BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. VDoiuo (be'pbiewie'. BULLETIN DE LA r f SOCIETE DE GEOGRAPHIE, PUBLIK SOUS LA DIRECTION de M. DE LARENAUDIERE. TOME SEPTIEME. '»•:. ', «-ib 'v-i >'',{,;\ PARIS , CHEZ ARTHUS BERTRAND , LIBRAIRE DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE, RUE HAUTEFEUILLE, N" ij. EVERAT, IMFRIDIEUR, RUE DU CADRAM., I». 16. 1827. ». ^/fc V^-"^ fc^*'*.*-^'* *-'»^'»' * BULLETIN DE / / LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. NIJMEROS /i5 et 46. — janvier et fevrier. PREMIERE SECTION. memoire, analyses, etc. Recherches sur les Dnizes et sur leur religion , par M. le Chwalier Kegnault , Consul du Roi a Saint- Jean-d' Acre (i). II existe dans le Liban un peuple remarquaLle par des opinions rellgieuses peu connues jusqu'a ce jour, soit a cause du mystere dont elles sont envelopp^es, soit a cause des contradictions dans Ics r^cils de ses voisins ; c'est le peuple Druze , dont le nom meme a induit en erreur ceux qui ont voulu parlcr de son origin e. Les uns ont cru la Irouver dans un de ses chefs ou legislateurs nomine Diirzi : d'autres , egaieraent trompes par retymologie , Font rap- (i) Oil tiouvc , Jans plusleuis oiivrafjes , des len.st'igneinons delallles sur lus Enizes ; les piincipaux sont : Voyage cii Syn'e et en llgyple, par Volney ; f^ojrage en Arabic et en d'autres pays circom'oisins , par Micbul"-, lline- raive rl'iine partie peu conniic de VAsie Mineuve , par M. Corances ; Voyage aiiloiirdii inondc , jiar terre et jiar nicr, i)ar Pa^es ; Mcmoire sur port^e a des Fran9als qui , sous la conduite d'uti seigneur do la iiiaison do Dreux , auraient resiste auxSarasins, ct seralen I par- venus a s'etablir dans le Liban. S'il est rcst^ de la descendance de ces picux guerriers, qu'on ne la cherche pas aillcurs que chcz les Maronites, peuplc limitrophe qui a toujours monlre de rattachc- ment aux Frangais. Le nom de Diirzi , qui fait Dnize au pluriel , est un nom de secte; il signifie celui qui en a etudle les mystores , ct derive du verbe etudler, darass iedross , ainsi qu'il est explique dans les livres mys- tiques (i). Ces livres, qu'on appelle livres de la science , sont an nombre de cinq : ils renferment la morale et la cosmogonie des Hierophantes d'Egyple. Comme on les cache avec le plus grand soin , ce n'a ^le qu'a Toccasion des dernieres defailes des Druzes, qu'un personnagc Ires-dislingue , qui nc veul pas etre connu , a pu s'en procurer les exlraits que Ton offre dans cetle Notice, avec la confiance qu'ils ont etc fidelement traduits de TArabe par M. Jo- seph Conti, jeune orientaliste. Les Druzes passent generalement pour des gens livrds a I'idol^- rie , quoiqu'ils professent Tunite de Dieu , dans une religion qu'ils cachcnt non-seulement aux dtrangers qui ne sauraient y eire admis , mais encore h ccux d'entre eux qui ont negligd de sc faire initicr aux mysleres del'unite. Ccpcndanl ils profpsscnl cxte- Ics Druses, par Venture (inserec dans les Jniudcs des Fojages); Mu- seum cufictim ct Borgianuiii, par Adler; Clirr.stnmalhic ara/ic ^ par M. le baron Sylveslre do Sacy ; Repertoire de liltirature hi/iliquc et orientalc ( en allcmunil) , T. xii , T. xiv, T. xv, T. xvii , conU-nanl des inenioues do Bruns, Eirliliorn et A(\\ci; Meinoralilia^ par Paulas , (en allomaml), T. i. La plupart des voyageurs qui ont visite on dt-ciil la Syric et la Tiu-quie asia- lique, onl aussi piirle des Druses: consiillez Ranwolf, d'Arvieux , Eiif;. Ro- SCT, Pocoke, Brown, Scliolz, Rlcluer, Brown; les Lett res edifiuiites , T. ii, et II etc. E. (i) Si I'on objecle que re verlie s'ecrii. p:ir un s , el non par uii ;, on rcpoiul que I'nsage a prevalu sv.v la regie de la derivation. 7 rleurement la religion Mahom^tane , pour conserver en leurs mains la force armee qu on leur confie , sous le commandement tie leur premier cheikh ou gouverneur. Quolqu'on ne puisse pas asslgner preclsement Tepoque de leur expulsion d'llgypte, par suite des troubles quexcita leur apostasle dc rislamisme , leur etabllssement definitif , dans le Liban , nc re- iiionte guerc au-dela de cinq cents ans. lis y occupcnt aujour- d'hul un terrltoire d'envlron cent cinquante lleues carrees , depuls Nahr el Kelh jusqu'aupres de Sour , entre la vallee de B(jda et la Aledlterranee. Ce terrltoire est divise en sept cantons : Le premier, El Ckouf, avec dix-huit princlpaux villages, entre a litres, Oumbal, Bdac/lin, Djedeide, DJbda, Bdadaran, Smqanie ^ Mckhtara , etc; Le deuxleme , El Aarqouh , avec neuf villages , commc Kafar- Nahrak , Aain-Zaltha , Begloun , Bench , etc. ; Le troisleme , El-Djerd^ dont le principal village est Beteter ; Le quatrleme , El-Menassaf, dans leqael se trouve Deir-el-(Ja- mar, capltale du Liban ; Le cinquleme , Pl-Chahar, avec le village A^Elabey ; Le sixleme , El-Djerb, qui se divlse en Djerb Foiujani., avec le village A^Eglal^ ct en Djerb Lchtani , avec le village de Cliouegfate ; Le scptieme , El-Metu , dont les princlpaux villages sont , £/- Bass ^ El-Aabdie , Chebenieh ^ Brcmana^ kerneil , Ilemana ^ etc. Ces sept cantons peuvent fournir quinze mllle combattans , y comprls quatre mlUe chretiens qui babltent plusleurs villages ou lis onl des <^gllses comme les Druzes des Khaloiich, ou lieux cacbds , pour I'adoratlon. On trouve encore des Druzes dans le Hauran, a Ilachduia , a Hasbaya ( pachalik de Damas ) et a DJabel-el-Jala , dans le pachalik dAlep. Les Druzes pretendent que leur secle est rcpandue en Egyptc, en Europe et aux Indes, mais qu'elle ne s'y fait pas connaitre. Le gouvernement de ces cantons avait toujours cte confie a un clieikh Driize , mais depuls la revolle du cheikb Bechlr , qui a 6i6 clracgle en avril iSaS , clans le sdrail d'Acre , il n'y a p^s d'appa- rence qu'on lui donne des succcsseurs. II ne restcra done aux Dru- zes que leurs chefs spiriluels , ou oqqals. Ces chefs, auuombre dc qualrc, sonl tres-considcr^s : ils peuvent excommunler , punir les aulrcs oqr/als, ct rendre des sentences en malicrc de religion. Ils heritent dc tous ceux qui nieurent sans onfans, et lous Ics Druzes sont obliges de Icur faire des legs pouravoirleur benediction. Qu'on ne pense pas qu ils abusent de ces privileges, ni qu'ils aicntd'autre ambition que de mdriter, par la pratique des plus austeres vertus , les recompenses que leurs Ilvres leur promettenl. On pent dire en general des orjqals ^ qulls sont sobres, modestes, charitablcs, dc- sinteresses. lis se privent du vin , du tabac , et s'imposenl , par de- votion , d'autres abstinences ct d'autres niorlifications. Jamais ils ne portent sur eux d'ornemens en or ou en argent. Leurs habits sont en iaine et de couleurs obscures. Quaud ils doivent manger chez un gouverneur ou chcz un homme qui per^oit des droits pu- blics, de quelque genre que ce soil, lis ajjportent leur pain et leurs mets, crainte de manger le bicn d'auirui : pour le meme motif , lis changent les monnaics qu'ils re^oivent des gens en place contre d'autres monnaies chez leslaboureurs ou chez les negocians. Enfm ils ont une si grande horreur du mensongc , qu'ils se tien- ncnt sur la negative foutes les fois qu'on les presse par des ques- tions insidieuses. Blen differens des jiiifs, qui prechenl la propa- gation de leur espece , ils se font une vcrtu de la continence, ct refusent aux elrangers I'admission dans leur religion , parce qu'ils doivent exercer sur tous les autres peuples une domination plus etendue pendant I'dfernitd. Quoiqu'ils profcssent en public la reli- gion niusulmanc, dans laquelle ils elevenl les enfans Druzes jus- qu'a un certain age , ils ne negligent rien pour lein- inspirer le de- sir d'i^tre adniis a la counaissance de celle qui conlient les mysteres de I'unit^, les secrets de la divinile. Les Druzes sont parlagcs en deux classes, doni la plus uom- breuse est celle des Djahels. ou ignorans , prnfnmmi vulgus ; rautre, 9 est cclle des Of/qals , dans laquelle on n'est admis qu'apres Lien des eprcuves et divers degres d'initiallon , comrae dans la Franc- Ma^onncrie , a laquelle on pent la comparer, les initios ayant leur mot sacre et leiirs signes de reconnaissance. Voici la formulc du serment qu on fait preter auxOqqals, et qu'on appelle Talliance de noire seigneur, commandant par son propre ordre : « Moi tel, fils d'un tel , invoquant notre Seigneur, scul et unique commandant, inebranlable et incomparable, je declare et j'attcste sur mon&vae et sur mon corps , dans ce moment, que jc suis sain de corps et d'esprit , et sans que j'y sois aucunement force, que je renie toules les religions et toules les croyances quel- conques , ne reconnaissant autre chose que Tobeissance a noire Seigneur commandant (que son nom soil glorlfie), obeissance qui est Tadoralion de lui seul, a qui je n'associerai aucun etre du temps passe , du present et de Tavenir ; que j'ai remis mon ame, mon corps , mon fils et lout ce que je possede a noire dit Seigneur; que j'accepte tous ses commandemens , pour les observer fidelemcnt, el que si jamais j'y contreviens en la moindre chose, ou si je fais a d'autres des revelations , je consens , d'apres ce que j'ecris et ce que j'alteste actuellement sur mon ame et sur mon corps , a eire traitc comme un infidele au createur adore, et a etre prive de tout avantage sur tous les points, parce que j'aurai merite la punilion duTres-Haut. J'affirme qu'il n'y a point au ciel d'aulre Dieu adore, ni presenlemenl sur la lerre d'autre pontife Imam, que notre Sei- gneur Ic Commandant ; et que j'embrasse fermement le mono- iheisme » On place ici la date du jour, du mois et del'annec, a compter du leinps du Mamlouk dudit Seigneur. Voyons maintenant d'oii est sorti le fondateur de cette nouvellc secle , et quelle digne legende ses actions lui ont valu. Cette re- cherche n'est pas sans difficulte , vu les contradictions qu'on Irouvc dans les hisloriens arabes. Les uns Font appele Moliamed, fils A'lsmdail, de lafamille XAly ^ fils A'' Aha-Taleh , et lui ont compose line hisloire loiile remplic d'invraisemblances el d'cKagcralions- lO C'cst pouiquoi , ne prenant dans leurs Merits que les fails gen^ra- Icment atlestds , on reconnait que ce Seigneur , le sixi^me do la famlllc dcs Fa/tmioun, sai^^G\a.\lMansour-ehn-el-Aaziz; qu'il naquit au Kaire, un jeudi, le 23"= jour du mois de Rahi-el-ewal^ Tan SyS de Vllrdjtre^ correspondanl a Tan gSS de Jesus-Christ ; que son pere elan I mort au mois de Clidahan , Tan 383 , il lui succeda sous le litre de Commandant , par I'ordre de Dicu , et de possesseur du glaive pour exterminerles cnnemis de Dieu ; qu'enfin, a Vage de onze ans el dcmi , un jour de jeudi , a la fin dc Ramadan, Tan 386, il se declara le troisieme KJialifAc sa race , en Egypte. Ce Commandant, ce Kliallf, etait d'une taille moyenne ct d'un aspect a-la-fois gracieux , fier, imposant; son goAt pour les scien- ces, ou plulut son ambition effrenee du pouvoir Tavait rendu geo- melre , physicien , astronome, sans reformer son naturel. Avec de Taclivite , du courage, de la generoslte, il se montra loujours cruel, arrogant, presomptueux , et, a Texcmple de Pharaon , au temps de Moise , il poussa Textravagance jusqu'a se faire passer pour Dieu incarne : alors il s'appela Commandant par son proprc ordre, ct exigea avec Tadoration dc sa pcrsonne increee , Tobeissance aveugle de ses conmianderacns. Commc il comblait d'honneurs et dc richcsscs ceux qui le rcconnalssaicnl, el punissait de mort ceux qui refusaient de croire a sa divinite, il cut bientot dans le Kaire une foule dc sectaleurs qui le nommaient clemenl el misericor- dicux, el qui criaient en le voyanl : O reternell I'unique , le scul qui donne la vie et la morl! parce qu'il savait parfaitcmenl ce que chacun faisait chez soi , et qu on lui allribuait le pouvoir de faire dc Tor a sa volonle. C'elaient des temps d'une bien singulierc ignorance , que ceux oii Ton admettait <5galcment Tidee d'un Dieu qui se fait homme , ct d'un hommc qui se fait Dieu. Le nouvcau Dieu pretcndil elre dc la race de Fatime-cl-Zehra ^ fillc du propliele iVfoJiamcd, donl I'origine remonte kAiy, dhA'Aba- Talcl/, et cependant il debula par faire afficher a la porte des mos- quees el sur les places publiqucs, I'ordre de blasphemer les disci- II pies de Mohamed. Void le precis de sa vie , suivant rhistorien ScJiems-Din-el-Zachabi, Le prince Mansour aima Ics sciences et la justice, et il fit mourir Ics justes et les savans ; inais il fut plus misericordieux envers les chiens ; il revoqua TarrSt de leur exterminalion , apres en avoir laisse tuer un grand nombre. II exlla les astronomos et prohiba Tastronomle , pour rester le seul inslruit dans cclte science. 11 fit construire des mosquees et des colleges , dans Icsqueis il plaga des savans et des docteurs ; et peu de temps apres , il massacra les uns et les autres et detruisit ces ctablissemens. II frequcnta les luteturs, et s'en debarrassa de meme. II parcourait les rues, montc sur un Sne , et punissait lui-meme tous les marchands qu'il surprcnait en fraude. Pour contraindrc Ics femmes k rester chez elles, il defendit aux cordonniers de leur faire des souliers , et les tint pendant sept ans prisonniercs dans leurs maisons. Un jour qu il avait entendu le bruit que des femmes faisaient dans un bain public , il fit murer le bain et les y laissa mourir. Voulant ensuile montrer comment il faisalt la police , il ordonna aux habitans du Kaire d'allumer des bougies, dans les rues et dans les places, pendant la nuit , etde laisser ouvertes leurs maisons et leurs boutiques , et promit que si quelqu'un perdait la moindre chose , il en rcmbourscrait la valcur. Get ordre fut execute a sa satisfaction , car rlcn ne manqua. II en- tretcnait la propretc dans les rues en les falsant balayer et en em- pechant d'ouvrir les fenelres. II annula pendant vingt ans la priere Tarawich, qu'on fait la nuit en Ramadan, puis il la permit. II de- fendit de manger du cresson et des mcloukhie ; il s'emporta de meme contre les dalles , dont il fil brMer une grande quanlile, et conlre les raisins sees , car il cnvoya des gens pour arracher les vignes. II conJamna les Chretiens a porler au cou une croix en bois du poids de cinq rolles d'Egyple ( environ trois kilogrammes) et de la lon- gueur de trois pleds et demi; et les Juifs, au lieu de croix, un tronc d'arbre du meme poids et de la meme longueur ; a ne porter que des turbans noirs , et a nc point acheler les monlures ni les navires, 12 dcs Musulmans. lis leur fit Mtir des bains parllculicrs , ou ils ne pouvaient entrer qu'avec leurs croix ou Icurs troncs d'arbres ; enfiii il les for^a d'enibrasscr rislamismc, puis il Icur permit de reloumer a leur premiere religion ; et comme il s'en converlitsept mille dans une semainc , il fut si indigne de cet empressement qu'il fitruiner leurs temples ; mais il ordonna peu de temps apres qu'ils fussenl rebj^tls. II sc crea deux minlstres, Tun juif, et I'aulrc chreticn , avec pleine puissance de gouverner ; ils s'en acquitlercnt si bien qu'ils furent condamnes a mort , sur les plainles des Musulmans. Un de ses couFtisans composa un livre sur la transmigration des ames et sur d'autres points de doctrine. Ce livre ayant etc lu dans la grande mosquee du Kaire , le peuple se revolta contre le doctcur, qui aurait ete massacrd, si le Commandant ne I'eAt fait partir sur- le-champ pour la Syrie. Ce novaleur vint habitcr au mont Baniass (a deux journces de Damas) , oil , pour fairc reccvoir ses opinions, il soutint ses discours par des largesses. La croyancc en la transmi- gration des ames s'est lellement conservde jusqu'k ce jour, que plusieurs villages attendent encore le retour du Commandant. Mais revenons a notre hislorien. Quand le Commandant eut conquis toutc la Syrie , en Tan 4f>o de Ylledjire , il fit aballrc plusieurs egliscs , memc celle de Saint- Sauvcur, a Jerusalem. II changea encore les vctemcns des Juifs et des Chretiens. II porta lui -mt^me, pendant sept ans, des habits de lainc ; il entretint nuit et jour des bougies allum^es dans son palais, el il resta sept autres annees dans les lencbres. Nous omettons bien des particularites d'un parell rtignc , pour donner I'explication , suivant les livres druzes , dc cclles que nous venons de rapportcr , et pour prouvcr cnmbien la dispafition du Commandant , semblablc a ccHe de Ronmlus , a ele favorable k celle explication. Le Commandant, qui connaissait lous les secrets des families, par le nioyen des vieillcs femmcs, cut des doulcs sur la vcrtu dc .sa nvwr S"idnt-cl-Mr]onk (^\3i dame des rois ), et resoluf de la fairc lO jnourir ; mals , pour eclaircir scs soup^ons, il cnvoya dcs sages- femmes s'assurer dc sa virginile. CcUe-.ci coniprenant que sa morl etaltindvitable, voulut prevenir son frere; elle alia trouver de nuit le prince Seif-el-Dewlate , elm-el-Detvass , dontla mort etait egale- ment resolue ; die Tinforma de tout, et lui promit, pour Tentratner dans sa vengeance , de le faire vizir aupres de son neveu, le fils du Commandant. II convlnrent de faire tuer le Commandant, quand il irait a Halewan ou il avait coutume d'aller seul et montd sur un dne. Le lendemain, le Commandant etant sorti avec sa troupe, alia seul au lieu indique , et y fut massacre par une dixalne d'esclaves, a chacun desquels Bewass avait donne cinq cents denierS. La troupe ne le voyant pas revenir, alia a sa recherche, et ne trouva, au bout de sept jours, que Fane a qui Ton avait coupe Ics pieds , et aupres d'un bassin , les habits du Commandant, avec les marques des coups dont il avait ete perce. Get dvenement se passa dans la nuit de lundi 27 chewal Ani\€e I^ii q\.\a vingt-cinquieme du regne de Mansour. Hamze profita de la circonstance pour faire accroire au peuple que le Commandant avait disparu en s'echappant de ses habits , mais qu'il avait laissc un precieux manuscrit sur sa doctrine. Cette fable, que la soeur du Commandant etait interessee a accrediter, est devcnue la base de la religion que I'on va examiner. Les Hvres druzes portent que, dcpuis la creation du monde jusqu'a cc jour, il s'est dcould des milliers et des millions d^annees , qu'au- cur^utre que le DIeu-Commandant, Createur, ne peut calculer; qu'Adam I'elu, le spirituel, le pere excellent , le prudent ChautiKxV un pacte avec les hommes et les appela au pays des vivans. On comple soixante-dix epoques avant ce pacte. La duree d'une dpo- que est de soixante-dix siecles et le siecle de mille ans. II est dit aussi , dans le second livre de la science , que le Seigneur adore s'est fait voir dix fois sous la forme humaine , et que la derniere fois il etait le commandant apparu en Egypte. Sijd - Abd-AUah^ I'un des princes Tuuukhu; , que les Druzes rcgardent comme un pontife; I4 fmtim, pretend que Ics dix-ncuf leltres de la forinule , Bissm-IIlah el Ralimnn cl lia/iim , signifient chacunc un invoquant, coiiiinc //i:7OTC(?lc mainclouk du CoiiiTnandant ; que sept de ces dix-neuf in- voquants ont etc'- envoyes avec le titre de missionnaires dans les sept provinces du monde , et les douze autres , chacun dans une ile de la nicr pour appeler a Fadoration du Commandant. 11 est dit , dans le livre de la genealogie , que Telu d'Adam cut C/n'/t pour successeur. Or , le successeur est Tinvoquant , ou celui qui annonce que Telu d'Adam est le Christ vivant. Chitt, au temps du Christ, etail Jean-Baplislc , ou Adam Toubliant. Satan est Adam le rebelle , ou le premier pronongant , et son successeur Cain ; Le'second pronon^ant est Noe, son successeur Sem ; Le troisi^mc Abraham , son successeur Ismaa'il ; Le quatrieme iWoiVe, son successeur y^aro» , et apres v^aron, Josiie , fils de Noun ; Le cinquiemc J(P55e', son successeur Pierre; Le sixleme Mohamed ^ fils di' Aid- Allah ^ son successeur AaJy^ fils A'Aha-Taleh; Et le septi^me Sdaid ^ ou Satan , et son successeur Qedah. Satan ,a disparu apres S^aid et n'a plus reparu. Toutes ces personnes n^ont eu que deux ames qui ont passe d'un corps dans un autre. L'ame de ces prophetes etalt celle de Satan ou d'Adam le rebelle; et Fame d'Adam I'elu etalt celle du Christ vivant. EUes indiq|^nt les deux principes du blen et du mal , comme il parait par cette in- vocation au commencement du livre de la science : « Je me confic " en notre Seigneur, le haut et le trcs-haut , la cause des causes, » le createur du passe , du present , de I'avenir el de I'elernile , » I'unique, le tout-puissant et I'eternel Commandant qui, de sa lu- « miere rcsplcndissante, a forme I'intelligencc ou le premier pre- >) curseur ; de celul-ci Ic monde, les limites spirituelles et tene- » breuses. » On voit, dans le livre de la transmigration , que quand une 5 feipme con^ok, le foetus est forme dans son ventre par I'esprit ani- mal pendant neuf mois ; mais , qu'au moment de I'accouchement , I'enfant revolt Tame raisonnable de quelqu'unqui vient de mourir a I'instant m»5me , soit dans le voisinage , soit au loin. Lcs ames ne sc m^lent point enlre clles; chacune passe dans un individu de la mcme religion que celui qu'ellc vient de quitter , de sorle que Tame d'un Druze doit necessairement aller a un Druze. Si un homme change de religion pendant sa vie , il est evident que sa demeure change aussi : et si Tame d'un inllie Oqqal^ passe dans un Druze Djahel^ il n'y a nul doule que celui-ci ne se fasse un jour initier, et n'adore, comme par le passd, I'unit^ de son Seigneur- Commandant. Les myslagogues ( suivant Timee de Locres) avaient invente les dogmes qui font passer les ames des hommes mous et limides dans des corps de femmes que leur faiblesse expose a I'injure; celles des meurtriers, dans des corps de hctes feroces ; celles des hommes luhriques , dans des sangliers ou pourceaux ; celles des hommes le- gers et inconslans, dans des oiseaux; celles des paresseux, des sots et des ignorans , dans des poissons. Les Druzes ne disentpas com- hien I'ame d'un O^^a/ doit dprouver d 'incorporations (i). L'imposteur Hamze a compose sur la doctrine des Druzes des epitres dans lesquelles il dit a ses freres : « Annoncez que la reli- gion est la parole de I'unite , et que je vais a la Chine , en m'eloi- (i) Les Paiens ayant toujours pensg que la justice el fequile de Dieu ne lui permettcnt pas tlelivrer aux deuions lcs ames \icleuscs, a la fin d'unc seule vie et d'une seule epieuve , crurent que la Providence les renvoyait api'es la mort eh d'ailtfes corps, comme dans de nonvelles ecoles, nour y etre chatiees selon leurs meriles el puriliees par le chatiment. Platon ne promettait I'entree du ciel qu'aux anics qui s'claieuL slgnaleos dans la pratique de la \ertu pendant trois incorporations ; et Pindare , plus de cent vingt aus avant lui, enseignait la Buenie doctrine sur les trois incorporations uecessaires aux ames verlueuses , pour cnlrer dans le sejour de la feliciie. — Beausobre, hisloire du Manicheisme. I() gnanl dc vous secrclemcnt, pour mc joindre a mes frercs les invo- voquanls; que le temps finira bienlul , ct que noire seigneur trheurcuscmemoirc, se Iransfigurera sous la forme humaine, coininc il a fait en Egypte. Nous serons avec lui , moi ct mes freres. jMcs vetemens seront vcrls,et je monterai una junient vcrte : mon frcre Tame, c'est-a-dire hmua'il ^ aura des vetemens rouges et montera une jument rouge : mon frere le verbe, c'est-a-dire Mo- hamed , aura des vetemens jaunes et montera une jument jaune : mon frere Aba-el-KJieir des vetemens blancs et montera une ju- ment blanche , ct mon frere Beha -el- Din des vetemens noirs et montera une jument noire. » II se formera des troupes innombrables d'inities qui viendront de la Chine dans les Indes. Elles conquereront par le sabre et par ia force de noire Seigneur - Commandant. Notre Seigneur me donnera un sabre avec lequel jc couperai jusqu'a ce que j'entrea la Mekke , que je la renverse de dessus ses fondemens et que j^en dis- perse les pierres. Nous ferons un tel massacre dans le monde qu'ii n'y reslera plus aucun infidele. » Alors la parole s'accomplira : notre seigneur glorifi^ se trans- figurera sous la forme humaine , et toutc la terre appartiendra aux adorateurs de Tunite. Ceux - ci diront dc qui est aujourd hui et a jamais le regne ! On leur rcpondra : de Dieu unique et vainqueur , de noire Seigneur-Commandant glorifie. Notre Seigneur dira : Je viens donner la vie et la mort, car je suis le tout puissant ; il ac- cablera d'impols les infideles, hommes, fcmmes , enfans , jusqu'a ceux qui sont au berccau , pour les tenir cgalement dans les an- golsses et les tourmens. Mais les inities herlleront de toute la terre dont ils seront rois et possesseurs , chacun selon sa devotion ; lis vivront dlernellement au milieu des delices et de la felicite , en se disant mutuellcmenl: Heureux, vous qui avez eu de la patience et qui en jouissez ! « Hamze a aussi dil dans r(?pitrc de Fexageralion : « O infideles et renegals! vous pcrirez par la falm ct par la solf ; vous paierez ua I? trlbut de plus en plus pesant; vous portcrez deux pcndans d orcilles de plomb, chacun du poids de viugt drachmes ; rexlrcmile de vos nianches sera teinte en noir, et voire Iribut sera de deux deniers. Les pendans d'oreilles des Chretiens seront en fer, chacun du poldsde Ircnte drachmes ;rexlremiledeleursmanchesseratelnle en noir et leur Iribut de trois deniers. Mais les pendans d'oreilles des renegats seront de verre noir , chacun du poids de quarante drach- mas ; leur habit sera couleur de plomb , leur Iribut de cinq de- niers, et ils auront sur la tele une queue de peau de renard. On coupera le cou a ccux qui refuseront de payer leur tribut, la justice devant etre totalement annulee. » Vient cnsulle I'explication de paroles mytdricuses , comme Doiimda^ Soitmna , Tailc droite, Taile gauche , les pieds de Tarete , les trois voeux et Tanathenjc de Fimam. Doumcia signifie Hamze , parce qu'il disait : Dieu est toujomrs avec moi. Soumcia est le second ministrc , Ismda'il , qui a pris sa doctrine de Hamze : les deux atles sont le pere du bien , AJia-el-Khelr, et la splendeur de la religion, Beha-eig-D!n , c'est-a-dire I'ouverture et I'ombre. Les pieds de Ta- rete designent Mathieu et Luc, et les trois voeux, Mathieu, Maix el Luc qui ont predit chacun , pendant sept annees , la venue du Christ vivant. Jean a dil : « Je suis la voix de celui qui crie dans le desert : Pre- parezlavoie du Seigneur. 11 a dit aussi : f oiciVagneaude Dieu , voici celui qui ote les peches du inonde.W a rendu temoignage de la trans- migration des ames , en disant : FJie est venu , et vous ne I'ai'ez pas connu. Or , Jean etail Elie dans le temps passe. Le Christ etait Adam Telu , qui au moment de son crucifiment , donna sa ressemblance a Jesus , fils de Marie (i) pour etre cru- cifix a sa place- II y avait ainsi deux Christs d'une mcme figure, Tun Jesus, fils de Marie, et I'aulre le Christ vivant, Adam Telu , (i) Lcb Musulraans ne croient pas menu- que Kolrc Selgncin ait cte cni- (ilie; ils assuvent qup ce ful iin Jiiif ijni lui rosit'iiil lai'. la premiere inlelligence qui apparul sous la forme humainc , an lemps flu Conimamlanl, c'esl-a-dire Hamze Ic grand Imam. Tout ceci etaut des mysteres, Hamzesi recommande aux initios de n'en rien reveler aux etrangers , et de ne pas faire grace a qul- conque aurail commis ie peclie capital ou Tapostasie qui mdrite Fanathcme el ia punllion. II ordonne de cacher, dans un lieu bicn secret, ies livres de la science, qui conlicnnent les commandemens iltH'iil h 101 (■nnaitip Inn fondateiir. 19 Hamze qui en appclle au conlenu des quatre livres , la bible , I'e- vangile, les psaumes el le qoran. 11 esl dit dans TEvangile : Je sm's h bon pasteur\ ei je connais mes brebis, et mes brebis me connaisseaf ^ comme mon pere me connait , et comme je connais mon pere. J'ai des brebis qui ne sont pas de ce troupeau; iljaut que je les y amene^ et 11 rHy aura qu'un troupeau et qu'uii pasteur. Ceci indique le mahome- lisine ; de meme que cet autre passage de I'evangile : Entrez daas votre chambre , et priezvotre pere secretement , slgnlfie cachcz Tunite, et couvrez - vous des apparences des fausses religions , comme la mahometane. Le Christ a dit: Celui qui ecoutera ma voix ^ ne goutera jamais la mort; et il n'a pas dil , celui qui fera comme moi. Tout ceci est la parole de Funile qu'il ne faut pas reveler, d'autant plus que, pour en affirmer la verile, il a ordonne a ses disciples de bap- liser avec de I'eau. II y aaussi, comme dans I'evangile, une citation de dix vierges : cinq sages et cinq folles. Les sages sont les ministres du Com- mandant , qui invoquent I'existence ; elles sont aussi les cinq limites, savoir : i" Tintelligence, 2 ' 1 ame, 3^ le verbe, 4° le pere du blen, et 5° la splendeur de la religion. Les vierges folles sont i° le pronongant ou Mohamed, fiis il' Abd- Allah; 2" la base, ou Aly, fils d'Aba-Taleb; 3° I'accomplis- sement, ou Omar^ fils de Khettab ; 4." le litre , ou Aba-Bekr, el 5" I'invoquant, c'cst-a-dire Otmun. La repetition d'instructions et d'explicalions aussi singulleres sur la melempsycose et sur la palingenesie des Druzes, se relrouve encore dans Tepitre intilulee : Lumiere de la chandelle du soir de vendredi. Hamze y donne des preceptes qui reunissent le cynisme a Timpiete. II assure que le Seigneur-Commandant a disparu secre- tement le soir du vendredi, pour revenir, a pareille beurc et a pa- red jour, posscder tout le monde. II donne ensuile, en ces termes, les ordres de ce seigneur : « II faut done, 6 initios et iniliees, que vous vous assembliez chaque soir de vendredi ; que vous lisiez el conserviez les livres de la science que vous a laisses noire Seigneur 30 gloiilie. il faiU aussi <\ini voiis cnseigniez vos soeurs iiiiticos derrirrc uii ridoau, cl que celJes-ci irelevent point la vois. Lisez enlrc vous les vcpres secretes, parce que j al delrull les sopl colonncs de cc- reinonic el que je les ai remplacees par sept spiriluelles. La pre- miere, la plus importante , est la veracity dans les paroles ; la se- conde, la conservation desfreres; la Iroisieme, le rcnoncement i loutes les religions; la quatricme, I'adoralion de notre Seigneur et Juge le Commandant; la cinquieiiie, la soumission a ses com- mandemens; la sixieme , le secret des mysieres de Tunite; et la scptieine , le baisement, en lout temps, des parties sexuelles des inlliecs (l). » Quand un Druze est parvenu a connaitre toutes ces belies cho- .ses, el qu'il deniande un plus haul dcgre d'inillalion , on I'oLligc h faire la confession de lous ses peches, comme les (k»ules sur la re- religion , Tassassinat dun frcrc on de tout homme qu'il n'est pas pcrniis de lucr, el la fornication avec ses soeurs, qui est consid('r«5e conuiie Ic pins grand peclie. J I doil les avouer a Tasseniblee , en presence des inilies, hommes et feninies, pour que la penitence en soil valable. Alors il fait cette profession de foi :' « Grace au sens des sens , le maitre menlionne! Gloire au haul, au Ires-haul! Sachez, mesfreres, que Chautil est le grand Adam , (i) On reconnait, I'ans cc dcriiicr commandemeiit, rancieii ciilte d'Isis, oii jilii- tot (le Ceres, qui clnit adorce a Syracuse . En Egyp'.e , on cxpos:iil le phallus d'Osiris au rcspecl des peoples, cl en Sicile, les parlies sexuelles de la femiue, sous Ic notn de Mjy llos. Ellcs ciaicnl representees par un pale de la meme forme , compose de si-sauie et de luiel. Allienee assure que le; Syracusains porlalcnl en procession et avec la plus grande devolion, depareils pates, dans les temples des deesses. Le rom Tels sont les principaux objcts de la croyancc des Druzes, ou du delire de ceux qui en furent les inventeurs. Ceux-ci ont prelendu que Dieu forma, de sa lumiere resplendissante, la premiere crea- ture, quifut Tinteliigence ou Ilamze; mais que //(7wc<' s'etant enor- gueilU de s'etre vu seigneur sans rival, Dieu lui en donna un dans Satan, Harett-ehn—Termach. Ilamze ^ qui etait le precurseur , chef du temps et inventeur de la justice , devint dans la premiere epo- que, Adam Telu , le savant Chautll; ce qui est conforme a la doc- trine sur la transmigration des ames : quand le corps meurt, Tame le quitte comme un habit donl elle se depouille pour en prendre un autre, tant que Dieu le veul. On donne ici le catechisme des Druzes pour etablir , s'il est possible , quelque connexion entre les dogmes et les discours de Hamze. Ce docteur a dit : " La Rakanie dansait au Kaire devani le Commandant, jouait avec des mouchoirs cordes et mettait les hommes a nu, depuis la ceinture en has. Alors ils se disaient les uns aux autres : faites-moi voir vos parties naturelles. » Pendant ce temps , les esclaves se livraient entre eux a la plus honteuse luxure ; et tout cela se faisait dans des vues proiondes de sagesse qui seront expliquees. 22 CATECHISME a Vusage des Druzes DJahels (/id veulent etre inities. Le Djahel demaride a VOi/i/dl: T). Monseigneur, enseignez-moi ce que signifie le norn dcDurzH' R. II signifie sectaleur du Commandant apparu en Egypte et de son servlteur, chef du temps, Hamze , fils d'Aly. D. Comment connaitrous-nous la noblesse de Hamze, dont la paix solt sur nous!'' R. Par son propre temoignage , puisqu'il a dit : « Je suis I'ori- gine des creatures du Seigneur , son secretaire instruit de ses af- faires; je suis le livre et letaureau; la maison edifice; le maitrc des decouvertes et des revelations; je suis aussi Vimam des justes, I'ar - bitre des lois, le distributeur des graces; je dois ddtruire le monde et les deux temoignages, parce que je suis encore le feu ardent. » Sa noblesse est done ctablie par des litres qui sont les memes que ceux du createur ou Commandant glorifie. D. Quelle est la religion de Tunite ; la base de la croyancc des inities? R. C'est la renon elation a toutesles autres religions, parce que nous sommes obliges de rejeter toutes les croyances. D. Si jamais un etranger embrasse la religion de Tunite , la croyance el Tobeissance a noire seigneur, sera-t-il sauve? R. Non. Parce que la sentence a ele prononcee, la plume bri- s^e et la porte fermee ; mais son ame, apres sa mort, passera dans une personne de son anclenne religion. D. Quand les amcs ont-elles ^te creeesi" R. Apres Tintelligence ou Hamze, F^lu du createur, de celui qui a forme les ames par sa propre lumitVe , et en im nombre fixe qui ne pourra jamais augmenlcr ni diminuer. U. Nous est - il pcrmis de reveler aux femmes la religion de lunile •' R. Oui. Notre seigneur glorifie a repondu d'elles, et elles lui •i3 out si bien obei , qu'il y a plus de femines que d'hommes ini- ties (i ). D. Que dirons-nous des aulres nations qui preteudenl adorer le LSeigneur-Createur ? R. Que leur pretention est fausse, parce que I'adoration ne peut reussir sans qu'on n'en ait une parfaite connaissance ; ainsi quand m^me ils disent : nous adorons Dieu, sans savoir pourtant que Dieu est le Commandant par son propre ordre ^ leur adoration est de toute nullite. D, Lequel des niinistres a dicte les livres de I'unite , proclame la cause de Texistence et public les epitres qui sont la base de I'unite ? R. Ce sont les trois invoquans de notre Seigneur-Comman- dant, I'intelligence, Tame et le verbe; ou Hamze^ hmdailet Beha- el-Din (2). D. En combien de parlies la science se divise-t-elle ? R. En cinq parlies, dont deux apparliennent a la religion, deux k la nature, et la cinquiemc a la virile. D. Et chacmie de celles-ci en combien de parties se divise- t-eUe ? R. En plusieurs parlies ; les deux premieres comprennent tou- tes les religions , les deux aulres, les sciences , et la cinquieme, la verite de la religion de I'unite. D. Comment pourrons-nous connailre, a la premiere enlrevue, nos freres les inilies ? R. Apres le salut , vous leur demanderez : les cultivateurs se- ment-ils , daiil vos villages la graine d\4lili!edj ( myrobolan ) ? (i) Lc sepiiemc pr/ceple siir le Mjilos a bieii jjii le rendre t^araiiL de leur dis- cretion et de leiir empvessement k recliercher Pinitiaiion. (2) On a vii que le nom spiritiiel de Beha-el-Din , splendeiir de la religion, esi rOmbre. Mais les mystiques ne s'airetent pas a de pareilles contradictions qu'ils peuvent expliqiier par les differens degres d'inili.'ilion. 24 S'ils vnus repondeni : sans doulc , ils Ic seiiient tiaiis !cs coeurs dcs croyans. Alors vous les queslionnerez surles llinitcs ; cl s'Us repon- dent, ils seront du riouibre des frcres. D. Si un Druze meurt sans s'olre fail iniiicr, sera-t-il sauve i* R. Non. Tout au contraire, il sera aupres de noire Seigneur- Commandanlglorifie, dans un elernel esclavage, portera les pen- dans d'oreilles et paiera le tribut. D. Qu'entend-on par la pointe du compas i' R. Hamze, la voie de I'equlte , I'arbitre de la justice , le chef du temps, le genereux prophele , la cause des causes, I'elu d'Adani , le precurseur et rintelligence premiere. D. Qu'est-ce que design e la cime ? R. Adam le particulier , Hermes, Enoc, .-'driss, et Jean, (|ui elait Ismaail au temps du Commandant , et Moqdad au temps de Mohamed , fils d'Abd-Allah. D. Qui est Fancien et reternel ? R. IsmSaTl , I'ame raisonnable. D. Quels sonl les picds de I'arete ? R. Ce sont les trois voeux, qu'on appellc aussi Jean, Marc et Matlhieu,parce qu'ils ont pr^che vingt-un ans la venue du Christ vivant. D. Que designe-t-on par la puissance i* R. Mohamed, fils de Oiiahbe Ae Jerusalem, ou le verbe, le troisieme des cinq ministres. D. Comment les ministres salualent-ils le Comniandant Jors- qu'Ils entralent chez lui ? * R. Ils disaient humblement : la paix vicnl de vous, notre-Sei- gneur , el clle rctournera a vous , parce que vous la mcritez de plus en plus ; que noire Seigneur soil bdni , honore et glorifie ! D. Et la possession , que deslgne-t-elle :' R. Behii-fl-l)in , qui (iiail Aly, tils d' Ahmed au lemps du C(!m- mandaul glorifie. 2 5 1). Quclles soul !es cinq vierges sages ? R. Les cinq ministrcs de noire Seigneur le Conimandanl glorific. D. Quelles sont les cinq foUes ? R. Les cinq ministrcs de la loi apparenle. D. Quelles sont les Icttres de la verite :' R. Les cent soixanle-quatre feinmes el fiUes qui apparlienneiil a noire Seigneur D. Quelles sont les lettres du mensonge '^ R. Le demon, sa femnie el ses enfans , c'est-a-dire , Moha- ined , fds d'Abd- Allah, prophcte des Musulmans, et toule sa pos- terite. D. Comment Khcmar, fils de Hal/ach-el-Solcimimi , s'est-il permis de dire , dans son epitre , qu'il est le frcre de notre Sei- gneur ? ^ 0 R. Lorsquc notre Seigneur apparut en Egypte, il le declara son frere, dans le dessein d'augmenter sa perversion et de le tucr legitimement D. Pourquoi notre Seigneur montalt-il sur des Jines sans selle i' B. Pour abolir la loi du pronon^ant auquel Fane ressemble , car il est dit dans le Qoran que la plus noble des voix est le braire des anes. C'cst la loi apparente ou la religion de Mohamed, fils d'Abd-AUah. D. Pourquoi s'habillait-il en laine noire ? R. Pour annoncer les afflictions et les souffrances que ses ado- rateurs ont endurees apres lui. D. Dans quel dessein et par qui les pyramides d'Egypte ont- elles ei6 construites ? R. Par notre Seigneur clorifie, pour y tenir caches, jusqu'a son retour, les alliances et les litres qu'il a fails pour les hounncs. D. Pour quel motif le legislateur a-t-il comparu au monde i' R. Pour le Iriomphe des Monolheislcs , et afin qu'ils s'affer- missenl dans I'adoration du Commandant, on rcconnaisanl que Ic legislaleur nest que le demon. 26 !). Coniinent I'aiiie trausniigre-t-elle :' R. Toules Ics fois qu'un individu meurt, son anie le quitlc pour aller s'lncorporer dans un nouvellenienl ne. D. Quelles sont les Limites ? R. Lcs cinq minlstres du Commandant, i» Hanize , le chef du temps; 2" Ismsia'il, Tame; 3"]VIohamed, le verbe ; 4° Aba-el- Kheir, Taieul ; 5" Beha-el-Din , ronibrc. D. Comment appelle-t-on lcs Chretiens et les Musulmans i* R. On appelle les Chretiens connncnlateurs, parce quils onl mal interprete I'Evangilc ; et les Musulmans descendeurs , AJd-el- Tenzil, parce qu'ils ont dit que le Qoran est descendu du ciel sur ieur prophete Mohamed. D. Que deviendra Toqqal qui aura fornique arec une soeur ou avec toiite autre femme ? R. II faudra qu'il fasse penitence pendant sept ans et qu'll aille chez t«us lcs Oqqals Ieur deraander pardon de sa fautc , sans quoi il mourra comme un athee. D. Comment dislinguerons-nous la veritable croyance d'avec les autres ? R. Ce sont les paroles d'un athde et d'incredulite en notre Conunandant, parce que les Oqqals se sont remis entierement entre ses mains , et qu ils ont accepte sa loi sans examen ni dis- pute, ayant declare qu'aussitot que quelqu un y contrcdit, il de- vient infidele et athee- D. Que disait-on de Mohamed , qui se prctendait fils de notre Seigneur ? R. C'etait Tadult^rin d'une esclave. II s'empara du comman- dement , apres la disparition de notre Seigneur, en disant : je suis son fils, adorez-moi comme vous Tadoriez. Mais Hamze lui t€- pliqua : Notre Seigneur n'a point cngendr«i , comme aussi il n'a pas etc engendre. D. Pourquoi done noire Seigneur Ta-l-il fait son fils, au lieu de le tuer :' ;. 27 R. li a voulu, dans sa sagesse , que ce fils ffti la cause des afflic- tions. D. Pour quel motif est-il fait mention des diables el des angesi' R. Les diables indiquent le monde tenebreux, qui n'obeit point a Tinvocation de Fexislence : mais quant a ce que disent les su- perstitieux, que les diables et les anges sont des ames saus corps , c'est une absurdite. Le demon , Eblis , est le diable, Cheitan , ou Harett ehn Terinah , et les anges , sont ceux qui ont accepte Tin- vocation de notre Seigneur glorifie ou Dieu adore de tout temps. D. Qu'entend-on par les epoques £'d'<^o«ar.'' R. On entend les lois des prophetcs , comme Adam , Noe , Abraham, Moise, le Christ, Mohamcd et Saaid , qui n'ont qu'une seule ame , laquelle a passe alternativement dun corps a un autre. lis sont aussi les diables , Adam le rebclle , que Dieu a chass^ du paradis des Oqqals. Mais quant a ce qu'affirment les Chretiens et les Musulmans , qu'il cxiste un ciel de delices et un enfer de feu, tout cela est sans aucun fondement et par conse- quent faux. D. Quels sont les anges porteurs du trone du Seigneur glorifie ? R. Ce sont les cinq ministres de notre Seigneur : i° le precur- seur ; 2° le citateur ; 3" I'aieul ; 4° I'ouverture , et 5° I'ombre. On les designe aussi par les cinq limites : i" Gabriel, qui est Hamze; 2*^ Mikail , Tame ; 3° Seraphin , le verbe ; 4° Ezrail (i), splendeur de la religion , et 5° Mitail , le pere du bien. D. Qui sont les quatre femmes .'' R. Ismaa'il , Mohamed , le verbe ; Salame , le pere du bien , et Aly, Tame. D. Pourquoi les nomme-t-on femmes ? R. Pour indiquer qu'ils sont inferieurs a Hamze , a qui seul appartient le grade d'honmic , et a qui ils obeissent comme des femmes. D. Que disons-nous de rEvangiler" (i) Ezrail est encore le noiii du la moil on I'ange de la iiinil. 28 11. Que c'esl la diclee memc du Seigneur lo Clirisl vlvanl , qui dlait SoIeiman-el-Farsi ^ an temps de Mohanied, fils d'Abd-Allah, el Hanize , ou rintcUIgence premiere , au lempsdu Commandant. D. Au temps du Christ, fils de Marie , ou etait le Christ vivant? I\. II etait au nombre de ses disciples. C'est lui qui a dicte Yr.- vangile et qui a instruil le Christ fils de Marie ; nials quand ce dernier Ta conlredit , le Christ vivant lui a susclle la haine des Juifs , qui I'ont crucifie. D. Et qu'est-il arrive apres sa inorti' R. On I'a mis dans un tombeau , d'ou le Christ vivant I'a vole pour annoncer qu'il est ressusclte de la morl. D. Que s'est-il passe apres celle resurrection ? 1\. Le Christ vivant, c'est-a-dire Hamze, I'esclave de notrc Seigneur, est entre chez les disciples , les porles etant fermees. D. Qui sont le.s predlcaleurs de I'Evanglle ' 1\. Malhieu , Marc, Luc et Jean : ou autrejnent, les quaire femmes, Ismaail, I'ame ; Mohamed, le verbe, le pere du blen et la splendeur de la religion. D. Pourquoi nous est-il ordonne de cacher soigneusemenl la science? R. Parce qu'ello contient les secrets de notrc Seigneur glonfie. D. Que signific rabolitlon du jeune i' R. On I'a aboll parce que le pronon(;anl Nateq , c'esl-a-dire Mohamed, fils d'Abd-AUah I'a ordonne. Mais le jeAne, pour mor- tifier Tame , devient une oeuvre meriloire, de menie que la dime , dans rinlention de faire I'aumone aux freres. D. Quels sont les commandemens de iiotre Seigneur;' R. La veracltd dans tout ce que nous disons , I'amour de nos freres et Tobelssance a notrc Seigneur jugc, en nous abandonnant totalement a lui. D. Pourquoi dansait-on , joualt-on aux mouchoirs cordes , et mentionnait-on les parties naturelles des hommes et des femmes, devant noire Seigneur? R. (]cr\ se decouvrira dans un autre temps, parce que la danse '''9 indlque chacmi des prophetcs qui a danse a son tour , et qui s'en cs! alle; les coups demouchoirsnouesdesignenl lareligion deMohamed, fils d'Abd-Aliah, ct la mention An phallus se rapporte au Comman- dant, qui doit sc lever pour renverser les infideles, comma \e phallus sc levea I'approclie, eic. D. Quellcs sont les choses defendues? R. 11 est dcfendu de manger le bien des gens en place , de tou- cher a leurs mets, et meme de se servir de leur argent, sans I'avoir echange con Ire celui des negocians ou des cultivateurs. D. Combien de fois notre Seigneur a-t-il apparu au monde? R. II apparut en Egypte , la huitieme annee de son regne, et il disparul la neuvieme, parce quelle otait calamiteuse; il reparut la dixieme annee, pour dlsparaitre la onzierae et ne revenir qu'au jour du jugement. Apres sa disparition ses sectatcurs se dispers^- rent en Syrie. D. Quand reparaitra-t-il ? R. Oil n'en sait rien ; mais des signes le feront connaitre. Quand vous verrez les royaumes se renverser et les Chretiens vaincre les IMusulmans , ditcs alors que la venue de notre Seigneur glorifie est proche. D. De quelle maniere trailera-t-il les nations etrangeres ? R. II les delruira par le sabre; et apres , elles renailront au nombre de quatre , savoir : les Chretiens , les Musulmans , les Juifs el les Druzes aposlats ou ignorans ; toutes ccs nations scront elernellement dans Tesclavage et dans les souffrances. D. Combien de fois notre Seigneur s'est-il incarne sous la forme humaine '^ R. Dix fois ; la premiere dans les Indes , et il a ete nomme le Haul; la seconde a Ispahan , et il a ete nomm^ leTres-Haut; la troisieme a Mehdie , et il a ete nomme le Juste; et les sept autres fois en I^gyple , sous les noms de Cher, Cheri, Eleve, Soigne, Puissant, Vainqueur et Commandant. C'etait IsmaaYl , fils de Man sour. 3o I). Combien defois Hamze , ministre tin Commandant, a-t-ii apparu i' U. Ses apparitions sous la forme humaine sonl au nomhre , in-S". Le second volume n'a jamais paru. Memoire du docteur Tuvnbull insere dans le Columbian Magazin ( de- cembre I'jSS). L'auleur qui avail concu le projet de la colonie, composa ceL ecrit pour vefnter les allef^ations de Romans qni avaienl ete inserees dans un precedent numero du menie ouvracjc. ' 32 complete des esperances des, personnes qui s'y Ironvaiciil inlercs- s^cset la perte lotale des capitaux qui y avaient etc cuiploycs. La colonie de New - Smyrna fut une de celles qui eprouv^reiif ce trisle sort. On ne salt pas Lien posilivement si la premiere idee de cet etabllssement fut congue par le docteur Turnbull qui amena les colons, ou si les capilalistes anglais, qui y diaient interesses, le chargerent de la pcuplcr ; dii reslc le fait est pcu important a constaler, II suffil de savoir que Turnbull fut le principal agent de cette affaire , et qu'il dirigea la colonie apres qu'elle ei\t ete pro- jetee et jusqu'a sa dissolution fmale. Suivant ce qu'il nous apprend lui-m^me , il voyageait en Tur- quie a lenoque oii II prit des arrangemens avec les colons ; il est probable qu'II s'elait fixe a Smyrne comme medecin , puisqu'il y av aitepouseune Grecque native de cette ville: ceful en honncur ense, etVorthotrichum elegans^ludmdgii ei rrispum , commons ; le pinus banhsiana commen^ait a se monlrer , ainsl que le peuplier dans les endroils plus marecagoux. La primula pusilla en fleurs couvrait les rivages Un peu au-dessus du fori Williams, j'observai la wosdsia glabella ^ et je crois une nouvcllc cs- pece dc pteris. Les clienes et les peupliers continuent a se trouver, mais font insensiblement place au pinus alba et banksiana. Les mousses qui croissent sous leur ombrage , sont en ^^neral Vhypnum ciista-castrensis , schreberi et abietinum. U'hypnum nitens est commun dans les marccages, ainsi que plusieurs lycopodium qu'on ne trouve pas en Anglelerre. Le ledum latifolium^ la gualtheria procumbens ^ la linna^a lorealis sont tres-abondantes. On trouve aussi dans les marais Vandromcda polyfolia et calyculata. Le pays continua k n'clre entrecoupe que de petites coUines et dc lacs, el a presenter la meme vegetation jusqu'ti Winnipeg. La, ce n'est qu'un marecage continu, oil Ton ne voit guere autre chose que des saules et des roseaux. Sur les rochers calcaires, je remar- quai le gymnostomum ienue , et une nouvelle espece , la iveissia cal- carea^ etc. Les marais se prolongent au-dela de Cumberland-House, oil je trouvai en abondance le biyum triquctrum Pendant un se- jour de six semaines, je n\ recueillis que tres - peu de plantes, et pour la plupart fort communes. Les eaux du lac, sur lequel Cumberland- House est situe , grossirent prodigieusement, el inondcrent tous les environs. Les bois clalent enlierement composes, en eel endroil, de peupliers el de saulcs. Je m'a- pcr^us de Tcffet de la cruc des eaux en Iravetsant la Saskat- chewan ; les planles de ses bords avaient peri , et la rapidile de notre marche ne me permit pas de visiter Tinterieur. Le niveau de la plaine, a Carllon-House , est de clnquante pieds au- dessus de la riviere , qui en cet endroit s'etait elevee de vingt-cinq. Presque toutes les plantes que je vis dans la plaine , avaient cesse d'etre en fleur ; maisje remarquaique cellesdela Diadelphie etaient tres-nomhrcuscs.Lesplaincs, en general sablonneuses, sontpeufa- vorablesaux mousses. Coumie il regnait beaucoup d'agitation parmi les Indiens des environs de Carlton, je me dcterminai a pousser jus- qu'a Edmonton, environ quatre cents millcs plus loin dans Touest. La facilite que cette course m'offrail de voir des plantes , me met- tait a m^mc de juger de ce que je pouvais altcndre pour la suite. Malheureusement c'est toujours a-peu-pres la mcme chose. Je irouvai I'occasion de faire parlie d'nne petite troupe qui se ren- dait a Colombie, ce qui me detcrmina a aller aux montagnes. Nous quitlSmes la Saskatchewan, et nous nous rendimes a la riviere Assi- naboyne,a cent milles nord-ouest d'Edmonlon , a traversun pays couvert de forcts de saules et de peupliers. Jc ne puis evaluer la dislance qu'approximativement. Je remarquai plusieurs plantes que je n'avais pas vues encore, mais rien d'intcressant. Les voyageurs rcmonterent la riviere dans des canots jusqu'aux montagnes qui sont a environ trois cents milles ; mais, comme ces canots etaient trop charges, quelques-uns de nousdurent faire la route par terre, et le desir de voir le pays m'engagea k etre de ce nombre. Nous partimes le i*^"^ oclobre, mais malheureusement le 4 il tomba une telle quantite de neige qu'il me fallut renoncer k mes her- borisations. Nous arrivames en dix jours aux montagnes, sans aucun accident. Le pays est partout tres-bolse, mais il de- vient d'un aspect plus irregulicr en se rapprochant des mon- tagnes. Je remarquai une espece de pin que je n'avais pas vue encore ; c'est probablemcnt le piniis taxlfoUus. Le pimis hank- siano est le plus commun. Je trouval en cet endroit un chasseur 6o indien que je me decldai a accompagner pendant Thlver , atlendu que la neige nrempechait de songer a la Lolanique. Je reconnus cependanl on quelques cndroifs decouvcrts, phisicurs especes in- leressanlcs : la menuesia cuerulca , Wirhiitus ulpina avcc ses baics rouges ; quatre ou cinq especes de pcdinthiris ; \csjunais triglumis et spicatus ; et deux ou trois aulres especes que je ne connais pas ; une planle ressemblant beaucoup a Tavolnc , et qui est probablement Vhudsonia, non decrite par Nultall ; quatre ou cinq saxifrages ; plu- sleurs potentilla , dont quclques-unes nouvelles; le dryas integrifolia et octopetala ; deux ou trois especes de draha et Xalyssuin non de- crltes ; un hesiu pteris ; deux ou trois especes d\irternisia. ParmI les mousses, j'en vis peu qui fusscnt nouvelles pour mol , et aucune que je crole pouvoir ranger parmI les plantcs alplnes. Le splach- niim aiigustatum et les mnidides sont abondans, ainsi ^qu un petit gymnosiovium que je crols nouveau , rcsscuiblant au gymnostomum donianum , mals de moltie plus petit , et venant dans les endrolts plerreux. Je vis le bryiim dej/iissum , porlant un petit nombre de capsules; les cetraria m'oalis et cucuUata sont abondanlcs ; j'al re- connu aussi la dufourra arctlca. J'espere d'apres cela, elre a meme de reparer, en quelque sorte , la perte du temps qui s'est ecoule sans que j'ale pu en profiler. L'hiver a ete extr^mement rigoureux, ct,par consequent, les animaux rares et chetifs; cependant je n'ai pas manque de vlvres. J'ai parcouru le pied des montagnes I'es- pace de trois cents milles , au nord du Portage , et je suls revenu ici dcpuis peu de jours. Je suis alle me promener sur quelques par- lies de terrain que la neige nc recouvrail pas , et j'ai reconnu qu'll paraitrait Incessamment quelques fleuis, idles que la saxifraga oppu- silifolia , une draba , et une plante dont le genre m'est inconnu , maisque je crois une globularia. Je me propose de passer I'ete dans , Icsmontagnes, de les traverser, s'il est possible, pendant I'automne, pour me rendre sur la Colombia , et de revenir au printcmps i Carlton-Housc, pour y demeurer jusqu'au moment ou je dois re- jnindre le docteur Uicbardson a Cumberland-House vers le 5 aoAt 6 1 J 82 7. II y a fort peu d'insectes dans ce pays, et ce sont a-peu-prcs les inemcs qu'on trouve en Anglelerre. Je m'occupe en ce moment )le la chasse des oiseaux: mals ils ne sont pas tres-nombreux ici , et disparaissent enlierement pendant I'hiver. De M. Douglas. Des gianiles Chiilcs sur la Colombie , 24 mars 1826. Monsieur, vous avcz regu, par le retour de M. Scouler , des details interessans sur la partie nord-ouest de I'Amerique. Son depart me fut tr^s-sensible ; pendant plusieurs jours, je me Irou- vai bien seul. La partie supdrieure du pays m'a paru extr^mement int^ressanle, et sa vegetation est teliement differente de ce que presentent les c6les , que j'ai resolu de consacrer une annee entiere a son examen. Quolque cette resolution n'ait pas tout-a-fait re9u I'assen- liment de M. Sabine, qui m'a defendu de rester dans ce pays apres le depart du baliment; j'espere qu'il n'en sera pas Irop contrarie. Je crois pouvoir alteindre les Rocky Mountains dans le mois d'aoilt , et achever , avec ce que je possede deja , une riche collection. Pendant Thiver dernier, j'ai ete constamment occupe a ramasser des mousses et des Jungermannut , et a faire des collections de zoologie. Je vous apprends avec plaisir que j'ai decouvert une nouvelle espece de pin , la plus grande du genre, el presentant probablement les plus beaux ^chantillons de la ve- getation am^ricaine. II atteint Tenorme dimension de 170 a 220 pieds anglais de hauteur, et de 20 a 5o de circonference ; les cones ontde 12 a iSpouces delong; j'en ai un qui a 16 pouces et demi delong et 10 pouces de tour dans la partie la plus grosse. Le Ironc de cct arbrc est extreinement droit eldepourvu de branches jusqu'a une legere distance de Textr^mite qui forme une ombellc parfaite. Le bois de belle qualite donne bcaucoup de resinc. Des arbres de cette espece croisscnt encore, malgre qu'ils aient ete brAles en partie par les habilans ( usage Ires-frequent parmi 6-i ceux-cl, pour s'eviter la peine Ac rainasscr cVaulres Lois), »lonnent une substance que jc croisn'elre autre chose que dusucre, biea que jesois presque cffraye tie rafCrmer. Au rcsle, conune on en a env oye en Anglelerre avee Jes cones qui la produisent, sa veritable nature sera bienlot^onnue. L'arbre croit abondamment a deux ddgrcs au sud de Colombie, dans le pays habitd par la tribu des Indiens appcles Umptqun. lis ramassent les pignons en automne, et en font des especes de gateaux qui sont consider^s comme un objet de luxe. La substance sucree est employee pour assaisonncment comme le sucre cliez nous. Je me propose de prendre plusieurs echanlillons de ce pin, pour pouvoir en donner une idee assez correcle, et un sac de pignons. Je desire beaucoup me procurer le phlox speciosa , et s'il existe ici , j'espere y parvenir. II y a dans ce pays plusieurs liliacees Ires-curleuses. J'ai re^u des nouvelles de la compagnie du capitaine Franklin , du lac Cumberland; ils se rendaient au lac de I'Ours ou ils doivent passer Thiver. J'apprends qu'un M. Drummond, qui est pro- Lablement le botanisle de ce nom, qui a demcure a Forfar, ac- compagne rexpedillon en qualite de naluraliste. II se trouve sur le cote oppose des montagnes, vers la riviere Pene. II yaiciun nommc M. Macleod , qui a passe les cinq dernieres annees au fortBonne- Esperance, sur la riviere Mackensie. II m'apprend que s'il faut sen rapporter aux habitans, qu'il connatt parfaitement, il doit exister ^ un passage au nord-oucsl. Ils parlcnt dune grande riviere qui coule parallelement a la Mackensie, et se jelte i la mcr pres le cap de Glace, au nord duquel se trouve, dans une tie, un etablissement ou les valsseaux marchands viennent faire des echanges. lis assurent que les gens de eel etablissement sont fort mcchans, el qu'il leur arrive souvent de pendre des Indiens aux manoeuvres des vaisseaux ; on ajoufe qu'ils portent une longue barbe. Jc pense qu'on pcut ajoulcr quelque foi a tout cela , attendu que M. Macleod me niontra des monnaies russcs , des peignes el quelques objets dc quincaillerie , nc ressemblant en rien a ceux que fournit la 63 Compagnle Anglaisc. M. Macleod fit rasscmbler les habitans I'cte dernier, pour qu'ils raccompagnasscnt a son depart pour la baie d'Hudson. La mer est libre, dit-il, apres le inols dc juillet. La conduite de ce voyageur presente un exemple frappant de ce que peul la perseverance; dans le court espacc de onze mois, il a visile la mer polaire et les oceans Atlantique et Pacifique, au milieu de travaux et de dangers que personne , sans doute, n'avait affrontes avalMui (i). Je feral mon possible pour traverser le continent pendant le printemps de 1827. Mais, si je ne r(^ussis pas dans ce projet, je sai- sirai la premiere occasion pour me rendre en Angleterre. J'ai une blen faible provision de linge et de vetemens , puisqu'elle se borne a deux chemises , deux mouchoirs, une couverture , un manteau, et que je n'al pas de bas. Mais il m'etait impossible d'cn porter davanlage , altendu que le papier pour envelopper les echantillons et tous les objets necessaires aux observations , forment deja un assez grand embarrras. F. S. Depuis que j'ai ecrit ce qui precede , j'ai trouve le phlox speciosa Ac Pursh , vegetal superbe; sa description, cependant , deniandera quelque attention. J'ai trouve aussi , du meme genre, une nouvelle espece qui se rapprocbe de la setacea^ etbeaucoup de tigarea tridentata a fleurs jaunes. Je ne sais , en verite , ou m'as- seoir pour ecrire, et ou placer mon papier. Je me trouve maintenantpar les 47 1/2 degrds de latitude nord, ct iig de longitude ouest. De M. Douglas a M. Scouler. Priests rapid sur la Colomble , par /|8° de latitude nord , et I 1^ de long ouest, 3 avril iSaG. Je me suis fait une contusion au genou en clouant une caisse, et cet accident ma donne quelque inquietude et m'a prive du piai- (i) Nous avions dcja fait connaitvc cc passiij^e inleressaiil. 64 sir de vous voir avant voire depart. Jc partis du fort Vancouver le 22 octobre, dans le dessein de vous voir, en me rendanJ au port Whitby sur la riviere Chicbilin. Dans la soiree du lendeniaiu, je mis pied a tcrre a Oak-point pour in'y procurer quclque vivres. Un Indicn ine remit la letlre par laquelle vous me faisiez part de I'es- poir que vous avicz de rester quelques jours de plus ; comnie , d'ailleurs , des habitans m'assurerent avoir vu le bd^ient dans la matinee m^me, je pris mon parti sur-le-champ, el, Nms perdre de temps, je me rembarquai a onze heures du soir , esperanl arriver a la baie avant le point du jour. Malhcureusement , le vent etant conlraire el mes Indiens fatigues, nous n'arrivdnies qu'a dix heures, et j'appris, a mon grand regret, que voire bStiment venail de quitter la riviere depuis une heure seulement. Je trouvai Tha-a- Muxci, chef indien donl vous m'aviez parle quelquefois. C'csl un beau vieillard. D'apres la demande qu'il jn'en fit, je le rasai , a/In quHl ressenibldl a un chef du roi Georges. 11 m'accompagna le long de la cote , et , en remontant le Chicbilin jusqu'a soixanle milles de Tembouchure. La , je traversal , pres du mont Saint-Hdlene , un petit espace de terrain pour me rendre a la riviere Cow-a- Lidsk, que je descendis jusqu'a sa jonction avec la Colomblc. C'est la course la plus infructueuse que j'aie faile ; la saison elalt avancee , et la douleur de mon genou me contrariait beaucoup. Aussi, je fus contraint a m'arreter pendant trois jours au capFou- Iweather, dans une hutte construile avec des berbes et des branches de pin ; et, comme il m'etait impossible de sortir pour chasser, je n'avais que fort peu de chose a manger. Je tuai , dans le courant de I excursion, plusieurs especes (\c jirocellaria et de lams, el un colymfms; mais lespluies qui tombercnt en abondance , ne me pcr- mirent pas de les conserver. La seule plante qui me parut digne de quelque attention , est une nouvelle espece di'eriogonurn. Je re- cueillis aussi quelques semences, entre autres celles de Vhelonias tenax , el d'un beau carex a grand fruit. Celle tournee, qui dura vingt-cinq jours, me reduisil a un tel etal de faiblesse que, pendant 65 le reste de la saison , j'ai etd a-peu-pr^s hors d'elat de rien entrc- prendre. Pendant Ics intervallcs de beau temps qui eurent lieu dans le cours de Fhlver, j'al parcouru les bois pour raniasser des mousses ; mais je ne connais pas assez bien ces families pour pou- voir les classer. Corhme il ne fallait pas songer a la bolanique, je commensal a faire une collection d'oiseaux. Mais je Irouvai un obstacle dans ma vue qui , loujours extiememcnt falbie , avail en- core considerablcuient diminue depuis peu. J'eprouvai la plus grande difficulte a me servir du fusil , dont j'avais jusque-la fait usage avec beaucoup d^adresse. J'ai une espece de pin qui est le plus beau du genre, ct jespcrc en obtenir bienl6t de nouveaux echantillous , ainsi qu'une grande quantitc de semenccs. C'est , sans contredit , le plus beau vegetal de rAiiierique. J'al une autre cspcce de miimihis. le mimulus alba. 3 ail laisse les bords de la mei* dans le milieu de ce niois ; mais , quolque j'eusse pu traverser le continent el retourner en Angle- terre , je pense qu'il n'est pas dans les interets de la Societe qui m'emploie, de negliger le champ interessant de dccouvertes que me presentent les pays bordant la partie superleure des rivieres. Ex- cusez mon griffonnage; j'ai bien peu de temps a moi, et surtout bien peu de commodites pour vous ecrire. Ma caisse a echantillons me sert de table et de pupitre ; mais au moins elle conlient quelques objets curieux. Retuitr du docteur Bliime. Ce celebre naluraliste hollandais, disciple de Brugmann , vient de rentrer dans sa palrie apres un scjour de neuf annecs danslile de Java. Favorise par les circonstances , plein dezele et de con- naissances varices, il a explore cetle grande contree avec aulant de talent que de bonheur. 11 revient possesseur d'une immense collec- tion dans les Irois regnes, mais surtout en plantes, dont laplupart n'ont pas encore ele decriles. Quand on se rappclle combien peu 5 66 dc progris rhistoirc rialiirelle des possessions hollandaises, en Asic , a fait depuis Ics jours de Rumpf et Rheede, et les tristes resultats du zcle el des rcclierchesde M. Kuhl et Van Hassell, et la fin deplorable des naturalisles anglais Arnold et Jack , viclimes d'un climat nieurtrier, on met un double prix a I'heureux relour de M. le docleur Blunie. II soccupe actlvement de la publication de ses iravaux, a laquelle S. M. le roi des Pavs-Bas accorde une protection toute speciale. II faut esperer que nous possederons bientot une flore complete de la plus belle des colonies hollan- daises. Lechanlillon que le docteur Elunie en a deji fait paraitre a Batavia, sous le tilre iVyif)erfii general dc la boianique de Jaoa, donne une idee de 1 importance de ses decouverles. Depuis long-temps on a remarque entre les Finlandais, les Sur- jaus, les Wotjaks, les Tscherming, etc., une grande affmile dans la langue et les moeurs. Le docteur Sjongren vient d'obtenir la permission de I'empereur de Russie, d'cntreprendre un voyage pour faire des recherches sur ces peuplades. Le celebre voyageur Beltrami a decouvert dans un couvent de rinterleur du Mexique , un manuscrit de la plus grande rareie , peut-eire unique. C'est I'evangile, tcl qu'il fut dicte par les pre- miers moines e-spagnols , connus sous le nom de moines conqud- rans qui aborderent dans ces parages, el qui fut Iraduit par Mon- tezuma en langue mexicaine ( probablcmenl en caracteres hi^roglypliiques ) , lorsqu'il embrassa le culte calholique. Ce ma- nuscrit, grand in-folio, est dune ecrilure elegante, sur un papier indigene qui ressemble au parchemin , mais plus large que le pa- pyrus. 67 La nouvelle expedition russe de decouvertes, composee des vaisseaiix de la marine imperiale, le Moller et \e. Seniadn ^ sous les ordres des capilaines Stanjikovvich et Lilke, a pour objet la recon- naissance des coles apparlenantes a la Russie, dans la parlie du nord de TOcean pacifique. Le premier de ces Mtimens est charge d' explorer les coles N. O. et les ties Aleutiennes , et le second les coles orienlales de FAsie ,' le delroit de Behering, les rivages de Kamschalka, les lies Carolines, la mer d'Otschosk, elc. Ce voyage doit durer quatre ans. On vient de retrouver a Vienne le manuscrit du journal du c^- lebre voyagcur Seclzen. Le docteur Heinrichs, son parent, I'a ar.hele d'un Ilalien, et se propose de le publier incessamment. II n'est pas besoin d'ajouter que les amis de la geographic altendent cette curieuse relation avec une vive impatience. Le naufrage de \ Antelope fit connailre les ties Pelew, un evc- nementsemblable, laperle du navireLa Valetta, de 3oo tonneaux, commande par le capitaine J. W. Philips, neveu du contre- amiral Burney, a fait decouvrir le lo julllet 1825, une ile el un rescif de corail jusqu'alors inconnus, silues par le 21'= degre de latitude sud, et par le i4.3'= degre de longitude orienlale (M.deG.). Les naufrages ont fait un sejour de quatre-vingl-douze jours sur cette ile, qui parait inhabilee , du moins la relation de ce nau- frage ne parle pas de ses habitans. 68 DECOUVEP.TES EN Al RIQUE. Lettrc du capitaine ClaPPERTON. — Depart du colonel DENIlAai. — Ferna>'DO-Po. — Le major Laikg. Le capilaine Clapperlon , dans unc lettre datee de Hio ou Eyo, capllalc du Youriba , le 22 fcvricr 1826, annoncc qu'apres avoir eld dangereusement malade , il est parvenu a se relal>lir gans le secours de la medecine , et qu'il est parvenu a Illo , ou il a ele fort bien accueilli. 11 coinplait se rendre a Youri oil Pearce fut tue , el y reclamcr scs papiers, si BcHo ne les avail pas deja cnvoyes et Europe. « J'ai fait, dil-il, des docouverles iniportantes , j'ai franchi une chaine de montagnes, dont auparavantoii ignoralt en- tierement I'existence , et j'ai traverse un des royaumes les plus grands de TAfrique, dont TEuropc ne savait pas meine le nom, » II lermine sa lettre par assurer que le pretendu ISiger n'est qua deux journees dc route a Test du point oil il se trouve, et affirnie qu il a son eniboucliure dans le golfe du Benin. C'est sans doule cclte assertion positive qui a determine le depart et la mission du colonel Denham, qui a quitle la Tamise dans les derniers jours de ddceniLrc, sur le vaisseau le (Aidinits. L'objet precis de son voyage et le point qu'il va visiter, sonl encore officielleuient in- connus; ce qui parajt certain, c'est que cette mission se ratlachc au projet d'ouvrir des communications avec linlerieur, et de former un grand clablissement plus central que Sierra-Lconc , qui n'a pas de rivieres navigables etdont le climal est meurlrier; lout fail croire que Fernando-Po est le lieu choisi pour la nouvelle colonie. Cette ile a depuis long-temps ele signalee comme le point le plus convcnable pour Ty elablir. Elle est haute, boisce, bien arrosee , elle est saine , cl sa fertllile ajoule a son importance de position. Ce qui change presque cette conjecture en realitiS, c'est la nomination du capilaine Owen, qui a execute avec autanl de 69 talent' que de perseverance, la reconnaissance iles cotes orlenlales d'Afrlque , aux fonctions de gouverncur de Fernando-Po. Les journaux anglais annoncent que relablisseincnt de Sierra Leone dolt y elre imniediatement transfere. C'est un commencement d'execution du projet de M. Macqueen. Une nouvelle bcaucoup plus extraordinaire , c'est Tannonce du retour du major Laing , par la voie de Tripoli. On assure qu'il a ecrit de Tombouctou (sa letlre est sans date),qu"il etait dansTin- tention de se rendre directement a Tripoli , ce qui laisserait sans execution la parlie de son itineraire dont la science attendait les plus interessans resultals. {Voir la. lelire de M. Delaporte a M. Jomard, qui annonce I'arrivee du major a Touat, ville de- pendante du royaume de Maroc. ) DEUXIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. §. i". Proces-T^crbaux des Seances. Seance particuUere du 20 deccmhre 1826. M. le Laron Goquebert-Monlbret fail un rapport sur le manus- crit intitule : ISUrabilia descripta per Fratrein Jordanum , etc., dont la Commission cenlrale a ordonne la publication dans le tome II (2""= partie) du Recueil des Memoires de laSociete. II offre en meine temps 5oo exemplaires du Fac simile de I'ecri- ture du manuscrit original, pour etre joints au 2'"'= volume. MM. Barbie du Bocagc font hommage de 65o exemplaires du portrait de feu M. Barbie du Eocage, leur pere, pour etre joints au Bulletin ( N^* 4-3 et 44) 1 qui contieut I'eloge de ce savant. LaCommission cenlrale, reunie pour deliberer sur plusieurs ar- ticles reglementaires relatifs a son administration interieure, entre d'abord eu discussion sur la proposition laile par M. (iirard d eta- TO blir un jeton de presence; elle en adoptc le principe, et nomme une Commission, composeede MM. le baron Coquebert-Monlhret, le cbevalier Bonne et de Freycinet, qu'elle invite a lui presenter un rapport sur les frais, le type, la valeur et le mode de repartition de ce jeton. La Commission centrale nomme, au scrutin, une seconde Com- mission cliargee de juger les Memoires cnvoyes pour concourir au prix relatif a la Determination des directions sui^^ant lesquelles le flat arrioe sur les differ^ns points de la cote meridionale de la TManche, com- pris entre heap deHougue etle cap d' Antifer. Cette Commission est composee de MM. le comte Andreossy, Brue et de Freycinet. M. le President invite M. Warden a faire un Rapport a la Com- mission centrale sur les travaux de deux savans Americains , MM. le docteur Mease et Tanner qui ont enrichi les Archives et la Bibliotheque de plusieurs IMemoires et Ouvrages importans, et qui peuvcnt etre juges dignes de recevoir des diplomes de correspon- dans. Un Membre propose que la lettre, adressee par le M. President aux membres de la Commission centrale, soit inseree dans le Bulletin. Cette proposition est adoptee. Seance du 5 Janvier 1 82 7. MM. le marquis de Pastoret et le vicomte de Chateaubriand , pairs de France, remercient la Sociele du titre de President hono- raire qu'elle leur a confere , dans son Assemblee gencrale du i" decembre, et iis Tassurent de tout Tinlcret qu'ils portent aux succes de ses travaux. M. le Secretaire perpetuel del'Academie royale des Sciences ac- cuse reception du tome 11 ( 1'^'= partie) du Recueil des Memoires, et temoigne a la Socidte tout le prix que TAcademle attache a cette publication. M. Moris adrcsse ses remerciniens a la Societc qui vient de Tadmettre aunombre de ses Membres ; il fera tousses efforts pour concourir au but quelle se propose. 71 M. le President annonce qu 11 a ete depose sur le bureau un Mdmoire pour le concours relatif au NiveUement des flewes et des rivieres de la France. Ce Heuioire porte la devise : Les fleuves , pour eire utiles , onl hesoin des secours de I'art. MM. Ics colonels Jacotin, Corabo-uf et le general Haxo sont nommds , au scrutin , membres de la Commission chargce de juger ce concours. La Section de Gomptabilite communique a la Commission Cen- Irale le budget des recettes el des depenses pour Texercice de 1826- 1827. Ce budget est adopte. Sur la proposition de cetfe Section, la Commission Gciitrale decide que la Carle des Pacbaliks d'Alep, dOrfa et de Bagdad , qui fail parlle du tome II du Recueil des Memoires, sera vendue separemenl: elle en fixe le prix a cinq francs pour le public et h deux francs cinquante centimes pour les Membres de la Societe La Commission adopte egalemenl diverses mesures proposees par la Section de Comptabillle pour facillter la vente du lAecueil des Meinoires. M. Eyries, au nom de la Section de Publication , fall un Rap- port verbal sur trols Memoires manuscrits , adresses a la Societe et renvoyes a Texamen de cetle section. La Commission adopte les conclusions de ce Rapport, et decide que les Memoires, dont U s'agit , seront Imprimes dans le Bulletin. M. Eyries veul blen se charger d'ajouter quelques observations prelimlnalres a Tun de ces Memoires , relatif a la religion des Druses. M. Jomard rend comptea I'Assemblee des travaux preparatoires de la Commission mixfe, chargee de rassembler les elemens neces- saires a la redaction d'une Carle hydrograpblque de la France. Cette Commission, composee de cinq Membres de la Soclel*^ et de trols Ingenieurs en chef des Ponts-et-Cbaussees et des Mines, a decide qu'elle se reunlralt tous les jeudis pour discuter les bases de roperation Imporlauledont la Societe a con^u le projet. 7^ M. Warden annonce que le capitaine J. A. Nje , de Boston , a reconnu un rocher, dans le Irajet de Marshfield, au Massachu- scts, k Tile de Saint-Thomas; et qu'il en a fixe la position , d'aprcs ses observations lunaires, par Si" 19' de latitude nord , et par 55" 47' de longitude ouest. ( \ oir Documens , page 8(j ;- M. le President invite M. le baron Ch.Dupin a faire un Kapport a la Societe sur la Carle industrielle et mineralogique du cours de la Dordogne , de laplupart de ses affluent et^ cii partic-u/ier^ de la Vezere etde la Correze^^ar M. Mevil. II invite egalemcnt M. Alex. Barbie dn Bocage a faire un Rap- port sur le Grand Atlas americain de M. Tanner. Seance du i^jani>ier 1827. S. E. le Baron de T)amas , Minislre des Affaires Etrangeres y adresse ses renierciinens a la Sociele , pour I'envoi quelle lui a fait du tome 11 (premiere parlle) du Recueil de ses Memoires, en Tassurant de lout I'interet qu'il prend a ses utiles travaux. Sur le dcsir de Son Excellence , la Sociele s'empresse dc I'admetlre au nombre de ses Membres. M. le Secretaire perpeluel de TAcademie fran(;aisc remercie la Sociele pour le nicme objet. M. le docfeur Sebastien Minano , Membre de TAcademie royale d'Histoire de Madrid , admis recemmcnt dans le sein de la So- ciete , offre , conime un Icmoignage de sa reconnaissance , un exemplaire des Irois premiers volumes Au Diciionnaire geographij-icr 1827. M. Jomard communique Textrait d'une lellrc de M. Delaporte, 74 Vice-Consul de France a Tanger , conlenanl des details sur la mort de M. Pilot! qui se preparait a faire le voyage de Tombouctou, ainsi que quelques renscignemens sur la route de Taffileha Tom- bouctou. Insertion au Bulletin (Voir Documcns , page 82). . Un Membrc appelle Tattcntion de Tasse^nblee, au sujet dun ar- ticle insere dans le N" 54 du Journal dc la Societe Asiatique, sur le voyage de TEvequc armenien d'Ardjenzan , el sur I'opinion de M. de Saint-RIarlin relativemenl aux voyages diriges vers le con- tinent d'Amerlque en meme temps que celui de Chrislophe Colonib. 31. de la Roquette annonce qu il s'est occupe de cette question. Mi\I. Alex. Barbie du Bocage et Bianchi font lecture d'une serie de questions sur Smyrne et les environs , que la Section de Cor- respondance avail ete invitee a rediger pour M. le Baron de Ner- ciat. Ces questions sont adoptees par la Commission Centrale. M. le chevalier Bonne , au nom d'une Commission speciale, communique le projet d'etablissement d'un jeton de presence dans lesein de la Commission centrale , dont les fonds , sauf les frais de la fabrication, seront fails par chacun des Membres qui la com- posent. Tons les articles de ce projet sont mis aux voix el adoptes. M. Warden communique une note relative a la decouverte de plusieurs nouvelles ilcs, faite , dans la mer Paclfique, par le bati- ment americain , le Loper^ employe a la peche de la baleine In- sertion au Bulletin. ( Voir Documens, page 81 ). Seance du iQ)fe\>rier. S. E. le Comte de Chabrol, Ministre de la Marine , remcrcie la Socidlc de Thommage qu elielul a faildu tome II du Rccueil de ses Mcmoires ; par cette publication et par Taclivite quelle donne a ses travaux , la Societe lui parail devoir acquerir cbaque jour de nouveaux litres k la reconnaissance publique etaux encouragemens du Gouvernemenl. M.le Contre-Amirald.' Rossel, Direcleur - general du Depot 75 de la Marine , adresse les nouvelles cartes publiees par le Depot , depuis decembre 1824. jusqu'en Janvier 1827, et qui conipletent divers Neptunes de Thydrographie fran9aise dont la Societe pos- sede la collection. Lors d'une publication nouvelle , les Carles qui en ferontparlie , seronl envoyees immediatement a la Societe. M. Lamblardie, In2;enieur en chef des Ponts- et - Ghaussees, annoncc qu il s'oceupait de questions relalives a la marche des al- luvions et au regime des inarees a rcnibouchure de la Seine , a Toccasion d'un Memoire qui a paru , en 1825, sur le pro jet d'un barrage-deversoir maritime a *^tablir entre Honfleur elHarfleur, lorsqu il cut connaissance du Programme public par la Societe sur lememe sujet ; il fait connailre les motifs qui I'ontempeche de con - courlr, et prie la Societe d'agreer Toffre d'un exemplaire de son ouvrage. M. L. Choris ecrit a la Societe pour lui offrir un exemplaire de I'ouvrage intitule: Viies et Pay sages des regions equinoxiales ^ etc., qui doit servir de complement a son Voyage Pitloresque autour du monde, sur le brick le Riirick ; sa lettre contient divers details re- lalifs au but et aux resultats de ce voyage. Le uieme Membre annonce qu'il est sur le point de mettre a execution un projet de voyage dans TAmerique meridionale, et soUicile les instructions de la Societe. JSew-Yorck, les rivieres de rOhio et du Mississipl . le Mexique , le Guatemala, Quitto , le Perou, le Ghili, Ghlloe, la Patagonie et, en general, tons les pays les plus meridionaux del'Amerlque, sont les points ouce voya- geur se propose de diriger ses recherches. Ginq ou six ans lui pa- raissent necessaires pour executer ce voyage d'apres le vaste plan qu'ii s'est trace , afin de le rendre utile a la science. La Gommission Gentrale invite la Section de Gorrespondance «i examiner, de concert avec le Bureau , le projet que lui soumet M. Ghorls, a dresser une instruction generale sur les pays qu'il doit visiter, et , enfin , a proposer les mesures necessaires pour favorlser une entreprise dont les resultats peuvent ^tre d'une grande importance pour la geographie de ces conlrees. 70 M. Cadet dc Mclz lit la fia* de son Rapport sur le Memorial topographique du Depot de la Guerre. Insertion au Bulletin d'un extrait de ce Rapport. M. Warden fait un rapport sur les ouvrages de M. le docleur Mease. M. le President invite MM. les Mcmbres a soumetire, a la seance prochaine, les nouveaux sujels de prix qui, aux lernies du Regle- ment, doivent ^tre mis au concours dans FAssemblee generale du mo is de mars. 11 invite egalement les Commissions chargees de juger les con- cours, a preparer leurs Rapports pour la seance du a mars. § 2. Admissions^ Ojjrandcs ^ etc. MEMBRES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance du 5 jaiwier 1827. M. Ballyet, Intendant militaire. M. J-J. Baude. M. Samuel Bernard, Mcmbre dc la Commission d'Egyptc. etc. M. Charles Duroz.oir, Professeur d'Histoire au College royal de Louis-le-(xrand , et Professeur Suppleant a laFaculte des Let- tres de TAcademie de Paris. Seance du nj Janvier 1827. S. E. M. le Baron de Damas , Pair dc France , Ministre des Affaires Etrangeres. Seance du i&femer. M. le Baron Felix, Marechal-dc-cainp , ancien Maiire des Requetes, Inspecleiir on chef aux Revues, en retraile, etc. n OUVRAGES OFFEETS A LA SOCIETE. Seance du 5 jamner 1827. Par S. E. Ic Minlslre tics Affaires Elrangeres : Monumens de la France par M. le Comte de Laborde , 24*^ Iwrai'son. Par la Societe Royale Asiallque dc la Grande- Brelagnc ct d'lr- lande: Le tome 1" de ses Transactions ^ in-4°. Par M. Giraldez: Tratudo completo de Cosmographia c Geogra- phia historica ^ pMsica e commercial antiga eniuderna, tome '2. in-4" » 1826. Par M. Girault de Saint- Fargeau: Dfrf/'pHHa/zc dc geographie pliysique et politique de la France eides Colonies, i vol. in- 8°, Paris, 1826. Par M. l>ajot : ylnnales maritimes et coloniales , cah.de decemhre. Par M. Leuven : Journal dcs voyages, cah. de no{^emhre. Par la Sociele d' Agriculture de la Gharcntc : Le cah. d'octohre de ses ylnnales. Par la Soc Seance publiqiie de 1826 Par la Sociele centrale d'Agricullure de la Seinc-Inferieure ; Seance J« i g Janvier, Par M. Ch. Bailleul : Zc Bihliomappe ou Lii>re- Cartes , 12, i3 et 14*^ livraisons. Par M. le D'' S. Minano : Diccionario geograjlco-estadistico de Fspana y Portugal, tomes i , 2 e/ 3'^ , Dladrid , 1826. Par M. dc Ferussac : Bulletin des sciences geographiqucs , colder de decemhre. Par M. Rauch: Annales europeenncs , call, de septcmbre. Seance du i feorier. Par la Sociele Asiatique : Les cahiers 53 et 54*^ de son Journal. Par le Comile grec : Documens relatifs a I'etat present de la Grece, n"' 3 et 4'. "j8 Par la Socielc d' Agriculture de la Charente : Le cahii r de noifem Ire de scs Aimales. Par la SocieU; d AgricuUiirc dc I'Aubc • Memoires de cette Sociefe, ^"^ trirnestre 1826. Par la Sociele d'Agricullure de la Seine- Inferieure: Extrait des iravaux de cette Societe, 22' cahier. Seanr.edu \^ f earner. Par S. E. Ic Coinle de Chabrol , Minislre de la Marine : Collection des Cartes hydiograpldifues puhUees par Is depot de hi Marine , depuis decembre 1824. ^jusipien jawier 1827. Publication de decembre 1824. Plan de la cdte sud de file de If^ighi, depuis la rade de Sainte-Iielene juiqua ?teedles-Point. — Plan de la cole mdridionule d' Angleterre ^ de- puis la pointe Blackivood de Vile de Height jus(fu ci Saint- Albans-Head. — Plande la cote meridionaie d'Angleterre, depuis Saint-Alhans-Hcad jusfju'u Ahhoishuij. — Plan de la c6te meridionaie d' Anglctcrre , depuis Plymouth jusqu' ail cap Lizard. — Carte reduite de Pernambuco el de ses atterages. — Carte reduite de la partie dc la cote du Perou , comprise entre 19" 5' et 16" 20' lat. sud. — Plans d'llay, de la caleta de h: Guata et de la caleta de Noratos — Plan de Quiloa. Publication d'octobre 1825. Plan de la rade et du port de Plymouth. - Plan duport de Falmouth. — Carte de Vextremite occidentale d' Anglelerre et des Sorlingues. — Plan des lies Sorlingues. — Carte de la cote occidentale d' Anglelerre , depuis le cap Sainte— Agnes jusqu a la pointe de Hartland, — Plans de la bale d'Algesiras et des mouillages de Tarifa , Marbella et Frangerola. — Plans du port de Malaga , du mouiU.age de la tour de Molinos et de JSierj'a. — Plans des anses de la Herradura, des Berengucles, deBelilla rt du mouillaa^e d'ytlmunrcar.— Plans de la plage de Salobrena ^ deCalu Honda et des mouillages du chateau de Ferro et d'Adra. — Plans des mouil 79 lages de Roquetas^ d'Almeria, de Corraletes etd\incpartie de la c6te d'Espagne. — Plans de Vanse Saint-Joseph , de los Escullos, diiport de San Pedro et dumouillagedelaCarbonera.-Phmsduportdelas Agidlas, du movUloge du mont de Cope et des anses d'Almazarron et de Partus. — Plans de Por-Man , du mouillage de file de Grossa , de I'anse de Torre-Vieja et du niouilluge de Lugar-Nuevo. - Pla . du port de J'aldivia. Publicalion de mars 1826. Carte des cotes de France ( Entree du port de Lorieni, presqu'ile de Quiberon el pariie sepientrionale de Belle-lie). — Plan des -entrees du Morbihan et de la rhiere de Craeh. — Bale d' Alicante ,. rade de Beni- dorme , moidllage d^Aliea. — Anse de Calpe^ rude d'Almorayra, mouil- lage de Xui'ia. — Port de Denia , mouillage de Cullera , mole et grao de Valence, — Carte de la cote occidentale dc Corse ^ depuis l' entree du golfe de Sagone jusqu' a celle des bouches de Boni/acio. — Plan des iles San- guinaires-. — Plan des mouillages aujond du golje d^Ajaccio. — Plan des mouillages de Propuano , Porio-PoUo et Campo-i\Ioro. — Plan des Moines ou Monachi. — Plans des ports de Figari , Bonifacio et de la Calanquc de la Conca. Publicalion de janvler 1827. Carte des ilots et ecueils des Pater-Noster et de la cote depuis Baate Fiord jusqu'aux ilots Hosholmer. — Plan des ports des Alfaques et de tangal et du mouillage de Peniscola. — Plans de Tarragone et de Bar- celone. — ilans des mouillages de Salon , DIataro , Lloret , et du port de Blanes. -Plans des mouillages de Palamos ^ de Tosa , desk iles Medas. et duport de San-Felln. — Plans des mouillages de Roses et des ports de Santa-Ci ux , de la Seha et de Cadaques. — Carte du golfe de la Sidre ( la Grande-Syrte). — Carte de la mer de Marmara. — Carte de la cote meridionale du golfe duMexique, depuis Laguna-Madre jusqu au cap Catoche. — Carte de la c6te sepientrionale du Mexique , depuis Laguna- Madre jusqu' a la Floride. — Carte de la cote du Bresil . depuis Pernam- buco jusqii a Ciara. — Carte de la cdte dh Bresil , depuis Ciara jusqu\ci 8o Maranham. — Carte ties a fterages du port de Maranfiam.-— Carte de la rade etdupott de Maranham. — Carle gcnera/e de la c6te du Bresil. — Carte des coles et du golfe de la Callfornie. Par M. Clioris : Vues et Pa) sages des regions e(/uinoxiales , re- cuei/lis dans un voyage autour du monde; complement du J'oyage pitto- resque aulour du monde, 6 Iwraisons. Paris , 182G. Par M. Lamblardie : Observations si/r un Mrnioire de M. Pallu , Ingenieur en chef du drpartement du Cuhados , ayantpour litre : Devc- Inppemens des bases d'un projet de barrage-deoersoir maritime. Paris , 1826, w'4''- Par MM. JEyries ct de Larcnaudlcrc : Nouvellcs Annates des Voyages , cahier de janiv'er 1827. Par M. de Leuven : Journal des J'oyages,- cahier de decembre iS2(>. Par M. dc Larenaudiere : Seance generate annuelle de la Societe de Geographie .f du \^^ der.embre 1826. — ILloge de M. Barbie du Bocage , lu dans cette seance. — Discours prononces aux funerallles de M. Malle-Brun ; plusieurs exemplaires. Documens ei Communications. ExTRAlxdes Journaux des Elals-Unis. Le capltaine James A. Nye, du brick Aurora., de Boston, rc- connul un rocher, pendant le trajet deMarshfield, au Massachusets, a I'lle dc Saint-Thomas; et, suivant les observations lunairesqu'il fit, sa latitude est par 3i". 19' nord, et par long. O. 55 . ^j'. Le 4. mars, dit le capilaine Nye, sur les trois hcures du matin elant ass is sur Ic pont, j'apercus quelque chose a la surface de I'eau, que jcprispourun navlre sansdessusdessous. Jelefis remarquer auma- telotqultcnaitle gouvernail; et, lorsquenousen fdmes a cinquante toises , nous reconnikmes que c'elait un rocher de Irois a cinq pieds de hauteur , et dc vingt-cinq toises d'<$lenduc du nord au sud , cn- loure de varec. La mcr clait unie ; mais , aupres du rocher, on -Si voyait s'elevcr de petltes vagucs , qui en hallaient les (lanes avec bruit et qui, en se rctirant, seiiiblaient degoutler du varec. Apres I'avoir passe, nous reconniimes qu'il avail plus d'etendue de I'ouest a TeSf que du nord au sud. La matinee etait si ciaire que nous pumes Tapercevolr distinctement pendant quclque temps. Je n'ob- servaipas si I'apparence de I'eau etait diffcrenle, tantj'elais occupe du rocher; et ce ne fut qu'apres Tavolr depasse que j'y songeai. Mon bateau n'etant pas disponibie, je ne pus nie rendre sur le rocbcr. ( Coiuiiiunique par M. Warden.) ^ ExTRAIT du Journal intitule : Nantucket Inquirer. Lc bailment ainericain , du port de Nantucket, \c Loper, employe a la peche de ia baleine dans la mcr Paclfique, adecouvert, pendant son dernier voyage , plusleurs nouvelles ties sur lesquelles on ue possCde encore aucuns renselgnemens. Groupe des Starbuck sous Tequateur lyS" 3o' E. Reclf. 5° 3o' S. 175" 00' O. lie de Loper 6° 07' S. 177° 4-o' E. He de Tracy (babitee) 7" 3o' S. 178" /^5' E. lie Oeno , aS' Sf S. i3i" o5' O. New Nan-lucket o" 11' N. 176' 20' O. He de Granger i8'53'N. i46" i4' E. Rocher situe entre les lies Falkland et le continent, environ a 200 milles oucst de ces iles 5i" 5i' S. 64° 4^' O. (Communique par M. \Varden.) 82 ExTRAIT d'une leW-e de Tanger du i4 avril 1826, adrcssee d M. Jo- main\ par M.Dc\3ii)orlc, vice- consul d Tanger. Je suis fache de reconnailre voire lellre par une mauvalse nou- velle, car il parait qu'un sort facheux est attache a tous les voya- geurs en Afrlque. Le pauvrc M. Piloti (i), qui paraissalt porte de tantde zele pour cette expedition, el qui avalt reuni lou&les rensei- gnemens et matcriauxqu'il avait pu se procurer, vient d'cprouvcr cc triste sort. II a voulu se meler d'affaires politiques el religleuses ; el, malgre les conseilsqu'on lui avail donnes, ilvient de payer son imprudence de sa tele. II faut croire que le voyageur anglais, Laing, qui vient d'arriver a Toitat, sera plus heureux ; cependanl vous observerez que Touat depend de Tempire de Maroc , et que Ic commerce de eel Etat est inleresse a ce que les Europeens ne penetrent pas a Tombouctou, et met tout en oeuvre pour les en emperhcr. Un noir nomme Si Mohammed LaLhar, de passage a Tanger, qui a ele de Taffileh k Tombouclou sur un dromadaire , tua. dit avoir fait cette route en vingt-cinq jours, et qu'on ne trouvait dc Teau que dans les stations ci - aprcs indiquces , a compter de Taf- fileh , point de depart ; (l) AiUonio Piloli elait un Espagnol nfugie , qui avait cnibrassc la it-ligion inusuliiiane. Aprfes une resiclfncu de plusieurs annecs dans renipiie dc Maroc, il avait acquis la connaissance de la langue et tie des relations avec les Maurcs et les maichands qui font le commerce de Tombouctou; c'esl alors qu'il lit ecrire en France pour oblenlr dcs moyens dc voyager dans I'inlencur. 11 elail sur le point d'eflcclucr son e.arcprise, au moment de la calastropliu a la- quellc il a succoiulie, el qui est ]>iol>ablcmcnt Tcffcl d'unc intrigue lui out leutlu. E. J. 85 Savoir : A Tabilbat ^Jil:>' Douimnlah ixJ^l^^Cj^ Beni-Ghareb v >.l& Jj Sergo. ]j3j^ Arouan (ou Bir Arouan), . . . " . r)hy J^ Toinbouctou lyi-Oj' II y a cinq jours de marche, entre chaque station. « EVERAT , Impn'iiH-iir , rue ilii Cadian, IN" i(i. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. NUMERO /»7. — MAKS. PREMIERE SECTION. REVUE. Personal narrative of a Journey from India to En2;land. — Foyage de I'Inde en Angleterre , par Bassora , Bagdad, les Rulnes de Babylone, le Ciirdlstan , la cour de Perse, les rives occidcntales dela raer Caspicnne et Aslracan, execute, cm 824, par le cap. George Keppel. 1 vol. in-4°. Lond. 1827. L'auteur, second fils du comte d'AIbermale , est fort jeune encore , et debute dans la litterature par cette relation int(5res- sante et tres Lien dcrite. Aprfes avoir assist6 h la terrible ba- laille de Waterloo , il suivit dans I'Inde, comme aide-de-carap, le marquis d'llastings ; et lorsque le bonheur de revoir sa pa- trie lui fut permis , il choisit sa route dei^retour par une voie de terre plus perilleuse que celle du cap de Bonne-Esp^rance. L'ilin^raire qu'il s'est trac<5 ne I'a point conduit , h la v^rit^ , 86 dans des conlrdes inconnucs, et ne nous vaudra aucune nou- velle d^couverte, mais il offrira, graces aux lalens d' observa- tion du jeune oflicier , des descriptions do lieux bien faites , des tableaux de moeurs bien dessinds : il n'en faut pas davan- .tage pour se faire lire avec plaisir. LecapitaineReppel , accompagn6 de MM. Baillie, Hamilton , Lamb et du capitaine Hart, met h la voile de Bombay en Janvier J 824 , sur le vaisseau de guerre V Alligator, louche h Mascate , d^barque h Bassora et remonte I'Euphrate et le Tigre , visite Bagdad, fait une excursion aux ruines de Babylone, gagne Teheran par Rermanshah , parvient h Bakou sur la mer Cas- pienne, dont il longe les rivages jusqu'h Astracan , et se rend ensuite h Moscou , puis h Petersbourg , oil il s'embarque pour I'Angleterre. Le premier et le second chapitre de cettc relation sent con- sacrds h d^crire les moeurs des Arabes et des Persans , et J» faire ressortir les contrastes qui existent entre ces deux peuples ri- vaux. Le trait suivant peint h merveille I'orgueil arabe. Un cheik de cetle nation avait exerc6 envers les voyageurs celte hospitality des anciens jours. lis prenaient plaisir h causer avec le plus jeune de ses Ills, qui avait h peine trois ans; ses r6- ponses spirituelles et vives leur faisaient connaitre la mani^re dont son p5re I'elevait et le ddveloppement de ses premieres id^es. « Nous lui demandames , dit M. Keppel , s'il 6tait Arabe ou Persan : indignd qu'on osat lui adresser cette question et mettre la chose en doute , sa petite main se porta sur une 6p6e et il s'<^cria , tout en colore : Graces h Dieu, je suis Arabe. A cette exclamation (^nergique nous nous primes h sourire; mais la figure du petit marnaot porta long-temps les traces do son indi- gnation, et cette repartie si prompte et si caract^ristique nous fit voir avec quel soin ces deux races jalouses entretionnent che? leurs enfans la haine qu'elles se portent entre elles. » 8- Bassora est Irop couuue pour que nous nous y arretions : suivons plulot uotre voyageur dans les environs de cette ville , lant et si souvent decrite. M. Hamilton, deux officiers de ['Alligator ti M. Keppel, se rendirent h ZoLeir , h huit milles de I^ , dans le dessein d'^xa- miner quelques ruines qu'on suppose etre celles de I'ancienne ville de Bassora, On les trouve h deux milles de Zobeir. On recon • nait les traces d'une muraille qui entourait cette ancienne clt6. Lk commencent les d6bris qui s'^tendent au loin. Des fragmens de colonne sont couches k terre dans toutes les directions ; d'au- tres sont debout et servent h indiquer I'^tendue des batimens auxquels ils appartenaient ; on voit qu'ils ^taient spacieux et entour^s de colonnades. La partie des ruines qui existe h un mille h I'ouest de Zobeir , annonce mieux encore I'ancienne magnificence de ces constructions. Nos guides nous dirent qu'on croyait que ce quartier renfermait les palais de ces puis- sans et infortun^s Barmecides , que I'histoire a moins c^lebr^s encore que les Mille et une Nuils. C'est \k que se trouve, dans une petite mosqu^e , la tombe d'un chef arabe , Zobeir, dont la ville voisine porte le nom. Ce chef fut un des premiers disci- ples de Mahomet, et fut tu6 h la bataille du Ckameau, c^lfebre dans les Annales niusulmanes. II serait difficile d'assigner une date certaine h. ces ruines. D'Anville suppose qu'elles sont celles de la ville principale des Orchoeni; Niebubret quelques autres voyageurs les identiflent avec I'ancienne Bassora. Quoi qu'il en soit, I'^poque oix la ville dontelles sont les restes fut conslruite est tout-a-fait incertaine. Mais si nous avions une opinion h ^mettre dans cette question insignifiante , au lieu de reporter son existence jusqu'au r^gne de Trajan, nous penserions plutot qu'Omar, dans la i4*ann^e de I'h^gire, fut le fondateur de cellc ville an^antie. 88 ZoLcir est bien batio; sos nies sont droilcs , ali^nuos , tros- propros : c'est iin contrastc frappant avcc Bassora, si piiantc el si sale. Zobeir a 6le fond(5e il y a un sit^cle par ([uelques fa- milies arabos, cpii la forlificirpnt poup se metlrc h I'abri dos attaques et de la criiaul6 des Wahabis. Les habilans de Bassora paraissent avoir antant do g;out que les Anglais pour les courses de chevaux. Je crois qu'uu Jockey de Londres , dit M. Keppel , eut cru sa profession desho- nor6e, s'il eut assist^ h la course dont nous fumes tcmoins. Quant h nous , nous eumes peut-etre plus de plaisir que si la chose s'elait passee dans toutes les r^gles de Tart. Le lieu choisi etait Ic grand desert , qui commence immtMia- tcment hors des murs de la ville. Un sillon circulaire de deu\ milles formait I'etendue de la course , et le prix provenait d'une souscription faite parmi les Europeens. Les cinq candidals qui se presenlerent avaient une tournure tout-h-fait grotesque. Au lieu d'etre chamarr6s de loutes les coiileurs de I'arc-en-ciel, une chemise grossiere et trt;s-courle , formait tout leur cos- tume , et leurs chevaux n'avaient d'autre equipement que le mors en usage dans le pays. Ainsi accoutres , ces demi-sauvages parlirent au signal donn6 , en poussant un grand cri pour anl- mer leui's chevaux. Le prix ful adjuge h un esclave dthiopien. Cette imitation ridicule d'un exercice qui a pour nous tant d'at- trait , nous amusa comme une parodie : les acleurs seuls se chargeaient denousdivertir; car nousn'avionslh , pourembcllir la scene, ni riches Equipages, ni jolies femmes , ni loileltes (ilegantes. De Bassora , nos voyageurs ayant remonie le Tigre , dans ini grand bateau, avec une garde arabe, se rendirenl a Bagdad. Le capitainefail, relalivement h ce voyage, les reflexions suivanles : s Quoiquc nous eussions une bonne provision de liqueurs, 89 nous essayanies de ne Loire que de I'eau , el nous nous en trou- vames si bienquc, dans la suilodu voyage parterre, nousneLu- mes pas autre chose. Nous attribuons h ce regime la sant6 donl nous avonsconstammentjoui pendant notrelongue traversee, et nous nepouvons que recommander aux voyageurs , mais surtout ti ceux qui parc'ourent I'Grient, I'usage de cette boisson pr6- ferablement aux liqueurs fermentt^es. 11 est bien entendu que chaque fois que le voyageur s'arretera pour deux ou trois jours, il pourra se d(^dommager des privations de la route , ct c'est cc que nous finies. ,u V Trois personnes de notre suite allerent a la chasse dans le desert , et y trouverent d'excellcnt gibier. Les perdrix noircs et les bdcassines y etaient en abondance : pour ma part , je tuai des perdrix , el je puis dire que c'est dans le jardin d'Eden qu'est tonib(!'e la premiere pitce de gibier que men fusil ait at- teintc. Un aiiire de nos amis tua un lievre, mais nos bateliers s'opposcrcnt h ce qu'on le fit cuire h bord, parce qu'il n'avait pas 6l6 tui5 selon la loi. Cette c^rcimonie se pratique en recitant une priere , et coupant le cou de I'animal , la tele tourniie vers le tombeau du Prophete. Cependant , selon la loi des Juifs d'oii Sontempruntees presque toutes les prohibitions des Mahometans concernant les alimens, le lievre est un animal impur, parce qu'il rumine, et qu'il n'a pas le pied fourchu. » A qualre heures , nous nous arretauies dans une bruyfere oil les bateliers et les gardes s'occuperent ii couper du bois pour la cuisine. Au milieu de cette' occupation, un d'eux fil lever un lion qui dormait sous un buisson. Epouvant6 de cet aspect, il communiqua sa frayeur i ses camarades qui se hattjrent de re- gagner le bateau. Mais le lion se retira , et-nos hommes se re- mirent Iranquillement h leur ouvrage. L'abondancc de gibier de toute especc que nous apcrccvions , nous rappela que nous 9" ^tions dans le pays de Nembrod^ ce famoux chasseur devant Dieu. A chaque pas nos ouvriers faisaient lever des pelicans , des cygnes, des oies, des canards et des b(5cassines. Des san- gliers couraient de tons cot^s. Une lionne vint devant notre bateau , et s'arreta pour nous regarder pendant deux ou trois secondes. Lorsqu'elle fut h quelques toises , M. Hamilton et moi , nous ffmes feu sur eile , mais nos fusils n'^tant charges qu'^ petit plomb , nous ne lui fimes aucun mal. EUe se retourna doucement en entendant le bruit , et s'en alia aussi tranquille- ment qu'elle 6tait venue. Nous vJmes dans I'aprfes-midi une 6norme quantity de j>ctits oiseaux qui formaient un nuage , et obscurcissaient I'air dans leur vol. M. Hart nous dit que c'^tait une espece d'orlolans , et qu'il en avait vu de semblables dans rinde. B On pretend que Jubul Afdez date de la meme 6poque que les ruines de Filifileh et de Sourout. Tandis que nous «5tions h examiner ces anliquites , nous flmes lever un grand nombre de lievres et de perdrix. Nous rencontranies quelques hommes conduisant avec eux des levriers. Ceschiens, fort beaux, sont unpeuplus petits que ceux de la race anglaise. lis out les oreilles pcndantes et couvertes , ainsi que la queue , de polls aussi fins que la sole. Les Arabes aiment beaucoup cette race; mais le chien 6tant , d'apres le Goran , un animal immonde , les fiddles ne peuvent le toucher que sur le sommet de la tete : c'est , avec la langue , le seul endroit dont le contact ne puisse souiller. Le possesseur de ces chiens nous parut un etre assez singulier pour un habitant du desert. C'6tait un jeune Arabe, petit-maStre ; sa robe et son turban (^taient mis avec grace, ses sourcils ^taient peints avec de I'antimoine , deux ou trois bagues ornaientchacnn de ses doigts , et il s'exprimait avec uiic uiol- lesse vraiment amusantf. » 9' Tandlsque lereste de la troupe remontalt la riviere, M. Ha- milton coupa h travers le desert, et ce voyage est le sujet d'un r^cit court, mais int^ressant. « Le 18 , M. Hamilton traversa plusieurs camps arabes oii ii fut regu avec toute I'hospitalit^ qui est en si grand honneur parmi ces tribus. II d^crit la plaine comme prc^sentant, enquel- ques endroits, un aspect tri?s-anim6, par la quantity de tentes et de Iroupeaiix de chameaux, de bceufs et de chevaux qui la couvrent. A neuf heures du soir , il arriva sur les bords d'un tr^s large canal dont les rives avaient trente pieds d'(5l<5vation. II vit une tr(is-grande quantit(5 d'oiseaux appel^s Bitterns , qui doivent un jour , dit I'Ecriture , poss6der Babylone. II rencontra un bey arabe accompagn^ de quatre hommcs h cheval et bien months. lis portaient des faucons, et ^taient suivis par une troupe de levriers. M. Hamilton prit du cafe avec cette nouvellc connaissance, dans une tasse en or. 11 passa une partie de la nuit dans la tente d'un Arabe , p^re de deux belles filles. On 6tendit un tapis pour lui dans I'endroit le plus recul^ de la tente, et on lui servit du cafti , du lait, du beurre , un mouton roti tout enlier et des pipes. II bivouaqua depuis une heure Jusqu'h trois du matin pour faire reposer ses montures. En re- prenant sa marche, le froid^taittellementvif que ses gens furent obliges de descendre decheval et de faire du feu avec des bruy^res. La chaleur, pendant le jour, avait 6l^h peine supportable; et ces deux temperatures opposdes rappellent les paroles de Jacob k son beau-pfere Laban : « La chaleur me consumait durant le jour et le froid pendant la nuit. Pendant que nos gens 6taient autour du feu, un soldat cria au voleur : dans un instant ils furent sous les armes; mais I'ennemi, en voyant leur nombre, prit la fuite. Le 19 , M. Hamilton vit les mines d'un batiment carr^ qui , d'apres ce qu'il en dit , devait ressembler ci celui que 9* nods 'avibns vu sur Ics Lords du Tigre. II avail qiiarantc picds dc diamt!lrc, ot ^tait conslruit en hriqiies rouges dc qiialorze pouces carr6s. Char|ue Iroupeau de inoulons qu'on vil , dans la nuit, 6tait gardii par qualre hommcs armies. A minuil , M. Ha- milton entra dans un autre camp, ou il fut recu commc il I'avait ^16 la nuit pr(5c6denle. L'Arabe chez qui il dejeuna , apprit par un enfant qu'on venait de lui enlever quelques moulons. Aus- sitot il saisit Ic fusil d'un soldat , nionta un cheval h poil nud, et sc rait h galoper h travers le desert. Nos gens so reuu'rent en marche Ic 20 au matin , et arrivt-rent le soir h Bagdad. » En arrivant dans cctle ancienne capitale des puissans Califes, M. Keppel , qui voyageait les Mille et une Nuits a la main , et qui ne lesquittera pas en parcourant la Perse, sentit se renou- veler tous les souvenirs de ces merA'eilleuses fictions; mais la triste verile vienl Lienlot poser sa main glacee sur la tele un peu romanesque du jeunc ollicier. L'illusion se dissipe , il cherche en vain ces palais brillans d'or et d'azur, ces colonnes de jaspe , ces parterres de fleurs, ces jardins enchanl^s, ces eaux jaillissantes dans des bassins de marbre; toutes ces belles choses ont disparu. On lui monlrc seulemcnt une maison fort ordinaire , qu'on lui assure avoir fait partie du palais d'llaroun- al-Raschld , ct une mosquee batie par ce pieux commandeur des Croyans. Icinosvoyageurssercjoignentet visitent, enlreautres choses, un monaslere de moines errans appelds Calenders , dont II est fait mention dans les Contes Arabes. Ce qu'en dit IM. Keppel nous a paru int6ressant. « A un demi-mille du ponl est le monastere , dont la proprete est remarquable. De nombreuses inscriptions en caracttres arabes etcuflques sont trac6cs surlesmurs,cton enlit une trfes- longuc sur la porte : danslacour sont pliisieurs arbres h fruits, 93 entre autres des orangiprs ct des vigrtcs. En descendant do cheval nous fumes conduits an cheik Calender (lechefdu nionastere). 11 <^tait assis sur nne peau de tigre dhris une chambre carree de vingt-huit pieds de long et environ qnarante de hauteur : aux murs 6taient appendus divers instrumens grossiers en fer, ser- vant h la guerre avant I'invention des amies h feu , et dont plusienrs individus avaicnt fait don an monastere. Ily avait aussi quelques vases en cuivre , des oaufs d'autruche, el des pierres blanches fix^es aux murailles. Le cheik portait un turban de forme basse avec une draperie verte. Les autres calenders por- laieut des turbans semblablei, mais avec des rubans rouges, lis avaient tons pendu au con un onix rond, un pen plus grand (ju'un ecu de six livres, qu'on appolle pierre a talisman. Un autre plus grand encore etait a'u-dessous , et se nomme pierre du repos : c'est Teinbleme do I'existence paisible de celui qui le porte. Sur la veste , on voyait une pierre ovale appelee le Rumberia , qui suit le calender au tombeau. Le cheik 6tait un petit homme' remiiant et causeur, et avait cet esprit anec- dolique que Ton trouve friquemmcnt chez les persohnes qui ont beaucoup vecu dans le nionde; il avait vu beaucoup de pays et parlait le persan avec facilite. A notrc approche , il se mit a reciter une douzaine de mauvals vers'par lesquels il ox- primait son humilite, se traitant de juif, d'infidele, de coquin et d'ivrognc. ' II fit erisuite un long dlscours pour nous reniercicr de I'hon- neur que nous accordions h. un pauvre dervis qui avait quitt^Ie monde. Cependant on ne s'apercevait pas par sa conversation qu'il y eut en lui rien d'un anaclibretc. Nousaurions liien voulu apprendre quelque chose sur son ordre , mais il aimait tant h s'ecouter parler que force nous fut de le laisser faire. II appuya beaucoup sur la doctrine pacifique des Calenders , et nous dit ()4 que lie pas rendrc iin coup qu'on recevail , u'^tail autre clios< que I'observaliou de celte simple exclamation : la volenti de Dieu soit faile. Mous lui fimcs observer quo , nouohstant cela , chaque Calender portait unc ep^e i» son col^. II nous dit que le mouastere avail 6l6 bati par le calife Aaroim-al-Raschid , il y a neuf cent vingt-six ans, II nous montra aussi un tableau re- pr^sentant , h ce qu'il pretcndait , un roi d'Europe qui dtait venu pr(5senter ses respects au roi des Calenders. Dans la chambre voisine, on nous montra une petite niche couverte d'inscriptions arabes , probablement tir(5es du Coran. En revenant dans le premier appartement, le cheik nous fit presenter des pipes et du cafti , et ensuite un bon dejeuner, compost dc lait, de dattes ct de confitures. Nous primes conge de lui , enchanlds de sa recep- tion. Les iMille et une Nuits donnent peu de details sur i'ordre des Calenders. Le seul eudroit qui en fasse mention est I'histoire des trois fils de rois, qui , tons les Irois borgnes de I'ceil droit, prennent des habits de Calenders, ct soupent avec trois soeurs, chez lesquelles ilsrencontrcnt Aaroun-al-Raschid, le visir Giafar etMesrour, le chef des eunuques. On dit que ces Calenders avaient coup6 leur barbe et leurs sourcils, d'oii il parailrait que cet usage ^lait originairemeut un des devoirs de I'ordre; mais je n'ai pu obtenir aucun eclaircissement , h cet egard, dc notre bote beau parleur. Les Calenders, ainsi appelds du nom de leur fondateur, ferment une secte de dcrvis mahom^tans , dont la morale relachee ct les habitudes vagabondes sont un grand sujet de scandale pour leurs fr&res plus orthodoxes. lis errent comrae des mendians dans tonics les parties de I'lnde. lis portent dans ce pays un habit de difTerente*^ couleurs , pour indiquer, k ce que je crois , leur extreme pauvrete. » Nous visilerons incessamment , avec M. Buckingham , la Babylonie ainsi que le Pachalik de Bagdad; nous nous bornerons 0^ aujourd'hui h Iranscrire ici qiiekjues reflexions de M. Kcppcl , SUP les ruines de Babylone. « Au milieu de ces etonnans debris , dlt il , les animaux sau- vages ^talent aussi nombreux qu'ci Mudjillebd;. M. Lamb I'ut d6- tournd de son attention par I'aspect d'un animal reposant dans une ouverture de muraille. J'en vis un autre dans une position semblable , et les traces r^centes du pied d'un lion nous firent presumer que notre approche I'avait fait fuir. Du haut d'une elevation , nous decouvrimes I'amas dc d6combres, seuls restes de Babylone. Rien ne pcut presenter un tableau plus frappant de destruction. La vue plonge sur im desert aride , oii des ruines sont les seules indices qu'il fut jadis habite. II est im- possible , h cet aspect , de ne pas se rappeler raccomplissement des predictions d'Isaie et de J6r6mie : Babylone cessera d'etre habitue ; I'Arabe ne plantera point la tente sur son sol : ellc deviendra un morceau de ruines , une terre de sterility et de desolation. » , , « La prophetic d'Isaie que Babylone devlendrait le s^jour des animaux sauvages, fut accomplie lors de I'extinction des Seljoucides; car les Parlhes , leurs successeurs, firent un pare de la ville et la peuplerent de betes fauves. On a cru pendant quelque temps que des arbres curieux devaient se rclrouver Ih oil elaient les jardins suspendus. II n'en est rien; on n'en trouve qu'un seul sur I'endroit le plus 6\e\6. C'est une espfece de cedre; la moili6 du tronc , qui est encore debout, a cinq pieds decirconference : quoique ce tronc soit mort, les branches sont encore vertes et vigoureuses , et tombantes comme celles du saule. A I'exception d'un arbre semblable h Bassora , on n'en voit pas d'autres dans toule I'Arabie. Les Arabes I'ap- pellent yithele. Notre guide nous dit que cet arbre avait 616 conserve dans les jardins suspendus , afin qu'Ali put y attacher 9li son cheval apr»'sla batailled'Hilleh. Non loln-de \h, nousrccoii- nuines les traces d'une slalue que Beauclianij) cl llich n'avaient vue qu'en parlie. Nous mimes nos hommos a I'ouvragc, cl , eu deux heuros de temps , nous drail nos pretentions au Irone. » Et il lira h. moilie son epee. Les deux vaillans (Veres se delierenl , des ce moment > I'uii de I'aulre , et ont loujours etc ennemis declares jusqu'a la mort de Mohamed-Ali. Le roi sanctionna , h ce qu'il parait, Tordrc lot dont nous avons parle , quoiqu'il fut I'cxpressjon d'une d6so- beissance i sa volenti. « Mohamed-Ali , dit I'auteur, est regarde comme le prince le plus belliqueux de la dynastie actuelle; sa m6moire est dans la plus haute v6n6ratiou chez les tribus qu'il gouvcrnalt. Un homme qui conduisait ses sujels h la victoire et au pillage devait ctre I'idole de ces sauvages montagnards , qui ont h(irit^ de leurs ancetrcs d'une soif insatiable de rapine. » Voici le detail des fun^railles ex6cut6es par le lils et le suc- cesseur de cc prince : « Depuis deux jours , on lirait , de temps h autre, des coups de canon , en attendant le moment oii le corps devait etre trans- port^ h Meshcd-Ali. Le matin ou le cortege devait se mettre en marche , nous posames un crepe h notre bras gauche , et k la poignee de notre 6p6e , et nous montames h cheval de bonne heure, curicux de voir les obseques d'un prince mort depuis deux ans. Coninie notre empresscment nous avail fait arriver beaucouptrop tot, nous mJmes pied h. terre dans un jardin prt's de la route , et nous nous amusames ci ecouter pendant quclquc temps les conversations des groupes qui nous cntouraient. Tous les individus 6taient vetus de noir, et leur figure joyeuse con- trastait assez plaisammcnt avec la tristcsse de leur costume. Notre attention fut bienttit 6veill(5e par I'approche d'un cavalier aveugle d'environ soixante ans. II 6tait accompagnedeplusieurs domestiques dont un lenait la bride de son cheval. Nous apprimes que c'etait un conseiller du prince appclc^ Hassan- Khan, et qu'on ajoutait li ce nom I'epithele de Khourd, pour le dislin- guer des nombreux courtisans qui portaienl le nieme nom. Pendant le court intervalle d'anarchie qui , scion I'usage , . suivit la mort du dernier roi , Hassan-Khan a la tele de tous ceux qu'il fut a meme derallier, disputa la couronnc; mais , 8 I 02 vaincu par un rival plus pnissanl , ii ful priv6 ^ner dans celle orj^ic fnneraire. ctait Ic MoHahBaslii, jadis son tuteur, acluollenient Ic coni- pngnon de toules ses debauches. Cclui qui , comnie chef de la reh'gion, avail accompagne par ses pleurs et ses oris , le re- quiem qu'il chantait pour I'ame du dcfunt , passa la nuit h pro- diguer des consolations an prince. Celui qui, dans la matinee, avail chanl6 des vers exlrails d'un livre qui proscril le vin , etait le soir tellement ivre, qu'il pouvail h peine prononcer un mot. Nous appriiues ces details de Suleiman Khan ou Soli- man » le meme dent le violent desespoir avail altir^ mon attention. II enlra dans la charaLre ou nous venions de diner, velu encore des hahils de deuil qu'il portail la veille ; i! nous raconta toules les circonslances de la scfene dont il avail el6 un des auleurs , s'interrompant de temps en temps pju- do grands Eclats de rire. Suleiman Khan est le chef d'une tribu do douze mille Curdes , qui sonl les meilleurs fanl?s- sins de loute la Perse. lis nc sonl pas mahomelans , niais ils apparliennent h une secic particuli^re appeh^e y4l! Onlaliits . c'est-h-dire Ali est Dieu. Ils pratiquent la circoncision , sans en fairc un rile religieux. Comme les simples dissidens d'une croyance deminanle sont toujours plus mepris^s des de- vots que ceux qui s'en ^carlent tolalcmenl , ces seclalcurs d'Ali sonl beaucoup plus delcsl^s que les Juifs et les Chretiens. » (i) (i) On trouve dans Ic voyage de Frazer des details fort ciirieux siir ros Ali Oiilaliies. Ils reconnaisscnt la toutc puissance divine dans Ali , le gendre du prophete, el I'origine de celte t'lrange croyance se rapporle a une K'gciidi: aussi ridicule et aussi fanlastique (luV-lle-iiiimc. Ali, di.sent-ils , sV'taul mis un jour en fureur contre un cfitaiu individu , lui roupa la liHe aver sun ciniclcrre ; mais se repentant aussilot de sa vivacil(- . il lui repla^a la l^le sur Le dcsir do conlinucr sa route porta M. Kcj>!) -I a refuser I'invilation que lui fit Suleiman d'allcr le voir cIk z lui. C'esl lanlieux, car il parait que sa tribu conserve des mccurs et des usages particuliers digncs d'etre observes. Quoique Suleiman Khan gouverne sa tribu en despote, il n'en est pas moins sou- mis h tons les caprices de la Cour de Perse. II avail 6t^ condam- nd il mort par Ali-Mirza pour n'avoir pas rdussi h I'altaque d'un fort , et il nc dut son pardon qu'^ I'intercession de M. de Veaux. Par ordre du prince gouverneur, il recut une si rude basto- iiade, qu'il fut incapable de marcher pendant six semaines. Telles sont les alternatives de I'existence en Orient; le chef orgueillcux d'une tribu recoit un chatiment cruel , par la seule volonte de celiii qui, un instant auparavant, <^tait le compagnon da ses debauches. » « Un autre courtisan de ce jeune rejeton royal de si belle esperance, etait alors un Arabe remarquable par son caractere. II s'appelait Moullah Ali , et portait le costume persan. Le meurtre et tous les crimes lui etaient familiers. Ses dehors les cpaules ct lui rendit la vie. A peine avait-il aciieve' ce miracle, que rhoniine ioiiibaiit a genoux commencja al'ailorer en I'assiirant qu'il ctait le Dieii ilii clcl ot tie la terre. Mais Ali , choque tie son iinpiete , lui rcpontlit que ce lilre ne lui nppartenait pas. L'hommc insista, et cette dispute thetilogique inita tellenjent le gendre du propliete , que ne pouvarit convaincie sou adversaiic, il lui (il sauter la tete une secondc fois. Une seconde fois encore la pilie succe- danl a son eniporternent , il rajusla fori proprenieiil la fete de sa victime de maniere qu'il n'y parut pas du tout. Aussilot que I'opt'ration fut terminee , et que le ddcapitc put parler , jl recommenga a adorer Ali et a le reconnaitre comme le Tout-I'uissanl, Mais cette fois, soil que la colere de ce dernier fut apaisee , soil que son orgueil fut secretement flatte' de tant de perseverance, il se borna a traiter son adorateur de fou , el a le congedier. De ces deux Ifeles coupecs proviennent les Ali Oulatiies, qui regardent encore Ali comme la Divinite mcme , et scut tres-fanaliques dans leur ci oyance. L. R. lO ) cepeiidant n'auiioncaieul rit-n dt; sfmbiahlc, et ses traits ne portaient aucun dcs indices dont les rouianciors sont dans I'li- sage de peindre les scelerats qu'ils melU'nt en sc6ne. Quand il parlait , son regard 6tait plein de douceur, et le sourire crrail toujours sur ses levres. Aussi la inanierti agreablo dont il s'ex- priuiait elait cause qu'on se m^prenail souvenl sur le sens ahoce de ses discours. Comnie beaucoiip d'Asiatiques que j'ai coiinus, son air 6tait si oppose h son caraclere que les plus fa- meux pliysionomisles s'yseraient tromp6s. Ses mani^res etaient extremcment seduisantes, et il 6tait dou^ de ce vernis de po- litesse si comraun dans ces pays. II portait une«ip^edonL il elait toujours pret h so servir. Quelques semaines avant le jour oir nous le vimes , c'elait un des premiers habitaus de Mendali , ville turquc , pros de la iVonliere. II etait alors I'ami chtVi de Davoud Pacha , et I'instrument complaisant de tons ses assassinats. Ce fut pendant son intiniitt^ avec le pacha , que , dans une fete religieuse , il invita seize personnes a diner. II placa un de ses agens entre chaque convive qu'il fit ^gorger en meuie temps, donnanl lui-memc le signal, en plongeant un poignard dans le coeur de son voisin, Ce sont la les feles que nous pr^sentent les relations de ces contrees barbares. Chez ces peuples , I'hospitalit^ , dont on parle lanl , a rarement refren^ les crimes excites par la vengeance ou par I'avaricc. II est aise de suppose'r que raniiti6 entre deux honimes tels que Moullah et le Pacha, amitie cinicnlee par le crime, n'a pas du etre d'une bien longue duree; aussi nous vimes bienlot que cette unique fraternite s'^tait changee en haine irr^conci- liablc. Chacun d'cux avail exerc6 sur les relations de son en- nemi la vengeance qu'il n'avail pu assouvir sur lui - mcme. Soixante parens de Moullah avaienl peri victimes du Pacha ; son pcre (itait dans les fcrs h Bagdad , el dix millc piastres de- 107 vaieiil lachclci" sa vie. Moiillah cependant n'^tail point i-csle en arrl^re dans ses vengeances : parli do Mendall h la lele d'un corps de sa tribii , il entra dans le desert , attaqua les caravanes Uirques, et , selon ses propres expressions, fit voler loules les teles portant liirLan. Les feninies furent victimes de la d6- bauche de cetle troupe de brigands qui se llvrerent h des exc6s dont le recit paraUrait incroyable dans nos conlr^es. Comnic il vit que nous ecoutions avec beaucoup d'attention le dt^lail de SOS crimes, il prit notrc silence pour une marque d'approbalion, et nous dit d'un air reconnaissant : 0 Que vous avez de bonte de prendre tant de part ii ma vengeance I » Pendant notre se- jour a Kermansliah , nous cunics plusieurs conversations avec ce scelerat achev^,qui du reste possedait beaucoup plus de connaissances que la plupart de ses compatriotes. II parlait de ses aclioiis et de ses projets avec la plus rare impudence , et nous disait que sa vengeance elait supendue jusqu'au moment oil les restes de Mohamed-Ali-Mirza seraient deposes dans le saint lieu de repos. Tout acte d'hcslilillque connaissance de la langue anglaise. J'appris que les pelerins vcnanl de divers en- droils de I'lnde , babitalenl successivemenl I'endroit oil nous elions , et se relevaient tons les deux ou Irois ans pour garder le feu sacre. Celte regie ne s'applique point au pundit ou cbel", qui demeure \h pendant loule sa vie. lis me parl^rent du chel" acluel comme d'un homme aussi instruit quepieux; comme ils l^moignerent le d6sir de m'enlendre converser avec lui , nous nous rendimes k sa cellule que nous trouvames ferm^e. lis me dirent qu'il dormail ou elait en prii>res, el personne ne voulul le d(iranger. Parmi les pelerins acluels , se Irouvaienl cinq bra- n)es,sepl viragies,cinq sounapeys.et deux yogies. Ils se louaient beaucoup des Russes , nuiis temoignaient pour les mahomelans plus de lioine que cela n'a lieu parmi les Hindoos, pour un(^ secte diflerenle de la leur. lis disaient que Nadir Shah avail traild avQC la plus grande cruaute leurs pred^cesseurs qui avaient et6 par ses ordres empal<5s ou tortures par divers aulres 1 ID supplices. Tons CCS faquirs 6taientpolis et communicalifs, ;i Vox- ceplion (I'lin viragi , donL la casle est la plus rigide do I'lndo. C'(^lail uu vrai Diogeue, ot quand jele priai de m'acconipagner , il dit que cela iie le regardait pas. Au dehors du leuiple se trouve un puits donl I'eau est iiiipr6gn6e de naphte. Uii p^lerin, apres avoir ouvert ce puits, averlissait ses compagnons do so reculer, et y jetait de la paille allumee. II s'(mi elevait aussilot une grande flamme avec explosion. Les pelcrins m'engagerent a rester jusqu'au soir pour jouir del'aspect du temple dans I'obs- curit6 ; mais le souvenir de ma palrie I'emportant sur la curio- site, me fit continuer ma route. Je traversai plusieurs villages dont les habitans ^taient occup^s a ramasser la naphte blan- che et noire, cl j'arrivai dans Iasoir(5eii une station de cosaques. » II est facheux pour M. Keppel d'avoir etc prevenu dans ces conlr^es peu frequentees par des observateurs lels que MM. Henderson et Gamba; !e dernier surtout en decrivant le Shir- van et le Daghestan , en laisaut des tableaux si complets et si animus de Bakou et d'Astrakan , a rendu la lachede ses succes- seurs Ir^s-diflicile. DEUXIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. §. i". Proccs-T^crhaux dcs Seances. Seance du 2 mars 1827. M. Jomard communique une lettre de M. Dclaportc, vice- consul de France i Tanger, qui fait hommage a la Soclelc dune relation rccente et manuscrile de la contree de Sons, au midi de TAllas et de Tempire de Maroc , Iraduite par lui de Tarabe , avec dcs details sur les routes qui conduisent dc Sous au Soudan. Insertion au bulletin. 11 communique cgalement une note relative a Fexpedilion duca- pitaine Franklin. Insertion au bulletin. (Voir, documens, p. 119.) M. Depping ecrit a la Socidte pour lui offrir plusieurs exeui- plaires d'une notice extraite d'un recueil anglais, sur Ic Cuttack ou Orlssa , province do I'lnde. M. Bniguiere soumet a la Commission quclques mesures pre- paraloircs relatives a la publication de son memoirc sur TOro- grapblc de 1 Europe. M. le general Haxo, au nom dune Commission speciale , fait un rapport sur le concours rclatif au nwellemcnt des rivieres de la France. D'apres les conclusions de ce rapporl, la Conmilssion cenlrale decerne une medaille d'or, de la valeur de 100 fr., k M. Jodot, archilecle , auleur du mcmolre sur le nivellenicnt dc la vallec dc la Meuse , porlant pour epigraphe : les fleuves, puur etre utiles, ant hesoia du seroiirs de Vart. M. E. oalverlc fall un rapporl siu" ia relaliou dcs voyages cl dccouvcrtes dans le nordet dans les parties centrales de FAfriquc, par le major Dcnhain , le capilaine Clapperlon el le feu docleur Oudney, tradiiits de Fanglais par JMM. Eyries el dc Larcnaudiere. 117 Divers siijcls de prix sont deposes sur le bureau et renvoy^s a rexamen de la commission chargee de la redaction du programme. Seance dx 16 mars 1827. M. Woodbridgc ecrit a la Societe pour lui temoigncr ie desir d'etre admis au nombre de ses correspondans etrangers. La Com- mission decide quelle prononcera, a la prochainc seance , sur Tadmission de ce candidat , s'll remplit les conditions prcscriies par le reglement. La Societe Royale Asiatique de la Grande Brelagne ct d'lr- lande offre ses rcmerciemens a la Societe pour Tenvoi dcs deux premiers volumes de ses Memoires. L'ALcadcmie des Sciences, Arts et Belles Leilres de Dijon adrcsse les memes rcmerciemens a la Societe, pour lenvol de son bulletin , et lui exprime, en outre , le desir de posseder le recueil de ses Memoires au prix fixe pour ses membres, Cette demande est renvoyee a la Section de Comptabilite. M. le conlre- amira! baron Roussin offre a la Society un exem- plaire de Touvrage qu il vient de publier sous le litre de Pilote du Brest/, et qui est le resultat d'un voyage entrepris dans le but de rectifier divers points geographi(;ues des cotes de cette contree. La Commission vote des renierciemens a Tauteur , et invite M. de Freycinet a lui faire un rapport sur cet ouvrage. M. Denaix offre la 2'= livraison de ses Essais de geographic metho- dique et comparathe. Dans Tinterel de la science , I'auteur reclame les conseils de tous les membres de la Societe ; il les prie de re- lever ses erreurs et de lui communiqucr les ameliorations qui leur paraitraienl utiles aux progres de Fenseignement de la geographic. La Commission vote des rcmerciemens a M. Denaix, et ordonne le dep6t de son ouvrage dans la bibliolheque ou tous les membres sont invites a venir le consulter. M. Roux de Rochelle , ministre de France a Hambofug , re- commandc a la Socidle, M. Sieveklng , syndic de cette ville, qui 9 se rend auBrcsil pour une mission diplomaluiue, comme pouvant corrcspondre avec ellc. M. Jomard communique une lellre dc M. Berghaus sur Ic nivellemiuitdo lOdor ( \ oir page i2{. ) Lc monic niembre donne , dapres M. le capitaiue Sabine , des nouvclles du major Laing , qui parail etic parvenu dans la provin- ce de Tomhouctou dans le couranl de Tannec dcrnicre. (Voir page 128.) iM. Alex. Barbie du Bocage conununiquc Texlrail d'une lettre dalee de Buenos-Ayros, le i''^ decembre 1826, qu 11 a reguc de M. Douville, voyageur , mcmbre de la Sociele (Voir documens, page 1 20. ) iVI. le general Andreossy , au nom dune Commission speclale, fait un rappor sur le concours rclalif a la question de savoir sin- vant quelle-i directions le jlul airhe sur les differcus points de la crUe meridionole dc la J\fanche , runipris cut re le rap dr la Hague el le cap d'AntiJer. La Conjmlssion adople les conclusions de ce rapport , et de- cide que ce prIx extraordinaire sera retire du concours. ]M. Alex. Barbie du Bocage failaussi un rapjjort sur le coucouis general de 1827, et donne lecture dun nouveau sujet de psix d'en- couragement pour un voyage dan.^ I'ancienne Babylonie. La Commission adople les conclusions du rapport et le nouveau sujet de prix. § 2. Adim'ssions ^ OJfrnndes , etc. OT'VRAGES OFFER'i'S A LA SOCIETF.. Sranre du 2 mars 1827. Par S. E. le AJinisIre des Affaires Elrangeres : Tableau histori- (pte et pitlorrsquc de Paris ^ lomc .{ ( 1"' |)artie ). ParlVI. Cailliaiitl : Voyage a Meror el au Fleiwe Bhmc , etc., t. 3, ParM.de Ferussac : Bulletin tics sciences grogro/ihii/iics , cahlcr dc Janvier. Par M. Leuven: Journal des voyages , call, de Janvier. Par M. Toulouzan : VAmi dubien, cah. d'oclobre. Par M. le I^octeur Haraque : Journal d' agriculture, de viedeclne et des sciences accessoires , public par la Societr d' Agriculture, Sciences et Arts , et par la Sociele de Medecine du departement de I'Enre , cah. de 1825, 1826, et de Janvier 1827, Par la Sociele Asiatiquc : Le numero 55 de son Journal. Par la Sociele d'agriculturc de la Charenle : Le cahier de de- cemhre de sea A /males. Seance du iG mars. Par S. E. le Miiiislre des Affaires Etrangeres : Auteurs classiques latms , tomes 83 et S-j. Par MM. Eyries et de Larenaudiere : Noiwelles Annales des I oyages , cah. de fevrier. Par M. IJajot : Annales maritimes et coloniales , cah. de Janvier et de fevrier. Documcns el CommuiiicaUons. Le capitaine Franklin , parti de la baie d'Hudson , est parvenu a Textrt^mite occidentale de i'Amerique , en suivanl la cote boreale de ce continent , et s'est embarque sur le vaisseau le Blosoni , que Tamirautc^ avalt envoye par les mers de Chine , au delroit de Beh- ring. Unle parlie de ses compagnons de voyage reviendra direc- tement en Angleterre , en repassant par la route que Texpedifion a suivie. L'embarquement de Franklin aurait eu lieu , d'apres ia letlre ecrite a M. Davies Gilbert , par un des direcleurs de la compagnie d'Hudson , dans le mois d'octo/>rc 182G : ceile dale doil inspirer (|uelques(loules. 1!() Ex'iRA'.i (riitifi letlre adressee a M. Alex. Barbie du Uoca^e par M. Dounlle, ISIcmhre dc la Societr. Biienos-Ajrcs, Ic i" deccnilive liJ^Ci. M. Douville annonce son arrlvce dans la republlque Argentine, et Taccueil qiii lui a ete gencralemenl fait commc naluraliste. << La ville ( Jiuenos-Ayres) faildcs progrcs lous les jours; I'on bdtit beaucoup. Qu.'lques niaisoiis ont un etage, trois ou qualre en ontdeux; la masse n'a quun rez-de-chaussce. Les rues sont tirees au cordeau, et vont dunord au sud, et de Test a Touest. L'Ani^ri- cain n'a pas change depuis nion dernier voyage, il est toujours apa- thique ct insouciant. Quelqucs bonimcs dun genie superieur et . possedanl de grandes connaissanccs, feraient Icur fortune ici en decouvranl les avanlages que Ton pent lirer de ces conlrecs. Je vais sejourner Ici quelque temps pour trouver une mine de charbon dc tcrre que j'ai observee a peu.de distance de Buenos-Ayres. lorsque j'^tals Ici II y a 8 ans. II n'y a point de bois; le charbon que Ton briile, vient des Etats-Unls. II vaut aujourd'hni 600 fr. le tonnean, et 170 fr. en temps de palx. J'al decouvert une planle qui remplace lelin et le chanvre qui ne crolssenl paslci... Jc vais lacher dulili- ser les observations que j'al failes pendant 11 ans que j'ai voyagt* dans les pays elrangers. » Le peu de manufactures qu'll y all a Buenos-Ayres, appar- tient a des ctrangers. II n'y a aucun commerce aujourd'hui. La cul- ture des terres est abandonnee; les jeunes gens sont tous soldats , sculemcnt les fds de famllle peuvent se faire remplacer. La police n'a point assez d<' vigueur ; il y a beaucoup de voleurs et d'as- sasslns. » J'ai trouve dans Ic fleuve de la Plata, un petit poisson elec- trique sur Icquel j'ai mulliplie les experiences. Je le conserve vi- Tant. S'il veut s'accoulumer au flacon dans lequel je le garde , jt- renverral vivant au cabinet du Jardin des Planlcs. Jc lui cinrnal Ill aussi deux planles que je trouve fori curieascs pour Icuis proprie- tt's, etdout je n'ai jamais enlendu parler; je m'occupe de faire les dessins de 26 Caciques quigouvernent danslaPatagonie. Je prieiai la Soci^le de vouloir bien en accepter rhoinmage, ainsi que d'uno r.arte geographique faite dans inon premier voyage , mais que je cor- rige avec le docleur don Bariulomre Marios, honime inslruit, avec qui je fais des observalions. C'esl le soul qui s'occupe ici de g(^o- graphie. Je ne tarderai pas a vous et rirc pour apprcndre a la So- ci^te le resultat de mes travaux. J e vous prie de Tassurer que je recevrai loujours ses ordres avec plaisir. P. S. II fait tres-chaud, le ihermometrc de Reaumur marque 33", 5. II nest pas lombe de pluie, depuis Irois mois. » ASSEMBLEE GI^lNtRALE DE LA SOCIETE. La Society de Geographic, aux lermes de son reglement, s est reunie en assemblee generale, a THolel-de-Ville, le 23 mars 1827. On comptait , parmi les personnes presentes, plusieurs savans Strangers , et d'aulres personnies de distinction qui avaicnt ele in - vilees a assisler a celte seance, enlr'aulres M. le Capltaine Sabine connu par ses voyages el par I'importance de ses travaux geode- siques, M. le baron de Capellen, Secretaire d'Elal de S. M. le Ixoi des Pays-Bas, etc. La seance esl ouverle a hull heures du soir , sous la presidence de M. Becquey , Direcleur general des Ponls et Chaussees. M. le president annonce qu'en execution de Tarrete pris dans I'assemblee geridrale du premier decembre 1826 , le litre de Presi- dent honoraire a ete decerne a MM. le marquis de Laplace , le mar- quis de Paslorel, le vicomte de Chaleaubrianl, el le comie Chabrol de Volvic, ancienspresidens de la Societe, et que la Commission ccntrale a accorde le litre de correspondant elranger, a MM. Tan- ner , de Philadelphie , et Woodbridge. II propose d'accorder le litre de oresidenl honoraire aM. le baron Alexandre de Humboldt, I 22 au moment oil ce savanl va quitter la France pour s'etablir en Af- leiuagne; ct Ic titre de correspondimt etranger h M. le capilalne Sabine. Ces deux propositions sont adoptees a Tunaniinit^. M. le president soumet a la sanclion de la Sociele, et I'assem- blee approuve une resolution de la Commission cenlrale, porlant que la Commission cenlrale conlinucra, auxtermes du reglement, d'eire composee de trente-six membre's, independammenl de ftl. le tresorier de la Societe, qui sera considere comme faisant parlie de cette Commission , mals sans ctre astreint aux memes obligations que ses aulres membres. M. le president annonce cnsuite que la Commission centrale a decide qu'elle ferait les frais d'un jeton de presence. La Societe a fait, en peu de temps, deux pertes vivement sen- ties. L'homme de genie a qui I'on doit ^Exposition du systeme du monde, le Traite de la mecanique celeste^ etla Theorie analytique des probahiUles. Laplace fut Tun des fondateurs et le premier presi- dent de la Societe de Geographic ; le vide qu'y laisse sa mort, elle le laisse dans lout Tunivers savant. La mort a aussi ravi Tinfatigable Malte-Brun , qui savait reunir a un point si rare Texactilude, la precision et la clarle , et dont les travaux serviront long-temps de modele aux ccrivains qui se pro- poseront de trailer la geographic dans son vaste ensemble. M. le president annonce que les doges hisloriques de MM. de L.iplace et Malte-Brun, seront lus dans la seance generale du mois de novembre 1827. M. Eusebe Salverte , secretaire general de la Societe, lit le proces-verbal de la seance du premier dcccmbre 1826. MM. Bollin, Vandermaelen ct Donnet, ccrivent a la Societe, ct lui font honunagc , le premier dun exjemplaire de VAlmanacli du Commerce ^ pour Tannee 1827, le second de plusieurs livraisons du grtind Atlas universel de Geographic <\oi\[. il est auleur, le dernier d'um carle d'Espugne elde Portugal grav^e dans un genre nouvcau, el oil Ton se propose d'approcher, autant qu'il esl possible, de la verile Aiis. dessins geograpbiqiics fails a la [ilume et au pinceau. 12^) M. Jonutrd coniniunique a la Societe dcs nouvellcs du major Laing : il parail que ce voyageur est arrive heureusement dans la province de Toiiibouctou , el meme est parvenu dasis la ville da ineme nom. Sur le rapport de M. le general Haxo , la Societe decerne a M. Marc Jodot, architecle, auteur du nivellement dela vallce de la Meuse , une des niedailles d'or destlnces, conime prix, aux au- leurs des nivellemens des rivieres de la France. ( Voir page i^o.) M. le general Andreossy lit un rapport relalif a celte question, que la Society avail proposee comme un sujet de prix : Siiwant quelle direction le /lot arrive— t-il sur les differens points Je la cote meri- dionnale de la ManckeF Gonformeuient aux conclusions du rappor- teur, la Societe retire du concours ce sujet dc prix. (Voir p. i3o.) M. A. Barbie duBocage, au noui dune Conuiiission specialc, lit-un rapport sur le concours de 1827, relatif a un voyage dans la partie rnerldionale de la Caramanie , el k des recherches sur foriglne des divers peuplcs repandus dans lOceanio. La Coinniis- sion propose de proroger le concours, pour le premier sujet , jusqu'en 1823; et pour le second, jusqu'en i83o. (Voir page i4-i.) Elle propose, en m^me temps, dc fonder un prix d'cncourage- ment a decerner en i83o , pour un voyage dans Fanrienne Baby- lonie et la Chaldee. Ces diverses conclusions sont adoptees. M. le president avalt annonce, i Tbuverture de la seance, qu'une Commission , formee dans le sein de la Society , et a laquelle se sont reunis plusleurs Ingenieurs du corps royal des Ponts-et-Chaus- sees et du corps des mines, pour le nivellement general et la con- fection de la carte hydrographique de la France , a commence ses travaus, et qu'elle se dispose a publier une instruction pour Tap- plicalion du baromelre a la mesure des hauteurs des montagnes. II rappelle que la Societe de geographic a , depuis un an , propose des prix annuels d'encouragement pour le nivellement des ri- vieres de France, et que, en outre, trois medailles d'or, dont M. Perrol a fail les fonds , seronl decernces en 1828, aux auteursdcs nivcUeiiicns l>aronietriques les plus etendua el Ics plus esacis , fails sur les lignes de pailage des eaux des plus grands bas- sins de la France. Aux termer du reglenient, la Society precede , par la voie du scruiin , a releclion dun president, de deux vice-presidens , d'un secretaire general et de deux scrulaleurs, el a Teleclion de qualre nienibres de la Commission cenlrale, au sein de laquelle qualre places se trouvent vacantes par morl ou demission. Le scruiin depouille,M.le president proclame le resultatsuivant: M. le comle Chabrolde Crouzol, minislre de la marine , est noumi^ pr , onl aussi «icja ele utilises par I'auleur de la dissertation sur les chaines de monlagnes qui a obtenu le prix. Dans peu j'aurai I'honneur de vous envoycr, M. Ic president, un rdsume des nouvelles niesurcs de hauteurs qui sc rapportent a la haute-plaine Thuringienne et au Harz. Ces niesures ont ete prises en parlie par M. le capitaine des mines de Veliheim et M. le professeur Hoffmann a Halle, en partie par inoi-inenie, et n'ont pas encore etc publiees jusqu'ici. — La uiesure trigonoinetrique de I'etat prussien que M. Ic lieutenant-general de Muffling execute dans ce moment - et qui se joint a la mesure du meridien deDelambre, a ete avancee dans le cours de Tannee dernlere, jusques dans le grand duche de Posen. J^ai public quelque chose dans la Hertha, t. VII, sur cetle operation consideree comme mesure des degres de longitude. Je me perm-els de diriger I'attention de la Societe Geographlque sur ce point. Le 20 aodt les capitaines russes Stanikowlisch et Litke ont fait voile de Saint-l'ctcrsbourg pour la mer da Sud. M. I'Amlral de Krusenstern m'ecrit a ce sujet. « Le principal butde cette expe- ') dition est une nouvelle reconnaissance des cotes nord-est de » TAsie qui n'ont jusqu'ici pas encore etc explorees ou examl- » nees^ et des cotes nord-ouest de I'Anierique, ainsi que des lies )> Aleutes que nous ne connaissons encore que tres-peu. Peut-Stre " aussi que cette expedition nous donnera des eclaircissemens sur ). les lies Bonin duJapon, de Texistence desquelles je doute com- " pletemcnt, conuue je I'ai indlque en detail dans mes meniolres, •> pag. 12 et i4' L'expedltlon ne sera de retour qu'en 1829. >> j'ai I'honneur d'etre, etc. Le Docleur Berghaus, Piofcsseur a I'Acadeiiiic Royale dePrus.se. 138 NouvELLESr/u I uYUge du Major Lain^ u Turnbom ton ^ coninmniqxices par M. JoMARD. La Societe de Gi^ograplne, qui a offert une recompense a celui qui, le premier, aura atleint la ville de Tombouctou et recueilli des ob- servations exacles sur toute la region dont celte ville est le centre, doit ^Ire empressee de connaiire la marche hardic du voyageur anglais, qui, en 1823, a suivi la caravane de Tripoli, se rcndant dans cetlecontree jusqu'ici inaccessible aux Europeens. 11 est parti muni d'instrumcns propres a faire des observations de longitude etde latitude. On sail que le major Gordon Laing s'est fait con- _ nailre par un premier voyage en Afrique, execute en 1822, dans les pays de Timanni, Kouranko et Soullmana. \ oici des nou- velles recentes de cet officier, que nous tenons de bonne source. Elles pourront satisfaire en partie la curiosity des amis de la science. Apres avoir ete retenu deux mois a lihadames, Ic major Laing est parvenu a el Sala (ou Ayn el Salah;, oasis du grand desert; il en a assigne la longitude beaucoup plus a Toccident qu'on nc Ta suppose jusqu'a ce jour, el meme, dil-on, sous le meridien de Fez, ce qui parait difficile a expliquer (i). El Saldh a ete place ^ jusqu'a present sur la route de Fez a Aghades, presque au point oil celte route est traversee par celle de Tripoli aTombouctou. Ce meme lieu serail en mcme temps a la moitic du cheniin de Tom- bouctou a Ghadanies, la difference ne serait que de trois jour- nees. C'est au sortir de TOuady Touat, que le major a ete attaque, qu'il a perdu deux de sesgens,et qu'il a ele bless^ lui-m6me a I'epaule. (1) L'ilineralie de Tripoli a Tomljonctou par le Cljf^ldi Hagg Cassem , place Ayn el Saliili a 33 jours de Tripoli. Or , la distance de Tripoli au me- ridien de Fc7. ( •}" 18' O de Paris) , ne pourrait guere etre nioindre, en se (lirigeant a I'O. S. O., de laoo milles geograpliiques , en ligne drolte, ce qui ferail plus de ^o milles par jour, c. a. d. plus du double du cheinin ordinaire. {I s'agil lion- d'un autre lieu dn mi'mr noni de Salah. 1 ICj XJnc Icttre (de Tripoli) du i" Janvier dernier, apprend quf ir major est arrive sain et •^auf jusqu'i la province de Tombouctou. Son piojet elait de faire le tour du lac de Djenni ou lac Dibbie ', de visiter Ic pays de Melli , et de suivre le cours du Dialliba jusqu'a son embouchure ; soit qu'il se jette dans le golfe de Benin , soitqu'il suive unc autre direction. Dans le premier cas, il parait avoir le dessein dc revenir sur ses pas jusqu'a Sakkaiou ; de sc porter sur le lac Tclidd, pour completer la reconnaissance de lariveorien- (ale , et ensuite de faire ses efforts pour gaguer le ISil, s'il y a pos- sibilite, et revenir en Europe par TEgyple. Le major Laing veut s'arreter partout assez long-temps pour faire des observations geographiques et astronomiques. 11 pense avec raison que le premier soin du voyageur , comme le premier besoin de la science, est d'assigner avec exactitude la position des lieux visiles. Au resle, il ne faut pas s'attendre a recevoir, avant son rclour en Europe , aucun recit. detaille de ses excursions. II a observe que le grand desert de Sahra est divise entre les tri- bus qui le parcourent, consme le serait un territoire cullive. II assure que les limites sont fixees avec une sorte de precision et ob- servees avec scrupule , et que la moindre violation de ces limites serait une cause d'allercation et de guerre. C'est une remarque que Ton a deja faite chez les Arabes des deserts qui avoisinent I'Eu- phrate etleNil. Ees Cheykhs des tribus ont Ihabitude de compren- dre dans leur juridiction, meme les provinces peuplees et cullivees qui borncnt les deux rives de ces fleuves, comme s'ils en etaientles possesseurs et les mailres. P. S. Si Ton en croit une letlre encore plus recente , parvenue en Italie, mais non par une vole directe, on aurait appris I'arrivee du major Laing, dans la ville meme qui est I'objet de tant de voeux ct d'eiTorts. i3o JM. Jomard communique tic nouveanx rcnscigncmcns sur le voyage du major Laing. Ge voyageur parail clre rcste a Ghada- mes, jusqu'au mois d'oclobre iSaS, et etre arrivd en novembre a Saldh, ou il a fait un longsejour. On a eu des lellres de lui, datees de ce dernier endroit, du mois de Janvier 1826, annon^ant son arrivee probable, au mois de mars suivant, aux. environs de Tom- bouclou. 11 devait y sejourner 4- «" 5 mois , et faire pendant ce temps deux excursions, Tunc vers le lac de Djenni, Tautre au pays de McUi. Le capitaine Clapperlon , de son cote, devait arriver a Sakkatou, dans le meme mois de mars. Les dernieres nouvelles parvenues a Tripoli, vers le mois de Janvier dernier, et (ransmises en Angleterre par le consul anglais M. Warrington, portent que Ton a trouve dans un desert pres de Tombouctou (a une journee), un pistolet appartenant au major Laing. Ce renseignement a ete a;)porle par des hommes qui avaient vu cetle arme. On aconi^u, en Anglelerre, des inquietudes a ce sujet, parce que Ton est incertain sur la cause de cette ren- contre. II serait possible que celtearme eAt dte donnee en present par le major Laing, et egar^e dans les sables. RAPPORT sur le concours relatif a la question de savoir suwant quelles directions le flot arri\>e sur les divers points de la cdte meri- dionale de la MancJie , compris entre le cap de la Hague et le cap (TAntifcr^ etc. etc. M. le Comte Andueossy , Rapporteur. La Societe de Geographie nous a nommes M. Rruc, M. Louis de Freycinet el iiioi pour lui faire un rapport sur le concours (iuhuitiemeprix extraordinaire qu'elle avait propose, donlTobjet elait de determiner les effets que l(.'ndrait .'i produirc , lant sur les alterissemens que snr les marees de la cAic iiu'ridioiiale de la i3t ♦ Manche, a I'cgard siirlout des ports du Havre et d'Honfleur, un barrage qui serait etabli a I'embouchure dc la Seine. Le menioire N° 2 , ayanl pour devise : La prosperity du commerce depend de lafacllitedes communications , est le seul qui soil parvenu , cachete , au bureau de la Commission centrale Un autre, por- tant a d(^comfert la signature de I'auteur, n'a pu, par cela meme , 6tre admis au concours. Le sujel du prIx renfermalt les cinq questions sulvanles : i" Determiner les directions sulvant lesquelles le flot arrive sur les differens points de lac6le merldionale de la Mancbe, compris en Ire le cap de la Hague et le cap d'Antifer; 2 ' Indlquer les hauteurs auxquelles les marees de vives eaux s'e- levent le meme jour surces differens points; 3° Faire connailre les lieux de cette partie de la cote qui sont attaques par la mer et ceux ou elle depose des atterlssemens ; 4.° Rechercher les causes qui concourent aujourd'hui a procurer au port du Havre Tavantage de conserver son plein ou la maree elale pendant pres de deux heurcs ; 5° Enfiii, rechercher quels changcmens pourraient se manifes- ter, quant a la hauleur des marees et a la duree du plein , en dif- ' ferens lieux de cette portion de la c6te, et nofamment dans les ports du Haivce et d'Honfleur, si Tembouchure de la Seine ve- nalt a etre obstniee par un barrage qui ne permettralt pas au (lot de s'y elabiir. L'autcur du meinolre N" 2 examine chacune de ces questions separemenl. Qualrc carles accompagnent son memoire: i" La carte generale de la radc de Cherbourg , par M. le baron Cachin, Inspecleur-general des Ponts-et-Chaussees ; 2'' La carte de la cote de la Manche, extraite du Neptune oriental de M. Dapres de Mannevilette ; 3' La carte de la meme c6te, depuis le cap de Barfleur jusqu'a la Sonime, tiree du memoiro de M. Lamblardle, sur les coles de la Hanlc-^ormandlc ; ,j ' La carle dc rcnibonchure de la Seine, exiraitc du memoir^ dc M. de Berigny. Ces carles hypolhctiques soul destincesa exprimer de quelle ma- niere leurs aiileurs devaient concevoir que les courans agissenl au inonieul du flot. Avanl de se livrer k Texamen donl nous venons de parler , Tau- teur commence par declarer qu'il se Irouve dans rimposslbilile de re'pondre a chacune des cinq questions de Fexpos^ du Program- me, vu rimmensile d'observatlons qu'aurail necessllees ce Iravail , el robllgation de ratlacher, par de Lons nivellemens , les coles comprises enlre le cap de la Hague ct celui d'Antifer. Voire Com- mission pourrait s'arreler la, et vous proposer de remetlre le prix a une autre annee , ou bien de le retirer du concours ; mais elle croit devoir presenter quelques considerations qui tiennenl au fond mSme des questions que la Societe de Geographie a proposees. C'est veritablement a Tinfluence de la position du cap de la Hague, ou plutot de la pointe de Barfleur et du cap d'Antifer, sur les courans quanl a leur direction , et a leur effet lorsqu'ils sont animes par les vents de nord-ouest, qui soufdent presque constamment et avec violence pendant six mois de I'annee, que Ton doit les changemens survenus dans le golfe dont ces caps mar- quenl I'enlree, changemens auxqueis participe I'einbouchure de la Seine. Par relablissement du barrage projete , ils doivent su- bir des modifications importanles, ainsi que les marees, dans ce golfe el sur les cotes qui Tavoisinent. Cetle derniere question , qui avail fixe raltenlion de la Soci(fte de Geographic , est aujourd'hui conlroversde dans des ouvrages imprimis nouvcUemenl. Les uns etles aulres rappellent un M^- moire sur cetle matiere plus anciennement public, et Ton y a re- cours pour en adopter les principes ou pour les combatlre. On presscnt qu il est ici question du beau travail de M. Lamblardie sur les c6tes de la Haule-TSormandie (i), mis au jour en 17^9, f I 1 C.f nu'moirc- . tirs-rcm:irqnal)lf an foiul , n nfi'iiiu' fl';iillfni5 d<'S opinions 1 33 et «lont s'etaie presque conslaminenl, laiiteur dii Memoiie sur Ic- La chatnc laterale qui , aux sources de la Sambre , de I'Escaut, tie la Sonime , et dans Ic voisinage de I'Oise , part du plateau du JSord et se dirige vers la Manclie,/ait la separation des eaux de la Somme, de TOise et de la Selne-Inferleure. Apres avoir eprouve pres de Forges , aux sources de la Belhune , du Therain et de I'Andelle, un relevement indique comme point de partage du ca- nal qu'on avail projete d'elablir enlrc Dieppe et TOise , pour rapprovisionnenienl de Paris; cette chatne laterale se termine a la mer par divers caps , donl celui d'Antlfer prend le plus de saillie, et forme une sorte de musoir naturel , entrc la c6te du nord , al- lant vers Fecamp , Dieppe et Saint- Valery-sur-Somme ; et la cote du sud , se dirigeant vers le cap de la Heve , le Havre et I'embou- chure de la Seine, Ce cap, a Tegard surtout des courans, a des proprleles particulieres que M. Lamblardie el ceux qui suivent sa doctrine , ont apprecices avcc plus ou molns de juslesse. Le courant allantique , qui au moment du flot, a sa direction de gauche a droile, en regardant ia mer, apres avoir double le cap de la Hague, ae dirige de la polnte de Barfleur vers le cap d'An- tlfer. De ce courant principal se detache, a la polnte de Barfleur, un courant secondaire qui suit les cotes du Calvados, et va se re- pandre dans I'embouchure de la Seine. Le cap d'Antlfer , n'offrant point de cotes droites , et se pro- longeant au conlraire en saillie , donne au courant principal une direction divergente ; mais ce cap elant un point d'incldence , les eaux s'elevent a sa rencontre ; et il part du courant principal un courant partlel qui prend sa direction de drolte a gauche , en se portantdans le fond du golfe , et vers Tembouchure de la Seine, a la polnte du Hoc, apres avoir passe devant le Havre. Le cou- rant principal el ce courant parliel , qu'augmente encore parfois Taction des vents, aglssent en sens contralres, sur les demoli- tions des cotes elevees et le mouvement des galets , dont les points de depart sont dans le voisinage du cap d'Antlfer ; en sorle que ce cap fait la separation des deux courans et des direclions i36 que prennent les galcts (i). La direclion ct le progrtis des courans et (les galets, sont prouves par le giscment des pouiiers a la tete des jet^es des ports de Dicppe.et du Havre. Les deux courans marchant dans des sens opposes, les alterisseniens a Tenlree de CCS ports, qu'on pcut regarder conimc des lagunes ne reccvant point des caux douces, auront neccssaireiMcnt des positions difle- rentcs d'oii il doit rtisulter, cequi est conlornie a 1 observation, que pendant qua Dieppe, le pouller s'etablit a droilc en entrant dans le chenal; au Havre, il s'amoncelle a gauche. On voit , d'apres cela , que la theorie du Doctcur Geminien Monlanari , au sujet des eusablemens des ports de la Mcditcrranee (') , determines par lecourant littoral decette nier, Irouve ici egaleinenlson application. Lc fond du golfc ou est silue le Havre et ou deboucbe la Seine, revolt done des alluvions marines, sans cesse ;enouvelees ; mais ces atterlssemens ne sont pas les seuls ; la riviere , dans les crues, y amene des alluvions fluviales qui , par ics niouvemcns du flux et du reflux, se conibinant avec les alluvions marines, prodniscnt ces variations que Ton remarque dune annee a lautre, quelquefois d'une crue a I'autre, dans la grandeurf la composi- tion , la forme et rcmplacement des depots. £n effet , il sufQt dun deplacenicnt des points d'incidence du courant principal dune riviere, pendant les crues, pour deter- miner des atterlssemens a droite et a gauche des nouvelles directions, parce qu'il s'y Irouvera des eaux ayaut une moindre vitesse el qui deposeronl. Dans ces directions, au contraire, le courant, etanlanime dune plus grande vitesse , creusera. C'esl a ces deux circouslances quest due la formation ou la dispariliou de ce qu'on appclle bancs cliangeuus , a I'exlrcmite de la Seine. II est hors de dDREOSS\, Rapporteur. La Societe de Geographic , apres avoir entendii la lecture du rapport ci-dessus , en adopte les conclusions ; il reste par conse- quent decide, que le 8*= prix extraordinaire qu'elle avail cru devoir proposer, est retire du con corns. RAPPOR'J^ Sur un Memoire relalif au JSweUeinent de la vullce de la Meitse. Le Memoire , qui a fait Tobjct de ce rapport , est precede de celle epigraphe : Les fieuves , pour lire utiles , ont bssoin du sccours de fart. Jlrenferme un nivellement execute le long du cours do la Meuse, sur une largeur de 353 mille metres, entre Pagney sur Meuse, (village au-dessus de Gommercy ), cl la fronlierc de la Bclgique , au-dela de Givpt. Le nivellemcnl est accompagne d'un profil en long avec les ordonnees cotees relallvemenl au plan general de comparaison , et il est precede d'une description dt; la vallee de la Meuse , et dc tableaux qui donnent les pentcs dc celte riviere , de deux en deuxmyriametres, et ses produits moyens dans les basses eaux. L'auleur de ce Memoire a rempli la condition fixee par la So- ciety, pour oblenir un des prIx relatifs au nivellement, puisqu'il a procure le nivellemcnl geomelrlque de la Meuse , sur une lon- gueur developpec de pres dc 80 lieues, (le minimum dc la longueur demandeectant seulemcnt dc 10 llcucs). La Connnission propose. i4t en consequence, de lul dcccrner, conforniduicnt au i>rograninie , une medaille d'or de la valour de cent francs. A Paris , Ic 25 ft-vrier 1827. Signes : les colonels Coraeceuf, Jacotiis , le general Haxo , Rapporteur. RAPPORT Siir le Concours de 1827. Messieurs , L'un des devoirs les plus importans de la Sociele , celul par le- quel elle peut le plus efficacement favoriser les rechcrclies scienti- fiques , etendre les limltes des connaissances geographiques , et oblenir les resultats avantageux qu'elle s'est promls, est de dislribuer dcs recompenses et des encouragenicns. Les redacteurs de vos siatuts rontparfaitementsenll, lorsqu'ils enont faitl'une des dispo- sitions reglementaires qui vous regissent. Ce n'est pas seulemenl, en effet, par leurs propres travaux que les corps litteraires et scien- tifiques se rendent reellement utiles ; c'est aussi par la noble impulsion qu'iis impriment a la science dont lis veulent hater les progres et developper les decouvertes. A ce litre , Messieurs , la Societe peut deja se flatter d'avoir cte assez heureuse pour realiser les esperanccs que son institution avalt dufaire concevoir, et pour couronner des ouvrages du plus grand interc't. Si elle a obtenu qu'un jeune voyagcur, sans autre soutien qu'un courage a loute epreuve et un devoiiment sans bornes , de- couvrit en quelque sorle une terra qui avail ete Tantique sejour de la civilisation grecque, mais qui, malgre sa position peu eloignee denous, ct malgrd sacelebrite, dtait reside presque ignoree, pres- que perdue dans I'linmense continent dont elle fail parlie, elle a aussi, en provoquant les recherclies non moins precicuses, sur la position, la direction et les hauteurs dcs diverses chaines demon- 14-2 tagncs derEurope donl elle a onlonnerinscrlion dans le Iroisi^me volume du llecueil de ses Menioires, rendu a la science un service dcs plus eminens. Un tel succcsdevait elresansdouted'un lifureux augure pour les contours suivans ; niais, laltente de la Sociele ii'a pas ele totalcnient remplie dans celul qu'olle a ouverl pour cclle annee. J)cux sujcts dc prix, Tun rclallf a \nlelerniination des directions , suii'ant lesijiielles le Jlot arrive sur les diffcrciis points de la c6te meridio- nale de la Manche , conipris enlre le cap de la Hague et le cap d'An- iifer^ efc I'aulre qui a pour but le ninellement desjleiwes et rioieresde la France, onlseuls cte Iraltes. Les deux savans rapporteurs charges de vous inslrulre du resultalde ces deux concours, vousont rendu compte de leur jugement. 0"'^"'^ ^ nous, IMessieurs , nous n'avons malheureusement que des regrets a vous faire partager. Deux sa- jets de prix n'ont pas meme ete trailes; la Commission cenlrale , du molns, n'a rct^u aucun memoire qui les concernat. ]\ous ne vous parlons point ici , Messieurs , du prix d'encoura- gement pour un voyage a Tombouctou etdans I'interieur de I'Afrique, prix extraordinaire dont le gouvernement a si genereusement con- tribue a augmenter les fonds, et dont le concours reste toujours ou- vert. Les deux sujels de prix sur lesqucls nous rappelons votrc atten- tion, et pour lesquels la Commission centrale avail cru devoir fixer un delal de deux annees, sont : \°U Exploration d'lmepartiede la Caramanie. 2° Les Recherches sur Phisfoire des divers peuples repandus dans I'O- ceanie ou les ties du Grand- Ocean , situe'es au S. E. du continent de VAsie. Quoiqu'aucunc piece relative a ces deux sujcts de prix, n'ait ^t^ envoyee a la Commission centrale, ils ctaienl neanmoins, Tun et I'autre, d'un trop grand inler^t , et Icurs resultats devaient influcr d'unc manicre Irop sensible sur les progres de la science , pour que le coniitc auquel vous avicz confie le soin de faire un rapport sur i43 reiisemblc des sujets de prix mis au concours , iie prtt pas le parti de les proroger. Considerant done que le laps de temps que Ton avail accorde aux concurrens, n'avait point etesuffisant pour traiter CCS questions avec toute la malurite necessaire , il a juge con venable de reporter le concours pour la Caramanie ^ au mois de mars de Pannee 1829, et celul pour les BccherrJies sur les peiiples de rOceanie, au memo mois de Tannec i83o. II a pense que deux annees pour Tun , et trois pour I'autre, devaient suffire aux candidatsqui n'ont point acheve leurs travaux; Trois nouveaux programmes de prix avaient ete deposes sur le bureau de la Commission centrale, le comite a dtl les examiner ; ils avaient pour but : i" V exploration de ioute la partie occidentale de VAsie mineure^jus- quau fleiwe Halys. On proposait de reunir cc projet a celui de la Ca- ramanie, pour n'en plus faire quun seul , et la meuaille dor eAt ete dun prix plus eleve. 2" L'exploration de la Syrie et de la Mesopoiamie , c'est-a-dire, des Paschalicks actuels de Damas, Hhaleb, Orfa, Diarbckir et Mossul. 3° En/in ^ celle de I'ancteime Buhylonie et de Vancienne Chaldee, Ui'ec unc carte de la partie inferieure du cours de FEuphrale el du Tigrc. Dans les deux premiers programmes , leur auteur avail cu en vue de provoquer les recherches et les voyages sclenlifiques dans loutes les parties de pays dont les rivages bornent le bassin de la Mediterranee, afin d'arrlver insensiblement a connaitre dans leur lotalite les pays limltrophes de eel immense bassin. Deja , cl c'est un resullat que Ton doit au magnlfiquc ouvrage sur TEgyple, et a M. Pacho qui, jeune encore, a acquis une veritable cclebrite, le pays est connu depuis la partie orientale de I'Egypte jusqu'au golfe de la Syrle , il eiit done ete facile au moyen de I'exploralion de I'AsIe-Mineure , et ensuUe de la partie qui serait restee a reeon- nahrc de TAsie cl de TAfrique occidentale , de completer petil-a- petit ce vaste ensemble ; on eut, en outre , en adoptant la premiere proposition , fait connaitre presqu'enllereraent un des pays les plus i44 inleressans de ranliquilo , et en s'en tenant a la seconde, coinpleld les notions recueillies par M. Rousseau , ct corrige ce qu'elles onl de defectueux. Mais , Ic coniite s'est trouve arrele par les difCcuites reelleinenl grandes que la solution de la premiere proposition pouvait presenter, etpour la seconde, par celle consideration que le travail de ivi. IVousseau reniplissail au aioins, quelqu'imparfaite- uient que ce f6t, une parlie des besoins que la science pouvail eprouver. On s'est done arrele au troisieine projet prcsenle. On a pcnse que Baghdad et Bassora etantdes lieux frequentes par le commerce , qu'ayant des fonclionnaires de toutes les nations de TEurope , et <|ue rcnfermant plus de pcrsonnes instruites qu'un grand nombre de villes de TOrient, elles pourraient devenir le centre dopera- tions geographiques donl la science recueillerait les plus precieux resultats. Et d'ailleurs , quelle contree pouvait seduire davantage sous le rapport des recherches scicntifiques, que cellos dont on propose Fexamen. Temoin des faits qui rappellenl Thistoire primi- tive , elle presente en quelque sorte , comme des litres a notre v6- neralion , les ruines de la superbe et antique Babylone, celles de Seleucie, elevee pour 6tre sa rivale, el qui fut a sou tour ecrasee par la Ctcsiphon des Parlhes; demeure des Ghaldeens, dont le nom intimement lie a Tbisloire de la science , a acquis tant de celebrite ; sejour de populations tirees de la Grcce ou de I'Asie-Mineure , et amenees captives , que de souvenirs se rattachent a cetle contree , boulcversee plus qu'aucune autre par des commotions politiqucs , dont n'ont pu la preserver, ni son ancienne gloire, ni meme la puissance descalifes. Au milieu de ces plaines, autrefois sifecondes, on ne relrouve plus que quelques debris de ces travaux immenses cnlrepris dans les temps les plus recules , et renouveles par Alexan- dre, ct depuis encore, pour Tarrosement des terres, Tassainissement du pays, sa sArete, ou bien pour faciliter la navigation. A une vege- tation abondante , riche et variee, a pu succedcr la misere , la de- population, la ruine , le sol, expose sans abri aux ardeurs d'ua so- i45 leil brAlant ct presque deserte , a pu se couvrir de ronces et d'«^pines, les sables combler dcs canaux dont on reconnait a peine les traces, la main des homines delruire encore, cornme pour Mter Ics ravages du temps, Ic pays nien doit que mieux captiver voire attention. Devenu meconnaissaLle, ne paraissaiit plus repondre aux reclts des anclens , si Ton en juge du moins par quelques-uns des rensci- gnemens que nous possedons , el dont II faut pouvoir apprecier toute rexaclilude, la peinture fidele et vraie que Ton Iracera pourra seule resouf^redes problemes sur lesquelsla science s'est jusqu'a present valnement appesantie. Et quel nioyen plus sAr d'y parvenir, que celui dune reconnaissance Iracec sur les lieuxmemes, et accom— pagnee de plans parliculiers et de descriptions propres a jeter un grand jour sur Vctat ancien de toiife Inpart'ie infcrieure da roiirs de r Eiiphrate et da Tigre, cumparee a sun etnl modernel' L'importance de cetle question a reuni, Messieurs, les suffrages de voire comile, qui s'est decide pour son adoption ; il a cru, et avec raison , que le voisinage de Bassora et de Baghdad devait offrir de grands secours pour son cntiere solution. Relalivement aux deux autres sujels de prix sur lesquels vos hono- rables commissaires, MM. le comtc Andreossy et le baron Haxo, vous ont fait entendre leursrapporls, voire coniite ne peut que re- produire leurs conclusions. II ajoutera cependant pour cclui qui concerne le nwellement des fleuves et ricieres de la France, que ce prix pour lequei la Sociele offre annuellement dix medailles d'or,? doit au terme dune decision prise par la Commission centralef- elre renouvel^e pour le conconrs de Tannee 1828, j Lorsque Tonlconsidere Tetude d'une science qui,' ainsi/]ue Ik Geographic, selie si intimement ^loutes les aulres, d'une science A si juste titre designee par TillusUe geographe du siicle d'Au- guste', comme deroulant a nos regards le tableau philosophique du monde, avec quel inter et.ne doit-on pas enyisager tout ce qui s'y rappoi;le,, tout ce qui peut concourir a reculer et a elendre les ■ '^- '''' •- ■ i ■'"■■■••-^'■•■••■■■■■•- ■ - '-•'■■ i46 limites de ses connaissances dans lous les ages :' Plus heureux que les anciens , les modernes onl pu , a Faide de leurs inslrumens et de methodes d'observallonsplussAres, arriver a des resullals, sans conlredit plus posllifs que ceux que rantiquile nous avail trans- mis. Mais combicn ii exisle encore sur notre niappeinonde, de vides a remplir, de peuples a reconnailre , de conlrees a explorer; de terres nouveiles peat elre adccouvrir, en un mot, de con- quotes a faire , meine parmi les pays anciennement connusi Sans doute que le goutde Tetude devenu plus general, que Ihabilude de mieux sentir, el par consequent de mieux juger, que le Lesoin de connaitre, qui recherche incessamment de nouveaux alimens , ont prodult, depuis un dcnii-siecle surloiit, pour le monde savant, des resullals ausqucls on etail loin de s'allendre, aussi promple- ment au moins ; sans doute que les glorieux succes oblenus par d'inlrepides exploraleurs , onl rencontre une approbation univer- selle, que chacun leur a presqu'envie les trophecs qu'ils avaient acquis aux depens de leur fortune et souvent meme aux depens de leur existence ; mais c'est a vous surlout, Messieurs, a vous que dirige un zele eclaire , a vous qui vous etes reunis pour metire en commun voire savoir et vos lumieres , qu'il appartient d'enlretenir et d'encourager celle ardeur des recherches scientifiques, qui pent il est vrai recueillir partout des fruits precieux , mais non pas trouver toujours la palnie glorieuse du triomphc. Si depuis plus de cinq annees que vous existez , Messieurs, comme Socicte lit- teraire, vous avez entr'aulres couronn^ deux ouvrages remarqua- bles, deux ouvrages d'un genre bien different, mais qui n'en sont pas moins importans par les resullals dont ils ont ele suivis, et dont la publication est tout aussi honorable pour la Societe elle-meme, que pour ceux qui ont merile ses suffrages , nous de- vons esperer que ce nouvel appel ne sera pas infruclueux , et que vous aurez encore i decerner des recompenses justement acquises. Voici, Messieurs, les conclusions de votre comite : 1° Le prIx d'encouragement pour nn Voyage dans la pnrtle vie- ^47 iidiona/e dc la Caramanie ^ contree de V Asie-Mineure (inedaille d'or de la valeur de 2,4oo fr. ), qui devait etre decerne dans la pre- miere Asscmblee generaie de 1827, sera proroge a la meme as- scmblee de Tannec 1823 ; 2° Celui relatif aux Reclierches siir I'origine des dhers peiiples re— pandits dans VOceanie ( medaille d'or de la valeur de 1,200 fr. ) , qui devait Telre egalement a la meme epoque, sera reporte a la premiere Assemblee general e de i83o ; 3° Le conille vous propose en outre d'adopter le programme sulvant (voir cl-apres , p. i58 ), d un prIx d'encouragement pour nn Voyage dans Tancienne Bahylonie ei laChaldee, pourlequel U pro- pose une medaille d'or de 2,4-oo fr. , ct qui devra etre decerne dans la premiere Assemblee generate de i83o ; 4-° Enfin on renouvellera dans le programme des prixinis au con- cours pour celte annee, I'annonce du prix relatif au nivellement des fleuves et rivieres de la France , pour lequel la Commission cenlrale a decide que dix medailles dor de 100 fr. chacune seralen^ distribuees tous les ans. Slgne Alex. Barbie du Bocage. NOUVEAUX MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIETE. M. Agas.se, Secretaire des Commandemens de Monseigneur le due de Bourbon , pour la maison du Rol. M. le comte Beugnot , MInistre d'Etat. M. Caristie , Ingenieur au Corps Royal des Fonts cl Chaus- sees. M. Cerfberr, Proprletaire. M. CoRBiER , Inspecleur divislonnaire au Corps Royal des Fonts et Chaussees. M. le corale de DlEN^'E , Commlssaire gene'ral de la navigation, M. Lama>'de , Inspecteur divislonnaire au Corps Royal des onts et Chaussees. '^ 1 48 M. Legranu, Ingenieur en chef au Corps Royal des Ponts ct Cliaussees. M. NavIER, 3Iciiibrc dc I'lnstitut, Ingenieur en chefau Corps Koyal (les Ponis el Chaussiies. M. PARaox, Ingenieur en chefau Corps Royal dos Ponts el Chaussces. M. Pattij, Ingenieur en chef au Corps Royal des Ponls el Chaussees. M. le baron RoussiN, Conlre-Aniiral, membre du Conseil d'A- miraute. Odyrages offerts a la Societe. Par M. le Conlre-Amiral Roussin : Le Pilute du Brest'/, ou Des- cription des c6tes de VAmeriijue meridionale , situees entre Vile Santa Catarina et cclle de MaranJiuo. Paris, 1827. Par M. Deuais : Essais de Geographie me/Iiodique ei comnaraiioe , 2"^ &. composeed'un cahier de texte , d'une carte de I' Europe, enquatre feuilles, cldequatre tahleaux. Par M. Vander-j\Iaelen , de Bruxelles : i5 lloraisons de son atlas unii>ersel de la Geographie physique , politit/ue , statislitpie et mine- ralogique de toutes les parties du monde. Par M. Bruguiere : Tableau comparatif de la hauteur des chutes d'eau les plus celebres , dedie a la Societe de Geographie. Par M. W ilhelin: Les Campagnesde Nero Claudius Drusus ,dans la Germanic scptentrionalc , dediees a la Societe de Geographie. ParM. Cottin : Almanach du Commerce pour tannee 1827. Par M. Ch. Baillcul : La Bibliomappe ou Lii>re-Cartes , iS*^ et 16*^ Par M. Donnet : Carte d'Espagne ei de Portugal , suivantlcsnou- velles divisions civile et politique, Paris 1823. Par M. Paltu : 1^ Analyse des motijs du projet de la derivation de la Seine. 2" Developpement des bases d'un projet de barrage dei>ersoir maritime. 1 49 3" Le/tre Ae M. Pattu a M. Pouettre, concernant les ohsermtions «lo M. Lanildardie sur les dci'doppemens d'un projet de barrage dever- soir maritime. PROGRAMME DES PRIX. , (Sixienic Annef. ) PRIX d'ENCOURAGEMI^T pour UN VOYAGE A TOMBOUCTOU ET DANS l'interieur i)E l'afrique. L'heureiise tentative des voyageurs anglais qui ont penelre , en 1823, dans TAfriquc centrale, a uirigd de nouveau Tattention de I'Europc vers i'intcrieur de ce continent, qui partage maintenant la curiosite avec les regions Polaires, le centre de I'Asie et les nou- velles terres Auslrales. II elait naturel que la Sociele 4c Geogra- phic tournAt aussi scs regards de ce cote, en indiquant, de prefe- rence, la voie deja tenlee par Mungo-Park et qui touche aux eta- blisscmens frangais du Senegal : aussi est-ce de son sein qu'est sortie la premiere pensee dune souscription pour Tencouragement d'un voyage a Tombouctou. II s'agit d'offrir une recompense au voyageur qui sera assez heureux pour surmonler tous les perils at- taches a cetfe entreprise , mais qui, en mSme temps , aura procure des lumieres certaines et des resultats positifs sur la geographic, les productions , Ic commerce de ce pays et des contrecs qui sont a Test. La France est la premiere nation de I'Europe qui ait forme des etabiissemens permaneiis'^u Senegal, et son honneur est inte- ress(^ a favoriser les voyageurs qui cherchent a penetrer dans rinterieur de TAfrique par la route la plus rapprochee de ses etabiissemens. Le succes d'une telle entreprise ne seralt pas sans fruit pour notre industrie commerciale; et, en la considerant sous le rapport des sciences , quelle in^puisable source de decouvertes ne procurerait-elle pas a I'histoire naturelle , a la physique, a la climatologie et a la geographic physique et malhemalique! Quel champ immense a defricher pour la connaissance des races humai- II i5o lies, pour I'his'.oirc i!(; la civilisation dcs peuples , pour colic sie, a consenti a ce que la donation qu'il i5i avail faile dune soiimic de mille francs^ a la seance g^nerale dii 26 novembre 1824 , pour I'cncourageinent des decouvertes geogra- phiques, re^ut la iiieme destination. Infortnee de Tobjet de ces donations , S E. M. le comte Cha- brol de Crousol a souscrit, Ic i5 decombre suivant, au nom du Minislere de la Marine, pour le mSme voyage, pour une somme de deux mille francs . Par sa Icttre en dale du 22 Janvier dernier, S. E. M. le baron de Danias a souscrit aussi, au nom du Ministere des Affaires elrangeres, pour une somme de deux mille francs ; et par une lettre en date du ig mars , S. E. M. le comte de Corbiere a egalement souscrit, au nom du Alinislere de I'lnterieur, pour une somme de 7nz7/eyfv/nc5.Plusieurs autres souscriplions sonl effecluees ou annoncees pour le meme objel. La Societe de Geographic , chargec par les donateurs de decer- ner la recompense^ et voulant prendre une part directe a Tencou- ragement d'une decouverte aussi imporlanle, a resolu d'offrir, en outre, une medaille d'or de la valeur de deux mille francs^ au voyageur qui , independamment des conditions deja enoncees , aura satisfait, ar.lanl que possible, a celles qui sonl exprimees ci- apres : La Societe demande une relation manuscrile avec une. Carte geographiquc, fondee sur des observations celestes. L'auteur s ef- forcera d'etudier le pays , sous les rapports principaux dc la geo- graphic physique. II obscrvera la nature du terrain, la profondeur des puits , leur temperature et celle des sources, lalargeur et la ra- pidite des fleuves el des rivieres, la couleur et la limpidite de leurs eaux , et les productions des pays qu'ils arrosent. II ferades obser- vations sur le climat, et il determinera en divers lieux, s'il est pos- sible, la declinaison el I'inclinaison de raiguille aimantee. II tachera d'observer les races d'animaux, et de faire quelques collec- tions d'histoire naturelle, notamment de fossiles, de coquilles et de plantes. Lorsqu'il sera arrive* Tombouctou, s'il ne peut aller plus avani, jl s'informcrjf (Ics routes qui menent a Kachnah, a'Haoussa, au Bournou ctau lac Tcliiid, k Walet, a Tischil, ct mcine a la cote de Guinee. 11 recuelllera les initineraires les plus exacts qu 11 pourra se procurer. II consullera les habilans les plus instrulls, sur la partie du cours du Dialliba qu'il ne pourra pas voir par lui-meme. En observant les peuples, il aura soin d' examiner leurs moeiirs, leurs ceremonies, leurs costumes, Icurs armes, leurs lois , leurs cultes, la maiiiere dout ils se nourrissent, leurs maladies, la cou- leur de leur peau, !a forme dc leur visage , la nature de leurs che- veux, et aussi les dlfftirens objets de leur commerce. II est a de- slrer qu'il forme des vocabulaires de leurs idiomcs , compares avec la languc frangaisc ; enfin , qu'il dessine les details de leurs habitations et qu'if leve les plans des villes partout ou il pourra le faire (i). Voyage a l'ouest du Darfour, Les pays silues entre le Darfour et Ic lac central de TAfrlque ou le lac Tchad, sont lolalement inconnus. Cette contree, qui renferme le noeud des principals difficultes que presente la Geo- graphi.e de I'Afrique centrale, doit partager, avec la region de TombouctoH, la curiosile et les recherches des voyagcurs et des geographes. Pour accelerer le moment ou ces pays cesseront d'etre etran- gers a la science , un anonyme offre une somnie de 5oo fr. pour former le noyau d'un prIx d'encouragement a fonder en faveur du voyageurqui, le premier, aura pcnetre sur les rives du Misselad, en parlantdu Darfour, delermind la source et Tembouchure dc celle (i) On souscrit pour rontoiiragcnicnl P- '^9- i53 riviere, et decrit avec exactitude les montagnes siluecs dans cet intervallc. Un prix egal sera offerl a celul qui , en parlant des rives du Mis- selad ou de la ville de Ouaro , capilalo du Bargou , sera parvenu jusqu'aulac Tchad , aura reconnu les rivieres qui coulent dans cet espace et aura procure des lumieres sur I'origine, lecours, I'im- portance, enfin la direction generate de ces rivieres, savoir : le Bahr-KouUa ( ou le GouUa ) , le Balir-Dago , le Bahr-el-Ghazal , les branches ou les affluens presumes du Schary. * On appelle particullerement I'attentlon des observateurs : i" sur le lit d'une riviere qu'on dit etre a sec, vers la cote orientale du lac Tchiid, entre Tangalla et Mabah; 2° sur le lacappcle Flltre. lis chercheront quelle est la direction et la pente des eaux dans lout cet espace, et lis donneront au molns des Iddes generales sur le relief du pays, sur la nature et I'elcvatlon relative des mon- tagnes. La Socle'te met au concours les sujets de prix suivans : PREMIER PRIX. Une medallle d'or de la valeur de 5oo francs. M. le comte Orlojf^ senaleur de I'emplre de Bussle , Membrc de la Soclete, a blen voulu faire les fonds d'un prix, pour lequel la Commission a cholsl le sujct sulvant : << Analyser les ouvrages de Geographic publics en langue russe » et qui ne sont pas encore tradults en frangais. On desire que « I'auteur s'altache de preference aux statlsllques de Gouverne- » mens les plus recentes, et qui ont pour objet les regions les » molns connues , saiir^ nearnnoins exclure aucun autre genre de » travail, et notammenl les Memoires relatlfs a la geographic russe j> du moyen age. » Ce prix sera deccrne dans la premiere Assemblce generale annuelle de 1828. 1 54 Les memoires devw>iil tUrc rcmis au bureau de la Coiinuission centrale , avant le 3i decembre 1827. DEUXIEME PRIX. PRIX u'eNCOURAGEMEtST pour UN VOYAGE DE DECUUVERTES DANS L'iNTERIEUR DE LA GUYAISE. Une Medaille d'or de la valeur de 5, 000 francs. ' Reconnaitre les parties inconnues de la (iuyanc fran^aise, de- terminer la position des sources du llcuve Maroni, ef elendro ces recherches aussi loin qu^'l sera possible, a Touest , dans la direc- tion du deuxleme parallele de latitude nord , et en suivant la ligne du partage des eaux entre les Guyanes el le Bresil. Le voyageur fixera les positions geographiques et le niveau des principaax points, d'apres des niethodes savantes, et rapporfera les elemens dune carle neuve et exacte. La Sociele desire qu'Il pulsse recuelllir des vocabulalres chez les diverses pcuplades. Le prlx sera decerne dans la premiere assemblee generalo de I'an 1829. La relation devra eire deposcc au bureau de la Commission centrale, avant le 3i decembre 1828. Independamment des sooo fr., S. Exc. le Minisire de la Ma- rine, M. le comte Chabrol dc Crousol, a bien voulu faire les fonds d'un prix supplementaire de 2,000 fr. pour le meme voyage. TROISIEME PRIX. PRIX d'eNCOURAGEMENT pour UN VOYAGE DA^S LA PARTIE MERI- DIONALEDE LA CARAMANIE , go^TREE DE l'asIE MINEURE. IJne Medaille d'or de la valeur de 2, l^oo francs. La Socletd cnlcnd par la parlie meridionalc de la Caramanie , les contr^es qui, au midi de la chaine du mont I'aucus, portaicnl autrefois les noms de Lycic , Pamphylic d Cilicle. Le capilaine It): anglais Beaufort a levc Ics coles de ce pays ; on pourra s'appuyer sur ses reconnaissances pour visiter Tintdricur. On decrira le pays en parcouranl les villes , Lourgs et villages qui pcuvent se trouvcr dans les vallees formees par lescontre-forls > Au pied de la collinc, mals en dehors du mur, il y a des puits d'une cau excellenle et dont nous bAmes , en nous servant des cruches de quelques femmes du voisinage : ces vases, tres- larges dans le fond et etroils a Touverture , ont deux fortes anses de chaque cole ; ils sont en cuivre , etames exlerieurement et in- lerieurement , et nous n'en yimes pas un seul en terre. Presque toules Ics femmes portaient des toilcs de colon bleues; les plus jeunes etaient assez jolies, et toules avaienl un teint bcaucoupplus clair que cellcs que nous avions vues jusqu'alors. » De I'endroit oii nous nous trouvions, nous apercevions ais^- ment, a noire gauche, la chaine du mont Taurus qui semblait pa- rallele a noire route , c'esl-a-dire dans une direction du nord-esi au sud-ouest. Quelques uns des sommets etaient converts de neige; et, comuic un pelit nombre d'enlre eux seulemenl bornail noire horizon, il nous fut facile de juger que nous nous Irouvions sur un niveau tres-elevc. » Pendant que nous elions arrcles aux puits d'Oklerin , un pauvre anc de noire caravane y vint boire ; il marchait encore avec facilite et sans paraflre souffrir, quoiqu'il lui manquat a cha- que jambede derriere, entre le genou et la queue , plus d'une livre de chair. Le sang callle s'elailamasse au-dessous de la blessure. II parafl quM avail ele dechire par une hycne, deux nuits auparavant, pendant que nous dtions campes a Hailan , a quelques heures d'Alep. Ce que dit Bruce des Abyssiniens , qui enlevent un mor- ceau de chair a un bo?uf vivant, recouvrent la blessure, et con - tinuent k voyager avec I'animal , m'a loujours parn difficile a croire. La cruaule du fait ne pouvait me surprendre; il esl parfaiteuienl iGfi dans le caractcrc du peuple donl on Ic raconle ; niais il me sem- blall nu'aucun animal n'etalt a momc de marcher long-temps aprcs une pareille operation. Notre zinc m'offrit une circonstance parfailenicnt seniUlahle : cY'lail un fait presque incroyable sans doule : niais, quelque extraordinaire qu'il fdt , je ne pouvais douler du femoignagc de mes yens el me refuser a rdvidcnce. » A une heure d'Okterin , nous trouvamcs un autre villase du niemc nom , qui est celui du district dont ils font partie. IcI les toils des malsons etaient plats, el ne prescritaient plus de d6uies on Lriques. » L'anecdote sulvante pent servir a donncr une idee du caractere des Turcomans. Leurs femmes, qui sent gencralcmcnt belles, ne se defigurent pas par des especes de taches bleues sur le visage ; ellcs ne portent point de voiles, comme les femmes des Arabes. La jalousie des hommes est cependant encore plus forte. M. Maseyk, negociant bollandais Ires -recommandabic sous lous les rapports, quia de- meure quarante ans a Alcp et voyage dans les contrees voisines, m'a racontele trait suivant, que j'aurais difficilcment cru, si j'avais pu douter de la veracile du narralcur. « Ueux jeunes gens de la meme Iribu s'aimaient et etaient fian- ces. Leur attachcment elait connu de leurs parens ct de leurs amis, qui avaient fixe le jour du mariage. lis se rencontrerent un soir, par hasard seuls, mais en vue de toutes les tentes, et s'arrelerent un instant pour causer. Les freres de la jeune personne s"en clant apergus , se precipilerent sur eux l£s armes a la main. Le jeune honmie prit la fuite et fut blesse d'un coup de fusil , mais son amanle re^ut cinq balles dans le corps, et fut percee de plusieurs coups d'epees par ses freres, qui abandonnerenl son rorps aux animaux carnassiers. » Le jeune homme gagna la tentc d'nn de ses amis, chef d'une autre tribu campec pres de la. II le pria de J'acc.ompagner avec quclques cavaliers, pour enlever le corps de son amanle, qu'il Irouva respirant encore. II se rendit alors aupres los froies aiix- quels il demanda pourquoi iis s'etaient conduits dune maniero aussi barbare. lis repondirent que leur sceur n'avall pas dA survivre au deshonneur qu'elle avail repandu sur la fauillle, en s'anelant sur la route avec son amant avant d'etre mariee. Le jeune hoinme dcmanda alors la permission de prendre le corps pour Tensevellr ; mals les freres , se doutant, de la verlld, direnl que si elle n'etalt pas morte, lis allalent racbover sur-!e- cbamp , et se preciplterent hors de la lenle pour effectuer leur me- nace. Alors le jeune homme fit avancer les cavaliers qui elalent venus avec lul, el mena^a de niettre a mort Ic premier qui s'op- poseralt a son dessein. II fit emporter la jeune fille , qui a force de soins revint a la vie. » Pendant tout le temps qui s'ecoula jusqu'a son entlere guerl- son, son amant, banni de la tribu, venait la voir toutes les nuils, il pleurail sur ses blessures, ct se reprocbait de n'avoir pas peri en la defendant; mais la jeune fdle le consolait : n'esl-ce pas a vous que je dois la vie, lul disait-elle; sans vous je serais morte, et si vous eusslez succombe , je n'aurais pas vecu sans vo is ; crovons que le del , qui nous a conserve I'exlstence , ne permettra pas que nous soyons separes; nous serons bientot epoux. Le del entendit les voeux des deux amans, lis furent unls , et tous deux vinrent se fixer h Alep, ou lis existent encore a la tete d'une nombreuse fa- mille. » Le passage sulvant nous rappelle les tableaux de rhisloire salnte, tout en pcignanl les mcEurs des Turcomans acfuels. « En poursuivant notre route dans la plalne, nous trouvaincs des cultlvateurs occupes a la moisson, Au lieu de couper le b!e , ils Tarrachalent comme aux jours dont nous parle la Bible. Un des moissonneurs, en apercevant lacaravane, quitta ses compagnons cl dansa devant nous , puis se tint debout sur ses mains , les pieds en I'air, et lemoigna par d'aulres signes de joie le plaisir que noire arrivee lul falsait tiprouver. 11 nous offrit ensuite un epi et une 1 68 fleur, comiiie les premlces dc ranuee; elc'elail encore un souvenir «le I'anclenne offiaude de la gerbe prcsenlec par Moise aux Israe- lites. Nous payames ce present par une poigiice de paras i), et la caravane repondit par des acclauialions a celles des nioisson- neurs. » M. Buckinhgam traversa rEuplirate a Bir, pelile ville du pa- chalick d'Orfab. A ceUe grande distance de la mer, la riviere parut cependant a noire voyageur, aussi large que la Taniise au pont de Blackfnars. Les habilans de ses rives la croient plus forte que le JSil. ]\Iais M. Buckingham considere ces deux rivieres connne ayanlune grande similitude, sous les rapports geologiques et his- toriques. Bir ou Birlha , etait jadis commc aujourdMiui, un passage tres-frequente , entre la Syrle ou Canaan, sur la rive occidentale de TEuphrate , et la Mesopotamie ou Chaldee, sur le bord oriental. On y voit des restes de fortifications, et particulierement les ruines d'un chateau, assis au sommet de la colline sur laquelle la ville est batie. De Bir, le senticr que devait suivre la caravane continuail a traverser les plaines des Turcomans , decrites avec tant d'exacli- tude par Xenophon, ainsi que I'a remarque noire voyageur. Selon lui, les Turcomans appartiennent a la race tarlare plutot qu'a la race arabe ; les moeurs de ces deux races ont toujours ete tres-distinctes ; seulement Tinfluence de la religion du pro- phete a produit un effet purement local, en les melanl ensemble. 11 senible a notre voyageur que les Juifs descendenl d'une de ces races de Tartajes ou d'Arabes. Laissant I'Euphrate, la caravane se dirigea a Test vers Orfah, capilale de la contree de ce nom. C'est, dit j\I. Buckingham , TUr desChaldeens, le lieu ou naquirent Abraham et sa femme, ainsi que plusieurs membres de leur famille , qui quitterent CHsemble cette (i) Pelite monnaie de cuivre yssinie. vills d'XJr. Sans allacher beaucoup d'importance a oe fait, nous croyons toulefois que Tidentile d'Orfah et d'Ur, comme ville, n'esl rien nioins que prouvee, parce qu'il nest pas certain qu'il y ail eu du temps d' Abraham une ville d'Ur. On sail qu'en hebrou ur si- gn ifie aussi vullee. La vie erranle et pastorale que menait ce pa- triarche ne permet pas de le loger dans ce que nous appelons une ville ; il faut le chercher sous la tente , c'esl sous la lente qu'il vliit au monde et le lieu de sa naissance dut etre designe par le nous de la contree h laquelle ce lieu apparlenait. Dans noire .opinion , Ur de Chaldee ne signifie autre chose que la vallee d'Ur, au pays de Chaldee. Quoi qu'il en soit, la tradition d' Abraham est conservee dans toute sa force dans Orfah. La mosquee est sur les bords d'un lac. ienibrod, le noni d'Alexandre- le-Grand ou celui du vieux ISembrod, conqueranl et fondateur du royaume, dont la plus anclenne ville etail Babel, sa capitale. Lorsque la Gcneseful ecrite , ce Neinbrod avail dans la Chaldee et les environs une renomniee populaire qui vit encore dans le souvenir des homines d'aujourd'bui. Apres son depart de Ninive el de jMosouI, M. Buckingham passa a Arbil (Tancieniie Arbelle). Arrive a Bagdad, il alia visiter une masse en briques , qui se trouve sur la rive occldenlale du Tigre ; elle est connuc sous le nom ^Akkerkouf, plus gencrale- ment Kesr-Nimerod , c'est-a-dire palais de Nembrod. M. Rich lui donne cent-vingt-six pieds anglais de hauteur, et evalue son volmne a mille pieds cubes; dans ce reste dune antique construction , la brique alterne avec des couches de roseaux, suivant la melbode pratiquee a Babylone. Notre voyageur croit que c'esl un d^ebris de Pyramide. l\ien ne prouvc cependant qu'il ait existe en Chal- dee des monumens de la nature des Pyramides egyptietmes. Au reste , c'est un point dont la discussion serait aussi fatigante pour nous que pour les lecteurs. De Bagdad, M. Buckingham fit aussi une excursion aux ruines, qu'on croit elre celles de Jiabel ou Babylone , dans le voisinage dc la ville moderne d'Hiltah ; ct cetlc partle de son voyage est san.i 17^ contrcdit la plus inicrcssanle. A ses propres observalions, il rdunit avec talent celles dc ses predecesseur.s , il les examine, les discute, et arrive presque toujoursa des conjectures ingenieuses. Ses pro- pres recherchesront conduit plus d'unefois a des resullals impor- tans , et pour n'cn cilcr fjuun seul , nous nous bornerons a sa decouvcrte d'un reste de la fameuse niuraillc de Babylone, decou- verte echappee a resamen de M. Rich , qui avait neglige de visiter la panic dans laquclle ce fragment a ete rcconnu. IMais c'etait peu de trouver un nouveau debris, la difficuite etait dc Tidentifier avec 1 antique muraille, et d'etablir qu'il en faisait partle ; c'est ce que M. Buckingbam nous parait avoir execute avec succes. L'cspcce de dissertation qu'il a ete forcd de composer , est nourrie d'une erudition substantielle , ct dcmonire toute Texactilude de la des- cription d'Herodote. Nous aurions desire toulcfois que M. Buc- kingbam fAt plus sobre d'erudition, il la prodigue assez souvent sans mesure, ct la mollie de son gros volume in-/|." pourrait fort bien disparaitrc sans que Taulre en souffrit nuUement. En general , les voyageurs modernes sont trop cnclins a nous donner I'histoire d'un pays a la place du rdcit pur et simple de leurs observations personnelles. C'est la pourtant ce qu on attend deux. NoiuwUes recJicrches sur le cours du Bourampoutre. Nous avions public dans le numero de juin 182G d'interessans details sur le cours supericur du Bourampoutre, que Ton croyait alors sortir du Brahma-Khound. Cette conjecture ne s'est pas ve- rifiee. II est maintenant certain que le Khound n'est pas la source de cette riviere qui vient du sud-est, et coule entre les premieres cbaines des monlagnes. Au-dela , sa marcbe n'a pas encore dte de- terminee. C'est ce qui resulle d'une reconnaissance faite par le rapitaine Bedford, du corps des ingenieurs geographes. La rela- tion qui contient ces renseignemens est int(;rcssante sous pliisieurs rapports ; nous allons en presenter les principaux resultats. La (lireclion du Bourampoutre dans V Assam elaif ignorce jusquc dans CCS derniers temps, ct le trace de son coiirs superieur est encore une nouvcaut(^. C'est pour la premiere fois (jue le Bralunn- Khound est visile par un Europeen ; ol cellc reconnaissance clablil corame un fait que le Bourampoutre n'en sort pas; on voil meme qu'il no faut pas chercher sa source dans le systeme de monlagnes ou le Khound est place. II parait qu'il vient de plus loin ; on ne pcul affirmcr, au reste, que le Brahma-Khoimd, donl il est question, soit le veritable KJiound Acs HIndous. La legende, en decrivant eel endrolt, donne un delall tres-circonslancie de differcns ro- chers et de plusieurs niontagnes qu'elle place dans les environs, et dont le rccit de noire royageur ne fail aucune mention. Nous aurions cru Irouver ici quelques niches de la deesse Kamakhya , comme celles qu'elle a dans d'autres parties de I'Assam, dont elle est la divinite tulelaire. 11 est certain que les habilans considcrent le Brahma-Khound, donl il s'agit ici, comme le Khound sacre ; mais I'Assam ayant cesse, depuis plusieurs siecles, d'etre Hindoue, les croyances et les pratiques de cette religion y sont tolalcment oublides. Ce voyage a eu pour point de depart Kondil-Mokh , et s'est prolonge le long du bras principal du Bourampoutre. Les 3 el 4. mars 1826, apres avoir traverse les ruisseaux de Belldjan, Now-DIhIng et Tenga-Pani , la riviere se montre coulant a lest de Sadlya, ce quideja elait une d^couverte, puisqu'aucune de nos carles ne Tindlque dans celle parlle. Quoique tres-large et Ires- profonde en quelques endroits, elle est generalement coupee do rochers, et s^paree en differens canaux par des ties plus ou moins ^tendues; des chutes nonibreuses el rapides interrompenl souvent soncours; ses eaux, extr^mementclaires, devlennent bourbeuses a la suite des pluies qui sont tres-frequentes pendant Ic mois de mars. Apres chaque averse, elles augmentent consldcrablement et roulent avec une impcfuosite qui rend la navigation difficile. Pendant le voyage qui nous occupe, plusieurs canols coulerent, et quelques 177 homines furent noyes. On avail chaque jour les plus grands dan- gers a courir. Le lo, on changea de direciion ; on rcnionla le Sokalo, branche qui se detache dc la rive droile dii Bourampoutre, et qui, coinme ce dernier , est renipli de rochers el d'llofs. On ne remarquait aucunmouvemenlsur ses bords; el, bien que le rivagc fAl couvert de forets, la solitude n'en elait interrompue, de temps en temps, que par la fuite de quclques quadrupedes ou de quelques oiseaux extremement rares. Le Sokalo forme, avec le Bourampoutre, uneile tres-elendue, couverle dune forct impenetrable, mals sur laquelle se trouve ce- pendant un village assez grand appele Chcta , et habile par des Mismiss, plus pacifiqucs que la Irlbu des montagnes, qui porte le ineme nom. Leur costume, leurs habitudes el leurs traits ressem- blent assez a ceuK des Mismiss de Dipung; leurs armes sent Tare, les fleches el la lance; ils portent des sacs de voyage converts en ecorce de sa(va, ressemblant a du crin de cheval. lis ne paraissent pas Ires-dellcals sur leur nourriture qui consiste principalement dans une espece de scarabee , tres-commun sur les bords de la ri- viere, et qui , se cachant sous les rochers pendant le jour, prend son vol vers le soir ; II a une odeur forte etdesagreable. Les Mismiss jellenl la tele et mangent le corps avec des legumes. Apres un penible voyage de dix-huit jours, pendant lesquels on euta passer aumoinsquaranle chutes, on reprit, le 28mars,rexa- men du Bor-Loliit ou Bourampoutre. A partir du point oil com- mence le Sokalo, au-dessus d'une chute rapide que les habitans de- clar^renl ne pouvoir ^tre remontee, la riviere n'a plus qu'une seule branche, el se dirige au nord , au milieu de la premiere chaine de collines. Le courant est rapide el considerable , et toujours obslrue par de nombreux rochers de cinquante k cent pieds ie hauteur , qui paraissent evidcmmenl avoir roule des montagnes voisines. Les rivages sont converts de forels ou Ton remarque le hutea frondosa. Get arbre, vers les regions supericures du Bouram- 178 poutrc , atlelnt cinquante a soixante picds , el scs grappes de flcurs rouges conlrastent agrealjlenienl avec les torollcs blanches el parfumecs du kolle rampant. La rive gauche est couvcrle de blocs de granll epars, et poses sur du feld-spalh en parlie decompose. On dit qu'au-dcla des montagnes, la riviere n'a plus de chutes et qu'clle coule doucement sur une pente l^gcremcnt inclinee ; on dit aussi qii'a parlir de la premiere chaine, elle vient du cole du sud-csl , longcant des collines basses , dcrrlerc lesquelles des hau- leurs plus considerables s'elevent enamphltheatre. On apergoit dans le lolntain des sommels couveris de neige. Apres avoir fait d'abord quelques tenlatlves inutiles pour se frayer un passage a la source prelendue de la riviere le Deo-Pani ou Brahma- khound (eau divine, ou puils de Brahma), et avoir essaye valnement de se rendre aux villages dont on apercevalt la fumee, on parvint enfm a communiquer avec les JMIsmiss de Dilli, village a une journee dc la rive gauche, et avec le Gaum ou Tikla, chef du village de Brahma-Kliound , avec qui on alia , le 4 avril , visiter le reservoir. 11 est sltu^ sur la rive gauche de la riviere , et formd, dun c6t^, par un rocher parallele au Jiourampoutre. Deux ou trois petils lorrens , descendant des collines , s'y jellent immd- diatemciil. Vu dune cerlaine distance , Ic rocher offre Taspect dune ruine golhlquc ; une crevasse decoupee en forme de fentltre sculptee, qui sc rencontre au milieu dc sa hauleur, ajoutc encore a I'lUusIon. Au pied du rocher estun banc de pierres. Aml-chemin de la monlee , couverte de broussailles , se trouvent une autre espece de banc, et une niche pratiquee dans une fenle; c'est la que les divots presentent leurs offrandes. Au-dessus on atteinl une plate- forme, d'oii Ton decouvre tout le Khound, la riviere, et les hauleurs des environs. 11 est Impossible de parvenir jusqu'au sommet, qui affecte les formes bizarres d'aiguilles et de creneaux golhiques; on Fappelle le Deo-liari ou scjour dc la divinile. De ce point, la descentc conduit dans une cspice de vallde, au fond dc laquellc est le Kund , long d'envlron soixante el dix picds »79 et large detreiilc, il est encore connu sous le noin de Porboi-Ka-^ tJiar^ parce que, dit la legcnde, Parassourama (i) y ouvrit avec sa hache ( kai-her) un passage ;i la riviere a travers les collines. Les offrandcs sont nombreuscs el varices; quelques-unes d'entr'elles, telles que des volailles et des vaches, semblent en opposition di- recle avec Ics prejuges et les repugnances des Hindous. Au reste, comme on sait que lout ce que mangent les prelres passe pour etre agreable a la divinite, et que lesMismiss, ici, se nourrlssent fort bien de ces sorles de vlandes , ces offrandes n'ont rien d'ex- Iraordinaire. II parait toutefois que ceux qui viennent visiter le Kiind , ne sont ni en grand nombre ni opulens. Le village de Dilli se compose dune douzaine de maisons bSties sur des pclils plateaux de trente a quaranle pieds de long. Les parties inferieurcs de i'edifice sont occupees^par les Iroupeaux. Les Misiniss se nourrissent de leur cbair, ainsi que denial's, de inarsea cl d'ignames; ils mangent aussi les scarabees, dont nous avons parle, et les font rotir apres les avoir ccrases entre deux pierres; ils cullivent lamoutarde, lepoivre, le coton et le labac; mais ils ne paraissent pas avoir de plantations de riz. On fait une liqueur alcoolique avec le marwa. Les femmes, qu'on ne renferme pas, orit des traits agreables et une laille avantageuse ; elles porient le meme costume que les As— samoises. Les hommes, en general bien lournes , monlrent des for- mes alhletiques et un assez beau leint. Le pays est assoz peuple et parseme de nombreux villages. Vingt d' entre eux reconnaissent Tautorite du Hilli-Gmtm. LeTikla de Brahma Kinul, que renccntrerent nos voyageurs, est le plus jeune de trois freres qui partagent egalemcnl les otfrandes des devots. Les chefs, comme les habifans, ne temoignerenl au- cune crainte, et se montrerent disposes a fraitcr les voyageurs de leur mieux : mais le manque de provisions ne permit pas de {\) Cesl le noni de Wishnon dans sa 8* incarnaiion. i3 160 s'arrctcr long-temps en eel cndroil, etnecessita le relour a Sadiya, Les pluies ct Ics bcouillanls qui regncrent pendant prcsque loule cette excursion , s'opposerent aus observations indisponsables pour determiner la position des lieux visites. La seule reconnue est le point dc depart de la Sokato, qui se Irouve par les 37° 5i' 21". Le thermomeire, pendant le voyage, varia de Sj a 65 dc- gres de Fahrenheit (environ 11° a i5 de Reaumur \ Mais on pent allrlbuer cctte temperature aux pluies conllnuelles accom pagnees de vents d'est et de nord-est, venus des montagnes couverles de neige. Quand le soleil se montrait, la chalcur ctait tres-fortc, et , le 3o mars , a midi , le ihenuonietre, sous la tente , etait a 102° ( 3i" de Reaumur'. Nous apprenons qu'un voyage a ete fait reccmmcnt a Test de Sadiya, par le lieutenant Wilcox, qui a remonte la branche qui porle le nom de Tlirnga-Pani ^ ou Thenga-Nadl. Aprt^s avoir passe la Mora-Tenga, Marbar ct Disavi , la riviere n'avait plus que vingt- quatre a trenle picds de largeur ; et ies troncs d'arbres qui la Ira- versenl en rendenl la navigation impossible. Ainsi que toutcs les rivieres a Test de Sadiya, celle-ci a de nombreuscs chutes, el sa rapldlte ompeche qu'elle ne franchisse ses bords, quoiquils ne soienl pas fort elevcs. Tout le terrain qu'elle parcourt est tres-fer- tile, quoique inal peuple et mal cultive. 11 y a si peu d'habilans que les chefs sinhfo sont obliges de inettrc eux-rnenies la main a la charrue. L'cxploration de la Tenga-Nadi ua point mis sur la vole de Torigine du Bourampoutre. Si Ton s'en rapporte a de nouvelles conjectures dont nous ne connaissons pas les bases, mais qui pa- raissent fondees sur des indications verbales, la riviere , des sa source, se diviseralt en deux courans : Tun se portant au nord, sous le nom de Talouka; I'autre a lest, sous celui de Ta/oi/d/iig. Le premier est le molns consideral)le., ct ses caux soul boiu- beuses ; ses rives ne sont pas peuplees. Des villages assez nombrcnv sont situdssur les deux rives de la Talouding, qui prcnd naissance 8] lOI dans une montagne du Kana-Deba. Du c6te oppose de la meme montagne, sort Tlraouadi. Elles se rencontrent en dedans des frontieres du Lama, une journee au-dela de Sitti , qui est a huit journecs de I'aYn. IVi'n est le troisieme village sur la route, du pays desMismiss a celui du Lama. Cette route, au reste, est impratica" blc pour les bagages. A Ta'in, la riviere est traversee par un pont de roseaux suspendu. Banieya, septieme station sur cette route, est une montagne tcllement esccirpee, qu on ne pent la gravir en II- gne droile qu'au moyen de cordes. Les sources des autres branches principales du Loliit ou Bou- rampoutre, aussi bien que celles du Bor-Dehing, ne sont poin* encore connues : ii n'a rien ^te public sur la derniere. II parait que les sources de la Dihoug ne sont pas Ires-eloignees du pays du Lama, puisque les Mismiss, etabiis sur les bords de celte riviere, font un commerce actif avec cette contree. Le desir de tenir nos lecteurs au courant des progres de la geo- graphic , nous a determine a extrairc ces renseignemens de la Ga- zette de Calcutta et de {'Asiatic Journal, lis sont loin de satisfaire com- pletement la critique; plusieursd'entreux sont vaguesetincomplets, et ne permettent pas encore de se faire une idee precise de I'hy- drographie de cetlepartie de I'Assam. Toutefois, la certitude que le Khound ne donne pas naissance au Bourampoulre, et que son cours se prolonge "bien au-dela de ce point, sont des fails imporlans, mals les seules decouvertes verifiees. La partie ulterleure de I'explo- ralion faitdcja entrevoirque le principal courant sera d'autant plus difficile a determiner, qu'ii parait que, des son origlne, cette ri- viere se developpe comme un reseau sur une contree dont les dif- fcrens plateaux varient beaucoup entre eux , mais dont chacun deux, pris isolcment, ne parait pas presenter un mouvemcnt trcs- considerable; ceci nous parait cxpliquer cette mullilude de bran- ches ou canaux que le Bourampoulre dessine de temps en temps, et rinlermittence de leur reunion dans le meme lit. L. R. MELANGES. Cote sepUntrtonale de Sumatra. Les details g(5ographiques suivaris , que iious empruutons k deux journaux anglais , nous nnt paru assez neufs et d'un assez grand int6ret pour etre mis sous les yeux de nos lecleurs. Depuis I'extremite d'Achem jusqu'a I'ouverturc orientale du d^troit de Banca , la cole nord de Sumatra s'itend au moins sur una ^tendue de 900 milles. Cette longue ligne est divis^e , par la nature, en trois parties. Celle qui se prolonge du detroit de Banca ii la riviere de Racan est basse ct unie ; elle est priv6e de montagnes ; elle possede de grandes rivieres , et la mer qui la horde est couverte d'iles et de bancs de sable. C'est le pays qui fournit le sagou , les rotins, le sang de dragon et le ben- join. Elle a une longueur de 5oo niilles. La seconde partic , comprenant environ 240 milles , commence 11 la riviere de Ra- can , et finit c» la pointe du Diamant. La cote y est encore basse, niais moins mar^cageuse que dans la premiere parlic. Elle n'a ni rivifcres considc^rables ni grandes iles : elle iournit le poivre noir. La troisifeme partic , qui a 1 00 milles , court de la pointe du Diamant h celle d'Achem. Ici la cole expos6c aux flols de la baie du Bengaleest h6rissti(!derochers et montagncuse. C'est pcut-etre le pays du monde qui produit Ic plus de palmiers : il fournit h I'lnde occidenlale cl h la Chine une enorme quantity de noix de betel. Toute cette cote immense est censc^e appartenir ii cinq sou- verains , savoir : ceux de Palembang, de Jambie, d'Indragerie, de Sink et d'Achem; niais il s'y trouve un grand nombro d'aulres petils chjifs qui sont r^!ellement indc^pendans. De tons i83 ces ^tats , le plus fertile et le plus populcux est celui de Palein- Lang. II y a environ 4oo ans qu'une colonie de Javanais en fit la conquete , s'y etablit , et, se mt-lant aux Malais , Ics initia aux arts et ti I'industrie de Java. Le dialecte de cette ile vint se ntieler aussi ci cclui du pays , et aujourd'hui I'idiome de la cour est presque le pur javanais. La population de Palembang doit h cette fusion avec une race plus eclair^e , les connaissances agricoles et I'attachement au sol qui la distinguent des autres tribus de Sumatra. Sous I'antoril^ de ses propres souverains , ee pays faisait une exportation considerable de riz , de tabac , de poivre , et surtout d'etain. Banca formait alors une partie de son territoire , et faisait avec les Malais , avec Siam , la Chine , I'Arabie et les nations europeennes , un commerce aussi 6tendu que le permettait la jalousie de ces dernieres entr'elles. Cette prosp^rile fut entrav«}e , mais non tolalcment arretde par le monopole sur Ic poivre et I'^tain , que les HoUandais elabli- rcnt dans le 18" siecle. Pour punir une agression de ce peuple, les Anglais attaquerent Palembang en 1812, et enlev^rent au sultan la souverainet6 de Banca. On connait I'insurrection r6- cente des peuples de Palembang contre les autorit^s hollandaises. lis ont affranchi le pays de toule domination europeenne , et tout commerce exterieur a du cesser. Jambie n'est qu'une pauvre contr^e de peu d'importance. Les principaux habitans sont Malais; mais il y a dans I'interieur du pays une caste appelee Rubu ou Rcubo, dont I'active in- dustrie s'attache a la rt^colte du benjoin , du sang de dragon , des rotins , etc. La rivifere de Jambie a quatre embouchures , dont deux sont navigables pour les petits batimens, non toute- fois sans obstacles et sans danger. La capitale actuelle, Tanah- pileh ( Terre choisie ) , est k une journ^e au-dessus du vieux Jambie, qui est ('loign^ de soixante millos de la mer. Sa popula- i84 t ion est de 4ooo ames ; on trou ve dans ce nombre cinq uanle faaiil- les arabes , uiais il n'y a ni Chinois ni indigenes dc la cole de Coromandel. Les productions du pays sont seniblables h celles des autres parlies de la cole : nous rcmarquorons seulement que ces rolins 6laient connus en France el en Anglelerie il y a un siecle, du Icmps d'Adisson, par exemple, sous Ic nom de Cannes de Jambie. 11 est h croire que ce pays d6pondait jadis de Palembang , car on rcconnait, dans I'idiorac des habi- tans , quelques mots javanais qu'on ne retrouve nuUc part ail- leurs, dans le malais pur. On voil aussi les mines d'un temple hin- dou javanais , dans I'inlerieur des lerres , h quatre journees de I'anciendtablissement. Lescompagnics des Indes anglaisoelhol- landaise avaient, au commencement du 17'' si6cle, des facto- reries h Jambie, pour en exporter le poivre et I'or. Presque tous les produils de ce pays sont actuellement porl6s h Singa- pore , ou Ton prend en relour des 6lo{les grossieres d'Europe et de Chine, ainsi que de I'opium ct du sel de Siam , qu'on transporle ensuile dans rinlerieur de Sumatra. Indragerie est une province plus petite encore et moins im- porlanle que Jambie. Le sol y est, dit-on, fertile , et fournit d'abondanles r^coltes de riz , dont on a fait, pendant les deux dernieres ann6es , de grandes exportalions h Singapore. La ri- viere esl large, mais d'une navigation difficile, ci cause d'un courantdangereux. Leshabitans, eng6n6ral, appartiennent h la race malaise; mais on trouve sur les cotes quelquos elablisse- mens de pirates de Magindanao , et specialement h Ritteh, oil ils s'etablirent il y a environ Ironte ans. Les sullans de Johore s'arrogenl aussi la possession de quelques villages ma- rilimes, tels que Gaong; ils sont moitres des grandes il(>s siluees entre la cote et la p(';ninsule. Le mot indragcrir, quisignifie, en Sanskrit, monlague d'Indra, est un des mots hindous, peu uom- i85 breux, cju'on rctrouve sur la cole septenlrionalc d- Suinalra, L<^ iiouibn; plus oil moins grand dcs mots do ccUc langue pent (itrc consid^r*^, dans rvVichipcl Indien, comme la juste luesure dii degrt^ de civilisation des habilans,et de leurs progr(;s dans les arts. On eutrouve fr^qucmnienl h Java, qui est sans contre- dit le pays le mieux cultive, comme dans les parties les plus riches de Sumatra , tandis qu'on n'en reconnait que deux ou Irois dans les langues de la peninsule malaise. L'elal de Siak est la principaute la plus eteadue dc la cote dont nous nous occupons; mais ses diverses parties ne sont pas bien li6es entr'elles. Elle s'elend inclusivement de Campar h. Dili , et est bornee au sud par le territoire d'lndragerie , k I'ouest par Menangcabao , ct au nord par Baltaks et Achem, A parlir du sud, le premier endroit de quelque importance est Campar , dont parlent les anciens 6crivains portugais. La ri- viere de Campar est grande, mais dangereuse par une subite intumescence de la mar6c h son embouchure. La ville, appelee Pulo-LaAvan, est situ6e h quaire journ^es de la mer. Ce pays fournit ii I'exportation du cafe , du sucre , de la cire , etc. Cost en ce moment un des etablisscmens malais les plus florissans du delroil de ]\lalacca. Les Anglais pr(ilendent qu'il doit cette prosp6rit<^ h leur etablissement h. Singapore, puisque aupara- vanl son nom elait h peine connu. La quantity dc caf6 qu'on cnvoie de Campar Ix Singapore, s'accroit chaque annde; elle est maintenant trfes-considerable. On en recolte dans le pays; mais la plus grande partie vient des montagnes de Menangca- bao , oil on a commence h le cultiver il y a environ douze ans. En relour , les habitans du Campar donnent h ceux de Menang- cabao du sel de Siam , du coton du Bengale , et quelques produits des manufactures chinoises, qii'ils lirent de Singapore. Aprfes Campar, les iles Rankao, Papan, Saralas ct Bancalis. 1 86 laeritent d'etre inentionuees ; elles sont hajbitties en parlie par des Malais, ct en parlie par une autre race qui n'est pas encore convertie h I'islaniisme. Rankao , lie basse ct mar^cageuse , est sans contrcdit le lieu qui produit le plus de celtc cspfece de sagou , dont on fait k Malacca ct h Singapore le sagou perl6, devenu depuis quclques annees uu grand objel d'exportalion pour I'Europe. Sa culture et sa prt^paration sont entre los mains, non des Malais, niais de la populalion qui ne professe pas rislamisme. La ville de Siak, sur la rive droilc de la plus grandc riviere de Sumatra, h soixante-cinq milles de la mer , est polite, n'a que ooo maisons, et g(^mit sous ini gouvernement dcspolique, vicieux et oppressif. Dans des lemps plus beureux, son com- merce avec Java ^taitetendu; alcjrs Ics Bugis et les Chuliahs de la cole de Coramandel exportaient, entre aulres articles, de Tor pour une valeur de lOo h i4o,ooo piastres espagnoles. L'histoire dc la populalion de tous les 6tats m»lais , est ua singulier melange dc misere et de prosperite; alternative qu'il faut attribuer a Taction d'un gouvernement absolu, ou la seule volenti du prince regnant fait la loi. Tyran , il ancanlit, en quelques annees, le commerce et I'induslrie, et plongc le pays dans I'anarobie. A-t-il des lumifcres et de la moderation, il ramene, dans un espace de temps aussi court , 1 abondance et la richesse : tant sont grandes les ressources de cette belle contree. Havre de Ko si-Chang (i). La position geograpbique du groupu d'llcs qui formentlc havre de Ko-si-Chang rend ce petit arcbipel interessant pour les marins. (l) Nous suivons I'oilhographe anglaise. 187 el particuliereinent pour les Europ^ens qui commercenl arec Siam. Bien que ces lies pr^sentent un havre vaste et commode, et qu'elles ne soienl qu'^ deux lleues au large de rembouchure de la riviere de Siam, elles sont peu connues , et i! n'y a mCme pas de cartes qui lesindiquentavecexaclitude. C'est ce qui nous engage k ollVir h nos lecteurs les renseigncmens suivans. L'archipel est situ6 par les lo" 12' de latitude Nord et 100' 55' de longitude Est f mdridien de Greenwich ) , J» environ vingt- six milles sud-est de I'embouchure de la riviere Bankok. La partie la plus voisine du continent est la cote ^lev^e de Bam- pesai , qui n'est qu'h quelques milles. Les lies , au nombre de sept ou huit 3 sont pctiles et de peu d'importance , h I'exception de deux, appelees par les Siamois, Ro-si-Cliang et Ko-cram. Ko-si-Chang, la plus grande de I'Archipel , a sept milles de long et trois de large; elle se compose de collines (^levees et couvertes, jusqu'aux bords de I'eau, d'arbres de differentes espt^ces , dont quelques-uns, tels que les Arables , fournissent un bois tri;s-propre Ji etre travaille ; mais ils n'ont pas une hau- teur suffisante pour la mature des batimens. Cetteile estinculte, a Texception d'un coin de terrain sur Icquel demeure un soli- taire chinois. Ko-cramn'est que le quart de Ro-si-Chang. II y a,h I'une de ses extrcmites, un petit village habite par des pecheurs siamois, qui cultivent une partie de Tile, dont ils ont brul^ les bois. Elle produit le mais el les vt^getaux qui croissent sur le conti- nent. Ces lies sont renommees pour leurs belles varietes de pi- geons. La plus remarquable est une espece blanche, avcc I'ex- tr6mit6 des ailes et de la queue noires. Elle est rc^pandue sur toutcs les iles du golfe , mais ne se trouve pas sur le continent. Jl y en a une autre espece k plumage brun et rouge , extreme- i88 Jiicnt rare, el deux ou Irois varictes du pelil pigeon verl. On trouve,dans la uioiiis graude de ces iles, une gi'osse raciiie qui paralt apparlenir h une espiice nouvclle de vegcitaux; elle r(;s- senible beaucoup a la discorea bulbifera ou igtiauie commune; mais elle n'a prcsquo pas de saveur, et alleint une grosseur euorme. On en a vu une qui avail dix pieds de circonference , el pesail 474 litres : les habilans s'en servenl comma remade. On la coupe en tranches minces , qu'on fait s(5clier au soleil , el on la reduit ensuitc en une pdudie d'un brun-clair, qu'on prcnd pour les fievres , les maux de tele , etc. Les crabes de terre abondenl dans quelques parlies de I'ile. Les Cochinchinoisqui visilenl Ko-si Chang, en so rendanl h Siam , onl eleve un temple sur la grande ile : c'csl un pelil Edifice blanc , place sur une eminence h la poinle du sud-esl. Les navigaleurs de celte nation y louchent regiilicienienl pour faire de I'eau el prendre du bois h bruler. Cc dernier objel , ici tr^s-abondanl , est porl6 par eux h la Cochinchinc, oil il est fort rare. L'eau provienl d'un joli ruisscau qui sort de la col- line oil Ton apercoil le temple cochinchinois : il court h la mer sur un lit de sable; ony pent remplir cent barriques par jour. Le rivage fournit de ces nids d'oiseaux si recherches par les Chinois. Us sonl de mauvaise quality , probablemcnt parce qu'on les laisse sejourner sur les rochers , d'une saison h I'au- Ire. Les bancs d'huilrcs sonl nombreux. La maree est consi- derable; le flot monle de dix pieds el roule dans loule la baie qui, form(!>e par les deux plus grandes iles , olTre un bou mouil- lage, abrile de lous les vents , exceple de celui du nord ; mais, de ce cold, les lames onl pen do violence, a cause des bas-fouds qui sonl h Tenlrec du goll'c. ■ 89 , Mines d'ttain de Johore. Quelques memLres du club de Singapore fireiU , en jiiin dernier, une excursion Ji Johore. lis decouvrirent, en remontant ia riviere , I'ancien tombeau d'un rajah nialais , construit avec de grandes pierres placees les uncs sur les autres, et formant des piles dont les intervallcs 6taient remplis de terre. Deux pierres de Irois pieds de hauteur 6taient debout h cot^ du mo- nument; elles 6taient sculpl6es avec soin et bien conserv^es et de gres dur. Les voyageurs debarquerent ensuite au village de Gongong pour visiter les mines d'^tain , jadis ex- ploil6es sous le sullanparles Chinois. La colline d'oii Ton tirait Ic min(^rai setrouve \x Goo pieds de la riviere; ellea environ 200 pieds de circonf(5rence. Le min6rai est J» douze pieds environ au-dessous de la surface : on le trouve dans un sable mel^ d'ar- glle , d'un pied d'epaisseur , et reposant sur un lit de quartz roul6 et d'argile dure et blanche. Quelques morceaux de celte argile montrent dans leur cassure des traces de fer; mais I'ex- t^rieur est toujours sans couleur. Au-dessus du mineral est une coiiche d'argile blanche , d'environ six pieds d'(5paisseur : vient ensuite, en remontant, une argile jaunatre; puis le sol, foruKj de terreau v6g6tal sur lequel on apercoit des fougeres . de grosses herbes, e- quelques fraisiers. Ilexiste une autre mine qu'on dil elre semblable h celle-ci , mais oil le minerai 6tail pen abondant. Les habitans pr^tendent qu'ils ne gagnaient que six fanams (1) par jour, en lavant le sable pour en extraire le mindrai ; mais il est h. croire qu'un travail mieux entendu pour- rait conduire 5 d6couvrir un filon plus riche. Le min(5rai a la (1) Environ i fr. 5o cent. lyo forme d'un beau sable, comme celui des plus liclies miues de fiangka. L'argile parail Irts-proprc h laire de belle poterie. Geologic de Poidonias. Le docteur Jack , qui avail accompagne sir Stamford Raffles ^ Sumatra et dans les iles voisines , a r^digd sur celle de Pou- lonias, un m6moire gdologique autjuel nous empruntons les fails suivans : Sur toutes les hauteurs de cette ile , dit I'observateur, des masses madr^poriques reposent immediatenienl sur des roches d'une autre nature, et tout dt^monlrc qu'elles y onl el6 form^es, et pon transportees. En general , clles onl eprouv6 si peu d'alleration , que le uaturalisle y distiugue aisemenl les dllT6- rentes especcs de coraux el de madrepores , doul elles sont composees. Elles apparliennent toutes aux mers adjacenles. Quelquefois , pour passer du corail recent ii celui que I'ou pent nommer fossile , quoiqu'il soil h decouverl^ il suflil de parlir du rivagc et de s'avancer dans I'interieur de I'ile. On trouve aussi, sur les collincs, de grandes coquillcs (espece de chama ) , que les indigenes delachenl et dans lesquelles ils d^- coupent les anncaux dont ils oruent leurs bras el leurs poignels. On ne pent douter que cette ile tout enti^re n'ait fail autrefois parlie du fond de la mer. Le sol de I'ile est compose de couches trcs-inclinees , rom- pues , et qui , dans quelques lieux , paraissent avoir el6 dd- plac^es. Les cotes de Sumatra nc pr^sentent nulle part de& roches madreporiques , comparables k celles de Poulonias : le mode de formation de ces deux iles n'a done pas 6t^ le meme. Le docteur Jack, loujours plus convaincu que la lerre qu'il d6crit est sortie du sein de I'Oc^an , ajoutc cette observation. ^9» C'est un ph^nomene Lien remarquable qu'une ile aussi grande, couverte de montagnes , dont quelques lines n'ont pas moins de 3,000 pieds do hauteur, ait ^prouve si peu de commotions interieures par Taction de la puissance qui I'a transport(5e h la place qu'elle occupe , que des productions marines extreme- ment fragiles sont restees intactcs. L'etat dc conservation par- faitc dans lequel nous les voyons, t^moigne que I'c^poque oil cette ile apparut au-dessus des flots, n'est pas d'une antiquity tr^s-recul^e. La ville et la vallce d'Oaxaca. Oaxaca , qui doit sa fondalion h Nuno del Mercado, Fun des compc'ignons de Cortez , et dont le veritable nom est Guajaca, qu'elle tire du grand nombre d'arbres , appeles giiages^ qui vienncnt dans les champs voisins, est situee au-delk du 17* degr6 nord ; elle est divisee en 4 quarliers princlpaux , et oc- cupe une superficie de 2274 verges de Test h I'ouest , et de 2899 du sud au nord. Le recensement de i794> plus exact que celui de i8i5, lui donne une population de 19062 habi- tans. Son ciel est pur, son sol est sec, sa tenip<^,rature douce, son climat sain; une jolie brise d'orient y rfegnc g6n(5ralement; elle possede quelques edifices remarquables, entour^s de beaux jardins. Ses principales rues sont arros6es par une eau limpide sortie des reservoixs del Carmen et Sangre de Christo , ali - mentis eux-memes par un acqu^duc construit au nord de la ville. Toutes ces eaux viennent des montagnes San- Felipe, qui s'dtendent jusqu'aux Andes. Les sites qui I'environnent sont presqu'entiferement consacr^s aux arbres h cochenille. Oaxaca s'eleve au milieu d'une valine de 17 lieues de Test Ji I'ouest , et de i4 du nord au sud. De nombreux villages, re- marquables par des souvenirs ou des beaut^s naturelles, s'y If)3 ronconlrent h de potiles distances. C'est Talixlaca, rcnomm^ pour sa forlilile ; Huayapa, Ic jardind'Oaxaca , qu'enlourcnl un bois dc citronnicrs , d'orangers, et iine mullilude d'arLres h fruits, que parfume la flour Llanche des cacaotiers , et que ra- fraichissent les eaux linipides des fontaines; Zachita , oil les rois Tzapott;ques tenaicnt Icur cour , cl dont les voyagcurs n'ont point encore examine les antiquiles; Etla^ j?,dis Looh- vanna (niarch6), dont les terres ferliles approvisionnaienl la niaison milltaire des anciens rois , et ou Ton recolla Ic premier fromcnt apporlu par les Espagnols; Azompa, oil Ton prepare la meilleure argile de la province, et qui, travaillee par des mains habiles, se transformerait en vases el^gans ; Cliilapa, qui n'offre que son ^glise gothique comme une medailie de I'ancicn monde. D'autres village;^ encore se pr6sentent aux re- gards du voyageur; et, dans cette liste, nous n'aurons garde d'oublier Ocotlan et Mitla. Ocotlan , pied de la montagne en Tzapoleque , situe h [a base de la Sierra , se prolonge avec son territoire jusqu'au sommet, d'oii le grand esprit, disaient les naturels , rendait ses oracles. Les superstitions ont disparu avec les pauvres Indiens, et la nature seule est restee inepuisable et pittoresque. Milla garde d'autres souvenirs: son nom , contrac- tion du mol Migidtlati, en mexicain, lieu dc desolation, lieu de tristesse , 6tait bicn choisi pour exprimer le caracl«;re de son site sauvage , et tellement lugubre que Ton n'y ontend presque jamais le ramage des oiseaux. Lh , rcposaient les cendres des monarqurs Tzapoltiques , et, au-dessus de I'asile de la morl, s'<5- levait un Edifice convert d'ornemens remarquables, oil le grand- pretre tenait sa cour et veiliait aux sacrifices expiatoires. Ces mines portent, dans le pays, le nom de Palais dc Mitla. On les appelle encore Leabn ou Ltiiva , sepulture, par allusion aux excavations qui se Irouvent au-dessous des niur.s charg(^s d'ara- 19^ besques. De idles constructions ne surprcndraient pas dans la mysterieuse Ej^ypte ; mais , quand on les retrouvc chez un peuple sauvage , on est frappe d'etonnement , et I'on se de- mande si la nature seule a pu guider lours architectes , ou si les traditions d'une autre civilisation ne les ont pas inspir6es. On sait que ces mines celebres ont 6l6 d^crites par Ic pere Fran Cisco Burgoa, et qu'elles ont trouv^, dans M. do Humboldt, un peintre bien autrement savant et un examinateur bien autre- ment habile. La vall6e d'Oaxaca produit un pastel meilleur que celui de Guatimala , du coton , du jalap, du liquidembar , du baume de Marie , du caracol tr^s-fni , et dont la couleur passe h. tort pour etre ind^lebile, desperles qui abondenl h Puerto Escondido, et dont la pcche n'a pas lieu faute de bateaux; de For, de I'ar- gent, du plomb , du soufre-vierge qu'on trouve dans la plage de Chacahua , du sel de Tehuantepec, du suif de la Mixteca, des peaux, du ble , du mais , du poivre de Guin^e , et cette belle cochenille , Ic veritable tresor de cette contrec , qui , dans le cours de soixante ans , de jySS h 1820, lui a valu 95,907,509 pesos , sans y coraprendre les sommes entries en contrebande par suite de I'elevation du tarif des droits. Cette immense quan- tity de numeraire, qui appartcnait en grandc partie aux In- diens^ est probablement enfouie dans la terre. Cost h la civili- sation h Ten faire sortir , en introduisant chez ces peuples notre luxe , nos besoins et nos jouissances sociales. 19/^ deuxip:me section. ACTES DE LA SOCIETE. § I". Proces -P^erbaux des Seances. Seance du 6 ami. M. Graberg de Hcniso, Consul general de Suede el do Nor- wcgc a Tripoli, adresseses rcmercimcns a la Sociele qui la ad- mis dans son sein, Sa leltre renferme , en outre, quelqucs rensei- gnemcns sur Ics \ oyages de MM. Laing rt Clapperlon. ( Voir docuniens, pag.208. ) M. Denaix appclle de nouveau rallenlion de la Socicte sur les Essais de geographic melhodique et comparative, dont il est oc- cupe , dcpuis dix ans , a reunir les noinbreux materiaux; il pense que , d apres le but dc son institution el par linfluencc quelle exerce , la Sociele peut encourager ses lenlalivcs pour les progres de I'enseignement. La Commission centrale decide, conformcment a I'usage, qu'elle ne peut porter de jugcment sur les ouvrages de ses membres ; mais voulant concourir aux vucs eslimables dont Tauteur est anime pour les progres de la science, elle a charge I'un de ses membres de lui fairc un rapport verbal sur cet interessant travail. Un anonyme reclame I'appui de la Society en faveur de la fa- mille de M. Malte-lirun ; il desire qu'ellesollicite, pour les enfans de ce savant geographe, deux bourses dans un des colleges de Paris, et qu'ellc procure une pension a sa veuve. II offre , si sa propo- sition est accucillie , de souscrire pour une somme de trois cents francs. La Commission arr^te qu'ayant fail , a ce sujot , les demarches n^cessaires aupres de S. Exc. le Minislre de ITnterieur, elle en attendra le resultat avant de s'occuper de la proposition qui lui est soumise. ig5 M. Jomard annonce que le bureau s'est pr^sent^ le 3o mars , a Taudlence de JVI. le comle Cliabrol de Crouzol, Ministre de la Marine et des Colonies , pour lul faire part de sa nomination k !a place de Prcsidenl de la Sociele. S. Exc. a repondu quelle accep- lait avec plaisir les fonclions qui lui sont confiees , et qu'elle tenait a honneur de presider une association estimable, creee dans des vues d'ulllite generale. Le Ministre a promis de seconder la So- ciele pour tout ce qui regarde la navigation el le commerce mari- time, et en general dans lous ses rapports avec le departement de la IVIarine. 11 a cigalement promis son assistance parliculiere pour les relations que la Societe se propose d'entretenir avec les colo- nies, et de recommander ses travaux a MM. les Ministres de I In- terieur et des Affaires Elrangeres. La Commission cenlrale apprend avec douleur la mort de lun de ses membres les plus zeles, M. le Colonel Jacotin , chef de la section topographique du depot de la Guerre. M. Jomard rap- pelle, avec une vive emotion, quelques uns des titresde ce savant laboricus ct mcdeste a Teslime de ses coUegues ; M. le Secretaire general paiera un tribut a sa memoire dans la Notice annuelle des travaux de la Societe. La Commission centrale charge une deputation de porter k la veuve Texpression bien sincere de ses regrets. EUe nomme en meme temps M. le chevalier Bonne , a la place vacante dans le sein de la Commission speciale pour la carte hy- drographique et le nivellement general de la France. M. Jomard communique de nouveaux renseignemens sur Ic voyage du major Laing en Afrique (foir Bulletin N ' 4-7, pag- 128). M. Dezoz de la Requeue lit une Note sur Tile d'lIaV-nan , et sur les travaux geographiqucs des anciens missionnaires fran^ais en Chine. Apres diverses observations , cette Note est renvoyee aii Directeur du Bulletin, pour s' entendre avec lui sur les rctranche- mens que doit subir la partie polemique. igG Seance ril 182 J. S. Ex. le Minislre de la Guerre ^crit a la Socicte qu'elle la re- mercie de renvoi du recucil de ses inemoires, et quelle s'empresse de joindre son suffrage a ceux qu'ont deja oblcnus son louable but et ses utiles travaux. M. Becqucy remcrcie aussi la Societe pour le litre de President fiorioraire qu elle vient de lui conferer ; il se felicite d'apparlenir k une association dont les travaux el les vues s'appliquent a des objets si utiles ; il continuera de seconder ses efforts qui sont ap- precics de plus en plus, et qui dolvent avoir une si heureuse in- fluence. M, le baron de Capellen, ancien gouverneur des Indes-Orien- tales, est admis dans la Societe. Sur la proposition de M. Brud, la Commission centrale charge son president de lui ecrire pour lui demander communication des nombreux renscignemens geo- grapbiques qu'Il a recueillis, pendant un sejour de 10 ans, sur piu- sieurs lies de Tarchipel d'AsIe, et particulierement sur les coles et sur diverses parties de I'lntcrieur de Borneo. M. Barbie du Bocage communique lextrait d'uue letlre de M. Jorelle, chancelier du vice-consulat de France a Lattaquie, contenant un itineraire de cetle ville a celle d'AJep. (Voir docu- mens, pag. 209.) M. Jomard appelle I'attention de la Societe sur un m^moirede M. Morin, ingenieur des Ponts-el-Chaussees\ relatif a une cor- respondance a elablir pour Tavancement de la meteorologie : cette entreprisc lui parait liee a la geograpbie sous le rapport des obser- vations baromelrlqucs qu'il imporle tant de mulliplier ; il pense que la Socidt($ doit encourager le zele et les vues estimables qui dirigent Tauteur. M. Cadet de Melz est invito k faire un rapport verbal sur eel inleressant projet. M. Alex. Barbie du Bocage fait un rapport sur le grand Alias '97 americain dont Tauteur , M. Tanner, a fait hommage a la Soci^le. (Voir docuniens, pag. 223.) Le mcme membre est invite a faire un rapport sur la relation du voyage de M. Pacho, dans la Marmarique et la Cyrenaique , dont la premiere partie est offerte k la Sociele par Fauleur. La Commission centrale repartit dans ses diverses sections les quatre nouveaux memLrcs elus dans la seance generale du aS mars , savoir : Section de Correspondance. MM. Jullien et Sueur Merlin. Section de Puhlication. MM. Denaix et Duperrey. Seance du/t. niai 1827. M. le comte de Villeneuve ecrit a la Socidte pour lui offrir le iroisiemc volume de la Slatislique dcs I>ouclies-du-Rli6ne , dont le Conseil g(^neral a decide, sur sa proposition , qu'il lui serait fait hommage. M. le comte de Balbe , au nom de lAcademie royale des scien- ces de Turin , remercie la Soci^te de Tenvoi du tome II du Re- cueil de ses Memoires , et il Tinforme que , par decision de cette academic , il lui sera adresse un exenipiaire de ses actes , comme un temoignage de la haute estime que lui inspirent les rechcrches el les interessans travaux de la Sociele. Plusieurs Polonais, residans a Paris , pleins de reconnaissance pour le savant professeur , M. Lelewel , de Varsovie, dont ils furent leseleves, et jaloux d'ajouter de nouveaux litres a ceux qu'Il possede deja, ecrivenl a la Sociele pour la prier de radmeltre dans son sein. lis jolgnenl a l<^ur demaiule une Notice biogra- phique des ouvrages dont ce savant est Tauleur. M. Joniard enlrelient TAssemblee de la nouvelle relative a la fin tragique du major Laing , annonc^e dans les journaux. II de- duit les motifs qui font douter de Texactitude de cetle nouvelle. (Voir documens, page 2o3. ) r^i. Warden sourael quelques observations relatives au rapport de iNl. Alex. BarLi(^ du Bocage , sur le Kew-American Atlas ^ offerl fondd. >» 8 Mai. P.iS. Une lettre de Londres, du 5 mai, annonce que des mar chands maures ont annonce a M. ^Vanington que le major Laing et le capilaine Clapperton elaient reunis a Tombouclou. Noui>elles de I' Expedition du capilaine Fruncklin. On a re9u des nouvelles du capilaine Beechey , qui commande le Blossom; il est revcnu du detroit de IJehring passer I'hiver a San Francesco , en Californie , sans avoir vu le capilaine Franc- klin ; il I'avait allendu aussi long-lcmps que la saison lui avail permis de rester. 11 se propose d'y retourner Tele prochain , pour faire la recherche du capilaine Francklin. On |)eut compter sur cetle nouvelle « rien n'egale les travaux sclentlfiques et litteralres des mission- » nalres catholiques et notamment des religieux fran^als, aux soins » desquels on doit, pour ne citer que ce qui concerne la geogra- » phie , le vaste et important recuell de cartes qui a ete publie par » Danville, etc. , » et il nous a assure que ces carles sonl encore les seules bonnes publlees en Europe, et que les anciennes cartes chlnolses , revues par des missionnaires, peuvent seules servir de base a un travail plus parfait que celui de Danville. Le second prouve encore mieux peut-etre Testlme que lui Jnsplrent les travaux des missionnaires jesuitcs , sur la geographic de la Chine , puisqu'il va publier la belle carte de reraplrc chi- nols , drcssee par le pere Hallerslein , qu'Il consldere, ainsi que M. Abel-l\cmusat , comme ce qui a paru de plus exact sur ce pays , du moins en ce qui concerne les possessions chinoises de la Tartaric occidentaie. 2l4. Aprcs avoir d^clame centre Ic pere Duhalde, Grosier, elc. , I'a- iionynie anglais allaque les Chinois en masse et les declare le peuple le nioins rcligieux el Ic plus immoral de la terre. 11 faiulrait d'aLord savoir ce qu'il entend par irreligieux. Veut-il dire que les Chinois n'ont pas de culte, ou qu'ils ne praliqueni pas celui qu'ils ont ? veut-il dire qu'ils n'ont aucunecroyance, ou qu'ils ne conforment pas leurs oeuvres a leur croyance ? Cela malheurcuse- nientne leur serait pas parliculier, et on pourrait, ce nous semble, faire le mcme reproche a beaucoup de peuples qui n'habitent pas I'Asie.Ce qui parait certain, c!est que les sectateurs de Fo et de Lao- Tseu, qui composenl la presque lolalite de la nation chinoise, sem- blent avoir une grande foi dans les principes de leur religion; quiis en observenttres-esactemont le culte ; et qu'ils sont Ires-genereux envers leurs prcLrcs , Jesquels sont prodigieusemenl nombreux et ne vivent que de charites ou du revenu des fondations failes par les sectateurs de leur culte. M. Abel-Remusat , I'un des savans qui connaissent le mieux la Chine , quoiqu'Il n'y ait jamais penetre , ne partage pas les opinions de I'anonyme, sur I'immoralite pretendue des Chinois , lorsqu'il dit : "La nation chinoise est polie, palslble et laboricuse, et I'on peut dire qu'apres celles de TEurope , il n'en est aucune qui ait fait d'aussi grands progres dans la haute civilisation. Depuis la plus haute antlquite, le savoir a loujours ete fonde sur des institutions calculees d'apres Tinteret general. Libre de ce despolisnie mililaire que le musulmanisme a elabli dans le reste de I'Asie, ignorant I'odieuse division des castes, qui forme la base de la civilisation indienne , la Chine offre^ al'extrcmile de Vancien continent, iin spec- tacle propre ii consoler des scenes de violence et de degradation qui frappetit les yeux partout ailleurs. La jiiete Jiliale y est surtout en hon- i near; le respect pour les parens est comine transjorme en culte etse pro- i longe , par feffet de dioerses ceremonies , Ijien au-dela de leur vie. La j veneration mime et I'obeissanr.e gu'on doit an soru>erain et aux ma- ( 3l5 gistrats , sont adoucies par une sorte de sentiment filial < On peut elre jesuile et n'avoir pas toujours le sens commun. « Mais la plupart des reproches que Tanonyme fait a I'abbe Grosier ne sont pas fondes, et souvent il denature le sens de eel auleur pour les rendre plausibles. il avance, par exemple , que I'abbe Grosier a seulement dit, en parlant de la capitale de Tile d'Hai-nan , « qu'elle etait situee sur un promontoire (i), sans daigner apprendre sur quel promontoire d'une cote qui a 48o niilles d'etendue , » tandis que le texte de la description criti- quee porte que « Kion-Tcheou , capitale de Tile d'Hai-nan, est situee sur un grand promontoire , dans la partie septentrionale ; que son port est forme par la riviere de Li-Mou ; et enfm qu'elle est au 20" 2' 26" de latitude , et au 6" 4-o' 20' de longitude occidentale. » Peut- on mieux indiquer la situation d'une ville ; et I'anonyme ne montre-t-il pas une mauvaisc foi excessive ? (l) II est evident que I'aiiteiir anglais n'a connu que I'ancienne eclllion de Touvrage dc I'abbe Grosier, publice a Paris en 1785, in 4"- On y lit en effet a la page 80 : « Kiun Tcheou, sa capitale (dc I'ile de Hai-Nan), est silue sur wn promontoire ; et les valsseaux viennent mouiller jusqu'au pied des murs. KL. aaa II n'en montre pas moins quand il cile un court passage sur I'his- toire naturelle d"Hai-nan, en ajoulantque c'est lout ce que Gro- sier nous apprend d'interessanl a cet egard. Celte citation est faile avecmalveillance, puisquele texte de Touvrage de i'ahhe Grosier, ainsi que Ta fort bien observe I'edileur de I' Asiatic Journal, ren- ferme un grand nonibre de details instrucllfs sur I'hisloirc naturelle, el qui n'offrent rien de ridicule conime le passage tronqiic que I'a- nonynie nous donne couime un cchanlillon du savoir du religieux fran^ais. Quant a Duhalde , il a puisd aux bonnes sources avec un esprit judicieux ; et son ouvrage , malgrd sa dale dcja reculee , peut en- core elre lu avec fruit. Nous dirons, en terminanl, que les auleurs du grand ouvrage slalislique sur la Chine, dont Tanonyme nous annonce la prochaine publication, ne parlageront pas sans doule ses injustcs preventions, ct que, s'ils out le desir de bien faire , ils consul leront la description de la Chine du perc Duhalde el les ecrils de ses savans collaborateurs sur cet empire; ils feront aussi usage des belles cartes qu'on doit a ces derniers, et leur ouvrage ne pourra qu'y gagncr sous tous les rapports. NOMS CHINOIS des villes de I'lle de Hal-nan , d'apres le Kouang-toung-tchi, Kiong-tcheou-fon . Kiong-chan .... Tching-maif. , . . Ting-ngan . . Wen-tchang. . Hoei'-toung. . , Lo-hoei' Lin-kao Tan-tcheon. . . Tchang-hoa. . . Wan-tcheou.. . LONGIT^NS I de Ivioung-lcheou de ces viliqe de Hai-nan. le niL'mc I latUii inng. dePe lat. . long. lat.^ lone. lal.f long, lat.. long lal . Ions. la,.. , Ion/;.. lal.. . Ion;;. . lat.? . lone.. la,.. . long. . lat.. . lone . le. itegri/hlia J , dont les occicseau ; ils resseuiblent a tingt ont un parCum extra- i sent ceux de I'avron- . I, branche des khioung, • Is de la tner, .i Wen- •jue .i Thoun^-po, avec . ressemble h la pivoine, • eKaki. • violette. • irbre n'a qu'un ou deux • bre et de couleur rouge. • roit a chen-tclieou , et •t; les gens du pays le- • inte pour avoir des pro- • faiic. He de Hai-nan. NOMS CHINOIS des villes He Tile de Hai-nan, d'aprfe^; Ic Kouang-toung-tchi. LONGITUDE (i) ET LATITUDE. de ces villes, d'apres le niLTne onviace. POPULATION (2; de ce? viUcs , d'apres le denom- brement le plus recent, fait dms la 2jeannte Kia- PRODUCTIONS particuliires au dL-partement de Kioung-lcheou qui comprend toute Pile do H;ii-nan. Kiong-tcbeou-foii,. Kiong-chan Tcliing-maV Ting-ngan Wen-tcliang. . . . . lloei-ioung Lo-hoei . Lln-kao Tan-tchron Tchang-boa 'Wan-tclieou Ling-clioui Yai-tchpou •^■^"-ng^n Lo-iing tclicoii . . Toung-ngan Si-ninp Tlioii-yao-tlrig. . . Lian-iclieon. . . . L.timde !•>, ng.c dePckine, la.. . . r. lone. , . lat.^ . . . Io[ie. . , la,.f . . . long.. . . lat loiiE . . lal^. .. &;:: !:;:^ ; : : lung-. . . lat long.. . . lav :ld. lat.. long, lat. . lone, la... long, lal.. long. 6 4„ 20 6 U 40 an nil li 5o ■fl 45 h 40 ":i 37 0 f2 ") ■J.O 6 2!) ■1 10 li So '9 5o 7 10 I'l ib 3., ■0 16 8 7 io3,o5gliabitans. Oi , argent , craille Jloiinng-ya ng-mou ( BreslI), ct Phn-in-my vcrnis dc tnei' qui res^ Phv-lo-int ( nvlocarpus uttegrifvUa J , dont les fruits sont gros conime iin boisseau ; ils resseuiblont a du niiel quand on les coupe , et ont un parfom extra- ordinaire. Cocoticrs. Les plus cslimessont ceux de I'aiTon- rlissemcnl de Wen-icbang. Aveca catechu. Santal, storax-khioung-tchi, branche des khiouDg, que Ton recueille sur les bords de la mer , a Wcn- tchang, Lo-boei , etc. Nates faitcs d'un rotin rouge. f'ernis dc mer; on le fabiiquc a Thounij-po , avec Ic sue d'lme sorte dc fleur qui re^semble a la pivoine, il pcut rcmplacer Ic vernls de Kaki. Kf/etie, liiis de rose ou dc vinleifc. Bois dejcrk flcurs , doni I'arbre n^a qu'un ou deux i?ds , des feilllcs en petit nonibrc et de conleur rouge. 7/". Li maison des je^uiiei frm^ais se^trm So" 54' 4'^" 1 *■■'■ P*"^ laid, avec un meillcur quart de cercle , par Sg^ 55' l5 ". L de Paris , pour I'annee 1826, donne a Peking la latitude de Sg" 34' 4 '• C^) La lon-itude de iiG"22' i5" (de Greenwich), 114" 2' ( de Paris), que j'ai cholsie, est celle qu'on irouve genera- Icmem adoptee dans les cartes anglaises. Elle parait etre assei exacte, corapar.-e avec cellu de remboucliure du Peho . •— /.',i/i*i(mirecile place Peking par 116" 27' 45" de lon;;itu" 22: Rapport sur le New-American Atlas , coniaining maps of the severals states of the North-American Union , projected and draivn on a uni forme scale from documens found in the public offices of the united states, and state gouvemement ^ etc. , par Henry S* Tanner (i). Ce n'est pas une (ache facile que cclle de porter un jugement sur une carle geographique, et de determiner au juslc le degre de confiance qu'elle m^ritc. II faut en effet, pour la remplir, des connaissances positives sur les divers points du pays que celle carle rc-prescnte , et de plus la tradition de lout ce qui a pu elre fait avant la publicallon soumise ainsi a la critique. Quel que soil ce pays, pouvons-nous nous flatter d'etre toujoursassez heurcux pour en bien connaitre toutes les parlies, et si cetle carte embrasse le globe enlier ou bien Tune de ses grandes divisions, coinbien alors notre embarras s'accroit ! C'est, Messieurs, ce que j'eprouvcrais ici surtout, si M. Tanner navait eu le soin de faire prec^der son Atlas dun Memoire geographique , ou plulol d'une Analyse dans laquelle il expose Telat des niateriaux qu'il a mis en oeuvrc pour sa construction. En agissant ainsi, M. Tanner s'est montre imbu de ce principe rarement meconnu des bons auteurs, et qu'a si bien presente en peu de mots le geographe d'Anacharsis, dans la sa- vanle analyse quil a lui-meme donnee des carles de son Alias, « qu'en geographic, lorsqu'une carle est copiee ou reduite d'a- » pres une autre , il faut avoir la bonne fol de Tavouer ; quand » elle differe essenliellemenl de toutes les carles connues, il faut » en (ionner une analyse critique (2). » Cette marche ne peut pro- dulre que des resultats heureux , en nous aidant a discerner de suite - (1) Philadelplile, 1823, gr;ind in-f". (2) J.-B. Barbie du Bocage. Analyse crillquc t'.es carles pniir le voyage du jetinc Anactiarsis. ' le vrai du faux, le certain de rincerlain , en nous apprenant a ne donncr noire confiance qu a ce qui la merite reellerncnt. L'a- dopter, c'est dcgagcr la science de ces copies de cartes mllle et mille fois rccopiecs clles-memes et toujours allcrees , dont le nomLre, sans cesse croissant , nous inonde, et ne pout que lui imposer des enlravcs en faisant nieme suspeclcr la fidelilc d'une elude dont la verile et rexactilude fornient essentiellement le caraclere. Avant de passer a I'exaraen delaille de I'Allas de M. Tanner , felicitons-Ie done d' avoir eu la bonne foi de nous meltre a memc de connailre son ouvrage, en nous cilant les autorites sur lesquelles il s'est appuye. Quant a nous, si nous nous monlronsscvcres dans le jugement que nous portons sur quelques unes de scs parties, c'est toujours en prcnant cclle bonne foi pour guide. Comme Tindique son titrc, cet Atlas, compose de 22 cartes, est parliculierement consacrc aux divers pays de TAmerique, et surtout de TAmerique dti jSord. Mais son auleur n'a cependant pas voulu se renfermer dans ces seules contrees ; il a cru devoir , dans le but J'offrir un aper9U de gcograpble universelle, ajoutcr aux cartes gencrales et speciales de cette parlie du monde , celles des autres grandes divisions du globe. Cet Atlas offre done deux parties distincles : 1° la carle gene- rale des deux Hemispheres ^ el celles de l' Europe, de P/lsie, de fA- frique el des deux ylmeriques , ces deux dernieres reunies sur la meine feuille ; et 2° les cartes generates separees des deux Ameriques, et en parliculier celles du tenitolre de chacun des Hats de VUnion. Si nous insislons sur cette distinction , ce n'est pas sans motifs. 11 n'est en cffel que trop facile de s'apercevoir au premier coup-d\jeil que placecs en Iclc de Touvrage, comme pour rempbr uniquemenl le cadre que Tauteur s'elalt trace , les carles com- prises dans la premiere division, et la carte generale des Ameriqucs elle-meme , n'ont point ele failes avcc le meme soin que celles qui les suivent. Et si, comme il le dit dans son memoire geogra- 22^ phique , M. Tanner s'est bas6 dans leur redaction sur les autorites reconnues les raeilleures en Europe ( the most approved European authorities) , il s'est etrangement mepris en adoptant ainsi de con- fiance et sans discussion dcs maloriaux si prodigleusement errones. Nous ne fatigucrons point votre attenlion, Messieurs, en rela- lanl ici toutes les erreurs, toutes les inexactitudes , toutes les omis- sions de choses cssentielles qui vicicnt les cartes de M. Tanner, et les rendent meme tout-i-fait indignes du reste de TAllas. L'au- teur lui-meme parait si peu s'elre dissimule ces graves dcfauls , que dans son memoire geographique , il ne dit a leur sujcl rien auire chose que ce que nous venons de vous exposer , et qu'il a voulu en quelque sorte echapper a la responsaLilile de les avoir produiles , puisqu'il n'a pas couvert de son nom les cartes qui en sont entachees. La seconde partie de cet Atlas est done en definitive celle sur laquelle doit surtout porter notre examen. Cette seconde partie se compose des deux cartes generales de VAmerique du Sud el de T Amerique du Nord , et des cartes detaillees du ierritoire des Elals- Unis. Ici Ton s'apergoit aisement d\ine amelioration sensible ; deja la carle de V Amerique mcridionale ^ quoiqu'inferlcure a celles qui la suivent, est cependant preferable a celles qui la precedent. Les travaux de John Gary, d'Arrowsmilh, corriges par La Cruz, la carte de Pazo , les rapporls des envoyes des Etals-Unis, MM. Bland, Hodney et Poinsett, dans I'Amerique du Sud, Touvrage de M. Brakenbridge sur cette parlie du Nouveau-Monde, et enfin , la constitution et les actes de la republique de Colombie sont les bases sur lesquelles Tauleur s'est appuye dans la construction de celte carte, qui porte le mlllesime de iSaS. Mais, ce qui doit nous etonner, c'est que I'auteur ait cite a Tappui de ce travail des autorites dont quelques unes ontpeut-etre le defaut d' avoir un peu vieilli, el qu'il n'a mentionne, ni les tra- vaux de i\L de Humboldt, ni ceux des navigaleurs espagnols qui ont cependant fait do nnmbreuses observations ; il n'a pas cite non 226 plus quelques autres geographes dont les ouvrages sont cependant antdrieurs h sa publication. Et, k cet egard , nous devons dire que la carle de rAnierique meridlonale de M. Tanner offre, sous lous les rapports, de grandes differences avec celles que les amis des sciences geograpliiques doivent a Tun de nos confreres, M. Brud. Les vrais docuniens sur TAmerique parviendraient-ils plus lardive- ment aux Ainericains qu'aux Kuropeens? Bien des raisons peu- vent , jusques a un certain point, nous le faire croire, mais que penser de la citation faite par M. Tanner, des docuinens et rap- ports de M. Poinsett, sur les divisoins territoriales, lorsque dans ses Notes oil Mexico, publiees en 1825, M. Poinsett se monlre, d'apres un acte du gouverncment de 1822, en contradiction avec le geographe. Celui-ci , par exemple, place lapioi'i'nce de J eragua, qu'il ne comprend nienie pas dans sa carle, et une partie de cel/e de Panama, non-seulement en dehors de TAmerique du sud, mais encore en dehors de la Colonibie, tandis que celui la porte les li- mites dc Tetal de Gualimala a la frontiere occidenlale de cette province, quil laisse, avec la totalite de Fisthmc de Panama, dans la republique actuelle de Coiombie. Dans sa carte qui m'a paru faile avec le soin qu'en general il apporte dans ses Iravaux, I'auleur fran^ais s est conforme aux actes quinvoque JM. Tanner. Cetle difference n'est au resle pas la seule. Ainsi , sans parier de cclle qui existe dans la largeiirde t Ameiic^ue , de Panama alapotnte de Burimu, vers Tembouchure de TOrcnoque, largeur que M. Tan- ner parait raccourcir de 6 licues de 28 au dcgre, je cilerai non point les cotes de Bresil, dont le releve , par des marlns fran^ais, a dii etre ignore de Tauteur amcricain el connu de I'auteur frangais , mais bien les cotes du nord el de Toccldent, donl la configuration est dans beaucoup de parties tres-sensiblenient differente du Iracd des cartes de M. IJrud, meme de celles de i'62.?>.\S isthme de Panama, les /touches de la Magdeleine , le grand lac Maracdiho , Venfonce- ment de i otto Cabello , la large bate oui>erte au sud de Vile Tortuga , ne se rcssemblent assurement pas , et nous avouons que , quoique ic geographe fran^ais iie nous ait point dit encore quelles etaient les autorites sur lesquellcs il s'ctalt base, nous somnies portes a lui accorder ici plus de confiance qu'au geographe americain. C'cst une justice d'ailleurs que de meilleurs juges que nous ne pouvoris Tetre out deja reudue a plusieur^ de scs utiles travaux. L'inlcrieur de la carte de M. Tanner offre, avec celle de M. de Brue , de non moins graves dissemblances , qu'il est facile de sentir a la seule vue des carles de Tun et de I'autre auteur, et de la comparaison que Ton peut en faire sousle rapport de la configuration des terres, comnie sous celui de la position de quelques lieux ou du trace des limitcs terriloriales. En general , ainsl que nous Tavons deja dit , quoique cette carte porle le millesime de 1825 , elle nous parait au-dessous des connaissances acquises depuis sa publication , et npus ne saurions trop engager M. Tanner a y faire les changcmens que reclament iinperieusement et les notions nouvelles et les cir- coqstances. Ces changemens ne peuvent d'alUeurs que donner plus d ensemble a celle parlie de son ouvrage, et la niettre plus en har- monie avec celle qui concerne I'Anjerique du nord. Nous arrivons a cette division du Nouveau- Monde , celle a laquelle M. Tanner a consacre la plus grande partie de son meuioire geographique , aussi bicn que donne la pins grande eten- due dans ses cartes ; celle qui a ele le but principal de son grand travail , et a laquelle nous ne pouvons qu'applaudir , malgre les inipeifections que nous avons pu remarquer dans la carte gene- rale. M. Tanner s'occupe d'abord , dans son memoire geographi- que, d'expliquer les motifs qui lui ont fait adopter pour premier meridien celui qui passe par le Capltole a Washington, et la me- ihode qu'il a suivie dans la construction de sa carte , c'est-a-dire la projection : methode qui n'esl autre que celle adoptee par Ar- lowsmiih , dans sa carte generale du monde , et donl il rehausse ies avanlages dans la redaction dune carle aussi t^tendue que celle I'Ameriqiic dcpiiis Ic detioit dc Haffin jus(|u\n la Floiide. '23 o jourd'hui a la cote la meine en coiifiguralion que cellc qu'il Inl al- Iribue d'apres les carles anterlcures a la siennc. La cole 3i appeler Colombia. Us dresserent une carte de leur route , niais les resultals furent, jusqu'a un certain point, confredits paries observations faites posterieurejtient par le lieutenant Graham, observations que M. Tanner a adoptees de preference aux leurs , dans la possibilite ou il s'est alors lrouv6, dit-il, de concilier les distances qui, sans cela, auraicnt cause le plus grand embarras. C'est ainsi , par exemple , qu il juslifie la position des pays voisins desMonts-Oregon, quilaplacds3 dcgres plus a Tost qa'on ne I'a- vait fait, et qu'Il donne un accroissement proportionnel dc largeur- a la riviere Colombia, aussi bien'qu'a s I 3 ■r .= -T3 ~ = «, -0 „ 0 ^ T5 .^ ^ s -s .^ 2 " .1 -0 S= :: s =2 & g 5 ftj ,(0 CO _^ .2 u 0 ■1 «: : -s s a. g 0 c °- u ^ 3 a, « S a ,^ n3 T< t2 2 = 5 ti 234- / / 4 's o C c _■_- o o o c = o r^ « o :/: rf. •-'■. Q o l- !-3 ^3 « ■-' < ^ -O o O o o n 0 l.*^ o ct &> o l^ C " o oi w> »A »r) (Tl ^ •^ <3- ^a- ^T = ■ / -^ 'o o O o O a o H £ o o o o o o •* <--l o « o o *^ ., 5 '1 "^r ^^ fO « ^ ^-S ci = o t^ ^ tr ^•r 2 = u - 1 *" " " .J o 'o o o o - 2" 3 o o o o o rn O O 3 d^ U "c-> CO Ct r^ u b '- Jj o en o " \ ^^ -CT v3- •<■ ■-S" ■rl / I / -r '^o O O o o o u 3 o o o o o :^ S B. •• CC ro -,^ ti/ C •^ ^:t- o c =: - o CO CC ^ o ■<^ •i ^ X <— •t: « c^ .- J < 3 : a ^ 'o o c o - ^ - S "^ o c 0 o o , "o 3 "j: « tn t^ c^ fe ° •^ ^~ ro o m m =■5. rt o o ^^ -3- rO ■s-= \ '" ■ ^^ o — — tfj C c o o CC en ;j ►J - " -" " "S s •K -O -- \ 'b o o ^ o '" Cj o o o o o XT) ll ■— v3- - en o in eft B e3 2 '^ a> t r:i •2 i r'. 2 M < lA > - &. O '^ s i5 •= §• 'wj .a ^ n O ifi r". ZJ :3 5 O ■5 •^ -O tj 7 ^ 4,' ■A *-> u» -3 o ^ (3 ^ -^■-H 5 3 6 6 ^ i35 Saint-Joseph , au lieu ossible , francs de port, chcz M. Carillaii-Gueury, llhraiie, imai cles Atigublins, n" 41, a Paris. 2'^ Quelle est sa hauteur approximative au - dcssus de la mer? 3* Le pays qui entoure immcdlalcment I'observateur jusqu'a fluelques lleues de distance , est-il uri pays de plaines , el jen- tcnds par-la un pays dont les sommcts des coUines iie sonl pas plus eleves que les Las-fonds d'une hauteur de cinquante iiielres ? 4.^ Ce pays est-il uu pays de moalagnesl' 5*= L'habitatioii de I'observateur est-elle situee sur unc plalne ^tendue et elevee , ou pres d'un grand fleuve , ou cnlre la Crete d'unc chaine de montagncs , et un fleuve situe au pied de cetto chain e ? G" Quelle est la direction de celte cbaine de niontagnes , ou du versant sur lequcl Tobservateur est silue , et sa position par rap- port aux vents :' 7<^ Si Tobservateur est situe dans un pays de plaines , quelle est la chaine de monlagnes la plus pi'oche a quinze ou vingt lieues de son habitation , Teloignement de son pied ou de ses sonimets du lieu d'observation , les hauteurs approxiuiativcs de ceux-ci au - dessus de la mer , et leur situation par rapport a Thorizon :' » II. Sur hi superficie du terrain. V^'^ Quelle est la superficie de la province ou du canton , etc. . ou se trouve 1 observateur r 2"= Le terrain qui le forme esl-il entierement calcaire ou sa- blonneux , ou argiloux , ou volcanisc , ou Tun et I'aulre melan- ges , el dans quelle proportion environ ? 3*= Quelle est la superficie approximative des six choses suivanles, savoir : a des forets , 0 des terrains cultives ou prairies arlificielles, c des produits naluiels , d des terrains inculles et arides , e des terrains couverts ordinairement par les eaux,/ des terrains cou- verls par les neiges ou glaces elernelles, g enfin des terrains con- verts par les habitations : 4.<^ l.es arbres qui formeul les forets sont-ils toujours verls, ou se depouillent-ils de leurs feullles I'hiver? 2/3 » III. Sur les Resuliats generaux meteorologiques. i<=" Quelle est la nature des huit vents principaux , E. , S.-E. , S., S.-O., O., N.-C, N. et JS.-E. : c'est-i-dire , sont-ils huml- des ou sees , cliauds ou froids ? S'ils ne sont pas de meme nature en lilver ou en eie , I'lndiquer en designant la maniere dont i!s agisscnt. a'^ Quelle est la durce proporlionnelle approximative de cha- cun d'cux , dans une annee ordinaire , dans chaque saison de Tannine ? 3*^ Quel est le vent , s'll en existe , qni, amenanl toujours des nuages , n'am^ne que Ires-peu de pluie , ou n'en amene point , vent qu'on appellc, dans certains pays , venthlanc? A quelle epo- que vient-il ordinairement ? 4' Quels sonl les vents qui precedent les orages ? et j'entends toujours par orage une pluie acconipagnee de tonnerre et d'e- clairs. 5"^ Les vents dminemment pluvieux , le sont-ils toujours jusqu'a la fin , ou se terminent-ils quelqucfois par du Lean temps , quoi- qu'ils soufflcnt encore ? ou lorsque du beau temps survient avee un autre vent , le vent pluvieux se termine-t-il j)ar une pluie tres- forle et continue de quelqucs heures ou de quelques jours ? quel vent succcde alors au vent humide ? 6^ Quelle est la duree ordinaire de la saison froide , c'est-^- dire , quel est I'inlervalle compris entrc la premiere et dernlere gelee, ou enlre les premieres neiges tombees etles dernieres? 7* Jusqu'a quel mois la neige se tienl-elle sur terre , dans une annde ordinaire , et quand commence-l-elle a la couvrir presque conlinuellement i' Quel vent Tapporle ? 8"= Quels sont les caracleres meleorologiques de chaque mois , dans une annee ordinaire? Dans une annee ordinaire, rf Quel est le degre moyen , le plus haut et le plus bas du »7 2U thermometre place au nord , a Tombre ct a quclque distance dc terre ? lo' Quelle est la hauteur moyenne , la plus grande et la plus pctile du barom^tre ? Donncr en meme temps le rapport des me- surcs qu'on emploiera avec les mesures fran^-aises. II' Quel est Ic dcgre moyen , le plus fori el le plus faible , de rhygromelre compare a celul de Saussure ? 12"= Quelle est la quanllte moyenne de pluie lombee ? i3'' Quelle est la quantite moyenne d'evaporatlon dans un vase pose au nord , et a Tombre ? i4-^ Donner , si Ton pent, pour chaquemois, ce qui fait I'objet des articles 9 , lo, ii,i2eti3; 1 5^ Quand arrivent les fortes crues du fleuve ou de la riviere qui est proche de la demeure de I'obscrvaleur ? Quelle est la sec- tion , la pente et la vitesse moyenne de ce cours d'eau dans les basses eaux , les moyennes et les hautes eaux ordinaires ? 1 6*^ Si Ton est pres de la mer , par quel vent arrivent les tem- petes , et dans quel mois ? 17" Dans une annee ouune salson extraordinaire, qucllcs sent les variations que subissent les qualites qui font Tobjet des ques- tions precedenles ? 18'^ Rccueillir les regies , plus ou moins probables , d'aprcs les- quelles on lache de predire le temps dans chaque pays. On pourra, quant aux observations meteorologiques , suivre le modele ci-apres, en exprimanl toujours les dates. « Modele nP I". Annee Deparlement ou province de villc de Janvier. — Du i au 12 , vent du nord, gelee , temps gd- n^ralemcnl convert. Du i3 au 3i , vent du sud ; neige ct pluie alternativement. Le fleuve ou la riviere de s'est tenu moyennemenl 245 a un nielre au-dessus de I'eliage, c'est-a-dire , au-dessus des plus basses eaux. Fevrier. — Du I au 8, vent du sud et d'ouesl , plules pres- que continuelles. Du g au 20 , vent du nord , temps couvert d'abord , beau cnsuile. Du 2 1 au 28 , vent d'est , beau temps. Hauteur moyenne des eaux du fleuve , ou de la riviere de au-dessus del'etiage , i metre 5o centimetres. La crue du 7 fevrier a ete de .3 metres au- dessus de I'etiage. Mars. — Du i au 3i , vent tres-variable avec peu de plule. Hauteur du fleuve au-dessus de Tetiage , 80 centimetres. AvRiL. — Du I au 6 , calme , tres-beau. Ley tonnerre, pluie etgrele. Du 8 au i5 , vent du sud-est , pluie Ires-forte , etc » iMrniMERiE d'everat, r>t)E dd cadran, h° 16. *■ %-'»'^ ■»^».'*' ^■*-^*'*^ %'*^. % BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. NUMERO 50. — JuiN. PREMIERE SECTION. MEMOIRES , EXTRAITS ET ANALYSES. Notice sur les Experiences du Pendiile immriable , faites dans la cam- pagne de la ronelte de S. M. la Coquille , pendant les annees 1822, 1820 , 1824 et 1825 ; par L.-L DuPERREY , Capitaine defregate, commandant V expedition. Depuis la paix, deux expeditions, sorties des ports de France , ont effecluele four du monde dans i'interet des sciences physiques et nalurelles. Dans ces deux enlreprises, dues a la munificence du Gouvernemenl, des pendules invariables ont ete Iransportes sur plusieurs points du globe, el les experiences faites avec ces pen- dules indiquent que Taplatissement de la terre est sensiblemcnt ie meme dans les deux hemispheres. Ces experiences indiquent aussi, dans certaines stations, une Influence locale , qui altere plus ou moins la marche du pendule. Cette influence se manifesle principalement a rile-de-Francc, a Morvi, a Guam eta 1' Ascension. A I'lle-de-France, par exemple, nous trouvons , comme M. de i8 248 Freycinci, que le pendiilo invariable fail, dans un jour inovo.i , i3 a 1 4 oscillations ile plus qu'il ne le devrait, en supposant Tapla- tisseinent de -^ d'apres la theorie dc la lune. A I'fle dc TAscension , nous avons trouvc , corame le capiiaine Sabine, unc acceleration de 5 a 6 oscillalions, momc en suppo- sant raplallssemenl de ^ v. Dans d'autres stations, les differences sonl presquc nulles; el, dans quclques-unes, la marche du pendule est retardee. Nous re- marquerons avec Ic capitaine Sabine, qui a si judicieusement traite cetle maliere daus Timportant ouvrage ou il a recucilli et discule les nonibreuses observations qu'il a faitcs en differens points du globe, que racceleration du pendule a gcncralemcnt lieu sur les terrains volcaniques, et le retard sur les terrains sablonncux et ar- gileux; d'ou nous somines porles a croire que ces anomalies peu- vent etre occasionnees par la difference dcs dcnsites du sol. On avait d'abord aliribue a des erreurs d' observations ces ecarts entre rexperience el la tbeorie ; mais I'accord des resuUats obte- nus en differens temps, par divers observateurs , ne laisse plus de d6ute sur linfluence de certaines localiles; el, en effet, il est im- possible d'admetlre une erreur de i3 a i4 oscillalions dans la mar- cbe du pendule. Pour cxpliquer ces anomalies, quelques pbysicicns ont pense que la courbure des m^ridiens et des parallelcs n'elait point regu- li^re, etqu'en consequence la terre n'elait pas un solide de revolu- tion; d'autres ont admis qu'elles sont occasionnees par le defaut d'homogencite de la Terre conslderee dans sa masse, ou peut-elre aussi, par de simples variations de dcnsile dans les couches super- ficielles. Nous n'aborderons pas ces grandes questions, qui serout robjct des medilalions des geomelres pbysicicns. Nous prdsenlerons a I'Academie des Sciences les rcsultals des observations du pen- dule, que nous avons faites en divers points du globe, diirant le Voyage de la corvette la Coquille. 24.J Pour nc pas abuser dos inonicns de I'Academie, nous nous dis- penserons d'enlrer dans le detail des naethodes d'observalion et de calcul dont nous avons fait usage. Cepcndant, nous croyons devoir dire que, pour augmeuter la durce de rexperlence, qui ne peut guere aller au-dela de 6 a 7 hcures, nous avons suivl un pro- cede qui nous a ete indique par M. Arago. 11 consisle a augmen- ter Famplllude des arcs decrits par le pendule, au moment ou elle devient si petite qu il n'est plus possible de compter les oscillations. En faisant usage de cet ingenieux procede, la duree de chaque ex- perience a ete d'environ 12 heures. Les pendules in variables en cuivrc jaune c ta tige cyllndrique, n"' I ct 3, que M. de Freycinet avail employes dans rexpedltiou de rUranie , sont ceux qui nous ont ete confies en 1822. A ces instrumcns ont ete joints un complcur , deux barometres, plusieurs thermometres , deux montres marines de Louis Berthoud, une de Breguct ct une de Motel, une lunette garnie de fils boraires , et enfm un cercle repetiteur astronomique, qui nous a servi a pren- dre des bauleurs absolues pour reglcr nos chronometrcs. Les experiences auxqucUcs nous nous sommes Hvres , avec tout le soin qu'exige cc genre d'operalion, ont ete faites a Paris, avant le depart de I'expeditlon , a Toulon , durant I'armement de la cor- vette la Coqiiille^ aux ties Malouines , au Port-Jackson, a I'lle- de-France et a Tile de TAscension. Pvenouvelees a Paris au re- tour de la campagne, elles ont fail connaitre que nos deux pendu- les n'avaient eprouve aucune alteration sensible pendant la duree du voyage. En effet , ramcne aux memes circonstances physiques, le n° I , observe en 1822 ct iSaS, ne donne qu'une difference de o,g d'oscillation. Le n" 3 presente encore plus de regularite : la difference entre les resultals des deux epoques ne s'eleve pas a 0,2 d'oscillation. Quolque nos experiences aient et^ faites dans des lleuX qui ne presenlent pas de grandes differences en latitude , 11 etalt cepen- dant curieux devoir ce qu'elles donnent pour raplatisseraent de la 2 5o Jerre. TSoiis les avons disculet-s par la methode des inoindres car- tas de M. l.egendre, et nous avons trouv^ j^'—. La plus graude erreur loniLe sur Inexperience de rile-de-France , ou il v a , comme nous Tavons dit , une tres-forle acceleration dans la mar- che du pendulc. Si nous ne tenons pas compte de cetle experience, nous trouvons -^.-z ct , si nous rejelons encore celle de I'Ascen- sion , nous trouvons enfin —, ConiLinons niaintenant deux a deux nos stations les plus viol- ences en latitude. ISous trouvons, avec Paris et lAscension, tt^ o ' ' 2 7 (J Paris etle Port-Jackson, ^70 ^^^<^ ^^^ Malouines et I'Ascension, jy-^les Malouines et le Port-Jackson, j^'-r---. On retrouve ici I'in- fluence de TAscension qui augniente Taplatissenient. En elaguant de la lotalile de nos experiences celles de Tlle-de- France et de TAscension , la difference de 17 a 18" , qui existe entre les latitudes des stations conservees, est trop petite pour que nous puissions verifier d une maniere convenable la ioi du de- croissement de la pesanleur, et determiner rapiatisseinent du globe ; mais si nous empruntons a I'expedilion de IVl. de Freycinet les experiences faltes a I'equateur dans 1 lic de Rawak, avec les mo- nies instrumens , nous trouvons les resultals suivans : Toules nos experiences, aioins celles de Tlle-de-Francc, combinees avec celles de llawak, donnent ,jl-. Si nous relranchons celles de TAscension , nous trouvons tu., . Apres avoir oblenu ce dernier resullat , nous avons clierche quelle serait I'expression de Taplalissenient pour chaque hemis- phere , en comhinant loujours nos ex[)eriences avec celles de M. de Freycinet, a Rawak. Nous avons trouve que les stations de Rawak, des Malouines et du Port-Jackson donnent, pour I'hd - misphere austral , 7,|n; et nous avons obtenu 77,', , pour 1 heuiisphere boreal , en comhinant les stations de Piawak , de Paris et de Toulon. On voit par la que raplalissemenl de la terre est .sensiblement le menie dans les deux hemispheres , et egal a 5^. II ne nous reste plus qu'a faire connattre le resultat que nous avons obtenu, en combinant toutesles expc^rlences de M. deFrey- cinet avec les notrcs. JNous avons alors quinze equations de con- dition, qui, rcsolucs, conmie les precedentes par la methode des moindres carres, donnent ^■~, Les ecarts, qui surpassent de beau- coup les erreurs possibles d' observation , tombent sur I'lie-de- France , de Morvi , de Guam et de i'Ascension. Si nous faisons abstraction de ces quatre stations , nous Irouvons ^^^ resultat qui s'accorde avec le precedent et avec ceux qui ont ete obtenus , dans ces derniers temps , par MM. de Freyclnet et le capitalne Sabine. Les llmites de celte notice, sur les experiences qui ont ete faltes pendant la campagne de la corvette la Coquille^ ne nouspermettent pas de nous etendre davantage sur les consequences qui peuvent en resulter, C'est dans la partie physique du voyage , dont la re- daction nous est confiee , que nous nous proposons d'entrer a cet egard dans de plus grands details. Mais nous n'attendrons pas que ce travail soit lermlne pour exprimer toute la reconnaissance que nous devons aux persorincs qui ont bien voulu nousguider dans ces recherches: c'est une dette que nous avons contracteeparllculiere- ment envers MM. Arago et Malhieu , qui nous ont aide de leurs consells, et qui nous meltent encore tous les jours en position de profiter de leurs lumieres. ExTRAIT (Vim Memoire sur la Temperature interieure de la terre, par M. Cordler, de V Academie des Sciences. La supposition d'un feu central est extremement anclenne. Elle remonte peut-etre au premier temps de la civllisalion. Elle a fourni lefonds de quelques unesdes fables dont legenrehumaln a eteberc^ dans son enfancc ; on en trouve des traces dans la mythologle de presque tous les peuples. Elle est nee de I'observation tres-impar- faite de certains phenomenes naturels trop apparens pour que dans aucim feinps ils aierit pii echapper au vulgaiie. Confoiulue pciulanl des siccles au milieu dos iiolious vagues cf conjeclurales qui coniposaienl presquc toutc la physique dos an- ciens el celle du moyen age, ccltc hypolhese n'a cominence a prendre quelque consislancc que depuis la decouverle des lois du systcine du monde. Descartes, Halley, Leibnitz, Mairan, liufton, surlout, et plusleurs aulres plulosophes des temps modernes, Ta- vaient adoptee en se fondant principalcmenl sur des considerations deduites , soltde la figure de la terre, soit de certains pli(5nomenes astronomlques, soit de la niobilile du prIncipe soulcrrain qui pro- duil Ics actions magnetiqucs , soit de la comparaison des tcMiipe- ratures supcrficielles avec celles observees a de potiles profondeurs, soit enfin de diverses experiences sur le rcfroidissemcnt des corps incandescens ' La Grange et Dolomieu, Hullon et Playfair sont les premiers qui soient revenus a Thypolhese de la clialeur centrale. Dans les temps actuels cette question a <5te abordee par Tillustre geometre donl les sciences deplorent la perte recente, ]\L de Laplace, et avant lui par M. Fourier , que ses memorables travaux sur la theorie generate de la chaleur, ont naturellemcnt conduit a ce genre de recherrhes; on pourrait citer encore un assez grand nombre de savans qui, depuis vingt ans, ont successivcment adopte la meme opinion , surtout en Angleterre Les experiences publiees jusqu'a ce jour , qu'il s'agissait d'abord d'examiner, sont de deux especes. Les unos ont pour objot d'etudicr la temperature des sources d'eau douce ordlnaires , celles des rivieres qui sortent immediate- ment de la terre en certaines contres principales ont ete faites dans les mines de cbarbon de terre de Carmeaux, de Decise et de Litlry, qui sont silues dans les departemens duTarn, de la NIevre et du Calvados. Ces mines ne sont pas les plus profondes de la France , quoique I'une d' elles descende jusqu'a 820 metres, c'est-a-dire a environ 1000 pieds ; on les a clioisics parce qu'clles offraienl des circonslances ires- favorables pour le succes des observations — En resume la premiere partie de notre travail conduit aux con- sequences suivantes : 1° Si Ton ecarle un certain nombre d'observalions comme of- franl trop d'incerlitudes , toutes les aulres annoncent d'une ma- niere plus ou moins positive qu'il existe un accroissement notable de lemperalure de la surface de la terre vers I'inlerieur. 2 " Les resullals recueillis a TObservaloire de Paris sont les seuls donl on puisse conclure avec cerlitude unc expression numerique de la lol ((ui suil cet accroissement. Cclte expression porle a 254 28 metres la profondeur qui correspond a I'auginentation d'un degre (centigrade) de chaleur souterraine. 3° Parmi tous les autres resultats qui sont susceptibles d'<^lre portes en ligne de compte, un petit nonibre seulenient fournissent des expressions nunieriques , assez approximatives de la loi cher- chee , pour qu'on puisse les employer avec confiancc. Ces expressions varient de Sy a i3 metres pour un degre d'ac- crolssement; leur moyenne annonce en general une augmentation plus rapide que celle qu'on avail admise jusqu'a present : leur te- moignage a d'autant plus de poids qu'ellcs comprennent les pro— duits de plusieurs series d' observations sedentaires. 4" Enfin , en groupant, par contrees, tous les resultats admis- sibles, a quelque litre que ce soit, on est conduit a pressenlir unc notion nouvelleet importante, savoir : que les differences enlre les resultats de meme espece , tiennent niolns a riniperfeclion des experiences qu'a une certainc irregularile dans la distribution de la chaleur souterraine d'un pays a un autre. Les mines dans lesquelles nous avons op^re etanl de meme na- ture , les resultats obtenus sont comparables. On trouve , que Taccroissement de la chaleur souterraine est a Carmeaux , dans le deparlenient du Tarn , dun degre pour 28 metres, a Littry, dans le Calvados, d'un degre pour 28 metres, et a Decize , dans la jSIevre, d'un degre pour i5 metres. On voit que ces experiences confnnienl pleinemcnt I'existence d'une temperature interieure, qui ne tient point a 1 induence des rayons solaires , qui est incontestablemenl propre a la terre, et qui augmente rapidement avec les profondeurs. En les rappro- chant de toutes cellcs qui ont ete faites anterieurement , on est, en outre, autorlse a conclure : 1° Que I'augmentation de la chaleur souterraine nc suit pas la meme loi partoul ; qu'elle peut (?lre double et meme triple d'un pays k un autre ; 255 2" Que ces differences ne sont en rapport constant ni avec les latitudes ni avec les longitudes ; 3° Enfin que raugmenlation est certalnement plus rapide ([u'on ne Tavait supposee; qu'elle peut aller a un degre pour i5, et m^me pour i3 metres en cerlaines rontrees ; et que , provisoirc- ment , le terme moyen ne peut ^tre fixe a moins d'un degre pour 2 5 metres. Tellcssont ces conclusions generates de notre travail. Elles fortifient les inductions dcsquelles on a conclu que la llui- dite dont le globe a Ires-probablement joui avanl de prendre sa forme spheroidale , etait due a la chaleur ; que celte chaleur elalt immense ; qu'elle subslste encore a I'intericur ainsi que la lluidite originaire ; en d'aulres termes, que la terre est un aslre eteint supcrficiellement , dont I'ecorce a cristalise, par Teffet d'un re- froidissement successif , qui est infmiment loin d'avoir atteint sa limite. Elles ajoutent a la vraisemblance de Tbypoth^se deja ancienne de Halley, qui attribue les actions magnetiques a I'existence d'une masse de fer metallique irreguliere, et jouissant d'un mouvement particulier de revolution au centre de la terre. On trouve que la temperature de loo degres du pyrometre de Wedgwood, qui est capable de tenir en fusion toules les laves et une parlie des rocbes connues, existe a une profondeur tres-pelite, et qui n'egale pas, terme moyen , la quaranlleme parlie du rayon terrestre. D'autres faits concourent pour faire presumer que I'e- corce consolidee a moins de 20 lieues d'epaisseur moyenne, d'apres Tinegalite des temperatures souterraines dun pays a un autre : on est d'ailleurs fonde a croire que cette epaisseur est tres- variable ; cela resulte evidemment de I'influence que la differente conduclibilite des matieres consolidees adA exercer sur les progres du refroidissement depuis I'origine des choses. On obttentaussi ce singulier resultat , que les terrains primor- diaux sont d'autant plus anciens qu'ils sotil plus voislns de la 2 50 surface , cc qui csl I'opposc de ce qu'on a cm jnsciifa ptcscnl en geologic. M. Fourier, cousiderant la distribution de la chaleur souler- raine dans les profondeurs qui nous sont accessibles , la tempera- ture nioycnne des poles et Texistence du rayonnement continucl de la chaleur superficielle vers les espaces celestes, a denionlre, en vertu d'une tlieorie mathematiquc incontestable , que la tcrre continue de se refroidir, et que ce refroidisscment n'cst insensible a la surface, que parce que les pertcs y sont incessainnient com- pensces par Teffet d'une propagation qui precede unifonnement du dedans au dehors. Les pertes de chaleur n'ont done d'infjuence qu'a de grandes profondeurs ; d'ou 11 resulte que Tecorce du globe continue de s'accroitre interieurement par de nouvellcs couches solides. Ainsi la formation des terrains primordiaux n'a pas cesse et ne cessera qu'apres un temps immense ; phenomene que les geo- logues n'avaient pas meme soupconne. Enfin on est conduit a une explication toute nouvelle des phc- nomenes volcaniques , explication qui n'a besoin d'Invoquer ni les combustions souterraines , ni la penetration de I'eau de la mer dans les enlralUes de la terre, ni aucune autre supposition aussi peu probable. Ces phenomenes semblent un rdsullat simple et naturel du refroidisscment Int^rieur du globe. L'epanchement des laves, par exemple, parait un effet purcmcnt ihermometriquc provenant d'une inegalite tres-faible qui cxisfe enlrc la contrac- tion seculaire de la masse Interleure et celle de son cnveloppc; il est aise de rendre eel effet vralsemblable par des nombres : les matleres qui sont rejetees, pendant le cours de deux siecles, par tous les volcans brillans, suffiralent a peine pour couvrlr la terre d'une couche ayant un millimetre d'epalsseur. Ainsi une contrac- tion deTcnveloppe, capable dedimlnucrd'uu millimelre le rayon de la masse interleure, suffirail pour forcer celle quantite de ma- tleres d'arriver a la surface. j57 MELANGES. LES ILES HARVEY. Les details suivans sur les fles Harvey, pelit archipel silue pres des lies dcs Amis, dans I'Ocean Pacifique, sont extraits du jour- nal de quelques missionnaires qui les visiterent en 1825. Manala. Cetle tie, que le capitaine Cook appelle improprcment Mon- gjiia, est cntource d'une barriere dc rochcrs de corail , de vingt i soixante pieds de hauteur , et qui y laissent acces par trois ou- verlures seulement. Six grandes vallees constituent la partie de Tile cultivee , et portent des plantations de taros , de cocoliers, de Lananiers et d'arbres a pain ; mais ce dernier n'est pas abondant. Quelquefois une disette affreuse sc fait sentir , et est suivie de la mort d'un grand nombre d'habilans. Deux causes concourent a amener celte calamite : d'abord , la paresse du peuple , ensuite sa propension au vol qui fait que fort souvent les plantations d'arbres a pain commencent a peine a croitre qu'elles sont entierenient enlevees. Les vols se multiplient tcUement , que les proprietaires sont dans Tusage d entourer de feuilles seches les troncs des coco- tiers, afin d'etre avertis par leur bruit, des tenlatlves des voleurs. Le nombre des habitans de Manaia s'cleve de 1000 a i5oo, Quelques uns onl embrasse le christianisme ; mais le chef et les principaux du pays ont conserve leur culte. L'ile etait partagee entre cinq chefs ou rois , appeles Nmna- natini, Teao, Paparani, Teournorongo et Kaiaou. Mais le premier ayant vaincu les autres, gouverne seul en ce moment et a sous son autorite , ies chefs dcs six districts qui divisent le pays. Les habitans reconnaissent cinq divinites : Oro,Tanie, Tcahio, lohili et Moioro. II offrenl a la premiere, mais ])eu frequem- 258 mcnt, des sacrifices humains. lis ont aussi une espce de v3tement sacre appele maraes^ qu'il n'cst pas perinis a tout le monde de porter Les homines et les feiumes ne peuvent manger ensemble. Leurs funerailles meritent d'i^tre rapporlees ; sur une coUIne ^lev(^e est un goufre profond qui conmmnlque probablement avec la mer. lis y jeltent leurs morls de tout age et de tout sexe, apr^s leur avoir attache autour du corps un morceau de drap avec une corde. On les apporle en cct endroit de toules Ics parties de Tile, ou 11 n'y a jamais cu d'autre mode d'enterrenient. 11 s'exhale de ce rsccptacle Todeur la plus infecte. L'InfanticIde est Inconnu dans le pays. Cctte cause , jointe au petit nombre de maladies epidemlques qu'on y connait et a la ra- rete des relations avec les Europeens , fait que la population s'y accroit. Les missionnaires et le capitaine du batiment qui les amcna etaient les premiers hommesblancs qui eussent debarquea Manaia. L'idlome de Tile se rapproche plus de cclui de la Nouvelle-Ze- lande que de celui de Taiti. Le «^et le /ty predominent; 1"// el T/ n'y sont point usites. Les habltans deplolent beaucoup d'adrcssedans la confection de leurs vetemens, de leurs pirogues, de leurs haches de plerre et de leurs pendans d'orelUes. lis ont la tele couverte d'e- toffespelnles, enlrelaceesde grains el d'ornemensd'un beau travail. Aucun Insulaire de ces mers ifcgale les Manalens dans la fabri- cation de leurs bandeletles. Rarotonga. Le nombre des habltans de cette ile est de six a sept mille. Trols chefs; Mak6 , Tinomana ct Pa, la gouvernaient jadls, et se falsaient frequemment des guerres sanglantes. Mais, parun consen- teraentunan Ime, le pouvoir souverain a 6i€ defere a Make qui s'est converti auchrlstlanisme, etaprouve la sincerlte de sa conversion, en renvoyant ses femmes k I'exceptlon d'une seule , et en adoptanl tout ce qui pouvait contribuer au bonheur Icmporel et spirltuel de SOI! peuple- (Tesl un (or! bel homnie qui a hiiit fils el (pialre filles. Les progres du christianisme ont ete plus rapides dans cette tic que dans celles de la Societe. On le doit aux travaux de deux mis- sionnaires, taitiens pendant les deux dernleres annecs. On soup ^onnaita peine, avant cette epoque, Texistence de Tile Rarolonga. Les haLitans avaient jadis quatre divinites princlpales : Taaroa , Botea , Tohiti et Motoro. Les deux dernieres ont le meme noni que celles de IVIanaia. lis n'offraient point de sacrifices humains, lis avaient une association semblable a celle des Arreo'is , niais ils ne massacraient point leurs enfans, excepte les filles , au moment de la naissance. Dans leurs guerres , les letes des vaincus etaicnl cou- pees et mises en tas; les corps formaient un repas pour les vain- queurs. Avant que ceux qui s'etaient convertis eussenl acquis la superiorile qu'ils ont mainlenant , ils earent a combattre les ido- latres qui les mena^aient journellement de les detruire, eux et leur religion. Les derniers furent vaincus, et laisserent leurs dieux au pouvoir de leurs antagonisles. Les vainqueurs Irailerent leurs en- nemis avec douceur, et renvoyerent les prisonniers. JVIais ils re- vinrent en corps et declarerent que puisque leurs dieux les avaient trompes, ils voulaient se faire Chretiens. Les images des dieux qu'on avail prises , au nombre de quatorze , et ayant vingt pieds de hauteur, elaient a terre, dans la demeure des missionnaires, comme jadis Dagon dcvant Tarche. L'clablissemenl des missionnaires est situe a I'entree d'une belle vallee de trois milles de longueur. 11 contlentplusleurs cenlalnes de niaisons. La demeure du roi , qui a cent trcnte-six pieds sur vingt- qualre, est enduile de ciment, el ornee de coquillages disposes avec goikl. EUe contlent hull apparlemens avec des planchcrs. A cole, il yen a une autre oil mange le roi et oudemeurent sesdomesliques. La maison des deux missionnaires est meublee de lits , de^sofas , iau- teuils el tables, le tout confcctionne dans le pays, etpar lesinsulaires. L'llc entiere ne forme qu'un jardin. Tout est convert de taro , de bananiers , de potirons el de palates : le cocotier y est tres- rare , ainsi que I'arbre a pain dont les habitans font peu de cas. 2 Go lis sont en general porlesa ragricuUiire. Les honimcs, lesfemnics et les enfans sont sans cesse occupes aux travaux «les champs. Le roi et les principaux chefs savent lire , et rinstruction fait de rapidcs progres chez le peuple. La pluralile des femnies est entierement abolie. Aitoulake. L'etahlissement forme dans celte ile a environ deux milles de long ; il consiste en un grand noniLre de chauniieres blanches, halies a Tombrc de grands dilos, ce qui forme iin coup d'ocil tres-pitlo- resque. On a conslruil, pour que les bateaux puissent plus facile- ment prendre terre, une espcce de mole en rochers de corail , oil Ton hisse un pavilion quand il y a un batiment en vuc. Ce mole a 660 pieds de long sur 18 de large. Le nombre des maisons s'eleve k i4-4 5 plusicurs sont meubldes de lits et de sofas. Celles des chefs, quoique bien conslruites , ne valent pascependaiit celles de Rarolonga. Unegrande quanlile d'habitans savent lire, ct sont Ires-disposes a s'instruire, quoique Ton reconnaisse encore quelques uns des usages de la vie sauvage. Souvent la disette a lieu dans cette ile comme a Manaia et Ra- rotonga. EUe manque d'eau, et de juin a novembrc, tous les ruis- seaux tarissent; les habitans sont obliges de faire des trous dans la terre pour avoir une eau noire et pulride; ce qui est dA en partie aux rats qui se precipilent dans ces trous pour dlancher leur soif, s'y noient et y pourrisscnt. Maoutii. Cette lie est entierement entourdc d'un recif de corail qui ne laisse pas d'acces au plus petit canot. Ce recif est forme de ban- des circulairesdc dix a vingt pieds de hauteur , en dedans desquel- les s'en Irouveul d'aulres nioins elevecs, mais separees les nncs des autres par des cavites profondcs. Le seul moycu d'arriver a Itle csl de desccndrc sur le recif dans les endroils on le rcssac estle nioins fort el oil la mer est la plus basse , ct duller lantol a gue, lanlol en 26l jnarchant sur les rochers, cc qui est aiissi difficile que dangei'cux. ]ja distance a traverser de cette maiiiere est d'environ deux milles lout aulour de I'lle. L'etablissement des missionnaires est i 4 milles dans rinlerleur. Le nombre des habilans n'excede pas deux cents, lis sonttres- propres, et les femmes sont bicn miscs. On en voll peu qui ne portent des cbapeaux ou des bonnets. Lord Biron, sur la f regal c la Blonde^ visita cetic ile en 1825 , et se plut a rendrc justice a I'etat de civilisation de la peuplade. Mitlaro. Ccttc petite ile est nue, inculle et sterile. Les habitans, au nom- bre d'enviroi) une centaine, outbeaucoup de peine a subsistev, el paraissent tres-miserables. lis desircnt allcr s'etablir aux iles de la Soclele. lis aiment le travail , et sont fort disposes i s'instruire. Atoui. Le sol de I'lle d' Atoui est inegal. Les collines, peu ^levees, sont planes a leur sommet et les vallees profondes et spacieuses. Sur une de leurs extremites , au centre deTiIe, d'ou Ton jouit d'un coup-d'oeil agreable , est la demeure du cbef et cellc des mission- naires. La masse du peuple est retournce a I'idolalrie, mais les chefs ct quelques individus se pretent encore aux instructions qu'on leur donne. Les femmes paraissent etre dans un etat complet de degradation etd'avilissement. On les contraiota labourer la terre, a appreler les repas , et a faire les travaux les plus rudes. Les bom- mes , lorsqu'ils ne sont pas occupes a pecher , passent leur vie dans Toisivete. Les vallees sont couvertes de cocotiers , mais Farbre a pain est tres-rare ; Vauic, ou mArier de la Chine, a ete delruit par les cochons. Le vol est severement puni a Atoui. 2b2 HISTOrUE ANCIENNE DE CEYLAN (0. On sait que les premieres dpoques de I'histoire detoulcs les na- tions sont enveloppecs de tenebres. Mais cclte observation s'ap- pliqiie plus particulicrement aux contrees de I'Asie. Dans lOrienl, berceau des fictions , I'histoiro niome de nos jours ne niarclie point encore entierement separee de la fable. Les souvenirs des temps anciens y sonl lies a des traditions superslilieuses , a des ro- mans absurdes, dont I'origine, si elle etait connue , pourrait in- teresser encore les pliilosophts, parce qu'ils la verraienl rappeler des evenemens dont la tradition e6t ete perdue sans un tel secours. Ainsi les connaisseurs apprecient la roulllc qui conserve , en les cachanl, Feniprelnte et Tinscription des medailles. On a fait de nonibreuses tentatives pour percer le niyslere qui enveloppe Thistoire ancienne de Ceylan. On n'a obtenu jusqu'a present aucun resultat satisfaisant , el il est impossible d'assigner une origine precise et une date aulhentique a la population de celle ile. Comme tout ce qui contribue a jeter le moindre jour sur un point aussi important , ne pent que presenter un vif interSt, nous nous cstimons heureux de pouvoir transmettre ici un extrail de la relation de Diego de Louta, Tun des premiers hisloriens portu- gais de Ceylan. Nous le devons a un de nos compatriotes , qui occupa jadis un poste important dans I'lle , oii il out la facilile , par ses relations avec les habitans , d'obtenir des renscignemens precieux sur la politique et Thistoire du pays. Selon la tradition moderne des pretres Candiens (2), la popu- lation de Ceylan vint du continent, lis disent qu'environ 2800 an- nees lunaires avant 1765 , epoque ou ces prSlres fureni interrogds (i) Nous siiivons dans cot arlicic I'orlo^ruplii- .iiii^laisc des 110ms (riiomiucs vl de lietix. (1) Relaiion dc Ceylan do I3crtolacci. 263 par le gouverneur hoUandais tie Tile, un prince, appele Wijaya Raja, fils aine de SInbaha, empereur dc Lala, dans le Dambo- diva, debarqua a Ceylan, alors appelee Lanka ou Lakdiwa, a la tcte de sept cents gcans , conduits par le tout parfait Buddha , et chassa les diables qui habilaient 1 ile. Le prince fonda une ville ap- pelee Tambraparnin , et sa poslerite, composee de lyg souve- rains, y compris lui-mcme et le roi regnant en 1769, gouverna Tile jusqu'a cette derniere epoque. Siam fut , dit-on , Tendroit d'ou partit rexpedilion , et c'est de la que les prclres de Ceylan tirent rorigine des Cingalais. Le Ramayana rapporle que la con- quete de I'lle fut faite par llama, roi d'Oude , avec une armee de singes gigantesqucs. Le recit de Diego de Louta, qui pretend Tavoir extrait des bis- loires ecrltes par les Cingalais , et dont elaient en possession quelques princes de Ceylan qui vinrent a Goa , rapporle que 5oo ans avant Jesus - Christ , Tile fut peuplee par Tenasserim , «royaume le plus vaste de TOrlent , s'etendant des bords du Gange a la Cochlnchine. » Le souverain de cet empire avalt un fils appele Pvlga Rayah , ou Affrlgia Rayah , tellement debauche et cruel, que les sujets de son pere ne pouvant plus supporter ses exces, en demanderent justice. Le roi voyant que, malgre ses nom- breux avis, son fds efait incorrigible , fit equlper et approvisionner en secret quelques vaisseaux. Lorsque tout fut prct , il placa son fils a bord d'un de ces biitlmens. D'apres un usage du pays , tons les enfans m^iles , ncs le meme jour que rhdrilier presomp- tif du trone, etalent inscrlts sur un reglstre , et a I'Sge de sept ans conduits a la cour , et eleves avec le prince , dont lis deve-- nalent les compagnons. Les jeunes gens eleves avec le prince de Tenasserim eurent le meme caractere que lui , et comnilrent les memes crimes. Quoique le nombre des enfans males , nes le meme jour que ce prince , fut Immense , il n y en avait plus que sept cents en vie a cette epoque. lis furent tous salsis et jetes a bord des vaisseaux. Le roi ordonna alors a son fils de mettre a la 264 voile avec sa flottc, et d'aller clccou\iir quclque terrc pour la pcu- pler, iui Jefciulant de relourner dans ses elals, sous peine d'etre niis a mort , Iui ct ses compagnons. Le prince l\iga Rayah abandonna sa (lollc a la direction des vents, qui, apres viugt jours de navigation , le conduisirent a uuc He inhabitee; c'elait Ceylan. La (lotte entra dans un havre entrc Trinqucmale et Djaffuapatnam. Lo prince et ses compagnons , enchanles de la beaute de la vegelalion , des ruisseaux et d'une atmosphere embaumee , resolurent de se fixer en cet cndroit. La premiere ville qu'ils batirent fut a Mantotte , vis-a-vis Manar. lis Irouverent d'amples moycns dc subsislarice dans Tabondance des poissons que fournissait la riviere, et Ics fruits nombrcux du rivage, tcls que citrons , oranges , etc. Gette raison leur fit don- nerk Tile, qui n'avait pas de nom auparavant, celui de Lan- cawe , c^est-a-dlrc paradis terrestre. Quelques mois apres I'arrivee des dtrangcrs , II vint quelques vaisseaux pour la peche des perles. Le prince apprit que les gens des equipages elaient sujcls d'un rol appele le Cotlah Rayah, dont le royaume etait sur le continent oppose , et a une journee dc distance. 11 forma le projet, apres avoir pris quelques aulres ren- selgnemcns , de se licr avec ce souverain , auqucl il envoya , par le retour des vaisseaux , quelques uns de ses hommes , pour lul offrir, comme voislns, de s'unir par des marlages, demandant pour lui-meme la fille du rol. Les messagers furent conduits au roi , qui les regut affectueuse- mcnl. 11 avalt entendu parler du pere de leur prince, et, conslde- rant la proposition qu'on lul faisalt comme avantageuse , il con- sentlt au marlage. Apres des visltes nouvelles , le roi envoya au prince, sa fille , accompagnee de dames d'honneur, destinees^ epouser ses compagnons. Apres cet evenemcnt , il se forma une liaison dlroitc entre les deux pcuples. Plusieurs des sujets de Cotlah vinrent s'elahlir a Ceylan , cnlre autres des artisans et des culllvaleurs, portant des a65 semences et tous les instriimens necessaires a I'agriculiure. Des cc moment, I'tle se peupla dans toutes ses parties; les moniagncs furent habitees , ct I'oa construisit plusieurs forteresses. Dans la suite , la poslerite ilu prince posscda la souverainctc de Cottali, dont Ceylan dependait alors. Mais, selon noire auteur, elle finit par s'eteindre , par la mort d'un dernier roi de Coltah, sans enfant male. Ce recit n'a rien d'extraordinaire et prend un caract^re de vcrite par sa ressemblance avec Ics parlies croyables de la tradition des prelres candiens, ainsi que par les rapports de religion et de Ian- gage, entrc les Cingalais et les habitans de Siam , dont Tenasse- rim dependait jadis. L'auteur du recit precedent dit que les Cingalais, voulant rehausser Forigine de leurs rois , les font dcscendre du soleil. Voici comment ils raconlent celte fable : avant retablissement de Tcmpire de Tenasserim , les peuples des pays connus maintenant sous le nom de Pegu, Tenasserim, Siam, Canibodje, vivaient dans les cavernes des montagnes , sans lois et sans cbefs. Ils igno- raient Tagriculture, et , comme les betes fauves , se nourrissaient de fruits et de racines. Un malin , les habilans de Tenasserim virent le soleil se lever avec plus d'eclat qua Tordinaire , s'ouvrlr ot laisser sortir de son sein un elre extraordinaire , dont la forme difftirait de celle des homines. Ceux qui avaicnt ete temoins du prodige allerent au-devant dece personnage, lorsqu'ilfutdescendu sur la terre , et lui demanderent qui il clail. 11 leurrepondil, dans ridlome de Tenasserim, qu'il elait fils du soleil, el venait pour les gouverner. La-dessus , ces habilans se proslernant a ses gcnoux, Fadorerent et lui declarerenl qu'ils elaicnt prels a le reconnailre pour leur souverain. II commen9a des ce moment a les gou- verner. La premiere chose qu'il fit, fut d'apprendre aux habilans a ba- lir des malsons, et de les civiiiser. II redigea ensuile un Code de lois douces et equilables, a la grande salisfaclion dupeuple, qui iG6 comtnen^a a joiilr dun dial Ires - heurcux , coniparalivement a cclui ou il avail vccu jusqu'alors. Le roi vdcut fori long-temps et laissa plusieurs fils , entre lesquels il divisa son royaume. Ses des- cendans regnerent pendant deux mille ans. lis s'appellent Sorjai'as, c'est-a-dire descendans du solcil, el de cetle faniille diait issu, dit-on , Affrigia Rayah, qui ful banni de son pays , comme on I'a vu, et alia peupler Tilede Ccylan. II est Impossible de ne pas etre frappe du rapport qui existe cntre celte fable et celles de la plupart des nations sauvages. Ain- si, Manco-Capac, dans rHIsloire du Perou , ct Kin Sih Jin ou Ken Seh Djcn, dans celle de la Chine, descendent du del sur une dtolle, pour Instruire et gouvcrner Ics hommcs. Notre auteur cherche a trouver Tetymologie des noms don- nds a Tile par les anciens et les modernes. Taprobanc , dit-il , ne correspond a aucun nom de port, de bale, dc Fontaine ou de riviere , et ne se trouve pas dans les chroniques des CIngalais. 11 enconclut que ce nom fut invcnle par Ptolemee , oules Grecs , pour designer quelque parilcularitc de I'ile , quoique celte denomination n'ait , a noire connaissance , aucune significa- tion specifique. II cxplique le nom moderne de Ceylan, de la manlere suivanle : le nom de Ccylan a ete donne a I ile , a cause des bas-fonds qui I'entourent , par les navlgaleurs chinols, et celte designation devint si commune , que les Persans et les Ara- bes , au lieu de se servir du nom usitd auparavant, finirent par dire qu'Ils allaicnt a Cenlao , aux bancs des Chinois ; el par la suite ce nom devint, par corruption, celui de Ceylan, ct demeura a I'lle. L'aulcur pnrtngais a essaye dedemonlrcr aussi que Ceylan elait connue des Roniains. II explique la difrerence dc I'etendue que Pline donne a la Taprobane et celle de Ccylan , par une tradition du pays, portant que jadis I'lle s'elendalt jusqu'aux Maldives, mals que tout a coup la mer en submergea une grande parlie. Le premier mcridicn des Hindous passe par la ville d'Oudjain, donl la 267 position est bien connue. Mais coninie Lanka, Lenka ou Lenkequi signifie point equinoxial^ se Irouve, d'apres cela, a Test de Cevlan ; les Hindous et les Cingalais croient que jadis I'lle avait unc plus grande elendue. Notre auteur ajoute que des testes de monumens remains out etetrouves a Ceylan, et notamment a Mantotte, " ou Ion volt encore, dit-il, des debris d'un ouvrage romain en marbre.>» On Irouva aussi a Mantotte deux mddailles de cuivre , avec une tele d homme , la letlre romaine G dans un coin, ct les autres lettres R. M. N. R. faisant partie de Tinscription. Le vaisseau qui portait ces medailles a peri a la mer. ( Asiatic J. mars 1827.) DEUXIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. § I". Proces-T^erhaux des Seances. Seance du i" juin 1827. M. Vallot, membre de TAcadcmie des Sciences , Arts et Belles- Lettres de Dijon , ecrit une lettre relative aux commentaires que la Societe se propose de joindre au volume de Marco-Polo. M. Raynouard, de I'Academie Fran^aise, hi qui clle a ete commu- niquceparM. le president, areconnu que, sous le rapport de I'an- cien langage, elle etait digne d'inlcret. La lettre est renvoyee a la section de publication. ' M. le baron de Hammer adresse a la Societe plusieurs exeniplaires d'une carte qui termlne le i*^ volume de son Hisloire de I'Empire Ottoman ; il appelle son attention sur les points qui lui paraissent douteux, et la prie de soumettre ce travail a Texamen d'une com- mission speciale. La Commission nomme MM. Bianchi, Eyries ct Laple com- mlssalres pour examiner la carle de M. de Hammer, et les invite a communiquer, dans une des prochalnes seances, le rcsuUal dc leurs observations. 268 Dapres le desir de M. dc Hammer , la Sociiite Tadmet an nombre de ses membres. M. Morcau, vice-consul de France <» Londres, adrcssc plu- sleurs tableaux relatifs au commerce, a Tindustrie eta la navigalion de la (irande - Brelagne. Cos ouvrages, rcsuUal de nombrcnscs recherches, sont fondes sur des documens officiels et sur les pieces manuscrltes les plus authenliques. II renouvclle a la Socicle roffrc de faire connaitre ses Iravaux en Anglelerre, cl dc la melire en relation avec les corps savans de ce pays. La Commission vote des remercimens a M. Moreau; et , aux termes de larlicle 6 du reglement supplcmentairc , lul accorde le tilre qu'il soUIcite de correspondant a I'etrangcr. 11 est decide que dcsormals cc titre ne sera accorde qu'a la seance qui sulvra celle dans laquellela demande aura ele presentee. Elle Invite en mcme temps MM. Bottin, de la Roquetle et Sueur- Merlin a lul faIre un rapport sur les divers tableaux offer Is par M. Moreau. M. Moris depose sur le bureau un tableau statlstlque et compa- ratlf de la population et de la superficie de la France. L'auteur , qui s'occupc a rasscmbler les elemens d'un ouvragc sur la statls- tlque generale , accompagne cc premier cssai dune note dans la- quelle II fail scnlir Tlmportance des tableaux y/g-M/vj's pour le per- fectlonnement dc la statlstlque. La Commission lui vote des remercimens, et Tinvite a conti- nuer ses interessanles recliercbes. M. Mac-Carlliy ecrit a la Society pour lui offrlr la premiere livraison dun nouvcau dictlonnaire universel qu'il public. M. Bajot communique une lellre ecrlle de la riviere de Calcutta, le 27 Janvier 1827, par M. Eugene Chalgneau, cmbarque a bord du navire la Recherche, destine a allcr recuellilr les reslcs de I'equi- paec de la Perouse. (Voir Bulletin, n°48, page 207.) M. le president annoncc qu'il s'est prescntc k Taudlence de S. E. 2bg le Minislre de la Marine pour lui recommander divers objels rc- latifs aux Inlerets de la Sociele ; M. le comte Chabrol de Crouzol a bien voulu faire aupres de son coUegue, Ic nilnistre de Tintx^rieur, des demarches qui ont pour but de faire con sacrerl' existence de la Societe par une ordonnance royale, S. E. a promis egalement de completer a la bibliotheque de la Societe, la collection des voyages publics sous les auspices dunii- nistere de la marine. M. de la Roquctie fait un rapport sur leTraite coniplet de cos- uiographie et de geographic, dont I'auteur, M. Giraldez , a fait honmiage a la Societe. ( Voir dncumens, page 284.. ) M. Boltin lit une note sur les atterlssemens de la Seine, ex- traite d'un memoire publie pour plusieurs communes des environs du Havre, relativement a la propriete des marais qui existent dans le canal dc la Seine. Les notions que Ton trouve dans ce memoii e confirment ce qui a ele dit sur les atterissemens de cc fleuve , dans le rapport de M. le comte Andreossy sur le concours ouverl par la Societe. (Voir documens, page ay^. ) Aux termes de la decision par laquelle la Commission ccntrale invite les membres a communiquer les nouvelles relatives aux pro- gres de la Geographic et de ses divers branches, le president communique le resullal du concours ouvert par I'Academle des Sciences, pour les prix de statisUque fondes par M.de Monlhyon. Le premier prix a etc decerne a M, Brayer, chef de bureau a la prefecture de TAIsne, auleur d'une statlsllquc complete de ce de- partement, fondee sur les renscigncmens les plus authentiques. Le deuxieme prix a ete decerne a M. Cavoleau, auteur d'un ouvrage complct et exact sur TOEnologie frangaise. Une premiere mention honorable a ele decernee a M. d'Ornano , auteur d'une slatistique de la Corse ; et deux aulres ont ete accordees ex cequo a I'allas statistique de la France , de MM. Perrot et Aupick , et au travail de M. Alexandre Baudouin sur le meme sujet. 270 Seance du j5 j'uin 1827. S. E. Ic coiiUc de Chabrol, Ministrc de la Marine ,a(lressc deux lellres a la Societe : la premiere a pour but dinfonncr la Com- mission cenlrale qu'il s'est empresse de seconder ses vues en fa- veur de la famille de M. Malle-Brun , en appuyant ses demandes aupres des minlstres de Tlnterieur et dcs Affaires Ecclcsiastiques ; dans la seconde , S. E. veut bien annoncer Tenvoi de plusieurs ouvragcs recens, publics sous les auspices du minislere de la ma- rine, et entre autres les parties naullques des voyages de MM. de Freycinct et Duperrey. M. Hcrpin, re^u membre dc la Societe, dans la derniere seance , adresse ses remercimens a la Commission centrale pour son admission. M. le President communique un memoire deM. Bouvard sur les observations meteorologlques failes a TObservatoirc royal de Paris, et un memoire de M. Cordier sur la temperature interieure de la terre. ( Voir pages aSi et 280. ) Le meme membre communique le resume dun memoire de M. Gail fds , ayant pour but dc determiner Tage du Stadiasme , public par Iriarte dans la notice des manuscrits grecs dc Madrid, et d'examiner la nature des elemens geographiqucs dont il se compose. ( Voir documens, page 277.) M, Barbie du Bocage litune note sur un ouvrage relatif a Tby- drograpbie des anciennes possessions espagnoles , lant des ilcs que du continent d'Ameriquc , public a Philadelpbic , sous la direcllou de M. le contre-amiral Cortes. M.Brue communique le re'sume d'un rapport fait par M. Duleau i la Societe Pbilomalbiquc , sur deux documens presentesau Pre- sident des Etals-Unis d'Ameriquc : le premier Iraitant des ope- rations prellminalres cxecutees relativement h. cinq projets de canaux a pratiquer dans les Etals-Uuis ; ct le second ayant pour objel special Tclude dclaillce du canal de TOhio a la Chesapeak. { Voir documens , page 278. ) 271 M. Warden observe que ropinioa cles ingenleurs americaiiis est que ce dernier projet de canal presente de grandes difficulles. M. Brue communique aussi one note de M. Parrot , ingenieur des mines, sur un nouveau puils artesien, creuse a Presles, pres de Meziercs. ( Yoir documens, page 274.) M. Jullien propose a la Commission centrale de nonimer des commissaires pour visiter le Georama et pour faire un rapport sur TutiliLe de cet etablissement qui est sur le point d'etre delruit. Sur la proposition d'un membre, et apres une longue discus- sion, la Commission autorise I'insertion au Bulletin, d'un article destine a faire connailrc le Georama. M. le President annonce le refour de Texpedition de M. Tamiral Rosame],qui vient de terminer sa station au Chili, ou elle est rcstee presde quatre ans. II serait a desirer qu'on se procurAt des rensei- gncmens sur les resultats geographlques que cette expedition a pu oblenir. M. Warden offre, au nom de MM, Mease et Tanner, de Phi- ladelphie , plusieurs ouvrages sur I'Amerique ; il est invite a faire un rapport sur I'un d'eux, intitule : /l viav of JF'est Florida embra- cing its geography,^ topography , etc. § 2. Admissions^ OJJTandes , etc. MEMBRES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance dii \" juiii. M. le Baron Joseph de Hammer, Conseiller aullque et Inter- prete de S. M. TEmpereur d'Autrlche , etc. , a Vienne. M. J.-Ch. Herpin, Docteur en Medecine, Profcsseur des Sciences physiques , etc. Seance dii iSjuin, M. Frederic Degeorge , a Londres. M. Gerard Jacob , Ecuyer, Membre de plusieurs Socletes savantcs, etc. 372 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Par M. Jomard : Rejtmrques sur les Decouvertes faites dans I'A- fr'ufue ccntvalc el h dcgre dc cL^'iUsatiundcs patples quirhahiieni ; cxirall de rintroduction d'un Meiiioire, ayant pour litre: ISotiuns des an- ciens sur VAfrique cenlrale , comparees aux decowertes recentes , uiic broch. in-4-°. Par ]M. Mac-Carthy : Dictionnaire universel de geographi'e physique ^ politique^ liistorique et commerdale^ i'^'^ livraison, Paris , 1827. Par M. Moreau : Origine el progres du commerce des soleries en Angleterrc ^ dcpuis les temps Ics plus recuUs jusqucn 1826.— ILtai an- nuel des produits du sol et de I'induslrie de V Angleierre , de I'Ecosse cl de rirlunde , sortis des ports de la Grande-Bretagne pour etre exportes dans les quatre parties du monde , depuis iGgSjusqu'ii iSzl^ inclusioe- mcnt. — Tltat ancien et Etat actuel de la liavigation^ entre la Grande- Bretagne et toutcs les parties du monde. — Tableau chronologique de la marine royaleet commerciale de la Grande-Bretagne , depuis les pre- miers temps ( annre 827 ) jusqu'a cette epoque (1827 ) , etahli sur des documens ojficieh. — Situation Jinan cicre de la Compagnie des Inde.s urientales^ d'apres des documens oj/icicls, etc. — Londrcs, 1825. Par M. Moris : Tableau comparatif de la population et de la su- perficie des departemens de la France ^ 1827. Par M. JuUien : Leltrc de M. le Capitaine Sabine ii M. Jullien. — L'Amerique ^ parM. de Sismondi. — Lettre ecrite par un Americain ii M. Jullien. — Le Tombeau d'une jeune Philhellene; dlegie. Par INI. Ferry : Nouoclles idees sur la population avcc des rcmarques sur les theories de Malthus et de Godtvin. Paris, 182G, unc brochure in-8". Par M, de Leuven : Journal des Voyages, cab. d'avril. Par la Socidle de la Morale Chrelienne : N» 44- ^e son Journal. Par la Societe d' Agriculture de laCharcnle : Cahiers de mars cl d'avril de ses Annales. Seance dii 1 5 jtiin. Par S. Exc. le Ministre dc5 Affaires Etrangeres : Auteurs clas- siques latins^ tomes 8i, 82 ei 82 lis. Par M. le Docteur Mease, de Philadclphie : Tableau de Phila- delphie.! pour 1824, contenant le tableau de cetle ville pour 181 1, par J. Mea5> Quoiqu'il en soit, aussilot que les cultivateurs y apergoivent la criste marine, ils y envoient leurs moutons au pSturage, ct bicntot on voit de nombreux Iroupeaux sur ces terrains, que, peu de temps avant, la mer et la Seinecouvraient entierement de leurs eaux, » Ils deviennent alors, pour les communes qui les avoisinenl, une source de prosperile et de richesse ; telle ferme dont I'etendue ne permet pas au cultivateur de se livrer a Teducalion des mou- tons , peut alors en avoir cent oudeux cents. » Les habilans des communes riveraines de la Seine sont en possession immemoriale de faire conduire leurs besliaux au palu- rage sur ces terrains, aussitot que I'berbe s'y laisse apercevoir, et conlinuent a les faire depouiller jusqu'a linslant de leur dispa- rition. » P\ESUME d'un Memoire ay ant pour but de determiner V age du siadiasme, puhlie par Iriarte, dans la notice des mamiscrits grecs de Madrid , et d' examiner la nature des elemens geographiques dont Use compose, par M. Gail, fils. ( Comniiinique a la Societe (GE.S. — Voyage a Manipor ^o — Details sur un volcan dc rHiiiialaya 4^ — C6le aeptcntrlonale de Sumatra • . 182 — Hsivre de Ko-si-cliang 186 — Mines d^elain de Johore i8n — Geologic de Poulanios iqo — La villc et la vallee d'Oaxaca igi — lies Harvey 257 — Histolre ancienne de Ccylan 262 NOUVELLES GEOGRAPIIIQUES. — Expedition du capitaine Franklin ^7 — Correspondance du doctcur Richardson 53 — Id. de M. Drummond 5 7 — Id. de M. Douglas 61 -^ Id. de M. Douglas a M. Scoulcr. ... 63 — Retour du docteur Blume. . . : 65 — Permission de Tempereur de Russie au doctcur Sjon- gren , pour rentreprisc dun voyage en Finlandc, etc. . 66 — Decouvcrle dun manuscrit de TEvangile dans un cou- vent du Mexiquc id. — Nouvelle expedition par les vaisseux de la marine im- periale russe le ^lol/er et le Seniainn 67 — Manuscrit du journal du celebre voyageur Seetzen , re- Irouve a Vlennc id. — Decouverte d'uneile et d'un reclf dc corail, Inconnus jusqu'a ce jour , par le navire la -f aleita id. — Lettre du capitaine Clapperton. — Depart du colonel Denham. — Fernando-Po. — Le major Laing. ... 68 DEUXIEME SKCTION.— ACTES de la societe. — Proces-verbaux des sdanccs. . . . 69, 116, igl ct 267 — Liste des membres nouvellement admis.. . 76, -^00 ct 271 — Liste des ouvrages offerts a la Societe. 77, 118, 201 et 272 293 DOCUMENS ET COMMUNICATIONS. — Decouverlc d'un nouvcau roclici' par le brick Aurora^ de Boston 80 — Decouverte de plusleurs lies nouvelles , par le btitlment americain Ic Loper 81 — Lettre dc M. de Laporle , vice-consul a Tanger, a M. Jomard 82 — Nole relative a lexpedition ducapltaine Franklin. . . 119 — Exlralt d'unc lettre ecrite de Buenos-Ayres , le i^"^ dc- cemljre 1826 , par M. Douville, membre de la Societe. 120 — Observations sur le voyage du major Laing , commu- niquees par M. Jomard 2o3 — Nouvelles de Texpedition du capilaine Franklin. . . 2o4 — Extrait d'une lettre de MM. Quoy et Gaimard, datee du port Jackson , le l^. dccembre 1826 2o5 — Extrait dune lettre de M. Eug. Chalgneau , datee de la riviere de Calcutta, le i"^ Janvier 1827 207 — Extrait d'une lettre de M. Graberg de Hemso, datee de Tripoli d'Afrique , le 20 fevrier 1827 208 — Extrait dune lettre de M. Jorelle , datee de Latta- quie, le 22 juln 1826 209 — Extrait du rapport de M. de Humboldt , sur les voya- ges de MM. Ehrenberg et Hemprich en Egypte, etc. . 211 — Note sur Tile d'Hal-nan , sur la mission de la Chine ct sur les Chlnols , communiquee par M. Dezoz de la Roquelte. . 212 — Bapport sur le New-American atlas , de M. Tanner , de Pbiladelphiri , par M. Alex. Barbie du Bocage. . . 223 — Atlas des Etats-Unis , sur un plan perfectionne , par M. E. Morse (article communique par M. Woodbridge). 236 — Notice necrologlque sur M. le colonel Jacotin. . . 23g — <^uestions sur la topographic, et sur la superficie du terrain , sur lesresullats generaux de la meteorologieex- 294. traites du premier memoire dc M. Morin , relallvement a la correspondance a etablir pour ravancement de la mdteorologie : . . a^-i — TSole relative a cinq projcts de canaus a etablir eii Amerique 278 — ISote sur un nouveau puits art<^sien 27^ — Note sur les alterisseniens de la Seine id. — Resume dun memoire ayanl pour but de determiner Page du Stadiasme, public par Iriarle, etc. . . . 277 ■ — Extrait dun memoire sur les observations meleorologi- ques faites a TObservatoire royal de Paris, . . • • 280 — Rapport sur un Traite de cosmograpbie et de gcogra- pbie de JM. C Giraldez 284 ASSEMBLtE GEISERALE DU 23 MARS 1827. — Proces-verbal de la seance , : . 121 ' — Lettre de M. Bergbaus , professeur a 1 universile de Berlin, sur le nivellement de TOder 124 — Notes sur le voyage du major Laing a Tombouctou , communiquees par M. Jomard laH — Rapport sur un memoire relalif a la question de savoir suivanl quelle direction le ftot arrhe sur les differens points de la cote meridionale de la Manche ^ par Aj. le comte Andreossy i3o ' — Rapport sur un memoire relalif au nivellemenl de la vallee de la Meuse , par M. le General Haxo. . . . i4o |l — Rapport sur le concours de 1827, par M. Alex. Bar- bie du Bocage i4i — Liste des nouveaux nienibres admis i47 — Liste des ouvrages offerts i48 — Programme des prix ( 6*^ annee , 1827 , i49 FIN DE LA TABLE ET DU VOLUME. tVERAT, IJlPr.IMELR , KUE DC CADBAN , N" ll). BULLETIN DE LA f r SOCIETE DE GEOGRAPHIE. \DOK\K€, ^utbtetue'. BULLETIN DE LA r f SOCIETE DE GEOGRAPHIE. TOME HUITIEME PUBLIE sous LA DIRECTION de M. DE LARENAUDIERE. f«.vvi/%v«'« v-i/vi ;«,%'«/« xvx-iji/t/vtxi'vifvv\'ifvv%'«'vv«/«.vi/«-«.V'»/v«n.'V%'i.'v«;^^ ^' 51-56. C«.%V»\'\V«'«.Vl/l'\,'Wt,V«.\W1/Wt,'WVt«VkX't.Vl.V«W\ \l\.\'\. WV\JV\/\/Wkl%^ PARIS , CHEZ ARTHUS BERTRAND , LIBBAIRE DE LA SOCI£t£ DE GEOGRAPHIE, BUE HAUTEFEUILLE, N" 23. ±VERAT, iraPRinEDR, RDE DU CASRAK., HT. 1«. 1827. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. NUMEPtO 51. — JUILLET. PREMIERE SECTION. MEMOIRES , EXTRAITS ET ANALYSES. Notice sur Ic Texas dans le Mexupie , composee d'apres des documens authentiques ^ parM. Mease, M. D., memhre de la Societe Phi- losophique americaine , etc. , etc. Pliiladelpliie , 1826. Description politique et geographique. — Avant la derniere revolu- tion arrivee au Mexique , le Texas formait une des provinces de rintcndance de San Luis-Polosl, donl lesaulrcs provinces elalent Cohaliuila , Santan-ler et Leon. Sous la republique , il a fail par- tie de I'elat oriental inlerieur ; par un arrangement recent , il a ete reuni a Cohaliuila avec lequel il compose un elat. Ce pays est silue enlre 28 et34. degres de latitude nord , et entre 16 et 28 degres de longitude a Touestde Washinglon-Cily : il est borne au nord et au nord-est par le Rio-Roxo , ou Red-River ; au sud et au sud-est par le golfe du Mexique ; a Test par Tetat de Louisiane , au sud-ouest par une partie de I'etat de Tamaulipas ( ci-devant Santander ) , a I'ouest par Cohahuila , et en partie par le nonveau Icrrifoire tie Santa- Fe (ci-devant Nouveau-Mexi- que). 11 a environ 5oo milles dans sa plus grande longueur de Pecan-Poinl, fonnant Tangle nord-oucst du territoire americain d'Arkansas, jusqu'a renibouchurc du l\io de las Nueces; et sa plus grande largeur en travers de sa parlie centrale est de 4-5o milles. La cote seniblahle a celle de la Louisiane , est basse et marecageuse , et bornee de beaucoup de petiles iles formant des baics plus ou inoins elendues. Dans linterieur on ne trouve pas dehaules monlagnes; on peul dire que lout le Texas conslste en plaines ouvertes. Rmercs. — Le Texas est arrost^ par des rivieres nouibreuses ; voici les principales : i" Le Rio-Roxo ou Red -River { Rmere-Rou^e ) scpare ce pays du territoire americain d'Arkansas : son cours sinueux borne le Texas au nord. D'apres la carle de Tanner, ce llcuve a sa source beaucoup au sud d'une route qui va presqu'en droilurc a Test a Sanla-Fe. Le general Pike ful infornie par rofficler espa- gnol qui Ic fit prisonnier , sur le Rio-del-TSorte i), que la source du Rio-Roxo elait a bull jours de marcbe au sud de Santa-Fe , ce qui s^accorde avec le recil de I'auleur du Voyage du major Long, a la source de la riviere Saint-Pierre. Le Rio-Roxo entre dans le Texas par 33" 3o' de latitude, et 22" i5' de longitude , el forme la ligne de frontiere septenlrionale jusqu'a Pecan-Poinl. l^a liaiite entre le Texas et la Louisiane , quilte dans ce lieu les bords du Rio-Pioxo , et court droit au sud jusqu'au RIo-Sabina sous 32" de latitude, ctsuit le cours de ce petit flcuvc jusqn'a son embouchure dans le golfe du IVIexique. Le cours du Rio-P»oxo est si tranquille , qu'on Ic remonte avec la plus grande facililc. Le Rio-Rayo qui a sa source a 3o ou 4-o milles a Test de Santa-Fe , passait ordinairement pour son prin- l\) Voycz la P.elallon tie son voyage . p. 20?. de roiif;inal. el p. 3fif), t. i <1e la Traduction frr.ncaise. 3 cipal affluent , mals rcxpedillon rdcente aux Monts Rocky (i) , a prouve que cette conjecture elait erronee. Un detacheinent «\c cette expedition qui devait descendre le l\io-I\oxo, ayant rencon- tre une riviere considerable dans cetle conlree , en suivit le cours, pensant , d'apres Topinion commune et i'assertion positive des Indiens vivans sur ses Lords , que c'etait celle qu'il cherchait ; mais elle conduisit les voyageurs dans TArkansas , et alors ils re- connurent que c'etait la Canadienne. Cette meprise leur donna lieu de conslater que le Rio-Rayo de M. de Humboldt , est un affluent de la Canadienne , et qu'il fallait chercher la source du RIo-Roxo dans les hautes plaines qui sont beaucoup plus au sud. En 1806 , le gouvernement des Etats-Unis envoya un delache- ment charge de remonter cette riviere jusqu'a sa source (2) ; les voyageurs alierent jusqu'a 280 milles au-dela du village de Coash- atay, ou a 635 milles de son embouchure ; ils furent arretes par la basse jalousie des Espagnols a Nacogodch^s , le gouvernement local ayant fait marcher une troupe de mille soldats , tanl fantas- sins que cavaliers , contre la poignee d'honmies qui parcourait le canton. Sans cette opposition , la source du Rio-Roxo aurait ete trouvee. Je pourrais m'etendre davantage sur cette riviere , mais je dois etre bref , parce qu'elle n'appartient pas exclusivement au Texas (3). Depuis deux ans , un bateau a vapeur remonte de la Nouvelle™ Orleans jusqua Alexandrie , ville des Elats-Unis sur la rive droite :4), eta i35 milles de Tembouchure du Red-River. (i) jSccoiint vj' an expedidon J'rvin Piltburgh to the Rncke mtnintains fier/'oij med in the years 1819 and 1820, by II. Long. Pliilaclt-lpliia , 1823, 2 vol. in-80 avec un atlas. (2) Celte expedition est celle que conunandalt le lieutenani Pike. (3) Cette ville, qui est le chef-lieu de la paroisse de Rapidc , osl eIoif;nee de 346 milles N. N. O. do la Nouvelle-Orleans , et de i8o milles en ligne Axoite. (4) .le me contenteral d'ajouier I'exliail d'un journal imprime a Nalchi , 2" Le Rio-Sahina. — On a d^ja dit que ce petit fleuve fail una parlie dc la limite orienlale du Texas , depuis son embouchure jusqu'a So" de latitude. Plus haul il vient du nord-ouest, et recoil trois a quatie rivieres moins considorahles. Sa source n'a pas en- core etc dccouverte. 11 se jettc dans le golfe du Mexique par 29" 3o' de latitude , et 17" i5' de longitude. 11 n'a que qualre pieds de profondeur a la barre de son embouchure , dans les maroes ordinaires. A douze miiles de la mer le Sabina s'elargil , et forme un lac large dune douzaine de millcs , el dont la longueur est de ■j5 ; mais il est peu profond. Le Sabiua el le Natchez y entrenl par son exlremite seplentrionale. Le Sabina peut , a raison de ses si- nuosites, avoir un cours de 3oo millcs. toche, qui donne le recit d'une expedilion sur le Rio-Roxo , au-dessus d'A- lexandra. Ecueils du Red-River. Natohitoche, 1 3 mars i826.Le capilaine Birch et le lieutenant Lee, ayain. avec eux un detacliement de soldats du canton dc Jesup , sont revenus il y a quelqups jours apres une absence de deux mois , employes a examiner, par ordre du gouvernement , le radeau ou les ccncils du Red-River. Nous avons cause avec ces hommes instruits ct spiritucls, surrobjetdoleurexpedilion.il parait que le but etait de reconnailre s'il serail possible de falre traverser le radeau par les bateaux a vapeur. lis nous apprircnt qu'ayant navigue dans le lit sinueux de rOld-Rlvcr , en remontant son cours jusqu'a une distance de too miiles, ils y Irouverent 180 masses distinctes d'arbres formant commc aulant de radeaux ; ils avaient depuis quelqucs brasses jusqu'a 900 et 1,200 pieds de long. Les briser ou les enlever de maniere a ouvrir un passage aux bateaux a vapeur , serait un ouvrage long , difficile et couteux. Si on I'effec- tnait , on pourrait craindre que les arbres , emporles par le couranl , iie for- massenl de nouveaiix empechemens plus bas. Les voyageurs irouverent les bords de la riviere ircs-fertiles, mais couverts d'une si grande quantite de ro- seaux, de planles sarmenteuses et de ronces , qu'il serait impossible de s'y frayer nn passage aulrementiqu'avec un instrument tranchant , et que m^me, on nc pourrait abattre dans un jour qu'un espace de quelqucs pieds en lon- gueur parmi ces broussaillcs. Apres avoir examine nussl bien qu'ils purcnl Tancicn lit dc la riviere, ils le traverserenl , gagncrcnt nne Jle , trajnoreiit Aucune perspective , dit Darby (i) , ne peut fitre plus soli- taire et plus imposante que celle de rembouchure du Sabina , a cause de I'etendue sans bornes du golfe , et de Fespace immense de la prairie. Suivant Barlhelemy , c est une de ces perspecti- ves a perle de vue ou rimaginallon n'est pas raoins oppressee que surprise par la grandeur du spectacle. L'esprit mal a son aise cherche vainement de tousles coles un objet sur lequel ilpuisse se reposer ; il ne trouve qu'une solitude qui Taltriste et une immen- site qui le confond. 3". Le Natchez ou la branche orientale du Sabina , est forme par la reunion de I'Angellna, de TAltayeuque , du Nana et de i'Attascocito. Nagodochcs qui a ete long-temps un poste militaire des Espagnols , est sur les bords du Nana. /^o. Le Rio-Trinidad : on dit que sa source est par 32° 45' de leurs embarcations legeres au Bayou-Pierre ou a la branche occidentale de la riviere qui dilTerait beaucoiip de Tautrc. Un canal de moins d'un demi-mille la ferait comiuuniquer avec le lac Scioto, a ti-avers ua terrain d'alluvion uni. lis entrerent dans ce lac avec leurs canots, et employerent plusieurs jonrs a I'examiner. Sa longueur est a peu pres de loo milles , et sa largeur de 5 a 6; il aun chenal dans lequel ily avail dixpieds d'eau.Laligne des hautes eaux etail au moins de quinze pieds au-dessusde sa surface actuelle. Ses bords sont denteles, et se prolongent presque parallelement a la riviere ; il a une commu- nication avec celle-ci, a peu-pres a 25 milles au-dessus de I'ecueil; on en pourraiL ouvrir aisement un autre quelques milles plus haut. En descendant le Bayou-Pierre, qui se reunlt de nouveau avec I'ancien lit, a 6 milles au- dessus de Natchiloche, les voyageurs rencontterent bien peu d'obstacles ; les princlpaux consistaient en troncs de cypres chauves qui elaient debout au milieu du couraiit , et qu'il ne serait pas difficile d'enlever quandles eaux sont basses. Ce ti avail effeolue, et un passage ouvevt dans le lac Scioto , rien n'em- peclierait les bateaux a vapeur de remonter a plus de i,ooo miHes au-dessus de Natchitoche , et meme de penetrcr dans le Nouveau-Mexique , a travers im pays d'unc ferlilite extraordinaire, et donL le climat est doux et salubre. On croit que la navigation par le Bayou-Pierre est de plus de lOO milles plus courte que par les aulrcs afDuens du Red-River. {i) Geographical Descripiicn of Lnuisiana , p. 2i. 6 latitude, el ig" i5' de longitude , et qu'apivs un cours sinueux dc 3oo mllies , 11 sc jetle dans la baie de Galveston. 5" Le Brazo tie Dios a sa source dans le lac de Sanlillo, par 33° lo' de latitude et 23" i5' de longitude. Apres etre entree dans le Texas, cette riviere coule au sud-est, et se jetle dans une lagune , a Test de la baie de Saint-Bernard , el par consequent dans le golfe du Mexique, apres un cours de 75o millcs. C'cst un grand fleuve. Dans Fendroit ou la route le traverse , il a goo pieds de largeur. Lcs bateaux a vapeur peuvent le renionler au-dela du 34" degre de latitude. Ses affluens sont nonibreux ; leurs rives con- viennent tres-bien poury etablir des uioulins. D'apres Tapparence de ses bords , ses eaux doivent monter a une hauteur considerable, et ensuite descendre fort bas. Le pays qu'Il arrose est bien bolse; et le terrain est fertile. Jusqu'a vingt milles au-dessus de Tembou- chure de ce fleuve , les lerres basses ou du fond , ainsi qu'on les appelle, ont ordinairement une largeur nioyenne de l^. milles et jusqu'a 35 et 4° milles plus haul , cetle largeur est de 2 milles. On dit que ces terres sont excellentcs. Un grand nombre de cri- ques versent leurs eaux dans le Piio-Brazos. En 1825, ce fleuve et ses affluens s'eleverent a une hauteur extraordinaire, deborderenl, et delruisirent les recolles. Les eaux reprlrent leur niveau ordi- naire vers le milieu de mai. 6° Le Rio-Colorado. — Ses sources sont entre le 32^ et le 34* degre de latitude, et entre les 24" et 26'' de longitude. Apres s'«5tre forme par la reunion de plusieurs ruisseaux , il coule au sud - esl , pendant quelque temps, pour tourner au nord autour du niont St.- Saba, sc dirige ensuite au sud-est, et va se jeter dans la baie de San -Bernardo ou de Saint-Louis. Dans son cours il revolt plusieurs rivieres. y Le Rio-Flores. — Petite riviere , qui verse ses eaux dans la mSme bale. 8" Le Rio-Guadahipe a sa source dans un lac, au - dela de la limite occidentale du Texas, entre le 30"^ et le 3i" degre dc lati- 7 ' tude et sous 22" i5' de longitude. II coule au sud-est, et se reunit au l\io San Marco. g" Le Rio- San-Marco est forme de la reunion dc plusieurs ruisseaux qui ont leurs sources a Test du Guadalupe, a peu pres a 100 milles au nord et a Test de la ville de San-Antonio ; et apres s'eire dirige au sud-est, il a son embouchure a la cole occidentale de la bale de San-Bernardo, et au sud du Rio-Flores. Les mines du vie 'x fort Matagorda , ou La Salle debarqua en iG85, sont a lembouchure de ce fleuve. On dit que le Guadalupe est une belle riviere , large de 180 pieds. Ses eaux sont limpides ; mais elle n est navigable que pour de petiles embarcalions. Le l\io-San- Marco a environ go pieds de large ; ses eaux sont transparentes , mais peu profondes. Par la route, il est eloigne de i4 milles du Gua- dalupe. 10" Le Rio- San- Antonio a sa source a peu pres a une lieue au nord-est de la capitale du Texas, qui porle le meme noni. II est navigable , pour des pirogues, jusqu'asa source. II abonde en pois- sons excellens et en jeunes pboques. II se reunit au Rio-Mariana , qui vient de Touest , et se jelte dans la bale de Saint-Joseph par la c6te de Touesl. A San-Antonio, il a 60 pieds de large, suivant le general Pike. 11° Le Rasaiio est une petite riviere qui coule au sud du Rio- San-Anlonio. II se decharge dans une bale forniant une parlie de la grande lagune qui commence i I'embouchure du Rio-del-Norte, se dirige au nord, et se lermine a la baie de Saint-Joseph. 12° jR/o de las Nueces. Cette riviere forme une partie de la limite occidentale du Texas, et le separe du Tamaulipas. Ses sources sont vers 3i" de latitude et 23° de longitude, entre le Guada- lupe et le Rio-del-Norte. II coule au sud-est , traverse la partie superieure de Tamaulipas, et se jelle vers le milieu de la grande lagune. Son cours est parallele a celui de RIo-del-Norle. Villes pn'ncipales. — En partant de Test, Nacogodchesest la pre- miere ville que Ton ait a nommer; elle est a quelques milles de 8 la fronti^re qui separe le Texas de la Luuisiaiie , sur I'Arroya de la Nona (3i'' 27' de lat. 17" 10' de lorigit, ). Autrefois elle s'ap- pclait Asslnage, uri presidio y avail eld elabli des 1716. Celle pe- tile viile, et quclques fennes dans les environs, sont les seules ameiloralions que les emigrans espagr:oIs aienl lalies dans ce pays, dans une periode de plus de cent ans. San- Antonio. La capilale du Texas , est siluee par 29° 4o' de lal. et 21° 4-2' de longll. , a la source dc la riviere du rneme nom. On eslime sa populalion a Jtooo ames, uiais il est probable qu'elle ne s'cleve t)as si haul. 11 est certain qu'elle vit dans de miserables maisons balies en terre el couvertes dc roseaux. CcUe ville est tracee sur un grand plan ; car il y a des gens qui , malgre les haillons dont lis sont vctus, montrent du goAt pour le fastc. Bahia, pellt village sur la rive droile du llio San-Antonio, a 3o inilles de son embouchure, dans la bale Saint-Joseph. On dit que cetle bale pent recevoir des niivlres de loules les grandeurs, et conlenir une fiolte. Cliinat. — Arispe et Pike (i) conviennent que la temperature du Texas est dellcicuse ; mais en ele le soleil esl ardent, et dans les conlrees seplenlrionales il neige frequemment en hiver. La grande elcndue de ce pays doil neccssairement produire une dlf- ftrence considerable dans le climal dc ses dlfferenles parlies. Un Emigrant des Elals-Unis, qui s'esl elabli sur les bords du Brazos, a recemment appris au public que , depuls juin jusqu'en novcmbre, II pleul tres-pcu, mais suffisammcnt pour les recolles. Pike dli que les fievres bilieuses, inlermiltenles et malignes sont les ma- ladies dominantes; celle opinion m'a ele confirmee par une per- (i) Pike's Expedition to the sotiices 'J' the Mississipi, and a tour llmnigk the interior- parts oj" New Spain. Philadelphia, 1810. Tiailuit en fiiincais sous ce lilve : f^oyage au notn^eau Mexitjue, pnitr reconnaitre les sources des rivieres Arkansas, KanseSy la Platte et Pierre-Jaune; pn'cide -.tune excursion aux sources du Mississipi pcndantlcs annees l8o5, 1806 et 1807. Paris, 'J vol, ln-8", 1808. 9 Sonne qui a sejourne trente aiis dans le volsinage d'Alexandrie , sur lo l\ed-River. Pruduclions. — Arispe dit que les bords des rivieres sonl couverls de beaux arbres dont le bois est excellent , et d'autres qui don- nenl des fruits d'ui gout exquis , tels que la vigne, le chalaignier, le neflier , la ronce de haie, le noyer. II y a des arbrisseaux epl- neux, de nienie que dans la pluparl des aulres contrees de I'A.- merique Seplenlrionale. On trouve abondamment au Texas le sassafras, la cochenille, Tindigo , le ceanolhus et la viperina, si recherchee pour ses qualiles medicales. Arispe dit que ce vegetal resseuible au quinquina. Jusqu'au Pvio-Trinidad , les palurages sent nombreux et cxcel- Icns ; mais au-dela de cette riviere , Therbe est rare , parcc que le pays est a peine ombrage par des arbres , et que le terrain est sablonneux. Les vegetaux que Ton cultive sont : le coton , qui est de Ir^s- bonnc qualile , et forme le principal objet de commerce ; le tabac, le mais. Les essais faits pour la culture de la canne a sucre onl ete tres-sallsfaisans. On ne pent douter que le climal ne soit, dans quelques parties du pays, egalement favorable au cafe. Les chenes donnent une grande quanlile de glands, qui four- nissentunenourritureabondanlea de nombreux troupeauxde pores. A San -Antonio , et a moins de lo a i5 minutes du 3o' degre de latitude, le froment est tres-commun : on Ty convcrtit en farine. Cette ville est au milieu d'un pays haut et ondule, dont le terrain est favorable a la culture des diverses cereales, et dont le cllrnat difiere , sous beaucoup de rapports, de celui de Tetablissement d'Austin sur les bords du P\io-Colorado. On se sert principalement du mais pour faire du pain. C'esl le vegetal qui recompense le mieux et le plus promplement les peines du labourcur, et qui donne la nourriture la plus forte et la plus substantielle, tant pour les hommes que pour les animaux. Animaux. — Arispe dit que les animaux du Texas « sont les cerfs, lO les ours, les ligres (probablernenl Xa fells concolor)^ les loutres, et au nord Ics bisons. 11 est singulier que cet auteur all passe sous silence les loups et les chevaux (i), qui sont tr^s-nombreux dans les provinces septenlrionalcs du Mexique. Les Espagnols pren- nenl tres- adrolleincnt les chevaux sauvages , et en conduisent de grands Iroiipeaux aux Elats-Unis, on ces animaux se vendent ordinaircnicnt 20 dollars. Dans le recit d'unc expedition recente a Santa-Fe, on dit que les voyageurs , a lenr reloiir, perdirent beaucoup de mulcts , a cause de Tarrivce soudaine et dcs hurlemens d'une troupe de loups, qui evelilerent la sentinelle, et kii cause- rent une si grande frayeur, qu'elle s'enfuit a toules janibes vers le camp , en s'ecriant : les Indiens! les Indiens! Indiens. — Le Texas et toutes les provinces septentrionales du Mexique renfernient plusicurs Iribus d Indiens. Ces peuples , ex- tremement sauvages, pillent frequcininenl les niarchands qui font le commerce enlre les Etals-Unis ct le Mexique. Neanmoins plusieurs tribus vivent paislblement pres des etablissemens. Au- trefois les Espagnols faisaient de grands efforts pour inslruire et civiliser ces peuples. Selon le temolgnage de Pike , peu de bcitl- mens du pays surpassaient en solidile, en conimodile, et meme en majeste , ceux de ces missions. Cependant on doit supposer qu'il y a quclque exageralion dans ce tableau; car il n'y a aucune mai- son dans le Texas qui soil commode ou convenable. La pauvrete, I'ignorance et la paresse marquent lout ce qui s'y fait. Pike dit que les Indiens de deux de ces missions ont entierement disparu , s^etant enfuis les uns apres les autres ; et le seul qui soit reste avail a peine le temps suffisant pour faire le travail du menage. Colonies. — Je me bornerai a parlcr de ccUes dont les babltans sont des (-migrans des Etats-Unis. Quoiqu'il y ait encore aux Etats-Unis de vastes espaces de (1) On elivc aussi des mulcts dans loutes les provinces septentrionales , el on les envoie aux Etats-Unis. II lerres ferliles qui ne sont pas cultivees et que Ton peut acheter a un ou deux dollars Tacre, loutefols le caractere inquiet des habl- tans des frontieres do rUnion en a porte bcaucoup a abandonner leurs ancicns voisins, Icurs parens, leurs connaissances ct une po- sition comparativenicnl bonne ct convenable, et par-dessus tout un gouverneinent qui leur assure tous leurs droits, pour aller s'e- tablir dans differentes parlies du Texas, ou les epreuves, les dan- gers et les privations qu'ils ont supporles precodemmcnt se pre- senteront de nouveau, et ou le gouvernement n'a nullement la force suffisante pour les protegcr. Void le nom des personnes qui ont obtcnu de la republlque mcxicaine de grandcs concessions de lerres : I" Ellenne Austin, sur le Colorado; il a la permission d'ame- ner 700 families. 2° M. Leftlvich du Kentucky. Sa concession renferme dix millions d'acres; elle est au-dessus de celle d' Austin et lui est con- tigue; elle s'etend depuls les bords du RIo-Colorado jusqua ceux du Brazos dont elle comprend une grande partie On dil qu'elle est assez proclie du golfe du Mexique pour assurer aux colons tous les avantages du commerce ( 1 ), et que les brises de mer empechent que ce volsinage ne soil prejudiclable a la sante. L'acte de conces- sion s^etend a 1200 families. Ces terres sont sitntes enire le 3i"^ et le 34.® degres de latitude : ce qui fait supposer sa temperature entre 80" (21° 3i') et 60" ( 12^ 4-3' \ 3° Hayden Edwards.... 800 families ; 4- M Thorn de New- York. Ces derniers doivent s'elabllr a Test, au nord et a I'ouest de la colonie d' Austin. 11 n'est pas probable que le pelit nombre d'individus qui vlen- dront des Elats-Unis pour se fixer dans ces colonies ajoutent solt a la richesse du pays, solt a celle des proprietalres de terres, lis ne (i) Qu.md Us nuioiit (luulquc chose a vcndrc. 12 possedent rien, ne counaissent aucune des coinniodit^s de la vie, et pendant la plus graude panic dc lour st'-jour daus leur palrie , n'onl pu que soutenir leur exislence. lis (itaicnt dans une conlree, oil avec I'ainour du travail, ils auraient pu s'enrichir. lis ne sont qu'a denii civilises ; si en chassant pendant toute une journce ils peuvent se procurer assez de chair de bele fauve ou de bison pour se nourrir pendant une scmaine ; si leurs cochons peuvent s'engraisser en mangeant du gland sans qu'il leur en coulc rien , ni qu'ils soienl obliges de se donner le moindre soin ; ils ne pren- dront jamais la peine de semer du grain pour engraisser un bcEuf , de faire dcs prairies artificielles, quand ils ne pourront avoir que de maigres palurages naturels. On con^oit que les conditions d'etablisseinent sont extreuienienl favorables aux cniigrans. Mais quand inenie tous les avanlages qui leur sont ofierts seraient plus considt^rables que ceux qu'ils quillent en abandonnant les Elats-Unis, un seul motif suffirait pour empgchor tout chrelien protestant de souhaiter jamais de s'en prevaloir : c'est Tesprit bigot du gouvernement mexicain relative- ment a la religion. Le culle catholique est le seul qui soit permis; comme si Dieu exigeait que le genre humain adopldt un mode par- ticulier d'adoralion au lieu des hommagcs sinceres qui partent du coeur. Mais les (imigrans qui s'etablissent au Texas ne s'inquielent gueres de I'exercice de leur religion , car 11 est difficile de con- naitre les principes qui les guident. En 1812, une masse de fer malleable, pcsant pres de trente quintaux , fut apporlce de la Nouvclle-Orleans a New- York. 11 fut reconnu par les ouvricrsqui Tessayerent que ce metal e(aitaussi bon que le meilleur fer de Suede. Celle masse est absolument amorphe, sa surface abonde en saillies et en depressions, ct est couvcrte dune sorle de vernis, qui pent avoir et^ produitpar le refroldissement subitde la masse, Je la vis a New- York en 1812. Plusieurs aulres plus pelites sont disseminees sur un espace de 7 a 10 milles, et cependant on ne rencontre dans cette contree, ni inin(?rai de fer , ni aucun autre mineral , ce qui a fait supposer que cette masse est un aerolitlic. Elle fiU trouvee , d'apres la carte du Mcxique dc Tanner, par 21" delat. et 32" 5o' delongit., enire deux criqucs qui coulent vers le Brazos. Elle fut achetee par M. George Gibbs, ami zele des sciences, qui Ta deposee dans le museum de la Sociele philosophique de New-York. Le Texas a ete le theiitre de deux tenlalives de revolution ; il est inutile que j'en entretiennela Societe , puisque cet objet est etran- ger a la Geographic. Je me borncrai a dire que le premier mouvement commcnca en 1812 a Nacogodches; le chef elait un orfevre nonmie Bernardo; il reussit dans deux combats qu il livra auxroyalistes , commandes paries generaux Salcedo et lierrera qui, avec douze autres offi- ciers, furent inhumainement mis a mort. Tons les Americains qui lesavaient connus , et entre aulres le brave general Pike, en par- laient avec les plus grands eloges. Mais les royalistes ayant reuni leurs forces sous le general Brcdondo, le 18 aout i8i3, les insurges republicains, sous les ordres dc Toledo, furent batlus a plusleurs reprises, a 12 milles de San-Antonio. II faut le dire a Thonneur des Espagnols vainqueurs , tous les infortunes natifs des Etats- Unis qui s'elaient joints aux insurges et qui se qualifiaient d' Ameri- cains, furent mis en liberte. Une autre insurrection eut lieu en 1819 : file fut egalement tramee a Nacogodches; le commandement fut donne a James Long natif de Telat de Tenessee , et precedemment chirurgien dans Tarmee americaine. Les troupes ne se monterent jamais a plus de cent hommes. II n'y eut pas de bataille livree; cette bande mal organisee fut dispersde quand les troupes royalistes s'avan- cerent. Plusieurs revokes perirent de faim et de fatigue. I / i4 Essais de i^cographie intlhodique et comparative, accompa- gncs de tableaux liistoriques faisant connattre la succession des diffcrens etats du inonde, depuis les temps les plus re- cults jusqu a nos jours f et suii>is d'tine thcorie du terrain ^ appliquce aux reco7inaissanccs inilitaires ; par M. DenAix, cliefdc bataillon au corps rojal d'ttat-major , etc. , etc. Introduction it la geographic physique et politique des etats de I'Europe, par Ic meme , i vol. in-S" et atlas. Paris , 1827, Picquet, Kilian , Dcnaix (1). Des hommes auxquels il est permis d'avoir une opinion en g<5o- graphie , reconnalssent depuis long-temps que I'esprilphilosophique ne dirige pas assez Tetude de cette belle science dont lui seul pent reculer les limiles ; inais lous n'ont pas entendu lespril philosophi- que de la meme maniere: les uns le pla^antdans le cercle liablluel de leurs idees, ont cru qu'il fallail lier la terre a ses habitans, de telle sorte que ceux-ci fussent une consequence du sol et du ciimat. D'aulres ont vu I'homme avant tout, et se sonL imagine que Texa- men de la surface qu'Il habile devait lui elre subordonnd. Comme eux, M. Denaix, frappe de Timperfeclion des melliodes adoptees en France et chez Tetranger, a reconnuque le vice radi- cal de ccs melliodes, soil qu'elles procedent sous la forme dele- mens, soil qu'elles embrassent des gdneralitds, etait de n'offrlr qu^une instruction morcelee, des donnees incompletes et des rap- ports tronquds. U n'a vu dans nos abreg^s que des lignes de ma- themaliques enseign^es comme bases des premieres divisions de la sphere, et des exercices de mdmoire dont rintclllgence etait ban- nie. 11 n'a remarque dans les geographies generales qu'un asser- (l) Le rapporl vei'bal que nous avons f.iil siii- les Kssais rciiicnl inserc dans eel aitnle. i5 vissement aux divisions politiqucs el administralives qui enlevait aux descriptions du sol le inerile de la liaison et des rapports gc- neraux, et ces traites lui ont paru heaucoup Irop remplis de de- tails secondaires, qu'il range dans le domaine exclusif de statis- tiques et de dictionnaires geographiques. Quant aux atlas, il regrelte de n'y pnuvoir saisir Tidde precise de la charpente generale dun pays, et de Tassielte physique des contrees ou des etats sur lesqucls se porte raltenlion. 11 reconnaJt loutefois que ces imperfections ne portent que sur le mode d'en- seignement, sur la composition des ouvrages «5lemenlaires , station- naires quand tout marche en avant , rouliniers quand la science , riche d'oLservations nouvelles, est assez forte pour sortir des sen- tiers battus. C'est sous rinflucnce d'une telle maniere de voir, que M. De- naix a compose scs Essais de geographic, et les cartes et tableaux qui Taccompagnent et dont le texte n'esl que le developpement. 11 est facile de pressenlir deja que les reproches faits par Tauteur a I'ancien systeme d'enseigncment vont le conduire dans la route des divisions du globe en regions nalurelles, et dans les conse- quences immediates d'elever lout Tedifice de nos connaissances sur les deux bases fondamentales de la geographic nalurelle et de la geographic comparative. Tels sont en effet les deux points de vue elev^s dont I'auleur considere tout 3e vasle champ de la science. On sail que le savant Kilter s'est occupe , dans un ouvrage justc- ment celebre, de la geographic considerce dans ses rapports avec la nature et avec Ihistoire de I'homme ; on sail aussi qu'avant lui Philippe Buache avail dej^ mis sur la voie des divisions geogra- phiques nalurelles, et que ce geographe celebre ne voyait dans les chaines de monlagnes soiwent hypothetiqiies qu'un reseau continu etabli par les lignes de parlage des eaux. M. Denaix, tout en profitant des faits recueillis par le premier, s'est assez generaleinent ecarte de sa marche ; il a pens^ que la connaissancc tic la superficie du gloho peut s'acquerir saus re- monter a 1 lilsloire de sa fornialion ct dc ses revolutions, et sans recourlr a V or)ctologic , qui Iraile de tous Ics mincraux et dc tons les fossiles en general. 11 a rendu hommage aux grands talens du second , qu'il n'hesite pas a regardcr comme le meilleur guide avcc Icquel on puisse s'cn- gager dans Ic labyriiilhc que forment les inegalilcs des surfaces lerreslres , quand il s'agit dTeiahlir comment elles se sont coordonnces pour produire les lassins gencraiix et particuliers , les vallces , les cols^ les ravins , les gorges , les plaincs et les plus petite s onduhitions. Exposons mainlenant , en peu de mots , les idees directrices du travail de M. Denaix et rensembie de son sysleme, qu'on peut considerer comme un developpement modifie de Fexcellente me- thode de dissequer le globe , donnee par M. Lacroix dans son In- troduction a la geographic mathematique et physique ; ouvrage dans lequel ce savant geomelre , penelre comme Newton , Rrentlcy et Jurin, des avantages du sysleme dc geographic generalc que nous devons a Varenius, s'est aussi applique a exposer les principes de la geographic indepcndamment de toute description parliculiere des licux. Le globe, considi-re geographiquement, est une surface terra- qu^e dont les diverses parties sont dans un etat de depcndance reciproque. Comme planete, la terre est un ellipso'ide aplali dont les inegalites pcuvent se comparer aux simples rugosites dune orange, puisque le pic le plus eleve de THimalaya n'a guere que six dix miiliemes de la longueur du diametre de Tequaleur. Mais, relativement a ses habitans, la surface terrestrc ne presente que des in^gallt^s , parmi lesquelles un grand nombre excede de 3 a 4-000 fois la hauteur de 1 homme. C'est alors un polyedre composd d'une quantite innombrable de faces differentes dont 1 inclinaison et I'exposition ont la plus grande i«fluence sur noire mode d'exis- tence. A par^ir du niveau des eaux oceaniques, les continens s'elevent '7 graduellement, et les parois, determinant \ears faces principales* se subdivlsent en un uombre infini de plans inclines sur lesquels fillre et descend Teau qui tombe de ralniosphere. L'impoitancc geographiqiie des hauteurs ou reliefs sur le globe, est delerniinee moins par leiir masse , par leur elevation ab- solue et par leur caraclere geogiioslique, que par I'ordre des li- mitcs nalurellcs donl ils font partie. Des cxemples pris dans les systemes de montagnes de noire Europe, dans les Alpesmeines, viennent a Tappui de ces principes, et celle chaine , malgre sou excessive hauteur et son immense developpement, n'appartient que par le Saint-Gothard, le Splugen et le Septlmer, au faile sur lequel il convient d'appeler rallenlion quand on veut proceder au parlage de TEurope en divisions geog aphiques nalurclles. « Tout ce qui dans celle chaine n'cst pas compris enlre les sources du Rhone et de Finn ne conslilue que des divisions secondalres subordonnees a une division principale ; la llgne continue du par- tage des eaux, depuis le delroit de Gibraltar jusqu'aux sources de la Pelchora el de la Gosva dans les montsOurals. » Nous cilons celle application des principes de Tauteur , parce qu'elle nous seiiible le commenlaire le plus clair de sa theorie, dont nous conlinuons Texposilion. Les bassins hydrographlques sont enlour^s ou s(^pares les uns des autres par une suile de faites ou de dos ; quand ces aretes sont non inlerrompues, elles regoivent la denomination de ligues de partage des eaux. Ici la liaison qui unit Torographie et Thydrographle , la repre- sentation des montagnes el celle des eaux, devient sensible. La scconde nous iniiie a la connalssance des differens courans, qui ne sonl autres que les arieres des continens. La premiere nous dessine la limite de leurs bassins , et Texamen des sommlles de ces memes bassins nous donne un reseau conlinu d'areles, ou, en d' autres termes, le squelelte des parties solides. Ici laissons parler I'auteur. « Par la division dcs continens en basslns liydrographiques de dif- ferens degres, determines d'apres le caractere geographiquc des eauxqui en occupenl le fond; par le parlage des basslns hydrogra- phiques , en versans generaus ou parllcullers, c'csl-a-due en penles a Topposlle el descendant de la llgne de parlage des eaux jusqu'au plan ou jusqn'au III conimun auquel elles aboulissenl, il devient possible de soumeltre tous les reliefs du globe a un clas- sen)ent uiethodique en barnionie avec Tarrangement hydrogra- phique. Par ce classcment tous les failes, toules les aretes et tous les plans d'inclinaison se trouvenl coordonnes en ralson de I'importance reelle qu'ils ont dans Tanalysc complete de la surface terraquee. » Dans ce systeihe qui bannit les limites eventuelles comnie trom- peuses el qui les rejelle de renselgnemenl, loule la science repose sur rinallerabilite dcs grands traits du globe, par lesquels tout est lie dans fetude de la lerrc. De celle elude du sol ou des couches superficielles on passe par vole de consequence a Telude des clinials, puis a celle des prodults qu'Ils favorlsent, puis enfm a la distribution des etres organiques, a la connaissance des races humaines, et successivement a la formation des socielcs et des empires. Tel est I'expose des idees, adoptees dejn par des geographes d'un in^rite rcconnu, qui dirigenl le travail de M. Denaix. Convaincu que la melliode natureile et coniparalive est la seule d'ou puisse sortir un enseignemcnt rigoureux el posilif , il commence sa lachc longue el difficile par la base sur laquelle tout roule dans ce vaste systeme , I anatomic du globe. Pour exprimer les mouvemens du terrain , les accidens du sol ct des eaux, ou leurs rapports recipro(|ues, M. Denaix a pense que les denominations anclennes, creees pour un autre ordre de choses , ctalent insuffisanles ; 11 croit devoir leur substitucr d'aulres termes empruntes en grande partle aux sciences anatomiques elbo- taniques. ici, Tinteret de J'enselgnement est-il bien cntendu ? Et "9 Tauleur s'estil bien rendu comple des obstacles que sa nomeu- clalure pouvait apporter a I'adoplion du fond de sa nouvelle melhode ? C'est uno question qne la reserve qui m est imposee me perniet de faire el nie defend de resoudie. Toulefois, en these generale, une nousenclature n'estque la chose dont on parle, re- diiite asa plus simple expression oul'exprcssion eliiptiquedela chose nieme. La moins difficile oblige encore, pour etre promplement comprise, a certaines combinaisons de la pensee. Toute nomencla- ture doit done etre d'aulant plus simple, que la science a laquelle elle s'applique est plus populaire, el cetle simplicile balance meme les avantages d'une precision plus rigoureuse. Dans toute amelio- ralion il faut proceder avec mesurc et respecter le plus possible les habitudes revues. Khabitude est une puissance qu on ne de- Irone pas facilemenl. La seconde partie du lexte que publie en ce moment M. Denaix, est consacree a TinlroducUon de la geographic physique et poli- tique de I'Europe. Elle est divisee en quatre chapitres, dans lesquels Fauteur passe en revue la situation, les limiles, la position, les climats, la superficieetFetendue de cette partie du monde, toujours en suivant ses divisions naturelles par les eaux oceaniques et par les lignes de partage des eaux a la surface de la terre-ferme ; Fau- teur trace ensuite le sommaire d'un periple de la presqu'ile euro- peennc , et se livre enfin a Fetude de ses montagnes. Si M. Denaix n'oublie aucune des identites qui existent entre telle ou telle chaine, tel ou tcl bassin, il ne passe pas non plus sous silence les points de resseniblance qui peuvent se rencontrer entre son travail et celui de ses devanciers, MM. Kunz, Hahnzog et Hoffmann ; il reconnait tout le parti qu'il a tire de Fouvrage du second, et declare que le journal de geographic generale , redlge par le dernier, et destine a composer un cours complel, a des rapports de doctrine avec ses Essais. Comme lui, I^L Hoffmann , est un des eleves de cette nouvelle ecole, a la lete de laquelle marchent les Lacroix , lesZeune, les l\Itler, les MuUer, les Go- 20 me?.; et coininc lui, le savaiil professeur allemand Irouve dans I'orographie et I'liyflrographie , les bases fondaineutales de I'en- selgneiiient geographlque. II est encore un autre emprunt fait par M. Denaix. II a pris au professeur Lisinger Tidee de ne presenter en geographic aucun objet isolemcnt, mais toujours en rapport avec ce qui se trouve de correspondant ou de different dans d'autres lieux. C'est dans son Expose comparatif de la puissance fondanientale el de Tim- portance relative des etats de lEurope, public a \ lenne , que Tauleur allemand a fait avec beauconp d'arl et de succes I'usage le mieux entendu de celte melhode philosophique. L'analyse des carles qui conipuscnt celle llvraison sortirail du cadre qui nous est trace. 11 nous suffit de faire observer que ces cartes sont I'applicalion raisonnee du systenie general de Tauleur , et qu'elles sont parfaitement executees dans ce systeme. Quel que soit le sort qui attende lanouvelle melhode de M.. De- naix, nous devons reconnailre qu'elle s'appuie sur les progrcs de la science , sur le besoln d'une direction inathcmatique et sur Tesprit d'analyse qui dominc loules les branches des connaissances hu— maines. Sans faire entendre les expressions de relogeqiii viennent expirer sur nos levres, nous croyons que ce travail, ou Tordre n'esl pas moins remarquable que Tenchainement des fails , la liaison des identites et la precision des consequences, est digne de loute Tatlention et de la reconnaissance des amis de la science. LARE^'AUDIERE. aiELANGES. Description du lac de Zirknitz. Le lac de Zirknitz se trouve au milieu d'une chatne dc hautes montagnes a huit millcs environ de la fameuse caverne de Planina. II n'est remarquable ni par son etendue, ni par la beaute de ses 21 rivages. Les rochers qui renvironnent sonl nus, steriles et uni- tbrmes ; sa celebrite ne lui vient que du flux et du reflux de ses eaux qui sortent dcs cavlles des hauteurs environnantes el qui roulcnt dans les memes profondeurs. 11 n'est vraiment digne d'eire visile qua I'epoque oii les caux disparues pennctlent d'observer les ori- fices des conduils d'oii elles proviennent et dans lesquels elies se relirent. C est seulement aiors qu'on peut se faire une idee precise de ce grand phenomene et des causes qui le deterininent. Ce lac a environ 6 uiilles anglais de long sur trois de large ; il a creusd son lit dans un banc calcaire, terrain predominant dans celle partie de la Carniole. Vers le milieu de Tete , au temps des grandes cha- leurs , quand la neige a disparu du haul des montagnes, les eaux du lac commencent a decroilre. Si la secheresse estgrande el pro- longce , le decroissement est rapide , et le lac est a sec en pcu de semaines. Bienlot une richc vegetation sort du limon abandonne par les eaux. Si Tele s'annonce bien, les paysans des environs en- semencent le fond du lac en trefle , en sainfoin, en luzerne ou simplement en gralnes de foin. lis cultlvent aussi le riz, dans les parlies plus elevees. Deux mols apres, des hautes herbcs ondulent sous le souffle des vents, la oii des vagues s'agltaient sous les coups de la tempele, et le chasseur poursult le gibier aux lieux memes ou peu dc temps auparavant scs lignes faisaient la guerre au brochet avidc. Au moment ou les eaux du lac sont entierement ecoulees , on distingue parfaltement les canaus ou plut6t les cavernes qui leur serveut d'Issue. Quclques-unes sont dans le fond meme du lac et d'aulres sur les coles. L'entree de plusleurs d'entre elles est pra- llcable,mais on ne peut avancer long-temps, I'eau et lerelrecisse- menl de ces conduits souterrains sont des obstacles Insurmontables: toules ces cavernes ont une pente plus ou molns Inclinee; elles regnent egalcment dans la parlie merldionale du lac. Quand les plules dautomne comnencent a tomber, les eaux commencent a sorlir de ces reservoirs souterrains, el, si les plules continuenl, ces eaux jaillissent avec une telle Impeliioslle qu'on les voit lancer 2 2 souvenl dcs brochets meurtris et defigures par le clioc qu'i's onl eprouve centre les rochers qui garnissent rinlerieur de ces ca- vernes. Alors les oiseaux sY'chappeiit par voice dcs louffes de verdure qui vont disparailre ; les cuitivateurs relirent en liale ce qui resJe d'herbo et dc grain coupes, ct le lac redevienl en peu •rinstans unc innnensc nappe d'eau. Le temps de sa secberesse depend de la secheresse nieiiic dc la saison. En 182 1 , par cxemple, les eaux s'ecoulerent an coninien- cenient de Tele et reparurent k la fin de novembre , el se relirerent de nouveau a la fin de fevrier 1822. II faut remarquer qu'll n'avait pas plu depuis le commencement de Janvier et que les neiges des montagnes elaicnl gelees. QuandTele est humidc, il arrive qucl- quefois que le lac ne se dessecbe pas entieremenl, preuve que ses sources ne sont pas souterraines, quoique les canaux qui les con- duisent dans le bassin soicnt souterrains. 11 ne parait pas difficile d'expliquer ce phenomene , el il ne merite pasrelonnemenl des nombreux voyageurs ct des naluralisles qui en onl parle. Toule la cbatne des montagnes voisinesse com- pose d'uu calcaire poreux au travcrs duquel penetrcnt les eaux pluvialcs et celles qui proviennent de la fonte des neiges. L'inte- rieur de cetlc cbaine est coupe et traverse en lous sens par une suite dc galeries et d' excavations dans lesquelles les eaux viennent sercunir, d'ou ellcs poursuivent leur course jusqu'a ce qu'elles troiivcnt unc issue comme dans la vallee de Planina ou dans le lac de Zirknitz. L'immense quantile de poissons qui se retire avec les eaux de ce dernier, et qui revienl avec clles, prouvc que les re- servoirs souterrains dans le sein de la monlagne, sont assez ctendus et assez profonds pour quils y puissenl vjvre ctJirospercr, Quant aux canaux d'ecoulement, il est impossible de les suivre el, par conseciuent , delablir rigoureusemenl le point ou ils decbargent Icurs eaux. Mais on peut arriver a des conjectures qui ont toule Tapparence d'une demonstration , si Ton observe que tout le pays, k partir des IVonlieres nord de la Cariiiole jusqu'aux rivages tie I'Adriatique , el des grottcs dc Planina jusqu'aux sources de la limavo, est plein de courans qui sorlent suLitemcnt du sol et qui annoncent par consequent une marclie anterleure soutcrraine que rien n'enipeche de rattachcr a recoulemenl dulac de Ziiknilz. Lc Jersero , sorlant dune grottc profonde ; I'ldria, jaillissant d'une inontagne volsine des mines; le Wippach, se monlrant de la memc nianiere, sont Ires-probablcment des produils du Zirknitz. Onne pcul encore supposer que le Tiniavo s alimente des eaux du ineme reservoir periodique. Russel's tour in Germany. DEUXIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. §. i". Proces-P^erhaux des Seances, Seance du ^juillet 1827. S. Exc. le ministre de la marine Iransmet une lettre du minisire de la guerre qui Tinforme que , d'apres scs intentions , Ics archi- ves du depot de la guerre seront ouverles aux membres de la com- mission chaVgee du travail relatif au nivellcment et a la carte hy- drographique de la France. M. le chev. Bonne , chef du bureau des calculs geodesiques , est specialement invite par S. Exc. a se- conder les efforts de la conunission. M Becquey, directeur-general des ponts et chaussees , Irans- met egalement un tableau des penles du Rhone dans les diffe- rentes parties de son cours , dresse avec soin par M. Cavenne , inspecteur divisionnaire. Renvoi a la commission de la carle hy- drographique. ]\J. le baron de Humboldt adresse ses remercimens a la Societe qui I'a nonnne Tun de ses presldens honoraires. Ce savant voit avec une vive satisfaction qu'elle veut ajouler aux services qu'elle a deja rendus a la science , celui de dislribuer des instrumens aux 24 vovageurs pour des uiesures baroirtetriijues et geodesiques , pour des observations de clinialalogie ou des r«.'cherches sur les courLes magn'jliqui .s. M. C. Moreau, vice-consul de France a Londres, remercie la .*-ociete du tilre dc correspondanl quelle lui a accordc , el lui adrcsse une carte d'Ecosse et un tableau comparatif de la popula- tion de la Grande-Bretagnc , en iSoi , 1811 et 1821. II s'cst empresse de seconder scs vues en donnant a ses regleniens et a ses programmes dc prix la destination la plus utile aus intcrels dc la science. 11 soumet en meme temps a la commission centrale une proposition qui a pour but d'etablir un prix en faveur des voyageurs qui parcourent les regions Ics plus eloignees da globe. Ce prix serait accorde a celui qui ferait des decouverles impor- tantes en geographic. MM. Talllefer et Peyronneau infonnent la Sociele de leur prochain depart pour un voyage dans la Colombie , et soillcitcnt ses conseils el ses inslruclions. Leur projet est de visiter le lac de Maracaibo , Sanla-Fe , Popayan; de suivre Ic cours de la Mag- dalena ; de voir Carlhagene , Porlo-Bello , Panama ; dc s'embar- quer pour (iuayaquil ; de penetrer ensuile dans les Andes, et de suivre les rives de TOrenoque jusqu'a son embouchure. La commission centrale invite sa section de correspondancc a s'occuperde la redaction d'une serle de questions sur les conlrees que doivent visiter ces voyageurs. M. Eyries annonce Farrivee , en Mingrelie , de M. le chev. de Gamba , apres dix jours d'unc navigation ires-perilleusc sur la mer I^oire. Ce voyageur promet d'adresscr a la Socicle des renselgne- mens geographiques sur ce nouveau voyage. Sur la proposition de M. Brue , la commission invite M. Jodot a lui rendre comple dun niveau reflecteur invenle par M. Burel , lieutenant-colonel du genie, et donl il s'esl servi avec avanlage pour son nlvellemenl du cours de la Meusc ; il le comparera avec le.s niveaux en usage pour la conduile des Iravaux d'arl , el parli- a5 culierement avec un niveau tres-Ingeiiieux invente en Anglelerre , et dont il a ele rendu coniple dans le Bulletin universel des sciences. M. le president appelle I'attention de la Soclete sur la publica- tion des commentaires et de la carle qui doivent etre joints au Voyage de Marco Polo. La seclion dc publication est invitee a s'occupcr de ce travail. M. de Larenaudiere fait un rapport verbal sur les Essais de geographic nielhodique et comparative , que Tauteur , M. Denaix, a offerls a la Societe. (Voir page i |. ) II s'eleve , a ce sujet , une question qui a pour but de savoir si Ton doit faire des rapports sur les ouvrages des membres dc la commission central e. Apres diverses observations , Texamen de celle question est renvoye a la seance prochaine. Seance du 20 juillet. M. le directeur-general des ponts el chaussees annonce a la commission speciale de la carte hydrographique , qu'il a lu avec interet le rapport qu elle lui a fait sur le barometre de M. Bunten. (Voir pag. 46.) M. C. Moreau, correspondant de la Societe, a Londres, adresse de nouveaux details tres-circonstancies sur I'expedilion du capitaine Franklin , ainsl que le document presente au parlement d'Anglelerre , sur les elablissemens anglais de la cote de Sierra- Leone ; Touvrage est intitule : Report of the Commiasioners of in- quiry into the Colony oj Sierra-Leone. ( Voir pag. 28. ) La Commission invite M. Eyries a lui faire un rapport sur cct ouvrage. M. Barbie du Bocage aine communique une leltre de M. Rousseau, dalee du 2!^ mal, de Tripoli, de Barbaric, relative a des manuscrils d Ebn-i>atoula et d'Ebn-Khaldoun qu'il sc pro- pose d'envoyer a Paris; il donne des nouvelles du Major Laing, (Voii il resulterait que le bruit de sa Un Iragique serait coiifirme. M. JoinarJ expose quil est pcu vraiscinblable que le consul an- glais a Tripoli, heau-pere du voyagcur, ignore la nouvelle dont il s'agil, coninie il faudrail le supposer. M. Jomard communique une leltre de M. Coraboeuf , relalivc aux operations que cet ingenieur est charge d'exdculer dans Ics Pyrenees pour la Iriangulalion de la grande carle de France. 11 vient de mesurer, pres de Dax, une base longue da pcu prt^s II200 metres, qui excede cclle de i'erpignan de 5oo metres en- viron. M. Juliien offre les six premiers cahicrs (1827) de la Re- vue Encyclopediquc, publiee sous sa direction. Cel inleressant recueil , qui presenle le resume des travaux scientifujues el lille- raires les plus imporlans de Tannee, dans les differentes parlies des connaissances humaines ct chez loutes les nations civliisees, sera desormais adresse a la bibliolbeque de la Societe. Plusieurs aulres ouvrages sont oflerls par S. JBxc. le minislre des affaires elrangere , el par MM. de Mirbel , Marsden et Vaysse de Villlers. ( Voir pag. 27. ) La section de correspondance, par Torgane de[son secretaire, fait un rapport sur diverses questions soumises a°son examen : flic propose: i" de prendre en consideration les deux propositions failes par M. Moreau , d inserer dans les princlpaux journaux anglais les actcs de la Societe de nature h. etre repandus ; et d'elabilr un prix en favcur du voyageur qui fera conuailre a la Societe une decouverte geographlque imporlante ; 2" d'adopler la serie de questions sur TAmerique, dressee par M. Brue pour le voyage de MM. Taillefer ct Peyronneau; 3" enfin , elle dmet le vam que la Societe , dans Tinteret de la science , confie des ins- trumens baronjctrlques el ihcrmometriques aux voyageurs qui sol- licilenl ses conseils et ses instructions , pourvu toiitefois qu'ils donncnl desgaranties suffisanlcs de Icur aptitude a ce genre dob- servations. La commission adople ces conclusions , el decide que le sujcl 27 de prix propose par JM. Moreau , sera renvoye au comite charge de la redaction du programme pour Tannee 1828. Elle arrete , en outre , que les queslions de M. Briie seronl inserecs dans le Bul- letin , el fornieront la seconde serle du Uecueil que pu'uiie la Societe. Eile invite M. Acosta , memljre de la Sociele , a re- commander MM. Talilefer et Pcyroiineau a ccux de ses compa- triotes qui pourraient favorlser leur voyage. M. Jomard presenle un resume de Icla! comparatif de la popu- lation de la fjrande-Brelagne , en 1801 , 1811 et 1821 , adresse a la Societe par M. Moreau. ( Voir pag. 4-5. ) En vertu de la decision prise a la derniere seance , la commis- sion centrale arrete qua Tavenir il ne sera plus fail de rapport sur les ouvrages de ses racmbres. § 2. Admissions, ojfrandcs , etc. MEMBBES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance du 10 jiiillet. M. La. Tour Allard, de la Nouvelle-Orleans. M. Fabre, proprietaire, ex-verificateur du cadastre, a iiourges. OUVRAGES OFFEBTS A LA SOCIETE. Spunr.c du 6 juillct. Par S. E. le minislre des affaires ctrangercs : Auteuis dassiques latins, tomes 85 et 86. Par M. Duperrey : Ohscivations du pendulc invariable, de Vincli- naison et de la declinaison de Vaiguille aimaniee , Juites dans la cam- pagne de la eorvet/eloi Coquille ; une Lrocliure in-8", 1827. Par M. C. Moreau: Map of Scotland, from original materials obtai- ned by the Parliamentary commissioners for Higlland roads and Brid- ges, etc., i8n, une feuille. — Comparative Slalement of the popula- tion of the several counties of Great Britain, i8oi, 1811, and 1821. Par i\l. Depping : Analyse des derniers renseignemens sur la source r 38 et le cows du Bourampouter. — Description physique des iies Canaries. Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geographiqucs , cahier de juin. Par M. de Leuven : Journal des voyages, cahier de mai. Par la Sociele de la morale chrelienne : Numero 45 de son Journal. Seance du 20 juillet. Par S. E. le minislre des affaires etrangeres : Tableau historique et pilloresqiie de Paris , par M. de St.-T'ictor, tome 4"^ 1 ^vec atlas. Par M. C. Moreau : Report of the cominissioncrs of inquiiy into the state of the Colony of Sierra-Leone , 1827, un vol. in-4''. Par iVl. Marsden : A catalogue of books and manuscripts collected with a vievo to the general comparison of languages , and to the study of oriental literature ^ Londres, 1827, un vol. 10-4". Par M. Mirbel : Recherches sur la distribution gcographique des vegetaux phanerogames de Vuncien monde, dcpuis Vequaleur jusquau pole arctique , Paris, 1827, un vol. in-4". Par JM. Vaysse de Villlers : Tableau descriptif , historique elpit- toresque de la tille, du chateau et du pare de f ersailles , 1827, un vol. in-i2. Par M. Jullien : Revue encyclopedique , ou analyse raisonnee des productions les plus remarquables dans la lilterature , les sciences et les arts, tomes i et 2 , 1827. Par MM. Eyries et deLarenaudlere : Nouvelles annalesdes voyages^ cahier de juillet. Par les redacteurs du Globe; plusieurs numeros de leur journal. Documens rt coinmunications . Note sur les etablissemens anglais- de la cole de Sierra-Leone , commu- niquce par M. C. Moreau, V ice-Consul dc France ii Londres, et membre de la Societe Royale. La Sociele de geographic de France me permellra-t-elic d'at- lirerun moment son attention snr Timportant document que j'ai =9 I'honneur de lui adresser: il est relatif aux elablissemens anglais sur la c6le d'Afrique , connue sous le nom de Sierra-Leone ; I'Europe entiere a connalssance des depenses enormes qu'ils ont occasion- nees depuis 1787 jiisqu'a cc jour, et du nombre prodigieux d'Eu- ropeens qui y ont succombe. Depuis plusieurs annees le parlement soUicilait des delails statisliques sur ces imporlanles possessions; ils viennent enfin de lui elre presenies, le 7 mai 1827, par la com- mission cbargee de rccueillir, par le moyen des nombreux agens brilanniques, les details les plus circonstancies non-seulemenl sur Sierra-Leone , mais aussi sur les possessions des Anglais et de leurs allies, tant sur la riviere Gamble que sur la Cote-d Or. Les commissaires, dans leur premier rapport adresse a S. Exc. le comte Balhurst, minislre des Colonies, ont traile , d'apres des milliers de documens officiels, Tetat present et passe de Sierra- Leone sous les rapports suivans : i" Son elendue et ses limiles ; 2" Le nombre, les conditions, les classes et la population; 3" Les fortifications et raffranchissenient des esclaves; 4° L'education de la jeunesse , Tinstruction religieuse et les re- glemens y relalifs ; 5 ' L'agricullure; 6" Le commerce , les importations, les exportations, etc. ; 7° Les reveuu'' et les depenses; 8'^ L'adminislration civile et judiclaire; g" (Article important). Observations sur le climat de Sierra- Leone , sur ses dependances, sur la riviere Gambie , et sur la Cote- d'Or. Le deuxieme rapport de la commission ne sera present^ , dit-on, qu'en 1828; il traitera en detail des dependances sur la riviere Gambie et sur la Gote-d Or. Je ne manquerai pas dc le faire par- venir a la Societe des qu'il aura ete presente au parlement; on y joindra , dit-on , un grand nombre de pieces justificatives. P. S. On a recu a Tamiraute , a Londres, des d^p^ches des eta- 3o Llissemcns anglais a la cole d'Afiique, jusqu'a la fin de mars ; on y avail appris avcc unc grande joic que Ics prisonnlers que le rol des Ashantecs avait. fails dans les dernicrs combats qu"il a livres aus Anglai? ou a !eurs allies, n'ont point cruellemcnt peri , comnie on I'avait d'abordcru; seulemenl quelques officiers, parmi lesquelsse trouve sir Mac- (Earthy, lues dans I'aclion ou mortellemenl blesses, auraient ele decapiles; maison aurait epargne la vie des officiers et soldals anglais, fails prisonniers, et i!s scraient assez bien trai- tes dans Cromasie , capilale du royaunie des Ashanlecs ; niais comme, en consequence d'un ordre de ce monarque nolr, aucun blanc ne peul plus penelrer dans son royaume, le gouverneur, sir Campbell, a fait demander a plusieurs Fantees s'ils vou- laient se rendre en mission a Cromasie: aucun d'eux n'avail en- core accepte au depart des depechcs, vu I'animositc des negres cnnire les blancs ou allies des blancs ; plusieurs de leurs princlpaux chefs ayani perdu la vie dans la derniere guerre, enlre lesquels se trouvaienl les plus proches parens du roi. NOUVELLES de V expedition du cupitaine Franklin, communiguees par le mtnie. Le celebre voyageur Franklin , et les pcrsonnes qui Paccompa- gnenl dans saperllleusc expedition, ont donne de leurs uouvelles; et les depecbes revues a Tamiraule porlalenl differcnles dales du mois de mars; la derniere est du 12 : rien n'a encore transpire de leur contenu, seulemenl on assure que le capilaine Franklin, les pcr- sonnes el les marins qui Taccompagnent etaient en bonne sanle ; cellefois, dil-on , les details de ce second voyage seront lus sans exciter ces scnlimens penibles que Ihistoirc de la premiere expedition faisalt naitre. Le capilaine Franklin s'est assure de la contlnuile de la com- munication maritime depuis Tembouchure de Coppermine jusqu'a la riviere de Mackenzie; ils onl continue ensuite leur route jusqu'au 3i 14.C)" ^'^Z longllude occldentale ; mais avant d'y arriver, un broul!- lard assez epais commengait a les iiiquietcr; en effet, il augmenla telleinent qu'll ne Icur ful plus possible de contlnuer sans danger leur voyage , et c'est , dit-on , a runanimite qu'ils resolurenl de re- tourner en Anglelerre. Les journaux d'Amerique annoncent son arrivee a New- York en juillet. Je ne manqucrai pas de tenir la Societe au courant des details de ce voyage. On dit que le capitaine Franklin a fail differentes decouvertes et observations curieuses. NoTA. Unc autre lettro annonce que les nouvelles du capitaine sont datees du ag avril 1H27. IjETTRE du capitaine Franklin ^ commiiniijuee par le mime. Fort Fr;iiils\ln , siir le giaiiil Lac de rOuis , le 21 seplcmbie i8jG. Je vous prie d'avoir la bonte de faire parvenir les dep^chcs ci- jointes dans le plus court delai possible, pour le gouvernement , a Montreal. Je suis charme de pouvoir vous apprendre Theureux relour a Fetablissemcnt, de tous les niembres de I'expeilitlon aprcs avoir explore les coles de la nier depuis le 1 13° de longitude jusqu'au i^o^ 38' a Touest. A'^/ze John Franklin, Capitaine commandant I'expedition. ISoUvEAUX details sur la dfiniere expedition du capitaine Franklin , a la riviere Mackenzie et a I' Ocean Glacial^ communiques par le meme. Gianil-L,:c-i!e-riiscl:ive , le 12 novembie aS'iG. On sail que le principal objet de Texpt^dillon etait de decouvrir un passage navigable a Toucst de I'embouchure de la riviere OS Mackenzie jusqu'au ilelroit de Behring , et que le Blossom , bail- ment de la marine royale, ful expedie pour se porler, par la voie du cap Horn, au cap de Glace ou dans le delroit de Kolzebue, a la reuconlre du capilaine Iranklin. Ce dernier, si scs inoyens le lui permellaient, devail envoyer un detacheinent a Test pour explorer les coles enire la Mackenzie el la Coppermine, et re- tourncr ensuile , par tcrre, de rembourhure de cellc derniere riviere a letablissenient forme sur le lac de 1 Ours. Lbabilele avec laquellc le capilaine Franklin sut prendre ses mesures, le mil en elat de descendre la riviere Mackenzie el de visiler la mcr du pole arclique Tannee derniere, c'est-a-dire dans le cours des six mois qui suivirent son depart d'Anglelerre , et de relourner , pour la seconde fois , de celle riviere au fort Franklin sur le lac de I Ours en pleine eau , cet endroit elant indique pour y prendre des quarliers d'hivcr. Le capilaine C(^lova en meme temps le lac de TOurs, afin de pouvoir fixer dune maniere positive la distance quil y a de son exlremile oricnlale a la riviere de Coppermine. Les connaissances acquises sur celle contree dans le cours de Pexpedilion , tendaient uniquemenl a perfeclionner le plan di s operations pour celle annde, el Tample fournilure de provisions faite par la compagnie dela baie d'Hud- son , au printemps dernier , facililerenl au capilaine Franklin les moyens d'equlper deux divisions. On fit racquisltion , ])Our le service de TAnglelerre , de trois bateaux conslruits en bols d'aca- jou, bois qui parut tres-convonable au but qu'on s'elait proposd. Ces bateaux etaienl dune construction legere, el avaieiit peu d'elcndue , afin de pouvoir elre transport's plus aisemenl dans les differens porlages qu'on rencontre sur loute la roule de la facto- rerie d'York et la baie d'Hudson jusqu'au lac de TOurs; mais, par les soins employes a leur conslruclion , on atleignil eel en- droit sans avoir eprouve de dommage notable, el ils rc[)ondirent mieux a noire attente que nous n'osions nous en (iatler. Un qua- iri^noe bateau fut constrnit en bois de sapin sur le lac de TOurs 33 dans les meines proportions quo les precedens , cl on reconnul qu'il valait Lien autant. La principalc parlie de Texpedltion qui devait se dinger vers Touest, etait sous les ordres directs du capi- taine Franklin , et consistalt en deux bateaux nomme's le Lion et la Corifiance, et montes par le lieutenant Back, onze matelots an- glais, d'autres niarlns et gens flu pays, deux voyageurs canadiens et un interprete du pays des Esquimaux. L'expedilion orientale coniprcnait M. Kendall, en qualite d'aide-intendant, un matclot, deux niarins, six hommes du pays , et des Esquimaux, embarques snrle Dauphin et rUnion, tous places sous la direction du docleur liichardson. Nous quittames nos quarliers d'hiver le 2 1 juin ; nous descen- dimes la Mackenzie jusqu'au -^ juillet , par les Gy" 38' nord , et les 1 38 53' dc longitude ouest. Dans cet endroit , nomme ParUng-Point ou point de separation , par le capitaine Franklin , la riviere se divise enplusieurs branches largeset divergentes, separees les unes des autres par des langues de terre basses et sujettes aux inondations. On convint que les deux divisions de rexpcdilion se separeraient ici, et que cbacune d'elles suivrail la direction du canal qui se rapporteralt le mieux aux routes qu'on s\itail prescri- tes de part et d autre. L'automne precedent, le capitaine Franklin avail suivi le canal du milieu, et atteint le banc de Tile Garry, latitude 6g° 3o' nord ; longitude i35° 4-5' ouest. II jugea cette fois a propos de prendre la direction du bras qui etait le plus a I'ouest, et qu'en- tourent des niontagnes de rochers ; il parvint a son embouchure le 7 juillet. Elle se trouva tellement encombree de bancs de sable , que Tequipage se vit oblige de trainer les bateaux pendant Tcs- pace de quatre milles anglais, meme quand Teau etait a sa plus grande hauteur. Dans cette peniblc situation lis furent visites par un grand n ombre d' Esquimaux , qui , dans le principe , se compor- terent avec calme , et proposerent de faire des echanges d'une ma- niere tout-a-falt amicaie; mals a la longue le desir du pillage leur 34 vint; cl sc fiani a !a supdrlorite du nombic , d'apres un certain signal, deux cent cinquantc hommes vigoureux, arnies dc longs coulcaux, s'elanccrent brusquemcht dans Tcaii, saisircnt Fun des bateaux , et le trainerent sur le rivage. Toulefols les sages mesures que le capilaine Franklin avail prises, secondccs efficaccment par la promplilude du lieutenant liack a execuler scs ordres, par sa fcrnicle et cellc dc requipagc du bateau, sauvercnt les provisions et aulres objcts de quclque importance des mains dc ces pirates : le bateau fut remis a flot sans qu'on cut lire un coup de fusil , sans que personne, de part et d'aulre, cAl re^^u la molndre injure. Celte mcme troupe revint deux fois a la cbarge , la null et le jour suivant, pendant que Ion etait a terre pour reparer les agres qui avalent ele coupes dans le fort de la bagarre ; mais la bonne con- tenance du capilaine Franklin , et les preparalifs de defense de son faible equipage, detournercnt Tennemi de rcnouveler I'altaque. Les aulres pelilcs troupes d'Esquimaux, qui vinrent ensuile le long de la cote, ne montrcrent plus que des dispositions amicales. Des le 9 de juillct, le capilaine Franklin fut arrele par les glaces qui ne s'etaient point delacbees de terre; a datcr dc cc moment jusqu'au 4- aoilt , il ne lui fut possible d'avancer que quand leur separation avail lieu, cl il faisait rarcmenl plus d'un niilic ou deux par jour. Durant le cours de celte ennuycuse route , il al- tcignit le i^*^ dcgre de longitude, a mesure que la glace fonrnis- sait un passage aux bateaux, mais d'autres obstacles dune nature beaucoup plus grave vinrent entraver son voyage et scs pro- gres. La cote etait si plate et dun acccs si difficile a la basse mar^e, que I'abordage sur la terre fennc ne put s'effecluer qu'une fois, aprcs avoir passe le iSg'' dcgre de longitude, cc qu'on avait deja tenle de faire frequenniicnt en Irainant le bateau pendant I'espace de plusicurs milles a travcrs la vase. Le capilaine, dans toules les occasions qu'il cut d'abordcr a la cole, apres la separation des glaces, la Irouva bordee de rocbers , et son equipage eut siu- gulierement k souffrlr du manque d'eau fraicbe : on en fut meme 35 une fois prive pendant deux jours cnlicrs. Une forte brume, un vent frais mais lourd, euipechercnt rexpedition d abandonner celte partic iuhospilalicre de la cole, el le depart fut relarde de huit jours a cause d'un brouillard d'une epaisseur telle, que Ton ne pouvait disthiguer Ics objcts a une Ircs-pelilc distance ; le temps etait presque toujours orageux. Cependant, malgre tous ces obs- tacles , en apparence irisurmontables , et grace a la courageuse resolution , a la perseverance du capitaine Franklin et de son equipage, on parvint, le i8 aoiit, k allcindre Ic i5o'^ degre de longitude ; on avail alors execute plus dc la moitie du cheniin lelong de la cotcjusqu'au cap dc Glace ; on etait encore abondamment pourvu de provisions ; les bateaux elaient en bon etat, on avail de- vant sol une mer libre et ouverte a la navigation. Les forces de notre mondese trouvaient un peu diminuees apres tant de fatigues, mais son courage demeura inebranlable. Neanmoins le moment n'etait point encore arrive ou le capitaine Franklin, tout en suivant ses instructions a la lellre , devait examiner s'il y aurail possibilite d'atteiudrc le detroit de Kolzebue avant I'arrivee de la mauvaisc saison, ou s^il devait perdre I'csperance de parvenir a ce but. II ne pouvait lui etre permis de compromettre la surete de Tequi- page , en continuant a suivre la lerre ; c^eAt ete le conible de la temerite que de vouloir tenter d'arriver jusqu^au detroit de Kolze- bue, en longeant une cote inconnue dans une saison deja avancee, meme en supposanl que le Blossom y fill parvenu de son cote. II est certain qu'a une latitude aussi haule, il devait etre extrememenl douteux qu'on pial apprcndre si cc vaisseau elail alors ou non arrive au rendez-vous. Aussi le capitaine Franklin , en bomme de sens et par suite de la soUicilude dont il a constammenl fait preuve pour la s&rete de ceux qui ont eu le bonheur de servir sous scs ordres, resolut de revenir au lac dc I'Ours. Ce fut pour lui et pour lous les siens un grand sujet de regret , d'etre obliges de di- nger leur retour le long dune cole non encore exploree. On ne tarda pas d'acquerir la preuve que Ic capitaine avail cu raison de 3f) prendre cette di^lerininalioi! : unc conlinnlte successive dc temps orageux s'etait dcja manifesldo ; il avail, d'ailleurs, ele prevena par plusieurs jeunes Esquimaux Lien Inlenlionnes, que leurscoinpa- triotes s'elaienl rasseniLles en grand noinLre vers I'ciiiboucluiro de la riviere Mackenzie, et qu'un fort parti de moiitagnards indiens s'tilait mis en route pour inlercepter sa marclie. Si done le capilaine s'etait arrele quelques jours de plus, il est plus que pro- bable qu'il n'auraif pu echapper que difficilement a ses nombreux ennemis. II eul au contraire le bonbeur d'arriver, avec son equi- page, en parfaile sante, au lac de TOurs, le at seplembre; et il envoya le lendemain matin un expres au gouvernement , pour lui rendre compte de son voyage. Comme il elait urgent que Tex- pres parlit sans delai afin de pouvoir remonter la IMackenzie, tandis que la navigation ctait encore llbre, le capiiaine eut a peine le temps de m'envoyer a la bate une courle esquisse de son expedition; esquisse qui a dd, par cette raison, etrc fort Impar- faite. J'ai omis de dire que le cours de la cote reportait rcspedi- lion par le 70"= deg. 1/2 de latitude vers le nord. A Tcgard du detachement de Texpcdition qui sc separa du ca- pitaine Franklin , et sc dirigea a Test, il suivit la branchc la plus orienlale de la riviere par laquelle Mackenzie rcvint en quitlant la mer , et dont il a donne une description exacte et soignee. Ce detacbement gagna la pleine mer, le 7 de juillet, par les 69° 29' nord, longitude i83" 2/^' ouest. II avail rencontre cc meme jour une horde d'EsquImaux qui, tandis que le bateau sc trou- valt a pen prt!:s dans la menie situation que cclui du capilaine Franklin , ecboue dans les bas fonds a rcmbourliiH-e dc la riviere, cbcrcball a semparcr de celul que monlail i\I. Kendall, dans I'in- tenlion blen visible de le pUler. Ce projcl, que probablemenl loccasion avail fail nailre, n'^ tail pourlanl pas parlage par toule la horde; il ful dejoue par le sang-froid courageux el la bonne conlenance de Tequlpage , sans qu'il ful necessaire de repousser la force par la force. L'affaire 37 n'alla pas plus loin. Lcs gens de Tequlpage et los sauvages se quit terent avec des demonstrations assez amicales : ceux-ci, s'etant trouves depuis toujours en nombre inferieur aux gens de rcxpedl- tlon, se montrercnt civlls et paclfiques , et lis deployerent cepen- dant beaucoup d'activlle et de courage dans Icurs relations. Des qu'on eul gagne la mer, on cprouva, en cotoyant la terre vers la latitude de 70" 87' nord, longitude 126" 82' ouest, des dif- ficultes d'un genre particulier. Les coles, dans celtc direction, se composent d'iles formees par des alluvions, bordees par des bancs de sable diriges vers la mer, entrecoupcs dune part de plusieurs anses d'eaux bourbeuses , et separes d'aulre part , par de vastes embranchemens qui fournlssent de Teau douce dans celtc saisou de I'annee. Ces alluvions se trouvent entierenient inondces au prin- t«mps et comblees de sables mouvans , a I'exception d'un certain nombre de lertrcs isoles et couverts de glaces qui s'elevent de beaucoup au-dessus du niveau de la mer, et ont quelque analo- gic avec les bancs ou montagnes de glace qui , d'apres les descrip- tions, avoisinent le detroit de Kotzebue. Entre ces derniers el la terre-ferme, on decouvre un grand lac d'eau bourbcuse ayani peut-etre quelque communication avec la branche orientalc de la Mackenzie, et dans lequel se jettea Tune de scs exiremiles une autre grande riviere. Ce delacbement suivit ensuile un rivage de rochers eleves, et fil le tour du cap Parry par lcs 'jo' 18' nord de latitude, et laS" 45' ouest de longitude, et du cap Krusens- tern , dans la latitude de G8 ' 4^' nord, longitude, 114° 45' a Touest. Les voyageurs anglais enlrerent dans le golfe du Couron- nement de Georges 11', par les delroits du Dauphin et de I'Unlon , qui les rapprocha du iiS*^ deg. de longitude occidentale. lis firent alors route vers la riviere Coppermine , ou ils arriverent le 8 aoiil- Les mauvais temps suspendirent plus d'une fois leur course , et Us se virent souvcnt obliges de se frayer, a coups de hache, non sans beaucoup de dangers , un passage a travers les glaces , qui ac- quiereni une grande cp'aisscur dans ces parages. Plusieurs de ces 38 masses avaieiit jusqiia ncuf brasses de profondcurd'cau ; inais dans Tele, sous rinfluence d'un soleil conllnuelleinent au - dessus de rhorizon, ollcs decroissent avec une inconccvable promplilude.Lcs bateaux nc liranl que vingt ponces d'eau , on fut plusieurs fois dans le cas de naviguer cniro Ics has fonds du canal, et d'atlcn- drc que ies vagues vinsscnt Ics debarrasser des glaccs , dont la masse obslruait Ic passage. lis jonissaient beiueuseinenl d'lui tcnips clair ; mais , s'ils avaientele, danscellc posilion, eiivironnes d'un brouillard parcil a celul que rencontra le capilalne Frankliu du col^ de I'ouest, ils se seraicnt vus forces de resler amarr^s. Les glaces arrivcnt de tres-bonne heure ct en grande quanlile dans celle saison. nos voyageurs n'en demcurercnt pas moins convaincus que vers la fin d'aoilt il doit exister un libre passage pour un navirc le long de la cole seplentrlonale derAmcrique, depuis le loo' jusqu^au iSo'^ degrc de longiludc a Toucst; on Irouve h Test de la riviere Mac- kenzie plusieurs rades siires ct conimodes, qui ne se rencontrent point sur la route tenue par le c^pitaine Franklin vers I'ouesti La grande difficulle pour cxeculer en vaisseau le passage du ISord- Ouest, consisle principalement a alleindre la cote du continent cntre les deirolls perillcux et incxfricables qui s'clcndcnl de la baie de Baffin ou de celle d'Hndson. Le flux ou la mar^e mon- tanle se manifeste loujours vers 1 est sur toulc la cote. Les courans rapidcs qui gcncnl la navigation de la Coppemnne empecberentd'aniener les bateaux au-dcla de 8 milicsde lamer; on les abandonna done avecle reste deslentes et munitions a lamerci des Esquimaux, el on se rendit par lerre au fort Frankliu, u'empor- tant avec sol que les armes, quelqucs instrumens ct une quantile suffisante de munitions , avec plusieurs cchanlillons de plantes et de mineraux , ime couverture , ct des provisions pour dix jours. On arriva le i8 aoAt au bras oriental du lac de lOurs, el au fort, le i" septembre, apres une absence de 71 jours. L'cquipage (5tait dans un etat parfait de sanle. Les deux divisions de rexpddltlon ont done reconnu la cole ■>9 sur plus de 36 degres de longitude, ce qui , en y ajoutanl les pre- cedentes decouvertes du capitaine Franklin et celle du capllaine Parry, donne une connaissance exacte de la uier Arctiquc jus- qu'au i5'' degre de longitude occidenlale. II n'y a plus que ii de- gres de coles inconnues entre ce pays et Ic cap de Glace; mais le le capilaine Becchey en a peut-elre, de son cole, signale une grande partle sur Ic Blossom ^ de sorte que I'entiere decouverte du pas- sage du Nord-Ouest , qui a ete pendant si long-temps un sujct de recherche parmi les Anglais, se Irouve niaintenant reduile a ses plus elroites limites. L'expedition se propose de relourner en Angleterre I'annee pro- chaine sur un des navires de la conipagnie de la baie d'Hudson , excepte le capitaine Franklin et le docleur llichardson , qui sont dans linlcntlon de revenir par la vole du Canada et de New- York. Le capitaine Franklin conipiant voyager I'hlver , lant qu'il pourra profiler des glaces , espere arriver a Montreal vers la liu d'aout iBay. NouTELLES de l'expedition du capitaine Beechey , commandant le Blossom , communiquecs par le mime. On vient de rccevoir a Londrcs, et je m'empresse d'en adresser copie a la Societe, une leltre du capllaine Beechey, commandant le Blossom^ a qui I'amiraute avail donne ordre de penetrer le plus avant possible dans le detroit de KotzeLue , afin de pouvoir y etre joint par le capitaine Franklin. La leltre porle la date du 4 novem Lre, et a etc ecrite a San-Francisco, port dans la INouvelle-Albion. La Societe remarquera qu'apres avoir eu le bonheur d'arriver au lieu du rendez-vous , le capitaine Beechey y a sejourne aussi Igog- temps qu'il lui a ete possible delefairc sans danger; qu'il a euplusicurs entrevues avcc les peuplades crrantes de ces parages, et que, quand il en est parti, il a laisse les details de son voyage, des provisions el des niarchandises afin que le capitaine Fiankiln piil en pro- 4o filer. Malheiireusement cela lui a ele impossible, puisqu'll ii'a pu parvenir au lieu dii rendez-vous a cause des brouillards tipais. Considorant la faible distance qui separait rcxpedilion du capi- taine Franklin de ccUe du capilaine Leecbey, puisquc Tun sc trouvait par les iBo" de longilude, degres qui, par Felevalion de la lalilude, se reduisent a 28 ou 24 niiiles, et Taulre h 160 miiles au-deia du cap de Glace, dont la longilude est de 160 dcgrds. Combien n'cst-il pas a rcgreller que ce faible espace n'ait pas ele parcouru, el leur jonclion, grand probleme et but de Texpedilion , heureusement cffcctuee ! ExTRAlT d'une lettre particuliere du r.apitame Beechey , communique par le mcme. ( San-l'iaiK-isco, le /( iiovciubre 1826 ) Dans I'espoir d'etre, a cette epoquc, sur mon relour dans ma palrie , je quillai Saint- Paul le 4 juillet, et me halai de gagner le delrolt dc Kolzebue, faisanl cxeculcr pendant la route tout ce qu^il etait en men pouvoir de faire en faveur de 1 bydrographie. Je ni'ar- retai ici pendant quatrc jours, et me dirigeai ensuite vers le nord. Le temps etail beau, el favorisait noire dessein , de sorte que nous fimes ce que nous nous ^tions propose, en bien moins de temps que nous ne comptions, et nous parvuimes a penetrer a 120 miiles au- dcla du cap de Glace du capilaine Cook. Un lei succes nous donnait i penser que mon estimable ami, le capilaine Franlclin , oblien- drail le mi^me bonbeur; mais cct cspnir s'evanouit inscnsiblcment quand nous vimcs que la saison s'ecoulait, et qu'il n'arrivail point. J'etais moi-nieme dans une atlenle d'autanlplus impalienlc dc le voir reussir , que j'avais deja eu occasion dc remarquer sur la cole, dans les environs du passage du Prince-llegent , avec quelle faci- lile la reunion pouvait s'cffectuer, en faisanl usage de bateaux enlre la terre et les glaces. Lc signalement ou Tapparition du inoindre /Wf/ar( bateau du pajs ' autour de ce point de mouillage aurait en- trelenu nos esperances : mals elles s'affaiblirent a chaque conlre- temps que nous eprouvcimes; ct Ics approches de 1 hivcr , qui se faisaicnt senlir peu a pcu , conlribucrcnt beaucoup a les detruire enlieremcnt. Toutefois je resolus de FaUendre le plus long-lcmps possible sans nous exposer aux gclees. Vers la fin de scplembre , nous rc^Ames la visite do plusieurs naturels da pays , occupes a rassenibler les provisions d'biver, qu'ils avaienl Iravaille a sc pro- curer pendant Tele. Lcur presence inlcrrompait la nionotonie de Dotre situaljon. Insensiblenient leurs visiles devinrent plus rares, et ils fmircnt par ne plus se faire voir. Depuis long-lemps les bords de noire Iiavre elaient entrepris par les glaccs; el il ne fal - lait qu'un jour ou deux de calnie pour les converlir loutes en ime seule masse. Ce fut la le lerme que j'osai braver, pour nie ren- feriner dans les bornes de la plus slricte obeissance ; et le i4 oc- tobre, nous quillaiues le dclroit, par un temps clair el une forte gelee. Nos esprils elaient penelres de la plus vive inquietude sur le sort de nos inlrepldes compatrioles, au soulagement desqueis (en supposantque leur arrivee eut lieu apres noire depart) nous nous effor(jamcs de conlribuer, en laissant dans 1 lie une certaine pro- vision de farine et une caisse de grains , afin de leur facitiler les moyens de captiver I'amilie des tribus voisines , et de se pro- curer des secours. ' : Lettre de M. Guillemin^ Consul de France a la Noiwelle-Orleans , da tee da ^g mai 1027. Messieurs, Au nombre des objets qui peuvenl exciter le plus vivement voire juste curiosite, est sans doute la connaissance plus exacte de ce vaste bassin qui faisait parlie de I'ancienne Louisiane; ce bassin, ar- rose par la riviere des Osages, celle des Kansas et la riviere Platte, les tiois principaux afOuens du Missouri, se trouve situe entre ce flouve , qui lui serl de borne dans le nord-esl, el la chaine de 42 monlagncs qui, partant dcs environs dc Salntc-Gencvieve , s'o- fend circulairenicnl vers le sud ct Tcsl: laquclle chainc (du point ou die se rapproche a-la-fols de la riviere dcs Kansas cl de celle des Orkansas, quelle separe h peu de distance Tune de Taulre) se dirige vers le nord-ouest et va s'unir aux monts Rocheux, point culminant de TAmerique septcnlrionalc , dans celle par- tie. Les conlrees situees au-dela ct cn-det^a de ccllc-ci ont ct'i par- courues et decrites avec assez, d'cxactitudc: la premiere par les voyageurs Lewis ct Clarke; la seconde par le major Pike. Cclle- ci, habilee par plusieurs nations puissanles, et principaleuient par les Osages , a ete beaucoup moins connue jusqu'ici , ct fre- quentee seulement par ceux qui font le commerce des pellc- Icries avec les diverses nations indiennes qui y ont ctabli leur scjour. Une ciiconstance tout-a-fait particuliere va vous metlre a portee, non-seulemcnt d'oblenir des renscigneniens exacts sur les lieux en general, sur la nature el I'aspect du pays, sur les points les plus remarquables qu'il presenle , et sur leur dis- tance respective , mais encore d'acquerir des notions precises sur les peuplades d'Indiens qui habiteut ces conlrees , de temps immemorial, ou qui y ont ele successivement refoules par la ci- vilisation ; sur les trails et la conformation exterieure de ces liom- mes de la nature, comme sar leurs moeurs, Icurs usages et leur laneaee. En effet. Messieurs, a bord du navire qui doit vous porler la presenle, sembarquent aujourd'hui meme quatre liommes et deux femmes de la nation des Osages, la plus belliqueuse et la plus puissante de celles qui babilent la contree dont je viens de parler. Au uombre de ces ludiens , et a leur tete , se trouve Caliede Chenga , Tun des cbefs Osages les plus distingues dans la nation. Get homme,aulant qu'il m'a etc possible d'en ju- ger dans les conferences que j'ai cues avec lui, a laide de Tin- 43 Icrprete qui laccompagne , est loin de manqiier PROPORTION lOPULATlON PROPORTIOJI P(iPULATI01S on , . Oil 1 1 ■ I'll .Icl'.n di- h. ue 1 at - a<> \.^ 1801. rroiss pour dirinn. pmir 1811. pm.r Jtmiii. 1821. cent. cent. cent. reiil. Angleterre. 8,331,434 14 % » 9,538,827 18 » 12,260,555 Galles. . . . 541,546 i3 " 611,788 17 /s » 717,108 Ilcosse. . . . 1,599,068 i3 » i,8o5,688 ,5 6/7 » 2,029,014 10,472,048 14 )> ii,956,3o3 17 ^3 » 14,069,677 Armc'e , marine, etc. 470,598 » » 640, 5oo » i> 3io,ooo Total. . . 10,942,646 » » 12,596,803 t} » 14,379,677 A la suite de ce tableau sont quelques reflexions sur la popula- tion des lies ( montant a 92,122 habitans), et sur les Individus faisantparliederarmeeetdela marine. On nepeutconnaitre, pour ces derniers, le montant de raccroissement, d'ou il suit que la pro- portion n'estconnue exactement que pour le sexe feminin ; en voici les resultats : 46 ^1 PKOPOKTH)N de laccroisscmcul pour cent. POHULATION en 181I. I'ROl'OKTIOS dr I'accroisscmciit pmii- ci-nt. l>01'l•I..\Tl(^^ en 180I. I'OPfl.AllON en I82I. 5,492,354 1 4 ou i4,oj 6,26 J,r iG 13 '/4 ou I J, 82 7,253,728 L'accrolssemcnt total , pour la populalion tie la Grandc-Breta- gne , calcule (Vapres celul dcs fcmmcs sculeincrit , parait avoir elti d'un mlHion cl dcini pendant la premiere periode, et de deux mil- lions pendant la seconde. Nolo. — Les etats publics dans rEncyclopedie d'Edimbourg s'd- loigncnt peu des resultats qui precedent : les nombrcs sont scule- ment un peu plus eleves, et la populalion totalc , pour 182 1, est estimee a environ 270,000 individus de plus. Le lecteur doit recourir au Bulletin u » 6 , ou se trouve cite un document relatif a la population de Tlrlandc , a la meme epo- que (i) , pour avoir une idee complete de la population des trois royaumcs. (Voir le Bulletin, vol. I, pag. 191 et 248.) »®fi Note sur le Barometre de M. Bunten. (2) (Exivalt du Rapport fait a M. Becquey , dlrccleiir goneial des ponls ol chaussees et des mines , par nnc commission clioisie dans lu scin de la Socielc , composec de MM. Giraid, Cliev. Bonne, L;'.ion Cocpieberl-Monl- bret , Joinard , le general Haxo , rcunis a MM. d'Asller de la ^igeiic, BrochanL du A illiers , Lamande , Vallot, commissaires dcsignes par M. Bec- quey, et charges de preparer le travail de la carle liydrograpUiqne el du ni- vellemenl general de la France.) « Lc barometre de M. Bunten, execute sous les yeux de la Com- (i) Onl'estlme aujourd'hui a plus de ^ millious. (2) M. Bunten demeiu-e qua! Pelleiier, no 26. ^7 » mission, est parvenu a un dcgre de perfection tcl, qu'elle pcui » vous Ic recommander avec confiance pour les Iravaux dont sc- » ront charges les ingenieurspour Ic nivellemcnt barometrique. » Ce baromeire, porlalif, exact el econoniique, pourra rem- » placer sans desavanlage celui dc IM. Forlin. L'economie , dans » cettc circonstance , est d'autanl plus importanfe qu'il s'agitd'un » instrument tres-fragile. M. Brochant, I'un dc nous , a bien » voulu se charger de rediger Tlnslruclion et les tableaux qui se- w ront envoyes en raeme temps, aux personnes chargees d'ob- » server. » M. Bunten a constrult des barometres pour rObservatoIre et » pour la marine royale. Les dernicres expeditions aulour du » monde en ont etc pourvues. MM. de Humboldt, Arago, Bou- j> vard et d'aulres physlciens et astronomes se plaisent a rendre M justice a Texaclilude et aux qualites prccieuses de ses instruments. « M. le directeur- general a repondu par une leltre en date du 8 juillet , que, d'apres les renscignemens fournis sur le barometre de M. Bunten , il etait dispose a faire des commandes a cet habile artiste. IMPRIMEEJE d'eVERAT, RUE DU CADRAN , N° l6. ^^^ ^.t^. ^/-V* m'*''^ V**^ *'*^* * '*'^' *"*• "* fc *.'*/^*.^--». * -WJ^ *f"V* ^/^--WVfc V-W^ ^^,-^% -V^ *■■*,'* ^^-v*. *^»«^ ^c*.-* w-^ BULLETIN DE r r LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. NUMERO 52. — AouT. PREMIERE SECTION. MEMOIRES , EXTRAITS ET ANALYSES. Analyse du rapport presente au Parlement (V Angleterre par la com- mission d'enquete pour Vagricultiire ei le commerce dans la ISouvellc- Galles du Sud, et la terre de Jan-Diemen (i823). Etat de ragrlculture concernant la distribution des terres. Reglemcns relatifs a la distribution des terres et aux allocations dans les vilics. Situation du commerce dans la Nouvelle-Galles du Sud. Etat des revcnus. Nature des depenscs de la colonie. La Nouvellc-Galles du Sud se divise en quatre comt^s : le Cum- berland, le Westmoreland, le comte d Argyle et le comtd de Cam- den. Le Cumberland, baigne par la mer k Test, borne par des ^montagncs au sud, est arrose a Touest eljf*iu nord par la riviere Kapean , qui, apres sa jonclion avec la riviere Grose, prend le nom de Hauksbury , et se decharge dans la mer a Brolcen-Bay 4 So Le Westmoreland comprcnd tout le pays decouvert jusqu'auxmon- tagnes Bleues, y conipris relablisseiuent de BalUurst; ses limites ne sont pas encore fixecs. Le comte d'Argyle, contlgu au comt^ de Camden au sud-est, en est scpare au nord par la riviere Ca- ribbee, et au sud cl a I'ouest se trouve liinlle par les rivieres Shoal- Haren, Coohbundoon, Wolondilly, et le comle de Camden. Le comte de Camden n'a pas encore de limites positives. Dans sa plus grande longueur, du nord au sud, le Cumberland ne rcnferme que 53 milles, et dans sa plus grande largeur 4-6. La cole et le pays qui Tavoisinent sont de la plus sterile apparence, et le pays qui separe Botany-Bay du port Jackson , n'est qu'une suite de rocbers , de sables et de marecages. Le sol de I'interleur est generalement leger, alumineux, rbugc, jaune ou bleu. Sa fer- tllite augmente a mesurcque le terrain s'eleve. La terre d 'alluvion sc fait remarquer par sa profondeur et son inepuisable fertllite. Elle s'etend desdeux cotes des rivieres Napean et Hauksbury; le defaut physique de cette contree consiste dans le manque d'eau, a peine a- t-on pu decouvrir quelques sources enlre la cole et la riviere Na- pean , dont Ics 3o derniers milles sont parcourus a travers des dis- tricts arides et rocailleux, qui n'en tirenl aucun avantage. Le comle de Camden reuferme environ Go,ooo acres, II abonde en excellens paturages, sa fertllite est variable. Les seules parlies du comle d'Argyle qu'on ait examinees jusqu'a present, jouisscnt d'une richesse et d'une fertililc parliculieres ; c'est un sol rouge et profond, presenlanl une vigoureuse vegetation d'herbes du pays, d'une infinite d'arbrisseaux nommes deriesa , et d'indigo sauvage ; il comporle environ 3o,ooo acres, partout tres-suscepllblcs de cul- ture, el les arbres yacqulerent des dimensions considerables; en- fm la tolalile des possessions de la Nouvelle-Galles du Sud paratt s'elevera 38c),ooo acres, dont 54,498 sont cullives. Cemonlanlne renferme aucunepartiPacs nouveaux districts au-dessous de la ligne formee par les rivieres Bargo au sud et Hunter au nord : 16,706 acres sont ensemenc^s en ble , 11,2^0 en mais, i,23o en orge. Goo en pois, 5o4 en poinmes de terre, et 1,094- acres en vergers fct jardins. Les environs de Sydney, gdneralement pcu ferliles, sont epuises aujourd'hui; il faudrait une depcnse considerable pour rendre a ce sol .ses facuhes productives : aussi les terres qui ont elc aban- donnees abondent-elles en une plante qui porte dans la colonic le nom de soie-coton (silk colon); c'est une sorte d'asclcpiade sup- porlee par une tige leg^re, laileuse et forlement astringente. Les inondations sont considerables; elles ont ordinaireinent lieu dans le mois de mars; le vent du sud-ouest favorise davantage la crue des eaux que celui du nord-ouest ; Tetablissement d'un bateau a AVindsor offre aux habitans du pays plat des moyens de relraite avant Tinondation. L'eau, en se retirant, laisse de largos mares qui sont extrcmement prejudiciables a la culture. Les fermes et habitations de ces districts sont g(;neralement nial baties. Le pro- duit des terres dans le district dc Hauksbury, ful, depuis i8o4 jus- qu'a i8i4, de 21 a 25 boisseaux par acres, et, depuis cette der- niere epoque seulement, de i5 a 20. La location des terres dans ces districts n'excede pas 20 scbellings I'acre, si Ton paie en ar- gent, 3o si Ton paie en grain. Quand la terre a ele preparee pour le ble,on seme dans les mois de mars et d'avril;mais le temps dc la semence est souvent retardc jusqu'en juillet, quand les pluics ont ele tres-abondantcs en mars. L'espece de ble qu'on a Jugee la plus avantageusc a la colonic, est le creeping wheat (ble ram- pant), parce qu'il souffre moins de Tinfluence du soleil , ^t qu'il offre aux brebis un pSiurage et une nourriture pour I'hiver. Diffe- rcns habitans , reflcchissant sur la n^cessile croissanle de frouver pour la nourriture des Iroupeaux d'autres herbages que ceux que produisait naturellement la colonic, ojnt tourne leurs idees vers la culture des differentes especes de gazon artlficiel, et , d'apres les premieres tentatives, on a tout lieu d'en attendee une augmentation considerable dc nourriture pour les brebis et les moulons. 5i Reglemens relatifs aux concessions de terrain , et aii% allocations dan< les villcs. Le nombre des acres dc terrain dans laNouvelle-Galles du Sud donl les concessions ont etc regulierement faites ct cnregistrees ail bureau du secrelalrcdcla colonic, s'eleve a 324.,25i, ela 57,4.23 dans la terre de \ an-DIemen. Les pouvoirs accordes aux gouver- neurs pour la vente et les allocations des terres ont toujours ele relatifs aux instrCictions parliculieres du roi. CcUes qu' avail revues a ce sujet le gouverneur Macquaric lui pcrmetlaient de lever de sa propre autorite la condamnalion de tel des deportes dont la bdnne conduite ou les dispositions intellectuelles meriteraient cette fa- veur, et d'accorder du terrain dans les proportions de 3o acres pour un celibataire , el de 5o pour un bomme marie, avec addi- tion de 10 acres par enfant qu il pourrait avoir avec lui, libres de toute imposilion pendant dix annees, au bout desquellcs il ne seralt impose que de 6 pences par 3o acres. Le gouverneur avail aussi le droit d'agrandir a volonte les terres des colons ver- tueux et des crimlnels emancipes , sauf I'approbation du premier secretaire-dEtat. Sur les83,5o2 acres qui constituent la Nouvelle-Gallcs du Sud, je trouve que 5/(.,683 sont occupes par des bomnies dont les sen- tences ont expire, 8,583 par ceux qui ont ete gracies, i<),4-5() par ceux qui ont ete gracies condilionnellement, el yGj seulemcnt par ceux qui ont obtenu des permisd'embarquement.Le nombre d'acres accordes est inscrit sur la lisle du gouverneur a cote du noni de I'individu; les limltes en sont geometriquement detcrmineesi el, apres avoir salisfait aux conventions stipulccs, Tindividu est mis en possession du terrain. Les premieres maisons construilcs a Sydney etaient exlreme- nienl incommodes ;Je gouverneur Macquarie encourageabeaucoup a Sydney, Paramalta et Windsor, la construction d'habitalions phis solides; on comple, dans la premiere de f.^!t viiles, 9 maisons S3 en pierre et 4 en 1>0'S appartenant au public; on y compte aussi 5g malsons en pierre appartenant aux partlculiers , 221 en hrique ot 778 en Lois. Les principales rues de Sydney ont ele depuis peu de temps nivelees : on accorda aussi quelqu'attention aux aqueducs , qui, vu la penfc du sol, pcuvent aisemcnl s'etendre a toulcs les rues. A Paramalla, Windsor et Liverpool, on observa plus de symelrie dans la formation des rues , mais leur etendue et leurs progres, compares a ccux de Sydney, sont tota- lement insensibles : la premiere n'a que 6 maisons en brique, le teste est en bois ou en terre, et plafonne en lalles. Windsor est d'une date plus ancienne que les autres, mais n'a pas fail autant de progres qu'on aurait pil s'y atlendre, en consi- derant qu'elle a ele le point de reunion des babitans d'un district elendu et bien cultive , Fentrepot de ses produits, et place d'ex- porlation pour les transports par eau a Sydney. On s'est conforme dans la distribution des Icrres de Van -Die- men aux monies reglemens qui ont prevalu a la Nouvelle-Galles du Sud; mais, en 1820, on n'y comptait encore que trois villes , Hobart-Tovver, Launcestoun et George-Town. La premiere est situee dans une petite anse du port dans lequel se decharge la riviere Derwent, et au pied de la plus haute monlagne qu'on ait encore aper^ue dans cetetablissement, etdans celui de la Nouvelle- Galles du Sud; sa hauteur est de 8,926 pieds au-dessus du niveau de la mer. Une source abondante d'eau douce coule a travers la viile jusqu'au port, et met en niouvement trois moulins a grain. Les maisons y sont generalement mal construiles, et tant que les constructions en pierre n'auront pas prevalu, cette ville sera ex- tremement incommode. La ville de Launcestoun esttres-irregulie- remcnt balle, par suite de la permission accordee par le comman- dant, de construire sans en deferer au gouverneur Macquarie. La difficulte d'avoir de I'eau fraiche, les dangers delanavigation de la riviere Taraar, et son eloignement de la mer nuisent aux autres avantages que celle ville lire de sa situation. La riviere Tamar met incontestablemcnl en danger Ics naviies do plus dc 200 lonneaux, vu la rapidile du courant dans certaines passes etroltes , et Tincon- venlent dun rocher enfonce de 10 pieds sous I'eau. Etat du commerce dans la Nouvelle- Galles da Sud. Un pclit nombre d'Indlvidus so sont efforccs , dcpuis I'dtablis- sement dc la colonic, dc donner a scs productions la valeur d'ex- porlalion a laqucUc cllcs pcuvent pretendrc , et par le cliniat et par la ferlililc dusol. En 1810, le gouverneur Macquarie allachait des encouragemeus considerables a la culiure du lin ; mais la mo- diclte des demandes la fit insensiblemcnt abandonncr ; et a peine aujourd'hui en recueille-t-on au-dela de la consomnialion des cor- donniers. Le tabac a ete introduit et cullive pendant quelquc temps dans la colonic ; mais les agriculteurs , nc sachant ni le cultiver ni le secher, n en tiraient aucun profit, bien mcine que Ic labac apporlo du Brcsil filt a un prix elevc. Sur les bords de la riviere de Paramatta , differens ouvrages ont die etablis pour 1' extraction du sei ; mais on n'est pas encore parvenu a faire disparaitre son prin- cipe amcr quil contient. La classe inferieure des habitans Tcm- ploie neanmoins dans Fcconomie domeslique. Une tannerie, dune elendue considerable , fut etablie a Sydney par une personne qui sen occupe exclusivement ; et I'ecorcc dune certaine espccc de mimosa y est trcs - avanlageusemcnt employee comme tannin, bien quelle paraisse donner au cuir une legerc teinte rougealre. D'aprcs des experiences faites sous la direction de plusieurs des plus imporlans personnages de la colonic , la force du tannin mi- mosa, comparce a celle d'un jeune cbene d'Anglctcrre, est dans le rapport Sy a 3g; ce mimosa , dcja rare dans les environs de Sydney, sc Jrouveabondamineut dans Tintericur. On observe qu'ilcroitspon- tanement dans les lieiixou des feux onlele allumes. Al'etal vert, ilse vend 3 liv. ster. Ic tonneau ; reduit en poudre el bien prepare comme tan, 6 liv.; mais ilparailrait que ces derniers prix nesont passuscep- liblesdc compenserles dcpenscsdc la preparation ctdufrel. Toute la 55 fabrication dc la colonic se boinc a celle des chapeaux, de gros draps et des bas de laine ; elle doit beaucoup sous ce rapport au zele de M. S. Lord qui a ctabli a Botany-Bay une manufacture dans laquelle il unploie un certain nombre de condamnes et quinze ou vingt enfans de )a colonic. Le drap qu'il fabrique se vend iSsch. I'yard ; on en consomme une grande quanlile sur les lleux , et le reste est exj)orle a la terre de Van-DIemen. On trouve a Sydney deux manufactures de chapeaux tres-communs ; ils sont inferieurs en qualile a ceux d'Anglclerre , mais ils se vendent aussi beaucoup moins cher. On y trouve une fabrique de poterie dontles produits sont de la qualite la plus grossiere et du prix le plus eleve. Ou trouve dans les jardins du gouvernement a Sydney et a Paramatta quel- ques pieds dun pfiormion ienax qui croit abondamment a la Nou- velle-Zelande , et dont les feuilles, macerees a Tetat vert, pro- duisentdes filamens susceptiblcs de former toute espece de cordage, excepte le ciible. Sa superiorite en force au chanvre de la Ballique, a ele demontree par des experiences faites a Sydney et a Deptbfort ; il conserve parfallemenl le goudron , n'est pas attaque par I'eau dc ia mer, el sa grande longueur le rend parfailement propre aux usages de la navigation. Celte planle consliluera un jour un des objels d'exportalion les plus imporlans de la Nouvelie-Galles du Sud. La Nouvelle-Galles du Sud produit quatre especes de bois dont on fail usage dans la conslrucllon des vaisseaux coloniaux, le bark iron , le black butted gum , le stringy bark et le cedre ; on les em- ploie utilement dans les constructions navales et dans les besoins domestiques ; leurs qualites parliculieres sont la durete , la pesan- ieur et la duree. Le commerce entre la jNouvelle-Galles du Sud el la terre de Van-Diemen , conslste en exporlalions de bles, de viande salee et dc patates provenanl de ceite derniere colonic. 69,909 boisseaux dc ble furent importes dc Hobarl - Town au Port Jackson depuls 181 5 jusqu'en 1820; et 4^7,355 du port d'Alrympe durant le memc intervalle. Sao casks de viande fu- rent importes de ia premiere de ces villes, et 172 de la deuxidme 5G On transportc aiissi du Lie de Windsor au Port Jackson par les rivieres Hauksbun,' ct Broken-Bay : on le fait aussi passer directement au port Munster ou il est consonniic. On re(;oit en ^change de la terre, dubois et du charbon. Le nombrc des vais- seaux coloniaux, employes dans le cabotage , n'excede pas vingt- neuf , sur lesquels sept ne portent que quinze tonncaux ; et Ics plus grands des aulres cent quatre - vingt - qualre. Ccs navircs, aussi mal agrees que manoeuvres , sont peu propres a rcsisler aux fortes rafales auxquelles sont sujettes les c6tes delaNouvelle-Galles du Sud, d'aulant plus que la violence des courans trompe les calcuis des plus hablles marins. Sur les c6les de la Kouvelle-Zelande ct des lies Bass's Straits, Macquarie et Campbell, on exploitc la pe- r.he , nouvelle branche de commerce. Les pechcurs sont laisses dans ces iles ou ils poursuivent leurs occupations , tandis que le navire retourne au port avec une charge fraiche. Dans ces voyages, ils sont accompagncs par des femmes noires de la terre de Van- Diemen ; elles accompagnent leurs maris , soit par altacbement pour cux, soit pour se mettre a I'abri de mauvais traitemens. Plu- sieurs condamnes ont trouve dans ce commerce des nioyens de s'enfuir aux Indes, motif pour lequd les pecheries ont etc res- treintes aux cotes de la Nouvelle-Zelande et de Tile Macquarie. Les peaux sont transportees au Port Jackson ou elles sont embar- quces pour la Chine , eprouvant loutefois un droit d'embarque- ment de 3 1/2 pences par peau. Le commerce d'imporlation dans la Nouvelle-Galles du Sud consiste en importations de sucre , de spirilueux , de savon , de colonnades du Bengale , de th6 et de sucre-candi de Canton , auxquels , dcpuis peu , on a joint les scierics chinoises et des ve- temcns faits en Chine avec du drap provenaut d'Anglelerre. Les importations d'Europe consistent en fer , coulellerie, cotonnade, objets de mode, vins , porter, fromage et provisions salees. II est a regretter que Tesprit turbulent et guerricr des babitans de la Nouvelle-Zelande soit un obstacle au commerce dans celte belle ^7 contree. II paratlrait , neanmoins, qu'on a derniereinenl cherclie a etabllr un commerce direct avcc Ic roi dc Talieite. On doit s'at- lendre a une augmentation dans la culture du colon , du sucrc et du cafe , et a une exportation considerable dc ces arllcles dans la Nouvellc-Gallcs du Sud. On a aussi tente o' exporter de ce dernier pays de la farine au cap de Bonne-Esperance , dcs chevaux a Ba- tavia et des charbons a Calcutta. Ces premiers essais sont de na- ture a encourager. L'etablissement dune banque en 1817 dans la Nouvelle-Gallcs du Sud a grandement ajoule a la facilile des tran- sactions commerciales. Sltualion des ctahlissemens ecrlest'astu/iies. Education. Les (itablissemcns ecclesiasliques, en 1820, consistaient en un chapeiain rcsidanl a Windsor, un autre a Paramatta , deux a Syd- ney, un a Castelreagh, un a Liverpool, et un autre dans le dis- trict des Curds. Dans la terre de Van-Diemen, il y en avait un a Hobart-Town , et un autre a Launcestoun. L'accroissementrapide de la population dans la Nouvelie-Galles du Sud, et je dirais pres- que un certain changement dans les opinions religieuses de ses habitans, a rendu necessairc, a Sydney, retablissement dune suc- cursale a Teglise St.-Phllippe, qui pendant Tele ne pourrait conte- nir que 800 personnes a lalsc. L'egllse de Paramatta, la plus an- ciennede la colonic, est en pierres; elle renferme 4oo personnes, elleasubidernierement des reparations el des augmentations. Deux nouvelles eglises ont ete recemment terminces a Windsor et a Liverpool, et une eCole suffisante pour les enfans du voisinage a ^te etablie a Castelreagh. Les catholiques, dans la NouvcUe- Gallesdu Sud, ont ouverttune souscriplion pour batir une cbapelle k Sydney, et les rnethodlstes ont construil et ouvert des mai- sons de reunion h Sydney, Paramatta et Windsor. Dans la terre de Van-Diemen, une nouvelle eglise ful ouverle en 1819 a Ho- bart-Town, I'exlerieuren est decent, mais la construction, vicieuse; die contient prcs de 1000 personnes. A 1 exception de Balhurst , 58 les habitans peuvent entendre le service divin, et dans chacune des paroisses, Ics chapelalns deploient le z^Ie le plus luuable pour i'accomplissement de Icurs devoirs; mais nulle part ils ne sont loges convenablement; la principale maison d'educatlon est I'ecole des orphelins des deux sexes, dirigee par une persoiine qu'un zele pur seul a conduile dans cclle colonic. Les reglemens publics en 1817, delerniincnt Tobjet dc C€lle inslilulion : protcgcr, loger, liabillcr, nouri'ir, devcloppcr convenablement les facultcs morales, et instruire dans quelqu'arl mccanique de pauvres orphelins sans appul. L'ecole des jeunes fiUes se irouve pres de Paramatta, dans une situation tres-convenable ; elle est inslituee d'apres les memes idces; en 182 1 , elle contcnait 60 jeunes filles donl les progres ne le cedaient en rien a celles qui soni instruites en Anglctcrre : on trouvc h Sydney deux ecoles qui sont sous la protection immediate de lAnglcterre, et dirigees par des imlividus cnvoyes a cet cffet de ce dernier pays. Dans la plus considerable, 66 gar^ons et 34 filles apprennent a lire, a ecrire et a calculer; la dcuxieme ecole rcnferme 87 gar^ons et 5o filles. A Clarence plains, Gitt water, Humphrey's river, on avait egalement etabli des ecoles oti 5i en- fans se trouvaient instruits. Caractere et population des hahitans dc la Nouvelle-Galles dii Sud, La population se compose dabord de ceux qui habitent volon- tairement, de ceux qui y ont etc transportes, d'apres une sentence, d'Angleterre , d'Ecosse ou d'Irlande, particulierement de Tlnde ou des colonies orienlales, et qui sont devenus llbres par la remis- sion des termes dc leur sentence ou par son abrogation ; des cri- minels sur Icsquels pcsent encore les Icrmes de leur condamna- lion , et enfin de ceux qui s'etant rendus coupables dans la colonic, sont punis par les sentences de scs tribunaux. En 1820 , le nonibre total de la population de la Nouvelle-Galles du Sud s'elevait a 23,g3g personnes, dont »,3o7 sy etalent rendues volonlairc- ment, i,4-95 y elaient nces, iSg absoutes, 3,255 dcvenues libres -9 par rexpiration tie Icur senlence, 1,^22 avaient oLlenu des permis d'embarquemcnt, 9,45i condamnes, 5,668 enfans, et 220 domes- liques k bord des vaisseaux colonlaux. Le nombre de loutes les femmes de la colonic s'eleve a 8,707, et celul des jeunes filies a 2,6o3. Dans la terre de Van-Dicmen, la population iotale s'e- levait, en 1820, a 5,468 individus , dont 714 ctaient venus de leur plcin gre , i85 natifs, 862 devenus libies pat rexpiration de leur sentence, 33 absous , 208 absous condilionnellenient, 368 ayant obtenu des permis d'embarquemcnt, et 2,588 condamnes. Le nombre des enfans des deux sexes s'elevait a 1,020. Depuis 1810 jusqu'en 1820, 247 liommes et 3i fenniies ont quiltc la colonic apres Texpiration de leur sentence , 87 hommes el 24 femmes apres un llbre pardon. Total 38g. Le climat delaNouvelle-Galles du Sud ne doitpas etreconsidere comme nuisible a la santc des agriculteurs, neannioins les varia- tions de ratmospht^re tres-subiles en etc ct au conmicncement de rautomne,rabondance et le bon marche des fruits, qui, en Angle- terre, ne sont a la portde que des classes opulentes, joints a lamau- vaise qualite de Teau, produisent la dyssenterie, seule maladie lo- cale que des suites facheuses aient jusqu'ici signalee. La classe d'individus qui naissent dans la colonic, offre lant au moral qu'au pbysique des differences remarquablcs avec les auteurs de leurs jours. lis sont gencralement grands , bien proportionnes , dune complexion robustc et dune pliysionomie agreable. lis sont plus aptes que les Europeens a soutenir des iravaux prolonges, irasciblessans etre vindicatifs; ilssont extremement brusques etac- tifs, el je me plais a dire qu'ils n'hcritcnt d'aucun des vices de leurs peres. Plusieurs d'entre eux ont fait preuve de dispositions pro- noncccs pour le metier de la nier; et nul doule que le departemeul de la marine n'en lire le plus grand avanlage. Go EtuhUssemens de medecine dans la ISo-Mellc-Galles du Siid et la terre de V nn-Diemen. En i8ig, le incdecln principal ct deux incdecins sejournaieni a Sydney, ct un aide dans chacune des villesde Paranialla, ^Vind- sor, Liverpool etNew-Casllc; a Caslle-Hill se trouvailegalemcnl un medccin pour les fous. Dans la terre de Van-Dicmen , un aidc-chirurgicn demeurait a Hobart-Town , George-Town et Launcesloun. 11 paraitrait que, dans I'espace d'un aa el deux mois, 2,6G3 malades ont etc re^us dans les hopitaux coloniaux mcnlionnc^s ci-dessus, sans compler ceux de W indsor ou de Liverpool. Le principal hopital de la co- lonic sc Irouve a Sydney; la premiere plerre en fut posee le ag oc- tobre 1811 , el la construclion continuee aux frals de trois colons, - moyennant quelques allocations de terrain ; il est vasle , commode, et parfailcnient acre. En 1818, fut termine Tbopifal de Paramat- ta. Dans cet hopital, aussi bien que dans celui de Sydney, les plus simples precautions pour prevenir les communications des deux sexes semblcnt avoir ete tout-a-fait negligees, el faule d'em- placement pour les rccevoir, les corps morls gisent dans un pas- sage qui separe le quarlier des hommes de celui des femmes, en attendant la biere qui doit les rccevoir. L'hopital de Liverpool fut bati aux frais du gouvemement ; ii consistc en trois chambres au mSme elage , et est atlenant k la maison du chirurgien. Sa silualion est salubre, mais les chambres sont Irop pellles; celui de New- Casllc fut bati [)ar des condamiies; il est conslruit sur une eleva- tion enlre la plage et la ville. A llobarl-Town , tout recemment la construction d'uu hopital vasle et commode a fait abandonner une maison obscure et malsainc, qui jusqu'lcl avail servi a rece- v(Jir les malades. I! est a regrelter que dans chacun dc ces etablis- semens la proprele ct la deccncc ne solcnt pas suffisammciit observecs. {^Communique par M. G. MoliEAU.) ^ Etat iridi'c/uant, par ordre alphabetique, le nom et la hauteur des cent princlpales montagnes de la Grande-Breiagne , ay ant plus de mille pieds^ ai>ec l' indication des comtes oil elles sont situees, d\ipres Veaploration irigonometrique executee par ordre du gowernement hritannique. NOMS des MONTAGNES. COMTES ou ELLES SONT SITUEES. Ai'ian-Towdley Avienig Axedf;e • • • IJeacoiis of Brecknock. Merioneth. Idem. . . . Derby. . . Brecknock. HAUTEUR en pieds ANGLAIS. 2f)55 2809 2862 1219 Blackcomb Cumberland Black-Hambledon York 1246 ^1^9 1485 agii 1246 1285 108S Bleasdale-Forest Lancastre Bolloin-Head York Bow-Fell Cumberland Bradfield point York Brenln-Fawr Pembrock Broad-Way-Beacon Gloucester Brown-CLiy-Hiil Shrop l8o5 Brown-Willy Cornwall l368 Butlerton -Hill Devon i2o3 Bwlcli - Mawr Carnarfon 1678 Cader-Idrls. Merioneth 291 r. Cader-Ferwin Ide)n Cadon -Barrow Cornwall. . Carmarthen va. . Carmarthen. Calf- Hill • . . . Cam-Fell. Capellanle ou Capelnan, . . . Capel-Kinon Carnedd-Darid. ........ Carnedd -Llewellin Cacralon-Ilill Cawsand-Bcacon 2563 lOII 2596 2188 2245 Westmoreland York Brecknock 2894 Cardigan 1046 Carnarfon 34^7 Idem 3469 Cornwall 1208 Devon '79'^ NOMS COMTES lIAlTflR Shunner-Fell York. 2329 Simon-Side-Hill Nortliumberland 14^7 Skiddaar Cumberland 3o22 Snea-Fell. Isle du Man 2oo4 Snawdor Carnarfon Sot I Staw-Hill Hereford i4i7 Talsarn , Cardigan Ii43 Tregarrow - Down. . Idem. 1747 Trelleck -Deacon. . Monmouth ion Water - Craii York 2186 Weaver -Hill StalTord ii54 Whernside ( Ingleton-Fells). . . York 2384 ( Kittlewell Dale ) 2263 Wisp-Hill Ecosse Kj.jo "VVilile-Hill Lancastre 1614 "Wiekin Shrop i32o Connnunique pur M. C. Moreat. 64 Tableau rmfermant la position geographique de io8 Hots et Recifi (ieroinvr/s , drpiiis Irs dernieres annees , dans V Ocean pacijique , par les liiliiiiens amcricains , anglais etfrancais. LATITUDE. LONGITUDE. 54°3o' N. 1 430 1 5' E. 3i 3o 1 55 » Jlots, . . liccif. , 7/0/5. . Recif, Hots. . Red/. 33 3o 25 i5 19 I 10 i5 iG 55 16 i5 / 5o 1 63 » i33 3o O. HI 45 109 « i4i 48 i33 3o 160 20 171 45 171 4o " 7 160 24 18 22 ii5 » 21 » 149 3o 19 18 ii5 » iG 49 169 4o 18 54 i4G i4 E 20 22 i3o n » 3o 1 53 » Hots. 179 » III 45 o. 17G 18 E. Recif s. 179 24 178 n O. 168 24 170 3o LATITUDE. LONGITUDE. iG»3o' N. iG3»54' O, 5 36 166 >> G » 173 24 E. 0 » 143 » D » I 44 24 f) 3G 143 » 1 » 1 55 » 36 I 63 36 3 24 t63 5 7 6 i56 i4 0 3o i52 5o 5 6 145 44 2 7 142 24 Q 3i iGG 55 O. i3i54 1 68 175 » 17842 1 36 » 1 33 » 119 6 « 7 7 5 E. i65 23 O. i3i 35 17335 1 38 39 Cvinnmniiiue par le capitaine Skidt^x , de New-York. 65 LATITUDE. LONGITUDE. LATIXfll/K. LONGITUDE. 'so" »' N l37« »' E. /i3« 9' N i68"24' 0 2986 187 w /i6 3o 1 63 » Recifs. . • 3o "« i3o » 433 i5g 45 3o 5g i46 57 342 i5g 26 3i i5 i53 18 II 6 i54 3o /ag " 17545 142 io4 06 28 54 17845 0. 3246 iig « Hots. . 33 » ■j36 49 119 » 122 35 7/ofo. . . 3821 (i3 i4 164 27 E. i63 57 0. f 26 » » n I i3 i5g45 \2i 9 i3i48 E. 23 57 i3i 5 . /23 5 i4i 39 10 27 J 79 22 E. Recifs. 20 42 • 26 6 142 3o 1 53 » 9 9 6 36 i7g5i 1 65 18 0. 17 12 i54 36 26 24 92 24 Hot. . . . 23 3 142 57, I2418 128 12 Recifs. /19 10 '(16 36 16542 169 42 Re'rif. . . l3i » 26 12 129 18 1 6n „ K. Hots. . /i5 6 (26 6 17739 173 27 ^31 9 17 .. 160 33 160 45 0. Reclf. . .10 '> 179 18 Hots. . . { 3 1 6 129 24 Hot. . . . 8 45 178 10 20 » 167 3o Rer.if. . . 27 48 176 6 0. 9 ^ 17848 E. Hots. . Recif. . ( 2J 3o [2624 . 2G 6 • 174 3 1 70 54 170 24 Recifs. .^ \ 10 25 j26 6 23 48 ^79 " iGo » 164 i4 Hot. . . .25 » 16742 Hot. . . . 3i ig 162 42 Recif'!. P4 9 (i4 3o 168 og 1 70 .-» j Cor/mill Skiddy , °oo i p.ir G Borneo. Indcs oiienlales .' 225, 000 3,3oo,ooO l5 Papua, oil N luvelle - Guinee 200,000 4"^°, 000 3 Madagascar, Afiiciiie 168, 00 4'°°OiOO<' "4 Siimalra, ludes oricnlalus *. . i3o,ooo 3,700,000 28 GrandL-Breta^ne 84,000 I '| ,800,000 176 Japon , OH ISlplion 70,000 17,000,000 243 Notfvelle-Zemble mcridionale 55, 000 non Iiabilec. n Celebes, Indes orientales 60,000 2,800,000 4" Lucon , idem 58,ooo • 1,000,000 i- Saglialicn , Asie orientalc 54, "o" 60,000 i Islande l^i,'io6 60,000 2 par 3 Mindanao , Indes orientales 4"j"O0 200,000 5 Java, Indes orientales t^o,aoo 4;20<'5000 io5 Newfoundland 87,000 10,000 i pnr 4 Cul>a , Indes occidentalcs 36,4oo ."joOjOoo ili Noiivclle-Zemble septenlrionalc 3fi,o.)0 non babitee. ■ » Nouvelle-Zil tide nifhidlonale 36, 000 30,000 5 par 2 HaVli, ou St-Dominjue 33,ocO 700,000 21 Irlande , Europe septenlrlonide 3o,370 7 140,000 235 Jesso , Asie orientale 3o,ooo 60,000 2 Tei re de Feu 3o,ooo 7.000 i par 4 Cejlan , Inde 26,000 1,600,000 62 ^^ouvelle-Zelande septintrionale. . . . 26,000 70,000 3 Terre de Van-Dieratn 25,(5oo 20,000 I Southampton, Amerique septentrionale. 25,3oo non liabitee. » Spitzbergen, Russie 25, 000 non babitee. » Formosa, Cbine 17,000 000,000 17 He de Vancouver i4,ooo 2,000 i par 7 Ximeo , Japon i3,ooo 2,000,000 i54 Hainan, Chine 12,000 3oo,ooo 25 % NOMS DES ILFS. Nouvelle-CaledoTile Gilolo , Indes orienlales Sicile , Europe Sar(laii;ne, Europe Nouvclle- IrlanJe , Auslralie. . . . , . Palawan , Indes orienlales Sikoff , Japon .- Timor, Indes orienlales Siunbawa , Indes orienlales. . . . \ . Flores, Indes orienlales Clypre, Medilerranee Cliiloe, Amerique meridionale JaniaVque, Indes occidenlales Candie, Medilerranee Owhjiiee, Ocean pacifique Corse, Medilerranee, Cap Breton , Am/rique seplenlrionale. . Banca , Indes orientates lie de Kerguelen, Ocean indlen Porlo-Rieo, Indes occidenlales. . . . • Trinite, Indes occidenlales Zelande , Danemark Anticosli, Amerique seplenlrlonale, . Hogoleu , Auslralie Bally, Indes orienlales Andiman, Indes orienlales Socotra, Afrlque orientale Loociioe, mer de Cliine. Bourbon , Oce.^n indien Saint-!ean, Ameiique seplentrlonale. . INladuia, Indes orienlales Maurliius, Ocean indien Olaheite , Ocean paciCque Negrepont , Grece Majorqiie, Medilerranee Teneriffe, Afrlque occldentale SIILI.ES I'OPL'I.VTKlV POPILATIDN. p;,r C,\URKS. Mn.i.E cahrk. 11,700 3o,ooo 3 10,000 80,000 8 9,3oo i,G6o,ooo 178 g,ooo 520,000 58 8,700 35,000 4 8,4 0 80,000 10 8,000 800,000 100 7,800 5G,ooo 7. 6,700 60,000 9 6,fioo Go, 000 9 6,3oo 80,000 i3 6,200 12,000 2 6,000 360,000 60 5,200 2Go,O0O So 4,000 200,000 5o 4,000 180,000 45 4,000 12,000 3 3,900 120,000 3o 3,3oo » » 3,200 70,000 22 2,900 35,000 12 2,700 3 1 0,000 ii5 2,5oO 5oo I par 5 2,450 3o,ooo 12 2,400 200,000 83 2,400 2,400 I 2,3 'O 100,000 43 2,200 90,000 4' 2,100 42,000 20 i,85o 8,000 4 i,85o <,5,ooo 93 1,800 45,000 26 1,800 100,000 55 1,450 60,000 42 1,440 1 Go, 000 m 1,270 65, 000 5i 6S NOMS PES lI.ES. Salnl-Tago , Afiique occidentale. ... Saint-Thomas , cote de Guinue. . . . Graiide-Canaiie Funen , Danemark , Gothlaud, nxer Ballique Oesel, Russie. Fernando Po Madeie , Afiique occidentale Lewis, Nouvelle-Ecosse Saint-Michel, Ocean allantique. . . . Skye , Ecosse occidentale Guadeloupe, Indes oc'cidentales. . . . Martinique , Indes occidcntales . . . . Ceplialonic , Grece Mainland, Ecosse septcntrionale. . . . Rhodes , Mcditerranee Sooloo , Indes orientales Tercera, Ocean atlanliquc Aiiiboyne, Indes orienlales , Mull, Ecosse occidentale Mitylene, Mediterrance Rodrifjnez , Ocean indien Rugen, Russie Seychelles, Ocean indien Scio , Mediloirance Tongatabo, Ocean pacifiquc Anglesea, Galles Corfou , Grece Dominique, Indes occidcntales Minorque, Espagnc Samos , Turquie d'Asic ■ Mann , Brelagne Lemnos, Mcditerranee Pomona , Ecosse scptcnlrionalc. . . . Providence, Amerique septentrionalc. Aland , Russie ' mili.es POPULATION POPri.VTlON par CVRRES. MILLE CAHRK. I, loo 21,000 »7 1,200 2G,000 22 I,o5o 4'), 000 44 1,0 |0 100,000 9G 1,000 33,000 33 1,000 35,000 35 9S0 3o,ooo 3o C)So 120,000 126 902 14,000 i5 900 90,000 100 800 18,000 22 600 110,000 1 83 5oo 100,000 200 5oo 60,000 120 5oo i5,5oo 3i 490 36,ooo 73 /(Gt Co, 000 i3o 45o 5o,ooo 111 430 45,000 io5 4ao 9,4ort 22 38o 40,000 io3 36o 5,000 14 36o 28,000 78 35o 1 '1,000 40 So-) (in, 000 200 3oo 18,000 60 290 47,000 1^2 290 70,000 2',I 290 3o,ooo io3 270 33,000 123 240 1 2,000 5o 220 42,000 '9' 220 11,000 5o 212 17,000 80 210 6,3oo 3o 200 1 1, ',00 :5 B9 \OJIS DF.S 1I.F.S, Boui'liolni, Dancinark. Ivice , Espaene Bavbades , limes occidentales Wight, An^lfteiic Malte, Wedllciianee Sainle-Lucie , Indes occidcnlales. . . . Tobago , lnde5 occidentales ^Zanle , Grece Antigiies, Indes occideatales Sainl-Cliiistophe , Inde^ occidcnlales. . Sainte-Helene , Ocean atlanllquc. . . . Teinale , Indes orienlales Jersey , Manclie. . . , Gueinesey, Manclic. Banda , Ani-iique seplentrionale. . . . Rhode , Ainciique seplentiionalc Com IMILLES rOPLLATlOV POPULATION I' ar CARRES. WILLE CARUK. 200 10,000 5o 200 17,000 85 i6G 83, 000 5oo i6o 33,000 306 1 52 90,000 592 i5o 3o,ooo 200 123 3o,,224 33,753 74,977 Dominique 1823 7,482 8,234 i5,7i4 I 1823 12,258 i3,o52 25,3io C'renade ^g^^ ,2^,0, ,2^3^, ^^^g^ Honduras ^'^ P^^ ete prcsenle. Jamaique ' ^8-3 166,595 169,658 336,253 I 1816 55,717 29,706 85,423 Maurice ( Ile-de-France ). j ^g^^ incomplet* Mont-Seriat '824 2,878 3,4oo 6,278 • Sainte-Lucie »8^3 *^>325 7,392 13,717 i 1823 6,812 7,262 14,074 Tabago : . . . . J ^g^- ^53^ ^,5, ^3 683 Trinlte. 1822 i3,o52 io,336 23,388 * On n'a pu presenter au parlement aucun ctal de la population esclave de rile de France pour Vannce 1822 , parce quails ont etr perdus lors du nau- liMge du baliment le George If", qui a eu lieu en juin 1825 ; quant a la popu- lation de rile de France, iudiquce ci-dessus, pour 1816, les ctats etaient complets. 72 Details de la population de Vile Maurice et dependanccs ^ srlon h reccnsementfait en 1822 , d'apres le rapport presente a la chambre des communes, le 3o mai 1825 (i). I'OPL'I.. BLANCHE. NOIKS LIBKES. ESCLAVES. TOTAUX. iiuiumes. renitiies.houimeb.femiueii. Ijommes. feinmes. Luinnies. fenitncs» Pori-Louis 2533 1648 3947 2772 7456 SGGg iSgSG 8089 Pamplemotisses.. . . 757 627 571 4^9 6225 2771 7553 3727 Riviere du Remporl. 639 565 735 555 6280 432i 7654 544t Flacq 6o3 53.) 702 6jo 6043 238', 7348 3 "164 Port sud-est 481 329 6o3 5y3 2963 2160 4049 3o82 Savanne lyy 127 197 189 2585 lySS 2981 23o2 Riviere noire 228 190 273 l5o 3271 2o85 3772 2425 Plaines Wilkems . . 342 3o4 357 4^2 4387 2376 5o86 3io2 Moka 174 180 157 173 i8o3 1002 ai37 i355 ToTAUx. . . . 5959 44°o 754-i 5933 4ioi5 22754 54516 33087 Troupes dii roi. . . . i3io » » » » » » >» Ulancs et uoirs liLres. Seychelles igS 87 .''|574 21G6 4/% 'i'i^'i Tableau compare de la population des hommes de couleur et des escluves , dans les colonies des Indes occidentales. ANTIGUES ( trois dislricls ). iS'ji. 1824. accr. deer. Honi.de colli, lib. 4^80* " '» » Esclaves 38o6i* 37132 » 929 BAHAMAS DOMmiQUE. 1820. i8a6. accr. deer. ]Jnics_ J.'nic». H"".^'. F"ics^ limes. pmc9. H"^*^*. l*""**'. Horn, decoul. lib, 1207 1612 i347 1706 i^o g4 " " Esclaves 7635 8259 7005 7571 » » 63o 688 (i) Ce document rcmjjlil la lacunc qui existc dans 4c tableau ' " Hom.decoul.lib. aSoo » >', » " Esclaves 18639 1901a 18639 " 378 Total 22939 TORTOrE. 1823. HiOfs. rmes. Total. H""!*. F™"'*. Total. H">es. I-'mes Total. Hom.de coul.lib. 286 337 628 » » » » » » Esclaves " " >' 296a 35 16 6478 a5o6 2942 544^ TRINITE. 1820. 1825. accr. de'cr. H"ics. Fi"='. Total. H'"ts. T""'. Total. Hom.de coul.lib. 6593 737a 1396S 7243 7740 149^^ 1°'^ " Esclaves » » 22738 » " 2323o 4^1 '" Cornniuniquc par !M. C. MoREAU. 74 DEUXIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. §. i". Proces-T^crbaux des Seances. Seance du 3 aoiU 1827. La Societe philosophlque americaine de Phlladclphie remercie la Soclele de Tenvoi qu'ellc lui a fait du recueil de ses Meinoires. M. Latour-Allard , de la Nouvelle-Orleans , remercie la So- ciete de I'avoir adniis dans son scin, el proinet de la seconder de tous ses efforts dans ses utiles travaux. M. Joniard annoiico a ce bujetque M. Allard est possesseur dune riclie collection d'antiqui- tes arnericaines et propose que ce voyageur soil invite a la faire connaitre a la Societe. M. Vallot, dc TAcademlc de Bijon, ecrit a la Societe qu'il se- rait dispose a s'occuper d'une partie des comnientaires a joindre aiix A oyages de Marco-Polo, et qu'il se chargerait avec plaisir de donncr des eclaircisseniens sur les objcts relatifs a Thisloire natu- lelle. . M. Cesar TVIoreau , correspondant de la Society i Londres , adrcsse, a la dale du 10 jnillel , copie dune leltre du capilaine Beechey, conunandant le Blossom ^ qui avail ordre de penelrer le plus avant possible dans le delroit de Kotzebue, afin d'y operer sa jonclion avec le capilaine Franklin. A celle premiere lettre est jolnle cellj du capilaine Franklin ou il annonce qu'il a explore loule la cole comprise eiiire les ii3'' el les i.^o" 38' de longitude occidentale. ( Voir liullelin 5i , page 3q. ) Le meuie correspondant adresse, aux dales des i5, 17 et 18 juil- let: 1° un tableau faisant connaitre, d'aprcs leur rang d'importance, les centvingt principales lies connues, avec les donnees les plus recentes sur leur superficle en milles carres, et sur leur population absolue et relative. 2" un rapport faisant connaitre la population • oiaie des possessions anglaises au Cap dc Boime Ksperancc dc- 75 puis 1H07 jusqiren 1822 indusivement , iruliquanl la populalion libre, les Hottentots et les esclaves, avec la distinction tics sexesj d'oii il resulte que les esclaves ont augmente de i/io en seize ans, tandis que les homines libres ont presque double ; 3" un releve sommaire du nombre des esclaves des deux sexes dans qualorze colonies anglaises , extrait de documens presenles a la chambre des communes le 27 juin 1825 et 17 uiai 1826: 4° enfin , un rapport a la cbambre des communes du 21 mars 1826, renfer- mant un tableau de la population des hommes de couicur dans chacune des colonies des Indes occidenlales, d'apres un releve fait en 1020, compare au dernier recensement ou Ton distingue le nombre des esclaves et des hommes libres, et ou Ton fait voir leur accroissement et leur decroissemcnt pendant cette periode. ( Voir pages 66, 70, 71 , 72. ) Dans une nouvelle leltre, en dale du 19 juillet, M. C. Moreau comnmnique le resullatde ses efforts pour clablir, dans rinlerel des sciences, des relations enire la Sociele de geographle etlesliocieles savantes de la Grande-Bretagnc. ( Voir page 81. ) M. Guillemin , consul general de France a la Nouvelle-Or- Icans, par sa lettre du 29 mai 1827, tiansmet des renseignemens sur les nations puissanles et belliqueuscs du bassin de Tancienne Louisianc, et principalement sur les Osages ; il donne dinteres- sans details sur les moeurs de ces pcuples, et recommande parti- culierement a la Sociele six individus disllngues, appartenant a celte nation, qui sont en voyes en France, conduiis par M. De- launay, ancien officier frangais , qui habile Saint-Louis depuis trente ans. ( Voir N» 5i , page 4-i- ) M. Warden communique, au nom de M le capitaine Skiddy de New-York , actuellement a Paris, un tableau renfcrmant la position geographique d'un grand nombre d ilols et de recifs, de- couverts depuis les dernieres anuees dans lOcecan pacifique. (Voir page 64. ) 'vl. (vhoris Iraiismcl dc noiiviaux de^ails^sur le projcl do voyage 76 en Ainciique «ju'il est sur le point d'cxeculcr ; 11 rcnicrcie la So- ciele de I'offrc qu'elle veut bien lui faire d'un baroinetre. M. le docleur Berlero, nieniLrc de Tacad^mic royale des sciences de Turin, present a la seance, annonce qu'il est sur le point de faIre un voyage au Chill , ayant pour objet particulle- rcnieut Tobservallon et Tetude de la botaniquc dc cclte conlree; 11 offrc cepcndant a la Soclcte de lui comniuniquer Ics renseigne- mens qu'elle pourralt desirer , relallvenienl aux ohjels de recher- cbes dont elle s'occupe. Renvoi a la section de correspondance. M. le colonel Bonne fait un rapport verbal sur un memoire adnesse par M. Delanglard, fondaleur du Georama, contenanlle plan dun traile abrege des differentes projections , usitees ou proposees pour le trace des cartes geographiques. (Voir page 83 )• M. Alexandre Barbie du Bocagc fait un rapport etcndu sur la premiere partle de la relation du voyage dans la Marrnarique et la Cyrcnaiquc par M. Pacho. M. GIrard annonce qu'il se propose de faIre a la prochainc seance quclques observations sur ce rapport. M. MasI , de Livourne , pre'sente en son nom et en celul de M. Segato , la premiere llvraison d'un nouvel ouvrage sur la to- pographic et les costumes de I'Egypte moderne. M. GIrard est prie d'en rendre un comptc succinct. ParmI les ouvragcs offerls a la Societe , la commission rcmar- que le n° 22 des Memolres de la Societe d'agriculturc de TAubc, contenant une notice sur un ancicn plan dc la ville de Troyes, qui parait antcrieur k i524. Renvoi au directeur du Bulletin avec I'Invilatlon d'en presenter une analyse. Seance du 17 aoiit 1827. La Societd royale de Londres adrcsse ses remcrcimens a la Societd de geographic , pour I'envoi du recuell de ses Memoires. M. G. Moreau, par une Icttre en dale de Londres, le 6 aout 1827, annonce que Ton a terminc, dcpuls pcu, I'exploralion tri- gonomctrlque des pnncipaux comles de la Grande-Bretagne , en s'assurant de la hauleur de toutes les montagnes ^levees de plus de mlUe pieds anglais au-dessus du niveau de la mer. A cette lellre est joint un etat indiquant le nom et la hauteur des cent princi- pales montagnes, avec la designation des comles ou elles sont si- tuees (v. pag. 6i ). Par une seconde leltre, en dale du, 8 aoAt, M. C. Moreau adresse un tableau de la population de Tile Maurice .et depeu- dances, en 1822, d'apres le rapport presente a la chaniLre des communes le 3o mai 1825 (voir pag. 71 ). Le meme correspondant adresse , a la date du 10 aoAt, I'ana- lyse d'un rapport presente en 1823 au parlcment, par la commis- sion d'enquele, chargce de lui faire connailre a celte epoque la si- tuation de la Nouvelle-Galle du Sud , sous les rapports de I'a- griculture, du commerce , des revenus , depcnses, etc. (voy. p. 49 Ct82). M. le president communique un tableau des voyageurs , dans les diverses parties du globe , qui ont re^u , a diverses epoqucs , les instructions de la Societe , et qui sont ou ont cle en relation avcc clle ; ce tableau conlient leurs noms , i'epoque de leur de- part et celle de leur retour, I'indication des pays qu'ils doivent parcourir , ct les dates de leurs communications a la Sociele. M. le president annonce a MM. Taillcfer et Peyrounenc, pre- sens a la seance, que la Societe leur remeltra un baromelre avant leur depart pour le voyage qu'ils sont sur le point d'executer dans I'Amerique meridionale. 78 ^ ^ M. Hurtado , ministre pleuipotentiaire de la Colombie , a Londrcs , egalemeiit present a la seance , offre de donncr a ces voyageurs des lettres de recoinmandation. Elant lul - ini*me sur le point de relourner dans sa patrie , il annoncc qu'il recevra avec plaisir les instructions de la Socicle et qu'il s'ompresscra do lui transniellre les renscigneniens geograjdiiqucs qu'clle pourrail de- sirer sur cette conlree. La Sociele adresse des remerciemens i M. Hurlado. M. Tabbe Anduzc , missionnaire fran^ais , qui a passe douze an- nees dans TAmerique du nord , est present a la sdance; il commu- nique divers renscignemens sur les pays qu'il a visiles, et particu- lieremcnt sur la nation des Osagcs, sur le cours du Mississipi el de ses affluens, et sur nnemonnale romalne trouvee au sud-oucst du Missouri; il compare ensuite plusieurs usages de ces nations avec ceux qui sont rapporles dans le Levilique , et il presente plusieurs observations sur la geograpbie physique de ces contrees. Ce missionnaire, qui doit retourner en Amerique, offre ses services a laSociete; il recevra ses instructions avec plaisir, et s'ef- forcera de repondre aux questfons geograpbiques qu'elle voudra bien lui adrcsser. (\oir page 85. ) M. Cadet de ]\Ielz conununique des observations sur le nouveau voyage entrepris, en 1827, par le capitaine Parry, pour se rendre au pole nord. M. Eyries fait un rapport sur un ouvrage adress^ par M. C. Mo- reau, dans une des dernieres seances, el intitule : Report of the commissioners of inquiry into the colony of Sierra Leone. M. le capitaine Duperrey est invite a faire un rapport snr un nouvel ouvrage adresse par M. C. Moreau, au nom de M. Cross, et intitule: An account of the state of agriculture and grazing in JSew- South Wales. 79 § 2. Admissions, ojfrandes ^ etc. MEMBRES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance da 3 aoi'it. M. PoDEJASZYisiSKY, litterateur polonais, a Varsovie. M. Senechal, ingenieur des ponts et chaussees.. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seance dii 3 aoiit. Par S. Exc. le MInistre de la marine : Voyage autour du monde pendant les annees inf^o , ^79"^ ^' ''79-j par Etienne IVIarchand; avec carles et figures, 4 vol. in-4-". Par S. Exc. le MInistre des affaires ^trangeres : Les monumens de la France , classes chronologiquement , par M. le comte de La- borde , 2 5*^ llvraison, in-fol. Par MM. Mas! et Segato : Saggi pitlori'ci , geografici , statistici, idrografici e cafcuiali sulV Egitto , i" llvraison , in-fol. Par M. le marquis de Chateaugiron : Hlsloire du soul^ement des Pays-Bas, sous Phili/jpe 11 , lol d'Espagne, traduite de Vallemand , de Schiller, 1827, 2 vol. in-8'^. Par M. Sebaslien de Minano : Dlccionario geografico-estaclistico de Espa^.ay Portugal, tomes 4*^ ct 5*=, apec une carte de fEspagne et du Portugal. Par M. Everat : Campagnes de Napoleon, telles qu'illes congutet executa , sidvies de documens qui justifient sa conduite militaire el poli- tique , par V. Malngarnauld , 2 vol. In-S". Par M. Bajot : Annales marttimes et coloniales , cahier de julllel. Par M. de Leuven : Journal des voyages , cahier de juin. Par M. Rauch : Annales europeennes , n" 4-9' Par la Societe asiatique : Sy*" et .58'= cahiers de son journal. 8o Par la Socielc tVagricuUure dc i'Aubc : N" 22 dc ses Memoires. Par M. Rev : Memoire sur la necessite de hatlr un edifice speciale- ment consacre aux expositions gcnerales desproduitsdeVindustrie, in-S", Paris, 1827. Seance du ij aoul. Par M. C. Moreau, au nom de M. Cross: An account of the slate of agriculture and grazing in New-South Jf^ales, etc. , by J. At- kinson, Londres, 1826. Par M. Eyries et dc Larenaudiere : Nouoelles Annales des voyages et des sciences geographirpies , cahler de julllet. Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geographlques ^ cahier de juillet. Par la Socic'te d'agricullure , arts et commerce dc la Charente: Annales de cette Societe, cahiers de mai et juin. Par les redacteurs du Globe : Plusieurs n°' de leur Journal. Documens et Communicaiions. Londres, le 18 juillet 1827. Monsieur le President, J'al differentes fois remarque que Ton a souvent esagere , en France, ia population des esclaves des colonies Anglaises, et j'ai pense qu'un extrait de documens officials, qui indiqueraicnl le nombre de ces esclaves , ne serait pas sans interfit pour la Socicle de Geographic: j'ai Ihonneur de joindre , a la prescnle, un releve sommaire , exlralt de documens prcscntes a la chauibre des communes , le 27 juin 1825 et le 17 mai 1826. J auraisbien desire pouvoir vous adresser, pour chacune des i4- colonies indiqu^es dans ce tableau , la population libre a c6te de celle des esclaves ; mais Ics documens presentes au parlcmcnt depuis plusieurs annees, ne sont pas tons complels ; cependant jc 8i vous adressc ci-jointes io pieces ojficiellcs^ qui sont tres-recentes, et dans lesquclles on pourra puiser des renseignemens utiles relative- ment a la populailoii noire eschwe el a la population noire Hire. Ces delails concernent les iles Antigucs , Bahama, Dominique, Gre- nade, Honduras, Jamaique, Neris, Saint-Chrislophc, Tortole, Trinite. Signe Ci MoREAU. Londres, 19 juillet 182J. Monsieur le President, Lorsquc j'ai lu , a Farticle 1'='^ du rcglement de la Societe de Geographic, le passage ou il est dit, qu'elle etabllt unc corres- pondance avec les Socletes savantes, je me suls empresse de vous offrir de mettre la Societe de Geographic de France en rapport direct avec les institutions sclentifiques de TAngleterre. Plusieurs personnes, parmi lesquelles je nommerai le secretaire de la So- ciete d'Astronomie et celui de la Society des Arts , sont disposees a faire tous leurs efforts pour que les corps savans de Londres commencent Ic plus lot possible leurs relations avec la Societe de Geographic. Quant a la Societe intitulee Medico-Botanical , vous trouverez ci-jolnte , une lettre que vient de m'ccrlrc son direc- teur; vous remarquerQZ qu^elle attache beaucoup de prIx a com - mencer ses relations avec la Societe de Geographic. Elle est sous la protection des princes de la famille royale de ce pays ; et les plus grands' dignitaires veulent blen Tencouragcr. Cette So- ciete a de nombreux corrcspondaus dans toutes les colonies an- glalses. Deja des communications fort Imporlantes ont etc faiics h. cette Societe , et je ne doute pas que la Societe de Geographic nc retire un jour de grands avanfages de son association avec elle ; car il n'y a nul doute que, par le nioycn de ^^cs nombreux correspon- 6 82 dans, vous ne receviez de icnips en lemps des renscigneincns utiles et prccieux. M. Frost, directcur , et plusicurs membres m'onl assure qu'elle se fcra un plaisir dc recominaiuk-r aux agcns anglais cevix de M31. les vovageurs qui conscnliraient a enlrcprendre dcs vovages sous les auspices dc la Soclele de Geographic : ils desireraient seulcment qu'ils soccupassent un peu dcs planlcs niedecinales ou qui ont un but d'ulilite. Si les communications faites ^ Icur retour sent a la fois nouvelles et utiles, ce scrait avec plaisir que la So- ciete leur decernerait une recompense digne des services qu'ils au- raient rcndus. Signe C. MOREAU. Londics , 10 aout 1827. Monsieur le President, J'ai riionneur de vous adrcsser Tanalysc dun rapport. pre- sente en 1828 au parlement par la commission d'enquetc, chargee de lui faire connailrc, a cetle epoque, la situation de la Nouvelle- Galles du Sud , sous les rapports de Tagriculture , du con)merce , des revenus, des depcnses, etc. , etc. Depuis 1828, les possessions anglaiscs a la Nouvelle-Galles du Sud se sont considerablemenl augment«5es ; cet accroissement est dA aux communications qui s'etablissent continuellement entre les Europeens et ks naturels du pays ; de nouveaux etablissemens dans rinlcrieur en ont cle Ic resultat. Ayant apptis que M. J. Cross , geographe anglais, clait sur !e point de publicr une nouvcllc carle d'aprcs les nialcriaux receni- mcnt re^us, je mc suis rendu chcz lui pour lui presenter la circu- laire, le reglement el le programme des prix proposes par la Socield de Geographic; il a re9u ces pieces avec reconnaissance, et il aura I'honneur, aussil6t la publication de sa carte, den faire hommage a la Sociele ; en attendant , il m'a prie de vous adres- 83 scr, monsieur le President, I'ouvrage de son smi, M. James Atkinson , intitule : Precis siir Vetat de V agriculture el des paturages dans 1 1 Nouvelle-Galles du Sud, renfermant des observations sur le sol , sur Faspect general du pays , et quelques-unes de scs produc- tions les plus utiles , y compris des indications sur les differens moyens employes pour preparer les terres, nourrir les troupeaux, consiruire les maisons ; sur le systeme suivi pour utillser les con- danuies : augmente dune instruction iniportanle pour ceux qui se proposent d'emigrer, et enrichi dune carle du pays. Signs C. Mo REAL. La premiere edition de cct ouvrage est epuisee ; dans quclques mois, M. Cross en publiera une deuxieme edition, qui sera aug- mentee de houveaux renseignemens qu'll a rc^us ou doit recevoir ires-incessamment. Un des premiers exemplaires sera destine a la Societe de Geographie. I'apport YER^M, fail (I la Commission cenlrale de la Societe de Geo- graphie dans sa seance du 3 auiU iBay, par M. le chevalier Bonne. J'ai pris connaissance du memoire que M. Delanglard, mem- l)re de la Soclele de Geographie , inventcur et fondateur du Geo- rama, a adresse a la Commission centrale le 5 juillet dernier, et je vais rendre compte, en peu de mots, de Tohjel de cet ecrlt. Le memoire de M. Delanglard contient le plan d'un tralte abrcge des dlfferentes projections , usilees ou proposees pour le trace des carles geographiques , que I'lngenieux inventeur du Geo- rama a compose, ct qu'Il se propose de publier incessammcnl. Les projections que M. Delanglard examinera dans son traile sont divisees par lui en Irois classes , savoir : 1° Les projections fondecs sur le developpement de la sphere. 2° Celles qui sont fondees sur le developpement du cone ou du cylindre. H 3" Celles qui n'ont pour base que des calculs do proportion. SI le menioirc qui nous esl adresse n'elait , comine lo remarque I'auleur , Ic produit d'un travail precipitd , nous pourrions faire reinarquer que I'expression dc developpement qui caraclerisc les projections de la premiere classe, parail improprement employee, parce qu'on cntend communcmcnt , dans ce cas , par developpe- ment , la (ransfonnalion d'une surface en une autre , sinon de meme forme, du moins , de menie elcnduc, ou a fort peu pres. Or, Ics projections, ditcs stereographiques , orlhograpliiqucs et centrales, rangces par I'auleur dans la premiere classe, ne jouissent pas de celle proprietc , et ne sont que de pures projec- tions perspectives. Mais c'est trop s'arreter a une remarque que le traile de M. Delanglard , ecrit moins rapidemenl, ne donnera cerlainement pas lieu de faire. Toulcfois, d'apres noire maniere de- voir, nous pensons que les projections geographiques devraient etre considerees sous deux seuls points de vue , savoir : les pro- jections perspccllves qui forment la premiere classe de I'auteur et les projections par developpement que comprennent les deux der- nieres classes de M. Delanglard, dans lesquelles je desirerais voir comprendre le developpement imagine par M. de Lorgna dont I'auteur ne parle pas. M. Delanglard passe en revue les diffcrcntcs projections gdo- graphiqiies, et signale les avanlages et les defauts de chacune. 11 fait voir qu'elles ont des proprieties diverses , mais qu'il y a lou- jours une condition qui n'est pas remplie , parce qu'il y a Impos- sibillte de representer sur un plan une surface spheroi'diquc sans alteration de position et de forme dans les details qu'elle renferme. Ainsi, il arrive a cette conclusion evidente pour lous, quele Geo- rama, tel qu'il a ctecongupar I'auleur, prcscnle toutes les parlies dc la terre, soil dans leurs masses, soil dans leurs details, avec une similitude parfaile de fonne, d'etendue et de position ; quil est, par consequent, leseulmoyen d'elude pour se former une idee exactc des rapports d'etendue, de situation et de disposition respective \ 85 - des dlffdrentes parlies extcricures du glohc Icrrcslre : rapports importans a blcn coniiailre , et qui fo;inent une branche inipor- tante de la science geograpliique. RemseigKEMENS comviitniques par M. I'aLbc' Anduze sur plusieurs points de VAmeriquejdu nord ^ qni'I a risifes. Pendant son scjour a Saint- Louis, on adrcssa h M. Clarke (le meme qui fit, avec M. Lewis, le voynge jusqu'a I'embouchure de (a Colomhie ) une piece de monnaie en bronze , trouvee dans la valine des Osseraens , au sud-ouesl du IMIssourl, terrholre recule dans rinterleur. Lcs habilans disent qu'on n'y a jamais vu d'Eu- rope'ens.Apres avoir ele blen examinee par M. Tabbc Anduze , elle a etc reconnue pour une medallle romalne frappee sous le regne de Nerva. La medallle rcpresenlail, sur la face , la letc d'un empereur romain, avec rinscrlptlon AVG. CAE. NEIWA. IMP. P. M. T. P. COS. IIL M. P. et, sur le revers, une figure de femme portant sur son epaule gauche, une corne d'abondance, a sa main drolle, une balance avec les letlres S. C, dessous, etau- lour EQV. AVG. M. Fabbc Anduze ajoute que, dans le Tenessee, en creusant un pults, on IrouvaaussI, dansun pot deterre enfoul, une Ires-grande quantlte de pieces d'or, donl I'orlglne resta inconnue aux redac- leurs de la Gazette de cet Etat. 11 presume que la connalssance des langues orlentales piourralt etre de quelque ulllite pour Tetude des dlfiferens idlomes appartenant au tribus sauvages de rAnieri- que , surlout relatlvement aux peuplades qui habltent du cote de rOcean paclfique. On reconnait, diL-Il, deux langues princlpales parmi celles des sauvages de celle parlle de I'Amerlque. La pre- miere est la langue moblllenne , usilec dans le haul pays ; la se- condc, la langue sacque, usilce dans Ic pays Inferleur; loutes deux scrvent en quelque soric de langue diplomatique, ou d'un usage 8C. gdn(5ral. Les tribus, qui durcsle parlent toules unldiome different, nc pcuvcnl s'enlendrc qu'au inoycn dc ces langues principales. M. I'abbe Anduzc a trouvc quelque rapprochement enlre les moeurs et la mani^re de vlvre de cespeuples, el celles dcs Hebrcux decrites dansleLevitique.Un sauvage, dil-il, epouseavec sa femmc, toutcs les soeurs qu'clle peut avoir ; ou du inoins il est tenu de pour- voir lul-mcme a leur elablissement, c'est-a-dire de les marler : celles auxquelles il ne peut trouver d'epoux dcmeurent avec lui a tilre d'epouses. Ayant parcouru les nionts Alleghanis, M, I'abbe Anduze a fait pluslcurs observations sur le sol dc ccUc conlrce. II cite cntreautres le fait suivant, qui peut faire juger de sa nature. Un jour, dit-il, pendant que je traversais une par tie de la chain e, je me trouvai tout-a-coup transporte dans la plaine, au pled des inonlagnes, d'oii j'avais pris men point de depart. Celalt une masse de terre dc deux ou trois arpcns, sur laquelle je marchais, qui s elait detachee dc la montagiie avec les arbres, et avait glissii doucement jusque dans la vailee. Ce phenomone se reproduit assez souveut dans ces localitcs. Le Mississipi, dit-ll aussi, court, depuls sa jonction avecrOhio pendant un espace de 1200 niillcs, sur une espece de plateau. A droile et a gauche du fleuve , la terre offre une pente d'un demi- pied par arpenl. II re^oit ccpendant qualre grands affluens. Ce cours conlinuel du fleuve sur un sol plus eleve que le terrain en- vironnant, a donne lieu a des ecoulcmeus ct a des derivations naturels que Ton appelle Bayoiix , et qui, descendant de ces haules conlrees, viennent submergcr les parlies basses et les vallees, y cnlretienncnt des marecages, et par suite, un air continucllc- mcnt malsain. Au point de depart du Mississipi, ajoute-t-il, est un grand quar- iler de rocbc que I'on appelle, tanl a cause de sa forme qu'a cause de sa hauteur, la Tour (la Dlahle. II est eleve de 4-5 pieds au-dessus du niveau dcs eaux; luais on s'apercoil facilemcnl que ce rochci . 8? a etc battu par la vague a differenlcs epoqucs. Cest un endroit fort dangereux. A Touest , est une chaine de monlagnes, qui ren- ferme une grande quantilc de mines de plomb. Toule la basse Louisiane est une lerrc d'alluviou, ettoutcs les montagnes portent i'enipreinte dcs vagues qui les ont ballues a une epoque reculce. l^oVV'EA.Xfirenseignement siir le lieu oil I'on suppose que le celebrc La Perouse a tmufrage. Des nouvelles reyues d'Hobart-Town , en date du i6 fevrier , et garantles aulhentiques, paraissent devoir jeler quelque lumlere sur la mort de notre malheureux et celebre La Perouse. Les moin- dres informations, relatives a ce Iriste evenement , sont plus que suffisanles pour captiver notre interet. Je m'empresse de les com- muniquer a la Societe. Le 8 Janvier 1810, M. Nicolas Nicholls, lieutenant a bord du navire Sydney-Coi^e ^ capitaine , M.Charles Larren , quitta son navire avec plusieurs hommes pour gagner la plage du cap- sud de la Nouvelle-Zelande pour y prendre des sealskins. Dans ce court trajct , surpris par une brise de terre , et force de rela- cher dans une baie pcu eloignee du cap, il visita un mat qu'un ma- telot avail trouve sur le rivage ; il le reconnut pour le mat le plus eleve^d'un navire d'une grande dimension ; il paraissait avoir ele long*lemps dans I'eau et etait couvert de terebenlhine, ce qui Ta- vait conserve. Sa longueur etait de soixante-quatre pieds ; a Tune des extremites se trouvaient deux parties du bois dit lignum vita:. Chacune d'elles avail seize pouces de dlamelre et un axe de fer. Get officicr assure qu'elles n'apparlenaient pas a la marine anglaise. En retiranl les rouleaux des poulies, il aper^ut le nombre 82 ecrit sur les deux coles ; c'ctait vraisemblablement le numero du navire auquel le mat apparlenait ; tons les navires d'Angleterre sont nu- merotcs, ceux des autres nations le sont probablement aussi. L'o- 88 pinion du capitaine Larren fat que ces poulies elaienl fran- ^aises ; il obscrva qu'a sa connaissance, ^ucun navire d'une sem- blaljle dimension ne s'elait perdu sur eel tc cote , a rexccptlon dc VEnJeaoour ( effort ) qui fut rcmorqnc in dusky Bay, et dont toule la cargaison ful deposec sur le rivage. II penchait a croirc que cc mat appartcnail au navire que montail La Perouse dont on n'a plus entendu parlerdepuisle mois qui suivait son depart de Botany-Jlay. On sait qu'il dirigeait sa course vers la Nouvelle-Zelande. 11 est tres-probaLle qu'il s'est perdu sur le double rdcif nomnie Traps, qui se trouve a environ vingl milles en mer , exactement vis-a-vis la place ou se trouvait le mat. Ces ecueils n'etaient point nieution- nes sur les carles lors du voyage dc La Perouse. Lcs poulies et le mat furent embarques a borddu Sydney-Cove pour elrc Iransporles en Europe ; mais le navire ayant etc confisque a P\io-Janeiro, ces objcls oni, ete probablement perdus. Ces details me paraissent de nature a faire forlement prcsumcr que ce malt appartenait au navire la Boussole que montait La Pe- rouse ; on en obliendra la preuve si le nombre 82 , trouve sur les poulies , correspond au nuuiero du navire de cet intrcpide voya- geur. Comritimif/ue par ^l, C. MoREAU. i.Vi,KAr, IMl'KljlIiUU, rue du Cailtnn n" it». »'»^* ».-%.■%.%/'»/* ^.'V'^ *^»^*'*.^-%. ^■v^*/«r-^ «/^'»-*'»,'». »-^ ■•.V'l-^ ^••^»-*-^-* ^.■V^ */*.-* ^.-m/v*. ■%^», ^-m^ BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. NUMEPiO 55. • — SEPTEMBRE. PREMIERE SECTION. MEMOIRES , EXTRAITS ET ANALYSES. Memoir prepared at the request of a committee of the common Council of the city of Nav-York ', and presented to the Mayor of the city at the celebration of the completion of the New-York canals. By Cadwallader D. Golden , printed by order of the corporation of New- York by W. A. Davis , 182 5. MemOIRE compose sur la demande d'un Comite du conseil commun de la ville de New- York , et presente au Maire de cette ville , etc, , par M. Gadwaxlader D. Golden. La ville de New-York a offert a M. David B. Warden , notre honorable coUegue , un eseniplairc de I'ouvrage qu'elle a fail pu- blier pour transmettre le recit des fetes memorables qui ont ete donnees au mois de novembre 1825 , a I'occasion de rachevement et de la mise en actlvite du grand canal qui vient d'etre ouvert entre le lac Erie et la riviere d'Hudson , sur environ trois cent soixanle miiles anglais ( 58o kilom. ) de developpcment. 9° L'cxeculion dc celle utile et glorieuse entrcprise etablit une voie nouvellc et facile a parcourir enlre FOcean et les lacs de TAmc- rlque septentrionale ; et comme cette voie doit eire incessaniment prolonge'e, par TOhio et le MIssissipi , dcpuis ces lacs jusqu'au golfe du Mexiqiic , les explorations de cette partie du continent aniericain vont ndcessairemeut se multiplier, et les progres des connaissances geographiques scront un resullat iuimedlal de cos explorations. En considerant, sous cc point de vuc, rimportante operation ternilnee par lEtal de jSew-York, j'ai pense que Touvrage destine a en rendre conipte etait digne du plus grand int^ret, et meritait de fixer I'altention de la commission cenlrale de notre Socidte. II a deja ete annoncd, au commencement de 1826, dans une re- lation des fetes donnees le 4- novembre iSaS (i), que M. Golden, I'un des citoyens les plus distingues de New- York , avail offorl le jour meme aux magislrats de cette ville, un Memoire historique sur la navigation intericure du pays. L'auleur le destinait a elre de- pose dans les archives municipales ; mais les mcmbres du conseii commun, convaincus de Timportance des faits donl il conlient I'cxpose, en ont ordonne la publication. Ce Memoire est place a la tete" de I'ouvrage que M. Warden a bien voulu me communiquer. Depuis la decouverte de la riviere d'Hudson, en 1609, la con- tr^e quelle arrose a eprouve des changemens immenses. Les pro- gres rapides de la civilisation dont se glorlfient avec raison les compatriotes de Tauleur, sont le premier objet sur lequel il fixe leur attention ; ce n'est cependant que depuis 1776, date de I'inde- pendance des Etats-Unis, que les efforts entrepris pour etendre leurs communications intdrieures ont die couronnes dun veritable succes. (l) BuUelin des Sciences el do I'lndiislrie , pulilie sous la diiortion dc M. le Bavon de t'crussac (i'l-viiei- iB'iS). 91 A peine la guerre de la revolution americaine ctait-elle lermi- nee, que le geiieral Washington lit lui-memc unc reconnaissance des principaux fleuves qui Iravcrsent les divers etats de 1 Union , en invitant ces etals dc concourir, a Taide de leurs propres moyens, a en ameliorer la navigation. M. Georges Clinton, gouverneur de TEtat de New- York, appela Tatienlion de sa legislature, en 1791, sur les grandes routes, et les communications par eau qu'il importait d'ouvrir a travers son terriloire. Get objet fut pris en consideration , et des commis- saircs furent charges de redlger un rapport sur ces deux cspeces de voies publiques. Leur rapport ayant etepresentel'annee suivante, ses conclusions favorables determinerent la formation d'une compagnie particu- liere, qui se proposait d'effectuer, par un canal ecluse, la com- munication de la riviere d'Hudson avec les lacs Seneca et Ontario. Une autre compagnie proposa en meme temps de faire commu- niquer cette meme riviere avec le lac Champlain. Une troisieme association se forma , en i ygS , pour unir les lacs ' Erie et Ontario par un canal artificiel , qui aurait contcurne la cataracte de Niagara. Malheureusement ces compagnles n'avaient pas prevu toutes les difficultes qu'elles rencontreraient , et leurs membres les plus in- flucns n'avaient point I'experience necessaire pour les surmonter. Les travaux qu'ils commencerent donnerent cependant lieu a des reconnaissances plus completes de la contree ou ils devaient elre executes. II demeura constant que le fleuve Saint-Laurent , les lacs Ontario et Erie , et le Mississipi occupaient le fond d'une grande vallee , qui de part et d'autre dc ces lacs a des pentes opposees , et qui s'etend depuis la baie de Labrador jusqu'au golfe du Mexique. Ainsi se trouvait verifiee la relation de M. de La Sale, qui, apres avoir reconnu le premier, en i66g, le cours du Mississipi , avait avance que les eaux du lac Michigan et des rivieres qui cou- lent au sud, se rapprochaient beaucoup de ce fleuve. On sail 92 maintenanl, en effcl, qu'cUescn sont tellemonl rapprochees, que dans la salson dcs inondations, ce? oaux connnunlquontnalurelle- ment entre dies , et nrieme qu'clles offrenl uno vole cavigable a des bateaux dun assez fort tonnage. Nous ne sulvrons pas M. Golden dans le compte qu'Il rend de toutes ies mesures proposecs jusqu'en 1807, pour elendre, dii cole des lacs, la navigalion Inlericure de Tetat de New- York. JM. Jef- ferson , qui elait alors president des Etals-Unis, proposa au con- gresde consacrer un fonds annuel specialenient affecic a Touverture des grandes routes et des canaux. Son message provoqua un rap- port de M. Gallalin, secretaire de la Iresorerie, rapporl de la plus haute importance, qui depuis a ele traduit dans la plupart des langues de 1 Europe. A daler de cede epoque, Taltention la plus serieuse s'est porlce sur ce grand oLjet, qui est devenu la nialierc de plusicurs ccri(s remarquables par la sagesse et la profondeur des vues qu^on y trouve developpees. Quolqu'i! n'eill point ete question , dans le rapport de M. Gal- latin , du canal a ouvrir entre le lac Erie et la riviere d'Hudson, I'etat de New-York adressa au congres general des Etals-Unis la demande dun subside , au nioyen duqucl on serait parvenu plus tot a Texfcution dece canal. Cette demande ne fut point accueillle; et celles qui furenl, en 181 1 , adressees dans la niemc inlenlion a divers elals de TUuIon , qui semblalcnt etre plus parliculierenient appeles a profiler des avantages de cctle cntreprise, furenl ega- lement rejelees. Ces refus, loin de ddcourager I'etat de New-York, lui firent prendre la resolullon d'entrep: endre le grand canal du lac Erie avec ses propres et uniques rcssources. Les conmiissaircs qui avaient etc charg{;s d'en reconnaitre la possibilile, et auxquels le celebrc Ingenleur Eullon avait ele ad- joint, firenl leur rapport sur eel objet au mois de mars i8i4.. Malhcureuseuicnt la guerre , qui s'etalt allumee entre les Etats- 93 Unis et rAngleterre, emp^cha de donner immediatement suite aux conclusions de ce rapport : ce ne futque Tannce suivantcque M. Clinton , president de la commission , redigea un memoire delaille, lequel, appuye d'une petition signee d'mi grand nom- bre de citoyens les plus recommandables de Telat , devait elre presente a la prochaine session de la legislature. On y cprouva Lien queiqnes oppositions , mais enfin il fut passe, en 1816, un acte par lequel une commission speciale fut chargce de dresser le devis du projet ; une somme de vingt mille dollars fut affcctee en consequence aux operations preliminaires auxquclles elle devait se livrer. Cette commission secondee deplusieurs ingenieurs habiles, tous citoyens de I'etat de New-York, se trouva en etat de presenter , avec les details les plus minutieux, a la legislature de 1817 , les deux projets de canaux qui lui avaient ele demandes entre la riviere d' Hudson et les deux lacs Erie et Champlain. Ces projets furent approuves h une grande majorite par Tassemblec des representans et le senat; et, des le mois d'avril de cette meme annee , il fut decide qu'un emprunt scrait ouvert pour subvenir aux dcpenses de ces grandes intreprises ; Ton prescrivit en meme temps les mesures necessaires pour en acquiller exactement les Inter^ts. Les travaux furent commences avcc une sorte de solennite , le 4 juillet 181 7, jour anniversaire de i'independance americaine. Le gouverneur Clinton ouvrit la session dc 1818, en felicitant la legislature du succes des dispositions qu'elle avait ordonnees , et en Tassurant que les seules ressources de Tetat de New- York suffiraient pour Texecution complete des travaux qui venaient d'etre commences. La reponse qui fut faite a son discours contenait Fcxpression des mcmes scntimens et des memes esperances. Nousne suivrons point I'auteur dans touts les details qu'il donne sur les procedes suivls pour obtenir lout a la fois la plus grande celei'ite et la plus grande economic dans Texecution des travaux ; le gouverneur Clinton en fit I'espose a Touverture de la session 9^ . de i8ig. Soil rapport fut aussi sallsfaisanl que celui de Tanncc precedenJc : aussi I'cmprunt dcs fends neccssaircs pour la conti- nuation des travaux fut-il immedialcment vote. La decouverte de carrieres de chaux hydraulique ^proximitd du canal , est une circonstance dont il ne parut point indifferent de donner connaissancc a la legislature. Elle fut informce, par le discours que prononga le gouverneur Clinton en ouvrant la session de 1820, que, des le 20 oclobre pre- cedent, la navigation avait ele ouverte enlrcUtique et Rome, sur une longueur de g6 millcs , ct que le canal du lac Chaniplain avait ele acheve le 24 novembre suivant. Ces fails, de la verile desquels chacun pouvait aisement se con- vaincre , ne laisserent suLsister aucune opposition contre ces grandes entreprises; a dater de ce moment, il ne s'elcva contre elles aucune objection serieuse. Les communications qui ont eu lieu depuis entre le pouvoir exe- culif et les legislatures ne sonl plus que des felicitations reciproques sur I'avancement des travaux et le succes qu'on en attend, Tous ces acles, qui contiennent d'ailleurs des renseignemens precieux, ont etd rdunis en deux gros volumes publics en 1825, par ordre et aux frais de Telat de New-York pour servir a Thistoire offi- cielle de sa navigation interieure (i). Afin de niettre plus d'ordre dans I'execution des travaux , on les avait divises en trois grandes sections a cbacune desquelles un prin- cipal ingenieur avail ele altacbc. La section orienlale fut acbevee le i" octobre 1823. Get evenement fut celcbre par des f^tes pu- bliques, prelude de celles qui devaient avoir lieu plus lard. Ici M. Golden decrit les principaux ouvragcs qui ont eld cons- truils entre Buffalo et Albany, il expose les difficulles qu'ils ont presentees, ct les moyens qui ont <^le employes pour les vaincre (i) Laws oj llic sLate oj Ncw-Yoik in velatioii to the Eiie and (^hcu plain Canals y etc. (Albany, iSaj). 95 par les ingenieurs auxquels la direction en <^tait confice. C'est par- liculieremenl a I'habiiele et au zele infaligable de MM. Wright^ Geddes ^ While et Thomas qu'il fait honneur du succes de ces tra- vaux, succes auqucl ont egalement concouru MM. les surinlen- dans el connrilssaires, llolley ^ Young ^ Seymour it Bouck ; \cur ^\ns bcl elogea tous'estau surplus dansTexeculion memedelentreprise, car on convlent unanimement aujourd'hui qu'entre lous les canaux de grande navigation , actuellcinent existans , le canal du lac Erie est lout i la fois le plus etendu, et celul dont I'execution a ete la plus promple, el a occasionne la moindre depense. Depuis Fannee t8io, que M. le juge Plaat en soumit pour la premiere fois le projet a la legislature de I'etat de New-York , M. Clinton a consacrc avec le plus honorable devouement les lalens dont II est doue ponr faire entreprendre , pousser avec ac- tivite, et metlre a perfection ce grand ouvrage. Son nom y de- meurera a jamais attache non-seuiement comme president de la commission du canal etgouverneur de Tetat, niais encore comme orateur habile , dont les discours et les ecrits ont puissamment contribue a faire valoir une entreprise qui inleressera loujours au plus haul degre la prosperite et I'honneur du pays. L'auteur s'elend Ici sur les Immenses avantages que lous les etals de TUnion retlreront de lexecution du canal dulac Erie, et, par suite, de tous ceux auxquels II aura servl demodele. Sa jonc- tion avec le Mississlpl par le canal de I'OhIo , dont les travaux sont malntenant en pleine actlvite , etablira elleseule, au centre des Etats-Unis, une ligne navigable de pres de 845o kilonietres ou de plus de 1600 lleues entre New-York et la Nouvelle-Orlcans. D'apres le compte general de la depense faite pour Texecution des deux canaux , du lac Erie et du lac Champlain . iis ont coiite 23,420 dollars par niille , ce qui revient a 78,^77 fr. par kilometre : or celte depense est bcaucoup moindre que celle des canaux de memes dimensions qui ont ete executes jusqu'a present en France, en Angleterre el dans les autres parlies de I'anclen continent. 96 A inesure que les cliverses sections du grand canal ont ele ache- v^es, dies ont ete livr^es a la navigalion ct rcndues ainsi imme- dialement produclives. Le revenu dont dies ont 6le la source s'est progressivement elevc , ct Ton con^olt qu'il s'dlevera de plus en plus a inesure que la population du pays s'accroilra; en supposant qu'cUe continue de douLler en une periode de dix ans , on a cal- cule que le grand canal du lac Erie piodulrail un revenu de 2,000,000 de dollars ou de 10,7^0,000 fr. en 1846. Ce qui est constant, c'cst que ce revenu qui avait ete de 3,240,000 fr. en 1825, premiere annce de I'acheveinent du canal, s'esteieve, en 1826, a 5,3go,ooo (i); ce qui assure en nioins de huit ans Tamortissement du capital emprunle, ce revenu (ut-il deja parvenu a sa derniere limite. Quelle preuve plus peremptoire pourrait-on donner de la sagesse des previsions qui ont fait accueillir ce projet, de Thabllele et de Teconomie avec lesquclles I'execution en a ete dirigee ? Un patrio- ' tisme eclairc se complait au milieu de toutes les esp^rances que fait naitre un semblable succes ; il etait tout naturel que M. Col- den consacrSt quelqucs pages de son memoire a renumerallon des principaux benefices que 1 agriculture, Tlnduslrle et le commerce retireront de cette grandc communication navigable, qui va per- mettre desormais rexploilation de forcts immenses , et de ricbesscs mindrales de toute nature , que le defaut de moyens de transport laissait en quelque sorle sans valeur. En considerant les interels gcneraus de TUnion , la navigalion interieure est une chaine indissoluble sous les anneaux de laquelle disparaissenl les obstacles nalurels et les prejuges do localite qui pourraient diviser entre eux ses differcnts elats. Pourquoi, en ef- fet, ceux qui se trouvent au-dcia des monts AUcgbany seraicnt- ils demeures unis a ceux qui se trouvent en-deca , lorsque ces mon- (1) Voycz lo rapporl fail a la cliambre iles|Depules', le -li aviil 1827 , par M. Hiievne de Pommcuse , depute tic Seine el-Marne. 97 tagnes rendaient lout commerce impraticable enlre eux P C'csl ainsi , suivantringdriieiise remarque de Fulton, que les progres du commerce et de la civilisation ont rendu sncccssivement plus com- pacles la plupart des ctats de TEuropc, en rcunissant sous les rnemes lois cclte multitude de petils royaumes contigus qui, dans les temps d'ignorance et de barbaric, semblaient n'avoir d'existence que pour elre conlinuellement en guerre les uns conlre les aulres. Robert Fullon esperait voir un jour des canaus ouverts dans toutes les vallees des Etats-Unis, el chacune de Icurs monlagnes contournee par un canal. Cctte csperancc est deja en parlie realls^e; et !a sagesse du gouvernenient americain accelcre Te- poque a laquelle elle le sera dans loute sa plenitude. La legislature de I'elat de New- York vient , dans sa derniere session , de porter une loi qui aulorlse Fexamen de 1 7 projels de canaux a ouvrir dans differentes parlies de son territolre. « Quelle que soil, dit M. Golden, en terminant son memoire, » Topinion des etrangers sur les grands ouvrages que nous avons » executes, la poslcrite se souviendra avec admiration et respect » de ceux auxquels elle en devra !e bienfait. Le 4novembre iSaS, » jour auquel le premier bateau venant du lac Erie est entre » dans noire port, demcurera a jamais grave dans la memoire » d'un peuple reconnaissant ; et Ion citera Fecial donne par la » ville de New- York a la celebration de ce grand evencment , » comme le temoignage le plus authenlique du palriolisme de ses » magistrals , et de la liberalite de ses ciloyens. » Les journaux americains nous ont deja fait connaitre en France, des le commencement de lannee derniere, les circonslances les plus remarquables de ccs fetes. EUcs sont rappelees avec le plus grand detail dans Touvrage dont nous rendons compte ; il contlent un rapport partlculier de chacune des personnes qui furent appelees a les diriger ou a concourir k leur direction ; loutes paraissent avoir ri valise d'altentions et de zele: chacun a voulu voir son nom hono- rableme'nl inscril parmi les noms de ceux qui avaient <^te choisis 9S pour signaler dans celle conjonclarc h reconnaissance cl Talle- gresse publiqiies, niais tons ccs details que ne trouvcn I jamais trop prolixescpnx qui ont me'rite d'y elre mentionnes, ne sont guere susceptlbles d'analyse; c'est par la lecture menie de I'ouvrage que Ton pourra s'en former une juste idee. Nous nous bornerons a dire que cct ouvrage estorne d'un grand nombre de planches en taille-doi.ce et litbograpbiees, parmi les- quelles on distingue surlout quelques beaux portraits, plusieurs cartes geographiques et Un profil gcologique dresse en 1822 , sous la direction de M. Etienne van Renssalaer. Ce profil comprend g dcgres de longitude entre ses extremites , et s'etend depuis le lac Erie jusqu'au port de Boston. Ce n'a pas ete seulcment dans I'enceinte de New- York que les fetes dont il s'agit ont ete celebrees avec pompe. Depuis le 2G oc- tobre, que le premier bateau fut expedie du lac Erie pour se rendre dans rOcean, jusqu'au 4novembre, jour de son arrivee, les bords du canal ont presente une scene de rejouissances continuclles. La description de ces fetes exterieures, et la relation du voyage que fi- rent les commissaires de la municipalite de New- York, qui avaient (ite envoyes pour complinienter les ciloyens de Buffalo, sont Tob- jet d'une relation expresse redigee par M. Guillaume Stone. Cette relation est enrichic de huit vues litbograpbiees des parlies les plus pittoresques du canal. Au retour des commissaires , plusieurs ba- teaux cbarges des deputations des villes et villages silues sur ses rives se reunlrent au bateau qui etait parti du lac Erie. Toutes ces deputations , apres avoir assiste aux grandes fetes de New- York , et rc^u des habilans de cette ville la plus affectueuse bospifalitd, regagnerent leurs foyers par le nieme cheuiin. Le premier bateau du lac Erie clail de retour le 28 novembre a Buffalo , ou de nou- velles rejouissances Taltendaient. Suivant I'usage des anciens , adopte par la plupart des peuples moderncs, le gouvernement de New-York a fait graver une m^- daille en memoire de I'achcvement du grand canal du lac Erie, 99 Une ingdnieuse allegoric le rcpresente comme une alliance con- tractee entre Neplunc ol leDieu desforets. Cetle medaille , frap- pee en or , en argent el en Lronze, a et6 offerte aux grantles au- toriles des Etats-Unis , a d illustres clloyens recomniandables par d'anciens services, et a d'aulres personnages cminens. C'est un temoignage flatteur de consideration donne a chacun deux par les magistrals de New-York ; mais ces magistrals n'avaient pas be- soin de recourir a 1 art monetaire pour conserver le souvenir de 1 important service qu'ils ont rendu. Leur nom vivra aulant que le monument d'utilile puLlIque qu'ils ont erige ; et plus indeslrucli- blc que i'airain , ce monument trouvcra dans cette utilite meme le plus sur garant de sa duree. P. S. GiRARD, Blemhre de V Institiit. Six MoisTn's^RESiDENCE awd Travels in central America , through the free states of Nicaragua and particularly Costa-Rica , etc. , she- wing the most eligible place for cutting the projected Canal to unite the Atlantic and Pacific oceans. By J. Hale, New-York, 1826. 32 p. in-8"'. — Six mois de sejour et de voyage dans VAmeri- que centrale , ii tracers les Eiats libres de Nicaragua , et parti culie- rement Costa-Rica , oil. Von voit I' emplacement destine a unir F Ocean atlanticjue avec V Ocean pacijicpie. Depuis , dit notre auleur, que j'ai lu Ihistoire de la conquefe de I'Amerique par les Espagnols, j'ai eprouve uii ardent desir de vi- siter ce pays celebre, et aussit6t que j'ai cru pouvoir le faire avec sdcurite , je me suis embarque a I'epoque ou le fort de Callao et la ville de la Vera- Cruz se bombardaicnt mutucllement; ce qui me for^a de debarqucr dans la riviere' de Goazacoalco. Pendant la Iraversee je fis connaissance d'un voyageur, nomme Gerard , qui allalt a Mexico , pour affaires de commerce ; il me dit qu'il avait reside, pendant un an, dans la province de Costa-Pxica, et me parla de la manlere la plus avantageuse des moeurs et du caractere lOd dcs habitans de cclle contrde. 11 monlra k M. Hale, unc quanlitc dor cju il yavalt Irouvde; et pendant leur voyage dans Ic IMoxique, et ensuitc pendant leur traversee pour rAngleterre, dans Ic sloop de guerre anglais, /e faleureux , comniande par le capitaine IMerry, M. Gerard Tentrelint souvent de Costa - Rica. Je suis a!le, lui disail-il, dans I'Indc; j'ai traverse les Andes par trois differenles routes, savoir : de liiienos-Ayres au Chili, de Tanama a Chagre, et d'Acapulco a Vera-Cruz; rnais je n'ai jamais vu un plus beau pays que celui de Costa-l\ica, nl un peuple aussi affec- tueux et aussi simple , et vous ne pouvez desirer, pour voire re- sidence ou pour des speculations de commerce , un pays plus convenable. J'y suis alle , dit BI. Hale , el j'ai Irouvd que ces rap- ports et ces observations etaient exacts et sinceres; et que le gouvernement etle peupl^idesiraientbeaucoup que jefisse connailre cetle contrec en Europe; en consequence ils n/ont accorde le privilege dont je parlcrai bientot, pour pouvoir (ilabllr une colonie dans cet heureux pays, ou Tesclavage est pour jamais aboli. La province de Costa-Rica est bornce a Test par Veragua; a I'ouest, par Nicaragua; au nord, par TAllantique; et au sud, par I'Ocean pacifique. Au sud-ouest , les montagnes de Nicaragua ser- vent comme de limites; au nord-oucst, le bord oriental de la riviere de San-Juan, est par les 10° Sg' de latitude, et les 82° 32' de longitude : la parlie la plus dtroite de cctlc province a en- viron i5o nilllcs. La peliie ile de TEscudo de Veragua au N.-E, el la pointe de Boruca, au S.-E, sont les deux points des limites fixees enlre la Colomble et TAmerique cenlrale. Montagnr.s. La chaine des Andes, dans la province de Costa- Rica , se dirlge du N.-E. par E. , au S.-O. par O. ; leur hauteur est estimee .f) niclls, I G79 nmlatrcs , et G32 euroj-iens ctespagnols. io8 dicns alnsi qu'avec les habllans blancs, ils sont dans tin dial contlnucl trhostillle avcc une pcuplade noinmec Balyanties^ qui Iiabite sur les coles do la mer, aux environs des laguncs de Che- rasque. Les Blancos ne frequentent jamais les villes, quoiqu'ils denion- tronl; plus d'inteiligence que les aulres Indiens. Lc capltainc Shep- herd, qui a Irafique sur cette c6te pendant plus dc vingt ans, offriti leurs chefs cinq cenls dollars pour ouvrir un comiuercc avec eux ; mals ils refusercnt. Les habllans de Cosla-llica sont industricux, d'un caraclere doux et hospitaller, de manieres engageantcs, ct tres-cxacts dans leurs relations commerciales etsociales, quoiqu'ils n'aient pas en- core I'avantage d'une imprimerie. Ils sont obliges d'envoyer rneme leurs lois d'etat , pour etre imprimees a San-Salvador , a la dis- tance de trois ou qualre semaines de marche. Dans la vuc dc relirer un avanlage commercial de Tctablisse- ^mcnl colonial de Costa-Rica , M. Hale observe que, par le moyen d'un bateau a vapeur, la navigation n'est que de quelqucs heures du fort San-Juan au confluent des rivieres Ilernsosa et San- Joseph, et de la, un jour et demi de marche jusqu'a San-Joseph, capitalc de la province , et seulement deux jours jusqu'a la mer du Sud. C'est la route la plus sure a suivre. II y en aurail inic plus courte par le terriloire de San-Blas; niais les Indiens quihabilent Villa-Niieva de San-Jose renferme une populalion dc 8,326 babilans , dont 1,9-6 espagiiwls, 5,254 melis , el 1,096 ninl:"ilres. Villa-ticrniosa pi'SSede 3,890 hahilans, dont 610 espagnols , 2,3o6 nu'lis , cl 834 mulalius. ;^i7/a-^ie/a possede 6,657 liabiians. dont i|848 cspagnols , 3,935 nuiis, et 8^3 pardos ou lace inolee. Ccl aulcur remarqiic quelapiovince deCosla-Uicaeslinipiopremenlaprclcc; car loin d'etre fei'lile , comme son nom scmblc Vindiqucr, cllu est au conliaiie 'aiide et nioiilueuse. I03 cc pays, peuple gucrrier cl independani, sontdetermlaesa ne pas ctider un poucc de leur terrain. La route par Ic clieinin de San-Juan ct de Cosla-Rica est eu la possession d'un peuple ami , qui desire voir s'elablir un com- merce inltiricur avec des personncs qui voudraient se fixer parmi eux. Les naturels sont simples el polis , portes a Tinduslrie, et elrangers au vol et au pillage. Tous les Indiens de la cote, depuis la riviere Atralo ou Darien jusqu'au cap Gracias-a-Dios, ont des dispositions amicales, et parleut lalangae anglaise, ce qui est d'un grand sccours pour les Colons ; le prix de la journce de travail n'est que d'uu quart de dollar, payable en nature. Les frais de voyage des £tats-UnIs a Costa- Rica ne servient pas de la moilid de ce que coAlerait le voyage des Eials-Unis ci Mexico oui Colombie. La riviere San Juan est le grand passage dans Tinlcrieur des provinces de Cosla-Rica, Nicaragua et la mcr du Sud. C'est par ce canal que passeront tous les objets d' exportation et d'im- porlation des villes de Carlago , San-Joseph , Leon , Grenade , Nicaragua, de celics de Viellie-Ville , de Villa-Hermosa, Nicoya, Realijo , Segovia, Malagalpa, cl de cent autres villes el villages. Quant a ce qui regarde les Colons des Etals-Unis , il est k ob- server que le passage a Costa-Rica peut se faire dans environ dix-huit ou vingt jours , et le retour dans environ vingt-qualre ou vingt-huit jours ; ct que le depot des productions de I'Amerique centrale serail a New- York. Le gouvernement central de I'Amerique (i) concede environ (i) Par oidre de la cour de Madrid, adiesse au capitalne - general de Guatemala , don Mails de Galvcz , I'ingenieur don Manuel Galisleo a execute , en ij8i, un nivcllement, au moyen du niveau d'eau, depuis le golfe du Papagayo , sur les cotes de la mer du Sud , jusqu'a la lagune du Nicaragua ; et par 336 stations de montee et 339 stations de descente (aicensos : 60,^ pieds 8 pouces , mesure dc_ Castille ; descensos : /j?** pids I ponce), on a trouve la surface du lac de Nicaragua, elevee au-dcssus de la mer du Sud de 134 pieds 7 pouces. Or , le lac a 88 pieds 6 pouces de profondeur , de sorte no 20O acres dc terre a loute personne qui voudra s'«^lablir dans ce pays, avecunc excmplioii do lous dioils el laxes pendani vingt ans. Lc gonvenieiiienl de TKlal libse de Cosla-Rica a donne une lieue dc lerrain pour I'etablissement d'une ville au coriduent des rivieres de San- Joseph et d'Herrnosa, a environ 70 milles de rOcean pacifique. Ces rivieres sent navlgables avec des bateaux h vapeur; et, par le nioyen d'un canal enlre Ics deux Oceans, la conununicalion avec la colonie sera facile et pronipte. NoTA. Dans I'analysc qui prt'ci'de il est dit : qu'iin naoirc construit a la Janntiquc a etc hitroduit dans lc lar dc Nicaragua a la riviere San- Juan. Lu inembre de la Societe dc Gtographie a fail remarquer qu'on a decrit cette riviere comme n'etant pas navigable. 11 est neanmoins certain que , quoiqu'il y ait plusieurs chutes d'eau et des bas-fonds qui rendent difficile le passage de-San Juan dans le lac, cette riviere a loujours ete naviguee par Ics Espagnols et les Indiens, avec des l)ateaux plals de la grandeur de bilandres et de longs canotsj seulement ils avaient la precau- tion de decharger lours cargaisons au moment oil ils approchaient des chutes. Ces embarcations cfaient souvent employees a transporter des marchandises du lac a Porto-Velo , distance de 80 lieues. La topographic de cette partie de I'Amerique est encore peu connue par suite des precautions prises par les gouverneurs espagnols pour empccher les flibustiers aixglais de penetrer a la mer du Sud par les rivieres de I'isthme de Darien , ce qu'avaient fait quelques-uns de ccux- ci en 167 I. Alcedo parlant du Mandinga , qui n'a que quatre lieues , nous apprend que la na^ igation de cette riviere avail ete defendue sous peine de mort. que sou fond est encore 46 pieds castellanos plus haul liuc lc- niveau re , de 6,492,845 dollars, La difference en plus est done dc 585,475 en favour de 1826. 117 Projet dc canal entre Londres et Portsmouth. Ce canal aura 78 milles de longueur, 28 pieds de profon- ■deur et i5o de largeur. On espfere le terminer en quatre ans avecunc somrae qu'on estinie ne devoir s'(5lever qu'h 100 mil- lions de francs. On pourrait etre surpris de I'etablissement d'un semblable canal , lorsque Ton sait que I'Angleterre n'a pas de ville un peu considerable qu'elle ne soit sur une ligne de navigation ou sur quelque riviere qui y conduise. Quoique ce royaume compte d^jii plus decent cauaux, de temps en temps on en projette de nouveaux; ce qu'il faut sans doute attribuer aux profits con- siderables que font les actionnaires. En effet , le canal dc Long- borough vend ses actions de 100 ^ 4j200 liv. sterling; mais cela n'est pas extraordinaire, puisqu'elles produisent 197 liv. sterling. Le canal du Trent produit 76 p. % ; celul de Trewash 72 p. °/o ; celui de Coventry 44 P- % I celui de Staflbrd 4o p. °/o', cclui de Mersey 55 p. °/o ; celui d' Oxford 02 p. %; celui de Forth 25 p. ° o . et celui de Slroudw'ater 25 p. %. Quant au canal de Portsmouth h Londres, on ne pensc pas qu'il puisse produire un dividende de plus de 10 h 12 p. °/o; mais CO qui le fiiit entreprcndre c'est la crainte qu'en cas dc guerre entre la France et I'Angleterre, des bateaux h vapeur, amies en corsaire, ne fassent essuyer au commerce anglais des pertes immenscs. M. Cundy porte h. jS millions de francs la valeur des prises faites seulcment par les corsaircs anglais dans la dcrnifere guerre, depuis le passage Foreland jusqu'h Ports - mouth; et, d'upriis les registres de Lloyd, ila 616 constate que, durant les dix derniferes ann(^es , 1 , 1 00 batimens se sont perdus entre I'ile de Wight et Ic Foreland. {Ces quatre derniers articles out eta communiques par M. G. MoREAU.) 1 li Note sur Ic liudens de PUiuu. Entre les terrasses gradu^es de la montngnc, au-dessus de laquelle s'6tend le plateau cyr6n6en , el les Lords de la iner , rijgne une petite plainc de dix minutes environ de largeur, d6- pourvue d';irbres el de sources. Los anciens hahilans, pour supplt^er h la s^cheresse du sol , conslruisircnl un aqueduc qui traversail la plainc depuis la r<5gion bois(5e , ou le pied dcs monlagnes, jusqu'aux bords de la mer , el creus^rent un grand nombrede citernes. Ces dernieres precautions ^taientde nature k durer plus que la premiere; aussi leur utility sc fait encore sentir de nos jours , puisque seules elles fournissent aux besoins des sceniles qui occupent cette plage deserte. D'aprfes cette description , il est peu de personncs qui ne sc rappellent aussitol une dcs plus jolies scenes de la comedie an- tique et qui ne soicnt portees h admirer la fidelity des pcintures locales de I'auteur, L'aridit6 de la plage du port de^Cyrtne, la difficult^ d'y trouvcr de i'eau , la peine qu'il faut prendre pour y creuser dcs puits se trouvenl, en effet , parlaitcment pcinlcs dans le Rudens de Plaute , oil une cruche d'eau dcvient le prix des plus douces expressions , des plus ainiables faveurs d'Am- pelisque , nieme h I'^gard d'un valet. Ccpendant, si je reconnais avec plaisir la rid(5Iit6 locale dans cette sc6ne de la comedie du pocte romain , je dois de meme signaler les erreurs qu'il a commiscs dans les autres , non point en decrivant Ic rivage, mais par sa situation relative h Cyrfene. Pline place cette ville h onze milles des bords de la mer; Scylax el Slrabon h quatre-vingls slades, ct cc dernier ajoute qu'elle se trouvait sur le sommet des raontagnes , situation qui devait encore en augmenter la distance par la diflicultd d'y arriver. "9 - • • Comment concilier cet 61olgnemenl de Cyr^ne des bords de la mer avec les voyages fr(5quens que Plaute fait faire h ses per- sonnagcs , d'un de ces lieux h I'autre , dans un intervalle de hull ou neufheures au plus (i)? Le lieu de la scfene est aupr^s du temple de V^nus , dans le voisinage du port de Cyrfenc. Des pecheurs , qui sent sortis le matin de cette ville. commencent le second acte. Dans le troisifeme , h la sixieme sct?ne , Pleusidippe traliic le marchand d'esclaves h Cyrfene devant les juges. Dans le quatritiuie, Tra- chalion , valet de Pleusidippe , va le chercher et est de retour avec lui h la scfene premifere du cinquieme acte. De plus , Apollonie n'est pas une seule fois nommee par Plaute, et cependant cette ville pourrait seule convenir h la disposition de Taction du Rudens. Ltienne de Bysance dit, il est vrai , qu'ApoUonie se nommait aussi Cyrene , mais cette raison , qui aurait tout I'air d'une excuse d'^rudition , ne peut d'ailleurs etre all(5gu6e en faveur de Plaute, puisque , de meme qu'H^rodote et Synesius, il fait mention du senat de Cyrfene. Ces remarques sur une oeuvre dramatique de I'antiquit^ ne m'ont point paru d6placees , d'autant plus qu'en g^n^ral les anciens poetes, au lieu d'etre infidfeles h I'exactitude g^ogra- phique, aident au contraire h I'expliquer et parfois meme h r^tablir. Que si nous ti"ouvons ici Plaute contraire II ce prin- cipe , il nous paralt vraisemblable qu'ayant pris le sujet de sa pifece d'un auteur grec, Diphilc, comme il I'indique dans le prologue J il aura, par une nouvelle disposition de scenes, altered celle d'un lieu que nous trouverions sans doule fidele dans I'original s'il ^tait parvenu jusqu'h nous. Pacho. (i) L'aclion coimuLr.c:;' le matin c( s'achcve avant Ic couciier du soleii. I9.() DEUXIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. § I". Proccs-T^erhaux des Seances. Seance du 7 sepiembre. S. Exc. le minislre de la marine annonce qu'elle a accede avcc plaisir h. la demande formee par la Societe en faveur de MM. Ber- tero , Clioris, Peyrounenc elTaillefer, qui vont, sous scs auspices, sellvrer a des recherchcs scientifujucs dans divers elals de TAine- rique du sud. Son Exc. est disposee a facililer de tous ses moycns lesucces de leur entreprise. (Voir page i25.) M. le President rend compte a rassemblec des mesurcs que le Bureau a prises dans Tinteret particulier de ces voyageurs , et dans I'inleret general des dccouvertes geographiques. La Societe leur a remis des instrumens , des instructions generales et des questions speciales; elle leur a en outre procure des letlres de reconnnan- dation pour les agens fran^ais et eirangers, et pour des personnes influentes dans les div ers pays qu'ils doivent visiter. M. C. Moreau, par ses letlres en date des i4-, i5, 16, 24, 2G ct 27 aoAt, transmet a la Societe plusieurs renseignemens geogra- phiques et stalisliques : 1° sur le commerce et la population de Sin- capore ; 2" sur le retour de Texpedition du baron W'rangel ; 3" sur les lies et ilots comprls sous le nom de depcndances de Vile lilaurice ; 4.° sur un projet de canal a ouvrir entre Londrcs ct PorlsinoullTi ; 5" sur Torganisalion inlerieure ct la population de la Colombie ; G" sur le lieu ou Ton suppose que La Perouse a fait naufrage ; 7" sur les rcsultats de la mission de MM.Biggc et Gobcbrooke, commissaircs du gouvcrnement britannique au cap de Bonne-Espe- rancc ; 8" cnfin , ce correspondant annonce renvoi dc plusieurs ouvrages. (Voir page 1 15.) La Commission nonimc MM. Girard ct Eyries commissaires , Ic premier, pour lui falrc iin rapport sur Touvrage de M. Cunfly, relatlf au canal a ouvrir entre Londres et Portsmouth , el Ic se- cond, pour lui rendre compte de deux rapports presenlesau parle- nient d'Anglctcrre sur les colonies du cap de Bonne-Esperance et de Slerra-Lconc , et offerts a la Societe par M. C. Moreau. Elle invite aussi MM. Warden et Acosta a lui faire un rapport sur un voyage fail en Colonibie par le colonel Duane , de Phila- delphie. Elle renvoie egalement a M. Eianchi la relation des voyages de Sidi-Aly, traduite de Tallemand par M. Moris; et a M. Dezoz de la Roquelte, le tome Iiidutraile decosmographie parM. Giraldez, avec I'invitation de rendre compte de ces ouvrages. M. Girard fait un rapport sur un ouvrage public a New- York, par M. Golden, et rclatif a rachevement et a la mise en activile d'un canal qui vienl d'etre ouvert enlre le lac Erie et la riviere d'Hud- son, sur environ 58o kilom. de developpcment. (Voir page 89.) M. C. Giraldez adresse une letlre conlenant diverses observa- tions au sujel du rapport fait a la Societe sur les deux premiers volumes de son traite de cosmographie. Gette lettre, que M. de la Roquelte, auleur du rapport, se propose d'accompagner d'une note, est renvoyee au Directeur du Bulletin. (Voir p. 127.) M. Pacho lit une note sur plusieurs passages du Rudens de Plaute, relatifs a Templacement de la villc de Gyrene. (Voir page 118.') M. Warden lit une Notice sur un voyage fait dans TAmcrique centrale, par M. J. Hale, de New- York , et sur une communica- tion proposee entre les oceans Allantique et Paclfique. (Voir pag. ggct m.) Seance du 2.1 scptembre. M. Hurtado, minislre plenipotentiaire de la Golombie, annonce que , d'apres le desir de la Societe , il s'est empressc de rcmeltre h MM. Bertero, Ghoris, Perounenc et Taillefer, qui vont voyager 9 en Ain^rique, plusleurs leltres de recommandatiou pour la Colom- ble, le Chill et le Mexique. (Voir page 126.) M. Frost, directeur de la Sociele Medlco-Botaniqiie de Londres, annonce egalement que cetle instilulion delivrcra a ces inemes voyageurs une piece d'office ou elle sollicilera en leur faveur Tap- pui (les autoriles britanniques. Elle est aussl disposee a leur accor- der des privileges spcciaux qui les mettraient a meme d'etablir des relations avec les voyageurs ou habltans qui se livrent a des re- cherches sur la botanique dans les contrees qu'ils vent parcourir. MM. Taillet'er et Peyrounenc ecrivent d'Anvers, au moment de leur embarquement, pour remercier la Societe de I'interet qu elle veut bien prendre a leur voyage, soil en leur donnant des instru- mens et des instructions, soil en leur procurant des leltres de re- commandatiou. M . Frederic Degeorge ecrit de Londres pour remercier la' Societe de son admission, et lui annoncer I'envoi.d'une analyse de Tou- vrage publie par le capllaine Andrews sur les provinces unies de la Plata. M. Cesar Moreau adresse a la Societe : i" des renseignemens sur rile d'Anegada, la plus grande des iles Vierges, avec une carte publiee en 1824 par ordre du parlement britannique, pour faire connaitre lesnombreux ecueils qui entourent cetle ile; 2'>une carte gen^rale des iles Vierges, publiee en 1826, par ordre de la chambre des communes, ou Ion a indique les routes a sulvre ou aeviter, ainsi qu'un grand nombre d'ilols etd'ecueils quine figurent pas sur les melUeures cartes. Remerciemens a M. Cesar Moreau, et renvoi des carles a MM, Brue et Fyries. Le meme correspondant adresse un itineraire du voyage fait au sommet du Mout-Jilanc, par MM. Fellows et W. Hews. Renvoi au directeur du Uulletin pour en inserer la traduction ou Tanalyse. M. Moris presente un tableau figuratif des cent principales mon- tagnes de la Grande-Bretagne, dress^ d'apr^s I'ctat insere dans I2i le n" 52 du Bulletin. 11 s'occupe a reunir les elemens d'un travail seinblable pour la France. M. Warden communique des renseignemens qui lui ont etc adresses par le capilaine Skiddy sur les glaces flottantes ou iles de glace que ce navjgateur a rencontrees dans sa traversee du Haivrc a New- York. (Voir page ii4-) Le meme membre lit une note qu'il a re§ue du docleur Mitchill^ sur une formation de sel marin trouvee le long de la cote du Chili, au sud de Coquimbo. (Voir page ii4-) M.Dezozde la Roquette lit une noteenreponse aux observations contenues dans une lettre de M. C Giraldez , communiquee aladerniereseance, et concernant le rapportquil afaita laSociete sur le traite de Cosmographle , donl ce savant portugais est I'au- teur. (Voir page i3i.) M. Girard fait un rapport sur un ouvrage intitule : Essai pitto- resque, geographique , statistiqiie et cadastral de /'Egypte , dedie au roi de France , par MM. Masi el Segalo. ( Voir Bulletin 54-.) M. J. 1\. Poinsett , ministre plenipotentiaire des Etats-Unis au Mexique, est inscrit, d'apresson desir, sur laliste des correspon- dans etrangers de la Sociele. § 2. ^Admissions , Offra?ides , etc. MEMBRES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance du 7 sepiembre. M. Begis, D. M,, proprietaire. Seance du 1 \ septemhre. M. J.-P. Casado Giraldez , Consul de Portugal auH.ivre, etc. M. F. Raffelsperger, Employe superieur a rAdminisfrallon generale des Posies , a Vienne (Aulrlche.) OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. « Seance du 7 sepiembre. Par S. Exc. Ic nilnislre Jcs affaires elrangeros : Collection Jes aiUeurs classi(jiies latins, lomes 87 et 88. Par rAcadciTiie royale de Turin : le tome XXXI du recueilde ses Memoires , in-4°, 1827. Par M. Frederic Callliaud : Carte generale de VEgypte et de la Nu- hie, Paris, 1827. Par M. C. Moreau : Report of commissioners of inquiry into the state of the colony of Sierra-Leone , second part , 1827. — Reports of commissioners of inquiry at the cape of Good Hope , London 1827 , 1 vol. in-4". — Reports on the grand ship ^ canal from London to Portsmouth, />^ W. Cundy , 1827. Par IM. Raffelsperger : Carte des routes pour le service des diligences premiere edition. — Idem, wcer Vaddilion de la plus grande partie de la confederation germanique , de Vltalie et de la Suisse, deuxieine edi- tion. — Cartes pour le seroice des malles-posfes et des diligences en Au- iriche , premiere edition. — Idem, avec Faddition de tons les etats envi- ronnans, el iin tableau des prix ii payer par les voyageurs , deuxieine edition. — Carte itineraire de la malle-poste de J' ienne pour Trieste et Gorice. — Idem , pour Prague et Carlsbad, Briln, Olmiitz et Troppau; Presburg et Bude ; Gratz , Klagerifurt et Lintz. — Idem, pour Venise , Padoue, V err are , J irenza et V erotic. — (arte au trait de toutes les routes oil sont etahlies des malles-postes et des diligences en Autriche. — Traduction allcrnande de VEssai historique sur retablisscmcnt des pastes en France, par^I. Gouin, deuxieine edition. Par M. Giraldez : Traite de cusmographie , 3*^ vol. in-4". Par M. Moris : Relat'on des voyages de Sidi-Aly , traduite de Val- lemand ; Paris, 1827, i vol. in-8". Par JVI. Gerard Jacob : Traite elementaire de numismatique an- cienne, grecque et romaine , Paris, 1825, 2 vol. in-8^. 125 Par M. Cadet tie Metz : Olj.ewations sur rexpedition de iS^j, pour lepole nord ^ v broch. Par MM. Eyries et de Larenaudiere : noiwelles Annalesdesvoyages^ cahier d'aoAt. Par M. de Leuvcn : Journal des voyages , cahier de julllet. Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences gc'ographitfues , cahier d'aoAt. Par M. JuUien : Reme encycloped'ique, cahier d'aoiit. Par la Sociele Asialique : Journal de ceile Societe^ N" 60. Par la Sociele d'agriculture , sciences et arts de Poitiers : Bidle- tin de cetle Societe , N" 22. Par le directeur du Globe : Plusieurs numeros de ce journal. Seance du 21 septemhre. far M. C. Moreau : Map of Africa compiled from the most authentic accounts of travels ancient and modern ; London^ 1827. — A chart of the Island of Anegada; London^ 1824. — The Virgin Islands ; London, 1826. Par M. Moris : Tableau figur at if de la hauteur des cent princi- pales montagnes de la Grande- Breiagne. Par la Societe d'agriculture, etc., de TEure : Numeros il^et i3 de son Journal. Par le directeur du Globe : Plusieurs numeros de ce journal. Par le directeur du Spectateur Oriental : Plusieurs numeros de ce journal. Documens et communications. Lettre de S. E. le Ministre de la marine et des colonies. J'ai accede avec plaisir a la demande que vous m'avcz faile en faveur de MM. Choris, Bertero, Taillefer et Peyrouncnc, qui vont, sous les auspices de la Sociele de Geographic , se llvrer a des re- cherches scienlifiques dans divers etats de I'Ainerique du sud. 126 AinsI que vous m'en avez exprime le desir, je recommande ces Messieurs aux commandansdes forces navales de S. M. statlonnees dans ces parages, ainsi qu'aux consuls fran^als etablis au Chili, au Perou, en Colombie et a Mexico. Je ne doule pas qu'ils ne re^oivent, dans Toccasion, de la part des uns et des autres, tous les bons offices et loute la proleclion dont ils pourraient avoir besoin. Je joins ici les leltres que je lour adresse a ce sujet, el que je vous prie de remettre a MM. Choris, Berlero, Taillefer et Pey- rounenc. Signe comle de CuABROL. Lettue de M. Huvtado Ministre plenipotentiaire de la Colombie a Londres. C'est avec la plus grande satisfaction que j'ai eu Thonneur de remplir mes cngagemens envers la Societd , en remettant a MM.Bertero, Choris, Peyrounenc et Taillefer des lettres de re- commandation pour les aulorltes et les personnes notables de la Colombie, du Chill et du Mexique. Je puis vous assurer d'avance que ces voyageurs trouveront partoul des mines inepulsables a exploiter, soit sous le rapport de la geographie et de rhisloire na- turcUe, soit en eludiant les moeurs des habitans du vasle continent de rAmerique. La douce et naive hospitalile de ces peuples quine sont encore parvenus qu'a un certain degre de civilisation, est un phenomene qui attirera sansdoute lear attention, etleur procurera les moyens de valncre les obstacles que Ton rencontre souvent dans de semblables voyages. 127 Le Havre , 3 aout 1827. Letire de M. le Colonel Giraldez, Consul de S. M. T. F. an Hdi>re , a M. de la Roquelte , Membre de la Commission centrals de la Societe de Geographie. Monsieur , Le rapport que vous avez fait a la Societ^ de Geographie des deux premiers volumes de men traire complet de geographie, esl d'nne telle importance et d'un tel interet pour moi , que je ne saurais comment vous en remercier , ni comment rendre hommage a la Societe d'une telle distinction et d'un tel honneur, si ce n'est en lui fournissant sur mon pays les informations dont elle pourrait avoir besoin, autant que je serais capable de les lui donner, et en Tassurant de mes sentimens de reconnaissance eter- nelle pour Thonneur qu elle vient de me faire. Maintenant, Monsieur, je ni'empresse de repondre aux doutes que vous avez eu la complaisance de me soumettre el pour que vous m'obligiez en faisant connailre ma reponse k la Societe. 1° Notre celebrenavigateurVasco da Gama, dans son 1" voyage aux Indes, ne depassa pas la ville de Melinde en allant a Calicut, mais a son retour il longea toute la cote du Mogadoxa et Brava {Barros, decade i^', liv. iv, chap, viet xi, f ' 3i3 et 368); et quant aPierreda Covilham, il fut envoye 3lvcc Jffonso de Paiva en i^S-j, pour chercher un chemin aux Indes par terre : il decouvrit la mer Rouge el ne descendit pas plus au sud ( Voyez les dii>erses histoires du Portugal^. 2° J'avais bicn I'intention d'eviler la bigarrure de meridiens et de prendre dans lout mon onvrage pour i'"^ meridien celul qui passe par Tile de Fer ; mais comme j'al Irouve une difference materielle entre les longitudes du royaume-uni de la Grande-Bretagne et Irian Je dans les geographes et les cartes anglaises comparees avec celles des aulres geographes , j'al considere alors qu'on aurait peut- etrepriscesdifferencespourdeserreurs dans mes reduclions, etc'est 128 ce qui in'a oeterinine h compter du mdrlrllen de Greenwich pour ces royaunics. Pretczattenlion a ceci , Monsieur, et probablement vous approuverez le parli que j'ai prls. 3" Par rapport aux tableaux cbronologlques, j'ai bicn consult^ I'Art de verifier les dates et les tableaux des revolutions deTEurope par Koch, ainsi que beaucoup d'autres auteurs ; niais conime je I'avais annonce dans mon ouvrage, en cas de desaccord, j'ai cru de- voir adopter I'opinion du savant docteur Jean Blair. Quant aux doges Giusliniano, Zoaglio et Guarco, j'aisuivi les aideiirs francais ; la difference cependant est insignifiante, vu que tous les deux se demirent en i334. Marro Polo est port e comraemort Tan 1288 dans tous les auteurs que j'ai consuitcs; et Pausanias en 174? suivant Ic docteur Blair .dans ses tables chronologiques. Quant a Djinghis-kan, il est mort en 1227, conmie vous dites. Monsieur, etvous \&trouverez ainsi, et non pas en 1176, dans mon 2' volume, page 453, litre Guerrciros ; niais entre les souverains, pag. 45o, tilre Persia, vous aurez trouvd 1176, date de son avenement au Irone, et non pas de sa niorl. 4" Oul, Monsieur, Joao Gon^alves s'appelait Zarra, etvousle trouverez ainsi dans tous nos classiques des i5 et 16*^ siecles, niais les modernes I'appellent Zargo ; etjeTai ecrit ainsi, ce n'est pas une faute de I'imprimeur. 5° Jc rcspecte beaucoup Topinion etrautorite de Tvl. le baron Walckenacr el les trois cartes, qui portent les dates de i346 i357 et i384, sur lesquelles il se fonde pour prouver que Maderc elait connuc long-temps avanl sa pretendue decoiwerte par mes imnior- lels compalriotes ; mais j'espere qu il sera persuade du contraire d'apres cc que je vais vous exposcr, et qu'il n'insislera pas a vou- loir privcr ma nation de cetle gloire, comme MM. Golberry, Du- rand et le p^re Labat ont voulu le faire autrefois par rapport a la decouverte et a la navigation sur les cotes d'Afriquc au-dcla du cap Non , en avangant que ces pays ct la cote de Guince avaient etc 199 deji decouverts par Ics Norman ds cii i3G4., ctqucles ncgoclans de Dieppe y faisaient un grand commerce!! Nous avons repondu et refute celle inconcevable cliimerc dans le journal litteralre por- tugais imprime a Londres O Im>esiigaclor Poriuguez , vol. X, p. 182, littcralara Portugueza. Les noms des navigatcurs et les dales des decouvertes failes par les Porlugals sent bien connus, qu'il nous soit done permis de de- niander a M. Golbcrry le nom dn voyageur normand qui aurait decouvert la Guinee en secret au commencement du i^^ siecle!! C'estavcc des faits et non pas avec de telles propositions qu'on elabllt la verite. Pardon, Monsieur, pour cette transition, mais je dois defendre Ihonneur et la gloire dc nos Argonautes modernes ; je reviens a Ttle de Madere. Comma les iles Canaries ont ele decouvertes au i4-^ siecle, et qu'en i344i I-'Ouis de la Cerda, Infant d'Espagne, en avail obtenu de la cour dc l\ome la donation !!... qu'il y envoya des gens pour en prendre possession, mais sans qu'iis y eussent reussi , peut-etre que Tile Sauvage ou quelqu'une des Canaries qui ne sont pas loin, et qui sont Ires-boisecs, a ele vue el qu'on luia donne lenom d'lsola de Legname; ceci s'accorde avec les dates des trols cartes quisontposterleuresa i34-4' J'al ele attache comme officier superieur a rdtat-major general de 1 lie de Madore ; j'ai fait des minutieuses recherches sur celle ile, et II meparail que je la connais assez bien : je me refere done i ce quej'aidit sur eel objet dans le i^i^ volume demon ouvrage, p. 177, et k mon tableau statislique de cette fie que j'ai aussi presentc h la Society en 1824.. Je possede la copie de I'original de c.et excellent manuscrit de Jeromino Dlas Leite , chanoine du diocese du Funchal , cent en iSyS, qiiej'e me ferais un plaisi'r de prefer a la Soctete pour qn^elle puisse lefaire copier (1). (i) La Socictc de Gcograpliic a accueilli avec reconnaissance TofTie de M. le Colonel Giraldez , et m'a ciiaige de lui en adiessor ses remeicimeiis. Pai pile i3o D'apres eel auleur le navire qui avail conduil Horset el Machim a Madere en 1344, s'egara , et se porlant sur la cote de la Barbaric, I'equipage fut reduit en caplivite. Un Caslillan, JoaS Damores, pilole et bon marin qui s'y Irouvait aussi captif , fit connaissancc avec les nouveaux venus, et apprit d'eux tout ce qui venait d'arriver. Joao Damores fut rachcte ; a son retour en Espagnc, il fut pris par Joad Gon^alves Zarco qui comniandait la station portugaise sur la cote d'Afrique ; le Portugal se trouvait alors en guerre avec la Caslille. Joa6 Damores communiquatout ce qu'il savaita Zarco qui le presenta k son retour a Sagres a Tlnfant D. Henri. Ce prince envoya Zarco et Damores a son pere le roi D. Jean I ii Lisbonne , oii il arriva egalement peu de temps apres. Le roi tres-salisfait de ces renseignemens chargea Zarco de la decouverte de Tile de Madere, et a cet effct, lui donna un navire de guerre , etun barincl, sorte de batiment a rames. Zarco partit au mois de juin de i^iS, accompagne de Jean-Laurent, Fran9ois Carvalhal, Rui Paes, Jean Affonso, Antonio Gago, Laurent Gomes , etc. lis arriverent le t" juillet a File de Porto Santo qui avail ^t^ decouverte I'annee precedente; puis ils doublerent un cap auquel ils donnerent le nom de St-Laurent, coloycrent Tile ctarriverentji une anse a S. qu'ils nommcrent Cama de Lohos (lit des loups) : Zarco retourna apres en Portugal ou il fut tres-blen regu du roi qui lui donna pour armoiries les deux loups saisissant un€ tour, et son fils et ses dcscendans prirenl le nom de Camara, et ces armoi- ries, qui apparliennent aujourd'hui a plusieurs maisons tilrees du Portugal, commc les comics dc P^ibeira-Grande, IJelmonle, Taipa, etc C'est seulemcnt au mois de mai 1^20 que le roi envoya de nouveau Zarco pour peupler Tile , et y former des etablissemens ; ce savaiiL de voulolr liien me liansmcUic If manuscril poitiigais , donl il sera pris une copie etque je mc propose dc liadiiire , apres en avoir prealablcment donne communication a M. le baron Walckenaer , alin de profiler de ses ob- servations. DE LA RoQUETTE. i3i ct c'est alors que Tristno Vaz Texetra et Bartholomea Perestelh I'accompagnerent et sous ses ordres. Tous les trois etaient gentils- hommesdu prince Henri. Perestello eut en donation Tile de Porto Santo; celle de Madere fut partagee entre Zarco qui eut la caplla- nerle du Funchal, et Texeira qui eut celle de Machico : la i" se trouve aujourd'hui par heritage dans la maison du marquis de Castello Melhor, et la 2"^ a divers pretcndans. Voila, Monsieur, ce qui est vrai par rapport i Madere , et toutes les autres decouoertes quej'ai attrihuees aux Portugais; je le sou— liendrai contre qui que ce solt, comme faltespar mes compatriotes^ par des preuves a Tabri de toute contestation et irrefragables. Qu'on laisse les Portugais d6p\orer Telat actuel de nuUite de leur patrie, victime de tant de dissensions, mais qu'on ne veuille pas leur nier leurs hauts faits d'armes, leurs decouvertes, leur gloire et leur heroisme aux i3^, i^^ et i5* siecles. Je ne puis mieux faire que me rapporter k ce que Villustre Raynal Ah de cetle belle ^t heroique nation dans son Histoire phiiosophique des Deux-Indes. ' £n vous remerciant. Monsieur, pour toutes vos attentions, je vous prie de vouloir bien communiquer a la savante Societe de (ieographie que pendant le courant de ce mois j'aurai Thonneur de lui presenter le 3"= volume ; et de vouloir de voire part agreer Tassurance de la consideration la plus distinguee avec laquelle j'ai I'honneur d'etre, Monsieur, etc. Le colonel Giraldez. Observations de M. de la Roquette sur la httre de M. le colonel Giraldez , consul de Portugal au Havre. I" M. le colonel Giraldez dit dans cette letlre que Pierre de Cu- i'llkam decowrit la mer Rouge et ne descendit pas plus au sud, et il ren- voie , pour la preuve de celle assertion , aux differentes histoires de Portugal. 1 )■>, Jc lis dans VUlstoria general de Portugal, par M. de la Clcde : tradu- ci'da em vulgar e illustrada com muitas notas historicas , geografiras e cn'tlcas, Lisbon , 1784, torn. \ I , p. 2f)3 et 2g4- : " Embarcoii Pe- dro Covillia no mar roxo, e chegou a Aden , donde proscgulndo scu caminho , vio Goa, Calicut, Cananor, Cocliim, e oulras muilas cidadcs famosas da India. Na volta corrco as coslas da Per- sia , e Arabia , ganliou as da Africa , dohrou 0 caho de Guardafu , chegou a Mogamhirjue , foi de passagem pelos reinos de Ble/i'nde, Quiloa e outros situados ao longo desia cosla , e veio apportar a Soffola , onde soube dos habitantes do Paiz, que a cosla hia correndo ass'im ate 0 cabo da Boa-Espcran^a (i). » M. le conlre-amiral de Rossel , dans Tarlicle Gama, el M. de Larenaudlere , dans I'arliclc CovUham , de la Biographic unii>erselle , s'expriment a peu pres dans les memes termes. « Foil u para Africa, dit Jose Carlos Pinto de Sousa, dans sa BihUotheca historicade Portugal e sens dominios idtramarinos, p. Sgg , en parlant de Covilham, e disrorrendo pelas ciudades de Quiloa, Mombasa e Melinde , tornnu para Adem et para o Cairo embusca do Companheiro (2). » Jean de Barros enfin (^Primeira decada, /ii>. tercel ro , cap. V, f" /^4•, ed. de i628),aprcs avoir dilque Covilham visita Cananor, Calicut, Goa et les principals villes de Tlnde, ajoute, sans au- (t) « Covilham s'embarqua sur I.1 mer Rouge a Aden tl'oupoursuivanl sa route il vit Goa, Callcul, Cananor, C'cliim, et plusieurs villes faineuses de I'Inde. En revcnanl il parcourut les cotes de la Perse, celles d' Arable , gagna les cotes de V yJJ'vique , doublu le cap de Guardafu, arriva au Bluzambique , re- marqua eii passant les rojaumes de 3/cliiide, de Quiloa et d'autres qui soiit situc's le long de cette cote , et i>int aborder a Sofala, oit il apprit des gens du pays, que la cote continuait ainsijusqu'au cap de Bonnc- Espcrance n (■2)11 se dlrigea vers rAfriquc , ct apres avoir parcoiirii les villes de Qiidoa , Mombaca et Melinde, il relounia a Aden, et cnsiiite au Cairc, a la recUei'che de son conip^gnon. r33 cun developpenient il est vrai : « e mjui emLarcou pera a mina de Cojala que he na Ethiopia sohre Egypto (i). » Je n'ai pu.me procurer la relation atlrlbuee a Covilham et qui a pour litre : « Viagem que fez de Lishoa a India por terra et a volta que deu pelo Cairo (2 ; , citee par Tauteur de la Bibliotheca hislorica de Portugal, etc. , j'y aurais sans doute puise de nouveaux rensei- gncmens sur la question qui nous occupe , quoique cette relation passe pour peu verldlque. D'apres les differentes autorltes que f ai invoquces et qui me pa- raissent unanimes, on nepeut contester, ce me semble, a Covilham la gloire , non pas d'avoir decouvert la mer Rouge, qui etalt connue des anciens, ct dont la connalssance n'avalt pas ete perdue eu Eu- rope ; mais d'avoir ete le premier Porlugais qui a visite la partic de la cote orlentale d'Afrlque, au midl de la mer Rouge, jusqu'a Sofala. Quant a Yasco de Gama, je perslste a penscr que cet illustre navlgaleur n'a pas decouvert en i4-97 toute la cote orientale d'Afri- que , depuis le cap de Bonne- Esperaiice jusquii la mer Rouge , ainsi qu&l'avance M. le colonel Giraldez, toin. 1'% p. 184. Je trouve en effet dans J. Barros (^Primeira decaJa, llv. IV, cap. XI , f" 83) , qu'a son retour, Vasco de Gama « Atravcssando aquelle grande gvlfao que ha da casta da India a es- toutra de DIelinde na terra da Africa a prinieira terra que to- mou foi ahaixoda cidade Magadaxo situada ua casta Brai>a pera quul passou semfaier maes detenga que salua la cam artelheria. ... (3) De la Gama se rendit immedlatement a Melinde, et poursulvit ensuite sa route au sud. (i) « Et la il sV-mbaiqua pour la mine de Cofala qui est situee on Etiiiopie au-dcssus de rEjjypte. » (2) f'^ojage (ju'i'l fit (Covilliani) de Lisbonne dans I'Inde par terre ct de son re lour au Caire. (3) Travcrsant ce grand Golfe qui exislc entre la cole de Flnde et celle de Melinde dans la terre d'Afrlque, la premiere terre qu'ilvit est au-dessous de la ville de Magadaxo silui'e sur la cote de Brat'a , le long de laquelle il passa sans s'arreter, se boinanl a la saluer avec son arlillerie. 1^54 Or, Magadaxo, ou Magadoxo, est a peu pr^s aua" de latitude nord , et de ce point au cap Guardafu , qui n'est ineme pas a I'en- tr^e de lamer Rouge, inais plulot au commencement de Tespece d>- golfe qui se lermine au detroit de Bab-el-Mandeb; il y a environ djx degres de la c6te orlentale d\\frique que V. de Gama n'a point parcourus. J'en conclus : que non-seulemcnt ce naviga- teur n'a pas decom>erf, en 1^971 ioute la cote orlentale d'Afrique^ de- puis Ventree dela mer Rouge, mais qu'Il n'en a pas meme decouvert la moilie, et qu'une portion assez importanle n'a jamais ete visitec par lui. En effet, plusieurs annees avant lui, Covilham avail vi- sile cette cole depuis Tentree dela mer Rouge jusqu'a Sofala, el avant lui aussi , B. Diaz s'<5lait' avance 3o a 4-o lieues a Test au- dela du cap de Bonne-Esperance.^Ce ne serait done que la partie de la cole situee entre ces deux points que Gama aurait vue le premier, c'esl-a-dire, i5 a 20 degres sur une elendue de plus de^;; 2" Je ne puis que persisler dans ce que j'ai avance relativemenl a I'uniformite des longitudes ; M. Giraldcz aurait pu, a mon avis, I'oLtenir facilement, sauf a mctlre entre deux parentheses les lon- gitudes de Greenwich, de Paris, etc. 3° M. de Giraldez annonce que toutes les fois que les auteurs consulles par lui n'etaienl point d'accord , il a cru devoir adop- ter I'opinion du savanl docleur John Blair. Ceci explique les ob- servations critiques que je me suls permis defaire; car on ne peut disconvcnir que I'ouvrage du docteur Blair qui , dans le temps, a joui de quelque reputation , n'est pas cstimc aujourd'hui , parce qu'on a rcconnu qu'il fourmillalt de fautes. M. Marsden , qui fixe Tcpoque de la mort de Marco-Polo a I'an 1824, est une autorite d'un lout autre poids que John Blair, et cette autorlt^ en acquicrt encore plus, lorsqu'on voit que I'opinion du savant Anglais est, sinon adoptee completement , du molns non contestec par noire docte collegue M. le baron Walckenaer, dans la notice si rcmarquable par les rechcrches consciencieuses i35 et par le talent avec lequel 11 a analyst et caracterise les voyages de Marco-Polo dans la Biographic universelle. Je n'ajouterai rien a ce que j'ai deja dit sur I'epoque incertaine de la mort de Pausanias. Quant a Gengis kan , ou Djenghuiz-kan , j'ai reconnu que M. Giraldez le fait recUement naitre en 1176 et mourir en 1227. La date de la mort est done exacle ; mais j'aurai a lui faire observer qu'il n'est d'accord, pour celle de la naissance, ni avec FArt de ve- rifier les dates ^ ni avec M. Langles, auteur de Tarlicle Djenghuiz- khan, dans la Biographic uni^erselle ^ qui la placent tous deux a i'an W\ de Thegire, qui correspond aTan ii63 de J.-C. Les savans auteurs de XAri de verifier les dates, qui ont pris pour guide Abulghazy, disent que Gengis-kan succeda a son pere I'an |-^^ de Theglre, 1 1 76 de J.-C. ; voila sans doule ce qui aura induit M. Giraldez en erreur ; ii aura probablement confondu Tepoque de I'avenement de ce souverain avec celle de sa naissance. J'aurais pu multiplier mes citations critiques si je n'avais craint d'etre trop long. / En examinant, par exemple, le tableau chronologique consacre aux guerriers , par M. Giraldez , je me suis apergu qu'il place la date de la naissance de Tamerlan a Tan i363 , et celle de sa mort a Tan i4o5. II est d'accord sur la date de la mort avec I'Art de verifier les dates et avec M. Audiffret, dont rexactitudc est depuis long-temps reconnue, et qui, par le poste qu'il occupe aux manuscrits de la bi- bliolheque royale de Paris , est a portee de consulter les sources originales ; mais il diffcre avec eux sur la date de la naissance de ce conquerant , que V Art de verifier les dates place au 2 5 de Schaban , 786 de Thegire ( 1387 de J.-C), et M. Audiffret (art. Tamerlan dans la Biographic unioerselle) au 5 ou 25 Schaban , 786 de I'he- gire, 2o,mars ou g avril i336. 4.° Je n'al rien a ajouter ace que j'ai deja dit sur I'orthographe du nom du navigateur porlugais auquel ou attribue la decouverte 1 36 fie Madcre ; piiisque M. (iiral. ». -li "V *■ ^ '»>' ^--^ "* ^"^ '*■*'*''* *■ ^^b^>^.'«^^%>'^^'V^>^-%.'«-'xi^/'^-«'V^^^«''«^^«/%>^^^'^«-*,^w BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. NUMERO 5/i. — ocTOBRE. PREMIERE SECTION. MEMOIRES , EXTRAITS ET ANALYSES. EsSAI suria cwilisation de Vinterieiir de tAfrique^ d'apres un pro- jet de M. Drovetti, consul general de France en tlgypte^ par M. Pacho. Plac6 depuis un grand nombre d'annees aux portes de TAfrique par une mission dont le gouverncment a deux fois apprecie I'utilit^, M. Drovelli a eu de frequentes occasions d'etudier la cause de Texil social auquel fut, dc tout temps, condamne Thabitant des contrees centrales de cette vaste parlle du monde. Nous nesaurions, en effet, donner lenom d'etat social a cetetatinerte des peuplades de TAfrique qui, bornant leurs besoins a des besolns physiques, vivent a pcu pres comme les palmiers dont ils tirent leur priii- cipale subsistance. JSeanmoins, dans la plupart des jeunes Africains qui, lous les ans, arrivent du sein des deserts dans la vallee du Nil , M. Dro- vetti a reconnu une rare intelligence et une sagacite native dont les lO 1 38 ateliers europiiens du pacha d'Egypte fournissent d'aillcurs lous les jours dcs preuves convaincantes. De* ces fails rapproches , resultenl dcs contradiclions inani- fesles. Pourquol , si Ics ncgres sont si inlelligens comiiie individus restenl-ils comme peuple dans une torpeur inlellecluellei' Pourquoi, s'ils paraissent doues d'une grande sagacile chez nous, n'inventenl- ils rien chez eux ? Pourquol n'ont-ils jamais construil de navires, creuse de ports et sillonne les deserts de larges canaux? Pourquoi, dans la serie des siecles, un Lycurgue ne leur a-t-il point donne des lois et organise ces hordes diverses en corps de nation :' Pour- quoi un Romulus ne s'est-il jamais elev<^ parnii eux, et n'a-t-il point fait un peuple de conquerans de ces peuplades d'esclaves ? Le climal serait-il la cause de cette humiiiante apalhie ? Un grand honmie I'a avance ; mais depuis long-lemps on lui a repondu par I'histoirc que ni les verlus , ni le genie des nations ne peuveut Itre calcules aux degres d'un thermometre. Faudrait-il attribuer cette cause a une degradation innee ? faudrail-il faire de TAfricain una espece d'homme particuliere ? mais ces reves de quelques ma- terialistes sont refutes par mille faits , et il parail desorniais etabli que lespece humainc est une. Nous croyons plu(6l trouver ia vraie source de cc phenomtine moral, non point dans I'influence du climat sur Ihomme , ni dans une outrageantc classification humaine, mais dans la simple dispo- sition des lieux habites par rapport a rhabitant. De nos jours il est permis de croire que hi peau de tigre , cette expression ingenieuse par laquelle I'antiquile rcpresenlail la Libye seule , peul s'^tendre a I'Afrlque enliere. Cc vaste ocean de sables, au milieu duquel sont quelques laches de terre , a dA rendre , en effet , de tout temps les communications de Tune a Taulre difficiles, et la reunion de Icurs habilans impossible. De plus, rimniease Saharab forme une nou- velle zone de separation entre ces portions de terre deja scpar^es entre elles et une grande parlie du littoral africain. Celle zone, 1 39 solitude affreuse el brAlante , placee entre le centre dece continent et le monde civilise , lui a presente line barriere que celui-cl n'a jamais su franchir ; et le monde civilise, pour excuser sa negligence, a accuse la nature d' aberration. Nous n'irons point nous perdre mal h propos dans les profon- deurs de Thistoire pour appuyer celte assertion. On sail que de tous les peoples civilises qui occuperent, dans I'antiquite, les bords de I'Afrique , aucun n'a penelre dans ses provinces centrales ; Tbu- manit(^ seule Taurait exige, et Tambilion seule guidait Icurs con- quetes. Dans les temps modernes , une nation commer^ante a cherche a connaitre I'interieur de I'Afrique, bu plulot ses mines et ses ressources. Elle a repandu de Tor pour avoir de Tor. Une foule de voyageurs largement defrayes, envoyes en agens de commerce, sont morls en martyrs de la science. D'autres nations , plus genereuses dans leurs vues , mais plus pelites dans leurs moyens ont quelquefois pense a ces regions reculees, el d'honorables missions ont ele couronnees par de pareils sacrifices. De ces efforts, de ces tentatives louables , il est resulte cepen- danl, conime cela devait etre , quelques notions geographiques. On a vu des lacs , des rivieres , des montagnes; les cartes du pays ont change, et les habitans sont restes les niemes. Cependant, nous le rcpetons , TAfricain , malgre ses cheveux laineux, son nez aplati et ses levres epaisses, est homme comme nous. En vain , naguere encore , dans notre cruelle mais ti- mide avarice, n'osant pen^trer dans sa patrie, nous en c6toyions les bords, nous I'enlevions clandestinement a ses champs, nous Tenchatnions dans nos navires ; el dans des climats lointains Tap- pclant en silrete notre esclave, en depit de ses larmes nous en faisions I'instrument de nos volontes. La voix de rhumanite , trop long-temps ctouffee , s'est fait entendre ; les rois de TEurope I'ont enfin ecoutee ; ils ont dit ; L'Africain est libre. Mais il ne suffit point de le rendrc a la liberie , il faiit hii en donncr le plus bel apanage ; il faut eclaircr sou inleliigeiicc. Le fanalisine niusulnian , bien autrenient funeste que les deserts et les climals, entoure de toutes parts la malheureuse Afrique ; il la tient sous sa sauvegarde; il veilie sans cessc sur sa proie. Co monstre-gagne toujours du terrain. Deja il a envahi plusieurs pro- vinces de I'intericur : il r^gne dans le Soudan ; il canipe dans Ic desert avec les nombreux Touariks; dans 1 Abyssinie, il trioniphe de I'Evangile ; et Tombouclou est a demi souniise a ses lois. Ainsi, nous reussirons peut-etre , par la perseverance, a par- courir loute 1' Afrique ; jQslamisme , ebloui par notre or, nous laissera passer ; mais il nous servira toujours d'escorie ; il veillera sans cesse sur nos pas. Nous pourrons, de celte manierc, dresser des carles, recueillir des planles et des pierres ; nous ferons des livres, nous enrichirons nos cabinets ; et I'inforlune habitant con- tinuera d'etre enveloppe dans des tenebres indignes de Tesprit humain. Ce n'est done point en multipliant les sacrifices , en payant des rangons a Tislamisme, en llvrantaux deserts des voyageurs a de- vorer, que nous parvlendrons a ameliorer I'elat social du negre. C'est en creant , s'il est possible , une chaine de rapports enlre ces regions roculees et TEurope ; c'est en rapprochant I'Africain de nous que nous parviendrons a le rapprocher doublement de Tetat social. Telles sont les vues genereuses de M. Drovetli. L'Egyple, cet ancien foyer de civilisation , ne peut plus les reniplir par elle- meme , mais elle peut du moins aider a leur execution. Cbaque annee un grand nombrc de jcunes negres', conduits par les cara- vanes, arrlvent dans ce pays de diffcrentes provinces de I'intericur. Deja Mohammed-Aly a commence a les retircr de I'etat d'abjec- lion ou ils elaient precedcnmient. Au lieu de permettre qu'ils fussent vendus , comme autrefois, dans les marches, el qu'ils al- lassent servir les caprices des harems , il a uiis des armes dans 1^ leurs mains , il en a fait des soldats ; mais il reste a en faire des lioinmes , et ce soiii nous regarde. C'est dans cctte intention que M. Drovetti se propose d'envoyer chez nous ces inl^ressans enfans de TAfrique; c'est au milieu de nos ecoles qu'ils pourraient degrossir leur esprit ; c'esl sur les bancs de nos universitcs qu'ils apprendraient a connattre nos lois ct cette sagesse acquise par I'experience des slecles. Leurs jeunes ccrveaux,dou('s de cette souplesse qui rend propre a recevoir toutes sortcs d'impressions , seraient bientot empreints de cette attrayante philosophic qui lie entre elles les diverses families du genre hu- main. Relournant ensuite dans leur pjlrie , ils y propageraient leurs nouvelles idees. Ces idees , pareilles a la jlechc messagere^ passeraient de tribu en tribu, d'oasis en oasis ; les esprits rdficchl- raient, les lumieres se repandraient, et quelques enfans occasion- neraient peut-etre cc que tant de siecles n'ont pu produire. Voila lexposition sommaire du projet que M Drovetti m'a charg^ de vous presenter. Ce serait faire injure a vos lumieres que de ne point leur laisser le soin d'en induire toules les inappre- ciables consequences. Ce projet ne date point d'aujourdliui seu- leraent , il fut con^u dans Tannee 1811. M. Drovetti en entretint ses correspondans ; mais les crises politiques qui troublalent I'Eu- rope a cctte epoque , ne pouvaient guere permettre Texecution de ces idees de paix ; maintenant que le calme a succede a ces jours d'agitalion , maintenant que I'humanile est sans alarmes chez nous, il est permis d'en diriger I'impulsion vers ces contrees loin- laines. M. Drovetti enverra done a ses frais, dans notre capitale, un certain nombre de jeunes negres, afin qu'ils puissent otre enfm inities aux avantages de la civilisation. Les Societes savantes secon- deront des vues aussi genereuses; la n6tre , plus que toule autre ^ doit etre portee a les seconder, puisque, plus que toute autre, par objet de son institution , elle pourra en recueillir les utiles fruits. Et le moyen le plus efficace de les seconder, c'est d'inlerc<5der a,u- T^2 pr^s de Tautoritd pour en oblenir radmission graluite dans nos ^colcs de ces jeunes negres dont la seule disponibilite aura coAle dc grands sacrifices k M. Drovetti. II est m^me vraisemblable, du moins nous nous plaisons a le croire , que non-seulement en France , mals dans Ic resle de I'Europe, de riches capitallstes , et peul-^tre aussi les gouverne- inens , voudront s'associer a cet acte de pbilanthropie, et lui donncront tout le dcveloppemenf quil nierile. Quoi qu 11 en soit, il sera toujours glorieux pour M. Drovelll d'avoir pose la premiere pierre de ce nouvel edifice social ; il sera toujours honorable pour nous d' avoir coopere a son execution. La cause de la geographic de 1 Afrique en depend peut-etre ; celle de Fhumanile en fait les fon- demens , et Tune ne nous est pas moins chere que I'aulre , pour ne point plaider vivement en leur faveur. Pacqo. Rapport 5«r ks Saggi pilturici, geografici, siatistia\ idrograficie catas- fall suir Egiiiodispgnati edescn'lii da SegSitoe Masi. F/'rmze, 1827. La commission centrale de la Society de Geographic m'a charge de lui rendre compte d'un essai pitloresque, geographique , hy- drographique et cadastral sur I'Egypte, dedie a S. M le roi de France, par MM. Scgato el Masi, deLivourne. Suivant le prospectus de cet ouvrage , il dolt «5tre composd de cinq livraisons, dont la premiere seule a paru. L'un des auleurs qui a sejourne en Egypte depuis 181 7 jus- qu^en 1825, y avait ele appele par le pacha qui gouverne ce pays pour y exercer les fonctions d'arpenleur g«^ometre. C'est en cette quality qu'il parait avoir concouru k la direction des travaux du canal d'Alexandrie que ce pacha a fait ouvrir. La description que Strabon nous a laissee de cette ville et de ses environs, fait mention du canal navigable qui y conduisait leseaux i43 du Nil, pour servlr chaque annee a remplir d'iinnienses citernes oil les habitans de ce port trouvaient rapprovisionnement d'eau douce qui leur etalt indispensable. Pendant que TEgypte fut au pouvoir des Grecs et sous la do-" mination roniaine , ce canal fut soigneusement cntretenu. 11 paratt meme qu'apres la conquete des Arabes, il fut, pendant une assez longue periode, niaintenu en bon etat; inais a niesure que les lumieres de la civilisation s'eleignlrent dans cette contree, qui en avait elcle berceau, Tignorance et la barbaric de ses maitres lais- serent toinber en ruine les etablissemens les plus utiles. L'ancien canal qui etablissait une communication navigable entre le Nil et leport d'Alexandries'est ainsi trouve reduil a une simple rigoledont on se contentaitd'enlever tous les ans, quelque temps avant I'lnon- datlon , le sable et le limon que les eaux de la derivation du Nil , qu ellc recevalt, y avaient apporles Tannee precedente. Ce curage annuel (itait execute par les babilans'd'une parlie de la province , lesquels etaient commandes a cet effet et divises en differens ateliers, sous la conduite des chefs de leurs villages res- pectifs. Ce mode de travaux , plus ou moins onereux a la popula- tion qui en etait chargee , ne differait en rien , comme on voit, des anciennes corvees, auxquelles les gouverneinens feodaux de I'Europe assuj^tissaicnt leurs vassaux pour Texecution desouvrages qu'ils jugeaient d'utilite publique. Les Fran§ais ne sont point restes assezlong-temps possesseurs de TEgypte pour ameliorer sensiblement I'administration qu'ils y avaient trouvee etablie ; pendant le sejour que nous y avons fait, le canal d'Alexandrie a ete nettoye chaque annee par Tempioi des memes mesures , adoucies toutefois autant que possible par une exacte observance des principes d'equife, dont les chefs de Texpd- dition avaient h coeur de faire ressentir le bienfait aux habitans du pays, et d'honorer ainsi le nom'^frangais. II est probable que I'entretien annuel du canal d'Alexandrle au- rait continue de se borner au travail strictement necessaire pour en i44 prevenir i'entier comblement , si par unc clrconslaiicc parliculiei*e linleret personnel du pacha n'edt provoque d'aulros dI.«p()silions, ctproduitiine amelioration notable dans la destination de ce canal. Mohammed-Aly exer^ant, conniie on sail, en Egypte Ic mo- nopole du commerce, rapprovislonnement de Fi^urope en bl<^ et autres ccreales, pendant la disette que nous eprouvames en 1816 et 1817, devint pour lui Tobjet d'une importante speculation. Alexandrie ^tait le seul port d'ou Texpedition de ces grains pou- vait etre faite; mais pour Ics y aniener de la haute Egypte, il fallait leur faire descendre la branche occldcnlale du ISil jusqu'a la mer, en exposaut les bateaux qui en dtaient charges aux dan- gers ordinaires du Boghaz, ou de la barreparlaquellc rembouchure de cette branche est obstruee, dangers tels que la cralnle de s'y cxposer retenait plusieurs inois devant la ville de Rosette, de nombreuses cargaisons de grains ;ce qui faisait pcrdre souvent I'a- vantage de lescxpedier en temps utile pour TEurope. Plusieurs personnes interessees avec le pacha dans le connnerce des grains, lui suggdrerent alors Tidee, qCiil adopta, d'ouvrir a travers les terres un canal navigable entre le Nil et Alexandrie. II suivit, pour mettre celte idee a execution, les erreniens or- dinaires du despotisme oriental; presque tons les cullivalours de la basse Egypte furent enleves de force de leurs villages et con- duits sur les lieux ou le canal devalt etre ouvert; leur nombre s'elevait, suivant JVl. Masi, a pres de 3oo,ooo , que 3oo soldats suffisaient pour maintenir dans la plus abjecle souniission. Les fatigues et la misere en firent perir plus de i3,ooo dans un tres-court espaee de temps. Independamment deces travailleurs,on avail fait venlrde toutes les provinces de TEgypte, des tailleurs de pierre, des charpen- tiers, des magons et toutes sortes d'arlisans propres a eire em- ployes a la construction de murs et de digues jugcs neccssaires pour (itablir solidement le canal, entre le lac Mareotis et celui d'Aboukir, sur la langue de terre qui les siiparait autrefois, et que 1 4.5 Jes Anglais avaient coupee en 1800, pcndan^ leur derniere cam- pagne contre noire armee d'Orient. Plusleurs niois s'etaient dcja ecoules depuis que ces travaux avaient ete commences: ils ne faisaient aucuns progres, et ii etait difficile de se former une idee favorab' dii resultat qu'on en ob- tiendrait, en considerant rignorance et 1 incapaclte des agens turcs qu'on avait charges de Ics diriger. Dans cet etat de choses , les conseillers du Paclia lui firent en- core prendre la resolution de confier a des geometres ou inge- nieurs europeens, qui se trouvaient alors pres de lui, le soin de terminer I'entreprise qu'il avait commencde. Ces ingenieurs firent d'abord le nivellement du terrain dans la direction que le canal devait suivre; ils en presenterent le profil au Pacha qui en comprit Tobjet et I'utilite; il donna son appro- bation au projei^qui lui elait propose , et chargea de prcsidcr a la direction des travaux son propre fils Ismail, qu'il invcstit a cet effet d'une autorite illimitee. On commen^a au mois de mars 1818 par reconstruire, cntre le lac Mareolis et celui d'Aboukir, les nouvelles digues de ma^on- neric qui s'etaient deja ecroulees. En poussant ensuite les travaux du canal vers Alexandrie, on de- couvrit a quelques pieds de profondeur les rez-de-chaussee de plusicurs maisons de cette ancicnne ville, des restes de bains, dont quclques-uns etaient orn^s de mosaiques et de peintures a fresque de la plusbelle conservation, des statues de pierre mutilees et d'un tra- vail grec, quelques medailles d'or et d'argent, des tuyaux de con- duile en plomb , et beaucoup d'autres objets d'anliquile. L'arrivee de ces ingenieurs europeens, a la tete desquels se trouvait M. Coste, architecle fran^ais, fut signalee par Tadoption d'un meiileur regime dans I'administration du travail. Ainsi,au lieu de priver les ouvriers de tout salaire, on les encouragea , en les metlant a leur lache, et en leur accordant 5oo piastres turques par cassabe de longueur de canal qu'ils execuleraient ; la cassabe, .46 dont il s'agit ici , est une unite «le mesure lin^aire tie 3 metres 60 centim. A la verite, ce salaire u'etait point inimerliatement pave- en ar- gent a ceux auxquels il etait alloue ; on Icur delivrail un ccrlificat de la quantite de travail qu'ils avaienl effeclue , el cc certificat de- vait ^tre regu par les percepleurs du Pacha, en deduction de la redevance annuelle a laquelle etaient imposes les villages d'oii les travailleurs avalent dte tires. M. Masi ne dit pas si ces promesses d'un maitre tout puis- sant ont ete exactcmcnt reniplies; mais on sail que la seule espe- rance qu'elles firent concevoir produisil parmi les travailleurs une activite inaccoutumee. Le canal fut achcve au mois de novernbre i8ig. Sa longueur est de 22,000 cassabes, ce qui en a porle la depcnse a 1 1 ,000,000 de piastres, a quoi il faut en ajouter b aulres millions pour I'execulion des digues en pierrc , el autres ouvrages dart, llconvientau surplus de remarquer ici que, par suite de I'al- teralion des nionnaics , toujours croissante dans I'empire Ottoman, la piastre d'Egvpte qui, pendant Texpedltion fran^aise, il y a 28 aiis, etait evaluee aux 4'i5'^ de la piastre forte d'Espagnc, n'en est aujourd'hul que le i5'= seulement , c'est-a-dire ne vaut plus que 4.0 centimes environ , ce qui reduit la depense precedente a 6 millions 120 mille fr. Ainsi, en admettant comme exactes toutes les donnces que four- nit la relation de ]V[. Masi, le kilometre du canal d'Alexandrie aurait coAte 77,272 fr. , ce qui sc rapproche beaucoup du prix de quelques canaux de navigation en Europe et en Anierique. Le succes obtenu dans Tex^cutlon de ce canal par les ingc- nieurs europeens , a sugger^ au Pacha I'idee de les employer a dresser un nouveau cadastre de PEgypte. M. Masi, qui y a ett^ em- ploye, s'engage a donner des details circonstanci^s sur cette opd- ration dans les livraisons suivanles de son ouvrage. Celle qu'il a offerte a la Societe de Geographic est cnrichie de six planches gravees en taille-douce ; trois sont relatives au nivel- '47 lenient du canal d'Alexandrio, el a la topographic de la basse Egypte ; les trols autres representent deux vues des environs du Caire et quelques costumes de ses habitans. Le grand ouvrage entrepris par Tordre du gouvernement fran- Qais et termine par sa munificence, ne laisse guere a de simples particuliers I'espoir fonde de publier sur cetle contree quelque travail qui puissc el re mis en parallele avec un seniblable monu- ment; cependant TOrient semble elre appele a subir de nouvcUes destinees. Le recit des evenemens don I J'Egypte peut devenir le theatre ne sera jamais denue d'inleret pour nous ; sous ce rapport on doit savoir gre a M. Masi des documens qu'il a mis sous les yeux du public, et de ceux qu'il promet encore sur Tadministra- tion du Pacha au pouvoir duquel cette terre ciassique est lom- l»ee. 1>. S. GiRABD. Rapport fc?cM. Warden sunmoim-age relatif.ula Floride ocddenUilc. La Societe m'a charge de lui rendre compte d'un ouvrage qui a pour titre : T iie de la Floride ocddenlale , r.ontenant sa geograjjhie , sa topographie , etc. , suivle d\i/i appendire sur ses anilquiles , les litres de concession des terres etles canaux , et accompagnee d'ane carte re- presentant f aspect de la cdte , le plan de Pensacola et V entree du port. II se compose de 178 pages in-8% et a etc public a Philadclphie en 1827. L'auleur,John Lee Williams, faisail partie de la commission chargee de fixer le nouveau siege du gouvernement dans la Floride. S'etant occupe a lever le plan de la cote depuis la baic Saint-An- dre jusqu a la Suwanee, et dans les parties interieures ou est situee Talahasee, il cut Tidee de preparer une nouvellc carle de la partie du pays qu'il avail specialement exploree , et d'y joindre un memoire contenant tons les renseignemens qu II etait en ^tat d'ob- tenir. Apres une description abregee de la Floride occidentale, Fauteur en decrit le climat, les rivieres et les iles ; les animaux qui Thabitent , les anliquitds qui s'y trouvent , les curiosites na- 1/^8 turelles, les productions vegelales , Tagriculture, les manufactures, les rapports avec les Indiens, les villes , les habitudes et les usages, les divers comles et Icur hislolrc. Cette description ahregde remplit io4 pages. Les 74 autres sont consacrees a un appendice sur Ihistoire du pays , les litres de concession des tcrres el les canaux projetes. t'^ Le 22 fevrier i8ig, I'Espagne ceda aus Etats-Unis les deux Flo- rides avec les iles adjacentes. Dans la derniere guerre avecl'Anglc- terre, Tarmee aniericaine conquit ce pays sous les ordres du ceiebre general Jackson qui en fut cnsuite nomme gouverncur. Le 3o mars 1823 , les deux Florides furent erigees en territoire. En octobre 1823, on choisit Talahasee pour siege du gouvernement de la Floride occidentale,queron divisa en six comles qui sont: Walton, Escambia, Washington , Jackson, Gadsden elLeon. Trois arron- dissemens judicialres furent formes en 1826. La premiere maison de Talahasee ne fut batle qu'en 1824 : Taiinee suivante, on orga- nisa Tadminlstralion de cette ville, et le gouvernement en fut re- mis a un inlendant et a cinq aldermen. Talahasee renfermc a pre- sent 120 maisons occupees par 800 habitans. La population entierc du territoire est de 8 a gooo ames ; elle contlnuerait a augnicnler encore sans les difficultes qui s'elevent a Toccasion des lerres donl les litres sont contestes , et le defaut de vente de longues dtcndues de terrain que quclques proprielaires conservent en leurs mains pour en faire plus tard robjel d'une speculation. Vingt millions d'a- cres sont la propriele des Etats-Unis. Parun traite passe en 182 ^, au camp deMoultre, entre les agens des Elals-UnJs et les Indiens de la Floride, ces derniers ont aban- donne les lerres qu'ils possedaient dans le centre du territoire, en (ichange dune portion de terrain dans la Peninsule ou ils se sonl retires en 1825. Un poste militaire fut etabli a la baie de Tampa, tant pour leur assurer des provisions, que pour les mainteniren soumission. Ils elaient au nombre de 1100, donl 385 guerricrs. La Floride occidenlalc , telle qu elle a ele fix^e par un acle du i49 congres dcs Etats-Unis , sV-tend depuis Ja bale et la riviere Per- dido a Touest jiisqu'a la riviere de Su\vanee a Test, ct depuis Ic golfe du Mesique au sud jusqu'au 3i'= degre de latitude nord oii elle est travers^e par la riviere de Chatahooclie. De la , le long de celte riviere jusqu"a sa jonction avec la Flint; et de la, directement a Test vers la source de Saintc-Marie jusqu'a la riviere de Suvvanee. Ce territoirc est situe entre le 6" et le io° 20' de longitude occidentale de Washington ; il embrasse environ 396 milles de longueur, de Test a I'ouesl , et 4o a 90 du nord au sud, et une efendue de terrain d'environ io,56o,ooo acres. Le sol est gene- ralement sablonneux le long des coles. Toute la cote du sud, depuis la baie de Perdido jusqu'au cap San-Blas , espace de 14.0 milles, est composee de sable blanc niele de debris de coquilles ma fines; et depuis ce cap jusqu'a la riviere d'Appalacbe, espace de 60 milles, le sable est brunatre , et Ton y trouve quelques marais salins. Depuis celte derniere riviere jusqu'a celle de la Suwanee, espace de 80 milles , le sol de la cote est calcaire et convert de jonc et d'herbes jusqu'a une distance de plusieurs milles en mer. Enlre la baie de Perdido et la riviere Escambia , le sol est d'al- luvion qui repose sur une couche d'argile. Depuis la riviere de Chaclawhatchee, dans I'lnlerieur de la cole maritime de la baie d'Appalacbe, le sol est calcaire. La partle argileusc, de 10 a 20 milles de largeur, s'approche rarement de plus de 18 milles de la mer. La couche inferieure des alluvions , dans les parties inte- rieures , est calcaire , d'une formation recenle et d'une elevation peu considerable au-dessus du niveau de la mer. Le sol est excel- lent , admlrablement coupe de montagnes et de vallees , convert de lacs et orne de bois naturels de chenes , de noyers, de helres et de viagnoliu. Des colllnes en assez grand nombrc s'elevent isolees au milieu de vastes plaincs qu'elles domlnent quciqucfois a une hauteur de 100 pleds. Leurs cotes sont couvcrtcs de beaux arbres. Les terres marecagcuses sur le bord des courans d'eau sont gar nies de bols de cypres. Les terres elevees qui entourent i5o les marais sonl rocaillcuses , mais il y croit de tries- grOs arbres. Si Ton porte , (lit noire auleur , la quanlild des tcrres a io,56o,ooo acres, el que Ion dcduise Ic quart pour les bales, lacs el rivieres, il en reslcra 7,920,000. Sur celle quantile 2/3 ou 5,280,000 se composent de lerres incultes couvertes de pins, 800,000 de lerres labourables , 600,000 de pelits monticules, goo, 000 de lerres niarecageuses ou inondees. Le gouvernement des Elats - Unis a accorde au general Lafayette 28,000 acres des meilleures terres aux environs de Talahasee. Cai>ernes. Sous les roches calcaircs se trouvenl de nombreuses cavernes dont quelques-unes soul Ires-remarquables. Une d'elles , appelee arc/zjcaoe , situcie dans le comte de Jackson, a environ trois milles du bac elabli sur la riviere de Cbapola et pres de la grande route , a ele exploree a la distance de 1200 pieds. A I'ou- verture , sous une vasle roche calcaire , elle presenle une bauteur de 5 pieds et une largeur de 3o. Apres une penle douce d'en- viron jo pieds, se trouve un grand espace de 100 pieds de lar- geur sur 5o d' elevation ; d'un cote est un profond canal d'eau transparente. Au-dela de celte salle , la caverne se resserre et offre I'aspect d'une arcbe gotbique. A la distance de 180 pieds, elle est traversee par un courant de 20 pieds de large sur 5 de profondeur , dans lequel on aper^oil un grand nouibre d'ecre- visses. Au-dela de ce courant est une aulre ouverture de 100 pieds de long : le sol en est de lerre rouge, couverle de debris prove- nant de la decomposition du roc. De nombreuses colonnes de stalacliles s'elevent du sol el se reunissenta celles qui partem de la parlie superieure. A Tapprocbe de la lumierc , on voit voler de tous cotes de nombreuses chauve-souris. Plus loin , le passage devient (^troit et difficile, jusqua ce qu'il mene a un aulre grand espace conduisant k divers passages, et oii se trouvent deux cou- rans d'eau qui n'onl pas encore ele explores. l^e pont na/urel sur ia riviere de Cbapola est encore une curio- site fort remarquabic : loute Teau du courant se perd sous une roche lal calcaire, ct apres avoir disparu pendant, quelque temps, ellc re- paraitde nouveau. Aulrefoisune grande route passail sur ce pont , les voyageurs la suivent encore en etc, niais I'hiver, elle est inter- ceptee par Feau. La riviere d Enconfina a aussi un pont naturel, du meme genre, sur lequel passe la graude route de Pensacola a Saint - Au- gustin. La riviere Oscilla, dans le comte de Leon, disparait pendant un mille environ. Une division de Tarmee du general Jackson passa dessus dans sa marclie, sans se douter qu'il exislat une ri- viere en cct endroit. Caps. Le cap le plus remarquable est celui de San-Blas (lat. 2g" 4^% long. 85" 45' J qui s'elend en poinle de la baie de Saint- Joseph a 20 milles environ en mer. lies. I'oute la c6te est garnie d iles. Celle de Santa-Pvosa , d'un deml-niilie de largeur, s'etend depuis la baie de Pensacola jusqu'a la passe de TEst, dislante d'environ 5o milles. L'iie de Saint-Georges a environ 4o milles de long, et un demi-mille a 2 milles de large. Lacs. Presque tout Tinterieur du pays est entrecoup^ de lacs et d'elangs; quelques-uns provlennent des rivieres souterraines; les aulres sonl les reservoirs naturels de Teau provenant des pays d'a- lentour. Le lac de Michasukee , situe a i5 milles nord-est de Ta- lahasee, a 12 milles de long. Le lac Jackson, qui se trouve au nord- ouest du precedent , a 8 milles de long el 2 a 3 de large. Le lac Jamony, a environ i4 milles au nord des precedens , est long de 8 milles et large de 3. Le lac Talahasee a 3 milles en longueur et un n)llle en largeur. Le lac Wimeco a 7 milles de long et 2 a 3 de large. Le lac de Dennardd, aupres de la baie de Sainl-Andre, a 12 milles de long , et 5 de large. L'Appalichola , qui inonde ses propres bords et coule dans la riviere de Chapola , a forme un lac de 20 milles de long sur y de large et de 10 a 20 pieds de profondcur, dans lequel les arbres croissenl, laissant voir leur I $2 cime au-dcssus ' venir un asile sacre , et un lieu de repos et de delices pour les » tribus circonvolsines, qui Tappelerent Tin-Bukiou , c'est-a-dire » propriete de Buktou ( Tin etant dans leur idiome un pronom pos- » sessif a la troisieme personne ). Par la suite ces tribus vinrent de » tons cotes se grouper a Tenvi, et y firent un vaste camp retran- « die , qui fut plus tard trausforme en une vaste et populeuse >' cite. » Telle est, suivant Sidi-ylhmed-Bal/a, Tetymologie du noiii et Torigine de la fondation de Tin-Buktou., dont, apr^s tout, la cclebrlle n'est pcut etre qu'une chimere , qui s'evanouira des que Ton aura pu surmonter les obstacles multiplies qui en inler- disent I'acces. Nous allons terminer cette courte notice par quelques remar- ques sur les diverses races qui composent la population de Tin- 178 Buktou: telle .7- 79 biuil (ic la morl . 1 ,00 1 80,070 97,o58 io3,7 J '1 95,928 it)i,c66 •..,509 1,94: 1, 35 1 6,863 >'••'"? 10,700 3,000 i5 f) >4 20 12 14 7 5 18,99 75.>.,'3G3 yi Parmi les autres vIUcs , Inspruck , capltale du Tyrol , compte 9,026 habitans; Hall If.Z^S; vlngt-deux ont une population de 3,000 araeschacune, ettrente villages comptentchacun i,5oo ames. ( Annali unio, di staiistica^ etc.) BULLETIN DE ' r f LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE, NUMERO 55. ^- NOVEMBRE. PREMIERE SECTION. MEMOIRES , EXTRAITS ET ANALYSES. Notes on Colombia^ taken in the years 1 822-8, with an itinerary of the route from Caracas to Bogota; Ly an officer of the United Stales army. 3o3 pages in-S", Philadelphia, 1827; ou Notes siir la Colombie , prises dans les annees 1822 et 1828, avec un itineraire de la route de Caracas a Bogota ; par un officier de I'armee des Etals-Unis. Dans cet intdressant ouvrage, compose de 3o3 pages in-8°, imprime a Philadelphle en 1827, sc trouvent une petite carte de la Colomhie , un plan de la cite de Bogota, capitale de la repu- blique de Colombia, et un plan figuralif des maisons de ce pays. L'auteur, Ic lieutenant Bache, qui a accompagne le colonel Duane, reconnait les obligations qu'il a a M. de Humboldt, pour la connaissance physique des lleux, et a M. Depons , pour les renseignemens hisloriques et economiques. i4 igo Le chap, vi fait connaifre le mode de construction des villes, des villages , des eglises et des maisons de campagne. Nous nous bornerons a citer quelques observations de Tauleur SUP la situation , ia temperature et la population des principales villes en 18 aS. « La Guayra est siluee par le 10" 36' de lat. N. , et Ic 'f 53' de long. E. de Washiiiglon ; sa temperature moycnne, pendant I'annee, est de 82 (27° 77 centlgrades) de Falir. La plus grande chaleur est de 84° ( 28^ 85 centig. ) ; le plus grand froid , de 74° ; quelquefois le ihermometre s^eleve a gS" ( 35 centig. ) , et tombe a 70 ( 21° II cent.). La population est maintenant reduite a 4--5oo habitans, par suite des tremblemcns de terre , de la famine, des maladies, et dune guerre d' extermination de douze annees, fleaux es inar- chandises deslinccs pour la capitate sont iransporldes par celte route , apres avoir ete amences , par la Magdalena , dans des canots noinmes champans, de lo a 12 tonueaux , ct apres avoir fail, conire le courant , une peniblc navigation de 90 jours. On fait observer qu'au moyen de la construction d'une bonne route et de I'etabiissement d un bateau a vapeur , la capitale recevrnil , en 12 jours, la quantile de marchandises dont Tarrivage exige maintenanl une annee entiere. La rapidile du cours de la Magda- lena n'excedc pas 3 milles par beure, et la riviere Meta , grand af- fluent de rOriiioco, devient navigable a 45 niilles de la capi- tale. Ces deux rivieres sont done favorables a relablissemenl des bateaux a vapeur. Pamplona, situee dans une vallee etroile, au 6" 3o' de lat. N. , et au 5" 19' de long. E. de Washington , est a 8,0 16 pieds au- dessus de la mer; sa temperature moyenne est de 61° de Fahr. Tunja, au 5° 5'de lat. N. ct au 3° 69' long. E., est a 9,522 pieds au-dessus de la mer ; sa temperature moycjine est de SO G Fahr. Bogota, capitale de laColonibie, situee dans un vallee, au 4° 36' de lat. N. , et au 2" 47' de long. K. de Washington , est dlevee de 8,721 pieds au-dessus de la mer : sa temperature moyenne est de Sy" 44 ^^ Fahr. selon M. Mutis, qui observe que la variation du thermometre ne depasse pas un petit nombre de degres. La population est de 20,000 ha]>ilans. La ville de Turbaco est elevee de 1,000 pieds au-dessus de la mer. Les babilans de Carlhagene y viennent passer Fete. A un mille environ, a lest de Turbaco, noire voyageur visita les dle- vations coniques , au nombre de 18 a 20. Elles ont une ouvei lure au sommet rempli d'eau, d'ou se degage un gaz azotique, avec un bruit considerable, a chaque demi-minute. Cartagena, a 10" 26' de lat. N. et a i" 28' de long. E. de Washington, ne compte que i5,ooo habitant. Pendant Ic sidge qu'elle a souffert , et depuis sa reddition, environ la moitie de ses maisons sont en ruines ou inhabltees. La moitie des faubourgs, enfermee dans sa dcmi-Iune, a ete delruile, ainsi que les jolies maisons de campa2;ne situces sur la roule qui mene^a la Popa. Dans un appendice faisant suite a cct ouvrage , on trouve , 1° des reglemcns de commerce de la repuLlIque de Colombie; 2° un tableau de ses exportations ; 3" les prix de plusieurs de ses productions. Le cuivre des mines de Mouiquira , province de Socorro, se vend 24. dollars le quintal ; la poudre d'or du clioco , 200 dollars la livre ; le plaline brut, de ^ a 5 dollars la livre. Le seise trouve en grande quantili' dans le voisinage de Va - lencia, el il y en a une nionlagne a Zipaquira, situee a cinq lieues de Bogola. Les graines dun arbrlsseau qui croil dans les hautes terres de la province de Socorro , et sur lo Rio INcgro ( 19'' 44 ^ 25" cent. ) , dout la temperature est de 6y " a 77" de Fahr. , servent a former des chandelles qui sont pi incipalement en usage dans les eglises de campagne. Les fibres du magiiei ou pitit (i) <^t '^<^ I'arbrc moi-ir.he (2) res- scmblant au chanvre, paraissent, selon notre auteur, devoir de- venir Tobjet dun grand commerce. Le prix des betes a cornes, dans Tinterieur du pays, est de deux piastres par tele. On paie des nmlels de selle de i5o a 3oo piastres , et ccux de transport 5o seulement. Warden. Tableau des distances et Ueux de relais de Caracas u Bogota. 1822. MiUes. Nov. li. Antimano, 5 — Ajuntas, 4- — Montagnes de Buenavista, San-Pedro, 12 21 (i) .'Jgai'C ^Jineric/iiiu , L. (2) Mauiitia. i3. Moniagncs de Coquisas, Consejo,Vicloria. 2 j n'illes. 14. San-Maleo, Turlncro , Maracay 20 i5. San -Joaquin, fort Cabrara, Guacara Guaro, Valencia 35 101 28. Tocuyilo , 8. — Carabobo, 12 20 39. Chirgua, montagnes d'Hermanas, Tina- quillo 20 3o, Las Palmas, Tinaco. . . , 20 Dec. 1. San-Carlos, 12. — San-Jose, 3 i5 3. Camaruco, Caramacate 3o 3. Montague Altar, Cuyislta 25 4- Cabudara, 26.— Earqulseineto , 6. . . . 32 162 10. Cerros-Blancos, 6. — Quibor, 2^. . . . 3o 11. Tocuvo o.' )cuyo + !3. Humaracara-bajo 18 14.. Peiia , Agua Obispos 36 16. Carachc i4. 17. Santa-Ana 20 18. Truxiilo 21 1 63 23. Maison sur la Sabana Larga i5 24. Valeria, i3. — Mcndoza, 12 25 25. Timothcs 24 26. La Puerla 12 27. Mucucbies, sur un paramo , oil il fait tr6s- froid 1 5 28. Mucuraba , Fabay, Merida 28 119 3o. Egedo 10 3i. San-Juan 12 1823, . iiiilles. Jan. I. Hacienda de Estanques 20 2. lialladores, village indien 26 4.. Bailadores , propremcnt dit , 7. — Der- niere maison ,6 i3 5. La Grila 17 6. Maison de Posle, EI Cobre 18 7. Premiere maison sur le Paramo Lumbador. 20 8. Tariba 12 9. San-Crisloval, 4- — Capacho, !<>. ... 20 10. San-Antonio de Cucula, 17. • — San- r»()sario ,1 18 i^.. Uiie Hacienda 10 i5. Posle 22 iG. Cbopo , 12. — Pamplona, 12 24 2^2 20. Une lieue en-de^a de Cacota i4 21. Chilaga, sur un Paramo i5 22. Cerrelo 27 23. Concepcion , Enciso i5 24. Capilanejo 22 25. Suata ' . • i5 27. Siisacon , g. — Saliba, 12 21 28. Serinza 28 29. Santa-Rosa, t2. — Paypa, 20 32 30. Tunja 20 209 3 1. Hata YIeja 3o Feb. I. Glioconta 24 2. Caxila, el petit village a 5 millesdeBogota. 25 3. IJUGOIA 5 84 JMilles 1080 1 96 line visile en Colomhie^ dans les annccs 1822 et 1823, par Ic colonel DUAKE, in-8% Philaadphie, 1827. L'ouvrage dont nous sommes aujourd'hui charge de rendre compfe a la Sociele est de tous ceux qui ont paru jusqu'a present sur la Colomble, celui qui nous a paru conlcnir un plus grand noinbre de fails, d'observations, de details curicux et utiles. L'auleur, deja connu dans les Elals-Unis par quelques ecrits estimcs sur I'art mililaire, et surlout commc Tun desplus anclens r^dacteurs de TAurore de Philadelplue, s'emLarqua le 2 octobre 1822 a New- York sur la corvette de guerre coloinbienne Vller- cule. Arrive a la Guaira le 18 du meme raois, il traversa dans la di- rection du N. E. au S, O. , les departcmens de Venezuela , Zulia, Boyaca et Cundinaniarca , et descendit ensuite la riviere de la Magdeleine jusqu'a la ville de Carlbagene. Ps'ayan! paseu Tintentiond'entreprendre un voyage scientifique, il avait neglige de se pourvoir d'instruuiens, et Ton doit regretter qu'il n'ait pu tirer parti de son sejour sur les Cordilleres pour y faire des observations au profit des sciences physiques. Son ou- vrage sous d'aulres rapports n'en est pas moins remarquable. On y trouve plusieurs descriptions interessantcs sur Taspect et la di- rection des diverses branches des Andes entre Caracas et Bogota; il fa enrlchi nienie de quelques considerations sur la bolanique et la gcologie. ^laisla parlle la plus iniporlante de ce voyage est bicn certainement celle relative aux moeurs et aux usages des habitans de la Coloinbie. Le colonel Duane etait dans une position favo- rable pour les observer, et personne autre que lui ne pouvait le faire avec succes. On sesouvient qu'a une cerlaino epoque le congres conslituant de la Colombie vola au nom du pcupie colombien de solennelles actions de graces aux honimes qui, on Europe et ailleurs, avaient le plus conlribue par leurs efforts a determiner la reconnaissance des etats ainericains, comme etals independans. Lord Holland, M. de Pradt, M. Clay et le colonel Duane furtnt declares dignes 197 de cet lionneur ; il en rejaillit dans toutes ces contrees sue le colonel iin grand eclat de consideration; on I'admirait, on Taccueillait partout avec une enlierc confiance ; il voyageait d'ailleurs accom- pagne de sa famille, et celte circonstancc I'avait mis en point de contact avec un grand nombre d'individus de toufes les conditions. Le colonel Duane , dans le cours de sa relation, se monlre par- tout ecrivain judicieux , eclaire, impartial; ilreleve ce qu'il trouve inexact dans le voyage de Mollien , dont il atlaque les assertions. II accuse de faussele ce qu'a ecrit ce dernier voyageur, lant sur le caractere moral que sur Tesprit politique des peuples de la Co- lombie, et il s'atlache d'autant plus a signaler ces erreurs qu'il se croit oblige d'en guerir ceux qu'elles pourraient avoir abuses. L ouvrage du colonel conlient beaucoup de notices sur la geo- graphic de ces conlrees. II indique exactement la date de la fondation des villes qii'il a visitees , Icur pojjulation , leur induslrie , leur prosperite , etc.; il compare les usages des classes inferieuresde la Colombie, avec ceux des mcmes classes qu'il a observes dans les Indes occidenlales, et rencontre a chaque instant I'occasion d'en constater la similitude. L'auteur, dans les derniers cbapitres, trace les limites de cctle republique, les anciennes et nouvelles divisions de son territoire ; il donne la statislique du conmierce , de la navigation, des finances, de la milice, de Tinstruction pu- blique, etc., d apres les documens officiels du gouvernement. Quel- ques itincraires de voyages dans I'inlerieur, forment la maliere d'un appendix. L'auteur plein de son sujet ne le quitte pas sans nous rappeler qu'ilappartenaita la Colombie plus qu'a aucuu autre des nouveaux elats de reparer Tinjustic^de nos peres qui ont donne le noui d'Amerique a rbemispbere dont la decouverte est due au genie de Colonib , injustice d'autant plus evidente que les deux premiers points apergus par le grand navigateur apparllennenl a ce vasle continent. Nous avons gli^se sur quelqnes erreurs peu imporlanles, dans Ics nonis surtouf; mals il en est echappd a I'auteur une tr^s-con- siderable dans revalualion de Tetendue dc la Colonibie. 11 a fait du maximum dc celte elcndue la moycnne de sa largcur dcpuis le cap de la \ ela jusqu'au haul Maragnon. Ce calcul faulif lui a dnn- iie 303,333 lieues carrees, superficic presqiie egale a ccUe de toutes les anciennes possessions espagnoles en Amerique. Nous terminons en recomniandant a la Sociele Touvrage dont il s'agit comme Ic mellieur guide a proposer aux personnes qui voudront parcourir la Colombie. Les voyageuis fran^ais liront avec plaisir ce que le colonel Duane se plail a repelcr en plusieurs endroits de son livre , que dans les conhees qu'il a visllees, aucun peuple d'Europe n'est prefere aux Frangais, que Icur langue y a ele soigneusement cullivee par les Irois quarts de la popiilalion; que leurs ecrils introduits en conlrebande dans le temps de la do- mination cspagnole, y onleleun objel d'etude favorite, qu'aujour- d hui leur idionie est compris et meme parle par presque tous les Colombiens qui onl re^u de Teducation. Acosta. Itiiieraire de la route de Caracas a Bogota. lieues. lieues. Dc Caracas a St-Pe'dro. 6 '/. A Onoto 8 » A Victoria par Bonsejo. ti » A Babuyao par TAllar. . i3 » A Maraccup par St-Ma- A Barquisimelo i '/a tero 7 » La route est asscz bonne sice Par Guacavee Valencia. lo » n'est sur la montagne de I'Allar. La route jusqu'ici est excel- A Guibor lo » lente. A Tocuyo 6 » ParFucuitaaTinaquillo. lo » On doit voyager la nuit a cause A I'inaco 9 '/= dc la chalcur; la route est assez A St-Carlos 4 % bonne. Bonne route a I'exceplion dcs A HuinacaxoBajo. ... 6 » hauteurs dePalmasetHermanas A Obispos 6 '/, I lleues. A Carache 5 » A Sta-Anna 6/4 A Truxillo 5 ■/. AMendoza ii » Par Puerle h Finiolhes. 8 » La route n'est pas bonne; !e Paramo commence. Mucuchies (froiil). ... 5 '/. Par Mucurabo i Merida. 7 » Par Sl-Juan h Egido. . 6 •/. A la ferme d'Estanques. G » Route mauvalscetquelquefols dangereuse a cause de la penie rapide du terrain. A Bailadones (village). . G '/a ABailadones( ville). . . 2 V- A la Grila 6 '/. A la maison de Porte- Cobre 5 » Ahillamar 5 » A Taribe 4- » A St-Grislobal 1 » Ici termine le desert qu'on traverse en deux journees, il faut porter ses provisions avec soi. A Capacho 4 '/» A Cncula (St-Antonio). 4 /4 Cevlllage eslle dernier de Tan- cienne Venezucle ; un quart de iieue plus loin commence la Nouvelle-Grenade. A St-Joseph •. 2 V4 99 Heues. A Chopo 10 » A Pamplona 8 » A Cbitaga 6 » Ici commence le desert de Chit^ga; la route de la montagne est mauvaise. A Berrito <> » A CapilanyoparEfilciso. 10 » A Zoala 4- » A Susacon 3 >» A Satiba 3 '/, A la paroisse de Serinza. 7 » A Sta-Rosa 3 % A Paypa 5 '/i A Tunja. 5 » A Albanpazzin 8 '/> A ( hoconfa G » A Zepatfuira 8 » Ici commence le plateau de Bogota 7 » De Bogota a Cartagena. FacaJatiba. . 6 » A Villela 5 » A Guaduas 4- " A Honda 7 » La route est mauvaise ; ici on s'erabarque sur le fleuvc de la Madelaine. A Nare. 43 '/. A St-Bartolome 26 '/» ASl-Pablo 38 >. Au port d'Ocaiia Sa » 200 licues. lieues. A Moinpox ?fj n Embouchure dc la ^Fadelaine A Jiaiangcaiila ^9 " dans la mer ou passe Carla- A Sabaiillla 7 » gena. Rapport sur XiRelatlon d'un voyage dans la Marmarique, la Cyre- ndifjue el left Oasis d'Adujelah et de Maradeh; acconipagnee de carles geographiques el lopographlqucs , et de plaiiclies representant les iiionumcns de ces contrees, par IM. J. 1\. Pachu. Ouvrrge dedle au Roi. Premlercparlie : Marniarique. Paris, Firuiin-DIdot; texle iii-^", planches in-f°. Cellepublicalion, dontla Sociele de Geographic a pu apprccier les elemens, et a laquelle elle a deja accorde ses suffrages, ne forme qu'une parlie de I'ouvrage de M. Pacho ; mais seule, elle offre ce- pendant un resultat assez complct pour elre Tobjet dun examen j)arliculier. Elle se composed'une livraison detexte, format in-4-") ronfermanl un aiyanl - propos , une introduction h. rhisloire de la Cyrenaique brillammcnt ecrile, el la description complete de Va- ride Marmarique , sur laquelle I'auleur a, par un recit varie et anime , repandii un grand InleriU , el d\uie livraison de 10 planches in-f". sur les 100 que doil renfermer louvrage (i). Dcpuls la celebre expedition d'Egyple et les Iravaux qui en ont etc le resullat glorleux , lEuropc a porle une vive atlenllon sur le sol de TAfrique. Heureuse de nela conquerir,pour ainsidire, que par parcelles, elle n'a cesse depuis lors de renouveler ses tentatives, soil pour eclaircir ce qui avail ele vu, soil pour connailre ce qui elait lout - a - fail ignore. Sous Tegide , tour a lour dc la science, du commerce, et de la philanlropie , la perseverance euro- pdenne , si souvent frappee des coups les plus terrlbles , a pu non (i) Depuis lY'Dussiou clc: ces rtait au loin, vers des pays qu'il s'agissait de voir pour la premiere fois, ou bien de reiidre a leur cjloLrite passee, on semblait oublier Cyrene , ses lempL's, ses grottes, ses bois delicieux, ses fontaines,- ses grands hommes, sa renommee , lout, jusqu'a ses malheurs. Cependant , quelques tentalives isolees , quciques apertjus superficiels offraient des preuves d'interet ; mais cet intdret avail besoin d'etre soutenu , alimcnte, el il ne Tetait point. II etait, pour ainsi dire,' reserve a Theureux voyageur dont la societe a couronne les Iravaux, de la lirer de I'espece d'oubli ou eile etait restee. Mais, s'il est des dan- gers k courir dans les contrees lointaines de I'Afrique, il est des epreuves non moins rudes a subir pour arriver dans la seduisanle Cyrcnaique, quoiqu'elle soil plus rapprochee de nous. Une vo- lonte fernie et constante a suffi pour en triompber , et la gloire I'autie de planches , il en a paru deux amies de dix planclies cliacune. Ces deux dernieres llvraisons de planches sont surtout remarquables piir la re- presentalion de peintures liouvees dans un etat prcsque paifait de conser- viiilon au fond d'unc grolte sopulciale de Cyrene, Ces jxinluies paraissent I'e- presentei- la celebration de jeux funeraircs. 202 en est d'autant plus grandc que d'autres venaient d'echouer dans cetle pdrilleuse enlreprise (i). Dans les travaux de M. Pacho, deux choses sont done a consi- dercr, d'une part son courage, sa perseverance, son talent d'ob- scrvation ; de laulre la nianiere dout il a decrit ce qu il a vu, et les inductions heureuses quilen a tirees. On n'attendra pas de nous , sans doute, que nous parlions ici des difficulles de lentreprise , des fatigues qu'a essuyees M. Pacho , des dangers qu'il a courus , du refus formel qu'il lul fut fait de le laisser francblr le Grand-Calabathmus , de loules les circonslances enfin qui lui sont personnelles , circonstances parmi lesquelles il en est peu d'ailleurs qu'il ait songe a inlcrcalcr dans son livre. L'examen d^s faiis qu'il a observes et des n^sullats qu il a obtenus , voila ce dont nous devons specialemem nous occuper. Rien de plus surQ|^ant que le sort qui senible s'etre appesanti sur Cyrene. Fille deia Grece, elle a goAle les doux fruits de la civilisation; donnant Tessora son genie, elle a, ainsi que Tattes- tent les dessins des monunicns rapportcs par M. Pacho, cultive les arts comme on les cuUivait dans la Grece aux beaux temps de Pericles; parlant unc langue devenue presqu'universelle cliez les autres nations policces , elle a pu fournir inslantanenient de prd- cieux docuinens sur ses moeurs, ses usages, ses institutions, ses lois , en un mot, sur sonhisloire; patrie de poeles ingenieux, de grands philosophes, dliorames qu'ont illustres de profondes con- naissances , elle a pu avoir des inlerpreles qui fissent connaitre ce qu'cUc pouvait etre et avoir e:e ; mais rIen de tout cela nc semble lui avoir servi. Presque delaissde par les dcrivains de Tantiquite , lueme par ceux de sa nation , elle a peri , pour ainsi dire , ina- pcr^ue; a peine dans ses derniers moincns , cst-il mention d'elle dans Thistoire. Cen'est en elTet que dans des ecrits <;pars, noyes (ij L'expedit'ion qui cclioiia est celle dii general prussien Minutoli. Elle eut Ilea en 1820. Qnoiqii'il sc presentit dans un but purcmrnt scienti- fiqne, ce general nc put depasser le Grand -Catabathmus. 2o3 au milieu d'une foule d'aulres , qui souvent lui sont Strangers , que se trouvent consignes comme a la derobee , la plupart des fails qui la conccrnenl. C'est la que Terudit doit aller eludier Cyrene; et cependanl c'elall avec une sorte dc raison que la fable avait enviromie cede region de son prestige , qu'elle Tavait placec ious la proleclion de la nymphe a iaquelle, d'apres les rapprochemens de M. Pacho , Juslin et le poele de Mantoue font allusion sous le meine nom; et cependant, ses monumens, ses grottes scpul- crales, ses statues, ses inscriptions atlestcnt sa grandeur. Mais pourquoi faut-il qu'au nriil.ieu de preuves, Ton manque pour ainsi dire de fails , ou qu'ils se soient passes sans etre recueillisT Pour- quoi faut-il que Cyrene au temps des Ptol(finees ne nous alt meme presque rien laisse sur le sol ou gisent encore tant de debris ! Cest id surlout que nous devons deplorer , coinme le fait Tauteur, que Ihi^toirc nc consacre ses piaceaux qu'aus grands evenemens, aux grandes calaslropbes qui se deplolont comme de longs drames, et qu\'lle dedaigne tout ce qui ne se presente point sous des coulaurs Vive's et trancbanles. Qu'il eAt ete inleressant, dit M. Pacho , de connailre les relations que les Cyreneens durent conserver avec la mere-palrle , a Iaquelle un poele nous apprend qu'ils envoyaient annuellemcnt des theores pour lui offrir les pre- mlces de leurs fruits; et ces liaisons que Tanalogie de position et desinterets reciproques durent occasionner entre eux et les autres Doriens egalement isoles sur des terres elrangeres! « L'histoire auralt dil surlout nous donner quelques notions- sur le commerce de Cyrene dans i'lnterieur de rElhiopie.L'Oasisd'Ammon , cetle colonic de prelres marchaads , elablie au milieu des deserts , presenlailun point d'entrepot tres-avantageux pour le commerce. Ses relations avec la Pentapole ne sont point douteuses, les co- lonnes elevees en Thonneur des theores cyreneens et d'autres traditions historiques en sont des preuves irrecusables. Cyrene se serait-elle bornee a ce boulevard de la Libye interieurei' Moins industricuse que Cartuage , n'aurait-elle pas fail penetrer ses ca- 204 ravanes dans Ics regions les plus lolntaincs? Si les Nasamous servaient Ics intcr^ts de sa rivale , les Asbytes et les Auchises ne devaient-ils pas lui offrir les memes sccours .' » Dans une position presqu'isolce , puisquc la ou les deserts man- quent autour d'elle , se presenle la. Meditcrran»^e, Cyrene fut coinrne Carthage , avec qui elle parlagcait la cole maritime du nord de TAfrique, unEtal florissant parson commerce. De grandes el immenscs plages sablonneuses la dislinguaient, elle ct loute la Penlapolc, du reste de TAfrique. « Celte region , comprise enlre les monlagnes Atlanliques el la vallee du Nil, dit IV[. Pacho , forme une plaine inmiense et aride, affreux sejour qui serait restd inconnu des liommcs ainsi qu'il fut oublie de la nature , si , parmi ses conlinuclles ondulalions de rochers nus ct de plaines de sable, Ton ne rencontrail de petlts cantons fertiles oii les habilans sc trou- vent sur la terre comme des insulaires au milieu des mers. Mais si Ton se dirige vers la parlie septenlrlonale , la ou la c6le forme un grand promontoire, I'on trouvera, par une espece de prodige, ces trisles deserts changes lout-a-coup en monlagnes. boisees, en riantes prairies , I'on verra des sources jaillir en nappe du sein des rochers moussus, serpenter en ruisseaux dans les plaines, et lomber en cascades dans les ravins ; pour achevcr ces conlrastes , on verra les brises marines en se jouant dans le feulllage des forets, ou bien en glissant sur les pelouseslleuries, venir proteger ces col- lincs toujours vertes contre le souffle dcvastaleur des vents du de- sert. » On n'lgnore point que des le vi'= siecle avant notre ere , trois cents ans environ apres la fondalion de Garlhage, des colons grecs , sorlls de I'licra, vinrent s'y elablir; que lile de Platee, puis la conlree d'Azirls , furent successlvement leur premier sejour ; que Cyrene, si justement appelee la racine des villes, leur succeda, et devint le berceau d'un etat celebre ou flcurirent les arts, et qu'il- luslrerent de grands hommes ; que bient6t s'eleverenl quatre autres villes qui , avec la metropole , formerent !a Penlapole , sans 20.'> comp{cr lui grand noiiibrc tie bourgs el de villages qui n'onl en qu'une faible importance. Sans doufe que Ton n'ignore pas non plus son passage de TEtat monarchiqiie a TElat repuLlicain , son alliance avcc Alexandre , sa soumission a ses successeurs , et son assujelissement au peuple remain ; mais Leaucoup de cir- conslances parliculieres qui ont lie ccs evenemens les uns aux au- Ires , qui ont d(i produire un enchainement dans I'liisloire de Gy- rene, ctaient inconnues, ou du raoins disseminees dans une foule d'auteurs de Tanliquitq. Exhumer ces fails, lesreunir, les con- frontcr enlre eux , c'elait un travail de la plus haute importance pour les etudes hisloriques; et c'cst ace travail que M. Pacho scst livre avec autant de perseverance que de succes. Cost, d'apres les historiens, a I'oracle de Delphes qu'il faudrait attribuer la colonisation de cetle contree ; et Tile grecque de Them qui , sous le iiom actucl de Santorin , parait encore rcceler des feux soulerrains , semblables a ceux qui lui ont donne naissance , serait la mere-palrie des Cyrenecns. Afillgee par plusieurs annees de secheresse , Thera voyait ses habitans langnir dans la diselle ; I'oracle fut consulle, et inslruit peut-etre par Texpedition des Ar- gonaules de la grande fertilile d'un canton de la Libye oii les vents les avaienl pousses, il ordonna a Tun de leurs descen- dans daller sur cetle terre hospitaliere jouir des biens que refusait le sol nalai. Dattus fut le fondaleur de la nouvelle colonic. 11 donna, dans son naissant royaume , la plus grande majesle an culte des dieux, il fit platiler aupres de la ville, des hois qui Icur furent consacrcs. Un temple magnifique fut eleve devant la grolte de la nymphe Cyrene ; ce temple fut dedie a Apollon , et tandis que Ton conservait dans Tinterieur le feu clernel, les ondes de la fontainetraversaient, en murmurant, son sanctuaire. Acespompes religieufes , Baltus joignil de sages inslilutions poliliques pour ci- menter Timion enlre ses sujels et leur rappcler le souvenir de leur mere-patrie ; il elablit a Cyrene les feles carndennes que Ton cd- lebrait ;» Sparle le Sf'plieme jonr du niois rarneus, A celte epoquo, Mi ao6 le peuplc quitlait ses travaux, il se rcpandait dans unc plainc spa- cieuse, a Tembre des ihyons odorans et des noueux siliquiers ; el la, aprcs avoir implore la clomeace des dieux par des sacrifices solenncls , on sc livrait a la joie dans des banqiJels publics , et Ton excculait des danses inililaires. Rcconnaissans dc lant dc bicnfails, les Cyreneens a la inort de Battus, iui rendirenl les bonneurs he- roTques, et chercherenl , par des emblmies ingenicux , a perp^- tuer le souvenir de la paix inlerieure et de la prosperile dont cette colonic avail joui sous son gouvernement. lis Iui consacrerent le Sy/phium, symbole de leurs ricbesses, et Iui erigerent un loni- beau a rextrcmile du marclie de la ville, afin que son ombre jouit du spectacle journalier des assemblces du peuple , et que le peuple e6t loujours present le souvenir de ses vertus. « Mais sa conduile ne fut point iniitee par ses successeurs qui , tous au conlrairc, as- sure Pindarc , furent despotes , impies et malheureux : temoignage qui Concorde avec celui des hisloriens. Le regne des Baltiades dura neanmoins pendant deux cents ans environ. Que devint ensuilc Cyrene dont le gouvernement prit la forme republicaine ? Quelle fut sa situation inlerieure i' Ce sont ces temps eloignes de son his- loire que la nuit couvre de son voile. Et cependanl, Ton salt qu'a- pres la conqufite dc TEgyple , lorsqu' Alexandre voulut visiter le tjemple d'Ammon et consuller Toracle , les Cyreneens s'cmprcs- s^rent de lul depuler des ambassadeurs avec des presens, et que ces ambassadeurs accompagnercnl le jeune beros jusque dans le temple. D'un autre c6te , les dem^les que Cyrene eut avec Car- thage au sujet des limiles des deux Elats ^ lermlnds et illustrds par le devoucmenl des freres Philcenes, releverent encore son existence politique; mais plus tardcene fut que troubles etdissentions intd- rieures. Tombce sous le joug des Plolcmdes, on voit la Pentapolc libyque lantot r(^unie a I'empire egyplicn , et tanlot concddde comme apanage h des princes de la famllle royale, jusqu'a ce quenfln donnee a Apion , elle eut de nouveau acquis son inde- pendancc ; mais Apion, sans enfans, la Icgua vers Tan g6 a%'ant 207 , noire ere au peuple romaiii qui ne dedaigna pas de la recevoir par leslament. Le coranierce de Cyrene etall cnnsideraLle, et alimente par deux causes egalemenl. puissautes, d'unc part sa situation el de Taulre la ferlilito dusol et son licurcusc disposition. « Les riicoltcs s'y suc- cedaient pendant huit mois de I'annce, et des planles precieuses qui lui elaient particulieres et qu'on y voyait repandues avec pro- fusion en augnienlaient singulierement les produits. La campagne de Cyrene elait divisee en trois parties egalement fecondes; a peine avalt-on fnii la moisson el les vendanges sur !e Lord de la nier , que Ton passait aux coliines ou les fruits se trouvaient en . plcine niaturite ; et de la , on arrivait sur le sommet des nion- tagnes ou la nature presentait les memes avantagcs dans sa troi- siemc phase de fertilite. D'epaisses fori^ts de tliyons , distribuees sur les flancs seplenlrionaux des raonts de la Pentapole , offraient leurs Lois odorans pour les meubles des Cyreneens, landis que le sylfjJnnin , dont !a valeur egalait celle de Fargent, et que les Cesars renfermaient dans leurs tresors , croissait en abondance dans les lieux les plus incultes de cetle heureuse contree. •> De si grands avantages durenl influer sur les habitudes des Cy- reneens. lis acquirent des richesses immenses , et bienl6t le goiit du luxe et des plaisirs vint a la suite. Ce fut meine la cause de la plupart des dissentions interieures qu'ils eprouverent, et que dans leur aveuglement ils allribualent a la niauvaise organisation de Icur gouvernement plulot qu'a leurs propres vices. Platon con- suite par eux sur le changement a Inlroduirc dans leurs institutions, re leur repondait-il pas que leurs dnnsiuns piwenaient de lews n~ chesses, ct quils lumient hcsoin d'etre prepares par Fadversite au clian- gemenl quils dcmandaient. Dans une position aussl favorable que I'etait la leur, ces Grecs deja degencres, auraient pu jouir d'un repos plus certain ct de triomphes plus ^clatans. « Les Cyreneens avaient a choisir entre une haute existence politique et les douceurs d'une oisive relraite , 208 onlrc line gloirc durable et dcs jouissances passageres, el Ics Cy- rencens dctlaignerent la gloire el s'abandonnereiit aux plaisirs. Lcs courses de char, les rcpas somplueux , la me'odie des chanls, les danses et les feles remplirent le cours dc leur existence. Cyrdne elait dcchiree par des factions, elle elait cnvahic par dcs arincfs elrangcres ; niais lcs cris joyeux des bacchanlcs etouffaient les clameurs politiques , et Icurs danses lascives s'aniuiaicnt au bruil des chatncs qui pesaient stir la palrie.... La voluplc regut le noin special de cettc conlree, et fut meiiic erigee en secte par le phi- losophc Aristippe qui , par un singulicr contraste , dtait disciple de Socrate. Opposer line stdique resignation aux rigueurs de Vinfortune. et icicrifier son bien-etre particulier a ; hien public, itaientdes cliimcres que Von aoait follement decorees du nom devertiis; saisir ai>ec empresse- ment le plaisir fugitif ; ne s'occuper que du moment present sans s'in- nuieter ni de Vaoenir ni du passe ; en un mot , concentrer toutes les jouissances en ramour de soi-mcme et entourcr la vie de roses dont on dciHiit respircr le paifum sans toucher aux rpines : tels elaient les principes fondamentaux de la secte cyrendirjue.... Dcs philosophes poslerieurs a Arislippe , les Carneades et les Eratosthenes firenl entendre, sous les portiques de Cyrene, nne morale plus pure ; mais , quelle influence pouvaient exercer les hautes speculations des sciences, ou les sublimes preceples de la philosophic, sur des esprits enervcs , et sur des hommcs avides de jouiri' L'impulsion elait donnee, el les sages illuslrcrent leur palrie sans avoir indue sur ses mceurs. jNous cesserons done d'etre surpris que les Cyre- neens livrcs a une doctrine volupluewse, et rcgorgeanl de richesses, n'aient jamais pu supporter le poids de la liberie qui s'offrit si souvent a cux : pareils a des enfans capricieux, s'ils mordaienl le frein qu'on leur imposail, c'elait parce qu'ii gc^nait leursfanlaisies, mais ils tn-bucliaient lorsqu'ils parvcnaicnt a le rompre, •> Pcut-clre fera-t-on a M. Pacho le rcproche d'avoir peintdans ce tableau , sous de? couleurs un peu prononcecs, le dogmc de la philosophic d'Arislippc. Sans doule que, d'apres Xenophon , les 'iOf) priiiclpes de ce philosophe deplurent a son iiiaitre ; que suivant plusieurs auteurs de Tantiquite, et surlout d'apres Thrige el Wie- land pvnii los nioderncs, on peutlul attrlbuer un sysleme appuyc sur des bases un peu etendues; mais ii est a craindre cependant qne Ton n'eu ait pas meme dans ranliquile exagere les conse- quences. Le renom de gens livres au luxe et a la volupte que Ton a fait aux Cyreneens, pent fort bien n'elre que la suite de I'opu- lence extreme dans laquelle ils vivaient, etdes biens dont iis jouis- saient avec calme et securite , plutcit que I'efiet des doctrines d'A- rislippe ; et siArele, sa fiile , ful conlrainte de quitter Cyrene, ou clle propageait la doctrine de son pere, ce fut surlout a cause de I'alheismequ'on lul reprochait. D'un autre cote, si un passage de Synesius a pu donner a M. Parbo lieu de supposer que Carneades avail fait retenlir sa voix sous ies portiques de Cyrene, rien ne parait moins prouve quant a Eratosthenes. Se sont-ils trouves i'un et Tautre en position de le fairc ? Quoi qu'il en soil , de ces fails abandonnes au domaine de la criti- que, il resulte que les moeurs des Cyreneens furenl de bonne heure reldchees , el a !a vive peinlure qu'en a Iracee M. Pacho , on pourrait ajouter cet abandon de toute pudeur que Ton voil plus lard erigee en principe par la secle des carpocratiens ^ Tune des plus nonibreuses qui se soienl mon trees vers le temps d Adrien , et d apres laquelle Tausterc morale de TEvangile fut, dit Tauteur, changee en un Code nionstrueux , qui elablil en dogme comme seule source de paix el de bonheur, la libre comniunaute des femmes et de toules sortes de proprieles. Ces principes furent meme consacres par des monumens. Ce sont des fails que Ton metlrait presque en doute, si Ton ne savait que de pareils usages existerenl chez les Nabalbeens, cites cependant comme oxcmples de concorde eld' union, et que Plalon lui-ineme en fil unc des bases de son Ulopie republicaine. Cost avec un grand inierel que , dans le cours de son introduc- tion , M. Pacho signale I'arrivee des Juifs dans celle Grece afri- aio caine, ou ils uecessereiitde montrer le caractere le plus turbulent, et ou ils caus^rent a la province des rnaux tellement cffroyables, qu^Adrien fut oblige dc la repeuplcr de colonies nouvelies; ou bien qu'il trace la marche miracuieuse du clirislianisme a travers les sables dc la Libye. 11 entraine avec lui son lecleur jusque dans Ic temple myslerieux d'Ammon , ou la foi a pendlre. « A son as- pect, dit-il , le corps sacre dcs Hierodules abjura ses erreurs , Toracle qui avail deifid le monde se tut, ct renceinle que la flatlerie avail elcvce au nieme heros, ful consacree a la mere du Sauveur et ne rctentit plus des lors que des louanges adressees au scul el vrai Dieu de I'univers. » La decadence de Cyrene , Tabandon oii les empereurs la laissent languir, les secours que son ^veque, le celebre Synesius dont le caractere rappelle les anciens pbilosopbes , sollicile aupres du chef de I'empire , la presence de quelques hommes que les Remains envoicnt dans la Pentapole, el qui suffisent pour en cbasser les hordes nomades ct sauvages qui Tassi^gent ou Tenvahissent, la Pcnlapole expirante , sa conquele par les Arabes dans le seplicme siecle, le pouvoir des Mamelucics dans le douzieme , et enfin sa prise de possession par les Ottomans en i5i7, el son adjonclion au territoire de Tripoli trente-trois ans apres , sont les traits sail- lans du tableau, par lequel M. Facho termlne Texposition des principales phases de la civilisation de cette conlree de la Libye et des catastrophes qui I'andantircnt. Quel est aujourd'hui Taspect que presentent Gyrene et les pays qui renlourentl' « Livree a dcs hordes barbarcs , dil M. Pacho , Cyrene git maintenant ignoree. Le temps qui rassembia tour-a- tour plusieurs peuplcs dans son enceinte en a confondu les traces ; il en a disperse les mines. Les monumens des arls onl disparu ; temoins et asylcs souilles des races pass^es , quelques tombeaux epars dans la plaine , indiquent seuls au voyageur le lieu ou s'cle- vait jadis la ville au tr/'mc d'or. Mais si les travaux des hommes sont aneanlis, la nature csl loujours la mcme. Le soleil n'eclaire plus ■211 que le deull tie I'antique cite ; les plules bienfaisantes ne tombent plus que sur des deserls , mais ce soleil emaille encore des prai- ries toujours vertes, ces pluics fecondent des champs loujours fer- tiles , les forels soril loujours ombreuses , les bocages loujours riants , les myrles et les lauriers croissenl dans les vallons soli- taires sans amours pour les cueillir, sans heros pour les recevoir. Celle Fontaine qui vit s'clever autour d'elle les murs de Cyrene, jaillit encore dans loule sa force, clle coule dans loute sa fraicheur, et son onde scule interromprait le caltne de ces solitudes, sila voix rauque des patres ou le belement des troupeaux errans parmi les ruines ne se confondaient parfois avec son murinure. » Ici se termine la premiere panic du travail de M. Pacho , c'est- a-dlre , de son introduction a Thistoire de la CyrenaYque. Nous nous occuperons, dansleprochain numero , de la description de la Marmarique. Situation , etendue , etabUssement civil el militaire et population des lies et Hots Jormant les dependances de Vile Maurice (Ile-de-France) ; par M. C. MoREAU. S. Ex. le comte Bathurst^ membra du conseil prive de S. M. britannique et son ministre des colonies, avail, par une dc'peche n» 33 , en dale du 2 avril 1826 , invite les autorites de Tile Mau- rice i recucillir et a lui Iransracllre des etats qui indiqueraienl d'une maniere authenlique le nombre des iles et ilots connus sous le nom de Dependances de Vile Maurice , ayant soin d'enoncer leur position geographique , Telendue de leur territoire , leur popula- tion , leur etablissement civil et militaire , etc. , elc, etc. C'est le i8 aoAt 1826 que le travail a etc termine. Par une depeche, n" 6g, du ig septembre , S. Exc. sir G. Loiv?y-Cole, gouverneur de Tile Maurice , a Iransmis au comte Balbursl vingt-cinq etats con- tenant les renseignemens demandes ; Tarchitecle colonial , baron d'Unionville , les a certifies conformes aux differens rapports des autorites ou princlpaux habitans de ces ties ou ilots. a I -2 Nous exlrayons Je ces renseignemens les passages suivans. He Rodrigiies. — Cclle lie, silucie par ly" 4<'' 4-o" de lalilude sud, et par 63" ii' 20" dc longitude aloucsldunicridien de Greenwich (i), est a 100 lieues dans lest, deaii-nord de 1 ilc Maurice. Sur une longueur d'environ 18 milles de Test a Touest , el une largcur de 3 a 4 milles du nord au sud , elle nc renferine , principalcment dans la parlie occldcniale presque toute couverte de sable el meme denuee d'eau potable , qu'environ g,ooo arpens de terre cultivable. Elle possede deux moulllages, Tun oflVant un port siir et conuiiode dans sa partie nord , el Taulre qui , dans sa partic sud, n'cst qu un baracliois donl Tentree lorlueuse est fort titrolle. Jus- qu'a cc moment , cette ile n'a ele habltee que par i23 individus , savoir : fdles. honimes. i'emmcs. gar^ons. Blancs. 7 5 2 Libres. 2 1 w Esclaves. ^9 28 12 II Plusleurs demandes en concession de terre ont ele lorinees par des personnes de Tile Maurice qui desirent s'y etablir avec le pcu d'esclavesqu'elles possedenl. 11 y avail autrefois a Ilodrlgues un agent du gouvernement ; inais depuls 1S24, il n'y exisle aucun etablisscnient civil ou inililairc. Cependant, si la population ang- menlall , il seralt Indispensable d'y envoyer un agent quelconque pour veiller au malntlen de I'ordre et a la tenue des acles civils. Aucune force navalen'a stalionn^ dans cette iledepuls saconquete. Saintr-Brandon ou Cargados-Carayos. — Sur \e. banc de Saint-Bran- don qui a 27 milles environ de longueur de Test a I'ouest , 12 milles de largeur du nord au sud, et 72 milles de lour, se Irouvcnt douze ilots qui forment cinq groupes separes les uns des aulres d'unc a deux lieues. Cc banc, silue par iG" 27' de latitude sud, (1) Co mt'ridien est a 2" 'K' ■j'(''oucst de celiii de Pr.ris. 21. tt par Scj" 34' Je longitude otientale , a sa pailie ia plus imiridlo- nale a 246 niilles environ , dans le N.-E. i/4 N. , quelques degrcs au nord du port Louis ( ilc Maurice ). Tous les ilots de ce banc nc sont que des pates dc coraux plus ou inoins eleves au-dessus de Teau , et ne sont propres qua servir dc refuge aux equipages des pelits navircs employes a la peche tres-abondante qui se fait sur loute retcndue du banc. Le gouverncinent de Tile Maurice a accorde une jouissance particullere de ces ilols a cinq personnes qui ne paraissent pas encore avoir songe a y former aucun ela- blissement permanent. Le iq mars 1824 , dans un ouragan qui a dure dix hull beures, et qui ne s'est ccpendant pas fait senlir a Maurice, quatre de ces ilots ont disparu. Un cinquienie, iionim^ Vile aux Cocus , a cli st-parj en deux parlies et submerge. Deux baleaax qui s'y trouvaient ont ete perdus , et Ics equipages n'ont trouve de salutqu'en se rcfugiant sur des cocotiers. Biego-Garcia. — Siluee par les 7" i5' latitude sud, et par 72" 32' longitude orienlale , a 1772 milles dans le N.-E. , 5" E. de Tile Maurice , I ile Diego-Garcia a la forme d'un fer a cheval , em- brassant 12 milles du nord au sud, et 6 milles dans sa plus grande largeur. La bale en est assez vasle pour contenir en surele un grand iiombre de vaisseaux. L'llc produil beaucoup de cocos , et ue manque pas de bois a briller ; mais ellc n'a que de Teau sau- m^tre que Ton sc procure au moyen de puils creuses dans le s&ble, heureusement , elle n'est pas malfaisante. La joirlssance en a ete concedee a Irois habitans de Maurice par un arrets du 2 mai 1809, mais a la cliatged'y recevoir les individus attaques de la leprc qui y seralent envoviis par ie gouverncn;ent. La popula- tion lotale se monle a 278 individus dont 87 lepreux, savoir : femmes. gar^ons. filles. 4 5 iiommes. E lanes. 5 Libres. i Esclaves. 168 Lepreux. 36 G 3 3 10 J) 2 3l4 Depuis 1825 , le gouvernement a charg^ Tun dc ces regisseurs du maintlen dc Tordre , tant a terre que dans la radc. Aucune force navale n'a ele stationnce dans celle tic , qui a seulement ete vlsilee dc lemps a autre par les valsseaux de S. M. comme toutcs les lies de cct Archipcl. Les Six'Ilcs. — Ces iles, ainsi iiomniees a cause de Icur nom- bre , son I slluees par les 6" 35' de laliludc sud , ct par 71" aS' de longitude est, a 72 inliles dans le N.-O a peu-pres dc Die'go Garcia, et a 1 188 dans le N.-E., quelques dcgrcs E. de Maurice. Disposees en fer a cheval , dies ferment un niouillage de 8 a 9 milles de lour , donl Tenlree fait face au nord , et qui n'a que deux brasses et deniie de fond. 11 s'y trouve dcs cocotiers ; la pccbe y est abon- dante. Un habitant de Tile Maurice , M. Duperrel , s'y est elabll depuis environ vingt ans avec quelques noirs, sans qu'il apparaisse qa'aucun litre lui ait etc dclivre a ce sujel. Les Trois-Freres. — Entre les Six-lies et les Trois-Frercs donl la longueur est d'environ 18 milles , se trouvent un peu dans I'ouest deux pelits ilots qui ne scat point encore nommes. Le plus meri- dional des deux est fort dangereux a cause du rescif qui le forme. Celui du nord n'est abordable que dans la parlie du N.-O. ainsi que les Six-lies. Les Trois-Freres ont pris leur nom de leur nom- bre. Leur sllualion est par les 6" 10' de latitude S. , ct par 71° 28' de longitude E. Celui du milieu a un petit barachois. On y trouve des cocotiers, du poisson et des lortues, mais on ne s'y procure I'eau donl on a besoin que comme aux Six-lies. Par actc du 18 mai 1823, un habitant de i'lle Saint- Maurice, M. Maure , a obtenu la confirmation de la jouissance de ces iles, 01 11 a etabll une ma- nufacture d'hulle de cocos ; il y emploic 43 individus , savoir : femmcs. gar90ns. filles. h( omaics, Elancs. I Libres. 3 Esclaves. 19 Lcpreux. 5 12 2l5 lies Salomon. — Ges iles , en ralson de leui- iionibre , avaicnt ele nommes priinitivement par les Frangais les onze lies. Elles gisent par les 5» aS' latitude sud , et 72" 35' longitude orientale. Lcur sol est en general superieur a celui de tout le reste de cet Archipel ; et de plus, elles n'eprouvent pas I'inconvenient d'avoir des rats qui fourmillent sur les autres ilols. Outre les cocoliers, il y croit une sorte d'arbre dun Ires-Lon Lois qui s'eleve a plus de 4.0 picds. L'une d'ellcs a 7 '/i niilles de tour, une autre 4 millcs, deuxSmilles, six 2 milles, et une, i '» mille. Elles imitent un bassin arrondi qui forme un bon mouillage pour des batlmens de moyenne grandeur. Deux habitans de Tile Maurice, MM. Williams Stone et Allain , jouissent , le premier de quatre de ces iles , el le second du reste, en verlu d'un acte du 7 septombre iSsS. lis y em- ploient 10 individus , savoir : hommes. femmes. Blancs. 1 " Libres. » » Esclaves. 4- 5 Peros-Baiihios. — Amas de vingt-deux petils ilots , situes par 5'^ 23' 3o" lalit. sud , et par 72" 3' longit. orientale. Les Peros- Banbios , dont le plus grand n'a pas 2 milles de longueur , for- mentun bassin de 18 milles de longueur sur 12 milles de largeur , ayant au N. deux passes , Tune assez elroite et I'autre fort dange- reuse, et une autre assez belle au S. Un habitant de Tile Maurice, M. Magastre , a qui la jouissance de ces ilots a ele concedee par un acte du 18 mai 1823, y a forme un assez bel etablissement d'huile et de pecherie ou sont employes 120 individus, savoir : hommes. femmes. gar^ons. fiUe Blancs. I » » >i Libres. 3 I . I I Esclaves. 58 33 12 10 lie Legonr. — Cetlc ile , decouvcrle en 1820 par lo bieur Lc- 21t gour dunt ellc a re^u le iioiii , est situee par les 5" Sq' latitude sud, et 72" 37' longitude est. Elle a environ 2 nillles de longueur sur 2/3 de mllle de largeur. Un pelil canal d'un al>ord tres-difficile, en fait, pour ainsi dire, deux iles distinctes. Sans mouillage , elle n'offre d'ailieurs aucune ressource ; aussi , M. Legour , a qui la joulssance en avail ele accordee, n'y a-t-il foruic aucun elablis- senienl. Ellc sert de retraitc a uu grand nombre de lortues ct de vaches marines. lies Geoi'ge et Roquepu. — Ces ilcs, placces, dil-on, par G" 20' — 7 10' et 7° i5' de latitude sud, el 60" 4' — G" ^S' <-'t 63" 8' de longitude E. , sont fort douleuses. Au surplus , qu'elles exis- tent ou qu'elles n'existent pas , elles ne peuvenl eire d'une grande importance ; ct tout porlc a croire que ce sonl quclques portions du Lane Taya de JMalha qui ont donnc lieu a dcs navigateurs de croire a resistence de deux iles qu'ils ont alors nommees Georges et Roquepiz. Agalega. — Celle tie, situee paries 10° 2q' 5o" latitude sud, et 56" 55' longitude est, a 5Gi milies dans le nord i 4 N. O., quei- ques degres O. de Tile Maurice , est parlagee en deux par un canal d'environ 5oo toises dc largeur , gueable a mer basse. Elle a environ 1 1 miiles de largeur du nord au sud , el est couverte de cocoliers; mais on n'y trouve ni eau, ni terre vegetale. Elle est fort basse , et n'a point de mouillage. Cependant, un ncgociant de 1 lie Maurice , M. Barbe , auquel elle a etc accordee en jouls- sance , y a forme deux belles manufactures d'huile qui occupcnt 199 individus , savoir : hommes. femmes. gargons. fdles. Blancs. 1 » n >> Libres. 2 » » « Esclaves. io5 53 24 i4 Coetwi. — Siluec par les 7° i5' latilude sud el 5G<* 23' longit. E. , cette lie, de 9 miiles environ de circonfcrencc , possede dans sa panic y. O. un mouillage pour de petils bateaux de 25 a 3o Ion- '21- neaux , mais I'ancragc est tres-mauvals pour Je plus j^rands na- vircs. Le sol lec;er ct de sabic repose sur le corail. II est niel6 de quelques parlies de lerre propres a la culture du niais qui vient assez bien dans les Goo arpeiis de terrain qui lui sont consacres. L'eau y est saumfilre. Un capilaine de navirc marchand , M. La- consorague , qui en a oblenu la concession en i8i/f , en tire du mais, des lorlucs et de I'huile de cocos. II y a un petit etablisse- nient ou sont employes cent individus. hommes. femines. gar^ons. filles. Blancs. i •» » » Lib res. 4 4- 5 6 Esclaves. 4-0 2 3 7 8 l/es Seychelles. — Ces iles , au nombre de ii-ente , dont plusieurs ne sont que des ilols , forment TArchipcl le plus considerable qui depende de 1 ile Maurice. Cet Aicbipe! est comprls enire les 3" 38' , et S" 4S' latitude S. , ct les 55 " 1 5' ct 5G'' i o' de longitude E. He Make. — Ceilc i!e, de ^5 a 76 milles de tour, et de 72,768 arpens de tcrre concedes , est montueuse , mais coupee de ravines et parsemee de rochers. Son sol peu varie a en general peu de profondeur; il est assez bien arrose. Dans sa parlie orienlale, oil se Irouve le bourg de ]\lahe, est une rade pouvant conlenir unc Irenlaine de navires de toule grandeur. La population totalc de cetle lie est de 5,834 individus. hommes. femmes. gargons. filles. Blancs. 208 142 ii3 110 Libres de couleur. 112 io4 5g 55 Esclaves. 2,722 i,364 54o 533 Le gouvernemenl de Mahc se compose d^m agent de gouver- rsemcnt , dont Fauiorile selend sur loules les lies de cet Arcliipel , d'un sous- agent qui est en meme t'emps collecleur des revenus , d'un greffier de Tenregislrement des esclaves , dun juge de palx avec deux asscsseurs et un greffier , dun commissaire de police , 2U d'un arpciiloiir jure,etdc qulnze gendarmes qui composenl toule la force mililaire , sous les ordres de I'ageiU du gouvcrncnicnl. Au- cuno force navale n'a cependant ele slalioanec dans eel Archlpel, raais il est cependant vlslld fort souvent par les batiinens de la station de Tile Maurice. lie Sainie- Anne. — La plus considerable des lies qui forment la radedesSeyrhelles, Tile Salnle-Anne esla environ une lieue dans Test de Mahe. Elle offro uri assez bon sol , et 1,200 arpens envi- ron de terre cultivable, lilie est habitee par 24.6 individus, savoir: hommes. feuimes. gar^ons. filles. Blancs. 3 2 i 3 Libres. i » '• » Esclaves. i33 65 21 17 lle-aux-Cerfs. — Celte ile a la suite et au S. de 'a precedente est beaucoup plus petite; die n'est habilee que par 33 individus, savoir : hommes. fcmmes. garc^ons. filles. Blancs. i i 1 3 • Esclaves. 7 5 7 0 lies Anonyvies et du Sud-EsL— Ces Irols petiles tics k la suite et encore au S. des precedentes, ne sont ni habilees ni suscepfibles de Tetre. Ile- Longue.—Ccllc ile que Ton nomme avec les precedentes les {les Ronde et Mayonnc est un peu a Test des iles Sainle-Anne ct aux Cerfs. Le tout ne forme qu une seule et m^me propriete peu con- siderable , cl babilee par 22 individus , savoir : hommes. fcmmes. garcons. fdles. Blancs. 3 2 13 Esclaves. S ^ » ^ Iles Thereseetde la Conception. — Cc sont des ilots dans TO. et fort prcs de Tile Mahe. lis ne sont pas encore habitcs. lle-aux-Fregates. — L'ile la plus i lest de cet Archipcl n'cst pas habilee, et paraii pen propre a I'elic. He de la Digue. — Celle petile ile , de 3 milles de longueur sur 1/2 mllle de largcur, n'a pas plus de 2,000 arpens dc terre culti- vable, dont 1,454 ont 6le cedes , et sont habites par 364- individus. hommes. fcmmcs. garcons. filles. Ijlancs. 20 i3 23 18 Libres. 4 10 7 g Esclaves. it4 56 4i 29 Un dclegue de 1 agent civil reside a Mahe , et y maintient le bon ordre , sous le litre honorifique de commandant de quarlier. lie Praslin. — La plus considerable de cet Archipel , apr s I'tle Malie , File Praslin n'a gucrcs que i/3 de son sol qui soil culti- vable. Ses recensemens portent 2,5 14 arpens de terre concedes ; elle a un assez bon mouillage dans le nord. La population est de 4o8 individus. liommes. fei mmes. garcons. enfans. Blancs. 16 10 i3 i4 Libres. t 2 t3 i6 4 Esclaves. i5i 87 4i 3i La police de celle lie est confiee a un commandant de quartier , choisi parnii les habitans par i'agent du gouver'nement , auquel il est subordonne. Lcs Cousins et Cousines. — Ce sont deux ilots inhabiles. Les Siturs. — Les Soeurs sont Irois ilots de peu d'etendue , sur lesquelsdeuieureune population de i5 individus seulement, savoir; hommes. feramcs. gargons. filles. Blancs. 3 2 » i Esclaves. 3 » '! 2 Iks Rundc et ile Aiide, — Cos deux ilols inliabites, touchcnt I'ile Praslin. lie Felidle. — Petite ile de peu d'etendue ; elle ne renferme que 34 arpens de terre mis en culture, et une population de 52 indi- vidus. 220 liomPK^s. fcmmcs. gar^-ons. filles. Blanrs. 3 I 2 5 Lihrcs. t n >* I Esclavcs. 1 3 i4 5 7 lies Marianne mix rrscifs du nord. — Ccs ilcr. sorit loulcs tie pen d'imporlance, el sans population. Les fleux iles Denis ei Curieuse sont Ics plus considerables. La premiere avail die donnee en jouissance au capilaine Lesage , el la seconde a un habitant de Maurice , M. Series. Celle-ci , d'en- viron 3 nillles de longueur , sur i i/2.de large , presente 5 a Goo arpens de terre culllvable ; Taulre n'a que 2 niilles de longueur sur I de largeur; on n'y trouve pas plus de i5o arpens de terre sus- cepllbles d'etre mis en rapport. lie Syllioiiette. — Celte He , fort pcu elevec , a environ 9 milles de lour. II s'y trouve i,5i5 arpens de terre, parlages cntrc six proprietaires. La population est de i36 individus, savoir : hommes. femmes. gardens. filles. Blancs. 7 8 26 Libres. i » » « Esclaves. y^ 26 6 6 7/e P/«/e. — Inhabitee, cellcile, de peu d'etendue a ete jus- qu ici destinee aux quaranlalnes des balimens qui onl eu des ma- ladies contagleuses a bord. Les Amiranies. — L'Arcbipel des Amiranlcs presente une reu- nion de onze petiles lies ou ilots , lies seulement par un banc de sable el de corail. Ces iles qui ne sont que des pjites de corail melcs de sable , fort peu eleves au-dessus du niveau de la mer , sont : \ilol Africain , silue par 4° Sg' de latitude sud, el 53' 32' de longilude orien- tate. La plus au S., Vile des Neuf, est situee par 6" 12' de latitude sud, ct 53" i4' longitude est. La plus a Test, Vile Lamperiaire , est situee par 5° i5' de '..Mitude sud , ci .53" 46' de longitude est. 221 La plus a I'ouest , Vile de la Boudeuse , est situce par 6 ' 12' lali-- lude sud-est, 53° 4-' de longilude est. La latitude moyenne de cot Archipel , distant de 84.0 inilles environ dans Ic N. i 4 N. O. 1/2 ouesl de 1 ile Maurice, est done de 5" 35' 3o" S. , el sa longilude de 53° 25'. Toules ces iles qui. sontprlvees d'eau, et qui ne sont gueres propres qua la peche des lortues et des carels, sont inha- bilees. EUes ne sont frequenlces dans la saison de la peche que par quelques habilans des Seychelles , auxqucls la jouissance en a ete accordee. lie Jlphonse. — Cotte lie , a 36 milles dans !e sud des Arairantcs, est siluce par 7' latitude sud, et 53" longitude est, a 80 'j. milles de Maurice; un peu plus grande qu'aucune des iles Aniiraiiles, elle offre une peche abondante. Elle n'est pas encore habitee. Ile de la Prooidencc. — Situee par g° 12' latitude sud, et 5i" 17' longitude est , cetle ile , de 8 milles de longueur sur i de largeur , n'a pas de mouillage. II s'y Irouve des cocotiers ; et plusieurs parties de sa surface offrenl un sol asscz bon , mais elle n'a pas d^eau. La jouissance en a ete cedee a un officier de sanle de i'ile Maurice qui s'est cngag^ a y reccvoir et a y trailer les personnes altaquees de la lepre. 11 y a en couseqiJence forme un elablis- seraent ou se Irouvent 35 individus. hommes. femmes. gar^ons. filles Blancs. I » u » Llbres. 4 2 I » Esclaves. 16 7 . I I Lepreux. 2 » » » lies Jean de Nove. — - Ces ilots , au nombre de cina • situc 10" 12' de latitude sud, et i5° 5b' de longilude est, et de Ircs-pcu d'etendue , sont partout enloures de rescifs , si ce n'est dans la pariie nord ou se Irouve une passe qui conduit a un assez bon mouillage de 5 a 6 brasses pres de terre. Leur sol est le m^me que celui de la Providence ; quelques cocotiers epars indiquent qu'a- vec un peu de soin , cet arbre prdcieux pourrait y rcussir. lis ont iG 222 ele accordes a M. Morgeot, coinme necessaires a Vile dc la Pro- vidence , en raison du mouillage qu ils presentent aux bateaux qui navigucut de Maurice a cette ile. hommes. femmes, Blancs. » » Libres. i « Esclaves. 5 i lie Saint - Pierre. — Celte lie inhabilee est situec par q' i5' latitude sud , et 5o" 55' longitude est. EUe a 6 milles de longueur sur I 1/2 de largeur. Ellp est presqu'iuabordable; scs cotes, vers le N.-O. ou se trouve une petite plage dc sable, ne presentent que de gros blocs dc corail centre Icsijuels la uier vient se briser avec violence. EUe nourril une grande quantllc de pigeons dune espece dont la couleur est brune. I/e Saini- Laurent. — L'existence de celte ile , placee sur la carte de I'lslet Geoffroy par g" 44' latitude sud, et 5i" 25' lon- gitude E. , n'est pas certaine; plusieurs capitaines assurent avoir passe plusieurs fois sur la position indiquee sans en avoir eu con- naissance. lie Astoi'e. — Slfuee dans le N.-N.-O. environ de Madagascar par 10" 10' de latitude sud et 47° ^o' de longitude est, cette lie a peu d'importance, elle n'offre que quelques ressources pour la peche. La jouissance en a ele concedee a deux Creoles de Maurice qui n'en ont pas encore pris possession. lie Je r Assomption. — SItuee par g" 44' latitude sud , el par 46° 4o' longitude esl , cette ile e^t inhabitee , et parait etre de peu de valeur. Elle esl comme la precedente, enlouree de rescifs , ex- cepte dans la partle N.-O. , le seul cole ou elle soil abordablc. lie Aldabra. — Aldabra, par 9" 22' latitude sud, el par 5G" 5o' longitude est, n'est quune masse de gros blocs de corail coupee de canaux, et d'environ 2^ milles de tour. Get assemblage de pellls ilols de corail esl inhabile el inbabllable, n'elant rccouvert d'au- cune terre et n'ayanl pas d'eau. 223 lie Natal. — Petit ilot de fort peu ile valeur , silue par 8" 27' Ae latitude sud , et 46"* 33' de longitude est. lies Saint-Paul et Amsterdam. — Par les Sy" 4^' tie longitude est , et 38° i5' de latitude sud , cos iles , d'un acccs difficile , of- frent peu de ressourccs pour la peche. Elies sont tres-exposees au froid et aux teinpetcs , en sorle qu'elles ne sont frequentees que par des navlres qui vont y faire la chasse aux vaches marines que I'on y trouve en abonjance. DEUXIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. g Jer^ Proces-f^erbaux des Seances. Seance du 2 novemtire 1827. La Societe medico-botanique de Londres remercie la Societe de Geographie de I'envoi quelle lui a fait des deux premiers vo- lumes de ses Memoi res. M. Yosy 1 secretaire de la nieme Societe , annonce que MM. Bertero, Choris , Peyrounenc et Taillefer sont places sur les rangs comme candidats pour le til re de memhres correspondans. M. le vicomle Ernest de Blosscville , conseiller de prefecture a Versailles , transmet a la Societe plusieurs notes qu'il a regues de Sydney , Nouvelle-Galles du sud , a I'adresse de son frere , actuellement en mission a Pondicliery. Ces notes relatives a la de- couverte faite de plusieurs lies et rescifs , depuis le passage de la corvelle la Coquille , sont renvoyees a M. de Freycinet qui les croil dignes dun grand inleret , et veut bien se charger d'en rendre comple a la prochaine seance. M. Ch.-Ed. Guys , vice-consul de France a Tripoli de Syrie , informe la Societe de son projet de voyage au Liban ; il visitera Biblos cl Balbeck ou I'a devance M. le comleAlex. deLaborde. U 3 24 annoncela mortdcM, icchev. Regnau'll, consul de France a Sainl- Jean-d'Acre , Ian des coriespoudans les plus zeles dc laSociete. M. C. Moreau Iransmet de nouveaux details sur les resuUals ob- tcuus dans la derniere expedition anglaise au pole arctique , et an- nonce rarrlvce a Portsmouth de MM. IJack et Kendall, officiers^ de la marine royale, compagnons du capllainc Franklin et du docleur Richardson. Renvoi au coinile provisoire du Bulletin. ( Voir page 229.) M. Cadet de Metz observe a cclte occasion que , sans avoir change d opinion , ni sur Tepoque trop tardive du depart des ex- peditions pour le p61e nord , ni sur ses autres assertions , il croit devoir attendre pour s'expliqucr sur les obstacles qu'a rencontres le capitaine Parry , que cet officler en ait fait connaiire lui-m^me les details ; ceux qui sont parvenus jusqu'ici ne sont pas assez d'ac- cord entrc eux , et laissenl des doutes sur plusleurs des questions qui sont encore a resoudre. M. C. Moreau adresse de nouveaux documens slatisliques pre- sentes au parlement brifannique sur la colonic de Sierra-Leone , et annonce une carte decette colonic, dressee sur les lieux par I'in- genieur W. Spencer. (Voir page 23.3.) Le nieme correspondant fait homnjage i la Society d'un ou- vrage qu'il vient de publier sur la slalistique de I'lrlande , et dans lequel il a essaye de faire connaiire cc pays a Taide d'unc serie de tableaux dresses sur un grand nombre dc documens officiels presentes au parlement britannique, depuis le i3' siecle jiisqu'a la derniere session, en aoAt 1827. II adresse cgalement un etat Indiquant le nom et la hauteur des 126 montagnes dc I'Ecosse, dont 20 ont moins de 1,000 pieds anglais, et io3 ont de 1,000 a 4,38o pieds au-dessus du niveau de la mer. A ce dernier envoi est jointeunc table des positions geographiques des licux les plus reniarquables dc TEcosse , tels que villes , phares , etc., rapportes au meridien dc (ireenwich. Remercimens a M. C. Moreau. M. Jomard coinmmiiqfie une lellre de M. CoraLoeuf, relallve aux operations geodcsiques que cet ofricier superieui vient dc ler- miner dans les Pyrenees pour le service de la nouvcile carle de France , ainsi que le recit de son ascension au sommet du Monl- cal! , a i,"'70 toises. (Voir page sSg.) On lit un rapport de M. Jodot sur le niveau retlecleur de- M. Burel et sur Toctant-hydrostatique de M. W. Barclay. Ce rapport contient des experiences faites par M. Jodot avec le pre- mier de ces instrumens , compare au niveau d'cau et au niveau- cercle. Apres diverses observations sur la nature de ce rapport , la commission arrete que le niveau de M. Burel sera annonce dans le Bulletin. M. Brue rappelle la proposition qu'il a deja faite d'annoncer sur la couverture du Bulletin que la Societe ne repond point de I'exactitude des faits conlenus dans les documens que lul adressent scs correspondans. M. Eyries ne pense pas que le nioyen propose par M. Brue doive dispenser la Socicle dc soumellre a i'examen les documens avant leur insertion. La commission , prenant en consideration la proposition de M. Brue et I'observation de M. Eyries, les renvoie au comitc du Bulletin. M. Sueur-Merlin est invite a rendre complc de TEssal statistique sur la frontiere N.-E. de la France, adresse a Ja Socieie par M. Audenelle. Seance du i6 no^cinhre 1827. L'academie royale des sclejices de Berlin offre a la Socieie le volume de ses Menioires pour I'annee iSa^. Renvoi h M. ie baron Coqucbert-Montbret pour en rendre comple. M. Puissant fait honunage (Van supplement a son Iraite de gdodesle , dans lequel iL s'est eftbrcc de resoudrc, d'uiie maniere simple et rigoureuse, quelques-uncs des questions de haute gdo- 226 desie qui servent de fondement a la geographic inalheinatique. II fait connaitre en meme temps les consequences imporlantes que Ton peul tirer de la nouvelle description geomelrique de la France. M. Goueffin adresse une notice sur la base trigonometrlquc du Var, mesuree par lui et par le capitaine Albert^ dans les environs de Nice. Renvoi a M. le colonel Bonne. M. Warden depose sur le bureau, au nom de M, le capilaine am^ricain Skiddy , plusieurs plans nianuscrits dcs cotes ct des lades de I'Amc^rique meridlonale, que ce navigateur a explorees pendant trois ans. M. Skiddy consent a ce que la Socield fassc graver ces plans. Renvoi a la section de publication. (Voir p. 229. JM. \ ander Maelen , de Bruxelles , offre les quinze derni6rcs li- vraisons de son atlas universel en quatre cents feuilles. Des remer- cimens seront adresses a I'auteur. M. de Ferussac propose que la commission invite un de ses membres a lui rendre comptc de cet ouvrage. M. le docteur Sleasc , de Philadeiphie , remercic la ^ocidte du litre de correspondant etranger qu'elle a bien voulu lui accorder , et promet de faire tous ses efforts pour contribuer au succes dc ses Iravaux. M. le colonel Giraldes annonce I'envoi de la statistique des ties du Cap- Vert , Azores et Madere , pour Tannec 1826. M. C Moreau , deja correspondant etranger , soUicIle le titrc de membre souscripleur de la Societe. Celte deinandc etant ap- puyce par deux membres , la nomination est mise aux voix el adoptee. . M. Brue fait un rapport sur le nouvel Atlas du royaume dc Danemarck , par bailliages, public par M. le chevalier d'Abra- hamson , aide-de-camp de S. M. le roi de Danemarck. Ij apres les conclusions de ce rapport qui est renvoye au co- mile du Bulletin , la Societe accordc a M. le chevalier d'Abra- bamson le titre de correspondant Stranger. M. «k Fcrussac annonce que M, Dussumier, armaleur de Bor- 227 deaux , est sur le point d'entreprendre un nouveau voyage a la cote de Malabar. 11 observe, a ce sujet, que M. Dussumier a ddjci fait de grands sacrifices pour les decouvertes scientifiques , et demande qu'on lui adresse une scrie de questions sur les points qu'il se propose de visiter. M. Pacho lit un fragment de son ouvrage sur la Cyrenaique, pour fairc partle des lectures qui auront lieu a Tasseiriblee generale. Le president fait observer que beaucoup de niembres seront ab- sens a la fin de novembre , a cause des elections , et la commis- sion arrSte que la seance generale annuelle aura lieu le i/J. d^- cembre. §. 2. Admissions, Offrandes , etc. MEMBRES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance du 2 noQcmhre. M. Dedaux , architecte. M. Laik ( P.-A. ), secretaire de la Socictc royale d'agriculture et de commerce de Caen. Seance du 16 novemhre. M. Dussumier , correspondant du Must^um d'histoire naturelle de Paris , armateur a Bordeaux. M. GiROD ( Joseph), professeur au college royal de Bourbon. M. MoREAU ( Cesar ) , vice-consul de France, membre de la Societe royale de Londres. M. Skiddy , capitaine de la marine americaine. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seance du 2 novembre. Par S. Exc. le minslrc des affaires etrangeres : Collection des au- teurs classiques latins, tomes 8g et 90. Paris , 1827 , in-8"'. 228 Par M. le conitc d'llauterlve : Quelques conseils a xxn jeunevoya- geur. T brochure in-8". Par M. Audenelle : Essai statist i(]iie siir les frontieres nord-est de la France. Paris , 1827. Par M, Morse : A new system of modern geography , or a view of the present state of the world, i vol. in-8'\ Par M. Julllcn : Ilrpue enryc/nped/rjiie , cahier dc septcmhre. 1 ar INI. de Leuven : Journal des voyages , cahier de septembre. Par la Sociele royale d'agricullure de Caen : Menwires de cette Socirte , Caen, 1827, tomes 1 ei 2 , j/2-8°. * Par M. Lair: Plusieurs rapports /aits a la Socieie royale d' agricul- ture de Caen. Par M. A. Lemaire : V Affranchissement des Grecs, piece qui a rem- porte le piix de poesie , decernepar V academie jran^aise dans sa seance du 2^ aoiit 1827. Par le directeur du Globe : Plusieurs numerosde ce journal. Seance du 16 novemlre. Par M. Vander Maelcn : Atlas universel de la geographie phy- sique, etc., Bruxelles , 1827, xiy Uvruisons in- folio. Par TAcademie royale de HevVm: AUiandhmgen der Koniglichen nkademie der IVissensr.haftrn zu Berlin. Aus dem Jahre 1824. Berlin , 1826, I vol. iu-Lf°. — Bericht iiher die naturhistorischrn Reiscn der Herren Ehrenlterg und Hemprich , etc, von Uumhohlt. Berlin, 1826, in-l^". — Preisichrist iiher gennue Mcssung der VFinkel an kryslallen, von Kupffer. Berlin , 1825 , in-l^<^. Par la Sociele philosophique de Philadelphie : Transactions of the American philosophical Society. Philadelphia, 1827, vol. 3, part. 1 , new series. Par M. Puissant : Supplement au iraite de geodesie, etc. , Paris , 1827 , //2-4°. Par MM. Eyries el dc Larcnaudiire : Nouvelles Annalcs des voyages , cahier d'octolre. 229 Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geograpliiqiies , cahier d'octobrc. Par M. JuUien : Rei>ue encyclopedirjue , cahier d'octobrc. Par la Soclete asiatique : iV' 62 de son journal. Par le directeur du Globe : Plusieurs numeros de ce journal. Par le directeur du Spectateur oriental : Plusieurs numeros de ce journal. Documens et Communications. ^ Paris , iG novcmbre 1827. Monsieur le President , M. Skiddy , capilaine du paquebot americain , le Henri IV , m'a autorlse a presenter a la Soclele plusieurs plans des cotes et des rades de TAmerique mcrldionale qu II a explorces pendant trois ans ; ces plans sont ceux 1° de la cote du Perou , en deux feuIUes levees par ordre de M. Pezuela , dernier vice-roi , et rec- tifiees par M. Skiddy ; 2° de la rade d'Acapulco , levee par ce capilaine ; 3° du port de Guayaquil ; 4 du port de Mazatlan ; 5" de la rade de San-Blas; G'' huit feuilles conlenanl les plans de differentes iies et rades ; en lout qualorze feuilles. Le capilaine Skiddy offre ces plans a la Soclete si elle veut Lien les faire graver a ses frals , et lui en donner ensulte quelques cxem- plaires. Agreez, etc. D. B. Warden. Retour (1 Portsmouth de I'expedition du capilaine Franllin. Le capilaine Back el le lieutenant Kendall de la marine royale, qui , Tun et Tautre , falsaient partie de Tcxpedltion aux terres arctiques, placee sous la condulte du capilaine Franklin ., sont arrives le 12 du mois dernier a Portsmouth a Lord du navire le 23o Prince de Galles. Ce bailment est le dernier qui ail quitle la facto- rerie d'York , bale d'Hudson , d'ou il mil a la voile Ic i5 sep- tembrc. Ces inlrepides officlers , aussi bien que leur chef, sont en parfaile sante. Tandis que JM. Back parlageail les efforts ot les fatigues du capitaine Franklin , M. Kendall acconipagnait le docteur l\ichardson , et multiplialt les observalions dans Texplo- raiion de la cole orientale , intermcdiaire entre la Mackenzie et la riviere Coppermine. Bien qu'aucune partie de I'expcdilion n'ait encore trace la navigation du passage nord-ouest , chacun des of- ficlers est neanmoins Ires-salisfait de Tissue de rcnlreprise. lis sont convaincus qu'un passage est ouvert du delroit de Davis au delroit de Behring. Ainsi, malgre les dnormcs barrieres de glace qui, dans ces parages, s'opposent a la navigation , ce probleme , le continent de r Amen(jue forme-t-il une tie i' senible aujourd'hui cnlierement resolu. ( Communique par M. C. Moreau. ) Tremhlement de Urre li la Martinique. On ecrit de la Martinique, ep dale du 3o novembre , que dans la nuil du 2g on a ressenti dans cette tie une violcnte secousse de tremblemenl de terre qui a dure 3o a 70 secondcs. Elle se diri- geait de TEst a I'Ouest. C'est la plus forte que Ton y ait ^prouvec de mcmoire d'homrne. jNote sur quelques ties et bancs decouverts par des naoires haleinie.rs anglais. 1" Le capilaine D. Salmon de la goeielle the Prince Regent, ^tant a I'Est de la Nouvelle-PIoUande , le 2 seplembre 1825, par la la- litude 23''.29' o" Sud el la longit. i4.g" o' Est de Paris, d'apres un bon chronom^trc, aper«;ut du haul des mdts, une tie sous Ic vent; plusicurs autres lies se montrerent encore successiveraent. 3] 20I La position geographique de ces iles ful determinee ainsi quMl suit : Latitude sud. Longitude Est de Paris. La i"""^*^ par 23° 28' 149" 20' La 2« 23° 27' 3o" 14.9° 24.' La 3« 23^ 22' 14.9° 25' La 4-''.. 23° 24' i49" 27' La 5"= 23° 24' 149° 3i' La G"^ 23° 18' i49° 36' La 7*^ 23° 18' i49° 3i' Toutes ces iles sont environnees de recifs; I'un d'eux, long et Ires-etendu , offre plusleurs passages ou coupures qui se dirigent en suivant une direction Sud-Est, vers Ics i/es Bunker , pendant i'es- pace de 8 ou 9 lieues. 2° Peu de temps apres on decouvrit a Lord du merne navire , une autre ile gisant par rapport a rextreniite du B reak- Sea- Spit ^ Quest 17' Nord du compas. Sa position ful determinee par 24° 12' do latitude Sud et i5o° 25' de longitude a TEst de Paris, d'apres Ic chronoraetre. 3° lie decouverte par la latitude ii" 12' Sud, et la longitude 162° 1' Quest de Paris. 4° Grouped lies decouvert par le navire the Ahgarris ^ allant de Calcutta au Port-Jackson, par la latitude 3° 18' Sud, et la longitude iSqo 2' Est de Paris. Ces iles s'etendentsensiblement INord-Questet Sud-Est pendant I'espace de 8 lieues ; a G milies de leur partie Sud-Est se trouvc un recif. La situation du groupe fut determinee par des observations lunaires , prises des deux coles de la lune et s'accordant, a un petit nombre de minutes pres, avecun bon chronometre. 5° En 1806 le navire baleinier i!Ae Pocklinglon ^ capitaine Jones, decouvrit une bdture dangcreuse se dirigeanl de I'Est a TQuest, pendant Fespacc de 9 ou 10 lieues. Elie git par 10° 53' de latitude •...32 Sud et 1 53° lo' de longitude Est de Paris par le chrononielre. Sur cclle bature furcnt vues plusieurs tctes de rochcrs. 6' Le navire baleinier the Favourite^ de Londrcs, decouvrit iin banc de sable par la latitude Sud 23° 45', ct la longitude i6i 52' Est de Paris. Un autre banc fut decouvert par le meme navire par la latit. 26^6' Sud, et la longit. 157 '^o' Est de Paris (doutcuse). 7' Le myiretlie Thames, de Londres , capitaineFraizer, decou- vrit le 3 avril 1826 une roche sous-marine dangereuse, dans le detroit de Bass. 11 jugea qu'il pouvait y avoir environ 6 picds d'eau sur cette roche. On relevalt alors le rocher Crocodile au Sud-Sud-Est a la distance de 4- milles. 8 Dans FEst du dctroil de Torres, se trouve le rdcif sur le- quel le navire the Royal Charlote fut naufrage ; il git par 20' ^7' de latitude Sud, et la longitude i52'' 3' Est de Paris. 9 Le navire the Caroline revenant de File Macquarie, situee par 54 24' de latitude Sud, et iSy 36'^de longitude Est de Paris, de- couvrit un recif gisant jNord-Ouest quart de Nord du conipas. De Fcslrcmite Nord de File et a la distance d' environ 11 ou 12 licues, quelques roches furent vues au-dessus de Feau ; la mcr y brisait fortement. L'ctendue de ce recif, prise du !Nord au Sud, est d'cn- viron deux milles. 10" He decouyerte par le navire the Mary , de Londres. Elle a 20 lieues de circonference; au centre est un vaste logon, dans le- quel un petit bdtiment pourrait mettre a Fancre ; la profondeur y est de 2 a 5 brasses et le fond de corail. Sa latitude est de 2 48' Sud, et sa longitude de 174 3o' Ouestde Paris. 11° L'ile Svdnev est par la latitude 4° 28' Sud, et la longitude 179' 20' Est de Paris. On trouve sur cette ile beaucoup de bois, mais point d'eau douce. 12° Ile Simpsons: latitude Sudo' 25' Nord et longitude 176° 20' Ouest de Paris. Le navire the Francis a trouvd un bon port sur cette tie avec des aiguades abondantes. 11 n'y a pas de doulc que cette in- formation ne soit d'une grand c importance pour les navires qui vi~ 233 sileront le Grand-Ocean. Les sondes daws ce port sont de 4 a lo brasses d'eau, fond de saljle -, I'entree a environ y; de millc de largeur enlre les recifs ; Taiguade est facile et peut se faire sur unc plage de sable; le Francis j remplit i5 bariques en 5 heures. On peul aussi se procurer sur cette ile un peu de bois a brAier , et queiqucs noix de coco. Ces fruits et le poisson semblcnt etre la principale nourriture des habilans, qui se sont monlres d'ailleurs tout-a-fait inoffenslfs. o Ti r> • I , ( 3° i// S. . •, I 173° lo' O. Paris. i3° IlesBernies: lat.j 3^ 3^, g_ j long.t. j J^,^^ ^^, ^ p^^..^_ 14.° Ile Sarbuck : latitude 6° 3o' Sud, longitude iSS^ 20' a rOuest de Paris. i5 Un autre groupe d'lles a encore dte decouvert par le navirc the Francis; i! s'etend depuis 1° 3o' , jusqu'a i'^ So' Sud; sa longi- tude est de 173' 12' Est dc Paris. ]6' Ile decouverte par le navire //ze iS'iVrt/Zocv dans sa route de Manille au Port-Jackson ; le vaisseau fut pousse pendant la nuit sur un recif situe a g ou 10 milles de distance de cette ile , qui gfc par 7' 37' de latitude Nord, et 152" 18' de longitude a FEst de Paris. ( Communique par M. DE BlossevilLE. ) Reriseignemens sur Sierra-Leone. Comme le point essentiel, pour former un dtablissement ge'ne'ral , est de choisir un sol etun climat supportable, il paraitrait que jusqu a ce qu on I'ait rencontre , rien ne sera officlellement arrete a cet egard ; mais comme le capltalne Clapperlon assure, dit-on, que le Niger doit traverser la presque totalite du continent d'Afrique, avant de se jcter dans TOcean a Vanse de Benin , il paratt probable que ce sera pres de Temboucbure que I'etablissement central aura lieu , puisqu on dit aussi que ce lleuvc est navigable jusqu a plus de quaire cents lleues ^'«.« BULLETIN DE r r LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. NITMERO 56. ^ DECEMBRE. ORBONNANCE DU ROI. CHARLES, par la {^^race de Dieu, Roi de France et DE Navarre; A tous ceux qui ces presentes verront , salut. Vu I'article 910 dii Code civil, Nous avons ordonne et ordonnons ce qui suit : Art. ler. Sont appro uves les statuts de la Societe geograpliique annexes a la presente ordonnance. Art. II. Notre ministre secretaire d'Etat au departement de I'interieur est charfje de I'execution de la presente or- donnance. Donne en notre chateau des Tuilcries, le quator- 18 242 zieme jour du mois de decembre de Van de fjriice mil huit cent vingt-sept, et de notre regne le quatrlemc. Signe CHARLES. Par le Roi , Le president du conseil des iiiinistres charge provlsoiremenl du porlefeullle de rinlerieur. Signe J" DE ViLLELE. Pour ampliation : Le conseiiler d'Elat secretaire general du ininisterc de Tinte- rieur. Signe baron Capelle. DE g). osc. vc Oouite Ottctutot De i. Pacho dans la Marmarique s'applique , comme il le demonire parfailemenl , a ceux qu'ont reconnus chez les Toiiaricks MM. Oudney , Denham et Clapperton. Cessons done de recherchcr dans le merveilleux une interpretation que la nature meme des choses nous presente , et de nous livrer a des con- jectures a perte de vue , lorsqu'il suffit le plus souvent de la plus legere observation pour renverser les hypotheses le plus ingd- nieusement con^ues. Les voyageurs anglais confirment d'ailleurs les observations de M. Pacho lorsqu ils disent, de meme que lui , 2G2 que si plusieurs de ces signes paraisscnt tres-anciens, d'autres sont trt's-nouveau\. Dans la valine Mareotide , le gres se voil plus souvent que le calcaire; plus loin, iasquh rjkaljah-el-soloum, le calcaire domlne et deviant souvent coquiiier, ou bien il est unl avec le gres. De la an go/fe de Bomha ^ le terrain s'eleve ; mais quant a sa nature, il differe tres-peu de celul qui le precede. Generalement arglleuses, les terres ne sont pas defavorables a la culture; cependant on a loujours a redouter les invasions des sables, si ce n'est dans les bas-fonds abriles par des hauteurs, ou sur des plateaux trop eleves pour qu'ils puissent les alteindre; aussi, ces parties du pays sont- elles les plus ferliles, les bas-fonds surtout, qui conservent le plus long-temps I'eau des pluies. Au surplus, runiforniile qui regne dans la nature comme dans I'aspect du sol , donne peu de variete a la vegetation. Les mcnies especes de plantes se trouvent a quelques unes pres, dans toute la Marmaiique. Vers la partle meridionale des terres cultlvables, depuis la pelite Akabah jusqu'a la Syrle, on remarque une espece ligneuse du genre artheniise , nommee cheah; mais sur les bords de la mer et aux environ&des lacs d'eau salee, se monlrent Ve- phedra^ \a salsola vermiculata, qui s'eleve en arbrisseau; {a. scilla maritima^ qui verte , recree la vue par ses fleurs blanches et dispo- sees en grappes terniinales, et seche, sert de combustible aux habilans, et une espece de mdia , dont la tige est peu rameuse, mais tres-frutesccnte. «Ces deux plantes rappellcnt, diiM. Pacho, ce que nous apprcnd Herodote, sur les logemens porlatifs des Libyens, qui etaient faits en asphodeles entrelac6s avec des joncs, et sur Tusage qu'avaient leurs femmes, de teindre en rouge de garance , les peaux de chevres qui leur servaient de vetemens. » Quelques aulres plantes peu nombreuses, quelques cryplogames, une foule de graminees, sont encore designes par M. Pacho. S'il fait mention de quelques arbusles, c'est sur les contre-forts des coilines, ou dans les crevasses des rochers qu'il les indiquc. Quant 263 aux arbres , a I'exception des palnilei-.s dc Boun-Adjuubali ol de Be- rek-Marsah , loin d'interronipre la Irislc uniformile que preseiitc Taspect du sol , ils se derobent a la vue ; c'est dans les cilernes ruinees, ou bien dans les carrleres abandonnees, qu'il faut en effet chercher le [fi^uier saiwage et le carouhier , qui n'elevant que tris- peu leur ciuie au-dessus du sol, paraissenl comme enfouis dans les entrallles de la lerre : a moins que Ton en soit tres-pres , on les confonJ avec les petils vegetaux qui les entourent. La zoologie se borne aussi a un tres-pelit nombre d'aniniaux. Le soulouk , espece delevrier, originaire de la Barbaric occiden- lale , et dressee par les Arabes, pour la chasse du lievre et de la gazelle, que Ton voit errer par troupes dans les sinuosites des vallees, mais s'avancer raremeut jusques sur les bords de la mer ; le loup de petite espece, le chucal , Vhyene, le herlsson , le rat, la gerboise, sont les quadrupedes que cite le voyageur. Si la tortue s'y montre contme partout ailleurs le plus inoffensif de tous les reptiles, il n'en est pas de nieme du vcniineux scorpion, ni de la sauterelle, donl les bandes cominettenl tres-souvent sur les terres cullivables, les degals les plus effroyables, niais qui, apres avoir subi une cerlaine preparation , deviennenl une ressource precieuse pour la nourrilure de TArabe, qu'elles ont prive de I'espoir qu'il tondait si justement sur le produil de sa recolte. On nc doit pas s'altendre a rcncontrer, dans un pays depourvu deforels, et ou la vue d'un arbre est un phe'nomene, ces jolis oiseaux qui nous cbarment par leur melodie, el par la variele de leur plumage. Les seuls qui frequentent la Marmarique, sontbiien en rapport avec la tristesse generate de la contree; leurs chants ne sonl que des oris sinislres; et s'ils se meuvent, c'esl pour cher- cher une proie. Ces oiseaux sont : Vaigle, le mitan, le vuutour , le corleau , le liibou , la chouelte. Les bords de la uier n'offrent point un spectacle plus riant : i'ulcyun, la cicogiie , Voubara , et d'autres oiseaux aqualiques, sont les seuls que Ion y rencontre. Toulefois a la fin de decenibrc , lorsque la verdure renail , on y 264 voit ties aloueltes , des cailles ^ Acs faisnns , en un mot, up grand nombred'oiscaux voyageurs qui vienncnt se rcposer, et poursuivre ensuile Icur perlodique migration. Les habitans de la Marmarique formcnt, par leur caractcrc , leurs moeurs, leurs usages , deux divisions dislinctes, les Aoiitad- Aly eilts Harahi. Les Aoulad-Aly s'elendent depuis Alexandrie jusqu'a V Akahah-el-SoIoum. Le plateau de Za'rah qui vient ensuile est occupe par les uns et par les autres a la fois ; mais depuls son revers occidental, tout le rcste de la Marmarique est exclusive- ment au pouvoir des Harabi. La nombrcuse tribu des Aoulad-Aly se divise en qualre corps ou Bednats, qui ont chacun leur canton respectif, et sont eux-meincs subdiviscs en families. Outre ces Arabes, on en Irouve encore d'aulres qui apparliennenl au grand corps des Maruboutins , espece d'ordre religieux rcparll dans toutcs les tribus et qui se renouvelle lui-meme dans scs propres descen- dans. Les Aoulad-Aly , les Harabi et les Rlaraboutins , s'eleve- raienf , suivanl M. Facho , au nombre de 38,ooo indivldus au plus ; la nioilie seulement serait armee et sur cette moitie, e'est a peine si un cinquieme possederait des cbevaux. Dans cette premiere parlie de son ouvragc , Fauteur porle plus plus parliculierement son attention sur les Aoulad-Aly, se reser- vant de parler des Harabi, en traitant de la Cyrenaique dont ils forment la majeure partie de la population actuelle. U decrit suc- cessivement leur maniere de vivre, leurs moiurs, leurs usages, leur constitution pbysique, el leurs goilts simples ct paisibles. Nous extrairons de sa dcscriplion le tableau suivant , qui nous a semble plein de charme ; c'est le moment de Parrivec de Tauleur au Catabathmus paivus. « Les deux rives du torrent elaient couverles de camps arabes, la couleur foncee de leurs tcntes coniraslait avec le vert pale d'une vdgetation naissante ; la nature commen^ait a sortir de Tclat de langueur auquel elle est reduite dans ces cantons pendant neuf itiois de Tannce ; les pluies pen^traient dans k-s crevasses de la 265 terre endurcie par ler de Ncder- landsch ont de kkingenl , etc. JSotice sur les Decom>ertes des marins holhmdais, etc. Par M. Bouvard : Memoire sur les Ohsenmtions meteorologiques j'aites a l'Ohseri>atoire royal de Paris. 1 vol. in-4"- Par M. E. Gaultier : Voyage de Naples a Amalfi , par Caslclla- mare et Pompe'ia (Extrail d'un Voyage inedit en Italic , de 1824 a 1827); I brochure in-S". Par M. Everat : IS'otices historigues sur les hibliotheques anciennes et modernes, par J.-L.-A. Bailly; i vol. in-8". Par M. Puillon-Boblaye : Essai sur la configuration et la consti- tution geologique de la Bretagne. Paris, 1827 ; 1 vol. in-4"- Par M. Spencer Smith : Precis d'une dissertation sur un monument arahe du nioyen age , en Normandie. — Le Festin d' Alexandre , ou le Pouooir de la musique. Par M. Frost: An Oration delivered before the medico-botanical of London , 1827; in 4°- Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geographiques , cahier de novenibre. Par M. Bajot : Annales maritimes el coloniales , cah. d'octobre et de novcmhrc. 270 ■ Par M. Touloiizan : VAmi du Lien (2^ cahier, 2"^ annee). Par la Societe d'agricullure de la S^Ine-Inferieurc : Extrail. de ses traoaux. Par la Societe asiatique : iV^ 63 de son journal. Seance du 2 1 decemhre. Par M. Duperrey : Memoire sur les operations geograpliiques,Jaites dans la campagne de la corvette de S. 31. , la Coquille , pendant les annces 1822 a i825 , Paris, 1827 ; une broch. in-S". Par M. Jomard : Lellrea M. Abel Rcmusat sur une nouvelle me- siire de coudee , trouvee a Memphis par M. le chevalier Drovetti ; Paris, 1827. I broch. in-^"- Par M. Toulouzan : VAmidu bien (3*= cahier, Vi'^ annee). Par M. Dannery : Anales de ciencias., agricultura ^ commercio y artes , cahicrs d'aout et de septerabre. Par la Sociele de la Charente : Annales de cette societe^ cahiers de sepfembre et d'oclobre. Par les auteurs : Plusieurs numeros du Globe. SOCUMSI^S ST COMMUNICATZOSarS. Empire Birman. Des delails geographiques fort curieux viennent d'etre donnes sur ce pays parM. Crawfurd, envoye ranneedernierea la cour d'Ava, pour negocier un traile de commerce entre le gouvernement de rinde brilannique ctcelui des Birmans. La legation anglaise ayant remonle le fleuve Irawadi depuls son embouchure jusqu'a la capilalc , dans une elendue de i84 lieues , elle a pu juger qu'on avail singulierement exagere la population de celle partie de TAsie orientale, qui , dans plusieurs recils , est elevce de 17 a ig millions, et meme portee jusqu'a 33 millions. Les villes d'Ava , Amerapura etSakaing forment , avec les lerri- toires qui en dependent, la province la plus peuplee et la mieux cultivee de I'empire ; cependant le nombre des habitants deduit 20 74 de cclui (les maisoiis , qui est atteste par «lcs docuniens publics, n'excede pas 354>ooo. La capitalc ue renfermc guerc que 3o,ooo personnes , el il n'y a pas dans lout I'empire plus de i3grandes villesqui posscdenl une population de 10,000 habitans. Les terrains d'ailuvions s'etendcnt jusqu'a 100 lieues du littoral. Lc della de Flrawadi a 87 lieues dc long; le fleuve a commune- menl une largeur de 600 metres , qui dans quclques endroils est redulle k 60 ; ses eaux sonl elevees de 20 a 3o picds par les plules pdriodiques ; ses diverses embouchures sont iiavigables pour les grands biilimens. L'un de ses affluens , qui est appele TAlaran , peut 6lrc reniont^ , dans un espacc de 17 lieues , par les navires de4-oo tonneaux. D'immeiises forcls de bois de tek , proprcs aux nieilleurcs conslruclions navales , ne sont cloigndes de ses bords que de 25 lieues. La region monfagneuse commence immedialement au-dela du delta , et continue jusqu'a la ville d'Ava, par 21° 5o' de latitude. Ed la traversant dans un espace de 83 lieues , en ligne droile , le fleuve est boide par des coUines de 3oo k 5oo pieds de haul. La base de ces reliefs est formee de brechcs, de grcs calcaires , d'argile cellulaire et de grandes stratificalions de sable el d'argile. Les par- ties superieuressonl formees de pierre calcairebleue et dans quel- ques endroils de marbre blanc dune grande beaute ; niais ce sont les couches alluviales de gravier lesplus basses qui offrciitaugeolo- gue les plus inleressantes decouverles. Llles conliennonl, ouire une multitude decoquillesp(^lagiques, des bois et des osscmens fossiles. Les savans voyageurs qui composaient la legaJion anglaisc ont Irouve dans ces couches et ont recucilli des ossemens de mam- mouth , de rhinoceros , d'anin)aux ruminans , de crocodiles el de torlues. Parmi ces os, il y en a d'une grande dimension et complelc- nient petrifies; leur grande durete, ou peul ^Ire le pcu de temps pendant Icquel ils ont cle roules, a pennis qu'ils conservassenl gd- neralemcnticur forme enlicre: et des parlies considerables de sque- lettes,joinles 4 des dents, donnentrespoirdc determiner leurs genres el leurs cspeces. Ces ossemens , ainsi que les bois fossiles , ont 6ld trouvds ck la supcrficie des couches de gravier ; les mieux conserves sonl ceux recueillis aux environs de puils de petrole , epars sur une aire de i6 mllles carres , et si abondans , qu'on obtient cha- que jour cinq k sept hectolitres de ce llquide , qui se vendent lo i i5 sous ie quintal , pour servjV dliuile a brrtler. II y a lieu de croire que les grandes chaincs de nionlagnes qui scparent dun cole 1 empire birman du royaunie d'Arracan , et de Taulre du royaumc de Siam , sont de formaiion primitive ; et Ion a trouve du granite , des quartz et des schistes micaces , dans ieurs ramifications , qui s'etendent jusqu'a la nouvelle ville d' Am- herst. Dans la province de Martaban , des coHines sont enllere- ment formees do quartz. Ony emploie, pour faire de la cliaux tres- pure, de ia plerre calcaire bicue des monlagnes , qui constilue d^immeascs rochers isoles au niiiieu des plaines , et s'elevanl bms- quement i une hauteur verlicale de 3oo k 5oo pieds , ct mcme , dans un endroit , jusqu'a i5oo. L'un de ces rocs , qui horde peii- daiit plusieurs cenlaines de metres le cours de I'/itaran par un mur perpendiculaire , s'ouvre au milieu pour donner passage a. une branche de ia riviere qui coule avec Iranquiliile sous une ar- che naturelle de Taspect le plus piltoresque. Les mines principales du pays sont celles de fer , d'dtain et d'antimoine. Gependant ii y a des mines d'argent vers la fronliere de la Chine , qu'on dit elre exploilecs avec de grands avantages par Trnduslrie perseverante des habltans de eel empire voisin. Les mines celebres de saphlrs et de rubis , qui fournissent les plus belles de ces pierres precieuses , sont siluees a cinq journees de inarche d'Ava , a Test-sud-esl de celte ville. Les principales €s- peccs qu^on en oblient en grande quantilc sont : le rubis oriental, qui est rare ct d un liaut prix; le sapliir bleu, qui est plus conmiun et dont les echanlillons pesent jusqu'a gBo carats ; le saphir rouge, le rubis spinelle, le blanc, le jaune , le vert , Fopale, ramethysle, la saphir girasol , le bleu avec des reflets pourpres , etc. L'exploralion bolaniquc, coiifiee aux soins dudoclcur \>"allicli, a surpassc par scs succes rallcnie qu'on en avail con^ue. Seize mllle plaiiles , dont 5oo cspcces nouvellcs , ont el^ recueillies par ce botanisle, qui avail oblenu du gouvernement birnian la per- mission de pousser ses recherchcs jusqu'aux montagnes situdes a sepl Ileucs d'Ava. On coniple parmi les acquisilions iniporlantes plusieurs especes inconnucs de vegolaux utiles on agrt'aLles : sept espcces de chenes , deux de noycrs , deux de saules , uu rosier , un poirier et un framboisler nouveaux pour i'Europe. Les diffe- rentes mimosas qui fournissent le calechu ont ete reconnues, et les moyens d'en exlraire ce produit ont ele observes , ainsi que ceux par lesquels on obllent le vernis d'un arbrc qu'on a decou- vert el decrit. Les montagnes , qui ont jusqu'a 4ooo pieds deleva- lion , ont offert plusieurs plantcs de I'llimalaya; niais la plus grande parlie de leur flore est rare et precieuse. Dans les parlies basses du pays , les vegetaux ont des rapports avec la flore de I'lndoslan ; mais un grand nombre d'eulre eux sont nouveaux et du plus grand interet pour la science bolanique etreconomie domes- tlque. Les forets de bois de lek ont ete reconnues , et les moyens de les explorer ont ele apprecies. On en a trouve deux vers les sources d'Ataran : Tune, qui a cinq mlUes de large, contient beau- coup d'arbres dont la circonfcrence est de i8 a ig pieds. Lazoologle n'apas donne des acciuislllonsaussiremarquablesque la bolanique. Les seules especes qu'on ait decouvertes et quon croit nouvelles sont : deux ou trois aniniaux de la famille du tigre ^ mais de dimensions inferleures ; une taupe, un cliien , et deux faisans. Plusieurs singularllcs dignes d' observation ont ele soigneusemcnt decrlles. De ce nombre est le celebre elephant blanc , qui semble un apanage necessaire de Taulorite souveraine parmi les peuples indous-chinols. Cclui existant main tenant a Ava est un albinos male Age de aS ans. On doit mentionncr encore un homme chevelu de la tele aux pieds, y comprls la face et les oreilles , qui sont con- venes de polls longs de hull pouces. Le plus jeunc des enfans de eel homme offre le mfime phenomene. 2-7 Les recherclies historlques ii'onl pas ele sans quelques succ^s. On s' est procure des tables chronologiques conlenant les prlnci- paux evencmcns a la colonnc de feu , s'est souleve de plus d'une archine , et dans quelques endroils d'un peu moins ; II offre Taspect d'un terrain qui auralt ete fouUle de main d'homme, et dontle sol est forme de pierres calclnees, dune vase arglleuse assez epaissc, et d'autres matieres briilces qu'U n'a pas encore ete possible de reconnaitrc co detail, par la raison que jusqu'a present on pent a peine y marcher, meme avecles plus grandes precautions. L'on y volt encore du feu , et dans tout l'empiacement de Teruption les flammes s'echappent aussitot que Ton y remue la terre. Ce feu differe en lout de celul qui brule a 3o werstes de la , pres du temple deslndlens; sa couleur est rouge. II ne s'en exhale aucune odeur, et I'atmosphere qui I'entoure n'est point altcr^e , tandis que le feu du temple est d'une couleur pale , degage beaucoup de gaz aclde sulphurlque, et rend Fair du voisinage penible pour la respiration. Vers la partie meridionale de lemplacement circulaire de la nou- velle eruption, l'on aper^oit nne espece de source bourbeuse , dont U s'eleve sans Interruption des boursouflures d'un deml-pled de haut et d'un pied et demi de circonference ; les colonnes de ( 1) La siijcnr cgale trois arcliliics. celle substance fangeuse s'ebncent parfois a uiie archine et plus; la source a environ ij archines de peripheric. On a re^u a Tiflls quelques ^cbanlillons dcs laves de ce volcan ; ellesontparucoiiiposeesde pierres calcaires laniellees, enlrenielees de parlicules tres-menues et de pelitcs lames dc laic; d'un c6te ellcs offrenl des cristaux rhomboides de spalh calcaire , et sont iinprognees de vapcur de naphte dont rinflainmalion a probable- raent nourri ceUe eruption iricandescenle. Un employe dos mines a ele envoye sur les lieux pour examiner avec le plus grand soin Te- tatactuel des clioscs et chercher lous les details relatifs a ce ph^- Domene remarquable. iS>i Accroisseniens de la puissance russe en Asie. M. Kldproth a recenimcnt conmiunlque a la Soclete asialique , dont les utiles fravaux sont aujourd hui si juslcmenl apprecies, une carle de la Kussie d'Asie, sur laquellc il a marque les Nouvellen frontiercs de Ventpire russe dans cette parlie du monde. Le travail de ce savant orienlaliste nous a paru d'un assez grand interct pour faire connattre ici le compte qu'il en a lul-meme rendu. « Ce n'est , dit-il, que par la force dcs amies que les Russes ont ^tendu leur puissance sur ces vasles conlrees, habitees par des/wr- ghiz-Khai.iaks et d'aulres tribus noniadcs; cV-sl par Tappat du gain qu'elle a laisse enlrevoir aux cbefs de ces peuples, que la cour de Saint-Petersbourg est parvenue a les soumetlre a ses lois, et a les disposer a ne plus gcner le commerce des caravancs qui vont an- nuellement d'Orenboure el de la fronlicro russe de Siberie a Bokhara el dans d'aulres villes de rAsie-maicure. » A peine les princes Kirghiz dlaient-ils entrcs en ndgociations avec les agens du gouverneuient russe , qu'on eut soin d'entourer le pays du cole de TOuest, dune ligne de posies miiilaires, destines ^ lestenir en respect, et a les cnipecher de changer de dispositions. Cette ligne est gardee par des Cosaques ot par d'aulres troupes. 283 Comme ces postes ne sont pas indiquds sur nos cartes, je donne- rai ici imc coiirte description de cette llmile. EUe commence au fovt Zi'erinogolocska , suil la rive gauche de VAlouya^ ct vajusqu'au lac Denghiz-Koul ; de la , elle se dirige au Sud , puis au Sud-Est par les redoutes di'Avlikouhlcaya^ Tchiyanli ^ Danahika, G/'psovdi, Naoun'oumskaya , Kal/anei, Kdikoiipa , Sari-Tour ai oa Tchernaya , Moukoiirkoiipa^ Alehastroodi et Yalaminskdi ., nouvellement cons- truites. Celte derniere est siluee sur la rive droite du Yalama- Tourga'i qui coule a I'Oucst ct va sereunir au Tourgdl. La nouvelle frondere se dirige de la au Sud-Est, el atteinl les moutagnes, qu'elle suit dans une etendue considerable. Plus loin, elle entoure la par- tie superieure du Yao-Yakhclu et ses affluens, continue a filer au Sud-Est, jusqu'auxmontagnes Khultdi^ et aux sources de VAkhou- la; se dirige de la au Sud vers le grand lac BalUiach qu'cUe coupe vers le milieu, passe au Sud des lacs Alak-tou-guul el Ala-koul^ tourne au Aord vers le Sd'saiiy louche presque a sa points occi- dentale, et finit au Nord-Est vis-a-vis de Boulchlarminsk , a la gauche de Vlrtyclie^ qui faisait auparavant la fronliere entre la Sibe- rie et le pays des Kirghiz. » Outre les redoutes situe'es le long de cette nouvelle limile, la Piussie a aussi construit trois forts dans le milieu des pays nouvel- lement acquis ; Alexandrovskaya sur la Noura , St-Nicolas au Nord du lac Karaya et Saiiit-Conslandii BHi^rliS dumont Yakhchi-yanghis- ton. Ces forts protegent les riches mines de cuivre et de plomb qu'on a commence a exploiter ; celles A' Anninsko'i et de Saint- Constantin , dans le voisinage du lac Air-iau; Goiiria'skdi sur les Lords de VIchim; celles de Bagcnou et S! Araktc'teeoskdi , sur les rives du Tersekan; celles de Mys-tau et i" Alexandropsh'i , dans les monis Oulou-iau; celles de Kari et de Blagodainy sar la Noura; celles . {^.Journal de la Societe Asiatifuc.') 285 Colonie anslalse de Vile Melville. Par sa position, ietablissetnent que les Anglais avaient forme dans Tile Melville , scmblait appele a jouir d'une prosperile toujours croissante ; on avait congu de grandes esperances. On croyait que plus favorise encore que Singapore , Melville deviendrait le centre de relations imporiantes, surtout avec les nalurels des grandes lies deTArchipel indlen, et les Chinois; mais loin d'etre couron- nees du succes que Ton avait tout lieu d'attendre, les lentatives que 1 on a failcs , ont pour ainsi dire cchoue. A la defiance, ou a Tin- difference qn'onl monlree les Malais, et qui les a tenus constamment cloignes du port ou on les appelait, se sont reuniesd'aulres causes qui ont puissamment inilue sur le sort de celte colonie. II a faliu s'occuper de sa propre defense ; car les indigenes du golfe de Car- pentarie plus feroces encore, s'il est possible, que ceux du midi de I'Australasie, n'ont cesse de jeler Talarme parml les nouveaux colons, conlre lesquels ils ont commis de nombreux actes d'hosti- lite. On a en vain essaye, soil d'obtenir leur aniilie, soit de se faire craindre d'eux, en sorte que la seconde annee ecoulee, on deses- pcrait encore de pouvoir meme reconnailre Tinterieur de Tile. Dans la realile, c'est a peine si Ton est parvenu a cinq ou six lieues au-dela de la cole. Excursion faite dans T Amerique septeniiionalc. M. G. B. Basch^ qui fit en 182 5 cctte excursion , est le pasteur de la commune prolestante de Curagao. Se trouvant amone par les circonslances, a New- York, i! en a profile pour faire une excur- sion sur la riin'c re d' Hudson. A Texemple de tant d'aulres voyageurs, i! est monte sur un bateau a vapeur pour aller visiter les cataractes du Niagara, et les eaux thermales et minerales de Libarton, de 286 Balslon cl de Saragota. Ce qui le frappa , surlont, a sa sorlie du port de New- York, cc fiit la beaule du paysagc qu'il avail de tout cote devant lui. La navigation par la vapenr est tellement en usage aux Ktats-Unis, qu il y vit, a la fi^te que Ton celebra iToc- casion de Touverlure du canal de I' Erie ^ jusqa'a 22 bateaux du meme genre de celui sur leijuel il naviguait. Plusieurs de ces ba- teaux Irainaient apres cux des barques de silrcfe. Sur les monts Calskile, on apergolt dans le volslnage de deux belles cascades, et . a 3ooo pieds au - dessus du niveau de la nier , une grande aubergc qui parait elre tris-frequentee dans la belle saison. On arrive en 24 beurcs de New -York a AILuny ; c'esl la que la riviere d'Hudson cesse d'i^lre navigable. Albany est une ancienne colonic hollandalse. La langue mere est encore tres-repandue sur les bords de THudson ; ccpeudant, I'anglais predomine, ct eleint peu a peu le lan^age primitif. Les desccndans des HoUandals conservent en- core la foi de leurs percs ; ilsont continue de restcr fidcles a Teglise reformec hollandaise. To!3S les ans ils tiennent un synode, tanl6ta Albany, tantola New-Erunswick, ou ils possedent aussi un col- lege, ou i New - York , oil ils comptent sept eglises. La ville d' Al- bany, siege du senat et de toules les autorites superieures de Tetat de New - York , n'a de remarquable que ie grand bassin que Ton a creuse dans THudson, pour servir de canal a TErie. Les bateaux du canal s'y reunissent, et on le? y dechargc pour mettre les mar- chandiscs dans de plus gros bateaux destines a les transporter par r Hudson , a New- York. On en volt quelquefois parlir d'Albany, trente ou quarante a la fois. Vingt-cinq milles a Test d'Albany, se Irouvent les eaux du Lihanon. Les eaux thermales jaillissent des monlagnes qui separent les etats de New-York et de Massacbuselts ; de la , on jouit de vues charmanles. Une comniunaule de quakcrs treinbleurs s'est efablie a Libanon ineme. Les sources de Bahton et de Saragota sont situecs a 26 cl a 33 nnlles au nord d'Albany ; dies attircut des niil!icrs de vovageurs , on s'y croiralt a Spa ou a Plombicres. Les eaux, quant 287 a !eur nature, sc rapprochent de celles de Spa et dc Sel'.z ; mais le pays ne peut elre compare a I'admlrable scene du Llbanon. Relevedes cdies des anciennes possessions erpagnoles et des Antilles. M. Cortes , ancien capitaine de vaisseau au service d'Espagne , iut charge par cette puissance de faire le relcvc de toules ies c6tes des anciennes possessions et des iles espagnoles dans TArnerique et dans ies Antilles. Cette operation a ele faileavcc Joutlc soin et toufe Texaotitude que Ton devait aftendre de Thabilele du capi- taine Cortes, un des nieilleurs officiers de la marine espagnole. Aujourd'hui cet important travail se public sous la direction meme de M. Cortes , ancien contre-amiral du Mexique. La gravure n'ayant pu s'effectucr au Mexique, le contre-amiral a cte envoye a Hhiladelphie en 1824, pour en suivre la publication. Deja la premiere partie de cet important ouvrage pour la marine et pour la geographic a vu le jour. Elle sc compose de 42 planches , for- mat petit in-folio. Decoucerte de p erics fines dans la pro^^ince de Goyas, au Bresil, On vicnt de decouvrir dans la province de Goyas, au Bresil, et par Ies soins du president de cette provinae, un produit nou- veau qui contribuera sans doule a la prosperite du pays. Pcrsonne n'avait encore pense que Ies coquillages qui abondenl dans Ics lacs des salines, contenaient des perlesjines qui ferment une des branches principales des richcsscs de TOrient. Le president, M. Ga'e'tano Lopes Gama, a fait proceder a Fcxamen de ccs coquillages, et Ton a trouve dans le petit nombre de ceux que Ton a examines , qualre perles parfaites , dont une grande , du poids de 5 grains, et Irois petites, toutcs d'une forme ronde et d'une belle eau. 288 Accroissemcut progressif des revenus du Bresil. Lcs revenus flu BrcsIl sont evalues , tcrme inoyen , a 3,000,000 liv. St. (7 5, 000, 000 fr.) lis sont monies, en 1824, «i pres de 45000,000 liv. St. Dans lcs annees anlerieures Us n'avaient point attaint cette somme , comme on en pcut juger d'apres lcs renseignemens qui suivent: En 1808 546,284 liv. St. En 1818 2,o43,885 En i8ig 2,45i,5o4 En 1830. 2,748,142 Cette amelioration sensible dans les revenus du Bresil , est due surtout aux nouvelles institutions, qui ont eu deja une grande in- fluence sur le sort du pays. ERRATA DU N" 5.5. Pag. 198, ligne i3, au lieu de trois quarts de la population, h'srz un grand nornbre de pcrsonnes. Ibid.^ lign. 21, 1'^'= co!., au lieu de Bonsejo, Usez Consejo. Idid., lign. 24, il^id., au lieu de par Guacave e Valencia, -isez par Guacave a Valencia. Ibid., lign. 21,2" col., au lieu de Babuyao, liscz Cabuyao. Ibid., lign. 2 5, ibid., au lieu de Guibor, lisez Quibor. Pag. 199, lign. 3, i"^' col., aulieude Truxillo, lisez Trusillo. Ibid., lign. 7, 2.« col., au lieu de Berrito, //5e;Cervito. Ibid., lign. 8, ibid., ozi /iVi< Jf Capilanyo, //5(?c Capitanejo. Ibid., lign. 12, ibid., au lieu de Sevinzsi, liscz Sevinza. Pag. 2t)o, lign. 3, 2= coL, aulieude Barangcailla, /we; Baranquilla. Ibid., lign. 3, 2« col. , au lieu de dans la mer ou passe Cartagena , lisez oh Ton passe a Cartagena. Ibid., lign. 7, au lieu de Ada\c:hh , lisez Aui\\c\3\u jSg «400^O94«.»9'^»9«9 sette de S. M. 1' As- trolabe , iaie of Islands ( Baie-des-Iles d la Nuuvelle-Zelande ). Le if) mars 1827. Tres-clier commandant, nous hasardons de vous donner de nos nouvelles par la vole des missions anglaises ctablies ici. IJepuis deux mois, nous sommes sur les coles de la Nouvelle-Zelande , et nous venons de terminer la Geographic de la moltie des deux iles qui forment cette terre, en decrivant one des branches d'un 8 de chiffre, c'est-a-dire qu'atteris au capFouKvind (du vent contraire), nous avons suivi la partie Sud du detroit de Cook et coloye la parlie Est de File septentrionale jusqu'au cap Nord. Ce qui, en y comprenant la baie Tasman et la riviere Tamise, forme un devc- loppement de cotes de trois cent soixante lieues, dont la geogra- phic a ete faite a la distance de quatre milles et souvent plus prcs. Ce n'est r(-ellement que d'a present que la campagne de I' Astro- labe a commence , au milieu des plus grands perils qui , trois fois , ont failli entrainer notre perte complete, lant la navigation est difliclle dans ces parages, sujets a de si frequens coups de vent, menie dans la saison la plus favorable. Le mauvals temps empecha M. d'Urville de commencer la geo- graphic a la baie Dusky; elle ne fut prise qu'au cap Foulwind, et «le la jusqu'au detroit de Cook ; nous ne vimes que des montagnes escarpees et sans port. La baie Tasman , seulement indlquee sur les cartes , est une espece de golfe, sain parlout, d'une quarantaine de lieues de tour, renfermant une foule d'excellens moulllages , dont un a re^u le nom A\inse de I'yislrolale. M. d'Urville, supposant que ce golfe communiquait avec la baie de FAmiraute, a cherche le passage et I'a Irouve. On mouilla le soir. Deux embarcations , t-nvoyees pour connaitre ce passage , furent entratnees vers le fond, avec une extreme rapidite , par uu couranl qui allait les briser sur desrecifs ; elles ne durent leur salut qu'au vent qui leur permil de se servir de leurs voiles. Dans cette circonstance , MM. Lotliu et Gressien, quilescommandalent, taillirent renouvelei- la catastrophe arrivee a La Perouse, au Port-des-Fran9ais. Cependant, dans la liuit , la position de la corvette devint tres-crilique , par I'effet d'unegrossc mer , el sous une c6te qu'on ne pouvait eviter en cas d'appareillage. Un des cables rompit ; une seule chaine nousretint, encore vit-on le lendcmain que la patte de son ancre avait ele bri- see, et que par son seul moignon nous avions soulenu les efforts de la mer, qui, embarquant par I'avant, arrlvalt jusqu'a I'arrlere. Nous piimes entrer dans la bale , au fond de laquelle se trouvait la passe ; nous y fiimes pris de calme et a la merci des courans qui entrainerent l' Astrolabe avec son ancre, et,la firent pirouetter dans lous les sens sur les rochers de la cote , coinnie U est difficile de s'en faire une Idee. Nous ignorons comment II nous fut possible de les efHeurer ainsi sans Its beurler; car on en voyalt, sous le beaupre, qui n'etaienl pas recouverls de plus de trois a quatre pleds deau. De promptes manoeuvres nous tirerent de ce pas difficile; et, une heure apres , nos geographes etalentsur le sommet des montagnes a reconnailre les environs, pendant que nous nous occuplons de nos reclierches d'histoire naturelle. Cependant la passe fut reconnue : elle est herlssee de rochers a fleur d'eau , enlre lesquels passent de rapldes courans ; sa largeur n'est que d'une deml-encablure; etles marees renversent si promp- tement qu'Il n'y a qu'un quart d'heure ou la mer y solt calme. Le soir, la corvette fut mise en apparelUage dans le fil du courant, a un deml-mlllc de la passe; une mauvalse tenue et de tres-fortes rafales nous firent cralndre d'etre entraines la nult, dans le lieu que nous devlons franchir; et, le lendemaln 28 janvler, a hult heures un quart du matin, nous nous y engageames , aides d'un vent leger. Nous fiimes promplement au milieu du plus violent courant que nous ayons jamais vu, ayant a notre gauche les rochers que la mer blanchlssalt d'ecume. La brise manqua , et V Astrolabe 296 louclia deux fois, en inclinanl niemc assez tbrtcment. Ndanmoins elle descendit inajestueuscmcnt dans une vrale cascade de rcmous et de tourbillons d'eau. La manoeuvre de M. d'Urville fut une ma- noeuvre intrepide; et, dans I'instant ou elle s'executa , il n'elalt pas sans Interet de voir, sur des figures briklees par le soleil, cetle sorlc d'anxiete que comportait la circoiistance. Ce passage, qui a ele nomme Passe des Franfais, elablil une communica- lion enlre la baie Tasman et celle de rAniiraulc , ct fail une He de toute la terre qui se prolonge, jSord el Sud, a pcu pres pendant I'espace de cinq lieues, dans le detroil de Cook. En continuant la geograpbie de la cole, un coup de vent nous en ecarta pendant qualre jours, apres lesquels nous revinmes au point que nous avions Uisse. liientot nous nous enfoncAmes dans la baie d'Abondancc, golfe profoud, parsenie d'ifs et de recifs. iSious y reijilaics , de null , un coup de vent absolument seniblable a cetui que nous eprouvanies avec vous dans le dctroit de Lemaire. Comme il nous porlait sur la terre, nous dtions obliges de preter le cote , n'ayant que la voile de grand etai, qu'on n'avait pu com- pletement bisscr. La tempete , melee de plule , dura jusqu'a onze beures du lendemain matin : on ne voyait pas a une longueur de navire. Tout-a-coup le ciel s'cclaircit pour nous monlrer devant nous^ a moins d'un mille sous le vent, une cbaine d'effroyables brisans sur lesquels le vent et une mer d'une grosseur prodigleuse nous jetaiei.t. Jamais navire ne s'est trouve dans une position plus difficile. AussitAt Fylstrolahe fut couverte de toute la voilure qu'elle pouvait porter, et pendant vingt minutes que nous mimes a dou- bler ces dangers, nous eumes sous Ics yeuv le spectacle de notre destruction la plus complete , el sans que jamais on eilt su ce que nous serious devenus ; car ces rocbers se trouvaienl a six lieues de terre. C'est probablcment dans de pareillcs circonslances qu'auront peri les navircs de La Perouse. Nous avions encore a craindre la cote sur laquelle nous elions portes ; mais le vent elant devenu plus favorable, nous nous en 297 t'loignAmes et nous sortimes de cc golfc, pour y rcvenir bienlot toutefois, reprcndre avec Constance nos travaux de geographic, a peu pres au point oil nous avions etc forces de les abandonner. M. d'Urville explora ensuite I^ riviere Tamise , et decouvrit , avant que d'y entrer, plusieurs grandes lies formant entre elles des ports magnifiques et bien fermes, ou les eaux sont toujours calmes. Malheureusement le temps, qui nous pressait, ne permit pas de reconnaitre avec details plusieurs de ces enfoncemens qui doivent singulierement modifier I'aspect de cette partie de la Nouvelle- Zelande, telle qu'elle est figuree sur nos cartes. Toutefois plusieurs dYntrenous ont constate parterre, en traversant un espace de deux milles, que lalXouvellc-Zelande forme, en ce lieu, une vastepeninsule dans laquelle la baie of Islands se trouve comprise , ainsi que plu- sieurs navires baleiniers Tavaient anterieurement indique a M. de Blosseville. Partout nous avons communique avec les indigenes, qui nous ont fourni des vivres frais assez abondamment. Leur naturel belli- queux est toujours le meme , et semble s'accroitre dans quelques Iribus par la malheureuse facilile qu'ils ont de se procurer des amies a feu. Au moment ou nous passions en vue du cap Bret, une armee de plus de vingt grandes pirogues , ayant cbacune de vingt a quarante hommes , prolongeait la cote et allait porter chez ses ennemis le ravage et la desolation. Pomare , un des chefs les plus entreprenans de la baie of Islands , devastait depuis plu- sieurs annees les environs de la riviere Tamise : 11 a ete com- battu , tue et mange par Terangui, qui , lui-ini^me , nous racontait ses exploits, en nous montrant les depouilles de Pomare, qu'il portait avec lui. Nous allons maintenant visiter successivement les lies des Amis , les Fidji , les Arcliipels de Santa- Cruz, de la Louisiade , etc., et la Nouvelle-Guinee : d'Amboine , nous vous ferons connaitre les travaux qui auront eu lieu. Nous esperonS y trouver une de vos lettres ; et plus tard , une seconde a ITle -de- France ou a Bourbon. 298 Nous avons adresse , du Port-Jackson , a I'AcademIe , cinq cent cinquante-cinq dessins d'histoire nalurelle, accompagnes d'un teste. Quoique les dangers que nous avons courus solent bicn fails pour nous decider a envoyer un double de nos Iravaux , I'occasion qui se presente aujourd'hui est teilement incerlaine, que nous n'osons hasarder une vingtaine dc plantes que nous devons a la Nouvelle-Zelande. Notice annuelle dcs travaux dc Li Soclcte dc Gco^rapliie, par M. DE LARENAUDiliRE , Secretaire general dc la Commission centrale. Messieurs, L'annee qui vicnt de s'ecouler a commence pour voiis une ere nouvelle. Les oscillations de rinexperience n' exis- tent plus. Vous maicliez d'un pas ferme dans la route tracee par vos fondateurs ; ils avaient entrevu vos desti- nees, vous les accomplissez ; et si vous croissez chaque jour en consideration dans I'esprit des hommes a idees genereuses, c'est que vous bornez votre gloire a etre utiles sans rien sacrifier aux capinces de la vanite personnelle. Dirlger le talent des autres , renrichir du fruit de vos recherclies , et recompenser les decouvertes dont vous avez indlque la route, vqila toute votre existence : elle est belle, et il y aurait du mecornpte a poursuivre un autre avenir. \(3us avez laisse an temps scul a vous indiquer les im- perfecLions et les lacunes de votre rcglement j apres cinq annees d' experience , vous avez ajoute a vos statuts ce qui vous paraissait y manquer. Inspires par la reconnaissance. 299 vous avez decerne a vos anciens presidens le titre d'Ao- noraires ; vous I'avez e{jaleraent accorde a M. le baron de Humboldt, dont le nom seul rappelle le plus celebre voyageur des temps modernes ct le savant le plus uni- versel et le plus obligeant. Pour la premiere fois , vous avez fait usage de I'un de vos droits les plus precieux : le renouvellement de votre Commission a prouve que le zele pour la science etait le seul titre a vos sufli'ages. C'est une autre obligation de devouement que vous avez imposecf a vos del('gues ; ils en comprennent I'etendue, et leurs nouveaux efforts ont deja repondu a votre nouvelle con- fiance. Nous avons eu le sort de toutes les institutions hu- mainesj on nous a quelque temps observes avant de s'unir a nous. Le but de nos travaux commandait la confiance : nous I'avons obtenue. Nous ne soijimesplus isoJes dans le monde savant. Les Academies de Berlin, de Saijit-Peters- bourg , de Turin , les Societes asiatiques de la Grande- Bretagne, du Bengale, et medico-botanique de Londres , la Societe royale de Gottingue , les Societes philosoplii- ques de New-York et de Philadelphie ,.plusieurs Associa- tions americaines et Societes savantes fran^-aises et etran- geres, sont en correspondance avec nous,nousenricbissent de leurs recueils, et aj^puient de leur noble patronage les voyageurs qui partent sous nos auspices. Le concours de 1826 etait une de ces bonnes fortunes scientifiques qui ne se reproduisent qu'a de longs inter- valles. Moins lieureux en 1827, vous n'avez pas eu de couronnes a domier. Le rapport deM. le comle Andreossy 3oo n jete mi jour nouvcau sur la question proposec , clont. il a fait ressortir des difficultes imprevues. Le projet d'un barrajye a I'eirT'bouchure do la Seine pouvait avoir des consequences trop graves sur la hauteur des marees et la duree du glein , aux diflerens points de la cote meridionalc de la Manclie , et notamment dans les ports du Havre et d'llunfleur, pour que la Societe ne mit pas au concours cettc iniportante question. Un seul 'memoire a ete envoye : il n'eOleurait qu'a peine les de- tails du programme. On s'est d'aillem-s convaincu que la question principale, a laquelle se I'attacliaient les questions subsidiaires , etait encore en discussion parmi les gens de I'art liabiles et d'une experience consommee. Dans cet etat de clioses , vous avez cru convenable de retirer le prix propose Vous avez laisse au Qoncours la plupart des autres su- jets. Des explorations d'une utilite plus ou moins evi- dente ont ete indi([uees. Parmi ces dernieres, nous ci'oyons devoir signaler a Fatten tion des amis de la science, la pro- position d'un vojage a Vouest du Dar-foiir. Dans I'itiije- raire trace, soit qn'on parte de points visites par Browne, pour penetrer sur les bords du Misselad , soit qu'on quittc ses rivages ou la capitale du Bargou , pour atteindre le lac Tchad, tout est decouverfe. II s'agit non-seulement ici de la reconnaissance de lignes nouvelles , mais de la solu- tion d'une partie duprobleme hydrographique de I'Afrique centrale. Ce perilleux voyage acheverait la geographic du Tchad , il leverait les doutes qui existent sur la marche (M, la direction des aflluens du Sharry , sur la pente des 3oi • caux, sur le movivement et I'elevatlon des liaiUeuis, e(; surlerellefdu sol dans I'espace indique. Quelle nioissou de gloire reservee au succes d'une telle cntreprise ! cl, quelle gloire pour la patrie si I'lieureux explorateur sortait un jour de son sein ; si un nom fran^ais vc- nait se placer a cote des noras des Dcidiam et des Clap- perton ! Le projet d'une exploration de I'ancienne Babyionie et de I'ancienne Chaldee se presentail. avec trop de se- ductions scientifiques^ et au milieu d'un cortege de sou- venirs trop imposans pour n'avoir pas etc admis au concours avec un empressemcnt legitime. Toutefois la verite nous oblige a reconnaitre aujourd'liui que les tra- vaux des Niebliur, des Renncll, des Rich, et dernierement des Keppel et des Buckingham, out en grande partie epuise de telles recherchesj que, si elles n'ont rien perdu de leur attrait, elles ont vu s'eloigner I'interet de k nou- veaute et le prestige qui s'attache au cai^^ctere de de- couverte. Cette reflexion nou^s conduit a un autre aveu; c'est que la Societe doit se niontrer d'autant plus exi- geante que les observations sont plus nombreuses, que I'etat des mines de cette partie de la^esopotamie est mieux connu, et que la contree inferieure du cours de I'Euphrate et du Tigre est aujourd'liui mieux decrite. Loin de nous cependant la pensee de refroidir le zele de I'intrepide voyageur qui medite peut-etre en ce mo- ment une nouvelle excursion sur le soi qui portait les im- menses jmirailles, et les palais enrichis des depouilles de I'Asie, e^es jardins enchantes de la ville de Semiramis. 3o2 Sous Ic tertre do o;azon qui remplace tant do magnifi- cence, il est, n'en doutons pas, des traces a interrojrer et des identites a reconuaitre. Le Modjellibcli, la plus haute afjglomeration de ces masses d'argile ct de bitume, restes de la grande cite, recele une immense quanlite debriques cuites au soleil, couvertes de caracteres inconnus imitant des pointes de fleclics, caracteres qui semblent traces d^liier, tant ils sont purs et bien conserves. L'emplace- ment oii fut Ninive a fourni des pierres antiques couvertes d'inscriptions hieroglyphlques. Des fouilles, conduites avec metliode, ameneraient sans doute des resultats plus importans. Un Herodoteala main, lamemoire remplie des descriptions des Diodore, des Strabon, des Pline et des Quint-Curce, un explorateur erudit pourra completer la reconnaissance des muraiJles de Babylone, reconnaissance que Rich et Buckingham ont conduite assez loin et presque touj ours avec bpnheur.En descendant le fleuve, des mines arabes arretcBont I'observateur j elles ont ete identifiees avec des villes anciennes ; c'etait un efTet habituel de la predilection de d'Anville pour la geographic classique: un examen plus reflechi conduira peut-etre a voir une cite musulmane dans les riches etlegeres colonnades qui sont encore debout pres de Zobeir , et a placer ailleurs la capitale des Orchceni, indiquee dans cette partie par le grand geographe fran9ais. La Societe, dirigee par les vues genereuses qui Font reunie, n'a pas cru devoir se borner a faire les fonds d'mi assez grand nombre de prixj elle a voulu, par tous les moyens qui sont en son pouvoir, scrvir encore l^!?lnterets 3o3 dcs branches acccssoires tie la (jeograpliie. Pour arriver a im tel resultal,, elle a decide que des instrumens seraient distribues aux voyageurs, soit pour des mesures baro- mefrlques et geodesiques, soit pour des observations de climalologie ou des recherches sur les courbes magneti- ques. De jeunes voyageurs ont obtenu deja ces moyens d'execution. MM. Bertero, Clioris, Peyrounenc et Tail- lefer, vont se livrer^ sous les auspices de la Societe, a I'ex- ploration de diverses contrees de I'Amerique du Sud. C'est pour eux que notre collegue, M. Brue, a redige une serie de questions qui faciliteront leurs travaux, eclairci- ront leurs incertitudes et dirigeront leurs recherches sur les points qu'il importe de rectifier ou de connaitre. C'est encore pour eux que la Societe a reclame la puissante protection de votre President. S. Exc. porte un nom trop clier a la science, et tout ce qui se rattache a I'honneur fran^ais I'interesse trop vivement pour que I'heureux re- sultat de votre demande ne fut pas facile a prevoir. M. le comte de Chabrol a bien voulu nous donner I'assurance que ces jeunes voyageurs trouveraient tous les bons offices dont ils pourraient avoir besoin aupres des commandans des forces navales de S. M. et des consuls etablis au Chili, au Perou, a Mexico et dans la Colombie. Ils obtiendront dans cette derniere con tree une protection toute speciale; il est doux de penser qu'ils vous la devront encore. M. Hurtado, ministre plenipotentiaire de la Colombie, a Londres, et M. le capitaine d'Acosta, ont remis pour eux a la Commission centi^ale des lettres de recommandation adressees aux autorites et aux personnes notables de leur 3o4 nauio. lis font plus, ils veulent bien cooperer cux-memos alios travaiix : ils ontpromis de nous i.iansniettre les ren- seip"neniens qui pourraient etre demandes sur une contrec dans laquclle la geographic positive, rcllinographic ct riiistoire naturelle ont encore tant de conquetes a faire, tant de moissons vieiges a rccueillir. Le zele de vos correspondans nc s'est pas ralenti : M. Bei'gliaus vous a donne sur le iiivellement de I'Oder, des details curieux, et promis de vous tenir au courant des operations relatives a la mesure trigononietrique des etats prussiens. M. de Humboldt nous a transmis mi rap- port sur les voyages et les travaux de deux natnralistes , MM. Eliremberg et Hempricli, dans le nord de I'Afrique et dans I'ouest de I'Asie. M. Moreau, vice-consul a Lon- dres, qui semble s'attacher a la Societe, en proportion des services qu'il lui rend, vous a communique une foulc de documens officiels que votie Bulletin s'est empressc de vous faire connaltre. M. l-'abbe Anduze, qui a passe deux annees dans I'Amerique du Nord, ou il se propose de retourner , vous a demande des instructions , en pro- mettant de repondre aux questions qui lui seraient adres- sees. M. de Hammer, que vous vous honorez de compter parmi vous, vous a donne une preuve de i'importance qu'il attache a vos conseils , en appelant votrc attention sur les cartes qui accompagnent les i" et i<^ volumes de son Histoire de I'empire ottoman. M. Moris vous a soumis uri plan de recherches sur la statistique generale, en vous presentant le tableau comparatif de la population et de la superficie de la France. 3oS Le projet d'une correspondance destinee a I'avance- ment de la meteorologie , par M. Morin , vous a paru de- voir contribuer a celui de la geographic, sous le rapport des observations barometriques j vous I'avez encourage. C'est encore dans I'interet de la mesure exacte des hauteurs, que vous vous e,tes fait rendre compte du ni- veau reflecteur de M. le lieutenant-colonel Bui^el, dont on s'est servi avec succes pour le nivellement du cours de la Meuse. Get instrument parait devoir contribuer a la rigoureuse precision de ces sortes d'operations , d'ou de- pend la perfection de cette carte hydrographique de la France, I'un des projets les plus utiles sortis de votre sein. Vous avez suivi avec interet les nouvelles operations de M. le lieutenant-colonel Coraboeuf, dans lies Pyrenees. II a termine les travaux geodesiques depuis la base de Perpignan jusqu'a celle de Gourbera. A i5']o toises au- dessus de la mer , sur le sommet du Montcal , une neige abondante et un froid rigoureux lui ont oppose des obstacles sans cesse renaissans. Les operation? du premier ordre sont achevees. Pour completer les determinations secondaires, il a fallu que son zele vint au secours de ses forces. Notre coliegue se propose de communiquer a la Societe le resultat de ses travaux, et d'en enrichir nos Memoires. « De nouveaux manuscrits d'Ebn-Batouta et d'Ebn- Khald'oun , annonces par M. Rousseau , sont attendus avec impatience. Le recit du premier de ces voyageurs , dont jusqu'a present nous ne possedions qu'un extrait 'i'l 3o6 «'!clairci par les remarqucs de Kosegarien, est d'une haulc imporlance pour la geo{jrapliie aCricaine du raoyen afje. C'est Ic premier voyageur qui ait penetre dans le centre de rAfri([ac , parmi ceux dout les relations sont venues jusqu'a nous. II forme la liaison entre les cosmographes du i4° siecle, et Leon I'Africain , qui n'a tcrit que dans le i6*. Ebu-Batouta a traverse I'Afrique dans deux sens difl'erens , du nord au sud , et de Test au nord- ouest. Les notions qu'il nous donne s'accordent sur pres- que tous les points avec les relations les plus recentes des voyageurs modernes , et la lecture reflecliie de Leon prouve qu'il n'a pas neglige de mettrc a contribution les renseignemens fournis par son habile predecesseur. Le manuscrit annonce serait-il scmbiable a la copie com- plete qu'on dit exister au Caire , et dont la transcription etait si vivement desiree par notre collegue M. Walcke- naer? Ce serait luie bonne fortune geographique , et la Societe se haterait sans doute d'en faire jouirle monde savant. Les seanCes de votre Commission se sont animees par des rapports verbaux et des lectures faites par MM. Jo- mard , Eyries, Girard , Barbie du Bocagc, de La Ro- quette , Bianchi , Cadet de Metz , et plusieurs autres Membres. Parmi ceux qui se distinguent par nn zele sou- tenu , M. Warden ne doit pas ctre oublie ; il nous entre- tient souvent de tout ce qui concerne I'Amerique du Nord. On lui doit, dans le dernier volume de nos Memoi- res , un grand travail sur les antiquites americaines ^ et les ruines de Palanque. Nous croyons savoir qu'il a me- 3o7 i-ite les suffrages de M. de Humboldt : il est permis de les ambitionuer quand on traite un tel sujet. Votre bibliotheque , ouverte tous les jours , s'enrichit des preseus des amis de la science, de ceux qui la culti- vent, comme de ceux qui la protegent. LL. EE. les Mi- nisti'es de la Marine , de la Guerre , des Affaires etrange- res et de I'lnterieur , M. Becquey, directeur-general des ponts et chaussees et des mines, vous continuent une bienveillance d'autant plus precieuse , qu'elle est plus eclairee ; des etrangers et des Fran^ais distingues suivent un si noble exemple. Leurs offrandes sont consignees dans votre Bulletin, avec I'expression de votre reconnaissance. Les travaiix individuels de vos Menibres sont nom- breux ; j'en rappelierai quciques uns. M. DiqDin, qui avait instrnit i'Angleterre des merveilles de ses forces productives et commerciales , rend aujour- d'hui le meme service a la France ; il lui apprend tout ce qu'elle est, tout ce qu'elle vaut et tout ce qu'elle pourra valoir. A I'aide de la puissance des chiffres, il montre le present en regard du passe , et Ton s'etonne des importan- tes revelations faites par des calculs de statistiquc , et de la fecondite de ces deux idees , forces productives et com- merciales. C'est en procedant ainsi , que les forniules ma- thematiques depouillentleurseclieresse, s'emparent de la pensee, et conduisent a ces meditations profondes , d'oii sortent d'utiles projets pour la direction et la prosperite des empires. A cette branclie de la geographic se rattache I'intro- ductlon que M. Girard a placee en t^te du Memoire 3o8 de Gerstnor , sur les grandes routes, les chcmins de fer et les canaiix dc navig^ation , dont M. Terqiiem a donne la traduction. Le travail de M. Girard est, complet dans sa brievete. Cest a-la-fois I'historique de I'art depuis ses plus anciens jours , sa theorie progressive ^ et sa partie politico-industriellc et financiere, traitee sans prevenlion et sans engouement systematique. Des hommes auxquels il est perrais d'avoir une opinion en jj^eographie , rcconnaissent le besoin d' une direction pliilosophique dans I'etude de cette belle science. Comnie eux, M. Denaix a ete frappe de I'imperfection de iios metliodes elementaires. II est entre dans la route ou- verte par les Kunz, les Hanzog, les Hoffmann, et s'cst fait disciple de cette nouvelle 6cole , a la tete de laquelle marclient les Lacroix, les Zeune, les Ritter. Ses Es- sais ont pour but d'elever tout I'edifice sur les deux bases fondamentales de la geograpliie naturelle et compara- tive. Son introduction a la geographic physique et poli- tique de I'Europe est redigee d'apres cette nouvelle me- thode qui s'appuie sur I'esprit d'analyse qui domine toutes les branches des connaissances humaines. Cest ce meme esprit d'analyse qui fait de la geologic bien comprise , I'auxiliaire des textes sacres , sagement interpretes. Dans des jours de frivolite, I'ignorance le- gere et spirituelle s'etait jouee du recit de la creation de Moise. Les travaux serieux des Deluc , des Cuvier , des Buckland , des VYebster, ont mis I'epigramme aux prises avec Tobservation j et I'epigramme a eu tort. La geologic , a son tour, s'est presentee avec ses decoin'ertes j et Ton 3o9 salt qu'elle ii'a pas ct,e recusee par un noble prelat, dans des reflexions de Toidre le plus eleve, sur Mo'iae considere comme historien des temps primitifs. L'examen de cette partie des conferences de M. d'Hermopolis, public dernierement par M. de Ferussac, est digne de i'ouvrage sur lequel ii s'exerce et du grand sujet qu'il traite. Si I'etude du sol terrestre a tant d'attraits, celle de la classification des peuples, ou relhnographie, n'a pas un cliarnie moins puissant et une moins grande utilite. La iangue est le caractere principal a I'aide duquel le geo- graplie et I'historien peuvent e(, doivent distinguer les races differentes. La permanence des langues survit aux revolutions politiques; et lors nieme qu'un peuple a perdu son idiome, en s'amalgamant a un autre peuple d'ori'^ gine differente, le nouveau produit qui resulte de ce me- lange signale encore dans sa prononciation et dans la masse de ses mots les elemens divers dont il a ete forme. Nous ne nous attaclions ici qu'a ce seul cote de la lin- guistique, parce qu'il est le seul qui lie intimement I'etli- nographie a la geographie. C'est sous ce point de vue aussi que nous appelons I'attention de la Societe sur FAtlas etlinographique du globe de notre ancien collegue M. Balbi, travail qui remplit une des lacunes de la litte- rature geographique. Les Voyages de MM. les capitaines de Frejcinet, Du- perrey et Bougainville, qui tiendront une place distinguee dans I'histoire des deco,uvertes mari times, se publient aussi rapidement que le permettent les parties nombreu- 3io ses, les divisions scientifiqiies dont ils sc composent, et les grands Atlas qui les accompagnent. Un autre Voyage , qui vous intercssc a plus d'un titre , est egalement en pleine publication. Dans quelques mois, M. Pacho aura fait enticrement passer sous nos *yeux la Marmarique etlaCyrenaiqne, telles quele temps ctla bar- barie les ont faites, et telles qu'elles furent dans les an- ciens jours , c'est-a-dirc , que nous connaitrons en en tier les decouvertes locales et les recherches d'erudition de ce voyageur. M. W alckenaer continue son Histoire generale des Voyages dont les onze pi-emiers volumes ont paru. Elle se distingue par une revision des anciennes relations sur les textes memes , et par le choix des materiaux destines a completer I'ancienne collection. Une synonymic etendue, des discussions rapides sur les longitudes et les latitu- des de points douteux ou non determines , des details d'histoire naturelle et biographiques , trouvent place dans des notes multipliees. Les lesumes qui terminent cliaque division et souvent cliaque voyage, se font remar- quer par la reunion des faits et I'elagage des redites. On voit que M. Walckenaer s'est prepare de longue main a I'entreprisc qu'il execute aujourd'liui avcc une perseve- rance digne d'eloges. LePilote du Bn'sil, de M. le capitaine Roussin , public par ordre de S. Ex. M. le comte de Cliabrol de Crousol, remplitune grand elacune by drographique.Malgre tousles travauxdontces c6tesontetel'objet,surtoutenAngleterre, on n'en pouvait citer aucun de fonde sur un systeme d'ope- 3it rations tel que les metliodes actuelles peuventenproduire. En dix mois le navigateur fran^ais a leve toute la cote de I'Amerique nieridionale , entre I'ile Santa-Catarina , et celle de Maranhao. Les points remarquables en ont ete lies paf des relevemens, et embrasses dans un reseau continu de triangles en meme temps qu'assujetis aux nieilleures observations astronomiques. Nous n'avons pas besoin de taire remarquer qvie I'execution- des cartes est digne de la reputation que s'est acquise le depot de la marine. Nous ajouterons seulement que les details geographiques et statistiques contenus dans la premiere partie de cet ou- vrage, seront d'un grand secours pour completer une bonne description du Bresil. Saisissons cette occasion de rendre justice a un autre travail sur I'une des provinces les plus considerables de ce grand empire, au tableau liis- torique et geograpliique de la province de Rio Janeiro , qui remplit les chapitres 5 a g du Voyage de M. le capi- taineFreycinet. Nous I'avons examine en detail , et nous ne craignons pas d'affirmer qu'il n'existe aucune description plus complete de cette province si remarquable par sa constitution physique, ses produits, ses ressources et les races civilisees ou sauvages qui vivent sur son territoire. La partie statistique et politique de ce tableau suppose des reclierches que les circonstances particulieres oii s'est trouve M. de Freycinet pouvaient seules favoriser. Nous comptions avoir a vous entretenir cette annee de la collection des Navigateurs espagnols. Des motifs que vous approuverez en retardent de quelques mois la publi- cation. II s'agit de rendre la traduction fran^aise plus di- (!2 gne du grand nom de Colomb. M. de la Roquotte public dans ce moment une autre traduction de I'Hisloire do I'iVmeriqiie de Robertson, plus complete et phis fulele que I'ancienue, travail que nous ne rappellerions pas ici sans les notes geograplnques qui eclaircissent plusieftrs passages de cet ouvrage classique. Un jeuue orientaliste , M. Gauttier-d'Arc , va bientot ajauter a nos connaissances geographiques sur la Sicile et ritalie meridionale du moyen age. li nous presentera ces contrees a I'epoque la plus extraoi-dinaire de leurs annales, au moment de la conquete des Normands dont il va rap- peler les grandes journees. La paraitront Tancrede de Hauteville , ses freres et ses compagnons d'armes qui donnerent a Thistoire les couleurs de la fable. Narrateur consciencieux de ces miracles du courage, M. Ed. Gaut- tier a visite les lieux qui les virent s'accomplir , et ceux qu fut le berceau du lieros normand. Dans une de vos dernieres seances , il vous a entreLenus de sa visite aux ruines du vieux chateau de Tancrede et de Robert Guis- card , et vous avez remarque avec quel soin il s'entoure de I'appui des traditions locales qui repandent la vie sur les recits des vieux jours. Lagrande cartede la Turquied'Europe parM. Lapie, pre- mier geographe du Roi, laisait desirer qu'il continu^t ses travaux sur i'Orient. H les poursuit avec activite, il est sur le point de terminer la carte comparee des pays compris entre Constantinople , Teheran , le Caucase et Bagdad , en six feuilles. La Syrie , et les regences d' Alger et (le Tunis seront bientot livrees a la gravure. Le meme 3i3' fjeographe doit piiblier sous pen tie temps les cartes de File de Chjpre, de la Grece jusqu'a I'Hemus , com- prenant la Macedoine et FEj^^ire , enfin ime carte de I'Egypte en deux feuilles , faisant suite au travail de la Turquie d'Asie , et pour laquelle M. Lapie s'est aide des travaux de la commission d'Egyptc , et d'un grand nom- bre d'itineraires dont plusieurs lui ont ete communiques p.ir notre collegue M. Paclio. Ces nouvelles productions sont attendues avec impatience. De son cote, M. Brue poursTiit la publication de son Atlas. II a public , en 1827 , les cartes d'Anfjleterre, de la monarcbie autrichiennc , de la confederation gei-mani- que, de la Russie occidentale, de la partie nord del'Afri- que, de FOceanie et de la France , en deux feuilles. II a egalement fait paraitre plusieurs cartes de geographic an- cienne, la Germanic, les iles Britanniques, la Grece, etc. Dans les premieres on remarque une reunion d'indications qui nous ontparu generalementexactes,tellfes que divisions politiques et militaires , lignes de partage des eaux, pla- teaux, poinds culminans, chaines principales de monta- gnes,etc. La carte de FAfrique septentrionale danslaquelle M. Brue a fait usage des recherclies sur la Cyrenaique etles Oasis de M. Paclio , et des details fournis par le capitaine Lyon, a pour but de mettre en regard le nord de ce conti- nent et le midi de FEurope. Dans la carte generale de la meme partie du monde dont nous avons eu communi- cation, not»3 avons remarque d'importantes ameliora- tions Introduites dans les etats barbaresques. L' Atlas de M. Brue, con9u dans des vues desinteressees , aura le 3i4 merite d'une utilite permanente. C'est un avantafje qu'il convient de signaler, Dans cet aper^u , vous clierchez des noms habitues chaque annee au tiibut de nos eloges. Ceux qui les por- taient ont disparu pour toujours : ils ne vivent plus que dans notre souvenir. Je n'ai a vous entreLenir que de leur gloirej car les pertes que vous avez faites ne sont pas vul- gaires. C'est a MM. de Laplace, Jacotiu et Make - Bruji que s'adressent nos i-egrets. Le derniei' commence cette liste de deuil. En lisant ses ouvrages, on se refuse a croire qu'il etait etranger, tant son style est fran^ais. Ne dans la peninsule du Jutland , appartenant a I'uhe des premieres families du pays, Malte Conrad Brun, futdestinepar sonperea I'etat ecclesiastique. Son gout I'entraina vers la culture des lettres. LesMuses re- 9urent ses premiers hommages. Une imagination vive et brillante colore et anime ses premiers essais. II promettait a' sa patrie un grand poete et un grand litterateur. La re- nommee lui reservait ses faveurs dans une autre route , sous un autre ciel et dans une autre langue. Mais il avait a traverser de mauvais jours avant d'arriver jusqu'a nous. II les supporta avec fermete ; et le nialheur nous le donna. Nous n'entendons nous occuper ici que de la vie scien- tifique de M. Malte-Brun. C'est le seul cote de cette vie, si pleine et si rapide, qui appartienne a la Societe. A I'epoque ou le jcune Savant vint en France , la geo- graphic generale, conime science dcterminee, n'existait pas encore. L'Allenjagne, qui depuis s'est elevee si haut , 3i5 etait a la recliei^clie de ces theories ratioiinelles et philo- sophiques, qui depuis out illustre I'ecole .de Ritter. Deja la {jeographie positive et de detail y etait en lionneur. Les Bruns, les Walil , les Sprcngel, les Ehrmann y multi- pliaient I'erudition sous toutes les formes, ct preparaient, dans des descriptions partielles , de nombreux materiaux pour un tableau methodique de la terre. D'autres hommes laborieux, suivant les traces de Busching, perfection- naient la partie statistique de la geographic. Mais dans le mouvement des esprits, ro]3servateur attentif entre- voyait les futurs progres de la science , et lui decouvrait deja un cote vivant et litteraire. Appartenant a I'Allemagne savante par ses etudes pi'o- fondes, par la variete de ses connaissances, riche des tra- vaux de ses erudits et des tresors de la littcrature clas- sique , reunissant a I'imagination qui cree le gout qui la dirige, a une clarte d'idees pen commune le don precieux de les exprimer rapidement, plein de cette double ardeur ( ue donnent la conscience de ses forces et la vie surabon- dante de la jeunesse, M. Malte-Brun tourna ses regards vers les sciences geographiques, et les vit comme une terre qu'il se sentait appele a feconder. Mais a ce debut de sa carriere, seul , sans patrie, sans protecteurs, sans fortune, parlant difficilement cette belle langue fran^aise , qu'il devait manier plus tard avec tant de superiorite , il sen tait le besoin de s'etayer d'un nom connu. M. Men telle I'accueillit avec empressement, s'en servit avec adresse j et d'une association dans laquelle les forces n'etaient pas egales, sortit cette Geographic en 3i6 seize volumes, ou le taleut de M. Malte-Biun se montra pour la premiere fois, mais encliaiue par les habitudes de son collaborateur. Des ce moment , sa reputation se repandit en France. Elle etait deja faite en Allema- gne, ou il etait en correspondance avec les savans de cette studieuse contree. Un journal celebre I'admit alors au nombre de ses habiles redacteurs; et sa po- sition amelioree lui permit de se livrer, sans crainte de I'avenir, a ces reclierches multipliees, que le grand tra- vail qu'il meditait rendait indispensables. Toutefois un evenement imprevu les dirigea nio- nientanement vers un sevd point. La victoire avait con- duit les drapeaux fran^ais sur lesbords de la Vistide. Tons les regards se tournaient vers le royaiime de Sobieski. On pensait que la prudence allait lui rendre la vie , pour le poser comme une barriere entre le nord et le midi. Un ta- bleau de la Pologne etait un ouvrage de circonstance : il fut demande a M. Malte-Brun ; et six mois d'un travail opiniatre lui sufTirent pour le terminer. L'ensemble de cette vaste contree n'avait point encore tente parmi nous la plume d'un litterateur geographe. M. Malte - Brun entreprit une espece de voyage de de- couvertes dans un pays demeure presque inconnu au reste de I'Europe. Rien n'echappa a I'etendue de son coup-d'oeil . La Pologne de tous les ages, dcpuis Piast jusqu'a nos jours, sa geograpliie naturelle, ses races diverses, ses origines, sa langue, sa litterature, les revolutions de son etat social, sa vie orageuse, sa longue agonie et sa mort politique , se reproduisent successivernent sous 3i7 une plume vifjourense, qui trouva moyen d'aborder en- core , dans le cours d'un recit rapide, plusieurs questions d'antiquites d'un hautinteret, parmi lesquelles I'origine des Slavons et des Sarmates n'est ni la moins embrouillee ni la moins importante. Cette partie obscure de la geo- graphic ancienne , qui avait occupe les recherches du pro- fesseur Gatterer de Gottingue et de M. Niemczewky de Wilna , demeura parfaitement eclaircie. M. Malte - Brun I'eporta I'lionneur du succes sur les deux savans qui I'a- vaient eclaire de leurs travaux. II n'est personne un peu au courant de I'liistoire des sciences qui ne reconnaisse aujourd'hui Tinfluence que les ouvrages periodiques spcciaux exercent sur leurs progres. G'est a I'absence de ces moyens de communication qu'il faut attribuer leur longue enfance , soit dans I'antiqulte , soit dans les temps modernes. Sans ce point central, les decouvertes d'un siecle ne passent pas en heritage aux siecles suivans; et la critique, reduite aux traditions ou a quelques grands ouvrages publics a de longs inter- valles, reste sans objet habituel de comparaison. Ces verites, presentes a la pensee de M. Malte-Brun , servaient a lui expliquer pourquoi les etudes geographi- ques etaient moins avancees en France qu'en Allemagne , ou Ton trouvait depuis long-temps des recueils speciale- ment destines a cette branche des connaissances hu- maines. Convaincu de cette cause d'inferiorite , il ne voulut pas que le pays qui lui donnait asyle restat plus long-temps en arriere. Les Aniiales des vojages de la geographie et de I'histoire parurent , et s'enrichirenl en 3i8 peu de temps des communications d'un grand nonibre de Fran9ais et d'etrangers dc haute renommee. S'il m'etait permis de parcourir ce vaste depot , je montrerais M. Malte-Brun comme un athlete infatigable, prenant part a toutes les discussions scieutifiques des vingt dernieres annees , se multiphant pour ne rester etranger a aucun genre de combat , et je ferais de son histoire I'histoire de la science memo , pendant cette longue et remarquable periode. Narrateur sincere , je ne trahirais aucune verite, et vous m'entjendriez rcgretter que la froide impartialite , et le tact mesurc des convenances aient quelquefois abandonne le savant dans les rigueurs de la critique; Mais le temps presse , et j'ai hate d'arriver a IV'poque la plus brillante de la vie rapide du geographe^ a ce moment ou il justifia toutes les esperances des amis de la science par la publication de son Precis de la geo- graphie. Ne cherchons pas a comparer cette composition tout- a-la-fois litteraire et geographique avec ce qui a precede. Les identites manquent , elle est neuve par la forme , par le style et jiarla pensee ; c'est dans une suite de discours I'image de la terre vivante et animee, couverte de ses cites, de ses produits , et de ses souvenirs historiques. Jetons un coup-d'oeil rapide sur cet oeuvre d'un beau talent , et arre tons-nous un moment sous le portique de ce grand edifice. On avait essaye deja de retracer les differentes epoques de I'histoire de la geographic. Ce n'est plus une seche nomenclature qui sort de la plume de M. Malte-Brun^ c'est 3i9 un tableau philosopliique de Torigine et des progres de la science. II la prend a souberceau sous la tente deMo'ise. il la remet ensuite aux mains d'Homere qui se charge de lui donner les couleurs poetiques des premiers ages, couleurs que les anciens conserverent long-temps par res- pect pour le cliantre d'Acliille. II lui fait ecouter les recits d'Herodote qui ne raconte bien que ce qu'il a vu. II la place sur les vaisseaux de Tyr et de Carthage , essayant de deviner quelque chose des connaissances de ces dis- crets navigateurs. II la montre a la suite de I'armee d'Alexandre s'eclairant de tovites les lumieres de I'Orient. II la confie successivement aux meditations des Eratos- thene, des Strabon, des Pline, des Ptolemee, et lorsqu'ils I'ont elevee a la hauteur de leur genie , ari'ivent des extre- mites de la terre des Barbares qu'ils ne connaissaientpas , et qui s'efForcent d'aneantir I'edifice inacheve. Puis les tenebres du moyen age s'etendent sur I'ancienne civilisa- tion, et lorsqu'un nouveau jour s'eleve et decouvre une nouvelle Europe , I'historien retrouve la geographie dans les camps des Arabes et sur les barques des Scandinaves. II la voit marcher avec la Yictoire, aventureuse comme avec Alexandre, defiguree par le merveilleux, comme aux jours d'Homere. Plus tard, il nous la montre fati- guee du bruit des amies, suivant le commerce paisible dans ses courses lointaines , et s'instruisant lentement avec un compagnon de voyage qui n'est en quete que de ia fortune. Enfin I'aiguille aimantee guide ses pas , elle s'enhardit sur la haute mer, s'elance avec Golomb vers un Occident inconnu , et s'abandonnant tour-a- 320 tour a raudace perseverantc et reflechie des nations mo- deines, elle arrive jusqu'a nous, ajoutant cliaque anneo un fleiiron a sa couronne, etudiant ses concjueteset pro- inenant sur toules les parties de son vaste empire des yeux qui ne sont plus trompes. La description de la terre est une oeuvre vulgaire si Ton se borrle au seul classement des faits observes. Ce n'est pas la geographie selon la pensee de Strab'on , ce n'est pas celle de M. Malte-Brun. II sent que la seclieresse est fdle des raetbodes abstraites, il I'evite meme dans la theorie du globe dont elle scmblait jusqu'alors inseparable. II triompbe des difficultes qui I'attendent dans les descrip- tions partielles , et ce triompbe est une victoire de la reflexion sur la routine. Combinant avec adresse les me- thodes naturelles et les divisions politiques , il reunit sous un seul point de vue les peoples d'origine commune , et quand ce lien n'existe pas, il renferme les provinces et les empires dans les bornes* posees par la nature. Comme elle sa marcbe est pittoresque et varice. II ne connait rien d'absolu, et son cadre meme cbange avec son sujet. S'il s'avance dans un pays bien cultive , il decrit avec soin les produits d'une terre feconde. Entre-t-il dans le desert on dans les regions montagneuses , il s'attacbe aux grands traits physiques de la contree. II sait I'art de donner du charme a la seche topographic , eh melant a I'enumeration des villes dans I'ordre de leur importance quelques traits d'histoire etquelques scenes -de la vie in- terieure. D'autres fois il navigue de rivage en rivagc et ne marque son repos que par des discussions profondes sur 321 ties ipoints controverses de geographic coinparee. II ne passe pas au milieu des nations puissantes sans faire res- sortir les causes de leur prosperite , les phases de leur grandeur , leurs ressources et la nature de leurs interets politiques , et lorsqu'il porte ses pas chez les peuples sauvages, ses habiles pinceaux, s'eniparant des sujets de moeurs, rendent avec une etonnante verite les costumes, la physionomie et les habitudes des hommes de la nature. Partout enparlant a la pensee , a I'imagination, il re- place sur des bases philosophiques une science trop long- temps depoulllee de son veritable caractere et de ses charm es naturels. Voila, non I'esquisse du Precis, mais son esprit , sa pensee dominante , les grands traits qui le distinguent , et qui expliquent le succes d'une telle composition , et son influence sur la maniere de traiter la geographic. C'est le propre des ouvrages scientifiques de vieillir ra- pidement^ les chifiVes des statistiques vieillissent plus vite encore; a peine sont-ilecritsqu'ils ne sontplus exacts. II n'en est pas ainsi des travaux ou I'etendue des apergus, la generalite des vues et les hautes speculations protegees par le style ou I'homme meme, s'unissent aux details va- riables. De telles productions bravent les outrages du temps , les progres de la science, et restent comme des monumens litteraires de leur epoque. Ce sera le sort du Precis de M. Malte-Brun. Je n'agrandirai pas le cadre que je me suis trace en suivant le geographe litt<^rateur dans le labyrinthe de la critique politique, ovi son independance sans fortune ne- 23 332 f;lifjcait les calculs dc rintcret ct les prevoyances de I'avenir, conime il les dedaignait dans la noble carriere des sciences J celles-ci regretteront toujours le temps qn'il ne leur a pas consacre j et nous, nous refjretterons qu'il ait suivi trop souvent les impulsions de son zele. C'est lui qui le portait a multiplier ses occupations, a ceder lacile- ment aux importuuites d'liommes qui savaient liabile- ment exploiter son obligeance, en mettant en avant riionneur de la geograpbie. C'etait I'invoquer au nom de la reine de ses pcnsees etde la divinite de son cboix, et pour de telles pricres il n'avait pas de refus^ il prenait son sommeil sur des distractions necessaires, et se consu- mait en travaux uniquement destines a elever la renom- mee des autres. Toutefois le soin de la sienne lui ordon- nait de mettre la derniere main a I'ouvrage de sa vie. II y travaillait sans relacbe. Le sixieme volume du Precis parut en 1825, il s'occupait avec ardeur de la redaction du sep- tieniej et bien que cett£ tache fut immense , il menait en- core de front une foule d'autres travaux dont il s'etait im- prudemmeut charge. Depuis long-temps sa sante donnait de serieuses inquietudes; ellesn'etdient que trop fondees. Dans la derniere annee ses forces s'epuiserent sensiblement; le repos les aurait peut-etre retablies; il negligca les avis de la prudcnee ; le mal fit de rapides progres, et dans un etat presque desespere il s'abandonnait cp])endan( encore a cette passion de la science qui le devorait. Sa der- niere pensee fut pour elle : le i4 decembre, deux lieurcs avant d'expirer, il tra^ait encore pour le Journal d>es De- bats, d'une main ferme et avec vuie grande liberte d'csprit. 323 mi article destine a faivc connaitre le travail de M. Ball)i. Uue attaque d'aploplexie I'enleva subitement a sa famille eploree, a laquelle il lie laissait d'autre heritage qu'uii iiom celebre en Europe. A la nouvelle de sa mort les honimes superieurs, ceux meme dont il avait pu blesser I'aniour-propre, payerent a sa niemoire un juste tribut d'hommages. L'expression de vos regrets^ Messieurs, iie se fit pas attendre j elle se distingua, au milieu de la douleur generale des lionimes eclaires^ par un honorable empresse- raent a aller au-devant d'une veuve et d'enfans sans appui, et si les formes delicates ajoutent du prix aux services, les votres eurent encore un merite de plus. Votre memoire n'a pas ete oublieuse j le temps qui entraine tout n'a rien fait sur votre souvenir. Vous n'avez cesse de rcclamer aupres des Iiomraes puissans en faveur d'une honorable infortune; poursuivez, il y a de la gloire dans la reconnaissance, et les bonnes actions valent mieux que les bons ouvrages. L'intervalle qui separe riiomme de talent de I'holnme de genie est immense, et cependant il le faut franchir pour arriver en presence d'vine des plushautes renommeesscien- tifiques des temps modernes. Dans une grande solennite litteraire, un orateur puissant par la parole etpar la pen- sec, payant a M. de Laplace un tribut d'hommages dignes de lui,demandaitencore un autre panegyristea I'academie qui fut pendant 5o ans le thcati^e des travaux du grand astronomegeometre.Ce desir ou plutot ce doute d'un admi- rable talent etait une erreur de la modestie,car les intelli- gences superieures, quel que soit le cercle habituel de leurs m(klitations, ont re^u du createurledon des'apprecier reci- 1 024 proffUementjClM. Royer-Coll.ird I'a prouve on decouvranl Ic cote moral et pliilosophique dc I'Exposition du systeme du iiionde. Je ne trouve rien dans mes etudes qui pnisse ni'elevcr a coniprendre les immortels travaux de M. de Laplace, moins encore a les analyser. Dans men inipuis- sance, je nc hasarderai pas nieme les expressions de radniiraUon, elles sont sans prix dans la bouche d'un iuconnu sans mission : c'est, prononcees par plusieurs d'entre vous, qu' elles pourraient flatter I'ombre illustre du continuateur de Newton. Toutefois, echo du monde savant, je repeterai que ces deux pulssans genies sont desormais inseparables j tous deux semblent charges par I'intelligence divine de decouvriraux yeux vulgaires les mysteres du systeme de I'univers, les lois immuables qui le gouvernent. Le premier les comprend par des precedes mathematiquesj le second les demontre par la puissance de I'analyse, puissance independante qui semble quelquelois se perdre dans les generalites , comme une raagicienne dans le vague des airs, mais qui se fetrouve tout a coup tenant en main des resultats inattendus, et des verites dout on ne soup^onnait pas I'existence ou qu'on regardait comme inaccessibles. C'etaitsur les pas de cette savante conductricequeM.de Laplace reduisaitl'astrono-' mie a un probleme de mecanique, retrouvait le phenomene de la refraction, travail perdu du savant Borda, s'avan^ait plus loin que Newton dans I'examen de la densite moyenne et de la figure de la terre, plus loin que Deluc et Tremblay dans la rigoureuse precision de la mesure des hauteurs. N'oublions pas que ses savantes formules out simplifie 325 les calculs de la trigouometrie, base dela geograpiiic posi- tive, et que les grandes operations |»eodesiques qui out illustre la fin du dix-huitieme siccle et le notre n'eurent pas de protecteur plus zele. C'etait M. de Laplace qui en i8i I obtenait du gouvernement que la triangulation qui couvrait une partie de Fltalie, le Piemont et la Savoie , s'e- tendit en ti^aversant la France jusqu'aux rivages de I'A- tlantique j et loi'sque le changement de fortune eut separc ces conti'ees de notre territoire, c'etait encore lui qui sol- licitaitl'intervention de I'acaderaie de Turin pour obtenir qu'une autre triangulation a travers les Alpes rennit les operations terminees en France et en Italic. Ajoutons que M. de Laplace fut le premier a provoquer une nouvelle carte generale du royaume, destinee a reniplacer celle de Cassini,etque, place a la tete de la commission cliargee de diriger cette grande entreprise, il n'a cesse d'en presser les travaux avec un zele que les difficultes d'execution semblaientaccroitre encore. Les beaux resulta ts des travaux de M. de Laplace eussen i, ete inaccessibles aux intelligences etraugeres a la sphere elevee du calcul et des combinaisons analytiques, si lui- meme, dont I'esprit etait trop etendu pour faire un privi- lege de ses conquetes, n'eut pris la peine deles depouillei- de leur appareil scientifique, et de les presenter sous une forme moins imposante a I'admiration des liommes eclai- res. C'est a ce point de vue pliilosophique que nous devons. V Exposition du sjsteme du monde , espece de traduction en langue vulgaire des theories aussi neuves que sublimes, qui font de la mecanique celeste Ic plus beau present dont le dix-liLiiueuic siccle ait honore les sciences. 326 Ici M. tie Laplace revele un autre talent. Le (jrand ccri- vain se montre a cote du ^rand pliilosophe {jeonietve. Cast le propre des homraes superieurs de reg;arder le me- rite du style comme rornemeut necessalre des sciences. Leuv pliilosopliie cclairee les portc a s'introduire dans le sanctuaire des lettres dont le culte agrandit Fame et donne la vie a la pensee et I'avenir aux travaux do la meditation. Bullbn, Bailiy, Coudorcet, d'Alembert le croyaient aussi, et Platon I'avait dit avant eux. Ne soyons done pas sui"pris du soin que prenait M. de Laplace de reunir la justesse a la clarte, I'elegance a la simplicite de I'expression. Chez lui I'idee etle mot se montrent comme mi tout qui lui est propre et le beau comme une depen- dance de I'elevation du sujet. Son style a la puiete du style antique et le merite si rare de n'etre pas cherclic : sa precision est sans secheresse, son naturel n'a rien de vul- gaire, et sa composition, parfaitement liee dans toutes ses parties, reste I'admirable modele de I'art d'ecrire applique a I'exposition des hautes sciences. C'est a ceux qui ont la noble ambition d'en repandre le gout et de les faire aimer qu'il convient de mediter le chef-d'oeuvre de M. de La- place, parlons le langage de la posterite, du grand homme dont nous deplorous la perte. Au-dessous et loin de ces hautes renommees, il est d' utiles savans dont la vie tout cntiere , consacree a I'ex- ploration d'une branche specialc des connaissances hu- maines, se lie intimement a ses progres. Cette destinee qui u'est pas sans gloire Ait celle du colonel Jacotin. En lui payant dans notre dtn'niere reunion un tribut d'estime dont les convenances seules nous imposaient la niosure. 327 nous etions loin de penser que le geotjraplie distingue dont la modestie sem])Iait souffrir de nos eloges, les ecoutait pour la dcrniere fois, et que dans quelques mois nous n'au- rions a faire entendre, en pronon^ant son nom, que les ex- pressions de la douleur. Une bouche amie, parlant sur sa torabe, s'est deja faite I'interprete de vos regrets (i). Je dois les reproduire ici sans craindre de les epuiser. Le colonel Jacotin est du petit nombre de ceux qui laissent des souvenirs durables aussi cliers aFamitie qu'a la science. Quelle que soit la con tree ovile devoir I'appelle, nous le trouvons toujours anime duraemezele et de la meme per- severance. Ces qualites chez lui s'annoncent aux preniiei\s jours de la jeunesse j il les developpe en Corse sous les yeux de son oncle, pendant treize ans employes aux operations du cadastre. Un autre theatre met ses talens, son courage, la fermete de son caractere a une autre epreuve. II de- barque en Egypte avec cette expedition celebre qui por- tait a la fois les liommes de la guerre charges de conqnerir, et les hommes de la science charges de civiliser. II mar-- che avec les uns et avec les autres. II a bientot a pleurer la mort de ce meme onclequiavait pris soin desa jeunesse, et sous les ordres duquel il servait. On le juge digne de lui succeder. Nomme directeur du corps des ingenieurs geographes , M. le colonel Jacotin voit une nouvelle car- riere de gloire s'ouvrir devant lui. Son zele I'emporte au- dela de ses obligations rigoureuses. Charge du travail de la carte d'Egypte,il ne se borne pas a donner ses ordres du (i) M. Jouianl. ' 328 Caire; iJ provoque, il rasscmble, il coordounc les iravaux des ingenieurs j il fait plus, il parcourt les provinces et se livre lui-meme a des operations topographiques d'autant plus difficiles que, pour me servir d'une expression trop lieureuse pour etre remplacee, il I'allait sans cesse disputer les amies a la main le terrain qu'on allait mesurer. La France I'evitM. le colonel Jacotin, etpersonne ne tenta de lui disputer I'honneur de diriger I'enqiloi et la redaction des nombreuxmateriaux qui lui appartenaienten partle , et dont le reste etait du a plus de cinquante ingenieurs ou officiers de I'armee. Ceux qui pen vent jugcr I'Atlas d'EgypLe, savent avec quelle laborieuse perseverance M. le colonel Jacotiu en a suivi tons les details et surveille I'execution. La grande carte de la Corse, reduction des feuilles du cadastre auquel il avait coopere danssa jeunesse, lui assu- rerait seule une reputation durable. C'est un travail d'autant plus important qu'il comprend les details d'une contree moins bien connue que certaines lies du grand Ocean, et appelee a grandir en industrie et en civilisation. Le colonel Jacotin avait encore rasserable les materiaux d'une carte d'Espagne et prepare les cartes necessaires aux campagnes de M. le mareclialGouvion-Saint-Cyr. Son zele et sa robuste' constitution suffisaienta tout. Hatons-nous d'ajoutcr que rien d'etranger a la science, a ses devoirs, a son etat ne I'occupait. II passait loin de I'intrigue et des mouvemens de Tainbition le peu de temps qu'il ne donna it pas au travail. Modele deriiomnie studieux dans son ca- binet, il I'etait de I'liomme d'lionneur dans la societe ou 329 il portait I'obligcance et la franchise des camps et le de- sinteressement du sage. Son zele pour la science I'a conduit dans la torabe avant les jours de la vieillesse. Sa vie s'est ecoulee au milieu de travaux utiles et dans les pratiques de toutes les vertus. II a inscrit son nom en tete d'un des plus beaux monumens geograpliiques du siecle. II a tendu la main ^ de jeunes talens sans appuij il les a proteges, il a ete pleure de sa famille et de ses nombreux amis. Que man- que-t-il a sa memuire ? Ces hommages sont rapides et incomplets, je le sais ; c'etait a des maitres a les faire entendre : alors ils eussent ete dignes de ceux auxquels ils sont adresses. Le vide que laissent les pertes que vous avez faites est immense. Pour consoler nos regards par un autre spectacle, jetons les yeux sur cette terre dont M. de Laplace a determine la forme, que M. Malte-Brun a decrite avec tant de charmes, et que M. Jacotin a tracee avec tant de precision. Conso- lons ces ombres chereS a notre souvenir par le tableau des progres de la geograpbie dans ces derniers temps. Ces progres furent Fobjet babituel de leur pensee et de leurs efforts. Du sejourqu'ils habitent ils s'interessent encore, n'en doutons pas, a la science qu'ils ont agrandie. Elle a marcbe sur tous les points du globe; elle j pour- suit encore des conquetes. L'interieur de I'Afrique s'est ouverl, a I'intrepide perseverance de I'Europeen. Encore un peu de temps, et le voile, en partie decliire, tombcra tout-a-fait. Unc ligne non interrompue liera, a travers le continent, la Mediterranee aux rivages du Benin. Le ca- pitaine Owen, au prix de nombreuses funerailles, a com- 33o. plete la reconnaissance des cotes raeridioualcs africaines , comme le capitaine Beechcy a determine dans le nord le trace de ses rivages. Graces a M. Pacho, il n'y a plus de lacune iniportante entre I'Eg^ypte et Tripoli j et plusieurs Oasis mieux determinees indiqueront au voyageur le sol ou il pourra trouver un abri contre le soleil du desert. MM. Cailliaud et Ruppell ont ete plus loin que leurs pre- decesseurs dans la recherche des sources du Nil et dans la reconnaissance des affluens de son cours superieur. Les Steppes des Kirghiz et la Boukharie de Meyendorff, le Khoragan de Fraser, la Monfrolie de Timkowski^ les con- trees entre la mer Noire et la Caspienne de Gamba, la Me- sopotamie de Keppel et de Buckingham, s'ofFrent sous un jour plus vrai. Les ombres qui se melent encore a ces uou- velles lumieres disparaissent successivement par des de- couvertes partielles et par les grands travaux de MM. Kla- proth et Abel-Remusat sur I'Asie moyenne. Ces derniers tracent en ce moment la Chine, a I'aide des ecrivains na- tionaux. L'IIymalaya,si imparfaitement connu ily a moins de dix ans, a vu les Webb , les Herbert , les Fraser, les Gerard mesurer ses pics orgueilleux, points les plu« eleves du globe j sonderla profondeur de ses vallees, indiquer les limites de la vegetation , et dessiner les contours et les branches de ses chaines immenses, qui s'abaissent en gra- dins jusqu'aux plaines de I'Hindoustan. Les ingenicurs anglais couvrent I'Assam conquise, et vont en quctc des sources du Boiu-ampoutrc, dont les nombreux affluens trompcnt I'ceil de I'observateur, incertain quel est le courant principal. L'enipirc Biruian so laisse visiter par 33 1 TAnglais victorieuxj et I'Aracan voit les instrumens de la science determiner mathematiqnement ses rivages et les jDoints incertains on les lieux infrequentes de son terri- toire. Le littoral dela Siberie a pris une forme nouvelle sur les dernieres cartes russes : une partie de ses cotes a ete reje- tee de plus d'un degre vers le sud. Les noms de Cornwal- lis, Bal hurst, Melville, inscrits sur des iles nouvelles de la mer polaire, disent les succes de Parry ; la bale de Baffin s'est ouvert^ a ses voiles entreprenantesj les glaces moins dociles luiont oppose leurs brillantes murailles, et le genie des naufrages encore une fois a triomphe du genie des de- couvertes. Franklin et Richardson plus heureux ont con- tinue les travaux de Hearne et de Mackenzie. Ni le froid des hivers, ni les obstacles du sol n'ont pu arreter leur zele : encore quelques degres, et Franklin atteignait, en suivant les cotes de I'Amerique du INord, le detroit de Behring. Bientot nous pourrons suivre, sur les pas de Douglas , le cours et les rivages de la Colombia , et examiner en na- turalistes quelques unes des contrees les moins connues de cette partie de la cote nord-ouest. Au sud du meme continent americain nous avons vu le capitaine Weddel s'elancer vers le pole antarcftique, atteindre plus au sud que Cook, et essay er de demontrer que ce pole est plus ac- cessible que le pole Nord. Mais qui peut dire les obstacles qui existent entre le pole et le point ou I'intrepide marin est parvenu? Un autre navigateur anglais. King, apres avoir explore tout le detroit de Magellan, continue d' examiner laTerre de Feu. I! avait deja bien mrrite do 332 la geographic par scs explorations des cotes intertropi- cales cle la Nouvelle-Hollande et ses decouvertes dans lo uord et le nord-oucst de ce grand continent, dont Tin-, terieur meridional se developpe chaque jour aux re- gards de I'observateur. Les progres de la geograpliie des Mariannes, de Timor, de Ceram et des Moluques se ratta client aux voyages des capitaines Freyciuet et Dii- perrey, et le dernier revendiquc Fhonneur d'avoir mieux fait connaitr.e les Carolines, tout en en diminuantle nom- bre. Le capitaine Bougainville a dote d'un be^u nom fran- 9ais uue ile nouvcUe des niers de la Chine. L'Archi- pel des Sandwich a vu les raissionnaires aniericains etU' dier ses curiosites naturelles, ses volcans, sa botaniqne, sa mineralogie, sa langue, et nous apprendre a mieux pro- noncer le nom de quelques unes de ces iles. Les liens d'une civilisation nouvelle uuissent deja les Sandwich aux Fidji et aTaiti,etbient6t sortis de leursein, des indigenes eclai- res, apotres de la noble cause de I'intelligence humaine, irout propager ses bienfaits dans les autres iles enchantees du grand Ocean. Et nous, aujourd'hui, cedant a une preoc- cupation legitime, nous suivons le capitaine d'Urville dans ces mers reculees avec toutes les inquietudes de I'a- mitie et les esperances qui s'atta client aux efforts d'lni grand navigateur et d'un grand naturaliste. Deja noussa-. YOns qu'il a visitc une lignc etendue des cotes orientales de la partie nord de la Nouvclle-Zelande. Mais les triom- phes de la science sont-ils les seuls qui rattendent? II est peut-etre encore sur quelqu'ile infrequentee de vivans debris du naufragc de La Perouse. Une lueur d'esperanco 333 6st apparue dans ccs derniers temps. A sa clarte douteuse deux nations qui ne sont aujourd'hui rivales que dans les routes de la civilisation et de I'liumanite, ont dirige leiu\s pavilions \xrs la rive indiquee. Puisse le capitaine d'Ur- ville serrer le premier dans ses bras des Frangais partis jeunes de la terre natale et devenus vieux sur la terre de I'adversite! Puisse-t-il les ramener mourir sous le toit de leurs peres ! CoMPTE RENDU CI la Commission ccntrale , pour I'annce 1827, par M. JoMARD , a C expiration de sa prdsidcnce. Messieurs, Pour la seconde fois I'lionneur de vos suffrages ni'im- pose le devoir de vous rendre compte de la gestion qui in'a ete conliee , au moment ou je vais la ceder a un au- tre plus digne de cette mission. L'intervalle que vous avez parcouru depuis trois annees (i), demande a etre apprecie et mesure, pour mieux faire juger de celui qui reste a franchir dans une carriere semee d'obstacles a la verite, mais qui promet des resultats importans , et non sans quelque gloire pour la Societe , digues enfin de I'Europe civilisee qui a les yeux sur vous. A la fm de 1825, vous aviez public un premier volume de votre Re- cueil, et une premiere serie de questions ; vous comptiez 236 souse i-ipteurs effectifs : dix voyageurs correspond (i) Voyest le Bulletin N" 20 , page 268 , anne'e 1824. 331 daicut a\cc vous , cl NoLre bil)lioLlicquo conunen^ait a se formor. Eiifln, vous aviez offert, avec beaucoup d'au- tres pri-v , unc recompense pour Ic voyajjcur qui reussi- rail. a penetrer par le Senegal jusqu'au Dioliba. J'auffurais et j'osais predire pour les annees suivautes des resultats encore plus heureux. Vos sacrifices, Messieurs, et voire zele inlatigable se sont charges d'acconqilir cette prediction : vous avez niarclie, depuis cette cpoque, de succes en succes, et voire etablissement a prospere presqu'au-dela des vceux qu'on pouvait former. Graces soient rendues a I'csprit d'association qui fait tourner a I'utilite publique le con- cours de toutes les ressources morales, materielles et in- tcUectuelles, et qui produit des effetsbien au-dessus do la puissance des efforts priv6s; surtout quand , ainsi que dans cette Societe ', un but d'inter^t general, un dcsscin eminerament patrioti(|ue et philantropi([ue , sert seul dc li^n a tons les efforts , sans aucun melange dc vues personnelles. Voici le tableau de notre situation a la fin de 1827. Aujourd'hui , la liste des Membres est de 378 , defal- cation faite des deces et de ceux qui n'ont pas reuouvelc la souscription : cette seule annfte ert a foui^ni 5(). In- dependaniment des soci^taires, vous comptez des Mem- bres correspondans etrangers du premier merite, tel-s que le capitaiue Sabine , M. Schumacher , le colonel Poinsett, etc. Vingt - deux voyageurs, indepcndam- ment des consuls , consideres comuK? residens , et des correspondans qui ue sont pas Mejnbres de la So- 335 CR'te, eX|>loix3nt en ce moment presque toutes les par- tics dii globe , avec vos instructions ou sous vos aus- pices , et plusieurs sont pourvus par vous d'instrumens ; ils parcourent, dans Y Amerique ineridlonale , le Perou, la Colombie, le Chili j dans XAsie, la Perse, Flnde, le Tlu])et , I'Arabie, la Georgie , FArmenie, le Caucase, le Levant, Tarchipel Indien j dans \ Afrique , I'Egypte , la Nubie , TAbyssinie , File Bourbon , la Senegambie , etc. , sans parler des Antilles, et du voyage autour du monde de M. Dumont d'Urville, aussi Membre de la Societe. . Votre bibliotlieque renferme 3^5 volumes, 60 atlas, no cartes, plans ou tableaux detaches, sans parler des recueils p^riodiques. Elle commence a etre appreciee et fi-equentee tons les jours , et elle exige deja un reglement special. Je ne parle pas de votre Bulletin ou recueil periodique, qui , confie a une main habile, a long-temps satisfait aux besoins de la Societe, et que sans doute vous continuerez a ameliorer j sans perdre de vue qu'il ne doit pas trop ab- sorber vos ressonrces, parce qu'il ne vient qu'en quatrie- me ligne dans le plan de vos travaux. En effet, la Societe a cinq principaux moyens d'action , par ksquels elle doit influer sur le perfectionnement de la science : les Prix offerts, les Voyages encourages, la Publication des rela- tions inedites, le Recueil periodique, et la Bibliothequ€ ouverte aux Societaires. Le 2* volume du Recueil des Relations et Memoires geographiques inedits, a etc acheve dans le cours de cette annee. Cette publication est maintenant assiu-ee; le 3« vo- 336 lunie pourrait paraiLro en 1828, e(. le 4' irj rchor en meme temps , puisqne nous avons cleja , pour le com- mencer, trois Memoires importans , iudependaniment de six vocabulaires inedits de langues africaines, dont j'ai fait hommage a Ja Societe, et des materiaux que foumira la Commission dvi nivcllemcnt de la France. J'auraispu soumettrc moi-meme,pourle volume II, qiiel- ques recherclies sur TAfrique interieure , qui out du vappoi'L avec les matieres de ce volume^ et encore, quel- q-ues rapprochemens relalifs aux antiquiles de I'Ame- rique centrale, pour I'exploration dcsqucUes vous avez, sur ma proposition , offert un prix d'encourajjement : mais il suffisait que votre President eut etc charge de di- nger I'impression du second volume , pour qu'il s'abstiut d'y introduire aucun travail personnel. L'annee 1827 presente une autre circonstance qui, je I'espere , ne sera pas sterile pour la Societe ni pour les decouvertes^ geograpliic^ues. Cette annee est la premiere ou il vous ait ete permis de contribuer d'une maniere di- recte aux expeditions d' exploration. Quatre voyageurs, Membres de votre Societe, se sont presentes a-la-fois, avec le projet de voyager, les uns dans la Colombie, uu autre au Chdi, le dernier au Mexiquc et a Guatemala ; les premiers doivent suivre le cours entier de TOrenoque. lis ont soUicite vos instructions, et ils out re^u chacuu une serie de questions. Mais vous u'avez pas borne la vos soins, et il est necessaire que j'expose ici ce qui a ete fait, parce que ces mesures pourront etre adoptees pour les voyageurs a venir, si Texperience en demontre Fciricacite. 337 Les quatre voyageurs partis sous Vos auspices, en 1827, out emporte : i» des questions gcnerales et particulieres, redigees par divers Membres de la Commission centrale; 20 un barometre de Bunten, avec vm modele pour les ob- servations ; 3<* des instructions du Ministre de la Marine , sur les vegetaux a naturaliser • 4<* des lettres de recom- mandation du meme ministre, pour les commandans des stations navales dans les mers d'Amerique , et d'autres pour les agens frangals dans ces contreesj 5<> des lettres scmblables de la Societe medico-botanique de Londres, pour les consuls et residens britanniques,- vous savez que cette Societe est nombreuse et accreditee en Angieterre , en Asie et en Ameriquej G*' des lettres de M. Hurtado, Ministre plenipotentiaire de la Colombie,et de M. d'Acos- t.a, pour le vice-president de Colombie, et pour des person- nages raarquans du Mexique et de Guatemala j 7° un pro- code prompt , simple et commode pour relever exacte- ment les inscriptions en creux et en relief qu'on pourrait rcncontrer; 8<» enlin des notes sur les cartes et les maiuis- crits a recueillir j les collections des programmes et au- tres imprimes de la Societe, et des lettres d'envoi de votre President. Le tableau des instructions dressees , et des pieces reunies pour cliacune de ces trois expeditions, est annexe au present compte rendu. En sollicitant de S. E. le Ministre de la Marine les recommandations qu'il a bien voulu accorder, votre President are9ule secours et I'appui le plus zele de deux de nos coilegues , M. Vau- viiliers et M, Bajot, et il est de son devoir de les signaler a votre reconnaissance. 338 Cette annee a vu la corresponclance marcher avec une grande activite ; on a ouvert avec rAngleterre des rela- tions importantes : par elles, la Societe de Geograpliie va entrer en communication avec toiitcs les parties du {jlohe civilise. NajT^uere une association savante de la Grandc- Bretagne a fait retentir votre nom et voire eloge a I'as- semblee {5;enerale quelle a tenue, et une autre societe du ineme pays a ollert de rcpandre elle-meme vos publica- tions en Asie, en Amerique et dans tous les lieux du globe ou elle a des relations. La premiere a donne a vos ex2)lora- teurs des lettres de recommandation^ et meme des diplo- raes de merabres coiTespondans.En echange des questions quelle Icur a proposees, elle vous demandea vous-memes. Messieurs, des instructions pour un de ses prlncipaux membres, qui va se rendre au Bresil sous peu de temps. II est un homme qui vous a mis en rapport avec les institutions litteraires et scientifiques de I'Angletcrre , de I'Ecosse et de I'lrlandej qui, non content de leur rc- raettre vos programmes et vos reglemens, leur a adresse, de sa propre main, des lettres et des notes pressantes, on respire le zele le plus louable pour I'avanccment de la science et la cause de la civilisation. II en a fait parvenir par toutes les occasions dans les possessions britanuiques. L'activite de cc correspondant est a peine croyable; pen- dant long-temps il vous a expcdie deux a trois lettres et documens par semaine. M. Cesar Moreau , vice-consul de France a Londres, merite notre vive et profonde recon- naissance pour les services qu'il a rendus a notre eta- blissement dans le cours de cette annee, et votre Pre- 339 sident croit pouvoir s'applaudir d'avoir fait an appel a son zele pour les sciences {^jeograpliiques et pour les interets de la Societe. Des savans distingues de I'Allemagne , appartenant, aux academies de Berlin et de Vienne, vous soumettenf ieurs ouvrages nianiiscrits, qu'ils destinent a entrer dans votre RecLieil, et I'lm d'enx sollicite le secours de yos la- mieres et votre jugement sur les cartes qu'il a publiees. Si des operations exterieures de la Commission centrale, jereviens a ses travaux interieurs, je vois un egal siijet de vous feliciter. Un ordre parfait regne dans vos finances ; la preuve en est que vous avez pu supporter cette annee, sans aucun embarras, les frais assez consideral^les d'unc translation , mesure necessaire a la tenue de vos assem- blees^ et surtout de votre bibliotheque. Toutes les de- penses sont calculees et connues a cliaque seance j vos ref^istres de coniptes, de proces-verbaux, de correspon- dance, sont tenus constamment a jour par un agent gene- ral digne des plus grands eloges et de toute votre bien- veillance.Vos seances sont frequentees avec assiduite, et vous n'avez pas a vous repentir de la mesure que vous avez prise au i^^'avril. La protection et le concours de Tadministration vous sont assures^ et vous en avez un exemple signale dans la cooperation bienveillante du di- recteur general des ponts et cliaussees et des mines, a Futile dessein que vous avez congu d'une nouvelle carte hydrograpbique, et d'un nivellement general de la France. En resume, vous avez, dansle cours de 1827, provoque et obtenu la construction d'un barometre perfectionne, 34o propre a la mcsnrc dcs hauteurs, et que vouspourrez mettre aux mains cles explorateurs voyag;cant sous vos auspices. Vous avez complete vos refjlemcns par des mesures qui feront prospercr la Societc au dedans et au dehors. Vous avez jete les bases d'un travail de la plus haute importance pour la prosperite du royaumc. Vous allez faire connaitre votre existence dans tout le monde civilise par la reimpression des reglemeus et des sujcts de prix en langue anglaise. Ainsi, vous avez, pendant cctte annee, accompli votre tache, dans toute son etendue j puissiez-vous dire aussi. Messieurs , que votre President s'est acquitte de la siennc ! II s'applaudira dans tons les temps, de ce que votre vceu le plus ancien et le plus cher a ete exauce, pendant qu'il exer^ait les fonctions dont vous I'avez honore. Aujour- d'hui , Messieurs, que snr la demande d'un ministre eclaire, qui s'est declare protecteur des sciences geogra- phiques, et qui s'est rendu a nos vives instances, ic Roi a daigne approuver vos statuts par son ordonnancc du i4 decembre ; aujourd'hui que vos reglemens son(: homo- logues et revetus de la sanction royale, votre existence est consolidee pour toujours,-et la Societe de Geographic est desormais imperissable. CeLLe glorieuse recompense, accordee a la Societe de I'lndustrie nationale apres 24 ans de sacrifices, de travaux et de services rendus, vous I'avez obtenue a votre tour, et vous la meritiez par un zele lion moins honorable et genereux, et qui, j'en suis cer- tain, ne sera pas moins perse vera nt. 34i lime resle un seul mot a vous adresser. Messieurs, sur la carriere qui s'ouvre devant vous pour I'annee oii nous allons entrer. Le travail dcs Questions Generales est digne de toute votre attention , il importe de I'acce- lererj vous devez nieme le considerer comme urgent, parce qu'a tout moment, des instructions vous sont de- mandees. Un ou plusieurs prix a accorder pour les decouvertes geograpliiques les plus importantes de I'annee, sont encore une affaire qui est urgente, et il ne faudrait pas la re- culer a I'assemblee generale de 1828J car on ne doit pas perdre de vue , que c'est au mois de mars que partent de Londres les instructions destinees aux explorateurs repandus sur tout le globe. Ces prix seraient offerts aux missionnaires ou a tons autres voyageurs qui communi- queraient a la Societe des decouvertes ou des faits incon- nus, des copies de manuscrits geograpliiques importanij et de cartes inedites, telles que celles qui existent au Bresil et en d'autres contrees de I'Amerique. Les pro- grammes de ces prix et tons les autres, devraient porter que (( les memoires ecrits en anglais, en espagnol et en latin seront re^us au concours. » II faudrait par le meme motif expedier en Angleterre, d'ici a un mois, vos reglemens et circulaires traduits en anglaisj je le repete, ces envois sont urgens : autrement, on perd une annee. Je crois encore qu'il faudrait ecrire aux vingt-deux .voyageurs qui sont repandus en divers lieux du globe, ainsi qu'aux consuls de France et autres correspondans avec 342 lesquels vous t^tes en relation, line lettre ciiciJalre, afin deles presser de profiler de toutes les occasions, pour commuuiquer leurs observations et leurs decouvertes. Un rt'glement est necessaire pour la bibliotheque, et il y a des mesures a prendre pour le placement de vos vo- j limes de memoires. La section de pidjlication doit accelerer I'emission des III® et IV« volumes du recueil. Je propose enfin que le nombre des correspondans soit limite, pour (Jue ce titre acquiere du prix^ar la suite. Je rappclle ici, Messieurs, le tableau des mesures qui ont ete prises par votre bureau , lors du depart de MM. Pcy- rounenc, Taillefer, Choris et Bertero, pour qu'on puisse le consulter,lorsquedes expeditions du memep^enre seront entreprises sous les auspices de la Societe. On s'est eflbrce de procurer a ces voyageurs toutes les facilites qui etaient au pouvoir de la Societe. Cette occasion etait trop impor- tante pour qu'on ne la saisit pas avec empressement. Je joins aussi la liste des voyageurs, des consuls, des correspondans etrangers avec lesquels nous sommes en relation. Liste des voyageurs qui parcourcnt les dive/'ses parties du globe, avec les ■instructions ou sous les auspices de la Societe (^iS2j ). MM. Le docteur JiERTERo , iiiembre dt; TAcademie de Turin , parti pour le Chili. Jules DE iJLOssEvn-LE, — r I ride. BiiissoTS-D'AuMANDY, — I'Arabie el rAbvssinic. 343 Chaumette-des-Fosses , — Lima. Le capitaine GhemisaRD, — I'Archipel indien. Louis Choris, — !e Mexique, Guatemala, etc. CiRBlED, professeur d'arraenien, — la Georgia et I'Arm^nie. Desbassayns-de-Richemont , — la Perse , I'Inde , etc. Didelot-de-la-Ferte, — la Georgie. Douville, — TAmcrique m^ridionale. Dubois-de-Beauchene, — rinde et le Thibet. Dumont-d'Urville, — un voyage autour du monde. FolS"l■A^IER , — la Perse. Le chevalier de Gamba, — le Caucase. Prosper Gerardin, — la Senegambie. Guillaume DE KoCHAKSKi, — la Colomble. KffiMG , — I'Egypte et la Nubie. MoLHETS , — HaYti. Earon de IVerciat, — le Levant. Patu de Rosemont, — I'lle Bourbon. Peyrounenc et Taillefer {ensemblt), — la Colombie et les rives de I'Orenoque. La Sociele a regu prccedemment des communications de la pari de plusieurs autres voyageurs , MM. Bowdich, de Beaufort el Leschenault-de-la- Tour , decedes, ainsi que de MM. Cailliaud, Duperrey, Pacho , Adrien Partarrieu, etc. Independamment des personnes donl Ics noms precedent, la So'riete enlrelienl des relations avec plusieurs consuls fran(jals et etrangers, et autres correspon-dans au dehors du royaumc, savoir : MM. Le chevalier d'Aerahamsotsi , aide-de-camp de S. M. le roi de Da- neniarck; run des membres rorrrspondans etrangers. AftiAT (don Felix Torres), a Barcelone. 344 L'abbe Anduze, a Saint-Louis des Etats-Unis. Ueroiiaus, nieiribre de TAcadeinie royalc dc Berlin. Bresson, secretaire do la legation fran^aise k Washington, Brisbane (sir Thomas) , a Londres. Le baron de Capellen , ancicn gouverneur general des Indes orientales, a Utrecht. Casas, vice-consul de France a Rhodes. CcTTARD, inspecleur dc ITTuiversItc , faisant Ics fonctions de rec- teur en Corse. Dannery , consul-general de France a la Havanne. Frederic Degeorge, a Londres. Delaporte, vice-consul de France a Tanser. Baron de Derfelden-de-Hinderstein, a Utrecht. Drovetti , consul-general de France a Alexandrie. Dupre, consul de France a Salonique. Everett , a Cambridge. FA^J^'T;L, ancien consul de France a Athenes , aujourd'hui a Smyme. Frost, directeur dela Societdmddico-botaniquede Londres. GiRALDES , consul general de Portugal au H^vre. Gonzalez, secretaire perpetuel de I'Acadcmie royale espagnole a Madrid. Graberg de Hemso , consul general de Suede el de Norvege a Tripoli de Barbaric. GuiLLEMiN , consul general de France a la ISouvelle-Orleans. Guys , vice-consul de France a Lattaquie. Baron de Hammer , a Vienne. Hoffmann , professeur a Stufrgardt. De Horner, a Zurich. Hurtado, ministre plenipotentairc de la Colombie a Londres. William HuTTMANN, secretaire de la Societe royale asialique dc la Grande-Bretagne ct d'Irlande. Knudsen, consul general deDanemarck, a Tripoli de Barbaric. 345 Krug , membre de 1' Academic imperiale dc Saint-Petersbourg. L'amiral DE K rusensteRN , idem. Le professeur Lelewel, a Varsovle. De Lesseps, consul de France a Alep. De Lindeneerg , consul general a Lisbonne. Marcescheau , vice-consul de France a Tunis. Le docteur Mease, a Philadelphie , Vun dcsmembres correspondans Strangers. IVIiMAULT, consul general de France a Venise. LeD"^ MiNANO, membrede TAcademie royale d'Hisloirede Madrid. Le D' MttcuilI;, a New-York , run des membres correspondans etrnngers. William Monteitu , ingiinieur geographe altache a la Compagnic des Indes de la (irande-Bretagne. Cesar Moreau, vice-consul de France a Londres. Navarette , directeur du depot bydrograpliique , elc. , a Madrid. Le colonel Poinsett , minislre plenipotenfiaire des Elais-Unls a Mexico , Vun des memlres correspondans etrangers. Le comle de Raczynski , a Posen. Le docteur Pveingaisum, inspecteur des eleves au college royal de Joachin a Berlin. Le baron Roger , ancien gouverneur du Senegal. RoMAiN , consul general de France a Dublin. Rousseau , consul general de France a Tripoli de Barbaric. Roux DE Rochelle , ministre plenipotentiaire de France a Ham- bourg. Le Cap. Sabtise, a Londres, run des membres correspondans eirangers. ScuffiRER, lieutenant colonel a Sainl-Gall. Le general Schubert, a Saint-Petersbourg, Le professeur Schumacher, a Altona , Fun des membres correspon- dans etrangers. i^e professeur Simonoff, a Casan. JiC capitaine Skiddy, a New-York. 346 Tanner , gcographe , k Plilladelphie , I'un des membres correspon- dans elrangers. ViDAL, intcrprete du consulat de France a Bagdad. Le chevalier de Verneuil, membre des Academies royales espa- gnole et d'histoire , a Madrid. A^ OODBRIDGE, cii Ainerique, /'«« des memhresroirespondans elrangers. J. YosY, secretaire de la Sociele medico-bolauique de Londres. Presentation du tome II du Remeil des Memolres , et PROPOSITION d'un noui^el article reglcinentaire , par le President et au nom de Id Cuniinission centrale. La Commission centrale a Thonneur de mcltre sous les yeux de Tasscmblee le second volume du Recueil des Memolres el relations inedites, completement termine et accompagnc de dix-huit cartes, plans et autres planches. Le 3"^ volume et le 4' sont commences. I/assemblee appreudra avec interct que les savans ctraugers, membres de laSociete de Gcographie, concourent a la formation de ce recueil par la communication bicnvcillante de leurs ouvrages inedits. Nous pouvons nous feliciter aussi du roncours de plu- sieurs associations scientifiques et litteraires de la Grande-Bre- tagne, qui ont rei^u el transmis a leurs correspondans , nos reglemens, nos programmes dc prix et nos circulaires. On solli- cile aujourdhui en Anglclerre une nicsure qui est propre a repan- dre encore davantage, Texistencc et le but de la Societe de Geogra- phic, et qui consiste a joindre un extrait des programmes et des reglemens aux journaux les plus eslimes de Londres etd'Edimbourg, niesure qui les ferait parvcnir avec ces journaux dans loutes les parties de I'Asie et des deux Amcriques. Celte utile mesure a fixe I'attenlion dc la Connnission centrale, et il en est de meme de la suivanle qui a pour objel d'augmenter les ressourccs pccuniaircs de Hi la Societe. Aujourd'hui le defaut de fonds suffisans pourrait scul arreler son essor, puisqu'cUe jouit partout d'une consideration nieritee , puisqu'une societe anglaise lui demande des instructions pour ses propres voyageurs, et adresse a ceux qui voyagent sous nos auspices des secours et des recommandations de toute espece ; puisque enfin des savans distingues de rAUemagne sollicitent le ju- gementde la Societe sur leurs cartes et sur leurs ouvrages. Deja, au surplus, les ressources croissantes de la Societe de Geographic lui ont permis de realiser un voeu qu'elle formait des son berceau, et • qa'appuyait de toute I'autorite de son suffrage , Fun de ses plus illustres fondateurs , le baron de Humboldt , president honoraire ; elle commence a distribuer aux voyageurs des instrumens, en meme temps que des instructions et des encouragcmens. Void la mesure que la Commission centrale, dans le meme but, vient d'adopter , pour etre ajoutee au reglement supple- nientaire. Art. 7. La Societe admet sous le titre de membres donateurs , les elrangers et les regnicoles qui s'engagcnt a payer, lors de leur admission, et une fois pour toutes, une somme dont le minimum , est fixe a trois cents francs. Ce don tiendra lieu de la souscription annuclle. La presentation des candidats sera faite par deux mem- bres de la Commission centrale. Les membres donateurs jouiront de tous les avantages qui appartiennent aux membres souscripteurs. 348 ooo » i»9^i 3o 523 70 920 » 299 » 1,925 » 427 20 i5o 5o ii4 3o 2,553 » 2,000 J) 3,3oi 35 4.19 3o 74 'C'9; cenlrale. 1,000 En caisse, le i4- deccnibre 1827 Plus un placemciil representant un capital de. 8o3 23,000 9- CoMPTE des Recettes et des Depenses de la Socieie , presenies par M. CuAPELLlER , Tresorier. RECETTE. Reliquat du compte de 1826. ... 1,124. Rc^u pour souscriptions 10,912 Idem pour diploines i,o5o Idem pour dons speclaux Verite du Rccaell des Memoires. . . Idem du Rulletin Intdrels des fonds places DEFENSE. Traltemerit de I'agent 1,4-25 Drolls de rccelle Loyer du local de la Societe {paye six mois d'ai'once) Ghauffage, eclairage, et service des salles Bibliolheque {frai's de relhire). . . . Montant des prix decernes Impression du Rccueil des Memoires. Bulletin..! Tralsde redaction ( Frais d'impression. . . Impressions diverses Achat dun mobilier et de plusieurs baromelres, fournitures de bureau, ports du Bulletin , de leltres et de- penses diverses 2,553 Don aulorisc par la Commission iG, 1G8 Gg Total be l'actif 23,8o3 23 Certifie par le Tresorier de la Societe. Signe Chapelheu. 349 Notice sur le goiwemement , les mceiirs et les superstitions des Negres du pays deJf^alo (i), par M. le baron RoGER, ancien gouverneur de la colonie frangaise du Senegal. Le pays de Walo est situe sur la rive gauche et vers I'embou- chure du Senegal. Peu connu jusqu'a present , II dolt exciter plus parliculierement I'attention , depuis que les Fran^als viennent d'y fonder des elablissemens de cultures coloniales libres , dont i'ex- tension et les resullats incalculaLIes pcuvent exercer une si grande influence sur toute cette partie de I'Afrlque. La population composee de Negres-Glilolofs est peu nombreuse ; elle a ete detruite ou dispersee par de longues guerres clviles , et surlout par d'anclennes Invasions des Mores, que secondalt une fausse pollliquc des Anglais, alors maitres du Senegal. Des details topograpbiques sur cette contree trouvent leur place ailleurs. Je me propose seulement de consigner id quelques obser- vations sur le gouvernement et I'organisation politique du pays, sur les usages , les moeurs et les supcrstlllons des babitans. Le ^^^ alo est gouverne par un rol , qui porte le litre de Bralc. Le Pere Labat avail dit que ce mot signifialt empcrcur des ruls. Tons les ecrlvains n'ont pas manque depuis de reproduire cette erreur avec beaucoup d'autres. Les W alos ne se doulent pas du beau litre qu'en Europe on donne a leur chef. Sulvant eux , Bralc elait le nom du premier de leurs rois, et scs successeurs se sonl fail bonneur de le porter. C'est ainsi que les empercurs romalns se faisaient appeler Cesar et Auguste. On a repete souvent aussi que la couronne , au lieu d'appartenir aux enfansdu roi , passalt toujours a ceux de sa soeur, moyen tres- (i) Cette Notice est extraile d^un ouvraj^e qui doit eire pulilie' prochai- nemen t sous le ti tre de Mcmoires plu'losophiques et politiqucs sur la Sene- garnbic. 35o bien imagine , disait-on , pour etre sAr d' avoir des princes du meme sang. Je nc nie pas refficacite du nioyen ; nials ricn nq prom c que les \'V alos poussent si loin I'amour des races et les precautions pour en conserver la purele. Avec une prevoyance qui merite laltention de nos puLlicistes , ils semblent avoir clierche seulement a se pre- server des inalheurs qu'entrainent les niinorites et les regences ; or voici Tordre qu'ils ont etaLli : a la mort d'un roi, ses freres lui succedent par rang de naissance ; quand cctte premiere serle est epulsee , on retourne au fils atne du premier, puis a celui du second, et ainsi de suite. De celle maniere , qui n'est pas non plus^ sans inconvenient, on est du moius a peu pres certain d'avoir des rois qui ont depasse I'enfance. II faut reniarquer que les princes issus des femmes du sang royal sont les seuls qui puissent prelendre aif tr6ne ; les enfans des autres femmes et des concubines en sont exclus. Dans ces derniers temps , deux families qui se dis[)utaient la couronne , apres de longues guerres civiles , sont convenues que les hommes de I'une epouseraient toujours les femmes de I'autre , et rcciproquement; que les maris des soeurs succederaient concurrem- mentavec les freres; qu'enfin les enfans nes de cessorles dalliances auraient seuls droitde regner. Les femmes nepeuventpaspersonncl- lementgouvemer; maisellcs influent souventtres-efficacementsur les affaires publiques, commeepouses etsurtout comme meres des rois. Au surplus , I'ordre d'heredite n'est pas tellement rigoureux qu'on n'y deroge quelquefois. Les principaux chefs sont charges de ve- rifier si I'heritier legitime est capable de regir I'Etat. Est-U aveugle, infirme , enfant; ne peut-il pas monter a cheval, tirer un coup de fusil, son droit estdevolu a un autre. De la vient quelc prelendanl est obligd de faire des presens a ces electeurs ; mais il prend bien sa revanche ; car , des qu'il est proclame , 11 a soin de se faire payer cherement, a son lour , pour renouveler ou maintenir le plus grand nombre des dignitaires. Le couronnement du iirak donnc lieu i» beaucoup de cdremonies qui paralssent d'abord ridicules, mais elles sont allegoriques et doi- 35i vent avoir des origlnes curieuses. II faut que le nouveau roi passe , pour ainsi dire , par les divers etats de la societe , comine pour lui indiquer qu'il doit tous les coiinailre et les proteger. Ainsi, par cxemple , quoique les pecheurs forment , dans ce pays , une espece de caste meprisee, le Brak doit cependant se meltre avec euxdans I'eau, au milieu d'une petite riviere designee, et n'en sortir qu'en tenant un poisson, qu'il parait avoir pris a la main, mais qu'on. a soin de lui remetlre secretement. Tous ces exercicessc foiit en pre- sence dun grand concours de peuple. Les Walos ont pour leur JJrak un respect d'habitiide et de su- perstition, d'autanl plus remarquable, que ce souverafin v^tu,loge presque aussi simplement que ses sujels , n'en est pas separe , comme en Europe, par les prestiges du faste et de la magnificence. Cliacun pent Tapprocher librement; I'usage est alors d'oler ses sandales, de mettre un genou en terre, et de porter la main a sa tetc qu'on incline profondement. La confiance qu'a ce peuple dans la famille royale va jusqu'a lui supposer le don de guerir. J'ai vu des meres apporter leurs enfans malades devant la reine : celle-ci les louchait solennellement du bout de son pied, aux reins, a I'estomac, a la tele et aux jambes ; les pauvres negresses s'en allaient croyant leurs enfans sauves. Nous avions en France quelquc cliose d' analogue. Par opposition a la coutume de nos grands couverts de cow , le -Brak el sa famille ne prennent jamais leurs repas en public; il est expressement defendu de les voir manger. lis se cachent alors comme s'ils etaient bonteux d'avoir , de conunun avec tous les autres hommes, un besoin materiel et des fonctions de pure animalite. La suite du Brak se compose ordinairement d'une vinglaine de negres qui se pretendent nobles etqui sont guerriers de profession; ces gens vivent aux depens du public et regardent toule espece de travail comme avilissant. Dans leurs voyages, le Brak et ses gens sont nourris aux frais des villages par lesquels ils passent. Tandis qu'on devalise les pau- 352 vres habltans , \cs griots , qui sont les musiciens, Ics bouffons du pays , frappcnt a coups redoubles sur leurs bruyans tambouis, cu chanlanl les louaiiges de leurs mailres. « Void , dlscul-ils , la bonne famille! il n'y en a pas de plus noble au inondc! Voici les descendans de tous nos rois! Venez , voyez , rejouissez-vous ! « Cependant, on euleve, de toules parts, les poules , les moulons , les cbevres, le lait et les provisions des pauvres habilans. — On procedait de la memc nianiere dans noire Europe, avant Tetablis- sement des iinp6ls reguliers payables en argent. Le gouvernement du V\ alo a beaucoup d'aulres rapports avec celui qui re'gissait la France, a Tepoque ou les provinces et les grands ficfs coinnien^aicnt a devcnir lieredltaires. Une des principales fonclions est telle de /juukaneir, c'est-a-dire, domesliquc deconfiance , chef de la maison et par suile premier mi- nistre. C'est Fequivalent de nos maires du palais. Cette haute charge est exclusivement reservee a une famille, dans Torigine es- clave du Brak , et qui pretend eUe-meme Tetre encore. Les grandes digniles ne sont pas precisement hcreditalres d'a - pres des regies fixes, mais elles sortent rarement de la famille qui les possede. Chaque chef porle , comme autrefois chez nous, le iiom de la province qu'il gouverne ; on dit Bcrli, Beklo , de meme que le due de Bourgogne ou de Normandie. Ces chefs cedent une parlie de leur territoire a des vassaux qui leur payent des rede- vances annuelles; ccux-ci tirent une contribution des chefs de vil- lages, qui , souvent , en pergoivcnt une a leur tour sur les habilans. Une chaine feodale et fiscale descend ainsi , d'anneau en anncau, depuis le Brak jusqu'au dernier captif. On pent distinguer deux especes de villages: les uns, et remar- quons que ce sont les plus pelils, sont soumis a des seigneurs dont I'ordrede succession est le meme que pour la couronne. Lesautres, en moins grand nombre, mais plus peuples, forment de veritables communes, qui ont leurs officiers civils charges de la mesure des terres, de la perception de I'lmpot, de la police et du jugemonl 333 des proces. Dans quclques unes de ces bourgades on trouve , a la tete de celte magistrature municipale, un marabout, qui prend Ic titre de sen'gn ou pretre, auquel 11 ajoute le nom de son village. La, ordinairement, les babitans sont obliges de payer le dixleme de leurs re'coltes; ct cetle dime, qu'on volt partout a cote de la feodalite , se partage entre le prelre et un chef a la nomination du Brak ; les fonctlons de ce chef sont de condulre les bommes a la guerre, et de regler les affaires pollllques. Le prIncipe general du gouvernement du ^'V alo , c'est que tous les bommes et toules les terres apparllennent au Brak, pour en dis- poser a sa volonte. Mais 11 ne peut pas plus user de ce droit que ne le pouvalent les rols de France auxquels , dans des temps tres- anciens, on en altribualt un a peu pres du meme genre. Les grands ne le souffriraient pas , non plus que les communes qui commencent a se former, comme on I'a vu plus haul. La seconde raaxime est celle de notre anclen droll coutumier : Pas de tevre sans seigneur. Celle-ci est mieus observee, parce que toules les families puis- santes y ont inter^t. A la possession du sol est attache le pouvoir de rendre la justice, ce qui represente complefement nos juridictions seigneurlales. Les droits de peage, d'aubaine en dependent, ainsi que les amendes et les confiscations. Trouver, dans celte partle de I'Afrique , le regime feodal qui a domine long-temps la France et I'Europe entlere , le meme re- gime qu'on a reconnu aussl sur plus dun point du continent et dans les ties de Tlnde , quel sujet de meditations ! Les peuples doi- vent-lls partout falre de la meme manlere leurs premiers pas vers la civilisation ? Quelques pbilosophes ont pense qu'a I'examen de la legislation criminelle d'un peuplc , on peut prendre une juste idee de la nature de son caractere et du degrede sa depravation. Celte epreuve seralt favorable aux ^'Valos, car cbez eux les cbatlmens sont legers et rares. Le voleur n'est guere punl que par la rcstltnlion de I'objet vole, quclquefois par uiie amende, el touj ours par uuc vive re- primanilc. II est remarquable que^eneralemcnt Ic vol ne s'exercc qu'a regard dcs etrangers. Le meurtrier peut etre condamne a I'es- clavage ; mais , commc dans nos anciennes lois, il peut aussi se racheter par des compositions proportionnees au rang do la viclime. T)n rcsle,Iemeurtrcest eclreinement rare, qiiolque les liaLilans aicnt toujours un poignard a leur ceinlure , el qu'ils ne sorteiit jamais sans etre amies d'une sagaic ou d'un fusil. Les plus mauvais sujets , en cas de recidive , sent obliges de quitter Ic pays. Pendant pres de huit ans , je n'ai cnlendu parler que d'un seul malfaitcur mis a mort ; on I'avai't fusilJd. Sous le rapport des moeurs , on doit distinguer les X'V^alos en deux classes : les marabouts ou lettres ( s'il est permis de leur ap- pliquer un pareil litre), et ceux qui ne le sont pas. Ccs derniers sont a peu pres les seuls avec lesquels les Europeens ont (ii*i^ rela- tions ; je ne dis pas qu'ellcs les alent corrompus, mais elles ne sont guere non plus de nature a les avoir rendus meilleurs. Quoi qu'it en soil, les negres de celle classe ne peuvent pas inspirer a ceux qui les frequentent une grande estime. lis sont, en general, vio- lens, ivrognes, grossiers et importuns; on ne peut leur refuser Cependant beaucoup dc gaiete, un bou cceur et un extericur preve- nant. Le marabout est plus grave, plus moral, plus interessant ; il s'attache au sol, aux souvenirs de la famille el de la premiere jeu- nesse ; il tient surtout a Templacement de la case paternelle, aux champs qu'ontcultivcs ses ancetres. Entoure de ses femmes, de ses cnfans , possesseur indolent et paisible d'un cheval et d'un petii; troupeau, le cliefde famille developpe un caractere fcrme, inde- pendant , et qui n'est pas sans dignite. Peu avanc«'; dans les habi- tudes de noire genre de civilisation, il est neanmolns plus loin de I'etat sauvagc qu'on ne le croirail; il aime a raisonner, il voudrait s'instruire; etpourmontrerqu'il estdeja dans la voie des perfeclion- nemens, une observation suffira , ccsl qu'on rencontre des villages dans lesquels il existe plus dc negres, sachant lire et dcrirc I'arabe, 355 qui est pour eux une langue morte et savante , qu'on ne trouverait encore aujourd'hul dans beaucoup de campagnes de France de paysans sachanl lire et ecrire Ic francais. II n'est pas inutile de reinarquer que le Brak et les autrescliefs ne participent pas aux developpemens intellectuels et moraux d'une parlle de la popuiation. lis se llvrent a livrognerie, que les mara- bouts ont en liorreur, et se font gloire de ne pas savoir ecrire. Ce pays en est, sous ce rapport, au menie point que la France a I'e- poque ou les communes s'affranclilssaient , lorsqu'une classe de ci- toyens se distinguail par sa bonne condulte, par son gout pour I'e- tude presque exclusive dune langue savante , tandis que la noblesse iaisait parade de s.on ignorance et du desordre de ses moeurs. Ces negres , qu'on est teyte trop souvent en France de conslderer comme des sauvages, ont cependant leur genre de polltesse , qui com- porlememe 2)lus de pratiques et de formules qu'une longue civilisa lion n'en a introduit dans nos propres usages. Ainsi , quand lis se rencontrent, ou quand lis s'abordent, outre le sulam-aleikoum , qu'Ils ont emprunle des Mores, lis ne manquent pas de se deman- der trois fols s'ils sont dans un etat de paix , de blen-elre ; mais ce qui est fort curieux, c'est que ce n'est qu'a la troisieme fois, apres s'etre bien assures de la position morale de I'lndlvidu, qu'ils s'oc- cupent de son etat sanitaire physique. On volt qu'en cela la com- paraison n'est pas a notre honneur, et que ces noirs ne doivent envier ni notre comment voiis portez-vous? nl le comment failes-vous des Anglais? lis ont I'equlvalent de nos honjoiir, bonsoir, bonne nuit ; mais lis poussent plus loin que les Francais les recherches de la civillte , car ils ont aussi une formule Inlermediaire, qu'on pourrait traduire par Ion mldl ou ban milieu du jour. Gertes , voila des gens passablement polices, pour des sauvages qu'on ne croyait bons qu'a faire des esclaves. Les Walos sont naturellemcnt gals , demonstratifs , et grands parleurs. lis se plaisent dans de longues conversations ; ils aiment 356 a rappeler Ics traditions de leur pays, a faire des recits de voyages et de combats , a debiter des contes souvent interessans ; ils com- posenl snrloiit des fables qui m'ontpaai tres-remarquablcs, et dont je nie propose de publier un recueil. lis s'exerceiil aussi , dans leurs reunions de clair de lune, a des jeu\ d'esprit , qui liennenl uu peu de nos enigmes, mais plus encore du genre de rdcrealions in- lellecluelles que paraissent affeclionner les Chlnois. La verlu qui distingue particulierement ce peuple est I'hospitalite. On sort ordinairement h la porte des cases pour manger ; des que le repas est servi, cbacun peut en venir prendre sa part. LY'tranger, le voyageur met sa main au plat coiniiie les aulres ; on ne lui de- mande pas qui il est,etil peut s'en aller sans avoir ditune parole. Les dispositions nalurelles des AValos, a cet egard, ont ele forli- fiees par les preceptes de la religion de Mahomet , qu'ils ont gene- ralement adoptee. Ceux d'entre em. qui la suivent avec quelque exactitude , et c'est le petit nombre, prient cinq fois par jour, et meme plus souvent. lis altachent la plus graade importance aux pratiques exterieures , aux gestes, aux genuflexions : du resle, les prieres qu'ils font en arabe sonl inintelliglbles pour la plupart d'entre eux; ils n'onl au- cune connalssance des dogmes , et encore moins de I'histoire de I'islamisme. Comme tous les pcuples ignorans, plus superstitieitx que rdelle- nient religieux, ces negres ont une grande confiance dans des amu- lettes qu'on appelle ordinairement gn's-gri's; ce sont des morccaux de papier sur lesquels sont traces des caractcres arabes , qu'ils sup- posent etre des vcrscts sacres du Koran. Us leur croient une telle vertu que des individus , pour prouver leur efficacile contre les bles- sures, n'ont pas craint de se frapper eux-memes de Icur poignard. I'Ln voyant couler leur sang, a peine conseutaient-ils a reconnaitre leur erreur. Mais ce qu'il y a de plus surprenanl, c''est que les marabouts qui lorit et qui vendent les gn's-gris , eux dont le mainticn austere, le 35; chapelet en permanence el lataclie de terre au front, semblcraient indlquer de rhypocrisie, sont souvent eux-mentes pleins de foi dans le merlte etrefficacite de leurs (jeuvres. J'cn puis citer un exemple singulier. Un lion qui rodait autour d'un village, avait deja d^vore phi- sieurs vaclies ^ les habitans eurent recours a un marabout qui leur vendit un gris-gris contre les lions , et qui fit prendre au troupeau un breuvage pour en ecarter les animaux feroces. Ce marabout fut assez heureux pour que le lion quitlat tres-a-propos la contree. Aussi sa renommee et son orgueil croissaient tous les jours. Mais il arriva qu'un vol ayant e!e commis , on le consulta pour decou- vrir le voleur. II ne trouva rien de mieux que de soumettre tous les negres a Tepreuve de Teau bouillante. Dieu aidant, il ^tait clair, suivant iui , que le voleur seul devait etre echaude. Notre homme voulut donner Texemple ; il plongea hardimenl sa main ; plusieurs autres en fireiit aulant avec precipitation , avant qu'on se ftit con- valncu que Teau bouillante brulait les innocens comme les cou- pables. Le pauvre marabout, que je vis peu de temps apres, pa- raissait moins sensible a sa bicssure qu'a Tatteinte portee a sa reputation. — Outre Tepreuve par I'eau bouillante, on pratique aussi dans le pays les epreuves par le feu et par le puison. Ges gens sont done assez abondamment pourvus, des a preserit, de nos vieilles sottiscs ; mais, s'il est vrai que toutes soient destinees a faire le tour du monde, conibien n'en avons-nous pas encore a leguer aux pauvres Africains .^ Cependanl, sous le rapport des prejugcs et des superstitions ^ on peut dire que les noirs ne Ic cedent deja guere aux blancs. — Si les W' alos trouvent un poisson sur les bords du fleuve ou de la mer, cbacun d'eux s'empresse d'en prendre une ecaille et de la coller a son front. Cela parte bonheur , disenl-ils. — Ce mot-la est de notre connaissance. Les Walos ont beaucoup de veneration pour une espcce de gui, qu'ils nomment tob ; ils en portent des feuilies sur eux , lors- 358 quails vont a la guerre, coinme preservalifs de blessures, connne de vrais grls-grls. N'est-Il pas ti es-curieux que le gui soil dans les crovances de cette parlie de TAiVique ce qu'll elait dans les supers- lilions des Gaules.' Ce prejuge, coniinun aux deux pavs, peut avoir une lueineoriglne; noirs et blancs auronl vu sansdoute , cliacun de leur cole , quelque chose de surnalurel dans une plante qui vegele el fleurit sans avoir de racines en tcrre. N'onl-Ils pas pu croire, eneffel, quec'elaltune planle tombee du cicl, undondc ladivinilc? Nos negres ont leurs bons et leurs mauvais jours, leurs signes d'heureux augure ou de sinistre presage; ils croient aux mauvais esprits, aux revenans et aux sorcicrs, absolnrnent de meme que s'lls etaient nes en Europe. Les sorciers sonl poursuivis el punis severemenl dans ces contrees , comme ils Tetaient jadls chez nous. 11 est vrai cependant que les Africains sonl Irop doux el deja trop civilises pour les briiler. On les vend seulement comme esclaves, et c'etait autrefois pour la traite des noirs, et pour Ic Iresor des princes, une source tres-abondarite. Les sorciers fourmillaienlalors. Mais, depuis que la traile est proliibee, ils sonl de\enus beaucoup plus rares. Qu'en feraient les rois du pays? Les sorciers sonl de- monetises. II faut dire aussi que les Walos ont peur du diable , ce qu'ils ont de commun avec tous les peuples du monde. Mais il est bon d'ob- server que , suivant ces Africains , le diable est de couleur blanche. On sail que chez nous il passe pour elrenoir; demandez plulot k nos bonnes femmes ? Par pari referiur. Ce serail un plaisant sujet de discussion enlre les savans des deux coulcurs! Pcul-elrc en vien- drail-on a lever des armees de part et d'aulre. — On s'est baltu pour moins ! Les pr^jugc^s et les superstitions fournlraient la matiere d'un tres-long chapitrc , el ce n'est pas seulement chez les negres qu'il en serait ainsi. — Mais Iheure me prcsse de terminer celte es- quisse incomplete et decolorce, avant meme que j'aie eu le temps d'v faire figurer rien de cc qui concerne les femnies. Je sens tout ce 359 que j'y dois perdre , puisqu'clles seules , dans un tableau de nioeurs , f omiTie dans la sociele meme , peuvent rcpandre dc rinteriH , dc Fagrement et de la vie. En finlssant , je crois devoir comparer les ncgres , quej^ai vus de pres el long-temps, avec lespaysans de plus d'une province dc France , et resumer en peu de mots ce que les uns et les autres me paraissent avoir de commun. J'ai souvent etc surpris des nom- breux traits dc resscmblance que j'ai trouves cntrc eux. L'esprit d'interet rend les uns et les autres curieux , avides, ru- ses, oublieux des bienfalts, tres-disposcs a se satisfaire aux depens de ceux qu'ils regardent comme riches, lis dispulcnt souvent, mais par vivacite et sans rancune. S'ils medisent quelquefois , ils font toujours franchement bon accueil aux presens. INaturellement gais, ils aiment la musique , la dansc , et surtout la conversation ; vifs pour les plaisirs , la peine leur est toujoms legere; la table les con- sole de toutcs les fatigues et de lous les chagrins. Empresses, ai- mables aupres des femmes , ce sont surtout d'excellens peres. Ils sont soumis a Tautorlte sans reflexion , par habitude plus que par crainte. Moins religieux que superstitieux , priant dans une langue qu'ils ne comprennent pas, ne s'attachant qu'a des pratiques ex- terieures, ayant foi aux amulettes, aux gris-gris , adoptant avec cmpressement les croyances et les terreurs les plus absurdes , ils se Jransmettent , de generation en generation , sans en rien laisser perdre, tous les piejuges, toutcs les sotlises, dont on aberce leur enfance. Tels sont les blancs, tels sont les noirs, pris a peu pres dans un pareil etat social ; c'est le meme caractere ; ce sont les memes qualitcs, les memes defauts; quoiqu'on puisse dire, et sous tous les rapports intellectuels et moraux , ce sont bien les m^mes hommes. EVERAT, IMPR. DU M^-DE-PIETE ET DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE , run dii (j;i(lraTi , ii. iG. TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS LE TOME HUITffeME. N"^ 51 a 56. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTli^ITS ET ANALYSES. Notice sur le Texas dans le Mexlque, composee d'apres des documens aullienllques, par M. Mease i Essal de geographic methodlque el comparative, accom- pagne de tableaux historiques , faisant connaitre la suc^ cession des differens etats du monde, depuis les temps plus recules jusqu'a nos jours, par M. Denaix. Introduc- tion h la geographic physique et politique des etats de TEurope , par le nieme i4. Analyse du rapport presente au Parlcmcnt d'Angleterre par la commission d'enquete , pour Tagrlculture et le commerce de la Nouvelle-Galles du Sud , et la terre de Van-Diemen 4<) Etat indiquant, par ordre alphabetique , le nom et la hauteur des cent principales montagnes de la Grande- Bretagne, ayantplusde millc pieds, avecl'indication des comtes oi elles sont situ^cs 61 Tableau renfermant la position geographique de 108 ilots et recifs , decouvcrls depuis les derniercs annees dans rOcean Pacifique 64 Tableau faisant connaitre, d'apres leur rang d'importance 362 les 120 priiiclpales ties du globe, avec les donnees les plus recenles sur leur population et leur dlendue. ... 6G — Tableau faisani connaitre la population totalcdes posses- sions anglaises au Cap de Bonne-Esperance, dc 1807 a 1822 inclusivenicnt 70 — Releve du nombre des esclaves des deux sexes , dans les colonies anglaises 71 — Details sur la population de Tile Maurice et dependan- ces, selon Ic recensement fait en 1822 72 — Tableau compare de la population des bommes dc cou- leur et des esclaves , dans les colonies des Indes occi- denlales 72 — Memoir prepared at the request, etc. Memoire compose sur la demande d'un comite du conseil commun de la ville de New- York , par M. CadwalladerD. Golden. . 8g — Six month's residence, etc. Six mois de sejour et de voyage dansl'Amerique centrale, a travers les etatslibres de Nicaragua, et particulierement Costa-Rica 99 — Essai sur la civilisation de rinterieur de I'Afrique, d'apres un projet de M. l)rovetti , consul-general de France en Egypte , par M. Pacho 187 — Rapport sur Tessai pittoresque , geographique , hydro- graphique et cadastral sur I'Egypte, par MM. Segato et MasI , de Livourne i4-- — Rapport de M. Warden , sur un ouvrage relatif a la Flo- ride occldentale i^j — Notes on Colombia, etc. Notes sur la Colombie, prises dans les annees 1822 et 1823, avec un Itineraire de la route de Caracas a Bogota , par un officler de I'armec des Etats-Unis 189 — Une visile en Colombie , dans les annees 1822 et 1823, par le colonel Duane 196 — Ithieraire de la route dc Caracas a Bogota 198 363 — Rapporl sur la relation d'un voyage dans la Mariiiarique, la Cyrenaique , et les Oasis d'Audjelah et de Maradch, par M. J.-R. Pacho. Premiere partle ; Maraiarique. . . 200 — Silualion, etendue, elabllssement civil et mililaire , et population des ties et ilots formant Ics dependances de I'lle Maurice, par M.C. Moreau. 211 — Suite du rapport sur la relation du voyage de M. Pacho, dans la Marmarique et la Cyrenaique 249 — Notice sur les negres du pays de Walo , par M. le baron Roger. 34.9 MELANGES. — Description du lac de Zirknitz 20 — Note sur la communication proposee entre les Oceans Atlantique et Pacifique m — Renseigneraens sur la glace flottante, rencontree par le capitaine Skiddy, dans son voyage du Havre a New- York 1,4 — Note sur une formation de sel marin, trouvee le long de la core du Chili ii4 — Retour du baron Wrangel, d'un voyage autourdunionde. ii5 — Details statistiques sur la Colombie 116 • — Commerce et population de Sincapore 116 — Projet de canal entre Londres et Portsmouth. ... 117 — Note sur le Rudens de Plaute, par M. Pacho. ... 118 DEUXIEME SECTION. ACTES DE LA SOCJETE. — Proces-verbaux des seances. . . 23, 74, 120, i56, 223, 26S — Liste des membres nouvellement admis 27, 79, i33, 161, 227, 271 — Ouvrages offerls a la Sociele. . 27, 79, 124, 162, 227, 272 364 DOCVMENS ET COMMUNICATIONS. - Note sur les ^tablissemens anglais de la c6te de Sierra- Leone ^8 - Nouvelles de i'cxpcHitlon