était 4//,57. 50. Les barreaux 1, 2, 3, 4, 5, 6, ont été trempés au rouge ce- rise, puis aimantés à l’aide d’un gros électro-aimant et de frictions pratiquées suivant le procédé de la touche séparée. Trois d’entre eux (1, 2,53,) ont été recuits jusque dans le voisinage du rouge sombre avant l’aimantation. — On a déterminé leur intensité magné- tique en les plaçant successivement sous le pendule. Les observa- tions ont été calculées à l’aide de la formule connue ($ 1) et on a trouvé : ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 393 TABLEAU XXVIIE. barreaux intensité 1 6,18 2 6,56 3 6,18 4 4,36 5 1 QURS 69419810 4190 6 Toad oc EE On peut remarquer ici, ce que j'ai du reste souvent eu l'occasion d'observer, que les barreaux trempés les plus dur s’aimantent moins ue cenx qui ont été trempés plus doux ou recuits convenablement, oulomb avait déjà indiqué ce fait ; mais certains auteurs annoncent l'inverse. Il importe maintenant, pour les expériences qui vont suivre, de distinguer les deux extrémités d’un même barreau. Comme cha- eun d'eux était marqué par des traits plus ou moins nombreux à l’une de ses extrémités, je désignerai cette ‘extrémité-là par T et l'autre par U. J'appellerai pôle nord du barreau celui qui attirerait l'extrémité nord d’une aiguille de boussole, celui qui se dirigerait vers le sud si le barreau était librement suspendu. Voici quel était l’état des barreaux, à ce point de vue, après leur aimantation : À et 3 avaient leur pôle nord en U; 2, 4, 5 et 6 l'avaient en T. 51. Quatre barreaux furent chauffés dans des charbons incandes- cents jusqu'au rouge cerise, puis refroidis dans le plan du méridien magnétique, l’une des extrémités tournée vers le nord. Deux (1 et 4) furent refroidis lentement, deux autres (3 et 6) furent refroiïdis brus- quement par l'immersion dans l’eau froide. On les examina ensuite au pendule magnétique afin de constater, tout à la fois, l'existence d'une polarité et l'intensité du magnétisme. Chacun fut l'objet de deux déterminations ; la première lorsque T, par exemple, est dirigé vérs le nord et U vers le sud, la seconde après retournement, lorsque U est vers le nord et T vers le sud. | 52. Ilest clair que si un barreau a une polarité qui ne soit nul- lement affectée par le fait du retournement sous le pendule, si son pôle nord est en T, par exemple, il provoquera d’abord, dans le pendule, une oscillation dont la durée sera %//,57—b, b dépendant de son intensité ; puis, par le retournement, il provoquera une oscil- lation de 4/,57L4". Or, il est facile de voir que, si l'intensité du barreau est faible, b sera sensiblement égal à b. — En eflet, soit 4 l'intensité de la terre, a celle d'un barreau. Il est clair que les forces auxquelles sera soumis le pendule dans une première position du barreau, puis lors du retournement, seront 1 a et 1—a, Si, d’ailleurs, T est la durée d’une oscillation sous l’mfluence de la terre “ 394 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE seule, £ et t” celles d’une oscillation sous l'influence de la terre et du barreau dans sa première, puis dans sa seconde position, on aura évidemment, en vertu des formules connues du pendule F2 T° 2 — 1La se PA in Appelons b et b’ les différences entre les valeurs de t, t/ et T, on aura : d'où l’on tire facilement : b=T fo) Il est clair que ces deux valeurs diffèrent peu l’une de l'autre, lorsque a est très-petit. Si, par exemple, l’on calcule b et b’ pour le cas d’un barreau dont l'intensité est 0,10, alors que T = 4//,57, on trouve : b=0/",91 bi=0,25. 53. Le tableau suivant contient les résultats obtenus. TABLEAU XXIX. U tourné vers le nord T tourné vers le nord barreaux durée : ef durée : eg” d’une oscill. intensité d’une oscill. intensité 4,15 #7,37 | 0,09 w'5S1 4!" RQ 436 AN w1 37 #5 | 0,05 ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 395 Les barreaux 1 et 3 avaient l'extrémité U dirigée vers le nord pendant leur refroidissement; pour les barreaux 4 et 6 c'était l'ex- trémité T. — On remarquera ici: 1° que la polarité n’est pas nette- ment prononcée , puisque, quelle que soit la position du barreau (retourné ou non) , il produit toujours une oscillation du pendule plus rapide que celle qui résulte de la terre seule ; 2° qu'il y a ce- pendant polarité et que ce n’est pas la simple action d'un corps ma- gnétique, puisque l'influence n'est pas la même dans les deux posi- tions. On remarquera, en outre, que les barreaux 1 et 3, qui ont été refroidis T tourné vers le sud, présentent en T un magnétisme nord plus développé que vers l'extrémité U ; les barreaux 4 et 6, qui ont été refroidis U tourné vers le sud, présentent au contraire un magné- tisme nord plus intense en U. — Si on compare l'état actuel des barreaux avec leur état avant le réchauffement, on verra que, par le refroidissement , les pôles sont, pour quelques-uns , intervertis. Le cylindre 4, par exemple, avait un magnétisme nord à l’extré- mité U; après le refroidissement, son action sur le pendule est celui d’un barreau qui aurait du magnétisme nord à ses deux extrémités, mais davantage en T qu'en U. Il en est de même pour les autres. — Ainsi, le refroidissement à partir du rouge, sur des barreaux primi- tivement aimantés et orientés du sud au nord , n’a pas produit une polarité nette ; il s'est bien produit un pôle nord à l'extrémité tour- née vers le sud pendant l’abaissement de température: mais l’extré- mité dirigée vers le nord, et qui était un pôle nord avant le réchauf- fement, conserve une faible portion de son magnétisme. 54. Les barreaux précédents ont été soumis à une seconde expé- rience semblable à la première. — Ils ont d’abord été chauffés au rouge, trempés perpendiculairement au méridien magnétique, puis aimantés de telle façon que leur extrémité T devint un pôle nord. On a déterminé leur intensité magnétique : TABLEAU XXX. barreaux intensité | ol 6,12 , DEC 6,56 E VAE è 7,46 ae osrtss 4,90 Brie 4,90 Gite x ; 9,62 Tous ont été ensuite chauflés au rouge cerise vif puis, lorsque le refroidissement les amenait au rouge cerise sombre, on les trempait. brusquement dans l'eau froide, parallèlement à l'aiguille d’inelinai- 396 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE son. Les cylindres 2, 3, 6 avaient leur extrémité U en bas pendant cette trempe; 4, 5 et 4 avaient l'extrémité U en haut. On les examina au pendule magnétique en plaçant d'abord T vers le nord, ensuite U. Voici le résultat des observations : TABLEAU XXXI. U tourné vers le nord T tourné vers le nord barreaux Re. TT durée ER durée r > d'une oscill. intensité d'une oscill. intensité 5/05 471,05 4/65 y" 30 #7 70 gr 21 “as | 0,05 | 4492 4,65 47:30 #50 | 0,03 | 4,37 On voit que les barreaux 1, 2,3 et 5 ont une polarité bien mar- quée, T étant le pôle nord comme il l'était avant le réchauffement; 4 et 6 sont dans les mêmes conditions que ceux du tableau XXIX, et leur extrémité T, qui a la polarité la plus prononcée, est aussi celle qui était pôle nord avant l'élévation de température. La polarité s’est donc, en quelque sorte, conservée malgré le rouge vif, surtout dans 1 et 5, et quoique, pendant le refroidissement, T ait été situé en bas, c'est-à-dire dans les conditions favorables pour devenir un pôle sud; 4, qui aurait dù également posséder un pôle sud en T, présente au contraire plus de magnétisme nord à cette extrémité-là qu'en U. Avant d'examiner toutes les conséquences qui résultent de ces premiers essais, il est bon de voir maintenant l'influence du refroi- dissement sur des barreaux pris à l’état naturel et portés au rouge. 55. Six nouveaux barreaux, en tout point semblables aux précé- dents et pris à une tige d'acier analogue, ont èté marqués 7, 8, 9, 10, 11 et 12. On les chauffa au rouge cerise dans des charbons in- candescents, puis on les refroidit en les plongeant brusquement dans l’eau, dans une direction parallèle à l'aiguille d’inclinaison. Pendant cette opération, T était en bas pour 7, 8, 10 et 11 ; il était en haut pour 9. Voici les résultats constatés au pendule ‘ : 1 Avant cette expérience, le fil de suspension s'était brisé. Le pendule, attaché de nouveau et examiné après cette chnte, avait, sous l'influence de la terre seule, une oscillation de 4//,50. ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 397 TABLEAU XXXII. barreaux L 2 e | 2 d'une oseill, intensité d'une oscill. intensité 41,21 471,53 3/!,90 32 5,11 471,60 4,97 Lt, 38 &!! 52 4,30 41,60 Tous ont une polarité bien prononcée et l’extrémité qui était tour- née vers le sud pendant le refroidissement (ou en haut) a pris un pôle nord. On doit remarquer encore ici que les deux pôles sem- blent avoir une inégale intensité, c’est-à-dire que la durée de l’oscil- lation n’est pas supérieure à #/”,50 autant quelle devrait l'être lorsque le barreau agit après avoir été retourné. Deux jours après ces expériences, les cylindres 7, 8 et 10 ont été examinés de nouveau. Leur polarité s'était maintenue, mais l’inten- sité magnétique s’était un peu affaiblie dans 7 et 8. 56. Les barreaux précé:ents, ainsi que 12, on été chauffés de nouveau au rouge, puis trempés dans l’eau froide parallèlement à l'aiguille d’inchinaison, mais dans une situation telle que l'extrémité qui était en bas, dans le dernier refroidissement, se trouvait mainte- nant en haut, et inversement. 7 fait exception, il a été trempé comme pour le tableau XXXIT; 8 a dû être abandonné parce qu'il s’est fendu sur presque toute sa longueur pendant la trempe. 7, 9 et 12 ont donc été refroidis T en bas ; 10 et 11, T en haut. Sous le pen- dule, les barreaux présentent les caractères suivants : 398 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE TABLEAU XXXHI. U tourné vers le nord T' tourné vers le nord barreaux — D durée spé durée ; 2 d'une oscill. intensité d’une oseill. intensité 47,35 | 0,08 | 4,50 w1,35 | 0,09 | 47,61 10 | 4750 4137 | 0,06 IL | 4762 41,30 | 0,10 12 | 4732 | 0,09 | 27,55 On voit que la polarité est assez prononcée chez tous, et, si l'on compare ces résultats avec ceux du tableau XXXIF, on remarque que les pôles ont été intervertis dans 9, 10 et 11. Les mêmes expériences furent encore répétées avec 7, 9 et 12. On les chauffa au rouge, puis on les refroidit de telle sorte que T se trouvât en haut pendant l'immersion dans l’eau froide. Tous trois acquirent un pôle nord en T, U devint pèle sud, et il y eut ainsi une nouvelle interversion. — Une nouvelle opération les ramena à l'état de polarité du tableau XXXHIE. 57. On voit donc que le refroidissement brusque des barreaux naturels portés au rouge est toujours accompagné d'une aimantation dans laquelle l’extrémité dirigée vers le sud devient un pôle nord. La polarité n’a jamais été douteuse dans les expériences du tableau XXXIT et XXXIIT ; elle est plus prononcée et plus nette que dans les tableaux XXX et XXXI. Cependant, si les barreaux provoquent une oscillation de 4//,50—+b dans une première position, cette durée ne devtent pas 4//,50+-b après le retournement : elle demeure toujours inférieure. Il semble que, par le fait même de leur situation dans le méridien magnétique pendant qu’ils agissent sur le pendule, les barreaux su- bissent, malgré leur trempe, quelque influence de la terre tendant à modifier l’action de leurs pôles. 58. Les expériences décrites ci-dessus ont été répétées en laissant les barreaux se refroidir lentement à l'air, mais t@jours dans une situation parallèle à l'aiguille d’inclinaison. — Les barreaux 7, 8, 9, ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 399 10, 41 et 12 furent chauffés au rouge cerise vif, puis placés paral- lèlement à l'aiguille d'inclinaison pendant toute la durée de leur re- froidissement, les uns appuyés contre des plans convenablement inclinés, les autres maintenus en leur milieu à l’aide de pinces. Ils se sont refroidis dans une position telle que 7, 9 et 12 avaient leur extrémité T tournée vers le sud, tandis que 8, 10 et 11 avaient T tournée vers le nord, — Placés sous le pendule, ils donnent les ré- sultats suivants : TABLEAU XXXIV. U tourné vers le nord T tourné vers le nord barreaux Re. PR. OT durée : #: durée | Es d'une oscill. intensité d'une oscill. intensité y7,32 | 0,09 4" 50 4!" 50 | #30 | 0,10 47 ES #35 | 0,06 On voit que tous les barreaux, dont l’état magnétique, avant cette dernière opération, se trouve représenté dans le tableau XXXIIE, ont leurs pôles maintenant intervertis : c’est-à-dire que le refroidisse- ment lent a produit le même effet que le refroidissement brusque dans l’eau. Il est cependant à remarquer que la polarité est moms prononcée dans le tableau XXXIV. L’oscillation est même parfois un peu inférieure à 4//,50, alors que le barreau est dans une position telle que ses pôles devraient repousser ceux de l'aiguille qui sont les plus voisins. Il semble encore ici, que le pôle sud du barreau est moins énergique que le pôle nord. Vingt-quatre heures après les expériences du tableau XXXIV, les barreaux 7, 8 et 9 ont été examinés de nouveau. Leur polarité n’a ait pas changé de sens, l'intensité magnétique était un peu affaiblie. 59. Il restait enfin à examiner l'influence du refroidissement dans une direction perpendiculaire au méridien magnétique, — Les bar- reaux furent chauffés au rouge cerise, puis trempés horizontalement et perpendiculairement à la direction de l'aiguille de déclinaison. Dans 5 400 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE cette opération, les barreaux 7, 10 et 12 avaient leur extrémité T à l'ouest; 8, 9 et LL avaient T à l’est. Voici les résultats : TABLEAU XXXV. | U tourné vers le nord T tourné vers le nord | barreaux | a TE durée . , durée Anne toe eus | intensité d'une oscill. | intensité 7 | w'u5 | 0,025 | #!& | 0,03 8 3/!,46 0,02 5/!,41 0,04 9 | was | 0,025 | #47 | 0:02 10 | 4748 | 0,025 | 445 | 0.025 ui | #22 | 004 #43 | 00% 12 4/7 50 0,00 4 4 0,03 Ce tableau montre qu'il n’y a guère de polarité manifeste; les bar- reaux agissent à peu près de la même façon sur l'aiguille du pendule, quelle que soit leur position, ou, en d’autres termes, ils ont les ca ractères d’un corps magnétique mais non magnétisé. Les traces de polarité qui semblent exister dans les cylindres 8 et 12, peuvent provenir de ce qu'ils n’ont peut-être pas été plongés dans l’eau dans une position rigoureusement perpendiculaire au méridien magnétique. 60. Il résulte des expériences précédentes que le simple refroi- dissement est bien une cause d’aimantation pourvu que le barreau soit convenablement orienté; seulement le refroidissement brusque paraît plus efficace, sous ce rapport, que le refroidissement lent, et, en tout cas, l'intensité magnétique acquise est très-faible. Dans les barreaux trempés, elle est en moyenne 0,13. Les mêmes barreaux, aimantés par le procédé ordinaire des frictions pendant qu'ils étaient lacés sur l’électro-aimant , avaient acquis une intensité moyenne e 6,59, c’est-à-dire environ 50 fois plus forte. Si, maintenant, on compare les résultats donnés par les barreaux primitivement aimantés et ceux des barreaux qui ne l’étaient pas, on peut faire les remarques suivantes. — Les tableaux XXXIE, XXXIIT et XXXIV montrent des barreaux où la polarité est bien prononcée ; ce sont ceux qui étaient à l’état naturel avant d’avoir été portés au rouge, et qui, par le refroidissement (rapide surtout) parallèlement à l’aiguille d’inelinaison, ont pris un pôle nord à leur extrémité sud et un pôle sud à leur extrémité nord. Les tableaux XXX et XXXT, ET LA TEMPÉRATURE DE L ACIER, 4OA au contraire, montrent des cylindres où la polarité n’est point nette, et où même le pôle dirigé vers le sud pendant le refroidissement, n'est pas toujours un pôle nord ; ce sont ceux qui étaient aimantés avant leur réchauffement. Il semble done que la température du rouge, même vif, n’a pas rendu les barreaux des tableaux XXX et XXXI en tout point semblables à ceux des tableaux XXXIF, XXXIII et XXXIV, puisque, après le refroidissement, les propriétés des uns et des autres ne sont pas exactement les mêmes. L'état de polarité pri- mitive des premiers influe sur leur état après le refroidissement, et il semble ainsi que la haute température du rouge n’a pas totalement détruit leur magnétisme. Les barreaux 1, 2, 3 et 5 du tableau XXXI ont conservé leurs pôles malgré le réchauffement, bien que, pendant le refroidissement, ils aient été orientés de manière à éprouver une interversion. Ainsi, à travers les hautes températures, le magnétisme de ces aimants s’est suffisamment conservé pour empêcher l’action ordinaire de la terre pendant le refroidissement, et même pour main- tenir une polarité opposée à celle qui se serait produite sous cette influence. — Cependant le magnétisme d’un barreau doit être assez fort pour qu'il manifeste encore son existence à travers les hautes températures ; car les tableaux XXXIIT et XXXIV montrent que pour les intensité faibles, un réchauffement suivi d’un refroidissement à orientation convenable, intervertit complétement les pôles. Il est à remarquer que l'influence du refroidissement sur des bar- reaux d'acier est parfaitement semblable à celle d’un choc ou d'une fiction. Mais, comme M. de la Rive le fait très-bien observer dans son Traité d'Electricité, la variation de température, ou le choc, n’est que la cause apparente de cette aïmantation ; l'influence de l’orien- tation montre que c’est l'action du globe terrestre qui estessentielle. — L'action de la terre ne se manifeste, au moins d’une manière prononcée, qu’autant que la substance des barreaux se trouve dans un certain état convenable. Le choc, les frictions, les torsions , les variations de température semblent agir, à ce point de vue, de la même façon sur la matière métallique. L'état de refroidissement semble être le même que l’état mécanique produit par le choe, et il est intéressant de voir ce rapprochement entre les phénomènes mé- caniques et la chaleur, à un moment où la théorie dynamique du ca- lorsque préoccupe vivement les physiciens. 61. J'ai essayé de voir, au moins approximativement, quel rap- port il y a entre l’action magnétisante du choc et celle du refroidis- sement. — Les barreaux 2, 4, 5 et 7 furent chauffés au rouge, puis refroidis dans une direction perpendiculaire au méridien magnétique afin d'éviter toute polarité. 2 et 7 furent refroidis lentement; 4 et 5 subirent une trempe dans l'eau froide. Ces quatre cylindres furent ensuite maintenus dans une position verticale; puis frappés avec un marteau sur leur base supérieure. Chacun reçut deux coups ‘. — Il n’est pas facile d'apprécier la valeur d'un choc comme force. Voici une 402 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE, ETC. Examinés au pendule, ils donnèrent des résultats fort différents : 4 et 5 ne manifestèrent aucune trace de polarité, ils agirent, après le choc, comme des corps magnétiques, mais non aimaniés ; 2 et 7, au contraire , étaient assez fortement polarisés , l'extrémité supérieure était devenue un pôle nord. Placés à la même distance du pendule magnétique que dans les expériences précédemment décrites, ils manifostèrent une intensité représentée par 0,25 et 0,26. Ainsi, deux chocs sur ces barreaux non trempés avaient produit une intensité presque double de celle qui résulte du refroidissement à partir du rouge. 52. Il est intéressant de remarquer que le refroidissement brus- que, donnant à l'acier plus d’élasticité et de dureté, le trempant, en un mot, est accompagné d’une aimantation plus forte que lorsque le métal se refroidit en devenant moins dur ef moins élastique. Si le refroidissement à lieu sans aimantation, par suite d’une orientation convenable, les cylindres trempés ne sont guère aptes à acquérir du magnétisme par le choc, tandis que ceux qui ne le sont pas se pola- risent facilement. On sait que le choc et les torsions modifient la dureté et l’élasticité de l'acier ; ils produisent à la longue un effet semblable à la trempe. Ainsi, l'acier, dans une orientation convena- ble, s'aimante surtout lorsque sa substance éprouve la modification moléculaire qui correspond à une grande élasticité, que cette modi- fication soit produite par des chocs ou par un abaissement de tempé- rature. L'action mécanique ou calorifique provoque un certain état des molécules qui se manifeste entre autres par l’élasticité du métal : c’est pendant que le corps arrive à cet état physique que le magné- tisme apparait. mesure plus ou moins bonne des chocs dontilestici question. Un coup de marteau semblable à ceux que les barreaux ont reçus, fut donné sur un res- sort dynamomètre qui en éprouva une certaine compression. L'expérience montra ensuite que la même compression pouvait être produite par un poids de 25 kilogrammes. CL À. : : : | | REPRODUCTION PHOTOGRAPHIQUE. 405 REPRODUCTION PHOTOGRAPHIQUE EN BLEU DE PRUSSE, Par M. Bischofr, prof”. (Séance du 2 décembre 1857.) Depuis longtemps je cherchais un moyen simple et facile d'obtenir une reproduction par la lumière d’une gravure ou lithographie, des- sin de machines ou d'appareils, tels qu’on les trouve dans les ouvrages ou journaux. Le chlorure d’argent est trop dispendieux , le bichro- mate de potasse n’est pas assez sensible, etles dernières découvertes de Niepce ne sont pas faciles à mettre en pratique. Un article de Draper dans le Journal de Dingler (tome 145) sur un moyen de mesurer la lumière, m'a fourni ce que je désirais. Draper expose à la lumière une dissolution d’oxalate ferrique et détermine ensuite la quantité d'acide carbonique produite par la réduction qui s'opère sur une certaine quantité du sel qui passe à l’état ferreux (Fe* O5. C5 0° = 2Fe0.C*05-+2G0*). Cet oxalate ferrique est si sensible, que sa dissolution se décompose même à la lumière diffuse. C'était ce qu'il me fallait ,et voici un moyen facile de décalquer par la lumière un dessin quelconque fait sur papier quelque peu translucide. On prépare une dissolution d’oxalate ferrique en dissolvant de l'oxide ferrique hydraté à saturation dans une dissolution saturée à froid d'acide oxalique, ou bien aussi de sel d’oseille. On peut encore mêler en quantités convenables des dissolutions de sel d’oseille et de chlorure ferrique, cependant cela réussit moins bien. La dissolution versée dans un vase plat, une cuve en porcelaine, reçoit sur sa sur- face une feuille de papier ordinaire, qu’on y laisse ‘/, d'heure; on la soulève, la laisse égoutter et l’assèche entre du papier buvard; on peut l’employer immédiatement ou bien la conserver. Je ne puis dire si ce papier se conserve très-longtemps, mais en tout cas au moins quinze jours. J va sans dire que toutes ces opérations se font à la lumière faible d'une bougie. Quand on veut employer ce papier on place le dessin sur la glace d’un chassis à reproduction, le dessin en dessus, on place contre lui le papier sensible, ferme le chassis et expose la glace à la lumière : le temps de l'exposition varie selon l'intensité du jour, et la translu- cidité du papier du dessin. Cette opération peut se faire avec un négatif collodion sur verre et il suflit alors d'une minute d'exposition en plein soleil. On ne voit pas d’abord de changement sur le papier après cette exposition, mais il suflit de le tremper dans une dissolution à 4 °/, de prussiate rouge de potasse, ou ferri-cyanure de potassium, pour voir le dessin se produire immédiatement. A-t-on décalqué une gravure? le dessin est blane sur fond bleu. A-t-on employé un négatif sur verre ou papier ciré, on a un positif * 404 RÉSISTANCE DES GRÉS DE LA MOLIÈRE. bleu sur fond blanc. Il n’y a plus qu’à laver la feuille à l'eau renou- vellée et le dessin se garde parfaitement. Je n’entends point conseiller ce moyen comme propre à faire des positifs (portraits ou paysages), car bien que ce bleu soit très-agréable à l'œil il n’a rien d’artistique; mais le but que je me propusais est très-bien rempli. En outre, c'est une très-jolie expérience prouvant tout à la fois d'une manière frappante et la réduction de l'oxalate ferrique par la lumière et la différence d'action exercée par le ferri-cyanure de po- tassium sur les sels ferreux et les sels ferriques. J'ai essayé de faire l'opération à la chambre obseure avec ce pa- pier, mais sans aucune réussite : il est vrai que je n'avais de lumière que celle qui passait au travers d’un brouillard de novembre. Je doute cependant que ce moyen puisse remplacer le iodure d'argent. EXPÉRIENCES FAITES A YVERDON, LE À 4 NOVEMBRE 1857, SUR LA RÉSISTANCE DES GRÉS DE LA MOLIÈRE. Par M. L. Gonin, ingénieur. {Séance du 2 décembre 1857.) Un pont en pierre, d’une seule arche, de 24 mètres (80 pieds) d'ouverture surbaissée au huitième, devant être construit sur la Broye, à Lucens, pour remplacer le pont à 3 arches emporté par les eaux en 1859, il était nécessaire de s’assurer par expérience si les matériaux qui seront à la disposition du constructeur pourront, sans risque, supporter les pressions considérables auxquelles ils seront exposés. À cet effet, un certain nombre de dés en pierre de taille, de 20 centimètres de côté, ont été extraits de six carrières différentes des environs de la Tour de la Molière. Les faces de ces cubes étaient taillées à la boucharde. Les expériences ont été faites à Yverdon les 13 et 14 novembre dernier, au dépôt des locomotives, à l’aide d’une presse hydraulique, que M. Laurent, ingénieur en chef de la 3” division de la Compagnie de l’Ouest, a bien voulu mettre à notre disposition. Les cubes de grés étaient pressés, perpendiculairement à leur lit de carrière, entre deux lambris de sapin, de 8 à 10 millimètres d'épaisseur, lesquels eux-mêmes étaient appuyés par des plaques en fonte rabotées. L'une de ces plaques était appuyée contre une traverse en fer et l’autre recevait la pression du piston de la machine. Les ruptures se sont manifestées en général par la production de fentes parallèles à la direction de la pression. A défaut d’un manomètre, les forces ont été calculées au moyen des poids suspendus au levier de la soupape. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE VAUDOISE. 405 INDICATION des carrières Crémin, Vaud Id. I. Id. ; Bollion, Fribourg . Id. . Id. ‘ Seyry, Fribourg . Id. 2 Id. Chables, Fribourg Id. CHARGES D'ÉCRASEMENT en hilogr. par centimètres carrés a MOYENNES TE par bloc : par carrière | générale kil. | kil. kil. 366 5 260 - 167 5 398 — 938 - 285 — 145 9,208 — 163 — 268 5 147 91185 10 | 212 10 139 - 163 - 193 6 282 25 200 qe 36 Pen L ET UE 22 Id. oi =ou e0tl A0, La Clef, sur Combremont, Vaud.| 171 8 Id. 193 47 85 Chavannes-le-Chéne, Vaud. 187 -| 187 — SUR LES CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE VAUDOISE. Par M. Ph. Delaharpe, docteur. (Séance du 4 novembre 1857). Messieurs Pictet et Humbert viennent de terminer la Monographie des Chéloniens de la mollasse suisse qu'ils ont publiée dans les Maté- riaux pour la paléontologie suisse. Plus de la moitié des pièces qui font l'objet de ce beau travail ont été trouvées dans notre Canton, et à ce titre je me permettrai de présenter ici un aperçu sur ces maté- riaux d'origine vaudoise. Des 28 espèces dont il est fait mention dans la Monographie, 16 appartiennent à la faune fossile de notre Canton. D’entre ces der- nières, 8 sont suffisamment connues pour recevoir un nom spéci- fique ; les 8 autres ne sont représentées que par des débris trop incomplets pour recevoir une détermination spéciale. Des 8 espèces, portant nom, nous devons malheureusement en défalquer deux, dont 406 CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE VAUDOISE. il ne nous reste qu’une ancienne description fort imparfaite: ce sont les Emys de Fonte, Bourdet et E. Cordieri, Bourdet, trouvées au Mont de la Molière par M. le chanoine Fontaine. Les originaux en ont été perdus peu après que M. Bourdet de la Nièvre les eut décrits. On sait que la mollasse vaudoise se divise en 4 étages qui sont de bas en haut: la mollasse rouge, le système à lignites , la mollasse grise ou ordinaire (dont la réunion forme ce qu'on appelle en Suisse la mollasse d’eau douce inférieure), et la mollasse marine. Les 14 chéloniens fossiles se répartissent de la manière suivante dans ces divers niveaux : La mollasse rouge s’est partout montrée d'une pauvreté désolante ; jusqu’à présent ilne paraît pas qu'on y ait trouvé vestiges d'animaux vertébrés. Le système à lignites, auquel on réunit aujourd’hui les poudingues de Lavaux, n’a fourni de matériaux au travail de MM. Pictet et Hum- bert que dans le voisinage immédiat des couches de combustible. Les exploitations de Rochette, près Lausanne, sont les seules qui aient livré quelques débris importants. Ici on extrait le lignite de deux couches rapprochées, l’une supérieure plus épaisse, l'autre inférieure très-mince. À la première les fossiles gisent la plupart dans la couche marno-calcaire immédiatement inférieure au lignite. Les chéloniens, qu'ici sont fréquents, sont tellement aplatis que leur épaisseur totale est réduite à un ou deux centimètres. A la se- conde les fossiles sont dans le lignite lui-même, et plus maltraités encore. Je n’y ai trouvé qu’une portion d'un très-jeune individu de l'Emys Laharpi. En somme, outre un grand nombre de fragments isolés, M. Gaudin et moi avons recueilli dans cet étage quelques pièces que MM. Pictet et Humbert ont bien voulu figurer et décrire, et qu'ils ont rapportées à cinq espèces probables, savoir : 1. Emys Laharpü, Pict. et Humb., PI. IV et V, représenté par un fragment portant la bonne moitié de la carapace et du plastron. 2. Emys Charpentier, Pictet et Humbert, PI. VI et PI. VIL fig. 4, voisine de la précédente, mais connue seulement par son plastron. 3. Emys sp., à laquelle se rapportent les deux épisternaux, fig. 2 et 3, PI. VII. k. Emys sp., plus petite que les précédentes, représentée par un petit fragment de plastron, PI. VIE, fig. 4. 5. Enfin quelques restes d’un chélonien à test ponctué (Tryonix? Trachyaspis??) trop mal conservés pour être décrits ou figurés. Depuis la publication (1856) de la livraison des Matériaux qui renferme les chéloniens fossiles des lignites, j'ai trouvé à Rochette plusieursnouveaux morceaux, qui tous paraissent appartenir à l'Emys Laharpüi. C’est au moins l'espèce la plus commune. Les pièces mar- ginales isolées et les épisternaux en sont particulièrement abondants, tandis que les débris plus considérables en sont toujours rares. L'o- riginal figuré aux PI. IV et V restera longtemps sans doute le plus complet. Il est à regretter encore que presque tout ce que nous con naissons de cette espèce se rapporte à la partieantérieure de son en- CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE VAUDOISE. 407 veloppe osseuse, ear de la partie postérieure on n’a que deux pièces marginales et un xyphisternal. Ce dernier os présente une grande ressemblance avec l'os correspondant de l'Emys Charpentieri. Quoique ces nouveaux débris ne puissent encore compléter ce que nous connaissons de la charpente de cet animal, ils nous montrent du moins qu'elle est susceptible de variations notables soit dans la forme des pièces osseuses, soit dans la disposition des écailles épi- dermiques. On peut entrevoir en outre entre les Emys Laharpü et Emys Charpentieri plus d'analogie qu’on n’en remarque sur les pièces figurées PI. IV, V, VI, VIL et l'on peut déjà conclure avec quelque certitude que les deux hyosternaux, PI. VIE, fig. 2 et 3, appartien- nent à l’Emys Laharpi et non plus à une espèce indéterminée *. L'Emys Charpentieri ne nous à pas encore fourni d’autres restes que ceux qui ont été figurés. La mollasse grise nous a donné trois tortues à test lisse, savoir : deux cistudes, et une émyde; et deux à test ponctué, savoir : une tryonix, et une trachyaspis. Cistudo Razoumowskii, Pictet et Humbert, dont l’unique exem- plaire a été trouvé au commencement de ce siècle dans les carrières de Crissier près Lausanne. Il appartient aujourd’hui à l’un des membres de notre Société. Cistudo Morloti, Pictet et Humbert, dont on ne connaît qu’une partie du plastron, découvert au tunnel de Lausanne par M le prof. Morlot. Elle fait partie de sa collection. Emys Gaudini, Pictet et Humbert, connue non plus que par un seul échantillon incomplet, et découvert par mon ami M. Ch. Gaudin dans la carrière du Solitaire (Lausanne). Tryonix sp. On en connait deux pièces costales trouvées dans les environs d’Yverdon ; elles font partie de la collection de M. R. Blanchet. Trachyaspis Lardyi, H. de Meyer. Le Musée cantonal possède l’é- chantillon type de ce genre et de cette belle espèce. C’est une seconde pièce costale droite trouvée dans les environs d’Yverdon. La mollasse marine recouvre sans doute la mollasse grise de notre Canton sur une très-grande étendue, et en plusieurs points elle est exploitée sur une grande échelle. Malgré cela une seule localité, les carrières du Mont de la Molière près Estavayer, a fourni quelques chéloniens, dont les débris sont en bonne partie entre les mains de M. R. Blanchet. Mais, si l’on en excepte les Emys de Fonte, Bourdet et E. Cordieri, Bourdet, qui nous sont inconnues, tous les débris de chéloniens de la Molière sont si fort mutilés qu’il est difficile d’en tirer un parti profitable à la science. 1 Ce rapprochement paraît hasardé lorsqu'on compare la PI. V avec les figures indiquées, mais il faut observer que dans la PI. V Ja portion anté- : rieure du plastron est encore cachée par la roche. Dans l'original j'ai dé- couvert complétement les deux hyosternaux et les ai trouvés de même forme que la figure 2, PI. VIF, bien qu'un peu plus petits et plus étroits, 408 CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE VAUDOISE. MM. Pictet et Humbert ont cependant réussi à groupper ces frag- ments d’une manière fort habile et à reconnaitre parmi eux l'existence probable de 5 espèces distinctes : 1. Testudo, sp., à laquelle paraissent se rapporter 4 pièces mar- ginales et un hyosternal. 2. Emys sp. (ou Testudo?) fort épaisse, caractérisée par un épis- ternal volumineux , et à laquelle parait appartenir un hyosternal également fort épais. 3. Emys sp., fort épaisse aussi , à laquelle se rapporteraient di- verses pièces du plastron et de la carapace. 4. Emys sp., plus mince, qui parait réunir plusieurs pièces mar- ginales et un entosternal. 5. Trachyaspis Lardyi, H. de Meyer, dont M. Blanchet possède un fragment de côte impaire et un de côte paire. La notice de M. Guillemin, sur une pompe hydraulique destinée aux liqueurs acides, paraîtra dans un prochain numéro. FAUTES A CORRIGER. Tome V, Bulletin N° 41. Page 951, dernière ligne: fronte tricarinato, lisez: fronte tricarinata. » 252, ligne 15: un peu pointues, lisez: un peu poilues. » » » 24: tronquée, lisez: tronqué. LL & EST ete ppt ri dupe, 60 "a draqnelle porairsent Se #0) Es run dynxliu #: ot” T'éstouk F rap +" nl nina ns remit ht LS AS Table des matières contenues dans le cinquième volume. ES "11 = —— — ALLAMAND, L., recu membre, p.240. ARGELANDER , prof” à Bonn , nommé membre honoraire, p. 14. Auxanp, E., recu membre, p. 343. Baup, Sam. Note sur les causes de la progression des glaciers, p. 65, 93. — Sur les cyanures ar- gentico-alcalins, p. 251, 245. Becaouse, Walther, reçu membre, p- 240. Becnouse, Ernest, reçu membre, p. 240. Béraxcer, L., reçu membre, p.240 Berrtuoup, min. Cosmogonie mo- saïque, p. 242, 325. Bessarp, reçu membre, p. 66. — Antiquités et fossiles trouvés près de Moudon, p. 156. — Ammonites plicatilis, à la Part Dieu, p. 162. — Erdburg près Chabrai, p. 543. Bibliothèque, propositions y rela- tives, p. 240. — Fédérale, p. 547. Biecer, reçu-membre, p. 545. Biscuorr , profes". Tartrate de po- tasse et d’alumine dans du vin d'Yvorne , p. 2. — Gaz employé pour chauffage, p. 159. — Aris- tolochia sypho, p. 252. — Notice sur l’hespéridine, p.256, 275. — Papier parcheminé, p. 236. — Argenture du verre, p. 258. — Photographie au fer, p. 546, 403. — Dosage de l’albumine, p. 548. Bzancuer, Rod. Cartes météorolo- giques, p. 2. — Observalions mé- téorologiques, p.2.— Rhinocéros fossile de Rovéréaz, p.5.— Cartes de la formation de la mollasse vaudoise, p. 3. — Avortement des vaches, p. 42. — Fougères du Brésil, p. 156. — Cryptomeria japonica, p. 156. — Alluvions de Villeneuve, p. 348. — Mâchoire de dauphin fossile, p. 349. Borceau, Samson, reçu membre, BozuinGer , Jaques, reçu membre, p. 240. BourçGgois, Ant., démission , p. 8. BréLaz. Influence de l'électricité sur les jets d’eau, p.158. Brières, Adr., D', reçu membre, p. 259. Busaro, Aug., reçu membre, p.240. Bulletin , décisions y relatives, p. 6, 8, 10. Bureau élu en 1857, p. 345. Caisse de la Société, p. 67, 233, 240. Cérésozs, Victor, reçu membre, p. 235. — Feuilles fossiles, p. 256. Cuaussow, Benj., D”, recu membre, ” p. 254. Cuavannes , Aug. Tenthredo centi- folia, p. 63. — Vespiaires so- ciaux, p. 459. — Ciassification zoologique générale, p. 461. CHavanxes , Ed. Plantes du Cap de Bonne-Espérance, p. 1. — Ob- servations ozonométriques, p. 8. — Leucoium vernum, p. 8. Cuavanxes , Sylv. Alluvions glaciai- res du Jura, p. 5. — Géodes si- liceuses dans le Jura, p. 3. — Notice sur la géologie des envi- rons de Thonon, p. 15. — Gypse erratique, p. 6. — Phénomènes subjectifs dans la vue, p. 160. — 410 Porphyre dans le terrain errati- que vaudois, p. 164. — Failles observées dans les moraines du diluvium, p. 235. — Phénomène d'optique , p. 256. — Absent du pays, p. 540 Commission des mines de Calcutta, échange accepté, p. 243. Contribution annuelle augmentée, p. 255, 240. DE ConsranT-DecEsserr, Ad. , reçu membre, p. 6. Correvow, Jules , reçu membre, P: 240. Cossy et CocLoms , source thermale de Lavey, p. 241, 509. nr: ds Fréd., reçu membre, p. Decanarpe , J., D' (père). Parasite végétal dans le corps des papil- lons, p. 4. — Transformation de l’amidon du gruau d'avoine en dextrine , p. 6. — Tronc fossile dans la mollasse , p. 7.— Matière colorante bleue des pansements, p.8, 77. — Sur l’origine des végé- tations connues sous le nom de queues de renard, p.13, 52, 154. — Catalogue des Tortricides Suis- ses, p. 61, 82. — Plantes étrangè- res qui se sont propagées dans nos environs, p. 62. — Sur lagéologie des environs de S' Gervais, p. 459, 161, 497. — Ascension du Combin, p.162. — Sur quelques géomètres suisses, p. 167, 225. — Dégraissage des lépidoptères, p. 257, 276. — Sur la source thermale de Lavey, p. 241, 509. — Représente la Société à Trogen, p. 245. — Lampyris noctiluca, HD: 540. Decauarpe, Ph., D° (fils). Insectes fossiles de l'Angleterre, p. 65. — Sur l'existence d’une mer dilu- vienne dans les Alpes, p. 63, 89. — Gypse erratique, p. 65. — Flore tertiaire de l’Angleterre, :p. 68, 125, 456. — Os fossile de la tour d’Aï, p. 459. — Procédé pour faire des squelettes de petits animaux, p. 466. — Flore ter- tiaire de la Suisse, p. 232. — Moyen de consolider les osse- ments fossiles, p.232. — Anthra- cotherium magnum de Belmont, ESELE 241 , 342. — Charu du ealdien du Locle, p. 238. — TABLE DES MATIÈRES. Anthracotherium hippoïdeum, p. 258. — Gisement de défense d’é- léphant, p. 245, 542. — Tortues de la mollasse, p. 545, 547, 405. DeLoess, Aloïs, reçu membre, p. 10. Dijon, académie, échange accepté, p. 347. Don du Conseil d'Etat, p. 237. Don d’un anonyme, p. 240. Durzox. Epis de maïs, p. 14. Durour, Ch., prof". Scintillation des étoiles, p. 5, 17. — Arc-en-ciel à deux arcs contigus et tangents, p. 62, 195. — Sur certaines er- reurs en matière d'observation, p. 67, 99. Durour-Guisan, L., reçu membre, p- 159. Durour , L., prof". Recherches sur les rapports entre l'intensité ma- gnétique des barreaux d’acicr et leur température , p. 1, 65, 66, 68, 160, 255, 256, 551. — Des températures de l’air et des mira- ges à la surface du lac Léman, p. 5, 10, 15, 26. — Pluie sans nuages, p. 6, 49. — Moyen pour déterminer la vitesse des vagues, p. 6, 50. — Planète de Neptune, p- 13. — Planches imprimées par un nouveau procédé : Naturselbs- druck, p.154. — Stachys lanata à Lassaraz, p. 156. — Influence des corps électrisés sur les jets d'eau, p. 158. — Neige sans nuages, p. 165. — Sur les images par réfraction, p. 166, 217. — Sur les images stéréoscopiques sans instrument, p. 255, 265. — Formation du Jorulo, p. 257. — Cartes météorologiques pour cer- tains jours, p. 241, 345. — Poly- trope de Maguus, p. 548. Duroir, prof, recu membre, p. 155. — Théorie des intérêts in- finitésimaux composés, p. 158, 160, 164, 471. — Candidat à la Société helvétique, p. 242. Esray, recu membre, p Fizcer, étudiant, reçu membre, p. For, sur les végétaux fossiles de Schrotzburg, p. 166, 221. — Sur le bohnerz du canton de Schaf- fouse, p. 234, 261. — Analyse d’un minerai de cuivre, p. 255, 263. — Résidus de la distillation des bois, p. 241, 518. TABLE DES MATIÈRES. Forez, Alexis, Tenthredocentifolia, nuisible au colza, p. 63,86. — Sur deux hémiptères nouveaux , p. 231, 242, 251. Forez-Monn, Fr., reçu membre, p. 240 FRaisse, rentré dans la Société, p. 40. — Niveau du lac, p. 348. Gaunin, Ch., Flore de Rivaz, p. 2, 53. — Parasite végétal dans les che- nilles, p. 4. — Tronc fossile dans la mollasse, p. 7. — Utilisation gratuite des télégraphes suisses pour la météorologie , p. 7, 9. — Réglage des horloges suisses sur l'heure télégraphique de Berne, p-7. — Subal major, à la Borde, p- 8. — Oiseaux fossiles de la Nouvelle-Zélande, p. 10. — Sur la succession des flores et des faunes, p. 11. — Flore fossile du Locle , p. 12, 61. — Variations dans les feuilles du chêne vert, p. 15. — Sur l’origine américaine du Platanus occidentalis, p. 69, 144. — Lettre de M le professeur Heer à sir Ch. Lyell, p. 155, 445. — Faune pliocène de l'Italie, p. 160. — Mines d'acide borique de Monte-Cerboli, p. 257, 277. — Palcotherium magnum au Maur- mont, p.258, 460. — Autographe transcrit par télégraphie , p. 258. — Araignée venimeuse de Tos- cane, p. 259. — Végétaux fossiles pliocènes, p. 243, 550. Gonw, ingénieur. Résistance des grès, p. 546, 404. Guizemin , reçu membre, p. 158. — Marnes à phosphate de chaux, 64. — Signes des change- ments de temps, p.165. — Houil- les et cokes divers, p. 165. — Tableau de réduction pour les nouvelles mesures, p. 252. — Candidat à la Société helvétique, p. 242. — Pompes hydrauliques pour acides, p. 547, 418. — Dore aspirante refoulante, p. 49. pe Guiwes , Roger, reçu membre , Guisas, Ch. , reçu membre , p. 66. Harker, Georges, reçu membre, p. - 240. HaimnGer, professeur à Vienne, nommé membre honoraire, p.414. Hger, O., prof". Plantes fossiles nou- 41 velles pour la Suisse, p. 5. — Flore fossile du Locle, p. 61. — Lettre à sir Ch. Lyell, p. 145. Hezvenmayer, reçu membre, p. 66. Hirzez. Planétaire à l'usage des aveugles, p. 3, 8, 10, 71. — Ophthalmie des nouveaux nés, p: 9. — Influence de la cataracte sur un aveugle dès sa tendre en- fance, p. 62. — Règle de trian- gulation, p. 347. Hocareuriner , D°, recu membre, . 66. Humserr, Aloïs, reçu membre, p.10. Huwserr, L.-J., reçu membre, p. 210. Jaccarv, du Locle. Flore fossile du Locle , p. 68. — Renversements des terrains stratifiés dans le Jura, p- 251 , 248. — Fossiles du Locle, p- 254. Jayer, André, reçu membre, p.259. Jonxsow, Sam., reçu membre, p. 240. KürsrENER, question d’optique, p. 547. Lune , Alex., reçu membre, p. 44. — Imperméabilité des étofles , 62. Macnus, professeur à Berlin,nommé membre honoraire, p. 14. Marcez, D'. Note sur le Microspo- ron furfur, p. 5, 48. — Jeune homme dont le cœur est à droite, p. 45. — Auscultation de l’autru- che, 162. — Squelette de mulot, p. 166. — Vers intestinaux du Ouistiti, p. 243, 540. — Phéno- mène optique, p. 447. MarGuër, Pierre, prof” (père), recu membre, p. 10. Marquer, Jules, prof” (fils), reçu membre , p. 40. — Observations météorologiques , p. 62, 65, 251, 255. — Note sur le baromètre Bourdon, p. 65, 96. Marin , Sigismond , reçu membre, p- 66. Masser de la Mecthe, reçu membre, . 240. Marruews, MM., première ascension du Combin, p. 162. Micnez, ingénieur, reçu membre, p. 40. — Géologie de la Dobrut- scha, p.15, 57. — La ciguë dans la Dobrutscha, p. 60. — Etude sur la navigation du Danube, p. 67, 105. 412 Morarez, reçu membre, p. 243. — Lilas fleuri, p. 344. Morcor, prof”. Mirage sur les chemi- nées des bateaux à vapeur, p. 5. — Refoulement dans les sables d’alluvion du Rhône, p. 5. — Courants d’air chaud dans les éboulements des Alpes, p. 5. — Magnésite dans un bloc de ser- pentine erratique, p. 65. — Ter- rasses diluviennes dans les Alpes, p- 65. — Notions chronologiques en géologie, p. 67.— Proposition relative à la séance annuelle, p. 68. — Panorama des Alpes vues de Lausanne , p. 158. — Sur les formations modernes dans le can- ton de Vaud, p. 163, 208. — Fos- siles du lias à Montreux , p. 466, 220. — Les dunes de sable de Saxon en Valais, p. 241, 506. — Proposition sur la bibliothèque, p. 346. — Cône torrentiel à Vil- leneuve, p. 548. Nærr, Ch., reçu membre, p. 240. Observations météorologiques faites à l’école spéciale, p. 62, 65, 251, 253. Observations ozonométriques, p. 8, 67, 118, 214. Ouvrages recus, p. 2, 5, 5, 7, 8, 9, 12, 14, 15, 635, 65, 66, 68, 69, 157, 158, 159, 160, 161, 164, 165, 467,252,955, 254, 255, 256, 257, 245, 544, 545, 546, 547, 549. Pezuis, fils, reçu membre, p. 158. Peroonxer. Herbier du cap de Bonne - Espérance et du Brésil, Perrer, Ed., reçu membre, p. 66. Pourain, min., reçu membre, p.164. Picrer, F.-J., prof”, reçu membre, p. 10. — Matériaux pour la pa- léontologie suisse, p.67. QuarreraGes, prof” à Paris, nommé membre honoraire, p. 44. Ramserr, prof. Veronica Buxbaumi, p: 15. — Anemone hortensis dis- parue, p.62. — Sur les Viola des environs de Lausanne, p. 255. Rarin. Sur les productions végéta- les, nommées Queues de renard, p- 154. — Leucoium vernum, p. 154. — Veronica Buxbaumi , p. 155. RENEVIER, Eug. Note sur quelques points de la géologie de l’Angle- terre, p. 8, 51. — Succession des TABLE DES MATIÈRES. flores et des faunes en géologie, p. 10, 12. — Gastornis parisien- sis, p. 11. — Coryphodon, p. 12. — Synonymie de la Matica ro- tundata , p. 45, 54. — Néritine de la mollasse, p. 66. — Carte géologique de l'Europe , p. 453. — Fossiles d’eau douce inférieurs au crétacé, au Locle, p. 234, 259. — Paléontologie suisse, p. 543. Rocnar, Ls., reçu membre, p. 240. Rouce, D, reçu membre, p. 545. Rucuonxer, recu membre, p. 345. DE RUMINE , G. et GauniN, Ch. Ob- servations ozonométriques , p. 8, 67,118, 165, 214. ScunETzLER. Parasite végétal sur les mouches, p. 4. — Matière rouge dans les eaux de l’Alliaz, p. 67, 401. — Observations sur la chlo- rophylle, p. 241, 281, Société linnéenne de Normandie, échange accepté, p. 5. Société d'agriculture de la Sarthe, échange accepté, p. 5. Société des naturalistes de Malvern, échange accepté, p. 6. Société des ingénieurs civils de Pa- ris, échange accepté, p. 6. Société des naturalistes de Cotles- would, échange accepté, p. 10. Société des sciences de l'Yonne, échange accepté, p. 14. Sociélé des sciences naturelles du Wurlemberg, échange accepté, p. 155. Société des sciences naturelles des Grisons, échange accepté, p. 255. Sociélé des sciences naturelles du grand duché de Nassau, échange accepté, p. 945. Troyow, reçu membre, p. 545. Université de Pise, échange accepté, p. 259. Vionner, pasteur, reçu membre, p. 240. pe Vos, Aug., juge de paix, recu membre, p. 249. Yersin, prof”. Recherches sur les fonctions du système nerveux dans les articulés, p. 68, 449, 241,284%.— Sur le vaisseau dorsal des orthoptères, p. 241, 320. — Elephas primigenius à Morges, p. 241. Zimmer, Georges, D’, reçu membre, p- 66. 1 Zozuxorer. Description du glacier » TABLE DES MATIÈRES. 13 de Macugnaga, p. 158, 192. — erratique poli et strié, p. 231. — Terrains quaternaires de la Vallée Bassin hydrographique du P6, p. du Pô, p. 162. — Antiquités du 935, 241 , 264. — Candidat pour lae de Hofwyl, p. 162, 232, 255. la Société helvétique, p. 242. — — Reçu membre, p.165. — Bloc Erdburg, voir Bessard, p. 544. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES DU V° VOLUME. FAUTES À CORRIGER. Page. 158, ligne 8, Guillermin, lisez: Guillemin. 165, » 14, gésier, lisez : estomac. 166, » 5, en remontant, Toll, lisez: Fol. 238, » À, concave, lisez: concaves. — Ses» — jèb x sa ,bhpit Jai ET tri sl + Lt Et fadut# 4 di LS aa vers o , >é re sl v. SYOUNE MU TE 4, M2 è , i ÿ'+ « al \ 9 | AUIRT CU | AU à F { _ + : ut, he 4 ne? “4 A 77 L e 4 1 se” 4 y ré ne # er 28, AE a ‘ {5 ! L'ART st { Est }, - Ait DL TOHL . Pa, 1 2 + LES bug. ; de AP: :0ReS ré. DO * 200 prod Poche mére the Ë | ne lors he era nn: à ‘À [ 4 , n Pa. = ' ES ME da mrantucetns PSE: ao ve AUS IS , + oi irniien Cuys OR LES É 4 À t e # ÿ Ÿ Fe UE us dE tétons hi dus, se Fo ; PET w À x à : A bla + au; DAT. | vo! ur Fr (Ne PL 4 LR PAT TIPAU dé ! tels. l'E LT PE A A | RIRE AR Ta | ARS F TABLE DES MATIÈRES DU PRÉSENT NUMÉRO. . Pages. MAREENEENAUX 2 us PE NOTA Ie CR te Der de Vs TA MÉMOIRES. Recherches sur l'intensité or de et la ete de l'acier, par M. L. Dufour . . . 951 Reproduction photographique en “bleu 4 TR par \. H. Bischoff 405 Résistance des grès de la Molière, par M. L. Gonin . . . . 404 Sur les chéloniens de la mollasse vaudoise, par M. Ph. Denine . 405 Le BULLETIN n’est adressé qu'aux membres qui ont acquitté leur contribution annuelle. Pour les personnes étrangères à la Société, le Prix d'abonnement au Bulletin est fixé à 5 fr. par année, payables d'avance. On s’abonne chez F. Blanchard, impr.-libraire , à Lausanne. TRES 2 — — SÉANCES de la Société vaudoise des seiences naturelles 1857-1858. 4853. Novemb. 4, particulière. | 1858. Mars 3, particulière. » » 48 , générale. » » 47 , id. » Décemb. 9, particulière. » Avril y LE id. D A D 46, id. » » 21 , générale. ° » Mai 5, particulière. 1858. Janvier 6, id. » » 49, id. » » 20, , id. » Juin 2e id. » ÆFévrier 5, id. » » 16 , annuelie. » » 17, générale. » Juillet 7, particulière. Les séances ont lieu à 7 heures du soir , à l’hôtel de ville , salle de la justice de paix. Les auteurs sont responsables des opinions qu'ils émettent. SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES. _… CATALOGUR u “ES à A __ BIBLIOTHÈQUE rédigé par Ts GARSOME ARCHIVISTE. 1° MAI 1858. LAUSANNE IMPRIMERIE DE F. BLANCHARD ES 1858 SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES. ——@—————————@——@—@Z————————— 2, CATALOGUE DE La BIBLIOTHÈQUE | 1° MAI 1858. LAUSANNE. IMPRIMERIE DE F. BLANCHARD. 1858. r nat 2 LA 14. 15. 12, 11. 13. 10. CATALOGUE BBERBRROAIRLELNS) EI de la Société vaudoise des Nctences naturelles. ee “qui I. MATHÉMATIQUES. Baden-Powell, M.-A. On the theory of parallel lines. Oxford 1842, br. 8°. — On the theory of ratio and proportion as treated by Euclid including an inquiry into the nature of quantity. Ox- ford 1836, br. 8°. — On necessary and contingent truth considered in regard to some primary principles of mathematical and mechanical science. Oxford 1849, br. 8°. Chavannes, Fréd. Série de problèmes de géométrie élémentaire plane. Lausanne 1837, br. 8°. — Cours d'algèbre élémentaire. Lausanne 1845. br. in-12. Dollond, G. Description of the atmospheric recorder or self- registering apparatus. London, br. 8°. pl. Donken, W.-F. An essay of the theory of the combination of observations. Oxford 1844, br. 8°. Dutoit, A.-L. Théorie des intérêts composés infinitésimaux, etc. Lausanne 1857, br. 8°. Gay, J., prof. Dissertation sur les différents principes de la statique. Lausanne 1847, br. 4°, Hamilton, Sir W. On the law of the circular hodograph and the Newtonian law of attraction. Dublin 1846, br. 8°. Pache, Henri. Notice sur une machine d'extraction à colonne d’eau. Paris, br. 8°. pl. Price, Bartholomew. Essay on the relation of the several parts of a mathematic science, etc. Oxford 1849, br. 8°. Secretan, Marc. Essai sur les principaux moyens de calculer les logarithmes des nombres. Dissertation. Lausanne 1338, br. 4°. Seidel, Ludwig. Bemerkungen über den Zusammenhang zwi- schen dem Bildungsgesetze eines Kettenbruches und der ASTRONOMIE. — PHYSIQUE. Art des Fortgangs seiner Näherungsbrüche. München 1855, br. 4°. Smith, H.-J.-S. On some of the methods at present in use in pure geometry. Oxford 1852, br. 8°. Wild, J.-J. Die christliche Zeïitrechnung und die grosse Pyra- mide von Aegypten. Zurich, feuille in-folio. Wolf, Rud. Einige Sätze aus der Geometrie. Bern 184%, br. 8°. — Die Lehre von den geradlinigen Gebilden in der Ebene. Bern 1841, À vol. 8° rel. IT. ASTRONOMIE. Annalen der Kônigl. Sternwarte bei München, vol. I-IX, bre Cornuel, J. Notice sur la cause des mouvements de rotation et de translation de la terre et des autres planètes. Paris . 1854, br. 8°. Berscheli, Sir John. Results of astronomical observations made during years 1834-1838, at the Cape of Good-Hope, etc. London 1847, 4 vol. 4° tiré à 100 exempl. pl. Jahresberichte der Münchener Sternwarte für 1852 u. 1854, br. 8°. Lamont, D', J. Beschreibung der an der Münchener Sternwarte zu den Beobachtungen verwendeten neuen Instrumente und Apparate. München 1851, br. 4° pl. — Observationes astronomicæ in specula regia Monachiensi institutæ et regio jussu public. imp. edit., vol. XV, 1844, br. 4°. Masset, L. Nouvelle méthode pour l’enseignement de la sphère. Lausanne 1850, br. 8°. Plantamour, E. Observations astronomiques faites à l’obser- vatoire de Genève en 1846 et 1847, VI et VII séries. Genève 1848. 2 br. 4°. Wartmann, L.-F. Sur une occultation de Jupiter et de ses quatre satellites par la lune et sur un nouvel observa- toire fondé en Chine. 1831, feuille 8°. IT. PHYSIQUE. Ampère de l’Institut. Recueil de mémoires, etc. relatifs à l'ac- tion mutuelle de deux courants électriques, etc. Paris 1822, br. 8°. pl. 57. 58. 49, PHYSIQUE. \ 5) Baden -Powell, M.-A. Observations for determining the re- fractive indices for definite rays of the solar spectrum. Oxford 1838, br. 8°. — On the nature and evidence of the primary law of motion. Oxford 1837, br. 8°. Baup, Samuel. Détermination barométrique de l'altitude de plusieurs localités des cantons de Vaud, Fribourg et Va- lais. Genève 1850, br. 8°. Bravais, A. Mémoire sur les halos. Paris 1847, vol. 4°. pl. — Notice sur le mirage. Versailles 1852, br. 4°. — et Martins, Ch. De la vitesse du son entre deux stations également ou inégalement élevées au-dessus du niveau de la mer. 1846, br. 8°. Burnier, Fr. et Plantamour, E. Nivellement du Grand St. Ber- nard. Genève 1855, br. 8°. Cantoni, Giovanni. Osservazioni su le perturbazioni barome- triche, a proposito di quelle occorse in Lugano nei giorn 11 e 19 settembre 1857. Lugano, br. 8°. Delenzenne. Additions sur les phénomènes d’induction. Lille 1848, br. 8°, pl. — Sur les principes fondamentaux de la musique. Lille, br. 8°. pl. — Expériences sur les cordes des instruments à archet. Lille 1853. br. 8°. pl. — Observations sur le ré de la gamme. Lille, br. 8°. — Table de logarithmes acoustiques depuis 14-1200, précédée d’une instruction élémentaire. Lille 4857, br. 8°. Dufour, Louis, prof. Des températures de l'air et des mirages à la surface du lae Léman. Lausanne 1855, br. 8°. pl. — Note sur les images par réfraction à la surface du lac Lé- man. Lausanne 1856, feuille 8°. — De l'influence de la température sur la force des aimants. Lausanne 1856, br. 8°. 49 bis. — Sur l'intensité magnétique des aimants au-dessus de 50. 62. 19. 100°. Genève 1857, br. 8°. — De la correction de la température dans les observations du magnétisme terrestre. Genève 1857, br. 8°. — Recherches sur les rapports entre l'intensité magnétique des barraux d'acier et leur température. Lausanne 1858. Duprez, F. Mémoire sur un cas particulier de l'équilibre des liquides, br. 4°. pl. Electricité, recueil de brochures, 1 vol. 8°. contenant : De la Rive, A., prof. Procédés électro-chimiques pour dorer l'argent et le laiton. 1840. 16. PHYSIQUE. De la Rive, À., prof. Coup-d'œil sur l’état actuel de nos con- naissances en électricité. 1841. — Nouvelles recherches sur les propriétés des courants élec- triques discontinus et dirigés alternativement en sens contraires. 1841. Du Bois-Reymond, E. Recherches sur l'électricité animale, 1850. Marianini, Stef., D°. Memoria sopra la scossa che provano gli animali nel momento che cessano di fare arco di co- municazione fra i poli d'un elettromotore, etc. Venezia 1828. | Riess, P. Sur les figures roriques. 1842. Santi-Linari. Recherches sur les propriétés électro-chimiques de la torpille. 1838. Wartmann, Elie. Essai historique sur les phénomèënes et les doctrines de l’électro-chimie. Genève 1858. — Expériences sur la non caloricité propre de l'électricité. 1842. — Sur les travaux récents qui ont eu pour objet l’étude de la vitesse de propagation de l'électricité. 1842. — Premier mémoire sur les divers phénomènes d'induction. — Sur de nouveaux rapports entre la chaleur, l'électricité et le magnétisme. 1845. — Troisième à huitième mémoire sur les phénomènes d’in- duction. — Note sur les courants électriques qui existent dans les vé- gétaux. 1850. Electricité, recueil de brochures, À vol. 4°. renfermant : Botto, J.-D. Sur les lois de la chaleur dégagée par le courant voltaïque, etc. Turin 1845. De la Rive, Aug., prof. Researches on the voltaïc arc, etc. London 1847. Bumpbhrey Lloyd, Rev. On the determination of the intensity of the earth’s magnetic force in absolute measure. Dublin 1843. — Results of observations made at the magnetical observatory of Dublin. 1840-43. — On the mean results of observations. 1849. Wartmann, Elie. Mémoire sur la diathermansie électrique des couples métalliques. Genève 1840. Flaction. Mémoire pour le concours sur le chauffage. 2 cah. man. 1832. Forbes, James. Illustrations of the viscous theory of glacier motion. London 1846, br. 4°. pl. RC qe 54. 28. PHYSIQUE. 7 Forni, L., D'. Sulla esistenza e proprietà del calorico, ete. Torino 1824, br. in-12. Jolly, Prof. D'. Ueber die Physik der Molecular-Kräfte. Mün- chen 1857, br. 4°. Kendall, Amos. Morse’s patent. Full exposure of D° Chas. T. Jacksons pretensions to the invention of the american electro-magnetic telegraph. Washington 1852, br. 8°. Lamont, J., D'. Resultate des magnetischen Observatoriums in München wæhrend der dreijährigen Periode 1843-1845, br. 4°. — Magnetische Karten von Deutschland und Bayern. Mün- chen 1854. Atlas folio. Magnetische Ortsbestimmungen an verschiedenen Punkten Bayern’s, Lu. Il Theil. München 1854 u. 56, 2 v. 8°. pl. Magnétisme. Recueil de brochures, 1 vol. 8°. relié, pl., con- tenant : Bravais, A. Observations de l'intensité du magnétisme terres- tre en France, en Suisse et en Savoie. Paris 1846. — Sur les aurores boréales vues à Bossekop et à Jupvig en 1838 et 39, etc. Paris 1846. — Sur les variations de l'intensité magnétique horizontale observées à Bossekop, etc. Paris 1847. de Haldat. Essai historique sur le magnétisme. Nancy 1850. — Deux mémoires sur le magnétisme. Nancy 1846. Eumphrey Lloyd, Rev. On a new magnetical instrument for the measurement of the inclination, ete. Dublin. — Account of the induction-inclinometer and of its adjust- ments. London 1842. — On the determination of the intensity of the earths ma- gnetic force. Dublin 1843. — On the variations of the magnetic declination at Dublin. Wartmann, Elie. Recherches relatives à l’action du magné- tisme sur différents corps. Marianini, Stefano. Memorie di fisica sperimentale. Années 1-4. 6 cah. Modena, br. 8°. pl. 1838-42. Marianini, P. Domenico. Sopra l’equivalenza di alcuni spazii e solidi infinitamente .estesi, etc. Modena 1845, br. 8°. pl. Monney. Mémoire pour le concours sur le chauffage. 1 cah. man, 1832. Physique. Recueil de brochures, 4 vol. 8°. pl. contenant : Bravais, À. et Martins, Ch. De la vitesse du son entre deux stations également ou inégalement élevées au-dessus de la mer. PHYSIQUE. Delezenne. Sur les principes fondamentaux de la musique. Lille 1838. Marianini, Marco. Aggiunta alla macchina dell Atwood, ete. Modena 1844. — Stefano. Di un fenomeno che presentano le bolle comuni di sapone messe a galleggiare sul gaz acido carbonico. Plateau, M.-J. Première note sur une nouvelle application cu- rieuse de la persistence des impressions de la rétine. Wartmann, Elie. Mémoire sur le Daltonisme ou la Dyschro- matopsie. 1845. — Note sur la polarisation de la chaleur atmosphérique. 1849. — Note sur la polarisation des rayons chimiques qui existent dans la lumière solaire. 1850. Wheatstone, Ch. Sur un nouveau photomètre. Plateau, J. Deuxième note sur de nouvelles applications cu- rieuses de la persistence des impreosions sur la rétine, br. 8°. — Troisième note, etc. — Quatrième note, ete. Recherches expérimentales et théoriques sur les figures d’é- quilibre d'une masse liquide sans pesanteur. Bruxelles 1849, br. 4°. 2° série. — Idem. 1856, 3° série. Pouillet, Propagazione del calorico e calorimetria, tradotto da Melloni, br. 8°. pl. Quetelet. Rapport sur l’état et les observations de l’obser- vatoire royal. Bruxelles 1853, br. 8°. Regnault, V. Relation des expériences pour déterminer les lois numériques, etc. qui entrent dans le calcul des ma- chines à vapeur. Paris 1842, 1 vol. 4°. pl. et atlas. Stokes, G.-G. On the dynamical theory of diffraction. Cam- bridge 1850, br. 4°. — On the effect of the internal friction of fluids on the motion of pendulums. Cambridge 1854, br. 4°. Svanberg, Adolf. Ferd. Fürsôck att fôrklara orsaken till den dynamiska thermo electriciteten. Upsala 1851, br. 4°. Verdeil, P. Mémoire pour le concours sur le chauffage, 1 cah. man. 1832. Wartmann, Elie. 1° Mémoire sur deux balances à réflexion. Genève 1841, 4°. pl. 2° Mémoire sur le Daltonisme. Genève 1844. 3° Deuxième mémoire sur le Daltonisme. Genève 1849, 4 vol. 4°. cart. 42. 43. MÉTÉOROLOGIE. 9 Wartmann, Elie. Recherches sur la conductibilité des miné- raux pour l'électricité voltaïque. Genève 1851, br. 4°. — Note sur quelques expériences faites avec le fixateur élec- trique. Genève 1852, br. 8°. — Description d'appareils destinés à établir une correspon- dance immédiate entre deux lieux quelconques des sta- tions situées sur une même ligne télégraphique. Genève 1853, br. 8°. — Description du compensateur voltaïque destiné à maintenir constante l'intensité d’une pile quelconque. 1853. — Sur l'éclairage électrique. Genève 1857, br. 8°. pl. Wolf, Rud. Einige Sætze aus der Physik. 1846, feuille 8°. Zantedeschi, Francesco, abbate. Trattato del magnetismo e dell'elettricità. Venezia 184%, 2 vol. 8°. rel. fig. — Trattato del calorico e della luce. Venezia 1846, 8°. — Ricerche fisico-chimico - fisiologiche sulla luce. Venezia 1846, 4°. (edizione di 100 esemplari.) — Annali di fisica. Padova 1849-50, 1 vol. 8°. pl. rel. — Nuovi esperimenti risguardanti l'origine dell'elettricità at- mosferica, etc. Venezia 1854, f. 8°. pl. — Nota intorno ad uno scaricatore elettrico-telegrafico. 1854, br. 8°. pl. — Raccolta fisico-chimica italiana, etc. br. 8°. Venezia 1846, fascicolo 9. — De mutationibus quæ contingunt in spectro solari fixo, br. 4°. München 1847. Zschokke, Heinrich. Die farbigen Schatten, ihr Entstehen und Gesetz. Aarau 1826. IV. MÉTÉOROLOGIE. Blanchet, Rod. Mémoire sur l’orage qui a ravagé le canton de Vaud le 23 août 1850. (Ann. météor. de France 1852), br. 4°. pl. — Communication sur la grêle (Acta de la Soc. helv.) 1853. br. 8°. Chavannes, D.-A., prof. Rapport sur l'expérience des para- grêles, faite pendant l'été 1825, br. 8°. Delezenne. Sur la constitution et la suspension des nuages, br. 8°. Lille 1856. 10 [e] 9. 17. 12. MÉTÉOROLOGIE. . Forbes, James-D. Supplementary report on meteorology. Lon- don 1841, br. 8°. — Account of some experiments on the temperature of the earth at different depths at in different soils near Edin- burgh. Edinbg 1846, 1 vol. 4°. pl. Instruction pour l'observation des phénomènes périodiques, br. 4°. Bruxelles 1853. Eubn, Karl. Ueber das Klima von München. M. 1854, br. 4°. Lamont, D'. J. Beobachtungen des meteorologischen Obser- vatoriums auf dem Hohenpeissenberg von 1792 bis 1850. München 1851, 4 vol. 8°. — Resultate der an der Münchener Sternwarte veranstalteten meteorologischen Untersuchungen mit Einfluss auf Clima und Gesundheitsverhältnisse. München 1857, br. 8°. Mac-Cullod, R.-S., prof. Letter from the Secretary of the treasury, communicating a report of the computation of tables to by used with the hydrometer recently adopted for use in U. S. custom-house, made under the super- intendence of prof. Brache. Washington 1851, br. 8°. Meteorologische Beobachtungen, angestellt auf Veranstellung der naturf. Gesellschaft in Zürich, années 1837 à 1844, 8 cahiers 4°. Recueil de brochures , À vol. 8° cart., renfermant : Antinory, Vincenzio. Sull’archivio meteorologico centrale ita- liano. Firenze 1844. Baup, Sam. Détermination barométrique de l'altitude de plu- sieurs localités dans le canton de Vaud, Fribourg et Valais. Genève 1850. Bæckel, Th. Observations météorologiques de 1843. Stras- bourg 1845. Bravais, À. Sur le phénomène de l’arc-en-ciel blanc, 1845. De la Rive, Aug. et Marcet, F. Mémoire sur l'influence de la pression atmosphérique sur les boules du thermomètre. Genève 1823. Eynard, J. Comparaison des hauteurs moyennes barométri- ques à Genève, Rolle et le grand Saint-Bernard. Genève 1822. Herschell, Sir John. Sur divers phénomènes cosmiques, tra- duit par E. Wartmann. Genève 1848. Huber Burnand. Journal météorologique rédigé à Yverdon. 1" livraison, 1829. Lloyd, H. Note on the value of the numerical cæfficient in the hygrometic formula, etc. L. 16. 16. 14. CHIMIE. 41 Wartmann, Elie. Note sur quelques observations de météoro- logie faites dans une ascension de l’Oldenhorn en 1843. — Sur divers phénomènes météorologiques. Genève 1849. — Sur les ombres atmosphériques. Genève 1849. — Sur deux météores extraordinaires. Genève 1846. Wells, Wilh. Carl. Versuch über den Thau. Zurich 1821. Recueil de brochures, À vol. 8°. cartonné, contenant : Chavannes, D.-A. Rapport sur l'expérience des paragréles. Lausanne 1825. Orioli, Francesco. Della formazione della gragnuola. Bologna 1826. — De’ paragrandini metallici. Bologna 1826. Plieninger, Prof. D'. Gemeinfassliche Belehrung über den Maikäfer als Larve und als Käfer. Stuttgart 1834. Rapport à M. le chevalier Pullini de St. Antonin sur l’essai de paragrêles, ete. Chambéry 1895. Rigaud, Step. Peter. Remarks on the proportionate quantities of rain at different seasons in Oxford. 4835. Wartmann, père. Note sur divers phénomènes météorologi- ques. Genève 1840, br. 8°. Witterungsbeobachtungen in Aarau, im Mai 1847, feuille 4°. V. CHIMIE. Bischoff, J.-C. Essai sur les vins et le vinaigre. Lausanne 1834, br. m-12. Blanchet, Rod. Essai sur la combustion dans les êtres orga- nisés et inorganisés. Lausanne 1855, br. &. Cooke, Josiah-P. On two new crystalline compounds of zink and antimony, ete. Cambridge 1855, br. 4°, de Fellenberg, D’, L. R. Analyse de l’eau minérale de Weis- senbourg. Lausanne 1846, br. 8°. — Analyse de l'eau minérale de Blumenstein près Thoune. Berne 1852, br. 8°. — Analyse der Schwefelquellen in der Lenk. Bern 1857, br. 8°. — et Bischoff, H. Expertise chimico légale à l’occasion d’un cas d’empoisonnement, br. 8°. 1846. Forni, Louis. Résultat des recherches sur les propriétés des substances métalliformes des différentes terres, ete. Tu- rin 48214, br. 8°. CHIMIE. Gonin, F. Sur un sulfo-chlorure rouge de plomb. Bordeaux, br:/88} Martens. De l'influence de la cohésion sur les réactions chi- miques (Acad. de Bruxelles), br. 8°, Recueil de brochures, L vol 8°. contenant : Les bains de l'Alliaz. Berne 1844. de Fellenberg, D', L.-A., prof. Analyse de l’eau minérale de Weissenbourg. Lausanne 1846. — Sur la nature constitutive de différentes sortes de fibrine de cheval dans l’état normal et pathologique. Berne 1841. — Analyse des eaux minérales d'Ottenleue. Genève 1840. — Analyse de l'eau minérale de l’Alliaz. Lausanne 1847. — De l’eau thermale des bains de l'hôtel des Alpes à Lou- eche. Lausanne 1844, — Méthode sûre pour trouver et pour dorer quantitative- ment l'arsenic dans les matières empoisonnées. Lausanne 1844. — Ueber die Zersetzung der Schwefelmetalle durch Chlorgas. — Analyse des Eisenperidots. 1840. — et Bischoff, H. Expertise chimico-légale à l’occasion d’un cas d'empoisonnement. Lausanne 1846. — und Valentin, G. Ueber die bei der Consolidation des Fa- serstoffes stattfindenden Veränderungen der elementar- analytischen Bestandtheïle desselben. Baup, Sam. Sur la fixation du chiffre des équivalents chimi- ques. Genève 1842. — Sur l'acide de l'Equisetum fluviatile et sur quelques aconi- tates. Paris 1846. Blanchet, R. Darstellung und Analyse einiger ætherischen Oele. — und Sell. Ueber die Zusammensetzung einiger organischen Substanzen. Heidelberg 1833. Bonastre. Sur la coloration des huiles essentielles par l'acide nitrique. Paris 1825. Liebig, Justus. Ueber die Zusammensetzung des Asparamids und der Asparaginsäure. Schœnbein. De la production de l'ozone. Genève 1840. Tingry. Analyse des eaux minérales savonneuses d'Evian. Genève 1808. Verdeil, Fr. Ueber die krystallisirte Galle. — Schwefelbestimmungen einiger organischer Kôrper. Schænbein, C.-F. D’. Ueber die nächste Ursache der spon- tanen Bläuung einiger Pilze. München 4856, br. 4°. 18. 19. 20. 24. æ 10. 11. ar. 30. ANATOMIE. — ZOOLOGIE. — PHYSIOLOGIE. 43 Schœnbein, C.-F., D'. Ueber einige neue Reihen chemischer Berührungswirkungen. München 1856, br. 4°. — Mittheilungen über metallische Superoxyde. München 1357, br. 4°. — Verhalten des Bittermandelôles zum Sauerstoffe. München 1857, br. 4°. Tancred, Thomas, M. A. On the collection of boracid acid from the Lagoni of Tuscany. Oxford 1837, br. 8°. Vogel, D', A. j'. Ueber den Chemismus der Vegetation. Mün- chen 1852, br. 4°. — Ueber die Zersetzungen der salpetersauren Salze durch Kohle. München 1855, br. 4°. — Beitrag zur Kenntniss der oxalsauren Salze. München 1855, br. 4°. — und Reischauer, D’. Ueber Bleisesquiphosphat. München 1856, br. 4°. VI. ANATOMIE. — Z00LOGIE. — PHYSIOLOGIE. Annales de la Société linnéeune de Lyon. Nouv. série II, gr. 8°. pl. 1855. Bayle, A.-L.-G. et Hollard, H. Manuel d'anatomie générale. Paris 1827, br. in-19. Bigge, Edw. M. D. Observations on the natural history of two species of wasps. Oxford 1835, 8°. Bulletin mensuel de la Société zoologique d’acclimatation, n° 4 à 8, mars à octobre 1854. Paris, br. 8°. pl. Chabot. Réflexions sur la pisciculture. Versailles 1854, br. 8°. De la Harpe, D, J.-C. Faune suisse. Lépidoptères. V° partie. Pyrales, br. 4°. — Second supplément aux phalénides de la faune suisse, br. 8°. Zurich 1853. Doyère, L. Etude du lait au point de vue physiologique et éco- nomique. Versailles 1856, br. 4°. Ducrotay de Blainville. Cours de physiologie comparée. Paris 1829, 4 vol. 8. rel. Fischer, D’, S. Beitrag zur Kenntniss der Ostracoden, München 1855, br. 4°. pl. Geubel, D', H.-C. Zoologische Notizen, enthaltend eine Reihe von Beobachtungen nebst philosophischen und chemisch- 14 ANATOMIE. — ZOOLOGIE. — PHYSIOLOGIE,. physiologischen Bemerkungen über mehrere Weiïch-und Glieder-Thiere. Landau 1852. Giorna, figlio. Calendario degli insetti del Piemonte (Gennaio- Giugno). br. 8°. Girard, Charles. Essay on the classification of Nemertes and Planariæ. br. 8°. 1846. Gistl, Johannes. Enummeratio coleopterorum agri Monacensis. Monachii 1829, br. 8°. — Beschreibung des Skeletes des dreistreifigen Nachtæffers (Nyctipthecus trivirgatus) einer zur Ordnung der Aeffer gehôrigen Gattung. Leipzig 1836, br. 8. pl. — Ueber eine neue Familie, Sippe und Gattung aus der Ord- nung der Käfer. München 1836, br. 8°. pl. Heer, D’. Oswald. Die Käfer der Schweiz, ete. I Theïl, 1-3. Lieferung, br. 4°. — Die Käfer der Schweiz, Kritische Bemerkungen und Be- schreibungen der neuen Arten. Il Th. Lieferung. Neuch. 1837, L°. Herrich Schæffer. Index alphabetico-synonymicus insectorum hemipterorum heteropterorum. Regensb. 1853, br. 8°. Histoire du ver de la vigne et moyens de le détruire. Extrait d’un rapport. Lausanne 1840, br. in-12°. Hollard, Henri. Nouveaux éléments de zoologie. Paris 1838, 1 vol. 8. pl. — Etudes zoologiques sur le genre Actinia. Paris 1854, br. 8°. — Musée des collèges, des écoles et des familles. Lausanne, atlas f”. — Monographie de la famille des Ostracionides. Paris 1856, 8°. Holme, Fred. On the earlier notices relative to the natural his- tory of the giraffe. Oxford 1838, 8°. Lovén, S. Index molluscorum litora Seandinaviæ occidentalia habitantium. Holmiæ 1846. br. 8°. — Malacozoologi, ete. br. 8°. Mortillet, Gabr. de. Catalogue des mammifères de Genève et des environs, br. 8°. von der Mühle, Graf. H. Vier Tafeln zur Monographie der eu- ropæischen Sylvien. Regensbourg 1856, 4 pl. 4°. Pictet, F.-J. Description d’un veau monstrueux. Genève 1850, br. 4°. pl. Recueil de brochures, 4 vol. 4°. contenant : de Bosset. Notice sur la présence temporaire de l'Ophidium imberbe dans la cavité du corps d’une Holothurie de la faune française. Neuchâtel 1834. à + 7 À bis. 5. 6. 26. 12. 38. BOTANIQUE, 15 Girard, Charles. Révision du genre Cottus des auteurs. Was- hington 1831. Hollard, H. Etudes sur l'organisation des Actinies. ; Thèse. Paris 1848. — Considérations sur la distribution géographique des reptiles dans la période secondaire, id. Paris 1848. v. Meyer, Herm. Pterodactylus Gemmingi. 1846, pl. v. Olfers, J. Fr. M. Ueber die grosse Seeblase. Berlin 1832, pl. — Die Gattung Torpedo. Berlin 1831, pl. Pruner, Fr. Die Ueberbleibsel der altægyptischen Menschen- raçe. München 1846, 2 pl. Wagner. Andeutung zur Characteristik des organischen Lebens. München 1845. Roques de Maumont, J.-E. Mémoire sur les polypiers de mer. Zelle 1832, br. 8. pl. Schinz, prof. Catalogue des animaux vertébrés de la Suisse. Extrait de la faune helvétique. Lausanne 1839, br. in-12. Trévisan, V. Zoologia popolare. Parte prima, anatomia e fisio- logia animale. Padova 1851, br. 8°. Zoological Society of London. Années 1830 à 44, 4 vol. rel. 8°. pl. 1845, 1846 (1847 incompl.), 1848-1857, br. 8°. VIT. BOTANIQUE. Bartolozzi, Francesco. Su l’origine dell’ orobanche o suceia- mele, littera, br. 4°. Firenze. Bridel, Ph. Botanique du district de Vevey, cahier man. cart. Catalogue des Cryptogames, cah. man. — des plantes vasculaires qui croissent naturellement dans le canton de Vaud. Publication de la Société vaudoise des sciences naturelles. Vevey 1836, br. in-12. de Charpentier, Jean, et Thomas, Em. Botanique des districts d’Aigle et du pays d'Enhaut. 1832, cah. man. cart. -Chavannes, Edouard. Monographie des Antirrhinnées, Paris 1833, 4°. pl. rel. Compte-rendu des travaux de la société Hallérienne de Genève, n° 1, 2. 1852-54. Contejan, Ch. Enumération des plantes vasculaires des envi- rons de Montbéliard. Besançon 1854, br. 4°. Dufour, Louis, prof’. Cours élémentaire sur les propriétés 16 45. 30. 36. 37. 44. 43. 32. 39. 34. 35. kA. 42. BOTANIQUE. des végétaux et leurs applications. Lausanne 1855, vol. 12°. br. Durheim, C.-J. Idiotikon de la flore helvétique. Berne 1856, À vol. 8°. cart. Forel, Alex. Botanique des environs de Morges. Cahier man. cartonné. Gaudin. Flora helvetica, sive historia stirpium, etc. Turici 1828-33, 7 vol. 8°. pl. reliées. — Synopsis floræ heveticæ; opus posthumum editum a J.-P. Monnard. Turici 4836. 4 vol. 12°. br. Gay, J. Notice sur un chêne nouveau de la flore de France, br. 8°. Paris 1857. — Sur la distribution géographique des trois espèces de la section Gamon du genre Asphodelus, br. 8°, Paris 1857. Hales, Herm.-Steph. Statick der Gewächse oder angestellte Versuche mit dem Saft in Pflanzen und ihrem Wachs- thum. Halle 4748, À vol. 4°. Heer, Oswald. Les plantes alimentaires les plus utiles, leur distribution et leur influence sur la civilisation. Discours traduit par Ch.-Th. Gaudin. Lausanne 1855, br. 8°. Jordan, Alexis. De l’origine des diverses variétés ou espèces d'arbres fruitiers et autres végétaux généralement cul- tivés, etc. Paris 1853, br. 8°. — Mémoire sur l'Aegilops triticoïdes, et sur les questions d’hybridité et de variabilité spécifique qui se rattachent à cette plante. Paris 1856, br. 8°. — Nouveau mémoire sur la question relative aux Aegilops tri- ticoides et speltæformis, br. 8°. pl. Paris 1857. Jeannin, F. Notice sur l'Ajonc marin (Ulex europæus), br. 8°. Angon 1856. Le Jolis, Aug. Quelques réflexions sur l'étude de la botanique et détails sur le mode de reproduction des algues zoos- porées, br. 8°. Cherbourg 1852. — Mémoire sur l'introduction et la floraison à Cherbourg d’une espèce peu connue de lin de la Nouvelle-Zélande, ete. Cherbourg 1848, br. 8°. — Observations sur les Ulex des environs de Cherbourg. 1853, br. 8°. — Examen des espèces confondues sous le nom de Laminaria digitata. Paris 1855, br. 4°. Martens. Recherches sur les couleurs des végétaux, br. 8°. Bruxelles 1853. — Nouvelles recherches sur la coloration des plantes, br. 8°. Bruxelles 1856. 16. 20. BOTANIQUE. 17 Rapin, Dan. Esquisse de l’histoire naturelle des Plantaginées. Paris 1827, br. 8°. — Botanique des environs de Payerne, cahier mser. cart. Recueil de brochures; 4 vol. 4°. pl. contenant : Blanchet, Les champignons comestibles de la Suisse.! Lau- sanne 1847. De Candolle, A. Rapport sur les plantes rares ou nouvelles qui ont fleuri dans le jardin botanique de Genève de 1819-93. De la Harpe, J. Essai d’une monographie des vraies joncées. Receuil de brochures, 4 vol 8°. contenant : De Candolle, A.-P. Essai élémentaire de géographie botanique. Strasbourg. — Projet d’une flore physico-géographique de la vallée du Lé- man, Genève 1821. Larègue. Cabinet botanique de M' Benj. Delessert. Monnier, Aug. Essai monographique sur les Hieracium et quel- ques genres voisins, Nancy 1829. Monnard, J.-P. Observations sur quelques crucifères décou- vertes par M' de Candolle 1826. Schleicher, J.-C. Catalogus hucusque absolutus omnium plan- tarum in Helvetia cis et transalpina sponte nascentium. Camberii 1821. Reuter, G.-F. Catalogue détaillé des plantes vasculaires qui croissent naturellement aux environs de Genève, etc. Genève 1832, vol. 12°. Secretan, L. Monographie suisse, ou description des champi- gnons qui croissent en Suisse, etc. Genève 1833, 3 vol. 8° br. Seringe, N.-C. Mélanges botaniques, vol. II n° 3 br. 8°, Ge- nève 1824. Simony, F., prof'. Fragmente zur Pflanzengeographie des ôsterreichischen Alpengebietes, br. 8°. Wien 1853. Trevisan, Vittore B. A. Enumeratio stirpium cryptogamicarum hucusque in provincia Patavina observatarum. Patavia 1840, br. 8°. — Le alghe del tenere Udinese. Padova 1844, br. &. — Nomenclator algarum, ou collection des noms imposés aux plantes de la famille des algues. Tome I, 4" livr. Pa doue 1845, br. 8°. — Saggio di una monografia delle alghe coccotalle. Padova 1848, br. 80. — Catalogue raisonné des plantes cryptogames déposées dans l’herbier du chev. V. Trevisan, n° 1. Padoue 1851, br. 8°. 2 18 24. 25. 50, 42. 43. MINÉRALOGIE, — GÉOLOGIE, —— PALÉONTOLOGIE. Trevisan, Vittore B. A. Sunto di una memoria sopra alcuni nuovi generi et trentadue nuove specie di felci. Venezia 1852, br. 8°, — Sulla origine delle alterazioni che osservansi alla superficie delle parti verdi nelle viti. Padova 1852, br, 8°. — Caratteri di dodici nuovi generi di licheni. Padova 1853, br. 8°. — Rettificazione al rapporto della commissione, ete., per lo studio della malattia dell'uva, ete, Padova 1853, br. 8°. — Poche parole d’aggiunta alla mia rettificazione, ete, Padova br. 8°, VIII, MINÉRALOGIE. — GÉOLOGIE, — PALÉONTOLOGIE. Barrande, J. Observations sur les rapports de la statistique et de la paléontologie. Paris 185%, br. 8°. pl. Brunner. Géologie de la Suisse par B. Studer , br. 8°. 1852. Buchet, J.-P,-A. (Extrait d’un mémoire de), Sur une caverne à ossements fossiles à l'Est de St-Jean-du-Gard, suivi d'une note de M' F.-J, Pictet, br. 4°, de Charpentier. Mémoire sur la nature et le gisement du gypse , de Bex et des terrains environnants. Cahier manuscrit cartonné. Devens 1818. — Essai sur les glaciers et sur le terrain erratique du bassin du Rhône. Lausanne 1841, br. 8°. pl. Collomb, Ed. Preuves de l'existence d'anciens glaciers dans les vallées des Vosges. Paris 1847, 1 vol. 8°. pl. — Mémoire sur les glaciers actuels, résumé des observations faites sur les glaciers ces derniers temps, br. 8”. Paris 1857. Daubeny, Charles. On the site of the ancient city of thy Aurunci and on the volcanic phenomena which it exhibits, br. 8°. Oxford 1846. — Sketch of the geology of North America, br, 8°. pl. 1839. Davidson, Th. Distributions des Brachyopodes vivants, tertiai- res, crétacés et jurassiques de la Grande-Bretagne. Brighton 1854, 8°. Demaria, Giacomo. Considerazioni sopra la formazione dei massi granitici erratici dell'Italia, etc. Annecy 1854, br. 8°. — Cause de la formation actuelle de la vallée du Rhône. An- necy 1856. br. 8°. 13. 54. 27. 29. 21. 14. 61 15 16. 17. MINÉRALOGIE. — GÉOLOGIE. — PALÉONTOLOGIE. 19 Escher von der Linth, Arnold. 1°. Geognostische Schilderung des Kantons Zürich; 2° Gebirgskunde des Kantons Glarus. vol. 12°. pl. cart. Fitton, W.-H. Inquieries respecting the geological relations of the beds between the Chalk and the Purbeck Limestone in the South-East of England. London 1833, 1 vol. 4°. pl. — 1° Stratigraphical Section from Atherfield Point to Black- Gang-Chine, in the isle of Wigth. 2° Distribution of the fossils at present known in this section of the lower greensand. 2 feuilles folio, octobre 4847. Gastaldi, Bartolomeo. Appunti sulla geologia del Piemonte. Torino 1853, br. 4°. pl. Gaudin, Ch., et De la Harpe, Phil. Flore fossile des environs de Lausanne. Lausanne 1856, br. 8°. Geologische Reichsanstalt. Kais. Kænigl. Jahrbuch, Jahrgang I- VII, 28 livr. 4°. Wien 1850-57. Geological Society of London. Quarterly Journal. Tom. I à XII. London, 8°. pl. . — Abstracts of the proceedings, n°* 1-3, feuilles 8°. Sessions 1856-57. . Geological Survey of Great-Britain and of the museum of eco- nomic or pratical geology in London. Memoirs vol. I, Il (part. 1, 2). London 1846-48, 8°. pl. Geological Survey of the United Kingdom. Memoirs, figures and descriptions illustrative of british organic remains. Decade 1-4, 6-8. London 1849-1855, 8°. pl. — Records of the school of mines and of sciences applied to the arts. Vol. [ (part. 1-%). London 1852-53, 8°. pl. — Survey of India Memoirs. Vol. [, part. 4. 4856. Calcutta, br. 8°. von Hauer, Ritter Franz. Die Cephalopoden des Salzkammer- gutes, aus der Sammlung des Fürsten von Metternich. Wien 1846, br. f°. pl. — et Fetterle, Fr. Coup d'œil géologique sur les mines de la monarchie autrichienne. Vienne 1855, L vol. 4° rel. Hébert, Ed. Note sur le terrain tertiaire moyen du Nord de l'Europe. Paris 1855, br. 8°. — et Renevier, Eug. Description des fossiles du terrain num- mulitique supérieur des environs de Gap, des Diablerets et de quelques localités de Savoie. Grenoble 1854, 8° pl. Heer, Oswald. Flora tertiairia Helvetiæ, livr. I-IV, VI. Win- terthur, f°. pl. 20 30. 31. MINÉRALOGIE. — GÉOLOGIE. — PALÉONTOLOGIE. Heer, Oswald. Ueber die fossilen Planzen von St-Jorge in Ma- deira. Zürich 1855, br. 4°. pl. Hunt, Robert, Mineral statistics ofthe united Kingdom of great Britain and Ireland, fol. London 1853 and 1854, br. 8°. Lartet, Ed. Notice sur la colline de Sansan, ete. Auch 1854, br. 8°. pl. Logan, W.-E. et Sterry-Hunt, T. Esquisse géologique du Canada. Paris 1855, br. 42°. pl. Marcou, J., prof”. Leçon d'ouverture du cours de géologie pa- léontologique à l’école polytechnique fédérale. Zurich 1856, br. 8°. . Martins, Ch. et Gastaldi, B. Essai sur les terrains superficiels de la vallée du Pô, aux environs de Turin, comparés à ceux de la plaine suisse. Paris 1850, br. 8°. pl. Morlot, A. Einige Bemerkungen über die geologischen Ver- hältnisse von Untersteier. Wien 1850, br. 8°, pl. — Une première leçon de géologie faite à l’Académie de Lau- sanne le 1° novembre 1851. Lausanne, br. 8°. — Note sur la subdivision du terrain quaternaire en Suisse. Genève 1855, 8°. — On the post-tertiary and quaternary formations of Switzer- land. Edinbourgh 1855, br. 8°. pl. de Mortiliet, Gabr. Note sur les combustibles minéraux de la Savoie. Annecy 1854, br. 8°. — Tableau des terrains de Savoie, feuille in-f°. Annecy 1855. D'Omalius d’Halloy. Abrégé de géologie. Paris 1853, 1 vol. 12°. br. pl. Parrat, H. Théorie des courants souterrains ou notice sur la formation du Jura. Porrentruy, br. 8°. pl., 1838. Pictet, F.-J. Matériaux pour la paléontologie Suisse. Genève, 4°. pl. — etE. Renevier. Description des fossiles du terrain aptien de la perte du Rhône et des environs de Ste-Croix. 1854-58. — et C. Gaudin et Ph. Delaharpe. Mémoire sur les animaux ver- tébrés du terrain sidérolitique du canton de Vand; faune éocène. 1855-57. Pictet, F.-J. Notice sur les poissons des terrains crétacés de la Suisse et de la Savoie, br. 8°. Genève 1858. — et Humbert, A. Monographie des Chéloniens de la molasse suisse, br. 8°. Genève 1856. — et Troyon, Fr. Ossements et antiquités du lac de Moossee- dorf, dans le canton de Berne, etc. br. 8°., Genève 10907. dv MÉDECINE. 21 44. Préavis de la Commission Spéciale des mines du Jura, etc, relativement aux éventualités d’épuisement du minérai de fer, etc. Porrentruy 1854, 1 vol. 8°. 1. Rapport fait à la Société linnéenne de Paris sur le fossile trouvé . au Long-Rocher de la forêt de Fontainebleau. Paris 1824, br. 8°. 38. Renevier, Eug. Sur la géologie des Alpes vaudoises (première note). 1852. 39. — Seconde note sur la géologie des Alpes vaudoises. 1854. 40. — Note sur le terrain néocomien qui borde le pied du Jura de Neuchâtel à La-Sarraz. 8°. pl., 1853. &1. — Résumé des travaux de M.-D. Sharpe sur le clivage et la foliation des roches. 1855. 35. — Mémoire géologique sur la perte du Rhône et ses environs. Zurich 1854. br. 4°. pl. 36. — Note sur la synonymie de la Natica rotundata, etc. Lau- sanne 1856. 37. — Dates de la publication des espèces contenues dans les planches de la Conchyliologie minéralogique de la Grande- Bretagne. 11. Société géologique de France. Mémoires. Deuxième série, tomes I-V. Paris 1844-54, 4°, pl. 12. — Bulletins. Deuxième série, tomes I-XIV. Paris 1843-57. . 56. de Verneuil et Collomb. Géologie du Sud-Est de l'Espagne, br. 8°. Paris 1857. 55. Wagner, D'. Andreas. Neue Beiträge zur Kenntniss der fossilen Säugthier-Ueberreste von Pikermi. München 1857, br. | 8°. pl. IX. MÉDECINE. 15. Aitken Meigs, M. doct'. Catalogue of human crania in the col- lection of the Academy of U. S. of Philadelphia, 1857, br. 8°. pl. 10. Erlenmeyer, D'. Bericht über die Fortschritte im Gebiete der Krankheiten desNervensystems, während des Jahres 1853. br. 8°. 11. — Vortrag über die abnormen Sensationen. br. 8°. 12. — Die Gehirn-Atrophie der Erwachsenen. Neuwied 1854. 8°. 13. — Verhandlungen der deutschen Gesellschaft für Psychatrie, etc., während der Versammlung zu Gœttingen Sept. 1854. Neuwied , br. 8°. MÉDECINE. Erlenmeyer, D". Correspondenz-Blatt der deutschen Gesell- schaft für Psychatrie und gerichtliche Psychologie. 1° Jahrgang 1854. N° 1-12. Harless, D'. E. Beitrige zu einer wissenschaftlichen Begrün- dung der Lehre vom Mienenspiel. München 1855, br. 4°, — Die statischen Momente der menschlichen Gliedmassen. 2 Abhandlungen, 2 br. 4°. München 1847. Kissingen. Kurze Nachricten über die Mineral-Quellen so wie über die Molken-Anstalt daselbst. Frankfurt */M. 1844, 8° pl. 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Berichte über die Verhandlungen, années 1828-29; 1831-32. Zurich, br. in-12. — Mittheilungen. Heft 1-10, années 1849-56, 8°. pl. 37 bis. — Vierteljahrsschift, I Jahrgang 1856. II Jahrg. 1857. Heft 1, k. ÿ. 8°. pl. K. Nederlandsche Institut van Wetenschappen, Letterkunde en Schoonde Kunsten. Jaarbæk, années 1847-54, 5 vol. br. — Tijdschrift voor de Wis-en naturkundige Wetenschappen 28 69. 65. MÉMOIRES. — JOURNAUX. — BULLETINS. uitgegeven door de eerste Klasse van het. K. N. I., to- mes [ à V. Amsterdam 1848-52, 8°. pl. — K. Nederlandsche, etc. Verhandelingen der eerste klasse, tomes I-V, 1849-52, 4°, pl. Oberhessische Gesellschaft für Natur-und Heilkunde. Berichte n° II-VI. Giessen 1849-57, 8°. pl. Physikalisch-medicinische Gesellschaft in Würzburg. Verhand- lungen, Bd. I-VIIT, Heft 1. Würzbg. 1850-57, 8°. pl. Pollichia. Naturwissenschaftl. Verein der bayerischen Pfalz. Jahresberichte ITI-XV, 1845-57. Landau, 8°. Società italiana delle scienze, residente in Modena. 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Le Bureau tient à la disposition des membres de la Société un certain nombre d’Acta de la Société hel- vétique des sciences naturelles, dès 1830-1855. Ils seront délivrés gratis aux membres de la Société vau- doise des Sciences naturelles qui en feront la demande à l’archiviste par lettre affranchie. DES smile RENE EL) [A « Ha: ” à; tea sk €